HARVARD UNIVERSITY. â C^f. IvIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY GIFT OF ^frOvra^Al Q^JLqjl, Xok. CUVUy, î^nio^tti 3c, iq^5. i ' k- '/if ■J Li à \ii/ j JJ -I j j i) ^ %S' m V 1^ ). '<- ijl >ki, .i' "k "u 'H>> ^ ^ï£^ ^ a V ^«^'•y '>' fesiir'IJ/ .^ MAR 30 1923 ESSAI SUR I.A PHYSIONOMIE DES SERPENS. CET OUVRAGE SE VEXD CHEZ: J. A. G. WEÏGEL à Leipsig, ARNTZ ET C/' à Dussehlorf. RORET à Paris. ce. SCHWARTZ >:t AL. GAGNOT a Paris. BLACK ET ARMSTRONG à Londres BOSSANGK BARTHE a Londres, DU I/I.MI»RIMKR1E l>i: J. KITS, .Ml/- "l l.A HAYK. o 1^: s s A I s IT 11 L A l> II ^ S I () N 0 \1 I 1-: DES SEKPËIVS, \\\ K. SCHXEGSI., iMiilllK i;,\ lit IJ.iijOl'UlE , •:()^SKRVArEIJU 1)11 Vil'.SKK DKS l'iYs-l:** «KMvr. H PI- Il rsi KT !•, Ks snr. I l'-i i-'s .s*v*>Tis. OUVRAGE AIXOMPAGXL ï>'Ui\ ATLAS cojNT !■■.>■ \^r 5 AMSTERDAM M n, S(:h()np:kat, liuuairi: kdiji.i n 1837. s Xran6»toMaB,oî oosap.^aoîr PARTIE DESCRIPTIVE. ( LES SERPENS NON VENIMEUX ^an^i-Ç'^tHn < Genre unique. LES ROULE JUX. ÏORÏRIX. Dans les méthodes , les Rouleaux se trouvent presque tou- jours placés clans le voisinage des sauriens: je n'ai pas dévié de cet ancien usage. On reconnaît ces Ophidiens à leur tête petite, ohtuse, d'une venue avec le cou et garnie de lames imparfai- tertient développées; à leur tronc cylindrique, égal sur presque toute sa longueur et terminé par une queue le plus souvent très courte et conique ; à leur gueule peu fendue ; à leurs petits yeux; enfin à leurs écailles presque toujours lisses et partout de la même forme, excepté celles qui revêtent la tête et le dessous du tronc. Les Rouleaux composent une petite famille , qui tient d'un coteaux ORVETS, auxAMPHiSBÈNEsetauxTY PHLOPS, tandis que de l'autre, une espèce fait le passage aux couleuvres. Ils présentent des anomalies marquées dans leur organisation ; c'est pourtant en vain que j'ai taché de découvrir des caractères tran- chés que l'on pût assigner , avec précision , à toute la famille. Leur structure interne offre, suivant les espèces, des diversités 2 TORTRÏX. très frappantes , qui s'opposent à leur division en sous-genres. J'ai jugé par conséquent plus convenable , de réunir les repti- les de cette famille sous une seule dénomination générique, et d'assigner à chaque espèce en particulier les propriétés que nous présente l'ensemble de son organisation. Les Rouleaux se tiennent toujours àterre et se plaisent particu- lièrement dans les lieux découverts ou sablonneux. La nature leur a donné, pour exécuter avec facilité sur un pareil terrain les mouvemens progressifs, un corps cylindrique et d'égale gros- seur, un ventre très étroit et une queue courte, quelquefois prenante , mais robuste : caractères qui annoncent leur ma- nière de vivre et qu'ils partagent avec la plupart des reptiles apodes , qui participent à leurs mœurs. La colonne vertébrale est composée de pièces, dont les apophyses sont peu développées. Les côtes sont minces , cy- lindriques , uniformément arquées et sans angles saillans: elles se dirigent peu en arrière. On trouve souvent de chaque coté de Vaniis un petit crochet , rudiment des extrémités posté- rieures. Les Rouleaux ont la bouche peu fendue et, vu la briè- veté de leurs caisses , ils ne jouissent pas de la faculté de pou- voir dilater leur gueule dans un aussi haut degré que la plupart des Ophidiens. Les mastoidiens sont aussi très courts, et réunis le plus souvent si intimement avec le crâne, que les sutures deviennent insensibles ou se soudent même avec l'âge. Le crâne est en général alongé, étroit et composé d'os plus forts que ceux des autres serpens. C'est particulièrement le crâne des trois premières espèces qui se rapproche, quant à sa forme ^ de celui des a m p h i s b È n e s ; il se distingue en outre par le manque des frontaux postérieurs, ce qui fait que l'orbite est incomplète en arrière. Les mâchoires des Rou- leaux sont armées de dents courtes mais fortes et coniques, peu nombreuses, peu arquées; on en trouve une rangée de semblables sur les palatins et les ptérygoidiens internes, et quelquefois même des vestiges sur l'intermaxillaire. Les narines, soit orbiculaires soit elliptiques, sont le plus TORTRIX. 3 souvent verticales, position qui provient du rapprocliement des plaques nasales sur le sommet du museau; ces plaques sont plus larges qu'à l'ordinaire et tiennent chez la plupart en même temps lieu de frontales antérieures. Les autres lames qui revêtent la tête, et particulièrement les occipitales, ne se distinguent ordinairement, comme dans les Couleuvres, ni par leur étendue, ni par des formes diverses ^ elles imitent au contraire le plus souvent les écailles du reste du corps, aux- quelles elles ressemblent même parleur disposition en rangées obliques. Les plaques mentales sont remarquables par leur exiguité. Les yeux sont très petits, un peu verticaux, et à pru- nelle orbiculaire, excepté dans les eryx et dans le tort ri x BOA, où elle est verticalement alongée. Les plaques voisines for- ment avec leur bord interne l'ouverture circulaire, dans laquelle l'œil se trouve renfermé. Une espèce cependant, Ictortrix s CYTALE, fait à cet égard, une exception d'autant plus remar- quable, qu'elle est unique dans l'ordre entier des Ophidiens : l'œil dans cette espèce se trouve au centre d'une grande plaque, qui est expressément percée d'un trou orbiculaire , représentant le bord de l'orbite. Les écailles qui revêtent le tronc et la queue des Rouleaux sont ou carrées, ou tant soit peu en rhombe ou représentent même un hexagone à angles très émoussés; elles sont le plus souvent à surface unie, imbri- quées , presque partout de même étendue , ou un peu plus grandes vers les parties inférieures; celles qui revêtent le dessous, sont rarement assez larges, pour qu'elles méritent plus particulièrement le nom de bandes. Toutes ces écailles sont disposées en rangées , dont les transversales sont moins obliques, qu'on l'observe généralement chez des Ophidiens. Les couleurs dominantes des Rouleaux sont le brun , le rouge et le jaunâtre; mais elles varient suivant les espèces. Les trois premières se ressemblent par la distribution des tein- tes ; la plupart se font reconnaître à leurs couleurs irisées et chatoyantes , qui annoncent déjà en quelque sorte leur ma- nière de vivre. Les Rouleaux n'atteignent pas une forte 4 TORTRIX. taille , ei il est très rai'e de trouver des individus qui me- sureut 2 à 3 pieds. Leur langue ne se distingue par sa structure en rien de celle des autres Ophidiens , mais elle le cède un peu en longueur. Le p o u m o n consiste, chez les trois premières espèces, en un seul sac , tandis que les avitres ont en outre un petit poumon acces- soire quelquefois de moitié aussi long que le grand. La glande thyroidienne , située au dessus du cœur , est quelque- fois très développée et toujours entourée de plusieurs autres glandes d'une structure diverse. L'intestin fait dans quel- ques espèces de nombreuses inflexions ; dans d'autres il est presque droit. Plusieurs ont un cœcum , qui est dans une espèce , le tortr. rufa, très gros et assez long. Outre une différence dans la taille , les jeunes se distinguent encore des adultes, par des teintes plus vives, par une distri- bution des couleurs plus tranchante, et souvent par une queue plus longue. Le nombre moyen des plaques abdo- minales et en conséquence celui des côtes, est de 200 en- viron ; celles du dessous de la queue sont tantôt simples , tantôt divisées, suivant les espèces: leur nombre est peu constant, par- ticulièrement dansl'ERYX. La longueur de la queue, la distri- bution des teintes , et la disposition des anneaux qui entourent le corps de quelques espèces, sont sujettes à de nombreuses anomalies accidentelles , qui ont souvent donné matière à de oraves erreurs. Les Rouleaux sont des h a b i t a n s de plusieurs pays chauds des deux mondes. On les a particulièrement observés dans plu- sieurs îles de la Polynésie, à Java, à Geylon, au Bengale et à Suri- nam. Les espèces ne sont pas répandues ; une cependant , I'e- R Y x habite des contrées plus tempérées et se trouve en même temps dans une grande partie de l'Asie, en Egypte et sur plu- sieurs points du sud-est de l'Europe. Les Rouleaux fréquen- tent des terreins secs, découverts et exposés au soleil; ils parais- sent préférer les déserts sablonneux. Vivant continuellement à terre , ils se creusent des trous , pour se mettre à l'abri de TORTRIX SCYTALE. «H leurs ennemis ; ils ne grimpent jamais sur les arbres et se tien- nent également éloignés des eaux. Il paraît qu'ils sont peu embarrassés du choix de leur nourriture, et qu'ils avalent in- distinctement de petits quadrupèdes et des reptiles , pourvu que le volume de leur proie ne s'y oppose point : aussi ai-je toujours trouvé dans leur estomac des débris d'animaux de forme svel- te , tels que des Souris , des Céciles etc. Les Rouleaux ont les mœurs assez douces: ce sont des animaux paisibles , lents dans leurs mouvemens et dont la morsure est totalement sans effets, vu la petitesse de leur gueule. Ils éprouvent néan- moins le sort de la plupart des Ophidiens , d'être redoutés du vulgaire comme très dangereux. J'ai lieu de croire que les Rou- leaux sont ovipares. Les espèces de cette petite famille ont souvent été confondues, et les auteurs ont laissé leur histoire dans une grande confu- sion ; ils ont été répartis en plusieurs sous-genres , tels que les TORTRIX, ERYX, ctc. qu'on a même placés dans différentes familles. Nous avons réuni tous ces animaux, ainsi que le xe- NOPELTis, sous UHC sculc coupc géuériquc , à la quelle nous avons conservé l'ancienne dénomination de tortrix. L'es- pèce la plus connue et qui de tous les Ophidiens se rapproche le plus des AMPHisBÈiNEset des t y pu l or s, est le tor- trix SCYTAI^E. 1 Esp. LE RUBAN. TORTRIX SCYTALE. PI. I- f. 4 et 5. Ce Rouleau, le seul du nouveau continent , est un des reptiles les plus communs dans les collections , et souvent apporté du Surinam en Europe par les marins. On le reconnaît à son corps entouré d'anneaux alternans de rouge et de noir, à ses formes effilées et à la disposition de ses yeux. Il s'éloigne des autres espèces du genre pour se rapprocher des deux suivantes, dont on le distingue par les formes allongées, par sa forte taille , 6 TORTRIX SCYTALE. par sa tête obtuse, par ses plaques nasales exiguës et par des frontales assez grandes. Le reste delà tête est couvert d'é- cailles, qui ne diffèrent presqu'en rien de celles du corps. Toutes les écailles sont lisses, de moyenne grandeur, et carrées, ayant leurs pointes un peu émoussées; on en compte 19 à 21 rangées: elles deviennent un peu plus larges vers les parties inférieures, mais si insensiblement, que la série qui occupe le ventre, se confond parmi les autres; celles du dessous du tronçon de la queue qui est courte, grosse, peu co- nique et mammelonée à son extrémité , sont simples et surpas- sent toutes les autres en dimension. Le corps du Ruban est cylindrique, partout de la même grosseur et très alongé. La tête est d'une venue avec le tronc, peu conique et le museau très arrondi. Les narines sont orbiculaires et très petites, ainsi que les yeux qui se font remarquer par leur position ver- ,ticale et en ce qu'ils sont situés au centre d'une plaque. La cou leur dominante est, dans le vivant , un très beau rouge vermillon; de nombreux anneaux très serrés, d'un noir profond et luisant , souvent divisés en deux ou interrompus et alternes , entourent la circonférence du corps et de la queue sur toute leur longueur. Un anneau large, occupant la partie postérieure de la tête, et la pointe rouge de la queue, sont plus constans que le reste des caractères , tirés de la distribu- tion des teintes. Les pointes des écailles sont souvent mar- quées de noir, ce qui forme un dessin rétlculaire très agréa- ble : il est à remarquer que tous les Ophidiens , ornés de ces couleurs , se ressemblent à cet égard. Après la mort le rouge disparaît totalement, et les individus , conservés dans la liqueur forte, sont presque toujours d'un blanc pâle ou jaunâtre; le noir même des anneaux perd beaucoup de son éclat primitif. On trouve fréquemment des variétés dans la disposition et le nombre des anneaux noirs. . Le crâne (i) du Tortrix Scytale est très effilé et étroit. (1) MûLLEu dans Tiedemann, Zeitschrlft, IF. I. PI. lo.f. 16, 17 et i8. ÏORTRIX SCYTALE. 7 Les mastoicliens sont le plus souvent compris clans le crâne; les caisses très petites ; les mâchoires vigoureuses et armées de dents aiguës , coniques et arquées; les frontaux exigus : le museau est alongé ; les dents palatines sont plus nombreuses, mnis moins grandes que celles des mandibules. Le squelette du Ruban se distingue par le grand nombre de pièces qui le composent et par ses vertèbres dépourvues d apophyses épineu- ses antérieures; les vertèbres de la queue offrent une double série d'apophyses transversales plus développées. Les rudimens d'extrémités postérieures de cette espèce ont été figurés par Mayer (i). Les glandes salivaires (2) ont un volume considérable: elles s'étendent le long des mâchoires ;les nasales sont très petites. Le cœur est situé au bout du premier quart de l'animal ; les glandes qui accompagnent la thyroidienne, sont médiocrement développées. Il n'y a qu'un seul poumon, mesurant un tiers de la longueur totale. La rate , qui offre peu d'étendue, se trouve près de l'extrémité inférieure du foie. Le pylore se fait remarquer par un profond étranglement et par le passage brusque dans les intestins. Ces derniers sont très grêles, font de nombreuses inflexions et donnent, à quel- ques pouces de distance de l'anus , dans le rectum qui est très spacieux, et dont le prolongement supérieur en forme de sac très large, forme un cœcum considérable. Excepté les dimensions, il n'est aucune différence entre les jeunes et les adultes ; les individus des deux sexes se ressem- blent parfaitement. Des variétés accidentelles ne sont pas rares. Ce Rovdeau atteint une taille considérable; Tindividu le plus grand, que j'ai vu, est de 0,84 de longueur totale. Les tégumens qui forment la capsule extérieure de l'œil , s'en- durcissent quelquefois avec l'âge et deviennent opaques: une cécité plus ou moins grande doit être le résultat de ce change- (i) No^'a Jeta , vol. Xll. P. JL PL 67 fg. 6 et 7. — (2) Consulter les figures de ces glandes , fournies par Meckel , Archw , / . PL 1. J\ 6. et par Duvernoy. J/in. se. n. xxvi. PI. 5/! 1 et 'i. — 8 TORïRIX SCYTALE. ment produit par la caducité, cécité que l'on observe à l'état normal chez les amphisbèneSjIcst^phlops etc. Le ma- ximum des plaques abdominales s'élève à 234 ^t celui ^^^ cauda- les jusqu'à i4; le minimum est de 220+ 11. La queue com- prend communément le vingtième de la longueur totale. Ce Rouleau est très commun dans les Guy an es, mais il paraît , qu'il ne se trouve que dans une petite partie de l'Amé- rique méridionale (i). Aucun des nombreux et savans voya- geurs, qui ont récemment exploré le Brésil, n'en parle; et il nous manque des renseignemens constatant son existence dans des pays , situés au nord de Surinam. On l'appelé dans cette, colonie serpent a deux têtes et serpent co- rail, dénominations, que les colons ont coutume d'appli- quer à plusieurs Ophidiens très différens : la première pour désigner tous les reptiles de forme grêle, dont lesdeuxbouts se ressemblent par leur forme arrondie ou émoussée, tels que les TORTRIX, les AMPHISBÈNES, IcS T Y P H L O P S CtC ; la SC- conde pour comprendre les serpens , dont le corps est annelé de noir et de rouge, tels que certaines coronelles, le lyco- DON FORMOsus, plusicurs E L A p s ctc. Lc Rubau vit con- tinuellement à terre. Nous possédons un individu qui a été tué au moment, qu'il étoit occupé à dévorer une cécile, de la même taille que lui. Nous devons cet individu , ainsi qu'une série complète de cette espèce et le dessin fait sur le vivant , aux soins désintéressés de M. Dieperink à Paramaribo. On ignore les habitudes du Ruban , que Linné (2) a classé dans son genre a n g u i s , avec l'épithète de s c y t a l e. Cet auteur a donné la figure (3) de l'adulte ; une autre se trouve dans l'ouvrage de Mlle. Mérian (4) ; une troisième chez Scheïichzer (5) , qui a aussi figuré un individu dans 1 âge moyen : /. c. PL 678 Jig. 2. Deux autres , faites également (1) M. d'Orbigny vient de rapporter ce Tortrix de Sta. Criiz de la Sierra. — (2) Syst. naL 1. pag. 392. — (3) Mus. Ad. Fried. PL 6. fg. 2. — (4) PI, 69. ~ (5) Biblia sacra. PI. G78. ^g. 2. ÏORTRIX UUFA. 9 d'après de très vieux sujets , et celle d'un jeune ont été publiées par Seba (i); elles ont fourni les types de trois espèces nomi- nales: AN G. CORALLINA, ATRA Ct COLRUL EA, intro- duites dans le système par Laurentids (2) , qui y a encore ajouté deux autres: AN G. A N N UL AT A et A. fasciata. Les descriptions et les figures , qu'en ont données LACÉrÈDE Ç6) et Daudin (4) sont très incomplètes. Ces auteurs ont reçu leurs individus de Cayenne et de Surinam. Oppel (5) a le pre- mier séparé du genre an guis ce Rouleau avec plusieurs autres espèces , créant pour ces Ophidiens une coupe généri- que nouvelle , qu'il appelé t o r t r i x. Cette dénomination anciennement en usage , pour désigner certains insectes de l'ordre des Lépidoptères , a été plus tard changée en celle d'iLYSiA (6), d'ANiLius (7) et de torquatrix (8). On doit encore ajouter à cette synonymie I'anguis rostra- Tus de Weigel (9). Wagler (10) a donné tout récemment une bonne figure de ce Tortrix. Nos figures 4 et 5 représentent la tête d'un Ruban presqu'a- dulte. 2 Esp. LE TORTRIX ROUX. TORTRIX RUFA. Pi. I. f. 1—3. Des formes moins alongées que celles du ruban; une (1) T/ies. 17. PL ']'6Jig. 1 et ?> ; PL Zo/lg. 2. comparez aussi Seba 1. 84. I : le colorit de ces planches est tout-à-fait arbitraire. — (2) Syn. p. 70 suû'. — (3) QumL ov. II. PL i^.fig.i. le rouleau et le rouge. — (4) Hist. n. (L Rept. voL VU, PL ^l^fig. i- — (5) RcptlL p, 54. — [6] Hemprich. Haudbuch et Lichtenst. CataL p. 104. (7) Oken Tfat. p. 873. — (8) Gr\y. Syn. of llcpt.p. i3. (9) Schriften d. BeiL Gesellsch. lU.p. 190. — (10) Icon. PL^ f. 2. 10 TORTRIX RUFA. queue plus courte, comprimée et conique ; des teintes d'un brun terne interrompues particulièrement sur les parties in- férieures par des bandes alternes d'un beau blanc , et un collier rouge : voilà les traits caractéristiques de cette espèce. Elle atteint une taille presqu' aussi forte que la précédente, mais elle est en comparaison moins longue et plus grosse. Le corps est également cylindrique; les écailles, disposées sur l'j rangées , sont un peu plus larges et plus obtuses que chez le Ruban ; mais la série , qui occupe la ligne médiane du ventre , ne se distingue presque pas des autres. La queue est de moi- tié plus courte que celle de l'espèce précédente , conique et pointue. La tête se distingue de celle des autres espèces par sa forme conique; le museau est obtus; les plaques nasales sont plus grandes , les frontales moins larges que chez le Ku- ban; le reste des écailles qui revêtent la tête, se ressemblent dans les deux espèces, mais dans celle qui nous occupe, elles sont moins oblongues et plus larges; aussi les occipitales of- frent- elles quelquefois plus d'étendue. Les yeux sont un peu plus grands que chez le Ptuban ; le bord des orbites est formé par les plaques labiales , superciliaires et temporales ; on trou- ve quelquefois une petite plaque oculaire postérieure. La couleur dominante est un beau brun noir très luisant, fortement irisé et réfléchissant particulièrement le bleu d'a- cier. Des bandes transversales nombreuses , d'un blanc pur et disposées alternativement , se touchent sur la ligne médiane du dessous du corps: elles se perdent le plus souventsurles flancs, d'où quelques unes cependant se prolongent sur le dos, for- mant ainsi des anneaux plus ou moins complets. Le dessous de la queue, une bande séparant la tête du cou, et deux taches sur les plaques frontales sont d'un beau rouge vermillon. Cet- te dernière teinte s'efface totalement après la mort et les indi- vidus , conservés dans la liqueur forte, perdent beaucoup de l'éclat primitif de leurs couleurs. Le crâne du Tortrix roux ressemble, quant aux os qui le composent , parfaitement à celui du ru b a n ; mais il a les for- TORTRIX RIJFA. 1 1 mes moins alongees, il est plus large et les sutures des mas- toidiens sont plus visibles. Les os du squelette sont plus robustes, et les vertèbres cervicales plus développées que dans l'espèce précédente. On trouve à chaque coté de l'anus des vestiges d'extrémités postérieures (i), parfaitement sembla- bles à ceux du ruban. Le Tortrix roux convient , à l'éofard de la conformation des parties molles, sous plusieurs rapports avec l'espèce précédente. Il s'en distingue cependant par des intestins plus gros et plus courts , par un poumon beaucoup plus court, et par le manque total de cœcum. La glande sali- vaire de la mâchoire inférieure est très développée , celle de la supérieure au contraire très petite ; il y a une petite lacrymale à l'angle postérieur de l'œil. Le nombre des plaques sur la rangée médiane du ventre varie depuis i8o à 23o; celui des souscaudales de 5 à 9. Je n'ai pu observer des différences provenant de l'âge et du sexe^ les va- riétés accidentelles au contraire, sont très fréquentes: quelques individus ont les parties supérieures tout-à-fait noires; les bandes blanches sont souvent fondues en laroes taches car- rées; les deux points rouges sur les plaques nasales et même la bande occipitale manquent quelquefois totalement , etc. Le Tortrix roux se trouve en abondance à l'ile de J a va , d'où le Musée des Pays-Bas en a reçu en grand nombre. Le Professeur Reïnwardt , M. M. Quoy et Gaimard et le doc- teur Strauss ont rapporté de Manado à Célèbe, des individus de ce Tortrix, qui se distinguent de ceux de Java , en ce qu'ils ont toutes les parties supérieures d'un noir uniforme. Cette variété de Climat répond au ï o r t r i x m e l a n o t a de BoiE. RussEL (2) a fait mention de deux individus, provenant de Tranquebar, où on nomme l'espèce schil a y-p aivib 00; le Musée de Paris en possède d'originaires du Bengale. A en juger d'après l'individu adulte, que Sera (3) a figuré, le Tortrix roux (1) Mayer No^a Jeta , vol. XI] PL II. PL ^"j f. 5. — (2) Serjj. IL pag. 32. — (3) The.s. II. PL i^jfg, 1. 12 TORTRIX MACULAT A. fait sa nourriture de scolopendres. Cet iconographe en a publié deux autres (i) portraits assez mauvais. Ceux de ScHEUCHZER (2) sont rcconnaissables. Les meilleurs se trouvent dans RussEL (3). Cette espèce a été introduite dans les catalo- gues méthodiques par Laurentius sous le nom d'ANGiiis ru- fa (4). Merrem (5) a fait une espèce nominale: scytale s CHEUCHZERi, fondée sur la Pl.G^'j.fig. i de Scheuchzer. C'est aussi I'eryx roux de Daudin (6). Wagler (y) a créé pour cette espèce et pour la suivante son genre cylindro- p H is. M. Reinwardt en a fait faire un dessin sur le vivant , dont la copie se trouve chez Wagler (8). On ne sait rien sur la ma- nière de vivre de ce Tortrix. Le plus grand individu du Musée des Pays-Bas mesure o,535 -f o,oo8 : on en voit le portrait dans notre atlas, PL Lfig' i —3. 3 Esp. LE TORTRIX MACULE, TORTRIX M ACULATA. Pl.L fig. 6 et 7. Cette espèce est très voisine de la précédente : elle atteint cependant une taille moins forte 5 son corps est moins gros et sa tête plus alongée : les plaques du sommet de la tête se rap- prochent davantage, par leur forme, de celles des Couleuvres ; enfin elle présente des différences très marquées dans la dis- tribution des couleurs. Un beau brun jaunâtre ou hépatique occupe les parties supérieures ; le dessous est teint de blanc jaunâtre. La ligne médiane dorsale et de nombreuses bandes {.1) Thés. II. PI. qf. 3 et PL 10 fig. 3.— (2) Bibl. sacr. PI. Ç>l\nfig- i; jk^Jig. 6 et PI, 629..: — (3) Serp. II. PI. 27: iiulividii, adulte orig. de Java ; ib. PI. i^- fg. i ; ind. jeune de Tranquebar. — (4) Syn. p. 71. — (5) Tent.p. 8/|. — (6) Rcpt. vu p. '263. — (7) Syst.p. igS. — (8) Icon. Pi. 5 fig. i:CYLlNl)ROrHIS resplenuens. TORTRIX MACULATA. 1,1 transversales sont d'un noir hrunatre: ces l)an(les composent, en se joignant, un dessin réticulaire très agréable, qui fait entrevoir la couleur du fond sous forme de grandes taches , carrées sur les flancs, elliptiques ou arrondies sur les dos. Les écailles , la forme du tronc et de la queue , les vestiges des ex- trémités postérieures , sont parfaitement semblables à ces par- ties chez le TORTRixROux; mais on compte 19 rangées d'écaillés. Je n'ai trouvé aucune particularité dans la structure interne, excepté que l'intestin gros est pourvu d'un petit cœcum. Avant la mue, les couleurs sont très pâles ; mais l'épi- derme ne perd rien de son luisant pendant ce changement. La disposition des teintes varie plus ou moins suivant les indivi- dus, mais je n'ai pu découvrir aucune différence de sexe ou d'âge. Nos plus grands individus sont de o,3i5 ± 0,006. Un très vieux sujet , que j'ai vu chez M. Klinkenberg, était de 2 pieds environ. Les plaques abdominales et souscaudales varient de- puis 180 -f 5 jusqu'à 200 -j- 6. Le Tortrix maculé est originaire deCeylon, d'où le Musée des Pays-Bas en possède plusieurs individus, dûs aux soins de M.S311TH Directeur du South-african Muséum ; mais il paraît , que cette espèce se trouve aussi aux grandes Indes. Elle a été fîguréed'une manière reconnaissable par ScHEucHZER^/Z>/. sacra Pl.66o/ig.3 et PL 606 Bj par Sera // P/. 100. /.' 2. el [ PI; 53 fi g 7. Ces deux dernières figures, dont la première est faite d'après un très vieux individu , sont les types des anguis tesselatacIdecus- s A T A de Laurentius. Linné a représenté son anguis macu- lât a sur la P/. 2iy^ 3 du Muséum Adolphi Frledericl ; enfin il y a une bonne figure de ce Tortrix chez Russel // N^ 29 , et chez Guérin Jcon, Rept. PL 19/.' i. Cette espèce porte dans plusieurs ouvrages français le nom de m i g u e l. 14 TORTRIX ERYX. 4 Esp. HERYX. TORTRIX ERYX. PI. I. fîg. II. 12. l3. L'Eryx est très caractérisé par sa queue courte et obtuse; par le bout de son museau , muni d'une grande plaque oblique- ment tronquée, tandis que toutes les autres parties sont re- vêtues d'écaillés très petites; par sa pupille verticale; enfin par la rangée souscaudale et abdominale de bandes étroites. Il est impossible de le confondre avec quelque autre Opliidien. La petitesse des écailles , la présence d'un crochet près de l'anus et plusieurs autres caractères ont fait, qu'on a rapproché cette espèce des boas, dont elle s'éloigne évidemment par l'en- semble de son organisation et par ses mœurs. C'est un vrai t or- tri x, quoiqu'il diffère des autres espèces sous plusieurs points de son organisation et cela d'une manière assez remarquable. Il a beaucoup du port des es|)èces précédentes : son corps est , comme dans celles-ci, d'égale grosseur, cylindrique ou peu comprimé ; la tête d'une venue avec le tronc ; la q u e u e peu distincte du corps et vigoureuse. Ce membre, un peu plus long que celui du tortrixscytale, lui ressemble par la forme et par la pointe émoussée. Quant à la forme du tronc, le T. Eryx convient davantage avec les tortrix rufa et M/VCULATA. Les éc ail les sont petites , un peu convexes et disposées plus obliquement que chez les trois espèces précé- dentes; on en compte 35 à 45 rangées: elles augmentent un peu en étendue vers les parties inférieures et vers la tète , où elles sont de forme irrégulière et variant d'un individu à l'au- tre sous le double rapport de l'étendue et de la configura- tion. Le museau mobile descend en pente et est muni à sa pointe d'ime grande plaque pentagone, déprimée et coupée obliquement en dessous. Les narines, situées entre deux pla- ques, se touchant parleur bord interne, sont presque linéaires et peu ouvertes. Les y eux sont un peu verticaux et plus éloignés TORTRIX ERYX. 15 de la pointe du museau qu'à l'ordinaire; ils offrent une pupille perpendiculairement oblongue. Les plaques labiales sont très nombreuses. La co ul eur du fond de cette espèce est un beau rouge; une teinte uniforme jaune occupe le dessous. De nombreuses taches d'un brun noir, tantôt en forme de bandes transversa- les, tantôt confluentes et formant une espèce de réseau , par- courent les parties supérieures en tous sens : ce dessin «s 'efface presque totalement avec l'âge; la couleur du fond pâlit égale- ment, de sorte que les très vieux individus n'offrent qu'une teinte uniforme d'un rouge de brique sale et très pâle. Les vertèbres sont munies d'apophyses plus saillantes que dans les autres Rouleaux; les inférieures des cervicales sont très prononcées; les côtes sont plus longues et plus ar- quées que chez les espèces précédentes. Les premières vertè- bres de la queue ressemblent aux dorsales, et sont pour- vues d'apophyses transversales, imitant en quelque sorte les côtes; mais le reste de ces vertèbres se fait remarquer par le volume de leur corps : elles forment ensemble un gros cylin- dre, muni dans toute sa circonférence de nombreuses rangées d'apophyses grosses et souvent bifides. Cette construction par- ticulière doit prêter une force considérable à l'organe dont ces os forment la base , et qui sert sans doute pour s'appuyer ou pour fouiller la terre. Le crâne de l'Eryx s'éloigne sous plusieurs rapports de la forme type du genre : il est plus ramassé et plus large que celui des espèces précédentes ; les os qui le composent , sont moi.is lourds et plus mobiles ; les dents sont moins nombreu- ses ; les mastoidiens moins intimement joints au crâne et ainsi que les caisses , plus longs ; l'orbite enfin est postérieurement complète. Les nasaux sont très alongés et réunis à Tinter- maxillaire, qui imite par sa forme la plaque qui le recouvre: il est dépourvu de dents. La mandibule supérieure est très courte et , ce qui est bien curieux , dépourvue de glande sali- vaire ; j'ai cependant observé une très petite glande à la comis- 16 TORTRIX ERYX. sure des lèvres ; celle de la mâchoire inférieure est peu déve- loppée ; les lacrymales sont très petites. Le cœur de l'Eryx est placé plus en avant que chez les autres tortrix; Testo- mac est plus court, et les intestins en conséquence beau- coup plus longs. Le duodénum qui est très ample , fait plu- sieurs inflexions ; le rectum au contraire est étroit et muni d'un vestige de cœcum. La structure de la tunique interne du ca- nal intestinal de l'Eryx est très remarquable , en ce qu elle offre des papilles plates en forme de feuilles assez développées, qui se perdent vers le gros intestin ou le rectum : ce dernier est divisé par des valvules conniventes en trois compartimens. Le poumon présente deux lobes, dont le gauche est peu développé , quoique d'un tiers au moins plus long que celui du coté droit. Les crochets de l'anus sont supportés par plusieurs os assez forts, semblables à ceux du tort, scy- TALE, et dont les bouts intérieurs libres se prolongent dans la cavité abdominale : cet appareil a ses muscles particuliers et très développés. On reconnaît, comme nous avons dit plus haut, les jeunes à leurs couleurs , mais il est difficile de découvrir des différen- ces sexuelles. Cette espèce est très sujette à des variétés acci- dentelles: la distribution des teintes est peu constante ; la queue est tantôt plus longue tantôt pins courte, ce qvii est sou- vent le résultat d'une mutilation : il est naturel que le nombre des bandes souscaudales qui sont souvent divisées, varie aussi suivant ces circonstances. L'Eryx atteint une forte taille, comme on peut juger par l'individu adulte figuré par Russel. IL PL i6. Dans une série complète d'individus, que possède le Musée des Pays-Bas , j'ai trouvé que les plaques varient depuis 167 + 17 jusqu'à +211 23. Ce même établissement a reçu un individu, mesurant o , 47 + ^5 ^4^, et qui est, pro- portions gardées, beaucoup moins gros que celui figuré par RuSSEL. Le Musée de Paris et celui des Pays-Bas ont reçu de Pon- dichéry plusieurs variétés de cet Eryx, dont l'une pourra peut- TORTRIX ERYX. 17 être former une variété constante de climat: c'est I'eryx ben- GALE N SIS du Musée de Paris; il se distingue des autres in- dividus par des écailles assez développées et surmontées d'une carène beaucoup plus forte qu'à l'ordinaire. Ses teintes très pro- noncées sur le dessous sont nuancées de taches foncées ; elles forment sur le dos un large ruban en zigzag, se divisant sur le devant en trois raies qui se perdent sur l'occiput et derrière l'oeil. Une autre variété, rapportée également de Pondichéry par Bélanger, a toutes les teintes uniformes et claires: les écailles du dessous du museau offrent plus d'étendue, des formes plus symétriques et ont l'apparence de petites plaques : on a fait de cet Eryx une espèce sous le nom d'ERYx indicus. L'eryx est l'espèce la plus répandue du genre. Il abonde en Eo"ypte, et h a 1) i t e des contrées assez éloignées les unes des autres. Presque tous les voyageurs naturalistes qui ont exploré cette terre classique , l'ont rapporté et décrit , souvent sous plusieurs noms. Hasselquist (i) par exemple, en a fait ses anguis j A eu LUS et coLUBRiNA, qu OU a placés plus tard dans le genre t o r t r i x. Les charlatans de ce pays se servent de Y Eryx , pour fixer dans la tête de ce serpent les incisives d'un petit rongeur quelconque , ce qui lui donne Fair d être cornu : il est vraisemblable , qu' une idée si singulière ait été suggérée par les soidisant cornes du Céraste ; nous avons reçu de l'Egypte plusieurs sujets d'Eryx, ainsi transformés en monstres; Hassel- QuiST, induit en erreur par cette tromperie, en a fait une espèce sous le nom d'ANCuis cérastes (2), que Daudin (3) a placé avec les autres espèces , créées par Hasselquist , dans son genre eryx. On voit dans la Description de C E gypte (^^^ deux belles figures de l'Eryx, piïbliées sous les dénominations d'ERYX DE LA THÉB AIDE et d'ER YX DU DELTA. BROVVNa observé VEryx au Darfour; mais cette espèce se trouve aussi dans une partie de l'Europe, comme l'a prouvé Olivier, qui (i) royage App. n." G4 e/G5. -— (2) ib, Xi^ G7. - (3) Rept. vol. VI p,%hl\ sulv, *— (4) Jtlas liept. PI. GJig. i et 2; vol XXIF pag. 54. — 18 TORTRIX EïlYX. a figuré (i) un individu , rapporté de Polino , une des îles de la Grèce : elle porte chez ce voyageur le nom de b o a tur c et a été placée par Daudin (2) dans son genre eryx. M. Lichten- STEï^^nous a fait parvenir an individu de son boa tartari- c\ (3} , trouvé par EvERSMAN dans les plaines sablonneuses à l'Est de la mer Caspienne, individu qui ne diffère en rien de ceux , que M. RuppELL nous a envoyés de l'Egypte , ni de ceux que RussEL (4) a observés au Bengale et décrits sous le nom d'E- RYx JOHNii. Schneider (5) a décrit et figuré un adulte sous le nom de boa an guifor mis : cet^e espèce nominale a en- suite été placée par Merrem dans legenre er yx; DAUDiN(6)a expressément créé pour elle son genre clothonia, mais la description qu'il en donne , est faite en partie d après une Vipère. Guérin (^7) a tout récemment publié la figure de la variété de Pondichéry sous le nom d'ERYx bengalensis; on voit sur la même planche le profil de l'adulte, portant la dénomina- tion descYTALE coRONATA. R USSEL (8) rapporte que l'Eryx se trouve aussi à Tranquebar et qu'il atteint jusqu'à trois pieds de longueur , que ses mouvemens sont très lents , qu'appri- voisé, il ne montre aucune disposition de mordre, et qu'il peut supporter de longues abstinences. On l'appelé dans ces pays ERUT ALE Y-NAG AM Ctlc jCUnC M A N Ê D U LLI-P A M B OO. M. Meckel (9) décrit, dans son anatomie comparée, un appa- reil musculaire, particulier aux am ph isbènes et à I'eryx, par l'action duquel ces animaux doivent avoir la marche rétro- grade. Je ne connais aucun auteur , qui ait fait mention de cette faculté chez I'e r y x. (i) Foy. PI. 16 , /o- 2. J. B. — (1) Fxept. vol. VU, p. 267. PL S^fff. 2 et PL Gif. 34 et 35. — (3) Eversm. 7?me Jpp. p. 146 et CataL p. 104 , n.** 68. — (/,) Scrp. TL PL 16 : individu adulte, à queue mutilée; PI. 17 , le jeune. — ("i) Ilist. amphih. Il , p. iG^-, Denhschr. Munich, voL Fil p. 119 PL 8. (6) Rept. voL Fil p. 285. — (7) Iconog. Fxept. PL 20 fig. 1 eti. — (8) Serp. II. pag. 19. — (9) . Fer. An. Il p. i43. TORTRIX PSEDDOERYX. 19 5 Esp. LE PSEUDO-ERYX. T. PSKUDO-ERYX. Le nom que porte cette espèce , indique très I)ien l'affinité qui existe entre elle et la précédente , à laquelle elle resseuihlc par rapport aux formes et aux teintes 5 elle offre cependant dans son organisation de nombreux traits, qui en font une espèce des mieux caractérisées. Elle a le corps plus gros et plus comprimé que l'Eryx ; sa queue est plus longue et fortement prenante; les bandes du dessous occupent presque toute la lar- geur de l'abdomen; la tête est plus petite que chez l'Eryx et offre un museau assez conique , qui est revêtu de p l a q u es com- me chez les Couleuvres, mais dont la disposition et les formes sont disparates sous plusieurs rapports. La rostrale ressemble à celle de l'Eryx ; il existe deux paires de frontales dont les antérieures sont petites , étroites et divisées seulement par une suture incomplète en arrière; il en est de même avec la ver- ticale qui se réunit par sa pointe ta une occipitale transversale- ment linéaire et d'une conformation assez anomale ; le reste des plaques de l'occiput ne diffère des écailles du tronc que par leur forme irrégulière. Les narines sont latérales et beaucoup plus ouvertes que chez l'Eryx : elles occupent une petite plaque en- châssée entre les frênaies et la labiale antérieure. On voit 1 plaques oculaires antérieures et 4 postérieures ; les surciliaires sont assez développées, mais la frênaie manque , vu que les fron- tales postérieures descendent sur les flancs du museau pour se réuniraux labiales qui sont au nombre de 9. On ne distingue qu' une paire de plaques mentales; les gulaires sont remplacées par de petites écailles. Les écailles du tronc, toutes surmontées d'une carène , sont exiguës , en rhombe , à pointe tronquée , et disposées sur 4i rangées environ : chacune des bandes abdomi- nales est bordée de deux écailles lisses et plus grandes que le reste. L'œi 1 du Pseudo-Eryx est à peine plus grand que chez l'Eryx et offre comme celui de cette espèce une prunelle verticalement 20 TORTRIX XENOPELTIS. alorjoée. La bouche est garnie de petites dents aiguës et de même grosseur Un brun de terre jaunâtre et varié d\ine teinte foncée qui for- me un dessin réticuJairesjir la queue, en occupe les parties supé- rieures. On observe sur le cou , sui- la tête et derrière Tceil , plu- sieurs raies noirâtres , séparées par des taches d un jaune d'ocre. Le dessous est d'un jaune pâle, marbré et tacheté de brun, de sorte que la teinte claire forme une bordure pour chaque bande. On compte environ 200 + 60 bandes simples. La taille de l'espèce est de 0,52 _]_ o,i25. Découverte par feu Peron aux environs de Port-Jackson , elle n'a été retrouvée par aucun autre voyageur et n'est connue que d'après l'individu unique dont je publie la description, et qui est conservé auxMusée de Paris. 6 Esp. LE XENOPELTIS. TOUTRÏX XEKOPELTÏS. PI. T. fig. 8 — 10. LeXenopeltis s'éloigne des r o u l e aux pour se rapprocher des COULEUVRES. L'ensemblc de ses formes rappelé certains ser- pens , que nous avons réunis dans le genre l\ codon ; mais les téi^umens de la tète, les plaques abdominales étroites et plu- sieurs autres caractères annoncent son affinité avec les Tortrix. Les organes de la respiration sont aussi développés que chez les BOAS, niais on ne lui trouve pas de vestiges d'extrémi- tés postérieures. Les narines, les plaques frontales , la forme du corps et de la queue diffèrent peu des mêmes organes chez les autres couleuvres; niais l'éclat de sa peau irisée et lui- sante, la conformation des écailles , et la brièveté des caisses sont autant de particularités, que le Xenopeltis a en commun avec les vrais îlouleaux. Le Xenopeltis est un des serpens les plus rares de l'île de TOllTUlX XEXOPELTIS. 21 Java , où \e, professeur RErr^wARDT l'a découvert le premier; il a été depuis retrouvé par nos voyageurs à Sumatra et a été égiilenient envoyé de Célèbe au. Musée de Pnris, connue on peut voir par la ligure rju'en a publié Guérin: Icon. Re/)t. PI. 21. fii^'. 3. Les portraits, faits sur le vivant , que nous pos- sédons , démontrent que cet Ophidien est orné de couleurs très vives el très belies. Les parties supérieures sont d'un noir très foncé d'un éclat incomparable, et ([ui paraît être mélangé debleu d'acier , depourjjre et de vert doré. Le dessous est teint d'un blanc uniforme qui s'étend sur les flancs , en bordant les écailles dont le centre est occupé par une tacbe foncée: ces tacbes diminuent en grandeur vers les parties inférieures. Ces belles teintes s'effacent graduellement, quand l'animal veut changer de peau et il est , immédiatement avant cette opéra- tion , dun brun gris uniforme : voilà les caractères , sur les- quels sont fondés les xenopeltis unicolor et conco- LOR. Les jeunes ont la tête toute blanche; mais cette partie prend insensiblement et avec i'càge la couleur des parties supé- rieures : cette diversité dans les teintes des jeunes a donné lieu à la création de l'espèce nominale , appelée : xen. leugo- C E P II A L A. La tête du Xenopeltis est très déprimée et conique ; les na- rines sont plus ouvertes que dans les autres Rouleaux et laté- rales , les yeux, petits et un peu verticaux ; on observe entre les plaques nasales une paire de frontales antérieures. Les écailles qui revêtent la tête, ne diffèrent de celles du tronc que par leur étendue : ces dernières sont de grandeur moyenne , toutes lisses, carrées, à pointes émoussées et disposées sur i5 rangées. Le corps est presque cylindrique , mais un reu angu- leux sur les cotés du ventre. La queue est plus mince qu'on ne l'observe ordinairement chez les Tortrix , conique , peu lon- gue , et garnie en dessous de 26 a So paires de plaques divisées. Celles de la ligne médiane du ventre sont plus étroites que chez les Couleuvres et varient de iy2 à i84- L'*^ Xenopeltis -Uteiiit jusqu'à ofiy -f o,o65 de longueur totale. 22 TORTHIX BOA. Les (lents sont plus nombreuses que chez les espèces pré- cédentes. Les glandes salivaires se font remarquer par leur exiguité ; les nasales au contraire offrent un volume plus con- sidérable que dans aucun autre Ophidien. J'ai en outre observé près de la commissure des lèvres une bourse, analogue aux bour- ses muqueuses , qui me paraît être un prolongement des tuni- ques intérieures de la bouche , dans laquelle elle donne. Les glandes qui entourent la thyréoidienne , sont extrêmement déve- loppées et divisées en quatre lobes. Le poumon droit accom- pagne le foie dans toute sa longueur; celui du coté gauche est de moitié plus court. Les intestins sont assez larges ; ils font peu d'inflexions et on ne distingue ni cœcum ni rectum. La rate est placée sur le dos de restom;>c. J'ai trouvé dans les intestins d\m individu un jeune rat de l'espèce appelée mus leuco- G ASTER. 7 Esp. LA TORTIUX BOA. TOKTHÎX BOA. Rappelant par la distribution des teintes les Tortrix propre- ment dits, cette espèce se rapproche^ quantàsesformeS;, duXE- NOPELTis dont elle serait assez voisine, si la queue prenante et la conformation des plaques de iatôte ne l'en éloignaient. Le ca- ractère particulier qu'offrent les plaques labiales inférieures , d'être creusées par une fossette , caractère observé jusqu'à pré- sent seulement dans les Boas , et plusieurs autres traits que cette espèce a en commun avec ces derniers reptiles, nous a détermi- nés à lui conférer une épithète qui exprime cette affinité. M. M. Lesson et Garivot ont fait la découverte de ce curieux reptile lors de leur séjour à la Nouvelle Ti^lande ; ces voyageurs n'en ont rapporté qu'un seul individu, conservé au Musée de Paris et qui est le même, dont je me suis servi pour faire la descrip- tion suivante. Le Tortrix Boa a une taille de o^34 + o,o5. Son port est à- TOKTUIX BOA. lli peu-près le même que celui du Xenopeltis 5 mais il a le corps moins gros et plus déprimé; la queue est plus grêle et prenante 5 la tcte enfin , tout en conservant les mêmes formes et les mêmes proportions , est un peu plus distincte du tronc. On compte à ce nouveau Torti'ix25o plaques abdominales, un peu plus étroi- tes que chez le Xenopeltis ; celles de la queue , à l'exception des 3 premières, sont divisées et disposées sur 44 doubles rangées. 2.g Rangées d'écaillés carrées et à surface unie entourent la cir- conférence du corps : elles deviennent plus larges à mesure qu' elles se rapprochent de l'abdomen. Ce Tortrix a le sommet de la tête couvert de plaques sem- blables, pour le nombre, à celles des Couleuvres, mais très diffé rentes pour la configuration. Les frontales postérieures sont ex-' trèmément développées, tandis que les antérieures sont assez pe- tites; les surciliaires offrent les mêmes proportions; on voit une rostrale très déprimée ; la verticale est moyenne et en hexagone presque régulier; enfin , il y a deux occipitales alongées. La tête assez déprimée , large et à museau obtus , offre des yeux un peu verticaux et à pupille perpendiculairement oblongue ; mais les narines sont parfaitement latérales et assez ouvertes. Une pla- que frén?le très petite précède l'oculaire antérieure , qui est au contraire d'une étendue considérable ; il existent 2 plaques ocu- laires postérieures. On voit 9 plaques labiales, dont les derniè- res de la lèvre inférieure offrent le caractère particulier , énoncé plus haut. Les mentales sont peu développées , et le reste de la gorge est revêtu de très petites écailles. Les dents de cette espèce sont exiguës et partout d'égale grosseur. Elle se reconnaît facilement à la distribution de ses tein- tes fortement irisées , qui se présentent sous la forme de ban- des tranversales noirâtres plus ou moins symétriques au nombre de 32 environ , sur un fond d'un jaune blanchâtre. Le dessous est varié d'un noir bleuâtre assez pâle entremêlé de taches blan- ches. Le noir de la tête est très agréablement interrompu par une tache blanche derrière l'œil et par une autre transversale et large sur l'occiput. 'M TORTRIX. Les auteurs qui ont écrit sur l'Ophiologie , ont classé dans le genre t ort ri x plusieurs reptiles qu'il convient de rejeter, après avoir soumis à un examen sévère les descriptions sur les- quelles ces espèces reposent. Il faut ranger dans ce nombre : le TORTRIX MELANO S T I G T A, Merrem Tûfit.p. 82, établi d'après RussEL Sef'p. I. iV.° ^2. , lequel me paraît appartenir au genre a n- G uis ; ensuite le t ortr. r et i culat a. , /b. qui a pour type, ScHEUCHZER BibUci sttcra PL 'J^'J f- 4 ? figure du typhlops LUMBRICALIS ^Ic TORTRIX RUS S ELU, RuSSEL /. hi .^ /(^ , qui doit être rangé parmi les t y ph l o ps; le t o r t r. m i l i a- R I S, que l'on neconnait que d'après la description, qu'en a donnée PALLASsouslenom d'AiN guis j\i il.; enfin, il convient d'en rayer les TO RTRIX BRACH Yïl r A Cl A NNU LAT A, MERR.y;. 82^^ 83, qui reposent sur une base trop peu solide pour mériter une place dans les méthodes. ^ 2 sm\ : iifô îcifrpintô iiumltrice. Genre n»\ut; la tête peu distincte du tronc: les Calamars ont par conséquent leurs caisses courtes et la gueule peu fendue. Les plaques du ventre sont en géné- ral plus étroites que chez les Couleuvres, mais les sous-caudales sont, comme dans celles-ci, ordinairement disposées par paires. Les écailles sont presque toujours lisses et disposées le plus souvent sur i3 à i5 rangées. Les os qui composent le squelette, sont très délicats et se distinguent, comme ceux du genre précédent, par la simpli- cité de leur conformation. Leliord postérieur de f orbite est souvent incomplet; les os qui portent les dents, sont toujours très minces; les dents elles-mêmes sont nombreuses, très dé- liées , arquées et en peigne. Une espèce, l'o ligodon fait à cet égard une exce[)ti( )n remarquable ; caries dents de ses mâchoires sont développées, à ce qu'il paraît, aux dépens des palatines qui manquent totalement. Le nombre et la forme des glandes de la tête varient considérablement d'une espèce à l'autre; on peut en dire autant de la construction des parties internes. Il y a toujours un seul sa<- pulmonaire, souvent très court. CALAMARIA LUMBRICOIDEA. 27 La plupart des Serpens lonil)rics ne surpassent guère un pied en longueur. Les uns sont ovipares , d'autres vivipares. Tous ha b i t e n t les contrées équatoriales ou les pays voisins des tro- piques. On les a observés jusqu'à ce jou^^ dans les deux Améri- ques, en Afrique, dans l'Asie méridionale, à la Nouvelle Hollande et sur plusieurs îles du grand Archipel indien. Il paraît que les espèces sont peu répandues. Les Calamars se n o u r r i s s e n t de petits animaux , particulièrement d'invertébrés, comme devers, de mollusques etc. On sait peu de chose de leurs habitudes. Je n'ai pu découvrir à l'extérieur des différences sexuelles. Les Calamars sont rares dans les collections d'histoire naturelle et leur histoire est encore à faire. I Esp. LE CALAMAR LOMBRIC. C. LUMBRICOIDEA. PI. I. fig. i4 , i5 , i6. Notre infatigable voyageur, feu Kuhl, a découvert cette belle et singulière espèce à l'île de Java ; elle habite en outre l'île de Célèbe, comme le démontre un individu, pris par le Dr. Strauss dans les environs de Manado. Elle a été figurée sur la PL 11. fig. I. de l'ouvrage encore inédit, intitulé : Erpétologie de Java^ dont feu H. Boie est l'auteur. Elle est assez remarquable par son corps , partout d'égale grosseur et du diamètre d'un tuyau de plume de cygne , mais long quelquefois de plusieurs pieds. La queue est également cylindrique , très courte , peu conique , à bout obtus , ou terminée par une pointe très conique. On ne voit qu'une seule paire de plaques frontales très étendues et touchant aux labiales , dont le nombi'e s'élève de chaque coté jusqu'à cinq. Les nasales sont exiguës ; une petite plaque se trouve en avant de l'œil et une autre derrière cet organe. Les su- percilialres et la plaque verticale sont petites. Les écailles du tronc, disposées sur 1 3 rangées longitudinales, sont wssez; 28 CALAMARIA LIIVNAEÏ. orandes , carrées et à surface unie. Les bandes abdominales sont plus étroites que chez la plupart des Couleuvres f celles du dessous du tronçon de !a queue sont divisées et n'offrent rien de remarquable. Les parties supérieures sont d'un bleu noir de schiste; les infé- rieures d'un bleu pâle irrégulièrement maculé de noir, avec une raie jaune tjui s'étend le long des flancs. Ces dernières couleurs s'effacent par l'action de la liqueur forte. Cette espèce est bien rare ; nous n'en avons reçu que cinq in- dividus , dont le plus grand mesure o,54-f" 0,027. Le nombre des plaques abdominales et caudales varie de 217 -[-• 28 à 190 -|- ï6. Nous possédons le dessin decette espèce fait sur le vivant. Le j e u n e , qui a toutes les écailies des flancs et du dessous bor- dées de blanc grisâtre, un anneau blanc autour du cou et un autre près de l'anus , a été décrit par Boie sous le nom de cal. viRGULATA. EipcL de Java. Manuscrit, 2 Esp. LE CALAMAR DE LINNE. C. LINNAEï. PI. I. f. 17. .8. Le Calamar de Linné ressemble par son organisation à l'espèce de l'article précédent, mais son corps est, sur un diamètre égal , de moitié moins long. 11 a en outre , la tête moins dé- primée; les écailles, dont on compte i3 rangées longitudina- les , sont plus petites et les bandes abdominales plus larges. Les plaques , qui revêtent la tête , au contraire , se ressemblent parfaitement dans les deux espèces , à quelques petites modifi- cations près dans la torme. La disposition des couleurs du Calamar de Linné est très sujette à varier. La teinte du fond est d'un beau rouge carmin ou vermillon , plus foncé sur le dessus , ou il passe souvent au brun 5 au noir ou même au noir bleu. Toutes ces parties sont CALAMARIA LLXIVAEI. 29 variées de noir qui se montre clans les uns , sous la forme^de Grandes taches dorsales , disposées à des intervalles réguliers (i) ; dansd autres (2), ce noir iornie un dessin reticulaire surlesflancs; d'autres (3) encore, ont toutes les parties supérieures comme pai'semées de points et de taches de cette couleur; enfin il y en a (4;, ou les bandes abdominales sont marquées de larges taches carrées disposées alternativement. Je crois toutes ces variétés dues au hasard et aux changemens qu'éprouvent les couleurs durant la mue , car je n'ai pu découvrir ni des différences sexu- elles ni d'âge. Le crâne est oblong, les dents petites mais nombreuses , les caisses très courtes et l'orbite complète. Les apophyses transver- sales des vertèbres sont plus développées qu'à l'ordinaire et pointues , les côtes arquées. La glande salivairedela man- dibule inférieure est plus développée que celle de la supérieure ; on voit derrière l'œil une petite lacrymale; une nasale très étendue occupe l'espace entre les narines et l'œil. La position du cœur n'offre rien de particulier ; il n'y a qu'un seul poumon peu long. Lesinteslins offrent , près du pylorus , des inflexions nombreuses , profondes et très serrées. Le canal intestinal des- cend ensuite presque tout droit et donne brusquement près de lanus dans une cloaque large. La dissection d'une femelle adulte, dans laquelle j'ai trouvé trois œufs prêts à être pondus , me fait croire , que le Calamar de Linné est ovipare. Ce reptile n'atteint pas de fortes dimensions. Parmi le grand nombre d'individus que j'ai pu examiner , il n'en est aucun qui surpasse en longueur totale o,283 4* o,02t. La ({ueue varie considérablement en longueur suivant les individus. Cliez quel- ques uns , elle ne mesure qu'un centimètre ; chez d'autres elle va jusqu'à trois centimètres. Le nombre des plaques souscau- (1) Celte variété a été nommée par Boie: cal. MACULATA;iine autre à-peu-près semblable: cal. liisnaeî , fig. dans \ Erpét. de Java PL 11. fg- 2. (2) G AL. RETICULAT A BoiE. (3) CAL. M U L T I P U W C T A T A. lie y Erpét, de Java. — (4) c a l. t es s e l a t a de V Erpét. de Java. 30 CAL AM A RI A D'ORBIGNYI. dales doit naturellement augmenter ou diminuer suivant ces dimensions : il s'élève depuis 9 Jusqu'à 20 5 celui des bandes ab- dominales depuis i3o jusqu'à 160. Le Calamar de Linné est très abondant à l'île de Tava , d'où nos voyageurs en ont envoyé souvent les dépouilles au Musée des Pays-Bas. Nous possédons également les portraits de cinq variétés faits sur le vivant. Je trouve dans les manuscrits de feu KiiHL , que cette espèce habite même le jardin de Buitenzorg, qu'elle se tient à terre , qu'elle a les mouvemens très lents , qu elle est connue des Malais sous le nom d' u l a r - l e m a , et que tout le monde la regarde comme innocente. Elle a été figurée et décrite par Linné (ij ; mais Seba déjà en a donné des figures; telles sont par exemple \ajig. 5. P/, 2. ojol. II ^ qui représente la variété, nommée par Boie c. tesselata; puis la ^^•4- PL^^etfig.^.Pl.^Q^ la cal. multipunctata de BoiE : on doit peut-être aussi rapporter ici , Seba vol. I. PL 53. fig. 8 et //. PL 1 fig. i et 2 , mais ces figures sont trop mau- vaises pour mériter d'être citées. La figure de la tête PL I. fig. 18 e? 19 de notre ouvrage a été faite d'après la variété, nommée TESSELATA. 3 Esp. LE CALAMAR D'ORBIGNY. C. D'ORBÏGNYI. Les deux Calamars javanais dont nous venons faire la descrip- tion , sont remplacés dans le nouveau monde par deux autres espèces , semblables à celles-là par rapport à leurs formes et à leur port : le Calamar gracieux de l'Amérique du Nord répond au Calamar de Linné; celui du présent article^ originaire de l'A- mérique méridionale , au Calamar lombric. M. d'Orbigny , auquel nous avons dédié cette nouvelle espèce , Va découverte au Chilé. Elle appartient en même temps au nombre des plus belles, des plus gracieuses , et des plus ra- (1) Mus, Jd. Fried, PI. 6. fig. :'>. CALAMAUIA AMOEIVA. 31 res du genre. Elégante par ses formes , elle l'est également par la\listribution de ses teintes , que nous regrettons ne pas con- naître à l'état de vie. Son corps tout d'une venue avec la tête et la queue , ressem- ble à un bout de ficelle très mince et est parfaitement cylindri- que; il offre une longueur de o,385 , et la queue occupe en ou- tre 0,045 ; on voit par ces dimensions et par le nombre des pla- ques qui monte à 264 + 3o , que ce membre est plus développé que chez le Calamar lombric ; encore le tronc est-il beaucoup plus mince que chez cette dernière espèce , mais la forme de la tête et les plaques dont elle est revêtue, sont les mêmes dans ces deux animaux voisins. On observe une plaque rostrale d'une étendue considérable, terminant la tête qui est très petite et dé- primée. On compte sur le tronc i5 rangées d'écaillés à surface unie et de forme presque rhomboïdale. Un rouge de brique très vif et assez clair teint les parties supérieures ; le dessous de la tête est d'un jaune blanchâtre pâle ou d'une belle couleur de nacre. Le dessus de la tête et une grande tache sur la nuque sont d'un noir foncé , teinte séparée par un collier d'un blanc pur ; le museau, à l'exception d'un point noir , les lèvres et une tache derrière l'œil , présentent également cette dernière couleur. Une largue bande noire mais imparfaite en avant , occupe le bout de la queue qui est termi- née par une pointe blanche. Ce Calamar a les teintes irisées et très luisantes, comme on l'observe chez la plupart des autres espèces du genre. 4 Esp. LE CALAMAR GRACIEUX. C. A^IOENA. PI. r, fig. 19, 20. M. Say a décrit dans le Journal de ï Académie de Philadel- phie (i) , sous le nom de coluber AMOENUS,un petit Ophi- (i) Vol. IV. p. 237. 32 CALAMARIA DIADEMA. dien , originaire de Pennsylvanie , qui est une des espèces les mieux caractérisées du g^enre Galamaria. Nous en avons reçu une dixaine d'individus du Tennessee par les soins obligeans du Professeur Troost à Nashvjlle. Elle a la taille et le port de la précédente , mais ses formes sont plus menues; sa queue est plus longue, plus mince et plus pointue. La configuration et la disposition des lames écail- leuses des tégumens ne diffèrent presque pas dans ces deux espèces voisines , mais les bandes abdominales et les plaques nasales sont , dans celle du present article, un peu plus larges. La peau est très irisée; les parties supérieures sont d un brun luisant plus ou moins foncé , le dessous au contraire d'un beau rouge vermillon. Cette dernière teinte se cbange , par faction de la liqueur forte en un jaune très pâle. Dimensions : 0,200 -f- 0,0^5 ou 0,195 ^ 0,045. — Nombre des plaques: 127 -j- ^9 ouiiS-j-ip. — i3 rangées d'écaillés. — Le Calamar gracieux se tient de préférence sous des tas de pierres. 5 Esp. LE CALAMAR DIADÈME. €. BIx\BE3ÏA. Ce joli petit Calamar , projîre à la Nouvelle Hollande , y a été découvert par M.M. Quoy et Gaimard ; il est inédit et les deux in- dividus connus sont conservés au Musée de Paris. Une tacbe oc- cipitale blanchâtre , en forme de bande transversale , renfermée dans le noir profond du dessus de la tète, a donné lieu à la dénomination que porte cette nouvelle espèce. Le reste de l'ani- mal est d'un brun pâle tirant sur le jaune, et plus clair en des- sous. Les écailles ont un bord brun , ce qui fait un dessin réti- culaire assez joli; on en compte l'j ou i5 rangées: elles sont on peu en losange , à pointe émoussée , et à surface unie. Cel- les de la queue offrent une anomalie peu ordinaire , en ce qu'el- les sont d'une étendue assez considérable pour mériter le nom CALAMARIA JBRACIÏYORRHOS. 3,*\ (le plaques dont on ne compte que 4 , ou vers le bout de ce membre seulement '^ rangées longitudinales. Cette espère a la tête assez déprimée , plate , à museau gros et émoussé au bout. Les plaques du sommet sont ramassées ; il existe 2 paires de frontales , mais les antérieures sont peu développées. Les nasales, percées par des narines ouvertes, sont dirigées un peu en avant. On observe 1 plaques oculaires, une antérieure et une postérieure; mais la place de la frênaie est occupée par le bout inférieur des occipitales qui descendent sur les flancs du museau. Le Calamar Diadème n'acquiert pas de fortes dimensions, vu que le plus grand de nos sujets mesure 0,21 + o,o5; le petit est de 0,17 -|~ O5O35. Les plaques se trouvent au nombre de iy4 + 46 ou de ini + 4^- Les dents maxillaires de cette espèce sont assez développées, ce qui pourrait la faire prendre comme appartenant au genre Elaps. Le corps , presque en cylindre , offre un ventre un peu ap- plati. La queue , grosse à la base , s'amincit assez vers la pointe qui est très grêle. 6 Esp. LE a BRACHYORRHOS, C. BRACHYORRHOS. PI. I, fig. 21, 22 et 23. L'espèce, dont nous nous proposons de traiter dans cet arti- cle, s'éloigne sous plusieurs rapports des trois précédentes. Elle atteint une plus forte taille; son corps est plus vigoureux et diminue en grosseur vers les deux extrémités de 1 animal; la tête étroite est recouverte d'écaillesdelamêmeforme. Lesplaques frontales postérieures descendent jusqu' aux labiales, et occu- pent la place des plaques du frein, qui manquent comme dans les précédentes; mais cette espèce offre une paire de frontales antérieures, dont les espèces précédentes sont dépourvues. 3 34 CALAMARIA BRACHYORRHOS. Les narines et les yeux sont petits ; la tête est très conique, petite et allant un peu en pointe. Les écailles sont lisses, carrées et disposées par in rangées longitudinales ; les bandes abdomi- nales offrent peu de largeur; Tabdomen est très convexe. La queue est courte , grosse et assez conique. Les teintes de cette espèce sont très uniformes: le dessus est d'un brun scbisteux luisant , le dessous d'un jaune d'ocre pâle; le bord interne des plaques souscaudales divisées, est marqué de brunâtre. Les couleurs des individus dans les col- lections se conservent longtemps , mais à la longue, elles pâlis- sent , de sorte que l'animal paraît d'un gris blanc uniforme. Un sujet ainsi décoloré a été figuré par Linné (i) sous le nom de COL. A LB u s. Merrem (2) à également publié un dessin de cette espèce, que Shaw [^) a désignée sous le nom de col. bra- cHYORRHos. Lcs j c U U c S out Ic dos très clair , orné de trois raies longitudinales plus foncées et quelquefois interrompues. Cette différence et le nombre moins grand des bandes abdomi- nales dans un individu de cet âge , ont engagé feu Boïe à le considérer couime espèce distincte : c'est son brachyorrhos KUHLii (4) ; Wagler (5) en a même fait un genre à part. L'a- dulte porte dans V Erpétologie de Java le nom de brachyor- rhos ALBus, imposé par Kukl. Cette espèce est bien rare dans l'île de Java , d'où nos voyageurs en ont envoyé plusieurs indi- vidus. M. M. Macklot et Mùller l'ont trouvée en abondance dans l'île d'Amboine, lors de leur expédition à la Nouvelle Guinée. Nous leur en devons un dessin fait sur le lieu d'après le vivant. Le nombre des plaques abdominales et souscaudales varie de i38 -H i3 à 180-1- .38. Les adultes mesurent 0,42 -\- 0,06; un jeune individu est de 0,21 -\- 0,01 5. Le Calamar Brachyorrhos a le poumon fort long et spacieux; (i) Mus. Ad. Fiied. PL 1 4 fig. 2. — [i)Beitrcige,Pl. 7 pag. 36: s t u m p f- SCHW AEN ZTGE natter. (3) GCH. Zool. Vol. IJI P. U p, ^"jO. [l\) Erpét. de Java^ PI. l'^.fig i. — ^(5)Atractus lineatus: Tsis 1828 p. '] l\i PL T^ofig I — .4. CALAMAIUA BADIA. 35 les intestins ressemblent à ceux de l'espèce précédente. On voit des glandes sallvaires, des nasales et des lacrimales. On ignore les mœurs et la nourriture de cette espèce. 7 Esp. LE CALAMJR BRUN. CALAMARIA BADIA. Cette espèce , que l'on vient de nous adresser de Cayenne , a déjà été antérieurement introduite par feu Boie dans son grand ouvrage, où elle figure sous quatre nonjs divers, savoir: BRACH:BADIUS, TORQUATUS, SCHACH etFI.AMaiIGE- Rus (i). Les individus, qui ont servi de types à ces prétendues espèces , font partie du Musée des Pays-Bas : ils proviennent de plusieurs collections, faites anciennement. Elle a la port de la précédente ; sa taille est cependant moin- dre, son corps plus menu, la queue plus mince et plus lon- gue, la tête plus obtuse, les yeux plus grands, les plaques enfin qui la revêtent sont moins étroites , les frontales anté- rieures très petites et celles du frein alongées. Un brun plus ou moins foncé occupe les parties supérieu- res ; le dessous est d'un jaune d'ocre pâle. Ces deux teintes cependant dominent alternativement , et sont variées à l'infini suivant les individus : elles se présentent tantôt en bandes transversales, tantôt en taches anguleuses; quelques sujets offrent un dessin réliculaire, et d'autres ont le corps comme parsemé de nombreuses taches; enfin il y en a dont le cou est entouré d'un collier. Les noms , dont Boie s'est servi pour dé- signer ces variétés , répondent a ces différences dans là dispo- sition des couleurs. Nombre des plaques abdominales : ido ou i84, des pla- ques souscaudales : 20 ou 44- — Dimensions de l'adulte : o,33 + o,o3. — 17 Rangées d'écaillés. (i) Cette dernière variété est figurée sur la PL "xhf. 1 de VJErpétoL de Java. 36 CALAMARIA ARCTIVENTRIS. 8 Esp. LE C. A VENTRE ÉTROIT. C. ARCTIVENTRIS. PJ.I. fig. 9.4^ 25 et 26. Ce Calamar, ainsi que tous les sui^^ans, à rexcepiion du CALAMAR scYTALE, sc rapprochent des couleuvres par la forme et la disposition des plaques de la tête , par la pré- sence d'une plaque du frein qui manque cependant dans les deux dernières espèces^ parleurs yeux plus grands, par leurs narines plus ouvertes, par une tête un peu distincte, enfin par un corps moins cylindrique et par une queue mince et poin- tue. Mais leur taille, leur port et leurs habitudes conviennent avec les espèces types du genre calamaria , et ils méritent conséquemment d'être rangés dans cette famille. Le Calamar à ventre étroit est intéressant sous plusieurs rap- ports. Il excède rarement neuf pouces en longueur totale. Le corps est gros, plus mince vers les deux extrémités , très déprimé et revêtu d'écaillés carrées, arrondies au bout, qui deviennent plus larges vers le ventre et dont on compte i5 rangées. L'abdomen est anguleux, à bandes étroites. La tête est un peu distincte du tronc, courte, grosse et déprimée; le museau conique et obtus ; les yeux sontmédiocres. La queue est courte, conique et pointue. Les dents sont très délica- tes, longues, arquées et nombreuses ; l'orbite est incomplète en arrière; les caisses sont très larges à la base. La glande saîivaire de la mandibule inférieure est très grosse, celle de la supérieure petite ; mais on ne voit ni glande nasale ni lacry- male. Les vertèbres offrent des apophyses épineuses plus développées qu'à l'ordinaire. Un fait intéressant de son anato- mie est la position du cœur, qui se trouve très rapproché de la tête. Le p o u m o n est volumineux mais court , ainsi que le foie. Les intestins sont très spacieux, plissés, plus étroits vers le rectum, qui est brusquement séparé du reste du canal intesti- nal. J'ai constaté par la dissection d'une femelle , qui avait dans CALAMAUÏA ARCTIVEIVTRIS. 37 son oviducte cinq petits entièrement formés , que cette espèce est vivi p are. Elle est très abondante clans sa patrie, la pointe australe de l'Afrique, où les colons la nomment : s c ii a a p s t e r e r , ce qui veut dire : pique -brebis, dénomination inventée probable- ment en faveur d'un préjugé, semblable à celui, qui a fait nommer I'e ngoulevent: geitenmelker. Elle se tient par préférence dans les cbanips , où elle secacbe sous la glèbe ou sous des pierres. Les paysans , en labourant la terre, les exposent souvent au jour par l'action de la cbarrue. Il paraît même qu elles aiment les champs cultivés, qui fourmillent généralement de petits animaux terrestres, dont elles se nourrissent (i). J'ai trouvé dans l'estomac de ce Calamar des débris de limaçons , d'araiijnées et d'autres invertébrés. La couleur du dos est un beau brun châtain ; la ligne mé- diane offre le plus souvent une raie étroite interrompue; les flancs sont d'un bleu grisâtre, moucheté d'innombrables petits points noirs. Les teintes de ces parties se confondent quelque- fois, tandis qu'elles sont Iranciiées dans d'autres individus. Le dessous est d'un jaune très vif; chacune des bandes abdominales a une tache noire à son angle intérieur. Les très jeunes ont les teintes plus claires, et ressemblent à cet égard en quel- que sorte aux petits de l'Orvet. Les couleurs de cette espèce éprouvent peu de changemens par l'actiou de l'esprit de vin et sont, à ce qu'il paraît, peu sujettes à varier. On n'en peut pas dire autant du nombre des plaques abdominales et souscauda- les, qui varie depuis 117 + 21 jusqu'à i44 H- 38. Un très vieil individu m'a offert les dimensions suivantes; 0,266 + 0,043. Seba, vol. IL PL 1 fig. 6, donne une bonne figure de cette espèce, mais la couleur du dos est rendue d'une manière tout à fait fausse; une autre se trouve dans ce même auteur: PL 86. (i) Je tiens ces observations de mon ami le docleui* Smuts du Cap de Bonne Espérance. 38 CALMARIA MELANOCEPHALA. fig 5. Le nom barbare deouBERRiA, employé au hasard par Seba pour désigner cet opliidien , a été élevé au rang des déno- minations de genre (i), après avoir servi d'épithète à cette espèce, dont Daudin (2) fait une couleuvre, et Schnei- der (3) un EL A PS. Wagler (4) a tout récemment créé pour cette espèce le genre homalosoma. Linné (5) cependant l'a déjà décrite; c'est son coluber lutrix. Nous avons conservé le nom proposé par Merrem, qui l'a fort bien représentée dans ses Beitràge çoL I p. '^ PL i. 9 Esp. LE a A TÊTE NOIRE. C. MELANOCEPHALA. PI. I. f. 3o. Ce petit Ophidien se reconnaît facilement à son corps mince, effilé et d'égale grosseur , et au dessin agréable qui orne sa tête, laquelle est déprimée etun peu distincte du tronc. Le dessus de cette partie est d'un noir brun qui se prolongejusqu' aux cotés, laissant entrevoir la couleur du fond sous la forme de plusieurs taches distribuées sur l'occiput et sur la région des tempes. Trois raies noires , quelquefois interrompues, s'étendent le long du dos et des flancs , dont la couleur du fond est d'un brun pâle. Le dessous est blanc jaunâtre. La disposition des couleurs est cepen- dant sujette à beaucoup de variations. Les raies dorsales man- quent souvent; d'autres individus ont les bandes abdominales pointillées de noir à leurs cotés ; il y en a enfin , qui sont d'un gris brun uniforme. Les écailles sont lisses, carrées, de moyenne grandeur et disposées par i5 rangées longitudinales. La queue est plus longue que chez les espèces précédentes, effilée, pointue et presque cylindrique ; le corps offre la même forme. Le museau est un peu tronqué au bout ; les plaques frontales (i) FiTZ. Clas's, /).55. — (2) Rept. vol. Vlll p. 20-2. — (3) Hist. Amph. vol. 11. p, 297. — (4) Syst.p. 190. — (5) Sysl. nat.p. 275. CALAMARIA PtiVCTATA. 39 antérieures sont petites , les yeux et les narines inédiocres. La glande salivaire de la mâchoire supérieure et la lacrymale, située derrière l'œil, sont très développées. Cet Opliidien atteint rarement o,4(i de longueur totale, dont la queue fait à-j:)eu-près le sixième. Le nombre des phupies du dessous du corps et delà queue esl de i5o -;- 4^ ou de 160 1- ^5. Le Calamar à tète noire a été figuré et décrit par Linnaeus : Mus. Ad. Fricd. PL i5/. 2. Il est ( onnnun à Surinam , d'où M. DiEPERiNK en a souvent envoyé au Musée national néerlandais. Wagler a publié la figure d'un individu , rapporté par Spix des bords de la rivière Salimoëns au Brésil : c'est son elaps me- LANOCEPHALUS, Serp.Bras. Pi. 2 A /.' i pcig. 8. — M. F. Boie à Kiel nous l'a fait parvenir de la province de St. Paul au Brésil ; il se trouve aussi à la Guadeloupe, comme ii a été constaté par les individus adressés de cette île au Musée de Paris: cet établissement en tient même des environs de Philadelphie, grâce aux soins de M. Lesueur. 10 Esp. LE CALAMJR PONCTIjÉ. C. PUNCTATA. Le Calamar ponctué paraît représenter l'espèce précédente dans plusieurs parties de rAmerifjue du Nord, dont il habite les provinces méridionales, lia la même taille, le même port et les mêmes formes de la queue que le Calamar à tête noire ; mais sa tête est un peu plus large, ses écailles sont plus petites, et son corps s'amincit davantage vers les deux bouts. Les tein- tes diffèrent , en ce que les parties supérieures sont d'un brun gris très foncé, tandis que les inférieures offrent un blanc jau- nâtre; un collier blanc orne le cou , et dans le jeune âge la plu- part ont une suite interrompue et irrégulière de points noirs sur la ligne médiane du ventre , et quelquefois une suite sem- blable sur chaque coté de l'abdomen. J'ai observé chez plusieurs individus, envoyés par M. Troost àNashville, que le nombre 40 CALAMARIA OLIGODON. des plaques varie depuis i5o + 4o jusqu'à 190 -h 58. Le plus grand de ces individus mesure o,285 H- 0,075. — i5 Rangées d'écailies. Linné (i) a déjà connu ce petit serpent ; Latreille l'a figuré d'après des individus , rapportés par Bosc de la Caroline. 1 1 Esp. LE CALAMAR OLIGODON. C. OLIGODON. PI. I. fig. 27. 28 et 29. On sera peut-être étonné, de voir rangé parmi les Calamars im Ophidien , caractérisé d'une manière tranchante et unique par le manque total de dents palatines; il me paraît cependant, que l'ensemble de l'organisation doit mériter l'attention, de pré- férence à des traits isolés et de peu d'importance physiologique. L'Oligodon , par sa petite taille , par son corps d'égale grosseur, par sa queue peu longue, par son port , ses couleurs, ses tein- tes et maints autres caractères, appartient ajuste titre à la fa- mille des Serpens lombrics. Sa tête est un peu distincte du tronc, conique, courte, à museau allant en pente, un peu proéminent et ayant le bout obtus; les joues sont enflées parla présence d'une forte glande maxillaire; les glandes nasales sont aussi très développées ; la plaque verticale est très large; les écailles du tronc sont médi- ocres, peu en rhombe et obliques sur les flancs. La queue va in- sensiblement en pointe. Le crâne est de forme oblongue; les caisses sont très courtes ; il y a de fortes dents aux mâchoires, mais on n'en voit point au palais. Les vertèbres offrent des apophyses plus développées que dans les premières espèces. Le canal intestinal est presque droit, sans involutions très sensibles ; le rectum est à peine séparé du reste des intestins. (1) Syst. nat. pag/^'jÇf. — (2) Rept. vol. IV pag. i36 c/^', — CALAMARIA OLIGODOIV. 41 Les parties supérieures offrent un brun foncé, passant tan- tôt au noir, tantôt au hieu d'acier : elles sont parsemées de nom- breux petits points rouges. On voit sur la lione médiane du dos une suite de taches blanchâtres, disposées à des intervalles réguliers d un pouce et demi environ. Trois larges bandes de la même teinte et irrégulièrement échancrées montent obli- quement depuis la gorge jusqu'au sommet de la tête, où elles se joignent sur le museau et entre les yeux par un ruban très étroit. Les parties inférieures ressemblent parfaitement à celles du CALAMAR DE L 1 N N É , particulièrement àcellesdela vari- été appelée cal. tes se la ta: elles sont d'un rouge vermillon éclatant ; des taches noires, de forme carrée, disposées alter- nativement à de petites distances , occupent les bords extérieurs des bandes abdominales. La disposition des teintes varie d'un individu à l'autre: elles se conservent dans la liqueur forte, hor- mis le rouge qui se perd totalement. Les àevvx espèces nominales :oligodon BiTORQUATUset TORQUATUS, créécs par feu Boie , ne sont fondées que sur la présence d'un ou de deux colliers. La figure de la première se trouve chez Russel , vol. IL n.° 34, p^^^g- ^9 ; celle de la secon- de chez Boie: Erpct. de Java , PL 24. M. Reitnwardt a décou- vert cet Ophidien curieux à Java; le Musée des Pays-Bas en doit une suite complète et le dessin fait sur le vivant, au zèle de ses voyageurs, qui ont exploré cette île à différentes reprises. Une jolie variété de TOligodon se rencontre à Ceylan et aux Phi- lippines, d'où on en a envoyé des sujets au Musée de Paris: ils sont dune teinte beaucoup plus claire que ceux de Java , et le dessous, au lieu d'offrir des taches carrées, est orné de 3 ran- gées de points foncés. Le nombre des plaques du ventre de cette espèce est de i3o ou de 160 , celui du dessous de la queue de 28 ou de 44- ^^^ longueur totale excède rarement o,33 -+" 0,078. — 17 Rangées d'écaillés. 42 CALAMARIA SCYTALË. 12 Esp. LE CALAMAR SCYTALE, C. SCYTAÏ.E. Feu BoiE a décrit et figuré è?(Y\s V Erpétologie de Java PL 25, sous le nom descYTALE brachyorrhosuu Calamar^ qui vit à Ceylan et aux îles Philippines, d'où les \oyageurs français en ont rapporté des individus. Nous tenons du Musée de Paris les deux seuls individus cpie nous possédons; le frère de notre défunt ami se trompe donc, lorsquil prétend que cette espèce a été découverte à Java par Kuhl et van Hasselt. Un trait assez remarquable, que l'on n'avait observé jusqu' à présent que dans le genre Homalopsis, distingue cette espèce de tous les autres Calamars : ce trait consiste dans la présence d'une plaque frontale antérieure impaire. Un autre trait carac- téristique de ce Calamar est d'avoir sa queue peu longue, coni- que et munie en dessous débandes simples, trait quia tîonné lieu à une éphitète que Merrem avait choisie comme dénomina- tion générique pour plusieurs serpens offrant ce caractère. Le Calamar Scytale a à-peu-près le port, la taille et les for- mes du précédent; mais sa queue est plus courte et un peu conique, son tronc est presque d'égale grosseur, sa tête enfin est plus effilée et tout-à-fait d'une venue avec le tronc. Cette espèce parvient à 0,89 4- o,o45 de longueur; ses pla- ques sont environ de i4o + 3o. Elle a les mâchoires ainsi que le palais garnis de dents acérées mais d'égale longueur. On lui compte 17 rangées d'écaillés li' es , en losange et même un peu lancéolées sur le devant du dos. Les plaques nasales assez petites et percées par des narines étroites, se trouvent reserrées par l'étendue des frontales pos- térieures et par la position de la frontale antérieure , sur le devant du museau, dont elles occupent les angles. Les autres plaques de la tête sont très alongées; il n'existe que 3 tempo- rales et 5 labiales de chaque coté. La surciliaire et les 2 oculai- res sont petites; la frênaie manque, mais il y a une paire de mentales très grandes , suivie par une autre paire de petites , CALAMARIA STIUATULA. 43 auxquelles succèdent les bandes abdominales. Les yeux sont exigus. La teinte principale est un jaune d'ocre sale et pâle, qui passe sur le dessus nu brun de terre. Une raie large et composée d'in- nombrables points et marbrures brunes occupe les flancs et se perd sur la queue, dont le dessus est également marbré de brun. Une série de taches ou points bruns marque la ligne médiane du dos. L'occiput offre trois taches foncées , dont celles du coté sont plus larges et se réunissent à la raie latérale du tronc. D'autres marbrures et bordures de brun occupent le dessous de la tête. 13 Esp. LE CALAMAR STRIÉ. C. STRIATULA. Une des plus petites espèces du genre et très distinguée par ses écailles peu grandes, presque lancéolées et relevées vers la queue par une arête, de sorte que l'ensemble de ces arêtes forme des stries longitudinales ; par sa tête distincte , très conique et revêtue de lames parfaitement semblables à celles des Couleuvres ; par l'absence des plaques du frein; par ses yeux plus grands qu'à l'ordinaire; par l'exiguité de ses narines; par son corps plus mince vers les extrémités; par une queue peu longue et très poin- tue; enfin par des teintes uniformes. Le dessus est d'un brun pâle, passant dans les jeunes au gris; le dessous d'un jaune plus ou moins foncé. Les écailles du tronc sont disposées sur i5 où ij rangées. Le nombre des plaques abdominales et souscaudales varie depuis 1 14 -i- 24 jusqu'à i3o -f- 4^' J^! n'ai vu que trois individus de cette espèce, envoyés du Tennessee par le professeur TRoosTàNashville ; l'adulte me- surait 0,203 4- 0,045. Linné (i) Ta décrite le premier, et on en trouve la figure chez Latreille (2). Ces auteurs ont reçu ce Calamar delà Caroline. M. M. Plée et Droz viennent de le décou- (i) Syst.nat.p. ^)7.^. — (ol) Rept. vol. \\ p. 84 c.Jig. — 44 CALAMARIA ELAPOIDES. vrir à la Martinique, d'où ils en ont expédié des individus au Musée de Paris ; cet établissement et le nôtre en ont és^alement reçu qui furent pris à la Nouvelle Orléans. 14 Esp. LE CALAMAR É LA PO [DE. C. ELAPOIDES. P). I, fi-. 3t , 32, 33. Nous devons la connaissance de ce beau reptile au zèle de nos voyageurs Kuhl et van Hasselt , qui l'ont découvert à l'île de Java. Boie (i) , qui l'a décrit et figuré , en a envoyé plusieurs individus au Musée des Pays-Bas, où l'on peut voir une série complète de ce Calamar. Nous devons à ce même savant un beau dessin représentant l'adulte dans la livrée pom- peuse , qu'il porte pendant la vie. Cette espèce a plusieurs caractères en partage avec la précé- dente, par exemple: les écailles lancéolées, la tête distincte du tronc, le manque des plaques du frein , la forme du corps etc ; mais elle s'en éloigne de 1 autre coté, par un museau plus long eî: moins conique; par des narines très ouvertes ; par des yeux plus petits; par des écailles plus fortement carénées ; par une plaque cervicale presqu'en forme de rhombe; par une queue plus lon- gue, très mince et aiguë ; enfin par sa plus forte taille , vu que les adultes mesurent le plus souvent o,34^ + o,i23 et par un nombre différent des plaques abdominales et souscaudales , qui varie depuis i45 + 66" jusqu'à i53 -h 76. Les écailles du tronc sont disposées sur i5 rangées. Le crâne de l'Elapoide est de forme oblongue , ses orbites sont dépourvues d'un bord postérieur; les dents nombreuses sont très petites. Les glandes salivaires sont peu développées, hormis les nasales. La couleur du dessus du corps est un rouge carmin brillant, ( 1 ) E L A p O D E s F U s t; A. Efpct. clc J U^ (l PL /| 3- CALAMAKIA BLUMII. '15 luisant et irisé; le dessous est d'un bleu d'azur pale. Ces teintes s'effacent après la mort au jiolnt que les individus, conservés dans les collections, ont le dessus d'un brun uniforme, tandis que le dessous est d'un jaune piile. Les variétés chez ce Cala- mar ne sont pas rares : on en voit qui ont la pointe de la (jueue noire; d'autres offrent les parties supérieures pai semées de pe- tites taches noires irrégulièrement disposées; d'autres encore offrent les écailles des flancs bordées d'une teinte plus obscure que celle du fond. 15 Esp. LE CALAMAR DE ELU ME. C. BLU3III. Nous dédions à M. le professeur Bl unie , que le public estime sous le double titre de voyageur distingué et de savant bo- taniste, l'espèce que nous publions ici. Sa complaisance à obliger ses amis, en secondant leurs entreprises scientifiques, est extrême. Qu'il veuille regarder cette dédicace comme une faible marque de nos sentimens ! L'espèce inédite que nous consacrons à ce voyageur actif et entreprenant, nous a été adressée de la province de S.*^ Paul au Brésil. Nous n'en possédons que deux individus: l'un long de 0,78 + 0,08 et offrant i85 -h 36 plaques, l'autre de 0,68 + 0,07 et avec 181 +35 plaques; un troisième, rapporté par M. Aug. St. Hilaire, fait partie du Musée de Paris. Ce Calamar se rapproche des Tortrix, par son port et sa phy- sionomie; mais il s'en éloigne par tous les autres rapports de son organisation. 11 se reconnaît facilement à ses systèmes de co- loration et de dentition, à sa tête plate, émoussée et pourvue d'un œil assez petit , et à plusieurs autres traits. Nous avons déjà vu qu'il atteint une plus forte taille que les autres espèces du genre ; aussi son tronc est-il robuste, à peu- près cylindrique et presque partout d'égale grosseur : il est ter- miné par une queue vigoureuse, peu longue et conique. La 46 CALAMARIA COROIVATA. tête est toute d'une venue avec le cou, déprimée, émoussée et très arrondie au bout du museau , dont la plaque terminale est un peu saillante. Les lèvres assez enflées, sont revêtues de 6 plaques; on ne voit que 2 temporales, et 2 oculaires seule- ment dont l'antérieure est immédiatement précédée par les na- sales , qui sont étroites , effilées et percées par des narines or- biculaires, ouvertes et un peu verticales. Les yeux, remarqua- bles par leur petitesse, offrent la même direction. Les plaques du dessous de la tête ont toutes une étendue considérable; celles du dessus au contraire sont ramassées, à l'exception des occi- pitales qui se distinguent par leur forme effilée. Les frontales , dont la paire antérieure va en se rétrécissant vers le bout du museau, sont quelquefois soudées: il n'existe alors qu'une seule paire de frontales comme dans les Calamars proprement dits. Un trait assez remarquable de cette espèce est d'avoir le bout postérieur des maxillaires armé d'une dent deux à trois fois plus longue que les autres qui sont toutes d'égale grosseur. Le tronc est entouré de i5 rans^ées d'éoailles assez «ran- des , carrées et lisses. Les lames abdominales ne montent pas sur les flancs. La couleur dominante est un jaune assez terne ; mais les parties supérieures sont plus foncées et parsemées d'innombra-^ blés petits points et marbrures d'un brun roux. Trois raies peu distinctes et noirâtres reauent le Ion» du dos et des flancs. Le jaune du dessous monte sur lé cou en forme de demi-collier : cette teinte se voit aussi à la lèvre supérieure , où elle est séparée du brun de la tête par une raie latérale large et d'un brun noir. 16 Esp. LE a COURONNÉ. C. CORON ATA. On ne sait pas précisément sur quel point de son voyage feu Olivier a receuilli ce petit Calamar inédit , qu'il a rapporté le premier en Europe; les soins du professeur Eschricbt à Ko- CALAMABIA ATROCllVCTA. 47 penlingue me mettent à même tle constater comme patrie de cette espèce l'Afrique, comme le prouve un individu , adressé de la Cote d'or à ce savant, qui a bien voulu le céder à notre établissement. J'ai sous les yeux ces deux sujets, les seuls connus: l'un est de o,i4 -|- o,o35 , l'autre de o,io5 -h o,025; celui-là ofl're 192-1-^2 plaques , celui-ci 180 -i- 66. Il est probable que ce Calamar ne parvient pas à une taille beaucoup plus forte ; il appartient au nombre de ces espèces, qui se rapprochent des Coronelles parleurs formes et par celles des plaques de la tête: c'est-à-dire, il a le corps plus comprimé qu' à l'ordinaire, sa queue est plus longue et grêle , ses yeux sont volumineux, on lui observe 2 paires de plaques frontales et une frênaie, les occipitales enfin sont d'une étendue con- sidérable. Les écailles de cette espèce sont petites, à surface unie, et disposées sur jp rangées. Elle a les dents toutes dégale longueur. Le joli dessin dont la tête de cette espèce est ornée, offre un caractère facile à saisir : quatre bandes larges et d'un noir pro- fond traversent le dessus de cette partie , en sorte que la der- nière se trouve former un demi collier sur la nuque; Fanté- rieure est incomplète et très étroite; l'occipitale est la plus large. La couleur du fond est un gris jaunâtre tirant au brun sur le dessus ; les écailles sont liserées de brun. 17 Esp. LE C, A ANNEAUX NOIRS, C. ATROCINCTA. C'est avec quelque doute que je place dans le genre Calamar cette espèce , qui a des rapports manifestes avec les Lycodons : elle offre les formes effilées des Élaps, quoique sa queue soit beau- coup plus grêle que chez ces animaux; son corps est annelé de noir et de blanc comme chez les Élaps américains , mais elle a l'abdomen fortement anguleux, ce qui n'a jamais lieu chez ces derniers; sa tête enfin ressemble , pour sa forme et pour les 48 CALAMAKIA COROJVELLA. plaques , à celle des Lycodons et des Elaps, excepté toutefois qu'elle ne présente ni des yeux à prunelle verticale comme les premiers, ni des mâchoires armées de crochets comme on l'ob- serve chez les derniers. On compte environ 36 anneaux larges d'un beau noir luisant sur un fond jaunâtre , qui paraît avoir été rouge à l'état de vie. La tache noire du museau est séparée du noir qui occupe le som- met de la tête , par une bande jaunâtre : cette couleur descend sur les flancs de la tête en forme de deux bandes, l'une par Fœil, l'autre sur la région des tempes. L'abdomen et le dessous de la queue fortement anguleux, font qu'une coupe du tronc de cette espèce offre un penta- gone presque régulier. La tête est assez déprimée, large et un peu distincte du cou , à museau court , arrondi et à joues saillan- tes. Les yeux peu volumineux sont parfaitement latéraux; mais les narines orbiculaires et ouvertes, perçant le centre d'une grande plaque, se trouvent un peu dirigées en avant. La bou- che assez fendue et dont l'ouverture un peu courbée en S , est garnie de petites dents de même grosseur. On observe une plaque frênaie très petite , suivie d'une ocu- laire qui se rapproche du sommet de la tête; mais le bord pos- térieur de l'œil est garni de 2 plaques, petites à la vérité. Une série de 3 plaques occupe la région des tempes et on en comp- te 7 sur les lèvres. Celles du dessus de la tête ont peu d'étendue, à l'exception des frontales postérieures et particulièrement des occipitales , qui sont très effilées. i5 Rangées d'écaillés en losange et lisses. — Plaques: ig6 + 67. — Dimensions : 0,3^5 + o,o65. Ce Calamar fait partie du Musée de Paris ; il vient du Chilé , mais on n'en connaît que l'individu décrit. 18 Esp. LE C. CORONELLE. C. CORONELLA. Deux individus de ce petit Calamar ont été rapportés par CALAMARIA COROXELLA. 19 Olivier: il a une ressemblance éloignée avec la Coronelle lisse; mais outre sa petite taille, il offre des formes beaucoup plus remassées, et ses écailles plus grandes se trouvent disposées sur 1 5 rangées seulement ; le nombre des plaques diffère également ; la tête est, proportions gardées, plus petite, plus courte, très haute, assez conique , moins distincte du tronc, et à nuiseau en toit; les plaques enfin dont elle est revêtue, présentent des dif- férences marquées qui consistent principalement dans la brièveté des frontales, dans le manque des frênaies, dans le peu de longueur et dans la largeur des occipitales, enfin dans la hauteur des labiales, ce qui fait qu'on n'observe qu'une seule rangée de temporales, pui sont au nombre de trois. La teinte du fond est un gris jaunâtre tirant sur le brun <;ouleur de terre, relevé par une cinquantaine de bandes trans^^ersales , noirâtres, étroites, qeu marquées et dont la première tient lieu de collier. A V 3 lam. Ces &nyem tnvt&tre&. I Geme. LES COnONELLES. CORONELLA La dénomination de Coronella a été employée par Lauren- Tius , pour désigner des serpens de plusieurs genres très diffé- rens. Feu Boie a conservé ce nom en l'appliquant à tous les ophidiens, ressemblans par leurs formes au coronella LAEvis, espèce que Laurentius a donnée comme type de son nouveau genre. Les Goronelles sont des couleuvres, dont l'organisation et les formes tiennent le milieu entre celles des genres précé- dens et les Couleuvres proprement dites. Elles surpassent les CALAMARS par leurs dimensions; mais elles n'atteignent jamais la forte taille des vraies Couleuvres. Leur corps est un peu en pentagone, presque cylindrique , mais un peu plus gros vers le milieu; les lames du dessous du tronc sont pour le moins aussi larges que l'abdomen, qui est plus ou moins convexe. Je n'ai jamais observé de plaques simples sur le dessous de la queue: cet organe est toujours plus mince que le corps, peu long, allant insensiblement en pointe aiguë vers le bout, et ne dépassant jamais un tiers de la longuevir totale de l'individu. La tête est plus ou moins distincte du cou , quelquefois très large à la base, conique, toujours dépri- mée et à museau court, obtus au bout et un peu tronf|«ué. Les écailles sont en lozange ou carrées, de moyenne grandeur, toujours lisses et le plus souvent disposées sur 1^7 à 19 rangées longitudinales. Le sommet de la tête est revêtu de neuf plaques, dont la conformation répond exactement à celle des CORONELLA. 51 mêmes parties cliez les Couleuvres proprement dites ; elles se distlnoueiit par la régularité de leurs formes , car elles ne sont ni trop étroites ni trop larges :1a phupje verticale est toujours en pentagone et larostrale voûtée; les occipitales sont alongées , les frontales postérieures un peu plus grandes (|ue les antérieures. Les yeux des Coronelles sont de moyenne grandeur , toujours bordés postérieurement de deux plarjues; mais on n'en observe jamais qu'une seule à l'angle antérieur de l'œil. La pupille est généralement orbiculaire ; une espèce seulement , la coron. RTjFESCENS, l'a verticalement alongée. Il y a toujours au frein une plaque unique , quelquefois très petite ; les nasales sont le plus souvent grandes et percées par des narines plus ou moins ouvertes. La position de ces organes ainsi que celle des yeux est toujours latérale. Les lames écailleuses qui revê- tent le dessous de la tête, sont toujours développées; c'est-à- dire , on peut distinguer des plaques labiales et plusieurs pai- res de mentales. Le crâne des Coronelles, quant à sa conformation, dif- fère peu de celui des Couleuvres proprement dites. Le bord des orbites est toujours complété par les os frontaux posté- rieurs. Les mastoidiens et les caisses sont plus développés que chez les g^enres précédens; aussi les Coronelles jouissent-elles de la faculté d'élargir la gueule à un degré supérieur. Les dents sont petites , nombreuses et arquées ; quelquefois , tou- tes les dents sont semblables , mais la plupart des espèces ont les dernières dents de la mandibule supérieure plus longues que le reste; une espèce, la coron, rhombeata a les dernières dents très développées et munies d'un .sillon longi- tudinal. On serait porté à conclure , qu'une conformation aussi diverse dans ces organes aurait pour conséquence néces- saire un développement plus ou moins parfait des g 1 ande s saliva ires; mais il n'en est pas ainsi: ces glandes se trou- vent dans toutes les espèces, mais elles diffèrent peu de cel- les des autres Couleuvres, et ce sont précisément les espèces à dents postérieures peu développées, qui ont les glandes sali- 52 COHONELLA. vaires les plus larges : la lacrymale et les nasales varient en étendue suivant les espèces. Le squelette des Coronelles est composé de vertèbres de forme déprimée, dont les apophyses sont peu développées; les vertèbres du cou cependant ont des apophyses épineuses plus larges : les supérieures sont larges et comprimées , les inférieures en forme de crochet et dimi- nuant en volume vers la région du cœur où elles se perdent totalement. Les vertèbres de la queue offrent quelquefois jus- qu'à six ou huit rangées d'apophyses, mais dont le nombre et la forme varient d'une espèce à l'autre. La scructure des parties molles des Coronelles offre peu de remarquable. Le cœur esl toujours placé au bout du pre- mier quart de la longueur du corps ; la glande thyroïde et celles qui l'entourent, sont moins développées que dans les Rouleaux. H y a toujours un seul poumon. L'estomac est lop.ii et musculeux : les ondulations des intestins commen- cent près du pylore: elles sont nombreuses et serrées. Le canal intestinal est presque partout du même diamètre ; quelquefois on peut distinguer un rectum , mais on n'observe jamais de cœcum. Je n'ai pu découvrir aucune trace d'extrémités posté- rieures. La plupart des Coronelles sont ovipares, comme je m'en suis convaincu par la dissection d'individus femelles de plusieurs espèces ; mais il paraît que les petits se développent quelque- fois dans le ventre de la mère. Elles font leur nourriture d'animaux de classes très différentes , vu quej'ai trouvé dans leur estomac des restes de souris , de reptiles et même d'insectes ; mais jamais elles ne font la chasse aux oiseaux et aux poissons, peut- être parceque leur ma n i èr e d e vi V r e les prive des moyens de s'en rendre maitre: car elles ne fréquentent pas les eaux, et ce n'est que très parement qu'elles grimpent sur les brous- sailles. La plupart préfèrent des lieux bas et humides, conune les prairies ou les savanes ; d'autres se tiennent dans des bruiè- res , dans les landes et habitent même les contrées montag- neuses jusqu'à quelques mille pieds au dessus du niveau delà COROIVELLA VEIVUSTISSIMA. 53 mer. C'est par leurs habitudes differeutes que les espèces se rapprochent d'un côté des xenodons, de l'autre au contraire des LYCODONs; quelques-unes même ressemblent aux cala- mars, et forment le passage à ce genre. Les Goronelles sont alertes dans leurs mouvemens , se délendent avec beaucoup d'énergie, mais leur morsure n'est jamais dangereuse. Dispersées sur presque toutes les parties du monde, elles sont cependant rares en Asie , et il parait que le Japon et la Nouvelle Hollande n'en nourrissent point. Quelques espèces sont très répandues ; d'autres n'ont été observées que dans un espace borné. Les deux sexes se ressemblent extrêmement; les jeunes diffèrent souvent des adultes par une distribution des couleurs plus tranchée , mais quekjues espèces offrent des teintes sem- blables dans toutes les périodes delà vie. Les variétés chez les Goronelles sont nombreuses , on en observe particulière- ment chez les espèces dont le corps rouge est annelé de noir. La longueur totale excède rarement deux pieds ou deux pieds et demi ; le nombre moyen des plaques abdominales et sous- caudales est environ de i8o -h 4o. L^^s Goronelles ne sont pas rares dans les collections et les espèces de l'Amérique méridio- nale y abondent particulièrement. 1 Esp. LA C. CORAIL. C. VENUSTïSSIMA. PI. II f. I et 2: var. du Brésil; f. 3 : var. de Surinam. Get ophidien appartient sans contredit au nombre des plus jolis reptiles. Le nom de cobra coral ou cobra coraes, qu'il porte au Brésil , annonce en même temps sa beauté et son affinité avec quelques autres serpens , ornés de teintes sembla- bles , tels que le tortrix scytale ,1e lycodon formo- sus, plusieurs élaps etc., que les habitans du Brésil con- fondent sous la même dénomination. 54 CORONELLA VENUSTISSIMA. Il atteint jusqu'à deux pieds et demi de longueur totale la queue dans ces individus excède rarement 4 o^^^ 6 pouces. Ses formes sont un peu effilées. Son corps est presque d'é- gale grosseur et un peu déprimé ; la queue courte , grosse à la base et amincie vers le bout ; l'abdomen large et un peu anguleux. La tête , légèrement distincte du tronc et conique, offre un museau obtus et en pente; les yeux sont grands, les narines ouvertes , les joues enflées. La gueule est large, le bord de la mâcboire suoérieure monte fortement vers l'ansle de la bouche. Les écail 1 es du tronc sont moyennes , en rhombe , à pointes un peu obtuses, et disposées sur i5 rangées plus obli- ques que chez les espèces du genre précédent. La c o u leur du fond est, chez les vivans , un rouge vermillon d'une beauté éclatante. Toutes les écailles ont le bout posté- rieur ou la pointe noire. Le corps est entouré de douze à quinze paires d'anneaux noirs bordés de blanc verdàtre et disposés à des intervalles réguliers. Le sommet de la tête , une bande qui descend depuis les yeux jusqu'au bord de la mandibule supé- rieure et un large demi collier derrière Focciput, sont noir^ sur un fond d'un blanc verdàtre. Mais il est rare de trouver deux individus qui se ressemblent parfaitement à l'égard de la dispo- sition des teintes, Dans les uns, les anneaux sont disposés à de grandes distances; dans d'autres ils sont très rapprochés et quelquefois même contigus: le dessin de la tête varie aussi sui- vant les individus, et les pointes noires des écailles ne sont pas également sensibles dans tous les individus. Le collier noir est quelquefois séparé en deux larges taches. Après la mort , les teintes primitives se conservent très rarement : le rouge passe au blanc jaunâtre, et le noir même perd beaucoup de son in- tensité. Les dents de cette espèce sont petites et nombreuses ; on voit plusieurs dents plus dévelo[)pées au bout postérieur de la mâchoire supérieure. Les mastoidiens et les caisses sont courts. Le crâne est alon^é et étroit. On observe des e, (!bnvexe. La tête est distincte du tronc, et très conique vers le hout du nm- seau , qui est proéminent et terminé par une plaq iC assez étroite , dont Tangle postérieur se prolong^e entre la première paire de plaques Irontales. Les plaques du sommet de la tête sont également assez étroites ; les occipitales se font remar- quer par leur brièveté. La plaque du frein est alongée. Les superciliaires sont un peu saillantes, ce qui donne quelque chose de farc3uche à sa physionomie. La bouche est très fen- due; les yeux sont médiocres. Les os, qui composent la tête, sont minces; les mastoidiens et les caisses peu longs. Les dents sont arquées et très poin- tues ; on observe une dent plus longue et sillonée à rextrémité des maxillaires. Le lobe postérieur des glandes salivaires est plus développé qu'à l'ordinaire; il y a aussi une nasale assez grande. Le squelette ressemble à celui de la coron elle co- rail. Les intestins forment un canal spacieux et presque droit, sans inflexions notables. La couleur du fond est un brun jaunâtre , plus pâle sur les flancs , et passant vers l'abdomen insensiblement au blanc jau- nâtre : teinte qui occupe tout le dessous ainsi que les lèvres. Une triple série de taches œillées, en rliombe et très serrées or- nent le dos et les flancs : elles sont d'un brun foncé et bordées de noir. Celles , qui occupent la ligne médiane, sont souvent séparées et disposées alternativement ; celles des flancs quel- quefois fondues en une raie dentelée. Une bande très large et coniposée de deux taches réunies , s'étend de chaque coté depuis l'œil jusqu'à la nuque , où elles se touchent quelquefois , for- mant alors une figure en fer de cheval. Les parties inférieures sont ornées de nombreuses taches hémisphériques, nébuleuses et d'un bleu grisâtre ;mais il y a des individus chez qui ce des- ûn est très peu distinct. Les jeunes ont les teintes plus vives t leur distribution plus tranchée, l^es couleurs de cette espèce 72 COllONELLA RUFESCEAS. ne subissent point de changemens notables par l'action de la liqueur forte. La queue occupe environ un quart de la lon- oueur totale. Les plaques de l'abdomen et du dessous de la queue varient depuis i^ô -;- 68 jusqu'à i63 H- yS. J'ai trouvé dans Testomac de celte Coronelle les débris de plusieurs batra( iens et de petits rongeurs nouvellement nés. Eile n'est pas rare dans la colonie du Cap de Bonne Es- pérance. Le docteur VAN Hoïistok a fait parvenir à notre musée une série d'une quarantaine d'individus de tout âge. L'épitbète, que nous avons adoptée, a été introduitedan^Je sys- tèmeparLiNXAEUs, qui a donné une figure très mauvaise(i) de cette espèce. Deuxautrt^s très reconnaissables se trouventdans Seba.(2) La dernière est le type du coronella t i g r in a deLAUR.(3) (col. TiGR. Gmel.) et du co l. ARiSTOTELisde Merrem (4). Le COL. ELEGANTissiMUsde Laur. repose sur la Jjg. g PL 8i uoL /<^/e Sera; c'est aussi la vipère suPERBEde Daudik(5). On voit un autre portrait abominable , également d'un jeune individu dans Sera uo/. I Pi. 94 fig- 8. A juger de la forme de la plaquerostrale, il faut aussi rapporter ici: Sera i>oL II PL i /. 3 et 8, figures sur lesqurl les est fondé ia coronella ocellata de Laur. (colu b. Gmel.) Consulter aussi Scheuchzer P/i/s sacra PL y'dg fig\ 7. 10 Esp. LJ C. ROUSSATRE. C. HUFESCENS. PI. II f. ifi et 17. Il est impossible de confondre celte Coronelle avec une autre du genre; elle se reconnaît m^'me parini tout le reste des ophi- diens à ses teintes uniformes et sombres, à la tache foncée ( i) Mus. A fi. Fr. PL 2 fi fi^- '1. — '>0 Thés, vol. II. PI n f. "^ fit PL i5 fii;: '2. — ;3) Syn. p. 87. — (4J Te/tf. \\ 108. — (5) Jic/J. vol. VI p. '225. COROÎVELLA RUFESCENS. 73 bleuâtre qui occupe la réoion des tempes, et à la pupille verticale (le son œil: elle a la talUe et les formes de la cou. c o R A I L. Son corps est un peu depriuiéeten |)entagone, l'abdo- men très convexe. La queue occupe le j)lus souvent le cin- quième où le sixième de la longueur totale; légèrement amincie vers son bout, elle va eu pointe aiguc. Les écailles sont moyen- nes, en rhondjes et disposées ^ur 19 séries longitudinales. La tête est disiincte du tronc ', les lames qui la revêtent sont , à Texception des superciliaires , assez larges. Le museau est court et obtus; les yeux sont grands , les narines très ouvertes. Cette Coronelle est la seule espèce du genre, qui ait la pupille verti- calement alougée: cette circonstance et ses teintes la rappro- client du genre lyco do ]n . Elle oftVe — ^2) Syn. p. 85. — - [^) Syst. nat. p, 1 1 13. — {4} ib. p. 1094. — (5) PL 33. CORONELLA AUROUA /.) tle diftei'enres, ni entre les niàles et les ieiiielles, ni entre les jeunes et les adultes. Les couleurs étaient toujours les mêmes dans tous ces individus, et Boie m'écrit qu'elles n'éprouvent pas de changemens dans la liqueur. Le squelette de cette espèce est remarqiud>le par le déve- loppement des apophyses épineuses antérieures. La queue est supportée jusqu'à l'extrémité par des vertèbres assez grosses (l(nit les apophyses sont très larges; on en voitini double série d'épineuses inférieures. Les dents sont très arquées et un peu plus longues vers le bout antérieur des mâchoires, caractère que cette Goronelle a de commun avec les lycodons. Les glandes salivaires sont très peu développées et la lacrymale est rapprochée de la mâchoire supérieure. Les intestins sont spacieux et forment plusieurs inflexions peu profondes. La queue occupe le plus souvent le cinquième de la longueur totale, mais il faut observer qu'elle varie suivant les individus. Plaques: i44~H loo; 178 + 118. — Dimensions d'un individu adulte: 0,60 -+- o, i5. — 19 Rangées d'écaillés. 12 Esp. C, JTJRORE. CORONELLA AURORA. PI. II f. ?o et 21. 11 est à regretter , que les naturalistes voyageurs aient négligé jusqu'à ce jour de donner un portrait fidèle des couleurs magni- fiques, qui ornent la Goronelle aurore durant la vie. Feu Boie fait mention dans une de ses lettres de la beauté de ce reptile qui appartient au nombre des ophidiens rares dans la Colonie du Cap de Bonne Espérance, et je tiens du même voya- geur que ses belles teintes s'effacent peu de temps après la mort, observation contredite par le docteur van Horstok. Les individus conservés dans la liqueur, ont les parties supérieures finement marbrées de brun jaunâtre, tliant un peu sur le 76 COROlXELLA AUIVORA. pourpre j le dessous est d un jaune très pâle: ces deux teintes principales tranchent sur les flancs. Une raie d'un jaune orange règne sur la ligne médiane du dos, depuis le museau jusqu'au bout de la queue. Les jeunes ont les teintes plus vives et les écailles bordées de noir. Je n'ai pas observé des variétés acci- dentelles dans un bon nombre d'individus que j'ai examinés. Cette espèce est aussi caractérisée d'une manière toute par- ticulière par l'ensemble de son organisation. De la taille de la précédente , elle offre des formes plus lourdes et une tête plus large. La queue est remarquable par sa grosseur et parce qu'elle diminue très peu vers la pointe qui est terminée par une écaille conique et aiguë : ce membre occupe environ le cinquième de la longueur totale. Les écailles sont moins en lozange que chez les précédentes; les lames de l'abdomen sont serrées, celles de la tête plus larges. La plaque verticale et les occipitales sont très étendues , les dernières alongées ; les tem- porales ont la forme des écailles du tronc. Les yeux sont petits et les narines peu ouvertes; le museau est très court et obtus. Cette Coronelle a les caisses courtes, les dents petites, et celles du bout antérieur de la mandibule inférieure un peu plus grandes. Les glandes salivaires, particulièrement cel- les de la mâchoire supérieure, sont très peu développées; on voit une nasale assez grosse. Le squelette est composé de vertèbres, qui ont des apophyses épineuses plus gran- des que d'ordinaire. Celles de la queue particulièrement sont très grosses ; les épineuses postérieures sont longues et fourchues , les transversales dirigées en bas; il y a une double vsérie d'épineuses inférieures. Le canal intestinal fait plusieurs inflexions profondes; il est très peu spacieux avant de donner dans le rectum. Les écailles du tronc sont disposées sur 23 sé- ries longitudinales. Le nombre des plaques abdominales et s(ms-caudalesest de 186-+- 52 ou de 178 4- 38 — Dimensions: 0,46 + 0,1 1. (1) Thés, vol. Il l'L^^fg. :^. COUOXELLA OCTOLÏIVEATA. 77 Seb\ (i"^ a laissé une bonne (lonre de l'adulte de cette Coro- nelle. Celle de Linné ( i) qui l'a décrite sous l'épilliète <^énérale- ment admise , est passable. Il faut observer pour les possesseurs de la traduction allemande de Lacépède , que iiju.nsTEiN (2) a fait copier par niégarde pour l'Aurore la //^. 2 de la P/. yS de Seba , qui représente un opliidien indéterminable, peut-être du ofenre tropidonote. 13Esp. LJ a A HUIT RAIES. C. OCTOLINEATA. Yoici un de ces opbidiens , que l'on ne sait ranger avec pré- cision dans aucun des genres connus. Il tient du port des espèces précédentes ; mais la conformation de la tête, quoique assez exiguë et à peine distincte du cou , le rapproche plutôt de certains xenodons. Les écailles de cette espèce sonten rbombes, à pointes émous- sées, à surface unie et disposées un peu obliquement: on en compte 17 rangées. Le nombre des plaques varie depuis 1^0 + 48 jusqu'à 184 + 5^^- Le corps étant assez comprimé, il s'en suit que l'abdomen offre peu de largeur; aussi cette partie est-elle un peu anguleuse aux côtés. La queue, vigoureuse et peu coni- que, occupe à peine le sixième de la longueur totale. La tête, presque d'une venue avec le cou , est très petite , conique et ramassée; les plaques dont elle est garnie présentent des for- mes analogues: la verticale en pentagone se fait remarquer parmi les autres par son étendue et est développée , à ce qu'il paraît aux dépens de celles qui l'entourent ; les frontales particulière- ment et les superciliaires sont assez exiguës. On ne voit que 6 plaques de chaque côté de la lèvre supérieure et une frênaie unique. Le sommet de la tête va de tous côtés en pente. Le museau est terminé par une lame large et arrondie, dont la pointe s'avance entre les frontales antérieures. Les narines laté- (i) Mus. Ad Fr, PL igj'g. I. — (2) P"oL IV PL ^fig. 2. 78 COROIVELLA RUSSELÏÎ. raies sont très rapprochées du l)outdLi museau. Les yeux peu grands, offrent une pruneiîe ronde. Cette espèce a le dessous jaune. Les parties supérieures sont ornées de quatre raies lungitudinales d un brun de café sur un fond d'un jaune brunâtre; les deux moyennes sont beaucoup plus larges que celles des flancs, qui sont quelquefois suivies de chaque côté de plusieurs autres, de sorte que leur nombre s'élève en tout jusqu'à huit. Les raies dorsales se rapprochent sur l'occiput pour former une figure élégante en guise d'angle très aigu, dont la pointe se prolonge sur la lame verticale. Les cotés de l'occiput sont ornés d'une raie large et un peu en croissant, une autre raie descend depuis les yeux jusqu'aux lèvres. Notre plus grand individu mesure 0,47 -+- 0,09; mais ceux de M. Klinkenberg à Utrecht sont d'une taille plus forte. Les petits ressemblent sous tous les rapports aux adultes. Rus- sel (i) dit cette espèce de Java ; mais nos voyageurs ne l'ont pas trouvée dans cette île. C'est l'elaps octolineatus de Schneider (2). 14 Esp. LA CORON ELLE DE RUSSE L. C. RUSSELÏI. La tête de cette espèce offre une analogie singulière avec celle du xenodon purpura s cens, analogie qui va même jusqu'à la forme des plaques et jusqu'à la présence d'une dent maxillaire postérieure plus longue que le reste: sous ces rap- ports la Coronelle de Russel serait un véritable xenodon; l'ensemble des formes cependant étant le même que dans l'es- pèce précédente, il convient de ne pas séparer ces deux ophi- diens voisins qui se rapprochent, pour le dessin de la tête (i) Serp. Jl PI. ?>^ fig. 4a. — (2) His't. Amph. II p. 299; Daudin J^Il p. 17 a fait de cette espèce une couleuvre. COROAELLA RUSSELII 79 des COLURER CONSPICII. LATUS, LF, OPARDINUS Ct TRAB ALIS. Le tronc de la Coionelle de Kussel est moins gros que celui de la coRONELLE A HUIT RAIES; aussi cette partie est- elle i^arnie d'ecailles moins larges , en rliombes ou sublan- céolées, mais également disposées sur l'j rangées. La queue est un peu plus longue que chez l'espèce précédente. La tête se distingue de celle duxENODON pourpre en ce qu'elle est un peu plus ramassée et plus déprimée ; la plaque verticale a des formes plus trapues et les occipitales sont plus dévelop- pées; on ne compte que 6 labiales supérieures; le museau enfin , quoique arrondi , est obtus et tronqué obliquement en dessous. Le brun de terre des parties supérieures est relevé par une suite de taches ou de bandes déchiquetées, irrégulières et d'un bruq noir , dont le nombre varie de 20 à ^o. Plusieurs traits en forme d angle dont la pointe regarde le museau, or- nent l'occiput et la nuque; les côtés de la tête offrent quel- ques raies descendant de l'œil aux lèvres. Le dessous est d'un jaune d'ocre très pâle. Les petits sont assez semblables aux adultes. Ces derniers mesurant environ o, 47 -+- ^ ■> n- T^^ nombre des plaques abdominales et souscaudates varie de 189 -+- 5o jusqu'à 169 + 58. Je dois plusieurs sujets de cette belle Coronelle à la bonté du professeur de Freniery à Utrecht. Elle habite la côte de Coro- mandel , où les indigènes l'appellent : R atla T ut t a, Rus- sel (i) en a figuré deux variétés , portraits qui ont servi de type au COL. RUSSEL 1 1 de Daudin (2). (i) Serp. PL 35 et PL 38 p. [,i et 43. - (2) Rept. FI p. ^5 PL 76 f. 2. 2 Genre. LES XE NO DONS. XENODON. Feu BoiE a le premier établi ce genre très naturel aux dépens de celui des couleuvres: j'y ai fait peu de changemens. Les Xénodons ressemblent sous plusieurs rapports aux coron el- le s et quelques espèces forment un passage insensible aux deux genres assez voisins. Nous plaçons le xénodon seve- Rus comme type à la tête des espèces, en traitant successive- ment de celles qui se rapprochent des coron elle s ou des HÉTERODONS. On reconnaît les Xénodons à une grande dent maxillaire postérieure, à leur tête large, à leur museau court, à leurs formes trapues, à leur tronc large et déprimé, à leur queue courte, enfin à leurs écailles lisses et souvent de forme irré- gulière en ce qu'elles sont disposées sur des séries très obliques. La tête des Xénodons est assez distincte du tronc, très large à la base, un peu conique et déprimée. Les lèvres sont le plus souvent saillantes. La gueule est plus large que dans la plu- part des autres ophidiens ; les narines sont très ouvertes ; les yeux sont grands, toujours à pupille ronde. Le museau est assez court, le plus souvent terminé par une plaque rostrale plus large que haute, ou proéminente dans les espèces anomales. Les plaques qui revêtent la tête , sont à-peu-près les niêmes que dans le genre précédent , mais elles se distinguent par leurs formes larges et trapues; les occipitales particulièrement ont très peu d'étendue. On ne voit qu'une seule plaque au frein; celles qui XEiVODOX. 8 1 entourent l'œil, varient en nombre suivant les espèces j mais le plus souvent il n'y a en qu'une seule à l'angle antérieur et deux à l'angle postérieur de cet organe. Les plaques labiales, tempora- les et mentales ont une étendue considérable. Les bandes de l'abdomen sont assez larges , et s'étendent très en avant vers le! menton, de sorte que le nombre des écailles gulaires est diminué ; voyez y?^. 3 et 12 PL III de notre Atlas. Le corps des Xénodons est dans la plupart des espèces gros , déprimé, large et diminuant insensiblement en grosseur vers la queue qui est peu longue , amincie vers le bout et termi- née par une écaille conique et pointue. Les écailles , qui revêtent ces parties, sont communément très alongées, lisses, en rhombe , assez imbriquées et dispo- sées sur des séries transversales, dirigées très en arrière. Le dos est le plus souvent un peu en carène; les flancs sont en pente vers l'abdomen qui est très large , applati ou plus ou moins convexe. Le dessous de la queue est toujours revêtu de plaques divisées. Lanatomie des Xénodons offre plusieurs faits très intéres- sans , mais comme je n'en ai dissiqué que quelques espèces qui, quoique assez voisines, s'éloignent cependant par la conforma- tion de leur viscères, je traiterai de ces différences à l'article de cliacune d'elles. Les vertèbres , qui composent le squelette des Xénodons , sont de forme déprimée , peu grosses et munies d'apophyses épineuses peu développées mais larges et tranchan- tes. Celles de la queue sont comprimées vers l'extrémité et offrent une double série d'épineuses inférieures et des trans- versales dirigées en bas. Le tronc large de ces animaux est sup- porté par des côtes plus longues et moins arquées qu'à l'or- dinaire. Celles du cou sont particulièrement remarquables en ce qu'elles deviennent insensiblement plus droites, à-peu-près comme on l'observe chez les n a j a s ; aussi les Xénodons jouis- sent-ils jusqu'à un certain degré de la faculté d'élargir la partie antérieure du tronc, suivant que les côtes se relèvent ou qu'elles se couchent. Il paraît, que la nature les a doué de cette faculté, 6 82 XEIVODON. pour faciliter la natation ou la déglutition des animaux volu- mineux , dont ils se nourrissent exclusivement. La conforma- tion du c r â n e appuie cette dernière hypothèse , car la mâchoire inférieure, les ptérygoicliens et leurs caisses sont assez longs; la mandibule supérieure au contraire est très courte et munie à son bout postérieur d'une ou de plusieurs dents très compri- mées, trois ou quatre fois plus longues et plus grosses que les autres (i) , qui sont très serrées. Les nasaux sont peu grands; l'intermaxillaire est en croissant et large. L'orbite est complète. Les oflandes maxillaires s'étendent très en arrière et leur lobe postérieur est plus développé qu'à l'ordinaire ; celles de la mâ- choire supérieure se joignent sur l'intermaxillaire , dont elles occupent toute la face interne. La nasale et les lacrymales sont très grosses. Les Xén(xlons atteignent souvent trois ou quatre pieds de longueur totale. La grosseur du tronc et la largeur de la tête sont si considérables chez quelques espèces qu'elles surpas- sent à cet égard des Couleuvres de six pieds de long. Les Xéno- dons ont les teintes le plus souvent d'un bleu grisâtre. Le corps de quelques-uns est orné de larges bandes transversales assez claires et leur tète offre une figure en triangle. Je n'ai pu trouver aucun caractère extérieur qui indiquât la différence entre les deux sexes , et j'ignore également si les Xénodons font des petits vivans ou s ils sont ovipares. On ne sait que peu de chose relativement aux mœurs et aux habitudes de ces ophidiens intéressans. Les seules observations, dues au zèle du Prïnce de Neuwied , sont faites sur notre première espèce. Cet illustre voyageur a observé un individu nageant dans un ruisseau ombragé par les arbres des forets pri- mitives des bords de la rivière llhéos (2). 11 paraît que les Xé- nodons chassent principalement aux batraciens anou- re s. / (i) On à dérivé de cette particularité le nom de Xcnodon : ^«Vwç , inu- sité et od'oiiç dent. — (2t) Neuw. 5e/Yr./?. 367. XElVODOi\ SEVEUUS. 83 Les espèces connues de ce genre proviennent de l'Amérique intertropicale et de l'île de Java ; nous y ajoutons un nouveau reptile de lEurope occidentale , qui fait h; passage aux c o u l e u- VRES PROi'REMENT DITES. On cst autorisc à conclure , d'a- près le petit nombre d'individus, renfermés dans les collections d'histoire naturelle, que les Xénodons ne se trouvent pas en abondance dans leur pays natal. / r 1 Esp. LE XENODON SEVERE. X. SEVERUS. PI. III f. I , 2 et 3 ; fig. 4 et 5 ; var. Linné a choisi cette dénomination pour désigner un reptile, qui se rend en quelque sorte suspect d'appartenir aux serpens venimeux par 1 expression sévère de sa physionomie : résultat naturel d'une tête grosse, de grands yeux ombragés par des pla- ques saillantes , de lèvres enflées et d'une gueule spacieuse. Il suffit d'assigner pour traits distmctifs de l'espèce : un corps excessivement large , des formes très trapues et une tète grosse et revêtue de neuf plaques assez petites. Le Xénodon sévère atteint une taille considérable. Nous en possédons un très vieux individu, dont le corps a au milieu, sur une longueur de trois pieds et demi, un diamètre de plu- sieurs pouces ; la queue en occupe environ la cinquième partie: elle est plus mince que le tronc , peu longue , conique et revê- tue par dessous de 3o à \i paires de plaques. Le tronc est presque partout d'égale grosseur, mais il s'amincit un peu vers l'anus. Jl est déprimé et un peu en pentagone; le dos est caréné , l'abdomen très large et convexe. La tête est plus large que le cou , conique vers le museau qui est très large , court et arrondi. Les lèvres sont assez saillantes, et revêtues de plaques dont les postérieures sont assez larges. On en peut dire autant des plaques temporales; celles du sommet delà tête au contraire. ^4 XEIXODON SEVEilUS. et particulièrement les occipitales , sont assez courtes. Lesyeux sont saiilans et grands; les narines ouvertes; la plaque rostrale est en pentagone , peu haute , mais large. Les bandes abdomi- nales; dont le nombre varie depuis i3o jusqu'à i44 se prolon- o-ent très en avant sous le menton. Les écailles du tronc sont lisses , oblongues et en rhombe. Les lignes , sur lesquelles elles sont disposées , ne se rencontrent pas sous un angle droit , ce qui fait que les écailles ont les formes très irrégulières: on en compte 21 séries longiludinaîes. Nous renvoyons pour la conformation de la charpente osseuse à la description donnée dans les généralités du genre, et qui est fondée sur le squelette de l'espèce du présent article. En examinant les parties internes, on croit observer un déplacement complet des viscères qui dévient aussi par leur forme inusitée. Ces anomalies me paraissent la suite nécessaire de la manière de vivre de cette espèce; elles ne sont pas, à mon avis, d'une moindre importance physiologique; car elles semblent exister pour donner à ces reptiles la faculté de pouvoir déglou- tir et placer dans leur estomac les animaux volumineux , dont ils se nourrissent. Le canal a 1 i men taire est plus spacieux et plus court que dans aucun autre ophidien ; l'estomac est élargi près du pylore et forme un sac aveugle ; les intestins, après avoir fait plusieurs inflexions , descendent tout droit vers l'anus. Le cœur est très remarquable par sa position en arrière , vu qu'il est placé à la fin du premier tiers de la longueur totale. Le f o ie est d'autant plus petit, qu'il ne s'étend que depuis le cœur jusqu'au fond de l'estomac, son diamètre au contraire est très considérable; aussi son volume est-il augmenté par la division en deux lobes , collés l'un sur l'autre à leur surface interne et dont celui du coté droit est un peu plus long. Il est évident que le poumon ne saurait occuper le petit espace entre le cœur et le pylore , déjà renqoli par le foie et le fond de l'esto- mac: cet organe commence au contraire immédiatement sous la gorge, et se prolonge jusqu'à une petite distance derrière le cœur. La trachée-artère par conséquent, n'est libre qu'à XE.\ODO\ SEVEULS. 35 son bout antérieur; tout le reste est enveloppé par ie sac pul- monaire très larj^e et spacieux. Elle se prolonge jusqu'à l'extré- mité (lu poumon et elle est ouverte dans toute la longueur de ce sac , vu que la membrane, qui réunit les demi anneaux car- tilagineux , cesse d'exister au nu)ment de l'entrée de la tracliée- artère dans le poumon. Je n'ai pas observé de glande tbyroi- de ni aucun vestige des petites glandes voisines. Le Xénodon sévère varie extrêmement suivant lAge. Les jeu- nes ont les formes plus ramassées que les adultes , la tête grosse et très courte: il est évident que les placjues , qui revê- tent cette dernière partie, imitent les formes générales. Le crâne dans cet âge est très bombé. La couleur du fond est d'un blanc rougeâtre ou tirant sur le jaune. Une douzaine de taclies d'un brun pourpre foncé, très grandes et d^ figure peu régulière occu- pent le dessus sous la forme de larges bandes: elles font sou- vent entrevoir , sur la ligne médiane , la teinte du fond sous la forme de petites taches en œil. La première tache brunâtre se prolonge depuis la plaque verticale sur la nuque , elle est bor- dée dans son pourtour par une bande blanchâtre; une autre réunit les yeux à leur angle antérieur ; une troisième occupe le museau. Une raie foncée s'étend de chaque coté depuis l'œil jusqu' aux lèvres. Le dessous de l'animal est d'un brun noirâtre; on observe à chaque côté de l'abdomen une suite détaches car- rées et blanches. L'iris est brun. La livrée des adultes n'offre pas la moindre trace du joli dessin , qui orne celle des jeunes. La couleur dominante , dans cet âge , est un jaune brunâtre très pâle. L'étendue des taches foncées, comparée à celle de la teinte du fond, se trouve mainte- nant dans une raison inverse: elles sont presque toutes oblité- rées et très peu apparantes ; la première paraît sous la forme de deux raies régnant le long des côtés de la nuque. Le noir , qui ornait chez les jeunes les parties inférieures, a totalement dis- paru , de sorte qu'elles sont d'un jaune pâle uniforme. La tête des adultes offre des formes plus alongées et le crâne est moins bombé. 86 XENOBON SEVERUS. M. Dieperink à Paramaribo au Surinam, auquel nous devons une suite complète de ce Xénodon , nous a adressé plusieurs individus d'une variété accidentelle mais con- stante (Se cette espèce. Ils ont les parties supérieures d'un brun d'acier très luisant; le dessous est d'un jaune brunâtre. Ces individus sont dans làge moyen. Nous avons représenté la tête de l'un Z?^; 4 et 3 Pi. 3 , afin de faciliter la comparaison avec celle de l'adulte, ^^\ 1,2 e/ 3 , PL 3. Feu Boie a regardé cette variété comme une espèce à part , qu'il nomme xenodon A E N E U s. Le Xénodon sévère se trouve aussi au Brésil (i), où il porte, à cause de ses formes trapues, la dénomination de curucu- cui en commun avec le crotalus mu tu s. Nous avons communiqué quelques observations relative à ses mœurs en traitant des généralités de ce genre, et j'ajoute ici, que l'on doit considérer comme un fait constaté, qu'il se nourrit ex- clusivem.ent de crapauds ou de g r e n o u i ! ! e s. J'en ai dis- séqué plusieurs, dont l'estomac était rempli de débris de ces batraciens. Le musée possède vm jeune sujet d'un pied de lon- gueur totale qu'on a tué dans l'acte de la déglutition , et dont la gueule est énormément dilatée par un grand crapaud. On a ouvert le ventre de l'individu figuré par Linné (2) , pour en tirer un batracien , contenu dans son estomac. On trouve quelques autres ligures dans Scheuchzer (3) et Sera (4). Cette espèce porte chez les auteurs plus de nomsdifférens , qu'on en a examiné d'individus. Le plus usité est celui de Linné: col. s e- VERUs et celui de Gmelin (5): c o l. ver si co l or ; ce der- nier est fondé sur une description de Gronovïus (6). MERREMa réparti ces espèces nominales dans les genres éla ps et na- TRix (8) ; Laurentius (9) dans celui de céraste ;Wag- (l) COL. S A U R OCEP H ALUS. NeUW. Bcifr. j7, 35 9 SUl'v. Pl.Uflg. <3. (2) Mus. yj(l Fried. Pl.Sjii^. i Jeune indiv. — (3j Biblla sacra PI. 660 fii^. 7 , jeune ind. — (4) Thés. vol. Il PI. 5,1 fig. 1 et vol. I PI. ^^) fig. I. — (5) Sjsf. naf. p. 1087. - (6) Zooph. Ip.'iA.-— (8) Tent.p. F 45 dp, 95. — (9) Sy,K p. 81. XEIVODOiV RIÏABDOCEIUIALIJS. 87 LER (i) en a fait un ophis. Il serait tédieux de rapporter le long catalogue des synonymes, (jui ne rej)()sent que sur les descriptions et les figures précitées: on en trouve l'énumération "liez 1V1errei\i Tent. p. gS. 2 Esp. LEX.A TÊTE RAYÉE. X. Il!IABI>OCEP!î ALUS. P]. m. fig. fiet 7. Cette espèce est , sous tous les égards , modelée sur le même type que la précédente, et on ne peut lui assigner d'autre carac- tère distinctif que des formes moins ramassées, des yeux petits, et un plus grand nombre de bandes abdominales , vu qu'il s'é- lève depuis i4ojusqu' à ;8o. Les plaques souscaudaîes varient depuis 44 jusqu' à 60. Les écailles du tronc sont disposées sur 19 séries longitudinales. La tête et le tronc sont comparative- ment beaucoup moins gros que chez le Xénodon sévère , d'où il résulte que les plaques , qui garnissent le sommet de la tête, sont plus étroites. La distribution des teintes est la même dans les deux espèces , mais celle du présent article offre le plus souvent 18 à 20 taches au lieu de la sur le dessus du corps; on observe aussi sur l'occiput de\w raies formant un trait en fourche el deux autres très lare^es et serrés descendant de la nuque pour se perdre sur les côtés du cou. Les taches , qui ornent les parties supérieures sous forme de bandes trans- versales, se prolongent souvent sur l'abdomen, composant ainsi des anneaux complets. Les couleurs de ce Xénodon ne sont pas sujettes à changer par l'action de la liqueur forte. J'ai observé plusieurs va riétés. Les teintes tirent tantôt sur le rougeàtre, tantôt sur le bleu-pourpre, et il y en a, qui ont le dessus d'un vert olivâtre uniforme, ou couleur de schiste. Le dessous est (i) Syst.p. 172. 8S XEiXODON RHABDOCEPHALUS. le plus souvent d un jaune pâle, irrégulièrement maculé , fine- ment marbré ou même sans la moindre trace de taches. Un fait singulier dans l'a n a t o m i e de cette espèce , si voisine de la précédente, c'est qu'elle en diffère essentiellement par la disposition des parties molles. Le sac aveugle de l'estomac et les intestins sont beaucoup moins gros; le foie, quoique di- visé vers l'extrémité en deux lobes, est plus alongé. Le cœur est rapproché de la tête , le sac pulmonaire très spacieux se trouve derrière cet organe, mais le réseau vasculaire de ses parois internes se prolonge jusqu'à la gorge sur la membrane qui réunit les anneaux cartilagineux de la trachée artère. Le crâne est , proportions gardées , d'un tiers plus grand que celui du Xénodon sévère. II a les formes plus alongées ; les os , qui le composent , sont plus vigoureux , tandis que la mâchoire supérieure et les caisses sont plus courtes. Le sque- lette offre des côtes plus arquées et moins longues. Les petits ressemblent parfaitement aux individus de o,5i -f- o,io5 de longueur, lesquels sont les plus grands que j'aie vus ; je ne sais pas , si on doit regarder comme adultes les indivi- dus de cette taille. La queue occupe le plus souvent le sixième ou le septième de la longueur totale. On trouve dans le grand ouvrage iconographique du Prince DE Neuwied (i) de très bonnes figures de deux variétés de ce Xénodon qui, suivant ce naturaliste, n'habite que l'intérieur de la province de Bahie (2). Spix (3) l'a observé dans les mêmes lieux; cet auteur mande, que l'espèce se nourrit de cra- pauds. Le Musée des Pays-Bas doit à ces voyageurs une série com- posée de plusieurs individus dans différens états de la vie; d'autres ont été adressés à cet établissement de la province (i) Lwr. Xn. 3 c/ A. — (2) Bciîr. p. 355. — (3) Serp. bras. PI. XII pag. /j7 : opHis merremii; c'est aussi ici, qu'il faut rapporter l'oPlIIS JASPIDEUS, DUVERNOY J riU , SC. Uflt, XXX Pl ifig. I Ct PI. -xfg, f^pag, 12. XEAODON li\ORI\ATUS. 89 de St. Paul au Brésil , mais nous n'en avons jamais reçu de Surinam. 3 Esp. LE XÉNODON MODESTE. X. INORNATUS. PI. III fîg. lo et II. C'est un vraiXénodon ,serapprochant quant au port, à la phy- sionomie , aux formes et aux teintes , de la variété brunâtre du Xénodon sévère. Je n'ai longtemps connu qu'un seul individu de cette espèce nouvelle, dont feu Kuhl a fait la découverte à l'île de Java et qui a été figuré par BoiEdans \ Erpétologie de Java PL 4o. La plaque verticale est presque triangulaire; les occipitales sont plus étendues ; l'œil est moins grand et le museau plus tron- qué que chez le xénodon sévère. On voit trois plaques à langle antérieur de l'œil et autant à l'angle postérieur. Les narines sont très ouvertes ; le reste est comme chez le Xéno- don sévère. Les parties supérieures offrent une teinte uniforme d'un brun olivâtre. Le dessous est plus pâle et finement marbré de brun foncé. Une raie étroite et dentelée naissant aux parties posté- rieures du corps sépare de chaque côté les flancs de labdomen et se prolonge jusqu' à l'extrémité de la queue. Cette descrip- tion a été faite d'après le seul individu, que nous possédions jusqu'à présent , et qui est en partie dépouillé de son épidémie. Nous venons d'en recevoir un autre, jeune encore mais qui pré- sente de jolies teintes d'un brun pourpre, rélevées par des ban- des effacées noirâtres; la nuque est ornée de deux larges raies d'un noir profond, qui se réunissent sur l'occiput en angle aigu. Une teinte jaunâtre occupe le dessous. Plaques: 120 + 41 ou 120 H- 36. — Dimensions o,4o 4- 0,07. — 19 Rang, d'écaillés. 90 XENODOJ?^ PURPURASGEi\S. . 4 Esp. LE X. POURPRE. X. PURPURASCENS. PI. m fig. i3 et ^4- Un sujet unique de ce Xénodon faisait autrefois partie de la collection académique à Utreclit. Le professeur de Fremery l'a bien voulu céder au Musée national , où i! a figuré comme espèce inconnue jusqu'à ce que feu Boie adressa à cet étaÎ3lisse- ment sous le nom précité plusieurs autres individus, observés par lui dans les contrées peu visitées, situées au pied du mont Paranpf à l'île de Java. Nous devons éoalement aux soins de ce voyageur zélé un beau dessin de ce Xénodon fait sur le vivant. 11 appartient au nombre des plus jolis du genre. îl a le port et les formes de notre coronelle lisse, qu'il surpasse un peu dans les dimensions et dans les formes robustes. Les écail- les sont moins obliques, ^e corps moins large et la tête moins distincte que dans les autres Xénodons ; mais l'exiguité des pla- ques de la tête , la longue der.t maxillaire postérieure et sa queue très courte s'opposent à ce qu'on sépare cette espèce du genre Xénodon et qu'on la range parmi les coronelles , dont elle se rapproche toutefois par plusieurs autres caractères. Un trait distiuctif très facile à saisir est la plaque rostrale étendue, en pentagone, voûtée et saillante. La verticale est grande ; les occipitales sont petites. L'œil , de moyenne grandeur , est garni antérieurement et postérieurement de deux plaques. Le museau est conique et tronqué au bout ; la tête arrondie aux flancs et passant insensiblement au cou , qui est d'un diamè- tre presque égal. Le cor[)s est presque partout d'égale grosseur ; il s'amincit un peu vers la queue , qui est courte , conique et qui occupe le sixième ou le septième de la longueur totale. Les écailles sont moyennes , carrées , et un peu en rhond)e sur les flancs. L'abdomen est convexe, étroit et légèrement angu- leux. La coule ui- dominante est un beau rouge de brique , tirant XEXODOIV SCHOTTIl. 91 sur le .pourpre et marbré d'une teinte plus foncée. Seize à vinj^t bandes aniîuleusesà leurliord antérieur , d'un l)lancrou2feâtre et pointillées de noir occupent les parties supérieures du tronc et de l'abdomen : ces bandes sont tantôt étroites tantôt très larges et se présentent souvent sous forme de tacbes irrégulières ou arrondies. Une grande tache en fer-à-cheval occupe l'espace entre les yeux et s'étend sur les côtés du cou , tandis qu'une raie foncée descend de Tœil au bord des lèvres ; le dessous est d'un jaune de limon pâle , tacheté et marbré de rouge carmin , de sorte que la couleur du fond n'apparaît que sur la suture des écailles des flancs et des bandes abdominales sous la forme d'une raie finement dentelée. L'iris est jaune. J'ai observé plusieurs variétés accidentelles, qui offraient des teintes plus ou moins foncées et une autre forme et disposi- tion des taches. Les belles teintes de cette espèce s'effacent presque totalement après la mort; le rouge se change en brun rousreâtre et le blanc en jaune brunâtre. Les jeunes ont les teintes plus pures et plus vives. Plaques: i6o-;- 4^ ; 191 + 47- — 19 Rî^'îig". d'écaillés. Di- mensions: 0,55 -;- 0,09. — L'espèce acquiert une taille beau- coup plus considérable , comme me l'a démontré un sujet adulte, que j'ai vu chez M. Rlinkenberg à Utrecht. 5 Esp. LE XÉNODON DE SCHOTT. X. SCHOTTII. Pi. III fig. 8 et g. Deux individus de cette espèce inédite ont été adressés au Musée des Pays-Bas par celui de Vienne sous les noms de colu- BER scHOTTiet ciNERASCENs: ils proviennent du voyagc de M. Natterer dans l'Amérique méridionale. Ce Xénodon a des formes plus élancées que le précédent. La tête est étroite , peu déprimée et amincie vers le museau , qui est 92 XENODON MÏCHAHELLES. terminé par une grande plaque un peu proéminente. La plaque verticale est très étendue. Les côtés de la tête sont concaves ; les narines médiocres ; l'œil est de moyenne grandeur j les écailles du tronc ne sont pas très larges mais alongées et en rhom- be. La queue occupe presque le quart delà longueur totale, qui mesure jusqu'à trois pieds et demi. Cette espèce a les teintes très uniformes ; le dessus est d'un brun olivâtre, le dessous d'un jaune verdàtre très pale. Les in- dividus, dépouillés de Tépiderme, offrent la même couleur sur toutes les parties. Les teintes de notre deuxième sujet tirent sur le gris. Plaques: i86 ou i/^Ç) -r- 46. — Dimensions 0,47-!- 0,09. — 19 Rang, d'écaillés. 6 Esp. LE X. MÏCHAHELLES. X. MÏCHAHELLES. Le docteur Micliahelles de Munich , jeune et zélé naturaliste, connu d'une manière avantageuse par ses voyages réitirées en Dalmatie , et qu'une mort prématurée vient d'enlever à la science , a eu la générosité de me céder l'individu unique d'un nouveau Xénodon , découvert dans la partie méridionale d'Es- pagne. J'ai voulu exprimer ma gratitude à mon ami , en lui dédiant cette espèce d'autant plus intéressante, qu'elle est du petit nombre des ophidiens , qui se rencontrent dans la partie du monde que nous habitons, et dont on devrait, ce me semble s'attacher à connaître les productions avant d'en aller chercher dans des contrées lointaines. L'espèce inédite (i), dont nous nous proposons de parler, tient le milieu entre les xénodons, les c or on elles et les cou- leuvres. Elle se rapproche des premiers par la petitesse des plaques de la tête , par ses formes ramassées , et par sa queue (i) Cet ophidicn a été depuis décrit et figuré par Wagler; c'est son RUINECHIS AGASSIZU IcOTlCS , PL 25. XEi\ODOIV MIClIAllELLES. 93 conique et courte ; des secondes par la conformation et la dispo- sition des écailles ; des troisièmes enfin par la taille et par le nombre élevé des bandes abdominales, La distril)ution des tein- tes donne à ce Xénodon quelque resseniblance avec la cou- leuvre A QUATRE RAIES, dout il s'éloiguc Cependant sous tous les autres égards. Il se distingue facilement par la grande plaque voûtée et proéminente, qui termine le museau et qui, très large à la base, se prolonge sur le sommet de la tcte en s'amin- cissant en pointe. La première paire des plaques frontales est exiguë ; les nasales sont larges et percées de narines ouvertes. La plaque du frein est étroite ; il y a trois plaques au bord postérieur de l'œil et une seule au boid antérieur. La verticale est large et en forme de cloche ; les occipitales ont moins d'étendue. La tête est distincte du tronc, large à la base, courte et très conique ; le museau est un peu pointu ; les lèvres sont saillantes , les yeux moyens^ Le tronc est presque cylin- drique, gros et aminci vers la queue; l'abdomen est convexe, muni de bandes moyennes serrées. Les écailles du tronc sont un peu voûtées , toutes lisses , presqu' en rhombe , et disposées sur 2y rangées. La couleur dominante est un brun olivâtre très pâle, qui passe insensiblement au jaune sur les parties inférieures , for- mant sur chaque série des écailles des flancs plusieurs raies obsolètes. Le dessous est moucheté et marbré d'une teinte à- peine plus foncée que la teinte du fond. Deux raies d'un brun noir, naissant sur la nuque, régnent sur toute la longueur du dos jusqu'au bout de la queue , où elles sont interrompues et peu distinctes. La tête est ornée de plusieurs raies, qui descen- dent en traversant les narines , l'oeil et la région des tempes. Quelques taches effacées se montrent sur les côtés du cou. Notre individu mesure 0,92 -f- 0,17 = ijOp- Le nombre des plaques abdominales et souscaudales est de2i7 H- 69. Les écail- les sont disposées sur 27 séries longitudinales. J'ai vu cette espèce, qui vit aussi dans la France méridio- nale, dans plusieurs collections de Paris; un jeune individu que 94 XEi\ODOi\ 1 YPHLOS. je viens de rapporter de Paris, a les teintes très différentes de cel- les des vieux: il est d'un jaune brunâtre , tirant sur le gris ; les bandes dorsales sont interrompues et réunies par des taches , dont on voit aussi plusieurs rangées d'assez irrégulières sur les flancs. Le dessous est marbré de brun gris enfumé et bor- dé sur les côtés de taches carrées et foncées. Toutes les teintes sont vives. — 216 + 64 ; o,3i -h o.o55. 25 Rangées d'écaillés. 7 Esp. LE XÉNODON ENFUMÉ, X. TYPHLOS. Cette espèce rangée ici parmi les xénodons pourrait être placée avec autant de raison dans le genre coronelle. Elle a le port des dernières , mais dans la conformation de la tête, elle convient plutôt avec les premiers. Cette partie ressemble à celle du xÉNOD ON sévère, excepté qu'elle est moins large et revêtue de plaques moins ramassées : elle est assez distincte du tronc, dont la forme rappelé celle du xenodon de s G H o T T. L'abdomen cependant , dans celle du présent article , est un peu anguleux vers les flancs et garni de plaques au nombre de ïj\o environ. Les caudales ne surpassent guère ce- lui de 5o. Les écailles du tronc , disposées sur 19 rangées des- cendant obliquement les flancs , sont en rhombe et à surface unie. Une dent longue et latéralement comprimée occupe le bout postérieur du maxillaire. Le système de coloration chez cette espèce est très simple : toutes les parties supérieures sont uniformément teintes de couleur de plomb enfumée et tirant sur le bleuâtre ou sur le verdâtre ; le dessous offre un jaune pâle, qui se tranche nettement sur les côtés de l'abdomen. Cette espèce vient de Surinam; nous devons au docteur Canzius un jeune sujet, envoyé de Démérary; j'en ai acheté d'autres à Paris provenant de Cayenne. Linné a le premier indiqué ce Xenodon : c'est son colitber typhlus: Sjst. nnt. XII éd. p. 378 ; consultez la description, qu'en a donnée Dàudin Bept. Fil p. i35. XEi\ODO]\ BICIIVCTUS. 1) n 8Esp. LE A. J ANNEAUX GÉMINÉS. X. BICÏNCÏUS. C'est encore un ophidien intermédiaire entre les Xénodons et les Goronelles. Le professeur lierniann en a fait mention dans ses Ohservationes zoologicae ^ et la plupart des musées en possèdent des individus ; mais ils sont tous d'origine inconnue. Cette espèce a les dimensions passablement fortes: elle offre un corps vigoureux et un peu comprimé. La queue est également assez robuste et la tête se distingue par ses formes ramassées : elle est assez grosse, distincte du tronc et revêtue de plaques , dont les frontales antérieures se font remarquer par leur peti- tesse. Les yeux , de moyenne grandeur , sont un peu verticaux et les narines en outre dirigées un peu en avant. On observe une plaque rostrale très déprimée et une frênaie 5 mais l'œil est bordé , outre les surciliaires, d'un tour de 6 petites plaques. Il y a 9 plaques aux lèvres et plusieurs rangées sur la région des tempes. Les écailles sont de moyenne grandeur, en rhombe , à surface unie , et disposées sur 1 1 rangées. Le corps est com- primé et offre un ventre un peu anguleux. Ce trait, ainsi que la présence d'un tour de plaques oculai- res , joint a la distribution des teintes, offrent de bonnes mar- ques distinctives. Les individus, conservés dans les collections, ont toutes les par- ties d'un jaune blanchâtre , relevé par un trentaine de bandes géminées d'un beau brun de café: elles sont disposées alterna- tivement avec d'autres bandes géminées mais moins distinctes , quelquefois effacées et souvent fondues entaches, qui occupent les parties inférieures en formant un dessin très peu symétri- que. La tête, outre quelques petites taches du sommet, offre la teinte uniforme du fond. Ce Xénodon atteint o,46 -f- o, i5. — Les plaques varient de- puis 192 -\- 84 jusqu'à 192 + 94. .3 Genre. LES HETEllOBONS. HETEUODON. Le genre Hétérodon ne renfermait jusqu' aujourd'hui que la seule espèce, qui a servi de type à Palisot de Beauvais, voyageur auquel on doit plusieurs renseignemens sur ce reptile singu- lier, connu dans l'Amérique du nord, sa patrie, sous le nom de HO GN o s E-s N A K E. Nous couiprcnons dans le genre Hëtérodon tous ces ophidiens, qui se rapprochent des xénodons à l'égard de leur organisation, de la forme de leur queue, et de la con- formation des dents ; mais qui s'en éloignent , ainsi que de la plupart des autres ophidiens , par leur museau muni d' une plaque étendue , saillante, et souvent retroussée en forme de groin. Ou voit que le passage de ces deux genres voisins est presque insensible, que notre xenodon michahelles se lie en quelque sorte avec le hétérodon ECARLATCt que l'on pourrait également bien ranger les Hétérodons dans une subdivision du genre précédent. La manière de vivre de ces ophidiens, inconnue encore , doit décider cette question. Les Hétérodons n'ont pas la tête très distincte du tronc, qui est un peu en pentagone et presque d'égale grosseur. L'abdomen est légèrement anguleux et plus étroit que chez les Xénodons. La queue est très courte, conique et garnie en dessous de plaques divisées. Les écailles sont moyennes, carrées ou en rhombe , moins obliques que chez les Xénodons et le plus sou- vent lisses ; la première espèce les a cependant carénées. Les yeux sont moyens ; le nombre des plaques de la tète est quel- quefois très grand. Celles , qui revêtent le sommet de la IIETEUODON PLAÏYRHINOS. 97 tête sont peu grandes. Lu plaque rostrale est remarquable par sa forme: elle est toujours proéminente , quelquefois prolongée en une sorte de trompe , retroussée obliquement, tronquée en des- sous, très déprimée et abords tranclians. La couleur domi- nante est le rouge ; le corps est taclieté ou annelé d'une teinte plus foncée. Tous les Hétérodons connus proviennent du nouveau mon- de. Le nombre des individus paraît être aussi limité que celui des espèces. Leur rareté dans les collections est cause que nous ne pouvons rien ajouter à nos descriptions relativement à l'organisation des parties internes. Leurs mœurs sont égale- ment inconnues ; mais j'ai lieu de croire qu'ils habitent , comme les précédens, les lieux humides ou sablonneux. 1 Esp. LE H. A LARGE NEZ. H. PLATYRHINOS. PI. III fig. 20, 21 et 32. La libéralité du professeur de Fremerj à Utrecht m'a mis à portée de donner la description et la figure de ce Hétérodon , qui est caractérisé d'une manière toute particulière par ses for- mes. Son corps trapu et ramassé, sa queue courte, une tête large, des lèvres enflées , un nez proéminent, des yeux ombragés par des plaques saillantes: tout cela lui prête un air de férocité qui l'a rendu suspect, et l'a fait comparer avec les vipères par le vulgaire et même des savans. On trouve dans l'Amérique septentrionale une espèce de Tri- gonocephale , ressemblant à notre Hétérodon pour les formes et la distribution des teintes: ces deux reptiles ont souvent été confondus par les savans ; Linné , par exemple, a fait mention du TRiGON. CENC HRis SOUS Ics dénominations de col. con- strictor(i) et de boa contortrix (2), citant à cet article (i) Sjst. mit. X p, 216. —' (2) Syst. nat. XII p. 373. gS HETERODOIV PLATYRÏÎÏiXOS. très mal-à-propos la PL 56 de Câtesby , figure qui représente notre hétéro don, que Linné a aussi fort bien connu et mentionné sou le nom de c o l. si m us. (i) Cette erreur, une fois conmiise, ne cessa de se propager dans les écrits de plu- sieurs savans modernes. Latreîlle (2) et Daudin (3) ont fourni de bonnes descriptions et des figures de notre Hétérodon , que Palisot de Beauvais (4) a trouvé dans les environs de Phila- delphie , et qui doit atteindre une taille de 3 à 4 pieds. Il est réputé venimeux dans sa patrie et les indigènes assurent qu'il est vivipare. La teinte doit passer avec l'âge du rougeâtre au vert. Il se nourrit d'insectes , de vers , de mulots et de musa- raignes. (5) La description suivante est faite d'après un individu de i4 pouces de longueur totale et dont la queue occupe exactement la septième partie. Le tronc, presque partout d'égale grosseur, est déprimé et entouré d' éc ai 1 les lancéolées , de moyenne grandeur , relevées par une forte carène et disposées sur 21 sé- ries lonaitudinales: elles auo^mentent en étendue vers l'abdomen qui est étroit, un peu anguleux sur les cotés et muni de 12^ bandes. La q ue u e est très déprimée , beaucoup plus mince que le tronc, conique et revêtue en dessous de 34 plaques divisées, La t ê te est également remarquable par sa forme trapue et coni- que que par son museau court, qui porte au bout une pla- que très large, proéminente, retroussée, tronquée obliquement en avant, déprimée et pourvue en dessus d'une caiêne: cette plaque est d'une substance cornée plus dure que le reste des écailles et à bords tranchans; l'animal s'en sert probablement pour fouiller la terre. On voit entre les p 1 a q u e s frontales plu- sieurs plaques impaires de forme inconstante. La plaque ver- ticale est courte, un peu en pentagone ou en triangle sphérique; ( I ) Syst. n.p, 37 5. — [lyRept. voL IF p. 32 avec f g. : heterodon r L A T Y n H 1 N o s. — (3) Rcpt. vol Fil p. 1 53; vol. F PI. 6oJig. 28 : fig. de la tète. — (4) Latr. etDAUD. 1. 1. — (5j Dauu. Rept. vol. F p. 7, llETERODOiV PLATYRIIINOS. 99 les occipitales sont très petites et tronquées à l'extrémité postérieure ; les suporclllnires sont saillantes; les labiales au nombre de neuf. Les narines sont très ouvertes et la plaque, qu'elles percent, est entourée de plusieurs petites plaques de forme irrégulière ; il n'y a le plus souvent qu'une seule plaque au frein , mais l'œil est entouré d'un tour de l'j, plaques en- viron. Les plaques labiales de la mâchoire inférieure sont assez nombreuses, les mentales petites; on voit des écailles gulaires au lieu de plaques. Il n'y a pas de plaques temporales distinctes. La ligne, qui détermine l'ouverture de la gueule, est très arquée. La mâchoire supérieure est courte et armée d'une série de pe- tites dents, suivies d'une dent déprimée et très longue à cha- que extrémité postérieure. La couleur du fond est un grisrougeâtre, plus pâle sur le des- sous. Une suite de taches d'un brun marron foncé règne le lono" du dos : elles prennent sur la queue la forme de bandes larges et serrées ; on observe de chaque côté des flancs une autre suite de taches plus petites, rondes et alternes. Plusieurs raies de la même teinte traversent le sommet du museau, le front et l'occiput, se prolongeant derrière l'œil et sur la nuque; les dernières sont souvent en massue, ou en forme d'un V ren- versé, embrassant à son angle intérieur une ou plusieurs taches oblon^ues. Les couleurs du Hétérodon à large nez sont sujettes à de nombreuses variations: elles sont tantôt plus claires, tantôt plus foncées; les taches sont quelquefois conftuenr.es et forment de larges bandes transversales; il y a des individus qui ont tout le corps moucheté de brun foncé ; d'autres offrent un abdomen maculé de noir et on en voit , où la distribution des teintes est très peu apparente. Les jeunes individus ressemblent aux adultes , mais les tein- tes sont plus vives et la disposition des couleurs plus tranchée. Les écailles des flancs sont indistinctement rayées de brun pâle. i4o Bandes abdominales et 42 doubles plaques sous la queue. L'individu décrit par Latreille en offrait i25 H- 4^; celui de Daudin 119 + /i8. 100 IlETERODON RHl.\OSTOMA. C'est le vrai hognose snare des Anglo-Américains , ce qui veut dire serpent a groin de cochon. Cette espèce est extrêmement sujette à varier, soit par rap- port à la configuration des plaques particulièrement de la ros- îrale, soit par rapport aux couleurs et à leur distribution. Nous avons rapporté de Paris des individus, qui ont ledessus marqué de larges bandes d'un brun noir, séparées par d'autres bandes transversales jaunes ; d'autres sont d'un noir enfumé ou schis- teux uniforme et semblable dans cette livrée au COL. CONSTRIC- TO R : c'est alors le het. nigricans de Milbert. Ce Hétérodon a encore été trouvé à la Louisiane, à Charlestown, à New- York et jusqu'à la Martinique. Le Musée de Paris , où Ton voit des individus de ces contrées , renferme en outre plusieurs Hé- térodons, recueillis par M. d'Orbigny au ijrésil , à Ste. Catheri- ne et au Paraguay près de Buenos- Ayres ou près de Montevideo; ilsforment plusieurs variétés: lune a le ventre noir et le dessus marqué de doubles anneaux noirs sur un fond jaune, plusieurs taches peu symétriques se voient sur la tête; une autre offre une distribution des teintes analogue à la variété ordinaire de l'Amérique du nord , mais elle a le dessous orné de grandes taches noires carrées et disposées alternativement. 2 Esp. LE H. A GRAND NEZ. H. EIïINOSTOMA. PI. 111 fig. 17 , 18 et 19. Le Musée des Pays-Bas doit un individu de ce reptile intéres- sant à la bienveillance de M. von Schreibers, directeur du Musée impérial de Vienne , qui a bien voulu me permettre , d'en publier la description. Il a été envoyé de l'intérieur du Brésil par M. Natterer , voyageur infatigable, auquel la science doit la découverte de tant d'animaux inconnus, déposés au Musée HETERODON RIIIAOSTOMA 101 de la capitale d'Autriche. M. Fitzingkr (i) s'est servi de ce serpent pour ériger une nouvelle coupe «générique, à laquelle il assigne la dénomination que nous avons conservé connue épithète à l'espèce. Cette espèce a les formes très élancées. Ce caractère, joint à la conformation de la plaque rostrale , les grandes écailles et la distrihnlion des teintes , suffit pour la distinguer du res- te des reptiles. Elle a le port de la co n o n k l l î: c or a i l ou de Te LA PS coRALLiN, opbidieus auxquels elle ressend)le à l'é- gard des couleurs, mais qu'elle surpasse un peu par les di.nen- sions. Le corps de ce Hétérodon est presque de mcme gros- seur, à-peu-près cylindrique et recouvertde grandes écailles lisses, carrées ou sur le cou en rhombe, à pointe tronquée et qui sont disposées sur i5 séries longitudinales. L'abdomen est large et convexe, la queue plus menue que le tronc et peu co- nique. La te te est peu distincte du tronc, déprimée et recou- verte au sommet par neuf plaques , dont les occipitales sont très étroites et plus petites que les autres. Le museau est conique et terminé par une plaque ressemblant à la rostrale de l'espèce précédente, exepté qu'elle est moins élevée et à contours circu- laires. Les plaques temporales sont peu développées. Le reste des plaques de la tête est comme chez les Xénodons. Les nari- nes sont très ouvertes , les yeux moyens. Le corps de cette espèce, d'un blanc rougeâtre , est probable- ment d'un beau rouge chez les vivans; il est marqué de ^^6' anneaux noirs et larges, rapprochés trois à trois. Les écailles, qui se trouvent entre ces anneaux , ont la moitié postérieure noire; les autres ont le bout brun. La tête est ornée d'un des- sin noir difficile à décrire. Les plaques labiales sont bordées de cette teinte , et on voit une raie noire au dessous des yeux. Les anneaux du corps sont loin d'être disposées régulièrement , et leur forme ainsi que leur étendue varie considérablement. (i) Classif. /-I. 56. Ï02 liETËROBOIV GOCCï:^[EUS. , L'abdomen ofire souvent des taches noires et carrées. Plaques: 190 -+- 64' Longueur totale: o,8o5 -h-OjiS = o^goi. — Il est bon de remarquer, que la pointe de la queue est un peu muti- lée chez notre individu. r ' 3Esp. LE HETERODON ECARLATE, M. COCCINEUS, PI. m. fig. i5 et 16. Ce serpent, un des plus jolis de l'ordre, est remarquable par la forme de son museau , par sa petite taille et par des teintes magni- fiques. Il a le port et les formes des serpens lombrics, desquels sa manière de vivre le rapproche en quelque sorte. Une dent très longue à l'extrémité de chaque branche de la mâchoire supérieure et d'autres caractères ne permettent pas de l'éloigner du genre dans lequel nous l'avons placé. Son corps est très menu, d'égale grosseur et un peu dé- primé; la queue est plus mince, courte et conique; l'abdomen anguleux et étroit. Les écailles sont lisses, moyennes, en rhom- be et disposées sur 19 séries longitudinales. La tête est peu distincte du tronc, conique et revêtue en dessus de 9 plaques dont les superciliaires très petites : la verticale est courte, large et en pentagone ; les frontales postérieures sont étroites vers le sommet. Les narines sont peu spacieuses. Le museau va en pointe, configuration qu'il doit à une plaque rostrale saillante en forme de nez ou détrompe. Le reste des plaques de la tête n'offre que des différences de forme très peu sensibles. La couleur du fond est un jaune très vif, tirant plus ou moins au brun sur les parties supérieures, qui sont ornées de 20 à 22 larges taches, rondes ou ovales , d'un rouge pourpre et bor- dées de noir. Cette dernière teinte se dessine sur le dos sous la forme d'unneaux géminés qui se rapprochent sur les flancs, mais dont les bouts se touchent incomplètement pour border lIETERODOAi COCCliXEUS. 103 les taches pourpres. On voit souvent sur les flancsdes taches noi- res irréguhèrenient (Hspersées. Les helles teintes de cette espèce s effacent ininiédiatenient après la mort. Je crois que c'est le h arlequin snake (i)des Anglo- Amé- ricains liabilans de la Louisiane. Gatesby (2) a trouvé ceHctéro- don dans la Caroline du sud , où il vit sous terre dans les lieux cultivés , de sorte (ju'on en déterre souvent en labourant les champs. Linné a reçu de la Caroline, par les soins tlu docteur Garden , des individus qu'il a décrits sous le nom de col. do- L I A T u s (3). M. Blu MENBACii (4) a fort bien figuré et décrit notre Hétérodon ; ce vétéran dans Thisloire naturelle cite à ce sujet une description du h et. écarlate, publiée en i53i par Herrare dans son Histoire des Indes occidentales , ouvrage que je n'ai jamais vu. Le savant espagnol mande, que le reptile en question se trouve au Mexique et dans les Florides , qu'il vit en société avec les fourmis , d'où son nom de m a d r e s d e hor- MiGAS et que les jeunes filles sauvages s'en servent en guise de collier ou [)Our orner leur chevelure. La description et la figure de la Couleuvre écarlate de Latreille (5) appartient à la co- ron elle qui porte le même nom. Daudin (6) au contraire a publié une figure très reconnaisable de notre Hétérodon , qui lui a été également communiqué par Palisot Beauvais. Plusieurs auteurs ont confondu le col. guttatus de Linné avec notre espèce. Cet ophidien fait partie du genre elaps chez Merrem. Notre individu mesure : o,3o5 + o,o45 = o,35o ; le nombre des plaques est de i63+ 65. Blumenbach en a compté ijS -)-35 Daudin i6i -^ 43. (i) Conf. AuDUBON BirdsPl. Sa — (a) beedsnake Catesb. PI. 6o. — (3) Syst. nnt. p. 379. — (/,) Licht. et Voigt Maf;azin. vol. V /:>. 10 PI. 5: COL. cocciNEUs. (5) Rcpt. ioL IFp.i'èS. — (6) Rept.voL Vil p. 43 PI. 43 fig. I.— (7) Tentant, p. i45. -? -j — 4 Genre. LES LYCODONS. LYCODON 1^. Les Lycodons forment une coupe générique très naturelle, caractérisée d'une manière tranchée par la présence de plu- sieurs dents plus longues à Textrémité antérieure des deux mâchoires, ce qui a engagé feuBoie, qui a le premier établi ce genre au dépens de la grande famille des Couleuvres, à leur assigner un nom dérivé de cette particularité. On verra dans la suite, que j'y réunis plusieurs autres ophidiens, répartis par mes devanciers dans des genres très différens , et que je comprends dans le genre Lycodon tous les ophidiens qui joignent au caractère ci-dessus établi : une tête déprimée , étroite et peu distincte du tronc , un museau obtus et large, des narines peu ouvertes et rapprochées du bout du museau, des yeux exigus et à pupille verticalement oblongue , une plaque verticale très courte, des frontales postérieures assez larges et des occipi- tales étroites. Les plaques de la tête en général, et particulièrement les labiales et les temporales, sont plus petites qu'à l'ordinaire. On ne voit qu'une seule plaque au frein ; l'oeil est bordé anté- rieurement d'une seule et postérieurement de deux plaques. Les teintes même offrent encore quelque chose de particulier dans les Lycodons : elles sont le plus souvent couleur de terre, tn^mt plus ou moins sur le brun ou le jaune d'ocre; la plupart des espèces sont ornées d'un collier d'un dessin réticulaire, qui est particulièrement sensible sur la tête ; d'autres ont le corps marqué d'anneaux brunâtres sur un fond rouge. Les Lyco- LYCODOX. 105 cîons n atteignent pas de fortes dimensions. Les écailles sont moyennes ou petites et en rliombe : elles ne sont caré- nées que dans une seule espèce ,leLYC0D0N carinatus. Le corps est le plus souvent un peu comprimé, court, menu et presque partout de même grosseur ; l'abdomen , plus ou moins anguleux , est garni de bandes serrées et nombreuses ; la queue courte, mince et pointue, est souvent pourvue en dessous de plaques simples. Il y a cependant des espèces de ce genre qui offrent des for- mes plus élancées , une queue longue et effilée , une tête plus large etc., et qui forment le passage à ces serpens d'arbres que nous plaçons dans le genre dipsas. Les vrais Lycodons au contraire ont le port et la physionomie des serpens, habitant la terre et les lieux sablonneux , séjour qu'ils ne quittent jamais à ce que je crois. Le squelette des Lycodons est composé de vertèbres, orga- nisées comme chez les coronelles, mais les Lycodons ont des côtes beaucoup plus courtes et plus dirigées en bas. Le crâne imite les formes alongées et étroites delà tête, ce qui lui donne quelque ressemblance avec cette même partie chez les EL A PS et chez plusieurs rouleaux. L'orbite est souvent incomplète à leur bord postérieur ; les caisses et les mastoi:liens sont petits; les mâchoires très minces , armées de petites dents aiguës et arquées qui sont précédées d'une ou de plusieurs dents plus longues que le reste. Quelques espèces cependant ont presque toutes les dents semblables , ou même une dent plus grande au bout postérieur de chaque branche du maxillaire. L'organisation des parties molles ne diffère presque pas des mêmes parties chez les coronelles. Les Lycodons ont un poumon simple, le foie très alongé , des intestins spacieux et fléchis en plusieurs sens. Leurs glandes salivaires sont très peu développées ; les maxillaires occupent les mâchoires jus- qu'au bout du museau; la lacrymale se trouve derrière l'œil, elle est quelquefois très volumineuse ; la nasale est assez petite. 106 LYCODON HEBE. Je n'ai remarqué à l'extérieur aucune différence indiquant les sexes. Les jeunes ont les teintes plus vives et un dessin plus marqué que les adultes , qui sont souvent d'une couleur uniforme. La figure des plaques de la tête est, chez les Lyco- dons, très sujette à varier : elles prennent avec l'âge des formes plus alongées et plus étroites. Le nombre des plaques abdomi- nales s'élève le plus souvent jusqu'à 200; celles du dessous de la queue varient de 5o à 100 ou plus. Les Lycodons sont des habit an s des contrées intertropi- cales. Les espèces connues sont originaires des Indes orienta- les et de l'Amérique méridionale; nous venons d'en recevoir une des confins de la colonie à la pointe australe de l'Afrique. On sait très peu de chose des mœurs et des habitudes des Ly- codons j la dissection de quelques espèces m'a démontré qu'ils se nourrissent de reptiles sauriens et ophidiens. 1 Esp. LE LYCODON HEBE. LYCODON HEBE. PI. IV f. I , 2 et 3 ad. var. Bengale ; f. 4 et 5 : var. Java. On peut regarder cette espèce comme type du genre ; elle en est en même temps une des plus remarquables, parcequ'elle est répandue sur plusieurs terres très distantes, où elle se rencon- tre sous un aspect quelquefois un peu différent , de sorte que l'on est obligé d'admettre plusieurs variétés de climat. Le Lycodon Ilébé a été d'abord observé au Dengale par E.us- sel(i) , qui en a donné une bonne figure , et qui l'a décrit sous le nom de n 00 n i-p a r a g o doo , qu'il porte à la côte de Corouiandel, et que Daudin (2) et Shaw (3) ont changé en ceux de COULEUVRE HÉBÉ et de col. fasciolatus. (i) Scrp. l Pi 21. — (2) Rept, vol. Fi p. 385. -^ (3) Gen. Zool. V. ni P. fi p. 528. LYCODON HEBE. 107 Ce Lycodon atteint jusqu'à deux pieds et demi de longueur totale. Le corps d'un individu de cette taille est de la gros- seur du doigt du milieu, compiimé et un peu en pentagone. Le dos est légèrement (caréné ; Tabdomen étroit , anguleux et garni de 184^206 bandes. La queue occupe environ le quart ou le cinquième de la longueur totale : elle est menue , particulièrement vers la pointe et revêtue à sa surface inférieu- re de 60 à 74 plaques divisées. Les écailles sont en rhombe sur le cou, carrées vers la queue, de moyenne grandeur et dispo- sées sur 17 séries longitudinales. La tête est un peu distincte du tronc, très déprimée , à sommet étroit et revêtue de plaques , dont la verticale en pentagone à base élargie; les occipitales sont très alon^ées : les frontales offrent la même forme , mais la première paire est d'un tiers plus petite que la deuxième. Les yeux sont petits, bordés postérieurement de deux petites pla- ques , antérieurement d'une seule plus grande , qui est précé- dée d'une plaque frênaie très alongée. Les plaques temporales offrent presque les mêmes formes que les écailles du tronc; les labiales , à l'exception des moyennes de la mandibule infé- rieure , sont petites. Il est nécessaire de remarquer que la for- me des plaques de la tête varie considérablement suivant les individus ; les occipitales et la verticale particulièrement sont tantôt étroites et alongées , tantôt courtes et larges. Ce Lycodon a des dents au bout antérieur des deux mâchoi- res beaucoup plus longues que le reste. Le cran e est très alon- gé, l'orbite incomplète en arrière; les caisses sont fort courtes. La couleur dominante est un brun gris plus ou moins foncé , pale dans les adultes qui ont les teintes uniformes , et très vif dans les jeunes. Le brun passe , sur les flancs , insensi- blement au jaunâtre , teinte qui occupe toutes les parties infé- rieures. LTne suite de taches transversales déchiquetées , irré- gulières et d'un blanc pur, règne le long du dos; elles se perdent vers la queue: la première de ces taches entoure la nuque sous la forme d'un collier, qui s'étend sur les côtés du cou et sur les lèvres. Les écailles des flancs sont le plus souvent bordées 108 LYCODOîV liKllE. de blanc, de sorte que les taches sont réunies les unes aux au- tres , et que cet ensemble forme un dessin irrégulier mais très agréable. La distribution de ces teintes cependant est très in- constante, et les taches sont, quant au nombre et à la con- figuration , sujettes à de nombreuses variations. La cou- leur du fond est quelquefois très foncée et relevée par une vingtaine de taches carrées et larges (1)5 d'autres ont les par- ties supérieures d un brun marron uniforme et marquées de i5 à 20 anneaux blancs, qui s'élargissent sur les flancs , se confon- dant dans la teinte de l'abdomen (2) ; d'autres encore offrent des taches dorsales très petites, œillées et peu nombreu- ses, mais privées du bord blanc des écailles des flancs ; en- fin il yen a, où tout ce dessin se confond dans les teintes générales , et qui ont les écailles très pâles et bordées de brun. Le Musée des Pays-Bas possède une série complète de cette espèce qui lui a été adressée du B en g aie. Ce même établisse- ment doit aux recherches de ses voyageurs à J a va une belle suite d'un Lycodon , qui réunit tous les caractères du Lycodon Hébé du Bengale, mais dont les teintes offrent une légère modifi- cation , due évidemment à l'influence du climat (3). La variété de Java n'offre presque jamais de taches blanches distinctes; cette teinte au contraire ne se montre que sur les bords des écaille? , formant un dessin réticulaire irrégulier, qui occupe toutes les parties supérieures. Les écailles du collier sont blan- ches, à centre brun. ïl paraît que cette variété n'atteint pas une aussi forte taille que celle du Bengale. J'ai trouvé dans l'esto- (i) Je crois , que celle variété est représentée chez Russel / 16 : figure type du COL. m a l 1 g n u s de Daudin et du c. s t r i a t u s de ScHAw. — (2) C'est le c o l. a u l i c u s. Linné. Mus. Ad. Fr. PL 12 J. 2 ; on rapporte ici très uiai-à-propos la figure d'un ophidicn indétermi- nable , donnée par Sera 7. 91. 5, sous le nom de l a p h i a t i , qu'on a même introduit dans les systèmes ; voyez aussi Scheuchzer 655. 6. — (3) Feu IJoiK en a fait une espèce distincte; c'est son lycodon r A p u c I N Ti s ; on en trouve la figure chez Russel //. Sy. ■ j<- LYCODOiX CARIIVATUS, 109 mac (les débris d'un Gecko, le hemiuactyi. us frenatus de VErpct. de Java. Nous, possédons encore une variété de climat constante de ce Lycodon. M. M. Macklot et Mùller l'ont envoyée au Musée des Pays-Bas de Timor et de Poulo-Samao, petite île avoisinante. Ces individus sont d'un brun terne très foncé ; on peut à peine reconnaître les traces du dessin réticulaire , mais le cou est orné d'un collier comme dans les sujets de Java. Les parties inférieures sont d'un jaune brunâtre. 2 Esp. LE LYCODON CARENE. LYC. CAUÏNATUS. PI. IV. f. 6 et 7. ' L'individu , qui a servi de type à la description du h u r r i a <: A R I N A T A de KuHL (i), fait actuellement partie de la riche collection de reptiles du Musée des Pays-Bas. C'est un des Lyco- dons les mieux caractérisés et très reconnaissable à ses écailles carénées, et à la circonstance que le dessous de sa queue est muni de plaques simples , ce qui a engagé Kuhl à le placer dans un genre imaginaire, établi par Merrem pour réunir plu- sieurs ophidiens très différens les uns des autres. Ce Lycodon a le port et les dents du précédent; ses formes ce- pendant sont un peu plus élancées, les plaq ues frontales an- térieures et la verticale sont plus larges , la plaque du frein est plus courte. Les yeux sont petits , les narines ouvertes ; on voit plusieurs plaques temporales plus grandes qu'à l'ordi- naire. Le corps est un peu en pentagone . l'abdomen étroit et très anguleux. Les éc a i 1 1 es du tronc sont moyennes, carrées et surmontées d'une forte carène; on compte 17 séries longi- (1) Beàràge p. 95 ; Wagler , Syst.p. 191 s'est emparé de cette espèce pour en faire son genre cercaspis. 110 LYCODON JARA. tudinales. La queue est peu longue, grosse à la base, mais aiguë vers la pointe. Le dessus est d'un brun de café foncé, qui devient plus clair sur les flancs et sur les parties inférieures , lesquelles sont marquées de taches blanches très larges et disposées à des in- tervalles réguliers. Les bandes abdominales sont bordées de blanc : cette couleur domine sur la gorge et sur le devant de l'abdomen. i88 H- 60. Longueur totale: o,5i + 0,1 o5 = 0,61 5. Ce Lycodon est originaire de Geylan, d'où un in- dividu a été envoyé par M. Leschenauît au jardin des plantes. 3 Esp. LE LYCODON JARA, LYCODON JARA. Je ne connais ce Lycodon que d'après la figure et la descrip- tion qu'en a donné Russel (i), qui a reçu un individu de Ganjam, où on l'appelé jara-patoo , dénomination employée en partie par Shav^ (2) comme épithète de l'espèce. Merrem fait un double emploi en citant cette figure à propos de son c o l. l i n n a e i (3) ; elle a aussi servi de type au col. STRIATULUS de ScHNEIDER (4)- Le Jara-Potoo a les dents et la distribution des teintes comme chez les Lycodons. La tête est petite , distincte du tronc et revêtue de plaques, dont les occipitales sont très exiguës. Le corps est menu, la queue courte et aiguë; les écailles pe- tites sont marquées de chaque côté de deux raies fines ; le des- sus est noir. Le dessous et un collier assez large sont blan- châtres, La longueur totale de l'individu décrit par Russel est d'un pied sept pouces ; la queue en occupait le sixième. — 17b + 56. "(i) Serp. 1 p. 28 PI. 14. — (i) Oc,?. Zool. v. ni P. II p. SsT). — (3) Tent.p. 98. — . (4) Bechst. Lacep. vo/. IF p. 254. LYCODOiX GEOMETRICUS. IIORSTOKII. 1 1 1 4 Esp. LE Lia GÉOM I^Y€. C.i:OMETRïCUS Je n'aurais pas adopté tlans mon ouvrage cette espèce dont on ignore et la patrie et tous les renseigneniens relatifs à ses habitudes, si feu Boie ne l'avait pas classée sous le nom de Goluber geometri<;us dans les galeries du Musée des Pays- Cas et de celui de Paris qui en possède un seul individu , rap- porté par feu Peron. Cette espèce est très caractérisée par une raie jaune qui borde de chaque côté le sommet de la tête ; une autre raie se trouve sur les côtés du museau et se perd à la commissure des lèvres , dont les plaques offrent de grandes taches d'un brun foncé. La couleur du fond est un brun rougeâtre assez pâle. Le dessous et deux raies ,qui s'étendent le long des flancs , sont jaunâtres; cette teinte gagne avec l'âge le dessus et forme des bordures sur toutes les écailles. Le Lycodon géométrique a le port du Lycodon Hébé, mais il parvient à une plus forte taille et il offre alors des formes assez ramassées. La tête est distincte du tronc, les yeux sont un peu verticaux. Les plaques frontales antérieures et les frênaies sont assez exiguës et les surciliaires étroites; on voit i oculaires postérieures quelquefois soudées et une antérieure. Les écailles sont lisses , un peu lancéolées et disposées sur 21 à 23 rangées. Dimensions: 0,89 H- 0,1 5. Plaques: 200 H- 5i ou 238 -h 52. Nous communiquerons dans un autre lieu la figure que nous avons faite de la tête de cette belle espèce. 5 Esp. LE L. HORSTOK. LYCODON FIORSTOKII. PI, IV. fig. 10 et II. Le zélé voyageur , auquel je dédie cette espèce inédite, en a envoyé un individu au Musée des Pays-Bas. Il provient de lin- 112 LYGODON UKfICOLOR. térieur tîe la colonTe au Gap de Bonne Esp éra nce, des lieux incultes près des frontières de la Cafrérie ; mais elle se trouve aussi à la colonie danoise à la côte d'or, d'où M. Eschricht vient de nous en adresser un individu. Cette espèce a tous les caractères des Lycodons. La queue est très courte et aiguë ; son corps couvert d écailles lisses lui- santes, carrées ou rhomboïdales. La tête déprimée est revêtue de plaques j dont les frontales antérieures sont exiguës, les posté- rieures grandes, la verticale courte et en triangle sphérique, les occipitales enfin alongées et étroites vers le bout postérieur. Les plaques surciliaires sont très petites; celle du devant de l'œil s'étend sur le sommet du museau. Les temporales ont plus d'étendue que chez les autres espèces. Le dessus est d'un brun olivâtre foncé très luisant ; tou- tes les écailles sont ornées à la pointe d'une tache couleur de nacre, disposée quelquefois de manière à former des bandes transversales, qui descendent sur les flancs en triangle; le dessous est jaunâtre. 17 Séries d'écaillés. Longueur totale 0,22 -+- 0,020 ou 0,23 + 0,045. Plaques: 188 4- 3o ou 194 + 56. . 6 Esp. LE LYCODON UNICOLOR. LYC. UNÏCOLOR. C'est sous ce nom que feu Boie a désigné l'individu unique d'un Lycodon , parvenu au Musée de l'ancienne collection aca- démique. Le professeur Eschricht à Copenhague a bien voulu nous céder une petite collection de Reptiles formée à la côte de Guinée; cette collection contenait parmi d'autres sujets inté- ressans une sixaine d'individus de notre Lycodon. Le plus grand mesure 0,66 + 0,08. Très voisine de la précédente pour le système de coloration , l'espèce du présent article s'en distingue cependant par un grand nombre de traits , savoir : une tête moins ramassée et revêtue LYCODOIV lOllMOSLS. 113 de piaques beaucoup plus effilées ; un museau moins large ; un tronc garni de l'j rangées d'écaillés , qui s'étendent sur la région tles tempes ; une teinte uniforme d'un l)rtin fuli<>ineuv plus clair sur les parties inférieures; enfin un nombre différent de plaques abdominales et souscaudales , qui varie depuis 208 + 4^ jus([u'à -x^n H- 74- 7 Esp. LE JACODON CORAIL. LYC. FORMOSUS. PI. lY. fîg. 8 et 9. La découverte de cette espèce , la plus jolie du genre, est due au Prince de Nkuw^ied '^i): ce voyageur en a observé un indivi- du sur les bords du Mucuri. Elle porte dans sa patrie le nom de COBRA coRAL;, que les indigènes appliquent indiffé- remment à tous les opliidiens dont le corps rouge est anneléde noir. Le Musée des Pays-Bas doit plusieurs individus de ceL>co- don à celui de Vienne , où il a été rapporté du Brésil en grand nombre par M. Natterer ; un autre a été cédé à notre éta- blissement par M. Fr. Boie à Kiel ; on en conserve au Musée de Paris qui sont originaires des environs de Buenos-Ayres. Le Lycodon corail se distingue de toutes les autres espèces par la distribution de ses teintes et par la plaque du frein très alongée, étroite et toucbant au bord antérieur de Toeil , qui est très petit et à iris rouge. Les côtés de la tête sont concaves, les lèvres enflées postérieurement. La tête est très déprimée et à museau obtus ; les plaques frontales postérieures et la verti- cale sont larges; les occipitales varient en étendue; les tem- porales ont la forme des écailles du tronc qui sont lisses , en rhombe , moyennes et très pointues. Cette espèce a le port et les dents du Lycodon Hébé; mais son (1) JbhiUl. J PI. 5 ; r. o i. F o R M o s TJ s ; ^eiir. p. 38 1. 9 114 LYCODON CLELIA. corps est plus gros et plus cylindrique, l'abclomen moins angu- leux, la queue plus longue et très mince vers le bout. Le couleur dominante est un beau rouge vermillon ; le corps est marqué de nombreux anneaux noirs , tantôt de forme constante, tantôt disposés irrégulièrement ou rapprochés deux à deux ou trois à trois : ces anneaux se perdent toujours sur les flancs et sont souvent si peu distincts, qu'on les prend pour des taches. Les pointes des écailles sont toujouis noires et on observe quelquefois plusieurs taches de cette teinte sur la tête. L'abdomen est jaune , varié de rouge et quelquefois de noir. Le beau rouge se change après la mort en blanc. Il paraît que cette teinte éprouva? même plusieurs chmgemens pendant la mue, comme le démontre Tindividu figuré par le prince deNeuwied, qui a la tête orange et les parties antérieures du tronc d'un blanc verdàtre , teinte qu'on entrevoit aussi sur le rouge des parties postérieures. On compte à ce Lycodon i^ à 19 séries longitudinales d'écail- lés. Les plaques abdominales et souscaudales varient depuis 168 -f- 64 jusqu'à 220-1-68. La queue occupe environ un quart de la longueur totale, qui excède rarement deux pieds. 8Esp. LE LYCODON CLELIA. LYC4^F>ON CÏ.ELIA. PI. IV fig. 12 et i3. Peu de serpens sont aussi sujet à varier que celui dont nous allons traiter dans cet article. Les anomalies accidentelles, que nous avons observées chez le Lyeodon Glélia, sont d'autant plus intéressantes qu'elles ne se bornent pas seulement aux tein- tes , mais aussi à la forme de la tête et des plaques dont elle est revêtue. Le beau serpent de l'Améiique méridionale , introduit dans les systèmes sous le nom de s c y t a l e g o r on a t a et si remarquable par les larges bandes simples dont le dessous de LYC01)0]\ CLKLTA. HT) so queue est garni , est connue de tous les iintuialistes. Le même pavs produit un serpent, resseinljlarit à tous égards à celui dont nous venons de parler* mais dont la (jucue offre des platjues divisées : il a été désigné sous le nom de cor uber CL ELI A. Je réunis ces deux ophidiens sous cette dernière épithète, jusqu'à ce qu'on ait démontré une dilférenc^e plus fondée par des observations relatives à leur manière de vivre et faites sur les lieux qu'ils habitent. Le Lvco:lon Cléiia atteint le i)lus souvent une taille de trois pieds. Son corps, de hi grosseur d'un doigt , est conq^rimé ; l'abdomen un peu anguleux et très convexe ; la queue moyen- ne, plus menue que le tronc et aiguë vers le bout. Les yeux sont peu grands, à iris d'un brun foncé; les narines ouvertes. La tête est plus ou moins distincte du corps, déprimée et conique; elle est revêtue de plaques qui varient assez par leur forme et par leur étendue : les occipitales sont tantôt longues et étroi- tes , tantôt courtes et plus larges ; la verticale est le plus sou- vent très courte et en pentagone; les frontales postérieures sont quelquefois très grandes, mais d'autres individus les ont plus petites la plaque du frein est dans les uns alongée et étroite, mais on voit des individus qui l'ont presque carrée. La forme du museau et particulièrement celle de !a plaque qui le termine, ne varient pas moins; il est le plus souvent large et tronqué ; mais dans d'iuitres il est ari'O'idi ou même coni- que; je possède enfin plusieurs individus qui offVent un mu- seau teruiiné par une pla(|ue proéminente en forme de pointe conique. On peut voir au Musée des Pays-Bas plusieurs indivi- dus intermédiaires entre ces vaiiétés. Le coTps est revêtu d'écailles carrées, lisses ou de forme rhond)oï(le. La couleur du fond est nuancée ch.ez cette espèce depuis le blanc pur jusqu'au brun de terre très foncé. Dans les exem- plaires ([ui offrent la première teinte, les écailles ont tou- jours le bord et la pointe brune, ce (jui leur donne Tisir d'être tronquées au bout. Le dessus de la tête et la nurjue sont le plus souvent brunes, de sorte que la couleur du foi;d offre sur le cou l'apparence d'un collier plus ou moins lar^e. 11 y a des individus qui ont la tête de coideur foncée mais sans trace de collier , et le corps tacheté et maculé irrégulièrement de brun. Le nombre des séries d écailles varie depuis i5 jusqu'à 19, Celui des bandes ahdominales est également peu constant. J ai compté dans cinq individus de la variété à plaques souscaudales simples: 198 +68; 192 + 66-, i83 -h 90; 182 -f- loi 182-1- 78. (jinq individus de la variété à plaques souscaudales divisées mOnt oliert : 1 48 + 67; 1 56 -+- 60 ; 188-4- 66 ; 218 +73 et 226 + 65. On voit par ces observations que la queue varie aussi en longueur et qu'elle occupe tantôt un tiers , tantôt un cinquième de la longueur totale. Le crâne de ce Lycodon est moins alongé que celui des au- tres : les caisses sont peu longues ; les dents du bout antérieur de la mâchoire â peine plus grandes que le reste, mais on voit une dent plus longue à l'extrémité postérieure des maxillaires. J ai trouvé dans l'estomac d'un jeune individu les débris d'un serpent. Les jeunes ne diffèrent pas des adultes. Le M usée des Pays-bas a reçu de Surinam et cela par les soins de M. DiEPERiNK une belle série de cette espèce ; les individus à plaques souscaudales simples étaient de la variété brune, à mu- seau conique et proéminent. Le sujet observé par le Prince de Neuwied (i) dans les plaines sablonneuses entre les rivières St. Mathaeus et Doce offre les mêmes formes, mais il a les tein- tes de la variété tachetée et à plaques souscaudales simples. Wagler (2) a figuré un sujet trouvé par Spix dans les forêts som- bres qui ombragent les bords de la rivière Salimoëns ; il a les teintes uniformes, sans collier blanc, et la queue munie en dessous de plaques divisées. Cet ophidien porte au Brésil , sui- vant le prince de Neuwied, le nom de cobra de lu a (serpent de lune.) Schneider (3) a tiécrit le premier la variété à plaques souscaudales simples : c'est son ps e u d o boa (i ; s c Y T A T, F. c O R O N A T A JbbiUl Lh'f. Fil et Bcit/'. p. 24 o sn ! V. — (2) Serp. bras, natrix occipitalisP/. 6 p. 9,1. — (3j Bist. Jtnph. 11 p. 9,85. LY<:OUOi\ SL)l$Cil\CTUS. • 117 CORONAT A ; OU Cite à ce sujet ^eba II ^i y i ^ ti^uie tota- lement nianquee clans le coloris. La variété à plaques souscau- clales snnples a été introduite dans les niétliodes par Daii- DiN ' i) sous le nom de COI., clelia. 11 faut clieicher ce Lycodon chez les auteurs dans les i^(mres boa (2), scy- T A L E (3) , IN A T R I X (4) et c L E L 1 A (5). 11 hahitc aussi la Gua- deloupe et se trouve jusqu'à Philadelphie dans l'Amérique du Nord , comme le prouvent les individus envoyés au jardin des plantes par les voyageurs français. Nos ligures 12 et i3 PI. X ont été faites d'après un indivi- du adulte de la variété à plaques souscaudales simples 9 Esp. LE L. A DEMl'ANiSEAUX. L. 8Ulu:iiM;riiS, PI. iV f. I 4 et i5. ISeba ((i) a fourni une figure très reconnaissable de ce Lyco- don , que Shaw (7) cite à propos de son col. platuritvus, nom changé par Merrem (8) en celui de col. p l a t y r h i n u s. RussEL (9) en a représenté un autre individu. Nos voyageurs nous ont fait parvenir de l'ilede Java une série complète de ce Lycodon , décrit par 13oie dans \ Erpétologie de Jcwa sous le nom que nous adoptons. Nous en possédons un dessin fait sur le vivant , dû aux soins du professeur Reinwardt , qui l'a fait exécuter sur les lieux. M.Duvaucel a adressé au Musée de Paris un individu de ce Lycodon recueilli au Bengale. Ce Lycodon se reconnaît facilement à ses teintes , qui lui don- nent quelque ressemblance avec les bongares; à son mu- seau très large et au manque total de plaques oculaires anté- (i) Repî. vol. VI p. 33o PL 78. — (2) Dau3)1N vol. /^ p 220. — (3) Mf.p.r. Tent. />. 91. — {\) ib.p. 98. — (5) Fitz. Clnss, p. b^; Wagl. SyM. p. 187. — (6) Tlies: L 83. 3. comparez aussi /. 109. 7. — (7) Cen. Zool. .'. m P. Il p. ',68. — (8) Tenf. p. i34. — (9) Serp. II PI. 41. — 1 18 LYCOrOX SUBCLXCTUS. pieures. Cette dernière circonstance a engagé feu Wagler d'en faire un genre à part, qu il nomme ophites (i). Le Lycodon sul)cinctus atteint jusqu'à ?) j3ie(îs et demi de longueur totale , dont la queue occupe environ le quart. Il a le port du lycodon hebe; son corps est un peu comprimé, labdomen anguleux et convexe. Les écailles sont moyennes, de forme rhomboïde, lisses, exepté vers les parties postérieures , où celles du dessus sont surnîontées d une légère carène. La queue est plus menue que le tronc , et va insensiblement en pointe vers le ])out. La tète est plus large et plus distincte du corps que celle des autres Lycodons. Les yeux sont petits, les narines très ouvertes 5 le museau est assez large et obtus. Les plaques verticales et surciliaires sont exi'^uës , les occlnitaies alon.'ées et étroites , les frontales postérieures remarquables par leur étendue : elles touchent au bord antérieur de l'œd conjointement avec la plaque du frein et la troisième plaque labiale. La couleur dominrinte est un brun noirâtre très luisant, plus ou moins fonce et tirant un peu sur le rouije ; elle de- vient plus claire sur les Oancs et sur l'abdomen. Cette dernière partie est quelquefois jaunâtre, particulièrement sur le de- vant ; les angles de l'abdomen sont également marqués d'une suture jaunâtre, et les plaques bordées delà mèuîe teinte. L(î corps et la quer.e sont ornés de bandes blanchâtres au nombre de vingt environ , plus serrées vers les parties posté- lieures ets'élar^issant sur les ilancs: elles font souvent entrevoir la coideur (\n fond sous forme de petites tacdies. Les bandes <{ pendant s'évanouissent avec l'âge sur les parties postérieures du corps, où il n'en reste que quelques traces. Les jeunes ont les teintes plus vives. Les écailles sont blanchesàla base: mais cette teinte ne se déclare que quand le corps de l'animal est distendu. Le cou est orné d'un collier blanc qui s'étend sur les lèvres. ^1} Sysf. p. iHfJ. — LYCODOIV MODESTMS. I 1 9 Plaques 198 -4- 80 ; 208 + 82 ; 210 H- 78 ; 218 -H 69. • — Dimensions o, ^.V -Ho, l'S. — 17 Rnni^ées (rérailles. Le cr àne de cette espèce est alongé et clépriin(''; l'orbite est incomplète en arrière ; on voir, plusieurs dents plus lon£>ues au bout antérieur des mâchoires. Les glandes salivaires bordent Jes mâchoires et sont très étroites; il y a une lacrymale et une nasale assez développées. J'ai trouvé dans l'estomac de ce Lyco- don les restes d'un scinnue. ' Cette espèce habite également au Bengale; des individus provenant de ce pays se trouvent au Musée de Paris. 10 Esp. LE LYC. MODESTE. LYCOBON MOî>i:STUS. PI. IV fig. 16 et 17. M. MûLLER, zoologiste de l'expédition néerlandaise, expédiée en 1826 de Java pour explorer les côtes de la nouvelle Guinée , a découvert lors de son séjour à A m b o i n e ce Lycodon , qui se rapproche du précédent pour le port mais qui s'en distingue par la forme de la tête et par la disposition de ses plaques sem- blables à celles du LYC. CLE LIA, par dcs dcuts prcsquc d'égale grandeur , et par les teintes. L'abdomen est un peu anguleux , étroit et convexe. Le tronc est comprimé , la queue grosse à la base et conique vers le bout. Les écailles sont lisses et presque carrées. Le dessus est d'un brun café très foncé ; le dessous d'un jaune brunâtre , qui se prolonge sur le cou en forme de collier : ces deux teintes se tranchent nettement sur la seconde série des écailles des flancs. Longueur totale o , 70 -H 0,21 zz: o , 91. — Plaques: 200 + 8.4. — 17 Rangées d'écaillés. Le Musée de Paris possède un exemplaire de ce I^ycodon recueilli également à Amboine par M. M. Lesson et Garnot ; mais je ne me serais nullement douté de retrouver notre es]>èce 120 LYCODOjV ]VYMPHA. clans la Couleuvre Ikahèque décrite par Lesson (i) ; l'individu qui a servi de type à cette prétendue espèce, ne dilTère réelle- ment du Lycodon modeste que par la taille et les teintes , qui tirent sur le blanchâtre^ et qui passent sur le dessus au brun noir pourpre : couleur distribuée sur les écailles en forme de taches , mais qui se dispersent sur les flancs pour former des marbrures. M. Lesson rapporte que cet opliidien habite les forêts épaisses, qui bordent le Havre Doréiy à la nouvelle Guinée, que les Papous Tappelenl iraheque nom qui signifie Anguille de terre , et qu'il parvient à une grande taille. II Esp. LE LYC. MMPHE. LYCODON NY3IPHA. Daudin (2) , en reproduisant la figure de l'ophidien du Bengale représenté par russel(3) sous le nom de k a tt la- ve yrien, a introduit ce Lycodon dans sa méthode sous la dénomination de col. in y m p h a , espèce que Merkem a placée dans son genre h l r r 1 a f4)* Cette espèce se distingue des autres par ses formes délicates, par sa tète courte et large, par son museau obtus, par des yeux très grands et par une ouverture de bouche assez large. Ses (lents sont presque d'égale grosseur. Le corps effilé , très min- ce et compritné, est garni d'écadies lisses, cairées et disposées sur i3 séries lonaluidinales. L'abdomen est très étroit et an- guleux. Le dessous de la queue imite la ujème forme. Les ])laques de la tcte s'éloignent un peu de la règle gi^nérale: ia verticale est plus alongée et les frontales postérieures sont moins larges qu'à l'ordinaire ; la plaque du frein s'étend jusqu'à 1 œil et a au dessus d'elle une petite plaque oculaire antérieure. (i) I o)\ de la Coquille N.„ 5 PL 5, — [-i] Bept. vol. f^'I p. '24/, PL 7:> //v. 1. — !3; S(;rp. 1. '^G , Tadj f. ^7 , le jeune. — (/,) Tcnt. p. i/i^ — LVCODOiX Al J)AX. 121 La disniljulioii des teinles est coiiiuie clic/ les jeunes du I. YconoN SLi K CI N CTUS, luiiis le bniri de notre espèce est pins clair et se montre souvent sous la lonne de lai-'j-es taches dorsales orbiculaires. La queue occupe le quart de la lonj^ueur totale, qui est en- viron d\i:i pied et demi. 1 la(|ues 204 -+- 78; 2o5 + 80 ; 206 -h j8. Les individus de Russel en offraient 234 + 8-^; 243 + 82. 12 Esn. LE LYC. JUDACE. LYCODOiV AUDAX. D. IV fîg. 18 et 19. La longue incertitude, dans laquelle on etuit par rapport à la patrie de ce Lycodon , vient enfin d'être éclairée par M. D'or- bi-ny , qui en a trouvé des sujets dans les environs de S^^. Ciuz de la Sierra. 11 a les dents et la distribution des teintes comme les Lycodons; mais ses formes élancées, sa tête dis- tincte et lar^e, sa queue longue et pointue et son corps très comprimé le rapprochent du genre dipsas, auquel il appar- tient peut-être aussi par la manière de vivre (i). L abdomen est très étroit , plane et assez anguleux. Les écail- les du tronc sont lisses, en rhombe , un peu alongées et dispo- sées plus obliquenient que chez les autres Lycodons : on en compte If) rangées longitudinales. Le corps est presque par- tout dégale grosseur. La tête très distincte du tronc, large à la base et à museau large et obtus. Les plaques, qui en revê- tent le sommet , sont plus alongées que dans les autres espè- ces; celle du frein est étroite. L'œil est moyen, la bouche large ; les narines sont ouvertes , les lèvres enflées. Le crâne est plus large qu'à l'ordinaire ; les orbites sont complètes, les caisses moyennes ; les mâchoires et particulière- (i) M. P'iTziXJEP. l'a dcjà roiini à ce yeiire ; voir Clu.ss. p. 5y. 122 LYCODOIV PETOLARÏUS. ment l'inférieure est armée par devant de dents très longues. Le squelette offre des côtes très courtes et peu arquées. Les deux couleurs principales sont le jaunâtre et le brun marron. Cette première teinte domine sur Fabdomen et sur la tête; le dessus est varié de sorte que le jaunâtre se fait entrevoir sous forme de nombreuses taches irrégulières , déchiquetées , soit en rose, en cœur ou même en bandes dentelées. Les lames écailleuses de la tète ont le centre marqué d'une tache brune ou d'une figure imitant le pourtour des plaques. Les parties postérieures de l'abdomen et le dessous de la queue sont le plus souvent ornées de larges taches carrées. La queue occupe environ du tiers au quart de la longueur totale, qui mesure dans nos plus grands individus trois pieds et plus. Plaques: 2o5 -t- 117; 206 H- 109; 245 -h io5. Daudin en a compté dans son individu 2o5 + 99. Cet auteur (i) a le premier décrit d'une manière reconnais- sable ce Lycodon, qui est aussi le col. maximiliani de Merrem (2). Je rapporte ici: Scheuchzer 647. 2; Sera //. 89. I et 2 ; //. 79. 3- /. 100. 4- Les dernières figures sont les types des col. cer v inus et ce ylo n i g u s de Gimeljn. (3) 13 Esp. LE L PÉTOLAIRE. î.. PETOLAKIUS. PI. IV fig. 20 et 2'. Je n hésite pas à placer dans le genre Lycodon cet ophidien, qui en a la physlonoiuie et tous les caractères empruntés de l'organisation de la tète ; mais qui s'en éloigne par le manque de dents maxillaires antérieures plus longues et par ses for- mes ellilécs. (i) COL. AUDAx llept, vol. T Ip, 345 PI. 'jg. — (a'i Tenf. p. io5. — (3) Syst. nut. p. 1 1 1 /, et p. 1 îoG. — LYC01)0\ PETOLARILS. 123 Celle espèce abonde clans les collecllons. On (n ironie serve dans toutes les niranees, passant tantôt au noir tantôt au vert, souvent à Tolivàtre et quelquefois même au jaune. Quelques espèces ont des teintes uniformes, d autres sont tachetées ou même rayées longitudinalement. Mais ces couleurs éprouvent , durant le développement de Tindivitlu, des changemens d'autant plus frap- pans que les Couleuvres atteignent des dimensions plus fortes que la plup^irl des autres ophidiens, et qu'il s'écoule probable- ment un espace de temps j)lus considérable avant qu'elles aient acquis le terme de leur croissance. \oilà la raison pour lacfuelle ies jeuîies individus sont souvent ornés ries teintes les plus vives formant un dessin assez agréable , dont on ne reconnaît pas uiéme les traces chez les adultes. Ces derniers au contraire oHrent pr-'sque toujours des couleurs sombres et uniformes. Il en est de même des individus qui se trouvent dans la période du changement de la peau. On verra dans la description des espèces , que les variétés accidentelles se rencontrent rare- ment chez les Couleuvres; mais que j ai observé quelques varié- tés de cliuiat très intéressantes. Les sexes diffèrent souvent par la nuance des teintes. Ce genre est très nombreux en espèces , que nous avons rapprochées suivant leur organisation. L'Europe en fournit plusieurs. Une des plus remarquables et des plus communes est celle qui a été dédiée à Esculape. Jli tiilMl )f 130 COLUBER AESCULAPÏÎ. 1 Esp. LA COUL. IfESCJJLJPE. COL. AESCULAPIÏ. PI. Vfig. I et 2. Les anciens Grecs atlor:iient le dieu Je la médecine dans dif- férens lieux et sous des formes très diverses. Ils lui flonnaienL le plus souvent comme attribut un serpent, emblème delà sagacité et dont les qualités salutaires étaient tellement renom- mées que pUisieurs tribus helléniques prenaient le serpent pour le dieu même. Gétaient particulièrement les habitans d'Epidaure , ville florissante dans le Péloponnèse qui avaient érioé, dans un bois sacré fréquenté par des Couleuvres, un temple magnifique en honneur de ces reptiles (i). Les Ro- mains, effrayés par une peste terrible qui ravageait leur capitale^ envoyèrent dans l'an 4^1 de Rome une ambassade à Epidaure pour aller chercher ce dieu imaginaire (2) , qu'ils auraient pu trouver en abondance dans leur propre pays. L île que forme le Tibre, était le lieu où on entretenait ces serpens , dont on peut voir encore aujourd'hui la figure sculptée en marbre, dans les jar- dins de Saint Bartholomée. (3). Chandler observe que les envi- rons dEpidaure abondent encore de nos jours en serpens innocens et peu farouches , vu qu'on ne leur fait jamais la chas- se. Le même voyageur rapporte que ces ophidiens sont de couleur jaunâtre, assertion qui fait croire qu'ils appartiennent plutôt à la COULEUVRE JAUNE ET VERTE et pas cà l'espècc figurée par Aldrovande PL 240 sous le nom d'ANGuis aes- cuuAPii(4)5 qui na pas non plus été observée en Morée par M, Bory de St. Vincent. Cette Couleuvre cependant est une des plus répandues du gen- (i) Pausanias lib. Il cap. 2G , 27 et 28. — (^2) Valer. Max. /, inaire des environs de S("lilani>enbad dans le Duché de Nas- sau. Elle habite aussi , suivant Scni^z (10), les parties méridio- (i) Comparer le natrix longissima Laur. p. 74. — (2) ^^f^- no^^r. p. /,o et 42 — (3) Jnn. H p. '^'.)\ col. f l a v k s c e n s Cm kl. Syst. liât, p, iii5. — (4) Nette Enidech. I p. 260 PI. 4 ; je cite cet ou- vrage d'après Ekciistein Lac. vol. IF p. 217 PI. 33: col. l e- P R o s u s , s E L L M A N I 1 Ct P A N N O N I C L S. (5) JaQLIN CoUectaH. Vol. IF p. 35G PI. 26: fig. de la femelle; Pi. l'j: le mâle. — (6) Qundr. ovip. vol. II p. i65 PL 7 Ctq. '1. — (7) AJonogr. p .37. — (8) Rept. vol. IF p. 54. — (9) Schïangenh. p. 5oc) Pi. G. — (10) Brgn. itn, trad. ail vol. U p. 120. — Î.T2 COLUI5ER AESCULAPII. f nales de in Suisse ; le Musée de Paris enfin et le nôtre possèdent des indi.idus pris en Provence. Cette espèce fait paitie du genre z \ m e n i s de W agler ( i ). La Couleuvi'e (fEscidape atteint nue taille considéra])le; j'en ai vu des individus tle 4 ^ ^> pieds de longueur totale. Les formes n'offrent lien de remarquahle. Le corps est un peu coniprinié; l'abdomen légèrement anguleux; la queue moyen- ne , grosse à la hase et pointue vers le bout. Les écailles sont en rhombe , moyennes et lisses; celles des parties postérieu- res cependant sont surmontées d une carène extrêmement faible. La tète est à peine distincte du tronc , oblongue , à museau peu conique, obtus et arrondi. Les plaques, qui la revêtent, n'offrent rien d'extraordinaire, mais elles sont quelquefois sujettes à varier. Les parties supérieures sont d'un brun oliv.atre plus ou moins foncé ; le dessous est jaunâtie ou niarbré de gris. Les lèvres et une large tache au cou , formant avec celle de l'autre côté une es[)èce de co'lier, sont d'un jaune pâle: cette marque distinctive cependant s'efface souvent avec \à.^e. On voit quelquefois une raie foncée derrière lœil ; d autres individus ont le dos orné . test a ce us, Sa y ^i) et je crois qui! faut également rapporter ici le coluber fla- vivENTKis (2) du même auteur. Elle habite la Mai unique, (Pou elle a été rapportée par Fiée et se trouve, à ce qu'il paraît, dans toute l'étendue des Etats-Unis, où elle est con- nue sous le nom de rlak-snake (serpent noir). Les individus envoyés par M. Barabino de la Nouvelle-Orléans ne diffèrent en rien de ceux du j^lissouri, des environs de Phila- delphie et de la Martinique. Catesby (3) dit qu'elle atteint jusqu'à 6 pieds de longueur totale, qu'elle varie très rarement, qu'elle fait la chasse aux rats poursuivant ces animaux même jusque sous les toits des maisons , qu elle est très féroce vu qu'elle résiste à ses agresseurs en s'élancant sur eux; mais qu'elle contracte des mœurs plus douces par la domesticité , état dans lequel les habitans ont coutume de la réduire. Le nom systématique inventé par Linné (4), a été adopté par tous ses successeurs. Bosc (5) dit avoir vu des individus de ^ pieds. Le plus grand de notre collection mesure 1,0 1 -t- o,oc)5. Palisot Beauvais (6) rapporte , que cette espèce rampe avec une promptitude surprenante, qu'elle grimpe sur les arbus- tes, que les habitans l'apprivoisent pour lui faire remplir les fonctions de nos chats domestiques et qu'elle devient si fami- lière que les enfans peuvent la prendre sans risquer d'en être mordus. Elle se nourrit, suivant ce voyageur, de grenouilles, d'oiseaux, de jeunes tortues, de salamandres , de rats amphi- bies , de l'écureuil de terre et de lézards. (i) ExpecL Rohy Monnt. vol 11 p. ^36 et/?. 35o. — (s>,) ih. vol. I p. 1G7 et p. 337. — (3) Florida. p. /,8 avec fig. — (4) coi., con- STRiCTOR. Syst. uat. Xll C(l. p. 385; nocis avons observé à rarticle du H K T K IV o D o N P L A T Y R H I N U S , C{lie le COL. C O N S T R I C- TOR de 1-1 x'*^^^'"*' édition doit être rapporté au r r i oo no c eph ale CEN CHRIS. — (5) Rtpt. vol. IF [). i78av. fi^. — -(6; -ip. Latr. i/î». vo/. /7/y>. 74, 75 et f. 1 et PL '2 '5 f. 1 , l^eut-ètre faut il rappoilcr ici le col. ventroma- c u L A T II s de Vindian Zoologie. COLIIIÎER KORUOS. CORAIS. 139 6 Es^. LJ COf/L KORUOS. COLUIU^R KORROS. Les îles fie Java et de Sumatra sont la pallie de celle espèce, dont M. reinw.vrdt a le premier fait la découverte. Le Musée des Pays-Bas en a reçu depuis un grand nombre d'individus dus au zèle de ses vova^eurs Cette Couleuvre est peu sujette à varier. Un brim olivalre plus ou moins foncé ou tirant sur le vert , occupe les parties supérieures; le dessous est d'un jaune de citron, qui passe au blanc sous la gorge. Les écailles des parties postérieures du front sont le plus souvent bordées de noir, de sorte que Ten- semble de ces bordures forme un dessin réticulaire très carac- téristique pour Tespèce. Les jeunes offrent des teintes plus claires et leur dos est orné de bandes transversales et étroites , composées de petites tacbes blancbes. Les couleurs se ternissent un peu par l'action de la liqueur forte. On voit que cette Couleuvre se rapprocbesous beaucoup de rapports de la cou LE uvRE de blu menb ach, dont elle a aussi le port, la taille et les formes; son corps cependant est moins comprimé, sa tête moins élevée, le museau plus court et les plaques labiales sont plus étroites. Le reste est comme chez l'espèce précédente. Cette Couleuvre porte au Musée de Paris le nom de col. CANCELLATUS, OpPEL. Dimensions: i,i3 H- o,5o. — Plaques: 162 -f- 9- ou 176-1- i36. — 1 5 Rangées d'écaillés. lEsii.LJ COUL. C0R/1IS. COLUBER CORAIS. PI. V f. 9 et 10. Aucune des Couleuvres connues n'atteint des di m en si on s 140 COLUBER CORAIS. aussi consiciérables que celle , dont nous nous proposons de traiter dans le présent article. Les individus de huit pieds sont presque de la grosseur du hr-îs. La queue est courte et conique; la tête très grosse , plus large que le cou, à uiuseau obtus, arrondi, très gros et enflé. Cette grande Couleuvre a une ressem- blance frappante dans la pljysiononiie avec le Naja: cette res- send>lance est produite par la foruiedu inuseau, par le sonnnet de sa tètelar^eet revêtue de lames de même forme et très ramas- sées,par de petits yeux^, par des narines très ouvertes et pardes lames labiales postérieures dun-î étendue considérable. Les écailles sont toutes lisses, grandes, en rbombe, un peu obliques et disposées sur 17 rangées. Le troric est comprané, Tabdomen très convexe, et légèrement an»uleux.L'(>uverture de la bouche est très large. Les os, qui composent le squelette, sont plus vigou- reux que dans aucune autre espèce; les cotes sont grosses et très arquées vers le bout; le crâne est large; les nu\ch(jires sont ro- bustes, ramassées et armées de dents courtes, grosses et nom- breuses; les caisses sont moyennes, les naseaux alongés. Les parties supérieures offrent un brun rougeâtre plus ou moins foncé et tirant fortement sur le gris pourpre, particu- lièrement quand les écailles sont dépouilleras de Tépiderme. Les jeunes individus ont le corps orné de bandes transversales , étroi- tes, très serrées, d'un brun noiîàtre etdescendant obliquement sur les flancs, tout-à-fait comme chez la c o u leuvre de iîlu- M EN B A cii; mais ce dessin s évanouit bientôt et les individus dans l'âge moyen n'en offrent des traces (jue vers les parties posté- rieures , qui sont le [)îus souvent plus claires et mcjue dans quelques individus totalement d'un blanc ])ur. Le dessous est ordinairemetu d un blanc jaunâtre. 0,9'^ 4- 0,20 ; 198 + 72 ; 208 -j- 78. M. Dieperink a Paramaiibo a fait parvenir au Musée tles Pays-Bas un grand nond)re d'individus de cette espèce, ce qui me fait croire qu'elle abonde à S u r i n a m. Elle n'est pas rare dans les collections. Les bocaux, qui renferment les individus du Musée de Paris, portent suivant Boie le nom de c o l. cor ai s, COLLBEll HIELANURLS. 141 donné à Vespère pnr Cuvir.n et adojnc' d.ins l(^s f^^nlrrios de notie Musée: je lu'ahsiieiis de tout*' l'emarcjne sur le ( linix d'une pnreille ej^itliète (i), dont Daudin ('ijsesldéjà servi antérieurenient avec si peu de i.iscerneinent. 8 Esp. LiCOUlEUrRE A QUEUE NOIRE. COIA BKK 3IKLvi\LULS. PL V f. II et 12. Le monde savant doit eneore la découverte de eette espèce intéiessante aux rerherelies de M. l\£i\WA.RnT, (jui a bien vouiu me communiquer deux beaux dessins , qu'il en a tait faire sur les beux mêmes d'après l'acbdte et le jeune. Elle appartient au nombre des plus belles du genre et se trouve assez rarement dans les îles de Java et de S u ni a t r a , d où le Musée des en Pays Bas a reçu une suitecomplète, compo- sée d'individus de tout âge: cette suite nous a fourni les moyens d'étudier les changemens extraordinaires que subissent les couleurs de cette Couleuvre avec rà:ie, et d avertir nos corres- pondans, que les individus distribués sous le nom de col. FLA.voLiNEA.TUS ne sout quc les jeunes de cette espèce. Elle est une des mieux caractérisées par ses teintes; par les écailles moyennes , oblongues, un peu lancéolées et toutes sur- montées d'une forte carène; enfin par la forme de sa tête qui est distincte du cou, large, alongée , à museau obtus et arrondi. Parmi les plaques du sommet de la tète, les occipitales se font remarquer parleur étendue, tandis que la verticale a les formes très ramassées. L'œil est moyen, l'ouverture de la bouche large et presque droite ; les plaques labiales sont petites. Le tronc est (i) Voir notre article delacoRONELLE corail. — (2) Rept. Vlp.iZ. 142 COLUBER MELAi\URUS. assez compiimé; le clos un peu en carène; l'abdomen fortement anguleux, et revêtu de lames qui s'avancent assez haut sur les flancs. La queue , plus mince que le tronc et pointue, varie considérablement , occupant tantôt le quart tantôt le tiers de la longueur totale. I, i3+o,3o;o,67-|-o, 17. — 202 4- 80; 284 + 106. — 19 à 21 Rangées d'écaillés. Les dents sont toutes d'égale grossein\ Le crâne offre des formes alongées. Les os qui le composent sont minces, les cais- ses peu longues, les nasaux à bords très convexes. La livrée des jeunes brille d'un éclat peu ordinaire. Le beau noir foncé et très luisant, qui occupe le dessus , passe sur les côtés du tronc au bleu d'acier ou au vert, et se confond avec la teinte blanche ou jaunâtre de l'abdomen. LTne raie d'un beau jaune de citron règne le long du dos et se perd sur les parties postérieu- res, qui sont d un noir brillant uniforme; elle est accompag- née de chaque côté des flancs d'une suite de taches noirâtres en œil à centre blanc, qui se montrent quelquefois sous forme de bandes transversales entremêlées de points blancs irrégu- liers: elles s'évanouissent également vers la queue. Les joues sont d'un blanc pur : une raie noirâtre descend perpendiculaire- ment des yeux vers les lèvres; une autre se dirige obliquement vers l'angle de la bou(;he et est accompagnée d'une troisième d'une étendue plus considérable qui s'étend depuis les pla- ques occipitales jusque sur les côtés du cou. Mais ce beau système de coloration éprouve de grands cliangemens avec l'âge ; le dessin devient peu apparent, les teintes vives se confon- dent ou s'effacent de sorte que les adultes en offrent à peine quel- ques traces: ils sont le plus souvent d'un brun uniforme plus ou moins foncé, passant au noir vers la queue. Le tiessous est tantôt noir, tantôt jaune. Quelquefois on aperçoit sur la ligne médiane du dos une teinte d'un jnune d ocre, se mêlant au brun des lianes; d'autres ont les écailles de ces parties bandées d'un brun foncé et il y en a, qui sont variés de blanc: mais ces variétés accidentelles n'offrent rien de constant. Les raies caracté- COLUBEU PAi\TIIEUL\lIS. 143 rlstlques lut^inestle la této dlsparalsstMit avecr l'àî^e ; c(ii('l([iierols il en resteuiie trace sous la loiiiie (ruiic taclic pWc sur les cotés du cou qui sont, ainsi que les joues, ornés de belles teintes rou- ges et bleues: ces dernières cependant s'évanouissent bientôt par l'aclion delà liqueur forte, (jul cbange aussi le jaune en blanc. Lile de Célebe nourrit une belle variété de c 1 i m a t du Col. nielanurus Le docteur Strauss nous en a rapporté deux individ'is, un jeune et un adulte, pris lors de son séjour à Mé- nado: ils dilïèrent de ceux de Java par des teintes moins vives .tirant fortement sur le l)run. Un trait noir, en anale aiofu regardant la tête, occupe le dessus an c>ja. Du reste, ils ne s'éloignent en lien de la variété javanaise. 9 Esp. LJ COULEUJRE PANTHÈRIJSE. COLLBER PAJXTHERIIVLS. PI. V f. i3 et i4. Daudin s'est servi de la figure et de la description , que Merrem (i) a données de cette espèce, pour l'introduire dans le système sous répitbéte de panthérine (2), sans faire attention qu'il venait de décrire sous ce même nom dont Mer- rem avait fait usage en allemand, un jeui e individu (3) d'une Couleuvre du moins très voisine de la pantbérine. Une troisième dénomination , inventée par M. Lichtenstein (4) pour désigner notre Couleuvre, a été changée ensuite parle Prince deNeuvv^ied (5), qui a découvert l'espèce au Brésil,- elle a été aussi rapportée par Spix (6) qui dit qu'elle habite les lieux (t j Beitr. 11p. /jqP/. ii:zusammengedrùcktenattf. r. — (2^ Daud. nept. vol. ri p. 3 18 C^) iô. p. ^li'j : col. c o m p r e s- s u s. ~ (4j Calril. /a io4 i\'.o 7 i : col. c a p i s t r a t u s — (5) c o l. LiCHTENSTEi Vil ZVbc. acta. XII p, II p. 493 PI. 46 ; JblulcJ. i5"« Lh'r. PL I ; Bcilr.p 3o5 siiiv ; Wagler Icon. PI. IF. — (6j Serp. bras. PL ^ pag. 24: natrix scurrula. 144 COLUBER PANTIIERiNUS. marérngeux delà rivière Jcipiira , où e'ie fait la chasse à de petits maniMiiFères, aux oiseaux et aux reptiles. Cette (Couleuvre est très remarquable par la disposition de ses teintes. Un brun paie règne sur le dessus et passe insensi- blement au jaune des parties inlérieures. Une suite de taches plus foncées, mouchetées et ijordeés de noir, très serrées et extrêmement larges, occupent les flancs et te confondent avec les teintes de la queue: elles s évanouissent souvent sur les parties antéiieures du tronc , descendent tantôt sur rabdotnen et paraissent sous forme de larges bandes transversales quel- quefois alternes; cette dernière circonstance a particulièrement lieu chez les jeunes. Les triches sontovales chez les uns, carrées chez d'autres, ou me. ne en ihombe ou de forme deltoïde. Plu- sieurs bandes assez larges d un brun foncé traversent la tête, descendent sur les lèvres dont les plaques sont bordées de la même couleur, ou se dirigent vers les côtés du cou: les der- nières naissent sui* l'occiput, se divisant en deux parties dont Ihs supérieures joignent la première paire ties taches du tronc. L'esprit de vin' exerce peu d'influence sur le-, teintes, mais les in- dividus dépouillés de l'epidernje sont presque blanchâtres. Cette Couleuvre a à peu-près les formes de la couleuvre DE blumenbach; njais son corps est plus gros , sa queue moins longue et la tête plus large et plus alongée. Otte der- nière partie est revêtue de plaques, dont la verticale est très alongée et étroite; les superciliaires sont larges, les frontales et les occipitales moyennes. L'œil est assez grand , l'ouverture de la bouche j)!us large que dans les autres espè<'es. Les plaques temporales et h^s labiales postérieures ont [/lus d'étendue qu'à l'ordinaire Les écailles i\u tronc sont grandes , de forme rhondxjïde, toutes lisses et disposées sur i5 rangées. 170 -[- 80 ; 189 H- 100 ; Cette espèce atteint une assez forte taille. Un individu adulte de notre collection , originaire de la province de St. i^aul au Bré- sil, mesure 1,^5 + o,45. Nous en avons souvent reçu de Suri- nam par M. DiEPERiNK, Le Prince de Neuwted a étudié ses COLUBER VIKGATUS. 145 mœurs. Voici le contenu de ses observations en substance: « La Couleuvre de Lichlenstein varie peu; elle atteint justju'à " () j)ieds de longueur et davantage; elle habite les contrées au ') sud de la côte orientale du lîresil, et je l'ai observée près de » Rio Janeiro aux bords des rivières Paraliyba et Espirilu » Santoet près de Barra de Jucu. Elle fréquente les lieux boisés, M mais elle se trouve aussi dans les marais et dans les fonds » sablonneux, revêtus d'un tapis de plantes aquatiques et de » broussailles. C'est dans les eaux stagnantes que ces grandes » Couleuvres roulées en spirale, s'exposent aux rayons du soleil. » On peut les approcher sans qu'elles montrent la moindre » inquiétude, circonstance due à leur inertie naturelle. Leurs » mouvemens sont plus lents que ceux des autres Couleuvres. » Elles se nourrissent de crapauds et de grenouilles, (i) » 10 Esp. LJ COULEUVRE A BANDES. COLUBER VIRGATUS. Je n'ai pu parvenir à bien distinguer cette espèce de la sui- vante qu'après avoir exanjiné un grand nombre d'individus de chacune d'elle. Les envois de M. M. von Siebold et Bûrger m'en ont fourni le moyen pour ces recherches. Habitans du Japon , ces deux Couleuvres se ressemblent à tel point qu'on est tenté au premier abord de regarder les différences qui exis- tent entre elles, comme dues au sexe ou à quelqu'accident;mais il n'en est pas ainsi. Celle du présent article s'éloigne constamment delà suivante (i) Feu BoiE,en disséquant un individu adulte de cette espèce, a trouvé dans son estomac le bel exemplaire de l'U r o m a s t y x c y c 1 u r u s , figuré par le Prince de Neuwied : Nov. Act. voL XIV P, l Fi. i5 p. i ^fi. 14() COLUBER VIRGATUS. par un rnuseaii gros et obtus , paroles lames frontales larges, par un plus grand nombre de plaques du dessous et de rangées d'écadies: les formes, les teintes etc. offrent d'autres traits dis- tinctlfs moins marquans. La Couleuvre à bandes atteint jusqu'à 2 mètres de longueur totale. Les individus à làge moyen mesurent 0,90-1-0,22 ou 0,79 H- 0,21. Les plaques varient depuis 244 -f- 122 jusqu'à 23o + 100. On compte toujours 23 rangées d'écaillés sur les parties antérieures du tronc. La Couleuvre à bandes a à-peu-près le port de la couleu- vre QUATRE RAIES. Elle offrc uu corps comprimé et assez anouleux sur les côtés de l'abdomen. Les écailles ont une forme sublancéolée: elles sont de moyenne grandeur et toutes surmon- tées d'une carène, plus prononcée sur les parties postérieures. La queue est effilée. La tête offre plusieurs rapports de f(jrmes avec celle de la couleuvre quatre raies; elle se ter- mine en un museau large, gros et obtus. Les dents sont égales et plus longues qu'à lordinaire. Le joli dessin , que forme la distribution des teintes cliez les jeunes, s'efface tellement avec fàge qu'il n'en reste qu'une raie noire allant obliquement de l'œil à la connnissure des lèvres. La couleur dominante des petits est un gris jaunâtre. De nombreu- ses taclies ou bandes transversales, Inunàtres et bordées de noir, régnent le long du dos ; on en voit une autre série de plus petites sur les flancs. Ces tacbes disparaissent à mesure que l'animal avance en âge et elles finissent par se confondre dans la teinte du fond devenue alors assez obscure. Cliez les adultes, la couleur dominante devient derecbef plus claire et tire fortement sur le vert d'olive. Les angles de l'abdomen sont indiqués par une raie fine et jaunâtre , accompagnée souvent sur les flancs d'une suite de petites taches carrées d'un noir profond. La même teinte jaune occupe le dessous de la gorge, s'étendant sur l'ab- domen où, bigarée et mai brée d'olivâtre , elle devient insensi- blement plus foncée. La distribution des couleurs chez cette espèce varie considérablement d'un individu à l'autre; mais il COLUBER QUADRIVIRGATUS. 147 est impossible de décrire toules ces petites différences de peu d'importance pour lu science. La figure de cette espèce sera publiée dans la Fainte fin Japon, Ophidiens PL I. 1 1 Esp. LA COULEUVRE QUATRE BANDES. COLl I1I:R ttLADRlVlRGATUS. Pi. V% i5et 26. Egalement originaire du Japon , cette espèce se rapproche de la précédente sous un grand nombre de rapports: même port, mètne physionomie, mêmes fornx s, même système de colora- tion; cependant elle n'acquiert pas une taille aussi considérable que la couleuvre a bandes, les adultes ne mesurant que 0,89 + 0,2 i ; le nombre des plaques ne surpasse pas 210 -I- 96 et ne s'élève souvent que jusqu'à 196 H- 78; on ne compte que 19 rangées d'écaillés sur le cou; la tête est moins grosse que chez la précédente, conique, et se terminant en un museau peu large et à pointe arrondie ; les plaques du sommet de la tête sont plus alongées; les teintes enfin offrent également de petites disparités. Les petits ont le dos orné de taches moins n<;ml)reuses que ceux de la couleuvre a bandes: elles confluent avec l'âge pour former quatre raies longitudinales très prononcées. La tête est le plus souvent d un brun olivâtre clair; mais la raie derrière l'œil s'évanouit sur les cotes de l'occiput. Les couleurs de cette espèce sont souvent variées de noir ; quelques individus même ne laissent entrevoir des teintes plus claires que sous forme de bigarrures très fines , irréguliè- rement distribuées sur les parties antérieures du tronc. Feu BoiE (i) a établi cette espèce d'après un individu rap: (1) /.«ic i^vlQ p, Q109; 148 COL. DTADEMA. MINIATUS. porté du Japon par M. Blomhoff, ancien chef de notre factorerie à Décima. La figure de cette Couleuvre sera publiée dans la Faune du Japon , Oplii (liens PL IL . 12Esp. LA COUL. DU DE ME. €OL. BIADEMA. J'introduis cette belle espèce d'après la figure qu'en a don- née RussEL II PL ^o p. 34. L'individu sur lequel furent faites les observations contenues dans l'ouvrage précité, avait été pris dans les environs de Bombay ; mais Russel suppose que l'es- pèce habite aussi le pays des Marrattes. Elle a à-peu-près le port des précédentes. Sa taille est de 3 à 4 pieds. On lui compte 220 ou 238 plaques abdominales et 61 souscaudales. Les écailles carénées , la teinte d'un brun cou- leur de terre et une bande frontale noire entre les yeux peuvent servir de caractère à l'espèce. 13 ^s^. LA COLL. VERMILLON. COL. MINI ATUS. Une des plus jolies par rapport à son système de coloration et à ses formes agréables , cette Couleuvre n'est connue que par le sujet unique rapporté d'île de P'rance par M. M. Lesson et Garnot. Elle a le port de la Couleuvre à bandes du Japon et les têtes de ces deux espèces offrent à-peu-près la même forme ; mais celle du présent article a le corps un peu plus comprimé; l'ab- domen étroit et fortement angulé; la queue enfin extrêmement déliée vu qu'on lui compte i45 plaques, tandis que celles du tronc ne se trouvent qu'au nombre de 199. La tête, distincte du cou , est conique et revêtue du nombre ordinaire de plaques, dont la configuration ainsi que la dispo- COLIJBER VARIAlîlLlS. 149 sition présentent une grande symmétrie et de bel les proportions. Le nuiseau, un peu tronque au liout, porte su*r les côtés des narines peu spacieuses. Les écailles , lancéolées sur le cou, prennent la forme de lo/ango sur le tronc et sont carrées ou en hexagone sur la queue: elles sont disposées sur i^j rongées et offrent une surface assez unie. Toutes les dents sont d'égale grandeur. La couleur du fond est un jaune d'ocre brunâtre, qui passe au rouge de minium ou vermillon vers la moitié du tronc , couleur qui prend une forte teinte pourpre et qui g^gue en intensité à mesure qu'elle s'avance \ersle bout de la queue. Les innombrables petites marbrures jaunes , dont tout l'animal est moucheté, deviennent au contraire moins apparentes vers les parties postérieures. Dimensions: 0,88 + 0.46. 14 Esp. LJ COULE Ur RE NOIRE ET BLANCHE. COLUBER VAllIABILIS. PL VI fig. I et 2. Il n'est pas rare de rencontrer au Brésil des animaux qui vivent abondamment à la Guyane : ces deux pays, quoique très éloignés l'un de 1 autre, nourrissent souvent des espèces absolument iden- tiques , qui n'offrent d'autres différences que celles produites parle climat, influence qu'il faut particulièrement peser en étudiant l'histoire naturelle des P.eptiles. La Couleuvre noire et blanche est très commune a S urin a m; elle ahonde égale- ment au Brésil. Le grand nombre d'individus, originaires de ces deux contrées que j'ai examinés , m'ont offert de nom- breuses va ri é tés: elles consistent particulièrement dans la raison des deux couleurs principales. Je crois avoir observé , que le noir domine dans les individus de Surinam, tandis que 150 COLUBER VARIABILIS. ceux du Brésil sont variés de jaune ou de blanc. Le Prin- ce de Neuwied (i) n'a observé de cette espèce que les jeunes qu'il dit être toujours de cette dernière teinte ; mais plusieurs individus, recueillis dans la province St. Paul et faisant partie du Musée des Pays-Bas, sont aussi jaunes que ceux de Surinam dont nous devons le dessin, fait sur le vivant d'après l'adulte, aux soins de M. Dieperink. J'ignore , s'il faut attribuer cette différence dans les couleurs au hasard ou au sexe. Cette Couleuvre est une des plus communes dans les collec- tions. ScHEUciizER (2^1, Seba (3) et LiNXAEUS (4) 1 out fort bien connue; elle a été plus tard fi^^urée par Merrem (5) , qui lui a appliqué par méprise un nom (6), dont les Portugais se ser- vent pour désigner une espèce toute différente, le coluber POE c 1 LOS TOMA. Le gcurc spiLOTES de Wagler (7) repose sur cette espèce. La Couleuvre noire et blanche atteint jusqu'à r,45 4-0,46'. Le nombre des plaques abdominales et souscaudales varie depuis 198 H- 90 jusqu'à 212 + iii. Elle est très reconnaissa- ble, outre les caractères tirés des teintes, à ses grandes écailles en rhombe, surmontées d'une forte carène et disposées sur i5 rangées. Ses formes sont assez sveltes. Le tronc est très com- primé, le dos caréné, l'abdomen anguleux et muni de bandes larges qui montent assez haut sur les flancs. La queue est pas- sablement longue , déliée et amincie vers le bout. La tête est (i) Beilr. p. 271; Jbhild. Livr. XJF fjg. 3 — 6; col. variabi- Li s. — (2) BibL sacra 747. 3. — (3) The.K. Il 20, i bonne figure , type du COL. NOVAE HISPANIAE GmEL. p. I088 et du CERASTES MExiCANUS Laur. p. 83 ; d'autres moins reconnaissables se trouvent chez le même auteur ; II GS, i ; 83, 2 et ioS/i<{. 4 ; sur cette dernière repose la col. coron a tus de Gimei^in p. 1088, (c e r. cor. Laur. p. 83) — (4) M//S'. Jrl Fr. PL 'lo Jîg. 3 jeune ind, col. p u l l i- T u s.— (5^ Beifr. P/. 12 p. Si. veuanderliche natter. — (6) Te/?t. p. 121, COL CANIN ANA, dénomination chanp;ée par Daitoin en celle decoL. plutonius, voir : Daud Rejjt. vol tlp, 32/|. -«- (7) Syst, p. r79. — - COLUBEU VAKIABILIS. loi assez (listiiu;te du tronc, conique, alongée ainsi que le museau qui se termine en une pointe arrondie. Les lames qui revêtent la tête sont tort larges, les ocîcipitales pI. Cantraine en a envoyé au Musée des Pays-Bas de l'Italie et de la Dalmalie , et Frivaldszky (4) l'a observée danstcjutes les provinces de la Hongrie et particulière- ment dans le Bannat. C'est aussi I'elaphis (5) de Jonston PL 5, ouïe COLUBER EL A p His de Shaw Geii. Zool. 111 P. IL p. 4^0 et de plusieurs autres naturalistes (6). La Couleuvre quatre raies a à-peu-près le port de la Cani- nane ; mais sa tête est moins grosse et plus alongée, la queue (1) Metaxa. p. 38. — (2) coluber quaterradiatus Gmel. Naturf, vol. XXFIIl p. i58 PL "h Jîg. i ; un de tes individus que nous devons à la bonté de M. Gmelin a servi de type à nos figures de la tète. — (3) la quatre raies, col. quadrilinea- T u s. Qu.idr. nvip. voL II p. i63 PL '] Jig. i. — (4) Motiogr. p. 44. — (5) fXaq'tç i^c E R F) ; l'espèce se nomme en Italie: cERVONEet scor- z o N e. — (6j Je rapporte encore ici le coluber n a u i i : Bechst. Lac. voL IV p. 2i5 PL 3a f. 2 , copié d'après Nau. Entdeck. PL 3 p. aSg. 160 COLUBER VIRIDIFLAVUS. plus courte et moins robuste. Elle a les écailles petites , lan- céolées, surmontées d'une forte carène et disposées sur aS rangées. L'abdomen est convexe, le museau arrondi; les pla- ques occipitales sont peu larges et étroites vers le bout posté- rieur; les yeux sont moyens, ombragés par des plaques surci- liaires saillantes, ce qui rend sa physionomie un peu farouche. On voit une plaque surnuméraire au dessous de la plaque oculaire antérieure. La couleur principale est un jaune d'ocre plus foncé sur le dessous, où il tire souvent sur le brun. Deux raies d'un brun noir régnent le long des flancs: elles sont quelquefois interrompues, se perdent ordinairement sur la queue, ou se confondent avec la couleur du fond dans les individus qui offrent des teintes sombres. Une raie noire va de l'œil à la commissure des lèvres. Les jeunes (i) ont quelques bandes transversales sur la tête; le dos et les flancs sont ornés de larges taches et l'abdomen d'un brun pâle varié de blanc. L'individu, dont nous avons figuré la tête, était de 1,20 H- o,3i. Plaques abdominales et souscaudales : 208 + 70 et 217 4- 81. Cette Couleuvre, nonobstant sa taille et ses moyens de dé- fense, a les mœurs extrêmement douces et ne mord jamais lors- qu'on la prend. Elle est commune dans les champs près de Tivoli ; mais elle se trouve ordinairement sur les collines. Ces observations que je tiens de M. Cantraine coïncident avec cel- les de Metaxa. 20 Esp. LA COULEUVRE VERTE ET JAUNE, COLUBER VIRIDIFLAVUS. ri. IV fig. II et 12. Les belles teintes, dont cette espèce est variée, lui ont valu (l) METAXA/g'. 1 A et B, — COLUBER VIRiniFLAVUS.-^ KM en Italie les dénominations de mi lord o et bello (i). Elle est très commune dans ce pays (2), et se trouve ('gaiement dans le midi de la Hongrie (3) , en Dalmatie, à l'île dKlbe (4) , en Sardaigne (5), en Sicile, dans la plupart des provinces de lu France (6) et dans la Suisse méridionale. Des formes agréables, de jolies teintes et une queue assez déliée servent à reconnaître l'espèce au premier coup-d'œll. Elle a la tète peu distincte du tronc et un j^eu alongée;la plaque verticale offre les mêmes proportions. Le tronc est presque cylindrique; l'abdomen large et convexe; la queue longue, dé- liée et applatie en dessous. Les écailles sont moyennes, lisses, en rliombe, et disposées sur 19 rangées longitudinales. Les adultes mesurent environ 0,94 -+■ 0,34. La longueur de la queue, le nombre des plaques qui la revêtent en dessous et celles de l'abdomen, varient considérablement. Une trentaine d'individus, que j'ai examinés, m'ont offert les extrêmes sui- vans : 160 -+- 96 et '22.y + 112. Les glandes salivairesde cette espèce sont moins développées que les nasales et la rostrale ; on observe derrière l'œil une lacrymale de forme orbiculaire. Le dessous est d'un beau jaune, le dessus d'un vert foncé: l'ensemble des lignes ou des taches jaunes, dont le centre de chaque écaille est marqué, forme un nombre de raies longi- (1) Metaxa/?. 36. ^— 1^2) M. Cantraine en a recueilli un bon nombre durant ses voyages en Italie , en Dalmatie et en Sardaigne. — ■ (3j Fri- Valdszky^. 43. — (4) M. Michahelles a bien voulu me céJer une des- cription et la figure de la tète d'une Couleuvre , envoyée de cette île à feu Wagler. — (5y coluber uccellatore Cetti Jll p. l\\. — (6j Cuv. r€°n. an. iol. II p. 84; Lacep. vol. H p. i37 : la c o u l. verte kt jaune; Daudin to/. /// p. 325. 11 faut ajouter à la synonymie de cette espèce :col. luteo striât us Gmel. Na- turfomcher vol. xxviii p. 164 PI- ^fis- ^; col. atroyirens Shaw Gen, Zool. vol. III P. II p. 449 ; c'est aussi la n a t r i x g e m o n e îf- s 1 s Laur. p. 56 ; la Coul. verte et jaune fait partie du genre z aments chez Wagler Syst. p. 188. 1 1 1G2 COLUBER VmiDÏFLAVUS. tudinales, égal à celui des rangées d'écaillés. Ces raies, nette- ment séparées sur les parties postérieures, confluent souvent sur le cou et forment un dessin irréguîier, composé de taches ou de bandes noires et jaunes. La tête est souvent variée de cette dernière couleur. 11 faudrait entrer dans des détails de peu d'intérêt pour décrire toutes les variétés qui s'y rencontrent en abondance. On voit quelquefois des individus d'un vert brunâtre uniforme; d'autres ont le corps presque noir fine- ment moucheté de jaune ; l'abdomen est quelquefois d'un ver- dàtre uniforme, tantôt marbré de noir, tantôt pointillé de brun ; dans les individus à î:eintes obscures, il est le plus sou- vent d'un brun enfumé, avec une large bande médiane inter- rompue d'un blanc jaunâtre. Les jeunes sont d'un jaune ver- dâtre, tirant au brun sur le dos; la tête est ornée de plu- sieurs raies noires et le cou est quelquefois tacheté de la même teinte: c'est alors le col. pep^sonatus Daudin k^oI. Vlll p, Zi^ PL loo fi g, 2. M. GantpiAine a tué un individu occupé à engloutir un Pseudopus. Le fait, communiqué par Metaxa (i) , qu'une Couleuvre verte et jaune dévorait deux autres Couleuvres, prouve que les ophidiens n épargnent pas même leur propre race; ce savant dit que cette espèce a les mœurs très farouches, qu'elle se défend à coups de queue , qu'elle souffle l'air sans faire entendre de sifflemens, mais qu'elle contracte des mœurs plus douces dans la domesticité. Je ne sais si l'on doit accorder toute confiance à la description des habitudes de cette espèce, donnée par Lacépède: elle se ressent trop de l'imagination du poète, qui paraît avoir confondu plusieurs observations dressées sur des espèces toutes différentes. M. Cantraine, qui a observé cette Couleuvre dans ses voyages en Dalmatie, en Sardaigne, en Sicile, en Toscane, dans les états de l'Eglise et dans le royaume de Naples , me dit qu'elle est extrêmement agile , soit en mon- tant les arbres, soit en rampant sur terre. Elle aie caractère (i) /. c. p. 56. COLUBER CLIIFOUDII. IG.J très méchant , mord fortement et attaque avec acharnement ceux qui s'approchent du Heu de son habitation. Ses mœurs portent à croire que c'est Kî serpent , dcLsigné parles anciens romains sous le nom de jaculus ; quoique les poètes de ce peuple donnent souvent l'Afrique pour patrie à l'espèce. M. Bory de St. Vincent l'a rapportée en grand nombre de la Morée. 21 Esp. LA COVLEUVRE DE ClJEiOlli). PI. VI. fig. i3et 14. L'hommage , que je rends à M. Clifford Cocq van Breu- GEL, consul néerlandais à Tripoli, en lui dédiant la Couleuvre qu'il a découverte dans les Etats barbaresques , n'est qu'une faible marque de reconnaissance des services nombreux et désintéressés qu'il a rendus à la science, en favorisant les inté- rêts d'un des plus beaux monumens nationaux. On trouve une bonne figure de cette espèce dans le grand oiwrage sur U Egypte^ Atlas Rept. PL SJig. 1 ; Descript. p, 67; LA COULEUVRE AUX RAIES PARALL ELLES; c'cSt aUSsi ici qu'il faut rapporter le col. n u m m i f e r de P^euss Mas. Senk. II p. i35. Elle a les formes de la suivante dont elle se distingue, au premier abord, par ses teintes sombres et par la conformation des lames écailleuses qui revêtent la tête : ce dernier caractère, propre à l'espèce, peut servir de guide pour la reconnaître parmi toutes les autres Couleuvres. Le tronc est presque cylindrique, l'abdomen très étroit et convexe, la queue moyenne efc robuste. La tête est distincte du cou, alongée , conique et à museau se terminant en pointe 1{)4 COLUBER HIPPOCREPIS. arrondie. Les plaques occipitales sont étroites et plus ou moins effilées ; la verticale , en pentagone à bords latéraux convexes, offre les mêmes proportions. Les lèvres sont bordées, outre les plaques ordinaires, de quelques plaques labiales surnumérai- res: elles ont peu d'étendue. La nasale est large et percée des narines, qui sont peu ouvertes. L'oeil est grand et saillant^ la plaque surciliaire assez voûtée. Le reste de la tête, outre les neuf lames du sommet, est revêtue de petites écailles déforme irrégulière, peu différentes de celles du tronc, et qui occupent la place des lames du frein, des oculaires et des temporales. Les écailles du tronc sont peu grandes, lancéolées, surmontées d'une forte carène érnoussée et disposées sur 23 rangées longi- tu( inales. Cette Couleuvre atteint jusqu'à 0,86 +0,16. Les lames abdo- minales et souscaudales varient depuis 280 H- 66 jusqu'à 240 H- 90. Les teintes pâles rappelent l'habitant du désert. La couleur dominante est un jaune d'ocre assez sale , passant au brun sur les parties supérieures, qui sont ornées d'une triple suite de larges taches d'un brun livide et de forme assez variable , en ce qu'elles sont tantôt carrées, tantôt ovales, tantôt enfin com- posées de raies longitudinales. Le sommet de la tête offre plu- sieurs raies longitudinales de forme peu constante. 22 Esp. LJ COULEUVRE FER-A-CHEVAL. COL. HIPPOCREPIS. PI. VI fig. ?5 et i6. On peut regarder cette espèce comme intermédiaire entre les deux précédentes. Elle a les formes, la taille et le port de la cou- leuvre VERTE ET JAUNE, mais sa têtc cst plus large et sa queue beaucoup moins longue. Les teintes brillantes, dont COLUBER HIPPOCREPIS. Kîfy sa livrée est ornée et son système particulier de coloration, la rendent très reconnaissable : on lui trouve le même nombre de plaques labiales que dans la couleuvre de ceifford; mais les temporales, quoique sous forme d'écaillés, sont plus grandes que dans celle-ci; aussi la plaque du frein, ainsi que celle du bout antérieur de l'œil, n'offrent-elles rien d'anomal dans leur conformation. Les plaques surciliaires sont saillantes; le reste de l'œil est bordé de 5 ou 6 petites plaques, dont le nombre varie quelquefois jusqu'à 8 et plus. Le museau est large, arrondi et concave sur les côtés; l'œil est moyen; les narines sont ouver- tes; les neuf plaques du sommet de la tête ne présentent rien de particulier , excepté que les occipitales et la verticale ont leurs bords latéraux échancrés. Les écailles du tronc sont petites , lancéolées , lisses ou un peu convexes , très imbriquées et disposées sur des rangées obliques: on en compte 25 de longi- tudinales. Longueur totale: o,8i H- o,a4- Nombre des plaques: 2i4+ 84 et 249 -!- 98. La couleur dominante est un beau jaune rougeâtre. Trois séries de larges taches rondes, alternes et d'un l)run noir, régnent le long des parties supérieures; celles des flancs sont le plus souvent carrées, peu distinctes et toujours plus petites que les dorsales , dont la première est très large; le jaune ne s'ap- percoit sur ces parties que connue bordure des taches. D'au- tres individus cependant offrent des taches plus irrégulières et quelquefois confluentes, particulièrement sur les parties pos- térieures, ce qui leur donne quelque ressemblance avec la couleuvre verte et jaune. On voit plusieurs bandes très larges traversant la tète qui lorment , en laissant entre- voir la couleur du fond , des figures peu déterminées et de for- mes très fugitives. Les côtés de l'abdomen sont souvent ornés de larges taches carrées. Les petits offrent des teintes tirant sur le verl; , et un tronc parsemé de taches tort petites. Ces différences ont engagé feu Uoie , à en faire plusieurs espèces nominales. Linné a comparé le dessin de la tête à un fer-à-che- 166 COLUBER FLORULEJVTUS. val (i) , caractère futile qui r.e convenait pas même à l'autre individu , décrit par cet auteur (2). Spix (3) a figuré un individu , recueilli en Espagne dans son ouvrage sur les rep- tiles du Brésil. La Couleuvre fer-à-cheval habite la plupart des pays qui bordent la Méditerranée. Le Musée des Pays- Bas en possède une très belle série composée d'individus de diverses contrées. L'un , originaire du Portugal, a été cédé à cet établissement par M. le professeur de Fremery nous en devons un autre, pris dans les environs de Gibraltar , aux soins de M. Michahelles ; M. Cantraine en a recueillis plu- sieurs lors de son séjour en Sardaigne d'où Wagler (4) en a également reçu , M. Rùppell nous en a rapporté un de 1 Egyp- te; ceux des environs de Tunis nous ont été adressés par M. le colonel HuMBERT,mais il est à remarquer qu'ils ont les temtes plus pâles que les individus européens ; les naturalistes fran- çais enfin en ont envoyé de Bone et d'Alger, M. Cantraine a observé cette belle Couleuvre dans les endroits nus et rocail- leux de la Sardaigne. Ce voyageur me dit qu'elle est agile ^ douce et qu'elle ne mord jamais. Les couleurs ne s'altèrent pas beaucoup après la mort. 23 Esp. LA COUL. A BOUQUETS. C. FLORULENTUS. Cette espèce , établie par M. Geoffroy , est figurée dans le grand ouvrage svu^ l'Egypte (5) , pays qu'elle habite , à ce qu'il paraît , en petite quantité. Elle est assez voisine de la Cou- leuvre léopard et ne se distingue de cette espèce que par les teintes , par ses formes plus grêles , par la présence (1) Mus. Ad. Fr. PL 16/ 2 le jeune. — (2) col. d o m e s t i c u s LiNN. Syst. mit. p. 58(). — (3) Serp. bras. PL Xf.i n a t r 1 x b a- H I E N s j s ; cette espèce forme avec la précédente le j^enre p e r i o p s de Wagler .Vy../. p, ,,S(j ; Icon. PL 6. — (4) Sjst. p. 190 note. — ^5) PL 8 /■ 1 p. 07. — COLUKEil THAKALIS. Ui7 de plusieuis ])laques oculaires antérieures et (Viin graiicj nombre de petites écailles mentales et de plaques temporales. La couleur dominante est un gris jaunâtre , tirant su.* le brun et varié d'un fijTand nond>re de bandes transversales et de tacîies noires, mais tellement effacées que l'on ne reconnaît que difficilement leur présence : elles sont plus sensibles sur les flancs , mais elles se perdent totalement vers la queue. Le dessous est jaunâtre. On remarque sur la tête une bande et plusieurs taches très effacées d'un jaune terne. 19 à 21 Rangées d'écaillés lisses et un peu lancéolées. Di- mensions: ofi'd -h 0,19 ou 0,64 + 0,16. Plaques 204 + 88 ou 224 + 98. Cette espèce fait partie des Musées de Paris , de Francfort et de celui des Pays-Bas. 24 Esp. LJ COUL. A RUBANS. COL. TRABALIS. On voit dans les galerfes de notre Musée un individu d'une Couleuvre originaire de la Ta r ta rie et mentionnée par feu Boie sous le nom précité , inventé par le célèbre Pallas. Cette Couleuvre offre beaucoup de rapports avec notre co- RONELLE LISSE, dout cllc a la taille et les teintes ; mais ses écailles sont plus petites , plus obliques et carénées sur le dos ; îe dessous est marbré de noirâtre et orné de chaque côté de deux suites de points noirs. Le brun livide des parties supé- rieures passe vers le dessous au jaunâtre; on voit sur les lianes deux larges raies plus foncées , dont les moyennes se prolon- gent sur l'occiput en forme de massue bordée de noir; on voit nne autre figure de forme indéterminée sur le sommet de la tète et une bande qui joint les yeux. Une large raie noirâtre s'étend depuis l'œil jusqu'à l'angle de la bouche. L'abdomen est convexe, les lèvres sont blanches. 195 "•" 70 ; o,56 "+" o,i4; 25 rangées d'écaillés. 168 COLUBER GUTTATUS. 25 Esp. LA COUL. TACHETÉE. COL. GUTTATUS. Une certaine affinité dans les teintes de cette espèce avec la précédente et la suivante a déjà été reconnue par feu BoiE ; ce qui a déterminé plusieurs de ses successeurs à réu- nir ces Couleuvres sous un nom générique particulier. Nous leur conservons leurs anciennes dénominations , rangeant à leur suite plusieurs autres espèces, également voisines par la distribution des couleurs, Linné (i) a le premier décrit l'espèce du présent article, on en trouve une mauvaise figure dans Catesby. PL 55: c'est en même teiiips la couleuvre triangle (col. triangulum) et la tachetée (col. m a culatus) de Lacépède (2); il y faut également rapporter la couleuvre CANNELÉE dc LatREILLE (3). Elle se trouve dans les provinces méridionales des Etats- Unis. Le Professeur Troost à Nashville en a fait parvenir quelques individus du Tennessee au Musée des Pays-Bas. On ignore ses habitudes. Bosc mande qu'elle se tient sous l'é- corces des arbres, observation d'autant plus singulière qu'on la retrouve presque à chaque article sur les habitudes des serpens , communiqués par ce voyageur à Latreille et à Daudin. Cette Couleuvre a les formes delà coronelle lisse, mais sa queue est plus courte et plus conique, sa tête plus petite et elle atteint une taille plus considérable. Nos indivi- dus adultes mesurent 0,69 -4- 0,1 3. L'abdomen est convexe et un peu anguleux. Les lames , qui le revêtent , sont peu lar- ges; leur nombre, ainsi que celui des souscaudales , varie (1) Syst, nat. p. 385 ; Linné cite fort mal-à -propos Catesby 6'o , figu- re représentant le heterodon coccineus: cette erreur a en- traîné une grande confusion dans les systèmes. — (2) Quadr. ovip. vol. Il p. 529suiv. — (3j Rept. vol. IF p. 108 iw.fig. COLUBEK JLEOPARDIIVUS. 169 depuis 192 _|_ 5o jusquà 227 -f- 62. La tête est déprimée; les plaques qui la recouvrent ont peu d'étendue , celles du som- met sont ramassées. L'œil est petit, l'ouverture de la bou- che moyenne. Les écailles sont peu larges ; lisses, en rliombe et disposées sur 25 rangées. Le système de coloration de cette Couleuvre est très joli. Le dessus offre un gris rougeàtre , finement moucheté de noir, Lne suite de très grandes taches d'un rouge foncé et I)(>rdées de noir résinent le lonsf du dos: elles sont orbiculai- res sur les parties postérieures et carrées sur le devant, mais leur forme est peu constante; car elles continent souvent sur le cou ou descendent sur les flancs , qui sont le plus sou- vent ornés d'une ou de deux rangées de taches semblables , alternes mais plus petites. La tête offre quelques figures peu constantes, produites par une tache bifourchue sur l'occiput et entre les yeux par une bande, qui se sépare au dessous de l'œil et dont une des branches se dirige vers les lèvres , tandis que l'autre joint l'angle de la bouche. Le dessous est d'un jaune rougeàtre plus clair, et marqué de larges taches noires, le plus souvent carrées et alternes. 26 Esp. L^ COUL, LÉOPARD. C. LEOPARDINIJS. M. Fitzinger à Vienne, erpétologiste distingué, a bien voulu céder à notre Musée, quelques individus d'une Couleu- vre inédite qu'il désigne sous le nom précité , qui exprime fort bien la nature du dessin agréable, dont le dessus de cette espèce est orné. Ce dessin est composé de quatre suites de taches de la même forme, des mêmes teintes , et disposées sur un fond semblable que celles de la précédente. Les séries dor- sales cependant se réunissent en une seule ; les latérales sont quelquefois incomplètes ou sous la forme de bandes noires. Les taches noires et carrées, qui garnissent l'abdomen , se con- 1 70 COLUBER LEOPARDI.\US. fondent souvent sur la ligne médiane, où elles forment une large raie à bords déchiquetés. On voit sur la nuque une figure en fer-à-cheval ; plusieurs bandes noires occupent le sommet de la tête et se dirigent obliquement en arrière ou des- cendent sur les lèvres. Cette Couleuvre , si voisine de la pré- cédente , est sans doute une des pUis belles du genre. Les indi- vidus avant la mue ont cependant les teintes très sombres; les taches sont alors souvent effacées et on voit à leur place deux ou quatre raies ])runes sur un fond d'un gris brunâtre. L'ab- domen est quelquefois jaunâtre. Les jeunes ont les teintes assez vives, et leurs belles taches rouges ressemblent parfaite- ment à celles de i ocelot , f e l i s p a r d a 1. 1 s. La (iouleuvre léopard a le? formes plus effilées que la précédente ; sa queue est plus longue et moins grosse ; la tête plus alongée, peu distincte du tronc et ressemblant parfaite- ment à celle de la cou le uvre d'es cul ape. Le tronc est mince et presque cylindrique, l'abdomen convexe. Les écail- les sont toutes lisses , moyennes , alongées , en rhombe , et disposées sur des rangées plus obliques qu'à l'ordinaire : on en compte de 21 à 20 rangées longitudinales. La longueur de la queue varie considérablement, comme on peut voir par les mesures de deux individus , dont l'un était de o,58 4- 0,09; l'autre de 0,75 + 0,16. Il en est de même des lames qui revêtent le dessous , et dont on trouve tantôt 222 -\- 66 tantôt 260 -+- 84. M. Caintraïne a observé cette Couleuvre en Dalmatie et sur la petite île de Lissa qu'elle habite , la seule de sa race: on l'y trouve fréquemment dans les caves. Ce voyageur l'a retrou- vée en Sicile, où elle se tient dans les maisons de Catane, fait d'autant plus remarquable qu'elle ne paraît pas se trouver dans les environs delà ville. En Dalmatie, elle fréquente les collines ; ses mouvemens sont lestes ; elle est farouche et mord ceux qui l'inquiètent. Nous en possédons une vingtaine d'individus. Le Musée de Paris en tient qui sont originaires de Bone , de la Provence et de la Morée. COLUBER COi\SPlCILL ATUS. 1 7 1 27 Esp. LA COULEUVRE A LUNETTES. i:OLUBER COxXSPIClBXATUS. Le Musée des Pays-Bas doit aux soins de M. M. von Siel)old et j>ûrger une série complète composée d'individus de tout âge de cette Jolie Couleuvre, décrite par Boie (i) d après un individu rapporté du Japon par M. 13lomlioff. Elle est très voisine de la précédente, tant par ses formes que par son système de coloration. Un corps plus gros , rama-^sé et comprimé; Tabdomen anguleux; une queue plus vigoureuse ; des écailles moins alongées et plus grandes ; enfin les plaques du frein très petites sont des notes caractéristiques suffissantes pour empêcher de la confondre avec la Couleuvre léopard. Celle du présent article offre \in tronc, orné de bandes transversales, étroites et noires au lieu de taches; on voit sur l'occiput une tache en massue , précédée par un trait en angle dont la pointe regarde le museau ; une bande trans- versale réunit les yeux et se divise au dessous de ces organes pour descendre vers les lèvres: le museau est orné d'une bande analogue. Le dessous est comme chez le Col. «^uttatus. Le dessus est d'un rouge de brique pale , tirant tantôt sur le brun , tantôt sur le gris; les adultes ont les teintes plus fon- cées , et les taches dorsales peu apparentes ou même quelque- fois totalement effacées. 21 Rangées longitudin. d'écaillés. — Plaques: 200 + 6o ou 220 -f- -6. — Longueur totale 0,69 + 0,16. /. ^ [\ ) 7.S7.V 1828/;. 2 10. 1 72 COLUBER. Le cadre du genre Couleuvre, si riche en espèces, s'étendra sans doute un jour considérablement , lorsqu'on parviendra à connaître d'une manière précise les nombreuses espèces d'o- phidiens indiqués superficiellement par les voyageurs. — Je ne cite que les suivans : (i)lecoLUBER atrofuscus Daudin fi p. 285 , qui repose sur les figures de la tête et de la partie postérieure du corps d'une Couleuvre, dont Russel a fait mention: voir Serp, I PL ^5 ; (2) le col. o bs curus de Daudin FI p, 363 ^, établi d'après Russel / PL 18 ; et (3) le COL. p LIN II de Merrem : Tent. p. 10 1 , col. p ic- tus D4udin FI 347, dénominations qui ont pour type la /^/. 29. ^'o/. /de Russel: cette espèce est probablement identi- que avec le col. t r i s c a l i s de Linné , dont le col. c o r a l- linus du même auteur, figuré dans Sera // PL 17/! i ne paraît pas di fférer ; une bonne figure du col. triscalissc tiouve dans Sera If 38. 3. 6 Genre. LES ERPETODRYAS. HERPETODRYAS. Ce genre a été établi par feu Boie ; il y a rangé les c o l u b e r CARINATUS, BICARINATUS, QUADRICARINATUS et LAEvicoLLis: CCS prétendues espèces ayant été réunies par moi en une seule , j'ai cru devoir prendre le genre dnns un sens plus ample. On peut en quelque sorte considérer celle coupe générique comme sousgenre de celle des Couleuvres: j'y comprends tous ces ophidiens j qui joignent au port et à la physionomie des couleuvres, les formes élancées elles habitudes des serpens d'arbre. Les Erpétodryas offrent le plus souvent une seule nuance verte: quelquefois cette teinte passe au brun; d'autres ont le corps rayé longitudinalement et il en est , dont le système de coloration peut être regardé anomal. Plusieurs atteignent une taille aussi considérable que les Couleuvres ; mais d'autres ne surpassent guère deux pieds en longueur. Ils ont les formes plus élancées que les espèces du genre précédent; leur corps plus comprimé est moins gros, et la queue est le plus souvent très longue et assez grêle : ce caractère, ainsi que l'abdomen étroit et fortement anguleux, annonce clairement que les Er- pétodryas sont faits pour grimper avec agilité sur les arbres. La tête est distincte du cou, qui est quelquefois assez svelte et déprimé ; elle est peu large , assez alongée et revêtue au som- met des neuf plaques ordinaires qui imitent les formes extérieu- res. Le museau est plus long que chez les Couleuvres, plus ou moins conique et arrondi au bout. Les autres plaques de 1î* 174 . lïEKPETOBRYAS. t^te ne diffèrent de celles des Couleuvres que par leur forme plus effilée ; les labiales sont ordinairement plus étroites et plus nombreuses que chez les Couleuvres. Les yeux sont plus ou moins «"rands et à pupille orbiculaire, les narines latérales et moyennes. L'ouverture de la bouche est assez large; les écailles du tronc sont petites chez les uns, grandes chez les autres; quelques espèces les ont carénées, d'autres lisses et elles parais- sent même varier sous ce rapport dans la même espèce: elles offrent toujours des formes alongées et sont tantôt en rhonibe , tantôt lancéolées; disposées le plus souvent sur des rangées qui se dirigent obliquement en arrière, leur forme est moins symé- trique que dans les Couleuvres. Une seule espèce a le dos garni de deux rangées d'écaillés plus larges qu'à l'ordinaire ^ d'où résulte im nombre pair des rangées longitudinales , exemple unique dans l'ordre entier. Le squelette ressemble à beaucoup d'égards à celui des Cou- leuvres, mais les Erpétodryas l'ont souvent muni d'apophyses plus larges ; les inférieures de la queue plus particulièrement sont assez développées et fourchues. Les côtes sont arquées et peu longues. Le crâne est alongé; les os qui le composent sont peu robustes, les caisses moyennes, les mâchoires et le palais armées de dents en forme d'alêne très mince: ces dents sont serrées dans les uns , plus longues et moins nombreuses chez d'autres. On voit quelquefois plusieurs dents très dévelop- pées au bout postérieur des maxillaires; chez quelques espèces, ces dents sont même pourvues d'un sillon. Les Erpétodryas offrent des intestins plus grêles que les Couleuvres; le canal intestinal est, dans quelques espèces, pro- fondement plissé. J'ai observé des glandes lacrymales, des nasales et la rostrale dans toutes les espèces que j'ai disséquées ; les salivaires présentent le plus souvent un lobe postérieur assez développé. Les Erpétodryas sont presque tous des habitans des contrées chaudes des deux mondes. Le continent de l'Afrique, l'Europe, l'Australasie et le Japon n'en produisent point , à ce que l'on IIERPETOBR VAS CAKL^ATUS. 175 s.^rhe. L'a plupart se trouvent dans les deux Amériques, où quelques espèces s'avancent assez vers le nord. Ils font la chasse à de petits animaux vertébrés; quelques espèces paraissent préiérer dv^ grenouilles , d'autres des oiseaux. Ils se meuvent avec moins de facilité sur la terre ({ue dans les herbes et sur les broussailles, sur lesquelles ils grimpent pour se reposer et y guetter leur proie. La plupart ont le caractère assez fa- rouche ; ils s'élancent avec une vélocité surprenante sur leurs agrasseurs et les attaquent avec fureur. Les espèces de ce genre ont souvent été confondues. On doit attribuer la cause de ces erreurs aux mauvaises descriptions qu'on en a faites. Aussi a-t-on très mal fait d'emprunter les notes clistinctives des teintes , si conformes dans un grand nombre d'espèces de ce genre. Il est impossible, par la même raison , de déterminer avec certitude les figures de serpens verts, données par Seba , Scheuchzer etj)lusieurs auties icono- graphes (i), particulièrement puisqu'on aie plus souvent négligé d indiquer le nombre des plaques. Ces figures appartiennent pour kl plupart au col. canus, aux heîipetodryas r, A.RINATUS, OYÏCEPHALUS, OLFERSIT, AESTIVUS, VIRIDISSIMUS et TRICOLOR, aU DENDROPHIS SMA- RAGDiNA et à plusieurs autres serpens d'arbre. 1 Esp. nERPÉTODRYJS A DOS CARÉNÉ, HERPETODUYAS CARINATUS. PI. VII f. I et 2 , ad var. lisse, f. 3 et 4 j nioy ; âge , var. à formes alougées f. 5 , 6 et 7. var. à dos caréné. L'opliidien , dont nous nous proposons de traiter dans l'ar- (1) A ce nombre appartiennent celles qui se trouvent dans Seba TJies, Il /j8. 2: COL G Y A N E u s Mf.rr. TdJiU p. 1 15 ; dans Scheuchzkr Bill, sacra 647. i , et n^aintes autres. — 176 HERPETODRYAS CARIIVATUS. ticle présent , est un des plus intéressans de l'ordre ; d'abord par son organisation et en second lieu, parceque ses formes sont tellement fugitives qu'elles ne présentent aucun seul carac- tère pour distinguer nettement Tespèce. Les naturalistes en ont fait plusieurs de purement nominales des variétés de l'Erpétodryas à dos caréné, variétés que l'on peut tout au plus regarder comme des races. J'ai examiné une centaine d'indivi- dus de cet ophidien , recueillis sur différens points du Brésil , à Surinam et à Gayenne , et qui différaient souvent les uns des autres d'une manière presqu incroyable. Cependant les indivi- dus intermédiaires, qui lient toutes ces variétés, m'ont suffisam- ment démontré que l'on ne peut admettre pour le moment qu'une seule espèce d'Erpétodryas à dos garni de deux rangées d'écail- lés plus larges que le reste et souvent surmontées d'une forte carène. En n'examinant que les extrêmes de ces variétés , on trouvera que les unes ont les dimensions de la Couleuvre Kor- ros , tandis que les autres offrent un corps aussi mince et des formes aussi déliées que les Dendrophis les plus grêles ; on trouvera encore que les individus de la dernière variété ont même la tête plus distincte que ces serpens d'arbre , les yeux excessivement grands: en un mot, des proportions des parties toutes différentes (i). La belle suite de cet Erpé- todryas , que j'ai exposée dans les galeries du Musée des Pays-Bas , est composée d'une vingtaine d'individus qui for- ment une série non interrompue , montrant le passage de tou- tes ces variétés. Je me borne à communiquer le nombre des plaques abdominales et souscaudales de ces sujets choisis, pour prouver d'abord la justesse de mes vues; je passerai en- suite à la description détaillée des variétés principales , que je regrette ne pouvoir figurer toutes pour rendre impossible les doutes , qui pourraient s'élever contre mes assertions. (i) Ces différences sauteront aux yeux en comparant nos figures 3 , 4 > 5 et 6 de la planche VII, qui sont faites d'après deux individus très dispa- rais l'un de l'autre. IIERPETODRYAS CARIA ATUS. 177 Nombre lies plaques: 142 H- 28; i56 4- 100; 160 -h lo^; iSp + loy ; 169 + ii3; i54 4- 118 ; i44 ^ 19.0; i53 -+- i25; i58 + i34 ; 142 + i4^^; i^'>8 -f. i43; 160 -\- 144 ; 149+ i5i ; 13; + i55 ; 184 + 160; 178 + i64; 187 -h 176; 188 + 194; 192+198; 192 -h 202; 1994-204. — Mesures: 1,29-1-0,56; 1,36 + 0,77; 1,48 -h 0,79; 0,84 4- o,38; 0,70 4- o,43 ; 0,93 -I- 0,55 ; 0,26 + 0,16; 0,33 4- 0,19; 0,43 -1- 0,21. — J'espère que ces données sulïiront, pourdémontrer l'impossi- bilité où l'on s'est tiouvé jusqu'à présent de tracer des lign(îs de démarcation entre ces difiérentes variétés, comme l'ont fait les auteurs qui , ne connaissant qu'un petit nondjre d'individus, en ont établi plusieurs espèces nominales. L'Erpétodryas a dos caréné se reconnaît aux deux rangées d'écaillés plus grandes que le reste et régnant le long du dos qui, cliez tous les autres ophidiens , n'en offre qu'une seule; de là vient que les rangées longitudinales du corps sont en nombre pair crhez cette es- pèce , tandis qu'il est impair chez le reste des serpens : on en compte ordinairement 12 rangées; quelques individus ce- pendant n'en ont que 10. Les écailles dorsales sont le plus souvent surmontées d'une caréné si prononcée , que leur ensemble forme deux stries assez élevées et saillantes (i) ; mais il y a des individus , où ces écailles sont tout-à-fait lis- ses (2) , tandis que d'autres offrent quelquefois quatre (3) ou dix(4) rangées d'écaillés carénées. Les écailles des flancs sont très obliques , lisses et de forme alongée , comme chez les Dendro- phis. L'abdomen est convexe, plus ou moins anguleux et revê- tu de lames larges. Le corps est un peu comprimé ; la queue cylindrique, effilée et plus ou moins longue. J'ai déjà indiqué la grande différence de forme que m'ont offerte plusieurs individus (i) COL. CARiNATUS LiNN Mus. J(I. Fricd. pag. 3l. C O L. B I- c A R I N A T u s Neuw. Bcitr. p. 284 ; Abbild. 8 Livr, PL 2 ; n a- TRix BiCARiNATA Wagler Serp. hrus. PL 7 pag. 23. — (2) c o L. F u s c u s LiNN. Mus. Ad. Fr. PI. 17 Jig. t- pog. 32. — (3)tyria quaduicarinata Fitz. Classif. p , 69.— 4 j n a t r 1 x s E X c a R I N A T A Waglkr Scrp . bios. PL XII p. 35. la 1 78 ÏIERPETODRYAS CARÏÎV ATUS. de cet Erpetodryas (i). De deux sujets d'égale longueur (de cinq pieds environ) l'un était gros de 0,035, tandis que l'autre n'of- frait que o,020. Les individus grêles conviennent assez, sous le rapport des formes , avec le Dendrophis licoercus , qui se distingue cependant suffissar.inient par son tronc entouré de i5 rangées décailles et par le manque des plaques du frein. La tête est plus ou moins distincte du cou , qui est quelquefois très grêle: elle est alongée , conique et arrondie au bout du museau. Les plaques occipitales et la verticale ont peu d'éten- due ; les surciliaires au contraire sont larges et voûtées. L œil est plus ou moins grand , bordé de i ou 3 plaques postorbi- tales ; les temporales sont très larges. L angle de la bouche monte considérablement. Cette espèce a les apophyses épineuses de ses vertèbres très développées et larges ; les épineuses inférieures de la queue sont lonsfues et fourchues. Les côtes sont courtes et robustes , les orbites spacieuses , les caisses moyennes. Le crâne est alon- gé : on voit des dents très petites et nombreuses au palais ; celles des mâchoires ont la même forme 5 la supérieure en offre y qui augmentent un peu en grosseur vers le bout postérieur. Les glandes maxillaires de cet Erpetodryas sont beaucoup moins développées que les nasales et la rostrale ; la lacry- male n'est pas recouverte par les muscles et très rapprochée de la mâchoire. Le poumon est accompagné d'un petit lobe ac- cessoire. Le système de coloration est très simple, mais peu constant. Le dessus est tantôt d un noir enfumé , tantôt d'un brun plus ou moins foncé , tantôt d'un vert olivâtre. Cette teinte tire, dans (i) Comparez les aulresfig ures déjà citées à celles publiées par Seba II PI. 54y! 1 et peul-êlre aussi Pi. Si)/. > , et p-ir Mereem Beitr. vol. I PL 10 et vol. III PL 2 sous le nom de c o u i, y. u V r e de c h 1 r o n. Ajoutez à la synonymie de cette espèce li c o u l e ij v r e 1 b i b o c a Lacep. Quadr. ovip. vol. Il pag. 328. Elle Tait aussi pailiedes genres CHiRONius de FiTZiNGER /;. 6o et M A c R o p s de Wagllr Syst. p. 182, ui:ui»i:todryas cauiivatii^. i79 les uns , sur Je gris (i) , dans crautres sur he i)leu , sur le luini ou sur le rougeàtre; il est même des individus, qui sont d'un rouge pourpre uniforme. Le dos est quelquefois plus clair que le reste , varié de blanc ou de jaunâtre, ou scparc des (lanos par une large raie d'un jaune assez vif. I^es flancs sont quehjueiois bigarés de blanc , quelquefois séparés du dessous par une ou plusieurs raies longitudinales parliculitiement manilestes sur les parties postérieures. Le dessous est presque toujours jalî^* nàtre; mais cette teinte passe souvent au vert , au bleuàtrey à lolivAtre ou au rouge; les lames abdominales sont (quelque- fois bordées de noir. Les lèvres sont tant(k jaunes, tantôt d'un' brun lougeàtre (2) ou blanchâtres. Les petits (3) ont le dessus rayé obliquement de ])lanc et la ligne noire latérale très distincte ; ils présentent des yeux plus grands que les adultes , qui ont les teintes obscures et fon- cées, particulièrement sur les parties antérieures, et qui offrent le plus souvent un dos lisse (4). '^ Il serait impossible de décrire toutes ces petites disparités dans la disposition des teintes , que Ion doit regriider comme acci- dentelles et peu constantes. Quiconque a' examiné une série d'individus dans les différentes époques de la vie, sera convain- cu de la justesse dès observations, éu(^ncées ci-dessus. Pour mieux nous assurer de i identité des espèces nominales que plusieurs savans ont fait connaître, nous nous sommes adressés à M. M. Fitzinger , Wagler et au prince de Neuwied ; ces savans ont bien voulu nous communiquer plusieurs indivitius des espèces d Erpétodryas à dos caréné qu'ils ont introduites dans le système, ce qui nous a mis a portée de constater que ces indivirlus ne diffèrent en rien de ceux , que le Musée des Pays-Bas a reçu en grand nombre de la province de St. Paul au -" < '--' (1) c o L. E X o L E T u S LiNN. Mus. Jd. Fr. PI. X f. '1 pag. !^4. — (2) COL. PYRRHOPOGON Nf.uw. BeUr. p. 9.91 ; Alibdd. 9 Lùr. Pl.Z. — (3) C o L. s A T u R N T N u s LlXN. Mus. Ad. Fl\ PL 9 f.\p. 3a. — (4) COL. L A E v 1 c o L L 1 s Neuw. Beitr. p. 296. — ;r . :qToo 180 lïERPETODRYAS SERRA. Brésil et de Surinam. Le dernier pays paraît particulièrement produire la variété à formes a longées. L'Erpétodryas du présent article est très commun dans les collections. Le Prince de Neuwieden a étudié les habitudes. Voici le résumé de ses observations: le serpent Cipo, dénomination appliquée par les indigètjes à tous les ophidiens de forme grèle, se trouve en abondance dans les provinces méridionales du Brésil. Il peuple les petits bois du terrain sablonneux dans les environs de Rio Janeiro, du Cap Frio , et aux embou- chures des rivières Parahyba et Espirito santo. Il habite également les terrains marécageux revêtus , à l'instar de nos prairies, d'un tapis de plantes atjuaticpies ou d'herbes. Il grim- pe sur les broussailles ou sur les plantes frutescentes, disjiersées dans ces lieux incultes , ou se cache dans leur feuillage pour se reposer. Lorsque quelqu'un s'appioche, il s'enfuit avec célérité dans les herbes , où il s'échappe plus aisément que sur un sol dégarni de végétation , qu'il ne recherche que pour s'exposer aux rayons du soleil. Il fait la chasse aux crapauds. Spix a ob- servé cette espèce près du fleuve des Amazones. 2 Esp. LERPETODRYJS RUDE. HERP. SERRA. PI. VII f. I et 2. Nous devons cette espèce inédite aux soins de M. Fr. Boie à Kiel , qui en a reçu un individu du Brésil. Elle s'éloigne sous plusieurs rapports des autres Erpétodryas, le seul genre comme le remarque très judicieusement M. Boie dans sa let- tre , dans lequel on puisse la ranger. Elle parvient à une taille de S à 4 pieds, dont la queue oc- cupe environ le cinquième. Ses formes sont plus alongées et le corps plus grèle que dans les autres espèces du genre. Le corps , aussi fortement comprimé que chez les Dipsas , offre UERPETOnUYAS SERRA. 181 un (losencart'ne; ral)cl()nieii est assez étroit et anguleux, la (jueue longue et effilée. La tète présente les mêmes dimensions que celle (le Te r i' i:t o d r y a s o x \ g e r h a l u s ; mais elle est plus tronquée, l'œil est plus volumineux, et tous les traits de sa pliy- sionomie sont plus prononcés. Son regard farouche est dû aux grandes plaques surcillaires voûtées et saillantes. On voit une ver- ticalealongée et étroite, et des occipitales de peu d'étendue; les frontales postérieures sont plus larges que les ant(hieures ; les plaques temporales imitent la forme d'écaillés; on compte 8 pla- ques étroites au bord de chaque lèvre supérieure , et 3 au bord postérieur de l'œil. Les narines sont très ouvertes; la plaque du frein est petite et prescjue en triangle. Les étailles du tronc sont en rhombe ou lancéolées, obliquement rlisposécs et toutes surmontées dune forte carène, d(mt l'ensemble forme des stries très élevées vers l'anus, où elles disparaissent d'une manière brusque; car les écadles de la queue sont toutes lisses. La couleur principale est un gris rougeatre très pâle et tirant sur le brun. Une suite de taches larges, noires, carrées, et quelquefois à bords échancrés , règne le long du dos. La tête est variée, maculée et bigarrée de la même teinte, mais si indis- tinctement qu'il est impossible de se faire une idée de cette disposition des teintes par le moyen d une description. Les par- ties postérieures passent insensiblement au noir. Mesures : 0,92 -+- 0,23. Plaques: 288 -f. 106. — Un autre individu plus petit, rapporté du Brésil par M. Langsdorf, fait partie du Musée de Paris; il mesure o,5o 4- 0,12 et offre 244+ 10^ plaques et 21 rangées longitudinales d'écaillés. On observe une dent sillonnée au bout postérieur de chaque branche du maxillaire. î§2 HERPETODKYAS VIRIDISSIMUS. 3 Esp. VERPÉTODRYAS TRÈS VERT. HEIIPEÏODRYAS VIRIDISSI3IUS. (i) PI. Vn fig. loeî ir. En comparant cette espèce à I'erpétodryas a tête actjminée, on trouve que ces deux ophidiens se ressem- blent parfaitement par leurs formes, par le port et par les teintes. Celle du présent article se distingue cependant aisément par sa moindre taille, par un museau moins effilée, par des pla- ques du museau moins alongées , par une tête plus large, par un nombre moindre de bandes abdominales , par des écailles plus grandes dont on compte ip rangées longitudinales tandis que lErpétodryas à tête acuminée en offre aS , enfin par le vert bleuâtre de ses teintes qui occupe également les parties inférieures. Cette espèce est rare dans les collections. Elle vient de Surinam. M Dieperink nous en a envoyé un bon nombre d'individus et nous en devons une figure, faite sur le vivant , aux soins de M. Thienemann à Dresde. Elle atteint jusqu'à 0,49 + O529. Nombre des plaques abd. et sousc: 201 4- 100 ou 228 H- 128. Du vivant, cette espèce offre un beau vert d'herbe tirant au bleu sur la tète ; le dessous est d un blanc bleuâtre. Les individus dépouillés de 1 épidémie sont d'un bleu foncé, qui passe à la longue par l'action de l'esprit d)Q,vin au brun ou au pourpre (2). (1) LiNN. Sjst, nat, p. 388 ; col. janthinus Daudin d'après Merrf.m Beitr. p. t^^ PI. 12. — (2) C'est alors le col. purpurascens Gmel. Syst. nat. I p, 1116; celle espèce est le type du genre chloro- soMA de Wagler Syst, p. i85, — IIERPETODRVAS OLFEUSII. 18;] 4 Esp. jnuiPKTODIlY JS I) OU EUS. H. OIVPEUSII. PI. \ll f. i4 et i5. Deux naturalistes distingues, le Prince or. Neuwjed (i) et M. Lfciii Fxsrri.v (2) ont décrit en même temps ce joli Erpéto- dryas: le premier , sous le nom de cor. pileatcs, le se- cond sous celui que nous conservons à 1 espèce. Le Prince de Neuwied a trouvé ses individus près de la rivière ftabapuana. Le Musée des Pays-]]as doit les siens à la bonté de cet illustre vovaoeur; d autres ont été adressés à cet établissement des Musées de Berlin et de Vienne, de la province de St. Paul au Bré- sil et de Surinam. 11 est à remarquer, que les sujets de ce der- nier pays , d ailleurs très semblables à ceux du Brésil , s'en dis- tinguent par leur teinte d un vert de mer uniforme , tandis que les derniers présentent presque toujours une tète et une rangée d'écaillés dorsales d'un brun jaunâtre très vif. Le dessous et les lèvres sont d'un vert plus clair. La raie noire, qui se dirige de l'œil à l'occiput , est à peine visible dans la variété de Suri- nam: dans le vivant , les individus de ce pays ont le dessus teint d'un vert très vif; le dessous est jaune; les parties postérieures sont souvent d'un brun jaunâtre dont une raie dorsale s'avance vers la tète, tandis que le vert des parties antérieures s'étend sur les cotés du dos en forme de deux raies qui ne se perdent qu au bout delà queue. Cette espèce a la taille de la précédente , dont elle se dis- tingue au premier abord par sa tète moins alongée, par des yeux plus grands, par un tronc peu comprimé , par l'abdomen convexe, et par un nombre différent de plaques, vu qu'il s'élève au plus haut à 192 + ii4j ^'^^ trouve même des (i) Be'itr. p. 'M\[\ comparez aussi c o l. h k r b k u s \h. p. 349; ^^~ bild. L. Vni fîg. 3. — (9,) Catal. p. lo/j. — Celle espèce compose le genre p H I I- 0 j) R V A s (1(* AVagler Syst. p. i85. 184 UERPETODRYAS MARGARITIFERUS. individus, qui n'en offrent que 167-1- y 6. La plaque verticale est effilée; l'iris d'un brun jaunâtre. Les lèvres supérieures sont revêtues de 8 plaques assez larges dans le sens vertical: on en compte 9 dans la précédente. Les petits ressemblent parfaite- ment aux adultes, dont la taille n'excède guère 0,78 -+- 0,27. Les couleurs perdent beaucoup de leur éclat par l'action de la liqueur forte. Les dents sont peu nombreuses et on observe une dent sillon- née et plus longue à chaque extrémité de la mâchoire supé- rieure. L'anatomie de cette espèce n'offre rien de particulier ; j'ai trouvé dans l'estomac d'un individu adulte les débris d'une grenouille. Cette espèce fréquente les arbres , mais elle va souvent se reposer à terre au bas des broussailles (i). 5 Esp. VERPETODRYJS PERLE. HERPETODRYAS MAR(;ARITIFERUS. Ce beau serpent, que nous faisons connaître le premier, a été découvert à la Nouvelle Orléans par M. Barabino, qui en a fait parvenir au Musée de Paris le sujet unique dont nous em- pruntons la description suivante. Les rapports de fomes qu'a cette espèce avec l'Erpétodryas d'Olfers sont grands; on serait même tenté de la regarder comme une variété de le première , si le nombre divers des bandes abdominales, la système décoloration et la conforma- tion des écailles qui sont surmontées d'une faible carène, n'of- fraient pas des marques de distinction suffisantes. La tète est un peu plus large à la base que celle de l'espèce précédente; mais la forme des plaques est absolument la même . (i)Neuw. Beiir.p, 348. IIERPETODUYAS BOBDAEÏITII. 185 dans ces deux ophidiens voisins. On compte 19 rangées d'écail- lés en lozangeet d'un h'nni noir, mais dont la base est marquée d'une tache d'un bleu clair et de laquelle se prolonge une pointe d'un jaune très vif. Ce joli dessin rend cette espèce tout-à-fait remarquai le et en fait une des plus belles du genre. Les parties inférieures et les lèvres sont jaunes ; toutes les pla- ques du dessous offrent une faible bordure noirâtre. Le som- met de la tête enfin est d'un brun jaunâtre assez vif, séparé de la teinte claire des lèvres par une large raie noire , qui s'étend derrière l'œil pour occuper toute la région des tempes. Plaques: i54 + ii5. — Dimensions: 0,48 -h 0,26. 6 Esp. VERPÉTODRYJS DE BODDAERl. HERPETODRYAS BODDAERTII. ( 1 ) Le notes caractéristiques suivantes sont les seules , que j'aie pu assignera cet Erpétodryas , pour empêcher qu on le con- fonde avec le précédent: un tronc, garni de ly ou de i5 ran- gées d écailles ; un abdomen un peu anguleux; une tète plus déprimée; l'ouverture de la bouche moins courbée; des plaques labiales plus étroites; enfin des teintes d'un vert gris ou oli- vâtre , plus clair en dessous. Cette espèce est commune à Surinam. J'en ai vu dans près» que toutes les collections de la Hollande. Elle se nourrit d'oi- seaux, ce qui fait présumer une manière de vivre analogue à celle de la précédente. i52 + 95; 166 -f- io4; 178 + 106; 188 + 108; — o,65 _|_ 0,29; 0,71 -h o,3o; 0,88 4- 0,82. — Le lobe postérieur des glandes maxillaires est plus développé (lycOL. BODDAERTII, Seetzen ap. Meyer Zool. Archu. Il p. 69 ; cette espèce nous a été envoyée du Musée de Vienne sous le nom de T Y R l A y. X O L F, T A FiTZINGER. 186 HERPETODUYAS AESTIVUS. que le reste ; il existe une nasale et une rostrale assez grosses. La lacrymale est entièrement cachée sous les muscles de la man- clucation. Les intestins grêles sont plissés en tout sens; mais le reste du canal intestinal descend ensuite presque tout droit. 7 Esp. UËRPÉIODRYAS VERT. HERP. AESTIVUS. ri. VII fig. 12 et i3. Il suffit d'alléguer, que cette espèce offre des écailles caré- nées, pour empêcher de la confondre avec les autres Erpétodryas à teinte verte. Elle a le dessus d'un beau vert d'herbe et le des- sous jaune blanchâtre ; la tête est alongée et déprimée , les yeux sont mo^-ens. Elle ressemble d'ailleurs un peu aux deux précédentes , dont les formes cependant sont beaucoup moins grêles. Nous devons deux sujets de cet Erpétodryas aux soins obli- geans du professeur Troosi à Nashville : ils mesurent 0,48 + 0^28. On leur compte 1^8 -+- 128 ou 188 + i.^i plaques (i) et 1^7 rangées d'écaillés lancéolées. Cette espèce habite les provin- ces méridionales des Etats-Unis : M. Plée l'a rapportée de la Martinique ; M. Gaudichaud de l'île Catherine et nous venons d'en recevoir un individu du Paraguay. Elle a été décrite par Linné (2) ; on en trouve une figure chez Catesby (3) , qui dit qu elle se tient sur les branches des arbres, où elle fait la chasse aux mouches et à d'autres insectes, qu'elle atteint des dimen- sions peu considérables , et qu on parvient aisément à lapprivoi- ser. Palisot Beauvais (4) mande qu'elle se nourrit de batraciens, d'insectes et de vers. (1} L'individu décrit par Linné offrait i55 -f- i44 plaques. — (2) col. AESTi VTj s LiNNii Syst. iiut. p . ^87 . — (3) PI. 57. — (4) ap. Latr. Rept ni p, 88. II. TKICOLOR. 11. GOUDOTII. 187 8 Esp. IJERPÉTODRYJS TRICOLORE. M. TRICOLOli. PI. VI f. if), 17 et 18. 11 purait que cette espère appartient au nombre des plus rares; car KuHL , qui l'a découverte à Java , n'en a observé que le seul individu ligure par Boie (i), qui lui même n'en a jamais pu se procurer que deux autres. Ils sont presque tous de la même taille: o,33 ~t- 0,1^ ; o,3i +0,19 et 0,37 + 0,19 et oflVent le nombre suivant de plaques abdominales et souscauda- les i4o -f 120 ; i52 + 1 18 ; 160 "f 1 10. Cet Erpétodryas a à-peu-pres le port de I'erpétodr. vi- RiDissiMus ; mais son corps est beaucoup moins élevé dans le sens vertical; l'abdomen est un peu anguleux et convexe; la tête très petite , est large à la base et à museau pointu ; les yeux sont petits , les narines linéaires , les plaques occipitales alon- gées et assez développées aux dépens des autres plaques de la tête. Celle du frein manque totalement. Les écailles du tronc sont presque carrées , lisses et disposées sur i5 rangées. Le dessus est d'un vert olivâtre tirant tantôt sur le brun , tan- tôt sur le gris; le dessous est jaune: ces deux teintes sont sépa- rées sur les flancs par une raie noire , qui naît de l'angle pos- térieur de l'œil , mais qui s^vanouit le plus souvent sur les par- ties antérieures du tronc. 9 Esp. VERPÉTODRYAS DE GOVDOT. H. GOUDOTII. Depuis longtemps les vœux des naturalistes se dirigeaient vers Madagascar, cette de vierge et cependant si renommée par la richesseet la singularité de ses productions, dont quelques unes (i) Voir VErpét. de Java PI. 3o. 188 HERPETODRYAS GOUDOTII. seulement étaient connues par des descriptions vagues et super- ficielles Cette terre de promission vient enfin d'être explorée a la fois par plusieurs voyageurs français ; parmi les objets rap- portés par eux au Musée de Paris, se trouvent plusieurs espèces du genre Erpétodryas, dont nous faisons connaître l'une, celle du présent article , sous le nom du savant qui l'a découverte. Cette jolie espèce a plusieurs rapports avec la précéden- te ; mais elle présente des formes plus alongées et une queue beaucoup plus longue; sa tête est plus effilée, très déprimée et anguleuse sur les côtes du sommet ; le nombre des écailles varie; le sy:'»tème de coloration enfin diffère aussi. L'individu , qui fait partie du Musée des Pays-Bas est long de o,4i + 0,24 ; il offre 186 -+" i58 plaques et 11 rangées d'écail- lés un peu lancéolées et à surface unie. Un brun jaunâtre peu vif occupe toutes les parties; mais cette teinte est beaucoup plus claire sur le dessous et passe vers le devant au jaune pur , couleur qui se tranche avec celle du des- sous sur les côtés de la tête. Un g^rand nombre de bandes noi- res très effacées et produites par les bordures noires des écailles, descendent de chaque côté du dos sur les flancs, pour se diriger obliquement en arrière. Plusieurs taches noires de forme liné- aire se trouvent au cou, sur les côtés des plaques abdominales ; ,on en observe également sur les parties postérieures, mais elles sont plus grandes et fondues pour former de chaque côté de la queue une raie foncée. Le corps de cette espèce est un peu comprimé et anguleux en dessous, notamment vers les parties postérieures, qui sont très effilées. Nous avons déjà fait mention plus haut des différences , qui existent entre la forme de la tête des Krpéto de Goudot et tricolore; nous ajoutons ici que celle de la pre- mière espèce se distingue en outre par des plaques occipitales peu développées et par la présence d'une frênaie. HERPETODRYAS OXYCEPJIALUS. 189 10 Esp. fJERPÉTODBYlS A TETE ACUMINÉE. iii:rim:toi)uyas oxyckpiialus. PI. VII fig. 8 et c). La patrie do cette espèce remarquable est Tîle de Java , où elle a été découverte par le professeur Rkinw4Rdt. Le Musée des Pays-Bas doit un bon nombre d'individus au zèle de ses voya- geurs aux Indes orientales. Quelques uns ont été communi- qués à M. Wagi.er , qui les a décrit sous le nom de go n yo- soMA vihiDE (i). J'ignore, s'il faut ranger ici le co l. coe- R u L E u s de Linné (2). L'Erpétodryas à tête acuminée est un des plus beaux ser- pens, tant par la grâce de ses formes , que par ses teintes agréa- bles, quoiqu'elles soient d'une seule nuance. Il a la taille des grandes Couleuvres. Le tronc est excessivement haut , très comprimé et à dos en carène ; les bandes de l'abdomen , planes €n dessous, se recourbent en angle droit sur les flancs ; la queue est effilée et robuste, et a les parties inférieures également planes. La tète présente des formes très alongées ; elle est un peu dis- tincte du cou. L'œil est moyen. Les plaques frontales postérieu- res et la verticale sont assez larges ; celle du frein est étroite et alongée ; les labiales ont la même forme, et se trouvent au nombre de 9. La ligne qui termine l'ouverture de la bouche est légèrement courbée en S. Le museau est i:-ïÇ[\é et arrondi au bout. On voit plusieurs plaques temporales de forme irrégu- lière. Les écailles du tronc sont toutes lisses , peu larges , obli- ques , en rhombe et disposées sur q5 rangées longitudinales. Le dessus esi d un beau vert de mer luisant plus ou moins foncé , qui passe insensiblement au jaune vers les parties infé- rieures. Le dessous de la tète tire un peu sur le brun; les lèvres sont jaunes et séparées des côtés de la tète par une raie (i) Jcon. PL 9. — (2) Mus Jd, Fr. PI. 20/ 2. 190 HERPETODRYAS OXYCEPHALUS. noirâtre peu distincte. La queue , terminée en une pointe cornée enguise de crochet, est d un brun d'ombre séparé brus- quement de la couleur du tronc par une bande jaune d'ocre. La pupille est entourée d'un cercle rouge ; le reste de l'nis est bleu. Les jeunes ressemblent aux adultes: ils ont quelquefois les écailles des flancs bordées d'un noir, qui se dessine comme des bandes transversales , ou qui forme un réseau. Les teinte^ passent au bleu par l'action de la liqueur forte. M. Reinwardt a fait faire le dessin de cet Erpétodryas sur le vivant. Le crâne imite les formes de la tête ; les caisses sont plus lon- gues qu'à l'ordinaire ; les naseaux sont larges; l'intermaxillaire est très comprimé et la mâchoire supérieure concave ; les dents sont plus longues et moins nombreuses que dans les au- tres espèces. « Cet Erpétodryas est doué d'une force musculaire et d'une » agilité prodigieuses; il se jeté avec impétuosité sur ses agres- y seurs , et se défend avec fureur contre les attaques de ses en- » nemis (i). » Longueur totale d'un individu dans I âge moyen i,oi -I- o,4o. Les adultes atteignent jusqu'à 5 pieds de lon- gueur totale. Le nombre des plaques est ordinairement de 25o -+- i4o. M. M. QdoY et GaimafxD viennent de rapporter de Célèbe un invidu adulte de cet Erpétodryas , qui forme une variété très curieuse. 11 est d'un brun jaunâtre assez pâle, mais qui passe au noirâtre sur le sommet de la tête. Quelques taches linéaires noires , que l'on voit sur les cotés du cou ,se réunissent plus en arrière pour former de chaque côté une bande: ces bandes de- viennent petit-à-petit plus larges pour se réunir vers les parties postérieures de lanimal, dont elles occupent toute 1 étendue en teinte noire unifor.ne. Cet individu mesure i,54 + ^,49 Les plaques sont au nom- bre de 9^y -h i38 ; et il offre , connne ceux de Java, 25 ran- gées d'écaillés. (i) Note manuscrite , couiiiinuiquee par le protesseur Reinwardt. •— IIERPETODRYAS LïlVE ATUS. I î) I 11 Esp. L'ERPÉTODRYJS IL/YÉ. H. LliVKATUS (i). Il n'est guère de reptile plus cominim dans les eollections, que celui du présent article. Il vient de Suri n a ni. J'en ai vu des centaines. 11 varie très peu et ses teintes ne s'elTacent point dans l'esprit devin. Un priuié et le ventre convexe; mais le dessous de la queue est applali. Le brun olivâtre du dessus est orné d un grand nombre de bandes étroites , transversales et noires , dont chacune renferme plusieurs taches claires, particulièrement sensibles vers les parties postérieures. Le dessous est jaunâtre; mais les plaques olïrent de chaque côté des marbrures ibncées, réunies en forme de tache. La base des écailles étant blanche, cette couleur for- me, lorsque la peau est un peu distendue, un dessin réticulaire très agréable. Dim : o,56 + 0,5^. — Plaques i^o 4- i9(). Ï7 Esp. rERPÉIVDlli JS DIPSJS, HERPETOBRYAS BIPSAS. La découverte de cette grande et belle espèce est due au zèle de M.M. QuoY et GAiMARDqui en ont rapporté, de leur dernier voyage autour du monde , un individu tué à Gélèbe. Cet Erpétodryas rappelé , par ses formes lErpétodryas caréné; mais il a la tète plus large qu à l'ordinaire et par cette raison assez semblable à celle des Dipsas , genre dont il se dis- tingue en ce que ses grands yeux ont une prunelle orbiculaire. Les plaques dont la tête est revêtue, sont assez symétriques et n'olTrent rien d'anomal. On compte î3 rangées d'écailies lis- ses et lancéolées sur le cou, mais qui deviennent très larges sur les parties postérieures, en prenant la forme carrée ou hexa- gone. Le corps est im peu comprimé, l'abdomen assez con- vexe et revêtu de bandes extrêmement larges. Ln beau noir luisant et tirant sur le bleu occupe tout le dessus; le dessous de la queue est plus clair ; mais cette teinte pâlit à mesure qu'elle s'avance vers la tête, où elle forme des marbrures souvent très fines et disposées par taches. La teinte du fond , qui est d'un jaune d'ocre brunâtre , devient alors 198 IIERPETODRYAS GETULUS. sensible, en occupant l'abdomen et le dessous de la tête jus- qu'aux lèvres et en se prolongeant sur les côtés du cou en forme de larges tacbes triangulaires. Ce système particulier de coloration , le petit nombre d'écail- lés , le grand nombre des lames souscaudales, la forme du corps enfin relativement à celle de la tête, offrent assezde traits pour distinguer cette espèce de toutes les autres. Taille: 1,26 + o^S^. Plaques: 194+ i3o. 18 Esp. VERPÉTODRYJS CHAINE. HER. GETULUS. L'épithète imposée par Linné (i) à cette espèce, est une traduction littérale de la dénomination chai n-s n a k e (2), que lui appliquent les Anglo-Américains. L'Erpétodryas cbaine se trouve dans la partie méridionale des Etats-Unis. Nous en devons plusieurs individus à M. Troost à Nasbville. Le plus grand mesure 0,95 H- 0,1 35; on voit par cela que cette espèce a la queue très courte. Son port est celui des Couleuvres , auxquelles elle fait le passage. Le corps est assez ramassé et très comprimé , l'abdomen fortement anguleux aux côtés. La tête est presque indistincte du tronc et un peu alongée, le museau tronqué au bout et terminé par une lame voûtée fortement écliancrée en dessous. Les yeux sont petits , les narines ouvertes ; la pla- que verticale est large. Les écaiiles sont en rliombe, lisses, moyennes et disposées sur 21 rangées. . Le dessus est d'un bleu noir luisant , varié et moucbeté de jaune, couleur qui forme souvent des bandes transversales, com- posées de petites tacbes irrégulières et encbainées les unes dans (1) COL. GETULUS Syst. Hdt. j), 38'2. — (a) Catesby PL 52 ; Daud. vol. rip. 3i4 PL 77 /. 1; Seba il 6/,. 4 et //. 53 i; Latk. voL JF p 174 avecy?^>- : cette espèce fait partie du genre psEUDOELAPsde Fit/Jngeu Clans, p, 56. — HERPETODRYAS CURSOR. J99 les autre?. Le dessous est jaune et couvert de nombreuses taches carrées noires : cette teinte prend quelquefois le dessus , en occupant toutes les parties inférieures. Les lèvres sont bordées de noir; la gorge et le menton offrent toujours cette dernière teinte. Cet Erpétodryas fait la chasse aux lézards et aux serpens (i). 200 + 4^; 220 + 48. 19 Esp. nFAiPÉTODRYAS COURRE VU. HEllPETOBRYAS CURSOH. Il existe une figure de cette espèce dans Lacépède (2); mais elle est à peine reconnaissable. M. Moreau de Jonnes (3) en a donné une Monographie. Cet Erpétodryas se reconnaît à son système de coloration , qui cependant n'est pas toujours constant. Il se distingue à peine des autres Couleuvres , sinon par ses formes plus dé- licates. Sa tête est distincte du tronc, un peu conique et revêtue assez symétriquement du nombre ordinaire de plaques. On compte i5 à 17 rangées d'écaillés lisses et en forme de lozange. Le corps est très peu comprimé et l'abdomen con- vexe : cette forme est très prononcée en dessous de la queue qui est déliée , quoique robuste. La couleur du fond , d'un brun foncé tirant quelquefois sur le rougeàtre quelquefois sur le noir, est relevée par quatre raies étroites et jaunes dont deux occupent les côtés du dos, tan- dis que les deux autres s'étendent le long des flancs. Dans le jeune âge , ces raies sont souvent composées de taches , qui s'é- tendent jusque sur la tête, mais d'une manière peu symétri- que et peu distincte. Le dessous est jaune , et les bandes offrent souvent une bordure blanche. Cette espèce parvient jusqu'à 0,04+ 0,26. Les plaques va- rient depuis 188 + 102 jusqu'à 2o3 + Jio. (i) Palisot bauvais ap. Latr. Rept. III p. 88. — (2) Quadr. o\Hp, Il p. 481 fis. 2. — '3) Jauni. dcPhys. LXXXF II année 1818/?. I?>3 suiv. 200 HERPETODRYAS CURSOR. Elle est commune à la Martinique , à la Guadeloupe et se trouve e'galement au Brésil : M. M. Plée, l'Herminier, Vauthier et De Lalande ont fait parvenir au Musée de Paris des indivi- dus de ces contrées. Plusieurs autres individus de cet Erpétodryas ont été envoyés au même établissement de la Havane et de New-York par M. M. Poey et Milbert : ils sont absolument semblables à ceux que nous venons de décrire ; mais ils ont les teintes un peu plus foncées et un nombre un peu divers des lames abdomina- les , vu qu'il ne s'élève guère au dessus de i5o. ■-tS-»®^ 7 Genre. LES PSAMMOPHIS. PSAMMOPHIS. On peut regarder les Psammophis comme des Couleuvres , qui tiennent le milieu entre les serpens terrestres et entre ceux qui habitent les arbres. Plusieurs espèces ont les formes svel- tes des derniers , mais la plupart se rapprochent plutôt par leur port, des Couleuvres. Cependant, leur corps moins ramassé, leur tête étroite et revêtue au sommet de lames de forme sem- blable, leur système de dentition et particulièrement l'ensem- ble de leur physionomie les distinguent assez des dernières , pour justifier d'en faire une petite coupe générique séparée: elle a été établie par Boie sous le nom précité , qui répond assez bien à leur manière de vivre ; car ce voyageur instruit a observé que le Psammophis du Cap se tient toujours dans les plaines sablonneuses, et on en sait autant de l'espèce habitant la plupart des pays qui bordent le bassin de la Méditerranée. C'est dans les lieux de telle nature , que les Psammophis sont à portée de faire la chasse aux reptiles sauriens terrestres, dont il paraît qu'ils font de préférence leur nourriture. Quelques espèces parviennent à une assez forte taille; d'au- tres restent très petites. Le vert et le brun sont les couleurs dominantes; mais plusieurs sont ornéesde raies longitudinales, ou ont les plaques de la tête marquées de figures linéaires. Leur corps s'amincit insensiblement vers les deux bouts; il est peu comprimé. La queue est moyenne ou même longue , aiguë et souvent assez déliée. Le dos est ordinairement en carène , l'abdomen large et convexe. La tête est plus ou moins 202 PSAMMOPIIIS. distincte du tronc, alongëeet à museau allant en pointe conique ou un peu obtuse. Le sommet de la tête est très étroit , an- guleux aux côtés et revêtu de lames qui imitent en quelque sorte les formes totales: la verticale particulièrement se fait remarquer par sa forme alongée et étroite; les superciliaires et les frontales postérieures sont très larges. Leurs yeux , plus grands que chez les autres Couleuvres , et ombragés par de pla- ques surciliaires saillantes, sont situés aux côtés de la tête qui offrent une excavation en forme de canal , particulière- ment avant l'œil: cette organisation est la cause que les Psam- mophis ont l'air plus farouche que les autres Couleuvres. On voit ordinairement une seule plaque au frein. L'œil est bordé an- térieurement d'une seule plaque quelquefois accompagnée d'une autre très petite ; on voit deux plaques oculaires postérieures. La pupille est grande et ronde; les narines sont rapprochées au bout du museau et petites. Les plaques labiales et temporales ont peu d'étendue , les mentales sont très effilées. Les écailles sont en rhombe ou lancéolées, de moyenne grandeur, quel- quefois un peu obliques , lisses , à l'exception du p s a m- MOPHis DES SEYCHELLES, ct crcusécs d'un petit sillon chez la première espèce. Le crâne des Psammophis imite par sa forme celle de la tête ; il est composé d'os plus ou moins vigoureux. L'apo- physe coronoide de la mâchoire inférieure est très développée. L'orbite est grande ; les naseaux sont larges , les caisses moyennes. Les Psammophis ont un système de dentition très particulier, et semblable sous plusieurs points à celui des DRYiopHis. La mâchoire supérieure est le plus souvent arquée et armée de dents de dimensions assez inégales ; car on voit , à la partie antérieure et au bout postérieur de chaque branche , une ou plusieurs dents plus longues que le reste et dont les postérieures sont le plus souvent sillonnées. La mâchoire inférieure porte également à son bout plusieurs dents solides et plus longues que le reste. Mais cette organi- sation est loin d'être la même dans toutes les espèces : la PSAMMOPHIS LACERTli\A. 203 première par exemple n'a des dents plus longues qu'au bout postérieur des maxillaires , tandis que les deux dernières pré- sentent un système de dentition se rapprochant de celui des Couleuvres. L'organisation des parties internes m'a paru as- sez semblable à celle des autres Couleuvres. Je me borne à observer que les glandes salivaires ne sont le plus souvent développées qu'à leur bout postérieur , et qu'elles sont en général exiguës; la nasale cependant est quelquefois sa sez grosse. Les espèces , que j'ai disséquées , ne m'ont of- fert qu'un seul lobe du poumon , et des intestins assez grêles. Les petits diffèrent des adultes, non seulement par la taille, mais encore par des teintes plus vives et par une distribution plus tranchante des couleurs. Plusieurs espèces sont très sujet- tes à varier ; une particalièrement offre des variétés de forme tellement disparates du type, et un système de coloration si peu constant , qu'il faut voir un grand nombre d'individus pour s'assurer de leur identité. Les Psammophis sont répandus sur les contrées chaudes et tempérées des deux mondes. On en trouve à Java , au Bengale , au Chilé , aux Antilles et aux îles Seychelles; d'autres habitent plusieurs contrées du littoral de la Méditerranée ; une d'en- tre elles enfin se rencontre dans la plus grande partie de l'Afri- que , depuis l'Egypte jusqu'au cap de Bonne Espérance. 1 Esp. LE PSJMMOPHIS LACERTIN. P. LACERTINA. PI. VIII fig. ? , 2 et 3. J'ai préféré pour cette espèce le nom , donné par Wagler (i) à un serpent originaire de l'Espagne (2) , mais décrit parmi les (i) Serp. bras. PI, 5. — (2) Wagl. Syst.p, 179. note. 204 PSAMMOPHIS LACERTI.^A. reptiles du Brésil. On peut aussi voir trois belles figures de cette espèce dans le grand ouvrage sur l'Egypte (t). Un jeu- ne médecin allemand (2) en a très récemment ajouté une cinquiè- me , coloriée et fort bien exécutée. Wagler (3) a placé plus tard cette espèce dans ses genres coelo pelti s et zacho- Lu s ; FiTziNGER (4) daus son genre m alp o lon. Le Musée des Pays-Bas en possède des individus , originaires de la Dal ma- tie, des environs de Marseille, de l'Espagne et des environs de Tripoli; cette belle série est due aux soins de M. Clifford van Breugel consul néerlandais à Tripoli , de M. Pï-oux, de M. Cantraïne voyageur au service du gou- vernement des Pays-Bas, enfin de M. Michahelî.es à Municb, auquel les individus de l'Espagne et plusieurs de la Dalmatie ont été communiqués comme deux nouvelles espèces du genre Coelopeltis. Ce Psammopbis babiie aussi l'Alger, com- me on peut le voir par les individus , conservés au Mu- sée de Strasbourg. Feu Olivier l'a déjà rapporté du Le- vant (5). Le Psammopbis lacerlin atteint des diniensions plus considé- rables que les autres espèces du genre : aussi son corps est-il plus ramassé et plus gros et sa tête plus large. D'autres traits distinctifs sont : le manque de dents plus longues au bout an- térieur de la mâchoire supérieure, des écailles canaliculées, une tête déprimée et à sommet concave, un museau allant en pente , des plaques occipitales assez petites, enfin un système^de coloration divers.. Le corps esc gros et à peine déprimé, le dos un peu (i) Rept. PL '] fig' 6 LA c o u L. MAILLÉE Descr. vol. XXUp. 69; Bept. Suppiém. PL ^ fig. 1 et "i. — ip.) Fleischmann Nov.gen. PL 1 p. aS. — (3} Syst. p. 189 et 190. '— (4) Class'if.p. 59. — (5) Je suppose qu'il faut ajoiUer l'Arabie comme patrie c!e cette espèce , si touierois l'identité de l'ophidie j, rappovlé pav rùppell des environs de Moilah , a été constaté d'une manière précise : c'est le col. m o 1 l e n s i s Reuss. Mus, Senh. U p. 147, PL 7. PSAMMOPHIS LACERTIXA. 205 €11 carène, 1 abdomen convexe et assez lar5îe. Les écailles sont un peu obliques, alongées , en rhonibe, un peu lancéolées, disposées sui- 19 séries et, ce qui est un exemple unique chez les serpens , creusées d'une rainure lonijitudinale ; celles ce- pendant, qui avoisinent l'abdomen et qui revêtent la queue, offrent une surface plane. Ce membre est deiié et plus menu que le corps, dont il occupe environ le quart ou le cinquième. Le tronc s'amincit vers le cou, duquel la tète est un peu dis- tincte. Cette dernière partie est assez remarquable par sa con- foiination : elle a les formes aJongéesec son diamètre près de l'oeil est très considérable; mais la ligne qui termine le som- met de la tête est inclinée vers l'occiput et vers le museau , qui va en pente et se termine en pointe conique. On voit une plaque roslrale large et obtuse. Le sommet de la tête a peu d'étendue ; ses côtés sont terminés par des angles saillans , de sorte qu'il a l'apparence d êire séparé du reste de la tête en manière de casque. Les plaques frontales antérieures sont pe- tites , alongées et descendent obliquement vers le frein , qui offre deux plaques peu développées ; la verticale est très effilée et étroite; les occipitales sont exiguës. L'œil est volu- mineux, enfoncé dans leô côtés canaliculésde la tête et protégé en dessus par des plaques surciliaires assez larges et saillantes. Le crâne, Fleischmann /. c. PL If fig. D et E ^ a les formes alongées; les caisses sont moyennes; les orbites très spacieu- ses. La màcboije supérieure est mince et armée à son bout postérieiu^ de quelques dents plus longues et sillonnées; l'in- férieure au contraire, est munie de dents plus longues vers l'extrémité antérieure. La glande salivaire de la mâchoire supé- rieure ne s'étend pas en avant de l'oeil ; larostrale est assez déve- loppée et très dure au toucher. Le dessus, d'un brun olivâtre tirant fortement sur le vert, est rehaussé par cinq à six suites de petites taches noires, disposées en quinconce. Les flancs sont irrégul ièrement variés de noir et offrent des écailles bordées ou rayées de jaune: cette dernière teinte occupe les parties inférieures depuis les lèvres jusqu'au 206 PSAMMOPHIS LACERTI^A. bout de la queue. Les écailles du dessous de la tête sont ornées de taches oblongues ou en croissant d'un vert pâle; quelquefois cette couleur s'étend sur l'abdomen sous la forme de raies indistinctes. J'ai observé de nombreuses variétés dans la disposition des teintes. L'abdomen est tantôt uniforme , tantôt marbré et varié de noir ou de brun verdâtre. Les trois teintes principales des parties supérieures sont nuancées à l'infini ; mais les taches noires, souvent lavées ou très peu apparentes, manquent quel- quefois totalement. Les jeunes ont en général les teintes plus distinctes que les adultes , qui offrent presque toujours une livrée uniforme, voir Desc. de V Egypte. Rept. Suppl. PL 5 fig, 3. î^iifig 2 de la même planche représente une jolie variété d'un brun rougeâtre pâle: nous possédons un pareil individu des environs de Tripoli. Les sujets delà Dalmatie ont souvent le corps, et particulièrement l'abdomen, rayé et maculé d'un beau rouge de brique. Le nombre moyen des plaques abdominales et souscaudales est de 189 + 80. Dimensions: 1,06 + 35 ou o,83 H- 0,21 ou 0,5 1 H- 0,21. Le Psammophis lacertin se nourrit exclusivement de lézards verts, suivant M. Fleischmann /. c, /?.3o. J'ai constaté ce fait par la dissection de plusieurs individus pris en Dalmatie. M. Gan- TRAiNE me dit que c'est un animal nocturne , qu'il a les mœurs assez douces et qu'il fréquente les endroits rocailleux. PSAMMOPIIIS MOIVILIGER. 207 'ïV.s^. LE PSJMMOPHIS CHAPELET. P. MONILIGER. PI. VIII fig 4 et 5, var. de la côte d'or; fig 6 et 7, var. du Cap; fig. 8 et 9 autre var. du Cap. Je réserve à cette espèce, décrite tant de fois depuis Linné (i), la dénomination inventée par Lacépède (2) ; on peut référer ici avec ce premier auteur quelques figures de Seba. (3); mais il vaut mieux de se rapporter à celles qui se trouvent dans la Description de U Egypte (4) ou, pour la variété du Gap, à celle qu'a publiée Merrem (5). Aucun ophidien connu n'offre des variétés de teintes et de forme si frappantes et si extraordinaires que celui , dont nous allons traiter: quelques unes dépendent entièrement de Tinfluen- ce du climat; d'autres, qui sont purement accidentelles, se trouvent si fréquemment qu'il est très naturel de supposer l'existence de plusieurs espèces , avant de connaître des indivi- dus formant le passage de l'une à l'autre. Nous avons exposé dans les galeries du Musée des Pays-Bas une série complète de ces variétés, composée d'une trentaine d'individus de tout âge» Le Psammophis chapelet se rapproche, par ses formes, du genre dendrophis; il est beaucoup plus svelte que le pré- cédent, sa queue est plus longue, son corps moins gros, la tête plus alongée et moins large , les plaques occipitales enfin sont plus grandes. Les écailles sont lisses, moyennes, un peu obliques sur le dessus , et en rhombe. Le tronc est presque d'égale grosseur et (l)cOL. SIBILANS LiNN. Syst, Uflt. p. 383. (2) L E G H A P E- LET (col. moniltger) Lacep, Quaclf. ovip, vol. IJ. /?, a 46 PI, \iL fig. I. — (3) Thés. II, 52. 4 ; 53. 2 et 56. 4. — (4) PL 8 fig. 4 et Suppl. PI. 4 fig. 5; LA couleuvre oreillard vol. XXIV p, 63. — (5) Beitr^ I PI. 3/?, 3. sqq. 1^ 208 PSAMMOPHIS MONÏLIGER. un peu déprimé : sa partie postérieure va en s'amincissant vers la queue, qui est passablement longue et très déliée au bout. La tête est presque d'une venue avec le cou, comprimée et étroite ; le museau est alongé, conique el. obtus à l'extrémité ; le sommet de la tète est assez étroit , un peu concave et gami de plaques, ressemblant à celles de l'espèce précédente, excepté que les Irontales antérieures et les occipitales sont beaucoup pkis larges. Les côtés de la tête sont canaliculés ; on voit une seule plaque au frein et au bord antérieur de l'œil. Des caractères cependant que uous venons d énoncer , il en est peu que l'on doive coîisidérer comme constant. Le tronc est quelquefois très ramassé; la queue ^ qui occupe le plus sou- vent un tiers de la longîieur totale, n'en forme dans quelques su- jets , que le quart ou même le cinquième. Les écailles du tronc varient également pour la forme et le nombre , car on en trouve tantôt i5, tantôt ly séries longitudinales; mais aucune de ces anomalies n'est aussi sensible que celle qui modifie la con- formation de la tête et des plaques qui la revêtent : cet organe ne se distin«fue souvent en rien de celui des autres Couleuvres comme on peut le voir par nos /ig^, 8 et 9 ; en les comparant aux figures /[ el D de la même planche et en s'imaginant toutes les formes intermédiaires , on se fera une idée plus juste des va- riétés de ce Psammophis , que ne le sauraient donner des des- criptions d'un détail minutieux. Les couleurs de ce curieux ophidien sont aussi fugitives que ses formes. Les individus originaires de l'Egypte ont les parties supérieures d'un brun olivâtre tirant sur le bleu ou sur le gris-vert; le dessous est jaunâtre: ces deux teintes se tran- chent sur la série des écailles qui avoisinent l'abdomen. Une raie jaune règne le long du dos, qui est souvent plus foncé. On observe quelquefois sur les flancs deux raies longitudina- les jaunes et assez larges, qui se perdent vers l'extrémité de la queue (i). Les écailles sont quelquefois irrégulièrement bordées (i) Descf. de PÉg: PL ^fig. 4. PSAMMOPIIIS ]\fO\lLÏGEIl. 209 de noir. La tcto offre un dessin très joli : une raie longitudinale jaune et abords foncés en occupe la ligne médiane du sommet; plusieurs autres la traversent, de sorte que cette parlieest divi- sée en compartimens de forme carrée. On observe la même tlistiibution des teintes sur les cotés de la tcte et ces fii-ures, quelquefois au nond)re de deux à trois sur les tempes, ont donné lieu à plusieurs dénominations, assignées à cette espèce. Nous possédons un individu, recueilli dans lIOPIilS PULVERULENTA. n. vnifîg. 10 et II. Aucun des Psammophis n'a la taille si petite, la queue au^si courte et les dents aussi développées cjue celui du présent arti- cle. Sa tète n'est presque pas distincte du tronc; elle est conique, un peu alongée et revêtue au sommet deplacjiies, dont la ver- ticale est très étroite et effilée; les frontales au contraire imi- tent la forme du museau, qui est très court, bombé et terminé en pointe conique. Les yeux sont granr'^j les dents connue chez la précédente, mais plus minces e-'plus longues. Le tronc est un peu comprimé et plus gros cM^ la queue qui est coni- que et pointue. L'abdomen est j^-»sez large et convexe. Les écailles sont carrées , lisses et cl-' forme rhomboïde sur les par- ties antérieures: on en compte 17 séries longitudinales. J'ai vu huit individus de cette espèce, décrite par 13oie, dans Y Erpétologie de Jauf , sous le nom précité, et qui ont été rap- portés de Java par nos voyageurs. 212 PSAMMOPHIS SEYCHELLEiXSIS. La couleur dominante varie depuis le jaune rougeâtre au brun et jusquau noir. La tète est souvent raiée longiludinale- nient de noir; une raie send)la!)le règne sur le dos ; elle est ac- compagnée sur les flancs d'une suite de taches alternes, indis- tinctes et en croissant. Les lèvres sont marquées d'une raie blanchâtre. Cette espèce offre de nombreuses variétés, qu'il est difficile de décrire et dont nous nous proposons de publier les dessins faits sur les lieux. L'abdomen est qiîelq h fois d'un jaune uniforme; d'autres l'ont moucheté de rouge; on en voit qui l'ont totalement rougeâtre; la variété noire enfin a le des- sous d'un blanc rose , marbré et tacheté de raies interrompues noires. Les teintes rouges et jaunes s'effacent par l'action de la liqueur forte. i6o H- 59 et 0,33 -{- 0,08 =r 0,41 ou 146 + 5o et 0,0,29 4- 0,07 = o,36. L'estomac de ce Psammophis étant extrêmement effi'é , le canal intestinal se trouve reserré dans !a partie inférieure de la cavité abdominale. BoiE a observé que cette espèce fréquente les lieux élevés et déco\iverts , tels que des plaines et des champs. M. Bélanger vient de rapporter ce Psammophis du Bengale. 4 Esp. LE PS.IMMOPH '^ DES SEYCH'^.LLES. PSAMMillMlIS SEYCHELLENSIS. On possédait au Musée le Pnls depuis longte:nps un indivi- du de cette nouvelle espèce, découverte par feu îVron; mais il était sans indication de patrie; 11. Dussumier vient vlVn ivceuil- lir un autre sur les îles Seychelles. Des écailles lancéolées et surmontées d'une forte carène, et une tête alongée, un peu conique, clèprimée et fortement tronquée au bout, forment les traits propres à cette esp<èce. PSAMMOPIIIS SEVCIIELLENSIS. 2U] Elle offre un système de coloration seml)lable, au jeune âge, à celui tlu p s A M m omis r tj lv e i\ u l e n t a , espèce qui présente une lèi^ère ressemblance avec celle du présent article; mais qui s'en distingue facilement par sa moindre taille, par ses formes plus ramassées, par une queue beaucoup moins effilée et enfin par la configuration de la tête. Cette partie, cbez notre espèce , est très déprimée; elle a le sommet plat ou même un peu concave. Le museau , vm peu an - guleux sur les côtés, est coupé tout droit au ])out, auquel se trouve adossée une plaque, à bords un peu saillans et en forme de parallélogramme très large. Les narines sont parfaite- ment latérales et assez spacieuses. Les plaques frontales posté- rieures descendent sur les cotés du museau pour se réunir aux ]al)ialeset occupent ainsi la place des frênaies qui manquent to- talement. Lœil est de moyenne grandeur. La bouclie est béris- sée de dents acérées et fort longues sur le devant des mà- cboires inférieures. Le tronc de cette espèce est assez svelte, un peu comprimé, à abdomen convexe , et terminé par une queue déliée. La couleur dominante est un brun foncé assez terne, ma- culé et varié alternativement d'un grand nombre de taches blanches ou d un brun noirâtre; ce dessin fait encore entre- voir, sur le fond jaune, d'innombrables marbrures dont les parties inférieures sont également mouchetées. Deux raies d'un noir profond , qui renferment une raie blanchâtre composée de nond)reuses lignes courbées, occupent les lèvres et se prolongent sur les côtés du cou pour se coni'ondre avec la couleur du fond. Les jeunes ont les teintes très foncées , particulièrement vers les parties postérieures qui sont d'un noir presque uniforme. Di- mensions: 0,^3 -',- o, 3 1 ou 0,49 "i" o, i8. — IMaques: 192 + 110 ou Jo4 + io5. — 17 Rangées d'écaillés. 214 PSAMMOPHIS ANTILLEIVSIS. 5 Esp. LE PSAMMOPHIS DES ANTILLES PSAMMOPIiïS ANTILLENSÏS. Propre à ce qu'il paraît aux Antilles, cette espèce nouvelle y a été découverte par plusieurs voyageurs français: M. Richard Ta envoyée au Musée de Paris de l'île St. Thomas ; M. Donzelot de la Guadeloupe; M. Plée de la Martinique; M. Choris enfin de St. Jago à Cuba. Plusieurs de ces individus ont été cédés au Musée des Pays-Bas. Cette espèce a le port du psammophis moniliger, auquel elle se rapproche aussi un peu pour le système de colo- ration ; mais sa tête est beaucoup plus large à la base et très conique, vu que le museau étroit se termine en une pointe émoussée. Les plaques de la tête sont à-peu-près comme chez le Psammophis moniliger, à l'exception de la verticale qui est ordinairement moins effilée. Le Psammophis des Antilles a toutes les dents d'égale lon- gueur et parvient à une taille de trois pieds; voici les dimensions de trois individus d'un âge divers: 0,76 -f- 0,29 ; 0^49 + 0,18 ; 0,18+0,08. Les plaques varient depuis 178+ 100 jusqu'à 204 + i44- O» compte 17 à 19 rangées d'écaillés lancéolées et à surface lisse. Les parties inférieures sont jaunes. Un brun jaunâtre occupe le dessus ; le dos est orné de trois raies étroites et noirâtres , dont la médiane estcomposéede deux lignes fines et serrées ; on voit sur les flancs deux auires raies plus larges et composées d'un grand nombre de petits points: elles se prolongent sur les côtés de la tête en passant par l'œil. Mais ce dessin, tel que nous venons de le décrire, n'est apparent que chez les très jeunes individus: les raies seffacent presque totalement avec l'âge en se fondant en un grand nombre de taches noires souvent linéaires et formées par les bordures noires des écailles. PSAMMOPHIS DAULll. 215 6 Esp. LE PSJMM()P///S /)i: /XJ//L.PSAM. DAIILÏI. PL VllI i\g. 12 et i3. On voit par une iigure, publiée par Savigny dans \a. Dcs- crf'ptfon de F Egypte (i), que ce Psainniopbis n'iiabite pas exclu- sivement la Dabnatie, d'où il a été rapporté au Musée de Vienne par le zélé entomolooiste dont il porte le nom (2). M. de Scbreibers, directeur de cet établissement, a bien vouhi céder au Musée des Pays-Bas quelques individus de cette espèce^ nous en avons reçu depuis en grand nombre par les soins de M. M. Micbabeîles et Cantraine: tous ces individus ont été pris aux environs de Raguse. Peut-être faut-il rapporter ici le col. DHARA de Forskal(3): l'espèce habiterait alors également l'Arabie heureuse. Le Psammophis de Dabi a la physionomie des autres espèces du genre; mais ses dents et son port le rapprochent de ces serpens d'arbre que nous comprenons sous la dénomination de DENDROPHis. Latctc est un peu distincte du tronc et alongée ; les plaques, qui la revêtent, sont moins étroites que chez les précédentes; les occipitales sont même très larges. Le museau moins conique, est un peu tronqué au bout. L'œil est grand et bordé antérieurement de deux plaques, dont l'infé- rieure très petite. Le tronc est assez effilé, mince et com- primé; Tabdomen très large, convexe et un peu anguleux. La queue occupe environ le tiers de la longueur totale: elle est assez effilée, pointue et blanche en dessous. Les écailles sont alongées , presque lancéolées, lisses , un peu obliques et dis- posées sur 19 séries longitudinales. Les dents offrent toutes les mômes dimensions. Les glandes salivaires ne diffèrent pas de celles des Psanimopbis lacertina (1} Siippl. PL l\fig. 4. — h.) T y R 1 A j) A H L I 1 FiTz, Class. p. Go.— (3) Descr. (ui. p. \ \. 91G PSAMMOPHIS ELEGAIVS. et rnoniliger ; mais il existe , dans l'espèce du présent article , une grosse glande surnuméraire , située derrière la lacrymale , particularité que je n'ai observée dans aucun autre ophidien. Nonobstant ses formes effilés , cette espèce a le canal intesti- nal assez spacieux et plissé en divers sens. Le dessus est d'un gris olivâtre tirant , vers les parties anté- rieures, tantôt sur le brun, tantôt sur le rouge ou sur le ver- d.itre. Les parties inférieures , les lèvres et les plaques oculai- res sont d'un bîanc jaunâtre. Les côtés du cou sont souvent ornés de 3 a 5 taches noires , œillées ou bordées de blanc et diminuant insensiblement en étendue vers le corps. Les petits ressemblent parfaitement aux adultes à l'égard des teintes. Dimensions de l'adulte: 0,80 + o,34 — i,i47 du jeune: 0,26 H- 0,10 := o,36. Nombre des plaques: 212 _|_ 124; 210 H- 120. 7 Esp. LE PSAMMOPHIS GRACIEVX. P. ELEGANS. On ignorerait jusqu'à ce jour , quelle est la patrie de ce bel ophidien , si le professeur Eschricht de Kopenhague ne nous en avait cédé un individu, pris dans les possessions danoises à la côte d'Or. Les seules notions, que l'on ei^t de cette espèce, se bor- naient à la figure , qu'en a publiée Séba (i) et à une description succinte de Shaw (2), J'ai adopté les vues de feu Boie en ran- geant cette espèce dans le genre psammophis, quoiqu'elle mérite éminemment d'être rapprochée des dryiophis et notamment du n 11 y i o p 11 1 s argenté, espèce avec laquelle elle offre les rapports les plus intimes. C'est un de ces êtres in- termédiaires , qui ne peuvent être classés avec certitude dans (i) Thcs. Il Go. I. — (2) Geiu Zool. vol. III P. II p, 536 : c o l u- B E R E I, K G A N s. PSAMMOPIIIS ELEGAÎXS. 217 aucun des genres connus et qui font , pas ces raisons, le passa- ge d une de ces coupes imaginaires à l'autre. Cette espèce a le port et les formes des dryiophis ; mais sa physionomie la rapproche des ps a m m opii is. Son système de coloration est si analogue à celui tlu diî. argenté, que l'on serait tenté sans un examen rigoureux, à réunir ces deux ophidiens : il suffit cependant d'avoir égard à la conformation de la tête et particulièrement à celle du museau pour ne pas les confondre. L'espèce du présent article a le système dentaire du psam- M o p H I s s I B I L a N s. Sou copps uu pcu couipriiué est en for- me de fd très mince et sa queue extrêmement déliée. La tête est asse:'. alongée , étroite , déprinu^e et terminée par un mu- seau conique, à sonnnet plane, arrondi au bout, oblique- ment tronqué en dessous et un peu retroussé. Le dessus est d'un brun pale couleur de terre. Une raie assez large et foncée règne le long du dos jusqu à la pointe de la queue ; elle se perd sur l'occiput. Une autre raie plus étroite occupe les flancs; mais elle s'étend, en traversant l'œil, jusqu'au bout du museau. Le dessous est d'un beau jaune; mais les quatres raies serrées , marbrées et bordées de vert , qui en occupent presque toute l'étendue , font que cette teinte ne s'aperçoit que sur les côtés de l'abdomen et de la queue sous forme d'une raie large et très distincte. Les sujets dé- pouillés de lépiderme ont la teinte du fond d'un gris argenté. La tête offre les différences suivantes de celle du dr. ARG ENT É : des plaques moins alongées ; un museau de forme diverse, beaucoup plus court, garni de lames très ramassées et excavé aux côtés ; la piésence d'une plaque frênaie et de 9 labiales ; un système dentaire divers et plusieurs autres traits distinctifs. !Nos deux individus sont de la même taille. Dimensions: o,,^o -h o,i3 et o,3o H- 0,17. — Plaques : 190 -f- i44 ^t 192 4- i*')4- — ^" l^ur compte 17 rangées d'écaillés petites, un peu lancéolées et à surface imie. Le Musée de Paris possè- 218 PSAMMOPHIS TEMMIIVCKII. de des sujets pris au Sénégal et longs de 0,68 -\- 0,49; le nom- bre des plaques dans ces individus est environ de 202 + 223. 8 Esp. LE PSJMMOPHIS DE TEMMINCK. PSAMMOPHIS TEM3IINCRII. PI. YIII. fig. 14 et i5. J'ai dédié cette espèce inédite à Thomme , auquel j'ai le plus d'obligations dans ce monde, à l'illustre savant qui a mérité la reconnaissance du public dans un degré si supérieur. Elle est du Gliil é, d'où un seul individu nous a été adressé de Valparaiso. Nous avons vu , que la précédente faisait le pas- sage aux serpens d'arbre; celle du présent article au contraire se rapprocbe des couleuvbes, don telle a le port et les formes. Sa physionomie cependant ressemble à celle des vrais Psammo- phis. Le corps est comprimé et plus ramassé que celui du Psam. lacertin; l'abdomen est anguleux et plus étroit (ju'à l'ordinaire; la queue est grosse, conique et pointue. La tête est peu distinc- te du corps et revêtue de plaques semblables en tout à celles des Couleuvres; la verticale Cr^pendant a le'caractère propre au genre Psammophis. Les yeux sont moyens; les narines peu ou- vertes. Les écailles sont lisses, de moyenne grandeur , carrées ou en rliombe sur les parties antérieures. Le dessus est d'un brun clair, mais chaque écaille est marquée au centre d'une ou de plusieurs taches noires. Une large bande de cette même teinte règne le long du dos; une autre moins dis- tincte s'étend de chaque côté depuis l'œil sur les flancs. L'in- tervalle entre ces bandes est blanchâtre , teinte qui borde le sommet de la tête sous la forme d'une raie linéaire. Les lèvres et le dessous de la tête et du cou sont jaunâtres et mouchetés de noir , mais le reste des parties inférieures est tellement marbré de noir que la couleur du fond s'aperçoit à peine. PSAMMOPUIS TEMMIiXCKII. 219 184 -+- 1 10; 0,79+ o,Si. — 1 y Rangées d'écaillés. Cette espèce a été trouvée en grand nond^re à St. Jago au Cliilé par M. M. Quoy en Galmard; un deuxième sujet que je viens de rapporter de Paris ui'ottre 1^5 + loi plaques. M. WiEGMANN (i) a donné tout récemment une figure de cette espèce , qu'il confond avec le col. c ii a m i s s g n i 1 de Hemprich, originaire du Brésil et qui forme une variété de climat de I'erpétodryas mnbatus. M. Gaudicliaud a rapporlé de Callao au Chilé deux jeunes sujets d'un psam3iophis tout-à-fait semblables au Psammo- phis de Temminck , mais dont le nombre des plaques monte à 209 + 121 ou 214 + 122 et qui offrent une distribution de teintes parfaitement analogues à celle de la coronella RHOMBEATA du Cap: CCS faits cependant ne me paraissent pas suffir pour en former une espèce distincte. Il faut , selon toutes les probabilités , encore ranger dans ce genre le condanarouse de Russel (2), serpent origi- naire de Ganjam ; mais qui me paraît assez voisin du psam- MOPHis MONiLiGER répandu sur presque toute l'Afrique. (l) CORONELLA CHAMISONIl. Nov. Jctfl XVII P. I PL I9 p. 3.46 suiv. — (2) Serp, 1 p. ^2 PI. 27 : c o l. c o n d a n a r u s Merr. Tent.p. 107. ►a^gw 4 Jam. £fô ôfrpctts îi':3lr|jrf. 1 Genre. LES DENDROPHIS. DENDROPHIS. Nous avons réservé le nom de Dendroplils à tous ces serpens d'arbre qui se rapprochent, par leur organisation , des cou- leuvres, mais dont ils se distinguent principalement par leurs formes élancées et délicates. Ils tiennent en quelque sorte le milieu entre les deux autres genres de la famille, les di psa s et les DRYioPHis; vu qu'ils n'ontni la tête grosse, large, courte et la pupille verticale comme les premiers, ni la taille élancée, le museau alongé en pointe et la pupille horizontale comme les derniers. Ils atteignent le plus souvent une taille de 4 ^ 5 pieds de longueur totale sur une grosseur semblable à celle du petit doigt. On voit par cela, qu'ils ont le corps beaucoup moins gros que les Couleuvres de forme élancée: aussi cette partie est-elle beaucoup moins comprimée, et en pentagone presque régulier. L'abdomei: est , pour les mêmes raisons , assez étroit et revêtu de lames au nonjbre de i8o environ qui montent sur les flancs , en formant le plus sou- vent un angle très prononcé , quelquefois échancré et saillant. Le bortl des lames, ainsi interrompu, forme, poui' ainsi dire , trois bords convexes, tandis qu'il se présente en ligne droite chez les autres serpens. Comme les côtes s attachant précisé- ment à cet angle des lames, il en resuite que cette disposition est à ces animaux d'un grand secours pour s'appuyer contre les branches des arbres , entre lesquelles ils se glissent avec agilité: cette espèce de locomotion est d'ailleurs assez facilitée par l'intervalle considérable, qui sépare les côtes les unes des DEIVDKOPIIIS. ±2i autres , et qui s'iiw]i(ine déjà à l'exlérieur \k\v la longueur des la- mes abdominales. 11 suit néeessalreinenl de celte ruèuie orj^ani- satiou que les vertèbres sont plus alon^^ées et que les côtes, attendu le diamètre peu considéral)le du tronc, sont plus courtes qu'à l'ordinaire. Tlne autre conséquence de la largeur des lames est la grande étendue des écailles du tronc dans le sens longitudinal ; mais comme cette partie est peu élevée et comme la ligne, qui termine les bords postéiieurs et antérieurs des écailles, se dirige beaucoup plus en arrière que celle qui détermine le bord supérieur et Tinférieur , il en résulte (|ue ces écailles soient très étroites, en rlK)nd)e,cxtrémemen( a longées ou presque linéaires et peu nombreuses. La peau cependant étant susceptible d'une grande dilatation , ces écailles, à l'élat de la contraction de cette partie, sont conciliées les unes sur les autres en guise de tuiles , de sorte que leur contour latéral ne peut s'observer que dans la paire qui est voisine de l'abdo- men , ou quand la peau est distendue. Les écailles sont tou- jours pointues, lisses dans les uns , carénées dans les autres ; on en observe, cbez plusieurs espèces, une rangée dorsale plus large que le reste. La que u e , par sa longueur, par sa forme déliée , grêle , orbiculaire ou applatie en dessous , n'est pas moins faite pour aider à ces animaux à s'accroclier aux brancbes d'arbres, et s'y suspendre pour guetter leur proie et appuyer lélan qu'ils font sur elle , afin de l'entortiller et de l'étouffer par leurs nombreux replis. Le nombre élevé des plaques souscaudales , excédant le plus souvent une centai- ne, annonce que la queue des Dendropliis offre ces dimen- sions longitudinales considérables, propres à la plupart desser- pens d'arbre. La tête ressemble par sa forme à celle des er péto dr y as; mais elle est beaucoup moins grosse, plus délicate dans les proportions, et plus distincte du cou qui est assez mince et comprimé. Les lames, dont elle est revêtue, ne se distinguent de celles des Couleuvres que par leur forme alongée ; les occi- pitales ont le plus souvent peu d'étendue. L'œil, qui est assez 222 DEIVDROPHIS. ^rand et à pupille orbiculaire, est bordé par devant d'une seule plaque , par derrière au contraire de deux ; l'espèce du Cap cependant en offre trois. On voit une seule plaque au frein , qui ne manque constamment que chez le Dendrophis lio- cercus, tandis que l'absence cle cette plaque chez les autres es- pèces doit être regardée connue accidentelle. Le museau est alon- gé , un peu conique, à bout légèrement tronqué ou arrondi et terminé par une plaque rostrale assez large et de forme dépri- mée; les narines sont latérales, assez ouvertes et rapprochées du bout du museau. Quoique les Dendrophis aient l'ouverture de la bouche large et que les plaques surciliaires soient voûtées et un peu saillantes, leur physionomie n'offre rien de farouche ; ils l'ont au contraire assez douce. On observe de nombreuses petites dents aux mâchoires et au palais; les dernières de la mâchoire supérieure sont sou- vent plus grosses que le reste, quelquefois même très longues et sillonnées. Les orbites sont asse^ spacieuses ; les caisses moyennes. Le cran e présente des formes alongées ; les os, qui le composent , ainsi que ceux du squelette sont remarqua- bles par leur délicatesse; les apophyses le sont par leur peu de développement. La glande lacrymale des Dendrophis est petite et presque entièrement cachée sous les muscles ; ils ont tou- jours une glande rostrale ; la nasale est quelquefois assez volumineuse; les salivaires sont le plus souvent minces, mais celles de la mâchoire supérieure se terminent toujours par derrière en un lobe assez développé. Le poumon est parfois pourvu d'un petit lobe accessoire , en guise de réservoir aérien : le Dendrophis colubrina m'a offert cette construction. Les intestins sont assez grêles et on ne leurs voit pas d'in- flexions profondes. Les Dendrophis sont souvent ornés de teintes très vives, et élégamment disposées , ce qui contribue autant que leurs formes agréables à leurs assigner un rang parmi les plus jolis des ophidiens. Le dessous est presque toujours jaunâtre, tirant tantôt sur le brun ou sur le rouge, tantôt sur le vert ou DEIXDROPHIS. 223 sur le bleu: le dessus au contraire ofïre dans les uns une teinte couleur de bronze , chatoyante et d'un reflet niétalbque; d'au- tres ont ces parties phis foncées ou joliment dessinées de noir , de rou^'e et de jaune; d'autres encore sont d'un vert brillant uniforme. L épideiine cependant offusque en grande partie les couleurs splendides dont est ornée la peau qui , lorsqu'elle est dépouillée de la tunkjue extérieure, l)rille de l'éclat des pierres précieuses réfléchissant toutes les teintes de l'iris. Ce sont particulièrement les individus dans cet état dont la beauté a excité l'iniaginalion du poète naturaliste; aussi les a-t-il dé- peints en phrases pompeuses qui, laissent loin derrière elles la nature elle même. Les jeunes ressemblent le plus souvent aux adultes ; ils ont quelquefois des teintes plus vives. On observe chez plu- sieurs espèces des variétés accidentelles , dues tantôt à un nom- bre divers et à des formes différentes des lames écailleuses, à la distribution des coideurs , etc. — Tous les Dendrophis connus habitent les régions intertropi- cales des deux mondes; la seule espèce, qui se trouve à la pointe australe de l'Afrique, s'éloigne des autres par l'ensemble de l'or- ganisalion. Une espèce est répandue sur la plupart des pays tropiques situes entre les gn^ndes Indes et la Nouvelle Hollande: les individus de ces différentes contrées présentent de légères différences dans les teintes et ont donné lieu à l'établissement de quelques variétés de climat. Les Dendrophis sont très lestes dans leurs niouvemens, et grimpent avec une agUilé extrême. Ils ne quittent jamais les forêts où ils habitent les buissons et les arbres, autant pour se reposer sur les feuilles gigantesques des végétaux de la zone torride que pour attraper les animaux dont ils se nourrissent et qui préfèrent un séjour send)lable, tels que des oiseaux, des, reptiles sauriens des genres Lophyre, Galéote et Dra- gon, etc. On a aussi trouvé dans leur estomac des restes de crapauds, de grenouilles, de souris etc. et voilà certai- nement une des raisons qui engagent les Dendrophis à se 224 DENDROPHIS LIOCERCUS. rendre quelquefois à terre. J'ignore si toutes les espèces sont noeturnes. Les Dendrophis pondent des œufs de forme plus alongée que ceux des Couleuvres. On n'a connu jusqu'ici que deux ou trois espèces du genre Dendrophis: j'y ajoute plusieurs autres qui sont inédites. Ce genre a été subdivisé par mes devanciers en plusieurs au- tres, suivant la présence de dents maxillaires sillonnées ou d'une rangée d'écaillés dorsales plus grandes que le reste; on a aussi éloigné les espèces, qui offrent des écailles carénées, de celles qui les ont toutes lisses: c'est sur de tels caractères que reposent les coupes secondait es de bu cep h al us de Smith et dispholides deDuvERxoY, celles de dendro- phis et de CHRYSOPELEA de Boie et en partie celle de L E p T o p H 1 s de Bell. 1 Esp. LE DE/VDROP/IfS .^ QUEUE LISSE. DENDROPHIS LIOCERCUS. PI. IX fig. I et 2. Les naturalistes français ont donné à cette espèce le nom de BoiGA (i) et celui d'ahaetulla, dénomination barbare sans autorité, que Linné (2) a appliquée a une espèce indéter- minable du genre Dendrophis, citant à la fois trois figures de Séba qui représentent autant de serpens de genres tout-à- fait différens. 11 me semble mieux de conserver }e nom , inventé par le prince de Neuwied (3) , qui a figuré l'adulte , (1) Lacép. Quad, ov/p. vol. II p. i'i\ PL 11/ i ; Daudin vnl. Fil p. 63 Pi, 8/| ; Lati\. vol. IF p. 1 1 'x av. Cvs ; c'est aussi la c o ii l f. u v a e n E RICHARD BORY DE St. VlNC. Jutl. il. SC. IKlt. J\ Il PL lofig. 2. — (2) Consultez notre article sur le t u o p i- DONOTUSBIPUNCTATUS. — (3) 6JW. ofRept.p. i6. (/j) Syf, p, j 83. 226 DEMDROPHIS CATESBYI. Ce Dendrophis aies dents très délicates; celles, que l'on voit au bout postérieur du maxillaire , sont à peine plus grosses que le reste. Les vertèbres sont très alongées et n'offrent que des vestiges d'apophyses. Les glandes salivaires sont moins dévelop- pées que la nasale. Cette espèce appartient au nombre des plus communes à Surinam , d'où les batimens hollandais en apportent souvent en Europe; les collections en sont abondament fournies ; nous en devons une grande quantité aux soins de M. Dieperink à Para- maribo. Le Musée de Paris possède des sujets tués àCayenne et à la Trinité ; M. D'orbigny vient d'en recueillir une jolie variété toute verte au Chilé; M. Plée enfin l'a découverte à la Martini- que , mais l'individu qu'il a rapporté est d'un vert bleuâtre uniforme , et long de 0^96 + 0,5^ : il offre 164 + i^g plaques. Le Prince deNeuwjed l'a observée sur les bords du Parahyba, .de l'Espirito santo et près du Cap Frio. Les indigènes du Brésil la désignent , ainsi que plusieurs autres serpens d'arbre , sous le nom de cipo. Cette espèce se plaît sur les arbres, où elle glisse par les branches avec beaucoup de dextérité; elle se . nourrit de reptiles , particulièrement de batraciens anoures et de souris (i). J'ai trouvé dans son estomac les débris de plu- sieurs espèces d'oiseaux et Wagler (2) en a retiré un Tan- gara et un Pluvier. 2 Esp. LE DENDPiOPHIS DE CJTESBY. D. CATESBYI. Habitant l'île de St. Domingue où elle a été découverte par M. llicord , cette nouvelle espèce du genre Dendrophis est absolument semblable à la précédente; aussi laurais-je réunie à celle-ci , si elle n'offrait pas le caractère distinctif assez tran- , chant d'avoir toutes les écailles à surface unie et disposées sur (t) IVf.itw. Beitr. ^.270. — (5.) Syst. /J. .279. DENDROPIIIS AIJRATA. 22^ iW séries. La queue est en outre un peu plus longue relative- ment aux proportions du tronc , comme on peut le voir par les dimensions de ces parties , qui sont de 0,62 H- 0,4,9 ^^ V^^ ^^ nombre des plaques dont on en compte 170 H- 184. Le beau vert d'herbe uniforme du dessus olfre une légère teinte de brun ; mais le vert bleuâtre dont le dessous est orné , passe sur le jaune vers les parties antérieures de l'animal. Ces deux teintes se trouvent séparées par une raie blanchâtre , bor- dée de noir sur les côtés de la tête , mais qui s'évanouit sur ceux de la queue. 3 Esp. LE DENDROPHÎS DORÉ. 1>. AURATA. Voici certainement un des ophidiens les plus jolis, également remarquable par la délicntesse de ses formes que par la beauté des teintes. Une conformité totale de ces dernières avec celles duDRYioPHis DORÉ, etdei'ANOLius DORÉ reptile sau- rien du môme pays, rend notre petit serpent d'autant plus digne de l'attention du naturaliste philosophe , qu'il reconnaît une loi de la nature jusqu'aux couleurs des animaux. Le beau rouge , qui orne les flancs de l'ÉM Y DE a long cou et qui est absolument le même dans ceux du naja porphyrea, deux reptiles de la même contrée dans la Nouvelle Galle du Sud , est-il dû à l'accident ? Je me borne ici à fixer l'attention des naturalistes sur ses phénomènes , et je rapporterai dans un autre lieu les nombreuses observations, relatives à cette ques- tion intéressante. M. Dieperink à Paramaribo a bien voulu céder au Musée le seul individu connu de cette espèce inédite, qui appartient au nombre des plus rares à Surinam. Cet individu est à peine de la grosseur du tuyau d'une plume d'oie très mince sur une lon- gueur totale de 0,29+0,28. Cette extrême délicatesse des formes, l'abdomen convexe et nullement anguleux, ainsi que le système 228 DEi\DROFHi8 PICTA, de coloration rapprochent ce Dendrophis du Dryiophis dore, dont il se distingue autant par la forme de la tête que par un nombre différent des plaques abdominales et des rangées d'é- cailles. Le corps du Dendrophis doré est un peu comprimé et revêtu de i3 rangées d'écailJes lancéolées et lisses, dont celles qui occupent la ligne médiane du dos, sont à peine plus larges que le reste. La tête a à-peu-près la forme de celle de l'espèce précé- dente; mais les écailles occipitales et la verticale sont beaucoup plus larges , et le museau est plus court et moins obtus ; on voit une plaque de frein assez grande , et trois plaques post- orbitales. Les yeux sont grands; la plaque surciliaire est assez voiitée. Une belle teinte bronze, finement mouchetée de brun et res- pleiKÎissant l'éclat de l'or , occupe indifféremment tontes les parties de l'animal ; le dessous des parties antérieures seul est plus clair et d'un beau blanc de nacre irisant au vert ; cette dernière teinte occupe aussi la lèvre supérieure sous la forme de plusieurs taches. i44 + ^^^' 4 Esp. LE DENDROPHIS PEINT. D. PICTxi. PI. IX fîg. 5 , 6 et 7. On ne connaît d'autres Dendrophis du nouveau monde que les trois espèces que nous venons de décrire. Nous passons maintenant à celles de l'Asie , ajoutant à la fin les espèces afri- caines , dont celle du Gap s'éloigne à plusieurs égards. L'espèce du présent article a un grand rapport de formes avec le DENDROPHIS LiocERCUs, dout elle sc distingue facile- ment par la rangée médiane d'écaillés plus grandes et à pointe tronquée, par le défaut total d'écaillés carénées, par un nombre plus élevé de plaques abdominales tandis que l'on en rDEXDROPIlîS PÏCTA. 229 K. compte moins de soiiscaiidales, par les angles*'de1'ab(lomen e tde la queue plus saillans et plus échancrés , enfin par une tète plus lari^eà la base, moins along'ée et plus conique, par des yeux moins grands, et par la présence de plaques du frênaies. L'ouverture de la bouche est très arquée; le museau peu long- et plus conique que chez les autres espèces. Les plaques de la tète ne présentent rien de particulier; il Faut cependant observer, que les voccipitales ont rarement le bout arrondi, com- me le montre notre 5"" fioiire. n La mâchoire supérieure est un peu arquée, on voit qiîelques dents plus grosses au bout postérieur du maxillaire. Le reste de la charpente osseuse ne diffère point de celle du Dendrophis liocercus, il en est de môme des glandes de la tète. En disséquant plusieurs individus de cette espèce , j'ai trouvé dans leur estomac les restes d'un Gaiéote, le Gaieotes gutturossus de Merrem. Cette espèce a le dessus d'un brun plus ou moins foncé, tirant tantôt sur le vert , tantôt sur l'olivâtre et refléchissant la couleur de bronze. Une raie d'un jaune de citron vif, bordée par la raie noire qui occupe les côtés de la tète , s'étend le long de la rangée d'écaillés, voisine des plaques abdominales. Le des- sous est d'un blanc jaunâtre ou argenté. Les côtés du cou sont souvent ornés d'une suite de bandes de bleu et de noir, alternes el se dirigeant obliquement en arrière. L'iris est rougeâtre. Il s'en faut cependant bien que tous les individus offrent la même livrée. La bordure noire des flancs est souvent très peu apparente; dans d'autres individus elle est formée par une rangée de points, dans d.'autres ellemanque totalement. Le job dessin sur les côtés ducoune s'aperçoit quelquefois nullement j tandis que d'autres individus ont cette partie richement ornée de diverses couleurs. La plus belle des variétés est celle que M. Reinvi^ardt a nommée par cette raison col. poi.y chr ou s : le dessus de la tète et les écailles dorsales sont d'un jaune rouge très vif d'autant plus relevé que les flancs sont rayés alternative- ment de brun noir tirant sur le pourpre et le bleu , dessin qui 230 BENBROPHIS PICïA. s'évanouit vers les parties postérieures , qui sont cVun v er taii- nâtre comme le reste des flancs. Le dessous est jaune. D'autres individus ont les couleurs très pâles et quelquefois elles sont même très sombres et uniformes, particulièrement dans le temps du changement de la peau. Cette espèce nous a été envoyée en grand nombre de l'île de Java. Le M usée des Pays-Bas en a également reçu plusieurs indi- vidus de B e n ga 1 e , qui m'ont démontré leur identité avec ceux dont on trouve les figures chez Russel 11 PL 47) et 46: figures qui représentent deux variétés , l'une verdâtre, l'autre jaunâtre et c|ui ont servi aux types aux dendrophis maniar et chai- re K A KO s de BoiE, etauLEPTOPHis MANCAsde Beli. (i). Deux autres portraits de la variété du Bengale ont été publiés parGRAY dans Ylndinn Zoologie sons les noms dcAHAETULLA BELLii et CAUDOLINEATA. Feu Boie a vu chez le docteur Smith au Gap de B. E. des sujets du Dendrophis peint, recueillis àCeylan. L'infortuné Macklot et son compagnon de voyage M. Mùller , ont retrouvé ce Dendrophis sur la petite île Sa- mao près de Timor, et sur les bords de la rivière Outanata à la côte occidentale de la Nouvelle Guinée ; les individus de ces régions éloignés ont les teintes plus sombres que ceux de Java et du Bengale; au reste , ils ne diffèrent en rien de ceux- ci : on ne leurs voit point de bandes bleues sur les côtés du cou , et le jaune du ventre est le plus souvent assez terne ; ces circonstances me font croire qu'il faut rapporter ici le serpent découvert par King (2) dans le Careeningbay à la côte bo- réale de îa N o u V e 1 1 e Hollande. Mon voyage à Paris m'a appris que cette espèce est beaucoup plus répandue que je ne lavais cru d'abord. On voit au Jardin des Plantes la série la plus complète de cette espèce , composée d'individus recueillis au Sénégal, à Pondichery, au Bengale, à Geylon, à la Cochin chine, à Manille, à Amb oin e , à Wai- '^'{^) ^-<^ol. Journ. Il p. 329. — (aJLEPTOPHIS PUNCTULATUS Gray : Narrât, of a Sim'ey, ^^pp. DENDROPIÏIS PICTA. 231 g i o u et à la Nouvelle Irlande. Un examen superficiel suffit pour reconnaître riclentité de tous ces animaux. Le Dendropliis peint atteint jusqu'à 0,88 -I- o,4o. On compte 160 + 100 ou 192 -H i56' plaques au dessous du ventre et de la queue. On voit la figure de ce serpent chez Boie Erpét. PL 34 et chez ScHEUCHZER PL 629G.-G\iEHN (i) en a fait mention d'après les descriptions qu'en ont publiées Gronovius et Boddaert. C'est en outre le colub. filiformis de Linné (2), le fil et la D ou BLE' RAIE de Lacépède (3), le colub er deco- RUS de Shaw (4) , le b u n g a r u s f i l u m de Oppel (5) , et le DiPSAS scHOKARi dc KuHL (6). ScHNEiDER (^) parle d'un serpent du Bengale, auquel il donne le même nom et les mênies mœurs assignées par Russel à notre espèce: c est son e l ap s b i- LiNEATUs; le petit nombre des plaques souscaudales et les écailles carénées , caractères propres à cette prétendue espèce , conviennent peu avec la nôtre: certainement il y a ici un double emploi. Russel dit que ce Dendropliis s'appele au Bengale cumbe- RiMAKEN , nom qui exprime son agilité de grimper sur les ar- bres. C'est de ce repaire , comme le dit la croyance populaire , qu'il jouit du plaisir malicieux d'être témoin de la consomption sur le bûcher des malheureuses victimes , auxquelles il vient donner la mort. (i) Syst. nat, p, iii6; col. pictus. — (i) Mus» Jd. Fr. PL 17 fig. 1. jun. (3) Quad. ov. II p. 110 PL 10 fiij\ 1 el p. 2'34. PL 2 fig. 2 jeun. — (4) Gen. ZooL III Par. II p. 538 ; observez que M. Graven- ïïORST a employé ce nom pour désigner le xenodon rhabdoce- PHALUs. — (5) Aux galeries du Musée de Paris. — (6y Beitragep. 80. — (7) Hlst. Amph, II p. 299; col. bilineatus. Daud. Fil p. l65 ; c o L. ARBOREUS MeRR. /?. l3l. 232 DEXBiiOPIilS FOKMOSA. 5 Esp. LE DEISDROPHÎS JDONIS. D. FORMOSA. PI. IX fig. 2 et 3. Le Professeur Reiwwardt a fait la découverte de cette espèce à Vile de Ja va , où elle est assez rare. Elle convient sous beau- coup de rapports avec la précédente. Pour la distinguer de celle- ci, il faut observer qu'elle a les écailles du dos plus étendues , la tête plus grande, les yeux extrêmement volumineux , le mu- seau plus obtus , les plaques labiales moins élevées et les oc- cipitales assez ramassées. D'ailleurs ses teintes sont toutes différentes , et la rendent certainement un des plus beaux ser- pens. La couleur de la peau dépouillée de l'épiderme , est un vert d'éméraude très brillant et tirant sur le bleu ,* le des- sous est plus clair et quelquefois couleur de nacre; on voit le long des flancs deux raies noires souvent conliguës sur les par- ties antérieuies et se réunissant à la raie noire qui naît aux côtés du museau. Les écailles sont quelquefois bigarrées de blanc ou bordées de noir, particulièrement celles qui avoisi- nent l'abdomen , et dont l'ensemble des bordures forme alors une troisième raie. Une raie noirâtre vh^ne le long* de la suture des plaques abdominales. L'épiderme offusque d'un côté les belles teintes du fond ; mais de l'autre côté , il leur prête un éclat métallique aussi magnifique que celji des plumes des co- libris ou des oiseaux-moucbes. Les petits ont les teintes plus claires et les raies noires prononcéees de sorte que le corps est raie alternativement de noir et de jaunâtre. Le Mu;ée des Pays-Bas possède 5 individus de cette espèce , dont le plus grand mesure 0,96 -h 0,4^. On leur compte i j8 -h i38 ou 182 4- i44 plaques et i5 rangées d'écaillés. l)E.\mvOPIlIS RllOÎ)OPLEURO\. 233 G Esp. LE DENDROPHIS A FLANCS ROUGES. DErVDIlOFIlIS lVnODOPfJ:URON. PI. XI fig. II, 12 et i3. A l'instar de la précédente , cette espèce inédite de Dendro- phls est le iVuit des recherches mnhipllées du professeur I\ein- WARBT dans les îles du grand Archipel indien : M. M. Macklot et MûLLER Font retrouvée dans l'île d'Amboine, d'où ces voyageurs ncjus ont adressé une dizaine d'individus. Les plus i^rands mesurent i,o5 + o,jo ; le nombre des plaques varie tiepuis 206 + 148 jusqu'à 214 + 180. On voit par ces données que cette espèce a une queue de la moitié de la longueur du tronc , et que ses formes sont plus élancées que celles du DET^DROPHis LiocERCus, auqucl elle ressemble sous plusieurs rapports. Sa tête cependant est plus déprimée , l'oeil plus petit et les narines sont plus spacieuses ; elle a les dents maxillaires postérieures plus larges et sillonnées , et les angles de l'abdomen très saillans et échancrés; les plaques de la tête sont plus étroites: les écailles du tronc enfin sont moins alon- gées et disposées sur \n rangées mais également surmontées par une forte carène. Les teintes sont également toutes différentes. Un rouge pourpre pâle occupe le fond ; il est plus clair en dessous , mar- bré quelquefois de noirâtre et variant au jaune, au vert et au brun, suivant les individus. Les écailles sont le plus souvent bordées de noir , couleur qui , dans quelques individus , prend tellement le dessus que les parties supérieures deviennent d'un noir presque uniforme , ayant seulement les carènes des écailles relevées par une raie claire. Les côtés du cou offrent quelquefois des bandes obliques noirâtres semblables à celles que nous avons observé chez le Dendrophis peint. Le ventre tire souvent sur le jaune. La queue est très aplatie en dessous et a la ligne médiane marquée d'une raie noii âtre. 234 DEI^DROPHIS ORIVATA. J'ignore, s'il faut rapporter ici Seba /. PI. logfig. i et Rus- sel 2wl I PL 3i p. 36 : cette dernière figure a été tracée d'après un individu mutilé et desséclié: nonobstant le vague dans cette publication , quelques naturalistes (i) en ont fait une espèce particulière. Voir aussi le dipsas rubescens de ÏLidi'a/t Zoology, 7 Esp. LE DENDROPHIS ORNÉ. D. OliN^lTA. PI. IX fig, 8 et 9 ; fîg. lo yar. On peut à peine se figurer un système de coloration aussi pompeux que celui de l'espèce dont nous allons traiter dans cet article. Elle est élégante sous le double rapport des formes et des teintes dont les deux principales, le jaune et le noir , sont si agréablement disposées qu'elles présentent des dessins aussi beaux que variés. La première couleur occupe le fond ; elle est extrêmement vive et passe souvent au verdàtre sur le dessous, tandis que les parties supérieures resplendissent quel- quefois du rouge vermillon le plus éclatant. Cependant , com- me les bordures noires des écailles sont le plus souvent très larges, il en résulte que la couleur du fond ne s'entrevoit que sur le centre des écailles; d'autres individus ont ces bordures irrégulières et dans d'autres encore, elles sont pi us fortes et tondues sur le dos: de là les innombrables variétés dans les traits qui ornent le dos , et qui se montrent tantôt sous la forme de pe- tites étoiles ou de fleurs, tantôt sous celle de bandes transver- sales et alternes de noir et de jaune, quelquefois rapprocliées deux à deux , ou séparées par des bandes rouges ; les jeunes offrent toujours cette dernière disposition des taches, ce qui les a fait considérer par BoiE comme espèce particulière: c'est le de n- (l) COL. T R 1 s T I s DaUDIN VOl. VI p. 43o ; COL, SCANDENS Mkrk. Tent. p. 129. DENDROPllIS ORiXATA. 235 DROP31IS cHR\socHi. GROS de 11eiinwa.rdt. On observe également trois Jjandes étroites et transversales sur le sommet de la tête; elles sont séparées par d'autres bandes moins dis- tinctes et composées de petites taches. L'iris est jaune ou brun. Le rouge et le jaune perdent beaucoup de leur éclat par l'action de l'esprit du vin. Pour se faire une idée des variétés que nous venons de dé- crire , il faut comparer les figures de cette espèce, données par RussEL (i),Séba(2) et ScHEUCHZER (3). Plusicurs de CCS figu- res ont servi de types aux coluber ornatus de Merrem y?. 109 , et au col. ibiboboca de Davbiis. i>oL P^I p. "iiy. Le Dendrophis orné a la tête beaucoup plus déprimée queles autres espèces, de là vient que les lames labiales sont très étroi- tes. Le museau est un peu tronqué au bout. La plaque du frein manque dans un individu de notre collection , ce qui a engagé feu BoiE d'en faire une espèce qu'il a représentée sur la PL 35 de V Erpétologie de Java sous le nom de chrypopelea PARADisii (4). Notre Dendrophis a à-peu -près le port du dendr. peint; son tronc est cependant un peu plus gros et la queue moins longue. Aucun serpent n'a le dessous aussi aplati et les angles de l'abdomen et de la queue aussi saillans que celui dont nous parlons. Les écailles , disposées sur 17 ran- gées, soiit de forme rhomboïde, moins obliques et moins alon- gées que celles des autres espèces : on voit , au lieu de carènes, une ligne noire. Les adultes mesurent environ 0,90 + o,3o. Les galeries de notre Musée présentent une suite complète de cette espèce ; quelques sujets n'offrent que 180 -|- 96 plaques, tandis que leur nombre s'élève chez les autres jusqu'à 223+128. Les uns sont dûs au zèle de nos voyageurs à Java, qui les ont trouvés dans l'in- térieur de cette île ; feu Boie nous en a fait parvenir plusieurs originaires de Sum atra, etil ena vuauCap recueillisàCeylan; (1) Jnd. Serp. Il PI. 2 pas{. /, ; kaixa-jin. -- (2) Thés. I. 94. 7 ; II. 7. 1 ; //. 5G. I et //. 61. 'i. — (3). Phys. .mcm UGoG C. (ij Fig^. 10 P/, TX (\c notre atlns. 236 DEIMDEOPHIS PRAEORAATA. d'autres nous ont été envoyés du Bengale; le docteur Witt enfin, abien voulu me céder un sujet rapporté de la presfju'îlHde Mal ac ca. Nous possédons quatre dessins de ce replile, faits sur les lieux. On ne sait rien par rapport à ses mœurs. Son sque- lette ressemble à celui des espèces voisines , mais les vertèbres sont moms alongées et par conséquent les côtes plus serrées : aussi sont elles pins longues qu'à l'ordinaire. Les dents sont très aiguës et de semblable longueur ; le maxillaire est assez arqué. 8 Esp. LE DENDROPHIS PJRÉ. B. FRAEIIMI^^ATA. J'ai donné à cette espèce nouvelle un nom qui rappelé à la fois la beauté de sa livrée et la grande analogie qu elle a sous ce rapport avec la précédente. En effet , on la prendrait au coup (l'œil pour une variété du dendrophis orné; mais un examen détaillé fournit des caractères qui servent à l'éta- blissement de ce bel animal comme espèce nouvelle. Recueillie sous les broussailles dans le pays de Walo au Sé- négal , un seul individu en a été rapporté au Musée de Paris par M. Perroteï Cet individu mesure 0,21 5 -1- 0,21. On lui compte 178 T 125 plaques et i5 rangées d'écaillés en rliombe et à surface unie. Outre cette petite différence dans le nombre des plaques , cette espèce se disliugue de la précédente par son corps mince, qui offre un abdomen convexe ou si peu anguleux qu'on ne s'appercevrait pas de ces angles , si la place n'en était pas indi- quée par une rangée de points noirs extrêmement délicats. La forme de la tête et des plaques dont elle est revêtue , est abso- lument la même que dans le Dendropijis orné. TJn bt-au jaune de citron forme la couleur du lond. Le dessus est orné de bandes transversales noires dont on compte .'S sur la tète; mais sur le cou , ces bandes se fondent pour DElVDÏlOniIS SMARAGDÎiXA. 237 former des taches noires qui , se réunissant à leur tour en 3 raies longitudinales noires , ne se perdent que vers le bout de la queue et dont les latérales bordent les flancs de l'animal. Celle du dos est lon<^temns imparfaite et ne consiste alors que dans les points noirs centrais des écailles de la ligne médiane. La teinte du fond change au gris pourpre à mesure que le des- sin du cou devient moins distinct, et cette ternie occupe tout le reste du dessus de l animal. 9 Esp. LE DENDROPHIS EMÉRAVDE. DEXDEOPillS SMx\FiAGî>INA. Les angles saillans de l'abdomen et un port très analogue à celui du DENDROPHIS FOR M OSA servcut a distinguer le Dendrophis éméraude des autres serpens dont le corps offre un teinte verte uniforme. Cette espèce a les écailles du tronc lancéolées , disposées sur i5 rangées , toutes semblables et re- levées par une très forte carène. Sa tête est moins alongée et plus conique que celle du Dendrophis formosa; le reste, ex- cepté les plaques occipitales qui sont plus grandes , est le même dans les deux es[jèces. Le beau vert qui orne toutes les parties, est plus foncé sur le dessus, plus clair sur le dessous. De peti- tes bigarrures de blanc se voient quelquefois sur les côtés du cou. Les;;individus , pourvus de l'épiderme, sont plus foncés ; leur teinte tire sur le brun et a un fort reflet métallique. Feu BoiE a décrit le Dendr. éméraude dans son Erpétologie de c/rf^^a d'après un individu provenant de l'ancien Cabinet. J'en dois plusieurs autres à la bonté du professeur deFremery à Ltrecht. La patrie de cette belle espèce que l'on ignorait jusqu'à présent, vient d'être constatée par M. Eschricht : il a bien voulu m'en céder deux sujets envoyés récemment de la Côte d'or. i56 H- 122 ou 174 + i44- — Longueur totale d'un individu à l'âge 238 DEIVDROPHIS COLUBRIIVA. inoyen 0,47 +0,28. L'espèce parvient à une taille de 3 pieds et demi. Elle a le bout postérieur du maxillaire garni de plusieurs dents très longues; aussi la glande salivaire fornie-t-elle à cet endroit un lobe très développé. 10 Esp. LE DENDROPHrS CO LU BRIN. DENDROPHIS COIAJBHIKA. PI. IX fîg. 14, T5et 16. 'Presque tous les voyageurs fi) , qui ont parcouru la colonie du Cap de Bonne Espérance, font mention de cette espèce, assez connue des babitans sous le nom de boom s lange; mais aucun n'a songé d'en faire une description scientifique. J'ai cru reconnaître notre opbidien dans la figure 3 PL 68 uoL H de Sejba; ce serait ainsi le col. caracakas de Gme- LiN Srst. liât. p. II 17. M. Smith (2) directeur du Musée au Cap a donné très récemment la description de plusieurs varié- tés de ce Dendropbis, formant autant d'espèces nouvelles de son genre bucephalus, genre qui ne repose lui-même que sur cet opbidien. M. Duvernoy (3) enfin en a fait son genre d ispho- lides, y ajoutant Tépitbète de lalandii. Ce Dendropbis intéressant s'éloigne sous beaucoup de rap- ports des autres espèces du genre. Il atteint une taille plus con- sidérable (4) et toutes ses formes ainsi que son port sont plu- tôt celles d'une couleuvre; sa manière de vivre cependant , l'organisation de ses écailles , la queue longue et plusieurs autres caractères suffisent pour lui assigner une place dans le genre Dendropbis. (i) LicHTENSTEiN Reisc. I p. 257 ; TnuNB. voy. p. 7 5- — (l) Znol. Journ. 1829 vol. IV p. Î\L\\. — (3) Jnnal, d. se. nat. Tome XXVI p. i5o et T. XXX PL 3. — (4) M. Rlinkcnbcrg à Utrecht possède un inclivitlu environ de six pieds de longueur. DEXDROPIIÏS COLIBRIXA. 239 L'abdomen est très large et convexe; le tronc en pentagone, un peu comprimé et revêtu do 19 à 2^ rangées décailli^s de semblable grandeur , assez alongées, presque linéaires, étroites et toutes surmontées d'une forte carène. La tête est très dis- tincte du tronc , courte, ramassée et obtuse; les lames , qui la revêtent, ont la même forme; les occipitales et les frontales antérieures sont petites. L'œil est très grand , bordé postéri- eurement de 3 plaques ; les narines sont ouvertes. On ne voit que y plaques à la lèvre supérieure qui est courte, l'ouverture de la bouche est par conséquent étroite. On observe les mêmes formes dans les os du crâne , qui sont très délicats pour la taille de l'animal. Les caisses suspassent en longueur celles des autres Dendrophis , les mastoïdiens au contraire sont beaucoup plus exigus. On observe à chaque bout postérieur des maxillaires deux ou trois dents excessivement longues et pourvues en avant d'un profond sillon. Cet os étant très court , ces dents sont situées immédiatement au dessous de l'œil, ce qui peut contribuer à les prendre pour des crochets. La mâchoire inférieure est très arquée. Les apophyses des ver- tèbres sont plus développées que chez les autres espèces et les côtes beaucoup plus longues. Pour la taille de l'animal , les glandes salivaires ne sont pas volumineuses; mais il existe une nasale assez développée qui remplit l'intervalle laissé entre les os frontaux antérieurs et les nasaux. Les intestins sont beaucoup plus spacieux que chez les espèces précédentes , dont celle du présent article s'éloigne encore par la présence d'un lobe pul- monaire accessoire. M. DuvERNOY 1. c. XXX PL 12 a donné de belles figures du canal intestinal de ce Dendrophis. Longueur totale : 1,10 4- 0,89 ; Nombre des plaques 180 -h 106 ou 197 + 120. — Un brun verdâtre ou olivâtre très foncé et tirant quelquefois sur le noir occupe le dessus ; le dessous est d'un jaune verdâtre, les bordures des plaques sont foncées. J'ai observé parmi une sixaine d individus, envoyés au Musée par M. M. Boie et van HoRSTOK plusieurs variétés intéressantes. L'une a le centre de 240 DEi\I>ROPHIS COLUBEÏÎVA. toutes les écailles d'un beau vert malachite ; l'autre est d'un brun marron uniforme; une troisième a îè dessous presque noir. Nous en devons un dessin fait sur le vivant à Pvî. Boie, qui a ob- servé en 1826 cette espèce dans les environs de la ville du Gap. En comparant cette figure aux individus conservés dans la liqueur forte , on voit que les teintes changent peu après la mort. Le docteur van Horstok me mande , que le dendrophis c o L u B R ï N habite particulièrement ies environs de Rondebosch et qu'il fait la chasse aux oiseaux , en se mettant en embuscade sous les feuilles des arbres. M. Lichtenstein (i) a trouvé, dans l'estomac d'un grand individu, six jeunes hirondelles à demi- digérées. Feu KiTHL a rapporté à notre dendrophis peint un serpent du Y e m e n , décrit par F or s k a l, Descr. p. 1 4, sous le nom de col. shokari. Je n'ose disposer de cette desciip- tionqui me parait plutôt tracée d'après un ophidien inconnu , intermédiaire entre les psammophis et les dendrophis: celle de KuHL est faite d'après le dendrophis picta. 2 Genre. LES DUYIOFJlfS. DllYIOPinS. Par rapport à leur organisation , les Dryiopliis forment un des genres les plus intéressans clans la grande tribu des ophi- diens non venimeux. Aucun des reptiles apodes n'offre des for- mes aussi élancées que ces serpens d'arbre. Leur corps souvent long de quatre à cinq pieds, n'est quelquefois que de la grosseur du petit doigt; la queue également grêle ei très mince, occupe presque constannuent la moitié de la longueur du tronc ; la tête enfin , extrêmement alongée et étroite , se termine tou- jours par un museau effilé, pointu et pourvu à son bout d'une plaque rostr a l e proéminente et souvent alongée en forme de trompe. On peut présumer que cette partie sert à ces ani- maux conmie organe du toucher et que ses mouvemens, ainsi que ceux du museau , concourent puissannnent à faciliter l'exercice des fonctions des narines , qui sont peu ouvertes et qui percent la petite plaque nasale t\ès alongée et placée laté- ralement près de l'extrémité du museau. La forme très effilée et étroite des pi aques qui revêtent la tête, est la conséquence nécessaire de l'alongement de cette partie : les frontales posté- rieures offrent particulièrement ces dimensions ,• les occipitales ont le plus souvent peu d'étendue, la verticale est toujours très étroite. Les plaques temporales ont une étendue considérable ; les labiales au contraire sont moins larges, variant en nombre de 6 à 9 à la lèvre supérieure. On ne voit de pla([ues frênaies que chez le dryiophis prasina. L'œil est entouré à son bord antérieur d'une seule plaque , à son bord postérieur de 242 BîlYiOPeiS. tleiix. Les côtés du museau sor/c presque toujours concaves , ei: forment près de i'œil un canal plus ou moins profond , sui- vant que les plaques superciliaires sont plus ou moins saillan- tes. Cette dernière circonstance et la largeur de l'ouverture de la bouche , à bord arqué ou échancré dans plusieurs espè- ces, rend la physionomie des Dryiophis un peu farouche. Le regard sauvage , particulier à la plupart de ces opliidiens , est dû en grande partie à la conforuiation sinj^Mlière de leur pupille , qui est horizontalement alongée et entourée d'un bord de l'iris plus clair : organisation unique dans l'ordre des ophi- diens. Mais il s en faut bien , que ces caractères soient constans dans tous les Dryiophis : les Dryiophis du nouveau monde par exemple, ont la pupille orbiculaire ; leurs dents sont en outre presque toutes de la même grosseur , au lieu que les Dryiophis de l'ancien continent offrent un système de dentitiini différent et tout particulier. On voit manifestement que les espèces américaines lient les Dryiophis au genre précé- dent , et que l'on peut fort bien leur appliquer le nom de faux- ])ryiophis , pour exprimer en même temps et leur nature diffé- rente et les rapports qu ils ont avec les autres espèces, que l'on peut désigner sous le nom de vrais-Dryiophis. Ceux-ci n'ont pas seulement des dents plus longues et sillonnées à l'extrémité postérieurede la màchoiresupérieure,mais on voit en aussi quel- ques unes de beaucoup plus robustes près du bout antérieur des deux mâchoires. Les glandes salivaires, plus volumineuses dans ces endroits , paraissent y conduire une quantité de salive proportionnellement plus grande que chez les autres serpens à dents d'égale grosseur. La forme du crâne des Dryiophis correspond avec celle de la tête : tous les os qui le composent sont assez étroits et etfdés mais robustes ; les nasaux spécialement offrent des dimen- sions longitudinales peu communes. L'orbite est peu spacieuse, vu que les yeux sont plutôt petits que grands ; lintermaxil- laire est très étroit et déprimé; les caisses sont larges, mais peu DUYIOPIIIS. 243 longues. Les iiiaxillnires sont plus gros à la place où se trou- vent les longues dents , et écliancrés iniinédiatenient derrière elles; le reste des dents, ainsi que cel'es du palais, sont assex petites et dirigées en arrière. On pourrait appeler canines les longues dents fixées près du bout antérieur de la mandibule supérieure (i) , vu qu'elles se trouvent immédiatement au de- vant l'oeil , et qu'elles sont précédées par plusieurs autres dents, qui diminuent en longueur à mesure qu elles s'approchent de Textréunté du museau; ces canines oitVent quelqueibis un faible sillon a leur face antérieure. Les nasaux sont réunis aux autres os du crâne au moyen d'une membrane ; de là la mobilité du museau. Le squelette des Dryiophis, excepté le crâne , ressem- ble beaucoup à celui du genre précédent. Ces serpens ont le lobe postérieur des glandes salivaires d'autant plus volumineux que leurs dents sont plus développées ; la partie de la glande qui se trouve au dessus des canines est également pi us grosse que le reste de ces organes. La glande lacrymale est très petite; il parai't qu'il n'existe pas de nasale, la rostrale est très peu développée. Les Dryiopbis offrent, comme la plupart desDendrophis, un seul sac pulmonaire. Ils ont les viscères beaucoup plus grêles que tous les autres ophidiens : les inflexions du canal intestinal sont si peu apparentes qu'elles paraissent sous forme d'étranglemens. Le tronc des Dryiophis est en pentagone très comprimé ; tandis que le diamètre de la queue offre un triangle sphérique presque régulier. L'abdomen ne présente jamais des angles laté- raux : il est au contraire étroit et plus convexe que le dessousde la queue. Les vertèbres étant assez alongées et les petites côtes éloignées les unes des autres comme dans les Dendrophis, il s ensuit que les plaques du dessous sont très longues, et que les écailles du tronc ont également une étendue assez considé- rable dans le sens longitudinal. Mais comme les lignes qui termi- nent le bord postérieur des écailles sont assez obliques, il résulte (i) Ces dents ont été considérées comme crocheis par phisieurs auteurs. 244 DRYIOPHIS. que ces organes sont très étroits , et qu'ils affectent la forme linéaire ou lancéolée, particulièrement sur les parties antérieu- res de Tanimal. Les d r y i o ph i s de c a t e s b y et l a n g a h a ont les écailles du dos carénées, tandis que le dryophis NASiQUE seul en offre une ran^rée dorsale plus grandes que le reste. On compte chez toutes les espèces , à lexception du Dryioplîis de Catesby qui en a 17,15 rangées longitudinales d'écaillés sur les parties antérieures du tronc. Les couleurs des Dryiophis qui varient du vert au brun, annoncent que ces animaux passent la plus grande partie de leur temps sur les arbres , où la conformité des teintes les con- fond avec les branches ou avec le feuillage j elle leur prête , pour ainsi dire, une arme négative pour se soustraire aux pour- suites de leurs ennemis , tandis qu'ils ont eux-mêmes Tavantage de s'approcher de leur proie sans en être aperçus. Les parties inférieures sont le plus souvent raiées longitudinalement de jaune ou de blanc. Les Dryiophis , de même que les Camé- léons , les Anolis, les Poly.hrous, les Galéotes et beaucoup d'autres reptiles , ont la faculté de changer la couleur de leur peau, phénomène du au pouvoir des passions qui agitent ces animaux, à la nature des objets qui les environnent , à l'influ- ence du jour ou des rayons du soleil. Les formes et les couleurs sont sujettes a varier comme celles de tous les autres ophidiens. Quelques individus ont sur les côtés du cou plusieurs suites débandes obliques, composées de raies noires : ces bandes sont entremêlées de lignes blanches chez d'autres La plaque rostrale varie considéraldement d'un individu à l'autre quant à sa configuration, notamment dans les dryiophis PRASiNAetNAsuTA. La belle coulcuT vcrtc dont la plupart sont ornés , se trouve dans toutes les nuances depuis le vert bleu jusqu'au vert de mer, passant tantôt au jau- ne , tantôt au rouge-pourpre (i). L'esprit de vin affecte peu (i) Voyez les figures de variétés analogues chez Seba // 82. 3 et chez RUSSEL /PI, i3. DUYIOPIIIS. 245 l'éclat (les teintes 5 touteiois le pigment vert se déteint et se couiniunique à la liqueur. Les petits ne difTèreiU tie leurs parens que par leur taille qui s élève souvent, (liez les adujtes , jus([\r à 5 ou 6 pieds de lon- gueur totale. Le nombre moyen des plac|ues est de 200 4- i5o. Les Dryi(")pliis sont des hahitans de la zone torride ou des régions voisines des tropes. Ils n'ont été observés jusqu à pré- sent que dans les deux Amériques et en Asie. L île de Java nourrit une belle variété de climiit du Dryiophis nasique , qui est rénandu sur la plus grande partie de l'Asie méridionale jusqu'aux Philippines. Les autres espèces ont les bornes de leur patrie plus circonscrites. L'espèce propre à IMadagascar offre une organisation aussi anomale que la plupart des autres pro- ductions du règne animal de cette grandeile. Les Dryiophis font la chasse aux grenouilles et à d'autres reptiles. Ce genre remar- quable a été peu étudié. Les icomjgraphes ayant le plus souvent négligé de comparer les différentes espèces , d'en indiquer la patrie et d'établir leurs caractères distinctifs, il règne une grande confusion à l'égard de la détermination des espèces , et ce n'est ou avecinccrtitude, que l'on peut rapporter les figures existantes à leur tvpe ; à cette catégorie appartiennent celles , publiées par ScuEuciizER PI. 655/. y et PL 63o ^ (i); celles de Seba 7/82, I et 3; 77 23. 2 (->.); celle de Daudin 2-0/. ^/P/. 8o(3), de Litreilll; (4) 2^^^^. I^ p- 122 , enfin celles de Linné 3'Jiis. .Ad. Fr. PI. 5 et Pf. 19. /i 2 (5). 11 est cependant manifeste , que la plus grande partie de ces figures ont été faites d'après les DRYIOPHIS NASUTA et PRASINA. (i) Cette dernière figure est le type du col. scheuchzerii Mf-rh. /?. 120 , auquel ce dernier savant rapporte Skba 77 53. 3 elles col. ruLGinus de Daudin , n as utus et purpura s cens de Shavv. — fi) C'est le NATRix FLAG EL Li FOR M 1 s Lalr./;. 79 : dénomination différemment employée par Merrem/?. 1 16. — (3) col. ru lgidus. — ( 4 ) C O L. N A s U T U s. — (5) COL. M Y C T E R I / A N S. 94G DRYIOPHIS IVASUTA. Mer REM , toutefois en laissant quelques unes des espèces clu genre Dryiopbis parmi celles du genre natrix, en a dis- trait d'autres et les a reunies dans son genre dry i nus, déno- mination changée, à ce que je crois par M. Dahlm\n, dans un des rapports annuels fait à l'académie de Stockholm en celle de DRYiormset adoptée ensuite par Jjoie et par d autres natu- ralistes modernes. L'espèce de Madagascar a été introduite dans les méthodes sous le nom de Lanoaha, comme faisant une coupe générique à part dans la famille des Serpens veni- meux. On a très récemment subdivisé le genre Dryiophis en plusieurs autres , ce qui a donné origine à ceux de p a s s e r it a de Gray (i), de t-epïophis de Bell (2) , do x y b élis et de TRAGOPS de Wagler (3). Les Dryiophis appartiennent au nombre des serpens rares dans les Cabinets. On peut adopter deux divisions géographiques dans ce genre. Les Dryiophis de l'a n ci e n monde, dont nous traiterons d abord, ont des dents canines assez développées et la prunelle de l'œil horizontalement alongée. I Esp. LE DRYIOPHIS N^JSIQUE. 1>. Nx\SUTA. PI. X lîg. 1 , 2 et 3 , var. de Bengale ; fîg. 4 et 5, id- de Java, II faut consulter les fii^ures du passeriki de Piussel ^^4^ pour se faire uueidée de cette espèce, r(q)andue surune grande étendue de pays; car j'en ai vu au Musée de Paris des sujets pris à Malabar , à Ceylan , à Pondichery , au Bengale, à Java, aux îles Philippines et aux Mariannes. J ai représenté (5) la (i) Syn. p. î8, — (7.) Zool. Journ. Il p, '\ii. — ('')) Syst.p. 18':) et i84. — (0 ind. Scrp. PL ix el i'3. — (5) /V. A/i', i , 1 et 3. DUYÏOIMIIS .^ASUJ.^. 2i7 tête He rindividu décrit par Lacépède (i) , et qui lait actuelle- ment partie de la colieclioii du Musée des Pays Bas. Ce Dryiophis a le museau liés aigu et termiiu' par une appen- dice mobile, charnue et proéminente en Ibrme de petite trom- pe, pliée sur les côtés et canaliculée en dessous; mais dont la longueur varie cpielquefois d Un individu à Vautre: nous en possédons où cet organe est très injparlaltement développé. Il est emboité par les plaques nasales, qui sont très effilées et qui ont leur bord supérieur saillant , de sorte que le dessus du iimseau s'enfonce entre ces bords. Les plaques frontales anté- rieures sont pointues , les occipitales peu larges. On voit à la lèvre supérieure huit plaques, dont celle qui se trouve avant ] œil est le plus souvent divisée en deux ou en trois petites plaques. Les narines percent lextrémité postérieure des plaques nasales. La rangée médiane des écailles du dos est un peu plus grande ([ue le reste.* Un individu adulte de notre collection mesure 0,90 -+-0,61. Les plaques du dessous sont tantôt au nombre de 1^2+ i4o tantôt de 188 + 166. Cette espèce est d'un beau vert d'herbe avec les parties infé- rieures plus claires ou marbrées de rougeàtre. Une raie blan- châtre ou jaune naissant derrière l'œil se perd à la comniissure des lèvres, une autre très distincte règne le long de chaque côté de labdomen et de la queue. J en ai vu plusieurs variétés, indiquées dans les généralités. Elle vient des grandes Indes où elle est, suivant Russel (a), très commune , notamment dans les environs de A izagapatam. Elle est connue dans ce pays sous le nom de passeriki- PAM , de PASTiLETTi et de bo ttl a-p asser i k i. Elle habite les arbres, et a les mœurs très féroces. En attaquant, elle fait entendre des sifflemens aigus , élève la tète, épanouit (1) I. A >ASIOliK , COL. NASUTUS Qua(^. Ovlj), Il p, 277 PL A jig. i, (2) l p. i(j et siiiv. 948 DUVIOPHIS LANGAHA. la peau du cou et mord indistinctement tous les objets qu'on lui offre. La morsure n'a aucune autre suite que la douleur produite par la blessure. Le vulgaire de ces contrées prétend que ses attaques sont principalement dirigées contre les yeux des passans. Un individu envoyé des îles Mnriannes, au Musée des Pays- Bas ne diffère point de ceux du Bengale. Nos voyageurs en ont rapporté un grand nombre de l'île de Java, où on la nom- me ouLAR gadon: les individus de cette île ont le dessous orné de quatre raies longitudinales très larges, ce qui a enga- gé Cuvier (i) d'en faire une espèce à part. J'ai représenté la tête de cette variété, sur la PL ^ fg. 4 ^t.^- Les raies abdomi- nales moyennes se trouvent aussi , quoifjue moins distinctes, dans les individus du Bengale et des Mariannes. 2 Esp. LE DRYIOPHIS UNO AH J. D* LANGAHA. Eprouvant un sort semblable à celui du Fennec, le renard à longues oreilles des déserts de l'Afrique (Caniscerdo), leDryio- phis dont nous nous proposons de traiter, a été longtemps méconnu et placé dans plusieurs genres dans le voisinage de reptiles très différetis des Dryiophis. Je l'avais réuni à ce geni-e avant de connaître l'animal en nature , et je vois que je ne me suis nullement trompé, après avoir eu sous les yeux les deux individus de Langaba rapportés dernièrement de Madagas- car par M. Sganzin: ils sont les seuls connus dans les collec- tions et font partie de celle du Jardin des plantes. La descrip- tion que je vais en donner ici et la figure que je publierai dans un autre lieu , montreront combien sont peu exactes les seules vi) COL. p \ V o N IN us (lu Musée de Paris. DRYIOPMIS LAIVGAHA. 249 notions que Ton avait jusqu'à présont sur ce curieux reptile: ce sont celles de Rriguièuks (i). Le Dryi()[)liis Lanj^aiia est un des mieux caractérisés du gen- re. II a des loriues moins élancées que les autres espèces; son système dentaire est le même riue celui des Dryl(^phisde l'ancien monde; coujine ceux-ci ses yeux offrent une prunelle horizon- talement alongée ; mais il partage seul avec la grande espèce américaine le caractère d'avoir les écailles du dos carc'mées. Son museau terminé par une appendice mo'le en forme d'alêne et presque de la longueur de la icte , offre un trait qui sert à distinguer ce Dryiopliis , non seuh'ment de toutes les autres espèces du genre, mais aussi de tous l(\s autres reptiles. D'autres caractères établis par Bruguières , comme d'avoir la tête revêtue en partie d'écaiiles , une queue entourée de bandes simples et recouverte vers le bout de petites écailles, la nuance des couleurs blancbàlre tirant sur les lilas etc., me paraissent purement ir.iagir.aires ; du moins ils n'existent pas dans nos individus. La tête au contraire est garnie de jilaques analogues à celles des autres espèces ; la queue offre, sur le des- sous des plaques divisées toutes semblables et les couleurs, au lieu d être très pà'.es , sont assez vives et foncées. Un beau brun rougeàtre ardent occupe les parties supérieu- res; le dessous est d'un laune foncé très vif et moucheté de brun , particidièrentent sous la queue. On volt de chaque côté des lianes une raie très large et un peu plus foncée que la cou- leur du fond : cette raie paraît être composée de deux raies rapprochées. Cette espèce offre un corps moins comprimé et plus robuste que les autres ; le ventre est un peu anguleux. On compte 19 (i) Journ. de Physique, vol. XXIF p. \'6i sitiv. PL 1/ — Synon : LANGAHA MADAGASCARTENSIS. LaC. II p. ^69 LANGAYA NA- s u T A Sha \\ Gen. Zco/. Il l PI. II p, 571. a m p u i s b a e n a l a n g a h a SCHNEID. Illst, Jmph, Il p. l5l. 250 DRYIOPHIS PRASli\A. rangées d'écailles lancéolées et toutes surmonlées par une forte carène. On voit 2 plaques frênaies enchâssées entre les deux oculaires antérieures et entre !a nasale qui est orhiculaire , latérale et percée par des narines peu ouvertes de la même for- me, il existe souvent une ou deux plaques surnuméraires entre les surcilaires et les frontales postérieures. Les frontales anté- rieures peu développées sont précédées par 4 f>u 5 petites pla- ques , rangées autour de celles-là. \iennent enlin celles de l'appendice charnue du museau qui sont en grand nombre et qui méritent plutôt le nom d écailles. Lœil est garni postérieu- rement de 4 plaquas, auxquelles succèdent les temporales sous forme d'écaillés. Le Langaha parvient problablement à une taille plus forte que les individus que j'ai sous les yeux et dont lun mesure 0,5 1 -t-o,3v35; l'autre a la queue mutilée. Les plaques du dessous sont au noudjre de 148 -f- i56. 3 Esn. LE DRYJOPHIS COULEUR DE POIREAU. DRYIOPHIS PRASÏNA. PI. X fîg. g et 10 ; fig. 1 1 el 12 var. On peut également appliquer l'épithète que porte l'espèce du présent article , aux autres vrais Dryiophis , dont la plupart offrent un système de coloration analogue, c'est à dire d un beau vert plus ou moins foncé. Le dessous est plus clairet séparé des flancs par une raie jaunâtre. Cependant on observe des variétés plus claires tirant sur le jaune ou sur le rouge, et les cotés du cou sont souvent raies obliquement de noir, de bleu ou même de blanc. La placjue rostrale , plus petite chez cette espèce que chez les autres mais àl)ord saillant, est adossée obliquement au dessous du bout du museau: elle varie DRYIOPIIIS PRASliXA. 251 en grandeur et en forme suivant les individus ce qui , conjoin- tement avec quelcjues raies abdominales de plus , a l'ait consi- dérer cette variété accidentelle comme espèce distinct<; (i ): peut être faut-il attribuer cette dilïérence au sexe. Notre Dryiophis se distingue d'ailleurs de tous les autres par la présence de deux petites plaques frênaies , par des nari- nes rapprochées du bout du museau et par le développement des dents , celles de la mâchoire supérieure cjue nous avons comparées à des canines , étant très longues et sillonnées. Cette conformation a ]K)ur suite un prolongement des lèvres sur ce point: de là la forme irrégulière des 'j plaques qui la revêtent, et la légère ressemblance de la physionojnie de ce Dryiophis avec celle d'un chien dogue, ressemblance moins sensible dans les jeunes individus qui ont les dents peu développées. . i,o4 + o,5o ; i86 + i38 ou 212 + \r(\. Le Dryiophis couleur de poireau a été découvert à l'île de Java par M. Reinwardt. Nos voyageurs nous en ont fait par- venir un grand nombre d'individus. Le Musée des Paris pos- sède des individus recueillis au Bengale et en Cochinchine par M. Diard. L'île de Ce lèbes profluit un Dryiojdiis, sen)b!able sous tous les rapports à celui du présent article; les quatre sujets rapportés de Manado par M. Strauss font partie du Musée des Pays-Bas: ils m'ont offert un noinbre assez grand de lames abdo- minales et souscaudales, ce qui m "engage à regarder les individus de Célèbes conime appartenant aune variété constante. Dimen- sions : 0,^3 -f- 0,44 <^u 0,176 H- 0,46. — Iliaques: 220 + 198 et 226 + 218. — On voit une belle figure de l'adulte dans Russel // PL 24. (l) DRYIOPHIS X A N T H O Z O NI A. El'pélol. (le JfH'a PL 36. 252 DRYÏOPHIS CATESBYI. 4 Esp. LE DRYIOPHIS DE CAIËSBY. D. CATESBYI. \iennent maintenant les D R Yi o PII I s D u nouveau mon- de, qui olfrenl deux caractères faciles a saisir , savoir: une prunelle orbiculaire et des dents moins développées , que le sont celles des autres nryiophis. Je n'ai pu me résoudre à donner )a préférence à aucune des dénouiinations , proposées par les naturalistes pour désigner le Dryiophis de Cateshy. Leurs descriptions offrent toujours un mélange inextricable des deux ou trois espèces voi ines du genre Drjiopliis ; il me paraît même que celle du présent article n'a été examinée par aucun naturaliste depuis Cateshy (i). En changeant ces anciennes dénominations ,j'ai voulu simplement indiquer fauteur auque! il faut s'adresser pour l'original des descriptions: il se trouve chez Catesby p. 4y -, avec figure. Ce voyageur dit que le Coach-wlilp-snake est aussi agile qu inno- cent , qu'il habite les arbres et qui! vil d insectes. Le nom an- glais qui lui est conféré chez Caiesby , est probablement appli- qué indifféremment à plusieurs serpens de forme grêle. Ce Dryioplîis habite les provinces méridionales des Etats-Unis de l'Amérique de Nord , d'où M. Bosc l'a rapporté au Musée de Paris. Ce même étaî)lissement en doit des individus à M. Plée , qui a retrouvé l'espèce à la Martinique. Mais elle vit aussi à Caj'cnne, comme le prouvent les envois faits de cette colonie aux Musées de Paris et des Pays-Bas. Elle se reconnaît au premier abord à la forme du museau qui est très déprimé, assez conique et pourvu au dessous d'une plaque alongée, presque ovale et horizontalement adossée au bout du nez. La grande lame qui occupe la région des tem- pes , offre un autre trait facile à saisir. Les teintes vertes [i) Wagler vient d'en donner une figure médiocre: Icônes Pi. lo: DRYÏOPHIS FULGIDUS. DRYÏOPHIS ARGEIVTEA. 253 Véloi'ment des espèces suivantes et diiLangaha, et elle se (listlng-ue des autres Dryiophls qui offrent un pareil système de colora- tion , par ses égailles carénées, par la prunelle orbiculaire et par un système dentaire moins développé. Les narines se trouvent au centre de la plaque nasale. On compte 9 lames au bord de la lèvre supérieure. Celles du som- met de la tête n'offrent rien de particulier et imitent les formes extérieures. La ligne (pii détermine l'ouverture de la bouche est profondément courbée en S. On n'observe point cette grande différence dans lalongueur desdents comtnecbezla précédente, à la quelle celle du présent article ressemble parfaitement à l'éiiard des teintes. Nous voyons par ces données que cette espèce lie les vrais Dryioplîis aux espèces suivantes, vu qu'elle a !e port, les cou- leurs et la forme de la tète îles premiers ; tandis que la confor- mation de l'œil et des dents conviennent davantage avec ces organes chez les faux-Dryiophis. Les lames abdominales sont de 198 ou de 210. La queue étant mutilée dans nos individus, nous ne saurons assigner avec certitude à cette espèce le nombre des plaques souscaudales. L'un , d'eux dont pointe de îa queue seulement est enlevée, en offre i4o. La longueur totale est de 1,08 + o,5o. 5 £sp. LE DRYÏOPHIS ARGENTE. D. ARGENTEA. PI. Xfig. 14 et i5. La description de cette espèce n"a été publiée que par Dau- DiN (il: c'est sa couleuvre argentée. Notre Musée en a reçu plusieurs individus de Cayenne ; (1) Rept. vol. VI p. 327. 254 DRYIOPHfS ARGENTEA. d'autres ont été cédés à cet éLal)lissenieiit par le professeur de Fremery àUtrecht (i). Un de ces derniers mesure 0,^78 4- 0,46 ; d'autres n'offrent que 0,07 + 0,24 ; on \'oit par ces données , (Hie la longueur de la queue est très sujette à varier , ce qui est encore plus manifeste par le nombre peu constant des plaques qui varient depuis 189 + 112 jus(ju'à 207 +3 siinpl. + n6 divis. Cette espèce a les formes plus délicates que le dkyiophis DE c ATESBY, auqucl cllc ressemble un peu pour le port. Elle offre également une pupille arrondie et des dents pres([ue d'é'^ale orosseur; mais sa lèvre supérieure est bordée de six pla- (fues seulement; ses écailles sont lisses, moins aiongées^ lancéo- lées et disposées sur i5 rangées ; sa plaque verticale est plus étroite et la rostrale a beaucoup moins d'étendue: aussi les teintes sont-elles toutes différentes dans le Dryiophis argenté qui offre, sous ce rapport, une analogie frappante avec le PSA.IVIMOPHIS ÉLÉGANT. Un beau blanc argenté finement moucheté et marbré, occupe le fond- deux raies d'un bleu d'azur profond, naissant au bout du museau régnent le long des cotés du dos ; deux autres plus larges séparent l'abdomen des flancs, qui sont ornées de plu- sieurs autres raies très peu visibles. Le dessous est orné de trois raies éo^alement bleues , dont les latérales sont beaucoup moins larfyes (lue la moyenne, qui s'efface vers les deux bouts de 1 ani- mal: on voit à sa place, sur le dessous du cou, de petits points noirs qui s'avancent jusqu' aux lèvres , où ils sont souvent très foncés. Le beau dessin de cette espèce est quelquefois peu dis- tinct et doit subir de grands changemens, si la peau est pour- vue de son épidémie d un brun de bronze à reflet métallique , et qui ne s'est conservé que sur la tête d'un de nos individus. L'affinité que présente ce Dryiophis avec le p s a m m o p h 1 s E I. É G A N T est assez frappante : nous avons énuméré, à l'article (2) M. Klinkenberg à Utrecht possède également des sujets de ce joli Uryiophls, DRYIOPIIÏS AUllATA. 255 (le ce dernier opliidien, K^s irails qui servent à disting^uer deux, êtres aussi voisins pour le coup d'œil. 6 Esp. LE DiiYlOPIJiS DOUÉ. D. AURATA. PI. X fig. i6, T7 et i8. Nous avons déjà fait mention , à l'article de noire dendro- PH is DORÉ, de la grande analogie qui existe entre les teintes de celte espèce et celle du présent article et de TAnolis qui porte le même nom. Les figures du Dryiophis doré, publiées par le Prince de JNeuwied (i) , par Wagler (2) , par Bell (3), et celle que M. Dieperiînk a lait faire à Surinam d après le vivant, prouvent assez que la belle couleur de J)ronze doré (juiorne toutes les parties de cette espèce brille, à Tétat de la vie, de tout l'éclat des teintes de Tiris ; tandis que les individus conservés dans la liqueur forte n'offrent qu un gris pourpre uniforme, parsemé d innombrables petits points noirs , et mou- cheté ou bigaré de blanc quifornje souvent des marbrures assez étendues. Les points noirs sont souvent agrégés sous la forme de taches plus grandes ou sous celles de lignes, réunies en séries obliques sur le cou. Ce Dryiophis est le plus svelte du genre : son tronc n'offrant qu'un diamètre de la grosseur d un tuyau de plume de cygne sur une longueur totale de 0,80 4- o, 54- Le nombre des pla- ques est de i83 -h j54ou de 196+ i^4' Le museau est plus ellilé que celui de l'espèce précédente à laquelle il ressemble (i) Jhbilcî. Livr. 1^1 F PL i:col. acuminatus. — [1) Serp. bras. PL 3 ; d f^ y 1 n c; s a e v e u s ; il en a fait plus tard le genre o X Y B E L I s , voir Syst p, i83. — dryinus auratus Zoo/. Journ, II p. "^ïS. 25G DRYIOPHiS ALRx\TA. sous beaucoup des rapports ; ses dents canines sont encore moins développées que chez le Dryiophis argenté , et l'ouver- ture de la bouche, quoique large , est peu arquée. Les glandes saiivaires sont beaucoup moins développées que chez les vrais Dryiophis. Ce Dryiophis est répandu sur la plus grande partie de l'Amé- rique intertropicale. Le Prince de Neuwied (i) la observé près de^la rivière Espirito-Santo , Spix dans les forêts aux bords de la rivière Sabmoëns. M. Dieperink nous en a envoyé en quantité de Surinam. M. Plée en a rapportés de la JMiîrtinique au Musée de Paris. L'individu décrit par Bell était originaire du Mexique. La circonstance que cette espèce est distribuée sur des pays si éloignés, méfait présumer que le coach-whip- SNAKE (2) de Ca-tesby pi. 54, doit être rapporté ici : asser- tion d'autant plus vraisemblable qu'on sait que les Flondes nourrissent plusieurs animaux propres au Mexique ; de plus , les données de Gatesby coïncident parfaitement avec nos obser- vations. Cet auteur et le Prince de Neïjwied assurent que le Dryiophis doré est très agile et qu'il habile les arbres. 1^1) Beitr. p. 3a2, suiv. — (2) c o ach- wh i p-sn akf, , ce qui signifie serpent fouet de coclier , nom anglo-américain , appliqué sans distinction à plusieurs ophidiens à formes svelles. Les auteurs ont attribué la Ira- duction latine de cette dénomination indifféremment aux deux espèces de Dryiophis de l'Amérique du Nord. 3 Genre LES DIPSAS. DIPSAS. Le troisième et deinier «enre de la famille dont nous trai- tons, est d'un tiers plus riche en espèces que les deux précé- dens pris ensemble. Je comprends sous la dénomination de Dipsas (i) tous les serpens d'arbre, qui se rapprochent des Couleuvres proprement dites par leur port et les propor- tions volumineuses de leurs parties : une tête ramassée et très obtuse, une pupille verticalement alongée, un corps com- primé et une queue souvent très effdée servent à distinguer les Dipsas à la fois de celles-ci et des genres Dryiophis et Den- dropliis. J'ignore si tous les naturalistes justifieront les vues qui m'ont dirigées, en réunissant dans ce genre un si grand nombre d'espèces qui offrent souvent des caractères très dis- parats ; mais je n'ai pu me résoudre à dévier du principe que je me suis proposé dans cet ouvrage , nommément de ré- duire la science aux élémens les plus simples. L'expérience m'a démontré qu'aucun caractère générique isolé ne peut être appliqué , avec précision, même sur une seule espèce de ce genre. En retirant par exemple , des autres Dipsas, les espè- ces qui offrent une série dorsale d'écaillés plus grandes que le reste, on en éloigne les dipsas iriiegularjs, colu- (i) DIPSAS mot grec , dérivé de âiy\>a , so if: c'était chez les anciens un serpent dont la morsure , à ce qu'ils disaient , causait au blessé une soif ardente. 17 258 BÏPSAS. BRIN A et AEGYPTiACA, espècesclcs mieux caractérisées du genre et ressemblant sous tous les autres points au reste. KuHL et BoiE ont séparé les Di PSAS la e vis, carinata et B o A sous le nom cI'a m b t. y c e p h a l u s , vu que ces espè- ces ont les dents petites et toutes semblables, caractère qui convient aussi au Dipsas Weigeîii , Catesbyi et à d'autres • mais l'un des Amblycephales a les écailles lisses , l'autre les a carénées, le troisième enfin a la série dorsale des écailles plus larges que le reste, sa queue est munie en dessous de plaques sim- ples, la pupille estorbiculaire, etc. : le premier offre des formes massées et un port semblable à celui des Calamars, tandis que le dernier présente une taille des plus élancées. On observe de plus, dans le genre Dipsas, trois ou quatre espèces à écailles carénées, qui se distinguent encore entre elles par d'autres caractères particuliers quoiqu'assez vagues. La forme des pla- ques de la tête varie extrêmement et est aussi peu constante que celle des autres parties, assertion dont on peut se convaincre parla comparaison de nos figures des dipsas bucephala, CATESBYI, CARINATA, BOA, NATTERERI, etC. Il me paraît inutile d'alléguer encore de nouvelles raisons à l'appui de ma manière devoir. L'expérience est le meilleur précep- teur: elle m'a suffisamment démontré que le succès qu'on se promettrait par la distribution des serpens en sous-genres , ne repondra que faiblement aux espérances que plusieurs natu- ralistes ont conçues d'un pareil travail. Wagler par exemple, a subdivisé le genre Dipsas en six sous-genres différens qui ne renferment que la moitié des espèces connues: en examinant ces coupes de plus près, on voit que cinq d'entre elles, qu'il nomme PAREAS, TELESGOPUS , RïilNOBOTHRIUIM, DRYOP^ÎI- LAx et THAMNODYNASTES uc Contiennent chacunc qu'une seule espèce et que, pour être conséquent, il fallait distraire de son genre Dipsas, le d. irregularis qui n'a pas d'écaillés dorsales plus grandes , comme le dit ladiagnose: j'o- mettrai les autres erreurs que ce novateur a commises dans sa BIPSAS. 950 <îifignose à la tête du genre Dipsas, comme d'avoir une pu- pille orbiculaire etc (1). Les Dipsas ont un tronc beaucoup plus gros que les autres serpens d'arbre, mais il est tellement comprimé que le diamètre offre un ovale alongé, dont les dimensions lono-itu- dinales surpassent les transversales du dou!)le ou du triple: cette forme du corps a pour suite que l'a b d o m e n n'est ordi- nairement pas anguleux comme chez les autres serpens d'ar- bre ; il est au contraire assez convexe et très étroit. Les lames , qui le revêtent et dont le nombre s'élève le plus sou- vent jusqu'à 25o , montent plus ou moins sur les flancs. Le dos est, chez la plupart, en carène et quelquefois muni d'une rangée d'écaillés plus grandes que le reste ; ces écailles ayant le bout tronqué , leur forme offre un hexagone presque régulier. Les lignes, qui déterminent les bords des écailles, étant beau- coup moins obliques que chez les deux genres précédens et les lames de l'abdomen moins larges , il s'ensuit que les Dipsas ont des écailles moins alongées que les Dendrophis et les Dryiophis: elles sont au contraire carrées, en rhombe ou un peu lancéo- lées et pointues au bout ^ lisses chez les uns, carénées chez les autres ou ornées simplement d'une petite ligne foncée au lieu de carène, et le plus souvent disposées sur 21 ou 28 ran- gées , quoiqu' on observe plusieurs espèces qui n'en offrent que 17 ou i5 ou même i3. Le tronc des Dipsas s'amincit insensiblement vers les par- ties postérieures ; la queue est moins déliée que chez les deux genres précédens , quoique plusieurs espèces l'aient très longue et grêle : de là les différences con sidérables dans le nombre des plaques souscaudales , qui est quelquefois de i5o, tandis que d'autres n'en offrent que 80 ou même (i) FiTZiNGER. C/ass. p. 6g a formé son genre sibon aux dépens de celui de dipsas: il v réunit les di p s. tr i g onat a , n F. b u- LATA et ANNULAT A. 2G0 DIPSAS. moins. Une espèce de ce genre, le dipsas boa, à conslamrnent des lames simples sous la queue ; une autre-, le Dips. iRREGULARis cn oftre qui sout très sujctt cs à Varier à cet égard , et on lui voit des plaques simples et divisées ,?mêlées dans toutes les proportions. Le diamètre de la queue est de forme spliérique plus ou moins régulière, qui se rapproche de l'orbiculairevers le bout de ce membre. Le tronc des Dipsas étant excessivement comprimé , il ré- sulte que la tête, plus grosse chez les Dipsas que chez tous les autres serpens dont nous avons traité jusqu'à pré- sent , est assez distincte du cou. Elle est très large à la base, un peu conique , ramassée et se termine par un museau gros, obtus , arrondi ou tronqué au bout et le plus souvent de forme trapue. La plaque , qui termine cette partie , n'est jamais proéminente, et toujours en pentagone assez large. Les narines latérales et rapprochées du bout du museau sont plus ouvertes que chez les autres serpens d'arbre. La forme trapue de la tète et sa hauteur considérable déterminent la forme des plaques dont elle est revêtue, lesquelles sont très larges et ramassées , au lieu d'être effilées et étroites comme celles des deux genres précédens. Les frontales antérieures et les occipitales sont moins développées que le reste ; le nombre des temporales et des labiales varie suivant les espèces , dont quelques unes sont dépourvues de plaques du frein, tandis que d'autres en offrent plusieurs. La plupart des Dipsas ce- pendant ont, devant la plaque du bord antérieur de fœil, une frênaie plus ou moins large. On voit le plus souvent derrière l'œil deux plaques qui, chez quelques espèces , sont liées aux infraorbitales par d'autres petites plaques. Les lames du dessous de la tête présentent parfois des formes extra- ordinaires : c'est particulièrement chez les dipsas bu c e- PHALA, CATESBYI, CARINATA, LAEVIS et:BOA,rque les mentales sont assez larges et développées aux dépens des labiales et des écailles mentales ; ces dernières se trouvant mPSAS. i2(i 1 en petit nombre , vu que les lames gulaires très larges s'étendent assez en avant. L'œil est toujours cVun volume considérable, quelquefois assez saillant, et oiTre une prunelle verticale , de forme lancéolée : règle constante qui ne souffre d'exception que dans les d i p s a s boa et de d i e p e r i n k. L'ouverture de la bouche est large et quelquefois un peu arquée. La forme obtuse du museiui , la grosseur dispropor- tionnée de cette partie relativement à sa brièveté , et une lèvre supérieure le plus souvent montant brusquement vers le museau : tous ces caractères prêtent à la physionomie des Dipsas quelque analogie avec celle des chiens-dogues; les yeux saillans et à pupille verticale ne contribuent pas moins à ren- dre leurs traits plus farouches. Les os, qui composent le squelette des Dipsas, sont beau- coup plus robustes que ceux des autres serpens d'arbre. Les côtes sont plus longues , moins distantes les unes des autres, et plus arquées. Les vertèbres sont plus ramassées et munies d'apophyses épineuses assez développées ; une espèce, le dip- sas ANNULATA offrc dcs apopliyscs transversales d'une forme toute particulière. Le crâne est très trapu; l'inter- valle entre les orbites est profondément échancré en dessous; les nasaux sont larges et courts , les caisses moyennes et quel- quefois longues. L'apophyse coronoïde de la mâchoire infé- rieure est beaucoup plus développée que dans les Dryiophis et dans les Dendrophis , où elle est presque réduite a rien. La mâchoire supérieure, quelquefois tournée en dedans , est peu longue et armée, pareillement que l'inférieure et le palais, de dents dont la conformation varie assez d'une espèce à l'au- tre. Ces dents sont exiguës dans les unes, serrées, d'égale longueur et disposées en peigne; d'autres en offrent déplus grandes mais moins nombreuses; celles du bout antérieur des deux mâchoires sont tantôt plus grandes que le reste, et tantôt c'est le bout postérieur du maxillaire (|ui est pourvu de plu- sieurs dents plus longues ou même sillonnées. 262 DÏPSAS. ^ La plupart des Dipsas que j'ai disséqués, ne m'ont pas offert de gl an des nasales; la rostrale, lorsqu'elle existe, est assez petite; la lacrymale est presque toujours cachée parles muscles de la manducation; mais on voit des salivaires qui s'éten- dent le long du maxillaire et dont le lobe postérieur est ordi- nairement très développé; celles de la mâchoire inférieure offrent , dans quelques espèces, un volume considérable. La disposition des parties molles varie d'une espèce à /autre : quelques unes ont le poumon pourvu d'un petit lobe acces- soire; chez d'autres cet organe se prolonge en avant du cœur sur les memi>ranes de la trachée artère; d'autres encore et, à ce qu il parait , la plupart n'offrent qu'un seul sac pulmonaire. Les intestins sont plus spacieux que chez les deux autres genres de la famille et le plus souvent profondément plissés, particu- lièrement i intestin grêle; on distingue toujours un intestin gros ou un rectum assez large. Plusieurs espèces de ce genre parviennent à une taille de 5 à 6 pieds , tandis que d'autres restent si petites qu'elles ne surpassent guère i4 pouces en longueur totale. Les Dipsas sont ornés de teintes très variées suivant les espèces , de sorte qu'il est impossible d'en tirer un caractère pour les reconnaître ; l'observation cependant que ces teintes sont en quelque sorte analogues à celles du tronc des arbres, de l'écorce et des branches se nrésente involontairement à l'esprit. Le brun plus ou moins foncé et nuancé domine chez plusieurs espèces; la plupart ont le corps orné de bandes transversales , de taches ou de marbrures. Les couleurs su- bissent chez quelques unes des changemens considérables avec l'âge. Les sujets, conservés dans la liqueur forte , ne m'ont pas présenté des signes extérieurs de différence sexuelle. Les Indes orientales et l'Amérique méridionale sont la véri- table patrie des Dipsas. Une espèce , que nous plaçons égale- ment dans ce genre quoiqu'elle s'éloigne considérablement des autres ,niabite l'Egypte et la Dalmatie. DIPSAS DEXDUOPJIILA. 2(13 Les vrais Dipsas se tiennent continuellement sur les arbres, où leurs formes leurs prêtent une grande facilité à s'enfoncer dans le feuillage épais des végétaux des tropiques. C'est de ce repaire qu'ils fondent avec la vitesse de l'éclair sur leur proie, qui consiste particulièrement en oiseaux, en reptiles sauriens et batraciens. Quelques espèces ont la faculté de vibrer leur queue par un mouvement latéral extrêmement rapide; d autres s'en servent pour s'accroclier aux objets qui les environnent , ou pour saisir leur proie en entortillant ce membre autour du cou de la victime. Je crois que tous les Dipjas sont des animaux nocturnes. 1 Esp. LE DÎPSAS DENDROPHILE. DIPSAS «ENDIIOPHILA. PI. XI fig. I , 2 et 3. OuL4R-iMA.NOK OU o Tj L A R-B o u R o IN G cst Ic nom ma- lais que porte cette espèce à Java , où elle peuple les bois en abondance , se trouvant jusqu'au jardin botanique de Buitenzorg, résidence du gouverneur bollandais. Sa morsure, n'ayant point de suites factieuses , ce beau serpent n'est redouté de personne, nonobstant sa taille considérable et ses dents sillonnées; tandis que le dipsas multimaculata, espèce assez petite et à dents délicates de semblable grosseur, est réputé un des plus venimeux. Je tiens ces observations du manuscript de feu Kuhl : elles démontrent à l'évidence com- bien peu on doit se fier aux contes du peuple , dont la super- stition attacbe plus d'importance aux récits transmis par leurs ancêtres qu'au témoignage de leurs propres sens. M. Reinwardt qui a le premier découvert cette espèce, en a fait faire un portrait sur le vivant : cette figure a servi 264 DÏPSAS DEIVDUOPHÏLA. de modèle à celle que Wagler a publiée dans ses Icônes 1 PL 8. On trouve déjà une figure de ce serpent chez Scheuch- ZER 662. 1 1 , rapportée par Merrem au col. v a r t a b i l i s , espèce de TAmérique méridionale que l'on a, par la seule et légère analogie dans les teintes , très mal-à-propos comparé à notre Dipsas qui, sous le rapport des couleurs et à plusieurs autres égards, se rapproche davantage des Bongares. Le Dipsas dendrophile l'emporte dans ses dimensions sur toutes les autres espèces du genre. Parmi le nombre considé- rable d individus, adressés par nos voyageurs au Musée des Pays-Bas , il s'en trouve un qui est de 7 pieds de longueur totale; mais la plupart ne mesurent que 1,20 -h o,3o. Le nombre des plaques varie depuis 218 "^ 100 jusqu'à 222 -h 104. Les écailles sont lisses, en rhombe , obliques , et dispo- sées sur 21 rangées; celles, qui revêtent l'épine dorsale, sont en hexagone et beaucoup plus larges que le reste. Le tronc est très comprimé: sa coupe offre un ovale de o,o3 de lon- gueur sur 0,01 5 de largeur. La tête est volumineuse , grosse et a les plaques du sommet laiges ; le museau est obtus et arrondi. Le crâne (i) est composé d'os très vigoureux; les dents sont peu nombreuses et arquées ; la dernière de la mâchoire supérieure est sillonnée quoique à peine plus longue que le reste. Les apophyses épineuses des vertèbres dorsales sont très développées. Ce Dipsas est dépourvu de glande nasale, la lacrymale est petite; mais les saiivaires sont très grosses vers le bout postérieur. Le grand lobe pulmonaire est muni à sa base d'un petit lobe accessoire. La couleur du fond , d'un beau noir luisant réfléchissant le bleu d'acier, est plus claire sur les parties inférieures. Le corps est entouré de 45 a 5o bandes transversales , étroites, d'un (r) Voyez la figure du crâne chez v. d. Hoeven. Hamlboek. Atlas PI, i^Jïff. 9 et Nov. Act. vol. XI F PL i(>//'^: G. DIPSAS MULTIMACULATA. i265 beau jaune d'or, plus larges vers le dessous: cette dernière teinte occupe aussi lu gorge et les lèvres, dont les écailles sont bordées de noir; elle forme sur l'abdomen tantôt des taclies carrées , tantôt des marbrures. Ce dessin varie sui- vant les individus: on en observe, qui ont les bandes très étroites; chez d'autres elles sont interrompues; et quelques uns offrent un abdomen tout noir. L'iris est d'un bleu noir. Les teintes perdent beaucoup de leur lustre par l'action de fesprit de vin et le jaune change en blanc. L'île de Célèbes produit une variété de climat de cette espèce, qui offre des bandes plus serrées et plus étroites qu'à l'ordi- naire. M. M. QuoY et Gaimard en ont fait la découverte à Manado : cette variété se trouve aussi à Java , mais elle est accidentelle dans cette île et très rare. 2 Esp. LE DIPSAS A TACHES SERRÉES. DIPSAS MULTIMACULATA. PL Xlfig. 4 et 5. Cette espèce inédite , également due aux recherches du pro- fesseur Reinwardt habite l'île de Java , où elle est aussi abondante que la précédente. M. M. Boie , Macklot, Kuhl et VAX Hasselt nous en ont fait parvenir un grand nombre d'individus; le dessin fait sur le vivant et que j'ai sous les yeux m'a été communiqué par M. Reinwardt. En compa- rant celte figure à celle que Russel(i) a fait faire d'après \\n individu conservé dans la liqueur, on observe que les (i) Ind. Scrp. IT PI. "33 ; je rapporte ici également : Sera // PL 26 fig. I , 2 et 3 ; P/. 38 y?-, i et 4. PL 60 fis- 4 et PL ^c^fig. 1 ; enliii ScHEUCii/. 6^"] /ri,\ 2. 266 DIPSAS MULTIMACULATA. teintes de cette espèce sont peu sujettes à linfluence de ce fluide. Un gris brun olivâtre , tirant sur le pourpre et parsemé d'in- nombrables petites bigarrures brunes, occupe le fond.Une suite de larges taches tantôt rondes, tantôt carrées ou en polygone irrégulier, règne le longde chaque côté du dos; elle est suivie d'une autre suite de plus petites qui s'étendent sur les flancs. Un trait en angle, dont les jambes sont parallèles aux bords latéraux de la tête et qui reçoivent sur la nuque une lache en rhombe, s'étend depuis locciput jusqu'en avant des yeux; une raie brune se trouve derrière l'œil. Le dessous est cou- leur de rose très pâle , garni d'un triple rang de taches irré- gulières qui forment souvent, en confluant^ des marbrures. Il en est de même avec celles du dos, dont la forme est peu constante. L'iris est jaune. Cette espèce a le dos assez en carène ; son port, du reste, est le même que cliez la précédente , mais elle surpasse rare- ment o,58 -i-o,i5 en longueur totale; un très vieux sujet cependant, que possède M. Klinkenberg àUtrecht est long d un mètre environ. Les plaques varient depuis 202 H- 80 jusqu'à 212 + 89. Les écailles sont lisses et lancéolées; on n'en compte que 1^7 rangées. Le museau est plus alongé et moins gros que celui du Dipsas dendrophile; aussi l'ouver- ture de la bouclie est-elle moins courbée. Les dents de cette espèce sont toutes d'égale grosseur, peu nombreuses et très délicates. Les os , qui composent le crâ- ne, sont beaucoup moins robustes que chez la précédente et les caisses plus courtes. Elle offre une glande lacrymale assez développée et entourée en partie du lobe postérieur de la glande maxillaire qui est expressément échancrée pour rece- voir cette première glande. Le poumon ne fornie qu'un seul sac; le canal intestinal est plissé dans toute sa longueur. Ce Dipsas fait la chasse aux dragons, aux oiseaux et aux gre- nouilles. C'est particulièrement de cette espèce, que Kuhl a DIPSAS TlUGONATA. 267 observé le mouvement tremblant de la queue. La taille excep- tée, les jeunes ne diffèrent des adultes que par leurs teintes plus vives. • Il faut ajouter comme patrie de ce Dipsas le Bengale et 1 île de Célèbes : j'ai vu au Musée de Paris des sujets recueil- lis dans ces pays. l 3 Esp. LE D. TRIPLE TACHE. D. TRÏGONATA. PI. XI fig. 6 et 7. . Il convient de placer ce Dipsas dans le voisinage du pré- cédent , il en a parfaitement les formes et y lient même beaucoup par les teintes ; les caractères suivans cependant servent à Ten distinguer: 19 séries d'écaillés très alongées ; une dent maxillaire postérieure très longue, une queue un peu plus courte et une disposition dilTérente des teintes. Celle du fond est im jaune d'ocre ou olivâtre, plus clair en dessous; l'épine du dos est marquée par des taches sagittaires ou triangulaires, blanches, bordées de noir et liées entre elles par une raie longitudinale médiane. On conçoit qu'un pareil dessin est peu constant, que les taches sont souvent séparées et que leur nombre varie selon les individus. Les flancs sont mouchetés et marbrés de brun , ou parsemés de petits points ou lignes irrégulières et noires. La configuration du trait noir qui orne le sommet de la tête, est la même que chez la précédente; mais ce trait est souvent composé'de trois taches. La couleur du fond change, après la mort, au jaunâtre pâle. 0,67 4- 0,16; — 229'+* 55 ou 238 *-!- 97. Le Musée des Pays-Bas possède trois individus de ce Dipsas, 2G8 DIPSAS CYNODON. ils ont été envoyés du Ben<^ale. Russel (i) l'a observé près de Vizagapatam*, où il est assez abondant. On en prit, lors de la résidence de ce savant à la cpte de Coromandel , plusieurs individus, occupés à traverser pendant la nuit des cbeniins. Ces reptiles s'emparaient à différentes reprises d'une poule, en lui entortillant la queue autour le cou , ce qui aurait certainement fait succomber le pauvre oiseau, si on n'avait eu soin de la dégager. Leur morsure était sans aucune suite dangereuse. 4 Esp. LE DIPSAS CANIN. DIPSAS CYNODON. PI. XI fi£[. lo et II. Malgré vingt ans de recherches assidues pour explorer l'île de Java, nos infatigables voyageurs n'ont pu se procurer que trois individus de ce beau Dipsas, que feu Guvier a fait connaître sous un nom indiquant un système de dention tout particulier et en effet unique dans ce genre. Boie (2) et Gué- RiN (3) ont figuré cette espèce. Elle a la taille du Dipsas dendropliile, mais ses formes sont beaucoup plus élancées , sa queue est plus effilée et la tète moins grosse. Nos individus mesurent 1,67+ o,64; t,4o + o^\i et 0,74 ■+" o,3o ; on leur compte l'ji -f- i56 à 248 + 142 plaques et 21 rangées d'écaillés, lisses et lancéolées. Le tronc est excessivement comprimé; le dos en carène et muni (i)J/a/J. Serp. 1 PL iS prtg. 20; tar tutta: cette figure est le type des col, c a t enu l a r i s Daud. /^T/?. :i53 ; co l, t ri g on a- TUSSCHNEID. ap. BeCHST. LacÉP, vol. ir p. 256 et du COL. SAGIT- TA TUS Shaw Gen, Zool. lll P. II p. 526. Cette espèce a été figurée dernièrement dans Vlnclian Zoologie sous le nom de di psas gicool. (2) Erpct. de Ja\a PI. 37. — (3) Jcon. Jiepf. PI. 21/ 2. ftIPSAS C^ XODOiV. 2(iO d'une rangée de plaques en liexagone régulier ; la tête moins Inr^^e, plus alongée el le nniseau moins gros que chez le D. (lendrophile; l'œil enHn est plus gros et les plaques occipitales sont plus courtes. On voit une ou [)lusieuis dents, beaucoup plus longues que le reste, au bout postérieur de la mâchoire supérieure; d'autres également plus longues~se trouvent an bout antérieur de rintérieure et des os du palais* Les caisses sont très développées. Un beau gris pourpre , chargé d'innombrables mar])rures brunes très fines, occupe le fond qui tire, sur les parties supérieures, au jaunâtre; le dessus est orné de 4<^> '*^ 5o bandes transversales d'un brun noir, larges sur le devant, plus étroites vers les parties postérieures , et assez étendues sur la queue, où la couleur du fond passe au blanc. On ob- serve plusieurs taches de cette dernière teinte sur les lianes et sur l'abdomen. Une raie noirâtre, naissant derrière l'œil, se perd sur les côtés du cou. Au jeune âge, cet ophidien est un des plus beaux sous'le rapport des teintes, qui diffèrent totalement de celles des adultes en offrant beaucoup d'analogie avec celles du dips. NEBULATA. La coulcur du fond est alors un jaune très vif ^ bioarré d'innombrables marbrures d'un brun foncé et varié irréfifulièrement de taches noires: les bandes foncées du dos sont disposées alternativement avec d'autres bandes plus larges, formées par la teinte du fond ; les flancs sont également ornés de bandes obliques et noires; un voit une rangée de taches échancrées et jaunes sur les côtés de l'abdomen ; la tèle enfin offre un dessin très joli, composé de plusieurs taches noires de figure diverse et bordées de jaune. 270 DIPSAS DRAPÏEZII. 5 Esp. LE DIPSJS DE DRAPIEZ. D. BRAPIEZII. PI. XI fig. 8 et 9. ÎMon prédécesseur, en publiant cette espèce inédite, avait été obligé d'en tracer et la description et la figure (i) d'après un individu conservé auMuséed'histoire naturelle de Bruxelles. Ce voyageur m'éciivit ensuite qu il avait vu, lors de sa rési- dence à la ville du Cap , quelques individus de cette es- pèce adressés de C e y 1 a n à M. Smith , directeur du South- African Muséum. Arrivé à Java^ Boie était à même d'obser- ver ce Dipsas dans les forêts vierges du Parang, d'où il nous en a fait parvenir une sixaine d individus, accompagnés du portrait de l'adulte, dû au pinceau de M. van Oort. Le doc- teur Strauss nous en a cédé depuis deux sujets recueillis près deManado à Célèbe s , et MM. Macklot et Millier ont été assez heureux pour s'en procurer un très vieux individu lors de leur séjour à la côte occidentale de la Nouvel le Guinée. Le Dipsas de Drapiez, sans doute un des plus jolis du gen- re , est assez voisin du précédent , dont il se distingue cepen- dant par la configuration de sa tête ramassée et des plaques qui la revêtent, par ses formes plus élancées, par son tronc beaucoup moins élevé et entouré de 19 rangées de plaques dont celles de l'épine dorsale sont beaucoup plus larges que le reste , par ses grands yeux, par le manque total delà plaque du frein (2) , par des dents plus longues en avant de de la bouche, enfin par la disposition des teintes, attendu que l'on ne voit point de raie derrière l'œil, que les bandes étroites du dessous se perdent sur les flancs , enfin que les parties intérieures sont d'un rose pourpre et bordées de chaque (i) ErpéCde Java PI, 38. — (2) Ce caractère n'est pas toujours constant. DIFSAS mUEGULARlS. 271 côté d'une raie longitudinale noire, au dessus de laquelle rèiine une suite de taches en rose , d'un beau cramoisi et bor- dëes de noir. Che;'. les très vieux sujets, ce beau dessin est presque totalement eiïacé et la couleur du fond est alors un brun foncé. Les leintes rouges deviennent blanches après la mort. i,3o-|-o,43. — 259+114 ou 264 H- 154. M. Mùller a fait dessiner une belle variété de ce Dipsas , qu'il a recueillie dans les forets près de Tapos à Java. Le des- sus est d un jaune d'orange, orné d un grand nombre de lignes anguleuses vertes; cette teinte occupe aussi le cou et la tête. L'iris es'c d'un rouge pourpre. Le dessous est d'un rouge cramoisi paie qui passe au jaune sous la gorge. 6 Esp. LE ^DIPSAS ANOMAL. D. IKREGULARIS. PI. Xlfig. 12 et i3' Ce n'était pas simplement par un effet du au hasard , que l'individu de cette espèce décrit par Merrem (i), avait le dessous de la queue munie de quelques plaques simples, tandis que le reste étaient divisées : les variétés accidentelles de cette nature étanl. communes chez le Dipsas irregularis , il convient d'en faire une mention particulière et la dénomination, assignée par Merrem , se trouvera suffisanmient justifiée. Mais c'est très mal-à-ipropos que quelques auteurs, attachant trop d'im- portance à ce caractère, aient éloigné ce Dipsas des autres espèces, auxquelles il se rattache par les liens les plus intimes d'affinité. (l)uNREGF, LMàsSIGE NATTER MeRR. BeUv II Pi. \ p, 25. HURRIA PSEUDO-BOIG A DaUDIN VoL Vp.l'j']. H U R R. I R R E- GUL. PiIerr. Tent. p. 93. boiga irrec. Fitz. /a 60. 272 DIPSAS IRREGLLARIS. Les plaques abdominales varient également plus que chez les autres Dipsas. J'en ai compté chez les uns 236 + g?) , tan- dis que d'autres m'en ont offert jusqu'à 269. + 116. On verra par les données suivantes, que le nombre relatif des plaques et des écailles souscaudales n'est dans aucune proportion con- stante chez les difiérens individus: 1/ indiv. : 2 éc. H- i5 pi. -h y6 ec. — 2.™^ indiv. : 3 éc. -h 5 pi. H- 108 éc. • — 3™^. indiv.: 2 éc. + 7 pi. + 4 ^c. + I pi. H- 2 éc. + I pi. + 3 éc H- I pi. + 94 éc. — Ce Dipsas atteint jusqu'à 5 pieds et demi de longueur totale; les individus dans l'âge moyen mesurent ordinaire- ment : 0,93 + o,3o. Il a à-peu-près le port du bips, den- DROPHILE5 quoique sa tête soit moins grosse et ses for- mes un peu plus grêles. Le nombre des écailles du tronc varie depuis 21 jusqu'à 23. Cette espèce se distingue de toutes les précédentes par ses teintes et par le défaut d'une rangée d'écaillés dorsales plus grandes que le reste. La tête a la forme de celle du dipsas de drapiez, excepté que le museau est moins court, que les yeux sont plus petits, que les plaques occipitales ont plus d'étendue, et que les côtés du museau sont munis d'une plaque frênaie. Les écailles de la nuque sont fort petites , trait assez caractéris- tique pour l'espèce. Ce Dipsas offre quelques dents plus longues au bout anté- rieur de la mandibule inférieure ; les caisses sont peu déve- loppées, quoique le crâne soit très large. Les côtes sont min- ces. Les glandes de la tête ne diffèrent guère, par leur forme et par leur disposition , de celles du Dips. dendrophile. Un brun olivâtre occupe le dessus; '*^ flessous er>t verdâtre et marbré de brun. De nombreuses bandes étroites el noires descendent du dos sur les flancs, se dirigeant obliquement en arrière; elles sont souvent séparées par des bandes plus larges mais très effacées qui forment des résaux, parfaitement semblables au dessin , qui orne le tronc du Python arnethysti- DIPSAS COLUBRIXA. 273 nus, ophldien du même pays que notre Dipsas. Les couleurs de celle espèce vnrient assez, soit au gris, soit au jau- nâtre; elles offrent une légère teinte de pourpre vX sont beaucoup plus sombres dans les individus conservés dans la liqueur forte. Le dessin, que nous venons de; décrire, s'efx'ace avec làge, de sorte que les adultes présentent une livrée très uniforme. Ce Dipsns est très abondant dans les îles d'Amljoine et de Saparua, d'où MM. lleinwardt, Macklot et MûUer en ont fait parvenir au Musée des Pays-Bas un bon nombie d'individus. M. Lesson a reçu, lors de son séjour à Macassar , un sujet de ce Dipsas, qui offre une teinte d'un brun Jaunâtre uniforme; il fait nnùntenant partie du Musée de Paris, établissement qui possède plusieurs vieux sujets de cette espèce recueillis par MM. Quoy etGaimard à la pointe orientale de Célèbes. 7 Esp. LE DIPSAS COUJBRIN. 1). COLUBRINA. L'espèce inédite. que nous publions sous le nom de Dipsas colubrina , a été découverte »à Madagascar et sur l'île Bourbon par M. M. Goudot et Milius, qui en ont adressé plusieurs indi- vidus au Musée de Paris. Elle a plusieurs rapports avec la précédente, qu'elle rappelé parfaitement par son système de coloration dont elle partage ie caractère d'avoir toutes les écailles de la même étendue ; mais elle offre des formes beaucoup pi us ramassées et une queue peu longue mais robuste, particularités qui lui ont lait assigner l'épitliète qu elle porte dans notre ouvrage. On serait même tenté de prendre cette espèce pour une Couleuvre, si son tronc forte- ment comprimé et la forme et les détails de l'organisation de la tête qui sont absolument les mêmes que chez les Dipsas, ne s'opposaient point à cette distribution. i8 274 BIPSAS AEGYPTÏACÎIS. Le Dipsas anomal étant le seul, avec lequel l'espèce du pré- sent article pourrait être confondue, il suffira de constater qiî'elle s'en distingue, outre la (iifférence dans les proportions , par un nombre divers des lames abdominales et des écailles qui sont beaucoup nioins grandes, lancéolées et disposées sur 27 rangées. L:r tête offre d'autres marques distinctives, en ce qu'elle est plus grosse relativement au volume du corps et en ce qu'elle a un museau très obtus: en oulre, la plaque verticale est plus longue et les occipitales sont très petites; on voit un tour de 8 écailles rangées tout autour de l'œil qui est assez vo- lumineux; les écailles occipitales enfin ont plus d'étendue que chez le Dipsas anomal. Cette espèce atteint une longueur de 3 pieds; les individus, que j'ai devant moi, mesurent o,5o + 0,11 de o, 335 + o,65 et offrent 190 H- 67 ou 176 -1" 66 plaques. Le dessus est d'un brun marron assez clair, relevé par six rangées de taches noirâtres effacées , et disposées en quin- conce: elles sont souvent confluentes et forment alors une espèce de dessin réticulaire. Les parties inférieures offrent un jaune d'ocre pale et uniforme. 8 i^^sp. LE DIPS.^S D'EGYPTE. D. AEGYPTÎACUS. Yoici encore un Dipsas très voisin du Dipsas anomal, notam- ment parle manque d'unerangéed écailles dorsales plusgrandes que le reste, et qui s'approche davantage de cette espèce que la précédente. D'une taille beaucoup moins forte, le Dipsas de l'Egypte s'éloigne enct>re du Dipsas anomal : par son corps tnoins comprinîé et moins haut; par son abdomen très peu an- guleux; par des écailles descendant obliqueuîent sur les flancs connue on l'observe chez les Xénodons, les Najas etc; par les plaques de la queue toujours divisées ; par une tête beaucoup DIPSAS IVECIJLATA. ^T.) moins p-rnsse, déprimée, obtuse cl très nplatie; par In pré- sence (Tune seule paire de plaques nientides peu larc^es et d'un ofraud nombre d'écailies qulaircs ; par des veux moins volunri- neux; enfin par "un système de coloration un peu divers. Une bonne figure de ce Dipsas a été publiée dans le grand ouvrnge sur l'Egypte (i) et c'est sur elle que repose le genre TELESCOPUS de Wagler (2) M. Rettss (3) en a fourni der- nièrement une description d'après un sujet qui offre des tein- tes assez uniformes. Ceux qui ont été rapportés par Olivier de l'Egypte et du Levant, et qui font partie du Musée de Paris, ont toutes les parties supérieures il'un brun grisâtre enfumé , varié de nom- breuses bandes transversales peu distinctes et d'un blanc jaunâ- tre assez pâle. Le dessous est également nuancé de cette der- nière teinte. Une raie foncée s'aperçoit sur les côtés du museau mais elle se perd vers l'angle de la bouche. Dimensions: 0,675 + o,i3 ou 0,21 -+- o,o35. — Plaques 24fS + 82; 266 4- 65; l'individu du Musée de Francfort en offre 263 + 74- On compte 4i rangées d'écaillés lancéolées et lisses. 9 Esp. LE BIPS J S NEBULEUX. B. NEBULATA. PI. Xlfig. i4eti5. Les coLUBER NEBULATus('i)etsiBON de LiNNE rcposcnt tous deux sur le même opliidien , un des plus communs à Surinam qu'il paraît habiter exclusivement. Les collections hollandaises en sont abondamment fournies. Nous en tenons (1) Snppl. PI. 5 fi^, 1. — (2} Syn. p. 182. — (3) col. obtus us Mus. Senk. l P. II p, i37.;4)^tt,y. Jd. Fr. PL 24^^. 1. (5) Sysf. nat. p. 383.— Voyez les figures de celle espèce chez : Scheuchzer 748 , 8 ; Skea 11, 29, 3 et 7. 17. 4 j Merrem Beitr. I p. ^ \ elle fait partie du genre sibon chez FiTZiiNGER Class. pap;. 60. 27G DIPSAS IVEBULATA. un grand nombre de M. Dieperinr à Paramaribo. Les pla- ques varient depuis 176-1- 74j'^isqu"à 18?. 4- 92; on ne compte que i5 rangées d'écaillés lisses, en rhombe et d'égale grandeur. Ces données indiquent déjà, que l'espèce du présent article a les formes beaucoup moins alongées que les précé- dentes; aussi offre-t-elle un corps beaucoup moins élevé dans le sens vertical et une taille moins forte. La tête, que nous avons représentée y?^. i4 ^^ i5 PL XI est d'un très vieux individu qui ne mesure cependant que o,44 ~*~ Oji5: cette partie, de la forme de celle des autres Dipsas , a le sommet plane, le mu- seau est extrêmement gros et aussi haut que large. L'ouverture de la bouche est peu grande et droite; les yeux sont moyens. Les dents sont assez délicates, en peigne et toutes d'é- gale grandeur. La mâchoire supérieure est dirigée en dedans, large et munie d'une apophyse très petite; les caisses sont moyennes. Cette espèce s'éloigne des autres par la disposition des glandes de la tête, \u qu'il existe une nasale et une lacrymale extrêmement développées: la dernière par- ticulièrement est très grosse et parfaitement orbiculaire. La salivaire de la mâchoire inférieure est assez larae. Les cellules du poumon se prolongent sur les membranes de la trachée artère, mais elles y sont assez clair-semées. Le canal intestinal est plus spacieux qu'à l'ordinaire, les inflexions de- viennent plus profondes vers le duodénum. Je n'ai trouvé dans une femelle gravide que trois œufs de forme oblongue et assez développés. Le Dipsas nébuleux mérite l'épithète qu il porte à cause des innombrables marbrures d'un beau brun rouije et de blanc , dont le dessus est parsemé. De larges taches de la première teinte quelquefois réunies en bandes transversales disposées en zigzag, régnent le long des côtés du dos et sui les parties infé- rieures qui sont d'un jaune très clair. En comparant ce système de coloration à celui du tronc de certains arbres re\êtus de mousses et de lichens, on est vivement frappé de la grande DIPSAS MIKAIVII. 277 analogie qui existe entre des objets d'une nature si différente, et dont l'un n'est peut-être qu'une conséquence naturelle de l'autre. Les petits ont les bandes du corps plus distinctes et la dis- position des couleurs plus tranchante que leurs parens. lOEsp. LE DIPSAS DE MIKJN, 1>. 3IllvA]\IÏ. Du nombre des ophidiens les plus rares au Brésil, cette es- pèce n'y a été observée que par M. Natterer, qui en a expédié plusieurs sujets au Musée de Vienne, où elle porte le nom pré- cité: un de ces sujets a été communiqué à notre établissement ,* un autre, rapporté par M. Menestier, fait partie du Musée de Paris. Cette belle espèce, tout en offrant le port, les formes et l'or- ganisation du Dipsas nébuleux, est ornée d'une livrée analogue àcelledu Dipsas de Catesby; c'est-à-dire, qu'elle a le dessus d'un brun jaunâtre souvent moucheté ou marbré de brun, et relevé par de larges bandes transversales , quelquefois obliques et d'un brun noir tirant sur le pourpre: ces taches se perdent vers le dessous ou se dispersent en forme de points, de taches carrées moins grandes ou de marbrures. Le sommet de la tète ofire un joli dessin composé de plusieurs taches de forme irrégulière. Le collier et le bout du museau sont d'une teinte claire. Quoique semblable et même très voisine, pour les formes, au Dipsas nébuleux, 1 espèce du présent article s'en distingue cependant, outre le système de coloration , par un tronc moins haut, par une ranimée de plaques dorsales plus petites, enfin par la forme alongée de sa tête et particulièrement de son mu- seau , qui est très gros et arrondi. Les deux sujets, les seuls que j'aie eus à ma disposition , mol- 278 BIPSAS WEIGELÎI. iVent les dimensions suivantes: 0,69 -[- o,t8 et 0.82 H- 0,06. Le nombre des piaques est de 170 -1- y i ou de 167 + 46. 11 Esp. LE DIPSJS DE IFEÎGEL. D. WEIGELII. PI. XI fig. 19 et 20. Pour éviler toute possibilité de confondre cette espèce avec la suivante , j'ai tracé les portraits exacts de la physionomie de ces i\e\x^ ophidiens si éh)ignés l'un de l'autre à l'égard de la con- torriiatlon de cette partie essentielle, quoiqu' ils se ressemblent par rapport à!a distribution des teintes. J'ai également préféré, pour l'espèce du présent article, le nom inventé par M. Fit- ziiyGER (i) à celui que Linaé (2) avait antérieurement appliqué à l'espèce d'après Seb4 (3). De toutes les espèces du genre, le Dipsas de Weigel est celiù qui présente les formes les plus délicates et les plus grêles. Sou- vent d'une taille de 0,62 -H o,3i , son corps excessivement com- |;rimé n'offre un diamètre perpendiculaire que de 0^01 5 et son cou s'amincit tellement vers la tête (pie cette partie est plus distincte que dans aucun autre ophiJien : elle est très conique, (iéî3rimée et à museaïi court ; les yeux sont grands, les plaques occipitales plus alongées qu'à l'ordinaire. Le dos est en carène et revêtu d'une rangée d'écaillé hexagones, beaucoup plus gran- des que les autres écail!es qui sont alongées et lancéolées: on aura déjà vu par les dimensions relatives du corps et de la queue que ce dernier membre occupe la moitié do la longueur du tronc : (1) Clas. p. 59. — (2) COL. CENCHOA Sjst. nat. p. 389. — . (3) The.s. II Pi 16 fig. 1 et 1 : très bonnes. — Voyez aussi celle de SCHEUCHZER PL 678^^. 3. C'CSl ICBUNGARUS CENCOALT d'OpPEL ïiept, p. 70. DIPSAS CATliSBYl. 279 aussi sa partie postérieure est-elle très déliée et en fil. Le nom- bre (It's plaques tlu dessous peut également servir comme moyen de distinction entre les Jeux espèces voisines : on en compte dans celle du présent article 25o + i4. BUCEPHALA. PI. XI fig. 16, 17 et 18. Il a été constaté par les recherches de Sir Stamford Raf- FLES , que ce Dipsas habite la grande île de Sumatra. Nos deux individus proviennent de l'ancien cabinet de l'université ; ils mesurent environ 0,46 -j- 0,18. Plaques : 197 -f- 110 ; 200 H- 100. L'espèce cependant atteint une taille plus considérable , comme on peut voir le par la figure , que Seba (i) a publiée de (i) Thés. 1 Pi iCifii^- l\ ; elle est le type des c o r. v, u c f p h a l u s de Shaw. Gen. ZooL III P- II p- l^io. et des dipsas inuica de Laur. Syn.p* i)o. 282 ^ BIPSAS BIEPERI^JKIl. î'aduîte, et qui a été très cial-à-propos rapportée aucoPHiAS ATROX par LiNNÉ: Syst. naL p. 383. Le Dipsas Ijuce'ihaia a à-peu-près le port du précédent: sdh tiouc cependant est très haut et plus comprimé que dans aucu- ne autre espèce; l'abdomen en conséquence est très étroit, le dos élevé en une carène assez saillante et muni d'une rangéede pla- ques hexagones et plus larges que longues. Les autres écailles sont peu alongées et en rhombe : on eu compte i3 rangées. La tête de cette espèce est très grosse; les plaques qui la revêtent sont de forme très trapue. Les yeux sont assez grands. Le înu- seau est plus court que dans aucun autre Dipsas, conique et plus haut que large: cette brièveté extraordinaire a pour suite et une pareille forme des frontales antérieures et le défaut total de pla- ques du frein. Lei supercihaires sont peu larges et descendent en avant de lœil sur les côtés du museau. Li» lame rostrale est profondément écliancrée en dessous, pour recevoir le bout de la mâchoire inférieure qui est courbée en haut. Les labiales ayant peu d'étendue les lames abdonnnales s'avancent jusque sous le menton, où elles ne sont précédées que par quelques paires de lames très courtes. Un brun rougeàtre pale occupe le dessus, qui est orné envi- ron de 5o bandes transversales , très larges et de la même teinte que le dessous, qui est d'un jaune rougeàtre couvert d'un nuage de petites marbrures plus foncées. On voit une tache blanciie au point où les bamles des flancs touchent à 1 abdomen. Les parties postéiieures «le la tête et son sonnnet sont marqués de plusieurs raies o!)}iques lîoiràtres. 15 Esp. LE DIPSJS DE DlEPEIiîNK. M. DiEPKRiNK , chevalier du lion néerlandais, résidant de- nSB»SAS DSEPEHÎIVKII. 283 nuis lin grand nombre d'nnnées à Pijrani;Mii)o n Stirinnin , est un (le nos plus zèles correspondans. Le IMusee des l^ays-Hns doit à ses soins ur\c partie considérable des trésors (|u'il renfer- me. Parmi les ophidiens qu'il a découverts, cebii d-ont l'épi- liiète doit rappeler les mérites de M. Dieperink , n'est pas des rîoins intéressans. Caractérisée d'une manière toute particulière parla grandeur de 11 tvke et par un tronc plus gros vers les parties antérieures qu'à l'ordinaire , cetie espèce oiïre cependant un poi t et un ensemble de formes analogues à celles des autres Dipsas. Je n'en ai vu qu'un sujet uni(jue qui uî'a oliert les détails suivans. Dimensions: 0,46 + o,i85. — Plaques: ioJ\-\- i5o. On lui compte 21 r^uigées d'écailles, en rhoin!)e sur le cou, de forme lancéolée sur le tronc , assez ol)!iquement disposées et surmontées d'une faible carène. Le tronc est assez conq^rimé et l'abdomen \\\\ peu anguleux vers les (lancs. La queue est déliée et minée. La Lete , plus alongée que cliez les autres Dip- sas , se rapproche plutôt , pour rensemlde de ses formes , de celle de certaines Couleuvres: elle est liistincte du cou , grosse, à sommet convexe et en pente vers le museau qui est court, obtus et arrondi au bout. La tète convient, par ses formes, avec celle du NAJA Bo NGARE j luais les plaques qui la revêtent, ressemblent davanta;:e à celles du dipsas de drapiez. On voit une petite plaque iVénale. L'œil assez grand offre ur:e prunelle orLiculaiie. Les c'ents sont toutes d'égale grosseur. Le système de 'joloralion de cette espèce présente plusieurs rappv>rts avc'c celui «.les petits de la couleuvre cor ai s. Le brun café très clair qui occupe le fonrl , est relevé par de larges traits en angle dont la pointe regarde le devant et dont les jambes descendent obliquement sur les flancs : elles sont serrées , d'un gris brun et l)ordées de noir. La couleur du fond, e:itr3 ces bandes , forme des taches ou des bandes blanchâtres vers les parties postérieures. Une raie fine et noire , naissant derrière les yeux. , se réunit aux taches noires du cou dont 284 DIPSAS BOA. quelques unes, irrégulières et interrompues, s étendent sur Foc- ciput. Le dessus est d'un brun jaunâtre. 16Esp. LE DIPSAS BOA, DIPSAS BOA. PI. XI fîg. 29 et 3o. Notre défunt ami Boie a fait, peu de jours avant sa mort, la découverte de cet ophidien remarquable. Les chasseurs java- nais lui en apportèrent quatre individus lors de sa résidence à Tapos: ces gens affirmaient , que ce Dipsas s'approche souvent des habitations des indigènes, fréquentant les toits pour y cher- cher sa nourriture. Boie a conféré à cette espèce l'épithète de Boa à cause des lames simples, dont le dessous de sa queue est constamment revêtu. Ajoutez à cette anomalie: des formes élancées; une rangée de plarjues dorsales en hexagone déprimé, une tête très large entre les yeux qui offrent une pupille orbiculaire et dont le bord est entouré de nombreuses petites plaques; un museau extrêmement court, conique et tronqué; des lames occipiti?les très petites, voûtées et proéminentes en guise de colline; un nombre plus élevé des labiales ; la largeur des plaques du men- ton , développées aux dépens de celles qui revêtent la lèvre in- férieure; plusieurs dents plus longues au bout antérieur de ]a mandibule inférieure; enfin un système de coloration tout parciculier et très beau: et vous aurez les principaux Uaitsqui font de ce Dipsas un des serpens les plus curieux. Les écai!- les sont aiongées , lisses, très obliques, en rhoiiibe et dispo- sées sur i3 ou sur i5 ranimées lon^ntudinales. Le tronc olire la forme de celui du Dipsas de Catesby , la queue est elfi'ée : ces parties mesurent environ 0;45 -+• 0,19, Les plaquer du DIPSAS CARIIVATA. 285 dessous sont très larges , et au nombre de i52 4- h8 , ou de i56 H- 106. La couleur dominante est un beau gris pourpre. Les flancs sont ornes d'une vingtaine de taches déchiquetées , irréguliè- res, très larges, couleur de rose et bordées de noir, quelque- fois confluentes sur le dos, et s'étendant sur l'abdomen. La lèvre supérieure, de la mém,e teinte, est marquée au dessous des yeux, d une bande fonrëe. Le tout est raie d'innombrables mar- brures brunes, entresemées de points et de t«ches noires: de sorte que l'ensemble des teintes imite celle de l'écorce des ar- bres, ce qui est particulièrement le cas avec les individus qui ont les taches roses moins prononcées. L'iris est moitié rouge, moitié bleu. Les jeunes sont plus foncés. L'esprit de vin i^ffecie les belles teintes rouges et les change au gris ou au blanc. 17 Esp. LE DIPS.JS CARÉNÉ, DIPSAS CARINATA. PL XI fig. 26, 27 et 28. Quelques légers rapports dans l'organisation de ce Dipsas avec le suivant ont suffi à feu Kuhl pour en faire, sous le nom d'A M B L Y c E p H A L E , uu genre à part (i), genre adopté ensuite par Boie qui y ajouta également le précèdent et le dipsas de M IRAN. Comme toutes ces espèces cependant sont très étroi- tement liées aux autres espèces de notre genre et comme elles diffèrent entre elles beaucoup plus que des autres Dipsas , nous les réunirons avec ceux-ci dans une même coupe, jusqu'à ce que peui-être de nouvelles découvertes viennent aggrandir les connaissances que nous avons sur ces animaux. (i) Chez Wagler ce Dipsas forme à lui seul un genre, celuide v k- K Y. AS , \oiv Sy st. f' 181, 286 BIPSAS CAIiL\ATA. Le Dipsas caréné, ainsi appelé par M. Reinwvrdt , parceqne les écailles du dos sont surmontées d'un faible carène, se trouve à Java, d'où nos voyageurs nous en ont fait parvenir un bon nombre d'individus. Cette espèce a les formes beaucoup moins alonoées aue les précédentes ; son corps est 'lus £>;ros et moins comprimé, 1 ab- domen plus large; le dos en carène , la (jueue très courte, conique et brusquement séparée du tronc. Elle a à-peu près le port du Dips. nébuleux, mais sa tète est beaucoup plus grosse et le museau extrêmement court, large, émoussé et arrondi. Les plaques qui revêtent ces parties sont ramassées,* l'œil est bordé tout autour de 4 pl^iques étroites; ia lèvre su péri.:a;re , écbancrée en avant, descend fortement, ce qui iaitque la physio- nomie de cette espèce ressemble à celle d'un ciiien do ;i:<\ On compte i5 rangées d'écaillés en rliombe, moins alongées que dans la précédente ; celles qui régnent le long du dos soiu à peine plus larges (jue le reste, mais elles ont îe boni tron.qué. Ce Dipsas parvient rarement jusqu'à 0,42 + o,io. La lon- gueur de la queue varie, comme on peut voir par les mesures d'un autre individu , qui offrait o,38 H- 0,10. Autant vaut du nombre des plaques , vu qu'il ne surpasse dans les uns que 160 + 52, tandis qu'il s'élève chez les aulres jusqu'à 174 + 60. Le crâne de ce Dipsas est composé d'os très délicats; les cais- ses sont moyennes ; la mâchoire supérieure est extraordinaire- ment courte, l'inférieure droite : toutes deux sont munies de dents plus longues en avant , serrées , très fmes et en peigne. Le ptérygoidien en est dépourvu, mais on en voit plusieurs aux os du palais. Celles de hi mâchoire supérieure sont cour- bées en dedans. Le brun marron des parties supérieures est interrompu par de nombreuses bandes étroites , transversales et composées de petites taches d'un brun noir et disposées en zig-zag : elles se perdent avec l'âge , de sorte qu'il n'en reste que les bordures des écailles plus foncées. Le dessus est jaune, finement moucheté DIPSAS LAEVIS. 287 de noir, et quelquefois orne d'une triple suite de points de la même couleur. On voit, sur la nuque, deux traits noirs en crois- sant qui se touchent par leur coté convexe. Le corps de cette espèce est également marbré et varié de brun, ce qui la con- fond avec les plantes parasites qui révèlent l'écorce des arbres et de dessous laquelle M. Boie en a retiié plusieurs , en fai- sant la chasse aux insecles. Nous avons communiqué cette espèce, figurée dans Y Erpé- tologie (le Jcwa (i), aux Musées de Vienne, de Munich et à plu- sieurs autres cabinets d'histoire naturelle. 18 Esp. LE DIPSJS LISSE. g^lPSAS LA E VIS. ri. Xlfig. 24 et 25. La même planche de VErpcfologie de Java , sur h/. 39A-. I. 288 DIPSAS LEUCOCEPHALA. d'un bleu pâle , avec des bandes de bleu profond; l'abdomen de ce jeune individu était jaune et la rangée dorsale d'écaillés rele- vée par la même teinte. La charpente osseuse de ce Dipsas javanais ressemble à celle de la précédente. Il a l'estomac très long et étroit. Les intestins grêles, après avoir formé de profondes inflexions , passent subi- tement dans le rectum qui est assez spacieux, mais qui se rétrécit vers l'anus. Le poumon est peu développé et n'offre qu'un seul lobe. Ce Dipsas ne surpasse guère 0,2.^ H- 0,05 ou o,32 + o,o5 ; d'autres individus mesurent o,3o + 0,06. Nombre des plaques: i5o + 34 ou 164 H- 4o j — iS rangées d'écaillés. 19 Esp. LE DIPSAS A TÊTE BLANCHE. DIPSAS LEUCOCEPHALA. Un ouvrage de luxe peu connu et dont la publication a été arrêtée dès la première livraison , le Deleciiis faiinae et florae hrasiliensLS du professeur Mikan de Prague , contient la figure de ce serpent décrit sous le nom de col. leucocephalus. M. FiTZiNGER l'a rangé dans son genre boiga, Class. p.ôoj BoiE dans celui de lycodon(i). Ce dernier rapprochement doit plutôt être attribué à l'analogie des formes du lycodon AUDAX avec les Dipsas, et particulièrement avec celui dont nous nous proposons de traiter. On en doit la découverte aux recherches de l'infatigable M. Natterer au Brésil. Un seul indi- vidu nous a été adressé du Musée de Vienne; d'autres de celui d'Utrechtj où ils se trouvaient déjà anciennement. On peut comparer ce Dipsas au suivant; celui du présent (1) J'ai Irouvé cette espèce au Musée de Paris sous le nom de col, COMPRESSUS OpPF.L. mPSAS MACRORIIlx\A- 2o Anneaux très Iar<2es et alternes de blanc et de noir, entourent le tronc et la queue deceDipsas; les pre- miers offrent dans leur centre une tache assez orande, en rhombe disposée transversalement, d'une teinte rougeàtre, et parsemée de gouttes irrégulières noires. La tète est revêtue des plaques noires bordées de blanc, teinte qui entoure aussi l'occiput en forme de collier: le sommet offre un dessin analosfue à celui que l'on voit sur la tête des Lycodons. Le petit individu présente o,64 + o,i8 et 266 H- 120; le grand : 1,00 + 0,28 et 278 + 116. Il Esp. LED1PSJS DENATTERER. D. NATTERERI. Les genres dryophilax et thamnodynastes de Wagi^er (i) reposent sur le col. n atterer i de Mikan {\)Syst.p. 181 ^M 8a. DIPSAS AATTERERÏ. 2î)l et le N A. T R I X p TJ N c T A T I s s I M A (le Waglek : deu x espèces extrêmement voisines et qui paraissent être les représentansdn même type dans deux contrées différentes. L'affinité de ces ophidiens est, eu vérité, si grande qu'on ne parviendrait ])as à les distinguer l'un de Vautre sans avoir recours au carac- tère tiré de la présence ou du défaut de carènes sur les écail- les du tronc. Le Dipsas de Natterer habite les provinces méridionales du Brésil, tandis que le dipsas punctatissima setrouve depuis les Guyanes jusqu'à Bahie. Ces deux espèces s'éloi- gnent autant des véritables Dipsas que les Dipsas iaevis et Mika- nii; elles en ont cependant le port et joignent aux formes des Dipsas une très petite taille et une tête qui se rapproche sous beaucoup de rapports de celle des Dendrophis. Cet organe est légèrement distinct du tronc , assez conique et plus aion- gé que cela n'a ordinairemeiit lieu chez les Dipsas. Le museau court et conique est terminé en une pointe obtuse et arron- die. Les plaques, qui revêtent le sommet de la tête , sont de moyenne étendue et se font remarquer par leur forme effilée , caractère plus prononcé dans l'espèce suivante. On voit une dent plus longue à chaque extrémité postérieure des maxil- laires et on compte le plus souvent 17 rangées d'écaillés lan- céolées. L'espèce du présent article a toutes ses écailles surmon- tées d'une carène. L'œil est plus volumineux que dans le dipsas punctatissima, mais la queue est moins longue et offre en conséquence un nombre moins considérable de plaques. La couleur du fond varie du brun-roux au brun -jaune; mais les individus conservés dans la liqueur forte, n'offrent qu'un brun assez terne. Le dessous est jaunâtre et orné de quatre raies longitudinales très fines formées , chacune, par deux séries d'innoiuhrables petits points d'un brun noirâtre ; d'autres points semblables et également disposés en séries, i92 DIPSAS PlJi\CTATISSIMA. se voient entre ces i^aies abdominales qui s'évanouissent sous la gorge, tandis qu'elles confluent sur le dessous de la queue. Les teintes des parties supérieures sont tantôt uniformes, tantôt relevées par des bandes transversales, formées seule- ment par les bordures noires des écailles ; d'autres individus offrent une rangée détaches claires qui régnent sur le dessus: confluant sur le dos, (es taches ainsi que les bandes noires, for- ment sur la nuque trois rubans longitudinaux dont les pointes des dernières s'étendent sur la lete en guise de taches alon- ffées et effacées. Une raie fine et noire , naissant de l'œil , se diri":e sur les côtés du cou. Dimensions; 0,22 -j- 0,07 ou o,63 +0,20. Plaques: i48 -f- 64 ou 186 -}- 84. Mikan (i) a figuré un individu de cette espèce, recueilli dansfles environs de Rio-Janeiro. Le Prince de Neuwied (2) l'a observée près des rivières Espiritu-Santo et Jucu • on doit aux soins de ce savant les figures des deux variétés principa- les (3) dont nous avons fait mention. Nos sujets proviennent des voyages du Piince et de M. Natterer ; ceux du Musée de Paris ont été recueillis près de Buenos-Ayres. 22 Esp. LE D. MOUCHETE. D. PUNCTATlSSIx>IA. PLXIfig. 33 et 54. Des écailles carénées; une lame verticale plus alongée ; un œil moins volumineux; une queue plus longue et garnie de plaques plus nombreuses; enfin des teintes du fond plus clai- res: voilà les seuls traits servant à distinguer cette espèce de la précédente. (i) Delect. Fasc. I: col. nattkreri. — [1) Beit. p, l'-j']. — (3) JbfnUL Livr. XIV PI. [,. mPSAS GAIAIAKDII. 2î):i Snix (i) en a fait la (léeoiiv(.'rte dans les environs de Bahie; notre Musée en a reçu depuis plusieurs sujets de Surinam par les soins de M. Dieperink. Elle habite aussi la Guiane Fran- çaise. Elle ne dilfère , quant à la distrihntion des teintes , du n 1 1> s. NATTERERi , qu'en ce (^ue ia couleur du fond est d'un brun rou<ïeatre assez clair. o,v^8 H- o,i(). — i/^i + 85 ou i55 -1- 96. 23 Ksp. LE DIPSJS DE GAIMJRD. 1>. GAiMAHDII. Je partage les vues qui ont dirigé les savans professeurs du Musée d'iiistoire Naturelle de Paris , en dédiant cette espèce , fruit de ses propres découvertes à Madagascar, à l'infatigable voyageur qui s'est concilié, par son caractère aimable , de nombreux amis au nombre des quels il m'a fait l'honneur d'être admis. Assez analogue à la suivante par rappcat à son organisation et son système de coloration, on ne saurait en distinguer cette espèce que par l'extrême délicatesse de toutes ses parties, délicatesse d'autant plus sensible que ses formes sont des plus élancées. 11 s'ensuit naiurellenient que le nombre des plaques est beaucoup plus grand que chez le Dipsas annulé, où il ne s'élève guère à 190 + 94, tandis que le Dipsas de Gaimard en offre 276 + 116; on voit aussi sous la queue plusieurs plaques simples. Son corps, long de o,435 -•- 0,1 15, na que très peu de hauteur; il est assez déprimé, en consé- quence mince et arrondi sur le dessous. Les côtés de la queue offrent un angle assez léger. (1) Serp. hr. PI, i[\ Jig. 1 p. 89: natrix punct a tissim a. Comparez aussi ScHEUcHZER 578, i. — col. lineolatus Oppel <\\\ Musée (le Paris apinulient à celle espèce ou à la préeéMente. 21)4 ilIPSAS Ai\i\IJLATA. Vn brun pourpre assez pale occupe le dessus ; il est relevé par ries bandes transversales plus larges sur le dos, qui sont d'un noir rougeàtre et dont le nombre s'éiève jusqu'à 80: elles sont quelquefois accompagnées, sur les flancs, de taches, et entourent la queue sous forme d'anneaux assez effacés sur le dessous de ce membre. On compte in rangées d'écaillés à surface unie et toutes de la même étendue ; celles du cou sont de forme lancéolée , mais elles deviennent carrées vers les parties postérieures. Le Dipsas de Gaimard n'est connu que d'après l'objet uni- que qui fait partie du Musée de Paris , et qui m'a été prêté pour ma description. 24 Esp. LE DIPSAS ANNELÉ, D. ANNULATA. C'est un des serpensles plus communs dans les collections: il vient ordinairement de Surinam ; M. d'Orbigny cependant l'a rapporté de S^a Cruz de la Sierra ; Plée en a recueilli plu- sieurs sujets à la Martinique; M. Barabino enfin en a adressé au Musée de Paris qui ont été pris dans le Delta du Mississipi. Son port le rapproche des cor on elle s et particulièrement de laCoronella rufescens; mais il a les formes plus élancées. Le tronc est un peu comprimé ; l'abdomen convexe; les écailles sont lisses, enrhombe,de semblable grandeur et disposées sur 19 rangées. Il a les plaques de la tête moins ramassées que les autres Dipsas; aussi cette partie est-elle moins dis- tincte , vu que le cou est plus gros : elle a quelque analogie dans les formes avec celle du dipsas de weigel. Une double suite de taches très larges , d'un brun pourpre foncé^, souvent confluentes et formant une large raie qui ser- pente le long.du dos, occupe le dessus. La couleur du fond est un brun roux plus clair; le dessous est jaune. Une large raie se IIBPSAS 1 ALLAX. 2i).^ prolonoe derrière l'œil jusqu à l'angle de lu bouche. La dispo- sition des teintes de cette espèce est variée à l'infini : je renvoie mes lecteurs aux nombreuses figures, que les auteurs en ont publiées. Les couleurs ne sont pas sujettes à des cbangemens produits pai- Taction de la li(Jueur forte. La charpente osseuse de ce Dipsas offre nn caractère très particulier: les apophyses articulaires sont plus alongées qu'à l'ordinaire, plus larges vers le bout et terminées par im plan, concave au centre, transversal et représentant une figure elliptique. On voit plusieurs dents longues et sillonnées au bout postérieur de chaque branche de la mâchoire supérieure. Les glandes de la tête sont , chez cette espèce , beaucoup plus développées qu'à l'ordinaire: c'est particulièrement le lobe postérieur des maxillaires qui offre un volume très considé- rable ; la nasale manque. Le canal intestinal présente des replis profonds et serrés ; descendant ensuite presque tout droit , il s'élargit brusquement pour former le rectum. Le poumon est simple dans ce Dipsas. G, 52 -1- 0,19; — 182 + 84 ou 190 H- 94. Des figures de cette espèce se trouvent chez: Scheuchzek 652. I ; Seba. 11. i3. 45 17- 4? ^2. I ; 57. i ; et 82. 2 ; Linn. Mus. Ad. Fr. PL ^ f. 1 col. annulatus et Merr. Beitr. I PI. II et IIIPL'deti. 25 Esp. LE DIPSAS FALLACIEUX. 1). FALLAX. PI. XI lig. 35 et 3(i. Cette dénonunation convient peut-être également peu à cette espèce qu'une place dans le genre Dipsas dont elle tient beaucoup pour les caractères , quoique ses mœurs paraissent la rapprocher des coronel i.iî s. Quoi qu'il en soit, mes 296 DIPSAS FALLAX. vues, en là décrivant ici, étaient de ne point la séparer de l'espèce précédente analogue , à beaucoup d'égards , à celle du présent article. Elle abonde en Dahnatie, où M. Cantraine en a trouvé plusieurs au mois de Décembre, rampant lente- ment au milieu des ruines d'un'vieux château. Olivier la déjà rapportée de son voyage au Levant , et elle vit également en Morée, où M. Bory de St. Vincent en a recueilli des sujets. Eile ressemble, quant au port , à la précédente, mais elle a les formes un peu plus trapues; sa queue est plus courte, sa tête plus déprimée, Tœil plus petit et les plaques occipitales sont moins larges. On peut établir comme caractère de ce Dipsas : une plaque frênaie alonaée et touchant au bord de l'œil. Les écailles sont lisses, en rhombe et disposées sur 19 rangées. La mâchoire supérieure offre une ou plusieurs dents postérieures sillonnées. Un beau «ris brunâtre ou olivâtre et marbré de noir occu- pe le dessus qui est orné de plusieurs suites de taches lar- ges, très irréguiières, anguleuses et noires: celle qui orne la nuque, est en croix ; une raie plus pâle descend derrière les yeux. Le dessous est jaunâtre et également marbré. La pu- pille est d'un jaune d'or. 0,^2 -h 0,12 ; 202 -f- Si ; 210 -f- 58. La belle figure de cet ophidien publiée par M. Fleisch- MA.NN (i) laisse peu à désirer: c'est le col. vivax du Musée de Vienne et I'elaphe paryssii deWAGLER, Icônes PL 27. «Cette espèce ne va pas dans l'eau, et se nourrit d insectes, de ^' souris et de lézards. Elle habite la Daluiatie et llstrie, où «elle se tient sous les pierres, ne quittant son repaire que " de grand matin et vers le soir. Elle a les mouvemens moins " agiles que les Couleuvres proprenient dites. » (Fleischmainn p. 23 et 24.) ( 1 } DiSseï Uil. PI. I : TA l\ li 0 1' H I s F a 1, 1, A X. 5 Sam. £i^ Çîcrpcne îi'cau tfome. 1 Genre. LES TROPIDOJTOTES. TIIOPIDONOÏUS. Il faut plutôt regarder cette coupe générique comme un assemblage d'espèces de Couleuvres, très analogues les unes des autres pour l'ensemble des formes , que comme un genre dis- tingué du reste par des traits saillans dans Torgariisation. Elle appartient néanmoins au nombre des plus naturelles et , une fois habitué à la physionomie particulière des Tropidonotes , on ne manquera pas de les reconnaître au premier coup d'oeil. Ce sont des Couleuvres terrestres de moyenne taille, dont la plupart préfèrent le séjour près des eaux qu'elles fréquentent très souvent, soit pour s'y retirer à l'approche de quelque en- nemi , soit pour aller y guetter leur proie. Ces habitudes n'ont pas même échappé à l'observation du ] euple , qui una- nimement et dans les contrées du monde les plus éloignées les unes des autres, désignent ces animaux sous la dénomination de serpens d'eau, ce qui paraît avoir engagé Schxjîidek à en ran- ger plusieurs espèces parmi les HYDROPHis, avec lesquelles elles n'ont rien decomniun. Ses successeurs, au lieu de rectifier (;ette erreur étrange , ont développé ses idées et voilà l'origine de ce mélange confus d'espèces, quicomposentlt s genres Enhy- dris de Lalreille , Hydrophis de Shaw etc. Un tronc le plus souvent très volumineux , létcnduede la tète dans le sens latéral , la brièveté de la queue , un abdomen assez 298 TKOPlDOi\ or US. large , en un mot : la conformation des diverses parties de leurs corps annonce que cesserpens peuvent s'en servir, avec succès, dans la natation. On peut prendre pour type du genre notre couleuvre A collier: elle forme avec les autres espèces une série non interrompue dont les dernières offrent, à mesure qu'elles se rapprochent des Homalopsis, une structure et des mœurs ana- logues à celles de ce genre; en un mot , des habitudes plus aquatiques. Tous les Tropidonotes sont étroitement liés entre eux par l'ensemble de leur organisation : ils conviennent même jusqu'à la disposition et les nuances des teintes, et jusqu'au nombre des plaques lequel , vu les formes trapues du corps, est peu con- sidérable, et dans presque toutes les espèces environ de i5oH- 60. La queue est quelquefois revêtue en dessous de deux sor- tes de plaques. Les écailles sont toujours surmontées d'une ca- rène plus ou moins forte, particulièrement prononcée sur le dessus, ce qui leur a valu la dénomination générique, inventée par KuHL et appliquée très mal-ii-propos par lui à toutes les Couleuvres javanaises, dont les écailles sont carénées. Boie , reconnaissant ces erreurs, en a déjà éloigné un grand nombre d'espèces hétérogènes : j'adopte ses vues, toutefois en y appor- tant quelques restrictions qui m'ont paru nécessaires. Les Tro- pidonotes faisaient autrefois partie du grand genre des Couleu- vres, vu que les plaques qui revêtent leur tête offrent les formes usuelles : plusieurs naturalistes modernes, rejetant les vues de mes prédécesseurs , les oiît distribué dans des genres très dilférens ; il serait inutile d'énumérer tous ces petits chan- gemens. Quelques espèces restent très petites, d'autres au con- traire atteignent jusqu'à 4 <>'^i ^ pieds de longueur totale: les individus de cette taille ont le trou c de la grosseur d'un pouce et demi environ. Comme cette partie n'est jamais comprimée , il resuite que l'abdomen est très large et légèrement convexe , TUOPII)0\OTUS. 2î)9 et que Jes cotes , au lieu de descendre perpeudiculaireinent , sont moins arquées que dans les autres Couleuvres. Cette conformation , ainsi que celle de la queue qui offre les mêmes proporJions que le tronc, indique la facilité avec laquelle les Tropidonotes se meuvent dans l'élément liquide. Les muscles df la locomotion trouvent un point d'insertion favorable dans les apophyses des vertèbres qui sont le plus souvent assez déve- loppées, toutes les vertèbres du tronc offrant une série da- pophyses épineuses inférieures, tandis que les vertèbres de la queue sont munies d'une double série. Une section perpen- diculaire du corps présente un triangle sphérique à angles très émoussés. Toutes les espèces ont les écaill es en rhombe ou de forme sublancéolée et le plus souvent disposées sur 19 rangées longi- tudinales; les carènes sont plus saillantes dans les espèces qui font le passage aux Homalopsis. La télé est toujours de moyenne grandeur , déprimée, large à la base et par conséquent un peu distincte du cou: de forme conique, elle se termine en im museau, qui est court, peu large et à bout arrondi. Cette conformation est la cause de la petitesse des plaques frontales et de la position des narines rapprochées au bout du museau , et dont la peti- tesse jointe à leur posi'ion un peu verticale , annoncent la ma- nière de vivre des Tropidonotes. On peut en direautantdesy eux qui, peu volumineux et moins latéraux que dans les autres Cou- leuvres , sont placés de telle sorte que l'animal peut s'en servir pour voir également bien de côté et vers le ciel. Leurs joues, enflées par la grosse glande maxillaire qu'elles recouvrent, contribuent particulièrement à rendre la partie postérieure de la tête volumineuse, et sont la principale cause de la grande courbure que fait la ligne qui termine la lèvre supérieure. Cette ligne qui monte fortement pour rejoindre la commissure des lèvres , leur gueule très fendue , enfin la position des narines et des yeux, rendent la physionomie des Tropidonotes un peu sauvage, quoique ce soient des serpens très innocens. 300 TROPlDOiXOTUS. Les lames qui revêtent la lete sont en gênerai moins larges que celles des Couleuvres: aussi leur forme et le nombre sont-ils les mêmes clans les deux genres . avec cette exception toutefois que tous les Tropidonotes ont trois plaques oculaires postérieures : le Tropidonote du Cap n'en a ordinairement que deux , tandis qu on en voit accidentellement quatre chez plusieurs autres espèces. La largeur de l'occiput est encore du(» en partie aux dimen- sions considérables des mastoïdiens et des caisses. Les os des Tropidonotes sont en général assez vigoureux ; leurs m â- c h o i r e s sont courbées , et cette courbure est particulièrement sensible au bout postérieur de la mâchoire supérieure, où l'on voit le plus souvent une ou plusieurs dents solides et plus lon- gues que le reste. Il serait superflu de répéter que cette forme des mâchoires a pour suite celle de la ligne qui termine l'ou- verture de la bouche. Le maxillaire est peu long. Les dents sont plus courtes et plus arquées mais aussi beaucoup plus grosses que dans les Couleuvres. L'intermaxillaire est dé- primé et en croissiint ; les nasaux sont en triangle et petits. Le Cl âne en général est peu large; les pterygoidiens au con- traire sont remarquables par leurs diniensions considérables. L'anatomie des Tropidonotes ne présente guère de faits assez intéressans pour être cités dans un ouvrage élémentaire, si tou- tefois on en excepte le Tropidonotus scaber, qui offre plusieurs anomalies très curieuses dans son organisation, anomalies que nous rapporterons en leur lieu. Les glandes salivaires sont par- ticulièrement développées vers le bout postérieur; celles de la mâchoire inférieure ont une étendue considérable; la rostrale ainsi que les nasales paraissent exister conslannnent; la lacry- male est de moyenne grandeur et toujours revêtue, du moins en partie, parle maxillaire et les nmscles delà manducation; on ob- serve quelquefois deux petites glandes sousmaxillaires déforme orbiculaire. La disj^osition des glandes de la tête, telle que noiîs venons de la ticcrire , est a-pt'U-[)rès la même dans la jdupart TROPIDONOTIJS. :{0j (les espèces (i). On ne voit qu'un seul sac pulmonaire. Les replis, que forment les intestins, sont noiîibieux mais peu profonds. La couleur du fond des Tropidonotes est le plus souvent très foncée et sombre, mais la plupart sont ornés de ta(;hes de teintes très vives, lin colli(?r blanchâtre suivi , sur la nuque, d'une tache noire, caractérise constamment plusieurs espèces; d'autres ont cela de particulier, que la peau du cou est d'un beau rouoe^ couleur cachée dans l'état de contraction parles écailles. Les jeunes diffèrent des adultes par la disposition plus tran- chée des teintes qui sont quelquefois assez vives. Les espèces connues ne m ont point offert de caractère indiquant les diffé- rences des sexes. La pluralité des Tropidonoîes habite dans l'Asieet notamment dans les lies du ^rand Archipel indien. L'Afrique méridionale n'en produit qu'une seule espèce; l'Europe deux qui se trouvent également dans tous les pays bordant la Méditerranée; on en compte autant au Japon ci, plusieurs dans lAmérique du Nord. On n'en connaît point de la Nouvelle-Hollande ni de l'Amérique méridionale; ils sont remplacés dans ce dernier pays par les Homalopsis. On voit par ces données que les Tropidonotes peu- vent également bien supporter et les chaleurs des régions tro- piques et les intempéries des latitudes élevées. Quelques espèces sont dispersées sur une grande étendue de terre ; d'autres au contraire paraissent bornées à un espace très étroit. Les Tropidonotes abondent particulièrement près des lacs , des rivières ou des ruisseaux, dont les bords sont ombragés de bois. C'est là qu' étendus sur un rocher ou sur les branches des broussailles, ils guettent leur proie qui con- siste spécialement en grenouilles et en poissons , sur lesquels ils s'élancent dès que ces animaux se montrent <à la surface des (i) Voir DuvERNOY Jnri. d. se. nat. XXI I PU 6: glandes du col, NATRix; PI. '1 fig- I et 2 ; glandes du trop, quincuncjatus. 302 . JROPIDOIVOTUS. eaux. Ils plongent eu^-niêmes avec beaucoup de dextérité et peu- vent rester long-temps au fond de Veau , avant de renouveller l'air contenu dans leur poumon. Les espèces javanaises ont les mêmes habitudes: elles se trouvent en nom!)re considérable dans les grands champs de Sawa inondés et fréquentent aussi lesforéts primitives jusqu'aux cimes des montagnes. Habiles nageurs, les Tropidonotes préfèrent seretirerdans l'élément liquide, quede chercher leur salut dans la fuite sur la teire ou sur les arbres, quoiqu'ils sachent également bien ramper dans les plaines que grimper sur des objets élevés. Tout lieu d'habitation leur est indifférent, pourvu qu'ils y trouvent de quoi se nourrir. Voilà pourquoi la même espèce se rencontre tantôt dans les plai- nes recouvertes de bruyères ou dans les prés , tantôt sur les bords des bois éloignés des eaux, et même dans les forêts épaisses ou sur les montagnes jusqu'à une hauteur considé- rable. D'autres espèces cependant semblent ne jamais quitter les lacs, les rivières ou les eaux dormantes; ces habitudes, analogues à celles des poissons, les ont fait comparer dans quelques lieux aux anguilles . Quelques Tropidonotes se tien- nent pi'ès des maisons , qu'ils fréquentent pour éviter le froid,* ils s'établissent aussi dans les trous, creusés par les mammifères fouisseurs, et s'y retirent à l'approche de quelque danger Ils vivent souvent en société. Ceux, qui habitent les contrées tem- pérées, demeurent engourdis durant Ihiver. Les Tropidonotes pondent des œufs, dans lesquels on voit souvent le jeune assez développé. 1 Esp. LÉ TBOPIDON07E J COLLIER. TROPIDONOTLS NATUIX. Tout le monde connaît ce serpent, si commun dans presque toute l'Europe et peut-être aussi dans une grande partie de l'Asie. TROPIDOIVOTUS IVATRIX. 3():i Une tète déprimée et lar<^e, la l)elle couleur d'un brun bleu- âtre ou verdatre plus ou moins foncé et relevé par plusieurs suites de bandes ou de taches noires , un collier blanc ou jaune bordé postérieurement d'une grande tache d un noir profond, des bordures noires des lèvres, les plaques de la tête d'une forme très régulière: voilà les principaux caractères de ce Tro- pidonote. Les teintes cependant sont extrêmement sujettes à varier. Les taches noires transversales du corps, ordinairement déchi- quetées ou en zigzag et disposées sur 3 ou 4 rangs alternes, sont tantôt larges tantôt petites et plus ou moins sensibles, suivant que les teintes du fond sont claires ou foncées : elles disparais- sent totalement dans les individus du Sud-est de l'Europe, qui offrent souvent des teintes uniformes noires. Il en est de même avec les taches noires et carrées du dessous qui confluent alors sur la ligne médiane de l'abdomen: quelquefois elles sont si larges que la couleur du fond s'entrevoit à peine , tandis que d'autres individus ont l'abdomen d'un bleuâtre uniforme, sans la moindre trace de taches. Les individus de l'Italie , de la Grèce et de la Sardaigne sont souvent d un bleu très clair avec deux raies dorsales d'un jaune d'or, teinte qui occupe également le dessous et quelquefois aussi le collier. La couleur du fond varie dans toutes les nuances depuis le brun au noir. J'omets le détail inutile des descriptions minutieuses de ces variétés fugitives. M. Lenz n'a trouvé d'autre différence entre les mâles et les femelles que dans la taille plus considérable des dernières. Les adultes conservent les mêmes belles teintes dont les petits sont ornés. Le bout postérieur du maxillaire est armé de plusieurs dents plus longues que le reste. Les os du crâne sont plus courbés dans les adultes, et cette partie est comparativement plus large que dans les jeunes. Les apophyses des vertèbres sont moins développées que chez les autres espèces. 304 TROPÎDONOTUS NATRlX. Le Tropidonote à collier atteint jusqu'à cinq pieds de lon- gueur totale, mais les individus de l'Europe tempérée surpas- sent rarement 0,90 -!- 0,19. Plaques: 1 44 H- 48 o'^' 182 4- ^76. Cette espèce a souvent été le sujet des recherches des natu- ralistes. Parmi ceux qui ont le plus contribué à faire connaître ses mœurs, nous citons particulièiement : van Lier (i), Bech- STEiN (1) , WoLF G) et Lenz (4) , ^ux ouvragcs desquels nous empruntons les détails relatifs aux habitudes du Tropidonote à collier; M. Schlemm (5) en a décrit les nerfs et les vaisseaux de la tête, travail excellent dont nous avons profité dans la première partie de notre ouvrage; M. Hep.îîold (6) a «spéciale- ment dirigé ses recherches sur le développement de l'em- bryon. Je ne connais pas une seule bonne figure de ce serpent. Celles de Seba (7) sont pour la plupart abominables et colo- riées à fantaisie; celles données par Lacépede (8) et Dau- DiN (9) ne valent guère mieux. Le Tropidonote à collier a les habitudes moins farouches que la plupart des autres serpens indigènes. Attaqué ou pris à la partie postérieure du tronc, il se roule sur lui même et se défend, en jaillissant à son ennemi la liqueur fétide distillée par les poches anales. Il mord rarement lorsqu'on le prend ; il m'est cependant arrivé, qu'étant encore très jeune, et m étant approché du bord d'un bois, où une société nombreuse de ces serpens s'était établie pour faire leur ponte, un Tropidonote d'une taille énorme m'attaqua avec fureur , tandis que plusieurs autres s'échappaient dans les trous dont la terre était percée. Ils préfèrent de se servir des boyaux pratiqués par les taupes , les souris ou par d'autres petits mammifères, que de s'en creuser (i) Traité PL i p. 34 suiv. — (2) Lacep. voL II] p. 299 PL l'if. 2. (3) Sturm Fanna ReptiL — (4) Schlangeuh. p. 499 suiv. PL 5 : figure d'une jeune femelle. — (5) Ticdem. Zeitschr. vol II cah. 1 PL 7, — • (6) Oversigt i83o/:>. A suiv. (7) Sf.ba II PI l^ fi ,'^', PL lo/ i , 2 et 3 ; PL 35 /. 3 -, PL l^r^f. I. — (8) Quadr. ovip. voL 11 p, i47 Pt. ^fi. — (9) Rept. voL Vil p. 34 PL 82/ I et voL F PL Sg/^. i5. ïnOPIDOXOTLS XATRIX. ;U)5 eux-tiicines. Recherchant ki chaleur, ils iVéqueiitent souvent le Voislna<>e des maisons et s'étahlissent dans des tas de funiier ou d'autres substances, pourvu qu elles soient faciles à perfo- rer • ils entrent même les écuries, les caves et les étahles : fait déjà connu des anciens romains, comme il résulte d'uu passa'^e de Columella. On rencontre aussi ce Tropi lonote loin des habitations, dans les forets épaisses et jusque sur cime des montagnes, à quelques mille pieds au dessus du niveau de la mer. Il grimpe quelquefois sur les broussail- les et sur les arbres; il préfère cependant le voisinage des eaux, particulièrement des eaux dormantes ou des rivières dont le cours est peu rapide: aussi est- il très coannun dans les prés et dans les bruyères humides. 11 plonge fort bien , et demeure jusqu'à une demi-heure au fond des eaux, Sims venir respirer. Il fait particulièrement la chasse aux gre- nouilles, à d'autres batraciens aquatiques et aux poissons, quoiqu'il se nourrisse aussi de souris et de lézards, ou même, suivant quelques auteurs de petits manunifères, d'oiseaux, d'insectes et de vers. Il aime à surprendre sa proie dans l'eau, élément dont il ne peut guère se passer dans la domesticité; mais il n'est point organisé pour faire un séjour continuel dans cet élément : les forces pour se soutenir dans la nata- tion étant bientôt épuisées, il se fatigue et se noie. On ne peut point parvenir à le tuer en lui humectant la bouche de suc de tabac. Il est très vorace et dévore à la fois un, grand nombre de grenouilles. Les parcelles de végétaux que l'on trouve dans son estomac, y entrent conune adliérens accidentels à sa nourriture. Il s'engourdit , dans les contrées tempérées, au mois d'octobre et de novembre, et recherche à cet effet les Irons profonds, où le froid ne puisse pénétrer. Les premiers beaux jours du mars et de l'avril le voient sortir de sa retraite. Ce temps d'engourdissement est plus court ou nul, suivant que les régions qu il habite sont situées vers le midi. Il change de peau à la fin de chaque 306 TROFlDOi\OTUS NATFdX. mois depuis avril jusqu'au derniei août. Ce Tropidonote con- tracte des mœurs très douces dans la domesticité et demeure en bonne harmonie même avec les animaux dont il se nour- rit , et qu'il ne dévore que lorsqu'il ressent Faiguillon de la faim. On a cependant plusieurs exemples qu'il mord sans que l'on s'y attende; quelquefois même il tient très terme et on a de la peine à lui faire lâcher prise. Le Tropido- note à collier ne fait annuellement qu'une seule ponte et cela le plus souvent au mois d'août. L'accouplement ayant eu lieu dans le mois d'avril , il s'ensuit , que les Gtuts ont cinq mois à se développer dans les oviductes, tandis que trois semaines (i) suffisent , pour les faire éclore , après qu'ils ont été pondus. Les œufs sont de forme ovale et long d'un pouce et de 3 lignes : les petits sont plus ou moins développés au moment de la ponte, qui est de 20 à 3o œufs; au sortir de l'œuf, ils mesurent environ 6 à 8 pouces. L'humidité et une température plus élevée que celle de l'atmosphère étant indispensable pour le développement des œufs , ce Tropidonote trouve dans les tas de fumier expo- sés aux rayons du soleil ou dans les lieux humides, un lieu assez favorable pour les y déposer. Plusieurs parties de ce Tropidonote étaient autrefois employées dans la médecine; aujourd'hui on ne tire parti que de sa chair que l'on mange dans plusieurs pays , et de sa peau dont on enveloppe des cannes. Le Tropidonote à collier abonde dans presque toute l'Alle- magne et dans la France. Il n'habite point les parties de la Hollande situées près de la mer, mais il est très commun en Gueldre et dans la province de Drenthe. Il se trouve en Angle- terre (2) jusqu' en Ecosse, en Suède (3), au Danemark (4) (i) Ce fait énoncé par M. Lenz est contradictoire aux observations de M. Herhold , qui dit que les petits ne sortent de l'œuf qu' au bout de Sa à 36 jours. — (2) Shaw. Gen. ZooL lU P. Hp- 44^. ('i) Linné /. c. — (4J Herhold /. c. TROPIDONOTUS QIJL\CUNCIATUS. .307 clans la Hongrie (i), clans la Taiiride (2) et dans une grande partie de l'Asietempérée jusqu'au lacBaikal (3). M.Cantraine nous en a rapporté des individus de la Dahnatie , de l'Italie et de la Sardaigne. Le Musée de Paris en a reçu d'Alger par M. Lourent, du Levant par Olivier, de la Morée parM. Bory de St. Vincent , de la Sicile par Bibron , et de la Norvv^ège: les sujets de cette dernière contrée appartiennent à la variétés noire, tandis que ceux de la Morée ressemblent àla variété de Sardaigne dont on a fait une espèce sous l'épithète de BiHNEATUS. C'est pcut-étre le h yd rus des anciens ro- mains. Le nom inventé par Linné indique fort bien ses habitu- des. On peut consulter, pour la synonymie de cette espèce, l'article du NATR IX torquata chezMERR. /^. 109 et/A 124. 2 Esp. LE T. A TACHES EN QUINCONCE. TROPIDONOTUS aUINClJNCIATUS. PI. XII fîg. 4 et 5 (var. cîe Java). La taille à lac|uelle parvient ce Tropidonote est consi- dérable. Un individu qui nous a été adressé du Bengale mesure 0,94 + o,34 sur une grosseur de o,o45. Sa tête , peu distincte du tronc, est moins déprimée , plus alongéeet moins large que celle de la précédente ; les plaques du sommet se distinguent par les mêmes formes : la verticale est très alon- gée et les frontales antérieures sont un peu pointues vers le bout du museau qui est arrondi et étroit. L'œil est petit , la queue conic|ue et robuste. La teinte du fond est un brun olivâtre plus ou moins foncé, (i) Frivaldzsky p. 46..—. {1) Descr. de la Taur. p. 294* ~— (3) Georgi III p. 1881 et EvERSMANN , Reise nach Bucliara , p. i45. 308 rROPlDO.\OTLS ^)UII\ClIi\CIATUS. le dessous est d'un jaune vif. Les parties supérieures sont or- nées de 5 ou de 7 suites de laro^es taches rondes, d'un o-ris noirâtre et disposées en quinconce ; ces taches sont quel- quefois moins distinctes , réunies et confluentes de sorte qu'elles forment tantôt des raies longitudinales (i), tantôt des bandes transversales , ou que leur nombre est diminué à mesure qu'elles augmentent en étendue: on n'en compte alors que 3 suites (2J ; d'autres ont les taches peu sensibles. Les lames abdominales sont quelquefois bordées de noir. Deux raies étroites et noires qui naissent au bord des yeux se diri- gent obliquement en arrière et se perdent sur les lèvres. Une bande transversale noire, qui occupe les côtés du cou , réunit les raies latérales chez les individus qui offrent cette dispo- sition des teintes: elle se prolonge quelquefois sur le sommet de la tête , bordant une tache blanche et alongée sur l'occiput. Le beau portrait de ce Tropidonote , fait sur le vivant et que je tiens de M. Ueinw^ardt, démontre que les teintes changent peu par l'action de la liqueur forte. Les apophyses des vertèbres sont très développées, les dents et le crâne sont comiiîe chez le trop, n a t r i x. 129 -h 64 ou î46 -r- 80. On compte quelquefois 21 rangées d'écaillés. De bonnes figures de ce Tropidonote ont été publiées par Russel. Les individus qui font partie du Musée de Paris sont originaires de Malabar , de Pondichery , de Bengale, delà Coi'hinchine et des Philippines ; le Musée des Pays-Bas en pos- sède de Bengale (3) , de Java, des îles Mariannes et de la Chine; un sujet de ce dernier pays à été pris par le docteur Witt à bord d'un bâtiment anglais ancré près de Macoa. On voit (1) C'est alors le col. m e l a n o z o s t ii s de Gravenhorst ; Vergl. Ubersiclit p. 402. — (2) Les individus dans cette livrée ont été considérés comme espèce particulière par Oppel et Reinv* ardt : g o l. F u IV E n R 1 s et s I N u A T u s. — (!i) Il se trouve dans les environs de Bombay, de Tranquebar et de Calcutta: Russel.//./?. 17. TU0Pll)0i\01US LMUKATLS. M) pnr là que ce Tropidonote aime le séjour dans les eaux , fait constaté d'ailleurs par les observations de Russel , qui dit qu'il fréquente les lieux humides et inondés , et que les indi- gènes le rangent parmi les serpens d'eau. « Ses mouvemens » sont rapides et il élève souvent la tète quoiqu'il ne siflle ^> point ; lorsqu'on lui présente quelque objet, au lieu de se n défendre en mordant , il se retire. L'individu capturé dégor- » geait un poisson. « I/ir/. Serp. Ip. 39. — Le portrait de l'adulte, Russ. II PL 14, est excellent; celui du jeune se trouve sur la planche suivante fig. A ; je rapporte ici également le n e e 1. 1 KOEA de Russel , / P/. 33 , qui a servi de type au col. ANASTOMOSATUS Daudix Rept. uol. VII p. I \o et au c o L. piscATOPx Mer REM Teni. p. \ii'^ puis le paragodoo, Russel //;. 20 qui est le COL. braminus de Daudin VII p. 176 et le OoL. PALusTRis de Merre3i Tent, p. 124.' Schneider avait déjà antérieurement placé ces deux espèces nominales dans son genre h\ drus et Latreille d'après lui dans celui d'E n h y d r i s. Cette espèce commune à été figurée tout récemment dans XhuUan Zoology sous le nom de col. rectangalum, et par M. Reuss sous celui de c o l. lip- pus, voir Mus. Senk. p, i5o PL c^f. 1. Les individus des îles Mariannes forment une jolie variété de climat ; ils ont le ventre orné d'un grand nombre de taches foncées en forme de points: c'est le tropid. spilogas- TE R de lîoiE. 3 Ksp. LE TROPIDONOTE OMBRÉ. TR^^PIDONOTUS U3IfiîRATtS. L'adulte de ce Tropidonote est représenté sur la PL b du second volume de l'ouvrafre de Russel, sous le nom de d o r a ; le jeune /^/. 3/1 i sous celui de doohla: sur ces figures 310 TROPÏBOI^OTUS RHODOMELAS. reposent les col. dora et u m b r a t u s de Daudin , iJe-ysf, vol. Fil p. 191 et p. i44- J'en ai vu plusieurs individus rap- portes de Tranquebar , chez M. Klinkenberg à Utrecht : Boie en a vu au Cap provenant de Ceylan. i35 -I- 173 ; i5i -{- 93. Ce Tropidonote atteint une taille de 2 pieds et demi jusqu'à trois pieds. La couleur jaunâtre, une tête noire et les nombreu- ses taches confluentes de la même teinte dont le dessus est varié , le caractérisent suffisamment. N'ayant pas eu l'avantage de l'examiner en détail , je n'ai pu Communiquer une description comparative de ce Tropidonote, qui a déjà été décrit par Herrmaniv sous les noms de col. BRUNNEUS et ATRATUS, doUt MeRREM a fait son COL. LUGUBRis: j ai vu au Musée de Strasbourg les individus qui ont servi de type à iïerrmann. 4 Esp. LK TROPIDONOTE ROUGE ET NOJB. TRUFÎIICINOTUS RîiODCIMELAS. PI. XII fîg. 10 et II. Le beau rouge de brique des parties supérieures ; une raie dorsale noire, fourchue et en massue sur la nuque; une queue courte et conique ; le rouge pâle du dessous , orné sur les flancs d'une suite de petits points noirs ; enfin une tête large , courte et conique : voila des caractères qui font de cette espèce une des plus distinguées et des plus belles du genre. Les adultes sont d'un rouge plus profond que les petits ; on volt souvent sur les côtés du cou des raies et quelquefois des bordures noires des écailles. L'iris est jaune , l'œil moyen, la tête assez distincte du tronc; les lèvres sont plus enflées ([iic TUOIUDO.MOIIJS rUlAXGULIGKRUS. :]ll dans les autres Tropidonotes. Le museau est très court et conique. Les plaques du sommet de la tête sont petites et ramassées , les occipitales étroites vers le bout postérieur , les frênaies très petites. Le beau rou^i^e de la peau est plus sensible lorsqu'elle est dilatée: on voit alors ces parties de la peau qui ne sont pas revêtues de l'épiderme cornée. 1 26 -4- 46; i33 + 4i ; i36 + 43 ; 128 + 48. Ce Tropidonote inédit est très rare à Java , d'où Kuhi. et VAN Hasselt n'en ont envoyé que deux individus; Boie , à qui on en doit deux figures, l'une publiée dans \ Erpétologie de Java PL 29, l'autre faite sur le vivant et encore manuscrite, a retrouvé cette espèce à Tjikao sur l'île de Java : deux indivi- dus seulement sont le fruit de ses recherches. Les belles teintes rouges passent après la mort au gris pourpre. Ce Tropidonote ne parvient pas à des dimensions considérables : un adulte de notre collection mesure 0,45 -l- 0,10. 5 Esp. LE TROPÎDON, A TACHES EN TRIANGLE. TROPIDONOTUS TRIANGUI.ÏGERUS. PI. X[I fig. I, a et 3. Ce Tropidonote inédit est remarquable par les larges taches en triangle et d'un rouge vermillon qui ornent ses flancs ; elles sont le plus souvent séirarées par quelques plaques noi- res et s'évanouissent à mesure qu'elles s'approchent des parties postérieures. J^e dessus est d'un vert olivâtre foncé, le des- sous d'un jaune d ocre avec des bandes abdominales quel- quefois marbrées ou bordées de brun ; quelques individus offrent cependant des taches très obsolètes, et j'en ai vu sur les quels on pouvait à peine découvrir les traces de ce dessin. Ce Tropidonote dont la découverte est due au professeur Reinw4rdt, a la taille et le port du tw. n a tr ix. Le museau 312 TROPIDOIVOTIJS CORYSARGOS. est un peu alonge ce qui fait que les plaques frontales anté- rieures sont beaucoup plus longues que larg'es. Les yeux sont moyens. Le squeîeUe ressemble à celui du Trop, natrix , mais il offre des apophyses des vertèbres beaucoup plus développées. 0,84 + o,3i ^ plaques : i34 + 68 ou i4o -i- 94. Les couleurs s'effacent en grande partie après la mort: le rouge se ternit , le vert devient gris noir, et le jaune passe au brunâtre. Les petits ressemblent à leurs parens sous le rap- port des teintes. Ce Tropidonote se nourrit de grenouilles et se trouve en abondance à Java , où il habite les ruisseaux et les champs inondés dans le voisinage de Buitenzorg. Nous possédons des figures de cette espèce faites sur le vivant et dues à MM. Reinwardt et Boie. , '-^ Oi^^CrFUS ClOlYSAllCiflS. PI. XII fîo. (i et 7. .1 ai longtemps différé avant d'admettre l'existence de cette espèce et de la suivante, tellement elles sont voisines de la précédente. Mais le grand nombre d'individus que nous en possédons , tous analogues entre eux et ne présentant point de passages , ne m'ont pas permis d'hésiter à adopter les vues de M.M. Kuiil et Reinwardt qui ont découvert ces Tropidonotes à l'île Java. Le Trop, chrysargos ne se distingue du précédent que par sa taille un peu moindre, par des plaques frontales antérieu- res moins alongées , et par les teintes. Le vert du dessus est plus clair; de nombreuses bandes transversales occupent les flancs: elles sont composées de taches noires, quelquefois réu- nies au bout supérieur par une laie longitudinale et o) nées TROPIDOXOTUS SUBMIXIATUS. 313 tViine tadio jaune d'or. Le dessous est couleur de rose pour- pre , la lij;ne médiane jaunr : on -voit souvtMit , aux l)ords latéraux des lames abdominales , des niarhriiies d'un bleu noir et une suite de points de la même teinte. Les jeunes offrent des teintes plus claires et ont le cou orné d'un collier blanc qui se joint à la lèvre supérieure: il est bordé de deux larges taches noires. Des figures de ce Tropidonote se trou- vent dans \ Erpétologie de Java ^ PL 37 l'adulte , /-'/. 2(S le jeune. D'autres, faites sur le vivant, font partie de la riche collection de dessins du Musée des Pays-Bas. 154 + 78 ou 1 58 + 84; o,58 h- 0,18. Les teintes se ternissent beaucoup dans la liqueur forte. Les rients postérieures sont quelquefois assez longues. Ce Tropidonote javanais a été retrouvé àl'ile de Célèbes par M. M. Quoy et Gaimard. « Il habite les forêts primitives à la cime de la montagne " Maofmedon , où il se tient sur les tronçons de vieux arbres » abattus. Nous l'avons aussi trouvé dans les forêts près de w Rapang. « Ext/ ail des JManuscr. de Kuhl. 7 Esp. LE TROPIDONOTE A COU ROUGE. TKOi^îDOXOTUS SUIÎMÏNiA TUS. Nous devons aux soins de M. M. Reinwardt et Boie qua- tre figures coloriées d'après le vivant qui représentent ce Tropidonote inédit dans les différens états de la vie. Le beau brun rougeatre, noirâtre ou verdâtre des parties supérieures est toujours entremêlé de rouge vermillon sur le cou , teinte qui occupe la peau et les bords des écailles qui revêtent ces parties. Latêteetia nuque sont verdàtres; cette teinte se trouve séparée, par une tache noire , du collier qui estd'un jaune verdâtre, très large dans les jeunes , et qui rejoint les lèvres. 3 î 4 TROPÎBONOTUS PICTIJ R ATIIS. Le dessous est jaunâtre et garni de chaque côté d'une ran- gée de points noirs ; plusieurs suites de taches rondes et en zig-zag ornent le dessus. Les écailles sont quelquefois bor- dées de blanc. La teinte dominante de cette espèce varie extrê- mement. Les petits sont plus foncés et offrent des couleurs beaucoup plus vives ; comparez : Seba JI ig. 3 et 4- L« rouge et le jaune passent après la mort. Ce Tropidonote ne se distingue des deux précédens que par une tête un peu plus courte, plus conique et moins déprimée, par une dent maxillaire postérieure très longue , et par des lèvres plus enflées. Il est particulièrement reconnaissable à deux raies noires qui bordent les plaques au dessous de Fœil. o,56 4- o,i5 ; i36 + 59 ou 142 -+■ 0,70. Comme dans les précédentes , le tronc de cette espèce est entouré de 19 ran- gées d'écaillés ; quelques individus cependant m'en ont offert !2i rangées, tandis quej'e n'en ai compté dans d'autres que 17. Ce Tropidonote abonde à Java dans les champs de Sawa inondés. 8 Esp. LE TROPIDONOTE VARIÉ. TROPIDONOTUS PÎCTLRATUS. PI. XII fîg. 8 et 9. M. Mûller a ainsi nommé un Tropidonote inconnu jusqu à présent , et fruit des recherches de nos infatigables voyageurs à la Nouvelle Guinée (i). Ils en ont recueilli cinq individus près de la baie Lobo , dont l'un a servi de modèle à une belle figure exécutée sur les lieux par feu van Oort. J'ai cette figure sous les yeux; en la comparant au sujet conservé dans la liqueur (i) M. M. Quoy et rTaim^id ont rapporté un son! individu de cette nniivcUo espèce. TROPIDOINOTLS TIGRINUS. 315 et sur lequel elle a été dressée , on voit que les belles teintes qui ornent la tète et le cou s'effacent totalement après la mort , et que le dessous devient d'un brun terne. Ce Tropiclonote n'atteint pas une forte taille, vu que les adultes ne mesurent que o,45 + 0,1 4- 1' ^ ^^s formes moins robustes que le précèdent, auquel il ressemble au reste quant au port et à la conformation de la tête. On ne compte que i5 rangées d'écaillés. Les plaques sont au nombre de 128+ 52 ou de i34 "*" 62. Le dessus est d'un brun schisteux noirâtre, le dessous d'un jaune citron pale ; les lames qui revêtent cette partie ont des bordures rou^eâtres et une orrande taclie de noir enfumé sur les côtes. La tête et la nuque sont couleur d'amé- tlîiste. Les côtés du cou sont plus clairs ou presque blancs et bordés de deux raies noires ; une autre raie de la même teinte se trouve derrière l'œil : on voit de plus quelques points noirs et clair-semés sur la nuque. L'iris est d'un brun rouge, l'intérieur de la bouche rouge de brique , mais les lèvres sont jaunes. 9 Esp. LR IROPIDONOJE PANTHÈRE. TROPÏDONOTUS TIGRÏI^US. Cet ophidien, décrit le premier par Boie (i) , a été'Vap- porté en quantité du Japon par M. M. von Siebold et Bûrger. Il est très voisin de l'espèce commune en Europe: ses tein- tes cependant , des écailles plus larges et dont la carène est beaucoupplus relevée, des yeuxplus grandsetune tête moins déprimée, l'en distinguent suffisamment. (1) r.sis i8?/>/?. :>.of) ; la fijijure se trouve dans le Faunajap. Ophid. PL 4. 31 G TROPÎI)Oi\OÏUS VIBAKAKI. Il est très sujet à varier. Le dessus est d'un brun plus otJ moins foncé, tirant tantôt sur le jaunâtre, tantôt sur l'olivâtre; dépouillée de l'épiderme, la peau est d'un bien schisteux. Les grandes taches rondes et noires , qui recouvrent les parties supérieures, sont tantôt disposées sur une, tantôt sur deux ^ ou même sur trois rangées et plus: elles laissent quelquefois entrevoir au centre la couleur du fond; chez d'autres indivi- dus elles confluent sur les parties antérieures , et bordent le collier clair qui est séparé du sommet de la tête par ia teinte foncée de cette partie. Les plaques labiales offrent quelques bordures noires. Le dessous varie comme dans le Tropidonote à collier et offre les mêmes teintes. o,j9 H- o,23. Plaques 164 -h 62 ou 168 -+- 80. Un individu de notre collection présente 5 plaques souscaudales simples et ^5 de divisées. L'extrémité postérieure des mâchoires est armée de quelques dents très longues. 10 Esp. LE T. VIDAKJRL T. VÎEAKARI ^11. Les îles méridionales du grand empire japonais produisent ime autre espèce de Tropidonote beaucoup plus petite que la précédente. Parmi une trentaine d'individus rapportés par M. VON SiEBOLD, il ne s'en trouve aucun seul , dont la lon- gueur totale excède o,43 -H 0,16 .• aussi ce Tropidonote a-t-ii le corps et la queue plus minces que les autres espèces dont nous venons de traiter. Sa tête est moins distincte du tronc, la queue plus grêle et les écailles ne sont pourvues que d'une faible carène. La couleur dominante est un brun jaunâtre très pâle; le (1) BoiE Isis 1826/?, 207 ; lùiiina jaj>. Ophid. PI. 5. TKOPinOIVOTl s SIOLATUS. 317 tlessous est plus clair. On voit (jnelquefois une raie dorsale l'oncoe. Un tlenii-collier blanc orne les cotés du cou, les lèvres offrent la même teinte et sont bordées de brun. Les petits ont le dessus plus foncé et les cotés de l'abdonjen ornés d'une ■suite de petites taches en forme de points ; ils ressemblent du reste à leurs parens. i38 -f- ^o ou i4^ + 78. / / 11 Esp. LE 1. EN ROBE. T. STOLATUS. Le premier descripteur de cette espèce est Linnaeus : c'est son COL. STOLATUS Mtis. Ad. Fr. PL 11 f. i. Russel en a publié de bonnes fioures : Ind. Serp. I Pi. 10 et 1 1 et // Pi. i5 B, (le jeune). Les différens noms de pays que portent ces planches, prouvent combien peu s'accordent les communi- cations des indiqènes. Je passe sous silence plusieurs figures de Seba, cilées par Merrem , Linné et Latreille, vu qu'elles sont au dessous de toute critique. Ce Tropidonote est très commun dans tout le Bengale, d'oùnous en avons reçu plusieurs individus; d'autres nousont été cédés par le docteur Witt, qui a recueilli l'espèce à la pointe méridionale de la presqu' île de Malacca. On en voit au Musée de Paris des individus pris à Pvlalabar, à Pondichery , à Coromandel , à Ceylan , au Bengale et aux Philippines. Cette espèce n'a pas tout-à-fait les formes délicates de la précédente; aussi parvient-elle à une taille un peu plus forte. Sa physiononiie ressemble à celle du t r o p. s u b m 1 n i a t u s. Le brun ohvàtre foncé du dessus est relevé par deux raies dorsales d'un beau jaune, qui entrecoupent un grand nombre de bandes transversales noires : une tache blanche indique le centre de section. D'autres taches noires et irrégulières sont dispersées sur les flancs: on en voit souvent une rangée au 318 TROPIDONOTUS VITTATUS. côtés du dessous qui est jaune. Les plaques oculaires et les lèvres, nuancées de la même teinte, sont souvent bordées de noir, tandis que les écailles du tronc offrent quelquefois des bordures blanches. Les teintes deviennent plus claires dans la liqueur forte , et le dessous est souvent d\m vert plus ou moins foncé. i44 -h 66 ou i48 -+- 77. Longueur totale 0,89 -j- 0,1 3. 12 Esp. LE 2. PxUBJNÉ. T. VITTATUS. On nous a envoyé des centaines de ce Tropidonote de Java , où les rivières , les lacs et les lieux inondés en fourmillent. Il varie peu , et ses teintes ne subissent pas des changemens ap- parens dans l'esprit de vin. Il se trouve dans toutes les col- lections. SCHEUCHZER (l), SeBA (a), LiNNÉ (3) Ct RuSSEL (4) en ont donné des figures. Les jeunes ne s'éloignent de leurs parens que par leurs dimensions. Les adultes ont la taille et le port du t ro pid. stolat us. Le dessus, d'un brun livide, est marqué de 3 raies noires dont celle des flancs , plus large que la médiane, tranche la rangée inférieure d'écaillés qui sont relevées par une raie d'un rouge pâle. Le dessous est d'un bleu de schiste, toutes les lames offrent une large bordure de noir ; il en est de même de celles qui revêtent les côtés de la tête. L'iris est brunâtre. On observe souvent entre celles des flancs et du dos, une raie intermédiaire très effacée. Mesures: 0,48 + c>îI7- — Nombre des plaques variant depuis 143 H- 72 jusqu'à i45 -v 84. Le crâne est plus alongé que dans les autres Tropidonotesj (1) Bibl sacra 661 , 8. — (2) Thés. 7/ 44 , 5 ; 60/. 2 e^ 3 ; / 35 , /,. — rS) Mus. Ad. Fr. PL 18/ 2. — (4) Ind. Serp. JT PL. 35. 'lR0PlD0i\01TîS ÎSCHISTOSIIS. 3Ii) les dents sont très délicates et les os du squelette peu vigou- reux. 13 Esp. LE TROPIDONOTE COULEUR DE SCHISTE. ÏROPIOONOTUS SCHISTOSUS. Nous avons reçu de Bengale, il y a quelques années, un Tropidonote semblable à tous les égards au chittee de llussEL Iiicl. Serp. II PL 4 (col. schistosus Daudin ^oL VII p. i32), excepté que les écailles sont carénées chez nos individus , caractère dont Russel ne fait pas mention , ce qu il fiuit probablement attribuer à une inexactitude dans sa description ; car ce Tropidonote a toutes les écailles surmontées d'une carène assez prononcée. La tête est très courte et coni- que ; les plaques du sommet sont ramassées, et les yeux pe- tits. D'ailleurs, il offre les mêmes dimensions que le précé- dent, quoiqu'il ait le tronc plus robuste et presque cylindrique; le dos est un peu en carène. Les deux teintes uniformes de cette espèce se tranchent sur lavant-dernière rangée d'écail- lés: ces teintes sont d'un gris schisteux assez foncé sur le dessus et d'un jaune sale sur ie dessous. On aperçoit à peine qu'il existe une petite raie noire derrière l'œil. o,43 -h i6 ;^ i5o \ 80. Le museau de ce Tropidonote étant très court, conique et descendant obliquement vers les côtés, il s'ensuit que les narines sont un peu dirigées vers le ciel , et que les plaques frontales sont quelquefois fondues en une seule qui offre une forme triangulaire: ce caractère rapproche l'espèce des Homa- lopsis. Elle est très répandue: commune au Bengale , elle a été également rapportée par M. M. Sganzin et Milius de Mada- gascar et des PhiUppines. 320 TROPïDO^OiXS BIPUiMCrATUS. 14Esp. LE T. BIPONCJUÉ. T. BIPUNCTATUS* La synonyaiie de cet ophidien est très embrouillée. On peut adopter lopinion des naturalistes, que la PL 53 de l'ouvrage de Catesby représente cette espèce et que Linnaeus (i) l'a désio^née sous le nom de col. or dîna tu s; ce dernier auteur, par une méprise inconcevable, cite à ce sujet Seba //. 20. 1 , figure qui repose sur un individu du den d r o- PHis LiocERCUS, dépouillé de l'épiderme, Seba a appliqué fort mal-à-propos à cette figure le nom barbare d'i b i b o b o c a, qu'il a emprunté de l'ouvrage de Marcgrav, où il est employé pour désigner un él aps de Surinam. Plusieurs auteurs fran- çais tels que D4ubeivton, Lacépède (2), Daudin etc. ont dérivé de cette dénomination barbare, en la contractant, celle d'iBiBE qu'ils ont introduite dans le système, décrivant des opbidiens très divers de notre Tropidonote et imitant Linnaeus servilement dans leurs citations. Plusieurs de ces auteurs ont malbeureusement conservé ce même nom d'ibibo- boca (3) mutilé d'une manière différente , à une autre Couleuvre également indéterminable qu'il faut peut-être rap- porter à notre Erpétodryas a dos caréné; de nos jours enfin, ce nom a servi comme épithète de I'éla ps coralli n. — Le Tropidonote biponctué a été décrit le premier d'une ma- nière un peu reconnaissable par Latreille (4), d après des individus rapportés de la Caroline par Bosc. C'est encore le COL. ER YTH ROGR AM3I U s de BeAUVAIS (ap. LaTREILLE //^ /?. i4 L et Daudin Vllp, pS PL 83 f. i)-^ le c o l. e q u e s de Reuss, Mus. Senk. p, 1^1 PL S f. 2, du Mexique appartient probablement aussi à cette espèce. (i) Sysf. nat. p. 379 ; Merrem lent. p. 93 a placé cette espèce dans son genre hurria. — {'i) Qaad, oc, U p ùii. — (3) Lacep. /. c. II p. 328. — (4) COL. BiPUNCTATUs Latr. /îey;»f. JFp.85, avec fij^iire. / mOPlDOAOTlS SxHîRlTA. 321 Ce Tropidonote est très ooiuniun dans Us provir.ees riiéri- dionales des États-Unis. Le Musée des Pays- oas doit plusieurs Individus aux soins de M. Troost à Nasliville; d'autres ont été adressés à eet établissement de New-Yoïk. JVJ. PJée la aussi rapporté de la Martinique. 11 est analogue sous beaucoup des rapports à notre Tropi- donote à collier et ressemble, par les teintes même, en quel- que sorte à la variété à deux raies dorsales de notre espèce commune. Sa tète cependant offre des foimes un peu plus alon^ées, les veux sont moins prands, et on ne voit ni collier ni tache sur la nuque ni bordures noires aux écailles. La teinte bleuâtre de la peau s'entrevoit un peu à travers l'épiderme des écailles, qui sont d'un brun plus ou moins foncé. Trois raies assez larges et d'un blanc jaunâtre régnent le long des flancs et de la ligne médiane du dos. Le dessous est orné d un grand nombre de taches ou de bandes transversales déchiquetées. Le dessous tire sur le jaunâtre : chaque lame abdominale est pourvue d'une tache noire. Les jeunes offrent des teintes plus claires que leurs parens ; les raies longitudinales sont moins visibles, et leur corps est souvent parsemé de nom- breux petits points noirs. Longueur totale: 0,66 +0,17. Plaques: iSj + 58 ou 146 « Ce Tropidonote se nourrit de grenouilles, d'oiseaux , de X) petites tortues naissantes , de salamandres et de rats d'eau. » Palisot-Beauva-is ap. Latr. vol. III p. 88. 15 Esp. LE T. SAVRITE. T. SAURITA. Ce Tropidonote, très abondant dans la plus grande partie des États-Unis , a aussi été découvert par M. Plée à la Marti- nique. Il offre des formes beaucoup plus sveltes que les 2 ï 322 TROPIOOIXOTUS SAmilïA. autres espèces du genre et se rapproche même des er péto- DRYAS (i) , quoiqu'il réunisse tous les caractères d'un vrai Tropidonote dont il a aussi la physionomie. Sous ce dernier rapport, il ressemble même à notre Tropidonote à collier, à cela près que la tête, ainsi que les plaques qui la recouvrent, sont plus alongées. Les individus de 0,70 -t- o,3o sont de la grosseur du petit doigt: on voit par ces dimensions que la queue est plus longue que dans les autres espèces; elle est amincie vers l'extrémité et on compte, à sa partie inférieure, 06 ou 118 plaques doubles : celles de l'abdomen se trouvent au nombre de iSa -i- 180. Ce Tropidonote a , dans le système de coloration , plusieurs rapports avec le précédent. La teinte du fond cependant est d'un brun très foncé, ce qui fait que les raies longitudinales sont plus tranchées et les taches noires moins apparentes; le des- sus de la tête est moins clair et les taches abdominales sont petites ou manquent tout-à-fait. Les adultes offrent des tein- tes plus pâles que les petits. Dépouillé de l'épiderme, la peau est d'un beau bleu d'azur. Le crâne de ce Tropidonote est également plus alongé que celui des autres espèces; les dents sont minces , mais celles de la mâchoire supérieure augmen- tent en grandeur, à mesure qu'elles s'approchent du bout postérieur de cet os. On reconnaît notre Tropidonote dans la figure que Catesby a donnée sur la PL 5o de son ouvrage; peut-être faut-il aussi rap* porter ici le serpent figuré sur la PL 5 1 . Linnaeus l'a décrit sous les noms de COL. SAURiTAetsYRTALis(i). C'est aussi le COL. pROXiMus de Sa Y (2). On emploie, dans les Etats-Unis, indifféremment les noms de r i b b o n-s n a k e et de g a r t e r- s N AKE , pour désigner cette espèce. Elle se nourrit , suivant (1) On ignoreses mœurs; Daudin dit qu'il fréquente les arbres: Rept, vol m p, io5 P/. 81. — (2) SysUnaLp. 385^^383.— (3) Rochy Mount, vol, Ip. 38j). TROPIDONOTIS I ASCIATIJS. 32:) Palisot-Beauvais, (ap. Latr. 1)01.111 p, 88), delà raine ordi- naire, d'insectes et de vers. Les individus (|ui font [)artie du Musée des Pays-Bas sont dus au Prince de Musignano et à M. Troost à Nashville. IGEsp, LE T. FASCIÉ, T. FASCIATUS. Pl.XIIfig. i6 et 17. Catesby , induit en erreur par la différence des teintes de plusieurs individus de cette espèce, et par la circonstance que ces variétés portent des noms divers, a décrit ce Tropidonote sous plusieurs noms. C'est son cop per-bellied sn a ke (i) PL 46 et sa VIPÈRE AQUATIQUE PL 43 (2). Il parle de crochets dans la description de cette dernière , quoique sa figure n'en offre pas les moindres traces : aussi serait-ce une chose très singulière dans un serpent d'eau douce que d'être venimeux, d'avoir en même temps les mouvemens alertes , et de se nour- rir de poissons. Cette erreur a été cause de beaucoup d'au- tres: Lacépède a fait de cette prétendue Vipère aquatique son CROTALE PISCIVORE (3) , rangé ensuite par Latreil- LE (4) et Daudin dans le genre scytale, et par Merre3i (5) dans celui dcNATR ix. Linné (6) a indiqué notre Tropido- note sous le nom de col. fasciatus; il cite à ce sujet Catesby PL 58, figure qui m'est indéchiffrable. Les au- teurs français ont copié Linné , quoique plusieurs d'entre eux (7) en aient fait une espèce nouvelle. C'est aussi le col. (l) GO L. ERY THROGASTER. ShAW Ge/t, Zool. 112 P. 1 p. 458. (2) COL. AQUATicus Shaw ih. p, ^25; le jeune se trouve figuré sur la PL 49 de Catesby. — (3) Quad, ov. II p. iil\. — (4) Repu III p. i63. — (5) Tent, p. i3i. — (6) Syst. nat. p. 378. — ^ (7) cor. PORC A TU s Latr, Rept, voh IV p. 82 av. fig. 3^24 TROPÎDONOTUS FASCÏATUS. THORACicus (le Herrmanx du Musée de Strassbournf* M. le professeur Troost de Nashville a bien voulu nous adresser plusieurs individus de cette espèce, pris dans les tri- butaires du Mississipi. ïJle atteint de fortes dimensions suivant Catesby, quoique nos individus ne surpassent pas 3,5 1 +o, i8 en longueur totale. Les plaques du dessous sont au nond3re de i3o -f 62 ou de 142 + 68. Elle a les écailles plus fortement carénées que les autres espèces du genre et disposées sur 21 ou 23 rangées longitudinales. Elle se rapproche au reste de la suivante, excepté que la tète et par conséquent aussi les plaques qui la revêtent , sont plus larges. Les yeux sont peu gros et les narines très étroites. La couleur dominante est un brun grisâtre, qui passe au jaune ou au rougeàtre sur le dessus. Le dessus est orné d'une suite de grandes taches noires , orbiculaires et souvent con- fluentes vers les parties postérieures; elles forment alors une large raie serpentine, quelquefois divisée en trois, de sorte que l'on voit sur les flancs une suite de bandes transversales. L'abdomen est plus ou moins marbré de noirâtre. La tache sur la nuque est quelquefois en fourche. Les jeunes individus ont des teintes plus claires que les adultes , et le dessin noir est souvent bordé de blanc. Ce Tropidonote préfère le voisinage des eaux , dont les habitans de la classe des poissons lui offrent une nourriture abondante. Etendu sur les branches des arbres qui s'avancent au dessus des rivières, il guette sa proie et fond sur elle au moment qu'elle paraît à la surface de l'eau. Il la pour- suit souvent au fond des eaux, mais s'en étant emparé il regagne les rives pour l'avaler. Catesby, de qui j'emprunte ces détails, dit qu'il se nourrit d'oiseaux, et Palisot Beau- vAis y ajoute des grenouilles, des insectes et des vers. Les fables , rapportées par Catesby au sujet de ce Tropidonote , sont trop vulgaires pour être répétées ici. M. Plée a découvert cette espèce à la Martinique. M. Bara- TKOPIDOAOTUS ViPEKliXUS. :ji5 biiio vient d en adresser au Musée de Paris un grand nom- bre d'individus, pris à la Nouvelle-Orléans; on voit dans cette série une jolie variété : elle a les teintes ternes, pfdes, et toutes les taches sont fondues en 5 lari>es raies lon^itu- dinales dont trois occupent le dessous. Ce dessin particulier et constant dans trois sujets nie tait supposer lexistence de deux espèces très-voisines de Tropidonote dans l'Amérique du Nord. 17£sp. LE T, VIPÉRIN. T. YÏPElilNLS. PI. Xllfig. i4 et i5. La seconde espèce européenne du genre Tropidonote habite plutôt les contrées méridionales de cette partie du monde. Elle ne se trouve pas au delà du 5o™^ degré de latitude bo- réale. Laurentius en a fait mention sous le nom de couonella TEss EL AT A (i). Lc Muséc de Vienne (2) en possède des indi- vidus originaires de l'Autrichejde la Hongrie , de la Carinthie, de ritalie , de l'Helvétie et de la France. Plusieurs sujets de ces pays nous ont été communiqués de cet établissement; ou nous en aaddressé d'autres du Schlangenbad dans le duché de Nassau. M. Mikan (3) a observé l'espèce dans plusieurs endroits de la Bohème; Frivaldszîcy (4) au midi de la Hongrie. La- treille (5) a décrit sa couL E u VR E vipérine d après des individus recueillis dans la France méridionale , mais il paraît qu'elle habite toutes les provinces de ce grand royaume (6). (i) Syn. p. 87 — (2} FiTz.y?. 58. — (3) Sturm Fauna Rept. col. TESSELATUS avec. fîg. — i[^) Monogr. p. l^Çt. — (5) Rept. vol. IV p. 47. — (6) Daudin voL Fil p. ia5 et Cuv. Rèi^me animal t. II p» 84» 326 TROPIDOi\OTUS VIPERIXUS. Metaxa (i) et le Prince de Musignano (2) ont décrit des individus de Fltaiie moyenne , d'où M. Gantraine nous en a rapporté plusieurs. Quelques sujets à raies dorsales jaunâtres, recueillis dans l'Espagne méridionale , ont été envoyés au Musée des Pays-Bas par le docteur Michahell.es de Munich ; ils ont démontré à Wagler que ses N AT Rix chersoïdes et ocELLATA (3), confondues parmi les reptiles re- cueillis au Brésil par Spix , reposent sur cette variété de notre Tropidonote , qui est répandu sur presque tous les pays formant le bassin delà Méditerranée. J'en ai vu, lors de mon séjour à Paris , des individus pris à Montpellier et dans plusieurs autres lieux de la France; d'autres étaient originaires de la Sardaigne; M. M. Quoy , Gaimard et Gérard l'ont décou- vert à Algésiras et sur plusieurs points de la côte Barbaresque; M. Bory de St. "Vincent en a rapporté en grand nombre de la Morée ; Olivier l'avait déjà recueilli au Levant, dans la Troade. Nous venons de recevoir un individu de cette espèce pris sur les bords de la mer Caspienne par M. Ménétrier, qui en a fait une nouvelle espèce sous le nom de col. v er mi- cul a tu s. Ce Tropidonote a le port de l'espèce commune; mais sa tête est beaucoup plus alongée , moins distincte du tronc et revêtue de plaques plus étroites, quoique leurs formes soient assez fugitives. La position plus verticale des yeux qui sont de moyenne grandeur, et la petitesse des narines rapprochées à l'ex- trémité du museau , annoncent que cette espèce aime le séjour des eaux ; elle se rapproche à cet égard des h o m a l o p s i s : aussi tient-elle beaucoup de ces ophidiens dans la physionomie qu'elle a plus farouche que les autres Tropidonotes , ce qui est particulièrement du à l'ouverture de la bouche qui est (l) COLUBER GABINCS MonOgr. /?. 34 ; (^) 1® C O L. V I P E- R I N u s de cet auteur n'est qu'une variété du col. w a t r i x. — ^ (3) n a- T R I X fi A B i N A lamoy;r.fasc. Il, TROPlDOxVOnJS VII»ËRIi\US. Vil très large , droite et montant hrusquonient vers la coniniis- sure des lèvres. Les carènes des écailles sont assez pronon- cées, notannnent vers les parties postérieures. Le crAne oftre des. formes plus alongé.es que celui du Trop, à (.oliler; les os qui le composent sont plus délicats, mais le système de den- tion est le même dans les deux espèces européennes. Un vert olivâtre très foncé et tirant sur le brun occupe le dessus qui est orné de trois ou de plusieurs suites de taches noires, quelquefois peu distinctes ou même à peine visibles. Les parties inférieures sont jaunâtres ; les larges taches carrées dont elles sont parsemées prennent souvent le dessus , de sorte que la couleur du fond ne se voit que sur les bords latéraux des plaques où elle passe, dans quelques sujets , au rouge ou au blanc. On observe sur la nuque deux raies noires qui se rencontrent sur l'occiput pour former un angle plus ou moins aigu. Cette espèce est fort sujette à varier. La teinte du fond s'observe dans plusieurs nuances depuis le jaunâtre jusqu'au brun-vert. Les taches du tronc sont quelquefois bordées de jaune et offrent un point central de cette même couleur. Les jeunes ont les teintes beaucoup plus claires et plus vives que les adultes ; ils sont quelquefois d'un beau jaune de souffre , et ont les taches noires plus tranchées. Les teintes claires des parties inférieures s'effacent après la mort. Les individus de l'Italie ont le dessous le plus souvent très foncé, tandis que ceux de l'Espagne offrent deux raies dorsales jaunâtres assez larges. Des observations ultérieures doivent décider si l'on peut adopter ces variétés comme variétés de climat constantes ; mes observations ne reposent que sur la comparaison de deux individus originaires de lEspagne et six de l'Italie avec un bon nombre d'autres , recueillis en Allemagne et dans la France. On observe très souvent plusieurs plaques simples isolées parmi les plaques divisées qui revêtent le dessous de la 328 TROPIDOIVOTUS SCABER. queue. Ce Tropidonote atteint jusqu'à trois pieds de longueur totale dont la queue occupe tantôt le tiers , tantôt le quart. Les plaques varient depuis 147 + 60 jusqu'à 170 H- 76 ; il en est de môme du nombre des rangées d'écaillés qui est quel- quefois de 21 , tandis que la plupart n'en offre que 19. Les femelles parviennent à des dimensions plus fortes que les mâles. M. Cantraine a recueilli plusieurs individus de cette espèce dans des lieux marécageux près de Naples , où elle habite en société. On doit au Prince de Musignano quelques notices sur ses mœurs, les voici: elle préfère les eaux profondes aux petits étangs ou aux marais; c'est particulièrement lors delà récolte du foin que l'on voit, dans les présde laCampagna de Home, ces serpens faisant sortir de l'eau leur tête seulement. Excellens nageurs, ils plongent également bien et restent souvent longtemps au fond des eaux. Leurs habitudes aqua- tiques et la promptitude de leurs mouvemens en rendent la chasse assez difficile, même pour les vipériers les plus excercés à cette occupation. Cette espèce ne se trouve pas en abondance en Italie. 18 Esp. LE TROPIDONOJE RUDE, T. SCABER. P], Xllfig. Il et i3. Les eaux douces de la pointe australe de l'Afrique ne nour- rissent qu'une seule espèce de Tropidonote, très disparate des autres par son organisation. Elle a le tronc entouré de 25 rangées d'écaillés de forme lancéolée et toutes surmontées d'une carène extrêmement forte ; ces écailles touchent inmiédiatement aux plaques de la tête qui est beaucoup plus grosse que dans les autres espèces. TROPIDOXOTUS SCABEU. 329 assez larj^e , ramassée, à museau court et obtus , et revêtue de lauies qui iuntentles foruies extérieures de la tête, mais dont les occipitales sont très étroites vers leur bout postérieur. Lœil petit et peu saillant est entouré, à son bord postérieur, de deux plaques. Les frontales postérieures descendent entre la nasale et l'oculaire antérieure, qui sont plus larges qu'à l'ordinaire, occupant par cette raison la place de la plaque du frein qui man({ue totalement. Les narines semi-lunaires et étroites se fer- ment au moyen d'une valve. Les plaques labiales sont petites, les mentales au contraire ont une étendue peu commune; elles sont immédiatement suivies des lames de l'abdomen qui se trouvent au nombre de i83 à 218. Les souscaudales divisées sont quelquefois entremêlées de quelques lames simples; on en compte en tout tantôt 4o tantôt 5o: ces données prouvent en même temps que les dimensions longitudinales du tronc sont développées aux dépens de celles de la queue. Cette partie est souvent terminée par un crocbet assez aigu. Ce Tropidonote est un des plus intéressans opliidiens par rapport à son organisation. Il a les dents très minces et d'égale longueur. La glande lacrymale paraît être développée aux dépens des salivaires qui sont beaucoup moins grosses que dans les autres espèces: d'un volume assez considérable , cette première glande s'étend , en forme de cylindre, depuis l'œil jus- qu'à l'angle de la bouche ; la nasale manque. Les parties molles offrent également une disposition particulière. Le cœur est très rapproché de la tête; l'œsophage et l'estomac étant extrêmement alongés, il s'ensuit que le canal intestinal est court et ramassé, et qu'il offre des replis peu profonds. L'organisation des vertè- bres collaires présente un fait assez curieux et unique dans le règne animal: les apophyses épineuses inférieures; au lieu d'être dirigées en arrière conmie on l'observe chez tous les'autres ophi- diens, forment, chez l'espèce du présent article, des lamelles larges, perpendiculaires et latéralement comprimées; mais les dernières six ou sept apophyses , c'est-à-dire celles qui se trouvent 230 TKOPIDOiXOTUS AIORTUARÏUS. placées immédiatement avant le cœur , sont courbées en guise de crochet incliné vers la tête et dont la pointe , comprimée dans le sens latéral et quelquefois écbancrée, est revêtue d'une sub- stance dure, semblable à l'émail des dents. Ce Tropidonote, connu aux cap de Bonne Espérance sous le nom de water- slang, parvient jusqu'à 0,72+ 0,11 de longueur. Les natu- ralistes ont unanimement conservé le nom scientifique proposé par LiNNAEUs (i). Cette espèce a les parties supérieures d'un gris brim plus ou moins foncé; le dessous est jaunâtre et souvent marbré de brun sur les côtés. Une suite de larges taches quelquefois or- biculaires et d'un brun noir occupe la ligne médiane dorsale ; une autre suite s'étend le long des flancs, mais elles ont plutôt la forme de bandes transversales. Une large tache anguleuse marque la nuque : elle est précédée de plusieurs autres, paral- lèles et qui occupent le sommet et les côtés de la tête. Les petits ont les teintes plus livides. J'ai trouvé dans l'estomac de cette espèce des œufs d'oiseaux à demi digérés, ce qui me tait penser que c'est I'eijer vre- TER des habitans du cap; on en a fait très mal-à-propos un genre à part, fondé sur la prétendue absence de dents. 19 Esp. LE T. DRAP MORTUJÎRE. T. xMOIlTUARIUS. Quoique analogue à l'égard des teintes au Tropidonote à taches en quinconce , cette espèce s'éloigne cependant de tous les Tropidonotes par rapport à la conformation de la tête. (i)coL. SCA.BER LiNNÉ Mus. Ad. Frled, PI. 10 J. 1; Merrem Beitr. J PI. g: le jeune. Cette espèce forme le genre d as ypel ti s tle WaGLER.SV.V?.;^. ir8. TROPIDONOTUS MORTUARIUS. 331 Ses écailles, presque carrées, disposées sur 23 rangées' lon- gitudinales et surmontées d'une carène extrêmement saillante; la forme alongée de la tête ; la petitesse des pla(jucs fronta- les antérieures et des surciliaires; la position verticale des narines et des yeux et leur petitesse; la présence de plusieurs plaques oculaires antérieures qui se prolongent jusqu'au dessous de l'œil ; d'autres caractères enfin tirés du sjstème de coloration sont autant de traits particuliers à ceTropidonote. Il fait le passage aux Homalopsis: sa physionomie l'in- dique évidemment. Je n'en connais qu'un seul individu, provenant de la collection de feu Kuhl (i): cet individu mesure 0,2 1 + 0,08, le nombre des plaques est de iSy -f- 70. Celui que Russel a figuré sur sa PL 33 était d'une taille plus forte; il a servi de type au col. mortu ar ius de Daudin Rept. vol. VII p. 787. L'espèce porte au Bengale le nom de N ANGEALLED- KE AR A. Elle a Ics tcintcs très lugubrcs. Un brun noir enfumé occupe le dessus; on voit plusieurs suites de taches noires qui affectent sur les flancs la forme de bandes transversales. L'abdomen est jaunâtre ; toutes les pla- ques sont bordées de noir-brun, couleur qui occupe aussi le dessous de la queue. (1) Beitràge p . <^Çi : col. mortuarîus. 2 Genre. LES HOMALOPSIS. HOx\IALOPSlS. Parmi les serpens non venimeux, ce sont les espèces de ce genre^qiii méritent plus particulièrement l'èpithète de serpens aquatiques. On sait peu relativement à leurs mœurs; mais les espèces que l'on a observées font un séjour presque continuel dans les eaux. Les Homalopsis paraissent plus particulière- iheiït organisés à peupler l^s immenses étendues d'eaux dou- ches des contrées intertropicales de l'Asie et de l'Amérique qui fourmillent d'innombrales espèces de poissons , dont ils font leur nourriture principale. lis remplacent, dans ce der- nier continent , les TROPiDONOTES (lont la race est dis- tribuée dans les climats tempérés et chauds des deux mondes, tandis que la patrie des Homalopsis connus ne s'étend ordinair rement pas au delà des tropiques. Les espèces ne sont pas très répandjies; une seule se trouve au Bengale ainsi qu'à Java; d'autres habitent à la fois les deux Amériques. La plupart parviennent à des dimensions considérables , quoi- que leur corps , quelcpiefois de la grosseur du bras , excède rarement 4 pieds en longueur totale. Ces disproportions dans les formes; un(^ queue courte, conique et robuste; une tète extrémenjenc larac arosse , obtuse, ramassée et revêtue de plaques de foi me très iriégulière et peu constante ; un museau court et obtus; des narines et des yeux assez petits dirigés vers le ciel ; des lèvres enflées; l'ouverture de la bouche spacieuse , le plus souvent droite et à angle postérieur montant: tout ces caïucteres concourent pour rendre l'aspect de ces animaux iioMALOPsis. :i3.'î à la fois hideux et rebutant. Les Honialopsis sont cependant innocens , nonobstant ]a nialii^nité de leurs traits. Ce sont no- taninient les petits yeux dirij^c^s vers le ciel , et les narines eu fente seniilunaire , également verticales et très rapprochées de rexti'éinité du nniseau , qui prêtent à la physionomie de ces ophidiens une expression toute particulière et tellement frappante, que l'on reconnaît avec facilité les espèces de ce genre , après en avoir vu une seule et malgré qu'elles offrent des disparités assez considérables ; car les unes ont les écailles si petites que le nombre de leurs rangées s'élève jusqu'à 89, tandis que d'autres n'en offrent que i5 rangées J assez lar- ges: ces parties sont tantôt lisses, tantôt surmontées d'une forte carène; carrées chez les uns, en rhombe chez d'autres. La tête est souvent recouverte de plaques comme dans les Couleuvres , mais ces lames varient extrêmement , suivant les espèces , à l'égard de la conformation et du nombre ; car il y en a où ces plaques sont remplacées par des écailles de forme très irrégulière. Nous voyons par ces données que le genre Homalopsis , quoiqu' aussi naturel que le précédent , est cepen- dant composé d'espèces d'une organisation très disparate , tandis que les Tropidonotes sont tous extrêmement voisins sous ce rapport. Plusieurs autres traits sont cependant propres aux Homalopsis et les éloignent de tous les autres ophidiens: une espèce même , Te r p et o n , offre une organisation tout- à-fait anomale. Le corps des Homalopsis est le plus souvent cylindrique et quelquefois un peu comprimé. Ils ont tous l'abdomen extrêmement large, mais les lames de cette partie sont beau- coup plus étroites que celles des Tropidonotes, caractère qui rapproche les Homalopsis des boas, quoiqu'ils le pos- sèdent dans un degré beaucoup moindre que ceux-ci. Le dessous du corps est toujours convexe. Les lames du som- met de la tête , lorsqu'elles existent, sont toujours ramassées et rarement de forme symmétxùque : elles ne se trouvent au :i34 HOMALOPSIS. nombre de neuf que dans quelques espèces; dans !e reste > les plaques frontales antérieures sont fondues en une seule , peut-être pour rapprocher les narines du sommet du museau : car chez: plusieurs Homalopsis , les nasales se touchent avec leur bord interne et occupent ainsi la place des frontales anté- rieures qui manquent alors totalement. Les plaques du des- sous de la tête sont rarement développées: on voit le plus sou- vent à leur place un grand nombre d'écaillés de forme diverse. Les autres plaques varient tellement suivant les espèces qu'il est impossible de généraliser les caractères , tirés de la confor- mation de ces parties. Il suffira de dire ici que l'ensemble de Vot- ganisation des Homalopsis contribue à leur faciliter le séjour dans l'élément liquide. Couchés au fond des eaux , la position des yeux leur permet de recevoir à la fois l'image de tout ce qui se passe autour et au dessus d'eux. Pour aller respirer , ils n'ont que de rapprocher le bout du museau à la surface des eaux: ce mouvement est l'œuvre d'un instant; ils referment leurs narines linéaires au moyen d'une valve qui se trouve au bord postérieur de ces organes et replongent, sans avoir été aperçus , dans le vaste abyme des eaux où ils se trouvent à l'abri des poursuites de leurs ennemis. Leur bouche est suscep- tible de se fermer hermétiquement , grâce aux plaques qui en gar- nissent les bords; la petite écliancrure même de la plaque ros- trale est remplie , lorsque la bouche est fermée , par la plaque terminale de la mâchoire inférieure. JNous verrons que les ser- pens de mer offrent encore cette conformation et môme dans un degré supérieur. Les Homalopsis sont doués d'une force musculaire prodi- gieuse ; aussi les organes de locomotion très-développés trouvent- ils un appui ferme dans la base solide du corps qui est composée d'os assez robustes. Les apophyses des vertèbres sont assez lar- ges: les inférieures sont toutes très développées et celles de la queue particulièrement longues : les vertèbres de ce membre sont plus vigoureuses qu'à l'ordinaire. Les côtes sont moins iiOMAiiOPSis. :j:i5 arquées et plus dirigées dans le sens horizontal qu'à l'ordinaire, ce qui fticilite sans doute la natation, prêtant en outre au tronc ce volume considérable qui distingue la plupart des Honialop- sis. Le crâne offre des formes aussi anomales que l'extérieur de la tète: il est large, quoique l'espace entre les yeux soit assez étroit. Tous les os qui le composent sont robustes et solides. Les caisses et les mastoïdiens ne dépassent pas en longueui ces parties chez les Tropidonotes ; les nasaux sont étroits les orbites rapprochées. Les apophyses coronoïdes sont très développées ; les mâchoires peu longues et armées de dents assez grosses , aiguës, crochues, et augmentant en volume vers le bout postérieur des maxillaires , où Ton voit quelquefois plusieurs dents sillonnées ; on observe également de très for- tes dents au palais. L'intermaxillaire est déprimé et horizon- talement linéaire. Les maxillaires sont bordés par des glandes salivaires dont la partie postérieure est toujours extrêmement développée; dans quelques espèces môme, ce lobe volumineux est séparé des glandes maxillaires pour former une glande à part. Celles de la mâchoire inférieure sont assez considéra- bles ; il se trouve, chez quelques espèces , de petites glandes sousmaxillaires. On voit toujours une rostrale et une lacry- male, quoique la dernière soit peu grande. Les nasales, si toute fois elles existent , sont petites. La disposition des viscères des Homalopsis offre plusieurs détails assez curieux. Le pou- mon forme toujours un seul sac spacieux dont les cellules se prolongent assez en avant du cœur sur les membranes de la trachée, dont elles occupent quelquefois toute l'étendue. Dans les uns, le poumon est partout de même largeur; dans d'autres , il se rétrécit vers le bout qui est élargi en guise de réservoir aérien ; dans les espèces enfin qui font le pas- sage aux Tropidonotes , la structure du poumon n'offre rien de particulier. L'organisation du canal intestinal varie égale- ment d'une espèce a l'autre: sa partie grêle forme toujours des replis assez nombreux et profonds , mais l'intestin gros et le 33(i HOMALOPSIS. rectum sont spacieux, courts et droits ; il en est de même de l'estomac qui forme souvent un cul de sac assez volumineux. La vésicule du fiel , la rate et le pancréas sont très développés chez les Homalopsis. Les Homalopsis présentent le plus souvent des teintes très lugubres. Un gris schisteux, brunâtre, olivâtre ou noirâtre occupe le dessus de presque toutes les espèces. Quek|ues unes sont tachetées, d'autres raiées ou ornées de bandes transversales. Le dessous est souvent jaunâtre et pourvu de larges taches carrées, semblables à celles que nous avons décrites chez plusieurs Tro- pidonotes. Les petits ont toujours les teintes plus vives que les adultes , et diffèrent quelquefois assez de leurs parens sous ce rapport. Le nombre des plaques abdominales est peu considérable , on en compte le plus souvent i5o ; il est cependant des espè- ces où elles s'élèvent jusqu'à i8o, d'autres au contraire n'en présentent que 120 environ. Les plaques souscaudales, quel- quefois simples , sont environ au nombre de 3o , d'où l'on peut conclure de la brièveté de la queue. Les difficultés, attachées à la chasse de ces ophidiens, sont peut-être cause qu'ils sont assez rares dans les collections. Kuhl a fondé le genre homalopsis sur la grande espèce java- naise; Boie y a ensuite ajouté plusieurs autres de différentes par- ties du monde. J'ignore les motifs qui ont engagé Cuvier (i) à changer ce nom en celui de cerberus. Wagler (2) a crée pour plusieurs espèces les genres: hypsirhina, hy- DROPS et HELicops. D'autrcs auteurs ont encore dispersé ces ophidiens dans diverses coupes génériques, dont nous ferons mention plus tard. (1) Règne anim. 11p. 81 — {1) Sysi, p, 169. nOMALOPSIS BUCCATA. 337 1 Esp. UHOMALOPSIS A JOUES ENFLÉES, H03IAL0PSIS BUCCATA. PI. XITl fig- I , a et 3. Bien que cetophiflien soit un des mieux caractérises de toute la tribu , les auteurs en ont toutefois tait plusieurs espèces nominales , que l'on a ensuite réparties en divers genres. On en possède de nombreuses figures, dont quelques unes sont assez bonnes. Le jeune est représenté dans Schetjchzek PL 6'6o fig. I , dans Seba //. 23. 3 , figure qui a servi de type aux COL. suBALBiDus de BoDDAERT et de Gmelin ; une troisième se trouve dans Linné Mus. Ad, Fr, PL 19 fig, 3 : c'est son col. buccatus, placé par Daudin {voL VI, p. 220) dans le genre Vipère. Seba en a encore donné deux figures , tracées d'après des individus d'âge moyen, voir Thés, Il PL 11 fig, I et PL i'^ fig, i; Shaw Gen, ZooL III P, Il p. 4^5 a reproduit la première sous le nom de col. vipé- rin us; Merrem a ensuite employé ce même nom, traduit en allemand, pour désigner la figure de notre espèce, donnée dans ses BeitràgevoL II PL 10 : ce n'est que sur cette même planche que se trouve le COL. hor r mus de Daudin, x'o/. VII p, 71. Il faut encore rapporter à la synonymie de cette espèce le col. M on il i s de Linné Syst. nat, p. 38 1 , qui est aussi le demi- collier de LvcÉpÈDE Quadr. ouip, t. II p. i^3 PL 8 fig. 2; et enfin Te chidna sEMiFASCiATAde Merrem Teiit. /?. 1 5o , espèce nominale fondée sur plusieurs figures de Sclieuchzer et de Seba. On trouve de plus un beau portrait du jeune de cet ophidien chez Russel II PL 33. On ne l'a observé jusqu'à présent que dans la partie occiden- tale de l'île de Java , où il habite les lacs et d'où nos voyageurs nous en ont fait parvenir un bon nombre d'individus. C'est chez cette espèce que le professeur Reinwardt a le premier 338 HOMALOPSIS BUCCATA. découvert des sillons aux dents maxillaires postérieures , obser- vation qui a donné lieu à tant de recherches ultérieures, tendant à rendre suspects cet ophidien, ainsi que tous les autres qui offrent un système de dentition semblable. Nous avons re[jrésenté les glandes salivaires de cette espèce : Nou. Acta vol. XIV PL i6 fig. 8. Ces glandes forment, à leur extrémité posté- rieure , un lobe assez développé. La nasale existe , mais elle est petite. Les glandes salivaires de la mâchoire inférieure ne sont pas aussi volumineuses que dans les autres espèces. Les dents de cet ophidien sont beaucoup plus courbées en arrière que d'ordinaire; grosses et aiguës, elles augmentent en longueur à mesure qu'elles se rapprochent du bout du museau. La mâchoire supérieure est peu longue. Les caisses sont assez larges et les apophyses de la mâchoire inférieure très développées ; elles offrent un point d'insertion favorable aux muscles de la man- ducation , qui sont très vigoureux. Le squelette est pourvu de côtes arquées et longues; les apophyses épineuses, particulière- ment celles des vertèbres du cou , sont assez développées. Le poumon commence vers !a première moitié du cou , il gagne en étendue vers le cœur ; mais derrière cet organe, il s'élargit pour former un réservoir à air de forme cylindrique, très volumineux et dont les cellules deviennent plus spacieuses et plus rares à mesure qu<^ l'on s'avance vern le bout du poumon qui est gros , arrondi et dont la forme rappelle celle d'un ccecum;il est à peine dépassé par le foie qui est ramassé et gros. Les nombreuses in- flexions de l'intestin grêle commencent près du pylore: elles de- viennent moins apparentes vers le rectum, qui est assez spacieux. L'Homalopsis à joues enflées atteint jusqu'à quatre pieds de longueur; le tronc des individus de cette taille est gros d'un pouce et demi environ. Les dimensions de la queue varient d'un Individu à l'autre; occupant environ un quart de la lon- gueur totale, elle est conique, robuste et d'une venue avec le tronc, qui s'amincit considérablement vers les parties pos- térieures. Le tronc est un peu comprimé et entouré de H7 à 3q HOMALOPSIS JUCCAl A. 339 rangées d'écaillés en rhonibe et surmontées d'une carène peu prononcée. Le grand nombre des écailles est cause qu'elles sont disposées sur des rangées très obliques , qu'elles ont une étendue peu considérable, qu'elles s'avancent assez- loin sur le dessous de l'animal et que les lames abdomi- nales sont beaucoup plus étroites que chez les autres Cou- leuvres. La tête est assez distincte du cou , quoique cette partie soit très vigoureuse: large à la base, extrêmement grosse , haute , conique et en [lente , elle contribue beau- coup par sa configuration à donner à cet ophidien la phy- sionomie particulière qui le distingue des autres espèces du genre. Le museau est court , tronqué au bout et terminé par une plaque en pentagone, déprimée, et pourvue à son bord inférieur de deux petites échancrures. Les gros muscles de la manducation et les glandes salivaires volumineuses produisent un enflement considérable sur la région des joues qui sont très saillantes , ce qui fait que la tête est en forme de cœur et semblable par cette raison à celle des Vipères. L'ouverture de la bouche n'est pas très large, droite et à angle montant presque perpendiculairement. Les lèvres ont le bord ren- trant muni de plaques hautes mais étroites dont le nombre est beaucoup plus considérable que chez les autres espèces , parce qu'il existe, vers l'angle de la bouche , une ou plusieurs rangées d'écaillés surnuméraires , enchâssées entre les plaques labiales. La mâchoire supérieure recouvre celle d'en bas par son bord interne. L'œil, extrêmement petit, est dirigé en avant et vers le ciel; il est enfoncé entre cinq ou six plaques oculaires : l'iris est brun , la pupille un peu allongée dans le sens vertical. Les plaques nasales, assez larges, se touchent par leur bord interne : cette organisation est cause que les narines, étroites et linéaires, sont rapprochées sur le sommet de la tête et que les frontales antérieures , petites et en triangle , se trouvent reserrées entre les frontales posté- rieures , qui sont disposées obliquement et dont le bord 340 HOMALOPSIS BUCCATA. inférieur touche à la plaque frênaie. Le peu d'étendue de l'œil occasionne la petitesse des plaques surciliaires et de la verti- cale, auxquelles succèdent les occipitales également petites et étroites vers le bout postérieur. Le reste de la tête est garni d'écaillés de formes très diverses et peu régulières. La mâ- choire inférieure est excessivement grosse à l'extrémité et a le menton tronqué: de là vient la disposition horizontale de la plaque terminale ; la première paire des labiales est très alongée et s'avance entre plusieurs autres plaques du menton. La gorge est revêtue d'un grand nombre de petites écailles , de sorte que les lames abdominales ne commencent que sous le cou. Il sera superflu d'ajouter à cette description que la forme et le nombre de toutes ces plaques varient considéra- blement suivant les individus; nous en possédons où la ver- ticale se termine en une pointe très aiguë , d'autres où elle est divisée en trois parties dont chacune forme une plaque à part , etc. mais ces anomalies ne méritent guère qu'on y fasse attention. Les teintes de cet ophidien sont peu sujettes à l'action de l'esprit de vin. Un jaune d'ocre plus ou moins clair occupe le fond; mais cette couleur ^ plus foncée sur le dessus fait place à de nombreuses bandes très larges , d'un brun noir plus ou moins foncé , souvent échancrées sur les flancs ou séparées de la couleur du fond par des bandes étroites. LTne rangée de taches orbiculaires , noires et disposées par intervalles très irréguliers , indique le bord latéral de l'abdomen. La tête est terminée par un collier noir qui s avance en pointe sur l'oc- ciput , et se réunit sur les côtes avec deux larges raies naissant au devant de l'œil. Une tache en triangle orne le dessus du museau ; deux autres de forme alongée, se trouvent sur le sommet de la tête. Les lèvres sont , à l'état de la vie, d'une belle teinte rouo-eâtre. Tout ce dessin s'évanouit à mesure que l'animal avance en âge et les adultes sont souvent d'une teinte d'un gris noir uniforme ; mais chez quelques sujets elle ) .Y HOMALOPSIS 8CIlI\EID£IiII. 341 passe au rougeatre. Les bandes sont plus ou moins larges suivant les individus, et le dessous, particulièrement la queue , est souvent marqué de marbrures et de larges taches carrées noires. i52 -+• 7~i ; i66 + 84 ; Feu KuHL, en disséquant un individu adulte de cette espèce, a trouvé l'estomac rempli de sang coagulé et des débris d'un ophidien. M. Rkinwardt me dit qu'elle se tient continu- ellement dans les lacs. 2 Esp. VHOMALOPSIS DE SCHNEIDER. HOMALOPSIS SCHNEIDERIÏ. PI. XIH fig. 6 et 7. La confusion qui règne dans la synonymie de cette espèce est due au grand philologue dont elle porte le nom : ce critique l'a décrite sous les noms d^ELAPS boaeformjs (i) et de B0A3V10LUR01DES (2) , ainsi nommé à cause d'une analogie supposée de cette espèce avec le c ol. molur us de Linné, qui n'est autre chose que le python bivitta- Tus. Ces indications vagues de Schneider ont fourni à Dau- DiN et à Merrem les élémens pour former leurs col. SCHNEIDER H et HTTRRIA SCHNEIDERIANA (3), IcurS python molurus et elapiformis (4). M. Rein- WARDT enfin a imposé à cet ophidien le nom de col. o b- TUSATUS. On en voit des figures dans Sera (5) et dans Russel (6) ; ce dernier voyageur prétend quelle habite les Indes; s'il en est ainsi, (i) Hist. Amph. Il p. 3oi. — [i) ib. Il p. 279. — (3) Rept, vol. Fil p. 170 et vol. V p. 221. — (4) Tent. p. 90 et 8g (5) Thés. Il i5. 3. (6) Iiul. Scrp. Il PL /|0. ,1 342 UOMALOPSIS SCHNEIDERII. il faudrait la comparer au karoo bokadam de Russel (i), <-t fixer les traits distinctifs de ces reptiles si toutefois il en existe. Cette figure de Russel est le type du col. CERBERusde Daudin (2), del'HYDRUsciNEREUsde Shaw (3) de 1' h y- DRTJS RHIISCHOPS de ScHNEIDER (4) (e N H Y D R I S R H Y N- CHOPS LaTREILLE (5) et python RIIYNCHOPS MERREM^ (6). N'ayant point été à même d'examiner ce serpent, je n'ose ni décider de son identité avec celui du présent article , ni l'ad- mettre au rang des espèces exactement connues (^7). Tous les individus que possède le Musée des Pays-Bas ont été recueillis par ses voyageurs à Java , à Amboine et à une petite île voisine de cette dernière qui s'appelle Saparua, à la Nouvelle Guinée et à Timor. L'Homalopsis de Schneider ressemble au précédent sous plusieurs rapports. Il sen distingue cependant par ses écailles plus grandes , plus fortement carénées , un peu lancéolées et disposées sur 28 ou 25 rangées seulement ; par un tronc ' plus effilé et moins comprimé; par une queue moins longue; par une têle et un museau plus alongés et beaucoup moins gros ; par la forme des écailles dont sa tête est revêtue; par la position verticale des yeux et par ses teintes. Un brun olivâtre, tirant tantôt sur le gris, tantôt sur le noir, occupe le dessus ; les taches irrégulières noires dont cette partie est oinée prennent le plus souvent, sur les flancs, la forme de bandes transversales ; mais elles _ sont quelquefois peu visibles. Le dessous est jaunâtre et maculé de noir enfu- mé , parliculièrement à la base des plaques. On voit quelque- fols une raie noire derrière 1 œil. Les teintes ne passent point après la mort. Nous devons à M. Reimwardi plusieurs (1) ib. 7. PL 17. — (2) Rept. VII p. 167. — (3) Gen. Zool. II p. 667. (/i) IJist. aniph. 1 p. 246. — (5) Rept. III p. 101. — (6) Tent. p, 90. — (7) ?<"ous venons de recevoir du Musée de Paris , sous le nom de c e b- B E i\ II s R u s s E L 1 1 CuviER , dcs indivldus de cet Homalopsis , rap- porté de Pondichery par M. Reynaud ; d'autres sujets , originaires du Malabar cl do Sumatra , font partie i\c m même établissement. HOMALOPSIS SC11]\£1D£RII. 343 figures de cette espèce ainsi que de la précédente: elles ont été faites sur les lieux d'après le vivant. La tête, plus déprimée que chez la précédente, a aussi la mâchoire inférieure moins haute et les joues moins enflées j de plus, les plaques des lèvres sont plus larj^es , et moins nom- breuses à Tangle de la bouche. Les yeux sont très petits et dirigés vers le ciel ; ils offrent une prunelle ronde et un iris d'un brun rouge. On voit au lieu de la plaque verticale et des occipitales un grand nombre d'écaillés de forme peu régu- lière, qui se confondent avec celles du tronc. Le museau est plus large que chez la précédente et arrondi. Cette espèce atteint jusqu'à 3 pieds et demi de longueur , mais les individus de cette taille sont très rares; la plupart ne mesurent que 0,64 ~*~ 0,16. Le nombre des plaques est de i4o H- 5o ou de 162 -+- 64. La charpente osseuse ressemble parfaitement à celle de l'Homalopsis buccata , excepté que le crâne est plus alongé. Le lobe postérieur des maxillaires est séparé du reste de la glande salivaire (i). Le poumon se pro- longe , comme celui de la précédente, sur la trachée, mais sa partie postérieure est beaucoup moins spacieuse. Le canal intestinal est étroit et on n'y observe de profonds replis que près du pylore. Nos voyageurs n'ont pas été à même d'observer les mœurs de cet ophidien, parce qu'il est très rare à Java , et qu'il ne se trouve pas dans la partie occidentale de cette île. (i) DuvERKOY {Aî2n.(i,sc. nat. XXX PI. 4 E) a figuré les glandes de la tête de celte espèce. 344 HOMALOPSIS nECUSSAïA. 3 Esp. VHOMALOPSIS DÉÇUSSE. HOMALOPSIS DECUSSATA. PI. XIII fîg. i4, i5 et i6. Je ne conçois guère pourquoi Boie a placé cet ophidien dans son genre brachyorrhos, c'est un Homalopsis des mieux caractérisés. Les yeux verticaux; les narines à fleur de tête, perçant les plaques nasales qui se touchent par leur bord interne; une tête courte, grosse, conique, à museau gros et arrondi, et plusieurs autres traits le rapprochent de l'espèce précédente, dont il s'éloigne cependant par un tronc pres- que d'égale grosseur, Comprimé et revêtu de 19 séries d'é- cailles carrées et lisses; par une queue très courte, grosse et conique; par les teiwtes; enfin par une tête moins distincte et garnie de plaques de forme plus régulière: car on voit deux occipitales assez développées, une verticale large et en pen- tagone, des plaques temporales et mentales , deux plaques oculaires postérieures, une antérieure unique et une seule rangée de plaques aux lèvres.. Cette espèce est ornée de bandes transversales alternes de blanc et d'un brun rouge; la dernière teinte prend le dessus sur les parties supérieures. Un collier blanc orne la nuque, le museau est marqué d'une tache de la même teinte. Les deux individus que possède le Musée des Pays-Bas ont été rapportés de Java par le professeur Reinwardt ; ils sont de petite taille , le plus grand ne mesure que o,25 4- 0,04. Plaques: i36 -H 34 et i35 -+- 26. Cette espèce a été décrite récemment parM. Reuss. Mus. Senk. p. PI. gf'^: brachyorrhos a l t e r n a n s. IlOMALOPSIS LEIICOBALIA. 345 4 Esp. UHOMALOPSIS J TACHES BLANCHES, II03IAÏ.0PSIS LFXCOBALIA. PI. XIII lig. 8 et y. Lîi physionomie particulière de cet ophidien le rend assez intéressant. Il a le port de I'h o 31 al o psi s BUCCATA,mais sa queue est beaucoup plus courte et plus grosse, son tronc plus comprimé et Tabdomen plus étroit, quoique les plaques qui le revêtent soient, proportion gardée, plus larges. La tête, légèrement distincte du cou , est remarquable par sa longeur , par sa brièveté informe et par son museau court et arrondi: elle a les formes très trapues et extrêmement ramas- sées. La gueule n'est pas très fendue et presque droite. La lèvre supérieure est garnie de 5 plaques seulement ; elles sont larges; celles de l'inférieure au contraire sont petites. La plaque rostrale est en hexagone, voûtée et reçoit dans une profonde échancrure la première plaque de la mâchoire infé- rieure , proéminente pour cet effet et assez petite. Tout le dessous de la gorge est garni d'écaillés, parmi les- quelles on distingue plusieurs mentales plus larges que le reste. L'œil est très petit et vertical; il est entouré posté- rieurement de 2 plaques , mais on n'en voit qu'une seule en avant de cet organe. La plaque du frein manque, aussi n'y a-t-il qu'une seule frontale antérieure, qui est enchâssée entre les nasales. Le reste des plaques de la tête se distingue par ses formes trapues: les occipitales sont petites, la verticale et les temporales très larges. Toutes les écailles du tronc sont lisses, en rhombe, à angles un peu arrondis, et disposées sur 25 rangées. Le dessus est d'un noir très pâle, tirant sur le bleu d'acier; plusieurs suites de taches blanches et anguleuses s'étendent irrégulièrement le long des flancs et du dos. L'abdomen est blanchâtre. 346 HOMALOPSIS PLUMBEA. M. M. Macklot et Mùller , à leur retour de l'expédi- tion de la Nouvelle Guinée, ont découvert cette espèce iné- dite dans les rivières de Timor. Un beau dessin , fait sur les lieux, a été exécuté par leur infortuné compagnon M. van Raalten , qui succomba aux fatigues de ce pénible voyage, peu de jours après avoir achevé ce dernier travail. Nous n'a- vons reçu que deux individus de cet opliidien , dont l'adulte a servi de type à la figure que nous avons faite de la tête: ce sujet mesure o,6i H- 0,08 et offre 162 H- 3i plaques; l'autre est de 0,44 "^ ^>o6 et on lui compte i56 -\- 34 plaques. 5 Esp. VHOMALOPSIS COULEUR DE PLOMB. HOMALOPSIS PLUMBEA. PI. XIII fig. 12 et i3. Les lames qui revêtent la tête de cette espèce offrent des formes moins irrégulières que celles des précédentes. Les lèvres , quoique assez enflées , sont revêtues de plaques dont le nombre et la forme se rapprochent de celles des Couleuvres ; il en est de même de celles de la mâchoire inférieure et du menton. On voit des plaques temporales, une frênaie , une oculaire antérieure et deux postérieures; les occipitales , quoi- que peu larges, sont alongées et la verticale est en pentagone régulier. Il n'existe qu'une frontale antérieure, les nasales se touchant sur le sommet du museau. Les narines et les yeux sont assez verticaux. La tête est peu distincte du cou, conique, large, et à museau arrondi au bout. Le tronc n'est pas très gros, presque orbiculaire et revêtu de 19 ran- gées d'écaillés carrées et lisses. L'abdomen est convexe et garni de lames peu larges ; la queue est très courte , grosse et conique. - IlOMALOPSIS AER. 347 Le dessus est couleur de plomb, le dessous blanchâtre; les plaques sont souvent marbrées de noir ù leur base; on voit quelquefois une raie médiane, formée par les centres noirs des écailles dorsales. Il paraît que cette espèce est rare à Java ; nous en avons reçu des individus, mais en petit nombre; Kuhl en a fait la décou- verte et VAN Hasselt l'a élevée au rang des genres, à cause du caractère tiré de la présence de dents maxillaires postérieures sillonnées (i). Elle est figurée dansVErpét. de Ja^a PL 4^; I'hypsirhina hardwickii de XIndian Zoologie appar- tient à cette espèce ou peut-être à la suivante. o,v3o -f o,o5 ; l'a© ■+• 29 ou i23 -+" 36. 6 Esp. IJHOMALOPSIS AER. HOMALOPSIS AER. PI. XIII. fig. 10 et II. Ular-aek est le nom malais que porte cette espèce à Java , et sous lequel M. Oppel l'a désignée au Musée de Paris, quoi- qu'elle ait été auparavant introduite dans le système sous trois dénomination s diverses , savoir :col. pythonissa (2) ; H Y D RU s ENHY DR U s (3) Ct ENHYDRIS COERULEa(4)5 fondées toutes trois sur la figure donnée par Russel (5). Les individus envoyés du Bengale et de Java (6) au Musée des Pays-Bas, nous ont démontré que l'espèce est absolument la même dans deux terres si distantes. Elle est très voisine de la précédente; en voici les traits (l) Celte espèce compose avec la suivante le genre HYPSiRHiNAde Wagler ; Syst.p. 169. — (2) Daudin/ît?^ r. Vil p. 107. — (3jSchnei- DER Hist. Amph. P, I p. ^45 — (4) Latr. VI p. 202t. — (5) Serp. PI. 3o. — (6) La figure d'un sujet originaire de cette île se trouve dan» VErpét. fie Java PL /, i. 348 HOMALOPSIS AER, distinctifs: une tête moins large et plus alongëe, un museau plus court et plus conique, des yeux plus grands placés moins verticalement et dirigés vers le bout du museau , une plaque frontale antérieure très déprimée, des narines plus rapprochées, des plaques du sommet de la tête plus effilées , 25 rangées d'écaillés de forme rhomboïdale, des plaques abdo- minales plus étroites et en plus grand nombre, une queue plus longue et plus pointue, enfin un tronc plus comprimé. La distribution des teintes offre également plusieurs carac- tères faciles à saisir. La couleur de plomb tire souvent sur le brun, et est relevée par deux raies étroites plus claires, qui naissent d'un point commun sur le bout du museau. Les flancs sont jaunes, séparés par une raie brunâtre du dessous qui offre la même teinte 5 on observe le plus souvent une suite de taches rondes sur la ligne médiane de l'abdomen qui est quelquefois marbré et rayé de brun , ainsi que les flancs, les lèvres et le dessous de la queue. Cette distribution des teintes, très sensible dans les jeunes, devient moins distincte avec l'âge ; souvent même les adultes n'en offrent pas la moin- dre trace. 0,5^ H-o,i3 ; i39 +47 ou i56 + 58. Cette espèce présente à l'extrémité postérieure des maxillaires une dent plus longue que le reste; la glande qui correspond avec cette dent est séparée des salivaires , mais les glandes en général sont moins développées chez cet Homalopsis que chez les autres. La partie du poumon qui se prolonge sur la tra- chée est beaucoup plus spacieuse que la partie inférieure, qui se rétrécit derrière lecœur pour descendre en sac effilé et étroit jusqu'à la base du duodénum. Le foie est gros et ra- massé, l'estomac volumineux et en cul de sac, les intestins grêles sont profondément plissés en tout sens et assez étroits. HOMALOPSIS SlEBOLDll. 349 7 Esp. lUiOMALOPSlS DE SIEBOLD. H03IAL0PSIS SIEBOLDIÏ. PI. XIII fig. 4 et 5. L'hommage que je rends par cette dédicace aux connaissances de M. VON SiEBOLD en histoire naturelle, est en partie dicté par les profonds sentimens de reconnaissance et d'amitié qui nie lient à ce célèbre voyageur et savant polygraphe. Je fais connaître sous ce nom un des plus intéressans rep- tiles du genre dont nous nous occupons. Un seul individu en a été adressé du Bengale au Musée des Pays-Bas. Russel n'a pas connu ce serpent , mais je crois devoir rapporter ici la fig. 1 de la PL 46 ^ol, H de Seba. La physionomie particulière, la grosseur des mâchoires, de la forme des plaques du menton et le port rapprochent cette espèce de l'n o m al o p s i s b u c c a t a , dont elle s'éloigne cependant sous beaucoup d'autres rapports. Le tronc est ramassé et plus comprimé que dans toutes les autres espèces, ce qui rend l'abdomen très étroit et convexe ; le dos est for- tement relevé en carène , particulièrement sensible vers les parties postérieures d'où les flancs descendent en toit. La queue est peu longue et conique. On compte 29 rangées d'écaillés lisses et en lozans^e. La tête est distincte du tronc et un peu en cœur, mais moins grosse et plus alongée que chez I'homalopsis buccata; les yeux sont beaucoup plus grands. Les plaques de la tête sont à-peu-près les mêmes que chez I'homalopsis decussata, excepté que les occipitales ont moins d'étendue et que la région des tempes est revêtue d 'écailles peu différentes de celles du tronc. On voit souvent plusieurs plaques surnuméraires à l'angle de la lèvre supérieure. Le dessus est d'un gris brun assez obscur , tirant sur le 350 HOMALOPSIS CARIIVICAUDA. pourpre. Les taches plus foncées et bordées de noir dont ces parties sont ornées, ont une telle étendue, que la couleur du fond ne s'entrevoit que sous forme de bandes transver- sales très irrégulières. D'autres taches alternes et moins pro- noncées occupent les flancs et se confondent avec les mar- brures de l'abdomen ; la couleur du fond de ces parties est un jaune d'ocre assez vif. Le tranchant de la carène dorsale est relevé par une raie claire assez effacée. Deux raies de la même teinte, naissant d'un centre commun sur les plaques frontales , vont en divergeant derrière l'œil , pour se réunir sur le cou avec deux autres raies parallèles, qui se trouvent sur l'occiput ; ces raies, qui bordent plusieurs taches déforme diverse, offrent un dessin assez joli mais peu distinct. o,65 -+- o,ii ; i47 "*" 5i- 8 Esp. VHOMALOPSIS À QUEUE RUDE. HOMALOPSIS CARINICAUDA. PI. XIII fig. 17 et 18. Après avoir fait connaître les Homalopsis habitans de l'Asie, nous traiterons de ceux qui se trouvent dans le nou- veau monde. L'espèce dont nous nous occuperons dans cet article , est originaire des contrées méridionales du Brésil, et se rencon- tre principalement dans la province de St. Paul , d'où nous en avons reçu plusieurs individus. M. Milbert l'a aussi retrouvée dans les environs de New- York, où elle est absolument la même que dans l'Amérique du Sud. Elle est le fruit des découvertes du Prince de Neuwied , qui n'a observé que l'individu figuré dans ses JbbîLdungen Lwr. XI PL 3 ; ses chasseurs Tout tué sur les bords de la rivière Japarui. M. HOMALOPSIS AIVGUtATA. 351 LicHTENSTEiN nous CD a adrcssé un individu sous le nom de COL. AENEus, rangé par FiTziNGER , Class. p. 55, parmi ses psEUDo-ERYx; Wagler Svst. p. lyo en a fait son genre HEi.icops, mais en y réunissant les hom al. p lic atili s et AiVGULUTA ; c'est son helicops carinicaudus, Icônes PL 7, M. Fr. Boie à Kie) a bien voulu nous en céder un indi- vidu adulte mesurant i,o8 -h o,23 ; il est de la grosseur d'im bras d'enfant. Cette espèce ressemble assez, sous le rapport des teintes, duport et de l'ensemble des formes, à I'homalopsis plumbea. Pour l'en distinguer, il suffit défaire attention aux caractères suivans : une tête et des plaques plus alongées; Foeil plus grand; une queue plus longue; 19 rangées d'écaillés en rhombe, à bout tronqué et surmontées vers les parties postérieures, d'une carène, dont l'ensemble forme sur la queue des stries assez saillantes; une teinte plus foncée; enfin un abdomen jaunâtre, orné le plus souvent vers le milieu de deux suites de taches noirâtres, quelquefois confluentes et qui s'étendent aussi sur le dessous de la queue. 126 4. 4o; 149 "^ 72' 9 Esp. IJH. ANGULEUX. H. ANGULATA. PI. XIII fîg. 24 et a5. Je ne vois pas en quoi diffère le natrix ASPERAde Wagler (1) découvert par Spix dans la province de Bahie, de notre Homalopsis , si commun à Surinam, et connu de tous les naturalistes. Il se trouve aussi à la Martinique où , (i) Serp. bras, PI. i3 /?. 87 , placé plus tard dans le genre h k l i- c O p s Syst. p. 171. 352 HOMALOPSIS ANGULATA. M. Plée en a fait la découverte. On en voit des figures che7. ScHEUcHZER (i) , Seba (2) , Linné (3) et Mbrrem (4). Cet Homalopsis se rapproche, par le port, des tro pi- do no tes, mais il a les formes plus ramassées; aussi les plaques de la tête et de l'abdomen sont-elles semblables à ceux des autres Homalopsis. La tête n'est pas très distincte du cou, un peu alongée et terminée par un museau très large, arrondi, court et convexe. Les yeux sont dirigés en avant et un peu vers le ciel, ils sont plus grands que dans les autres espèces. Les plaques de la tête se trouvent au même nombre et offrent à-peu-près la même forme que celles de I'homalopsis plumbea. La queue n'est pas grosse et s'amincit vers la pointe, qui est terminée par une écaille de forme conique. Les teintes et l'organisation des écailles distinguent cette espèce de toutes les autres du genre. Les dernières sont en rhombe, à bout tronqué et échancré , disposées sur 19 ran- gées et toutes surmontées par une carène extrêmement pro- noncée. La couleur du fond est un jaune plus ou moins clair, passant au rouge-brun sur les flancs. Le dos est orné de taches très larges, d'un brun-roux noirâtre, en forme de rhombe disposé transversalement et dont les angles latéraux descendent sur les flancs, pour se prolonger sous l'abdomen, où ils forment des taches carrées et alternes : celle qui occupe la nuque s'étend en forme de pointe sur l'occiput qui , plus clair que le sommet de la tête, forme une espèce de collier. Plusieurs bandes qui descendent obliquement sur les côtés de ]a tête sont très peu distinctes. (1) Bibl. sacra PI. 63o B^ et peut-être aussi PI, 653 /. 3 et PI, 737 f. 3. — (2) Thés. IL 2/|. 2 ; et // Sg. 2 , figure de l'adulte, fautive sous le rapport du coloris , et qui a servi de type au col. surina m ensis de Shaw , Gen, Zool. vol. 111 p. 4 60. — (3) c o l. a n g u i. a t u s Mus, AfJ. Fr. P/. iSf. i. —. (4) Beùr. If PL 6 p. 32. IIOMALOPSIS PLICATILÏS. 355 Cet Honialopsis parvient à une orosseur d'un pouce et demi, sur une longueur de 3 pieds : mais les individus de cette taille sont très rares : la plupart de ceux qui se trouvent dans les col- lections ne mesurent ([ue 0,4^^ + 05! 4- Lenond)re de ses plaques varie depuis i jo + 56 jusqu'à 126 -+- ^5. La queue varie con- sidérablement en longueur; nous possédions des individus de 0,16 -+- 0,07. Le crâne de cette espèce est très large; les caisses et les mas- toïdiens sont longs; la mâchoire supérieure est courte et nuinie à son boutpostérieurd une dent plus développée que les autres , mais dépourvue de sillon. Les vertèbres sont très larges et offrent des apophyses assez prononcées. Les côtes sont lon- gues et attachées dans une direction plus horizontale que chez les autres espèces. Les glandes salivaires de cet Honialopsis sont beaucoup plus développées que d'ordinaire, mais le lobe posté- rieur des maxillaires n'est pas séparé. La nasale manque , et la rostrale est très petite. Cette espèce s'éloigne des autres par la conformation de son poumon , qui est absolument la même que dans la plupart des serpens de terre et dans les Tropidonotes ; mais ses intestins grêles sont, comme chez les autres Homa- lopsis, profondément plissés, et passant brusquement dans le rec- tum qui est très spacieux et dont la base forme un petit cœcum. 10 Esp. V HOMALOPSIS PLICATILE. HOMALOPSIS PLICATILÏS. PI. XIII fîg. 21 et 23. Les auteurs qui ont traité de l'histoire naturelle des reptiles, ont souvent emprunté à Seba des mots barbares . que cet ico- nographeavaitappliqués de fantaisie, au premier animal qui lui tombait sous la main. A cette catégorie appartient Tophidien 23 354 HOMALOPSIS PLICATILIS. (le Surinam , dont nous parlerons dans cet article , et qui porte dans Seba (i) un nom malais, mentionné par Yalenlyn , nom que les naturalistes français ont contracté en celui de BALi(2). Linné a cité cette figure au sujet de Son col. PLicATiLis ^3) 5 épithète qui ne vaut guère mieux que celle de Seba. Cette espèce, classée depuis dans plusieurs genres divers, appartient à juste titre aux Homalopsis. Laurenti (4) en a fait un céraste , Schneider (5) un el a p s , Merrem (6) un NATRIX, FiTZINGER (7) un PSEUD O EL A F s, WaGLEr(8) un H E L 1 c o p s. Elle parvient , suivant Lacépède , jusqu'à 6 pieds de longueur totale ; nous en avons reçu , parmi un grand nombre de petits d'environ o,5o + o,i3 , un adulte de la grosseur d'un bras d'en- fant et mesurant 1,1 3 4- 0,1 5. Elle est une des mieux caractérisées du genre. Un corps gros et presque orbiculaire , entouré de i5 rangées d'écaillés car- rées , à angles arrondis , très larges et toutes lisses ; une queue courte et conique ; une tête dune venue avec le cou et très conique ; un museau arrondi, très étroit et extrêmement court ; la petitesse des plaques qui la revêtent ; la forme alongée de celles qui garnissent le sommet de la tête; enfin une disposition de teintes particulière: tous ces traits tlistinctifs propres à l'es- pèce , ne permettent guère de la confondre avec aucun autre ophidien connu. Les yeux peu grands, sont dirigés en avant et, par la brièveté du museau, très rapprochés de son bout : les narines orbicu- laires, se trouvent, par la même raison , à l'extrémité de cette partie, et très près l'une de l'autre. On ne voit point de plaque du frein, et il n'y a qu'une seule frontale antérieure ; le reste (1) Thés. /, 57. 5 ; voyez aussi II. 53- 3. — (2) Lacep. Quad. oiip. Il p. 176 PI. g /. I. — [3) Mus. Ad. Fr. PI. ^ fi^. i ; comparez aussi Scheuch- ZEU 653. 1 et peut-êlre aussi 6G2. 10; Merrem Beilr. voh II PL S p. 28. — (/,} Syn. p. 81. — (5; Syst. II p. 294 (6) TenL p- 99 (7) Clnssif. p. 55. — (8) Syst. p. 170. IIOMALOPSIS PLICATÏLIS. 355 des plaques est à-peii-près comme chez le h o m a l o p s i s a e r ; mais les plaques mentales sont très étroites et effilées. L'anatomie de cette espèce offre plusieurs détails fort remar- quables: les viscères de la poitrine (i) étant extrêmement effi- lés , le canal intestinal se trouve resserré dans la partie pos- térieure de la cavité abdominale; lintestin grêle, quoique très long, ne forme qu'un petit paquet de replis tortueux et assez serrés ; le rectum s'élargit en un sac spacieux et est pourvu d'ut^ petit cœcum. L'estomac forme une po(;hc profonde. Le poumon ne commence que derrière le cœur; il descend en se rétrécissant , et devient très étroit, pour s'élargir subitement vers le bout, qui est enflé en guise de réservoir d'air et qui n'offre pas la moindre trace de cellules. Les ovaires d'une vieille femelle que j'ai dissé- quée contenaient un grand nombre d'œufs assez développés et de forme moins alongée qu'on ne l'observe chez les Couleuvres. Le dessus est d'un brun-roux plus ou moins foncé , le des- sous jaunâtre et marqué de chaque côté de deux suites de points brunâtres. Les plaques du dessous et des côtés de la tête sont ornées chacune d'une tache brune; mais ces taches confluent sur les labiales supérieures , de sorte qu'il reste derrière l'œil une raie jaune , bordée de deux autres raies très foncées, dont la supérieure est assez large. On voit plusieurs taches plus fon- cées sur les lames du sommet de la tête. Une raie extrême^ ment large , règne le long des flancs ; elle est relevée par une ou plusieurs suites de taches qui sont formées par les bouts jaunâ- tres des écailles. Les jeunes individus ressemblent à l'égard des teintes aux adultes. Les plaques varient depuis i3o -!- 82 jus- qu'à 1 38 -4- 44» ''^'' L'Amérique du Nord nourrit une très belle variété de climat Je cet Homalopsis. Le dos, une raie large de chaque côté dei' flancs, et deux rangées de grands points au dessous , sont d'un i'f('f) hoiries figures de celte partie chez Uuvernoy : Ann. d. se. nat» XXX PL 11^^. 3 et 4. .(;■-, V, .> .^^'\u^-^nvi?. :j5() homalopsïs maiitii. noir brun tirant sur le bleuâtre. La teinte du fond est d'un jaune rouo-eàtre très vif, qui se présente sur les flancs sous la forme d'une raie ; on en voit sur le dos une autre, composée de taches qiii.i, occupent le bout des écailles de la ligne médiane. Herrmann a fait de cette variété son col. seri a tu s , dont j'ai vu un jeune sujet au Musée de Strasbourg. Les individus des Musées de Paris et de celui des Pays-Bas ont été recueillis à la Nouvelle Orléans par M. Barabino. ïjf' 1 1 Esp. /; HOMALOPSÏS DE MART1LS. H. MARTII. i PI. XIII fîg. 19 et 20. j-» -g;JLe compagnon de voyage du célèbre botaniste dont elle porte le nom, a fait la découverte de cette espèce près de la rivière Itapicura dans la province de Maranbao au Brésil. Wagler (i) a figuré le jeune sous deux noms diflérens. Il cite ici Sera //. 64- '^ et le COL. nicandri de Merrem Tent. p. 9^. Le Ho- malopsis de Martius se trouve aussi àSurinam, d'où M. Diepe- RîNK a fait parvenir plusieurs sujets au Musée des Pays-Bas ; nous en devons quelques autres à M. de Fremery à Utrecht. C'est un serpent également remarquable par ses formes et par les cbangemens qu'éprouvent ses teintes avec l'âge. La tète , à-peu-près de la même conformation que celle de I'Hoima- Lopsi s p LU M R e A , cst plu-^ déprimée; elle offre des yeux beaucoup plus petits et se distingue en outre par le défaut de plaques frênaies et par des narines plus rapprochées du bout du museau. La bouche est assez fendue. Le tronc est beaucoup (1) .W/?. />/vZ9 : EL A PS M KR TU. PI. Jlji:^. 2 et -El. APS T R I A N G U- tiGE Kijs PI. II Â.fig. 'X (fig, mauvaise) : ces prétendues espèces forment son genre h y d n o ps , Syst. p. 170. ' > ^ •■as\ y i IIOMALOPSIS REINVVAKDTII. ,157 plus eftilé que dans les autres espèces, moins ramassé, [)resque partout (le semblable grosseur, et cylindrique. La queue est plus mince que cette partie , conique, et n'occupe que le sixième ou le septième de la longueur totale. Les écailles du tronc, dispo- sées sur i5 rangées, sont toutes lisses, de forme rhomboidale, et à angles émoussés ; on compte i4->-l- 4<^ ^^^^ ^7^ "^ ^^^ plaques, plus larges que dans les autres Homalopsis. Cette espèce a la queue et le tronc marqués d un grand nombre d'anneaux ou de bandes transversales , alternes et d'un brun-roux. Ces teintes deviennent insensiblement plus foncées avec 1 âge et se confondent cliezt les adultes , qui sont d'un noir presque uniforme, mais d'un éclat incomparable: leur épiderine est hiisant comme de facier poli, et refléchit les teintes variées et brillantes de l'arc-en-ciel; c'est un sujet arrivé à cette période de la vie qui a servi de type à notre figure ; il mesure 0,71 4- 0,1 15. ' )b îjb 12 Esp. L' H. DE REINirjRDT, H. REIJWVARDTII. Monsieur Reinwardt a bien voulu me permettre de décrire dans mon ouvrage cette espèce inédite , dont il a cédé un indi- vidu au Musée des Pays-Bas. Je la dédie à cet illustre voyagevir, à qui j ai des obligations innombrables, que j'ai le bonheur de révérer comme mon plus cher professeur, et qui m'a honoré de cette amitié sincère dont son noble cœur seul est capable. Deux sujets du bel Homalopsis que nous ferons connaître dans les pages suivantes , font partie du Musée de Paris, où ils ont été rapportés de la Louisiane par M. Teinturier. Ce serpent surpasse toutes les autres espèces du genre par sa forte taille , du moins par rapport aux dimensions longitudinales , qui sont chez, notreindividude 1,70-1-0,18 ; l'autre individu offre 1,27 -f- o,i55; le troisième est de 0,72,-f 0;i>^' Ces proportions nous 358 HOMALOPSIS LEOPARDINA. appierinerit que la queue de cette espèce est très courte relati- vement au tronc ; aussi cette partie , quoique terminée par une pointe conique et aiguë , offre-t-elle des formes très -vigoureu- ses. Leironc est un peu comprimé, mais presque partout dégale grosseur, et entouré de 19 ou 21 rangées de grandes écailles presque carrées et à surface unie. Malgré les formes alongées de cette espèce , elle ne présente pas un très grand nombre de plaques, car il ne s'élève qu'à 192 -h 3o , ou 191 + 38 ou ly'i -f- 54. Elle a quelque analogie, particulièrement par rapporta la tête, avec Thomal. de martius; mais son profil res- semble plutôt à celui de Ihom. PLiCATiLis. Les plaques du sommet sont plus larges que chez les autres espèces du genre ; mais elles ne diffèrent, ni par leur nombre ni par leur dispo- sition , de celles des autres espèces américaines. f Les parties supérieures sont d'un brun noir tirant sur le roux, notamment chez les adultes; le dessous est d'un jaune rougeâtre : cette dernière teinte cependant se prolonge sur les flancs en forme de grandes taches carrées, tandis que la couleur du dessus descend en bandes de la même forme, qui se portent sur la ligne médiane de l'abdomen pour se réunir avec celles de l'autre côté. Les lèvres et la gorge sont ornées de plusieurs 'points foncés. -îL'Ces caractères tirés du système de coloration, le nombre des rangées d'écaillés, l'organisation de celles-ci, enfin lesdimen- «ions et la proportion de la queue, suffissent pour reconnaître le Homalopsis de Reinwardt. m-. 13 Esp. VHOMALOPSIS LEOPARD. HOMALOPSIS i;eopardina. Intermédiaire entre les homalopsjs angulata et M. icATiMs, lespèce du prëisént article est remarquable sous HOMALOPSIS HERPETOIV. 15^) le rapportde l'organisation et du système de coloration. Elle se rapproche de la preniière par la forme et le nombre des écailles , également surmontées dune forte carène et tronquées au bout; mais la conformation de la tète est absolument la même que chez la dernière espèce; celle duprésentarticlec(;pendantoffre des yeux plus petits et uiie placjue frontale antérieure de forme triangulaire, qui s'avance entre les nasales. Elle se distingue de toutes deux par les teintes, par une queue plus longju^ et par un nombre divers des plaques abdominales et sous-caudales. ,. La couleur du fond est un rouge brun pâle, pi us clair au dessous du corps. Cinq suites de taches plus foncées et disposées en quin- conce rèonent le Ion» du dos et des flancs. Des taches larges et alternes de la même couleur occupent le dessous. Une raie claire , naissant à l'angle postérieur de l'œil ^ se réunit avec le collier. M. le professeur de Fremery à Utrecht , a bien voulu me céder les deux individus de cette espèce inédite , qui ont servi de type à mes descriptions. On en ignore la patrie. Le grand sujet offre 0,43 + 0,17 et 120 -^66', le petit 0,29 + 0,19 ; et 1 14 "i* 80. 14 Esp. V HOMALOPSIS ERPETON. H. HERPETON. - Il convient de ranger à la suite des Homalopsis , un serpent re- marquable par. ses formes disparates , qui le rendent un des ophi- diens les plus intéressans. Décrit et figuré pour la première fois par Lacépède (i) , ensuite par Daudin (2) et Guérin (3) , le cu- rieux reptile dont nous nous proposons de traiter, n'a été étudié d'après nature par aucun naturaliste (4). Je me seraisttrouvé au (i) Ann. cL Mus. vol. II p. 1S0 PL 5o; erpeton tentacula- Tus. — (2) Hept. vol. VU p. 246 PI. 86. — (3) Jconogr. Rept. PL ao fig. 3. — (/») Merrem a substitué à la dénomination reçue celle de r b i- WOPIKUS ERPETOK ; Toir 7>«^/?. 82, m) HOMALOPSIS HERPETOIV. nombre de ces derniers, si M. M. les professeurs du jardin du Roi, à Paris, ne m'avaient permis de rapporter en Hollande, poui en faire le portrait et la description, le sujet unique qui faisait autrefois partie de l'ancien cabinet du stadhouder , et qui a été transporté à Paris au commencement de ce siècle. l'Erpéton a toul-à-fait le port des Homalopsis; ses proportions sont les mêmes que dans les espèces de ce genre , et la tête offre les formes et une organisation absolument semblables à celles de ces serpens d'eau douce. On ne songerait pas même à séparer l'Erpéton des Homalopsis , sans la présence de deux caractères tout-à-fait particuliers, et qui consistent dans l'existence de deux appendices charnues au bout du museau, et d'une rangée de très petites plaques abdominales , dont chacune est garnie de deux carènes assez prononcées : ce premier caractère distingue l'Erpé- ton de tous les autres ophidiens; quant au second , ce reptile le partage avec la plupart des serpens de mer. En exceptant ces deux marques distinctives , on trouvera que l'espèce qui nous occupe est très voisine de l'ii o m a l o p- sis DE SCHNEIDER: SCS fomics sout Ics mêmcs daus Ics dcux espèces ; mais on remarque à celle du présent article un corps très gros au milieu, et s amincissant beaucoup vers les bouts; la tête est moins alongée, plus haute à la base et terminée par un museau plus large à l'extrémité ; les lames écailleuses de la tête enfin offrent une configuration et une disposition très diverses. La taille de l'individu unique qui existe dans les colltctions est de 0,47 "+" 0,17. Les plaques sont au nombre de i4o H- 96, mais il convient de remarquer que celles du dessous de la queue ne diffèrent en rien des écailles dont cette partie est revêtue. On compte, sur le cou, 35 rangées d'écaillés de forme rhoniboïdale , à pointe tronquée, et tontes surmontées d'une forte carène: ces carènes deviennent plus prononcées vers les parties postérieures et forment alors des stries assez saillantes. Nous avons déjà parlé plus haut de la conformation des plaques IIOMALOPSIS yERPETOIV. 361 ventrales , qui paraissent être composées de deux écailles fen- dues , telles quon les observe chez les serpens pélaoiques, et qui sont à peine du doid)leplus grandes que les autres écailles du tronc. La tête de l'Erpéton est revêtue, à l'exception du sommet , d'écaillés très petites, particulièrement sur les cotés du museau ; celles qui bordent les lèvres sont à peine plus giandes que le reste; parmi les nombreuses écailles gulaires, on ne distingue qu'une seule rangée de plaques mentales petites, et composée de 3 paires. Le sommet de la tête offre une verticale en pentagone presque régulier , suivie des occi- pitales qui ont ])eu d'étendue. Il en est de même des sur- ciliaires qui sont séparées de la verticale par plusieurs petites écailles. Les nasales , percées par des narines orbiculaires et très étroites , se trouvent placées sur le sonimet du museau. On voit entie ces plaques et la verticale deux paires d'autres lames qui renferment une petite écaille et que l'on peut regar- der conmie des frontales; la paire postérieure est plus grande que l'antérieure. Il existe une plaque rostrale assez déve- loppée. Les yeux ne sont pas volumineux et offrent une pupille orbiculaire. L'ouverture de la bouche est droite et à angle brusquement montant; elle est garnie de dents d'égale lon- gueur. Le bord des lèvres est rentrant, comme chez les autres Homalopsis. Les appendices charnues placées sur les angles du museau sont longues d'environ 0,007 , comprimées, et hérissées de très petites écailles. La couleur de l'Erpéton , à en juger d'après l'individu déco- loré que Ton connait, est d'un brun pâle; on voit sur la ligne médiane de l'abdomen nne raie blanchâtre, deux autres plus laiges se trouvent sur les côtés de cette partie , et on en observe encore sur les flancs : elles se prolongent toutes sur la queue, mais sont très peu apparentes sur les parties supé- rieures de l'animal. 6 lam. £t^ l3oaô. La famille des Boas comprend le plus grand nombre des serpens que les naturalistes modernes ont réunis dans les genres boa, python et a c r o c h o ii d u s. Elle est une des plus naturelles de l'ordre entier, et c'est très à tort qu on a si souvent séparé, grâce à quelques caractères isolés et de peu d'importance, les trois sous-genres qui la corn posent ,;^pour les distribuer dans des familles très différentes les unes des autres. On voit que je comprends sous le nom de Boa tous les ser- pens qui ont une queue prenante, dans l'acception propre du mot, et dont le tronc, plus particulièrement organisé pour s'entortiller autour d'autres corps , offre souvent des dimen- sions plus considérables que dans le reste des ophidiens. Cette partie est toujours entourée de nombreuses petites écailles, qui s'avancent sur la tète et assez en avant sur le ventre, d'où il résulte que la première n'offre jamais des plaques de forme régulière comme celle des Couleuvres, et que les lames de l'abdomen sont très étroites. La position verti- cale des narines et les yeux toujours assez petits de la plupart des espèces, annoncent que ces serpens sont également faits pour vivre dans l'eau et à terre. Les trois coupes génériques que l'on peut établir se distinguent très facilement les unes des autres: la première, celles des boas proprement DITS, a des lames simples sous la queue ; la seconde , celle des PYTHONS, propre à l'ancien monde , offre des plaques LKS BOAS. 363 sous-caudales divisées, un os surnuméraire au Jjord supérieur de l'orbite, et des dents interniaxillaires; restent enfin deux ophidiens très singuliers, dépourvus de crocliets à l'anus, et dont toutes Jes ])artles sont recouvertes de petites écailles granuleuses et non indjrirjuées: ce sont les a en o cho r d e s. Connue ces trois divisions génériques ont beaucoup d'analogie entre elles, par l'ensemble de leur organisation et par leur manière de vivre, nous en traiterons d'abord sous la dénomi- nation générale de Boa; adoptant ensuite ces subdivisions pour faciliter la revue des espèces. Pline (i) nous apprend, que le nom de boa est dérivé du mot bos, bœuf, parceque les petits de cette espèce doivent se nourrir dans la ])reinière jeunesse de fait de vache; il parle dans le njcme chapitre d'un grand Boa tué au Vatican, et dans le ventre duquel on a trouvé un enfant bien conservé: ce passage nous apprend en même temps l'origine de la fable ' que les serpens aiment le lait, et que le Boa des anciens ne peut avoir été qu'une Couleuvre, attendu que les vrais Boas ne se trouvent point dans la partie du monde que nous habi- tons. Linné a appliqué cette dénomination à tous les serpens à plaques souscaudales simples. Il est clair que son genre, fondé sur un caractère de si peu d'importance, toutefois en excluant les Pythons, devait comprendre plusieurs ophidiens d'une nature très hétérogène. Les successeurs de ce grand homme, en suivant servilement ses vues, au lieu d'éclairer l'histoire des Boas par les connaissances nombreuses acquises depuis , l'ont rendue plus obcure. On doit particulièrement attribuer ces erreurs à la manie de caractériser les divisions par un seul trait tranchant, manière de voir qui enchaîne la nature et qui ne peut-être appliquée dans la méthode natu- relle. On peut se convaincre de la justesse de cette observation, en examinant les ouvrages des naturalistes, où les Pythons (i) Hist. nat. 8. 14. 364 I^ES BOAS. sont presque toujours séparés des Boas , et placés dans le trenre Coluber, tandis que les Acrochordes, éloignés de tous deux, composent deux genres à part, tantôt appartenant à la famille des serpens innocens, tantôt à celle des venimeux. Nos temps , fertiles en innovations de toute sorte , ont vu démembrer la famille des Boas en autant de divisions généri- ques que l'on en compte d'espèces, qui elles-mêmes sont multipliées sans le moindre fondement de vérité. Il n'est pas rare de voir la même espèce distribuée en deux ou trois genres différens, et ces genres placés au hasard parmi d'autres Cou- leuvres ou parmi des Vipères. Il me semble que de tels tra- vaux, au lieu d'aider la mémoire, n'aboutissent qu'à la sur- charger d'un amas de mots, et qu'ils ôtent aux amis de la science la possibilité de se faire à jamais une idée de la véritable nature de ces animaux intéressans. J'aurai soin de rapporter à chaque article la synonymie de l'espèce, dont l'ensemble peut en môme temps servir de preuve à ce qui a été avancé plus haut. Les recherches assidues que j'ai faites pour débrouiller la synonymie de cette famille, et la latitude d'examiner un grand nombre dindividus, tous recueillis sur les lieux dans les derniers dix ans, m'ont conduite à rconnaître que le nom- bre des espèces est beaucoup moins considérable qu'on ne l'avait supposé- J'ai lieu de croire que l'on en connaît la plupart qui existent , et que leur nombre ne s'élève guère au dessus de quinze, y compris les Acrochordes. Dans aucun genre de l'ordre entier les espèces n'offrent autant d'anomalies entre elles sous le rapport de l'organisation, que dans celui des Boas; aussi parvient-on facilement à les recon- naître au moyen de quelques traits caractéristiques assez sail- lans. «f Elles sont quelquefois répandues sur une inmiense étendue de terre; d'autres au contraire sont bornées dans des limites assez circonscrites. Toutes habitent les pays situés sous l'équateur ou LES boas: 305 voisins des tropiques clans les deux mondes. L'Europe, VAnié- rique septentrionale et le Japon n'en produisent point. Les espèces américaines abondent dans les collections, celles de 1 ancien continent sont au contraire le plus souvent asstîz rares : aussi les premières ont-elles été presque toutes connues deLinnaeus, tandis que la découverte de plusieurs desdernières n'a été laite que dans les temps récens. Les auteurs, ignorant quelquefois la patrie des espèces, les ont souvent confondues dans les descriptions; c'est pourquoi on doit user de circon- spection, en consultant leurs ouvrages. - Quelques espèces sont vivipares , d'autres ovipares. Les Boas parviennent le plus souvent à une taille énorme, mais les récils des voyageurs sont presque toujours très exagérés. L'un a copié l'autre, et^ loin de parler d après l'autopsie , on s'est contenté de rapporter les données des indigènes , qui reposent presque toujours sur des croyances populaires. Tout le monde vante par exemple la grandeur démesurée du Boa constricteur; j'ai cependant la certitude que cette espèce n'atteint que rarement neuf ou dix pieds de longueur totale. Les plus grands ophidiens connus , sont :1e boa m u r i n a , le python de SCHNEIDER ct le python a deux raies; mais je doute que l'on rencontre aujourd'hui des individ us de la première espèce, qui excèdent vingt ou vingt-cinq pieds, et la certitude qu'ils parvenaient autrefois à une taille très forte nous manque absolument. Pour les Pythons, il est plus rare d'en rencontrer de i8 ou de 20 pieds; un individu semblable qu'on avait pris dans nos colonies aux Indes , était regardé, même par les indigènes, comme un monstre de dimen- sions extraordinaires. Les individus de cette taille sont environ de la grosseur d'une cuisse d'homme, d'où il résulte que les Boas ont en général les formes assez élancées , et que la gros- seur énorme de ces animaux, dont parlent les voyageurs, est également imaginaire. 11 en est de même des absurditésque l'on a écrites à sujet siu' la manière dont ils dévorent leur proie, 36G I^ES BOAS. et sur le choix qu'ils font de leur nourriture. Feu Boie qui, lors de ces voyages aux Indes, a fait beaucoup d'observations relativement à l'histoire naturelle des reptiles, me mande que, malgré les recherches les plus assidues, il n'a jamais pu parvenir à se procurer des Pythons d'une taille aussi considérable que celui dont nous avons fait mention plus haut; il dit en outre que ces serpens font plus particulière- ment la chasse aux mammifères de moyenne taille, et que les adultes seuls se rendent quelquefois maître déjeunes cochons ou de jeunes cerfs de la petite espèce, connue sous le nom de Muntjac. Les grands mammifères au contraire et les hommes ne risquent jamais d'être attaqués par ces ophi- diens; les indigènes ne citent pas même d'exemple que jamais un enfant ait couru ce danger. Les observations du Prince de Neuwïed coïncident avec celles de Boie; il remarque que persorme ne redoute ces serpens, qui se con-^ tentent de faire la chasse aux oiseaux et aux reptiles, peut-^ être aussi aux poissons. J'ai observé que le mode de nour- riture varie suivant les espèces , je renvoie par cette raison aux articles détaillés. Tout le monde sait que les Boas, pour surprendre leur proie à l'improviste, s'accrochent à l'aide de leur queue à une branche d'arbre, et qu'ils s'élancent subitement sur les animaux que le hasard fait passer près du lieu de leur retraite; on a cependant observé que plusieurs espèces les guettent, étendues sur des rocs près des bords des fleuves , ou qu'elles les poursuivent même dans les eaux. Comme la plupart des Boas habitent le voisinage des eaux, il est probable qu'ils font plus particu- lièrement la chasse aux animaux qui préfèrent le même genre de vie, ou qui fréquentent ces lieux pour se désaltérer. Les Boas saisissent leur pi oie avec les tients , et tous les voyageurs assu- rent qu'ils s'entortillent aussitôt autour du corps de leur vic- tmie, 1 étouffant dans les nombreux replis de leur tronc, en lui concassant les os. On a récemment apporté en Europe plusieurs LES BOAS. 367 Boas vivans de grande taille ; tout le monde a vu ces animaux dans les ménageries; ceux qui ont été présens quand on leur donnait à manger, auront observé que les Boas s'y prennent comme tous les autres serpens: c'est à dire qu'ils avalent leur proie , en commençant par la tête. Il est manifeste que cette opération doit être plus ou moins longue suivant le volume de l'animal qu'ils dévorent, et que les glandes sali- vaires doivent sécréter une plus grande quantité de fluide dans le premier cas. La circulation, ne pouvant s'exercer libre- ment durant cet acte , il est également évident que le ser- pent doit se trouver dans un état d'assoupissement tempo- raire, qui le rend moins capable de se défendre contre les attaques de ses ennemis ou de les éviter par la fuite. On peut observer le mêm*^ fait cbez nos Couleuvres indigènes , et je ne vois pas pourquoi cette circonstance devrait avoir lieu à un degré supérieur chez les Boas. La bouche de ces derniers n'est nullement plus fendue que chez plusieurs autres ophi- diens , leurs mâchoires ne sont pas plus dilatables , ils ont même les caisses et les mastoïdiens plus long , les animaux enfin dont ils se nourrissent ne surpassent pas de beaucoup en grosseur la circonférence de leur tronc , tandis que plu- sieurs autres serpens peuvent avaler des animaux d'un volume deux ou trois fois plus considérable que celui de leur corps. Tous les auteurs rapportent que les Boas , après avoir tué leur proie , l'induisent d'une couche épaisse de salive , pour accélérer la putréfaction et pour faciliter ainsi la déglutition.' Aucun des voyageurs naturalistes modernes n'a cependant observé ce fait qui mérite d'être relégué parmi les nom- breuses fables, enfantées par les premiers aventuriers qui se hasardèrent dans des terres lointaines et inconnues, que leur fantaisie peuplait de monstres de toute espèce. Pour sécréter une quantité aussi prodigieuse de salive, il faudrait des orga- nes d'un volume très considérable; mais on voit au contraire que les glandes salivaires des Boas sont beaucoup moins 368 I-ES BOAS. développées que chez la plupart des autres Couleuvres, Les Boas sont doués d'une force musculaire prodigieuse , mais ils en font rarement usage dans l'état de captivité. Nous en avons reçu plusieurs fois de vivans qui étaient très doux , et qu'aucune provocation ne pouvait porter à mordre; leurs mou- vemens étaient extrêmement lents; ils mangaient rarement, la plupart même moururent au bout de plusieurs mois sans vouloir prendre la moindre nourriture. Les teintes vives 6. 5 ; // 99. i ; 1. 53. i et // 100, i dé Seba. Plusieurs autres figures de Seba au contraire, comme pat exemple// 78. 5 et // loi n'ont pas été mises à profit par ce sa- vant. La plupart de ces figures sont très mauvaises et pèchent presque toutes contre la vérité , particulièrement par rapporta la physionomie et au coloris. A la rigueur, on ne devrait citer de ces figures que / 36. 5 ; / 53. i ; et // 78. 5 ; celles qui se trouvent sur la PI. loo et loi sont abominables. On en voit encore dans Lacépède Quadr. ovip. II PL iQ fig' i;di>nsDAu- DiN Rept. F, PL 61 fig, I ; dans Merrem Beltrage II PL i ; el dans Schneider Denkschr. Munich voL Fil PL 6 fig. 1 : cette dernière figure est copiée d'après l'original de Marggrav, déposé à la bibliothèque royale de Berlin. Mais de toutes les figures que nous venonsdeciter, pas une seule n'est au dessus de la médiocrité: aussi ont-elles toutes été dressées d'après des indi- vidus conservés dans les collections. Nous nous proposons de publier dans un autre ouvrage deux figures du Boa constrictor faites sur le vivant: l'une d'après un adulte, l'autre due aux soins de Mr. Dieperink à Paramaribo , et faite sur les lieux d'après un jeune sujet. i Le Boa constrictor est un très beau serpent sous le rapport de la distribution des teintes. On lereconnaît facilement à ce carac- tère 5 d'ailleurs il est presqu' impossible de le confondre avec les autres espèces : car aucune a le tronc entouré d'un si grand nombre d'écaillés lisses; elles occupent aussi toute l'étendue de la tête , de sorte qu'il n'y a de vraies plaques que sur les lèvres. Il se distingue des boa canina et hortulana par une queue plus courte et par le manque de fossettes aux lèvres , des BOA CARiNATA et coNiCA par Ics écaillcs lisses , du boa MUR IN A parle manque de plaques sur le museau, du boa cen- CHRis par la petitesse des écailles du tronc; il s'éloigne enfin de toutes par l'ensemble de ses formes et par sa physionomie. 376 BOA COIVSTRICTOR. - Nous avons dit plus haut que le Boa constrictor paraît habiter l'A m éii q ue i nt er tro pi ca 1 e clans toute son éten- due ; nous ajoutons ici qu'il se trouve aussi à la Martinique , d'où M. Plëe a fait parvenir des sujets au Musée de Paris. Il abonde à Surinam, d'où M. Dieperink nous en a adressé un o^rand nombre d'individus; il y est connu sous le nom de serpent papa. Personne ne le redoute dans ce pays; on l'ap- privoise au contraire très souvent; il contracte des mœurs si douces qu'il tient rang parmi les animaux domestiques , avec lesquels il vit dans une harmonie parfaite. M. Dieperink nour- rissait les siens d'œufs dont ils sont assez friands ; cet amateur éclairé gardait souvent des Boas de plusieurs espèces dans la même chambre, sans que jamais ils se soient fait le moindre mal. Le Boa constricteur résiste quelquefois à la privation de toute nourriture , prolongée pendant six à huit mois. On ne peut pas toujours se fier aux observations que les â voyageurs ont faites sur les moeurs de ce Boa ; d'un côté parcequ'elîes sont le plus souvent exagérées , de l'autre parce- qu' ils ont négligé de bien déterminer les espèces , et que l'on ignore par conséquent de laquelle il s'agit. Nous nous bornons par cette raison à donner un extrait de l'ouvrage du Prince de Neuvs^ied (i) , qui a étudié les habitudes de notre Boa. Cet ilhistre voyageur l'a rencontré sur plusieurs points de la côte orientale du Brésil ; il habite particulièrement les terres au sud de de Rio de Janeiro et près du cap Frio, et préfère les contrées boisées de l'intérieur aux lieux découverts et voisins de la côte. C'est là qu'il se rencontre dans des contrées sèches, désertes et échauffées par les rayons du soleil , dans les bois et dans les grandes forêts, soit suspendu à une branche d'arbre pour guetter sa proie , soit retiré dans des trous, dans les fen- tes de rochers ou sous les troncs de vieux arbres , où on en surprend quelquefois de petites sociétés composées de plusieurs (j) Beitr. p, 211 siuv. m BOA COASTRICTOR. 377 individus. Personne ne le craint , on l'assomme souvent à coup de hâtons et il est connu de tout le monde sous le nom de JiBOYA. Sa nourriture consiste en inanimilères de moyenne taille , tels que des rats , des souris , des agoutis , des pacas et des capybaras ; on tlit même que les adultes attaquent quel- quefois des chevreuils : voilà pourquoi on lui applique aussi le nom de COBRA de ve ad a. Les chasseurs du pays se moquent de cette croyance absurde où sont les étrangers, que ces Boas attaquent Thomme ; mais ils assurent que cette espèce fait aussi la chasse à divers reptiles : un d'entre eux raconta au prince que son chien aurait succombé à l'attaque d'un grand Boa , si un coup de fusil , porté a temps, ne l'en avait délivré. On prépare la peau pour en faire des bottes, des housses- de selle etc. ; on emploie également la graisse. Le Boa con- stricteur ne va jamais à l'eau; il se cache au contraire dans des terriers, dont l'entrée devient comme polie par le frottement de son corps volumineux, qui laisse des traces partout où l'ani- mal s est trainé. Les Brésiliens le prennent au moyen de lacets tendus à l'entrée de son repaire. Le prince de Neuwied en a rencontrés de 12 pieds de longueur totale, et parle d'individus de dimensions plus fortes encore ; je puis assurer qu'ils ne par- viennent point à cette taille à Surinam : les individus qui nous ont été adressés de cette colonie comme adultes, n'excèdent . u- pas 17 ou 8 pieds, et ils sont de la grosseur d'un bras d'homme. Le Boa constricteur a les formes plus lourdes que toutes les autres espèces de la famille. Le tro ne est très gros au milieu et un peu comprima,, le dos assez large et convexe , l'abdomen plus étroit. Le tronc s'amincit considérablement vers la queue qui n'occupe que le sixième ou le septième de sa longueur ; elle est par conséquent courte. La tête est très lourde et grosse, alongée, assez distincte du tronc et en cœur; elle est légèrement excavée sur les côtés et sur le sommet, ce qui rend le museau saillant et son bout proéminent rappelle , par sa forme , le groin du cochon. ï^es joues et la région superciliaire sont 378 BOA CONSTRICTOR. enflées , ce qui donne à la physionomie de ce Boa l'air un peu fa- rouche. Les narines sont très ouvertes, en triangle et perçant une plaque située aux côtés et près du bout du museau ; elles sont un peu dirigées vers le ciel , vu que le museau a sa face supé- rieure assez convexe : cette partie est tronquée obliquement en dessous, terminée par une plaque concave, assez large, en forme de cloche et échancrée au bord inférieur. Les lèvres , un peu enflées, descendent depuis cette échancrure et bordent l'ouver- ture de la bouche qui est assez fendue et toute droite. Les plaques labiales se trouvent de chaque côté au nombre de 24 environ; elles sont par conséquent très petites, plus hautes que larges , et à bord postérieur saillant , ce qui fait que le bord des lèvres est comme festonné , semblable au bord de la carapace de certains tortues d'eau douce. Les autres écailles dont la tête est revêtue, ne se distinguent de celles du corps que par leur forme moins régulière : toutes lisses et carrées , elles sont disposées sur 6y rangées longitudinales sur le cou ; on peut juger par cela de leur petitesse; elles deviennent cependant insensiblement plus larges , à mesure qu'elles s'avancent sur les parties inférieures. Les plaques abdominales de ce Boa sont très étroites; leur nombre varie depuis 2^2 jusqu'à 254; celui des souscaudales est le plus souvent de 56 ou de 60 , mais on voit des individus ou il s'élève jusqu'à yo et davantage : ces der- nières sont quelquefois divisées en partie, comme le montre un individu de notre collection qui offre 242 + 6 simp. H- 4 pair. 4- 4o s. + 2 p. -h 24 s. lames. L'oeil est petit, latéral , et offre une pupille verticale ; la moitié inférieure de l'iris est brune , la supérieure blanchâtre et marquée de raies concentriques d'un brun foncé. La couleur du fond est d'un rose pourpre, varié et marbré de brun très prde: elle passe au blanchâtre sur les parties inférieu- res et vers la queue ; le dessus au contraire est d'un brun chocolat pâle. Les jeunes sont plus clair , et les parties posté- rieures tirent au jaune citron. Toute cette région est parsemée BOA CONSTRICTOR. 379 de nombreuses petites taches noires et anguleuses , plus abon- dantes sur les parties inférieures, et augmentant en étendue vers les flancs et le dessous , où elles Torment un dessin très élégant, réticulaire, mais irrégulier. On observe sur les cotés de la tête une large raie d'un brun noir, qui descend en massue derrière les narines ; elle se prolonge en serpentant sur le cou, et règne ensuite le long des flancs, s'élargissant à des intervalles réguliers pour se réunir avec telle de l'autre côté : elle descend sur ces points de réunion en angle , à la base desquels on entrevoit la teinte du fond sous forme d'une raie longitudinale ; la figure au contraire qu'elle forme sur le dos ressemble à celle d'une croix. Les larges taches dorsales, formées par cette réunion des raies latérales , offrent un bel ovale alongé et échancré aux deux bouts : ces taches diminuent vers les parties postérieures à mesure que les figures en croix augmentent en étendue , mais les dernières prennent le dessus sur la queue et sont elliptiques à leur tour, tandis que la teinte du fond forme des rubans assez étroits. Les taches sont très foncées sur ces parties , d'un rouge pour- pre tirant sur le brun et à bords noirs: on peut les comparer à de grandes gouttes de sang coagulé. Une suite de taches en œil, perpendiculairement alongées , règne le long des flancs ; elles confluent quelquefois avec les dorsales: dans d'autres individus elles sont moins régulières , et il y en a où l'on en voit une double suite de plus petites et alternes; elles devien- nent également plus foncées sur les parties postérieures et ont leur centre d'un beau rouge de brique au lieu d éti^e blanches. On voit le plus souvent une tache foncée au dessous de l'œil, et deux autres à la lèvre inférieure. Une raie de la même teinte, naissant au bout du museau, se prolonge sur le sommet de la tête et s'élargit en massue sur la nuque. Il sera superflu de dire qu'un dessin aussi varié que celui du Boa constricteur est sujet à beaucoup de variétés , dont il est impossible de se faire une idée au moyen de descriptions- 380 BOA MURÏNA. Les teintes varient également dans les différens individus et selon l'époque de l'année : elles sont par exemple beaucou[> moins vives avant le changement de peau. Conservé dans la liqueur forte, ce Boa perd beaucoup de sa beauté primitive. Le crâne de ce Boa est plane et très large entre les orbites ; la partie postérieure au contraire est assez étroite; les caisses sont larges et les apophyses de la mâchoire inférieure assez développées. Les dents sont plus longues que dans l'espèce suivante ; mais moins développées que dans les Boa hortulana et canina. 2 Esp. LE BOA RAJIVORE. BOA MUMINA. PI. XIV fig. I et 2. Il est probable que Linnaeds (i) a suivi l'exemple de Seba (a) , en doimant à cette espèce un surnom assez vague que les auteurs cependant ont conservé. Le même sa- vant a fait mention d'un Boa (3), qu'il faut évidemment rap- porter à l'espèce du présent article , quoique la figure de ScHEUCHZER (4) qu'îl Cite, représente la cokonelle co- rail. Quelques auteurs modernes (5) ont décrit ce Boa. comme espèce nouvelle et sous plusieurs noms. Le Boa rativore est le plus grand ophidien de l'Amérique, et peut-être surpasse-t-il par sa taille tous les serpens dont le globe que nous habitons est peuplé. C'est à cette espèce qu'il (i) Syst. nat.p. 374. — [1) Ihcs. Il PI, i^f. i ; d'autres figures se trouvent dans Skba // iZ. 1 et dans ficlicuchzer PL G06. 1. — (3) boa scYTALE. — {Q Bibl. sacia '■/6'j f. i. — (5) boa gigas Latr. vol. 111 p, i36; BOA ANACONDA Daudin vol. F [). 161 PL 63 fi};. i\ BOA A quatic A , Nf.uw. AhbUd. Lwrnis. II PL G et Beitr. y. aaOj ce Boa lai» paru du genre e t x k c te s de ^^ agler Sy.st. [>. 167. BOA MUUIiVA. 381 faut rapporter la plupart des contes en grande partie exagérés , que les voyageurs ont répandus sur la taille énorme, sur les mœurs féroces et sur la v(jracité des serpciis monstrueux du nouveau monde. Nous avons déjà dit que les snvans ont embrouillé l'iiistoire des lîoas, en appliquant ces observations pele-méle à diverses espères, confondues souvent avec les Pythons; ceci regarde particulièrement les ouvrages de plu- sieurs naturalistes français et de Schneider. Les recherches que le Prince de Neuwied a faites par rap- port aux habitudes decette espèce sontprécieuses; mes lecteurs me sauront gré d'en avoir extrait le passage suivant: «ce Boa porte au Brésil le nom de c u cur iu b A,oude eu curiu, les Botocudes le désignent sous cebjide k etom eniop. J'en ai vu des individus de 20 pieds de longueur totale, et les habitans assurent qu'il parvient à une taille beaucoup plus forte dans les lieux incultes et inhabités. Il passe la plus grande partie du jour dans les eaux , tantôt nageant en tous sens , tantôt flottant à la surface et se laissant emporter par le courant des grands fleures sans se remuer; il plonge avec dextérité et reste souvent assez longtemps au fond des eaux , ou, si elles sont peu profondes, le Boa s'y repose, n'exposant à leur surface que la tête. Etendu près des bords des rivières , sur le sable, sur des troncs d'arbre ou sur des rochers, il guette la proie qu'il va poursuivre dans les eaux ou quil surprend même dans cet élément: elle consiste en Cabybaras, en Agoutis, enPacas et en autres mannuifères ; on dit qu'il se nourrit aussi de poissons. Ce Boa s'accouple en été, depuis le mois de Novembre jusqu'au Février; c'est alors qu'il se montre le plus souvent , et à ce que l'on m'a dit , fait entendre un nuigissement sourd au Brésil il ne s'engourdit pas en hiver. Il est très timide, et toujours sur ses gardes, de sorte qu on ne peut le surprendre que par hasard; les indigènes le tuent partout où il se trouve, à coups de fusil ou de flèche, et l'assomment à coups debàton lorsqu'ils en rencontrent à terre 382 »^A MURINA. où s^s mouvemens sont très lents ; il a la vie tenace , et le corps se remue souvent encore après que l'on a ôlé les intes- tins et enlevé la peau , dont on se sert pour faire des cou- vertures, des valises et des bottes; la graisse est également mise à profit par les indigènes, et les Botocudes mangent la chair de ce Boa. Le Boa rativore se trouve en abondance à Surinam , d'où on en apporte souvent en Europe 5 notre Musée doit un bon nombre d'individus aux soins de M. Dieperink , qui nous a fait parvenir entre autres une femelle adulte dont la lon- gueur totale est de 18 pieds. Cet amateur éclairé m'écrit que cet individu appartient au nombre des plus grands que Ton ait jamais tué dans cette colonie, où il est connu des esclaves nègres sous le nom d'A b om a. C'est évidemment à un individu de la même espèce, que STEDî\IA^f (1) a fait la chasse; le récit dont il à orné à ce propos la relation de ses avantures , paraît un conte fait à plaisir. Fermin (2) fait n^ention de ce reptile sous le nom de boiguacu, et dit avoir vu un individu de 23 pieds et demi de lon- gueur qui avait dévoré à la fois un paresseux, un leguan et un mangueur de fourmis. Daudin a reçu un individu de Cayenne. Gtimii.la, d'AzzARA , von Humboldt et d'autres voyageurs qui font mention dans leurs relations de grands Boas, ont probablement dressé leurs observations sur l'espèce du présent article. On voit par ces données que le Boa murina est répandu dans la plus grande partie de l'Amérique intertropicale, et que les observations récentes s'accordent peu avec les contes que plusieurs voyageurs ont débité au sujet de la taille mon- strueuse de ces sei pens. J'ignore les dimensions de ceux que l'on conserve peut-être dans le Musée de Londres; en Hol- lande, pays de curiosités en histoire naturelle, on cherchera (1) f^oy. Il p. ii5 suiv. — (i) p. 34. — dans Makcgraf p. 281 cette espèce porte le nom de a m o r e p i n 1 m a. BOA MURIIVA. 383 en vain de trouver de plus grands Boas que ceux dont nous avons parlé , et M. Lichtenstein (i) cite un individu de 20 pieds du Musée de Berlin connue étant d'une taille extraordinaire. Le Boa rativore a les formes plus élancées que le précér dent ; le tronc est par conséquent moins gros , la queue en occupe environ le cinquième: elle ne diffère point pour la conr formation de celle du iîoa constricteur. Latêteau contraire, est chez le Boa rativore beaucoup moins grosse, plus effilée et presque d'une venue avec le cou ; le museau est voûté vers les côtés, peu large, alongé, arrondi au bout et terminé par une plaque en pentagone et profondément écliancrée en dessous. L'ouverture de la bouche est droite et assez ouverte; on compte environ i5 lames écailleuses à la lèvre supérieure ; elles ont plus d étendue que celles du Boa constricteur; il en est de même de celles dont le museau est revêtue , et qui méritent plus particulièrement le nom de plaques. Les nasales se touchent par leur bord interne : les narines se trouvent conséquemment au sommet du museau près de son extrémité , et indiquent l'habitant des eaux, tant par cette position que par leur petitesse; elles sont en formejde crois- sant et susceptibles d'être fermées quand l'animal veut plonger. L'espace entre les yeux est saillant ;"ces organes sont peu volu- mineux , dirigés en avant et un peu vers le ciel , et à pupille verticalement alongée : ils sont entourés d'un tour de 6 plaques dont l'antérieure est très large ; on voit également des plaques superciliaires , deux frênaies dont l'antérieure est petite, et une paire de frontales qui sont assez alongées. Le reste du mu- seau est revêtu de plaques dont la forme est assez irrégulière «t peu constante; on distingue quelquefois une frontale postérieure impaire, accompagnée de plusieurs autres plaques et on voit souvent deux ou plusieurs lames au lieu de la ver- ticale. Les écailles du tronc ont la même conformation que (i) Mus. p. 77. 384 BOA MURIIVA. celles du boa constricteur, mais elles sont moins pe- tites et disposées sur 47 rangées; elles occupent également les parties postérieures et le dessous de la tête, et une de leurs rangées s'avance entre les plaques labiales et orbitales jus- qu'aux côtés du museau. On compte le plus souvent de 240 à 260 lames abdominales très étroites ; celles qui garnis- sent le dessous de la queue sont tantôt au nombre de 56, tantôt de 7 5. Le Boa rativore a les teintes moins variées que l'espèce précédente. Le dessus est d'un brun fuligineux, tirant à l'oli- vâtre sur la tète; les côtés de celle-ci sont marqués d'une raie d'un jaune brunâtre, bordée par deux autres raies noires, dont l'inférieure, naissant derrière l'œil , se prolonge sur les côtés du cou. Deux rangées de taches orbiculaires et noirâtres, quel- quefois confluentes et disposées alternativement, régnent le long des parties supérieures de l'animal; le dessous est d'un jaune d'ocre; les flancs , de la même teinte, sont ornés d'une double suite de taches en œil , souvent alternes, irréguliè- res, très incomplètes , et dont les bords se confondent avec les nombreuses taches carrées dont le dessous est varié. Les teintes deviennent pkis claires par l'action de la liqueur forte. Les os du crâne sont moins vigoureux que dans lespèce précédente: le front est beaucoup plus étroit, la mâchoire inférieure offre des apophyses très peu développées, les caisses sont peu larges. Cette espèce a les dents plus courtes que les autres du genre. Le Boa rativore est vivipare : j'ai trouvé dans le ventre d'une femelle, envoyé de Surinam par M. Dieperink, une vingtaine d'œufs dont chacun contenait un foetus presque complètement développé , et offrant des teintes très vives quoiqu'au reste semblables â celles de la mère : ces foetus étaient longs d'un pied à 18 pouces. IJOA CE\CnRIA. :]S-y 3 Esp. LE BOA POnrE-ANISEAVX. B. CENCHRIA. PI. XIV fig. 3 , 4 et 5. Le Boa qui doit nous occuper dans l'arlicle présent a quelque analogie avec le précédent, par la disposition des t'intes, et par son port: il s'en distingue facilement par sa taille moindre, par une queue plus courte, et particulière- ment par la conformation du museau et des narines, ainsi que par la position des yeux et par la présence de petites fosses aux plaques labiales. Les renseignemens que je vais communiquer sur ses habi- tudes sont encore dus aux zèle du Prince de Neuwied (i). Ce célèbre voyageur a rencontré ce Boa sur plusieurs points de la côte orientale du Brésil, au JNord de la rivière Espirito Santo. On l'appelé jiboya, nom sous lequel on désigne aussi le Boa constrii teur, dont il a, à ce qu'en disent les indi- oènes, les mœurs et les habitudes. Le Prince a observé des individus de six pieds de longueur totale. Ce Boa grimpe sur les arbres et s'établit souvent dans des creux du sol, mais il ne fréquente jamais l'eau; sa nourriture consiste en mam- mifères de moyenne taille. La fi'>ureque le Prince a donnée de ce Boa se trouve dans la D 1 Livr. y l i\idis Abbildimgen ^ elle a été faite sur le vivant: en la comparant aux individus conservés dans les collections , on voit que les teintes de cette espèce ne changent guère après la mort. Merrlm en a publié précédenmien. une autre figuiet (2), et on en trouve déjà plusieurs dansSEBA: //. 'i8. 2 , figure médiocre d'unjeune individu; //. 54- /• 3, fig. passaide du jeime; //. 88. /." I, fig. al)()mina!)le; //. y8, figure reconnaissablede l'adulte^ et quia servi de type au col. dubius de G.melin (3) ; /• 56. i, fig. {1) Beitr. p. i9.!i suiv. — [1) Annal. JFettei. vol, II p. 5i PI. 9. — (3j Sywt. na'. p. to86. 1\3 386 BOA CEîVCHRIA. médiocre du jeune; les figures IL 102 et /. 6*2. i enfin, qui représentent une variété à taches confluentes en chaîne, ont été regardées par Shaw comme appartenant à une espèce nouvelle, qu'il nomme boa regia (i) : feu Boie (2) a figuré un individu de cette même variété, sous la dénomina- tion de boa lateristriga, et est allé jusqu'à constater , d'après les données incertaines fl'un marchand d'ohjets dliis- loire naturelle, qu'elle hul)ite l'île de Java. Wagler (3) , dont les travaux reposent en grande partie sur les ohservations de Boie, rend la confusion complète en plaçant la même espèce dans trois genres divers, et en empruntant du boa cari- NATA les caractères qu'il assigne à la première de ces coupes imaginaires. Schneider ^4) ^^ Daudin (5) ont commis plu- sieurs erreurs dans les descriptions qu'ils ont données de cette espèce: ils lont cimfondue, à cause de l'analogie des teintes, avec le Boa murina: on parviendra facilement à débrouiller ce qui a rapport à l'un ou à l'autre de ces deux ophidiens. Ce Boa a été observé par plusieurs voyageurs à la Marti- nique comme le constatent les sujets conservés au Musée de Paris. 11 n'est pas rare à Surinam, d'où M. Dieperink nous en a envoyé une douzaine d individus de tout âge. Plusieurs d'entre eux sont de la variété ci-dessus mentionnée, que l'on nous a aussi adressée du Musée de Vienne sous le nom de Boa regia. Le plus grand sujet que j'aie jamais vu est de la grosseur d'un bras d'enfant sur une longueur totale de 1,18 4-0,18: on voit par ces données, que la queue de cette (i) Gen. Zool. III. IL p. 347» — {1) Erpct. de Java PI, 26. — ■ '^)Sy\t.p. 160 Suiv. ; KN YGR U s , EUNECTKS ft EPK^RATES. (4) Syst. anipli. Il i^\. — (5) Rrpt. F p, l'bi. PL ^2. /•' 1 tronçon du corps; PI, b() /. i et 2 flêle .* boa aboma, nom fin Boa murina à Surinam et emprunté de Stedman ; il faut aussi rapporter ici son boa ANNULiFER vol. F p, 202 PI, 63/. 3j (tronçon du corps). BOA CE.^CimiA. 387 espèce est excessivement courte; ce niem])re très conique et toujours courbé en dedans est terminé pnr une pointe plus ou moins obtuse, et offre des dimensions peu constantes, comme cela résulte du non)bre des plaques, qui est tantôt de 36 tantôt de 60. Celles qui revêtent Tabdomen sont plus larges que chez le boa mur in à et se trouvent au nombre de 218 ou de 260. Les écailles de ce Boa ont beaucoup plus d'étendue que celles des espèces précédentes, quoiqu' elles n'en diffèrent point pour la forme: c'est pourquoi leur nombre est beaucoup moins considérable ; l'on n'en compte que 33 ou 3^ rangées. Elles s'avancent aussi sur la tête et sur le sommet du museau où, augmentant un peu en étendue, leur forme cesse d'être symétrique: une seule paire de lames écailleuses, qui succèdent au nasales et que l'on peut comparer aux frontales antérieures, méritent le nom de plaques. La superciliaire pt l'oculaire antérieure sont exiguës ; la dernière offre à sa base une autre plaque qui est plus petite; on voit une rangée de 3 écailles au dessous de la frênaie et 4 plaques postorbitales. Les labiales sont assez petites, au nom- bre de douze à la lèvre supérieure; toutes sont creusées, à leur bord interne , d'une légère fossette , dont l'ensemble forme une espèce de canal , particulièrement sensible derrière l'œil; les premières plaques de la lèvre inférieure se prolongent sous le menton. La tète est, comme celle du Boa murina , pres- que d'une venue avec le tronc, petite, éti'oite, alongée, conique et à sommet applati; elle se confond insensiblement avec le museau qui est très comprimé, et à bout un peu proé- minent en forme de nez; les narines, assez ouvertes et latérales, se trouvent très rapprochées de son extrémité, vu que les jîlaques ({u'elles percent se touchent par leur bord in- terne. La plaque rostrale est plu-i haute que large, échancrée en dessous et en pentagone. L'œil n'est point dirigé en avant et vers le ciel , comme dans le Boa rativore , mais la pupille est également alongée dans le sens vertical. 388 BOA CENCHRIA. Ce Boa a le poumon assez alongé; mais le lobe gauche est de moitié plus court que celui du coté droit. Le Boa porte-anneaux est très remarquable par les belles teintes dont sa livrée est ornée. Un beau roux bruu tirant sur le jaune, tantôt plus foncé tantôt plus clair, occupe le fond ; une double série de taches rondes , d'un jaune brunâtre et bordées de noir, régnent le long des parties supérieures : mais elles confluent le plussouvent pour former une seule série de taches très larofes. On voit sur les flancs trois autres suites détaches, diminuant en étendue vers l'abdomen , l'inférieure étant quelquefois incomplète et peu distincte de sorte que l'on ne compte quedeux rangées de taches: ces taches sont d'un brun noirâtre, et celles qui avoisinent ledos, ont toujours leur par- tie supérieure marquée d'un trait blanc, en forme de croissant. Nous avons déjà dit que cette distribution des teintes, n'est pas toujours aussi régulière que nous venons de la décrire ; qu'elles sont au contraire quelquefois confluentes, et que l'ensemble forme alors un dessin en chaîne qui laisse à peine entrevoir les taches orbiculaires: cette variété a les flancs souvent rayés, et n'est pas rare dans les collections; on en voit plusieurs beaux individus de grande taille chez M. Kllnkenberg à Utrechl. Le sonunet de la tête est toujours divisé longitu- dinalement par une raie brune; deux auties raies de la même teinte se prolongent depuis l'œil jusqu'aux côtés du cou. Le dessous de l'animal est d'un blanc jaunâtre, quelquefois varié de brun. Les petits ont les teintes constamment plus vives que les adultes. 4 Esp. LE BOA CANINE. BOA CANINA. PI. XIV fig. 8 et 9. Ce Boa est très reconnaissable à ses belles teintes verte et BOA CA]\I.\A. 389 jaune. Il vient rie Surinam où il est assez rare; Spix (i) cepen- dant l'a aussi observé près du Rio negro. Ce voyageur assure qu'il atteint jusqu'à 12 piedsde longueur , mais je doute ([u'il parle d'après l'autopsie. Ce Boa nage avec beaucoup d'agilité,* un individu, pris par M. Spix en traversant les eaux du Rio neo^ro , s'entortillait autour de son bras, le serrait fortement, et enfonçait ses long^ues dents dans un morceau de bois, ne lâchant pas même prise après avoir été mis dans l'esprit devin. Ce Boa a en effet les dents antérieures beaucoup plus déve- loppées que les autres espèces ; et cette circonstance, ainsi que sa large tête en cœur, prêtent à sa physionomie des traits assez sauvages, ce qui a sans doute engagé Linnaeus (2) à donner à cette espèce l'épithète de canine. Elle a les formes plus effdées que les espèces de Boa dont nous avons traité jusqu'à présent, son tronc est extrê- mement comprimé, le dos en carène, l'abdomen très étroit et un peu anguleux aux côtés, la queue enfin est alongée. Le corps est particulièrement conformé pour se rouler en spirale, et les individus conservés dans la liqueur, ont presque tou- jours gardé celte position. La tête est plus alongée et plus grosse que dans les autres espèces , et l'occiput assez distinct du tronc; elle est un peu anguleuse aux côtés, applatie au sonmiet et même un peu concave entre les yeux ; ceux-ci sont latéraux, ainsi que les narines: les premiers un peu plus grands que chez les autres Boas; les dernières très ou- vertes, horizontalement alongées, dirigées en avant et rap- prochées du bout du m usea u. Cette partie nVst pas aussi conique que dans les autres Boas , elle a au contraire le bout large et arrondi: la plaque dont elle est terminée est assez étroite mais haute; le sommet est garni de trois ou de quatre (i) Serp. bras. p. 4^ PI. 16. xiphosoma araramboya: ce dernier nom est celui que porte l'espèce chez ICvS Indiens, habitant les bords du Rio negro. — (2) .Vîus. Ad. Fr. PL '^\ Syst. nnt.p. 373. 390 BOA CAJMNA. plaques âe forme peu constante, et que l'on peut comparer à des frontales. On voit au frein 3 ou 4 lîirges plaques, accompagnées postérieurement et en dessous de plusieurs autres qui sont moins g-randes; l'œil est bordé d'un tour de petites écailles. Les lames qui revêtent le reste de la tête, ne se distinguent des écailles du tronc, que par leur forme moins symétrique; celles du sommet particulièrement sont très irrégulières et en polygone. Il serait supL'rflu de dire que des lames écailleuses d'une forme si peu constante sont très sujettes à varier, tant par leur disposition que par leur étendue et leur configuration. Les plaques labiales de cette espèce , au nombre de 12 environ à la lèvre supérieure, sont creu- sées, dans leur centre, d'un sillon assez large, formé par des échancrures en guise de fossettes, particulièrement profondes au bord postéiieur des plaques , de sorte que leur bord anté- rieur s'avance en angle ais^u. Ces fossettes se trouvent tout autour des lèvres, et la plaque rostrale offre, outre les fos- settes de ses côtés, une profonde cavité au centrée! uneéchan- crure à son bord inférieur. Les écailles du tronc , plus alongées que chez les espèces précédentes, très imbriquées et pointues au bout, sont dispo- sées environ sur 53 rangées louijitudinales. Le crâne de ce Boa offre un front assez convexe, les mas- toïdiens sont courts; le maxillaire est courbé en S , et le crâne très large à sa partie postérieure. La boucheest garnie en avant de dents extrêmement longues et crochues. Le poumon est beaucoup plus alongé que chez les autres espèces du genre; mais la plus grande partie de c^ viscère ne forme qu un sac spacieux et dépourvu de cellules: le lobe gauche, quoique étroit, est de la moitié de la longueur de celui du côté droit. Les teintes de cette espèce sont moins susceptibles de s'altérer dans la liqueur forte que celles des autres Boas ; elles deviennent seulement un peu plus obscures après la mort. Lin beau vert de mer foncé occupe les parties supé- BOA CAIVIX A. 3Î) 1 Heures ; le dessous est jaune: cette couleur s'avance un peu sur les lianes , qui snnt plus ou moins distinctement nuancés de marbrures et de taches. Le dos est orné d'une suite de taches blancliàtres, en lo/ange , et qui descendent sur les flancs sous la forme de bandes transversales déchiquetées ; elles sont quelquefois indistinctes , irréguhères, souvent séparées et dis- posées alternativement ; les plaques enfin qui les bordent sont toujours mouchetées d'innombrables petits points noirs , dont le dos est quelquefois entièrement parsemé, et qui con- tribuent assez à relever la beauté du dessin. En comparant la livrée des jeunes à celle des adultes , on s'aperçoit que les teintes de cette espèce éprouvent de grands changemens avec le développement de l'individu: car la cou- leur du fond est, dans la jeunesse, d'un jaune orange plus ou moins foncé ; les côtés et le sommet de la tête sont ornés de taches brunâtres de diverse étendue et presque toujours orbiculaires ; on remarque deux raies sur le museau et une derrière l'oeil; les taches dorsales enfin sont très agréablement piquetées et bordées de noir. Ltnné (i) , et après lui un grand nombre de naturalistes , ont considéré le Boa canine à cet âge, comme une espèce particulière ; il est probable que leurs recherches ne sont fondées que sur les figures qu en a donné Seba. (2). Laurentius a changé le nom de cette espèce nominale en celui de boa exigu a (3), et s'est servi de deux autres figures de l'iconographe (4) que nous venons de citer, pour en former ses boa AURANTIACACtTHALASSINA. Deux mauvaises figures, une de l'adulte et l'autre du jeune, se trouvent sous le nom de h\pnale, dans Lacéi'Ède (5). On voit de plus une figure du jeune dans Scheuchzer (6), et celle de l'adidte dans Guérin (7). (1) BOA HYPNALE S^ st, nat. p. '^'jZ. — (i) Tlics. IJ. PLZl^fig» lel 1. — (3) Syn. p. 89. — ( [^) IL 81. i et 96. 1. — (5) Quad. OK'ip, II PI. 16/ 2 et/»/ 17 fig. 1. —(6) BihL sacra. PL 628/i'. E. — (7) Iconngr, PL \\)f. 2. 392 BOA HORTULANA. Le Musée des Pays-Bas possède une belle série de ce Boa , composée d'individus de tout âge etdont l'adulte mesure envi- ron 6 pieds; d'autres n'tiffreiit que 0,75 + 0,20 et les petits ne surpassent guère o,3o + 0,08. Nombres des plaques : 188 + 6^ ou 20 5 + 76. 5 Esp. LE BOJ BRODÉ, BOA HORTULANA. PI. XIV fig. 10 et II. La diagnose que Linné (i) a donné de cette espèce dit expres- sément , que son nom est dérivé du dessin élégant dont elle est ornée. II est in:possible de la confondre avec aucune autre du genre; car sa queue est beaucoup plus longue , relative- ment au tronc ,qui est très grêle et assez effilé, et les fossettes des lèvres forment, derrière l'œil, un creux très profond et triangulaire. Linné cependant, attacliant trop d'iniportance au caractère tiré de la disposition des teintes, qui varient extrê- mement chez ce Boa, a formé d'une de ces variétés une espèce nouvelle qu'il nomme boa enydris (2). Il est étonnant que Merrem (3), en publiant uneiigure de cette variété, l'ait encore décrite sous un nom différent, et qu'il ait établi des caractères pour la distinguer du boa canina, sais même pensera la comparer au Boa de cet article. Mais il est plus étonnant que tous les successeurs tle ce savant aient adopté ses idées, sans y rien changer, que Schneider (4) ^J^ conféré un troisième nom à cette variété, que Daudin (5) l'ait élevée au rang des (l) BOA HORTULANA Syxt. liât, p, '^'J k- (^) "^* ( j) S TUMP FKO P F I G E R S C U L 1 N G E R. Bcitr, 11 p. l3 Pi. 2. — (4) KOA M EURE Mil SjsU 11 p. ^^Q. (5) CORALLUS OB- TUsiRosTuis ; RepL s^oL V p. 269 PL ^k fin- 3 «t Pi ^ fiS^ 5 cl G. BOA HORTULANA. 393 genres , parceque rintlividu do Merrein offrait les premières lames abdominales divisées , que Wagler (i) eidin l'ait figuré sous une cinquième dénomination. En passant en revue les autres synonymes de ce Boa on verra que Daudin (2} , après Tavoir décrit trois fois, fait encore une nouvelle espèce d'un individu rapporté de Surinam par Levaillant, que Wagler (3) en a publié sous un nouveau nom une figure outre celle déjà citée ; que Laurentius (4) enfin l'a introduite dans le système d'après Sera (5), comme deux espèces nouvelles rlu genre Vipère , placées dans le genre c olu b er par Gmelin (6). On n'a pas mis à profit plusieurs autres figures de ce Boa qui se trouvent dans Scheuchzer (7) et dans Sera (8) , on en voit aussi une abominable dans Lacépède (k)). Nous avons au Musée une suite complète de cette espèce : elle est due en grande partie aux soins de M. Dieperink à Para- maribo , el composée d'une douzaine d'individus de tout âge, qui montrent le passage des deux variéiés principales ([ue nous allons décrire. Les adultes mesurent 1,4^+0,36; les petits 0,42+ o,i4 ou 0,37 -+- 0,1 1. Le nombre des plaques varie depuis. 256 + 110 jusqu'à 291 -H 124. Un sujet du Musée de Paris est originaire de l'île de St. Vincent. J'ai trouvé dans l'estomac de plusieurs individus des oiseaux, tels que des Tangaras; un autre figuré par Seba IL 8. i. avait dévoré une souris , et Spix rapporte que ce Boa fait la chasse aux aniniaux de petite taille, les poursuivant même dans les eaux. Ce voyageur a observé le Boa brodé sur les bords du fleuve Salimoëns. (i) xiPHosoMA noRsuAL E Scrp, bras. PL i5 p. 4^» — (2) b o a E L K G a N s. nept. F. p. 123 PL G3 f. I et PI. Gi f^\ Z-i et 33. — (3} X I p H o s o 31 A o R îs A T u M. Serp. bras. p. l^o PL i 4 fiS- 2. (4) VIPER A BITIS et MADERENSIS Syn. p. 102. — (5) T/tCS, /ï i6. I et /. 54 2. — (6; Syst. nnt. p. 1092. — (7) BibL sacra. ÇiÇ)i. g. _ (8) Tlœs' Il PL 8/ i ; // 5o. i ; //. 74 et // 84. i. (9J Quad. ovip. H PL \^, Jig. 2. 394 BOA HORTULANA. On serait plutôt tenté de croire que ce Boa habite les arbres , vu sesfonni^s efiilées, et la délicatesse de ces parties- Le tronc étant exessivement comprimé, il s'ensuit que l'abdomen est très étroit, un peu anguleux aux côtés, et occupé en entier par des lames plus larges que dans les autres espèces; le dos est relevé en carène. La que ue est très alongée et s'amincis- sant insensiblement en pointe conique vers le bout. La tête ressemble , pour sa conformation , à celle du boa canina, quoiqu'elle soit moins lourde , et que le museau soit plus alongé et plus conique. Les plaques labiales diffèrent , en ce que celles du milieu sont plus petites , et dépourvues de fos- settes ; les postérieures au contraire en offrent de très pro- fondes, et celles de la mâchoire supérieure sont creusées d'un sillon en forme de fente, à ouverture large et triangulaire. Les narines et les yeux ne diffèrent des mêmes parties chez le Boa canine, qu'en ce que les premières sont plusorbiculaires ; on ne voit que deux paires de plaques frontales peu larges, deux frênaies et une oculaire antérieure. Le reste de la tête est re- vêtu de très petites écailles polygones, déforme peu con- stante , et augmentant en étendue à mesure qu'elles avancent vers le museau. Les écailles du tronc sont beaucoup plus alongées que chez le Boa canina et presque lancéolées ; mais le tronc du Boa brodé étant beaucoup moins élevé dans le sens vertical que celui du Boa canina , les écailles ne surpassent point en étendue celles de cette dernière espèce , quoique le nondjre de leurs rangées ne s'élève qu'à 3(). L'ouverture de la bouche est moins droite que dans les autres Boas et forme une ligne en S assez prononcée. Le Boa brodé a ses flancs ornés d'une suite détaches rondes ou en lozange, d'un brun roux noirâtre, et qui s'étendent vers l'abdomen en s'élargissant; on observe le plus souvent entre ces taches une rangée de taches plus petites , alternes , mcjins régulières et dont le nombre est quelquefois augmenté du double ou du triple. Toutes les taches , et particulièrement BOA HORTULAXA. 395 celles du dos , ont une telle étendue qu'elles laissent à peine entrevoir la couleur du fond (|ui est beaucoup plus pâle : elles sont bordées de blanc et de jaune chez les jeunes, et ces bor- dures forment alors nn dessin aussi élégant que varié , mais dont la disposition est peu constante. Le sommet de la tcte est orné de nombreuses raies claires, qui se confondent en tous sens ;on distingue deux larges raies foncées derrière l'œil , et deux autres bt)rdant le sommet du museau. Le dessous est varié des deux teintes principales. La variété dont nous avons parlé plus haut a les teintes beaucoup plus sombres et moins variées. La couleur du fond est le plus souvent d'un brun pâle et grisâtre; les taches sont pe- tites , confluentes , effacées , peu distinctes et souvent en œil ; on ne voit sur le sommet de la tête que quelques raies foncées qui forment une figure en croix sur l'occiput. Quelques individus offrent des teintes presque uniformes (i). ]\ous possédons de jeunes sujets qui sont d'un jaune sale ; cette couleur passe chez d'autres au brun ou au roux. Nous nous bornons à indi- quer ces variétés, qu'il ne convient pas de décrire minutieusement dans notre ouvrage. Le crâne de cette espèce offre des formes un peu disparates : il est bombé au dessus et presque partout de même largeur ; la mâchoire inférieure est droite. Les mastoïdiens sont très courts ; les caisses larges , vigoureuses et courbées, ce qui donne au crâne une configuration toute particulière. Les dents anté- rieures sont assez développées, fortes et courbées, (0 A ce nombre appartient le b o a modesta de Reuss: Mus. Senk, 11 p. 129 , originaire clc la province llhéos au Brésil. 396 BOA DUSSUMIERI. 6 Esp. LE BOA DE DUSSIJMIER. B. Ï>1TSSU3IÏRÏ. Outre un ophl.lien anomal originaire de l'île de Cuba , il nous reste à traiter de trois espèces du genre Boa , toutes habi- tans de raucien monde : elles s'éloignent sous pUisieurs rap- ports de celles de T Amérique, particulièrement par leur petite taille et par leurs écailles carénées ; on ignore leur manière de vivre. , Celle que nous allons décrire d'abord , est inédite et a été observée dans l'île ronde, près de Maurice , par M. Dussumier, voyageur infatigable et ami éclairé des sciences , auquel l'his- toire naturelle doit de nombreuses découvertes. On n'en connaît qu'un seul sujet, probablement jeune encore^ et qui mesure o,3i + o,ïi. L'espèce du présent article se rapproche du boa hortu- lana, qu'elle paraît représenter dans l'ancien monde, par ses formes effilées et parla longueur de sa queue: la disposition des plaques de la tête , le manque de fossettes labiales et les écailles carénées offrent cependant des traits trop saillans, pour la con- fondre avec le Boa de l'Amérique, dont nous venons de parler. La tête du Boa de Dussumier ressemble à celles des autres Boas de l'ancien monde ; c'est à dire , elle est alongée et très déprimée , mais elle offre un museau qui va en pente vers les côtés, au lieu d'être anguleux comme chez le Boa caréné ; ce museau en outre est revêtu de i paires de plaques assez grandes, qui sont précédées d'une rostrale obliquement tronquée. On voit une rangée de très petites frênaies , une oculaire antérieure très développée, et 4 <>^i 5 oculaires postérieures. Les labiales , outre la terminale et les écailles gulaires, sont également petites , mais on distingue parmi les dernières une paire de mentales qui sont très effilées. Les narines, assez étroites, sont placées près de larostrale, et ofirent une position un peu verticale, mais les yeux sont parfai- tement latéraux. BOA CAUIIVATA. 397 Cette espèce offre comme les autre Bons un tronc assez alongé et comprimé , mais elle a cette partie très délicate et terminée par une queue assez déliée et un peu prenante, dont le dessous est revêtu de 128 lames simples : celles de rahdomcn en occu- pent toute In largeur, et sont au nondjre de 208. On con-.pte ^9 ranirées d'écaillés extrêmement petites et toutes surmontées d'une forte carène. Cette espèce a les teintes assez un formes: les dessus est d'un gris bru !\itre ; le dessous tire sur le jaune: on voit plusieurs taches noires sur la queue. 7 £sp. LE BOA CARÉNÉ, BOA CARINATA. PI. XIV fig. 12 et i3. Voisine de la suivante , l'espèce du présent article est beau- coup plus commune dans les collections et mieux connue que celle-là. Elle offre une teinte d'un brun roux, varié de larges taches anguleuses plus foncées , entre lesquelles on voit d'au- tres taches irréirulières noirâtres , et des marbrures blanches qui forment quelquefois des bandes sur la queue ; mais ce des- sin est très indistinct, peu constant et les taches, souvent con- fluentes, forment plusieurs raies longitudinales assez larges. On voit les figures de ces deux variétés chez, Seb.v //. 28. /. 5 et 6 ; une autre se trouve chezMERREM: Atinal. Wettpv. IL p. 60 /:>/. 9 ; Z U s A M RI E ]N G E D R il C K T E R S C H L I N G E R. Schuci- der a examiné plusieurs individus de cette espèce; conf. Syst, Ainph. //./;. 261 ; b o .\ c a r i n a t a. Nos voyageurs ont adressé au Muséum un bon nombiie d'indi- vidus de ce Boa , qu'ils ont observé dans les îles d'Amboine, de Saparua et sur la cote occidentale de la nouvelle Guinée. Nous devons au pinceau de feu van Oord la figure d'un adulte, faite 398 BOA CARIiXATA. sur les lieux; elle nous a a démontré que les teintes sont peu sujettes à l'influence de la liqueur forte. Les adultes de ce Boa ne mesurent queo,43 _4-oo85; le nombre des plaques est peu considérable et surpasse rarement i8o_j_5o; on trouve au contraire des sujets qui n'en offrent que i6o -+- 48. Le tronc est peu large et assez comprimé , le dos en carène , l'abdomen étroit et garni de plaques convexes, plus grandes que celles des autres Boas. La queue est peu longue et un peu conique. La tête est excessivement déprimée , assez distincte du cou, effilée, un peu en cœur et à sommet applati. Le museau est conique , alongé, anguleux aux côtés , arrondi et tronqué obliquement au bout. Les lèvres sont enflées et bordées de 1 1 plaques, plus larges par devant ; l'ouverture de la bouche est indiquée par une ligne à-peu-près droite. Les yeux sont mé- diocres et leur bord est assez saillant , particulièrement à la région surciliaire ; l'iris est jaune. Les narines sont étroites , orbicu- laires, rapprochées de l'extrémité du museau, et latérales, ainsi que les yeux. La plaque rostrale est presque carrée , la termi- nale de ia lèvre inférieure assez largue et trianoulaire. Le reste de la têle est revêtu de petites plaques , qui ne diffèrent des écailles du tronc , que par leur forme irrégulière : elles sont souvent en polygone, et un peu plus larges sur le sommet du museau. On compte 2j rangées d'écaillés carrées et toutes sur- montées par une forte carène. Le crâne de cette espèce est assez déprimé et alongé : les cais- ses et les mastoïdiens sont moins développés qu'à l'oidinaire ; il en est de même des apophyses de la mâchoire inférieure; la supérieure est en forme d' S. Cette espèce a le bout des mâ- choires garni rie plusieurs dents assez longues, Lecana! alimen- taire est très long, ce qui f;iit que les intestins se tnuivent reserrés vers les parties postérieures: ils sont légèrement plissés. Le poumon forme deux lobes presque' éoaux en lonsfueur : mais les proportions de ce viscère varient d'un individu à l'autre. Les reins sont très courts et ramassés. BOA CONICA. 399 S Esp. LE BOA A QUEUE CON/OE. B. CONICA. Comme je n'ai pas été à portée d examiner cette espèce d'après nature, je me vois obligé d'avoir recours , pour ma des- cription, aux détails fournis par IIussel(i) et Schxkider (a). Elle habite les grandes Indes. Voisine de la précédente, elle s'en distingue facilement par sa queue conique et très courte , par un nombre divers de bandes abdominales et sous-caudales , enfin par le système de coloration. Ce Boa atteint un pied et demi de longueur totale. On lui compte JOC) -h 19 phupies. Le dessus est d'un brun foncé, relevé par une bande longitudinale , large , noire et faisant de nond)reuses sinuosités; elle est bordée de blanc et accompagnée sur le flancs dune suite de taches noires , irrégulières et souvent en forme de points. Le dessous est couleur de nacre. 9 Esp. LE BOA A QUEUE NOIRE. BOAMELA^XVRA, En rangeant cet ophidien inédit à la suite des Boas, nous avons voulu indiquer quil est, plus qu'aucune autre , éloigné des espèces types du geiu-e. Il se raj)proche de ces dernières par son corps et sa queue, doués l'une et l'autred'une grande force prenante, mais sa tète lappelle celle des Boas de l'ancien monde, avec lequel il a aussi de commun des écai'les carénées; ses for- mes totales le feraient plutôt prendre pour un Tortrix ; il a le (1) Serp. //*/. 4 /?• 5 ; p A D A I N-c o o t o o on m o n s o l i-p a m po o; sur cette figiiro reposent les no a v i p f. r. i n a Sitaw Grn. Zool. vol. III P. Il p. 355 et le BOA o R N A T A de Daupin Rcpt V p. 210. ~ {"i) Dpfihachr. Munich, vol. f'II PI. Çt fif;. 'i p. itf), figrre faite d'après un individu conservé dans la coîleclion de feu KIocli ; celle espèce com- pose chez Waglïr , SysU p, 192 , le genre g o N g y l o p h i s. 400 BOA MELANUR A. sommet de la tête revêtu de plaques , comme les Pythons ; mais le défaut total de crochets à l'anus le distingue également et des Pythons et des Boas. M. Ricord a découvert ce Boa à l'île de Cuha. Le seul sujet envoyé pur ce voyageur au Musée de Paris mesure 0,42 -h 0,06. Les plaques sont au nombre de 206 -f- 38 : elles ont peu de largeur et sont partout simples. Les écailles, plus grandes que chez les autres Boas, sont carrées , surmontées d une forte carène, et disposées sur 25 rangées. Ce Boa a les formes très ramassées ; le corps est robuste , com- primé, assez gros au milieu , mais il va en s'amincissant consi- dérablement vers les deux bouts, et se termine par une queue forteuient prenante , mais très courte , mince et un peu conique. Le dos est en carène ; l'abdomen au contraire est convexe. La tête , petite et un peu distincte du cou^ présente des formes alon^ées : elle est déprimée , conique et terminée par un museau allant en pente sur les côtes, et obliquement tronqué au bout, qui est un peu saillant, en forme de nez. Les lames delà tête offrent une disposition toute particulière: on voit deux nasales qui se prolongent sur le sommet du museau • elles sont suivies des frontales antérieures , dont l'angle inférieur descend sur les côtés du museau; les frontales posté- rieures sont très développées ; on observe une verticale et des surciliaires assez larges; les occipitales au contraire, sont petites. Il existe deux grandes écailles derrière l'œil , et deux petites au bord inférieur de cet organe, qui est de moyenne grandeur, un peu saillant et latéral. Les narines sont peu ouvertes et assez rapprochées du bout du museau. Vue rangée de très petites écailles se voit sur le frein ; les labiales sont nombreuses et pres- que toutes de semblable étendue; le menton enfin offre deux paires de plaques plus grandes que le reste. Ce Boa a le dessous d'un jaune d'ocre clair ; mais cette teinte se change en gris jaunâtre vers les parties supérieures, qui tiient BOA MELAIVLRA. 401 sur le brun ou sur l'olivâtre. Une rangée de taches rondes, noires, et assez clair-semées, borde les côtés de l'abdomen; mais elles deviennent plus larges , quoiqu' indistinctes, sur les parties postérieures , et se réunissent à d'autres taches ou bandes dor- sales trèspeu sensibles , pour occuper toute la pointe de la queue, et y former une teinte noire uniforme. f> dl 3 ii il .10/ «6 ,'d 2 Geore. LES PYTHONS. PYTHON. On comprend sous le nom de Python (i) tous ces Boas de grande taille de l'ancien monde, qui offrent à Tintermaxillaire plusieurs dents, semblables à celles des mâchoires ; qui ont le dessus de l'orbite formé par un os particulier, enchâssé entre les trois frontaux et que Guvier a appelé surorbitaire ,* enfin, qui ont le dessous de la queue garni de plaques divisées, ce qui est cause que la plupart des naturalistes ont classé les Pythons dans le genre Coluber, quoiqu'on trouve souvent des individus où un bon nombre des plaques sous-caudales ne sont pas divisées, de sorte qu'elles forment alors de simples bandes, comme dans les Boas proprement dits. Tous les Pythons ont les lèvres creusées de fossettes plus ou moins profondes , et les plaques de la tête le plus souvent de forme plus régulière que celles des Boas proprement dits. Lebrun, le jaune et le noir sont les couleurs dominantes. Quelques espèces sont très répandues ; d'autres au contraire , sont bornées entre des limites assez étroites. Daudin {Rept. V p, 226) a établi ce genre. (ij Wagler a changé cette dénomination en celle decoNSTRicTOR, réservant le genre Python pour la seule espèce de la Nouvelle Hollande ^ voir Syst.p. 168. * PYTHON BIVITTATUS. 403 1 Esp. LE P. A DEUX lUIES. V. BIVITTATUS. PI. XV Cg. 1 , 2 , 3 et 4. L'histoire de ce Python nous offre une preuve de la legërete avec laquelle plusieurs naturalistes ont introduit des espèces dans le système, sans s'inquiéter de les comparer à celles qui étaient déjà connues antérieurement. Les savans me sauront gré d'avoir débrouillé la synonymie de cette espèce; quoique le sacrifice d'un temps précieux, qu'on perd dans dépareilles recherches, ne vaille pas le fruit réel qui en résulte pour la science. J'ai conservé à cette espèce, la dénomination sous laquelle feu KuHL (i) l'a décrite, dénomination qui a été adoptée par la plupart des Musées de l'Europe. On trouve déjà l'indication de ce Python dans Linné/;. 887 : c'est indubitablement son col. M GLU rus; Lacépède (2) a donné la description et la figure d'un individu de cette espèce, long environ de 7 pieds, sous le nom de M o L u R E. La figure qu'en a publié Latreille (3) convient parfaitement à notre Python , mais cet auteur a ajouté à sa des- cription celle de la Couleuvre tachetée de l'Amérique du Nord. Schneider (4) a déjà senti la nécessité de rapprocher le Molure des Boas; mais l'ophidien , qu'il décrit à la suite de ces arti- cles (5), appartient au genre ho ma lo psi s (6), et a été fort mal-à-propos placé par Merbem (7) dans le genre p yth o n. L'ouvrage de Sera contient plusieurs figures du Python à deux raies; telles sont par exemple /. 37. i ; //. 99. 2 , qui est le type du COL. se BAS de Gmelin (8j et du col. speciosus de fi) Beitr. p. 94. — (2) Quadr. ovip. II p. 218 PI 10 f. i. — (3) Rept. JY p. 107 avec fig. — (4) Hist. amph.p. 259 el p. 276. — (5) ib. p, 279. (6) Voir notre article de Pr o m a L opsis s g h n e i d e r i. — {j) Tent, jD. 90. — (8) Syst. nat, IL />. 11 18. 404 PYTHOr^J BIIVITTATÏJS. BoNNATERRE (i) ; //. lo.j , suF laquelle est fondée en partie le cowsTRiGTOR REx S E R p E N T u M de Laurentics (2) ; enfin //. 27, I , que Schneider (3) cite à Tarticle d3 son boa hiero- GLYPnicA, rangé parmi les pythons par Merrem (4), qui y ajoute Sera //. 19. t. On voit également dans le bel ouvrage de Russel (5) plusieurs portraits de notre Python , dont on a fait sept espèces nominales. Schneider (6) les a désigné sous les noms de boa cinerea, castanea, ALBICANS et ORBICULATA; DaITDIN (^j sous ceux de PY- THON TiGRis et bora; Shaw (8) sous celui de colu- BER boa E FOR MI s. Indépendamment de ces descriptions, presque tous ces auteurs en ont encore donné d'autres sous de nouveaux noms , mais évidemment dressées sur des individus de ce Python: le boa ordinata de Schneider (9), dont Daudin (10) a fait un python, appartient à cette catégorie; CuvîER (11) conserve à notre Python une dénomination locale, inventée par Shaw. On trouve dans les Mémoires de la société de Batavia (11') la description d'un grand Python publiée par WuRMB, description qu'il faut probablementrapporter au Python de Schneider : elle a servi de type à la couleuvre jfAUNiset BLEUE de Lacépède(i3), queMERREM (i 4) a très mal-à-propos réunie au BOA amethystina de Schneider (i 5) , qui forme une espèce particulière du genre Python: Guvjer enfin , d'après la seule circonstance, que l'ophidien décrit par W'uRr\ïB porte le nom d'ULAR Sawa, nom que les indigènes appliquent .(i) Ophiolop^ia p. 17 n.*^ 3o. — (2) Syn. p. 107. — (3) Hist. Amph. II p. 3,66. — (/,) 7\'nt. p. 90 — (5) I/icL Serp. PI. 20, a3 , a/J et 29. — (6) /. c. ]). 270 à 276. — (7) Rept. f p. 236 el p. 'i\i. Pt 64/i i et PI. ^9 f.^- 4- -T- '8) Gen. ZooL lU P. Il p. 5i 1. — (9) HisL amph. Il p. 260. — (10) Rept. vol. F p. 252. — (11) Rc^^n. an. ///;. 80 î python J A V A N I c u s , nom eiiiployé par Ruhl pour désigner l'espèce suivante. (12) yfnri. 1781 p. 391. — (i3) Quad. ovip. II p. 2^1 : col. F l a v o- coEKtiLEus ; Latr. Rept. iF p.idt^. — (i4) Tent. p. 89. — (i5; Hist. amp/i.IJ p.^x^[^^ PYTHOIV lUVITTATUS. 405 indifféremment aux deux grands Pythons de Java , a rapporté toute cette synonymie à l'espèce du présent article. Les nombreux récits touchant des serpens monstrueux de l'ancien monde, dont les ouvrages des anciens et des voyageurs sont ornés , doivent être en grande partie rangés ici ; les natu- ralistes ont souvent attribué ces contes à des espèces diffé- rentes et particulièrement au boa constricteur; Lacépèdb et ses successeurs ont même rapporté à une vipère (i) tout ce que disent plusieurs voyageurs, relativement au culte que les nègres de la côte de Guinée rendent à notre Python. Il suffira de faire l'énumération des contrées, d'où des indi- vidus de ce Python nous ont été adressés, pour justifier le rap- prochement des synonymes tel que nous l'avons proposé. Tous nos voyageurs qui ont exploré l'île de Java ont obser- vé ce Pvthon , dont ils ont fait parvenir souvent les dépouilles au Musée des Pays-Bas. M. Reinwardt a rapporté un squelette de cette espèce, dont la longueur excède 17 pieds; je trouve dans le manuscrit de ce savant le passage suivant : « Les Ma- >» lais de Java appelent ce Python oul,ar-sawa ouoular »rava; il habite les lieux bas, ombragés , marécageux ou « inondés , et se plait particulièrement dans les champs de riz ; « on dit qu'il atteint jusqu'à 25 pieds de longueur totale, mais » le plus grand que j'ai vu, ne mesurait que 17 pieds; les indi- w gènes tirent un bon augure du voisinage de ce serpent; j'ai >» quelquefois trouvé dans son estomac des sabots de cerfs, et il » attaque aussi des cochons. M. Diard a trouvé en Septembre >* 1820 dans le ventre d'une femelle des œufs presque orbicu- » laires, blancs et revêtus d'une membrane coriace mais élastique, » et cédant à l'impression la plus légère: ils étaient au nombre » de trente et un. >• Il paraît que le Python à deux raies est plus rare à Java que (1) L K p \ B o 1 E Lacép. Quad. ovip. 11 p. 255; consultez notre aiticle de la V I P È R K É L É G A N 1 R. 40G PYTHON BIVITTATUS. l'espèce suivante , qui a été envoyée en plus grand nombre à notre établissement. Les notes de Kuhl et Boie ne disent rien à cet égard ; ce dernier voyageur me mande dans une de ses let- tres ce qui suit : « ce Python atteint quelquefois une taille » énorme; il attaque même des cochons et le cerf Muntjac. mais » les hommes n'en ont rien à craindre ; sa force musculaire est « étonnante; un individu de la grosseur d'une cuisse, que l'on » venait de prendre, s'échappait d'une cage destinée à contenir '> des animaux sauvages , en brisant le trellis de fer qui lui défen- » dait le passage; les individus d'une taille aussi considérable » sont très rares. » On nous a cependant adressé tout récem- ment un individu de ce Python , long de 20 pieds. On a apporté eu Europe, du Bengale, il y a plusieurs années, quelques sujets du Python à deux raies; ils étaient de très grande taille; l'un , qui est mort à la Ménagerie deM. van Aken, mesurait i3 pieds, d'autres n'en offraient que y à 10 pieds de longueur totale. J'ai soigneusement comparé ces Pythons aux individus que nous possédons de l'île de Java , et je n'ai pas trouvé la moindre différence entre eux. La figure de l'adulte, que M. Temmink a bien voulu faire faire d'après le vivant, offre précisément la même distribution de teintes, que l'on voit à celui que le peintre du professeur Reinwardta fait à Java. En comparant ces Pythons aux figures que Russel a données des Pythons du Bengale , je ne vois pas de différence entre tous ces animaux, si ce n'est dans de petites disparités de forme dans les plaques de la tête, et dans les teintes: on sait cependant combien ces caractères sont fugitifs, et c'est à tort que quelques auteurs en ont tiré des traits distinctifs , pour caractériser les espèces nominales, inventées par les connnenta- teurs de Russel (i). Les figures delà tête de ce Python, que l'on trouve dans son ouvrage, où la forme des plaques est bien rendue, offrent la preuve de ce que nous venons d'avancer sur les variétés nombreuses que l'on rencontre , et la série que (1) Voyez : Wiegmann 7m iH2(j p. 616. PYTHOIV BIVITTATUS. 407 possède le Musée de ce Python , sert à constater nos assertions: en suivant les principes proposés par les auteurs pour distinguer les espèces , on serait obligé de faire des variétés de tous les individus, vu qu' aucun ne ressemble parfaitement aux autres sous ce rapport. Je crois que les faits allégués justifieront l'ordre que j'ai adopté en rapportant au Python à deux raies, toutes les prétendues espèces que l'on dit avoir découvertes au Bengale; car il paraît que celle de Schneider n'a point encore été observée dans les grands Indes. t Les Pythons à deux raies que l'on a montrés ici en public , étaient d'un caractère doux, très lents dans leurs mouvemens, et ne mordaient jamais , même quand ils étaient provoqués. On les gardait dans une caisse où, enveloppés de couvertures de laine , ils se tenaient tranquillement , souffrant avec calme qu on les en retirât pour les montrer aux nombreux specta- teurs , qui venaient visiter la ménagerie ; ils paraissaient plongés dans un abrutissement des sens continuel , car ils ne faisaient jamais la moindre attention atout ce qui se passait autour d'eux. On présentait à manger à ces Pythons tous les huit jours , quoi- qu'ils ne fussent pas toujours disposés à s'emparer des animaux qu'on leur livrait , et qu'ils refusassent quelquefois de les attaquer pendant deux ou trois jours. On était même quelquefois obligé de les exciter à mordre, en leur présentant un lapm vivant; enfin, quand l'envie leur en prenait, ils cherchaient à saisir leur victime avec les dents : à peine s'étaient-ils assurés de leur proie , en lui enfonçant ces armes dans la tête, qu'ils l'entortil- laient dans lesreplis de leur corps roulé en dedans, et la serraient si étroitement , qu'on la voyait expirer presqu à l'instant. Après l'avoir ainsi fait périr, ils la léchaient quelquefois, avant de l'avaler et ne se hâtaient jamais en exécutant cette opération, que j'ai vu durer deux ou trois heures. Ils conunen- çaient toujours par la tête , et parvenaient à introduire leur proie dans le gosier, par les efforts de tous les muscles des parties antérieures mis en jeu simultanément: cette action ti'étant 408 PYTHON BIVITTATUS. répétée qu'à des intervalles très grands, il s'ensuit que l'acte de la déglutition occupe un espace de temps assez considé- rable. >" Les observations de Russel (i) diffèrent des nôtres, en ce qu'il dit que ce Pytlion s'empare de sa proie , en la serrant entre les circuits de sa queue. Ce savant rapporte également que ces serpens s'entortillent souvent autour du bras des hommes qui jouent avec eux, qu'aucune provocation peut les disposera mordre et que leur morsure n'a jamais les moindres effets ; qu'ils s'introduisent quelquefois dans les maisons, et que les indigènes ne les redoutent nullement. Les anglais de la colonie appelent ce Python roc«l-snake (serpent de rocher), et il porte les noms de pedda-poda. et de eora parmi les indigènes. Russel n'a point vu d'individus excédant lo pieds de longueur totale; ceux qu'ils a figurés étaient originaires de Vizagapatani , de Ganjam et des environs de Calcutta. L'infortuné docteur Beierlein , voyageur au service du Musée des Pays-Bas , et mort après une résidence de neuf mois à St. George d'Elmina sur la côte de Guinée, nous a fait parvenir de cette possession hollandaise deux dépouilles d'un grand Python, qui ne diffèrent par aucun caractère essentiel, de celles que nous avons reçues des Indes orientales. Feu Boie , ne se doutant pas de l'identité de deux animauxhabitant des contrées aussi distantes l'une de l'autre , a considéré ce Python comme une espèce distincte , et y rapporte les synonymes réunis dans Merrem p. 20, sous son python hierogeyphîcus: ces vues cependant ne reposent sur aucune base solide, et j'ai eu le plaisir de voir confirmer mon opinion par le professeur Eschricht à Copenhague, qui a bien voulu me céder un jeune individu de ce Python recueilli aux environs du fort danois à la côte d'or, lequel ressemble à tous les égards à d'autres sujets pris dans l'iie de Java. (1) Iiid' SrrfK J p. a7 , /iv 3o et/>. 4^. PYTHON BIVITTATUS. 409 Il est évident qu'il faut rapporter ici tout ce qui se trouve dans l'ouvrage de JÎosman (i), relatlveuient aux grands serpens qu'il a vus dans les environs de St. George d'Elmina, fort liollan- dais à la côte de Guinée. Ce voyageur dit (ju'il a observé des individus de i4 jusqu'à 20 pieds de long (2) , que ce Python est vénéré chez les indigènes comme déité principale , en honneur de laquelle on érige des édifices particuliers , où leur race est soignée par des prêtres , et que les ministres de ce culte ont une telle influence sur les grands de l'état et sur le roi, que tout le monde s'empresse à certains temps de l'année à venir rendre hommage à ce dieu, en apportant de nombreux et magni- fiques présens de toute sorte. Les jeunes filles que les prêtres désignent comme possédées du mauvais esprit, dès que le serpent- dieu les a touchées , sont obligées de passer un certain temps dans le temple, pour en être délivré; le noQd)re des victimes qui subissent ce traitement honteux , s'élève quelquefois à plusieurs milles; sorties du lieu de leur détention, il leur est défendu sous peine de mort de révéler les secrets de leur guérison mys- térieuse. La.cé?ède (3) rapporte à son article du Daboie le même fait, tiré de Desmarchais, qui décrit ce culte chez les nègres du royaume de Juida; on trouve dans la relation de ce voyageur plusieurs autres passages , qui prouvent que notre Python est en tel respect chez les Nègres de la côte d'or , qu'il décide du sort des batailles et que sa présence est nécessaire pour sanctionner le choix que l'on a fait d'un nouveau roi. C'est encore ici qu'il faut ranger, selon toutes les probabilités, les faits allégués par plusieurs autres voyageurs , relative- ment aux Boas qu'ils ont vus à la côte occidentale de l'Afrique. Ces grands serpens habitent suivant Lopez (4) et j\Ia.x- WELL (5) les royaumes de Gong o et Loango^ où on les voit (1) p, 5i et p. 1 59, — (2) Il fait aussi mention des ergots à la base de la queue : /?. 5i. {V) Quarl. oc. /?, 258 suiv, (/,) Hi.st. gén. d, voy, vol. XFIF p. 249 suiv. (5) James. EcL Jourii. vol. f^ p. 268. t 410 PYTHOIV BIVITTATUS. souvent nageant dans les rivières. Adanson (i) en a observé plusieurs de très grande taille à l'île du Sénégal, où ils se tiennent dans les lieux humides etproches des eaux; les habitans de Bissao lui racontaient, qu'ils se rencontrent aussi dan^ leur pays. Matthews (2) enfin les a trouvés à Sierra Leone. Mais il paraît que notre Python est répandu dans la plus grande partie de l' Afrique : Bruce par exemple parle d'un grand ^oa , qu'il a observé dans les vastes étangs que forment les rivières dans l'Abyssinie intérieure. On trouve dans Diodore DE Sicile (3) un conte merveilleux de la chasse d'vm serpent monstrueux , habitant les bords des eaux , et qu'on avait amené à Alexandrie, sous un des Ptolomées ; il est probable, que cet ophidien était de la même espèce que celle don! nous traitons. Aucun des voyageurs modernes qui ont parcouru l'Afrique septentrionale, ne font mention de Pythons qui habi- taient, du temps des anciens romains , jusqu'à la côte de la Méditerranée, où leur race paraît exterminée aujourd'hui: car nous n'hésitons pas a placer encore sous la rubrique du Python à deux raies le récit que fait Pline (4) d'un énorme serpent , que les soldats de Régulus rencontrèrent près du fleuve Bagrada, lors de la guerre punique ; mais nous reléguons parmi les fables enfantées dans ces siècles grossiers et avides de mer- veilleux, les données de ce polygraphe sur la taille de ce serpent et sur la manière chevaleresque que les guerriers du général romain employèrent pour s'en rendre maître. • Nous avons déjà dit que le Python à deux raies est très commun dans les grandes Indes et à Java ; nous avons lieu de croire qu'il est encore répandu sur toute l'Asie intertropicale : car le pimberaou serpent de rocher de Ceylan, dont Davy (S) fait mention , appartient évidemment à notre espèce; (i) roy.p. i52 suiv. — (2) P'oy. p. 43. — (3) Bist. JII, 19. — (4j i* A IX. p h.. — (5) Àccoimt. p^ 45 i PYTHON BIVITTATUS. 411 plusieurs voyageurs ont observé de grands Boas au Mala- bar (i) et le Musée des Pays-Bas vient de recevoir un individu de notre Python , pris dans les environs de Canton en C h i n e. Nos voyageurs ont découvert l'espèce a l'île de Sumatra. Il reste à savoir si les Boas des îles Philippines (2) doivent être rapportés à notre espèce ou à la suivante. Le Python à deux raies se distingue de toutes les autres espèces du genre par la disposition des teintes; sa tète est plus grosse que chez les Pythons améthyste et de Schneider , mais elle le cède en largeur à celle du Python de Pérou ; les lames qui la revêtent offrent des formes plus symétriques que celles de la tête de cette dernière espèce, et ressemblent à celles du Pvthon de Schneider , mais elles sont moins régulières que celles du Python améthyste; la queue de notre Python est environ de la longueur de celle du Python de Pérou , qui l'a moins effilée que les autres espèces ; les écailles du tronc en- fin se distinguent de celles du Python améthyste par leur forme plus alongée, et de celles duPython de Schneider au contraire par leur étendue , car cette dernière espèce les a plus petites que toutes les autres. Le Python àdeuxraiesaà-peu-prèsle port du Boa rativore, mais son tronc est plus comprimé et le museau plus effilé. La tête est un peu distincte du tronc , passablement large , alon- gée, conique, et terminée par un museau étroit, convexe, un peu canaliculé sur les côtés, et à bout conique et arrondi. La tête, quoique haute et grosse, est cependant déprimée et à sommet tout plane ; cette partie est revêtue de plaques écailleuses de formes très diverses et peu constantes: on distingue aisé- ment trois paires de frontales , dont les antérieures sont plus étroites et plus alongées que les postérieures , qui renferment cl (i) VisscHER. Malab. brifv, p. igS ; Dellon , IIUL gén, d. voj. ;, xxxxiii/;. 345. — (2) GuMiLLA /i/ p. 48 et Eschholtz dans Kotzeb. Reise p- 3i. 412 PYTHON BIVITTATUS. sovivent plusieurs petites^ plaques impaires ; on voit entre les superciliaires, qui sont quelquefois divisées, une paire de plaques verticales peu développées , tantôt poi^gones tantôt oblongues, et de forme assez irrégulière. Tout le reste de la tête est revêtu d'écaillés, qui ne se distinguent de celles du tronc que par leur forme moins déterminée: elles sont un peu plus larges sur l'occiput, où elles devienneiit très irré- gulières; on voit souvent à la place des occipitales une ou plusieurs plaques impaires très petites, autour desquelles se ranofent les autres comme les ravons d'une étoile. Les narines, dont la large et ronde ouverture est dirigée en arrière, percent les grandes plaques nasalesà leurs bords pos- térieur et supérieur: elles sont peu distantes l'une de l'autre , vu le sommet étroit du nmseau. L'œil , qui est presque latéral et un peu dirigé en avant , est bordé d'un tour de six à huit plaques, dont celles qui avoisinent les superciliaires sont plus larges que les autres. Les freins sont marqués par un sillon profond , qui se prolonge entre les plaques labiales et oculaires inférieures ; il est garni de deux ou trois rangées de petites plaques , dont le nombre et la formti sont peu con- stans. Les plaques labiales sont assez développées et au nombre de douze environ à la lèvre supérieure ; la plaque du museau est très large , voûtée, profondément échancrée en dessous, et creusée de chaque côté d'un sillon linéaire, moins profond que celui des deux premières plaques labiales ; le reste en est dépourvu , mais on voit deux larges fossettes trans- versales à quelques unes des avant-dernières plaques de la lèvre inférieure. Les plaques dont cette dernière partie est revêtue, sont au nombre de i6 à i8 de chaque côté, étroites et plus hautes vers le bout de la lèvre inférieure , qui est ter- mir ^ par une large plaque triangulaire. L'ouverture de la bouche est presque droite et assez fendue. Les écailles du tronc sont de forme rhomboidale , disposées sur 59 jusqu'à 67 rangées , et très petites, mais elles augmentent en étendue à PYTHON BIVUÏATUS. 413 mesure qu'elles se rapprochent des lames abdominales , qui sont assez étroites , et dont le nond)re varie depuis 260 jusqu'à 282. La queue est beaucoup moins grosse que le tronc, peu Ionique , un peu conique et revêtue en dessous d'environ 70 paires de plaques ; le plus grand nombre des individus cependant que j'ai vus , offrait quelques plaques sous-caudales simples , dispersées irrégulièrement parmi les divisées (i). La queue occupe environ le sixième de la longueur totale , comme on peut le vo/r par les dimensions suivantes, prises sur deux jeunes individus: 0,61 _}_ 0,09; et 0,88 -t- 0^145. Le crâne de ce Python présente des os assez vigoureux : sa partie antérieure est conique ; vue en dessus eile offre la forme triangidaire ; la partie postérieure est étroite (2). On doit à M. Retzius (3) une description détaillée et exacte de l'ana- tomie de ce Python. Feu Meckel (4) en a figuré les glandes de la tête, et M. Duvernoy (5) une partie ducanal alimentaire av^c les organes voisins. Nous avons fait usage du travail de M. Retzius dans les généralités. Ce Python aies glandes sali- vaires plus développées que d'ordinaire et on lui voit une lacrymale. Les intestins sont spacieux et pourvus d'un petit cœcum; lasurface interne delà plus grande partie de l'intestin grêle est comme frangée de plis très fins et serrés ; mais ils se perdent dans le gros intestin , qui est pourvu de plusieurs valvules conniventes et prononcées. Le Python à deux raies est orné de teintes très vives. (i) Voici le nombre des plaques de quelques uns de nos individus , originaires de la côte de Guinée , de Java et de la Chine: 276 -|- 3 paires + 3 simples + 65 paires ; 268 4- 57 p. H- 1 3 s. ; 277 + 7 p. + 4 s. -h 58 p. ; 276-1-5 s. 4- 60 p. ; un des sujets , figurés par Russel en offre 265 -f- 36 p. -f- 28 s. 3 p. — (2) Voir : Cuv. Bcgne an. PL 9/^. i , a et 3. — (3) Isis i832/?. 5ii suiv. tiré des Verhandl. d, Schwed. Acad. i83o/?. 81 à 116 — (4) Jrchà: I PL 1 fig. 5. — (5) Ann. rf. se, nat. XXX PL 1 fis, I et 2. 414 PYTHON BIVITTATUS. Un brun de café jaunâtre et pâle occupe le dessus , et se perd dans les nombreuses marbrures d'un gris sale, dont les flancs sont ornés, et qui laissent à peine entrevoir la belle couleur jaune du fond, qui se répand plus ou moins ui.iformément soir toutes les parties inférieures. La tête est bigarrée de rou- geâtre; une tache carrée, d'un brun noir, très large et plus ou moins distincte , occupe les côtés du museau; une autre de forme deltoïde se trouve au dessous de l'œil ; une troisième très large et en massue se prolonge derrière l'œil jusqu'au cou. Le sommet de la tête est en grande partie occupé par une large tache , naissant au bout du museau et s'élargissant sur l'occiput en massue, se resserrant ensuite et se prolon- geant sur la nuque sous la forme d'une raie séparée sur le dos en un grand nombre de taches extrêmement larges , car- rées , en lo'zange ou irrégulièrement échancrées, quelquefois divisées et à bords dentelés. Une ou plusieurs suites de taches semblables mais de moindre étendue, dont les inférieures sont plus pâles et moins distinctes, s'étendent le long des flancs qui sont surchargés de nombreuses petites taches et de points, les quels forment en confluant un dessin en chaîne assez irrégulier et fugitif: cette circonstance a particulièrement lieu sur la queue, où la teinte du fond paraît sous forme d'une raie longitudinale régnant sur le dessus , depuis sa base jusqu'à l'extrémité. La belle livrée de ce Python est encore relevée par la couleur du fond, qui en s'approchant des taches, change au jaune, et parce que les taches mêmes devien- nent plus foncées vers leurs bords. Celle qui occupe le som- met de la tête, renferme à sa partie grosse un trait linéaire jaunâtre; les bords de cette tache étant parallèles aux côtés de la tête, la couleur du fond se montre sous la forme de deux raies latérales , qui ont donné lieu à la dénomination de l'espèce. L'iris est d'un jaune d'or. Les variétés accidentelles dans la distribution et dans les nuances des teintes, sont aussi nombreuses que difficiles à PYTHON SGHXEIDERI. 415 décrire. Les adultes ont les teintes beaucoup moins vives que les jeunes ; elles perdent beaucoup de leur éclat après la mort et deviennent plus foncées; le jaune enfin et le rouge s'effacent en grande partie. 2 Esp. LE PYTHON DE SCHNEIDER. PYTHON SCHJVEIDERI. PI. XV fîg. 5 , 6 et 7. Pour distinguer ce Python des autres espèces du genre , il suffit de faire attention aux caractères suivans : des écailles du tronc fort petites , un nombre très élevé de lames abdomi- nales, une tête alongée à museau gonflé au bout , enfin une raie étroite et noire sur le sommet de la tête et une autre der- rière l'œil : ces raies s'élargissent sur le tronc, pour former un dessin réticulaire très élégant. Le Python de Schneider a les formes plus effilées que Tes- pèce précédente ; son corps par conséquent est moins gros que chez celle-ci , la queue est plus longue, et les écailles car- rées sont plus petites , quoique le nombre de leur rangées ne soit pas plus élevé que dans le Python à deux raies. Les individus de 12 à i4 pieds de longueur totale ne l'em- portent guère en grosseur sur celled'unbrasd'homme; plusieurs jeunes sujets de notre collection , dont le tronc est environ d'un pouce de grosseur, mesurent 0,72-1- o,i3. Le nombre des plaques varie depuis 3 16 H- 82 jusqu'à 324 ■+" 9^ j d n'est pas rare de trouver des individus à plaques sous-caudales de deux sortes, comme on peut le voir par les données suivantes, prises d'après plusieurs individus de notre collection : 322 -+- 16 paires -h 2 simples +12 p. ^ 4 s. + 26 p. -H 5 + s. -j- 19 p: 322 + 6 s. 4- 78 p. ; 3i6 -+* 4 P- "1" 2 -f- 62 -4- 2 -H 26. 416 PYTHON SCHNEIDERI. La tête du Python de Schneider est beaucoup moins alongée , moins grosse el; plus étroite que celle de l'espèce précédente. La base du museau est concave , ce qui fait que son bout est renflé et gros. Les yeux sont latéraux. Les 1 âmes écailleuses , qui revêtent le dessus de la tête, ont à-peu-iîrès les mêmes formes que celles du Python à deux raies : mais la troisième paire des frontales est petite et accompagnée, sur les côtés 5 d'une ou de plusieurs autres paires de plaques; on ne voit que trois ou quatre plaques au frein , qui sont disposées sur une seule série j la plaque du museau est plus étroite et offre des fossettes très profondes ; le nombre des plaques de la lèvre supérieure s'élève jusqu'à i5, dontles 4 premières de chaque côté sont creusées d'une fossette; la labiale qui est si- tuée immédiatement au dessous de l'œil est large, et touche à cet organe, de sorte qu'il ne reste de la place que pour deux plaques oculaires antérieures et autant de postérieures ; le sil- lon à la lèvre inférieure s'étend sur huit des dernières plaques; les écailles enfin qui revêtent l'occiput, sont très irrégulières, plus larges que longues , et d'une étendue plus considérable que celles du tronc. Le crâne de cette espèce offre à-peu-près les mêmes formes que celui de la précédente, excepté qu'il est un peu plus étroit. Les glandes salivaires sont très peu développées. Le lobe gauche du poumon , quoique beaucoup moins spacieux , est presque de la même longueur que celui du côté droit. Le Python de Schneider offre un système de colora- tion aussi varié que joli. Les parties supérieures sont d'un brun jaunâtre assez pâle et tirant sur le gris ; la tête est plus claire et le dessous d'un jaune presque vmiforme. Le sommet de lu tête est divisé en deux moitiés égales par une raie noire et étroite , qui s'élargit sur Tocciput en bouton ou en massue; une autre raie semblable naît derrière Tceil et descend vers la commissure des lèvres : ces raies se prolongent sur toutes les parties supérieures, se croisant en plusieurs sens et s'étendant PYTHON SClIiXEIDERI. 417 le long- (lu clos, elles forment une suite de taches lar<^es, irregu- îières , en lozange ou divisées, de sorte cju'il en résulte une double suite de taches trian<^ulaires. Une suite de taches sem- blables règne le long des ilancs; elles se réunissent par leurs angles supérieurs aux angles inteiieuis des taches dorsales: ce point de réunion est marqué par une tache blanche et oblon- fifue. La couleur du fond des flancs est variée et mouchetée de noir , particulièrement vers l'abdomen. La description de la livrée de ce Python est faite d'après plusieurs individus conservés au Muséej j'ignore les changemens que les teintes peuvent avoir subi après la mort, nos voyageurs ayant négligé défaire des portraits d'après le vivant ; j'ai cepen- dant lieu de croire qu'elles sont peu sujettes à être altérées par 4'esprit de vin. Les petits ont les teintes plus vives que les adultes et la distribution en est plus marquée. J'ai observé plusieurs variétés de ce Python, particulière- ment dans la disposition des plaques frontales , des frênaies et des occipitales, ainsi que dans la distribution des couleurs. Le Python de Schneider atteint jusqu'à 12 ou 16 pieds de longueur totale. J'en ai examiné une vinotaine d'individus de tout âge, recueillis en grande partie par nos voyageurs aux Indes orientales. L'espèce est, à Java, plus commune que laprécéderite, avec laquelle les indigènes la confondent sou- vent sous la même dénomination : c'est là l'origine des erreurs commises par les naturalistes , qui ont rapporté à l'espèce pré- cédente la description que Wurmb (i) a publiée du Python de Schneider. J'ai vu un individu de ce Python , recueilli par le lieutenant demarineM. Leemans, à file de Banka, et on vient de nous adresser un autre individu recueilli à l'île de Sumatra. On conserve dans la collection de la société d'histoire natu- (1} Verh. V. li. Bat, Genoolscii 1791 «o/. JH p, 89 1 sniv. '1'^ y 418 PYTHON SCHIVEIDERI. relleà Altenbourg en Saxe, la peau d'un Pylhon de Sclineidery lono" de i3 pieds environ , dont M. M. les docteurs Winkler et Sachse ont bien voulu me communiquer le portrait et la description. Ce serpent a été tué en 1680 dans les environs de Malacca, où il s'était introduit dans une petite maison de campagne isolée. M. M. Reinwardt , Macklot et Millier ont observé le Python de Schneider à l'île d'Amboine, où il porte le nom de GULAR PÉTOLA, cc qui veut dire: serpent peint, dénomination dérivée delà ressemblance de sa livrée avec la toile dont les malais se servent pour faire leurs habits. Les individus , que nos voyageurs nous ont adressés de cette île , ressemblent parfaitement à ceux que le Musée a reçu de Java, à l'exception que les teintes sont un peu plus foncées dans les premiers. Les figures de ce Python données par Sera (i) , sont très reconnaissables ; il est d'autant plus étrange que les naturalis- tes aient rapporté ces figures à plusieurs espèces diverses : cette inexactitude a causé beaucoup d'erreurs , dont il faut imputer ^la plus grande partie à Schneider , qui a décrit notre Python sous plusieurs noms divers (2). J'ai conservé celui , que Mer- rem a proposé (3). Guerin (4) a donné dernièrement une figure de ce Python. Le Python de Schneider se nourrit , d'après Wurmb, d'oi- seaux, de souris et de rats (5). (i) Thés. JI 'jg- I ; 80. I ; et / 62. a ; quelques unes de ces figures ont servi de type au boa phrygia de Shaw Gen. ZooLUIp, 348. — (2) BOA RETicuLATA Hist. amph. II p. a64 ; boa RHOMEEATA ib.p, l6li^ (3) Tc/it. p. 89, (4) IcOllO^T, PL 21 Jlg^ 1. — (5) /. c. p. 398. PYTHON AMETH VSTIIMÎS. /< 1 ':) 3 Esp. LE PYTHON AMÉTHISTE. PYTIIOIV AMETHVSÏIIVUS. PI. XV iîg. 8 , <) et lo : ind. de 1 île de Saparua. Le seul naturafiste qui ait bien connu ce Python est Schnei- der (i); il parait même qu'aucun des savans modernes n'a examiné cette espèce, car dans leurs ouvrages elle est toujours confondue avec les deux précédentes , et particulièrement avec le Python à deux raies. Rien de plus facile que de distinguer cette espèce des autres, car aucune n'a des formes aussi sveltes , une tête revêtue de plaques aussi régulières , et des écailles du tronc aussi larges que celle du présent article. Elle diffère en outre sous beaucoup d'autres rapports , qui sont sensibles sans une description comparative. ^ Le jeune individu dont nous avons figuré la tête, a été rapporté par M.REiNWA.RDT,de Sap ar ua, petite île enfaced'Amboine: il mesure 0,48 -H 0,10; le nombre des plaques est de 300 + 96, Cette espèce a à peu-près le port du python de Schneider, mais ses formes sont beaucoup plus sveltes; le ventreest très étroit, un peu anguleux aux côtés et le tronc plus mince. On compte 4i rangées d'écaillés lancéolées sur le cou. Les plaques labiales sont creusées de fossettes semblables à celles de l'espèce précédente ; on voit une plaque verticale assez large, et deux paires de fron- tales , dont les postérieures , alongées et étroites , sont accom- pagnées, de chaque côté, d'une plaque qui descend sur le frein ; cette région est occupée par plusieurs suites de petites écailles irrégulières; il existe une ou plusieurs plaques au bord antérieur de l'œil , et quatre ou cinq derrière cet organe. On distingue (i) BOA AMETHYSTiNA Hist. Jmph, H p. if)^ ; Denlschr, Munich vol. l'II PI. 7. 420 PYTHOiV AMETHYSTINUS. facilement une ou deux paires d'occipitales , entourées de plu- sieurs autres plaques de forme peu régulière. Notre individu est varié de brun rougeâtre foncé et de blanc jaunâtre, de sorte que la dernière teinte , qui occupe la tête et le dessous en entier, apparait sous la forme de tacbes imitant des figures très variées , et souvent confluentes , pour composer un dessin réticulaire assez peu distinct. M. M. Lesson, Macklot et Mûller ont découvert à la Nou- velle Irlande, à Timor et à Sam a o, petite île voisine de cette dernière , un Pytbon qui ressemble presque sous tous les rapports à l'individu originaire d'Amboine que nous venons de décrire, et qui en diffère cependant par plusieurs traits dignes d'être cités. Ces voyageurs nous ont fait parvenir quatre in- dividus de cette variété , dont le plus grand mesure i,25 -h 0,27; les plaques varient depuis 294 ~^" ^^ j'^squ'à 3o2 -\-g6; celui du Musée de Paris , rapporté par M. Lesson , offre des dimensions plus fortes. L'ensemble des formes est absolument le même que cbez l'individu de l'île de Saparua ; mais ceux de Timor ont les traits de la^pbysionomie moins prononcés, l'œil paraît plus petit, le museau est moins renflé , les fosses aux plaques labiales sont moins profondes, on ne voit qu'une seule plaque au frein (i), une au bord antérieur de l'œil et deux au bord postérieur; le dessin enfin , que forment les teintes , est beaucoup moins distinct , car ces individus sont d'un gris brun uniforme, tirant sur le pourpre, et varié confusément d'un réseau composé d'innombrables petites tacbes plus fcuicées. Il est possible que les différences entre les individus de ces divers lieux soient dues a l'influence du climat, ou de la nature du sol: je ne les regarde pas comme assez essentielles pour élever ces variétés au rang d'espèces, particulièrement parce que j'ignore les cbangemens, que peut éprouver ce Pytbon par (i) Un de nos sujets offre cependant une double série de plaques frênaies et deux oculaires antérieures. PYTIlOiV PEllOiXlI. 421 1 âge, vu quenos individus de Timor etde Saniao sont p]us vieux que celui de Saparua; en outre, la conformation irrégulière de plaques de la tête de ce dernier , me paraît suspecle , et est peut-être le résultat d'une anomalie, si fréquente dans cette classe d'animaux. 4 Esp. LE PYTHON DE PERON. P. PERONIf. PI. XV fig. II et 1%. Le portrait fidèle que j'ai tracé de la tête de ce Python suf- fira pour éviter toute confusion ultérieure dans la détermination de cette espèce. Lacépède l'a placée parmi les c o u l e u v r e s(i) d'après la seule circonstance qu'elle a les plaques sous-caudales divisées; il fait, au contraire, d'un individu de son T rimérésure LEPTOCÉPHALE à plaqucs sous-caudales simples (2), un B o a : ses successeurs ont regardé ce dernier comme identique avec notre Python , tandis qu'ils rangent la prétendue couleuvre sp ILOTE parmi des Vipères (3). White (4) a déjà décrit notre Python parmi les animaux découverts par lui à la Nouvelle Hol- lande: il en fait un A NG uis qui a servi de type au python puNCTATUS de Merrem (5). Wagler(6) a conservé le nom que cette espèce porte au Musée de Paris , et qui a été proposé par feu Cuvier. Le portrait du jeune se trouve dans Shaw : Gen. Zool. 111. P. IL vignette. Je trouve dans la Relation du voyage de la Coquille (j) la (i) COL. spilotes. Ann. du Mus. IF p. igS. — (a) b o a la e vis ib; c'est notre naja porpïtrica. — (3)echidna spilotes Merh. Tfnt.p. i5o. — (4) Foj\ p, 258 PL 5. — (5) Tent.p. 90. -— (6) Icônes AmpJu PL 1 : python p e r o n i i. — i'j) II. 7. p. 21. 422 PYTHON PERONIÏ. note suivante, communiquée par Lesson : « Le Python de Peron V atteint jusqu'à 6 pieds^ et vit dans les mares deaux douces des « environs de la rivière Georges, où les Colons le nomment : » serpent diamant, » Nous avons au Musée un individu empaillé de ce Python qui provient, à ce que je crois , du voyage de Peron; il mesure 1,^4 _l_ 0,35, et le nombre des plaques est de 2^2 + 81. Plu- sieurs autres, achetés par M. Temminck à Londres , ont été communiqués au Musées de Vienne et de Munich, par Boie , qui n'a gardé pour notre collection qu'un bel individu conservé dans la liqueur forte: ce sujet mesure i,3i -j- 0,21 ; les plaques se trouvent au nombre de 276 + 84- L'espèce du présent article a le port du Python à deux raies , dont elle se distingue facilement , ainsi que de toutes les autres espèces , par une tête très grosse, extrêmement large et dépri- mée; par un museau gros, renflé, aussi large au devant qu à la base , et à bout tronqué et arrondi; par les nombreuses lames écailleuses de forme irrégulière, dont toutes la tête est revêtue; enfin par le système de coloration. On peut distinguer deux ou trois paires de lames frontales plus étendues que le reste. Les nasales sont assez larges, rap- prochées au bout du museau, vers son sommet, et percées par des narines assez ouvertes. L'œil est latéral et bordé d'un tour de petites écailles. Les plaques labiales touchent à cet organe ; on en compte de chaque côté à la lèvre supérieure i4 a i5 , dont les deux ou trois premières seulement sont creusées de fossettes : la rostrale, presque en triangle, Test également. Les fosses de six des plaques postérieures de la lèvre inférieure forment un sillon très profond. Les écailles du tronc sont en rhomboïde alongé : on en compte 4i rangées. Ce Python est d'un jaune très vif; mais toutes les parties supérieures offrent un noir bleuâtre si profond , que la première teinte ne s'entrevoit que sous la forme de points ovales, dont le plus souvent un se trouve au centre de chaque écaille, et qui PYTHOIN PEUOIVll. 423 composent quelquefois des taches un peu plus larges, de forme irref^ulière, et disposées sur deux ou trois séries. L'abdomen, jaune par devant, est varié sur les cotés et vers les parties postérieures, d'un dessin réticulaire, composé de taches irrégu- lières des deux couleurs principales. M. M. Quoy et Gaimard ont recueilli , dans les environs du Port du Roi Georges à la Nouvelle Hollande , plusieurs individus de ce Python; ces individus forment une très jolie variété: ils ont les taches jaunes plus grandes que d'ordinaire, et disposées de manière à former un très joli dessin réticulaire, s'étendant sur tout le corps, mais d'une manière très irrégulière ; un de ces sujets a été cédé au Musée des Pays-Bas. 3 Genre. LES ACROCHORDES. ACROCHORDUS. Les ophidiens intéressans dont nous traitons à la fin des Boas y se lient sous beaucoup de rapports aux animaux de cette famille ^ quoiqu'ils se rapprochent d'un autre côté des serpens de mer par plusieurs points de leur organisation : ainsi on peut les regarder comme des Boas qui, destinés à vivre continuellement dans les eaux, sont doués des moyens nécessaires pour exécu- ter des mouvemens prompts et rapides dans cet élément. Les Acrochordes ont la queue prenante des Boas , mais cet organe est un peu applati pour servir de rame ou de gouvernail ; leur crâne, quoique d'une conformation anomale, est cepen- dant modelé sur le même type que celui des Boas; leur sys- tème de dentition est tout à fait semblal)le à celui des Boas ; la position des narines et des yeux au contraire , la manière dont la bouche peut se fermer hermétiquement, la forme comprimée du tronc muni sous le ventre d'une crête saillante , l'absence des crochets à l'anus enfin : voila autant de caractères , qui sont également propres aux serpens de mer. Ces derniers ce- pendant étant armés de crochets venimeux , et pourvus d'une queue propre seulement à la natation, doivent, en vertu de ces caractères, rester isolés, comme famille propre des serpens venimeux, et il serait peu conséquent de ranger parmi eux les Acrochordes, quoique ces ophidiens peuvent être consi- dérés en quelque sorte comme faisant le passage des Boas aux serpens de mer. ACROCHORDUS. 425 ; Cette affinité , et la circonstance que personne n'a constate tl'iine manière incontestable, si les Acrochordes sont venimeux ou non, ont été cause que ces ophidiens ont toujours été décrits comme constituant deux genres distincts, dont lun a été placé à la suite de celui des Couleuvres ; l'autre au contraire parmi les serpens venimeux, dans le voisinage des Hydrophis: le premier, I'acrochorde de Hornstedt, est établi d'après la grande espèce ; le chersydrus de Cuvier a pour type des de individus la seconde espèce, parvenus à l'âge moyen. Ces erreurs proviennent en grande partie d'une communi- cation faite à Cuvier par Leschenault , qui dit que le Chersydre est très venimeux et qu'il habite le fond des rivières de Java. La seconde assertion est vraie ; mais la première est tout-à-fait dénuée de vérité, et tous nos voyageurs ont observé le contraire ; aussi est-il facile de se convaincre de cette erreur , en examinant des sujets de cet Acrochorde , conservés dans les collections d histoire naturelle. On ne connaît jusqu'à présent que deux espèces d' Acrochorde, qui sont extrêmement voisines l'une de l'autre, et qui ne se distinguent que par de légères différences dans le détail des formes: la description que nous donnons de l'organisation des Acrochordes, sera donc applicable à ces deux espèces. Les Acrochordes n'ont été observés jusqu'à présent que dans l'Asie intertropicale. Ils parviennent à une taille consi- dérable, du moins la première espèce. La queue des Acrochordes est très courte, et comprimée en carène , tant au dessus qu'au dessous ; elle peut est susceptible de se rouler en dedans avec la même facilité que celle des Boas. Le tronc, très gros au milieu , est un peu comprimé, à dos convexe et à ventre plus étroit, dont la ligne médiane est marquée par une crête saillante formée par une doublure de la peau. La tête est presque d'une venue avec le tronc, elle est petite et peu conique; le museau est court, obtus, à bout tronqué et arrondi. L'ouverture de la bouche est peu large et droite; le bord des 426 ACKOCHOHDIJS. lèvres rentrant , particulièrement vers l'angle de la bouche : cette organisation ainsi que celle des autres parties de la tête annonce que les Acrochordes sont particulièrement faits pour vivre dans Teau. Les yeux sont extrêmement petits, verticaux, dirigés un peu en avant et à prunelle orbiculaire; les narines, ouvertes et tubulaires sont très rapprochées l'une de l'autre au sommet du museau et près de son bout; la glotte se trouve pres- que à l'extrémité de la mâchoire inférieure; les bords des lèvres enfin sont organisés de manière à fermer hermétiquement la bouche: à cet effet , le bout du museau est pourvu d'une profonde échancrure, double au fond, au côté de laquelle des- cend la lèvre en pointe; le bout de la mâchoire inférieure au contraire est muni d'une protubérance à sommet divisé par un sillon et dont les côtés échancrés reçoivent les bords saiilans de la lèvre supérieure: cet appareil se retrouve plus ou moins modifié chez la plupart des ophidiens aquatiques et est parti- culièrement développé chez les serpens de mer. On distingue à peine, sur le bord des lèvres, deux ou trois rangées de plaques très petites, toutes de semblable étendue et le plus sou- vent saillantes. Toutes les autres parties de cet ophidien sont revêtues d'une peau lâche , divisée en d'innombrables petits compartimens saiilans en forme de tubercule, dont chacun est en outre surmonté d'une arrête; il est manifeste que ces écailles ne peuvent se recouvrir comme les tuiles d'un toit: celles du dessous du tronc sont plus grandes que le reste; celles des côtés du cou ainsi que celles qui revêtent la crête saillante abdominale , sont mucronées. Les Acrochordes offrent un système de coloration peu élé- gant; les deux couleurs dominantes, le brun et le jaunâtre , sont tantôt distribuées en guise de marbrures, tantôt elles entourent le corps sous la forme d'anneaux ou de bandes trans- versales alternes. Le crâne de Ta c r o c ii o r d e s'éloigne par sa conforma- tion singulière de celui de tous les autres ophidiens: il est ACROCHORDUS. 427 extrêmement large, déprimé , et doit son volume considérable à retendue des t-aisses, qui sont presque cylindriques et plus alonoés que dans aucun autre serpent. Les mastoïdiens, au contraire, sont ramassés et se présentent sous la foirne d'une lame assez large. Le front est beaucoup plus étroit que la partie postérieure du crâne , dont le sommet est concave et bordé latéralement parles larges apophyses des frontaux postérieurs, qui se prolongent jusqu'aux frontaux antérieurs , tandis que l'apophyse descendante sert à compléter l'orbite. Les frontaux proprement dits sont en forme de triangle , mais leurs apo- physes extérieures sont très saillantes et recourbées. Les nasaux sont étroits et alongés , l'intermaxillaire large, déprimé et dépourvu de dents. Le maxillaire est assez arqué; le ptérigoï- dien externe large et déprimé; la mâchoire inférieure enfin est alongée, et offre une apophyse coronoïde peu développée. L'Acrochorde a la bouche garnie de dents peu longues, mais fortes et assez courbées en arrière; celles de la mâchoire infé- rieure sont plus grandes que le reste. L'anatomie de I'acrochorde m'a offert plusieurs détails très curieux: quant à la disposition des parties molles, cet ophidien a beaucoup de rapports avec les serpens de mer. C'est notamment le poumon qui offre cette conformation, particulière à ces ophidiens aquatiques ; cet organe paraît exercer chez ces animaux, outre les fonctions ordinaires , celles de vessie natatoire: pour répondre à ce but, il se présente sous la forme d'un sac extrêmement étroit et continu ^ qui s'étend depuis le cou jusqu'à l'anus; il est un peu plus spacieux sur les parties antérieures et pourvu , dans toute sa longueur , de cellules qui s'avancent jusqu'à une distance de deux pouces de la tète, où conimence seulement la trachée. L'estomac est très volumineux], et brusquement séparé du canal intestinal qui offre, dans le premier quart de sa longueur, un paquet de replis profonds et dirigés en tout sens ; mais qui descend ensuite vers l'abdomen en canal étroit et continu. Le foie est 128 ACROCHORDL'S JAVAIVICUS. extrêmement gros; les testicules sont petits et ramassés , et les reins de forme très effilée. î Esp. vacrochorde, acrochor. jayanicus. Je ne répéterai ici de toutes les observations faites par Horn- STEDT sur les mœurs de l'Acrochorde , que celle que ce ser- pent aquatique va aussi à terre et qu'il est vivipare. Nos voyageurs n'ont jamais été à même d'observer l'Acro- chorde, dont nous ne possédons que deux individus empaillés, donnés par M. Leschenault à M. Reinvsardt lors de sa résidence à Java. Un troisième fait partie du Musée de Paris , et cet établissement en possède en outre un très jeune sujet ou plutôt un fœtus, présenté par feu Merrem sous le nom générique de VERR U C A T OR. L'Acrochorde atteint jusqu'à 8 pieds de longueur totale; les individus de cette taille sont presque aussi gros qu'un bras d'homme: un sujet adulte de notre collection mesure i,;72 -}- 0,22; un autre n'offre que i,34 + 0,26 et le petit est seulement de 0,18 -f- o,o5. Cette espèce a les formes très ramassées, la tête large , courte et obtuse, la queue délicate par rapport à sa taille, et toutes les parties revêtues d'écaitles extrêmement petites. La couleur dominante est un brun de terre foncé, terne, tirant sur le gris , et relevé par un grand nombre de larges et irrégulieres marbrures. Ces caractères suffiront pour distinguer cette espèce de la suivante. (i) ACROCHORDUS JAVANicus Jbh. Acad, Stockh. i']g'] p, 3o6. La grosseur des parties postérieures de la femelle de l'Acrochorde figurée parlïornstedt, a induit en erreur plusieurs savans , qui ont regardé cette conformation comme normale. ACROCHORDIJS FASCIATUS. 421) 2 Esp. rJCROCHORDOÎDE. A. FASCIATUS. PI. XIV fig. i4, i5 et i6. De moinrire taille que l'espèce précédente, rAcrochordoïde «'en distingue en outre par des formes plus grêles ; par une queue assez vigoureuse , appiatie dans le sens vertical et plus ramassée; par une tête moins grosse, et revêtue d'écaillés beau- coup plus grandes, notamment sur les lèvres; enfin par ses narines qui sont un peu verticales , tandis qu'elles se trouvent , chez l'Acrochorde, dirigées en avant. La disposition des teintes offre un autre caractère facile à saisir. L'Acrochordoïde a toutes les parties d'un brun bai assez terne , plus foncé chez les vieux , plus clair et tirant sur le jaune chez les jeunes. Les flancs sont marqués de nombreuses bandes blanches, larges et transversales, qui se perdent sur l'abdomen, tandis qu'elles se prolongent quelquefois sur le dos , où elles alternent avec celles de l'autre côté ; ces bandes , très distinctes chez les jeunes, s'évanouissent presque totalement avec l'âge. Voici les mesures de plusieurs individus de l'Acrochordoïde , conservés dans notre collection : 0,69 + 0,07 ; o,58-f- 0,08 ; 0,57 -h 0,06 et 0,54 ~*~ 0,04. L Acrochordoïde paraît être plus répandu que l'espèce pré- cédente. On conserve au Musée de Paris la dépouille d'un individu, pris à l'embouchure de 'la rivière Arian-Gocepan à Pondichery. M. M. Quoy et Gaimard en ont recueilli d'autres à la Nouvelle Guinée; M. M.Macklot et Mûller ont observé l'es- pèce dans les eaux douces de l'île de Timor ; Raffles (i) en a rapporté de Sumatra ; Kuhl et van Hasselt enfin nous ont fait parvenir de Java deux individus, pris au hameçon, dont l'amorce était un petit poisson. (1) Phil. Trans. XlllP^ // /?. 334. 430 ACROCHORDUS FASCIATUS. L'AcTOchordoïde comprend le genre chersydre de Gu* viER (i) établi d'après des sujets à l'âge moyen; à cette catégorie appartiennent aussi les acrochordus fasciatus et DUBiTJS de Shaw (2), et le hydrus granulatus de Schneider (3), dont Daudin (4) fait une pelamis. (i) CHERS Y DRUS gbanulatus Règn. an. 11 p. 98. (2) Shaw. Zool. III PL 129 p. 675 et PL i5o, p. 576. — (3) Hist. Jmph. J. p. 243 , cilé comme espèce inédite , quoique l'auteur en fasse mention plus tard sous la dénomination d'AN guis granulatus. — (4) Rept.vol, Fui p. '6'] o. ^%j^ LES SERPENS VENIMEUX. ■»«^^« 1 Sam. £c^ j5f rpf nô y^niinf ui* roUil)rtf0nttfe. J'ai proposé clans un mémoire relatif aux glandes salivaires des ophidiens, et imprimé en 1828 , rétablissement de trois familles de serpens venimeux. Je conserve à la première de ces subdivisions la dénomination qu'elle porte à la tête du chapitre : elle comprend les genres elaps, bungarus et naja, modifiés ou étendus suivant la nature des espèces qui s'y trouvent rangées. Les serpens venimeux que nous venons de citer, quoique munis d'armes venimeuses, se rapprochent cepen- dant des Couleuvres par l'ensemble de leurs formes extérieures, et leur ressemblent souvent, au point que l'œil expérimenté même éprouve , au premier abord , de la difficulté à les distinguer de celles-ci. Ils sont dépourvus de cette queue perpendiculairement applatie propre aux serpens marins , qui leur ressemblent par plusieurs autres points de leur organisation ; il est impos- sible de les confondre avec les serpens venimeux proprement dits ; ceux-ci se distinguant assez par leurs formes ramassées , par une tête grosse et triangulaire, par une pupille verticalement alongée , et par des écailles carénées. Ces limites rigoureuses que l'on aime tant à établir, existentaussi peu dans ces divisions 432 LES SERPEJ^gS VENIMEUX COLUCUII ORMES. que dans les autres parties de la zoologie , car plusieurs espèces des deux familles offrent un passage plus ou moins marqué par le rapprochement dans les formes. Les ophidiens dont nous nous proposons de traiter ^ ont les formes plus élancées que les autres serpens venimeux. Leur tronc est le plus souvent assez effilé, quelquefois cylindrique ou un peu comprimé. Leur queue est , comme celle de tous les serpens venimeux, assez courte, souvent conique ou de grosseur égale, et arrondie au bout. La tête, presque toujours dune venue avec le cou ^ est petite , courte, à museau gros, peu conique et le plus souvent obtus ou arrondi à l'extrémité. Les yeux sont peu volumineux et quelquefois un peu verticaux: ils offrent toujours une prunelle orbiculaire. Les narines, con- stamment latérales et assez ouvertes, percent une large plaque située aux côtés du museau. Le corps est revêtu d'écailles peu nombreuses , de moyenne grandeur et toujours lisses , excepté chez le naja haemaciiate, qui les a surmontées dune carène. L'abdomen est (*onstamment convexe et garni de bandes plus ou moins larges, suivant les espèces. Mais ce qui carac- térise particulièrement les serpens venimeux de cette famille, c'est qu'ils ont le sommet de la tête revêtu de neuf plaques , modelées sur le même type que celles des couleuvres. Cette circonstance , jointe à l'analogie dans l'ensemble des formes , leur donne une grande ressend>lance avec ces dernières : il suffit de remarquer pour bien les en distinguer , qu'ils ont toujours la queue assez courte, un museau gros , une plaque rostrale large, des narines assez ouvertes, des yeux moyens ou petits , un nombre peu considérable de plaques labiales ; enfin qu'il leur manque constamment la plaque de frein (i), ou plutôt que la plaque oculaire antérieure s'avance sur les côtés du museau pour rejoindre la nasale , occupant ainsi la place de la frênaie. (i) Le N\,T\ NiGRUM seul fait exception à cette règle. LES SERPEIVS VEXIMEUX COLUBRIFORMES. 4:j:] Les parties internes offrent quelques autres traits distinc- tifs , dignes de l'attention des naturalistes. Les organes faisant partie de l'appareil venimeux, sont beaucoup moins développés que chez les Serpens venimeux proprement dits , et il paraît que les ophidiens dont nous nous occupons, ont à un degré moin- dre que ces derniers, la faculté d'ouvrir la gueule , de relever les crochets et de frapper une plaie protonde et dangereuse. Leur organisation du moins semble contirmerce que nous venons de dire. Leurs vertèbres ne sont pas munies de ces apophyses volumineuses qui , chez les serpens venimeux proprement dits, offrent un pian d'insertion assez étendu, à des muscles remar- quables par leurs dimensions. Les us qui composent la char- pente osseuse de la tête, sont beaucoup moins mobiles que chez ceux-ci, plus robustes , et présentent des proportions moins favorables pour agir les uns sur les autres, comme de puissans leviers, mis en jeu par des muscles insérés à peu de distance des jointures. En effet, la mâchoire inférieure est droite chez ces serpens, et offre une apophyse coronoïde peu saillante et très éloignée de l'articulation; les crochets, peu développées et ouverts à leur face antéiieure au moyen d'un sillon qui réunit les deux orifices , sont fixés au maxillaire , qui est plus long- que chezles Serpens venimeux proprement dits, et dont le bout postérieur sert le plus souvent de base à une ou à plusieurs dents solides; les ptérygoïdiens extrines enfin agissent avec d'autant moins de force, qu'ils sont raccourcis aux dépens de la mâchoire supérieure. Cette forme diverse des os qui com- posent le crâne de ces serpens , donne à cette partie un aspect très différent de celui des autres serpens venimeux. Il est tou- jours alongé chez les espèces de la famille dont nous traitons, peu large entre les orbites et à sommet un peu convexe; l'inter- maxillaire est le plus souvent très robuste; les frontaux anté- rieurs sont toujours attachés perpendiculairement ; enfin la conformation des os décrits plus haut prête au crâne de ces ophidien*' une forme , qui atteste encore leur analogie avec les 434 LES SERPEIVS VENIMEUX COLUBRIFORMES. Couleuvres et prouve qu'ils constituent le passage entre ces dernières et les Serpens venimeux proprement dits. La disposition des glandes de la tête offre plusieurs particu- larités. On observe toujours des salivaires bordant les mâchoires, et dont la maxillaire est quelquefois tellement développée qu'elle recouvre la glande venimeuse. La rostrale et les nasales paraissent se trouver constamment ; mais la lacrymale, lors- qu'elle existe, est petite. La glande venimeuse est quelquefois grosse et toujours recouverte d'une enveloppe blanche , ten- dineuse et très épaisse : elle se rétrécit vers le devant en un canal excréteur court, qui n'est jamais replié, comme on l'ob- serve dans lesSerpens venimeux proprement dits. La disposition des viscères ne m'a offert rien de particulier dans les espèces que j'ai disséquées: elle est à-peu-prèsla même que dans la plu- part des serpens de terre non venimeux; c'est à dire qu'il n'existe qu'un seul poumon, que le canal intestinal formedes replis peu profonds , que l'on ne voit pas de cœcum, que les reins et les testicules sont alongés, etc. Le volume des viscères varie suivant que les espèces ont les formes effilées ou ramassées ; les élaps ont par conséquent le canal de la digestion très étroit, mais il est plus spacieux dans les Najas et dans les Bongares. 1 Genre. LES ELAPS. ELAPS. En examinant les ouvrages des differens auteurs qui ont ëc-rit sur l'Ophiologie, on s'aperçoit bientôt qu'ils se sont formé des idées très confuses du genre dont nous nous pro- posons de traiter. Le savant (i) qui l'a établi, a embrouillé Ihistoire des Elaps dès le premier pas, tant par l'inexactitude qui règne dans les notes diagnostiques , que par le choix arbitraire des espèces qu'il énumère. Ses successeurs , et particulièrement Wagler (2) , ont mis la confusion au comble, en rangeant dans le genre Elaps tous les ophidiens, soit venimeux soit non venimeux, dont la tête est dune venue avec le tronc. — Je réunis à l'exemple de Cuvier (3) et de BoiE , sous cette dénomination , tous les serpens venimeux qui se rapprochent par leur port de ces ophidiens non veni- meux que j'ai compris dans les genres tortrix et cala- mar. Cette analogie cependant ne doit être regardée que €omme relative ; elle n'est d'aucune importance réelle, car on verra par les caractères que j'assigne aux Elaps, combien ces ophidiens se distinguent des genres que je viens d'indiquer. Les Elaps ne parviennent pas à une forte taille ; il est rare de rencontrer des individus de 3 à 4 pit^ds de longueur totale, et Ja circonférence de leur tronc ne surpasse guèrecelied'un doigt: on voit par cela que ces ophidiens ont les formes extrêmement (1) ScHNEiD. HIst. Amph U p, aSg, — (2) S'rp, bras. p. i suiv. — (3) Règne an. Il p. 94. 43G EL APS. élancées ; aussi leur corps est-il presque partout de semblable grosseur, cylindrique ou très peu comprimé. Plusieurs espèces restent toujours petites , et ne l'emportent guère en grosseur sur celle d'un tuyau de pipe; d'autres, en conservant les mêmes formes grêles, atteignent une taille plus considérable. La queue des Elaps est presque constamment de la même venue avec le tronc, dont elle n'occupe le plus souvent que le septième ou le huitième de la longueur totale; elle s'amincit quelquefois vers le bout, qui est gros et obtus dans les uns et terminé par une pointe conique dans les autres ; le dessous de la queue est très rarement garni de plaques non divisées. L'abdomen , toujours convexe, est revêtu de lames qui occu- pent toute sa largeur. La petite tête est d'une venue avec le tronc, forme due particulièrement à la brièveté des mastoïdiens; il résulte également de cette organisation , que la bouche des Elaps est très peu fendue, et qu'ils ne peuvent par conséquent l'ouvrir au point d'avaler des animaux plus volumineux que leur corps, La tête est toujours plus ou moins comprimée, et quelquefois un peu conique; elle diminue insensiblement vers le museau qui est court, rarement conique, à bout tronqué , arrondi et obtus , et terminé par une plaque assez large et voûtée. Les yeux, placés aux côtés de la tête, dans une concavité formée par le bord rentrant des orbites, se font remarquer par leur petitesse; ils offrent toujours une pupille ronde. Les narines également latérales, orbiculaires et assez ouvertes, percent la partie postérieure d'une lame considérable située aux côtés du museau , à peu de distance de son bout; cette lame est divisée en deux (i) par une fente longitudinale chez toutes les espèces, à l'exception de celle (i) On pourrait aussi regarder celte plaque comme composée de deux autres, la nasale et la frênaie , et dire que les narines s'ouvrent entre ces deux lames. ' EL APS. 437 du Cap. L'ouverture de la bouche est droite et un peu échan- crée au dessous de l'œil. Le sommet de la tête est toujours revêtu de neuf lames , semblables à celles des Couleuvres, mais dont la forme varie suivant les espèces. On voit une seule plaque oculaire posté- rieure chez Té L A p s lacté qui , comme nous venons de le constater, a la nasale entière; les autres espèces au con- traire, ont une nasale séparée en deux , et offrent en outre deux plaques derrière l'œil. L'oculane antérieure est assez alongée et touche à la nasale , qui est le plus souvent cana- hculée et inclinée vers les narines , faisant de cette sorte partie du bord de leur ouverture , qui est également enfon- cée et assez profonde. Les lèvres sont presque toujours bor- dées de 7 plaques plus ou moins larges; on en compte une ou deux de semblables sur la région des tempes. Le dessous de la tête porte des lames mentales et des écailles gulaires , ana- logues à celles des Couleuvres. Les écailles du corps offrent des dimensions considérables par rapport à celles des parties qu'elles revêtent; elles ont toujours leur surface unie, et sont ordinairement de forme rhomboïdale: les rangées sur lesquelles elles sont dispo- sées, sont peu obliques et au nombre de i5, loi qui souffre des exceptions chez les élaps furcatus et bivirga- Tus, dont le cou est entouré de i3 rangées d'écailles seu- lement. Le crâne des Élaps est remarquable, tant par ses formes effilées, que par la configuration des os qui le composent; l'ensemble de cette partie a une grande analogie avec le crâne des Tortrix proprement dits. Cette analogie est parti- culièrement due au défaut total de frontaux postérieurs , d'où il résulte que le bord de l'orbite est incomplet par der- rière ; à l'exiguilé des frontaux moyens et antérieurs, qui sont rapprochés des nasaux ; à la petitesse des mastoïdiens qui ,sont intimement réunis au crâne; au peu de développement des 438 ELAPS. caisses; à la forme effilée, étroite et cylindrique de l'occiput^ enfin à la conformation de la mâchoire inférieure, dont l'apophyse coronoïde se trouve assez éloignée de l'articulation de cet oSi Les frontaux antérieurs sont dirigfés en avant: leur bord inférieur offre un plan convexe et incliné, qui s'articule avec le maxillaire : cet os qui porte à son bord antérieur des crochets courts et peu courbés jouit d'un mou- vement d'autant plus limité, que sa partie postérieure est prolongée en arrière de l'articulation; il est presque aussi long que le ptérygoïdien externe. Une organisation semblable, jointe à la petitesse des caisses, est cause que les Elaps ne peuvent écarter leurs mâchoires au point de saisir un corps d'une certaine circonférence, et d'^ enfoncer leurs crochets à venin, qui ne sont pas aussi susceptibles de se redresser que chez les Vipères. Il faut attribuer aux mêmes circonstances les erreurs commises par plusieurs naturalistes , qui ont soutenu que les Elaps ne sont pas venimeux: cette assertion n'est vraie que dans un sens très relatif, et alors seulement appli- cable à ces individus, auxquels la petitesse de la bouche défend de se servir avec succès de leurs armes , contre les mem- bres volumineux de l'homme. Les Elaps ont le palais et la mâchoire inférieure armés de petites dents solides et d'égale grosseur. Les crochets sont peu développés et suivis, dans quelques espèces , d'une ou de plusieurs dents solides. On voit toujours, le long des mâchoires, des glandes salivaires; mais elles sont peu volumineuses. La lacrymale est cachée sous les muscles qui servent à la manducation. Les viscères des Elaps sont extrêmement étroits et effilés , configuration due aux fornies générales de leur corps. Le canal intestinal est plus ou moins plissé selon les espèces et ces replis sont toujours peu profonds. Les Elaps offrent le plus souvent une livrée ornée de couleurs très vives ; le rouge et le noir y dominent particu-' ELAPS. 439 lièrement. Quelques espèces sont remarquables par les nom- breux anneaux alternes, d'un beau rouge cramoisi et noir, qui entourent leur corps; elles attirent par l'éclat de ces teintes les regards des curieux, et captivent par cela même l'affection des dames des pays intertropicaux, qui se servent d'un jouet aussi dangereux, pour se refroidir le sang. Les petits ressem- blent, parle système de coloration, aux adultes. Les espèces connues de ce genre habitent toutes les régions chaudes des deux mondes. Elles se plaisent particulièrement dans les contrées couvertes d'une végétation abondante, dans les herbes des prés , ou dans les grandes forets, où elles se cachent dans les tas de végétaux et de feuilles, dispersés ca et là. Voilà peut-être une des raisons, pourquoi l'Afrique ne nourrit qu'une seule espèce d'Elaps, tandis que l'Amérique intertropicale, la Nouvelle Hollande et les îles de l'Archipel indien fournissent les autres, à l'exception de l'Elaps triple- tache qui se trouve au Bengale. Les Eiaps font la chasse à de petits animaux, particulière- ment de la classe des reptiles. Commeilssetiennent continuel- lement à terre, et comme leurs mouvemens sont assez lents, ils ne font la chasse ni aux oiseaux , ni aux poissons, ni à d'autres vertébrés : aussi leurs formes élancées et la petitesse de la gueule leurs défendent-ils d'avaler des animaux d'un volume plus considérable que leur corps. J'ai trouvé de.i Calamars dans l'estomac de l'Elaps furcatus de Java. On peut établir dans ce genre quelques subdivisions géogra- phiques , également basées sur une analogie dans l'organi- sation des espèces qu'elles comprennent. La première est celle qui contient les espèces américaines; on les distingue à leur corps marqué d'anneaux alternes de noir et de rouge ; elles sont assez voisines les unes des autres. L'espèce africaine, sur laquelle est uniquement fondée la seconde coupe, se reconnaît au défaut d'une plaque du frein: l'Elaps des îles Philippines est intermédiaire entre les deux coupes dont nous 440 EL APS CORALLLXUS. venons de faire mention. L'île de Java produit deux espèces , remarquables par leur forme en fil , et par leur corps rayé îongitudinalement, et entouré seulement de i3 rangées d'écail- lés: elles forment la troisième subdivision, à laquelle on doit peut-être ajouter l'Elaps du Bengale, décrit par Russel. Vient enfin un ophidien inédit, originaire delà Nouvelle Guinée, qui s'éloigne sous plusieurs rapports des autres Elaps, dont il a cependant lescai'actères; il forme avec deux autres espèces nouvelles, découvertes à la Nouvelle Hollande, une dernière subdivision dans le genre dont nous traitons, subdivision que l'on pourrait désigner sous le nom de faux-Elaps. 1 Esp. LÉLAPS CORAIL. E. COEAL.LIN1TS. PI. XVI fîg. I , 2 et 3 , ad.; fig. 4 et 5 , jeune ind. L'épithète que porte cet Elaps est également applicable aux deux autres espèces américaines, Le Prince de Neuwied l'a ainsi nommé (i); mais ce voyageur a décrit comme espèce différente (7) une variété à corps marqué d'anneaux noirs rapprochés trois-à-trois. D'autres variétés , l'une à anneaux simples (3), Vautre à anneaux rouges , incomplets et peu dis- tincts (4) ont été figurées par Wagler. Schneider et Dau- DiN (^5) cependant ont déjà connu cet Elaps. ri) Nov. acta. X, PL 4 et JbbiU. Livr. FI PI, ^. — (2) JUilc/. Lût. 111 PL 4: ELAPS MARCGRAvii; Merrem , daiis la supposition que c'était l'Klaps mentionné par Marcgrav a substitué à cette dénomination celle d'i B I B G B o c A. — (3) Strp. bras, ;micrurus spixii PL 1 8. (4) ib. ELAPS LANGSDORFII, PL iflg. I. (5) ELAPS A N N U- li A T U S SciINEID. Hist. Ampli, II. p, 3o2 ; elapsanguiforriis ib. p. 3o!2, dont Daudin , vol, VI p. i3i, fait une vipère; c'est aussi la v i p e r a psyché Daudix voL Vllî PI loof. i , placée dans le genre k laps par Merrem. TcNt, p. 144. — EL APS CORALLIIVUS. 441 L'Élaps corail atteint jusqu'à quatre pierls de lonj^ueur totale, sur une grosseur d'un doigt. Sa queue est courte et peu conique. La tête est revêtue de plaques, dont la verticale est un peu alongëe; les occipitales sont assez développées ; les labiales se trouvent au nombre de 7 de chaque côté: elles sont très larges, particulièrement les dernières de la mâchoire supérieure et la moyenne de l'inférieure. La couleur du fond de cet Elaps est d'un beau rouge cramoisi ou 5 il certaines périodes de l'année , d'un vert paie ou jaunâ- tre , teinte dont les larges anneaux noirs qui entourent toutes les parties , sont toujours bordées. On voit par cela que cet Élaps offre , à l'égard du système de coloration , beaucoup de rapport avec la corojvelle corail, le tortrix SCYTALE, le LYCODON FORMOSUS CtC. Mais la distribution des teintes, ainsi que la conformation des parties de cet Elaps sont loin d'être les mêmes dans tous les individus ; les variétés accidentelles que l'on observe dans cette espèce sont nombreuses , et ont souvent induits en erreur les naturalistes , qui attachent trop de prix à toutes ces petites diversités. La queue est amincie vers le bout dans les uns , grosse dans les autres et à extrémité munie d'une pointe conique; sa longueur varie considérablement, comme il résulte du nombre des plaques , dont le dessous est garni , et qui est tantôt de 25 tantôt de 4^ (i). H en est de même des lames abdominales, dont on ne compte le plus souvent que 178 , tandis qu'elles s'élèvent dans d'autres individus jusqu'à 222. Il est manifeste que les proportions relatives du tronc et de la queue doivent également changer suivant les divers individus, et cette conjecture est conlirméepar les mesures suivantes; i,3o + 0,0^5 ; o,5i •+'0,06; 3i + 0,02. L'éten- (2) Nous avons au Musée un individu de cet Elaps , qui offre quel- ques plaques sous-caudales simples , parmi les divisées ; Wvgler .SVryy. bras. p. 48, a observé le même fait. 442 ELAPS CORALLINUS. due et la forme des plaques de la tête , particulièrement celle des occipitales varient considérablement d'un individu à l'autre. Les anneaux noirs sont tantôt en petit nombre, et placés isolément, à de grandes dislances les uns des autres; tantôt ils sont douWes et plus serrés , tantôt enfin rapprochés trois-à- trois: ils sont très étroits dans les uns, plus larges ou dis- posés alternativement avec des anneaux plus étroits dans les autres, et il est des individus où ces anneaux ont une telle étendue que la couleur du fond ne paraît que sous la forme de bandes assez étroites. La tête est marquée d'une tache noire qui occupe le museau , et qui se prolonge jusqu'aux plaques occipitales. La couleur du fond varie depuis le vert jaune jusqu'au rouge et au brun; elle est quelquefois si foncée , que l'on ne peut distinguer les anneaux que parleurs bordures étroites et claires, souvent formées par de nom- breux petits points. Les individus , au moment de changer de peau , ont les teintes très livides et leur distribution peu distincte. Il est impossible de se faire une idée de toutes ces variétés d'après les descriptions , nous nous proposons d'en publier dans la suite des portraits fidèles. Les belles teintes claires de cet Elaps passent après la mort et se changent en blanc jaunâtre , tirant quelquefois sur le brun. Le Musée des Pays-Bas possède une série complète de cet Elaps , dont on nous a adressé des individus de la province de St. Paul au Brésil ; d'autres proviennent des voyages de M. INatterer et du Prince de Neuwied. Spix (i) l'a observé près des bords des rivières Japura et Salimoèns , le Prince de Neuwied au contraire n'en a pas rencontré au Nord du Cap Frio. Les détails suivans sur la manière de vivre de cet Elaps sont tirés de l'ouvrage de ce voyageur: « On connaît au Brésil (i) Serp. brui.p. lo el 18. — ('2; tieiti. p. 4o5. suiv. ELAPS CORALLIIVUS. 443 » cet Elaps sous la dénomination de cobra coraes et «COBRA coRAL, appliquée iiuliffércniuient à tous les ophi- « diens à corps marqué d'anneaux alternes de noir et rouge. » Il habite les buissons et les grandes forets , mais il ne se » trouve que rarement dans les lieux découverts ou près des 1) habitations. Il préfère un sol sec , sablonneux et revêtu d'un » tapis de végétation , aux contrées marécageuses où il ne se w rencontre jamais. Des tas de feuilles tombées, ou des herbes w lui servent de retraite. Les indigènes s'en servent pour l'at- >» tacher autour du cou en guise de collier, et il n'y a pas le « moindre danger à les prendre avec la main (i). Tout le » monde vante l'élégance et la beauté de leur livrée. J'ai » souvent rencontré cet Elaps dans les mois d'été, sesmouve- 5) mens ne sont pas assez prompts pour qu'on ne le puisse » attraper aisément; il ne grimpe jamais sur les arbres et se M nourrit de petits animaux. Il ne répand point d'odeur w désagréable. J'ai plusieurs fois trouvé le ventre des femelles » rempli d'œufs. » J'ignore si cette espèce est répandue sur d'autres parties de l'Amérique méridionale et s'il faut peut-être rapporter ici le serpent corail que M. von Humboldt (2) a observé dans la province deVénézuela, et celui du Mexique dont les dépouilles se trouvent au Musée de Berlin (3). Il a été constaté par les recherches des naturalistes anglo-américains (4) , que les pro- vinces méridionales des Etats-Unis produisent également un Elaps, probablement identique avec le col. fulvius de LiNN4Eus (5) : M. Barabino , habitant de la Nouvelle Orléans , vient d'adresser au Musée de Paris une belle suite d individus de cet Elaps, qui confirment son identité avecl'Elaps corail. Feu Plée a encore observé cet Elaps à la Trinité et à la (1) Voyez nos observations énoncées plus haut. — l'i) Foy.vol. 5 p. 222. — (3} AVtfgman Js/\. 1828 p. 363. — (4)Say dansSiLL. Jmer. JoHin. p, 256 et Harlan 6)/<. — (5j Sy^t. tiat, p. 38 1. 444 ELAPS LEMNISCATUS. Martinique, comme le prouvent les individus envoyés de ces îles à rétablissement que nous venons de citer. 2 Esp. VÈLAPS GALLONNÉ. E. Ï.EMNÏSCATUS. PI. XIV fig. 6 et y. Il serait peut-être convenable de réunir cet Élaps avec le précédent , tellement il lui est voisin. Il vient particulièrement de Surinam et de Cayenne , où il parait remplacer I'élaps CORAIL dont il ne diffère que par des formes un peu plus effilées ; par des yeux moins gros et plus verticaux ; par un museau plus arrondi; par une bande noire entre les yeux ; par une tache noire au bout du museau ; enfin par des anneaux noirs plus ou moins nombreux , rapprochés trois-à-trois sur un fond, que je suppose d'un rouge vermillon chez les vivans. Les plaques abdominales et sous-caudales varient depuis 23o4- 34 jusqu'à 23o -}- 38. Mesures : o, 83 -{- 0,8. Ces données démontrent combien cet Elaps ressemble au précédent \ on peut presque dire qu'il existe entre ces deux ophidiens les mêmes rapports qu'entre les coron elles CORAIL de Surinam et du B r é s i 1 ; entre les xÉ n o d o n SEVERUS et RHABDOCEPHALUS CtC. On voit par la figure , qu'en donne Linné (i), que cet Élaps se nourrit de Géciles. Scheuchzer (2) et Sera (3) en ont publié d'autres : Laurentius (^4) ^ placé l'espèce dans son genre Natrix ; Daudin (5), dans celui des Vipères; Schneider (6) enfin en a fait un elaps. (i) Mas. Ad. Fr. PI. i !^ fig. 1 : c o l. L e mni s c A T us. — (a) Bihtia sacra. 648, a. >- (Z)' Thés. II 9. 3 ; 24 , a ; 34 , 3 ; 76 , 3 ; 80, 2 ; et/, 10, 1. — (4) Syn.p. 76. —(4) Rept. VI p. i3. — (5) lllst.amph. IL p. 2«ji. ELAPS SURliVAMEiVSIS. 445 Le cràne de cette espèce ressemble, pour les formes , à celui du Tortrix scytale ; mais il est plus effdé et composé d'os moins robustes. Le maxillaire ne porte pas de petites dents solides à son bout postérieur. Les glandes de la tête ont été figurées par Mecket. Archiv. I. PL i- fi^'. 4 *^^ P^ï' Duver- NOY Ann. cl. se. nat. XX FI. PL g fig- 2 ; ce dernier savant a aussi publié la figure d'une partie du canal intestinal: voir /. c. XXX PL 1 3 fii^\ 5. SEsip. r EL APS DE SURIIVAM. E. SlIRINAMENSIS. PI. XVI fig. 8 et 9. Nous devons aux soins de M. Dieperink a Paramaribo plu- sieurs individus de cet Elaps , mentionné par Gi]vier(i). C'est peut-être l'iB iBOBO c A de Marggrav. Il ressemble par son port et par le système de coloration parfaitement au précédent, dont il se distingue facilement par les formes robustes de son tronc; par les anneaux noirs moins nombreux , rapprocliés trois-à-trois et dont le mitoyen est extrêmement large; enfin par une tête très large , courte , assez déprimée et à n)useau arrondi, court et obtus. La tête , de la même couleur que le fond , offre toutes les écailles bordées de noir, et un collier noir à l'occiput; d'ailleurs elle est remarquable par son sommet arrondi vers les côtés , par la petitesse des yeux dirigés un peu vers le ciel , par des narines très rapprochées du bout du nuiseau , parles formes effilées des lames occipitales et de la verticale, par des frontales antérieures et des surciliaires petites ; enfin par une rostrale presque en triangle. Les écailles sont plus (i) Règnft an. II. p. 8/|. note. 446 ELAPS HYGIAE. carrées que chez les espèces précédentes, et un peu tron- quées au bout ; la rangée médiane des écailles dorsales est un peu plus grande que le reste, ce qui rapproche cet Elaps des B ON G ARE s. I Plaques: i68 -|- 33 ou 182 -f- 3^. La circonférence du tronc est égale à celle d'un pouce d'homme sur une longueur de 9,61 4- 0,9. La fig. I PL 86 voL IL de l'ouvrage de Seba. démontre que cet Elaps parvient à une taille extraordinaire , vu que cet individu est de la grosseur de presque deux pouces sur une longueur totale d'environ six pieds : j'ai vu un sujet de cette taille chez M. Klinkenberg à Utrecht. Le jeune est représenté chez Seba // PL 6fig. 2. M. TniENEMANNà Drcsdc a bien voulu me communiquer un portrait de cet Elaps fait d'après le vivant. Il surpasse en beauté toutes les autres espèces. Le rouge vermillon du fond est d'un éclat incomparable ; les anneaux larges et du noir le plus prononcé, sont bordés de bandes d'un jaune vif, et séparés de la couleur dominante par une bande également noire. 4 Esp. LÉLAPS D'HYGIÉE. ELAPS HYGIAE. PI. XVI fig. 14 et 1 5. La beauté et l'élégance des formes de cet Elaps sont ad- mirables. 11 a le port de I'élaps corail, mais sa queue est plus mince, et la tête moins large. Il se distingue des autres espèces par l existence d'une plaque nasale indivisée, et percée au centre par les narines qui sont moins enfoncées et moins ouvertes que d'ordinaire. On ne compte que six plaques labiales. Les occipitales ont peu d'étendue; la verticale est en hexagone alongé. Les plaques abdominales sont plus étroites que chez les autres Élaps. ELAPS UVGAlll 447 Celte espèce n'atteint que rarement o,5o -h o,5!j ; plaques : 192 -+- 24 ou 210 + 33. Elle est iVun beau blanc jaunâtre, passant au rouge sur le dos ; mais cette dernière teinte occupe, à l'état de la vie, toutes les parties et ne perd de sa vivacité que sur le dessous. De nombreuses bandes transversales , déchiquetées et d'un noir prononcé, ornent le dessus et se prolongent sur les lianes; elles varient extrêmement quanta leur forme et leur étendue, et sont quelquefois divisées , composant alors plusieurs ran- fîfées de taches de forme diverse. Le dessous est bicrarré de petites taches noirâtres, qui confluent le plus souvent sur la hgne médiane, pour former une raie plus ou moins large et irrégulièrement échancrée. Les deux couleurs principales for- ment , sur le sommet de la tête , un dessin très joli, composé d'un collier qui se prolonge en pointe sur l'occiput, d'une figure de forme alongée, qui se voit entre les yeux, et de points dispersés ça et là. Nous possédons plusieurs individus ou le noir domine, de sorte à ne laisser entrevoir la teinte du fond que sous la forme d'une tache ronde , au centre de chaque écaille. Cet Élaps est assez rare à la pointe australe de l'Afrique , où les colons le nomment nachtslang (serpent nocturne), et d'où M. M. BoiE et van Horstok nous en ont fait parvenir une série complète. Ses mouvemens ressemblent à ceux de l'Orvet. Il se rencontre jusqu'aux confins de la Cafrerie. C'est évidemment l'ÉLArs punctatus de M. Smith (i). Lin- né (2) l'a décrit le premier sous le nom de col. l a c t e u s. Ses successeurs l'pnt placé dans les genres céraste (3) et VIPÈRE (4). Le col. domicella de Linnaeus (5) repose sur une figure de Sera (6) , dans l'ouvrage duquel on en (3) Jam. Ed. 1\. PhiL Journ. I p. 1, — (a) Mus- Ad. Fr. PI. 18 /. I. — (3) Laur. p. 83. — (4) Daldin VI p. 47. — (5) 5)\f/. nau II p. 1176. - (6) Thés. IL S4. i. 448 ELAPS COLLARIS. trouve encore deux autres (i), qui sont très mauvaises. Merreîm (2) lu figurésous le nouide col. ht ge a e, change par Da-udin (3) en celui J'iphysa. On voit des figures des glandes de la tête chez Duvernoy (4)- L'intestin grêle de cette espèce forme , vers le pylore , un gros paquet de replis. 5 Esp. rÉLJPS A COLLIER, ELAPS COLLARIS. On conserve dans les galeries du Musée des Pays-Bas deux II individus d'un Elaps d'origine inconnue ; ils nous ont été transmis par feu Brugmans. Boie (5) a décrit et figuré cette espèce inédile sous le nom précité. Elle a les formes alon- gées comme l'Elaps gailoné, mais sa tête est beaucoup plus courte et grosse jusqu'au bout, très déprimée, en pente vers les côtés et à sommet étroit ; les yeux sont petits et un peu ver- ticaux ; la sixième plaque verticale est assez large et touche aux occipitales , l'oculaire antérieure enfin est effilée. Cet Elaps se reconnaît de plus à son corps d'un brun mar- ron foncé; le dessous est marqué d'une suite de larges taches rouges, ovales ou en lozange, et disposées transversalement , et qui montent sur les flancs sous la forme d'un angle: elles deviennent plus larges vers la queue et sous le cou , où elles se réunissent souvent avec leur base. Un collier blanc orne le cou et on voit , sur le museau , trois points de la même couleur. 0,43 + o,oi5 ; ii3o 4- 12 ou 228 -h 22. (1) //. 23. 5 et //. 35. 2. — (2) Beitr. /. PL 6. — (3) Rept. VI />. A17. — (4) ^nn. d, se. nat. XXX PL 4/ H. (5) Erpét. de Java PI. /,5. EL APS TRIMACULATUS. 449 M. WiEGMANN vient de publier la description et la figure de cet Elaps , faites d'après un individu originaire de Manille (i). G Esp. HÉLA PS TRIPLE TACHE, ELAPS TRIilIACULATlS. C'est ici qu'il faut placer un petit ophidien des grandes Indes, décrit et figuré par Russel ; mais qui n'a été revu depuis par aucun naturaliste. Il appartient probablement à la section suivante de ce genre ; car il offre comme celle-ci un corps filiforme , une queue de semblable grosseur et un corps rayé longitudinalement. Le dessus est d'un brun jaunâtre clair ; une raie noire règne le long du dos ; plusieurs autres très étroites occupent les flancs. La tête , le bout de la queue et une tache à sa base sont noires à bordures blanches. L'abdomen est d'un jaune orange pâle, plus foncé vers le dessous de la queue, laquelle est d'un blanc de porcelaine , moucheté de noir. 241 ~+" 32 ; 0,25 + 0,027. Russel a observé l'individu décrit, dans les plaines deNerva. Surla figure (i) qu'il en donne, se trouvent la vipera trima- ELAPS, et le Daudin (2), rangée par Merrem dans le genre cuLATA de Col. melanurus de Shaw (4). (1) ELAPS CALLIGASTEB, Nov. Jcta. Vol. XV II p. 2f>3 PL 20 fig. 2. — (2) lud. Serp. 1 PL S p. ']. — (1) Rept. VI p. a5. — (3j Merr, Tent. p, 143. — (4) Gen, ZooL Ul P- Il p. 552. '^9 450 ELAPS FURCATUS. 7 Esp. nÉLAPS A RAIE FOURCHUE. ELAPS FURCATUS. PI. XVI fig. 12 et 1 3. La ligne mériiane du dos de cet Elaps est relevée par une raie d'un jaune d'orange, Ijifurquëe sur la tête, et passant au rouge siîr le dessus de la queue. Les côtés du dos sont d'un brun châtain ; les flancs, d'un brun noir et marqués d'une raie noire , longitudinale et blanche: les deux teintes dû fond sont le phis souvent séparées par une raie plus claire. Le ventre est d'un beau vert pâle, et orné de bandes transversales d'un bleu noirâtre , occupant les lames abdominales deux à deux ou trois à trois. Le dessous de la queue est d'un beau rouge écarlate, interrompu par deux taches huerai es carrées, et noires qui indiquent la ligne médiane de ce membre. La gorge est blanche; cette teinte se prolonge sur les côté." du coUj pour former un demi-collier. Le rouge et le vert s'ef- facent après la mort , et les autres teintes ternissent aussi plus ou moins. L'Élaps à raie fourchue est très caractérisé par son sys- tème de coloration; on le reconnaît en outre à son corps filiforme et partout d'égale grosseur; à sa queue courte et de la même circonférence jusqu'à l'extrémité, qui est terminée par une pointe conique; à sa tête très grosse, obtuse, tronquée au bout; à sa plaque verticale petite, de forme presque triangulaire, et à plusieurs autres caractères. Il a, comme l'espèce suivante, un tronc entouré de i3 rangées d'écaillés seulement, qui sont en forme de rhomboïde. On lui voit six plaques à la lèvre supérieure. Plaques abd. et sousc. 240 H- 20 ou 2^0 + a5 ; j ai observé des individus qui offrent plusieurs plaques simples parmi les divisées. Cette espèce abonde à Java , d'où nos voyageurs nous en ont adressé un bon nombre d'individus; elle se teint dans ELAPS BIVIRGATUS. 451 les herbes ; Kuhl a rencontré , dans ses courses , un individu qui venait d'avaler une Couleuvre, pourle moins égale à sa pro- pre taille. J'ai trouvé dansTestoniac decetElaps des Calamars. Nous devons au professeur Reinwardt une belle fiorure de cette espèce. Le général Hardwick l'a observée au continent des Indes, et nous venons d'en recevoir, de l'île de Sumatra , un individu qui forme une jolie variété , à dos longitudinale- ment rayé. On voit une bonne figure de cet Elaps dans Russel IJ p. 11 PL 19. quelques autres se trouvent dans Seba II ']']. 6 et llif\^\ sur cette dernièrerepose Ta s p is intesïinalis de Laurent. Syn. p. 106; (colub. in t. Gmel. Syst. nat. p. io85.) Schneider Hist ampli. II p. 3o3 l'a décrit sous le nom précité et Daudin Rept. VI p. 11 en a fait une vipère. Gray l'a figuré récemment sous le nom de maticora LIN EATA (l). Les os qui composent le squelette de cet Elaps , sont très délicats. Le crâne est assez petit; on ne voit pas de dents solides au maxillaire. Le canal intestinal, beaucoup plus court que dans les autres espèces , se trouve resserré dans la partie inférieure de la cavité abdominale; le canal alimentaire est par conséquent extrêmement alongé. 8 Esp. VÉL. DOUBLE RAIE. E. BIYIRGATUS. PI. XVI fîg. 10 et II. On doit la découverte de cette espèce inédite à feu Kuhl et à (1) LecHANGULiA AL£.ivE?7Tî-, ?. , figuré SUT la même plan- che appartient au calamar l o m b r i c r mais le calliophis GRACiLis de Vlndlan Zoologie foime probablement une espèce nouvelle du genre Elaps. 452 EL APS MiJLLERIÏ. vAîf Hasselt , qui en ont addressé plusieurs individus au Mu seum; Boie et Macklot l'ont depuis retrouvée à Java et ont eu soin d'en faire faire un portrait d'après un adulte vivant. Une figure de cette espèce a été publiée antérieurement dans Y Erpétologie de Java PL 44- Elle figure en même temps prrmi les plus rares, les plus belles et les plus singulières par ses formes; car son corps cylindrique, long le plus souvent de quatre pieds et partout de semblable grosseur, offre à peine un diamètre de cinq lignes ; sa queue est beaucoup plus alongée que d'ordinaire, conique mais vigoureuse; sa tête est tout d'une venue avec le tronc, plus effilée, moins grosse et plus étroite que celle de la précédente, mais elle est revêtue du même nombre de lames. Gomme celle-ci, cette espèce a le tronc entouré de i3 rangées d'écaillés, qui sont cependant plus alongées, en rhombe et un peu obliques. Cette dernière cir- constance, les narines ouvertes , les yeux larges , la position latérale de ces organes, les côtés un peu anguleux de la tête , enfin l'ensemble de la physionomie prêtent à cette espèce quelque affinité avec les najas. Le dessus de cet Elaps est d'un bleu violet très foncé , passant au pourpre vers la queue ; cette teinte se change après la mort en noir pourpre. Les flancs sont ornés d'une raie blanche , longitudinale , étroite et ondulée. La tête et les parties inférieures sont d'un beau rouge écarlate, qui passe au jaune brunâtre dans les individus mis dans la liqueur forte. Dimensions : 1,26 + 0^17. Plaques: âSô + 48 ou 284 + 5o. 9 Esp. nÉLAPS DE MULLER. E. MIJ LLERII. PI. XVIfîg. t6 et 17. Le jeune naturaliste auquel nous dédions cette espèce ELAPS MULLERil. 453 nouvelle, a de grands droits à la reconnaissance du monde savant. Plus heureux que ses infortunés amis lîoie et Mack- lot, qu'il a accompagnés dans leurs courses pénil)les à l'île de Java, aux Moluques et à la Nouvelle Guinée, il a survécu à tous les deux, et explore en ce moment, animé d'un zèle infatigable, la grande île de Sumatra, presque vierge sous le rapport de 1 erpétologie. M. MùLLER a fait lui-même la découverte de cet Elaps à lu côte occidentale de la Nouvelle Guinée ; le Musée doit à ses soins deux individus très différens l'un de l'autre, sous le rap- port du système de la coloration, et dont feu van Oort a tracé les portraits d'après le vivant. L'un a le dessus d'un brun café clair ; le dessous de celui-là est d'un vert assez vif; celui-ci l'a au contraire d'un jaunâtre varié de couleur de plomb. Le pre- mier individu a la lèvre supérieure ornée d'une raie couleur de rose, qui se prolonge sur les côtés du cou, et on voit une raie semblable naissant au dessus de l'œil. Ces raies sont jaunes dans l'autre individu, qui offre en outre une tête d'un vert foncé et parsemé de nombreuses taches rondes ou ovales, noires et bordées de jaune. L'un mesure de o,45 -h 0,06 ; l'autre o,36 -+- 0,045 ; les plaques montent chez celui-là au nombre de ij6 -h 32 , tandis que l'on n'en compte chez celui-ci que 148 -h 24. Ces individus, que j'ai devant les yeux , n'offrent plus la moindre trace de ces belles teintes dont ils étaient parées pendant la vie. Cet Elaps s'éloigne sous plusieurs rapports des autres espèces du genre, et a quelque ressemblance avec le psam m ophi s PULVERULENT A. Sa tête est peu distincte du cou, alongée, étroite, déprimée, à museau assez court, conique et un peu concave; les yeux sont plus gros que d'ordinaire , et bordés antérieurement d'une plaque aussi haute que longue; la surci- liaire est très saillante ; les narines ouvertes , sont rapprochées du bout du museau, qui est terminé par une plaque déprimée; on voit huit labiales; la verticale et les ©ccipitales enfin sont 454 ELAPS CORONATIIS. assez effilées. Le tronc, aminci vers les deux bouts, est en- touré de 1 5 rangées d'écaillés en rhonibe; la queue est courte et conique. 10 Esp. VÈLAPS COURONNÉ, E. CORONATUS. On ne connaissait jusqu'à ce jour aucun Elaps de la Nou- velle Hollande: MM. Quoy et Gaimard , et avant eux Peron et Lesueur, y en ont découvert deux espèces. Celle dont nous traiterons d'abord, offre quelques légers traits de ressemblance avec Vélaps de mùller. Il n'atteint pas une forte tailie, mais son corps est plus gros vers le milieu et aminci vers les bouts , ce qui n'a pas lieu chez les autres Elaps; aussi celui-ci offre-t-il une queue plus déliée que d'ordi- naire, mince, pointue et revêtue en dessous de plaques simples. Le tronc est un peu en triangle et l'abdomen large. La tête, qui n'est que peu distincte du cou, se caractérise par sa forme alongée et conique , forme particulièrement due au museau , qui est court et terminé en une pointe arrondie. Des 9 plaques qui revêtent le sommet de la tête, les frontales postérieures et notamment les occipitales, se distinguent par leur étendue; les dernières sont très effilées. Les yeux, laté- raux et de moyenne grandeur, sont bordés postérieurement de 1 lames; mais on n'observe qu'une oculaire antérieure, suivie immédiatement des nasales , qui sont effilées et percées de nari- nes orbiculaires. Les labiales supérieures, au nombre de 6, sont larges, notamment les deux dernières, qui renferment une grande plaque temporale. Les écailles sont en rhomboïde, lisses et disposées sur i5 rangées. Cet Élaps se reconnaît facilement à ses teintes d'un vert uniforme tirant, chez les vieux individus , sur le brun , et à une trait noir EL APS PSAMMOPHIS. 455 qui entoure les parties supérieures de la tête: ce trait est t"orm(î par une raie noire, qui court le long des côtés de la tête, en tra- versant Tceil et en se courbant sur le cou en angle droit , pour former un demi-collier en montant , et en se joignant à celle de l'autre côté. Le dessous est plus clair, particulièrement vers la gorge, qui est jaune. Plaques: i34 -î- 5o ou 14^ + b^. Dimensions : 0,3^ + o, io5 ou 0,24 4- 0,06. 1 1 Esp. rÉL PSAMMOPHIS. E. PSAMMOPHIS. Remarquable par sa grande analogie avec la variété verdâtre du Psammophis moniliger, variété très commune au Cap , la deuxième espèce d'Elaps, originaire de la Nouvelle Hollande, paraît plutôt appartenir, en la jugeant d'après son port et ses formes, au genre Psammophis: ses dents venimeuses et le défaut de plaque frênaie suffisent pour fen distinguer. Il a la queue plus longue que les Elaps précédents; mais son tronc est en touré , comme chez la plupart des autres , de i5 rangées d'écail- lés à surface unie, et qui offrent des formes plus effilées que d'ordinaire. Dimensions: o,56 + 0,16 ou 0,28 •+- 0,08. Plaques: i83-{- ^9 ou 188 + 72. Cet Elaps se rapproche sous tous les autres rapports du Psammophis que je viens de citer , dont il a aussi parfaitement les teintes, même jusqu'à la bordure jaune de l'œil. Tout le reste est d'un vert olivâtre; le dessous de la tête et du cou seu- lement sont jaunes. u^ 9im 2 Genre. LES BOJTG^RES. BUNGARUS. Plusieurs traits distinctifs , faciles à saisir , caractérisent ce petit genre, qui ne comprend que deux espèces, originaires de l'Asie. On les reconnaît à leur dos garni d'une rangée d'écaillés hexagones et plus grandes que le reste, et aux plaques simples dont le dessous de la queue est revêtu. Leur squelette est très remarquable par le grand dévelop- pement des apophyses des vertèbres , et particulièrement des transversales qui sont prolongées en une lame large et dépri- mée , parallèle à une autre lame saillante des apophyses articu- laires; celles de la queue sont dirigées vers le dessous, et on en observe en outre une rangée d'épineuses inférieures , qui sont très petites. Les côtes sont plus longues que dans le genre pré- cédent ; le crâne offre à-peu-près les mêmes formes , mais il est composé d'os plus robustes; le bord postérieur de l'orbite est plus complet, les mastoïdiens ainsi que les caisses sont plus développés, la mâchoire supérieure enfin porte plusieurs petites dents solides, succédant aux crochets venimeux. Les glandes salivaires des Bongares sont beaucoup plus développées que celles des autres serpens venimeux colubriforiiies. Les viscères sont plus volumineux que dans les Elaps ; le canal intestinal est plus spacieux et forme des replis plus profonds que cela n'a ordi- nairement lieu chez les genres voisins. Les Bongares ressemblent par leur port aux É l a p s ; mais ils parviennentà une taille beaucoup plus forte que ceux-ci , et leurs formes sont moins grêles et plus lourdes. La tête large, BUJVGARUS ANNULARIS, 457 déprimée, arrondie au bout et vers les côtés, est revêtue du même nombre de plaques ; la frênaie manque également. Les narines ouvertes, latérales et enfoncées sont situées entre deux nasales ; on voit une plaque oculaire antérieure , deux postérieures et sept labiales; la verticale est très courte. Les yeux sont latéraux et peu grands, les lèvres saillantes. Le tronc est un peu com- primé et entouré de 1 5, etchez quelques individus, de 17 rangées d'écaillés en rhomboïde , lisses, disposées obli([uement et dont celles qui revêtent la ligne médiane du dos sont à bout tronqué, et beaucoup plus larges que le reste. Le dos est en carène ëmoussée; l'abdomen assez convexe; la queue courte, grosse ou conique à l'extrémité. La couleur du fond est d'un jaune pâle, relevé par de larges bandes ou anneaux noirâtres ; on observe souvent des variétés accidentelles dans ce genre. Les jeunes ne se distinguent des adultes que par leur taille. La dénomination générique de Bongare, inventée par Daï3- DiN ( i), est le nom indien que porte la première espèce au Bengale. RussEL avait placé ces serpens dans le genre boa, Schneider (2) dans celui de p s e u d o-b o a, et Wagler (3) en a fait tout récem- ment son genre aspidoclonion. o 1 Esp. LE BONGARE A ANNEAUX. BUNGARUS ANNULARIS. PI. XVI fig. 21 et 22. Russel a reçu cet ophidien de Mansoor Cottab ; plusieurs individus en ont été adressés du Bengale au Musée des Pays-Bas; l'en ai vusprovenant de Ceylan, et tous nos voyageurs ont observé (i) Repu vol, V p. 263. — • (2) Hist. amph, U p, 281 et suiv. — (3) Icon, amph. et Syst. p. 293. 458 BUIVGARUS ANNULARIS. l'espèce et en ont recueilli une trentaine d'Individus àl'île de Java. Seba (i) , ScHEucHER (2) , RussEL (3) et Wagler (4) en ont donné des figures ; c'est le boa fasciata de Shaw (5) dont Schneider (6) a fait un p seu dobo a; le nom de bungarus ANNULARis cst de Datidin (7). Ce Bongare est reconnaissable à sa queue courte , carénée au dessus, de semblable grosseur ou même plus grosse et déprimée au bout , qui se termine en pointe conique ; à son corps orné de larges anneaux alternes, d'un jaune d'ocre sale et d'un bleu d'acier assez ))àle et qui tire sur le noir ; enfin à deux raies claires qui se dirigent des côtés du cou , sur le sommet de la tête , où elles se reunissent sur la lame verticale en angle aigu. La tête est peu distincte du tronc ; la plaque verticale et les occipitales sont très alongées ; l'iris est jaune. Les os qui composent le squelette de celte espèce, sont très robustes; ceux du crâne sont comme tortus et très vigoureux ; la mâchoire supérieure est assez courbée en dedans à son bord antérieur ; le crâne e^.t plus large entre les yeux que chez les Elaps ; le bord postérieur de l'orbite est formé par un os frontal postérieur pointu; les nasaux sont vovités et larges; i'intermaxillaire est proéminent. Les vertèbres de la queue sont munies d'une dou- ble série d'apophyses transversales assez larges, dont le nombre augmente , vers le bout de ce membre , jusqu'à quatre ou cinq ranoées : nous avons observé une organisation semblable chez l'Éryx , dont la queue est également en tronçon. L'intestin grêle forme , dans cette espèce , un gros paquet de replis assez pro- fonds. Le canal alimentaire est très effilé ; les reins sont plus ramassés que d'ordinaire. Ce Bongare atteint jusqu'à 6 pieds de longueur , mais il ne mesure le plus souvent que 1,89 + o,i5. Un individu de notre (ij Thés. II. 58. 1. — (•x)BibUa. sacra PI. 65S Jig. 8. — (3) Ind. Serp. 1 PL 3. ~ (4) Icônes. PL U. — (5) Getu ZooL VoL III P. II p. 353. — (6) Hist. amph. II p. ^83, — (7) Rept. vol- A 7?. 265- BUIVGARUS SEMIFASCIATUS. 45b collection offre 17 rangées d'écaillés. Les plaques varient depuis 198 + 32 jusqu'à 228 + 36. Les teintes deviennent plus fon- cées après la mort. 2 Esp. LE BON G ARE A DEMI- AISNE AUX. BUNGARUS SEMIFASCIATUS. PI. XVI flg. 18, 19 et 10. Ce Bongare habite les mêmes lieux que le précédent ; Rus- sel en a reçu des individus de Yizagapatam , de Masulipatam, de Tranquebar et même des environs de Bombay. Le Musée de Paris en possède du Malabar; celui des Pays-Bas , du Bengale et de Java ; d'autres, originaires de Ceylan , ont été adressés à cet établissement par M. Smith, directeur du South-African Muséum. Sebjl (i), Russel (2), Linné (3) et Wagler (4) en ont publié des figures. C'est le p s e u d o-b 01. coerulea. de Schneider (5), le BUNG. COE RU LEU s de DaUDIN (6) et le BUNGARUS SEMI- FASCIATUS de KuHL. Il se distingue du précédent : par une taille moins forte ; par un tronc moins gros ; par une queue plus effilée et amincie vers le bouf ; par une tête plus large, pkis déprimée et à museau plus arrondi ; par des placjues occipitales et une verticale plus alongées ; par le manque de tache en angle sur la tête ; enfin par un corps d'un jaune pâle , relevé par de larges bandes trans- (i) //. Çi^. 3 et 4. — (a) PARAGOODOO et pâktapoola.: Ind, Serp. I PL 1 et II PI. 3i ; sur cette première figure repose le b o a LiNEATA de Shaw Qen. Zool. 111 P. Il p. 356. — (3) Mus. Jd. Fr. PL 'j f. I : c o L. c a k d i d u s. — (4) Jcones PL II : a s p i d o- CLONiuM sEMiFASciATUM. — (5) Hist. amph, II p. 184. — (6) Rept. K p. T.'jo. 460 BUIVGARUS SEMIFASCIATUS. versales d'un noir foncé , réfléchissant un bleu d'acier, mais qui se perdent vers l'abdomen. Cette disposition des teintes est cependant très sujette à "varier: les bandes forment, dans quelques individus, des anneaux com- plets; dans d'autres elles sont tellement rapprochées , que la couleur du fond ne paraît que sous la forme de bordures très étroites , tantôt nombreuses , serrées et déchiquetées , tantôt rares et disposées à de grandes distances les unes des autres. Les parties postérieures delà tête sont quelquefois blanches, notam- ment chez les petits. En examinant les figures de Russe! , on peut se faire une idée de phisieurs de ces variétés , dont nous possé- dons des échantillons. Les écailles jaunes offrent quelquefois un centre noirâtre. Nous avons déjà fait mention , à l'article du Lycodon sub- cinctus, de la conformité des teintes de cet ophidien avec notre Bongare. Dimensions i,o5 + o,i5. Plaques: 200 -h 89 ou 218 H- 52. On compte quelquefois 17 rangées d'écaillés. Le squelette de ce Bongare offre des os beaucoup moins vigoureux que celui du précédent. Le crâne ressemble , par sa forme, à celui des Elaps, et n'offre qu'un rudiment du bord postérieur de l'orbite. On voit que cette espèce se rapproche sous plusieurs rapports du genre précédent. La glande venimeuse est presque entièrement recouverte parles salivaires, qui sont plus volumineuses que d'ordinaire. On voit une nasale très développée. Le canal intestinal , assez court , est pourtant spa- cieux ; mais il offre des replis moins profonds que dans l'espèce précédente. Le cœur est remarquable par sa forme alongée. 3 Genre. LES NAJAS. NAJA Le reste des serpens venimeux col ubriformes , exclus des deux genres précédents , est compris dans celui de n aj a. C'est sous cette dénomination qu'on désigne aux grandes Indes, suivant Kaempfer , l'opbidien remarquable, connu de tout le monde sous le nom de serpent a lunettes. La faculté qu'il a d'élargir le cou; le dessin singulier ressemblant à des lunettes, dont cette partie est le plus souvent ornée; enfin les jeux que les jongleurs exécutent avec ce reptile dangereux , l'ont rendu très célèbre. Admettant, à l'exemple de Lauren- tius, cette espèce comme espèce-type on y a aussi puisé les caractères du genre; mais il s'en faut bien qu'on puisse les appliquer, du moins au même degré , à tous les opbidiens qui se rattachent à cette espèce. Le naja haje par exemple , dont le cou est beaucoup moins susceptible d'être dilaté , porte , à tous les autres égards, trop d'analogie avec le serpenta lunettes , pour l'éloigner de celui-ci; le naja bon- gares, s'en éloigne par la présence d'une rangée de plaques dorsales plus grandes que le reste , mais ayant le cou assez dilatable , il doit faire partie du genre Naja ; le N a j a h a e m a- cha te a toutes les écailles surmontées d'une forte carène , ses mœurs ressemblent a celles des Najas, quoique son cou s'élargisse beaucoup moins; on peut en dire autant du Naja de la Nouvelle Hollande; la série des espèces enfin est terminée par les naja LUBRicA, RHOMBEATA, etc. , chcz Icsqucls l'expausibilité du cou est presque nulle , et dont la dernière joint à plusieurs 462 IVAJA. autres caractères propres aux Najas , le port des Vipères. On verra par nos descriptions, que les espèces rangées chez nous dans le genre Naja , forment une série non interrompue d'ophidiens, liés étroitement entre eux , et dont les premiers offrent des caractères génériques saillans et prononcés, tandis que les derniers s'éloignent considérablement du type et for- ment évidemment le passage aux Vipères. Cette distribution des espèces nous a paru préférable à celle de nos devanciers, qui ont dispersé les Najas dans les genres naja, elaps, VIPERA, SEPEDON, URAEUS, PSEUDECHIS, CAUSUS, ALECTO, COLTJBER, BOA, TRIMERESURES, ACAN- THOPHis,HURRiA, DUBERRiA et daus plusicurs autres. Les Najas ont toutes les parties plus grosses et plus vigou- reuses que les autres serpens venimeux colubriformes , et res- semblent par leur port aux couleuvres, tandis que les Elaps se rapprochent, pai- l'ensemble des formes, des Calamars . Le tronc des Najas n'est donc point fdiforme comme dans les Elaps et les Bongares ; il est au contraire assez vigoureux , laté- ralement comprimé, gros au milieu, aminci vers les deux bouts , à dos relevé un peu en carène , et à abdomen très large et convexe. Quelques espèces ont le tronc alongé, d'autres plus court et ramassé. Leur queue est plus ou moins courte, et va toujours en pointe vers l'extrémité ; le dessous est quelque- fois muni de plusieurs plaques simples, dispersées irrégulière- ment parmi les divisées; une section perpendiculaire de la queue offre, comme celle du tronc, un triangle sphérique plus ou moins régulier. La tête , au lieu d'être courte, obtuse, arrondie et de la même venue avec le tronc, comme dans les genres précé- dens, estun peu distincte du tronc, quelquefois très renflée près de l'occiput , grosse, conique, élevée dans le sens vertical, à museau gros , de moyenne longueur , le plus souvent conique et terminé par une plaque largi, voûtée , plus ou moms proé- minente, qui s'avance entre les plaques frontales. Les neuf plaques dont le dessus de la tête est revêtu, varient par IVAJA. 463 leur forme ; le sommet de la tète est souvent un peu enfoncé, et allant en pente vers le bout du museau; cette partie est anguleuse aux cotés, ce qui détermine la position complètement latérale des yeux et des narines: ces dernières sont toujours assez ouvertes et situées entre deux plaques, également rapprochées des bords des lèvres et du bout du museau. L'ouverture de la bouche est large et droite. Les yeux, sans être très volumineux, sont plus grands que ceux des genres précédens; la plaque sur- ciliaire est plus ou moins saillante et quelquefois un peu voûtée; les oculaires varient pour le nombre et pour la forme: on observe cependant, chez la plupart des espèces, une oculaire antérieure qui tient en même temps lieu de la frênaie ; Icisaja rhombeata appartient au nombre des exceptions à cette règle. On voit tou- jours plusieurs temporales d un eétendue considérable; les labiales sont moins nombreuses que chez les Couleuvres. Le dessous de la tête offre des plaques disposées à-peu-près comme chez ces dernières , mais les abdominales s'avancent assez loin sous la gorge; il résulte de là que le nombre des écailles mentales est assez peu considérable. Le crâne des Najas, quoique alongé comme chez les Elaps , est cependantbeaucoup moinsétroit et composéd'osplus développés. Les mastoïdiens ne sont point aussi intimement réunis au crâne, et ont acquis une étendue plus considérable que dans les genres précédens; l'orbite est presque toujours complète; la mâchoire inférieure est très mince; la supérieure plus ou moins courte et souvent armée d'une ou de plusieurs dents solides, outre les crochets ; les nasaux sont très larges et profondément échancrés; l'intermaxillaire est volumineux et voiité. La glande venimeuse des Najas est assez considérable et recouverte d'une enveloppe épaisse; on voit le long des mâchoires , des sali- vaires plus ou moins étendues. Le canal intestinal est plus long que dans les deux genres précédens , assez spacieux et légère- ment plissé. Les apophyses épineuses supérieures ne sont pas aussi déve- 464 NAJA. loppées que les inférieures et les transversales de la queue. Les côtes , dune longueur proportionnée à la circonférence du tronc , ont la même forme que celles des Xénodons , serpens qui ont également la faculté d'élargir considérablement leur cou ; elles sont moins courbées que dordinaire : couchées , elles se dirigent assez en arrière ; tirées en avant , elles affec- tent la direction horizontale , et augmentent la circonférence du tronc. Mais comme les côtes deviennent plus droites à mesure qu'elles se rapprochent de la tête ,ou plutôt , comme le bord convexe des côtés du cou est tournéde manière qu'il regarde les parties postérieures, il est manifeste que cette augmentation de volume des parties auxquelles elles servent de base , doit être plus considérable ; mais qu'elle doit s'effectuer dans le sens latéral , et aux dépens du diamètre perpendiculaire du cou qui est proportionné , à l'élargissememt. Gomme la lon- erueur et la courbure des côtes déterminent la forme et l'étendue du disque produit par cette action , il est également évident que ce disque doit être oblong et se confondre insen- siblement avec la tête , puisque les côtes décroissent vers la tête , depuis la dixième vertèbre environ. Voilà comment se fait le dilatement du cou , propre à beaucoup d'autres ophidiens , quoiqu'à un moindre degré. On sait que la direc- tion des rangées d'écaillés correspond exactement à celle des côtes; il resuite delà que les lignes qui déterminent les bords supérieurs des écailles, doivent s'étendre assez en arrière, tandis que celles qui déterminent les bords inférieurs, sont très peu dirigées en avant ; c'est aussi de cette disposition que provient la forme oblique et alongée des plaques mêmes. Nous avons déjà dit que cette dilatation n'a pas lieu au même degré chez tous les Najas , et qu'elle disparaît presqu'entièrement chez les espèces qui terminent la série du genre ; nous aurons soin de signaler , à l'article de chacune d'elles , les différentes gradations , pour autant qu'elles nous sont bien connues. XjCS Najas ne parviennent pas tous à la même taille , car il XAJA. 4g:) eti est qui ne surpassent guère deux pieds en longueur totale , tandis que d'autres atteignent jusqu'à six ou sept pieds. Ils ont la livrée très variée suivant les espèces ; chez plusieurs d'entre elles elle est niènie différente suivant les individus , et suivant l'âge. J'ai aussi observé plusieurs variétés de climat constantes. Les Najas sont quelquefois répandus sur une grande étendue de terre : le serpent à lunettes par exemple , si commun aux grandes Indes , habite aussi Siam et Sumatra; il se trouve égale- ment à Java 5 où ses teintes sont plus foncées ; cette même île produit encore une autre espèce , qui vit aussi dans l'île de Sumatra; la Nouvelle Hollande nourrit deux autres espèces; le Naja haje de l'Egypte vient aussi du Cap, où ses teintes varient à l'infini , et ce dernier pays produit en outre trois espèces un peu disparates par leur organisation , et dont l'une vient égale- ment de la côte de Guinée. 11 résulte de ce que nous venons de dire , que les Najas habitent les contrées chaudes de l'ancien monde. Ils fréquentent le plus souvent les contrées sèches et sablonneuses , mais il paraît que plusieurs fréquentent aussi les eaux. Les Najas ont une force musculaire considérable; leurs mou- vemens sont exécutés avec une grande agilité ; ils se défendent avec opiniâtreté contre les attaques de leurs ennemis, qu'ils attendent avec courage. Appuyés sur la queue qu'ils appliquent horizontalement contre la terre, le tronc droit ou courbé un peu en arrière et la tête avancée , ils dilatent le cou , sifflent fortement, et lancent leur salive sur leurs ennemis avant de se jeter sur eux. Il paraît que plusieurs des grandes espèces se nourrissent particulièrement de crapauds et de grenouilles : du moins , j'en ai plusieurs fois trouvé les restes dans leur estomac. ■\o 46G NAJA TRIPUDIANS. 1 Esp. LE N, A LUNETTES, N. TRÏPUDIANS. PI. XVII fîg. I , 3 et 3 : var, de Java. La description que j'ai donnée, à la tête du genre, de la con- formation des côtes des Najas, est particulièrement applicable il l'espèce du présent arlicîe, que l'on peut admettre comme type du genre, et qui possède au plus haut degré la faculté de dilater le cou dans le sens latéral. Elle est connue de tout le monde sous le nom de serpent a lunettes, nom dérivé de la similitude d'un trait ornant la partie expansible du cou, avec une de ces lunettes, que l'on en comprimant le nez, et dont l'usage était universel chez les vieilles gens du siècle passé. Ce dessin cependant, qui ne consiste qu'en deux grandes taches en œil, blanches, à centre noir, bordées de la même teinte et réunies en avant par une ligne en arc, est rarement assez distinct pour que l'on en puisse faire la comparaison alléguée: on ne voit au contraire le plus souvent que quel- ques traits noirs et irréguliers, tantôt réunis pour renfermer une tache alongée ou en polygone, tantôt confluentes en de larges taches noires de forme et d'étendue variées. Les côtés ou le dessus du cou sont marqués de deux taches rondes de la même couleur. L'examen comparatif d'un grand nondjre d'individus de ce Naja m'a démontré que cette disposition des teintes est accidentelle, et non pas due au sexe, comme plusieurs natura- listes l'attestent, uniquement d'après le témoignage de Seba. La teinte principale de ce Naja est un jaune d'ocre tirant sur le brun , tantôt très clair , tantôt assez obscur. Quelques indi- vidus ont le corps rayé obliquement de noir et varié de blanc; ce dessin est particidièrement prononcé chez les jeunes. Le dessous est le plus souvent assez clair et quelquefois marbré de brun. Le Naja à lunettes atteint jusqu'à i,io + 0,21 de longueur XAJA TRIPUDIAAiS. 4()7 totale. La queue, peu longue, robuste et conique vers le bout , varie clans ses proportions suivant les individus , comme on peut le voir par les dnnensions d'un autre individu, qui offre o, nocturne. Attaqué , il se redresse absolument conmie le Naja >> tripudians , et les espèces que j'ai vues au Gap. Ce fut dans » cette attitude que nous Irouvâiiies , il y a quelques jours , un » jeune individu de l'espèce, entouré, à la porte delà maison, de «nos quatre guenons très apprivoisées; les singes par leurs cris '> marquaient déjà leur crainte , et aucun d'eux n'osait attaquer » l'ennemi, qui se retira en gardantbonne contenance, jusqu'à « ce que je le pris pour notre collection : cela présentait un 5> spectacle amusant. » (i) C'est le NAJA SPUTATRix de Reinwardt et de Boie. — (2) TuRPiN. Foy. I p. 344. — (3) Raffles. Linn. Trans. XIII p. 331. — Un sujet, recueilli à Sumatra par feu Duvaucel , se rapproche de la variété javanaise. 470 NAJA TRIPUDIAIVS. Tout le monde a entendu parler des jongleries qu'exécutent avec cette espèce les bateleurs des grandes Indes : on en trouve des récits détaillés dans KaiviPFER (i) et dans Russel (2); mais il s'en faut bien que ceux du premier de ces voyageurs soient toujours conformes à la vérité. Le frère de Russel s'exprime sous ce rapport àpeu-près dans les termes suivans : « Je crois que w le COBRA DE CA p ELLO cst Ic scul scrpcut dout Ics batclcurs « indiens se servent dans leurs jongleries; ces charlatans portent « toujours sur eux certains antitodes qu'ils montrent aux speo- » tateurs, et dont ils prétendent se guérir lorsqu'ils ont été mor- 5) dus. Ils ont cependant soin de se mettre à l'abri de tout danger, w en arrachant d'abord au serpent les crochets venimeux ; aussi » l'inefficacité de leurs prétendus antidotes est-elle suffisamment » contredite par les conséquences fâcheuses , dont la morsure f» de ces serpens est quelquefois suivie, nonobstant la mu- w tilation qu'on leur a préalablement fait subir. Pour mieux « exciter la curiosité des spectateurs , les bateleurs se font sou- V vent,àrentlroit mordu, une petite blessure avec un instrument «tranchant. Il faut un temps considérable pour dresser les w Najas à ces jeux, qui consistent principalement en une imita- M tion des mouvemens latéraux du corps du jongleur, qui ne » cesse de provoquer le serpent, dont les regards suivent sans » cesse la direction de la main qui le menace. Cette espèce de » danse est accompagnée d'un air de flûte , dont le caractère et » la mesure sont variés suivant la nature des mouvemens exé- » culés. Le même individu ne pouvant endurer longtemps cet >) exercice fatiguant , il est remis dans le panier que portent " les jongleurs avec eux, et dans lequel ils renferment quelque- » fois jusqu'à une douzaine d'individus. » Ces détails ne s'accordent pas exactement avec ce que dit Davy sous ce rapport : ce voyageur a observé que les bateleurs de (1) Jm. fxol. /fisc, III obs. IX p. 565, av. fig. — (2) Jccount. H />. 1 suiv. NAJA H A JE. 471 Ceylan se servent rie ces serpens, sans leur oter les crochets, et que l'unlcjue moyen qu'ils eniployent pour se préserver du danoer, est leur courage ou leur agilité. Le Naja est vénéré des habitans de Ceylan ; on évite ces serpens soigneusement et , sans leur faire du mal, on les met dehors, lorsqu'ils se sont introduits dans les maisons, ce qui arrive assez souvent (i); pareil culte leur est rendu au Malabar. llussET. a fait un grand nond^re d'expériences pour prouver que le Naja à lunettes est un des ophidiens les plus redoutables des grandes Indes. Merrem (2) , à 1 exemple de Kiimpfer , a donné à ce Naja l'épi- thète de tripudians, à cause des jeux qu'on lui fait exé- cuter. Les Portugais, découvreurs des grandes Indes, lui ont appliqué le nom decoBRA-DECAPELLo (serpent cha- peron), à cause de son habitude de dilater le cou , et de se couvrir de cette sorte la tête, avancée pour le combat. 2 Esp. LE NAJA H AIE, NAJA HAJE. PL XVII fi g. 4 et 5 : var. du Cap. Le grand rôle qu'ajouéceserpentdans l'antiquité, le rendaussi remarquable que le précédent. Plusieurs poètes classiques (3), en parlant de l'Aspic , ont fait mention de la faculté qu'il a de dilater le cou : ces passages ont donné lieu à la supposition que le Naja hajeest le véritable as pi s des anciens ; mais nous avons déjà dit dans la première partie de notre ouvrage, que ces peuples admettaient jusqu'à seize espèce d'aspics, et que ce nom collectif était employé, comme celui d'Anguis etdeDraco, pour désigner (i) Dàvy /. /. — [1) Tent. /?. 147. — (3) Lucak. Phars, 9 , 701 ; et NiCANDER in Theriac. 472 ^^AJA HAJE. les serpens en général. Chez les anciens Egyptiens, le Naja haje portait le nom d'o u r o , qui signifie roi et que les grecs ont en même temps adopté et traduit dans leur langue : de là leurs ou- RAioset BASiLiscoSj dénominations dont la dernière a été ensuite introduite dans la langue latine et assez vaguement appli- quée à plusieurs espèces de serpens. On sait que les monumens des anciens Egyptiens sont ornés et comme couverts de traits hiéroglyphiques , parmi lesquels se distinguent les portraits de divers animaux symboliques ; celui de l'Haje est du nombre de ceux qui s'y trouvent le plus abondamment. On en voitde peints en couleur , sur les couvertures des sarcophages , et leurs effi- gies fondues en bronze , soit en forme de bracelets ou d'autres ornemens , ont été retirées d'un grand nombre de ces mêmes apogées qui renferment les momies. Ce serpent est toujours représenté , la tête avancée , le cou épanché et le corps redressé: les anciens Egyptiens, dit-on , croyant qu'il prend cette attitude pour surveiller les champs qu'il habite , lui rendaient un culte religieux et relevaient au rang de la divinité protectrice du monde. Un des principaux esprits qui ont eu part à la création du monde , le Cneph , Cnouphis ou Amon de la Cosmogénie égyptienne était représenté, dans l'écriture symbolique, sous la forme d'un serpent s'entortillant autour d'un globe ou placé dans le centre d'un disque. La haute vénération qu'on avait pour le serpent , se manifeste dans la circonstance, que l'on sculptait sur le portail des temples, un globe soutenu de chaque coté par un aspic, et que ce caractère sacré se voit sur un grand nombre de médailles frappées à une époque postérieure (i); une figure d'as[)ic enfin surmontant la couronne royale ou attachée autour du bras , était l'insigne de la grande prêtresse, et c'était avec ces ornemens distinctifs que l'on promenait , dans le triomphe d Octavien , l'effigie de Cléopatre par la ville de Piome : probablement cette circonstance a-t-elle fourni le (i) Voir Matter , IJist. d Gnost. Atlas, jVAJA IIAJE. 473 conte que l'on débite de la mort héroïquo de cette femme cé- lèbre , conte a l'égard du quel les auteurs classiques ne sont pas aussi bien d acord qu'on paraît l'être de nos jours (i). Les Egyptiens d'Alexandrie enqdoyaient le même animal sacré, pour faire périr les crinlmels (2). Les bateleurs de l'Egypte moderne et particulièrement ceux du Caire, se servent de ce Naja pour leurs sorcelleries. Les tours qu'ils font exécuter à ces serpens consistent principalement , comme ils disent, à changer l'flnjeen bâton , et à l'obliger à con- trefaire le mort. Lorsqu'ils veulent produire cet effet , ils lui crachent dans la gueule, le contraignent à la fermer, le couchent par terre , puis , connue pour lui donner un dernier ordre, lui appuient avec la main sur la tête, et aussitôt le ser- pent devient raide et immobile, et tombe dans une sorte de catalepsie: ils le réveillent ensuite, en saisissant sa queue et la roulant fortement entre leurs mains. M. Geoffroy St. Hi- LAiRE (3), auquel on doit ces observations , s'est convaincu que ces phénomènes sont uniquement la suite d'une pression assez forte sur la nuque de l'Haje, ce qui ne manque pas de produire l'effet désiré. Ces jongleurs ont soin d'arracher aux Hajes les crochets venimeux , avant de les apprivoiser et de les dresser. Plusieurs auteurs classiques parlent d'un peuple habi- tant la Libye, et célèbre par ses connaissances dans l'art de guérir la morsure des serpens venimeux , dont eux-mêmes n'avaient point à redouter les effets: les bateleurs du Caire pré- tendent au titre de descendans de ces anciens Psylles, et se vantent de tenir de leurs ancêtres et de posséder seuls le secret de commander aux animaux. Le savant voyageur auquel nous avons emprunté ces détails (i) Compare/, : Galrn. Tlicr. l. i chap, 8 el 10 ; Sueton. vie d'Octav. chop 17 ; Propf.rt. 3. 9; Horat. Od, i, 37 ; Florus. /. 4- ^f^' n 5 Plutarque vie de Pompée et d'Aiifoine elc. — (2) Gàlen. Ther. i. 8. — (3) Desci. (If rÉfrypte, XXIV p^ 78. 474 NXJA HAJE. interessans , communique aussi les observations suivantes sur les mœurs rie Tbaje: « L'Haie est assez abondamment répandu en «Egypte: il se tient quelquefois dans les lossés, plus souvent » dans les champs. Les cultivateurs sont donc exposés à le ren- w contrer fréquemment; mais, quoiqu'ils n'ignorent pas le 5> danger de sa morsure, sa présence ne les empêche nullement » de vaquer à leurs travaux ordinaires: connaissant bien les î) habitudes du redoutable reptile, ils savent qu'ils n'auraient à » craindre d'être attaqués par lui, que s'ils venaient à commettre 1) l'imprudence de s'en approcher. En effet tant qu'ils se tiennent » à quelque distance, 1 Haje se contente de les suivre du regard , M en élevant sa tête et en prenant l'attitude dans laquelle les fig. »4 et 5 (i) le représentent. » On voit par ces figures, citées par M. Geoffroy, que les habitudes de l'Haje sont absolument les mêmes que celles du Naja h lunettes. La même planche contient les portraits de l'Haje à l'état d'âge moyen et du jeune (2) ; l'adulte est représenté sur la PL 3 du Supplénienî y figure remarquable à la fois par l'exactitude et par la beauté de l'exécution. FoRSKAL (3) a fait des expériences avec le venin de ce Naja , dont la morsure est toujouï'S mortelle ; il conste d'une note de ce voyageur que cet ophidien se rencontre aussi en Arabie (4). Brov^^ne i'a observé au Darfur (5); Linné (6^; en fait mention, d après Hasselquist, sous le nom de coluber haje, placé par Daudin (^) dans le genre v i p È r e , et par Cuvier (8) dans celui sa morsure a souvent fait périr des convicts en moins d'un » quart d'heure, s'il faut s'en rapporter au dire deshabitans. 11 » est très commun dans les petits bois et dans les sables de >c bruyère qui entourent la plage de Botany-Bay , où nous en " avons fréquemment rencontré dans nos courses d'histoire '> naturelle. Ses mouvemens sont pleins de force et de vigueur, » son agilité remarquable , et il se défend avec hardiesse lorsqu'il » est poursuivi.» M. M. Quoy et Gaimard ont rapporté ce Naja de Port Western. (t) Foy. de ht Coquille, Zool H p. 55. XAJA HAEMACHATES. 481 6 Esp. LE ISAJA HAEMACHATE. N. 11 AF.MACIÏATES. PI. XVII Cg. lo et II. Les écailles alongées et surmontées d'une forte carène ; les formes ramassées; le petit nombre tle plaques ; la tête grosse, distincte du cou, courte et très cmique; le museau étroit , en pente, pointu et terminé par une large plaque voûtée, éclian- crée et excavée à son bord inférieur; le système décoloration , et plusieurs autres caractères propres à ce Naja , le rendent reconnaissable au premier abord. C'est l'iiA KM Ar: HATE de Lacépède (i) , (v I p er a h aem a- CHATES LaTR. (2), SEP EN DON HAEM. MeRREM (3^), Ctlc NA J A G A P E N S I S de SmITH (4). Ce dernier naturaliste dit que ce Naja a les mouvemens assez lestes , qu'il babite un sol sablonneux, et qu'il est très répandu; c'est suivant lui le ringhals slang des Colons. M. van Horstok , qui a pourvu le Musée des Pays-Bas d'un bon nom- bre de sujets, nous mande au contiaire, que les babitans du cap lenonunentROODE koper r a pe l ce qui signifie: papillon de cuivre rouge, dénomination mal interprétée et corrompue du portugais Cobra de Capello, nom sous lequel les colons du Cap désignent aussi l'Haje , y ajoutant lepitbète de jaune ou })run. Feu Boie ayant vu lors de sa résidence au Cap, cbez M. Smiih, des individus vivans de ce Naja , me mande dans une de ses lettres , que celte espèce tient beaucoup par ses liabitudes des autres Najas; c'est à dire, qu'elle élargit le cou lorsqu'elle est irritée, faisant sortir de la boucbe une salive abondante. Ce fait a déjà été mentionné par Lichtenstein (5) , en parlant (i) Quad. oi'lp. 11 PL 3/ 2 />. iiS. — {i) Brpt. iV p. 3o. — (3) Tent. p. i46 — (4) James. Erl. Ph. Journ, 1. i. — Voyez des portraits de ce Naja dans Seba Thés. IL 58. 3 et peut-être aussi IL 58. i. — (5) Beise I p. i53. 3i 482 NAJA HAEMACHATES. d'un ophiclien nommé par les indigènes spuwslang , serpent cracheur , et qui est probablement le même que notre Naja. Il se tient , suivant M. van HoRSTor^ , dans les plaines recouvertes de bruyère, et se rencontre quelquefois dans les cbemins, les sentiers etc. , où il se repose. Le Naja haemachate parvient jusqu'à i,i5_|_o,2i ; les dimen- sions de la queue varient, car un jeune individu de notre col- lection offre 0,28 + 0,06 de longueur totale. Le nondire de rangées des écailles est de in ou de 19. Les plaques sont de i 28 -1- 36 ou de 146 H- 44- ^'^^ lames qui revêtent le sommet de la tête sont assez petites ; la verticale est alongée et étroite ; les surciliaires sont saillantes et les côtés du museau un peu canaliculées; on voit trois oculaires postérieures; les labiales sont petites 7 les temporales assez larges. L'ouverture de la boucbe est courbée en S et montant vers le bout du museau ; les lèvres sont renflées et à bord rentrant. Le tronc est très gros au milieu, mais il s'amincit vers les deux bouts. Ce Naja est d'un beau noir pourpie, plus ou moins varié de brun jaunâtre sur le dessus; en ôtant l'épidt rme , cette dernière teinte cbange au l)lanc; on observe quelquefois plusieurs anneaux larges, de couleur claire, sur le devant du troncs, et la tête est souvent totalement noire. Les variétés que l'on voit cbez cette espèce, ne sont dues qu'à la prédominance de Tune ou de l'autre teinte. Le crâne de ce Naja s'éloigne de celui des autres espèces par des orbites spacieuses et par la forme des os qui servent de base au museau , forme particulièrement due à l'intermaxillaire qui est très large , incliné en dedans et dont la face supérieure s'attacbe aux naseaux, qui sont plus alongés que d Ordinaire. Le maxillaire n'offre pas de dents solides derrière les crochets. On voit une figure des glandes de la tète dans Duvernoy Anti. d. se. nat. XXVI PL 9 fig. 3. NAJA RIIOMBEATA. 483 7 £sp. LE NAJA A TACHES EIV LOZANGK. NAJA RI103IBI:ATA. PI. XVII fifj. iJ el i3. L'indication de cette espèce se trouve dans un catalogue de doubles, publié en i823 par M Liciitf.nstein ( i) rie Berlin. La belle suite qu'en possède notre Musée, est composée d'in- dividus de tout âge de celte espèce, et due aux soins de M. M, VAN HoRSTOK et Eschricht; ils sont originaires de la colonie au cap de Bonne Espérance et des environs du fort Christians- borfif à la Cote d'or. Ce Naja appartient au nombre des plus rares; on ne snil rien relativement à ses habitude's. Il a le port du précédent , mais il est loin de parvenir à une taille aussi forte; d'ailleurs son tronc est moins gros, plus déprimé et à dos en carène; la queue est excessivement courte et robuste; les écailles soi.t lancéolées et faiblement carénées sur le dos; les teintes enfin et les plaques de la tête offrent une disposition différente. Dimensions o,55 -H o,5; Plaques: 124 +18 ou i44"+"25. Rangées d'écaillés 19 ou ni. Le Naja rhombeata fait en quelque sorte le passage aux Vi- pères, dont il a le port, mais dont il se distingue suffisamment par sa pupilleronde. Un brun grisâtre pâle, plus clair et passant au jaune sur le dessous du corps, règne sur toutes les parties; une suite de tacbes noires, en lozange, mais rarement distinc- tes, occupent souvent le dos, particulièrement des jeunes indi- vidus, qui offrent des teintes plus vives que les adultes. Une (1) SEPODON RHOMBEATA, p. 1 o6 ; ScHFUrHZER 777. I, figure reconnaissable sur la(juelle repose le v i p 1: R a v n i g ru m de Cuvif.r , Hègn, an. Il p. 92 note 4 ; t^^t'e espèce compose chez "NVaoi.er , Syst, p. T 7 1 , le genre c a u-s u s. 484 ^AJA LUBRICA. tache en triangle, bordée de noir e^. dont les jambes sont paral- lèles aux côtés de !a têle, en ornent !e sommet, qui est revêtu de lames, dont les occipitales el les iVonlnles postérieures sont assez petites; la verticale au contraire est gri.nde ; on voit une petite plaque au frein , et Tœii est bordé d'un tour de 6 ou j plaques exiguës ; K s lahiales sont disjiosées plus symétriquement que d'ordinaire et au nombre de six seulenuMit: l'ouverture de la bouche est simplement arquée; les 'âmes fîu dessous de la tête se font remarquer par leui' petit nondire et par Jeui" peu de longueur. Les narines sont latérales et très larges; la tête analoo'ue, par rapport à ses formes , à celle de l'espèce précé- dente, est un peu plus déprimée et moins grosse. On ne voit pas de dents solides au maxillaire. 8 Ksp. LE NAJA CORAIL. NAJA LUBRICA. PI. XVII fig. i4 et i5. La pointe australe de l'Afrique produit une quatrième espèce de Naja , qui a les habitudes des autres espèces du geni'e, mais dont le cou s'élargit aussi impaifairement que chez la précé- dente (i). Nous avons dit que celle-ci faisait ie passage aux Vipères; le Naja lubrica au contraire se rapproche des Elaps américains , dont il a les teintes et le port. Ses formes sont (i) Note communiquée par feu Boie; voyez des fij:;ures de ce Naja dans Sf.ba II, 34. !\. t^'\ i el 62. 4; dans Mkrrf.m Bettr. l PI. 1 vau-nat- ter; col. latonta, Daudin ^c/-'^ PIlp i56; la fi§. 43 3 de Sera est le type des natrix lubrica Laur. Syit. p 8n , fc o l u b e r Gmf.lin p. I 107 , E L A f-s Mf.rr. Teiil. /?. 1 1{\ I ; à celle espèce apparîient aussi le naja sommersetta de Smith. James. Ntw. Echnb, Pliil, Journ. I- i\ c'est le k. o u s e n b a n d des habitans du Cap. NAJA EL A PS. 485 tîepenfinnt ]-)lus rnmnssoos; son tronc- est un peu fléprimé et à dos en cnrène; la 'puMie est excessivement (N)iirie, rol)iiste et peu r(mi(|ue; les éenilles sont Jïl()ni;ées, pointues, lisses , obli- ques: In tête est gi-oss<*, nunassée, conique, tlislincie du tionc €t revêtue de plarpies peu développ<'es. Les occipitales et les frontales postérieures sont petites ; la rostiale au contraire est assez large et en triangle, dont la pointe s'avance entie les frontales antéiieures. L'ouverture de la houche est en S ; les narines et les yeux sont parfaitement latéraux: les premières moins ouvertes que d'oidinaire , les derniers peu volumineux et hordes par denière de 3 , en avant dune seule plaque. Les plaques labiales sont à-peu-près comme chez le Naja haemachate. Dimensions: o,4^ -H o,o5 ou o,44 4- o,o6; Plaques : i^S -{- 2.0 ou i5o 4- 2-; on observe quelquefois plusieurs plaques sim- ples parmi les divisées; rangées d'écaillés: 19 ou 21. Un beau rouge vermillon , relevé par une trentaine d'anneaux noirs et étroits, dont les deux antérieurs plus larges , occupe toutes les parties: il s'efface après la mort ; deux raies noires et obliques se touchant imparfaitement sous un angle droit ornent l'occiput ; on voit souvent une bande noire traversant la tête entre les yeux. 0 Esp. LE NJJ ÉLAPS. NAJA EL A PS. L'animal que je fais connaître sous ce nom , appartient sans contredit au nombre des espèces les plus remaïquables du genre; il en est d autant plus à regretter que l'on ignore absolument ses habitudes et même sa patrie, le seul individu connu , qui fait partie du Musée de Paris , provenant d anciennes collections et sans la moindre indication. Analogue par la forme de la tête et par son port aux Najas 48G IVAJA CURTA. proprement dits , cette espèce nouvelle s'en éloigne par un cou nullement dilatable, caractère qui la rapproche des Elaps , aux- quels elle ressemble encore par la petitesse des yeux. La giande taille à laquelle elle parvient, en fait un serpent redoutable, quoique ses armes venimeuses ne soient pas aussi développées que cela a lieu chez les autres Najas. Le corps est très vigoureux, un peu en trigone, s'amincissant insensiblement vers les deux bouts et offrant un abdomen très large et convexe; il est terminé par une queue assez robuste, ramassée et conique. La tête est distincte du tronc, large, ramassée, déprimée et arrondie au bout: elle est revêtue de lames, dont les occipitales très développées, sont bordées, de chaque côté , de 3 larges plaques. La distribution et le nombre des autres lames de la tête est à-peu-près comme chez les Najas précédens ; c'est-à-dire qu'il y a deux oculaires postérieures, une antérieure, que celle du frein est remplacée par la partie postérieure de la nasale , que l'avant-dernière des labiales , qui sont très développées, se trouve resserrée vers la région des tempes etc. Les yeux, d'une petitesse extrême pour la taille de l'animal, sont latéraux ainsi que les narines, dont l'ouverture très spacieuse se trouve dirigée en arrière. On compte i5 rangées d'écaillés larges, à surface unie et en forme de lozange. La longueur est de i,4o + 0,20. Les plaques se trouvent au nombre de i83 + 4i- La couleur du fond est un jaune d'ocre tirant sur le jaune citron ; cette teinte borde, sur les parties supérieures , les lames écailleuses, qui sont d'un brun marron très foncé , plus clair sur les flancs. 10 Esp. LE NAJA RAMASSÉ. NAJA C:URTA. On pourrait ranger ce Naja dans le genre \ipère, s il NAJA CUKJ A. 487 offrait des écailles carénées ; c'est la seule espèce parmi les serpens venimeux colubriformes qui offre une pupille un peu verticalement alono^ée. Son port, ses formes ramassées, sa queue courte et «rosse, le dos caréné, et la H<^ure de la tète, le rap- prochent des serpens venimeux pr(q)rement dits. L'abdomen est large, convexe et muni de i3o plaques; celles de la queue sont au nombre de 3-2 et simples. Les écailles, qui sont un peu lancéolées et lisses, se trouvent disposées sur 19 rangées. Les <) plaques du dessous de la tête offrent des formes assez régulières; celles des côtés et les labiales sont à-peu-près comme chez les autres Najas. L'œil peu volumineux, ombragé par la plaque surciliaire saillante est situé sur les côtés. de la tête qui sont creux. Les narines sont ouvertes , les côtés du museau un peu anguleux et son bout muni d'une plaque assez consilérable. La tête est en forme de poire ou de cœur , très large , ramassée, à joues et à lèvres saillantes. Ce Naja est d'un vert olivâtre uniforme, plus clair sur le dessous. Le seul individu connu fait partie du Musée de Paris: il a été recueilli dans les environs du Port du Roi Georges, à la Nouvelle Hollande , où MM. Quoy et Gaimard en ont fait la dé- couverte. 2 im. £e& jdn*p«i6 îif mer. Genre unique. LESHYDROPHIS. HYÎ)ROPHIS. La place que j'assigne aux seipens de mer dans le système, démontre que ces ophidiens sont tous venimeux, sans excep- tion. Plusieurs naturalistes, appuyant particulièrement leur opinion sur les observations dellussel, ont soutenu lecontraire: on verra cependant, par le grand nombre de recherches que j'ai faites à cet égard , que cette thèse est tout à lait dénuée de vérité. La confusion qui règne dans la synonymie de cette famille , est extrême et due en grande partie au défaut total de descrip- tions comparatives et de bonnes figures; celles deRussel même, qui en a fourni plus qu'aucun autre naturaliste, sont loin de suffire à la détermination rigoureuse des espèces. La difficulté de se procurer ces animaux, et en conséquence leur rareté extrême dans les cabinets d histoire naturelle ; la grande ressendjlance des espèces les unes avec les autres ; les changemens qu'éprouvent leurs teintes et leurs formes avant qu'ils soient parvenus au teiine de leur croissance: voilà les obstacles qui se présentent lorsqu'on veut se livrera l'étude de ces êtres intéressans. Malheureusement on possède trop peu de renseignemens relatif à leur manière de vivre et à la distribu- tion géographique des espèces, pour qu'ils puissent servir de HYDROPIIIS. 489 guide aux travaux fondamentaux, auxquels ie savant de cabinet est seul à même de se livrer. Les observations que je vais communiquer sur cette famille, diffèrent sous plusieurs rapports de celles de mes prédécesseurs ; elles ont particulièrement pour but de simplifier la revue des espèces , dont j'ai coiisidérul)le- ment diminué le nombre. J'ai usé d'autant de circonspection que de rigueur dans ces recbercbes , qui m'ont été extrêmement facilitées par la belle suite de serpens de mer qui fait partie de Ja collection du Musée des Pays-Jîas, et qui est entièrement com- posée d'individus dans un état parfait de conservation, recueillis pour la plupart dans les derniers temps, par nos propres voya- geurs, et dont l'origine par conséquent est constatée d'une manière précise. On a subdivisé la famille des serpens de mer en plusieurs coupes génériques, soit suivant l'étendue des plaques garnis- sant la ligne médiane de l'abdomen, soit suivant l'absence ou la présence de lames de la tête, soit enfin suivant le défaut ou la présence des crocbets venimeux , ou même suivant des carac- tères accidentels ou fugitifs , empruntés des proportions prises dans les formes; ces prétendus genres, composés d'animaux très hétérogènes , sont même quelquefois distribués dans dif- férentes lamilles. L'inutilité d'un pareil démembrement sera évidente, lorsqu'on réfléchit, qu'aucun serpent de mer n'est innocent , et que le Chersydre , le seul de la famille dont la tête soit revêtue d'écaillés , appartient au Boas , et non pas aux serpens de mer; quant au caractère, basé sur l'étendue des plaques abdominales , nous en parlerons dans la suite. Toute- fois, quand on veut admettre plusieurs coupes, elles ne méritent guère d'être désignées sous un nom particulier , vu le nombre trop petit des espèces qu'elles contiennent. On sait que Linnaeus a diviséla grande tribu des ophidiens en plusieurs genres qui sont principalement caractérisés d'après la forme des lames abdominales; suivant ce principe , les serpens de mer se trouvent distribués dans ses coupes artificielles de 490 HYJDROPHIS. coLUBER et lI'anguis. Schneider (i) a réuni sous la déno- mination de H YDR u s plusieurs serpens de mer , puis Ta cro- c H o R D E , des TROPiDONOTEs, desHOMALOPsis etc. On doità Latreille (2) l'invention des genres platurus etHY- DRO PH I s; Daudiih (3) a créé celui de p el a mis. Lacépède (4) a décrit plusieurs serpens de mer comme constituant de nouvel- les coupes génériques : ce sont ses disteires, aipyiures et LE I o SEL A s M e s. Merrem (5) a compris certaines espèces de cette famille dans son genre eivhydris, dénomination inventée par Latreille pour désigner certains serpens d'eau douce. D'autres savans, qui ont également écrit sur cette partie de l'histoire naturelle, en conservant ces genres, y ont apporté des cliangemens plus ou moins considérables. En examinant les travaux de ces naturalistes , on s'apercevra combien peu ils s'accordent entre eux, tant pour l'énumération des espèces ran- gées dans ces genres imaginaires que pour les caractères qu'on leur a assignés : cette circonstance est , il me semble , une preuve évidente du peu d'exactitude qui règne dans cette partie de la science. Il résulte de plusieurs passages des autres classiques , que les serpens de mer étaient connus des anciens ; mais il paraît qu'ils ont souvent confondu ces animaux avec des poissons de forme effilée , et particulièrement avec les anguilles (6). C'est en grande partie d'après leurs données, que l'on avait constaté la présence des Hydrophis dans les golfes arabique et de Perse , ce qui se peut fort bien , quoique leurs observations aient encore besoin d'être confirmées par des recherches ultérieures. (O HUt. (iiuph. ] p. i\^. — (2) Bept. IF. p. 198 et p. 226. — (3) Rept. Vil p. 372. — (4) Ann. d. Mus. IV. p. 197. suiv. — (5) Tent. p. \l\(i. —(6) Schneider , Hlst.amph 1. p. 255, rapporte plusieurs pas- sages , lires des ouvrages des anciens et relatif aux serpens de mer ; mais il y est souvent parlé d'une manière si superficielle , que je me défie de ces observations , me bornant à citer Aeljeîc /. 16 c/^. 8 ; « la mer defr » luilcs produit (.les bydrrs à queue aplatie. >• HYDROPIUS. 491 Plusieurs naturalistes font même liabiter quelques espèces dans Je grand oréan atlantique, assertion queje puis contredire avec certitude. Les recherches que je vais communiquer, démon- treront qu'il faut borner actuellement la patrie des Hydrophis aux mers intertropicales ou voisines des tropiques, comprises entre le 90""^ et le 23o'"*^ degrés de longit. or. du méridien de Ferro. Les serpens de mer se trouvent souvent au milieu de Tocéan, à de grandes distances de la terre; mais il paraît que quelques uns préfèrent les côtes et principalement le voisinage de Tem- bouchure des grandes fleuves, où ils trouvent une nouiriture abondante dans les canaux qui entrecoupent les nombreux îlots , formés par le limon que charient les eaux , particulière- ment dans la saison des pluies. C'est des canaux dont les eaux baignent la multit\ide d'îlots nommés Sunderbunds par les Anglais , et qui forment le Delta du Gange, que Russel a reçu diverses espèces de serpens de mer; d'autres, dont ce voyageur fait mention, ont été pris sur plusieurs points de la cote deCoromandel, où la mer en jette quelquefois sur le rivage. Ràffles (i) parle de trois espèces de serpens marins , qui fréquentent les côtes de Sumatra. Nos voyageurs n'ont observé qu'une seule aux côtes de Tava ; mais ils ontsouventrencontré plusieurs autres dansia merdes Moluques, près de Timor, de Banda et sur les côtes de la Nouvelle Guinée: parages , où M. Lesson (2) en a également observés en quantité. Le docteur Sïra.uss nous a rapporté deux espèces de la mer de Célèbes. M. von Siebold nous en a recueillis dans \a mer de la Chine où ils abondent ; ce savant a vu ces ophidiens en grand nombre lors de son trajet de Java au Japon, depuis l'Equateur jus- qu'au ly" d. 1. bor. M. Bûrger nous en a depuis adressé plusieurs originaires des mêmes parages. Eschholtz (3) mande , que les (i) P/i/l. Trnns. XIll P il p. 33^. — (a) Voy. ch la Coquille. //• 1. p, 58 et 5(). — (3) Dans Kotz.f.hhk JS'cte Bfi.sr. Jnh. p. 32. 492 HYDUOPHIS. pêcheurs des îles Philippines prennent sou ventrAcrochordefascié dans la baie de Manille , et que cet animal ne peut se mou- voir à terre: il est clair que ce voyageur a eu en vue un Hydro- phis , attenrlu que* rArrochorde nhal»ite jamais la uier. Dam- piER (t) parle de ser'pens de mer, qifil a rencontrés à la côte occidentale rie la Nouvelle Hollande, près de la haie des Chiens- marins. Péron (2) en a rencontré en grand nomhre sur les mêmes lieux et sur les côtes de la terre d'Eendragt. Banks , d'après des communications faites à Vosmaer (3), a observé des serpens pélagiens dans la mer pacififjue , le long de la côte orientale de la Nouvelle Hollande, depuis 20 jusqu'à 10 degrés de latitude australe, dans la mer entre la Nouvelle Guinée et la partie se()tentrionale de la Nouvelle Hollande jusque dans la mer au sud de l'île Timor, enfin dans la mer de la Chine. On voit par une note communiquée par Forster à Schneider (4) , que le Pélamide abonde près de l'île O'Taïti , d'où il résuhe , que cette espèce est la plus répandue et la plus commune de toutes; d'autres au contraire paraissent être bornées entre des limites plus étroites. On trouve quelques renseignemens sur les mœurs des ser- pens de mer dans les ouvrages de Russel , de Péron et de Les- soN. Le premier savant a fait plusieurs expériences relatives à leur morsure , qui faisait périr des poules, qu(jiqu'il atteste que plusieurs espèces soient dépourvues de crochets venimeux. Leurs mouvemens, suivant cet auteur, sont très alertes et gra- cieux- ce sont d'habiles nageurs , mais ils ne savent point ram- pera terre ; retiiés delà mer, et transportés à terre ou dans les eaux douces, ils meurtnt bientôt. Rissel a trouvé, dans le ventre lie la femelle cl un Flydrophis , neuf petits parfaitement formés et dont chacun était reid'ermé dans un œid' distinct ; ce qui porte à croire que les serpens marins sont vivipares. Il (ij l'oy. IV. p. 107 et II 3. — (2) Voy.p. io5 et 129. — (3j iMonogr. p. 5 et 6. — (4) Hlst. Jmph. 1p. 24/1. — (5) Serp, IL p. 8. ÏIVDHOPIIIS. 49:j paraît que les Hydrophis ont des mœurs plus.doiu^ps que la plu[):irl (les serpens venimeux: Ki!ssi:r, (i) assure ce fait relati- vement à l'Hydrophis grêle , (ju'aucuue provocation ne pouvait exciler- à moidie un objet prc'senlé. Li:sso\ (2) n'a jamais pu réussir à leur faire mordre des poules qu il enfeiina rians une baignoire de cuivre avec une Pilamide vivante, expéiience qii cependant ne prouve nu lement ((ue ces ophidiens ne soient pas venimeux. Les observations intéressantes, que M. von Sikrot.d a bien voulu me communi(|uer , et qu il a été à même de faire sur plusieurs espèces de serpens pélagiens confirment que ces animaux sont d un naturel peu féroce. Ce savant voyageur a rencontré, lors de son voyage de Batavia au Japon , depuis 1 Equateur jusqu'au 27 degréde long. bor. , des serpens de mer particulièrement lorsqu'il faisait du calme; aussitôt on voyait paraître à la surface des eaux de ces ophidiens en quantité innombrable; ils appartenaient presque toujours à la petite espèce, si commune dans la plupart des mers des Indes, et qui est connue des naturalistes sous le nom de Pélamide. Leurs mouvemens étaient agiles et gracieux, mais ils nageaient avec peu de rapidité, et se glissaient pour ainsi dire parles eaux, élevant de temps à temps la tète au dessus des Ilots, peut- être pour respirei". Leur natation s'exécutait par secousses, produites et dirigées par des coups de queue, auxquels succédait un mouvement latéral etonrloyant des autres j)aities Pour s'en rendrcMnaitre,on flescendait dans unebar(jue,froù on les attrapait facilenjent avec le sceau ; jetés au fond du navire , les matelots les passaient par les mains, sans qu ils leurs fissent le moindre mal. Le professeur Rkinwardt , quia fré(juemment rencontré les serpens de mer lors de son voyage dans les Moluques^ coîifirmece queTd. von Siebold rapporte, relativement au carac- tère doux et tranquille de ces animaux. Ces observations sont en quelque sorte conti édites par celles de Lesson (3), qui (i) ib. I p. 49. — (2) Coq. II. 1. p. 58. — (3) ib. 494 HY13ROPHIS. s'exprime sur ce sujet clans les termes suivans: «Le l'j juillet, par » unejournée brûlante, nous fûmes pris de calme sur les côtes de w la Nouvelle Guinée. De nombreux serpens marins passèrent le î) long de la corvette, et une embarcation que lecapitaine fit mettre j) à la mer nous permit de les chasser. Nous atteignimes après de »lono"ues poursuites une Pélamide, dont l'agilité était extrême » et les mouvemens de natation des plus rapides. » Les recher- ches de Péron (i) sur les habitudes des Hydrophis , me parais-. sent en grande partie fondées sur des observations faites à dis- tance: du moins ce qu'il dit des teintes de ces animaux et de leur taille , qu'il fait monter jusqu'à 12 pieds, s'accorde peu avec les indications d'autres voyageurs. Nous empruntons à son ouvrage les détails curieux suivans : « Au milieu des légions )) innocentes et gracieuses de Salpes, de Doris, de Méduses , de 1) Beroë et de Porpites , se dessinaient en grand nombre de » dangereux reptiles qui, glissant légèrement à la surface des flots M paraissaient alors acharnés à la poursuite dun banc de petites )) dupées qui fuyaient précipitamment vers la haute mer. Leur «habitation n'est pas bornée aux rivages des mers,* nous en » avons observé plusieurs à la distance de trois à quatre cents » milles de toute terre; et ce qu'il y a de plus étonnant en cela, » c'est que nous n'en avons jamais pu voir aucun sur le conti- w nent ou sur les îles. En ouvrant l'estomac de plusieurs » animaux de ce genre , je l'ai trouvé plus particulièrement rem- » pli de petits poissons et de divers cruslacées pélagiens , mais M eux-mêmes à leur tour deviennent la proie des nombreux «squales, qui vivent dans ces mers; il m'est arrivé plusieurs » fois en effet , de rencontrer dans l'estomac de ces requins des » serpens de mer plus ou moins altérés par la digestion. J'avais » peine d'abord à concevoir comment des animaux aussi légers w pouvaient devenir la proie de ces grands squales , dont tous >» les mouvemenssontsi lourds et si stupides , mais en observant ( 1 ) Voy\ p. 1 o5 et ri(). IIVDROPIIIS. 495 » par la suite un plus grand nombre de ces reptiles, je crus » trouver dans une de leurs habitudes la cause réelle de cette » espèce de phénomène. Souvent on voit de ces serper.s endor- » mis et Hottans à la surface des eaux; leur sommeil est alors » si profond, que notre uavire passant quelquefois tout près «d'eux, ils n'étaient réveillés ni parle bruit de son sillage, » ni par la force des remous , ni par les cris habiluels des » matelots. C'est sans doute dans cet état de létliargie , que » les lourds requins parviennent à les saisir; du moins il me >» send)le impossil)le de le concevoir autrement. Quant à la «cause même de ce sommeil, peut être dépend-t-elle, comme » dans plusieurs autres reptiles terrestres, de l'espèce de » stupeur que, dans les animaux de cette famille , la diges- » tion entraîne souvent avec elle. Ces reptiles nagent et «plongent avec une égale facilité: souvent à l'instant même » où nous croyons pouvoir les saisir avec nos filets, ils "disparaissaient à nos yeux; et, s'enfonçant à de grandes «profondeurs sous les flots, ils restaient une demi-heure «et plus sans remonter à leur surface, ou ne paraissaient « qu'à de très grandes distances du point où nous les avions « vus plonger. « La taille des Hydrophis est diverse suivant les espèces , dont il y en a qui ne surpassent guère deux pieds et demi, tandis que d'autres parviennent jusquà cinq pieds de longueur totale. On n'a pu parvenir à distinguer les sexes à l'extérieur. Les petits, outre les différences dans les dimensions , s'éloignent des adultes par des teintes plus vives et par un dessin plus distinct. Il paraît que les couleurs des Hydrophis sont moins sujettes à varier que celles de plusieurs autres ophidiens. La plupart offrent une teinte du fond jaune, tirant tantôt sur le vert, tantôt sur le bleu ou sur le blanc: cette teinte est le plus souvent relevée par de nombreux anneaux noirâtres, ou par de (i) Aucun de nos voyageurs n'a observé ce phénomène. 496 HYDROPHIS. larges taches en lozange, disposées transversalement et régnant le long' du dos. L'ensend)le de l'organisation des serpens de mer annonce que ces reptiles sont uniquement destinés à vivre dans les eaux et que leurs organes de locomotion ne sont nullement faits pour exécuter des mouvemens à terre. Leur tronc, afin de fendre p'us lacilement les flots, est aminci vers les deux bouts et excessivement comprimé particulièrement vers la queue, très-étroit vers l'abdomen , qui est le plus souvent prolongé en une carène plus ou moins tranchante: conformation abso- lument semblable à la construction du dessous des navires. Leur queue courte, agent principal et puissant de la locomo- tion, est tellement comprimée, qu'elle n'offre que peu de lar- sreur relativement à sa hauteur extraordinaire : ce mend3re , par cette organisation particulière, par sa forme lancéolée , par sa position verticale, par la flexibilité illimitée dans le sens latéral , exerce à la fois les doubles fonctions de rame et de gouvernail. Leur petite tête plus ou moins alongée, conique vers le bout du museau , et presque toujours d'une venue avec le tronc, dont la partie antérieure est grêle, est propre, en vertu de cette conformation, à surmonter avec facilité la résistance qu' offient les eaux. La position latérale des yeux, diri- gés un peu vers le ciel et en avant , permet aux serpens de mer de regarder presque en tout sens, afin de décou- vrir leur proie ou d'éviter les dangers nombreux , dont les habiians de l'élément sans bornes sont sans cesse menacés. Pour effectuer la respiration sans que le serpent ait besoin d'exposer quelque partie du corps hors de leau , les narines se trouvent rapprochées sur le sonnnet du museau ; un moment suffit pour cet acte, le reptile replonge dans les profondeurs de la mer dont les eaux ne peuvent entrer, ni par les narines qui sont bouchées par une valve charnue, ni par l'ouverture de la bouche, qui est fermée par le bord rentrant des lèvres, dont les échan- crures correspondent exactement avec les proéminences de la IIYDUOPIIJS. 497 lèvre oppost^v On voit par cotte description qu'une organisation analogue est propre à plusieurs autres serpens cVeau douce, mais que les serpens de nier méritent par excellence l'ëpitlièle d'aquatiques. Leur corps est toujours revêtu d'écail les, tantôt lisses , tantôt surmontées d'un petit tubercule tenant lieu de carène, tantôt en lozange et imbriquées, tantôt en hexagone et disposées en pavé ; à l'exception de celles de Th Y DR o p H. colubrin, toutes sont munies d'une tunique assez mince et facile à déta- cher au lieu d'un épidémie dur et corné; leur nombre enfin et leur étendue varient extrêmement selon les espèces ; mais elles sont presque sur toutes les parties d'égale grosseur. La conformation des tubercules, dont les écailles de plu- sieurs espèces sont relevées, varie souvent d'un individu à l'autre. Quelques uns en offrent de si peu prononcés que leur présence devient douteuse, notamment lorsque la peau est distendue ou dépouillée de son épidémie; chez d'autres, ils prennent la forme de carènes extrêmement prononcées ; leur forme ordinaire est telle que nous l'avons représentée dans nos figures. Les lames écailleuses qui garnissent la ligne médiane de l'abdomen ne se distinguent le plus souvent en rien du reste des écailles ; d'autres espèces en offrent dont l'étendue excède un peu celle des écailles voisines; mais l'abdomen de I'h ydro- pHis colubrin est revêtu de lames assez considérables: ces plaques abdominales sont tantôt lisses , tantôt munies d'une protubérance, tantôt de deux. Deux espèces n'offrent point du tout de ces plaques, vu que la ligne médiane de^l'abdomen se trouve précisément le long de la suture des deux rangées lon- gitudinales des écailles voisines du ventre. Les écailles qui bordent lestranchans de la queue, ne diffèrent guère du reste , et font que le pourtour de ce membre est quelquefois comme festonné, attendu que leurs sutures se touchent précisément sur le tranchant de la queue. La tête, à l'instar de celle des Couleuvres , est constamment revêtue de grandes lames, dont 32 498 HYDROPHIS. la disposition cependant est disparate sous plusieurs rapports. Celles du sommet varient, suivant les espèces, à l'égard de leur étentlue et de leur forme ; leur nombre e^t augmenté chez Th Y D R. co L u BR I N d'uue dixième plaque impaire , enchâssée entre les frontales: cette espèce est la seule du genre , dont les narines latérales percent une plaque particulière située aux côtés du museau; chez toutes les autres les narines se trouvent au bord postérieur ou extérieur de la première paire des fron- tales qu'elles divisent quelquefois en deux , 'et qui remplacent en même temps les nasales. On n'observe de frênaies que chez les pÉi. ÂMiDES. L'œil est toujours bordé antérieurement d'une plaque unique , mais on en voit quelquefois deux der rière cet organe. Les labiales, dont il existe souvent une double série , varient d'étendue et de forme ; il en est de même des temporales, qui se distinguent par fois à peine des écail- les du cou. Les mentales manquent totalement, ou ne sont que très imparfaitement développées. La rostrale offre des formes diverses selon les espèces ; elle est quelquefois très petite et pourvue en dessous d'échancrures, qui répondent à de petites proéminences de la plaque terminale de la lèvre infé- rieure. Les narines sont plus ou moins ouvertes selon les espèces; les yeux offrent très peu de volume et toujours une pupille ronde. La bouche n'est pas très fendue ; l'ouverture est tantôt droite, tantôt légèrement courbée, ce qui provient en grande partie de ce que le museau est souvent courbé en bas, tandis que les angles de la bouche montent dans le sens vertical. Le cran e des serpens de mer offre plusieurs rapports avec celui des serpens venimeux colubriformes. Il est le plus souvent de forme assez étroite et alongée; les os qui le composent sont minces et leurs apophyses peu développées ; les mastoï- diens et les caisses sont assez courts; le frontal antérieur est presque perpendiculaire et le maxillaire assez long pour offrir, outre les crochets, un point d'attache à plusieurs petites dents IIYDROPIIIS. 499 solides : de là, que les serpens de mer, ne peuvent ériger leurs crochets aussi consldérableineut que les autres serpens veni- meux et qu'en mordant, ils tiennent en même temps leur proie entre les mâchoires. Les crochets , comme ceux de la famille précédente , offrent constamment , à leur face antérieure , un sillon, qui réunit les deux orifices destinés à la sortie du venin; ils sont encore moins développés que ceux des serpens venimeux colubriformes , et voilà peut-être la raison principale, pour laquelle plusieurs auteurs ont nié Texistence de ces armes dangereuses chez les serpens de mer. Les autres dents sont excessivement délicates et nombreuses ; l'os dentaire de la mâchoire inférieure, assez long, en est armé dans toute son étendue. Les Hydrophis ont la glande venimeuse beaucoup moins développée que les Elaps et les Najas ou les Bongares; les salivaires bordent les mâchoires dans toute leur lonoueur. Le squelette des serpens pélagiques présente plusieurs détails assez curieux. Conmie le ventre de ces animaux est extrêmement étroit et tranchant , il s'ensuit que les côtes se touchent presque par leur extrémité sternale , et que ces organes ne sont que légèrement courbés pour descendre vers l'abdomen en entourant le corps dans toute sa circonférence. Les apo- physes épineuses des vertèbres du tronc offrent peu d'étendue: les inférieures particulièrement, à l'exception de celles du cou, sont assez petites. Mais ces apophyses acquièrent, sur la queue, un développement considérable : destinées à supporter ce membre, qui est aplati dans le sens vertical , elles prennent la forme de longues épines dont on observe, en dessous, une dou- ble série, et qui se réunissent cependant vers le bout de la queue. Quant à l'anatomie des parties molles, les Hydrophis s'éloignent de la plupart des autres ophidiens. Leur poumon, remplissant à la fois les fonctions d'organe de la respiration et de vessie natatoire, se présente sous forme d'un canal continu, qui s'étend jusque vers l'anus: étroit dans la plus grande partie de sa longueur, et pourvu de cellules, il est renflé dans d'autres 500 HYDROPHIS SCIIISTOSA. endroits , ou quelquefois élargi pour former un véritable sac aérifère. N'ayant disséqué que deux espèces de ce genre , dont chacune m'a offert une disposition particulière du poumon , je suppose que cet organe varie d'une espèce à l'autre. Le canal alimentaire est tantôt long et étroit, tantôt ramassé. Les intestins grêles présentent beaucoup d'inflexions plus ou moins pro- fondes: ils descendent ensuite presque en ligne droite et passent dans l'intestin ^ros, qui s'élargit brusquement en un canal spacieux. 1 Esp. VHYDR. ARDOISE. H. SCHISTOSA. PI. XVIII fig. I , a et 3. Les quatre espèces de serpens de mer que je place à !a tête du genre, repondent à-peu-près aux Hydres ou Hydropbis des auteurs : elles conviennent toutes entre elles, en ce qu'elles ont des formes assez effilées, des narines parfaitement verticales et perçant la première paire des plaques frontales, des écailles en rbombe et surmontées d'un petit tubercule , un abdomen assez étroit et garni d'une rangée de plaques à peine plus con- sidérables que les écailles du tronc, mais qui sont munies de deux tubercules. Toutes ces espèces offrent des anneaux ou des bandes transversales plus ou moins foncées sur un fond jaunâ- tre, tirant tantôt sur le gris, tajitôt sur le vert ou sur le bleu. Ce sont mes ii ydpx orn is pr o p r e m e n t dits. L'espèce dont je commence la série, est une des plus remar- quables parla conformation particulière de sa tête. Cette partie est à peine distincte du cou, et assez conique. Le museau offre la même forme; il va extrêmement en pointe vers le bout qui est terminé par une plaque très étroite : cette plaque est pro- longée eu dessous en une proéminence, qui répond à une IIYDUOIMIIS SCIIISTOSA* 501 forte échancrure de Ja plaque terminale de la mâchoire infé- rieure. Le bord des lèvres est plus rentrant que dans les autres espèces; les six premières plaques, qui garnissent de chaque côte la lèvre inférieure , sont très étroites , effilées et suivies de plusieurs autres lames écailleuses, à peine distinctes des écailles, dont tout le dessous de la tcte est revêtu. Les plaques de la lèvre supérieure varient par rapport à leur forme ; la deuxième , la quatrième et la sixième sont très larges ; plusieurs plaques temporales succèdent à la dernière, et l'on voit plusieurs pe- tites plaques surnuméraires au bord de la lèvre, vers l'angle de la bouche. L'œil est terminé en avant et en arrière par une petite plaque; les surciliaires sont peu larges; les frontales antérieures, percées par les narines, forment un triangle alongé; la seconde paire des frontales est petite et oblique; la verticale se distin- gue tant par son peu d'étendue que par sa forme lancéolée; les occipitales sont entourées de plusieurs plaques à peine plus considérables que les éca ill es du tronc , qui sont de forme rhomboïdale ou sublancéolée, acuminées, toutes surmontées d'un tubercule assez prononcé, et disposées sur 47 »ï 53 rangées. L'abdomen est saillant en forme de carène, et garni de plaques à peine plus grandes que le reste des écailles; elles sont souvent irrégulières et divisées , mais toujours surmontées de deux tubercules. La queue est assez lancéolée et moins large que dans les autres espèces. Cet Hydrophis a des formes assez robustes et ])arvient h ime tailleconsidérable: un individu de notre collection, dont le tronc offre un diamètre de 0,06, est long de 0,74 "*" 0,12. Un autre individu plus jeune mesure o,53 + 0,07. Le tronc est très com- primé et le dos assez en carène. Voici lenondirc des plaques des trois individus qui font partie du Musée des Pays-Bas : 294 + 46; 3o2 + 54; 3i4H-46. Le dessus de cet Hydrophis est marqué de hu"ges bandes trans- versales et brunâtres, disposées sur un fond ])his clair, d'un gris olivâtre ou ardoisé qui passe sur les flancs au jramàtre, teinte 502 HYDROPHÏS STRIATA. qui occupe uniformément toutes les parties inférieures. Le dessin peu distinct de cette espèce s'efface avec 1 âge , en sorte que les adultes offrent un système de coloration assez uniforme. Cet Hydrophis provient des côtes des grandes Indes. On en voit dans les galeries du Musée de Paris une très belle suite d'individus, recueillis par M. M. Dussumier, Bélanger et LamarePiquot sur les côtes de Pondicliéry , de Malabar, de Coromandel et de Bengale. Nous devons un de nos sujets à M. le professeur J. van der Hoeven. Russel (i) a donné la figure d'un individu adulte, pris près de Tranquebar ; celle d'un sujet d'âge moyen se trouve dans le même auteur, PL lo: ces deux portraits ont servi de type à I'hïdrus valakadyen de BoiE, et à lu Y DRO PHI s s CHiST o sus de Daudin (2). C'est probablement ici qu'il faut rapporter le disteira do liât a de Lacépède (3). L'effet fatal des armes venimeuses de cette espèce a été prouvé par les expériences faites par Russel. 2 Esp. V HYDROPHIS STRIÉ. H. STRIATA. (4) PI. XVIII fîg. 4 et 5. Les trois espèces d'Hydrophis qui vont maintenant suivre, se ressemblent tellement qu'il faut un examen assez rigou- reux pour bien les distinguer les unes des autres. Les don- nées des naturalistes sont presque toutes insuffisantes pour gui- der dans ce labyrinthe; en analysant leurs travaux , on s'aper- çoit que les espèces n'ont jamais été comparées entre elles, et que l'on a par conséquent répété, dans les descriptions (1) roi. H PL II.— (2) Rept. VII p. 386. — (3) Jnn. d. Mus. voh IV p. 199. PL ^'1 fi^^ •!. — (4) Fauna japon. Ophid. PL 7. IIVDROPIIIS STIilATA. 50;> de chacune d'elles, des caractères communs à toutes. J'ai examiné minutieusement ces descriptions, et je les ai com- paré entre elles, soit pour les rap[)orter à leur type, soit pour assij^ner des caractères aux espèces qui pourraient être nouvelles; mais mes recherches ont été intructeuses. Je vais citerj des exemples : il est évident que les n y n r u s c o i;- RULESCENS ct cuRTUS de SiiAw (i) appartiennent à une des quatre espèces d'Hydrophis proprement dits , mais il est impossible de constater précisément à laquelle. La figure de V0S31A.ER représente également un Hydrophis proprement dit; que je n'ose décider lei|uel. L'h y d r u s f a.s c i ath s de Schneider et de Shaw est un mélange de plusieurs Hydrophis voisins. Il se trouve même parmi les figures de Russel quel- ques unes, que je ne saurais classer: telles sorjt le kadell- NAGAM, PL i3, qui représente peut-être I'uydrophis ARDOISÉ; ensuite ses hootur-sun et k a lla-sho otur, types des hydrophis c h l o r i s et o b s c u n u s de Dau- DiN, figures dont l'une est faite sur le vivant, l'autre d'après un individu conservé dans la liqueur : elles représentent évidem- ment la même esièce, peut-être I'hydrophis gracilis. J'omets enfin Ta n guis LATicAUDAde Linné et plusieurs autres, trop vaguement indiquées pour mériter que l'on en fasse mention. J'ai donc cru préférable de refaire Ihistoire des serpens de mer , et de doniier des figures et des descriptions exactes des espèces, afin de mettre les naturalistes à même de fonder leurs observations sur une base solide. L'espèce qui doit nous occuper dans cet article, est selon toutes les apparences identique avec le l e i o s e l a s m a stria- TA de Lacépède (2). Elle atteint jusqu'à cinq pieds de longueur totale. Nous possédons au Musée trois individus de cet Hydro- phis: l'un de 0,87 ~+- 0;io offre 346 + 4^ plaques et 29 (a) 6>/i. Zool. III P. U p. 56i et 562. — (2) Àrn. d. Mus. If p. 199 PL 56 fif^. r. 504 HYDROPHIS STRIATA. rangées d'écailles; l'autre offre exactement le même nombre de plaques , mais on lui compte 3i rangées d'écaillés et il mesure 1 ,3o + O; 1 3 ; le troisième est de i ,o4 H- o, 1 1 , mais on ne voit que 27 rangées d'écailles et 34^ -+-52 plaques : le premier sujet a été recueilli par le professeur Reiînwàrdt près de l'île de Timor; le second est dû aux recherches de M. von Siebold , qui en a rencontré plusieurs dans les parages voisins des îles Lioukiou par le 27™® degré de latitude boréale; le dernier provient du voyage Je M. Bûrger , qui l'a pris dans la même mer, lors de son trajet de Java au Japon. Plusieurs autres in- dividus conservés au Musée de Paris ont été rapportés du Ben- gale par MM. Dussumier etLeschenault , et nous venons de rece- voir un individu recueilli près de Padang à Sumatra. CetHydrophis a les formes plus élancées que le précédent; le tronc est un peu plus gros vers le milieu, et un peu comprimé, mais parfaitement cylindrique vers les parties antérieures. Les écailles sont en rhombe, et surmontées d'un proéminence plus ou moins prononcée : dans un de nos sujets, ces proéminences sont même converties en carènes fort saillantes. On voit à l'abdomen une rangée de petites plaques, un peu plus grandes que les écailles du tronc, mais munies de deux tubercules, sou- vent assez indistincts. La tête de cet Hydrophis est d'une venue avec le tronc, peu volumineuse, presque d'égale grosseur, et allant un peu en pente vers le museau qui est arrondi, très peu conique, et terminé par une plaque voûtée, en pentagone et pourvue à son bord inférieur de deux écliancrures. Les yeux, moins verticaux que dans la précédente, sont garnis par der- rière de deux plaques , mai il n'en existe qu'une seule en avant de cet organe. On voit trois paires de mentales assez larges, pré- cédées des cinq paires antérieures de la mâchoire inférieure, qui sont assez grandes; le bord de la lèvre inférieure est garni en outre d'une rangée de petites écailles triangulaires ; les temporales , au nombre de trois ou quatre de chaque coté , sont rangées le long des bords latéraux des occipitales. Le reste HYDROPHIS XIGROCINCTA. 505 des plaques de la tête est a-peu-près comme dans l'espèce pré- cédente, mais celles de l'IIydropliis strié diffèrent par les points suivans : les plaques , percées par les narines , sont moins alon- gées et plus larges en avant; la paire suivante des frontales est plus considérable et disposée moins obliquement; la verticale est plus grande et à-peu-près en pentagone ; les occipitales sont moins pointues ; enfin , on observe à l'angle de la bouche trois petites plaqxies qui bordent la dernière labiale. Le bord des lèvres de cette espèce est moins rentrant que celui de la précédente. Les plaques dans les différens individus sont sujettes à de légères variétés de forme; celles de l'abdomen sont quelquefois divisées en deux. Cet Hydrophis a toutes les parties d'un jaune vérdâtre assez clair , passant au jaune sur le dessous ; cette couleur est relevée par un grand nombre de larges bandes ou taches en rhombe disposées transversalement, du» brun noirâtre, quelquefois assez effacées, se perdant tantôt sur les flancs, ou entourant le corps en manière d'anneaux. Le dessus de la tête est varié de brunâtre. Une jolie variété de notre collection a le dessus d'un noir assez prononcé. 3 Esp. V HYDROPHIS A ANNEAUX NOHIS. HYDROPHIS ]\IGROCINCTA. PI. XVIII fîg. 6, 7 et 8, l'adulte ; fig. 9 et 10 le jeune. Les trois individus (i) de cette espèce, conservés au Musée des Pays-Bas , sont originaires du Cabinet de Brugmans et de celui de l'université d'L'trecht; j'ai lieu de croire qu'ils sont par- venus dans ces collections de nos anciennes possessions aux grandes Indes. Comme Russel et Bélanger ont rapporté les leurs des bouches du Gange, et comme nos voyageurs n'en ont (i) J'en ai vu deux autres dans la collection deM. Klinkenbera à LlieclU. 506 HYDROPHIS IVIGROCIXCTA. pas rencontré dans le grand Archipel des Indes, on jjeut sup- poser que cette espèce est propre au Golfe de Bengale. Elle est-très voisine de la précédente, de laquelle elle se dislingue par un tronc plus comprimé et revêtu d écailles à tubercule peu prononcé; par un abdomen garni de plaques un peu plus larges; par une queue moins longue , noire vers le bout, et de forme plus lancéolée; par un museau plus conique et extrêmement en pente; par la présence d'une seule plaque oculaire postérieure ; par des yeux plus petits; par la forme et l'étendue des plaques labiales, dont on ne compte que six à la lèvre supérieure; par la largeur de la sixième plaque labiale qui est suivie de trois plaques exiguës ; par le manque d'une rangée de petites plaques au bord de la lèvre inférieure, dont on ne voit qu'une seule au dessous de l'œil; enfin par le nombre des plaques abdominales et par la disposition des teintes. i"^ Individu: 1,24 -+- ^^,09 ; 3i4+ 4^ 5 3i rangées d'écaillés. — 2'^ Ind.: 0,39 H- o,o4; 302+ 4^5 ^7 rang- d'éc. — 3^Ind. : 0,39 H- O5O4; 298 -4- 58 ; 29 rang. d'éc. Les jeunes (i) ont le dessus d'un vert olivâtre qui passe au jaune sur les flancs. De nombreux anneaux distincts, d'un noir prononcé, plus étroits sur les côtés du corps, entourent celui-ci; on voit quelquefois des taches ovales de la même couleur sur le dos. L'occipul est marqué d'une large tache noire et alongée, à travers laquelle la teinte du fond s'entrevoit sous la forme de trois taches rondes: ce trait se passe avec làge; les adultes (2^, (i) K E E R I L-p A T T E E. RussEL 11 Pi. 6: sur Cette figure repose I'h ydroph. NiGRociNCTUS de Daudin , vol. T 11 p. 38o et I'hydrus spiralis Shaw. Gen. Zool. Tll P. II p. b(it\. PL laS; POLYODONTES ANNUT-ATUS LeSSON tlanS BEL. P'oy. Zool. Atlas PI. [\', HYDROPHIS M E L A N U R U s WaGL. Jinpll. PI. ?t. {l) C H I T T u L , RuSSEL // PI. 9 ; HYDROPHIS C Y A N O C 1 N C- T U S Daudin Rept. Fil p. 383 ; le genre e n h y d r i s de Wagler Syst. p. t66 , est forgé pour cette espèce nominale; L'oie a fait de Tadulte son hydrusbrugmansii. IIYDROPIIIS GRACILIS. 507 offrent aussi des teintes plus pales etdes anneaux assez étroits. Les teintes perdent beaucoup de leur éclat après la mort. 4 Esp. UUYDROPUIS GRÊLE. IL GRACILIS. PI. XVIII fig. II et ï 2. Des formes délicates et aj^^réables, les proportions extrême- ment minces des parties antérieures , par rapport à celles du corps, une tête assez petite, les teintes foncées de ces parties, et plusieurs autres traits moins marquans rendent cette espèce une des plus jolies et des plus remarquables du genre. Il paraît qu'elle n'atteint pas une aussi forte taille que les précédentes ; j'ai vu cependant , dans la collection de M. Klin- kenberg à Utrecht, deux sujets longs d'un mètre et plus. Des trois individus de notre collection , l'un mesure o, Sy + o,o4 ; l'autre o,j2 + o,o6; le troisième enfin est de 0,60 + o,o5. Ils offrent le nombre suivant de plaques 344 + ^^ 5 ^^^^ -H ^^ ; 366 -+- 4B ; on leur compte l'j rangées d'écaillés en rhondje ou un peu lancéolées, munies d'une proéminence peu prononcée, maison observe deux carènes sur les plaques de l'abdomen qui , sont souvent marqués d'une tache noire. La couleur du fond est d'un blanc jaunâtre, relevé par de nombreuses et larges taches noires, en lozange et disposées transversalement: ces taches s'étendent sur les flancs en i^uise de bandes, ou elles entourent môme le tronc en formant des anneaux complets; elles devien- nent plus larges à mesure qu'elles se rapprochent du cou, où elles se confondent pour former, sur les parties antérieures, la teinte principale , de sorte que celle du fond ne se voit que sur le dessus du cou, et sous la forme de bandes. La tête est totale- ment noire , parfaitement d'une venue avec le cou , assez petite , déprimée , en pente et revêtue de plaques, semblables à-peu- près à celles de l'Hydrophis à anneaux noirs. Les occipitales 508 HYDROPHIS PELAMIS. sont accompagnées de chaque côté de deux larges plaques, dont l'inférieure tient en même temps lieu delà sixième plaque labiale. La queue est moins comprimée que dans les autres espèces. C'est le T A T T A-p A M de Russel 1 PL 44 > ^*^ 1^ ^^te près de Vizagapatam ; Daudin (i) a basé sur cette ligure son an guis MAMMiLARjs; Shaw l'a citée à propos de son Hydrus fas- ciatus, quoiqu'il décrit aussi l'espèce dont nous traitons, sous le nom d'n y drus gracilis (2). C'est aussi Ta n g u i s xiPHURA Herrm. du Musée de Strafsbourg et le ri ic r o ce- PHALus GRAciLisde Lesson (3). Elle se rencontre en abondance sur les côtes des oriandes Indes. MM. Bélanger , Dussumier et Reynaud en ont rapporté des sujets de Pondichery , de Coromandel, de Malabar et de Bengale. Un de ces sujets a servi de type à l'Hydrus fasciatus , figuré par GuÉRiN Iconogr. Rept. PL ^5 fig. i. Nos voyageurs ont observé cette espèce près de Padang à Sumatra. 5 Esp. VHYDROPH, PÉLAMIDE. H. PELAMIS (4). PI. XVIlIfig. i3,i4 ei i5. Commune dans tous les parages fréquentés par les serpens de mer, cette espèce a été souvent apportée en Europe et on en trouve les dépouilles dans la plupart des Musées. Ses formes ramassées, son museau alongé, les petites écailles hexagones et disposées en pavé dont tout le corps est imifor- mément revêtu, enfin plusieurs autres traits caractérisent cet (i) Rept, VU /?. 5/(0 ; T Y p H 1- o p s Merr. p. 1 58- — {i) Gen. ZooU 111 P. II p. 55o. -- (3) Bélanger Foy, Rept, PL 3. — (4 Oken , Naturgesch. voL 111 P. II p. 2179. HYDROPHIS PELAMIS. 509 Hydrophis de manière qu'on l'a même élevé au rang des genres. Il s'éloigne des espèces précédentes pour se rapprocher de la suivante, qui offre également des formes trapues, des écailles hexaf>^ones et en pavé, mais dont le museau est beaucoup plus court. Un caractère particulier et propre à ces deux espèces est que la ligne médiane de l abdomen se trouve sur une suture , formée par les dernières rangées d'écaillés, de sorte que ces ser- pens manquent, à proprement parler , de plaques abdominales. L'Hydrophis Pélamide est l'espèce la plus répandue du genre. RussEL (i) a figuré un sujet pris sur la côte de Coromandel. M. Bélanger en a rapporté des côtes de Pondicliery , où il se nourrit suivant lui de poissons. M. Dussumier a recueilli plu- sieurs sujets à la côte de Malabar et à l'embouchure du Gange. Feu VAN Raaltex nous a fait parvenir un individu, pris à la côte occidentale de Java. Le professeur Reinw^ardt en a recueil- lis dans la mer de Java près de Samarang. M. von Siebold en a rencontrés en quantité lors de son trajet de Java au Japon, depuis réquateur jusqu'au 27"^^ degré de latitude boréale; un individu rapporté par ce voyageur avait été capturé près de la côte occidentale de Bornéo. Lesson (2) a observé de nombreux bancs de cette espèce à la côte de la Nouvelle Guinée et dans la mer des Moluques. Le Musée de Paris en doit aux soins de M. M. Quoy et Gaimard , qui ont pris plusieurs sujets près de Menado à Célèbes , et près de Port Jackson. Forster (3) enfin l'a trouvée jusque dans l'Archipel des îles de la Société , où les habitans d'0-Taïti se nourrissent de sa chair. On voit la figure d'un jeune sujet dans Sera // 77. 2. C'est I'anguis PL a tura de Linné/7. 39i(h ydrophis platura Latr. 7/^ /?. 197); I'h y drus b i co lor Schneider //?. 242 , et le PELAMIS Bi col OR Daudin i^o/. /^/7/;. 366. ( 1 ) Ind. Serp. vol. L PL k^ P- 4? ; «alla w a h l a g i l e e p a m. (2) Coquille 7.ool. 1, 2. p. 58 suiv. — (3) Schnkidkr , Hist. Aniph, /. p, 245- 510 HYDROPHIS PELAMIS. Nous avons rassemblé dans les généralités du genre tout ce qui est connu des habitudes de ce serpent. Il atteint jusqu'à 0,53 -h «",07; d'autres individus mesurent, 0,4^ + 0,08. Le tronc est uniformément revêtu de très petites écailles hexagones , disposées en pavé et à surface unie; elles deviennent un peu plus larges à mesure qu'elles se rapprochent de la suture médiane du ventre, qui est un peu en carène : on en compte environ 35o rangées de transversales et 47 rangées de longitudinales ; celles de la queue sont moins régulières que le reste, carrées ou en lozange , et disposées environ sur 60 rangées longitudinales. Le tronc de cet Hydrophis est beaucoup plus ramassé que celui des espèces précédentes, et assez gros relativement à sa longueur: cylindrique à sa partie antérieure, il devient de plus en plus comprimé vers la queue, où il diminue au con- traire en hauteur; ce dernier membre est de forme lancéolée et plus large vers le bout qu'à la base. La tête est à peine dis- tincte du cou, rentléeà focciput, extrêmement effilée et conique; le museau au contraire, presque d'égale grosseur et alongé, offre un sommet en pente et arrondi au bout. Les narines, orbi- culaires et très rapprochées, percent la première paire des plaques frontales, qui ne sont pas séparées en deux, comme dans les Hydrophis précédents; la seconde paire des frontales est disposée obliquement; la plaque verticale est en hexagone et large; les surciliaires et les occipitales ont également une éten- due assez considérable: ces dernières sont accompagnées laté- ralement de 3 ou 4 plaques, au dessous desquelles se trouvent plusieurs rangées de temporales; les plaques suivantes dimi- nuent en étendue et se confondent insensiblement avec les écailles du cou. On voit de chaque côté de la lèvre supérieure, dix pla- ques, dont les sept dernières sont petites et de forme assez diverse. Une plaque alongée se trouve au dessous de Toeil, deux derrière, et une en avant de cet organe. Il existe aussi une frê- naie. Les cinq premières plaques de la lèvre inférieure sont plus larges que le reste; la quatrième est divisée en plusieurs petites IIYDROPIIIS PELAMÏS. 511 plaques. On observe un grand nombre de plaques, de forme irréo-ulière et alongée sous le menton; la gueule est assez spa- cieuse , avec son bord superleur un peu concave et montant fortement vers l'angle de la boucbe. Les yeux sont latéraux et plus volumineux que dans les autres Ilydrophis. Les deux teintes principales de cette espèce, le jaunâtre et le noir ,dont la dernière occupe le dessus , sont tranchées sur les flancs; ces couleurs se séparent sur la queue pour former des bandes ou des taches transversales noires sur un fond jaune. Un individu recueilli à la côte occidentale de Bornéo, a toutes les parties ornées de larges taches et bandes transversales alter- nes , irrégulières et noires sur un fond jaune : cette jolie variété , due aux recherches de M. von Siebold, est figurée dans la Faune chi Japon : Ophidiens PL 8. Les petits ont les teintes si claires qu on les dirait , au premier abord , dun brun jaunâtre uniforme : un sujet de cet âge fait partie de la collection de M. Klinken- berof à tltrecht. Le crâne dece Hydrophis est alongé , conique et à sommet large et plane. Les naseaux se prolongent en une pointe effilée pour recevoir rintermaxillaire,qui est très déprimé et en croissant. Les maxillaires sont beaucoup plus alongés que dans les autres serpens venimeux et portent une rangée de petites écailles qui sont très peu développées. La mâchoire inférieure est munie dans la moitié de sa longueur de dents de semblable longueur. Les glandes de la tête ont été figurées par Duvernoy : Jnn. d. se, nat. XXVI PI. 9 flg. I. Les côtes sont extrêmement développées chez cet flydrophis, qui offre un canal intestinal plus long que les espèces. Le poumon est d'une configuration toute particulière : la trachée, sensible seulement sous la gorge , s'élargit aussi- tôt, etforme, dans tout le reste deson étendue, un canalrenflé, à-peu-près comme on l'observe dans plusieurs gallinacées, mais dont les parois sont minces, transparentes et présentant un tissu réticulaireà mailles peu serrées; cet organe se rétrécit brusque- ment vers le cœur, où commence le véritable poumon qui 512 HYDROPHIS PELAMIDOIDES. descend en canal étroit; se rétrécissant à son tour vers la région du pylore, il s'élargit ensuite petit-à-petit pour former un sac aérifère alongé, spacieux, à parois minces, qui présente à sa partie inférieure un étranglement profond, et dont l'extrémité, logée entre les uréthères , se prolonge jusqu'à l'anus. 6 Esp. V HYDROPHIS PELAMIDOIDE. HYDROPHIS PELAMIDOIDES. PI. XVlIIfig. T 6 et 17. Les écailles dont le tronc de cette espèce est revêtu , sont en hexagone et disposées en pavé comme chez la précédente; mais elles sont beaucoup plus larges et toutes surmontées d'un petit tu- bercule: aussi n'en compte-t-onque 25à27rangées longitudinales et i34 ou i38 de transversales. Celles delà queuesont déforme assez irrégulière , tantôt en carré tantôt en lozange: il n'en existe sur ce membre que ^5 à 3o rangées transversales. Une rangée d'écaillés assez petites, est enchâssée , sur la suture de l'ab- domen , entre les deux rangées d'écaillés voisines. Cet Hydro- phis a le port du précédent, mais ses formes sont plus robustes, son tronc est plus haut et plus comprimé, la tête est beaucoup plus ramassée et plus grosse , l'abdomen enfin et le dos sont prolongées en une carène assez saillante. Les neuf plaques du sommet de la tête ont des formes plus régulières que celles de l'espèce précédente: la verticale est plus petite, les occipitales moins alongées, les frontales postérieures plus larges et moins obliques. Les narines sont plus ouvertes et moins rapprochées que chez l'Hydrophis pélamide, des et chacune plaques qu'elles percent, est divisée en deux. La rostrale est un peu voûtée, et pourvue en dessous de deux échancrures. On voit huit plaques au bord de la lèvre supérieure , dont les deux IIYDROPIIIS PELAMIDOIDES. jl3 antérieures et les trois postérieures sont très petites: celles du milieu touchent à l'œil, qui n'offre qu'une seule plaque à cha- cune de ses extrémités. La frênaie est quelquefois réunie à la seconde des labiales. Les plaques de hi lèvre inférieure dimi- nuent en étendue vers les deux bouts , et on voit entre la quatri- ème et la cinquième plusieurs petites plaques surnuméraires. Les plaques du menton se distinguent à peine des écailles gulaires, aussi les temporales ont-elles peu d'étendue. I/angle de la bouche n'est point rentrant comme chez la plupart des autres Hydrophis. La couleur jaune pâle de cet Hydrophis est relevée sur le des- sus , de larges taches en lozange, disposées transversalement ; elles sont quelquefois peu distinctes. M. Reinwardt a découvert cette espèce dans la mer des Mo- luques ; le docteur Strauss nous en a rapporté un sujet pris en mer , près de Menado à Célèbes , et j'ai vu dans la col- lection de M. Rlinkenberg à Utrecht , deux individus pris dans la mer de la Chine. Recueillie au Pondichery par Reynaud, elle est conservée au Musée de Paris, sous le nom de pela mis CARiNATA Guv; je crois aussi que c'est le shidili. de RussEL Iiid. Serp. , vol. IL p. i4 PL i^, figure d'un individu à l'âge moyen. L'hydrus major de Shaw , Gen. Zool. III. P. IL p. 5b8 PL 124 7 appartient évidemment à cette espèce , comme cela résulte de la description que cet auteur donne de la disposition des plaques abdominales. Une figure exacte de I'hydroph. pelamidoïde sera publiée dans \n Faune du Japon, Ophid. PL 9. C'est aussi le lape mis hard- wicKii de Vlndi'an Zoologie. J'ai vu au Musée de Paris un jeune individu de cet Hydrophis, recueilli par Péron ; cet individu ayant toutes les plaques de la tête converties en écailles d'une conformation irrégulière et probablement maladive , forme une variété assez remarquable , mais accidentelle. 33 5 1 4 HYDROPHIS COLUBRLVA* 7 Esp. V HYDROPHIS COLUBRIN, H. COLUBRIJVA. PI. XVIII fig. t8 19 et ao , l'adulte; gg. ai et ai ,1e jeune. C'est SOUS cette dénomination que Schneider (i) a désigné un opbidien qui se rapproche , par plusieurs traits de son organi- sation, des serpens venimeux colubriformes , toutefois en offrant le port et les caractères distinctifs des autres Hydrophis. Il s'éloigne particulièrement de ces derniers par la conformation des tégumens extérieurs. Toutes les lames écailleuses qui recouvrent le corps sont im- briquées et revêtues d'une épidémie cornée , à surface luisante et unie comme dans la plupart des Couleuvres. Les écailles du tronc sont en carré, à pointe émoussée, et semblables à celles de la plupart desTortrix: on en compte i?> rangées; elles de- viennent extrêmement larges, sur la queue, où elles sont eu hexagone, assez alongées et disposées transversalement: on n'en voit de chaque côté que quatre ou cinq rangées de longitudinales, composée chacune de 3o à 45 lames. Labdomen est revêtu de lames beaucoup plus larges que celles des autres Hydrophis:. elles se trouvent au nombre de 198 ou de 2,42. Cette partie , ainsi que le dos, qui est convexe par devant , se prolonge vers le bout postérieur en carène, parceque le tronc, cylindrique au cou, devient de plus en plus comprimé à mesure qu'il s'ap- proche de la queue: ce membre va en s'élargissant vers l'extré- mité qui est arrondie. La tête est presque de la même venue avec le tronc, courte , grosse , un peu conique et voûtée au bout du museau. La forme des plaques qui la revêlent est assez disparate: on voit deux petites occipitales extrêmement ramassées , une ver- ticale large et presqu'en triangle , deux rangées de temporales semblables aux écailles du tronc, et sept plaques de chaque côté (1) u-ïDRiJs coMTRRi yus , Hist, amp/i. 1. p 3i38. HYDROPHIS COLUBRIIVA. 515 delà lèvre supérieure: l'inférieure, garnie d'une double suite de plaques , offre une marginale assez petite. Il y a deux plaques postoculaires et une en avant de l'œil. La rostrale est pourvue en dessous de deux écliancrures , correspondant à celles de la plaque terminale de la lèvre inférieure qui est assez petite , et à laquelle succèdent deux ou trois paires de mentales peu déve- loppées, dont celles de milieu sont plus larges que les autres. Un caractère particulier à cette espèce , est que les narines ne sont pas verticales comme dans les autres Hydrophis: elles percent une plaque particulière, située aux côtés du museau et près de son bout; le sonmiet du museau au contraire est revêtu de deux paires de plaques frontales assez ramassées, entre lesquelles est enchâssée une petite plaque surnuméraire en lozange. L'œil de cette espèce est latéral , comme dans les deux précédentes, mais la bouche est très peu fendue , et les bords des lèvres sont ren- trans comme dans les autres Hydrophis. Le crâne se rapproche, par sa configuration de celui des serpens venimeux colubriformes: les caisses et les maxillaires sont ramassés, les crochets peu longs. Les cellules du poumon se prolongent sur la trachée , presque jusque sous la gorge ; de l'autre côté, le poumon, plus large près du cœur, descend, en se rétrécissant, derrière cet organe, pour s'élargir ensuite, vers l'in- testin grêle , en une poche à air sous forme d'un canal renflé , dont le bout se loge dans la cavité abdominale à la distance de deux pouces de l'anus. Le canal intestinal de cette espèce est moins long que celui de I'hydrophis pela mis; les reins sont également ramassés, mais le foie se présente sous la forme d'un ruban étroit et alongré. Cette espèce a à-peu-près le port de l'Hydrophis à anneaux noirs, mais son tronc est beaucoup plus gros et plus com- primé. Elle parvient à des dimensions très considérables: un individu de notre collection mesure i,io-f-o,io; un autre 0,89-+- 0,11 ; un troisième 0,^8 4- 12; les petits sont environ de 0,33 -h 0,04. 516 HYDROPHÎS œîXBRTNA. Un jaune plus ou moins foncé occupe le dessous; il passe sur les flancs au vert bleuâtre , qui règne sur toutes les parties supérieures : ces teintes sont relevées par de nombreux anneaux d'un noir prononcé, plus larges sur la queue: elles passent avec l'Age , et toutes les teintes deviennent plus claires. Le som- met de la tête est marqué d'une large tache de forme trapé- zoïde ; une raie noire parlant de derrière l'œil se réunit à une autre qui règne le long de la mâchoire inféiieure , pour se pro- longer sur le cou , en se confondant avec les anneaux dont le tronc est entouré. On observe souvent des variétés de cette espèce; un individu adulte à teintes pâles et à plaque rostrale divisée , a servi de type au plat, semifasciatus de Reinwardt ; un sujet décrit par Lacépède (i) offre une configuration des plaques de la tête très irrègulière. Cet Hydrophis a été figuré par Linné (2) ;laurentius (3) en a fait son laticauda i m b r i g a t a , et Latreille son PLATURUS F AS CIATU s (4). Cette espèce abonde dans la mer des Moluques , particuliè- rement près de Timor ; elle est conmiune dans celle de la Chine, aux côtes orientales de Célèbes et près des îles Lioukiou: le Musée des Pays-Bas en possède une belle série d'individus, rapportés de ces lieux par M. M. Reinwardt, Macklot, von Sie- bold (5) , et le docteur Strauss. Deux individus de cet Hydro- phis font partie du Musée de M, Klinkenberg à Utrecht; ceux du Musée de Paris ont été envoyés de Pondichery, de la Nou- velle Guinée et de Tongatabou , par M.M. Reynaud , Quoy et Gainiard. (i)aipysurus laevis. Lacép. Jnn. d. Mus. IF p, igj PI. 56 Jîj{. 3. — (2} Mus Jd. F. PL 16/. 1 : c o L. laticauda- T u s. — (3) Syn. p. 109. — (li)Rept. If p. i83. — (5) Faunn Japon. Ophid.Pl 10. IIYDROPIIIS. 51 Avant de terminer l'histoire des êtres intéressants dont je viens de traiter, je ne puis me passer de dire quelques mots sur un animal , observé pendant des siècles par une foule de personnesde toutes les classes, et connu de tout le monde par les récits qu'on en a divulgués; mais encore ignoré des naturalistes. Je veux parler du monstrueux serpent de la mer du Nord qui , à la vérité, n'a des rapports ni avec les serpens pélagiques dont nous nous sommes occupés dans les pages précédentes, ni avec mon ouvrage en oénérai. Les nombreux téinoianapes avancés par des personnes respectables, pour constater Texistence de cet énorme animal marin , ont imposé silence aux naturalistes; aussi me tairais-je , si les doutes qui se sont toujours élevés en moi contre ces assertions , ne s'étaient convertis en certitude par une petite observation faite au printemps de l'année 1826 (i). Chassant ,par une journée orageuse, le long des bords (1) Mon opinion sur le grand serpent de mer se trouve appuyée par une observai ion que je trouve dans l'ouvrage du célèbre Ascanius , ouvrage très rare , que je n'aurais pas été à même de consulter sans la bonté de M. Eschricht à Kopenhague , qui a bien voulu me procurer dernièrement un exemplaire. Feu Ascanius dit à l'article marsouin, Icon. cah» r PL 4i : «En été les Marsouins s'approchent des côtes et des golfes, w Ils se réunissent souvent en pleine mer par troupes de plusieurs ving- M taines et quand l'a'rt' est calme et serein , ils se rangent à la iWa les uns » des autres pour jouer et faire des culbutes: ils ont alors l'apparence u d'une chaîne de petites éminences floltanles à fleur d'eau ; quelques pê- » cheurs du nord , en les voyant à de grandes distances , prennent ce res- » semblement pour un animal immense et lui donnent le nom de serpent » marin. - 518 UIDROPHIS. de la mer j je vis lout-à-coup nager en face de rem])ouchure du Rhin un animal marin de grande taille. Je me préparais à tirer un coup de fusil sur cet animal que je prenais pour un requin , lorsquej'en distinguai à travers du brouillard plusieurs autres qui le suivaient de très près. Cachées en grande partie par les eaux , les parties supérieures de cet être ne purent être aperçues dis- tinctement qu'au moment où , porté un instant sur le sommet des ondes, il descenditdans l'ahyme formé devant lui. L'illusion , produite parl'agitationcontinuelledes vagues, contribua en effet, à rendre douteux Tapparenced'un grand nombre de points noirs, sortant cà la fois des eaux, disparaissant aussitôt et dont l'ensemble représentait à s'y méprendre les mouvemens simultanés et les ondulations d'un même corps. Persuadé que les animaux ne sauraient nager au moyen d'ondulations perpendiculaires, je ne cessai d'observer ce spectocle, jusqu'à ce que je reconnus que cet être monstrueux se composait d'une petite troupe de Marsouins, Le grand nombre de Dauphins échoués cette année et l'année précédente sur nos cotes , confirma le fait que ces animaux , souvent accompagnés de leurs petits , entreprennent dans cer- tains périodes de l'année , des voyages , pour aller le long des côtes, à la poursuite de leur proie. Cette habitude est également propre aux grands Cétacés , qui cependant ne fréquentent nos mers qu'accidentellement. Les côtes de l'Amérique septen- trionale, où le monstrueux serpent de mer a été le plus souvent observé, en fourmillent, et j'avoue que du bord d'un navire par exemple , la vue inopinée d'une famille de Cachalots, rangés en ligne avec les vieux à la tête , doit offrir un spectacle assez frappant, et capable de mettre en jeu à la fois , la superstition , l'imagination et la crainte. On donne le plus souvent à ces prétendus serpens marins une longueur de i5o à 200 pieds. Bullock (1) , qui a observé dans ses voyages des Méduses d'un volume égal k celui de plusieurs (1) AV«v. Edinlj. Journ. IF. P. FUI p. 406. HYDROPIIIS. 519 tonneaux et une niàclioire de Crocodile long de 21 pieds, dit avoir vu près de Bond)ay des serpens de nier de 4<> pieds. Ce, que nous venons de dire sur le monstrueux serpent des mers du Nord suffira pour que chacun puisse deviner à sa fantaisie le portrait que l'on a fait de ses formes. Ceux qui aiment à s'instruire plus particulièrement de ce que l'on a dit sur ce prétendu monstre, n'ont qu'à consulter les mémoires suivans : Report relative to a large marine animal eic. Boston. 8."; Wood- WA.RD testiniony^ etc. reproduit dans l'Isis ann. 18 18. p. 2100 ; Brooke , Travels to Sweden etc. Lond. 1823 ; Hoorer dans XEdinh. Joiirn. XL Janv. iS^y p, 126; Pek ibid. A III. p. 68 à 72 , et les nombreux articles relatifs à ce sujet, que l'on ne cesse d'insérer dans les g^azettes anolo-américaines. ^m^^ 3 Sam : £fe ôf rpf US uftttmfur proprfinf nt îiits. C'est dans cette famille que je réunis tous ces serpens , dont les armes dangereuses ont acquis le plus haut degré de dévelop- pement , et dont le caractère malfaisant est indiqué par des signes extérieurs assez frappans. Le port et la physionomie de ces êtres détestés a quelque chose de si particulier , et l'impres- sion que cause leur vue est si vive , que l'on reconnait tout de suite les espèces qui font partie de cette famille, si même on n'en a examiné qu'une seule. Cet ensemble des formes aussi remarqua- ble est le résultat de plusieurs marques distinctives, plus faciles à saisir dans leur ensemble , qu'à détailler par des descriptions. Des formes lourdes et trapues; une queue grosse et très courte; une tête extrêmement large , déprimée et en forme de cœur; de petits yeux, à pupille verticale , enfoncés dans les côtés de la tête et ombragés par des plaques surciliaires saillantes ; la lèvre supérieure renflée et descendante pour cacher les longs crochets; les écailles carénées enfin, dont toutes les parties sont le plus souvent hérissées: tels sont les principaux traits qui donnent aux serpens venimeux par excellence , leur physionomie caractéristique. C'est également par leurs mœurs , leurs habitudes et leur manière de vivre, que ces reptiles s'éloignent du reste des ophidiens. Leur naturel engourdi, leur démarche tardive , la lenteur extrême de tous leurs mouvemens, rendrait la recher- che de leur proie infructueuse. Doués d'un caractère tranquille ils attendent avec calme, jusqu'à ce que le hasard fasse passer LES SKRP. VEMMEIIX l'ROPR. OITS. 521 près de leur relraite, les animaux, que la nature leur a indiqués pour nourriture. C'est alors, ou à l'approclie d'un ennemi quel- conque, que se déploie tt)uteleur activité: ils redressent leur tête élevée négligemment à l'état de repos , ils entrouvrent la gueule au point que les deux mâchoires forment un angle obtus, ils érigent les crochets, le tronc se déroule à l'instar d'un res- sort lâché, et le serpent, secondant souvent le choc en s'ap- puyant sur la queue, s'élanced'un seul bond sur sa victime, pour lui porter la blessure fatale; cet acte est l'œuvre d'un instant: la tête, par la contraction subite et violente tie ses muscles Héchisseurs, exécute avec îa vitesse de l'éclair un mouvement opposé à son attitude et quelquefois réitéré , par lequel les crochets s'enfoncent dans la chair de la proie qui , en ressen- tant aussitôt les effets, et hors d'état par cela de s'échapper par la fuite, tombe au pouvoir de son ennemi. Nous avons lieu de croire que cette manière d'attaquer est propre aux ophidiens de cette famille , et que le reste des serpens venimeux s'emparent de leur proie comme les Couleuvres: c'est à dire en la saisissant après l'avoir poursuivie, et en la tenant entre les mâchoires au moment de mordre, ne lâchant pas même prise, après s'être assurés de leur victime en lui portant une mortelle blessure. Les serpens venimeux proprement dits au contraire, ne tiennent point leur proie après la morsure (i); ou à proprement parler, ils ne mordent point du tout: la gueule excessivement fendue, la faculté qu'ils ont d'écarter leur mâchoire inférieure en arrière et de redresser la tête, les cro- chets énormes susceptibles au plus haut degré d'être avancés, le choc rapide produisant et dirigeant le coup fatal: toutes ses cir- constances concourent a rendre l'attaque de ces reptiles ter- rible. Les crochetS; tant par leur grandeur, que par l'action subite et vigoureuse delà tête, s'enfoncent plus profondément dans (i) Ces observations faites sur nos Vipères indigènes et sur des Crota- les, sont eonstatées par Russel /. p. 53 et par Davy Ceylan p, 85. n«>* 22 LES SERP. VEXIMEUX PROPR. DITS. les chairs^ ils distillent dans la plaie un poison d'autant plus abondant qu'elle est profonde* son action se manifeste inces- samment et rend l'animal mordu incapalile de se porter hors de l'atteinte de son ennemi cruel qui , assuré de sa victime, ne la suit que lentement pour s'en emparer. Ainsi , la morsure de ces serpens n'est à dire vrai , qu'un coup de tête exécuté avec une violence extrême, presque toujours secondé par un saut , déterminant la direction ; les crochets se retirent aussitôt après avoir frappé une plaie profonde: durant cet acte, la mâchoire inférieure ne paraît exercer aucune fonction car , comme nous l'avons déjà fait observer, les serpens venimeux proprement dits ne saississent leurs victimes, qu'après les avoir mis hors d'état de s'échapper. L'organisation des parties internes de la tête confirme ce que nous venons de dire sur la manière d'attaquer de ces ophidiens. Pour effectuer ce coup de la tête, la surface inférieure de cette partie est pourvue d une ou de plusieurs apophyses assez proémi- nentes , servant d'attache aux muscles fléchisseurs de la tête qui offrent, comme tous les autres muscles un développement considérable. La puissance de ces organes, la conformation des os du crâne, leur mode d'attache et plusieurs autres circon- stances contribuent à donner à ces serpens la faculté d'élargir excessivement la gueule , et de faire ressortir les crochets pour produire un coup efficace. A cet effet , tous les os qui compo- sent la partie mobile du crâne, sont extrêmement effilés: ne se liant entre eux qu'au moyen de facettes articulaires assez étroites, ils jouent librement les uns sur les autres et agissent comme depuissans leviers; les ptérygoïdiens et les palatins, qui s'attachent chez la plupart des autres serpens à la partie solide du crâne, sont ici complèteaient libres , et on n'observe pas non plus d'apophyse qui lie le maxillaire au palatin; les caisses, par leur longueur, contribuent à l'écarlement delà mâchoire infé- rieure qui, assez alongée elle-même, porte l'apophyse coro- noïde près de sa base ; le ptérygoïdien est d'autant plus effilé LES SERP. VE.\IMEUX PROPR. DITS. 523 que le maxillaire est court et rapproché du museau; cet os enfin présente une facette articulaire presque verticale pour s'attacher aux frontaux postérieurs , qui se distinguent par leur position horizontale: c'est particulièrement à ces dernières cir- constances qu'est due la facilité, qu'ont les serpens venimeux proprement dits , de diriger en avant leurs crochets qui , dans l'état de repos, sont couchés sur les gencives. Le canal excréteur de la glande venimeuse, obligé de suivre les mouvemens brus- ques de ces parties lorsque le serpent mord , est par cette raison plus long qu'à l'ordinaire et se replie, dans l'état de repos , vers le globe de l'œil. Nous avons déjà dit que les crochets des serpens venimeux par excellence sont beaucoup plus développés que chez tous les autres ophidiens, et qu'ils occupent seuls le maxillaire, n'étant jamais suivis de petites dents solides: des dents solides, acérées et courbées se trouvent au contraire le long du palais, et au bout de la mâchoire inférieure, dont l'os dentaire est quelquefois extrêmement court. La glande venimeuse a la partie suj:)érieure de son enveloppe tendineuse et épaisse , recouverte par de fortes fibres musculaires, provcnantdu muscle temporal , et qui servent à comprimer la glande: cet organe est accompagné en dessous des glandes salivaires, qui s'étendent sous la forme d'un ruban étroit , le long des deux mâchoires. La lacrymale existe, mais elle est le plus souvent petite et recouverte par les muscles de la tête; on voit quelquefois des glandes na- sales et une rostrale. La partie immobile du crâne est le plus souvent assez ramassée; sa surface large est tantôt plane, tantôt excavée; les frontaux postérieurs sont rudimentaires dans les deux premiers genres de la famille , et très développés dans les Vipères ; les nasaux qui sont petits, de forme trian- gulaire et attachés aux frontaux au moyen de ligamens, se réu- nissent avec l'intermaxillaire pour former la base du museau et pour contribuer à sa mobilité. Le maxillaire offre un creux profond dans les espèces qui sont munies de fosses nasales. 5-24 LES SERP. VEIXIMEUX PKOPR. DITS. Le squelette des serpens venimeux proprement dits est com- posé d'os très vigoureux : ies côtes sont toujours assez longues , et les apophyses épineuses des vertèbres extrêmement dévelop- pées: les inférieures mêmes sont le plus souvent d'un volume considérable et se trouvent sur toutes les vertèbres du tronc; les vertèbres de la queue en offrent souvent une double rangée, et en outre , des apophyses transversales dirigées en bas. La disposition des viscères varie considérablement selon les genres et les espèces; les cellules du poumon cependant, qui s'élargit derrière le cœur en une poche à air extrêmement volumi- neuse, se prolongent toujours sur les mend)ranes delà trachée, transformée par cette disposition et par sa largeur en véritable poumon. Le canal alimentaire , particulièrement l'estomac, est assez spacieux; les intestins sont alongés et offrent des replis tantôt profonds , tantôt superficiels ou réunis en un paquet cylindrique. Les reins, les testicules et le foie sont effilés. Les serpens venimeux par excellence ont un tronc assez gros au milieu , mais aminci considérablement vers les deux bouts: il est plus ou moins comprimé, le dos est le plus sou- vent en carène, l'abdomen toujours assez large, convexe et garni de lames de la même forme ; une section d'une partie quelconque du corps offre un triangle sphérique plus ou moins régulier. La queue est toujours courte, conique, jamais grosse et émoussée au bout qui, est chez la plupart terminé par une écaille tantôt conique , tantôt acuminée , quelquefois subulée et courbée , ou changée en une pointe acérée et dure: certaines espèces portent à l'extrémité de ce membre un instrument bruyant, organisé d'une manière toute particulière ; le dessous de la queue est rarement muni de plaques simples. Les écailles, le plus souvent petites, sont disposées sur des rangées peu obliques; leur forme est presque toujours lancéolée; elles ne sont lisses que chez deux espèces du genre Trigonocéphale ; toutes les autres espèces offrent des écailles relevées par une carène plus ou moins prononcée, quelquefois imparfaitement développée et LES SERP. VENIMEUX PROPR. DP! S. 525 formant de petits tubercules ou des verrues, comme on l'ob- serve dans plusieurs serpens aquatiques ; cette propension des téffuiuens extérieurs à former des proéminences , est quel- quefois si prononcée, que les écailles sont converties et prolon- wéesen pointes plus ou moins saillantes qui, garnissant particuliè- rement le bord supérieur de l'œil, ont fixé l'attention des curieux au plus baut degré. La tête des serpens venimeux proprement dits, toujours en cœur ou en trigone , assez distincte du tronc, grosse et large , est rarement revêtue de plaques , commecelledes Couleuvres; même dans le cas où elles existent, elles sont toujours moins parfaitement développées : la plupart de ces opbidiens ont au contraire la tète garnie d'écaillés semblables à celles du dos, organisation, qui me paraît être en rapport avec la grande mo- bilité des parties de la tête: la peau, afin d'obéir à tous ces mouvemens , devait être douée d'une grande expansibilité , que la présence des plaques gênerait; voilà aussi pourquoi ]a peau n'est attacbée au sommet de la tête qu'au moyen d'un tissu cellulaire assez lâche, et pourquoi celte tunique est ridée en tous sens dans l'état de repos ou de contraction des muscles delà tête. Le museau varie assez quant à ses formes ; il est le plus souvent gros et susceptible d'une mobilité plus ou moins bornée dans le sens vertical ; son bout est quelquefois terminé par une proéminence charnue. Les yeux sont plus ou moins latéraux, jamais d'un volume considérable , et offrant toujours une pupille perpendiculairement alongée. Les narines, tan- tôt spacieuses, tantôt étroites, varient également sous le rapport de leurs formes et de leur position ; elles sont suivies , dans cer* taines espèces, d'une fossette profonde , creusée dans les côtés du museau , et donnant dans une large cavité formée par le maxillaire supérieure: cette cavité, analogue aux larmiers de plusieurs ruminans et remplissant probablement la fonction de narines auxiliaires , offre un moyen facile de distribuer les serpens venimeux proprement dits en plusieurs groupes. 520 LES SERP. VENIMEUX PROPR. DITS Ceux qui sont pourvus de cette fosse nasale, habitent les grands bois des contrées tropiques ; on en distingue deux genres : les trigonocéphàles et les c rot a les, dont les derniers paraissent plus particiilièrement fréquenter les lieux secs et arides des terrains incultes de l'Amérique , tandis que les premiers, habitans des deux mondes, préfèrent les forets som- bres et humides , ou des lieux recouverts d'une végétation abon- dante. Les autres serpens venimeux proprement dits, dépour- vus de fosse nasale, sont compris dans le genre vipère, propre à l'ancien monde ; ces reptiles se tiennent de préférence dans les lieux découverts : les uns , destinés à peupler les déserts sablonneux de l'Afrique et de l'Asie , s'éîoignent sous plusieurs rapports des espèces européennes , qui se rapprochent par le choix de leur habitation des Trigonocéphales ; enfin la seule Yipère connue de la Nouvelle Hollande est tellement disparate dans son organisation, qu'on a cru devoir en former un genre à part. Plusieurs naturalistes ont taché de démembrer les genres que je réunis dans cette famille ; je ne chercherai point àcond)attre leurs opinions: aussi longtemps que l'on est dans une ignorance absolue sur les mœurs de la plupart des espèces, l'établissement de ces petites divisions reste assez précaire. On verra que les espèces d'un même genre ont souvent des habitudes différentes Tune de l'autre, que je me suis borné dénotera chaque article; c'est aussi par celte raison qu'il faut peut-être regarder ce que nous avons dit plus haut, comme susceptible d'exception ou de modification. K9««a 1 Genre. LES TRIGOJVOCEPHALES. TRIGONOCEPHALUS. Une tête en forme de cœur ou de triangle ,extrêmemert large par derrière et par conséquent assez distincte du cou , a valu à ces reptiles la dénomination que nous leur réservons: ce caractère cependant , applicable à presque tous les ophidiens de la famille dont nous nous occupons, ne peut servir de caractère distinctif. Nous comprenons dans ce genre tous ces serpens venimeux à fossette nasale, dont le bout de la queue est simplement muni d'une écaille plus ou moins conique. L'appareil venimeux développé au plus haut degré; la taille énorme qu'acquièrent plusieurs d'entre eux ; leurs nîœurs et plu- sieurs autres circonstances mettent ces ophidiens au nombre des plus redoutables. Toutes les espèces connues fréquentent les lieux boisés ou ombragés; elles se plaisent notamment dans les forêts les plus sombres, dans les prés humides, et se trouvent aussi sur les hauteurs. Cachées sous les herbes , sous des tas de feuil- lage , sous l'écorce des arbres, ou dans quelque autre lieu de retraite , elles se dérobent à la vue, en sorte que l'on n'aperçoit souvent le danger que lorsqu'il est trop tard pour l'éviter. C'est de ce repaire , qu'elles fondent sur tout être vivant qui vient troubler leur indolence, frappant avec une fureur aveugle des coups presque toujours mortels. L'être malheureux surpris à l'improviste et glacé de terreur à la vue d'un ennemi aussi hideux que formidable, demeure souvent imuîobileà cet aspect; privé pour le moment de toutes ses facultés , il ne lui reste ni le temps ni le pouvoir de se distraire à cette attaque inopinée, 528 TRIGOIVOCEPHALUS. que la taille , le développement des organes venimeux , et la grande force musculaire de ces reptiles rendent presque tou- jours fatale. Le saut quils font en se lançant sur leur victime, est souvent si considérable que la morsure atteint jusqu' aux parties supérieures du corps de 1 homme , et elle est portée avec tant de violence que le choc renverse quelquefois le sujet mordu. Des habits d une étoffe épaisse, de grandes bottes qui garantissent contre les attaques de nos Vipères d'Europe, ne sont pas toujours à l'épreuve des crochets de ces Trigonocé- phales , attendu que le coup est souvent dirigé contre les parties supérieures dépourvues de cette gai amie , et que le cuir même n'offre pas assez de résistance pour que les crochets ne puissent pénétrer. La conformation des parties qui composent la charpente osseuse des Trigonocéphales, annonce combien grand est la faculté de ces animaux d'élargir la gueule , d'avancer les crochets, de redres- ser la tête et d'écarter en arrière la mâchoire inféiieure : en un mot, de rendre leur morsure efficace. Les crochets, le plus souvent d'un volume énorme , sont susceptibles de s'ériger plus considérablement tjue chez les autres serpens venimeux , en vertu de la mobilité dont jouit le maxillaire par la direction presque verticale de ses facettes articulaires , qui est la suite de la posi- tion horizontale des frontaux antérieurs. Les maxillaires sont assez rapprochés , de sorte que les crochets se trouvent placés à un intervalle peu considérable l'un de l'autre. Le crâne des Trigonocéphales est large et offre presque toujours un sommet plane ou même concave; la partie antérieure est plus ou moins carrée; la postérieure en triangle, quelquefois un peu alongée, et très étroite vers l'occiput : de là , que les mastoïdiens, petits et réunis dans toute leur longueur avec le crâne, sont très rap- prochés l'un de l'autre. Les caisses sont assez développées ; l'orbite est toujours incomplète , car les frontaux postérieurs , s'ils existent, ne se trouvent que dans l'état rudimentaire ; les nasaux sont très petits et plus longs que larges ; l'intermaxillaire TRIGONOCEPIIALUS. 529 est en tiian'>"le à culés concaves. Le squelette des Trigo- nocéphales offre des os moins vigoureux que celui des Crotales : les apophyses épineuses des vertèbres sont cependant assez développées, mais les côtes sont le plus souvent minces. La glande venimeuse paraît être développée aux dépens des sali- vaires, qui sont extrêmement petites. La nasale n'existe que dans quelques espèces ; la lacrymale est petite et la rostrale manque constamment à ce qu'il paraît. Quant à l'anatonjie des viscères, on peut appliquer ici ce que nous avons dit plus haut. Plusieurs espèces du genre Trigonocéphale atteignent jusqu'à 5 ou 6 pieds de longueur totale; il paraît que d'autres restent toujours assez petites. Le corps des individus d'une taille aussi forte, offre quelquefois un diamètre de deux pouces: il est assez aminci vers les deux bouts et plus ou moins comprimé. La queue est toujours courte, conique, et le plus souvent assez menue; le nombre des plaques du dessous, dont on en voit quelquefois de simples parmi les divisées, varie de 4^ à yo. L'abdomen est toujours large, assez convexe, et garni de ban- des dont le nombre, divers suivant les espèces et les individus , n'est quelquefois que de i4oj tandis que d'autres en offrent jusqu'à l'jo environ. La tête présente dans les différentes espèces, des formes assez variées; elle est en cœur chez les unes, en triangle chez d'autres ; tantôt alongée , tantôt ramassée et courte ; le plus souvent déprimée et plane, quelquefois grosse et à sommet concave. Le museau est toujours fortement anguleux aux côtés, et à sommet assez large, mais ses contours sont peu constans; il est tantôt arrondi , tantôt conique et toujours obliquement tronqué au bout qui est proéminant, ou même terminé par une pointe charnue. Les écailles du tronc, de grandeur moyenne, lancéolées ou en lozange et le plus souvent surmontées d'une forte carène, se prolongent chez la plupart sur la tête, qui n'offre alors que des plaques aux bords du museau et des 34 530 TKIGOIVOCEPHALUS. lèvres, sur le menton et au dessus de l'œil : une espèce même est dépourvue de plaques superciliaires ; d'autres ont la tête garnie de plaques semblables à celles des Couleuvres, mais moins développées. La rostrale varie pour sa forme. Les narines, très rapprochées du bout du museau , sont parfai- tement latérales, et le plus souvent dirigées en avant: peu ou- vertes, elles percent une plaque d'une étendue plus ou moins considérable. La fossette aux côtés du museau se trouve entou- rée de plusieurs plaques ou d'écaillés diverses, suivant les espèces , par leurs formes et leur disposition. On peut quelque- fois distino'uer une frênaie et il se trouve constamment deux oculaires antérieures, dont la supérieure est très large; le reste de l'œil est bordé d'un tour de petites écailles plus ou moins nombreux et de forme variée. Le tranchant du bord du museau est entouré d'une rangée de plaques, dont la disposi- tion et l'étendue offrent ésfalement des anomalies chez les différentes espèces. Le nombre des plaques mentales est quelquefois assez considérable , et elles sont toujours pe- tites et suivies d'une grande quantité d'écaillés. Les yeux des Trigonocéphales sont peu volumineux et parfaitement latéraux. L'ouverture de la bouche est au contraire assez large et toujours en S, configuration provenant de la forme de la lèvre supérieure, qui, assez renflée et grosse, descend considérablement au des- sous des yeux , pour couvrir l'appareil venimeux. Cet ensemble des formes de la tête et des parties qui la com- posent, prête à la physionomie des Trigonocéphales une expres- sion particidière, indiquant un caractère sombre et farouche, propre , à un degré moindre, aux autres serpens venimeux par excellence. Les grosses lèvres , décelant par leur étendue les armes formidables qu'elles cachent à peine , dénoncent leur naturel sanguinaire : un penchant constant au meurtre semble se déclarer dans ces larges fossettes nasales toujours hiantes, et dans ce nez proéminant; les yeux petits, enfoncés et creux ^^ le plus souvent à moitié fermés, étincelant sous le rebord TRIGONOCEPIIALUS. 531 surciliaire toujours froncé, trahissent cette fureur aveugle, cette férocité stupide, cette [nialif^nité atroce, apanages d'êtres que l'instinct ou un abrutissenienl complet des sens porte constamment à la cruauté. Les Trigonocéphales ont souvent le corps orné de larges taches déforme irrégulière ou en lozange, sur un fond brunâtre tirant tantôt au jaune, tantôt au rouge; plusieurs espèces offrent une belle teinte verte. On voit souvent derrière l'œil une large raie foncée. Je n'ai pu parvenir à découvrir des différences exté- rieures constantes entre les sexes , quoique je sois porté à croire qu'elles existent , comme le démontre l'examen de plusieurs jeunes individus à peine sortis de l'œuf, et dont les mâles ont les teintes plus prononcées que les femelles. Les petits s'éloignent des adultes par leur vive coloration ; ils ont toujours le bout de la queue d'un blanc assez clair : du moins ai-je constaté ce fait chez plusieurs espèces. Les couleurs varient quelquefois selon les individus ; chez d'autres je les ai trouvé constantes dans un grand nombre de sujets de la même espèce. Le genre trigonocéphale a été créé par Oppel (i) aux dépens de celui des vipère s; Merrem (2) a substitué plus tard à ce nom celui de c ophi as et Wagler celui de bothr ops(3); ce dernier écrivain (4) a ensuite subdivisé ce genre en plusieurs sous-genres, nommés megaera, atropos, tropidolae- Mus, et T RI G o no CEPH A LU s , adoptant également celui de c E N c II R I s , qui ne comprend que f espèce de l'Amérique du Nord ; sur cette dernière est aussijfondé le genre TisiPHOitEde FiTziNGER (5). Je conserve comme subdivisions les deux genres TRIGONOCEPIIALUS ct coPHiAs daus le scus de Boie; toutefois en ajoutant au premier son cenciiris marmo- R ATA ; les vues de mon prédécesseur ont été en partie adoptées par FiTziNGER , qui désigne cependant les c ophi as sous le (i) Rept. p. 65. — (2) Tenf. p. i54. — (3) Rept. bras. /?. 5o. •— {\) Syst. p. yjl^ suiv. — (5) Class. p. 63. 532 ïRiGOJ\OC. JAKARACil, nom de cr a. s p e d o c e p ii a l u s , nom proposé par feu Kirni, dans une de ces lettres. Les auteurs d'une époque plus reculée ont confondu les Trigonocéphaies parmi les coule uvhES, les R o A s , les vipères, les t r i m e r e s u r e s etc. Les Trigonocéphales sont assez rares dans les collections, et voilà peut-être une des raisons ])ourquoi leur histoire est telle- ment embrouillée. Le Musée des Pays-Bas possède toutes les espèces connues; elles sont toutes originaires des régions chaudes ou voisines des tropes ; l'Afrique et l'Europe n'en pro- duisent point; l'Amérique et l'Asie intertropicales sont le plus riche en espèces. Celles dont la tête est garnie d'écaillés pa- raissent plus particulièrement appartenir à la zone torride. Ce sont nos Trigonocéphales proprement dits , dont nous traite- rons d'abord. 1 Esp. LE 1\ JARARACA, T. JARARACA. PI. XIX fîg. I et a. La connaissance plus exacte de ce Trigonocephale, déjà décrit par Lacépède (i) est due au Prince de Neuwied (a) et à feu Spix. Des diversités considérables dans les teintes variant selon les individus ont fait commettre de graves erreurs à M. Wag- LER , qui a élevé ces variétés accidentelles au rang d'espèces. Le brun olivâtre du fond de ce Trigonocephale est souvent relevé par des bandes transversales très larges , plus foncées et bordées de noir (3) , qui sont quelquefois incomplètes {/\) , (i) La BRÉSILIENNE Q uacl. ovip. If p. 119 PL 4 f. ï; vipera BRAS. Latr. Rcptil. IV p. 7. — (2) coPHiÀS JARARACA. Beitr, p 468 suiv. — (3) coPH. ATROX Neuw. Ahhlld. LÛT. vu Vl.Z \ BOÏHROPS MEGAERA WaGL. Serp. hni.*:. PL 1 9. (4) COPH. JARARACA NkUW. /. C. VIII 5. TÎ\IGOi\OC. JAIVABACA. 533 peu distinctes (i), ou même totaieuient effacées (2); l'ahclomen est tantôt marbre de brun sur un tbn() jaunàtie , tantôt garni de lar^^es taches carrées (3) ; la couleur du fond lire souvent sur le jaunâtre (4) , sur le roux ou même sur le grisâtre; les bandes sont souvent confluentes et forment plusieurs sulles de taches polygones ou eu lozange , noires et à bordures plus claires. Une large raie noirâtre bordée de blanc , se prolonge depuis l'angle postérieur de l'œil jusque sur les côtés du cou. Je présume que ce système de coloration subit des chan- gemens réguliers selon l'âge et le sexe de ces reptiles; une série d'une vingtaine d'individus que j'ai devant les yeux me porte à le croire, mais les nombreuses variétés accidentelles que l'on trouve , ne m'ont pas permis de dériver auctine loi de cet examen. Les petits offrent le bout de la queue blanc. L'esprit de vin ne me paraît pas exercer une influence considérable sur les couleurs de ce Trigonocéphale. Le Prince de Netjwied (5) a consigné dans son ouvrage quelques observations relatives à celte espèce; les voici: «elle •) est très commune au Brésil , où les habitans la désignent sous » le nom de j ar ar a cà, réservant pour les adultes, qui attei- »> gnent jusqu'à 5 ou 6 pieds, celui de j ara r a eu s su , ce qui » veut dire : grand Jararaca. Elle se plait également dans les » forets vierges, sombres, humides et élevées , que dans des » contrées basses, couvertes de petits buissons et desséchées » par les rayons du soleil. Elle ne mord que lorsqu'on trouble » son repos : sans cela les chasseurs indigènes qui parcourent » toujours pieds nuds les forets, courraient-ils le risque d'être » souvent mordu , ce qui n'arrive que très rarement. L^n de mes >» chasseurs cependant, s'enfonçant dans un bois touffu , repaire (l) BOTHR. LEUCOSTIGMA WaGL. /. /. PL 1\ f \ . (aj DOTHR, J U R I A. WaGL. PL 10. (3) BOTHR. T E S S A L A T U S. WaGL. Pi. 1lf,1. (4) B OTHR. T AEN 1 A T U S. WaGL. PL 11 f. 3. (5) Dcitr, P* 479- 534 TRIGONOC. JARARACA. » d'un Jararaca , en fut aussitôt attaque et ne pouvant se dé- » tacher assez vite , il avait été infailliblement sa victime , si un » coup de fusil tiré à temps ne l'avait arraché à la fureur de • cet ennemi dangereux; un autre jour il arriva, qu'un des » indigènes , au moment de monter dans une barque , mit le » pied nu sur un Jararaca caché dans les herbes , qu'il tua heu- » reusement avant que le reptile n'eut le temps d'effectuer son » coup. » Spix a rencontré ce Trigonocéphale dans les environs de Bahia, aux bords de la rivière St. Francisco et du fleuve des / Amazones, où il fréquente les forets sombres et humides ; il se nourrit d'écureuils, d'oiseaux , de petits mammifères , et devient à son tour la proie de plusieurs oiseaux rapaces et particulière- ment du faucon rieur. Cette espèce a été rapportée de Sta. Cruz de la Sierra par M. d'Orbigny ; elle se trouve aussi à l'île de St. Catherine (i) ? ^^ dans la province de St. Paul, doù nous en avons reçu en grand nombre , mais je puis assurer avec certitude qu'elle ne se ren- contre jamais à Surinam. Le Trigonocéphale Jararaca a la tête un peu alongée ; le museau un peu conique, arrondi , bordé sur les côtés de plusieurs pla- ques oblongues , coupé obliquement au bout et terminé par une lame rostrale de forme deltoïde ; on compte neuf plaques à chaque bord de la lèvre supérieure : les mentales sont effilées , petites et on n'en voit que deux paires. Le cou offre 27 rangées d'écaillés de forme lancéolée et toutes relevées par une carène ; elles s'avancent sur les côtés de la tête jusqu'aux fossettes ; celles du sommet sont petites , irrégulières entre les yeux , mais elles augmentent en étendue à mesure qu'elles se rapprochent du bout du museau ; une large plaque saillante ombrage les yeux, dont l'iris est d'un rouge foncé. Ce Trigonocéphale a les formes un peu élancées , le corps comprimé , le dos un peu en carène et la queue terminée par une écaille conique. On lui (i) Neuw. Btitr. p. 480; Pernetty. Journ. 1 p. ao6. TRIGOINOC. ATROX. 535 compte ino. -f- 44 <^" 2o4 + 62 pla(|ues. Les dimensions lespec- tives du tronc et de la queue varient éi^alement, car j'ai trouvé dans les uns la longueur totale de 0,68 +0,09, chez d'autres de o,()4 H- 0,12. Le cnine de cette espèce est plus large que d'ordinaire et tous les os qui le composent , [)articulièrement les caisses, sont assez délicats; les ptérygoïdiens externes sont excessivement longs , les internes concaves dans toute leur étendue. Ce Tri- gonocéphale s'éloigne de la plupart des autres par la confor- mation de l'intestin grêle, qui forme un canal continu , plus spacieux au milieu et présentant, au lieu d'ondulations un grand nombre d'étranglemens serrés et peu profonds. 2 Esp. LE TRIGONOCÉPHALE ATROCE. T. ATROX. PL XIX fig. 5 et 6. Les trois espèces que nous avons placées à la tête du genre Trigonocéphale , sont extrêmement voisines les unes des autres. Celle du présent article semble remplacer la précédente dans les parties septentrionales du Brésil , à Cayenne et à Suri- nam; elle s'en distingue par son museau plus conique ; par des plaques surciliaires et labiales supérieures plus larges et dont on ne compte que neuf de chaque côté ; par ses mentales plus développées et au nombre de 4 paires; par des écailles moins alongées et surmontées d'une carène beaucoup plus forte , dont la propension de se changer en tubercule, est très appa- rente; enfin par une différence plus ou moins sensible dans les teintes. Ces dernières sont sujettes à autant de variations, que chez le Trig. Jararaca. Le brun rougeâtre du fond tire tantôt au gris, tantôt au jau- nâtre, tantôt au brun foncé; le dessous est orné. de marbrures 536 TIUGOiXOC. LAXCEOLATUS. brunes et blanchâtres > très distinctes et très vives ; les bandes foncées du tronc et la raie derrière l'œil s'effacent avec l'âge ; les adultes offrent quelquefois une teinte presque uniforme de gris rougeâtre. J'ai trouvé dans le ventre d'une femelle adulte 26 fœtus dans toutes les périodes du développement. Plusieurs sur le point de naître , avaient des teintes très vives et le bout de la queue blanc. Mkckel, /^rckiv I PL f, i, a figuré les glandes de la tête de ce Trigonocéphale. Ce Trigonocéphale, déjà connu de Linné (i), a été décrit récemment par Wagler (2) d'après des individus rapportés par Spix de la province de Bahie, où il habite les forêts sombres; il paraît que les jeunes se tiennent en société ;, car les voya- geurs bavarois en ont recueilli une famille entière sous l'écorce d'un arbre. Dimensions 0,(^6 4- o,i4. Plaques 190 4- 60 ou 196+ 68. On compte quelquefois 29 rangées d'écaillés. Linné a trouvé dans l'estomac de ce Trigonocéphale une grenouille. 3 Esp. LE T, FER DE LANCE. T. LANCEOLATUS. PI. XIX fîg. 3 et 4. Il n'existe pas encore de bonne description de cette espèce, que plusieurs auteurs ont confondu avec quelqu'une des pré- cédentes, auxquelles celle du présent article ressemble à la (i) Mus. Jci. Fr. PL 11 f, 'X. col. atrox; vipera atrox, Laur. /?. io3; Laiv, Rept. vol. 7^/?. 4 avec fig. ; c o phi as atrox Merr. Tent. p. i54. — (a) bothrops neuwiedii Serp. bras. PL 22/". 1 ; BOT H R. I. EUCURUs /iî». y! 2 : indiv. nouvellement né. TRIGONOC. LAIVCEOLATUS. 53*^ / vérité extrêmement. Elle se distingue cependant du Trigon. Jnraraca, par sa tête moins effilée et par un nombre moindre de plaques lal)iales; du Trigon. atrox par son museau moins conique, par des plaques labiales plus petites, par deux paires de labiales imparfaitement développées, et par des écailles sur- montées d'une simple carène: de toutes deux enfin par un système de coloration différent, par un nombre plus élevé de lames abdominales , enfin par des écailles très petites et disjîosées sur 3i rangées. La couleur générale est un jaune verdàtre très clair en dessous; toutes les parties supérieures sont parsemées et mouchetées d'innombrables petits points et de marbrures brunes , réunies en formes de taches sur les côtés de l'abdomen , de sorte que l'on n'entrevoit guère la teinte du fond ; de nom- breuses et irrégulières taches foncées, souvent assez grandes et formant des bandes transversales, régnent le long du dos et des flancs; une raie brunâtre, large et bordée de blanc, se dirige de l'œil à l'angle de la bouche. M. DuvERNOY a publié des figures de diverses parties inter- nes de ce Trigonocéphale qui se rapproche, par la disposi- tion de son canal intestinal, duTRic. ja.raraca: voir ^nn. cl, se, liât, XXFI PL lo fig. 6 et XXX PL i4. Cette espèce parvient a six pieds et demi de longueur; un de nos sujets à l'âge moyen est deo,65 + o,ii. Plaques: 2^71 4_ 68 ou 220 -+- 6o. Il se peut que Laurkntius ait déjà connu ce Trigonocé- phale : ce serait alors sa vipera coerulescens(i) et le COLCBER GLAUcus dc Gmelin [i), Lacépède (3) cna donné la figure et plusieurs détails sur sa manière de vivre, (i) Synops. p. TOI. — [o.) Syst, nat. p. 1092. — (3) Quadr. ovip. II p. 121. i'/. 5 /?^'. I , TRIGONOC. LANCEOLATUS OwEL,. licpt. p, 66;coPHiAs LANc. Merb. Tent,p. \55 ; c'est aussi le col. mk- GAERA Shaw. Gen. ZooL m p. ^06. 538 TRIGOÎVOC. LANCEOLATUS. qui a été étudiée plus tard par M. Moreau de St. Jones (i). Nous communiquons à nos lecteurs l'extrait des observations de ce dernier auteur, toutefois en omettant ce qui nous a paru invraisemblable ; « A la Martinique et à Ste Lucie , ce reptile est désigné w vulgairement par la dénomination générique de serpent et «quelquefois par celle de serpent jaune, parcequ'une «assez grande quantité dindividus sont de cette couleur (2). «11 y en a d'un jaune-aurore, et d'autres d'un jaune orpin , « maculé de brun jaune ; il y en a de bruns, de noirâtres , de » noirs et de tigrés; il y en a qui sont maculés régulièrement «de toutes ces nuances, et dont les flancs sont teints d'un « rouge vif et brillant (3). Ce reptile est dans les deux. îles » l'espèce la plus nombreuse de cette classe d'animaux ; il «peuple les marais, les cultures, les forêts, le bord des ri- «vières et le sommet des montagnes (4). Les poulaillers, les » volailliers attirent également ces reptiles , et ils s'établissent « sur les bords des ruisseaux pour guetter les oiseaux entomo- « phages qui viennent y cherclier leur nourriture. On les trouve « encore dans les trous faits par les rats et par les crabes. On « en tue, chaque année, un grand nombre dans les ouvrages « extérieurs du Fort-Bourbon de la Martinique et du Fort la «Luzerne de Sainte-Lucie, et il n'est pas rare d'en trouver « même dans le corps de place de ces forteresses. Dans les «campagnes, ils pénètrent assez fréquemment jusque dans « l'intérieur des maisons , quand les hautes herbes et des « plantes buissonneuses les environnent : cet événement a lieu « principalement dans les cases des Nègres (5). Mais c'est sur- « tout dans les cultures, que sont établis ces reptiles; ils trouvent « un asyle et un refuge assuré dans les fourrés épais que « forment les cannes à sucre , et dont sont couverts les coteaux (i) Monogr. du Trigonocéphale des Antilles, — (2) /. c, p. 2, — (3) ib,p, 9. —(4) /A i4." (5)/?. i5. TRÏGOXOC. LAIVCEOLATUS. 539 » et le fond des vallées, dans une zone de 3 a 4ooo toises de «largeur (i). Ces reptiles trouvent une subsistance assurée » et facile dans cette étonnante niullltudo de rats , qui ont » suivi les Européens dans l'un et l'autre hémisphère , et » qui habitent ces mêmes champs de cannes à sucre; ces » animaux, dont le nombre, comparé à celui des quadru- » pèdes indigènes , est peut-être conmie dix mille «î un , » forment la plus grande partie de la nourriture de ces rep- » tiles (2). Je n'ai jamais trouvé de serpent stationnaire , qu'il » ne fut dans une position offensive. L'action par laquelle le «reptile prend cette position, s'exprime aux Antilles par le M verbe lover. Elle consiste à contourner en spirale toute la l' longueur de son corps , qui forme quatre cercles égaux en «diamètre, superposés les uns au dessus des autres, etou s » le dernier desquels la queue est placée comme point central «d'appui, de ressort et de pivot. La tête^qui termine le cer- » cle supérieur est retirée en arrière. Quand l'animal s'élance » sur une proie il fait effort sur la queue , et déroule subite- » ment les quatre cercles qui semblent se débander. Au » moment d'atteindre son but , la rétraction de la tête cesse par «un second mouvement qui se confond avec ceux delà large » ouverture de sa bouche , de l'application de ses mâchoires , « et de l'éjection de son venin (3). Les oiseaux, auxquels ce w reptile fait une guerre acharnée , marquent pour lui cette «horreur, qu'on leur voit témoigner en Europe, par leurs « cris répétés , à la vue des oiseaux de proie. 11 en est un (le « Loxia indicator) qui , ne se bornant pas à manifester son » aversion par des clameurs inutiles , semble ne les faire en- » tendre que pour appeler les hommes et leur indiquer le V repaire de son ennemi (4). Comme les oiseaux de nuit , aux- « quels il ressemble à cet égard , ce serpent craint et fuit M l'action trop vive de la lumière équatoriale; il habite les (1) p. 16. — (2) p. 17. — (3) />.' 19 suiv. — (4) p. 3i suiv. 540 TRIGOIVOC. Bltï^EATCS. «endroits où elle pénètre peu, et choisit, pour l'instant de «la chasse, le coucher du soleil, et les jours ovi le ciel est M couvert et nébuleux (i). 4 Esp. LE T. A DEUX RAIES, T. BILINEAÏUS. PI. XIX fig. 7 et 8. Fruit des recherches du Prince de Neuwied (2) au Brésil , cette jolie espèce n'a été vue et décrite que par ce voya^yeur. Le liasard nous a amené un individu de ce rare ophi- dien ; celui du Prince a été trouvé sur les bords de la rivière Peruhype près de Villa Yiciosa ; il offrait 210 + 66 plaques et ne mesurait que 0,62 environ ; le nôtre est de 0,595 H- o,oy5 , et on lui compte 206 +71 plaques, dont les premières sous-caudales simples sont au nombre de dix. Un troisième, qui vient de nous être adressé de Gayenne, offre les détails suivans : o,5i +r,o9; 218 + 70. Ce Trigonocéphale est le seul de l'Amérique qui ait des teintes vertes; l'ancien monde au contraire en nourrit trois espèces que nous décrirons incessamment. Celle du présent article offre des formes très svel tes ; le tronc est extrêmement comprimé, l'abdomen étroit , la queue assez mince et terminée par une écaille pointue. La tête est large et ressemble à-peu-près à celle de l'espèce précédente ; mais le museau est plus court, plus conique et ses plaques latérales s'avancent assez sur son sommet; les écailles enfin sont très petites, lancéolées et munies d'une carène fort (0 /?. 37. — [1) Ahhild, Livr. V P/. T/; c o p H 1 A s B i L I- N H A T u s Beitr. p, 483 siiiv. ; cobra verde ou çurucucu DB PATTioBA clcs indigènes. TRIGOIVOC. NIGROMARGINATUS. 54 1 prononcée, dont l'ensemble forme sur la queue des stries ||HK lonj^ltudinales: on en compte 29 rangées. Un beau vert de mer rehaussé par plusieurs laclies brunes |fl bordées de noir, occupe le dessus qui passe au brun roux vers ^B le bout de la queue; les parties inférieures sont d'un jaune blanchâtre; une raie d'un jaune-cilron occupe la rangée d'écaillés voisine de l'abdomen; les lèvres sont jaunes ; une raie peu distincte d'un jaune lougeàtre teint les joues ; le sommet de la tête est finement moucheté de noir et de jaune. Dans la liqueur forte, les couleurs ternissent, particulièrement le rougeatre. 5 Esp. LE TPxIGONOC. VERT ET NOIR. TRIGONOC. NIGROMARGIIVATUS. Pi. XIX fig. 14 et i5. Une des espèces les plus remarquables par sa petite taille ; par ses écailles larges , lisses, en lozange, acuminées , dispo- sées sur 19 rangées seulement , et de forme irrégulière sur le sommet de la tête; par les deux grandes plaques qui terminent le sommet du museau, qui est arrondi et très déprimé; par des superciliaires divisées; par une tête large ; par des plaques labiales postérieures assez petites et nombreuses, tandis que les antérieures sont larges ; par la présence d'une seule plaque oculaire antérieure , et de 4 oi^ ^ paires de mentales; par les formes grêles du tronc et de la queue; enfin par la belle couleur verte des parties postérieures, relevée sur le dos par des taches noires , alongées et échancrées par derrière. Le dessous est d'un jaune assez vif, varié de vert ; une raie d'un noir prononcé i>e prolonge derrière l'œil; on en voit quelquefois deux autres de parallèles sur l'occiput ; les écailles 542 TIUGONOC. WAGLERI. sont souvent bordées de noir , ce qui provient de ce que leur base est toujours noire. i5i 4- 63 ou 125 4- 49- Nous avons au Musée un individu de cette espèce^ rnpporté par Leschenault de Ceylan ; un autre, également originaire de cette île , a été adressé à cet établissement par M. Smith, directeur du South-African Muséum; Davy(i) , pendant un séjour de plusieurs années à Ceylan, n'a pu se procurer que deux individus. Ce que dit Lacépède relative- ment à la patrie de cette espèce (2) est donc faux. 6 Esp. LE llUG. DE WAGLER. T. WAGLERI. PI. XlXfig. 16, 17 et 18. On n'a observé jusqu'à présent cette espèce qu'à la grande île de Sumatra, d'où nous avons reçu deux individus adultes et six petits nouvellemeiit nés. M. Korthals , un des membres de la commission d histoire naturelle aux Indes, explorant dans ce moment les environs de Padang à Sumatra , m'écrit que ce Trigonocéphale appartient au nombre des ophidiens les plus rares , et que l'on redoute avec raison sa morsure j qui faisait périr une poule au bout de cinq mi- nutes. Jl a plusieurs rapports avec le précédent ; mais ses formes sont plus lourdes ; sa tête plus large et plus grosse ; le museau (1) Ace. PI. Il f 3 ;J. 85. (2) LA TÈTE T B I A N G U L A I K E. Quarl. ovip. Il PL ^ /. 7.,p. i^i: \ 1 V K R A t r 1 g o n o c e p h a l a. Latr. III p. 332 ; c o p H. T R I G. Merr. Tent.. p. i56; megaera T R I G. WaGL. SySt. p. 174; COPH. NIGROMARGINATUS KuHL. £eitr. p. go. TRIGOIVOC WAGLERI. 543 est coupé obliquement en dessous, concave aux côtés, et à sonnnet large l)or(lé de nombreuses petites pl;i(|iies; les na- rines sont très étroites et placées assez en avant ; on voit plu- sieurs plaques oculaires antérieures; les labiales ont moins d'étendue; les mentales, au nombre de 5 paires, sont très ramassées; les écailles du tronc, disposées sur 25 rangées, sont toutes surmontées d'une forte carène saillante et en forme de pointe dans celles qui occupent le dessous de la tête ; les teintes euHn présentent des différences assez marquées. Le beau vert foncé des parties supérieures est interrompu par des bandes transversales jaunes, qui se réunissent au jaune du dessous; une raie de la même couleur et bordée de bleu noir, se prolonge derrière Fœil ; les lames écailleuses sont souvent bordées de noir, qui prend quelquefois le dessus sur la tête et sur la queue, en sorte que la teinte du fond ne s'en- trevoit guère ou sous la forme de tacbes orbiculaires sur le centre des écailles. Les bandes jaunes du tronc sont , dans quelques sujets , très indistinctes , mais sur la queue des vi vans, d'un beau rouge vermillon. Les petits ont toutes les teintes sales et le bout de la queue blanc. i4o+44c>u i4o + 53. Dimens. : o,52 + 0,09. Des figures de cette espèce se trouvent dans Seba (i) et BoiE (2) ; on voit par la première , qu'elle se nourrit de gre- nouilles. C'est aussi le c o l. s u jvi a t r a n u s de Raffles (3) • elle forme dans Wagler (4) le genre tro pid ol aem u s. Le TRIGONOCEPH. ruRPUREOMAcuLATus, originaire de la presqu'île de Malacca, et figuré par Gray dans ÏIndian Zoology ^ ne me paraît nullement différer de notre espèce. (1) Thfs. Il 68 4. — (2) Erpét. de Jma PI. l^c): cophias WAGLERi. - O) Phil. Trans. XIII P. II p. ZM^, — (/,) Syst. p. 175. 544 TRIGOIVOC. VIRIDIS. 7 Esp. LE TRIGONOa VERT. T. VIRIDIS. Pi. XIX %. la et i3. Une teinie uniforme vert d'herbe à tout âge , et passant au jaune sur le dessous, rend celle espèce reconnaissable. Il paraît cependant que les couleurs s'effacent plus ou moins après la mort: M. Mûller vient de nous adresser un sujet , dont le > dos est orné d'une raie d'un brun jaunàlre très vif, qui s'élargit vers Jes parties postérieures pour occuper tout le dessous de îa queue. Les parties inférieures, d'un jaune tirant au vert, passent au bleu vers les côtés de labdomen , qui sont sépa- rés des flancs du corps par une raie d'un beau jaune- citron. Ce Trigonocéphale a les formes plus élancées que le pré- cédent: son tronc est grêle et moins comprimé; la tête moins grosse; le museau moins anguleux aux côtés et coupé presque perpendiculairement en avant, à sommet moins large et garni de deux plaques plus grandes que les autres ; les mentales sont petites et s'étendent souvent jusqu'aux lames abdominales. On compte 21 à 23 rangées d'écaillés carénées et de forme alongée. Dimensions de l'adulte: o,64 + 0,12. Plaques: 162 -t- 54 ou 168 + 74î dont quelques unes des sous-caudales sont quel- quefois indivisées. Ce Trigonocéphale est le plus répandu du genre. Russel(i) l'a découvert dans les environs de Tranquébar. M. Leemans, ci-devant lieutenant de marine, l'a rapporté de l île de j^ankaj (1 ) B o D R o o-p A M. Tnd. Serp. I p. i3 PI. g ; II PL 10 : ind. de Java ; sur ces données reposent : le c o l. g r a m i n e u s de Shaw ; Cen. Zool. ^^//j. 420 ; la V 1 p E R A v 1 r i d i s , Daudin Rept, VI p. iiaetlecoPHiAS vjrjdis, Merr. Tcnt. p. \ 55. TRIGOAOC. PITMCEUS. 545 t^AFFLES (i) l'a observé à Sumatra, où il est assez commun et (1 où nos voyageurs viennent de nous en adresser plusieurs in- dividus. Il habite aussi les parties orientales de Java , mais ne se trouve jamais dans nos possessions à la partie occidentale de cette île; M. Lesson (2) a reçu des individus de Cél fig. 1. — ^4) Thés. 11. 64. I ; sur celle figure est fondée la vi- père ACONTIA, LaUR. p. I 02 ; G O L U B. A C O N T. GmEL /?. 1 093 ; ECHiDNA AcoNT. Merr p, i5i; Cette espèce forme le genre ATROPOsde Wagi.er. .Çv.v/. p. 14-7. — 35 54(] TRIGONOC PUiMCEUS. et au savant professeur que nous venons de citer, plusieurs figures faites d'après le vivant. Elle a les formes plus lourdes que les autres espèces du genre, dont elle se distingue, au premier abord, par un tour de petites écailles proéminentes entourant le bord supé- rieur de l'oeil. La tête est très grosse et large; le museau ex- cavé aux côtés , un peu tronqué au bout et bordé de plusieurs petites plaques ; on compte onze plaques à la lèvre supérieure; celles de l'Inférieure sont très nombreuses et peu développées; on ne voit que deux paires de mentales assez petites. Le cou est entouré de 23 ou de 27 rangées d'écaillés en lozange , et sur- montées d'une carène : elles deviennent irrégulières sur la tête , où elles offrent peu d'étendue et où les carènes sont souvent converties en un petit tubercule. La peau de la tête assez lâche est , dans l'état de contraction , ridée en tout sens. Le crâne de ceTrigonocéphale présente des os plus robustes que celui des autres espèces : son sommet est excavé , les caisses sont déprimées et courbées vers les parties inférieures, les crochets sont moins développés que d'ordinaire. L'intes- tin grêle forme plusieurs replis assez prononcés; mais comme ce canal est très spacieux , les replis ne sont ni nombreux ni serrés. Cette espèce atteint jusqu'à 0,61 -+- 0,09 ou 0,68 + 0,11. On lui compte i58 + 52 ou 166 H- 56 plaques. La couleur dominante est un brun roux, varié selon les in- dividus de jaunâtre, de pourpre ou de brun grisâtre, plus clair sur le dessous ; la queue est quelquefois très foncée. Toutes les parties sont parsemées d'innombrables petits points noirâtres, tantôt confluents pour former des taches de toutes sortes ou de très larges bandes , tantôt effacées et composant des marbrures, tantôt très diversement disposées et souvent entremêlées de taches blanches qui régnent le long des flancs et de la queue. Deux raies dont la supérieure est rougeâtre , TRIGOiXOC. IIIIODOSTOMA. 547 l'inférieute indistincte et noirâtre , se prolongent depuis l'œil jusqu'aux côtés du cou. L'iris est d'un jaune d'or. 9 Esp. LE JRIGONOCÈPHALE BOUCHE ROSE. TRIGONOCEPHALUS RHODOS TOMA (i). PI. XX fig. I , :i et 3. Également remarquable par la beauté des teintes et par son organisation , cette espèce mérite d'être placée au nombre des plus intéressantes. L'expression sauvage de sa phy- sionomie est, pour ainsi dire, adoucie par la nature et la con- formation des plaques écailleuses qui , semblables à celles (le la plupart des Couleuvres , ont la surface unie et luisante. Ce Trigonocéphaie a les formes plus ramassées que les autres espèces; le corps est très gros au milieu , mais il s'amin- cit considérablement vers les deux bouts; la queue est assez courte et acuminée; l'abdomen large ; le dos prolongé en une carène fortement prononcée. La forme de la tête se rap proche davantage de la forme triangulaire que celle d'aucune autre espèce: elle est assez grosse, large à la base , et conique. Le museau offre les mêmes proportions ; son bout fort proé- minent , tronqué obliquement en dessous et terminé en pointe arrondie , porte une plaque en triangle alongé : cette partie est susceptible de mobilité. Les neuf plaques dont le sommet de la tête est revêtu , sont de forme assez régulière, mais petite en comparaison de la grandeur de la tête ; les frontales postérieures sont alongées, les antérieures ramas- sées et petites. L'œil est bordé , outre la surciliaire , de 4 plaques , dont l'inférieure est assez longue; on voit un petite (i) Rf.tnwarpt Manuscr, 548 TRIGONOC. RHODOSTOAlA. frênaie; les narines, étroites et en croissant , percent une plaque nasale souvent divisée. On compte sept ou huit lames de forme diverse à la lèvre supérieure, celles da l'inférieure et du menton sont très nombreuses. Les écailles du tronc sont assez obliques , en lozange et disposées sur 23 ou sur 2 5 rangées; celles qui régnent sur la ligne médiane du dos sont un peu plus larges que le reste ; celles qui s'avancent sur l'occiput et sur les len^pes vont en augmentant d'étendue et méritent , sur cette dernière région , le nom de plaques. Plaques : i38 + 36 ou i56 + 54- La partie mobile du crâne (i) est composée d'os extrême- ment effdés et grêles ; les crocbets sont d'une longueur énorme; mais les dents solides au palais et à la mâcboire inférieure sont très petites. Les apopbyses épmeuses des vertèbres sont assez développées. La fossette nasale est accompagnée, au bord supérieur , d'une glande nasale prononcée. L'intestin grêle est moins spacieux que dans les autres espèces , et offre des replis beaucoup plus profonds et plus nombreux. Ce Trigonocépbale a les parties supérieures d'un brun rougeàtre assez vif, tirant plus ou moins sur le jaune d'or vers le dos, qui est finement moucbeté d'innombrables bigarrures d'un brun foncé; ce dessin s'étend également sur le des- sous , qui est d'un beau blanc , et il forme souvent sur les côtés de l'abflomen , une ou plusieurs suites de tacbes assez vaguement déterminées. Le dos est orné, de cliaque côté, d'une rangée de tacbes noires ou d'un brun foncé, quelquefois alternes, le j)lus souvent en triangle dont les bases se toucbent et se confondent dans la teinte générale ; elles renferment par cette disposition une suite de larges tacbes en lozange à centre plus foncé et régnant le long du dos , dont la ligne médiane est relevée par une raie étroite et (i) iVbiv/ u4cta XIV Pars I PI. iQ Jîg. 4, 5 el 9 , figures des cro- chets , du crâne et des glandes de la tête. IRIGOXOC. lUIODOSTOMA. 549 noire. L:i dernicre iiMtUe occu|ie également le soniniet de la tète , dont les contours sont marqués par une raie large d'un roux clair ; cette raie descend sur les cotés du cou , pour se confondre avec la belle couleur rose, qui teint les côtés de la tcte , etdont elle est séparée par une large bande noire naissant derrière l'œil et échancrée à leur bord inférieur. L'iris est d'un jaune doré. Les petits offrent une disposition des teintes plus prononcée que les adultes; le bout de leur queue est d'un blanc assez pur. Cette espèce atteint o,^5 + o,io et j'ai vu des individus sur- passant cette taille ; d'autres offrent o,52 H- 0^12 ou o,23 4- o,o3 ; d'où il résulte que les proportions relatives de la queue et du tronc ne sont pas toujours les mêmes. Plusieurs individus de cet ophidien ont été recueillis par nos voyageurs dans la partie occidentale de l'île de Java, où il se rencontre malheureusement jusque dans les jardins , se cachant dans les herbes touffues , dont le sol des contrées tro- piquales est si abondamment revêtu. Deux ouvriers , mordus lors du séjour de feu Kuht> à Buitenzorg, moururent au bout de cinq minutes. Les indigènes redoutent ce Trigonocéphale comme le serpent le plus dangereux de l'île , et le désignent sous plusieurs noms divers, tels que oular-donda, ou- LAR-BEDOEDAK, ouLARTAUNA, ctc. 11 paraît qu'il fait sa nouriture principale de grenouilles, dont j'ai fréquemment rencontré les débris dans son estomac. Feu Boie mande dans une de ses lettres que les civettes de Java sont daussi vaillans Combiittans des serpens venimeux que les mangoustes , et qu'elles attaquent avec supériorité le reptile dangereux dont nous traitons. Quoique vivipare, les fœtus de cette espèce sont enfer- més dans une enveloppe coriace, de la grandeur et de la fornre d'un œuf de pigeon. On voit une figure abominable du jeune de cette espèce dans Sera // 68. 6; celle de Russel, IikL Serp. II PL 21 550 TllIGOiXOC. HYPNALE. est bonne. C'est la vipera praetextata de Graven- HORST , (tRIGON. P R A E T. HeMPRICh). io Esp. LE T. HYPNALE. T. HYPNALE. PI. XX fig. 6 et 7. C'est sous ce nom que Merrem (i) a fait mention d'un Tri- gonocéphale de Ceylan , auquel il rapporte les co l. leb eti- Nus de Linné et deFoRSKAL, espères indéterminables et qui sont probablement fondées sur des animaux divers l'un de l'au- tre. L'ophidien dont nous parlons a été adressé aux Musées de Paris et des Pays-Bas, des Philippines et de Ceylan , où M. Davy l'a également observé. Ce voyageur rapporte qu'il abonde dans cette île, et qu'il ne surpasse guère un pied de longueur totale. Roulé en spirale dans l'état de repos , il tient la tête constamment élevée au dessus des cercles de son corps ; provoqué, il fait entendre des sifflemens et frappe des coups avec une rapidité extrême ; son activité se manifeste quand il est poursuivi ; il cherche alors à s'échapper avec précipitation en marchant par saccades (2). On voit une figure passable de cette espèce dans Sera /. 19. 7 , qui est le type du col. n e p a de Laur. Syn. p. 97. Peut- être faut-il également rapporter ici: Sera //. PL 55. fig. i et fig. 4 et Scheuchzer Bibl. sacra y 49- n* Ce petit Trigonocéphale ressemble sous plusieurs rapports au précédent; son nmseau est plus conique , revêtu au som- met de petites écailles irrégulières et terminé par une plaque (ij COPHIAS HYPNALE. Te lit, p. l55. [l) C A R A W I L L A Davy , Account, p. 85. PI. 11 , Jig. i, copiée d'après Russel 11 PI. 22, qui représente U variété à bout du museau terminé tn pointe obtuse. TRIGOJVOC. HALYS. 551 proéminente en forme de nez, dont la face postérieure est garnie de plusieurs petites écailles ; les occipitales sont moins dévelop})ées; les écailles, surmontées d'une carène, sont dispo- sées sur 19 rangées; il a les formes beaucoup plus menues ; ses teintes sont plus claires sur le dos , plus variées et foncées sur les flancs; les taches sont moins distinctes; la tête est marbrée de brun , souvent disposé en taches de figures di- , verses; une raie claire et effacée borde l'occiput; les côtés du cou enfin sont ornés de plusieurs raies longitudinales d'un brun foncé et blanchâtre. La proéminence charnue au bout du * nez est quelquefois si peu développée , qu'elle mérite à peine ce nom. Dimens. 0,29 + 0,06 ou 0,29 + o,o5. Plaques : i34+ ^7 ou i5o -h 44- J'ai examiné une dixaine d'individus de ce Trigonocéphale ; le crâne offre un sommet convexe, et a sa partie postérieure presque aussi large que le front ; les nasaux sont étroits et effilés. II Esp. LE TRIGONOCÉPHALE HALYS. T. HALYS. PI. XX fig. 4 et 5. Un seul sujet de ce Trigonocéphale assez mal conservé a été adressé du Musée de Berlin à celui des Pays-Bas. M. EvERSMANN (i) a obscrvé cette espèce dans le désert Bur- suk en Tartarie , où elle a été découverte antérieurement par Pallas (2). J'en ai vu un autre individu dans la collection de chez M. Klinkenberg à Utrecht. (i) Reise p. 146 ; Lichtenst. Catal. p. 106. — (2) Rfise lll Jpp» p. 14.* COL. HALYS; VIPERA HAL. LaTR. IF , /?. 87. EC H I D N A ASPis, var. Palla»ii Merr, lent. p. i5i. 552 TRIGONOC. BLOMHOFFI. Elle a le port de la Vipère commune ; la tête est assez alongée , le museau au contraire très court, obtus et arrondi au bout. On compte neuf plaques à la lèvre supérieure et autant sur le sommet de la tête ; les frontales antérieures se distinguent par leur petitesse ; on observe une rangée de tem- porales très larges ; le reste de la tête et du corps est revêtu ^ d'écaillés lancéolées , lisses , surmontées d'une forte carène, et disposées sur 27 rangées. Le gris jaunâtre du fond est relevé par 5 suites de taches d'un brun olivâtre, plus larges sur le * dos, où elles confluent quelquefois ; une figure en fer-à-che- val , une tache sur le museau et une raie derrière l'œil sont de la même teinte. Dimensions: o,34 + o,oy. Plaques: i) de notre individu 166 + 34; 2) de ceux du Musée de Berlin 164 ■+" 39 ou 170 -h 42 ; 3) de celui de Pallas 164 + 34- 12 Esp. LE T. DE BLOMHOFF. T. BLOMHOFFI (1). PI. XX fig. 8 et 9. M.M. Blomhoff , VON SiEBOLD et BûRGER ont rapporté ce Trigonocéphale du Japon. Nous en devons au dernier voya- geur un bon nombre d'individus. Les plaques de la tête ressemblent par leur forme à celles de la précédente , mais cette partie est beaucoup plus grosse, le museau plus alongé et un peu conique au bout. Cette espèce a des formes aussi lourdes que notre Vipère commune ; la queue est très courte et terminée par une écaille pointue ; l'abdomen est large; le dos presque convexe; le tronc gros au milieu et revêtu d'écaillés un peu lancéolées , toutes (i) BoiF Isis 1826 , p. 214 ; Fauna japon. Ophid. PL 6. TRIGOXOC. CENCHRIS. 553 surmontées d'une forte carène , et dont on compte 25 rangées sur le cou. Le dessus est d'un brun olivâtre , relevé par une double suite de taches ovales plus foncées, un peu alternes , très larges et quelquefois conduentes ; une rangée de taches noires plus petites et irrégulièrement disposées sépare les côtés de l'abdomen, dont le fond jaunâtre est varié de nombreuses taches noires; une large raie de la même teinte se prolonge derrière l'œil. Les jeunes ont les teintes plus vives, le ventre quelquefois noir, la tète parsemé de figures de la même teinte, et les taches du tronc assez prononcées et souvent disposées sur quatre rangs. Plaques: i36 + 4<3 ou 142 H- 56. Dimensions : 0,48 + 0,09. i3 Esp. LE T. CENCHRIS. T. CEJVCHRIS. PI» XX fier. I o et 1 1 . '&• La petitesse des plaques occipitales ou leur défaut total , et la circonstance que la queue est le pkis souvent munie de quelques plaques simples , caractères accidentels et de peu d'importance , ont (cependant occupé les naturalistes au point de leur faire oublier des détails plus intéressans sur l'organi- sation et les mœurs de cette espèce. , Elle habite le-» provinces méridionales des Etats-Unis de l'Amé- rique du Nord. Catesby (i) l'a observée en Virginie et dans la Caroline du Sud, d'où Linné (2) a également reçu des individus; (1) PL 44 ^f 4 5- BLACK et BROWN VIPER ces planclics ont , fourni à Merbem et à Shaw les types de leur pelias NiGER,et de leur COL, CACADAKMONet tisiphone: Tenf, p. 149 et Gen, Zool. m y p. 377 et 406. (2) COL. G ONST R I C TOR , ^"'^ «"V/ZA p. 216; BOA CONTORTRIX XU ccllt. p. Z'j'i. 554 TRIGOIVOC. CEi\CHRIS. Daudin (i) devait le sien à Palisot-Beaiivais et le nôtie a été rapporté par Milbert (2). Cette espèce a le port de la précédente , mais ses formes sont plus robustes ; son tronc est plus comprimé et entouré de 23 à 25 rangées d'écaillés un peu lancéolées et carénées ; la tête enfin est plus grosse et revêtue sur le sommet de neuf plaques de forme ordinaire, mais dont les occipitales sont très imparfaitement développées. Le reste de l'occiput est garni d'écaillés plus petites que celles du tronc, de forme irrégu- lière et surmontées d'une carène changée en tubercule. Le brun grisâtre du fond est relevé par de larges bandes transversales d'un brun cuivré , qui s'élargissent sur les flancs, et renferment sur le dos , une rangée de taches larges et en lozano^e. On observe deux raies lon«^itudinales noires sur la nuque. L'abdomen est jaunâtre et marqué de taches le plus souvent carrées, très foncées et irrégulières; le bout de la queue est ordinairement noir ; toutes les parties sont parse- mées d'innombrables petits points noirâtres. Palisot Bauvais (3) rapporte que cette espèce porte dans les Etats-Unis un nom déiivé de la ressemblance de la couleur de la chaussure des Indiens, appelée m okeson (4). Catesby dit qu'elle a les mouvemens très lents, mais qu'elle se défend avec vigueur lorsqu'on l'attaque. Nous venons de recevoir plusieurs autres sujets de cette espèce , qui parvient jusqu'à 0,76 + 0,14. Les plaques varient de 128 -I- 4i jusqu'à i33 -h 45. (l) CENCHRIS MORESON, Rept. Vol, V p, 358 Pi. 70/] 3 et 4 5 <^t PL 60, f. 25. C'est aussi Ictisiphone cuprea de FiTz. Syst. p. G3. — (a) Boie en a fait son cenchris marmorata. (3) Latr. jRe/?;. Ill,p.^^. — (4) Ou plutôt : M oc as s in. 2 Genre. LES CROTALES. CROTALUS. Les caractères que l'on assigne à ce genre pour le distinguer du précédent, sont d'avoir la queue munie d'un instrument bruyant. Le nouveau monde, patrie exclusive de ces ophidiens, produit cependant une espèce , sous tous les rapports sem- blable aux autres Crotales , mais dont le bout de la queue porte un aiguillon dur et acuminé. Linné , reconnaissant l'analogie de ce serpent avec les Crotales , l'a placé sous le surnom de muet, à la suite de ce genre créé par lui (i). Cette manière devoir du grand auteur du système de la nature , et qui est basée sur un des principes qu'il énoncé ailleurs, n'a pas été goûtée des naturalis- tes , qui ont rangé ce Crotale parmi les Trigonocéphales , ou en ont même formé un genre à part , celui de Lachesis. Il faut convenir que ce reptile remarquable ne diffère des Trigonocé- phales par aucun caractère essentiel , mais c'est l'impression , résultat de l'ensemble de l'organisation, qui doit décider la ques- tion relative à la place qu'il convient d'assigner aux êtres dans la méthode naturelle. Un regard suffit pour saisir l'affinité qui existe entre ce reptile et les Crotales, et l'œil inexpérimenté même recon- naîtra dans notre ophidien un Crotale dépourvu de sonnettes. Cette physionomie particulière , propre aux Crotales et qui les éloigne des Trigonocéphales , est due en grande partie à leurs formes robustes ; à leur tête assez grosse et terminée par un museau court, gros, arrondi, en pente , et susceptible d'un mouvement assez borné j à leurs écailles très épaisses , souvent (i ) Ce savant avait d'abord proposé le nom de crotalophore, ce qui signifie : Port e-s o n n e 1 1 e. 556 CROTALUS. à bout saillant et surmontées dune carène ou d'un tubercule extrêmement prononcé ; à leur tronc vigoureux , considérable- ment comprimé ; à leur dos aminci en une carène assez forte ; enfin à une cei taine conformité dans les teintes , qui sont ordi- nairement d'un brun jaunâtre , relevé par de larges tacbes plus foncées et en lozange. Ce genre est peu nombreux en espèces; elles parviennent le plus souvent à une taille supérieure à celle des Trigonocépbales , ce qui , joint aux formes vigoureuses de leur corps, les rend redou- tables au plus haut degré. Comme le reste des serpens venimeux proprement dits, elles attendent leur proie du lieu de leur retraite, et ne mordent pas sans être provoquées. Il est heureux pour l'homme que ces dangereux reptiles paraissent habiter de préférence les lieux solitaires , secs , arides, pierreux et revêtus d'une végétation brûlée ou rare , où il ne porte guère ses pas, et où il peut apercevoir de loin le péril qui le menace. D'un autre côté, la nature, en munissant la queue de ces reptiles dun instrument dont le bruit annonce leur présence , semble avoir pris soin de la conservation de l'homme, en le faisant avertir du danger voisin, par l'ennemi même qu'il doit éviter. Cet appareil bruyant , connu sous le nom de sonnettes , se l'etrouve avec peu de modifications chez les trois preniières espèces: il consiste en un nombre plus ou moins considérable de pièces d'une substance cornée , mince et élastique, en forme de cône comprimé, creux et dont la face extérieure offre trois bourrelets ; chacun de ces étuis reçoit, dans sa cavité, les deux derniers bourrelets de la pièce précédente à laquelle il tient en sorte que leur vraie forme ne s'aperçoit cj'ue dans la pièce terminale; celle qui s'attache au bout de la queue est retenue par imecouched'une substance particulière, moulée surle creux de cette pièce qui, en enveloppant la dernière vertèbre caudale, répond a-peu-près à la forme de cet os. Les pièces cornées qu'on à appelées cornets ou grelots, étant assez lâchement emboitées les unes dans les autres , sont secouées lorsque la queue se CROTALUS. 557 remue et produisent, parleur iVottenient, un son particulier très fViil)!e , mais qui se fait entendre à une distance de vingt à quarante pieds et que l'on peut conqiarer au l)ruitque font ties pois renfermés dans leurs gousses dessécliées. Le dé\eloppe- ment de cet appareil s'opère d'une manière toute particulière. Les petits enfermés dans Tœuf ou immédiatement après la nais- sance , n'offrent au bout de !a queue qui est gros et coniprimé , qu'une seule pièce, souvent en forme de cœur et attachée à la dernière vertèbre de la queue; cet os beaucoup |)lus volumineux que les autres vertèbres , assez applati dans le sens vertical , est revêtu d'une couche épaisse d'une substance adipeuse , blanche et d'un tissu serré, qui ne me paraît être qu'une con- tinuation de la peau. Cette substance productrice des sonnettes , en renouvellant son épidémie, forme un nouveau cornet, dont le premier bourrelet se développe en avant du premier bourrelet de l'ancien cornet ([ui , quoique poussé peu-à-peu en arrière , est retenu par les deux derniers bourrelets de la pièce nouvelle- ment formée. Il est manifeste que le nombre de ces cornets doit être augmenté d'un à chaque mue , et que ces pièces repous- sées, et sans aucune connnunicalion avec les fluides nourriciers, doivent jouer assez librement les unes sur les autres, et se trou- ver dans un état constant de sécheresse. Selon toutes les proba- bilités , cet appendice de la queue subit autant de mues que le reste des tégumens ; mais comme la plupart des serpens changent cinq fois de peau par an, le nombre de ces grelots devrait être beaucoup plus considérable, qu'on ne l'observe conmiunément. Il est vrai que, vu la fragilité de la sonnette, elle est tantôt détruite en partie, tantôt totalement enlevée (i) ; et voilà peut-être la raison pourquoi cet appareil , quoiqu'il ne cesse de se renouvel- 1er, est souvent composé, chez les adultes, d'un nombre de grelots moindre que chez les jeunes. Le nombre de ces pièces s'élève (i)PALisoT BAUVAisa souvent ramassé de ces sonnettes détachées , lors de ses courses dans les Etals-Unis : voir , Latr. Rept. VI p. 73. 558 CROTALUS. quelquefois jusqu'à ^2 , si toutefois on peut se fier aux figures de Seba. Les Crotales ont le dessous de la queue le plus souvent revêtu de lames simples , parmi lesquelles on en voit quelquefois plusieurs divisées; le m uet en offre presque toujours de cette dernière qualité . qui sont même remplacées vers le bout de la queue par de petites écailles. La tête des Crotales est toujours dépourvue de plaques temporales ; les labiales sont nombreuses et petites ; les mentales peu développées; on voit deux plaques oculaires antérieures; plusieurs écailles tiennent lieu des frênaies; les surciliaires sont assez larges; le museau offre quel- quefois une ou deux paires de plaques remplaçant les frontales; mais le millet a le sommet de la tête revêtu de neuf plaques semblables à celles des Couleuvres , tandis que cbez le muet cette partie en est totalement dépourvue : tout le reste de la tête est garni d'écaillés, qui ne diffèrent de celles du tronc que par leur petitesse et leurs formes irrégulières. Les narines sont plus larges que dans le genre précédent et le plus souvent un peu verticales. L'œil, comme dans les Trigonocépliales , a peu de volume relativement k la taille de l'animal. Le crâne des Crotales offre beaucoup d analogie avec celui des Trigonocépliales ; mais il est composé d'os plus vigoureux et son sommet est , particulièrement vers les parties postérieures , plus large , convexe et allant un peu en pente vers le bout du museau. Les frontaux antérieurs sont un peu inclinés du plan horizontal et le maxillaire, assez bombé au devant, se dirige obliquement en arrière, de sorte que le plan sur lequel se fixent les crochets est à peu-près perpendiculaire: il résulte de la position de ces parties, différente de ce que nous avons vu chez le genre précédent, que les Crotales n'ont pas la faculté d'ériger leurs crochets à un degré aussi considérable que les Trigonocéphales , et que ces ophidiens forment sous plusieurs rapports le passage aux Vipères, qu'ils remplacent dans le nouveau monde. CROTALUS. 559 Les formes robustes des Crotales sont en grande partie tlues à la construction solide des parties composant leur charpente osseuse, qui est beaucoup plus développée que celle du genre précédent. Les vertèbres sont munies d'apophyses plus fortes que dans aucun autre ophidien ; les épineuses particulièrement sont d'un volume considérable. Le canal intestinal est assez spa- cieux et sa partie grêle forme de profondes inflexions. Les Cro- tales sont dépourvus de glandes nasales et de la rostrale. Les auteurs qui ont traité l'histoire des reptiles, ont le plus souvent confondu les espèces du genre Ciotale, réunissant toutes les données relatives aux mœurs de ces animaux dans un seul chapitre , consacré quelquefois à des espèces toutes diffé- rentes de celle sur laquelle les observations avaient été dressées. Ces erreurs sont dues en grande partie à l'incertitude qui règne dans les ouvrages d histoire naturelle sur la patrie des animaux. Ayant une fois fixé d'une manière précise la patrie des espèces, il ne sera plus difficile d'assigner à ces observations la place qui leur convient. On est cependant loin d'avoir des données com- plètes sur ce point: on sait par exemplequele Mexi(jue,la Nou- velle Grenade, le Pérou , le Chilé et le Paraguay produisent des Crotales; mais les notions fournies par les voyageurs sont si insuffisantes qu il est impossible de constater laquelle des espèces connues les savans ont eu devant eux; en outre, l'habi- tude d'établir des espèces nouvelles sans les comparer à celles déjà inscrites dans le catalogue méthodique , a été cause que leur nombre se tiouve beaucoup trop multiplié; on en a même érigé plusieurs en genres, comme le prouvent les dénominations de cAUDisoNAet uropsophus, renouvellées ou inventées par FiTziNGER et Wagler. Je me borne à citer quelques exemples, servant de preuve à ce queje viens de dire sur la confusion, qui règne dans l'histoire de ce genre: LiNNAEUs(i)a déjà confondu, dans ses descriptions, (l) CROT.HORRIDUSetCROT. PURISSUS. LiNX. Syst. not. p. 3'J2» 560 CUOTALUS. les grands Crotales des deux Amériques , ce qlii a été cause que Daudin a appliqué les dénominations du savant suédois dans un sens inverse. Le crot. URYiNusde Linxé (i) est basé sur deux figures de Sera. (2) dont l'une représente le Millet, l'autre au contraire le crot. horridus: cette espèce imagi- naire , adoptée par ses successeurs , est aussi mentionnée dans l'ouvrage de L\ treille , qui emploie en outre les deux figures citées, pour en faire son crot a lu s i m m a c u l atus (3) ; ces mêmes figures ont encore servi de type au crotalus orient A LIS de Laurentius (4) et au crotalus strepi- t A N s de Daudin (5). Le crot. r h o m r i f e r de Latreille (6) est évidemment le même que le crot. durisse, mais ce savant ajoute à la suite de cet article les observations de Bauvais sur une espèce de l'Amérique du nord, à laquelle on a donné les mœurs des t r o r i d o n o t e s ; le c r o t. r h o m b i f e r de Daudin (7) au contraire est probablement identique avec son DURissus , quoique la figure qu'il en donne convienne mieux au c R. HORRIDUS. Lcs obscivations faites sur la grande espèce des Etats-Unis ont souvent été attribuées à son réprésentant de l'Amérique méridionale, négligence des auteurs qui a en partie entraîné les nombreuses erreurs dont les ouvrages des natura- listes fourmillent. C'est par ces raisons qu'il faut user de circonspection , en consultant la synonymie des Crotales telle qu'on la trouve cbez Merrem (8) et cbez d'autres savans; on parviendra aisément à la débrouiller en comparant ces travaux au nôtre. Les figures que plusieurs auteurs ont données de Crotales, sont si mauvaises qu'il est impossible de les rapporter à leur type: à cette catégorie appartiennent celles publiées par (i) ibid^ — il) Thés. II. Ç)^. 3 et 96. i. — (3) Rept. III p. 201. — (4) Syn. p. 93. — (5) Rept. vol. V p. 3x8. — (6) Rept. 111 p. 197. — (7) Rept. V p. 323 ; PL 60/ 11 , 'i3 et PL 69 fig. 1. — (8) Tent.p, 156 , suiv. TROiALUS HORRIDUS. 5C1 ScHEUcnzER 734. 4 ? ^t 648. I, que Merrem cite à propos (le son c R o T. d r i y pç u 1 et de son c o p h 1 4 s j a r a r a c a ; ensuite Sera //. 93. 2 , qui représente peut-être le Durissus et d'autres. 1 Esp. LE CROULE CJSCJFEL. C. HORRIDUS. PI. XX fig. T2, i3 et 14. C'est sous ce nom que nous désignons, à l'exemple de Daudin (i) , l'espèce de Crotale, répandue dans une grande partie de l'Amérique méridionale. Linné (2) a probablement confondu sous les dénominations d'horridus et de durissus, les deux grandes espèces de Crotale des deux Amériques; la description de son crot. horridus du moins me semble faite d'après la grande espèce commune dans les États-Unis, tandis que celle de son durissus est faite d'après l'espèce de l'Amérique intertropicale, à laquelle il rapporte cependant les observations de Kalm , dressées évidemment sur la première. Daudin au contraire comprend sous le nom de durissus, la grande espèce de l'Amérique méridionale que l'on voit figurer trois fois dans son ouvrage. Lacépède (3) décrit sous le nom de buiruira notre espèce, mais il ajoute à la suite de cet article un grand nombre d'observations, relatives à plusieurs autres Crotales. Latreille a suivi les traces de son prédécesseur 5 mais la con- fusion qui règne dans son ouvrage est si grande, que son travail sur les Crotales est au dessous de la critique. Le reptile dont nous traitons, a fourni matière abondante (1) Rept, vol. f^ p. 3ii PI, 69 fif[, I. — (2) Syst. nat, p, 372. — (3) Ouad. ncip. vol H p. 3f)o PI. 18 fî^. i.. ' 36 m 5G2 CROTALLS HOERIDUS. aux iconographes: c'est le boicinin GAcleMARCGBAv(i);SEBA l'a représenté IL 4^, 4^ individu à râgenioyen, dont Latreille, III p. 202, a fait son cr ot. simu s ; 95. i ,qui est le type du cAUDisoNA TERRiFiCA Laur. p. 93 ; 96 , I et 2 , figurcs d'adultes, dont l'un offre une sonnette composée de 42 arti- culations ; enfin 7. 70. 12 , mauvaise figure d'un sujet privé de sonnette, et dont Laurentius , citant par erreur Seba 7. 10. i, a fait son col. java nu s (2) , qui a été placé par Daudin(3) dans le genre vipère. Vosmaer (4) a donné une bonne figure de cette espèce, et qui a été faite d'après un individu apporté vivant en Europe ; Wagler (5) a cru reconnaître dans les indi- vidus recueillis par Spix , une espèce nouvelle , que le Prince de Neïjv^ied rapporte judicieusement à notre Crotale; l'ouvrage de ce dernier voyageur en contient une belle figure faite sur les lieux (6). Le Crotale cascavel se distingue facilement des autres espèces par le sonmiet de son museau revêtu de 3 paires de plaques dont la dernière paire , enchâssée entre des surciliaires très larges, lient lieu de verticales , et auxquelles succèdent d'au- tres lames écailleuses très petites, irrégulières, et qui prennent bientôt la forme des écailles Crotale. L'anatomie de ce serpent , publiée p;ir Tyson, Pfiil. Trajis. n." i4i-) eontient de très bonnes observations. Ce Crotale parvient à la grosseur d'un poignet d'bonime sur une longueur totale de 5 à 6 pieds; les individus de cette toilie sont cependant assez rares : on en voit le plus souvent de Ojyy-\- 0,08. Le nombre des plaques varie depuis 164-+- 21 jusqu'à 127 + 28. La couleur du fond de ce Crotale est un brun jaunâtre plus ou moins foncé , varié de brun , et ])lus clair sur les parties inférieures: une suite de larges taches en lozange, à centre plus < lair et bordées de blanc , régnent le long du dos; des raies claires traverseîit , en se croisant , les flancs et renferment d'autres taches en lozange , plus petites et moins distinctes que les dorsales ; les teintes se changent sur la queue en brun foncé uuiforme. On observe une ou plusieurs bandes d'un brun noirâtre entre les yeux ; quatre raies de la même teinte , dont les Uitérales sont moins distinctes , se dirigent du som- met de la tête le long du cou , où elles se dilatent pour former les taches en lozange dont nous venons de parler; plusieurs autres raies se trouvent derrière et au dessous de l'œil. J'ai observé que les individus de Surinam offrent des teintes plus claires , tirant sur le jaune et sur le rouge, tandis que ceux du Brésil sont d'un brun plus foncé, et offrent des taches peu distinctes. Si cette circonstance était constatée dans un grand nombre de sujets, il faudrait adopter dans cette espèce plusieurs variétés de climat ; mais il serait d'abord nécessaire de connaître d'une manière précise les Crotales mentionnés par d'Azara, PoppiG, GuMiLLA, DE Pernetty, VON Rumboldt et par d'autres: si ces animaux, commeje le suppose , appartiennent à notre espèce , elle se trouve répandue sur toutes les régions chaudes de l'Amérique méridionale. Car elle abonde à Suri- nam, d'où M. DiEPERiNK nous en a envoyé plusieurs individus ; on la trouve à Cayenne; Spix l'a observée dans la province de Bahie. M. Natterer en a fait parvenir au Musée de Vienne 564 CROTALUS HORRIDUS. de plusieurs provinces du Brésil qu'il a parcourues , et le PritscîC DE Neuwied l'a rencontrée sur presque tous les points de son voyage. C'est encore à ce savant qu'on est redevable des notices que Ton a sur la manière de vivre dece Crotale; j'en commu- nique le résumé: «Les Portugais du Brésil désignent ce Crotale »sous le nom de cobra cascavela, tandis qu'il est connu » chez les Botocudes sous celui de h a n t c h i t a ; il ne se ren- » contre point dans les forêts humides et voisines de la côte » de la mer , préférant les contrées plus hautes , pierreuses , » sèches, échauffées, arides ou revêtues d'une végétation » brûlée, composée d'arbustes ou d'épines : c'est dans de sem- wblables lieux que ce grand ophidien passe la majeure partie » du jour roulé en spirale pour se reposer au soleil ; il ne mord » que les animaux qui s'approchent trop du lieu de son séjour. » Il arrive souvent lorsqu'un de ces ophidiens s'est établi dans » un lien où les troupeaux passent habituellement, qu'en un « seul jour plusieurs vaches deviennent la victime de sa morsure, «jusqu'à ce que les pâtres du voisinage avertis de la présence » d'un ennemi aussi dangereux , le recherchent pour le tuer. On » n'en a cependant rien à craindre, si l'on n'approche pas de sa » retraite , ou si on l'apperçoit aune distance de quelques pas , » parcepu'il prélude à la morsure en faisant résonner les grelots j» par une vibration de la queue; ces sons cependant ne s'en- » tendent qu'à une petite distance. La force de ce Crotale est » très grande , et ses crochets pénètrent souvent à travers des » bottes, faites d'un cuir assez épais. Les indigènes font beaucoup » de cas des sonnettes, réputées comme médicament souverain >» dans plusieurs maladies. » Les détails communiqués sur les mœurs des Crotales par Wagler , se ressentent trop de l'imagination , et il y règne trop de confusion par rapport à la détermination des espèces dont il parle, pour que l'on en puisse débrouiller la vérité; nous nous bornons par conséquent de les indiquer. VosjviAER a fait des expériences avec un Crotale envové OROTALDS DURISSUS. 565 vivant de Surinam à la Haye. Cet individu, enfermé dans une lar«^e ca^e, mordait plusieurs souris et des oiseaux, qui mou- rurent au bout de quelques minutes , mais il n'y touelia plus après les avoir fait périr, refusant absolument de prendre aucune nourriture. M. Becker (i) de Damistadt a communiqué quelques observations intéressantes , faites sur un Crotale vivant , dans une ménagerie. « On faisait entrer dans la cage deux lapins » dont l'un blanc, l'autre d'un brun rougeâtre; l'opbidien , » roulé en spirale et couché au centre de la cage, sonnait » sans cesse de la queue élevée verticalement au dessus des » roulaux du corps, alongeant de temps cà temps sa tête, >^ mais ne faisant aucune mine d'attaquer les lapins , nonobs- » tant les provocations réitérées de la part du garde de la » ménagerie; on apporta ensuite un lapin noir , qui fut mordu »à l'instant même par un coup, lancé avec la vitesse d'un » éclair , et qui en mourut au bout de ^minutes. « 2 Esp. LE CROTALE DURISSUS. C. DURISSUS. « PI. XX fîg. i5 et i6. C'est encore dans le sens de Daudin (2) que je fais l'ap- plication de ce nom, Linné ayant probablement con- fondu dans sa description du Durissus plusieurs espèces, tandis que la figure du premier naturaliste ne laisse aucun doute sur l'identité de son Durissus avec la grande espèce de Crotale, habitant l'Amérique septentrionale. C'est à cette (i) Isis. 1S1S p. Il 32. — (2) Rept. vol. V p. 3o4 PL 68 Ji^. i et 2 ; c'est aussi lecROT. atricaudatuscIc Latr. Rept. vol, fil p, 309 ; on en voit une figure clans Guérin Iconogr, Rept. PI. 23/*. 2 , sous le nom de c r o t. h o r r i d u s. V 3GG CROTALUS BUÎllSSUS. espèce qu'il faut rapporter les nombreuses observations faites sur des Crotales clans l'Amérique du nord, qu'elle paraît habiter depuis les grands lacs jusqu'en Californie et en Mexique ; car Je ne vois pas en quoi diffère de notre espèce le nouveau genre, formé par Wagler (i) d'après un Crotale de ce dernier pays. Catesby (2) l'a observé^ en Caroline , d'où BosG et Palisot-Bauvais (3) ont rapporté des indi- vidus. M, Harlan (4) a vu en 1826 à Philadelphie une collection composée de i5o individus de ce Crotale, recueillis dans les provinces de Wane, Pike , Susquelianna , Pennsyl- vanie, Siliivan et de New York. Sa\ (5) a trouvé ce Crotale jusqu'aux pieds des montagnes rocheuses, et Kalw assure qu'il habite jusqu'aux bords du lac Champlain , mais qu'il ne se rencontre point au delà de la rivière de St. Laurent. Le Crotale durissus ressemble à beaucoup d'égards à l'es- pèce précédente, dont il a parfaitement le port, les formes et la taille ; il s'en distingue cependant au premier abord par son museau , dont le sommet n'offre qu'une paire de plaques sy- métriques , auxquelles succèdent de petites écailles de forme assez irrégulière, quelquefois plus grandes vers les flancs ; aux écailles du tronc un peu plus lancéolées , à carène moins grosse et disposées sur in rangées ; aux écailles temporales plus larges , à surface unie, et plus grandes que chez l'espèce précédente; aux yeux plus petits; enfin, à un système de coloration assez différent. La couleur du fond est un brun grisâtre, tirant tantôt sur le jaune, tantôt sur le noirâtre; trois suites de larges taches d'un brun vif ou noirâtre, bordées quelquefois d'une teinte plus claire, régnent le long des parties supérieures; les dorsales, d'une étendue plus considérable que les latérales qui sont de forme ovale, varient extrêmement par leur configuration: (i) UROpsopiius TRIS F, HIATUS. Syst. p. 176.— (2) PL 41. — (3) Daud. et Latr. /. c. — (4) Syn. p. 369.- — (5) Exped, Rocky. Mount. U. p. 35 o : c r o t a l u s c o n F l u e n t u s. CROTALUS DLRISSUS. 567 elles sont tantôt anguleuses, tantôt polygones ou conlluentes, parliculièrement sur le devant, et forment alors des raies longi- tudinales, souvent en lozange disposé transversalement , et dont les bouts s'élargissent quelquefois pour se réunir aux taches des flancs, en sorte qu'il en naît de larges bandes transver- sales. La tète offre des teintes assez uniformes, qui corres- pondent le plus souvent à la couleur du fond: elle est quel- quefois noire; la queue l'est constamment. Le dessous est d'un jaune plus ou moins clair, moucheté ou marbré de brun. Plusieurs voyageurs et naturalistes ont publié des ren- seignemens relatifs aux mœurs de ce Crotale, mais il faut de la circonspection en consultant ces travaux: sans se procurer d'abord des notions exactes sur les espèces, on s'est le plus sou- vent contenté de rapporter tout simplement les récits popu- laires , enfantés par l'ignorance et propagés de bouche en liouche par de longues suites de générations. Comment se fier par exemple à des personnes, qui mandent queces reptiles grimpent sur les arbres et traversent les eaux à la nage avec une égale facilité, qu'ils chassent les écureuils agiles d'arbre en arbre, qu'ils étouffent dans les replis du corps leur proie après l'avoir mordue, qu'ils l'avalent en commençant par la queue, que leur venin conserve son activité durant des siècles, etc.! Que dire quand on ht que des voyageurs estimés pré- tendent avoir vu de leurs propres yeux, que la femelle des Crotales fait rentrer, à l'approche de danger, ses petits, qui sont de la grosseur d'un tuyau de plume! C'est là soumettre la crédulité des naturalistes de profession à une trop lude épreuve, pour ne pas nous engager de nous abstenir de toute remarque ultérieure. AuDunoN (i) rapporte, que l'on emploie dans l'Amérique du nord la peau de ce serpent pour en faire des souliers. Say (2) a (t James. E(il. Ph. Joiim. lU j>. 21. — (2} Rocky. Moimt. p. qi36- •^ 568 CROTALUS DURISSUS. observé que ce Crotale , ainsi que le suivant , fréquente les Vieirs. stériles, ou nul herbe ne peut gêner ses mouvemens, et qu'il s'éta- blit souvent dans les habitations de ces petits rongeurs , décrits dans le même livre sous le nom d'Arctomys ludoviciana (i). On trouve dans l'ouvrage de Latreille (2) plusieurs obser- vations sur les Crotales , faites par Palisot Beauvais lors de son séjour aux Etats-Unis; en voici l'extrait; « Le serpent à » sonnettes n'attaque jamais les animaux dont il ne fait pas >» sa nourriture; il avertit toujours de sa présence parle bruit » de ses grelots. Les Crotales se retirent aux approches de î> l'hiver sous des amas de grosses pierres, dans de trous pra- » tiques en terre par d'autres animaux , dans le voisinage des » eaux et dans un fond marécageux , couvert d'une espèce de w mousse assez élevée et connue sous le nom de Sphagnum «palustre; c'est dans ces retraites hyémales, que l'on voit ces » serpens en pelotons entrelacés ensemble, sans mouvement; «en quittant au printemps ces lieux , il se passe quelques jours «avant qu'ils aient acquis leurs forces habituelles, et en- » tretemps ils ne montrent pas la plus légère envie de mor- » dre ; ces reptiles ne grimpent pas sur les arbres, et mangent » indistinctement tous les oiseaux morts qu'on leur présente ; «ils se nourrissent aussi d'écureuils, de rats, de souris et de » lapins. » Bosc (3) a trouvé dans l'estomac d'un de ces Cro- tales un individu du lièvre américain. Catesby (4) rapporte, que ce Crotale s'introduit quelquefois dans les maisons et même dans les lits, que les animaux domestiques sont assez inquiets aussi longtemps que cet ennemi dangereux se trouve dans leur voisinage , mais qu'il ne fait point de mal , pourvu qu'on ne l'importune pas. (1) p. 334. — (2) Rejjt, 111 p, 66 »uiv. — (3) Ap. Latr. III p, 190. {^) P' 4'. CUOTALUS MILIARIUS. 5G9 3 Esp. LE CROrALE MILLET. C. 3IILIARIUS. (i) PI. XX fig. 17 et T 8. Quelques légères disparités dans la forme des légumens de la tête ont paru à plusieurs naturalistes (2) assez importantes, pour ériger en genre particulier l'ophidien dont nous traitons, et qui est un des Crotales les mieux caractérisés. On en voit des figures dans Seba (2), Catesby (3) et Merrem (4) ; celle de LacépÈde (5) est au dessous de toute critique. Ce Crotale paraît habiter de préférence les provinces méridionales des États-Unis; Catesby l'a observé en Caroline; Say (6) dans les plaines stériles et solitaires situées entre le Mississipi et les montagnes rocheuses. Nous devons au Prince de Musiofnano plusieurs individus de ce Crotale, provenant de l'expédition du Major Long , et qui ne diffèrent en rien de ceux que nous possédons de la Caroline. Ce Crotale surpasse rarement 0,72 -|- 0,10. Ses plaques se trouvent au nombre de i3o4- 22 ou de i33 + 3o. Les écailles assez effilées , lancéolées et surmontées d'une carène tran- chante, sont disposées sur 23 rangées; les grelots sont le plus souvent d'égale grosseur ; le museau est arrondi et assez anguleux aux côtés; le sonmiet de la tête est revêtu de 9 plaques , dont les occipitales sont peu développées; on voit une seule plaque au frein, et dix ou onze à la lèvre supérieure; l'œil est volumineux; la couleur du fond, d'un gris rougeâtre plus foncé sur le dos, est relevée par trois suites de taches (i) Linné ^^j/. naU p* 672 ; cette espèce forme le genre c a u d i- s o N A de FiTZiNGER. Classif.p^ 63 , adopté par Wagler. — (2) Thés, //. 95. 3. — (3) PL 42. — (4) Jnn. Wetter. l p. i5 PI. 3. (5) Qnad. ovip, II PL 18 fig. 2. — (6)cROT. TERGEMiNUf, Rocfiy MounU Il p. i83 et /?. 34a. 570 GROTALUS MUTUS. foncées, dont les dorsales sont plus grandes et souvent en œil; le jaune clair du dessous s'entrevoit quelquefois à peine à travers les taches nombreuses d'un brun foncé, qui en occupent toute l'étendue; on volt deux larges raies sur l'occiput, et une autre bordée de blanc derrière l'œil : tous ces caractères offrent autant de traits, propres à distinguer cette espèce des autres. Les caisses de ce Crotale sont minces , la mâchoire infé- rieure est très courbée. 4 Esp.; LE CROTALE MUET. C. 3IUTUS. PI. XX fig. 19 et 20. Après tous les changemens que la nomenclature de cette espèce a éprouvés, je n'hésite point de revenir aux idées du savant (i) qui l'a le premier décrite. Wagler rapporte d'après Spix , que cet ophidien atteint jusqu'à 10 pieds de longueur totale , qu'on le trouve fréquem- ment par tout le Brésil , principalement dans les bois sombres où il se tient sous le feuillage, et qu'il se nourrit de petits mammifères, d'oiseaux et même de reptiles. Le Prince de (i)r;RO TALUS MUTUS LiNN. Syst. nat.p' 373.— boa muta, LE MUET LaCJÎP. Quod. Ovip. 11 p. 389. SCYTALE CATE- N A t u S Latr. /// p. 1G2 et s c Y T. A M M o D Y T E S ib. d'après Seba 7/76. I. — LACHE SIS MUTUS Daudin Rept. V p- 35 1. BOA CROTALlîNA et COLUBERALECTO ShAW Gcn. Zool. m p, 352 etyj. 400. — TRIGONOCEPHALUS RHOMBIFER Clv. Règne Ofùrn. Il p. go. — cophias crotalinus Merr. Tent. p. i54. — BOTHROPS çurucucu Wagl. Se/ p. bras. PI, 23 p» 59 Suiv. LACHESIS RHOMBEATA NeUWIED. Ahblld , Livr. J PI. 5. CUOTALUS MUTUS. 571 Nehwied (i) n'a pu observer des différences sexuelles ni individuelles tlans un bon nombre d'individus, vus par lui au Biésil, que cette espèce habite dans toute son étendue; elle préfère, suivant ce voyageur, les forets fraiches et om- bragées aux contrées découvertes; on )a rencontre, couchée indolemment sur le sol , et roulée en spirale; elle ne grimpe point sur les arbres ; sa morsure est aussi dangereuse que celle des Crotales ; on la tue partout ou on la trouve; on en prend quel([uefois dans les fers des trappes, et il arrive aussi qu'elle se rapproche des feux que les chasseurs font dans la nuit. Ce grand reptile halnte également Cayenne (2), Essé- quélto (3) et Surinam (4), d'où M. Dieperinr nous en a envoyé plusieurs, et très récemment un inthvidu de i,83 -h 0,1 17 de longueur totale. Le docteur IIering (5), qui a fait des expériences intéressantes sur le venin de ce Crotale, s'est servi à cette fin d un individu long de dix pieds, pris vivant dans les environs de Paramaribo. Il résulte de ces données que le Crotale muet est, à cause de sa grande taille, un des serpens venimeux les plus redoutables, qu'il n'habite que dans les contrées chaudes de l'Amérique méridionale, et que sa manière de vivre est ana- logue à celle des trigonocéphales. Il s'approche d'un autre coté des crotales par son port, par l ensemble des formes et par le système de coloration ; mais il s'éloigne de ces deux genres par la conformation de sa queue. Ce membre est assez menu et pointu, et les plaques doubles qui en revêtent le dessous, sont tellement nombreuses vers le bout, qu'elles ne diffèrent nullement des écailles du dessous de la queue, qui est terminée par une pointe acérée, assez longue, (i) Beitr. p. 447. — (2) Daud. F p. 35i. — (3) Neuw. ^e/V/-. p. /,65. — (/|) Marcgrav, voir Piso p. 276 , a déjà fait mention de celle espèce sous le nom de ç u r u c u c u , qu'elle porte aussi dans tout le Brésil. — (5) Stapf Archiv. vol. X cah, 1. 572 . CROTALUS MUTUS. dure et en forme d'alêne. La tête ressemble parfaitement, par sa configuration , à celle du Crotale cascavel , mais son museau est plus large arrondi au bout et aux côtés, et à sommet garni de petites écailles irrégulières semblables à celles du reste de la tète; on ne compte, à la lèvre supérieure j que huit ou neuf plaques dont la troisième est très alongée; la rostrale est un peu en pentagone ; les mentales sont assez développées. Le tronc de cet opliidien est beaucoup plus comprimé et plus élancé que celui des autres espèces, le dos est par conséquent prolongé en une carène assez émoussée, et saillante en forme de tubercule. Un jaune d'ocre assez vif tirant sur le brun , et passant sur le dessous au jaune et au blanchâtre, forme la teinte princi- pale; elle est rehaussée, sur le dos , par une suite de taches assez larges, en lozange, d'un brun foncé, tantôt confluentes particulièrement sur la queue, tantôt à centre plus clair; la tête est variée de petites taches de cette même teinte , qui forme derrière l'œil une raie étroite , passant à l'angle de la bouche. Plaques: 226 + 4^ ou 23o -+- 5o. Le squelette de ce Crotale offre des os extrêmement vigou- reux; les apophyses épineuses sont longues et fortes ; le crâne a le sommet large et plane; les crochets sont très longs, et les frontaux postérieurs plus développés que dans les autres Crotales. L'estomac et une partie de l'intestin ont été figurés par DuvERNOY jinn, d. se. nat, XX K PI, l'^/ig. 3 et 4, ■a^^^^-c 3 Genre. LES VIPERES. VIPERA. Les serpens venimeux proprement dits, dépourvus de fosset- tes nasales, ne forment qu'une seule coupe générique très naturelle , pour laquelle on peut réserver la dénomination de Vipère, quoique ce mot qui dérive vivipare soit applicable, à la rigueur , à un très grand nombre d'ophidiens. Dans LiNNAEUs , les Vipères se trouvent confondues parmi les Couleuvres. Lacépède a compris dans sa division des Vipères, un grand nombre de serpens venimeux , tandis qu'il en réunit d'autres dans des genres à part ; plusieurs font même partie de celui des Couleuvres. Les auteurs français, successeurs de ce savant, ont apporté plus ou moins de changemens à ce système ; mais ce n'est qu'après qu'on eut retiré de ce groupe les Najas , les Elaps, les Bongares et les Trigonocéphales, que le genre des Vipères fut limité à-peu-près tel que nous le com- prenons. Merkem a, sans aucune raison apparente, changé le nom de Vipère en celui de pelias. Boie a conservé ce dernier nom pour les espèces européennes , créant pour la Vipère d'Egypte son genre echis. Fitzinger et Wagler , démembrant de rechef les restes de ce groupe, ont tellement multiplié le nombre des dénominations , qu'il dépasse de loin celui de toutes les espèces connues. Les amis delà nature me sauront gré , d'avoir en quelque sorte rétabli l'ancien ordre des choses; j'ai même réuni aux Vipères I'a c AN TH opii is qui , nonobstant les formes hétérogènes pro- pres à tant de productions de la Nouvelle Hollande, ne doit 574 VIPERA. pas être éloigné des Vipères. En adoptant des subdivisions dans ce genre , l'Acanthophis pourrait, en vertu de son orga- nisation disparate, en composer une 5 les trois Vipères de l'Europe, sans se distinguer du reste par des caractères sail- lans , se ressemblent cependant sous tant de rapports , que l'on en pourrait former une autre ; mais les autres Vipères , compris alors dans une troisième division , diffèrent souvent si essentiellement entre elles, soit par leurs habitudes, soit par leur organisation , qu'il est impossible de généraliser à toutes les mêmes caractères et les mêmes mœurs. De nombreuK exemples peuvent appuyer mes opinion s; je me borne à en citer quelques uns : le Vipera arletans , si analogue dans son organisation aux autres espèces du Cap et de l'Asie, a cependant une manière d'attaquer différente de celle de tous les autres ophidiens. Cette même espèce, ainsi que la Vipère élégante, ont des narines extrêmement ouvertes , tandis que ces orofanes sont très étroits chez les autres. Toutes les Vipères fréquentent des contrées sèches , arides, découvertes ou sablonneuses; l'Europe centrale cependant, où de pareils lieux n'existent guère, nourrit une Vipère, tout-à-fait analogue par son organisation aux autres espèces des régions méri- dionales de celte partie du monde , dont une du moins , l'Ammodyte , n'habite jamais les terrains marécageux et om- bragés. Cette dernière espèce offre un museau alongé en pointe , qui s'observe déjà à l'état rudimentaire chez la Vipère aspis, et dont l'usage est probablement d'aussi peu d'impor- tance pour l'économie animale que les plaques surciliai- res élevées de l'Acanthophis; la queue du dernier est munie d'un crochet assez prononcé, sa tête est revêtue de plaques d'une étendue considérable , mais les plaques de la tête se trouvent chez les espèces européennes dans tous les degrés de développement. La propension enfin qu'ont les écailles de certaines espèces de se transfoimer en pointes, fait que les caractères tirés de cette anomalie ne doivent être regardés VIPER A. 575 que comme accidentels ou individuels et qu'ils ne peuvent servir connne moyen de distribution. La plu[Kirt des Vipères offrent des formes beaucoup plus ramassées et plus lourdes que les Crotales. Leur queue est toujours très courte , conique, tantôt grosse , tantôt menue et quelquefois terminée en une pointe aiguë ; l'ab- domen est large et convexe; le tronc assez gros au milieu , aminci vers les deux bouts , peu comprimé , et allant rare- ment en carène vers le dos. La tête, toujours distincte du cou, est plus au moins déprimée, en cœur, quel- quefois assez grosse et à sommet très large,* le museau est toujours court, arrondi au bout, quelquefois alongé en trompe retroussée, et anguleux aux côtés cbez un petit nombre d'espèces , notamment chez celles d'Europe. Les plaques labiales sont le plus souvent très petites et nom- breuses ; on voit plusieurs plaques au menton ; les superci- liaires manquent souvent; la rostrale varie par sa forme et par son étendue , mais toutes les autres parties de la tête sont garnies d'écaillés parfaitement semblables à celles qui revêtent le tronc; les Vipères européennes cependant offrent, sur le sommet de la tête, des écailles de forme très diverse, le plus souvent lisses , et dont quelques unes méritent, par leur conformation symétrique, le nom de plaques; l'espèce de la Nouvelle Hollande enfin a la tête mimie de plaques semblables à celles des Couleuvres , mais d'une confi- guration toute particulière. Les narines des Vipères sont tantôt très ouvertes, le plus souvent latérales, quelquefois verticales, rapprochées dans les unes, au sommet du museau, près de son bout, et placées sur les côtés du museau dans d'autres. Les yeux sont toujours de moyenne grandeur , le plus souvent latéraux ou un peu dirigés vers les parties supérieures. L'ouverture de la bouche est large et presque droite ; la lèvre supérieure enflée descend un peu en avant des yeux, et indique le lieu. 576 VIPERA. où sont cachés les crochets. Les écailles n'ont jamais une étendue considérable ; elles sont toujours effilées , tantôt à bout arrondi , tantôt de forme lancéolée et constamment surmontées d'une carène forte, terminée brusquement chez le Céraste en un tubercule. Les écailles de certaines régions de la tête sont quelquefois alongées en pointe , de sorte qu'elles forment des espèces de cornes qui , placées au dessus de l'œil , donnent un air tout particulier à la physio- nomie de ces animaux. Le Vipères sont ornées de teintes quelquefois très vives , quelquefois pâles , tontôt uniformes , mais le plus souvent relevées par des taches de forme différente, et disposées sur plusieurs rangées. Le brun et le jaunâtre, nuancés à l'infini, forment les couleurs principales ; elles sont cependant assez sujettes à varier, tant selon les espèces que selon les individus; M. Lenz a même observé que ce changement dans le système de coloration s'opère à chaque mue, qu'il diffère selon l'âge et selon le sexe, et qu'il est soumis à certaines lois constantes: les recherches de ce zélé naturaliste se bornant à la Vipère commune , nous indiquerons ces changemens à l'article de cette espèce, quoiqu'on puisse supposer que la plupar des serpens subissent des changemens pareils et constans. Les Vipères parviennent rarement à une taille considéra- ble ; quelques espèces ne dépassent jamais deux pieds en longueur totale; d autres atteignent jusqu'à 3 ou 4 pieds sur une grosseur de deux pouces. Le nombre des plaques est rarement au dessous de 120-4- 20, et ne dépasse guère 160 + 4oi quelques espèces offrent des sous-caudales sim- ples. On compte depuis 21 jusqu'à 3i rangées d'écaillés. Le crâne des Vipères s'éloigne sous plusieurs rapports de celui des autres serpens venimeux proprement dits: les frontaux postérieurs sont le plus souvent assez développés, et descendent vers le maxillaire pour compléter l'orbite ; les frontaux antérieurs n'offrent pas une position horizontale VIPERA ARIETAXS. 577 comme dans les Trigonocépliales: ils sont au contraire incli- nés vers le maxillaire , qui est étroit et solide , au lieu d'être creusé d'une fosse , comme dans les genres précédens ; les formes générales du crâne varient selon les espèces. Le sque- lette des Vipères offre des côtes assez longues , et des apo- physes épineuses des vertèbres moins développéesque les Cro- tales. Les espèces que j'ai disséquées, m'ont offert un canal intestinal assez long et pourvu de nombieux replis. La nour- riture des Vipères consiste particulièrement en souris, en batra- ciens , en lézards et en oiseaux. Les Vipères habitent de préférence les lieux découverts, secs , arides, sablonneux ou revêtus d'une végétation rare et brûlée; voila une des raisons pourquoi l'Afrique est peuplée d'un grand nombre d'espèces de ce genre , et pourquoi elles ne se rencontrent que dans ces pays de l'Asie dont le sol offre nneconformation semblable à celui de l'Afrique. On ne connaît qu'une seule espèce de la Nouvelle Hollande. Celles du centre de l'Europe habitent, à défaut de plaines arides , les landes ou les bruyères, et paraissent ne pas autant fuir fombre que les autres espèces. Les Vipères appartiennent exclusivement à l'ancien monde. Leurs mœurs variant considérablement, selon les espèces, nous renvoyons à l'article de chacune d'elles pour les détails. 1 Esp. LA y [PÈRE BONDJSSJNTE. V. ARIETANS. PI. XXI fig. I , 2 et 3. L'ophidien le plus redoutable au Cap de Bonne Espérance est une Vipère désignée par Merrem sous l'éphitète d'ARiE- TAKS (i), par imitation du nom (2) qu'elle porte dans sa ( 1 ) E r. n Tp N A A R 1 F. T A N s Beitt'. ITT p. 111. — (2) p o F a o d e r. 37 578 VIPERA ARÏETAIVS. pniiie, et qui lui a été conféré pour indiquer sa manière par- ticulière d'attaque: on dit que cette Vipère ne peut faire aucun mal, lorsqu'on se place devant elle, parce qu'elle exécute la morsure par un saut et un mouvement de la tête en arrière. 11 serait à désirer que cette observation, communiquée par le capitaine Riess (i) et Burchell (2), probablement d'après ouï-dire^ fi\t constatée de nouveau : d'ailleurs tout le monde dans la colonie du Cap parle des habitudes de cette Vipère, et la plupart des voyageurs en ont fait mention dans leurs relations. Lichtenstein (3) a tué un individu de 3 pieds de longueur. M. le docteur Siviuts du Cap de Bonne Es- pérance, m'a dit que cette Vipère abonde dans les environs de la ville du Cap, où elle s'introduit quelquefois dans les jardins; mais qu'elle habite le plus souvent les pleines arides, sablonneuses ou couvertes de bruyères et même les champs ; elle décèle sa présence par un soufflement assez fort des narines. Sa morsure fit mourir un des esclaves de M, Smuts en peu de temps. Elle se rencontre aussi dans l'intérieur de la colonie où elle a été observée par plusieurs voyageurs, qui ont parcouru la colonie au Cap. Bosman parle dans son voyage d'une grande Vipère , qui se rencontre dans les environs de St. George d'Elmina à la côte d'or: elle appartient probable- ment à l'espèce dont nous traitons , qui a été rapportée du Sénégal par plusieurs voyageurs français, et que M. Rùppell a observé au Kordofan ; les sujets recueillis dans cette contrée forment une jolie variété , reconnaissable à ses teintes pâles et jaunâtres. BuRCHELL (4\ et après ce voyageur, M. Smith (5), l'ont décrite sous le nom de vi fera i n fla t a; Cuvier (6) en a fait mention sous celui de vir. brachvura. Il paraît que (1) Ap. Merr. /. c. p. ia3. — [i] Travels p' 469. — (3) Reise p. 646 — (4) Travcls p. 469. — (5) Edimh, Joiirn. I. 1, p, 284. — (6) Règn.nnim. II p. 90. VIPKRA ARÏETAIVS. o7î) tous ces naturalistes ont iirnoré les travaux antérieurs et le grand ouvrage deSEUA., dans lequel on trouve quatre figures (i) leconnaissables de notre Vipère, (|ue les auteurs n'ont pas manqué d'introduire dans la science sous plusieurs noms diffé- rens. Boie a fait figurer le jeune dan son Erpétologie de Java (2), et on voit la figure de l'adulte dans Wagler (3). Le docteur van Horstok nous a fait parvenir un bon nombre d'individus de cette Vipère, qui parvient à une grosseur de deux pouces sur trois pieds de longueur. On voit par ces dimensions, que son corps est extrêmement trapu : aussi est-il peu d'ophi- diens qui aient des formes aussi lourdes. La queue est assez ramassée, grosse, obtuse, un peu comprimée vers le bout et très courte. La tête se distingue par sa largeur excessive : elle est très déprimée, assez distincte du cou, en cœur et en pente vers les côtés. Le museau est très court, assez large , à bout arrondi, obtus et terminé par une plaque petite et beaucoup plus large que haute; on compte environ i5 plaques semblables, à chaque côté de la lèvre supérieure; les 3 premières de la lèvre inférieure sont plus grandes et tou- chent aux mentales, dont la seconde paire est d'une étendue considérable. Les yeux sont petits et presque latéraux ; les narines au contraire, qui forment une fosse circulaire assez hiante , sont rapprochées au sommet du museau, placées près de son bout, et entourées de plusieurs petites plaques de forme diverse, parmi lesquelles se distinguent, par leur étendue, une antérieure et une postérieure qui est en croissant; cell.?s qui (i) Thés. ITPl. 3o y! 1 ; //, 54, 4j dont les naturalistes français ont fait leur VIPÈRE hébraïque: IjXcép. Quad. oi'ip. Jl p. 106 , confondue mal-à-propos avec le xenodon sève rus; II 93. i et 94. 2 _, types des COPRA CLOTHO etLACHESis, Laur. 104, rangés clans le genre c o L u E E R par Gmel.,/?. io85 elp. 1086. La v i p e r a c l o t h o de Daudin, Rept. FI p. 17 1 repose sur un de ces portraits et sur le t r i g o- NOCÉPHALE cENCHRis fîguré par Catesby pi. 45. — (2) PL 46. (3) Icancs, PI. Il , 580 VIPER A ARIETAIVS. se trouvent entre les narines ne diffèrent guère du reste des écailles, dont toutes les autres parties de la tête et le corps sont revêtues, et qui sont remarquablesparleurforme lancéolée, par la forte carène dont elles sont surmontées et par le nombre de leurs rangées, dont on compte le plus souvent trente-et-une. Le crâne (i) de celte espèce est remarquable par sa configu- ration, particulièrement due à l'extrême brièveté de l'occiput; aux formes ramassées et à la largeur du sommet; aux grands frontaux postérieurs, descendant en lame large vers les ptéry- goïdiens externes, dont l'extrémité antérieure offre la même forme; aux frontaux antérieurs en croissant et qui bordent la spacieuse cavité nasale ; à la petitesse des nasaux ; enfin à l'extrême longueur des caisses. Dimensions de l'adulte: 0,^2 +0,09; des jeunes 0,28 + o,025 ou 0,24 4- o,o35. Plaques: 124 + 20 ou i44 4- •^4- Un brun jaunâtre assez vif occupe les parties supérieures, qui sont ornées d'une triple suite de larges taches d'un brun noir et bordées de jaune : ces taches varient assez selon les indi- vidus, et les dorsales sont toujours plus larges; elles sont le plus souvent en triangle, quelquefois réunies pour former des traits œillés ou en rose ; entourées presque toujours de petites taches carrées et noires. Le dessous est d'un jaunâtre uniforme relevé, sur les côtés, par de larges taches foncées et transversales. Le sommet de la tête est orné d'un trait larofe, fon- cé, en parallélogramme, et bordée par devant d'une raie claire qui traverse la tête entre les yevix; on observe le plus souvent deu3^ paires de taches en œil sur l'occiput; une large tache fon- cée se prolonge sous les yeux , une aittre sur la région des tempes. Les jeunes ont les teintes extrêmement vives. (i) Bydr. 1827 vol. TI PL 'j . fig. 5. VIPER A ATROPOS. 581 2 Esp. LE V. TÊTE DE MORT. V. ATROPOS. PI. XXI fig. (> et 7. Elle liabite comme la précédente, clans la colonie à la pointe australe de rAfri([uc; il paraît cependant qu'elle y est moins abondante. Le docteur van Horstok ne nous ayant fait parvenir qu'un petit nombre d'individus. C'est le c o L. a t r o p o s de Linné : Mu3. Ad. Fr. PL i3 /.' i , dont Lauriîntius /;. io4 , a fait un cobra, Latreille 111 p, 334 une VIPÈRE et Mer RE M Tent p. 1 52 une échidne. Elle a été décrite récemment par Smitii, Ed. Journ. 1 p. 284, sous le nom de vipèramontana, traduit du hollandais berg- ADDER, nom que les colonistes ont conféré à l'espèce pour désigner son habitude de préférer les lieux élevés aux plaines. Elle parvient jusqu'à o,54 + o,o45 ; ses plaques varient depuis i32 4- 20 jusqu'à 145 -f- 25. Elle a des formes beaucoup moins ramassées que la précédente; son tronc est moins gros, la queue plus courte et plus menue; la tête moins large et moins distincte du cou: aussi se distingué-telle de la VIP. a ri e tans par des narines latérales et moins ouvertes, par son museau moins obtus, et par une disposition diverse des teintes. Les écailles sont assez effilées: on en compte 2y ou 29 rangées. La couleur du fond est un brun très foncé , varié de gris ou de noirâtre ; quatre suites de taches orbiculaires d un brun noir, à centre plus clair, bordées de blanc, souvent alternes, et séparées par une raie claire , régnent le long du dos. Les flancs sont variés de noir sur un fond jaunâtre; l'abdomen est couleur de plomb assez foncée; deux paires de taches dont les postérieures plus larges, ornent l'occiput; on en voit une sur les côtés du museau , une autre au dessous des yeux et une troisième sur l'occiput. Les teintes de cette espèce varient plus ou moins soit par leur disposition soit par leurs nuances. 582 VIPERA CORNUÏA. 3 Esp. LA VIPÈRE CORNUE, V. CORNUTA. . ' . PJ. XXI fig. 8 et 9. Les écailles superciliaires de cette Vipère sont le plus souvent prolongées en pointe; cette particularité lui a valu, dans sa patrie, la dénomination de serpent cornu; plusieurs naturalistes, induits en erreur par une analogie fondée sur la seule ressemblance des noms, l'ont confondue avec le Céraste, avec lequel elle a peu de rapport : elle se rapproche au contraire tellement de la précédente, que nous engageons les naturalistes, habitans de la colonie du Cap, de démontrer les différences de ces deux espèces voisines , d'après des caractères tirés d'une série composée d'individus de tout âge. La Vipère cornue se rapproche tout-à-fait de la précé- dente par les formes et l'organisation des parties , mais elle offre toujours une taille moindre; la couleur du fond est un gris brunâtre ou tirant sur le jaune, et parsemé d'innombrables petits points noirs; on voit sur le dessus une rangée de taches carrées, échancrées et quelquefois divisées , d'un brun marron foncé, mais assez vif; les flancs sont ornés d'autres taches sem- blables , mais moins larges et assez peu distinctes; le dessous est jaunâtre, marbré et varié de noirâtre. Les taches qui ornent la tête sont moins larges que chez la précédente, et le plus sou- vent confluentes. Nous possédons au Musée trois sujets de cette espèce, aux- quels nous avons trouvé les dimensions suivantes : o,3i -h o,o3 , o,3o -h o,o3 et 0,29 + o,o3. Plaques : 124+26; 1 20 -h 24 et 126 -h 18. J'ai compté 25 ou 27 rangées d'écaillés. M. Klinkenberg à Utrecht possède un individu de cette Vipère, qui a toutes les écailles du sommet de la tête relevées en pointe. Cette Vipère a été figurée par Paterson (i); Kolbe (2) en (1) J-oy.p. io(j PL i5, — (2) ^. 2i5. VIPEUA ECUIS. ôbi parle déjà; Le Vaillant et Liciitenstein (i) en font nienlion dans leur voyage; S.Mnn (2) l'a dc( rite sous le nom de vi p. A RM AT a; elle porte celui de v i p. lop 110 pii r y s dans Cu- viER ÇVj ; BoiE enlin a fait figurer un de nos individus dans \ Erpétologie de Java PI. 47. Wagler a placée cette espèce et le Céraste dans un genre à part, auquel il réserve cette dernière dénomination: S) st. p. 178. Elle habite, suivant M. vanHorstok, les environs de la Baie d'Algoa, où elle est assez rare. 4 Esp. LJ F/PÈRE ECHIS. VIPERA ECHIS. PI. XXI fig. 10 et II. Les contrées arides et brûlées qui s'étendent depuis le Ben- gale jusqu'en Arabie, et par toute l'Afrique septentrionale, produisent une Vipère remarquable par sa queue courte , menue et revêtue en dessous de bandes simples; par ses narines étroites , rapprochées au^bout du museau et perçant une large plaque, enfin par son système de coloration. Le premier de ces caractères est cause qu'elle a été placée par Russel dans le genre (i) Foy. Il p, 324. — [1) Edinb. Journ. I, 1. — (3) Règne an. Il p 92. — Shaw, Natur. Blisc, PI. 94 et Geru Zool. vol, 111 P. Il p. 397 PI. 104 , a décrit , sous le nom de co LUBER nasicornis, une Vipère originaire de la côte de Guinée , qui est assez voisine de la Vipère cornue, dont elle s'éloigne cependant par l'existence de quelques écailles frontales relevées en pointe, et par le défaut d'écaillés au dessus des yeux. Nous avons vu plus haut que ce développement des écailles est sujet à de fréquentes anomalies: n'ayant pas été à même d'examiner cet ophidien, nous ne saurions décider ni de son identité avec la Vipère cornue , ni de sa différence spécifique. 584 VIPERA ECHIS. BOA, (i) par Schneider (2) dans celui de ps eu do bo a , par Daudin (3) dans celui de scytale et par Merrem (4) dans celui d'ECHis. Elle est décrite dans le grand ouvrage sur l'Egypte (5) , sous le nom de v 1 p e r a p y r a m i d a r u m ; un individu recueilli dans les environs de Tunis et adressé au Musée des Pays-Bas , a été figuré par Boie (6) sous le nom d'E CHis arenicoea; ceux enfin que M. Rûppell a rappor- tés de l'Egypte , nous ont été envoyés de la part du Musée de Francfort sous le nom de vipera a e g y pti a c a ; mais ils ont été décrits ensuite sous ceux d'ECHis pavo et e. va- ria (7). Le COL. LEBETiNus de FoRSKAL (8) appartient probablement ici ou à la vipère ammodyte; dans le premier cas, il fallait ajouter l'île de Chypre comme patrie de la Vipère Echis. Rûppella observé cette Vipère, lors de ses voyages, depuis le Caire jusqu'en Abyssinie; plusieurs sujets du Musée de Paris ont été rapportés du Pondicbery et de l'intérieur de la Pénin- sule des Indes , par M. M. Bélanger et Leschenault. Cette Vipère ne parvient point à une taille considérable et ne mesure le plus souvent que o,48 + o,o55 ou o,38 + o,o4. Les plaques varient depuis i5o 4- aS jusqu'à i83 H- 36. Les plaques mentales sont assez nombreuses et petites. On brun jaunâtre ou tirant sur le gris occupe les parties supérieures, qui sont ornées de figures transversales , composée cha- cune de trois larges taches claires , en œil , et dont les latérales sont incomplètes ; elles sont disposées de manière (i) HORATTA PAM Iiid. Scrp. PL II , intHvidu provenant d'Arni; BOA HORATTA Shaw. Gen. Zool. III. IL p. 359- — (îi) p s E u D. A R I N A T A. Hist. Arnph. IL p. 285. (3)SGTTALE BIZONA- TUS Eept. V p, 339. (4) ECHIS CARINATA Tcilt. p. 149. (5) Vol XXir p. 77. PL 7 /. I et Suppl. PL 4. fi§. t. — (6) Galerie Zool. PI. 48. — (7) Reuss. Mus, Senk. II p. i57 et 160, PI, 'j fi^. 2. (8) Descr, an. p. i3 n.° 6. c VIPERA CERASTES. 585 que la couleur du fond se dessine souvent sous forme de taches orbiculaires ; mais leur configuration varie extrêmement dans divers sujets. L'occiput offre souvent plusieurs taches foncées ; plusieurs raies larges, foncées, mais peu distinctes et séparées par autant de raies claires , se dirigent depuis l'œil sur les côtés de la tête; le dessous est d'un hianc jaunâtre pale, le plus sou- vent garni de plusieurs suites de petites taches orbiculaires et brunes. Les écailles du tronc , disposées sur 23 ou sur 25 rangées, sont surmontées d'une carène assez saillante , ce qui les rend extrêmement rudes au toucher. 5 Esp. LA VIPÈRE CÉRASTE. VIPERA CERASTES. PI. XXI fîg. 12 et ï3. La Yipère dont nous traitons , a toutes les parties hérissées d'écaillés rudes et surmontées d'une carène extrêmement forte, qui est terminée en une saillie transversale assez élevée ; la pro- pension qu'ont ces écailles à se prolonger en pointe, se mani- feste particulièrement dans celles qui revêtent la queue et le bord surciliaire des yeux; c'est sur cette dernière région que l'on voit une des écailles se développer aux dépens des autres, souvent s'alonger en une pointe quelquefois longue d'un centimètre, en forme d'alêne et plus ou moins acérée: cette anomalie dans l'or- ganisation , plus curieuse que d'un intérêt scientifique réel , n'a pas laissé d'exciter au plus haut degré l'admiration des hommes , et d'occuper leur l'imagination depuis les temps les plus reculés de l'antiquité jusqu'à nos jours. Cette Vipère a souvent fourni matière aux naturalistes; elle a été connue de plusieurs naturalistes du moyen âge. 586 VIPEHA CEttA8TES. Hasselquist (i) l'a décrite sous les noms de coluber CERASTES et coRNUTus; les individus a écailles surciliai- res ordinaires forment chez lui une espèce à part : c'est son COLUBER vipera(2). Le Cérastc fait partie , dans Fitzin- GER (3) du genre a s p i s 5 chez Wagler (4) il forme le type d'un genre à part , celui de ce ras te s. De bonnes figures de cette Vipère se trouvent dans le grand oiwrage sur V Egypte et dans Bruce (6) ; on doit à ce dernier voyageur plusieurs observa- tions sur la manière de vivre de celte Vipère \ en voici le résumé : « le Céraste est particulièrement abondant dans la » Cyrénaïque , contrée fréquentée en grand nombre par les Jer- » boas, dont il paraît faire sa nourriture comme me l'a démon- w tré la dissection d'un Céraste femelle. Le Céraste aime beau- » coup la chaleur; ces serpens s'approchaient souvent du feu , » que nous avions coutume d'entretenir pendant la nuit. Ils se » retirent , pendant le jour dans des trous pratiqués dans le » sable, et analogues à ceux du Jerboa. En attaquant , le Céraste w se jette avec impétuosité sur son adversaire , en faisant un « ou plusieurs bonds , exécutés avec promptitude. » Le Céraste habite hs vastes déserts brûlés et sablonneux de l'Afrique septentrionale. M. Rûppell nous en a rapporté plu- sieurs de l'Egypte; Bruce donne pour patrie du Céraste, l'Arabie et l'Egypte, jusqu'au Sennaar ; Brovs^ne parle du Col. Vipera du Darfour ; mais nous n'en avons pas reçu de Tunis et de Tripoli , contrées explorées par plusieurs naturalistes hollandais. (1) Voir Linné iSj-.v^. nat, p, 376; le céraste I acép. Quad. Ovip. II. p. ']1 PL \.f,1\ VIPERA CERASTES LaTR. lH p. 3 1 3 ; Daudin FlPl.'jl^f. ^ p. i78;echidna cer. Merr. p. i5o. — [i) Sur celte indication reposent les a s p i s c i, e o p a t r a e de Laur. Syn. p. io5;lecoL. aegyptiacus Lacép. Quad. ovip. 11 p. 65 , VIPERA AEGYPT. LaTR. 7///?. 320 , ECH3DNA A E G. MeRR. /?. 1 5o. (3) Class. p. 62. — (4) SysU p. 178. -^ (5) Jtlas PL 6./. 3. vol XXV /o. 83. ^ (6) TruK'.V, PL 4r. VIPEUA CERASTES. 587 Le Céraste a à-peu-près les tonnes Je notre Vipère d'Europe, mais son tronc est plus gros au milieu et moins comprimé ; le dos est un peu en carène; la queue plus mince que le tronc, est assez courte, menue et revêtue en dessous de plaques très étroites ; la tête enfin diffère , par sa conformation , de celle de toutes les autres espèces du genre. Cette partie est excessivement large et par conséquent très distincte du cou; l'occiput et les lèvres sont assez enflés; le museau est très couit, obtus et arrondi , à sommet concave et en pente; on remarque plusieurs protubérances sur ses côtés, sur la première desquelles s'ouvrent les narines, qui sont tuber- culaires, très étroites et un peu verticales; les sourcils sont assei saillans. Tonte la tête , à l'exception des plaques labiales et d'une large paire de mentales , est revêtue d'écaillés de forme assez irrégulière, toutes surmontées d'une carène; ces carènes sont le plus souvent transformées en proéminences plus ou moins longues, qui se développent quelquefois symétriquement pour former de petites cornes , indépendamment de celles dont les sourcils sont surmontés : on en voit le plus souvent une paire sur le museau ; d'autres individus au contraire en sont totalement dépourvus et ont les sourcils garnis dérailles comme les autres Vipères. Le Musée des Pays-Bas possède deux sujets semblables ; un troisième ne porte qu'une corne, à demi développée, sur l œil droit : ces cornes lorqu 'elles exis- tent , sont sillonnées dans toute leur longueur, et très mobiles , car l'épiderme qui les recouvre , est moins dure que celle des autres écailles. Les écailles sont d'une conformation toute parti- culière , due soit aux crêtes saillantes dont elles sont hérissées , soit à leur disposition irrégulière ; elles sont un peu alongées et le plus souvent arrondies au bout ; on en compte 25 rangées. La queue est quelquefois terminée par un aiguillon plus ou moins long. Les couleurs de cette espèce décèlent l'habitant du désert. Un jaune pale , tirant au gris-brun sur les parties supérieures , 588 , VIPERA ELEGANS. forme la teinte principale : on voit sur le dessus , cinq ou six rangées de taches rondes plus foncées , mais rarement distinc- tes et quelquefois totalement effacées. Le bout de la queue est noir dans quelques individus ; on compte sur le dessous tantôt i8 tantôt 4o plaques. Les bandes de Tabdomen varient depuis I20 jusqu'à 148 : elles sont moins larges que d'ordinaire et on aperçoit quelquefois à l'extérieur le point d'attache de l'ex- trémité inférieure des côtes. Dimensions o,55 4- 0,0^7 ou 0,35 -+■ o,o3. Le crâne du Céraste offre des formes très disparates et se rap- proche, sous ce rapport, de celui de la Vipère bondissante, dont il se distingue cependant par des caisses plus courtes , par la moindre largeur des frontaux postérieurs et des ptérygoïdiens externes , enfin par un occiput plus large et plus alongé. 6 Esp. LJ FIPÈRE ÉLÈGJISTE. Y. FXEGANS. (i) PI. XXI fig. 4 et 5, Des narines extrêmement ouvertes, logées dans les côtés d'un museau étroit , anguleux et enflé ; la présence d'une plaque surciliaire ; des formes élancées ; un nond>re considérable de lames abdominales, une queue plus effilée que d'ordinaire; une taille très forte ; des teintes vives et agréablement dis- tribuées : tels sont les traits qui distinguent cette espèce de (1 ) RussEL /. p. 1 o PL 7. katuka-retuka-poda; cette figure a servi de type au col. russelii vShaw. Gen. Zool. IH. p. /4i8;a la VIPERA ELEGANsde DaUDIN Rcpt. VI p. \-l[\ , E G H I D N A MeRR. p. i52; et au G o I,. t r 1 N o c u l us Schneid, ap. Bechst. Lacép. IV p, 245. Consultez aussi Russel // PL 32. VIPERA ELEGAIVS. 589 toutes les autres. Elle habite les grandes Indes depuis Bombay jusqu'au Bengale , d'où nous en avons reçu plusieurs individus; le Musée de Paris en possède d'originaires d'Malabar ; Davt (i) l'a rencontrée à Ceylan. La description du n aboie (2) de lacépèdé est évidemment faite d'après un individu de notre Vipère , mais Ihistore qu'il en donne appartient au Python à deux raies. Russel et Davy ont fait des expériences avec le venin de cette Vipère ; le dernier prétend que ce serpent est le plus venimeux de l'île de Ceylan ; il dit en outre qu'il atteint jusqu'à cinq pieds de longueur totale , et qu'on en observe beaucoup de variétés ; il prélude par des sifflemens aigus à la morsure, qui est exécutée avec la rapidité de l'éclair , en dérou- lant tout d'un coup les spirales de son corps. Un grand sujet de notre collection, long de 1,96 H- o,i4 , est gros de o,o4 ; les petits nouvellement nés mesurent environ 0,23 -h o,o4- L'i queue, plus mince que le tronc et plus alon- gée que dans les autres Vipères, se rapproche par sa forme, de celle de certaines Couleuvres 5 on compte sur le dessous 45 à 60 plaques divisées ; le nombre des bandes abdominales varie depuis 166 jusqu'à 170. Les écailles, assez effilées, lancéo- lées , à bout arrondi et presque linéaires sur !e cou , sont sur- montées d'une carène tranchante , et disposées sur 20 rangées environ. La tête n'est pas aussi distincte du tronc et pas aussi large que chez les espèces précédentes ; elle est au contraire alongée et conique. Le museau est beaucoup plus étroit que d'ordmaire , plus haut que large, renflé, un peu retroussé, anguleux aux côtés par une carène , se prolongeant depuis les plaques surciliaires au bout , qui est tronqué perpendiculaire- ment et terminé par une plaque assez large et en pentagone ; (i) Ace. p. 85: T I c- p o L o N G A. — (2) Quad. ovip. vol. II p. 255 PI. 1 3 fli^. 1\ VIPERA n A B O 1 A DaUDIN VI p. IIQ, ECHIDIfA Merr. Tent. p. i52. 590 VIPERA ELEGAIVS. les côtés du museau ainsi relevées, sont creusés par une fossette assez large , dans laquelle donnent les narines ouvertes, qui se trouvent à sa base : ces parties sont entourées de plusieurs pla- ques étroites. On compte dix plaques environ à la lèvre supé- rieure ; les mentales, particulièrement la seconde paire . et les écailles gulaires , sont plus larges que d'ordinaire. L'œil est, proportions gardées, d'un volume plus considérable que dans les autres Vipères. Le reste des plaques de la tête ne diffère de celles du tronc que par leur moindre étendue; celles qui revêtent le sommet du museau , sont cependant de forme moins régulières. Le crâne de cette Vipère se rapproche , par les formes géné- rales , de celui des Trigonocéphales , et s'éloigne de celui de la Vipère bondissante par un sommet étroit , par un occiput alongé et par le moindre développement des ptérigoïdlens externes. La Vipère élégante est ornée de couleurs extrêmement vives et belles. Un l>eau brun jaunâtre , passant au jaune clair sur le dessous, forme la teinte principale; elle est relevée, sur les parties supérieures, par trois rangées de larges taches ovales, alternes, plus foncées , bordées de noir et de blanc; celles de la rangée médiane sont plus larges que le reste, et quelquefois réunies; elles confluent toutes sur la queue, pour composer des raies longitudinales. Les flancs et quelquefois tout le dessous sont ornés de taches noires , déchiquetées et irrégulières. Les deux taches de l'occiput et celles qui se prolongent derrière les yeux, sont souvent séparées par une raie blanche qui forme , sur le museau , un angle aig^u avec celle de l'autre côté. On observe plusieurs taches noires aux lèvres ^ et une grande tache semi-circulaire sur la plaque rostrale. Les teintes de cette Vipère sont sujettes à beaucoup de varié- tés ; quelques incUvidus ont toutes les parties finement mouche- tées de noir ; d'autres ont les flancs parsemés de taches noires de diverse confiofuration : la couleur du fond tire chez les uns sur le gris , chez d'autres sur le brun foncé, chez d'autres encore sur le rouse. VIPEUA BERUS. 591 Les individus avant la mue offrent des teintes assez pâles et peu distinctes: voyez Russel // PL ?)i. Les petits ressemblent parfaitement , par la coloration, aux adultes, mais ils offrent toujours une queue à extrémité blanche. 7 Esp. LA VIPÈRE COMMUNE. VIPKllA BKRUS. PI. XXI fig. i4, i5et i6. Les trois Vipères d'Europe dont les descriptions vont suivre , se ressemblent sous beaucoup derapports. Leurs formes se rapprochent de celles des Trigonocéphales; c'est à dire, elles sont moins ramassées que celles de la plupart des Vipères dont nous venons de traiter; cependant leur tronc est beaucoup moins comprimé que dans les ophidiens à fossettes nasales ; il va en diminuant vers les deux bouts, et est revêtu décailles caré- nées , lancéolées et disposées sur 21 ou 23 rangées. La queue est grosse à la base , plus ou moins courte et assez conique vers le bout qui est terminé par une écaille pointue. La tète est moins distincte du cou que celle des autres serpens venimeux proprement dits, moins large, plus alongée , et par consé- quent moins en cœur ; les côtés de la tête descendent plus perpendiculairement; le museau est arrondi, et assez anguleux aux côtés , qui sont souvent un peu excavés , d'égale grosseur et à sommet plane; les narines et les yeux sont de moyenne grandeur et parfaitement latéraux ; les derniers toujours ombra gés par une plaque surciliaire , les premières perçant, près du bout du museau , une large plaque creusée en fossette ; enfin d'autres traits , tirés de la ressemblance dans la taille et dans le système de coloration sont des faits suffisans , pour justifier le rapprochement des trois Vipères européennes, que plusieurs 592 VIPERA BERUS. naturalistes ont très mal-à-propos distribuées dans divers genres. L'espèce la plus connue et assez abondante dans certains lieux du centre de l'Europe nous occupera d'abord. C'est le serpent dont on connaît le mieux les habitudes , grâce aux recherches multipliées du docteur Lenz, et à celles de plusieurs autres savans. On est cependant loin d'avoir éclairci tous les doutes relatif à la synonymie de cette espèce, qu'on a souvent con- fondue avec la suivante. Il est manifeste que Linné (i) a eu en vue des variétés de tiotre Vipère en établissant ses col. berus, chersea et p R E s T E R ; mais comme il cite erronément au sujet de ces deux premières variétés quelques figures d'Aldrovande, qui représen- tent l'aspic, plusieurs naturalistes ont soutenu que le Col. berus était un mélange de deux espèces différentes : cette idée, qui a donné lieu à des changemens inutiles de noms , est con- tredite par les observations de Linné lui-même, qui donne pour patrie de ses Vipères, la Suède, contrée que l'on ne sait habitée par aucune autre Vipère que par l'espèce commune. Sebà a donné plusieurs figures de notre Vipère; elle porte dans Lacé- pède (2) le nom français que nous lui conservons; Daudin (4) a rétabli l'épithète de Linné, que M. Lenz (5) a changé en celle de VIPERA torva; Merrem (6) enfin en a fait son genre p ELI A s. Les dénominations , inventées par Linné pour désigner les autres variétés, ont subides changemens semblables dans les ouvrages des écrivains, qui fourmillent de citations erronément appliquées, et de fausses données, sur la patrie Je notre Vi- père. La Vipère commune ne dépasse guère deux pieds et demi (i) Syst. nat p. Z']']. —- (2) T/ies. 11 PL 8/4; 33. 5; 36. 1 et 2; 5g. I. — (3) Qiiad. ovip. 11 p. i. PI. if. i,— (4) Bept. VI p. Sg. PL 71/ 1 et voL V PL 60/ 16 et 17. (5) Schlangenk. p. i33. — (6) lent, p. i/|8. VIPEUA BEUUS. 593 (Je longueur totale, dont h\ qu'eue oceupe environ trois pouces et demi; le tronc est ordinairement de la grosseur d'un fort pouce d'hoLume; il est cependant rare de rencontrer des indi- vidus de cette taille, car les adultes ne mesurent souvent que 0,4^^ "^ 07. La longueur de la queue ne varie pas seulement d'un individu à 1 autre , mais aussi suivant le sexe; caries fe- melles ont ce membre moins court et plus menu que les mâles , tandis que leur tronc est beaucoup plus gros que dans ceux-ci. M. Lenz (i), qui a examiné une grande quantité d'individus des deux sexes de cette espèce, a trouvé que la femelle parvient à une taille plus forte que le maie, que les plaques varient chez les mâles depuis iSç + 36 jusqu'à i45 "^ 4^ 7 ^t chez les fe- melles depuis 1^9 + 28 jusqu'à i5o+33. La tête est terminée par un museau un peu conique, arrondi au bout, et muni d'une plaque en pentagone alongé; le sommet de cette partie est bordé en avant et de chaque côté de deux petites plaques, qui renferment plusieurs autres déforme peu constante, auxquelles succède la verticale qui est le plus souvent en pentagone légulier ; on voit aussi deux occipitales assez pe- tites qui sont quelquefois divisées en phisieurs autres ; la verti- cale et les surciliaires sont presque toujours séparées par deux ou trois petites lames écailleuses ; on observe également une plaque enchâssée entre la rostrale et la nasale; les labiales , presque toutes d'égale grosseur , se trouvent au nombre de neuf environ; la deuxième paire des mentales et les écailles gulaires sont assez larges; l'œil est le plus souvent bordé d'un double tour de petites écailles : tout le reste de la tête offre des écailles semblables à celles du cou, mais à carène moins prononcée ou totalement effacée, plus petites sur l'occiput, plus larges sur la région des tempes. Le crâne de cette Vipère présente, comme celui des suivantes, un sommet bombé ; sa partie postérieure est plus développée (1) Schlangenk. p. 1/4/, suiv. 38 594 VIPERA BEUUS. que est dans d'autres Vipères 5 les os mobiles de cette partie sone assez minces : aussi les vertèbres offrent-elles des apophyses beau- coup moins considérables que d'ordinaire. L'intestin grêle est plissé dans toute sa longueur. Duvernoy (i) donne les figures du crâne et des glandes de la tête de ce serpent. Le système de coloration de cette Vipère est sujet à beaucoup de variétés, dont un grand nombre sont purement acciden- telles; il paraît que d'autres sont dues à l'influence du climat; une différence constante dans les couleurs des sexes a déjà été remarquée par Bechstein ; M. Lenz (i) enfin vient de consta- ter , que les teintes de la Vipère commune subissent des change- mens périodiques réguliers, mais divers suivant les sexes. Ce zélé naturaliste observe cependant, qu'il est rare de rencontrer deux Vipères absolument semblables, même si elles sont du même àofe ou nées de la même mère. La teinte du fond de la Vipère commune est relevée par une raie très large, foncée, en zig-zag, ou dentelée (2), ou composée de taches noires isolées (3): cette raie règne le long du dos depuis l'occiput jusqu'au bout de la queue; elle est accompagnée sur les flancs d'une suite de taches de moyenne grandeur, tantôt anguleuses, le plus souvent rondes , et quelquefois assez effa- cées. Le dessus de la tête est orné d'un dessin de forme vague , composé de plusieurs taches foncées , qui forment quelquefois un trait en croix sur l'occiput ; une raie noire s'étend derrière l'œil jusqu'au cou , où elle se prolonge quelquefois pour se réunir plus en arrière avec les taches latérales. Le dessous est le plus souvent marbré de couleur de plomb noirâtre, en sorte que la teinte du fond ne s'aperçoit que sur les bords des plaques. Les teintes du mâle éprouvent, dans les différentes périodes de la vie, des changemens beaucoup moins considérables que celles des femelles, et le Vipereau mâle ressemble souvent sous (1) Jnn, d. se, nat, XXFIPl. 8. ~ (2) Schlangenk. p. i35 suiv. — (3) Laur. PL 'X fig. I. — (/,) VAN LiF.R PL. 2. VIPERA BERIS.. 595 ♦ re rapport toiiUà-fait au mâle adulte. La couleur du fond est dans ce sexe d'un blanc plus ou moins pur, tantôt argenté, tantôt grisâtre, tirant quelquefois sur le bleu et offrant toujours, dans les jeunes individus, une légère teinte de brunâtre. Le dessous est d'un noir plus ou moins prononcé ; l'iris d'un rouge foncé , mêlé de noir en dessous. M. Lenz a figuré le niàle adulte PL 1 ; le jeune , âgé de six jours , PL ^ fig> "j \ d'autres fio^ures du mâle se trouvent chez Beciistein Lacép. voL 111 PL I /. I ; dans DiiiiMPELMANN PL i fig, i ; dans Sturm Fauna Rept: c o T.. c II E R s E A. Les femelles (i), au sortir de l'œuf, sont d'un gris pale, tirant sur le brun, relevé par un dessin de brun foncé ; les lèvres et le dessous du bout de la queue sont jaunâtres ; les plaques abdo- minales noirâtres, à bords d'un blanc clair transparent; l'iris est d'un jaune brillant et foncé. Ces couleurs prennent une teinte brunâtre luisante et tirant sur le rouge, après la première mue, qui arrive peu de temps après la naissance ; voir Lenz PL 4 f, 6 : jeune femelle âgée de six jours. Vers la fin de la première année, Jes femelles offrent un brun jaunâtre, tirant sur le pour- pre; voyez Lenz: PL 4 /• 5, et P/. 8 /. i6 , femelle âgée de 9 mois et avant la mue , où toutes les couleurs sont très foncées. Au bout de deux ans, toutes les parties deviennent d'un brun rouge assez clair ou de couleur canelle, relevée par un dessin plus foncé; voy. Lenz : PL 4/. 6; le Col. Chersea de Linné/?. 372 est fondé sur un sujet semblable. Presque adulte, la femelle est d'un brun jaunâtre assez obscur , tirant sur les (lancs aurou- geâtre; la raie dentelée du dos est quelquefois bordée de blanc argenté; voyez Lenz: P/. 3. et Sturm Faïuia^ col. chersea B, Chez les très vieilles femelles enfin , la couleur du fond change peu à peu au brun grisâtre très foncé , relevé par un dessin noir; les lèvres sont blanchâtres et le dessous marbré et varié de noi- râtre sur un fond plus clair; les teintes tirent quelquefois sur (i ) Lknz. p. I "^9 suiv. 59() ;V1PFJIA BERUS. le verdâtre; voy. Lenz. PL i et PL S /'. i3 et i4* fem. adulte j*^ PL 8 /.' i5: fem. adulte au passage. L'iris à cet âge est d'un Jaune rougf très brillant. La livrée de la Vipère commune est encore sujette à deschan- gemens accidentels, dus à des maladies , et peut-être aussi à l'influence du climat, ou à des circonstances accessoires qui pré- valent dans les lieux qu'elles habitent. M. Lenz (ij possède dans sa collection une Vipère mâle, dont les couleurs, d'un brun o-risàtre foncé , sont comme enduites d'une teinte fulioineuse : cet individu mourut durant la mue , huit jours après avoir été pris : l'état maladif des organes intérieurs avait entraîné sa mort. M. Lenz croit que les individus delà variété noire (2) ne sont que de très vieilles femelles; on en rencontre aussi qui sont d'un brun noir foncé : cette variété à teintes uniformes à été trouvée en plusieurs pays, mais elle est partout assez rare. La Vipère commune est répandue dans la plupari des pays de l'Europe centrale et septentrionale, et probablement aussi dans une partie de l'Asie. Cependant il est difficile d'assigner à cette espèce des limites rigoureuses , parceque les naturalistes l'ont souvent confondue avec la Vipère aspic. Les descriptions de la v i- PERA. VULG A RI s et C HER SE A de LatREILLE (3), delà VIP. BERUS de CuviER (4) pi^r exemple, sont évidemment faites d'après des individus de Tas pi c , assez commun dans toute la France et en Suisse ; les naturalistes qui ont exploré ce dernier pays (5) , parlent de notre Vipère d'une manière si incertaine, que je doute s'ils ont eu sous les yeux de véritables berus ; M. GiSTL (6) fait mention d'une Vipère des environs de JMunich , (i) Sclilangeid\ p. i^g PL i Jig. i"]. — i'i) col. prestkr Linn. p. 377 , individu originaire de la Suède ; col. vipera anclorum Laur. Syn. /A 188. Pi. I\ fis^\ 1 , individu des montagnes de la Styrie ; col. p rester Sturm Faiinn PL; inciv. des Sudètes: cette variété noire se rencontre aussi en Angleterre, voir Petiver N.<^ to/j. — (3) Rept, III f). aiT. et p. 297. - (4) Règne an. Ilp.Cfi. — (5) Schinz . Cuv. Règne an. II p. i5i ; AVyder Essai. — (6) Isis 1829/?. 1071. VIPERA BERUS. 597 à laquelle il assigne un nez retroussé, caractère rlistlnctif de l'aspic; Metaxa. (i) enfin fait même habiter le ])erus avec ses variétés clans les environs de Home , quoiqu'on ait lieu de croire que notre Vipère ne se trouve jamais au-de-là des Alpes. Cette , incertitude qui règne dans les données des naturalistes , m'a eniraoé de regarder comme incertaine l'existence de notre Vipère dans les contrées méridionales et occidentales de l'Europe. Elle se trouve au contraire plus ou moins fréquennnent dans toute l'Allemagne jusqu' en Hollande, dans la Picardie, en Bourgogne, en Hongrie , en Russie (2), en Angleterre (3), au Danemark , en Suède et probablement aussi dans plusieurs pays de la Russie asiatique. Elle habite (4^ de préférence les contrées exposées aux rayons du soleil, qui lui offrent une nourriture abondante et des lieux de retraite sûrs et qui consistent le plus souvent en des trous pratiqués dans la terre par des mannnifères de petite taille , dans les fentes des rochers, sous des racines d'arbre , ou même, durant la saison chaude, sous les mousses. Elle quitte les lieux changés par la culture, pour en rechercher de plus isolés: aussi-ne fréquente-t-elle les prés et les champs que pour aller à la poursuite de sa proie. Gomme sa nourriture consiste princi- palement en souris , dont les trous lui servent en même temps de repaire, la Vipère se rencontre le plus souvent dans les con- tres fréquentées par ces mammifères fouisseurs. Elle fuit les lieux ombragés par de grands arbres, et par conséquent les grandes forêts, où les rayons du soleil ne peuvent pénétrer; préférant au contraire les lieux rocailleux ou marécageux (a) Monogr. p. l^i etsuiv. — (2) M. von Siebolcl vient de nous rapporter vin sujet, recueilli dans les environs de St. Pétersbourg: j'en ai vu au Musée de Strasbourg, originaires de la forêt noire; à Paris qui étaient pris en Boui'gogne; dans le Cabinet de M. Bâillon, des environs d'Abheville. (3) Linn. Trans.p. 349 : description d'un individu pris dans le comté de Dorsel. — (4) Levz. /?. i63 suiv. 598 VIPERA BERUS. revêtus débroussailles , de bruyères, de myrtilles ou en général d'une végétation peu touffue. Elle se trouve en Thuringue(i) principalement dans le voisinage des montagnes, dont elle habite les pent(îs méridionales , orientales ou occidentales , depuis le pied jusqu'au sommet de l'Inselberg, à une hauteur de presque 3ooo pieds au dessus du niveau de la mer. Dans les plaines du nord de l'Allemagne (2), recouvertes le plus souvent de couches d'un terrain d'alluvion , notre Vipère se tient dans les lieux marécageux, tourbeux, et revêtus d'herbes, de mousses ou de bruyères; de vieux troncs d'arbres, assez élevés pour rester à sec pendant les inondations, lui servent d'asyle durant les rigueurs de l'hiver. On la rencontre dans de lieux semblables dans le Royaume des Pays-Bas: les vastes bruyè- res des provinces de Groningue, d'Overyssel , de Frise, de Drentheetd'Utrecht, en produisentplus ou moins abondamment; elles s'y trouvent principalement dans les tourbières déposées sur un terrain d'alluvion sec et sablonneux, et qui sont connues sous le nom de hauts-marais (3) ; dans ces lieux élevés, les Vipères sont à l'abri des inondations et de 1 humidité , qu'elles paraissent fuir : voilà peut-être pourquoi les provinces de la Hollande proprement dite et voisines de la mer , en sont totalement dépourvues. Elle a été observée dans plusieurs provinces de l'Angleterre (4'>. Les individus envoyés à M. Lenz (5) du Danemarc ne différaient point de ceux recueillis dans le centre de l'Allemagne. Linné (6) a rencontré notre Vipère en Suède, jusque dans les environs d'Upsal. Elle abonde dans certains lieux de la Livonie , de l'Esthonie et de la Cour- lande (7). M. Lenz (8) l'a observée dans ses courses sur les mon- tagnes deTaunus près du Rhin; puis en Bohème et en Pologne. WoLF (9) a décrit des individus recueillis près de Nuremberg; fi) Lenz. /?. ]G5. — (a) 'SN kGsiLw Erfahmngen ; Lichtenstein ap. Leîs'z. /. l. -^ (3) Van Lier p. i3o. — (4) Shaw /». 365 suiv. — (5) p. 167. — (G) /. /. — (7) Drûmpelmann p. 19 suiv. -^— (8) /. c, (9 Sturm Vanna : Col. cliersca et prester. VIPERA ASPIS. :VM) i;eux du professeur Mikan (i) étaient originaires des mon- tagnes de la Bohème et des monts Sudètes. Notre Vipère n'est pas rare dans plusieurs parties de l'Autriche (2) , et se trouve fréquemment en Hongrie (3). Presque tous les voya- geurs qui ont exploré le grand empire de la Russie , parlent de Vipères très analogues à celles du centre de l'Europe : M. von Siebold vient de nous rapporter un individu pris dans les environs de St. Pétersbourg. Georgi (4) a réuni dans une compilation toutes les données isolées relatives aux animaux de ces contrées de laquelle il résulte que notre Vipère habite, quoiqu'en petit nombre, toute la Russie , depuis la Finlande Jusqu'en Crimée , et qu'elle est répandue sur toute la 'Sibérie tempérée (5) jusqu'en Daourie : c'est donc probablement ici qu'il faut rapporter les col. MELANisetscYTHA de Pallas (6). 8 Esp. LJ riPÈRE ASPIC. VIPERA ASPIS. PI. XXI fîg. 17 et 18. Les natui^listes de nos jours , imitant l'exemple de La- treilleetde Cuvier, regardentleCol.Aspis de Linné (^jcomnie variété de l'espèce précédente : je ne suis pas du même avis ; je crois plutôt que plusieurs des erpétologistes français n'ont pas bien connu la Vipère commune, et que ce sont eux qui ont embrouillé l'histoire des Vipères d'Europe, en prenant les (1) Ap. Sturm /. /. — - (2) Laurent/?. 188 suiv. ; Fitz, p, 63. - (3) Frivaldszry y?. 87. — (4) Beschi\ vol III sect. 7 p. 1878 et suiv» (5) EvERSMANN Reise nach Bûcha ra j), i46. — (6) lieise vol. II Jjjp, p, \i)\ et voL i Àpp, p. 8. — (7) Syst. nat. p, 372. 600 VIPERA ASPIS. nombreuses variétés de TAspic pour des espèces diverses , qu'ils ont très mal à propos réunies aux espèces nominales , que Linné a faites de la Vipère commune. Nous avons déjà dit que le col. b e r u s de Cuvier (i) est identique avec l'Aspic, et que la description du col. c h e r s e a de Latreille (2.) est également faite d'après un individu de l'Aspic; mais il faut encore réunir à l'aspic Icsvipera vulgaris,aspis(3) et oc ELLA TA du dernier écrivain. L'Aspic ; quoique voisin de la Vipère commune , offre ce- pendant des traits distinctifs assez tranchés, et suffisans pour le reconnaître au premier abord : pour rendre toute confu- sion ultérieure impossible, il suffit d'examiner comparative- ment les figures que nous avons données des deux Vipères européennes voisines , et de savoir que l'Aspic a les formes plus élancées que l'espèce précédente, et que sa tête est plus volu- mineuse , à sommet revêtu de petites écailles, et à museau terminé par un nez un peu élevé et retroussé. L'Aspic ne l'emporte guère dans les dimensions sur l'espèce précédente ; les sujets de o,56 + 0,09 ou de o,43 + 0,07 environ , sont ceux que l'on rencontre le plus souvent. Il a les formes moins trapues que la Vipère commune ; son tronc est en conséquence moins gros au milieu et plus effilé: aussi compte-t-on presque toujours i46 +4o jusqu'à i58 + 43 plaques. La tête est, proportions gardées , plus volumineuse que dans la Vipère commune • elle est un peu effilée , à museau conique , assez anguleux aux côtés , arrondi et tron- qué au bout , qui est terminé en haut par une petite proémi- nence : cette élévation fait que la rostrale , et les deux plaques qui l'accompagnent latéralement, sont alongées. La bouche est plus fendue que dans l'espèce précédente, et la lèvre supérieure bordée de 9 à 10 plaques; les petites écailles (ij Rè^ne anim, ll.p, 91. — (2) Rept. lU p, l^-j, — (3) Rept. voL m p. 21?, ,p, 3o4 ç\p. 292 , avec fij Jg- VIPERA ASPIS. GOl qui garnissent les côtes de la tête , sont assez nombreusse. Le sommet de la tête offre des écailles de forme irrégulière et variant selon les individus; on en observe quelquefois de plus larges entre les yeux ou sur l'occiput, et ces petites ano- malies ont souvent donné lieu à de graves erreurs. IjCS teintes de l'Aspic sont aussi sujettes à varier que celles de la Vipère comnmne. Nous avons au Musée des individus d'un brun rouge d autres sont d'un jaune brunâtre , d'autres d'un gris verdatre ou tirant sur le brun ; quelques uns offrent un vert olivâtre uniforme, quelquefois assez foncé, et on en trouve qui sont d'un noir foncé. Le dessin est presque ■ie même que dans la Vipère commune, mais les taches dor- sales de l'Aspic sont presque toujours isolées , tantôt en lozange , tantôt sous forme de bandes transversales écbancrées; la raie noire derrière l'œil se continue souvent assez en arrière sur les côtés du cou. Le crâne ressemble beaucoup à celui de la Vipère com- mune. L'Aspic est la Vipère qui a servi aux expériences de Redi , de Charas et de Fontana. Elle habite, suivant M. Cantraine , les contrées arides et rocailleuses de l'Itahe. On l'a observée en Suisse et elle se trouve jusqu'à Venise ; la Dalmalie n'en nourrit point , mais elle est très commune dans toute la France, depuis le 49™^ degré delat. bor. jusqu'à la Savoie, aux Pyrénées et aux bords de la Méditerranée. C'est la Vipère de Fontainebleau ; elle se trouve aussi dans la forêt de Montmorency ; mais vers le Nord de la France et en Bourgogne, elle est remplacée par la Vipère commune. Le Musée de Paris possède des individus de la Savoie, des basses Pyrénées et même de la Sicile, où elle a été découverte par M. Bibron ; le Musée des Pays-Bas en a reçu plusieurs de la Bretagne et des environs de Lyon. M. Wyder a publié de bonnes observations sur les habi- tudes de cette Vipère, qui démontrent qu'elle a à-peu-prèsles 602 VIPERA AMMODYTES. mœurs de la précédente. N'ayant pu me procurer l'ouvrage de ce savant , je me borne à citer l'extrait qu'en a donné Leni (i). 9 Esp. L^ F, AMMODYTE, V. AMMODYTES {'i), PI, XXI fig. 19 et 20- Quoique semblable sous le rapport de la coloration et de l'ensemble de l'organisation aux autres Vipères européennes , l'Ammodyte s'en éloigne cependant par son tronc très gros au milieu , assez aminci vers les bouts , particulièrement vers la queue, qui elle-même est très mince et assez courte. Il se distingue de toutes les autres Vipères par une proéminence conique et charnue en forme de nez , élevée perpendiculaire- ment au bout du museau : cet organe , assez semblable à celui dont est pourvu le museau^ du Trigonocéphale byp- nale , est revêtu, en avant, de deux paires de petites plaques, et par derrière de plusieurs écailles. La tête, quant à sa forme et à la configuration des lames écailleuses qui la revêtent , a beaucoup de rapports avec celle de la Vipère Aspis ; cependant elle est moins alongée, assez en cœur et très large à la base. L'Ammodyte a le dos orné d'une large raie dentelée , ou en zigzag le plus souvent d'un brun noir plus ou moins foncé , rarement composée de taches isolées , transversales et en lozange. On observe sur les flancs une rangée de taches (i) Schlangenk. p.Z'^{\. suiv. — (7.) IjXTK. vol. III. p. 3o6, d'après le COL. AMMOD. de Linné Sys/. nat. p.Z'j^\ c'est aussi la viP e r a iLL YRic A d'AIdrovand et de Laur. />> 101 ; et Tech 1 dn A ammod, de Merrkm Tent, p. i5i. VIPERA AHIMODYTES. 603 serrées mais très indistinctes. Le dessous est parsemé d'in- nombrables petits points foncés, parmi lesquels on distinj^ue quelquefois plusieurs suites de taches plus larges , qui pren- nent souvent le dessus, en sorte que la couleur du fond ne s'entrevoit au travers des marbrures noirâtres que sur les bords des écailles. Une raie noire derrière l'œil n'est pas toujours constante. La couleur du fond se trouve dans toutes les nuances depuis le gris jaunâtre au blanchâtre, au brunâtre, au vert , à l'olivâtre , au rougeàtre et même au noirâtre; elle est pi-esque toujours variée d'innombrables petits points foncés. Le bout de la queue est le plus souvent d'un beau rouge. N'ayant pas été à portée de disséquer un grand nombre d'intlividus de cette Vipère , je ne puis constater s'il existe des différences constantes dans le système de coloration, par rapport à l'âge et au sexe ; Host (i) cependant dit que le mâle a les teintes plus foncées , le corps moins gros et la queue plus longue que la femelle : parmi une trentaine d'individus examinés par ce savant, il n'y en avait pas deux de parfaite- ment semblables. Uu sujet adulte de notre collection , long de o,5i + 0,06 est beaucoup plus gros qu'un pouce d'homme. La longueur de la queue de cette Vipère est assez sujette à varier ; quelques individus sont de 0,47 H- 0,07, d'autres de o,43 -f- o,o5 , les plaques se trouvent tantôt au nombre de i36 4-24, tantôt de 164 ~^ 4^. Cette espèce atteint une taille très forte : un individu recueilli dans les environs de Kla- genfurth , et qui faisait partie de la collection de feu Micha- helles , était , au dire de ce savant , de la grosseur d'un bras d'enfant. (ly Dans Jaquin Collectanea vol. IV p. '55o. PL 24, 1^ femelle; Pi, 25, le mâle: ces figures ont été copiées j)ar Daudin , Sturm cl liechslcin. 604 VIPERA AMMODYTES. L'Ammodyte abonde en plusieurs lieux de la Dalmatie et de riilyiie, d'où M. Michahelles nous a fait parvenir des individus. D'autres, originaires de la Carinthie et de la Honorie nous ont été adressés dii Musée de Vienne. Host a figuré des individus , pris aux bords de la rivière la Vienne. M. Frivaldszky (i) n'a observé cette Vipère que dans les pro- vin(*es méridionales de la Hongrie et nommément près de Méhadia. Je doute que cette Vipère se rencontre en France , comme le veut Daudin (2). Tout récemment elle a été décou- verte par M. M. Bory de St. Vincent et Bibron , en Morée et en Sicile. Les observations que Host a publiées sur les habitudes de cette Vipère, 'portent tellement le sceau du merveilleux, que nous hésitons à les rapporter : il paraît cependant qu'elle a beaucoup de rapports dans les mœurs , dans le choix de la nourriture etc. , avec les espèces précédentes ; mais qu'elle habite de préférence les contrées arides , sèches , sablon- neuses, rocailleuses '^3) découvertes, ou revêtues d'une végéta- tion rare. M. Cantraine a souvent rencontré cette Vipère dans ses courses en Dalmatie , où elle est si commune dans certains lieux, que l'on est obligé , en se promenant , de porter de grosses bottes pour se mettre à l'abri de sa morsure. En mordant, elle reporte la tête en arrière comme tous les serpens venimeux proprement dits. Quoique d'un naturel inrlolent , elle devient plus vive lors des fortes chaleurs de Tété. Le PsEUDOPiJS est un des ennemis les plus acharnés de cette espèce; la cuirasse dont il est revêtu , étant à l'épreuve des crochets de la Vipère , il l'attaque impunément pour satis- faire son appétit. C'est, suivant Host, un animal nocturne qui se nourrit de souris , de petits oiseaux et aussi de lézards. (1) Monogr, p. 35. — (2) Rept. vol. FI p. 200 — (3) Host, 11. VIPERA ACAXIOPIIIS. (iOf) 10 Esp. i:ja/NTHOP///S. V. ACANTIIOPIIIS. PI. XXI £îg. 21 , 2 2 et 23. On n'a découvert à la Nouvelle Hollande , qu'une seule Vipère , intermédiaire en quelque sorte entre ce genre et les Trigonocéphales. De légères anomtilies dans \i\ conformation de plusieurs parties de cette espèce, ont engagé les naturalis- tes à l'élever au rang de genre, pour lequel on a aussitôt trouvé des dénominations et des espèces nominales ; en voici les principales: acanthophis cerastinus Lacép. y4nn. (1. Mus. 2)oL IV p. loo, figuré par Guérin Iconogr. Rept. PI. 24 /. 2 ; scHLiNGENDE NATTER Merr. Bei'tr vol. Il p. 20. PL 3;roa palpebrosa Shaw. Gen. Zool ^ m p. 362; ACANTOPHIS BROWNil LeACH. MlSC. VoL 1 p> 12 PL 3; OPHRYAS ACANTHOPHIS MeRR. Teilt, P' i47- L' Acanthophis est extrêmement rare dans les collections. Je dois l'avantage de pouvoir décrire cette Vipère d'après nature, à la lihéralité de M. le docteur van hoorn, qui a bien voulu céder à notre établissement un des deux exem- plaires de sa collection ; l'autre a été envoyé au Musée de Paris. L' Acanthophis joint aux formes ramassées des Vipères , le |)ort des certains Trigonocéphales. Son tronc est comprimé, le dos assez en carène , 1 abdomen moins large que dans les Vipères , et assez concave. La queue est très menue , plus ou moins courte , quelquefois plus grosse vers le bout qui est alors en massue, comprimé, et le plus souvent terminé par un aiguillon courbé; le dessous de la queue offre des plaques simples, quelquefois divisées en deux , qui se changent prf»s- que toujours vers lexirémité , en des écailles semblables à celles du dessus de la queue, La tête est assez distincte du 606 VIPERA ACAMOPIIIS. cou 5 large , à museau arrondi et à lèvres saillantes , ce qui fait que Sa forme se rapproche de celle d'une poire : elle est revêtue des plaques larges et à surface unie, semblables à celles de Couleuvres : les deux paires de frontales sont très courtes, les occipitales peu développées et presqu'en carré; la verticale est alongée ; on voit six plaques à chaque côté de la lèvre supérieure , dont lavant-dernière est assez large , et la dernière divisée en deux; il n'y a, à proprement parler , qu'une seule temporale ; la rostrale offre un triangle assez déprimé ; la nasale large est percée par des narines orbicu- laires et moins ouvertes que chez les Vipères européennes; on compte 3 paires de mentales alongées , accompagnées de plusieurs autres plaques ; les écailles gulaires sont peu nom- breuses ; l'œil enfin est entouré de 5 plaques, dont la super- ciliaire se distingue par sa position : l'incHnaison de cette plaque vers le sommet de la tête , fait que son bord extérieur est assez relevé, et que l'œil jouit du double avantage de pouvoir regarder de côté et en haut , sans être privé de !a protection que cette plaque lui offre; ce caractère cependant n'est pas toujours constant : un individu du Musée de Paris offre des plaques surcihaires semblables , par leur disposition , à celles des autres serpens. Le tronc de l'Acanthophis est revêtu d'écaillés en îozange , surmontées d'une carène prononcée et disposées sur 21 rangées, plus obliques que d'orchnaire. La couleur dominante est un gris brunâtre plus ou moins foncé ou tirant sur le rouge ; le dessous est plus clair ; une rangée de taches noires , transversales, échancrées, très peu dis- tinctes et bordant des bandes claires, régnent le long du dos j on observe sur les flancs deux ou plusieurs suites de taches noires en forme de points , qui s'étendent aussi sur les côtés de la tête. Plaques: 112 -H 5 1 ou 116 + 82, ou ii8-h5o. Dimen- sions : 0,35 4- 0,06 ou 0,48 -h o,ioo. TABLE ALPHABETIQUE DES NOMS LATINS DE SERPENS CONTENUS DANS LA PARTIE DISGRIPTIVE. r C fSUnnU « Pag. P«g. A. Angui» corail ina. 9. ACAKTOPHIS deoussata*, 13. ceraslînus. 605. fascîata. 9. Brownii. 605. jaculus. 17. torlor. 479. laticauda. 503. ACROCHORDUS 424. maculata. 13. dubîiis. 429. mammilaris. 508. fasciatus. 429. platura. 509. javanicus. 424. rostratus. 9. Alecto. 479. ru fa. 12. Ahaetulla 225. scutata. 56. Bellii. 230. tesselatft. 13. caudolineata. 230. xiphura. 508. Amblycephalus. 285. Anilius, 9. Anguis AsPIDOCLONIOîr. 457. anniila[a. 9. Aspis 468. a!ra. 9. Cleopatrae. 586. cérastes. 17. Atractus colubrina. 17. lineatus. 34. <;oeniïea. 9. Atropos. 545. 39- Il TABLE ALPHABÉTIQUE. Psî Bo V 362 et 373. ahoma. 386. albicans. 404. ainetîiyslîna. 420. anaconda. 380. anguiformis. 18. annulifer. 386. aquatica. 380. aurantiaca. 39 L canina. 388. carinata» 397. castanea. 404. cencbna. 385. cinerea, 404. eonica. 399. conslrictor. 573. contonrix, 553, crotalina. 570. Dussuniieri. 396. elegans-, 393. enydris. 392. exigua. 391, fasciata. 458. gigas. 380. hieroglypbîca. 404. iioralta. 584. hortulana, 392. hypnale. 391. îaevis. 421,479. îaten'sd'iga. 386. lineata. 459. mclanura. 399, Merremii. 392. modesla, 395. JBOA moîuroides. murina. muta. orbiculata. ordinata. orna ta, oropbryas. opbryas. palpebrosa. pbrygia. regia. reliculata, rhombeala. scvtaîe. tartarica. ibalassina. turcica. viperina, BOTHROPS eu r lieu eu, furia. leucostigjîia. îeucupus. megaera, Neuwiedii, taeniatus. tesselatus. Brachyourhos albus. allernans. badîus. flammigerus, Kublii. torquatus, scbach. Pag:- 342, 380. 578. 404. 404. 399. 374, 374. 605, 418. 386. 418, 4ia 56, 380. 18. 391. 18, 399. 531. 570. 532. 532, 536. 532. 536. 532. 532. 34, 344. 35. 35. 34. 35. 0«*o TABLE ALPilABK'riOli \i. )i( l'a-. l'^f;. îiuciiPUArus. 238. Caudisona 569. BUNOARUS 456. lenilica. 561. aniiulaiis. 457. Causus, 483. coeriileus. 459. Cenchris 554. fi lu m. 231. marrnorala. 554. seinifasciatus. 459. niokeson. 554. ÏÎUCEPHAI.US. 238. Cereerus 336. C. Russeli. 342. Cercaspis. 109. Calamauia 25. Chersydrus. 430. ainoena. 31. Chironius. 178. arctiventris. 36. Chlorosoma, 182. atrocisicta. 47. Chrysopelea badia. 35. paradisii. 235. Bluririi. 45. Clelia. 117. brachyorrhos. 33. Clothonia. 18. coronala. 47. COELOPELTIS. 204. coronella. 48. CoiAJBEtt 125. diadeina. 32. acontia. 545. elapoides. 44. acuminalus. 255. Linnaei. 28. aegypliacus. 585. lumbricoidea. 27. .aeneus. 351. raaculala. 29. Aesculapii. 55. , 130. luelanocephala. 38. aeslivus. 186. muhipunclata. 29. agilis. 55- oligodon. 40. aliaeluila. 22i. Orbignyi. 30. albus. 34. punclata. 39. aieclG. 570. retitîulata. 29. alternans. 60. slriatula. 43. amoenus. 31. tesselala. 29. ammodvtes. • 602. vii'gulala. 28. aDaslomosaliis. 309. Calliophis angulatus. 352. gracilis. 451. annulalus. 295. CuA?fGULIA acjuaticus. 323. îdbi venter. 451. ;tiborcus. 231. ÎV TABLE ALPHABÉTIQUE. COLUBEB l'a g. COLUBER Pag. argenteus. 253. calenularis. 268. Aristotelis, 72. Catesbyi. 279. atraîus. 310. eenchoa. 278. atrocinctu&. 56. cérastes. 586, atrofuscus. 172. cerberus. 342. atrovirens. 161. eervinus. 122, atrox. 536. ceylonicuSo 122. audax. 121. Chamissonii. 191. aulicus. 108. chersea. 592. aurora. 77. chiametia. 60, auslriacus. 68. chiron. 178. berus. 592. cinerasceos. 91. bicarinatus. 177. elelia. 115. bicinctus. 95. Cliffordii. 163. bilineatus. 231. eobella. 64. bipunctatus. 320. coccineus. 103. bilis. 393. coecus. 468. Blumenbachii. 137. coeruleus. 189. Boddaertii, 185. compressiis. 143, ,288. boiga. 224. Gondanarus. 219. brachyorrhos. 34. corispicillalus. 171. braminus. 309. constrictor. 133, 553. brasilianus. 532. corais. 139. biunneiis. 310, coronatus. 150. buccatus. 337. crassicaudaUis. 62. bucephalus. 281. cursor. 199. caeadaemon. 553. eyaneus. 175. ealamarius. 62. decorus. 231. cancellatus. 62; , 139. dione. 124. candidus. 459 ,475. dhara. 215. caninana. 150. diadema. 148. canus. 155. digitalis. 123. t'aracaras. 238. doliatus 58 , 59 3 , 103. tarinatus. 177. domeslicus. 166. cflpistralus. 143. domicella. 447. TABLE ALPHABETIQUE. Vus. rag. CoLUnEFx COLUBER dora, , 310. iion iilus. 337. lUibiuà. 385. Hygeae. 448. elaphis 159. ibiboboca 178,320,235. elegans. 216. ikabeka. 120. eleganlissiimis. 72. inlesliiia'is. 451. eques. 320. îpbysa. 447, erylhrogaslei-. 322. janlbinus. 182. eryll)iogrammicus,320. jara. 110. exoletus. 179. java nus 562. fasciatus. 323. korros. 139. fasciolalus. 106. lacrymans. 210. ferrugineus. 69. lacleus. 447. illirormis. 231. laevis. 68. tlaveo-coeruleus. 404. laevicoliis. 179. lîavescens. 131. lalicaudatus. 516. flavi venir is. 134. lalonia. 484. floiulentus. 166. lebetinus. 550. formosus. 113. lemniscatus. 444. funebris. 308. leopardinus. 169. fuscus. 177, leprosus. 131. gabiniis. 326. Licbteiisleinii, 143. geminatus. 194. lineolalus. 293. geomelricus. 111. Linnaei. 110. gctulus. 198. liocercus. 224. gironclicus. 68. lippus. 309. glauciis. 537. iubricus. 484. gramineus. 544. lugubris. 310. guUatus. 168. luleo-strialus. 161. haemachates. 481. lutrix. 38. haje. 474. maculalu3. 168. halys. 551. maderensis. 393. hebe. 106. malignus. 108. helena. 192. margaritaceus. 157, berbeus. 183. Maximiliani. 122. bippocrepis. 164. mcgaera. 537. VI TABLE ALPHABETIQUE. Pag. Pag. COLUEEII COLUBER meîanis. 599, paîuslris. 309. melanozostus. 308. pannonîcus. 131. lïielanurus. 141 . ,449. pantherinus. 143. ineleagris. 60. pavoniniîs. 248. meridionalis. 68. perîatus. 60. miniatus. 149. persor.atus. 162. moilensis. 204. pethoîa. 123. nioluriis. 403. petolariïis 123. moniliger. 191 , 207. pictus. 172 j 231. monilis. 337. pileatus. 183. mortaariLis. 331. piscalor. 309. mucosus. 138. piscivorus. 323. mycteiizans. 245. platyrhiuus. 117. naja. 468. plicatilis. 354. nasicoinis. 583. Piinii. 172. nasutus. 247. piumbeus. 152. Nattereri^ 290. pÎLilonius. 150. natrix. 303. poëcilogyrus. 59. IXavi:. 159. poëcilostoma. 153. nebuiatus. 257. polychrous. 329. nepa. 550. porcatus. 323. Kicandri. 356. porphyricus. 579. nigrofasciatus. 56. presler. 592. îîiveus. 475. proximus. 322. novae-hispaniae. 150. pu lia lus. 150. îiummifer. 163. punctatus. 49. 11 y ni plia. 120. purpuiascens. 245. obscuius. 172. pyrhopogon. 179. obUisatus. 341. pythonissa. 347. oblusus. 275. quadri-linealus 159. ocellatus. 72. quadri-virgalus. 147. ocloliiieatus. 78. quater-radiatus. 159. 'Dlfersi. 183. radiatus. 135. ordinaliis. 320. rectanguluin. 309. ovnaUis. 235. reliculalus. 62. TABLE ALHIAIiETIOUi:. V|[ Pas:. Pji ('OLUBEH CoLunr.p.. ihabiloceplialus. 87. syrlalis. 322. Riccioli. 68. tesselalus. 325. Richard i. 224. lestaceus. 134. rufescens. 74. telrngonus. 68. rufulus. 74. ihoracicus. 324. rufus. 468. thuringicus. 168. Russeli. 79. , 588. tisiphone. 533. sagittarius. 268. trabalis. 166. saturninus. 179. triangulum. 168. saurita. 322. trigonatus. 268. sauroccpbalus. 86. trinoculus. 588. Sayi, 157. Iriscalis. 172. scaber. 330. tristis. 234. scandons. 234. typhlos. 94. vScheuchzeri. 245. umbralus. 310. schistosus. 319. variabilis. 149. Schneider). 341. venlro-maculatus. 138. schokari. 240. vermiculalus. 326. Schottii, 91. versicolor. 86. scytha. 579. vipera. 596. Sellmanni, 131. vipérin us. 325. seriatus. 356. virgatus. 145. severus, 86. viridiflavus. IGO. si bilans. 207. viltatus. 318. sibon. 275. vivax. 296. si mus. 98. V nigrum. 484. sinuatus. 308. CONSTRÎCTOR. 375. stolatus. 317. COPHI AS 531. spilotes. 421. atrox. 536. striatus. 108. bilineatus. 540. striatulus. 43 , 110. crotalinus. 570. subalbidus. 337. hypnale. 550. subradialus. 136. jararaca. 532. sumalranus. 543. lanceolalus. 537. surinamensis. 352. nieromar'^inaliis. 541. VIIÏ TABLE ALPHABETIQUE. pag- Pag. COPHIAS Crotalu rs irigonocepliaius. 54L tergnrainus. 569. viriclis. 544. Cylindkophis Wagleri. 543 resplendens. 12. CORALÎ.US obuisii'ostris. 392. B. CORONELLA aurora. 75. Dasypeltis. 330. aiisîriaca. 68. Dfndrophis 220. baîiodeîra. 64. aurata. 227. Chamissonii. 219. Catesbyi. 226, chilensis. 70. cheirekakos. 230. coccinea. 57. chrysochloris. 235. cobella. 62. coiubrina. 238. holamboeia. 74. formosa. 232. laevis. 65. liocercus. 224. Merremii. 58. maniar. 230. ocellaîa. 72. orna la» 234. ocloîineata. 77. picta. 228. reginae. 61. praeornata. 236. rhombeata. 70. rhodopleuron. 233. riifescens. 72. smaragdina. 237. rufula. 74. Dipsas 257. Russeli. 79. aegypliacns. 275. tigrina. 72. ànnulata. 295. venustissima. 73. boa. 284. Crotalophorus. 555. bucepbala. 281. Crotalus 555. carinata. 285. alricaïuîalus. 565. Calesbvi. 279. cascavella. 562. • coiubrina. 273. confluentus. 566. cynodon. 268. durissns. 565; dendrophîla. 263. honicins. 561. Dieperinkii, 282. miliarius. 569. Drapiezi. 278. raîîlus. 570. fallax. 296. «imns. 562. Gaimardii. 293. TABLE ALPHABETIQUE. iX l'ag. I\''a. DiPSAS E. (iicool. 268. iiulica. 28L E(.U1UNA irregulaiis. 271. (lava. 475. laevis. 287. semil'asciata. 337. leucocephala. 288. ECHIS. 584. macrorhina. 289. cari?iata. 584. Mikanii. 277. Elaphe multimaculala. 265. Parreyssîi. 296. Natlereri. 290. Elapodes nebulata. 275. fusca. 44. pavonina. 280. Elaps. 435. punctatissima. 292. anguifovmis. 340. rubescens. 234. anniilatus. 340. Schokari. 231. boaeformis. 341. trigonata. 267. calligaster. 449. Weigeli. 278. collaris. 448. DïSPHOLIDES corallinus. 340. Lalandei. 238. coronatus. 454. DiSTEIRA furcatus. 450. doliata. 502. fuscus. 475. Dryinus. 246. Uygeae. 446. aeneus. 255. Langsdorfii. 340. auratus. 255. lemniscalus. 444. Dryophis. 241. Marcgravii. 340. argentea. 253. Martii. 346. aurata. 255. melanoceplialus. 39. Catesbyi. 252. Miillerî. 452. fulgida. 252. octolineatus. 78. Langaha. 248. psammophis. 455. nasuta. 246. punctatus. 447. prasina. 250. Schrankii. 56. xanlhozonia, 251. surinaoïensis. 445. Dryophylax. 291. trianguligerus. 346. DUBERRIA. 38. triniaculatus. venustissimus. 349. 53. 39" TABLE ALPHABÉTIQUE. Pag. Pag. EwHTfDRIS, 506. Herpetodryas coerulea. 347. psammophis. 195. En Y CRU s. 386. rhodogaster. 193. Epicrates, 386. serra. 180. Erpeton. 359. viridissimus. 182. Erythrolamprus. 56. Heterodow Eryx. 14. coccineus. 102. bengalensis. 17. nigricans. 100. indiens. 17. platyrhinus. 97. Johnii. 18. rhinostoma. 101. ru fus. 12. HlPSYRHINA. 347. HOMALOPSIS, 332. Cl. aêr. angulata. 347. 351. GONOYLOPHIS. 399. buccata. 337, GOWIOSOMA carinicauda. 350. viride. 189, decussala. herpeton. 344. 359. H. leopardina. leucobalia. 358. 345. Helicoi-s. 351. Martii. 356. Herpetodryas. 173. plicatilis. 353. aestivus. 186. plumbea. 346. Boddaertii. 185. Reinwardtiî. 357. carinatus. 175. Schneideri. 341. cursor. 199. Sicboldii. 349. dendrophis. 196. HOMALOSOMA, 38. dipsas. 197. HURRIA geminatus. 194. carinata. 109. getulus. 198. irregularis. 271. Goudotii. 187. pseudo-boiga. 271. helena. 192. Schneideriana. 341. lineatus. 191. Hydrophis. 488. margaritaceus. 185. cb loris. 503. Olfersii. 183. cyanocinctus, 506. oxycephalu.s. 189. gracilis. 507. TA13J LE ALFl iAiiii;n(^i Uli. xr Pag. r^e. HvDROpnis Lapemis mcliitiiirus. 506. Ilardwickii. 513. nigrocincta. 505. Laticauda obscunis. 503. imbricala. 516. pelamidoldes. 512. Leioselasma pela mis. 508. striala. 503. schistosa. 500. Leptophi s. 225. striala. 502. mancas. 230. Hydrops. 356. punctulatus. 230. Hydrus LiOPHTS. 61. bicolor. 509. Lycodon » 104. Bnigmansii, 506. audax. 121. cinereus. 342. capucinus. 108. coeruîescens. 503. carinatus. 109. colubrinus. 514, clelia. 114. curtus. 503. formosus. 113. enhydrus. 347. geometricus. 111. fasciatus. 503. hebe. 106. gracilis. 508. Horstokii. 111. granulatus. 430. jara. 110. major. 513. modestus. 119. rhynchops. 342. iiympba. 120. spiralis. 506. petolarius. 122. valakadyen. 502. subcinctus. unicolor. 117. 112. Ilysia, 9. M. Macrops. 178. L. Malpolon. 204. Maticora lineata. 45]. Lachesis. 570. MiCROCEPHALUS mutus. 570. gracih's. 508. rhombeala. 570. WlCRURUS Langaha. 249. .Spixii. 440. XÎI TABLE ALPHABETIQUE. Pag. Pag. Naja, Natrix N. Natrix sexcarinala. 177. 46L suiphurea. 154. bnisiliensis. 468. torqaata. 306. bungaroides. 477. bungarus. 476. O. capensis. 481. curla. 487. Oligodon elaps. 486. bilorqunlus. 41. fasciata. 468. torquatus. 41. haemachates. 481. Opeis haje. 471. albocinctus. 74. Kaouthia. 468. heterurus. 74. lubrica. 485. jaspideus. 88. iutescens. 468. Merremii. 88. maculata. 468. Ophites. 119. Non-Naja. 468. Ophryas porphyrica. 479. acaniophis. 605. rhombeata. 483. Oplocephalus. 479. siamensis. 468. OxYBELES. 255. Sommersetta. 484. OXYRHOPUS. 123. sputatrix. 469. P. almadensis. 62. aspera. 351. Pareas. 285. bahiensis. 166. Passerita. 246. bicarinata. 177. Pelamis cherseoides. 326. bicolor. 509. chiamella. 60. carinala. 513. flagelliformis. 245. Pklias. 592. gemonensis. 16L niger. 533. occipitaîis. 116. Periops. 166. ocellata. 326. Philodryas. 183. punctatissima. 291. Platurus scurrulla. 143. fasciatus. 516. semilineata, 62. semifasoiatus. 516. TABLE ALPHABETIQUE. XTII Pag. Pag. Poi.YODDONTES S. aDilulatus. 506. PSAMMOPHIS, 201. Scytale antillensis. 213. aminodytes. 570. Dahlii. 215. anguiformis. 56. • elegans. 216. bizonatus. 584. lacerlina. 202. brachyonhob. 42. nioniliger. 207. calenatus. 570. pulverulenta. 211. coronata. 114. scychcllensis. 212, Schcuchzeri. 12. Tcmminckii. 219. Sepedon PSEUDKCHIS. 469. haemachates. 481. carinata. 584, rhombeata. 483. PSEUDOBOA SlEON. 275. cœrulea. 459. Spilotes. 151. fasciata. 458. Python. 402. ï. amethystinus. 419. bivittaîus. 403. Tarbophis bora. 404. fallax. 296. elapiformis. 341. Telescopus» 275. javanicus. 404. Thamnod YNASTES. 290. inolurus. 341. ToRQUATRIX. 9. Peronii. 421. TORTRIX. 1. punclatus. 421. annulata. 24. rhynchops. 342. boa. 22. Schneideri, 415. brachyura, scytale. 24. 5. R. eryx. maculata. 14. 12. Rhinechis melanosiicla. 24. Agassizii. 92. raelanola. il. RHÏÎfOBOTHRIUM, 289. miliaiis. 24. Rbînopirus. 359. pseudo-Eryx. 19. Rhinostoma.- 101. reliculata. rufa. 24. 9. XTV TABLE ALPHABÉTIQUE. Pag. Pag. TORTRIX Tropidonôtus Russeli, 24. schistosus. 319. xenopeltis. 20. spilogaster. 309. Tragops. 246. stolatus. 317. Trigonocephalus. 527. subminiatus. 313. atrox. 535. tigrinus. 315. bîlineatns. 540. trianguligerus. 311. Blomhoffii, 552. umbratus. 309. cenchris. 553. vibakari. 316. halys. 551. viperinus. 325. hypnale. 550. vittatus. 3,18. jararaca. 532. Typhlops lanceolatus. 536. mammilaris. 508. nigromarginatus. 541. TïRIA prsetextatus. 550. Dahlii. 215. puniceu3. 545. exoleta. 18.5, purpureo-niacul. 643. quadricarînata. 177. rhodostoma. 547. Tysiphone rhombifer. 570. cuprea. 454. vïridis. 544. Wagleri. 542. u. Trimeresurus leptocepliaiu9.421,479. Uraeus. 474. viridis. 545. Uropsophus Tropidolaemus. 543. Iriseriatus. 366. Tropidonôtus. 297. bipunctatus. 320. V. chrysargos. 312, fasciatus. 323. Verrucator, 428. morluarius. 330. Vipera. 573. natrix. 303. acanthophis. 605. picluratus. 314. aegypliaca. 586. quincunciatus. 307. aniniodytes. 602. rhodomelas. 310. arietans. 577. saurita. 321. arurata. 583. scaber. 328. a t repos. 581. TABLE ALPHABETIQUE. XV Pag. Pag. VlPEBA aspis. 599. X. berus» 591. brachyura. 578. Xekodon • 81. cérastes. 585. aeneus. 86. chersea. 592. biciiiclus. 95. clolho. 597. inornatus. 89. cœrulescens. 537. Michahelles. 92. cornu ta. 582. purpurascens. 90. daboia. 589. rhabdocephalus. 87. echis. 583. Schottii. 91. elegans. 588. severus. 83. hebraica. 579- typhlos. 94. illyrica. 602. Xenopeltis inflata. 578. concolor. 21. lachesis. 579. leucocephala. 21. lophophrys. 583. unicolor. 21. melanura. 475. XlPHOSOMA monlana. 581. araramboya. 389. Naja. 468. dorsuale. 393. ocellata. 569. ornatum. 393. praetextata. 550. près ter. 592. z. psyché. 440. • trimaculata. 449, 475. torva. 592. Zacholus. 69, 204. V-nigrum. 483. Zamenis -*> >. 132. vulgaris. 599. »Q-&^-> EERATA. PARTIE DESCRIPTIVE. Pag. 29 ligfi • . 12 : complète lisez : incomplète. » 33 » 5 : de la précédeiile » du Gal.de Linné. « 33 » 9 ; occipitales n frontales. » » » 2 a : des trois précédentes » des précédentes. » 61 » 23 ; dessous » dessus. « 66 » 18: gueule » queue. » 74 » i6: l'habitude » l'habitus. »ii8 u 7 : rhomboïde ta rhomboïdale. » i4a » 4 : tiers » cinquième. » 148 » 1 8 : à bandes » quatre-bandes. «i85 » 14 : le précédent » l'Erpétodryas d'Olfers. » 289 » 9: dessous » dessus. «292 u 2 1 : carénées » lisses. »32I » i5 : dessous » dessus. «367 » 19 : plus longs » peu longs. » 427 » 19: Acrochorde » Acrochordoïde. »433 1^ 24: extrines » externes. »448 » 14: verticale u labiale. »493 » i3 : long. bor. » latitude boréale. «535 » 19: neuf » huit. «537 » 5: labiales » mentales. » 539 » 14: etous » et sous. » 541 » 22: postérieures » supérieures. » 552 » 7; lisses, » toutes. M^.V -î rr* A 96 .^