| { É kg men ne ss à © "Er NE I D DP a Comparative Z oolo [£ ibr A = Le £ ë ro & o He A js 8 Ft € ERPÉTOLOGIE GÉNÉRALE HISTOIRE NATURELLE DES REPTILES. _ TOME HUITIÈME. Le neuvième et dernier volume de cet ouvrage contiendra : La description des genres et des espèces du troisième sous- ordre des Batraciens : les Urodèles, qui ont une queue et des membres ; Un supplément pour les découvertes qui auront été faites pen- dant la publication de l'ouvrage ; Une table alphabétique générale ; Plus un catalogue méthodique , ou répertoire systématique et descriptif de tous les genres et de toutes les espèces de Reptiles. Ces dernières parties de l’erpétologie générale , pour être com- plètes, ne pourront paraître qu'après la publication des VI: et VII: volumes. er — PARIS. — IMPRIMERIE DE FAIN ET THUNOT, IMPRIMEURS DE L'UNIVERSITE ROYALE DE FRANCE, Rue Racine, no 28, près de l'Odéon. ERPÉTOLOGIE GÉNÉRALE HISTOIRE NATURELLE DES REPTILES. Par A.-M.-C. DUMÉRIL , MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR À LA FACULTÉ DE MÉDECINE, PROFESSEUR ET ADMINISTRATEUR DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, ETC. ET par G. BIBRON, MEMBKE DE LA SOCIÈTÉ PHILOMATHIQUE ; AIDE-NATURALISTE AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, PROFESSEUR D'HISTOIRE NATURELLE A L'ÉCOLE PRIMAIRE SUPÉRIEURE DE LA VILLE DE PARIS. TOME HUITIÈME COMPRENANT L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES BATRACIENS, ET LA DESCRIPTION DES CINQUANTE-DEUX GENRES ET DES CENT SOIXANTI-TROIS ESPÈCES DES DEUX PREMIERS SOUS-ORDRES : LES PÉROMELES QUI N'ONT PAS DE MEMBRES, ET LES ANOURES QUI SONT PRIVÉS DE LA QUEUE. OUVRAGE ACCOMPAGNE DE PLANCHES. PARIS. LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, RUE HAUTEFEUILLE, N° 40 sers. 1841. MCZ LIBRARY HARVARD UNIVERSITY CAMBRIDGE. MA USA AVERTISSEMENT. Les connaissances acquises jusqu'ici sur l’ordre des Reptiles Batraciens nous avaient fait croire qu'il nous serait facile de les exposer dans un seul volume : déjà, dans cette pensée, nous avions rédigé depuis longtemps et livré à l'impression les considérations générales qui devaient précéder l'Histoire de ces animaux, et qui for- ment en effet les dix-huit premières feuilles de cette partie de l'ouvrage. Mais lorsque nous sommes entrés dans les détails descriptifs, en étudiant, sur les objets mèmes, les genres et le grand nombre d'espèces réunies dans les galeries du Muséum confiées à nos soins , nous avons été convaincus quil était nécessaire de repren- dre tout ce qui était relatif à la classification ou à l’arrangement méthodique, et qu’il nous fallait recon- ij AVERTISSEMENT. stituer, pour ainsi dire, l’état de la science sur des bases tout à fait nouvelles. Ce volume a pris tant d'extension, puisqu'il ren- ferme près de huit cents pages et la description de plus de cent soixante espèces, qu'il nous a été impossible d'y joindre l'histoire des Batraciens Urodèles. Leur descrip- tion méthodique, qui était toute préparée , ne pourra cependant être livrée à l'impression qu'avec les supplé- ments , les tables générales et une sorte de système abrégé de classification des Reptiles, dans lequel nous rappellerons les caractères essentiels de touslesgenres et de toutes les espèces qui auront été décrits, lorsque l'ou- vrage sera entièrement terminé, c’est-à-dire , après la publication des VI et VIT* volumes, qui comprendront l'Histoire des Serpents. Nous ne terminerons pasce court avertissement sans témoigner notre gratitude aux propagateursdela science et aux zélés voyageurs qui ont généreusement offert au Muséum d'histoire naturelle beaucoup de Reptiles , depuis la publication du cinquième volume de cette Erpétologie générale. Nous citerons en particulier : M. Guyow, chirurgien en chef de notre armée d'Afrique. AVERTISSEMENT. Il MM. Evpoux et SouLeyer , chirurgiens de la marine, embarqués à bord de la corvette la Bonite, dans un voyage de circumnavigation exécuté par ordre du gou- vernement, sous le commandement de M. le capitaine de vaisseau DELAPLACE. M. Le Prieur , pharmacien de la marine, résidant à Cayenne. M. Henri DerarocHe, ieune négociant du Havre, neveu de l’un de nous, qui a recueilli, pour nous être utile, plusieurs Reptiles , et surtout des Batraciens, soit à la Havane , soit dans l'Amérique du nord. Au Muséum d'histoire naturelle, le 25 décembre 1840. HISTOIRE NATURELLE DES REPTILES. LIVRE SIXIËME. DE L'ORDRE DES GRENCULRLES OU DES BATRACIENS. CHAPITRE PREMIER. DES CARACTÈRES DES REPTILES BATRACIENS ET DE LEUR DISTRIBUTION EN FAMILLES NATURELLES ET EN GENRES. Le quatrième ordre de la classe des Reptiles, celui qu'on est convenu de désigner sous le nom de Batracens, depuis la classification proposée par M. Alexandre Brongniart, est tellement distinct et si différent des trois autres, que plusieurs auteurs ont proposé d’en faire une classe séparée sous un nom particulier (1). Linné cependant n'avait isolé que le QG) Merrem (Voyez tom. 1° du présent ouvrage, pag. 26/4.) fait deux classes des amphibies, les Pholidotes et les Batraciens. Larreizze. ( fbid., pag. 240.) Amphibies, caduci , et Perenni- branches. De Bzraixvizze. (Ibid., pag. 267.) Amplhibiens Ichthyodes nudi- pellifères. Grav.Firzincer. ( Jbid., pag, 259 et 282. ) Reptilia dipnoa. REPTILES, TOME VIII. Ë 2 DES REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. genre Rana ou Grenouille ; car il avait placé celui des Cécilies avec les Serpens, et les Salamandres avec les Lézards. Aujourd'hui cet ordre est devenu tellement nombreux, par les découvertes que l’on a faites et les modifications observées dans les formes et les ha- bitudes des espèces , que leur histoire exige une étude particulière qui offre aux naturalistes et surtout aux physiologistes, un très grand intérêt. Aussi les dé- tails dans lesquels nous allons entrer, formeront-ils la totalité de ce huitième volume. Nous avons déja indiqué les caractères essentiels de cet ordre ; mais nous allons de nouveau les énumérer d’abord simplement, pour les développer ensuite et les comparer avec ceux qui les distinguent des autres Reptiles. Les Batraciens ont : 1° Le tronc déprimé, trapu ; ou arrondi, allongé ; avec ou sans queue. La peau nue, molle, sans cara- pace et le plus souvent sans écailles bien apparentes. 2 Les pattes variables par leur présence, leur nombre et leur proportion; à doigts non garnis d'ongles crochus , très-rarement protégés par des étuis simples ou de petits sabots de matière cornée. 3 Le cou nul, ou non distinct de la téte et du tronc; deux?condyles occipitaux joignant le crâne aux vertèbres. he Le plus souvent des paupières mobiles ; pas de conduit auditif externe. 5° Un sterirum distinet dans le plus grand nombre ; mais non uni aux côtes qui sont alors très-courtes ou nulles. 6° Le cœur à une seule cavité ventriculatre ; à oreil- letite simple et unique en apparence. DES REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. 3 To Organes génitaux externes nuls chez les mâles ; œufs à coque membraneuse, pondus le plus souvent avant la fécondation et grossissant après la ponte ; petits subissant des transformations. On pourrait croire d’après cette énumération des caractères, dont plusieurs présentent une sorte d’in- certitude, qu'aucun d’eux n’est absolument essentiel, et cela semblerait être vrai pour la plupart, si on les considérait isolément; cependant, d’après les obser- vations qui vont suivre, on verra que toutes ces notes sont véritablement propres à faire distinguer les Rep- tiles Batraciens de tous ceux qui ont été rapportés aux trois autres divisions précédemment étudiées. En suivant effectivement la série des numéros indiqués ci-dessus, et en comparant les particularités qu’ils énoncent, nous verrons que toutes présentent des dif- férences notables, sur lesquelles nous devons insister, 1° Toutes les espèces de Batraciens, les Géciloïdes exceptés, ont la peau nue, sans aucune apparence d’écailles et sans test complet. Cette circonstance suf- fira pour les faire distinguer d’abord de la plupart des Sauriens et des Ophidiens, dont les tégumens sont protégés par des lames cornées, le plus souvent placées en recouvrement les unes sur les autres, où comme enchässées dans l'épaisseur de tubercules cor< respondans. Nous devons rappeler cependant que les Caméléoniens et les Geckotiens ont, par cette circons stance même de la privation des écailles, queique ressemblance avec les Batraciens munis d’une queue ; et d’une autre part, que si les Cécilies se rapprochent des Amphisbènes et des Chirotes, parce qu’elles offrent quelques apparences d’écailles ; le modé d'insertion de 1, 4 DES REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. leur langue, ainsi que la forme , l'articulation de leur tête et la disposition de leurs vertèbres, sont tout à fait différentes. Les Potamites seules parmi les Ché- loniens ayant leur carapace revêtue d’une peau molle, et le corps aplati, plus large que haut, se rappro- cheraient un peu de la forme de certains Crapauds ; mais leurs pattes, leurs ongles, leurs mâchoires, en- fin toute l’organisation de leur charpente osseuse, les en ferait aussitôt distinguer. Enfin l’absence de la queue dans les Cécilies et dans la nombreuse fa- mille des Anoures, parmi les Batraciens, est un ca- ractère des plus évidens, dont aucun autre Reptile n’a offert d'exemple jusqu’à ce jour. 2° Les pattes qui manquent entièrement dans le seul genre des Gécilies, celles des Sirènes qui n'existent qu’en devant, celles des Protées et des Amphiumes, qui sont incomplètes et comme ébauchées , ces mêmes pattes qui varient par leur proportion et leur lon- gueur respectives dans les Urodèles et les Auoures, sufliraient seules, si elles étaient considérées isolé- ment, pour faire reconnaître un Batracien d’avec toute espèce de Reptiles d’un autre ordre. En effet, à l’ex- ception de quelques genres très rares observés jus- qu'ici, lun parmi les Anoures (G. Dactylèthre), l'autre parmi les Urodèles ( G. Onycopus Sieboldi), jamais l'extrémité des doigts ne se trouve revêtue d’un ongle chez les Batraciens ; or, chez tous les Sau- riens , il y a des ongles aux dernières phalanges, ainsi que chez les Chéloniens. Il est vrai que chez les Tha- lassites, qui ont les doigts aplatis et réunis en une palette , et chez les Chersites, qui les ont confondus en une sorte de moignon, il n’y a réellement que des sabots qui enveloppent et terminent les phalanges ; DÉS REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. 5 mais les deux genres dont nous venons de parler ont les doigts distincts et séparés, et d'ailleurs leurs mä- choires , leurs vertèbres et toute leur structure sont es- sentiellement différentes de celles des Tortues. 3, Les Batraciens ont la tête portée directement sur l’échine, à peu près comme les Ophidiens, mais chez tous les autres Reptiles, tels que les Chéloniens et les Sauriens , les vertèbres qui forment le cou et qui suivent la tête, sont différentes de celles qui recoivent des côtes. Ces deux circonstances distinguent les Ba- traciens ; car ils sont les seuls qui aient la tête articulée avec la première vertèbre sur les parties latérales de locciput et non par un condyie unique et inférieur, comme dans les Serpens et les deux autres ordres qui comprennent les Tortues et les Lézards, chez les- quels il ya, comme nous venons de le dire, un véri- table cou rétréci, formé par des vertèbres dont le nombre est plus ou moins considérable. 4° Les paupières caractérisent par leur présence le plus grand nombre des Anoures qui ont des pattes et les principaux genres des Urodèles ; ces membranes protectrices de l'œil les font différer par cela même des Ophidiens qui en sont toujours privés. Cependant les espèces d'Urodèles qui, avec les Cécilies, offrent une sorte de transition à la classe des Poissons , ont aussi le globe oculaire recouvert par la peau. Il en est à peu près de même du conduit auditif qui se voit sur les parties latérales et postérieure de la tête, dans la plupart des genres de Sauriens. Le tympan est quelquefois apparent dans les Chéloniens, comme on le distingue chez quelques Batraciens Anoures ; mais il ne se voit pas davantage dans le plus grand 6 DES REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. nombre des Urodèles que chez les Poissons et dans la totalité des vrais Serpens. 5° Le sternum, généralement très A Clone ex- cepté dans les Céciloïdes, est en grande partie cartila- gineux ; il s'étend en même temps sous la gorge pour soutenir l'appareil styloïdien , et sous l'abdomen pour protéger les viscères qui y sont renfermés. Cette pièce moyenne et inférieure du tronc devient un caractère absolument propre à séparer cet ordre de celui des Ophidiens , qui n’ont jamais de sternum, de même que les côtes qui sont ou nulles ou à peine dévelop- pées, serviraient encore à les faire distinguer de ces mêmes Serpens, chez lesquels les côtes sont toujours fort longues, arquées et très nombreuses. D'un autre côté, ce même sternum , qui n’a aucune connexion avec les côtes, les éloigne par cela même des Chéloniens et des Sauriens, chez lesquels le sternum est presque constamment destiné à recevoir au moins quelques- unes des côtes qui s’y joignent d'une manière plus ou moins solide. 6° Le cœur des Batraciens diffère, comme nous le verrons avec plus de détails par la suite, de celui de tous les autres Reptiles, par cette circonstance que son ventricule charnu n’a réellement qu’une seule cavité intérieure. Cette disposition est en rapport avec le mode de la circulation générale , qui n’éprouve qu'une légère modification à l’époque de la transformation, dans la manière dont s'opère le changement de la fonc- tion respiratoire uniquement branchiale, analogue à celle des poissons, en une respiration aérienne ou pul- monaire partielle. Quant à l'absence apparente de l’une des oreillettes, elle dépend, comme on le sait mieux aujourd'hui , de l’adossement des deux sinus, séparés DES REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. 7 entre eux par une cloison très mince et transparente, dont on n’avait point d’abord reconnu l’existence. 7° L'absence des organes génitaux externes appa- rens et propres à l’intromission pour féconder la fe- melle, éloigne les Batraciens des trois autres ordres de Reptiles ; car chez les Chéloniens et les Crocodiles parmi les Sauriens, le pénis existe : il est simple et semblable à celui dont on retrouve les analogues dans certains Oiseaux, en particulier dans les Autruches et les Canards; ou bien il est double ou fourchu, comme dans les autres Sauriens et dans tous les Ophidiens. Cette non-existence des organes mâles se trouve liée avec la disposition de la coque des œufs qui n'est pas calcaire, comme dans les Tortues et les Lézards, et qui n'est jamais coriace et crétacée, comme dans les Ophidiens, quand leurs œufs n’éclo- sent pas dans l’intérieur du corps de la femelle. C’est qu’en effet la plupart des femelles de Batraciens aban- donnent leurs germes avant qu'ils soient fécondés , et c'est à travers la coque muqueuse que s'opère l’ab- sorption de l'humeur vivifiante des mâles, à peu près comme cela a lieu chez les Poissons. Enfin chez la plupart des Batraciens, les petits, en sortant de la coque dans laquelle s'est opéré leur premier dévelop- pement, paraissent sous une forme et avec une orga- nisation extérieure et interne, souvent tout à fait dif- férente de celles qu'ils prendront par la suite, soit dans les organes du mouvement et des sens pour la vie extérieure, soit dans leur mode de nutrition , de digestion , de circulation et de respiration, ainsi que l'histoire plus détaillée de ces animaux nous donnera occasion de le faire connaître par la suite. On voit donc par ces détails que les Batraciens S DES REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. devaient former un ordre naturel tout à fait distinct dans la classe des Reptiles. L'ordre des Batraciens ne paraît.avoir aucun rap- port avec les animaux des deux premières classes des vertébrés ; mais il présente des liaisons évidentes avec les Poissons, et surtout avec plusieurs individus de quel- ques-uns des genres des trois autres ordres des Rep- tiles, ainsi que nous allons le faire connaître en com parant ou en rapprochant entre elles quelques espèces. Quant aux Poissons, il y a certainement entre les tétards des Anoures, tels que ceux des Crapauds et des Grenouilles, une très grande analogie de formes et de mœurs avec certains Poissons, tels que le Séchot, (Cottus gobio), le genre Batrachus et plusieurs Lé- padogastères et Ghironectes. D'une autre part les der- niers des genres parmi les Urodèles, tels que les Am- phiumes , les Protées, ainsi que les Cécilies, ont dans leurs formes générales, dans leur manière de nager, dans la disposition de la queue, dans le mode d’arti- culation de leurs vertèbres , une ressemblance notable avec les Aptérichthes, les Gastrobranches, les Mu- rénophis. Les espèces de Batraciens qui semblent lier cet ordre avec celui des Chéloniens sont d’abord les Pipas avec les espèces du genre Chélyde; puis les Crapauds en général, en particulier les Cératophrys, les Brachycé- phales ou Éphippifères, qui ont la peau molle de leur dos soutenue sur des pièces osseuses dépendantes du développement de leurs vertèbres, comme dans les Tortues molles ou Potamites du genre Trionyx, et dans les Tortues à cuir ou Sphargis. Cette ressem- blance se fait surtout remarquer dans la forme des mâchoires cornées qui garnissent les lèvres des té- DES REPTILES BATRACIENS EN GÉNÉRAL. 9 tards des Anoures et dans la manière dont s'ouvre le cloaque chez ces mêmes espèces sans queue, car cet orifice est arrondi, tandis qu'il est transversal dans la plupart des Sauriens et chez tous les Ophidiens. Les espèces de Batraciens qui se rapprochent des Sauriens sont en grand nombre : d’abord presque tous les Urodèles avec leur corps allongé, arrondi; les pattes courtes et éloignées de manière à soulever difficile- ment le tronc, représentent tellement les Lézards que Linné les avait inscrits comme des espèces dans le genre Lacerta. Mais c’est surtout avec certaines espèces de Geckotiens et d'Iguaniens que le passage paraît évi- dent , par lintermède des Salamandres, des Tritons et autres genres voisins; parmi les Geckotiens, en effet, plusieurs ont les pattes de devant aussi longues que celles de derrière, les doigts élargis, épatés et quelquefois sans ongles. Enfin, parmiles Iguaniens, il en est dont la tête large est à peine distincte, d’un tronc élargi. Ils ont de plus la queue excessivement courte , la peau à peu près nue, et les mâchoires tel- lement fendues au delà des yeux, qu’on leur a donné les noms de Phrynocéphale et de Phrynosome, qui in- diquent leur ressemblance avec les Crapauds. Il ÿ à aussi quelques points de rapprochement à établir entre plusieurs espèces de Batraciens et d'O- phidiens. C’est ainsi que les Sirènes, les Amphiumes et surtout les Cécilies semblent lier cet ordre par les Amphisbènes, les Chirotes et quelques Chalcides. À peine est-il nécessaire d'indiquer les caractères principaux qui distinguent l’ordre des Batraciens de ceux que nous avons précédemment étudiés. Nous nous contenterons de les rappeler brièvement. Ainsi ils diffèrent 1° des Chéloniens par le défaut d'ongles tO REPTILES BATRACIENS. aux pattes ; par l’absence ou le peu de développement des côtes, par le défaut d’accouplement réel, par leurs œufs à coque muqueuse dont proviennent des fœtus qui doivent subir des métamorphoses ; 2° des Sauriens par la plupart des mêmes caractères et de plus par la forme de leur cloique, qui est toujours arrondi et ter- minal , ou disposé en longueur quand il est situé sous l'origine de la queue; 3° enfin des Ophidiens par la présence des pattes dans le plus grand nombre des es- pèces, ainsi que par les paupières ; la présence d’un sternum , l'absence d’un pénis double, etc. Pour procéder à l’examen de cet ordre , nous allons suivre la même marche que celle précédemment em- ployée. Avant de présenter le tableau méthodique de l'arrangement des familles et des genres, nous ferons connaître les diverses classifications proposées jus- qu'ici par les auteurs. Quoique l’histoire générale et systématique de l’ordre des Batraciens ait été en grande partie tracée dans le livre second de notre premier volume, et que nous ayons indiqué les ouvrages généraux relatifs à l’histoire des Reptiles, nous de- vons la reproduire ici séparément et avec plus de dé- tails, afin de faire mieux connaître les sources dans lesquelles nous avons puisé nous-mêmes , et pour bien établir la marche de la science et les progrès qu'elle a faits dans ces dernières années. Ce sera encore dans l'ordre chronologique que nous ferons mention des au- teurs, et que nous nous permettrons de porter un jugement sur leurs écrits. 1768. Nous devons mentionner LAURENT (1) (1) Voyez dans le présent ouvrage, tom. Ier, pag. 238 et suiv., Synopsis Reptilium. AUTEURS. LAURENTI, LACÉPÈDE, LINNÉ. IL comme le premier des auteurs systématiques qui ait étudié méthodiquement et classé les Reptiles qui fontle sujet de l’ordre dont nous nous occupons. Il distribuait nos Batraciens dans deux ordres diférens , les Savreurs (Salientia) et les Marcueurs ( Gradientia). Les carac- tères du premier ordre étaient très-bien tracés (1); il y rangeait quatre genres : les Pipas, les Crapauds, les Grenouilles et les Rainettes dont les caractères sont nettement exprimés; mais il y à inséré à tort comme un Protée, la Grenouille Jackie de M'° de Mérian, Ra- na paradoxa, d’après la mauvaise figure de Séba. C’est à la tête du second ordre, qu’il nomma les Marcheurs et parmi lesquels il plaça tous les Sauriens, que se sont trouvés d’abord rangés, les Tritons et les Salamandres terrestres , dont il fit avec raison, et le premier, deux genres distincts , Ctun autre awec le Protée anguillaire. 1778. LACEPEDE (2), dans son Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares, parlage ceux-ci en espèces ou en genres qui ont une queue et en ceux qui n'en ont pas ; puis en Reptiles bipëdes. On conçoit alors qu’il a dû placer les Salamandres avec les Lézards, séparer les trois genres Grenouille, Crapaud et Raine: et enfin les espèces bipèdes. 1788. LINNE, dans les éditions du Systema na- turæ publiées pendant sa vie, n’avait d’abord indiqué que le genre #'ana, car il rangeait les Salamandres dans le genre ZLacerta; mais Gmelin subdivisa le genre ana en trois sous-genres, Pufones, Rane, Hylæ, d'après Laurenti, et il placa les Salamandres dans la troisième section ou sous-genre des Lacertæ. (1) Voyez dans le présent ouvrage tom. 1°, 2ealineà de la pag. 240. (2) Jbid., pag. 243. 12 REPTILES BATRACIENS. CLASSIFICATIONS. 1799. C’est, comme nous l’avons dit , M. ArExanDre BRONGNIART (1) qui eutl'heureuse idée de partager la classe des Reptiles en quatre ordres, auxquels il as- signa les noms que la plupart des naturalistes ont maintenant adoptés. Dans son mémoire, l’ordre des Batraciens , dont les caractères étaient alors fort bien établis, formait le quatrième de la classe : il n’y ajou- tait aucun nouveau genre ; seulement il rapprochait les Salamandres des Grenouilles; idée qui avait déjà été émise par Roësel et par Hermann. Dans la même année, SCHNEIDER (2), en publiant en latin ses deux Fascicules sur l’histoire naturelle et littéraire des amphibies, donna dans le premier l’his- toire détaillée de toutes les espèces sur lesquelles il s'était procuré queiques renseignemens, d’abord pour les genres Rana, Calamita , Bufo et Salamandra ; et dans le second Fascicule, sur le genre Cæcilia. Mais on ne trouve dans cet ouvrage , d'ailleurs très savant, et qui nous a été fort utile par ses recherches érudites, que des détails relatifs aux espèces, sans considérations générales sur leurs rapports naturels. 1801. LATREILLE (3) et peut-être DAUDIN, lors- qu'ils publièrent, dans la petite édition du Buffon de Dé- terville, les volumes relatifs aux Reptiles, n’adoptèrent pas la classification de M. Brongniart. Ils séparèrent des quadrupèdes ovipares les espèces dont la peau était sans écailles et les pattes sans ongles , pour en former une section, et ils placèrent dans une troisième divi- sion, sous le nom de Preumobranchiens, les Protées, (1) Voyez tome Ir, pag. 244. (2) Ibid. pag. 338. (3) Jbid. pag. 247 et 250. AUTEURS. BRONGNIART, SCHNEIDER, LATREILLE, ETC. 13 l’Ichthyosaure qui est une larve, et la Sirène. Plus tard, en 4825, comme nous le dirons par la suite, l’au- teur a suivi un autre mode de classification. 1803. DAUDIN (1), dans son grand ouvrage sur les Reptiles, en adoptant la classification et les dénomi- nations de Brongniart pour les ordres, a décrit toutes les espèces ; il les a distribuées en genres à peu près comme ses prédécesseurs. Le tome VIII comprend en particulier les Batraciens, car les Cécilies terminent l’ordre des Serpens, quoiqu'il cüt recueilli les observa- tions anatomiques faites par Schneider, qui donnaient des motifs si positifs de les rapprocher des Batraciens. Il a particulièrement fait connaître les Batraciens sans queue , dont il a publié d'ailleurs l’histoire à part en un volume in-4°, en avertissant que c'était lui qui avait décrit les espèces dans l’ouvrage de Latreille que nous venons de citer, et en les indiquant par une étoile qui suit leur nom spécifique latin. Enfin il fait obser- ver que ces descriptions sont augmentées et corrigées. Ce dernier ouvrage contient 88 planches gravées. La plupart de ses dessins étaient exacts et faits d’après nature; mais ils ont été mal gravés et surtout très- mal enluminés. 1803. DUMÉRIL. Déjà dans l'ouvrage que j'avais publié en 1804, sous le titre d’'Élémens de l'Histoire naturelle , j'avais indiqué, sans leur donner des noms, les deux sections ou familles des Batraciens ; mais en 1806 dans la zoologie analytique, sur les trois tableaux qui suivent le numéro 54, j'en précisai et détaillai beaucoup mieux les caractères en les désignant sous les noms, 4° d'Anoures; 2° d'Uronëzrs, dénominations (1) Voyez dans le présent ouvrage tom. 1°", pag. 250. 14 REPTILES BATRACIENS.. CLASSIFICATIONS. qui ont été adoptées depuis par presque tous les natü- ralistes. Enfin, en 1807, je lus à l’Institut un mémoire sur la division de Aeptiles batraciens en deux familles naturelles (1). Gomme l'édition de l'ouvrage est depuis longtemps épuisée, et qu'il est impossible de se le procurer, je crois devoir en reproduire ici les bases principales. Après avoir rappelé l'historique abrégé de la classi- fication des Reptiles et établi une comparaison détail- lée de chacun des quatre ordres, afin d’en séparer celui des Batraciens, voici. ce que je disais en parlant des Cécilies que je laissais parmi les Ophidiens (2) : « Le squelette des Cécilies, genre de Reptiles rangé » jusqu'ici avec les Serpens, montre la plus grande » analogie avec les Batraciens. Nous citions en preuve, » 1° l'existence des deux condyles de Poccipital ; » 2 l'absence des côtes; 3° l’articulation du corps des » vertèbres, qui se fait comme dans les Crapauds et » dans Îles Poissons ; 4° l'absence absclue de la queue; » 8° l'orifice du cloaque placé à l’extrémité du corps » présentant une ouverture arrondie et non transver- » sale. » Nous verrons par la suite que c’est d’après cette idée que les auteurs, et parmi eux Oppel d’abord, ont rangé les Gécilies avec les Batraciens Anoures. Nous allons donner maintenant et littéralement la partie de ce mémoire relative à la division des Batra- ciens. Nous supposerons ici que la distinction des trois autres ordres y était bien établie, et nous disions : (1) Ce mémoire a été imprimé à la page 37 de mes mémoires de zoologie et d'anatomie comparée. In-8e, Paris, 1807, et dans le Magasin encyclopédique. (2) {bid., pag. 46, note 16. AUTEURS. DUMERIL. 15 « Quoique tous ces caractères soient bien déterminés et de nature à exiger la séparation des animaux que renferme cet ordre d'avec ceux de la même classe, j'ai cru devoir cependant distinguer en deux familles les espèces qu'il réunit, ayant observé dix particularités très importantes dans l’organisation et dans les mœurs qui permettent de généraliser tout ce que l’on sait de plus intéressant sur l’histoire des Batraciens. Mettons d’abord en un groupe les espèces qui ont entre elles le plus de rapports par la forme générale du corps, qui est trapu, large et sans queue, et dont les pattes sont d’inégale longueur; nous réunirons ainsi les Pipas, les Crapauds, les Grenouilles et les Rainettes , et nous leur donnerons le nom d’Axoures ( Ecaudati). Plaçons dans un autre groupe les espèces à corps allongé, avec une queue et les pattes de longueur égale, comme les Tritons, les Salamandres, les Protées et les Sirènes, que nous appellerons Uronëces ( Caudati) ; et comparons ces deux groupes ou familles sous les points de vue suivans. $ IL. La roRME GÉNÉRALE Du corps, ce que les natura- listes nomment le facies , indique , comme nous venons de le dire , la séparation que je propose. Les Urodèles ressemblent aux Sauriens d’une manière si complète, que la plupart des auteurs, et même Linné, ont rangé les Salamandres avec les Lézards. Quelques-uns, à la vérité, en ont fait un genre à part, et ils l’ont placé dans le même ordre ; et quoique Hermann ({) ait indi= (1) Salamandræ non inepte peculiare genus facere posse videntur ; differunt enim ab aliis lacertis corpore nudo squamis non vestito ; auriunt apertura nulla; lingua non bifida aut exertili; brachiis femoribusque 16 REPTILES BATRACIENS. CLASSIFICATIONS. qué positivement leur analogie avec les Grenouilles ; c'est seulement depuis le beau travail de M. Brongniart qu'on les regardés comme appartenant à l’ordre des Batraciens. Si la structureet l’organisation intérieure ont montré une très grande analogie entre les Grenouilles et les Salamandres, il faut avouer aussi, que la configuration extérieure indiquait en apparence une très grande différence. Nous voyons ici une sorte de cou, ou un espace libre rétréci entre les pattes et la tête, un corps étroit, presque cylindrique , très prolongé au delà des membres postérieurs et se terminant à peu près comme celui des Serpens et des Poissons; au lieu que la tête des autres espèces de Batraciens semble être implantée sur les épaules , qui reposent elles-mêmes sur un corps large , aplati, et comme tronqué à l’origine des cuisses, exemple fort rare dans la nature. 6 IF. La Peau. Les Anoures ont les tégumens libres, tout à fait isolés des muscles et adhérens seulement autour des principales articulations des membres dans la ligne médiane, auprès de la bouche et des oreilles ; de sorte que leur corps est comme renfermé dans un sac que l’on peut isoler en produisant chez éux un emphysème artificiel. C'est un rapport qu'ils ont avec non torosis, sed linearibus : extremitatibus potius anteriore parte, quam basi crassioribus; palmis tetradactylis, digitis brevibus, æqualibus absqueunguibus ; vita aquatica aut in uvidis, saltem primo a nativitatis temporein aquosis acta. ÂFFINITATES ANIMALIUM. Pag. 251. Er azisi pag. 258 ad finem. Nuda cutis, pedes anteriores tetra- dactyli , subæquales salamandris bufonibusque communes eadenique generationis ratio uti in universum subsimilis partium evolutio in Sala- mandris et fimbriatæ appendices externarum branchiarum quales Jere in Ranis £eneralim ut adeo ex hac parte etiam conjunctissimæ ranis Salamandræ sint. AUTEURS, DUMÉRIL. 17 quelques poissons, et en particulier avec les véritables Baudroies et les Batrachoïdes, ainsi nommés par M. de Lacépède. Les Urodèles, au contraire, ont une peau tellement unie ou adhérente au tissu cellulaire destiné à former les gaînes des faisceaux de leurs mus- cles, qu'il est difficile de les dépouiller , sans déchirer ces organes actifs du mouvement, qui s’y insèrent même dans beaucoup de parties, surtout vers la région de la queue. $ IIT. LA PROPORTION RESPECTIVE DES MEMBRES et de leurs parties, devient encore un caractère très important pour distinguer ces deux familles. Chez les Urodëles, quand les pattes de derrière existent, car les Sirènes en sont constamment privées, ces membres sont abso- lument de même longueur que ceux de devant ; jamais leurs cuisses n’offrent plus de volume dans la région supérieure. Leur métatarse n’est pas allongé de manière à présenter trois articulations principales avant le pied. De là, résultent la lenteur et l’uniformité de la marche de ces Batraciens à queue, lorsqu'ils sont sur terre; leurs pattes n'étant pas assez longues pour supporter le corps, au moins momentanément, et l'empêcher de traîner sur le sol; d’une autre part, la grande distance qui existe entre les membres, dont les extrémités libres peuvent à peine se joindre, donne à leur progression ces mouvemens sinueux qui les rapprochent des ser- pens. Dans les Anoures il en est tout autrement; les pattes de derrière sont toujours plus allongées que les antérieures ; elles atteignent au moins , et le plus sou- vent elles dépassent en proportions, toute la longueur du corps; leurs cuisses sont garnies de muscles très forts qui en augmentent beaucoup l'épaisseur ; leurs tarses sont constamment allongés et fournissent à un REPTILES, TOME VIN. 2 is REPTILES BÂTRACIENS: CLASSIFICATIONS, très grand fombre la faculté de quitter la Surface de la terre. Ils font des sauts, plus ou moins élevés, à laide des muscles des gras de jambe, fortement développés dans les espèces dont les mouvemens sont lestes et ra< pides, ce qui leur donne en même temps la ficulté de marcher, de grimper , de sauter et de nager. 6 IV. La PRÉSENCE DE LA QUEUE influe d’une manière évidente sur la forme générale ; elle semble être un attribut de la vie essentiellement aquatique de la plu- part des genres de la famille des Urodèles, car les Tritons, les Protées, les Sirènes sont habituellement dans l’eau. Ils y nagent à l’aide de la queue compri- mée , à double tranchant et semblable à celle des pois- ons ; aussi, tous les jeunes Æ#noures dans leur premier âge et avant leur entier développement, ont-ils le corps terminé de la même manière que les Urodèles ; car ils ne perdent leur queue que par une sorte d’ab- sorption ou de gangrène naturelle, dont on aperçoit toujours l'effet dans le squelette et même sur la peau des individus adultes. 6 V. La caneue présente dans sa forme et dans ses mouvemens des différences très notables. Chez les Anoures qui, sous l’état parfait, saisissent le plus or- dinairement leur nourriture hors de l’eau, la langue, lorsqu'elle existe, offre un caractère qu'on n'a pas encore observé jusqu'ici chez d’autres animaux ver- tébrés. Sa base est attachée en avant, dans la concavité et vers la symphyse mobile de la mâchoire inférieure, et son extrémité libre est dirigée en arrière vers le pharynx. Gette partie entiérement charnue, toujours muqueuse et le plus souvent fendue à son extrémité, peut sortir de la bouche par un mouvement d’expuition protractile, mais de manière que sa face inférieure AUTEURS. DUMERIL. 19 parait alors en-dessus, et toutes les fois qu’elle est au dehors; c'est même à ce mécanisme qu'est dû en partie, le mode particulier de la respiration dans la région de la bouche. Chez les Urodèles, au contraire, qui trouvent leur nourriture plus habituellement dans eau, la langue est à peu près semblable à celle des poissons. Elle est adhérente à la gorge dans toute son étendue, souvent sur ses bords comme vers sa pointe ; elle ne peut ni sortir hors de la bouche, ni se courber vers le gosier. Aussi , le mécanisme à l’aide duquel l'air est forcé d'entrer dans les poumons par l'acte de la dé- glutition , est-il un peu différent , ainsi que nous avons eu occasion de le prouver dans un autre mémoire. Ÿ VE. L’oRriLLE EXTERNE OU LE TYMPAx est généralement distinct dans les Ænoures ; il occupe les parties latérales postérieures de la tête, où il se fait remarquer par la sut- face unie de la peau qui le recouvre, laquelle est en géné- ral plus tendue, plus lisse, souvent d’une autre couleur que celle du reste du corps. Gette conformation parait dépendre de la manière de vivre de ces animaux, qui ont le plus habituellement la tête plongée dans l’eau; elle correspond aussi, sans doute, à l’existence de la caisse et à la perception des coassements que l’un des sexes au moins peut produire. Chez les Urodèles, qui n’ont pas de voix du tout, qui séjournent presque tous uniquement dans l’eau, qui n’ont pas de caisse du tympan, il n’y a pas non plus d'oreilles extérieures ni aucune sorte de membrane du tambour. Cette dispo- sition les rapproche de la plupart des animaux aqua- tiques, et essentiellement des poissons qui sont privés des mêmes parties. $ VII. L’orifice destinéàla sortie du résidu des alimens, ou l’ouverture du cLo4QUE, présente par sa disposition et 2 EX] 20 REPTILES BATRACIENS. CLASSIFICATIONS. par sa forme , des caractères très frappans pour distin- guer les Urodèles des autres Batraciens et même de tous les reptiles, à l'exception des Crocodiles. Quoique chez tous, cette ouverture serve en même temps aux organes générateurs et à la sortie des matières excré- mentitielles , elle offre ordinairement un orifice arrondi comme dans les Chéloniens, les Cécilies et les Anoures; ou elle est transversale, comme dans le plus grand nombre des Ophidiens et chez tous les Sauriens; mais les Urodèles ont toujours une fente longitudinale, sem- blable dans les deux sexes, et dont les lèvres ou les bords se gonfient considérablement et se colorent ordi- nairement de teintes très vives à l’époque de la fécon- dation (1). Ç VIII. LE MODE DE FÉCONDATION n’est pas Moins remar- quable dans l’une que dans l’autre famille. Tous les Batraciens à la vérité sont privés d'organes mâles, propres à l’intromission; leurs œufs sont fécondés le plus souvent après la ponte, comme ceux de la plupart des poissons; ils grossissent après avoir été vivifiés. Cependant chez tous les Ænoures le mâle aide sa fe- melle à se débarrasser de ses œufs. Il les féconde en les spermatisant où en les arrosant de sa laitance à l'in- stant même où ils sortent du corps, soit qu'il doive s’en charger aussitôt et les porter sur les cuisses, comme le Crapaud accoucheur, observé par Demours ; soit que, (1) C'est ce qui a donné lieu a l'observation faite par MareRAvE, copiée par Nunemserc, Âistor. nat. maxime peregrinæ, pag. 2/9 ; puis parRuyscn, Z'heatrum animalium , tom. 1°", pag. 149. Vulvam habet mulieri simillimam. Phrase que quelques auteurs comme Lacuesnais-Dessois et autres, en parlant de l'Axotlotl, traduit ainsi : « I] a une matrice semblable à celle des femmes. Il a des règles comme les femmes. On a fait à son sujet des contes qui ne méri- tent pas d’être rapportés, etc. » AUTEURS. DUMÉRIU. 21 comme le Pipa d'Amérique , il les place sur le dos de sa femelle; soit enfin qu'il les abandonne en masses agglomérées ou réunis en chapelets, comme le plus srand nombre des autres espèces. Mais les Urodèles nous offrent le premier exemple parmi les animaux vertébrés, d’une fécondation extérieure sans intro- mission et semblable à celle des plantes, car les Sala- mandres d’après les observations de plusieurs auteurs, observations que j'ai eu occasion de vérifier en partie sur des individus vivans , apportés au Muséum d’his- toire naturelle, paraissent absorber la liqueur sémi- nale que souvent le mâle abandonne dans l’eau , avant que la femelle soit venue s’y plonger elle-même. De ce simple bain, résulte la fécondation comme dansles plan- tes dont le stigmate arrête le pollen sorti des anthères, et l’enlève à l'atmosphère qui lui a servi de véhicule. Le mâle des autres Urodèles nese rapproche pas inti- mement de la femelle ; il se place à distance, il l’excite à la ponte , et il féconde ses œufs à de longs intervalles et chacun isolément à mesure qu’elle s’en délivre. 6 IX. Les œurs des “noures sont toujours pondus en un seul temps; ilssont sphériques, accolés, réunis en masse plus ou moins considérable, et groupés diver- sement selon les espèces; les embryons qu'ils renferment se développent presque tous-à la même époque. Dans les Urodèles, au moins chez les Salamandres et les Tritons, dont j’ai eu occasion de suivre la ponte et le développement , j'ai remarqué, comme l'avait d’ailleurs très bien observé Spallanzani, que les œufs lorsqu'ils sont fécondés (1), sont toujours distincts, isolés, de (1) Ceux des Salamandres terrestres éclosent dans l'intérieur du corps, comme ceux de la Vipère, de la Couleuvre lisse, etc. 22 REPTILES BATRACIENS. CLASSIFICATIONS. forme elliptique , et que le développement varie dans les œufs d’une même ponte, suivant l’époque de la fé- condation. 6 X. Enfin la FoRME ET L’orGanisaTiON DES Téraros sont tout à fait différentes dans les deux familles. Les Urodèles ont en naissant le corps allongé, conique , un peu comprimé surtout en arrière, et semblable à celui des poissons. Leurs branchies sont alors toujours ex- térieures ; elles flottent, comme des panaches, sur Îles côtés du cou qui présente trois ou quatre fentes semblables à celles des ouïes des Squales et des Raies , qui ont, d’après les intéressantes observa- tions de M. Ratke, au moment où le fœtus sort de l'œuf , des feuillets branchiaux tout à fait visi- bles ou étalés au dehors des fentes branchiales. Leurs quatre pattes se développent en même temps, et leurs formes générales n’ont pas changé sensible- ment lorsqu'ils sont adultes. Les Ænoures au moment où ils éclosent (1) ont le ventre et la tête réunis en une masse arrondie, terminée par une queue de poisson. Leurs branchies d’abord libres sont ensuite recouvertes par les tégumens, et elles communiquent le plus souvent par une seule fente pour la sortie de (1) À moins que, comme le Pipa, ils ne subissent leurs méta- morphoses dans l'intérieur de la coque, ou de la cellule particulière qui renferme chacun des œufs. Il est maintenant avéré que le petit animal est complétement formé, lorsqu'il sort de l'espèce d'alvéole qui le contenait, comme nous le prouvent quelques fe- melles conservées au Muséum, sur le dos desquelles on voit des coques, les unes ouvertes, les autres vides, et quelques-unes dans lesquelles sont encore contenus de petits Pipas. Au reste, plusieurs auteurs en ont donné des figures, tels sont ; Camper, Mém. de la Soc. de Gottingue. Vol, IX, pag. 129. Biunensaca, Manuel d’hist. nat., pl. XIX. AUTEURS. DUMÉRIL. 53 l’eau, comme dans les Sphagébranches ; leurs pattes postérieures se développent avant celles de devant’; ils perdent la queue en subissant leurs métamorphoses, ce qui change tout à coup leurs proportions (1) et leurs formes extérieures. Tels étaient les dix caractères par lesquels je distin- guais il y a déjà trente années, les reptiles Batraciens en deux familles, les Anoures et les Urodéles. Mais aussi déjà comme nous l'avons dit, nous avions cru devoir distinguer les Gécilies de l’ordre des Serpens, dans un mémoire particulier sur les rapports, ou l’ana- logie de structure qu'on peut observer entre les os et les muscles du tronc chez tous les animaux (2). Ce sont ces divisions naturelles que nous avions proposées aux naturalistes, en leur en offrant le résumé en latin dans le tableau qui va suivre. ELLE (x) C'est à cette disproportion singulière entre le Tétard et l'animal adulte qu'il faut attribuer l'erreur dans laquelle on a été entraîné par la Jackie de mademoiselle de Mérian, ou la Gre- nouille qui se change en poisson (Rana Paradoxa). Le Crapaud qui porte l'odeur d'ail (Bufo Scorodosma) de Roësel, pl. 23, dont on trouve beaucoup de Tétards au printemps dans les mares du bois de Vincennes, près Paris, offre un exemple analogue. (2) Mém. d'anatomie comparée, pag. 56, note 3. Ce genre, ainsi que J'ai eu occasion de le démontrer de mes lecons au Muséum, fait le passage évident des Batraciens anoures aux Serpens. Sa queue est nue, visqueuse ; il n’a pas de côtes; sa tête s'articule par deux condyles ; son anus est rond et non transversal, situé à l'extrémité du corps : il n'a pas de queue. 24 REPTILES BATRACTENS. CLASSIFICATIONS. BATRACIT. Corpore nudo, pedato, absque squamis seu testa, pene, unguibus ; pulmonibus arbitraris; corde uniaurito ; pisciformibus. FamiLrA 12. ECAUDATI. 1. Corpore Ranæformi, lato, bre- 10. vi, depresso. . Cute plicatili, sejuncta, sac- culiformi. Pedibus anticis brevioribus ; Jemoribus torosis,metatarsisque elongatis. Cauda nulla. Lingua carnosa, bifida, exer- tili, basi antice infixa. Aurium tympano distincto: voceque coaxante. Ano postico, rotundato. Ovatione cum marium adju- melto. . Ovis concatenatis, sphæœricis. Metamorphosi distinctissima ; gyrinorum branchiis primo externis, secundo internis, tunc apertura unica subgulari ; pedum posticorum evolutione primitiva. 3. 4. 10. ovis membranaceis, sine coitu ; pullis sæpius larvaüis , FamiLrA 22, CAUDATI. . Corpore Lacertiformi, tereti , elongato. Cute musculis infixa, adhæ- rente. Pedibus æqualibus ; posticorum Jfemoribus tibiisque teretibus ; palmis plantisque brevibus. Cauda elongata, ut plurimum ancipite. Lingua ossea, integra, immo- bili,undique gulæ infixa. Aurium nullis. lyYmpano , voceque Ano medio , longitudinali. Ovorum exitu absque marium adjutorio. Ovis distinctis, ovatis. Metamorphosi fere indistincta ; pullorum branchiis semper externis fimbriatis; aperturis collaribus ternis seu quaternis ; pedum anteriorum evolutione sœpiüs primiliva seu unica. AUTEURS. OPPEL. 2b 1811. OPPEL ( Michel). En parlant des auteurs généraux dans l'Histoire littéraire de l’Erpétologie, nous avons indiqué le travail que nous allons analy- ser brièvement. L'auteur adopte le troisième ordre des reptiles nus de Klein ou Batraciens de Brongniart ; il les caractérise ainsi : corps nu, sans écailles, ni test, ni ongles, ni organes génitaux saillants chez les mâles ; des poumons arbitraires; des œufs à coque membraneuse, sans intromission pour la féconda- tion ; petits le plus souvent larvés, pisciformes, pas de côtes proprement dites. Cet ordre est divisé en trois familles, d’après les pattes et la queue. I. Les Arorrs, Æpoda, qui n’ont pas de pattes, dont le corps est nu, glutineux , serpentiforme. IT. Les Avoures, Ecaudata, qui ont des pattes, le corps ramassé, pas de queue ; les pattes antérieures plus courtes que les postérieures ; le cloaque arrondi. TT. Les Unronëres, Caudata , dont le corps est allongé, terminé par une queue; des pattes ;{le cloaque oblong. La première famillene comprend que le genre Cæ- cilia ; La seconde renferme les genres, Bufo, Pipa, Rana, Hyla; Et la troisième les genres Siren, Proteus , Triton et Salamandra. On voit d’après cette courte analyse, que l’auteur a suivi à peu près la marche que nous avions tracée soit dans la zoologie analytique , soit dans le mémoire particulier que nous avions publié il y a trente ans, en 1807 , dans le Magasin encyclopédique. Nous n'avions pas encore introduit les Cécilies dans 26 REPTILES RATRACIENS. CLASSIFICATIONS. l’ordre des Batraciens parce que nous n’étions pas plus instruits que nous ne le sommes aujourd'hui, ilest vrai, sur le mode de leur reproduction, et c'était ce qui nous avait arrêté. Cependant dans nos cours, ainsi qu'on peut le voir même dans la citation que nous avons faite plus haut page 14, nous faisions connaître les raisons anatomiques qui nous portaient à éloi- gner ce genre Cécilie de l’ordre des Serpens, pour montrer, d’une part, sa grande analogie de structure avec les Batraciens privés de la queue comme les ÂAnoures , et de plus ayant le corps arrondi et allongé comme le plus grand nombre des derniers genres parmi les Urodèles. tome I°, pag. 262, partagé les reptiles qu'il nomme les Amphibies, en deux grandes classes, les écailleux ou Puozmworess, et les espèces à peau molle, lisse ou verruqueuse qu'ilnomme Barracrens. Il partage, d’a- près Oppel, cette seconde classe en trois ordres, ainsi que nous l'avons fait connaître à cette occasion, page 265. I. Les Aropss, qui ont le corps allongé, arrondi, sans pattes , presque sans queue ; les autres caractères sont tirés de l’organisation. Cette division a été empruntée à Oppel, qui lui-même en avait pris l’idée dans le mémoire que nous avons publié sur la division de cette famille des Batraciens ; il n’y rapporte que le genre Céacre , sous le n° 1. IT. Les Saureurs. Salientia , dont le tronc est court, trapu ; les pattes qui n’existent pas au moment où le petit sort de l'œuf, sont ensuite au nombre de quatre et allongées. La queue qui était longue avant la mé- tamorphose, disparaît ensuite. AUTEURS. MERREM, 27 Les autres caractères sont aussi tirés de l’organisa- tion. Voici ceux qu’il assigne aux six genres de ce second ordre avec l’inversion des numéros. 6. Prpa. Le doigt du milieu des pattes postérieures est le plus long. Les doigts antérieurs sont grèles , distincts et coniques; il n’y a pas de parotides ; le corps est très dé- primé. 2. CaramiTa. Le dernier article de chaque doigt est dilaté, Hyla. arrondi. Le quatrième doigt des pattes postérieures est plus long que celui du milieu. 7. Craraup. De grosses parotides poreuses en coussinet : Bufo. dos convexe. Doigts plus gréles à leur pointe, le quatrième doigt des pattes postérieures plus long que le troisième. 5. Bomsinator. Point de parotides : dos voñté, ouver- ture de la bouche très grande ; pas de dents : la plupart des doigts amincis à l'extrémité ; le quatrième des doigts pos- térieurs est le plus long. %. Brevicers. Fente de la bouche très petite, des dents grèles ; dos convexe ; pas de parotidés ; bouts des doigts gr en le cinquième doigt des pattes postérieures est le plus long. 3. GRENOUILLE. Bouts des doigts amincis ; dos An Rana. pas de par dde ; des dents à la mâchoire et au palais. IH. Les Mancueurs. Gradientia. À corps grêle, allongé ; deux ou quatre pattes courtes pendant toute la vie, ainsi qu'une queue longue. Cet ordre est partagé en deux tribus. $. [. Les Cranceawts. Mutabilia, qui subissent une 28 REPTILES BATRACIENS. CLASSIFICATIONS. métamorphose parce qu'ils respirent d’abord par des branchies et ensuite par des poumons, et dont les yeux sont munis de paupières. $ IT. Ceux à double mode de respiration, amphip- neusta, n'ont point de métamorphoses : ils respirent pendant toute leur vie dans l’eau, à l’aide des bran- chies et dans l'air par des poumons ; ils n'ont pas de paupières. La première tribu ne comprend que deux genres, les Salamandres et les Molges, qui sont les Tritons de Laurenti, nom que l’auteur n’a pas voulu adopter parce qu'il a été donné à un genre de Mollusques. La seconde tribu ne renferme aussi que deux genres : les Protées qu'il nomme //ypochthon, et la Sirène, à chacun desquels il ne rapporte qu’une espèce. 1895. LATREILLE. C'est pour ne point laisser de lacunes dans l’énumération des auteurs généraux, que nous citons ici à regret cette compilation du célèbre entomologiste, qu'il publia sous le titre de Familles naturelles du règne animal. C'est un arrangement qu'il indique comme nouveau; mais dans lequel on retrouve , sous d’autres dénominations, la plupart des divisions et des groupes établis par les auteurs qui l'avaient précédé. Aïnsi, quant à ce qui est relatif à l’ordre des Batraciens , nous avons déja dit, tome [®, page 249 , que l’auteur ne l’adopte pas ; il en fait deux classes , les Reprices et les Ampamts, quil range dans la seconde race des Vertébrés ou Spinicérébraux , nommés par lui Hémacrymes, ou à sang froid, appar- tenant à la première branche qu'il appelle Purmowés. Voici comment il place le genre Cécilie qu'il dis- tingue de ses amphibies, et qu'il range comme Oppel AUTEURS. LATREILLE , FITZINGER, 29 2 et comme Merrem , parmi les reptiles écailleux ophi- diens sous le nom de Batrachophides, Gymnophides. Or ces prétendus ophidiens ont la mâchoire inférieure d’une seule pièce; deux poumons égaux ; leurs côtes ne ceignent pas le tronc ; leur crâne n'offre pas de su- tures distinctes ; leurs vertèbres s’articulent tout au- trement: en un mot, M. Latreille ne connaissait pas cé qui avait été décrit avant lui, car ila inscrit tous ces caractères comme positifs, et par conséquent en sens inverse, à la suite du genre unique qu'il y a placé. Il partage les amphibies, qui correspondent aux vé- ritables Batraciens, en deux ordres, les Capucisrancnes, qui ont quatre pattes , et dont les branchies { munies d'un opercule !) disparaissent quand l’animal devient adulte. Ici deux familles : les Anoures etles Urodèles, Le second ordre, sous le nom de PérENNiIBRANCHES ichthyoides , comprend les espèces dont les branchies (quelquefois sans opercule!) sont persistantes pen- dant toute la durée de la vie; et il rapporte à cet or- dre les genres Protée et Sirène. 1896. FITZINGER, dans sa nouvelle dat des Reptiles, que nous avons analysée dans le présent ouvrage , tome Î, page 281, place dans ce qu'il nomme la première classe des Reptiles qui n’ont qu'une manière de respirer, et à la suite, des Serpens, dans la quatrième tribu des Monopxés à peau nue, les Céciloïdes qu'il divise en deux genres. Puis il range, comme nous l'avons vu, l’ordre qui nous occupe dans ce qu'il nomme, d’après Leuckart, des Drpwés, ou à deux modes de respiration. Il partage cette classe en deux tribus : ceux qui subissent des métamorphoses qu'il nomme Mutabilia, et ceux qui ne changent pas 30 REPTILES BAÂTRACIENS. CLASSIFICATIONS. de formes , ce sont les iminuables, /mmutabilia. Noûs en avons présenté le tableau synoptique, page 989, mäis noûs devons icientrer dans plusde détails à cesujet. La première tribu qui comprend toutes les espèces sübissant des transformations, se divise en cinq fa- milles. Les quatre premières comprennent nos Batra- ciens Anoures qui , dans leur premier âge seulement, ont une queue. La cinquième famille qu’il nomme Salamandroïdes, renferme les espèces qui gardent la queue pendant toute la durée de leur vie. Les Anou- res, ou n'ont pas de langue, tels sont ceux de la qua- trième famille qu’il désigne sous le nom de Pipoïdes. Toutes les autres espèces ont une langue, mais tan- tôt elles n’ont pas de tympan visible : c’est là troi- sième famille, celle des Bombinatoroides ; ou élles offrent un tympan distinct, telles sont celles de la première famille , les Ranoïdes, qui ont des dents, et enfin celles de la deuxième qui n’en ont pas, et qu'il nomme Pufonoïdes. I. Les Ranoïves se divisent en six genres. Dans les trois premiers, les doigts sont dilatés ét leur corps est tantôt trapu ({orosi), comme les genres Hyla qui n’a que quatre doigts devant et cinq dérrière, et celui des Calamita , qui n'ont que quatre doigts à toutes les pattes. Le troisième genre de cette division qu'il nomme //ylode ; a le corps grèle, effilé. Dans les trois autres genres, les doigts ne sont pas dilatés, ils se divisent de même d’après la forme générale ; deux sont trapus, et se distinguent par la forme des paupières, qui sont simples et basses dans le genre Rana et éle- vées ou comme dressées dans celui du Cératophrys , et dans le sixième genre le corps est grêle, il le nommé Leptodacty lus, AUTEURS: FITZINGER: 31 If. La Seconde famille où celle des Burowoïsts ne comprend que deux genres, celui des Crapauds, Bufo, dont le museau est court, et celui des ÆRhinelles chez lesquelles le museau ou la face est prolongée en avant. III. La troisième famille , les BomsixaToroïnes, com- prend cinq genres subdivisés d’après l'ouverture de la bouche, qui est très-ample dans les trois premiers , qui sont tantôt avec les doigts courts et trapus tels que les Bombinator dont les paupières sont simples, tandis qu’elles sont élevées dans le gerire Stombus ; troisième « ment les doigts sont grêles dans le genre qu’il nomme Physalæmus. Les deux autres genres ont la boucle étroite , tels sont le quatrième ; Engystoma, à quatre doigts devant, cinq derrière; tandis qu’il n’y en a que quatre à toutes les pattes dans le genre Brachyce- phalus. IV. La quatrième famille, celie des Pivoïnes, est for- mée d’un seul genre , celui du Pipa. V. La cinquième , ou SALAMANDROÏDES , $e partage en deux grandes subdivisions suivant que la queue est är- rondie , comme dans les genres Salamandre, qui ont quatre doigts en avant et cinq en arrière, et les Sa- lamandrines qui n’en ont que quatre à chaque patte. Enfin le genre Zriton dont la queue est comprimée. La seconde tribu, celle des non changeans, /mmu- tabilia , se compose de deux familles, suivant que les branchies sont en grande partie cachées dans un enfoncement du cou et il nomme celle-ci CryProrrAn- CHIOÏDES; Où que, comme dans les PHanérosRANGHIOÏDES , ces branchies sont tout à fait libres et flottantes: La première famille de cette tribu ne réunit que deux genres , suivant que les yeux sont apparens ou visibles, c'est celui des Cryptobranches, et suivant que 32 REPTILES BATRACIENS. CLASSIFICATIONS. les yeux sont cachés ou couverts par la peau, comme dans les Æmphiumes. La seconde famille se compose de quatre genres sub- divisés ou groupés deux à deux, d’après le nombre des pattes. Ceux qui en ont quatre sont les Phanéro- branches qui ont quatre doigts à chaque patte et les Hypochtons qui ont trois doigts devant et deux seule- ment en arrière. Les genres qui n’ont que deux pattes sont d’abord la Sirène, qui a cinq doigts à ses pattes de devant et le Pseudobranchus qui en à trois. Nous verrons plus tard que la plupart de ces genres avaient été indiqués par les auteurs, à l’époque où Fit- zinger a publié cette sorte d'introduction au catalogue du musée de Vienne, pour la partie des Amphibies ou des Reptiles. 1829. Nous allons faire connaître la classification que G. CUVIER adopte dans le second volume de la seconde édition du Règne animal , publiée en 1829 (1). Il range les Batraciens dans le quatrième ordre de la classe des Reptiles, après en avoir rappelé les carac- tères essentiels. Quoiqu'il n’adopte pas les noms sous lesquels nous les avions irdiqués, il reconnaît par le fait les deux sous-ordres des espèces sans queue ou Axoures, et de celles qui en ont une, ou des Uronïces, car il les divise de la même manière. Les Grenouizzes, ainsi qu'il les nomme, ont quatre pattes et pas de queue dans leur état parfait, et tous les autres caractères que nous avons précédemment exposés, mais présentés dans un autre ordre et d’une (1) Nous ne faisons que mentionner ici la premiére édition, celle de 1817, car dans ce livre l’auteur n'avait apporté aucun changement malgré nos publications et celle d'Oppel, qui présentait l'analyse de nos lecons au Muséum. AUTEURS. CUVIER. 34 manière fort abrégée, il en fait connaître l’organisation et les métamorphoses, ainsi que les principales habi- tudes. Il subdivise ce groupe en genres auxquels il n’assigne pas des caractères bien précis, tels sont : 1° les Grenouilles proprement dites; 2° les Cératophrys de Boié ; 3° les Dactylèthres qu'il ne fait qu'indiquer par une note; 4° Les ARainettes ; 5° les Crapauds ; 6° les Bombinateurs de Merrem ; 7° les /hinelles de Fitzin- ger, ou Oxyrhinques de Spix ; 8° les Orilophes tel que le Crapaud perlé; 9° les Breviceps de Merrem, ou Engystomes de Fitzinger ; et 40°les Pipas de Laurenti. Parmi les Batraciens qui ont une queue, et qui cor- respondent à nos Ürodèles, viennent : 1° les Sala- mandres proprement dites , ou espèces terrestres, et les aquatiques ou ritons de Laurenti; 2 les Méno- pomes de Harlan ; 3° les Âmphiumes de Garden ; 4° les MHæolotls ou Protées du Mexique; 5° les Aénobranches de Harlan, ou Vectures de Rafinesque ; 6° les Protées de Laurenti, dits Hypochton, par Merrem; 7° enfin les Szrènes de Linné. Nous devons ajouter que Ouvier avait placé les Cécilies tout à fait à la fin de l’ordre des Ophidiens, sous le nom de Serpens nus, comme faisant le passage aux Batraciens, parce qu’on ignore encore, dit-il, si ces animaux sont soumis à des métamorphoses. Nous allons présenter une analyse figurée de cet ar- rangement proposé par Cuvier, quoiqu'il ne lait pas offert sous cette forme synoptique; mais nous avons cru devoir mettre en opposition les caractères les plus saillans des genres qui s’y rapportent. Nous partageons ce tableau en deux parties, d'après la présence ou l’ab- sence de la queue. REPTILES , VLI, 3 GLASSIFICATIONS. BATRACIENS. REPTILES ‘sonbiuos ‘ sSuo] sais se moquaient de moi, et m'assuraient imperturba- blement qu'elles avaient vu elles-mêmes plus d’une fois des pluies de Grenouilles; et quand je leur demandais si réellement elles en avaient reçu sur leur corps, elles me répondaient : ou bien qu'elles ne sele rappelaient pas, ou bien qu'elles ne l'avaient pas assez remarqué. D'au- tres, au contraire, l’afirmaient; et quand je les in- terrogeais pour savoir si jamais elles avaient vu un pa- reil phénomène se produire dans la ville, elles ne répondaient pas. Alors je leur disais : Comment donc se fait-il que jusqu'ici personne n’a observé ces sortes de pluie dans un lieu pavé ou dallé ? Quant à ceux qui pensent que les Grenouilles peuvent provenir d’un mélange de gouttes d’eau avec la terre réduite en pous- sière, de sorte que de chacune de ces gouttes produit une Grenouille, je leur opposerai mes propres obser- vations sur le développement des tétards et sur les changements si curieux qu'ils éprouvent dans leur structure, avant d'arriver à l’état parfait. Si l’on rm'ob- jectait enfin qu'il est bien difficile de supposer qu'un si grand nombre de Grenouilles apparaisse tout d’un coup après la pluie en quittant les eaux ; je leur ré- pondrais encore qu'ils me prouvent, par cette .objec- tion, qu'ils ignorent ce que j'ai précédemment démon- tré, savoir : qu'une seule Grenouille femelle peut pondre six cents et même jusqu’à onze cents œufs. REPRODUCTION. PLUIES DE CRAPAUDS. 229 Cela étant, si dans une même localité, comme dans un étang où un vivier ,il y a plusieurs centaines de ces femelles, ne peut-on pas concevoir quelle prodi- gieuse quantité de petites Grenouilles il en provien- dra. Celles-ci, après s’être retirées des eaux, ont dû se répandre sur la terre ; elles y ont cherché des abris qu’elles n'ont quittés toutes ensemble pendant la pluie, que pour recevoir la douce influence de l'humidité qu’elles absorbent après en avoir été privées pendant un temps plus ou moins prolongé. » Voilà comme Roësel, l'observateur le plus zélé et des plus habiles , s’expliquait sur les pluies de Crapauds. Ayant été chargé de rendre compte à l’Académie des sciences de plusieurs lettres et observations relatives à ces mêmes faits ; je crois utile d’en présenter l’ana- lyse, pour appeler de nouveau l'attention des natura- listes sur ces narrations. Extraits des procès-verbaux de l’Acadéèmie des sciences , 13 octobre 1834. M. le colonel Marmier a vu au mois d'août dernier , dans le département de Seine- et-Oise, une partie de route couverte d’une quantité innombrable de petits Crapauds de la grosseur d’un haricot environ, quoiqu'un quart d’heure aupara- vant ,il n’en eût vu aucun sur le même terrain. Dans l'intervalle il était tombé une forte ondée de pluie et l’auteur de la lettre ne semble pas douter que les Cra- pauds ne soient tombés du même nuage que l’eau. M. Duméril prend la parole à l’occasion de cette communication, et fait remarquer que les observa- tions analogues sont très-nombreuses; mais on n’en doit pas conclure, dit-il, qu’il tombe de petits Cra- pauds du ciel, mais seulement que la pluie les fait sortir de leurs retraites. æ 19, 226 REPTILES BATRACÇIENS. Séance du 20 octobre. À l'appui de la communica- tion faite dans la dernière séance, M. Perrier écrit pour citer un fait dont il a été témoin dans sa jeunesse. Un orage s avançait sur la petite ville de Ham, départe- ment de la Somme, qu'il habitait alors. Il en observait la marche menaçante, lorsque tout à coup la pluie tomba par torrents. Il vit alors la place de la ville couverte de petits Crapauds; étonné de leur appa- rition, il tendit la main et reçut le choc de plusieurs de ces animaux. La cour de la maison en était égale- ment remplie. Il les voyait tomber sur un toit d’ar- doises et rebondir de là sur le pavé. Tous s’enfuirent par les ruisseaux, et furent entraînés hors de la ville. Une demi-heure après , la place en était débarrassée , sauf quélques traînards qui paraissaient avoir été . froissés dans leur chute. M. Pevrrer ajoute : Quelle que soit la difculté d’ex- pliquer le transport de ces Reptiles, je n’en dois pas moins affirmer le fait qui a laissé des traces profondes dans ma mémoire, par la surprise qu'il me causa. M. Arago fait remarquer que l’auteur de cette obser- vation est trop connu par ses travaux scientifiques pour qu'on puisse craindre qu'il ait observé légère- ment les circonstances du fait qu’il rapporte. Dans la même séance, M. Duméril fait une sem- blable communication qui lui a été adressée par une dame qui a désiré n'être pas nommée, mais dont le père a laissé un nom cher aux sciences dont il fut un protecteur éclairé. En septembre 180k, dit cette dame, je chassais avec mon mari dans le pare du château d'Oignois (près de Senlis) que nous habitions. Il était environ midi lorsque le tonnerre gronda fortement, et tout à coup le jour fut obscurei par un énorme REPRODUCTION. PLUIES DE CRAPAUDS. 220 e nuage noir. Nous nous acheminämes de suite vers le château dont nous étions encore assez éloignés, Un coup de tonnerre d'une force extraordinaire rompit le nuage qui versa sur nous un torrent de Crapauds mêlés d’un peu de pluie. Cette pluie me parut durer bien longtemps, cependant en y réfléchissant depuis, je suis à peu près certaine qu'elle a continué au moins un quart d'heure. Séance du 98 octobre. M. Huanp écrit : Au mois de juin 1833, j'étais à Jouy, et je me rendais à l’église accompagné d’un parrain, d’une marraine et d’une nourrice ; un orage nous surprit, et je vis tomber du ciel des Crapauds, j'en reçus sur mon parapluie. Le sol était couvert d’une quantité prodigieuse de Cra- pauds fort petits qui sautillaient, et je les vis ainsi sur un espace de plus de 200 toises et pendant environ dix minutes. Les gouttes d’eau qui tombaient en même temps n'étaient guère plus grosses que les Crapauds. M. Gaver, employé au ministère du commerce, écrit que dans l'été de l’année 1794, faisant partie d’un pelo- ton de cent cinquante hommes, cantonné dans le village de Lalzin, département du Nord, il tomba tout à coup, vers les trois heures de l’après-midi, une pluie si abon- dante , que les hommes avec lesquels il était, pour ne pas être submergés, furent obligés de sortir d’un grand creux dans lequel ils s'étaient abrités. Mais quelle fut leur surprise lorsqu'ils virent tomber sur le terrain d’alentour un nombre considérable de Cra- pauds de la grosseur d’une noisette. M. Gayet ne pou- vant croire qu'ils tombassent avec la pluie, étendit à hauteur d'homme son mouchoir, dont il fit maintenir les bouts opposés par un de ses camarades. Il en recut en peu de temps un nombre assez considérable , 230 REPTILES BATRACIENS. dont plusieurs étaient encore à l’état de tétards. M. Duüparcque écrit : L’un des derniers dimanches d'août 1804, après plusieurs semaines de sécheresse et de chaleur , à la suite d’une matinée étouffante, un orage éclata vers trois heures après midi, sur le village de Frémard, à quatre lieues d'Amiens. Je me trouvais alors , dit l’auteur de la lettre, avec le curé de la pa- roisse. n traversant le clos peu étendu qui sépare l'église du presbytère, nous füûmes inondés ; mais ce qui me surprit, ce fut de recevoir sur ma figure et sur mes vêtements de petites Grenouilles. Il pleut des Crapauds, me dit le vénérable curé , qui remarqua mon étonnement ; mais ce n'est pas la première fois que je vois cela. Un grand nombre de ces petits ani- maux sautaient sur le sol. En arrivant au presbytère, nous trouvâmes le plancher d’une des chambres qui était tout couvert d’eau, la fenêtre du côté d’où venait l'orage étant restée ouverte. Le sol était pavé de bri- ques étroitement séllées entre elles, ainsi ces animaux n'avaient pu sortir de dessous terre. L’appui de la croi- sée était élevé de deux pieds et demi environ au-dessus du sol, ainsi ils n'avaient pu pénétrer du dehors en sautant ; d'ailieurs la chambre était séparée de la pièce d'entrée par une grande salle à manger, ayant deux croisées ouvertes mais dans une direction telle que la pluie n’avait pu y penétrer. Aussi, n'y trouvait-on ni eau, ni Grenouilles. Je dis Grenouilles, car à la couleur verte du dos, à la blancheur du ventre, et à l’allonge- ment du train de derrière, il était aisé de les recon- naître. M. Duparcque expose ensuite ses idées sur les causes de ce phénomène ; il partage l'opinion, déjà émise plus d’une fois avant lui, que ces animaux ont été enlevés REPRODUCTION. PLUIES DE CRAPAUDS. 231 par un tourbillon de vent, à la surface du sol, peut-être avec une portion de l’eau du marais, et M. Arago fait remarquer à celte occasion, qu'en effet, l’eau peut être transportée à l'état liquide par le vent, à de très-grandes distances : ainsi il a appris de M. Dalton qu'on avait recueilli en Angleterre , dans un pluviomètre situé à sept lieues de la côte, de véritable eau de mer qui y avait été transportée par le vent. D'autres relations analogues ont été communiquées à l’Académie par M. Zicuer , sur une observation faite près de Burgos, en Espagne, dans l'été de 1808 ; par M. Berrier, près d'Avallon, département de l'Yonne, au mois d'avril 1830; par M: Ponrus, professeur à Cahors. (Sa lettre est consignée à la page 57 du tome VI, 2° série des Annales des sciences natu- relles 1836.) Comme nous l'avons déjà dit, nous avons fait sur le cas rapporté par M. Marmier, un rapport à l’Aca- démie, dont nous croyons devoir présenter un extrait, afin d'appeler sur ce sujet des observations positives qui pourront corroborer ou infirmer les Opinions émises jusqu'ici. Séance du 20 octobre 1834. M. Duméril fait un rapport sur la communication de M. le colonel Marmier. Les naturalistes savent que cette apparition subite de petites Grenouilles à la surface de la terre et dans les lieux où ils ne semblent pas exister auparavant, a de tout temps éveillé l'attention et la curiosité des peu- ples, qui supposaient ces animaux tombés du ciel. On trouve en effet des traces de cette croyance dans Aris- tote, dans quelques passages d’Athénée et d’Ælien, chez les modernes dans Gesner (1), dans plusieurs (1) Voyez les citations faites plus haut. Aristote, d'après Gesner 232 REPTILES BATRACIENS. volumes des Éphémérides des curieux de la nature, dans les ouvrages de Ray et dans ceux de Rédi. Il s'engagea à ce sujet de grandes discussions. Cardan fut vivement attaqué par Scaliger, pour avoir cru à cette sorte de génération spontanée. Pison pensa que les Crapauds ne tombaient pas du ciel tout formés; mais qu'ils naissaient par suite de l’action fécondante de la pluie sur les mottes de terre grasse. Lentilius l’en reprit vertement : Je ne vois, dit-il, dans tout ce qu'on raconte à ce sujet, qu'une génération chimérique et non une génération spontanée. La plupart des auteurs ne vou- lurent pas croire à ces étranges pluies, Rédi ne refusa pas deles admettre ; cependantil proposa une explication plus naturelle. Ces Crapauds et ces Grenouilles, dit ce savant observateur, ne paraissent en effet que lorsqu'il a plu un peu; mais ces animaux étaient nés plusieurs jours auparavant, ou plutôt après avoir subi leur trans- formation complète, ils avaient quitté l’eau dans la- quelle leurs tétards s'étaient développés. Ces petites Grenouilles s'étaient tenues tapies et cachées dans les fentes de la terre, sous les pierres et les mottes, où l’œil ne pouvait les discerner à cause de leur immobilité et souvent de leur couleur terne({). « Cette opinion de Rédi est généralement adoptée. Tous les naturalistes savent que la plupart des Batra- ciens déposent leurs œufs dans l’eau, que les tétards qui en proviennent ne subissent que là leur transfor- mation, et que comme la génération s’est opérée chez tous à la même époque, c'est aussi au même moment, et Rondelet, nomme ces Crapauds Zanæ ccælitus demissæ , seu dioretuc, id est a Jove missa : per imbres et tempestates delapsa. (1) Puis il indique le passage de Théophraste, cité plus haut, pag. 224. REPRODUCTION. PLUIES DE CRAPAUDS. 233 sous les mêmes conditions de température et de climat, que tous subissent leurs métamorphoses. On sait également que les Crapauds ont l'instinct de se rendre de fort loin dans les lieux où les eaux sont retenues par des lits de glaise ou de toute autre nature deterrain, dont le sol est inférieurement imperméable. Sur la surface de ces mêmes terres et par l'effet de la chaleur et de la sécheresse, ilse forme de larges fissures du fond desquelles on voit, au moment de la pluie, sortir par milliers ces petits animaux qui seraient écrasés par suite du gonflement de la terre qui les recèle, et qui sont d’ailleurs attirés au dehors par l'humidité, que leur peau d’une finesse extrême absorbe avec une étonnante rapidité. On voit bien que fous sont nés récemment, car ils portent encore les restes de la queue qui servait à leurs mouvements dans l’eau, lors- qu'ils y étaient sous la forme de tétards. Ainsi l’époque précise de l’année, le temps de pluie qui précède constamment l'apparition de ces petites Grenouilles et de ces Crapauds naissants qui portent encore les insignes de leur récente transformation, quelquefois l'absence absolue de tourbillons de vents ne laissent aucun doute sur l’origine de ces petits Cra- pauds. Nous avons nous-même, ajoute le rapporteur, observé cette apparition après une pluie chaude sans orage, une fois en Picardie, dans les environs d'Amiens, et une autre fois dans des prairies aquatiques, près de Marbella en Espagne; dans ce dernier cas c’étaient de petites Raïnettes qui s’attachaient sur nos vétemens, comme M. Desgenettes, présent aujourd'hui à la séance , peut s’en souvenir. 3234 REPTILES BATRACIENS. B. DES ORGANES GÉNITAUX DANS LES BATRACIENS URODÈLES. 1° Du mode de fécondation. Nous avons déjà indiqué la différence qui existe dans le mode du rapprochement des sexes entre les Batraciens Anoures et ceux que nous avons nommés Urodèles, parce qu'ils conservent la queue pendant toute la durée de leur existence (1). Les organes intérieurs destinés à la génération ne diffèrent pas beaucoup, et les modifications paraissent dues aux proportions et à la disposition des parties. Comme l'abdomen est plus étroit, plus allongé, les di- mensions des ovaires et des trompes ou oviductes ont pris plus d’étendue dans ce sens; mais ce sont surtout les testicules qui offrent le plus de différence. Ils sont plus nombreux et ils forment une série de trois ou quatre ganglions, qui tous aboutissent à un même canal déférent ou séminifère (2). Quoique le mâle ne saillisse pas la femelle en mon- tant sur son corps et en croisant fortement les bras sous son ventre, il y a cependant d’autres particula- rités dans ce genre d’accouplement ; nous aurons soin de les faire connaître avec plus de détails en décrivant les mœurs des espèces; mais d'avance nous pouvons en indiquer plusieurs. Les unes en effet se joignent réel- lement ; elles viennent se mettre réciproquement en (1) Voyez tom. I, pag. 216; et dans ce présent volume, pag. 189. (2) Voyez dans l'ouvrage de Funk, la fig. 12 de la pl. Il; et dans celui de Gravenhorst, les fig. 4 et 5 de la pl. XVI. Deliciæ musei vratislaviensis. ORGANES DE LA REPRODUCTION. 235 contact en relevant la queue et en appliquant l’une contre l’autre les fentes longitudinales de leur cloaque, dont les bords ou les lèvres de cette sorte de vulve (1) sont , à cette époque des amours, diversement colorés, tuméfiés, garnis de tubercules et de rugosités dans les deux sexes. Alors la liqueur prolifique, abandonnée par le mâle, est absorbée par la femelle ; elle s'introduit dans le cloaque, et de là elle arrive sur les œufs, qui sont par ce moyen fécondés à l’intérieur et pondus presque immédiatement ; ou bien, et c’est Le cas le plus rare, la liqueur fécondante parvient dans les oviductes pour vivifier les germes qui y sont contenus et qui y restent jusqu’à ce qu'ils éclosent; de sorte que ces espèces sont ovovivipares, et que la mère produit ou pond réellement de petits tétards vivants. Chez d’autres espèces, en plus grand nombre, on s’est assuré que le mâle qui épiait la femelle pour l'a- gacer par des mouvements lascifs, afin de l’exciter à la ponte, saisissait avec empressement l'instant où celle-ci déposait un ou plusieurs œufs , qui sont cepen- dant toujours isolés, distincts et séparés, pour lancer sur leur coque molle, ou dans l'eau qui les enveloppe, la liqueur séminale qui est sécrétée d'avance et dépo- sée dans les réservoirs ou les vésicules qui terminent les canaux déférents , près de leur embouchure dans le cloaque. On croit aussi que certains individus femelles, du genre Salamandre, peuvent être fécondés par cela même que celles-ci seraient venues se plonger dans les eaux tranquilles , où les mâles auraient précédemment déposé leur humeur prolifique. (1) Vulvam habet mulieri simillimam. Pison, Nieremberg, Rhuysch. en parlant de l’Axolotl. 236 REPTILES BATRACIENS. La fécondation des Urodèles a presque constamment lieu dans l’eau, quoique les préludes commencent quelquefois sur la terre ; mais elle diffère de celle des Anoures par cette circonstance que le mâle n’aide pas la femelle dans sa ponte pour faciliter la sortie de ses œufs. Ceux-ci sont en général séparés les uns des au- tres , de forme ovalaire, recouverts par une membrane molle , mais non liés entre eux par une matière gluante comme le frai des Grenouilles et des Crapauds. Au reste quelques espèces, et à ce qu'il paraît celles du genre Salamandre, gardent leurs œufs à l’intérieur , parce qu’ils y ont été fécondés, comme nous l'avons dit tout à l’heure; et les tétards, munis de franges branchiales, sortent tout vivants du cloaque de la mère pour jouir plus ou moins longtemps de la vie aquatique. À l’exception de la forme et de la position de l’ori- fice extérieur du cloaque , les organes générateurs in- ternes sont à peu près les mêmes que dans les autres Batraciens. Chez les Urodèles , comme nous avons déjà eu occasion de le dire plusieurs fois, l’anus est une fente longitudinale, située au-dessous de l'origine de la queue, en arrière des pattes postérieures ; et sa po- sition, relativement à l'étendue du tronc, varie sui- vant que la queue est plus ou moins longue, et que les paires de pattes sont plus distantes entre elles. Cet orifice, à l’époque des amours, est semblable aux stigmates du pistil des végétaux ; il diffère beaucoup suivant les espèces, à ce qu'il paraît. Gravenhorst (1), qui en 2 fait figurer six dans le seul genre des Fritons, (1) Loco citato. De partibus sexualibus Salamandrarum et um pl. XI, nos 3,4, 5; et pl. XII, nos 2,3, 4. ORGANES DE LA REPRODUCTION. 237 a indiqué par cela seul combien sont nombreuses les variations que cette région du corps peut présenter probablement dans les deux sexes. 20 Des changements que subissent les tétards. Les circonstances qui accompagnent l'acte généra- teur, et les organes qui se rapportent à la fonction reproductrice sont à peu près les mêmes chez tous Îles Tritons, il n’y a que le mode de fécondation qui dif- fère, puisqu’en général les œufs sont pondus isolé- ment et fécondés le plus souvent après qu’ils ont été séparés du corps de la mère, à peu près comme dans les Poissons. Spallanzani, par ses observations et ses belles expériences (1), a démontré que ces œufs étaient ordinairement fécondés les uns après les autres. Il a suivi leurs évolutions; il a vu que probablement, par l’action de la vie , il se développait de jour en jour, et à mesure que le fœtus s’accroissait, comme celui des tétards des Grenouilles, une petite bulle d'air qui, augmentant peu à peu de volume, donnait à la masse de l'œuf une légèreté spécifique assez considérable pour vaincre sa propre pesanteur. ntrainé, soulevé ainsi vers la surface d’une eau tranquille , cet œuf surnage émergé en partie, dans le sens où est située la bulle. Les parois correspondantes de la coque, mises en con- tact avec l'air, se dessèchent, se fendent, et le petit tétard en sort. Cette éclosion à lieu au bout de sept à huit jours, suivant la température, lorsqu'il a absorbé tout le jaune, et qu'il ne peut plus être contenu dans la coque qu’il contribue à rompre par les grands eflorts de mouvement qu'on lui voit exercer. Il est alors muni de longues branchies externes qu’il porte sur les parties A HE Le a AA RP PR A a (1) Ouvrage cité, pl. III, des n°% 16 à 20. 238 REPTILES BATRACIENS. latérales du cou comme des sortes de panaches dirigées un peuen arrière; sa queue est comprimée, élargie en dessus et en dessous par des membranes verticales qui sont des expansions de la peau. Il se met desuite à nager. Quoique respirant l’eau à la manière des Poissons ; ses longues expansions vasculaires ne forment pasdes lames, elles sont ramifiées et nou recouvertes par des opercules. Ce tétard s'occupe de suite à pourvoir à sa subsistance, et il trouve bientôt les moyens d’y subvenir ; car, dans le premier âge de cette vie aquatique, la plupart se nourrissent uniquement de végétaux ; leur bouche est munie de mâchoires cornées , d’une sorte de bec à peu près comme les tétards des Batraciens Anoures. Les tétards des Batraciens Urodèles , au moment où ils sortent de l’œuf, ont la plus grande ressemblance avec ceux des Anoures. Comme eux ils sont allongés, ils nagent avec la queue comme les Poissons ; ils sont aveugles. Leur bouche est munie d’un bec de corne ; :ls ont des branchies extérieures, et jamais à cette époque de la vie ils n’ont des membres ou appendices latéraux articulés. C’est seulement par époques suc- cessives, et dans un ordre constant et déterminé, que s’opèrent les autres changements. Déjà les Anoures, en perdant leurs branchies externes , offrent un dévelop- pement considérable dans la région de leur abdomen, et quand ces rameaux vasculaires deviennent internes, nous savons qu'ils ont des yeux. Les Urodèles, au con- traire, conservent leurs branchies externes ; leur ventre ne s’arrondit pas, il ne se confond pas avec la tête. Ils gardent toujours leur forme première; seule- ment les yeux deviennent apparents à la troisième épo- que. Quand les membres se manifestent, on sait que chez les Anoures ce sont ceux de derrière qui parais- ORGANES DE LA REPRODUCTION. 239 sent Ÿes premiers ; c’est à l'inverse dans les Urodèles, car leurs tétards prennent d’abord les pattes anté- rieures. À la quatrième époque chez tous les Anoures, sans exceptions connues jusqu'ici , il se développe des pattes antérieures, et on voit peu à peu leur queue perdre ses membranes natatoires, puis le prolonge- ment de la colonne vertébrale s’atrophier, diminuer insensiblement , et s’oblitérer en disparaissant pres- que tout à fait. C'est alors seulement que l'animal à terminé sa métamorphose. Dans les Urodèles, les pattes de derrière, quand elles doivent exister, car tous les genres n’en ont pas, commencent à paraïire ; leur queue , loin de diminuer de longueur, paraît s’ac- croître dans ce sens. Voici en résumé un petit ta- bleau qui représente ces différences dans là métamor- phose et par époques au nombre de quatre. 1. Pisciformes : branchies externes: bec corné : pas d’yeux : une queue. 2. Des yeux: branchies internes: pattes posté- ANOURES. rieures. 3. Pattes antérieures ; queue arrondie , écourtée. ES . Pas de queue. Autre bouche ; autres intestins. . Pisciformes : branchies externes. Bouche cor- née. Aveugles. 2. Des yeux : deux pattes antérieures. SIRÈNE. 4 URODELES. 3. Plus, deux pattes postérieures. ProTÉE, An- PHIUME. 4. Pas de branchies. Sazamanpres, TRirons , Mévorome. 3° Des Urodèles qui continuent de vivre sous la forme de tétards. Il nous reste encore quelques particularités à faire connaître relativement à l’histoire du développement chez les tétards des Urodèles. Ainsi, à la sortie de 240 REPTILES BATRACIENS. l'œuf, on remarque derrière la tête de ces larves deux faisceaux de branchies. Les unes antérieures plus courtes semblent provenir des joues, et d’autres sont composées de branches plus développées en longueur, qu'on à désignées sous le nom de collaires ou de cer- vicales, tandis que les premières ont été nommées génales. Celles-ci disparaissent bientôt; mais les au- tres persistent et s'oblitèrent peu à peu jusqu’à ce que les poumons soient assez développés pour que Pair qui s’y introduit , puisse remplacer ce premier mode de respiration aquatique. Cependant on a vu, par des re- cherches exactes, qu'il y a ici comme dans les tétards des Anoures , autant de fentes ou d'ouvertures œso- phagiennes latérales, que de lames ou de branches vas- culaires ramifiées. Ce qui empêche de les apercevoir au premier aperçu, c’est que ces trous sont en grande partie recouverts par une sorte de prolongement de la peau qui provient du bord de la mâchoire inférieure, lequel forme comme un collet flottant qui se rabat sur ces lames , et les cache lorsqu'on tire l'animal hors de l'eau, tandis que lorsqu'il y est plongé, et qu'il res- pire librement dans le liquide, on voit cette sorte de lame cutanée s’écarter, se rapprocher, pour laisser passer l’eau à peu près comme dans les Poissons ; sur- tout si l’on ajoute à l’eau quelque liquide coloré, comme le lait ou l’indigo, et si, après l’y avoir laissé quel- que temps, on transporte le tétard dans une eau très- limpide. Alors le lavage des branchies et de l’arrière- gorge colore le jet qui sort de cette cavité pendant les premières expirations. Cette peau flottante a été nommée opercule branchial par Rusconi et Brochi, par la suite elle doit se souder et fermer compléte- ment cette sorte de stigmate d’abord arqué, et qui ORGANES DE LA REPROBUCTION. 24 i finit par devenir tout à fait transversal en restant même en persistance dans quelques genres comme chez les Ménopomes. Mais quand on soulève un opercule, on distingue en dessous les arcs branchiaux cartilagineux et les quatre fentes profondes, ou trous transversaux qui communiquent avec le gosier , et qui permettent À l’eau avalée d’en sortir au moment de la déglutition. C’est l'os hyoïde ou plutôt ce sont ses cornes cartilagi- neuses qui supportent en dehors les branchies. Exami- nées en dedans dans le sens de leur courbure concave, on voit que ces cornes sont hérissées de petites dents très-régulièrement distribuées dans l'épaisseur de la membrane muqueuse et fibreuse , mais leur nombre et leur disposition varient suivant les espèces. Il y a, comme on le voit encore , la plus grande analogie de structure et de fonction avec les organes respiratoires des Pois- sons. D'ailleurs, comme nous l’avons dit, ce mode de respiration branchiale prépare et commence le méca- nisme de la respiration pulmonaire dans laquelle l'air, chez tous les Batraciens , se trouve introduit dans les sacs aériens par l'effet d’une véritable déglutition. Il résulte de cet exposé que les métamorphoses des Batraciens Urodèles , comparées à celles des Anoures, offrent moins de différences entre les individus qui ont acquis leurs dernières formes et leurs larves. En effet, lorsqu'il sort de l’œuf, le tétard a le corps allongé, arrondi, et il a tout à fait l'apparence d’un petit Pois- son. 1] conserve une queue, le plus souvent comprimée, pendant toute la durée de son existence. Ces Urodèles n’ont jamais les branchies internes ; leurs pattes anté- rieures sont toujours les premières à se développer , et chez quelques-uns même , les membres postérieurs ne se produisent pas. Enfin, dans plusieurs genres, les REPTILES, TOME Vill. 16 242 REPTILES BATRACIENS. pattes restent tout à fait incomplètes, comme de sim- ples rudiments terminés par des doigts dont le nombre et la longueur varient considérablement selon les es- pèces. LS De quelques particularités offertes par les espèces. M. de Schreibers a suivi les amours des Salamandres noires des Alpes , qui ne se rencontrent que dans les hautes montagnes du Tyrol, de la Carinthie, de Salz- bourg et de l'Autriche supérieure , qui sont couvertes de neige pendant une très-grande partie de l’année. Il a observé que le mâle saisit sa femelle sur la terre, au bord des ruisseaux, qu’il se place sous elle ventre à ventre, qu'il l'entoure avec ses pattes , et qu'ainsi en- lacés , celle-ci l’entraîne dans l’eau , où tous deux res- tent pendant des heures entières, tantôt en repos, tantôt en nageant, sans qu’on puisse remarquer autre chose qu’un léger trouble dans le liquide qui entoure leur corps. C’est pendant ce temps que s'opère la fé- condation. Quand elle a eu lieu , les deux individus se séparent. L'auteur de cette observation à fait une re- marque bien plus curieuse. Après s'être assuré, par la dissection d’un assez grand nombre de femelles, que chacune d’elles portait une vingtaine d'œufs dans les ovaires, il a remarqué cependant que celles-ci ne pro- duisaient jamais que deux petits vivants, les seuls réel- lement qu’on y voit constamment se développer. Cette parturition offre même cette circonstance , que, s’opé- rant constamment sur la terre , la jeune Salamandre naît réellement sans branchies et avec la queue non comprimée , conique , arrondie , sans nageoires mem- braneuses , par conséquent à peu près dans l’état de développement le plus avancé. Cependant l’observa- ORGANES DE LA REPRODUCTION. 243 teur, dont nous empruntons ces détails (1), ayant fait l’opération césarienne sur plusieurs femelles, prêtes à mettre bas, trouva les deux seuls fœtus plus ou moins développés, et il remarqua que plus ils étaient éloignés de l’époque où ils devaient naître, plus leurs branchies étaient apparentes. Il s’est aussi assuré que, lorsque les deux premiers tétards étaient sortis de leur enve- loppe , ils allaient attaquer les autres œufs pour en dé- truire les germes ; que ces œufs mortellement blessés se flétrissaient, se confondaient pour former, par le mélange et la réunion de tous les jaunes, ou vitellus destinés à la première digestion de chacun d'eux, une masse nutritive, une sorte de lait qui devait pro- longer la vie utérine de ce premier né, et amener en lui un tel développement , qu'il pût se suflire à lui- même et vivre à l'air en sortant du corps de sa mère. Circonstance bien bizarre de ia prévoyance admirable de la nature, qui a voulu que ce petit être devint en naissant et par instinct, l’assassin de ses frères et sœurs, comme l'abeille femelle, qui a la première subi sa méta- morphose dans.la ruche, se hâte d'aller tuer ses sœurs qui seraient devenues ses rivales. Ici le physiologiste apprécie mieux la nécessité de cette inclination cruelle en apparence , car à ce tétard abandonné par sa mère devant vivre loin des eaux, et en général forcément privé de ce liquide, les branchies devenaient inu- tiles. Alors il devait naître dans xn état d'accroisse- ment assez avancé pour exercer de suite son genre de vie aérienne par une anomalie remarquable dans l’ordre des Batraciens. Cependant M. de Schreibers — (x) Voyez dans la liste alphabétique des Batraciens, qui fait le su- jet du chapitre suivant, l'indication du travail de M. de Schreihers. 16, 244 REPTILES BATRACIENS. s’est assuré que cette anomalie n’était qu'apparente , comme nous venons de le rapporter. Une autre espèce du. même genre, la Salamandre tachetée, est aussi vivipare ; mais celle-ci , après sa fé- condation , dont on ignore les particularités, met au jour successivement quarante ou soixante tétards , deux chaque jour, de mêmes forme et grosseur : ceux- là ont des branchies ; leur queue est comprimée comme celle des poissons, avec deux membranes ou nageoires verticales. Ces tétards sont déposés dans les eaux ; ils y restent des mois entiers; ils grossissent et ac- quièrent en longueur les deux tiers au moins de leur étendue primitive, sans changer de forme ; mais peu à peu leurs poumons intérieurs se développent, leurs branchies s’affaissent et disparaissent insensiblement; leur queue s’arrondit et perd ses membranes; les trous qui permettaient à l’eau introduite dans le gosier de sortir sur les parois latérales du cou s’oblitèrent éga- lement. Le tétard diminue sensiblement de volume. L'animal enfin peut sortir de l’eau. Il ressemble à ses parents adultes , mais il n’a pas alors le quart de leur grosseur, et il est plus de deux années avant de l'ac- quérir. HISTOIRE LITTÉRAIRE. 245 CHAPITRE II. DES AUTEURS QUI ONT ÉCRIT SUR LES BATRACIENS. PARTIE HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE, Daxs le premier chapitre de ce livre consacré à l’histoire naturelle des Reptiles Batraciens , nous avons présenté une analyse des principaux ouvrages unique- ment destinés à la classification de ces animaux ; main- tenant il nous reste à indiquer les mémoires particuliers dans lesquels nous avons puisé la plupart des détails que nous avons déjà fait connaître et ceux qui nous restent à exposer par la suite. Ilest bon de prévenir nos lecteurs que nous n'avons pas cru devoir citer de nouveau les traités généraux de zoologie, parce que nous en avons fait mention ailleurs. Nous n'indiquons pas non plus les monographes descripteurs , parce que leurs ouvrages sont relatés dans la synonymie des es- pèces à mesure que nous avons occasion d’en parler. Les Batrachographes généraux ont publié des ou- vrages sur tous les Batraciens et nous les avons fait connaître ; les auteurs spéciaux ont traité ou des Batra- ciens Anoures ou des Urodéles. Parmi les premiers nous citerons Rorsez pour les Raniformes de la Hollande ; Srix pour ceux du Brésil ; Daunix pour les Grenouilles, Rainettes et Crapauds; Seuneier a fait aussi une mono- graphie du genre #ana. Parmi les seconds nous indi- quons WürFeain, LATREILLE, Scuxeier encore et M. Bo- NAPARTE pour les espèces de Salamandres et les Tritons d'Italie. Pour l’anatomie des Anoures en général, Rorsez, 246 REPTILES BATRACIENS. Vacenrii, Bcasius;, Breyer et Camper sur celle des Pipas. Il n’y a point d'ouvrages généraux sur l’anatomie des Urodèles, mais de très-bonnes descriptions particu- lières sur lesquelles on consultera avec avantage Fuxx pour celle de la Salamandre terrestre ; Ruscont, pour celle du Protée, et Guvier sur celle de l’Axolotl et des autrés Urodèles. Sur les organes du mouvement, Barruez, Ducs, Fun; pour l’ostéologie, Bosanus, Marrin Samnr-Âwer, van AzcTÉnA, Cüuvier, Morrexs, SrrBozn ; sur celle de la tête, GEorrroy SainT-Hiratre, Srix, Scuneiner; sur lostéogénie, Durrocxer , Trosa, Zinw; sur la structure du bassin, Lorenz; pour les muscles, Rorsez , Ducës, Funx. Fo e Pour les organes des sens en général, Treviranus ; pour celui de louïe, Brunezcr, WinniscHMANN , GEor- roy (Étienne) ; pour celui de la vue, Fricker. Sur les organes de la déglutition , Dueis, Duverwoy. Sur les corps jaunes, Mazrieur, Kouzer. Sur l’engourdissement , Gzenrrscn. Sur la respiration, Townson, Enwanps. Sur la circulation, Marrin-Saimwr-Ance, Davy, Heine , Leruwenuork, Owen, Wéser, PANNIZA, MULLER, Wesrruaz, Burow. Sur la génération et la fécondation, Rivinus, MExrz, Rorsez, SPALLANZANtT, Presvor et Dumas, FErmin, Gravennorst, Demours , Ruscon:, Horrmann, Hour, de SCHREIBERS. Enfin, sur les métamorphoses, Van Hasseur, Rorsez. MarTin-SanT-Ance, Ducis. HISTOIRE LITTÉRAIRE. 247 LISTE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES PRINCIPAUX AUTEURS ET DES OUVRAGES SPÉCIAUX SUR LES BATRACIENS. 1829. ALTÉNA (von) (æecror uivius). Batrachiorum species in- digenæ, in-4. Lugduni Batavorum, tab. 4. 1796. ANON. Utilita del’ Rane di giardini. Salta di opuscul. in- teres. vol. 13, pag. 57. 1798. BARTHEZ (de Montpellier). Nouvelle mécanique des mouvements de l'homme et des animaux; il a donné des détails sur le saut des Grenouilles, in-4, pag. go. Carcassone. 1675. BARTHOLIN (ruowas). {cta Hafniensia, tom. 2, obs. 2. Swammerdamm, dans sa Bible de la nature , pag. 800, fait de son Traité sur la Grenouille la critique la plus amère. 1508. BARTON (#Exsami surrm), professeur à Philadelphie, Amérique, sur la Sirène Lacertine. Some account of the Siren La- certina and other species of the same genus, broch. in-8. 1812. Sur la Hellbender ou Alligator des États-Unis, G. Méno- pome ou Salamandre Lacertine. Philadelphie, broch. in-8. 17938. BERGEN (caroz. aucusr. A.). Ranarum anatom. Commer- cium litterarium, Norimbergæ. 1681. BLASIUS (cérarp), Amsterdam. Ænatome animalium. Anatomie de la Grenouille, in-4, pag. 482, pl. 55. 1791. BLUMENBACH (oran rrËn.) déjà cité, tom. 1, dans son Essai de Physiologie comparée, Phys. eompar. specimen , pag. 3x, a fait des expériences sur la reproduction des parties perdues. Ce fait est indiqué par Pline XXIX , sect. 38, et par Élien, Hist. des animaux , oy. pag. 47. 1772. BODDAERT (r1ERRE), déjà cité tom. 1, pag. 306. De Rana bicolore (espèce de Rainette), epistola , in-4. Amsterdam. 1827. BOIE (mener). Sur le genre Xenopus , voisin du Pipa. Isis, tom. 88, pag. 725. 1821. BOJANUS (cours mexri1) de Vilna. Ostéologie de la tête des Grenouiiles. Isis 12, cahier , pl. 8, fig. 10, 11, 12 1837. BONAPARTE (cwarres LUCIEN), déja cité tom. 1, pag. 307, a décrit les Anoures et les Urodéles d'Italie dans les livraisons de l’Iconographie de sa Fauna italica. 1769. BONNET (cuarces) de Genève. Observations sur le Pipa ou le Crapaud de Surinam , Journal de physique, tom. 14, pag. 249. 248 REPTILES BATRACIENS. 1739. BOSE (ceonce marmas) de Wirtemberg. Ænalome Ranæ in vacuo extinclæ et vivæ , in-4. 1739. BRADLEY (ricmann), Anglais. Account of the works, of nature, etc., pag. 164, a le premier fait un genre du Crapaud , il a fait connaître le Pipa , la Jackie. 1811. BREYER (r.-c.) De Rana Pipa. Observationes anatomicæ circa fabricam, in-4, ? pl. Thèse soutenue à Berlin sous la présidence de RAudolphi. 1748. BRUNELLI , déjà cité tom. 1, pag. 510, sur l'ouie des Reptiles. Commentaires de l'instit. de Bologne. 1834. BUROW. De vasis sanguiniferis Ranarum. Kœnisberg , in-4, pl. 1787. CAMPER (Peters). Épistola ad Blumenbach, de caudatis Piparum Gyrinis. Comment. Gotting. vol. 9, part. 1, pag. 12Q. Il a décrit en outre les organes de la génération Ge la femelle dans les actes de la société de Harlem, tom. 1, pag. 126. 1826. CARUS (cuarzes Gustave) de Dresde. Umbildung des Darmkanals und der Kiemen bei Frosch quappen. Sur la trans- formation du tube intestinal et des branchies dans les tétards de Grenouilles. Isis 1, pag. 613. 1835. COCTEAU (raéopore). Notice sur un genre peu connu de Crapaud à Bouclier. Brachycephalus aurantiacus (Ephippifère). Magasin zoologique de Guérin, 3° vol. pl. 7 et8. 1807- CUVIER (cesorces). Recherches sur les Reptiles douteux, avec les observations zoologiques de Humboldt; sur les Reptiles fossiles ; ossements fossiles, tom. 5, 2e part., pag. 386. Sur le genre Amphiuma, Mém. du Muséum, tom. 14, pl. 1. 1803. DAUDIN (François MARIE), déja cité tom. 1, pag. 313. Histoire des Rainettes , Grenouilles et Crapauds, in-4, fig. Paris. 1828. DAVY (sou), Anglais, Observations sur la structure du cœur dans les Batraciens. Il a reconnu dans l'oreillette deux loges à orifice unique. Édimbourg, nouveau journal philosophique en anglais. 1778. DEMOURS a décrit la génération de la Salamandre. Ma- tiére médicale de Geoffroy, tom. 12, part. 2, pag. 238. 1741. — Sur le Crapaud qui accouche sa femelle. Histoire de l'Académie des sciences de Paris, pag. 7, mémoires, pag. 15. 1700. DODART (»exys). Sur les Crapauds qui tombent avec la pluie. Mémoires de l’Académie des sciences de Paris, tom. 2, HISTOIRE LITTÉRAIRE, ‘ 249 pag. 88. Simple indication dn fait que ces petits Crapauds se trou- vaient près de fossés remplis d'eau , dans lesquels ils ne tardérent pas à se rendre. 1729. DUFAY (CHARLES FRANÇOIS DE CISTERNAY). In-4. Sur plu- sieurs Salamandres des environs de Paris. Histoire de l'Académie des sciences, pag. 27. 1834. DUGES (anrornE), professeur à Montpellier. In-4. Re- cherches sur l’ostéologie et la myologie des Batraciens; sur la dé- glutition des Reptiles. Annales des sciences naturelles, tom. r, pag. 366. 1807. DUMÉRIL (anpRé MARIE consranT). Mémoire sur la division des Reptiles Batraciens en deux familles naturelles. Magasin en- cyclopédique, en 1807. 1817. D'UTROCHET (nrcoras). Ostéogénie de la Grenouille. Mém. de la Soc. d’émul., tom. 8. Du même 1821 et 1822. Journal de physique, tom. 92, p. 3158, et tom. 99, pag. 160. 1689. DUVERNEY (curcmarp Josepu). Sur la matière gluante du frai de la Grenouille , tom. 2, pag. 122 ; il a trouvé la plus grande analogie entre cette substance et celle qui recouvre les œufs des Poissons. 1760. EDWARDS (crorcrs), déja cité tom. 1, pag. 514. An ac- count of the frog-fish of Surinam. Sur la Jackie (Rana paradoxa), Philosoph. transact. vol. 51, pag. 693. 1824. EDWARDS (w. T.), déja indiqué tom. 1. Nouvelle édition du même ouvrage, cité avec beaucoup d'expériences surla respi- ration et la durée de la vie des Grenouilles et des Crapauds. 1821. EGGERS. Von der Wiedererzeugung, die regenerir- ten , etc. Sur la régénération des parties perdues. Würzburg , in-8, pag. 51. 1760. ELLIS (souv). An account of an amphibious bipes. Sur la Sirène Lacertine, Transaction philosoph. vol. 56, tab. 9. 1765. FERMIN (Pnr11PPE) , déjà cité tom. 1. Développement du mystere de la génération du Pipa, Crapaud de Surinam dont ont parlé ensuite Blumenbach , Camper , Spallanzani. 1832. FOTHERGILL. Isis, même année, pag. 600 , in-4. Sur la nature du Crapaud (en allemand). 1827. FRICKER (anr.) déjà cité tom. 1 et tom, 2, pag. 664. De oculo Reptilium. 250 REPTILES BATRACIENS. 1827. FUNK (apozru. FRÉD.). De Salamandræ terrestris vita, evolutione, formatione , in-fol. Berlin, pl. 3. 1833. GACHET de Bordeaux. Sur le Triton marbré ; sur le té- tard de la Salamandre terrestre. Actes de la Soc. Linn. de Bor- deaux, tom. 5, pag. :92. Annales des sciences naturelles, tom. 23, pag. 291. 1676. GEISSLER (£Lras), déja cité tom. 1. Dissertatio de Am- phibiis. 1818. GEOFFROY SAINT-HILAIRE (&rrENxE), déjà cité, tom. 1. Ostéologie de la tête des Batraciens. Philos. anat. r. : 1778. GEOFFROY (£r. François), également cité, tom. 1. Sur l'ouïe des Reptiles. Mém. de mathémat. et de physique, de l’Aca- démie des sciences, vol. 2, pag. 164, cité par Schneider. Hist. Amph. fasc. 1, pag. 15. 1814. GILLIAMS, naturaliste américain. Salamandra variolata. Journal of Philadelph. tom. r, pag. 460. : 1762. GLEDITSCH (soma. corzres). Sur des Grenouilles trou- vées pendant l'hiver dans l’état d’engourdissement. Mém. de l'A- cadémie de Berlin. 1820. GOLDFUSS (cEorces aucusre) de Bonn. Handbuch der zoologie, Manuel de zoologie, a étahli trois familles parmi les Ba- traciens. Nuremberg, 2 vol. in-8. 1. Pemi-Salamandræ, 2. Sala- mandræ, 3. Ban. 1825. GRAVENHORST (sea Louis cHARLES), déjà cité, tom. t, a établi le genre s/ombus parmi les Crapauds. Isis. 1829. EJusnem. De partibus nonnullis imprimis sexualibus Sala- mandrarum et Molgarum. Lipsiæ. 1835. GRAY (Joux Epwarps), déja cité tom. 1, pag. 267, et tom. », pag. 665. Characters of on Australien Toad (Bombinator) Procedings of the zoological society, pag. 35. 1826. GREEN (saco»), déjà cité tom. 1, pag. 319. Of a new species of Salamander , journal of the academy , of natural scien- ces, of Philadelph. tome, 5 pag. 116, et tom. 6, pag. 156. 18195. HARLAN (ricuarp), cité déjà tom. 2, pag. 666. Noteto a paper. Observation on the genus Salamander. Annal of the Lyceum of natur. Hist. of New-York, tom. 1, part. 2, pag. 270. 1825.— With the anatomy of the Salamandra gigantea (Barton), on Salaman. Alleghanensis (Michaux). | HISTOIRE LITTÉRAIRE. 251 1823. — Dissection of a Batracian in a living state, journal of the Acad. of not. science. Phil. tom. 3, pag. 54. 1897. — Additional observations of Reptilia on the north. Americ. Journal of the Acad. of nat. scienc. tom. 6, pag. 53. 1823. — Note ofthe Amphiuma means, ibid. tom. 6, pag. 147. Observations on the Profeus, ibid. tom. 7, pag. 63. Silliman, journal, tom, 10. Salamand. flavissim. 1820. HASSELT (5. c. van), déjà cité tom. 1, pag. 321. Observa- tiones de melamorphosi quarumdam partium Ranæ temporariæ. Groning, in-8 avec tab. 1686. HEIDE (anr. ne). Observat, medica , pag. go et 196, a fait connaître le cours du sang dans les Grenouilles, pag. 172 ; il dit que dans la Grenouille rousse les pattes des mâles ne servent qu'a aider le part; qu'étant privés d'organes saillants les mâles ne font qu'arroser les œufs pour les féconder. 1677. HOFFMANN (waurir). Ephem. curios. nat. cent. IX et X, pag. 144 et 464. Dussectio Salamandræ gravidæ. —- De ventriculo Ban. 1836. HOLBROOK (soun Enwarps). Herpetology north. Ame- rican, etc., in-4. Philadelphy. 1824. HOME. (£verarp), Anglais. An account of the organs, of generation, of the Mexican Proteus , in-4. London. 1743. HORCH (rRÉD. wine). Circa Ranas observationes. Mis- cell. Berol. 6, pag. 119. 1787. HOTTUYN (warrin), a décrit la Salamandre rapportée du Japon par Thunberg. Act. de la société de Flessingune, vol. 9, pag. 329. Actes de Stockholm , vol. 8, part. », pl. 4, fig. 1. 1807. HUMBOLDT (arexan. Baron de), déja cité tom. ï, sur l’Axolotl du Mexique et les Reptiles douteux, par Cuvier. 1766. HUNTER (euizc.). Philosonh. transact. 96 vol. pag. 308. Sur l'anatomie de la Sirène Lacertine. HUSCHKE (c.), cité tom. 1, pour son Mémoire sur les glandes parotides, inséré dans les Archives de physiologie de Tiede- mann, {OmM. 4. 1673. JACOBOEUS (ouicerus). De Ranarum generatione observa- tiones. Acta medica et philosoph. Hafniensia, vol, 2, pag. 148. 1676. — Anatome Salamandreæ, ibid. tom. 4, pag. 5. 1686. — de Ranis et Lacertis, observ. ibid. tom. 8, pag. 108, fab. 3. 252 REPTILES BATHACIENS. 1787. JACQUIN (xrcoras Josepx), déja cité tom. 2, pag. 667. Sur la Salamandre. Nova acta Helvetica, tom. 1, pag. 33. JUVENIS. Notes on the structure of the tongue of the Rana temporaria. (Sur la structure de la langue.) Magazine of natural history of London, tom. 5, pag. 84. J. G. ibid. pag. 291. Dead frogsand live ones consumed by lecches. 1816. KLOTZKE. De Rana cornuta. Berlin. Thèse sous la pres. de Rudolphi. 1811. KOHLER. Observationes anatomicæ in appendices genita- lium Ranarum luteas. 1746. KRUGER (son. coTcos.). Physico-theologische Betrach- tung einiger Thiere. 1837. KRYNICKI. Observationes quædam de Reptilibus indigenis. Bulletin de la société des naturalistes de Moscou, n. 111. 182%. KUHL (nenrv). De Ceratophrya, Isis, pag. 479, fasc. 4. Bulletin des sciences natur. 1826, tom. 10, pag. 239. 1800. LATREILLE (P1ErRE anpré). Histoire naturelle des Sala- mandres de France , 8° planches. 1826. LECONTE (sou), Américain. Description of a new species of Siren (ëntermedia). Annal. of lyceum of nat. histor. of New-Yorck, tom. 2, part. 1, pag. 133.— Remarks on the American species of the genera Hyÿla and. Rana, ibid. tom. 1, part. x, pag. 278. — Description of a new species (Siren striata), ibid. tom. 1, pag. 92, pl. 4. Bulletin des sciences natur. tom. 6, pag. 431. 1688. LEEUWENHOEK (axronius van). Arcana naturæ detecta, Delphis Batavor, in-4, 1685, epist. 65, a fait connaître la circula- tion dans les branchies et la queue des tétards. Voyez ‘dans le présent volume la note 10 de la page 10. 1719. LENTILIUS (Rosin). Rana ex dorso pariens. Ephem. curios. nat. cent. 3, 4, pag. 393. Ranarum in Pisces metamorphosis. ibid. pag. 286, obser. 171. 1831. LEUKARTH (von) (FRÉDÉRIC sicismonD). egen Proteus. Isis, tom. 24, pag. 499. Cet auteur est le premier qui ait proposé de diviser les Reptiles d’aprésle mode de leur respiration, aérienne ou aquatique, unique ou double, en monopnés et en dipnés, dé- nomination adoptée par M. Fitzinger. 1608. LIBAVIUS (anpreas). Batrachiorum libri duo. de natura usu et chymia Ranarum utriusque generis pars 4° et ultima singu- larium. HISTOIRE LITEÉRAIRE. 253 LICHTENBERG. Bufo arboreus. Prompt, physic, tom. 3 ESS 7/70 1807. LORENZ (1, z.r.), Halæ 80. De peloi Reptilium observa- tiones analomicæ. 1699. LUIDIT (epwaros 1wyp). De Bufonibus mediüis saxis in- clusis , lithophylacit Britannici Ichnographia , in-8°, Londini. 1697. MALPIGHI (mance), déja cité tom. 1, pag. 327, a re- connu le mode de respiration des Grenouilles. Opera posthuma. Londini, pag. 8, a l'un des premiers, en 1671, connu la circula- tion pulmonaire dans la lettre citée : Æxercitatio de omento, pinguedine et adiposis ductibus , edit. de Leyde, pag. 235. 1831. MARTIN-SAINT-ANGE (casparD Joserx). Sur les organes transitoires et les métamorphoses des Batraciens. Annales des sciences naturelles, tom. 34. 1729. MAUPERTUIS (P1ERRE LOUIS MOREAU DE). Observations et expériences sur une espèce de Salamandre. Hist. de l’Acad. des sciences de Paris, pag. 27-32, et Mémoires, pag. 45. 1828. MAYER (FREDERIC ALBERT aAnT.). Sur la Cécilie. Isis, -pag. 694 et 735, tab. ro. Uber die an Cæcilia. Sur l’hemiphractus Spæii, nova acta, physico-medica. Monographie du Pipa, ibid. tom. 11. 1795. — Du même. Synopsis Reptilium. Gottingæ.— Monogre- phie der Rana Pipa, nova acta physico-medica, tom. 11. 1818. MECKEL (5. r.), professeur à Halle. Sur l'appareil respi- ratoire des Reptiles, en allemand. Archives d'Allemagne, 4, pag. 60, 1819, tom. 5, pag. 213. 1827. MENKE. Isis, pag. 72. Rana rubeta. C’est un jeune Cra- paud. 1724. MENZIUS où MENTZ (rrep.), professeur à Leipsic ; prési- dent d’une thèse soutenue par BOSE (casparp), in-40, tab. Generatio mapado£os in Rana conspicua; ovaria Ranarumque tubæ, a émis le premier l'opinion que les caroncules rugueuses des pouces de la Grenouille rousse étaient des organes générateurs. 1828. MEYER , sur les écailles des Cécilies, en allemand. Isis, pag. 694. 1820. MERTENS (carr.), Anatomiæ Batrachiorum prodromus de osteolcgia. Halle, in-8°. 1719. MÉRIAN (WARIE sIBYLLE DE), De transformatione Piscium in Pisces. (Appendix in opera de inseclis surinamensibus.) ? 254 REPTILES BATRACIENS. 1661. MEY (goman pe), Commentaria physica. Midelbourg, pag. 199. Sur les tétards des Grenouilles. 1676. MÉRY (san), a le premier indiqué les poches aériennes. Observations sur la peau de la Grenouille et sur sa langue. Acad. des sciences de Paris, tom. 3, pag. 399. Collection académique, partie francaise, tom. 1, pag. 114. 1829. MICHAELES. Proteus anguineus. Isis, tom. 21, pag. 499. Bullet. des sciences, Férussac, 1830, octobre. Rana calcarata (cultripes). 1822. MITCHELL (1. s.). On the proteus of the north American lackes. Silliman. Journ. tom. 4, pag. 18r. 1686. MOLYNEUX (wizrram). Lettre en anglais sur la circulation du sang, observée à l'aide du microscope dans la Salamandre aquatique. Transact. phil. vol. 15, pag. 1236. 1719. MORGAGNI (3EaN BapTisTE). Adversaria anatomica, tom.5, n° 29, pag. 199, a fait connaître le mécanisme de la respiration gutturale dans les Grenouilles et les Tortues. Voyez dans cevolume la note 3 de la page 160. 1828. MORREN (carLes), professeur à l’Université de Gand. Dissertation sur les ossements fossiles nouvellement découverts dans le Braban. 1829. MULLER (:.),de Bonn. Cæcilia hypocyanea. Isis, tom. 22, pag. 8795, et tom. 24, pag. 709. | 1832. — Classification des amphibies d'aprés l'organe del’ouïe. Isis, pag. 504 et 506. Sur trois familles différentes des Batraciens établies d’après la structure de l'organe de l'ouïe. 1667: NÉEDHAM (cuarrer). De formato fætu. Lond. in-80,a parlé des tétards des Grenouilles. 1817. OLM. De Proteo anguineo. Isis, n° 81, pag. 642. 1766. OESTREDON , élève de Linné, thèse. Siren Lacertina, Amænitates academicæ, pag. 311 à 829. 1777. OLHAFEN vox SCHOLLENBACH. Auszug ans einem Schrei- ben. Beschaft der Berlin gesl. naturf. 3 ban. pag. 445. 1837. OTTH. Beschreibung einer neuen Europischem Frosch. Diploglossus. Nouveau mém. Société helvét. des sc. nat., tom. 1, pag. 4. 1834. OVEN (rtoar»). On the structure of the heart of peren- nibranchiate. Transact. Soc. zool. vol. 1, pag. 2138-24, pl. 31. Ba- trachia. Traduit en français dans le tom. 4, deuxième série des Annales des sciences naturelles , pag. 167. HISTOIRE LITTÉRAIRE. 255 1833. PANIZZA (sarroromeo), déjà cité tom. 1, pag. 331. Sopra il sistema linfatico dei Rettili. Richerche anatomiche., in-fol. Pavie, 6 planches. 1686. PAULLINI (curisrran Francisc.), Bufo-breviter descriptus. in-8o. Nuremberg, pag. 120. 1737. PETIT (François). Mém. de l'Acad. des sciences, pag. 199. Description anatomique des yeux de la Grenouille. 1688. PERRAULT (craune), déjà cité, tom. 2, pag. 670. Des- cription anatomique de deux Salamandres. Mém. de l’Acad. des sciences de Paris, tom. 3, pag. 70. 1648. PISON (cuixz.), déjà cité, tom. 1, pag. 332, Historia rerum naturalium Brasiliæ, 1ib. 5, cap. 19, dit qu'on croit au Brésil les petits Pipas qu'on nomme Cururu, nés de grosses gouttes de pluie : mais il attaque ce préjugé. 1733. POURFOUR DU PETIT , déjà cité, tom. 1, pag. 333, sur les yeux de la Grenouille. 1804. PLATERETTI (vinc.1enac). Su le riproduzione delle gambe, delle coda delle Salamandre acquajuole. Scelte di opus- col. inter., vol. 27, pag. 18. 1824. PREVOST Er DUMAS. Développement des œufs de Batra- ciens. Rapport de l'œuf avec la liqueur fécondante du mâle. Annal. des sc. nat. tom. 2, pag. 100 et 129. 1824. RAÂTKE (ins. memriou), déja cité, tom. 1. Uber die Uro- delen. Dantzig, in-4, fasc. 1, pl. r, a reconnu les cicatrices des branchies dans la Salamandre terrestre. 1818. — de Salamandrarum corporibus adiposis. Vatur. curio- sorum Gedaniensum, fase. in-4. 1671. RÉDI (Francesco), a connu et décrit les tétards, a parlé des pluies de Crapauds. Esperienze intorno alla generazion degli insetti. 1832. REILL (P.). Betragen ber Siren Lacertina. Isis, in-4. 1829. RICHTER ( ). Isis, tom. 22, pag. 875. Uber der Rana arborea. 1687. RIVINUS (aucusr. quirinus). Observat. anatom. circa con- gressum , conceptionem , gestalionem, partumque Ranarum. Acta erudit. Lipsiæ , pag. 284. Voir dans Valentini. Amphitheat. zool. 1798. ROESEL VON ROSENHOF (aucusr. JEm.). Historia natu- ralis Ranarum nostratium. Norimbergæ, in-fol. Texte latin et alle- mand, avec 24 pl. L'auteur avait fait un traité semblable sur les Salamandres, suivant Hermann. 286 REPTILES BATRACIENS. 1817. RUSCONI. Descrizione anat. degli organ. della circola- zione delle larva delle Salamandre aquatiche. Pavie, in-fol. 1821. — Les amours des Salamandres, etc. Milan, in-fol. fig. col. 1819. — Del Proteo anguineo. Pavie, in-fol. fig. col. 1826 — Observationi int. alla metamorfosi del girino della Rana commun. Milan , in-4 avec 4 pl. 1828.— Sopra un Proteo femineo. Pavie, in-4 pl. 1819. SAY (ruomas), déjà cité tom. 1. Notes on Herpétology. Silliman, Journal, tom. 1, pag. 256. Salamandra Alleghanensis, subviolacea, punctata. Bufo cornutus, ibid. 1726. SCHEUCHZER (5. Jacques), déja cité tom. 1, pag. 336. Homo diluput testis et @coruoros. Tiguri in-4 avec une planche en bois. 1792,-97. SCHNEIDER (3Ean corLos), déja cité tom. 1, pag. 337, ettom. 2, pag. 674. Specimen physiologiæ Amphibiorum. Zullichow, » vol. in-4. En Are son Histoire naturelle et littéraire citée. On y trouve l’histoire des Grenouilles, des Salamandres et des Céci- lies, avec beaucoup de détails intéressants sur l'anatomie , et des recherches fort savantes tirées des auteurs de l'antiquité. 1820. SCHREIBERS (cxarzes pr). Lettre à M. Duméril sur le Protée. Isis, tom. 6, pag. 567, 18o1. Philos. transact. pag. 290. Sur la Salamandre noire. Voyez l'analyse dans ce volume, p. 242, in naturw. auz der schweiz 2, pag. 54. 1818. SCHULTZE. Sur la colonne vertébrale des Batraciens , Anoures et Urodèéles. La plupart des faits sont recueillis dans Cu- vier et dans les thèses de Rudolphi. Arch. de Phys. de Meckel, tom. 4. 1667. SCHULTZIUS (corrorreus). De ranunculo viridi arboreo. Ephem. cur. nat., dec. 1, an. 6. 1645. SEVERINO (marc aAuREL). Anatomia Bab Zootomia Democritea, pag. 325, in-4. Copiée dans Valentini, Amphit. zoot. pag. 207. 1828. SIEBOLD (cwaRLes THÉOD. ERNEST DE). Observationes quæ- dam de Salamandris ct Tritonibus. Berlin, in-4, pl. 1, pag. 80. 1825. SMITH (aueusrin). Of the dissection, of a Proteus. With remarks on the Siren intermedia. Lycée de New-York, tom. 2, pag: 1. / 4 1780. SPALLANZANI (Lazare), de Modène et de Pavie. Gene- razione della Salamandra acquajola. Dissert. tom. 2, pag. 39. HISTOIRE LIXTÉRAIRE, abn 1:86. Expériencessur Id génération , traduites par Sesnebier, tea in-8, fig. 1819. SPIX (aan), déja cité tom: 1, pag. 340, et tom. 2, pag. 672. Cephalogenesis. Munich, in-4. pl. 1802. STEINBUCEH ( ). Beob. über den Larvenzustnad us. w. der junges sumpfeidechsen. Sur les changements des té- tards de Grenouilles et des Salamandres. 1820. STEINHEIM (s. .). Compte-rendu d’un ouvrage publié à Hambourg sur le développement de la Grenouille. Die entwicke- lung'der Frosche. Hambourg, in-8, Isis, pag. 676, avec une planche. 1815. STEFFEN. Thèse sous la présidence de Rudolphi. De Ranis nonnullis. Berlin, in-4. 1740. SUND (r1ErRE). Surinamensia Grilliana. Amœænit. Academ. tom. 1, pag. 489. Cæcilia. 1737. SWAMMERDAM (san) d'Amsterdam. Biblia naturæ, 2 vol. in-fol. Leydæ, 1738, tom. 2, pag. 830, a donné l'anatomie de la Grenouille. 1794. TOWNSON (rorerr), déja cité tom. 2, pag. 341. 1683. TILINGIUS (marmras). De Salamandra. Ephemer. curios. naturæ, dec. 2, an. 2 , pag. 107. 1819. TREVIRANUS (c.r.). De Protei Anguini encephalo et or- ganis sensuum, ete. Gotting., in-4. 1739. TROJA. De structura singulari ossium tibiæ et cubité in Ranis et Bufonibus. Napoli. Mémoire présenté à l'Acad. des sc. de Paris, tom. 5, pag. 768. 1838. TSCHUDI (sou. sacon). Classification der Batrachier, mit berucsichtigung der fossilien thiere dieser abtheïilung der Repti- lien ; tom. 2, tab. 6. Lithograph. Nouveaux actes de la Société ee des sciences naturelles. 729- VALENTINI (sicuer BERNARD), déja cité tom. r, pag. 342, a do dans son Amphithéâtre zootomique la description de la Salamandre, 19° ; du Crapaud, 207; de la Grenouille, 209. 1726. VINCENT (revus). Descriptio Pipæ, cui accedit descriptio omnium generum Bufonum et Ranarum. Harlem, in-4, fig. 1833. WAGLER (sou. ceorc.). Michaëles a publié après la mort de l’auteur dans l'Isis, pag. 884, la synonymie des Reptiles figurés dans le grand ouvrage de Séba, et pour ce qui concerne les Batra- ciens , les planches 75, 74, 76, 77, 75. REPTILES, VIII. 17 256 REPTILES BATRACIENS. 1691. WALLER (ricnarp). Made on the spawn of frogs. Philo- soph. transact. tom. 17, pag. 529. 1837. WEBER (de Leipsig), en allemand. Du mouvement visible de la lymphe dans la queue du tétard de la Grenouille. Isis, tom. 30, pag. 500. 1806. WESTPHAL (c. c. u.), déja cité tom. 2, pag. 672. Spe= ‘cimen in-8. Halle, 1806. De organis respirationis et circulationis Reptilium. 1825. WIED (maxrmi. PRINZE zu). Beitrage naturgeschichte von Brasilien Cœcilia, pag. 513. 1837. WIEGMANN ( 4REND FRÉDÉRIC AUGUSTE), déja cité tom. 1, pag. 344, et tom. 2, pag. 673. Herpetologische notizen. 1831. WINDISCHMANN (cx.), déjà cité, tom. 2, pag. 673. De peniliori auris structura in Amplubiüs. Leipsick, in-4, 3 planches. 1683. WURFBAIN (sou. pauz). Sa/amandrologia. Norimbergæ, in-4, cum tab. 4. 1825. ZENKER. Batrachomyologia, Myologiam Ranarum Thu- ringiæ exhibens. léna, in-4. 1757. ZINN. Anatome Salamandræ. Gottingische anzeigen. (Éphémérides littéraires, pag. 1201). PÉROMÈLES OPHIOSOMES OÙ CÉCILOÏDES. 259 CHAPITRE IV. PREMIER SOUS-OBDRE DES BATRACIENS. LES PÉROMÈLES. FAMILLE UNIQUE : LES OPHIOSOMES OU CÉCILOÏDES. Les Batraciens à corps arrondi , allongé, sans queue et sans pattes, ressemblent tellement à des Ser- pents, que la plupart des auteurs les ont rangés dans l'ordre des Ophidiens, tout en reconnaissant qu'ils présentaient beaucoup d'anomalies, et qu'ils devaient former un groupe fort distinct. Aujourd'hui même, quelques naturalistes restent encore indécis sur la place qu'ils doivent assigner, dans la série des ani- maux , aux espèces dont nous formons, sous la déno- mination de Péromèues (1), une des trois grandes di- visions de l’ordre des Batraciens. Rappelons d’abord les caractères généraux qui sem- blent devoir rapprocher ces Reptiles entre eux et les séparer de tous les autres. Ils’ ont le corps excessive- ment étendu en longueur, de forme cylindrique; ils n'ont pas de membres, ou d’appendices latéraux pro- pres au mouvement ; leur peau est nue, en apparence, visqueuse, mais cachant, entre les plis circulaires (1) Péromèles, rupouesnns, de rmpoc, qui manque, et de wear, membre. Privatus pedibus , corpore mutilato ; privé de pattes, à corps mutilé. Ce nom avait déja été indiqué pour désigner quelques es- pèces de Seps ou de Zygnis. Voyez Waczer, Syst. Amphib. p. 100, vers la fin de ia dernière note. 17: 260 REPTILES BATRACIENS. qu'elle forme, plusieurs rangs, également distribués en anneaux, d’écailles plates , minces , entuilées ; à bords libres, arrondis, semblables en un mot à celles de la plupart des Poissons. L'orifice arrondi de leur cloaque est situé en dessous, très-près de l'extrémité la plus postérieure du corps, qui est tantôt comme tronquée et arrondie; tantôt obtusément pointue , comme chez les espèces du genre Typhlops. De sorte que par cette particularité , ils se rapprochent des Anoures d'autant plus que leur tête, comme dans tous les Batraciens, est articulée sur l’échine au moyen de deux condyles dis- tincts et séparés. Enfin leur mâchoire inférieure se meut sur le crâne, sans os articulaire séparé; et les deux branches qui la forment sont courtes et soudées entre elles très- solidement vers la symphyse du menton. En développant ces caractères, et en les comparant avec ceux qui distinguent les Reptiles des autres ordres, nous ferons mieux apprécier limportance des modifications de chacune des particularités que nous venons d’énumérer. Certainement la forme générale du corps , qui est excessivement allongé, arrondi et sans pattes, fait, au premier aspect, ressembler Îles Péro- mèles aux Serpents, dont ils se distinguent par un très- grand nombre de caractères différentiels. Ainsi dans toutes les espèces de Serpents la peau est réellement protégée par des écailles qui la recouvrent complé- tement ; soit qu’on les voie distribuées et placées les unes sur les autres en recouvrement , à la manière des tuiles; soit qu’elles se trouvent indiquées, comme une sorte de pavé, oude mosaïques, par des compartiments anguleux ou arrondis et diversement colorés ; en outre le cloaque des Ophidiens se termine par une ouver- PÉROMÈLES OPHIOSOMES OU CÉCILOÏDES. 261 ture transversale, qui est placée sous le corps à l’ori- gine d’une queue plus ou moins prolongée ; mais tou- jours distincte. Dans le groupe dont nous présentons l'histoire, cet orifice du cloaque est situé vers la der- nitre extrémité de l’échine; quelquefois un peu en dessous, car on voit au-dessus de l’anus un très-petit prolongement du tronc, maïs cet anus ne présente pas une fente transversale, il est circulaire, quelquefois plissé d’une manière plus ou moins régulière , comme dans les Anoures qui ont toujours des pattes. Chez les Serpents l'os de l’occiput présente, au- dessous du trou vertébral, une seule éminence arti- ticulaire, arrondie, un condyle unique; tandis que, dans les Péromèles, comme chez les Batraciens, la partie supérieure du crâne porte denx saillies arti- culaires, sembläbles à celles qui, chez les mammifères s’arliculent avec l’atlas ou avec la première vertèbre. Les mâchoires, dans la généralité des Ophidiens, ont une disposition toute particulière , que nous de- vons rappeler. La supérieure est composée de pièces mobiles qui peuvent s’écarter, et dont quelques-unes mêmes sont susceptibles d’être portées en avant. L’in- férieure est constamment formée de deux branches principales qui, à cause de leur longueur excessive en arrière, dépassent le grand trou occipital. Ces bran- ches maxillaires ne sont pas soudées entre elles par l'extrémité qui correspondrait au menton, elles sont retenues là par un ligament élastique, de sorte qu’elles peuvent s'éloigner l’une de l’autre ou s’écarter trans- versalement de manière à élargir considérablement l'ouverture de la bouche. Dans les Batraciens que nous étudions , la mandibule supérieure fait partie continue de la tête à cause de la solidité des sutures qui unis- 262 REPTILES BATRACIENS. sent les os de la face entre eux et avec le crâne. Les pièces osseuses ne sont susceptibles d'aucun mouve- ment partiel , et la mâchoire inférieure , qui est géné- ralement très-courte, ne forme véritablement dans l’état adulte qu'un seul os, parce que, dans la partie antérieure arrondie, les deux branches qui la consti- tuent , se pénètrent et se confondent par une véritable synarthrose, à peu près comme chez tous les Sauriens. Il résulte de cette disposition que l'articulation de cette petite mâchoire, qui ressemblerait assez à celle d’une Chauve-Souris, a lieu bien en avant du trou occipital. Cette soudure des branches de la mâchoire et leur brièveté diminuent considérablement, en hauteur et en largeur , l'ouverture de la bouche qui se trouve ainsi forcément calibrée est réduite à un fort petit diamètre. Enfin, et ce dernier caractère est fort remarquable, dans tous les Serpents la mâchoire inférieure ne s’ar- ticule pas directement sur ies temporaux. Il y a entre le crâne et la cavité condylienne de la branche, en arrière, un petit os mobile qui joue un très-grand rôle dans la communication du mouvement que les muscles opèrent sur les os de la bouche; c'est ce qu’on nomme l'os quarré, ou intra-articulaire, que quelques anatomistes ont, selon nous, appelé à tort l'os nv rympan. C'est d’ailleurs la même disposition de struc- ture qui se retrouve dans tous les oiseaux et chez tous les Sauriens, à l’exception des Crocodiles. Dans les Ophiosomes ou Céciloïdes, il n’y a pas de pièce mobile intermédiaire libre. Cet os, s’il existe, est soudé au crâne qui présente ainsi de chaque côté, une sorte de condyle saïllant , comme dans les Tortues et dans tous les autres Batraciens, de ste que la mâchoire infé- rieure ne peut ni recuier, ni se porter en avant; elle PÉROMÈLES OPHIOSOMES OU CÉCILOÏDES. 263 ne se meut qu’en s’élevant pour fermer la bouche ; ou en s’abaissant pour l'ouvrir. On voit donc que les Reptiles Péromèles Céciloïdes ne sont pas des Serpents; puisqu'ils ont deux condyles occipitaux; la mâchoire inférieure d’une seule pièce, plus courte que leur tête osseuse ; la supérieure im- mobile soudée au crâne, sans os mobile et interme- diaire. Ajoutons que les corps de leurs vertèbres sont doublement excavés en cône, au lieu d’être concaves en avant et convexes en arrière ; que leur cloaque est arrondi, et non transverse, qu'il est situé tout à fait à l'extrémité du tronc ; que leur langue est large, papil- leuse, fixée par ses bords sur les gencives, dans la concavité de la mâchoire et non protractile, ni four- chue, ni susceptible de rentrer dans une sorte de gaine ou de fourreau. Ces mêmes Péromèles, au contraire, se rapprochent beaucoup des Batraciens ; d'abord leur peau est vis- queuse, humide, presque nue, car ce n’est que dans ces derniers temps, et par un examen plus attentif, qu'on a pu observer dans l'épaisseur du derme et sur les bords des plis circulaires, et sous le mucilage, de petits compartiments plus solides qu'on a regardés comme des écailles. Secondement, ils ont, comme tous les Ba- traciens, les deux condyles occipitaux ; troisième- ment, le corps de leurs vertèbres est concave devant et derrière , comme celui de plusieurs Urodèles ; qua- trièmement, par le mode d’articulation de la mâchoire infrrieure , et la soudure de l'os carré avec le crâne ; cinquièmement par leur analogie avec les Anoures à quatre pattes, à cause de la forme et de la position de Vouverture de leur cloique. Cependant on ignore si leurs petits subissent des métamorphoses, quoique 264 REPYILES BATRACIENS. M. Muller dise avoir observé de jeunes Cécilies dont le cou était encore garni de petites franges branchiales. Il faut avouer cependant que cette famiile, ou ce groupe des Péromèles, s'éloigne jusqu'à un certain point de l’ordre des Batraciens par la présence de pe- tites écailles dans l'épaisseur de la peau , par des côtes “véritablement fourchues à leur extrémité vertébrale, et beaucoup plus distinctes que celles du genre Pleu- rodèle; par l'absence du sternum et surtout par la forme et la structure de la bouche dont l'ouverture est petite , la mâchoire inférieure étant plus courte que la supérieure et les dents longues, aiguës, en général recourbées en arrière. Il y a certainement aussi quelques rapports de formes et structure dans le squelette, l'articulation des mâchoires , le mode d'implantation des dents, etc., entre ces Péromèles Ophiosomes et plusieurs espèces de poissons osseux de la division des Murènes, tels que les Aptérichthes, les Sphagébranches , les Muré- nophis et quelques autres, mais le mode de jonction de la tête avec l’échine au moyen de deux condyles, la présence de poumons aëriens et de narines qui s'ouvrent directement dans la cavité de la bouche, en même temps que labsence absolue des branchies chez les adultes, ne permettent pas de rapporter les Cé- ciloïdes à la classe des poissons. S'il est évident qu'on ne peut ranger les Ophio- somes ou Céciloïdes que dans la classe des Reptiles; il faut cependant reconnaître que ces animaux, tout en ayant la forme et l'apparence des Ophidiens, ne peuvent pas être rapportés à cet ordre et bien moins encore à ceux des Chéloniens ou des Sauriens. Ge ne sont pas non plus des poissons, quoiqu’ils offrent PÉROMÈLES OPHIOSOMES OU: CÉCILOÏDES. 265 quelques ressemblances avec plusieurs espèces de cette classe qui sont privées de nageoires paires , tels que les genres Murénophis, Gymnomurènes et Aptérich- thes. Ils appartiennent donc réellement à la grande division des Batraciens ; mais ce sont des espèces ano- males , intermédiaires , d’une part aux Serpents ; et de l'autre aux dernières familles des Batraciens, telles que celles des Amphiumides et des Protéides. Si, à cause de lPavantage que procure l’arrangement sys- tématique pour la classification, nous avons placé ce groupe de Reptiles près de la grande division des Anoures , c'est plutôt afin de pouvoir commencer par eux l'étude de l’ordre des Batraciens ; car ils forment la transition assez naturelle de l’ordre des Serpents avec celui des Grenouilles. Nous déclarons donc bien hautement , que nous regardons les Ophiosomes comme formant une tribu tout à fait distincte et sé- parée dans la classe même des Reptiles, et qui semble faire le passage entre les Serpents et les Batraciens. À la fin du premier chapitre dans ce présent volume, nous avons fait l'historique de la classification des Péromèles ; Muller et Wagler se sont disputé le mé- rite d'avoir séparé cette famille du sous-ordre des Ophidiens; mais déja Oppel avait fait plus, puis qu'en établissant les divisions parmi les Batraciens,, il avait placé les Péromèles dans la première famille sous le nom d’Apodes. Schneider et Mayer ont donné les premières notions sur l'anatomie des Cécilies. Nous avons profité de ces recherches sur cette struc- ture, en traitant de l’organisation dans le second cha- pitre de ce volume ; il nous reste done peu de détails à présenter sur ce sujet. Cependant voici un extrait abrégé de la monogra- 266 REPTILES BATRACIENS. phie du genre Cécilie d’après Schneider (1): « C’est un genre de Serpents, le plus voisin des poissons et surtout du genre Murène. Tels sont ses caractères ; corps anguilliforme, à petites écailles, comme plon- gées dans l’épaisseur de la peau , présentant des rides latérales vers la partie postérieure, qui est courte, avec d’autres plus larges , circulaires autour du corps; yeux très-petits , recouverts par la peau, les narines surmontées d’un tentacule très-court. » Il est évident que l’auteur n’a connu que la Cécilie tentaculée ou glutineuse (le genre Epicrium de Wagler). Il en fait l'historique telle que nous la raporterons à son article descriptif , ayant eu à sa disposition un individu à demi desséché, il a étudié quelques parties de son anatomie dont nous continuons l'analyse. Le crâne est singulier par sa structure : tout le des- sus semble formé d’une seule pièce votée, dans la- quelle on n’aperçoit aucune trace des orbites , ce qui donne à penser que l'œil doit être très-particulier. La mâchoire inférieure n’est pas articulée avec le crane , au moyen d'un osselet intermédiaire , comme dans les Oiseaux , les Lézards et les Serpents ; mais à peu près comme dans les Mammifères, sans qu'il y ait cependant le moindre vestige d’un os zygo- matique. Les dents de la mâchoire supérieure sont toutes courbées et dirigées en arrière; en outre les bords et la ligne médiane des os qui forment le palais, sont hérissés de petites dents de manière à représenter une sorte de mâchoire palatine , les deux premières dents de chaque mâchoire sont plus longues et plus fortes que les autres ; on voit à l’inférieure , après les deux (1) Historia natural. et litter. Amphib. fasc. 11, pag. 359 et sequent. PÉROMÈLES OPHIOSOMES OU CÉCILOÏDES. 267 longues dents, et sur le bord interne , deux autres petites dents recourbées, et les branches de cette même mâchoire ne sont pas jointes entre elles par un liga- ment ; mais à l’aide d’une véritable suture harmonique comme dans les Lézards. La jonction des vertèbres entre elles est entièrement différente de ce qui existe dans les Lézards et les Serpents , et se rapproche tout à fait de celle des poissons ; car tous les corps des ver- tébres sont creusés, devant et derrière, par des cavités coniques en entonnoir, dans lesquelles sont implantées des fibres lisamenteuses ; elles ne sont réellement pas ar- ticulées, mais placées les unes sur les autres. Leurs apo- physes épineuses SUPOIENNES sont semblables à celles des Amphisbènes et à celles du cou des oiseaux, € ’est-à- dire qu'elles sont déprimées, de manière à ne présenter qu’une légère carène. En dessous le corps de chaque vertèbre est garni d’une apophyse recourbée en ar- rière, fourchue en avant pour recevoir l’éminence de la vertèbre qui précède. Sur les côtés on voit égale- ment une petite saillie sur laquelle s'applique une des bifurcations de la côte, car l’autre fourche, plus lon- gue, se porte sur une éminence inférieure. Ces côtes sont courtes , droites, dirigées en arrière et triangu- laires , fourchues comme dans les oiseaux et unies aux vertèbres à peu près de la même manière. Mayer (1) dit que dans la Cécilie lombricoïde il n'existe, du côté gauche, qu’un rudiment du poumon. Il a observé des corps graisseux jaunes , volumineux ; il a cru voir deux pénis : il a reconnu l'existence des écailles dans les plis de la peau, et il croit que ce sont des espèces intermédiaires aux deux ordres de * (1) Sur la Cécilie. Isis, 1828, pag. 694-735, tab. X. 268 REPTILES BATRACIENS. Reptiles qu'il indique par le nom d’Ophisauriens , à cause de l’existence des côtes, et du poumon unique. M. Muller a fait connaître l'existence des trous branchiaux dans une jeune Cécilie (Lypocyanea), con- servée dans le musée d'histoire naturelle de Leyde (1). Il a vu une ouverture de la grandeur d’une ligne, de chaque côté du cou, à quelques lignes de l’extré- mité de la fente buccale. Gette ouverture était plus large que profonde, située dans la raie jaune qui existe sur les côtés, et qui a fait désigner cette espèce sous le nom qu'elle porte. Le bord du trou était âpre; on remarquait dans l’intérieur des franges noires qui pa- raissaient fixées aux cornes de l’hyoïde ou des arcs branchiaux; mais elles ne faisaient pas saillie hors des orifices externes. Les trous eux-mêmes sont en com- munication libre avec la cavité buccale. Cette jeune Cécilie, comme étant un exemplaire unique, n'a pu être disséquée. Elle était longue de quatre pouces et demi ; tandis qu'un individu adulte de Ja même espèce, qui ne montrait plus aucune trace de ces trous, avait plus d’un pied de longueur. M. Muller ajoute : il est donc bien décidé mainte- nant que les Cécilies qui ont une si grande ressem- blance anatomique avec les Reptiles nus, appartien- nent réellement à ce groupe, et qu’elles éprouvent des métamorphoses. Elles ressemblent donc extérieure- ment aux Amphiumes, qui, avec la disposition vermi- forme du corps, conservent leurs trous branchiaux pendant toute la vie, sans que les branchies persis- tent. Il propose de les désigner sous le nom de Gym- nophides, dont il fait un premier ordre dans ce qu'il (1) Isis, 1831, tome 24, pag. 710. PÉROMÈLES OPHIOSGMÉS OÙ GÉCILOÏDES. 366 apyelle la classe des Amphibies nus. Le second ordre est celui des Dérotrémes ; le troisième, les Protéidés ; le quatrième , les Salamandrines ; et le cinquième et dernier, les Batraciens. Enfin M. Tschudi, dans sa classification des Batra- ciens, adopte aussi la tribu des Cécilies ; mais il la range (page 90) entre celle des Pipas et celle des Sa- lamandrines, adoptant d’ailleurs les trois genres pro- posés par Wagler (1). DiIsTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES CÉCILOÏDES. L'Amérique , l'Asie et l'Afrique, puisque les îles Séchelles sont considérées par les géographes comme appartenant à cette dernière partie du monde, pro- duisent seules des Géciloïdes , dont les espèces connues aujourd'hui sont encore , il est vrai, bien peu nom- breuses. On n’en compte effectivement que huit, parmi lesquelles il en est cinq, la Cécilie lumbricoïde, celle à ventre blanc, le Siphonops annelé mexicain , et leRhi- natrème à deux bandes, qui sont originaires de la partie méridionale du Nouveau-Monde. Les Indes orientales nourrissent la Cécilie oxyure et l'Epicrium glutineux ; enfin, aux Séchelles se trouve la Cécilie à museau allongé. D'où il résulte que les genres Sipho- nops et Rhinatrème sont propres à l'Amérique, de même que le genre Épicrium est particulier à PAsie ; tandis que le genre Cécilie a des représentants en Amérique, en Âsie et en Afrique. Le tableau suivant permet de voir d’un seul coup d'œil la répartition géographique des quatre genres de la fainille des Cé- ciloïdes. QG) Nous n'avons eu connaissance de ce dernier ouvrage, que lorsque notre travail était déja terminé. 270 REPTILES BATRACIENS. Total des espèces. Noms des genres des CÉCILOÏDES. Amérique Australasie.l} CECILE SIPHONOPS. | EpPicriuw. . . . . RHINATRÈME « « e Nombre des espèces dans chaque par- tie du monde. . DES GENRES ET DES ESPÈCES DE LA FAMILLE DES CÉCILOÏDES. Wagler est le premier des auteurs systématiques qui ait fait un ordre particulier des Cécilies, et en le placant entre les Amphisbènes et les Grenouilles , ou entre les Serpents et les Batraciens, il leur assigne pour caractères essentiels : le corps nu , sans queue ; os intramaxillaire ou du tympan , comme il le nomme, soudé au crâne ; condyle occipital double ; orifice de l'anus, arrondi, à l'extrémité du corps. La langue at- tachée par ses bords à la concavité de la mâchoire. Il y rapporte trois genres, dans chacun desquels il n'a inscrit qu'une seule espèce et qui sont : 1° Sipxowors, corps trapu, arrondi, obtus à ses deux extrémités , avec des impressions annelées ; les yeux petits, en arrière de deux petits enfoncements. 2° CécuE, corps semblable à celui du genre pré- cédent ; mais excessivement long , très-grèle et très- lisse , point d’yeux , un creux sous chacune des na- rines. PÉROMÈLES OPHIOSOMES OU CÉCILOÏDES 27 3° L'Ericmum, le corps semblable aux précédents ; mais un peu en fuseau, un peu plus large que la tête ; des plis en anneaux très-rapprochés , interrom- pus obliquement sur la ligne médiane du ventre ; tête très-lisse, déprimée , garnie de chaque côté sur le bord maxillaire d’un petit tentacule au devant de l’œil qui est petit, concave, presque effacé et au-dessous du- quel on remarque une fossette. Nous adoptons ces trois genres, qui ont entr’eux la plus grande affinité, et nous y en ajoutons un quatrième qui n’en diffère réellement que parce que son museau n’est pas creusé de fossettes, ce qui nous l’a fait dé- signer par cette particularité de nez-sans-trous, Rhi- natrème. Voici un tableau analytique à l’aide duquel on pourra voir, au premier coup d'œil, quels sont les genres qui peuvent être rapportés à ce sous-ordre des Batraciens, et à la seule famille qu'il renferme. en) TABLEAU SYNOPTIQUE DES GENRES DE BATRACIENS, DU SOUS-ORDRE DES PÉROMÈLES ET DE LA FAMILLE DES OPHIOSOMES OÙ CÉCILOIDES. 2e — Caractéres : Corps arrondi, très-allongé, complétement privé de membres ; à cloaque ouvert à l'extrémité du tronc. UT —<— Fr de chaque narine, 3. Cécue. au- creus£ de fossettes devant de chaque œil. . 2. Sipnonops. Museau au-dessous de l'œil sur la lèvre. 3. Errcrium. non creusé de fossettes. . . . = 4. RHINATREME.|| 2m5 BAPRACIENS PÉROMILES, ï GÉNRE. CÉCILIE. — COËCILI A, Wagier (1). Caractères. Tête cylindrique. Museau saillant. Dents maxillaires et palatines courtes, fortes, coni- ques, un peu courbées. Langue à surface comme ve- loutée ou celluleuse, offrant le plus souvent deux renflements hémisphériques, correspondant aux ori- fices internes des narines. Yeux distincts ou non distincts au travers de la peau. Une fossette ou fausse narine, au-dessous de chaque narine. Le principal caractere des Cécilies réside dans la situa- tion de leurs fausses narines qu’on aperçoit sous le museau, positivement au-dessous des orifices externes des vraies na- rines. Leur bouche semble s’ouvrir sous la tête, tant la partie antérieure de celle-ci se prolonge antérieurement en un épais et souvent très-large museau arrondi. La langue occupe tout l’espace compris entre les branches sous-maxillaires, elle est fort épaisse, entière, arrondie en avant, garnie en dessus de papilles, qui parfois donnent à sa surface lapparence veloutée, qui d’autres fois ressemblent à des plis cérébriformes. Presque toujours on y remarque deux petites élévations hémisphériques qui, lorsque la bouche est fermée, se trouvent logées dans les orifices internes des narines qu’elles doivent sans doute fermer très - herméti- quement , car leur diamètre et leur hauteur correspondent parfaitement à la largeur et à la profondeur de ces cavités nasales. Les dents sont fortes, légèrement crochues, arron- dies, pointues, et comme transparentes. Celles qui consti- tuent le second rang à la mâchoire inférieure sont plus petites et en moindre nombre que celles qui se trouvent devant elles. eu 4 4 La La 1 Ce noi ancien, donné à un Serpent aveugle, a été employé d'abord par Linné , nomen à cæcitate. CÉCILOIDES. G. CÉCILIE. 273 Quelquefois les veux se laissent apercevoir à travers la peau, mais le plus souvent on ne les distingue pas du tout, Les espèces qui composent ce genre sont plus ou moins allongées ; il y en a de très-longues et très-grêles , et de fort courtes et assez grosses ; mais toutes sont cylindriques ou presque cylindriques. Leur peau n’est jamais marquée d’un aussi grand nombre de plis que chez les Epicriums et les Rhinatrèmes , quelquefois même il n’en existe que vers l'extrémité du corps. Linné en établissant le genre Cœcilia, dans les Aménités académiques , tom. Î, pag. 489, a donné la description d’une seule espèce, figurée dans le même volume, pl. 17, fig. 4, qu'il est bien difficile de rapporter d’une manière précise à celles qu’on possède aujourd’hui dans les collec- tions. Cette Cécilie , que Linné appelle Tentaculée, doit ètre, à en juger aussi d’après la figure, fort voisine de la Gécilie à ventre blanc de Daudin; mais elle en est très-pro- bablement différente, attendu quelle porte un tentacule de chaque côté de la bouche, ce qui n’existe ni chez cette der- nière , ni chez ses congénères, et que sa peau est marquée de cent trente-cinq plis, nombre qui ne s'accorde pas avec celui qu'on voit dans nos espèces. On ne peut pas davan- tage supposer qu’elle soit spécifiquement la même que l Z- picrium glutinosum , lequel pourtant aurait, suivant Wagler, un tentacule sur chaque lèvre ; car le nombre des plis de son corps s'élève à plus de trois cents. Nos listes synonymiques ne renfermeront donc pas le nom de la Cœcilia tentaculata de Linné , que nous nous contentons de signaler ici, sinon comme espèce particulière, au moins comme espèce douteuse. Nous garderons la même réserve à l'égard de l’Jbyara, de Margrave (1), que ta plupart des Erpétologistes ont mentionnée dans leurs ouvra- ges, comme étant une Cécilie, mais dont nous avouons n'avoir pu nous faire une idée assez exacte, d’après la figure (1) Historia naturalis Brasiliæ, pag. 239. REPTILES , VIII. 18 294 BATRACIENS PÉROMÈLES. et la description qu’en a publiées cet auteur, pour décider si c'était une Amphisbène ou une espèce appartenant réelle- ment au genre ou même à la famille qui nous occupe en ce moment, qu’il aurait eu l'intention de faire connaître. Nous ne pouvons également que mentionner une espèce de Gécilie indiquée sommairement par M. Siuichbury, dans les Transactions de la Société Linnéenne de Londres, tom. XVIL, pag. 362, si toutefois c’est bien une espèce différente de celles déjà inscrites dans les catalogues erpé- tologiques. Voici au reste la description qu'en donne cet auteur : « Corps cylindrique , d’une couleur olive foncé, marqué de petites taches jaunes confluentes, rapprochées les unes des autres. Cent quarante à cent quarante-quatre anneauxen viron, dont les douze qui sont le plus rapprochés de la queue n'entourent pas complétement le corps. Museau proémi- nent, offrant une légère protubérance à une ligne à peu près au-dessous et en arrière de la narine. Yeux non dis- tincts. Longueur, seize pouces; circonférence, huit lignes. S'il était certain, ajoute M. Stutchbury, que cette espèce fût différente de la Cœcilia tentaculata de Linné, je proposerais de la nommer Cœcilia squalostoma. Habitat Gaboon ( Afrique). » Parmi les individus appartenant au genre Gécilie qu'il nons à été permis d'observer nous-mêmes, nous avons con- staté l'existence des cinq espèces suivantes : TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE CÉCILIE. COMprIMEE Le ANNE AE ... . «+ + 3. (C. QuiuE cOMPRIMEE, élargi : ic 1. C. LomBrICOÏDE. a ea f'arrondie:À corps © museau Vassez fort. 2. GC. Vewrne sranc. 5 # cylindrique : - 1e queue rétréci . . . « . . 4. C. Museau ÉTRoIT. Extrémité terminale pointue PUMA TRES 5 C. Oxvune. CÉGILOÏDES. G. CÉCILIE. fr. 275 1, LA CÉCILIE LOMBRICOIDE. C«cilia lumbricoidæ«. Daudin. Caracrères. Corps trés-alongé, fort grêle, lisse, excepté vers son extrémité où l’on compte une quinzaine de plis circulaires. Mu- seau large, arrondi. Partie terminale du tronc cylindrique. Queue arrondie. SYNONYMIE. Cœcilia gracilis. Shaw. Gener. zoolog. tom. 3, pag. 097. Cœcilia lumbricoidea. Daudin. Hist, nat. Rept. tom, 7, p. 420, tab. go, fig. 2 Cœcilia gracilis. Hemprich. Geselschf. naturforsch. Freund. zu Berl. Magaz. (1824), pag. 294. La, Cécilie lombricoïde. Cuv. Règn. anim. (1'° édit.) tom. 2, pag. 88. La Cécilie lombricoide, Cloq. Dictionn. scienc. natur. tom. CE, pag. 935. Cœcilia lumbricoides. Merr. Tent. syst. amphib. pag. 168. Cœcilia lumbricoidea. Gol@f. Handb. der zoolog. pag. 138. Cœcilia lumbricoides: Prinz. zu Wied Beitr. naturgesch. Bras. tom. 1, pag. 914. Le Lombric. Bory de Saint-Vincent , Resum. d'Erpét .PAg. 17. Cœcilia lumbricoides. Fitzing. Verzeich. der zoologisch. mus. zu Wien, pag. 63. Cœcilia lumbricoides. Cuv. Regn. anim. (2° édit. ), tom. », pag. 100. Cecilia lumbricoides. Griff. anim. Kingd. Cuv. tom. 9, p. 284. W/ormlike Cœcilia. Gray, Synops. Rept. in Griffith’s anim. Kingd. tom. 9, pag. 110. Le Lombricoide. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. d'hist. nat. tom. 4, pag. 284. DESCRIPTION. Formes. Cette espece est, de toute la famille, celle qui est la plus longue et la plus grêle ; elle a en longueur totale plus de quatre-vingt-dix fois le diametre de son corps, mesuré vers sa partie moyenne. Des individus longs de cinquante-trois centi- mètres, ont la grosseur d'une forte plume d'oie. Cette Cécilie est cylindrique ; son corps ; dans sa seconde moitié, est un peu plus petit que dans la première, si ce n’est toutefois vers son extrémité 18. 276 BATRACIENS :PÉROMÈLES. terminale, où il se trouve un peu renflé. Le museau est large, arrondi ; les dents maxillaireset les palatines sont assez longues, aiguës, un peu couchées en arrière, et écartées les unes des autres. Il y en a vingt autour de la mâchoire supérieure, et seize sur le bord antérieur du palais. On en compte également une vingtaine sur le premier rang à la mâchoire d’en bas, tandis qu'il n'en existe que de dix à douze sur le second rang. La langue adhère de toutes parts dans la concavité que forment les branches sous-maxillaires ; sa surface offre des plis séparés par des petits sillons, comme eux, vermiculiformes : puis on y remarque deux renflements hémisphériques , correspondant aux orifices internes des narines , lesquels sont grands et ovalaires. Les narines ex- ternes sont deux forts pelits trous situés de chaque côté du bout du museau , sous lequel se voient deux autres petites ouvertures sur une portion du bord de chacune desquelles semble exister un petit tentacule. Il nous a été impossible d'apercevoir les yeux à travers la peau qui, sur toute la tête, est parfaitement lisse. Celle qui enveloppe le corps est à peine marquée de plis circu- laires, $i ce n'est près de l'extrémité postérieure, c'’est-a-dire vers le vingt-deuxième environ de la longueur du corps, où l'on en compte douze à quinze. Lorsqu'on soulève ces plis, on y dé- couvre de grandes écailles minces, assez semblables à celles des carpes , formant un ou deux verticilles dans la composition des- quels elles se montrent très - distinctement imbriquées. L'anus se trouve situé sous l'extrémité terminale du corps, qui est ar- rondie. Cocoririon. Deux des trois sujets que nous possédons sont bru- nûtres, l'autre semble être teint d'olivâtre. Dimensions. Lonoueur totale. 53”. Téle. Long. 11°”. Diamètre de) LEE] du corps au milieu. 7”. Parrie. Cette espèce a élé trouvée à Surinam par Levaillant, duquel nous en tenons deux exemplaires. La collection en ren- ferme un troisième dont nous ne connaissons pas l'origine. 2. LA CÉCILIE VENTRE- BLANC. Ccilia albiventris. Daudin. Caracrëres. Corps a!longé, assez épais ; cent cinquante plis, ne formant pas tous des anneaux compléts, Museau large , arrondi. Extrémité du tronc cylindrique. Queue arrondie. CÉCILOÏDES. G. CÉCILIE. 2. 2 Synonyme. Cœcilia albiventris. Daud. Hist. Rept. (om. z pag. 422, tab. go, fig. 1. Cecilia albiventris. Cuv. Règn. anim. (1'° édit.), tom. », pag. 88. La Cécilie à ventre blanc. Cloq. Dict. scienc. nat. tom. CE, pag. 899. Cœcilia albiventris. Merr. Tent, syst. amph. pag. 167. Le ventre blanc. Bory de Saint-Vincent, Dict. class, d'hist. nat. tom. 4, pag. 284. Cæcilia albiventris. Bory de Saint-Vincent, Résum, d'Erpétol. pag. 218. Cœcilia albiventris, Cuv. Règn. anim. ( 2eédit. ), tom. 2, pag. 100. Cæcilia albiventris. Griff. Anim. kingd. Cuv. tom. 9, pag. 283. Cœcilia albiventris. Gray, Synops. Rept,. in Griffith's anim. kingd. tom. 9 , pag. 110. DESCRIPTION. Formes. LaCécilie à ventre blanc est loin d'être aussi mince que Ja Lombricoïde ; le diamètre de la région moyenne de son corps est égal à la trentième partie de sa longueur totale. Par la tête, la langue, les dents, les narines et les fausses narines, elle ressemble à l'espèce précédente ; comme chez elle aussi l'orifice du cloaque se trouve situé sous l'extrémité terminale du tronc, qui est égale- ment arrondie. Toute l'étendue du corps est marquée de plis; mais il n'y en a qu'un petit nombre qui le ceignent en entier. En tout on en compile cent cinquante, dont les seize derniers, ainsi que les quatre-vingt-dix premiers, sont complétement circulaires. De- puis le quatre-vingt-dixième pli jusqu'au cent trente-quatrième , on en voit successivement un ayant en étendue la même largeur que le dos, alterner avec un autre qui descend jusqu'au bas de chaque flanc. Entre les quatre-vingt-dix premiers, il existe beau- coup plus d'espace qu'entre ceux qui les suivent, lesquels se rap- prochent davantage à mesure qu'ils avancent vers l'extrémité postérieure du corps. Plus aussi on approche de la queue, plus les écailles sont faciles à apercevoir ; ces écailles sont grandes, qua- drilatères, oblongues, à angles arrondis, trés-imbriquées de droite à gauche ; leur surface présente un petit travail en relief, dont le dessin est un réseau à mailles lozangiques, excessivement petites. Elles se détachent u corps trés-aisément. 278 BATRACIENS PÉROMÈLES. Cozorarion. Cette Cécilie est d’un brun noirâtre uniforme, lar- sement marbré de blanc en dessous. Druensrons. Longueur totale, Go". Téte. Long. 2”. Diamètre du corps 2”. Parmrie. La Cécilie à ventre blanc est, comme la Lombricoïde, originaire de Surinam; nous n'en possédons qu'un seul échan- tillon. 8. LA CÉCILIE QUEUE - COMPRIMÉE. Cwcilia compressi- cauda. Nobis. Caracrëres. Corps allongé, assez fort, offrant en dessous des plis qui montent plus ou moins de chaque côté, mais qui n’arri- vent pas jusque sur le dos, lequel est lisse. Museau large, arrondi. Extrémité postérieure du tronc assez fortement comprimée à sa partie supérieure ou tectiforme. Pas le moindre prolongement en arrière de l'orifice cloacal, qui est situé tout à fait en dessous. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Fonurs. Cette espèce est vingt-quatre ou vingt-cinq fois plus longue qu'elle n’est large vers la région moyenne de son étendue. Le museau est arrondi et assez élargi; c'est de chaque côté de son extrémité, et peut-être un peu en dessous, que se trouvent si- tuées les narines, un peu en arrière desquelles on apercoit les fos- settes on fausses narines, dont les bords semblent offrir un petit prolongement tubuleux. La langue est tout à fait plane, et les yeux se laissent apercevoir à travers la peau. Le corps offre cela de particulier , que, comme celui de certains Ophidiens , des Boas, par exemple, il est plus étroit à sa partie inférieure qu'à sa partie supérieure, au moins dans la presque totalité de son étendue ; car vers son extrémité postérieure il se comprime, non pas éga- lement dans toute sa hauteur, mais de plus en plus, en allant de bas en haut, de telle sorte que cette partie terminale du corps offre ce que nous appelons uné forme-en toit très-prononcée; on Ja croirait même surmontée d'une crête qui descend vers l'anus, en décrivant une courbe assez marquée. Il n’y a aucune espèce de rides à la surface supérieure du corps, mais il en existe en des- sous qui sont transversales, et dont les extrémités s'élèvent plus CÉCILOÏDES. G. CÉCILIE. 4. 279 ou moins sur les côtés du tronc. Leur nombre est de cent trente- quatre à cent quarante. Cozorarion. Une teinte d'un brun olivâtre, est la seule qui soit répandue sur le corps de cette Cécilie. Druensions. Longueur totale, 47° Téte, Long. 1’ 8”. Diamètre du corps, 2”. Pare. La Cécilie à queue comprimée est originaire de Cayenne, d'où plusieurs individus viennent d’être envoyés au Muséum par M. Leprieur. &. LA CÉCILIE MUSEAU-ÉTROIT. Coœcilia rostrata. Cuvier. Caractéres. Corps court, assez gros, cent vingt-cinq plis tout à fait circulaires. Museau retréci, chbtusément pointu. Extrémité du tronc cylindrique. Queue arrondie. Synonyme, Cœcilia rostrata. Cuv. Reg. anim. (2° édit.), tom. 2, pag. 100. Cœcilia rostrata. Griff. anim. kingd. Cuv. tom. 9, p. 284. Sharp nosed Cœcilia. Gray. Synops. Rept. in Griffith’s anim. kingd. tom. g, pag. 110. DESCRIPTION. Forues. Le corps de cette Cécilie est plus court, plus fort que celui de la Cécilie à ventre blanc ; son diamètre, au milieu, est le vingtième ou le vingt-unième de la longueur totale de l'animal. Au lieu d’être large, arrondi, comme chez les deux espèces pré- cédentes , le museau est assez rétréci, un peu pointu même, mais d'une maniere obtuse. La langue ressemble tout à fait à celle des Cécilies lombricoïde et à ventre blanc, sice n'est que ses deux petites protubérances sont un peu moins prononcées. On ne dis- tingne pas nor plus d'yeux à travers la peau. Les narines s’ou- vrent de chaque côté du museau, un peu vers le haut. Les fausses narines, qui semblent être des piquüres d'épingles, tant elles sont petites, se trouvent situées, l'une à droite, l’autre à gauche, un peu en avant de la lèvre supérieure. 1] y a cent quinze à cent vingt cinq plis entiers autour dun corps, plis qui sont beaucoup plus serrés les uns contre les autres, vers l'extrémité terminale du tronc que dans le reste de son étendue. Les écailles s'aper- coivent plus distinctement sous les derniers plis que sous tous 280 BATHACIENS PÉROMÈLES. ceux qui les précèdent; elles sont ovales et comparativement moins grandes que chez la Cécilie à ventre blanc. Cororariox. Cette espèce est entièrement d'un brun olivâtre. Druensions. Longueur totale, 33". Téte, Long. 13”. Diamétre du corps au milieu, 15”. Pare. Nous demeurons incertains sur la véritable patrie de cette Cécilie, dont nous possédons deux exemplaires qui, suivant les indications qu'ils portent, auraient été recueillis, l’un aux îles Séchelles, par M. Dussumier; l’autre dans l'Amérique méri- dionale, par M. D'Orbigny. L'existence simultanée d’une espèce de Reptiles dans deux pays si différents l’un de l’autre par toutes leurs productions zoologiques jusqu'ici connues, demande à être vérifiée de nouveau pour être considérée comme vraisemblable. 5. LA CÉCILIE OXYURE, Cœcilia oxyura. Nobis. CaracrÈRes. Corps court, médiocrement gros; plus de cent quatre-vingts plis, dont Jes trente derniers seulement entourent tout le corps; museau faiblement rétréci; extrémité du tronc cylindrique ; queue pointue. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Forurs. Proportionnellement un peu moins forte que la pré- cédente, mais aussi courte , cette Cécilie se distingue de suite de toutes ses congénères, par la forme non arrondie , mais pointue de sa queue, qui se prolonge un tant soit peu en arrière de l'anus. Son museau, pour sa largeur, tient le milieu entre celui de la Cécilie à ventre blanc et celui de la Cécilie à museau étroit, c'est- à-dire qu'il n’est ni large ni trop rétréci. Le diamètre de son corps est le vingt-cinquième de sa longueur totale. La langue entière , adhérente de toutes parts, ne présente pas en dessus ces deux petites protubérances hémisphériques qui existent sur cet organe dans les {rois autres espèces. Les yeux se laissent entre- voir à travers la peau. Les fossettes ou fausses narines se trou- vent creusées positivement au-dessous des narines, qui sont situées plutôt sur le dessus du museau que sur ses côtés. Plus de cent quatre-vingts plis, dont il n'y a que les trente et quelques derniers qui ceignent entièrement le corps, se laissent compier sur la peau, depuis l'occiput jusqu'à l'extrémité du trone opposée à la tête. Parmi les cent cinquante premiers, on remarque CÉCILOÏDES. G. SIPIONOPS. 281 qu'il y en a un plus court qui alterne avec un autre qui l'est moins. Le ventre, en avant des trente derniers plis, est tout à fait lisse. Les écailles sont petites, subcirculaires , minces , trans- parentes, ayant leur surface marquée de petites stries concen- triques. On en compte au moins six verticilles imbriquées sous chacun des plis terminaux. CoLorarion. La Cécilie oxyure présente, en dessus, nne teinte olivâtre, assez claire ; le dessus de son corps et le bord de ses plis offrent une couleur semblable à celle de la cire jaune salie. Dimensions. Longueur totale. 30”. Tête. Long. 1” 5”. Dia- mètre du corps au milieu. 1” 47. Pare. Nous sommes redevables de la connaissance de cette espèce à M. Dussumier, par qui elle a été rapportée de la côte du Malabar au Muséum d'histoire naturelle. II: GENRE. SIPHONOPS. — SZPHONOPS (1). Wagler. (Cæcilia part., Cuvier, Merrem.) Caracrères. Tête et corps cylindriques; museau court; dents maxillaires et palatines fortes, pointues, un peu recourbées ; langue large, entière, adhérente de toutes parts, à surface creusée de petits enfonce- ments vermiculiformes. Veux distincts à travers la peau. Une fossette ou fausse narine au devant et un peu au-dessous de chaque œil. Les Siphonops ont généralement le museau plus court que les Cécilies, ce qui fait que leur bouche a moins Pair de s'ouvrir sous la tête. Ge qui les caractérise plus particu- fièrement c’est d’avoir les fossettes ou fausses narines pla- cées, non sous le museau, mais sous les yeux, un peu plus ou moitfs en avant. La peau qui recouvre lœil des Sipho- nops est assez transparente pour qu'on puisse apercevoir cet organe à travers. Le bord de leurs narines et de leurs a Ë î Qi) De oc, un tube, un cylindre; et &d4, visage, face; appa- rence d'un tuyau. 262 BATRACIENS PÉROMÈLES. fausses narines ne porte pas le moindre rudiment de tenta- cule. Leurs dents ressemblent à celles des Cécilies; mais leur langue, dont la surface est sillonnée de petits enfoncements vermiculiformes, n'offre pas de Poe ances hémisphéri- ques. Les deux seules espèces qu’on connaisse encore dans ce genre sont les suivantes. A TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE SIPHONOPS. —000—— . Plis de 86 à 99, formant tous des cercles complets. 1. S. ANNEE. la peau 160 environ , parmi lesquels les 50 premiers et les 20 derniers seulement} 2. S. Mexicain. forment des cercles complets ® + + + + 1. LE SIPHONOPS ANNELÉ. Siphonops annulatus. Wagjler. CaracrEres. Quatre-vingt-six à quatre-vingt-dix plis annulifor- mes, assez et également espacés ; museau élargi, arrondi; queue arrondie. SyvoxvmiEe. Cæcilia annulata. Mik. Delect. Flor. Brasiliens, tab. 11 Cœcilia annulata. Hemprich. Geselschf. naturforsch Freund. zu Berl. Magaz. (1824), pag. 292. Cœcilia annulata, Spix et Wagl. Nov.spec. serpent. Brasil. pag. 74 , tab. 26, fig. 1. Cœcilia annulata. Fitzing. Verzeich. der zoologisch. muz. Wien. p. 65. La Cécilie annelée. Cuv. Règn. anim. (2° édit.), tom. 2, p. 100, Cœcilia interrupta. I. loc. cit. pag. 100: The annulated Cœcilia. Griff. anim. Kingd. bar. Cuv. tom. 09, pag- 289. Cœcilia interrupta. Id. loc. cit. pag. 283. Ringed Cwcilia. Gray, Sÿnops. Rept. in Grifith's anim. Kinçd. pag. 110. Interrupted ringed Cœcilia. Id. loc. cit. Siphonops (Cœcilia annulata, Mikan). Wagler, Syst. amphib. pag. 198. CÉCILOÏDES. G. SIPHONOPS. I. 283 DESCRIPTION. Formes. Le museau est trés-court, très-épais, fort arrondi, à peine moins large que le derrière de la tête. Les narines viennent s'ouvrir sur les côtés du museau , tout à fait au bout et un peu en haut. Les fausses narines sont placées au-dessous de chaque œil et un tant soit peu en avant. Le corps a, en diamètre, le seizième ou le dix-septième de sa longueur totale; il est assez fort et parfaite- ment cylindrique, c'est-à-dire de même grosseur dans toute son étendue. On compte quatre-vingt-six à quatre-vingt-dix plis annulaires , un peu et également écartés les uns des autres: ces plis s'arré- tent un peu avant l'anus, de sorte que la peau de l'extrémité terminale du corps, qui est arrondie, n'offre aucune espèce de rides. Chez aucun individu nous ne sommes parvenus à découvrir d’écailles dans l'épaisseur de la peau , où il en existe probable- ment comme chez les autres Céciloïdes ; mais sans doute beau- coup plus petites, et plus difficiles à en faire sortir à cause de son tissu extrêmement serré , ce qui la rend comme coriace. CoLorarion. Parmi les exemplaires qui existent dans notre collection, il en est qui sont olivâtres, d’autres d'un cendré bleuâtre, mais chez tous les plis circulaires de la peau offrent une teinte blanche. Dimensions. Longueur totale. 58”. Téle. Long. 1” 6°”. Diamétre du corps. 1” 8”. Parme. Le Siphonops annelé se trouve au Brésil, à Cayenne, à Surinam; nous en possédons des échantillons envoyés de ces différents pays par MM. Ménestriés, Langsdorf , Leprieur et Le- vaillant. | Observations. Notre collection renferme un autre Siphonops en tous points semblable à l'annelé, sauf qu'il est plus long et plus mince, et qu'au lieu de quatre-vingt-six ou quatre-vingt-dix plis circulaires, on lui en compte cent dix-sept. Appartient-il à une espèce différente ? nous n'osons pas l'affirmer, ne sachant pas au juste de quelle valeur peut être, pour la distinction des espèces, le nombre des plis que forme la peau autour du corps de ces Batraciens. On ne saura réellement à quoi s'en tenir à cet égard, qu'à l’époque où les naturalistes auront eu l’occasion d'examiner 284 BATRACIENS PÉROMÈLES. un plus grand nombre d'individus de chaque espèce qu'ils n'ont pu le faire jusqu'ici ; car les Céciloïdes sont des animaux encore fort peu répandus dans les musées d'histoire naturelle. La Cœcilia interrupta, de Cuvier, est une simple espèce nomi- nale établie d'après un ou deux exemplaires de l'espèce du pré- sent article, chez lesquels certains anneaux sont demeurés ou- verts sous la partie inférieure du corps, ce qui se rencontre plus ou moins chez presque tous les individus. 2. LE SIPHONOPS MEXICAIN. Siphonops mexicanus. Nobis. Canacréres. Cent soixante et quelques plis , dont les cinquante premiers et les vingt derniers seulement annuliformes; museau légèrement rétréci ; queue arrondie. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Forurs. Ce Siphonops a le museau un peu moins large que le précédent ; il est même, on peut dire, légèrement rétréci ; les yeux se laissent apercevoir trés-distinctement à travers la peau. Au devant d'eux, et au-dessous de leur niveau assez près du bord de la lèvre, sont sitnées, l’une à droite, l’autre à gauche, ces fossettes, qu'à cause de leur situation, on a aussi comparées à des larmiers. Les narines viennent s'ouvrir de chaque côté de l'extrémité ; elles sont complétement dépourvues de tentacules, de même que chez le Siphonops annelé. Les dents et la langue res- semblent à celles de ce dernier. Le diametre de la partie moyenne du corps est dix-huit fois moindre que la longueur totale de l’ani- mal, dont l'extrémité anale est arrondie. Le nombre des plis que forme la peau est de cent soixante à cent soixante-deux ; les vingt derniers sont des anneaux complets et les cinquante premiers aussi ; mais parmi les autres, il yen a successivement un entourant tout le corps, qui alterne avec un autre, qui ne descend de chaque côté que jusqu'au milieu äu flanc. Ghez cette espèce, ces plis ne s'arrêtent pas comme chez le Siphonops annelé, à quelque distance en avant de l'anus, mais se continnent en arriére de celui-ci. Sous chaque pli, et particu- liérement sous les derniers, les écailles sont nombreuses, petites, très-imbriquées. CÉCILOÏDES. G. EPICRIUM. 285 CoLorarion. Toute la partie supérieure du corps de ce Batracien présente un gris ardoisé , et toute sa partie inférieure une couleur jaunâtre. Druensions. Longueur totale, 34”. Téle. Long. 1” g'”. Diamètre du milieu du corps. #”. Parme. Ce Siphonops est originaire du Mexique. IIIe GENRE. EPICRIUM. — EPICRIUM. (1) Wagler. (/chthyoplus. Fitzinger (2).) Caracrères. Tête déprimée, allongée; museau obtus; dents maxillaires et palatines eflilées, aiguës, couchées en arrière. Langue entière, à surface veloutée ; yeux distincts à travers la peau; une fossette (à bord tentaculé ? ) au-dessous de Pæil, près du bord de la lèvre supérieure. Corps subfusiforme , à plis circu- laires nombreux, serrés les uns contre les autres. Ce genre se reconnaît, au premier aspect, à la dépression et à la longueur de la tête, au rétrécissement que présente son corps à ses deux extrémités , et aux nombreuses impres- sions circulaires qui règnent sur la peau, depuis la naissance du cou jusqu’à la pointe de la queue; impressions qui sem- blent être traversées, sous le ventre, par une sorte de su ture ou de raphé qui s'étend tout le long de celui-ci. La forme de la tête des Epicrium rappelle un tant soit peu celle du commun des Ophidiens, aux dents desquels les leurs ressemblent aussi beaucoup, car elles sont effilées, pointues, et tres-couchées en arrière. Les narines s'ouvrent de chaque côté du museau; les yeux peuvent être aperçus à travers Ja peau, et sous chacun d’eux existe une fossette, du bord de laquelle, suivant Wagler, pendrait un tentacule; mais nous avouons n’avoir rien vu de semblable chez le seul (1) Erixsuy, antenne, partie saillante. (2) Ix9vs, poisson : céic, serpent, poisson-serpent. 286 BATRACIENS PÉROMÈLES. individu , il est vrai, que nous ayons été dans le cas d’exa- miner. La langue nous a paru assez mince; elle est en- tière et dépourvue de cette paire de renflements hémisphé- riques qui existent sur celle de la plupart des espèces de Cécilies. Le genre Epicrium a été créé par Wagler, pour la seule espèce de Géciloïdes indiquée par Linné sous le nom de Cœcilia glutinosa. 1. L'EPICRIUM GLUTINEUX. Æpicrium glutinosum. Wagler. Caracréres. Trois cent vingt-cinq plis circulaires complets. Queue conique. Une bande jaunâtre le long de chaque flanc. Synonyuie. Serpens Cœcilia Ceylonica. Séb. tom. 2, pag. 26, tab. 25, fig. 2. Cœcilia glutinosa, Linn. Mus. Adolph. Fréd. pag. 19, tab. 4, fig. 1. Cœcilia glutinosa. Linn. Syst. nat. (RUE 10), tom. 2, pag. 229, et (edit. 12), pag. 893. Cœcilia glutinosa. Laur. Synops. Rept. pag. 69. Cœcilia glutinosa. Gmel. Syst. nat. pag. 1125. Cœcilia Sid sou. Herm. tab. affin. anim. pag. 248. Le Visqueux. Bonnat. Encycl. méth. ophiol. pag. 72, pl. 54, fig. 2. Le Serpent visqueux. Daub. anim. quad. ovip. pag. 704. Le Visqueux. Lacep. Hist. quadr. ovip. tom. 2 , pag. 468. Cœcilia glutinosa. Shaw. Gener. zool. tom. 8, pag. 996. Cœcilia viscosa. Latr. Hist. nat. Rept. tom. 4, pag. 258. Cœcilia glutinosa: Daud. Hist. nat. Rept. tom. 7, pag. 418. Cœcilia glutinosa. Cuv. Règ. anim. (édit. 1), tom. 2, pag. 87. La Cécilie visqueuse. Cloq. Dict. sc. nat. tom. CE, pag. 332. Cœcilia glutinosa. Hemprich, Geselschf. naturforsch. Freund. zu Berl. Magaz. (1824), pag. 299. Cecilia glutinosu. Merr. Tent. syst. amph. pag. 168. Le Visqueux. Bory de Saint-Vincent. Dict. class. d'hist. nat. tom. 4, pag. 283. Le Visqueux. Bory de Saint-Vincent. Res. d'Erpét. pag: 217: Ccilia hypocyanea. Hasselt, Isis, 1827, pag. 569. Ichthyophis Hasseltii. Fitzing. Verzeichn. der zoologisch. Mus. zu Wien. pag. 69. CÉCILOÏDES. G. EPICRIUM, 1. | 287 Epicrium Hassellii, Wagler, Isis, 1825, pag. 743. La Cécilie glutineuse. Cuv. Règn. anim. (2° édit.), tom. 2, pag. 100, The glutinous Cœcilia. Griff. anim. kingd. Cuv. tom. 9, p. 284. Glutinous Cæœcilia. Gray, Synops. Rept. in Griff. anim. kingd. tom. g, pag. 110. Javanese Cœcilia. 1d. tom. 9, pag. 110. DESCRIPTION. Formes. Le diamètre du corps, pris au milieu, est le vingt-deux ou le vingt-troisième de la longueur totale. On compte environ trois cent vingt-cinq plis, qui tous sont assez uniformément rap- prochés, les uns des autres. Ceux qui occupent les deux premiers tiers de la longueur du tronc ne l'entourent pas complétement, c'est-a-dire qu’ils ne descendent pas jusque sous le ventre , qui est lisse, uni dans toute l'étendue dont nous venons de parler. Ges mêmes plis des deux premiers tiers de la longueur du tronc, se font encore remarquer, en ce qu’ils se brisent sur un point de leur circonférence , de manière à former chacun un chevron très- ouvert, dont le sommet, dirigé en avant, se trouve placé ’positi- vement sur la ligne médio-longitudinale du dos. Les autres plis du corps, c’est-à-dire ceux qui en entourent le dernier tiers, forment des anneaux complets. Les écailles que cachent ces plis sont petites, nombreuses, minces, transparentes, sub-circulaires, offrant sur leur face supérieure un petit travail en relief, dont le dessin représente un réseau à mailles quadrilatéres. CoLoraTion. Une bande jaunâtre s'étend à droite et à gauche tout le long du corps, depuis le bout du museau jusqu’à l’extré- mité anale; en dessus et en dessous, l'animal offre une teinte ar- doisée. Dimensrons. Longueur totale, 31”. Diamètre du milieu du corps, 1° 4- Patrie. L'Epicrium glutineux se trouve à Java et dans l'île de Geylan ; le seul exemplaire qui existe dans notre musée, a été envoyé de ce pays par M. Leschenault. 208 BATRACIENS PÉROMÈLES. IV° GENRE. RHINATRÈME.— RAINATREMA. Nobis (1). CaracrTÈres. Tête déprimée, allongée; museau obtus; dents maxillaires et palatines eflilées , aiguës, couchées en arrière. Langue entière , à surface comme veloutée. Yeux distincts à travers la peau. Pas de fossettes , ni sous le museau, ni au-dessous des yeux. Cerps subfusiforme , à plis circulaires nombreux. Le seul caractère qui distingue ce genre du précédent, c’est l'absence complète de ces trous qu'on remarque dans toutes les autres Céciloïdes, soit sur le museau, soit sur ses côtés , plus ou moins près des yeux. La forme du corps et la disposition des plis que présente la peau qui l'enveloppe, sont absolument les mêmes que dans le genre Epicrium, On ne connaît encore qu’une espèce de Rhinatrème. 1. LE RHINATRÈME À DEUX BANDES. Rhinatrema Biviltatum. Nobis. Canacrères. Dessus et dessous du corps noirs; une bande jaune fout le long de chaque flanc. Synonvaie, Cœcilia bivittata. Cuv. Regn. anim. (2° édit.), tom. 2, pag- 100. Cœcilia bivittata, Cuer. Icon. Règ. anim. Cuv. Rept. tab. 25, fig. 2. Cœcilia bivillata. Griffith's Anim. kingd. Cuv., tom. 9, pag- 294. Two banded Cœcilia. Gray. Synops. Rept. in Griffith's Anim. kingd. Cuv. tom. 9, pag. 110. DESCRIPTION. Fonues. Un peu allongée, légèrement étroite, en même temps que faiblement déprimée, la tête du Rhinatrème à deux bandes, offre , par sa forme, quelque ressemblance avec celle de certains (1) De pr, nasus, nez; a privatif, et de rpyua, foramen, trou, narines sans trous, ou nez non percé. GÉCILOÏDES. G. RHINATRÈME. 1. 289 Ophidiens, et des Coronelles particulièrement. Les dents sont trés- effilées et très-couchées en arrière; la seconde rangée d'en haut, au lieu de former une ligne courbe comme la première, fait un angle arrondi à son sommet. Le diamètre du milieu du tronc est le vingt-sixième de la longueur totale du corps, autour duquel on compte trois cent quarante plis entiers parfaitement annuli- formes. Il existe une très-petite queue conique. Les plis de la peau se laissant aisément soulever à l’aide d'une pointe, on peut y apercevoir un assez grand nombre d'écailles circulaires , transpa- rentes, à surface relevée de lignes saillantes , dessinant une sorte de réseau. - Cororarion. Une assez large bande jaunâtre règne de chaque côté du corps ; les branches sous-maxillaires, dont le bord est brun , sont de la couleur des bandes latérales , ainsi que la marge du cloaque , et une petite raie longitudinale existant sur la queue. Dimensions. Longueur totale 20”. Téte. Long. 1” 1°”. Diamètre du milieu du corps 8”. Parrie. Cette espèce ne nous est connue que par un individu, acquis d'un marchand naturaliste, comme provenant de Cayenne. . Observations. C'est ce même exemplaire qui a été observé par Cuvier, et dont il a fait la Cæcilia bivittata dans la seconde édition du Règne animal , et figurée dans l'Iconographie de Guérin. Nous terminerons ce chapitre en consignant un fait dont nous devons la communication récente à M. Leprieur ; fait extrême- ment intéressant, en ce qu’il met au jour de la mänière la plus évidente un des points les plus importants de l’histoire naturelle des Ophiosomes resté caché jusqu'ici. Voici ce fait : M. Le- prieur , pendant son séjour à Cayenne , ayant eu l’occasion de se procurer une Cécilie vivante, qu’il plaça dans un vase rempli d’eau, la vit mettre bas , dans l’espace de quelques jours, cinq à sept petits parfaitement semblables à leur mère. Les Cécilies, malgré leur ressemblance plus grande avec les Batraciens qu'avec les autres Reptiles, seraient done des es- pèces ovo-vivipares. La fécondation de leurs germes s’opérerait à l’intérieur du corps; leurs métamorphoses auraient ieu dans l’intérieur du corps de leur mère , comme dans la Salamandre noire des Alpes. li REPTILES , VIII. 19 290 BATRACIENS PÉROMÈLES. CÉCILOÏDES. Observations sur cette famille, en réponse à une notice de M. de Blainville. Les dix-huit premières feuilles du présent volume avaient été présentées à l'Académie des sciences , au mois d’août 1838; nous avons déclaré dans lavertissement qui précède le tome V, page &; cependant, en novembre 1839, nous avions communi- qué l’analyse du présent chapitre, sous le titre de Mémoire sur la classification et la structure des Ophiosomes, famille de Rep- tiles qui participent des Ophidiens et des Batraciens, en rappelant l'historique de cette classification. M. de Blainville, dans la séance du 25 du même mois, a lu un mémoire sur le même sujet, dans lequel il relate tous les faits qui se trouvent consignés ici. Il se plaint « que nous lui avons assigné une trop petite part dans l’effort scientifique EL a conduit à ce résultat. » Nous nous sommes contentés alors de répondre , comme nous le répétons , que nous ne connaissons rien de publié sur la clas- sification des Cécilies avant le mémoire d’Oppel, cité par nous dans ce présent volume, page 48; or le mémoire de M. de Blainville, ou plutôt ses tableaux, ont été imprimés en 1816 et celui d’Oppel en 1810. C’est là (1) que ce dernier dit : « Je crois, avec Duméril, que le genre Cécilie appartient plus aux Batra- ciens qu'aux Serpents. Duméril a démontré ce que les Cécilies ont de commun avec les Serpents ; moi et mon ami M. de Blain- ville nous avons non-seulement trouvé les caractères qu’il a in- diqués, ete., » et il cite DumériL, Mémoire sur la division des Reptiles Batraciens , inséré dans le Magasin encyclopédique en 1807; Mémoires de zoologie, page 46 et 76. Nous n’avons rien de plus à opposer aux réclamations de M. de Blainville, sinon que nous avons publié nos idées en 1807 et qu’il a fait imprimer son prodrome dans le Nouveau Bulletin des sciences, en juillet 1816, page 105. (tr) Annales du Muséum d'histoire naturelle, tom, XVI, pag. 260, BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 201 CHAPITRE V. SECOND SOUS -CRDRE DES BATRACIENS. LES ANOURES. La dénomination d’'Anoures, qui nous à servi à dénoter depuis longtemps ces Reptiles, parce que, dans les espèces de ce sous-ordre, la queue semble avoir été retranchée du tronc par suite de leurs mé-. tamorphoses , ne suffirait pas pour faire distinguer ces animaux des autres Batraciens appelés Péromèles, si l’on n’ajoutait au caractère du défaut de ce prolon- gement de la colonne vertébrale au delà du bassin, d’une part l'excessive brièveté du tronc, puis l'absence complète d’écailles au dehors ou dans l'épaisseur de la peau, et d'autre part la présence constante de deux paires de membres. Si cependant on voulait en outre indiquer les moyens de reconnaître les Anoures d'avec les Urodèles, il fau- drait encore ajouter aux marques distinctives déjà signalées, celles d'avoir l’orifice anal arrondi et les pattes de derrière beaucoup plus longues que celles de devant. En sorte que les caractères essentiels des Batraciens Anoures pourraient être résumés ainsi : Patraciens à tronc large, court, déprimé, tou- Jours privé de la queue ; à deux paires de membres inégaux en longueur et en grosseur ; à peau nue ou complétement dépourvue d’écailles ; ; à orifice du cloa. que terminal et de forme arrondie. Quant à leurs caractères naturels, ils sont beau- 19. 202 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. coup plus nombreux, comme on peut le voir par l’ex- posé suivant : À | Corps court , comme tronqué; peau lisse ou ver- ruqueuse , non adhérente aux fibres charnues ; pattes postérieures ayant souvent une longueur double de celle des membres antérieurs, qui sont généralement plus gréles que ceux de derrière dans leurs diverses régions ; tête large, aplatie; yeux garnis de deux pau- pières , dont l’inférieure est en grande partie trans- parente et beaucoup plus développée que la supé- rieure ; bouche ordinairement très-fendue, toujours dépourvue de dents à la mâchoire inférieure, mais non pas constamment à la mâchoire supérieure, ou au palais; langue charnue, entièrement adhérente ou plus ou moins libre en arrière seulement , quelquefois exertile ; souvent une membrane du tympan distincte extérieurement. Ponte des œufs, ou parturition, le plus ordinairement avec l’aide des mâles, qui ne fécon- dent Îles germes qu'au moment où ils sortent du cloaque; œufs le plus souvent réunis en masse glai= reuse ou en cordons mucilagineux donnant naissance à des tétards, c’est-à-dire à des embryons dont la tête grosse est confondue avec le ventre, et dont le tronc se prolonge eu une longue queue comprimée et verticale; ces têtards subissent une métamorphose complète, en perdant la queue et en produisant des membres dont les postérieurs paraissent ordinaire- ment avant les antérieurs. Nourriture consistant, dans l’état adulte, en petits animaux vivants; mais sous la forme de têtards, en matières végétales. Nous nous étendrons peu sur les détails de l’orga- nisation des Anoures, parce que nous les avons fait connaître dans les généralités. Nous nous contenterons BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 203 de citer les articles dans lesquels le lecteur trouvera tous les renseignements qu'il pourrait désirer. D'abord les organes du mouvement ont déterminé, chez les Reptiles Batraciens , une conformation toute spéciale lorsqu'ils sont parvenus à leur dernier état; car, parmi tous les animaux vertébrés connus, ce sont les seuls dont le tronc , et par conséquent toute l’échine, se trouve composé du moindre nombre de vertèbres. Ensuite leurs cuisses , rapprochées à la base et articulées presque l’une contre l’autre à leur ori- gine , sont situées sur l’axe du tronc, vers la symphyse du pubis, de sorte que les cavités colo les accolées recoivent dans la ligne médiane les têtes des os fémurs, et transportent ainsi directement, sur l'axe de l’é- chine, tous les efforts que les muscles impriment à ces longs leviers. Cette circonstance a rendu leurs pattes de derrière éminemment propres à produire le saut, ou ce mouvement à l’aide duquel le corps de la Grenouille , comme celui de la Rainette, se projettent dans l’espace, en quon momentanément le plan qui les supportait d'abord , à plus de vingt fois leur lon- sueur totale. à - Ïl faut ajouter encore : 4° que l'abdomen des Anou- res n'étant limité dans son pourtour ni par les côtes, ni par Ja peau qui n'est pas adhérente aux muscles, permet aux poumons et aux organes digestifs une plus grande expansion en largeur; 2° que leur bouche, fendue généralement au delà des oreilles, et leur mâ- choire inférieure étant articulée en arrière du crâne, laisse une ouverture considérable pour l'introduction d’une proie volumineuse ; 3° que. leur langue, toute charnue et quelquefois projectile , n'est pas soutenue par le corpsou le prolongement médian de l'os hyoïde ; 294 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. L° qu'ils peuvent produire des sons bruyants à l’aide de fair qui sort de leurs poumons, parce qu'ils jouis- sent d’une véritable voix ; 3° enfin que leur transfor- mation est complète; leur têtard ayant d’abord une forme allongée et des branchies qu’il perd constam- ment, lorsque, par le développement des pattes an- térieures , l'animal jouissant de la vie terrestre, peut se servir de tous ses membres pour la progression. Comme nous avons exposé dans les considérations générales l’organisation et les mœurs de ces Batraciens Anoures dazs le second chapitre de ce volume, nous indiquerons seulement par quelques notes les pages où se trouvent consignés les détails qui pourront pré- senter quelque intérêt (1). Le groupe très-naturel des Anoures correspond au genre #ana de Linné, ou c'est plutôt le genre Rana lui-même, accru de toutes les découvertes faites jus- qu’à ce jour en espèces analogues aux Grenouilles, aux Rainettes et aux Crapauds , découvertes qui sont im- menses, si l’on considère que le célèbre auteur du Systema naturæ n’a mentionné que dix-sept de ces animaux, tandis que nous en connaissons près de deux cents aujourd’hui. On comprend qu'une telle (1) Des mouvements en général, pages 62 à 77. Des muscles, pag. 78; le saut, pag. 82 ; le nager, pag. 85 ; la marche, pag. 86 Des organes de la sensibilité, pag. 98. Le toucher, pag. 108 ; l'odo- rat, pag. 118 ; l'ouie, pag. 121 ; le goût , pag. 119-132; la vue, p. 123. Des organes de la nutrition, p. 125. Digestion , pag. 126; circu- lation, pag. 145; respiration, pag. 155; voix, pag. 163; chaleur animale , résistance à la chaleur et au froid , pag. 165 ; absorption et exhalation , pag. 190 ; sécrétions, pag. 176. Excrétions, pag. 181; re- production des membres, p. 184. Des organes de la génération, p. 186. Développement, métamorphoses, p. 205 ; particularités, p. 216. Prétendues pluies de Crapauds, p. 223. BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 209 augmentation numérique dans une série d'espèces se ressemblant, il est vrai, par l’ensemble de leur struc- ture mais excessivement différentes les unes des autres, dans les détails de leur organisation, dans leurs mœurs , leurs habitudes et leur mode de se re- produire , rendait absolument nécessaire leur réparti- tion en un seu nombre de genres, afin d'arriver plus facilement à caractériser chacune d'elles avec l'exactitude , la précision qu’exige l’état présent de la science. C'est ce qui s'est en effet opéré, mais lente- ment, successivement et en se perfectionnant tou- jours davantage, c'est-à-dire au fur et à mesure que les êtres qui en étaient l’objet ont été mieux connus, mieux étudiés, ou lorsque, ne se bornant plus seu- lement à l'examen des parties extérieures de ces Reptiles, on s’est aussi appliqué à rechercher dans leurs organes internes, siéges de fonctions plus im- portantes , les rapports qui les lient entre eux et les différences qui les éloignent les uns des autres. C’est la marche qu'a suivie ce perfectionnement de la méthode naturelle en classant les Anoures qu’il nous reste maintenant à faire connaître, avant d'aborder l'étude particulière des familles, des genres et des espèces de ce second sous-ordre des Batraciens. Linné, ainsi que nous le disions tout à l'heure, comprenait tous les Anoures dans son genre ana. Laurenti en fit le premier ordre de la classe des Rep- tiles, sous le nom de Salientia, et les partagea en cinq genres : Pipa, Bufo, Rana, Hyla et Proteus. Pour Lacépède, ils devinrent une classe particulière, celle des quadrupèdes ovipares sans queue, dont il ne forma plus que trois genres, les Grenouilles, les Raï- nes et les Crapauds. Side admit cette triple divi- 206 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. sion générique des Anoures. Dans la classification de cet auteur ils constituent un ordre à part, sans déno- mination propre. Quelques années plus tard, Bron- gniart d'abord, Daudin ensuite les réunirent aux Sa- lamandres et espèces analoeues, dans un seul et même genre, sous le nom commun de Batraciess, mais tou- jours partagés en trois genres principaux. A quelque temps de là, nous proposâmes de diviser cet ordre, d'après la persistance ou la non-persistance de la queue , en deux familles, ou celles des Urodèles et des Anoures, en rétablissant dans celle - ci le genre Pipa de Laurenti; et en cela nous fümes complétement imité par Oppel, dont le travail sur la classification des Reptiles Part en 1810. Mais Cuvier ne partagea pas notre manière de voir à l'égard de cette subdivision des Batraciens en deux familles, car ces Reptiles, dans ses éditions du Règne animal, sont indistinctement compris dans le même ordre, ainsi que l’avaient pré- cédemment fait Brongniart et Daudin. Dans sa pre- mière édition, Cuvier sépare aussi, comme nous, les Pipas des Crapauds; et dans la seconde, dont la date est de 4829, il mentionne deux genres nouveaux, les Dactylèthres et les Otilophes, et reproduit ceux de Ceratophrys, d'après Boié; de Bombinator et de Bre- viceps, d'après Merrem , et de Æhinelle , d'après Spix. En 1816, M. de Blainville, réservant le nom de Ba- traciens aux seules espèces à queue caduque, en fait le premier ordre de sa classe des Amphibiens, et le partage en deux sous-ordres qu’il appelle, le premier, celui des Æquipares , comprenant les Grenouilles , les Rainettes et les Crapauds, et le second celui des Dor- sipares , renfermant le seul genre Pipa. C'est aussi dans un ordre particulier, le second de sa classe des BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 207 Batrachia, auquel il restitue le nom de Salientia pro- posé longtemps auparavant par Laurenti, que Merrem range nos Batraciens Anoures, mais sans les subdi- viser autrement qu'en groupes génériques dont le nombre s'élève à six, c’est-à-dire à deux de plus qu’on n’en avait mentionné jusque-là : ces deux nouyeaux genres sont ceux de Bombinator et de Breviceps. Le Tentamen synopsis amphibiorum de Merrem avait paru en 1820. Six ans après, M. Fitzinger publia un travail sur le même sujet, où les Batraciens sans queue sont partagés en quatre familles formant avec une cinquième , Composée seulement des Salamandres et des Tritons, la tribu des Mutabilia , appelée ainsi par opposition à celle des Zmmutabilia à laquelle appartiennent Îles espèces, telles que les Protées, les Sirènes , etc. , qui conservent deux sortes d’organes respiratoires pendant toute leur vie. Ces quatre fa- milles correspon 'antes à notre sous-ordre des Anoures sont désignées par les noms de Ranoïdes, de Bufo- noïdes , de Bombinatoroïdes et de Pipoïdes : la pre- mière renferme les genres //yla, Calamita, Hylode, Rana, Ceratophrys et Leptodactylus ; la seconde, les genre Pufo et Rhinella ; la troisième, les genres bom- binator, Strombes, Physalæmus, ÆEngystoma et Bra- chycephalus ; enfin la quatrième, le seul genre Pipa. Les caractères sur lesquels M. Fitzinger a établi la subdivision des Anoures en quatre nulles. sont tirés d’abord de l'absence de la langue, d’où la for- mation du groupe des Pipoides, pour le genre unique des Pipas; ensuite de la présence de cet or- gane, jointe à l'existence de dents sur les deux màâ- choires, ce qui a donné lieu à l'auteur de réunir, sous le nom commun de Ranoides, les Grenouilles et CS 208 BATRAGIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. les Rainettes , tandis qu'il en a séparé les Bufonoïdes ou les Crapauds , par cela même que leurs mâchoires ne sont point dentées. De l'emploi des moyens que nous venons d'indiquer, il est résulté trois coupes bien naturelles; mais il n’en a plus été de même lorsque M. Fitzinger a voulu faire servir à l’établis- sement d’une quatrième famille l’invisibilité du tym- par, caractère d’une si mince valeur qu'il est tout au plus propre à différencier un genre d’un autre genre : aussi la famille des Bombinatoroïdes n'est-elle qu'un composé d'espèces on ne peut plus disparates. Quoi qu'il en soit, nous devons dire que cette partie du travail de M. Fitzinger, relative aux Batraciens Anoures, renfermait des vues nouvelles, qui ont cer- tainement contribué au développement des connaïs- sances qu'on possède aujourd'hui sur ces Reptiles. Mais on ne doit pas moins sous ce rapport à Wagler, dont le principal ouvrage, son Système des Amphi- bies, publié en 1830, marquera le commencement d'une époque de véritables progrès pour la science erpétolosique. Nos Batraciens Anoures y forment, avec les Salamandres et les Tritons , un ordre entier (Rae) partagé seulement en deux familles, les Aglosses etles Phanéroglosses ; celle-là ne comprend que le genre Sie ou Astérodactyle, comme il l’ap- pelle : F première division réunit tous les autres Ba- truciens sans queue d’une part, et de l’autre les deux senres d’Urodèles cités plus haut. La totalité des genres d'Anoures, caractérisés par Wagler, est de vingt-sept, parmi lesquels quatorze le sont pour la première fois. En voici la liste : Æ/ypsiboas, Auletris, Phyllomedusa, Scinax, Dendrobates, Phyllodytes, Enydrobius, Cystignathus, Pseudis, Hemiphrac- BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL 290 tus, Chaunus, Paludicola, Pelobates, Alytes.'Tou- tefois nous devons faire remarquer que quelques-uns d’entre eux ne nous ont pas paru devoir être adoptés, à cause du peu d'importance des caractères d’après lesquels ils avaient été établis : les motifs sur lesquels nous fondons notre opinion à cet égard seront déve- loppés en traitant, soit des familles, soit des genres en particulier. Le dernier travail original sur la classification des Anoures, dont nous ayons à donner l'analyse, est ce- lui de M. Fschudi (1), travail qui, ainsi que nous l'avons dit dans la préface du présent volume , a été fait en même temps que le nôtre et presque d’après les mêmes principes (pour ce qui concerne les genres seulement), mais qui a pu paraître beaucoup plus tôt, attendu qu'il ne renferme que les indices caractéris- tiques des familles et des genres, sans la synonymie ni la description d'aucune espèce. M. Tschudi considère les Anoures comme formant, dans la classe des Reptiles, un ordre qu'il appelle celui des Batrachia, et qu'il partage en sept familles, comprenant chacune un beaucoup plus grand nombre de genres qu’on n’en à encore publié jusqu'ici. Le lecteur peut au reste prendre d'avance une idée de la classification de M. Tschudi, par le tableau synop- tique que nous plaçcons ici dans cette intention, et que nous faisons suivre de la caractéristique de cha- cune des sept grandes divisions qui s’y trouvent in- diquées. (x) Classification der Batrachier, mit Beruksichtigung der fossilen thiere dieser Abtheilung der Reptilien. (Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Neufchätel, tom. 2. ) e BATRACIENS ANOÛURES EN GENERAL. 300 “va191408Œ ‘& *sDJA19UPOL9ISY ‘E sous +, + *ydid ‘2 snuXiydoapvz ‘9 “ong ‘ÿ ‘snuneyg " e À... ei $ : -snudopnO ‘€ *oynqopnosd' ‘C: ‘sngeqdsofqoeig *T SANOAAA -snss01SÂXO : ‘OI: sp ‘G.\. ‘sneydoooua]s ‘ÿr: “etovpetg "6. ‘snpeydonxfa ÿ j. “ewuosÂs ‘CI ‘2wapoin2][d "Q” ‘sndomdvog ‘£: ? ‘ ‘SAUCEVNIINOA ‘A -sau{iydoe# ‘GI: Jopeuiqu og ‘à ‘sajuqopog ‘€ À -s{iydo1910$; "TE -snj{yd0794" ‘9: "SRIQOJEUOL ‘I -sRaydoïa1sy ‘Ÿ *soiaoou{iyd ‘& | . | _ -s£iydoyeSon ‘€ *s£uydoqei9 *E } SIQAUHAOLVUHI, ETRIOVULLVE *sny9P1109080T ‘O “sipnosq ‘€ | | -snyduwue10124:°ç. *sNSS0[F09SIT ‘G j noter ur ei “NL °C “unryoviq07do"t "L -sueudo20710d: ‘Ÿ eut CE *sndoj{suous ‘€ *eIUH9 G “snyjeuSns£9 ‘Er ‘ * ‘IREVNOIISAO ‘6 ‘poprouey ‘OT ‘snaoydooeyx °G *s23594010 ‘G' “erueqem ‘4 ‘puravi ‘CG ssogupodA|oq ‘ÿt ‘svoqisdix ‘9 j “sopoj ‘1G “euoSang ‘er ‘snoufyaouayds ‘6 RSS oc en ee à : ur WTÂH ‘7 *‘EMONT ‘O8 ‘svÂyoapuoq ‘CI epAqouoTE ‘Ÿ “usoyg 61 ‘sngeydoofqouug ‘TE ‘Jojnu109 ‘€ “srydoog ‘81 "euIPPOIauX, ‘OI “uisolde ff *c *stuouong ‘LT -sndoydo7 ‘6 -esnpatwuoméyd ‘I [HE URI AE ES = a ; ee 0410 (1) Les noms en ilalique sont ceux des genres fossiles, BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉPAL. 3o1 1. Hyzæ. Un renflement à la première phalange des doists de devant et de derrière. 2. Cxsrienarui. Tête voutée, plus allongée que chez les précédents ; doigts pointus, libres. 3. Raxæ. Semblables aux Cystignathi, mais ayant les doigts des pattes postérieures réunis par une membrane: | k. CEraroParypes. Tête très- grosse, anguleuse, obliquement allongée en avant ; paupière supérieure prolongée en pointe. 5. BoMBINATORES. Corps et extrémités raccourcis; tête plus arrondie que chez les fan ; peau mame lonnée. 6. Buronrs. Extrémités plus longues que chez les précédents ; corps très - mamelonné ; langue ovale; mäâchoires sans dents. 7. Prex. Fête pointue, lisse, peu distincte; doigts des pattés de devant minces, pointus; ceux des membres postérieurs réunis par une large membrane natatoire ; langue confondue avec la peai de là cavité buccale. T'elles sont les marques distinctives que M.'Fschudi donne comme proprés à faire reconnaitre l’une de l'autre les sept familles en lesquelles il a cru devoir partager son ordre des Batrachia. Mais il sufit de comparer cés diagnoses entre elles pour s’'apercevoir de suite que l’auteur n’a nullement atteint le But qu'il se propôsait : la raison en est simple, c'est qu'il n’y avait réellement pas lieu d'établir un pareil nombre de grandes divisions parmi ces Reptiles, ou, pour parler plus clairement, les Cystignathes , les Ceratophrydes et les Bombinatorés sont trois groupes évidemment superflus. C’est en effet sans nécessité qu’il les a sé- pärés des Ranæ ; car on ne peut pas considérer comme 302 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. un moyen de distinction entre une famille et une autre, Ce qui ne servirait pas même à différencier deux genres, le manque de palmure aux pieds ; encore cela n'est-il pas exactement vrai ; attendu que la plu- part des Cystignathes ont les orteils réunis par une courte membrane. Le prolongement en pointe de la paupière supérieure des Cératophrydes n’est pas non plus un caractère d’une telle importance qu’il eüt dù être employé dans le cas dont nous parlons; M. Fschudi dit bien aussi, il est vrai, qu'avec cette forme particulière de la paupière, ces Anoures ont une grosse tête anguleuse et chliquement allongée en avant; mais cela ne s'applique pas à tous les Céra- tophrydes , puisque chez les Megalophrys cette partie du corps est au contraire très-aplatie hori- zontalement, parfaitement plane et tout à fait lisse. Quant aux Bombinatores, on conviendra que leur éloignement des #Ranæ n’est pas mieux fondé; c’est parce qu’ils ont le corps et les membres plus courts que ces derniers, et la peau mamelonnée, dit M. Tschu- di; mais est-ce que toutes les Grenouilles ont la peau lisse? Parmi les Pombinatores, n’y en a-t-il pas, tels que les Pelobates par exemple, qui soient aussi étendus en longueur que certaines Grenouilles ? Quoique nous ayons fuit connaître, dans le premier chapitre de ce volume, les bases d’après lesquelles nous avons cru devoir distribuer le sous - ordre des Anoures , en exposant la classification que nous avons définitivement adoptée, nous croyons devoir les rap- peler ici très-brièvement. Ainsi deux groupes ou tribus divisent ce sous- ordre : quelques espèces n’ont pas de langue dis- tincte, ce sont les Pnrynacrosses , comprenant la seule famille des Pipæformes ; dans l’autre tribu, BATRACIENS ANOURES EN GËNÉRAL. 303 qui renferme un très-grand nombre de genres, il y a une langue charnue distincte , mais de forme variable ; on les a nommés, à cause de cela, les Prawé- roGLOssEs. Ils sont partagés en trois familles; dans l’une la bouche n’est jamais armée de dents, si ce n’est très - rarement au palais; tels sont les Crapauds ou Bufoniformes ; dans les deux autres familles il y a des dents à la mâchoire supérieure , mais les espèces de l’une offrent à l'extrémité libre des doigts une sorte de renflement ou d’épatement, comme dans les Rai- nettes : ce sont les Æ/ylæformes ; tandis que celles de l’autre n’ont pas l'extrémité des doigts dilatée ; on les appelle les Æaniformes, parce qu’elles ont pour type le genre Grenouille (1). L'histoire naturelle des Batraciens Anoures et l’é- tude particulière des Grenouilles a fourni l’occasion la plus favorable pour découvrir et expliquer plusieurs faits curieux et des plus intéressants. Comme ces Rep- tiles ont une structure facile à étudier, beaucoup d’a- natomistes s’en sont occupés avec succès, et leur or- ganisation est aujourd'hui si parfaitement connue qu’elle sert réellement à éclairer certains points de la physiologie qui étaient encore obscurs Gette circonstance nous a engagé à présenter l’année dernière, a l'Académie royale de médecine, un petit mémoire sur ce sujet. Comme il a été écouté avec quelque intérêt, nous avons cru devoir le faire in- sérer ici pour rappeler et résumer ces particularités véritablement fort instructives , dont les détails se re- trouvent dans les généralités qui font partie de ce volume. RE A AR SE a PO AE (1) Voyez, page 53, le tableau synoptique indiquant la distribulion des Batraciens en sous-ordres, groupes et familles. 304 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. Notice historique sur les découvertes faites dans les sciences d'observation par ? étude de l’organisation des Grenouilles. « Les animaux de l’ordre des Grenouilles , en raison de leur organisation très-particulière, ont fourni aux personnes qui se livrent à l'étude des sciences d’obser- vation, les circonstances les plus favorables pour in- terroger la nature dans un grand nombre de recherches importantes. Les singularités que présente là struc- ture de ces Reptiles ont produit de merveilleuses dé- couvertes, qui ont jeté Île plus crand jour sur plu- sieurs parties de la physique, de Ja chimie et surtout de la physiologie. C'est ce que. nous essaierons de prouver par cette notice, dans laquelle nous nous proposons de rassembler les faits principaux et sur- tout de revendiquer, en faveur de Swammerdam, quelques observations que ce célèbre anatomiste avait faites le premier , sur la forme des globules du sang examinés au microscope, et surtout sur l’action dite galvanique , exercée sur les muscles par deux métaux différents mis en contact, au moment où l’un d’eux vient à toucher un nerf, » D'abord, sous le rapport de l’économie animale, nous rappellerons que ces Batraciens ont offert aux physiologistes des expérimentations naturelles, opé- rées constamment de la même manière, sur un très- grand nombre d'individus; que ces recherches peuvent être répétées chaque jour et sous nos yeux, sans tran- sition rapide, sans souffrances, sans danger pour la vie de l'animal, sans effusion de sang ; et que leurs résultats, à jamais positifs et permanents, ne peuvent BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 305 par conséquent être contestés raisonnablement. On est même forcé d’avouer aujourd'hui que les inves- tigations les plus hardies de la science auraient inu- tilement tenté de résoudre ces problèmes physiolo- giques que la simple observation a si complétement démontrés ; car, comme l’a dit Buflon, s’il n'existait pas d'animaux, la nature de l’homme serait encore plus incompréhensible. » Par ces démonstrations, on peut apprendre com- ment un être, sans cesser de rester le même, en con- tinuant de vivre et d'agir , peut subir successivement, mais peu à peu, diverses transformations , de manière à présenter une série de phénomènes produits par des organes qui se substituent lentement les uns aux au- tres , et comment les fonctions de cet animal s’altèrent, se modifient, s’oblitèrent et se remplacent , suivant les besoins ou les nécessités de sa nouvelle existence. » Ainsi un animal actif, vivant d’abord et respirant uniquement dans l’eau , où il nage avec rapidité et par le même mécanisme que le poisson dont il avait recu primitivement les formes et la structure, se trouve insensiblement métamorphosé en quadrupède agile, qui doit respirer dans une atmosphère gazeuse. Forcé par cette circonstance même d'abandonner son pre- mier genre de vie, il va changer tout à fait ses mœurs et la nature de son alimentation. » Alors, si le terrain lui offre un point d'appui ré- sistant, il mettra en aclion l’admirable assemblage des leviers osseux et des muscles de ses membres pos- térieurs, qui ont remplacé sa longue échine modelée et organisée en nageoire verticale. Il emploiera toute sa puissance motrice pour quitter subitement le plan qui le supportait, et, s'élancant dans l'espace, il fran- REPTILES, VII. 20 306 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL, chira par un seul effort, admirablement combiné, toute la distance qu'il doit parcourir en quittant le sol, dans une étendue qui pourra excéder, de plus de trente fois au moins , sa longueur totale. » Mais ce même appareil, si bien disposé pour pro- duire le saut vertical, excitera bien plus notre curio- sité par son mécanisme et notre admiration par la simplicité de ses effets, quand nous le verrons , quoi- que restant le même, et à l’aide d’un léger déplace- ment dans la direction des os du bassin ou des hanches devenues mobiles ; rester plus apte encore à l’action du nager, qui en réalité se réduit ici en une suite de projections plus où moins horizontales. Tous les efforts de la motilité la plus énergique tendent à se trans- mettre directement au tronc et à lys: une im- pulsion dans l’axe du corps, soit à l’aide des deux membres postérieurs ,. agissant simultanément en se débandant à la fois; soit que l'animal, n’allongeant qu'une seule de ses pattes, en étale les membranes plantaires pour s'appuyer sur l’eau, afin d’y rencontrer une résistance nécessaire. Alors l’excès de la force se trouve reporté et transmis sur la masse totale du corps, soutenue constamment par celle du liquide qu'il dé- place et dans lequel il reste immergé. » Cette transformation graduée d’un animal essen- tiellement aquatique, qui devient peu à peu terrestre et aérien, n'a pu s’opérer sans entraîner après elle les plus grandes mutations ; d’abord, comme nous venons de le rappeler, dans les organes du mouvement, puis dans les appareils destinés à produire les actes hydrau- liques et Fe mHAQUeS qui sont nécessaires à la circu- lation et à la respiration, dans ces deux genres de vie si différents l’un de l’autre , mais qui s'exécutent par BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 307 un mécanisme qui, en réalité, n’a éprouvé qu’une très-légère modification. » Les branchies , à la surface desquelles l’eau, par les gaz qu’elle renferme, venait vivifier la totalité du sang sur le têtard, ont été lentement remplacées par le développement des poumons vésiculaires , dans l’in- térieur desquels l’air devra être refoulé par un méca- nisme ou par un nouveau mode d'inspiration, em- prunté à l’appareil de la déglutition. On concoit quels changements a dû exiger cette transposition d'organes destinés à exécuter une seule et même fonction par des moyens si différents. De là l’oblitération de certains vaisseaux , tandis que d’autres s’allongeaient ; se dila- taient pour remplacer les premiers, afin de s’accom- moder successivement et avec lenteur à ce nouveau mode d'exécution dans les actes respiratoire et circula- toire, qui restent constamment, comme nous aurons bientôt occasion de le rappeler, dans une dépendance nécessaire et absolue. » C’est sur les membranes des pattes de la Grenouille, soumises au microscope, et sur les branchies de son têtard , que le mode et les effets de la circulation ca- pillaire ont pu être bien observés; mais c’est peut-être à tort qu'on a attribué la priorité de cette découverte à Leeuwenhoeck. Quoi qu’il en soit ,ireste avéré que dans les premiers temps la totalité du sang veineux est poussée par le cœur dans les vaisseaux qui viennent se ramifier à la surface des franges branchiales, pour y éprouver les eflets de l’hématose, comme dans tous les poissons ; que peu à peu ce mode de circulation se trouve complétement changé avec l’entier développe- ment des poumons. Ge fait était connu de Swammer- dam, qui l'avait même démontré, car il en avait tracé 20: 308 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL, des figures exactes ; et il a même parfaitement indi- qué et représenté l’oblitération des artères branchiales et le développement de la petite branche qui, se dé- tachant primitivement de chaque côté , était destinée à devenir ultérieurement l'artère pulmonaire ou vei- neuse (1). » Qu'il me soit permis de rappeler à ce sujet cette autre circonstance , qui a échappé à Haller, puisqu’en parlant de la découverte des globules du sang (2), dans sa grande Physiologie, il l'attribue à Malpighi et prin- cipalement à Leeuwenhoeck ; car il a cité le premier de ces auteurs comme les ayant indiqués , en 1665, etila donné pour le second la date précise du 13 août 1673 (3). C’est ce que tous les physiologistes ont répété depuis. Cependant il est avéré que les recherches de Swam- merdam sur les Grenouilles étaient faites dès l’année 1658 ; il cite lui-même cette époque. Ce qui peut ex- pliquer ce fait, c’est que la Bible de la nature, écrite d’abord en hollandais par l’auteur, puis traduite en latin par Gaubius, n'a été publiée qu’en 1737, cin- quante-huit ans après la mort de ce célèbre anatomiste. Voici , au reste, la traduction de ce passage, dont nous donnons ici le texte en note : « En examinant au » microscope le sérum du sang, j'y voyais flotter un » nombre immense de particules arrondies, de forme » ovale, comme aplatie, ayant toutes cependant une (1) Swauwrapan. Bibel der natur., tom. I, pag. 830, PI. XLIX, fig 3-4. (2) Harter. Elemeñta physiologiæ , tom. II, pag. 59 et 54. (3) La lettre de Leeuwenhoeck avait été adressée au secrétaire de la Société royale dé Londres, à celte date ; elle a été reproduite depuis dans les Arcana nalurcæ. BATRACIENS ANOURES EN GÉNERAL. 309 » figure régulière... Elles roulaient sur elles-mêmes » de diverses manières (1). » ». La respiration et la circulation sont, comme on sait, constamment liées entre elles et dans une dépen- dance absolue; aucun changement ne survient dans l’une de ces fonctions, que l’autre n’y participe. On voit cependant , dans l’un comme dans l’autre cas, le premier mode d'organisation se continuer ici par le mécanisme primitif. L'eau ou l'air dans lesquels l'ani- mal est plongé, sont appelés et obligés de pénétrer en volume calibré, pour ainsi dire, et déterminé par l'ampleur de la cavité buccale, pour être de là poussés, par l'acte de la déglutition, soit à l'extérieur des branchies, soit dans l’intérieur des poumons, afin dese mettre en rapport avec le sang veineux qui doit s’ar- térialiser dans les divisions capillaires des ramuscules anastomosés du tronc principal qui provient directe- ment du cœur. » La ténuité des membranes natatoires étendues entre les doigts des pattes postérieures, la transpa- rence du péritoine, celle des vésicules pulmonaires qui sont larges , amplement développées, qui peuvent être gonflées par l’animal , rester dilatées hors de sa cavité abdominale , s’affaisser et se remplir de nouveau (2), ont permis de suivre le cours du sang et de soumettre les vaisseaux à une pression atmosphérique moindre ou augmentée. C’est alors qu’on a pu admirer à loisir (1) In sanguine serum conspiciebam in quo immensus fluetuabat or- bicularium particularum, ex plano ovata, penitus tamen regulari figura gaudentium numerus..… prout nimirum diversi modi in sero sanguinis circumyolvebantur, Swammerdam, Biblia naluræ, t..Î1, pag, 839. (2) Ce mode de respiration était connu de Malpighi, de Morgagnt et de Swammerdam, (oyes nntes 2, 3, 4, pag. 160,) 310 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. et pendant longtemps la rapidité et la régularité du cours du sang dans les canaux qu’il parcourt : d’un côté dans les veines , où le flux est continu et si con- stant , qu'il ne saurait être aperçu ou distingué sans les globules colorés que cette humeur charrie et qui se laissent parfaitement voir au milieu de la portion séreuse plus fluide qui les enveloppe ; et de même dans les artères par les pulsations et les jets successifs plus ou moins rapprochés ou éloignés , suivant l'impulsion que le cœur doit leur communiquer pendant un espace de temps qui peut être fort long. » L'étude des organes de la digestion chez ces Ba- traciens n'offre pas un moindre intérêt aux réflexions des physiologistes. Ges Reptiles, sous leur première forme , celle de têtard pisciforme , avaient la bouche étroite ; ils ne pouvaient d’abord que sucer, puis se nourrir uniquement de substances végétales coupées et divisées en parcelles, à l’aide d’un bec de corne, afin d’être introduites dans les circonvolutions d’un tube digestif dont l'ampleur ou la longueur sont consi- dérables, comme dans tous les animaux herbivores. Mais quand la métamorphose s’est opérée, la bouche a changé de forme; les mâchoires sont dépouillées de leur étui de corne tranchante ; elles se sont allongées , élargies ;: leur commissure s'étend alors au delà du crâne ; la langue visqueuse, fixée et attachée en avant, libre en arrière , peut être lancée, projetée au dehors par une sorte d’expuition. Ainsi retournée , renversée sur elle-même, elle est avalée, humée rapidement ; elle entraîne avec elle la proie qui s’y colle, et dont elle ne se sépare ou ne se débarrasse que par sa propre contractilité. La déglutition commence bientôt, parce que l'animal opère le vide par la glotte. Comme Îa BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 311 nourriture consiste en substances animales, le plus souvent douées encore de la vie et du mouvement, la préhension en est rapide, subite, afin de saisir inopi- nément la proie à distance; elle est violente pour vaincre la résistance de la victime, qui se trouve bien- tôt engloutie et précipitée dans un vaste estomac. Par- venue là , elle ne tarde pas à être privée de toutes ses facultés ; elle périt. Puis ramollie, dissoute , décom- posée, ses éléments pénètrent dans un canal qui a tout au plus la dixième partie de sa longueur primitive; car le chyme qui en provient contient, sous un moindre volume, des sucs qui avaient déjà été élaborés par l'animal dont ils faisaient partie constituante, et qui, par cela même, sont maintenant tout préparés et disposés à l’assimilation directe. » En effet, le même animal , lorsqu'il était encore tétard herbivore, avalait une prodigieuse quantité d'aliments ; son canal digestif était tellement prolongé que, déroulé de ses nombreüses circonvolutions spi- rales , il pouvait présenter une étendue qui dépassait de plus de sept fois la longueur totale de son corps : preuve irrécusable que les goûts et les habitudes doi- vent changer dans les animaux comme les organes des- tinés à la nutrition, et réciproquement, puisqu'on voit, dans d’autres espèces subissant aussi des méta- morphoses , des modifications qui se manifestent en sens inverse. Pour ne citer qu'un exemple , ne le trou- vons-nous pas dans les Hydrophiles, parmi les in- sectes, qui, de carnassiers et de vers assassins qu'ils étaient sous leur première forme, celle de larves, sont devenus uniquement herbivores sous celle d’insecte parfait ? Ils attaquaient d’abord les petits animaux vivants pour se nourrir de leur chair en les digérant , 312 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. au moyen d'un intestin très-court; mais, comme coléoptères , ils se repaissent uniquement de débris de végétaux qu'ils engloutissent en grande quantité dans un tube digestif d’une longueur prodigieuse, contourné sur lui-même, et dix à douze fois plus étendu qu’il ne l'était dans leurs larves. fl » Aucun animal n’est plus propre que la Grenouille à la démonstration de plusieurs faits importants rela- tifs à l'absorption et à l’exhalation par la peau , ainsi que la résistance à l’action du calorique , comme l'ont prouvé les curieuses expériences de Robert Townson, de F. Delaroche et de M. Edwards aîné. Privé d’é- cailles et à peau toujours humide, ce Reptile, lorsqu'il est exposé à l’action d’une atmosphère sèche et dont la température est élevée, peut, sans perdre la vie, ré- sister d’une part et longtemps à la chaleur sans s’échauf- fer, à l’aide de l’évaporation rapide et continue qui a lieu à sa surface; et d'autre part il peut, en moins d’une heure, diminuer de volume de près de moitié, et puis, dans quelques circonstances , repomper, par les téguments de la partie inférieure du corps, assez d’eau pour reprendre son poids primitif. Des expériences, instituées avec le plus grand soin, ont appris que cette absorption avait lieu ainsi , et que la Grenouille pouvait même faire provision d’une assez grande quantité de liquide qu’elle conservait dans une ample citerne , afin de fournir à cette évaporation, quand elle est obligée de rester exposée à l'air, sur un terram sec et à la vive ardeur du soleil , afin de conserver la température qui lui convient. » C’est surtout la fonction génératrice chez les Ba- traciens qui a présenté aux physiologistes un grand nombre ze circonstances importantes à observer. Les BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. 313 faits à cet égard et les observations sont si extraordi- naires, que, par leur anomalie même, ils ont dü ap- peler l'examen le plus sérieux et les méditations de tous les hommes qui ont cherché à remonter à l’ori- gine des êtres et à celle de leurs organes. Cette opéra- tion, en général si occulte, si profondément intime, si mystérieuse , en s’exécutant ici au dehors de l’ani- mal et sous nos yeux, a pu être étudiée dans toutes ses phases. La redondance de la vie, l’exubérance des matériaux obtenus par la nutrition, ce besoin, cette exigence impérieuse de la nature qui appelle tous les êtres organisés à perpétuer leur race et à communi- quer l'existence à un certain nombre d'individus des- tinés à leur succéder, se manifeste chez la Grenouille de la manière la plus évidente. » Les germes , sécrétés et séparés du corps de leur mère-avant d’avoir été fécondés, ne recoivent réelle- ment la vitalité qu’à l'extérieur des membranes trans- parentes à travers lesquelles il a été loisible d’exa- minér jour par jour toutes les évolutions, tous les changements qui surviennent dans les formes et le développement des embryons. On a pu ainsi assister à leur transfiguration et suivre , dans leurs divers âges, les apparences et les modifications de leurs organes, dont les variations se trouvent nécessitées par la na- ture des milieux dans lesquels les individus sont ap- pelés à vivre, à se nourrir, à respirer, à se mouvoir d'une tout autre manière. » Enfin personne n'ignore aujourd’hui que les Gre- nouilles ont été la cause, ou du moins qu’elles ont fourni l’occasion des plus grandes découvertes sur l'électricité et des explications ingénieuses et plau- sibles sur ia manière dont paraissent se transmettre, 314 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. par l’intermède des nerfs et avec la rapidité de l'éclair, d’une part les perceptions venues du dehors, et de l’autre cette sensibilité qui gouverne et régit, comme une puissance autocratrice ; tous les rouages si com- pliqués de ia machine animale. _» La circonstance fortuite qui, en 1789, fit dé- couvrir à Galvani l’excitabilité des muscles lorsqu'il venait à toucher les nerfs qui se distribuent dans ces organes et le mouvement rapide de contractilité qui est produit par l’action réunie de deux métaux hété- rogènes, est certainement due à l’organisation du Reptile Batracien qui avait donné lieu à tant d’autres découvertes physiologiques. L’explication théorique du physicien de Bologne, accueillie d’abord, fit at- tribuer ces effets à un nouvel agent ou à un fluide par- ticulier différent de l'électricité et qu’on nomma gal- vanique. Volta, combattant cette opinion, démontra, par un grand nombre d'expériences , que tous les phé- nomènes observés étaient dus au développement de l'électricité qui se produit constamment lorsque deux métaux, dans un état différent par leur nature, se trouvent en communication au moyen d’un corps hu- mide interposé, et que dans le cas particulier où leur action s'exerce sur les nerfs, ceux-ci n'étaient réel- lement qu’une sorte de conducteurs présentant un mode d'écoulement très-facile. D’après cette théorie, il composa des appareils dont l’action était continue, et dont l’énergie devenait d'autant plus grande que le nombre des plaques métalliques, et surtout que leur surface, était plus considérable. On sait que cette ma- chine ingénieuse est devenue ainsi l’un des plus puis- sants instruments de physique et de chimie , à l’aide duquel on est parvenu à découvrir la composition d’un BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL, 315 grand nombre de corps dont les éléments ou les prin- cipes constituants ont été pour la première fois séparés dans la potasse, la soude, la chaux, la baryte , etc. , substances que les chimistes avaient jusqu'alors con- sidérées comme des corps simples. » En énonçant la découverte dont nous venons de parler, nous avons soin de citer dans nos cours l’ob- servation du même fait consigné, vers le milieu du 16° siècle, dans un ouvrage bien savant, où l’expé- rience se trouve parfaitement indiquée; c’est la Bible de la nature de Swammerdam, dans laquelle on voit les appareils destinés à mettre leur résultat en com- plète évidence. Voici un extrait de ces passages , dont nous présentons également le texte en note. » Faisant des recherches sur la contractilité des muscles, Swammerdam explique d’abord pourquoi il a choïsi les Grenouilles pour faire ses expériences. Dans ces animaux, dit-il, les nerfs sont très-appa- rents ; il est facile de les découvrir et de les mettre à nu; en outre, il est aisé de reproduire les mouvements des muscles en les ressuscitant par l’irritation des nerfs (1). Il raconte comment il a rendu évidente la contraction d’un muscle séparé de la cuisse d’une Gre- nouille (2), et de quelle manière il a fait ses expé- riences, en 1658, devant le grand duc de Toscane. Comme on peut reconnaître dans cètte narration un véritable fait galvanique, nous croyons devoir le rap- (1) Voyez page 102, note 1. (2) Oportet musculum laxè per vitreum tubulum transmittere(a), ac utrumque ejus tendinem subtilibus duabus aciculis (bb) trajicere et has in segmento suberis defigere. Si dein nervum (c)irritaveris, videbis musculum.capitula acicularum ad se mutuo adducere (dd) et ventrem musculi notabiliter crassiorem fieri. Ibid, , pag. 840. 316 BATRACIENS ANOURES EN GÉNÉRAL. porter dans ses détails, et même faire copier le texte, ainsi que le dessin de son petit appareil (4). » Il est évident que cet appareil, préparé dans le but de démontrer les changements qui arrivent dans le muscle au moment de la contraction, réunissait ce- pendant toutes les conditions requises pour que l’é- lectricité galvanique püût se manifester ; mais l’auteur attribuait uniquement à la compression ce qui était le résultat du contact des deux métaux par le fil d'argent formant un étui au nerf, quand il venait à toucher le support de cuivre ; car il a soin de faire remarquer que le nerf dans ce cas n’est ni blessé ni comprimé. » J'ai cherché à rappeler dans cette notice historique combien l'étude de l’organisation des Grenouilles avait été utile, et pouvait l'être encore, aux diverses sciences d'observation : à l'anatomie , à la physique, à la chi- mie, et surtout à la physiologie. Il résulte en effet de cet aperçu que ces Reptiles ont fait mieux connaître les organes et le but de presque toutes les fonctions, puisque nous avons cité la motilité, l’innervation, la digestion, la circulation , la respiration , l'absorption, l’exhalation etenfin la génération. » (1) Voyez l'alinéa page 102 du présent volume et la copie de la fi- gure citée sur la planche 86. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. 317 I GROUPE. PHANÉROGLOSSES (1). FAMILLE DES RANIFORMES. SI. ConsIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR CETTE FAMILLE ET SUR SA DISTRIBUTION EN GENRES. Cette première famille des Anoures comprend toutes les espèces dont l’extrémité libre des doigts et des or- teils n’est pas dilatée en disque plus ou moins élargi, comme chez les Hylæformes , et dont la mâchoire supé- rieure est armée de dents; ce qui les distingue émi- nemment des Bufoniformes, qui en manquent dans cette partie de la bouche aussi bien qu’à la mâchoire inférieure. C'est cette communauté de caractères entre les Grenouilles proprement dites et les espèces qui y sont analogues qu'il faut bien se représenter que le nom de Raniforme tend à exprimer, et non un habitus, une physionomie pareille à celle de ces mêmes Grenouilles ; car, parmi les Anoures dont nous allons traiter, il en est qui sont loin d'offrir les formes sveltes, élancées de celles-la. Il y a peu de Raniformes qui n'aient pas le palais pourvu de dents implantées sous le vomer, plus ou moins en avant ou en arrière, entre les arrière-na- rines, dents qui sont généralement en petit nom- (1) Ce groupe correspond exactement à la premiere division de la seconde famille (Phaneroglossæ) de l'ordre des Ranæ de Wagler. 318 BATRACIENS ANOURES. bre, toujours plus courtes que celles de la mâchoire supérieure, et dont l’arrangement est assez variable : tantôt, en effet, elles sont disposées sur une ligne transversale droite, avec une solution de continuité au milieu ou avec un intervalie plus ou moins dis- tinct; tantôt elles ne constituent que deux petits groupes ; tantôt enfin elles sont rangées de manière à représenter un chevron ou la figure d’un V ouvert ou non ouvert à sa base, et à branches plus ou moins écartées. Ces diverses combinaisons que présentent les dents vomériennes dans leur arrangement fournissent d'excellentes marques distinctives entre les espèces, et nous en avons même quelquefois tiré des carac- tères génériques. Mais c’est surtout dans les différentes formes de la langue que nous avons puisé ces moyens de distinction , moyens sûrs et dont on ne s'était pas servi avant nous; du moins, s'ils ont été employés, ce serait à la même époque et sans que cela füt parvenu à notre connaissance. Dans quelques cas, nous avons également eu recours, pour arriver au même but, à l'apparence visible ou à l’invisibilité du tympan, qu'on peut ordinairement distinguer très-bien au travers de la peau qui passe par-dessus , tandis que chez certai- nes espèces il est complétement caché, soit à cause de l'épaisseur de celle-ci, soit par suite de l’expansion qu'ont prise les pièces osseuses environnant l'oreille, ainsi que cela a lieu en particulier dans les Pélobates. Les conduits auditifs internes, et cela est un caractère commun aux Phanéroglosses, ont chacun un orifice distinct, de grandeur variable, constamment situé sur les côtés de la partie postérieure du palais, près de l'angle de la bouche ; chez les Aglosses , au contraire, les trompes d'Eustachi ont une ouverture commune PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. 319 placée vers le milieu du plancher de la cavité buccale. Quelques Raniformes seulement manquent de ces sortes de vessies, qu’on appelle vocales, et à l’aide desquelles les mâles, qui seuls en sont pourvus, produisent , en y faisant entrer de l’air par deux fentes ou deux trous ouverts à droite et à gauche de la langue, des sons extrêmement variés, et souvent si éclatants qu'on les entend à plus de cinq mille mètres. Ges singuliers organes, qui sont toujours doubles chez les Ranifor- mes, se trouvent placés de chaque côté, tantôt au- dessous du tympan, tantôt sous la gorge, mais plus ou moins près de la commissure des mâchoires; tantôt aussi elles sont internes, tantôt au contraire elles se produisent au dehors, par le moyen d’une fente qui leur livre passage lorsque l’animal les fait fonctionner. Les narines s'ouvrent latéralement, plus ou moins près de l’extrémité du museau, sur ou immédiatement sous la ligne anguleuse , appelée canthus rostralis, qui sé- pare le dessus du côté de la partie antérieure de la tête. Les yeux n’offrent rien de particulier; mais l’une de leurs deux paupières , la supérieure, a quelquefois son bord prolongé en pointe conique ou en une sorte de corne flexible : c’est le cas des Cératophrys et des Mégalophrys. Les Raniformes ont tous quatre doigts , qui, à une seule exception près, sont dépour- vus de membranes natatoires ; il existe chez presque tous aussi, à la base du premier doigt, une saillie plus ou moins apparente que la dissection fait recon- naître comme étant produite par le rudiment du pouce qui serait caché sous la peau. Le nombre des orteils est constamment de cinq, réunis ou non réunis par une palmure, qui elle-même varie considérablement par son étendue. On remarque toujours au bord externe 320 BATRACIENS ANOURES. de la région métatarsienne un tubercule généralement faible, mou, obtus, mais qui parfois se développe en un grand disque ovalaire, très-dur, ayant un de ses bords libre et tranchant , ainsi que les Pélobates, les Scaphiopes, etc., en fournissent des exemples. Ce tubercule paraît être, comme le pensait Dugès, le développement, plus ou moins considérable au de- hors, d’un os analogue au premier cunéiforme de l’homme : c’est ce même tubercule que quelques natu- ralistes ont considéré à tort comme le rudiment d’un sixième orteil. En dessous , le corps des Anoures est généralement tout à fait lisse; en dessus, au contraire , la peau est rarement dépourvue de renflements glanduleux qui s’y montrent sous la forme de mamelons, de cordons, ou de lignes saillantes s'étendant, dans le plus grand nombre des cas, sur les côtés du dos. Considéré dans ses détails, le squelette des Rani- formes n'offre pas moins de modifications que les par- ties externes de ces Batraciens, étudiées sous le même point de vue; mais comme il n’entre pas dans le plan de notre livre d’y traiter d’une manière particulière de l'anatomie comparée des animaux qui en sont le sujet, nous nous contenterons, comme nous l'avons fait à l'égard des autres ordres et familles de Reptiles, de signaler les faits les plus remarquables de l'orsani- “sation interne des Raniformes, à mesure qu'ils se présenteront, en écrivant l’histoire de chacun des genres de cette famille. Cependant nous devons faire observer dès à présent que les apophyses transverses de la vertèbre sacrée ou pelvienne offrent dans leur forme et leur développement des différences notables dont nous nous sommes servis concurremment avec celles TABLEAU SYNOPTIQUE DES GENRES DE LA FAMILLE DES RANIFORMES. plus ou moins profondément divisée en deux pointes en arrière. . . .. . ..... RATÉ eo 1 0 On oP ul Oo 0, D Don dau. So 040-00 O0 D d 0 6-40 D dents à un disque, dur, corné , tranchant : doigts OEM oo en 010 © o mp0 co metro 0 SH oono langue libres : tmpan { EI Eo 6 ue CADET Got cio Dour ÉD 6 6 06,0 c'e presque entière ; fort grosse, creusée et relevée de saillies, . . . . . . . . au talon prolongée en pointe comme une corne : ut | trés-aplatier, lise taie lc libres ou sans palmures, . . . . . . nc ee cie ue HePO 0 ÉD à à do à 0 un tubercule = opposables les uns aux autres. . . , . . . . . . . . . : .. Gr 0 € mousse : paupière couvert par la d| Palais peau : orteils | palmés : distinct. doigts en deux petits groupes : tm Ê CACHE ET non opposables : es simple : dents du palais dslinct Mmes ie eretle : crane sur une ligne en ee < travers : tympan che ee. peu libre. . . langue mince , adhérente. . . . osseux ou protégé seulément par le mérioste, +. . . ... .. ... .. .. . . ... Nes ; THomboidale 1... "non denté ; langue NU Eole alelele en cherie ie cich-icue Boo Oo CO PART DEC 5.010 De CYR ess Numéros Nombre des des genres. espèces, 3. GRENOUILLE. 20. 14. Scarmiore. 1 , EI 8. PYXICÉPHALE. 2. 15. PÉLoBATES. 24 7e CÉRATOPHRYS. 3: 11. MÉcAroPHRys. 1. 4. CxsTIenaTHE. 11. 1. Pseunis, 1. 12, PELODYTES. cp 10. CYCLORAMPHE. 2 13. ALYTES. 1. 465 6. Discoccosss. 1. 22 16. Sonveur. 1. 485 _ ’ Lho 9. CALYPTOCEPMALE, 1. 147 a 2. OxYGLOSSE. 1. 332 5. LeruPÈre. 1. : 420 ne 55 REPTILES, Vilt. SE SAP (En regard de la page 321.) PHANÉROGLOSSES RANIFORMES, 3aï d'autres parties du corps pour caractériser les groupes génériques que nous avons élablis ou adoptés. Le nombre de ces groupes génériques , dont nous avons pu observer toutes les espèces en nature, s'élève à seize, en exceptant même ceux dits Leptobrachium , Asterophrys (Tschudi) et Telmatobius ( Wiegm. ) que nous avons laissés de côté, faute de renseigne- ments suflisants pour déterminer d’une manière posi- tive la place qu'il convenait de leur assigner. C’est quatre genres de moins que M. Tschudi n’en a admis dans ses familles des ARanæ, des Cystignathi, des Ceratophrydes et des Bombinatores, que nous com- prenons toutes les quatre dans nos Raniformes. Les trois genres qui n’y figureront pas, comme tels du moins , sont ceux de Crinia et de Pleurodema, que nous avons fait entrer dans le groupe des Cystignathes; celui de Strongylopus , que nous n'avons pas cru devoir séparer des Grenouilles par cela seul que les palmures de ses pieds sont très-courtes et ses dents vomériennes situées un peu plus en avant que cela ne s’observe habituellement ; enfin, celui des Phrynocéros, qui doivent bien évidemment être rangés, avec les Cérato- phrys. Nous joignons ici un tableau synoptique qui offre en quelque sorte l’abrégé des moyens que nous avons employés pour arriver à la répartilion en genres, des nombreuses espèces qui composent cette famille des Raniformes. Nousterminerons ce paragraphe par la reproduction pure et simple des notescaractéristiques que M. Wieg- mann et M. Tschudi ont publiées: le premier, du genre Telmatobius ; le second, des genres Leptobrachium et Asterophrys, genres qui, ainsi Que nous le disions REPTILES, VII. 21 322 BATRACIENS ANOURES: plus haut, ne prendront pas place dans la série D ceux inscrits sur le présent tableau. Gen. Tezmarosius. Wiegm. Tête courte, museau arrondi, vertex plan, circulaire arrondie ; des dents à la mâchoire supérieure, mais point au palais ? Langue disco-ovalaire; doigts libres; orteils réunis à la base par une membrane; pas de tubercules cornés aux faces palmaires. Esp. Telmatobius Peruvianus. als Nov. Act. Leop. tom. XVII, pag. 263, tab. 90, fig. 2 Gen. Lerrorracnium. Tech. T'ête très-grande, élar- gie en arrière; vertex plan; bouche largement fendue; langue grosse, à papilles filiformes, à peine échan- crée à son bord postérieur; pas de dents au palais; narines s'ouvrant sous le canthus rostralis ; tympan visible; membres antérieurs très-grèles, les posté- rieurs aussi et de plus très-longs ; doigts libres ; orteils palmés à leur racine. Patrie. Java. Esp. Leptobrachium Hasseltu. Tsch. n° 7. Syn. Rana Hasseliu. Müll. Mus. Ludg. Gen. Asterophrys. Tsch. Tête grande , anguleuse, triangulaire; vertex fortement convexe; museau avancé; narines situées sous le canthus rostralis ; yeux médiocres ; bord de la paupière supérieure garni de plusieurs petits appendices cutanés ; langue grande, entièrement adhérente: dents palatines nombreuses formant une ligne courbe sur le bord externe du vo- mer ; doigts libres. Parrie. Nouvelle-Guinée. Esp. ÆAsterophrys turpicola ( an rupicola ? aut turpicula ?). Tsch. Ceratophrys turpicola. Schleg. Ab- bild. Amph. Decr. 1, pag. 30, tab. 10, fig. # PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. 323 6 IL. Mours ET DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. Les Raniformes ne peuvent se tenir qu’à terre ou dans l’eau ; leurs doigts, à peu près cylindriques et généralement pointus, ne leur permettent en aucune façon de grimper aux arbres, comme le font les Hylæ- formes à l’aide de ces petits disques ou de ces sortes de petites ventouses, dont les extrémités libres de leurs mains et de leurs pieds sont pourvues. Les es- pèces qui ont les membres postérieurs fort allongés ne changent guère de place sur le sol, autrement qu’en sautant et souvent à des distances considérables rela- tivement au volume de leur corps; celles chez les- quelles les pattes de derrière sont d’une médiocre étendue jouissent également de la faculté de sauter, mais à un moindre degré , et pour elles, la marche n'est plus impossible : sous ce rapport, elles se rap- prochent des Crapauds, et leur corps, comme celui de ces dérniers , est court , un peu ramassé, trapu. La plupart des Raniformes dont les orteils sont réunis par des membranes natatoires bien développées, telles que la Grenouille verte, la Mugissante, etc. , passent la plus grande partie de leur vie dans l’eau. Pourtant il y a de ces espèces palmipèdes qui, de même que celles dont les orteils sont libres , n’y restent que le temps absolument nécessaire pour satisfaire au besoin impérieux de l’acte de la reproduction , après quoi elles se retirent les unes dans les localités hu- mides des bois, se cachant dansl’herbe, sous les feuilles, comme Îa Grenouille rousse , la Sylvaine ; les autres habitent de petites demeures souterraines qu'elles se creusent , au moyen d’une plaque cornée qui arme leur 21, 324. BATRACIENS ANOURES. talon, non loin des bords des mares ou des étangs où elles sont venues déposer les germes de leur progé- niture. En général, ces dernières ne sortent de leur retraite que vers le soir ou par des journées plu- vieuses : telles sont en particulier les habitudes des Pélobates , des Scaphiopes, etc. Les grandes espèces, comme la Mugissante par exemple, se nourrissent d'autres Bairaciens, de pois- sons , elles s'attaquent même aux petits Ophidiens et aux jeunes oiseaux aquatiques. Celles d’une plus pe- tite taille mangent des mollusques, des insectes , des vers, etc. Il y en a une, la Tigrine, qui fréquente de préférence les eaux saumâtres, où elle fait une guerre acharnée aux crustacés du genre des crabes; car gé- néralement les Batraciens sont très-voraces. Disrrisuriox GÉOGRAPHIQUE DES RANIFORMES. On trouve des Raniformes dans les cinq parties du monde, mais l'Amérique est celle où il en existe davantage : on y compte effectivement vingt-trois espèces appartenant aux huit genres Grenouille, Cystignathe, Pyxicéphale, Pseudis, Léiupère, Cé- ratophrys, Calyptocéphale, Cycloramphe et Sca- phiope , genres qui , à l'exception des trois premiers, sont même tout à fait propres au nouveau monde; la partie septentrionale produit le Scaphiope solitaire, les Grenouilies halécine, des marais, sylvaine, criarde et mugissante; et la partie méridionale le Pseudis Jackie, le Léiupère marbré, le Pyxicéphale amé- ricain ;, le Calyptocéphale de Gay, les Cycloramphes marbré et fuligineux , les Cératophrys à bouclier, de Boïé et de Daudin, enfin les Cystignathes ocellé, PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. 325 galonné , labyrinthique , macroglosse, gréle, rose , de Bibron et à doigts noueux. Après l'Amérique , c'est l'Asie qui nourrit le plus d'Anoures de la famille qui nous occupe , c'est-à-dire onze , dont un , la Grenouille verte, en commun avec l'Europe et l'Afrique, les dix autres à elle seule, parmi lesquels huit sont aussi du genre Grenouille un est du genre Oxyglosse et le onzième de genre Mégalophrys. Ces onze espèces de Raniformes asia- tiques sont ainsi réparties : la Grenouille verte et la rugueuse vivent au Japon; celles du même genre, appelées Cutipore, de Leschenault, du Malabar, sur le continent de l'Inde, la Tigrine aussi et sur toutes les îles qui en dépendent; la Grognante à Amboine et à Java, et la Macrodonte dans ce dernier pays, ainsi que celle qui porte le nom de Kuhl. C'est également de l'ile de Java que viennent le Mésalophrys mon- tagnard et l’'Oxyglosse lime, lequel habite aussi le Bengale. L'Afrique ne possède en propre que le Gystignathe du Sénégal ; les Pyxicéphales arrosé et de Delalande , qui sont de la partie australe; les Grenouilles à gorge marbrée, de Delalande, et à bandes, de même; puis la Grenouille verte et le Discoglosse peint; mais la première se trouve également en Asie et en Europe, et celui-ci dans cette dernière partie du monde. ce qui fait en tout pour l'Afrique, huit espèces appartenant à quatre genres différents. En Europe, il n’y a que huit espèces de Raniformes ; ce sont les Pélobates brun et cultripède, celui-ci ne pa- raissant fréquenter que les contrées méridionales, celui-là les septentrionales ; le Sonneur à ventre cou- leur de feu, qu'on rencontre à peu près partout; la 326 BATRACIENS ANOURES. Grenouille rousse, qui est aussi très-répandue; le Pé- lodytes ponctué, l’Alytes accoucheur , enfin le Disco- glosse peint et la Grenouille verte, qui ne sont pas exclusivement européennes, puisque l’une vit au nord de l'Afrique, l’autre de même et de plus en Asie. Ces Raniformes d'Europe appartiennent à six genres. L'Océanie serait la partie du monde la moins riche de toutes en Raniformes découverts jusqu'ici ; cepen- dant il est bien probable qu’elle en produit d’autres que les deux seules espèces de cette famille que nous en ayons encore reçues, espèces qui sont les Cysti- gnates de Péron et Géorgien. RÉPARTITION DES RANIFORMES D'APRÈS LEUR EXISTENCE GÉCGRAPHIQUE. rene | DIE . . À SAeRe) Mel SAMERr SAS | Genrés. 2 |esloul,.s ln) Elta 3 |sa|S<| d | & | o |A © | s miles «PEUNE FA © A © < 3 \ ae nd de) PsruDiss HN 0: Loto it ot L'or ut OUR | OXYGLOSSE. . . . . * . (e) (o) ro] I (o] (e) (e) 1-l} GRENOUILLE. + « + + « 1 0 1 8 5 5 o | 20 | CYSTIGNATHE. + + . « (e) 0 (e) 0 1 8 2 | x1 | ÉEIUPERE CU RD o (e] (o) (o) o 1 o 1 | DiscocLossz. .. . . , O I Co) Co) (0) (0) (eo) x || Céritormrys. : . . . | O | 0!) 00 | 10% 3) o | 8 | PyXICÉPHALE. . . + . o o o (o) 2 1 n) 3 ï CALYPTOCÉPHALE. . + « O (0) (0) Oo o I o I CYCLORAMPHE. « «+ . lo) O0 O oo) O0 2 o | 2 MEGALOPHRYS. . . . 0 o 0 Ï o (o) o x || PEÉLODYTES. : . . . . 1 (0) (0) O 0 (0) Oo 1 | ALES te Hotte (aie ste lle J (o] (o] (0) (o) © (o) x || SCAPHIOPE. « se « « 0 0 0 o o 1 o : | PÉLOBATES. « . . . . 2 to) to) o O (o) o + 2 || SONNEUR, + + » » : I o (0) Co) O (e) 0 I | Nombre des espèces dans chaque partie } 6 I k° | 10!|:° 67) 55h 2 Br | du monde. . | PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. 327 = GENRE. PSEUDIS.— PSEUDIS (1). Wagler. (Proteus, Laurenti.) Caraèrères. Langue subcirculaire, entière. Deux groupes de dents palatines entre les orifices inter- nes des narines. Tympan peu, mais néanmoins dis- tinct; trompes d'Eustachi petites. Point de renfle- ments glanduleux, ni de lignes de pores sur aucune partie du corps. Doigts au nombre de quatre, com- plétement libres, le premier opposé aux deux sui- vants ; orteils réunis jusqu’à leur pointe par une très- large membrane. Une vessie vocale sous la gorge des mâles. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Les Pseudis sont du petit nombre des Batraciens Anou- res chez lesquels les pattes antérieures se terminent par une sorte de main ; attendu que l'index, qu’on doit consi- dérer ici comme étant le premier doigt, puisque le pouce n'existe qu'à Vétat rudimentaire, tout à fait caché sous la peau, est opposable au deuxième et au troisième; tous quatre sont parfaitement libres, droits, pointus, amincis latéralement et renflés à leur base, particulièrement le pre- mier, qui est le plus court ; après lui c’est le second , ensuite le quatrième , puis le troisième. Les orteils, aussi pointus que les doigts, offrent plus de longueur et moins d’inéga- lité ; les trois premiers sont légerement ; mais régulièrement, étagés, et le quatrième est un peu plus court que le cine (1) Feudw, fallor, nom tiré de l'erreur qui avait trompé les premiers observateurs du gros Têtard de cette espèce, en faisané penser que c'était une Grenouille qui se changeait en poisson. 328 BATRACIENS ANOURES. quième, qui a la même étendue que le troisième ; une membrane, susceptible d’une grande extension en travers, les réunit tous jusqu’à leur dernière extrémité ; ce qui per- net aux pieds des Pseudis de déployer une très-srande sur- face, et ce qui en fait de puissants organes de natation. La saillie produite à la racine du premier orteil par l’os cunéi- forme est peu considérable. Il y a un petit tubercule sous chacune des articulations des phalanges. La langue est un disque charnu, adhérent de toutes parts, un peu rétréci en avant pour s’accommoder à l’intervalle des branches sous-maxillaires, qui forment un augle obtus; sa surface est couverte de petites papilles granuleuses, molles, très- rapprochées les unes des autres, et elle se montre parfois creusée de quelques petites rides longitudinales. La mä- choire supérieure est garnie tout autour de dents très-fines, trés-serrées et égales entre elles. Le palais en présente de plus fortes, situées entre les ouvertures nasales, sur deux petites éminences transversales, qui en portent chacune une seule rangée. Les orifices des trompes d’Eustachi ont le même diamètre, ou sont aussi petits que ceux des narines; on les aperçoit, l’un à droite, l’autre à gauche, tout près des angles de la bouche. Celle-ci est médiocrement fendue ; on y observe, mais seulement chez les individus mâles, de chaque côté et le long de la mâchoire inférieure, sous la marge de la langue, une petite fente oblique qui commu- nique avec une poche placée sous la gorge, sorte de sac que animal peut remplir d’air, et au moyen duquel, en le fai- sant vibrer, il produit sans doute des sons analogues à ceux que font entendre les mäles de notre Rainette commune, qui présentent un organe semblable de chaque côté de la bouche: c’est ce que nous appelons un sac vocal. Les narines externes sont petites, ovalaires, situées sur la ligne même du canthus rostralis qui, du reste, est très-faiblement prononcé. Quoi- que petite et recouverte d’une peau épaisse, la membrane du tympan, niée ou non reconnue par MM. Wagiler et de Tschudi, est néanmoins distincte; elle est placée PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PSEUDIS. 329 au-dessus de l'extrémité condylienne de la mâchoire infé- rieure, La saillie que fait l’œil au-dessus de la surface du crâne est très-faible, et la fente des paupières d’une moyenne grandeur. L’inférieure n’est pas moins courte que chez les autres Batraciens Raniformes, bien que le contraire ait été dit par le premier des deux erpétologistes cités plus haut, et que le second ait même prétendu qu’elle n’existe pas, ce qu'ont répété d’après lui, sans doute et bien cer- tainement sans l'avoir vérifié, quelques auteurs. d’une date récente. Les Pseudis n’ont ni glandes, ni pores, ni renflements quelconques de la peau sur aucune partie du corps. Leurs viscères ressemblent à ceux des Grenouilles : le foie est divisé en trois lobes, dont le médian est fort petit ; c’est au centre de l’origine de ces trois divisions que se trouve située la vésicule du fiel. L’avant-dernière pièce de la colonne épinière ou la vertèbre sacrée n’a pas une forme différente de celle de la Grenouille commune; les ailes en sont même proportionnellement plus courtes. Le genre Pseudis a pour type une espèce dont la gros- seur de la larve est très-considérable relativement à celle de l'animal parfait, parce .qu’effectivément ce têtard prend un très-grand développement avant de subir ses dernières métamorphoses ; ce qui a fait croire aux premières personnes qui ont observé ces Batraciens, que c'était sous la forme d'une Grenouille qu'il passait son premier état ; en un mot que c'était une Grenouille qui se changeait en poisson. C’est ainsi que l'ont décrit et représenté dans leurs ouvrages mademoiselle Sibylle de Mérian et Albert Séba. Gette espèce avait été placée par Linné dans le genre Rana , où, excepté Laurenti qui en fit le genre Proteus, tous les erpétologistes la laissèrent jusqu’à l’époque de la pu- blication de la nouvelle classification des Reptiles de Wagier, dans laquelle elle prit rang comme type d’un genre parti- culier, généralement adopté aujourd’hui, sous le nom de Pseudis. 330 BATRACIENS ANOURES, 1. LE PSEUDIS DE MERIAN. Pseudis Merianæ. Nobis. (Voÿez PI. 86, fig. 2.) Tr CARACTÈRES. Parties supérieures bleuâtres ou d’un brun rous- sâtre, nuancées d’une teinte plus foncée; régions inférieures blanchâtres, piquetées de brun à la région abdominale; des raies de la même couleur ondulées ou en zigzags sous les cuisses. SYNONYMIE. Aana piscis. Mérian. Insect. Surin. tab. 71. ana americana. Séb. tom. 1, pag. 129, tab. 78, fig. 16-21. Rana piseis. Linn. Mus. Adolph. Frédér. pag. 49. Rana paradoxa. Xd. Syst. nat. édit. 10, tom. 1, pag. 212, n° 12. : The Frog-fish. Edw. Philosoph. Transact. tom. 51, part. 1, pag. 653, tab. XV, a et b. Rana, manibus fissis, ete. Gronov. Zoophyl. pag. 15. Grenouille poissonneuse. Ferm. Mist. natur. Holl. equinox. pag. 16. à Rana paradoxa. Linn. Syst. nat. édit. 12, (om. 1 , pag. 356, n° 17. ji Proteus raninus. Laur. Synops. Rept. pag. 36. Rana paradoxa. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 5 , pag. 1056. La Jackie. Daub. Dict. anim. quadr. ovip. pag. 640. : La Grenouille Jackie. Bonnat. Encycl. méth. Erpét. pag. 5. La Jackie. Lacép. Hist. quadr. ovip. tom. 1, pag. 547. Proteus raninus. Meyer. Synops. Rept. pag. 14. Rana paradoxa. Donnd. Zoologisch. Beytr. tom. 3, pag. 62, n° 15. Paradoxical Frog. Shaw. Gener. zoolog. tom. à, part, 1, p.12, planche 36. La Grenouille Jackie. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 162. Rana paradoxa. Daud. Hist. Rept. tom. 8, pag. 190. Rana paradoxa. Id. Hist. rain. gren. crap. pag. 67, pl. 22 et 29. La Jackie. Cuv. Règn. anim. 1e édit. tom. 2, pag. 99. Rana paradoxa. Merr. Syst. amph. pag. 176, n° 12. Rana paradozxa. Fitz. Classif. Rept. verzeich. pag. 64. La Grenouille Jackie. Bory de Saint-Vincent, Résum. d’erpét. pag. 267, pl. L. Jackie. Cuv. Régn. anim. 2° édit. tom. 2, pag. 1065. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PSEUDIS. I. 331 Rana paradoxa. Gravenh: Delic. Mus.Zoolog. Vratilav.Batrach. pag. 34. Paradoxal Frog. Griffith. anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 393. Pseudis paradoxa. Wagl. Syst. amph. pag. 203. Pseudis paradoxa. Tschudi, Classif. Batrach. ( Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 11, pag. 00. DESCRIPTION. Formes. Le Pseudis de Merian ne semble pas atteindre à une taille tout à fait aussi grande que notre grenouille commune; il a la tête proportionnellement moins longue, le museau plus court, et l’angle que forment les côtés de celui-ci un peu plus ouvert et distinctement plus arrondi au sommet ; le chanfrein et les ré- gions frénales offrent ensemble une surface légèrement convexe. Tout le corps, en dessus et en dessous, peut être consideré comme parfaitement lisse , attendu que les petits tubercules dont le dos et les membres sont semés, sont des grains si fins qu’on les aperçoit à peine , même avec le secours de la loupe. Les bras sont de moitié plus courts que ceux de la Grenouille verte, ou autrement leur longueur est à peu près égale à celle qui existe entre le bout du museau et l’angle antérieur de l’œil ; les avant- bras sont d’un tiers moins courts, les mains d’un quart, et la totalité de l’étendue des membres thoraciques se trouve avoir une fois et demie celle de la tête. Les pattes de derrière sont exactement une fois plus longues que la tête et le tronc réunis ; la cuisse.et la jambe sont aussi longues l’une que l’autre; la largeur du pied est égale à sa longueur , qui est d’un tiers plus grande que celle de la jambe. + La paupière supérieure est lisse; le diamètre du tympan est moindre que celui de l’ouverture oculaire. La vessie vocale des mâles , lorsqu'elle est gonflée, a la grosseur d’une petite cerise ; son affaissement rend la peau de la gorge toute plissée. CoLoraTion. Le dessus du corps offre généralement une cou- leur d’un gris bleuâtre ou ardoisé , légèrement nuagé ou marbré de brun ; quelquefois les marbrures sont plus prononcées et ré- pandues sur un fond roussâtre. Les parties inférieures sont blan- ches uniformément, ou linéolées de brun marron sous les cuisses, et piquetées de la même couleur aux régions gulaire et ventrale. 332 BATRACIENS ANOURES. Les deux premiers orteils et la moitié terminale du troisième présentent le même mode de coloration que le dessus du corps ; tandis que , sous ce rapport, les deux derniers et la première moitié du troisième ressemblent au-dessous du corps. Dimensions. Pseudis paradoxa, adulte. Téte. Long. 2” 1°”, Tronc. Long. 4” 8°”. Membr. antér. Long. 3” 9°”. Membr. postér. Long. 10? Eva . Tétard ayant déjà ses quatre pattes développées, mais possédant encore sa queue intacte. Téle. Long. 2”. Tronc. Long. 3” 6”. Haut. 8” 4°”. Membr. antér. Long. 2” 8°”. Membr. postér. Long. 7” 5”. Queue, Long. 13”. Parrie. Cette espèce est originaire de Surinam ; nos échantil- lons y ont été recueillis par le célèbre voyageur Levaillant, et par MM. Leschenault et Alexandre Doumerc. L’estomac des individus que nous avons ouverts était rempli d'insectes aqua- tiques. II° GENRE. OXYGLOSSE. — OXFGLOSSUS(1). Tschudi. (Oxydozyga, Kuhl, m.s.s. Rhomboglossus, Nob. In. S. S.) Caracrères. Langue rhomboïdale, entière, libre dans sa moitié postérieure. Palais dépourvu de dents. Tympan peu distinct; trompes d'Eustachi petites. Plusieurs séries de glandules sur les faces supérieure et inférieure du corps. Quatre doigts complétement libres; orteils réunis jusqu'à leur pointe par une membrane très-extensible. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Les Oxyglosses ont le même ensemble de formes que les (1) De ofve, pointue, et de yrorca, langue. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. OXYGLOSSE, 333 Pseudis, dont ils se distinguent par la forme rhomboïdale de leur langue, par l'absence de dents au palais, par l'existence de séries régulières de glandules le longs du dos et du ventre, et par l'impossibilité où ils sont d’opposer leur premier doigt aux deux suivants. La bouche des Oxyglosses est moins fendue que celle des Pseudis ; aussi faut-il beaucoup abaisser la mâchoire infé- rieure pour apercevoir les orifices gutturaux des oreilles , qui sont très-petits et situés en arriére des articulations maxillaires. Ainsi que nous l'avons déjà dit, ieur palais manque de dents, et leur langue est rhomboïdale, libre et plus pointue en arrière qu'en avant. Le tympan, sans être très-apparent, est cependant distinct. Les narines s’ouvrent sur le bout du museau , à une très-petite distance l’une de l’autre. On ne voit ni parotides sur les parties latérales de la tête, ni renflements ou cordons glanduleux sur le dos ; mais celui-ci, ainsi que le ventre, est parcouru en diffé- rents sens par des lignes de glandules bien distinctes les unes des autres, Les doigts et les orteils sont pointus et pourvus de petits renflements sous-articulaires : ceux-là sont complétement libres , et ceux-ci très-largement palmés jusqu’à leur extrémité. Le premier et le second orteil offrent chacun un tubercule à leur base, et le premier os cunéi- forme fait une saillie assez prononcée. Le premier doigt est un peu moins allongé que les trois autres ; les orteils vont en augmentant de longueur depuis le premier jusqu’au qua- trième , mais le cinquième ne dépasse pas le troisième. La peau des flancs forme un oi qui s'étend en avant jusqu’à l'épaule, en arrière jusqu’au genou. Dans ce genre, le squelette, bien qu étant presque cartila= gineux, 4 oc plus d’analogie de structureavec celui des Grenouilles ; qu'avec celui des Sonneurs ou Bombinato- res, près desquels jusqu’à présent on à cependant toujours placés les Oxyglosses. C’est cette considération qui nous a décidé à les rapprocher des Grenouilles , auxquelles ils sem- blent, en quelque sorte, lier les Pseudis au moyen*des Rana 334. BATRACIENS ANOURES. cutipora et Rana Leschenaultit, dont le port, l'habitude du corps rappellent complétement ceux des Pseudis et des Oxyglosses, et qui, comme ces derniers, ont la peau du dos et du ventre parcourue par diverses séries ou lignes de très- petites glandules. Le foie est volumineux. Ce genre ne comprend qu’une seule espèce : c’est sous le nom de Rhomboglosse que nous nous proposions de le dé- signer ; mais comme le travail de M. Tschudi a paru avant le nôtre, et qu’il y est appelé Oxyglosse, nous avons nécessai- rement dû adopter cette dernière dénomination, comme ayant l’antériorité. Cependant Kuhl avait déjà imposé à ce genre le nom d’Oxydozyga, dans un ouvrage qui malheu- reusement est demeuré manuscrit. 1. L'OXYGLOSSE LIME. Oxyglossus lima. Tschudi. (Voyez PI. 86, fig. 4.) CARACTÈRES. Parties supérieures d’un brun plus ou moins fauve, avec ou sans bande dorsale d’une teinte plus claire, Face Dos teur des cuisses oi un ruban d’un brun marron, liseré de blanchätre. SYNONYMIE. Oxydozyga braccata. Kuhl. M. S. S. Bombinator lima. Mus. Lugd. et Francf. Oxyglossus lima, Tschudi, Classific. Batrach. (Mém, Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 85.) DESCRIPTION. Formes. L’Oxyglosse lime a recu ce nom de ce que la surface de son corps est couverte de petits tubercules coniques qui la rendent âpre ou rude au toucher. Cette espèce est de petite taille, au moins n’en avons-nous jamais vu d’individu ayant plus de soixante - cinq à soixante - dix millimètres de long, depuis le bout du museau jusqu’à l’extrémité des pattes de derrière. L’é- tendue totale de ses membres postérieurs excède à peu près d’un cinquième celle du tronc et de la tête; les pattes antérieures sont de moitié moins longues. La cuisse est un peu plus longue que la jambe , et un peu plus courte que le pied. La palmure de celui-ci offre une largeur égale à sa longueur ; elle s'étend jusqu’à PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G@. OXYGLOSSE. 1. 339 la pointe de tous les orteils. La tête se confond avec le tronc; elle est petite, convexe, ef se termine par un museau fort court et arrondi, On remarque quelques petites glandules le long des flancs ; mais à la face inférieure du corps, il en existe deux séries qui commencent sur la gorge, contournent l'épaule , parcourent la région abdominale et vont se perdre sous les cuisses. CozoraTion. Les régions supérieures varient du gris brun au brun marron ou roussâtre , plus où moins clair; presque tou- jours la tête et le dos sont coupés longitudinalement par une bande d’une teinte plus pâle que celle du fond. Le dessous du corps est blanc. La face postérieure des cuisses présente un large ruban brun, bordé de blanchätre, et leur face postérieure des marbrures et une large tache en équerre de la même couleur. Souvent le dessus des membres est coupé de bandes transversales brunes. En dessous , les ts sonf bruns. DIMENSIONS. Téte. Long. 1” 2”. Tronc. Long. 2”. Membr. an- tér. Long. 1” 8°”. Membr. de Long. 4” 3”. Parrie. On trouve l’Oxyglosse lime au Bengale et à Java; nous l'avons recu du premier de ces'deux pays par les soins de M. Bélan- ger , et il a été recueilli dans le second par les naturalistes voya- geurs du Musée de Leyde. Ille GENRE. GRENOUILLE.— RAN A (1). Linné. (Rana et Strongylopus, Tschudi.) Caracrires. Langue grande, oblongue , un peu rétré- cie enavant, fourchue en arrière, libre dansle tiers pos- térieur de sa longueur. Des dents vomériennes situées entre les arrière-narines. Tympan distinct. Trompes d'Eustachi plus ou moins grandes. Doigts et orteils sub-arrondis ; ceux-là libres, ceux-ci plus ou moins palmés. Saillie du premier os cunéiforme obtuse. Apo- physes transverses de la vertèbre sacrée , non dilatées (1) Nom latin de la plus haute antiquité. Témoin ce vers d'harmonie imitative , tiré du poëme de Philomèle, Garrula limosis Rana coaxat aquis. 336. BATRACIENS ANOURES. en palettes. Deux sacs vocaux internes ou externes, chez les mâles. Ce genre réunit tous les Anoures qui se trouvent étroite- ment liés par leurs rapports naturels avec les deux espèces les plus anciennement connues sous le nom commun de Rana, la Grenouille verte et la Grenouille rousse de notre Europe. TI] se reconnaît particulièrement à la forme de sa langue, qui est libre dans une certaine portion de sa longueur, et plus ou moins profondément divisée en deux lobes en arrière ; ilest même le seul parmi les Raniformes, à l'exception des Pyxicéphales, chez lequel cet organe soit ainsi conformé. Toutefois les Grenouilles se disrinonent de ces Pyxicépha- les, de même que des Pélobates et des Scaphiopes, en ce que la saillie de leur métatarse est excessivement faible, tuberculiforme, et non développée en une plaque cornée ovalaire, à bord tranchant, propre à fouiller la terre. Elles diffèrent en outre des autres espèces à langue non fourchue, par leur premier doigt, qui n’est pas opposable aux suivants, comme chez les Pseudis; par la présence de dents sous le vomer, tandis que les IHEN eus et les Oxyglosses en sont dus dans cette région du palais; par Papparence de leur tympan, puisque cette membrane n'est distincte ni chez les Discoglosses , ni chez les Cycloramphes , ni chez les Sonneurs ; par l'épaisseur de l'enveloppe cutanée de leur tête, partie du corps dont les os, dans les Calyptocéphales ; sont excessivement rugueux, et revêtus d’un épiderme si mince et qui y est si adhérent qu'on les en croirait dépour- * vus; par leur paupière supérieure, dont le bord ne se pro- IH pas en pointe cornuforme, comme chez les Cérato- nue et les Mégalophrys; enfin par la non- -dilatation en palettes triangulaires des apophyses transverses de leur ver- tèbre pelvienne , ainsi que cela s’observe, au contraire, dans les genres Pélodytes et Alytes. Les Cystignathes sont les seuls Raniformes entre lesquels et les Grenouilles il n”ÿ ait d'autre différence importante que celle que présente la con- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 337 formation de leur langue, organe qui est toujours entier chez les premiers, ou excessivement peu échancré à son bord postérieur. Les Grenouilles ont généralement des formes sveltes : élancées ; cependant l'étendue des membres, surtout de ceux de derrière, relativement à la longueur et à la grosseur du corps, varie considérablement, La tête peut être courte ou allongée, plate ou bombée, triangulaire ou ovale dans son contour horizontal. Les doigts et les orteils, le plus souvent subcylindriques, sont quelquefois tout aussi pointus que dans les Pseudis; c’est ce qu’on remarque particulièrement chez la Grenouille cutipore ; rarement leur face inférieure manque de renflements hémisphériques correspondants aux articulations des phalanges. La palmure des pieds présente tous les degrés de grandeur possibles. La boucheest toujours largement. fendueÿ et les dents qui en arment la région vo- mérienne sont plus ou moins nombreuses et diversement situées ; la manière dont elles sont disposées n’est pas non plus la même chez toutes les espèces. Ainsi la place qu’elles occupent entre les arrière-narines se trouve être tantôt posi- tivement entre celles-ci , tantôt au niveau de leur bord an- térieur , tantôt de leur bord postérieur, et quelquefois tout près des os palatins. Elles forment soit une rangée transver- sale interrompue au milieu, soit deux petits groupes, soit un chevron ouvert au sommet ; toutes ces différences sont on ne peut plus propres à faire distinguer les espèces entre elles. Toutes les Grenouilles mâles ont deux vessies vocales, qui, chez la plupart des espèces, ne sont manifestes à l’ex- térieur que par le renflement qu’elles produisent de chaque côté de la gorge , lorsqu'elles sont remplies d’air ; tandis que chez quelques-unes elles se déploient au dehors en sortant par une fente située ou sous le tympan, ou vers le milieu du bord externe des branches sous-maxillaires. Moins le tympan est distinct au travers de la peau qui le recouvre, moins les orifices des trompes d'Eustachi sont grands. Il existe toujours au berd de la mâchoire inférieure, au-dessus REPTILES, VIII. 22 338 BATRACIENS ANOURES. du menton, deux échancrures plus ou moins profondes sé- parant l’une de l’autre trois proéminences osseuses, dont les deux latérales s’allongent quelquefois assez pour ressem- bler à deux grandes dents, ainsi que les Grenouilles macro- donte et de Kuhl uous en fournissent l'exemple. Peu d’es- pèces du genre qui nous occupe ont la peau de leurs parties supérieures parfaitement lisse; car le plus souvent elle est semée de mamelons ou releyée longitudinalement de cor- dons glanduleux ; quelquefois elle ne présente que de sim- ples plis qui s’effacent lorsqu'elle se distend. Telles sont les plus notables différences qui nous sont offer- tes par les principaux organes des Grenouilles, considérées dans leur ensemble, Le tableau annexé à cette page contient la liste des vingt espèces de ce genre, avec leurs caractères les plus saillants mis en opposition les uns avec les autres, suivant la méthode analytique. À. ESPÈCES A DOIGTS CONIQUES , POINTUS, ET À PEAU PERCÉE DE PORES DISPOSÉS EN CORDONS PARCOURANT LE COU, LE DESSOUS ET LES PARTIES LATÉRALES DU CORPS. a. A fentes sur les côtés des mächoires servant d’issues aux Sacs VOCAUX. 1. LA GRENOUILLE CUTIPORE. Rana cutipora, Nobis. CARACTÈRES. Dents du palais disposées sur deux rangées obli- ques ou formant un V un peu ouvert à sa base. Doigts et orteils pointus , à tubercules sous-articulaires àpeine sensibles. Palmure des pieds à bords libres, rectilignes, et s'étendant jusqu’à l’ex- trémité des orteils, dont le quatrième n’est qu’un peu plus long que le troisième et le cinquième. Surface de la paupière supé- rieure plissée en arrière. Peau du corps lisse, mais percée de pores distribués par lignes qui parcourent le cou, les côtés du dos et le ventre. Tympan médiocre, assez distinct. Parties supérieures d’un brun marron ; régions inférieures blanches, parfois tache- tées de brunâtre. » EPP Bouts des doigts tout à fait pointus : peau du dos{ comme tronqués : talon bituberculé : unituberculé : paltes de derrière REPTILES, VIII, lisse. mamelonnée, . dents vomériennes formant deux de proportion ordinaire : dents vomériennesfor- mant deux très-longues et excessivement grêles : orteils paimés | OO Dr Os MONO) CCC CCC petits groupes. . . . . nuls; paru groupes : dos à renflements longitudinaux distincts : rangs obliques en tympan nulles : chevron : mandibule à apophyses denti- formes lisse er ete très-grand, . . . . médiocre : pieds a pal- 4 mure À petites rangées en chevron : dessus du corps { ( En regard de la page 338.) Espèces. Pag. uen PAR eee ee «a se les ete «Che 1. G. Curirors. 338 0 CD, où0 ONE . sept eee ee 2. G. pe LEscmENAULT, 342 PEN S SUT GNEN Den ar no RO 0e 10 0 : ane à 3. G. Vents. 343 lie Me eee natale 9: G. pu Mararar. 365 tout couvert d'aspérilés. . . , . . +. 11. G. RUGUEUSE. 368 6.610 À18 0 Do lot à 045 , . . .. ss... 12, G. MucissanTe. 370 ë plissée longitudinalement,. . . . ... ........ sus... 18. G. Gonce-wansnés, 386 |P 5 co ab oo. bob 010 0 pee OA BE Gt + 13. G. Crianve. 373 À une grande {plus petit que l'ouverture oculaire. . . 9. G. Rousse. 358 |À tache noire: { : Fi grande : sur tympan \aussi grand que l'ouverture oculaire. . 8. G. pes Bois. 362 |f la tempe É pas de glanduleux, étroits. .. . 5. G. Hazecnne. 352 | ONE QT quatre cordons glanduleux, larges. . . 6. G. nes Marais. 356 |É NooUTÉe ER rire CT CC Cie SARA NO CO 920 nn 06 10. G. pe Garaw. 367 d plissé longitudinalement, . . . . : . 14. G, Ticrine. 395 £ l'as 3 dos î régions sus-oculaires lisse en). : , : 15. G. GROGNANTE. 380 ñ HT Pioto opte oo 0101010 co oder oinuc ; 4. G. pes Mascareienes. 350 |l médiocre , bien visible. . . . . . . . . . . 16. G. Macropoxwrr. 382 fi distinctes, au nombre de deux : empan Ë petit, peu visible, . , . « . . : « « - +. 17. G. ne Kuur. 384 | È dans la moitié au plus de leur longueur. . . . . . . . Û .+ 19. G. ne Dérarannr. 358 |À anleurabare seulement: «ee et. = 2. Cr 20. G. À BANDES. 389 |É ë PA PS NE OR A D 0 M PYADEL 0 JR NA re NE PP PS ENS PE O'LEA AY Nage 45e 9 TE She VONAN RUPANTELI "CE 2APTERR 27 Et PHANÉROGLOSSES RANIFORMESe G+ GRENOUILLE. I. 339 SYNONyMIE. Rana saparoua. Mus. Lugd. Bat. Rana hexadactyla Less. Voy. Indes orient. Bel. zool. Rept. pag. 331, tom. VI. Dactylethra Bengalensis. Id, Mustrat. zool. PI. XLVIT. Rana hexadactyla. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuchät. tom, II, pag. 80. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce est une de celles qui approchent de la plus grande taille à laquelle parviennent certaines Grenouilles , telles que la Mugissante et la Tigrine, par exemple. Sans la forme de sa tête, qui est moins courte et plus rétrécie en avant, elle aurait, pour ainsi dire, une physionomie semblable à celle du Pseudis de Mérian ; car, de même que ce dernier, elle n’offre ni verrues ni plis d’aucune sorte sur la peau; ses doigts sont co- niques , pointus , lisses, à peine tuberculeux en dessous, et ses pattes de derrière présentent une palmure excessivement large et étendue jusqu’à l'extrémité des orteils, dont le quatrième ex- cède très-peu en longueur le troisième et le cinquième. Cette membrane palmaire a ses bords libres, entiers ou rectilignes!, et non plus où moins échancrés en croissants, comme chez la plu- part des Grenouilles , ce dont, au reste, on ne juge bien que lorsqu'elle est tout à fait étalée. La face plantaire n’offre qu'un seul tubercule produit par la saillie que faitle premier cunéi- forme à la racine de l’orteil interne. Amenées en avant, les pattes postérieures dépassent le bout du museau de toute la lon- gueur du pied , lequel est d’un quart plus large qu’il n’est long. La cuisse et la jambe sont aussi longues l’uné que l’autre; les membres antérieurs atteignent aux aines, lorsqu'on les couche le long des flancs. La tête offre une longueur un peu moindre que sa largeur; elle est déprimée, et ses côtés forment un angle presque aigu, dont le sommet, qui correspond au museau, est légèrement arrondi, C’est à l'extrémité du canthus rostralis, qui est. bien peu prononcé, que se trouvent situées les narines, en avant desquelles le museau s’abaisse brusquement, tandis que le chanfrein est plat, aussi bien que l’entre- deux des yeux. Ceux-ci ont leur paupière supérieure marquée, en dessus et en arrière , de petits plis irréguliers. Le tympan se voit très-bien au travers de la peau qui le recouvre; son diamètre est égal à celui 22: 340 BATRACIENS ANOURES. de l’ouverture de l’œil. La langue est grande, une fois plus longue que large, offrant de: chaque côté, à son bord postérieur un lobe étroit, arrondi et aminci à sa pointe cet organe est comme spongieux, lisse et clair-semé de tres - petites papilles lentilliformes. Les dents qui arment le vomer sont disposées sur deux rangées formant un grand et fort chevron, dont le som- met, un peu ouvert, est dirigé en arrière. Le bout de la mâchoire inférieure présente trois petites saillies auxquelles correspondent trois cavités creusées dans le bord de la mâchoire d’en haut. Les orifices internes des narines sont si- tués, l’un à droite, l’autre à gauche de la base du chevron des dents vomériennes ; les trompes d’Eustachi ont leur ouverture un peu plus grande que celle des narines internes. Il existe des deux côtés , près de l’angle de la bouche, le long du bord inférieur dela branche sous - maxillaire, une fente qui donne issue à cette petite vessie sphérique, à l’aide de laquelle les individus mâles, qui en sont seuls pourvus, produisent des sons variables, suivant les espèces auxquelles ils appartiennent, en faisant be er dans cette sorte d’instrument l’air qu'ils y ont introduit pu orifice situé dans l’intérieur de la bouche au point opposé à celui de la fente dont nous venons de parler. _ La peau, qui enveloppe le corps de cette Grenouille, est en grande partie parfaitement lisse ; on n’observe effectivement ni verrues ni saillies longitudinales soit sur le dos, soit sur les ré- gions qui avoisinent l'oreille. Mais, de même que chez les Oxy- glosses, on remarque un grand nombre de très-petites glandules disposées par lignes assez régulières ; une de ces lignes forme un collier en travers du cou, et se prolonge à droite et à gauche le long de chaque flanc, après avoir contourné l’épaule; une autre suit tout le pourtour de la région abdominale ; puis on en voit encore une de chaque côté du bassin. Ces glandules, nous de- vons le dire, ne sont pas également bien développées chez tous les individus; aussi a-t-on quelquefois besoin de se servir de la loupe pour les apercevoir. Il est rare que la gorge n'offre pas des inégalités qui la rendent comme affectée de petites pustules légérement aplaties. Les viscères de cette Grenouille , comparés à ceux de l’espèce commune, ne présentent rien de Dérticrers non, Un brun chocolat plus où moins foncé, parfois Javé de bleuâtre, est la seule teinte quirègne sur les parties PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 1. 341 supérieures du corps des individus adultes , dont les régions infé- rieures sont ou entiérement blanches, ou marbrées de brunûtre. Tantôt la face postérieure des cuisses est semée de points ou de taches blanches, sur un fond semblable à celni du dos ; tantôt elle est d’un brun noir, avec deux ou trois rubans blanchâtres , bien nettement tracés chez les jeunes ; déchiquetés, ou à bords flexueux chez les sujets plus âgés. En général, les lignes de glan- dules qui parcourent certaines parties du corps sont noires. Les très-jeunes individus présentent de grandes marbrures brunes , sur un fond grisâtre. De la différence qui existe entre le mode de coloration des parties supérieures et celui des régions inférieures, il résulte que les mains et les pieds ont une moitié brune et l’antre blanche, Il y a des individus dont la partie supérieure du corps est or- née d’une bande jaune plus eu moins élargie, s'étendant depuis le bout du museau jusqu’à l’extrémité postérieure du tronc, bande qui devient blanchâtre après la mort, ou bien qui dispa- raît même tout à fait. ; Dimensions. Téle. Long. 4”. Tronc. Long. 8” 3°”. Membr. an- ter. Long. 6” 8°”. Membr. postér. Long. 16”. Patrie. Cette espèce de Grenouille est originaire des Indes orientales; nous en possédons des exemplaires recueillis au Ben- gale par M. Duvaucel, à Pondichéry par Leschenault. L’estomac des sujets que nous avons ouverts renfermait des débris d'herbes, des insectes aquatiques , des petits mollusques et des vers , etc. Observations. Daudin , à l’article de sa Rana grunniens, nous apprend que cette espèce est fondée sur l'examen par lui fait de deux grosses Grenouilles du Muséum d'histoire naturelle de Pa- ris, dont il décrit le mode de coloration de la manière suivante : « L’une est entiérement d’un bleu brunâtre un peu ardoisé en dessus et blanche en dessous, avec un trait jaunâtre derrière chaque œil (1); l’autre est d’un marron rougeâtre en dessus, blanchätre nuancé de châtain en dessous, avec plusieurs petits traits jaunâtres, courts et allongés derrière chaque œil. » Or, comme ces deux Grenouilles existent encore aujourd’hui dans notre établissement, nous avons pu les comparer avec soin, ce (1) Ce trait jaunâtre n'existe réellement pas chez l'individu dont parle Daudin; ce qu'il a pris pour tel est une écorchure longitudinale de l'épiderme. 342 : BATRACIENS ANOURES.. qui noûs a conduits à reconnaître que loin d’être spécifiquement semblables, elles appartiennent, au contraire, à deux espèces tout à fait différentes ; c’est-à-dire que l’une ou celle que l’auteur de l'Histoire naturelle des Rainettes, des Grenouilles et des Cra- pauds a fait représenter sur sa PI. XXI, est une Grenouille à doigts cylindriques et tuberculeux et à peau non percée de pores; tandis que l’autre est bien évidemment un individu de l’espèce qui fait le sujet du présent article. M. Lesson a décrit notre Grenouille cutipore, sous le nom de Rana hexadactyla, dans la partie zoologique du voyage aux Indes orientales de M. Bélanger ; puis quelque temps après il en a publié une figure dans ses Illustrations de zoologie, la dési- gnant alors par le nom de Dactylethra Bengalensis. Nous avons peine à nous expliquer comment il se fait que M. Lesson ait pu considérer cette Grenouille comme un Dactyléthre; car il n’y a absolument rien chez l'individu, type de sa figure, qui puisse faire soupconner l'existence d’ongles à quelques-uns des doigts de ce Batracien. 2. LA GRENOUILLE DE LESCHENAULT. Rana Leschenaulti. Nobis. CaracrÈRes. Dents du palais formant un petit chevron ouvert à son sommet. Doigts et orteils pointus, à tubercules sous-arti- culaires assez développés. Palmure des pieds étendue jusqu’au bout des orteils dont le quatrième est un peu plus long que le troisième et le cinquième; un tubercule osseux à la racine du premier. Surface de la paupière supérieure légèrement plissée en arrière. Corps semé de petites éminences coniques , et percé de pores disposés en lignes parcourant le cou, les côtés du dos et le ventre. Tympan bien distinct, de moyenne grandeur. Parties supérieures marbrées de gris brun et de noirâtre ; dessous du corps tacheté ou vermiculé de noir sur un fond blanc. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a les plus grands rapports avec la précé- dente ; cependant elle s’en distingue par une taille beaucoup plus petite, c’est-à-dire qu’elle ne devient pas plus grosse que notre Grenouille verte. Ses doigts et ses orteils ont leurs tuber- cules sous-articulaires bien plus développés ; tout le dessus de PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G, GRENOUILLE, 3. 343 son corps est couvert de petites verrues coniques et même assez pointues sur les jambes; enfin son mode de coloration est tout à fait différent, CoLorarTion. En dessus, ce Batracien est largement marbré de noir sur un fond qui varie du gris cendré ou roussâtre au brun le plus foncé; souvent ses flancs portent chacun une bande lon- gitudinale noire; tantôt ses parties inférieures sont uniformé- ment blanches ; tantôt elles sont tachetées, tiquetées où vermi- culées de noir partout, ou seulement sur la gorge et sous les cuisses. La face postérieure de celles-ci est noirâtre , marquée en long d’un ou deux rubans blanchâtres, ou bien offrant un semis de points blanchâtres aussi. : Dimensions. Tête. Long. 2” 5”. Tronc. Long. 4” 8”. Membr. anter. Long. 3” 6°”. Membr. poster. Long. 9” 8”. Patrie. C’est de Pondichéry que cette espèce a été envoyée pour la première fois au Muséum par l’infatigable et savant na- turaliste voyageur Leschenault; plus tard on l’a recue du Bengale par les soins de M. Duvaucel, de M. Dussumier et de M. Roux. B. ESPÈCES A DOIGTS SUBCYLINDRIQUES, COMME TRONQUÉS A L’EX- TRÉMITÉ ; SANS PORES AUTOUR DU COU, SUR LE VENTRE, NI SUR LES FLANCS. a. A fentes sur les côtés des mdchoires, servant d'issues aux Sacs VOCaux. 3. LA GRENOUILLE VERTE. Rana viridis, Roësel. CARACTÈRES. Dents du palais formant une rangée transversale interrompue au milieu. Doigts et orteils cylindriques, légère- ment renflés au bout, à tubercules sous-articulaires bien déve- loppés. Palmure des pieds à bords libres , un. peu échancrés en croissants, et ne s'étendant pas tout à fait jusqu’à l’extrémité des orteils, dont le quatrième est d’un tiers plus long que le troi- sième et le cinquième ; un fort tubercule à la racine du premier, un autre plus faible à celle du dernier. Surface de la paupière supérieure faiblement plissée en arrière. Dessus du corps semé de petites pustules, ou relevé de petits plis longitudinaux ; un renflement glanduleux de chaque côté du dos. Tympan de moyenne grandeur, bien distinct, Parties supérieures généra- = 344 BATRACIENS ANOURES. lement marquées de taches noires , irrégulières, sur un fond vert. SYNONYMIE. Rana aquatica et innoxia: Gesn. Quad. Ovip. hist. anim. lib. 11, pag. 41. -Rana..…. Matth. Comment. Dioscor. lib. 11, pag. 178. Rana fluviatilis. Rondel. Aquat. hist. lib. de Palust. pag. °17. Rana fluviatilis. YA. »° partie de l’Hist. poiss. pag. 161. Rana aquatica citrina. Schwenckfeld, Theriotroph. Siles. pag. 157. : Rana aquatica be Id. Loc. cit. pag. 158. Rana aquatica hortensis. Xd, loc. cit. Rana fluviatilis. Aldrov. Quad. digit. ovip. pag. 591. Ranunculus viridis. Charlet. Exercit. different. nomin. anim. * PAG. 27. Rana aquatica. Ray, Synops. meth. anim. quad. et serpent. pag. 247. Rana.viridis. Linn. Faun. Suec. pag. 94. Die Wasser Frosch. Meyer, Angenehm und mustlich. tom. 1, tab. 52. Rana. Klein, Quad. disposit. pag. 117. Rana viridis ion Roësel , Hist. Ranar. pag. 53, tab. 13-16. Rana esculenta. Linn. Syst. on édit. 10, tom. 1, pag. 212, n° 14. Rana esculenta. Wulf, Ichth. Boruss. cum ampbhib. pag. 9. Rana esculenta. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 1, pag. 357, n° 19. Rana esculenta. Laur. Synops. Rept. pag. 31. Rana esculenta. Müller, Zoolog. Danic. prodr. pag. 35. Rana esculenta. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. ILE, pag. 1053, n° 15. La Grenouille mangeable. Daub. Dict. anim. pag. 650. La Grenouille commune. Razoum. Hist. nat. Jor. tom. 7, pag. 101 La Grenouille commune. Bonnat. Encycl. méth. erpét. pag. 3, Pléerhfis.iT. La Grenouille commune. Lacép. Quad. ovip. tom. 1, p. use Rana esculenta. Meyer, Synops. rept. pag. 12. Rana esculenta. Sturm. Deutsch. Faun. Abtheiïl. 111, Heft 1. Rana esculenta. Donnd. Zoolog. Beytr. tom. 3, pag. 99. Rana esculenta, Latr. Hist, nat. salam. pag. XXXVHIT. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G, GRENOUILLE. 3. 345 Green Frog. Shaw. Gener. zoolog. vol. 3, part. 1, pag. 103, PI. 31. Rana esculenfa. Latr. Hist. rept. tom. 2, pag. 148. Rana esculenta. Daud. Hist. rain. gren. crap. pag. 46, PI. 15, fie re Rana esculenta, Id. Hist. rept. tom. 8, pag. go. Rana esculenta. Dwigusbsky, Primit. faun. Mosquens. pag. 46. Rana esculenta var. Aud. Explic. somm. PI. rept. descript. Égypte, Hist. nat. tom. 1, pag. 161, PI. 2, fig. 11 et 12 (Suppl.). La Grenouille verte. Cuv. Règn. anim. 1e édit. tom. 2, p. 92. Rana esculenta. Merr. Tent. syst, amphib. pag. 176. Rana palmipes. Spix. Nov. spec. Ran. Bras. pag. 29, tab. 5 fig. 1. Rana maritima, Risso , Hist. nat. Europ. mérid. tom. 3, p. 92. Rana Alpina, Id. loc. cit. pag. 93. Rana esculenta. Fitzinger. Neue classif. rept. pag. 62. La Grenouille verte. Cuv. Règn. anim. 2e édit. tom. 2, pag. 105. The green Frog. Griff. anim. Kingd. Cuv. tom. g, pag. 89°. Rana esculenta. Eichw. Zoolog. spec. Ross. et Polon. tom. 3, pag. 166. Rana esculenta. Wagl. Syst. amph. pag. 203. : Rana calcarata. Michaells Isis, 1830, pag. 160. Rana esculenta. Ch. Bonap. Faun. ital. pag. et PI. sans n°. Rana Alpina. Id. loc. cit. Rana maritima. 1. loc. cit. Rana Hispanica. Id. loc. cit. Rana esculenta. Holandre, Faune du départ. de Ja Moselle, pag. 220. Rana esculenta. Schinz , Faun. helvét. nouv. mém. sociét. helvét. scienc. nat. tom. 1, pag. 145. Rana esculenta. Schlegel , Faun. japon. VIT, tab. 3, fig. 1. Rana esculenta. Tschudi, Classif. Batrach. mém. sociét. scienc. nat. Neuchâtel, tom. IT, pag. 79. _Rana calcarata. X. loc. cit. pag. 80. 2 DESCRIPTION. Formes. La Grenouille verte peut atteindre à une longueur de deux décimètres et quelques centimètres, depuis l’extrémité du museau jusqu’au bout des pattes de derrière ; mais en général cette étendue n’est guère que de deux décimêtres. La tête est 346 BATRACIENS ANOURES. triangulaire , aplatie, aussi large que longue, et même peut-être un peu plus large que longue; en avant elle forme une pointe fort obtuse. Les narines s’ouvrent de chaque côté du chanfrein vers le milieu de l’espace compris entre le bout du museau et le coin de l’œil. Le canthus rostralis est peu prononcé. L’espace in- ter-oculaire est légèrement concave, et sa largeur à peu près égale aux deux tiers de celle de l’une des paupières supérieures. Celles-ci offrent quelques rides en travers de leur surface , vers leur partie postérieure. Le tympan est circulaire et de même dia- mètre que celui de l’ouverture de l’œil. La langue est grande, spongieuse, semée de très-petits grains arrondis et divisée posté- rieurement en deux lobes. Les dents vomériennes forment deux rangées ou plutôt une seule , interrompue au milieu , laquelle se trouve située positivement entre les ouvertures nasales sans les toucher ni l’une ni l’autre. Ge caractère est important à noter, attendu qu’il peut servir à distinguerla Grenouille verte de l’autre espèce commune ou la rousse, chez laquelle les deux groupes de dents du vomer sont plus petits, placés plus en arrière, c’est-à-dire sur la ligne qui conduit directement du bord PA d’une narine à l’autre. Les orifices des conduits gutturaux de l’oreille ont une gran- deur au moins double de celle des ouvertures nasales internes. _ La vessie vocale du mâle sort au-dessous du tympan par une fente longitudinale située positivement à l’angle de la bouche. Lorsqu’elle est gonflée, elle a la grosseur d’une petite cerise, chez les individus qu’on peut considérer comme ayant acquis tout le développement qu’ils pouvaient avoir. L’extrémité de la mâchoire inférieure offre deux petites échan- crures anguleuses qui produisent , bien entendu entre elles, une saillie ou petite dent, à laquelle correspond une cavité creusée dans le bout de la HCHOE supérieure. La pupille est horizontalement allongée. Les HÉNILES ante- rieurs, placés le long du corps, s’étendent un pen au delà des aines ; les pattes de derrière, portées en avant, dépassent le mu- seau de toute la longueur des orteils. Ceux-ci sont assez allongés, un peu amincis vers le bout , et la membrane qui les réunit tous cinq presque jusqu'à leur extrémité, a ses bords échancrés en quart de cercle environ; le premier os cunéiforme fait une forte saillie au dehors, ce qui constitue un gros tubercule ovoïde à la base du premier orteil ; on remarque un renflement beaucoup PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 3. 347 plus petit à la racine du second. Les doigts sont robustes, cylin- driques ; le premier, bien que déjà plus fort que les trois autres à son origine , s’'augmente encore chez le mâle, à l’époque de l’accouplement, d’une sorte de tubercule rugueux à l’aide du- quel l’animal se tient fixé sur le dos de la femelle , dont il sert fortement les côtés de la poitrine avec ses bras. Les tubercules qui existent sous les articulations des phalanges de toutes les Grenouilles sont ici assez développés. En général, la peau du dos est semée de verrües d’inégales grosseurs ; mais quelquefois ces verrues prennent une forme plus ou moins allongée , d’où il résulte des sortes de plis sur le dessus du corps. Chez tous les individus, il règne un fort cordon glanduleux depuis l’angle postérieur des paupières jusqu’à l’ori- gine de la cuisse ; on en voit un autre qui contourne le bord pos- térieur du tympan et se dirige ensuite vers la commissure des mäâchoires en se renflant plus ou moins, suivant les individus, La peau du dessous du corps est parfaitement lisse. CororArIon. Le mode de coloration de cette espèce présente des modifications qui semblent dépendre généralement des pays qu’elle habite. On doit donc distinguer plusieurs variétés de la Grenouille verte. Variété A, Celle-ci est la plus répandue, car elle est en quel- que sorte commune à toutes les localités où se rencontre la Rana vtridis. Les parties supérieures du corps sont d’une belle teinte verte, irrégulièrement marquées d’un plus ou moins grand nombre de taches brunes ou noïrâtres , d’une égale grandeur, et ornées de trois bandes dorsales d’un janne d’or magnifique. On voit sur le devant de la tête deux raies noires qui partent cha- cune du coin de l’œil, passent par les narines et sé réunissent en angle sur le bout du museau. La face antérieure du bras, tout près de l’épaule, offre aussi une raie noire qu’on retrouve d’ail- leurs dans toutes les variétés , sans exception. Parfoisle tympan et lès régions qui l’avoisinent sont couverts d’une grande tache noire, de même que chez la Grenouille rousse. Les mâchoires sont bordées où tachetées de brun. Les fesses présentent des marbrures noires, blanches où jaunes; tout le dessous du corps est blanc ou jaunâtre. Variété B. Cette variété diffère de la précédente en ce qu’elle n'offre pas de bandes jaunes sur le dos. Wariélé C. Celle-ci reproduit la première variété, avec cette 348 BATRACIENS ANOURES. différence, toutefois, que les taches du dos sont confluentes; on la rencontre principalement parmi les individus originaires du Japon. S Variété D. Cette quatrième variété offre les mêmes bandes et les mêmes taches que la variété À, mais son fond de couleur est grisâtre ou d’un brun plus ou moins foncé. On la trouve en France. Variété E, Ce sont particulièrement les parties méridionales de l’Europe qui produisent cette variété dont le dessus du corps est partout d’une teinte marron , avec des taches brunes plus on moins apparentes. Elle est commune en Italie , en Sicile , en Provence, en Espagne, etc., où l’on trouve cependant aussi les autres variétés. Nous avons tout lieu de croire que c’est elle qui a donné lieu à l’établissement de la Rana maritima de Risso. . Dimensions. Téte. Long. 3”. 1”. Tronc. Long. 6” 7°”. Memb. antér. Long. 5° >”. Memb. postér. Long. 15”. Parrig. L'Europe, l'Asie et l’Afrique produisent la Grenouille verte : il n’est pour ainsi dire pas de contrées où elle ne se ren- contre dans la première de ces trois parties du monde; le Japon, la Crimée, sont les pays d’Asie où elle a été observée par les na- turalistes, c’est-à-dire dans celui-ci par Pallas, car c’est à n’en pas douter sa Rana Taurica; dans celui-là , par MM. de Siebold et Bürger, qui ont rapporté de nombreux échantillons au musée de Leyde, duquel le nôtre en a obtenu plusieurs par échange ; enfin quelques figures gravées dans le grand ouvrage sur l'É- gypte prouvent évidemment que la Grenouille verte habite aussi ce pays ; et nous avons la certitude qu’elle vit également en Al- gérie, puisqu'il nous en a déjà été envoyé plusieurs exemplaires par M. Guyon, que nous ne saurions trop remercier de l’em- pressement qu’il met à saisir toutes les occasions qui se pré- sentent d'enrichir nos collections erpétologiques. Mogurs. Cette espèce est essentiellement aquatique ; elle habite indistinctement les eaux courantes on tranquilles ; on la trouve sur les bords des fleuves, des rivières, dans les ruisseaux , les lacs, les étangs , les marais d’eau douce ou salée, et même dans - des fossés, de simples flaques d’eau. Pourtant elle recherche les endroits herbeux, et paraît se plaire davantage là oùcroissent des roseaux, des plantes nayades, sur les feuilles desquelles, ou bien sur les herbes du rivage, ellé aime à s’exposer aux rayons ar- dents du soleil. Au moindre bruit elle s’élance dans l’eau par un PIANÉROGLOSSÉS RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 3. 349 saut en ligne courbe, s’enfonce dans les herbes el jusque sous la vase pour s'y cacher, mais ne tarde pas à reparaître dès qu’elle suppose le danger passé. - La Grenouille verte se nourrit d'insectes et de petits mollus- ques aquatiques , de larves, de vers, pourvu qu'ils aient du mouvement, etc. Le coassement du mâle est tres-fort, il le produit au moyen de l’air qu’il fait entrer et vibrer dans les poches slobuleuses qui sont situées aux angles de sa bouche ; la femelle, qui est dé- pourvue de ces sacs vocaux, fait entendre un léger grognement produit seulement par le gonflement de la gorge ou de la peau qui garnit l'intervalle que laissent entre elles les deux branches de la mâchoire inférieure, Les mâles coassent aussi bien la nuit que le jour , pour peu que le temps soit beau... Aprés avoir passé tout l’hiver en léthargie, enfoncées dans la vase ou cachées dansles trous-du rivage, les Grenouilles vertes se réveillent de bonne heure au printemps, mais les jeunes ou celles de la dernière ou des deux dernieres années apparaissent généralement les premières. Les sexes se recherchent peu de temps aprés, et l’accouplement a lieu de la fin de mars au com- mencement de mai, suivant que la température est plus ou moins douce. L'histoire de cette espèce relativement aux métamorphoses qu’elle subit avant d’arriver à son entier développement se trouve détaillée depuis la page 190 jusqu'a 216 du présent volume. - Observations. Les Rana marilima etRana Alpina de Risso, ainsi que la Rana calcarata de Michaelles, considérées aussi par plu- sieurs auleurs comme autant d’espèces distinctes de la Rana vi- ridis , en sont purement et simplement que des variétés, dont une, la dernière, paraît être la Rana Hispanica de Fitzinger : ce qui est bien certain , c’est que l’individu représenté sous ce nom dans la Faune italienne du prince Ch. Bonaparte , est de l’espèce de la Grenouille verte. Nous pouvons assurer la même chose du modèle de la figure de la Rana palmipes de Spix , qui est un sujet de la Rana esculenta , recueilli en Espagne ou sur les côtes bar- baresques, puis emporté au Brésil et rapporté de ce pays en Eu- rope comme étant originaire d'Amérique : Spix l’a en effet men- tionné comme tel; grossière erreur que le même voyageur a 350 BATRACIENS ANOURES. commise à l’égard de l’Emys caspica, du Psammophis lacertina et de quelques autres Reptiles européens. Parmi les Reptiles que M. le comte Anatole Demidoff a eu la générosité de donner au Muséum d’histoire naturelle , au retour de la commission scientifique dont ce protecteur éclairé des sciences s'était fait accompagner pendant le voyage qu’il a en- trepris et exécuté , il ya deux ans, dans la Russie méridionale, nous avons trouvé uue fort belle suite d'individus de la Rana viridis | qui ne diffèrent de ceux de nos environs de Paris que par des taches plus dilatées, plus serrées les unes contre les autres, et d’une teinte plus foncée: ces individus, suivant M. Nord- mann , qui s’est appliqué avec le plus grand soin à rechercher les animaux décrits par Pallas , seraient de l’espèce indiquée sous le nom de Rana cachinnans dans les ouvrages du grand natu- raliste que nous venons de nommer. Si, comme nous n’en pou- vons douter, l'opinion de M. Nordmann est fondée, l’épithète de cachinnans est encore un synonyme à ajouter à la liste déjà nom- breuse de ceux qui sont placés en tête du présent article. &s LA GRENOUILLE DES MASCAREIGNES. Rana Mascareniensis. Nobis. CARAGTÈRES. Dents vomériennes formant deux petits rangs obliques assez écartés l’un de l’autre, et touchant chacun de son côté ai bord latéral interne du troù. nasal. Doigts et orteils cylindriques, grêles, à tubercules sous-articulaires médiocres. Palmure des pieds ne s'étendant pas jusqu’au bout des orteils, dont le quatrième est d’un tiers plus long que le troisième et le cinquième; face plantaire offrant un seul tubercule situé à la racine du premier orteil. Paupière supérieure complétement lisse. Peau du dos sans pustules, mais présentant six ou huit plis longitudinaux. Tympan bien distinct, de moyenne grandeur. Parties supérieures grises, rousses ou brunes , tachetées ou non tachetées de noir, avec une bande dorsale ou sans bande dorsale d’une teinte plus claire. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a la tête proportionnellement plus longue et le museau plus pointu que la Grenouille verte com- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 4. JDI mune ; ses dents vomériennes , au lieu de former une série trans- versale interrompue au milieu, et dont les extrémités n’attei- gnent pas les bords des narines ,sont disposées en travers sur deux rangs obliques, qui, chacun de son côté, touchent à l’ouverture nasale ; la surface de la paupière supérieure est lisse ; la palmure de ses pieds est plus courte ; son dos est dépourvu ic verrues ef offre constamment six ou huit plis ou renflements longitudinaux ; enfin son mode de coloration n’est pas le même. Malgré ces dif- férences, la Grenouille des îles Mascareignes est une espèce excessivement voisine de la précédente; entre autres points de ressemblance qu’elle présente avec elle , on remarque celui d’a- voir sur le côté de la mâchoire , à l’angle de la bouche , une fente qui permet à la vessie vocale de sortir , lorsque l’animal la remplit d'air. COLORATION. Variété A. Une teinte fauve est répandue sur toutes les parties supérieures du corps , qui sont en outre semées de taches d’un brun marron, lesquelles prennent la forme de bandes transversales sur les membres; puis on voit s'étendre, depuis le bout du nez jusqu’à l’orifice anal, un ruban plus ou moins large d’une couleur plus claire que celle du fond. Variété B. Tout le dessus du corps est d’un brun marron sombre , sur lequel on distingue à peine les taches noirâtres dont il est cependant marqué; la région rachidienne est parcourue dans toute sa longueur par une bande roussâtre qui n’est Frans plus trés-apparente. | 4 ariété C. Le dos et les autres régions supérieures présentent un gris plombé , parsemé de taches brunes ; une raie blanchâtre règne sur toute la ligne médiane du corps. Quelquefois pourtant cette raie blanchâtre n’existe pas. Chez ces trois variétés , il y a une bande noire qui va du bout du museau en arrière du tympan , en passant par l’œil ; toutes trois ont également le dessous du corps blanc, et des mar- brures blanches, brunes ou rousses, sur la face postérieure des cuisses. Dans quelques individus la gorge est piquetée ou finement ta- chetée de noir. Dimensions. Cette espèce n’arrive guère qu’à la moitié de la grosseur de la Grenouille verte. Voici les principales dimensions du plus grand de trente individus environ que renferme notre 352 BATRACIENS ANOURES. collection. Téte. Long. 2” 2°”. Tronc. Long. 3”. Membr. antér. Long. 3”. Membr. postér. Long. 9”. cui Parrie. Cette Grenouille habite les îles qu’on désigne par le nom commun de Mascareignes, ou les Séchelles, Maurice et Bourbon , d’où MM. Quoy et Gaimard , Dussumier, Leschenault et Nivoy nous en ont apporté, chacun de leur côté, un certain nombre d’exemplaires. b. A méchoires sans Jentes sur les côtés pour la sortie + sacs vocaux. ; 5. LA GRENOUILLE HALECINE. Rana Hulecina. Kalm. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant deux groupes distincts entre les arrière-narines. Doigts et orteils à tubercules sous-articu- laires bien développés. Palmure des pieds ne s’étendant pas jus- qu’au bout des orteils, dont le quatrième est d’un tiers plus long que le troisième et le cinquième ; un fort tubercule à la racine du premier ; un autre à peine sensible à celle du second. Sur- face de la paupière offrant quelques plis en arrière. Peau du dos lisse ou irrégulièrement plissée en long au milieu , et offrant de chaque côté un renflement longitudinal assez étroit. Tympan distinct, de moyenne grandeur. Dessus du corps semé de taches sub-arrondies, sur un fond gris, brun ou fauve (chez les sujets conservés dans l’alcool) ; toujours une tache sur chaque orbite, et quelquefois une troisième sur le front. SYNONYMIE. /V'ater Frog. Catesb. Nat. née Carol. tom. 1, PI. 70. : Rana Halecina. Kalm. Iter. Amer. tom. 3, pag. 46, Shad Frog. Bartr. Travels in Carolina, pag. 278. ? Rana Virginiana maculis, ete. Séb. tom. 1, pag. 120, tab. 76, fig. 4. ? Rana. Gronov. Zoophyl. pag. 15, n° 63. Rana V'irginiana. Laur. Synops. rept. pag. 31. Bana pipiens. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 3, pag. 1052, n° 28. Rana Virginica. Id. loc. cit. pag. 1053, n° 33. ? La Grenouille galonnée. Bonnat Encycl. méth. erpél. pag. 2, PI. 4, fig. . Rana pipiens. I. loc. cit pag. 5, PI. 4, fig. 3 PITANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 5. 353 ? Grenouille de Virginie, variété de la Galonnée. Lacép. Quad. ovip. tom. 1, pag. 549. Rana pipiens. Donnd. Zoologisch. Beytr. tom. 3, pag. 51, n° 28. Rana pipiens. Schreb. Der naturf. tom. 18, pag. 182, tab. 4. Rana pipiens. Shaw. Gener. Zoolog. vol. 3, pag. 133. Rana pipiens. Schneïd. Hist. amph. fase. 1, pag. 105, PI. 3. Rana halecina. Daud. Hist. rain. gren. crap. pag. 63. Rana halecina. Id. Hist. Rept. tom, 8 , pag. 122. Rana halecina. Merr. Tentam. Syst. amph. pag. 175. Rana atricularia. Marl. Sillim. Journ. vol. 10, pag. 59. Rana halecina. Id. loc. cit. pag. 60. Rana halecina. Id. North-Amer. Rept. Journ. Acad. nat. scienc. Philad. vol. 5, pag. 337. $ Rana utricularia. Xd. loc. cit. pag. 337. Rana palustris. Guér. Icon. Règ. anim. Cuv. Rept. pl. 26, fig. 1. Rena halecina. Holb. North-Amer. Rept. vol. +, pag. 89, pl. 13. Rana halecina. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. Soc. scienc. nat. Neuchäât. tom. 2, pag. 79. DESCRIPTION. Formes. Voici une espèce qui semble être le représentant dans l'Amérique du Nord de notre Grenouille verte commune : elle a la même taille, le même ensemble de formes, et à peu près le même mode de coloration que cette dernière, dont elle diffère pourtant à plusieurs égards. La première remarque que l’on fait en examinant ces deux espèces comparativement , c’est que la Grenouille halécine n’a point, aux angles de la bouche, les fentes qui permettent aux individus mâles de faire sortir exté- rieurement leurs sacs vocaux , ainsi que cela a lieu dans la Gre- nouille commune d'Europe. La tête de la Grenouille halécine est à proportion plus longue , plus pointue , sa largeur étant d’un sixième moindre que sa longueur ; tandis que chez la Grenouille commune ces deux dimensions sont égales, si la largeur ne l'emporte même pas un peu sur la longueur. Sa congénère amé- ricaine a les palmures des pieds un peu plus courtes, et ses orteils plus grêles, plus inégaux; attendu que le pénultième n’est pas seulement d’un quart, mais d’un tiers plus long que l’anté- pénultième et le dernier. La saillie que fait le premier os cunéi- forme est aussi moins forte que dans l’espèce commune ; l’ouver- REPTILES, VIN. 23 354 BATRACIENS ANOURES. ture des trompes d’Eustachi est moins grande et les deux groupes de dents vomériennes sont plus étroits. Le tympan a en diamètre la largeur de la paupière supérieure , qui offre quelques petites rides transversales à son extrémité postérieure, Le dos est lisse ou relevé de plusieurs petits plis longitudinaux , irrégulièrement disposés ; un cordon ou renflement glanduleux , plus étroit que celui de la Grenouille commune, s’étend en droite ligne depuis l’angle postérieur de l’œil jusqu’à l’extrémité du tronc; un autre renflement glanduleux commence sous l’orbite et se termine à l'épaule , en donnant une petite branche qui se dirige oblique- ment vers le tympan. L’orifice par lequel l’air pénètre dans les sacs vocaux, est situé dans le coin de la bouche sous l’aplomb du conduit guttural de l’oreille. CoLorATION. Parmi les individus conservés dans nos collec- tions, il y en a dont le fond des parties supérieures est d’un brun foncé , d’autres d’un brun olivâtre ; chez ceux-ci il est d’un gris verdâtre, et chez ceux-là d’uné teinte roussâtre tirant plus ou moins sur le marron ; mais tous ont le dos marqué de grandes taches noires, arrondies on presque arrondies , ondées de blan- châtre, affectant assez généralement une disposition en deux séries parallèles. Leurs côtés offrent d’autres taches semblables pour la couleur, mais moins grandes ; il en existe toujours une sur chaque orbite, et quelquefois sur le chanfrein. Une raie noire va du bout du museau à l’angle antérieur de l’œil ; une autre, formant une fourche à son extrémité postérieure, existe au-dessus du tympan ; enfin une troisième est imprimée en long sur. la face antérieure du haut du bras. Les mâchoires sont comme marbrées de noir et de blanchätre; parfois la supé- rieure porte un ruban de la première de ces deux couleurs; le tympan est brun ou roussâtre , avec un point d’une teinte pis claire au centre. Une raie d'un blanc jaunâtre parcourt chaque côté de la tête, au-dessous de la narine, de l’œil et du tympan; cette couleur blanc-jaunâtre est celle des renflements glanduleux qui bordent le dos. Les membres, mais particulièrement ceux de derriere, présentent des taches noires lisérées de blanchätre, très-dilatées en travers. La face postérieure des cuisses est ponc- tuée , marbrée ou veinée de brun et de blanchâtre. En dessous, les de seules offrent une teinte tirant sur le jaune ; les autres régions sont blanches. Vo ici maintenant, d’après M. Holbrook, emnologiste d istin- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. D. 2356 gué de Charlestown, quel est le mode de coloration de cette espèce de Grenouille à l’état de vie. Une ligne d’une couleur de bronze très-brillant, ligne qui est jaune dans le jeune âge, commence au sommet du museau et se termine à l’œil; une se- conde ligne ; d’un jaune blanchâtre , s'étend depuis le nez jus- qu’à l’épaule ; cette dernière est plus courte chez le mâle, at- tendu qu’elle s'arrête au sac vocal. La pupille est noire et l'iris de couleur d’or brillant, traversé longitudinalement par une : bande noire. Un point noir occupe le centre du tympan, qui est d’une teinte bronzée. La partie supérieure du corps est d’un vert jaunâtre brillant’, offrant des taches ovalaires d’un brun olive foncé , bordées de jaune brillant. La même couleur se remarque sur toute l'étendue du renflement glanduleux qui s'étend depuis V’orbite jusqu'a l'extrémité du corps. Un blanc d’argent règne sur la gorge, et un blanc jaunâtre sur la région abdominale. Les membres antérieurs sont d’un vert bronzé en dessus, mar- qués de plusieurs taches d’un olive foncé , dont une est située positivement sur le coude ; en dessous ils sont blanchâtres. Les taches et les bandes transversales des pattes de derrière sont de la même couleur que les taches des extrémités antérieures. Dimensions. Téle. Long. 2” 8”. Tronc. Long. 5” 7°”. Membr. antér. Long. 4” 2°”. Membr. poster. Long. 14° 3”. Parrig. La Grenouille halécine habite toutes les parties des États-Unis : nous possédons une belle et nombreuse suite d’in- dividus dont nous sommes redevables à la générosité et au zèle éclairé de MM. Lesueur , Leconte , Harlan et Holbrook. Cette espèce est extrêmement alerte; il parait que lorsqu'elle est poursuivie, elle fait des sauts considérables , c’est-à-dire de huit à dix pieds de longueur ; les lieux humides sont ceux qu’elle fréquente de préférence ; on la trouve ordinairement sur les bords des étangs d’ean douce. Bosc dit qu’elle s’en éloigne rare- ment ; M. Holbrook prétend, au contraire, l’avoir souvent ren- contrée dans des champs, des prairies, à une grande distance des eaux. Observations. Catesby est l’auteur anquel on doit la connais- sance de cette espèce qu'il à fait représenter d’une manière très- reconnaissable sous le nom de ater-Frog , dans son Histoire naturelle de la Caroline. Plus tard elle fut mentionnée par Kalm, voyageur suédois, qui l’appela Grenouille alose, du nom latin halex, parce qu’il avait 23, 356 BATRACIENS ANOURES. fait la remarque qu’elle apparaissait au printemps en Pensyl- vanie , en même temps que les Aloses , poissons nommés Halex par les Indiens : c’est de ce dernier nom que provient celui d’Ha- lecina, sous lequel se trouve désignée notre espèce dans la tra- duction latine qui a été faite de la relation du voyage de Kalm. Aujourd’hui on possède deux autres figures de la Grenouille haïécine ; l’une se trouve dans l’Iconographie du règne animal de Cuvier par Guérin, sous le faux nom de Rana palustris (Le- conte) ; l’autre se trouve dans l’Erpétologie de l'Amérique du Nord, à la publication de laquelle M. Holbrook travaille en ce moment. La Rana utricularia de Harlan est tout simplement le mâle de la présente espèce. &. LA GRENOUILLE DES MARAIS. Rana palustris. Leconte. CarAcrÈèREs. Dents vomériennes formant deux groupes dis- tincts entre les narines. Doigts et orteils à tubercules sous-arti- culaires bien développés. Palmure des pieds ne s'étendant pas jusqu’au bout des orteils, doni le quatrième est d’un tiers plus long que Île troisième et le cinquième ; un fort tubercule à la racine du premier, un autre à peine sensible à celle du second. Paupière supérieure offrant quelques petites rides. Dos ayant de æhaque côté deux renflements glanduleux longitudinaux!, très- élargis ; les deux internes plus courts que les deux externes. Tympan distinct, de moyenne grandeur. Dessus du corps brun ou roussâtre, marqué de grandes taches noirâtres, subquadri- latères. Une tache de la même couleur sur chaque orbite, et toujours une troisième sur le chanfrein. SYNONYMIE. ana palustris. Leconte, Ann. Lyc. New. vol. pag. 282. Rara palustris. Harl. Sillim. Tor vol. 10, pag. 5q. Rana pardalis. Xd. loc. cit. pag. Go. Rana palustris, Id. North Amer. Rept. Journ. Acad. nat. scienc. Phil. vol. 5, pag. 339. Rana palustris. Holb. North Amer. Rept. vol. 1, pag. 93, æL. : PHANÉROGLOSEES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 6. 397 DESCRIPTION. Formes. C’est avec quelques doutes, nous l’avouons, que nous séparons cette espèce de la précédente; néanmoins nous avons: cru devoir le faire par les raisons suivantes : son museau est con- stamment plus court, plus obtus ou arrondi; son tympan plus petit, n'ayant pas tout à fait en diamètre la largeur de la pau- pière supérieure ; les deux groupes que forment ses dents vomé-- riennes sont plus étroits ; les renflements glanduleux qui bordent son dos de chaque côté sont plus larges; et, en dedans de ceux- ci ‘il y en a deux autres non moins larges, mais de moitié plus: courts ; son mode de coloration est différent, surtout dans l’étas de vie; enfin, d'aprés M. Holbrook, l’odeur qu’exhale la Gre- nouille des Marais, quand elle est vivante, n’est pas la même que celle de la Grenouille halécine. CororaTion. Nos individus conservés dans la liqueur ont le fond du dessus de leur corps brun, gris, olivâtre ou roussâtre ; une bande noire s'étend du bout du museau à l'angle antérieur de l'œil; une tache de la même couleur occupe le milieu du ehan- frein ; une autre se voit sur chaque orbite; de grandes taches noires aussi, généralement oblongues , quelquefois confluentes , affectant, le plus souvent une forme quadrilatère, composent deux séries longitudinales depuis la tête jusqu’à l'extrémité du tronc ; une autre série. de taches à peu près semblables existe le long du haut de chaque flanc , et au-dessous d’elles sont quelques taches irrégulières , également de couleur noire ; une raie noire, non fourchue en arriére, comme chez la Grenouille haléeine, part de l’angle postérieur de l’œil , suit un moment le contour du tympan , et va finir sur le renflement glanduleux qui est situé em arrière du coin de la bouche ; enfin les membres postérieurs sont marqués de grandes bandes transversales noires, qui les rendent comme zébrés. : Dans l’état de vie , la Grenouille des marais , nous dit M. Hol- brook, a la mâchoire supérieure d’un blanc jaunâtre, tachetée de noir; l’inférieure blanche, tachetée de la même manière. Suivant le même naturaliste , la pupille est noire et l’iris de couleur d’or ; une ligne jaune va de l’œil à la racine du membre antérieur en passant sous le tympan, qui offre une teinte bronzée avec une petite tache plus foncée au centre. Le dessus du corps est d’un 358 BATRACIENS ANOURES. brun pâle , couvert en grande partie par deux séries de taches quadrilatères oblongues , d’un brun très-foncé ; une ligne d’un jaune brillant s’étend depuis l'orbite jusqu’à l’extrémité posté- rieure du corps ; au-dessous de cette ligne , et par conséquent sur chaque flanc , sont deux autres rangs de taches brunes , carrées , le supérieur commencant au niveau et en arrière du tympan, l’inférieur ne se composant fréquemment que de petites taches disposées sans ordre. Le dessous du cou et le ventre sont d’un blanc jaunâtre , excepté à la région postérieure où cette dernière couleur est plus prononcée. En dessus, les extrémités anté- rieures sont d’un brun jaunâtré , marquées de quelques taches très-foncées. Leur face inférieure est d’un blanc d'argent ; les doigts sont bruns à la partie supérieure et jaunes en déssous. Des bandes transversales d’un brun très-foncé sont imprimées sur toute l’étendue des membres postérieurs dont le fond en dessus est brunâtre ; la jambe, le tarse et les orteils ont leur face in- férieure jaune. Dimensions. Téte. Long. 2” 3°”. Tronc. Long. 5” 4”. Memb. antér. Long. 4”. Memb. postér. Long. 11° 3”. Parrie. Nous avons recu cette espèce de plusieurs points diffé- rents de l'Amérique du Nord , par les soins de M. Milbert, de M. Lesueur, de M. Leconte , de M. l'Herminier et de M. Harlan. M. Holbrook dit que le plus loin qu’on lait encore trouvée au sud , c’est dans les états atlantiques du Maine et de la Virginie. Les habitudes de la Grenouille des marais sont les mêmes que celles de la Grenouille halécine. M. Leconte, qui lui a donné le nom de Po croyait qu’elle ne fréquentait que le voisinage des marais salés ; ou on sait aujourd’hui qu’elle habite aussi le bord des étangs et des rivières. 7. LA GRENOUILLE ROUSSE. Rana temporaria. Linné. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant deux petits groupes situés sur la ligne qui conduit directement du bord postérieur d’une narine à l’autre. Doigts et orteils à tubercules sous-articu- laires bien prononcés. Palmure des pieds à bords libres échan- crés en croissants , et ne s'étendant pas jusqu’au bout des orteils, dont le quatrième est d’un tiers plus long que le cinquième , PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 7. 359 un tubercule à la racine du premier. Un renflement glandulenx de chaque côté du dos, dont le milieu est lisse ou relevé de quelques, verrues à peine sensibles. Tympan distinct, ayant en diamètre les trois quarts de la largeur de la paupière supérieure, qui est lisse. Une grande tache noire oblongue , allant du coin de l’œil à l’angle de la bouche. SYNONYMIE. Rana sive Rubeta gibbosa. Gesn. Quad. ovip. histor. anim. lib. II, pag. 58. Rubeta gibbosa. Aldrov. Quad. digit. ovip. Kb. IT, pag. 610 Rana temporaria. Charlet. Exercit. pag. 27, Rana. Linn. Fauna Suec. 1, pag. 250. Die Erdfrosch. Meyer, Angenehm. und mustlich , tom. 1, tab. 52. Rana fusca terrestris. Rœs. Hist:ranar. pag. 1 à 35. tab. I-VIIX. Rana temporaria. Linn. Syst. nat. édit. 10, pag. 213, n° 13. Rana temporaria. Wulf. Ichth. Boruss. cum amphib. pag. 8. Rana temporaria. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 1, pag. 357, n° 14. | Rana muta. Laur. Synops. rept. pag. 30. Rana temporaria. Müll. Zoolog. Danic. prodr. pag. 55. Rana temporaria. Fabric. Faun. Groenl. pag. 124. Rana temporaria, Gmel. Syst. nat. tom. 3, pag. 1053, n° 14. Rana temporaria. Bonnat. Encyclop. méth. Erpét. pag. 3, PL 2, fig. 2. La Rousse, Lacép. Quadrup. ovip. tom. 1, pag. 528. Rana temporaria. Meyer, Synops. rept. pag. 12. Bana temporaria. Sturm. Deutsch. Faun. Abtheil. IIE, heft. 1, Rana temporaria. Donnd. Zoologisch. Beytr. tom. 3, pag. 52, n° 14. Rana temporaria. Schneïid. Histor. amphib. fasc. 1, pag. 113. Bana temporaria, Latr. Salam. Franc. pag. XXXVIL. Rana temporaria. Shaw. Gener. Zool. vol. 3, pag. 97, PI. 29. Rana temporaria. Latr. Hist. rept. tom. 2, pag. 150. Rana temporaria. Daud. Hist, rain. gren. crap. pag. 16, PL. 15, fig. 2. Rana temporaria. Id. Hist. rept. tom. 8, pag. 94. Bana temporaria, Dwigubsky. Primit. faun. mosq. pag. 46. Rana temporaria. Cuv. Règn. anim. 1re édit. tom. 2 , pag. 92. Rana temporaria. Merr. Tentam. Syst. amphib. pag. 179, n° 8. 360 BATRACIENS ANOURES. . Common Frog. Penn. Brit. zool. vol. 3, pag. g. Rana temporaria. Riss. Hist. nat. Eur. mérid. tom. 5 , pag. 93. Rane temporaria. Cuv. Règn. anim. 2€ édit. tom. 2, pag. 105. Rana temporaria. Griff. Anim. Kingd. Cuv. tom. 9. Rana temporaria. Jenyns , Brit. vert. anim. pag. 300. Rana temporaria. Krynicki. Observat. rept indig. Bullet, Societ. imp. Natur. Mosc. (1837), n° 111, pag. 66. Rana temporaria. Schinz, Faun. Helvet. nouv. Mém. Sociét. helvét. scienc. natur. tom. 1, pag. 145. Rana temporaria. Schlegel ; Faun. Japon. rept. batrac. VI, PI. IT , fig. » Rana temporaria, Tschudi, Class. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuchäât. tom. 2, pag. 79. Rana temporaria, Bell. Brit. rept. pag. 84. ? Rana scotica. Id. loc. cit. pag. 102. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce, la seule vraie Grenouille avec la verte, qui habite notre Europe, se reconnaît principalement à l’ab- sence de sacs vocaux externes chez les mâles; à la petitesse de ses deux groupes de dents vomériennes , et à leur situation dif- férente, car ils ne sont pas placés positivement entre les na- rines, mais immédiatement en arrière du milieu de la ligne qui conduit directement d’un bord postérieur de l’une de celles-ci à l’autre; au développement moindre de ses pieds; à la longueur plus grande de son quatrième orteil, qui excède d’un tiers et non d’un quart le troisième et le cinquième ; à l’espace plus con- sidérable qui existe entre les yeux , lequel est plat au lieu d’être concave et au moins aussi large que la paupière supérieure ; enfin au diamètre de son tympan, qui n’a guère que la moitié ou les trois quarts de celui de l’ouverture de l’œil. La tête de la Grenouille rousse a un peu plus de largeur que de longueur ; son museau n’est pas plus pointu, mais plus plat “en dessus, moins arrondi au bout, et à angles latéraux plus mar- qués que celui de la Grenouille verte; sestrompes d’Eustachi sont deux fois plus ouvertes que les trous internes des narines ; les orifices de sessacs vocaux sont très-petits, et situés dans les angles dé la bouche ; elle offre deux groupes de dents vomériennes affec- tant une disposition en chevron ouvert à son sommet. Le dos , PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 7. 901 ordinairement lisse, offre parfois cependant quelques petites verrues ; il est bordé à droite et à gauche par un renflement glanduleux , beaucoup plus étroit et moins saillant que chez la Grenouille verte, lequel s’étend depuis l’orbite jusqu’à l’extré- mité du tronc ; un autre renflement glanduleux plus faible, ainsi que chez cette dernière, va de l’angle de la bouche à l'épaule. À l’époque de l’accouplement, le pouce du mâle se recouvre d’aspérités qui lui donnent l’aspect d’une petite brosse noire. Les membres postérieurs varient en longueur ; car lorsqu'on les couche le long du corps, tantôt l’extrémité de la jambe arrive à peine au niveau du museau , tantôt au contraire elle le dépasse plus ou moins. La saillie que fait le premier os cunéiforme, quoique très-prononcée, l’est cependant un peu moins que dans la Grenouille verte; il y a rarement un léger renflement à la racine du premier orteil. Le dessus de la paupière supérieure est lisse et tout le dessous du corps aussi. La face postérieure des cuisses est comme granuleuse. CororarTion. Un signe distinctif de la Grenouille rousse, c’est d’avoir la région latérale de la tête, comprise entre l’œil et l’é- paule, colorée en noir ou en brun foncé, circonstance qui lui a valu la qualification latine de {emporaria ou marquée à la tempe : cette grande tache noire ou brune se termine généralement en pointe derrière l’angle de la bouche. Une raie noire, passant par la narine, s’étend du bord antérieur de l’œil au bout du museau. Un trait de la même couleur est marqué en long sur le devant du haut du bras. Les mâchoires sont blanches ou jaunâtres , bor- dées où tachetées de noir ou de brun. Les pattes postérieures sont presque {oujours coupées en travers par des bandes d’une couleur foncée. La plupart des individus ont toute la face supé- rieure du corps d’une teinte rousse uniforme ou tachetée de noi- râtre; puis il y en a de verts, de verdâtres, de gris, de bruns, de noirâtres , de jaunâtres , de blanchâtres et même de colorés en rose avec ou sans faches plus où moins foncées que le fond sur lequel elles sont semées: Les régions inférieures sont souvent d’un blanc jaunâtre, mais elles offrent aussi quelquefois des taches cendrées , brunes ou roussâtres. La pupille est noire , oblongue, et l’iris de couleur d’or. Dimensions. Cette espèce est de la même grosseur que sa con- génère d'Europe ; les sujets originaires dun Japon nous semblent avoir des formes plus sveltes, plus élancées que ceux d'Europe. 362 BATRACIENS ANOURES. Tête. Long. 2” 3”, Tronc. Long. 5° Membr. antér. Long. on 4. Membr. postér. Long, 12”. Parrie. Cette espèce est répandue dans toute l’Europe depuis les points les plus méridionaux jusqu’au cap Nord, d’où nous l'avons reçue par les soins de M. Noël, inspecteur des pêches ; elle se trouve äussi au Japon ; nous possédons des individus de ce pays qui y ont été recueillis par MM. Van Siebold et Bürger. La Rana temporaria s'éloigne des eaux dès qu’elle a satisfait au besoin de la reproduction , et n’y revient plus que l’année sui- vante ou bien à la fin de l’automne pour y passer l’hiver engour- die dans la vase. Durant l’intervalle de ces deux époques, elle habite les lieüix humides dans les champs , les prés ou les bois; on la trouve fort souvent dans les vignes, où beaucoup d’indi- vidus demeurent aussi pendant la saison froide blottis dans des trous, où enfoncés sous des feuilles pourries. Les Tétards de cette espèce äccomplissent toutes leurs métamorphoses en trois mois. La Grenouille rousse se nourrit d'insectes , de vers, de chenilles, de petits mollusques. Son coassement est bien moins fort que celui de la Grenouille verte ; elle a de plus que celle-ci la singu- lière faculté de le produire sous l’eau. Observations. La Grenouille rousse est une espèce que ses ha- bitudes ont de tout temps fait distinguer de la Grenouille verte : aussi sa synonymie ne présente-t-elle aucune difficulté. Nous ne savons pas véritablement si l’on doit en séparer l’es- pèce que M. Bell vient de décrire sous le nom de Rana Seotica, dans son excellente Erpétologie britannique; car Ce savant na- turaliste avoue lui-même qu’à quelques légères différences près dans les proportions des os du crâne, la Rana temporarta et cette Rana Scotica sont semblables par tou les autres points impor- tants de leur organisation. 8. LA GRENOUILLE DES BOIS. Aana sylvatica. Leconte. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant deux petits groupes situés sur la ligne même ou immédiatement au-dessous de la ligne qui conduit directement du bord postérieur d’une narine à autre. Palmure des pieds à bords libres échancrés en crois- sants, et ne s'étendant pas jusqu’au bout des orteils, dont le PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. S&. 363 quatrième est d’un tiers plus long que le cinquième; un tu- bercule à la racine du premier. Un renflement glanduleux de chaque côté du dos, dont le milieu est lisse. Tympan distinct ayant un diamètre égal à la largeur de la paupière supérieure, qui est lisse. Une tache noire oblongue allant de l’œil à l’angle de la bouche. SYNONYME. Rana syloatica. Leconte, Remarks on the Amer. spec. gen. Aÿla and Rana. Ann. lyc. nat. hist. New. vol. 1, pag. 282. Rana syleatica. Harlan, Descript. sever. spec. Batrac. rept. Sillim. journ. vol. 16, pag. 958. Rana Pensylvanica. I. loc. cit. pag. 6o. Rana sylvatica. 4. North Amer. rept. Journ, Acad. nat. scienc. phil. vol: 5, pag. 558. Rana sylvatica. Tschudi , Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 79. DESCRIPTION. Formes. Nous laissons à des Erpétologistes plus habiles le soin de découvrir si la Rana sylvatica diffère de la Rana temporaria , par d’autres caracteres que celui d’avoir le tympan d’une plus grande dimension, c’est-à-dire d’un diamètre égal à celui de l'ouverture de l'œil, tandis qu’il n’en a que la moitié ou les trois quarts chez la Rana temporaria. Quant à nous, c’est absolument la seule différence que nous soyons parvenus à constater entre ces deux Grenouilles, que nous nous serions décidés À réunir sous la même dénomination , s’il était à notre connaissance qu’une même espèce de Reptiles se füt déjà trouvée dans l’an- cien monde et dans le nouveau, ce qui serait le cas de nos deux Batraciens, dont l’un, ou la Rana temporaria, est originaire d'Europe et d’Asie ; et l’autre, ou la Sylvatica, de l'Amérique du Nord. COLORATION. La Grenouille des bois, de même que la &re- nouille rousse , offre une grande tache noire , pointue en arriere sur la partie latérale de la tête, entre l’œil et l’angle de la bouche ; elle a de même aussi un trait noir allant du bout du muséau au bord antérieur de l'orbite , et un autre sur le devant de la racine du bras. Presque tous les individus conservés dans notre cabinet national d’histoire naturelle ont les parties supé- 364 = BATRACIENS ANOURES. rieures du corps d’une teinte grise, quelquefois assez claire, d'autrefois lavée de brunâtre ; leurs membres sont coupés en travers par des bandes brunâtres , souvent trés-rapprochées les unes des autres. Quelques-uns ont les flancs tachetés de noir, et la région coccygienne , ainsi que le dessous des tarses, piquetée de blanc. En général, la face inférieure du corps est blanche ; cependant la gorge offre parfois des marbrures cendrées. Ce mode de coloration n’est plus, comme on va le voir, tout à fait le même que celui que présente l’animal lorsqu'il est vi- vant. Ses parties supérieures, dit M. Holbrook, du livre duquel nous extrayons ces détails , sont d’un brun rougeûtre pâle , lé- gèrement teint en vert ; sous Ja tache noire de la tempe st une ligne d’un blanc jaunâtre , qui s’étend jusqu’à l'épaule. La mä- choire supérieure présente une teinte bronzée , semée de points bruns ; l’inférieure est presque blanche , avec quelques taches noires. La pupille est noire, ovalaire ; la portion inférieure de l'iris est d’un brun très-foncé , mais la supérieure est dorée. Le tympan est brun. Les renflements glanduleux des côtés du dos sont jaunes, d’où il résulte deux lignes, qui sont souvent in- terrompues par des taches noires. Les flancs sont d’un blanc ver- dâtre au milieu et de couleur jaune sur leur région voisine des cuisses. Un blanc d’argent règne sur la partie antérieure de l’ab- domen , la postérieure est lavée de jaune. Dimensions. Tête. Long. 2”. Tronc. Long. 4”. Membr. antér. Long. 3” 5”. Membr. poster. Long. 10° 4”, PATRIE. Suivant M. Holbrook, cette espèce habite les États- Unis, depuis le New-Hampshire jusqu’en Virginie : les sujets de notre collection proviennent de la Caroline du Sud, de la Pen- sylvanie. Le nom de sylvatica donné à cette espèce par M. Le- conte , indique que ses habitudes sont les mêmes que celles de notre Grenouille rousse, c’est-à-dire qu’on la trouve le plus or- dinairement dans les lieux couverts de bois : on dit qu’elle fré- quente de préférence les forêts de chênes. Elle ne se rapproche des eaux qu’à l’époque où s’accomplit l’acte de la reproduction ; comme la Grenouille rousse, elle cherche à se cacher sous les feuilles sèches lorsqu'elle est poursuivie. Observations. Le seul portrait que nous connaissions de cette espèce est celui que M. Holbrook a publié dans son Histoire des Reptiles de l'Amérique du Nord. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. Q. 365 9. LA GRENOUILLE DU MALABAP. Rana Malabarice, Nobis. (Noyez PI. 86, fig. 1 et 1 a.) CaraAcrÈèrEs. Dents vomériennes formant un chevron ouvert à son sommet, Doigts et orteils renflés au bout et à tubercules sous- articulaires très-développés. Palmure des pieds courte ; qua- trième orteil de moitié plus long que le troisième et le cinquième ; deux tubercules à la face plantaire, trois à la face palmaire. Dessus du corps lisse ; deux faibles renflements longitudinaux de chaque côté du dos. SYNONYMIE. Rana Malabarica. Nobis. M. S. S. Rana Malabarica. Yschudi. Classif. Batrach. Mém. Soc. scienc. Neuch. tom. 2 , pag. 80. S DESCRIPTION. Formes. Cétte espèce se reconnaît aisément à la grosseur dés tubercules sous-articulaires de ses doigts et de ses orteils, ainsi qu’au peu de développement en largeur comme en longueur de la membrane qui unit ces derniers entre eux. Les doigts et les orteils , dont le quatrième est de moitié plus long que le troi- sième et le cinquième , sont de plus très-renflés à leur extrémité. La face palmaire de la main offre trois gros tubercules oblongs, et il en existe deux sous la plante des pieds. Les membres de devant sont proportionnellement moins courts et ceux de der- rière moins longs que chez lesespèces précédentes ; car ceux-là, couchés contre les flancs, s'étendent jusqu’à l'extrémité du tronc, et ceux-ci , placés de la même manière, ne dépassent le museau que de la longueur des orteils. La Grenouille du Malabar a d’ail- leurs le corps fort aplati et comme quadrangulaire , ses parties latérales étant à peine arrondies ; la tête aussi est déprimée , et son contour horizontal donne la figure d’un triangle équilatéral à sommet correspondant au museau, assez arrondi. Les côtés de cette tête sont tout à fait verticaux, d’où il résulte que le can- thus rostralis est bien prononcé ; les yeux sont situés latéra- lement et ne font qu'une légére saillie au - dessus du crâne aplani d’un bout à l’autre, saillie qui est parfaitement lisse, car la surface de la paupière supérieure n’est marquée d’aucune ride. Les narines viennent s'ouvrir immédiatement sous le can- 366 BATRACIENS ANOURES. thus rostralis, un peu plus près de l’extrémité du museau que de l’angle antérieur de l’œil. Le tympan est égal en diamètre à la largeur de l’intervalle des orbites , ou à celle de la paupiere supérieure. La bouche est assez largement fendue ; on y voit, positivement entre les orifices internes des narines, deux petits rangs de dents vomériennes formant un chevron ouvert à son sommet, lequel est dirigé en arrière. Les trompes d’Eustachi ne sont pas lus grandes que ces mêmes orifices internes des na- rines; il faut beaucoup abaisser la mâchoire inférieure pour les apercevoir , car elles sont situées tout à fait dans les coins de la bouche ; et sous leur aplomb se trouvent le long des branches sous - maxillaires, le méat qui chez les individus mâles donne entrée à l’air destiné à remplir les sacs vocaux ; ce méat est très-petit et les sacs vocaux eux - mêmes sont peu développés. La langue est moins profondément fendue que chez la Gre- nouille verte commune. La tête, les flancs et le Gos sont lisses ; mais il règne de chaque côté de ce dernier , depuis l’orbite jus- qu’au-dessus de la cuisse , un cordon nd leie , en général très-peu saillant. Un autre cordon glanduleux , qui prend aussi naissance derrière l'orbite, contourne le tympan jusqu’à l’angle de la bouche où l’on voit un renflement de même nature , mais plus gros et, comme divisé en deux parties. En dessous tout est lisse , excepté les cuisses , dont la peau est comme finement et régulièrement granulée; parfois cependant on remarque la même chose sur la région postérieure du ventre. CoLorATION. Un beau rouge de brique, qui passe au blan- châtre par le séjour des individus dans l'alcool, colore dans l’état de vie la face supérieure de la tête et le dos tout entier; on le voit quelquefois clair-semé de taches noirâtres. À la narime com- mence une raie noire qui s'arrête à l'œil, pour être continuée en arrière de celui-ci par une bande de la même couleur, qui va toujours en s’élargissant jusqu'a l’extrémité des flanes : cette bande , bien pure et bien nette dans le premier tiers de sa lon- gueur, est veinée ou irrégulièrement tachetée de blanc dans les deux derniers. Des veinures ou des marbrures blanches sont aussi répandues à la surface des membres, dont le fond est noir. Les mâchoires et les glandules scapulaires sont blanches. Les ré- gions inférieures sont rarement d’un gris blanchâtre uniforme ; mais souvent celte teinte s’y nuance avec du brun ou y forme PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 10. 367 soit des taches confluentes, soit des marbrures qu’envabhit plus ou moins du noir foncé. Dimensions. Zéte. Long. 2” 6”, Tronc. Long. 4” 6”, Membr. antér. Long. 4” 4°”. Membr. poster. Long. 10”. On voit par ces dimensions que la Grenouille du Malabar offre à peu prés la même taille que la Grenouille rousse. Parrie. C’est de la côte du Malabar que cette belle espêce de Grenouille a éte rapportée et donnée au Muséum par M. Dussu- mier, auquel on en doit la découverte. Observations. 1] se pourrait cependant que l’espèce décrite et représentée sous le nom de Sanguinolenta , par M. Lesson dans la relation du voyage aux Indes orientales de M. Bellanger, n’en füt qu'une simple variété. Dans tous les cas, elle en est plus voi- sine qu'aucune autre de ses congénères connues jusqu'ici. 10, LA GRENOUILLE DE GALAM. Rana Galamensis. Nobis. Caractères. Dents vomériennes formant un chevron ouvert à son sommet et à branches très-écartées. Doigts et orteils à ren- flements sous-articulaires médiocres. Palmure des pieds très- courte ; quatrième orteil de moitié plus long que le troisième et le cinquième ; un seul tubercule à la face plantaire. Dessus du corps lisse, avec un large renflement longitudinal de chaque côté du dos. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. Cette espèce reproduit exactement l’ensemble des formes et les proportions de la Grenouille du Malabar ; ses ren- flements sous-digitaux sont moins forts, ses membranes des pieds encore moins courtes et moins larges, les cordons glanduleux des côtés de son dos moins étroits et plus élevés, les pointes pos- térieures de sa langue beaucoup plus courtes, car elles sont à peine sensibles ; les branches du cheyron que constituent ses dents vomériennes sont plus écartées et plus longues; elle n’a qu’un seul tubercule au tarse ; enfin son mode de coloration est différent, 368 BATRACIENS ANOURES. COLORATION. Le tympan est marqué d’une grande tache noire donnant naissance à une raie de la même couleur, qui s’étend, surmontée d’une raie blanche , tout le long de la partie supé- rieure du flanc ; celui-ci est brun , ainsi que le dos et le dessus de la tête. Les membres aussi sont bruns à leur face supérieure, mais pas uniformément , car le bord externe de la cuisse , de la jambe et du tarse est marbré de noir et de blanchâtre; le der- rière des cuisses et les aines sont vermiculées de la même ma- niére. La région frénale est noire, et tout le tour de la mâchoire supérieure parcourue, d’un angle de la bouche à l’autre, par une ligne blanche ; les bords maxillaires sont bruns. L’abdomen est blanc ainsi que le dessous des pattes , la gorge et la poitrine sont d’un gris brun. Dimensions. Téte. Long. 1” 9”. Tronc. Long. 5” 7”. Memb. antér. Long. 3” Memb. postér. Long. 7” 5”. Parme. Cette Grenouille nous a été envoyée du Sénégal par M. Heudelot, qui l’avait prise dans les étangs de Galam. 11, LA GRENOUILLE RUGUEUSE. Rana rugosa, Schlegel. Caracrères. Dents du palais formant un chevron à branches écartées et à sommet ouvert. Doigts et orteils à tubercules sous- articulaires assez prononcés. Palmure des pieds ne s’étendant pas tout à fait jusqu'a l’extrémité des orteils, dont le qua- trième est d’un tiers plus long que le cinquième ; un petit tuber- cule à Ja racine de celui-ci et un plus fort à celle du premier. Dessus de la tête, du tronc et des membres, tout couvert de pus- tules. Tympan de moyenne grandeur. Synonywie. Rana rugosa. Schlegel. Faun. Japon. rept. VII, tab. 5, fig. 3 et 4. Rana rugosa. Tschudi, Classif. Batrach.- Mém. Sociét. scienc. natur. Neuch, tom. 2, pag. 79. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce semble faite, comme la précédente, sur le modele de la Grenouille du Malabar : c’est effectivement la même forme de tête et de tronc, la même situation des narines et les mêmes proportions dans les diverses parties du corps, les PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 12. 309 unes relativement aux autres ; mais là reste néanmoins la res- semblance entre la Grenouille rugueuse et celle appelée du Ma- labar , ressemblance qui existe encore au contraire avec la Gre- nouille de Galam, à l’égard de la langueët des dents vomériennes. L'espèce dont nous parlons est principalement caractérisée par le grand nombre de petites pustules qui s’élévent à la surface de sa peau ; le dessus de la tête en est entièrement couvert, celui du tronc également ; on en voit aussi sur les régions supérieures des flancs et la face externe des membres jusqu’à l’origine des doigts et des orteils, qui sont parfaitement lisses, ainsi que tout le des- sous de l’animal. Le dos est semé de renflements glanduleux oblongs , ou ovalaires, surmontés de petites pustules coniques ; mais, sur les côtés, il n’en existe pas qui aient la forme de cordons longitudinaux. Comme c’est le cas le plus ordinaire, on voit une glande oblongue au-dessus du tympan et une autre entre l’angle de la bouche et l’épaule. La palmure des pieds offre le même développement que chez notre Grenouille verte ; elle n’a pas par conséquent une longueur égale à celle des orteils , at- tendu que ses bords sont légèrement échancrés er quart de cer- cle environ. Le dessous des articulations des phalanges offre des nodosités bien prononcées; il y a un petit et un gros tubercule (ce- lui-ci formé par le premier cunéiforme), sous le tarse à l’origine des orteils, et deux moyens et un gros dans la paume de la main. La rugosité des parties supérieures de cette Grenouille lui donne l’aspect d’un Crapaud. CororATion. Le dessus du corps est d’une teinte grisâtre ou olivâtre, parsemé de taches d’un brun foncé ; sur les membres les taches se dilatent en bandes transversales; sur le dos elles sont quelquefois confluentes. Les bords de la bouche sont ta- chetés de brun et de jaunâtre. Le dessous de l'animal offre des piquetures ou des marbrures noirâtres sur un fond jaune d’ocre, plus ou moins clair. DIMENSIONS. Téte, Long. 2”. Tronc. Long. 3” 5”. Memb. antér. Long. 3° 3”. Memb. postér. Long. 8”. PATRIE. Le Japon est la patrie de la Grenouille rugueuse ; on en doit la découverte à MM. von de Siebold et Bürger , par les soins desquels le muséum d'histoire naturelle de Leyde en a reen un certain nombre d’exemplaires : c’est de cette source que proviennent les quatre ou cinq individus qui font EE de notre collection nationale. REPTILES , VIII. 24 370 BATRACIENS ANOURES. Cette Grenouille se tient habituellement dans les marais et les étangs ; mais par les temps de pluie on la rencontre souvent à terre , sur laquelle, à ce qu'il paraît , elle rampe plutôt qu’elle ne saute , ce qui lui a fait donner le nom de Grenouille de terre (Tsutsi kahera), par les Japonais; les Chinois l’appellent Grenouille noire (é Hiama). M. von de Siebold de qui l’on tient ces rensei- gnements , dit aussi que son coassement , souvent répété dans les soirées d’été et même pendant toute la nuit, ressemble à des ris lugubres. 12. LA GRENOUILLE MUGISSANTE. Rana mugiens. Catesby. CARACTÈRES, Dents vomériennes situées positivement entre les arriére-narines, sur un rang transversal largement interrompu au milieu, et ne touchant ni d’un côté ni de l’autre à ces dernières. Doigts et orteils à tubercules sous-articulaires faiblement pro- noncés. Palmure des pieds s'étendant jusqu’à l’extrémité des or- teils et non échancrée en croissants à ses bords libres. Quatrième orteil d’un quart plus long que le troisième et le cinquième ; un tubercule à la racine du premier. Peau du dos lisse ou faible- ment rugueuse, mais sans renflements glanduleux longitudi- naux. Tympan fort grand, ou d’un diamètre au moins égal à celui de lœil. SYNONYMIE. The Bull Frog. Catesb. Nat, Hist. Carol. vol. 11, pag. et tab. 72. La Grenouille mugissante. Daub. Dict. anim. qi ovip. pag. 659 ; exclus. synon. Rana ocellata. Linn. Rana maxima. Brown, Jam. La Grenouille mugissante. Lacép. quad. ovip. tom. 1, p. 541; exclus. fig. PI. 38. (Cystignathus ocellatus.) La Grenouille mugissante. Bonnat. Encycl. méthod. erpétol. pag. 7 ; exclus. fig. à de la PI. II. Rana Catesbeiana. Shaw. Gener. zoolog. vol. 3, pag. 106, PI. 35. Rana mugiens. Merr. Tent. syst. amphib. pag. 175. Rana pipiens. Harl. Sillim. Journ. vol. 10, pag. 62. Rana scapularis. Id. loc. cit. Bana pipiens. Harl. North. Amer. Rept. Journ. Acad. natur. scienc. Phil. vol. 5, pag. 335. Rana scapularis. Id. loc. cit. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 12. 371 Rana mugiens. Gravenh. Delic. mus. zoolog. Vratilav. pag. 40. La Grenouille taureau. Cuv. Régn. anim. »e édit, tom. », pag. 106. The Bull Frog. Griff. anim. Kingd. vol. 9,. Rana mugiens. Fschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét, science. natur. Neuch. tom. 2, pag. 79. DESCRIPTION. Formes. L'espèce que nous nous proposons de décrire ici est la plus grande de toutes celles qui font partie du genre Gre- nouille ; ellen’a pas moins de quatre décimètres de long, me- surée du bout du museau à l’extrémité des membres postérieurs ; ceux-ci seuls entrent pour plus de la moitié dans cette étendue ; la largeur des pieds est égale à la longueur de la jambe. La tête est déprimée, un peu plus large que longue ; ses côtés forment un angle peu aigu, à sommet obtus et arrondi ; l’ensemble de sa partie supérieure offre une surface convexe , au-dessus de laquelle les yeux font deux saillies très-prononcées ; le canthus rostralis.est à peine marqué ; les narines sont situées à la même distance du bout du museau que des angles antérieurs des yeux. La largeur de l’intervalle de ceux-ci est la même que celle qui existe entre les narines. Chez les mâles, le tympan a en dia- mètre le double de la largeur de la paupière supérieure, et le quart ou le cinquième seulement chez les femelles. Les dents vomériennes sont fixées sur deux fortes saillies osseuses placées sur la même ligne, à une petite distance l’une de l’autre , mais néanmoins un peu éloignées aussi des orifices internes des na- rines , dont elles occupent le milieu de l’entre-deux : nous avons compté six ou sept dents sur chacune de ces deux saillies. Les os palatins forment une autre saillie transversale et tranchante en arrière de chaque narine. Les ouvertures nasales internes sont ovales , médiocres ; les orifices des trompes d’Eustachi triangu- laires et d’une grandeur proportionnée à celle de la membrane du tympan. Les sacs vocaux n’ont pas d’issues au dehors, et le trou par lequel l’air y pénètre est situé dans le coin de la bou- che, sous l’aplomb des trompes d’Eustachi. Les doigts sont forts, un peu pointus, légèrement déprimés , et leurs renflements sous- articulaires bien peu prononcés. Les orteils sont réunis jusqu’à leur extrémité par une membrane épaisse, élargie, dont les 24. 372 BATRACIENS ANOURES. bords libres sont entiers. Le premier os .cunéiforme fait une sail- lie à proportion moins forte que chez la Grenouille verte com- mune ; il n’y a pasla moindre trace d’autre tubercule sur la face plantaire. La tête est lisse, excepté sur les régions palpébrales dont la partie postérieure offre des rides irrégulières. Un gros cordon glanduleux prend naissance derrière l’orbite, contourne l’oreille, et va finir en arriére de l’angle de la bouche, où il existe une glandule médiocrement prononcée. Chez certains individus , la peau du dos est parfaitement lisse ; chez d’autres, elle est couverte de très-petites pustules , mais chez aucun elle ne présente de ces renflements glanduleux qui s'étendent longitudinalement de chaque côté de la région dorsale, comme on en voit, par exemple, chez la Grenouille commune et l’espèce suivante , qui d’ailleurs a les plus grands rapports avec celle du présent article. CororaTion. Notre collection renferme une suite nombreuse d'individus appartenant à cette espèce : les uns ont le dessus du corps uniformément olivâtre ; d’autres l’ont fauve ou roussätre ; mais la plupart offrent des marbrures brunes, sur un fond tan- £ôt d’une couleur marron , tantôt d’une teinte olivâtre , on bien d’un gris bleuâtre ou ardoisé. Tous ont les membres antérieurs tachetés de brun foncé, et les pattes de derrière marquées de bandes transversales de la même couleur. En général, la face postérieure des cuisses présente des marbrures beaucoup plus claires que celles du dos. Les régions inférieures sont blanches ou d’un blanc jaunâtre , sans taches, ou avec des taches brunes plus ou moins nombreuses, de formes diverses, isolées ou con- fluentes , formant même parfois une sorte de dessin réticulaire, Un sujet que nous avons conservé vivant pendant quelques mois avait les côtés de la tête uniformément verts , le dessus du corps olivâtre, marqué d’un très-grand nombre de taches de forme irrégulière et d’inégale grandeur , la moitié interne de la face supérieure du pied blanche , la moitié externe noirâtre , et le dessous de ces deux parties lavé de brun. Le dedans de la main était noir ; la gorge offrait un mélange de points et de taches noires , sur un fond jaune. La poitrine et le ventre étaient blancs, avec des dessins arborescents d’une teinte noirâtre. Dimensions. Zéte. Long. 5” 6”. Tronc. Long. 11” 5”. Memb. antér, Long, 8” 8°”. Memb, poster, Long. 24” 5”. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 43. 373 Parrie. C’est dans l'Amérique septentrionale que vit cette grande espèce de Grenouilles , qui nous a été envoyée de New- York et de Vermont par M. Milbert , de la Louisiane par M. Tein- turier , et de la Nouvelle-Orléans par M. Barabino. Nous avons trouvé dans l’estomac des cinq ou six individus que nous avons ouverts, des insectes de différents ordres, des co- quilles paludines , des débris de poissons , une portion de sque- lette de Sirène et des os d'oiseaux. On sait, en effet, que cette ‘ Grenouille peut avaler de petits canards, et M. Harlan nous a dit en avoir tué une au moment où elle venait de manger un Ser- pent. Le coassement de, cette Grenouille est si fort qu’il lui a valu le nom de Bull-frog , ou de Grenouille taureau, de la part des habitants des États-Unis. Les Grenouilles mugissantes ne quittent pas le bord des eaux ; on prétend qu’elles vivent par couple. Observations. Il est assez singulier que l’on ne posséde encore aujourd’hui qu'une seule figure originale et vraiment authentique de la Grenouille mugissante , espèce cependant fort remarqua- ble et l’une des plus communes aux États-Unis. Cette figure est celle par laquelle Catesby a le premier fait connaître ce Batra- cien , sous le nom de Bull-frog , dans son Histoire naturelle de la Caroline, dont la publication est antérieure de plusieurs an- nées à la 10° édition du Systema naturæ. 13. LA GRENOUILLE CRIARDE. Rana clamata. Daudin. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant deux petits groupes bien distincts entre les arrière-narines. Doigts et orteils légère- ment renflés au bout. Palmure des pieds ne s'étendant pas jus- qu’à l’extrémité des orteils, et à bords libres faiblement échancrés en croissants. Quatrième orteil d’un tiers plus long que le troi- sième et le cinquième. Paupière supérieure ridée en dessus. Peau du dos lisse ou semée de très-petits granules , avec un ren- flement glanduleux de chaque côté. Tympan fort grand , ou d’un diamètre au moins égal à celui de l'œil. SYNONYMIE. Rana clamata. Daud. Hist, Rain. Gren. Crap. pag. 94, pl. 02, fig. 2. Rana clamata. Daud. Hist. Rept. tom. 8, pag. 204. Rana clamitans. Merr. Tent. Syst. amph. pag. 175. 374 BATRACIENS ANOURES. Rana fontinalis. Leconte. Remarks on the species of the Ge- nera Æyla and Ranra (Ann. Lyc. nat. hist. New. vol. 1, part 2, pag. 278. Rana clamata. Harl. Sillim. Journ. vol. 10, pag. 63. Rana flasi-viridis. Harl. Sillim. Journ. vol. 10. Rana flavi-viridis. id. North. Amer. Rept. Journ. acad. nat. scienc. Philad. vol. 5 , part. 2, pag. 958. Rana clamata. Xd. loc. cit. DESCRIPTION. Forues. Cette espèce, bien qu'ayant les plus grands rapports avec la Grenouille mugissante , nous semble cependant s’en dis- tinguer par les caractères suivants : elle offre constamment un cordon glanduleux s’étendant de chaque côté du dos depuis l'orbite jusqu’au bassin, ce que nous n’avons jamais observé, même chez les tres-jeunes sujets de la Mugissante; son canthus rostralis est bien prononcé ; ses membranes plantaires sont plus courtes, attendu qu’elles ne s’étendent pas, comme chez cette der- nière , jusqu’au bout des orteils dont le quatrième est d’un tiers plus long que le cinquième, tandis qu’il ne l’est que d’un quart chez l’autre espèce ; enfin il paraïtrait que la Rana clamatfa n’at- teint pas même la moitié de la taille de la Rana mugiens; car parmi les quarante à cinquante individus que nous avons exa- minés, il n’y en pas un seul qui soit beaucoup plus grand que notre Grenouille verte commune, parvenue à son entier dé- veloppement. Le tympan offre proportionnellement un aussi grand diamètre que celui de l’espèce précédente , et ce diamètre est toujours moindre chez les femelles que chez les mâles. CororaTiox. Le fond des parties supérieures est tantôt d’un gris cendré, tantôt d’un gris brun ou noirâtre, tantôt d’une teinte olivâtre; certains individus ont le dos semé de quelques grandes taches brunes irrégulières ; d’autres l’ont marbré ou vermiculé de brun; puis il en est chez lesquels cette région su- périeure du corps est umicolore. En général , les membres pos- térieurs sont marqués de grandes taches réunies en bandes transversales. Quelquefois le cordon glanduleux qui surmonte l’oreille est coloré en noir ; une raie de la même couleur descend de Pangle de la bouche sur le devant du bras; parfois aussi on voit des taches brunes éparses sur les flancs. Les mâchoires sont PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 14. 375 rarement tachetées de brun et de blanchätre ; le plus ordi- nairement elles présentent une teinte uniforme comme le dessus de la tête. Le dessons du corps est blanc ou blanc jaunâtre. Les jeunes ont souvent la gorge et l’abdomen tachetés ou vermiculés de brun. Cette espèce n’a, non plus que la Mugissante , de raie noire sur la ligne qui conduit directement du coin de l'œil au bout du museau , comme cela existe au contraire chez la plu- part de leurs congénères. Dimensions. Téte Long. 3”. Tronc. Long. 6”. Memb. antér. Long. 5” 4”. Memb. postér. Long. 14° 8”. PATRi. Cette Grenouille est originaire de l'Amérique du Nord. Bosc l’a trouvée en Caroline ; M. Lesueur nous l’a envoyée de Philadelphie et M. Milbert de New-York; maïs les individus que nous tenons de ces naturalistes sont loin d’être dans un aussi bel état de conservation que ceux que M. Henri Delaroche a bien voulu recueillir pour nous pendant le voyage de plus d’une année qu'il vient de faire dans les différents états de l’Union. Observations. Cette espèce est bien certainement celle que Daudin a brièvement décrite et fort mal représentée sous le nom de Rana clamaïa , dans son Histoire des Raiïnettes et des Gre- nouilles, d’après deux individus rapportés par Bosc, et que nous avons retrouvés dans notre collection nationale. M. Le- conte l’a mentionnée comme une espèce encore inédite dans un mémoire sur les Batraciens Anoures de son pays; il lui avait donné le nom de fana fontinalis. 14. LA GRENOUILLE TIGRINE. Rana tigrina. Daudin. CAracTÈRES. Dents vomériennes formant deux fortes lignes en chevron. Doigts et orteils cylindriques , forts, légèrement ren- flés au bout, à tubercules sous-articulaires médiocrement dé- veloppés. Palmure des pieds ne s'étendant pas toujours jusqu’à l'extrémité des orteils dont le quatrième est d’un tiers ou de moitié plus long que le cinquième; un tubercule à la racine du premier. Paupière supérieure offrant quelques rides transver- sales. Dos sans pustules, ni renflements glandulenx latéraux ; mais ayant la peau plissée longitudinalement et d’une manière irrégulière. Tympan bien distinct, d’un assez grand diamètre. Parties supérieures marbrées de brun , de verdâtre on de rous- sâtre , avec ou sans bande dorsale jaune ou blanchätre. 376 BATRACIENS ANOURES. SYNONYMIE. Rana tigrina. Daud. Hist. nat. Gren. Rain. Crap. pag. 64, PI. 20. Bana mugiens. Id. loc. cit. (La figure PI. 23, mais non la des- cription qui est celle de la Rana mugiens..) Rana tigrin®. 14. Hist. Rept. tom. 8, pag. 125. Rana mugiens. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 153. (La figure n° 2, et la première partie de la description, mais non la se- conde qui se rapporte à la Rana mugiens.) La Grenouille taureau. Cuv. Règn. anim. 1° édit. tom. 2, pag. 93. Fana tigrina. Merr. Tent. Syst. amph. pag. 174, n° 4. Bana Limnocharis. Boié. M. S.S, Rana cancrivora. Boié , M. S. S.: Fana cancrivora. Gravenh. Delic. mus. xoolog. Vratilav. Batrach. pag. 41. Rana picta. X, loc. cit. pag. 39. Rana Brama. Less. Voyÿ. Ind. Orient. Bel. Rept. pag. 329, PI. VI. Rana rugulosa. Wiegm. Nov. act. Leop. vol. VII, tab. 21. Rana vittigera. Id. loc. cit. fig. . Rana cancrivora. Tschudi. Classif. Batrach. Mém, Sociét. scienc. nat. Neuchät. tom. 2, pag. 79. DESCRIPTION. Formes. Voici une espèce dont le développement des mem- branes natatoires est très-variable; car on voit ces membranes réunir les trois derniers orteils dans toute leur longueur, ou laisser le quatrième complétement libre dans une portion plus ou moins grande de sa moitié terminale, ou même dans cette moitié terminale tout entiere. Nous verrons plus bas combien sont nombreuses les modifications que présente aussi le mode de coloration de cette Grenouille , suivant les localités d’où pro- viennent les individus que D examine, Nédhmoins on re- connaît aisément la Grenouille tigrine, éntre celles de ses con- génères, qui, comme elle, ont un grand chevron de dents vomériennes implanté dans lintervalle des narines, en ce que la peau du dessus de son corps est relevée de plis longitudinaux irréguliers dans leur longueur , leur grosseur et leur situation , mais dont le nombre est toujours assez grand. Quelquefois les PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRÉNOUILLE. 14. 377 intervalles de ces plis sont semés de petits tubercules ; d’autres petits tubercules, généralement coniques et parfois assez pointus, sont répandus sur la région de la cuisse voisine du genou, sur la jambe et le tarse ; pareille disposition cependant n’existe pas chez tous les individus. Jamais on n’observe sur les côtés du dos de ces gros cordons glanduleux allant des orbites à l'extrémité du tronc, comme ‘dans la plupart des espèces que nous avons déjà décrites. Un renflement curviligne vient de l’angle postérieur de l’œil à l'épaule , un autre, mais qui est longitudinal et qui naît de l’angle de la bouche , aboutit au même endroit. La surface de la paupière supérieure est marquée de rides, en arriére; ces rides sont ordinairement peu sensibles chez les jeunes sujets. Le con- tour horizontal de la tête offre la figure d’un triangle équila- téral , à sommet antérieur ou celui correspondant au museau, légèrement arrondi ; l’intervalle des yeux a les trois quarts de la largeur de la paupière supérieure ; il est légèrement creusé en gouttière , laquelle se prolonge quelquefois jusque sur le mu- seau; les parties latérales de la tête ne sont pas perpendicu- laires, mais offrent une pente rapide ; le canthus rostralis sans être aigu est bien prononcé; la région frénale forme un léger creux, dont le milieu est parcouru par un cordon glanduleux qui suit le dessous de l’œil et s’arrête à l’angle postérieur de ce- lui-ci, ce qu’on observe d’une manière beaucoup plus prononcée chez les grands sujets que chez les petits. Les narines s’ouvrent sur le canthus rostralis, un peu plus prés du bout du museau que du coin de l’œil. Le diamètre du tympan est égal à la lar- geur de la région inter-orbitaire ; sa grandeur est la même dans les deux sexes. Les orifices des trompes d’Eustachi sont trian- gulaires et un peu plus grands que ceux des narines internes, dont la forme est ovalaire. Le bord antérieur de la mâchoire d’en haut est creusé de trois petites cavités auxquelles corres- pondent trois saillies de l’extrémité de la mâchoire inférieure. Les sacs vocaux des mâles ont leurs trous sous l’aplomb des con- duits gutturaux de l’oreille ; la dissection fait voir qu’ils sont d’une couleur noire. Mises le long des flancs , les pattes de de- vant atteignent aux aines; celles de derrière placées de la même maniére , dépassent le museau de la moitié ou de toute la lon- gueur des pieds. Les doigts et les orteils ont leur pointe légè- rement renflée; les petites pelotes que l’on voit à la face infé- rieure des articulations des phalanges sont médiocrement dé- 378 BATRACIENS ANOURES. veloppées. La saillie produite par le premier os cunéiforme est le seul tubercule qui existe à la face plantaire ; la région pal- maire n’en offre aucun. COLORATION. Les individus originaires du Bengale et du Ma- labar ont le dessus du corps semé de taches brunes , arrondies sur un fond d’un gris plus ou moins olivâtre; en général ils offrent une raie jaune qui s’étend directement du bout du mu- seau à l’orifice anal ; les membres postérieurs sont tachetés à peu près de la même manière que le dos, et les fesses présentent une marbrure brune et jaunâtre. De grandes taches noires qua- drilatères se montrent sur les bords de la bouche, qui sont d’un blanc jaunâtre, teinte qui règne sur presque toutes les ré- gions inférieures de ce Batracien. Chez les jeunes, cependant, elles sont souvent diversement tachetées , marbrées ou vermi- culées, en tout ou en partie, de brun plus ou moins clair, plus ou moins foncé. C’est un individu , sous ce mode de coloration, qui à donné lieu à l'établissement de la Rana brama de M. Lesson. On trouve aussi dans les mêmes contrées des sujets presque complétement dépourvus de taches sur le dos. Il y én a de sem- blables à Java et à Timor. La côte de Coromandel et les Philippines produisent une va- riété pareille à la première , si ce n’est que le fond de ses parties supérieures, au lieu d’être d’un gris olivâtre, est d’un brun rous- sâtre , tantôt clair, tantôt trés-foncé ; avec ou sans ligne dorsale jaune. À Java, à Timor ; à Macao, on rencontre des individus tout bruns en dessus, ou à peu près : telle que la ana Fugulosa de M. Wiegmann, par exemple , on y en voit d’autres qui portent sur la région moyenne et longitudinale du corps une bande fauve, variable pour la largeur, c’est alors la Rana vittigera du même auteur. Enfin les mêmes pays produisent des sujets dont le dos, d’un gris plombé ou brunâtre, est orné de taches anguleuses brunes, se réunissant souvent de manière à former quelques bandes transversales. Dimensions. La Grenouille tigrine devient presque aussi grande que la Mugissante, ainsi qu’on peut le voir par les me- sures suivantes. Téle, Long. 4” 8”, Tronc. Long. 10° 2°”. Memb. antér. Long. 7” 4°’. Memb. postér. Long. 20”. Parme. Cette espèce paraît être répandue dans toutes les Indes orientales. Les voyageurs naturalistes, par les soins desquels PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 14. 379 notre Musée se trouve en possession d’une suite nombreuse d’in- dividus de tout âge, sont MM. Leschenault, Péron , Lesueur, Dussumier, yo Bellanger, Diard, DU AULEl et Polydore Roux. La Grenouille Tigrine se nourrit de mollusques , d’insectes et particulièrement de crustacés. Observations. Nous désignons cette Grenouille par le nom de Tigrina, parce que c’est celui sous lequel Daudin en a publié la première description et la première figure , dans son ouvrage sur les Grenouilles , les Rainettes et les Crapauds, où, sans s’en dou- ter, il l’a représentée une seconde fois sous un autre nom ; car c’est bien réellement le portrait d’un individu de la Grenouille tigrine qu’il a joint à son article descriptif de la Rana mugiens. Il semble qu’à l’exception de la bande dorsale jaune, qui était le seul dessin resté apparent sur le sujet empaillé qui en est l'original , il l’aurait fait enluminer d’après la description que Catesby a donnée de la Grenouille mugissante. Cette erreur se trouve reproduite dans l’histoire naturelle des Reptiles de Latreille. M. Lesson , tout en reconnaissant la grande analogie qui exis- tait entre la Rana tigrina de Daudin et des Grenouilles rappor- tées du Bengale par M. Bélanger , crut néanmoins devoir les considérer comme d’une espèce différente, et c’est en effet comme telle, et en leur imposant le nom de Rana Brama, qu’il les décrivit et en fit représenter un individu mâle adulte dans la partie zoologique de la relation du voyage aux Indes orientales de M. Bélanger. Ce n’était pas, au reste, le premier nouveau nom que recevait la Grenouille tigrine ; car elle se trouvait déjà désignée par Boié, dans le musée de Leyde, sous ceux de Rana Limnocharis et de Cancrivora, qu’elle porte encore, à ce qu'il paraît, aujourd’hui, mais particulièrement le dernier, dans la plupart des collections erpétologiques d'Allemagne. À ces trois synonymes, M. Wiegmann est venu bien gratuitement en ajouter deux autres, en décrivant et faisant représenter, dans son travail sur les Reptiles recueillis par M. Meyen, pendantun voyage autour du monde, deux jeunes sujets de la Grenouille tigrine , sous les noms de Fans rugulosa et de Rana “fautes 380 BATRACIENS ANOURES. 45. LA GRENOUIELE GROGNANTE. Rana grunniens. Daudin. CARACTÈRES. Deux grandsrangs de dents vomériennes formant un Chevron ouvert àson sommet. Point d’apophyses dentiformes à l'extrémité de la mâchoire inférieure. Doigts et orteils légère- ment renflés au bout, à tubercules sous-articulaires assez forts. Palmure des pieds ayant la même longueur que les orteils, dont le quatrième est d’un tiers plus étendu que le dernier ; un tu- bercule oblong à la racine de celui-ci, mais aucun autre sur la face plantaire. Surface de la paupière supérieure tuberculeuse. Tympan petit, surmonté d’un léger pli de la peau allant de l’or- bite à l'épaule ; d’autres plis très-petits, sur les côtés de l’occi- put. Dessus du corps lisse. SYNONYMIE. Rana grunniens. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 65, pl. 21. Rana grunniens. Id. Hist. Rept. tom. 8, pag. 127. Rana grunniens. Merr. Tent. Syst. amph. pag. 174. Rana histrionica. Boié Erpét. Jay. M. S.S. Rana hydromedusa. Kuhl. Mus. Lugd. Batav. Rana subsaltans. Gravenh. Delic. Mus. Zoolog. Vratilav. Ba- trach. pag. 35, tab. VII. Rana hydromedusa. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. Scienc. Nat. Neuch. tom. 2, pag. 60. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce approche de la taille et de l’ensemble des formes de la Grenouille mugissante, de laquelle on la distingue de suite à la petitesse de son tympan, qui n’a en diamètre que la moitié de la largeur de la paupière supérieure, et à la grandeur et à la grosseur de ses deux rangs de dents vomériennes, situées de manière à simuler un chevron ouvert à son sommet : l’extré- mité antérieure de ces rangs de dents touche au bord latéral interne de la narine, et l’extrémité opposée dépasse la saillie transversale et tranchante formée par l’os palatin, en arrière de cette même narine. En continuant l’examen de l’intérieur de la bouche , qui est largement fendue, on voit dans chacun de ses angles le conduit guttural de l’oreille, dont l’ouverture est médiocre et triangulaire ; on remarque aussi a la partie anté- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 15. 361 rieure de la mâchoire supérieure trois petites cavités destinées à loger trois saillies osseuses du bout de la mâchoire d’en bas, saillies qui sont loin d'offrir le développement que présentent celles qu’on observe au même endroit chez l’espèce appelée, à cause de cela, Macrodonte. La tête de cette Grenouille est déprimée dans son ensemble, qui donne la figure d’un triangle à côté postérieur un peu moins long que les latéraux, ceux-ci se montrent légérement cintrés; sa surface est presque plane en avant des yeux, un peu convexe en arrière , et ses parties latérales sont en pente très-rapide. Le canthus rostralis est faiblement marqué, et le bout du museau, qui est arrondi , s’abaisse assez brusquement vers le menton. Les narines externes s'ouvrent sur la ligne même du canthus rostralis, un peu plus près de l’extrémité terminale de la tête que du coin des yeux. Ceux-ci sont assez saillants. La seconde moitié de la surface de la paupière supérieure est tuberculeuse. De l’angle postérieur de l’œil naît un cordon glanduleux, étroit, qui suitune direction inclinée pour arriver à l’épaule, en passant toutefois au-dessus du tympan ; un second cordon semblable aboutit au même endroit que celui-ci, quoique ne commencant qu’à l’angle de la bouche ; mais ce sont les seuls renflements de cette nature qu’on apercoive sur les parties du corps, si ce n’est cependant quelques-uns fort petits ayant l'apparence de veines sur les parties latérales de la nuque. La peau du tronc est donc lisse, celle de la tête aussi, et l’on pourrait en dire autant des membres, sans la présence de quelques petites pustules sur les jambes. Mises le long des flancs , les pattes de devant arrivent au milieu de la lar- geur de la cuisse; celles de derrière, placées de la même manière, excèdent le museau de la longueur des orteils. Ceux-ci sont large- ment palmés jusqu’à leur extrémité; de même que les doigts, ils sont renflés au bout, et leurs articulations offrent en dessous des pelotes assez développées. La saillie du premier cunéiforme est le seul tubercule existant sous le tarse , il n’y en a aucun à la paume de la main. Tout le dessous du corps est lisse. CoLoraATION. Nous n’avons jamais vu que deux individus de cette espèce, tous deux appartiennent à notre musée. L'un, et c’est celui qui a servi de modèle à la figure de Daudin, est partout en dessous d’un fauve rubigineux uniforme. C’est par erreur que cet auteur lui donne des traits jaunâtres derrière les yeux ; la face postérieure des cuisses est marbrée de fauve et de brun marron ; e 382 BATRACIENS ANOURES. ces deux couleurs se reproduisent sous la forme de taches autour de la mâchoire inférieure; la gorge est de la même teinte que le dos ; le ventre est blanc. Notre second sujet a la tête, le dos et la face supérieure des membres d’un brun marron très-sombre , et les flancs d’un marron clair. Le dessous de sa tête est sali de brun fauve, et celui de ses jambes jaspé de blanchâtre, sur un fond brun-clair ; sa région abdominale est blanche. Dimensions. Voici ses principales dimensions : Téte, Long. 5”. Tronc. Long. 9” 6”. Membr. antér. Long. 8. Membr. poster. Long. 7 Te Parrie. Ce dernier individu vient d’Amboine; l’origine du premier nous est inconnue , mais il paraît que l’espèce se trouve à Java. Observations. Nous avons conservé à cette espèce le nom sous lequel Daudin a donné la figure de l’un des deux individus que nous venons de décrire. Tout ce quin’a pas rapport à cet individu dans la description de la Rana grunniens de Daudin doit en être retranché , car il y parle d’un second sujet qu’il a également vu dans notre collection, lequel n’est nullement de l’espèce du pré- sent article, mais bien de celle appelée par nous Rana cutipora; les détails de mœurs qu’il rapporte d’après Bartram, comme s'appliquant à la Grenouille grognante , sont propres à la Rana mugiens , originaire de l'Amérique septentrionale, tandis que la Rana grunniens habite les Grandes-Indes ; il va sans dire que le Crapaud des Antilles, mentionné par Le Romain dans lEncy- clopédie de Diderot, et que Daudin cite aussi comme pouvant être spécifiquement le même que la Grenouille grognante , en:est au contraire très-différent. La grenouille grognante est désignée par le nom d’AÆistrionica dans l’Erpétologie de Java de Boié, ou- vrageé qui est jusqu'ici demeuré manuscrit. Kuhl l'avait nommée Rana hydromedusa dans le musée d’histoire naturelle de Leyde. Enfin nous croyons reconnaître la Rana grunniens dans la figure et la description de la Rana subsallans de M. Gravenhorst. 16. LA GRENOUILLE MACRODONTE. Rana macrodon. Kubl. CARAGTÈRES. Deux grands rangs de dents vomériennes for- mant un chevron ouvert à son sommet. Deux apophyses denti- formes à l’extrémité de la mâchoire inférieure. Doigts et orteils légèrement renflés au bout, à tubercules sous-articulaires assez PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 16. 383 forts. Palmure des pieds ayant la même longueur que les orteils, dont le quatrième est d’un tiers plus étendu que le cinquième ; un tubercule oblong à la racine de celui-ci, mais aucun autre sur la face plantaire. Panpière supérieure tuberculeuse. Tympan petit, surmonté d’un pli de la peau allant de lorbite à l’épaule ; pas d’autres plis sur les côtés de la nuque. Dessus du corps lisse. SYNONYMIE. Rana macrodon. Kuhl. Mus. Lugd. Batav.” Rana macrodon. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. Scienc. Nat. Neuch. Tom. 2, pag. 80. DESCRIPTION. Formes. La Grenouille macrodonte est ainsi nommée, parce que le bout de sa mâchoire inférieure donne naissance à deux longues apophyses osseuses, ayant l’apparence de deux grandes dents incisives , légérement couchées en arritre, lesquelles, lors- que la bouche est fermée, sont recues dans deux cavités creusées dans la mâchoire supérieure. C’est au reste , avec une largeur plus grande de l’espace interoculaire, la principale différence spécifique qui existe entre cette Grenouille et celle qui fait le sujet de l’article précédent , auquel nous renvoyons pour les dé- tails descriptifs des autres parties du corps. Nous ajouterons ce- pendant que la tête semble être un peu plus allongée chez la Grenouille macrodonte que chez la Grenouille grognante, et qu’on n’y voit pas comme chez celle-ci de petites lignes saillantes sur les parties latérales de la nuque. Quant à la largeur de l’in- tervalle des yeux, elle est près de moitié plus grande que celle de la paupière supérieure , chez la Grenouille macrodonte, tandis qu’elle l’excède à peine chez la Grenouille grognante. CoLorATIoN. Nous avons maintenant sous les yeux une série de six individus de la Grenouille macrodonte, ayant depuis onze jusqu’à vingt-six centimètres de longueur, qui tous diffèrent les uns des autres par leur mode de coloration. Le premier, ou le plus petit, a deux bandeaux, l’un brun, l’autre blanchätre , en travers du milieu de la tête ; ses mâchoires sont d’un fauve clair, avec de grandes taches brunes subquadri- latères ; son dos est châtain , portant des taches brünes simulant des chevrons ; d’autres taches, ou plutôt des bandes transversales de la même couleur,se montrent sur toute l’étendue des membres, 384 BATRACIENS ANOURES. dont le fond est fauve ainsi que celui du dos. Ces deux mêmes teintes fauve et brune forment des marbrures sur la face posté- rieure des cuisses ; le dessous du corps est blanc , nuancé de châ- tain sur la poitrine. Le second diffère du premier en ce que la teinte châtain de son dos est relevée de deux larges bandes d’un fauve clair qui s'étendent depuis les orbites jusqu’à l’extrémité du tronc. Le troisième n’a pas de bandeau en travers de la tête, et au lieu de deux bandes fauves, une de chaque côté du dos, comme chez le second, il n’en a qu’une seule au milieu, laquelle est irré- gulièrement lisérée de brunâtre ; puis sa gorge et sa poitrine sont piquetées de châtain. Le quatrième reproduit la livrée du premier, mais en conleurs plus vives. Le cinquième est entiérement d’un brun marron en dessus ; sa gorge offre à peu près la même teinte, mais ses autres régions inférieures sont blanchätres. Le sixième enfin a le dessus du corps semblable à celui du pré- cédent, mais avec une ligne blanchäâtre qui commence au bout du museau et qui finit à l’orifice anal. Ses mâchoires sont peintes de la même manière que celles des quatre premiers, et un brun de suie clair colore toutes ses parties inférieures. Dimensions. Les mesures suivantes sont prises du plus grand de nos six sujets. 7éte. Long. 4” 5”. Tronc. Long. 5° 2°”. Membr. antér. Long. 5” 8°”. Membr. poster. Long. 16° 4. Parri£. Sur les six individus dont nous venons de faire la des- cription, cinq proviennent d’un envoi adressé de Java au musénum par M. Diard, le sixième a été recueilli aux Célébes par MM. Quoy et Gaymard. 17. LA GRENOUILLE DE KUHL. Rana Kuhlii. Schlegel. CARAGTÈRES. Dents vomériennes formant un chevron ouvert à son sommet. Deux apophyses dentiformes à la mâchoire infé- rieure. Museau très-court. Palmure des pieds s'étendant jusqu’au bout des orteils. Renflements sous-articulaires des phalanges assez développés; un seul tubercule au tarse. Dessus du corps lisse. Tympan peu distinct. SYNONYMIE. Pana palmata, Kuh]. M. S.S. Rana Kuhlii, Schlegel , Mus. Ludg. Batav, PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 17. 385 * DESCRIPTION. Foruxs. La briéveté du museau et l'épaisseur de la peau à la place du tympan, qui par cela même est assez difficile à aper- cevoir, sont deux caractères à l’aide desquels on peut aisément distinguer cette grenouille de la précédente, avec laquelle elle offre , entre autres points de ressemblance, celui d’avoir la mâ- choire inférieure terminée par deux apophyses osseuses en forme de dents, entre lesquelles est une petite éminence commune à toutes les autres espèces du même genre. _ La grenouille de Kuhl a la tête fort aplatie, courte où d’un cin- quième plus large que longue ; ses côtés forment un angle peu aigu , arrondi au sommet; sa surface, trés-légèrement convexe en arrière des yeux, l’est beaucoup plus en avant, ce qui lui donne un chanfrein assez fortement arquéen travers, et empêche de distinguer le canthus rostralis; le museau, à peine plus long que n’est large l'intervalle des yeux , s’abaisse brusquement au-de- vant des narines. Les. yeux sont peu saillants ; les membranes du tympan, ont en diamètre, la largeur de la paupière supérieure, dont la surface offre quelques petites rides à sa partie postérieure, La bouche est trés-large, et en l’examinant à l’intérieur, on voit effectivement que le museau est fort court, car les orifices inter- nes des narines touchent presque au bord antérieur de la mâ- choire ; entre ces orifices sont les deux rangs de dents vomérien- nes formant un chevron, dont le sommet, un peu ouvert, est dirigé en arrière. Les os palatins ne font pas la moindre saillie. Les trous gutturaux des oreilles sont subtriangulaires et d’une moyenne grandeur. Les pattes de devant peuvent atteindre à l’ex- trémité du tronc, et celles de derrière ont la longueur du pied en plus de celle du reste du corps. Les orteils sont palmés jusqu’à leur extrémité ; il n’y a d'autre tubercule au tarse que celui qui ré- sulte de la saillie du premier os cunéiforme. La paume de la main est lisse, et les pelottes sous-articulaires des phalanges sont bien distinctes. 11 y a comme à l'ordinaire un petit pli allant de l’or- bite à l'épaule. La peau paraît parfaitement lisse partout ailleurs que sur les jambes, où l’on remarqué un semis de petits tubercules coniques. Nous ne pouvons cependant pas assurer que cela soit un des caractères de l’espèce, car: elle ne nous est connue que par REPTILES, VIII. 25 386 BATRACIENS ANOURES. le seul individu qüe nous avons maintenant sous les yeux et dont l’état de conservation est loin d’être parfait. : Cororarion. Tout le dessus-du corps est d’un brun. fouet uni- forme, excepté sur les membres postérieurs, qui sont finement piquetés de la même couleur, sur un fond plus'clair. Les régions inférieures sont blanchâtres ; il existe une grande tache brune sous le menton. Dimensions. Téte. Long. 2” 8”. Tronc. Long. 5” 2°”. Memb. an- tér. Long. 4” 4°”. Memb. postér. Long. 107 8”. Patrie. Cette espèce habite l’île de Java; notre unique exem- plaire nous a été donné par le musée de Leyde. 18. LA GRENOUILLE À GORGE MARBRÉE. Rana fuscigula. Nobis. Caracrères. Deux groupes de dents vomériennes entre les na- rines. Palmures des pieds aussi longues que les orteils, mais assez profondément échancrées. Renflements sous-articulaires des pha- langes médiocrement développés. Point de cordons glandüleux sur les parties latérales du dos, dont la peau se trouve irrégu- lièrement relevée de plis longitudinaux. Tympan distinct, de moyenne grandeur. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. La grenouille à gorge marbrée est une espèce de la taille de la Rana viridis, mais plus svelte, plus élancée, quia, comme elle, deux groupes de dents vomériennes situés positive- . ment entre les narines, et dont la peau du dessus du tronc est relevée de plis longitudinaux irrégulièrement interrompus, de même que chez la Grenouille tigrine. Elle manque également, comme cette derniere , de cordons glanduleux sur les côtés du dos. Sa tête est EU aplatie, moins RE que large, à mu- seau court, peu rétréci PAS très-arrondi, à face supérieure lé- gerement convexe en arrière des yeux, à be plat et élargi, de chaque côté duquel la mâchoire supérieure présente une pente rapide et tant soit peu bombée; le canthus rostralis est distinct; les narines s’ouvrent sur ce dernier à une distance un peu plus grande du coin de l’œil que du bout du museau. Les yeux sont PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRENOUILLE. 18. 387 peu saillants; leur intervalle est plat et de même largeur que la paupière supérieure , qui offre deux ou trois rides transversales à sa partie postérieure. La peau est mince à l'endroit du tympan, ce qui pérmet d’en bien apprécier le diamètre, lequel est égal à l'étendue de l’espace inter-oculaire. Un léger pli, parfois même à peine sensible, s’étend de l’orbite à l’épaule. Il existe assez or- dinairement une glandule à la commissure de la bouche. Celle-ci ést largement fendue; elle renferme une grande langue, assez large à proportion de sa longueur ; sa figure est à peu près celle d’un ovale échancré en arrière , ce qui lui donne deux pointes, commedans toutes les antres espèces : ces pointes, qui sont ob- tuses, mais néanmoins extensibles, atteignent ou dépassent même lé niveau des trompes d’Eustachi. Ces orifices des conduits gut- turaux des oreilles sont triangulaires et une fois plus grands que ceux des narines internes, dont la forme est ellipsoïde. Les sacs vocaux des individus mâles sont d’une petite dimension, et les trous de l’intérieur de la bouche par lesquels l’air ÿ pénètre, sont eux-mêmes fort petits. L’extrémité de la mâchoire inférieure pré- sente deux échancrures angulaires. Les membres antérieurs sont aussi longs que le tronc proprement dit tout entier; les posté- rieurs ont plus du double de cette étendue, car, couchés le long des flancs, ils dépassent.le museau, de toute la longueur du pied. Les membranes natatoires s'étendent jusqu’au bout des or- teils, mais comme elles sont assez profondément échancrées en croissant, entre les quatre derniers surtout, elles paraissent plus courtes qu'eux. Le quatrième orteil a une fois et demie la longueur du cinquième. Les tubercules du dessous des articulations des phalanges sont médiocrement développés. Les faces palmaires et les plantaires sont lisses; le premier os cunéiforme est court et étroit. Il n’existe pas la plus légère aspérité sur la peau des régions inférieures. COLORATION. La dénomination que nous imposons à cette espèce indique d’avance le mode de coloration de sa gorge, qui offre ef- fectivement une marbrure brune ou châtain, sur un fond d’un blanc plus cu moins argenté; nous devons dire cependant, qu’assez souvent cette marbrure s'étend sur la poitrine et quel- quefois même sur la région antérieure de l’abdomen, régions qui, sans cela , seraient uniformément blanches, comme les faces inférieures des membres. En dessus, c’est fantôtun brun marron, tantôt un brun foncé, tantôt un brun grisâtre , ou bien encore un 25. 388 BATRACIENS ANOURES. brun olivâtre qui se trouve répandu partout, sur la tête ; le tronc et les extrémités ; tantôt aussi ces diverses teintes sont pures de toutes taches, tandis que d’autres fois , elles en sont marquées de noirâtres qui prennent généralement la forme de bandes trans- versales sur les pattes de derrière. D’autres taches, mais d’une couleur blanchâtre , se montrent isolément ou confondues entre elles sur les parties latérales du tronc et les régions fémorales postérieures; certains individus présentent une bande, également blanchâtre, sur la ligne moyenne et longitudinale du corps, à partir du bout du museau jusqu’à l’orifice anal. Dimensions. Zéte. Long. 3”. Tronc. Long. 6” 6”. Memb. antér. Long. 4” 6”. Memb. postér. Long. 13” 8”. ParriE. La Grenouille gorge-marbrée est originaire de l’Afrique australe; elle est surtout trés-commune dans les environs du cap de Bonne-Espérance , d’où feu Delalande nous en a rapporté plus de trente exemplaires. Tous ceux que nous avons ouverts avaient l’estomac remplis de débris de coléoptères appartenant aux genres Bousier , Carabe , Ténébrion, etc. , ce qui indique clairement que cette Grenouille s’éloigne volontiers des eaux, au moins pour cher- cher sa nourriture; car tous les insectes que nous venons denom- mer ne vivent pas habituellement dans les localités trés-humides. *19. LA GRENOUILLE DE DELALANDE. Rana Delalandiïi. Nobis. CARACTÈRES. Deux rangs de dents vomériennes continuant en quelque sorte le bord antérieur des narines ; membres postérieurs d’une longueur presque double de celle du tronc et de-la tête. Doigts et orteils grêles; ces derniers non réunis jusqu’au bout par la membrane natatoire. Paumes et plantes lisses. Peau du dos ridée longitudinalement. Renflements sous-articulaires des phalanges médiocrement développés. Tympan assez grand. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. FORMES. Qu'on veuille bien se représenter l’espèce décrite dans l’article précédent on la Grenouille à gorge marbrée, avec des membres postérieurs plus longs et plus grèles ; avec un tympan , n'ayant plus seulement en diamètre la largeur de la paupière supérieure, mais près d’une fois et demie cette largeur; avec des dents vomériennes, non plus réunies en deux groupes au milieu de l’intervalle des narines, mais disposées sur deux rangs légère- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. GRÉNOUILLE. 20. 389 ment obliques et contigus chacun de son côté à l’extrémité interne du bord antérieur de ces mêmes narines, et l’on aura une idée exacte de l’ensemble de l’organisation de la Grenouille que nous nous plaisons à appeler du nom de celui auquel on en doit la dé- couverte , et que l’on peut citer comme un des voyageurs natura- listés du Muséum d'histoire naturelle, qui ont le plus contribué à réunir dans ce grand établissement scientifique les immenses richesses qu’il renferme aujourd’hui. CoLorATIoN. Nos exemplaires de la Grenouille Delalande offrent deux modes différents de coloration. Lés uns ont les parties supérieures du corps d’une teinte brune avec un ruban blanchâtre sur le milieu de la tête et du dos, une tache triangulaire noirâtre sur la partie postérieure de chaque orbite; d’autres taches de la même couleur, mais linéaires, à droite et à gauche de leur raie dorsale, des bandes noirâtres aussi en travers des membres, enfin des marbrures noires et blanches sur les régions fémorales. En dessous, ils sont blancs partout, excepté à la gorge, qui est tachetée de brun pâle. Les autres sont, en dessus , comme tigrés de brun sur un fond gris olivâtre ; ils ont une tache brune sur le tympan , un bandeau également brun sur le vertex, et des marbrures aux fesses, sem- blables à celles dela premiére variété. Toutes leurs régions infé- rieures sont blanches. Dimensions. Téte. Long. 3”. Tronc. Long. 4” 8°”, Memb, antér. Long. 5”. Memb. postér. Long. 14”. Parrie. Cette espèce est fort commune aux environs du cap de Bonne-Espérance. 20. LA GRENOUILLE À BANDES. Rana fasciata. Boie. CaRAGTÈRES. Dents vomériennes disposées sur deux rangs con- tigus aux bords antérieurs des narines. Membres postérieurs près d’une fois et demie plus longs que le reste du corps. Orteils très- allongés , sans palmure au delà de la première phalange. Paumes et plantes lisses. Dos uni ou très-légérement ridé, sans cordon glanduleux sur les parties latérales. Tympan médiocre. SYNONYMIE. Rana fasciata. Boié. Mus. Lugd. Batav. Strongylopus fasciatus. Tschudi. Classific. Batrach. Mém. So- ciét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 79. 390 .. -+* BATRACIENS ANOURES. * DESCRIPTION. à Foruxs. Chez aucune espèce du genre qui nous occupe, les extrémités postérieures ne sont aussi grêles , et, pour ainsi dire, aussi démesurément longues que chez la Grenouille à bandes : elles ont effectivement deux fois, même deux fois et demie l'étendue du reste du corps ; mais les pattes de devant nesortent pas des dimén- sions ordinaires , leur longueur étant à peu près égale à celle du tronc proprement dit. Les doigts se trouvent conséquemment offrir la même disproportion à l'égard des orteils, dont la gracilité est ex- trême; le quatrième fait à lui seul plus des deux tiers de l’éten- due totale du membre abdominal. La membrane natatoire réunit les orteils à peine au dela de leur première phalange; elle est donc fort courte , et l’on doit ajouter très-mince et peu suscepti- ble de se ds Les pelottes sous-articulaires des mains sont proportionnellement plus développées que celles des pieds. Le tronc est étroit ; la tête est seulement d’un tiers moins longue que lui; ses côtés forment un angle aigu; elle est déprimée, lége- rement convexe à sa partie postérieure ; la coupe transversale du museau, faite vers le milieu du chanfrein, donnerait la figure d’un demi-cercle, c’est dire que le canthus rostralis est à peine sensi- ble. Les narines sont situées à égale distance de l’œil et du bout du nez. Le tympan est petit ; il n’a pas en diamètre tout à fait la largeur de la paupière supérieure, qui est lisse. La langue est ova- laire et divisée en deux petites pointes en arriere. Les dents vomé- riennes sont disposées exactement de la même manière que chez la Grenouille de Delalande, ou sur deux lignes un peu obliques, contiguës chacune de son côté, au bord antérieur de l’orifice na- sal interne. En général la peau du dos est lisse, mais quelquefois cependant elle offre quelques petits plis longitudinaux assez sem- blables à ceux qu’on observe chez l’espèce précédente avec la- quelle d’ailleurs elle a les plus grands rapports, CoLorATIoN. Les diverses variétés que présente cette espèce. re- lativement à son mode de coloration se rapportent à quatre types principaux. Pourtant nous ferons observer que chez toutes, sans exception, la région tympanale porte une tache noire de forme oblongue , et qu’au-dessous de cette tache il existe un trait blanc qui s’avance plus ou moins sur le côté du museau. Variété À. Le fond des parties supérieures est d’un brun fauve ou olivâtre parsemé de taches noires , parmi lesquelles il en est , PHANÉROGLOSSES RANIFORMES, G. GRENOUILLE. 20. 39£ comme celles des membres postérieurs par exemple, qui, réunies entre elles, constituent des bandes transversales ; la même chose a lieu sur. le sommet de la tête où l’on voit une soïte de‘bandeau dont les extrémités s'appuient sur les yeux. En dessous , l'animal est blanchätre. Variété B. Ici on remarque, de plus que chez la variété précé- dente, une raie blanche plus on moins étroite qui parcourt la ligne moyenne du corps, depuis le bout du museau jusqu’à l’orifice anal. Variété C. Une seule et même teinte fauve ou grisâtre est ré- pandue sur le dessus de la tête et sur la surface du dos ; ce dernier est bordé à droite et à gauche d’une série de taches noires, sou- ventassez rapprochées l’une de l’autre pour former une bande à marges’ dentelées ou déchiquetées. Une raie noire occupe la ligne qui conduit directement du coin de l’œil à l'ouverture de la narine. Les flancs sont marbrés de-blanc, de fauve, de noir et de grisâtre ; la face postérieure des cuisses offre un semis de points blancs sur un fond noir; des bandes de cette dernière couleur coupent transversalement leur face antérieure , ainsi que le.tarse et quelquefois aussi la jambe. Variété D. Cette variété ne présente plus de taches noires ail- leurs que sur les membres postérieurs, encore sont-elles peu nom- breuses; ses régions supérieures sont marquées longitudinalement de cinq ou sept rubans noirs, alternant avec un égal nombre de bandes blanches, dont une occupe toujours la région rachidienne. Dimensions. Cette description est faite sur plus de quarante individus ayant tous une taille au-dessous de celle de notre Gre- nouille commune. Téte. Long. 1° 8”. Tronc. Long. 2” 8”: Memb. anter, Long. 3”. Memb. postée Long. 707 3”. PATRIE, La Grenouille à bandes se trouve au cap de Bonne- Espérance. Nous ne savons rien sur ses mœurs. Mais la conforma- tion de ses membres postérieurs doit faire supposer que ses kabi- tudes sont peu aquatiques. Nos individus proviennent des récoltes faites dans l’Afrique australe par feu Delalande et M.J. Verreaux, son neveu. Observations. Nous lui conservons le nom par lequel feu Boié avait désigné dans le musée de Leyde des sujets appartenant sans doute à notre quatrième variété, nom sous lequel l’éspèce a depuis été citée par M. Tschudi comme type d’un genre particulier, qu’il a appelé Strongylopus. C’est une division que nous n’avons pas 392 BATRACIENS ANOURES. cru devoir adopter, attendu qu’elle n’est véritablement fondée que sur cette légére différence qui consiste en ce que, chez la Grenouille à ‘bandes, les dents vomériennes sont situées sur la même ligne que le Lor d antérieur des narines, tandis que chez les autres espèces de Grenouilles elles sont placées plus en arriére ou entre les deux orifices des conduits olfactifs. M. Tschudi dit aussi, il est vrai, que le tympan n’est pas distinct au travers de la peau chez cette même Grenouille à bandes , mais c’est une erreur; car on l’apercoit au contraire très-bien, etmême beaucoup mieux que dans la Rana Kuhlii, qu’il a cependant placée parmi les Gre- nouilles, quoiqu’a plusieurs égards elle s’en éloigne plus que l'espèce du présent article. IV: GENRE. CYSTIGNATHE. — Cystignathus (1 ). Wagler. (Lepiodactylus, Fitzinger; Cystignathus, Crinia et Pleurodema, Tschudi; Doryphorus, Weise.) Caractères. Langue grande, ovale ou circulaire, entière ou échancrée à son bord postérieur, mais tou- jours libre en arrière. Des dents vomériennes dispo- sées sur une rangée transversale plus ou moins longue, plus ou moins largement interrompue au milieu, si- tuée entre les narines inférieures, ou en arrière de leur bord postérieur. T'ympan tantôt bien distinct, tantôt à peine visible. Trompes d'Eustachi tantôt pe- tites, tantôt plus ou moins grandes. Quatre doigts non palmés, avec ou sans rudiment de pouce. Orteils tout à fait libres ou réunis à leur base seule- ment par une membrane qui parfois s'étend en bor- dure le long de leurs faces latérales. Un sac vocal sous- gulaire ou deux latéraux communiquant avec la (1) De xurmis, vessie, et de vaños, mâchoire; en raison de la vessie aérienne , ou du sac vocal qui se voit sous la mächoire. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE. 308 bouche par deux fentes situées, l’une à droite, l’autre à gauche de la langue. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. C’est peut-être moins à Wagler qu'à Fitzinger qu'appar- tient la priorité relativement à la formation du genre dont nous allons traiter ; car, dès 1826 , ce dernier auteur l'avait déjà indiqué sous le nom de Leptodacty lus , dans sa /Vou- velle classification des Reptiles; mais sans le caractériser comme il l'aurait dû être, ou comme il l’a été plus tard par Wagler dans son Naturalische System, d’après la confor- mation de la langue, l'existence de dents au palais, la présence visible du tympan, etc., etc.; tandis que M. Fitzin- ger s'était contenté de le distinguer des Grenouilles par la seule gracilité des doigts, caractère sans la moindre valeur, et qui même eût été insuffisant pour faire reconnaître l’iden- tité du genre Leptodactylus avec le genre Cystignathus , si les espèces citées comme en étant les types ne prouvaient heureusement qu'ils ont tous deux été formés avec les mêmes éléments, c’est-à-dire avec la Rana typhonia de Daudin, la Rana mystacea de Spix, la Rana sibilatrix du prince de Wied , etc., etc. Nous conservons au présent genre le nom de Cystigna- thus préférablement à celui de Leptodactylus, parce que c'est le nom sous lequel il a été pour la première fois dé- fini d’après des principes vraiment scientifiques. Toutefois nous avons dü apporter certaines modifications à la carac- téristique que Wagler a donnée du genre Cystignathus, afin d’y faire entrer des espèces qui, sans cela, s’y seraient refusées, et qu’on n'aurait pourtant pu en exclure qu’en bri- sant les rapports naturels qui les unissent à celles qui s’y trouvaient déjà rangées. Ainsi, bien que pour composer notre genre Gystignathe nous n’ayons tenu compte ni de la forme et de la grandeur de la tête, ni de la présence ou de l'absence d’un rudiment de membrane entre les orteils ou le long de leurs bords, ni de l'intégrité ou de la non-intégrité de la marge postérieure de la langue, il n’en constituera pas 394 BATRACIENS ANOURES, moins pour cela un groupe aussi naturel que celui de Wagler. Nous pensons même qu’établi sur des bases plus larges, notre genre Gystignathe offrira l'avantage de pouvoir encore admettre par la suite des espèces pour lesquelles, si lon adoptait rigoureusement la manière de voir de Wagler, à l'égard de son genre Cystignathus , il faudrait en créer de nouveaux , sans nécessité réelle pour la science, et nous pourrions même dire à son détriment. Nous réunissons aussi à nos Cystignathes le genre Crinia et le genre Pleurodema de M. Tschudi, qui ne s’en distin- gueraient, le premier, que par une langue entière et un petit nombre de dents au palais; le second, par la présence d’une glande sur chaque flanc, et tous deux parce qu'ils manquent de rudiments de membranes entre les orteils, et que l’invi- sibilité de leur tympan serait complète , Ce qui n’est certaine- ment pas exact. Tel que nous le comprenons, le genre Cystignathe réu- nira toutes les espèces de Raniformes à tête non cuirassée , à tympan plus ou moins yisible, à paupière supérieure non prolongée en pointe et à talon sans éperon tranchant, qui ont les orteils tout à fait libres ou seulement réunis à leur racine par une membrane rudimentaire , des dents au palais, une vessie vocale, et chez lesquelles les apophyses transverses de la neuvième vertèbre ne sont pas dilatées en ailes ou en palettes, comme chez les Pélobates, les Son- neurs, les Alytes, les Pélodytes, etc., mais cylindriques, où à peu près cylindriques, de même que dans les Gre- nouilles. | On trouvera parmi nos Gystignathes des espèces à formes sveltes, élancées, et d’autres à corps trapu, à membres courts ; mais toutes néanmoins ont leur charpente osseuse construite sur le même type que celui des Grenouilles. Leurs viscères ressemblent aussi à ceux de ces dernières. Le tableau synoptique suivant pourra donner d'avance l'idée des principales différences que présentent entre elles les onze espèces de Cystignathes que nous allons maintenant décrire, 395 CYSTIGNATHE, G ES. EROGLOSSES RANIFORM » PHAN *IVOINAG na *NHIDU OI) ‘XAINON SL9I04 Y ‘NOHAIG A4 ‘iSOU *NOUIJ 44 *a'IAUL) ‘4550190490 V IN "ANDIHILNIN AA VTT "ANNOTIVS) "111490 ‘7 'IX ‘2919U8U909 ‘D ‘ol 9) °œ. ‘L : * ‘edoique e se Ve. ee, » onSUE] : SOUHEU S9P XN9P-01}U9 | 9P OIL U9 ‘opur]s sues SOUL, ‘SAUCE 9J9TIE, sel 2)JUa *opueys ossoi$ oun jueJaod é + ee) lo. he lolo: en tee te “nor ne onduoursqur ‘oyan09 often re) ohne er 1e eve Le ° * °° ‘SuUvIQUAU SUES ‘auviqUaUr UP sopaoq “oxerquo ‘onsuol] a ‘Suo] : ‘Jun 09 ou foh cette ne de ‘sapduus S[I9740 : S9STIŒ Sat u9 ne syyod- -sau7 XN9p a[sIaASUEI} 998uv1 oun ‘nduoroquroutd e ‘ Suea jnos un ans sSuexxnop u9s998eJ1ed "HHELVNOLLSA19 TUNAO NT SHOASA SH HAdLLTONAS NVATAVIE, uo SOUUITIQU OA SJuop | JourpsTp ‘nad ‘ mod SOUUPHIQUIOA SJU2P :jourstp uorq ‘pueis uedui y 3096 BATRACIENS ANOURES. ESPÈCES A TYMPAN BIEN DISTINCT. 1. LE CYSTIGNATHE OCELLÉ. Cystignathus ocellatus. Wagler. (Voyez PI, 87, fig. sans n°. La bouche ouverte.) CARACTÈRES. Dents vomériennes disposées sur deux rangs plus ou moins allongés en arcs brisés. Langue subcordiforme. Arrière- narines et trompes d’Eustachi assez grandes. Tympan bien distinct. Orteils bordés d’une petite membrane, à droite et à gauche. Peau du dos offrant des renflements glanduleux longitudinaux chez les jeunes sujets , lisse chez les adultes ; mais de grosses glandes sur les flancs de ces derniers. SYNONYMIE. Rana maxima virginiana eximia rara, Seb, Tom. 1, pag. 119, tab. 75, fig. 1. ' Rana maxima virginiana , etc. Klein. Quad. disposit. pag. 118. Rana ocellata. Yinn. Mus. Adolph. Freder. tom. 2, pag. 3g. Rana ocellata.. Xd. Syst. Nat. Edit. X, tom. 1, pag. 211, n° 9. Rüna ocellata. 14. Syst. Nat. Edit. XII. Tom. 1, pag. 356, n° 10. Rana pentadactyla. Laur. Synops. Rept. Pag. 32, n° XXIIT. Rana ocellata. Gmel. Syst. Nat. Linn. Tom. 3, p. 1052, n° 10. Rana pentadactyla. I, loc. cit. n° 27. | Variété de la Grenouille mugissante. Lacép. Quad. Ovip. Tom. r, pag. 543, pl. 38. V'ariété de la Grenouille mugissante. Bonnat. Erpét. Encyclop. Méthod. pag. 7, pl. 3, fig. 2. Rana ocellata. Schneïid. Hist. Amph. Fasc. I, pag. 116. Rana ocellata. Shaw. Gener. Zool. Tom. 3, part. 1, pag. 108, pl. 34 ( Cop. Seb. ) Rana ocellata. Daud. Hist. Nat. Rain. Gren. Crap. pag. 67, pl. 19. Rana rubella. Id. loc. cit. pag. 56, pl. 17, fig. 1. Rana ocellata. Y. Hist. nat. rept. Tom. 8, pag. 118. Rana rubella. Id. loc. cit. pag. 109. La Grenouille rougette. Latr. Hist. rept. tom. 2, pag. 160. Rana ocellata. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 176, n° 19. Rana Daudinii. Var. 8? (Rubella Daud.) Id. loc. cit. pag. 177; n° 18. Rana gigas. Spix. Spec. Nov. Ran. Brasil. pag. 25, tab. 1. Rana pachypus. W. loc. cit. pag. 26, tab. 2, fig. 1-2. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G, CYSTIGNATHE, f, 397 Rana pachypus ,juv. Id. loc. cit. pag. 26, tab: 3, fig. r. Rana mystacea. I. loc. cit. pag. 27, tab. 3, fig..2-3. Rana coriacea. Id. loc. cit. pag. 29, tab. 5, fig. 2. Rana prgmæa, Id. loc. cit. pag. 30 , tab. 6, fig. 2. Rana pachypus. Maxim. Wied. Beitr. Naturgesch. Brasil. tom. r, pag. 540. Rana sibilatrix, Yd. loc. cit. pag. 545. Rana sibilatrix. Id. Rec. PI. Color. Anim, pag. et pl. sans n°5. Fig. 2. Rana ocellata. Fitzing. Classif, rept. pag. 64. Leptodactylus sibilatriæ. Id. loc. cit. Rana ocellata. Gravenh. Delic. Mus. Zoolog. Vratilav. Batrach, pag. 42. Rana pachypus. Id. loc. cit. pag. 43. Cystignatus pachypus. Wagl. Icon. Amph. Tab. 21. Crstignathus ocellatus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. Tom. 2, pag. 78. Exclus. Synon. ana ty- phonia. Daud. (Cyst. Typhonius nob.); Rana maculatu. Daud. (Hyla.…? ); Rana labyrinthica. Spix. (Cyst. labyrinthicus nob.) DESCRIPTION. Formes. L’examen comparatif que nous avons fait avec le plus grand soin d’un certain nombre d'individus appartenant bien évidemment tous à l’espèce du Gystignathe ocellé, nous a fourni une nouvelle preuve de ce que nous avions déja plusieurs fois eu l’occasion &’observer, à savoir que l’ensemble des formes et les proportions relatives de la tête , chez les animaux qui nous occu- pent, sont loin d’offrir des caractères propres à distinguer sûre- ment une espèce d’avec une autre, ainsi que paraissent le croire plusieurs erpétologistes distingués, parmi lesquels il en est même qui vont jusqu’à faire entrer dans les diagnostiques de leurs divi- sions génériques le plus ou moins de longueur que présente le museau. “ot Nous avons maintenant sous les yeux une série de plus de vingt individus de l'espèce du Cystignathe ocellé, offrant depuis six cen- timétres jusqu'a quatre décimètres de longueur, mesurés du bout du museau à l’extrémité des membres postérieurs. Chez les uns la tête est un peu plus longue que large, chez les autres elle est d’un quart plus étendue en largeur qu’en longueur; ceux-là l’ont 398 :. / BATRACIENS ANOUÛRES. épaisse, ceux-ci_très-déprimée ; il en est dont le museau est pointu , attendu que les côtés de la tête forment un angle plus ou moins aigu, au lieu de décrire une ligne fortement arquée, dont la partie la plus convexe correspond au museau, et les deux extré- mités à chacun des angles de la bouche , comme cela se voit par- ticulièrement chez les sujets à tête courte et aplatie; tantôt le chanfrein-est un peu bombé, tantôt il est plat et même légére- ment creusé d’un sillon au milieu. Néanmoins, chez tous, le can- thus rostralis est bien prononcé. Chez les individus à museau court : celui-ci s’abaisse brusquement en avant des narines; chez ceux à museau long, il se termine par une pente douce. Les yeux sont saillants ; la largeur de leur intervalle est la même, ou est un peu plus considérable que celle de la paupière supérieure, dont la surface est parfaitement lisse. Le tympan est bien distinct, son diamètre tantôt est égal à l’entre-deux des narines, tantôt beau- coup moindre que cet espace internasal ; cette différence ne pa- raît pas dépendre de celle des sexes. La bouche est. grande et la langue aussi; celle-ci a une forme en cœur, étant légèrement rétré- cie en avant, élargie et un peu échancrée en arriere ; elle est lisse, médiocrement épaisse etcomme spongieuse. Les dents vomériennes constituent deux rangs transversaux en arcs brisés, presque con- tigus , situés immédiatement en arrière des narines , le long du bord desquelles ils s'étendent plus où moins de chaque côté ; quelquefois pourtant ils dépassent à peine à droite et à gauche l’entre-deux des ouvertures olfactives, qui sont ovalaires et un peu moins grandes que celles des conduits gutturaux de l'oreille, dont la forme est triangulaire. Les sacs vocaux des individus mâles ne sont point appa- rents au dehors : ils produisent bien un certain renflement de chaque côté de la gorge, lorsque l’animal les gonfle; mais n'ayant pas d’issues le long des bords de la bouche, ils ne peu- vent pas se dilater à l’extérieur, comme cela s’observe chez la Grenouille verte commune et chez une autre espèce de Cysti- gnathe, que Daudin a nommée la Grenouille galonnée. C’est par une fente longitudinale, et non par un simple trou, que l'air pénètre dans ces sortes de vessies, fente qui n’est pas non plus située , comme c’est le cas le plus ordinaire, sous l’aplomb des trompes d’Eustachi, mais plus en avant, ou le long de la dernière portion de la longueur de la branche sous-maxillaire. Chez la plupart des Grenouilles, il existe, à l'extrémité de la PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. &@. CYSTIGNATHE. 1. 309 mâchoire inférieure en avant , soit deux échancrures triangulai- res, soit deux où trois saillies plus où moins développées ; ici, on n’observe qu’une de ces dernières à laquelle correspond une ca- vité creusée dans les os intermaxillaires. Cette espèce a les mem- bres bien développés : ceux de derrière ont une longueur double de celle dit tronc proprement dit ; ceux de devant ont à peu près la même étendue que les flancs ; ils présentent cette particularité que chez les mâles, ils sont beaucoup plus gros que chez les fe- melles, ce qui tient au développement considérable de leurs mus- cles. Les membres antérieurs des individus mâles offrent en outre le long et en dehors du second doigt deux gros tubercules dont l'extrémité amincie est emboîtée dans un petit dé de corne ana- logue à celui qui protége la portion terminale des orteils des Dac- tyléthres. L’un de ces tubercules est la pointe même ou la pha- langette du premier doigt ou du pouce, lequel, chez les Ba- traciens anourés, est presque toujours enseveli sous la peau ; l’autre est une saillie ou une sorte d’apophyse osseuse qui prend naissance sur le bord latéral interne du métacarpien du second doigt, os qui est ici très-fort, trés-épais et très-large. Du reste, les doigts dans les deux sexes sont cylindriques légèrement ren- flés au bout, et le dessous de chacune de leurs articulations offre une petite protubérance arrondie ; il ÿ à un gros tubercuile oblong à la base du second doigt, si l’on fait abstraction du pouce , à cause de son état rudimentaire ; puis il y en à un autre au moins aussi fort et cordiforme sous la portion basilaire des deux derniers doigts. Les orteils, qui sont longs et grêles , ont aussi des renflements sous leurs articulations ; on distingue un rudiment de membrane entre chacun d’eux tout à fait à leur racine et un petit pli tout le long de leurs faces latérales. Le premier os cunéiforme fait une saillie obiongue ; mais c’est le seul tubercule que présente le métatarse. Un cordon glanduleux règne de chaque côté du dos depuis l'orbite jusqw’à l’origine de la cuisse; un autre, qui commence au même endroit, se dirige vers l’épaule en suivant la courbure du tympan, au - dessous duquel on en voit un troisième se liant au second par son extré- mité postérieure, et tochant à l’angle de la bouche par son extré- mité antérieure ; enfin, il y en a un quatrième qui part aussi du même point pour s’avancer sur le flanc, dont il parcourt toute la ligne moyenne et longitudinale ; avec l’âge , celui-ci se divise en plus ou moins de parties, lesquelles constituent autant de glandes 400: BATRACIENS ANOURES. de forme irrégulière et souvent assez grosses. Les jeunes sujets ont la peau du dos relevée de plusieurs plis longitudinaux qui s’effacent peu à peu avec l’âge , de sorte qu’il n’en reste plus au- cune trace lorsque l’animal est parvenu à la moitié environ de son entier développement. Tout le dessous du corps est lisse. - COLORATION. La plupart des individus que nous avons observés ont le fond des parties supérieures d’un brun grisâtre ou roussâ- tre. Les côtés du museau portent chacun une raie noire qui s’étend de son extrémité à l’angle de l'œil, en passant par la narine ; une bande également noire va du bord inférieur et postérieur de l'orbite à l'épaule ; une tache élargie, de la même couleur occupe la région inter-orbitaire ; d’autres taches noires plus on moins allongées, ou arrondies sont distribuées par séries longitui- dinales sur le dos et les flancs ; le dessus des membres en offre qui sont très-dilatées en travers. Le dessous du corps est blanc, excepté vers les parties postérieures qui sont généralement nuâ- gées de brun ou de grisâtre. Il y a des sujets dont les taches des parties supérieures se con- fondent entre elles de maniere à former une marbrure; on a alors la Rana gigas de Spix. Chez d’autres il n’en existe plus du tout, où la couleur du fond est si sombre qu’on ne peut plus les distin- guer ; telle est la Rana cortacea du même auteur. DIMENSIONS. Téte. Long. 4” 5”. Tronc. Long. 11° 5°”. Memb. antér. Long. 8” 5”. Memb. postér. Long. 24” 5”. Parrie. Cette espèce est répandue dans toute l'Amérique mé- ridionale ; elle se trouve aussi aux Antilles, car nous possédons un individu qui en a été rapporté par M. Moreau de Jonés, et deux quinousont été envoyés de la Dominique par madame Rivoire. Nos sujets du continent américain proviennent du Brésil, de Buénos- Ayres et de Cayenne; nous les devons aux soins de MM. Dela- lande , Gaudichaud et d’Orbigny. Observations. C’est encore dans le Thesaurus naturæ . de Seba , recueil vraiment remarquable par le nombre considérable d’es- pèces de reptiles qui y sont représentés , si surtout l’on fait atten- tion-à la date de sa publication (1734) que se trouve la première figure du Batracien que nous venons de décrire ; figure qui, mal- gré ses imperfections, ne laisse cependant pas d’être très -re- connaissable pour tout erpétologiste un peu exercé. Ce même Ba- tracien a été ensuite décrit par Linné dans le museum du prince Adolphe Frédéric, sous le nom de Rana ocellata , puis désigné de PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE. 1. AÂOf la même manière dans la dixième et la douzième édition du Sys- Lema naluræ, où l’auteur lui a donné pour synonymes, avec raison, la Rana maxima Virginiana de Séba (1), mais à tort la Rana hale- cina de Kalm, qui est une vraie Grenouille , la Rana maxima de Catesby, qui en est une autre , on notre Rana mugiens, enfin la Rana maxima de Brown, qu'il est au reste bien difficile de déter- miner; Linné, comme on le voit, confondait au moins trois espèces différentes sous la même dénomination. Laurenti a aussi mentionné notre espèce dans son Synopsis, mais il l’a appelée Rana pentadactyla ; il ÿ a bien rapporté la figure de Séba qui la représente réellement (la première de la planche 75 du tome I), puis il a cité comme en étant une variété, un individu avec un rudiment de cinquième doigt (sans doute un mâle) qu’il avait eu l’occasion d’observer en nature. Gmelin a fait un double emploi de la ana ocellata de Linné, en introduisant aussi la Rana pachydactyla de Laurenti dans la treizième édition du Sys/ema. I] est question du Cysti- gnathe ocellé dans l’histoire naturelle des quadrupèdes ovipares de Lacépède, à l’article de la Grenouille mugissante, à laquelle cet auteur l’a associé comme variété; il en a même donné une figure d’après un individu de notre collection nationale, en fai- sant remarquer avec beaucoup de raison que la Rana pachy«ac- tyla de Laurenti paraissait s’en rapprocher. Schneider a décrit avec la précision qui le caractérise quelques individus du Cystignathe ocellé qu’il avait observés dans diffe- rents cabinets et qu’il a bien reconnus être les mêmes que la Rana ocellata de Linné. La figure de la Grenouille ocellée de Daudin, qui au reste a été faite d’après le même modèle que la variété de la Grenouille mu- gissante de Lacépède, mais par un artiste plus habile, représente l’âge adulte du Cystignathe ocellé, dont un jeune individu se trouve aussi figuré dans l’histoire naturelle des Grencuilles , des Rainettes et des Crapauds, sous le nom de Rana rubella, espèce, comme on le voit, purement nominale, que Merrem a considérée comme une variété de sa Rana Daudinu formée de la réunion de la Rana punctala et de la Rana plicata de Daudin, qui sont l’une la (1) Tom. 1, tah. #5, fig. :. REPTILES , VII. 26 402 BATRACIENS ANOURES. femelle , l’autre le mâle du Batracien anoure appelé ee es Pelodptes punctatus. ‘Là ne s'arrête malheureusement pas le nombre déja assez grand des diverses dénominations données inutilement au Cystignathe ocellé ; car Spix l’a presque doublé en y ajoutant celles de Rana gigas pour les sujets adultes, de Rana pachypus pour les individus mâles , de Aana coriacea pour ceux dont la peau est d’une teinte brune uniforme, de Rana mystacea pour ceux chez lesquels la raie noire du canthus rostralis est bien prononcée, enfin de Aana prgmea pour les sujets très-jeunes. Le prince de Wied a également concour à augmenter cette liste en imposant le nom de Rana sibilatrix à un Gystignathe ocellé d’une taille au-dessous de la moyenne. 11 faut éliminer de la synonymie du Cystignathus ocellatus dres- sée par M. Tschudi , la Rana typhonia de Daudin et la Rana laby- rinthica de Spix, qui en sont toutes deux spécifiquement différen- ‘tes, ainsi que la Rana maculata de Daudin que nous soupconnons même d’appartenir à un autre genre ou à celui des Rainettes. 2, LE CYSTIGNATHE GALONNÉ. Cystignathus typhonius. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant deux rangs en arcs brisés, placés sur la même ligne transversale; langue subcordi- forme. Arriére-narines et trompes d’Eustachi assez grandes. Tympan bien distinct. Orteils non bordés de membranes. Peau du dos relevée de plis glanduleux, au milieu, ou de chaque côté seulement. Syxonvuie. Rana fusea. Schneid. Hist. amphib. Fasc. :, pag. 130. Rana typhonia. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 59, pl. 56, fig. 3 et 4. Exclus. synon. Rana Virginiana. Séb. tom. spl 70 » fig. 4; Rana Virginica , Laurenti; Grenouille galonnée , Bonnat. (Rana hylacina ? ). Rana Virginica. Merr. Tent. syst. amph. pag. 177. Exclus. synom. Rana Virginiea, Gmel ; Grenouille de Virginie ; Lacép. ( Rana hylacinar ) Cystignathus ocellatus (en partie). Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag, 78 PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE, 2. 403 DESCRIPTION. Formes. Quoique nous reconnaissions cette espèce comme très-voisine de la précédente, nous'ne pouvons cependant pas nous refuser à l’en séparer par les considérations suivantes, qui ne sont pas sans importance. Elle n’a effectivement ni les doigts : ni les orteils garnis latéralement d’une petite membrane , ainsi que cela s’observe très-distinctement chez les Cystignathes ocellés, quel que soit leur âge ; et les mâles en particulier se distinguent de ceux de ces derniers, en ce qu’ils manquent de tubercules pointus au premier doigt, et que, comme les individus du même sexe de la Grenouille verte, ils présentent le long des deux tiers postérieurs de l’étendue de leur branche sous-maxillaire, à droite et à gauche en dehors, une fente qui donne issue à leur vessie vocale , lorsqu'ils la remplissent d’air, tandis que dans le Cysti- gnathe ocellé le gonflement de cet organe s'opère complétement à l’intérieur. Nous pourrions ajouter que, selon toute apparence, le Cysti- gnathe galonné ne parvient pas à une taille à beaucoup près aussi considérable que le Cystignathe ocellé , car l’un de nos sujets ap- partenant à la première espèce a déja perdu ces plis dorsaux que nous savons être un caractère du jeune âge chez la seconde ; ce sujet a tout au plus la longueur d’une Grenouille rousse de moyenne grosseur, au lien que les autres, dont la grandeur est moindre, présentent encore ces plis en même nombre, et dispo- sés de la même manière que chez le Cystignathe ocellé. CoLorATIoN.Cessujets du Cystignathe galonné, dontnous'venons de parler, sont au nombre de trois, et tous trois différent l’un de l’autre par leur mode de coloration ; celui du plus petit, qui est un mâle, se compose à ses parties supérieures de tachessemblables, pour la formeet la distribution, à celles que présente aussi le dessus du corps de la plupart des Cystignathes ocellés; seule- ment elles sont plus pâles, ainsi que la teinte qui leur sert de fond. 11 y a de plus que chez ceux-ci une ligne blanchätre sur la région rachidienne, et deux de chaque côté du dos, puis une suite de très-petits points blancs rapprochés lun de l’autre, le long de la ligne moyenne et longitudinale de la face postérieure de la cuisse. Notre second sujet est une femelle; il se distingue du premier 26, 464 BATRACIENS ANOURES. en ce que ses taches sont moins nombreuses et presque linéaires, et qu’au lieu d’une raie, c’est une large bande blanche qui par- court longitudinalement le milieu de sa tête et de son dos, dont e fond est décoloré. Le troisième, dont le sexe est le même que celui du précé- dent, a toutes ses régions supérieures d’une couleur olivâtre, presque sans taches, tant elles sont peu apparentes, excepté sur les membres où elles forment des bandes transversales. Comme chez les deux autres, ses cuisses offrent une ligne de points blancs le long de leur face postérieure , son canthus rostralis est marqué d’une raie noire, et sa tempe d’une bande de la même couleur, mais tout le dessous de son corps présente une teinte jaunâtre. Dimensions. Tête. Long. 1” 8”. Tronc. Long. 3° 5”. Memb. antér. Long. 3” 5°”, Memb. postér. Long. 8” 2”, Parrre. Le Cystignathe galonneé se trouve àala Guyane française et à Surinam. Daudin dit avoir vu un individu recueilli dans ce «lernier pays par Levaillant, et la femelle, dont nous venons de donner les principales dimensions, a été rapportée de la Mana par MM. Leschenault et Doumerc. k Observations, Les deux premiers des trois individus dont il vient d’être question sont les types de la Grenouille galonnée de Dau- din, qui les a fait représenter l’un et l’autre sur une des planches de son histoire des Grenouilles et des Rainettes. Il est évident que cet auteur s’est trompé en rapportant à la présente espèce la Gre- nouille figurée sous le n° 4 de la planche 75 du tome 5 du Trésor de la nature, car cette dernière a les pieds largement palmés, au lieu que le Cystignathe galonné manque réellement de mem- branes natatoires. La Rana Virginica de Laurenti, celle qui est établie d’après la figure donnée par Séba , que nous venons de citer, devient conséquemment nn autre synonyme à rayer du nombre de ceux donnés par Daudin à sa Grenouille galonnée ; mais, selon nous, il a eu raison de considérer la Rana jfusca de Schneider comme lui étant spécifiquement semblable , tandis que c’est peut-être à tort qu’il a fait la même chose à l’égard de la Rana typhonia de Linné , qui a parlé de ces espèces en termes si vagues qu'il est pour ainsi dire impossible de les déterminer d’une maniere précise. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES, G. CYSTIGNATHE, 3. 405 3. LE CYSTIGNATHE MACROGLOSSE, Cystignathus macroglossus. Nobis. CaracTÈères. Un fort rang de dents vomériennes interrompu au milieu , situé entre les arrière-narines, qui sont petites et ar- rondies. Langue très-grande, épaisse, fongueuse, circulaire, entière, libre à son bord postérieur. Trompes d’Eustachi tres- petites , tympan bien distinct. Orteils bordés de membranes. Un renflement glanduleux longitudinal, au-dessus dè l’oreille. Dos semé de tubercules arrondis. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. Nous nommons ce Cystignathe macroglosse, parce qu’en effet sa langueest proportionnellement plus grande que chez aucun de ses congénères. Elle a la forme d’un disque parfaitement circulaire, qui couvre entièrement le plancher de la cavité buccale ; libre en arrière, amincie sur ses bords et fort épaisse au centre, elle a toute sa surface revêtue de grosses papilles filiformes qui lui don- nent l’apparence d’une étoffe veloutée ou laineuse. La bouche est moins largement fendue que celle du Cystignathe ocellé. La tête est courte , fortement arrondie en avant. Les narines sont situées au sommet du museau, laissant entre elles un espace égal à la largeur de la région interoculaire., Le canthus rostralis est bien marqué, mais court, car il s’arrête à la narine, au devant de laquelle le museau s’abaisse vers la mâchoire inférieure en s’arrondissant beaucoup. Les yeux sont grands, saillants et à pupille vertico- ovale. Le tympan a en diamètre les deux tiers de la longueur de la fente des paupières ; il est tres-distinct, car la peau qui le re- couvre est excessivement mince. Les ouvertures des trompes d’Eustachi sent au contraire trés-petites et situées tout à fait dans les angles de la bouche. Les dents qui arment le palais sont pla- cées entre les arrière-narines, à peu près au niveau de leur bord postérienr ; comme celles-ci sont peu écartées, le rang que forment ces dents est assez court, mais fort élevé; il est légère- ment interrompu au milieu. Les orifices des arrière-narines sont arrondis, très-petits, mais moins cependant que ceux des con- duits gutturaux desoreilles. L’entre-deux des yeux est légèrement concayve ; le front et le chanfrein sont plats et trés-courts. Les 406 BATRACIENS ANOURES. membres de devant, couchés le long du tronc, atteignent les aines; ceux de derrière , placés de la même manière, dépassent le museau de toute la longueur du pied. Les doigts, au nombre de quatre et sans rudiment de pouce, sont très-déprimés , fort . amincis à leurs bords et pourvus d’un tubercule bien prononcé sous chacune de leurs articulations. La paume de la main offre deux gros renflements oblongs placés comme les deux branches d’un V. Les orteils sont encore plus aplatis que les doigts et garnis latéralement d’une membrane mince qui, à leur base, les réunit entre eux. De même que les doigts, ils présentent des renflements sous-articulaires très-saillants. Le tarse lui-même a son bord externe muni d’une petite mem- brane flottante. Le tubercule produit par le premier os cunéi- forme est médiocre, oblong , un peu aplati , résistant; du côté op- posé, on en voit un autre beaucoup plus petit. Des verrues légè- rement convexes et lisses sont éparses sur la tête, le dos et le haut des flancs ; la région moyenne de ceux-ci est comme granuleuse. La surface des paupières supérieures est ridée et mamelonnée ; un renflement longitudinal s’étend au-dessus du tympan depuis _ l'angle postérieur de l’œil jusqu’en arrière de l'épaule. Les coins de la bouche, en dehors, sont glanduleux. Toutes les régions in- férieures 4 lisses. CororATion. Le dessus du corps offre partout une teinte dan blanc olivâtre, nuancé de gris cendré ; les tympans sont bruns. Des marbrures de la même couleur sont répandues sur la face postérieure des cuisses, dont le dessous présente une teinte rosée. Les autres parties inférieures de l’animal sont lavées de jaunâtre. Dimensions. Téte. Long. 2” 4°”. Tronc. Long. 4” 2°”. Memb. an- tér, Long. 3° 5°. Memb. poster. Long. 9” 8”. ParTrie. Le Cystignathe macroglosse ne nous est connu que par un seul individu recueilli à Montévideo par M. Gaudichaud. 4% LE CYSTIGNATHE GRÊLE. Cystignathus gracilis. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant une longue rangée transversale, étroite, à peine interrompue au milieu ef située assez en arrière des narines inférieures. Langue sub-cordiforme. Trompes d’Eustachi de moyenne grandeur ; tympan distinct. SYNONYMIE ? PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE, D. 407 DESCRIPTION. Formes. L'Amérique méridionale produit une quatrième es- pèce de Gystignathe qui se distingue particulièrement de l’ocellé par ses formes plus élancées , par sa tête plus étroite, par son museau tout à fait pointu, par la disposition de ses dents vo- mériennes dont les deux rangées sont minces, rectilignes , con- tiguës et situées assez loin en arrière des narines ; enfin par la gracilité de ses pattes de derrière et surtout de ses orteils. CoLorATION. Son dos est d’un brun fauve , avec une bande médiane blanche, qui s’étend entre deux bandes brunes, à partir du vertex! jusqu’à l'extrémité du tronc; ses flancs offrent aussi chacun une bande brune, quelquefois divisée en taches de forme irrégulière et au-dessous de laquelle se trouve une raie blanche qui lui est parallele. Une raie noire va du bout du mu- seau à l’arriére de l’épaule en passant par la narine et le tympan. Le dessus des membres est marqué de taches brunes disposées par séries MOSS, Toutes les régions inférieures sont blan- ches. Dimensions. Téte. Long. 1°” 5”. Tronc. Long. 3”. Memb. antcr: Long. 2 5, Memb. potér. Long. 8”. Le sujet sur lequel ces mesures ont été prises est moins grand qu’une de nos Grenouilles communes parvenues à leur entier développement. Patrie. Ce Cystignathe , dont nous possédons plusieurs exem- plaires , a été trouvé à Montévidéo par M. d’Orbigny. S. LE CYSTIGNATHE LABYRINTHIQUE. Cystignathus labyrinthicus. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant deux rangs arqués. Langue sub - cordiforme. Arrière-narines et trompes d’Eustachi grandes. Tympan bien distinct. De grosses glandes sur les flancs. SYNONYMIE. Rana labyrinthica. Spix. Nov. spec. Ranar. Brasil, pag. 91, tab. », fig. 1-2. Cystignathus ocellatus. Yschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét . scien. natur. Neuch. tom. 2, pag. 678. 408 BATRACIENS ANOURES. . DESCRIPTION. Formes. Ce Cystignathe a, comme les précédents , les plus grands rapports avec locellé dont il se distingue cependant, au premier aspect, par ses formes trapues et ramassées ; par sa tête plus large , plus plate ; par ses membres plus courts , plus forts ; par ses doigts et ses orteils moins longs , plus gros et à tubercules sous-articulaires plus développés. Si l’on pousse plus loin la comparaison entre ces deux espèces, on trouve encore que les rangs de dents vomériennes du Cystignathe labyrinthique sont ré- guliérement courbés et non en arcs brisés , comme chez le Cys- tignathe ocellé ; qu’il manque de glandes en forme de cordons de chaque côté du dos et qu'il en offre d'énormes et tellement dilatées , sur les flancs que ceux-ci en sont en grande partie cou- verts, puis qu’il a deux tubercules au métatarse ; enfin que ses membres postérieurs ont au moins une longueur égale à celle du tarse; c’est-à-dire que placés le long du corps, le pied seul dé- passe le bout du museau. L’unique individu du Cystignathe labyrinthique que nous ayons été dans le cas d’examiner étant une femelle, nous ignorons si chez l’autre sexe , ainsi que cela existe chez le Cystignathe ocellé, les pattes antérieures sont à proportion beaucoup plus fortes, et si le bord du doigt interne est armé de deux pointes enveloppées chacune d’un petit étui de corne; nous ne savons pas davantage si les côtés de la région sous-maxillaire présentent des fentes pour la sortie des vessies vocales, pareillement à ce qu’on observe chez: le Cystignathe galonneé. COLORATION. Les parties supérieures sont brunes avec des marbrures noirâtres, qui affectent la forme de bandes trans- versales sur les pattes de derrière, dont les régions fémorales sont également marbrées de noirâtre , mais sur un fond rose. La gorge ef la poitrine sont lavées de brun, tandis que le ventre et le dessous des membres sont parcourus par des raies ou-des taches noires , allongées, en zig-zags et confluentes, mode de colora- tion auquel Spix a sans doute voulu faire allusion en DORE à cette espèce la qualification de Labyrinthica. Dimensions. Cette espèce devient aussi grande que le Cystignathe ocellé, ainsi qu’on peut s’en convaincre par les dimensions des principales parties de l’individu appartenant à notre musée. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES, G. CYSTIGNATIE. 6. 409 Tête. Long. 5” >”. Tronc. Long. 11°. Memb. antér. Long. 8” 2”. Memb. postér. Long. 19” 2°”. Parrie. Ce Cystignathe n’a encore été trouvé qu’au Brésil ; notre exemplaire y a été recueil i par M. Dabadie. Observations. Spix, auquel on en doit la découverte, en a donné deux figures dans son ouvrage sur les Reptiles de cette partie de l'Amérique méridionale ; figures que M. Tschudi a rap- portées à tort au Cystignathe ocellé. ESPÈCES A TYMPAN PEU DISTINCT. 6. LE CYSTIGNATHE DE PÉRON. Cyséignathus Peronii. Nobis. CARAcTÈRES. Dents vomériennes disposées sur une seule rangée transversale fort longue. Langue subcirculaire, à peine échancrée à son bord postérieur. Arrière-narines et trompes d’Eustachi trés-petites, arrondies. Tympan peu distinct. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Forwes. Voici une espèce dont nous ignorons la patrie, qui, au premier aspect, ressemble à s’y méprendre au Cystignathe ocellé ; mais il suffit de l’examiner avec quelque attention pour reconnaître qu’elle en diffère bien réellement. Ses dents vomé- riennes ne forment qu’une seule rangée occupant toute la lar- geur du palais, à quelque distance en arrière des narines infé- rieures ; ces orifices sont petits et arrondis ; le tympan est aussi d’un petit diamètre, et s’apercoit difficilement au travers de la peau qui passe par-dessus; les trompes ’d’Eustachi sont égale- ment fort peu ouvertes. Mais, du reste , le Cystignathe de Péron ressemble complétement au Cystignathe ocellé ; comme chez ce dernier, les mâles ont les bras plus gros que ceux des femelles et deux petites pointes le long du bord du doigt interne. CoLorATion. Le mode de coloration lui-même n’est pas différent de celui que présente le plus grand nombre des individus du Cystignathe ocellé qui nous ont passé sous les yeux. C’est un fond fauve sur lequel sont jetées des taches brunes, dont une, dilatée en travers, occupe le sommet de la tête ; les autres se voient sur le dos et le dessus des membres, formant des séries longitudinales sur celui-là et des bandes transversales sur ceux-ci. Dimensions. Téte. Long. »” 1°”. Tronc. Long. 3” 9°”. Memb. antér, Long. 3”. Memb. postér. Long. 8” 5”. 410 BATRACIENS ANOURES. ParTRiE. Nous possédons trois échantillons qui proviennent du voyage de Péron , mais nous ignorons le pays ou ils ont été re- cueillis, Peut-être est-ce la Nouvelle-Hollande ? + LE CYSTIGNATHE DE BIBRON. Cystignathus Bibront. Nohis. (Voyez pl. 87, fig. 2 et 2 à, sous le nom de Pleurodème de Bibron) CArAcTÈRES. Dents vomériennes formant deux groupes entre les arrière-narines. Langue sub-circulaire où sub-cordiforme À lorsqu'elle est échancrée à son bord postérieur. Arrière-narines eftrompes d’Eustachi petites ; fympan a peine distinct, Une glande noirâtre, cerclée de blanc sur chaque flanc, Orteils bordés latéra- lement as membrane à peine visible chez les femelles , bien distincte chez les mâles. Dessus du corps marbré de brun sur un fond grisätre. SYNONYME. Pleurodema Bibroni. Tschudi.Classif. Batrach.Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 1, pag. 85. ( Bombinator ocellatus. Musée de Leyde. DESCRIPTION. Fornues. Chez ce Cystignathe et les suivants, la peau qui re- couvre l'oreille, ayant à peu près la même épaisseur que celle du reste de la tête, il en résulte que le tympan est loin d’être aussi manifeste que chez les espèces décrites précédemment ; ce- pendant en observant avec attention, on est toujours sûr de l’apercevoir, si surtout l’on a la précaution de tendre 1ésérement la peau de la tempe. Son diamètre, dans la présente espèce , est égal à la moitié on à un peu plus dé la moitié de la lé de la paupière supérieure. Le Cystignathe qui nous occupe est de petite taille ou de la grosseur de notre Rainette commune environ ; il n’a pas les formes élancées de l’espèce appelée ocellée ; son apparence est plutôt celle du Cystignathe labyrinthique, avec lequel il a de commun d'offrir des productions glanduleuses sur les flancs. Toutefois, elles sont bien moins développées, car on n’en re- marque qu’une seule de la grosseur d’un pois et de forme ovalaire, de chaque côté des hanches, La bouche, sans être petite , n’est pourtant pas aussi largement fendue que celle des espèces précé- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE. 7. 41 dentes; sa grandeur est la même que celle des Cystignathes rose et géorgien. La tête est fort peu rétrécie en avant, ce qui donne au contour des mâchoires une forme presque régulière- ment demi-circulaire ; le bout du museau est épais, arrondi en travers, et c’est à son sommet que se trouvent situées les narines, qui sont pelites et un peu écartées. Le canthus rostralis est fai- blement prononcé. Le chanfrein , le vertex et l’occiput forment un seul etmême plan horizontal fortement rétréci entre les yeux; car à cette région la largeur du crâne a la moitié de celle de lou- verture oculaire. Les arrière-narines sont ovales et de moyenne grandeur, relativement à la taille de Panimal; les dents vomé- riennes sont situées entre elles deux, plus ou moins en arrière, disposées sur deux rangs très-courts, représentant néanmoins un V largement ouvert à sa base. La langue est grande, plutôt circulaire qu’ovale, tantôt entière, tantôt offrant une faible échancrure à son bord postérieur ; dans ce dernier cas, elle pa- raît cordiforme. Les trompes d’Eustachi sont de moitié plus petites que les arrière-narines. Chez les mâles, la peau de la gorge est lâèhe et plissée tout autour de la MAchoire inférieure , ce qui indique que le sac vocal est très-ample ; les fentes par lesquelles l’air y pénètre sont situées un peu en avant de l’extrémité condylienne des branches sous-maxillaires, Les pattes de dévant sont aussi longues que le tronc, les doigts assez forts, cylindriques et renflés sous leurs articulations ; dans les mâles le premier est plus gros que dans les femelles , ainsi que le tubercule oblong qu’on voit à sa racine, tubercule qui n’est autre que le rudiment du pouce ; il existe un autre petit renflement au milieu de la paume de la main. Les orteils sont un peu pointus , légèrement déprimés et garnis de chaque côté d’une membrane bien distincte chez les mâles , fort peu sensible chez les individus de Pautre sexe; comme aux doigts , il y a une petite pelotte sous chaque articulation des phalanges ; la saillie que fait l’os cunéiforme est médiocre et le bord du métatarse, du côté opposé, offre un petit tubercule. Lors- qu’on étend le membre postérieur le long du tronc, il dépasse le bout du museau tantôt de la longueur des doigts, tantôt de celle des doigts et du métatarse. Les yeux sont saillants et leurs membranes protectrices lisses ; la tête aussi est lisse, ainsi que les’autres parties du corps, excepté le dos, qui le plus souvent est. faiblement mamelonné. Beaucoup d’individus portent une glandule à l’angle de la bouche. 412 BATRACIENS ANOURES. COLORATION. Un brun roussâtre règne seul sur toutes les par- ties supérieures , ou bien elles sont marbrées de noirâtre sur un fond gris ou olivâtre; quelquefois la tête et le dos sont coupés longitudinalement par une bande blanchâtre. Le canthus ros- tralis est marqué d’une raie noire, et généralement il existe une tache de forme irrégulière de la même couleur en travers du front; souvent aussi une raie noire s’étend obliquement de œil à la naissance du bras. Tout le dessous du corps est blan- châtre, à l’exception de la gorge, chez les mâles, qui offre une teinte d’un brun foncé. Les glandes que portent les flancs sont tout à fait noires ou entourées d’un cercle blanc. Dimensions. Téte. Long. 1” 4”. Tronc. Long. 3” 5°”, Memb. antér. Long. »” 4°”. Memb. postér. Long. 6”. ParRiE. Le Cystignathus Bibroni se trouve au Chili , d’où nous Vavons recu par les soins des trois savants naturalistes voyageurs suivants, MM. Gay, Gaudichaud et Eydoux. Il se nourrit d’insectes. Observations. M. Tschudi, qui a bien voulu nous faire l’hon- neur de nous dédier cette espèce, a créé pour elle seule, sous le nom de Pleurodema, un genre particulier qu’il a placé loin des Cystignathes , c’est-à-dire près des Sonneurs , double ma- nière de voir que nous regrettons de ne pouvoir partager. Les motifs sur lesquels nous nous fondons sont que d’une part, lors même que nous adopterions le genre Pleurodema , nous ne pourrions le placer dans le voisinage des Sonneurs, dont il s'éloigne par l’ensemble de son organisation, autant qu’il se rapproche des Cystignathes. En effet , à ne considérer même que le squelette, on voit que les apophyses transverses de la neu- vième vertèbre ne sont point dilatées en palettes ou en ailes plus ou moins allongées, comme chez les Sonneurs , les Alytes , les Pélodytes, etc ; mais qu’elles offrent une forme à peu près cylin- drique et renflée au bout, comme cela s’observe dans les Gre- nouilles , les Cystignatkes et les genres voisins; en second lieu nous n’aurions pas pu davantage séparer notre espèce de ces dernières , à la plupart desquelles elle ressemble par la langue, par la situation des dents vomériennes, et même par la présence sur chaque flanc de cette glande, dont M. Tschudi tire un des principaux caractères de son genre Pleurodema ; car le Cysti- gnathe ocellé , le Labyrinthique et quelques autres en sont éga- lement pourvus. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G@, CYSTIGNATHE. 6. 419 8. LE CYSTIGNATHE À DOIGTS NOUEUX. Cystignathus nodosus, Nobis. CARAGTÈRES. Dents vomériennes formant deux groupes entre les arrière-narines. Langue circulaire, libre et très-faiblement échancrée à son bord postérieur; tympan à peine distinct ; trompes d’Eustachi très-petites. Doigts et orteils cylindriques , tout à fait libres ou complétement dépourvus de membrane et à renflements sous-articulaires très-développés. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Forues, Nous tirons le nom que nous donnons à cette espèce de la nodosité apparente de ses doigts et de ses orteils dont le dessous des articulations et des extrémités offre des renfle- ments plus développés, plus fermes que chez aucun autre Cysti- gnathe. Les doigts et les orteils sont cylindriques, médiocrement gros , assez longs et complétement dépourvus de membrane. La paume de la main présente deux forts tubercules ovales bien distincts l’un de l’autre ; il y en a également deux à la face plan- taire, mais beaucoup plus petits, dont lun est la saillie pro- duite par le premier os cunéiforme. Placés le long du tronc , les membres antérieurs atteignent presque l’orifice anal; portés en avant, les membres antérieurs s'étendent de la longueur du pied au delà du museau. La tête est courte, aplatie , parfaite- ment arrondie dans son con{our , à partir d’une oreille à l’autre. L’occiput, l’entre-deux des yeux et le front forment une surface tout à fait plane. Le canthus rostralis est bien prononcé , il s’ar- rête à la narine. Les yeux sont grands, proéminents , séparés par un intervalle presque double de celui des ouvertures nasales. Celles-ci sont situées en dessus, tout au bout du museau, qui est un peu bombé, tandis que ses côtés sont plans, presque verticaux ou en pente très-rapide. On distingue difficilement le tympan au travers de la peau; son diamètre est d’un tiers moindre que la largeur de la paupière supérieure, La langue est circulaire, lisse , libre et très-faiblement échancrée en arrière. Les dents vomériennes forment deux pelits groupes un peu espacés , qui ne touchent ni l’un ni l’autre de chaque côté aux narines infé- rieures, entre lesquelles ils se trouvent positivement placés. 414 BATRACIENS ANOURES. Celles-ci sont médiocrement ouvertes et arrondies. Les orifices des trompes d’Eustachi sont si petits qu’on y pourrait à peine introduire la pointe d’une épingle ordinaire. Le tympan est sur- monté d’une parotide peu saillante qui s'étend jusqu’à l’épaule. Le dos est clair-semé de pustules peu élevées et d’un petit dia- mètre. Le dessous du corps est lisse. CozorATion. Les parties supérieures sont brunes ; la tête et le dos sont mouchetés de noir , et les membres marqués de bandes transversales de la même couleur. Le derrière des cuisses est piqueté de blanc, et la face inférieure de l’animal lavée d’un brun de suie très-clair. Dimensions. Téte. Long. 1” 6”. Tronc. Long. 3° 2”. Memb. antér. Long. 2” 9°”. Memb. poster. Long. 6” 5”. Parrie. Cette espèce se trouve au Chili; les deux individus que renferme notre collection ont été rapportés de Valparaiso par M. Eydoux. 9, LE CYSTIGNATHE ROSE. Cystignathus roseus. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes disposées sur une rangée transversale, courte , largement interrompue au milieu. Langue sub-circulaire , entière. Arrière-narines et trompes d’Eustachi très-petites. Tympan à peine distinct. Peau du dos lisse. Orteils réunis à leur base par un rudiment de membrane. Dessus du corps nuancé de brun, sur un fond rose. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. À en juger d’après nos échantillons, qui n’ont qu’un peu plus d’un décimètre de longueur , le Cystignathe rose serait une petite espèce dont l’ensemble des formes est exactement le même que celui du Cystignathe labyrinthique. Sa tête , comme celle de ce dernier , est courte , déprimée et fortement arrondie en avant , ou en d’autres termes , le contour de la bouche décrit plutôt un demi-cercle qu'il ne présente un angle à sommet plus ou moins obtus. Le vertex et le chanfrein forment une seule et même surface plane; la largeur de l’entre-deux des yeux est au moins égale à celle de la paupière supérieure, qui est lisse. Le tympan est très-petit et à peine distinct au travers de la peau ; l'ouverture des trompes d’Eustachi et celle des narines à l’inté- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE. 9. 415 rieur de la bouche sont également très-petites et circulaires. La langue est entière ; sa forme est celle d’un disque qu’on aurait taillé en pointe en avant. Les dents vomériennes sont placées en arrière de l'intervalle des arrière-narines sur deux petits rangs occupant la même ligne transversale à côté l’un de l’autre , sans cependant se toucher. Les vessies vocales restent cachées inté- rieurement ; c’est par une fente , commé chez les autres Cysti- gnathes , et non par un simple trou , comme chez la plupart des Grenouilles, que l'air pénètre dans ces organes destinés à pro- duire des sons. Les pattes de devant ont la même longueur que le tronc proprement dit ; celles de derrière, lorsqu'on les couché le long des flancs, touchent le bout du museau par l'extrémité du tarse. Les doigts sont médiocrement gros, cylindriques , avec des protubérances arrondies, assez fortes, sous leurs articulations ; il y a deux renflements oblongs à la paume de la main. Les or- teils sont pointus et réunis l’un à l’autre à leur racine par une courte membrane ; le quatrième a en longueur presque le double du cinquième ; tous ont des renflements sous-articulaires. La saillie que fait le premier os cunéiforme est peu considérable ; c’est la seule qu’on observe au métatarse. Excepté une petite saillie linéaire qui existe en arrière de Porbite , la peau du dessus du corps n'offre ni plis, ni renflements d'aucune sorte; mais elle est fort épaisse et toute percée de pores , ce qui la rend comme spongieuse. Cozorarion. Le dessus de la tête, le dos, la face supérieure des membres et même les flancs offrent une teinte rose ; l’extré- mité du museau et les régions frénales sont colorées en brun pâle, ainsi que les tempes etles épaules; mais non d’une manière uniforme , car on y voit un semis de points blanchâtres. Il y a des dessins bruns, irréguliers sur la nuque, et des bandes de la même couleur en travers des jambes et des tarses. La partie posté- rieure des cuisses est ponctuée de blanc sur un fond noirâtre. Un mélange de brun fauve et de blanc sale est répandu sur la gorge , et sur la face inférieure des membres. Le ventre est d’un blanc grisâtre. Dimensions. Téte, Long. 1” 5”. Tronc, Long, 3” 2°”, Memb. antér. Long. »” 8°”, Memb, postér. Long. 7” 3. Parie. Le Cystignathe rose est originaire du Chili; c’est à M. Gay que nous sommes redevables des exemplaires de cette espèce , que renferme notre musée. 416 BATRACIENS ANOURES. 10. LE CYSTIGNATHE DU PORT DU ROI GEORGES. Cystignathus Georgianus. Nobis. Caracrères. Dents vomériennes formant deux très -pelits groupes. Langue entiere , oblongue ou disco-ovalaire. Trompes d’Eustachi très-petites. Tympan à peine distinct. Orteils tout à fait dépourvus de membrane. SYNONYMIE. Cystignathus Georgianus. Nobis. M. S. S. Crinia Georgiana. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2 , pag. 78. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce se reconnaît, entre toutes celles du même genre, au petit nombre de ses dents palatines qui ne composent plus une rangée transversale continue ou inter- rompue au milieu , mais deux simples groupes situés à quelque distance l’un de l’autre au bord postérieur de l'intervalle des orifices internes des narines. Sa langue est entiere , oblongue , arrondie en arriére, pointue en avant; l'ouverture de ses trompes d’Eustachi excessivement petite ; son tympan très-petit également , et peu apparent à cause de l'épaisseur de la peau qui le recouvre, Le Cystignathus Georgianus a la tête médiocrement allongée et rétrécie à son extrémité antérieure ; néanmoins le museau est obtus , mais non tout à fait arrondi, comme chez l'espèce précédente. Les membres postérieurs sont encore plus courts que ceux du Cystignathe rose ; car couchés le long du corps ils ne dépassent le bout du museau que de la longueur du quatrième orteil. Les membres postérieurs sont proportion- nellement un peu plus longs, , puisqu'ils atteignent l’anus lors- qu'on les étend dans cette direction. Les orteils sont comme les doigts complétement dépourvus de membrane natatoire, et les uns et les autres offrent des renflements bien prononcés sous leurs articulations. Le premier os cunéiforme fait une petite saillie déprimée et arrondie : c’est le seul tubercule qui existe au métatarse , mais il y en a deux petits de forme hémisphérique à la paume de la main ; la surface de la paupière supérieure est légèrement ridée ; la peau du dos et des flancs est lisse, si ce n’est pourtant chez les trés-jeunes sujets , dont la région sole PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE. 10, 419 offre quelques légers plis longitudinaux. Il y a une glandule à chaque angle de la bouche. Cororarion. Nous possédons quatre individus appartenant à cette espèce : deux, qui.sont très-jeunes, ont toutes les parties supérieures d’un brun uniforme trés-foncé ; le troisième, qui est également très-jeune , a le dessus de la tête, le dos et les flancs noirâtres, une belle et large bande grise de chaque côté du corps depuis l’orbite jusqu’à la naissance de la cuisse , les joues et les oreilles de la même couleur que cette bande, l'intervalle qui existe entre l’œil et le tympan d’une teinte noirâtre, une raie noire sur le canthus rostralis, et quelques autres semblables en travers de la mächoire supérieure. Notre quatrième sujet, dont la grosseur est au moins double de celle des trois premiers, a le milieu du dos semé de quelques petites'taches noires sur un fond brun qui passe au grisâtre en se rapprochant des flancs; ceux-ci portent une bande noire à leur partie supérieure, et leur région inférieure est rose, marbrée de noire, ainsi que les aines et la face postérieure des cuisses. Le tympan est noir ; les mâchoires sont grisâtres, nuancées de brun. Le crâne est brun unifor- mément; le dessus des membres est d’un brun grisâtre avec des taches noires dilatées en travers. Chez ce dernier sujet, la gorge , la poitrine et la région abdo- minale sont blanches ; un des trois premiers a les mêmes parties nuagées de brun, de noir et de blanchätre , et les deux autres offrent sous le oran trois ou quatre nndes taches noires très- irrégulierement dessinées sur un fond d’un blanc pur Dimensions. Téte. Long. 1” 1°”. Tronc. Long. 2” 2°”. Memb. antér. Long. 2”. Memb. postér. Long. 4” 1°”. : ParRie. Le nom de Georgianus que nous donnons à ce Cys- tignathe rappellera le point de l'Australie où il a été découvert par MM. Quoy et Gaimard ; c’est-à-dire le port du roi Georges, situé sur la côte de la Nouvelle - Hollande, appelée terre de Nuyts. Observations. M. Tschudi en créant le genre Crinia pour cette seule espèce s’est fondé sur ce qu’elle n’a que peu de dents au palais, que son tympan est caché; que sa langue est entière, et que ses orteils sont complétement libres. Suivant nous, ce ne sont pas de pareils caractères qui devaient la lui faire exclure du genre Cystignathe; car quelques dents de plus ou de moins REPTILES, TOME VIII. 27 418 + BATRACIENS ANOURES. L au palais ne constituent pas un caractère générique; l’intégrité de lalangue, dans cette circonstance, n’a pas plus d'importance, si l’on considère surtout que léchancrure de cet organe est quelquefois si faible chez certains individus du Cystignathe ocellé, qu'il est très difficile de décider si elle-existe ou si.elle n’existe réellement pas; quant à labsence complète de palmure entre les orteils, c’est encore ici un caractère sans valeur, puisque nous savons que le Cystignathe galonné "qui d’ailleurs ressemble tant au Cystignathe ocellé , que M. Tschudi lui-même l’a con- fondu avec ce dernier, en manque également. Il resterait la uon- apparence du tympan, particularité qui mériterait davantage d’être prise en eonsidération ; mais nous pouvons assurer que tel n’est pas l’état de cette membrane dans le Cystignathus Geor- gianus où , avec un peu d'attention, on l’apercoït au travers du tissu cutané qui la recouvre , au moins aussi distinctèment que chez une espèce (-Rana Kuhlü) que M. Tschudi n’a cependant pas hésité à ranger parmi les Grenouilles, quoiqu’un des ca- ractères de ce genre soit aussi d’avoir le tympan visible exté- rieurement. BAY AE 11. LE CYSTIGNATHE DU SÉNÉGAL. Cystignathus Senegalensis. Nobis. CarAcTÈRES. Dents vomériennes formant deux petits groupes en V au niveau du bord postérieur de l’intervalle des arrière- narines. Langue cordiforme. Trompes d’Eustachi très-petites ; tympan peu distinct. Quatre doigts complétement libres ; pas de rüdiment de pouce extérieurement. Orteils tout à fait libres. Corps entiérement lisse. Dos grisâtre, avec des bandes longi- tudinales brunes. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Cette espèce est petite, trapue ; ses pattes de devant n’ont guère que la longueur des flancs et celles de derrière sont à peine plus longues que lé reste du corps; les cuisses surtout sont très-courtes. Les doigts sont libres et contre l’ordinaire le pre- mier est plus court que le second; le quatrième est plus long que celui-ci, et le troisième le plus allongé des quatre ; tous ont PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYSTIGNATHE. II. 419 le dessous de leurs articulations renflé. Les orteils n’offrent pas le moindre rudiment dé membrane ; les quatre premiers sont attachés, l’un à la suite de l’autre ; le long du métatarse; ils dif- fèrent en cela des orteils des autres espèces chez lesquelles ils prennent naissance Sur une ligne à peu près transversale ou légèrement oblique ; le cinquième est fixé à côté du quatrième dont il n’a que la moitié de la longueur. Il existe un petit ren- flement sous toutes les articulations des phalanges. La saillie du premier os cunéiforme est assez prononcée, et à côté d’elle, en dehors, on voit un petit tubercule lenticulaire. Les -paumes offrent aussi chacune deux petits tubercules. Le contour hori- zontal de la tête donnerait la figure d’un triangle équilatéral ar- rondi à son sommet. Les yeux sont grands , médiocrement sail- lants, et les membranes du tympan peu distinctes au travers de la peau qui les recouvre. La langue est cordiforme, c’est-à-dire pointue en avant, élargie et arrondie en même temps qu'échancrée en arrière. Les dents qui arment le palais forment deux petits groupes rapprochés , situés entre les arrière-narines , a niveau de leur bord postérieur. Les ouvertures des conduits gutturaux des oreilles-sont excessivement petites. La peau de toutes les par- Lies du corps est parfaitement lisse. Les apophyses transverses des vertèbres ne sont pas différentes de celles des autres Cystignathes, bien qu’ici le corps de l’animal soit très-ramassé et plutôt analogue à celui d’un Bombinator , que d’une véritable Grenouille, _CozoraTion. Toutes les régions supérieures sont grises offrant, sur le dos, trois bandes longitudinales brunes et sur les membres plusieurs taches de la même couleur, dilatées transversalement ; il y a une tache brune sur chaque œil et sur chaque oreille, et une raie brune aussi le long du canthus rostralis. Tout le des- sous de l’animal est blanc. Dimensions. Téte. Long. 1”. Tronc. Long. 2”. Memb. antér. Long. 1” 8”. Memb, postér. Long. 3”. 1 Parrie. Cette espèce nous a été envoyée du Sénégal par M. Heudelot, qui l’avait trouvée dans les étangs des environs de Galam. 27: 420 BATRACIENS ANOURES. me Ve GENRE. LÉTUPÈRE. — LEIUPERUS (1). si Nobis. Caracrires. Langue ovale, entière, libre à son bord postérieur. Pas de dents au palais. Tympan distinct. Trompes d'Eustachi excessivement petites. Quatre doigts complétement libres ; pas de rudiment de pouce à l'extérieur. Orteils réunis à leur base par une mem- brane rudimentaire, Saillie du premier os cunéiforme tuberculeuse. Nous créons ce genre pour un petit Batracien sans queue et à mâchoire dentée, qui a la plus grande analogie avec nos derniers Cystignathes, mais dont le palais est parfaitement lisse. À voir ses formes ramassées, on serait tenté de le considérer comme assez voisin des Sonneurs ;, mais on est bientôt convaincu du contraire, si l’on examine son sque- lette qui, bien que raccourci, est construit sur le type de celui des Grenouilles et des Cystignathes, et non sur celui des Batraciens Anoures, tels que le Bomnbinator Bombina, l’'Alytes obstetricans, chez lesquels les apophyses trans- versales de la neuvième pièce vertébrale sont très-plates et très-élargies. | Les Léiupères ont la langue grande, plate, oblongue, entière , large et arrondie en arrière, rétrécie en pointe en avant. Leur palais est tout à fait dépourvu de dents. Les ouvertures des trompes d’Eustachi sont très-pelites, et ce- pendant la membrane du tympan est bien distincte exté- rieurement, au travers de la peau qui passe par-dessus. Lis (1) De Ace, lisse, uni, et de drepwa, palais. — Palais lisse ou sans dents. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. LÉIUPÈRE, I. 421 ont quatre doigts libres, assez forts, cylindriques, renflés sous leurs articulations , ainsi que cela se voit aussi sous les orteils, qu’une très-courte membrane réunit à leur racine et borde longitudinalement de chaque côté : les orteils sont de plus un peu déprimés ; les quatre premiers sont étagés et placés, à la suite l’un de l’autre , le long du métatarse ; le cinquième est attaché à côté du précédent, mais il a moitié moins de longueur ; le troisième doigt est un peu moins long que les trois autres, qui sont égaux. Les apophyses transverses de la neuvième vertèbre sont courtes et assez renflées. Nous ne connaissons encore qu’une seule espèce qui puisse être rapportée à ce genre. 1. LE LÉIUPÈRE MARBRÉ. Leivperus marmoratus. Nobis. CARAGTÈRES, Dessus du corps grisâtre, marbré de brun foncé, SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. Les côtés de la tête forment un angle aigu, fortement arrondi à son sommet ; les yeux sont peu saillants. Les mem- bres postérieurs sont un peu plus longs que le reste du corps; les pattes de devant ont la même étendue que les flancs. Les pe- lôttes sous-articulaires sont fortes. La paume de la main offre deux tubercules et le métatarse un renflement situé du côté opposé à celui où se montre la saillie tuberculeuse, assez grosse, du premier os cunéiforme. Il y a un rudiment de parotide de chaque côté de la nuque, une glande à la commissure de la bouche et un semis de glandules sur la surface du tronc. La pau- pière supérieure présente quelques rides; le tympan a en dia- mètre la moitié de la largeur de cette dernière. Les narines sont petites et situées au sommet du museau , chacune sur la ligne du canthus rostralis, qui est peu prononcé. La bouche, sans être pe- tite, n’est pas non plus trés-largement fendue. CoLorATION. Toutes les parties supérieures présentent des marbrures d’un brun foncé, sur un fond d’un gris blanchätre ; ! 422 BATRACIENS ANOURES. quelquefois une bande de cette dernière couleur s’étend depuis le bout du museau jusqu’à l’orifice anal. Une raie brune va de l’an- gle de l’œil au bout du museau; le tympan est marqué d’une raie emblable. Les régions inférieures sont entièrement blanches. DimEnsrows. Téte. Long. 1”. Tronc, Long. 2” 2°”. Memb. antér. Long. 1° 6”. Memb. postér. Long. 3° 5”. Parrie. Le Léiupère marbré est originaire de l’Amérique du Sud ; les-deux sujets que nous possédons ont été recueillis au Polosi par M. D’Orbigny. VI GENRE. DISCOGLOSSE. — DISCOGLOS- SUS (1). Otth. Caractères. Langue cyclo-trigone, entière, libre à son bord postérieur. Un rang de dents vomériennes en travers du palais , derrière les orifices internes des narines. Tympan caché sous la peau. Trompes d’'Eus- tachi petites. Quelques légers plis ou renflements glanduleux sur les côtés du cou et les régions voisines des épaules. Doigts complétement libres, au nombre de cinq , dont un rudimentaire ou représenté par un tubercule ; pieds à membrane natatoire plus ou moins courte. Point de vessies vocales chez les mâles. Apo- physes transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Les Discoglosses se rapprochent beaucoup plus des Cysti- gnathes que des Pseudis auxquels on les avait cependant réunis avant que le Dr Otth en eût fait un genre parti- culier; car la palmure de leurs pieds, et, si l’on veut, l’ab- sence de vessies vocales aux côtés de la bouche des mâles, (1) De diruss, masse arrondie, et de roger langue; langue ar- rondie. , | & PHANEROGLOSSES RANIFORMES. G. DISCOGLOSSE. 423 sont les seuls caractères notables qui les distinguent des premiers ; tandis qu’ils diffèrent des seconds ; également par le manque d’un goître ou d’un sac aérien sous la gorge; par la situation de leurs dents vomériennes qui n’occupent pas l’entre-deux des narines, mais une ligne transversale en ar- rière-de celles-ci, et surtout par l'impossibilité où ils sont d’opposer l'index aux autres doigts. Il y a bien encore un genre parmi nos Anoures raniformes avec lequel les Disco- glosses présentent beaucoup de ressemblance, c’est celui appelé Ælytes, qui est aussi privé de vessies vocaies et dont la forme dela langue, la position des dents au palais, et la conformation des pieds proprement dits sont les mêmes que dans les Discoglosses ; mais, d’un autre côté, ceux-ci s’en éloignent parce qu'ils n’ont pas le tympan visible, et particulièrement parce qu'ils n’offrent pas cet ensemble de structure ramassée, qui fait des Alytes des Batraciens ram- peurs ou marcheurs, comme les Crapauds et les Sonneurs , et non des animaux essentiellement sauteurs, comme les Grenouilles, les Gystignathes, ete, Les Discoglosses ont, en effet, les membres allongés, forts et robustes du commun des Grenouilles ; leur tête est apla- tie et tout à fait confondue avec le tronc, comme chez les Pseudis ; la bouche est large, l'œil peu saillant, le tympan petit et non perceptible au travers de la peau , à moins que celle-ci ne soit desséchée ; les trompes d'Eustachi sont aussi fort peu ouvertes. La langue n’a pas exactement une forme circulaire, comme on la dit jusqu'ici, c’est une surface à trois côtés égaux dont les angles sont fort arrondis ; elle est grande, entière, épaisse, couverte de petites papilles et adhérente de toute part, si ce n’est à ses bords postérieurs et latéraux. . Les dents vomériennes sont sitüées en arrière des ori- fices internes des narines, sur une rangée transversale , in- terrompue au milieu; elles n’adhèrent pas fortement aux os, car on peut les en détacher aisément, en arrachant la peau du palais, à laquelle alors elles restent fixées. Les na- 424 BATRACIENS ANOURES. rines communiquent dans l’intérieur de la bouche par deux ouvertures ovalaires fort écartées l’une de l'autre , et exté- rieurement par deux trous plus petits et arrondis, placés de chaque côté sur la ligne du canthus rostralis, qui du reste est fort peu marqué, au moins dans la seule espèce qui ap- partienne encore au genre Discoglosse. Il existe une petite éminence conique à l'extrémité antérieure de la mâchoire inférieure , et la supérieure offre une cavité correspondante à cette saillie. Les mâies n’ont de vessie à air, ou de sac vocal, ni sous le menton, comme les Pseudis, ni de l’un et de l’autre côté de la gorge, comme les Grenouilles, les Cystignathes et beaucoup d’autres Raniformes : c'est un caractère qui n'avait pas encore été signalé comme propre au genre qui nous occupe. Le trou pupillaire nous paraît être arrondi chez les indi- vidus conservés dans l'alcool, que nous avons maintenant sous les yeux. Tous offrent le long du corps, à partir de l'orbite jusqu’à l’aine, un petit pli glanduleux quelquefois continu, mais le plus souvent interrompu de distance en distance ; il nous semble bien leur voir aussi une glandule à chaque angle de la bouche. . Courts, Loc légèrement aplatis, tronqués au bout et sans renflements sous leurs articulations , les doigts des Dis- coglosses sont au nombre de quatre, avec le rudiment d’un cinquième ou du pouce, sous forme de tubercule, moins gros chez les femelles que chez les mâles, et dont la peau, dans ces derniers, se couvre, à l’époque où s’accomplit l'acte de la reproduction, de petites pointes très-serrées l’une contre l’autre, qui donnent à sa surface l’apparence d’une râpe ou d’une lime. Ces doigts sont inégaux , comme à l'ordinaire, mais leur inégalité n’est pas la même que chez les Grenouilles et les Cystignathes : ici le plus long d’entre eux est le quatrième, après lui le troisième, ensuite le cin- quième, puis le second ou l'index, enfin le pouce, qui, comme nous l’avons déjà dit, a la forme d’un simple tuber- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. DISCOGLOSSE. 1. 425 cule. Les orteils sont presque pointus, lisses et un peu dé- primés de même que les doigts ; mais ils sont réunis par une palmure épaisse, dans la moitié de leur longueur chez les mâles, et à leur racine seulement chez les femelles; une pe- tite membrane les borde de chaque côté dans leur portion libre. Le premier os cunéiforme ne fait qu'une faible saillie en dehors. Les viscères n’ont rien qui les distingue particulière- ment de ceux des Grenouilles; mais le squelette offre plu- sieurs points de ressemblance avec celui des Alytes : ainsi on trouve, comme chez ces derniers, de petits appendices costiformes distinctement articulés aux apophyses trans- verses des trois pièces de l’échine qui suivent la première ; la neuvième a les siennes dilatées en palettes, mais à un degré moindre, il est vrai; toutefois les apophyses de la cinquième, sixième , septième et huitième vertèbre ne sont pas dirigées en avant ; et ce qui est encore à noter, c’est qu’elles sont proportionnellement presque aussi courtes que dans l’Alytes accoucheur, et beaucoup plus aplaties que dans nos Grenouilles. Ainsi que nous l’avons dit au commencement de cet ar- ticle, c’est à M. le Dr Otth de Berne qu’on doit l’établisse- ment du genre Discoglosse , dont il a formulé les caractères dans un mémoire particulier ( voyez la Synonymie ), où il a également donné une courte description et une figure de la seule espèce, le Discoglossus pictus, qu’on puisse encore rapporter à ce groupe ; car le prétendu Discoglossus Sar- dus de M. Tschudi doit y être réuni. M. le D° Otth n’a- vait pas fait la remarque que l'espèce type té son genre Discoglosse manque de vessie vocale, t. LE DISCOGLOSSE PEINT. Déscoglossus pictus. Otth. | CARACTÈRES. Dessus du corps diversement marbré de gris, de brun ou de roussätre , avec ou sans bande dorsale blanche ou jaune. 426 BATRACIENS ANOURES.' SYNONYME. Rana acquajola. Cetti. tom. 3 , P- 38. j Discoglossus pietus. Otth. Nouv. Mém. Sociét. helvét; scienc. nat. tom. 1, pag..6, fig. 1-8. Discoglossus June Tschudi. Nour. Mém. Sociét. helvét. scienc. nal. pag. 7. Pseudis Picta. Mus. Vendeb. Rana sardoa. Gené. Mus. Torin. Pseudis sardoa. Gené. Synops. Rept. Sard. indigen. pag. 4, spec. 17. Mem. Acad. Sc. Tor. ser. 11,{. 1, p.267, tab. 5, fig. 1-0. Discoglossus pictus. Tchudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 11, pag. ! Discoglossus sardus. Id. loc. cit. Discoglossus pictus. Ch. Bonap. Faun. lItal. pag. et pl. sans n°. Discoglossus sardus. Id. loc. cit. Exclus. synon. Rana picla Gravenh, (ana ligrina), à DESCRIPTION. Forues. Cette espèce , cont Ja taille est à pen près la même que celle de notre Grenouille rousse des environs de Paris, se re- connaît au premier aspect à sa forme plus déprimée que chez aucun de nos Anoures d’'Euxope. Sa tête et son tronc éonnent ensemble la figure d’une ellipse allongée dont l’extrémité anté- rieure est plus ou moins pointue, suivant que les côtés du mu- seau forment un angle ebtus ou aigu ; Car , sous ce rapport, cette partie de la tête varie autant que celle du Cystignathe ocellé : c’est en attachant, à ces différences dans la largeur du museau du Dis- coglosse peint, beaucoup plus d'importance qu’elles ne le mé- ritent , que M. Tschudi et le prince de Musignano ont été conduits à distinguer deux espèces de Discoglosses, l’une, ou le Déscoglos- sus pictus pour les individus à tête pointue ; l’autre, le Discoglos- sus sarclus pour ceux à museau obtus. 3 La surface de la tête et du corps est légèrement convexe; tantôt elle est lisse, tantôt elle est irrégulièrement semée de petits tuber- cules, dont le nombre et le diamètre sont très-variables. La pau- pière sapérienre offre quelques rides transversales à sa partie postéri ieure. Il règne une saillie slanduleuse depuis l'orbite jus- qu'a l'épaule. Il paraïitrait qu’au moment du frai , les mâles ont non-seule- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. DISCOGLOSSE. 1. 427 ment le pouce et le bord interne des deux doigts qui le suivent immédiatement , mais une grande partie du dessus du corps ef le menton hérissés de petites pointes noires, serrées les unes contre les autres. Couchés le long des flancs, ls membres antérieurs , qui sont plus gros chez les mâles que chez les femelles, atteignent le milieu de la longueur de la cuisse; les postérieurs, placés de la même manière , dépassent le museau de la longueur du pied, y compris le tarse. La paume de la main offre deux tubercules, outre celui qui repré$ente le pouce ; à la face plantaire , il n’yen a pas d'autre que celui que forme le premier os cunéiforme. La rangée de dents qui arment le palais est étroite et généralement un peu onduleuse ;. chez certains individus elle est aussi longue que le plafond de la bouche est large, à l’endroitot elle est située; chez d’autrés elle est un peu plus courte , mais elle offre toujours au milieu une solution de continuité, plus ou moins sensible, il est vrai. En général , lés régions inférieures sont clair-semées de granules extrêmement fins; il y en a quelques-uns plus gros sur les parties intermédiaires à l’angle de la bouche et à l'épaule, et quelquefois aussi le long des branches sous-maxillaires. CororarTron. Cette espèce. sous le rapport de son mode de co- loration, présente presque autant de variétés que la Grenouille verte commune. Voici les principales. Variété 4.'Tout ledessus du corps estmarqué de grandes taches brunes on noirâtres ; tantôt affectant une forme circulaire , tan- tôt dilatées en long on enlarge et souvent confluentes ; elles prennent assez généralement la forme de bandes transversales sur les membres postérieurs, et il en existe une triangulaire, quelquefois divisée en deux, sur le sommet de la tête. Le fond de ces parties supérieures est alors d’un brun marron, g grisâtre , oli- vâtre ou fauve. La région tympanale porte ER US une tache allongée de la même couleur que les autres ; et beaucoup d’individns en ont une sur le canthus rostralis. Variété B. Celle-ci ale milieu du dos et quelquefois Sc tn des côtés, orné d’une bande blanche; le chanfrein en offre aussi une qui se réunit souvent à celle de la région dorsale ; la teinte du fond est en général -plus claire et même d’un vert tirant plus ou moins sur le jaune. Warieté C. Ici, presque toutes les taches an dos sont effacées, et celles des autres régions sont peus plus petites que chez les deux premières variétés. 428 BATRACIENS ANOURES. Tous les individus que nous avons examinés avaient lé ventre blanc ou jaunâtre, quelle que füt d’ailleurs la couleur de leurs parties supérieures. DImEnsIONS. Zéte. Long. 2”. Tronc. Long. 5”. Membre aniér. Long. 3” 8”. Membr. postér. Long. 9” 5”. ParriE. Cette espèce se trouve en Grèce, en Sicile, en Sar- daigne et sur les côtes méditerranéennes de l’Afrique. Elle vit dans les petites rivières et dans les marais d’eau douce ou salée, absolument comme la Grenouille verte, en compagnie de la quelle nous l’avons très-souvent vue nous-même en Sicile. Elle se nourrit d'insectes, d’arachnides, de vers et de petits mollusques terrestres ou fluviatiles. VIII: GENRE. CÉRATOPHRYS. — CERATO- PHRIYS (i). Boié. (Stombus , Gravenhorst ; Ceratophrys et Phrynoceros, Tschudi. ) CaracrÈres. Bord de la paupière supérieure pro- longé en pointe. Langue cordiforme. Deux groupes de dents vomériennes entre les arrière-narines. Tym- pan plus ou moins distinct ; trompes d'Eustachi de moyenne grandeur. Quatre doigts complétement libres. Orteils palmés à leur base seulement , ou dans la presque totalité de leur longueur. Premier os cunéi- forme formant extérieurement un tubercuie oblong , mou, non tranchant. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Les Cératophrys ont le bord de leur paupière supérieure prolongé en pointe, ce qui leur donne l'air d’avoir des sourcils en forme de cornes. Leur tête est diversement re- levée de crêtes et d’aspérités plus ou moins prononcées. Leur langue, dont le bord antérieur touche la symphyse a —_——_—_—_—_———————ZE (1) De xepas-aros, corne, et de oœpus, sourcil ; sourcil cornu. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CÉRATOPHRYS. 429 de la mâchoire inférieure, est grande, oblongue, ovale, rétrécie en avant, élargie, arrondie, faiblement échancrée en arrière et libre dans la moitié postérieure de sa longueur. Ces Raniformes ont intervalle de leurs arrière - narines armé de dents réunies en deux groupes, ou disposées sur une rangée interrompue au milieu. Les ouvertures de leurs conduits gutturaux des oreilles sont assez grandes, et leurs membranes tympanales en général peu distinctes, à cause de l'épaisseur de la peau qui les recouvre; cependant il suffit d’un peu d'attention pour les apercevoir. Leur paupière su- périeure s’abaisse sur l'œil pour le clore, ce qui ne s’observe guère que chez les Scaphiopes, parmi les Batraciens Anoures Raniformes. Ils ont la bouche fort grande, les membres médiocrement développés , quatre doigts bien séparés, dont le troisième est plus long que les autres, et cinq orteils réunis par une membrane , quelquefois excessivement courte , d’autres fois presque aussi étendue qu'eux. Le bord interne du métatarse offre un tubercule oblong, non tranchant, qui est la saillie externe du premier os cunéiforme. La surface du corps des Cératophrys est hérissée de tubercules variables pour le nombre et la forme. Une des espèces de ce genre présente une sorte de bouclier dorsal formé de la réunion de plu- sieurs lames osseuses qui se développent dans l’épaisseur de la peau, lames qui sont conséquemment tout à fait indé- pendantes des pièces du squelette qui se trouvent au-des- sous d'elles. Le squelette des Cératophrys a plus d’analogie avec celui des Grenouilles et des Cystignathes qu'avec tout autre; cependant on y compte une vertèbre de moins, c'est-à-dire huit au lieu de neuf, les deux premières ou l’atlas et la vertèbre suivante étant soudées ensemble ; c’est du moins ce que nous avons observé sur un sujet adulte du Ce- ratophry sdorsata. Les apophyses trans verses de la seconde, et surtout de la troisième vertebre ( les deux premières ne comptant que pour une) sont plus longues, plus fortes, plus déprimées et plus élargies au bout, que chez les Grenouille ; 430 BATRACIENS ANOURES. mais celles de la huitième ou du sacrum, très-grosses aussi, sont épaisses, sub-cylindriques, fortement renflées à leur extrémité terminale, et par conséquent non dilatées en palettes, comme dans les Mégalophrys, autre genre de Batraciens Anoures ayant aussi le bord de la paupière supé- rieure prolongé en pointe. Nous avons reconnu l'existence d’une poche vocale chez le mâle du Ceratophrys Boiei : pareille chose se rencontre-t- elle dans les autres espèces? C'est ce que nous ne saurions dire, attendu que nous n'avons observé que des femelles, ou des individus dont le mode de préparation ne nous a pas permis de constater le sexe. Le genre Cératophrys a été établi par Henri Boié dans les Beiträge zur naturoeschichte von Brasilien du Prince Maximilien de Wied. Nous y rangeons avec les espèces dé- crites dans ce livre allemand, l’une, sous le nom de Cerato- phrys Boiei, l'autre, sous celui de ere as dorsata, le Crapaud cornu de Daudin ou la Rana megastoma de Su qui, ‘d’après un premier examen, nous avait paru mériter d’être placée dans un genre à part que nous appelions Phry- noceros , genre que nous rejetons tout à fait aujourd’ hui, mais que M. Tschudi a cependant cru devoir admettre. C'est sans doute aussi avec les Gératophrys qu’il faudrait ranger la Rana scutata de Spix ({), espèce dont Wagler a fait son genre Hemiphractus et que quelques erpétologistes ont eu tort, suivant nôus, de rapporter au Ceratophrys dor- sata; car, autant qu’on en peut juger d’après une mauvaise figure et une description plus qu'imparfaite, elle nous semble bien distincte de tous les autres Raniformes à paupière su- périeure prolongée en pointe. Nous laissons aux personnes qui sont dans le cas de pouvoir examiner le modèle ou le type de la figure de la Rana scutata du voyageur bavarois, le soin de Vonge si notre assértion est bien ou mal PN. (x) D’ après Wagler, cette espèce de’ Balraciens aurait des dents à la mâchoire inférieure , ce qui serait encore le seul exemple connu parmi tous les Anoures- DHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CÉRATOPHRYS. 1. 431 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE CÉRATOPHRYS. distincts. ,. 7 0. ER NE ete 1. GC. A noucrer. Bouclier dorsal à leur base. . . 2. C. DE Bot. nul; orteils palm | presqu'en entier. 5.C. DE Daunin. 1. LE CÉRATOPHRYS À BOUCLIER. Cerarp hs dorsata. Wied. CARACTÈRES. ‘Ga bouclier dorsal en forme de trèfle. Vertex peu élevé; dessus de la partie antérieure de la tête s’éloignant de ce dernier par une pente douce. Front et entre-deux des yeux lége- remént concaves, sans crêtes latérales. Occiput presque plan, offrant deux grandes échancrures en arrière. Une très-courte membrane à Ja base des orteils. Tympan nue SYNONYMIE. Bufo cornutus et spinosus pirginianus. Séb. Tom, 1, pag. 115, tab. 7°, fig. 1-2. Bufo pe et spinosus virginianus. Ha Quad. disposit. pag. 120. Rana cornuta, Linn. Mus. Me Fred. pag. 48. - Rana cornuta. YA. Syst. Nat. Edit. X, tom. 1, pag. 212. Spec. 10 et Edit. XIT, tom. 1 , pag. 396 , Spec. 11. Bufo tu. Laur. Synops. Rept. pag. 29. Rana cornuta. Gmel. Syst. Nat. Linh. (om. 1, pag. 1000. Spec. 11. ; Le Crapaud cornu. Daub. Dict. Anim. Quad. ovip. pag. 603. Le Cornu. Lacép. Hist. Quad. ovip. pag. 6o4. Le Crapaud cornu. Bonn. Encyclop. Méth, Erpét, pag. 16, _pl. 7,f8.5. Rana cornuta. Donh. Yoblog. Beytr. tom. 3, pag. 47. Rana cornuta. Schneïd. Hist. Amph. Fasc. 1, pag. 125. Horned Toad, Shaw. Gener. Zool. vol. 3, part. 1, pag. 162, pl. 48-49. The Horned-Frog. Shaw. Natural. Miscel. PI. 56. 432 BATRACIENS ANOURES. Bana cornuta. Tiles, Mag. der Gesells. naturf. Fr. in Berl. (1809), pag. g2. Rana cornuta. Id. Voyag. Krusenstern. Bana cornuta. Merr. Tentam. Syst. amph. pag. 176. Exclus. synon. Bufo cornutus Daud. (Ceratoph: Daudini.) Cératophrys dorsata. Wied. Abbild. Naturgesch. Bras. enm fig. Ceratophrys dorsata. Id. Beïtr. Naturgesch. Bras. tom. 1, Pag-577. Stombus dorsatus. Gravenh. Delic. Mus. Vratilav. pag. 49. Ceratophrys varius de Boïé, où Rana cornuta de Séba. Cuv. Règ. anim. 2e Edit. Tom. 2, pag. 106. Ceratophrys clypeata. Id. loc. cit. ; Ceratophrys dorsata. Wagl.. Icon. Descript. Amph, tab, 2, ig. 1-2. Ceratophrys dorsata. Id. Syst. Amph. pag. 204. Exclus. synon. Bufo cornutus Daud. et Rana megastoma. Spix (Ceratophrys Dau- dini). Ceratophrys varia. Coct Magas. Zool. Guér. (1835). Class. IE, pl. 8, fig. . Ceratophrys clypeata. Id. loc. cit. pl. 8, fig. 4. Ceratophrys esp. indéterminée. 1d. loc. cit. pl. 18, fig. 3. Ceratophrys cornuta. Schleg. Abbild. Amphib. pee 28, tab. 10, fig. 1-2. Ceratophrys dorsata. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. Soc. scienc. nat. Neuchât. tom. 2, pag. 82. Exclus. Synon. Ceratoph. Daudini, Cuv. (Ceratoph. Daudini pote ere pRp ete Wied. (Ceraicph: Boiei, nobis ). DESCRIPTION. Formes. Ce Cératophrys ne le cède à aucun autre Batracien anoure sous le FAPbOD t de la taille ; en d’autres termes sa grosseur est au moins égale à celle de la Grenouille mugissante, du Cépha- lopeltis de Gay , ou du Crapaud agua. Le contour horizontal de la tête donnerait la figure d’un trian- gle arrondi à son sommet antérieur, et dont chacun des côtés est d’un quart moins étendu que le postérieur, ce qui rend cette tête fort large en arritre ; elle est très-déprimée , relevée de saillies et semée d’aspérités plus ou moins apparentes , suivant qu’on examine des sujets empaillés ou conservés dans l'alcool, L’occi put PHANÉROGLOSSES RANIFORMES, G: CÉRATOPHRYS. 1. 433 est un plateau osseux, horizontal , légèrement concave vers les régions voisines des oreilles , son contour représente un quadri- latère trois fois plus étendu en large qu’en long , ayant les angles antérieurs arrondis et offrant , derriere les yeux et à leur bord postérieur, qui est légèrement infléchi en dedans , une profonde échancrure subquadrilatère recouverte par le tissu cutané. L’é- tendue du plateau occipital dont nous venons de parler est exac- tement égale , mesurée dans le sens transversal de la tête, à la longueur totale de celle-ci , et ses bords en avant et latéralement sont légérement relevés en une carène continue. À la droite et à la gauche de ce même plateau occipital, immédiatement au-des- sous de son bord latéral , on apercoit bien distinctement , sur le côté de la tête, la membrane du tympan, qui est de forme ovale et au moins aussi grande que l’ouverture de l’œil. Les yeux sont placés tout près du bord antérieur du plateau occipital, assez rap- prochés l’un de l’autre , ou séparés seulement par un intervalle égal À la longueur de l’occiput ; ils occupent ainsi la partie la plus élevée de la tête , car le dessus de celle-ci, qui est assez étroit, est distinctement et régulièrement incliné en avant, et ses côtés, qui sont au contraire fort larges, offrent une pente un peu plus rapide’, d’où il résulte que les bords de la bouche sont assez minces. La ligne qui conduit directement de l’angle antérieur de l'œil à l’extrémité du museau a la même étendue que celle qui va directement de l’angle postérieur d’un œil à l’autre. La hau- teur des côtés de la tête, prise positivement à l’aplomb du bord orbitaire postérieur, est égale au quart de l’étendue du contour de ia bouche. Les narines offrent un peu moins d’écartement que les yeux ; elles sont situées a égale distance du centre de ceux-ci et du bout du museau. Le front et le chanfrein sont bordés, à droite et à gauche, par une arête qui se rend de l’angle antérieur de l'orbite sur le bord du maxillaire, en passant par la narine, marchant ainsi presque parallèlement à sa congénère ou convergeant fort peu vers elle, ce qui est tout à fait le contraire chez le Cératophrys de Boié, que dans ces derniers temps on a voulu à tort regarder comme spécifiquement semblable au Cératophrys à bouclier. Tout l’espace compris entre ces deux arêtes est légèrement creusé en gouttiére, de même que l'intervalle des yeux, auxquels il fait suite. Une seconde arête (en ne considérant qu’un des deux cô- tés de la tête) plus prononcée que celles dont nous venons de REPTILES , Viil. 20 434 BATRACIENS ANOURES. parler, coupe obliquement la joue ; attendu qu’elle descend de l’angle antérieur du plateau occipital sur le maxillaire , à peu près au milieu de la longueur de celui-ci, avéc lequel et une troi- sième arête, qui est plus courte et sitnée au devant du tympan , elle forme un triangle scalène dont l’aire est assez concave et hérissée de petits tubereules qui ne sont bien distincts que chez les sujets frais où chez ceux qui sont conservés dans la liqueur; puis il y en a une quatrième qui, sé dirigeant du milieu du bord infé- rieur de lorbite , vers l’extrémité occipitale de l’arête oblique de la joue, se trouve former avec elle un angle aigu qui embrasse une portion de la région concave que limitent d’autre part le bas du cercle orbitaire , la moitié antérieure du maxillaire et l’arête la- térale du front et du chanfrein, où du dessus du museau. La surface de la paupière supérieure est ridée longitudinalement et semée de petits tubercules dont quelques-uns forment une légère crête médio-longitudinale ; son prolongement en forme de corne, qui est aplati et graduellement rétréci de bas en haut, a une lon- gueur égale au diamètre de l'ouverture de Pœil. : Si, maintenant , nous ajoutons que l’arête qui se trouve située presque perpendiculairement au devant de l'oreille est plus élar- gie à son extrémité supérieure qu’à sa base, et que presque tous les os de la tête ont leur surface semée d’aspérités granuli- formes, qui, nous le répétons , ne sont bien sensibles que lors- que la peau qui les recouvre est desséchée , nous aurons énoncé toutes les particularités que présente extérieurement cette partie du corps du Cératophrys à bouclier. 9 La bouche de cette espèce est énormément grande; le palais est garni de deux petits groupes de dents situés l’un et l’autre postérieurement à l’angle antéro-interne des arrière-narines. La peau du dos renferme dans son épañsseur quatre pla- ques osseuses dont la réunion représente grossièrement ce que lon appelle une figure en trèfle , ces plaques ayant la forme de disques coupés en ligne droite du côté où elles s’articulent en- semble : il y en a par conséquent deux médianes ou placées l’une devant l’autre, et deux latérales ou situées l’une à droite , l’autre à gauche des deux du milieu , dont là premiére est plus oH moins rapprochée du bord de l’occiput; le diamètre de chacune d’elles est au moins égal à la largeur de l’intervalle des yeux : tel est ce bouclier dans son éfat normal. Chez certains individus, les quatre pièces qüi le composent, et cela arrive à ce qu’il paraît assez {ré- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CÉRATOPHRYS. 1. 439 quemment, sont tantôt inégales en grandeur, tantôt non réunies entre elles, ou bien encore elles se subdivisent en deux ou en plusieurs parties. Mais ce sont autant d'anomalies qu’il est aisé de reconnaître pour peu qu’on y fasse attention. Néanmoins elles ont donné lien à l'établissement de quelques espèces purement nominales, et notamment au Cératophrys clypeata {Cuvier), du bouclier dorsal duquel Cocteau a donné la figure dans son mémoire sur le genre Éphippifère. Les membres antérieurs sont presque aussi longs que le tronc ; les postérieurs ont à peu prés la même étendue que le tronc et là tête réunis. Il ya des renflements sous les articulations de tontes les phalanges, un gros tubercule ovale à la racine du premier doigt et un autre du double plus grand, à la paume de la main. Les doigts sont légèrement déprimés ; les orteils le sont davantage et bordés latéralement d’une petite membrane qui semble être le prolongement de celle qui les réunit entre eux à leur extrême base. Le tubercule métatarsien est fort allonge , arrondi aux deux bouts, déprimé , mais néanmoins convexe en dessus ; quoique mou, il est aminci ou comme tranchant à son bord interne. Les faces plantaires sont d’ailleurs parfaitement unies, on lisses. Les épaules, les flancs et les reins, sont couverts de tubercules coniques , mous , eannelés de haut en bas. On en voit de même forme, mais beaucoup plus petits sur les régions frénales et le long du bouclier dorsal, où quelques-uns plus gros se mêlent à eux, Une suite de tubercules semblables-à ceux dont nous venons de parler forment à droite et à gauche du dos , une sorte de petite crête qui prend naissance sur l’échancrure du plateau occipital , et borde les deux plaques médianes du bouclier dorsal, à peu de distance duquel cette crête se termine en se jetant xn peu en dehors. La peau du dessous de la tête, de la poitrine , du ventre et de la face inférieure des cuisses est toute mamelonnée: Cozorarron. Nous avons ün individu conseryé dans: alcool dont le dessus du corps est d’un brun grisâtre ou blanchätre, avec un grand feston noir de chaque côté du dos. Il a sur la tête un V noir dont-la base touche au bord antérieur de l’occiput et dont les branches s'étendent jusqu’à l'extrémité de la paupière supérieure. Le dessous du prolongement de celle-ci est marqué, en long, d’un ruban noirâtre. Le Canthus rostralis est bordé en dehors d’une bande noire qui 28. 436 BATRACIENS ANOURES. se dilate sur la région frénale en une tache anguleuse au niveau de la narine, et en une autre tache également anguleuse , mais beaucoup plus grande au-dessous de l’œil. Il y a encore une tache triangulaire noire , en arrière de celui-ci. Les épaules sont de cette dernière couleur, ét les reins, le dessus des membres posté- rieurs , ainsi que le dessous du tarse et du métatarse , sont colorés en brun. Les régions inférieures de l’animal sont blanches. Voici , d’après les figures qui ont été publiées de cette espèce, quels sont les différents modes de coloration qu’elle offre à l’état de vie. Tilesius l’a représentée comme ayant la paupière supérieure et . le tubercule du talon de couleur orangée; le milieu de la tête , la nuque, un espace longitudinal sur le commencement du dos, le dessous et le derrière des jambes verts. Suivant le même auteur, les festons des côtés du dos , qui sont noirs chez notre sujet con- servé dans la liqueur, seraient violets ou bleuâtres chez les indi- vidus vivants. Les descriptions etles figures du prince Maximilien de Wied et de Wagler donnent au mâle une couleur orangée sur la tête , le dos et le bas des flancs ; une tache noire au devant de l’œil ; une bande , noire aussi, allant de l’angle postérieur de ce- lui-ci à lépaule ; une sorte ‘ feston de la même couleur de chaque côté du dos ;*deux taches ovales, noires, une grande et une petite, placées l’une devant l’autre, de chaque côté des reins ; enfin des bandes transversales vertes sur le dessus des membres postérieurs. La femelle aurait au contraire les parties supérieures brunes, une belle bande verte depuis le bout du museau jusqu’à l’orifice anal , une autre semblable en travers de la tempe et de l’épaule, et le tympan de la même couleur que ces bandes. DimENsIONs. Téte. Long. 8”. Tronc. ES 14”. Memb. antér. Long. 13” 5°”. Memb. poster. Long. 21” ParriE Er MOEURS. Cette espèce habite Pince méridionale ; on la trouve à Cayenne et au Brésil; nous possédons des indi- vidus recueillis dans ces deux pays. Le prince de Wied nous ap- prend qu’elle se tient dans les grandes forêts obscures et humides et particuliérement dans leurs marais ; mais qu'on la rencontre aussi dans les lieux cultivés et même arides. Elle saute , et vers le soir elle fait entendre un coassement monotone. Les petits Rongeurs, les Oiseaux, les Batraciens anoures , les Mollusques et d’autres petits animaux lui servent de nourriture. Nous avons PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CÉRATOPHRYS. 2. 437 trouvé un squelette presque entier de Cystignathe ocellé dans l’estomac d’un grand individu que nous avons ouvert. Observations. Ce Batracien anoure est bien évidemment celui dont Séba a donné deux figures sous le nom de Crapaud cornn et épineux; et dans l’une desquelles il à beauconp exagéré la pal- mure des pieds. Mais le Crapaud cornu de Daudin, ou, ce qui est la même chose, la Rena megastoma de Spix , n’appartient nulle- ment à la même espèce , comme l’a cru Wagler ; c’est ce dont on pourra se convaincre en lisant notre article sur le Ceratophrys Dau- dini. Les trois dessins de boucliers dorsaux de Cératophrys que Cocteau a fait graver sur la planche qni accompagne son intéres- sant mémoire sur le genre Ephippifére, ont été exécutés d’après les individus de notre musée appartenant au seul Ceratophrys dorsata, et non à trois espèces différentes, ainsi que ce savant er- pétologiste l’a annoncé d’après les déterminations de Cuvier. Ces dessins sont des exemples des diverses anomalies que présente dans sa composition le bouclier dorsal de l’espèce qui fait le sujet du présent article. 2, LE CÉRATOPHRYS DE BOIÉ. Ceratophrys Boiei. Wied. CARACTÈRES. Point de bouclier dorsal. Front et entre-deux des yeux très-creux , relevés de chaque côté d’une crête renflée et recourbée en dedans à son extrémité postérieure. Tympan à peine distinct. Prolongement palpébral très-long , très-pointu. Orteils réunis à leur base par une membrane très-courte. Des tubercules granuliformes sur tonte la surface du corps. SYNONYMIE. Ceratophrys Boiei. Wied. Beïtr. Naturgesch. Brasil. tom. r, pag. 592. _Stombus cornutus. Gravenh. Isis, 1825, pag. 952. Stombus Boiei. Xd. Delic. mus. Vratilav. pag. 50, tab. g, fig. 1-2. Ceratophrys granosa. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom. 2, pag. 107. Ceratophrys granosa. (Cuv.) Guér. Iconog. Règn. anim. Rept. PI. 26, fig. 2. DESCRIPTION. Formes. Ce Cératophrys, dédié au savant et laborieux Boié par le prince de Wied , qui le premier , l’a décrit dans son excellent 438 BÂTRACIENS ANOURES. oùvraägé publié en langue allemande sons le titre de Matériaux pour l'histoire naturelle du Brésil, est loin d’être spécifiquement semblable à éelui de l’article DHÉUERRE ainsi que c’est l'opinion de quelques érpétologisiés d’üne date plus récente; il $’en dis- tingue au contraire, comme on va le voir, par dés caractères aussi nombreux que faciles à saisir. Ce qu’on remarque de suite en examinant cette éspèce Com- parativement avec le Cératophrys à bouclier, c’est qu’elle manqué de carapace dorsale et de carènes sur les parties latérales dé là tête; c’est que celle-ci est plus épaisse et plutôt convexe que déprimée ; c’est que son occiput , non-seulement est fort étroit , mais est, ainsi que l’espace interoculaire, profondément creusé en gouttiere , un peu rétréci en avant, et bordé de chaque côté d’une haute carène arrondie, recourbée en dedans à son extré- mité postérieure ; c’est qiie son front continue, et sans s’inclinér, la gouttière dont nous venons de parler; c’est que les arêtes qui prennent naissance aux angles antérieurs des orbites, con- vergent fortement l’une vers l’autre , et s’arrêtent éntre les ori- fices des narines ; c’est que ceux-ci sont peu écartés l’un de Paitre, et que le museau s’en éloigne par unë pente rapide; c’est que les cornes palpébrales sont proportionnellement plus lon- gues ; c’est que son tympan se laisse difficilement apercevoir au travers de la peau ; c’est enfin que toute la surface de son COSES est couverte de petits tubercules granuliformes. Les narines sont ovales, l’espace qui les sépare est moitié moindre que l’entre-deux des yeux. Le museau est arrondi et légé- rement convexe. Le tympan a en diamètre un tiers de moins que celui de l’ouverture de l’œil. La corne sureiliaire est une pointe aplatie sur trois faces, entièrement. hérissée d’aspérités et dont la longueur est ati moins égale à celle de la fente des paupières. La bouche n’est pas moïns largement fendue que chez lespèce précédente. Les arrière-narines sont grandes, circulaires , l’es= pace qui les sépare est coupé transversalement par une bañde de dents vomériennes interrompue au milieu. Les orifices des trompes d’Eustachi sont fort petits. La langue ést cordiforme et, à sa droite et à sa gauche, chez les mâles, se trouve une fente longitudinale par laquelle l'air entre dans un sac vocal , qui est simple et tout à fait interne. Les membres présentent exacte- ment la même forme et le même développement que ceux du Cératophrys à bouclier ; seulement les doigts et les orteils ont PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CÉRATOPHRYS. 2. 439. leurs renflements sous-articulaires plus prononcés , et offrent en outre de nombreux tubercules granuliformes ; il y a trois fortes protubérances à la paume de la main. L’extrémité postérieure du tronc est tout à fait comprimée ; de sorte que l’orifice anal semble être surmonté d’une crête. Les tubercules du dessous du corps sont trés-fins, à peu près égaux, et en les examinant à Ha loupe on s’apercoit qu’il sont eux-mêmes hérissés de petites pointes. Parmi ceux de la face supérieure du corps,. qui en gé- néral sont coniques et d’inégale grosseur, ik y en a dé chaquë côté du dos qui sont disposés en une série longitudinale ayant l’ap- parence d’une petite crête. Celle-ci part du bord latéral externe de la corne palpébrale, descend sur le haut de l’épaule par une ligne légérement rentrante , côtoie le dos en s’infléchissant un peu en dedans , passe sur les reins en se cintrant au contraire en dehors, puis gagne l’extrémité du tronc en se rapprochant de plus en plus de sa congénère, à laquelle elle se réunit au-dessus de l’orificé anal. Une autre petite crête, brisée en angle obtus, s'étend en travers de la tête, depuis la pointe d’un prolonge- ment palpébral jusqu’à l’autre. 11 semble qu’il y én ait une aussi le long de la ligne médiane du dessus de ce même prolongement palpébral. Il existe un ‘groupe peu serré dé petits tubercules coniques au centre de la surface de la paupière supérieure. COLORATION, Le museau, le dessus de la tête et généralement tout l’espace compris entre les deux petites crêtes tuberculeuses de la face supérieure du corps présentent une teinte fauve, vei- née de brunâtre; le long et en dehors de chacune de ces crêtes, il existe un feston brun. La concavité du crâne offre une grande tache subtriangulaire noire; on en voit une petite de même couleur et à peu près carrée sur le front. Une bande brune des- cend perpendiculairement de l’angle antérieur de l'orbite sur le bord de la bouche ; d’autres bandes brunes coupent les tempes obliquement, et il y en a de transversales sur le dessus des membres. Le ventre ét’ quelquefois même toutes les régions inférieures sont finement tachetées de noir, sur un fond Jjau- nâtre. Dimensions. Cette espèce , à en juger d’après les individus que les naturalistes ont pu observer jusqu'ici, ne semblérait pas atteindre une taille plus considérable qué nos Grenouilles communes. Voici les principales dimensions d’un sujet de notre 440 © BATRACIENS ANOURES. musée, Téte. Long. 3” 4”. Tronc. Long. 4” 5°”. Memb, antér. Long. 4° 2°”. Memb. postér. Long. 7° 47. Patrie. Le Cératophrys de Boiïé est originaire de l’Amérique méridionale , nous l’avons recu de Cayenne par les soins de M. Leprieur, et du Brésil par ceux de MM: Langsdorff, Gaudi- chaud et Ménestriés. Observations. X] y a deux bonnes benne de cette espece , l’une dans les Deliciæ musei zoologici Vratilaviensis de M. Gravenhorst, l’autre dans l’Iconographie du Régne animal de Cuvier par M. Guérin. 3. LE CÉRATOPHRYS DE DAUDIN. Ceratophrys Datdini. Cuvier. CARACTÈRES. Pas de bobelier dorsal. Front extrêmement élevé, formant avec le dessus du museau une pente uniforme , très-rapide , parties latérales également très-hautes et en pente très-rapide , sans aucune arête. Occiput très-large, plan au milieu, mais offrant de chaque côté un fort renflement longi- tudino-oblique s’étendant de l’orbite au-dessus du tympan. Ce- lui-ci assez distinct. Vertex , front et chanfrein creusés en gout- ière. Pieds presque entièrement palmés. SYNONYMIE. Bufo cornutus. Daud. Hist. nat. Gren. Rain. Crap. pag. 102, PI. 38. Exclus. synonym. Bufo cornutus. Latr. Hist. nat. Rept. fom. 2, pag. 117, fig. 1. Bufo cornutus. Daud. Hist. nat. Rept. tom.8, pag. 214. Exclus. synon. 2 Rana megastoma. Spix. Spec. nov. Test. Ranar. Brasil. pag. 27, tab. 4, fig. 1 Ceratophrys. Daudini. Cuv. Règn. anim. se édit. tom. 2, pag. 106. Ceratophrys Spixii. Id. loc. cit. Phrynoceros V'aillantii. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 82. DESCRIPTION. Forues. Cette espèce, bien que plus voisine du Ceratophrys dorsata que du Ceratophrys Boiei, en diffère cependant à plu- sieurs égards, Elle manque en effet de bouclier dersal, etses orteils PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CÉRATOPHRYS. 3. 441 sont réunis par une membrane presque jusqu’à leur extrémité. Sa tête s’abaisse brusquement en avant et de chaque côté de son sommet, où sont placés les yeux à peu de distance l’un de l’autre ; de sorte. qu’elle est réellement plus haute que celle du Cératophrys à bouclier. Son occiput offre à droite et à gauche un très-gros renflement longitudinal arrondi, qui s'étend, en obliquant en dessous, depuis l’angle postérieur de l’œil jusqu’au- dessus du bord postérieur du tympan, renflement qu’au pre- mier abord on pourrait prendre pour une parotide , à cause de sa forme et de sa situation, et qui est, avec son congé- nère , la seule saillie que fassent les os à la surface de la tête. Il n’y a non plus d’autres creux sur cette partie du corps qu'une gouttière qui occupe tout l’intervalle des yeux, et qui descend jusqu'au bout du museau , toujours en se rétrécissant davantage et en devenant de moins en moins profonde. D’après Spix, la corne surciliaire , est conique, et la surface de la paupière supé- rieure hérissée de tubereules de même forme. D’autres tuber- cules ayant l’apparence d’épines , sont épars sur le dos , le haut des flancs et le dessus des membres. L CororATIoN. Un brun olivâtre règne sur les parties supé- rieures ; le dos porte une double série de grandes taches noires. La gorge est brune, le ventre tacheté de jaunâtre et de brun fonce. Dimensions. Téte. Long. 5” 2°”. Tronc. Long. 7”. Memb. antér. Long. 6”, Memb. postér. Long. 12”. ParTris. C’est aussi dans l’Amérique méridionale que se trouve cette troisième espèce de Cératophrys. Spix l’a rapportée dn Brésil, ainsi que le prouve la figure qu’il en a donnée sous le nom de Rana megastoma. Notre musée possède un individu qui a été recueilli à Surinam par Levaillant. Observations. Cet individu , provenant de Surinam, est jus- tement le modele de la figure du Crapaud cornu de Daudin, qui a eu le tort de considérer comme devant y être rapportées les deux figures du Crapaud cornu et épineux de Séba , lesquelles représentent au contraire le Ceratophrys dorsata. Cuvier n’a pas reconnu l’identité spécifique du Crapaud cornu de Daudin et de la Rana megastoma de Spix ; car il a cité le premier sous le nom que nous lui conservons ici, et la seconde sous celui de Cera- tophrys Spixii. Wagler a commis une autre erreur à leur égard en les désignant tous deux comme étant de l’espèce du Cerato - phrys dorsata. 442 BATRACIENS ANOURES. : VIII GENRE PY XICÉPHALE. — PYXICE- -PHALUS (1). Tschudi. CaracTÈres. Langue grande, ovalaire, libre et plus ou moins divisée en arrière. Des dents vomériennes entre les arrière-narines. Tympan tantôt distinct, tantôt imperceptible; trompes d’'Eustachi petites. Quatre doigts libres ; pas de rudiment de pouce à l’ex- térieur. Pieds demi-palmés; un éperon aplati, tran- chant au bord interne du métatarse. Une vessie vocale interne chez les mâles. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée, non dilatées en palettes. Les Pyxicéphales sont en quelque sorte des Grenouilles à grosse tête, à corps trapu, à museau large, court , très- convexe en dehors, très-concave en dedans et à os’ cunéi- forme développé extérieurement en un disque ovalaire à bord tranchant, de même que chez les Pélobates et les Scaphiopes. Ils ont deux rangées ou deux groupes de dents vomériennes entre les arrière-narines, plus où moins près du niveau du bord postérieur de celles-ci ; la langue grande, ovalaire, libre, divisée en deux lobes, ou bien simplement échancrée à la partie qui regarde la gorge; des trompes d'Eustachi fort peu ouvertes; un tympan petit et qui quelquefois ne se laisse pas apercevoir au travers de la peau; quatre doigts, tous sépa= rés, un peu déprimés et à pelotes sous-articulaires ; enfin cinq orteils déprimés aussi et également renflés sous leurs articulations, mais réunis par une membrane dans la pre- mière moitié de leur étendue. | La gorge des mâles renferme une vessie vocale susceptible d’une grande dilation , et dont les deux orifices sont situés 0 ro (1) De ruée, boîte, et de xeoxnu, tête ou crâne: PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PYXICÉPHALE. 443 de chaque côté de la langue, orifices qui sont de simples trous arrondis comme chez les Grenouilles, et non de gran- des fentes comme chez les Cystignathes. Le squelette des Pyxicéphales ressemble beaucoup à celui des espèces de ces deux derniers genres de Batraciens ; cependant, de même que chez les Alytes et les Sonneurs, les apophyses transverses de la sixième, de la septième et de la huitième vertébre sont dirigées obliquement en avant, sans que toutefois celles de la neuvième soient aussi, comme chez ces mêmes Alyÿtes et ces mêmes Sonneurs, dilatées en palettes ou en ailes. Les viscères ne présentent rien de par- ticulier. Ce genre portait le nom de T'omopterna (1) dans notre manuscrit; mais comme celui de Pyxicephalus, qui lui a été donné par M. Tschudi, se trouve avoir l’antériorité par cela seul que le travail de ce savant a paru avant le nôtre , c’est cette seconde dénomination que nous avons adoptée. Nous connaissons trois espèces des Batraciens Anoures auxquels conviennent les caractères que nous venons d’é- noncer : une est américaine et les deux autres africaines. Voici leurs principales différences exposées dans le tahleau synoptique suivant : TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE PYXICÉPHALE. a > profondément : _ marqués. . . 1. P. ARROSE. , , À menton à 2 crans Langue échancrée dricre peu sensiblés. . 2. P. né DerArAnpe. ll très-faiblement. . . . . .…. RS ï .. 3. P. "AMÉRICAIN. (1) De rouos, qui sert à Couper, couteau, et de æTepvis, talon ; ta- lon coupant. 444 BATRACIENS ANOURES. J. LE PYXICÉPHALE ARROSÉ. Pyxicephalus adspersus, Nobis. CaRAGTÈRES. Langue divisée profondément en deux lobes en ar- rière. Dents vomériennes réunies en chevron au niveau du bord postérieur des arriére-narines. Deux fortes échancrures à l’ex- trémité antérieure de la mâchoire inférieure. Tympan distinct. Dos relevé de plis longitudinaux , marqué d’une ligne mediane blanche et très-finement piqueté de blanchâtre. SYNONYMIE. Tomopterna adspersa. Nob. M. S. S. Pyxicephalus adspersus. Tschud. Classif. Batrach. Mém. Sociét. science. nat. Neuch. tom. 2, pag. 84. DESCRIPTION. Cette espèce a les membres courts, la tête grosse et peu ré- trécie en avant. Les tempes sont verticales , le vertex et l’occiput légérement bombés , et le museau est fortement arqué en long comme en travers ; son bord terminal est arrondi. Les yeux sont grands, peu saillants ; la largeur de leur intervalle est égale à celle de la paupière supérieure, et un pe“ moindre que l’écar- tement des narines, qui sont ‘situées à égale distance du bout du museau et de l’angle antérieur de l’œil. On distingue assez bien la membrane du tympan au travers de la peau ; sa circonférence est un peu moins grande que celle de l’ouverture de l’æœil. Les dents vomériennes forment un chevron , dont le sommet, dirigé en arriere, dépasse légèrement le niveau du bord postérieur des arriére-narines; la voûte de la bouche serait d’ailleurs parfai- tement unie, sans la petite saillie transversale que font les os palatins. Le bord de la mâchoire inférieure offre au-dessus du menton une petite éminence dentiforme séparée d’une plus forte de chaque côté, par une échancrure assez profonde ; à la mâ- choire supérieure il y a trois concavités qui correspondent à ces trois saillies. La langue est grande , ovale et divisée en deux lobes à son bord postérieur, absolument comme celle du commun des Grenouilles. Le membre antérieur offre la même longueur que le flanc; la patte de derrière est un peu plus étendue que le tronc et la tête réunis. Le troisième doigt est près de moitié plus long que les trois an- tres, qui sont égaux. La paume de la main offre deux renflements PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G: PYXICÉPHALE. 2. 44D ovalaires. Les orteils vont en augmentant de longueur, depuis le premier jusqu'au quatrième; le cinquième est d’un üers plus court que celui qui le précède ; tous sont réunis dans la moitié de leur étendue par une membrane médiocrement extensible. On remarque sur le dessus du corps plusieurs petits renflements glanduleux longitudinaux ; la tête est lisse , ainsi que les parties inférieures. CoLorATION. Une teinte d’un vert bouteille foncé règne sur les régions supérieures, qui sont toutes tres-finement piquetées de blanchâtre ; une ligne de la même couleur s'étend depuis le bout du museau jusqu’à l'extrémité postérieure du dos. Tantôt tout le dessous de l’animal est blanc; tantôt la gorge, le bas des flancs et la face inférieure des membres sont parsemés de taches noires. Dimensions. Téte. Long. 1° 5”. Tronc. Long. 2° 5”. Membr. antér. Long. 1° 8°”. Membr. poster. Long. 4”. Partie. Le Pyxicéphale arrosé se trouve dans l'Afrique aus- trale ; nos échantillons proviennent du voyage de Delalande. 2. LE PYXICÉPHALE DE DELALANDE. Pyxicephalus Delalandir. Nobis. (Voyez PI. 87, fig. 1, r a, 1 b.) CARACTÈRES. Langue divisée en deux lobes en arriere. Dents vomériennesréunies en chevron au niveau du bord postérieur des arrière-narines. Deux très-faibles échancrures à l'extrémité de la mâchoire inférieure. Tympan distinct. Dos mamelonné, comme marbré et coupé longitudinalement par une raie blanchâtre. SYNONYMIE. Tomopterna Delalandii. Nobis M.S.S. Pyæicephalus Delalandii. Tschudi. Classific. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat, Neuch. tom. 2, pag. 84 DESCRIPTION. Forues. Ce Pyxicéphale diffère du précédent en ce que les échancrures du bout de sa mâchoire inférieure sont à peine sen- sibles, en ce que son dos, au lieu d’être relevé de petits plis longi- tudinaux , est semé de glandules arrondies ou ovalaires, et que son front est plat , ce qui ôte à la partie antérieure de la tête cette grande convexité qu’elle offre chez le Pyxicéphale arrosé. Les membres postérieurs sont aussi plus longs que ceux de ce 446 BATRACIENS ANOURES, dernier, car lorsqu'on les couche contre les Pa leur éperon se trouve être au niveau du bout du nez. CoLorATION. Le mode de coloration n’est pasnon n plus le même. Ici, ce ne sont pas des piquetures blanches que présentent les par- ties supérieures du corps, mais de grandes marbrures noires sur un fond tantôt grisâtre , tantôt olivâtre. Il existe pourtant aussi une raie dorsale blanche , fort sonvent RcOmPasnes de deux autres qui lui sont Dale l’une à droite, l’autre à gauche, le long de la partie supérieure du flanc. Tous de individus que nous avons maintenant sous les yeux ont le dessous du corps blanchâtre. Dimensions. Téle. Long. 1°” 8”. Tronc. Long. 3° 5”. Memb. ‘antér. Long. 2” 8°”. Memb. postér. Long. 6”. Parme. Cette espèce habite le même pays que la précédente ; nous en devons également la découverte à feu Delalande. 3. LE PYXICÉPHALE AMÉRICAIN. it americanus. Nobis. CArACTÈRES. Langue cordiforme. Dents vomériennes formant une rangée tranversale interrompue au milieu et située un peu en avant du niveau du bord postérieur des arrière-narines. Pas d’échancrures à l'extrémité de la mâchoire inférieure. Tympan imperceptible au travers de la peau. Dos mamelonné, brun, avec une raie longitudinable blanche. ( DESCRIPTION. Forxes. Cette espèce ressemble an Pyxicéphale arrosé par la forme de sa tête, et au Pyxicéphale de Delalande par les verrues glanduleuses dont son dos est semé ; mais elle diffère de l’un et de l’autre par l’absence d’échancrures au bord antérieur de sa mä- choire inférieure , par Pinvisibilité de son tympan, par la disposi- tion en rang transversal et interrompu de ses dents vomériennes, qui sont aussi situées un peu moins en arrière, par la forme de sa langue, quin’est que très-faiblement échancrée en croissant à sa marge postérieure, enfin, par la présence, sur toute la. face in- férieure de son corps, de petits tubercules arrondis, très-serrés les uns contre les autres. ï COLORATION. Son mode de coloration se rapproche assez de ce- lui du Pyxicéphale de Delalande. Un brun roussâtre,nuancé d’une PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PYXICÉPHALE. 3. 447 teinte plus foncée est répandu sur la tête , le dos et les membres. Les flancs et les régions fémorales sont piquetés de blanc. Les nombreux petits tubereules du dessous du corps sont {blanes et leurs intervalles lavés de roussâtre. Comme chez les deux autres espèces, la ligne medio-longitudinale de la tête et du tronc est parcourue par une raie blanchätre. Drmewsions. Téte. Long. 1” 5”. Tronc. Long. 2” 5°”. Memb. an- tér. Long. 2”. Memb. poster. Long. 4”. Parms. Ce Pyxicéphale, ainsi que l'indique son nom, est ori- ginaire du nouveau monde; nous ne possédons qu’un seul indi- vidu , qui a été envoyé de Buenos-Ayres par M. d’Orbigny. IX° GENRE CALYPTOCÉPHALE. — CALFP- TOCEPHALUS (1). Nobis. (Peltocephalus, Tschudi.) Caractères. Tête comme recouverte d’un bouclier rugueux. Langue disco-ovalaire, entière, libre à son bord postérieur. Une rangée de dents vomériennes in- terrompue au milieu , située entre les arrière -na- rines. Tympan distinct; trompes d'Eustachi assez grandes. Quatre doigts libres, lisses; pas le moindre rudiment de pouce extérieurement. Orteils de même forme que les doigts, mais réunis par une membrane dans la moitié on dans les deux tiers de leur longueur. Saillie du premier‘0s cunéiforme assez forte, mais non tranchante. Une vessie vocale interne de chaque côté de la gorge chez les mâles. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée, non dilatées en palettes. Les Calyptocéphales ont été ainsi nommés parce que leur tête est en dessus et même en partie sur les ‘côtés, défendue (1) De sanuri® , je couvre, xspaan, la tête; la tête couverte. 445 BATRACIENS ANOURES. par un véritable bouclier rugueux; ceci tient, d’une part, à ce que certains os du crâne ont pris une expansion telle, que le cadre de l'orbiteest réduit à un très-petit diamètre, et complétement fermé en arrièré, et que les fosses tanpel rales sont tout à fait cachées sous une voûte, exactement comme chez les Thalassites ou Tortues marines; et, d'une autre part, à ce que ce bouclier, dont la surface est tout hérissée de fines aspérités, n’est revêtu que d’une peau si mince ét qui y adhère si fortement, qu’elle semble faire corps commun avec lui, Nous retrouverons, au reste, une struc- ture semblable chez une espèce de Pélobates (1), autre genre de Batraciens Raniformes, chez lequel le tympan a disparu sous l'extension des os environnants, ce qui n’existe nullement dans les Calyptocéphales, où la membrane tym- panale en particulier, se laisse parfaitement bien voir au travers de la peau. Les dents maxillaires sont longues , grêles, pointues et un peu recourbées à leur extrémité ; les vomériennes leur ressemblent, quant à la forme, mais en différent par un peu plus d’écartement entre elles ; elles occupent l’entre- deux des arrière-narines, disposées sur deux rangées, repré- sentant une sorte de chevron largement ouvert à son som- met, et touchant de chaque côté par sa base au bord an- térieur de ces mêmes arrière-narines. Celles-ci sont ovalaires et de moyenne grandeur. Un sillon curviligne, assez pro- fond, bordé en partie par la saillie que fait le palatin, aboutit à leur bord latéral externe. Les trompes d'Eustachi sont grandes et triangulaires. La langue n’est positivement ni arrondie, ni ovale, mais elle tient le milieu entre ces deux formes ; elle est médiocrement épaisse, libre à sa marge pos- térieure seulement , et toute couverte de papilles coniques , qui semblent être couchées en dehors, parallèlement à sa circonférence. Chez les mâles, ily a de chaque côté de cet organe, ou mieux entre lui et la branche sous-maxillaire, D 6 oo EE (1) Voyez le quinzième genre de celte famille des Raniformes. . PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CALYPTOCÉPIHALE. 449 une grande fente longitudino-oblique, destinée à l’entrée de l'air dans le sac vocal qui existe intérieurement à droite comme à gauche de la région gulaire. Il n’y a ni cavité à la partie antérieure et interne de la mâchoire supérieure, ni saillie bien prononcée à l’extrémité correspondante de la mâchoire inférieure. Les membres sont forts et moins longs que chez la plupart des Grenouilles; ceux de devant se ter- minent par quatre doigts ceniques, légèrement déprimés, sans palmure , sans renflements sous leurs articulations, et dont la longueur est inégale, c’est-à-dire que le deuxième et le quatrième sont plus courts que le troisième, et que le premier est le moins long de tous. Ge doigt, au temps de l’accouplement et chez les mâles seulement, a toute sa face inférieure renflée jusqu’à la pointe et couverte d’une verrue analogue , mais moins épaisse et moins rude, à celle œue présentent à la même époqueles individus du même sexe chez notre Grenouille verte. Il n’y a aucune apparence de pouce à l'extérieur. Les pieds sont palmés, tantôt jusqu’à la moitié, tantôt presque jusqu’au bout des orteils, qui, de même que les doigts, sont tout à fait lisses, un peu comprimés et pointus ; leur nombre est de cinq, les quatre premiers sont régulièrement étagés, tandis que le dernier n’est même pas aussi long que le troisième. Le premier os cunéiforme se montre comme un tubercule cylindrique médiocrement dé- veloppé. Il n’existe point de parotides aux côtés du cou, mais la peau des flancs et du dos est relevée de plis et de ren- flements glanduleux. Les viscères ressemblent à ceux des Gre- nouilles ; rien de particulier ne distingue non plus la colonne vertébrale des Calyptocéphales de celle de ces dernières. C'est la dénomination de Calyptocéphale et non celle de Peltocéphale, ainsi que nous le fait dire M. Tschudi, que portait ce genre de Batraciens Anoures dans notre Mu- séum d'histoire naturelle, lorsqu'il y a bientôt trois ans, ce naturaliste vint y chercher les matériaux qui lui man- quaient pour compléter son travail sur la classification des Batraciens commencé à Leyde, où , comme chez nous, la col- lection erpétologique fut libéralement mise à sa disposition. REPTILES, VII. 29 45Ô “7 YHATRAGIENS ANOURES. 1. LE CALYPTOCÉPHALE DE GAY. Culyptocephalus Gayi. Nobis. CARACTÈRES. Parties supérieures d’un brun fauve où olivâtre, nuancé de teintes plus foncées. ju \ SYNONYMIE. Calyptocephalus Gayi. Nob. Mus. Par. Peltocephalus Quoyi. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuchât. tom. IE, pag. 81. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a des formes robustes et trapues , la tête courte , large et très-fortement aplaüe , le trone déprimé eten- veloppé , comme celui de la plupart des Crapauds, d’une peau lâche où il se trouve content comme dans une sorte de sac ren- fermant aussi une certaine partie des cuisses. Les membres antérieurs n’ont guère plus de longueur que les flancs ; les postérieurs , couchés le long de ceux-ci, dépassent le bout du museau de la moitié environ de l’étendue du pied, dont la palmure est épaisse , et, contrairement à ce que nous avons vu dans les Discoglosses, un peu plus courte chez les mäles que chez les femelles, où elle offre en longueur les deux tiers de celle des orteils. Ces derniers, ainsi queles doigts, sont gros, coniques, pointus et légèrement déprimés; les uns ni les autres n’ont de renflements sous leurs articulations , et les faces palmaires et plantaires sont parfaitement lisses. La tête, nous l’avons déjà dit, est fort large, c’est-à-dire que son diamètre transversal, en ar- riére, est d’un üers plus considérable que le longitudinal, dans lequel le museau, tant il est court, n'entre même pas pour un quart. La tête est aussi très-remarquable par son aplatissement ; sa face supérieure est un grand plateau de figure triangulaire, presque uniformément plan ; les côtés et la portion du museau située en avant des narines, sont, sinon verticaux, au moins en pente très-rapide ; les yeux sont latéraux et trés-écartés, puis- que l’espace qui les sépare est moitié plus grand que le diamètre de l'orbite. Les narines sont situées à droite et à gauche du som- met de l’angle antérieur du plateau sus-crânien, et les oreilles de chaque côté du bord postérieur de ce même plateau ou sur les parties latérales de la tête , au-dessus des angles de la bouche. Celle-ci est d’une grandeur énorme ; son contour décrit un demi- PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CALYPTOCÉPHALE. I. 451 cercle qu’on aurait un peu forcé. Le diamètre du tympan est égal à la largeur de la paupière supérieure, dont la surface est marquée de plusieurs rides. Un des sujets que nous avons main- tenant sous les yeux a la peau du dos lisse et celle des côtés du corps semée de petites glandes ou pustules ; un autre offre de ces dernières sur tout le tronc, excepté en dessous ; chez un troi- sième , celles du dos sont remplacées par des renflements longi- tudinaux de même nature. CoLorATIoN. Le dessus du corps est tantôt d’un brun fauve on marron , tantôt d’un brun olivâtre; mais il présente toujours des taches d’une couleur foncée , Ou comme noirätre, confondues entre elles. Les membres sont marqués en travers de bandes de cette dernière teinte. Quelquefois toutes les parties inférieures sont blanches; d’autres fois la gorge est tachetée de brun, ou bien encore barrée de noir, particuliérement sur ses parties la- térales. Dimensions. Téte. Long. 6”. Tronc. Long. 16° 5”, Membr. antér. Long. 8” 5”, Membr. postér. Long. 19° 5”. On voit, par ces dimensions, que le Calyptocéphale de Gay parvient à une taille aussi considérable que la Grenouille mugis- sante. Parrie. Cette espèce est originaire du Chili, d’où elle a été envoyée au Muséum par le savant botaniste auquel nous nous plaisons à la dédier; ce n’est pas au reste la seule découverte dont l’erpétologie soit redevable à M. Gay, car nous avons encore à faire connaître Ms Batraciens nouveaux porn de ses collections. M. Tschudi , par erreur sans doute, a cité cette espèce comme portant le nom de Peltocephalus Dani , dans ñotre Musée natio- nal ; elle n’y a jamais été nommée que Ca/yptocephalus Gayi, 452 BATRAGIENS ANOURES. X° GENRE. CYCLORAMPHE. — CYCLORAM- PHUS (1). Tschudi. Garacrires. Langue entière, disco-ovalaire, libre à son bord postérieur. Deux groupes ou deux rangs de dents palatines, situés entre les arrière-narines ou au niveau de leur bord postérieur. T'ympan caché; trompes d'Eustachi de médiocre grandeur ou excessivement pe- tites. Quatre doigts a ; pas de rudiment de pouce extérieurement. Orteils réunis par unemembrane plus ou moins courte; premier os cunéiforme faisant une saillie faible et non tranchante. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Les espèces de ce genre n’ont ni la tête protégée par un bouclier osseux, nile tympan visible, ni lesarticulations des phalanges dépourvues de petits renflements à leur face infé- rieure , trois caractères qui les distinguent éminemment des Calyptocéphales , avec lesquels elles offrent d’aiileurs les plus grands rapports : elles leur ressemblent effectivement par leur tête courte, très-aplatie et fortement arrondie en avant ; par leur bouche largement fendue, dont le plafond cepen- dant a une surface parfaitement plane; par fa forme pres- que circulaire de leur langue, par l’absence de rudiment de pouce, par la palmure médiocrement développée de leurs pieds, par la conformation des pièces composant la colonne vertébrale et le bassin , en un mot, par l’ensemble de leur organisation externe et interne. ‘La tête des Cycloramphes, quant à sa structure, rentre dans la règle générale, c’est-à-dire que parmi les os qui la composent , il n’en est point qui offrent cette expansion (1) De xuxnoc. arrondi, et de sauéoc ; bec. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYCLORAMPHE. 403 considérable par suite de laquelle, chez les Calyptocéphales et les Pélobates, le dessus et les côtés du crâne semblent ne plus former qu’une seule et même pièce , une sorte de bou- clier rugueux, revêtu d’un tissu cutané si mince et qui y adhère tellement qu'on len croirait tout à fait dé- pourvu : ici, comme chez la plupart des Batraciens Rani- formes , elle est recouverte d’une peau semblable à celle du corps, et sous laquelle on trouve de grandes orbites et des fosses temporales tout à découvert. pa dents vomériennes tantôt sont réunies en deux très s-petits groupes positive ment entre les narines inférieures, tantôt disposées sur deux rangs en chevron et un peu plus en arrière, Les conduits gutturaux des oreilles sont ou d’une moyenne grandeur, ou si petits qu’on a de la peine à les apercevoir; mais la membrane du tympan ne se voit jamais extérieurement au travers de la peau. Les deux premiers doigts sont les plus courts, le quatrième l’est un peu moins qu'eux, et le troi- sième est le plus long de tous ; les orteils vont en augmen- tant de longueur depuis le premier jusqu’au pénultième , et le dernier n’est pas tout à fait aussi long que le troisième ; leur membrane natatoire est plus ou moins développée. Il y à une petite pelote sous chaque articulation des phalan- ges. Une des deux espèces qui appartiennent à ce genre a une glande sur chaque flanc, l’autre n’en offre sur aucune partie du corps ; les mâles de celle-ci marquent de sacs vo- canx , mais ceux de celle-là én sont pourvus. ; Les apophyses transverses de la neuvième vertébre ne sont nullement dilatées en palettes ou en ailes, comme chez les Bombinatores ; elles sont même plus courtes et plus renflées à leur extrémité que celles des Grenouilles. Nous avons conservé à ce genre le nom de Cycloram- phus, sous lequel M. "Tschudi l’a indiqué dans sa classifi- cation des Batraciens, sans dire que c’est dans notre coliec- tion qu'il a observé la seule espèce qu'il y rapporte et que nous avions d’ailleurs déja désignée comme étant le type d’un genre particulier. | 454 BATRACIENS ANOURES. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE CYCLORAMPHE. D — : portant chacun une glande. sie ie UE C: FuriciNEUx. Flan | anis glandes. lee eee 2. C. Manen£. Pas 1. LE CYCLORAMPHE FULIGINEUX. Cycloramphus fuliginosus. 7 = Nobis. (Voyez PI. 87, fig. 3.) CarAcrÈREs. Dents vomériennes formant un fort chevron dont la base touche au bord postérieur de l’entre-deux des arrière- narines. Ouvertures des trompes d’Eustachi d’une moyenne grandeur. Une glande sur chaque flanc. Orteils réunis par une membrane dans les deux tiers de leur longueur ; un petit ren- flement lenticulaire sous le métatarse ; deux gros renflements de même forme à la face palmaire. SYNONYMIE. Pithecopsis fuliginosus. Nob. M. S. S. (x). Cyrcloramphus Jüuliginosus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 8r. DESCRIPTION. Formes. La phrase caractéristique qui précède suffirait seule pour faire reconnaître cette espèce de Cycloramphe; cependant nous ajouterons, que hors la glande circulaire et aplatie qu’elle porte sur chaque flanc, sa peau est partout parfaitement lisse, que ses membres antérieurs offrent la même longueur que le tronc, que les postérieurs ont un peu plus du double de cette étendue , et que de chaque côté de la langue des mâles il existe une grande fente longitudinale communiquant avec un sac vocal, qui est tout à fait interne. (4) Ge qui significrail : visage de singe. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. CYCLORAMPHE. 2. 405 CozorarTIon. Un brun fuligineux est répandu sur toutes les parties supérieures et inférieures, et celles-ci sont comme pi- quetées où finement tachetées de blanc grisâtre. Dimensions. Zéte. Long. 2”, Tronc. Long. 3° 5°”. Memb. antér. Long. 3” 2°”. Mémb. postér. Long. 7” 87. k Parrie. Cette espèce est originaire du Brésil ; les deux sujets que nous possédons y ont été recueillis par feu Delalande. 2. LE CYCLORAMPHE MARBRÉ. Cycloramphus marmoratus. Nobis. CarAcrèREs. Dents vomériennes formant deux très - petits groupes entre les arrière - narines. Ouvertures des trompes d’Eustachi excessivement petites. Ni glandes , ni renfléments sur aucune partie du corps. Orteils réunis par une membrane, dans la premiere moitié de leur longueur. Dessous du tarse parfai- tement lisse; un renflement lenticulaire à au milieu de la paume de la main. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a les pattes de derrière proportionnelle- ment un pen plus étendues que celles de la précédente ; cou- chées contre le tronc, elles dépassent le bout du museau de la longueur de la partie palmée du pied: Les mâles ont les bras plus gros que ceux des femelles ; la face inférieure de leur premier doigt est garnie d’une glandule s'étendant presque jusqu’à sa pointe ; ils manquent de sacs vocaux. -La peau de toutes les par- ties du corps, sans exception , est parfaitement lisse. _ CozôraTIoN. Tout le dessus de l’animal est marbré de noir sur un fond gris tirant plus ou moins sur le brun clair ; fort souvent il est irrégulièrement semé de points ou de petites taches d’un blanc pur. C’est une teinte grise avec ou sans marbrures noires, qui règne sur les régions inférieures ; mais lés membres sont toujours d’une teinte plus foncée que la gorge et l’abdomen. Dimensions. Téte. Long. 1” 8”. Tronc. Long. 4” 8°”. Memb. antér. Long. 3° 4”. Memb. postér. Long. 8” 5”. Parrie. Cette espèce est une découverte faite au Chili par M. Pentland ; le lieu où elle a été trouvée par ce savant natu- raliste se nomme Guasacona, FRS [2x © BATRACIENS ANOURES. XI° GENRE. MÉGALOPHRYS. — MEGALO- PHRYS (1). Kuhl. Caracrines. Tête et corps très-déprimés. Paupière supérieure prolongée en pointe à son bord libre. Lan- gue circulaire , très-faiblement échancrée en arrière. Des dents vomériennes fixées sur deux éminences ar- rondies, situées aux angles postéro-internes des ar- rière-narines. Tympan caché; trompes d'Eustachi médiocres. Quatre doigts libres; pas de rudiment de pouce à l'extérieur. Orteils réunis à leur racine par une membrane très-courte. Premier os cunéiforme ne faisant pas de saillie extérieurement. Les Mégalophrys se font remarquer par l’aplatissement de leur tronc et de leur tête, qui est triangulaire , ainsi que par la forme anguleuse que présente le bord libre de leur paupière supérieure, qui s'élève ainsi au-dessus de l'œil comme une sorte de corne. Ils ont la bouche largement fendue, et la langue presque exactement circulaire , car l’é- chancrure qu’elle offre en arrière est à peine sensible ; cet organe est libre dans la moitié postérieure de sa longueur et un peuéloigné de la symphyse de la mâchoire inférieure. Les arrière-narines touchent, chacune de leur côté , au bord du maxillaire supérieur. En dedans de leur bord postérieur ou à leur angle postéro-interne, est une saillie hémisphérique sur laquelle sont fixées quelques dents disposées en un seul rang. Les conduits gutturaux des oreilles ont leur ouverture ovalaire et de moyenne grandeur. La membrane tympanale est très-petite et complétement imperceptible au travers de (1) De pryas, grand, et de cœpus, sourcil. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. MÉGALOPHRYS. 457 la peau. Les narines sont ovales, assez grandes et situées tout à fait latéralement, fort près de l'extrémité du museau, au-dessous du canthus rostralis, qui est fortement pro- noncé. Le bout de la mâchoire inférieure offre à son bord une petite saillie, de chaque côté de laquelle on observe une légère échancrure. Les membres de ces Batraciens sont aussi développés que ceux de la plupart des Grenouilles; on leur compte quatre doigts cylindriques, peut-être un peu déprimés, entière- ment libres, et dont trois , le premier, le second et le qua- trième , sont égaux, tandis que l’avant-dernier est d’un tiers plus long. Une petite membrane réunit à leur base les cinq orteils , qui vont en augmentant de longueur à partir du premier jusqu'au quatrième ; le cinquième est au con- traire plus court que le pénultième et même que l’anté- pénultième, Le premier os cunéiforme ne fait pas de saillie en dehors , comme cela a lieu d’une manière plus ou moins prononcée chez le plus grand nombre des Batraciens Anoures. La peau , qui est lisse presque partout, n’est adhérente aux os sur aucune partie du corps : c’est-à-dire que la tête ni le dos ne sont point protégés extérieurement par une sorte de bouclier osseux , comme chez les Cératophrys. Le squelette des Mégalophrys s'éloigne jusqu’à un cer- tain point de celui des Grenouilles, pour se rapprocher de celui des Alytes et des Sonneurs, et peut-être de celui du Pipa; car le crâne en particulier est presque aussi dé- primé que chez ce dernier. Les fronto-pariétaux, qui se soudent de bonne heure, sont très-aplatis et légèrement conçaves ; ils auraient ensemble la figure d’un grand qua- drilatère une fois plus long que large, coupé carrément en arrière , élargi et arrondi en avant; les fronto-nasaux qui, eux aussi, sont des quadrilatères oblongs, mais arrondis aux deux bouts, forment un V dont les branches embras- sent le bord arrondi des fronto-pariétaux , disposition qui, jointe à la brièveté des inter-maxillaires, rend le museau 458 BATRACIENS ANOURES. très-court ; les fronto-nasaux ont chacun à leur angle pos- téro-externe une apophyse extrêmement grêle qui les met en connexion dans toute la longueur de celle-ci avec lPapophyse montante du maxillo-jugal. Les trous dans les- quels sont logées les narines sont de beaucoup plus petits que chez les Grenouilles. Le corps des vertèbres ressemble à celui des mêmes os, chez les Alytes et les Sonneurs, et les apophyses transverses de la neuvième pièce de l’échine sont, comme chez ces derniers aussi, dilatées en palettes ; ici elles ont trois côtés égaux, dont le latéral externe est garni d'un cartilage légèrement recourbé en dessous. Les autres apophyses transverses rentrent au contraire dans la forme et la disposition de celles des Grenouilles.. Celles de la troisième et de la quatrième vertèbre sont les plus grandes de toutes ; elles sont aplaties, assez longueset fortes, dirigées un peu obliquement en arrière ; celles de la seconde vob sont un peu moins Dont et dirigées direc- tement en dehors, de même que celles de la cinquième, sixième, septième et huitième; mais celles-ci sont beaucoup plus faibles. Les os des hanches ne diffèrent pas non plus de ceux des Grenouiiles. Le lobe droit du foie est très-peu développé, tandis que le gauche l’est au contraire beaucoup ; celui-ci est comme plié longitudinalement en deux, de droite à gauche, il offre plusieurs scissures longitudinales près de ses bords. N'ayant eu l'occasion d'examiner que des individus fe- melles, nous ignorons si l’autre sexe est pourvu de sacs vocaux. Le genre Mégalophrys a été proposé par Kuhl; il ne renferme encore qu’une seule espèce. E MÉGALOPHRYS MONTAGNARD. Megalophrys montana, Kuhl. Caracrères, Dessus du corps olivâtre; une tache nojrâtre trian- gulaire ou en forme d’Y sur la tête. SYNONYMIE. Megalophrys montana. Kuhl. Mus. Lugd. Megalophrys montana. Wag]l. Syst. Amph. pag, 204. Cerutophrys montana. Schlegel. Abbild. pag. 29, tab. 9, fig. 3. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. MÉGALOPHRYS. 1. 4D9 DESCRIPTION. Formes. La tête a une largeur double de sa longueur ; ses cô- tés, qui sont perpendiculaires , forment un angle obtus tronqué au sommet ; sa face supérieure offre un plan horizontal parfai- tement uni. Les yeux sont assez grands , médiocrement saillants, tout à fait latéraux; leur intervalle est une fois plus large que la paupière supérieure , qui offre quelques petites rides et deux ou trois légers tubercules. Les narines sont ovales. Il y'a un pli en travers de la nuque , puis un autre en travers des reins etun petit cordon glanduleux le long de chaque côté du dos. Les épaules portent chacune un tubercule conique noir; les flancs en sont se- més de semblables, entremélés de glandules granuliformes. Les doigts et les orteils ont leur extrémité légérement renflée , mais ils sont parfaitement lisses en dessous, ainsi que les paumes et les plantes. CoLorATION. Une teinte olivâtre est répandue sur les parties supérieures, qui offrent des marbrures noirâtres; les membres postérieurs sont marqués de bandes transversales de la même cou- leur; on voit sur le crâne une grande tache, noirâtre aussi, ayant tantôt la figure d’un triangle, tantôt celle di Y. Les mar- brures , les bandes et la tache de nous venons de parler sont souvent lisérées de blanc. Les régions inférieures présentent éga- lement des marbrures, mais en général elles sont plus largement dessinées, et d’un noir foncé sur un fond jaunâtre . Les tarses et le enibre des cuisses sont colorés en noir ; des taches de cette couleur sont disséminées sur la face inférieite des membres. On voit une raie noire entre la narine et l’œil, sous FE elle s’é- tend en se dilatant triangulairement ë Dimensions. 7éte. Long. 2” 5”, Tronc. Long. 5° 6. Membr. antér. Long. 4” 8°”. Membr. poster. Long. 10° 2”. ParriE. Cette espèce est originaire de Java. Nous possédons plusieurs échantillons , qui nous ont été envoyés du Musée de Leyde. Observations. M. Schlegel a donné une bonne figure de Mega- lophrys montana, dans ses Æbbildungen; c’est au reste la seule que renferment encore aujourd’hui les ouvrages d’erpétologie. 469 BATRACIENS ANOURES. XIIe Ge PÉLODYTES. —PELODYTES (4). Fitzinger. (Obstetricans, part. Dugès; Alytes, part. Tschudi ; Arethusa, nob.M. S.S.) Canacrères. Langue disco-ovalaire, à peine échan- crée, mais libre à son bord postérieur. Un groupe de dents vomériennes à l’angle antéro-interne de chaque arrière-narine. Tympan distinct; trompes d'Eustachi de moyenne grandeur. Quatre doigts libres. Orteils déprimés, réunis par une membrane , tantôt excessi- vement courte, tantôt assez développée. Premier os cunéiforme faisant une saillie arrondie. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée, dilatées en palettes triangulaires. Les Pélodytes sont très-voisins des Alytes ; extérieure- ment, par exemple, ils Îcur ressemblent presque en tous points, excepté qu'ils n'ont pas comme eux le corps trapu des Crapauds, mais les formes élancées des Grenouilles et mieux encore des Rainettes , dont ils se rapprochent à plu- sieurs égards. Intérieurement ils ressemblent encore aux Alytes par la dilatation en palettes, allongées et pointues aux deux bouts, des apophyses transverses de leur neu- vième vertébre, apophyses qui sont presque aussi étendues que les os des hanches, sur fesquels elles s'appuient. Mais les Pélodytes n’ont pas, comme les Alytes, une longue rangée transversale de dents vomériennes en arrière des narines inférieures ; il en existe seulement un petit groupe à l’an- gie antéro-interne de chacune de celles-ci ; puis les indi- (1) De runoc, palus , marais, et de durnc, urénator qui plonge ; qui se cache dans les eaux des marais. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PÉLODYTES. 461 vidus mâles sont pourvus d’un sac vocal qui communique avec la bouche par deux grandes fentes , situées l’une à gau- che, l’autre à droite de la langue, tandis que les Alytes n’en possèdent point. La langue des Pélodytes est un grand disque ovale, libre à son bord postérieur, qui offre une échancrure à peine sensible. Ces Batraciens Anoures ont leur membrane du tympan très-distincte au travers de la peau ; leurs trompes d’Eustachi sont très-petites, mais moins cependant que celles du Sonneur à ventre couleur de feu. Leurs doigts, au nombre de quatre, sont médiocrement forts, cylindriques ou un peu déprimés, complétement libres et légèrement ren- flés en dessous, à leur extrémité; le premier est le plus court, le troisième le plus long, et les deux autres sont presque égaux. Les orteils sont à proportion plus grèles, plus allongés et plus aplatis que les doigts; une courte membrane les borde latéralement et les réunit entre eux à leur base ; cependant cette membrane prend un certain dé- veloppement à l’époque de l’année où les deux sexes se re- cherchent pour opérer l'acte de la reproduction. La saillie que fait le premier os cunéiforme est oblongue , ar rondie en dessus et médiocrement développée. Nous ne connaissons encore qu'une seule espèce qui puisse être rapportée à ce genre, c’est celle qui a été décrite par Daudin sous les noms de Rana punctata et de Rana plicata, celle-ci d’après un individu mâle , celle-là d’après un sujet femelle : erreur sur laquelle, plus de vingt ans après , Fitzinger enchérit encore en plaçant la Rana plicata dans son genre Bombinator, pendant qu'it laissait la Rana punctata parmi les Grenouilles ; mais plus tard , abandon - nant cette maniére de voir, il considéra la première comme appartenant au genre Cystignathus , et la seconde comme devant former un groupe particulier pour lequel il proposait le nom de Pelodytes. C’est au moins ce que nous apprend, dans sa Faune italienne , le prince Ch. Bonaparte, auquel Fitzinger fit cette communication par lettre , sans toutefois AG2 BATRACIENS ANOURES. lui mander la caractéristique de ce genre nouveau, qui, comme on le voit, n'avait pas encore été publié, mais qui le futipresque aussitôt par le prince lui-même. C’est en effet dans la Faune italienne, à Particle du Pelodytes puñctatus, que se trouvent exposés pour la première fois les caractères du genre dont cette espèce est le type; c’est encore là que se trouve la seule figure réellement bonne qui ait paru jusqu'ici de ce Batracien, en même temps que la liste complète et parfaitement exacte des différents noms qu’il avait reçus jusqu'à cette époque. Mais le prince a omis de dire que nous aussi, nous avions déjà érigé en genre la Rana punctata de Daudin; et que, moins réservés à son égard que M. Fitzinger, nous lui avions fait connaître, et le nom (4rethusa } dont nous voulions appeler ce genre, et les caractères sur lesquels nous le faisions reposer. Il aurait dû, ce nous semble, d'autant moins loublier, que ces mêmes caractères, qu'il a publiés, il les a textuellement traduits du manuscrit que nous lui avions communiqué. Il aurait pu ajouter également que c’est aussi par nous qu’il a appris que la Rana punctata et la Rana plicata de Daudin ne sont qu’une seule et même espèce, qu'il n'avait jamais vue avant que nous lui eussions donné les individus d’a- près lesquels il a fait sa description ; enfin que la figure qui accompagne celle-ci est la copie d’une des peintures sur vé- lin, que nous avons fait exécuter par M. Redouté jeune pour la riche collection que possède notre Muséum d’his- toire naturelle. Il ne paraît pas que Wagler ait connu le Pelodytes punc- tatus , car il n’en est nulle part question dans ses ouvrages ; mais il a été Pobjet de lattention de Dugès, qui en a fait connaître l’ostéologie dans son beau travail sur les méta- morphoses des Batraciens. Ce fut lui qui, le premier, Véloi- gna des Grenouilles pour le rapprocher des genres d’Anou- res avec lesquels il offre en effet le plus grand nombre de traits de ressemblance , nous voulons dire les 4/ytes, aux- quels il l’avait réuni sous le nom générique d’Obstetricans PHANÉROGLOSSES KANIFORMES: G. PÉLODYTES. 1. 463 ou accoucheur, Nous avons dit plus haut quelles sont les raisons qui nous ont engagé à l'en séparer. A l'exemple de Dugès, M. Tschudi a placé le Pelodytes punctatus dans le genre Alytes de Wagier. 1. LE PÉLODYTE PONCTUX. Pelodytes punctatus. Ch. Bonaparte. CARACTÈRES. Dessus du corps tacheté de noirâtre, sur un fond vert à l’état de vie, grisâtre aprés la mort. SYNONYMIE. ARana: punctata. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 51, tab: 16, fig. 11. Räna punctata. Id, Hist. Rept. tom. 8, pag. 100. Bäna plicata.Xd. Gren. Rain. Crap. pag. 53. Rana plicata. Hist. Rept. tom. 8, pag. 102. Rana. Daudini. Nar. « et €. Merr. Syst. Amph. pag. 177. Rana punctata. Fitzing. Neue Classif. Rept. pag. 64. Bombinator plicatus. Fitzing. Neue Classif. Rept. pag. 65.: Rana plicata. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom. 2, pag. 106. Obstetricans punctatus. Dugès, Rech. Batrac. pag. 7. Cystignathus punctatus. Fitz. in Litter. Carl. Bonap. Pelodytes plicatus. Id. loc. cit. Alytes punctatus. Æschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neüch. tom. 11, pag. 84. | Pelodytes punctatus. Ch. Bonap. Faun. ital. eu figur. 1 DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a la tête déprimée, triangulaire. Le bout du museau est arrondi et un peu proéminent ; l’intervalle des narines est moitié moindre que celui des yeux, et à peu prés égal au diamètre dir tympan. Le chanfrein, l’espace inter-oculaire et l’occiput forment un seul et même plan horizontal. Le canthus rostralis est bien marqué. On remarque une parotide allongée, étroite, au-dessus de l'oreille, et une glandule à chaque coin de la bouche. Tout le dessus du corps est semé de petites verrues d’inégale grosseur ; chez les mâles, plusieurs de ces verrues forment de chaque côté du tronc deux séries longitudinales qui parcourent, l’une le côté du dos , l’autre le haut du flanc ; le bas de celui-ci est séparé du ventre par un repli de la peau. Ces mêmes individus mâles portent à l’époque de l’accouplement une 464 . BATRACIENS ANOURES. petite plaque ayantl’apparence d’une râpe, dechaque côté de la poi- trine , une seconde plus grande sous le bras, une troisième encore plus grande sous l’avant-bras, puis une quatrième, mais bien plus petite, sur le premier doigt, et une cinquième sur le second doigt : ces plaques rugueuses sont sans doute autant d’instruments à l’aide desquels les mâles se maintiennent, se cramponnentsurle dos des femelles. I existe à la paume de la main trois tubercules ovalaï- res , un petit et deux gros, mais les faces plantaires sont lisses. COLORATION. En dessus, ce petit Batracien est agréablement tacheté de vert tendre, sur un fond fauve mélangé de cen- dré. En dessous il est blanc, offrant parfois une teinte carnée ; ses flancs sont souvent marqués de petits points orangés,, Les plaques rugueuses qui se développent au printemps sur la poi- trine et sur les membres antérieurs des mâles sont d’une belle teinte violette , lorsque l’animal est vivant ; noirâtre , lorsqu'il est mort. La couleur verte des parties supérieures disparaît aussi avec la vie ; c’estune teinte noirâtre qui laremplace. DE Téle. Long. 1” 5”. Tronc. Long. 2” 2”. Membr. antér. Long. 1” 9”. Membr. postér. Long. 5”. Parrie. Cette espèce n’a encore été trouvée qu en France. Nous avons eu souvent occasion d'observer et de conserver vivants des individus que nous avions recueillis dans ancien parc de Sceaux-Penthièvre , près Paris. Nous les voyions au pre- mier printemps dans de petits étangs, anciens restes des grandes pièces d’eau, et puis en automne au milieu des buissons de ronces qui bordaient les murs du parc, exposés au plein soleil du midi. En ayant conservé dans des bocaux , nous avons pu vérifier par nous-même l’observation qu'avait faite Daudin, tonchant la faculté que ce joli petit Batracien possède de grimper , presque aussi facilement que les Rainettes , le long d’un plan vertical et tès-uni, comme sur les parois d’un vase.de verre ou de porce- laine. Ce Pélodytes coasse sous l’eau comme les vraies Grenouilles. Le mode de reproduction de cette espèce nous est encore in- connu, Nous croyons cependant nous rappeler qu’elle pondait ses œufs en longs chapelets. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. @. ALYTES. 465 XIII GENRE. ALYTES.— AL YTES (1). Wagler. Caracrères. Langue circulaire, épaisse, entière, adhérente, creusée de quelques sillons longitudinaux. Des dents palatines formant, en arrière des orifices in- ternes des narines, une longue rangée transversale interrompue au milieu. Tympan distinct; trompes d’Eustachi très- petites. Quatre doigts libres; orteils réunis en partie par une membrane épaisse ; saillie du premier os cunéiforme, se présentant sous la forme d’un petit tubercule. Pas de sacs vocaux sous la gorge. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Ce genre a été établi par Wagler pour une espèce de Ba- traciens Anoures de notre pays, que son corps trapu, ses membres courts, épais, sa peau verruqueuse, son tympan distinct et surmonté d’une parotide, ont fait considérer long- temps comme appartenant au genre des Crapauds , dont elle s'éloigne au contraire par deux caractères bien importants. Un de ces caractères est tiré de la conformation de la langue, et l’autre, de l’existence de dents à la mâchoire supérieure, ainsi qu'au palais ; particularités d'organisation sur lesquelles le savant auteur du Vaturalische System der Amphibien, s’est principalement fondé pour faire du Bufo obstetricans un genre à part, qu'il a proposé de désigner par le nom d’Alytes, généralement adopté aujourd’hui. Nous devons cependant dire, qu'avant Wagler, Merrem avait déjà retiré ce même Bufo obstetricans d’avec les Cra- pauds, mais pour le placer d’une manière également peu convenable, c’est-à-dire dans son genre Bombinator, dont (1) De aavrue, ligator, lictor, qui lie, par allusion à la manière dont les œufs sont liés les uns aux autres et attachés a la base des cuisses. REPTILES, VIII. 30 466 BATRACIENS ANOURES. V'Alytes accoucheur, ce qui est assez bizarre , n’offre même ni l’une ni l’autre des deux principales marques distinctives ; savoir, de manquer de parotides et d’avoir la mächoire supérieure dépourvue de dents. On doit croire que Merrem n'avait jamais observé cette espèce par lui-même ; autre- ment il n’aurait pas commis une erreur aussi évidente. Les Alytes ont la langue arrondie, adhérente de toutes parts et creusée de quelques petits sillons dans le sens de sa longueur; le bord postérieur de leur vomer est armé de petites dents disposées sur une rangée transversale située presque immédiatement après les arrière-narines, rangée qui est légèrement interrompue au milieu. On distingue très-bien au travers de la peau leur membrane du tympan, qui offre un certain diamètre; néanmoins leurs trompes d’Eustachi sont assez petites. Nous n’avons pu découvrir de sacs vocaux chez les individus mâles , même à l’aide de la dissection. Les Alytes ont quatre doigts libres, déprimés et sans renflements à leur face inférieure; le premier est plus court que le quatrième, le quatrième que le second, et le second que le troisième. Les orteils sont plus aplatis que les doigts, obtusément pointus, lisses aussi en-dessous et réunis entre eux par une membrane épaisse et fort courte, qui s'étend en bordure à droite et à gauche le long de leur por- tion libre. La paume de la main offre trois tubercules assez prononcés, mais on n’en remarque qu’un seul à la plante du pied ; c’est la saillie du premier os cunéiforme. Les apo- physes transverses de la neuvième pièce de l’échine des Alytes ‘sont en partie cartilagineuses et dilatées en palettes triangulaires (1). Les Alytes sont en quelque sorte aux Raniformes à corps trapu, ce que sont les Discoglosses aux espèces à formes élancées, car ils reproduisent à peu près les caractères géné- riques de ces derniers. (1) Voyez, page 66 du présent volume, les détails concernant les particularités du squelette chez les espèces qui ont les membres posté- rieurs plus courts. PIANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. ALYTES. &, 467 1. L'ALYTES ACCOUCHEUR. Alytés obstetricans. Wagler, Caracrères. D'un gris roussâtre ou olivâtre , semé de petites taches brunes. SyNonyMiE. Rana camipanisona. Gesn. Petit Crapaud terrestre mdle, accoucheur de sa femelle. De- mours. Hist. Acad. scienc. 1741, pag. 29. Bufo obstetricans. Laur. Synops. Rept. pag. 28 et 128, Rana campanisona. Laur. loc. cit. pag. 30 et 133. Rana Bufo , var. 4. Gmel. Syst. nat. tom. 1, pag. 1047. Rana Bombina, var. 9, Id. loc. cit. pag. 1048. Crapaud accoucheur. Daub. Dict. anim. pag. 612. Bufo obstetricans. Brong. Bullet. Sociét. Philom. an vint, n° 2, pag.-91, PI. 6, fig. 4. Variété du Chasaud commun. Rene Quad. ovip.t. 1, p. 579. Bufo obstetricans. Latr. Hist. Salam. pag. XL, Bufo obstetricans. Id. Hist. Rept. tom. 2, pag. 112, fig. +. Bufo obstetricans. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 87, tab. 32, fig. Te Bufo obstetricans. Id. Hist. HAE tom. 8, pag. 176, et Tabl. méth. pag. 434. Rana obstetricans. Wolf. Deutschl. Faun. Sturm. Abth. 111, heft 4. Crapaud accoucheur. Cuv. Règn. anim. 1'e édit. tom. 2, p. ne Bombinator obstetricans. Merr. Tent. syst. amph. pag. 179. Bufo obstetricans. Fitz. Neue Classif. Rept. pag. 65; spec. r. Bombinator obstetricans. Gravenh. Delic. mus. Vratilat, p. 68, spec. 2. Crapaud ‘accoucheur. Cuv. Régn. anim, 2° édit. tom. », pag: 110. Obstetric toad. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9 , pag. 400. Accoucheur vulgaire. Dugès. Rech. Batrac. pag. 7. Alytes chstbtiiéan Wagl. Descript. Icon. Amph. fab. 22, fig. 3-5. Alytes obstetricans. YA. Syst. amph. pag. 206. Alytes obstetricans. Schinz. Faun. helvét. nouv. mém. sociét. helvét. scienc. nat. tom. 1, pag. 145. Alytes obstetricans. Tschudi. Isis (1837), Heft IX, pag. 702. 30, 463 BATRACIENS ANOURES. Alytes obstetricans. Td. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. Tom. 2, pag. 84. Alytes obstetricans. Ch. Bonap. Faun. Ital, pag. et pl. sans n°. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce ne parvient guère qu’à une dizaine de centimètres de long, mesurée du out du museau à l’extrémité des orteils. Elle a la tête déprimée:, coupée presque verticale- ment de chaque côté on aux régions temporales, et parfaitement plane derrière et entre les yeux, qui sont très-saillants; le museau étant très-convexe, le canthus rostralis n’est point du tout marqué; la bouche décrit un demi-cercle , en suivant le con- tour des mâchoires. Les narines s'ouvrent sur le bout du museau, séparées par un intervalle égal à celui des yeux, ainsi qu’à celui qui existe entre chacune d'elles et l’angle antérieur de l’orbite, du même côté. Le diamètre du tympan est un peu moindre que la largeur de la paupière supérieure , qui est irrégulièérement ridée et peut-être même finement mamelonnée. Le trou pupil- laire a une forme linéaire. Le bord tranchant de chaque branche sous-maxillaire, qui est partout très-uni, forme une courbe assez prononcée ; de sorte que la mâchoire inférieure est un peu plus haute à droite et à gauche qu’en avant ou au-dessus du menton. Les pattes de de- vant, placées le long du tronc, atteignent à la racine de la cuisse; celles de derrière , étendues vers l’épaule, dépassent le bout du museau de toute la longueur du quatrième orteil. Il existe au- dessus de l'oreille une glande oblongue percée de très-petits pores ; quelques plis glanduleux se font remarquer en arrière des angles de la bouche et de la membrane du tympan. Tout le dessus du corps est semé de très-petites verrues; on en observe aussi, mais encore plus petites, à la face inférieure du tronc et des membres ; la région gulaire est lisse. CoLoraTion. Ce petit Batracien a ses parties supérieures d’un brun tantôt grisâtre, tantôt olivâtre, faiblement et irrégulière- ment marquées de nombreuses petites taches brunes, parmi les- quelles on en voit assez souvent de roussâtres, ou de couleur de brique. En dessous , il est blanc, finement piqueté de noirâtre à la gorge, vers les bords de l’abdomen , dans les aines et sous les tarses. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. ALYTES. 1. 469 Dimensions. Zéte. Long. 1” 8”. Tronc. Long. 3” 5”. Memb. antér. Long. 2° 5°”. Memb. postér. Long. 5” 5”. Parrie er moeurs. L’#/rtes obstetricans habite presque toutes les parties de l’Europe tempérée, cependant il semble préférer le nord au midi. Il est très-commun en France et particulièrement aux environs de Paris. Il fuit la lumière du jour. Nous avons déjà fait connaître dans ce volume, en traitant des particularités de la reproduction offertes par quelques espèces, celle que présente le Crapaud accoucheur (1), observé par Demours en 17;8 ; mais nous allons joindre ici la traduction de la partie historique. donnée par Wagler dans ses Descriptions et figures des Amphibies, partie seconde , page 11, en ÿ réunissant nos propres observations sur les métamorphoses de ce Batracien. On le trouve en France , en Suisse, en Allemagne, dans les régions méridionales et assez fréquemment sur les bords du Rhin. | Sa voix ressemble au son d’une clochette de verre, tant ce brut est aigu ; mais il ne le produit guère qu’au premier printemps, à l’époque de ses amours. Il s’accouple en effet à la fin de mars ou au commencement du mois d'avril. La femelle pond de cinquante à soixante œufs arrondis ayant au plus la grosseur d’un grain de millet et offrant d’abord une couleur d’un jaune pâle. Le mâle aide la femelle à les faire sortir du corps, et au fur et à mesure qu'ils se suivent en formant comme un chapelet, étant liés entre eux par une sorte de glaire tenace , il les fait tourner, ou les arrange autour de ses cuisses; la matière gluante qui les recouvre se dessèche et devient comme élastique tant pour les filets qui les joignent que pour la coque qui renferme l'embryon. Chärgé de ce précieux fardeau, qui gêne le mouvement des pattes postérieures, il’ se retire dans des galeries souterraines, à deux ou trois pieds, de profondeur , où il reste caché pendant le jour jusqu’à la parfaite maturifé des œufs. Wagler annonce que tont ce qui va suivre lui a été communi- qué par le savant docteur Louis Agassiz, trés-zélé naturaliste et surtout très-habile zoologue. et anatomiste. Au mois d'avril , en arrachant de terre une racine de tussilage ou pas-d’âne , il observa cet animal pour la première fois. Il était (1) Tome vu, pages 216-218. 470 BATRACIENS ANOURES. blotti entre les racines, à la profondeur d’un pied , dans un ter- rain marneux, dense et humide. Plus tard, il en trouva plusieurs autres à plus.de deux pieds de profondeur , tellement entourés de la terre qu’elle semblait moulée sur leur corps, sans trace du chemin qui avait pu conduire l’animal dans cette retraite. Elles étaient toutes femelles , dit M. Agassiz (nous avons , nous, la persuasion que c’étaient des mâles) ; leurs cuisses étaient gar- nies de leurs œufs jaunes ; chacun de ces œufs formaitcomme un petit sac retenu par des filaments courts , flexibles, de manière à pouvoir se déplacer ; la masse du sac pouvait être regardée comme la glaire épaissie dont le frai de Grenouille est générale- ment enveloppé , mais figurant les perles d’un chapelet. L'auteur ajoute : 11 est probable que la reproduction a lieu comme dans le Crapaud à ventre couleur de feu, le mâle saisis- sant la femelle au défaut des lombes et la conan dans cette por one L'accouchement se faisant , il dispose le chapelet au fur et à mesure autour des cuisses, le plus souvent sur l’une et l’autre , en 8 de chiffre, quelquefois autour d’une seule. Dans les premiers jours après la ponte , les œufs n’offrent au- cune partie distincte : ce sont des globules ovales, jaunes, d’un quart de ligne de diametre; mais après peu de jours, leur énve- loppe laisse remarquer deux points obscurs qui sont les yeux. Plusieurs jours après, ces œufs étant devenus complétement trans- parents, on distingue mieux les diverses parties de l’animal qu'ils renferment, telles que la bouche, les narines et la queue du têtard repliée et ee autour du te. Plus tard on apercoit les mouvements du cœur et la circulation ; le jaune de l’œuf dimi- nuesensiblemenrt en quantité, et les mouvements du petit animal augmentent ; ils sont trés-vifs. et s’opérent par saccades. Trois semaines après, les œufs avaient la grosseur d’un petit pois, les pellicules qui les enveloppaient se rompaient par suite des efforts des tétards qui s’agitaient continuellement ; la mère (ou le père) inquiet, cherchait à'se débarrasser de ces pa M. Agassiz les ayant déposés dans’ une assiette remplie d’eau, les petits têtards rompirent bientôt leurs enveloppes et en sor- tirent avec rapidité, puis ils S’arrêtérent et se mirent à nager en se servant de la queue comme d’un aviron. Ceux de ces œufs qui ne furent pas placés dans l’eau laissérent sortir également les têtards, qui moururent bientôt, même ceux qu'on essaya de replacer dans Peau. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. SCAPHIOPE. 471 EEE XIV: GENRE. SCAPHIOPE.—SCAPHIOPUS (). Holbrook. Garacrères. Vertex rugueux. Langue disco-ovalaire, libre et faiblement échancrée à son bord postérieur. Deux groupes de dents vomériennes, situés entre les arrière-narines. Tympan distinct; trompes d'Eu- stachi de moyenne grandeur. Quatre doigts réunis à leur base par une membrane natatoire ; pas de rudi- ment de pouce extérieurement. Pieds complétement palmés ; un éperonaplati, tranchant à la racine du pre- mier orteil. Un sac vocal sous-gulaire, chez les mâles. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes trianguliaires. Le genre Scaphiope diffère de tous les genres précédents par la palmure de ses mains, dont les quatre doigts sont courts, déprimés et sans renflements à leur face inférieure ; les deux premiers et le dernier sont à peu près égaux, le troi- sième est d’un tiers plus long, Il n’y a pas d'apparence de pouce à l’extérieur ; mais on le retrouve sous la peau , réduit, comme c’est le cas ordinaire, à la dernière phalange ou à la phalangette, qui est portée sur un petit métacarpien, Les deux premiers doigts ont la leur plus forte et plus dilatée transversalement, dans leur moitié basilaire, que chez les Grenouilles , les Pélobates, etc. Les orteils sont, comme les doigts, lésèrement déprimés et parfaitement lisses en dessous ; mais la membrane natatoire (1) De nav, coutre, instrument propre a diviser la terre, placé au-dessus du soc de la charrue (rutum), et de æovs , pied; patte propre à diviser la terre. 472 BATRACIENS ANOURES. qui les réunit s'étend jusqu’à leur extrémité , au lieu que celle des doigts a tout au plus la moitié de la longueur de ceux-ci. Le premier os cunéiforme se montre à l'extérieur comme une lame ovale, tranchante à son bord libre, de même que chez les Pélobates. Les Scaphiopes se rapprochent encore de ces derniers par la rugosité de leur région frontale et de leur vertex, ainsi que par la forme de leur langue, qui est presque circulaire, très-faiblement échancrée à son bord postérieur, et par la saillie que font leur sphénoïde et leurs os palatins ; mais ils s’en éloignent par la présence manifeste d’une mem- brane du tympan ; leurs trompes d’Eustachi sont assez grandes. Les dents vomériennes sont disposées positivement entre les arrière-narines, sur une rangée transversale très- saillante et largement interrompue au milieu. Les mâles ont sous la gorge, mais intérieurement, une vessie vocale qui communique avec la bouche par deux grandes fentes longi- tudinales placées , l’une à droite, l’autre à gauche de la lan- gue. Îci, contrairement à ce qui existe chez la plupart des autres Raniformes, c’est la paupière inférieure qui est la plus courte , et la supérieure la plus longue, De là il résulte naturellement que, dans l'acte de l’occlusion, ce n’est plus la paupière d’en bas qui s'élève, mais celle d'en haut qui s’a- baisse. 6 L’estomac des Scaphiopes, au moins de la seule espèce qu'on connaisse, est beaucoup plus ample que dans les Grenouilles; il a l'apparence d’un grand sac; l'intestin, au contraire, est bien plus court que dans la plupart des Anoures. Les fosses temporales ne sont pas cachées sous une voûte osseuse, et les apophyses transverses de la neuvième ver- tèbre forment une grande palette triangulaire, de chaque côté du bassin. Ce genre a été établi par M. Holbrook, dans le premier volume de sou Erpétologie de l’Amérique du Nord. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. SCAPHIOPE. 1. 473 1. LE SCAPHIOPE SOLITAIRE, Scaphiopus solitarius, Holbrook. CaracrÈènes: Une parotide au-dessus du tympan. Dos d’un brun olivâtre, orné d’une bande jaune , de chaque côté. SyNoNymie. Scaphiopus solitarius. Holbr. North-Amer. Herpet. vol. 1, pag. 85, pl. 12. Scaphiopus solitarius. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. IL, par. 85. DESCRIPTION. Formes. La tête de cette espèce a beaucoup de ressemblance avec .celle d’un grand nombre d'Hylæformes. Elle est courte, épaisse , large et coupée verticalement de chaque côté en arrière des yeux, et brusquement rétrécie en angle aigu en avant de ceux-ci, ce quin’empéche pas la bouche d’avoir son contour régu- lièrement arqué en demi-cercle, parce que les régions frénales, qui sont hautes, penchent assez fortement l’une vers l’autre. Le bout du museau est taillé tout à fait à pic; les narines en oc- cupent le sommet, trés-rapprochées et comme exhaussées cha- cune sur une petite éminence. Le vertex est légèrement con- vexe et le front un peu concave ; Ces deux régions, ainsi que le chanfrein , sont hérissées de petites-aspérités granuliformes , mais les autres parties de la tête sont lisses. Les yeux sont grands , laté- raux et protubérants au-dessus du crâne. Le diamètre du tympan est.égal à la largeur dela paupière supérieure qui , en s’abaissant , couvre à elle seule tout le globe de l'œil ; l’inférieure est moitié moins développée: L’intervalle des orbites est double de celui des narines. Il y à une grosse glande poreuse de chaque côté de la nuque, et plusieurs petites'sur la région voisine du bord:postérieur de la membrane du tympan. Partout ailleurs la peau est lisse, si ce n’est peut - être sur les flancs, où elle nous paraît légèrement mamelonnée. Cependant M..Holbrook , qui a observé des indivi- dus frais , dit que le dos est semé de petites verrues. Lorsqu'on couche les membres. postérieurs le long du tronc, ils dépassent le museau de la moitié du quatrième orteil; les antérieurs , placés de lamême manière, atteignent à l’extrémité du coccyx. CoLoraATION. Rien n’est plus simple que le mode de coloration que nous offre l’individu conservé dans la liqueur alcoolique, d’a- 474 BATRACIENS ANOURES, près lequel nous faisons cette description ; un brun foncé le colore uniformément en dessus , etses parties inférieures sont blanches. Mais il paraît qu'il en est tout autrement lorsque l’animal est vi- vant; car, selon M. Holbrook, la mâchoire supérieure est d’un jaune verdâtre et l’inférieure d’un blanc jaunâtre. L’iris offre un cercle d’or divisé en quatre parties par deux lignesde couleur noire, comme la pupille. Le dos porte, sur un fond d’un vert jaunâtre , des taches confluentes d’un brun foncé, auxquelles s’en mêlent d’une teinte rougeâtre orangée. Deux raies flexueuses d’un jaune pâle s'étendent, l’une à droite, l’autre à gauche , depuis l'orbite jusqu’à l’orifice anal ; une autre , de la même couleur, parcourt chaque flanc, depuis l’épaule jusqu’à l’origine de la cuisse. Le tympan est aussi d’un vert jaunâtre , la gorge d’un blanc jau- nätre et l’abdomen d’un blanc sale. Le dessus des membres pré- sente la mème coloration que le dos, excepté que les taches brunes de ceux de derriere se dilatent en forme de bandes transversales ; leur face inférieure est d’une teinte couleur de chair. Le bord libre de l’ergot est noir. Dimensions. Téle. Long. 1” 7°”. Tronc. Long. 3” 2°”. Membr. antér. Long. 2 HSE Membre postér. Long. 67, Parme. La Caroline , la Géorgie et le Tennessée sont les parties de l'Amérique du nord où cette espèce a déjà été rencontrée ; il est probable que ce ne sont pas les seules qu’elle habite , et que de nouvelles recherches la feront découvrir sur Da points des États-Unis. M. Holbrook nous apprend que ce Patracien ne fréquente les eaux qu’à l’époque où s'opère l’acté de la reproduction ; ; en tout autre témps, il fait sa demeure dans des. trous de cinq à six pouces de profondeur ( mesure anglaise) qu’il creuse lui-même à l’aide de ses ergots tranchants, qui font l'office de bêches, et de ses jambes , qui lui servent commede pelles. À moins de pluie con- tinuelle , il ne sort guère que vers le soir, passant tout le jour, à peu près comme le Fourmilion, à épier, pour en faire sa proie, les malheureux insectes que leur imprudence conduit dans ‘sa retraite. Il saute peu, eten général ses mouvements-de progres- sion ne sont pas très-vifs. Il apparaît en mars , après les grandes pluies du printemps. Les deux sexes se recherchent immédiate- ment. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PÉLOBATES. 47D XV: GENRE. PÉLOBATES.— PELOBATES(1). Wagler. ( Cultripes, J. Müller.) Caracrères. Tête protégée par un bouclier osseux, couvert de petites aspérités. Langue circulaire, libre et faiblement échancrée à son bord postérieur. Des dents vomériennes situées entre les arrière - narines, au niveau de leur bord antérieur. Pas d'oreille visible extérieurement. Ouvertures des trompes d'Eustachi très-petites. Quatre doigts complétement libres; pas de rudiment de pouce à l'extérieur. Orteils gros, réunis par une membrane épaisse; premier os cunéiforme formant un fort ergot aplati, tranchant. Pas de vessies vocales. Apophyses transverses de la vertébre sacrée dilatées en palettes ou en ailes. Les Pélobates ont un ensemble de formes ramassées , tra- pues, qui leur donneune grande ressemblance extérieure avec les Crapauds. On les reconnaît principalement au grand et large éperon aplati et tranchant qui arme leur talon, ainsi qu'à la structure de leur tête, dont les os du dessus et des co- tés sont plus où moins complétement réunis en une sorte de bouclier hérissé à sa surface de petites aspérités granuleuses d'autant plus apparentes, que la peau qui le recouvre est, sur quelques perties de sa surface ou sur presque toutes, très- mince et fortement adhérente. Chez une espèce, l'orbite est tout à fait fermée en arrière, et la fosse temporale complé- tement cachée par suite de expansion des os fronto-pariétaux et des temporo-mastoïdiens ; mais chez une autre, le cercle orbitaire n’est pas complet, et la fosse temporale est encore à (1) Ancien nom.de la Grenouille, de x10s, marais, et de £aivo, je vais dans, j'habite. Qui per lutum graditur. 476 BATRACIENS ANOURES. découvert, On ne distingue pas la moindre trace d'oreille à l'extérieur, et les orifices des conduits gutturaux de cet or- gane, dont la forme est triangulaire, sont tres-petits. La langue est grande, épaisse, circulaire, semée de petites papilles lenticulaires , libre en arrière, où elle offre une échancrure légèrement arquée. Les dents vomériennes sont disposées sur une forte rangée transversale, largement inter- rompue au milieu ; rangée qui, de chaque côté, est contiguë au bord antérieur des arrière-narines. Gelles-ci sont ovales et assez grandes. Les os palatins font une forte saillie en tra- vers du palais, et le sphénoïde se fait remarquer par celle qu'il produit aussi, mais dans le sens longitudinal bien en- tendu , et à la région moyenne de cette partie supérieure de la bouche, qui se trouve ainsi offrir la figure d’un T en re- lief. La mâchoire inférieure n'offre point de saillie à son ex- trémité antérieure. Il n’existe pas de sacs vocaux chez les individus mâles. Les Pélobates ont les yeux latéraux et la pupille en fente verticale, On leur compte quatre doigts coniques, libres, un peu déprimés, comme tronqués et sans renflements bien dis- tincts sous les articulations ; le premier, le second et le qua- trième sont à peu près égaux ; le troisième est d’un tiers plus long. On ne voit point le moindre rudiment du pouce à l’ex- térieur. Leurs orteils, qui n’offrent pas non plus de véritables renflements sous-articulaires, sont légèrement aplatis, assez gros à la base, un peu pointus à l'extrémité, et réunis dansla presque totalité de leur longueur par une membrane épaisse, médiocrement extensible. Bes quatre premiers sont étagés, le cinquième est aussi court que le troisième. Le premier os cunéiforme est plus développé que dans aucun autre genre de Raniformes ; il constitue extérieure- ment une sorte d’éperon en forme, de plaque ovale, couchée en dedans sur le métatarse, ét dont lé bord libre est très- tranchant. La peau du corps est lisse ou parsemée de petites pustules ; mais il n’existe ni parotides, ni cordons glanduleux sur les PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PÉLOBATES. 1. 477 côtés du dos. Les mâles portent, sur la face supérieure du bras , une grosse glande ovalaire, percée d’une infinité de petits trous. La colonne vertébrale des Pélobates a de l’'analogie avec celle des Alytes, des Sonneurs, des Pélodytes et des Dis- coglosses, à cause de la dilatation en ailes ou en palettes des apophyses latérales de la neuvième des pièces qui la composent. C’est à Wagler qu’on doit l'établissement du genre Pelo- bates, dont le type est une espèce qu’on avait jusque-là ran- gée avec les Crapauds, sous le nom de Bufo fuscus, Ba- tracien d'Europe auquel, dans ces derniers temps, on a, fort à tort selon nous, voulu réunir, comme lui ressem- blant spécifiquement, la Rana cultripes de Guvier, qui en est au contraire très-différente, ainsi que nous allons le faire voir bien clairement tout à l'heure. = RES ue SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE PÉLOBATES. | Fu renflé longitudinalement, . 1. ?, Brun. parfaitement plan.) "1% re" 2. P. CuLTRIPEDE. 1. LE PÉLOBATES BRUN. Pelobates fuscus. Wagler. CARACTÈRES. Tête rugueuse sur le chanfrein et le vertex seule- ment. Surface postérieure de la tête fortement renflée longitudi- nalement. Éperons bruns ou jaunâtres. SYNONYMIE. Bufo aquaticus, allium redolens, maculis fuscis. Rœs. Histor. natur. Ran. Nostrat. Sect. IV , pag. 6q, tab. 15-19. Bufo fuscus. Laur. Synops. Rept. pag. 28 et 122. Bana bombina. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. IH, pag. 1048. Crapaud à bout de queue ( Rana ecaudata). Razoum. Hist. nat. Jor. tom. 1, pag. 281. 478 BATRACIENS ANOURES. Le Crapaud brun. Daub. Dict. Anim. Encycl. méth. Hist. nat. tom. IT, pag. 59». Le Crapaud brun. Lacép. Hist. nat. Quad. ovip. tom. 1, p. 5go. Bufo fuscus. Bonnat. Encyel. méth. Erpét. pag. 19, Spec. 7, tab. 6, fig. 3. A Jusca. Meyer, Synops. Rept. pag. 10. Bana fusca. Sturm. Deutsch. Faun. Abtheil. 111, Heft r. Bufo fuscus. Donnd. Zoolog. Beytr. tom. 3, pag. 5. Bufo fuscus. Schneïd. Hist. Amph. Fasc. n pag. 196, Spec.4. Bana alliacea. Shaw. Gener. Zool. Tom. 3, part 1, pag. 146, pl. 41 et 42. | Bufo fuscus. Latr. Hist. nat. Rept. tom. 2, pag. 109. Bufo fuscus. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 81, pl. 80, fig. 1. Bufo fuscus. Xd. Hist. nat. Rept. tom. 8, pag. 161. Wasserkrote mit braunen Flecken. Goëze. Europ. Faun. VII, pag. 87, Spec. 5. Crapaud brun. Cuv. Rêgn. Anim. 1e édit. tom. 2, pag. gs. Bufo fuscus. Merr. Tent. Syst. Amphib. pag. 187. Bombinator fuscus. Fitzing. Neue Classif. Rept. pag. 65, Spec. 3. Bombina marmorata. Koch. in Sturm, Deutschl. Faun. Ab- theil. 111, Heft 5-6, Rana Ve. Gravenh. Delic.Mus. Vratilav. pag. 82. Crapaud brun. Cuv. Règn. Anim. 2° édit. tom. 2, pag. 110 Bufo fuscus. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. Pelobates fuscus. Wagler. Syst. Amph. pag. 206. Pelobates fuscus. Ch. Bonap. Faun. Ital. pag. et pl. sans n°. Bufo fuscus. Krynicki. Observ. Rept. indig. sol Sociét. impér, Nat. Mosc. (1837), n° 3, pag. 68. Pelobates fuscus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. II, pag. 83. Pelobates fuscus, Duvernoy. Règn. anim. Cuv. illust. Rept. pl. 38, fig. «. DESCRIPTION. Formes. Le Pélobates brun a la tête d’un quart moins longue qu’elle n’est large en arrière, les yeux saillants , lé museau court, obtus , arrondi au bout et en dessus et assez abaissé en avant ; le canthus rostralis n’est point du tout marqué ; le milieu du crâne, PHANÉRO GLOSSES RANIFORMES. G. PÉLOBATES. 1. 479 à partir d’entre les yeux jusqu’à l’occiput, est fortement renflé, ce qui fait que la région céphalique postérieure semble être sur- montée d’une grosse protubérance longitudinale. La peau qui revêt le dessus de la tête est partout aussi épaisse que chez le commun des Batraciens anoures , excepté sur le vertex et le chan- frein , où sa minceur et son adhérence intime avec les os permet- tent de sentir et même d’apercevoir très-distinctement les petites granulations répandues à la surface de ceux-ci. La protubérance longitudinale dont nous venons de parler fait une légère saillie en dehors du bord postérieur du crâne, qui est un peu onduleux. Les narines sont ovales , de moyenne grandeur et assez écartées ou situées au niveau de l’angle antérieur de l’œil , de chaque côté de l’extrémité du museau. Si l’on examine le squelette, on voit que le cercle de l'orbite dont le diamètre est à proportion un peu moindre que chez l’espèce suivante, n’est pas non plus tout à fait complet en arrière; on voit également que la fosse temporale, qui est peu considérable, n’est point cachée sous une voñte os- seuse , comme cela existe, au contraire , chez le Pélobates cultri- pêde. Une particularité anatomique du Pélobates brun est d’avoir les apophyses transverses de sa neuvième pièce vertébrale dilatées en une grande palette ou une sorte d’aile , large au milieu, sagitiée en avant eten arrière, et dont la longueur est égale à celle de la tête. Les membres antérieurs offrent la même étendue que le tronc, les postérieurs sont une fois plus long. L’éperon aplati et tran- chant dont le talon est armé a une longueur égale à la largeur de l’espace qui sépare les yeux. Les mâchoires, et en général les côtés de la tête sont lisses, ainsi que le dessous du corps; mais la peeu du dos, au moins chez les individus que nous avons maintenant sous les yeux , est toute mamelonnée ; tantôt la surface des paupières supérieures estunie , tantôt elle présente quelques rides transversales en ar- riére , où bien elle est relevée de petits mamelons semblables à ceux de la région dorsale. COLORATION. Les sujets que nous possédons, conservés dans l’al- cool , sont en dessus d’un beau gris , ou roussâtres avec Ou sans marbrures noirâtres. Plusieurs offrent encore tout le long du dos les vestiges de la.bande jaune dont ils étaient ornés pendant leur vie; chez les uns, toutes les régions inférieures sont blanches ; 480 BATRACIENS ANOURES. chez les autres , elles sont piquetées , tachetées ou vermiculées de noir. Dans les sujets vivants, ces teintes sont plus claires , et assez souvent les flancs, les régions voisines des épaules et le dessus des cuisses sont semés de petits points rouges. Roësel compare les taches sinueuses on confluentes du dessus du corps à une carte géographique coloriée , où l’on verrait des fleuves et des îles, dont les rives seraient un peu plus claires. L’ergot est jaunâtre ou brun, mais jamais noir comme celui de l’espèce suivante. Dimensions. La grosseur de cette espèce est à peu près celle de la Grenouille verte; mais , ainsi que nous l’avons dit plus haut, le corps est plus ramassé et les pattes postérieures sont propor- tionnellement plus courtes. Les mesures suivantes sont celles d’un sujet de notre collection , lequel très-probablement n’était pas encore parvenu à la taille qu’il aurait dû avoir. Téte. Long. 2”. Tronc. Long. 4”. Memb. antér. Long. 3” 6”. Merb, postér. Long. 7” 6”. PaATRIE ET MOoEuRS. On trouve le Pélobates brun en Allemagne eten Fränce; ; il est assez commun aux environs de Paris , dans des mares situées sur la rive droite du canal, entre Poe et Bondy. Cette espèce semble n’habiter que les parties du nord ou voisines du nord, tandis que sa congénère , le Pélobates cul- tripède , ne paraît vivre que dans le midi ; car, d’après les*obser- vations que nous avons recueillies et celles que nous avons faites nous-mêmes, nous pouvons assurer qu'on ne rencontre le Pélo- bates cultripède, ni aux environs de Paris ni en Alsace, où le Pélobates brun existe, et qu’au contraire la Provence an celui-là et jamais ne Pac) Le mâle du Pélobates brun fait entendre un coassement qui a quelque rapport avec celui de la Grenouille et de la Rainette, quoiqu'il nait pas comme celles-ci de vessies vocales. La femelle forme une sorte de grognement; mais si on lui pince la cuisse, ainsi qu’au mâle, ils produisent une espèce de miaulement sembla- ble à celui d’un petit chat , eten même temps ils laissent exhaler une forte odeur d’ail. Cette odeur s’exhale avec d’autant plus de force que l’animal est plus inquiété ou agité ; non-seulement elle affecte l’odorat, mais elle agit même sur les yeux, comme celle qui provient de la racine du raifort ou des oignons qu’on coupe ; quelquefois elle semble être mêlée à celle de la poudre à canon ou du gaz acide sulfhydrique. Roësel, de qui nous empruntons ces détails, n’a pu reconnaître de quelle partie du corps provient PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PÉLOBATES. 1. 481 célte odeur; mais il pense, et nous sommes portés à le croire , qu’elle est éjaculée par lPanus. C’est aux mois de mars et d’avril qu’il faut rechercher le Pélo- bates brun : à cette époque on trouve le mâle et la femelle accou- plés à la surface de l’eau; car, pour mieux soutenir leur corps émergé, ils font entrer une grande quantité d’air dans leurs pou- mons. Cependanton ne voit le plus ordinairement sortir que leur tête hors de l’eau , et quand ils craignent le danger, ils s’enfon- cent dans la vase qu'ils ont soin de troubler , de sorte qu’il est difficile de se les procurer. Voici quelques autres détails qui nous sont encore fournis par l’habile observateur que nous venons de citer. Le mâle saisit la femelle au défaut des lombes en avant des cuisses , et il la tient ainsi jusqu’au moment où elle doit pondre, ayant alors les membres postérieurs étendus. Mais au moment où il sent les œufs près de sortir du cloaque , son corps se contracte etlesreins se plient; ils’agitealors commeleschiens qui cherchent à s’accoupler , et le plus souvent la femelle s’enfonce dans l’eau et entraîne le mâle avec elle. Celui-la éjacule la semence, puis il tire les œufs à la longueur d’un pouce, et répète ce manége vingt à: vingt-quatre fois en tirant les œufs d’un pouce chaque fois environ. Ces masses d’œufs forment de longs cordons de matière gluante, remplie de grains noirs semblables à un long boyan. Ce frai s'attache aux roseaux et autres plantes aquatiques & ne va pas tout à fait au fond de l’eau. Voici les observations faites par le même naturaliste touchant l’évolution de ces germes. Au 12 avril, les œufs avaient été pondus; le 15, les grains noirs avaient pris l’apparence pyriforme ; le 16, ils paraissaient partagés en deux portions arrondies où l’on ne pouvait distinguer ni tête ni queue, et il n’y avait pas de mouvement; le 17, on dis- tinguait la tête du ventre , et même comme deux petits yeux et une sorte de queue, et l’on voyait s’opérer des mouvements brus- ques; le 18, les têtards sortaient de la matière gluante et s’agi- taient, ils semblaient se rapprocher pour vivre en société; le »1 ou le 2, leur queue se garnissait d’une petite membrane qui servait à produire de légers mouvements , à cette époque on voyait des branchies ou franges d’un brun jaunâtre qu’on aurait pu prendre pour des pattesantérieures , mais ces appendices ne persistèrent pas longtemps; le 3, les tétards paraissaient être renfermés dans REPTILES , VIII. : 31 482 BATRACIENS ANOURES. une vésicule aqueuse ; le 10 mai, ils étaient on gros, les yeux étaient saillants, l'intestin rectum était rempli d’excréments et avait l’air de former une sorte de pénis sous la queue, ils se nour- rissaient toujours de lentilles d’eau ; le 24 mai, ils ressemblaient à des poissons, mangeaient des feuilles de laitue et de chou; le 29 ou le 30, on voyait au travers de la peau les intestins roulés en spirale; le 30 juin, on remarquait l’origine des pattes postérieures et un trou sur le côté gauche destiné à la sortie de l’eau entrant par les narines et par la bouche; le ro juillet, les grands têtards avaient les pattes postérieures entièrement formées et ils s’en ser- vaient pour nager; leur couleur était brune , nuancée de bleuâtre avec de petites taches blanchâtres ; le 20 juillet, les membres anté- rieurs commencçaient à paraître par un trou de la peau, le gauche 5 ou 6 heures après le droit ; le 24 juillet, ils ressemblaient à un poisson quadrupède ou à un Triton, plus qu’à une Grenouille. L'auteur suspendit ses observations pendant quatre semaines, après quoi il trouva les petits Pélobates parfaits; ils cher- chaïent à sortir de l’eau , on les nourrissait avec des mouches, de petits Ilombrics; ils commencaient aussi à exhaler une odeur d’ail. Les tétards du Pélobates brun sont ceux de toutes les espèces de Batraciens anoures observées par Roësel , qui deviennent les plus gros. - L'animal par fait. se nourrit d’Insectes et de petits Mollusques. Les communes de Belleville et de Pantin sont les localités, aux environs de Paris, où nous avons trouvé cette espèce , dans des mares et des flaques d’eau aux mois de mars et d'avril, dans des trous et sous des pierres lorsque la saison était plus avancée. Observations. Roësel, à qui nous devons la connaissance du Pélobates brun , qu’il considérait comme voisin des Grenouilles , quoiqu'il lui appliquât le nom de Bufo, en a donné l’histoire complète dans son magnifique ouvrage sur nos Batraciens anoures d'Europe. Linné ne paraît pas avoir connu cette espèce ; Gmelin, l’édi- teur de la treizième édition du Systema naturæ, l'y à indiquée, d’après Roësel, comme étant une variété de la Rana Bombina de Linnæus, oule Bombinator Bombinades auteurs modernes. Avant lui, Laurenti , en citant aussi Roësel , l’avait inscrit dans son $y- nopsis , sous le nom de Pufo fuscus que lui ont conservé Lacé- pède , Daudin, Cuvier, Merrem et la plupart des erpétologistes PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PÉLOBATES. 2. 483 jusqu’à Wagler exclusivement, qui reconnut que ce Batracien n’est point un crapaud, ainsi qu’on l’avait généralement cru jus- que-là, mais une espèce que plusieurs particularités de son or- ganisation méritaient de faire ériger en un genre distinct, dans lequel est venu se ranger depuis, le Pelobates cultripède. Shaw, dans sa Zoologie générale , à appelé le Pélobates brun Rana alliacea et a donnédes copies 4e plusieurs des belles figures de Roësel, représentant la série complète des divers états sous lés- quels passe cette espèce pour arriver à son entier développement. Une des planches de la Faune allemande de Sturm représente bien évidemment un Pélobates brun , sous le nom de Rana mar- morata. Cest à tort que M. Dugès a voulu voir dans la Rana cultripes de Cuvier la même espèce que le Bufo aquaticus maculis fuscis de Roësel; ainsi il faut bien se rappeler que les détails anatomiques que le premier de ces auteurs donne de son Bombinator Juscus , dans son beau travail sur la transformation des Batraciens , sont ceux du Pélobates cultripède et non du Pélobates brun. 2. LE PÉLOBATES CULTRIPÈDE. Pelobates cultripes. Tschudi. CARACTÈRES. Dessus et côtés de la tête entièrement rugneux ; vertex el région postérieure du crâne présentant une surface plane. Éperons noirs. SYNONYM1E. Rana cultripes. Cuv. Régn. anim. 2e édit. fom. *, pag. 10». Rana cultripes, Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. Cultripes provincialis. 3, Müll. in noue zeitsch. Phys. tom. 4, pag. 212. Cultripes provincialis. Id. Isis, 1832, pag. 336. Bombinator fuscus. Dugès, Rech. Batrac. pag. 7, pl: 24 Pelobates cultripes. Tschudi. Classific. Batrach. Mém: Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. »:, pag. 83. DESCRIPTION. Formes. Le Pélobates cultripède diffère du Pélobates brun exté- rieurement en ce que le crâne, depuis le front jusqu’à locciput, est à peu près plan, et que le bout du museau et les paupières sont les seules parties du dessus et des côtés de la tête qui ne 31. 454 BATRACIENS ANOURES. soient pas rngunetses, on comme dépourvues de tissu cutané ; in- térieurement, en ce que le bord de l’orbite forme un cerele com- plet, que les fosses temporales et les zygomatiques sont tout à fait couvertes par suite de l’expansion des os des régions environ- nantes ,.et que les apophyses transverses de la neuvième vertebre sont moins longues et beaucoup moins pointues en avant, c’est- a-dire très-obtuses. L On ne peut pas objecter que la voûte osseuse sous laquelle la fosse temporale se trouve cachée soit l’effet de l’âge, car déjà elle existe, à l’état cartilagineux il est vrai, chez les très-jeunes sujets, et même chez ceux dont la queue n’est pas encore entière- ment tombée ; particularité que le Pélobates brun n'offre à aucune époque de sa vie. Il nous semble aussi. que l’éperon du Pélobates cultripéde est un peu plus fort que celui du Pélobates brun, et toujours d’une belle couleur noire, tandis que le même organe dans ce dernier est généralement d’un brun clair ou jaunâtre. COLORATION. Les individus , au nombre de trois ou quatre seu- lement, que nous ayons encore été à même d’observer, avaient leurs parties supérieures marquées de grandes taches brunes isolées ou confluentes, sur un fond grisâtre ; leurs flancs en of- fraient de plus petites, mais de la même couleur; le dessous de leur corps était blanc, leur éperon noir et l'extrémité de deux ou de tous leurs orteils aussi. Nous possédons plusieurs grands têtards ayant leurs quatre pattes bien développées, sans que pour cela la queue soit encore tombée; chez eux, toutes les régions supérieures sont blanchâtres, complétement piquetées de brun bleuâtre. Leur ergot et la pointe de leurs orteils sont de la même couleur que chez les sujets adultes. DimENsIONs. Téte. Long. 2” 5”. Tronc. Long. 6” >”. Memb. antér. Long. 4”. Memb. postér. Long. 8? 8”. ‘ Parrie. Nous ne sachions pas que le Pélobates cultripede. ait jusqu'ici été trouvé ailleurs qu’en Espagne et dans le midi de la France. Observations. C'est l'espèce dont M. Dugés a fait connaître l’os- téologie dans ses recherches sur les Batraciens, sous le nom de Bombinator fuseus, croyant à tort qu’elle était la même que le Crapaud brun de Roësel. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES: G. SONNEUR. 485 XVI GENRE. SONNEUR.—BOMBINATOR (1). Wagler. Canacrères. Langue sub-circulaire, entière, fort mince , adhérente de toutes parts. Deux petits groupes de dents au bord postérieur de l’entre-deux des narines. Aucune apparence de tympan; trompes d'Eustachi excessivement petites, ou réduites à un simple pertuis. Quatre doigts libres. Orteils réunis par une mem- brane. Saillie du premier os cunéiforme , tubercu- leuse, non tranchante. Pas de vessie vocale. Apophyses transverses de [a vertèbre sacrée dilatées en palettes. Le nom de Bombinator a été introduit dans la science par Blasius Merrem, pour désigner, ce qui est assez bizarre, un genre de Batraciens Anoures, dont les caractères ne s’ap- pliquent complétement à aucune des espèces qui s’y trou- vent rangées , et, qui plus est, s’opposaient même à ce que certaines d’entre elles y fussent admises. En effet, bien que ce genre Bormbinator de Merrem, soit caractérisé comme il suit : « Parotides nullæ. Dorsum convexum. Oris ric- tus amplus, ad medium oculum aut ultra protensus. Dentes nulli, » on y voit figurer le Bombinator systoma, -dont la bouche est très-petite; le Bombinator ventricosus , le Maculaius, le Strumosus et l'Horridus, qui ont des parotides bien distinctes ; le Bombinator igneus dont la (1) Ce nom n'est pas latin. 11 parait dérivé du mot Bombus, son rauque d’une trompe. C'est une mauvaise application qu'on a faite ici de ce nom, consacré aujourd'hui par l'usage; car le coassement des Ba- traciens qu'il sert à désigner ne rappelle en aucune manière le son d'une cloche ou de tout autre instrument analogue : la faute en esta Linné qui à désigné par la qualification de Campanisona l'espèce type ou le Bufo igneus de Laurenti, croyant la donner à une autre ee qui, jusqu'à un cerlain point, pourrait peut-être Ja mériter. 486 BATRACIENS ANOURES. mâchoire supérieure et le palais sont dentés , et dont le dos est aplati ; enfin le Bombinator obstetricans, qui offre aussi des dents au palais et à la mâchoire d’en haut, et de plus des parotides sur les côtés de la nuque. Tel était ,.quoi qu’il en soit, le genre Bombinator lors de sa création en 1820. En 1826, Fitzinger le caractérisa différemment , c’est-à-dire qu'il proposa d’appeler du nom commun de Bombinator, celles des espèces de Batraciens Anoures à paupière supé- rieure non prolongée en pointe, comme chez les Cérato- phrys, qui n’ont pas le tympan visible au travers de la peau (1). D’après cette nouvelle manière de caractériser le genre Bombinator, il était tout naturel d'y placer le Bufo igneus de Laurentiet le Bufo fuscus de Roësel ; mais c'était une faute d’y faire entrer aussi la Rana plicata de Daudin, ou notre Pelodytes punctatus, espèce dont la membrane tympanale est on ne peut plus apparente. Mais quelques années après , elle en fut éliminée par Dugès , qui la réunit génériquement à son Obstetricans vulgaris, appelé jusque- là Crapaud accoucheur; notre auteur français conservait ainsi dans le genre Bombinator de l’erpétologiste viennois le Bufo igneus de Laurenti et le Bufo fuscus de Roësel. À peu près à la même époque, Wagler, de son côté, modifiait aussi le genre Bombinator et pius largement que Dugés, puisqu'il le réduisait au seul Pufo igneus; parce que sil manque , il est vrai, de tympan comme le Bufo fuscus , il n’a pas comme lui d’éperon tranchant au talon; la forme de sa langue n’est pas semblable; ses dents vomériennes ne sont pas situées de la même manière; en un mot il s’en distingue par tous les caractères énoncés en tête de cet ar- (x) C’est bien effectivement le genre Bombinator de Fitzinger qui est caractérisé par l'invisibilité du tympan , et non celui de Merrem, comme l'ont répété, d'après Cuvier qui s’est trompé à cet égard, Dugés, le prince Ch. Bonaparte et quelques autres erpétologistes. On peut même s'assurer, en consultant le Z'entamen systematis amphibiorum , que ce caractère d'avoir ou de n'avoir pas le tympan visible n’a jamais été employé par Merrem pour distinguer les uns des autres les genres de sa division des Batrachia salientiu. PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. SONNEUR. 1. 487 ticle, car notre genre Bombinalor repose sur les mêmes bases que celui de Wagjler. Les Sonneurs ont une langue circulaire, entière, très- mince, comme spongieuse et entièrement adhérente au plancher de la bouche, Leur palais est armé d’un petit rang de dents interrompu au milieu, qui occupe le bord postérieur de l'intervalle des arrière-narines. Celles-ci sont arrondies et de moyenne grandeur. La cavité tympanique est très-petite, ainsi que l’ouverture des trompes d’Eustachi, dont le diamètre permet à peine d’y introduire une soie de la grosseur d’un cheveu. Il n’y a pas la moindre apparence d'oreilles à Pextérieur, quoique Roësel ait représenté un tym- pan dans sa figure A Nous nous sommes assurés que les mâles n’ont point Le vessie vocale. Les narines sont ovales , assez écartées. La main se compose de quatre doigts courts, inégaux, avec un rudiment de pouce, sous forme de tubercule. Le troisième doigtest le plus long , après lui c’est le second et le quatrième, ensuite le premier ; tous quatre sont parfaitement libres , subeylindriques ou un peu déprimés , lisses en dessus et en dessous! Les orteils sont plus aplatis, que les doigts, obtusément pointus et réunis dans la totalité ou la presque totalité de leur longueur par une membrane médiocrement extensible et assez épaisse. La saillie du premier os cunéiforme est fort petite et tuberculiforme. Les apophyses transverses de la neuvième vertèbre sont dilatées en palettes triangulaires. I. LE SONNEUR À VENTRE COULEUR DE FEU. Bombinator SnEUS. CARACTÈRES. Parties olivâtres ; régions inférieures marbrées de noir ou de bleuâtre, sur un fond d’un jaune orange. SYNONYMIE. Rana bombina. Linn. Faun. Suec. pag. 101. Bufo vulgo igneus diclus , sive Bufo aquaticus, "etc. Roës. Histor. Ran: sect. VE, pag. 97; LE 22-29. Rana variegata.Linn. Syst. nat. Edit. ro, tom. 1, pag. 211. Rana variegata. Wulff. Ichth. cum Amphib. Boruss. pag. 7. 488 BATRACIENS ANOURES. Rana bombina. Linn, Syst nat. Edit. 12 , page 355. Bufo igneus. Laur. Synops. Rept. pag. 29 et 129. Rana bombina. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 1 , pag. 194 (Ex- clus. Synon.). Le Couleur de feu. Daub. Dict. Erpét. pag. 604 et 61. La Sonnante. Yd. loc. cit. pag. 680 et 635. Crapaud des marais. Razoum. Hist. nat. Jor. tom. 1, Pag. 97. La Sonnante. Lacép. Quad. Ovip. tom. 1, pag. 535. Le Couleur de feu. Xd. loc. cit. pag. 595. Bufo igneus. Bonnat. Encycl. méth. pag. 13, pl. 6, fig. 5-6. Rana bombina. Id. loc. cit. pag. 4, pl. 2, fig. 3. Rana bombina. Sturm. Deustch]. Don, Abtheil. 3, Heft. 1 cum fig. Rana bombina. Donnd. Zoolog. Beytr. tom. ARRET 44e Rana campanisona. Id. loc. cit. pag. 45. PBufo igneus. Schneïd. Hist. Amph. Fasc. {, pag. 187. Rana bombina. Latr. Hist. Salam. pag. xXxIx. Rana ignea. Shaw. Gener. Zool, vol. 3, pag, 116, pl. 35 ( Cop. Roës. ). Bufo igneus. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 110. Bufo bombinus. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 79, pl. 36. Bufo bombinus. Id. Hist. Rept. Tom. 8, pag. 146 et 433. Rana bombina. Dwigusbsk. Primit. Faun.Mosq. pag. 46. Crapaud à ventre jaune. Cuv. Règn. anim. 1" édit. {om. pag- 96. Bombinator igneus. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 179: Bombinator igneus. Fitz. Neue Classif. Rept. pag. 169. Bombinator igneus. Gravenh. Delic. Mus. Vratilav. pag. 67. Crapaud à ventre jaune. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom. pag. 111. Bufo igneus. Griff. Anim. Kingd. Cuv. vol. 9, pag. 401. Bombinator igneus. Dugès. Rech. Batrac. pag.7. Bombinator igneus. Krynicki. Observat. Rept. indig. ( Bullet. Sociét. Imp. natur. Mosc. pag. 68.) * Bufo bombina. Schinz. Faun. Helvet. Nouv. Mém. Sociét. Helv- scienc. nat. {om. 1, pag. 149. Bombinator bombina. Wagl. Syst. Amph. pag. 206. Bombinator igneus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Socict. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 84, n° 7. Bombinator igneus. Ch. Bonap. Faun. lial, cum fig. Bombinator pachypus. K. loc. cit. ] ta tm PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. SONNEUR. 1. 489 DESCRIPTION. FORMES. Le Sonneur à ventre couleur de feu. n’a les formes ni aussi élancées que les Grenouilles, ni aussi trapues que Îles Crapauds ; à le bien considérer, il tient d’assez près aux Disco- glosses, peut-être de plus près qu'aux Alytes , et surtout qu'aux Pélobates. Il a le tronc et la tête déprimés , le museau fortement arrondi, les yeux saillants , la pupille triangulaire et le dessus du corps entièrement couvert de verrues d’inégale grosseur, de forme irrégulière et parfois hérissées de petites épines. On ne lui voit point de parotides. Le museau est court, large, arrondi dans son contour horizontal et régulièrement convexe en dessus, car le canthus rostralis n’est nullement marqué. Les narines sont si- tuées à l'endroit où la mâchoire supérieure s’abaïsse vers l’infé- rieure ; elles sont plutôt écartées que rapprochées l’une de l’autre. L’occiput , l’entre-deux des yeux et le chanfrein sont plans. Les membres antérieurs , couchés le long du tronc, atteignent aux aines ; les postérieurs , portés en avant , dépassent lè museau de l’étendue des orteils. En général, la grosseur des pieds est pro- portionnée à celle du corps, mais parfois elle est telle, qu’ils pa- raissent comme fortement enflés ; ceci s’observe particulièrement chez les individus originaires des montagnes d’Italie, individus qui d’ailleurs sont parfaitement semblables à ceux qu’on ren- contre en France, en Allemagne’et dans les autres parties de l’Europe. On a donc eu tort d’en faire une espèce particulière, nommée, d’après le gonflement de ses pieds, Bombinator pachypus. Durant le temps de l’accouplement et du frai,les palmures des orteils s'étendent jusqu’à leur extrémité; mais à toute autre époque de l’année elles sont un peu plus courtes. Tantôt le des- sous du corps est lisse, tantôt il est semé de quelques petits ma- melons glanduleux. CoLoraTIoN.Le dessus du corps est d’un brun olive sale, plus où moins pâle ; on voit de petites taches noires an bord de la mä- choire supérieure et le long des doigts et des orteils. Toutes les régions inférieures offrent une belle couleur aurore ou orangée, marbrée ou tachetée de bleu tirant parfois sur le noirâtre. Dimensions. Cette espèce est, après la Rainette verte et le Pé- lodytes ponctué , le plus petit Batracien anoure de notre pays. Tête. Long. 1” 5”. Tronc. Long. 2” 6”, Memb. antér. Long. 2° 1°”. Memb. postér. Long. 4” 87. 490 BATRACIENS ANOURES! PATRIE ET MOEURS. Le Sonneur à ventre couleur de feu se trouve dans toute l’Europe tempérée. Il est aquatique, fréquente de préférence les fossés et les étangs saumâtres ; il fraie en juin. Ses mouvements dans l’eau et sur la terre sont aussi vifs que ceux de la Grenouille verte; il ne se tient guère à terre que le soir ou de grand matin, mais {oujoufs près de l’eau où il se précipité au moindre danger. Quand on l’excite et qu’il ne peut se sauver, il s'applique sur le sol comme pour se cacher ; alors, si on le tou- che encore , il prend une position des plus, bizarres, relevant ses pattes sur son dos et les rapprochant de sa tête , qu'il jette en arrière, et demeure ainsi environ dix minutes, ou aütant que dure la crainte. Si le danger persiste, l’animal faït sortir de son cloaque une liqueur moussense comme de l’eau de savon. Roësel dit qu’en le disséquant il a éprouvé une sensation désagréable dans les narines, un prurié, âcre comme dans le coryza. La voix des son- neurs nee e à une sorte dericanement. Ils s ’accouplent en mai, mais la fécondation n’a lieu qu’en juin le mâle saisit la fe- melle aux lombes comme le Pélobates brun, Roësel a observé leurs métamorphoses. à , Le 17 juin, aprés huit jours de réunion, commenca la ponte, qui eut lieu en treize heures; le mâle eut une douzaine d’éjacu- lations: Quand elles Du lieu la femelle s’enfoncait dans l’eau , le mâle se contractait pour rapprocher son cloaque de celui-de la femelle ,-en faisant des mouvements de côté , et la fe- melle allongeait les pattes postérieures. Chaque- portion de frai tombait alors au fond de l’eau : il y eut en tout douze paquets d'œufs, composés chacun d'environ vingf à trente, à proportion beaucoup plus gros que dans les autres espèces. Le 0 juin, le germe était pyriforme et paraissait avoir absorbé tout le jaune, il faisait de petits mouvements: Le 24, les petits têtards sortirent de leurs œufs, ils se nourrissaient du dépôt formé au fond du vase et sur les plantes, miais ils ne rongeaient pas celles-ci. Le 30 juin, leur ventre était proéminent comme dans les Diodons ou les Zétraodons ; ils ne mangeaient pas de la lentille d'eau. Roësel crut apercevoir que l'animal fixait sur la-place où il s s'at- tachait une sorte de fil, à l’aide duquel il semblait s’aider dans leschangements de lieu; il les-suivit jusqu'au développement des quatre membres, qui s’opéra vers la fin de septembre ou au com- mencement d'octobre. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. 491 SUITE DES ANQURES PHANÉROGLOSSES. SECTION SECONDE, — FAMILLE DES HYLÆFORMES. 4 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR CETTE FAMILLE ET SUR SA DISTRIBUTION EN GENRES. Les Batraciens Hylæformes , comparés aux Ranifor- mes , ne présentent d’autres marques distinctivés no- tables que celle qui consiste dans l'élargissement en disque de l’extrémité libre‘de leurs doigts ; mais ce ca- ractère n’est pas d’une légère importance , si l’on con- sidère quil est la cause déterminante d’un genre de vie tout à fait différent de celui de la famille précé- dente. Nous voulons parler de leurs habitudes essen- tiellement dendrophiles ; car tous sans exception, hors du temps de l’accouplement et de la ponte des œufs, se tiennent sur les arbres, jouissant , au moyen de ces sortes de ventouses, dont leurs mains et leurs pieds sont pourvus, de la singulière faculté de les appli- quer sur les feuilles les plus lisses, et même de s’ac- crocher et de s’y suspendre contre leur propre poids, pouvant même y marcher le corps en bas de la même ma- nière et avecautant de facilitéque nous voyons certains Géckotiens et plus communément les Mouches courir, ayant le dos renversé, le long des plafonds de nos appar- tements. C'est peut-être aussi à ce même genre devie, qui les place au milieu de nombreux ennemis contre les- quels ils n’ont aucun moyen de défense, qu'ils doivent de posséder, au plus haut degré entre tous les Anoures, cette autre faculté de prendre à leur volonté et avec 492 BATRACIENS ANOURES. une rapidité surprenante les teintes les plus diverses, dans le but sans doute de masquer leur présence, si surtout , comme on ledit de certaines espèces etcomme on est tenté de le croire, ces changements de colora- tion se trouvent être en rapport avec la teinte des objets sur lesquels , ou auprès desquels, ces animaux sont placés. Les Hylæformes différent encore jusqu’à un certain point des Raniformes , en ce que tous, à une ou deux exceptions près, au lieu d’avoir la peau de la région ab- dominale unie, lisse, l’ont au contraire garnie d’un pavé de glandules granuliformes , percées d’une infinité de petits pores qui ont bien certainement la faculté d’ab- sorber les éléments humides répandus à la surface des feuilles , séjour habituel de ces Reptiles. . Mais sous tous les autresrapports ils ressemblent aux espèces de la famille précédente , ou plutôt tels de leurs organes , comme la langue , les dents du palais, l'oreille, lenveloppe cutanée, etc., etc., présentent presque exactement les mêmes modifications que chez les Ra- niformes. Aussi est-ce absolument d’après les principes qui nous ont guidés dans la répartition de ceux-ci en groupes génériques, que nous avons également subdi- visé en genres, la famiile dont nous traitons en ce moment. Cette famillea pour typele genre //yla de Laurenti, par qui il fut créé pour notre Rainette commune et les Anoures connus du temps de ce célèbre erpétologiste, qui avaient comme elle le bout des doigts élargi en disque. Ce même genre, augmenté de plusieurs es- pèces , figura ensuite dans l’histoire des amphibies de Schneider, sous le nom de Calamita. Mais Daudin , qui un peu plus tard en étendit encore les limites, lui PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. . 493 restitua sa dénomination primitive , qu'on a depuis gé- néralement conservée à l’un des nombreux groupes gé- nériques qu'on s'est successivement vu dans la néces- sité d'établir parmi ces Anoures à épatements aux ex- trémités digitales, c’est-à-dire à l’un de ceux dans lequel est resté inscrite l'espèce de notre pays, qui est nommée {/yla viridis. Fitzinger commença le premier à opérer cette dis- jonction des Hylæformes , en les partageant en trois genres {yla, Hylodes et Calamita qu'il caractérisa , les deux premiers par le plus ou le moins de grosseur de leurs doigts, le troisième sur ce que l’espèce qui y donnait lieu, la Æainette bleue, n'aurait eu que quatre orteils, nombre effectivement indiqué dans la figure que White a publiée de ce Batracien, mais ce qui n’est pas exacte, car la Rainette bleue a bien réellement cinq doigts en arrière comme tous les autres Hylæformes. Vint ensuite Wagler, qui distribua les Anoures à extrémités des doigts élargies qu’il eut occasion d’ob- server, en neuf genres, en tête desquels se trouve celui appelé Cazamires. Il est formé de la seule Rainette bleue ; mais tout aussi faussement, quoique autrement caractérisé que par Fitzinger: c'est-à-dire que Wa- gler lui donne une tête semblable à celle des Pipas et des mains non palmées , ce qui est tout à fait contraire à ce qui existe, car le Batracien dont il est ici question est on ne peut plus voisin de notre Rainette verte, par sa conformation. Le second genre, nommé Hyrsisoas, a pour marques distinctives : la téte trigono-ovalaire, élargie; les yeuæ latéraux, bien proportionnés et à pupille circu- laire ; le tympan disunct ; des dents à la méchoire su- périeure et au palais ; les doigts semblables à ceux 494 BATRACIENS ANOURES. des Calamites, à disques très-dilatés et très-déprimés ; les mains et les pieds palmés ; une vessie vocale de chaque côté, près de l'angle de la bouche, chez les méles. Les espèces rapportées à ce genre y forment deux divisions : la première comprenant celles dont les doigts sont réunis par une membrane, depuis leur base jusqu'au milieu de leur longueur, et qui ont un lobule cutané au talon (4); la seconde, celles dont les doigts ne sont palmés qu'à leur base ou un peu au delà ,et qui manquent de lobule cutané au talon (2). Ce genre, si l’on en exceptele Rhacophorus Heinwar- diii, si différent des autres par la forme de sa langue, ne comprend que des espèces se tenant de près les unes aux autres parleursrapports naturels; mais Wagler s’est trompé en les signalant comme ayant toutes une ves- sie vocale de chaque côté de la bouche; car parmi elles, la //yla venulosa , citée aussi sous le nom de Pufonia, est la seule qui soit dans ce cas. À la suite du genre //ypsiboas se range le genre Aurerris, qui n'en diffère que par l'absence complète de membranes interdigitales, et par une demi-pal- mure au lieu d'une palmure entière aux paites de der- rière (3). Nous ferons remarquer que des différences telles que celles-ci ne méritent pas lPimportance que (1) Hyla palmata, Daudin.— Hyla geographica, Spix. — Rhaco- phorus heinwardtii, Boié. (2) Hyla Bufonia, Spix. — Hyla zonata, id. — Hyla crepitans, Neuwied. (Hyla pardalis, Spix).— Hyla faber , Neuwied.—Hyla albo- marginata, Spix. — Hyla cinerascens, id. — Hyla venulosa. Daudin. (3) Hyla boans, Daudin. — Hyla tibiatrix, id. — Hyla ocularis , id. — Hyla aurantiaca , id. — Hyla rubra, id. — Hyla squirella, id. — Hyla bilineata , id. — Hyla infulatu. Neuwied. — Hyla cæ- rulea, Spix, — Hyla variolosa, Spix. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. 495 Wagler a paru y attacher ; dans tous les cas , il n’en a pas scrupuleusement tenu compte ; puisqu'il a placé parmi ses Auletris la Hyla aurantiaca de Daudin, dont les mains et les pieds offrent des membranes natatoires au moins aussi étendues que celles de la /yia palmata, qui est pour notre auteur un //ypsiboas. Que dire de l’isolement de la Rainette commune dans un quatrième genre appelé Hvas, par cela seul que le mâle de cette espèce a la faculté de dilater sa gorge en. forme de vessie ? Wagler ignorait sans doute que cette faculté lui est commune avec d’autres Hy- Ilæformes rangés par l'auteur du système des amphi- bies dans les genres Æuletris et Hypsiboas. Un cinquième genre d'Hylæformes a été créé par Wagler, pour la Æ/yla bicolor de Daudin ; c’est celui de Payrromenusa , qui devait être et que nous avons adopté, en lui assignant toutefois d’autres caractères que ceux d’après lesquels il a été établi dans le 2atur- disch System der Amphibien, où il est indiqué comme ne présentant , avec les quatre premiers genres, que les différences suivantes. Doists des mains et des pieds noueux, complétement libres, forts et à disques apla- ; peau recouvrant le tympan aussi que a des régions voisines. Le genre Sanax, qui suit immédiatement celui de Phyllomedusa se caractérise par un tronc allongé; une tête étroite ; un museau pointu; des doigts gréles, ar- rondis , terminés chacun par un disque globuleux ; des mains sans palmure ; des orteils, excepté le der- nier, réunis par une membrane dans la moitié de leur longueur; enfin une gorge non dilatable en vessie vo- cale. Nous n’avons pas eu occasion d'observer en nature 496 BATRACIENS ANOURES. les espèces que l’auteur rapporte à ce genre (1). Mais autant que nous pouvons en juger par les figures qu’il cite, notre opinion est, qu’elles doivent appartenir à notre genre yla. Le genre Denprosares , le septième de ceux que Wagler a formés aux dépens des Anoures à extrémités digitales dilatées, n’offrirait, suivant lui, d’autres particularités que d’avoir Les doigts libres et terminés chacun par un petit disque globuleux. W se distingue au contraire de tous les autres, en ce que la bouche est complétement dépourvue de dents, ce qui nous la fait placer en tête de nos Bufoniformes, qu'il lie aux Hylæformes au moyen des deux derniers genres de cette famille, les Crossodactyles et les Phyllobates. Wagler divise ses Dendrobates en espèces ayant le se- cond doist plus long que les autres (2), et en espèces chez lesquelles c’est le troisième qui présente le plus d'étendue (3). Le genre Puvyironyres, du même auteur ressemble- rait au précédent , sans une demi-palimure aux pieds. Nous avons tout lieu de croire que la seule espèce qui s’y rapporte, la //yla luteola du prince de Wied, qui ne nous est connue que par la figure qu’en a donnée ce dernier, se rapproche davantage des vraies Rainettes, si même elle n’appartient réellement à ce genre. Enfin le huitièmeet dernier genre d'Hylæformes, in- scrit dans l’ouvrage de Wagler, est celui d'Exyprosrvs, avec la caractéristique suivante : téte ovale oblongue déprimée , très-dilatée en arrière des yeux ; doigts et (1) Hyla aurata: Neuwied. — Hyla variolosa, Spixe — Hyla bi- punctata , id. (2) Ayla nigerrima, Spix. (3) Hyla tinctoria, Daudin. — Hyla trivittata, Spix. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. 497 orteils très-longs, très-gréles, noueux , entièrement libres, terminés chacun par un petit tubercule (1). N'ayant pu reconnaître dans les figures citées ici par Wagler aucune des nombreuses espèces d'Hylæformes qui nous ont passé sous les yeux, nous ignorons encore si ce genre doit ou ne doit pas être conservé : dans tous les cas, il nous semble bien voisin ou de nos Litories ou de nos Hylodes, À présent que nous avons exposé les caractères sur lesquels repose ie mode de classification adopté par le savant auteur du Naturlische System der Amphibien , relativement aux Hylæformes, il nous reste à apprécier la valeur de ces caractères, ou, en d’autres termes, à examiner si les organes dont ils sont tirés peuvent être réellement considérés comme les plus propres à donner les éléments d’une bonne distribution générique des Batraciens dont il est ici question. Un examen sévère porté sur un nombre considérable d'espèces et d’indi- vidus de ces reptiles nous a convaincus du contraire. Ainsi nous avons reconnu que les différences offertes par la tête dans sa forme, ou bien celles que présentent les membranes natatoires et les disques terminaux des doigts, quant à leur déve- Joppement , ne méritent en aucune facon l’impor- tance que Wagler leur à attribuée; attendu que ces différences, loin d’être bien tranchées, se fondent les unes dans les autres et d’une manière si insensible que les genres Calamites, Hypsiboas, Auletris, Sci- nax et Phyllodytes, à la distinction desquels Wagler les a fait servir, ne sont et ne pouvaient, par cela même , être bien définis, ce qui équivaut à dire qu'il (1) Hyla ranoïdes , Spix (Rana miliaris, id.) —Hylaabbreviata, 1. (Rana binotata , id.). REPTILES, TOME VI. 32 498 BATRACIENS ANOURES: n'y avait nullement lieu à séparer ces genres les uns des autres. Nous avons également remarqué que la si- tuation des organes vocaux ne peut pas non plus four- nir de bons caractères génériques , à cause du peu de fixité qu’elle offre entre des espèces qui se ressemblent d’ailleurs par les principaux points de leur organisa- tion: telles sont,en particulier,la Rainetteréticulaire et la Rainette commune, que notre auteur n’a pas cru devoir réunir dans le même groupe, parce que chez la première le sac vocal est double et situé de chaque côté du cou, tandis que chez l’autre, qui forme à elle seule le genre Âyas, ïi est simple et placé sous la gorge. Tout ceci prouve évidemment que Wagier n’a pas su découvrir les véritables moyens de répartir généri- quement et suivant leurs rapports naturels les Anoures hylæformes , résultat auquel on parvient d’une manière assez satisfaisante en prenant principalement en consi- dération la conformation dela langue, et la disposition dentifère ou non dentifère du palais. Toutefois, il y a un genre d'Hylæformes de la créa- tion de Wagler, œui, bien que n'étant pas établi d’après ces derniers principes, doit cependant être conservé ; c'est le genre Phyllemedusa, qui se distingue moins par le caractère que lui assigne cet auteur, celui d’avoir les doigts noueux et complétement libres, que par la disposition de ceux-ci, dont les deux premiers sont op- posables aux autres, ainsi que par În forme fortement oblongne de la langue. Depuis Wagler jusqu'à nous, il n'a paru sur l’ar- rangement naturel des Hylæformes aucune autre publi- catron importante, où qui soit le résultat des propres observations de l’auteur, que celle qui fait parte du PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. 499 savant mémoire de M. Tschudi, concernant la classi- fication des Batraciens en général. Cet arrangement, quoique se rapprochant beaucoup du nôtre, en ce qu'il est de même basé en partie sur des caractères empruntés des principaux organes que renferme la bouche, de la membrane du tympan , des doigts et de leurs palmures, en diffère pourtant à plu- sieurs égards; attendu que M. Fschudi y a fait servir en outre les dissemblances que présentent la tête et le museau dans leur forme , les yeux dans leur diamètre, les narines dans leur situation, les dents palatines dans leur nombre, et les pattes par l'étendue de Îeurs meni- branes natatoires. Mais ces dissemblances , générale- ment si peu distinctes lorsqu'on examine une certaine série d'espèces, M. Tschudi aurait dû n’en pas tenir compte, et il aurait ainsi évité d'établir plusieurs genres que la raison ordonne de réunir, tant sont étroits les liens qui retiennent les unes aux autres les espèces dont ils se composent: tels sont d’abord ceux nommés Sphenorhincus, Hypsiboas, Calamita, Lo- phopus, Dendrohyas et Rancidea, puis les trois ap- pelés Polypedaies, Burgeria , et Boophis. Nous donnons ici d'après M. Fschudi les caractères d’un genre d'Hylæformes que nous n'avons pas encore eu occasion d'observer nous-mêmes : c'est celuinommé Tuécorerue, Z'heloderma, qu'il caractérise ainsi : Tête fort grande, triangulaire ; narines situées au sommet du 9 7 Le) ? canthus rostralis; trois dents palatines de chaque côté ; langue grande , entière , un peu allongée ; doigts terminés-par de grands disques globuleux ; pieds palmés ; peau offrant un grand,nombre de papilles triangulaires, 6blongutes , pointues au sommet; tym- pan caché. Esp. Theloderma leporosu, Fsonvpr. Syn, Hyla leporosa, Murrer. Mus. Lugd. 32. 500 BATRACIENS ANOURES. DisrrIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES HYLÆFORMES. Des cinq parties du monde, l’Amérique est sans contredit la plus riche en Anoures Hylæformes , puisqu’à elle seule elle en produit plus que les quatre autres ensemble.Sur les soixante-trois espèces connues , trente-sept lui appartiennent en propre, c’est- a-dire une Eitorie, deux Acris, trois Trachycéphales, vingt- quatre Rainettes , trois Hylodes , une Phylloméduse , une Élosie, un Crossodactyle et un Phyllobate , qui y sont répartis de la ma- nière suivante : Dans les contrées méridionales de son continent, vingt-quatre espèces , ou la Litorie américaine ; le Trachycéphale géographique ; les Rainettes pattes d’oie , feuille-morte, de Le- vaillant, de Doumerc, ponctuée, de Leprieur, bordée de blanc, de Langsdorff, cynocéphale, réticulaire, naine, marbrée, à cuisses zébrées, demi-deuil, rouge, à bourse, beuglante , leu- cophylle ; lHylode rayé ; la Phylloméduse bicolore, et le Crosso- dactyle de Gaudichaud. Dans ses parties septentrionales, sept espèces, ou les Acris grillon et nègre , les Rainettes vermiculée, de Daudin , versicolore , flancs-rayés, et squirelle. Dans les An- tilles, six espèces, où les Trachycéphales marbré et de Saint- Domingue , les Hylodes de la Martinique et de Ricord , l’Élosie grand nez, et le Phyllobate bicolore. L’Asie n’a encore fourni jusqu'ici que huit espèces d’Hylæ- forines , parmi lesquelles il en est cinq qui proviennent de Pile de Java ; ce sont les Limnodytes rouge et chalconote , le Poly- pédate à tête rugueuse , l’Ixale à bandeau d’or et la Micrhyle agaline ; l’une des trois autres, le Polypédate de Bürger, a été trouvée au Japon, tandis que les deux dernières , le Polypédate à moustaches blanches et le Rhacophore de Reinwardt, ont été ren- contrées sur la plupart des points du continent des Indes orien- tales et dans les principales îles qui en dépendent. Les recherches faites dans l’Océanie n’ont encore amené la découverte que de dix espèces d’Hylæformes : le Limnodyte de Waigiou , qui est de l’île dont il porte le nom ; le Cornufere uni- colore , qui est de la Nouvelle-Guinée ; la Rainette de Jervis, qui habite la Terre de Diémen ; et les Rainettes bleue, de Péron, d’Ewing , de Lesueur , citropode et de Jackson , qui sont toutes de la Nouvelle-Hollande. L'Afrique , ou plutôt son continent, produit les Eucnenuis vert- PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. bot jaune et d’Horstook, et la Rainette verte; sa principale île, Madagascar, nourrit l’Eucnémis de ce nom et celui qu’on appelle de Goudot ; les Seychelles sont habitées par une espèce du même genre , à laquelle on a donné leur nom. L'Europe ne possède qu’une seule espèce d’'Hylæformes, ou la Rainette verte; encore ne leur appartient-elle pas exclusivement, puisqu'on la trouve aussi an Japon et dans les parties septentrio- nales de l’Afrique. RÉPARTITION DES HyYLÆFORMES D'APRÈS LEUR EXISTENCE GÉOGRAPHIQUE. HR o .| mi 2 o à ä 2 5 Lou © 2 © = | © DER = SENS s "2 | Genres. GERS REnIMSE MEN É<|4|E)S) 3 Ses) CUP < = à |OS #2 Ss © <« =) d à F2 CAT | PR = le li l LITORIE, . ee BE bt:o O0 Oo [eo] I 1 O 2 à AGRIE 0 OT EO 0 ENT EMe (0) (e] (e) 2 Co) (0) 2 Î LIMNODYTE : , . . . . O0 2 1 Oo I [e) 4 ÿ POrYPÉDATE , « « O 3 O o (o) (e) 3 | RADEON NS SM Lo (0) 1: Co) (0) o Co) 1 À IÉUCNEMIS NE AS AUS (o) o 4 (a o 0 ä À À a RHACOPHORE. . . . . + . . (e] 1 O oO (e) (o) I k TRACHYCÉPAALE. . à + + « o 0 o 3 0 o 3 | RAINERTE. een let ee 1 o o | »4 7 2 | 34 ke MiCRAYLE. ..). . .. (o) 1 (0) oO (o) (o) Cf CoRNUFERE. . . . o 0 o o 1 o z Ù HPODE AR Et 2e o 0 (9) 3 () 1 4 k DHMDLOMEDUSE. ee à eee: 0 (0) (0) 1 0 (0) AE EPOSIEMR ARE DE (o) o (o) 1 o (0) 1 | CROSSODACTYLE. . . . . . . o 0 o 1 o (0) 1 | PHyYLLOBATE, o) 0 e L ro) Co) 11 | À en pa ee —_— | — STEEL Nombre des espèces dans NE 0e } 1 84/05 PS7ittia)) SNnCA chaque partie du monde. lu 18 D RARES 7 Anne Le tableau suivant présente, exposés d'après la mé- thode synoptique , les seize genres d'Hylælormes dont nous allons successivement faire l’histoire. BATRACIENS ANOURES:.' 02 SN Ex ‘I PC f ‘y “aaolap “Gr ‘ * * * * ‘soqusoddo uou æyed ; s[r2740 sJoruaud xnop s9[ 32 J810p Jormaad 9] :aquop 5 pad uou Ë cp “asaannoïang ‘er * ‘soujne xn soçqusoddo? | é souqu] 5 =) no oo ee D de “JJUENIOp ouviquiout ounp 52109 XN0P S9P 59P10Q se Ë Ê 4 o DS OA ru mie “"Juamaqnes saUUrQUOA Ë | | SJU2p S0P : 258 E] E JUoWoros £h D à *AUAINNUOT 0j 14 a Cie 020 SD IOMOL DOM ‘ 30 DeO ONCE ‘sour7eped=01wW0A | ë| T{ 1 AUOT ee 0 ee de à -OVQUIS op PMOAUS Ce] A0 “ “WINDNA OO * * ** * * ‘ANS9 9p DUO} u2 nous] Fe 10Speuou | j2 oJ9nie u9 2181U[9 sawued ON € ‘aIVX] °G L . e e - . . s 0 . LL ‘onq924n0} É n Dre *ALIANIVU ° ‘SU d sajelip Yé a 4 "6 ‘suow no sujd SP ) uomoedo e Q s}810p : 2aue}n9 : “muoug ‘t * * * * * * spod-sou ° Û nes G TT 7 947 o1a1 : ojuA0 sreped : aout Le no apuou v no ju0y u? po INRA AHDNE], D * © °°: = snssop ue asnosso 2700} ‘oasoueyo9 nod | °C *SIH9Y 0 L2 L] . . Le . . e . . L 0 . L e . 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Au premier aspect, on prendrait les Litories plutôt pour des Grenouilles que pour des Rainettes , tant le disque ou le petit épatement qui existe à la face inférieure de l’extrémité de leurs doigts et de leurs orteils est peu développé. Ge sont des espèces à corps élancé, étroit , à membres postérieurs grêles et fort allongés. Leur langue est un disque mince, lisse, affectant une forme triangulaire ou sub-rhomboïdale, libre en entier à son bord postérieur. Entre les arrière-na- rines, il y a deux petits groupes ou une rangée transversale de dents vomériennes, interrompue au milieu. Les trompes d’Eustachi sont de moyenne grandeur, et les membranes du tympan bien distinctes au travers de la peau. Les doigts antérieurs , au nombre de quatre, offrent comme un rudi- ment de membrane à leur base; les orteils sont plus ou moins palmés ; il existe un petit renflement sous chaque articulation des phalanges. Le premier os cunéiforme ne fait qu’une très-faible saillie à l'extérieur. Les apophyses transverses de leur vertèbre sacrée sont dilatées en palettes triangulaires. (1) Peut-être du mot fo, qui signifie une terre légère, ou de lites. qui est ou se trouve sur le bord de la mer? 5o4 BATRACIENS ANOURES, ie genre ne renferme encore que deux espèces originaires, l’une d'Amérique, l’autre de la Nouvelle-Hollande, Nous nous proposions de lappeler Lepthyla, mais nous avons cru devoir abandonner cette dénomination pour prendre celle de Litoria , sous laquelle il a été publié par M.Tschudi, avant que nous ne l’ayons pu fairenous-mêmes. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE LITORIE. sub-triangulaire. . . . . . . . . x. L. DE Frevcner. Langue sub-rhomboïdale. . . . . . . . 2. L. AMÉRICAINE. 1. LA LITORIE DE FREYCINET. ZLitoria Freycineti. Nobis. (Voyez PI. 88, fig. 2 et 2 a.) CARACTÈRES. Dents vomériennes disposées sur une rangée transversale , interrompue au milieu , située immédiatement au- dessous du niveau du bord antérieur des arrière-narines. Dessus du corps marbré de brun sur un fond fauve. SYNONYMIE. Lepthyla Freycineti. Nob. M. S.S. Litoria Freycineti. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. sociét. scienc. nat. Neuchât. tom. 2, pag. 36 et 77, n° 20. DESCRIPTION. Formes. La physionomie de cette espèce a beaucoup de res- semblance avec celle du Cystignathus gracilis ou bien de la Rana Jasciata du Cap; c’est-à-dire que la Litorie de Freycinet a les membres srêles , le tronc étroit, la tête allongée , le museau mé- diocrement aigu et assez fortement renflé. Le chanfrein, presque aussi large que le front, forme avec lui, ainsi qu'avec le vertex et l’occiput, un seul et même plan horizontal uni, peut-être lé- gèrement canaliculé sur sa ligne moyenne. Le canthus rostralis est arrondi; la narine s’ouvre immédiatement au-dessous de lui et à une égale distance de l’angle antérieur de læil et du bout du museau, qui se rabat brusquement vers la mandibule infé- PHANÉPROGLOSSES HYLÆFORMES. GC. LITORIE. I. 505 rieure. La largeur de l’espace inter-orbitaire a le tiers de la lon- gueur de la tête. Le diamètre du tympan est d’un quart moindre que celui de l’ouverture de l'œil. Couchées le long du tronc , les pattes de devant atteignent les aines ; les membres postérieurs, placés de la même manière, dépassent le museau de toute la lon- gueur du tarse et du tiers de celle de la jambe. Le troisième doigt est le plus long de tous ; après lui, c’est le quatrième , ensuite le second ; de sorte que le premier est le plus court, mais de bien peu de chose. Tous quatre ont leurs bases réunies par un rudi- ment de membrane; ils sont, ainsi que les orteils, légérement déprimés et bien distinctement renflés sous leurs articulations. Les orteils vont en augmentant de longueur depuis le premier jusqu’au quatrième ; le cinquième n’est pas plus allongé que le troisième ; ils ne présentent qu’une demi-palmure. La saillie du premier os cunéiforme est fort petite. En dedans, sur la même ligne qu’elle, est un très-petit tubercule; on en voit un gros, ova- laire, à la face latérale externe du premier doigt, et un second plus petit au milieu de la paume de la main. La peau fait un pe- üt pli longitudinal au-dessus du tympan; une glandule existe à l’angle de la bouche. Quelques petits tubercules sont épars sur l’occiput, mais le reste du dessus du corps est lisse. La région postérieure des cuisses est granuleuse. Le mâle a un sac vocal dans lequel l'air pénètre par deux fentes situées, l’une à droite, l'autre à gauche de la langue. Les apophyses transverses de la neuvième vertébre sont dilatées en palettes triangulaires. . CorLoRATION. Une bande noire s'étend sur les côtés de la tête depuis le bout du museau jusqu’en arrière de l’oreille ; un trait fauve dirigé obliquement va du dessous de l’œil à la commissure de la bouche. Les parties supérieures off:ent de grandes mar- brures brunes sur un fond fauve ou roussâtre ; on voit souvent ‘un grand bandeau brun ou noirâtre en travers du vertex. Le dessus des cuisses est noir, tacheté de blanc, mode de coloration qu’on remarque aussi autour de la bouche. En dessous , l'animal est blanchâtre. Dimenstons. Téle. Long. 1” 5°”. Tronc. Long. 3” 1°”. Memb. g 5 antér. Long. 2” 5°”. Memb. postér. Long. 8” 5”. PATRiE. Cette espèce nous a été rapportée du Port-Jackson par M. Freycinet. 596 BATRACIENS ANQURES, 2. LITORIE AMÉRICAINE. Zitoria americana. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant un chevron ouvert a son sommet, qui aboutit au niveau du bord postérieur des arrièére-narines. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce se distingue de la précédente, d’abord par la disposition de ses dents vomériennes , puis par la forme rhomhoïdale plutôt que triangulaire de sa langue, ensuite par son museau moins allongé, plus arrondi, enfin par son mode de coloration. Cororarron. En dessus, elle est toute brune, excepté sur la tête, qui est noirâtre. Ses parties inférieures sont blanches, ponctuées de brun à la région gulaire seulement. Druensrons. Téte. Long. 9”. Tronc. Long. 1° 75°”. Memb. antér. Long. 1° 4”. Memb. postér. Long. 4” 3”. Parrie. Cette Litorie ne nous est connue que par un individu envoyé de la Nouvelle-Orléans au Muséum , par M. Barabino. II: GENRE. ACRIS. — ACRIS(1). Nobis. Caracrères. Langue grande, cordiforme , libre en arrière. Deux groupes de dents entre les arrière- narines. Tympan peu distinct. Trompes d'Eustachi petites. Quatre doigts complétement libres ; pieds plus ou moins palmés. Saillie du premier os cunéiforme, petite, obtuse. Disques sous-digitaux petits. Un sac vocal chez les mâles. Apophyses transverses de la ver- tèbre sacrée, non dilatées en palettes triangulaires. Are - : rdconeti & Ce genre, que nous formons pour deux tres-petites espèces (1) Axoës, l'un des noms de la Sauterelle. PHANÉROGLOSSES HYLEFORMES, G. ACRIS. I, 507 de Batraciens anoures de l'Amérique du Nord, se distinguera du précédent par l'absence complète de membranes interdi- gitales, et par la forme de la langue, qui ressemble à celle du Cystignathe ocellé. Elle est effectivement rétrécie en avant, tandis qu’elle est élargie , arrondie et légèrement échancrée en arrière, ce qui lui donne la figure d’un cœur de carte à jouer. Les Acris n’ont pas non plus, comme les Litories , les apophyses transverses de leur vertèbre sacrée élargies en palettes ; elles sont étroites, un peu déprimées’et renflées au bout. Les orteils sont réunis par une membrane , qui tantôt est fort courte, tantôt au contraire assez développée ; c’est à peine si l’on peut apercevoir Îe tympan au travers de [a peau qui le recouvre; chez une espèce au moins, car chez l’autre il est assez visible. Leur squelette est fait sur le modele de celui des Gre- nouilles, et leurs viscères ressemblent à ceux de ces der- nières. Les mâles ont une vessie vocale intérieure qui commu- nique avec la bouche par deux grandes fentes longitudinales placées l’une à droite’, l’autre à gauche de la langue. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE ACRIS. bien développée. . . . . . . 1. A. GriLLon. | Palmure des pis! tres-courte- ha 0h et RON AMAINEGRE. Æ. L’ACRIS GRILLON. Acris gryllus. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes formant deux groupes situés au niveau du bord postérieur des arrière-narines, Tympan à peine distinct ; orteils bien palmés. Une grande tache triangu- laire noirâtre sur le vertex. SYNONYMIE. Bana gryllus. Leconte. Ann. lyc. nat. hist. Newy. vol. 1, part. 2, pag. 28», 508 BATRACIENS ANOURTS: DESCRIPTION. Forues. Les formes de cette espèce, dont le corps n’a pas trente millimètres de long , sont dans leur ensemble et leurs détails exactement pareilles à celles de notre Grenouille verte commune, à laquelle l’Acris grillon ressemble encore par la proportion relative de ses membres et le développement de ses membranes natatoires. La peau du dessus du corps est quelque- fois à peu près lisse ; mais ordinairement elle est plus ou moins mamelonnée , particulièrement aux régions sus-oculaires et à la face supérieure des membres de derrière. On remarque un petit pli cutané au-dessus de l’endroit où l’on devrait voir le tympan bien distinctement, si la peau qui le recouvre était moins épaisse ; on observe également quelques glandules aux angles de la bouche ; mais il n’existe pas de renflements réguliers sur les côtés du dos. Les dents vomériennes sont disposées sur un rang épais , fortement interrompu au milieu ; ce rang est situé juste au niveau ou sur la ligne même du bord postérieur des arrière- narines. Les petites pelotes sous-articulaires des orteils sont un peu plus prononcées que celles des doigts ; la peau de la gorge et du dessous des jambes est lisse, mais celle du ventre et de la face inférieure des cuisses offre des petits mamelons extrême- ment serrés les uns contre les autres. Au tarse, il existe un trés- faible tubercule du côté opposé à celui où est située la saillie du premier os cunéiforme. CoLorATION. Les parties supérieures sont brunes , roussâtres ou grisâtres ; une grande tache triangulaire d’un brun foncé oc- cupe le dessus de la tête entre le front et l’occiput ; cette tache est entourée d’un liseré blanc qui est continué sur le milieu du dos par une raie plus on moins élargie , et de la même couleur. Les membres sont coupés transversalement par des bandes noi- râtres ou d’une teinte plus sombre que celle du fond. La face postérieure des cuisses offre tantôt un, tantôt deux rubans blanchâtres, qui les parcourent dans le sens de leur longueur ; quelquefois ils y sont remplacés par’ une bande brune, sur un fond blanchâtre ou jaunâtre. L’une ou l’autre de ces deux teintes règne sur les régions inférieures, qui, dans quelques cas, sont lavées de roussâtre , particulièrement à l'endroit des cuisses, PIANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. ACRIS. 2. 509 et finement piquetées de brun à la gorge et sur les côtés de la poitrine. Dimensions. Zéte. Long. 1”. Tronc. Long. 1” 5”. Memb. anter. Long. 1” 2°”. Memb. postér. Long. 4”. Parme. L’Acris grillon est originaire de l’Amérique septen- trionale; nous possédons des individus trouvés en Géorgie qui nous ont été donnés par M. Leconte , et d’autres recueillis à Sa- vannah par M.de Villaret, lorsqu'il exercait les fonctions de con- sul dans cette résidence. 2. L’ACRIS NÈGRE. cris nigrita. Nobis. CARACTÈRES. Deux groupes de dents vomériennes affectant une forme en chevron. Tympan assez distinct. Une tres-courte membrane à la racine des orteils. SYNONYMIE. Rana nigrila. Leconte. Ann. Iyc. nat. hist. Newy, vol. 1, part. 2, pag. 282. Rana nigrita, Harl. Journ. acad. nat. scienc. Philad. vol.s, part. 2, pag. 341. \ DESCRIPTION. Formes. Un tympan sensiblement distinct, une palmure des piéds excessivement courte , la disposition en chevron ouvert au sommet des deux groupes de dents qui arment le palais, sont les caractères qui distinguent cette espèce de la précédente. CoLoRATION. Son mode de coloration ne paraît pas non plus être le même. Nos indivicus ont les côtés de la tête.et du corps bruns et le dos roussätre, avec an ruban longitudinal d’une teinte foncée dans toute sa longueur. Le dessus des membres offre aussi des bandes brunes, mais elles sont placées en travers. Un trait blanchâtre on jaunâtre s'étend le long de la mâchoire supérieure depuis le bout du museau jusqu’à l’angle de la bouche. Les par- ties inférieures sont d’un blanc jaunâtre , couleur qu’on observe aussi autour des bras à leur naissance. : Dimensions. Téte. Long. 1”. Tronc. Long. 1” 6”. Memb. antér. Long. 1” 5”. Memb. poster. Long. 4”. Parrie. Cette espèce nous à été donnée par M. Leconte, qui Ja trouvée en Géorgie , comme la précédente, 510 BATRACIENS ANOURES. IL GENRE. LIMNODYTE.— ZIMNODJYTES. Nobis (1). (Æyla-Rana , Tschudi.) Caracrères. Langue longue, rétrécie en avant, élar- gie , fourchue et libre en arrière. Des dents vomériennes formant deux grouÿes entre les arrière-narines. Tym- pan bien distinct; trompes d'Eustachi médiocres. Qua- tre doigts complétement libres; orteils réunis par une membrane dans la totalité ou la presque totalité de leur longueur. Disques sous-digitaux peu dilatés; saillie du premier os cunéiforme obtuse, excessivement petite. Un sac vocal sous-gulaire, chez les mâles. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Les Limnodytes reproduisent exactement les caractères des Grenoutïiles proprement dites, si ce n’est que le dessous de Pextrémité de leurs doigts et de teurs orteils est dilaté en un disque circulaire, comme chez les Raïnettes ; maïs il est proportionnellement moins grand. Les mâles des espèces du genre Limnodyte, de même que ceux des Grenouilles, ont les ouvertures de leur sac vocal petites, arrondies, ét non en fentes longitudinales comme chez les Cystignathes et les deux genres d'Hyiæformes que nous avons déjà fait con- naître. Le squelette et les viscères des Limnodytes sont en ‘ous points semblables aussi à ceux des Grenouilles, à l’artiele desquelles nous renvoyons par conséquent le lecteur pour ce qui est relatif à l’ensemble de leur orgarisation: tr (1) Apon, stagnum , élang; duvde, urinator ; qui plonge. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. LIMNODYTE. [. DII Ce genre Limnodyte est le même que celui appelé Æylara- na par M. Tschudi, dénomination que nous n'avons pas cru devoir adopter({). Il comprend les trois espèces suivantes : RE 8 mn TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU G£ÊNRE LIMNODYTE. LES ou roussätre orné d'une raie . 1, L. Roue. blanche de chaque côté Dos brun larges. . . . 2. L. CHALCONOTE. glanduieux : ® Ë 2 cordons glanduleux du dos \ # . trés- étroits. 3. L. p£ Warcrou. baigne Dar eh nie nat tral Din Qi 2 étages hons aa) = == = _ LS, 1, LE LIMNODYTE ROUGE. Zimnodytes erythræœus. Nobis. (Voyez PI. 88, fig. 1 et 1 «, sous le nom de Ranhyle rouge.) CarAcrÈREs. Parties supérieures brunes ou roussâtres; une râie blanche s'étendant de chaque côté du dos, et quelquefois une troisième sur sa ligne médiane. Contour de la bouche blane. Synonyme. Éyla errthræœa. Mus. Lugd. Batav. Hyla erythreæa. Schleg. Abbildung. Rept. pag. 27. tab. 9. fig. 3. Hytlarana erythræa. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. sociét. seienc. nat. Neuch. tom. If, pag. 37 et 78, n. 22. DESCRIPTION. Forues. Qu'on se représente notre Grenouille verte commune, avec une tête un peu plus étroite, plus effilée, des doigts plus grêles; plus déprimés et élargis en disque àa-leur extrémité, et l’on aura üne idée exacte de l’ensemble des formes ou de la phy- sionomie de l’espèce à laquelle nous consacrons cet article. Sa tête est aplatie, triangulaire , plane et parfaitement unie en des- sus; son museau fait un angle assez aigu , maïs dont le sommet est néanmoins arrondi; ses régions frénales sont distinctement canaliculées; son tympan est grand, c’est-à-dire d’un diamètre égal à cclui de l'ouverture de l’œil, où à la largeur de la pau- (1) Linné , Philos. Bolan, #unint, n° 24, 5r2 BATRACIENS ANOURES. pière supérieure. $es dents vomériennes forment, entre les ar- rière-narines , un chevron largement ouvert à son sommet, qui est dirigé postérieurement, ne dépassant pas, ou de fort peu, le niveau du bord postérieur de ces mêmes arrière-narines. Celles- ci sont assez écartées , ovales et de moyenne grandeur ; les con- duits gutturaux des oreilles sont médiocrement ouverts. Les deux premiers doigts ont à pen près la même longueur ; le quatrième est plus allongé qu'eux , mais moins que le troisième , qui se trouve ainsi être le plus grand des quatre. Le premier et le second n’offrent chacun qu’un seul renflementsous-articulaire; le troisième et le quatrième en ont deux. Les paumes et les plantes sont lisses. Le nombre des renflements sous-articulaires des orteils est de un au premier, de deux au second, au quatrième et au cinquième, et de trois au troisieme. La palmure des pieds, qui est échancrée en croissant, réunit dans toute leur longueur les trois premiers orteils et le dernier, mais elle laisse libre le troisième dans le dernier tiers de son étendue ; la saillie du pre- mier os cunéiforme est excessivement petite. Il règne un cordon glanduleux de chaque côté du corps, à partir de l’angle posté- rieur de l’œil jusqu’à la racine de la cuisse ; un autre renflement de même nature se fait remarquer entre la commissure des mäâ- choires et le bord postérieur de l’origine du bras ; ce renflement offre toujours une solution de continuité vers le milieu de sa longueur. Toutes les autres parties du corps sont lisses, à l’ex- ception des régions postérieure et inférieure des cuisses où la peau se montre comme granuleuse. Cozorarion. Les individus conservés dans l’alcool ont les bords de la bouche, les cordons glanduleux des côtés du dos, et tout le dessous du corps d’une teinte blanche. Chez les uns, c’est une couleur noirâtre ou d’un brun foncé ;-chez les autres, un brun roussâtre qui règne sur le dessus et les parties latérales de la tête, sur le dos et les flancs. Ces mêmes teintes brunes ou roussâtres, mélangées de blanchâtre , forment des marbrures à la face su- périeure des membres. Nous avons deux jeunes sujets à tête plus étroite et peut-être proportionnellement plus longue que les au- tres, dont le dos est parcouru longitudinalement dans son milieu par une raie blanchâtre. 11 paraît qu’à l’état de vie les raies du dos sont jaunes, ainsi que les bords de la bouche, et que les parties supérieures du corps sont verdätres. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. LIMNODYTES. 2. D13 Dimensions. Zéle. Long. 2” 8”. Tronc. Long. 4” 5”. Memb. antér, Long. 4” 4”. Memb. postér. Long. 107 8”. ParriE. Cette espèce se trouve dans l’île de Java ; nous en pos- sédons une belle suite d'échantillons qui ont été recueillis par M. Diard. 2, LE LIMNODYTES CHALCONOTE. ZLimnodytes chalconotus. Nobis. CaracTÈREs. Toutes les parties supérieures uniformément brunes. Un large cordon glanduleux de chaque côté du dos. SxNONYMIE. Ayla chalconota. Mus. Lugd. Batav. Hyla chalconota. Schleg. Abbild. Amph. pag. 24, tab. 9, fig. I. Polypedates chalconotus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 36, n. 14. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce tient à la précédente par des rapports si étroits que c’est en hésitant que nous nous décidons à l’en sépa- rer: elle n’en diffère guère en effet que par un peu plus de dila- tation dans les disques qui terminent les doigts, par un peu plus de longueur dans les branches de son chevron de dents vomé- riennes et par son mode de coloration. Cororarion. Dans l’état de vie, elle a tout le deu du corps d’un vert foncé, et les régions fr énates , le bout.des doigts ainsi quelles aines, d’une teinte jaune orangé ; mais après la mortil ne reste plus la moindre trace de ces belles couleurs, car un brun foncé règne seul sur toutes les parties supérieures, et les régions inférieures sont d’un blanc sale, mélangé de grisâtre et de noi- râtre sous la tête. Dimensions. Téte. Long. 2” €”. Tronc. Long. 5”. Memb, antér. Long. 4” 5”. Memb. poster. Long. 1 2”. Parrie. Le Limnodytes chalconote vient de l’île de Java. Observations. Nous avons peine à comprendre comment M. Tschudi a pu placer cette espèce dans un genre différent de celui de la précédente, où parmi les Polypédates, car il est diffi- cile de rencontrer deux espèces qui se ressemblent davantage que celles-la. REPTILES , VIII. 33 514 /_ BATRACIENS ANOURES. LE LIMNODYTES DE WAIGIOU. Limnodytes Iaigiensis. Nobis. CARACTÈRES. Parties supérieures du corps uniformément bru- nes; un cordon glanduleux tres-étroit de chaque côté du dos. SYNONYMIE ? S DESCRIPTION. Formes. Nous appelons Limnodytes de Waigiou, du nom de l’île où on la trouve, une troisième espèce de ce genre, qui a les disques de ses doigts aussi petits que ceux du Limnodytes rouge ; mais dont la tête est à proportion plus courte, plus large en ar- riére, dont les yeux et les voiles palpébraux sont plus grands, dont le canthus rostralis est tranchant au liex d’être arrondi, dont les cordons glanduleux du dos sont linéaires tant ils sont peu développés, dont l’angle de la bouche r’offre qu’une seule et fort petite glandule , enfin dont les reins et les cuisses présentent un semis de tubercules extrêmement fins. CororaTion. Les régions supérieures sont toutes d’une teinte brune. On voit quelques points noirs et une raie de la même cou- leur en arrière du tympan, au-dessous duquel il existe une ligne blanche , accompagnée quelquefois d’une autre noire. Les bords de la mâchoire inférieure sont d’un brun foncé, irréguliérement tachetés de blanchâtre , teinte qu’on remarque également sur les régions inférieures, dont quelques-unes, telles que la gorge et la poitrine, sont souvent nuagées de noirâtre. DIMENSIONS. Téte. Long. 2” 2”, Tronc. Long. 3” 8”. Memb. antér. Long. 4”. Memb. postér. Long. 9”. Parrie. Ce Limnodyles à été rapporté de l’ile Waigiou par MM. Garnot et Lesson. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. POLYPÉDATE. D19 IV: GENRE. POLYPÉDATE. — POLIPE- DATES (1). Tschudi. ( Booplhus , Bürgeria , Tschudi. ) Caracrères. Langue grande, rétrécie en avant, élargie, fourchue et libre en arrière. Des dents vomé- riennes situées entre les arrière-narines , plus ou moins près du niveau du bord postérieur de celles-ci. Tym- pan bien distinct; trompes d'Eustachi assez grandes. Quatre doigts à disques terminaux fort dilatés, réunis à leur base par un rudiment de membrane. Pieds com- plétement ou presque complétement palmés. Saillie du premier os cunéiforme très-faible. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. | Voici un genre que le port, l’habitude du corps rappro- che plus des Rainettes proprement dites, que les précédents ; mais qui tient encore des Grenouilles par la forme de sa lan- gue et la structure de son échine, dont la neuvième pièce ou le sacrum a ses apophyses transverses, étroites, renfléesau bout, et non dilatées en lames ou palettes triangulaires, comme cela s’observe au contraire chez lamajeure partie des Hylæformes. Les Polypédates ont la tête courte, plate, large, quelque- fois rugueuse ou à peau y adhérant fortement ; les yeux grands et les tympans aussi le plus souvent; les trompes d'Eustachi assez ouvertes ; les dents vomériennes, placées entre les arrière-narines ou au niveau, soit de leur bord (1) De row, multum, beaucoup, et de redus, pedicæ, vinculum pe- dis, entraves qui serrent les pieds. 39. 516 BATRACIENS ANOURES. postérieur, soit de leur bord antérieur, formant tantôt une série transversale interrompue au milieu , tantôtun chevron à branches plus ou moins écartées et toujours ouvert au sommet ; les narines externes, situées latéralement sous le canthus rostralis, ou tout pres, ou assez loin du bout du museau ; les doigts et les orteils dilatés à leur extrémité en un grand disque circulaire plat en dessus, renflé en dessous, pourvus de tubercules sous leurs articulations, et palmés, les premiers seulement à leur racine, les seconds dans la to- talité ou la presque totalité de leur étendue, Ces doigts et ces orteilssont très-déprimés, et plutôt grêles que robustes ; les premiers sont en tuyaux d’orgues, ou augmentent graduel- lement de longueur, à partir du premier jusqu’au quatrième, tandis que le cinquième est aussi court que le troisième. Les orteils observent l’ordre suivant, énumérés d’après leur degré de longueur, en commençant par le plus petit : le pre- mier, le second, le quatrième et le cinquième. On sent sous la peau, le long du bord externe du premier doigt, des os qui constituent le pouce. La saillie du premier os cunéiforme, qui est très- faible, est la seule que présente le méta- tarse. On voit, à l’extrémité antérieure de la mâchoire in- férieure, deux faibles échancrures séparées par une petite éminence. Aucune espèce n'offre de cordons glanduleux sur la région dorsale, ni de parotide au-dessus du tympan. Il nous semble qu'il n'existe pas de sac vocal à la région gulaire des individus mâles. Ce genre est formé par la réunion des Polypedates, des Boophis et des Burgeria de M. Tschudi, moins toutefois son Polypedates chalconotus, que nous avons reporté dans notre groupe des Limnodytes. Ces trois genres en effet, d’après les caractères qui leur sont assignés, ne paraissent différer entre eux que par de légères modifications dans la . forme de la tête, ainsi que par le nombre et l’arrangement des dents qui garnissent leur palais. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. POLYPÉDATE. I. 517 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE POLYPÉDATE. ss postérieur des un rang transversal A . arrière-narines. interrompu au mi- lieu, situéau niveau antérieur des . du bord É ; 4. P. ve Bürcen. arrière-narines. | ï. P. pe Gounor. Dents vomériennes formant he lisse. . . . . .« 2, P, À MOUSTACHES BLANCHES. | un chevronsitué entre les arrière - narines : crâne rugueux. . . . 3. P. À TÊTE RUGUEUSE. 1. LE POLYPÉDATE DE GOUDOT. Polypedates Goudotii. Nobis. CaracrTÈèREs. Dents vomériennes situées au niveau du bord postérieur des arrière-narines, sur une ligne transversale inter- rompue au milieu. Narines externes, latérales, s’ouvrant à égale distance du bout du museau et de l’angle antérieur de l'orbite. Tympan presque aussi grand que l’ouverture de l’œil. Peau du crâne non adhérente. Dessus du corps lisse. SyNONYMIE. Elophila Goudotii. Nob. M. S.S. Boophis Goudoti. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 36 et 77, n°.18. DESCRIPTION. Formes. Le Polypédate de Goudot a le canthus rostralis bien distinct et assez aigu ; l’espace qu’il limite à droite et à gauche est un plan uni, qui s'incline légèrement jusqu'aux narines, mais qui s’abaisse davantage en avant de celles-ci, dont la situa- tion est à égale distance du bout du museau et de l’œil. La région frénale, qui est plane et assez fortement penchée en dedans, offre, sous l’aplomb des narines, une hauteur égale à la largeur de l’espace qui sépare ces dernières. Le front est légèrement con- cave ; le diamètre du tympan est d’un tiers moindre que celui de 518 BATRACIENS ANOURES. ouverture de l'œil, et l'intervalle des yeux d’un quart plus considérable. Les côtés du museau forment un angle obtus, court et arrondi au sommet. Couchés le long du tronc, les membres antérieurs atteignent presque à l’orifice anal; placés le long des flancs , les membres postérieurs dépassent le museau de toute la longueur du pied. Un repli de la peau descend obliquement de la commissure postérieure des paupières vers l’épaule. Il n’y a pas de glandules aux angles de la bouche; la peau a l’apparence granuleuse , sur la région ventrale , derrière et sous Les cuisses ; partout ailleurs elle est lisse. Cependant les paumes aussi sont granuleuses ; mais les plantes sont parfaitement lisses. CoLoraATIoN. Nous avons vu des individus offrant une teinte noirâtre sur l’occiput, le chanfrein et la mâchoire inférieure, tandis que le front et les régions frénales étaient grisâtres, et toutes les autres parties supérieures du corps d’un brun chocolat, parcourues par de petites veines, ou semées de très-petits points d’un brun foncé ; en dessous, ils étaient lavés de brun, excepté sur la face interne des bras et des jambes, qui présentait une teinte blanchâtre. D’autres sujets de la même espèce avaient le dessus du corps d’un brun olivâtre et des marbrures noirâtres et gri- sâtres, sur les flancs et sous les membres antérieurs. Nous en possédons d’un gris violacé sur la tête, le dos et les pattes; celles- ci sont marquées de bandes brunes en travers ; quelques taches noires, irrégulières dans leurs formes et leur disposition se mon- trent sur les mâchoires ; le canthus rostralis porte un ruban d’un brun foncé, et les cuisses et les flancs sont marbrés de blanc et de noir. Enfin nous avons observé, dans la collection de la Société zoologique de Londres, un échantillon auquel, par son mode de coloration, la qualification de variolosus conviendrait on ne peut mieux, en raison des nombreuses et grandes taches d’un blanc violet dont toutes ses parties supérieures sont semées , sur un fond d’un brun marron. Dimensions. Téte, Long. 3”. Tronc. Long. 5” 7°”. Memb. antér. Long. 5”. Memb. postér. Long. 13” 4”. PATRiE. C’est de l’île de Madagascar que nous ont été envoyés, par M. Goudot, les échantillons de cette espèce d'Hylæformes que renferme notre Musée. ‘ PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES, G. POLYPÉDATE. 2. D19 2, LE POLYPÉDATE A MOUSTACHES BLANCHES. Polypedates leucomystax. Tschudi. Caracrères. Dents vomériennes situées entre les arrière-nari- nes et formant un chevron ouvert au sommet ; narines externes ; latérales , s’'ouvrant tout près du bout du museau. Tympan pres- que aussi grand que l’ouverture de l’œil. Peau du crâne non ad- hérente. Dessus du corps lisse. SYNONYMIE. Âyla leucomystax. Mus. Lugd. Batav. Hyla maculata. Gray. Ind. zoolog. Hyla leucomystax. Gravenh. Delic. Mus. Vratilav. Batrach. pag. 26. Polypedates leucomystax. Tschudi. Classif. Batrach, Mém. So- ciét. scienc. nat. Neuch. tom. », pag. 34 et 75, n. 13. DESCRIPTION. Formes. Le Polypedates leucomystax a la tête courte et dépri- mée ; ses trois côtés, le postérieur et les deux latéraux, forment un triangle équilatéral ; les régions frénales sont hautes, per- pendiculaires , légèrement concaves ; le canthus rostralis est très- prononcé. Cest immédiatement au-dessous de lui et à son extré- mité antérieure, que vient aboutir la narine, dont l’ouverture regarde en arrière. Le dessus de la tête, d’un bout à l’autre, offre une surface horizontale, faiblement concave. Les yeux sont fort grands et saillants ; le diamètre de leur ouverture est presque égal au tiers de la longueur de la tête ; celui du tympan est d’un quart moindre. La pupille est allongée horizontalement. Lesdents vomériennes , ou plutôt les deux rangs qu’elles constituent, sont situés de manière à représenter un chevron un peu ouvert au sommèt; elles occupent positivement l’intervalie des arrière-na- rines. Couchés le long du tronc, les membres antérieurs s’éten- dent jusqu’à l’orifice anal ; placées dela même maniere, les pattes de derrière touchent au bout du museau, par l'extrémité de leur jambe. 11 y a deux forts renflements sous-articulaires à chacun des quatre doigts ; ceux des deux premiers sont trés-près l’un de l’autre. On en voit aussi un au premier et au second orteil, deux au troisième, trois au quatrième , et deux au cinquième. En des- sus, ces mêmes orteils présentent une petite saillie à la base du disque circulaire qui les termine. Un faible repli de la peau 520 BATRACIENS ANOURES, s'étend de l’angle postérieur des paupières à l’épaule; tonte la face supérieure du corps est lisse, ainsi que la inférieure, excepté aux régions ventrale et fémorale, dont la peau est comme granu- leuse. CoLorarion. Le fond des parties supérieures est tantôt blan- châtre , tantôt grisâtre, tantôt d’un brun clair tirant sur le rous- sâtre, tantôt enfin d’une teinte carnée ou violacée, avec ou sans un plus ou moins grand nombre dé taches brunes ou noires, de forme et de grandeur diverses. Très-souvent la région tympanale porte une bande brunätre qui s’étend, en se rétrécissant un peu, jusqu’à la narine. La face postérieure des cuisses est noirâtre, toute piquetée ou ponctuée de blanc. En général, la mâchoire supérieure est aussi bordée de blanc plus on moins pur, d’où le nom de leucomystax donné à cette espèce, mais improprement, car il pourrait être également bien appliqué à la suivante. Le dessous de l’animal est blanchâtre; quelques individus ont la gorge lavée ou nuagée de brun. DImMENSsIONS. Téte. Long. 2” 7°”. Tronc. Long. 5” 4”. Memb. antér. Long. 4” 8°”. Memb. postér. Long. 11”. ParTrie. Cette espèce est un des Batraciens anoures les plus ré- pandus aux Indes orientales; nous l’avons reçue de Pondichéry par les soins de M. Leschenault, du Bengale par ceux de M. Du- vaucel ; M. Dussumier nous l’a rapportée plusieurs fois de la côte du Malabar. 8. LE POLYPÉDATE A TÊTE RUGUEUSE. Polypedates rugosus. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes situées entre les arrière-na- rines, et formant un chevron ouvert au sommet. Narines externes latérales , s’ouvrant tout près du bout du museau. Tympan pres- que aussi grand que l’ouverture de lPœil. Crâne rugueux. Dessus du corps lisse. SYNONYMIE. Hyla leucomystax. Mus. Lugd. Hyla quadrivirgata. Mus. Lugd. Hyla quadrilineata. Wiegm. Act. Acad. Cæs. Leop. Carol. nat. cur. tom. 17, part. 1, pag. 260, tab. 22, fig. I. Polypedates leucomystax. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. So- ciét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 75. Bür&eria maculata. 4. loc. cit, pag. 75. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. POLYPÉDATE. 4. D21 DESCRIPTION. Formes. Cette espèce est bien voisine de la précédente, puisque rien ne l’en distingue , que l’aspérité de la surface de son crâne, aux os duquel la peau adhère intimement, comme cela s’observe chez les Pélobates, les Calyptocéphales , etc. CozorarIon. Sous le rapport du mode de coloration, outre qu’elle présente aussi toutes les variétés du Polypedates leucomys- tax, elle en offre une autre qui se caractérise par la présence, sur le dessus du corps, de quatre ou six bandes longitudinales d’un noir tres-foncé. Druensrons. Téte. Long. »” 2°”. Tronc. Long. 5° 2°. Memb. antér. Long. 4” 5°”. Memb. postér. Long. 10° 8”. PATRIE. La plupart des échantillons que nous possédons pro- viennent de l’île de Java; nous en avons quelques-uns qui ont été recueillis à Manille par M. Eydoux. 4, LE POLYPÉDATE DE BÜRGER. Polypedates Bürgeri. Nobis. CARACTÈRES. Dents vomériennes situées au niveau du bord an- térieur des arrière-narines, sur une ligne transversale interrom- pue au milieu. Narines externes, latérales , s’ouvrant tout près du museau. Tympan distinctement plus petit que l’ouverture de l'œil. Peau du crâne non adhérente. Dessus du corps tuber- culeux. SYNONYMIE. Hyla Bürgeri. Schleg. Faun. Japon. Rept. Batr. pag. 113, tab. 3, fig. 7-8. Bürgeria subversicolor. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 75, n° 13. DESCRIPTION. Fores. Il n’y avait en vérité pas lieu d’établir un genre parti- culier pour cette espèce, comme l’a fait M. Tschudi, parce qu’elle a les dents du palais situées sur le vomer, plus en avant que chez celles appartenant à son genre des Polypédates qui, selon notre maniere de voir, sont les vrais congénères de l'espèce du présent article. Ce qui prouve, mieux que tout ce que nous pourrions dire, le peu de valeur, la faiblesse du caractère sur lequel cet er- 522 BATRACIENS ANOURES. pétologiste a fondé son genre Bürgeria, c’est que lui-même n’a pas su en faire une juste application; puisque nous voyons qu’il a indiqué comme appartenant aussi à ce genre la variété tachetée d’une espèce ( ); tandis qu’il en a placé la variété rayée, avec ses Polypédates , considérant cette dernière comme étant de l'espèce du Leucomystax. Le Polypédate de Bürger se distingue de ses trois congénères : 1° par la place qu’occupentses dents vomériennes sur une rangée interrompue au milieu, entre les arrière-narines , AU niveau du bord antérieur de celles-ci ; 2° par la petitesse de son tympan, dont le diamètre n’a guère que la moitié de celui de ouverture de l’œil ; 3° par sa tête beaucoup plus aplatie; 40 par les petites glandules ou tubereules poreux qui s’élèvent au-dessus de la surface de toutes les parties supérieures de son corps. Il ressemble aux Polypédates leucomystax et rugosus par la situation de ses narines aux côtés et tout près de l’extrémité du museau , qui est comme tronqué. Il n’a qu’un renflement sous-articulaire à cha- cun des deux premiers doigts, et deux au troisième et à celui qui le suit; on n’en compte qu’un seul aussi au premier et au second orteil, trois au quatrième, deux au troisième et au cinquième. La peau de la gorge, de la poitrine, du devant des cuisses , du dessous des avant-bras et des jambes est lisse; mais partout ail- leurs , sur les régions inférieures, elle a l’apparence granuleuse. Comme chez les autres Polypédates, le tympan est surmonté d’un repli cutané qui prend naissance à l’angle postérieur de l’œil et se termine à la région scapulaire. CoLorATIoN. En dessus, les individus conservés dans Palcool, sont bruns, largement marbrés de noir; ils portent entre les yeux une grande tache triangulaire de cette dernière couleur. En dessous, ils offrent une teinte blanchâtre. Dimexsions. Téte. Long. 2” 5”. Tronc. Long. 6”. Memb. antér. Long. 4” 5°”. Memb. poster. Long. 11”. PaTriE. Cette espèce est originaire du Japon ; on en doit la dé- couverte au naturaliste dont elle porte le nom. (1) Sa Bürseria maculata, ou notre Polypedates rugosus, dont quel- ques individus de notre collection se trouvaient étiquetés Æyla Rey- naudii, lors du passage de M. Tschudi à Paris. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. IXALE. I. 523 V° GENRE. IXALE. — ZX ALUS (1). Nobis. ( Orchestes Tschudi. ) Caracrères. Langue oblongue, libre et fourchue en arrière. Palais dépourvu de dents. Tympan distinct ; trompes d'Eustachi médiocres. Quatre doigts libres. Orteils réunis par une membrane; saillie du premier os cunéiforme peu prononcée. Les Ixales sont encore des Hylæformes à langue de Gre- nouilles, comme les Limnodytes et les Polypédates ; mais qui manquent de dents au palais, seule différence qui em- pêche qu’on ne les range avec ces derniers. On n'en connaît jusqu'ici qu’une espèce. 1. L'IXALE A BANDEAU D'OR. Jxalus aurifasciatus. Nobis. CaracrÈres. Doigts libres. Paumes et plantes granuleuses. Orteils réunis seulement à leur racine par une membrane. SYNONYMIE. Aya aurifasciata. OS Abbild. amph. pag. 27, tab. 9, fig. 4. Orchestes aurifasciatus, Tchudi, Classif. Batrach. mém. sociét. scienc, nat. Neuch. tom. 1, pag. 35 et 76, no 15. DESCRIPTION. Formes. L'Ixale à bandeau d’or est une petite espèce à tête courte, à yeux grands et saillants ; à tympan peu distinct , mais d’un diamètre ordinaire; à doigts libres ou qu'on peut consi- dérer comme tels, tant est courte ou si peu sensible la membrane qui les réunit à leur base; enfin à pieds palmés dans la moitié tout au plus de la longueur des orteils. L’occiput et le vertex (1) Iéanoc, Saltatorius, eans in altum. Nous n'avons pas cru de- voir conserver le nom d'orchestes qui a été donné depuis longtemps à un genre de Charansons sauteurs de la famille des Rhinocères. 524 BATRACIENS ANOURES, forment ensemble une surface horizontale , unie ; mais le front et le chanfrein offrent un plan légèrement incliné en avant. La ligne anguleuse qui sépare le dessus de la tête de la région fré- nale , entre la narine et l’œil , ou ce que l’on appelle le canthus rostralis, est distinctement cintrée en dedans ; tandis que les côtés de l’extrême bout du museau font un petit angle obtus. L'espace de la région frénale compris entre la narine et l’œil est concave. On remarque quelques petites verrues coniques, éparses ça et là sur le dos etle derrière de la tête. La paume de la main et la face inférieure du métatarse sont fortement mamelonnées. Il existe un petit repli de la peau au-dessus du tympan. Le ventre et le dessous des cuisses sont granuleux. CocoraTion. Les parties supérieures sont d’un gris blanchâtre ou roussâtre. La tête porte au milieu un large bandeau brun ou noirâtre quelquefois bordé de blanc. Le tympan est marqué d’une tache brune et le bord de la bouche mélangé de brun et de gris blanchâtre. Des bandes noirâtres coupent le dessus des cuisses en travers, enfin le dos présente deux grandes bandes brunes qui donneraient ensemble la figure d’un x minuscule, si elles se trouvaient plus rapprochées ; parfois elles sont réunies par une barre transversale de la même couleur. Tout le dessous de l’animal est d’un blanc sale. Dans l’état de vie, ce Batracien a le fond de ses parties supé- rieures d’une jolie teinte verte, avec un beau bandeau d’un jaune d’or en travers du milieu de la tête, dont le reste de la surface est noir. Dimensions. Téte. Long. 1”. Tronc. Long. 1” 9°”. Memb. antér. Long. 1° 8”. Memb. postér. Long. 3” 2”. PATRIE. Cette espèce habite l’île de Java. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. EUCNÉMIS. 525 VI: GENRE EUCNÉMIS. — EUCNEMIS (1). .Tschudi. CaracrÈres. Langue cordiforme, ou représentant un rhombe incisé ou échancré à son angle postérieur. Palais dépourvu de dents. Tympan peu ou point dis- tinct; trompes d'Eustachi fort petites ou médiocres. Quatre doigts réunis à leur base par une membrane. Orteils palmés. Saillie du premier os cunéiforme ex- cessivement faible. Un semis de glandules aux angles de la bouche. Une vessie vocale interne sous la gorge des individus mäles. Apophyses transverses de la ver- tèbre sacrée non élargies en palettes. Les Eucnémis se caractérisent principalement par leur palais dépourvu de dents, et par leur langue rétrécie en avant , élargie et échancrée en arrière, ayant la forme d’un cœur, quand ses lobes postérieurs sont arrondis, et celle d’un rhombe quand ils sont pointus. La membrane du tympan, toujours assez petite, est tantôt distincté, tantôt invisible au travers de la peau ; dans le premier cas , les trompes d’'Eus- tachi sont très-médiocrement ouvertes ; dans le second elles Je sont excessivement peu. Le bord de la mâchoire inférieure présente au-dessus du menton une faible échancrure, du milieu de laquelle s’élève une petite éminence, Les yeux sont latéraux et généralement grands ; les narines, médianes et percées de chaque côté du museau, sous l'extrémité anté- (1) Evxviuos, qui bonis tibiis, seu cruribus est; qui a de bonnes jambes, de bonnes cuisses, Il est ficheux que ce nom ait été déjà donné à un genre d'insectes coléoptères de la famille des sternoxes, voisin des laupins dont il existe une belle monographie publiée en 1823 à Saint- Pétersbourg , et çopiée dans les Annales des sciences naturelles, tome III, PI. 59. a ll h © I & Al Es 526 BATRACIENS ANOURES. rieure du canthus rostralis, qui est bien prononcé. Les doigts et les orteils sont aplatis, pourvus de tubercules sous-articulaires ; ils ont leurs disques terminaux circulaires et d’un assez grand diamètre. Les uns et les autres sont pal- més , mais aux mains la palmure est de moitié plus courte que les doigts ; tandis qu'aux pieds elle est presque aussi longue que les orteils. Le troisième doigt est le plus long, vient ensuite le quatrième, puis le second et le premier. Les quatre premiers orteils sont étagés ; le cinquième a la même étendue que le troisième. Au métatarse il n’y a jamais d’autre saillie tuberculeuse que celle, d’ailleurs très-faible, qui est produite par le premier os cunéiforme. Tous les Eucnémis ont les régions voisines des angles de la bouche semées de très-petites glandules granuliformes. Aucun n’a de parotides, ni de cordons glanduleux sur le dessus ou les côtés du corps. En dessous, leurs régions ventrale et fémo- rale offrent une surface granuleuse. Les mâles ont l'air d’avoir une sorte de goître , lorsqu'ils gonflent la vessie vocale que renferme leur gorge; vessie qui communique avec la bou- che par deux fentes situées l’une à droite, l’autre à gauche de la langue. L'examen du squelette montre que les apo- physes transverses de la vertèbre sacrée ne sont pas dilatées en palettes. Ce genre comprend quatre espèces. On verra leurs plus notables différences dans le tableau synoptique suivant. ISTING bre ei e a ANNEE NS MN NE DES SEYCHELLES: sub-rhomboïdale. . . « .« « . . . 2. E. DE MApacascar. caché : langue saillants. . + . 3. E. VERT-JAUNE. cordiforme : veux non saillants. . 4. E. ne Honstook. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. EUCNÉMIS. 1. boy À. ESPÈCES À TYMPAN DISTINCT. 1. L'EUCNÉMIS DES SEYCHELLES. — Eucnemis Seychellensis. Tschudi. CaracrÈres. Langue grande, sub-rhomboïdale , incisée en arriere. Tympan pOur, mais distinct. Yeux fort grands, saillants. Museau tronqué à son extrémité. SYNONYMIE. Eucnemis Seychellensis. Tchudi , Classif. Batrach. Mém, Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 1 , p. 76. DESCRIPTION. Forues. La tête est déprimée , triangulaire, équilatérale , fai- blement tronquée à son extrémité antérieure; sa face supérieure est horizontale, légèrement creusée en gouttière an milieu et en long ; ses régions frénales sont un peu concaves , penchées l’une vers l’autre et presque aussi hautes que les régions temporales. Les yeux sont fort grands, très-saillants ; leur intervalle est à peu près le même que celui qui existe entre la narine et l'œil. La circonférence du tympan est d’un tiers moindre que celle de ce dernier. Un grand nombre de petites glandules granuliformes se font remarquer dans le voisinage de la commissure des mä- choires. La langue a la forme d’un rhombe à angle aigu et entier en avant, et à angle obtus et incisé en arrière. La palmüre des doigts s'étend jusqu'à l’avant-dernière phalange exclusivement. Les paumes et les faces inférieures des MÉATSES sont couvertes de petites verrues. CozorATION. L’un des deux sujets que nous possédons conservés dans Palcool a les parties supérieures d’un brun marron uni- forme; chez l’autre elles sont marquées de petites marbrures de la même couleur, sur un fond gris bleuâtre plus clair sur la tête et les membres que sur le dos. Tous deux ont leurs régions infé- rieures lavées de brun marron. Dimensions. L’Eucnémis des Seychelles est de la grosseur de notre Grenouille rousse. Téte.Long. 2°5”. Tronc. Long. 45”. Memb.antér. Long. 3” 8”. Memb. postér. Long. D 5. Patke. Cette espèce nous a été rapportée des îles Seychelles par Péron et Lesucur. b28 BATRACIENS ANOURES. B. ESPÈCES A TYMPAN CACHÉ. 2. L'EUCNÉMIS DE MADAGASCAR. Eucnemis Madagascariensis, Nobis. CarAcTÈRES. Langue sub-rhomboïdale, incisée ou faiblement échancrée en arrière. Tympan caché. Yeux assez grands, médio- crement saillants. Museau tronqué au bout. DESCRIPTION. Forwss. L’Eucnémis de Madagascar diffère de l’espece précé- dente par l’invisibilité de son tympan, par la petitesse de ses conduits gutturaux des oreilles, et par un moindre nombre de glandules aux angles de la bouche. Le dessus de sa tête n’est pas non plus creusé en gouttière. CoLoraTIon. Toutes les parties inférieures et les côtés de la tête et du tronc sont d’un blanc sale; une teinte brune règne sur le crâne, le dos et la face supérieure des membres, qui sont ponc- tués de noir. Une raie de cette dernière couleur s'étend depuis la narine jusqu'a l’angle de l’œil. Dimensions. Téte. Long. 1” 3°”. Tronc. Long. ” 7. Memb. an- tér. Long. 2” 5°”. Memb. poster. Long. 5” 2°”. Parrie. Ce Batracien est originaire de l’île de Madagascar, d’où le Muséum en a recu plusieurs exemplaires par les soins de MM. Quoy et Gaimard. 8. EUCNÉMIS VERT-JAUNE. Eucnemis viridi-flavus. Nobis. CarAcTÈREs. Langue cordiforme. Tympan caché. Veux assez grands , médiocrement saillants. Museau tronqué au bout. Corps vert en dessus , jaune en dessous. DESCRIPTION. Formes. La seule différence saisissable qui existe entre cette espèce et la précédente réside dans la forme de sa langue, qui au lieu d’être sub-rhomboïdale et divisée en deux pointes en PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. EUCNÉMIS, 4. D2Q arrière , représente exactement la figure d’un cœur de carte à jouer. Ses yeux sont peut-être aussi un peu moins grands et moins saillants. CororarTion. Un vert tendre, semé dé gouttelettes jaunes, co- lore le dos, le dessus de la tête, des membres antérieurs, des jambes et la face externe du tarse. Les cuisses, les mains et les pieds offrent une teinte carnée. Un beau jaune est répandu sur toutes les régions inférieures, ainsi que sur le bord des mâchoires. Le bas des flancs est aussi coloré en jaune et, de plus, irrégulière- ment marqué de petits points d’un rouge de sang. Dimensions. Téte. Long. 1” 1°”. Tronc. Long. 2” 3”, Memb. antér. Long. 2” 2°”. Memb. postér. Long. 5”. ParTrie. Cette charmante espèce d’Hylæformes est une ré- cente découverte faite en Abyssinie par MM. les naturalistes-voya- geurs du Muséum, Petit et Dillon. ka L'EUCNÉMIS DE HORSTOOK. ÆEucnemis Horstookii. Tschudi. CARAGTÈRES. Langue cordiforme, Tympan. caché. Yeux de moyenne grandeur, non saillants. Tête allongée, confondue avec le tronc. Museau pointu. SYNONYMIE. Pyla Horstookit. Mus. Lugd. Batav. Hyla Horstooki. Schleg. Abbild. Amph. Decas 1, pag. 24. Eucnemis Horstooki. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Societ. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 35 et 56, n° 19. DESCRIPTION. Formes. Une tête plus allongée, plus étroite, confondue avec le tronc, un museau pointu, un crâne légérement bombé, des glandules en très-petit nombre et à peine apparentes aux angles de la bouche, sont les caractères à l’aide desquels on peut distin- guer l’Eucnémis de Horstook, de celui appelé vert et jaune. CoLorarTion. Le dessus et les parties latérales du corps sont d’un gris blanchätre. Une bande d’un brun trés-clair, lisérée de noir et surmontée d’une raie d’un blanc pur, s'étend depuis le bout du museau jusqu’à la hanche, en passant par l’œil et en côtoyant le haut du flanc. Toutes les régions inférieures sont blanches : tel est du moins le mode de coloration, probablement REPTILES, VIII. 34 530 BATRACIENS ANOURES.. altérée par la liqueur alcoolique, qui nous est offert par une série d'exemplaires provenant des récoltes faites en Afrique par feu Delalande. Dimensions. Téte. Long. 1” 3”. Tronc. Long. +” 7”. Memb. antér. Long. 2” 5”. Memb. postér. Long. 5° 2”. Parrie. C'est dans les contrées australes de cette partie du monde, et particulièrement dans les environs du cap de Bonne- Espérance, que vit cet Eucnémis, dont les habitudes ne nous sont pas plus connues que celles de ses congénères. VIL GENRE RHACOPHORE. — RAÆACOPHO- RUS (). Kubl. Caracrères. Langue grande, longue, rétrécie en avant , élargie, fourchue, libre en arrière. Des dents vomériennes sur une rangée transversale, largement interrompue au milieu, et située entre les arrière- narines, au niveau de leur bord antérieur.Tympan dis- tinct ; trompes d’'Eustachi petites. Quatre doigts exces- sivement aplatis , à disques terminaux très-dilatés, à membranes natatoires aussi longues qu'eux, et consi- dérablement extensibles. Orteils de même forme que les doigts, et à palmure non moins développée. Pre- mier os cunéiforme , ne produisant qu'un faible tu- bercule au dehors. Une expansion en forme de crête, le long du bord externe de l’avant-bras et du tarse. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée, non di- latées en palettes. Excepté la Rainette marbrée, aucune espèce de Batraciens anoures n'offre aux mains et aux pieds une palmure plus (1) Paxoc, pestis lacera, pos, ferens, qui porte ; qui porte des lam- beaux de vêtements; Jsis, 1827 , pag. 294. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RHACOPHORE. 53x développée et plus susceptible d'extension que les Rhaco- phores. Cette palmure, d’ailleurs assez épaisse, et qui se plisse longitudinalement lorsque les doigts et les orteils se rapprochent, n’en laisse libre que la portion terminale ou celle qui est dilatée en un grand disque transverso-ovalaire, Cependant l'avant - dernière phalange de l'index ne se trouve pas engagée dans cette membrane. Ce même index est plus court que le second doigt, et celui-ci moins long que le troisième et le quatrième, qui sont égaux en lon- sueur. Les quatre premiers orteils sont étagés , et le dernier n’offre pas plus d’étendue que le troisième ; tous cinq sont très-aplatis, ainsi que les doigts, et par conséquent fort larges. Les uns et les autres présentent de petits tuber- cules sous-articulaires. La saillie du premier os cunéiforme est à peine apparente. La peau du bord externe de l’avant- bras et du tarse forme une sorte de crête longitudinale, entière, qui se continue jusqu'à l’extrémité du quatrième doigt et du quatrième orteil. Le talon présente aussi une petite expansion cutanée. Les Rhacophores ont la tête courte et assez semblable, pour la forme , à celle des Rainettes proprement dites; leur langue ressemble à celles des vraies Grenouilles , c’est-à- dire qu’elle est oblongue, en pointe obtuse en avant, et élargie, bifide et libre en arrière. Les yeux sont grands et à trou pupillaire allongé. Le tympan est bien distinct, quoique M. Tschudi prétende le contraire ; mais l'ouverture des trompes d’Eustachi est petite, C’est entre les arrière- narines et au niveau de leur bord antérieur que se trouvent placées les dents vomériennes, disposées sur une ligne trans- versale , largement interrompue au milieu. On remarque deux légères entailles, séparées par une petite éminence, au bord antérieur de la mandibule inférieure, Chez les mâles , l’intérieur de la gorge renferme un sac vocal qui, de même que chez les Grenouilles, communique avec la bouche par deux petits trous situés aux angles internes de celle-ci, ou presque sous l’aplomb des conduits guttu- 34. 532 BATRACIENS ANOURES. raux des oreilles. Les narines externes s'ouvrent sur les côtés du museau, au-dessous de l’extrémité antérieure du canthus rostralis, qui est bien prononcé. Il n’existe ni parotides, ni aucune espèce de tubercules ou de plis glanduleux sur le corps, dont toute la peau est lisse, si ce n’est à la région abdominale et sous les cuisses, où elle a l’apparence gra- nuleuse, Les apophyses transverses de la neuvième vertebre, ou de celle qui correspond à l'os sacrum, sont étroites comme dans les Grenouilles, et non dilatées en palettes ainsi que cela a lieu chez un grand nombre d’'Hylæformes. Nous ne connaissons qu’une seule espèce appartenant au genre Rhacophore, celle dont la description va suivre. M."Tschudi en cite une seconde, le Rhacophorus margariti- J'erus ,que nous n'avons pas encore eu l’occasion d’observer. 1. LE RHACOPHORE DE REINWARDT. — Æhacophorus Beinwarditi. Boié. (Voyez pl. 89,fig. 1 et 1 4.) CARACTÈRES. Parties supérieures vertes pendant la vie, brunes ou violettes après la mort. SYNONYMIE. Ahacophorus Reinwardtii. M. Boié, Mus. Lugd. Batav. Hypsiboas Reinwardti. Wagl. Syst. amph. pag. 200. Rhacophorus Reinwardtii. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. So- ciét. scient. nat. Neuch. tom. », pag. 32 et 73, n° 8. Hyla Reinwardtii. Schleg. Abbild. amph. pag. 32, tab. 30. DESCRIPTION. Formes. La tête est aussi large que longue. ses côtés forment an angle obtus arrondi au sommet ; en dessus elle est plane, depuis l’occiput jusqu'aux narines, en avant desquelles le museau s’abaisse assez brusquement. Les régions frénales sont hautes , penchées l’une vers l’autre et légérement concaves en arrière du trou nasal. Les yeux sont saillants, leur intervalle est double de celui dés narines; le diamètre du tympan est de moitié moindre que celui de l’ouverture de l’œil. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RHACOPHOPRE. 1. D33 Étendues le long du corps , les pattes de devant touchent aux aines ; celles de derrière, portées dans la direction contraire, atteignent au museau par l’extrémité antérieure du tarse. La plus grande largeur de la main est presque égale à la longueur de la cuisse; l'étendue transversale de la palmure des orteils n’est pas moindre que la longueur du pied tout entier. On compte un tubercule sous-articulaire au premier et au second doigt , et deux à chacun des deux autres ; ilyenaunau premier et au second orteil , deux au troisième et au cinquième, trois au quatrième. Les faces plantaires sont lisses, mais les pal- maires sont ridées. Le bras est beaucoup plus maigre que l’avant- bras. CoLoraTion. Une teinte brune ou violette règne sur toutes les parties supérieures des individus conservés dans l’alcool; leurs régions inférieures sont jaunâtres. Dans l’état de vie, ce Batracien offre en dessus une belle cou- leur verte, quelquefois tachetée de noirâtre , tandis qu’en des- sous il est coloré en jaune orangé , ponctué de noir. La palmure des mains offre une tache bleue entre le second et le troisième doigt, ainsi qu'entre le troisième et le quatrième. La même chose a lieu à la membrane natatoire des pieds , avec cette difré- rence que les taches sont beaucoup plus dilatées, et que e’est entre le troisième et le quatrième orteil qu’on remarque l’une, et entre le quatrième et le cinquième que se trouve l’autre. Ce- pendant nous devons dire que ces taches bleues, qui passent au noir après la mort, n’existent pas chez tous les individus. Dimensions. Téte. Long. 2”. Tronc. Long. 4” 6”, Memb. an- tér. Long. 4”. Memb. poster. Long. 10° 5”. ParriE. Le Rhacophore de Reinwardt, ainsi nommé du nom du voyageur qui l’a découvert, est originaire de l’île de Java et de plusieurs parties du continent de l’Inde, particulièrement de la côte du Malabar, d’où M. Dussumier nous en a rapporté plu- sieurs beaux échantillons. * 534 BATRACIENS ANOURES. VII: GENRE TRACHYCÉPHALE.— TRACHT- CEPHALUS (1). Tschudi. CaracTÈres. Peau de la tête intimement unie aux os , que les petites aspérités qui en hérissent la surface rendent rudes au toucher. Langue grande, épaisse, amincie sur ses bords, presque adhérente de loutes parts, et dont la marge postérieure est légèrement in- fléchie en dedans. Des dents vomériennes situées en- tre les arrière-narines, sur un rang transversal divisé au milieu. Fympan distinct; trompes d'Eustachi de moyenne grandeur. Quatre doigts déprimés, renflés sous leurs articulations, à disques terminaux bien dilatés et à membrane natatoire, les réunissant à leur base seulement. Pieds palmés ; saillie du premier os cunéiforme très - faible. Des sacs vocaux chez les mâles. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée, élargies en palettes triangulaires. Ainsi que l'indique leur nom, les Trachycéphales ont la tête rugueuse, circonstance fort rare parmi les Hylæformes et qui tient à ce que les pièces composant cette partie du corps, se couvrent d’aspérités, et arrivent avec l’âge à un degré d’ossification iel, qu’on finit par ne pouvoir plus en distin- guer les sutures. C’est cette considération seule qui nous a fait accepter la séparation de ces Batraciens d’avec les Rai- nettes proprement dites, auxquelles ils ressemblent d’ail- leurs dans les autres principaux points de leur organisation. Ils ont effectivement la langue circulaire ou à peu près circulaire , et presque sans échancrure à son bord postérieur; (1) De spaxus, äpre, rude, et de xepaan, tête. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES, G. TRACHYCÉPHALE. 93) un rang transversal de dents vomériennes entre les arrière- narines ; le tympan visible ; une palmure aux pieds ; quatre doigts réunis à leur base par une membrane natatoire, comme la plupart des Raiïnettes ; dessacs vocaux sur les côtés du cou, comme plusieurs de celles-ci; et les apophyses transverses de la vertèbre sacrée, élargies en palettes trian- gulaires. On leur voit aussi de petits renflements sous les ar- ticulations des phalanges, de petites rides circulaires à la peau du ventre et du dessous des cuisses, ce qui donne une ap- parence granuleuse à ces parties. Les ouvertures des trompes d’Eustachi sont toujours plus petites que les arrière-narines. La saillie du premier os cunéiforme est peu prononcée, mais les extrémités des doigts et des orteils sont largement épatés en disques subcirculaires fort minces. Le troisième doigt est celui qui offre le plus de longueur, après lui c’est le qua- trième et ensuite le second ; d’où il résulte que le premier est le plus court des quatre. Les proportions relatives des orteils sont les mêmes que dans les genres qui précèdent , et les trois ou quatre qui vont suivre immédiatement. Une pete notable que présente le squelette des Trachycéphales, c'est que le cercle de leur orbite ne de- meure pas ouvert en arrière comme celui des autres Hylæ- formes ; il est au contraire complet, de même que chez les Calyptocéphales et le Pélobate cultripède. On ne s'explique pas bien comment M. Tschudi, créateur du genre Trachycéphale, ait pu ne pas ranger avec l’espèce qui lui a servi de type, deux autres espèces offrant cepen- dant exactement tous les caractères requis pour y être ad- mises ; et, ce qu'on ne comprend pas mieux, c’est qu'il ait au contraire placé ces deux espèces dans deux genres diffé- rents, n'ayant ni l’un ni l’autre la tête rugueuse , c’est-à-dire l'une parmi les Dendrohyas, l'autre avec les Fypsiboas. Nous avons nécessairement dû réunir ces trois espèces, dont M. Tschudi avait pris connaissance dans notre muséum national, où, à l’époque à laquelle ce savant l’a visité , elles se 536 BATRACIENS ANOURES., trouvaient désignées par les noms de Æyla geographica, Hyla septentrionalis et Hyla dominicensis. Les voici indiquées toutes trois sous leurs nouveaux noms, dans le tableau synoptique suivant : a ———— courte, mais distincte. 1. T. G£ocnapnique. une membrane à peine sensible. . . . 3. T. ps Sr-Domineue. pas de membrane du tout . T. MARBPRE. 1. LE TRACHYCÉPHALE GÉOGRAPHIQUE. ARR Res geographicus. Nobis. CaracTÈREs. Dents vomériennes sur une rangée rectiligne à peine interrompue , allant du bord latéral interne d’une arrière- narine à l’autre. Canthus rostralis formant une saillie aiguë qui s'étend jusqu’à l'œil. Surface de la tête marquée de stries rayonnantes. Un très-faible rudiment de membrane entre les deux premiers doigts ; un moins faible entre les autres. SYNONYMIE. Hyla geographica. Nob. Mus. Par. Trachycephalus nigromaculatus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2', pag. 33 et 74, n° r1. DESCRIPTION. Formes. Le contour de la tête, d’une oreille à l’autre en pas- sant par le museau, est en demi-cercle. L’occiput est un plateau horizontal relevé de petites collines ; la ligne de son bord posté- rieur est onduleuse. Le vertex et le chanfrein, qui s’inclinent légèrement en avant, forment ensemble un petit bassin triangu- laire, limité à droite et à gauche par la saillie aiguë que fait le canthus rostralis, sous l'extrémité antérieure duquel s’ouvre la narine, Celle-ci regarde obliquement en arrière et est ‘séparée PHANÉROGLOSSES LYLÆFORMES. G. TRACHYCÉPHALE. 1. D37 de sa congénère par une petite gouttière , qui descend jusqu’au bord de la mâchoire supérieure par une pente très-rapide et peut-être un peu arquée. Les régions frénales, hautes et concaves, sont fortement penchées l’une vers l’autre. La surface du crâne est inégalement creusée de sillons qui semblent rayonner autour de son centre. On en voit d’autres disposés en éventail sur les côtés du chanfrein et sur les régions frénales. L’œil est grand ou d’un diamètre égal à la moitié de la largeur de l’espace inter-or- bitaire, qui lui-même est égal à la moitié de l'étendue longitudi- nale de la tête. La circonférence du tympan est d’un quart moindre que celle de l’ouverture oculaire. La langue est grande, amincie sur ses bords, dont le postérieur est largement infléchi en dedans. On compte seize à vingt dents vomériennes, con- stituant une rangée transversale interrompue au milieu, qui s’étend du bord latéral interne d’une arrière-narine à l’autre. Les os palatins forment derrière ces orifices internes des narines une arête tranversale bien tranchante. Il y a, de chaque côté de la lan- gue des mâles , une grande fente longitudinale qui donne entrée à l’air au moyen duquel l’animal gonfle les deux énormes sacs vo- caux qu'il porte sur les côtés du cou, immédiatement en arrière des angles de la bouche. La peau du dos et du dessus des membres est lisse, mais celle des flancs, de la poitrine et de la gorge est comme pavée de petits mamelons glanduleux, ainsi que celle du ventre et des régions fémorales inférieures. Portés en avant, les membres postérieurs touchent au bout du museau par l'extrémité du tarse la plus voisine des orteils. Les pattes antérieures offrent la même longueur que le tronc. Le diamètre des disques terminaux des doigts et des orteils est au moins égal à celui du tympan. Un rudiment de membrane lie la base du premier doigt à celle du second; la palmure qui réunit les trois autres est distincte- ment plus développée, c’est-à-dire qu’elle offre en longueur le cinquième de celle du troisième doigt. La membrane natatoire des orteils s’étend jusqu’à leur avant-dernière phalange. Les plantes des pieds sont parfaitement lisses. CoLorATION. La tête est grisâtre , faiblement ponctuée de brun. Le dessus et les côtés du tronc offrent un mélange de taches , de raies, de lignes et de bandes, grises, blanches, brunes, roussâtres et bleuâtres , qui forment sur ces parties un dessin aussi irrégu- lier que celui que présente une carte géographique. Les mêmes teintes, à peu près, se montrent sur les membres ; mais là elles 538 BATRACIENS ANOURES. affectent une disposition en bandes transversales. Toutes les régions inférieures sont blanches. Dimensions. Téte. Long. 3”. Tronc. Long. 7”. Memb. antér, Long. 5” 5°”. Memb. postér. Long. 12° 6”. Pirri#. Le Trachycéphale géographique se trouve au Brésil ; notre collection eh renferme deux beaux échantillons qui ont été recueillis dans ce pays par M. Vautier. Observations. Cette espèce est celle d’äprés laquelle M. Tschudi à établi le genre trachycephale. 2. LE TRACHYCÉPHALE MARBRÉ: Trachycephalas marmoraius. Nobis. CarAcTÈRES. Dents vomériennes sur une rangée rectiligne ou très-légèrement cintrée, à peine interrompre, allant du bord latéral interne d’une arriére-narine à l’autre. Canthus rôstralis formant une saillie aiguë, dont l’extrémité postérieure (chez les vieux sujets) se recourbe en crochet. Surface de la tête finement granuleuse. Les deux premiers doigts entièrement séparés ; les trois autres réunis par un rudiment de membrane. SyNONYMIE. Trachycephalus marmoratus. Nobis. Hist, de l’île de Cuba par Ramon de la Sagra. Part. Erpet. tab. 29. Hyla septentrionalis. Nob. Mus. Par. Hyla septentrionalis. Schleg. Abbild. Dec. 1: Dendrohyas septentrionalis. Œschudi. Classif. Batrach. Mon. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 58 et 74; n° 12. DESCRIPTION. Forues. Chez cette espèce, le contour de la tête, d’une oreille à l’autre, en passant par le museau, ne décrit plus ün derñi- cerclé, comme dans le Tr achycëphalé géographique, inais elle forine Gh anglé obtus, arr ondi au sommet. L’occiput et le vertex, qui sont Plans chez les jeunes sujets, deviennent de plus en plus concaves, à mesure que l’änimal avance en âge. Le chanfrein est plat; le can rostralis, en constitue le bord de chäque côté, en faisant une Saillie au-dessus de la région frénale, sur laquelleson extrémité postérieure s’abaissé en formant un petit crochet, du point le plus convexe duquel naît une arête qui s’avance oblique- ment Vers l'orbite. Mais nous dévons faire remarquer que cette dispôsitionde l'extrémité postérieure du canthus rosträli, n’est dis- PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. TRACHYCÉPHALE. 2.539 tincte que chez les sujets déjà d’un certain âge; on ne l’observe pas sur les jeunes individus. Le bord postérieur de l’occiput ne suit pas une ligne onduleuse ; comme chez l’espèce précédente; elle est droite on un peu en angle rentrant. Le bout du museau, qui s’abaisse brusquement en âvant des narines, est convexe au lieu d’être creusé en gouttiere, et il offre proportionnellement plus de hauteur que chez l’espèce suivante; ici en effet, étendue verticale du bout du museau égale la moitié de la largeur de l’espace inter-oculaire, tandis qu’elle n’en a guère que le liers chez le Trachycéphale de Saint-Domingue. Les régions frénales sont très-penchées l’une vers l’autre, mais ne sont pas concaves. La surface entière de la tête est couverte de fines aspérités granuliformes. Le diamètre du tympan est d’un tiers moindre que celui de l’ouverture de l’œil. Les dents vomériennes forment une rangéerectiligne, qui cependant, avec l’âge, affecte une dis- position un peu arquée. Les deux premiers doigts sont libres, et la membrane qui réunit les trois autres par leur base est exces- sivement courte. On remarque un repli de la peau au-dessus du tympan, quelques renflements glanduleux aux angles de la bouche, et de petites verrues éparses sur le dos des vieux sujets. Les Trachycéphales marbrés mâles ont bien aussi, comme dans l’espèce précédente, deux vessies vocales aux côtés du cou, mais elles ne sont pas situées extérieurement, et les ouvertures par lesquelles elles communiquent avec la bouche sont plus petites et placées plus en arrière. Les os des membres offrent une teinte verte, ainsi que cela s’observe dans le squelette de l’£sox belone. Télles sont à peu près les détails d'organisation qui sont parti- cüliers à ce Trachycéphale, comparé à celui qui est décrit dans l’article précédent. CoLorATION. Cependant nous devons ajouter que son mode de coloration est ün peu différent; ici le dessus du corps offre, sur un fond gris-roussâtre où brun, de grandes taches noires, sou- vent lisérées de blanchâtres, plus on moins dilatées, irrégulières dans leur forme, isolées ou confluentes, dont l’ensemble consti- tue une véritable marbrure, ainsi que nous avons voulu l’indi- quer en désignant la présente espèce par le nom de Trachycéphale marbré. Les pattes ont leur face supérieure coupée en travers par des bandes noïres assez nettement tracées. Les régions infé- rieures sont blanches. 54o BATRACIENS ANOURES. DIMENSIONS. Zéte. Long. 2” 5”. Tronc. Long, 6” 2°”, Memb. antér. Long. 4° 6. Memb. postér. Long. 11° 9”. PATRIE. Cette espèce est trés-commune à Cuba, à en juger par le grand nombre d'individus recueillis dans cette île, qui nous ont été donnés par M. Ramon de la Sagra et par M. Henri De- laroche fils, du Havre. Une autre contrée du globe, fort différente de celle-ci et par son climat et par toutes ses productions naturelles connues, nourrirait aussi le Trachycéphale marbré, si l’on pouvait croire certaine l'indication d’origine que portent dans notre Musée plusieurs autres sujets bien évidemment de la même espèce, qui auraient été rapportés du cap Nord par M, Noël Delamori- nière. Ce fait de la simultanéité d’une race de reptiles dans deux pays si peu semblables sous tous les rapports a besoin d’être constaté de nouveau pour qu’on puisse le considérer comme vrai. Nous nous contentons donc de le signaler ici, sans en garantir l’authenticité, espérant qu’un jour quelque ami de la science trouvera l’occasion de faire cesser le doute que cause naturel- lement son invraisemblance. Observations. Les individus que nous venons de dire avoir été trouvés dans notre collection comme provenant du cap Nord, avaient d’abord été considérés par nous comme appartenant à une espèce particulière aux régions septentrionales, et nous les avions , à cause de cela, désignés dans notre Musée par le nom de /yla seplentrionalis. Maïs depuis qu’un nouvel examen nous a rendu évidente leur identité spécifique avec d’autres sujets venus de Cuba, nous leur appliquons comme à ceux-ci la dénomination de Trachycephalus marmoratus, sous laquelle nous avions déjà fait représenter l’espèce dans la partie erpétologique du grand ou- vrage de M. de la Sagra, sur l’île de Cuba. Cette prétendue Æyla septentrionalis a été acceptée comme réellement distincte des autres Hylæformes par M. Schlegel, qui l’a mentionnée dans ses Abbildungen, et par M. Tschudi qui lui a fait prendre rang parmi ses Dendrohyas , genre qui correspond en partie à celui de nos Rainettes proprement dites. 3. LE TRACHYCÉPHALE DE SAINT-DOMINGUE. Trachycephalus Dominicensis. Nobis. CARACTÈRES, Dents vomériennes, sur une rangée distinctement PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. TRACHYCÉPHALE. 3. DA1 arquée, à peine divisée au milieu, située en travers, positivement au milieu de l'intervalle des arrière-narines. Canthus rostralis formant une saillie arrondie s'étendant de la narine à l’œil. Sur- face de la tête finement granuleuse. Les quatre doigts, ou au moins les trois derniers, réunis par une membrane ayant en longueur la moitié de celle du premier doigt. SYNONYMIE. Hyla Dominicensis. Nob. Mus. Par. Hypsiboas Dominicensis. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 29 et 72, n° 6. DESCRIPTION. Formes. Ce Trachycéphale diffère de celui décrit dans l’article précédent par son museau plus court et n’ayant en hauteur que le tiers et non la moitié de la largeur de l’espace inter- orbitaire, par la forme arrondie de son canthus rostralis, par la gouttière longitudinale dont est creusée, au-dessous de lui , la région frénale, par la disposition en arc de sa rangée de dents vomériennes , dont la convexité regarde en avant, enfin par la présence d’une membrane excessivement petite, si ce n’est entre les quatre doigts, au moins entre les trois derniers. COLORATION. Quant à la coloration, elle est la même que chez le Trachycéphale marbré, à l’exception que les marbrures brunes sont peut-être un peu moins dilatées, et que le roussâtre semble être la teinte dominante du fond de couleur des parties supé- rieures. DIMENSIONS. Téte. Long. 2” 4”. Tronc. Long. 6” 5°”. Memb. antér. Long. 4” 8”. Memb. postér. Long. 12”. Parrre. Nous n’avons encore recu cette espèce que de l’île de Saint-Domingue. C’est à M. Alexandre Ricord que nous devons les cinq individus de différents âges, qui sont conservés dans notre collection. Observations. M.Tschudi a rangé cette espèce avecses Æ}psiboas, sans doute à cause de la forme arquée de sa rangée de dents vo- mériennes , forme de laquelle, ainsi que de celle en chevron, il paraît avoir tiré le principal caractère de ce genre. Il nous semble que celui d’avoir la tête comme enveloppée d’un bouclier osseux devait avoir la préférence, et c’est pour cela que nous plaçons le présent Batracien avec l’espèce que ce même M. Fschudi a prise pour type de son genre Trachycéphale. - 542 BATRACIENS ANOURES. , IX° GENRE. RAINETTE où RAINE. — AYLA (1). Laurenti. ({yla, Daudin, Cuvier, Fitzinger; Calamita, Schneider, Merrem, Fitzinger, Tschudi; Cala- mites, Hyas, Hypsiboas, Auletris, Scinax, Phyllodytes, Wagler ; Dendrohyas, Hypsiboas, Lophopus, Ranoidea, Sphænorhynchus, Tschudi.) Caracrires. Langue circulaire elliptique ou cyclo- trigone , entière ou très-faiblement échancrée, adhé- rente de toutes parts, ou plus ou moins libre à son bord postérieur. Des dents, situées sous le vomer, entre les arrière-narines ou au niveau, soit de leur bord anté- rieur, soit de leur bord postérieur, ou bien même en arrière de celui-ci. Fympan distinct ; trompes d’Eus- tachi de grandeur variable. Doigts et orteils déprimés ; les premiers au nombre de quatre, avec ou sans pal- mure ; les seconds au nombre de cinq, plus ou moins palmés. Disques terminaux des uns et des autres bien dilatés ; saillie du premier os cunéiforme faible, ob- tuse, Presque toujours un sac vocal sous la gorge, ou de chaque côté du cou, chez les mâles. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée, dilatées en palettes triangulaires. Nous nous servons du nom de /7yla pour indiquer toutes (1) Hylas, nom mythologique du fils de Théodonas tué par Hercule et enlevé par des nymphes d’une fontaine à laquelle il allait puiser de l'eau; mais cherché en vain par les Argonautes, qui faisaient retentir le rivage de son nom. De vauw. Latro, insanè clamo , aboyer. His adjunxit Hylan nautæ quo fonte relictum Clamassent ; ut littus Hyza! Hyra! omne sonaret. Virgile, Ecloga, VI, vers 44. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE RAINETTE. nn rmrttiiéiiiitis © Q-Q- © © CR Zspèces. se RATER ee - DE Laxcsporr, , . anguleux : dents vomériennes en série droite,. . . LL ARE Sd É verruqueux : museau DL « ; RÉTICULAIRE, , . , AUTOUR Eee ae sien et der Gltelle caries cave job si leens, end es eue des) S : R, MaRBRÉE, . . ., COlOTÉNA ee 0. 0 + PATTED'OIE. . . . fortement : dessus des bras ù toujours blanc. . . BoRDÉE DE BLANC, protubérants 5 N la moitié ou plus de leur longueur : dessus du corps ronde, circulaire. . Le ete dre . R. VERMICULÉE, . . , médiocrement : langue el bleu, . . : JR BLEUE... 0. médiocre : yeux elliptique : à dos{ grisâtre. . . . DE JERVIS,. . , lisse : langue rs ; x à peine saillants au-dessus du crâne. , . . . LevcoPnvize. . . très-grande , remplissant le plancher de la bouche. . . .. Ge ANTON: Fete here sue . DE PÉRON. . , . museau LUE CUlEUSE ES NN anguleux : gorge 1,2... + + « « 12. I. DE DAUDIN, . . . « VC) L'OMONONONC lisse : à levre , 2e x supérieure palmés , réunis dans L ayec une raie blanche { sans raie blanche : dos{ vieux. . . . R:INAINE. -..- et une dorsale . R. GENTILLE. latérale. . . . . R. FLancs-RAYÉS. SlAndnlensE TE Cecile Hpiolo . CuissEs ZÉBRÉES, . " grands, assez saillants : dos surface du crâne DIUNIUDIONMEMENT. + LROBAUE AR ANT lisse : dosé Fe fauve, marbré de blanc. . . . . R. SQuIRELLE. . . . gris PIQUE de NON eee ee ee . R. Demi-neuiz. . .. presque entièrement: yeux MAMEODOC Nes ee … bts onneEt 0 BEXS +... 34. R. VERSICOLORE. . . . ÉTÉRCONCAYES se netens lee eee os de o0vodc ele .oe . R. DE LEPRIEUR, . . . courte : régions frénales Des Es moins de leur moitie : 7 petit, rond: paupières + Srtails lue à entière: tympan _'très-grands : tête non concaves langue grand , ovale . . . NN NE . R. pe Doumerc. . . . laches. . . . R. FeuILLE-MORTE. . tendues. . . R, PoncTurÉE. . . . . Mains à doigts ÉCHANCIÉO He reel ee ete ele crie: cdvaLe Sieit . R. DE LEVAILLANT. . . Masse To tele PAL STATE dE ia cidre . R. BEUGLANTE. . . . . à leur base seulement. . . . . . . .. Hu SCDUSIAE)PELLSIEUDETOUTEE eee ee ee D bo Le ot . R. »'Ewing.. rugueux par un cordon glanduleux. sr ei tiens era to de Re 2 31. R:DEUAcKsON: presque entierement : à dos une glande Re te ele ere MN ET . R. pe Lesueur. . . . ] , = : ainsi que la tête : au dessus du mp | nonpalmés; mais orteils palmés lisse pas de glande. . ; TR nee 1e ln RE Gen Lo ie . R. Rouce. mais de petits tubercules sur la tête. . . . . . . soit , TMS MEN OR: . R. CYyNOCÉPHALE « . . AMEN AFOREUTEMENtE Se ee le. se nos Ge eee rs ont So en nanetee tee nets 1080 LR: CROGOPODE: REPTILES VIII. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. D49 les espèces, d'Hylæformes à pieds palmés, dont les disques ou épatements de la face inférieure des extrémités des doigts et des orteils sont toujours beaucoup plus petits que ceux des Litories et des Acris, et qui n’ont pas la langue bifide comme les Zimnodytes, les Polypédates et les Rhaco- phores, ni le palais sans dents comme les Zrales et les Micrhy les , ou la surface entière de la tète rugueuse, en apparence dépourvue de peau, comme les Trachycéphales. De cette manière , le genre Rainette se trouve réunir ici toutes les Hylæformes palmipèdes et à grands disques sous l'extrémité des doigts et des orteils ; celles qui ont la langue circulaire ou elliptique , affectant parfois une forme trigo- nale, entière ou excessivement peu échancrée à sa marge postérieure, le plus souvent un peu libre en arrière ; qui ont le dessous du vomer armé de dents, quels que soient d’ailleurs le nombre et la disposition de celles-ci; le tympan bien distinct , la tête revêtue d’une peau non adhérente aux os, et les apophyses transverses de la vertébre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Ainsi constitué, ce genre comprend la plus g grande partie des Æyla de Man die , des Calamites de Schneider et de Merrem, les Calamita et Hyla de Fitzinger, moins son IZy la bicolor., qui est une Phyllomedusa, comme son Ayla nasus, une Ælosia ; puis les Calamites de Wagler, ses Æyp- siboas, moins celle appelée Reinwardtiï, qui est le type du genre Rhacophore; ses Auletris, Hyas et Scinax, moins la Scinax aurata, qui nous semble être un Den- drobates ; ensuite les Sphænorhynchus, Ranoidea, Lopho- pus, Calamita de Fschudi, ses Æypsiboas et ses Dendro- hyas, moins Pl Æypsiboas dominicensis et la Dendrohyas septentrionalis , que nous avons placées dans le genre Tra- chycéphale. Sur trente-quatre _. rapportées à ce genre, plus de la moitié seront décrites pour la première fois, et avec assez de détails pour que désormais les naturalistes puissent se faire de chacune d’elles une idée exacte. Le tableau synop- tique placé en regard servira à les faire distinguer. 544 BATRACIENS ANOURES: Le peu de soin avec lequel ont été faites jusqu'ici beau- coup de figures et de descriptions de Batraciens anoures, nous dirions presque leur imperfection, nous a assez sou- vent fait préférer de les passer sous silence plutôt que d’en risquer une mauvaise interprétation. C’est ainsi que nous n'avons admis dans aucune de nos listes synonymiques , les Hy la appelées par Spix Wiliaris, Lateristriga, Ranoides, Albopunctata, Afjènis, Papillaris, Cinerascens, Cæru- lea, Stercoracea, Strigilata, Nebulosa, Geographica et Abbreviata; ni la Ayla crepitans et la Hyla aurata du prince de Wied. Pour déterminer exactement ces espèces, il faudrait connaître la forme de leur langue, la manière dont leurs dents vomériennes sont disposées, etc., etc. , et rien de cela n’est indiqué , ni représenté dans les descrin- tions ou les figures qu’on en a publiées. 1. LA RAINETTE PATTE D’OIE. — Wyla palmata. Daudin. Caractères. Tête grande, large, aplatie, à côtés antérieurs formant un angle obtus ou sub-aigu , arrondi ou comme tronqué au sommet. Narines saillantes. Canthus rostralis aigu ; régions frénales hautes , penchées l’une vers l’autre. Yeux trés-grands, protubérants , à paupières lâches. Langue disco-triangulaire où ovale, mince, unie, entière , à peine libre de chaque côté et en arrière. Dents vomériennes, disposées sur deux rangs formant ensemble un chevron on un demi-cercle situé entre les arrière- narines. Celles-ci fort grandes. Palais offrant un grand et large creux longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Tympan grand, ovale-oblique. Doigts palmés dans la moitié, orteils dans la presque totalité de leur longueur. Dessus du corps lisse. SynonymiE. Rana virginiana exquisilissimas Seba, tom. 7, pag. 115, tab. 72, fig. 5. Rana virginiana exquisitissima. Klein Quadrup. disposit. pag. 118. Rana maxima. Laur. Synops. Rept. pag. 32, n° 24. Rana maxima. Gmel. Syst. nat. tom, 1, pars 3, pag. 1095, n° 30, La Grenouille patte d'oic. Daub. Dict. anim. quad. ovip. pag. 659. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 1. 945 La patte d'oie. Lacép. Hist. quad. ovip. tom. 1, pag. 538. La grenouille patte d'oie. Bonnat. Encyclop. méth. Erpét. pag. 1, PI. 3, fig. r. Calamita maxima. Schneid. Hist. amph. Fasc. 1, pag. 163. Rana zebra. Shaw. Gener. zool. vol. 3, pars 1, pag. 123, PI. 37 (cop. Séba). Hyla palmuta. Latr. Hist. Ho tom. 2 , pag. 173, fig. Hyla palmata. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 38, PI. 14. Hyla palmata. X. Hist. nat. Rept. tom. 8, pag. 79. Calamita palmatus. Merr. Tent. Syst. amph. pag. 173, n. 24. Hyla pardalis. Spix. Nov. Spec. Test. Ran. Bras. pag. 34, tab. 8, fig. 3. Hyla faber. Wied. Reise nach. Brasil. tom. 1 , pag. 179, et tom. 2 , p. 241 et 249. Hyla faber. Id. Abbild. naturgesch. Brasil. fig. 1 et ». Hyla faber. Id. Beïtr. naturgesch. Brasil. tom. I, pag. 519. Hyla faber. Fitzing. Neue. Classif, Rept. Verzeichn. pag. 64. Hyla faber. Gravenh. Delic.Mus. zool. Vratilav. Fasc. I, pag. 23. Hyla palmata. Guy. Règn. anim. 2e édit. tom. IL, pag. 108. “Hypsiboas palmata. Wagl. Syst. Amph. pag. so1. Hyla palmata. Griff, anim. Kingd. Cuv. vol. 9. Hypsiboas palmata. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. I, pag. 73. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce est une de celles du genre rainette qui atteignent la plus grande taille, et dont le train de derrière est beaucoup plus allongé, plus grêle que le train de devant. La tête est fort grande, tres-plate et toujours un peu moins longue, me- surée d’un bout à l’autre, qu’elle n’est large à sa partie posté- rieure. Ses côtés, loin d’être perpendiculaires, sont au contraire assez fortement penchés en dedans et cela dans toute leur lon- gueur, depuis le derrière de l'oreille jusqu’à la narine; ils se rapprochent l’un de l’autre en s’avancant vers le museau, de manière à former un angle subaigu on obtus, tantôt simplement arrondi, tantôt tronqué au sommet. Le dessus de la tête donne à peu prés la figure d’un triangle dont l’aire est légèrement concave, et au sommet antérieur duquel, qui est tronqué, sont REPTILES, VIII. 35 546 BATRACIENS ANOURES. situées les narines, à droite et à gauche. Les ouvertures de celles-ci sont ovales et dirigées obliquement en arrière. Elles sont légère- ment en saillie, attendu que la région frénale est bien peu creuse au-dessous d’elles, en avant et en arrière. Les yeux sont fort grands et protubérants. Le plus grand diamètre du tympan, qui est ovale, est d’un quart moindre que celui de l’ouverture de l’œil. Les bords de la bouche, à chacun de ses angles, sont très-amincis et même tranchants, et font une légère saillie en dehors. En général, la langue a la figure d’un triangle fortement arrondi à ses trois sommets; mais on rencontre aussi des indivi- dus chez lesquels elle présente une forme-ovâle; elle est tou- jours mince, entière et un peu libre en arrière et de chaque côté. Les dents vomériennes garnissent, sur un seul rang, le sommet de deux fortes saillies tranchantes, presque contiguës, qui forment, positivement entre les arrière-narines, soit un che- vron, soit un demi-cercle, tantôt régulier, tantôt brisé en angle obtus, à deux endroits ; le sommet de ce chevron ou la convexité de ce demi-cercle regarde en avant. Il existe une grande fosse oblongue dans le palais, de chaque côté du sphénoïde, entre cet os et la proéminence produite par le globe de l’œil. Les trompes d’Eustachi sont triangulaires, ef d’un quart ou d’un tiers plus petites que les arrière-narines. Le sac vocal des mâles n’est pas apparent au dehors, il est situé sous la langue. Le tronc est moins large que la tête à l’endroit où il s’articule avec elle et se rétrécit beaucoup en s’avancant vers les membres postérieurs. L’étendue de ceux-ci excède celle du corps et de la tête’ de toute la longueur du tarse et du pied. Couchées le long des flancs, les pattes de devant atteignent à l'articulation fémorale. L’épatement de l’extrémité des doigts offre un diamètre presque aussi grand que celui du tympan; mais le bout des orteils n’est pas tout à fait aussi largement di- laté, c’est la seule portion de ceux-ci qui ne soit pas comprise dans la membrane natatoire qui les réunit. La palmure des mains est fort courte entre le premier et le second doigt; mais elle Sétend jusqu'à l’antépénultième phalange du troisième et jusqu'a la pénultième du second et du quatrième. Il y a un renflement sous-articulaire au premier et au second, et deux à chacun des deux derniers. On en compte également un au premier ef au second orteil, deux au troisième ef au cin- quième, et trois au quatrième. Le premier métacarpien en offre PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 1. D47 un plus petit que les autres, à son bord externe. La saillie du premier os cunéiforme est la seule que présente le tarse; elle est plate,obtuse et médiocrement développée. Les bras sont moins gros que les avant-bras. Toute la peau du dessus et des côtés du corps est lisse, celle des membres aussi, excepté à la face infé- rieure des cuisses, où il existe un pavé de petits granules sem- blables à ceux qui couvrent la région abdominale tout entière. Un petit repli cutané s’étend depuis le haut du tympan jusqu’à la naissance du bras. COLORATION. Parmi les individus de cette espèce que renferme notre Musée, il s’en trouve dont les parties supérieures sont fauves, marquées en travers de raies d’un brun marron, plus où moins courtes, plus ou mains larges, tantôt bien distinctes les unes des autres, tantôt confluentes où confondues entre elles. Un plus grand nombre sont, en dessus aussi, d’une teinte blan- châtre , grisâtre ou isabelle, avec une raie brune qui partage longitudinalement la tête et le tronc depuis le bout du museau jusque assez avant sur les reins. Ceux-là ont souvent les flancs et le derriere des cuisses rayés de brun de haut en bas, et presque toujours de grandes bandes de la même couleur en travers des membres. Chez ces deux variétés, le dessous de la mâchoire in- férieure est bordé de brun, de même que le repli de la peau situé au-dessus du tympan. La région anale est également colorée en brun, ou plutôt elle offre une tache de cette couleur, qui est lise- rée de blanchâfre. Assez ordinairement, le dessous des avant-bras est brun , et leur bord externe , ainsi que celui du tarse, est par- couru par un ruban blanc. Cette même couleur brune règne sur le devant de la jambe, où sont épars de petits points blancs. D’au- tres individus ont toutes leurs régions supérieures peintes en vio- let nuancé de bleuâtre: leurs flancs et le devant de leurs cuisses portent des raies verticales noirâtres, et le dessous de leur corps est jaunâtre; tandis que celui dont nous avons parlé précédém- ment est blanchätre uniformément ou bien lavé dé brun, parti- culièrement à la région gulaire. Dimensions. Téte. Long. 3” 5”. Tronc. Long. 6” 8”. Memb. antér. Long. 5” 8”. Memb. postér. Long. 15”? 16. Parrie. La Rainette patte d’oie se trouve au Brésil et à Cayenne. Les personnes qui ont été dans le cas de l’observer vi- vanie, assurent que son coassement est trés-fort et qu’il a quelque 35. 548 BATRACIENS ANOURES. analogie avec le bruit que produit le battement répété d’un mar- teau sur une enclume. Nos échantillons ont été recueillis au Brésil par MM. Delulende, Gaudichaud, Garnot et Lesson, et à Cayenne par MM. Martin, Leprieur, Leschenault et Doumerc. Observations. Le prince Maximilien de Wied a donné dans ses -Abbildunger une très-bonne figure de la variété de cette espèce, à raie M udinalo sur le dos; mais n’ayant pas reconnu son identité avec la Æ/yla palmata de Daudin, il l’a désignée par un nouveau nom, celui de /yla fuber, faisant ainsi allusion à la manière dont coasse cet Anoure hylæforme. I1 faut aussi rappor- ter à la Jyla palmata de Daudin Ja ya pardalis de Spix, qui en est une variété à parties latérales du corps et à face posté- rieure des cuisses, rayées de brun. La Ayla palma!a faisait partie du genre Aypsiboas de Wagler, genre établi sur des caractères si peu importants que nous avons dû le réunir à nos Rainettes proprement dites, en exceptant toutefois une des espèces qui s’y trouvait rangée, sans qu’elle remplit cependant toutes les conditions voulues pour y être ad- mise; car l’espèce dont nous voulons parler, le Rhacophorus Reinwardtit , n’a pas de vessie vocale externe de chaque côté de la bouche , particularité énoncée parmi celles qui composent la diagnostique du genre Hyÿpsiboas de l’auteur du Vaturlische sys- tem der amphibien, Au reste, ce qui est assez curieux, la #yla palmata elle-même, type de ce genre Æypsthoas , n'offre pas non plus ce caractère ; au contraire, chez elle, la vessie vocale du mâle est simple et renfermée dans l’intérieur de la gorge. M. Tschudi, qui a adopté le genre #ypsiboas de Wagler, en lui faisant néanmoins subir quelques modifications , y a aussi rangé la Æyla palmata, bien qu’elle ne présente pas non plus tous les caractères que le premier de ces deux erpétologistes assigne à ce genre. Ainsi la caractéristique du genre #ypsiboas donnée par M. Tschudi dit positivement : « Linguam rotundam plicis longitu- dinalibus, totam affixam ; digitos subrotundos. » Eh bien, la vé- rité est que la langue de la Æyla palmata n’est ni ronde, ni plissée longitudinalement, ni adhérente de toutes parts, et que ses doigts ne sont pas sub-arrondis, mais bien distinctement aplatis. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 2. 549 2. LA REINETTE FEUILLE-MORTE. Zyle Xerophylla, Nobis. CaracrÈres. Tête courte, large, aplatie; côtés du museau formant un angle subaigu , tronqué au sommet; narines sail- lantes; canthus rostralis aigu; régions frénales hautes, penchées l’une vers l’autre; yeux fort grands, protubérants ; paupières lâches. Langue disco-ovalaire, épaisse, ridée longitudinalement, à peine libre en arrière, où elle offre une échancrure anguleuse. Dents vomériennes disposées sur deux rangs formant ensemble un chevron ou un demi-cercle, situé entre les arrière-narines, à peu près au niveau de leur bord postérieur. Gelles-ci, grandes, ovales. Palais offrant un grand creux longitudinal de chaque côté du sphénoïde; tympan subovalaire, de grandeur moyenne. Doigts réunis par une membrane excessivement courte entre les deux premiers, de moyenne grandeur entre le second, le troisieme et le quatrième. Palmure des pieds s'étendant presque jusqu’à l’extrémité des orteils. Dessus et dessous du corps d’une couleur feuille-morte, avec quelques petites taches isolées d’un blanc doré. DESCRIPTION. Formes. Cette Rainette diffère de la précédente : 1° par Îa conformation de sa langue , qui est épaisse, creusée de deux ou trois sillons longitudinaux, et dont la figure est celle d’un avale court, échancré angulairement en arrière; 2° par le diamètre moindre de son tympan, qui égale tout au plus la moitié de celui de l’ouverture de l'œil; 3 par le développement moins considérable de sa palmure des mains, qui laisse libres les deux dernières phalanges du troisième doigt, et qui est réduit à un simple rudiment entre le premier et le second. COLORATION. Une teinte d’un brun fauve, assez semblable à celle que présentent les feuilles des arbres au moment de leur chute, à la fin de l’automne, règne sur toutes les parties du corps, sans exceplion. On voit éparses sur les parties supérieures quelques petites taches arrondies , d’un blanc doré. Dimensions. Nous ne possédons de cette espèce que deux indi- vidus de petite tuille, ainsi qu’on peut le voir par les mesures suivantes : 55o BATRACIENS ANOURES. Tête. Long. 1° 6°”. Tronc, Long. 3” 2°”. Memb. antér. Long. 2° 5”. Memb. postér. Long. 7” 4”. PATRIE. Ces deux individus ont été recueillis à Cayenne. 8: LA RAINETTE DE LEVAILLANT. Æyla Levaillantiü, Nobis. CARACTÈRES. Tête courte, large, aplatie; côtés du museau for- mant un angle subaigu, tronqué au sommet; narines saillantes; canthus rostralis aigu; régions frénales hautes, penchées l’une vers l’autre; yeux fort grands, protubérants, à paupières lâches. Langue ovalaire, mince, entière, unie ou sans sillons, comme tronquée et à peine libre en arrière. Dents vomériennes formant deux rangs arqués, situés à côté l’un de l’autre entre les arrière- narines, à peu près au niveau de leur bord postérieur. Celles-ci, grandes, ovales. Palais offrant un grand creux longitudinal de chaque eôté du sphénoïde. Tympan grand, circulaire. Membrane des mains excessivement courte entre les deux premiers4doigts, tres-peu développée entre le second, le troisième et le quatrième. Palmure des pieds laissant libres les deux dernières phalanges du troisième orteil et seulement la dernière des trois autres. DESCRIPTION. Formes. En examinant cette espèce comparativement avec la Rainette patte d’oie, on voit qu’elle en diffère, par la forme cir- culaire de son tympan, par la disposition de ses dents vomé- riennes , qui forment deux demi-cercles placés tout près l’un de l’autre sur une même ligne transversale, par la brièveté de la palmure de ses mains, qui est à peine perceptible entre les deux premiers doigts, et qui n’atteint guère que l’avant-dernière phalange du second et du quatrième et l’antépénultièeme du troisième. Cette membrane palmaire est donc même un peu plus courte que chez la Rainette feuille-morte, avec laquelle on ne peut pas confondre la Rainette Levaillant, dont la langue n’est ni échan- crée en arriére, ni creusée de sillons longitudinaux et dont le tympan est plus grand, c’est-à-dire d’un diamètre égal, non à la moitié, mais aux deux tiers de celui de l’ouverture de l’œil. CoLorATION. Cette espèce ne nous est connue que par un seul sujet, dont toutes les parties supérieures sont brunes et les infé- PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES, G. RAINETTE. 4. BB1 rieures d’un blanc lavé de noirâtre. On distingue sur le dessus des membres des vestiges de bandes transversales d’une teinte plus foncée que celle du fond. Dimensions. Zéle. Long. 1” 8”. Tronc. Long. 3” 3°”, Memb. anter. Long. 2” 5, Memb. poster. Long. 7” 3. Parris. L'individu d’après lequel est faite la description qui précède provient des récoltes faites à Surinam par Levaillant, qui, comme on le sait, avait fait un voyage dans ce pays avant d’aller explorer la partie australe de l’Afrique. & LA RAINETTE DE DOUMERC. #yla Doumercii. Nobis. Caractères. Tête courte, large, aplaties côtés du museau formant un angle subaigu, tronqué ou subarrondi au sommet ; narines saillantes ; canthus rostralis aigu; régions frénales hautes, planes, penchées l’une vers l’autre ; yeux fort grands, protubé- rants, à paupières lâches. Langue ovale, mince, entière, unie ou sans sillons, tronquée et aähérente en arrière, à peine libre de chaque côté. Dents vomériennes situées entre les arrière-na- rines et disposées sur deux rangs formant ensemble un demi- cercle légérement brisé en angle obtus, à deux endroits. Arrière- narines grandes, ovalaires. Palais creusé d’un profond sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Tympan grand, ovale- oblique. Doigts réunis à leur base par une membrane trés-courte entre les trois derniers, encore’ plus courte ou à peine sensible entre le premier et le second. Palmure des pieds laissant libres les deux dernières phalanges du troisième orteil et la derniére seulement des trois autres. SYNONYMIE ? Z;la cinerascens. Spix. Spec. Nov. Test. Ran. Bras. pag..39, tab. 8, fig. 4. DESCRIPTION. Formes. La brièveté seule des membranes interdigitales de la Rainette de Doumerc suffirait pour la faire reconnaître entre les trois espèces précédentes ; mais sa langue lisse et entière, son grand tympan ovale, empêchent encore qu’on ne la confonde avec la Rainette feuille-morte, de même que la forme en arc doublement brisé de sa rangée de dents vomériennes est un autre moyen qu'on à pour la distinguer de la Rainette de Levaillant. Au 552 BATRACIENS ANOURES. reste, sa tête est aussi plus plate, surtout de l’avant, et le con- tour de sa bouche plus cintré que chez ses trois autres congé- néres, précédemment décrites, CoLoRATION. Une teinte violette règne sur toutes les régions supérieures du corps, dont le dessous est coloré en blanc jau- nâtre. Dimensions. Téte. Long. 1° g””. Tronc. Long. 3” 9°”. Memb. anter. Long. 3”. Memb. poster. Long. 8” 4”. Parrie. Cette espèce a été rapportée de Surinam au Muséum d'histoire naturelle par MM. Leschenault et Doumerc. Nous la dédions à ce dernier, en témoignage du zèle avec lequel il a se- condé dans sa mission scientifique le savant botaniste qu’il ac- compagnait en qualité de médecin et d’ami. Observations. C’est peut-être à cette Rainette qu’il faudrait rap- porter celle qui a été figurée par Spix, sous le nom de Cinerascens. 5, LA RAINETTE PONCTUÉE. Zyla punctata. Daudin. CARACTÈRES. Tête courte, large, plate; côtés du museau for- mant un angle aigu, tronque au sommet ; contour de la bouche fortement arqué ; narines saillantes; canthus rostralis aigu; ré- gions frénales hautes, planes, penchées l’une vers lautre; yeux grands, protubérants, à paupières bien tendues. Langue ovale, mince, tronquée et à peine libre en arrière. Dents vomériennes disposées entre les arrière-narines sur deux rangs formant en- semble un demi-cercle dont la convexité regarde en avant. Arrière-narines grandes, ovalaires. Trompes d’Eustachi petites. Palais creusé d’un sillon longitudinal de chaque côté du sphé- noïde. Tympan petit, circulaire. Une trés-courte membrane entre les trois derniers doigts; le premier et le second libres. Palmure des pieds ne s’étendant que jusqu’à l’avant-derniére phalange des orteils. SYNONYMIE. Calamita punctata. Schneid. Hist. amph. Fasc. I, pag. 170. Hyla punctata. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 41. Hyla punctata, YA. Hist. Rept. tom. VIII, pag. 81. ? Hylu variolosa. Spix. Spec. Nov. Testud. Ran. Brasil. pag. 37, tab. 9, fig. 4. Hyla punctata, Gravenh. Delic, Mus. zoolog. Vratilav. pag. 30, tab. 6, fig. II. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 6. 553 DESCRIPTION. Formes. Cette Rainette , bien que très-voisine de celle de Dou- merc, en diffère cependant par l’absence complète de membrane entre le premier et le second doigt ; par l'étendue un peu moindre de la palmure des pieds, qui laisse libres les deux dernières phalanges des orteils; par le diamètre du tympan qui est plus petit ou qui n’égale guère que la moitié de celui de l'ouverture des yeux; enfin par la grandeur de ceux-ci, qui est proportion- nellement moindre et dont les paupières ne sont point läches, mais bien tendues autour du globe oculaire. On remarque aussi que les tubercules abdominaux sont moins petits et moins nom- breux chez la Rainette ponctuée que chez la Rainette de Doumerc. CoLoraTion. Nos sujets, probablement décolorés par leur sé- jour dans la liqueur alcoolique, sont d’un fauve blanchâtre ; on aperçoit encore la trace d’une raie blanche, s'étendant depuis l’angle postérieur de l’œil jusqu'a la racine de la cuisse, et des taches d’un blanc pur sur la tête et le dos. Un individu de cette espèce, qui est conservé dans le Musée de Breslaw et dont M. Gravenhorst a donné la figure dans ses Deliciæ, etc., offre les mêmes raies et les mêmes taches que le nôtre; mais le fond de ses parties supérieures est d’un brun clair. Dimensrons. Téte. Long. 1” 3°”. Tronc.long. 2” 8°”. Memb. antér. Long. 2” 3°”. Memb. postér. 6” 5”. Parrie. Nous avons tout lieu de croire que cette Rainette est originaire du Brésil. Observations. La Hyla variolosa de Spix n’appartient pas sans doute à une espèce différente. 6. LA RAINETTE DE LEPRIEUR. Zyla Leprieuru, Nobis. CARACTÈRES, Tête courte , large , aplatie ; côtés du museau for- mant un angle aigu , à peine arrondi au sommet ; contour de la bouche fortement arqué; régions frénales, concaves, presque perpendiculaires ; narines peu saillantes ; canthus rostralis tran- chant , se rapprochant en angle aigu de son congénère ; yeux grands , protubérants, à paupières lâches. Langue ovale, non ri- dée , entière, un peu libre et tronquée en arrière. Dents vomé- riennes disposées entre les arrière-narines, sur deux rangs, 554 BATRACIENS ANOURES: formant ensemble un demi-cercle dont la convexité regarde en avant. Arrière-narines grandes, ovalaires. Trompes d’Eustachi petites. Tympan ovale, de grandeur moyenne. Palais creusé d’un sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Mains offrant une membrane à peine sensible entre les deux premiers doigts, courte entre les trois autres, ou les laissant libres dans un peu plus de la moitié de leur longueur. Palmure des pieds s'étendant jusqu’à la dernière phalange des orteils exclusivement. DESCRIPTION. Formes. Voici une espèce dont les mains sont palmées de la même manière que celles de la Rainette feuille-morte et de la Rainette de Levaillant, mais qui se distingue de celle-ci par son tympan moins grand ou d’un diamètre seulement égal tout au plus aux deux tiers de celui de l’ouverture de l’œil , et de celle- là par sa langue entière et non marquée de rides longitudinales. Elle a d’ailleurs le cunthus rostralis plus aigu que toutes les es- pèces précédentes, le chanfrein moins étreit et plus plat, les narines moins saillantes et les régions frénales moins penchées l’une vers l’autre, ou presque perpendiculaires et distinctement concaves. On Ini voit, de plus, un semis de petites glandules à chaque angle de la bouche. Cororarion. Les régions frénales sont colorées en noir; une raie de la même couleur s’étend du bord postérieur de l’orbite au coin de la bouche , en passant sur le tympan. Toutes les par- ties supérieures sont d’un gris blanchâtre, avec de larges bandes transversales brunes , bandes qui sont plus dilatées et moins ré- guliérement dessinées sur le dos que sur les membres. Il ÿ en a une sur levertex, qui affecte une forme triangulaire. Tout le des- sous de l’animal est blanc. Dimenstons. Tête. Long. 1°” 5”. Tronc. Long. 3” 3° Memb. anter. Long. 3” 5°”. Memb. poster. Long. 7” 5. Parrie. La Rainette de Leprieur est originaire de l’Amérique méridionale. Le nom par lequel nous la désignons est celui d’un pharmacien distingué, attaché à la marine, qui a enrichi nos collections d’un grand nombre de reptiles intéressants, parmi lesquels se trouve la présente espèce, recueillie par lui-même à Cayenne. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 7. D55 Observations. C’est de cette espèce que doivent le plus se rap- procher les Æyla geographica de Spix et crepitans du prince de Neuwied; cependant nous les croyons différentes. Toutefois elles ne sont pas semblables à la Aya venulosa, comme paraît le croire M. Tschudi. 7. LA RAINETTE BORDÉE DE BLANC. Fyla albomarginata. Spix. CARACTÈRES. Tête courte , trés-aplatie , plane en dessus; côtés du museau réunis en angle subaigu, arrondi au sommet ; con- tour de la bouche formant aussi un angle subaigu, mais forte- ment arrondi en avant. Régions frénales peu penchées l’une vers l’autre, non concaves; marines non saillantes ; canthus rostra- lis bien prononcé , mais arrondi et se rapprochant en angle aigu de son congénère. Yeux grands, protubérants , à paupières un peu lâches. Langue ovale, mince, ridée ou non ridée , entière, plus où moins distinctement tronquée et à peine libre en arrière. Arriére-narines très-grandes. Dents vomériennes situées entre celles-ci, sur deux rangs , ayant la forme d’un À à branches assez écartées et dirigées postérieurement. Trompes d’Eustachi petites. Palais creusé, de chaque côté du sphénoïde, d’un grand sillon longitudinal , élargi en avant. Tympan circulaire, de moyenne grandeur. Mains garnies d’une membrane, trés-courte entre les deux pr emiers doigts , s'étendant jusqu’à l’avant-dernière pha- .lange au bord interne du troisième , jusqu’à la dernière à son bord externe, ainsi qu'à celui du second et jusqu’à la dernière aussi au bord interne du quatrième. Palmure des pieds se pro- longeant jusqu’à la dernière phalange des orteils, excepté au bord interne du troisième et du quatrième , où elle ne va que jusqu’à l’avant-dernière. Dessus du corps lisse. ' SYNONYMIE. Âyla albomarginata. Spix. Spec. nov. Test. Ranar. Bras. pag. 93, tab. 8, fig. 1. yla albomarginata. Fitz. Neue Classific. Rept. Verzeichn. pag. 64, n° 16. Bypsiboas albomarginata. Wagl. syst. Amph. pag. 207. Fypsiboas albomarginatus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. s0- ciét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 27. 556 BATRACIENS ANOURES. | DESCRIPTION. Formes. Le contour horizontal de la tête de cette espèce donne la figure d’un triangle équilatéral : sa face supérieure est plane ; ses côtés, en arrière des yeux, sont perpendiculaires , comme che”la Rainette de Leprieur ; mais ses régions frénales , un peu penchées en dedans , ne sont nullement concaves. Le bord des orifices des narines ne fait pas la plus légère saillie , et le canthus rostralis,sous l’extrémité duquel elles se trouvent situées, à droite et à gauche du bout du museau , est arrondi , quoique bien pro- noncé. Les yeux sont grands et les membranes du tympan pe- tites à proportion ; car la circonférence de celles-ci est presque de moitié moindre que celle de ceux-la. Les bras sont beaucoup plus étroits, plus maigres que les avant-bras. Les quatre mem- bres , quant à leur longueur et au développement de leur pal- mure , ressemblent tout à fait à ceux de la Rainette patte d’oie. Les seules régions du corps où la peau ne soit pas lisse, sont le ventre et le dessus des cuisses. On remarque un petit pli cutané, allant en droite ligne , de la commissure postérieure des pau= picres à l’arrière de l’épaule. COLORATION. Les bras proprement dits ou les régions humé- rales , le devant et le derriere des cuisses ne sont jamais colorés ; mais toutes les autres parties du dessus de l’animal sont finement pointillées de brun, sur un fond fauve ou rougeâtre. Le tour des paupières est blanc , ainsi que le pli linéaire que fait la peau en arriére de l’œil ; le haut des flancs l’est aussi fort souvent. Quant aux régions inférieures, elles sont toutes constamment blanches. Dimensions. Téte. Long. »”. Tronc. Long. 4” 2°”. Memb. antér. Long. 3” 7°”. Membr. postér. Long. 19° 8”. PATRIE. Cayenne et le Brésil sont les contrées de l’Amérique méridionale d’où nous ont été envoyés tous les échantillons de cette espèce que nous possédons. Nous en sommes redevables aux soins de MM. Delalande , Gaudichaud , Vautier et Le- prieur. Observations. Spix a donné de la Æyla albomarginala, ainsi nommée par lui , une figure qui n’est pas exacte, en ce que les doigts y sont représentés comme dépourvus de membranes na- tatoires. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 8. Db7 8. LA RAINETTE DE LANGSDORFF. yla Langsdorffii. Nobis. Caracrères. Tête aplatie; côtés du museau formant un angle subaigu , arrondi au sommet ; front et régions frénales concaves ; narines saillantes ; canthus rostralis se rapprochant de son con- génére , en angle obtus. Yeux médiocrement gros, protubérants. Tympan circulaire, assez grand. Langue ovale, mince, entière, tronquée et à peine libre en arrière. Dents vomériennes for- mant, entre les arrière-narines , qui sont ovales et trés-ouvertes, deux rangs arqués et un peu écartés l’un de l’autre. Membrane des mains, courte entre les deux premiers doigts, s'étendant jusqu’à l’avant-dernière phalange exclusivement le long du troi- sième , et jusqu’à la dernière le long du second et du quatrième. Palmure des pieds , ne laissant libre que la portion discoïdale des orteils. Dessus du corps clair-semé de trés-petits tubercules co- niques. DESCRIPTION. Formes. Aussi grande et au moins aussi svelte que la Rainette patte d’oie, la Rainette de Langsdorff ressemble encore à cette dernière par la grandeur des palmures de ses mains et de ses pieds ; mais elle s’en distingue de suite en ce que la peau de toutes ses parties supérieures, sans exception, est semée de tuber- cules coniques, fort petits , ayant même l’apparence spiniforme, sur les régions céphaliques et sur les membres. Le devant, le derrière des cuisses, le dessous de la jambe et du tarse sont lisses, tandis que les régions fémorales postérieures et le ventre offrent un pavé de tubercules en forme de cônes pointus , légè- rement comprimés de droite à gauche, ou à deux ou trois facettes, Il en existe aussi sur la poitrine et à la gorge ; mais ceux-là sont moins nombreux et simplement convexes. Le bord externe de l’avant-bras et du quatrième doigt est garni d’une petite mem- brane flottante découpée en festons ; on en remarque une sem- blable, en dehors aussi, le long du tarse et du cinquième orteil. Le contour de la tête, d’un angle de la bouche à l’autre, donne la figure d’un ovale fortement tronqué en arriére. Les narines s'ouvrent , à droite et à gauche du bout du museau, sur le côte d'une petite éminence sub-hémisphérique; elles sont ovales et 558 BATRACIENS ANOURES.: ont leur orifice dirigé obliquement en arrière. Les régions fréna- les sont un peu penchées en dedans et'assez profondément creu- sées dans toute leur longueur. Chacune d'elles est surmontée par le canthus rostralis, qui est arrondi et marqué de petits enfon- cements dont les bords, relevés en saillies, s’anastomosent entre eux d’une manière assez régulière ; il forme avec son congénére un angle obtus dont l’aire, correspondant au chanfrein et au front, est concave ; de l'extrémité du canthus rostralis naît une ligne sail- lante qui se réunit en angle aigu sur l’occiput , avec celle du côté opposé. L'espace inter-nasal est légèrement creusé en gouttière. Les régions tympaniques ou les côtés postérieurs de la tête sont perpendiculaires. Le tympan est circulaire et d’un quart moindre en diamètre que l’ouverture de l’œil, qui, à proportion, est un peu moins grand et moins protubérant que celui de la Rainette patte d’oie. La bouche est largement fendue , la langue ovale, mince, tronquée en arrière et sans échancrure. Les dents vo- mériennes sont situées positivement-entre les arrière-narines ,où elles forment deux petits arcs distinctement séparés l’un de l’au- tre et dont la convexité regarde le bout du museau. Les trompes d’Eustachi sont de moitié moins grandes que les arrière-narines; le palais offre un grand creux triangulaire , de chaque côté du _sphénoïde. CoLoratTION. La tête et le tronc sont , en dessus, marbrés de gris , de blanchâtre, de brun-clair et de brun-foncé; de grandes taches noires ; dilatées en travers, se voient de distance en dis- tance sur la face supérieure des membres. Tout le dessous de l’a- nimal est blanc. La région anale est blanche, offrant au-dessous de lorifice du cloaque une grande tache noire , et de chaque côté un dessin réticulaire de la même couleur. ; Dinensions. Téte. Long. 3”. Tronc. Long. 6” 8°”. Memb. antér. Long. 5” 3”. Memb. poster. Long. 14”. Parrig. Cette Rainette nous a été envoyée du Brésil par M. Langsdorff, lorsqu'il y exercçait les fonctions de consul pour le gouvernement russe. . 9. LA RAINETTE CYNOCÉPHALE, yla eynocephala. Nobis. CaraAcrÈRES. Tête légèrement déprimée, aussi large en avant qu’en arrière ; contour de la bouche fortement arqué; bout du museau tronqué; narines protubérantes; cénthus rostralis peu PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. Q. DD9 marqué. Yeux très-grands , à peine saillants au-dessus du crâne, à paupières lâches, tuberculeuses. Tÿmpan petit, circulaire. Langue grande, ovale, tronquée et un peu libre en arrière, ridée longitudinalement. Dents vomériennes , disposées sur une rangée transversale interrompue au milieu, située entre les arrière-narines, à peu près au niveau de leur bord postérieur. Arritre-narines médiocres, ovales. Trompes d’Eustachi très-pe- tites. Palais creusé d’un sillon longitudinal, de chaque côté du sphénoïde. Doigts complétement libres. Orteils palmés jusqu'aux avant-dernières phalanges. DESCRIPTION. ! Formes. La tête est à peine rétrécie en avant; en arriere sa largeur égale sa longueur totale. Le museau est large, coupé presque carrément au bout et relevé en deux petites éminences subhémisphériques , sur les côtés externes desquelles s’ouvrent les narines, qui sont ovalaires. Le canthus rostralis, étant forte- ment arrondi, est peu sensible; néanmoins , on le voit s'étendre de Pangle postérieur de l’œil à l’orifice nasal, limitant ainsi le front et le chanfrein, qui forment ensemble un plateau à trois côtés égaux, faiblement incliné en avant. Les régions frénales sont légèrement concaves, tandis que la mâchoire supérieure est très-arquée d’avant en arrière. Les yeux sont fort grands, mais peu saillants; leur paupière supérieure est lâche et comme fes- tonnée à son bord libre. Le tympan est circulaire et de moitié plus petit que l'œil, en diamètre. Les dents vomériennes sont disposées entre les arrière-narines sur une ligne (transversale interrompue an milieu ; ses extrémités ne touchent pas tout à fait aux bords internes de ces dernières, dont la forme est ovale et la grandeur médiocre. La langue, ni positivement ronde, ni absolument ovale , est tronquée en arrière et creusée de petits sillons longitudinaux. Les membres de devant n’atteignent qu'aux aines, lorsqu'on les couche le long des flancs ; ceux de derrière, placés de la même manière, touchent au bout du museau par l'extrémité du tarse. Les doigts, dont les disques terminaux sont un peu dilatés en travers, manquent complétement de membrane natatoire ; les orteils au contraire sont palmés jusqu’à leur avant- dernière phalange. De petits tubereules sont répandus sur le dessus et les côtés de 560 BATRACIENS ANOURES, la tête; ceux qui occupent les régions frénales et les palpébrales sont assez serrés les uns contre les autres. Partout ailleurs la face supérieure de l’animal est lisse ; en dessous, il n’y a que la gorge et les membres qui soient lisses, car la peau du ventre est gra-” nuleuse, de même que celle de la partie postérieure des cuisses. CoLoRATION. La tête et le dos sont nuancés de brun et de gri- sâtre, les membres marqués en travers de bandes ou de grandes taches blanchätres alternant avec d’autres , d’une teinte marron. Le dessous de l’animal est d’un blanc sale. Druensions. Téle, Long. 1”. Tronc. Long. 1” 9°”. Memb. antér. Long. 1” 5°”. Memb. postér. Long. 3” 5”. Parrie. Cette espèce ne nous est connue que par un individu évidemment fort jeune, qui nous a été rapporté de la Guyane par MM, Leschenault et Doumerc. 10, LA RAINETTE RÉTICULAIRE. Hyla venulosa. Daudin. CaracrÈères, Tête courte, épaisse ; régions frénales se rappro- chant l’une de l’autre en angle subaigu, tronqué au sommet; canthus rostralis arrondi. Contour de la bouche en demi-cerele. Yeux de moyenne grandeur, mais très-protubérants. Langue circulaire, à peine libre et légérement infléchie en dedans à son bord postérieur. Dents vomériennes disposées sur un rang trans- versal, sans solution de continuité apparente au milieu, s’éten- dant de l’angle postéro-interne d’une arrière-narine à l’autre. Un creux triangulaire de chaque côté du sphénoïde. Tympan médiocre, circulaire. Pas de repli de la peau bien marqué en travers de la poitrine. Doigts palmés dans le tiers, et les orteils dans les quatre cinquièmes de leur longueur. Peau du dos ma- melonnée. Une vessie vocale externe à droite et à gauche du cou chez les individus mâles. Sxnonymie. Rana. Merian. Insect. Surin. Tab. 56. Rana Virginiana. Seb. Tom. 1, pag. 115, tab. 72, fig. 4. Rana Virginiana altera. Klein. Quadrup. dispos. pag. 118. Rana venulosa. Laur. Synops. Rept. pag. 31, n° 22. Rana venulosa. Gmel. Syst. nat. Tom. 1, pars III, pag. 1055, n° 32. La Grenouille réticulaire. Daubent, Anim. quad. ovip. Ency- clop. méth. pag. 668. La Rcticulaire. Lacép. Hist. quad. ovip. Tom. I, pag. 557. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 10. DGI La Grenouille réticulaire. Bonnat. E ncyclop. méth. Erpét. pag. 8, pl. 2, fig. 4. (Cop. Seba.) Rana zebra, varietas venulosa. Shaw. Gener. Zool. vol. IT, part. I, pag. 124. Rana Meriana. A. loc. cit. pag. 133, pl. 39. ( Cop. Mer.) Calamita Boans. Schneïd. Hist. amph. Fasc. I, pag. 164. * Hyla venulosa. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 35, pl. 15. Hyla venulosa. Latr. Hist. nat. Rept. Tom. IT, pag. 175. Hyla venulosa, Daud. Hist. Rept. Tom. VIIT, pag. 74. Calamita Boans. Merr. Syst. Amph. pag. 173, n° 22 (en partie). Hyla zonalis. Spix. Spec. Nov. Test. Ran. Bras. p. 41, tab. 12, fig. 1. Hyla Bufonia. Xd. loc. cit. pag. 42, tab. 12 > 2-2. Hyla venulosa. Gravenh. Delic. Mus. Zoolog. Vratilav. Fasc. r, pag. 24. Hypsiboas venulosa. Wagl. Syst. Amph. pag. 201. Hypsiboas venulosus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. Tom. II, pag. 72. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a le corps et les membres plus forts, plus trapus que toutes celles précédemment décrites. La tête est épaisse, aussi large que longue, plane entre les yeux, faiblement inclinée en avant de ceux-ci, légèrement renflée à la région occipitale, que partage longitudinalement un faible sillon qui s’avance un peu sur le dos. Les régions frénales sont courtes, hautes, peut-être un peu creuses en arrière des narines, très- peu penchées en dedans, et rapprochées l’une de l’autre en angle sub-aigu, tronqué au sommet. Le bout du museau, de chaque côté duquel s'ouvrent les narines, a effectivement l’air d’être coupé carrément. Les mâchoires, au contraire , décrivent, d’un coin de la bouche à l’autre , un grand demi-cercle régulier. Le canthus rostralis est arrondi. Les yeux sont très-proéminents ; le diamètre de leur ouverture est presque égal à l'étendue de l’es- pace existant entre le bord antérieur de la paupière et la na- rine , qui est ovale et dirigée obliquement en arrière. La circon- férence du tympan est de moitié moindre que celle de l’ouverture de l’œil. Les régions tympaniques sônt perpendiculaires. La REPTILES , VIII 36 562 . BATRACIENS ANOURES. langue est ün grand disque circulaire, épais au centre, aminci aux bords et faiblement échancré ou plutôt infléchi en dedans à sa marge postérieure. Les dents vomériennes sont disposées entre les arrière-narines et au niveau de leur bord postérieur, sur une rangée transversale à peine interrompue au milieu : la saillie osseuse sur laquelle sont implantées ces dents est très-forte. Les trompes d’Eustachi sont beaucoup plus petites que les arrière- narines. Le palais offre un creux triangulaire de chaque côté du sphénoïde. Les membres antérieurs sont gros, robustes et un peu plus longs que les flancs; à proportion moins fortes, les pattes de derrière, lorsqu'on les étend en avant, dépassent le bout du museau , de la longueur du pied , non compris le tarse. Les doigts et les orteils sont très-déprimés et à épatements termi- naux d’un diamètre un peu plus grand que celui du tympan : la palmure qui réunit les premiers, les laisse libres dans les deux tiers de leur longueur; celle des seconds s’étend jusqu’à la der- nière phalange exclusivement. Les renflements sous-articulaires sont coniques et en même nombre que chez le commun des espèces de ce genre. La peau qui enveloppe le corps est en gé- néral assez épaisse , particulièrement aux côtés de la nuque et aux parties latérales du tronc, où se montrent aussi des mame- lons où tubercules plus forts et plus rapprochés les uns des autres que sur le dos et sur les reins. Un gros repli glanduleux existe au-dessus du tympan, en arrière duquel il s’élargit et s'étend même jusqu’à l’épaule. Le ventre et le dessous des cuisses sont couverts d’un pavé de tubercules granuliformes ; la poitrine et la gorge sont elles-mêmes mamelonnées, mais la face infé- rieure des membres est lisse. Les mâles portent un énorme sac vocal de chaque côté du cou; ils ont le bord externe de leur premier doigt garni d’une plaque rugueuse, comme cela s’ob- serve chez les Grenouilles de notre pays. COLORATION. Les parties supérieures de la tête et du tronc offrent des dessins aussi irréguliers et aussi variés que ceux que présente une carte géographique : ce sont de grandes ou de pe- tites taches confluentes, des bandes ou des raïes de couleur brune, fauve, ou marron, se dirigeant dans différents sens, s’anastomosant de diverses manières, sur un fond d’une teinte plus claire. On rencontre cependant aussi des sujets chez lesquels la couleur foncée forme quelques bandes longitudinales assez régulières, et d’autres qui sont presque touf bruns ou noirâtres. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 11. 63 En général, le dessus des membres est coupé en travers par de larges bandes d’un brun plus ou moins foncé, tirant souvent sur le marron. Les régions inférieures sont d’un blanc jaunâtre. Dimensions. Zéte. Long. 2” 8”. Tronc. Long. 6” 3°”, Memb, antér. Long. 5”. Memb. postér. Long. 11” 4”. Parrie. La Rainette réticulaire vit dans l'Amérique méridio- nale ; c’est du Brésil et de la Guyane que proviennent les échan- tillons en assez grand nombre qui font partie de notre collection. Nous en sommes redevables aux soins de MM. Poiteau, Delalande, Vautier et Ménestriés. 11. LA RAINETTE VERMICULÉE. Æyla vermiculata. Nobis. CArACTÈRES. Tête courte , aplatie ; yeux peu proéminents. Dents vomériennes nombreuses , trés-serrées , disposées sur une ligne transversale , situées entre les arrière-narines, au niveau du bord postérieur de celles-ci. Pas de repli de la peau en travers de la poitrine. Parties supérieures lisses. Une vessie vocale de chaque côté du cou des mâles. DESCRIPTION. Formes. Nous hésitions à séparer cette espèce de la précédente, tant elle offre de ressemblance avec elle ; cependant nous avons cru devoir le faire , parce qu’elle a des dents vomériennes plus fines , plus serrées , en plus grand nombre et implantées sur une éminence plus longue, plus étroite ; parce que sa tête est plus plate, la saillie de ses yeux moins forte et la peau de son cou et de son dos plus mince et tout à fait lisse. CoLoRATION. Toutes ses parties supérieures sont finement ver- miculées de brun, sur un fond d’une teinte violacée. Dimensions. Téte. Long. 2”. Tronc. me 576. De anter. Long. 4”. 8°”. Memb. postér. Long. 9” 9°” Parrie. Elle diffère aussi de la Rainbiio réticulaire par le pays dont elle provient, car ce n’est pas de l’Amérique du Sud qu’elle est originaire , mais du nord de cette partie du monde. Le seul individu que nous ayons pu observer nous a été donné par M. Harlan. 36. 564 BATRACIENS ANOURES. 12. LA RAINETTE DE BAUDIN. Æy{a Baudinü. Nobis. CARACTÈRES. Tête courte, épaisse; régions frénales con- caves, se rapprochant l’une de l’autre en angle aigu , arrondi au sommet ; canthus rostralis aigu. Contour de la bouche en demi- cercle. Yeux de moyenne grandeur, mais très-protubérants. Langue circulaire, épaisse, médiocre, offrant une échancrure anguleuse à sa marge postérieure. Dents vomériennes dispo- sées entre les arrière-narines et au niveau du bord antérieur de celles-ci, sur une rangée transversale, à peine interrompue au milieu. Un sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Tympan médiocre, circulaire. Un repli de la peau bien marqué en travers de la poitrine. Doigts palmés dans le quart de leur longueur, et les orteils dans les quatre cinquièmes. Peau du dos lisse. Une vessie vocale de chaque côté de la gorge, sous le coin de la bouche, chez les mâles. DESCRIPTION. Formes. Au premier aspect, on prendrait cette espèce pour une Rainette réticulaire ; mais un examen plus attentif fait voir que le bout de son museau est arrondi et non tronqué , que son canthus rostralis est aigu; que les régions frénales sont creusées dans toute leur longueur , que ses membranes interdigitales sont plus courtes ; que les disques terminaux des doigts sont plus petits, ou d’un diamètre un peu moindre que celui du tympan ; que la peau de sa tête et de son dos est mince et non mamelon- née ; que celle de sa gorge est couverte de trés-petits tubercules coniques ; que celle de sa poitrine fait en travers, d’un bras à l’autre, un très-grand repli légèrement arqué ; enfin, que les individus mâles n’ont pas leurs sacs vocaux situés de chaque côté du cou, mais sous les angles des mâchoires, à droite et à gauche de la région gulaire. CoLoraTion. La tête et le dos sont largement marbrés de brun, sur un fond d’un gris violâtre; les reins et les membres, en dessus, sont gris; ceux-là avec des marbrures semblables à celles du dos, ceux-ci, avec des bandes transversales, d’un brun plus ou moins foncé. Quelques taches blanches, très-petites, sont éparses sur les parties supérieures. Le dessus de l’animal est d’un blanc jaunâtre sale, PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 13. 069 Dimensions. Téle. Long. 2”. Tronc. Long. 3” 8”, Memb. antér. Long. 3” 3°”. Memb. postér. Long. 8” 5”. Parrie. Cet Anoure Hylæforme nous a été envoyé du Mexique. Nous le désignons par le nom de Baudin, en l’honneur du brave et digne commandant de l’escadre francaise qui vient de se dis- tinguer d’une manière si glorieuse dans ce pays par la prise du fort de Saint-Jean-d’Ulloa. 13. LA RAINETTE NAINE. //yla pumila. Nobis. CaracTÈRES. Tête courte, épaisse, décrivant un demi-cercle d’une oreille à l’autre, en passant par le museau. Régions frénales très-courtes, légèrement concaves, rapprochées l’unede l’autre en angle obtus. Canthus rostralisarrondi. Yeux grands, protubérants. Langue circulaire , faiblement échancrée à sa marge postérieure. Dents vomériennes situées entre les arrière-narines , a niveau du bord antérieur de celles-ci, disposées sur une rangée transver- sale , largement interrompue au milieu. Un sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Tympan assez grand, circulaire. Un repli de la peau en travers de la poitrine. Doigts palmés dans le tiers de leur longueur, et les orteils dans les quatre cinquièmes. Peau du dos lisse. Une seule vessie vocale sous- gulaire chez les mâles. SYNONYME. ? Pyla bipunctata.Spix. Spec. Nov.Test. Ran. Brasil. pag. à, Tab. 0, fig. 3. ? Hyla capistrata. Reuss. Mus. Senckenberg. Tom. f, pag. 58, pl. 3, fig. 4. DESCRIPTION. Formes. Nous possédons de cette espèce une trentaine d’in- dividus que leur petite taille et le dessin de leurs parties supé- rieures nous avaient d’abord fait considérer comme de jeunes sujets de la Rainette réticulaire ; mais en les examinant de nou- veau et plus attentivement, nous nous sommes convaincus du contraire. Cette Æyla pumila diffère en effet notablement de la Zyla ve- nulosa , en ce que sa rangée de dents vomériennes est située au niveau , non du bord postérieur, mais du bord antérieur des arrière-narines, et qu’elle est largement interrompue au milieu, 566 BATRACIENS ANOURES. en ce que la marge postérieure de sa langue offre une échan- crure anguleuse, bien distincte, et que les individus mâles , au lieu d’avoir deux vessies vocales , une de chaque côté du cou, n’en ont qu’une seule sous la gorge, tout à fait semblable à celle de notre Rainette verte commune. Ce dernier caractère indique aussi que la Rainette naine ne peut pas être de la même espèce que la Rainette de Baudin , quoique lui ressemblant par la forme de la langue et la situation des dents du vomer , puisque chez cette dernière le sac vocal est double. La Rainette naine a d’ailleurs le museau plus court que les deux espèces précédentes, et elle offre un léger étranglement au point de jonction de la tête avec le tronc. La peau de ses parties supérieures est lisse , celle de la gorge et du dessous de ses mem- bres aussi ; mais le ventre et le derrière des cuisses sont granu- leux. Le tympan est surmonté d’un repli cutané. Les pattes et leurs membranes natatoires ressemblent à celles de la Rainette réticulaire. CororaTion, La tête, le dos, le dessus des extrémités anté- rieures et celui des jambes sont d’un rouge vineux plus ou moins clair, plus ou moins foncé, tirant quelquefois sur le violet ; tan- tôt cette teinte est uniforme , tantôt elle est marbrée de brun rougeûtre. Le bord des mâchoires présente une série de taches blanches ; assez souvent les côtés du museau et ceux du tronc sont très-finement piquetés de blanc. Le dessous du tarse est par- couru par une bande brune , et les jambes en offrent plusieurs, en travers de leur face supérieure. Les cuisses sont entierement blanches, comme toutes les régions inférieures. Dimensions. Téte. Long. 9”. Tronc. Long. 1” 8°”. Memb. antér. Long. 1” 5”. Memb. postér. Long. 4”. PATRIE. La Rainette naïne se trouve au Brésil. Observations. Elle nous paraît très-voisine , sinon la même que la Hyla bipunctata de Spix et la Æyla capistrata de Reuss. 14. LA RAINETTE VERSICOLORE. Âyla versicolor. Daudin. CARACTÈRES. Tête courte, épaisse; régions frénales hautes, non concaves , se réunissant en avant en angle obtus, fortement arrondi; canthus rostralis court, distinct, mais très-arrondi; con- tour de la bouche en demi-cercle. Yeux de moyenne grandeur , protubérants ; langue sub-circulaire , épaisse , libre dans le tiers PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 14. 067 postérieur de sa longueur , et à échancrure anguleuse bien dis- tincte. Dents vomériennes situées entre les arrière-narines, au niveau du bord postérieur de celles-ci, sur une rangée trans- versale , à peine interrompue au milieu. Un creux longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Tympan assez grand , circulaire. Un repli de la peau très-marqué en travers de la poitrine. Doigts palmés dans le tiers de leur longueur , et les orteils dans les qua- tre cinquièmes. Parties supérieures couvertes de petits mame- lons glanduleux. Une vessie vocale sous-sulaire chez les mâles. SYNONYMIE. Âyla verrucosa, Daud. Hist, Nat. Rain. Gren. Crap. Pag. 33, PI. 4, fig. 1. Hyla versicolor. Leconte. Ann. Lyc. nat. Hist. Newy. vol. t, pag. 281. Hyla versicolor. Harl. Journ. Acad. nat. scienc. Philad. vol. 5, pag. 343. Hyla versicolor, Holbt. North. Amer. Herpet. Pag. ro, pl. 17. Dendrohyas versicolor. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. sociét. scienc. nat. Neuch. Tom. il, pag. 75. DESCRIPTION. Formes. La Rainette versicolore a des formes encore plus lourdes, plus ramassées que la Rainette réticulaire ; cela, joint au grand nombre de petites verrues que présentent ses parties supérieures , lui donne une physionomie qui rappelle celle des Alytes. $ La longueur totale de la tête est un peu moindre que sa lar- geur prise au niveau des oreilles ; son contour , d’un coin de la bouche à l’autre, donne la figure d’un angle obtus, fortement arrondi au sommet, et faiblement arqué de chaque côté. Le can- thus rostralis est arrondi et à peine plus long que n’est large l’in- tervalle des narines. Celles-ci sont ovales et dirigées obliquement en arrière ; l’espace qui les sépare de l’œil est un peu creux. Le chanfrein et l’entre-deux des yeux sont plans. Ces derniers font une saillie assez forte au-dessus du crâne ; la circonférence du tympan est d’un tiers moindre que la leur. La fente de la bou- che n’est pas aussi grande que chez la Rainette réticulaire ; mais la langue est à proportion un peu plus développée ; elle est fort épaisse , à peu près circulaire, libre dans le tiers postérieur de sa longueur , et bien distinctement échancrée. C’est entre les 568 BATRACIENS ANOURES. arrière-narines, au niveau de leur bord postérieur, que se trou- vent situées les dents vomériennes, disposées sur une rangée tranversale, courte et à peine interrompue au milieu. Les trompes d’Eustachi sont plus petites que les arrière-narines , qui elles- mêmes sont peu ouvertes. La peau de la poitrine fait un large pli tranversal , légèrement arqué ; celle de la gorge, très-lâche et diversement plissée chez les individus mâles , se dilate en une sorte de gros goître , lorsque ceux-ci remplissent d’air la vessie vocale dont ils sont pourvus. Les pattes de devant sont un peu plus courtes que le tronc ; celles de derrière , lorsqu'on les cou- che le long des flancs , dépassent le bout du museau , de la lon- gueur du pied , non compris le tarse. Les disques terminaux des doigts et des orteils sont presque aussi grands que le tympan ; la membrane natatoire des mains s’étend jusqu’à la dernière pha- lange du quatrième doigt, et jusqu’à l’avant-dernière des trois premiers. La palmure des pieds laisse libres les deux dernières phalanges du quatrième orteil et la dernière du premier , du se- cond , du troisième et du cinquième. Il n’y a qu’un renflement sous-articulaire à chacun des quatre doigts ; on en compte un au premier , au second et au cinquième orteil , deux au troisième et trois au quatrième. Les paumes et les plantes sont verru- queuses. La saillie que fait le premier os cunéiforme est obtuse eé assez forte ; c’est la seule qu’on remarque au talon. De gros plis glanduleux existent en arrière des angles de la bouche; on en voit un en arc de cercle au-dessus du tympan. La tête , le dos, les flancs et le dessus des membres sont couverts de petites verrues arrondies. Le devant et le derrière des cuisses, le dessous des bras et des jambes sont lisses ; mais les régions fémorales infé- rieures sont , ainsi que le ventre, la poitrine et la gorge, héris- sées, ou plutôt comme pavées de tubercules granuliformes. COLORATION. D’après M. Holbrook , cette Rainette, lorsqu'elle est vivante , offre le plus ordinairement le mode de coloration suivant : le dessus des yeux porte une tache d’un brun foncé ; la mâchoire supérieure est brune, tachetée de blanc; l’inférieure est entièrement de cette dernière couleur. Le tympan est brun , la pupille noire et l'iris d’un jaune d’or. Les extrémités anté- rieures présentent une teinte cendrée , aussi bien que les posté- rieures ; mais celles-ci sont marquées de bandes, et celles-la de ‘taches brunes. La partie supérieure de la tête et du tronc est di- versement tachetée de brun sur un fond cendré , qui devient PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 19. 569 presque blanc à la volonté de l’animal. Au-dessous, les membres postérieurs sont jaunes, ainsi que les aines et les côtés de l’abdo- men, dont la région moyenne est blanche. Les individus de nos collections ont de grandes marbrures bru- nâtres sur les parties supérieures, marbrures qui sont d’autant plus apparentes que le fond est plus clair; ce fond est tantôt d’un gris cendré, tantôt olivâtre , tantôt presque brun. Les ré- gions inférieures sont d’un blanc sale. Dimensions. Téte. Long. 2”. Tronc. Long. 4” 5”. Memb. antér. Long. 4”. Memb. postér. Long. 8”. ParriE. Cette espèce paraît habiter toutes les contrées de l'Amérique du Nord. Notre Musée renferme une suite nombreuse d'échantillons qui proviennent de dons faits à cet établissement par MM. Harlan, Holbrook, Leconte , Teinturier , Milbert et Henry Delaroche du Havre. La Rainette versicolore se tient sur les arbres et les murs cou- verts de mousses et de lichens. M. Holbrook dit l’avoir souvent prise sur de vieux pruniers. Observations. C’est sans doute à cette espèce qu’il faut rappor- ter la Rainette verruqueuse de Daudin, dont ce naturaliste a donné une figure d’après un individu de notre collection, dans laquelle nous ne l’avons malheureusement pas retrouvé. 15. LA RAINETTE DE PÉRON. Æyla Peronii. Nobis. CArAcTÈRES. Tête courte , épaisse ; contour de la mâchoire su- périeure en demi-cercle ; bout du museau convexe ; canthus ros- tralis arrondi, ayant un léger sillon longitudinal au - dessous de lui. Yeux de moyenne grandeur , protubérants ; langue cir- culaire , amincie sur ses bords , libre dans le tiers postérieur de sa longueur , offrant une échancrure ansuleuse en arrière. Dents vomériennes formant une trés-courte rangée transversale, dis- tinctement interrompue au milieu , située positivement entre les arrière-narines ; celles-ci petites, arrondies, Un sillon longitu- dinal de chaque. côté du sphénoïde. Tympan assez grand, circu- laire. Un repli de la peau très-marqué en travers de la poitrine. Doigts palmés dans le quart de leur longueur , et les orteils dans les quatre cinquièmes. Parties supérieures lisses, SYNONYMIE. Pyla Peronii. nob. M. S.S. Dendrohyas Peronü. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. sociét. scienc. nat. Neuch. Tom. IX, pag. 75. 570 BATRACIENS ANOURES. | DESCRIPTION. Formes. La Rainette de Péron a la partie antérieure de la tête ou le museau assez courte et arrondie horizontalement et trans- versalement , car le canthus rostralis està peine marqué et la mächoire supérieure un peu bombée de chaque côté ; cepen- dant la région frénale offre un léger creux longitudinal en arrière de la narine ; le front est plat, ainsi que l’occiput et l’espace inter-oculaire dont l’étendue est égale à la distance d’une ne- rine à la commissure antérieure des paupières. Les yeux, quoi- que assez grands , sont médiocrement saillants. Le tympan est circulaire, il a en diamètre un tiers de moins que ceux-ci. Les tempes sont perpendiculaires. La bouche est bien fendue ; la langue un peu convexe, aähérente dans les deux tiers anté- rieurs de sa longueur, et arrondie dans son contour, dont le bord postérieur offre une échancrure anguleuse. Le palais pré- sente un sillon longitudinal, à droite et à gauche du sphénoïde ; le vomer est armé de dents disposées positivement entre s: arrière -narines, sur une rangée transversale, qui ne les touche ni l’une ni l’autre, et qui est assez largement inter- rompue au milieu. Les arrière-narines sont petites , arrondies, et les trompes d’Eustachi leur ressemblent exactement par la forme et la grandeur. Couchées le long du tronc, les pattes an- térieures n’arrivent pas tout à fait à son extrémité postérieure ; celles de derrière, étendues vers le museau, le dépassent de la longueur du pied , y compris le tarse. Les épatements des doigts et des orteils ne sont pas tout à fait aussi grands que le tym- pan. La membrane des mains laisse libres les deux dernières pha- langes du premier , du second et du quatrième doigt, et les deux dernières et la moitié de l’antépénultième du troisième. La - palmure des pieds s'étend jusqu’au bout de l’antépénultième phalange du quatrième orteil et jusqu’à l’extreémité de la pénul- tième des quatre autres. Les métacarpiens et les métatarsiens sont semés de très-petites verrues. Un repli de la peau surmonte l'oreille ; un autre beaucoup plus prononcé coupe la poitrine en travers , allant du dessous d’un bras à l’autre. Toutes les parties supérieures sont lisses, ainsi que le dessous des membres, à l’exception des régions fémorales , dont la peau est finement granuleuse , comme celle des régions abdominales, pectorales et gulaires. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 16. bi COLORATION. Un mélange de points blanchâtres, de taches brunes ou roussâtres est répandu sur le dessus de l’animal , dont le fond de la couleur est grisâtre. Les lombes ainsi que le derrière des cuisses sont marbrés de blanc et de brun marron. Les ré- gions inférieures sont blanches. Dimensions. Zéte. Long. 1” 9”. Tronc. Long. 3” 9”. Membr. antér. Long. 3” 2°”. Membr. postér. Long. 7” 9”. Parrie. Cette espèce a été recueillie à la Nouvelle-Hollande, par Péron et Lesueur. 16. LA RAINETIE MARBRÉE. yla marmorata. Daudin. CARAGTÈRES. Tête courte, épaisse; museau arrondi dans son contour horizontal et en travers. Langue subcirculaire, échan- crée et à peine libre à sa marge postérieure. Dents vomériennes formant entre les arrière-narines une forte rangée transversale faiblement interrompue au milieu. Doigts et orteils excessivement aplatis et à disques terminaux très-dilatés; les uns et les autres à palmure très-développée. Une vessie vocale sous-gulaire, chez les mâles. Parties supérieures semées de petites verrues. SYNONYMIE. Rana Surinamensis marmorata. Séba. Tom. I, pag. 114, tab. 17, fig. 4-5. Bufo marmoratus. Laur. Synops. Rept. pag. 29. Bufo gibbosus. Var. £. Gmel. Syst. nat. Tom. 1, pag. 1048. Le Marbre. Lacép. Quad. ovip. Tom. F, pag. 607. Le Crapaud marbre. Bonn. Encyclop. Méth. Erpét. pag. 14, pl. 7, fig. 5. Hyla marmorata. Latr. Hist. nat. Rept. Tom. IT, pag. 164. fig. Hyla marmorata. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 54, pl. 12, fig. 1-2. Hyla murmorata. Xd. Hist. nat. Rept. Tom. VS, pag. 71, pl. 94, fig. 1-2. Calamita marmoratus. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 174, n° 25. Lophopus marmoratus. Tschud. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. Tom. If, pag. 75. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce est la seule de toutes ses congénères dont les membranes natatoires soient aussi développées, et, sous ce rapport, elle offre une grande ressemblance avec les Rhaco- 572 BATRACIENS ANOURES. phores. La tête est à peu près aussi longue en totalité qu’elle est large en arrière ; le contour en est réguliérement arrondi d’un angle de la bouche à l’autre. L'espace inter-oculaire est égal à l'étendue du museau , mesuré de son extrémité au bord anté- rieur de l'orbite. L’occiput, le vertex et le chanfrein forment ensemble un plan un peu incliné en avant. Les nariness’ouvrent tout au bout du museau, offrant entre elles un certain intervalle creusé en gouttière , ce qui, joint à la légère concavité que pré- sente la région frénale, les fait paraître situées chacune sur une petite éminence convexe. Les yeux sont placés sur les côtés de la tête, faisant une saillie assez prononcée au-dessus du crâne ; ils sont grands et protégés par des paupières bien développées et lâches comme chez les Rhacophores. La circonférence du tympan est d’un quart moindre que celle de l’ouverture de l'œil, La langue est grande, épaisse, à peu près circulaire, et très-fai- blement échancrée en angle obtus à son bord postérieur. Les dents qui arment le vomer forment une rangée transversale, à peine interrompue au milieu, qui s’étend de l’angle postéro - interne d’une arrière-narine à l’autre. Ces arrière-narines sont arrondies etassez petites, mais moins encore que les trompes d’Eustachi. Les individus mâles portent sous la gorge une vessie vocale suscep- tible d’une grande dilatation et dont les ouvertures, qui sont lon- gitudinales, se trouvent placées à droite et à gauche de la langue. Les membres thoraciques n’offrent pas plus de développement qu'à l'ordinaire, mais les abdominaux sont très-longs et très- grêles : couchés le long du tronc, les premiers atteignent à l’ori- fice anal; étendus du côté opposé, les seconds dépassent le bout du museau de toute la longueur du pied, y compris le tarse. Les doigts et les orteils sont médiocrement alongés , mais très-apla- tis, fort larges et réunis par des membranes dans lesquelles leur seule portion terminale ou celle qui est dilatée en disque ne se trouve pas engagée. Il faut cependant en excepter le second doigt, où, au bord interne , la palmure ne s’étend pas au delà de lavant-dernière phalange. Les doigts offrent peu d’inégalité ; c’est le premier qui est le plus court, le troisième le plus long, le second tient le milieu entre ces deux là et le dernier est presque aussi étendu que l’avant-dernier. Les orteils augmentent gra- duellement de longueur à partir du premier jusqu’au quatrième, tandis que le cinquième est plus court que le troisième. Les ren- flements sous-articulaires sont peu développés. La peau des parties PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETLE. 17. 573 supérieures est semée çà et là de petites verrues coniques , mais principalement sur la région cervicale et sur les flancs ; chez les sujets adultes , la gorge en offre souvent qui sont toujours plus petites et plus nombreuses que sur le dessus du corps, Le ventre et la face inférieure des cuisses sont couverts de glandules granu- liformes. Une petite crête festonnée règne tout le long du bord externe de l’avant-bras et du tarse des individus assez avancés en âge. La peau de l’aisselle s'étend en une sorte de membrane triangulaire qui unit la région humérale à la moitié antérieure de la partie latérale du tronc. CozorATioN. Rien n’est plus variable que le dessin brun foncé du dessus du corps , qui présente, tantôt sur un fond gri- sâtre, tantôt roussâtre, olivâtre ou violacé, des marbrures, des veinures de toutes sortes, dont il est impossible de donner la description. En général les membres sont coupés de bandes transversales noirâtres ; le dessous du corps est marqué de taches ou de points de la même couleur. Dimensions. Téle. Long. 1” 5”, Tronc. Long. 3” 2°”, Memb. antér. Long. 3” 2°”. Memb. postér. Long. 7”. Pare. Les diverses contrées de l’Amérique méridionale pro- duisent ce Batracien, que nous avons reçu du Brésil, de Cayenne, de Surinam, etc. Observations. M. Tschudi a fait de cette Rainette marbrée un genre particulier, qu’il a appelé Lophopode. 17, LA RAINETTE BRUNE. Zyla fusca, Daudin. CaracrÈRes. Tête courte, épaisse; côtés du museau presque perpéndiculaires, se rapprochant l’un de Pautre en angle obtus, comme tronqué au sommet. Canthus rostralis subaigu. Yeux assez grands, médiocrement saillants. Tympan petit, circulaire. Langue arrondie, épaisse, libre dans le tiers postérieur de sa longueur , offrant une échancrure anguleuse en arrière; dents vomériennes disposées en deux petits groupes un peu écartés, situés l’un à droite, l’autre à gauche, près du bord latéral in- terne de l’arrière-narine. Celle-ci médiocre, ovalaire. Trompes d’Eustachi assez petites. Un sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Doigts palmés à leur base seulement, les orteils dans les deux tiers de leur longueur, Un repli de la peau en tra- ; 574 BATRACIENS ANOURES. vers de la poitrine. Parties supérieures lisses, Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. SYNONYMIE. Æyla fusca. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 40. Hyla fusca. YA. Hist. Rept. Tom. VE, pag. 5. Calamita fuscus. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 170, n°4. DESCRIPTION. Formes. Le museau de cette espèce est court, épais; ses côtés, qui sont hauts et presque perpendiculaires, forment un angle obtus, plutôt tronqué qu’arrondi au sommet. Le chan- frein est plan, ainsi que l’espace inter - oculaire et lPocciput; le canthus rostralis est bien prononcé et presque aigu. On re- marque un léger sillon allant de la narine sous l’œil, dont le diamètre est presque égal à la largeur de la région inter-or- bitaire ; le tympan est de moitié moins grand. Les côtés posté- rieurs de la tête sont verticaux. Le contour de la bouche est en demi-cercle un peu forcé. La langue ressemble à un disque circulaire offrant une échancrure anguleuse en arrière; elle n’est pas adhérente dans le tiers postérieur de sa longueur. Les dents vomériennes forment moins une rangée transversale interrompue au milieu, que deux petits groupes sifués chacun assez près du bord latéral interne des arrière-narines. Celles-ci sont petites et de forme ovale; les trompes d’Eustachi leur ressemblent sous ces deux rapports. Les membres antérieurs ne sont pas tout à fait aussi longs que le tronc; la peau qui les recouvre offre une ex- pansion triangulaire ou au pli du bras, à la face interne de l’articu- lation cubitale. Les doigts, palmés seulement à leur racine, sont un peu grêles, et leurs disques terminaux, aussi bien que ceux des orteils, offrent un diamètre distinctement moindre que celui du tympan. Les trois dernières phalanges du quatrième orteil et les deux dernières du premier, du second, du troisième et du cinquième ne sont pas engagées dans la membrane natatoire. Lorsqu'on étend les pattes de derrière vers le museau, elles le dépassent de la longueur du pied, non compris le tarse, Les ren- flements sous-articulaires sont médiocrement gros, et le dessous des métacarpiens et des métatarsiens présente de petites ver- rues. Il y a un petit repli cutané au-dessus du tympan et un autre assez large en travers de la région sternale. Toutes les parties supérieures sont lisses, ainsi que le dessous de la jambe et du PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 18. 579 tarse, le devant et le derrière des cuisses, mais la face infé- rieure de celles-ci et des membres antérieurs est granuleuse, comme le ventre, la poitrine et la gorge. Cependant , chez les mâles , la peau de cette dernière est lisse, et, de plus, trés-large ou trés-lâche, afin que la vessie vocale puisse se dilater. CorLonarion. Une seule et même teinte d’un brun marron règne sur toutes les régions supérieures de l'animal, dont le dessous est blanchâtre. DIMENSIONS. Téte. Long. 1” 2”. Tronc. Long. 3”. Memb. antér. Long. 27.5”. Memb. postér. Long. 6”. Patrie. Nous ignorons quel est le pays qui produit cette es- pèce. Peut-être est-ce l'Amérique? Nous en possédons trois in- dividus. Observations. L’un d'eux a été observé par Daudin, qui en a fait mention, sous le nom de #yla fusca, dans son Histoire des Rai- nettes et dans son Erpétologie générale. La Hyla fusca de Lau- renti et le Calamita fuscus de Schneider nous paraissent appar- tenir à une autre espèce. 18. LA RAINETTE CUISSES-ZÉBRÉES. Myla zebra. Nobis. CARAcTÈRES. Tête couverte de petites glandules. Doigts palmés dans le tiers de leur longueur, les orteils dans les quatre cin- quièmes. Cuisses zébrées de noir et de blanc. DESCRIPTION. Formes. Les seules différences qui existent entre cette espèce et la précédente, consistent en ce qw’elle a le dessus de la tête revêtu'de petites verrues poreuses; en ce quela membrane na- tatoire de ses mains est moins courte, et celle de ses pieds plus longue; en ce que ses dents vomériennes sont situées un peu plus en arrière ou à peu près au niveau du bord postérieur des arrière-narines; en ce que l’échancrure de sa langue est plus faible ; en ce que le dessous de ses bras est lisse; enfin, en ce que ses parties supérieures ne sont pas uniformément brunes. COLORATION. On remarque effectivement de grandes taches noires sur les flancs, et de larges bandes de la même couleur en travers des cuisses; bandes qui alternent avec d’autres bandes ou de simples lignes blanches. Le dessous de la mâchoire in- l 576 BATRACIENS ANOURES. férieure et la région gulaire qui l’avoisine, sont lavés de noi- râtre. Dimensions. Téle. Long. 1” 0”. Tronc. Long. 45”. Memb. antér. Long. 4”. Memb, poster. Long. 9° 5”. Parrie. Les deux seuls sujets que nous possédions provien- nent d’un envoi fait de Buénos-Ayres au Muséum, par M. d’Or- 19. LA RAINETTE DEMI-DEUIL. Z/yla leucomelas. Nobis. CARACTÈRES. Tête déprimée, médiocrement alongée. Parties supérieures lisses. Tempes noires , liserées de blanc. Dessus du corps et des membres gris, piqueté de noir ; derrière des cuisses tacheté de la même couleur. DESCRIPTION. Cette Rainettea lalangue, les oreilles etles membranes despieds etdes mains semblables à celles de la Æyla fusca ; tout le dessus de son corps est aussi parfaitement lisse. Cependant elle diffère de cette dernière par sa tête plus aplatie , par son museau moins court et moins obtus, par la position de ses dents vomériennes, qui, comme chez la Rainette à cuisses zébrées , arment le bord postérieur de l’entre-deux des arrière-narines. COLORATION. Son mode de coloration n’est pas non plus le même que; celui de la Æyla fusca, attendu que, loin d’avoir toutes ses parties supérieures uniformément colorées en brun, c’est au contraire une teinte grise, très-finement piquetée de noir, qui règne sur sa tête, sur son dos et le dessus de ses membres. Ses flancs et la face postérieure de ses cuisses sont semés de ta- ches noires; une raie noire aussi, mais liserée de blanc, parcourt le canthus rostralis, et une bande tout à fait pareille s'étend de- puisle bord postérieur de l’œil jusqu’en arrière de l’épaule. Le dessous du corps est d’un blanc cendré. Druensrons. Téte. Long. 1° 5”. Tronc. Long. 3”. Membr. antér. Long. 2” 5°”. Membr. poster. Long. 7”. Parrie. Les individus qui ont servi à notre description ont été recueillis à Montevideo par M. d’Orbigny. PHANÉROGLOSSES HILÆFORMES. G. RAINETIE. 20. 977 2 . LA RAINETTE BLEUE. la cyanea. Daudin. Caracrères. Tête courte, épaisse ; ses côtés formant un angle obtus, arrondi au sommet; canthus rostralis arrondi ; régions frénales légérement creusées en arrière des narines. Langue el- liptique, un peu libre et légérement échancrée à son bord posté- rieur. Dents vomériennes disposées entre les arrière-narines, au niveau du bord postérieur de celles-ci, sur un rang transversal plus ou moins interrompu au milieu. Mains demi-palmées. Pal- mure des pieds entière. Parties supérieures du corps bleues ou violettes. | SYNONYME. The blue Frog. White. Journ. N. S. Wales, append. pag. 248, cum fig. Rana Austrasiæ. Schneid. Hist. Amph. Fasc. 1, pag. 150. Rana cœrulea. Shaw. Gener. zool. vol. 3, pag. 113. Rana cœrulea. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap., pag. 70. Hyla cyanea. Id. Hist nat. Rept. tom. 8, pag. 45. Bana cœrulea. Merr. Tentam. syst. amph. pag. 174. Calamila cyanea. Fitzing. Neue classif. Rept. Verzeich. pag. 64. La Rainette bleue. Cuv. Rég. anim. 2° Edit. Tom. 2, pag. 108. Calamiles cæruleus. Wagl. Syst. Amph. pag. 200. Hylu cyanea. Schleg. Abbild. Amphib. Rept. pag. 26, tab. 9, fig 2. Calamitu cyanea. Tschudi , Classif. Batrach. Mém. Soc. scienc. nat. Neuchât. (om. 2, pag. 73. DESCRIPTION. ForMEs. Ea Rainette bleue n’atteint pas à une taille moindre que la Rainette patte-d’oie et la Phylloméduse bicolore. Elle a la tête un peu moins longue qu’elle n’est large en arrière ; le con- tour de la bouche en demi-cercle un peu forcé ; les yeux à pro- portion moins grands, et bren moins saillants que chez la #y/a p«lmata ; les narines situées sur les côtés et en haut du bout dr museau , qui est arrondi ; les régions frénales rapprochées l’une de l’autre en angle obtus ou sub-aigu , légèrement penchées en dedans , et un peu creuses en arrière des ouvertures nasales, qui sont ovales et dirigées obliquement en arrière ; le canthus rostralis d'autant moins marqué et plus arrondi, que l’animal est plus âgé ; enfin le dessus du crâne plan chez les jeunes sujets , un peu REPTILES, VIII. 37 578 BATRACIENS ANOURES., bombé à la partie postérieure chez les adultes. Le tympan est sub-elliptique et d’un quart ou d’un cinquième moins grand que l’ouverture de l’œil. La bouche est largement fendue , etson pla- fond bien moins profondément creusé de chaque côté du sphénoïde que chez les premières espèces de ce genre. Les arrière-narines ) qui sont ovales, s’agrandissent beaucoup avec l’âge ; car, encore séparées du bord de la mâchoire par un certain espace dans les jeunes sujets , elles y touchent tout à fait chez les adultes, où les os palatins sont aussi plus saillants et même tranchants. C’est au niveau du bord postérieur des arrièére-narines , et entre elles deux, que se trouvent placées les dents vomériennes, disposées sur une rangée transversale assez courte, à peine interrompue au milieu pendant le jeune âge, mais séparées en deux par un assez large espace chez la plupart des vieux individus. La langue est el- liptique ou un peu plus étendue en long qu’en travers, arrondie aux deux bouts, avec une petite échancrure anguleuse à sa marge postérieure. Les trompes d’Eustachi ne sont pas tout à fait aussi grandes que les arriére-narines. Les membres antérieurs arri- vent à l’extrémité postérieure du tronc, lorsqu'on les couche le long de celui-ci; les postérieurs, portés en avant, dépassent le bout du museau , de la longueur du pied , y compris le tarse, le plus souvent. Les doigts sont fort aplatis, et les épatements dis- coïdaux qui les terminent, d’un diamètre à peu près égal à celui du {tympan ; le premier et le second offrent un renflement sous- articulaire , le troisième et le quatrième en ont chacun deux. La membrane qui les réunit s'étend jusqu'à l’avant-dernière pha- lange. Les orteils présentent un peu moins d’aplatissement que les doigts; ils sont palmés jusqu’à la dernière phalange exclusivement, et le nombre de leurs renflements sous-articulaires est comme il suit: un au premier et au second,deux au troisièmeetau cinquième, trois au quatrième. Il n’y a pas d’autre tubercule à la face plan- taire que celui qui est produit par le premier os cunétforme. La peau fait un repli au-dessus du tympan. Les flancs, le ventre et les régions fémorales postérieures offrent des tubercules granu- liformes ; mais toutes les autres parties du corps sont lisses. Les mâles sont pourvus d’une vessie vocale sous-gulaire interne, qui a ses orifices de chaque côté de la langue , orifices qui sont assez grands et longitudinaux. CozorArioN. Un bleu clair ou foncé, quelquefois une couleur verte, d’autres fois une belle teinte vieleile règne sur le dessus et PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 20. 279 les côtés de la tête, sur le dos, la face supérieure des membres et la région gulaire. Assez ordinairement le bord de la mâchoire inférieure est parcourt par une raie blanche qui se prolonge un peu de chaque côté et en arrière de l’angle de la bouche ; en gé- néral aussi on voit s'étendre depuis la commissure postérieure des paupières jusque sur l’épaule , une ligne blanche , ayant au-des- sous d’elle une ligne noire. On rencontre des individus avec une bordure blanche le long du tarse en dehors , et des taches de la même couleur sur le tranchant interne de la jambe. Fort souvent les jeunés sujets ont le haut des flancs et le derrière des cuisses d’une teinte purpurine. Les régions inférieures sont blanches. Dimensions. Téte. Long. 4” 6°”. Tronc. Long. 9”. Memb. antér. Long. 9”. Memb. postér. Long. 19” 57”. Parrre. Cette espèce habite la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle- Guinée et l’île de Timor. Nous possédons des échantillons provenant de ces trois pays; nous en sommes redevables aux soins de Péron et Lesueur et de MM. Quoy et Gaimard. Observations. La première figure qui ait été publiée de cette Rainette se trouve dans le journal de voyage à la Nouvelle- Galles du Sud de White; mais cette figure est inexacte en ce qu’elle représente notre espèce avec quatre orteils au lieu de cinq qu’elle a réellement, comme tous les autres Hylæformes. Fit- zinger, n'ayant pas reconnu l’erreur commise par le dessina- teur de White à l’égard de la Rainette bleue, fit de celle-ci un genre particulier, sous le nom de Calamita, auquel il donna pour caractère d’avoir le même nombre de doigts aux pieds qu'aux mains. Beaucoup plus tard, Wagler sépara aussi des antres Rainettes, la Æyla cyanea, non plus parce qu’elle manquait d’un cinquième orteil, mais parce qu’elle aurait eu, suivant lui, la tête sem- blable à celle des Astérodactyles ou Pipas et les mains dépour- vues de membranes natatoires, ce qui m'est pas plus vrai que le nombre de quatre orteils indiqué dans la figure de White. M. Tschudi fait aussi de la Rainette bleue un genre particu-. lier qu'il appelle également Calamita, se fondant, non pas comme Fitzinger et Wagler sur des particularités d'organisation qui n’ap- partiennent pas à l'espèce dont il est question; mais sur des diflé- rences trop peu importantes pour autoriser son éloignement de notre genre #yla ou Dendrohyas, ainsi que le nomme M. Tschudi. La meilleure preuve que nous puissions fournir à l’appui de 37. 580 BATRACIENS ANOURES. notre opinion, c’est de rapporter textuellement les notes carac- téristiques que M. Tschudi a données de ses genres Dendrohyas et Calamita. On verra clairement que c’est moins par le fond que par la forme qu’elles différent l’une de l’autre, c’est-à-dire que ce sont presque exactement les mêmes caracteres exprimés de deux manières différentes. G. DENDOHYAS. — Caput pressum, subspissum, rostrum rotun- datum ; dentes palatinos serie parvd dispositos ; linguam mediocrem, rotundam , ponè subliberam et vix bifidam ; ty mpanum conspicuum $ digitos palmarum vix basi membrané connexos , scelidüm semipal- matos. G. CALAMITA. — Caput permagnum, semicirculare, nares infra canthum rostralem ; oculos mediocres ; {ympanum conspicuum ; den- tes palatinos paucos (utrinque octo) confertos; linguam mediocrem, ponè leviter excisam, papillosam , in parte posticé liberam ; anti pedes breves , crassos ; digitos latissimos, depressos in disco magno dilatatos, semipalmatos. Scelides longas digitis palmatis. Nous, ferons encore remarquer que les disques des doigts des Calamita ne sont pas proportionnellement plus dilatés que chez les Dendrohyas, et que la palmure des pieds de la plupart de celles-ci et de l’espèce type en particulier , la Dendrohyas arborea, est tout aussi développée que chez la Calamita cyanea. Malgré sa grande taille, la Rainette bleue a beaucoup de traits de ressemblance avec l’espèce de notre pays. 21. LA RAINETTE DE JERVIS. #yla Jervisiensis. Nobis. CaRAcTÈRES. Tête courte, épaisse , ses côtés se rapprochant en angle sub-aigu, arrondi au sommet. Deux groupes de dents vomé- riennes, situés entre les arrière-narines, au niveau de leur bord antérieur. Parties supérieures d’un gris blanchâtre. DESCRIPTION. Cette espèce reproduit exactement le même ensemble de formes que la Rainette bleue, dont elle ne diffère que par les caractères suivants : : Les dents vomériennes, au lieu de former une rangée trans- PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 22. 981 versale , assez généralement à peine interrompue au milieu , et située au niveau du bord postérieur des arrière-narines , sont distribuées en deux groupes très-écartés, placés sur la ligne qui conduit de l’angle antéro-interne d’une arrière-narine à l’autre. L'espace inter - nasal n’est pas creusé en gouttière; les yeux, bien qu’assez gros, ne font pas desaillie au-dessus du crâne qui est parfaitement plan. Il existe , de plus que chez la Rainette bleue, un petit cordon glanduleux en arrière de l’angle de la bouche. CoLoRATION. Le canthus rostralis est marqué d’une raie brune ; une bande de la même couleur s’étend longitudinalement sur la région tympanique. Toutes les parties supérieures offrent une teinte d’un gris blanchâtre; toutes les inférieures sont blanches. Dimensions. Téte. Long. 1” 5°”. Tronc. Long. 3” 2°”. Membr. anter. Long. 2” 8°”. Membr. postér. Long. 6” 1°”. ParriEe. Ce Batracien provient du voyage de Péron et de Lesueur aux terres australes. La baie de Jervis est le lieu de la Nouvelle- Hollande où il a été recueilli par ces zélés naturalistes. 22. LA RAINETTE VERTE. Aya viridis. Laurent. CARAGTÈRES. Tête courte, épaisse ; côtés du museau presque perpendiculaires se rapprochant l’un de l’autre en angle obtus, arrondi au sommet ; régions frénales légérement creuses en ar- riére des narines ; canthus rostralis sub-aigu. Yeux assez grands, protubérants. Tympan médiocre, circulaire. Langue arrondie, épaisse, libre dans le tiers postérieur de sa longueur, un peu échancrée en arrière. Dents vomériennes, situées entre les ar- rière-narines , au niveau de leur bord postérieur, sur une rangée transversale courte, distinctement interrompue au milieu. Un sillon longitudinal peu profond de chaque côté du sphénoïde. Un petit repli de la peau au-dessus du tympan, et un autre en travers de la poitrine. Doigts palmés dans le cinquième de leur longueur, et les orteils dans les quatre cinquièmes. Parties supé- rieures lisses. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. SYNONYMIE. Ranunculus viridis sive rana calamites aut Dryopes. Gesn. quad. ovip. lib. IL, pag. 98, fig. et Aquat. lib. IV, pag. 808. Calamites. Rondel. Pise. palust. lib. I, cap. V, pag. 224. Rainette. Rondel. Hist. poiss. anim. palust. chap. V, pag. 167. Ca 82. _ BATRACIENS ANOURES. Rana arborea; Schwenckf. Theriotroph. Siles. pag. 153. Laubfrosch. Jonst.Hist. natur. quad. tom. IT, pag, 133, tab. 79, figsT 2559 Ranunculus viridis. Aldrov. quad. ovip. lib. , Cap. INT, p. 622. Rana arborea seu Ranunculus viridis. Ray. Synops. Meth. anim. quad. pag. 151. Rana arborea. Linn. Faun Suecic. p. 180. Rana arborea. Linn. mus. Adolph. Fred. tom. [, pag. 47. Rana. Gronov. Mus. pag. 84, spec. 63. Rana arborea, Roes. Hist. Ran. Sect. 11, pag. 39, tab. g-12. Rana arborea. Linn. syst. natur. Edit. 10, tom. I, page 15, n° 16. Rana arborea. Wulf. Ichth. Boruss. pag. 9. k Rana arborea. Xinn. Syst. nat. Edit. 12, tom. I, page 357, n° 16. Hyla viridis. Laur. Synop. Rept. pag. 33, var. a. Rana arborea. Müll. zool. Dan, Prodrom. p. 39. Ranochio verde. Cetti. Anfibi e pesci di Sard. tome Nil, pag. 39. Rana arborea. Nar. a. Gmel. syst. nat. Linn. Tom. 1, pag. 111, pag. 1094, n° 16. Raine verte. Daub. Encyclop. meth. anim. quad. ovip. tom. NT, p. 667, n° 2. Rana arborea, Razoum. Hist. Natur. Jorat. Tom. ï » Part. 101, n°11. Raine verte ou commune. Lacép. Quad. Ovip. tome I, pag. 550. Hyla viridis. Bonnat. Encyclop. Meth. Erpét. pag. g, tab. 47, fig. 5. Rana arborea. Sturm. Deutschl. Faun. Abtheil. IX, Heft 1. Rana arborea. Donnd. zool. Beytr. Tom. ILE, pag. 57. Calamita arboreus. Schneïd. Hist. Amph. tie I, pag. rs 1 Rana arborea. Latr. Mist. Salam. pag. xxxvur. Rana arborea. Shaw. gener. zool. Vol. IE, part. 1, pag. 190, pl. 38. ( Cop. Rœs.) ; Hyla viridis, Latr. Hist. nat. Rept. Tom. If, pag. 169, fig. 1. Hyla viridis. Dand. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 14, PI. I. Hy la viridis. Dand. Hist. nat. Rept. Tom. VIH, pag. 25. Rana arborea. Dwigubsky. Primit. Faun. Mosquens. pag. 47. Hyla Savignyi. Aud. Expl. Pl. Rept. ({Supplém.) Descript. Egypt. Hist. nat. Tom. f, pag. 161, pl. IL, fig. XHIT. La Rainette commune. Cuv. Régn. anim. r'eédit., tom. JT ,P. 94. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 22, 983 Calamita arboreus. Metr. Tent. syst. Amph. Pag. 170, n° 9. Colamita arborea. Risso. Hist. nat. Eur. mérid. tom, 3, pag. Hyla viridis. Fitzing. Nene classif. Rept. Verzeich. pag. 63,n° 5 Hyla viridis. Gravenh. Delice. mus. Vratilav. Fasc. T, pag. 23. Rainette commune. Cuv.Règ. anim. se édit. tom. 2, pag. 107. Hyas arborea. Wagl. Syst. amph. pag. 2or. The tree frog. Griff. Anim. Kind. Cuv. vol. 9, pag. 396. Hyla viridis. Eichw. zoolog. spec. Ross. Polon. tom. II, pag. 166. Hyla arborea. Ménest. Cat. raisonn. Voyag. Cauc. pag. 74. Hyla viridis. Dugès. Recherch. Batrac. pag. 7. Hyla viridis. Ch. Bonap. Faun. Ital. fig. sans n°. Hyla viridis. Bib. et Bory Saint-Vincent, Expéd. scient. Mor. Rept. pag. 74. Hyla ie Krynicki. Observat. Rept. indigen. ( Bullet. Soc. imper. natur. mosc. 1837, n° IIE, pag. 67). Hyla arborea. Schinz. Faun.helvet.Nouv. mém. Sociét. helvét. Scienc. nat. tom. I, pag. 144. Hyla arborea. Schlegel. Faun. Japon. Batrac., pag. 112, pl.3, fig. 5et 6. Dendrohyas arborea. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Soc. Scien. nat. Neuch. tom. 2, pag: 74. Raine, Rainette, Rainette Saint-Martin, Grasset, Grenouilles d'arbres. Nuls. DESCRIPTION. Formes. La Rainette verte tient le milieu entre les espèces à for- mes les plus sveltes etles plus élancées, telles que la Z/y/a palmata, la Ayla marmorata, et celles qui sont an contraire les plus ra- massées, les plus trapues, comme la //y/a versicolor, la Hyla venu- losa.Elle a la tête un peu moins longue qu’elle n’est large en ar- riére ; ses côtésse réunissent en angle obtus, arrondi au sommet et légèrement cintré à droite et à gauche. L’occiput, l'intervalle des yeuxetle chanfrein formentensemble un plan uni, un peuineliné en avant. Le canthus rostralis est assez aigu ; les régions frénales sont hautes , fort peu penchées l’une vers l’autre ou presque per- pendiculaires, et un tant soit peu crensées longitudinalement en arrière des narines , dont l’ouverture ovalaire et dirigée latéra- lement est située en pente sous l'extrémité antérieure du can- 584 BATRACIENS ANOURES. thus rostralis, ou sur le côté du bout du museau. Les régions tympaniques sont verticales, et les yeux médiocrement saillants. Le contour de la bouche est en demi-cercle, et la circonférence du tympan d’un quart moindre que celle de l’ouverture des pau- pières. La langue ressemble à un grand disque arrondi, libre dans le tiers postérieur de sa longueur, offrantune petite échan- crure angulaire en arrière. Les trompes d’Eustachi et les arrière- narines sont aussi petites les unes que les autres ; les dents vo- mériennes sont situées entre ces dernières, au niveau de leur bord postérieur, sur un rang transversal court, et assez largement interrompu au milieu. Lepalais offre de chaque côté du sphé- noïde un sillon longitudinal peu profond. Les mâles possèdent une vessie vocale sous-gulaire , susceptible de se dilater considé- rablement , à tel point que, quand elle est gonflée, elle ressemble à un goître au moins aussi gros que toute la tête , qui semble alors être posée sur une grosse vessie globuleuse. Les pattes de devant ont une étendue égale à celle du tronc; les membres postérieurs, lorsqu'on les couche le long des flancs, dépassent le bout du museau de la longueur du pied , y compris le tarse. Il existe une membrane interdigitale, mais elle est excessive- ment courte, on ne réunissant les doigts qu’a leur base; ce- pendant elle se prolonge en forme de bordure le long de leurs deux côtés: La palmure des pieds s'étend jusqu’à l'extrémité de l’avant-dernière phalange, le long du bord interne du cinquième orteil , et du bord externe du premier, du second et du troisième ; mais, le long du bord interne du second et du troisième , elle s’arrête où commence l’antépénultième phalange , et laisse libres les trois dernières du quatrième. Le diamètre des disques ou des petits épatements des doigts et des orteils, est égal à celui du tympan. On compte un tubercule sous-articulaire au premier et au second doigt, deux à chacun des deux autres, un aussi au premier orteil , au second et au cinquième, deux au troisième et trois au quatrième. La peau fait un petit repli au- dessus du tympan , et un trés-grand en travers de la poitrine ; elle est lisse partout ailleurs qu’à la région gulaire, à la poitrine, au ventre, sous les bras et les cuisses, où des glandules granu- liformes forment un pavé bien serré. CoLorATION. La couleur ordinaire de cette espèce, ou celle qu’elle offre le plus généralement, est un vert tendre sur toutes les régions supérieures, excepté sur les doigts et les orteils qui PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 22. 685 présentent une teinte rosée ; en dessous elle est toute blanche. Tantôt cette couleur verte est tachetée de fauve ou de noir , tan- tôt de fauve et de noir ; parfois elle passe au bleuâtre , on bien est remplacée , soit par un brun uniforme, soit par une teinte blanchâtre , grisâtre ou violacée avec ou sans taches plus foncées. Une bande noire, lisérée de blanc, s'étend depuis le bord posté- rieur de l’œil , en passant sur le tympan , jusque sur les côtés des hanches , où elle arrive souvent fort atténuée. Certains individus ont le canthus rostralis d’un brun foncé ; la gorge des mâles est quelquefois de la même couleur. Le contour de l’orifice anal est noir, pointillé de blanc. L'iris est doré, et la pupille noire et ovale ou en cercle allongé. Dimensions. Ce Batracien anoure est le plus petit de ceux de notre pays, après le Sonneur à ventre couleur de feu. Le mâle est toujours moins gros que la femelle. Tête. Long. 1” 5”. Tronc. Long. 5° 3°”. Memb. antér. Long. »” 6”. Memb. postér. Long. 7”. PATRIE et MOEURS. La Rainette verte est répandue dans toutel’Eu- rope,excepté dans le royaume de la Grande-Bretagne.On la trouve aussi au Japon, et sur toute la côte méditerranéenne de l’Afrique. Cette espèce se nourrit d’Insectes. Rœsel observe avec raison que ses allures pour lessaisir ressemblent assez à celles du chat qui guette un oiseau ouune souris ; c’est effectivement en sautant quel- que fois à un pied de distance , qu’elle s’élance sur sa proie ayant la gueule ouverte , et se servant de sa langue pour l’entraîner au fond du gosier. Elle paraît plus stupide que les autres Batraciens anoures, qui craignent et évitent le danger ; tandis que se fiant peut-être sur la couleur trompeuse de son corps, elle se laisse prendre sans quitter la place où elle était tapie. La Rainette se tient sur les arbres, hors du temps de l’engour- dissement et de l’époque où s'opère l’acte de la reproduction. L’accouplement a lieu dans l’eau , de la fin d’avril au commen- cement de juin , suivant que la saison est plus ou moins avancée. Les mâles coassent beaucoup alors , principalement le soir, et le plus souvent pendant des nuits entières ; le son qu’ils produisent est si fort que, si le vent s’y prête , on les entend à plus d’une lieue de distance. Rœsel prétend, et nous avons été à même de le vérifier , que c’est à l’âge de quatre ans seulement qu'ils jouissent de cette faculté, qui est sans doute liée à celle de re- produire leur espèce. 586 BATRACIENS ANOURES. Le mâle se place sur le dos de la femelle et s’y tient cram- ponné au moyen de ses pattes de devant, qu’il lui enfonce sons les aisselles avec tant de force qu’elles semblent être tronquées de toute la partie correspondante à la main. Les deux sexes de- meurent dans cet état deux ou trois jours ; cela dépend, au reste, du temps que la femelle met à pondre ; il s'opère alors dans le ventre de celle-ci de vives contractions , absolument comme s’il renfermait un animal vivant; car les mouvements ont lieu en tous sens de bas en haut, de haut en bas, de droite à gauche, de gauche à droite , tellement qu’on croirait que la peau de la région abdominale và se rompre, surtout au moment où le mâle rapproche son cloaque de celui de la femelle , lorsque les œufs commencent à sortir, Les œufs de la Rainette verte sont réunis en groupes comme ceux des grenouilles, mais ne sont pas aussi gros. D’abord la glaire qui enveloppe chacun d’eux est peu apparente , Mais après douze heures de séjour dans l’eau, ils ont avec cette glaire la grosseur d’un grain de vesce, et sans elle, celle d’un grain de moutarde. La masse que composent les œufs, qui ne sont pas tous de la : même couleur, car il y en a de bruns et de noirs foncés, tombe au fond de l’eau, si elle ne se trouve retenne par quelques plantes aux feuilles desquelles elle adhère. Voici, d’après le savant observateur que nous citions tout-à- l’heure, la marche que suivent ces germes dans leur dévelop- pement : Trois jours après avoir été pondus , la tache brune arrondie était devenue pyriforme ; le huitièéme jour ils formaient deux parties; le dixième ou le onzième, l’animal paraissait se mou- voir brusquement, puis restait en repos; le douzième le téêtard était bien formé, c’est-à-dire qu’on distinguait sur sa tête la place des yeux , celle de la bouche où étaient deux papilles. 11 avait la queue transparente et musculeuse, il était libre, très-vif, nageait en tous sens, se fixant par la têté pour se soutenir à quelque corps résistant, puis se nourrissait de plantes aqua- tiques. Le seizième on le dix-septième jour les branchies ex- ternes avaient disparu, la tête se confondait avec le ventre ; du vingt et un au vingt-neuvième jour on pouvait voir les rudi- ments des pattes postérieures ; le quarante-huitième jour les _ orteils étaient réunis par des membranes ; enfin le soixante-cin- quième jour l’animal était parfait et pouvait vivre hors de Peau. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 23. D87 23, LA RAINETTE FLANCS RAYÉS. Æyla lateralis, Daudin. CaracTÈèREs. Tête courte, déprimée ; côtés du museau pres- que perpendiculaires, se rapprochant l’un de l’autre en angle aigu, arrondi au sommet; canthus rostralis arrondi; régions frénales légèrement creusées en arrière des narines. Tympan médiocre , circulaire. Veux assez grands , peu saillants. Langue grande, subcordiforme ou disco-ovalaire, échancrée en arrière. Dents vomériennes formant une rangée transversale inter- rompue au milieu , située entre les arrière-narines au niveau du bord postérieur de celles-ci. Un sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Un petit repli de la peau au-dessus du tympan , et un autre plus fort en travers de la poitrine. Les doigts palmés dans le cinquième de leur longueur , et les orteils dans les quatre cinquièmes. Parties supérieures lisses. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. SYNONYMIE. Aana viridis arborea. Catesb. Nat. Hist. Carol. vol: 1; pagiet Pl..71: Hyla viridis var. £. Laur. Synops. Rept. pag. 33. Rana arborea var. y. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 1, part. 3, pag. 1054. Calamita Carolinensis. Penn. Zoolog. arctic. tom. 2 2, pag. SI. Calamita cinereus. Schneid. Histor. amphib. Fasc. 1, pag. 174. Rana bilineata. Shaw. Gener. zool.. vol. 3 , part. 1, pag. 136. Hyla lateralis. Latr. Hist. nat. Rept. tom. 2 , pag. 180. Hyla lateralis. Daud. Hist. nat. Rain. EE Crap. pag. 16, Pleins. Calamita lateralis. Merr. Tent. Syst. amph. pag. 171. Hyla lateralis. Leconte. Ann. lyc. nat. hist. Newy. sol. part. 2 , p. 278. Hyla lateralis. Harl. Journ. acad. nat. scienc. Philad. vol. 5, part, 11, pag. 941, ” DESCRIPTION. Forwes. La Rainette à flancs rayés a les formes un peu plus sveltes et la tête proportionnellement moins courte que la Rai- _ nette verte. Les côtés de son museau, au lieu de se réunir en angle obtus, donnent la figure d’un angle aigu , arrondi au 588 BATRACIENS ANOURES. sommet ; sa langue est un peu plus étendue en longueur, et ses deux groupes de dents vomériennes sont moins forts, plus écartés l’un de l’autre et moins rapprochés des bords latéraux internes des arrière-narines. CoLoraTion. Vivante, elle est toute verte en dessus, et blan- châtre en dessous, offrant une raie jaune le long de la lèvre supérieure et du haut du flanc, puis une autre le long du mollet, et une troisième en dehors de la jambe, depuis le genou jusqu’au cinquième orteil ; morte, sa couleur verte devient brune et ses raies jaunes passent au blanc. Dimensions. Téte. Long. 1” 5”. Tronc. Long. 3° 2°”. Memb. antér. Long. 2° 8°”. Memb, postér. Long. 6” 6”. . ParRiE. C’est dans l’Amérique septentrionale que se trouve cette espèce qui semble y représenter la Raïnette verte | comme la Grenouille halécine et la Grenouille des bois paraissent y tenir la place de la Grenouille verte et de la Grenouille brune. Catesby dit qu’elle se tient de préférence sur les grands ar- bres , et que ce n’est que vers le soir qu’elle se met en mouve- ment pour chasser aux insectes, dont elle se nourrit ;.son coas- sement , d’après le même auteur , serait la répétition fréquente et successive de la syllable #schit , fortement prononcée. 24. LA RAINETTE GENTILLE. Æyla pulchella. Nobis. CARACTÈRES. Tête courte, épaisse; côtés du museau presque perpendiculaires, se rapprochant l’un de l’autre en angle aigu, fortement arrondi au sommet; régions frénales un pen creuses : en arriére des narines. Canthus rostralis subaigu. Yeux assez grands, protubérants. Tympan médiocre, circulaire. Langue ar- rondie, libre dans le tiers postérieur de sa longueur, un peu échancrée en arrière. Dents vomériennes formant entre les ar- riére-narines et au niveau de leur bord postérieur une forte rangée transversale , courte et à peine interrompue au milieu. Un faible sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Un petit repli de la peau au-dessus du tympan, et un autre plus prononcé en travers de la poitrine. Doigts palmés dans le cinquième de leur longueur , et les orteils dans les quatre cinquiémes. Parties su- périeures lisses, Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. PHANEROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 25. 589 DESCRIPTION. Formes. Voici une espèce qui ne diffère guère de la précédente que par un peu plus de grosseur dans la saillie osseuse sur la- quelle sont implantées ses dents vomériennes, saillie qui, en outre , n’est pas distinctement interrompue au milieu; sa langue ressemble à celle de la Rainette verte, et son museau est aussi court , mais moins obtus que celui de cette dernière. CozoraTion. Les deux individus que nous possédons offrent un mode de coloration différent de celui de tous les sujets de la Rai- nette verte et de la Rainette à flancs rayés que nous avons été à même d'observer. Ils ont les parties supérieures d’un brun bleuâtre; leurs aines et la face postérieure de leurs cuisses sont tachetées de noir sur un fond blanc ou jaune orangé, couleur qui règne sur toutes leurs régions inférieures. Leur mâchoire supé- rieure porte une bordure blanche, finement lisérée de noir; il er existe une semblable , de chaque côté de la tête et du dos, de- puis le bord postérieur de l'orbite jusqu’à la hanche et même jusqu’à la racine du membre abdominal. Dimensions. Téle. Long. 2” 3°”. Tronc. Long. 2°” 9”. Memb. anlér. 2° 5°”. Memb. postér. Long. 6” 6”. PATRIE. La Rainette gentille est originaire de l’Amérique du Sud; nos sujets ont été recueillis à Montévidéo par M. Gau- dichaud. nd 23. LA RAINETTE SQUIRELLE. #yla squirella. Daudin. CaracTÈèREs. Tête courte , déprimée , assez élargie en arrière ; côtés du museau se rapprochant l’un de l’autre en angle subaigu, arrondi au sommet. Canthus rostralis subaigu ; régions frénales un peu penchées en dedans, distinctement concaves en arrière des na- rines; pourtour de celles-ci légèrement saillant.Yeux assez grands, protubérants. Tympan médiocre. Trompes d’Eustachi et arrière- narines assez petites , ovalaires. Langue grande , sub-circulaire , libre dans le tiers postérieur de sa longueur, faiblement échan- crée en arrière. Dents vomériennes formant deux petits groupes isolés , situés sur la ligne qui conduit de l’angle postéro-interne d’une arrière-narine à l’autre. Un faible sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Un petit repli de la peau au-dessus du 590 BATRACIENS ANOURES. tympan, et un autre plus prononcé en travers de la poitrine. Hem- brane interdigitale excessivement courte; pieds demi-palmés ; parties supérieures lisses on très-faiblement mamelonnées. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. SYNONYMIE. Myla squirella. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 18, PI. 3, fig. 2. Hy dis. Id. Loc. cit. pag. 19: pl. 3, fig. 1. : Hyla squirella. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 187, Hyla, femoralis. 14, Loc. cit. tom. 2, pag, 181. Hyla squirella. Daud, Hist. Rept. tom. 8, pag. 34, PI. 95, fig. 2. Hyla femoralis. I. Loc. cit. tom. 8, pag. 32, PI. 93, Fous La Raine squirelle. Bose. Nouv. Dict. d’hist, nat. tom. ob pag. 943. ‘ La Raine fémorale, Yd. loc. cit. Calamila squirella. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 191, n: 13. Calamita femoralis. Id. loc. cit. n. 11. Hyla squirella. Leconte, Ann. lye. nat. hist: Newy. vol. 0 Hyla femoralis. Id. loc. cit. pag. 280. Hyla squirella. Marl. Journ. acad. nat. scienc. Philadelph. vol. 5, pag. 342. Hy a Jemoralis. Id. Loc. cit. pag. 342. ? Hyla squirella. Gravenh. Delic. Mus. zool. Vratilav. Fasc. 1, pag. 28, n. 8, tab. 6, fig. 1. à! Auletris squirella. Wagl. Syst. Amph. pag. 2o1. y la squirella. Holbr. North. Amer. Herpet. vol. 1, pag. 109, PL. 18. DESCRIPTION. Forues. La tête, en arrière , est au moins aussi large que lon gue ; les tempes et les régions frénales sont un peu penchées en dedans; ces dernières , qui présentent une cavité bien distincte entre la narine et l'œil, forment, en se rapprochant lune de l’autre , un angle aigu, légèrement arrondi au sommet. Le can- thus rostralis se réunit aussi en angle aigu à son congénère, et cela tout à fait à l'extrémité du museau ; laire de cet angle aigu est plan et presque horizontal entre le front et les narines ; mais en ayant de celles-ci, il est incliné en dehors et légèrement cana- liculé. Le contour de la mâchoire supérieure est en deini-cercle PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 29. DOI assez forcé. Le tympan est circulaire ; sa circonférence est de la ‘moitié moindre que celle de louverture de Pæil, dont le diametre est égal à la largeur de la région inter-orbitaire. La bonche est légèrement fendue, la langue grande, épaisse, ayant la forme d’un disque échancré à sa marge postérieure. C’est entre les arriére-narines et au niveau de leur bord postérieur, que se trouvent situées les dents vomériennes disposées en deux groupes isolés, ou, si l’on veut, sur une rangée transversale, courte, fortement interrompue au milieu. Les membres antérieurs , cou- chés le long du tronc, atteignent aux aines; les pattes de derrière, étendues vers le museau, dépassent le bout de celui-ci de la lon- gueur du pied, y compris la moitié ou la totalité du tarse. Les doigts et les orteils sont médiocrement allongés , déprimés , plu- tôt faibles que forts, à disques terminaux très-aplatis, dont le dia- mètre est moindre que celui du tympan de près d’un tiers. La palmure des mains est excessivement courte , mais elle s'étend en bordure le long des côtes des doigts. Les orteils ne sont réunis entre eux que dans la première moitié de leur longueur. Les pau- mes et les plantes sont tuberculeuses, et les renflements sous- articulaires des phalanges bien prononcés. En général, la peau des parties supérieures est lisse ; mais parfois, cependant, on ren- contre des individus chez lesquels elle est semée de très-petites verrues. Un faible pli surmonte l'oreille , et il en existe un très- large, légérement arqué, en travers de la poitrine ; le dessous des bras et des jambes est lisse , les régions inférieures de l'animal sont granuleuses. Les mâles ont, comme ceux de notre Rainette commune ; un grand sac vocal sous la tête. Cozorarion. Les individus conservés dans l’alcool sont en des- sus d’une teinte fauve ou grisâtre , marbrés on tachetés de brun, avec ou sans raie blanche le long du bord de la mâchoire supé- rieure, au-dessous de l'œil et du tympan. Quelquefois la face postérieure des cuisses est ponctuée de blanc; telle est, en parti- culier, la variété qui a donné lieu à l'établissement de la Rainette femorale. Les régions inférieures offrent toutes une couleur blan- châtre. Voici, d'apres M. Holbrook, le mode de coloration le plus ordinaire de la Rainette squirelle. Un vert olive est répandu sur le dos, qui présente des taches irrégulières d’une teinte olive | foncée ; une bande brune coupe le vertex en travers; la lèvre supérieure offre une raie blanche qui s'étend souvent jusqu'a 592 . BATRACIENS ANOURES. l'épaule; une ligne brune régne sur le canthus rostralis, de la narine à l'œil; la mâchoire inférieure est presque blanche, la pupille noire, et l'iris doré. Les flancs sont gris en dessus; les membres sont colorés à peu près de la même manière que le dos, mais en dessous ils offrent une teinte carnée, et de chaque côté une bordure jaune; la face inférieure du corps est d’un blanc verdâtre en avant et d’une teinte plus foncée en arrière : la gorge est semée de petites taches brunes. Cette espèce ne possède pas à un moindre degré que ses con- génères la faculté de changer de couleur; car le savant erpé- tologiste de qui nous empruntons ces détails, ajoute qu’en un moment elle passe du vert uniforme aussi intense que celui de la Hyla lateralis, à une teinte cendrée ou à une couleur brune marquée de taches plus foncées , et que ces taches elles-mêmes varient considérablement sous le rapport du nombre et de la forme. Il paraît cependant qu’elle conserve assez constamment la raie blanche de la lèvre supérieure et la bande brune inter- orbitaire. Dimensions. Téte. Long. 1°” 4°”. Tronc. Long. »” 5”. Memb. antér. Long. 2” 3°”. Memb. poster. Long. 5” 8”. Observations. Pour nous, il est bien évident que la Rainette fémorale de Daudin , que quelques erpétologistes ont rapportée à la Rainette bicolore du même auteur, doit l'être au contraire à la Rainette squirelle. & 26. LA RAINETTE ROUGE. Z/yla rubra. Dauain. CaracrÈREs. Tête fort aplatie , plane et horizontale en dessus, un peu allongée , à peine rétrécie en avant ; contour de la mà- choire décrivant un demi-ovale; régions frénales légèrement concaves , penchées en dedans , se rapprochant l’une de l’autre en angle aigu , arrondi au sommet. Yeux grands , protubérants. Tympan médiocre , circulaire. Langue grande , elliptique , ridée Jongitudinalement , faiblement échancrée en arrière. Dents vo- mériennes situées positivement entre les arrière-narines, sur un rang transversal à peine interrompu au milieu. Un sillon lon- gitudinal de chaque côté du sphénoïde. Doigts sans palmure , à disques terminaux transverso-elliptiques. Orteils palmés dans les trois quarts ou les quatre cinquièmes de leur longueur. Par- ties supérieures lisses, Un sac vocal sous-gulaire chez les mâles. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTF. 26. 593 SYNONYMIE. Ayla rubra. Daud. Hist, nat. Rain. Gren. Crap. pag. 26, PI. 9, fig. 1-2 Hyla rubra. Latr. Hist. Rept. tom, 2, pag. 176, fig. r. Hyla rubra. Daud. Hist. Rept. tom. 8 , pag. 55. Calamita ruber. Merr. Tent. syst. amph. pag. 17r. Hyla X-signata, Spix. Spec. nov. Test. Ranar. Bras, pag. 40, ab. 11, fig. 3. Auletris rubra. Wagl. Syst. amph. pag. 2or. Dendrohyas rubra. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. sociét. scienc. nat. Neuch. tom, 2, pag. 74 ; exclus. synon, Dendr. aurantiaca (Hyla aurantiaca). DESCRIPTION. Formes. La tête est fortement déprimée, et un peu plus longue que large ; son contour horizontal donne la figure d’une demi-ellipse ; ses côtés, en arrière des yeux , sont perpendicu- laires, mais en avant de ceux-ci ils sont penchés l’un vers l’autre et légérement concaves. Le bout du museau est convexe; le chanfrein , l’entre-deux des orbites et l’occiput forment un seul et même plan uni, horizontal ; le canthus rostralis | qui est ar- rondi , se rapproche de son congénère en angle aigu, tronqué au sommet. L’œil est saillant et son diamètre , à peu près égal à la largeur du front ; le tympan a en circonférence la moitié de celle de l'ouverture oculaire. La langue est un peu échan- crée en arrière et libre dans le quart postérieur de sa lon- sueur ; elle a une forme elliptique , et sa surface est creusée de plusieurs sillons longitudinaux. Les trompes d’Eustachi sont beaucoup plus petites que les arrière-narines, entre lesquelles sont situées les dents vomériennes, qui forment une courte et forte rangée transversale à peine interrompue au milieu. Le palais est creusé d’une gouttière, à droite et à gauche du sphénoïde ; la peau du plafond de la bouche est épaisse, lâche ou peu adhé- rente aux os ; eelle de la gorge des mâles est susceptible de se dilater en forme de goître , mais à un degré moindre que chez la Rainette verte. La poitrine offre en travers un large pli légé- rement arqué ; il en existe un petit au-dessus de l'oreille. Lors- qu’on étend les membres dans un sens opposé, en les couchant le long du tronc , ceux de devant atteignent aux aines , et ceux de derrière dépassent le bout du museau, de la longueur du pied y compris la moitié ou la totalité du tarse. Les doigts et les or- REPTILES, VIII. 39 594 BATRACIENS ANOURES. teils sont déprimés et assez étroits; leurs disques terminaux, moins dilatés en long qu’en travers, ont une forme elliptique ; leur plus grand diamètre est presque égal à celui du tympan. Les doigts pourraient jnsqu’à un certain point être considérés comme complétement libres, tant est courte lamembrane qui les réunit; les orteils offrent , au contraire, une palmure assez développée pour que les deux dernières phalanges du quatrième et la der- nière du premier, du second, du troisième et du cinquième soient les seules qui ne s’y trouvent pas engagées. Les renfle- ments sous-articulaires sont bien prononcés , et les paumes et les plantes offrent de très-petites verrues. Toutes les parties su- périeures sont lisses ; tandis qu’en dessous il n’y a guère que la gorge et les quatre pattes , moins les régions fémorales, qui ne soient pas granuleuses. , COLORATION. C’est une mauvaise dénomination que Daudin a choisie pour cette espèce en lui appliquant celle de Rubra; car elle a moins souvent le fond de ses parties supérieures rouge ou plutôt roussâtre que d’une teinte d’un fauve cendré, gri- sâtre où ardoisé; il existe presque toujours une tache brune triangulaire entre les yeux ; quelques individus ont tout le corps semé de points de la même couleur; d’autres offrent de grandes taches irrégulières, où même des bandes longi- tudinales ; sur le dos et de chaque côté on en remarque ordi- nairement une , quise courbe et se rapproche plus on moins de sa congénère , de manière à représenter grossièrement la figure d’un X. C’est à cette particularité que Spix a voulu faire allusion en donnant le nom de X- Signata à la Rainette rouge de Daudin , espèce dont le voyageur bavaroïs a pu- blié un mauvaise figure dans son ouvrage sur les Tortues et les Grenouilles du Brésil. Certains sujets et particulièrement ceux colorés en roussâtre portent une bande fauve à droite et à gauche, sur la partie latérale du dos. Il y en a dont les régions inguinales et les faces postérieures des cuisses présentent des marbrures ‘blanches et noirâtres. Tous ou presque tous ont le dessus des pattes de derrière coupé de bandes brunes , trans- versalement , et le canthus rostralis parcouru dans toute sa lon- gueur par une raie d’un brun foncé. Le dessous de l'animal est entièrement blanc. Dimensions. Téte. Long. 1” 4” Pr Long. 2” 8°”. Memb. 2 71 antér, Long. 2” 3”. Memb. mo Long. 5” q°7 PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 27. 0305 Patrie. Cayenne et le Brésil sont les deux parties de l’Amé- rique méridionale d'où nous avons toujours recu jusqu’ici cette espèce de Rainette. Nous possédons une suite nombreuse d'échantillons que nous devons aux soins de MM. Leprieur, Gau- dichaud ,-Vautier , Leschenault et Doumerc. Observations. Daudin a décrit et fait représenter sa Rainette rouge d’après un individu de notre Musée , qu'il a pris à (ort pour le modele de la figure n° 5, de la PI. 68 du tome 2 de l'ouvrage de Séba ; car cet individu ne provient pas du cabinet de ce dernier. M. Tschudi s’est également trompé en réunissant à la Rainette rouge de Daudin la Rainette orangée du même au- teur : celle-ci est la même que la Rainette lactée de l’erpétolo- giste français que nous venons de nommer, et dont M. Tschudi a, sans nécessité, fait un-genre particulier sous le nom de Sphæ- norhincus. 27. LA RAINETTE DE LESUEUR. Ayla Lesueuri. Nobis. CARACTÈRES. Tête courte, plate, élargie en arrière, à côtés antérieurs formant un angle obtus, arrondi au sommet ; régions frénales penchées en dedans; un léger sillon longitudinal au- dessous du canthus rostralis; celui-ci distinct, sub-aigu. Yeux assez grands et médiocrement saillants. Tympan petit, circu- laire. Langue sub-circulaire, très-faiblement échancrée en ar- rière, libre dans le tiers postérieur de sa longueur. Trompes d’Eustachi plus petites que les arrière-narines ; entre celles-ci, deux rangs de dents vomériennes très-courtes, un peu obliques ot affectant la forme d’un chevron ouvert au sommet. Palais non creusé d’un sillon de chaque côté du sphénoïde. Pas de mem- brane inter-digitale ; palmure des pieds s'étendant presque jus- qu’à l’extrémité des orteils. Un renflement glanduleux au coin de la bouche ; un autre, descendant du bord de l’orbite sur l’é- paule, en s’élargissant; parties supérieures lisses; pas de vessie vocale. Et SYNONYMIE. Âyla oculata. Per. Les. M. S.S. DESCRIPTION. - FoRMEs. La tête est au moins aussi large que longue etetrès- déprimée ; sa face supérieure est plane et légérement inclinée en avant. Les côtés de la mâchoire supérieure sont très-faible- 38. 596 BATRACIENS ANOURES. ment arqués, ils se rapprochent l’un de l’autre en formant un angle peu obtus ou presque aigu, arrondi au sommet. Les tempes sont perpendiculaires, et les régions frénales un peu penchées en dedans ; on remarque un léger creux longitudinal à leur bord supérieur ou sous le canthus rostralis, qui est aigu et qui s'étend jusqu’au bout du museau en passant au-dessus de la na- rine. Le museau est convexe. Le contour de la bouche est en demi- cercle un peu forcé. Les yeux saillent au-dessus du crâne ; le diamètre de leur ouverture est égal aux trois quarts de la lar- geur de l’espace inter-orbitaire ; celui du tympan , qui est pres- que ovalaire, n’a guère que la moitié de cette étendue. La lan- gue a la forme d’une ellipse extrêmement courte ; elle est adhé- rente dans les deux tiers antérieurs de sa longueur, et sa marge postérieure est plutôt légèrement infléchie en dedans que réel- lement échancrée. C’est positivement entre les arrière-narines que se trouvent situées les dents vomériennes, qui forment deux rangs obliques très-courts; si ces rangs étaient contigus , ils don- neraient la figure d’un chevron ou d’un angle obtus, ayant son sommet dirigé en arrière. Les narines internes sont peu ou- vertes, et les trompes d’Eustachi encore moins; les unes et les autres sont ovalaires. Couchées le long des flancs , les pattes postérieures atteignent au bout du museau par l'extrémité de la jambe; placés de la même manière, les membres thoraciques s'étendent un peu au dela du coccyx. Les doigts sont compléte- ment libres, mais les orteils offrent une palmure qui ne laisse libres que les deux dernières phalanges du quatrième et la der- nière seulement des quatre autres. Aux mains et aux pieds, les épatements du bout des doigts sont circulaires , et d’un diamètre deux fois plus petit que celui de la membrane tympanale. Les ren- flements sous-articulaires sont médiocrement développés ; on ne voit de verrues granuliformes, ni aux faces plantaires, niaux faces sous-palmaires.Tout le dessus du corps est lisse, le dessous est très- finement granuleux aux régions fémorales et aux abdominales. La peau de la poitrine fait un pli transversal ; il existe un cordon glanduleux qui va toujours en s’élargissant depuis l’œil jusque sur l’épaule; puis on voit une protubérance dé même nature derrière le tympan et l’angle de la bouche. Le bord externe du tarse porte un rudiment de membrane flottante, On doit croire que cette espèce ne possède pas de vessie vo- cale; car, malgré tout le soin que nous avons mis à examiner PHANÉROGLOSSES HILÆFORMES. G. RAINETTE, 28. 597 l'intérieur de la bouche de deux individus qui sont évidemment du sexe masculin, nous n’avons pu y découvrir d’orifices com- muniquant avec la gorge. C’est jusqu'ici le seul exemple que nous ayons à citer à cet égard parmi les Rainettes. CoLoraTion. L’un des deux sujets dont nous venons de parler a les parties supérieures d’un brun ardoiïsé. Le canthus rostralis est marqué d’une ligne noire, une bande de la même couleur s'étend de l’angle postérieur de l’œil à épaule. Le dos est irré- guliérement tacheté de brun très-foncé. Le derrière des cuisses est ponctué de blanc sur un fond d’un noir bleuâtre ; ces deux couleurs forment des marbrures sur les mâchoires. Toutes les ré- gions inférieures sont d’un blanc jaunâtre. Chez notre second individu , le dos, bien certainement décoloré , est blanchâtre, et toutes ls re qui, dans le premier, offrent une couleur nai- râtre, sont d’un brun marron. Dimensions. Téte. Long. 1” 6”. Tronc. her 2 5. Memb. antér. Long. 2” 3°”. Memb. postér. Long. 7” 1°”. Parkie. Les deux seuls échantillons par lesquels cette espèce nous soit connue, proviennent du port Jackson ; l’un a été rap- porté par Péron et Lesueur, l’autre par MM. Quoy et Gaimard. 28. LA RAINETTE D'EWING. Zyla Ewingu. Nobis. CARAGTÈRES. Dents vomériennessituées entreles arrière-narines au niveau de leur bord postérieur , sur une courte rangée trans- versale largement interrompue au milieu; dessus de la paupière supérieure et haut des côtés du tronc, tuberculeux, Une vessie vocale chez les mâles. DESCRIPTION. Formes. Les particularités exprimées dans la phrase précé- dente , sont les seules que présente la Rainette d’'Ewing, exami- née comparativement avec la Rainette de Lesueur. COLORATION. Cependant son mode de coloration n’est pas non plus le même. Les parties supérieures offrent un gris verdâtre. À partir des yeux , la tête, en arrière , et toute la région dorsale sont marquées de petits points noirs si rapprochés les uns des autres , qu’on croirait voir une large bande noire s'étendant de- puis le front jusqu'aux reins. Le museau porte, à droite et à gau- che, une raie noire qui commence à sa pointe et se termine à 595 BATRACIENS ANOURES. l’angle antérieur de l'œil. La tempe est eolbrce en noir, et il existe une ligne blanche sous l’œil et le tympan. Le de des pattes est pointillé de brun foncé. Toutes les régions inférieures sont jaunâtres. Dimensions. Téte. Long. 1” 4”. Tronc. Long. 2” 4°”. Membr. antér. Long. 2”. Membr. poster. Long. 4° 8”. Parrie. Cette espèce se trouve à la terre de Van Diémen. Nous en possédons un échantillon qui nous a été donné par la société zoologique de Londres , dans le Musée de laquelle il y en a plu- sieurs autres qui proviennent d’un don fait par M. Ewing. 29. LA RAÏNETTE A BOURSE. Pyla marsupiata. Nobis. CaracrÈres. Tête courte, plate, élargie en arrière, à côtés antérieurs formant un angle obtus , arrondi au sommet ; régions frénales penchées en dedans, légèrement canaliculées derrière les narines; canthus rostralis distinct, sub-aigu. Veux assez grands, médiocrement protubérants. Tympan petit, sub-ova- laire. Langue grande, sub-circulaire , libre dans le tiers posté- rieur de sa longueur, un peu échancrée en arrière. Dents vomé- riennes formant une rangée transversale, à peine interrompue au milieu , située positivement entre les arriere-narines. Celles- ci médiocres, arrondies, ainsi que les trompes d’Eustachi. Palais creusé d’un faible sillon de chaque côté du sphénoïde. Un rudiment de membrane entre les trois derniers doigts seule- ment ; palmure des pieds trés-courte. Peau du dos glanduleuse; une poche sur la région lombaire. 1 DESCRIPTION. Formes. Cette espèce présente une particularité qui seule peut la faire reconnaître entre toutes ses congénères : c’est l’existence sur le milieu de la partie postérieure du dos ou de la région des lombes, d’un repli rentrant de la peau formant une poche cy- lindrique de près d’un centimètre de profondeur, dont louver- ture regarde en arrière ; ouverture qui s’agrandit ou se rétrécit en quelque sorte comme celle d’une bourse, Quel est l’usage de cette poche? Nous l’ignorons. Cependant , en y réfléchissant, on est porté à croire qu’elle est destinée aservir de réceptacle aux œufs pendant un temps plus ou moins long aprés la ponte. Et, en céla, il n’y auiait rien, ce nous semble, qui dût paraître plu: PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 29. DOO extraordinaire que ce qui a été observé et bien reconnu depuis longtemps chez deux autres Batraciens anoures. En effet, l’#lytes obstetricans mâle , après avoir fécondé les œufs de la femelle au moment oùils s’'échappent du corps de celle-ci, et les avoirensuite enroulés en @ de chiffre autour de ses pattes de derrière, ne les porte-t-il pas ainsi pendant plusieurs semaines, avant d’aller les déposer dans les eaux oùils doivent éclore? La femelle du Pipa ne porte-t-elle pas les siens sur son dos dans des cellules où non-seu- lement ils éclosent, mais où le petit animal subit ses métamor- phoses ? Dans le cas où quelque chose d’analogue aurait lieu à l'égard de notre Rainette, ce serait le mâle qui, comme chez le Pipa, placerait les œufs dans la poche en question, car l'individu chez lequel nous l’avons observée est du sexe féminin ; puis les” œufs, contre l’ordinaire , seraient en très-petit nombre, vu le peu de capacité de cette poche si singulièrement située. La Rainette à bourse a la tête plateetun peu plus large en arrière qu’elle n’est longue de l’occiput au bout du nez ; son contour, d’un angle de la bouche ä l’autre en passant par le museau, donne la figure d’un angle obtus à sommet arrondi, et à côtés légèrement arqués. Les tempes et les régions frénales sont penchées en de- dans, mais celles-ci , qui se rapprochent l’une de l’autre en angle aigu, le sont un peu moins que celles-là. Au-dessous du canthus rostralis est un sillon qui s’étend de la narine à l’angle antérieur de l’œil. Le bout du museau est convexe ; le chanfrein , le front et l’occiput forment ensemble un plateau uni, horizontal. Les yeux font peu de saillie sur le crâne; le diamètre de leur ouver- ture est double de celui du tympan, mais égal à la longueur de l’espace qui sépare la narine de l'orbite. Les membres antérieurs, placés le long du tronc, atteignent aux aines ; les pattes de der- riére, étendues vers le museau , le dépassent de la longueur du pied, non compris le tarse. Les doigts et les orteils sont minces, étroits, et à pelotes terminales de moitié au moins plus petites en circonférence que le tympan. Il n’y a qu’un simple rudiment de membrane entre les trois premiers doigts. La palmure des orteils est si coute , qu’elle les laisse libres dans les trois quarts de leur étendue ; les trois premiers sont insérés sur une même ligne transversale, et les deux premiers plus en arrière, l’un après l’autre. Les faces palmaires sont tuber- culeuses, et les plantaires lisses. I1 y a des renflements sous- articulaires bien prononcés. Le dos et les flancs sont couverts de 600 BATRACIENS ANOURES. petites glandes aplaties, à pores bien distincts ; la poitrine et le ventre en offrent de semblables ; le derrière des cuisses est fine- ment granuleux, et le reste des régions inférieures lisse. Il existe un petit bourrelet glanduleux au-dessus du tympan, ét un renflement de même nature derrière la commissure des mâ- choires. CoLoraATION. Tout le dessus de l’animal est d’un gris foncé, nuancé de brun; la région anale et le dessous des tarses et des cuisses présentent de petits points blancs sur un fond noi- râtre. L’abdomen est gris, vermiculé de brun clair ; la gorge est grisâtre. Une raie noire parcourt toute la longueur du canthus rostralis. - Dimensrows. Téte. Long. 1” 5”, Tronc.long. 3” 5”. Memb. antér. Long. 3”. Memb. postér. 7”. ParTriE. Nous n’avons encore vu de cette espèce qu’un individu trouvé à Cuzco, au Pérou, par M.Pentland, qui en a fait don au Muséum, avec plusieurs autres Reptiles fort intéressants des mêmes contrées. 30. LA RAINETTE PATTES-ORANGÉES. /yla citropa. - Péron et Lesueur. CARACTÈRES. Langue épaisse, entière , exactement circulaire, libre dans le tiers postérieur de sa longueur. Dents vomériennes disposées sur deux rangs obliques, forts, très-courts, formant un V ouvert à sa base, et dont les branches touchent presque, chacune de leur côté , à l’angle postérieur interne des arrière- narines ; celles-ci petites, arrondies. Trompes d’Eustachi au moins aussi petites, mais transverso-ovalaires. Doigts et orteils courts ; ceux-là complétement libres, ceux-ci palmés seulement à leur racine. SYNONYMIE. yla citropa. Pér. Les. M. S. S. Dendrohyas citropa. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 79. DESCRIPTION. Formes. La tête est fort plate, parfaitement plane et unie en dessus ; son contour ou plutôt celui de la mâchoire supérieure , décrit un demi-cercle régulier. Elle est un peu plus large que longue; les tempes sont verticales. Les régions frénales, qui sont PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 30. Gor hautes, presque perpendiculaires et légérement concaves, se réunissent , en devant, en angle aigu, fortement tronqué au sommet. Le bout du museau est un peu convexe. Les narines s'ouvrent au haut et de chaque côté de ce dernier ; elles sont ovalaires , et dirigées obliquement en arrière. Le canthus rostralis est bien distinct, quoique arrondi ; la distance qui sé- pare les yeux l’un de l’autre est aussi grande que celle qui existe du bout du museau au bord antérieur de l’orbite. Les yeux sont forts grands et très-protubérants ; le diamètre de leur ouverture est égal à la largeur de la région inter-orbitaire , et elle a le double de celui du tympan , qui est circulaire. La tête offre un peu moins de largeur au niveau des oreilles qu’au niveau des yeux. Le palais est à peine concave à droite et à gauche du sphénoïde. Les mem- bres antérieurs ont la même étendue que le tronc; la jambe et la cuisse sont à elles deux aussi longues que ce dernier et la tête. Les doigts et les orteils, qui sont eux-mêmes très-déprimés, ont leurs disques terminaux fort aplatis,sub-quadrilatères,et d’un quartseu- lement moins grand que le tympan. Il n’y a pas de membranes interdigitales. La palmure des orteils les laisse libres dans un peu plus de la moitié de leur longueur ; les trois derniers sont attachés sur une même ligne transversale, le premier et le second plus en arrière, l’un devant l’autre. La paume des mains est tuber- culeuse; la plante des pieds est unie , mais toutes les phalanges offrent des renflements sous-articulaires. Un cordon glanduleux, élargi en arrière, s'étend au-dessus du tympan depuis l'orbite jus- que sur l’épaule; on voit aussi une protubérance poreuse à cha- que coin de la bouche. Toutes les parties supérieures sont lisses, ainsi que le devant et le derrière des cuisses, le dessous des bras, des jambes et des farses; mais la peau du ventre, de la poi- trine , d’une. grande partie de la gorge et de la face inférieure des cuisses, est granuleuse. On remarque un très-faible repli cu- tané , en travers de la poitrine. COLORATION. La belle teinte orangée, qui ,; dans l’état de vie, règne sur la région abdominale, sous les membres et sur le de- vant et le derriere des cuisses de cette Rainette, a complétement disparu chez le Sujet que nous avons maintenant sous les yeux ; elle est remplacée par une couleur de paille. La gorge et la poi- trine sont blanches. La tête et le dos présentent une teinte lie- de-vin claire ; le dessous des yeux, le dessus des membres et la région lombaire sont lavés de violet. Les renflements glanduleux 602 BATRACIENS ANOURES. des côtés du cou sont d’un brun-marron, couleur qui s au en bande longitudinale, depuis le bout du museau jusqu’à l’œil, en passant par la narine et en suivant le canthus rostralis. 1e pattes sont clair-semées de petits points noirs. DIMENSIONS. Téte. Long. 2” 1°”. Tronc. Long. 3” 6”. Membr. antér, Long. 3° 5°”. Membr. poster. Long. 8” 5. Pari. La Nouvelle-Hollande est le pays qui produit cette belle espèce d’Hylæforme. Le seul sujet que renferme notre Musée a été recueilli au port Jackson par Péron et Lesueur. 31. LA RAINETTE DE JACKSON. #yla Jacksoniensis. Nobis. CaracrÈREes. Tête allongée, plate, étroite, à côtés formant un angle aigu, arrondi au sommet ; régions frénales légèrement concaves , fortement penchées en dedans; canthus rostralis sub- aigu. Yeux grands, protubérants. Tympan grand, ovalaire. Langue sub-circulaire ou elliptique, libre dans le tiers postérieur de sa longueur, offrant une très-petite échancrure en arriére. Arrière-narines médiocres, ovalaires; trompes d’Eustachi de même forme et de. même grandeur que ces dernières, entre les- quelles sont situées les dents vomériennes, disposées sur deux rangs assez forts, courts, un peu obliques, ou affectant la forme d’un V à branches trés-écartées , ouvert à sa base, qui est dirigée en arrière. Palais creusé d’un sillon, de chaque côté du sphé- noïde. Pas de membranes interdigitales; palmure des pieds laissant libres les deux dernières phalanges du quatrième orteil et la dernière seulement des quatre autres. Parties supérieures lisses. Une glande au coin de la bouche, et un cordon glan- duleux de chaque côté du dos. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. SYNONYMIE. Rana aurea. Less. Voy. Coq. Zool. Tom. » : ire part. , pag. 60, pl. 7, fig. 2. Hyla Jacksoniensis. Nob. M. S.S. Ranoidea Jacksoniensis. Fschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. Neuch. tom. » , pag. 79. DESCRIPTION. Forues. L'ensemble des formes de cette espèce est exactement celui d’une Grenouille de notre pays. La tête, très-plate et un peu plus longue que large , est fort étroite, comparativement à celle des autres Rainettes. Son contour, d’un angle de la bouche à l’autre , en passant par le museau, donne la figure d’un angle PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 31. 603 aigu, arrondi au sommet. Le chanfrein , l’entre-deux des yeux et l’occiput forment ensemble une surface horizontale unie. Les narines sont situées à égale distance de l’œil et du bord an- térieur du museau, dont le bout, en dessus, est légérement convexe et un peu incliné en avant. Les régions frénales sont fortement penchées Vune vers l’autre, et creusées longitudinalement au-dessous du canthus rostralis, qui s'arrête à la narine. Les yeux sont grands et assez fortement sail- lants ; le diamètre de leur ouverture est un peu plus étendu que l'intervalle qui les sépare, et celui-ci est égal à la distance qu’il y a de la narine au bord antérieur de l'orbite. Le tympan est ovalaire, et sa longueur un peu moindre que celle de la fente des paupières. Les côtés postérieurs de la tête sont légèrement penchés en dedans. La bouche est largement fendue ; on voit dans son intérieur, à chacun de ses angles, le long de la branche sous-maxillaire , un orifice longitudinal qui donne entrée à l’air nécessaire pour gonfler le sac vocal situé sous la gorge.Nous ferons remarquer que ces orifices sont toujours placés plus en avant que chez les autres espèces du genre Rainette. Les doigts et les orteils sont assez gros et très-déprimés; ceux-là sont libres, mais ils offrent néanmoins de chaque côté dans toute leur longueur , un rudiment de membrane en bordure. La palmure des pieds est forte et étendue jusqu'aux deux dernieres phalanges du quatrième orteil , et jusqu’à la dernière du premier, du second , du troisième et du cinquième. Tous les disques termi- naux sont très-aplatis , et de moitié moins grands que la mem- brane du tympan. Les phalanges présentent des renflements sous-articulaires bien prononcés ; la paume des mains est tuber- culeuse, mais la plante des pieds est unie. Il existe une petite saillie cutanée le long du bord interne du tarse. La tête, le dos et la face supérieure des membres sont lisses. Un cordon glandnleux, peu apparent chez les jeunes sujets, mais bien distinct chez les individus déja d’un certain âge, s’étend en droite ligne, depuis le bord postérieur de lorbite jusqu’a laine; il y en a un second qui va de l’angle de la bouche à l’épaule. La poitrine offre, en travers, un repli de la peau, qui se perd sous le bras, à droite et à gauche. Les régions fémorales inférieures, Pabdominale, la pectorale et quelquefois aussi la gulaire sont granuleuses. 604 BATRACIENS ANOURES. CororATION. J’ariété À. Le dessus de la tête et celui du tronc sont colorés en brun marron, tantôt clair, tantôt foncé ; la face supérieure des membres leur ressemble quand elle n’est pas la- vée de bleuâtre comme cela arrive quelquefois. IL part de la narine une raie noire ou d’un brun plus sombre que celui du dos , laquelle, après s'être beaucoup élargie en arrière de l’œil, par-dessus lequel elle passe, cotoie le haut des flancs jusqu’à la racine de la cuisse. Cette raie est d’autant moins sensible, que l’animal est plus âgé. Les cordons glanduleux sont blancs ; dans l’état de vie, ils offrent une belle couleur d’or. Les régions inférieures présentent une teinte blanchätre. Variété B. À l’exception des cordons glanduleux des côtés du dos, qui sont blancs, toutes les parties supérieures du corps . présentent une seule et même teinte d’un gris bleuâtre. Dimensions. Téte. Long. 2” 8”. Tronc. Long. 5”. Memb. antér. Long. 4° 5°”. Membr. postér. Long. 12” 4”. PaTrie. Notre collection renferme une nombreuse et belle série d'échantillons , de cette espèce qui ontété recueillis au port Jackson par MM. Péron et Lesueur , Quoy et Gaimard , Garnot et Lesson. Observations. C’est avec cette Rainette que M. Tschudi a formé son genre Ranoidea. 32. LA RAINETTE BEUGLANTE. #yla boans. Daudin. Caractères. Tête allongée, plate, à côtés formant un angle aigu , arrondi au sommet; régions frénales peu penchées en de- dans , faiblement canaliculées derrière les narines ; canthus rostralis aigu. Yeux très-grands, très-protubérants. Tympan mé- diocre, circulaire. Langue elliptique, à peine libre, mais dis- tinctement échancrée à son bord postérieur. Arrière-narines grandes, ovalaires; trompes d’Eustachi de moitié plus petites que celles-ci. Dents vomériennes distribuées sur une forte et lon- gue rangée en demi-cercle , dont la convexité regarde en avant, et dont les extrémités touchent aux os palatins. Palais creusé d’un faible sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Un rudi- ment de membrane entre les trois derniers doigts. Palmure des pieds ne s'étendant pas jusqu’à l'extrémité des orteils. Parties supérieures lisses; un cordon glanduleux linéaire au-dessus du PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 32. 605 tympan et en travers de l’épaule. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. SyNoNymiE. Ayla boans. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 87, PI. xr (exclus. Synon. Rana boans, Linn. Calamita fasciata , Schneïd., etc., etc.) Hyla boans. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 164, fig. 3. Hyla boans. Daud. Hist. Rept. tom. 8, pag. 64. Auletris boans. Wagl. Syst. amph. pag. 201. Hypsiboas boans. Tschudi , Classif. Batrach. Mém. soc. science, nat. Neuch,. tom. 2 , pag. 72. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a le corps allongé et fort étroit en ar- rière. Sa tête, d’un cinquième plus longue que large, est très- déprimée et tout à fait plane en dessus ; ses côtés forment un angle aigu , arrondi au sommet. Les régions frénales sont hautes, presque verticales, et un peu creusées longitudinalement sous le centhus rostralis, qui est bien marqué. Les narines sont situées latéralement vers le premier tiers de l’étendue qui existe entre la pointe du museau et le bord antérieur de l’orbite ; la largeur du crâne, entre les yeux, est égale aux deux tiers de cette même étendue ; cette dimension est aussi celle de l’ouverture des yeux, mais le tympan est de moitié plus petit. Les côtés postérieurs de la tête sont perpendiculaires. Les mâles ont un sac vocal sous la gorge ;. les ouvertures par lesquelles Pair y pénètre sont longitudinales, et situées le long de la branche sous-maxillaire, immédiatement en avant de son point d’articu- lation avec le crâne. La jambe et la cuisse sont à elles deux aussi longues que le tronc et la tête; les membres antérieurs atteignent aux aines, lorsqu'on les couche le long des flancs. Le diamètre du disque, dans l’épaisseur duquel est cachée la dernière phalange, est d’un quart moindre que celui du tympan. Il n’y à pas de membrane entre le premier doigt et le second ; mais il en existe une excessivement courte, il est vrai, entre le second et le troi- sième , ainsi qu'entre le troisième et le quatrième. La derniére phalange du cinquième orteil, et les trois dernières du quatrième, ne sont pas engagées dans la palmure des pieds; cette palmure s’étend jusqu’à la dernière phalange, exclusivement, du premier orteil, du second et du troisième, mais cela le long de leur bord 606 BATRACIENS ANOUPES. externe seulement; car, le long de leur bord interne, elle ne va que jusqu’à l’avant-dernicre. Les paumes des mains et les plantes des pieds son£ verruqueuses ; 1l y a des renflements hémisphéri- ques sous les articulations des phalanges. On voit au-dessus du tympan un cordon glanduleux , étroit, rectiligne, qui commence au bord postérieur de l'orbite et qui finit derrière l'épaule. Toutes les régions supérieures sont lisses ; à la face inférieure de l'animal, il n’y a de granuleux que le ventre et le dessus des cuisses. Chez les mâles, la peau de la gorge offre des séries trans- versales de très-petits plis en zigzags. Dans les deux sexes, la poitrine est coupée transversalement par un grand repli de la peau légèrement arqué. Cocorarion. Nous ignorons quel est le mode de coloration de cette espèce à l’état de vie. Les individus conservés dans les col- lections offrent, en dessus, une teinte blanchâtre, fauve, violacée, olivâtre où d’un brun marron clair, avec une ligne brune, qui s'étend longitudinalement depuis le milieu du bout du museau jusque sur la région lombaire , et des raies étroites de la même couleur, en travers du dos et des membres.fls présentent presque | tous une bande d’une couleur sombre, allant de l’extrémité an- térieure de la région frénale à épaule, en passant par la narine, l’œil et le tympan; presque tous aussi ont le dessous du tarse brun, et son côté externe bordé de blanc , le contour de l’anus noi- râtre , avec une raie blanche en travers du coccyx, et une bande d’un brun foncé le long de la jambe , en dehors. Quelques-uns sont parsemés de très-petits points noirs. Les très-jeunes sujets sont irréguliérement tachetés ou rayés de brun sur un fond blanc, lavé de roussâtre. Les bords de la bouche sont blancs, et les branches sous-maxillaires colorées en brun à leur face infé- rieure. Le dessous de l’animal est entièrement blanc. Dimensions. Téte. Long. 2” 3°”. Tronc. Long. 4” 8”. Memb. antér. Long. 3” 6”. Memb. postér. Long. 11”. PaTRie. La Rainette beuglante nous a été envoyée de Surinam, de Cayenne et du Brésil, par MM. Leschenault et Doumerc, Le- prieur et Galot. Observations. Cette Hyla boans est bien celle de Daudin, mais à laquelle ne se rapporte certainement aucun des synonymes qu’on. lui a donnés jusqu’ici, tels que ceux de Rana boans, Linné, Cala- milas fasciata , Schneider, etc., etc. Il est du reste bien difficile, et pour ainsi dire impossible de reconnaître d’une manière pré: PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 93. 607 cise quelles sont les espèces dont-ces auteurs ont voulu parler, à cause du vague dans lequel nous laissent leurs descriptions trop peu détaillées, et qni ne portent que sur des caractères nulle- ment propres à faire distinguer une espèce d’une autre, aujour- d’hui que le nombre des Batraciens , connus de leur temps, est plus que centuplé. 33. LA RAINETTE LEUCOPHYLLE.—/#y/a leucophyllata. Beiris. CARAcTÈRES. Tête épaisse, large, tres-courte, à côtés perpen- diculaires formant un angle obtus, faiblement tronqué au som- met. Narines situées latéralement, tout à fait au bout du musear 2 yeux grands, très-peu protubérants ; tympan petit, circulaire ; langue, médiocre, circulaire , ridée, à peine libre et excessive- ment peu échancrée à son bord postérieur. Dents vomériennes , petites, situées positivement entre les arrière-narines, sur deux courtes rangées transversales placées sur la même ligne, mais lais- sant entre elles un assez grand espace. Anrière-narines, grandes, ovalaires. Trompes d’Eustachi un peu plus petites et sub-triangu- laires. Palais profondément creusé d’un sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Mains demi-palmées , palmure des pieds complète. Parties supérieures lisses. Deux plaques rugueu- ses, ovalaires, sur la poitrine. SYNONYMIE. Pyla leucophyliata. Beiris. Schrift. Berl. naturf. Freund. tom. 4, pag. 178,tab. 41 fig. 4. Rana leucophyllata. Gmel. Syst. nat. tom. I, part. Un , pag. 1055, n° 34. Cannes leucophyllatus. Schneiïd. Hist. Amph. Fasc, 1 pag. 168. _ Rana leucophyllata. Shaw. Gen. zoolog. vol. 3 3) part. !, pag. ue Hyla frontalis. hr Hist, nat. Rain. Gren. Crap. pag. »4, Pie Hyla frontalis. Latr. Hist. nt tom. 2, page 177. Hyla frontalis. Daud. Hist. Rept. tom. 8, page 45. Calamita leucophyllatus. Merr. Tent. syst. amph. page 173 n° 23. Hylaelegans.Wied .Abbild. Naturg. Brasil. pag. et pl. sans n°, Hyla elegans. I. Beitr. Naturgesch. Brasil. tom. 1, page 529. 2 605 BATRACIENS ANOURES. Hyla leucophyllata. Gravenh.Delic. Mus. zool. Vratil. Fasc. F, pag. ôr. Hypsiboas leucophyllatus. Yschudi. Classif. Batrach, Mém. so- ciét. science. nat. Neuch. tom. 2, page 72. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce s’éloigne de toutes celles décrites précé- demment, par la briéveté et la forme de sa tête, qui est presque tout à fait plane en dessus , les yeux étant à peine saillants. A partir de ceux-ci, les côtés , qui sont verticaux, se rapprochent l’un de l’autre , en angle obtus , un peu arrondi au sommet. Ce- lui-ci correspond au bout du museau, qui est lui-même vertical, et de chaque côté duquel, tout au haut , s'ouvrent les narines, dont le contour est circulaire et dirigé latéralement. La tête ,en arrière des yeux, est un peu plus étroite qu’au niveau de ces der- niers, où sa largeur est d’un cinquième plus étendue que sa lon- gueur totale. Le Canthus rostralis est arrondi, et la région frénale un pen concave en arrière du trou nasal ; tandis que la surface de la mâchoire supérieure est légèrement convexe. La longueur de la fente palpébrale est égale à la distance qu’il y a entre l’ex- trémité du museau et le bord antérienr de l’orbite. La circonfé- rence du tympan, qui est moins distinct que chez les autres es- pèces , n’a guère que la moitié de celle de l'ouverture de l’œil. Le contour de la bouche est en demi-cercle. Le tronc, à moins qu’on ne l’observe chez des femelles dont les ovaires sont pleins, ce qui le rend fortement arrondide chaque côté, conserve jusqu'aux han- ches la même largeur que la partie postérieure de la tête , après quoi il se rétrécit brusquement en angle aigu. La longueur des membres thoraciques est la même que celle du tronc; étendus en avant, ies membres postérieurs atteignent au bout du nez par l’extrémité de la jambe. Les mains sont palmées, mais non entièrement, car la membrane qui réunit les doigts entre eux, n’a guére , entre les deux premiers, que la moitié de leur longueur; et entre les trois derniers, elle ne s’étend que jusqu’à la pénul- tième phalange exclusivement.La palmure des pieds est plus dé- veloppée, attendu qu’elle ne laisse libre que la dernière pha- lange des orteils. Le disque terminal de ceux-ci, de même que celui des doigts, est trés-aplati et d’une largeur à peu près égale celle de la membrane du tympan. Les uns et les autres offrent PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE. 33. 609 des renflements sous-articulaires bien prononcés. Les faces pal- maires et les plantaires sont lisses. Il n’y a ni glandes ni replis de la peau aux côtés de la tête et sur les parties supérieures du corps, qui sont conséquemment tout à fait lisses. On peut en dire autant des régions inférieures, autres que le dessous des cuisses, le ventre et l’abdomen , dont la peau est granuleuse. Il existe, en plus, à la partie postérieure de la poitrine, deux grandes plaques rugueuses de forme ovalaire et tout à fait analogues à celles qu’on observe à un ou plusieurs doigts des individus mâles de beau- coup d’espèces de Batraciens anoures , à l’époque où s’accomplit l’acte de la reproduction. . CocorATIoN. Sous le rapport du mode de coloration, cette es- pèce produit deux variétés bien distinctes. Toutes deux , il est vrai , ont le fond de leurs parties supérieures d’un brun noirâtre ou marron , une grande tache triangulaire d’un blanc d’argent couvrant comme une sorte de calofte tout le dessus de la tête, en avant de l’entre deux des yeux, puis une large bande d’un blanc d’argent aussi, de chaque côté de la nuque et du dos; mais chez l’une, cette bande se réunit à sa congénère sur la région lombaire de manière à former un grand angle aigu, dont le sommet touche presque à l’orifice anal. Chez l’autre, au contraire, les deux bandes blanchesen question sont même un peu plus écartées l'une de l’autre, en arrière, qu’elles ne sont espacées en avant, et l’on voit en outre sur le milieu de la région sacrée une énorme tache ovalaire du même blanc que les bandes des côtés du dos. Dans la première variété , tout le dessus de la jambe est argenté; chezla seconde, il ne l’est que près du genou et sur un petit espace vers son milieu, de sorte que sur cette région des membres pos- térieurs , il existe réellement deux taches d’argent oblongues. Tantôt les coudes et les genoux sont marqués chacun d’une petite tache argentée, tantôt ils n’en offrent pas, et le plus souvent le bras en porte une au dessus du poignet. Les côtés de la tête sont tou- jours de la même couleur qne le milieu du dos, et les régions inférieures entièrement blanches, ainsi que les cuisses, aussi bien en dessus que devant et derrière. Dimensions. Cette espèce est de très-petite taille; car il ne semble même pas qu’elle atteigne celle de notre Rainette verte commune. Tête. Long. 1° 2”. Tronc. Long. ?” 5°”, Memb. antér, Long. 2” 3”. Memb. postér, Long. 5” 5”, REPTILES , VIII. 39 6ra BATRACIENS ANOURES. Parrie. Cette jolie espèce se trouve à Surinam , à Cayenne et au Brésil ; nous en avons un individu anciennement rapporté du premier de ces trois pays par Levaillant; deux qui nous sont ve- nus du second par les soins de M. Leprieur, et cinq qui ont été recueillis à Rio-Janeiro, par MM. Gaudichaud et Vautier. Observations. La Hyla leucophyllata a été placée par M. Tschudi. -dans son genre Aypsiboas. 34. LA RAINETTE ORANGÉE. Wyla aurantiaca. Daudin. CarAcTÈRes. Tête petite, courte, plate, à côtés un peu penchés en dehors , formant un angle aigu en avant des yeux. Narines petites, situées latéralement presque au bout du museau. Yeux assez grands, très-peu protubérants. Tympan petit, circulaire, peu distinct. Bouche pétite. Langue circulaire, épaisse, entière, libre dans le quart ou le cinquième postérieur de sa longueur, très-grande ou couvrant toute la face inférieure de la cavité buc- cale. Dents vomériennes , situées entre les arrière-narines, au niveau de leur bord postérieur, sur une rangée transversale lar- gement interrompue au milieu. Arrière-narines médiocres , ova- laires ; trompes d’Eustachi de même grandeur que celles-ci, mais de forme subtriangulaire. Palais creusé d’un sillon longitudinal de chaque côté du sphénoïde. Mains demi-palmées; pieds à pal- mure complète. Parties supérieures lisses. Une vessie vocale sous- gulaire chez les mâles. SYNONYMIE. Âyla aurantiaca. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 28, pl. 9, fig. $ ; exclus. Synon. Hyla lactea, Xd. Loc. cit. pag. 30, pl. 10, fig. 2 Hyla lactea. Latr. Hist. Rept. tom 2 , pag. 178. Hyla aurantiaca. Daud. Hist. Rept. tom 8 » Pag- 97. Hyla lactea. Xi. loc. cit. tom. 8 , pag. 62. Calamita aurantiacus. Merr. Tent. syst. amph. pag. 172,n° 15. Calamita lacteus. Id. loc. cit. pag. 172, n° 20. Dendrohyas rubra. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. sociét. scienc. nat. Neuch. tomi. 2, pag. 74. Sphænorhynchus lacteus, Id. loc. cit. pag. 71. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. RAINETTE, 34. GI DESCRIPTION. FORMES. Ce qui frappe de suite dans la physionomie de cette es- pèce, c’est la petitesse de sa tête, le peu de largeur de sa bouche, la figure anguleuse de son museau, et la forme bombée de son dos, particularités qui l’éloignent de ses congénères, et qui la rap- prochent au contraire du genre suivant, celui des Micrhyles aux- quelles elle lie en quelque sorte le groupe générique dont elle termine la nombreuse série. La Rainette orangée est la seule espèce du genre qui nous oc- cupe, chez laquelle les côtés de la tête soient un peu penchés en dehors, et dont l’angle qu’ils forment n’ait pas le sommet tron- qué ou arrondi, de sorte que le museau est réellement pointu, et de plus coupé obliquement en dessous. La longueur totale de la tête est moindre que sa largeur au niveau des oreilles; sa face supérieure serait parfaitement plane, sans les deux petites saillies qu'y font les yeux. Le diamètre de l’ouverture de ceux-ci est égal à la distance qui les sépare des narines, lesquelles sont situées la- téralement un peu en arriére de la pointe du museau. Il y a une aussi grande étendue entre les yeux qu'entre l’extrémité de ce dernier et le bord antérieur de l’orbite.Le tympan, qu’on distingue assez bien , malgré l’épaisseur de la peau qui le recouvre, est de moitié plus petit que l’ouverture oculaire.Le contour de la bouche est en demi-cercle. La peau de la gorge et celle de la poitrine font chacuneun pli en travers.C’est entre ces deux plis que se dilate le sac vocal dent le mâle est pourvu. Les membres antérieurs ne sont pas tout à fait aussi longs que le tronc ; lorsqu'on étend les pattes de derrière vers la tête, elles la dépassent de l’étendue du pied, le tarse non compris. Les disques terminaux des doigts et des orteils sont aussi grands que le tympan. Aux mains, les deux dernières phalanges se trouvent en dehors de la membrane nata- toire ; aux pieds, c’est seulement la dernière. Les renflements sous-articulaires des phalanges sont peu prononcés ; en dessous, les métacarpiens et les métatarsiens sont verruqueux ; en dessus, l’animal est complétement lisse ; celles de ses régions inférieures qui offrent des granules glanduleux, sont les fémorales, l’abdo- minale et la thoracique. On n’observe ni glandes, ni verrues aux côtés du cou, mais on remarque une petite expansion de la peau, formant comme deux lobules assez épais, à droite et à gauche, et un peu au-dessous de l’orifiee anal. 39. Gi2 BATRACIENS ANOURES. COLORATION. L’épithète d’orangée que Daudin a imposée à cette espèee ne lui convient en aucune façon ; du moins, l'individu de notre musée, qu’il a décrit et fait représenter sous ce nom, est-il d’un brun ronssâtre uniforme en dessus comme en dessous, si ce n’est le long du bord externe du tarse où il existe une raie blanche. Nous possédons un second sujet de cette espèce que son long séjour dans la liqueur alcoolique a compléte- ment décolore. Ce sujet est celui dont l’auteur que nous venons de nommer a fait sa Rainette lactée, qui est devenue pour M. Tschudi le type d’un genre particulier appelé Sphénorhin- que. Dimensions. Zéte. Long 1” 2°”. Tronc. Long. 3°”. Memb. antér. Long. 2” 4°, Memb. pôstér. Long. 5” 5°”. PATRIE. Cette espèce esttrès-probablement originaire de l’A- mérique méridionale ; mais nous n’en avons pas la certitude, at- tendu que nous ignorons complétement d’où nous sont venus les deux individus que nous venons de décrire, les seuls que nous ayons encore été dans le cas d'observer. Observations. Daudin a donné de sa Rainette orangée une sy- nonymie qu’il faut rejeter tout entière, car elle se compose d’une liste d’espèces qui n’ont pas le moindre rapport avec celle du présent article. Nous avons peine à comprendre comment il a pu ne pas s'aperceyoir que les deux individus décrits et figurés par lui, l’un, sous le nom de Hyla aurantiaca, l’autre, sous celui de Hyla lactea, appartiennent à la même espèce ; ef ce qui nous surprend plus encore, c’est que M.Tschudi, à qui il a été loisible de les examiner tous deux comparativement , ait placé, l’un parmi ses Dendrohyas , et créé pour l’autre un genre à part, ou celui de Sphænorkhincus, dont nous parlions tout à l'heure, PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES, G. MICRHYLE. 613 oo X° GENRE MICRHYLE. — MICRHY LA (1). Tschudi. Garacrères. Langue très-longue ou s'étendant jus- qu'au fond de la bouche, un peu moins étroite en arrière qu’en avant , libre dans sa moitié postérieure. Palais dépourvu de dents. Tympan caché; trompes d'Eustachi excessivement petites. Quatre doigts dé- primés, complétement libres, et à disques termi- naux assez dilatés. Pieds palmés ; saillie du premier os cunéiforme, faible , obtuse. Une vessie vocale interne sous la gorge des mâles. Apophyses trans- verses de la vertèbre sacrée élargies en palettes trian- gulaires. Ce genre se reconnaît aisément entre tous les autres à linvisibilité de son tympan, à son manque de dents au palais et à la forme de sa langue , qui ressemble tout à fait à celle des Crapauds proprement dits : c’est un large ruban en pointe très-obtuse en avant, offrant une fort petite échancrure anguleuse en arrière, et qui occupe toute la lon- gueur du plancher de la cavité buccale. Les doigts, au nombre de quatre , déprimés et sans le moindre rudiment de membrane, sont, le premier assez court, le second et le quatrième un peu plus longs, et le troisième plus étendu que les trois autres. Les orteils sont déprimés aussi, mais les quatre premiers vont en augmentant graduellement de longueur, et le cinquième est un peu plus court que le troi- sième, Le premier os cunéiforme fait une légère saillie obtuse. (1) pumpos, pelit, et devaazs, Hyla,—Rainette. Voyez la note pag. 542 du présent volume. G14 BATRACIENS ANOURES. Les apophysés transverses de la vertebre sacrée sont dilatées en palettes. La gorge des mâles renferme une vessie vocale dont les orifices sont situés de chaque côté de l'extrémité postérieure de l’attache de la langue. La seule espèce de Micrhyle que nous connaissions , est celle dont la description va suivre. M. Tschudi, qui à établi ce genre, a commis une erreur dans la caractéristique qu'il en a donnée, Il y ést dit effec- tivement que la langue est large, quand au contraire elle est beaucoup plus étendue en long qu’en travers. M. Tschudi, en parlant des doigts, se sert aussi des expressions de lon- gissimos et de graciles, qui, nous devons le dire, ne sont nullement propres à faire reconnaître le Batracien qu'il a eu en vue de caractériser, car les extrémités terminales des pattes des Micrhyles sont peut-être moins longues et moins grêles que celles des espèces appartenant au genre précé- dent. Nous n’avons pas non plus apercu les petites dents qui, selon M. Tschudi, existeraient au palais de la Hic- rhyla achatina. li est vrai que nous n'avons pu exercer notre examen que sur trois sujets, dont la bouche n’est pas dans un état parfait de conservation , et chez lesquels le manque de dents au palais est peut-être dû à un accident, I. LA MICRHYLE AGATINE. YWicrhyla achatina. Tschudi. CABRACTÈRES. Parties supérieures offrant une tache brune en travers du vertex, ét une autre sur le dos et les reins, assez dilatée pour en couvrir une grande partie. | SYNONYME. Hylaplesia achatina. Boié. Isis , 1827, pag. 294. Hyla achatina. Mus. Ludg. Batav. Microhyla achatina.Tschud. Classif. Batrach. Mém. Soc. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 75. DESCRIPTION. Formes. Les formes de cette espèce, bien que plus sveltes, rap- pellent cependant, dans leur ensemble, celles de l’Engstoma ova- lis, dont la taille est presque double de la sienne. La tête est petite PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. MICRHYLE. I. 615 et légèrement convexe en dessus. Les côtés, qui sont perpendi- culaires, forment un angle aigu dont le sommet est arrondi. Les yeux sont latéraux, d’une grandeur moyenne et nullement sail- lants. La bouche est médiocrement fendue , et le canthus rostralis arrondi; c’est à l’extrémité antérieure de celui-ci que se trouve située la narine, dont l’ouverture regarde en haut.Un renflement glanduleux s’étend de l’angle de la bouche à la racine du bras. Non-seulement il n’y à ni parotide ni pli au-dessus de la région tympanale, mais la peau est lisse partout , même sous le corps et les cuisses, excepté à la partie de celles-ci qui avoisine l'anus , où l’on remarque quelques petits mamelons glanduleux. Couchés le long du tronc, les membres antérieurs s'étendent un peu au delà de l’aine ; les pattes postérieures sont de beaucoup plus longues,puisque,portées en avant.elles touchent par le talon au bout du museau. Il y a un renflement sous-articulaire, au prémier doigt etau second, et deux au troisième et au quatrième ; la paume de la main offre un tubercule assez développé. La membrane natatoire des pieds ne réunit pas les orteils dans toute leur longueur, mais elle se continue en bordure, à droite et à gauche, jusqu’à leur extrémité; les orteils, de même que les doigts, présentent des renflements sous-articulaires, au nombre de trois au quatrième, de deux au cinquième et au troisième ; le premier et le second en ont chacun un: Les faces plantaires sont lisses. À à CororATion. Un gris olivâtre forme le fond de couleur des parties supérieures, qui offrent une grande tache brune liserée de blanchätre en travers du vertex; puis une autre beaucoup plus grande, brune et liserée de blanchâtre aussi, qui couvre le dos et les reins. Cette seconde tache , en T à sa partie antérieure, se rétrécit ensuite, puis se dilate en un -très-grand disque ova- laire. L’épaule est coupée obliquement par une large bande noi- râtre qui commence à l’angle postérieur de Pæil, et se termine sur le milieu du flanc. D’autres bandes de la même couleur se montrent en travers de la face supérieure des membres. Le des- sous de l’animal est plus ou moins vermiculé de noir, sur un fond d’un blanc jaunâtre sale. Dimensions. Téte. Long. 8°”. Tronc. Long. 1” 2”. Memb. antér. Long. 1” 1°”. Memb. postér. Long. 3” 3°”, PATRIE. Cette espèce est originaire de l’île de Java; nous en possédons trois individus qui nous ont été envoyés du Musée de 616 BATRACIENS ANOURES. Leyde, sous le nom de Âyla achatina. C’est la même que Boié avait proposé (Isis, 1827, pag. 294) de réunir à la Ayla tinc- toria de Daudin, et à un autre Anoure auquel il donnait le nom spécifique de Borbonica, pour en former son genre Æyla- plesia. XIe GENRE CORNUFÈRE. — CORNUFER (1). Tschudi. Caracrires. Langue grande, circulaire, libre et faiblement échancrée en arrière. Des dents voméro- palatines. Tympan distinct; trompes d'Eustachi mé- diocres. Quatre doigts un peu déprimés, compléte- ment libres, à disques terminaux assez dilatés. Or- teils déprimés aussi, et à disques terminaux sem- blables à ceux des doigts, mais réunis à leur base par une membrane très-courte. Saillie du premier os cunéiforme, faible, obtuse. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Ce genre fait en quelque sorte le passage des Rainettes aux Hylodes, car d’une part il ressemble encore aux pre- mières par la forme circulaire de sa langue, par la faible dé- pression de ses doigts et de ses orteils, et le vestige de mem- brane qui existe entre ces derniers ; et d’un autre côté il se rapproche déjà des secondes par la gracilité de ces mêmes doigts et de ces mêmes orteils, et la non dilatation des apo- physes transverses de sa vertèbre sacrée, en même temps qu’il tient des uns et des autres par la situation de ses dents du palais, qui sont implantées à la fois sur le vomer et les palatins, tandis qu’elles ne le sont que sur celui-là chez les Rainettes, et sur ceux-ci dans les Hylodes. G) Cornufer ou cornuger, qui a des cornes , qui porte des cornes. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. CORNUFÈRE. 1. 617 Le nom de Cornufère, imposé à ce genre par M. Tschudi, n’est pas, il faut l’avouer, heureusement choisi ; car il n'indique nullement un caractère générique, suivant nous du moins, qui sommes loin de regarder comme telle la petite corne molle qui surmonte l’œil de l'espèce type du genre Cornufère. On aurait effectivement tort de croire que la particularité à laquelle ce nom d’origine latine fait allusion, ait quelque analogie avec celle que présentent les Gérato- phrys et les Mégalophrys , chez lesquels la paupière supé- rieure offre une conformation si singulière, développée qu’elle est à son bord libre en un long appendice dont le but évident est de protéger l’œil dans certaines circon- stances où l’animal est appelé à se trouver. Ici, c’est tout simplement un tubercule conique qui s'élève au-dessus de la paupière supérieure, comme on en voit d’ailleurs, qui sont peut-être un peu moins alongés, il est vrai, chez tant d’autres Batraciens Anoures ; aussi n’en avons-nous pas fait mention dans la caractéristique placée en tête du présent article. Z. LE CORNUFÈRE UNICOLORE. Cornufer unicolor. Tschudi. CARAGTÈRES. Un tubercule conique au-dessus de chaque œil. Parties supérieures et inférieures uniformément brunes. SYNONYMIE. Âyla cornuta. Mus. Lugd. Batav. Cornufer unicolor. Tschudi, Classif. Batrach, Mém. Socict. scienc. nat. Neuch. tom. II, pag. 28 et 71, n° 3. DESCRIPTION. Formes. Gette espèce a la tête très-déprimée, aussi longue que large , triangulaire dans son contour horizontal , creusée en gout- tière au milieu, depuis l’occiput jusqu’au front, plane entre ce- lui-ci et les narines , en avant desquelles le museau s’arrondit en s’abaissant vers la mandibule inférieure. Du fond de la gouttière du vertex s’éléve une petite crête longitudinale se croisant , vers son extrémité antérieure, avec une seconde qui s'étend du bord d’une orbite à l’autre. Les narines sont situées sur les côtés du 618 BATRACIENS ANOURES. bout du museau, au-dessous du canthus rostralis , qui est dis- ünctement anguleux et saillant en dehors ; leur ouverture est ovale, et un peu penchée de côté. Les régions frénales sont hautes, fortement couchées l’une vers l’autre. Les yeux sont grands, protubérants et protégés par de grandes paupières, dont la supérieure porte près de son bord et un peu en arrière, une pointe molle, conique, légèrement comprimée. Le tympan a en diamètre les deux tiers de la longueur de la fente palpébrale. La langue est un grand disque faiblement échancré en arritre, comme spongieux en dessus, qui couvre toute la surface infé- rieure de la cavité buccale. Le vomer produit deux fortes saillies triangulaires dont un des côtés, qui s’appuie sur les palatins , est armé d’une rangée de petites dents : ces saillies sont bien distinc- tement séparées l’une de l’autre. Les arrière-narines sont longitu- dino-ovales et d’une moyenne grandeur ; les trompes d’Eustachi sont de moitié plus petites. Placées le long du tronc, les pattes de devants’étendent jusqu’à l’orifice du cloaque; celles de derrière, portées du côté opposé, dépassent le bout du museau du quart de la jambe et de toute l’étendue du pied. Les doigts sont longs, grêles, étroits, un peu déprimés, et renflés sous toutes leurs articulations ; on fait la même remarque à l’égard des orteils. Ceux-là sont tout à fait libres et d’égale longueur, excepté le troisième , dont l'étendue est presque double ; ceux-ci sont réunis à leur racine par une petite membrane qui se prolonge en bor- dure fort étroite le long de leurs parties latérales. Les quatre premiers orteils atgmentent graduellement de longueur ; mais le cinquième, qui s’insère sur la même ligne que le quatrième , est presque aussi court que le troisième. Les faces palmaires et les plantaires sont lisses. Les régions scapulaires et celles qui avoisi- nent l'oreille sont semées de petits mamelons glanduleux , entre- coupés de petits replis de la peau, dont un, plus fort que les au- tres, prend naissance derrière l’œil , contourne ie bord supérieur du tympan, et va finir à l’angle de la bouche. Toutes les autres parties du dessus du corps sont lisses. En dessous, il n’y aque la gorge et les membres qui le soient ; car partout ailleurs la peau est finement granuleuse. CoLorATION. Un brun foncé règne sur toutes les parties supé- rieures , et une teinte plus claire sur les inférieures. Dimensions. Tête. Long. »” 8”. Tronc. Long. 5”. Memb. antér. Long. 4” 2”. Memb. postér. Long. 13”. PATRIE. Cet /ylæforme est originaire de la Nouvelle - Guinée- PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES, G. HYLODE. 619 FC S XII GENRE HYLODE. — HYLODES (1). Fitzinger. Caracrères. Langue grande, oblongue, entière, ou très-faiblement échancrée en arrière, libre dans sa moitié postérieure. Des dents palatines.Tympan dis- tinct ; trompes d'Eustachi généralement petites. Doigts et orteils grêles , arrondis ou subarrondis, compléte- ment libres, peu épatés à leur extrémité. Saillie du premier os cunéiforme faible, obtuse. Apophyses trans- verses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Les Hylodes ont les mains et les pieds complétement dé- pourvus de palmure, caractère qui, joint à celui de l’exis- tence de dents, non sur le vomer, mais sur les os palatins, les fait aisément reconnaître entre les genres qui précèdent et ceux qui suivent immédiatement. Ils ont le tympan bien visible ; les dents du plafond de leur bouche sont situées en arrière des narines internes et disposées le plus souvent sur une rangée en zigzag ; leur langue est longue, libre dans sa moitié postérieure, généralement plus large en arrière qu’en avant et rarement échancrée à sa marge qui regarde le fond de la cavité buccale. Leurs doigts et leurs orteils sont iné- gaux, arrondis plutôt que déprimés, et à épatements termi- naux assez ordinairement d’un petit diamètre. Les apophyses transvérses de la vertèbre sacrée ne sont pas élargies en palettes. Les mâles, au moins chez les espèces dont nous avons pu examiner des individus de ce sexe, offrent un sac vocal sous-sulaire, ayant ses orifices médiocres , longitudi- naux , situés l’un à droite, l’autre à gauche de la langue, assez près de l’articulation des mächoires. (1) Vaodes, sÿlvestris, qui est dans les bois. 620 BATRACIENS ANOURES. Les Hylodes ont plusieurs points de ressemblance avec les Cystignathes, genre de la famille des Raniformes. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE HYLODE. Sn —— lisse : pointe ou + 3. H. DE LA MARTINIQUE. | ù . |\du museau dilatée en dis- que plat : dos semé de petites verrues, 3. H, ps Riconn. aiguë. . 2. H. OxyRuINQUE. TZ. L'HYLODE DE LA MARTINIQUE. Zylodes Martinicensis. Tschudi. (Noyez PI. 89, fig. 2 et 2 a.) CarAGTÈRES. Bout du museau tronqué. Langue élargie, arrondie en arrière et très-faiblement échancrée. Dents palatines formant une rangée transversale largement interrompue au milieu, et ne s'étendant pas sur les côtés, au delà du niveau des arrière-narines. Uné raie noire, le long du canthus rostralis et au-dessus du tym- pan. SyYNONYMIE. Eleutherodactylus Martinicensis. Nob. M.S. S. Hylodes Martinicensis. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét, scienc. nat. Neuch. (om. IF, pag. 77, n° 21. DESCRIPTION. Formes. Cet Hylode n’a pas les formes élancées de la plupart des Hylæformes. Il a la tête assez plate, aussi large que longue, et dont les côtés forment un angle aigu, arrondi au sommet. Les yeux sont grands,protubérants et les régions frénales presque perpendiculaires ou peu penchées l’une vers l’autre. Le canthus rostralis est subaïgu, et le tympan fort petit ou n’ayant guère en diamètre que la moitié de celui de l’ouverture de l’œil. Les na- rines aboutissent sur les côtés du museau, tout à fait au bout. La langueest grande , oblongue, arrondie à ses deux extrémités ; mais elle est moins large à l’antérieure qu’à la postérieure, qui, de plus PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. HYLODE. Ie Gar offre au milieu une trés-petite échancrure anguleuse. Les arrière- narines sont très-écartées , et un peu plus petites que les ouver- tures des trompes d’Eustachi, dans lesquelles on pourrait à peine introduire la pointe d’une épingle ordinaire. Les dents qui arment les os du palais sont disposées sur deux rangs formant un chevron à branches très-écartées; le sommet de ce chevron estdirigé posté- rieurement , et l’écartement de ses branches n’excède pas celui des arrière-narines. Il yauneou deux glandules à chaque angle de la bouche.La tête, le dos, la gorge, la poitrine, les pattes de devant, et les jambes, en dessus et en dessous, sont lisses; mais les flancs, le ventre et la face inférieure des régions fémorales ont l’appa- rence granuleuse. Les membres antérieurs sont aussi étendus que le tronc ; les postérieurs le sont plus d’un tiers que celui-ci et la tête. Les doigts et les orteils sont courts, peut-être un peu dépri- més, à disques terminaux assez grands, convexes en-dessous , et plats en dessus. Ils offrent des renfiements sous articulaires bien prononcés, au nombre de un au premier et au second doigt, de deux au troisième et au quatrième; de un aussi au premier et au second ’orteil, de deux au troisième et au cinquième , et de trois au quatrième. La paume de la main présente, outre une pro- tubérance oblongue, au milieu, et une semblable sous le premier métacarpien, plusieurs petits tubercules hémisphériques assez rapprochés les uns des autres. Il en existe de semblables sous les métatarsiens. La saillie du premier os cunéiforme est excessive- ment faible; on en voit une autre encore moins sensible du côté opposé. Le premier doigtest plus court que le second , le second que le quatrième, et celui-ci que le troisième. Les orteils vont en augmentant de longueur, depuis le premier jusqu’au quatrième, le cinquième n’est pas tout à fait aussi court que le troisième. Les mâles ontune vessie vocale sbus-gulaire interne. COLORATION. Le fond des parties supérieures est généralement d’un blanc grisâtre, assez souvent piqueté, réticulé ou nuagé de brun. Le derrière de la tête est couvert d’une grande tache brune sub-triangulaire contiguë à une large bande de la même cou- leur, que porte le dos; des barres, brunes aussi, coupent le dessus des membres en travers. Chez certainsindividus, la tache et la bande brunes dont nous venons de parler sont à peine apparentes. On en rencontre dont le dessus du corps est violacé, ayant une raie blanchâtre en travers du front, et quelques chevrons bruns sur la région dorsale. Tous ont le canthus rostralis bordé de noi- 622 BATRACIENS ANOURES. “râtre et nn trait également noirâtre au-dessus du tympan. Les régions inférieures sont blanches. Dimensions. Tête. Lour. 1” 5”. Tronc. Long. 2” 6”. Memb. antér. Long. 2” 3°. Memb. sostér. Long. 5” 5”, Parrie. Cette espèce nous à été envoyée de la Martinique par M. Plée. 2. L'HYLODEOXYRHINQUE Æylodes oxyrhyneus. Nobis. CaracrÈREs. Museau pointu. Langue longue, large, à bord pos- térieur formant un angle obtus, échancré au sommet. Dents pa- latines disposés sur une rangée en zigzag, occupant toute la lar- geur du plafond de la bouche. DESCRIPTION. Formes. L'ensemble des formes de cet Hylode est tel, qu’au pre- mier aspect on le prendrait plutôt pour une grenouille que pour une espèce de la division des Hylæformes. La tête ressemble àune pyramide quadrangulaire, pointue au sommet. Elle est néan- moins un peu déprimée. Les narines, qui sont petites, s’ouvrent sous le canthus rostralis, vers le premier tiers de la longueur qui existe entre le bout du museau et l’angle antérieur de l’œil. Ce- lui-ci est d’une grandeur moyenne et peu saillant ; la circonfé- rence du tympan est d’un quart moindre que celle de l'ouverture oculaire. Les trompes d’Eustachi sont petites, et les arrière- narines aussi. Immédiatement aprés celles-ci se trouvent les dents palatines, qui occupent toute la largeur du plafond de la bouche sur une rangée en zigzag offrant trois angles, un médian, ayant son sommet dirigé en arriere, et deux latéraux ayant le leur dirigé en avant vers l’arrière-narine, dont il touche le bord. La langue a une longueur double de sa largeur; elle est presque arrondie en avant, au lieu qu’en arriere elle présente un - angle obtus , dont le sommet est divisé en deux pointes. Il y a deux glandules entre l’origine du bras et le tympan, et un ves- tige de pli cutané au-dessus de celui-ci, pli qui commence à la commissure postérieure des paupières, et se termine vers le milieu du flanc. Toutes les parties du corps sont lisses, à l’excep- tion du ventre et du dessous des cuisses, qui offrent une surface granuleuse. Mises le long du tronc, les pattes de devant n’en at- PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. HYLODE. 3. 623 teignent pas tout à fait l'extrémité postérieure; les membres abdo- minaux sont bien plus longs , puisque lorsqu'on les étend vers la tête , le pied tout entier dépasse le bout du museau. Les doigts et les orteils sont presque arrondis et terminés chacun par un dis- que de petit diamètre, plat en dessus et légèrement convexe en dessous. Les uns et les autres sont élargis par un rudiment de membrane flottante , qui constitue une sorte de bordure à droite et à gauche dans toute leur longueur. L’inégalité des doigts et des orteils est la même que chez l’espèce précédente, et le nombre de leurs renflements sous-articulaires n’est pas non plus différent. CororATION. Tout le dessus de l’animal est nuagé de brun rous- sâtre sur un fond fauve ; cependant cette teinte roussâtre semble se dilater en taches transversales à la face supérieure deg mem- bres , et en former une triangulaire , qui s’étend depuis le bord postérieur de l’œil jusqu’à l’épaule. Les régions inférieures sont lavées de blanc roussâtre. Dimensions. Téte. Long. 2”. Tronc. Long. 3” 4°”. Memb. antér. Long. 2” 8°”. Memb. postér. Long. 8” 3”. Parrie. Nous ignorons quelle est la patrie de cette espéce, qui ne nous est connue que par un seul individu, conservé depuis longtemps dans notre collection sans savoir d’où et par qui il a été envoyé au Muséum. 8. L'HYLODE DE RICORD. Hylodes Ricordii. Nobis, CARACTÈRES. Langue grande , oblongue , entiere , arrondie aux deux bouts , mais plus large en arrière qu’en avant. Dents pala- tines disposées sur une rangée en zigzag, s'étendant dans toute la largeur du palais. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce, si ce n’est qu’elle est plus svelte, plus élancée, a le même ensemble de formes que l’Hylode de St-Do- mingue. Sa tête est plate, aussi longue qu’elle est large en arrière, mais elle se rétrécit en angle aigu en s’avancant vers le museau, dont le bout est arrondi. Les narines s’ouvrent sur les côtés de ce- lui-ci vers le premier quart de l’étendue qui existe entre sa pointe et le bord antérieur de l'orbite. L’occiput et l’espace inter-oculaire sont plans, mais le chanfrein est légérement convexe. Les régions 624 BATRACIENS ANOURES. frénales sont médiocrement hautes et si peu penchées l’une vers l’autre , qu’on peut les considérer comme à peu près verticales. Les yeux sont assez saillants et leur ouverture est grande; le dia- mètre du tympan est d’un tiers moindre que la longueur de la fente des paupières.Les arrière-narines sont petites, circulaires et très-écartées l’une de l’autre ; les trompes d’Eustachi sont moins ouvertes que ces dernières. La langue est grande, fort large,entière et arrondie en arrière, de même qu’en avant; mais là elle offre un peu moins de largeur. Les dents palatines constituent une ran- gée aussi étendue que chez l’espèce précédente , et brisée aussi en angles obtus, à trois endroits, mais d’une manière moins pro- noncée. Placées le long du tronc, les pattes de devant en dépas- sentd’extrémité postérieure; celles de derrière sont d’un tiers plus longues que la tête et le corps. Les doigts et les orteils sont grêles, minces, subarrondis ; ils offrent des renflements sous-articulaires aussi développés et en même nombre qne chez l’Hylode de St-Domingue. Leurs disques terminaux sont médiocres et trans- verso-ovalaires. Les paumes des mains offrent de gros tubercules inégaux ; les plantes en ont de très-petits qui sont clair-semés. La saillie dn premier os cunéiforme est oblongue ; du côté opposé àcelni otelle est située, on voit une petite protubérance hémisphé- rique. Il y a quelques petites glandules aux angles de la bouche, et un double repli dela peau borde le derièredu tympan.La tête et le dos sont couverts de très-petites verrues granuliformes , mais le dessus des membres et les régions inférieures de l'animal sont lisses, excepté pourtant vers les parties du ventre qui avoisi- nent les flancset les aines, ainsi que sous les cuisses où la peau présente des rides réticulaires. CoLoraTioN. Toutes les parties supérieures sans exception , sont marquées de nombreuses taches noirâtres , sur un fond d’un fauve grisâtre ou blanchâtre. Celles de ces taches qui occupent le dessus des membres sont plus petites que les autres, et affec- tent une forme arrondie , au lieu que celles du dos et de la tête sont irrégulières et souvent confluentes. Le dessous du corps est d’un blanc sale. Dimensions. Téle. Long. 1” 5”. Tronc. Long. 2” 8”. Memb. antér. Long. 2” 8”. Memb. postér. Long. 6” 4”. Parrie. Nous devons la connaissance de cette espèce à M. Alexandre Ricord , qui l’a recueillie à l’ile de Cuba. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. HYLODE. 4. 625 - 4. L'HYLODE RAYÉ. #ylodes lineatus, Nobis. Caracréres. Bout du museau tronqué. Langue entière, ob- longue , arrondie à ses deux extrémités ; mais plus large en ar- rière qu’en avant. Dents palatines formant un V à branches écar- tées et cintrées en dehors. SYNONYMIE. Rana lineata, Schneid. Hist. Amph. Fasc. 1, p.138. Rana fusca. K. loc. cit. pag. 130. Rana castanea, Shaw. Gener. zool. vol. 3, part. r, pag. 128. Bufo lineatus. Daud. Hist. Nat. Rain. Gren. Crap. pag. 105, n° 28. Bufo lineatus. YA. Hist. Rept. tom. 8, pag. 188. Bufo albonotatus. Id. loc. cit. pag. 185. Rana Schneideri. Merr. Tent. syst. amph. pag. 177. Rana lineata. Gravenh. Delic. Mus. Vratilav. Fasc, 1, pag. 44, tab. 8, fig. 2. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce se distingue au premier aspect de ses trois congénères par la forme distinctement arrondie de ses doigts et de ses orteils, ainsi que par le petit diamètre et la forte convexité, à leur face inférieure , des disques qui les terminent. Les uns et les autres sont minces , grêles , et ont des renflements sous-arti- culaires très-prononcés. Le premier doigt , le second et le qua- trieme sont égaux, le troisième n’est qu’un peu plus long qu'eux ; les quatre premiers orteils sont étagés et le cinquième est seule- ment un peu plus court que le troisième. La paume de la main présente deux gros tubercules ovalaires ; la plante des pieds n’en offre qu’un seul , petit , situé du côté opposé à celui qu’occupe la saillie du premier os cunéiforme, qui est elle-même assez faible. Étendus vers le museau, les membres postérieurs dépassent ce- lui-ci de la longueur des orteils, y compris le métatarse; les pattes de devant, couchées le long des flancs, atteignent l’extrémité postérieure du tronc. À La tête est quadrangulaire, peu déprimée , rétrécie en angle aigu en avant ; le bout du museau est plutôt tronqué qu’arrondi. La circonférence du tympan est la même que celle de l’ouver- ture de l’œil , qui saille à peine au-dessus du crâne. Les narines sont percées sur les côtes de l’extrémité terminale de la tête. Les REPTILES, Ville ie 40 626 BATRACIENS ANOURES. régions frénales sont hautes.et peu penchées l’une vers l’autre. Les trompes d’Eustachi sont extrêmement petites, mais les ar- riére-narines sont assez grandes, obliques , ovalaires et séparées par un très-grand Ésnte Les dents pal atines sont situées entre ces dernières , à peu près au niveau de leur bord postérieur , disposées sur deux rangées transversales contiguës , ou presque contiguës, légèrement arquées et de manière que c est leur partie concave qui regarde le fond de la bouche. La langue a la même forme que celle de l’'Hylode de Ricord ; elle est entière, large en arrière, plus étroite en avant et arrondie : aux deux rl Un petit repli de la peau surmonte le tympan. La peau des parties supérieures n’est pas lisse comme elle le paraït au premier as- pect, car en Vexaminant avec plus d'attention, on reconnait très-bien qu’elle est semée d’un nombre considérable de tuber- cules coniques, pointus, : excessivement fins. Le dessous des cuis- ses, qui est granuleux, est la seule région inférieure de l’animal qui ne soit pas lisse. CororATion. Une teinte bleue est répandue sur toutes les ré- gions supérieures ; la tête et le dos portent de chaque côté une raie jaunâtre où blanchâtre « qui prend naïssance au-dessus de la narine, traverse la paupière supérieure et va finir dans l’aine; celle-ci est marquée de’grandes taches roses, ainsi que le dessus de la cuisse, le dessous de la jambe et la face externe du tarse. L’aisselle offre aussi une tache semblable à celles-là. La gorge, la poitrine et le ventre sont lavés de bleuâtre ; le dernier est ponctué de jaune, couleur qui se montre également sous forme d’anneaux autour des doigts et des orteils. Tel est du moins le mode de coloration que présente l'individu que nous avons Main- tenant sous les yeux. M. Gravenhorst en a décrit et fait repré- senter un, chez lequel la couleur bleue du nôtre est remplacée par une teinte d’un brüun-marron, et dont les cuisses offrent deux bandes transversales binaees , aü lieu de taches roses. Cet indiv idu, modèle de la description et de la figure publiées par M. Cr AN est celui même que Schneider a fait connaître sous le nom de Bufo lineatus, individu qui , du musée de Lampi, où il avait été observé par ce dernier auteur, est passé dans le muséum zoologique de la ville de Breslaw. DIMENSIONS. La Long. 1” 8”. Tronc. Long. 4”. Memb. an- ler. Long. 3” 2°”. Memb. poster. Long. 67/00 PATRIE. Cette espèce est originaire de l'Amérique méridionale; l'échantillon que nous possédons a été envoyé de Cayenne par M. Leprieur. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. PHYLLOMÉDUSE. 627 j XIII GENRE. PHYLLOMÉDUSE. — PAHYLLO- MEDUSA (1). Wagler. Caractères. Langue grande, allongée, pyriforme, entière, libre dans sa moitié postérieure. Des dents vo- mériennes. Tympan distinct ; trompes d'Eustachi médiocres. Doigts et orteils faiblement déprimés , sans membranes natatoires et à disques terminaux assez dilatés. Le premier doigt et les deux premiers orteils opposables aux trois autres. Point de saillie tuberculi- forme à la base du premier métatarsien, saillie qui, dans les autres genres, est produite par le premier os cunéiforme. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée, élargies en palettes triangulaires. Une vessie vocalé sous-sulaire intérne , chez les mâles. Lecaractère leplus remarquable des Phylloméduses est sans contredit celui qui réside dans la faculté dont elles jouissent d’opposer le premier de leurs quatre doigts aux trois sui- vants, et leurs deux premiers orteils aux trois derniers ; de telle sorte que ces Anoures Hylæformes peuvent, à leur vo- lonté, comme certains mammifères, tels que les Singes, étendre leurs doigts et leurs orteils horizontalement , ou en former une espèce de pince propre à saisir, à embrasser les branches des arbres, séjour habituel de ces Batraciens , qu’on pourrait presque qualifier de quadrumanes. Les Phylloméduses ont une langue bien développéeet plus étendue dans le sens longitudinal que dansle senstransversal de la tête; cet organe, large et arrondi en arrière, se rétrécit peu à peu en angle aigu en s’avançant vers la symphysede la (1) De quaaov , frons; feuillage ; et de ped®, curo, impero, je garde, je commande : je garde les feuilles / 40. 625 BATRACIENS ANOURES. mâchoire inférieure ; il n'offre pas la moindre échancrure et il est libre dans sa moitié postérieure. Le vomer est armé de dents qui, chez l'espèce encore unique de ce genre, sont dis- posées sur deux rangées très-courtes affectant la forme d’un chevron ouvert à son sommet, lequel est dirigé en arrière. La membrane du tympan est bien visible au travers de la peau qui la recouvre , et les trompes d'Eustachi sont d’une moyenne grandeur. Les doigts, médiocrement gros, peu, mais distinctement déprimés , sont complétement libres et renflés sous leurs articulations ; le disque qui termine cha- cun d'eux est grand, mince et légèrement convexe à sa région supérieure comme à sa face inférieure; le premier est le plus court des quatre, le second est un peu allongé, le quatrième l'est plus que celui-ci, mais moins que le troisième. Les trois premiers sont insérés sur une ligne oblique, le quatrième l’est juste à côté du troisième. Les orteils sont à proportion moins forts et moins éten- dus que les doigts, et la dilatation discoïdale de leur extré- mité est certainement moins grande que celle de ceux-ci ; les trois derniers s’attachent sur une seule et même ligne transversale ; le premier et le second sur une ligne obliqueet beaucoup plus bas’; le quatrième est le plus long , ensuite le cinquième et le troisième , qu’une très-courte membrane unit ensemble à leur racine; les deux premiers , qui sont égaux et les plus courts, sont tout à fait libres. Les orteils offrent, de même que les doigts, des renflements sous-articu- laires ; mais, ce qui est une exception à la règle générale, le premier os cunéiforme , s’il existe toutefois , ne fait pas de saillie à la base du premier métatarsien. La tête est considérablement élargie en arrière par deux énormes parotides qui prennent naissance , lune à droite l'autre à gauche, à l’angle postérieur de Porbite, ets ‘éten- dent tout le long du haut du flanc jusqu'à laine, après s'être dilatées sur toute la région scapulaire. Les apophyses transverses de la vertèbre sacrée sont élar- gies en palettes triangulaires. = PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. PHYLLOMÉDUSE. I. 629 De chaque côté de la langue , chez les mâles, on remarque une fente longitudinale qui donne entrée à l'air destiné à gonfler le sac vocal situé sous la gorge , mais qui n’est point apparent au dehors, Les Phylloméduses se rapprochent bien évidemment des Crapauds par la forme de leur langue et la présence sur les parties latérales de leur tête de ces grosses glandes appelées parotides , dont nous venons de parler tout à l’heure. 1. LA PHYLLOMÉDUSE BICOLORE. Phyllomedusa bicolor. Wagler. (Voyez PI. go, n° 2. a. b. c.) CARAGTÈRES. Deux courtes rangées obliques de dents vomé- riennes situées entre les arrière-narines. Parties supérieures de couleur bleue. Cuisses et régions latérales du corps tachetées de blanc. SYNONYMIE. Rana bicolor. Boddaert. Monogr. de Ran. Bicol. fig. 1-3. Rana bicolor. Id. Schr. der Berl. naturf. tom. 2, pag. 49q. Rana bicolor. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 1, part. 3, pag. 1092 , N° 29. Calamita bicolor. Schneiïd. Histor. Amph. Fasc. 1, pag. 156. Blue and yellow Frog. Shaw. Naturaliss Miscell. vol. 10, pl. 367. Rana bicolor. Id. Gener. zool. vol. 3, part. 1 , pag. 126. Hyla bicolor. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 174, fig. 2. Hyla Hypochondrialis. I. Loc. cit. pag. 177. Hyla bicolor. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 2», pl. 5-6. Hyla Hypochondrialis. I. Loc. cit. pag. 29, pl. 10, fig. r. Hyla bicolor. \d. Hist. Rept. tom. 8, pag. 40. Hyla bicolor. Id. Loc. cit. pag. 60. Culamita bicolor. Merr. Tent. syst. amph. pag. 170, n° 5. Calamita hypochondrialis. Xd. Loc. cit. pag. 170. | Hyla bicolor. Spix. Spec. nov. Test. et Ran. pag. 42, tab. 13, fig. 1-2. i Hyla bicolor. Fitzing. Neue classif. Rept. verzeich. pag. 63. Hyla hypochondrialis, 4. Loe. cit. Hyla bicolor. Gravenh. Delie. Mus. Vratilav. Fasc. 1, pag. 26. 630 _ BATRACIENS ANOURES. Hyla hypochondrialis. Id. Loc. cit. pag. 28. Hyla bicolor. Cuv. Règn. anim. 2e édit. tom. 2, pag. 108. :Hyla bicolor. Griff. Anim. Kingd. Curv. vol. 9. Hyla bicolor. Guer. Iconog. Règ. anim. Cuv. Rept. pl: 26 à fig. 3. Phyllomedusa bicolor. Was. Syst. Amph. pag. 201. Phyllomedusa bicolor. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Soc. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 70; Exclus. Synon. Hyla Je- moralis. Daud, DESCRIPTION. ie La tête est très-grande, CÉPrNEE, aussi longue en elle forme avec le tronc un quadrilatère buse qui va Es se ré- trécissant et en s’amincissant un peu vers son extrémité; en avant destympans, ses côtés donnent la figure d’un angle sub-aigu fort court, faiblement arrondi ou même tronqué au sommet. Le mu- seau s’abaisse brusquement vers la mandibule inférieure , en de- hors des narines, qui se trouvent situées de chaque côté fe son extrémité et tout en haut. Le chanfrein étant plat et les régions frénales perpendiculaires ou à peine penchées l’une vers l'autre, le canthus rostralis est par conséquent bien marqué ; celles-là ont autant de hauteur que de longueur. Les jeux sont grands , fort peu saillants au-dessus du crâne , latéraux et dirigés Hiqioion vers le bout du nez. La Douche est très - largement fendue ; le palais offre un large sillon longitudinal , de chaque côté du sphé- noïde. Le tympan a en diamètre la ie de celui de l’ouverture de l’œil. Les membres sont très-grêles; ceux de devant excèdent un peu le tronc en longueur, lorsqu'on les couche le long des flancs; ceux de derrière, étendus vers la tête, en atteignent le bout par l’extrémité antérieure du tarse. Les bras sont moins gros que les avant-bras; les cuisses sont presque aussi maigres que les jambes et celles-ci plus que les tarses. 11 y a un gros tu- bercule sous chaque articulation des phalanges; les paumes et les plantes en offrent plusieurs, pour le moins aussi forts. Le dessus du crâne, le dos et les reins forment ensemble un seul et même plan horizontal parfaitement uni; il existe sur toute la région scapulaire une parotide fort épaisse, qui donne un pro- longement étroit au-dessus du tympan jusqu’à l’angle postérieur des paupières, et qui s’étend en arrière tout le long de la partie PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. PHYLLOMÉDUSE. 631 supérieure du flanc , jusqu’ à la racine de la cuisse. Les pattes de devant sont lisses en dessus et en dessous ; les membres posté- rieurs aussi » excepté à à la face inférieure des cuisses dont la peau ; comme celle du ventre, est couverte de petits tubercules elandu- leux, qui lui donnent Napnaience granuleuse. COLORATION. Une belle teinte bleue règne sur les parties supé- rieures et latérales de la tête et du tronc, ainsi que sur la région externe des membres. Fort souvent les die et les orteils offrent la même couleur, mais quelquefois ils sont blanchätres ou jau- nâtres, excepté à leur extrémité, Les flancs présentent de grandes ou de petites taches arrondies , blanches, cerclées de brun-marron ; ; on en voit généralement de Lebables aux régions fémorales, aux aisselles, sous les jambes et sous les ‘tarses. Tantôt les partiés inférieures de cet Hylæforme sont toutes blanches, tantôt elles sont diversement peintes de brun-marron, particulièrement sur la gorge et sur la poitrine. Une ligne blanche, liserée de brun parcourt ] le bord externe de lavant-bras, de la jambe et du tarse. Chez les j jeunes sujets , le derrière et hé devant des cuisses sont rayés de brun en travers. se | Dimensions. Téte. Long. 3” 5°”. Tronc. Long. 8° 5°”. Memb. antér. Long. 8° 5. Memb. postér. Long. 14” 6. PATRIES Ce Batracien habite l'Amérique méridionale : nous l'avons souvent recu du Brésil et géeluiqe de Cayenne. LEE OBSERVATIONS. La Rainette a Li de Daudin est le jeune âge de la Phylloméduse bicolore; mais sa #y-la femoralis, que M. Tschudi a considérée comme n’en étant pas non plus diffé- rente, appartient au contraire à une autre espèce. 632 BATRACIENS ANOURÉS. ADDEE—……….…"…… … ……—"…—….…" … …— —…".… XIV° GENRE ÉLOSIE. — ÉLOSIA (1). Tschudi. Caracrères. Langue grande, épaisse , disco-ovalaire, entière, adhérente de toutes parts. Des dents situées sur le bord postérieur du vomer. Tympan distinct ; trompes d'Eustachi petites. Quatre doigts compléte- ment libres, un peu déprimés, ainsi que les orteils, qui sont réunis à leur racine et bordés latéralement par une petite membrane ; extrémités des uns et des autres dilatées transversalement en une grande papille subovalaire, convexe en dessous, divisée en deux petits disques à sa face supérieure. Saillie du premier os cunéiforme faible, obtuse. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non élargies en palettes. Une vessie vocale externe sous chaque coin de la bouche, chez les mâles. Les Élosies ont une forme de tête que nous n’avons point encore rencontrée parmi les Hylæformes, mais que nous allons retrouver dans le genre suivant, l’avant-dernier de cette famille , ainsi que chez les Dendrobates, autre genre de Batraciens anoures , qui commence la famille des Bufo- niformes ou des espèces dont les mâchoires et presque toujours le palais sont dépourvus de dents, Gette tête, à peine rétrécie dans sa partie antérieure , est tout à fait hori- zontale et parfaitement plane à sa face supérieure. Ses côtés sont perpendiculaires ; son extrémité terminale est arrondie en travers et coupée obliquement de haut en bas, de telle sorte que le museau saille en dehors de la bouche, qui se trouve par conséquent placée en dessous, à peu près comme chez les Gécilies. Cette particularité, jointe aux caractères que nous avons énoncés plus haut, distingue suffisamment le genre Elosie de ceux qui en sont les plus voisins. °3) De enoc, palus, marais? PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. ÉLOSIE, [. 633 Les doigts, tous quatre dépourvus de membranes et un peu déprimés, sont : le troisième un peu plus long que le quatrième, celui-ci que le second, et le second que le pre- mier. Les orteils ont leurs bords frangés et un rudiment de membrane à leur racine; les quatre premiers sont étagés, et le cinquième est un peu plus court que le troisième. Les Élosies mâles ont sous chaque coin de la bouche une vessie vocale dont l’orifice médiocre et longitudinal est placé en dedans, tout près de la commissure des mâächoires. Les conduits gutturaux des oreilles sont très-petits, quoïque le tympan soit d’un certain diamètre et très-distinct, Les apo- physes transverses de la vertèbre sacrée ne sont pas dilatées en palettes, et la phalangette des doigts et des orteils offre cette particularité bien remarquable d’avoir la forme d’un T.. Une seule espèce appartient à ce genre; c'est : I. L'ÉLOSIE GRAND-NEZ. Elosia nasuta. Tschudi. Caracrères. Dents vomériennes situées entre les arrière- narines au niveau du bord postérieur de celles-ci , et implantées sur deux saillies osseuses affectant la figure d’un chevron ouvert à son sommet, qui est dirigé en arrière. Dos marbré de brun sur un fond d’une teinte plus claire. SYNONYMIE. Hyla nasus. Lichtenst. Verzeich. Doublett. zoolog. mus. Berl. Amph. pag. 106. Hyla nasus. Fitzing. Neue classif. Rept. verzeich. pag. 63. Elosia nasuta. Tschudi. Classif, Batrach. Mém. Sociét. Scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 36 et 77, n° 19. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a la tête presque aussi épaisse en avant qu’en arrière, le museau arrondi en travers , les yeux peu sail- lants, bien que fort grands; ses paupières sont bien développées, et sesnarines situées latéralement sous le canthus rostralis, à égale distance du bout du nez et de l’angle antérieur de l'orbite. La cir- conférence du tympan est d’un quart moindre que celle de l’ou- verture oculaire. Les trompes d’Eustachi sont si petites qu’on y pourrait à peine introduire la pointe d’une épingle ordinaire. La langue n’est ni positivement ovale, ni absolument circulaire. Les 634 BATRACIENS ANOURES: arrière-narines sont deux petits trous arrondis, entre lesquels, au niveau de leur bord postérieur, il existe deux proéminences osseu- ses armées chacune de quelques petites dents coniques. Les pattes de devant, couchées le long du tronc,en dépassent un peu l’extré- mité postérieure; celles de derrière, étendues versle museau, l’ex- cèdent de la longueur du pied. Il yaun renflementsous-articulaire au premier doigt et au second, et deux à chacun des deux autres, Le dessous des métacarpiens est renflé et creusé de petits sillons fransversaux.La paumé offre une grosse protubérance circulaire. Les renflements sous-articulaires des orteils se laissent compter de la maniere suivante : un au premier et un au second , deux au troisième , trois au quatrième et deux au cinquième. Les or- teils seuls ont leurs bords garnis d’une membrane chez les femel- les; mais chez les mâles on en voit aussi aux doigts, qui du reste sont toujours libres, même à leur racine. On remarque un petit tubercule obtus, du côté opposé à la saillie du premier os cunéi- forme, qui est peu prononcée. Le tarse porte une membrane flottante le long de son bord externe. Les faces plantaires sont lisses, ainsi que toute la peau de la tête, du dos et des pattes; sur les flancs et sur les côtés des reins se montrent épars quelques petits mamelons glanduleux. Le tympan est surmonté d’un ‘ repli cutané. CoLoraTion. Tantôt d’un brun roussâtre, tantôt d’un brun grisâtre, les parties supérieures offrent toujours de grandes tâches d’un brun foncé ou même noirâtres, quelquefois isolées , le plus souvent confluentes. Le dessus des membres posté- rieurs est zébré de brun. Les flanes présentent chacun une bande longitudinale brune, surmontée d’une raie blanchâtre. Un blanc pur, assez ordinairement parsemé de taches brunes, règne sur la gorge, la poitrine et le ventre ; une teinte d’un blanc roussâtre est répandue sur la face inférieure des membres; les cuisses sont vermiculées de brun-marron et de blanchâtre. DIMENSIONS. Tête. Long. 1 5. Tronc. Long. 2” 8”. Memb. antér. Long. 2” 5°”. Memb. postér. Long. 5” 5”. Patrie. Cette espèce se trouve au Brésil, d’où elle a été rap- portée au muséum par feu Delalande et M. CT Observations. C’est à tort suivant nous Tite M. Tschudi cite la Rana pygmæa de Spix comme appartenant à à cette espèce ; rien même dans la figure qui la représente n'indique qu’elle appar- tienne à la sous-famille des Hylæformes. PIHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G.. CROSSODACTYLE. 635 XV: GENRE. CROSSODACTYLE. — CROSSO- DACTYLUS (1). Nobis. Caracrères. Langue médiocre, ovalaire, adhérente de toutes parts, couverte de rides irrégulières , con- fluentes. Palais dépourvu de dents. Tympan distinct; trompes d’Eustachi très-petites. Quatre doigts minces, fables, un peu déprimés , complétement Hire, di- latés à leur extrémité en un disque convexe en des- sous , plat et uni en dessus. Orteils légèrement aplatis, élargis au bout de la même manière que les doigts et garnis de chaque côté dans toute leur lon- eueur , ainsi que le bord externe du tarse, ‘d' une mem- brane flottante. Saillie du premier os cunéiforme , _médiocre, allongée , ‘étroite. Apophyses transverses de la vertébre sacrée non dilatées en palettes. Les Crossodactyles sont, pour ainsi dire, des Élosies à palais sans dents, à doigts faibles, étroits, grèles, et dont l'épatement terminal n’a pas sa face supérieure partagée lonsitudinalement par un sillon; car du reste leur Les nisation est absolument la même que celle de ces der nières. Toutefois leurs phalangettes n’ont pe la forme d’un TL. Ge genre ne comprend non plus qu’une seule espèce. %. LE CROSSODACTYLE DE GAUDICHAUD. Crossodactylus Gau- dichaudu. Nobis. CarAGTÈRES. Dos olivâtre , dessus des jambes zébré de noir. (1) De xpezsoc, fimbria, pannus, frange et daxrunce, digitus, doigt : doigts frangés ou à franges. 636 BATRACIENS ANOURES, DESCRIPTION. Formes.Latête est légèrementallongée et peu rétrécie en avant, ce qui donne un museau large, arrondi en travers, tout à fait au bout, et assez étroit entre les yeux et les narines, Celles-ci s'ouvrent de chaque côté, sous l’extrémité antérieure du can- thus rostralis, qui est bien marqué, les régions frénales étant per- pendiculaires et, de plus, un peu hautes. Le bout du museau est coupé obliquement; c’est-à-dire qu’il fuit vers la bouche, qui est assez largement fendue. La face supérieure de la tête est hori- zontale et légèrement convexe, Les yeux sont grands , mais peu saillants.Le diamètre du tympan est d’un quart moindre quecelui de l’ouverture des paupières , qui sont très-développées.Les arriè- re-narinessont petites, circulaires et très-écartées l’une de l’autre. Couchées le long du corps, les pattes de devant s’étendent jus- qu’à l’orifice du cloaque ; placés de la même manière , les mem- bres postérieurs dépassent le museau, de la longueur du pied. Il y a un renflement sous-articulaire au premier doigt comme au second , et deux à chacun des deux derniers. On en compte également un au premier orteil et à celui qui le suit immédiate- ment, deux au troisième et au cinquième , trois au quatrième. La membrane flottante qui borde le tranchant externe du tarse, et les orteils à droite et à gauche est plus développée chez les mâles que chez les femelles. On remarque un petit tuber- cule du côté opposé à la saillie du premier os cunéiforme, laquelle est allongée et étroite. Les faces plantaires sont lis- ses , unies; mais la paume offre un gros renflement hé- misphérique , et le premier métatarsien en présente un de forme ovalaire. Il existe une glande en arriere de chaque coin de la bouche ; quelques petites verrues sont éparses sur les reins, Les autres parties du corps sont lisses. CoLoraTION. Tout le dessus de l’animal est teint d’olivâtre , nuagé obscurément de brun foncé, couleur qui s'étend en bandes transversales sur la face supérieure des pattes de derrière. Les régions inférieures sont lavées de jaunâtre. Dimensions. Téte. Long. 1” 2”. Tronc. Long. 2”. Memb. antér- Long. 2%. Memb. postér. Long. 3” 1°”. PArRiE. Cette espèce est une découverte faite au Brésil par M. Gaudichaud , savant botaniste auquel nous la dédions. PHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. PHYLLOBATE. 637 XVI GENRE. PHYLLOBATE. — PHYLLO- BATES (1). Nobis. Caracrires. Langue grande, subcordiforme, libre en arrière. Palais dépourvu de dents. Tympan vi- sible ; trompes d'Eustachi très-petites. Doigts et orteils faiblement déprimés, complétement libres et dilatés à leur extrémité en un disque légèrement renflé à sa face inférieure et à sa région supérieure, mais ayant celle-ci creusée au milieu et sur sa longueur d’un petit sillon bien distinct. Saillie du premier os cunéiforme peu sensible. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Les Phyllobates ont les doigts et les orteils conformés de la même manière que ceux des Fées et le palais dépourvu de dents, comme celui des Cr ossodactyles; mais chez eux, la langue est cordiforme au lieu d’être ovalaire , et les mains ni Les pieds n’offrent le moindre rudiment de membrane na- tatoire. Cette langue des Phyllobates est grande, rétrécie en angle aigu en avant, élargie en demi-cercle en arrière, où son bord offre, à son milieu, une petite échancrure anguleuse ; cet organe est libre dans sa moitié postérieure. Les doigts, au nombre de quatre, sont peu allongés , faiblement dépri- més et assez forts; le troisième est seul un peu plus long que les autres. Les orteils ont la même forme que les doigts et ne sont pas à proportion plus développés; les quatre premiers vont en augmentant graduellement de longueur, mais le cinquième n’a même pas tout à fait l’étendue du (x) De quanoy, folium , feuille ; et Éæiva , incedo, je marche; je me tiens sur Îes feuilles, 638 BATRACIENS ANOURES. troisième. Les disques qui terminent ces doigts et ces orteils ont leurs deux faces légèrement convexes , mais la supérieure est coupée en long et au milieu par un sillon qui s'élargit en s’avançant vers TL bord libre du disque. Ici comme Le les Élosies , les phalangettes ont la forme d’un T. Les apo- physes transverses de la vertèbre sacrée ne sont pas non plus dilatées en palettes. La Don qui recouvre le tympan n’est pas assez épaisse pour qu'on ne le puisse apercevoir au travers, mais les conduits gutturaux des oreilles sont très-petits. Ce genre, par l’ensemble de sa structure, fait évidem- ment le passage des derniers Hylæformes aux premières es- pèces de la famille suivante, celle des Bufoniformes, chez lesquels il n’existe plus de dont du tout àla mâchoire supé- _rieure et qui en manquent presque toujours au palais. Z. LE PHYLLOBATE BICOLORE. Phyllobates bicolor. Nobis. CarAcTÈRES. D’un fauve blanchâtre en dessus ; d’un brun foncé en dessous. ° Synonyme. Phyllobates bicolor. Bib. Hist. de l’île de Cuba, par Ramon de la Sagra. Rept. PI. 29 bis. DESCRIPTION. Formes. La tête et le tronc forment ensemble un quadr ilatère allongé, à peu près aussi haut que large, excepté à ases extrémités, qui En l’antérieure surtout , LE SRE moins épaisses et plus sroités que la région Éoÿéfte du tronc; le museau est effectivement un peu déprimé et ses côlés se rapprochent en angle obtus, dont le sommet est fortement arrondi. Le can- thus rostralis est aussi très-arrondi ; c’est immédiatement au des- sous de lui, par conséquent sur les côtés et tont à fait au bout du museau, que s'ouvrent les narines. La région intermaxillaire fuit légèrement vers la bouche, qui est située un peu en dessous et médiocrement fendue. Les yeux sont grands, mais à peine sail- lants; le diamètre du tympan est d’un quart moindre que la fente des paupières, qui sont bien développées. Portées en avant , les pattes de devant dépassent la tête , de toute la longueur du pied ; PIHANÉROGLOSSES HYLÆFORMES. G. PHYLLOBATE. 1. 639 couchées le long du trone, celles de derrière s’étendent au delà de l’orifice anal. Il y a trois renflements sous-articulaires au troisième doigt , deux à chacun des trois autres, un au premier orteil et au second , deux au troisième et au cinquième , trois au quatrième. Les métacarpiens et les métatarsiens sont renflés longitudinalement , la paume l’est circulairement. Les faces plantaires sont unies et il existe une faible protubérance du côté opposé à la saillie du premier os cunéiforme. Un renflement glanduleux se fait remarquer à l’angle de la bouche. La peau de toutes les parties du corps, sans exception , est parfaitement lisse. CozoraArroN. Rien de plus simple que le mode de coloration de cette espèce, dont toutes lesrégions supérieures offrent une teinte d’un fauve blanchâtre ; tandis que les inférieures sont colorées en brun foncé ou en noirâtre. Dimensions. Téte. Long. 1” 4””.-Tronc. Long. 2” 8”. Memb. antéer, Long. 2” 6”. Memb. postér. Long. 6” 5°”. Parrie. Cette espèce est originaire de l’île de Cuba ; le seul sujet que nous ayons encore observé y a été recueilli par M. Ra- mon de la Sagra, dans la partie erpétologique de l’ouvrage du- quel nous l’avons décrit et fait représenter. Nous ne terminerons pas cette section du chapitre V, consacrée à l’histoire des Hylæformes, sans réparer l’omission que nous avons involontairement commise à l’article de la Æ/yla venulosa (pag. 3560), en ne signalant pas comme se rapportant à cet anoure les figures 1 et 2 de la PI. 71 du tome 1° de l’ouvrage de Séba; figures qui sont les types de la Æyla tibiatrix de Laurenti et de la plupart des auteurs qui ont écrit après lui, de la Raine flûteuse de Daubenton , de La- cépède, etc., et que Wagler a citées comme étant celles d’une espèce appartenant à son genre Auletris (1). (1) Ce nom d'Avairus, correspondant au mot de Z'bicina, fluteuse. 640 BATRACIENS ANOURKES. SUITE DES ANOURES PHANÉROGLOSSES. SECTION TROISIÈME. — FAMILLE DES BUFONIFORMES. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR CETTE FAMILLE ET SUR SA DISTRIBUTION EN ‘GENRES. L'établissement de la famille des Bufoniformes repose sur la seule considération que leur mâchoire supérieure est tout à fait dépourvue de dents, con- trairement à ce qu'on observe dans les deux familles précédentes , celles des Raniformes et des Hylæformes. À ce caractère négatif, d’après lequel se trouve in- stituée la troisième grande division des Anoures pha- néroglosses , il faut en ajouter deux autres qui, bien que n'étant point généraux , ne sont pourtant pas sans quelque valeur , en ce sens qu'ils semblent être liés au premier, ou qu’ils lui sont en quelque sorte subordon- nés. On remarque effectivement que, à une ou deux exceptions près, tous les Phanéroglosses sans dents maxillaires , n’ont ni le palais denté , ni la langue en- taillée en arrière ; tandis que les Raniformes et les Hylæformes, ou les espèces qui ont des dents à la mâchoire supérieure , en offrent presque toujours à la voûte palatine et manquent rarement d’échancrure à la partie postérieure de leur langue, qui n'est pas généralement aussi longue que celle des Bufo- niformes. Ces derniers, ou du moins la plupart d’entre eux, ont d’ailleurs une manière de vivre, des habitudes qui s’éloignent un peu de celles des Phanéroglosses des deux premières familles. Il en est peu qui, comme PHANÉROGLOSSES RUFONIFORMES. 64: les Grenouilles et les Rainettes, ne redoutent point la lumière du jour, qui osent s’exposer aux rayons du soleil; presque tous, au contraire, ne quittent leur retraite, ne se mettent à la recherche de leur nourri- ture, soit à terre, soit dans l’eau , qu’à l'approche de la nuit : et cette nourriture elle-même ne paraît pas être aussi variée, ne semble pas s'étendre pour les Bufoniformes, à un aussi grand nombre de petits ani- maux que pour les Raniformes et les Hylæformes. Les Anoures de ces deux groupes s’attaquent indistincte- ment, suivant leur force et leur grosseur, aux vers, aux Mollusques, aux Insectes, aux Crustacés, aux Poissons , aux Oiseaux aquatiques, à des petits Mam- mifères ; la voracité des Grenouilles , des Cératophrys et des grandes espèces de Rainettes , est telle , que ces Anoures n'épargnent même pas leur propre race ; au lieu que les Bufoniformes ne font guère leur proie que des espèces des dernières classes du règne animal. C’est au moins ce que nous sommes portés à penser d’après le résultat des observations qui nous ont été fournies par un très-grand nombre de sujets de divers genres, dans l'estomac desquels nous n’avons ordinairement trouvé que des débris de Mollusques et d'animaux articulés, auxquels étaient souvent mélées des pierres d’une na- ture plus ou moins dure, et quelquefois des morceaux de charbon d’un certain volume, relativement à la grosseur des individus qui les contenaient. Les Bufoniformes , autres que ceux des genres Cra- paud et Phrynisque, n’offrent que de faibles inégalités à la surface de la peau; chez beaucoup d’entre eux , le tissu cutané est même entièrement lisse ou dépourvu de petits amas de cryptes formant de ces mamelons, de ces cordons glanduleux qui existent en plus ou REPTILES , VIII. 41 642 . BATRACIENS ANOURES.: moins grand nombre dans la plupart des Raniformes et des Hylæformes. Les seules espèces du genre Bufo portent de chaque côté de la partie postérieure de la tête de ces gros renflements criblés de pores, connus sous le nom de parotides ; c’est seulement aussi chez elles et chez les Dendrobates pourtant que la mem- brane du tympan est visible à l'extérieur. . Parmi les Bufoniformes , il y en a de plus ou moins sveltes et trapus. La tête est extrêmement variable, sous le rapport de sa grosseur et de sa forme : elle peut être très-petite ou fort grosse, plus étroite ou plus large que le tronc, pointue ou tronquée, co- nique ou anguleuse , unie ou relevée de crêtes et creu- sée de cavités plus ou moins profondes ; les yeux offrent tous les degrés entre le plus petit et le plus grand dia- mètre; la cavité buccale ne présente pas moins de différences, à l’égard de sa capacité, pour les termes extrêmes de laquelle on peut citer comme exemples l'énorme gueule des Gératophrys et la bouche si petite des Typhlops. Quelques Bufoniformes ont , comme certains Rani- formes , une sorte de petit bouclier osseux sur le dos. Les membres sont au moins aussi variables en lon- gueur que l’est la tête en grosseur; les antérieurs sont toujours terminés par quatre doigts libres, dont le premier est parfois caché sous la peau, les posté- rieurs par cinq orteils palmés ou non palmés, dont le premier n’est pas non plus distinct chez toutes les espèces. Ces doigts et ces orteils , généralement dé- primés, rarement tout à fait cylindriques, quelque- fois pointus et le plus souvent comme tronqués ou un peu renflés à leur extrémité, ont encore, dans quelques cas, cette même extrémité terminale aplatie ou dilatée PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. 643 en un disque subtriangulaire , comme dans quelques- ‘uns des derniers genres de la famille des Hylæformes. La plupart des Bufoniformes ont à la face plantaire un tubercuie quelquefois très-développé, auquel sa position donne l’apparence d’un sixième orteil rudi- mentaire , mais qui est bien évidemment le prolon- gement externe du premier os cunéiforme. Dans quelques genres, les apophyses transverses de la vertèbre sacrée ne sont pas dilatées en palettes trian- gulaires ; et les individus mâles de la majeure partie des espèces de cette famille sont pourvus d’une vessie vocale sous-gulaire communiquant avec la bouche par deux orifices , ordinairement longitudinaux, situés de chaque côté de la langue. Les modifications que présentent la langue, les doigts et les orteils, dans leur forme palmée ou non palmée, et dans leur nombre; la conformation et le développement variables des tubercules au talon; la visibilité ou l’invisibilité du tympan au travers de l'enveloppe extérieure de la tête; la présence ou l’ab- sence d'une plaque osseuse sur le dos, l'existence ou l'absence de dents au palais, et de glandes dites parotidiennes aux côtés de la nuque; enfin la dis- position à peu près cylindrique ou la dilatation en palettes triangulaires des apophyses transverses de l’avant-dernière pièce vertébrale, sont les bases sur lesquelles reposent ces coupes génériques, que, d’après nos propres observations sur ces animaux mêmes , nous croyons devoir adopter ou établir parmi les Anou- res de cette troisième famille des Phanéroglosses. On remarquera qu'il y a deux de ces douze genres, ceux appelés DENDROBATE et HyzæDacTyre, qui auraient naturellement appartenu à la grande division des 41. 644 BATRACIENS ANOURES,' Hylæformes , à cause de l’épatement en disque de la partie terminale de leurs doigts, si nous n'avions atta* ché moins d'importance à ce caractère qu’à celui tiré de l’état non denté de leur mâchoire supérieure; cir- constance à laquelle ils doivent leur introduction dans la famille des Bufoniformes. Ileût peut-être été beaucoup mieux, nous l’avouons, de ne les y point ranger et d’en former une quatrième famille de Phanéroglosses, qui se trouverait être aux Bufoniformes ou aux espèces sans dents et à doigtsnon élargis, ce que sont aux Raniformes ou aux espèces à ‘mâchoire supérieure dentée et à doigts pointus, les Anoures Hylæformes, qui, comme ces derniers , ont des dents aux maxillaires supérieurs, mais dont le bout des doigts offre une dilatation discoïdale. Une telle séparation ou plutôt la création d’une nouvelle famille qui n'aurait renfermé que deux genres, ne compre- nant eux-mêmes que quatre espèces nous a semblé pour le moins inutile, quant à présent; c’est au reste ce qu'on sera toujours à même de faire, lorsque, comme nous n’en doutons point , les recherches inces - santes des amis de la science auront amené la décou- verte d’autres Anoures analogues aux Dendrobates et aux Hylædactyles ou ayant comme eux la bouche dé- pourvue de dents, et les extrémités des mains et des pieds garnies de larges papilles propres à favoriser leur marche sur les expansions foliacées des végétaux ; car il est bien évident que ces deux genres de Bufoniformes ne sont pas moins Dendrophiles que les Hylæformes. Nous donnons ci-après un tableau synoptique qui expose les différences les plus notables que présentent entre eux nos douze genres de Bufoniformes. , PHANEROGLOSSES BUFONIFORMES, 1T99 ‘Qt °anvavu7 llcg ‘rt *AMUIGONIHM ‘GO * : serrer st set ete: ‘aut}n2 quewesuooid un juesyo Ncgl ‘1 *SdADIAIUG ‘II * * oo + + + + *s048 ‘sJIN09 ueduwuf; | saiqr quaw979[duw00 :99Je]p uou loc ‘ÿ *IHOISA9N7 ‘6 »*'° ++ + + + + :sa[9u8 ‘ s$u0] logo ‘1 *HAOTILY ‘Ç * “oguuoryaodoud Anassoi$ 2p nvosnu = 993 : sugenb Si19J0 : 9U0v9 A Hg 1 *ANAHHAONIHY ‘GI © * + © + + + » *a}130d -s91} : jnu | Ë SI © *ALNOGOUXA( *OI * * *oju 9p 21quiou sil Noÿ£ ‘1 Ouen PP) seed pois el Dre 0 cos ne ‘sowed 1Us10p 2 oc£ ‘1 *4Q040H1947q SG *aquap uou) ‘* AO S9S Csonousqny xnop daiponoq CA | | e uoju] : buw un : oqduns a tel © *HNÔSINAUHG 'G + * + ‘sipuoue ‘sjrod CN [ : Lo) ï gt L L L ‘ATVHdI9AHIVUG ‘9 ° e . 0 L e L L2 . 10 . 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Téte médiocre; vertex plan ; museau tronqué, cunéiforme; tympan visible ; narines situées sur le canthus ros- tralis ; paupières incomplètes ; langue ovale, épaisse, légèrement bifide en arrière; point de dents; membres antérieurs allongés ; doigts forts, libres, garnis de papilles à leur face inférieure; orteils à peine palmés ; peau granuleuse. PATRIE. Sumatra. Esr. Æalophrynus pleurostigma. Tschudi. page 86, n° 12. Synon. Bombinator pleurostigma. Müller. Mus. Lucp. BATAv. GENRE CHAUNE. Chaunus (2). Tschudi. (Chaunus et Paludicola, Wagler.) CaracTÈèRes. Tête petite, anguleuse ; museau tronqué ; narines supérieures; langue oblongue, entière, libre en arrière ; point de dents; tympan caché; doigts libres ; orteils réunis par une membrane à leur base ; métacarpe fort grand ; deux gros tuber- cules au métatarse; parotides à peine distinctes; corps ovale, épais. PATRIE. Amérique méridionale. sre Esp. Chaunus marmoratus. Wagler. Synon. Bufo globulosus, Spix. Spec. nov. Ran. Bras. page 49, Tab. 19, fig. 1. Bufo albifrons, \d., loc. cit. page 48, Tab. 19, fig. 2. Paludicola albifrons. Wagl. Syst. Amph. , page 202 (3). 2e Esp. Chaunus formosus. Tschudi, page 87, n° 2. Synon. Bufo formosus. Mus. Par. (4). (1) Kaaos, pulcher, esregius , beau ; et œpuvoe, rubeta, bufo, Crapaud. (2) Xauvoc, laxus , inflatus, large, ample. enflé , gonflé. (3) L'opinion de M. Tschudi, que nous sommes portés à croire par- faitement fondée, est que Wagler a formé deux genres différents (Chaunus et Paludicola), d'apres deux individus spécifiquement sem- blables, ceux que Spix a fait représenter dans son ouvrage sous les noms de Bufo globulosus et de Bufo albifrons. {4) Cette espèce est ontre Phryniscus nigricans ou platôt celui de PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES, 647 GENRE FAUX-CRAPAUD. Pseudo-Bufo. Tschudi. FCarAcrÈREs. Tête triangulaire ; vertex et front aplatis ; museau relevé ou comme retroussé ; narines s’ouvrant sur celui-ci ; lan- gue circulaire; point de dents; point de parotides , tympan visible; doigts libres ; orteils réunis jusqu’à leur extrémité par une membrane très-large et tres-extensible; corps relevé de ver- rues très-serrées. EsP. Pseudo-Bufo subasper. Tschudi, page 87, n° 3. SYNON. Bufo subasper, Mus. Lugd. Batav. DisTRiBUTION GÉOGRAPHIQUE DES BUFONIFORMES. Le nombre des espèces de Bufoniformes qui nous sont connues aujourd'hui n’est que de trente-cinq c'est-à-dire beaucoup moindre que celui des Ranifor- mes , dont la totalité est de cinquante et une, et moin- dre encore que celui des Hylæformes, qui est de soixante-quatre. Néanmoins il en existe dans les cinq parties du monde , où elles sont réparties d’une manière non moins inégale que les espèces de Raniformes et d'Hylæformes et toujours aussi avec avantage pour l'Amérique, tan- dis que la plus faible part a été dévolue à l'Europe, qui n’a même pas une seule espèce en propre; car les deux qui s’y trouvent , le Crapaud commun et le vert, habi- tent aussi l'Afrique et l'Asie, qui produisent en plus, l’une, le Crapaud panthérin, et le Breviceps bossu, l’au- tre, le Plectropode peint, l’'Engystome orné, l’Hylæ- dactyle tacheté, l'Upérodonte marbré, et les Crapauds Wiegmann, qui l’a le premier fait connaître : c'est à tort que M. Tschudi l'a rapportée à son genre Chaunus , dont elle ne présente certainement pas les caractères; car l’ensemble de ses formes est le même que celui des Crapauds proprement dits; ses narines sont latérales; elle manque complétement de parotides, et ses deux tubereules métatarsiens sont très-petits. 646 BATRACIENS ANOURES, ensanglanté , rude, à deux arêtes, élevé, et rugueux. L'Océanie, qui, aprèsl’/Amérique, est la mieux par- tagée en Hylæformes, et où l’on trouve encore deux Raniformes, n'a fourni jusqu'ici que le seul Bufoni- forme appelé Phrynisque austral. Enfin vient l'Amérique qui , outre ses dix espèces de Crapauds nommés : Goîtreux, Peltocéphale, du Chili, Agua, à Oreilles noires, Criard, Américain, Perlé, de d’Orbigny, et de Leschenault, nourrit aussi les Den- drobates à tapirer, peint, et sombre; le Rhinoderme de Darwin; l'Atélope jaunâtre ; le Phrynisque noirûtre ; le Brachycéphale porte-selle , et les Engystomes de la Caroline ovale, rugueux , et micropse RÉPARTITION DES BUFONIFORMES D'APRÈS, LEUR EXISTENCE GÉCGRAPHIQUE. ph ip sl : à Asie|| 2 Genres. Asie. des espéces. DENDROBATE, . . ant AE CU D to) RHINODERME. - . . . : . . . « O AFRELOPE ST el NPA ARE (e) CRAPAUD. 4 NU ee ete 2 PHRYNISQUE. . . . . . elle O BRACHYCÉPHALE. … . + 4 + . . (a) HYTÆDACTYLE. 1200000) ON Oo (e] (a) (a) (o] Oo LE 2 | PLECTROPODE. . . . . . . . . 0 | ENGYSTOME. . : , . ... .:.. ste UPÉRODONTE. . . . . + « . D | BREVICEPS. . . . . . « sramatete RHINOPHRYNEs « + « + eo sn | | | | —— | — Nombre des espèces dans chaque | partie du monde. . . PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G, DENDROBATE. 649 I GENRE DENDROBATE. — DENDRO- BATES (1). Wagler. (Hylaplesia en part. Boié, Tschudi.) Caracrères. Langue oblongue, entière, arrondie à ses deux extrémités, libre dans sa moitié postérieure. Palais dépourvu de dents. Tympan distinct; trompes d'Eustachi très-petites. Pas de parotides. Doigts et orteils déprimés, complétement libres, offrant au bout un épatement; ceux-ci au nombre de cinq et ceux-là de quatre. Deux tubercules faibles, obtus, au métatarse; un seul à la face palmaire. Apophy- ses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. Les Dendrobates sont avec les Hylædactyles, dont ils dif- fèrent principalement par l’invisibilité du tympan et la non adhérence de la langue dans toute sa longueur, les seuls Anoures de cette famille des Bufoniformes qui offrent, comme les Hylæformes, un épatement à l’extrémité libre de tous leurs doigts. Gette partie dilatée des doigts est triangulaire et présente trois papilles renflées, une grande transverso-ovalaire en dessous , deux petites subcirculaires en dessus. Les pattes de devant ni les pattes de derrière ne présentent le moindre rudiment de membranes natatoires. Il existe un renflement sous chaque articulation des phalanges ; il yen a aussi un à la paume de la main et deux sous le méta- tarse. Les doigts et les orteils sont faibles , étroits , légère- ment déprimés ; le quatrième de ceux-ci et le troisième de (1) De dévdpov, arbre ; et de £aivw, je marche. 650 BATRACIENS ANOURES: ceux-là sont toujours les plus longs. La langue des Dendro- bates ressemble! à un ruban oblong, plus ou moins épais, arrondi , entier à ses deux extrémités et libre dans la seconde portion de sa longueur ; leur palais est lisse et sans sillon lon- gitudinal de chaque côté du sphénoïde ; leurs narines internes sont petites, arrondies et très-écartées l’une de l’autre ou situées tout à fait sur les côtés du palais et assez près de son bord antérieur ; leurs trompes d’'Eustachi, qui sont également fort petites et arrondies, se trouvent placées un peu en arrière et au-dessus de la commissure des màchoires ; tou- tefois le tympan est bien distinct. Les narines externes s'ouvrent positivement sur les côtés du bout du museau, qui est légèrement arrondi en travers. On remarque de chaque côté de la langue, chez les individus mäles, une fente longitudinale donnant entrée à l'air destiné à gonfler le sac vocal que renferme la gorge, dont la peau cependant n’est pas plissée, ce qui indique que cet organe producteur de la voix n’est pas susceptible d’une grande dilatation. La vertèbre sacrée, de même que chez les Grenouilles proprement dites et plusieurs genres d'Hylæformes , n’a pas ses apophyses transverses développées en ailes ou en palettes. Les Dendrobates ont les membres médiocrement allongés ; et généralement assez forts, la tête et le tronc confondus ensemble, étroits , tétragones ou aplatis sur quatre faces, celui-ci à peu près également, celle-là distiactement plus de haut en bas que de droite à gauche. La tête est peu ré- trécie en avant des yeux, et obliquement tronquée à sa partie antérieure , ce qui donne un museau large, épais, faisant une légère saillie au-dessus de la bouche dont l’ouverture est peu considérable. Les yeux sont grands et tout à fait laté- raux, ils ne forment pas de protubérances sensibles au-dessus du crâne. Aucune des trois espèces que nous connaissons n’a les régions pectorale et abdominale garnies de glandules granuliformes , ainsi que cela s’observe chez presque tous les Anoures de la famille des Hylæformes. On ne leur voit pas non plus surles côtés du cou de ces renflements im- PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. DENDROBATE. 61 proprement appelés parotides, comme en ont la plupart des Batraciens à bouche complétement dépourvue de dents. Les marques distinctives à l’aide desquelles on peut au premier examen reconnaître chacune des trois espèces de ce genre Dendrobate, se trouvent indiquées dans le tableau suivant : TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE DENDROBATE. court que le second. . . 1. D. À TAPIRER plu Premmerlduiet long que le second. . . 2. D. Somere. aussi long que le second. . . : 3. D. Pen. Les Dendrobates vivent habituellement sur les arbres et les buissons. Dès l’année 1827 (1), Boié avait proposé de former sous le nom d'Hylaplesia un groupe générique qui réunirait la Hyla tinctoria de Daudin , ou l'espèce type de notre genre Dendrobate , et deux autres Anoures à extrémités digi- tales épatées, que le premier de ces deux erpétologistes désignait par les appellations spécifiques de Borbonica et d’Achatina. Telle est, en quelque sorte, l’origine du genre Dendrobate, qui se trouvait alors déjà caractérisé par une bouche sans dents, une langue arrondie et entière , des doigts libres, et de plus par des pieds avec ou sans une demi-palmure. En 1830, Wagler, qui n'avait pas eu occasion d’ob- server par lui-même la Æyla borbonica, ni la Hylaplesia achatina , ne crut sans doute pas devoir s’en rapporter à Boié , relativement au rapprochement que celui-ci avait fait de ces deux espèces; car, laissant de côté le genre Æyla- (x) Isis, 1827, pag. 294. 652 BATRACIENS ANOURES. plesia, après toutefois en avoir retiré la Æ/yla tinctoria , il créa pour cette dernière et les Fyla trivittata et Hyla nigerrima de Spix, le genre Dendrobates sous la carac- téristique que nous avons rapportée dans l’analyse donnée plus haut de la classification du savant naturaliste bavarois. Mais tout récemment M. Tschudi vient en quelque fa- çon de rétablir le genre ylaplesia, tel que l'avait créé Boié ; c’est-à-dire que, de même que ce dernier, il a appli- qué la dénomination générique d’Hylaplesia aux deux espèces appelées Borbonica et Tinctoria, dont il a cepen- dant éloigné celle nommée Achatina, pour en former avec juste raison un genre à part, ou celui d’Orchestes qui figure parmi nos Hylæformes sous le nom d’Zxalus (1). Quant à nous, qui ne connaissons la Æ/yla borbonica que par les quelques mots bien insignifiants qu’en a dits Boié, nous nous sommes abstenus de la faire entrer dans un genre auquel , selon toute apparence, elle ne doit pas appartenir : c'est pourquoi nous avons préféré d’adopter le nom de Dendrobates pour le présent geure, afin de laisser disponible la dénomination d’Æylaplesia pour le cas où l’on reconnaîtrait que la Æylaplesia borbonica doit être séparée génériquement de la Æ/yla tinctoria de Daudin et des espèces que nous y réunissons. I. LE DENDROBATE A TAPIRER (2). Dendrobates linclorius , Wagler. (Noyez PI. 90, fig. 1 et ra, la variété B, sous le nom d’Hyla- plésie de Cocteau.) CARACTÈRES. Premier doigt plus court que le second ; épate- ments des extrémités digitales au moins aussi large que le tym- pan. Dos tout à fait lisse. (1) Orchestes était déja employé pour désigner un genre d'insectes. (2) Ainsi nommé parce qu'on prétend, à tort ou à raison, que lors- qu'on introduit du sang de ce Batracien dans les petites plaies qui existent a la surface de [a peau des Perroquets verts dont on a arraché les plumes, celles qui renaissent offrent une couleur rouge ou jaune ; et l'on obtient ainsi ce qu'on appelle des Perroquets tapirés. PHANÉPOGLOSSES BUFO@NIFORMES. G. DENDROBATE. 1. 6953 Synonyme. La Raine à tapirer. Lacép. Quad. Ovip. tom. r, pag. 966, PI. 39. La Raine rouge, var. «. Bonnat. Encyclop. méth. Erpet. pag. 10, PI. 5 (cop. Lacép.). Calamita tinctorius. Schneid. Histor. Amph. Fasc. I, pag. 175. Rana tinctoria. Shaw. Gen. zool. vol. 3 , part. I, pag. 135. Hyla tinctoria. Latr. Hist. Rept. tom. », pag. 170, fig. 3. Hyla tinctoria. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 25 , PI. 8. Hyla tinctoria. Id. Hist. Rept. tom. 8, pag. 48. La Rainette à tapirer. Cuv. Règn. anim. 1"e édit. tom. 2, P. 94. Calamita tinctorius. Merr. Tent. Syst. Amphib. pag. 169, n° r, ? Hyla trivittata. Spix. Spec. nov. Ran. Bras. pag. 35, tab. g, fig. 1. ? Hyla aurata. Wied. Rec. PI. col. Anim. Bres: pag. et PI. sans n°. ? Hyla aurata. I. Beitr. naturgesch. Bras. tom. 1, pag. 531. La Rainette à tapirer. Cuv.Règn. anim. 2e édit., tom. 2, p. 108. Dendrobates tinctorius. Wagl. Syst. amph. pag. 202. Dendrobates trivittatus. Id. loc. cit. Hylaplesia tinctoria. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociéé, scienc. nat. Neuch. tom. 2, p. 70. Hylaplésie de Cocteau. Nob. M. S. S. PI. 90 , fig. 1 du prés. ouvrag. : DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a le museau large, fort obtus , légère- ment arrondi au bout et en travers ; les yeux assez saillants en dehors à leur partie supérieure; la peau épaisse, parfaitement lisse, bien tendue partout , excepté le long du bas des flancs, où elle fait un pli qui s’étend de l’aisselie à laine. Le tympan a en diamètre le tiers on au plus la moitié de celui de l’ouverture oculaire , qui est aussi grande que le museau est large à son ex- trémité. La langue est arrondie aux deux bouts et aussi étroite au milieu et en arrière qu’en avant; elle est complétement libre dans la seconde moitié de sa longueur. Couchés le long du tronc, les membres antérieurs s’étendent un peu au delà du coccyx ; les postérieurs, mis de la même manière, dépassent le museau de la longueur du pied, non compris le tarse. Les bouts des doigts et des orteils ont une largeur au moins égale au diamètre du tympan, 654 BATRACIENS ANOURES: COLORATION. Variété 4. Elle est toute noire, excepté à la face supérieure de la tête, qui offre une tache blanche couvrant tan- tôt le museau seulement, tantôt toute la région crânienne ; mais qui donne toujours naissance à droite et à gauche à une raie on- dulée , plus ou moins élargie; cette raie passe sur l’œil , côtoie le dos et va se réunir sur les reins à sa congénère , avec laquelle elle se trouve déja en rapport par le moyen d’une autre raie blan- che qui coupe le dos en travers vers son milieu. Ces mêmes raies blanches latérales produisent assez ordinairement vers les ré- gions scapulaires des ramifications qui s’étendent quelquefois sur les flancs. En général , le dessous du corps est semé de taches d’un noir beaucoup plus sombre que celui du fond. Variété B. Celle-ci , au lieu d’être noire est d’un brun marron ou d’une teinte lie de vin, offre une tache d’un blanc jaunâtre sur le museau , une autre beaucoup plus grande et de forme ovalaire sur chaque flanc, puis un large bracelet de la même couleur autour de chaque bras et de chaque jambe. Assez sou- vent les taches des flancs se confondent sur la région abdominale. À ces deux variétés que nous avons observées en nature , il faut sans doute en ajouter une troisième qui se distinguerait de la première par trois ou quatre bandes longitudinales jaunes sur le dos, mode de coloration que présentent la /yla trivitiata de Spix et la Ayla aurata du prince de Wied : nous présumons en effet que ces deux Anoures , qui ne nous sont connues que par les figures qu’en ont publiées les deux auteurs que nous venons de citer, ne différent pas spécifiquement de notre Dendrobates tinctorius. Dimensions. Téte. Long. 1” 2”. Tronc. Long. 2” 5”. Memb. antér. Long. 2° 6”. Memb. postér. Long. 4” 5”. Patrie. Ce Dendrobate se trouve au Brésil et à Cayenne ; M. Leprieur nous en a rapporté de ce dernier pays un certain nombre d'individus qu’il a lui-même recueillis épars sur le bord des chemins dans les grandes forêts. Observalions. Nous avions d’abord cru que la variété B était ‘une espèce différente de la variété À, et c’est en effet comme telle , que nous l’avons fait représenter sur une des planches de cet ouvrage; mais une comparaison plus attentive nous a com- plétement convaincu du contraire. On devra donc substituer le nom de Dendrobate à tapirer , à celui de Hylaplésie de Cocteau que porte la figure première de notre planche 90. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES, G. DENDROBATE. 2. 659 2. LE DENDROBATE SOMBRE. Dendrobaies obscurus, Nobis. CAracTÈRES. Premier doigt plus long que le second; épate- ments des extrémités digitales beaucoup plus petits que le tym- pan. Dos mamelonné , offrant de chaque côté un léger pli glan- duleux. SyNONYMIE. ?? Hyla nigerrima. Spix. Spec. nov. Ran. Bras. pag. 36, tab. 9, fig. 2. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce diffère de la précédente par l’existence d’un faible cordon glanduleux de chaque côté du dos, par la présence d’un très-grand nombre de petites verrues sur celui-ci et sur la tête, par l'extrême petitesse de ses épatements digitaux dont la largeur égale à peine le quart du diamètre du tympan , par la gracilité de ses membres et la longueur relative de ceux de derrière , qui, portés en avant, dépassent le bout du muséau de l’étendue du pied et de la moitié du tarse, enfin par la brié- veté du second doigt, que le premier excède de quelques milli- mètres, ce qui est le contraire chez le Denbrobate à tapirer. CoLoraTion. Toutes les parties de ce Batracien seraient d’un brun foncé, sans une légère teinte blanchâtre que présentent les cordons glanduleux qui s’étendent le long des côtés du dos. Dimensions. Téte. Long. 1” 4”. Tronc. Long. 2” 8”. Memb. an- tér. Long. 2° 5”. Memb. postér. Long. 6”. Patrie. Nous ignorons quelle est la patrie de ce Dendrobate, dont nous n’avons encore observé qu’un individu, appartenant à notre collection nationale. Observations. Nous l’aurions volontiers considéré comme étant de la même espèce que la #yla nigerrima de Spix, si la figure qui la représente n’indiquait pas que son second doigt est dis- tinctement plus long que le premier ; on a vu plus haut , que c’est au contraire le second doigt qui est plus court que le pre- mier, chez le Dendrobate sombre. 656 BATRACIENS ANOURES. 3. LE DENDROBATE PEINT. Dendrobates pictus. Nobis. . CARAGTÈRES. Premier doigt aussi long que le second ; épate- ments des extrémités digitales de moitié moins grands que le diamètre du tympan. Dos légérement mamelonné, offrant un faible cordon glanduleux de chaque côté. . SynonymiE. Âylaplesia picta. Nobis. M. S. S. Hylaplesia picta.'Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 71. DESCRIPTION. Formes. Une langue proportionnellement plus large, un mu- seau plusétroit, un tronc plus court, légèrement arrondi en des- sus et de chaque côté, sont les caractères qui distinguent cette espèce de ses deux congénères , et particulièrement de celle ap- pelée sombre; car, comme chez cette dernière , sa région dor- sale est couverte de petites verrues, et bordée à droite et à gauche d’un renflement glanduleux. Les épatements de ses doigts sont aussi fort petits, ou d’une largeur moitié moindre que le dia- mètre du tympan, qui du reste est peu distinct. La peau qui enveloppe le corps est moins épaisse etmoins tendue que celle des deux espèces précédentes. CoLorATrON. La tête, le dos et les membres sont bruns ; la gorge et les flancs noirs; le ventre est aussi de cette dernière couleur, mais il offre une marbrure blanche. Les aines, les ais- selles et les jarrets sont colorés en rose , teinte qui s’étend en une large bande le long de la face postérieure des cuisses, et qui forme une raie autour de la mâchoire supérieure, ainsi que deux lignes correspondantes aux cordons glanduleux des côtés du dos. Dimensions. Téte. Long. 1”. Tronc. Long. 1” 7°”. Memb. antér. Long. 1° 5°”. Memb, postér. Long. 3” 5”. PATRIE. Le Dendrobate peint nous est connu par plusieurs exemplaires recueillis au Chili par M. Doxbigny. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. RHINODERME, 6: COX NI II GENRE. RHINODERME.-RHINO- DERMA (1). Nobis. Caracrères. Langue elliptique, libre dans le tiers postérieur de sa longueur, offrant une très-faible échan- crure en arrière. Palais dépourvu de dents. Tympan caché; trompes d'Eustachi petites. Pas de parotides. Doigts et orteils courts, plats, palmés, ceux-ci dans la moitié de leur longueur, ceux-là à leur racine seu- lement; saillie du premier os cunéiforme à peine sen- sible. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée dila- tées en palettes triangulaires. Une vessie vocale sous- sulaire interne, chez les mâles. Un lambeau de peau, au bout du museau. - Nous tirons le nom que nous imposons à ce genre de la particularité que présente le museau, dont la peau de l'extrémité se développe en une sorte de petite corne molle, horizontale, comprimée , pointue, ainsi que cela s’observe chez les Mégalophrys , groupe générique de la famille des Raniformes. Qu'on ne croic pas toutefois que ce soit sur cette seule considération de l'existence d’un appendice cutané au bout du museau que nous nous fondions pour établir le genre Rhinoderme; nous le faisons reposer sur des marques dis- tinctives d’une plus grande importance , à raison des or- ganes par lesquels elles sont fournies. Les Rhinodermes manquent de dents au palais comme les Dendrobates, mais ils mont nile tympan visible, ni Jes doigts et les orteils complétement libres et épatés à leu : (1) Puy, nasus,nez; deiux, eulis ; peau. REPTILES, Viil. bm 658 BATRACIENS ANOURES. extrémité terminale; leur langue est oblongue, il est vrai, mais elle est élargie et légèrement échancrée en arrière; enfin les apophyses transverses, de leur vertèbre sacrée, au lieu d’être cylindriques ou à peu près cylindriques, comme dans le genre précédent, sont aplaties en forme d’ailes ou de palettes triangulaires , dont le mode d’articulation avec les os coxaux s'oppose un peu au mouvement de ces leviers, qui, dans d’autres cas, sont des pièces tout à fait mobiles pour les membres postérieurs, ainsi qu’on peut le voir d’une manitre bien évidente dans les Grenouilles. Les Rhinodermes ont les narines percées de chaque côté du bout du museau, immédiatement au-dessous du canthus ros- tralis; les orifices internes correspondants à celles-ci sont situés un peu en arrière de leur aplomb , au bord latéral du palais ou tout près du maxillaire. Les doigts et les orteils sont courts, faibles, pointus, très-déprimés et réunis par une membrane, les premiers à leur racine seulement, les seconds dans la moitié environ de leur longueur. Il n’existe pas de renflements sous les articulations des phalanges , et la saillie métatarsienne produite par le premier os cunéiforme est à peine apparente. Les trois premiers doigts et les quatre premiers orteils sont étagés ; le quatrième des uns est un peu plus long que le second; le cinquième des autres a la même étendue que le troisième. La gorge des individus mâles renferme une vessie vocale dans laquelle l'air pé- nètre par deux fentes longitudinales placées , lune à droite l’autre à gauche de la langue. Aucun paint de la surface du corps ne présente de renflements glanduleux. L'espèce suivante est encore la seule qui se rapporte au genre Rhinoderme, PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. RHINODERME. 1. 659 1. LE RHINODERME DE DARWIN. Ahinoderma Darwinii. Nobis. Caracrères. Dos gris ; parties inférieures marquées de noir et de blanc. SYNONYMIE ? DESCRIPTION. Formes. Cette espece a les formes sveltes , la tête allongée, étroite, déprimée , quadrilatère, ou tout à fait plane en dessus et en dessous, et perpendiculaire de chaque côté ; si ce n’était le petit appendice cutané qui la termine en avant, elle offrirait un museau tronqué comme celui des Dendrobates. Les yeux sont latéraux, non proéminents en dessus , mais un peu saillants en, dehors du bord orbitaire supérieur. Les membres antérieurs ont une longueur égale à celle du tronc; les postérieurs, portés en avant, dépassent la tête, de l’étendue du pied. La palmure des orteils, qui est assez épaisse et poreuse , laisse libres les quatre premiers dans la moitié de leur longueur , mais elle tient uni le cinquième au quatrième, jusqu’à son extrémité. Les doigts ne sont palmés que dans le premier tiers de leur lon- gueur. Toutes les parties du corps sont lisses. CoLoraTion. Une seule et même teinte grise règne sur toutes les régions supérieures ; la gorge et la poitrine sont noires, les paumes des mains aussi ; le milieu du ventre est blanc , ainsi que le dessous des bras, mais celui des pattes de derrière est alternativement coloré en noir et en blanc depuis l’origme des cuisses jusqu'a la pointe des orteils. Dimensions. Téte. Long, 1”, Tronc. Long. 2”. Memb. antcr. Long. 2”. Memb. postér. Long. 4” 3”. ParRie. Cette espèce est originaire du Chili. On en doit la découverte à M. Darwin, naturaliste distingué qui a accompagné le capitaine Beagle, dans le voyage de circumnavigation exécuté il y a quelques années par ordre du gouvernement britannique. 660 BATRACIENS ANOURES. : IIIe GENRE. ATÉLOPE. —ATELOPUS (1). Nobis. Caracrères. Langue allongée, sub-elliptique , de même largeur dans toute son étendue, entière, arrondie aux deux extrémités, libre dans le tiers postérieur de sa longueur. Palais dépourvu de dents. Tympan ca- ché : ::ompes d'Eustachi de moyenne grandeur. Point de parotides. Quatre doigts déprimés, complétement libres. Ginq orteils, dont un non distinct extérieure- ment; les quatre pe aplatis , réunis à leur base par une membrane; pas de tubercules à la racine du métatarse. Apophyses transverses de la vertèbre sa- crée dilatées en palettes triangulaires. Une vessie vo- cale sous-gulaire interne, chez les mâles. Les Atélopes sont intermédiaires aux Rhinodermes et aux Crapauds ; non-seulewrent ils se distinguent des uns et des autres en ce que leur tympan et leur premier orteil sont ca- chés sous la peau , mais ils diffèrent encore des derniers par le défaut de ces grosses glandes dites parotides , et des pre- miers par l'absence d’un dévelophenens cutané en forme de corne molle à l’extrémité du museau. Bien qu'ils aient les membres à proportion plus développés en longueur que ceux de la plupart des Crapauds, leurs doigts et leurs orteils sont courts ; on n’observe ni saillies tuberculiformes à leurs métatarses , ni renflements ou épatements sous leurs pha- langes , ni verrues glanduleuses sur aucune partie de leur corps. La gorge des individus mâles renferme une poche vocale qui communique avec la bouche par deux orifices longitudinaux situés l’un à droite, l’autre à gauche de la langue. (1) Arexnc, incomplet, imparfait, æovc, pied. PHANÉROGLOSSES RUFONIFORMES. G. ATÉLOPE. 1. 66: 1. L’ATÉLOPE JAUNATRE. 4'elopus flavescens. Nobis. Caracrères. Premier doigt beaucoup plus court que le second. Parties supérieures jaunâtres , tachetées de brun fauve. DESCRIPTION. Forxes. L'ensemble des formes de cette espèce rappelle celles des Dendrobates. La tête, qui est très-déprimée et dont les côtés, parfaitement perpendiculaires, se réunissent à angle aigu en avant, offre une surface plane que le dos continue en arriére. Le tronc , qui est assez allongé et beaucoup moins haut que large, est quadrangulaire ou aplati sur quatre faces. Les yeux ne font qu’une très-légére saillie au-dessus du crâne ; le diamètre de leur ouver- ture est égal à la moitié de l’espace qui sépare les orbites; leur paupiére inférieure est courte. Le bout du museau, légérement arrondi en travers et coupé obliquement de haut en bas, descend vers la bouche, dont le contour représente un angle aigu tronqué ausommet.On remarque une faible échancrure au bord antérieur de la mâchoire d’en haut , et deux plus faibles encore , séparées par une petite éminence, à celui de la mâchoire d’en bas. Les ré- gions frénales sont un peu concaves. Les narines s’ouvrent immé- diatement sous le Canthus rostralis | vers le premier tiers de sa longueur. Placés le long des flancs , les membres antérieurs dé- passent l’orifice anal ; l’étendue des pattes de derrière , non com- pris le pied proprement dit, est égale à celle de la tête et du tronc. Les doigts sont courts et très-aplatis; un rudiment de membrane les réunit à leur base; le troisième est le plus long des quatre ; le second et le quatrième ont moitié moins de longueur que lui, et le premier est quatre fois plus petit. Les orteils sont à propor- tion aussi peu développés que les doigts, ils présentent la même forme aplatie et une inégalité de longueur pareille à celle de ces derniers. Les uns et les autres ont leur face inférieure parfaite- ment unie. La palmure des pieds laisse libre le quatrième orteïil dans les deux tiers de son étendue , le troisième dans la moitié, et le cinquième aussi; mais le second est tout entier engagé dans cette membrane, etle premier ne se voit même pas ou presque pas. Toutes les régions inférieures de l’animal sont lisses, et il faut examiner les parties supérieures avec beaucoup d’at- tention pour s’apercevoir qu’il existe à leur surface un semis de inbereules, tant est grande la finesse de ceux-ci. 662 BATRACIENS ANOURES. CororaTion. Un blanc pur règne partout en dessous; en dessus c’est une teinte jaunâtre qui domine, malgré les nombreuses petites taches d’un brun fauve ou ronssâtré | qui y sont ré- pandues. Dimensions. Téte. Long. 1” p”. Tronc. Long. 3”. Memb. antér. Long. 3” 2°”. Memb. postér. Long. 5”. ; Patrie. Ce petit Batracien appartient à l'Amérique méridio- nale; la collection en renferme une douzaine d'individus qui ont été recueillis par M. Leprieur , sur les bords d’un ruisseau , dans une montagne près de Cayenne. IV: GENRE. CRAPAUD. — BUFO (1). Laurenti. (Bufo, auct.; Otilophus, Guvier, Tschudi. Ye Caracrères. Langue allongée, elliptique, généra- lement un peu plus large en arrière qu’en avant, en- tière, libre postérieurement dans une certaine por- tion de son étendue. Palais dépourvu de dents. Tympan plus ou moinsdistinct ; trompes d'Eustachi de moyenne grandeur. Des parotides. Quatre doigts distincts, sub- arrondis ou déprimés, complétement libres ; le troi- sième toujours plus long que les autres. Cinq orteils de même forme que les dois , plus ou moins palmés; les quatre premiers étagés, le dernier plus court que l'avant-dernier. Un tubercule mousse, plus ou moins développé, à la base du premier orteil. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée plus ou moins élar- g16s en palettes triangulaires. Presque toujours une vessie vocale sous-gulaire interne, chez les mâles. Les Crapauds sont les seuls Bufoniformes qui aient des parotides , nom fort impropre, mais consacré aujourd’hui, par lequel on désigne deux glandes de forme variable, si- (1) Ce nom se trouve dans Virgile, Bucoliques, livre 1°", vers 183. Inventus que cavis Bufo. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. craApAëD. 663 tuées l’une à droite, l’autre à gauche de la partie antérieure du tronc correspondante an cou; glandes qu’on retrouve dans beaucoup d’Anoures des deux premières familles, mais rarement développées à un aussi haut degré que chez les espèces du genre dont nous allons traiter. Les Crapauds ont tous la bouche largement fendue et complétement dépourvue de dents; leur tympan peut tou- jours être apercu au travers de la peau qui le recouvre, bien que dans quelque cas, celle-ci soit fort épaisse; leurs trom- pes d’Eustachi varient de grandeur, c’est-à-dire que tantôt elles sont aussi grandes , tantôt plus petites que les orifices internes des narines , qui extérieurement aboutissent soit sur les côtés, soit à la face supérieure du museau. La langue de ces Batraciens ressemble à un ruban épais, une fois aussi long que large, un peu rétréci en avant, mais arrondi aux deux bouts, libre et sans échancrure en arrière , dans une certaine portion de son étendue. Les doigts et les orteils sont presque cylindriques ou plus ou moins déprimés, ceux-là au nombre de quatre et par- faitement libres, ceux-ci au nombre de cinq et unis entre eux par une membrane natatoire quelquefois rudimentaire, d'autrefois plus où moins développée ; mais les uns et les autres ont généralement leur extrémité terminale garnie d’une sorte de petite calotte de peau coriace, noirâtre , qui lPemboîte à la manière d’un dé à coudre. La région méta- tarsienne offre à sa face inférieure deux tubercules, dont lun, ou celui qui est situé à la racine du premier orteil, est toujours plus développé et d’une forme oblongue plus pro- noncée que l’autre. Les mâles de la plupart des espèces de Crapauds sont pour- vus d’une vessie vocale sous-gulaire interne qui communique avec la bouche par deux petites fentes longitudinales situées l’une à droite, l’autre à gauche de la langue. Les apophyses transverses de la dernière vertèbre sont toujours élargies en palettes triangulaires, comme cela existe dans les genres Pelobates, Alytes, etc., de la famille des Raniformes ; Hyla , Trachycephalus, ete., de la famille des Hylæformes. 604 BATRACIENS ANOURES. Tous les Crapauds que nous avons eu occasion d’observer vivants, nous ont offert une pupille allongée d’avant en arrière , et très-dilatable, comme cela a lieu au reste chez les autres animaux vertébrés crépusculaires ou nocturnes; jamais en effet les Crapauds ne quittent, avant que le soleil ait disparu sous l’horizon, les petites cavités souterraines , les trous des vieux arbres, les crevasses des murs, le dessous des pierres qui leur servent ordinairement de retraite pen- dant la plus grande partie de l’année, ou hors de l’époque à laquelle ils se rendent dans les eaux stagnantes pour y accomplir l’acte de la reproduction. Les Crapauds proprement dits faisaient originairement partie du genre Rana de Linné , qui, comme on le sait, y avait indistinctement réuni tous les Anoures. : C'est par Laurenti qu’ils en furent exclus , avec juste rai- son, pour être placés dans un nouveau genre qui fut appelé Bufo, du nom de l'espèce la plus connue qui s’y trouvait ran- gée , la Rana Bufo de Linné, laquelle devint alors le Bufo vuloaris. Mais ce groupe générique de la création de Lau- renti ne renfermait pas que de vrais Crapauds : il comprenait aussi un Ceratophrys, un Pelobates, un Alytes, un Bombi- nator et une yla, c’est-à-dire la Rana cornuta de Séba, le Bufo fuscus de Ræsel, le Bufo obstetricans de De- mours , le Bufo igneus de Rœsel, et la Rana Surinamensis marmorata de Séba, qui en furent successivement élimi- nés par Daudin, Merrem, Boié, et Wagler; en sorte que le genre Bufo ne se compose plus aujourd’hui que d’espèces parfaitement analogues au Crapaud commun de notre pays, parmi lesquelles nous comprenons aussi celle appelée Bufo margaritiferus, dont G. Cuvier avait fait le type de son genre Otilophe , d’après ce seul caractère que ses crêtes sur- ciliaires sont très-élevées et se prolongent jusques aux pa- rotides. Le tableau ci-joint est l’exposé des principales différences que présentent entre elles les dix-huit espèces de Crapauds , dont nous donnons plus loin les descriptions dans l’ordre indiqué par les numéros contenus dans la première colonne. presque libres. . . deux sur le vertex, droites, en long. UD He « formant distinctes , tuberculeux. . un angle à sommet simple. . . une sur chaque orbite allongées. obtus : parotdes | faiblement prononcé : museau pointu en demi-cercle à moilié : saillies craniennes obtus : parois | bien prononcé : museau énormes. pointu. . . . courte, subtriangulaire ‘une parotide joe de noir. .., elliptique, distincte. . . nulles : de chaque coté Re bordure : sur la jambe, glande nulle. . .. deux parotides . 4 courtes, sublriangulaires. . . entièremen parotides à longues, elliptiques. , . .. en croissant. . . . médiocres. . . . . DE LESCHÉNaULT. + À DEUX ARÊTES, DE D'ORBIGNY. CrianD, « AMÉRICAIN, À OREILLES NOIRES, « PELTOCÉPHALE. . GoiTREUX. . Run. . AGUA. PERLE. . pu Cri . Connu. . VERT, … PANTRÉRIN. . ENSANGLANTÉ, REPTILES , TOME VIII. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 1. 665 1. LE CRAPAUD ENSANGLANTÉ. Bufo cruentatus, Mus. Lugd. Batav. CarAcTÈRESs. Premier doigt moins long que le deuxième. Bords orbitaires supérieurs non saillants. Museau rétréci, tronqué obli- quement. Peau du crâne épaisse, bien distincte. Deux parotides oblongues de chaque côté , l’une sur le cou, lautre sur l’épaule. Tympan petit, peu distinct. Orteils grêles , palmés , les quatre premiers dans la moitié de leur longueur, les deux derniers à leur base. Pas de saillie cutanée le long du bord interne du tarse. Au talon, deux tubercules médiocres, l’un sub-circulaire, l’autre oblong. Des granules trés-fins , épars sur le dessus du corps. SYNONYMIE. Bufo cruentatus. Mus. Lugd. Batav. Bufo cruentatus. Tschudi. Classif. Batrach, Mém. Sociét. science. nat. Neuch. tom. 2, pag. 88. | DESCRIPTION. Formes. À ne considérer que ses formes extérieures , qui sont sveltes, élancées , on prendrait cette espèce plutôt pour une Gre- nouille où une Rainette que pour un Crapand. Sa tête, plate et unie en dessus, coupée perpendiculairement de chaque côté, se termine par un museau en angle aigu , dont le sommet est tronqué obliquement de haut en bas. Les branches de la mâchoire inférieure et la fente de la bouche elle - même suivent un plan légèrement incliné d’avant en arrière. Les narines sont tout à fait terminales et situées au-dessous du canthus rostralis. Les régions frénales paraissent un peu concaves. L’œil est grand , ou d’un diamètre égal à la largeur de l’entre-deux des orbites ; il forme au-dessus du crâne une légère proéminence couverte de petits tubercules, etsa paupière inférieure, entièrement transparente, est très-développée. Le tympan, qu’on distingue difficilement an travers de la peau , n’a pas en circonférence le tiers de celle de l'ouverture oculaire. Il existe au-dessus de lui et un peu en ar- rière, une petite parotide allongée, sub-ovalaire , qu'un léger espace sépare d’une autre , à peu près pareille fsituée à la partie supérieure de la région scapulaire. Le dos est aplati, ainsi que le ventre , mais les flancs sont légèrement convexes. Les pattes de 666 BATRACIENS ANOURES. devant, étendues le long du tronc, dépassent un peu le coccyx; les pattes de derrièré, dirigées du côté opposé, touchent au bout du museau, par l’extrémité de la jambe. Les doigts et les orteils sont presque cylindriques et distinctement renflés sous leurs articulations; les uns sont complétement libres, mais les autres offrent une palmure qui ne les réunit pas dans tonte leur longueur. Le premier doigt est d’un quart plus court que le deuxième, le derixième de moitié moins long que le troisième , qui est d’un tiers plus étendu que la quatrième ; les quatre pre- miers orteils sont réguliérement étagés, et le cinquième est à péine plus long que le troisième. Toutes les régions inférieures sont lisses , tandis que les parties spérieüres sont semées de tu- bercules granuliformes excessivement fins. CororarTion. L’individu que nous avons maintenant sous les yeux, le seul que nous ayons encore été dans le cas d’observer , présente, en dessus, une teinte noirâtre , marquée cà et la de taches que la liqueur alcoolique a rendues blanches, mais qui étaient d’un beau rouge dans l’état de vie. Cette dernière cou- leur était aussi, à ce qu’il semble, celle des aines, du dessous des membres et de la plus grande partie de la face inférieure du corps. Dimensions. Téle. Long. 1” >”. Tronc. Long. 2” 2°”. Memb. antér. Long. 2 3°. Memb. poslér. Long. 4” 8”. ParriE. Cette espèce est originaire de l’île de Java, nous n’en possédons qu’un exemplaire provenant du musée de Leyde. 2. LE CRAPAUD DE LESCHENAULT. Bufo Leschenaultii. Nobis. (Voyez PI. 91, fig. ret 1 a). CArACTÈRES. Premier doigt plus long que le deuxième. Bords orbitaires stipérieurs non saillants. Museau fortement tronqué. Peau recouvrant la tête, épaisse, lisse. Parotides grosses, snb- _triangulaires, rabattnés sur les côtés du con. Tympan assez grand, bien distinct. Orteils presque entièrement libres ; une saillie cu- tanée, linéaire le long du bord interne du tarse; au talon, deux tubercules médiocres, l’un circulaire , l’autre oblong. Des pus- tules éparses sur les reins et sur les côtés du dos. Apophyses trans- verses de la vertèbre sacrée peu dilatées en palettes et pa obliquement en arrière. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD, 2. 667 SyNowvme. Bufo Leschenaultii. Nob. Mus. Par. Bufo Leschenaultii. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. » , pag: 8g. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce est la seule parmi toutes ses congénères, chez laquelle la palmure des pieds soit aussi courte : à tel point qu’on les en croirait dépourvus, si l’on n’y regardait avec quel- que attention. Ses doigts sont gros, presque cylindriques , for- tement renflés à leurs extrémités et sons leurs articulations ; le deuxième et le quatrième sont un peu plus courts que le pre- mier, et celui-ci un peu moins long que le troisième, Le mi- lieu de la face palmaire est occupé par un tubercule circulaire, légérement convexe; on en voit un autre de forme ovalaire!, à la base du premier doigt. Courts et un peu déprimés , les or- teils ont, comme les doigts, des renflements hémisphériques en dessous; les quatre premiers sont en tuyaux d’orgue et le cin- quième n'offre pas tout à fait la même longueur que le troisième. La saillie produite par le premier os cunéiforme est sub-cylin- drique ; à la base du quatrième métatarsien , sous la plante, est un tubercule lenticulaire assez prononcé. La peau forme comme une espèce de petite crête ou carène le long du bord interne du tarse. Les membres thoraciques ne dépassent pas le tronc en arrière; les abdominaux , portés en avant, excédent de fort peu l'extrémité du museau. La tête , dont les côtés sont perpendicu- laires, est fortement et également aplatie d’un bout à l’autre ; séparée du tronc, son contour horizontal donnerait la figure d’un triangle équilatéral à sommet antérieur, ou celui correspon- dant au museau, largement tronqué et faiblement arrondi. Toute la surface de la tête est parfaitement unie; le tissu cutané en est épais et lisse. Les yeux forment deux proéminences arrondies, à droite et à gauche de la surface crânienne. Le diamètre de leur ouverture est égal à la largeur du museau, de chaque côté de l’extrémité duquel aboutissent les narines. Le tympan est bien distinct et parfaitement circulaire ; sa circonférence a les deux tiers à peu prés de l'ouverture oculaire. Entre les yeux , le crâne offre une largeur qui n’est pas tout à fait égale à la moitié de sa longueur totale. Les parotides, frès-développées, assez épaisses, mais néanmoins aplaties, sont situées entre le'tympan 668 BATRACIENS ANOURES. et l'arrière de l’épaule ; chacune occupe une surface ovalaire sur le bord externe du dessus du cou, et elle serabat sur le côté de ce dernier , en formant un angle obtus. Les pores dont ces glandes sont percées sont grands et un peu espacés entre eux. Le crâne forme un rebord arrondi au-dessus du tympan, entre l’angle pos- térieur des paupières et la parotide. La surface de la tête tout entière et la première moitié du dos sont lisses, ainsi que la gorge, la poitrine, le ventre et le dessous des membres, à l’ex- ception des régions fémorales inférieures, dont la peau présente un très-grand nombre de petits plis vérmiculaires. Des pustules ayant l’apparence de lentilles sont éparses cà et là sur les parties latérales du dos, sur les reins et les pattes de derriere. CoLorATION. Une teinte d’un brun marron règne sur la tête, le dos et le dessous du corps, qui est irrégulièrement tacheté de jaunâtre. Les régions latérales de la tête, les parotides et la face supérieure des membres sont noires ou d’un brun très-foncé. Dimensions. Tête. Long. 2° 5”. Tronc. Long. 6”. Memb. antér. Long. 5”. Memb. poster. Long. 8” 5”. Parrie. Ce Crapaud se trouve à la Guiane ; nous en devons la connaissance à MM. Leschenault et Doumerc. 8. LE CRAPAUD APRE. Bufo asper. Mus. Ludg. Batav. CARACTÈRES. Premier doigt aussi long que le deuxième. Peau de la tête mince, intimement adhérente aux os. Crâne renflé autour du bord supérieur de l’orbite ; un fort renflement osseux entre cette derniére et la parotide. Celle-ci grosse , subtriangu- laire. Tympan petit, bien distinct. Orteils entièrement palmés. Deux tubercules médiocres, oblongs, au talon. Un repli cu- tané mince, le long du bord interne du tarse. Parties supérieures hérissées de tubercules spiniformes. Apophyses transverses de la huitième vertébre, droites. SYNONYMIE. Bu/fo asper. Mus. Lugd. Batav. Bufo asper. Gravenh. Delic. Mus. zool. Vratilav. Amph. p.58. Bufo asper. Tschudi , Classif. Batrach. Mém. Soc. scien£. nat. Neuch. tom. » , pag. 88. PHANÉROGLOSSÉS BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 3, 669 DESCRIPTION. Formes. Une ‘des principales marques distinctives de ce Cra- paud est d’avoir les orteils réunis entre eux jusqu’à leur extré- mité par une grande et forte palmure. Ces orteils ont des renfle- ments hémisphériques sous leurs articulations ; ils sont légère- ment déprimés et étagés à partir du premier jusqu’au quatrième, le cinquième est un peu plus court que le troisième. Le premier os cunéiforme fait une saillie subcylindrique , plus forte qu’un autre renflement , à peu pres de même forme , qui existe au {a- lon, du côté opposé. La face interne du tarse offre un rebord cutané, tranchant. Les doigts sont comme les orteils, un peu déprimés et pourvus de gros tubercules convexes sous leurs articulations , mais ils ne sont pas réunis les uns aux autres par une membrane natatoire ; le premier et le second sont égaux en longueur, le quatrième est un peu plus étendu qu’eux et un peu moins que le troisième. La paume de la main offre un tubercule ovalaire, grand, mais legerement convexe. Les pattes de devant, étendues le long du tronc, atteignent l’orifice anal ; les mem- bres postérieurs sont à proportion plus développés et moins gros que dans les espèces suivantes ; portés vers le museau , ils le dé- passent de la longueur du pied, y compris une partie du tarse. La tête, considérée dans son contour horizontal, est un triangle équilatéral tronqué au sommet, à droite et à gauche du- quel s’ouvrent les narines , immédiatement sous le canthus ros- tralis, qui est bien prononcé et arrondi; ses côtés sont per- pendiculaires; en dessus, elle serait plane , sans un assez fort renflement osseux triangulaire, marqué de petites stries obli- ques, qui existe de chaque côté du vertex , sur le bord orbitaire. Ce renflement ne se développe qu'avec l’âge, car nous ne l’aper- cevons pas chez de jeunes sujets, ayant même la taille de notre Grenouille commune. Un autre renflement osseux, quadrangu- laire , arrondi en dessus , se fait remarquer entre le bord posté- rieur de l'orbite et la parotide, qu’il lie en quelque sorte en- semble. Cette parotide , de forme triangulaire et très-renflée, est située obliquement sur le haut de la partie latérale du cou; elle est percée de petits trous assez éloignés les uns des au- tres , au nombre de quarante à cinquante. Le diamètre de l’ou- verture de l’œil est au moins égal à la longueur du museau ; 670 BATRACIENS ANOURES. celui du tympan est de deux tiers plus petit. Le bord de la mà- choire supérieure offre au-dessous du nez une faible échancrure angulaire. La face supérieure du tronc présente un plan hori- zontal continu avec celui du crâne. La ligne moyenne et longi- tudinale du dos est creusée d’un sillon d'autant plus profond que l'animal est plus âgé. Le cou , le tronc et les membres, en dessus et sur les côtés , sont relevés de nombreux tubercules plus ou moins petits , plus ou moins gros , offrant la plupart une forme conique, on ayant même l’apparence d’épines, particulièrement chez les ] jeunes sujets. En dessous , la peau présente aussi des tubercules , même en plus g grand nombre qu’en dessus, et par- tout AU ; mais ils s’y montrent moins ER DIONIee entre eux sous le rapport de la grosseur et de la forme, qui est celle de cônes courts, à base élargie et à sommet trés-pointu pen- dant le jeune âge , mousse chez les individus adultes ou voisins de cet état. CoLorATION. Une teinte brune ou noirâtre est répandue sur toutes les parties supérieures ; les régions inférieures sont rous- sâtres. Dimensions Cette espèce parvient à une taille double de celle que présente le Crapaud commun dans notre climat. Téte. Long, 3” 9°”. Tronc, Long. 10° 5°”, Memb. antér. Long. 9”. Memb, postér. Long, 18”. Parrie. Le Crapaud âpre n’a encore été trouvé qu'a Java : les sujets que renferme notre Musée ont été recueillis dans cette île par M. Diard. 4. LE CRAPAUD COMMUN. Bufo vulgaris. Laurenti. Caracrères. Premier doigt de même longueur que le second. Bords orbitaires supérieurs non saillants. Tissu cutané recou- vrant la tête épais , bien distinct. Parotides oblongues, ellipti- ques, s'étendant en ligne droite de l’œil à l’arrière de l’épaule. Tympan médiocrement distinct. Orteils demi-palmés ; deux tu- bercules au talon, Pun circulaire, l’autre oblong très-fort ou presque cylindrique. Point de saillie cutanée le long du bord interne du tarse. Parties supérieures plus où moins tubercu- leuses, quelquefois comme couvertes d’épines. Parotides bordees de brun inférieurement. Pas de vessie vocale. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. GRAPAUD. 4. 671 SYNONYMIE. ana rubeta. Gesn. Hist. anim. quad. ovip. lib, », pag. 09. Rubeta sive phrynum. Rondel. Palust. pag. »22. Le Crapaud de terre. I. édit. franc. Anim. Palust, pag. 165. Bufo terrestris major. Schwenckf. Theriotroph. Siles, pag. 159. Bufo. Jonst. Hist. nat. quad. ovip. lb, 1V, pag, 181, tab. 75, fig. 9-19. Bufo. Aldrov. Quad, digit, ovip. hb.1 Capa M, pag. 6u7. Bufo. Charlet. Exercit. differ. nomin. anim. pag. 27. Bufo seu rubeta. Ray. Synops. meth. anim, quad. pag. 292. Bufo. Ruisch. Theat. anim, tab. 75, fig. 9 Rana manibus tetradactylis fissis, ete. Linn. Faun. Suec. p. 101, n° 270. Rana rubeta. Id. loc. cit. pag. tot, n° 276. Die Feldkrote. Meyer. Thiere, tom. 1, pag. 53. Die W'asserkrote. X. loc. cit. Rana Bufo. Linn. Mus. Adolph. Fred. pag. 48. Bufo terrestris dorso tuberculis cxasperato, etc. Roesel, Hist. Ran. sect. v, pag. 89, tab. 20-21. Rana 20. Linn. Syst. nat. édit 10, tom. I , pag. 210, n° 2. Rana Rubeta. Id. loc. cit. n° 3 Rana manibus tetradactylis pis , etc. Gronov. Mus. 11, p. 84, n° 65. Bana Bufo. Wulf. Ichthyolog. Boruss. pag. 7. Rana Bufo. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 1, pag. 354, n° 3 Rana rubeta. Id. loc. cit. n° 4. Bufo vulgaris. Laur. Synops Rept. pag. 28 et 125. Rana Bufo. Müll. Zoolog. Danic. Prodr. pag. 39. Rana rubeta. Id. loc. cit. pag. 35. Rana Bufo Gmel. Syst. nat. Linn, tom, 1 » pag. 1047, n° 3; exclus. var. £,7, d. Rana rubeta. Xd. loc. cit. n° 4. Le Crapaud commun. Daub. Dict. anim. pag. 612. Le Crapaud commun. Lacép. Hist. nat, quad. ovip. tom. :, pag. 968. La Pluviale. Id. loc. cit. pag. 534. Rana Bufo. Razoum. Hist. nat. Jor. tom. 1, pag. 96. Le Crapaud commun. Bonnat. Erpét. Encyclop. méth. pag. 1, P1..6, fig. :. La Grenouille pluviale, W. loc. cit. pag. 7, N° 10. 652 BATRACIENS ANOURES. Rana Bufo. Meyer. Synops Rept. pag. 8. Rana Bufo. Sturm. Deutschl. Faun. Abtheil. 3, heft. # Bufo cinereus. Schneïd. Hist. Amph. Fasc. 1, pag. 185. Bufo rubeta. Id. loc. cit. pag. 227. Le Crapaud commun. Latr. Hist. Salam. pag. XXXIX, n° I. Rana Bufo. Shaw, Gener. zool. tom. 3, part. 1, pag. 138, PI. 40. Bufo vulgaris. Latr. Hist. Rept. tom. 1, pag. 06 fig. 1. Bufo Roeselii. Id. loc. cit. pag. 108, fig: 2. Bufo ventricosus. Id. loc. cit. pag. 124. - Bufo vulgaris. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 72, PI. 24. Bufo cinereus. Jd. loc. cit. pag. 79, PI. 26, fig. r. Bufo Roeselir. Id. loc. cit. pag. 77, PI. 7 Bufo ventricosus. Id. loc. cit. pag. 83, PI. 30 HE 20 A Rana Bufo. Dwigubsky. Primit. Faun. Mosquens. pag. 46. Le Crapaud épineux. Bosc. Dict. d’hist. nat. tom. 6, pag. 488. Bufo vulgaris. Daud: Hist. Rept. tom. 8, pag. 159. Bufo cinereus. Id: loc. cit. pag. 141. Bufo Roeselix. Id. loc. cit. pag. 190 , PI. 96. Bufo spinosus. 1d. loc. cit. pag. 199. Bufo ventricosus. Id. loc. cit. pag. 168. Common toad. Shaw. Zool. lect. PI. gr. Le Crapaud commun. Cuv. Règn. anim. 1e édit. tom. », pag- 94: mr Bufo ventricosus. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 18r, n° 7. Bufo cinereus. Id. loc. cit. pag. 182, n° 11. Bufo cinereus. Risso. Hist. nat. Eur. mér. tom. 3, pag. 94, n°84. : Bufo Roeseli. Id. loc. cit. n° 35. Bufo ferruginosus. Id. loc. cit. n° 56. Bufo tuberculosus. I. loc. cit. n° 57. Bufo vulgaris. Fitzing. Neue classif. rept. Verzeichn. pag. 65, n° 195. Le Crapaud commun. Cuv. Règne anim. 2° édit. tom. 2, Pa82105° Bufo paimarum. Id. loc. cit. pag. 111. Bufo cinereus. Gravenh. Delic. Mus. Zoolog. Vratilav. Batrach. pag. 62. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORNES. G. ChAPAUD. 4. 673 Bufo vulgaris. Guér. Iconog: Règn. Anim. Cuv. Rept. PI. 27 fig. r. Bufo (Rana Bufo. Linné). Wagl. Syst. Amph. pag. 07. Bufo vulgaris. Eichw. Zoolog. Spec. Ross. Polon. tom. pag. 67. : ; Bufo vulgaris. Dugés. Recherch. Métam. Batrac. pag. 5. Bufo vulgaris. Bib. Bory St-Vinc. Commiss. Scient. Mor. Rept. pag. 79. Bufo palmarum. Xd. loc. cit. pag. 75, 3°'série, PI, 25, fig. r, Bufo vulgaris. Jenyns. Brit. Verteb. pag. 30. Bufo vulgaris. Holandre. Fau. Départ. Moselle, pag. 223. Bufo vulgaris. Schinz. Faun. Helvet. Nouv. Mém. Sociét. hel- vét. scienc. nat. tot. 1 , pag. 144. Bufo Alpinus. Id. loc. cit. pag: 149. Bufo vulgaris Japonicus. Schleg. Faun. Japon. Batrac. pag. 106, Tab. I, fig. 5-6. Bufo vulgaris. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Societ. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 88. Buÿfo vulgaris. Ch. Bonap. Faun. Ital. pag. et PL. sans n05, Bufo vulgaris. Bell. Brit. Rept. pag. 105 , cum fig. DESCRIPTION. Formes. Le Crapaud commun est une des espèces du genre auquel il appartient qui n’ont aucune saillie osseuse sur la tête, et dont la peau du crâne offre tou'ours une certaine épaisseur et mwadhère jamais intimement aux os, comme cela s’observe ehez beaucoup d’autres de ses congén res. Il est le seul avec le Bufo chilensis, parmi tous les Crapauds dont nous avons pu exa- - miner des individus des denxsexes(r),chezlequelles mâlés soient privés de vessie vocale, comme toutes les femellés sans excep- tion. Le Crapaud commun a ses parotides allongées on une à deux fois plus longues que larges ; elles sont à peu près ova- laires et s'étendent en ligne droite depuis le bord supérieur du tympan ( car un léger espace les sépare de l'œil) jusqu’à l’é- paule ou presque au delà ; leurs pores sont bien distincts, même (1) Nous n'avons d'exception à citer qu'à l'égard du Pufo crucntatus, du Bufo Leschenaultü, du Bufo biporcatus et‘du Bujo d'Orbiguye. FRE) REPTILES, VIII. 42 674 BATRACIENS ANOURES. chez les sujets de petite taille , nous n’en avons jamais compté moins d’une trentaine. L’étendue longitudinale de la tête est un peu moindre que son diamètre transversal ; la ligne de son con- tour , d’un coin de la bouche à l’autre, en passant par le museau, représente un angle aigu ou sub-aigu, court, tronqué et lége- rement arrondi au sommet; ses côtés sont légèrement penchés l’un vers l’autre ; sa face supérieure est plane et dominée à droite et à gauche par la petite proéminence que forme l’œil. Cet or- gane, ou plutôt son ouverture, offre un diamètre égal à l’inter- valle des narines. Celles-ci s’ouvrent tout à faitau bout du museau, immédiatement au-dessous du canthus rostralis, qui est assez prononcé et arrondi. Il existe une tres-faible entaille angulaire à l'extrémité antérieure de la mâchoire supérieure, Le tympan, dont la circonférence est d’un tiers ou d’un quart moindre que celle de l’ouverture oculaire, varie pour lPapparence, sui- vant que la peau qui le recouvre est plus ou moins tuberculeuse; on remarque que les sujets originaires du Japon sont ceux chez lesquels on le voit le mieux , tandis qu'on l’apercoïit difficilement chez ceux que produisent la Sicile et la Grèce ; il est générale- ment assez distinct chez les individus qu’on recueille en France, en Allemagne, en Suisse , en Italie , etc. Le Crapaud commun est lourd , trapu ; ses membres sont ro- bustes , particulièrement chez les mâles ; ceux de devant offrent à peu prés la même étendue que le tronc; ceux de derrière, couchés le long des flancs, dépassent le bout du museau de la longueur des orteils. Les doigts sont gros, un peu déprimés ou presque cylindriques ; Le premier, le second et le quatrième sont égaux ou à peu près égaux en longueur; le troisième est presque d’un tiers plus étendu qu'eux ; ils sont tous un peu renflés à leur extrémité et sous leurs articulations. La paume de la main offre un large tubercule circulaire, aplati ou tres-légérement ceon- vexe, el il y en a un autre plus épais, mais de moitié plus petit, a la base du premier doigt. Ce premier doigt et le second chez les mâles, à l’époque de l’accouplement , se couvrent d’aspé- rités noirâtres , formant une sorte de plaque ayant l'apparence d’une râpe. Les orteils sont plus déprimés que les doigts, mais pourvus, comme eux , de renflements sous leurs articulations ; ils sont, de plus, réunis par une membrane natatoire, tantôt dans ia moitié de leur longueur seulement , tantôt presque jus- qu'a leur extrémité ; les quatre premiers sont étagés , et le cin- PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 4. 67 quième est un peu plus court que le troisième, Le talon présente deux tuberecules ; lun , de forme hémisphérique , est situé près du bord externe; l’autre, presque cylindrique , est placé au côté opposé, c’est la saillie produite par le premier os cunéi- forme. : Le milieu du crâne et le museau sont presque toujours lisses ; tandis que la face supérieure des pattes , le dos, les flancs et les côtés postérieurs de la tête sont couverts de tubercules, tantôt si peu sensibles qu'on en croirait la peau dépourvue, si on ne l’ob- servait avec quelque attention ; tantôt, au contraire, ils sont bien distincts, mais développés à divers degrés ou fort inégaux entre eux, et se présentant soit sous la forme de pustules unies , ou hérissées de pointes très-fines, soit sous celle de cônes à som- met obtus, où bien assez eflilé pour leur donner l'apparence d’épines. Au reste, rien n’est plus variable et plus irrégulier que la manière dont ces tubercules sont répandus à la surface du corps. Tous les individus ont le dessus des yeux relevé de petits mainelons, et le dessous du corps et des membres en entier, comme pavé de glandules coniques ou hémisphériques, quel- quefois surmontées chacune d’une petite épine , et séparées les unes des autres par de petits creux linéaires dessinant une sorte de réseau dont chaque maille embrasse une de ces glandules. Ces petits enfoncements linéaires sont le résultat de la contraction de la peau sur elle-même , car elles disparaissent complétement , lorsque l’animal distend celle-ci en dilatant ses énormes sacs pulmonaires. CoLorarTioN. Le Crapaud commun offre, conme marque distinc- tive de son espèce , une bande brune où d’un noir plus ou moins foncé le long du bord externe de ses parotides ; car la présence de cette bande est constante chez tous les individus, quel que soit d’ailleurs leur mode de eoloration, quels que soient leur âge et le pays d’où ils proviennent. Chez les sujets européens , il est rare que sa couleur soit bien foncée et qu’elle s’étende au dela de l’é- paule , tandis que chez les individus originaires du Japon elle est d’un beau noir et se prolonge le long du flanc jusqu’à l’aine, souvent même en s’élargissant beaucoup. Il:est à remarquer aussi que le dessin réticulaire brun ou noirâtre qui existe assez ordi- nairement sur le fond d’un blanc gris ou jaunâtre des parties in- ferieures de ce Crapaud, est également plus foncé chez les sujets japonais que chez les Européens. 2 2 RE 676 BATRACIENS ANOURES. Tels individus, parmi les Crapauds communs, ont le dessus du corps presque tout brun, d’autres l’ont d’un brun-cendré ; il y en a de roussâtres et l’on en rencontre d’une teinte olivâtre ; de plus, ces différentes variétés peuvent être ou n’être pas marquées de taches généralement d’un brun plus ou moins pâle, mais très- variables par leur nombre , leur forme , leur grandeur et leur mode de distribution : c’est ainsi que tantôt elles sont isolées, tantôt confluentes, et alors elles produisent soit une marbrure, soit une sorte de dessin vermiculaire ou géographique, etc., etc. On a vu de jeunes sujets avec des taches roses sur les côtés du tronc. L'iris est doré et la pupille longitudinale. Druensions. Ce Crapaud acquiert presque la plus grande taille à laquelle parviennent les Batraciens anoures , c’est-à-dire qu'il devient à peu prés aussi gros que le Crapaud agua; toutefois , ce nest pas dans tous les pays qui le produisent qu’il arrive à un pareil développement , mais seulement au Japon et dans le Midi de l’Europe , comme en Morée et en Sicile par exemple ; partout ailleurs , en France , en Suisse , en Allemagne, en Italie, etc. , son volume total est le même ou à peu près le même que celui de notre Grenouille verte. Voici les principales dimensions d’un sujet recueilli par nous-même en Sicile: Téte long. 4” 3°”. Tronc. long. 11”. Memb. antér. long. 10”. Memb. postér. long. 18”. PaTRie ET Mogurs. Le Crapaud commun est répandu dans toute l’Europe ; il se trouve aussi au Japon, de même que notre Rainette verte et nos deux Grenouilles indigenes, la verte et la rousse. Observations. I se nourrit d'insectes , de vers et de petits mol- lusques; nous avons souvent trouvé des pierres dans l’estomac des individus que nous avons ouverts. Le Crapaud commun se tient dans les jardins, dans les bois, recherchant de préférence les en- droits humides ; on le trouve quelquefois dans les caves , dans les celliers. Il se cache sous les pierres et se creuse même des galeries sous terre, à peu de profondeur, d’ouil ne sort guère que le soir. Il fait alors entendre, lorsque le temps est beau, un son flüté qui a beaucoup d’analogie avec le chant du petit hibon { Strix scops. Linn.). Sur terre, ce Batracien ne change pas de place, en sautant comme le font les Grenouilles; ses pattes de derrière étant à proportion moins longues que chez ces der- PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 4. 697 niéres, il marche avec facilité et court même avec une certaine vitesse. Au premier printemps , il recherche les eaux pour s'y livrer à l’acte de la reproduction. L’accouplement à lieu à la fin de mars ou pendant les premiers jours d'avril ; quelquefois ii commence àterre , car dès que le mâle rencontre la femelle il se place sur son dos et la serre fortement sous les aisselles avec ses pattes an- térieures, et celle-ci le transporte de cette manière avec elle jus- que dans l’eau, où ils restent huit à dix jours avant que la ponte s'exécute. Pendant l’accouplement ils font entendre de jour et de nuit une sorte de grognement qui a quelque rapport avec Paboiement du chien. Les œufs sont pondus de facon à former deux longs chapelets qui sortent en même temps du cloaque de la femelle et dont chacun peut atteindre quatre pieds. Tout ce travail s’opère en trois heures, et la ponte en totalité se fait par intervalles d’à peu près un quart d'heure ou en neuf fois. Les chapelets d'œufs au moment où ils sortent du cloaque ne sont guère plus gros qu’une tige de blé, mais ils grossissent dans la glaire, qui ne paraît pas être propre à chacun des germes. Ces germes, d’abord en rang simple, sont ensuite deux à deux et alternes en portion de rhombe. Voici comment Ræsel rend compte de ses observations touchant le développement des œufs du Crapaud commun ; développement qui, au reste, est à peu près le même que dans le Crapaud brun (Pelobates fuscus ). Le 12 et le 13 avril, le germe et la glaire d’œufs pondus le 11, avaient beaucoup grossi, et la couleur noire du germe s'était marbrée d’une teinte plus claire et blanchâtre. Le 16 et le 17, la forme du germe était tout à fait changée. Le 21 la plupart sortirent de leur glaire. Les peüts Tétards se nour- rissaient de plantes aquatiques; Ræsel leur donna de la laitue , ils paraissaient l’aimer beaucoup. Le 16 mai, le rudiment des pattes postérieures parut; l’ouverture pour la sortie de l’eau était toujours à gauche comme dans les autres espèces observées par l’auteur. Du 9 au r2 juillet, ces Tétards conser- vaient la même forme, mais leur couleur changea ; ne voulant plus manger, ils maigrirent. Les pattes de derrière devinrent bien distinctes du 17 au 22 du même mois , mais ils conservaient encore leur queue. La couleur noire se changea en brun avec des taches plus foncées sur le dos et les pattes; la queue diminna 678 BATRACIENS ANOURES. : sensiblement de longueur. Ces animaux étaient si petits qu’ils ne pouvaient en aucune manière être comparés pour la taille aux Grenouilles vertes, an moment où finit leur état de Tétard; ils faisaient dés efforts pour sortir de l’eau, et dès lors ils se je- tèrent avec avidité sur des mouches qu’on leur présentait vi- vantes. Les Japonais appellent le Crapaud que nous venons de décrire Fix Où FiIKIKAHERU ; d’après M. Schlegel ; ce dernier nom pour- r'ait être assez exactement réndu par lexpréssion latine dé Rana pipiens , Grenouille criarde. L’appärence pustuleuse de sa peau lui a valu de la part des Chinois la dénomination de Lay H14 MA, Grenouille galeuse. Chez ces deux peuples, le vulgaire considère sa chair comme un remède efficace contre toute sorte de maladies. Observations. Daudin a publié dans son histoire des Rainettes , des Grenouilles et des Crapauds, la figure d’un Crapaud qu’il a appelé ventru, à cause du volume extraordinaire de son abdomen; ce Crapaud n’est point une espèce particulière, mais tout simple- ment un individu du Crapaud commun que la dilatation consi- dérable de ses parois abdominales, par l’effêt d’une insufflation forcée , avait rendu méconnaissable au savant erpétologiste francais. . LE CRAPAUD DU CHILI. Bufo chilensis. Nobis. CaracTÈRES. Premier doigt aussi long que le deuxième. Bords orbitaires supérieurs non saillants ; peau recouvrant la tête , épaisse, bien distincte, Parotides courtes , sub-triangulaires , ne dépassant pas le niveau du bord antérieur du bras. Tympan bien distinct. Orteils demi-palmés; deux tubercules médiocres au talon. Pas de saillie cutanée le long du bord interne du tarse. Parties supérieures plus ou moins tuberculeuses , quelquefois comme couvertes d’épines. Ordinairement une tache noire à la région auriculaire. Pas de vessie vocale. SYNONYMIE. ? Rana thaul. Molina. Hist. nat. Chil. pag. 194. ? Rana lutea. Gmel. Syst. nat. tom. I, part. 3, pag. 1000, nor. ? ? Bufo thaul. Schneiïd. Hist. Amph. Fasc. 1, pag. 227. ? Yellow toud. Shaw , Gener. Zool. vol. 3, part. : ; pag. 176. ? Rana thaul. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 69. ? Rama tliaul. I. Hist, Rept. tom. 8, pag. 196. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES, G. CRAPAUD. 5. ‘679 ? Bufo thaul. Merr, Tent. Syst. Amph. pag. 181, n° 8. Bufo thaul. Garn.ét Less. Voy. Coq. Hist. nat. tom. », \® part. pag. 64, PL 5, fig. 6. Bufo chilènsis. Nob. Mus. Par. Bufo cinclus. Wiéd. Réc. PI. Col. Añim. Bres. pag. et PI. sans nos êt Beitr. Näturgesch. tom. 1, pag. 564. Bufo spinulosus. Wiegm. Act. Acad. Cæsar. Leop. Carol, Cüir. vol, 1}, pag. 205, tab. 24, fig. 3 a, b,c,d,e. Bufo chilensis, Tschudi. Classi. BabrAbh, Mém. Soc. sciéne. nat. Neuch. tom. 5, pag. 88. Bufo spinulosus. I. loc. cit. DESCRIPTION. Forues. Cette espèce , bien qu’originaire du Chili et du Pérou, se rapproche plus qu'aucune autre de notré Crapaud commun d'Europe, La seule chose notable qui l’en distingue , c’ést la forme de ses parotides, qui, au lieu d’être allongées, sont courtes et à peu près triangulaires, où tenant le milieu entre cette forme et la circulaire. Ces glandes , qui sont trés-renflées et percées de grands pores peu rapprochés les ns des autres, occupent les côtés du cou ; de telle fâcon qu’un de leurs angles s’appuie sur le bord latéral de ce dernier, qiün autre tou- che presque à la commissuré postétfienre des paupières, êt que le troisième descend le long du devant de l'épaule. Il existe quelques glandulés derrière chaque coin de la bouche. Le tympan est toujours bien apparent, il a en diamètre là moitié de celui de l’ouverture de l’œil, Tousles individus que nous avons examinés avaient la gorge, la poitrine et le ventre lisses, mais la peau du dessous de leurs cuisses était ridéé. En dessus, les uns offraient un plus au moins grand nombre de pustules peu dé- veloppées; d’autres en présentaient qui létaient davantage , et nous en avons remarqué, particulièrement parmi les jéunés , chez lesquels les mamelons glanduleux répandus à la Surface du corps étaient tout hérissés de petites épines. Cororarion. Les partiésS Supérieures de ce Crapaud sont où roussâtres , ou fauves , ou olivâtrés , où bien même d’une teinte ardoisée, avec de grandes taches soit noirâtres , soit d’un brun foncé, tantôt isoléés, tantôt confluentes. Sur le tympan com- 680 BATRACIENS ANOURES. mence une-bande noire qui va se perdre sur le flanc au milieu d’un assemblage irrégulier de taches de la même couleur, impri- mées sur fond d’un blanc plus ou moins pur. Une teinte blanche règne au-dessous de l’oreille et au-dessus du bras , ainsi que sur toutes les régions inférieures de l’animal , dont le ventre offre souvent de petites taches ou des lignes onduleuses d’un beau noir. Le prince de Wied a donné dans son recueil de planches colo- riées d'animaux du Brésil, deux figures d’un Crapaud appelé Bufo cinctus, qui selon toute apparence n’est pas d’une autre espèce que notre Bufo chilensis; ces figures le représentent d’une teinte olivâtre uniforme en dessus , avec ou sans une bande noire liserée de blanc, de chaque côté du corps, depuis ia ré- gion auriculaire jusqu’à l’aine. Dimensions. Tous les individus de cette espèce que nous avons été a même d’examiner ne présentaient pas une taille au dessus de celle à laquelle parvient le Crapaud commun des environs de Paris, comme on peut le voir par les mesures suivantes : Tête. Long. 2” 5”. Tronc. Long. 5” 8°”. Memb. antér, Long. 4° 8°, Memb. postér. Long. 9” 5°”. PaTRie. Ce Crapaud se trouve au Pérou et au Chili ; nous avons recu plus de vingt individus de ce dernier pays par les soins de , MM. Gay, Gaudichaud, Eydoux et d’Orbigny. Si, comme nous le croyons, le Bufo cinctus du prince de Wied est un Bu/fo chilensis il habiterait également la partie orientale du Brésil, où il a’été recueilli par ce savant voyageur. Observations. I nous paraît bien évident que le Bufo de de M. Wiegman n’est qu’un Bufo chilensis à tubercules glandu- leux ayant l’apparence d’épines ; et nous pouvons assurer que le petit Batracien anoure décrit et représenté , sous le nom de Cra- paud thaul, par MM. Lesson et Garnot dans la partie erpétolo- gique de l’histoire du voyage de circumnavigation de la corvette la Coquille, est également un jeune sujet du Crapaud du Chili, L'individu qui a servi de modèle à leur figure et à leur descrip- tion est déposé dans notre musée national ; nous l’avons examiné avec soin, et nous devons avouer qu’il ne nous a offert aucune trace , aucun reste des nombreux points rouges, dont les parties supérieures de son corps , d’après la fisure , auraient été ornées lorsqu'il était vivant; nous n’avons non plus rien observé de semblable chez les autres jeunes sujets que nous possédons. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 6. 681 il se pourrait que la Grenouille thaul de Molina fût la même espèce que celle du présent article. 6. LE CRAPAUD VERT. Bufo viridis. Laurenti. CaracrèrEs. Premier doigt aussi long que le deuxième. Bords orbitaires supérieurs non saillants. Peau recouvrant le crâne, épaisse , distincte. Parotides elliptiques , s'étendant en ligne droite, depuis le tympan jusqu’à l’arrière de l’épaule. Tympan médiocre , presque toujours bien distinct. Orteils demi-palmés ; au talon, deux tubercules médiocres, l’un lenticuliforme, l’autre ovalaire. Une grosse glande semblable aux parotides, sur chaque jambe. Une très-faible arête cutanée le long du bord interne du tarse. Apophyses transverses de la huitième vertèbre dirigées transversalement où un peu obliquement en avant. Une vessie vocale sous-gulaire interne chez les mâles. Dos marqué ou non marqué d’une raie longitudinale jaune. Iris d’un: vert jaune, vermiculé de noir. SyYNONYMIE. Bufo terrestris fetidus. Rœsel. Hist. Ranar. sect. 7, pag. 107, tab. 24. À VARIÉTÉ À RAIE DORSALE JAUNE. Bufo calamita. Laur. Synops. Rept. pag. 25 ,t. 1,fig.r1. Natter Jack. Penn. Brit. Zool. vol. 3, pag. cn Rana fetidissima. Herm. Tab. affinit. in pag. 260. Rana Bufo. Var. £. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 1, part. 9, pag. 1047 Le calamite. Daub. Dict. Anim. Encyclop. Méth. Hist. nat. tom. 3, pag. 296. | 6 Le calamite. Lacep. Quad. Ovip. tom. 1, pag. 592. Le Crapaud culamite. Bonnat. Encyclop. Méth. Erpét. pag. 18, PI. 6, fig. 4. Au portentosa. Blumenb. Handb. pag. 243. Rana portentosa. Sturm. Deutschl. Faun. Abtheil. 3, Heft. 1. Bufo cruciatus. Schneid. Hist. Amph. Fasc. 1 , pag. 193. Bufo calamita. Latr. Hist. Salam. pag. x. Rana mephitica. Shaw. Gen. z0ol. vol. 3, part. 1 , pag. 149, PI. 43 (Cop. Ræs.). Bufo calamita. Vatr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 114. Bufo calamita. Daud.Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 77, Pl.28,fig.1. Bufo calamita, YA. Hist. Rept. tom. 8, pag. 153. 682 BATRACIENS ANOURES. Le Crapaud des joncs. Guv. Règn. Anim: 1e édit: tom, 1, pag. 95. Bufo calamita. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 18. Bufo rubeta: Flem. Brit. Anim. pag. 159, Le Crapaud des jones. Cuv. Règn. Anim. 2° édit. pag. 100: tom. 2 ? Büufo calañita. Gravenh. Delic, Mus. Zool. Vratilav. Batrach. pag. 65. Büfo calamita. Wagl. Syst. Amph. pag: 50%. Bufo calamita. Éichw. fool. Spec. Rôss, Polon, (om, 3 pag. 16%. Bufo calemita. Dugès, Récherch. Batrac. pag. 7. Bufo calamita. Jenÿns ; Brit. Vérteb. pag: 302. ? Bufo portentosus. Sthinz, Faüna Helvét, Nouv, Mmém: Societ. helvét. Scienc. nat. tom. ; pag: 144, Bufo calamita. Tschudi. Classif. Batrach, Mém. Sociét, scienc. nat. Neuch. tôm. :, pag. 88. Bufo calamita. Ch. Bonap. Faun. Ital. cum fig. Bufo calamita, Bell, Brit. Rept. pag: 116, cum fig: VARIÉTÉ SANS RAIE DORSALE JAUNE. Botta ortense d’un verde lividoiVallisn, Istor. del Camel: pag. 149, art. 6. Bufo Schreberianus. Laur. Synops. Rept. pag: 27, n° 3. Bufo viridis, Id, loc, cit. pag, 27 et 17 ; tab: x, fig: 1. Rana palmis tetradactylis, plantis pertadactylis muticis, corpore suprà rufescente atque nigro vario. Lepech. Reis. Provimz, Russ. tom. I, pag. 318, tab; 22, fig: 6. . Rana Bufina. Müll. Prodr. Zool. Danic. pag. 598. Rana Bufina, Retz; Faun: Suéc: pag, 383; n° 2. Rana sitibunda: Pall. Reis, Provinz, Russ, tom. 1 , pag, 458. Botta. Cetti. Anf. Sard. tom. 3, pag. 40. Rana variabilis, Pal, Spitils Zool. Fasc, 7, pag: 1, tab. 6, fig. ï ét 2, Rana Bufo, Nar. 7: Gmel: Syst, nat. Linn,. tom. 5, part. 3, pag. 1047, n° 5. Rana sitibunda. Id; 16e. cit, pag: 1050, n 9 23, Rana variabilis. IX. loc. cit. pag. 1061 , n° 26. Le Crapaud verts Daub, Dict, Anim. Quad: Ovip. Encyclop. Méth. pag. 696. Le Rayon-vert, I, loc. cit. pag, 668. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. @. CRAPAUD. 6. 683 Le Crapaud vert. Lacep. Quad. Ovip. tom. 1, pag. 586. Le Rayon-vert. I. loc. cit. pag. 588. Le Crapaud vert, Bonnat. Erpét. Encyclop. Méth. pag. 17, n° 13. Le Crapaud rayon-vert. W. loc. cit. pag. 12, n° 1. Bufo bufina. Xd. loc. cit. pag. 17, n° 12. Rana sitibunda. Pall. Voy. Russ. Traduct. Franc. Gaüt. de Lapeyr. Append. tom. 8, pag. 89, n° go. | Rana variabilis. Sturm. Deutschl. Faun. Abtheil. 3, Heft. » Bufo viridis. Schneïd. Hist. Amph. Fasc. 1 , pag. 200. Bufo sitibundus. Xd. loc. cit. pag. 229. Le Crapaud vert. Latr. Hist. Salam. pag. xu1. _ Rana viridis. Shaw. Gener. zool. Vol. 3, part. 1, pag. 153. Le Crapaud vert. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 115. Bufo viridis. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 79, PI. 28, fig. 2. Bufo viridis. Id. Hist. Rept. tom. 8, pag. 156. Le Crapaud coureur. Id. loc. cit. pag. 164. Le Crapaud variable. Cuv. Règn. Anim. ire édit. , tom. », pag- 96. Bufo variabilis. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 180, n° i. . Bufo variabilis. Riss. Hist. natur. Eur. mérid. tom. 3, pag. 93. . Le Crapaud variable. Guv. Règn. Anim. Guv. 2€ édit. tom. », pag. 110. Bufo variabilis. Gravenh. Delic. Mus. Vratilav. Batrach. pag. 635, n° 11. buts variabilis. Wagl. Syst. Amph. pag. 207. Bufo variabilis. Eichw. Zool. spec. Ross. Polôn. Par: poster. pag. 167, n° 8. Rana variabilis. Menest. Catal. Raisonn. Zool. pag. 74, n° 240. x Bufo viridis. Bib. et Bory de St-Vinc. Expédit. scient. Mor. Rept. pag. 75, PI. 15 > 'g. 2-3. Bufo variabilis, Krynicki. Observat. Rept. indigen. Bullet. Sociét. Impér. Natur, Mosc. 1837, n° 3, pag. 67. Bufo variabilis. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. science. nat. Neuch. tom. » , pag. 86. Bufo variabilis. Schinz. Faun. Helv. Nouv. Mém. Sociét. sc. Helv. t. 1, p. 145, n° 3. Bufo viridis. Ch. Bonap. Faun. Ital. cum , fig. Bufo viridis. Génè, Synops. Rept, sard. Mem. acad. scienz, Torin. Ser. IT, vol. I, pag. 280, 684 BATRACIENS ANOURES. DESCRIPTION. ForxEs. Duges avait parfaitement raison lorsqu'il disait (r) que le Bufo viridis on variabilis des auteurs pourrait bien n'être qu’un Crapaud calamite sans raie jaune sur le dos. Ces deux prétendues espèces ne sont effectivement que deux simples va- riétés l’une de l’autre, ainsi que nous nous en sommes assurés en examinant comparativement plus de trente individus de chacune d'elles. Nous les désignons par le nom pra de viridis , qui indique la couleur dominante de leurs parties supérieures, préférablement à la dénomination de calamita, qui pourrait induire en erreur sur les habitudes de ce Batracien ; car, de même que le Crapaud commun , il passe la plus grande partie de sa vie à terre ; et s’il se tient au milieu des joncs ou des ro- seaux, ce n’est absolument qu’a l’époque où le mâle recherche la femelle pour en féconder les œufs. Le Crapaud vert ne devient jamais aussi gros que le Crapaud commun ; rarement il dépasse la taille à laquelle celui-ci par- vient dans les contrées septentrionales de notre Europe. En tous points semblable à lui, quant à l’ensemble des formes, il n’en différe guere , dans les détails de son organisation, que par la présence d’une grosse glande ovalaire sur la face supérieure de chaque jambe , par l'existence d’un sac vocal sous-gulaire interne chez les mâles, et par son mode de coloration. Comme chez le Crapaud commun , ses parties supérieures sont tantôt presque lisses , tantôt parsemées , tantôt couvertes de verrues lenticu- liformes où coniformes , quelquefois très-petites , d’autres fois plus ou moins grosses, égales on inégales entre elles , et qui parfois aussi sont hérissées d’une infinité de petites pointes ayant l'apparence d’épines. Toutes ces verrues sans exception sont criblées de pores généralement très-distincts sans le secours de la loupe. En dessons, la peau offre des rides irrégulièrement distribuées en long et en travers, mais qui simulent néanmoins nue sorte de réseau au milieu de chaque maille duquel il existe un petit mamelon poreux. La vessie vocale du mâle communique avec la bouche par deux fentes longitudinales (1) Recherches sur les métamorphoses des Batraciens, p. 11. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 6. 655 situées, l’une à droite l’autre à gauche, le long de la moitié posté- rieure de la branche sous-maxillaire. C’est donc à tort que Ræsel a avancé que ces orifices s’ouvraient dans la gorge à l’entrée de l’œsophage. Fort scuvent il n'existe qu’un seul de ces orifices , tantôt celui du côté droit , tantôt celui du côté gauche. CoLoraTrox. Des différentes couleurs , telles que le blanc, le gris, le brun grisâtre , le fauve, l’olivâtre , le jaune, le rouge et le vert de diverses nuances , qui sont toutes ou en partie répan- dues sur les régions supérieures du corps de ce Crapaud, la dernière est celle qui prédomine généralement : elle s’y montre toujours sous la forme de taches irrégulières plus où moins dilatées, tantôt isolées, tantôt simplement contiguës , tantôt confluentes , dont l’ensemble produit soit une moucheture ana- logue à celle de certains mammifères du genre Felis , soit une marbrure ou un dessin représentant jusqu’a un certain point des cours d’eau entrecoupés d'îles; car le fond sur lequel re- posent ces taches est toujours d’une teinte plus claire que la leur. Ordinairement c’est le blanc, le gris ou le fauve qui forme ce fond de couleur, où le rouge se trouve fort souvent jeté par gouttelettes. Chez certains individus et particulièrement chez ceux que produisent l’Angleterre, le nord , l’est et l’ouest de la France , la tête et le dos sont ornés d’une bande ou d’une ligne jaune longitudinale. D’autres manquent de cette bande ou de cette ligne jaune , et ce sont principalement ceux qui habitent l'Espagne, la France méridionale , l'Autriche, l’Italie, la Grèce, la Turquie et le nord de l’Afrique. Il y en a peu qui n’offrent quelques petites taches noires éparses à la face inférieure de leur corps , laquelle est toujours d’une teinte blanche ou grisâtre. À l’époque de l’accouplement , la gorge du mâle , lorsqu'il la gonfle, prend une couleur bleuâtre. La pupille, dont la forme est longitudino -ovalaire , est d’un brun très-foncé et l'iris d’un beau jaune, comme strié ou vermiculé de noir. La couleur verte des parties supérieures du corps devient brune ou olivâtre aprés la mort , le jaune blanchit et les taches dispa- raissent tout à fait. DImENSIONS. Téte. Long. 2” 3°”. Tronc. Long. 6” à”. Memb. an- tér. Long. 5”. Memb. postér. Long. 9” 5”. PATRIE ET MOEURS. Le Crapaud vert est répandu dans toute l’Europe ; on le trouve également dans la plupart des contrées occidentales de l’Asie, ainsi que dans le nord de l’Afrique. Il est 686 BATRACIENS ANOURES.. très-commun en Angleterre , en France, en Suisse, en Allema- gne. Nous l’avons recu d’Espagne , de plusieurs points de l'Italie, de la presqu’ile de Morée et des principales îles de la Méditerra- née. M.le comte Anatole Démidoff nous en a donné plusieurs in- dividus provenant du Taurus. Il nous en a été envoyé de l'Algérie par M. Guyon, et de Tripoli de Barbarie par M. Dupont. C’est pendant la nuit que le Crapaud vert se livre à la recherche de sa nourriture, qui consiste principalement en insectes. Durant le jour il se tient caché dans les trous des pierres où dans les fentes des murs, même à une certaine élévation; on en trouve dans des murailles perpendiculaires à plus d’un mètre de hau- teur. Nous avons déjà fait connaïtre dans ce volume, page 90, quels sont les moyens qu'il emploie pour parvenir à se loger ainsi dans des endroits qui paraîtraient devoir lui être inacces- sibles avec une organisation en apparence si peu en rapport avec de pareilles habitudes. Gette espèce se soutient aisément sur ses quatre membres ; aussi conrt-elle assez vite, mais à de très-petites distances les unes des autres. Lorsqu'on la saisit ou qu’on l’excite, elle laisse échapper de toutes les parties de sa peau une très-forte odeur qui rappelle celle du sulfure d’'arsénic ou de l’orpiment que l’on frotte aprés l'avoir chauffé, ou bien encore à celle qu’exhalent les pipes dont on a fait un long usage. Le coassement du Crapaud vert a beaucoup d’analogie avec celui de la Rainette verte commune, qui peut être exprimé par les syllabes crac-crac. C’est au mois de mai que le mâlé recherche la femelle ; ils se rendent dans les eaux après le coucher du soleil, au milieu des roseaux où l’accouplement a lieu. La fécondation s’opère en une heure. Les œufs sortent du corps de la femelle en formant deux longs chapelets ; ils sont placés à la file l’un de l’autre et non en rhombes , comme cela s’observe chez quelques autres espèces. Au bout de quatre jours,on peut déjà distinguer les Fêtards au travers de la glaire qui les enveloppe; le cinquième jour ils se meuvent , ne tardent pas à être libres et à chercher à se nourrir de végétaux. A la fin de septembre la métamorphose est complète. Si l’on place de ces jeunes Batraciens dans des bocaux, on les voit grimper le long des parois de ceux-ci, à la maniere des Rainettes, en faisant le vide sous la partie moyenne de leur ven- tre, qui produit l'office d’une ventouse, puis en s’élevant à l’aide des pattes antérieures. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 7. 687 7. LE CRAPAUD PANTHÉRIN. Bufo pantherinus. Boié, Caracrères. Premier doigt plus long que le second. Bords orbitaires supérieurs non saillants ; peau recouvrant le crâne épaisse, bien distincte. Parotides oblongues, elliptiques, s’éten- dant en droite ligne depuis le haut du tympan jusqu'à Parrière de l’épaule. Tympan grand, sub-ovale, trés-distinet. Orteils demi-palmeés ; pas de grosse glande semblable aux parotides sur la face supérieure de la jambe ; au talon , deux tuberenles assez forts, l’un sub-cireulaire , l’antre ovalaire. Une saillie linéaire de la peau le long du bord interne du tarse. Dos offrant ordinaire- ment une rangée de grandes taches ovales noires, liserées de jaune ou de blanchätre , de chaque eôté d’une raie longitudinale de l’une ou de l’autre de ces deux dernieres couleurs. Une vessie vocale sous - gulaire interne , chez les mâles. Apophyÿses trans- verses de la huitième vertèbre à bords amineis ou tranehants, dirigées obliquement en avant. SYNONYME. Grenouille ponctuée. Geoff. Descript. Égypt. Hist. nat. Rept. pl. 4, fig. 1-2. Bufo pantherinus. Boié. Mus. Lugd. Batav. Bufo arabicus. Rüppel. Ail. Reis. Noerdl. Afrik, Rept., pag. 20, tab. 3, fig. ». : Bufo regularis. Reuss , Mus: Senckenb. tom. 1, pag. 60. Bufo pantherinus. Tschudi, classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 88. DESCRIPTION. Forues. La plupart des contrées de l'Afrique produisent une espèce de Crapauds qui a les plus grands rapports avec celle que nous venons de faire connaître dans l’article précédent. Voici les seuls caractères qui l’en distinguent : d’abord la grandeur de son tympan , dont le diamètre est égal à la longueur de la pau- pière supérieure ou aux deux tiers de la longueur de la fente pal- pébrale , tandis que chez le Crapaud vert cette membrane est toujours moins large que la paupière supérieure; puis Pinégalité qui existe entre le second et le premier doigt , celui - ci étant un peu plus long que celui-là ; ensuite laplatissement bien plus prononce des apophyses transverses des quatre pénultièmes ver- 638 BATRACIENS ANOURES. tèbres, et comme tranchantes à leurs bords antérieur et posté- rieur, et parmi lesquelles celles qui appartiennent à la huitième pièce vertébrale sont distinctement dirigées obliquement en avant ; enfin cet autre caractere, qui est négatif, on tiré de l’ab- sence , sur le dessus de chaque jambe, d’une plus grosse glande analogue à celles appelées parotides qui occupent les parties la- térales de la nuque. Les parotides du Crapaud panthérin res- semblent tout à fait à celles du Crapaud vert et du Crapaud com- mun ; en un mot elles sont arrondies aux deux bouts et une fois plus étendues en long qu’en travers. La variation de la peau re- lativement au nombre , à la forme et à la grosseur des tubercules qui la surmontent n’est pas moindre chez le Crapaud panthérin que chez les deux espèces qué nous citions tout à l’heure ; comme chez le Crapaud vert, les mâles sont pourvus d’une vessie vocale dont les ouvertures sont longitudinales et situées de cha- que côte de la langue le long des branches sous-maxillaires. Cororarion. Le mode de coloration de cette espèce n’est pas moins variable que celui du Crapaud vert et du Crapaud commun. Cependant, dans le plus grand nombre de cas, il consiste en une raie jaune ou blanchätre s’étendant en long sur le milieu du dos et de la tête, flanquée des deux côtés d’une série de trois ou quatre grandes taches noires, ovalaires, à bordure étroite ou élargie de la même couleur que la raie dorsale ; puis en d’autres taches à peu près semblables à celles - ci ou affectant la forme de bandes transversales , sur la face supérieure des membres. Avec ce des- sin , les parotides sont noires liserées de jaunâtre. 11 ÿ a des indi- vidus chez lesquels ces dernières sont roses, ainsi que le centre de grands cercles noirs qui remplacent sur le doset le dessus des pattes les taches de la variété précédente. Certains sujets sont entiérement olivâtres à leurs régions supérieures ; d’autres présentent la même teinte, mais dans le nombre on en remarque qui sont , les uns irréguliérement et largement maculés de rose, les autres ornés de taches pareilles à celles de la première variété, avec ou sans raie médio-longitudinale. Enfin il en est qui rap- pellent exactement les diverses variétés de notre Crapaud vert aprés la mort , ou lorsqu'il a séjourné quelque temps dans l’al- cool ; comme ces derniers sont aussi des échantillons conservés dans l’eau-de-vie , il se pourrait, qu’étant en vie , ils lui eussent ressemblé. Il est rare que la teinte blanchâtre qui règne sur les régions inférieures de ce Crapaud soit marquée de petites taches noires. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 8. 659 Dimensions. Zéte, Long. 4” 4”. Tronc. Long. 8”. Memb. antér. Long. 7”. Memb. postér. Long. 15”. On voit par ces dimensions que le Crapaud PEER appro- che de la taille du Crapaud commun. Patrie. Le Crapaud panthérin habite l'occident de l'Asie, ainsi que le sud-ouest et le nord de l’Afrique. Il est très-commun dans tous les pays de la pointe australe de cette partie du monde, où feu Delalande et M. Jules Verreaux, son neveu', en ont re- cueilli une belle suite d'échantillons, qui sont déposés dans notre musée national. Le même établissement en a recul un. certain nombre du Sénégal par les soins de MM. Heudelot, Le- prieur et Delcambre ; M. Alexandre Lefebvre nous en a donné plusieurs qu’il avait rapportés d'Égypte; grâce au zèle et à la générosité de M. Guyon, chirurgien en chef de notre armée d'Afrique, nous en possédons de magnifiques exemplaires récoltés par lüi dans les environs de Bone et d’Alger ; enfin nous en avons deux provenant de l’Arabie Pétrée, que nous avons obte- nus de M. Rüppel, par échange. \ Observations. Cette dernière circonstance nous donne la certi- tude que le Batracien représenté sous le nom de Bufo arabicus, sur une des planches de l’atlas du Voyage de M. Rüppel dans le nord de l’Afrique, est bien sûrement de la même espèce que le Crapaud panthérin, ce dont on aurait pu douter , attendu le peu d’exactitude que l'artiste a mis dans l’exécution de son dessin. 8. LE CRAPAUD CRIARD. Bufo musicus. Bosc, CARACTÈRES. Premier doigt un peu plus long que le second. Bords orbitaires supérieurs formant chacun deux fortes arêtes arrondies , réunies en arrière sous un angle droit ayant son som- met tuberculeux. Peau recouvrant la tête, mince, fortement ad- hérente aux os. Parotides elliptiques , s’étendant en ligne droite depuis le dessus du tympan jusqu’à l'arrière de l’épaule. Tympan trés-grand , bien distinct. Orteils demi-palmés. Deux tubercules au talon, l’un médiocre, sub-circulaire , l’autre très-gros, sub- cylindrique. Pas de saillie cutanée le long du bord interne du tarse. Pas de grosse glande ovalaire, semblable aux parotides , sur la face supérieure de la jambe. Une vessie vocale sous-gu- laire interne, chez les mâles. Apophyses transverses de la Eui- REPTILES ; VIII, A4 690 BATRACIENS ANOURES. tième vertébre dirigées un peu obliquement en avant. Bouche très-grande ; longueur de la mâchoire supérieure égale au tiers de la tête et du tronc. PROMESSE Bana terrestris. Catesb. Nat. Hist. Carol. vol. 2, pag. et pl. 6q. Land Frog. Bart. Travels in Carol. Flor. etc. pag. 279. Rana lentiginosa. Shaw. Gener. Zool. vol. 3, part. 1, pag. 175, pl. 53 (Cop. Catesb.). Bufo musicus. Bosc. Nouv. Dict. Hist. nat. Délerv. tom. 6, p. 490. Bufo musicus. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 127. Bufo musicus. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 9, pl. 33, fig. 3; exclus. Synon. Rana musica, Linn.; le Criard, Lacép.; Bufo clamosus, Schneiïd. (Spec. ??). Bufo musicus. Id. Hist. Rept. tom. 8, pag. 190; exclus Synon. Rana musica, Linn. Gmel.; Bufo clamosus Schneid.; le Criard, Daub. Lacép. (Spec ??). Le Crapaud criard. Bosc. Nouv. Dict. Hist. nat. (or: de pag. 380, pl. B. 39, n° 8. Bufo musicus. Merr. Tent. Syst. Aie pag. 189 , n° 4. Bufo musicus. Harl. North Amer. Rept. Journ. acad. nat. scienc. Philad. vol. 5, part. 2, pag. 544; exclus. Synon. Rana musica, Linn. Gmel.; Bufo clamosus , Schneïd. ; le Criard, Daub. Lacép. (Spec. ??). Bufo musicus. Gravenh. Delic. it Zool. Vratilav. Fasc.r, pag. 59. Bufo clamosus. Holb. North Amer. Herpet. vol. 1, pag. 79, pl. 113 exclus. Synon. Bufo clamosus. Schneid. (Spec. ??). Bufo musicus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Societe scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 88. . DESCRIPTION. Formes. Voici un Crapaud à formes trapues comme la plupart de ses congénéres, entre la physionomie duquel et celle du Céra- tophrys granuleux ‘il nous paraît exister une certaine res- semblance ; ressemblance qui tient particulièrement à ce que le Crapaud criard, de même que ce dernier, a la bouche énormé- merit fendue , la tête fort élargie en arrière, très-déclive de cha- que eôlé, et creusée en dessus, et au milieu, d’une large gouttiére longitudinale que bordent, lune à droite, l’autre à gauche, deux grosses arêtes arrondies. sd PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 8. 601 La tête est assez déprimée; sa longueur est d’un cinquième moindre que sa largeur, qui est égale aux cinq huitièmes de l’étendue totale du tronc. Cette partie du corps du Crapaud criard est d’un septième plus large et d’un quart plus longue que celle de l’espèce suivante, le Crapaud américain , qui lui res- semble considérablement. Le contour de la bouche, dont l’ouver- ture, ainsi que nous le disions tout à l’heure , est très-grande comparativement à celle des autres espèces du même genre et particulièrement à celle du Crapaud américain, c’est-à-dire de près d’un quart, présente la figure d’un angle obtus arrondi au sommet. Le museau, bien que coupé presque verticalement, est néanmoins un peu arrondi; les narines s’ouvrent de cha- que côté de son extrémité, immédiatement au-dessous du can- thus rostralis. Celui-ci, qui est plus court que la fente palpébrale, fait une forte saillie arrondie qui se rapproche en angle aigu de sa congénere. Leur intervalle ou le chanfrein forme une gout- tire qui se continue en arrière jusqu’à l’occiput ; assez étroite à son origine, elle s'agrandit peu à peu en s’avancant vers la nuque, où sa largeur est égale à celle du front. Nous avons déjà vu que cette gouttière, dans sa portion qui s'étend de l’entre- deux des narines à ce dernier, est bordée à droite et à gauche par une saillie arrondie correspondante au canthus rostralis ; dans le reste de son étendue, elle l’est également par deux grosses carènes , arrondies aussi, mais rectilignes, qui, chacune de leur côté, s'unissent à angle droit à une autre carène moins forte s’éle- vant transversalement derrière l’œil, et dont l’extrémité externe se dirige par une éourbure vers la parotide ; de plus, les deux carènes latérales à la gouttière sus-crânienne se terminent posté- rieurement en massue. Il est bon de remarquer que ces crêtes os- seuses qui garnissent la tête du Crapaud criard sont d’autant plus développées que les individus qu’on observe sont plus âgés, et que toujours elles le sont proportionnellement plus que celles à peu près pareilles qui existent aussi chez le Crapaud américain, espèce tellement voisine de celle du présent article, qu’au pre- mier aspect on ne saisit pas parfaitement bien les caractères qui les distinguent l’une de l’autre. Le Crapaud criard a de grands yeux, mais ils sont peu proéminents ; la longueur de leur ouverture est à peine moindre que leur écartement à la région frontale. Le tympan a la même dimension , mesuré dans son plus grand dia- mètre ou de haut en bas, car il est ovale. Le bord de la mâchoire 44. 692 : BATRACIENS ANOURES. supérieure offre une petite échancrure à son milieu. Les mâles ont sous la gorge , entre la peau et les muscles, un sac vocal dont les deux ouvertures, qui sont longitudinales , donnent dans la bouche, de chaque côté de la langue, le long du dernier tiers ou du dernier quart de la longueur de la branche sous-maxillaire. Ovales ou elliptiques, quelquefois réniformes, les parotides sont situées sur le bord du dos en travers de l’épaule; les pores dont elles sont percées sont nombreux, assez petits, mais néanmoins bien distincts à la vue simple; elles n’ont jamais en longueur le double de leur largeur. Les membres antérieurs, couchés le long des flancs , n’attei- gnent généralement pas l'extrémité du tronc ; les postérieurs , portés en avant, dépassent le bout du museau, de la longueur du quatrième orteil. Les doigts sont légèrement déprimés; le pre- mier et le dernier sont un peu plus longs que le deuxième ; le troisième l’est de près de la moitié. Leur face inférieure est gra- nuleuse , ainsi que la paume de la main , au milieu de laquelle il existe un tubercule sub-circulaire ou ovale, assez grand , mais médiocrement renflé. Les orteils sont un peu plus aplatis que les doigts, et comme ceux-ci granuleux en dessous; le deuxième a le double de la longueur du premier, le troisième de celle du second, et le quatrième de celle du troisième , le cinquième est égal au troisième; ils sont tous réunis par une membrane, les trois derniers presque jusqu’à leur extrémité, le premier dans la moitié de sa longueur et le quatrième dansle tiers seulement. Il existe deux tubercules au talon : l’un est médiocre et à peu près circulaire, l’autre est très-gros et presque cylindrique. La peau de la tête n’est que sur les carènes osseuses dont elle est re- levée et sur la grande gouttière qu’elle offre au milieu ; les autres régions de cette partie du corps sont semées de granules assez petits sur le museau et les joues, un peu plus gros et coniques sur les paupières, particulièrement en arrière. De grosses pus- tules, entremêlées de plus petites, sont éparses sur le dos. Des tubercules coniques, pointus , généralement très-serrés , héris- sent les épaules, les flancs et le dessus des membres ; sur ces derniers , ils ont souvent l’apparence de petites épines. Toutes les régions inférieures, sans exception, sont couvertes de très- petits granules parmi lesquels on en remarque de coniques ; c’est ordinairement à la poitrine et sous les cuisses qu'ils offrent gette derniere forme, PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 8. 603 CozorATion. Le dos offre dans toute sa longueur une bande médiane d’un blanc jaunâtre ou orangé , et il est, ainsi que les flancs , irrégulièrement marqué de taches noirâtres, sur un fond brun olive ; le dessus des membres présente le même mode de coloration, à cette seule différence près, que les taches sont dila- tées en travers. Un brun jaunâtre règne sur la mâchoire supé- rieure , l’inférieure est blanche. Le tympan est brun, la pupille noire, cerclée de jaune, l'iris réticulé de noir et d’or. Toutes les régions inférieures sont d’un blanc sale, lavé de jaune. Ces couleurs, qui sont celles de l’animal vivant, perdent consi- dérablement de leur vivacité par suite du séjour des individus dans la liqueur alcoolique. Dimensions. La taille de cette espèce est à peu près la même qne celle de nos Crapauds communs des environs de Paris. Téte, Long. 3”. Tronc. Long. 6” 5°”. Memb. antér. Long. 5” 8”. Memb. poster. Long. 10° 6”. PATRIE ET MOEURS. Cette espèce est originaire de l'Amérique du Nord ; elle a été trouvée dans les Carolines , la Géorgie, les Florides et l’Alabama. Nous en possédons quelques individus que nous avons reçus de M. le major Leconte, et une trentaine d’autres qui nous ont été donnés par M. Henry Delaroche fils , du Havre. Ce Crapaud est timide et a des habitudes extrêmement paisi- bles ; durant le jour, il se tient caché dans quelque endroit obs- cur, d’où il ne s’aventure à sortir qu’à l’approche de la nuit pour se mettre en quête de sa proie, qui consiste en toutes sortes d’Insectes. Il paraît qu’il ne les saisit que lorsqu'ils sont en vie, et qu'ils témoignent de cet état par des mouvements quel- conques. Catesby prétend qu’il recherche de préférence les Fourmis et les Vers luisants, et qu’on l’a vu quelquefois, sans doute trompé par l'apparence, se jeter sur de petits charbons ardents et les avaler. C’est au mois de mai que la présence des femelles est recher : chée par les individus de l’autre sexe : alors on peut les voir par centaines dans les étangs et les marais, qu'ils quittent aussitôt aprés y avoir déposé et fécondé les œufs, pour rester à terre jusqu’à l’année suivante. Les mâles, à l’époque de leur réunion avec les femelles, produisent un coaese te A très-bruyant ; mais en tout autre temps, ils soût silencieux ; seulement, lorsqu'ils 694 BATRACIENS ANOURES. sont inquiétés où qu’on les prend , ils font entendre un léger eri analogue à celui d’un moineau qui pépie. M. Holbrook, de qui nous empruntons ces détails, rapporte avoir observé un individu vivant qu’on conservait déjà depuis longtemps, et qui était devenu très-familier. Pendant les mois d'été, il se retirait en un coin de la chambre, où on l’avait placé, dans une petite habitation qu’il s'était lui-même préparée au mi- lieu d’un petit tas de terre déposé là à son intention; vers le soir, il allait ça et là dans cette chambre et s'emparait avidement des insectes qu’il rencontrait sur son passage. Un jour chaud de juillet , M. Holbrook ayant eu l’idée d’exprimer sur la tête de ce petit animal une éponge imbibée d’eau, il le vit revenir le lende- main à la même place avec l’apparent désir qu’on répétât l’ablu- tion de la veille, ce qui fut fait, et à sa grande satisfaction , à ce qu'il paraît, puisqu'il recommenca souvent le même manége pendant tout le temps que durèrent les chaleurs. Observations. I] existe une mauvaise figure du Crapaud criard, sous lenom de Grenouille terrestre, dans l’ouvrage de Catesby : c’est la première qui en ait été publiée ; la seconde , qui n’est pas non plus tres-bonne, l’a été par Daudin dans son Histoire des Rai- nettes, des Grenouïilles et des Crapauds, d’après un jeune individu que Bosc avait rapporté de la Caroline, et qui est encore exposé à présent dans notre collection. Ce dernier auteur ayant cru recon- naître , dans son Crapaud, la Rana musica de Linné, le désigna , dans la rre édition du Nouveau Dictionnaire d’histoirenaturelle de Déterville, par le nom de Bufo musicus , qui fut adopté par Dau- din , etque nous-mêmes avons conservé par la raison seule que l’usage l’a consacré aujourd’hui. Mais, hâtons-nous de le dire, c’est à tort que Bosc et Daudin ont cru retrouver la Rana musica dans leur Bufo musicus; car il y a deux faits énoncés dansla description donnée de l’une par Linné, qui ne sont nullement applicables à l’autre : c’est que la Rana musica est originaire de Surinam , au lieu que le Crapaud criard habite l’Amérique du Nord , et il n’est pas à notre connaissance qu’une seule des es- pèces de Reptiles découvertes jusqu’ici dans cette partie du Nou- veau-Monde ait été aussi observée dans les contrées méridionales du même continent ; en second lieu, c’est que Linné dit positive- ment que sa Rana musica avait cinq doigts à chaque main, tandis que le Crapaud criard n’en a réellement que quatre, de bien dis- tincts au moins , car le cinquième existe à l’état rudimentaire , PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 9. 695 comme chez tous les Anoures. Seulement ici, comme c’est le cas le plus ordinaire, il est caché sous la peau , et nullement appa- rent au dehors sous la forme d’un tubercule plus ou moins dé- veloppé, ou tel que cela s’observe dans un certain nombre d’es- pèces , et particulièrement chez les mâles des Discoglosses et de quelques Cystignathes , etc. On peut voir d’après cela qu’il n’y aurait rien d’extraordinaire à ce que la Rana musica de Linné fût une de ces espèces qui ont un pouce rudimentaire où tuberculiforme , et que ce n’est pas par erreur, ainsi qu’on l’a objecté, que lillustre auteur du Systema naturæ aurait signalé l'existence de cinq doigts aux pattes antérieures du Batracien de Surinam dont il est ici question. Nous pensons donc que la Rana musica de Linné est une espece particulière que les naturalistes n’ont pas eu occasion d’observer depuis lui, et avec laquelle le Bufo musicus n’offre d’antre res- semblance bien constatée que celle qui réside dans la présence des parotides chez ces deux Batraciens , et que conséquemment Bosc, Daudin et plus récemment M. Holbrook , ont donné du Crapaud criard une synonymie fautive en y introduisant la dé- nomination de Rana musica (Linné). Schneider , se fondant sur ce que la Rana musica, dont il s’est borné à reproduire la description donnée par Linné, était pourvue de glandes parotidiennes , l’a rangée parmi lesCrapauds, en substituant un autre nom spécifique à celui qu’elle avait recu de Linné : il l’a appelse Bufo clamosus. M. Holbrook, à qui l’on doit une bonne figure de Pespèce du présent ee lui a appliqué le nom par lequel Schneïder avait désigné la Rana musica de Linné. 9. LE CRAPAUD AMÉRICAIN. Bufo Americanus. Leconte. CARAGTÈRES. Premier doigt un peu plus long que le second. Bordsorbitaires supérieurs formant chacun deux arêtes arrondies, médiocres, réunies en arrière à angle droit dont le sommet n’est pas tuberculeux. Peau recouvrant la tête, mince, fortement adhé- rente aux os. Parotides elliptiques , ovalaires ou réniformes, une fois aussi larges que longues , s'étendant en ligne droite depuis le dessus du tympan jusqu’à l’arrière de l’épaule. Tympan grand, très-distinct. Orteils à moitié palmés ; deux tubercules au talon, l’un médiocre, circulaire, l’autre trés-sros, sub-cylindrique ; pas 696 BATRACIENS ANOURES. de saillie cutanée le long du bord interne du tarse; pas de grosse glande ovalaire semblable aux parotides, sur la face supérieure de la jambe. Une vessie vocale sous-gulaire interne, chez les mâles. Apophyses transverses de la huitième vertébre dirigées un peu obliquement en avant. Bouche médiocre ; longueur de la mâchoire égale au tiers, plus un cinquième , de la longueur to- tale de la tête et du tronc. SYNONYME. Bufo americanus. Leconte. M. S.S. Bufo musicus. Harl. Journ. Acad. Nat. Scienc. Philad. vol. 5, pag. 344. Bufo americanus. Holbr. North. Amer. Herpet, vol. 1, pag. 75, pl. 9. F { DESCRIPTION. Forues. Le Crapaud américain, quoique fort voisin du Crapaud criard, en diffère cependant bien évidemment par le dévelop- pement beaucoup moins prononcé de ses carènes sus-crâniennes, dont le sommet de l’angle qu’elles forment de chaque côté n’est point renflé en tubercule; il en différe aussi par les dimensions de sa tête, qui est proportionnellement moins large et moins longue, et par la petitesse relative de sa bouche, qui est effecti- vement d’un sixième moins fendue en long, et de près d’un cin- quième en travers. CororaTion. Le mode de coloration de cette espèce est, pour ainsi dire, lemême que celui du Crapaud criard: en effet , on re- marque seulement que la bande médio-longitudinale d’un blanc sale qui parcourt son dos est généralement plus marquée que celle qui existe chez ce dernier; il semble aussi que lestaches brunes de diverses formes et de diverses grandeurs qui sont répandues sur le fond olivâtre de ses parties supérieures sont plus distinctes les unes des autres, et que parmi elles il y en a toujours un certain nombre qui affectent une disposition en séries longitudinales, de chaque côté de la ligne médiane du corps. DimEnsIons. Téte. Long. 2” 8”. Tronc. Long. 6” 1°”. Memb.anter. Long. 5” 5”. Memb. postér. Long. 12” 2°°.1 PATRIE ET MOEURS. Ce Crapaud est un des Batraciens anoures les plus communs dans l’Amérique du Nord ; nous l’avons recu de presque tous les points de cette partie du Nouveau-Monde, par les soins de MM. Milbert, Lesueur, : econte, Harlan, Holbrook, Barabino et Henri Delaroche fils, du Havre. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. GRAPAUD. 10. 697, Sa manière de vivre , ses habitudes sont les mêmes que celles du Crapaud criard ; il s’apprivoise aisément , et jusqu’à ce point, à ce qu’il paraît, devenir prendre dans la main les insectes qu’on lui présente. Au premier printemps , les individus des deux sexes, conduits l’un vers l’autre par ce besoin impérieux de propager leur race, se rendent de toutes parts dans les flaques d’eau, les mares , les étangs, où ils se livrent, le jour aussi bien que la nuit, à des chants tels que ceux que sont susceptibles de produire des animaux de l’ordre auquel ils appartiennent. On prétend cependant que leur coassement n’est pas absolument désagréable lorsqu'il est entendu d’une certaine distance; on le compare à une sorte de roulement prolongé , qui est toujours exécuté par plusieurs individus à la fois. .10, LE CRAPAUD DE D'ORBIGNY. Bufo d'Orbignyi. Nobis. CARACTÈRES. Premier doigt un tant soit peu plus court que le second. Bord orbitaire supérieur élevé , tranchant, donnant nais- sance en arrière à deux arêtes semblables , écartées l’une de l’au- tre à la manière des branches d’un Y. Bord libre de la mâchoire supérieure fortement aplati, ou formant un rebord tranchant tout autour, en dedans et en dehors. Peau du crâne mince, intime- ment adhérente aux os. Parotides subtriangulaires , situées der- rière les oreilles etcouvertes de petits tubercules peu différents de ceux qui sont répandus à la surface du corps. Tympan médiocre, peu distinct. Deux tubercules médiocres au talon , l’un ovalaire, l’autre sub-ovalaire. Point de saillie cutanée le long du bord in- terne du tarse. Apophyses fransverses de la huitième vertebre dirigées latéralement. DESCRIPTION. Formes. Voici une espèce que l’on distinguera aisément de toutes celles du même genre, si l’on fait attention à la forme ré- gulièrement arquée de sa tête , à partir d’une oreille à l’autre en passant par le museau, et aussi à la particularité que présente sa mâchoire supérieure, dont le bord , comme celui de la bouche de certaines coquilles et particulièrement des Hélices , offre un fort aplatissement et conséquemment une saillie ou un rebord en dedans et en dehors. 698 BATRACIENS ANOURES.: La tête du Crapaud de d’Orbigny est d’un quart ou d’un cin- quième moins longue que large. Elle offre en dessus, à partir du front jusqu’à l’occiput, une forte excavation produite par l’élé- vation en carène , amincie à son sommet, de l’un et de l’autre bord orbitaire supérieur, carène qui se bifurque ou forme une fourche derrière l’œil , au-dessus du tympan. Le museau est extrêmement court, arrondi au bout, et un peu étranglé en arrière des narines, qui sont latéro-terminales. Une saillie osseuse tranchante s’éléve perpendiculairement du bord de la mâchoire supérieure vers l’angle antérieur des paupières. Le diamètre de l’ouverture de celles-ci est égal à la largeur du front ; celui du tympan est à peu de chose près le même. Les parotides sont situées , l’une à droite, l’autre à gauche , sur la région scapulaire , qu’elles couvrent tout entière ; leur forme est subtriangulaire et leur surface hérissée de tubercules coniques très-serrés. Les membres sont moins développés que chez aucune autre espèce de Crapauds ; ceux de devant, couchés le long des flancs, atteignent les aines, et ceux de derrière , étendus vers le museau, n'arrivent pas tout à fait jusqu'a celui-ci. Les doigts sont courts, dé- primés et pointus; les orteils aussi, et de plus réunis entre eux par une membrane natatoire qui ne s’étend pas jusqu’à leur extrémité. Le second doigt et le quatrième sont égaux ; le premier est à peine un peu plus court, tandis que le troisième est presque de moi- tié plus long. Les paumes offrent chacune deux tubercules , un grand et un petit; il en existe également deux à chaque plante, à peu près égaux en grosseur. Tout le dessus du corps est couvert de verrues, les unes coniques , les autres simplement convexes ; sur le dos , celles de cette derniére forme sont un peu plus fortes que les autres ; en dessus, les membres, comme le tronc et la tête, sont garnis de glandes granuliformes extrêmement fines et très-serrées. CoLoraTion. Les parties supérieures sont d’une teinte olivatre î relevée d’une raie jaune qui s'étend depuis le bout du museau jusqu’à l’orifice anal; les régions inférieures sont blanches. Dimensions. Téte. Long. 2”. Tronc. Long. 5”. Memb. antér. Long. 3”. Memb. postér. Long. 5” 5°”. PATRIE. Le seul individu de cette espece que nous ayons encore observé a été recueilli à Montévidéo par M, d’Grbigny. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 11. 699 II. LE CRAPAUD RUDE. Bufo scaber. Daudin. CARAOTÈRES. Premier doigt un peu plus long que le second. Bord supérieur de l’orbite fortement saillant. Peau recouvrant la tête,mince, intimement adhérente aux os. Mâchoire supérieure a bord aplati ou reployé en dedans. Parotides grosses , ovales , elliptiques ou réniformes, s’étendant directement jusqu’au delà de l’épaule. Tympan grand, bien distinct. Orteils à moitié pal- més ; deux tubercules sub-ovalaires au talon, l’un médiocre, l’autre plus fort. Pas de saillie cutanée , mais une série de petits tubercules coniques le long du bord interne du tarse. Dessus du corps hérissé de pustules généralement coniques et ayant le plus souvent l’apparence d’épines. Apophyse: transverses de la hui- tième vertébre très-aplaties, dirigées obliquement en avant. Une vessie vocale sous-gulaire interne , chez les mâles. SYNONYMIE. Bufo melanostietus. Schneid. Hist. ampb. Fasc. 1, pag. 216. Bufo scaber. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 94, PI. 34, fig. 1. Bufo Bengalensis. Id. loc. cit. pag. 96, PI. 35, fig. r. Bufo scaber. Latr. Hist. Rept. tom. 2 , pag. 134. Bufo scaber. Daud. Hist. Rept. tom. 8, pag. 194. Bufo Bengalensis. Id. loc. cit. pag. 197. Le Crapaud du Bengale. Less. Noy. Bel. Ind. Orient. zool. Rept. pag. 339. Bufo melanostictus. Gravenh. Delic. mus. Vratilav. Ampbh. pag. 97. Bufo scaber. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. sociét. science. nat. Neuch. tom. 2, pag. 88. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce a un ensemble de formes exactement semblable à celui du Crapaud commun; mais elle est du nombre de celles dont la peau du crâne est excessivement mince et in- timement unie aux os. Elle offre cela de remarquable , que sa mâchoire supérieure, au lieu d’être tranchante à son bord RES est comme aplatie, celui-ci étant reployé en dedans; cette même mâchoire est à peine échancrée en ayant où comparativement 700 BATRACIENS ANOURES, beaucoup moins que chez la plupart des Crapauds. La tête, tout à fait en arrière , est d’un tiers plus large qu’elle n’est longue du bout du museau à l’un des angles de la bouche ; ses côtés, qui sont distinctement déclives, se rapprochent l’un de l’autre de manière à former un angle aigu dont le sommet se trouve être le bout du museau. Les narines s’ouvrent de chaque côté de ce dernier. En dessus , la tête est fortement concave à partir de l’occiput jusqu’au front, en avant duquel elle l’est aussi, mais beaucoup moins. Le bord orbitaire supérieur forme une grosse arête arrondie , renflée à son extrémité postérieure ou entre l’œil et la parotide, et dont l’autre extrémité est contiguë à une saillie correspondante au canthus rostralis; celui-ci, en suivant une direction oblique, vase réunir à son congénère sur le bout même du museau, qui est légèrement obtus. Le bord orbitaire anté- rieur fait également une saillie, mais elle est moins forte que les arêtes supérieures dont nous venons de parler. Toute la région concave du dessus de la tête , limitée à droite et à gauche par les arêtes des orbites et du chanfrein, est en général parfaitement unie ; si l’on y observe quelques petits granules, ce qui est assez rare, ce n’est guère que chez les sujets adultes. La longueur de la fente palpébrale est égale à la largeur du front ; la paupière supérieure est couverte de petites verrues granuliformes ; elle offre à son pourtour un petit bourrelet faiblement crénelé, qui, à l’angle antérieur de l’œil | se recourbe sur celui-ci en prenant un peu plus de développement en hanteur, Le tympan est ovale et à peu près de même grandeur que l’ouverture oculaire. Les ouvertures du sac vocal des mâles sont longitudinales , et situées de chaque côté de la langue , entre celle-ci et la seconde portion de la longueur de la branche sous-maxillaire. Situées en travers du haut de l’épaule et contiguës à ce petit prolonge- ment que forme au-dessus de l’oreille la saillie orbitaire, les parotides ont ordinairement l’apparence réniforme , mais assez souvent aussi elles sont elliptiques ou près d’une fois et demie plus longues que larges, et arrondies aux deux bouts, dont le postérieur est quelquefois plus étroit que l’antérieur. Ces glandes sont très-renflées et présentent à leur surface des rides vermi- culiformes dans les interstices desquelles on distingue très-bien des pores en nombre variable , suivant les individus. Les mem- bres du Crapaud rude, sous le rapport de leur longueur et de leur grosseur, ressémblent à ceux du Crapaud commun. Le pre- PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G&, CRAPAUD. 11. 7ot mier doigt , qui est aussi long que le quatrième, l’est un peu plus que le second, qui est près de moitié plus court que le troisième. Le dernier orteil , qui est deux fois plus court que le pénultième , est inséré à côté de lui; les quatre autres le sont sur une ligne oblique, le premier étant de moitié moins long que le second , le second que le troisième, et celui-ci que le qua- trième ; la palmure qui les réunit les laisse tous libres dans leur moitié terminale , excepté le quatrième, dont les deux tiers et quelquefois les trois quarts de son étendue se trouvent en de- hors de cette membrane. Ces doigts et ces orteils ont leur extré- mité garnie d’une enveloppe coriace ou plutôt cornée, de couleur noirâtre , dans laquelle elle est emboîtée exactement comme dans un dé à coudre. La même chose s’observe au reste chez la plupart des espèces du présent groupe générique. Le dos, à partir de la nuque, offre une double, quelquefois une quadruple série de grosses pustules, plus souvent arrondies que coniques, qui, sur les reins, sont entremélées d’autres beaucoup plus petites, ayant l’apparence d’épines , ou tout à fait pareilles à celles qui hérissent les flancs , les épaules et le dessus des membres; seulement sur ces de elles sont plus serrées, et leur volume est encore moindre que sur les autres régions du corps, si ce n’est pourtant à la face inférieure de celui-ci ,où par- tout, jusque sous les doigts , il en existe de trés-petites , ef pres- sées les unes contre les autres. Nous ne devons pas omettre de dire que la saillie que fait le premier os cunéiforme est tellement forte qu’on serait tenté, au premier aspect, de la considérer comme un sixième orteil. CoLoRATION. Il est peu d'individus de cette espèce qui n’aient les bords de la bouche , le pourtour des oreilles, les carènes cé- phaliques et le sommet des tubercules dn corps colorés en noir. La plupart présentent une teinte fauve ou roussâtre à leurs par- tes supérieures ; quelques-uns les ont brunes, et quelques autres d’une jolie teinte rose. Ge dernier mode de con semble être celui des jeunes sujets. Dimensions. Téte. Long. 3” 5”. Tronc. Long. 9” 3°”. WMemb. antér. Long. 7” 3°”. Memb. postér. Long. 14° 3”. PATRIE ET MOEURS. Cette espèce a pour patrie les Indes orien- tales , dont elle paraït habiter toutes les parties; elle est surtout très-commune au Bengale, où MM. Dussumier, Alfred Duvaucel, Belanger, et Reynaud en ont recueilli une suite nombreuse d’in- 702 BATRACIENS ANOURES. dividus de tout âge; M. Leschenaut nous en a aussi envoyé plu- sieurs de la côte de Coromandel et de Java. Les noteslaissées par ce savant voyageur nous apprennentqu? on rencontre abondamment le Crapaud rude dans toutes les rues de Pondichéry pendant la saison des pluies ; il entre dans les cours et dans les maisons. Observations. Cette espèce est bien (dan re la même que celle qui a été briévement décrite sous le nom de Bufo melano- stictus par Schneider. Le D AR Anon du Bengale de Daudin n’en est pas non plus différent. Le Bufo scaber de Spix appartient au sono tes à une autre es- pèce , qui est américaine. 12. LE CRAPAUD ÉLEVÉ. Bufo tsos. Lesson. CARACTÈRES. Premier doigt de même longueur que le second. Bord supérieur des orbites médiocrement saïllant. Peau du des- sus de la tête, mince, intimement adhérente aux os. Mâchoire su- périeure à bord libre tranchant et légèrement échancré au mi- lieu. Parotides plus de deux foisaussi longues que larges, presque pointues en arrière , arrondies en avant et s’étendant directement un peu au delà de l’épaule. Tympan grand, bien distinct. Or- teils entièrement palmés; deux tubercules ovalaires au talon, lun médiocre, l’autre un peu plus fort; pas de saillie cutanée, mais une série de petits tubercules le long du bord interne du tarse. Apophyses transverses de la huitième vertébre sub-cylin- driques , dirigées un peu obliquement en avant. SYNONYMIE. Bufo isos. Less. Voy. Bel. Ind. Orient. Zool, Rept. pag. 333, PI. 7. / DESCRIPTION. Formes. Bien que la forme du corps de cette espèce ne justifie nullement le nom qu’elle a recu, nows le lui conservons pour ne point grossir par une nouvelle dénomination le nombre déjà beaucoup trop considérable des termes qui composent aujour- d’hui le vocabulaire erpétologique. Le Crapaud élevé n’a effectivement le dos ni plus bombé , ni moins aplati que ses congénères, et particulièrement que le Cra- paud rude, éspèce à laquelle il ressemble à tant d’égards qu'il faut PITANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 13< 703 üne certaine attention pour ne pas le confondre avec elle. Les particularités qui l’en distinguent sont les suivantes : chez le Cra- paud élevé, le bord libre de la mâchoire supérieure est tranchant au lieu d’être aplati; le premier doigt n’est pas plus long que le second ; la palmure des orteils ne s’arrête pas à la moitié de leur longueur, mais s’étend jusqu’à leur extrémité ; non-seulement les parotides se prolongent au dela de l'épaule, mais elles se terminent en pointe obtuse; enfin les apophyses transverses de la huitième vertébre sont presque cylindriques, tandis qu’elles sont excessivement minces chez le Crapaud rude. Nous pouvons même ajouter que les crêtes surciliaires du Bufo isos sont distinc- tement moins élevées que celles de ce dernier. CororaATIon. Les deux seuls sujets que nous ayons été à même d'observer étaient en dessus d’une couleur brune uniforme ; et leurs régions inférieures, autres que la gorge et la poitrine, où régnait une teinte lie de vin foncée, offraient un blanc grisâtre lavé de brun violacé. \ 1 « Dimensions. Téte. Long. 3? 8”. Tronc. Long. 9” 2”. Memb. antér. Long. 7” 5”. Memb. postér. Long. 14”. _ Parrie. Les deux individus dont il vient d’être question ont été rapportés du Bengale au Muséum d’histoire naturelle, l’un par M: Belanger, l’autre par M. Reynaud, chirurgien attaché à la marine royale. 13. LE CRAPAUD AGUA. Bufo agua. CarAcrÈèRESs. Premier doigt un peu plus long que le deuxième. Bord orbitaire faisant dans les trois quarts de son pourtour, c’est- a-dire en avant, au-dessus et en arrière de l’œil, une fortesaillie arrondie, à laquelle viennent se souder parure de leurs extrémi- tés deux autres saillies ou carènes osseuses , également arrondies, dont l’une très-courte est située en long au-dessus du tympan, et l’autre, deux fois plus longue et oblique, occupe, à partir du bout du museau , toute la ligne du canthus rostralis. Bord libre de la mâchoire supérieure tranchant, faiblement échancré au mi- lieu. Parotides énormes , rhomboïdales ou ovalaires, placées obliquement en travers des épaules. Tympan grand , bien dis- tinct. Une double série de pustules plus fortes que les autres sur la région dorsale. Orteils demi-palmés. Deux tubercules au talon, Pun petit, sub-circulaire, l’autre médiocre, sub-ovalaire ou ellip- 704 BATRACIENS ANOURES. tique. Une très-faible saillie cutanée le long du bord interne du tarse. Une vessie vocale sous-gulaire interne, chez les mâles. VARIÉTÉ À. Caractères, Parotides rhomboïdales , presque aussi larges que longues. SYNONYMIE. ? Cururu. Pison. Hist. nat. Ind. lib. 5, pag. 298, cum fig. Bufo agua. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 13, fig. 1. Bufo agua. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 99 , pl. 37. Bufo horridus. Id. loc. cit. pag. 97, pl. 36. Bufo agua. Id. Hist. Rept. tom. 8, pag. 209. Bufo horridus. Id. loc. cit. pag. 207. … Bombinator horridus. Merr. Tent. Syst. Amphib. pag. 179. Bufo agua. Cuv. Règn. anim. 1re édit. tom. : pag. 97. Bufo agua. Spix. Spec. nov. Test. Ran. Bras. pag. 44, tab. 15. Bufo maculiventris. Id. loc..eit. pag. 43, tab. 14 , fig. r. Bufo Lazarus. Id. loc. cit. pag. 45, tab. 17, fig. r. Bufo stellatus. Id. loc. cit. pag. 46, tab. 18, fig. r. Bufo scaber. Id. loc. cit. pag. 47, tab. 20, fig. r. ? Bufo albicans. Id. loc. cit. pag. 47 , tab. 18, fig. 2. PBufo agua. Wied. Reise nach Bras. tom. 1, pag. 52, et tom. 2 , pag. 241. Bufo agua. Wied. Rec. PI. color. anim. Prés, pag. et pl. sans numéros. Bufo agua. Id. Beitr. Re du Bras. tom. 1, p. 501. Bufo agua. Cuv. Règn. anim. 2e édit. tom. 2, pag. ri. Bufo marinus. Co Delic. Amus. z00ol. Vratilavy. Amph. pag. 94. Bufo agua. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. sociét, scienc. nat. Neuch. tom. », pag. 88. Variété B. Caractères. Parotides rhomboïdales , plus de deux fois aussi longues que larges, rétrécies ou formant un angle aigu en arrière. SYNONYMIE. Rana marina americana. Séba , Lom. 1 , pag. 120, tab. 76, fig. r _Rana marina. Linn. Syst. nat. édit. 10, tom. 1 , pag. 210, n° 7,et édit. 12, tom. r , pag. 356, n° 8. Rana marina. Gmel. Syst. nat. Linn. tom. 1, pars 111, pag. 1049 , n° 8. Rana marina. Laur. Synops. Rept. pag. 31 , n° 27. L'épaule armée. Daub. Dict. anim. pag. 624. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 13. 700 L'épaule armée. Lacép. Hist. quad. ovip. tom. 1, pag. 53q. La Grenouille épaule armée. Bonnat. Encyclop. méth. Erpét. pag. 6, PI. 3, n° 2. (Cop. Séba). Bufo marinus. Schneïid. Hist. amph. Fasc. 1, pag. 219. Marine toad. Shaw. Gener. Zool. tom. 3 , part. 1, pag. 155, PI. 44. (Cop. Séba.) Bufo humeralis. Daud. Hist. Rept. tom. 8 , pag. 205. Bufo marinus. Merr. Tent. syst. amph. pag. 182 ; exclus. synon. Bufo scaber et Bufo Bengalensis. Daud. (Bufo scaber.) Bufo marinus. Gravenh. Delic. mus. zool. Vratilav. Amph. pag. 94. Varrété C. Caractères. Parotides elliptiques, de deux à trois fois aussi longues que larges. SYNONYMIE. Bufo ictericus. Spix, Spec. nov. Testud. Ran. Bras. pag. 44, tab. 16, fig. r. Bufo ornatus. Id. loc. cit. pag. 49, tab. 16, fig. 2. Bufo ictericus. Gravenh. Delic. mus. zoolog. Vratilav. Amph. pag. 94. Bufo ornatus. Id. loc. cit. pag. 61. DESCRIPTION. Formes. Ce Crapaud, mentionné depuis longtemps dans les ouvrages d’erpétologie , sous les diverses dénominations de Bufo marinus | Bufo agua , Bufo humeralis, etc., etc., est de tous les Batraciens anoures aujourd’hui connus, celui qui acquiert la plus grande taille et dont les parotides présentent compara- tivement aussi le plus grand volume ; il est également le seul chez lequel ces organes de nature glanduleuse n’aient pas une forme semblable ou à peu près semblable dans tous les individus. Il existe même à cet égard des différences si grandes entre certains sujets, que nous aurions peut-être été tentés de les considérer comme spécifiquement distincts, si d’autres sujets intermédiaires à ceux-ci, quant à la forme de leurs parotides : n’eussent été la pour nous démontrer de la manière la plus évidente, que contrairement , nous le répétons, à ce que nous avions toujours observé dans le genre Crapaud, la configuration des glandes parotidiennes varie considérablement chez les in- dividus de l’espèce appelée agua, On s’en fera aisément une idée si nous disons que les parotides de cet Anoure peuvent offrir REPTILES, TOME VII. 49 706 BATRACIENS ANOURES. toutes les nuances possibles entre les trois sortes de formes , il est vrai le plus ordinairement existantes, que nous avons indi- quées en tête de cet article , ou la rhomboïdale , la rhomboïdale fort allongée et l’elliptique ; nous possédons même un sujet dont la parotide gauche offre cette dernière forme , tandis que la droite a la figure d’un rhombe. Le Crapaud agua, quel que soit l’âge auquel on l’observe, a le même ensemble , le même port que le Crapaud commun. Sa tête, assez aplatie et d’un tiers au moins plus large que longue, est triangulaire dans son contour horizontal; les côtés en sont presque verticaux ou excessivement peu déclives. En dessus, elle est coneave et relevée tout autour, excepté à son bord oc- cipital , d’une forte arête osseuse, de qui , de chaque côté, commence sur le bout du museau, au milieu. Cette arête se dise diagonalement en dehors vers l'angle antérieur de l’œil où elle produit une branche qui descend obliquement au-devant de ce- lui-ci; puis elle suit le contour de l'orbite pour aller finir assez au-dessous du coin postérieur des paupières, aprés avoir donné naissance , vers le dernier tiers du bord orbitaire supérieur , à un renflement osseux creusé de petits sillons longitudinaux qui s’étend par un plan incliné dans la direction de l’occiput. Ce ren- flement, plus ou moins prononcé suivant les individus, n’est pas toujours très-apparent chez les jeunes sujets. Le museau est coupé perpendiculairement. Les narines s'ouvrent à droite et à gauche de son sommet, immédiatement au-dessous de l’arête qui borde le chanfrein. L’œil est grand et le tympan aussi , c’est-à- dire que le diamètre de l’un n’excède que d’un tiers le diamètre de l’autre. Le bord libre de la mâchoire supérieure, un peu échancré au milieu, n’est pas reployé en dedans comme chez le Bufo scaber et le Bufo peltocephalus. Les parotides couvrent tou- jours les épaules, quelle que soit leur forme : rhomboïdales et presque aussi larges que longues ; rhomboïdales et deux à trois fois plus étendues en long qu’en travers ; ou elliptiques et plus ou moins allongées. Leur grande épaisseur donne une largeur considérable à la partie antérieure du tronc; les pores dont elles sont percées ne se trouvent pas très-rapprochés les uns des au- tres; enfin ordinairement ces parotides sont lisses, mais quel- quefois cependant leur surface est hérissée de petites épines ou de petits tubercules pointus. Les parotides de la troisième va- riété, ou celles dont la forme est elliptique, ressemblent, jusqu’à PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 19. 707 un certain point, chacune à un demi- cylindre, tant elles sont renflées ; chez certains individus, elles s’étendent sur le flanc jus- qu’au niveau du coude; la même chose, au reste, s’observe chez presque tous ceux de la seconde variété , ou celle à glandes pa- rotidiennes ayant quatre côtés inégaux dont les deux postérieurs plus longs que les autres forment un angle aigu, arrondi au sommet. C’est à tort qu’on a décrit ou représenté cette espèce comme ayant les organes dont nons venons de parler d’une forme circulaire ou à peu près circulaire; jamais nous ne les avons vus autrement qu'ils ne viennent d’être décrits; nous n’entendons pas dire pourtant que les angles qu’ils présentent n’ont pas leur sommet arrondi, ce qu’on voit au contraire généralement , excepté chez quelques très-jeunes sujets. Les membres de l’Agua ne sont proportionnellement ni plus ni moins développés en longueur et en grosseur que ceux du Crapaud commun. Il y aurait aussi ressemblance parfaite entre les mains et les pieds de ces deux espèces, si le premier doigt chez l’Agua n’était pas un peu plus long que le second , et s’il n’existait pas le long du bord interne du tarse une faible saillie cutanée, qui manque dans le Crapaud commun. Tous les Crapauds aguas, jeunes et vieux, que nous avons été dans le cas d'examiner , nous ont offert une rangée de grosses pustules circulaires ou elliptiques, quelquefois légèrement apla- tes , d’autres fois un peu coniques, de chaque côté de la région correspondante à l’épine dorsale; ils nous en ont montré de pareilles, mais irréguliérement disposées, sur les flancs et les membres postérieurs , et d’autres plus petites , mais aussi variées dans leurs formes, répandues sur toute la surface des parties supérieures du corps. Néanmoins la troisième variété présente assez ordinairement une exception à ect égard, dépourvue qu’elle est presque toujours sur le dos de mamelons glanduleux, autres que ceux de la double série médio-longitudinale. Comme chez la plupart des Crapauds, ces verrues du dessus du corps, grosses ou petites , peuvent être lisses ou garnies dé trés - petites épines d’unesubstance cornée. C’est, disons-le en passant , dans un de ces individus spiniféres que Spix avait cru reconnaître le Bufo scaber de Daudin , qui , comme on le sait, est une espèce des Indes orientales bien différente de celle-ci sous beaucoup d’autres rapports. La peau du dessous du corps du Crapaud agua est comme 45. 708 BATRACIENS ANOURES. celle de la plupart de ses congénères , ridée ou plissée en petites mailles , au centre desquelles sont de très-petits mamelons ; et lorsqu’elle est distendue elle paraît lisse. > CocoraTioN. Le mode de coloration du Crapaud agua n’est pas moins variable que celui des autres espèces du même genre. Pourtant la majeure partie des individus conserve pendant assez longtemps la livrée sous laquelle ils naissent, et qui paraît être à peu près la même pour tous. Elle consiste en un nombre plus ou moins grand de taches brunes ou noirâtres à plusieurs pans in- égaux, disséminées ou rapprochées les unes des autres de chaque côté de la ligne moyenne du corps et de la tête, sur un fond d’un brun clair, relevé d’une raie médio-dorsale blanche ou jaunâtre ; puis en d’autres taches dilatées en bandes transversales sur la face supérieure des membres, qui du reste sont de la même teinte que la région dorsale, où l’on voit quelquefois répandues cà et la des gouttelettes blanchâtres. Quelques individus par- viennent à l’état adulte sans abandonner cette livrée que d’au- tres, également adultes, offrent un peu modifiée; c’est-à-dire que chez eux la raie blanche ou jaunâtre du milieu du dos s’est considérablement élargie , et que les taches des parties latérales forment alors deux grandes bandes brunâtres. Certains sujets, glus ou moins âgés, sont tout bruns; on en rencontre d’entiére- ment olivâtres ; puis il y en a de gris, de fauves, de roussâtres uniformément ou ayant leurs tubercules dorsaux et fémoraux d’unefteinte plus claire ou plus foncée que le reste de leur corps. Ceux qui sont hérissés de petites épinés , ont ces épines peintes en noir ouen brun trés-sombre. Presque tous ont leurs régions inférieures , et particulièrement la poitrine et le ventre nuagés, achetés, marbrés ou vermiculés de brun sur un fond blanc. Dimensions. Téte. Long. 5” 5”. Tronc. Long. 17”. Memb. antér. Long. 13” 5°”. Memb. postér. Long. 25”. I] paraît que le temps nécessaire au Crapaud agua pour ac- complir ses métamorphoses est assez court; car nous possédons des individus parfaits qui n’ont guère plus de deux centimètres de long , non compris les membres postérieurs, il est vrai. Parmie. Nos avons recu cette espèce, en grand nombre, des principaux points des côtes orientale et méridionale de Amé- rique du Sud et des Antilles ; c’est un des Batraciens anoures les plus communs à la Guyane et au Brésil ; ceux de nos individus qui PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES: G. CRAPAUD. 13. 709 proviennent de ces deux pays y ont été recueillis par MM. Les- chenault , Leprieur, Vautier , Gaudichaud , Gallot , Menestriés et Delalande. Trois d’entre eux ont été envoyés de Buenos-Ayres par M. d’Orbigny et quelques-uns, de la Martinique par M. Plée. Observations. La dénomination d’Agua par laquelle on désigne généralement aujourd’hui ce Crapaud lui a été donnée pour la première fois par Daudin , qui le croyait être , mais à tort, de la même espèce qu’un Anoure représenté sousle nom d’Æguaquaquan dans l’ouvrage de Séba (1), Anoure que Daubenton d’abord , Lacé- pède et Bonnaterre ensuite ,en le mentionnant dans leurs livres, ne nommèrent plus 4guaquaquan , mais tout simplement 4gua. Ainsi, le Batracien qui porte le nom d’Agua dans les ouvrages antérieurs à ceux de Daudin , n’est pas le même que l’Agua dont nous venons de donner la description, mais bien l’Æguaquaquan de Séba , qui, suivant nous, n’est qu’un Crapaud commun , au- tant toutefois que deux figures aussi mauvaises que celles qui le représentent peuvent permettre d’en juger. En tous cas , elles n’ont certainement pas été dessinées d’après un Crapaud agua ; car Séba , qui se plaisait à exagérer dans ses figures d’animaux la moindre particularité un peu extraordinaire , n’aurait pas omis de représenter les parotides si remarquables par leur gros- seur chez l’espèce de l’Agua; or, il n’en existe pas la plus petite trace dans les deux figures en question , et l’on n’y voit non plus ni saillies orbitaires, ni gros tubercules sur la face supé- rieure du corps. Mais l’ouvrage de Séba (2) renferme une autre figure qui est bien évidemment la représentation d’un Crapaud agua du pré- sent article ; figure qui a été citée sous le nom de Rana marine par Linné , Gmelin et Laurenti ; sous celui de Grenouille épaule- armée par Daubenton, Lacépède et Bonnaterre; de Bufo marinus par Schneider et Shaw ; et de Bufo humeralis par Daudin , dans son Histoire des Reptiles seulement , car dans l'Histoire des Rainettes , des Grenouilles et des Crapauds, il l'avait rapportée, avec juste raison , à son Crapaud agua. Cette même Rana marina de Séba est aussi le type du Bufo marinus de Merrem, qui y a faussement réuni le Bufo Benga- lensis et le Bufo scaber de Daudin, lesquels sont d’une espèce tout à fait différente, originaire des Indes orientales, (4) Tome 1, PI. 75, fig. 1 et 2. (2) Tom, 1, PI. 56, fig. 1. Rand marina. 710 BATRACIENS ANOURES. Le Bufo horridus de ce dernier auteur est un véritable 4gua, ainsi que le Bufo maculiventris, le Bufo Lazarus, le Bufo stellatus, le Bufo scaber, le Bufo ictericus, le Bufo ornatus, et peut-être même le Bufo albicans de Spix, auteur qui voyait pour ainsi dire une espèce particulière dans chacun des Reptiles qu’il observait. Enfin, M. Gravenhorst, qui a substitué le nom de Marinus à celui d’4gua , sous lequel notre Crapaud est connu et étiqueté dans la plupart des Musées, en a aussi séparé, à l'exemple de Spix, comme formant une espèce distincte, appelée Zctericus, les individus à glandes parotidiennes elliptiques. 26. LE CRAPAUD A OREILLES NOIRES. Bufo melanotis. Nobis. CARAGTÈRES. Premier doigt un pen plus long que le second. Bord orbitaire supérieur légèrement saillant. Peau recouvrant le crâne, mince, mais n’y adhérant pas intimement. Parotides pe- tites, ovalaires, placées obliquement en travers du haut de lé- paule. Tympan grand , bien distinct, coloré en brun très-foncé, ainsi que les régions qui l’entourent. Pas de grosses pustules sur la ligne moyenne du dos. Orteils grêles, palmés, les deux der- niers à leur racine seulement, les trois autres à peine dans leur première moitié. Pas de saillie cutanée, mais une série de très- petits tubercules coniques le long du bord interne du tarse. Deux tubercules au talon, l’un petit, sub-ovalaire, l’autre mé- diocre, ovalo-cylindrique. Parties supérieures semées de tuber- culès excessivement petits, ayant l’apparence d’épines. Un sac vocal sous-gulaire interne, chez les mâles. ! SYNONYMIE ? Bufo dorsalis. Spix. Spec. nov. Testud. Ran. Bras. pag. 46, tab. 17, fig. 2. Bufo dorsalis. Prince de Wied. Recueil pl. color. Anim. Brés. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce, qu’on pourrait prendre au premier aspect pour un Crapaud agua, en diffère cependant à plusieurs égards, ainsi qu'il est aisé de le reconnaître dès qu’on les exa- mine comparativement. Le Crapaud à oreilles noires a ses bords otbitaires bien moins saillants que le Crapaud agua; ses parotides, au lieu d’être très-grosses , sont trés-petites, c’est-à- dire moins développées à proportion que celles du Crapaud PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 14. II commun ; la forme de ses glandes est ovalaire ou subtriangulhaire, toujours Lits ou moins obtusément pointues en arriére; elles sont situées un peu obliquement en travers de la région supérieure de l’épaule, ou séparées de l’origine du bras par un plus grand espace que chez l’Agua. Les parties supérieures de ce dernier offrent un nombre variable de verrues arrondies, lisses ou hérissées d’épines, parmi lesquelles on en remarque toujours de plus fortes que les autres et qui sont disposées en une double série sur la région dorsale; tandis que chez le Crapaud à oreilles noires on ne voit jamais à la surface du corps et des membres que des tubercules coniques, pointus, excessivement petits et peu inégaux en grosseur. Les doigts et les orteils du Crapaud à oreilles noires sont plus grêles que ceux de l’Agua, et la palmure qui réunit ces derniers est aussi plus courte, c’est-à-dire qu’elle laisse libres le quatrième et le cinquième dans la presque totalité de leur longueur, et le premier, le second et le troisième dans un peu plus de la moitié. La gorge, la poitrine, le ventre, et le dessous des pattes offrent un pavé de très-petits granules. A l’extrémite postérieure de la parotide commence une série de tubercules coniques qui se termine vers le milieu du flanc; on en observe une autre beau- coup plus courte derrière l’angle de la bouche. CororArion. Tous les sujets appartenant à cette espèce , que nous avons maintenant sous les yeux ont les côtés postérieurs de la tête colorés en brun très-foncé ; la plupartsont en dessus d’un brun plus ou moins olivâtre et portent sur la région moyenne du dos une ligne longitudinale d’un blanc sale; plusieurs offrent de chaque côté du dos, sur un fond fauve, une rangée de taches noires, et une raie de la même couleur au-dessous de l’une et de l’autre parotide ; des taches brunâtres dilatées transversale - ment sont imprimées sur la face supérieure de leurs membres. Les régions inférieures de tous ces individus sont d’un blanc grisâtre , nuagé ou non nuagé de noir. Drwexsrows. Nous ignorons si cette espèce devient aussi grande que l’Agua, car nous n’avons jamais vu d'individus dont les dimensions s’élevassent au-dessus de celles de notre Grenouille verte commune. Téte. Long. 2° 5”. ire Long. 5”. Memb. antér. Long. 4” 8”. Memb. postér. Long. 9” 7” Parrie. Notre collection renférié une vingtaine de Crapauds 712 BATRACIENS ANOURES. à oreilles noires qui ont été recueillis à Cayenne et au Brésil par - MM. Leprieur, Gaudichaud, Gallot, d’Orbigny et Vautier. Observations. Nous croyons reconnaître , mais non d’uhe ma- nière bien certaine, notre Crapaud à oreilles noires dans la figure du Bufo dorsalis de Spix; et si la figure du Bu/o ornatus, donnée par le prince de Wied dans son recueil de planches coloriées des animaux du Brésil, est exacte, sous le rapport de la petitesse des parotides , on doit croire qu’elle représente aussi un Crapaud de l’espèce dont nous venons de faire la description. 15. LE CRAPAUD PELTOCÉPHALE. Bufo peltocephalus. Nobis. CARACTÈRES. Premier doigt de même longueur que le second. Tissu cutané du dessus et des côtés de la tête excessivement mince chez les jeunes sujets, confondus avec les os, qui sont rugueux , chez les adultes. Crâne concave et dépourvu d’arêtes depuis le museau jusqu’à l’occiput. Bords orbitaires et canthus rostralis relevés en saillies en général irrégulièrement crénelées; ce dernier séparé de l’orbite par une échancrure. Bord de la mâchoire supérieure aplatie. Parotides ovales ou elliptiques, lé- gérement arquées, placées un peu obliquement sur le devant de l'épaule , très-renflées , hérissées de tubercules coniques et per- cées de grands pores. Orteils pas tout à fait à moitié palmés. Deux tubercules au talon, l’un petit subovalaire, l’autre assez gros, de même forme, mais plus allongé. Une saillie de la peau excessivement faible, quelquefois même à peine distincte le long du bord interne du tarse. Parties supérieures toutes PAT semées de petites verrues coniques. SYNONYMIE. Bufo pellocephalus. Nob. Mus. Par. Bufo peltocephalus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. {om. 2 , pag. 89. Bufo peltocephalus. Nob. Hist. île de ou Ram. de la Sagra, Hist. nat. Rept. PI. 30. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce de Crapauds , comme piusieurs de celles de la famille des Raniformes, tels que le Céphalopeltis de Gay, le Pélobate brun et le Cultripède , et quelques Hylæformes . du genre Trachycéphale, a les os de la tête recouverts d’un tissu PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 1. 713 cutané tellement mince et qui y adhère si intimement qw’il est, pour ainsi dire, confondu avec eux. Nous devons dire cepen- dant qu’il n’en est absolument ainsi que chez les sujets adul- tes, car dans les jeunes la peau des parties latérales de la tête, quoique fort peu épaisse, est encore bien distincte. Alors on n’apercçoit pas non plus à la surface des os les petits creux, les petites entailles vermiculiformes qui sont au contraire très-appa- rentes chez les vieux individus. La tête, quant à son ensemble, ressemble à peu près à celle du Crapaud commun, excepté qu’elle est plus aplatie et que le museau est plus comprimé ; mais elle en diffère dans ses détails, en ce que les bords orbitai- res sont saillants et irrégulièérement crénelés ou comme déchi- quetés, ainsi que le canthus rostralis , entre l’extrémité posté- rieure duquel et l’orbite on remarque une espèce d’entaille plus ou moins profonde. Il est à noter que les crénelures des saillies orbitaires et du canthus rostralis sont plus prononcées chez les sujets d’âge moyen que chez les jeunes et les vieux individus. Le Crapaud peltocéphale se rapproche du Crapaud du Chili par la situation de ses parotides qui ne s’avancent pas sur les régions scapulaires, comme dans la plupart des autres espèces ; ces glandes, fortement renflées, percées de grands pores et hérissées de petits tubercules coniques, sont presque réniformes et pla- cées sur le devant de l’épaule’un peu diagonalement par rapport à celle-ci. Le diamètre du tympan est au moins égal aux deux tiers de la longueur de la fente palpébrale ; cette membrane est surmontée d’un rebord osseux qui touche d’un côté à l'orbite , de l’autre à la parotide. Le bord libre de la mâchoire supérieure est reployé en dedans, de même que chez le Bufo scaber , mais il est distinctement échancré au milieu , ce qui n’existe pas dans ce dernier Les membres sont peu développés , puisque ceux de devant s'étendent à peine au delà des aines , et que ceux de der- rière ne sont guère plus longs que le tronc c la tête. Les doigts et les orteils sont presque cylindriques et assez grêles; une mem- brane palmaire réunit ceux-ci dans presque la moitié de leur longueur, excepté pourtant le quatrième, qui est libre dans plus des trois quarts de son étendue. Il existe des petites verrues coni- ques assez serrées les unes contre les autres, sur les paupières, les parotides, le dos, les flancs et les membres. En dessous, la peau est simplement “ta chez les vieux sujets; tandis qu sue est finement granuleuse de les jeunes. 7 14 BATRACIENS ANOURES. CororATION. Un de nos individus, le plus grand, a ses parties supérieures veinées de blanc bleuâtre sur un fond roussâtre, et ses régions inférieures sont blanches ; les autres, en dessus , sont olivâtres, avec de très-larges marbrures brunes sur le dos et des bandes de la même couleur en travers des pattes; leur dessous est d’un blanc jaunâtre sale. Dimensions. Téte. Long. 4”. Tronc. Long. 9”. Memb. antér. Long. 7° 3°”. Memb. postér. Long. 12° 6”. Parrie. Le Crapaud peltocéphale se trouve dans l’île de Cuba ; nous sommes redevables des échantillons que nous possédons à M. Alexandre Ricord et à M. Ramon de la Sagra. 16. LE CRAPAUD A DEUX ARÊTES. Bufo biporcatus. Mus. Lugd. Batav. CARAGTÈRES. Premier doigt plus long que le second. Chanfrein concave , relevé de chaque côté d’une carène réunie à angle aigu en avant à sa congénére; crâne bordé à droite et à gauche d’une crête rectiligne. Bord libre de la mâchoire supérieure tranchant. Peau recouvrant la tête, très-mince, fortement adhé- rente aux os. Parotides petites, ovales , placées obliquement en travers du sommet de l’épaule. Tympan grand, bien distinct. Orteils palmés dans les deux tiers de leur étendue, le quatrième excepté; deux tubercules médiocres au talon , l’un subcirculaire, l’autre elliptique. Point de saillie cutanée le long du bord in- terne du tarse. Dos parsemé de petites verrues ; flancs et dessus des membres épineux. SYNONYME. Bufo biporcatus. Mus. Lugd. Batav. Bufo biporcatus. Schleg. Bufo biporcatus. Tschudi, Classif. Batrach. Mém. Sociét, scienc. nat. Neüch. t. 2, p. 88. Bufo biporcatus. Gravenh. Delic. Mus. Zool. Vratilav. Ampb. pag. 93. DESCRIPTION. Formes. Ce Crapaud se fait principalement remarquer par les deux crêtes rectilignes qui bordent son crâne à droite et à gauche, d’un bout à l’autre ; crêtes qui, en avant, sont contiguës chacune à la forte carène que forme le canthus rostralis. La tête est d’un PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 16. f} 15 quart plus longue que large dans son contour horizontal; le museau est comprimé et coupé perpendiculairement; en dessus il est canaliculé. La mâchoire supérieure n’a pas son bord libre reployé en dedans, ainsi que cela s’observe chez le Bufo scaber. Le tympan offre un diamètre égal à celui de l'ouverture de l’œil ; il est surmonté d’un rebord osseux qui d’un côte touche à l’or- bite et de l’autre à la parotide. Cette glande est petite, très- renflée, ovalaire ou plutôt pyriforme ; elle occupe le sommet de l'épaule en travers duquel elle est placée obliquement, son ex- trémité pointue dirigée en arrière. Placés le long du tronc, les membres antérieurs atteignent le COCCYX ; ceux de derrière portés en avant dépassent le museau de la longueur des orteils. Ceux-ci sont palmes dans les deux tiers de leur étendue, à l’exception toutefois du quatrième , qui, étant beaucoup plus long que les autres, ne l’est que dans la moitié. Ces orteils sont légèrement déprimés, de même que les doigts dont le premier est d’un quart à peu près moins court que le second. Il y a comme à l'ordinaire deux tubercules à l’origine de la plante , l’un d’un côté, l’autre de l’autre, et dont la forme est elliptique pour celui qu’on doit regarder comme étant le premier os cunéiforme , et subcirculaire pour celui qui lui est opposé. De nombreuses verrues, petites et inégales entre elles, sont répandues à la surface supérieure de l’animal; la plupart de ces verrues sont coniques , et toutes celles des flancs et des membres hérissées d’épines assez fortes relativement à la grosseur des renflements glanduleux qui leur donnent naissance. En dessous, la peau est partout garnie de tubercules arrondis, offrant aussi de petites pointes ou de petites épines solides. COLORATION. Un brun assez foncé colore uniformément toutes les régions supérieures, tandis que les inférieures sont irrégulié- rement tachetées de la même couleur sur un fond blanchâtre. Dimensions. Téle. Long. 1” 8”. Tronc. Long. 3” 8”. Memb. antér. Long. 3” 7°”. Memb. postér. Long. 6” 6”. PaTRIE. L'ile de Java est la patrie de ce Crapaud, dont nous ne possédons qu’un exemplaire qui nous a été envoyé du Musée de Leyde. 716 BATRACIENS ANOURES. 17. LE CRAPAUD GOITREUX. Bufo strumosus. Daudin. CARAGTÈRES. Premier doigt aussi long que le second. Peau recouvrant la tête, trés-mince et intimement adhérente aux os, chez les adultes seulement. Bords orbitaires saillants. Surface du crâne concave. Museau étroit, arrondi au bout, creusé d’un sillon en dessus. Régions frénales concaves et tres-déclives. Parotides subcirculaires ou subtriangulaires, tout à fait latérales. Tympan assez grand, bien distinct. Orteils à moitié palmés; deux tuber- cules médiocres au talon , l’un circulaire , l’autre subcylindrique. Une saillie cutanée ou une série de petits tubercules Le long du bord interne du tarse. Parties supérieures et inférieures couvertes de verrues granuliformes. Une vessie vocale sous-gulaire, interne, chez les mâles. SYNONYMIE. Bufo gutturosus. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 135. Bufo gutturosus et strumosus. Daud. Hist. nat. Gren. Rain. Crap. pag. 82, PI. 34, fig. 2. Bufo gutturosus. \d. Hist. Rept. tom. 8, pag. 166. Bombinator strumosus. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 179, n° 6. Bufo granulosus. Spix. Spec. nov. Test. Ran. Bras. pag. 51, tab. 21, hp 2. Bufo strumosus. Gravenh. Delic. Mus. zool. Vratilav. Amph. pag. 9, tab. 9, fig. 3. DESCRIPTION. - Formes. Cette espèce a quelque chose de caractéristique dans Ja forme de son museau, qui, par son étroitesse en arrière des narines et le léger renflement de son extrémité, rappelle en quelque sorte celui des Mammifères quadrumanes du genre Lori; à tel point que si le Crapaud goîtreux avait le front plus élevé, sa face avec ses grands yeux dirigés en avant ressemblerait beau- coup à celle du Lori grêle ( S{enops gracilis ). La tête de ce Crapaud est aplatie, d’un quart plus large que longue, et rétrécie en angle aigu d’arrière en avant; les côtés sont verticaux en arriére des orbites, mais très-déclives à partir du bord postérieur de ceux-ci jusqu’au bout du museau , qui est arrondi et un peu bombé. La partie comprise entre le devant de PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G, CRAPAUD. 17, 7 17 l’œil et l’orifice nasal est concave, ainsi que la région du crâne qui sépare les orbites. Les bords de celles-ci, excepté inférieure- ment, sont assez saillants et comme amincis. Le chanfrein est canaliculé et bordé à droite et à gauche par une légère arête qui forme un angle aigu avec sa congénère ; c’est de chaque côté du sommet de cet angle que se trouvent situées les narines, qui sont longitudinales et percées de haut en bas. Les yeux sont grands et très-protubérants ; le tympan, que surmonte un rebord osseux, a un diamètre d’un tiers moindre que celui de leur ouverture. Le bout de la mâchoire supérieure se recourbe fortement en dessous, et son bord, à peine échancré au milieu, est un peu reployé en dedans. Les parotides sont grosses , à peu prés circu- laires ou subtriangulaires , largement criblées de pores et le plus souvent relevées de petites verrues semblables à celles du dos; elles occupent, l’une à droite, l’autre à gauche, toute la région comprise entre le bord postérieur de la partie latérale de la tête et l’épaule , sur laquelle elles s’avancent même assez, et se re- ploient un peu sur la nuque. Les membres antérieurs , couchés le long ie flancs, n’attei- gnent pas tout à fait Menenité du tronc ; les Ro , portés en avant ou vers le museau dépassent celui-ci de la longueur du quatrième orteil. Les doigts et lesorteils sont médiocrementlongs, un peu gros et légèrement déprimés. Le premier et le second de ceux-là sont égaux ; les trois premiers et le dernier de ceux-ci sont palmés dans la moitié ou un peu plus de leur longueur ; le quatrième l’est à peine dans la moitié. Le tubercule produit par le premier os cunéiforme est de moyenne grosseur et ovalaire, celui qui est situé du côté opposé est plus petit et circulaire. Toutes les parties supérieures, excepté le milieu du crâne chez les adultes, sont couvertes de petites verrues arrondies ou co- niques, plus ou moins serrées, ayant le plus souvent l’apparence d'épines sur les pattes de derrière; en dessous , la peau est par- tout finement granuleuse. CozorATioN. Il existe de grandes taches brunes , irrégulières , inégales , isolées ou confluentes , sur le fond grisâtre, roussâtre, fauve ou d’un blanc jaunâtre du dessus de l’animal, dont les régions inférieures sont blanches uniformément où marbrées de noirâtre. à Dimensions. Cette espèce est de petite taille, ainsi qu’on peut le voir par les dimensions suivantes qui sont celles d’un Andi- 718 BATRACIENS ANOURES. vidu que nous avons tout lieu de croire assez avancé en âge. Tête. Long. 2” 2”. Tronc. Long. 4” 5”. Memb. antér. Long. 3” 8”. Memb. postér. Long. 6” 5°”. Parrie. On trouve ce Batracien anoure at Brésil , à la Guyane et dans les Antilles; M. Gaudichaud nous l’a FaPPORLE de Rio-Ja- neiro ; M. Leschenault de ns , et M. Alexandre Ricord de Saint-Domingue. Observations. Les figures qu’on a publiées de ce Crapaud sont toutes fort reconnaissables ; les ouvrages qui lesrenferment sont ceux de Daudin , de Spix et de M. Gravenhorst. 48. LE CRAPAUD PERLÉ. Bufo margaritifer. Daudin. CARACTÈRES. Premier doigt un peu plus court que le second. Museau pointu. Crâne offrant de chaque côté , depuis le bord antérieur de l’orbite jusqu’à la parotide , une crête à peine sen- sible chez les très-jeunes sujets, mais qui se développe peu à peu avec l’âge en une lame osseuse verticale, à bord libre arqué, presque aussi haute que la tête. Parotides petites, subovalaires, pointues en arrière, légèrement comprimées , situées un peu obliquement en travers du haut de l’épaule. Tympan assez grand, bien distinct. Un pincement de la peau s’étendant le long du flanc depuis la parotide jusqu’au genou. Orteils palmés dans la moitié ou plus de la moitié de leur longueur ; deux tubercules au talon , l’un médiocre, subcirculaire, l’autre plus gros, subcylin- drique. Pas de saillie cutanée le long du bord interne du tarse. Un sac vocal sous-gulaire interne, chez les mâles. SYNONYMIE. Bufo Brasiliensis margarilis veluti conspersus. Séb. tom. 1, pag. 114, tab. 71, fig. 6-7. Bufo Brasiliensis granis veluti conspersus. KM. loc. cit. pag. 114, tab. 71, fig. 8. Bufo Brasiliensis minor maculatus. Id. loc. cit. pag. 119 , tab. 71, fig. 9. Bufo Americanus minor maculatus. Wlein. Quad. disposit. pag. 120. Bufo Brasiliensis veluti conspersus. Id. loc. cit. pag. 120. ? Rana typhonia, Linn. syst. nat. édit. 10, tom.1, pag. 211, n° 8, et édit. 12, tom.r, pag. 356, n° 9. Réni margaritifera. Laur. SnUes Rept. pag. 30, n° XV. Rana margaritifera. Gmel. Syst. nat. tom.fr , pars III» pag. 1050. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 18. 19 ? Rana typhonia. Id. loc. cit. pag. 1052. La Grenouille perlée. Lacép. Quad. ovip. tom. r, pag: 545. La Grenouille perlée. Bonnat. Encyclop. méth. Erpét. pag. 4. PI. 4, fig. r. Bufo typhonius. Schneiïd. Hist. Amph. Fasc. 1, pag. 207. Bufo nasutus. I. loc. cit. pag. 217. Mitred toad. Shaw. Gener. zoolog. tom. 3, part. : , pag. 159. PI. 45. Bufo margaritifer. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 118. Bufo margaritifer. Daud. Hist. Rain, Gren, Crap. pag. 89. PI. 39 , fig. 1. Bufo margaritifer. I. Hist. Rept. tom. 8, pag. 179. Le Crapaud perle. Cuv. Règn. anim. 1r° édit. tom. >, Pas: 97- Bufo typhonius. Merr. Tent. syst. amph. pag. 18r, n° 3. Bufo naricus. Spix. Spec. nov. Test.-Ran. Bras. pag.49, tab.16, fig. 2. Bufo nasutus. I. loc. cit. pag. 50, tab. 16, fig. 3. Bufo acutirostris. Id. loc. cit. pag. 52, tab. 21, fig. 3. Bufo oxyrhincus. Wied. Rec. PI. color. anim. Bras. pag. et pl. sans numéros. L'Otilophe perle. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom.2, pag. 112. Bufo typhonius. Gravenh. Delic. mus. zool. Vratilav. Amph. pag. 93. Ottlophus typhonius. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. 89. DESCRIPTION. Formes. La peau de la partie postérieure du corps du Crapaud perlé est tellement lâche ou si peu adhérente aux muscles que l'arrière du tronc et les cuisses ont l’air d’être contenus dans une sorte de sac, qui, de chaque côté , fait un pli horizontal , s’éten- dant directement de la parotide au genou. La tête est d’un cinquième plus large que longue; ses côtes, peu déclives en avant, le sont beaucoup en arrière , et se rappro- chent l’un de l’autre à angle aigu. Lorsque les individus sont jeunes, leur tête offre une très-grande ressemblance avec celle du Crapaud goïtreux , c’est-à-dire qu’elle est fort aplatie dans toute sa longueur, et très-rétrécie à son extrémité antérieure ou à la 720 BATRACTENS ANOURES. partie formant le museau, qui est court, en pyramide qua- drangulaire, tronqué au sommet, dont la ligne médiane pré- sente un renflement cutané perpendiculaire. Avec l’âge, les bords orbitaires supérieurs se développent peu à peu, chacun de leur côté, en une lame osseuse verticale, presque aussi haute que la tête elle-même, et quise prolonge en arrière jusqu’à la parotide ; cette lame osseuse , dont le sommet est arqué et souvent granu- leux , a beaucoup plus d’élévation au-dessus du tympan qu’au- dessus de lPœil , au niveau duquel , et en dedans , sa base donne naissance à une arêle osseuse qui se dirige obliquement vers l’oc- ciput, où l’on remarque plusieurs petits tubercules osseux. Il est à remarquer que ces crêtes latéro-crâniennes n’ont pas un égal développement dans les deux sexes, et que c’est chez les mâles, contrairement à ce qu’on observe généralement , qu’elles le sont moins , la grosseur des individus étant bien entendu la même. Il existe aussi de chaque côté du chanfrein une petite crête os- seuse réunie sur le bout du museau à angle aigu avec sa congé- nère. Le contour de la bouche donne également la figure d’un angle aigu , mais fortement arrondi au sommet; chacune de ces commissures s'éloigne du cou en formant un angle obtus. Le dessus du crâne au milieu est concave, mais les régions frénales ne le sont point, ainsi que cela a lieu au contraire chez le Cra- paud goîtreux. Les narines sont deux petits trous arrondis situés l’un à droite, l’autre à gauche du sommet du museau , immédia- tement au-dessous du canthus rostralis. Le diametre du tympan est égal , ainsi que celui de l'embouchure oculaire, à la largeur du front. Les parotides sont petites , allongées , déprimées chez les jeunes sujets ; comprimées chez les vieux individus , au bord postérieur de la crête surciliaire desquels elles adhérent par leur extrémité antérieure, tandis que leur extrémité postérieure se confond avec le pli cutané qui règne tout le long du flanc, pli qui à toujours pour bordure une série de tubercules coniques. Les membres, bien qu’assez courts, sont plus grêles que chez le commun des Crapauds ; les antérieurs, étendus le long du tronc, atteignent le coccyx, et les postérieurs, dirigés vers le mu- seau, le dépassent de toute la longueur du quatrième orteil. Les doigts sont grêles et presque cylindriques; le premier est un peu plus court que le suivant , le quatrième un peu plus long que le second, tandis que le troisième a une étendue double de celui PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. CRAPAUD. 10. 721 qu'il précède. Les orteils offrent la même forme que les doigts, et la palmure qui les unit entre eux les laisse libres, tantôt dans les deux tiers, tantôt dans la moitié , tantôt dans le quart seule- ment de leur longueur. La face inférieure de ces doigts et de ces orteils, qui sont comme dentelés à leurs bords , offre de nom breux et assez gros tubercules arrondis, parmi lesquels, à chaque paume , on en remarque un de forme oblongue , un peu en dos d’âne , et de quatre à cinq fois plus fort que les autres. La ligne médiane du dos est surmontée , dans la premiére moitié de son étendue, d’une suite de cinq ou six tubérosités di- visées longitudinalement en deux portions souvent inégales, qui sont des prolongements externes des apophyses épineuses. De petites verrues arrondies couvrent la région supérieure du tronc; il yen a de coniques on même de spiniformes sur les membres, et de convexes, très-fines ou granuliformes sur toutes les parties inférieures de l’animal. CoLoRATION. Beaucoup d'individus sont uniformément olivâtres en dessus ; d’autres sont fauves , roussâtres où d’un brun clair , avec ou sans quelques grandes taches noires de chaque côté de la ligne médio-longitudinale du crâne et du dos, laquelle est géné- ralement ornée d’un ruban blanchâtre. Des marbrures brunes se voient ordinairement sur les parties latérales de la tête, et des bandes de la même couleur en travers de la face externe des membres. La gorge, la poitrine et le ventre sont entièrement blanchâtres ou variés de gris, de blanc et de brun très-foncé. Dimensions. Téte. Long. 2 “ 4”. Tronc. Long. 5”. Memb. anter. Long. 5”. Memb. postér. Long. 8” 3”. PATRIE. Le Crapaud perlé est originaire de Ancriaue méridio- nale ; la Guyane et le Brésil sont les deux contrées de ce conti- nent d’où nous avons recu les échantillons au nombre d’une vingtaine que nous possédons, et dont nous devons la plus grande partie à M. Leprieur ; quelques-uns ont été recueillis par MM. Les- chenault et Doumerc, et quelques autres par M, Vautier. Observations. Spix a représenté, dans son ouvrage sur les Reptiles du Brésil, trois jeunes Crapauds perlés, sous trois noms différents, ou comme étant des espèces distinctes: ce sont ses Bufo naricus, Bufo nasutus, et Bufo acutirostris. C’est avec ce Crapaud perlé que G. Cuvieravait formé le genre Otilophe, d’apres cette seule considération que ses crêtes surci liaires sont plus élevées et plus prolongées en arrière que chez REPTILES, Vill. 46 722 BATRACIENS ANOURES. les autres Batraciens, ses congénères. Le peu d'importance que nous semble avoir le développement plus considérable de cer- tains os du crâne chez cette espèce que chez quelques autres Crapauds, nous à déterminés à ne l’en point séparer. C’est ici, à la suite du Crapaud perlé, qu’il conviendrait de placer le Bufo proboscideus de Spix (1), dont Fitzinger a fait son genre Ahinella (2), adopté par Cuvier (3), si l’on était certain que cette espèce soit différente du Bufo margaritiferus, ce dont nous doutons au contraire beaucoup. En tout cas, si ce Bufo proboscideus, qui ne nous est connu que par la figure de Spix, était réellement une espèce distincte, elle ne différerait guère des jeunes du Crapaud perlé (qui, comme on sait, n’ont pas encore de crêtes surciliaires), que par un museau un peu plus long et plus pointu. V° GENRE. PHRYNISQUE. — PHRYNISCUS. Wiegmann (4). (Chaunus en part. Tschudi.) CaracrÈres. Langue allongée, elliptique, entière, libre dans sa moitié postérieure. Pas de dents au pa- lais. Tympan caché. Pas de parotides. Quatre doigts distincts, complétement libres; le troisième plus long que les autres. Cinq orteils distincts, peu ou point palmés; deux tubercules mousses au métatarse. Apo- physes transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Une vessie vocale sous-gulaire interne chez les mâles. Rien ne distingue le genre Phrynisque de celui des Cra- pauds, que les deux caractères négatifs suivants : absence (1) Spec. Nov. Testud. et Ran. Brasii. pag. 52, fab. 21, fig. 4, (2) Fitzinger. Neue Classif. Rept. pag, 39. {3) Envier, Règne anim. 2° édit. tom. 2, p. 112. (4) De œéuves. Bufo. Crapaud, et de suc. Farcimen. Mélange. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. PHRYNISQUE, I. 723 complète de parotides et non apparence de la membrane tympanale au travers de la peau. Les Phrynisques sont de très-petits Anoures dont nous ne connaissons encore que deux espèces, l'une originaire de la Nouvelle-Hollande , l’autre de la partie méridionale du Nouveau-Monde. Ce genre a été créé par M. Wiegmann (1), d’après l'espèce américaine à laquelle il a donné le nomde Phryniscus nigricans ; espèce que M. Tschudia eu le tortde ranger dans son genre Chaunus, avec l’épithète de formosus, sans savoir, à ce qu'il paraît, qu'elle avait déja été tout au- trement désignée par le savant professeur de Berlin, en établissant le genre Phryniscus. à moitié palmés. . . à > 2 1. P. NoirATRE. Orteils complétement libres. . 2. P. Austral. 1. LE PHRYNISQUE NOIRATRE. Phryniscus nigricans. Wiegmann. CARAGTÈRES. Parties supérieures finement granuleuses et sèmées de petites épines. Doigts et orteils déprimés, ceux-ci à moitié palmés. Pas de crêtes surciliaires ; peau recouvrant la tête, épaisse, bien distincte, non adhérente aux os. SYNONYMIE. Bufo formosus. Mus. Lugd. Batav. Phryniscus nigricans. Wiegm. Nov. act: Leop. (183%), tom. 17, part. 1, pag. 264. Chaunus formosus. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch., tom. », pag. 87. (1) Nov. Act. Leop. part. 1, tom. 17, pag. 264. 724 BATRACIENS ANOURES. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce, ou du moins les individus par lesquels elle nous est connue, individus qui n’ont pas trois centimètres de long, reproduisent exactement, en petit, le port, les formes, la proportion des membres de notre Crapaud commun. Leurs na- rines, comme celles de ces derniers, sont percées sur les côtés de la partie terminale du museau. Ils ont les doigts et les orteils déprimés, ceux-ci à moitié palmés, et ceux-là complétement libres ; mais les uns et les autres sont un peu renflés au bout et garnis en dessous d’un grand nombre de petites proéminences granuliformes. Leur premier doigt est plus court que le second, le second égal au quatrième, et le troisième le plus long de tous ; eurs orteils vont en augmentant de longueur depuis le premier jusqu’au quatrième, et le cinquième est plus court que le troi- sième. Le dessous du poignet offre un assez gros tubercule sub- rculaire ; on en voit deux de forme presque ovale, l’un à droite, l’autre à gauche de la face inférieure de la région métatarsienne. La peau de toutes les parties supérieures, sans exception , est finement granuleuse et semée de petites verrues coniques, surmontées chacune d’une petite épine; ces épines sont plus fortes sur les cuisses et sous le tarse que partout ailleurs. , Des grains excessivement fins couvrent la surface du tissu cutané des régions inférieures , à l’exception du dessous des cuisses qui présente de petits mamelons glanduleux. COLORATION. En dessus, ces petits Batraciens sont d’un noir très-foncé; en dessous aussi, excepté aux paumes, aux plantes et aux cuisses, qui offrent une teinte d’un blanc carné ; quelques taches de la même couleur sont répandues sur les côtés du ventre et de la poitrine. Dimensions. Téte. Long. 1”. Trone. Long. 1” 9°”. Memb. anter. Long. 1” 3”. Memb. postér. Long. 2”. PATRIE. Celte espèce a été trouvée à Montevideo , d’abord par M. d’Orbigny, ensuite par M. Darwin, voyageurs, à chacun des- quels nous sommes redevables de plusieurs beaux échantillons. Lea PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. PHRYNISQUE. 2. 972 9. LE PHRYNISQUE AUSTRAL. Phryniscus australis. Nobis.. CARAoTÈRES. Parties supérieures lisses, offrant quelques petites -verrues sur les côtés du dos. Doigts et orteils cylindriques , com- ‘plétement libres. Pas de crêtes surciliaires; peau recouvrant la tête, épaisse, bien distincte, non adhérente aux os. SYNONYMIE. Bombinator australis. Gray. Proceed. z00log. Sociét. Lond., part IT (1835), pag. 57. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce diffère principalement de sa congénere, par la forme arrondie de ses doigts et de ses orteils, par l’ab sence complète de membrane entre ceux-ci, et par l’état lisse ou à peu près lisse de la peau de ses parties supérieures et de ses régions inférieures ; car on n’y voit de verrues , et encore en très- petit nombre, que sur les côtés du dos, et de petits mamelons glanduleux, que sous les cuisses ; partout ailleurs le tissu cutané est parfaitement uni, tandis qu’il est finement granuleux chez l’espèce précédente. Le Phrynisque austral a aussi le crâne plus déprimé , et le bout du museau plus arrondi que le Phrynisque noirâtre ; en un mot, sa tête, quant à l’ensemble de la forme, bien entendu , ressemble plus à celle d’un Bombinator igneus, qu’à celle d’un Crapaud commun. CororATion. Tout le dessus de ce petit animal est teint d’oli- vâtre ; ses régions inférieures sont blanches , avec des mar- brures ou des dessins, vermiculiformes de couleur brune ; sur l’abdomen et sous les cuisses. DIMENSIONS, Téte. Long. 1”. Tronc. Long. >”. Memb. antér. Long. 1° 5”. De. postér. Long. 2° 5”. PaTRiE, Le Phrynisque austral , ainsi qu’ôn a voulu l'indiquer par cenom, habite l’Australie et particulièrement la Nouvelle- Hollande , où ont été recueillis, par MM. Péron et Lesueur, les su- jets que renferme notre Musée. Observations. C’est, sans aucun doute, ce petit Batracien que M. Gray , trompé par sa ressemblance apparente avec le Bombi- nalor igneus de notre Europe, a mentionné, il y: a quelques années, dans les Proceedings de la Société zoologique de Londres, 726 BATRACIENS ANOURES. comme une espèce offrant tous les caractères essentiels du genre Bombinator , et ne différant même du Bombinator igneus que par quelques légères nuances dans le mode de coloration. Ceci est évidemment une erreur; car, si on veut bien se le rappeler, le Bombinator igneus a des dents à la mâchoire supé- rieure et au palais, sa langue est circulaire et presque compléte- ment adhérente , ses orteils sont déprimés et palmés, ses parties supérieures sont couvertes de verrues souvent épineuses ; carac- tères, comme on le voit, qui sont tous en opposition avec ceux que nous venons de donner pour le Phrynisque austral. VI: GENRE. BRACHYCÉPHALE. — BRA4- CHYCEPHALUS (1). Fitzinger. (Ephippifer, Cocteau.) Caracrères. Langue allongée , elliptique, entière, libre dans sa moitié postérieure. Pas de dents au palais. Tympan caché ; trompes d'Eustachi très-pe- tites. Pas de parotides. Quatre doigts; les trois pre- miers bien distincts, libres; le dernier rudimentaire, à peine visible. Cinq orteils; les trois médians bien distincts, libres; les deux latéraux rudimentaires, à peine visibles. Un petit bouclier osseux sur le mi- lieu du dos. Pas de tubercules aux métatarses. Apo- physes transverses de la vertèbre sacrée faiblement dilatées en palettes triangulaires. Les Brachycéphales sont, comme les Phrynisques, des - Bufoniformes de très-petite taille qui manquent de paro- tides et chez lesquels la membrane tympanique n’est point visible extérieurement. Mais une de leurs principales mar- ques distinctives, c’est d’avoir la région dorsaie protégée (1) Braxuc, brevis ; court; xe@421, caput, lèle.—Tèle courte. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. BRACHYCÉPHALE. 727 par une sorte de petit bouclier osseux comparable jusqu’à un certain point à celui des Gératophrys , genre fort re- marquable de la famille des Raniformes, Ils offrent encore cette autre particularité que leurs pattes n’ont chacune que trois de leurs doigts bien développés ; attendu que le quatrième des extrémités antérieures, le premier et le cinquième des extrémités postérieures sont rudimentaires ou n'existent que sous la forme de tubercules excessive- ment petits; tellement que Spix, Fitzinger et Wagler lui- même ont décrit les Brachycéphales comme étant des Ba- traciens réellement tridactyles, ce qui serait un exemple unique parmi les Anoures, qui ont tous quatre doigts aux membres de devant et cinq aux membres de derrière, Ce nombre normal de quatre doists et de cinq orteils qui, au premier abord, ne paraît pas, il est vrai, exister chez les Brachycéphales , devient toutefois bien évident, si l’on observe ces, petits animaux avec plus d'attention, et si sur- tout on examine leur squelette; c'est ce qui a été parfai- tement démontré par notre savant ami feu Théodore Coc- teau dans lexcellente dissertation qu'il a écrite sur ce genre fort intéressant de Batraciens Anoures. Voici quelle est dans ses détails la conformation des pieds et des mains des Brachycéphales : celles-ci, ainsi que nous l'avons dit tout à l'heure, ont trois de leurs doigts bien distincts , c’est-à-dire le premier, qui est pourtant très-court, le second qui l’est moins et le troisième qui est une fois plus étendu; mais le quatrième est à peine sensi- ble, ce qui tient, comme la fort bien remarqué Cocteau, à ce qu’il est étroitement maintenu par la peau qui le re- couvre, le long du bord externe du plus grand doigt. Aux pieds, les trois orteils du milieu sont bien apparents et éta- sés, à partir du second, qui est !e plus court, jusqu’au quatrième, qui est le plus long; maïs les deux latéraux sont presque entièrement cachés dans la peau, Le premier doigt se compose d’un métacarpien et d’une phalange terminale , le second d'un métacarpien et des deux phalanges, le trai- 725 BATRACIENS ANOURES. sième d’un métacarpien et de trois phalanges , le quatrième d’un métacarpien et d’une phalange terminale, de même que le premier. Le premier orteil est composé d’un métatarsien assez long et d’une phalange terminale , le second d’un mé- tatarsien et de deux phalanges, le troisième d’un métatarsien et de trois phalanges, le quatrième d’un métatarsien et de quatre phalanges, enfin le cinquième d’un métatarsien et d’une seule phalange rudimentaire. Il n'existe pas le moindre rudiment de membrane entre les doigts, ni entre les orteils, qui sont les uns et les autres obtusément pointus, légèrement déprimés et parfaitement lisses ; il n’y a pas non plus de tubercules aux faces palmai- res, ni aux régions plantaires. La plaque osseuse ou la petite carapace qui recouvre en grande partie le dos des Brachycéphales est le résultat d’une expansion transversale très-considérable des apophyses épi- neuses des six vertèbres intermédiaires aux deux premières et aux deux dernières ; car, y compris le coccyx , on en compte dix en tout, comme chez le commun des Batraciens Anourés. Ce bouclier dorsal, au-devant duquel est une autre petite plaque produite aussi par l’aplatissement des apophyses épineuses des deux premières vertèbres, laisse entre lui et les apophyses transverses placées au dessous, un espace que remplissent les muscles lombo-costaux de Cuvier ou transverso-spinaux de Dugès ; il est à remarquer que , parmi ces apophyses transverses, celles de lafquatrième vertèbre et de la cinquième sont les seules dont les extrémi- tés terminales soient soudées au bord de la plaque osseuse protectrice du dos. La surface du crâne et le haut des tempes de ces petits Batraciens paraissent être aussi cuirassés ; attendu que les os de ces parties de la tête sont absolument comme ceux qui constituent la carapace, fort épais , granuleux , et sans tissu cutané distinct. La langue des Brachycéphales ressemble exactement à celle des Crapauds et des Phrynisques; elle est entière, allon- PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. BRACHYCÉPHALE. I. 729 gée ou plus étendue en long qu’en travers, arrondie aux deux bouts, et libre dans sa moitié postérieure. Leur bouche est complétement dépourvue de dents, ainsi que nous nous en sommes assurés par l’examen de plus de quarante individus parfaitement conservés ; examen auquel nous avons apporté d'autant plus de soin, que Cocteau, observateur aussi consciencieux qu’habile, avait cru recon- naître que la mâchoire supérieure et le palais de ces petits Anoures étaient dentés. Mais Cocteau, moins favorisé que nous, n'avait eu l’occasion d'étudier que des sujets dessé- chés et qui par suite de cet état présentaient sans doute aux principales parties de leur bouche des inégalités qui en auront imposé à cet erpétologiste distingué. C’est ce qui fait qu’il a considéré les petits Batraciens ; objets de ces ob- servations, comme différents de l’espèce type du genre Bra- chycephalus de Fitzinger et de Wagler, à laquelle ces natu- ralistes n'avaient pas trouvé de dents du tout; et qu’ila pro- -posé d'en former un genre particulier auquel il a donné le nom d’Æphippifer. Aujourd’hui qu’il est bien constaté que les genres Brachycephalus et Æphippifer ne doivent en former qu’un seul, nous lui conservons la dénomination qui lui a été appliquée la première, c’est-à-dire celle de Brachy- cephalus. Ce genre ne renferme encore que l'espèce suivante, 1, LE BRACHYCÉPHALE PORTE - SELLE. Brachycephalus ephippium. Fitzinger. CARACTÈRES. Parties supérieures fauves ou orangées, avec on sans tache dorsale noire. SYNONYMIE. Bufo ephippium. Spix. Spec. nov. Test. Ranar, Brasil. pag. 48, tab. 20, fig. 2. Brachycephalus ephippium. Fitz. Neue classif. Rept. pag. 39. Brachycephalus (Bufo ephippium, Spix). Wagl. Syst. Amph. pag. 207. ù Ephippipher Spixii. Coct. Magaz. zool. Guér. class. TT, page sans ne, pl. 7 et 8 (1835). 730 BATRACIENS ANOURES. Ephippipher aurantiacus. Id. loc. cit. Brachycephalus ephippium. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc. nat. Neuch. tom, 2, pag. 8. DESCRIPTION. Forwes. Cette espèce, quant à l’ensemble de ses formes, est construite sur le modéle d’un Crapaud ordinaire. Sa tête, ainsi que paraîtrait cependant l’indiquer le nom générique de Brachy- céphale, n’est donc pas en disproportion avec le volume de son corps; elle est au contraire bien proportionnée, et sous ce rap- port , le Brachycéphale éphippiphère différe essentiellement des Anoures appartenant aux genres suivants, chez lesquelsla tête est beaucoup plus petite qu’elle ne semblerait devoir l’être, compa- rativement à la grosseur du tronc. Cette tête du Brachycéphale porte-selle, déja fort plate en arrière, s’amincit de plus en plus en s’avançant vers le museau, dont les côtés forment un angle obtus, arrondi au sommet. Sa face supérieure est tout à fait plane, et ses parties latérales sont bien distinctement perpendi- culaires. Les ouvertures des narines sont situées à droite et à gauche , immédiatement au-dessous du canthus rostralis, à égale distance de l’œil et de l’extrémité du museau ; elles ont la forme d’une petite fente verticale un peu penchée en avant. Les yeux sont médiocrement grands, tout à fait latéraux , et très-peu pro- éminents. La bouche est fendue jusque sous l’aplomb de la com- missure postérieure des paupières ; ses bords sont simples et offrent à leur milieu ou tout à fait en avant, le supérieur une trés-faible échancrure, l’inférieur unepetite saillie correspondante à celle-ci. Les pattes de devant s'étendent jusqu’au coccyx, lorsqu'on les couche le long des flancs ; celles de derrière dépassent un peu le bout du museau, quand on dirige vers lui leur extrémité. Les tempes proprement dites sont légèrement renflées et comme re- couvertes d’un encroûtement osseux, hérissé de granules très- fins, semblables à ceux qui existent sur toute la surface du crâne dont les os sont pour ainsi dire à nu, tant leur tissu cutané est mince et y adhère intimement. On remarque la même chose à l’égard de la plaque dorsale ou de la petite carapace, que sa forme a fort justement fait comparer à une selle, attendu qu’elle est plus étendue dans le sens transversal que dans le sens longi- tudinal du dos, et qu’elle est un peu rabattue de chaque côté ; PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. BRACHYCÉPHALE. 1. 731 elle présente quatre bords, et par conséquent quatre angles, qui sont arrondis. Ce petit bouclier est quelquefois un peu échancré en arrière, et il existe toujours au-devant de lui, c’est-à-dire au milieu de l’espace qui le sépare du crâne, une petite plaque cir- culaire ou ovale, offrant aussi à sa surfaee un grand nombre de très-petits granules osseux. Les cuisses présentent d’assez gros grains glanduleux à leur partie postérieure et à leur face interne ; mais toutes les autres parties du corps, sans exception, sont parfaitement lisses. : Cororarion. Ce Batracien est généralement d’une teinte fauve ou d’une couleur orangée uniforme, plus pâle en dessous qu’en dessus; mais quelquefois son crâne et son bouclier dorsal sont ensemble ou séparément colorés soit en brun, soit en noir plus ou moins foncé. Dimensions. Cette espèce est certainement la plus petite de toutes celles qui appartiennent au sous-crdre des Batraciens anou- res; car s’il en est quelques-unes parmi les Raniformes et les Hylæformes , dont la longueur de la tête et du tronc ne soit pas au-dessus de la leur, elles ont des membres postérieurs bien plus allongés. Téte. Long. 8°”. Tronc. Long. 1” 3°”. Memb. antér, Long. 1”. Memb. poster. Long. 2” 3”. Parrie. Le Brésil et la Guyane sont les deux contrées de l’A- mérique méridionale où lon a trouvé le Brachycéphale porte- selle. Notre collection renferme une suite nombreuse d’échantil- lons de cette espèce , qui ont été donnés au Muséum par MM. Ey- doux et Leprieur, m3 BATRACIENS ANOUPES. VII Gevr. HYLÆDACTYLE. — AYLÆ- DACTY LUS. Tschudi (1). Caracrères. Langue disco-ovalaire , grande, épaisse, entière, libre à ses bords latéraux seulement. Des dents au palais. Tympan caché; trompes d'Eustachi très-petites. Pas de parotides. Quatre doigts libres , à extrémité terminale élargie et coupée carrément. Cinq orteils non élargis à leur extrémité terminale, mais réunis à leur base par une très-petite membrane ; deux tubercules mousses sous l'articulation tarso- métatarsienne. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Ce genre que la non apparence de son tympan, la forme presque circulaire de sa langue et le développement en pa- lettes triangulaires des apophyses transverses de sa vertèbre sacrée, distinguent nettement des Dendrobates, qui ont, comme lui , le bout des doigts dilaté en travers, peut aisé- ment, à l’aide de cette dernière marque caractéristique , se faire reconnaître entre tous les autres Bufoniformes ; car elle ne se représente chez aucun d’entre eux. Les Hylædactyles ne sont plus, comme les Brachycé- phales et les Phrynisques, des espèces construites pour ainsi dire sur le type des Crapauds, dont ils s’éloignent par l’ensemble de leur structure, autant qu'ils se rapprochent sous ce rapport des Engystomes et des Breviceps. Ils ont déjà le corps court et bombé, la tête petite et fort peu distincte du tronc. Leur bouche n’est pas à beau- coup près aussi grande que celle des genres précédents. On (1) L'auteur emploie à tort le nom de Hylædaetyla. I aurait dû dire Hylædactylus, doigt de Rainette, et faire le nom masculin. ‘ PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. HYLKDACIŸLE. 7939 y voit, immédiatement après les arrière-narines, qui sont situées tout à fait en avant, deux lignes osseuses saillantes, arquées et contiguës ; de telle sorte qu’elles représentent un V dont les branches seraient très-ouvertes et légèrement cintrées en dehors : c’est sur ces deux arêtes osseuses que sont implantées les dents en très-petit nombre qui arment le palais. Les trompes d’Eustachi sont si petites qu’il faut regarder avec beaucoup de soin pour pouvoir les découvrir. La langue, qui n’est libre qu’à ses bords latéraux, et qui serait parfaitement circulaire, si elle n’était un peu an- guleuse en avant, offre une assez grande épaisseur, une longueur qui lui permet de s'étendre jusqu’au gosier , et une largeur telle que l’espace, qui, de chaque côté, la sépare de la branche sous-maxillaire, est très-peu consi- dérable ; la surface de cet organe a l’apparence spongieuse. Les narines s'ouvrent sur les côtés du museau. Les yeux sont protégés par des paupières qui n’offrent rien dé par- ticulier ; mais il n’y a pas la moindre apparence d'oreilles à l'extérieur. Il n'existe pas de parotides proprement dites; mais on remarque sur chaque épaule une glande assez forte qui semble se continuer sous forme de cordon le long du haut du flanc. Les membres de devant se terminent par quatre doigts très-aplatis et complétement libres , et ceux de derrière par cinq orteils aplatis aussi, mais réunis à leur base par un rudiment de membrane. Les doigts offrent cela de remar- quable , qu'ils sont plus longs ét plus élargis que les orteils, et qu’en outre, au lieu d’être aussi étroits à leur extrémité terminale que dans le reste de leur étendue, ils s’élargissent brusquement à partir de l'articulation de la pénultième phalange avec la dernière, dont le bout est coupé carrément ; d’où il résulte que cette partie dilatée des doigts, qui est lé- gèrement renflée en dessous, présente une forme triangu- laire. Le premier os cunéiforme fait une assez forte saillie à la racine du premier orteil , et il en existe une autre moins développée, sous les deux derniers métatarsiens. 754 BATRACIENS ANOURES. Les apophyses iransverses de la vertèbre sacrée pré- sentent un aplatissement et une dilatation en palettes trian- gulaires, comme cela s’observe au reste chez la plupart des genres de la famille des Bufoniformes. On ne connaît encore qu’ une espèce qui puisse être rap- portée à ce genre Hylædactyle , dont on doit l'établissement à M. Tschudi. I. LE HYLÆDACTYLE TACHETÉ. Zylœædactylus baleatus.Tschudi. CARACTÈRES. Parties supérieures in ; aines et cuisses lar- sement tachetées de blanc. SYNONYMIE. Bombinator baleatus. Müll. Verhandelingen van het Batav. Genostch., etc., 16te. Deel. Batav. (1836) pag. 96. Bombinator plicatus et rugosus. Mus. Francofurt. Hylædactyla baleata. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Societ. Scienc. nat. Neuch. Tmo. 2, pag. 85. DESCRIPTION. Formes. La tête est tellement courte qu’elle semble être en- foncée entre les épaules, ce qui au reste est vrai jusqu’à un cer- tain point ; car en examinant le squelette, on voit que les omo- plates, qui sont excessivement dilatées, s’avancent presque jusqu'aux orbites. Cette tête ; déprimée , plus étroite que le tronc et légèrement convexe en dessus, décrit un demi-cercle, à par- tir d’une tempe à l’autre en passant par le museau; celui-ei est obtus , arrondi et si court que la distance qui sépare son extré- mité du bord antérieur de l’orbite est tout au plus égale au dia- mètre de l’œil. Les narines sont tout à fait terminales, peu écar- tées l’une de l’autre et dirigées en avant; le canthus rostralis est à peine distinct, Les régions frénales sont un peu déclives, les yeux assez grands et leurs paupières bien développées. Le profil de l’animal , depuis le bout dû nez jusqu’au coccyx, suit une ligne légérement , mais néanmoins distinctement arquée. Le dos est convexe et le ventre renflé de chaque côté ; mais en dessous celui-ci estplat. La peau fait un énorme pli horizontal, qui s’étend depuis le haut du flanc, vers son milieu, jusqu'au genou ; on en voit un autre, beaucoup moins développé, en travers de la poi- PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. Ge HYLÆDACTYLE. 1. 735 trine. Mises le long du tronc, les pattes antérieures atteignent lo- vifice anal ; placées de la même manière, les pattes postérieures dépassent la tête de toute la longueur des orteils. Ceux-ci sont réellement plus faibles et plus courts que les doigts ; ils angmen- tent graduellement et régulièrement de longueur à partir du premier jusqu’au quatrième, tandis que le cinquième est d’un tiers plus court que le troisième. Tous sont réunis à leur base par une membrane assez épaisse et peu extensible. Le troisième doigt est d’un tiers plus long que le second et le quatrième, qui sont égaux; si le premier paraît plus court que ces deux-ci c’est parce qu'il se trouve inséré un peu plus en arrière. On re- marque un petit renflement sous chaque articulation des pha- langes. L’un des deux tubercules qui existent vers le milieu de la plante est plus fort que l’autre, ovalaire, aplati , couché en de- dans et à tranchant mousse, c’est l’interne; l’autre est circulaire et légèrement concave. Quelques petits mamelonsglanduleux sont répandus sur la partie antérieure du dos, et le milieu de l’épaule est occupé par un amas de cryptes de forme oblongue, qui, chez certains individus , se prolonge en cordon le long du flanc. Par- tout ailleurs la peau nous paraît lisse, excepté pourtant à la ré- gion postérieure des cuisses , où elle présente des rides réticu- laires. CororATION. Une teinte brune ou noirâtre règne sur toutes les parties supérieures du corps, dont le dessous est comme ver- miculé où nuagé de fauve sur un fond de couleur de suie. Chaque aine est marquée d’une trés-grande tache blanchâtre; il y en a deux semblables à la face postérieure de l’une et de l’autre cuisse, et quelques-unes plus petites sur les mollets, où les par- ties musculaires de la jambe. ‘Dimensions. Téte. Long. 1° 5”. Tronc. Longs. 3” 3°”. Memb. $ Le) _ antér. Long, 3”. Memb. posiér. Long. 4° 5”, ParRie. Cette espèce est originairé de l’île de Javas c’est à M. Diard que le Muséum est redevable des échantillons qu’il possède. - 32 790 BATRACIENS ANOURES. VIII Genre. PLECTROPODE. — PLECTROPUS. - Nobis (1). Caracrëres. Langue allongée, sub-elliptique , libre dans le tiers postérieur de sa longueur , rétrécie en pointe obtuse en avant, et offrant en arrière un bord coupé carrément et un peu infléchi en dedans. Pas de dents au palais. Pas de parotides. Tympan caché; trompes d’Eustachi très-petites. Quatre doigts com- plétement libres. Cinq orteils palmés à leur base; deux tubercules sous-métatarsiens aplatis, solides. Apo- physes transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Les Plectropodes sont du petit nombre des Bufoniformes dont la langue offre une légère échancrure à son bord pos- térieur ; langue qui du reste est semblable à celle des Cra- pauds, c’est-à-dire plus étendue en long qu’en large et obtusément pointue en avant, Ils ont la bouche bien moins fendue que celle des Crapauds, des Phrynisques et des Brachycéphales, mais encore plus grande que celle des senres qui vont suivre, tels que les Engystomes, les Upé- rodontes, etc. Leur tête est petite’ et confondue avec le tronc , qui est ovale, bombé et court; attendu que les - vertèbres , au nombre de neuf comme à l'ordinaire , non compris le coccyx, sont très-minces, particulièrement les quatre ou cinq dernières. Les apophyses transverses de celle dite sacrée sont bien développées et élargies en pa- lettes triangulaires. Les doigts ni les orteils de ces Batra- ciens ne sont élargis en disques à leur extrémité terminale, ———————————"——"——————————— ——————"—— _—_—_—_—_—— (1) Hanurpov , calcar, éperon ; mous, odec , pes, pied. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. PLECTROPODE. 1. 737 comme cela s’observe dans le genre Hylædactyle ; les uns, au nombre de quatre, sont parfaitement libres, et les autres, au nombre de cinq, sont au contraire réunis entre eux à leur base par une petite membrane natatoire. Il y a deux saillies osseuses , aplaties , tranchantes , une petite et une grosse, sous l'articulation tarso-métatarsienne. Nous ne connaissons encore qu’une seule espèce du genre Plectropode. 1. LE PLECTROPODE PEINT. Plectropus pictus. Nobis. CARACTÈRES. Premier doigt plus court que le second. Dos brun , nuancé de noirâtre. SYNONYMIE. Plectropus pictus. Eydoux et Souleyet. Voy. de la Bonite. Zool. Rept. PI. 9, fig. 2. DESCRIPTION, Formes. La tête et le tronc forment ensemble un corps ovale, moins haut que large, plat en dessous, convexe en dessus, et obtusément pointu en avant, car le museau est rétréci et arrondi à son extrémité; celui-ci est d’ailleurs fort court, légèrement et régulièrement arqué en travers; les narines s’ouvrent à gauche et à droite de sa pointe. Les yeux sont assez grands, mais peu saillants; il n’y a pas la moindre trace d’oreilles à l’extérieur; à lintérieur de la bouche on voit les orifices des trompes d’Eustachi, qui sont fort petits et situés tout à fait sur les côtés, un peu au- dessus et en arrière de la commissure des mâchoires. Le palais est dépourvu de dents, mais la membrane qui le tapisse, fait, vers le dernier tiers de sa longueur, un repli transversal assez épais et dentelé, sorte de voile du palais qu’on retrouve plus développé encore dans un des genres suivants, celui des Upéro- rodontes. Étendus le long des flancs, les membres de devant atteignent le coccyx ; portés dans le sens opposé, les membres de derrière dépassent le bout du museau de la longueur du quatrième orteil. Les doigts et les orteils sont grêles, subcylindriques, renflés sous leurs articulations; les uns vont en augmentant de longueur depuis le premier jusqu’au troisième, tandis que le quatrième REPTILES, VIIL. : 47 738 BATRACIENS ANOURES. est aussi court que le second ; les autres sont étagés à partir du premier jusqu’au quatrième, au lieu que le dernier a moins d’étendue que le troisième. L’une des deux saillies osseuses qui arment la plante du pied est oblongue, assez forte et située im- médiatement en arrière du premier orteil; l’autre, qui est u peu élargie et plus petite, est placée à côté et en dedans de l’ex- trémité postérieure de sa congénère. La membrane qui rétinit les orteils à leur base, s'étend en bordure le long de leurs faces latérales et presque jusqu’au bout. Le dessüs et le dessous de l’animal sont lissés; chacun de ses côtés porte, à partir de l’épaule jusqu’à laine, un pli glanduleux, légèrement oblique et atténué à son extrémité postérieure. Coorarion. Les parties supérieures de ce Batracien présentent une teinte d’un brun marron, relevée dé grandes taches noires ou noirâtres, plus où moins confondues entre elles où foritiant une sorte de marbrure. Les régions inférieures sont vermiculées de brun sur un fond blanchâtré ; la gorge est toute brune. Dimensions. Téle. Long. 1” 4”. Tronc. Long. 2” 5°”. Memb. antér. Long. 2” 5”. Memb. postér. Long. 4” 6”. Pirrie. Le Plectropode peint a été trouvé à Manille par MM. Eydoux et Souleyet. IXe GENRE. ENGYSTOME. — ENGYSTOMA Fitzinger (1). (Microps (2) Wagler; Stenocephalus (3). Tschudi.) Caracrères. Langue allongée : elliptique, entière, libre seulement à son extrémité postérieure. Pas de dents au palais. Tympan caché; trompes d’Eustachi très-petites. Pas de parotides. Quatre doigts ét cinq orteils complétement libres. Un ou deux petits tu- bercules mousses au talon. Apophyses transverses de (1) De syyvr, rétrecie, el de srcua, bouche: {2} Dé pikhoe, pelit, et de |, deurus, œil. (3) De srevos, étroile, el de xéann, lète. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. ENGYSTOME. 739 la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Une vessie vocale sous-gulaire interne chez les mâles. Les Engystomes sont des espèces chez lesquelles la bouche offre fort peu de largeur; cependant elle n’est pas encore réduite à ce degré de petitesse qu’elle présente dans deux des trois genres qui suivent immédiatement, les Breviceps et les Rhinophrynes, où la fente buccale s'arrête au-dessous du milieu de l'œil; tandis que chez lés Engystomes elle s'étend encore jusqu'à sue du bord postérieur de ce dernier organe. Étroite et d’un très- -petit volume à proportion de la srosseur du tronc, la tête des Engystomes se confond complétément avéc celui-ci , qui est plus ou moins convexe en déssus, et légèremerit arrondi de chaque côté ; elle est généralement pointue en avant, Les ÿeux sont latéraux et très-petits, plus petits que chez aucun autre Batracien sans queue; imais ils sont encore protégés par des paupières, organes dont il n'existe plus, pour ainsi dire, que le vestige, dans le genre Pipa, le dernier du de des Anoures. La pabille est circulaire. Les narines sont deux très-petits trous placés, l’un à droite, l’autre à gauche du museau, un peu en arriere de son extrémité. La langue, qui est plus longue que large et dont les deux bouts sont entiers et arrondis, présente une forme elliptique ; elle est un peu libre de chaque côté et en arrière et S’enfonce assez pr ofon- dément dans la bouche, dont elle couvre e presque entièrement le plancher inférieur, Les orifices internes des narines et les conduits gutturaux des oreilles sont excessivement petits. Le bord de la mâchoire supérieure n’offre aucune échan- crure, mais on en remarque deux assez profondes à celui de la mandibule. 11 existe de chaque côté de la langue des mâles une petite fente qui communique avec un sac vocal sous-gulaire , que son gonflement seul rend apparent au de- hors. La membrane du tympan n’est nullement distincte. Aucune partie du corps, pas même la tête sur ses parties latérales, n'offre de renflements de nature slanduleuse. a Plante à 740 BATRACIENS ANOURES, Les pattes sont courtes , mais assez fortes ; toutes quatre se terminent par des doigts cylindriques, renflés sous leurs articulations, complétement libres, au nombre de quatre en avant et de cinq en arrière; aux mains, c’est le premier qui est le plus court, et le troisième le plus long, les deux autres, c'est-à-dire le second et le quatrième, étant égaux ; les quatre premiers orteils sont régulièrement étagés, mais le cinquième est plus court que le troisième, Il ya toujours trois tubercules ovales à chaque paume, tandis qu’il n’en existe qu'un ou deux sous le milieu de la plante. Les Engystomes ont les apophyses transverses de leur vertébre.sacrée aplaties et allongées triangulairement. Ce genre est un démembrement de celui appelé Ængy- stoma par Fitzinger, qui y rangeait les Breviceps de Merrem et la Rana ovalis de Schneider (1), espèce dont Wagler a fait son genre Microps, M. Tschudi son genre Sfenocepha- lus, et qui devient pour nous le type du genre Engystome, composé aujourd’hui des cinq espèces indiquées dans le ta- bleau synoptique suivant. a | | TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE ENGYSTOME. 9eme — deux tubercules Pa NRA P MEUAEERE 5, E. ORNE. inéspelits Et PR PR" 4. E. PETIT or. un seul tubercule : lisse : une distincte. . 1. E. Ovare. yeux} médioeres: | bande bla Ÿ peau che fémorale (nulle. . . 2. E. ELA CAROLINE. Tugueuse. +. - + o + » 3. E. Rucueux. (1) Cuvier, dans une des notes de la page 112 du tome 2 du Règne animal (2 édit.), dit que l'Engystoma ovale de Fitzinger est un Dac- tylèthre : c'est une-erreur , puisque Fitzinger donne comme synonyme PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. ENGYSTOME. 1. TA L. L'ENGYSTOME OVALE. Engystoma ovale. Fitzinger. CARACTÈRES. Un seul tubercule sous-tarso-métatarsien. Mu- seau en angle aigu, arrondi au sommet. Peau lisse. Yeux médio- cres. Une raie blanche le long de la face postérieure de la cuisse. SORA LE Rana ovalis. Schneid. Histor. Amph. Fasc. 1 pas ou De Shaw. Gener. zool. vol. 3, part. 1, pag. 3 Bufo surinamensis. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 97, PI. 35, fig. 2. È Bufo ovalis. Y. loc. cit. pag. 92. Bufo surinamensis. Id. Hist. Nat. Rept. tom. 8, pag. 184. PBufo ovalis. Id. loc. cit., pag. 187. Rana bufonia. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 177, n. 21. Engystoma ovalis. Fitzing. Neue classif. Rept. pag. 65. Oxyrhincus bicolor. Valenc. collect. Mus. Par. - Oxyrhincus bicolor, Guér. Iconog. Régn. anim. Cuv. Fept- P]::27, fig. 2 et 2 a. iorape unicolor.Wagl. Syst.Amph. pag. 200, Isis, 1828, p.744. Stenocephalus microps. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. Scienc. Nat. Neuch. tom. 2, pag. 86. | 2 DESCRIPTION. Formes. La tête et le tronc forment ensemble un ovale obtus en arrière, pointu en avant; celui-ci est assez gros , bien distinc- tement bombé en dessus et plat en dessous; celle-là est propor- tionnellement très-petite, me 0 proneer légèrement convexe à sa face supérieure, plane à sa partie inférieure, etses côtés se rapprochent tellement l’un de l’autre en s ne vers le mu- seau, qu’ils présentent la figure d’un angle fort aigu, arrondi au sommet. La longueur de la tête entre pour un peu plus du quart dans l’étendue totale du corps. Sa largeur, en arrière des yeux, est un peu moindre que sa longueur, et son épaisseur a de son Ængystoma ovale, la Rana ovalis de Schneider ; mais ce qui est vrai, c'est que Filzinger a rangé fort à tort dans son genre Zngys- toma, le Pipa lisse de Daudir, qui est véritablement un Dactylèthre. 742 BATRACIENS ANOURES. tout an plus la moitié de cette même longueur. Le museau, qui est tout à fait plat en dessous, s’avance un peu au-devant-de la bouche, dont la fente s'étend jusque sous l’aplomb du milieu de l’œil. Les narines s’ouvrent de chaque côté du museau, fort pres de son extrémité. Les yeux, qui sont très-peu proéminents, ont un diamètre égal à la moitié de l’étendue qui existe entre cha- cun d'eux et le bout du museau ; la pupille est circulaire. Les pattes antérieures sont trop courtes pour atteindre les aines, lorsqu'on les couche le long des flancs. Les membres postérieurs, portés en avant, dépassent l’extrémité terminale de la tête de la moitié de la longueur du quatrième orteil, 11 n’y a qu’un seul tubercule sous chaque plante, c’est la saillie produite par le pre- mier os cunéiforme, saillie qui est fort petite, ovale et légére- ment convexe. La surface entière de l’animal est complétement lisse. La peau offre une ride parfaitement marquée en travers de la nuque. CororaTIon. Ce petit Batracien présente deux modes de coloration bien distincts : tantôt toutes ses parlies supérieures sont d’une teinte marron, et les régions inférieures entiére- ment blanches (1); tantôt les premières sont colorées en brun ardoisé de bleuâtre, et les secondes marbrées où vermicu- lées, quelquefois même ponctuées de fauve et de brun roussâtre. Certains individus, peut-être les mâles , ont la gorge noire ; mais chez tous il existe à la face postérieure de la cuisse une raie ou une bande longitudinale blanchâtre ; fort souvent on remarque des taches de la même couleur dans les aines et sous les aisselles. Dimensions. Téte. Long. 1”. Tronc. Long. 3”. Memb. antér. Long. 1° 6°”. Memb. postér. Long. 4”. : Patrie. L’Engystome oyale habite l’Amérique méridionale ; nous possédons des sujets recueillis à Surinam par MM. Les- chenault et Doumere, et d’autres qui ont été envoyés de Buenos- Ayres, par M. d’Orbigny. (1) C'est d'après un semblable individu qu'a été faite la figure pu- bliée sous le nom d'Oxyrhincus bicolor , dans l'Iconographie du Règne animal , par Guérin. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. &. FNGYSTOME, %, 743 2. L'ENGYSTOME DA LA CAROLINE. Ængysloma Carolinense. Holbrook. Caracrëres. Un seul tubercule sous-tarso-métatarsien. Museau en angle obtus, arrondi au sommet. Peau lisse. Veux médiocres. Pas de raie blanche le long de la face postérieure de la cuisse. SYNonvmrE. Engystoma Carolinense. Holb. North. Amer. Herpet. vol. *, pag. 83, pl. DESCRIPTION. Formes. L’espèce d’Engystomes décrite dans l’article précédent appartient à à l'Amérique méridionale. E’Amérique septentrionale en produit deux autres que M. Holbrook paraît avoir confondues sous le nom d’Engystome de la Caroline, nom que nous con- servons à l’une d’elles , ou à celle que nous allons faire connaître ici, tandis que nous donnerons à l’autre, qui sera le sujet de l’article suivant, la dénomination de rugueuse, à cause des inégalités que présente la surface de sa peau. L’Engystome de la Caroline ressemble considérablement à l’Engystome ovale, à tel point qu’on ne peut guère l’en distin- guer qu’à ses formes plus trapues et à son museau distinctement plus court et plus obtus, mais néanmoins toujours arrondi au sommet, au lieu que celui de l’espèce suivante est bien évidem- ment tronqué. CoLorarion. On peut aussi signaler l’absence constante d’une bande blanche à la partie postérieure de la cuisse de l’Engystome de la Caroline , comme un caractère propre à le faire distinguer de l’Engystome ovale, chez lequel, au contraire, il en existe toujours une à cette région du membre abdominal. _ L’Engystome dela Caroline a ses parties supérieures uniformé- ment colorées en brun olivâtre ou marron, ou bien finement tachetées de noirâtre; les mêmes teintes, mais plus pâles et mélangées de gris et de blanc, se représentent sur les parties inférieures, où elles forment une sorte de marbrure. Quelque- fois la gorge et les flancs sont noirs, piquetés de blanc. Dimensions. Téte. Long. 8”. Tronc. Long. 1° 0°?. Memb. anter. Long. 1° 3°”. Memb, postér. Long. 3”. Parrie. Cette espèce ne se trouve, à ce qu’il paraît, que dans 744 BATRAUTENS ANOURES: les parties méridionales de l’Amérique du Nord; nous en possé- dons des échantillons recueillis en Géorgie, dans la Caroline du Sud , et à la Nouvelle-Orléans. 3. L'ENGYSTOME RUGUEUX. ÆEngystoma rugosum. Nobis. CARACTÈRES. Un seul tubercule sous-tarso-métatarsien. Museau en angle aigu, fortement tronqué au sommet. Peau rugueuse. Yeux médiocres. DESCRIPTION. Formes. Cet Engystome est encore plus ramassé, plus trapu que le précédent ; mais il en diffère principalement , ainsi que de l’Engystome ovale, en ce que sa tête est à proportion plus petite; que son museau, au lieu d’être arrondi au sommet, est fortement tronqué ou coupé carrément, et que, la tête exceptée, toute la surface de son corps offre de petites aspérités et de petits enfoncements vermiculiformes, semblables à ceux qu’on observe sur les carapaces desséchées des Chéloniens du genre Trionyx où Gymnopode. CoLoraTion. Son mode de coloration est à peu près le même que celui de l’Engystome de la Caroline ; seulement on remarque que le brun marron est la teinte qui règne le plus ordinairement sur les parties supérieures. DIMENSIONS. Téte. Long. 9”. Tronc. Long. 2”. Memb. antér. Long. 1° 2°”. Memb. postér. Long. 3”. PATRIE. L’Engystome rugueux est, comme le précédent, origi- naire des parties méridionales de l’Amérique du Nord. &. L'ENGYSTOME PETIT-OEIL. ÆEngystoma microps. Nobis. CaracTÈèrEs. Un seul tubercule sous-tarso-métatarsien, Museau en angle très-aigu. Peau lisse. Yeux extrêmement petits. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce ne provient pas de l'Amérique du Nord, comme les Engystomes rugueux et de la Caroline, mais des con- trées méridionales du nouveau monde, de même que lEngystome ovale, dont elle se rapproche plus que d'aucun autre. Cepen- PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. ENGYSTOME. D. 749 dant il est trés-aisé de la reconnaître à l’extrême petitesse et à la forme tout à fait pointue de sa tête, ainsi qu’à la grandeur considérablement moindre de ses yeux, qui ont tout au plus en diamètre le quart de l’étendue qui existe entre chacun d’eux et l'extrémité terminale du museau. Les membres de l’Engystome petit-œil sont aussi plus forts que ceux de l’Engystome ovale. Cororarion. En dessus, il est tout brun; en dessous, il est d’une teinte plus ciaire , irrégulièrement tachetée de blanchâtre. DIMENSIONS. Téte. Long. 1”. Tronc. Long. 2” 6”. Memb. anter. Long. 1”. Memb. postér. Long. 3” 37. Patrie. L’Engystome petit-œil habite le Brde Cest une nouvelle espèce dont nous devons la connaissance à M. Gaudi- chaud. 5. L'ENGYSTOME ORNÉ. Engystoma ornatum. Nobis. CARACTÈRES. Deux tubercules sous-tarso-métatarsiens. Museau en angle aigu, fortement tronqué et légèrement arrondi au som- met. Peau lisse. Yeux médiocres. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce est la seule du genre Engystome qui ne soit pas Américaine ; elle a pour patrie les Indes orientales. C’est avec l’Engystome rugueux qu’elle offre le plus de ressemblance par la conformation de la tête, qui est néanmoins plus petite , plus courte, et dont l’extrémité terminale surtout est considéra- blement plus obtuse. Aussi la forme de la tête de l’Engystome orné tient-elle un peu de celle des Crapauds; la bouche est même un peu plus grande que chez les autres Engystomes, c’est-à-dire qu’elle est fendue jusque sous l’aplomb du bord postérieur des yeux. Ceux-ci sont assez grands et distinctement proéminents. Les plantes des pieds offrent chacune deux tubercules mous- ses, un à la racine du premier orteil, et un autre sous le qua- trième métatarsien. Il y a comme un rudiment de membrane entre ces orteils; maissi court, qu’il faut beaucoup d’attention pour l’apercevoir. Pour ce qui est des autres détails de son organisation, l’En- gystome orné ressemble complétement à ses quatre congénères. CoLoraTION. Le dos est agréablement peint d’orangé et de 746 BATRACIENS ANOURES. noirâtre , celni-ci se détachant de celui-la en une large bande dont les denx bords sont festohnés. Une antre bande, mais d’un noir très-foncé et liserée de blanc à sa partie supérieure ; S'é- tend obliquementen travers de l’épaule, qu’elle dépasse en avant pour toucher à l'œil, et en arrière peur arriver presque jusqu’à l’aine. Les membres sont zébrés de noir sur un fond de couleur pareil à celui du dos. Le ventre est blanc, orné à droite et à gauche d’une série de points noirs qui s’avance sur la poitrine. La gorge elle-même est noïre et comme saupondrée de blanc. _Drrexsions. Téfe. Long. 5”. Tronc. Long. 2". Memb. antcr. Long. 1°. Memb. peser Long. 2” 87. ParTriE. Cette espèce de Bufoniformes Si bien colorée , a été trouvée à la côte Malabar par M. on ” X. GENRE. UPÉRODONTE. — UPERODON. Nobis (1). GaracrTères. Tête peu distincte du tronc; bouche petite. Langue grande, subcirculaire , entière, libre de chaque côté seulement. Des dents au palais. Tympan caché ; trompes d'Eustachi excessivement petites. Pas de parotides. Quatre doigts subcylindriques, com- plétement libres. Cinq du un peu déprimés, à moitié palmés ; deux tubercules sous-métatarsiens so- lides, comprimés. Apophyses transverses de la ver- itèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. Nous voici arrivés à un genre chez lequel la tête n’est pres- que plus distincte du tronc, tête qui est par conséquent fort courte et qui, au lieu de former une pointe en avant des yeux comme dans les Engystomes, est au contraire tout à fait arrondie. Le museau quoique fort court est encore bien (1) De vrepwa, oris palatum, le palais, et de odouc, odovroc, dens, dent. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G, UPÉRODONTE. 747 apparent, tandis que nous ne le verrons plus pour ainsi dire chez le genre qui va suivre immédiatement, celui des Bréviceps, dont les angles antérieurs des yeux se trouvent être presque de niveau avec l'extrémité terminale de la tête. L’ou- verture de la bouche est en rapport avec le volume de la tête, c'est-à-dire qu’elleest petite, ou de moïtié moins grande à proportion que chez le commun des Crapauds proprement dits. Cette houche est armée de quelques dents vomériennes disposées entre les arrière-narines, sur une rangée transver- sale assez courte et interrompue au milieu. À peine peut-on apercevoir les conduits gutturaux des oreilles, tantils sont petits. Les orifices internes des narines sont au contraire assez grands et de forme ovale oblique. La langue est circu- laire et entière ; elle adhère au plancher de la bouche dans toute sa portion médio-longitudinale, maïs elle est libre à ses parties latérales; cet organe est plus grand que ne sem- blerait devoir le comporter la cavité buccale, car il pénèé- tre jusqu’au fond du gosier. Vers le milieu du palais, en travers de la région sphénoïdale, il existe un petit repli, une saillie épaisse et crénelée , produite par la membrane qui tapisse la bouche, et dont l’apparence est telle, qu’au pre- mier aspect on croit voir un rangée de dents palatines. On retrouve quelque chose d’analogue dansle genre Plectropode. Les mâles sont pourvus d’un sac vocal, susceptible d’une assez grande extension, ainsi qu'on le reconnaît à la laxité de la peau de leur gorge, qui sous ce rapport ressemble à celle des individus du même sexe dans la Rainette vertecom- mune. Ce sac vocal communique avec la bouche, comme c’est l'ordinaire dans les Bufoniformes, par deux fentes lon- gitudino-obliques, situées l’une à droite l’autre à gauche, sous le bord de la langue, et tout près de la commissure des mâchoires | . Les Upérodontes ont encore d'assez grands yeux, tandis que nous allons voir ces organes devenir de plus en plus petits dans les genres suivants. Leurs narines ne s’ouvrent pas sur les parties latérales du museau , mais de chaque côté 748 BATRACIENS ANOURES. de sa face supérieure, un peu au-dessus du niveau de l'angle antérieur des paupières, qui sont bien développées. Il n’y a pas la moindre apparence de tympan à l'extérieur, et on ne voit pas non plus de glandes parotidiennes. Les membres, quant à leur longueur et à leur grosseur, présentent un développement qui n’est pas moindre quecelui des mêmes organes chez les Crapauds ordinaires; mais la jambe et le pied sont à vrai dire les seules parties des pattes postérieures qui soient distinctes, car la peau du corps est si large en arrière, que les cuisses s’y trouvent renfermées avec l'extrémité du tronc comme dans une sorte de sac. D'après cette disposition, on doit croire que les Upérodontes sont des Anoures encore bien moins sauteurs que les Cra- pauds. Le bras, ou plutôt la partie correspondante à l’hume- rus, est encore bien détachée du corps, ce qui n’existere plus dans le genre Breviceps, où le membre antérieur, à sa partie supérieure, est enfoncé sous la peau du tronc, jusqu’au coude Les doigts sont au nombre de quatre, et les orteils de cinq ; les uns et les autres offrent un léger aplatissement, mais il n'ya que les premiers qui soient complétement libres, les seconds étant réunis par une membrane dans la moitié de leur longueur. Le dessous du métatarse est armé de deux tubercules osseux, un petit et un grand, comprimés, à bortl tranchant, et un peu couchés en dehors, ce qui indique évi- demment que ces Batraciens sont des animaux fouisseurs , comme les Pélobates, les Scaphiopes et autres, chez lesquels on retrouve une conformation des pieds à peu près semblable, L'examen du squelette montre que la dilatation desapophyses transverses de la huitième vertèbre est en forme de palettes triangulaires et très-considérable. | Nous ne connaissons encore qu’une espèce qui puisse être rapportée au genre Upérodonte. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. UPÉRODONTE. 1. 749 1. L’UPÉRODONTE MARBRÉ. Uperodon marmoratum. Nobis. CARACTÈRES. Dos olivâtre, marbré de brun. . Synonyme. ? Rana systoma. Schneiïd. Histor. Amph. Fasc. 1, pag. 144. ? Rana systoma. Shaw. Gener. Zool. vol. 3, part. 1, pag. 171. ? Bombinator systoma. Mexr. Tent. Syst. Amph. pag. 178. Engysioma marmoratum. Cuv. Règn. anim. 2e édit. tom. 2, pag. 112. Engystoma marmoratum. Iconog. Règn. anim. Guér. Rept. PI. 27, fig. 3. ct Systoma Leschenauliu. Tschudi. Classif. Batrach. Mémoir. Soc. Scient. Nat. Neuch. tom. 2, pag. 86. DESCRIPTION. FORMES. On peut se faire une idée assez juste de l’ensemble des formes de l’Upérodonte marbré, en se représentant un Crapaud commun de moyenne taille, qui aurait tout le dessus du corps convexe , la tête très-petite et enfoncée entre les épaules presque jusqu'aux yeux, le museau trés-court et tout à fait arrondi, et les cuisses cachées, perdues pour ainsi dire, sous la peau fortement distendue de l’extrémité postérieure du tronc. La tête offre en arrière une largeur à peu près égale à sa lon- sueur totale, laquelle entre pour le quart environ dans l’étendue de l’animal, mesuré depuis le bout du museau jusqu'a l’orifice anal ; sa face supérieure est légérement convexe et assez déclive en avant ; ses côtés forment un angle obtus tres-fortement arrondi au sommet. Les yeux sont latéraux et proéminents; le diametre longitudinal de leur ouverture est égal à la largeur que présente le crâne entrelesorbites, ou, ce qui est la même chose, à la moitié de la longueur totale de la tête. La partie de celle-ci, quise trouve si- tuée en avant des yeux, est d’un tiers moins longue que la fente des paupières. Le museau est par conséquent trés-court, d’où il résulte que louverture de la bouche, qui s'arrête au-dessous du milieu de l’œil , est elle-même tres-peu considérable. Le bord de la mâchoire supérieure est simple, mais celui de la man- dibule présente deux entailles assez fortes, à sa région cor- respondante au museau. Les narines sont circulaires et situées 750 BATRACIENS ANOURES. positivement sur le milieu de la ligne qui va directement du coin de l’œil à l’extrémité du nez. Couchées le long du tronc; les pattes de devant s'étendent un peu au delà dés aines; celles de derrière, dirigées dans le sens opposé, dépassent le boutdu museau, de la moitié de la lon- gueur du quatrième orteil. Si les doigts n'étaient pas un peu déprimés , ils seraient cylin- driques , car ils ne sont pas pointus ; ils ont tous un léger ren- flement sous chacune de leurs articulations ; le premier s’insère un peu en arrière des autres , aussi est-il le plus court; après lui c’est le quatrième; vient ensuite le second; en sorte que c’est le_-troisième qui est le plus long des quatre. Les orteils sont dis- tinctement plus aplatis que les doigts, et se rétrécissent légére- ment en s’éloignant du tarse; comme la membrane qui les réu- nit est assez courte, et qu’elle l’est également entre eux tous, et que les quatre internes augmentent graduellement de longueur, tandis que l’externe est aussi court que le second; il en résulte que le premier est presque entiérement engagé dans cette mem- brane, mais que le second, ainsi qué le cinquième, ne l’est que dans là moitié de son étendue , le troisième dans le tiers et le quatrième dans le quart seulement. Les deux pièces osseuses en forme de plaques tranchantes et un peu couchées en dedans qui arment la région sous-métatar- sienne sont placées obliquement à la suite l’une de l’autre; la première ; qui est la plus forte, est presque aussi longue que le second orteil et située sous le preïhier métatarsien; la se- conde, qui est deux fois plus petite, est placée à la racine des deux premiers métatarsiens. On pourrait considérer la peau comme étant partout par- faitement lisse, si l’on ne voyait éparses sur le dessus du tronc un certain nombre de verrues glanduleuses d’un assez grand diamètre relativement à la grosseur de lPanimal, mais fort peu saillantes ou à peine convexes. CoLorATIoN. Les parties supérieures de ce Batracien présentent sur ün fond olivâtre après la mort, peut-être vert pendant la vie, d'énormes taches brunes plus ou moins allongées, plus où moins élargies, mais toutes confluentes où s’anastomosant di- vérsement , de manière à former une sorte de marbrure, Toutes les régions inférioures sont blanches, excepté éependant chez les males, dont la gorge est colorée en noir. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. UPÉRODONTE. I. 71 Dimensions. Téte. Long. 1” 8”. Tronc, Long. 4” 8”, Memu. antér, Long. 3” 5°”. Memb. plftér. Long. 6” 2”. Patrie, Cette espèce a été décôuvérte par M. Leschenault ;4 Montavalle, dans l’intérieur de la Péninsule de l’inde. Observations. Nous n’osons pas aflirmer que la ARana systoma de Schneider soit positivement la même espèce que notre Upé- rodonte marbré ; mais nous croyons bien qu’elle en est beau- coup plus voisine que le Breviceps gibbosus, auquel la plupart des auteurs l’ont rapportée. Nous nous fondons pour céla sur cé que Schneider dit positivement : 1° que sa Rana systoma à les orteils réunis par une courte membrane, ce qui est effectivement le cas de notre Upérodonte marbré , et non celui du Bréviceps bossu ; 20 qu’elle est marbrée de brun en dessus, mode de coloration qui se retrouve chez l’Upérodonte et non chez lé Bréviceps. D’un autre côté il nous semblé que Schneidér, qui à si justement fait remarquer que les cuisses de sd Rana sys5loma sont cachées sous la peau du tronc, n’aurait pas omis de signaler que la même chose existait pour le haut du bras, si c’eñt été un Bréviceps qu'il décrivait ; or l’Upérodonte a le bras libre dans toute sa lon- güeur ; puis la patrie de cette espèce est la même que celle de la nôtre ; enfin, pour qui sait apprécier le talent d'observation qui se montre à chaque page dans les écrits de Schneider, il est évi- dent que cet habile naturalisté, qui a décrit d’après nature ét sa Rana breviceps et sa Rana sÿstoma, ne les aurait pas séparées si elles n’eussent été des espèces différentes. 752 BATRACIENS ANOURES. XI: GENRE. BREVICEPS (1). — BREVICEPS Merrem. (Engystoma, en part. Fitzinger ; systoma, Wagler, Tschudi.) Caracrères. Tête complétement confondue avec le tronc; pas de museau distinct; bouche très-petite. Langue ovale, entière, libre à son extrémité pos- térieure. Pas de dents au palais. Tympan caché; trompes d’Eustachi excessivement petites. Pas de pa- rotides. Les cuisses et les bras proprement dits non distincts extérieurement. Quatre doigts et cinq or- teils tout à fait libres ; deux tubercules sous-métatar- siens. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Une vessie vocale sous-gulaire chez les mâles. Le Phanéroglosse qui a donné lieu à l'établissement de ce genre est sans contredit un des plus singuliers: du ea die des Batraciens Anoures : ce qui Le rend tel, c’est, nous dirions presque , l’imperfection de sa structure externe , laquelle , par comparaison avec celle généralement compliquée dans sa forme et dans ses détails qui nous est offerte par les autres Reptiles de la même division, ne semble réellement être qu’une sorte d’ébauche. En effet, la conformation des Bréviceps considérés ex- térieurement, est si simple que l’ensemble de ces animaux peut être défini, une petite masse ovoïde, un peu aplatie en dessous, à l’extrémité rétrécie de laquelle on ne reconnait 0 (1) Caput breve, tèle courte. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES, G. BREVICEPS. 799 l'existence de la tête, tant elle est peu distincte du corps, qu’à la présence de deux petits yeux latéraux et d’une petite fente transversale qui est l'ouverture de la bouche ; puis du tronc sortent brusquement à droite et à gauche, assez loin l’un de l’autre, deux membres grossièrement confor- més et en apparence incomplets, car à celui de devant, on ne distingue que l’avant-bras et la main, et à celui de derriére que la jambe et le pied ; la mème peau qui recouvre Je tronc renfermant aussi comme dans une sorte de sac, le bras proprement dit et la cuisse. La tête des Bréviceps est non-seulement remarquable par sa petitesse relativement au volume du corps de ces Ba- traciens , mais encore par la brièveté considérable du mu- seau ; ce qui fait qu'elle a l’air d’avoir été tronquée per- pendiculairement coupée ou immédiatement au-devant des yeux, et qu'ici, la face est plus courte que chez aucun autre Reptile, et nous pourrions même dire aussi aplatie que chez certains mammifères quadrumanes. Les yeux, bien que situés sur les parties latérales de la tête, sont dirigés obliquement en avant; les narines sont percées sous le bout même du museau à une petite distance l’une de l’autre. La bouche est fort petite, attendu que ce dernier est trés-court et qu'elle n’est pas fendue au delà de l'œil ; le palais est comme les mâchoires tout à fait dépourvu de dents; la langue est assez grande, ovalaire, entière et libre seulement à son extrémité postérieure ; comme elle s'enfonce assez profondément dans le gosier et que l'ou- verture buccale est très-étroite, on ne peut la voir entiè- rement qu’en élargissant celle-ci à l’aide d’un instrument tranchant. : Extérieurement , il n’y a pas la moindre apparence d’o- reilles. Les parties latérales de la nuque n'offrent pas de glandes parotidiennes. Les doigts et les orteils, ceux-ci au nombre de cinq, ceux- la au nombre de quatre, sont presque cylindriques et par- faitement séparés les uns des autres. Sous la région méta- REPTILES ; VIN. 48 754 BATRACIENS ANOURES. tarsienne , il existe un tubercule, en outre de celui un peu allongé et comprimé qui est produit par la saillie que fait au-dehors le premier os cunéiforme. Dans ce genre, comme chez les précédents , la huitième vertèbre a ses Aou RE transverses très-dilatées, mais beaucoup plus en long qu’en large; leur forme est triangu- laire. A Nous n’avons pas pu reconnaître l’existence d’une vessie vocale chez les mâles. Le genre Breviceps, appelé Systoma par Wagler et par M. Tschudi ne doit encore renfermer aujourd’hui ie la seule espèce pour laquelle il a été créé par Merrem, c’est-à- dire la Rana gibbosa de Linné ou la Rana breviceps de Schneider ; car la Rana systoma de ce dernier auteur, re- gardée par Wagler et par M, Tschudi comme spécifiquement semblable à la Rana gibbosa , nous paraît être au contraire un Batracien tout différent et peut-être de la même espèce que notre Upérodonte marbré, décrit dans l’article précé- dent. Merrem, en signalant son genre Breviceps comme ayant des dents aux mâchoires, a commis une erreur; car il est bien évident que le Breviceps gibbosus n’a de dents sur au- cuue partie de la bouche ; ainsi M. Tschudi s’est également trompé à l’égard de cette espèce dont il a fait le type de son genre Systoma, auquel il donne entre autres caractères, celui d’avoir des dents palatines. | 1. LE BRÉVICEPS BOSSU. Breviceps gtbbosus. Merrem. CARACTÈRES. Dos granuleux, de couleur brune, offrant une Jongué bande fauve, déntelée sur ses bords. SYNONYME. Rana rubeta Africana. Séb. tom. » , pag. 37, fig. 3. Rana palmis tetradactylis, etc. Linn. Amænîit. Acad. tom. 1, pag. 286. Bufo acephalus. Klein. Quad. disposil. pag. 121. Rana gibbosa, Linn. Mus. Adolp: Freder. pag: 48. Raña giblosa. Linn. Syst. nat. édit, ro, tom. 1; pag. 211. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. BRÉVICEPS. 1. 755 Rana corpore ventricoso , ete. Gronov. Zoophyl. pag. 15. Rana gibbosa. Linn. Syst. nat. édit. 12, tom. 1, pag. 355. Bufo gibbosus. Laur. Synops. Rept. pag. 27. Bäna gibbosa. Gmel. Syst. nat. fLinn. tom. 1, Pars, 117, Pag: 1047. Le Crapaud bossu. Daub. Dict. anim. pag. 594. Le Crapaud bossu. Lacép. Hist. quad. ovip. tom. 1, pag. 599. Le Crapaud bossu. Bonnat. Encyclop. méth. pag. 17, pl. 6, fig. 7. Eine breviceps Schneid. Hist. Amph. Fasc. 1, pag. 140. Rana breviceps. Shaw. Gener. 2001. vol. 3, part. 1; pag. 170, pl. 52: Le Crapaud bossu. Latr. Hist. Rept. tom. », pag. 119, fig. 3. Bufo gibbosus. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 80 nt 293 fig. x etpl. 35, fig. 2. Bufo gibbosus. Id. Hist. Rept. tom. 8, pag. 158. Breviceps grhbosus. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 178. Engystoma g1bbosa. Fitzing. Neue classif. Rept, pag. 65. Engystoma dorsatum. Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom. 2, p. 112. Engystoma granosum. Id. loc. cit. Breviceps gibbosus. Gravenh. Delic. du Zool. Vratilav. Fasc. 1, Amph. pag. 69. Spore (Breviceps gibbosus.Merr.). Wagl. Syst. Amph. pag. 205. Systoma breviceps. Tschudi Classif. Batrach. Mém. Sociét, Scienc. nat. Neuch. tom.2, pag. 86. DESCRIPTION. Formes. Cette espèce, ainsi qu’on a voulu l’indiquer par sa double dénomination de Bréviceps bossu, a la tête excessivement courte et le dos fortement bombé , deux particularités qui peu- vent, il est vrai, la faire reconnaître au premier aspect, mais qui, peut-être, né sont pas aussi caractéristiques que la ressemblance, sans doute un peu éloignée, que présente sa face avec celle des petits singes appelés Sajous. En effet, cette face du Bréviceps bossu , assez large et assez haute , et nullement proéminente en Dent , présente au milieu un pètit museau arrondi , au-dessus duquel le convexité du crâne simule un front bas et fuit en arrière; la bouche, qui se trouve immédiatement au-dessous , est fort petite, et les yeux, bien que placés sur les côtés, sont dirigés obliquement en avant. Ces derniers organes, ou plutôt le 48. 756 BATRACIENS ANOURES. diamètre longitudinal de leur ouverture, est d’un tiers moindre que la largeur du front. Les narines, qui ressemblent à deux petits trous percés avec la pointe d’une aiguille, sont tout à fait au bout du museau, un peu écartées l’une de l’autre. La fente de la bouche , dont les deux angles sont un peu abaissés, décrit une portion de cercle. Les mâchoires sont simples. Les membres, déjà fort courts par le fait, paraissent l’être plus qu’ils ne le sont réellement, attendu que les pectoraux ont leur partie supérieure , à partir du coude ou un peu au-dessus , et les abdominaux leur cuisse tout entières cachées sous la peau à dans laquelle le corps est renfermé comme dans un sac; aussi n’ont-ils que des mouvements très-bornés; les jambes ne peu- vent s'étendre qu’en arrière , et les bras qu’en avant et un peu latéralement. Les doigts sont à proportion moins courts que les orteils; le dernier est le plus petit des quatre que l’on compte à chaque main; après lui c’est le premier, qui n’est pas tout à fait aussi long que le second, lequel l’est moitié moins que le troisième ; la jambe proprement dite, qui est très-grosse, n’est pas plus longue que l’avant-bras; le tarse et le métatarse réu- nis ont à peu près la même longueur; les quatre orteils internes sont étagés , et le cinquième est tout aussi court que le premier. Le tubercule allongé ou ovalaire , légèrement comprimé , que nous considérons comme l’analogue du premier os cunéiforme , -s’étend tout le long du dessous du métatarsien externe, et un peu obliquement; en dedans de son extrémité postérieure est un autre tubercule moins fort, légérement convexe , et presque cir- culaire. La peau du Bréviceps bossu est généralement lisse, quelquefois pourtant elle ne semble semée de granules assez fins. CozoRATION. En dessus, ce Batracien offre une couleur rous- sâtre, qui devient noirâtre sur les côtés du dos, dont la région moyenne porte dans toute sa longueur une large bande fauve à bords profondément dentelés ; puis on voit une raie blanche qui coupe également par le milieu cette bande fauve, d’un bout à l’autre. Il existe sous chaque œil une tache noire qui se pro- Jonge quelquefois jusque fort près du bras. Toutes les régions inférieures sont d’un blanc fauve ou roussâtre. Les sujets qu’on a décrits comme presque entièrement blan- châtres avaient été décolorés par leur long séjour dans la liqueur alcoolique. PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. RHINOPHRYNE. 757 Dimensions. Téte. Long. 1”. Tronc. Long. 3” 8”. Avant-bras et mains. Long. 2”. Jambes et pieds. Long. 2? 8”. ParRiE. Le Bréviceps bossu habite l’Afrique australe ; les sujets que nous possédons ont été recueillis par Delalande, aux envi- rons du cap de Bonne-Espérance. Observations. L’Engystoma granosum de Cuvier est tout simple- ment un Bréviceps bossu, sur la peau duquel la contraction de son tissu, causée par la liqueur trop forte dans laquelle l’animal a été plongé, a fait naître de petites saillies qui ont rendu sa surface tout à fait rugueuse. XIIe GENRE. RHINOPHRYNE (1). — RAAINO- PHRY NUS. Nobis. Caracrëres. Tête très- petite, confondue avec le tronc, formant comme un petit boutoir aplati en avant. Langue? Pas de dents au palais. Tympan caché ; trompes d'Eustachi excessivement petites. Pas de parotides. Membres très-courts, très-épais , ter- minés par quatre doigts réunis à leur racine seule- ment, et par cinq orteils palmés, dont le premier est comprimé comme Île premier os cunéiforme , et garni d’une enveloppe cornée marquée de stries transver- sales. Apophyses transverses de Îa vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Les Rhirophrynes ont la tête encore plus petite et moins distincte du tronc queles Bréviceps; cette tête, au lieu d’être tronquée immédiatement en avant des yeux, comme chez ces derniers, offre au contraire un grand museau déprimée, mais à surface convexe et dont les côtés forment un angle aigu fortement arrondi au sommet (2). Les yeux paraissent être (a) De pr, nez, et de opuvss, Crapaud. (2) Le Rhinophryne à raie dorsale, représenté sous le n° 2 de notre planche gt, a le museau beaucoup trop pointu. 758 BATRACIENS ANOURES. situés en dessus plutôt que surles côtés, ce quitient à ce que la tête, quoique légèrement convexe à sa face supérieure, est réellement aplatie. On ne voit ni tympan, ni parotides. La peau qui enveloppe le corps des Rhinophrynes est bien plus ample, bien plus distendue que chez les Bréviceps ; tellement que l'espèce de sac qu'elle constitue renferme les membres avec le tronc, non pas seulement jusqu’au dessus du coude et jusqu au genou, de même que dans le genre précédent, mais presque jusa au poignet et jusqu’ au. delà du talon, Les pattes elles-mêmes sont excessivement courtes , plus courtes que dans aucun autre Batracien Anoure; celles de devant se terminent par quatre doigts que réunit à leur base une très-courte membrane ; et celles de derrière présentent chacune cinq orteils palmés, dont l’interne est revêtu d’un étui cartilagineux, un peu comprimé, marqué de stries trans- versales; un étui semblable à celui-là, mais plus grand, pro- tége la saillie que fait au dehors le premier os cunéiforme, la seule au reste qui existe sous la région métatarsienne, Les apophyses transverses de la vertèbre sacrée sont dilatées en palettes triangulaires, mais un à un degré moindre que dans les Bréviceps. 1. LE RHINOPHRYNE A RAIE DORSALE. Rhinophrynus dorsalis. Nobis. (Voyez PI. 97, fig. 2 et 2 a.) CaracrÈRESs. Dos brun, coupé longitudinalement par une raie jaune. DESCRIPTION. ForMEs. Un gros corps rectangulaire, plat en dessous, exces- sivement bombé en dessus , ayant à cheque angle une patte très- courte et grossièrement conformée, puis en avant une très- petite tête considérablement déclive, convexe et rétrécie en angle aigu, fortement arrondi au sommet, telle est à peu prés l'idée qu’on se peut faire de-l’ensemble des parties du Rhino- phryne à raie dorsale. La tête n’est réellement distincte qu’à partir des yeux. Ceux-ci PHANÉROGLOSSES BUFONIFORMES. G. RHINOPHRYNE, L. 759 paraissent situés en dessus, à cause de la convexité du crâne ; mais, en réalité, ils sont latéraux comme dans tous les autres Anoures ; ils sont trés-petits, plus petits même à proportion que chez les Engystomes, mais également protégés par des paupières bien conformées. L’intervalle qui sépare ces organes de la vision est grand, c’est-à-dire égal à la distance qu’il y a entre chacun d’eux et l'extrémité terminale de la tête. Cest sur le milieu du chanfrein, à. égale distance du bout du museau et d’une ligne transversale supposée tirée du coin antérieur d’un œil à l’autre, que s'ouvrent les narines; elles ressemblent à deux très-petits trous ovalaires qu’un espace égal à la longueur de la paupière supérieure sépare l’un de l’autre. Les angles de la bouche se trouvent sous leur aplomb, comme dans les Bréviceps ; mais néanmoins la bouche est pius grande que chez ces dérniers ; car le museau des Rhinophrynes est beaucoup plus long que le leurs.t or s 11 n’existe certainement pas de dents au palais, mais nous ignorons quelle est la forme de la langne , car cet organemanque chez le seul Rhinophryne que nous ayons encore été dans le cas d'observer. Cette espèce a les doigts légérement aplatis, très-courts et peu inégaux ; le premier est le moins long ; le troisième est celui qui l’est le plus; le second et le quatrieme offrent la même lon- gueur ; ils sont retenus entre eux à leur base par une membrane excessivement courte et fort épaisse. Tous sont lisses en dessous ; il y a un petit tubercule arrondi au milieu de la paume, etunautre très-gros ovalaire placé en long à la face inférieure du poignet. Le pied est fort épais; les orteils sont tout à fait plats et pointus ; à l'exception du quatrième, qui est le plus long et dont la moitié terminale est libre, ils sont tous engagés dans une membrane épaisse, qui n’en laisse voir que la pointe ; 1is vont en se raccour- cissant graduellement à partir du quatrième jusqu’au premier , que le cinquième n’excède pas beaucoup en longueur; ce même premier orteil offre cela de remarquable qu’il est revêtu d’un étui cartilagineux ou d’apparence cornée, ayant une forme allongée et un peu comprimée, et dont la surface est creusée de petits sillons transversaux. Le premier os cunéiforme, qui fait saillie au dehors, est semblable à celui des Pélobates, quant à sa forme , qui est celle d’une lame épaisse et à tranchant mousse et un peu cintré ; il est situé obliquement à la suite du premier 760 BATRACIENS ANOURES. orteil, et il est enveloppé comme lui d’une couche cartilagineuse, striée en travers. On ne voit ançun petit renflement sous les pha- langes ni sous lés métatarsiens. La peau est unie sur toute la périphérie de l’animal. CoLoraTion. Un brun verdâtre est répandu sur les parties supérieures, tandis qu'une teinte blanechätre règne sur les régions inférieures. Une raie d’un blanc jaunâtre s’étend sur le milieu du corps, depuis le bout du museau jusqu’au coccyx; on voit quelques marbrures de la même couleur sur les côtés du tronc. Dimensions. Téte. Long. 1” +”. Tronc. Long. 3” »””. Longueur du bras, depuis le coude jusqu’au bout du troisième doigt 1” 6”. Longueur de la jambe, depuis le genou jusqu’au bout du qua- trième orteil 3” 8”. PATRIE. Ce Batracien est originaire du Mexique; l'unique exemplaire que renferme notre Musée a été ÉRQNE de la Vera- Cruz par madame Salé. PHRYNAGLOSSES PIPÆFORMES. 761 Ie GROUPE. PHRYNAGLOSSES. FAMILLE DES PIPÆFORMES. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR CETTE ‘FAMILLE ET SUR SA DISTRIBUTION EN GENRES. Ce second groupe du sous-ordre des Anoures est appelé Phrynaglosses, parce que les espèces qu'il ren- ferme sont complétement dépourvues de langue, tandis que cet organe existe, avec un plus ou moins grand degré de développement, chez toutes celles qui appartiennent au premier groupe, nommé à cause de cela Phanéroglosses. Mais les Phrynaglosses présentent une autre par- ticularité qui peut encore aider à les distinguer de ces derniers, particularité qui consiste en ce que les oreilles ne communiquent avec l’intérieur de la bouche que par une seule ouverture située au milieu et à la partie postérieure du palais ; au lieu que dans les Pha- néroglosses les trompes d'Eustachi ont chacune leur orifice bien distinct et placé latéralement, très-sou- vent l’un fort éloigné de l’autre. Le groupe des Phry- naglosses ne se compose que d’une seule famille dans laquelle il n'entre que deux genres, qui eux-mêmes ne comprennent chacun qu’une espèce. L'une de ces deux espèces, le Dactylèthre du Cap, est assez nou- vellement acquise à la science; l’autre, le Pipa est au contraire un des Batraciens les plus anciennement connus, en même temps que des plus célèbres par la singularité que présente son mode de reproduction dans plusieurs de ses détails. 762 BATRACIENS ANOURES. GENRE. DACTYLETHRE. — DACTI- . LETHRA (A). Cuvier. (Leptopus, Mayer; Aenopus, Wagler.) Caractères. Tête aplatie, arrondie en avant Des dents à la mâchoire supérieure, maïs pas au palais. Fympan caché; orifice unique des trompes d'Eustachi grand , sub-circulaire, situé au milieu et à la partie postérieure du palais. Pas de parotides. Quatre dois ts EOE &e ; pointus, complétement libres. Cinq sul de même forme que ceux-ci, mais entièrement et très- largement palmés, et les QUE premiers ayant leur extrémité ‘terminale garnie d un étui conique et corné qui l’emboîte à la manière d'un dé à coudre. À pophyses transverses de la vertèbre sacrée élargies en . palettes triangulaires. Les Dactylèthres ont le port des Raniformes du genre Pseudis et des espèces de Greriouilles qui s'en rapprochent le plus, ‘telles que la Rana cutipora et la Rana Leschenaulti, par exemple. : ce sont par conséquent des Anoures de moyenne taille, à corps aplati, à tête peu distincte du tronc, plus déprimée que celui-ci-et fortement arrondie en avant ; à membres antérieurs faibles , grêles , et à membr es posté- rieurs au contraire très-robustes , pourvus de membranes natatoires très-développées , ayant en un mot une str ucture qui annonce que ce sont de puissants or ganes ‘de natation. ‘Il n'existe certainement pas de langue chez les Dactylè- thres: &’est un’ or sañe qui leur manque complétement; à moins qu'on ne Véuile considér ér comme tel un grand (1) Auxruarlpa, dé à coudre. PHRYNAGLOSSES PIPÆFORMES, G. DACTYLÈTHRE. 765 disque formé par la peau un peu épaissie qui lapisie le plan- cher inférieur de la bouche, disque qui n’est réellement distinct que par le petit repli rentrant qui en dessine la cir- conférence ; dans tous les cas, ce serait loin d’être, comme M. Cuvier l’a dit, « une langue oblongue, charnue et fort grande , attachée au fond de ‘= gorge ; » ils présentent aussi cette autre particularité fort remarquable de n’avoir qu’un orifice commun pour la communication des oreilles par les trompes d’Eustachi avec la bouche, orifice qui est grand, à peu près circulaire, et situé à l'extrémité postérieure de larégion sphénoïdale, c’est-à-dire tout à fait en arrière et au milieu du palais. Extérieurement , il n’y a pas la moindre trace d’organe de l’ouïe, Les narines traversent le bout du museau presque perpendiculair ement ; leurs ouvertures in- ternes, aussi bien que les externes, sont allongées « en travers et placées à côté l’une de l’autre, séparées par un assez petit espace; mais celles-ci sont plus petites que celles-là et gar- nies d’une petite membrane à leur bord postérieur. La mâ- choire supérieure de ces Phrynaglosses est armée de petites dets coniques , semblables à celle des Phanéroglosses Rani- formes et Hylæformes. Les Dactylèthres ayant la tête fort aplatie quoique dis- tinctement convexe en-dessus, leurs yeux se trouvent être , comme on le dit, verticaux ou a peu près verticaux , c’est- à-dire placés de manière à recevoir presque perpendiculai- rement les rayons lumineux. Maloré cela leur paupière su- périeure est très-courte et nullement susceptible de s’abais- ser sur l’œil pour le recouvrir ; l’inférieure , transparente en partie, comme à l'ordinaire , est seule chargée de cet office en s’élevant vers le bord supérieur. Ainsi que nous l’avous déjà dit plus haut, les dns paires de membres sont en disproportion pour la Lu et la gran- deur, les pattes de devant étant assez courtes et assez min- ces , tandis que celles de derrière sont très-longues et très-for- tes, Celles-ci sont aussi les seules qui soient bien conformées pour le nager; car les cinq orteils qui les terminent, au lieu 764 BATRACIENS ANOURES: d’être libres ou séparés les uns des autres comume les doigts, sontréunisentre eux jusqu’à leurextrémité par unememhrane excessivement large et très-extensible. Les doigts sont coni- ques, très-effilés , pointus et à peu près égaux ; ils se carac- térisent encore par leur mode d'insertion, qui se fait sur une seule et même ligne transversale ; en sorte qu’ils ne sont pas plus profondément fendus l’un que l’autre. Les orteils sont longs, très-forts et légèrement déprimés; ils vont en augmentant de longueur à partir du premier jusqu’au qua- trième, et le cinquième est aussi long que celui-ci, maïs le second et le troisième sont un peu moins profondément fen- dus que les trois autres. Les trois premiers offrent ce singu- lier caractère d’avoir leur pointe enfoncée dans un petit étui conique , une sorte de petit sabot de substance cornée , em- boîtant cette pointe à la manière d’un dé à coudre , d’où le nom de Dactylèthre donné par G. Cuvier à ces singuliers Batraciens. IL est important de noter qu’il n’existe pas un seul tuber- cule ou renflement quelconque aux paumes, ni aux plan- tes, ni à la face inférieure des doigts et des orteils , ce qui est une exception rare chez les Anoures. Nous croyons que les mâles manquent de sac vocal, aussi bien que les femelles. Le squelette des Dactylèthres se rapproche de celui des Pipas, plus que d'aucun autre Batracien Anoure. On y compte de même dix vertèbres , dont les deux dernières , ou celles appelées pelvienne et coccygienne , sont articulées l’une avec l’autre d’une manière fixe, et confondues la- téralement par la réunion de leurs apophyses transverses (car ici comme chez le Pipa le coccyx a desapophyses trans- verses aussi bien que les vertèbres précédentes) qui forment une énorme palette triangulaire plus longue que large , la- qu'elle s’appuie sur les deux branches des os du bassin. Comme chez le Pipa aussi , les apophyses transverses de la huitième, de la septième et de la sixième vertèbre sont courtes, pointues et dirigées obliquement en avant ; celles PHRYNAGLOSSES PIPÆFORMES. G. DACTYLÈTHRE. 1. 700 de la cinquième sont également pointues, courtes, mais dirigées transversalement. Celles de la quatrième et de la troisième sont fort longues, légèrement arquées et tournées en arrière; celles de la seconde sont courtes , élargies en de- hors et placées dans la direction transversale du corps; mais ce qui n’est plus, comme dans le Pipa, c’est que la première vertébre, au lieu d’être confondue avec la seconde, en est bien distincte, bien séparée, ou plutôt elle ne s’y articule pas d’une manitre absolument fixe. Bien que ce genre portât déjà les noms de Zeplopus et de Xenopus avant que M. Cuvier lui eût donné celui de Dactylethra , nous avons adopté ce dernier préférablement aux deux autres, parce qu'il semble avoir prévalu aujour- d’'hui. 1. LE DACTYLÈTHRE DU CAP. Dactylethra Capensis, Cuvier. ( Voyez PI. 92 , fig. 1 etra«). CARACTÈRES. Parties supérieures d’un brun cendré , veiné de noirätre. Synonymie. Bufo levis. Daud. Hist. nat. Rain. Gren. Crap. pag. 85, pl. 30, fig. 1. Bufo levis. Ki. Hist Rept. tom. 8, pag. 171. Pipa levis. Merr. Tent. Syst. Amph. pag. 180 000 Pipa Bufonia. Yd. loc. cit. n° 3. Leptopus oxydactylus. Mayer. Anal. pag. 34. Engystoma levis. Fitz. Neue Classif. Rept. pag. 40. Dactylethra Capensis. Cuv. Mus. Paris. Xenopus Boiei. Wagler. Isis (1827). pag. 726. Dactylethra Capensis. Cuv.Règn.anim. 2e édit. tom. 2, pag. 107, pl. 7, fig. 3. Xenopus Boiei. Wagl. Syst. amph. pag. 199. Dactylethra Boiei. Tschudi. Classif. Batrach. Mém. Sociét. scienc nat. Neuch. tom. 2, pag. 90. 766 BATRACIENS ANOURES. DESCRIPTION. Formes. La tête et le tronc du Dactylèthre du Cap offrent en- semble dans leur contour horizontal , la forme d’un ovale assez allongé, tronqué en. arrière, c’est-à-dire à l’endroit où se fait l'insertion des membres postérieurs. L’une ét l’autre sont assez fortement déprimés , mais néanmoins distinctement convexes en dessus, tandis qu’ils sont parfaitement plats inférieurement. La tête est un peu moins étendue en long qu’en travers ; sa lar- geur , entre les yeux , est le tiers de sa longueur totale. La mâchoire supérieure , au lieu d’être verticale, est au contraire un peu penchée en devant; de sorte que l’ouverture de la bou- che se trouve placée un peu sous le museau, dont les côtés forment un angle obtus fortement arrondi au sommet. Cest positivement à l’extrémité de celui-ci et en dessus que sont si- tuées les narines, à peu de distance l’une de l’antre. Le diamètre de l’ouverture des yeux est égal à la moitié de l’intervalle qui les sépare l’un dé l’autre. Les membres antérieurs sont d’un tiers moins longs que le tronc. La main offre la même longueur que l’avant-bras, le bras est d’un quart plus court ; le quatrième doigt n’est pas tit a fait aussi long que le premier etle troisième , qui sont eux-mêmes à peine plus courts que le second. Étendus le long du tronc, les membres postérieurs dépassent le bout. du museau de la lon- gueur du quatrième orteil; les cuisses sont trés-fortes et les jambes bien musclées ; le tarse est d’un tiers moins long que celles-ci , mais les orteils ont la même longueur que la jambe et le tarse, lorsqu'ils sont écartés les uns des autres ; la largeur de leur palmure est presque égale à la moitié de la longueur du membre tout entier. Il m’existe sur les parties supérieures du corps aucune de ces verrues slandulenses comme on en voit chez la plupart des Batraciens Anoures ; mais on observe de petites lignes transversales de cryptes, qui forment un cercle sur les paupières , tout autour de l’œil, et une série longitudinale de chaque côté du corps depuis ce dernier jusqu'au coccyx. Sur toute la région inférieure de Panimal , la peau est parfaitement lisse. Cororarion. En dessous , le Dactylèthre du Cap est {oujours blanc; en dessus , il offre lantot une teinte brune, taulot une PHEYNAGLOSSES PIPÆFORMES. G. PIPA. 767 teinte roussâtre , tantôt une couleur cendrée , avec ou sans pe- tites taches blanchâtres ; mais on y voit généralement des veinu- les noirâtres , ou d’un brun trés-foncé. Dimensions. Zéte. Long. »” 5°”? Tronc. Long. 3” Membr, anter. Long. 4” 2°” Membr.postér. Long. TT OU. Parrie. L'Afrique australe est la patrie dede Batracien Anoure, qu’on trouve assez communément aux environs du cap de Bonne-Espérance. Notre musée en renferme nn certain nombre d'échantillons qui proviennent des récoltes faites en ce pays par notre zélé et habile collecteur Delalande. : Ile GENRE. PIPA. — PIPA (1) Laurenti. : pp , Mayer ; Asterodactylus ; Wasler ; “0 Tschudi.) Garacrères. Fête courte; large, très-aplatie, trian- gulaire. Pas de dents aux mâchoires ni au palais. Tympan caché ; orifice unique des trompes d’Eustachi excessivement pelit, situé sur la ligne médiane du palais à peu près au milieu. Pas de parotides. Quatre doigts complétement libres, coniques, divisés en quatre petites branches à leur extrémité terminale. Cinq orteils coniques aussi, mais non divisés à leur pointe et entièrement palmés. Apophyses transverses de la vertèbre sacrée dilatées en palettes triangulaires. Les Pipas sont des Anoures à tronc rectangulaire ; forte- ment aplati;pôrtânt en avant, confondue avec lui, une tête très-mince dont les côtés; dès leur naissance, se rap- -prochent l’un de l’autre pour former un grand angle obtus au sommet duquel sont situées latéralement deux. narines FAST | PAT À à un D PARA ANT SOUS RE ES TAN the DER S 7 (1) Nom du pays. On l'appelle aussi Yon. 768 BATRACIENS ANOURES. tubuleuses. Aux quatre angles de ce tronc s’insèrent les pattes dont les postérieures sont beaucoup plus fortes et plus srandes que les antérieures , celles-ci étant d’ailleurs égalementet profondément divisées en quatre doigts coniques assez grêles, celles-là terminées au contraire par une énorme membrane natatoire que soutiennent dans son épaisseur cinq gros et longs orteils arrondis et pointus. Les Pipas n'ont point de langue et manquent compléte- ment de dents au palais, aussi bien qu'aux mâchoires, qui sont tout à fait aplaties. Extérieurement, on ne leur voit aucune trace d’organe de l’audition, et à l’intérieur de la bouche il n'existe qu'un seul orifice commun, excessive- ment petit, auquel aboutissent les trompes d’Eustachi ; cet orifice, dans lequel on pourrait à peine introduire la pointe d’une grosse épingle , est situé à peu près au milieu et sur la ligne médiane de la voûte palatine. Les yeux sont d’une petitesse extrême; tellement qu'ils n’ont même pas la grosseur d’un grain de chènevis chez les individus d’une taille presque égale à celle du Crapaud Agua adulte. Les paupières, que nous avons toujours. vues bien développées, sont réduites ici à un simple rudiment qui laisse le devant du globe de l’œil complétement à découvert, de la même manière que cela s’observe chez les Sauriens des genres Abléphare et Gymnophthalme. Les narines, prolongées chacune extérieurement en un petit tube cutané, traversent presque horizontalement le bout de la mâchoire supérieure pour aboutir en dedans tout près du bord de celle-ci , où leurs orifices semblent être pro- tépés par un bourrelet que forme en cet endroit lamembrane qui tapisse le plafond de la bouche. Les membres des Pipas sont conformés à peu près de la même manière que ceux des Dactylèthres. Les antérieurs sont grêles, arrondis ; le bras est bien distinct de l’avant- bras, mais celui-ci ne l’est pas du tout de la main, avec laquelle il se confond pour ainsi dire ; car il n’y a rien au dehors qui décèle l’articulation du cubito-radial avec le PHRYNAGLOGSES PIPAÆFORMES. G. PIPA. 769 carpe ; autrement dit, il n’y a pas de poignet. Les doigts, qui tous sont droits comme des baguettes , présentent une particularité bien singulière dans les quatre petites pointes cylindriques et bifides qui les terminent, pointes qui sont épanouies ou écartées les unes des autres comme les pétalesou les sépales d’une fleur , ou mieux encore comme les divisions que les enfants pratiquent à l’une des extrémités d’un cha- lumeau de paille dont ils veulent se servir pour faire des bulles de savon. Les pattes de derrière des Pipas se font re- marquer par la brièveté de la cuisse et du tarse, par la grosseur des muscles de la jambe et surtout par le dévelop- pement considérable de la membrane qui réunit entre eux les orteils , dont l'extrémité. terminale n’offre rien de par- ticulier. On retrouve ici ce que nous n’avons pas observé dans les Dactylèthres , une saillie tuberculeuse du premier os cunéiforme , à la racine de l’orteil interne. Telles sont les dispositions caractéristiques du genre Pip auxquelles nous aurions eu à ajouter celles que présente le squelette, si nous ne les avions fait connaître, au commence- ment de ce volume , en traitant de l’organisation générale des Batraciens (1). Les premières notions sur l'existence et les singularités du mode de génération du Pipa ou Tédon de Surinam que la science ait inscrites dans ses fastes , ont été consignées dans l’ouvrage de mademoiselle SiByLLE DE MERrAN sur les méta- morphoses des insectes de ce pays, dans l'édition hollandaise publiée en 1705. Elle y a joint une figure bien grossière de ce Reptile. C’est ce mauvais dessin qui a été cependant copié plusieurs fois. Il a été reproduit dans l'édition latine qui a paru à Amsterdam, en 1719, in-fol. , pl. 59. L'auteur a cru que ce Crapaud, ainsi qu’on le nomme dans ce pays, produisait ses petits par la peau du dos. D'ailleurs les détails fournissent peu de renseignements ; ils disent que cet ani- (1) Pages 64, 65, 66, 67, 70, 73, 74. SEPTILES, TOME VII. 49 779 BATRACIENS ANOURES. mal hideux se trouve dans les eaux marécageuses , et que les esclaves nègres en mangent la chair. En 1710, le célèbre anatomiste hollandais Fred. Ruison donna de ce Reptile deux meilleures figures dans la descrip- tion de son cabinet. ( Thesaurus animalium, Amsterdam , in-49, tab. 1v, pag. 19 et 40.) On y voit en effet deux indivi- dus femelles conservés dans la liqueur. L'auteur déclare qu’il les a préparés lui-même, de manière faire voir que, sous la peau du dos dont les lambeaux, disséqués avec soin, sont ré- fléchis en dehors, il n’existe aucune communication entre la cavité du ventre et les téguments, ni avec les cellules dans lesquelles on distingue les petits Pipas ayant leurs pattes bien développées et pas de queue, comme en ont ordinaire- ment les Tétards. On retrouve la copie de ces mêmes figures dans l’Amphithéâtre zootomique de VaLENTINI, première partie, page 208, pl. 42. Mais comme cet ouvrage petit in-fe a été publié en 1720 , l’auteur a pu y insérer l'extrait d’une observation imprimée en 1715 dans les Ephémérides des curieux de la nature, centurie 1v, n° 172 , page 393, pu- bliée par Rosinus Lenriius, archiâtre du duché de Wur- temberg, à Stuttgard, sous le titre curieux de Rana ex dorso pariens. Vazusniert, dans son histoire du Caméléon , publiée en Italie et adressée à l’académie des sciences de olone , en 1715, avait cru reconnaître dans un Pipa, qui cependant portait des petits dans des cellules dorsales, que ce n’était pas une femelle, mais bien un mâle , d’après les recher ches qu'il avait rs sur sa structure. aus cette hypothèse , il fait des conjectures à ce sujet, et, se fondant sur les re- marques de Ruisch dont malheureusement il ne connaissait pas les figures, il adopta l’idée que c’était la femelle qui pon- dait les œufs sur le dos du mâle, et au lieu de donner les dessins de l’anatomiste qu'il cite, il a fait copier celui de mademoiselle de Mérian , qui est détestable. En 1726, Levinus Vincent publia, à Harlem, un petit volume in-4° en laun, avec figure , sous le titre de Descrip- PHRYNAGLOSSES PIPÆFORMES. G. PIPA. 771 tio Pipæ ; mais il ne fait que répéter ce qui avait été dit avant lui , seulement il indique un caractère propre à fair reconnaître les sexes des individus , les mâles portant une ligne noire sur la région moyenne du ventre. Sépa a fait représenter, en 1734, sur la double planche n° 77 de son grand ouvrage sur la collection 7'hesaurus ant- malium ; tome 1, quatre Pipas de grandeur naturelle , avec beaucoup de jeunes hors des cellules et d’autres qui y sont encore contenus. Il y a joint une description faite à sa ma- nière, c’est-à-dire ne répétant que ce qui s’observait à la simple vue des objets conservés dans la liqueur. Cependant ces figures sont exactes et ont été copiées dans le plus grand nombre des ouvrages. HAN AE $ Les observations réelles n’ont été faites sur le vivant et dans les lieux mêmes qu’en 1762, par le docteur Philippe Fermi qui exercçait la médecine à Surinam , et qui a publié à Mastreicht une petite brochure in-8° , intitulée Dévelop- pement parfait du mystère de la génération du fameux Cra- paud de Surinam. Il a été témoin de la ponte de la femelle , qui était plus grosse que le mâle. IL a vu celui-ci placer les œufs pondus sur le dos de sa femelle et les féconder. Il donne des détails bien circonstanciés sur cette opération : il a suivi le développement des germes et il s’est assuré que les petits sortent de l’œuf quand tous leurs membres sont capables de leur servir, ce qui n'arrive que quatre-vingt-deux jours après que les œufs ont été pondus. La plupart de ces faits, comme nous le dirons par la suite, ont été vérifiés par l’exa- men d’un assez grand nombre d'individus rapportés en Eu- rope. po Nicolas LAURENT: , recueillant les observations indiquées ci-dessus, introduisit dans son Synopsis reptilium, imprimé à Vienne en Autriche en 1768, un genre particulier sous le nom de Pipa, et il le caractérisa assez nettement. Cependant on voit aujourd’hui qu'il a commis quelques erreurs : ainsi 11 met en doute les métamorphoses qu'il ne croit pas être les memes que celles des autres Anouves, puisque les petits / 49: TA 2 BATRACIENS ANOURES. sortent de l’œuf sous une autre forme que celle des Tétards ; il donne aussi comme caractère l’existence d’ongles crochus au bout de chacun des doigts des pattes antérieures. Charles Boxxer , en 1780 et 1782, dans plusieurs mé- moires adressés aux sociétés savantes , qui ont été ensuite réimprimés dans ses œuvres , tome V, partie 1, pages 372 et 393 , in-4° avec figures, rend compte des dissections d’un Pipa femelle qu’il a faites sous les yeux et avec l’aide de SPALLANZANI et de TREMBLEY. Ces célèbres naturalistes se sont bien assurés que les œufs des Pipas sortaient par le cloaque de la femelle, très-probablement comme chez les autres Anoures, avant d’avoir été fécondés. L’auteur a donné d’excellentes figures de diverses parties du corps du Pipa , eten particulier des appendices cutanés et mous , au nombre de quatre , qui terminent les doigts antérieurs, ce qui a donné l’idée par la suite de désigner ce genre sous le nom d’Astérodactyle ou de doigts étoilés. . En 1799, Blumenbach et Camper , le premier dans son Abrégé d'anatomie comparée, puis dansses Eléments d’his- toire naturelle, a donné une très-bonne figure du Pipa et du développement de son Têtard, d’après les observations qui lui avaient été communiquées par Camper pour être insé- rées dans les Ephémérides de Geœttingue, où on les trouve en effet imprimées in-8° , art. 156, PL. 36. Dans cette même année 1799 ; ScunemEer Gottheb, dans le premier volume ou fascicule de son Histoire littéraire et naturelle des Amphibies que nous avons souvent citée, décrit le Pipa page 121 sous le nom de Rana dorsigera. Il en pré- sente l’histoire abrégée et il en donne aussi le squelette qu'il avait depuis longtemps fait dessiner avec détail et dont il décrit plusieurs particularités, comme un anatomiste très- exercé; malheureusement la gravure en a été exécutée par un artiste peu exercé à ce genre de reproduction qui doit être faite au miroir; cette circonstance ayant été népligée pour les deux planches , les épreuves ont reproduit à droite ce qui doit être à gauche, ce que l’auteur a d’ailleurs la PHRYNAGLOSSES FIPÆFORMES. G. PIPA. [. 77 précaution d'indiquer. On y trouve quelques détails sur le larynx du mâle, mais la pièce conservée était en mauvais état et véritablement ces parties, déjà indiquées par Camper et par Schneider, n’ont été bien connues que par la disserta- tion de Breyer dont nous allons parler. La Dissertation académique de BrEYErR Fred. Guill. a été imprimée à Berlin en 1811. C’est une thèse in-4° avec deux planches ayant pour titre : Observationes anatomicæ circà fabricam Ranœæ pipæ soutenue sous la présidence de Rudolphi. L'auteur, après un historique très-abrégé, décrit le squelette, le cœur , les vaisseaux , les voies pulmonaires, les viscères. Les faits les plus curieux qui s’y trouvent bien établis sont la structure du larynx et de ses appendices car- tilagineux , la disposition des poumons, les rapports que ce Batracien semble plus particulièrement établir avec les Ché- loniens et un peu avec les Oiseaux par le larynx osseux. Au reste cette dissertation n’est fort remarquable que sous le rapport de l’anatomie comparée. 1, LE PIPA AMÉRICAIN. Pipa americana. Laurenti. ( Voyez PI. 92, fig. 2 a et 2 b.) CARACTÈRES. Parties supérieures brunes ou olivâtres; ventre blanchätre. SYNONYMIE (1). Pipa. Mérian. Insect. Surin. Tab. 59. Bufo, sive Pipa americana. Séb. tom. 1, pag. 121, ab. 77, fig. 1-4. Bufo americanus, Pipal. Klein. Quad. disposit. pag. 121. Ranapipa. Linn. Mus. Adolph. Freder. pag. 121, n° tr. Rana manibus tetradactylis fissis apicibus digitorum quadrifi- dis, etc. Gronov: Amph. anim. pag. 84. Rana pipa. Linn. Syst. nat. édit. 10°, tom. 1, pag. 210, n° 1. Pipa. Ferm. Hist. Franc. Equinox. pag. 25. Rana pipa, Linn. Syst. nat. tom. 1, pag. 954, n° 1. (1) Pour les auteurs qui ont écrit sur l'anatomie de ce Batracien, voyez la liste alphabétique, pag. 247, du présent volume. 774 BATRACIENS ANQURES, Pipa amerieana. Laur. Synops. Rept. pag. 25. Rana pipa. Gmel. FH nat. Linn. tom. 1, part. 3, pag. 1046, n° 1. Le Pipa. Daub. Dict. anim. Encyclop. méth. pag. 662. Le Crapaud pipa. Lacép. Quad. Ovip. tom. r, pag. 600. Le Crapaud pipa. Bonnat. Encyclop. Méth. Erpét. pag.r4, PI.; fig. 2. Rana &orsigera. Schneïd. Hist. part Fasc. 1, pag. 121, tab. 1-2. Rana pipa. Shaw. Gener. Zool. vol. 1 nt F, pag. 167, PI. 50-51. Bufo dorsiger. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 120. Bufo dorsiger. Daud. Hist. Rain. Gren. Crap. pag. 85, PI. 3r- 32 fig. 2e Bufo dorsiger. Xd. Hist. Rept. tom. @, pag. 172. Pipa ( Rana pipa, Linn.) Cav. Règn. anim. 1'e édit. tom. », pag. 95. Pipa tedo Merr.Tent. Syst. Amph. pag. 179: ; Pipa curururu. Spix. aie Nov. Test. Ran. Bras. pag. 53, taie. °2, fig. 1- ou dés gera. Fitz. Neue Classif. Rept. pag. 65. Pipa (Rana pipa Linn.). Cuv. Règn. anim. 2° édit. tom.>, pag. 119. Leptopus asterodactylus. Mayer. Anël. pag. 34. Pipa dorsigera, Gravenh. Delic. Mus. Zool. Vratilav. Fasc. 1, Batrach. pag. 70. Asterodactylus (Rana pipa. Linn.). Wagl. Syst. Amph. PAS. 199. Asterodactylus pipa. Tschudi. Class. Batrach. Mém. Soc, Scienc. nat. Neuch. tom. 2, pag. go. “15 DESCRIPTION. Formes. La tête du Pipa américain a beaucoup de ressem- blance, dans son ensemble comme dansses détails, avec celle de la Chélyde matamata, espèce de Chéloniens de la sous-famille des Elodites pleurodères. Elle est presque d’un tiers plus large que longue et excessivement aplatie. On voit an sommet du grand angle obtus que forment ses côtés, ou, si l’on veut, à l’extrémité du museau, les trous des narines, qui sont fort grands et percés horizontalement d'avant en arrière; sous cette même région PHRYNAGLOSSES PIPÆFORMES. G, PIPA. {. 775 du nez, est suspendu un petit lambean de peau qui a son extré- mité libre, élargie et ses bords irrégulièrement dentelés ; il pend aussi un petit barbillon du milieu de chaque côté de la mâ- choire supérieure , et il existe à l’un et à l’autre coin de la bouche un appendice cutané en forme de palette, pendant à la ma- niére d’une oreille de chien. Les yeux, qui sont tout à fait verticaux, sont placés fort près du bord de la mâchoire, vers le milieu de l’étendue d’un de ses côtés. Le rudiment palpébral est surmonté d’un petit tubercule conique. Le dos est peu bombé chez iesmäles et chez les femelles qui n’ont pas encore pondu ; mais il se renfle de plus en plus chez ces dernières, à mesure que les germes, placés sur cette partie de leur corps par les mâles, grossissent, se développent dans les alvéoles qui s’y produisent alors par suite d’une inflammation considérablé de la peau (1). Nous avons compté plus de cent vingt de ces alvéoles sur la partie supérienre du tronc de cer- taines femelles ; et nous avons remarqué que ce sont toujours celles de ces loges qui se trouvent le plus au milieu qui sont débarrassées les premières, parce que sans doute elles se sont formées , ou, si l’on veut, elles ont été occupées les premie- res. Ânu moment où celte singulière gestation finit, le dos des malheureuses femelles ressemble exactement à la peau d’un crible. Les pattes de devant n’ont guère plus de longueur que le corps n’en présente entre l’aisselle et laine, et celles de derrière ne sont pas plus longues que le tronc et la tête réunis. Le second doigt est le plus long des quatre, après [ui c’est le troisième , ensuite le premier, puis le dernier, qui est par conséquent le plus court. Le troisième orteil et le quatrième sont égaux et les plus longs, le second et le cinquième le sont un peu moins, et le premier est d’un quart plus court environ. Il n'existe de renflement sous aucune articulation des pha- langes. Les téguments du Pipa ne ressemblent en rien à ceux des Batra- ciens , C’est une peau d’un tissu serré qui n’offre aucun amas de (x) Voyez pour les détails relatifs au mode de reproduction du Pipa, page 218 de ce volume. 776 BATRACIENS ANOURES. cryptes dans son épaisseur. Comme celle des Gaméléons, etmieux encore de certaines Raies , telle que la Séphen, par exemple, elle est couverte de grains solides excessivement fins , au milieu des- quels sont épars de petits tubercuies coniques de nature cornée ou squammeuse :1 ces tubercules, en grand nombre, et de moyenne grosseur sur le dos, sont plus rares et plus forts sur les membres, et au contraire plus petits et plus multipliés sur la région abdominale. Ordinairement on en remarque sur le tronc quatre séries parallèles qui sont là plus développés que partout ailleurs. CororarTion. Ce Batracien offre en dessus une couleur uniforme d’un brun olivâtre ou fauve, ou bien noirâtre; en dessous , il est quelquefois tacheté de noir sur un fond à peu près semblable à Ja couleur des parties supérieures, mais tirant assez ordinaire- ment sur le blanc grisâtre , teinte que présente presque toujours le ventre et la région inférieure des cuisses. Dimensions. Téte. Long. 4” 3°”. Tronc. Long. 1°”. Membr. antér. Long. 8” 8°”. Membr. portér. Long. 15” 5”. PATRiE. Le Pipa habite les marais, dans les bois de la Guyane et du Brésil et probablement dans toute l’Amérique méridionale. Observations. Le Pipa curururu de Spix n’est pas une espèce différente de celui-ci, non plus que celle que Cuvier a appe- lée Pipa lisse; ce prétendu Pipa lisse n’est autre qu’un indi- vidu trop bourré ou mal empaillé du Pipa américain. BATRACIENS - ANOÛURES. 747 .:SUR QUELQUES DÉBRIS FOSSILES DE BATRACIENS ANOURES OU SQUELETTES DE GRENOUILLES PÉTRIFIÉS. On ne connaît encore que trois exemples d'espèces fossiles provenant de cet ordre de Batraciens, ou plutôt de cette famille de Reptiles. Ils ont été observés sur des plaques de schistes marneux qui avaient été extraits de la carrière d'OEningen située sur la rive droite du Rhin , un peu avant la ville de Stein, uk ‘le grand- dau de Bade. C'est ce même gisement qui a procuré à l'Allemagne un si grand nombre de Poissons fossiles, qui tous paraissent avoir appartenu à des espèces qui vivaient dans les eaux douces ou dans les lacs non salés, ainsi que les restes de la Salamandre gigantesque décrits d'abord par Scheuzer et que nous ferons connaître par la suite en terminant l’histoire des Batraciens Urodèles. Le premier naturaliste qui a reconnu des débris de Grenouille parmi les autres fossiles tirés de cette car- rière intéressante , est M. d’Anpré qui, en 1763, en fit mention dans ses lettres sur la Suisse (1), en les con- sidérant comme provenant d’une sorte de Crapaud; mais ce même morceau fut mieux analysé par M. le comte de Razoumowskr dans le troisième volume des Mémoires de l’Académie de Lausanne en 1788. Puis il fut de nouveau décrit et représenté dans le tome XV des Nouveaux Actes des curieux de la nature, par M. Gorruss, avec les os d’un Tétard d’Anoure pl. XII, fig. 1, 5 et 6. G. Guvier et M. Tscuupr on fait encore (1) Briefe aus der Schweiz nach, Hannover Geschrieben , tab. 15 fig. 6. 778 BATRACIENS ANOURES. connaître et figurer ces mêmes morceaux , le premier dans le tome V, partie 9° de son grand ouvrage sur les ossements fossiles, PI. XXV, fig. 5; le second auteur sur la PI. J de son mémoire , si souvent cité, sur la classification des Batraciens, inséré dans le tome second de la société des sciences de Neuchatel en Suisse. Là il donne à quelques débris informes d’un squelette qu’il a faitreprésenter, le nom de Palæoplhilus Agassizii qu'il dédie ainsi à l’habile naturaliste au- quel on doit en attribuer la découverte, car il l'avait fait connaître dans le tome 1”, page 27 des mémoires de la société précédemment nommée, et il l'avait ap- pelé Bombinator OEningensis. Quant à l’autre morceau fossile, beaucoup plus reconnaissable et mieux conservé, il a été représenté par M. de Tscaunr. C’est celui qui était déposé dans le cabinet de Lavater et qui a donné lieu à toutes les descriptions et aux copies nombreuses qui en ont été faites par tous les paléologistes. M. de Tscaum la fait figurer sous le nom de Palæophrynos Gesneri. C’est réellement le type principal d’un Batracien fossile, celui dont M. Hermann von Mayer a présenté la synonymie complète à la page 118 de sa Palæologia. FIN DE L HISTOIRE DES BATRAGIENS ANOURES. TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'ORDRES, DE FAMILLES ET DE GENRES, ADOPTÉS OU NON (1), COMPRIS DANS CE VOLUME. A Accoucheur. 201, 467 Acris. 506 Aglosses. 36 Alytes. 42, 465 Amphibiens. 1 Amphibies. 28 ANOURES. 15, 291 Aquipares. 206 Astérodactyle. 36, 767 Astérophrys. 322 Atélope. 660 Auletris, 38, 298, 494, 593 2 Bütrachophides : 29; 45 BATRACIENS. i Bombinator. 42, 485 Bombinatoroïdes. 31 Boophis. 5215, bin Brachycéphale. 43, 726 Bréviceps. 27, 702 Bufonoides. 31, 298 Bufo. 42, 662 Burgeria. 519, 521 C Caducibranches.…. : | 29, 47 Calamita. 37, 943, 577, 629 Calamites. 37, 545, 581 Calyptocéphale. 447 Cécilie. 272 Coœcizoïnes. 48, 259 Ceratophrys. 40, 428, 458 Crapaud. 42, 662 Chaunus. 41, 209, 646, 722 Cornufère. 616 Crinia. 302, 416 Crossodactyle. 635 Cryptobrancke. 46 Cryptobranchoides. 51 Cultripéde. 475, 483 Cycloramphe. 452 Cystignathe. 39, 392 D Dactylèthre. ar 1026 Dendrobate. ,39, 298, 496, 650 Dendrohyas. 538, 542, 567 Dérotremata. ï 7 Discoglosse. 422 Dorsipares. 296 Doryphore. 302 Æleuthérodartyles. 650 Elophile. 517 Elosie. 632 Engystome. 538 Æphippifer. 726 Enydrobius. 59, 298, 496 Epicrium. 285 Eucnemis. 525 F Fluteuse. 38, 639 (1) Ces derniers noms sont indiqués en caractères italiques. 760 G Grenouille. 335 Gymnophides. 29 2 Hemiphractus. 40, 298, 430 yas. 38, b42 Hylædactyle. 300, 732 HyLÆroRMEs. 50, 303, 491 Hylaplésie. 614, 616, 650, Hylarana, 510 Hylode,. 619 Hypsiboas. 38, 298, 493 TIbyara. 273 Tchthyophis. 289 Ixale. 523 J Jackie. 330 Kalophryne. 646 Léiupere. 420 Lepthyle. 504 Leptobrachium. 522 Leptodactyle. 392 Limnodytes. 510 Litorie. 503 Lophope. 542, 571 M Mégalophrys. 40, 456 Micrhyle. 613 Microps. 37, 735 Q Obstetricans. 463, 467 OPxosomes. 259 Orchestes. 523 Otilophe. 709 Oxydozyga. 332 Oxyglosse. 332 Oxyrhincus. 731 P Palæophrynos. 778 Paludicola. 42, 209, 646 Pélobate. 42, 475 Pélodyte. 460 Peltocéphale. 447, 450 PÉROMELES. 47, 259 PuHANÉROGLOSSES. 37, 49, 317 Phrynisque. 722 Phrynocéros. 428, 44o TABLE ALPHABÉTIQUE, ETC. PHRYNAGLOSSES. 49 Phyllobate. 637 Phyllodyte. 39, 542 Phylloméduse. 38, 495, 627 Pipa. 767 PrPÆFoRMEs. 49 Pipoides. : 31 Pithecopsis. 454 Plagiodonte. 757 Pleurodesme. 392, 410 Pneumobranchiens. 12 Polypédate. 515 Pseudis. 39, 327, 330 Pseudo-Bufo. 647 Pyxicéphale. 442 Raine ou Rainette. 542, 583 RANIFORMES. 50, 303, 317 -Ranines. 45 Ranoides. 30, 297, Go2 Ranoidea. 542 Rhacophore. 550 Rhinatrème. 285 Rhinoderme. 657 Rhinophryne. 757 Lihomboglosse. 332 S Salamandroides. 31 Sauteurs. 26 Scaphiope. 47x Sclérophrys. 300 Scynax. 38, 298, 495, 552 Siphonops. 281 Sonneur. 485 Sphénorhinque. 542, 595, 610 Sténocéphale.. 300, 738 Siombus. 428, 432, 437 Strongylope. 335 Systoma. 41, 300, 540, 7h2 T T'elmatobius. 322, 332 T'héloderme. 300, 409 Tomopterne. 443 Trachycéphale. 534 U Upérodonte, 746 UronëLes, 15 x Xenopus. 37, 49, 762 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES j CONTENUES DANS CE HUITIÈME VOLUME. LIVRE SIXIÈME. DE L'ORDRE DES GRENOUILLES OÙ DES BATRACIENS. CHAPITRE PREMIER. DES CARACTÈRES DES REPTILES BATRACIENS ET DE LEUR DISTRIBUTION EN FAMILLES NATURELLES ET EN GENRES. Pag:. Caractères généraux des Reptiles de cet ordre. 2 Rapports des Batraciens avec les Poissons et avec les autres ordres des Reptiles. 8 Classifications et principaux systèmes proposés. 10 Laurenti, Lacépède, Linné. 11 Brongniart , Schneider, Latreille. 12} Daudin ; Duméril. 13 Oppel. 25 Merrem. 26 Fitzinger. 29 Cuvier, G. 32 Wapler. 36 Bonaparte. 44 Müller. 47 Classification adoptée. 48 53 Tableau synoptique de cette classification. 702 TABLE METHODIQUE CHAPITRE IL. DE L'ORGANISATION ET DES MOEURS DANS LES REPTILES BATRACIENS. Pag. Considérations générales. D4 $. I. Des ORGANES DU MOUVEMENT, 60 1° Dans les Anoures. 62 Des os en général et du squelette. 64 Des muscles. 78 Du saut. 82 Du nager. 89 De l’action de marcher. 88 2 Dans les Urodeles ou Batraciens à queue. 91 Dans les Atrétodères ou Salamandrides. 92 Dans les Exobranches ou Protéides. 94 Dans les Pérobranches ou Amphiumides. 96 3° Dans les Péromieles ou Céciloïdes. 97 $ LE. DES ORGANES DE LA SENSIBILITÉ. 98 Considérations générales : découverte du pgal- vanisme. 99 Du cerveau , des nerfs et des sensations. 103 1° Du toucher, la peau, les sacs sous-cutanés; les muscles. 108 2% De l’olfaction et des narines. 118 3° Du goût et de la langue. 119 4 De l’audition et de l'oreille. 121 5° De la vue et des yeux. 123 LIL. DES ORGANES DE LA NUTRITION EN GÉNÉRAL. 124 1° De la digestion. 125 9 De la circulation dans les Batraciens adultes. 145 3% De la respiration dans les Batraciens adultes. 155 4° De la voix. 163 5° De la résistance à la chaleur et au froid. 16 6° De l'absorption et de l’exhalation de l’eau par la peau. 170 DES MATIÈRES. 783 Pag. 7 Sécrétions diverses. 176 De la sécrétion urinaire. 177 De la poche regardée comme vessie urinaire. 178 Des sécrétions cutanées. 181 8° De la reproduction des membres. 184 $ LV. DE LA PROPAGATION ET DES ORGANES GÉNÉRATEURS. 186 1° Des organes génitaux dans les Batraciens Anoures. A. Dans les Grenouilles femelles et autres senres VOIsins. 192 B. Dans les mâles des Grenouilles. 194 2° Des divers modes de la fécondation dans les Anoures. 1995 3° Du développement et des métamorphoses des Tétards. 205 4% Particularités de la fécondation dans quelques espèces. 1° De la prétendue Grenouille qui se change en Poisson. 216 2° Du Crapaud accoucheur. 217 3° Du Pipa dont la femelleporteses œufs sur le dos. 218 4° De la phosphorescence de quelques Batraciens Anoures. 219 5° Des prétendues pluies de Crapauds et de Eù e- nouilles. 223 11. Des organes génitaux dans les Batraciens Uro- dèles. 234 1° Du mode de fécondation. ibid. 2° Des changements que subissent les Tétards. 237 3° Des Ur le qui continuent de vivre sous la forme de Fétards. 239 AIDE quelq: ues particularités offertes par les es- pèces. 242 CHAPITRE TROISIÈME. DES_AUTEURS QUI ONT ÉCRIT SUR LES BATRACIENS, PARTIE HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE. 245 G ; 504 TABLE MÉTHODIQUE Pag. Indication des auteurs généraux suivant l'étude anato- : mique ou physiologique. | 945 Liste par ordre alphabétique des principaux auteurs et des ouvrages spéciaux sur les Batraciens. 247 CHAPITRE QUATRIÈME. Premier sous-ordre des Batraciens. Les PÉROMÈLES. Famille unique : les OPxrosomés ou CÉCILOÏDES. 259 Distribution géographique des Géciloïdes. 269 Des genres et des espèces de cette famille. 270 Tableau synoptique des genres. 271 I Genre. CÉciLIE. 279 Tableau synoptique des espèces de ce genre. 274 1° Espèce. Gécilie lombricoïde Tête et bou- che. (PL 859, es 275 2. Espèce. Cécilie ventre blanc. (Ecailles , PL. 85, 3.) 276 3. Espèce. Cécilie queue comprimée. 278 4. Espèce. Cécilie museau étroit. 279 5. Espèce. Cécilie oxyure. 280 Ile Genre : SIPHonops. 281 1. Espèce. Siphonops annelé. (PI. 85, 1.) 282 2. Espèce. Siphonops Mexicain. 284 ITI° Genre : EPicrium. 285 1. Espèce. Epicrium glutineux. 286 IV° Genre : RHINATRÈME. 288 1” Espèce. Rhinatrème à deux bandes. Ses écailles. (PL. 85.) 289 Observations critiques sur cette famille. 290 CHAPITRE CINQUIÈME. Second sous-ordre des Batraciens. les Anoures. 291 Notices sur les découvertes faites dans les sciences d’ob- servation par l'étude de l’organisation des Anoures. 304 DES MATIÈRES 769 Premier crours. Les PHANEROGLOSSES. Pag. SI”. Famille. Des RANIFORMES. Considérations gé- : nérales. 317 Tableau synoptique des genres. 321 Moœurs et distribution #éographique. 323 Tableau de cette répartition. 326 I® Genre. Pseunis (voyez planche 86, fie. 2, langue et dents). 327 1° Espèce. Pseudis Jackie ou de Mérian. 330 IIe Genre. OxyeLosse (voy. pl. 86, fig. 4, la langue). 332 14" Espèce. Oxyglosse lime. 334 ITIe Genre. GRENOUILLE. 339 Tableau synoptique des espèces. 338 ire Espèce. Grenouille cutipore. ibid. 2.. Espèce. Grenouille de Leschenault. 342 3. Espèce. Grenouille verte. ji 343 4. Espèce. Grenouille des Mascareignes. 300 5. Espèce. Grenouille halécine. 392 6. Espèce. Grenouille des Marais. 356 7. Espèce. Grenouille rousse. 358 8. Espèce. Grenouille des bois. 362 9. Espèce. Grenouille du Malabar (voyez planche 86, fig. 1). 36 10. Espèce. Grenouille de Galam. 367 © 11. Espèce. Grenouille rugueuse. 368 12. Espèce. Grenouille mugissante. 370 13. Espèce. Grenouille criarde. 373 14. Espèce. Grenouille tigrine. 379 15. Espèce. Grenouille grognante. 380 16. Espèce. Grenouille macrodonte. 382 17. Espèce. Grenouille de Kuhl. 384 18. Espèce. Grenouille à gorge marbrée. 386 19. Espèce. Grenouille de Delalande. 388 REPTILES, TOME VIN. 5e Q TABLE MÉTHODIQUE 20° Espèce. Grenouille à bandes (pl. 86, fig. 3, sous le nom de Strongylope , la bouche). TV: Genre. CYSTIGNATHE. Tableau synoptique des espèces. 1re Espèce. Gystignathe ocellé. 2. Espèce. Cystignathe salonné. . Espèce. Cystignathe macroglosse. . Espèce. Cystignathe grêle. . Espèce. Cystignathe labyrinthique. . Espèce. Cystignathe de Péron. . Espèce. Cystignathe de Bibron (pl. 87, fig. 2 et 20 , sous le nom de Pleur odème). 8. Espèce. Re. à doigts noueux. 9. Espèce. Cystignathe rose. 10. Espèce. Cystignathe Géorgien. 11. Espèce. Cystignathe du Sénégal. NI GG & à … Ve Genre. LÉIUPÈRE. 1re Espèce. Léiupère marbré. VI° Genre. DiscocLosse. ire Espèce. Discoglosse peint. VIe Genre. CÉRATOPHRYS. ; 1re Espèce. Cératophrys à bouclier. 2. Espèce. Cératophrys de Boïé. 3. Espèce. Cératophrys de Daudin. VIII° Genre. PYXICÉPHALE. 1re Espèce. Pyxicéphale arrosé. 2. Espèce. Pyxicéphale de Delalande (pl. 87, fig. 1, 1 aet 1 b. 3. Espèce. Pyxicéphale américain. IX° Genre. CALYPTOCÉPHALE. tre Espèce. Calyptocéphale de Gay. X° Genre. CYCLORAMPHE. ire Espèce. Cycloramphe fuligineux ( pl. 87, fig. 3, la bouche). Pag. 389 302 305 396 402 405 406 407 409 410 413 414 DES MATIÈRES. 2°. Espèce. Cycloramphe marbré. XI° Genre. MéçaLoPnrys. 1re Espèce. Mégalophrys montagnard. XIT° Genre. PÉLODYTE. 1re Espèce. Pélodyte ponctué. XIIT° Genre. AzyTes. 1e Espèce. Alytes accoucheur. XIV° Genre. SCAPHIOPE,. 1'e Espèce. Scaphiope solitaire. XV° Genre. PÉLOBATE. 1re Espèce. Pélobate brun. 2. Espèce. Pélobate cultripède. XVI° Genre. SONNEUR. dre Espèce. Sonneur à ventre couleur de feu. Deuxième croure. Des PHANÉROGLOSSES. SIL. 2° Famille. Dés HYLÆFORMES. Considérations générales et distribution en genres. Distribution géographique des Hylæformes. Tableau de cette répartition. Tableau synoptique des genres de cette famille. I Genre. LiToRiE. 1° Espèce. Litorie de Freycinet (pl. 88, fig. 2). 2. Espèce. Litorie américaine. Ile Genre. Acris. ire Espèce. Acris Grillon. 2. Espèce. Acris nègre. ITI° Genre. LiIMNODYTE. 1e Espèce. Limnodyte rouge (pl. 88, fig. 1, sous le nom de Ranhyle ). 2. Espèce. Limnodyte Ghalconote. 3. Espèce. Limnodyte de Waigiou. IV° Genre. PoLYPÉDATE. 1e Espèce. Polypédate de Goudot. 50. sa TABLE MÉTHODIQUÉ Pag. 2° Espèce. Polypédate à moustaches blariches. 519 3. Espèce. Polypédate à tête rugueuse. 4. Espèce. Polypédate de Burger. V° Genre. IxALE. 1re Espèce. Ixale à bandeau d’or. VI° Genre. Eucxémis. 1re Espèce. Eucnémis des Seychelles. 2. Espèce. Eucnémis de Madagascar. 3. Espèce. Eucnémis vert et jaune. 4. Espèce. Eucnémis de Horstoock. ® VII Genre. RuacoPnore (pl. 89 , fig. 1 et 14). 1re Espèce. Racophore de Reinwardt. VIII Genre. TRACHYCÉPHALE. 1re Espèce. Trachycéphale géographique. 2. Espèce. Trachycéphale marfbré. 3. Espèce. Trachycéphale de St. “herinénes IX° Genre. RAINETTE ou RAINE. T'ableau synoptique des espèces de ce genre. 1re Espèce. Rainette patte d’oie, 2. Espèce. Rainette feuille morte. 3. Espèce. Rainette de Levaillant. 4. Espèce. Rainette de Doumerc. 5. Espèce. Rainette ponctuée. 6. Espèce. Rainette Leprieur. 7. Espèce. Rainette bordée de blanc. 8. Espèce. Rainette de Langsdor:f. 9. Espèce. Rainette cynocéphale. 10. Espèce. Rainette réticulaire. 11. Espèce. Rainette vermiculée. 12. Espèce. Rainette de Daudin. 13. Espèce. Rainette naine. 14. Espèce. Rainette versicolore. 15. Espèce. Rainette de Péron. 16. Espèce. Rainette marbrée. 17. Espèce. Rainette brune. 520 921 523 ibid. 525 527 528 ibid. 529 530 532 534 536 538 540 542 543 544 549 550 991 992 553 555 557 559 560 563 564 565 566 569 571 973 18° Espece. 19. Espèce. 20. Espèce. 21. Espece. 22. Espèce. 23. Espèce. 24. Espèce. 25. Espèce. 26. Espèce. 27. Espèce. 28. Espèce. 29. Espèce. 30. Espèce. 31. Espèce. 32. Espèce. 33. Espèce. 34. Espèce. DES MATIÈRES. Rainette cuisses zébrées. Rainette demi-deuil. Rainette bleue. Rainette de Jervis. Rainette verte. Rainette flancs rayés. Rainette gentille. Rainette Squirelle. Rainette rouge. Rainette de Lesueur. Rainette d’Ewing. Raïnette à bourse. Rainette crocopode. Rainette de Jackson. Rainette beuglante. Rainette leucophylle. Rainette orangée. X° Genre. Micruyie. 1re Espèce. Micrhyle agathine. XI° Gen re. ORNUFÈRE. 1'e Espèce. Cornufère unicolore. XIIe Genre. HyLoDE. 1re Espèce. Hylode de la Paranique (pl. 89, n°2). 2. Espèce. Hylode oxyrhinque. 3. Espèce. 4. Espèce. XIII Genre. PuyLLoméDuse { voyez pl. 90, n°2, Hylode de Ricord. Hylode rayé. la tête et les pattes ). 1re Espèce. Phylloméduse bicaures XIV° Genre. ÉLosis. 1re Espèce. Elosie grand nez. XV° Genre. CROSSODACTYLE. 1'e Espèce, Crossodactyle de Gaudichaud. 789 Pag. 975 576 577 580 581 587 588 589 592 299 597 598 600 602 604 607 610 613 614 616 617 619 620 622 623 625 627 629 651 633 635 636 790 TABLE MÉTHODIQUE XVI° Genre. PHyLLOBATE. 1e" Espèce. Phyllobate bicolore. Pag. 637 638 Troisième crours, ou S IT. Des PHANÉROGLOSSES, 3' Famille. Des BUFONIFORMES. Considérations générales sur cette famille et sur sa dis- tribution en genres. Tableau synoptique des genres. Distribution géographique des espèces de ces genres. Tableau de cette répartition. 1 Genre. DÉNDROBATÉ. Tableau synoptique des espèces de ce genre. 1" Espèce. Dendrobate à Tapirer (voyez pl. 90, fig. 1). 2. Espèce. 3. Espèce. Dendrobate sombre. Dendrobate peint. Il° Genre. RHINODERME. 1e Espèce. Rhinoderme de Darwin. ITI° Genre. ATÉLOPE. 1'e Espèce. Atélope jaunâtre. IV° Genre. CraAPpaAuD. Tableau Synoptique des espèces de ce genre. 1"° Espèce. 2. Espèce. 3. Espèce. 4. Espèce. 5. Espèce. 6. Espèce. 7. Espèce. 8. Espèce. 9. Espèce. 10. Espèce. 11. Espèce. 12. Espèce. 13. Espèce. Crapaud ensanpglanté. Crapaud de Leschenault. Crapaud âpre. Crapaud commun. Crapaud du Chili. Crapaud vert. Crapaud panthérin. Crapaud criard. Crapaud américain. Crapaud de d’Orbigny. Crapaud rude. Crapaud élevé. Crapaud Agua. 640 645 647 648 649 651 652 655 656 657 659 660 661 662 664 665 656 668 590 678 631 687 689 695 697 699 702 703 DES MATIÈRES. | TO Pag 14. Espèce. Crapaud à oreilles noires. 710 ‘15. Espèce. Crapaud peltocéphale. 712 16. Espèce. Crapaud à deux arêtes. 714 17. Espèce. Crapaud goîtreux. 716 18. Espèce. Crapaud perlé. 718 Ve Genre. PuRrYNISQUE. 722 1" Espèce. Phrynisque. 723 2. Espèce. Phrynisque austral. 795 VIe Genre. BRACHYCÉPHALE. 726 1° Espèce. Brachycéphale porte-selle. n 729 VII Genre. HYLAEDACTYLE. 732 1" Espèce. Hylædactyle tacheté. 734 VIII Genre. PLECTROPODE. 736 1° Espèce. Plectropode peint. 737 IX° Genre. ENGysToME. 7358 Tableau synoptique des espèces de ce genre. 740 1" Espèce. Engystome ovale. 741 2. Espète. Engystome de la Caroline. 743 3. Espèce. Engystome rugueux. 744 4. Espèce. Engystome petit-æil. ibid. 5. Espèce. Engystome orné. 745 X° Genre. UPÉRODONTE. 746 1” Espèce. Upérodonte marbré. 749 XI° Genre. BREVICEPS. 752 1" Espèce. Bréviceps bossu. 754 XIT° Genre. RHINOPHRYNE. 797 1° Espèce. Rhinophryne à raie doisale (voyez pl91, 1919) 798 DEUXIÈME GROUPE. LES PHRYNAGLOSSES. 761 Famille Des PIPÆFORMES. Considérations générales sur cette famille et sur sa distribution en genres. ibid. 1” Genre. DAcTYLÈTHRE. 762 1" Espèce. Dactylèthre du Cap (voyez pl. 92, fig. Let La.) 765 5 702 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. S' UE Pag. Ile Genre. Prra. 767 1° Espèce. Pipa Américain (voyez pl. 92, fig. 9). . 773 Sur quelques débris fossiles de Batraciens Anoures - ou squelettes de Grenouille pétrifiés.… 777 Table alphabétique des noms d’ordres de familles et de senres de Batraciens compris dans ce volume. 7397 \ FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. + dt PDA