r-m ■M^- i *H% ^^^r. ^JS^ ^rf: % -■t^.. f^^\ Y/ 4 If^oT FUR r \Na-w% w^ M, -^ "1 . A V * ) '" 's/r ^■irv--^y . "i .-rSÈrii ESSAI L'ENTOMOLOGIE HORTICOLE. PARIS. — IMPRIMERIE HORTICOLE DE E. DONNAUD, RUE CASSETTE, 9. ESSAI l COMPRENANT L'HISTOIRE DES INSECTES NUISIBLES A L'HORTICULTURE AVEC l'indication des moyens propres a les éloigner ou A les détruire ET L'HISTOIRE DES INSECTES ET AUTRES ANIMAUX UTILES AUX CULTURES Par le D' BOISDUVAL Chevalier de la Légion d'honneur Vice-Président de la Société impériale et centrale d'horticulture de France Membre honoraire de la Société royale d'horticulture de Londres Membre honoraire des Sociétés entomoloeiques de France, de Belfjique, de Russie, et de Slettin Membre de la Société de botanique de France Membre de l'Académie impériale des naturalistes de Moscou Membre de l'Académie desGeorjjophiles de Florence, etc., etc., etc. Quam magna siint opéra tua , Jehovah ! OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 125 FIGURES GRAVÉES SUR BOIS PARIS LIBRAIRIE D-HORTICULTURE DE E. DOiNNAUD 9, RUE CASSETTE, 9 1867 A SON EXCELLENCE LE MARÉCHAL VAILLANT Ml^ilSTUË DE LA MAISON DE L'EMPEREUR ET DES BEAUX-ARTS .MEMlJKE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PRÉSIDENT DE L\ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D'HORTICULTURE DE FRANCE Son três-humble serviteur. Et dévoué Confrère, Docteur BOISDUVAL. PRÉFACE, Depuis longtemps un grand nombre de membres des sociétés d'horticulture souhaitaient de posséder une sorte de Manuel entomologique qui leur fit con- naître les insectes nuisibles aux jardins et les moyens proposés jusqu'ici pour les détruire. C'est pour répondre à leurs désirs que nous avons rédigé cet ouvrage : mais la tâche était d'une exé- cution difficile, et nous ne savons pas si nous l'avons •convenablement remplie. Les horticulteurs qui se- ront nos juges décideront cette question. Les ouvrages de la nature de celui-ci ne peuvent être que le résumé plus ou moins fidèle des connais- sances acquises au moment de leur apparition. Nous avons donc, à nos propres observations, poursuivies pendant plusieurs années, ajouté tout ce que nous avons trouvé de meilleur dans les travaux de nos devanciers. Ils sont nombreux, bien qu'à vrai dire I'Entomologie appliquée soit une science toute mo-. derne. Étant nécessairement basée sur la connais- sance des mœurs des insectes, les Réaumur^ les X PRÉFACE. Rœsel, les Degeer et tous ceux qui ont marché sur leurs traces, lui ont, sans aucun doute, préparé les voies. Mais leurs observations, d'un prix inestimable, étaient faites en vue de la science pure y et ce n'est guère qu'à la fin du siècle dernier que plusieurs ento- mologistes ont donné aux leurs une direction pra- tique. A l'Allemagne revient l'honneur d'avoir rendu à l'économie agricole^ horticole et forestière les pre- miers services de ce genre. Elle a produit successi- vement les utiles travaux de Schmidberger (1), de Bouché (2), de Kollar (5), de Nœrdlinger (4), de Kal- tenbach (5), et surtout le splendide ouvrage de Ratze- burg (6), sur les insectes nuisibles aux forêts. En Angleterre, feu notre ami et collègue John (4) Josef Schmidberger. Beitraige zur Obstbaumzucht, und zur Naturgeschichte der den Ubsb;pumen schaadlicheu inscctcn. — Publié à Linz par cahiers, de 1827 à 1836. (2) Bouché Gartendirector in Berlin. Nalurgeschichle der scheedlichen und nûtzlichen Garten-Insecten. Berlin, <838, et en outre plusieurs mémoires sur les Coccides, publiés in Stetlin Enlomolog. Zeitung, 1844-1846. (3) Kollar Vincenz. Naturgeschichte der Insecten in besug auf Landwirtschaft und Forstklutur. Wien, 1837. (4) Nondlinger. Die kleinen Feinde der Landwirtschatl, etc. Stuttgart et Augsbourg, 1855. (5) Kaltenbach. Monographie der Familien der pflanzen- laeuse etc. Aix-la-Chapelle, 1843. —Die Feinde, des Apfel- baumes unter den Insecten. Progr. d. hohe;- Bûgersch. Aix-la- Chapelle, 1858. . (6) Ualzeburg die Forstinsecten oder Abbildung und Besch- reibung der in den Wœldern Preusscns und der Nachbarstaatcn als schœdlich oder niitzlich Insecten. Berlin, 3 vol. in-4°i ornés de très-belles planches coloriées. PRÉFACE. XI Curtis (l),Loudon (2), et surtout le savant {wofesseur Westwood (3), occupent le premier rang parmi les auteurs qui ont cultivé l'entomologie à ce point de vue. A défaut d'ouvrages, de longue haleine, l'Italie doit, sur ce sujet, à Angelini de Vérone, Ricci d'Ancône, Buniva de Turin^ Costa de Naples, Savi de Pise^ et à Passerini de Florence, d'intéressantes notices insérées dans les journaux d'agriculture de leur localité. La Belgique, qui n'avait encore rien produit en ce genre, possède maintenant un travail récent de M. A. Dubois (4), qui pourra rendre à l'agriculture des services réels. Les États-Unis ne sont pas restés en arrière et peu- vent citer principalement, les travaux de Thomas Say, de W. T. Harris, auteur d'un ouvrage classique sur les insectes nuisibles de la Nouvelle-Angleterre, et ceuxde Asa Fitch. Quant à la France, elle ne possédait qu'un assez (4) Curtis (John). Fann insects being the nat. histor. and economy of the ins. injurious to the field crops of Great Britain and Ireland, etc. London, 1860. (2) Loudon. Treatise on insects injurions, by Vincent Kollar, translated from tlie german. \ vol. in-l?, ■1840. (3) Westwood. Articles upon the ins. injurious to various tree in London, in arboretmn; et une infinité de notices insérées dans le Gardener's chronicle et le Gardener's magazine de 1 847 cà 1850 et dans une foule d'autres recueils. (4j Dubois (Alphonse), Traité d'entomologie horticole inséré dans le Bulletin de la fédération des sociétés d'horticulture de Bel- gique . XII l'UÉFAf.E. grand nombre de notices, dont les plus récentes sont dues à Audoiiin, Boyer de Fonscolombe, le D' Eugène Robert et surtout à notre collègue M. Guérin-Mene- ville, lorsque, de 1850 à 1855, feu Macquart fit pa- raître dans les Mémoires de. T Académie de Lille un travail d'ensemble sur les insectes nuisibles; dans cet ouvrage qui n'est pas sans mérite, l'auteur a introduit à tort, selon nous, quelques espèces qui ne se rencon- trent que très-accidentellement sur certains végé- taux et qu'on est fort surpris de voir figurer au nombre des animaux malfaisants. Presque à la même époquenotre collègue, M. Géhin, publiait dans le B(///f/2?? de la Société d' histoire vahi- relle de la Moselle, des observations d'un haut intérêt sur les insectes nuisibles, principalement sur ceux qui attaquent les arbres fruitiers dans son départe- ment . Un peu plus tard^ en 1857, M. E. Blanchard com- mençait la publication de sa Zoologie agricole, ou- vrage dont les belles planches font regretter que d'autres travaux aient empêché l'auteur de poursuivre cette entreprise. En 1862, M. le colonel Goureau, un des rares en- tomologistes qui s'inspirent de Réaumuf et deDegeer, a donné au public, dans le Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, sur les insectes nuisibles dans ce département et sur leurs nombreux parasites, un ouvrage capital, et qui sera difficilement surpassé . PRÉFACE. Xm Enfin, tout récemment, M. le professeur Girard, naturaliste qui donne de belles espérances, a publié sur les métamorphoses des insectes en général^ un ouvrage très -intéressant, dans lequel se trouvent des détails sur quelques insectes nuisibles. On voit par cette énumération, que nous aurions pu étendre bien davantage, qu'en outre de la con- naissance delà plupart des langues de l'Europe, une bibliothèque étendue serait indispensable à celui de nos collègues qui voudrait se mettre au courant de ce qui a été écrit sur la matière. Cela suffit pour justi- fier notre entreprise. Il faut ajouter qu'à un ou deux près, tous les auteurs que nous venons de citer, pré- sentent une lacune regrettable : ils se taisent sur les insectes qui attaquent les végétaux cultivés dans les serres ou sous châssis. L'importance toujours crois- sante de cette branche de l'horticulture, nous a, au contraire, engagé à donner une attention spéciale aux ennemis qu'elle a à craindre. Notre travail encourra le reproche qui a été adressé à tous nos prédécesseurs. On se plaindra qu'il n'in- dique pas toujours les moyens de détruire les insectes dont il signale les ravages. A quoi nous répondrons que le même observateur ne peut pas tout faire et que nous aurons toujours rendu quelques services aux horticulteurs, en leur dévoilant les mœurs des espèces contre les ravages desquelles nous n'avons pu leur indiquer de remède. Il y a parmi eux un grand nombre d'excellents observateurs qui sauront XIV PRÉFACE. bien découvrir, pour se délivrer des insectes dont il s'agit, les moyens qui nous sont restés inconnus. Il pourra arriver aussi qu'un insecte dont nous n'avons pas parlé, parce qu'en ce moment il est rare et ne cause aucun dommage, apparaîtra tout à coup dans certaines localités, sous l'influence de causes inconnues et occasionnera des dégâts considérables. Nous reprocher de l'avoir passé sous silence, équi- vaudrait à nous blâmer de ne pas connaître l'avenir. A côté du mal, la nature a souvent mis le remède. S'il est des animaux nuisibles, il en est d'autres qui les détruisent et qui, parla, nous sont éminemment utiles. Ce sont pour nous de puissants auxiliaires dont les services sont trop souvent méconnus, et qui sont traités en ennemis, tandis qifon devrait, au con- traire, favoriser leur multiplication. Beaucoup d'in- sectes sont dans ce cas, et il nous a paru de la plus haute importance de les signaler. Il en est de même de beaucoup d'oiseaux, de plusieurs petits mammi- fères et même de quelques reptiles. On s'apercevra sans peine que nous n'avons pas voulu faire un ouvrage de science, mais bien de Ten- tomologie populaire destinée aux gens du monde, aux instituteurs primaires et, plus spécialement, à nos collègues les horticulteurs. Nous avons donc écarté, autant que cela était possible, les termes et les théo- ries scientifiques, comme d'un autre côté nous avons intercalé dans notre texte, quand cela nous a paru nécessaire, les figures des insectes dont il s'agissait; PKÉFACE. XV figures qui eussent été inutiles à des entomologistes de profession. Notre travail eût été plus long et plus pénible^ s'il n'eût été allégé parles secours obligeants qui nous sont venus de divers côtés. Nous devons spécialement des remercîments à MM. Rivière, Savoye^ Thibaut et Keteleêr, Burel, Houllet, Ghantin, Laurent, etc. , qui ont eu la bonté de mettre leurs serres à notre dispo- sition, pour y étudier les insectes nuisibles, ainsi qu'à MM. Duchefdelaville , Louesse , Laizier, Verlot , Rose Gharmeux, Margottin et Verdier, qui nous ont fourni des échantillons de plantes plus ou moins en- dommagées. Qu'il nous soit surtout permis, en finissant, d'ex- primer à notre honorable président, M. le maréchal Vaillant (1), notre gratitude respectueuse pour nous avoir permis de lui dédier cet ouvrage dont nous ne nous dissimulons pas les imperfections. (1) Nous avons demUndë à noire savant président, qui depuis longtemps s'occupe de la question des animaux utiles et des animaux nuisibles, la permission de lui dédier notre livre. Dans sa réponse que nous reproduisons, d'autre part, M. le Maréchal manifeste hautement son opinion relativement à l'étude de la zoologie appliquée à l'agriculture et à l'horticulture. A M. le D' BOISDUVAL. Nogeni-sur -Marne ^ 20 septembre 4866. Monsieur le Vice-Président et cher confrère, La lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire^ le 3 de ce mois, a beaucoup couru avant de me vartenir. Je cravis que ce re- lard iiivohntaiic que j\ii apporté à cous répoudre nv cous ail con- trarié tt n'ait dérangé vos projets : feu serais désolé. Vous me faites une offre trop flatteuse pour que je ne l'accepte pus avec reconnaissance. Je vous prie donc de recevoir mes remerciments. Il y a bien longtemps que je déplore l'ignorance dans laquelle restent pour ainsi dire toutes les personnes qui s'occupent d'horticulture., relativement aux insectes qui font tant de mal à nos jardins, et à ceux qui sont nos auxiliaires les plus utiles ; nous tuons tout sans distinction, ou nous ne ttmis rien. Amis précieux, ou ennemis ter- ribles, tout y passe., et, s'il y a des exceptions., elles sont dues bien plus à la beauté des formes et à l'éclat des couleurs qu'aux qualités utiles ou aux sermces à espérer. Il est bien têinps que cela cesse: nos instituteurs primaires, s'ils pouvaient donner à leurs élèves quelques notions sur les insectes qui rendent inutiles tant de soivs et de peines, et sur les animaux que Dieu a créés pour être comme nos collaborateurs, mériteraient non moins de reconnaissance qu'en apprenant à ces enfants à greffer et à bouturer. Linné, je crois, a dit que le but de l'agriculture et de l'horticulture était de rendre la vie des hommes plus facile et plus agréable en augmentant et variant les produits destinés à l'cdimentation de nos semblables : comment atteindre ce but si nous abandonnons sans lutte et sans efforts la meilleure partie de ces produits à tous ces animaux que nous ne connaissons que par leurs méfaits? Veuillez agréer, mon cher confrère, l'assurance de nui considé- ration et de mes scntimcids affectueux. .MAKb;{;HAL VAlLLAiM. ESSAI L'ENTOMOLOGIE HORTICOLE. IMTKODUCTJO'N. L'entomologie est cette partie de l'histoire naturelle qui traite de la connaissance des insectes. Le mot insecte vient du latin msecfwm quin'estlui-mème qu'une contraction d'inlersectum, entrecoupé, parce que le corps de ces petits animaux est composé d'anneaux ou de sections; mais, si on suivait à la lettre cette définition, il faudrait comprendre dans la classe des insectes, tous les êtres dépourvus de squelette intérieur et offrant un corps divisé en un nombre plus ou moins grand de sections ou d'articulations, comme l'avaient fait Aristote, Pline, Swammerdam et quelques autres, de sorte que les lom- brics, vende ferre, se trouvaient réunis par ces auteurs aux insectes proprement dits. Linné, le plus grand naturaliste des temps passés, en sépara cesderniers, mais il réunit aux insectes, les Crustacés, les Araignées et les Myriapodes [bêtes à mille pattes) sous le nom d'Aptères (privés d'ailes) . Depuis ce grand naturaliste la science a marché et a fait d'immenses progrès-, les travaux de Cuvier^Lamarck, Du- mériljLatreille. Savigny, Blainville,etc.,ontmieuxlimité 1 2 INTRODUCTION. la classe des insectes. Les Crustacés, les Arachnides et les Myriapodes en ont été retranchés et sont de- venus les types de classes particulières. Cependant len- tomologie générale comprend toujours, comme partie intégrante de l'étude des insectes, celle des Aptères de Linné. Dans ce petit ouvrage, destiné spécialement à des horticulteurs et non à des savants, nous agirons de même; nous ne séparerons pas les Aptères nuisibles aux jardins, des insectes proprement dits. Comme nous écrivons pour des personnes qui, pour la plupart, connaissent mieux les plantes et leur Culture que la zoologie , il n'est peut-être pas inutile de leur donner ici, un aperçu très-sommaire de l'organisation extérieure des insectes et de les mettre au courant des principaux termes employés par les entomologistes. Les insectes, comme les animaux appartenant aux classes supérieures, ne sont pas composés d'une pièce unique. Ils ont comme ceux- ci leurs organes de la nutri- tion , de la respiration , de la locomotion et de la repro- duction auxquels on pourrait ajouter ceux d'une sorte de circulation. Ce sont des animaux à sang blanc et froid. Nous ne dirons rien de leur anatomie interne, malgré les magnifiques travaux publiés à ce sujet qui ont immortalisé leurs auteurs. Nous ne parlerons que de la charpente proprement dite. Il importe peu à un jardinier de savoir que Lyonet ait passé (|uarante années de sa vie à disséquer la chenille du Cossus qui ronge les arbres de nos boulevards et qu'il ait con- staté qu'elle avait quatre mille quarante et un muscles. La magnifique anatomie du hanneton par Strauss, véri- table monument de notre siècle, ne l'intéresserait pas INTRODLlCTIOiN. 3 davantage ; il ne voudrait pas risquer ses yeux pour vérifier leurs travaux et s'exposer à devenir aveugle comme Tirésias , Savigny , et Strauss, qui ont voulu voir de trop près les secrets de la nature. Tout insecte, avant d'être parfait, passe par trois périodes différentes qui sont : l'état d'œuf, de larve , de nymphe. Sous la forme parfaite il présente trois ré- gions distinctes : la tête, le tronc ou corselet et l'ab- domen. La tête, sauf dans les Arachnides, est munie de deux yeux et de deux antennes, et porte les instruments ciboires, c'est-à-dire ceux qui servent à la manducation et à l'alimentation. Les yeux sont généralement ronds , quelquefois échancrés ou semi-lunaires; ils sont composés d'une mul- titude de petites facettes qui, lorsqu'ils sont opaques, les font paraître comme rugueux ; ils varient pour la couleur ; dans quelques races les yeux sont ternes et sans reflet^ dans d'autres, au contraire, ils sont très-brillants et ont des reflets rouges, jaunes, verts, ou même couleur d'or. Dans presque tous les ordres, il y a sur la tête d'autres petits yeux appelés yeux lisses ou stemmates. Ces derniers servent-ils à la vision? C'est ce que nous ignorons ; dans les papillons où ils existent, ils sont tellement cachés et recouverts par les poils qu'ils ne peuvent guère leur servir à se diriger. Dans quelques Aptères de Linné, chez les araignées par exemple , les yeux sont petits , et ressemblent aux stemmates ou yeux lisses dont nous venons de parler; mais ils sont plus gros et bien visibles sans Taide de la loupe. Dans les animaux de cette classe ils sont au 4 INTHODICTIUN. nombre de quatre à liuit, dont la disposition varie. Il y a quelques insectes à qui la nature a refusé, comme à cer- tains animaux supérieurs, l'organe de la vision, c'est lorsqu'ils sont appelés à vivre dans un milieu où cette fonction leur esl inutile. Beaucoup de larves, entre au- tres les chenilles, sont aveugles. Les yeux ne leur sont utiles et ne se montrent qu'à l'état parfait. Les antennes, vulgairement appelées cornes , sont des appendices mobiles, articulés, plus ou moins développés, au nombre de deux, insérés en dedans des yeux-, elles varient pour la longueur, la forme et le nombre des articles. Elles sont : cylindriques, lorsqu'elles sont partout d'un diamètre égal ; — filiformes , lors- qu'elles ressemblent à un fil; — sétacées, quand elles vont en diminuant de la base au sommet et qu'elles se terminent pHr une pointe déliée comme une soie de sanglier; — moniliformes, quand chaque article res- semble à un grain de collier ou de chapelet ; — prisma- tiques, lorsqu'elles ont la forme d'un prisme ; — fusifor- mes, lorsqu'elles ont la forme d'un fuseau^ — serrées, quand elles ont quelque ressemblance avec les dents d'une scie; —peclinèes, lorsqu'elles sont garnies de lon- gues dents disposées comme celles d'un peigne ; — plumeuses, lorsque les dents ressemblent aux barbes d'uuQ plume , — perfolièes, quand les articles sont apla- tis et paraissent enfilés par leur milieu ; — lamellêes, lorsque les articles terminaux peuvent s'écarter comme les feuillets d'un livre; — en massue, lorsqu'elles se terminent à leur extrémité par un renflement; — velues, épineuses, colonneuses, adjectifs qui n'ont pas besoin d'explication. INTRODUCTION. o \,es savants ne sont pas d'accord sur l'offîce des antennes : les uns pensent que c'est l'organe du tou- cher, d'autres que c'est celui de l'ouïe, et quelques-uns qu'elles sont le siège de l'odorat, opinion que pour notre compte nous partageons, jusqu'à preuve contraire. Les organes servant à l'alimentation constituent par leur ensemble la partie que les entomologistes appellent la bouche. Celle-ci est en général formée des pièces suivantes : les mandibules , les mâchoires , les palpes, la lèvre supérieure ou labre et le menton; mais il est facile de concevoir que cet appareil doit varier beau- coup dans son mode de structure et qu'il doit être approprié à la manière de vivre de chaque famille. Il n'est pas nécessaire d'être bien savant pour s'aperce- voir que la bouche d'un hanneton, d'une courtilière, d'une punaise, d'un papillon, d'une abeille, d'un pu- ceron, d'une mouche, d'une araignée, etc., ont une orga- nisation bien différente qbant aux formes et à la dis- position des parties constituantes. Il arrive donc que, dans certains groupes, la modification est telle que les pièces se confondent pour former une sorte de bec ou rostre, ou bien une trompe ou même un suçoir qui remplit l'office d'une pompe aspirante. Les mâchoires et les mandibules sont plus ou moins développées chez les insectes broyeurs , soit à l'état par- fait, soit à l'état de larve. Elles se meuvent latéra- lement comme une paire de ciseaux, mais jamais de bas en haut comme dans les animaux supérieurs, chez lesquels d'ailleurs il n'y a de mobile que la mâchoire inférieure. Dans l'ordre des Lépidoptères (papillons) les larves ou 6 INTRODUCTION. chenilles ont la bouche organisée comme les insectes broyeurs, tandis qu'à l'état parfait la modification est si grande que les mandibules et les mâchoires sont rempla- cées par une trompe roulée entre les palpes, à l'aide de laquelle ils aspirent le miel dans la corolle des fleurs. Les palpes, au nombre de quatre, sont des appen- dices articulés comme les antennes, dont deux placés sur le bord des mâchoires, sont appelés palpes maxil- laires , et deux insérés sur le bord des lèvres , sont nommés palpes labiaux. Les premiers ont commu- nément de quatre à six articles, tandis que les seconds n'en n'ont jamais plus de quatre. Ces organes four- nissent souvent d'assez bons caractères génériques. Nous passons sous silence quelques autres petites pièces dont la connaissance n'est nécessaire qu'à celui qui s'occupe d'entomologie d'une manière tout à fait scien- tifique. Le tronc, appelé aussi thorax, est, comme le dit Au- douin, cette partie du squelette placée entre la tête et l'abdomen. Le dessus du thorax s'appelle le corse- let-, le dessous la poitrine; le thorax est composé de trois arceaux: le, prothorax, le mésothorax et le méta- thorax. Les organes de la locomotion sont jittachés au thorax. Les trois arceaux dont nous venons de parler sont peu distincts en dessus et le plus ordinairement semblent ne former qu'une seule pièce. Les pattes, ou pieds, sans compter la hanche, sont lormées de trois parties : la cuisse , la jambe et le tarse -, ce dernier se termine le plus souvent par une petite griffe nommée crochet, ou une dilatation for- mant une petite ventouse, comme par exemple dans la INTRODUCTION. 7 mouche commune qui marche sur les corps les plus lisses. Les pattes varient énormément en raison des fonctions qu'elles ont à remplir. Dans certains cas la première paire est convertie en un organe de pré- hension. Dans plusieurs groupes les mâles présentent une dilatation aux tarses antérieurs ; dans d'autres au contraire c'est la dernière paire qui diffère énormé- ment des autres, par la longueur et le renflement des cuisses; c'est ce qui arrive chez les insectes sauteurs; dans la famille des aheilles les pattes sont garnies de brosses afin de pouvoir se charger du pollen des fleurs ; chez les insectes nageurs le tarse prend souvent la forme d'une rame; quelquefois les pattes sont extrê- mement longues et servent plutôt à soutenir l'insecte qu'à marcher ; les cousins et les tipules sont dans ce cas Les ailes, au nombre de quatre ou de deux seulement, sont des appendices formés de deux lames ou membranes soutenues par des nervures, faisant Toftice de baguettes. Ces organes très- variables, diaphanes ou opaques, tou- jours insérés à la partie latérale du thorax, ont le plus ordinairement pour foncbion d'exécuter le vol. Les ailes supérieures chez les Coléoptères, sont co- riaces, opaques et recouvrent les ailes inférieures qui sont membraneuses; elles portent le nom d'èkjtres ou d'étuis. Chez les Orthoptères et les Hémiptères, où elles sont plus ou moins coriaces à la base et membraneuses à l'extrémité, on les appelle encore élytres. mais mieux hémèhjtres ; dans les autres ordres elles conservent le nom d'ailes. L'abdomen ou corps est la partie de l'insecte qui fait H INTROnir.TION. suite au thorax; il renferme le tube digestif, les ovaires dans les femelles, et en outre les organes qui caractérisent cnacun des sexes (1) . L'abdomen chez plusieurs femelles se termine par un oviducte plus ou moins développé qui s'allonge ou se raccourcit comme les pièces d'une lu- nette. Dans certaines femelles d'hyménoptères, frelons^ guêpes, abeilles, etc., il est armé d'une aiguillon rétractile et fistuleux qui communique avec la poche à venin. Les organes servant à la respiration sont appelés stygmates ; ils se présentent sous la forme de petits trous ou petites ouvertures disposées des deux côtés du corps et communiquant avec les trachées répan- dues à l'intérieur. C'est par ces espèces de petites boutonnières que l'air vivifiant pénètre dans l'organisme. Léon Dufour, un savant de premier ordre que la mort a enlevé récemment à ses nombreux amis, suppose que le sens de l'odorat si développé chez les insectes réside dans les trachées. Tous les animaux appartenant à la grande classe des insectes de Linné ne respirent pas cependant par des trachées ; il y a des Arachnides qui ont des espèces de poumons, et d'autres des trachées. Ces deux modes de respiration ont servi à diviser k grande classe des Arachnidesen deux ordres, les Arachnides pulmonaires et les Arachnides trachéennes. Mais tous les êtres appartenant à la classe des insectes, telle qu'elle a (4) Quelques savants, el Walckenaer lui-même, onl prétendu que l'organe mâle des araignées était placé dans les palpes, mais il est démontré aujourd'hui que les palpes de ces animaux ne joueni, au moment du rapprocliemenl des sexes, que le rôle d'excitateurs. INTHODI.T.TION. i( été restreinte par les naturalistes de notre époque, respirent par des trachées aussi bien à l'état de larve qu'à l'état parfait : c'est pour eux une loi sans exception, comme c'en est une pour les poissons de respirer dans l'eau par des branchies appelées vulgairement ouïes. Quoique les insectes soient dépourvus d'appareil vocal, beaucoup d'espèces cependant émettent des sons dont les causes sont très-différentes, mais où la respiration ne paraît jouer qu'un rôle très-secondaire; ainsi le bourdon- nement des mouches, des cousins, des abeilles, des cerfs- volants, des hannetons, etc., est un effet du mouvement des ailes. Le bruit que font les capricornes et même le criocèredulys lorsqu'on le serre dans la main, est occa- sionné par le frottement mécanique des différents seg- ments les uns contre les autres ; il suffitd'une petite goutte- lette d'huile pour faire cesser le bruit. La stridulation des grillons [cri-cris] est due à l'action de leurs pattes posté- rieures qui sont un peu dentelées, dont elles se servent comme d'un archet pour /ower du violon sur le bord de leurs élytres. Cette musique ennuyeuse est toujours dans le même ton comme celle d'une crécelle. Chez les cigales mâles, dont on entend le chant tout l'été dans le midi delà France, la cause est tout autre : ces Hémiptères ont un appareil sonore logé dans le premier anneau de l'abdo- men, et parfaitement décrit par Réaumur. Cet appareil est composé de deux caisses de tambour recouvertes par deux espèces de cymbales , ou lames cornées s'avançant plus ou iTioins sur l'abdomen. Ici c'est à l'air qui s'échappe de ces cavités dont les membranes sont très-contractiles, qu'est dû le bruit en question. Quoi qu'il en soit, les femelles ne sont pas sourdes à ces -10 INTRODUCTION. accents monotones et on les voit s'approcher tout dou- cement dès qu'elles entendent l'appel du mâle. Nous ne terminerons pas sans dire un mot d'un autre insecte qui fait entendre un cri plaintif lorsqu'on le prend ou qu'entré dans un appartement il craint de ne pouvoir s'en échapper. C'est le sphinx atropos (papillon à tête de mort) (1), On ne connaît pas encore d'une manière bien exacte la cause de ce cri. Réaumur et Rossi l'attribuent au frottement des palpes contre la trompe, Selon un observateur , cité par le Révérend Père Engramelle et Ernst, le bruit en question est occasionné par l'air ren- fermé sous les épaulettes, et chassé avec force par le mouvement des ailes. Le'D'' Lorey, ancien chirurgien des armées, a fait en Italie diverses recherches à ce sujet, à la suite des- quelles il est arrivé à conclure, que cette stridulation plaintive est produite par Fairqui s'échappe d'une trachée (4) Le papillon à tète de mort est propre à l'Afrique el aux Indes orientales. Dans les années chaudes il passe la Méditer- ranée, poussé par les vents du sud, et se répand dans l'Europe méridionale ou tempérée el quelquefois même jusqu'en Angle- terre. Cette apparition a lieu ordinairement en juin, et les fe- melles à leur arrivée déposent leurs œufs sur des plantes ana- logues à celles où elles ont vécu dans leur enfance. Généralement elles choisissent des Solanées, telles que la pomme de terre, le lyciel, la tomate, l'alkékenge ou des Jasmi- nées. La chenille grandit promptement; lorsqu'elle est adulte elle est fort grosse, d'un beau jaune citron avec sept bandes obliques bleues et vertes. Elle se métamorphose en juillet et août, et le papillon éclot en septembre. Souvent il y a une se- conde génération à la tin de septeml:^'e, mais les chenilles et les chrysalides qui en proviennent périssent toutes pendant l'Iuver. Ce n'est donc qu'une nouvollo migration arrivant d'A- frique, qui peut propager ce sphiiiv en Europe, l'année il'après. Il V a des années ofi ce papillon est très-commun en France, on a vu quelquefois dans le Midi, des champs entiers de INTRODUCTION. M située de chaque côté de l'abdomen ; le D' Lorey a pra- tiqué l'amputation des palpes, de la trompe, des ailes et de la tète, et le même cri de douleur continuait à sortir du tronçon restant. Il y a bientôt trente ans, nous avons fait de notre côté, avec feu notre collègue Duponchel, quelques expériences pour découvrir la cause de ce cri de douleur. Après avoir disséqué vivants plusieurs de ces Lépidoptères, nous avions cru Tavoir trouvée dans le frottement du thorax contre l'écusson ; mais M. le colonel Goureau qui, depuis nous, a fait d'autres recherches, pense qu'il n'existe chez cet insecte aucun organe spécial capable de pro- duire ce bruit. Il le compare à la vérité, avec doute, au piaulement des Hyménoptères et des Diptères, lequel est, dit~il, produit par les vibrations du thorax mis en mouvement par les muscles puissants qu'il renferme et qui donnent l'impulsion aux ailes lorsque leur action est complète. poiiiiiies de torn> coniplélemoal déponillrs do lonrs t'etiilles pai- sa chenille. Le cri de douleur que fail enleudre cet insecte el l'empreinte bien marquée d'une tête de mort qu'il porte sur son corselet, ont concouru à lui donner une sorte de célébrité. Il ,> avait autre- lois des contrées de la Bretagne où il était regardé comme l'avant-coureur de la mort. 'Réaumur raconte, dans ses mé- moires, qu'un bon curé de cette province l'a décrit dans le Mercure de France (juillet 1730) comme revêtu de tout ce qu'une pompe funèbre a de plus triste et de plus lugubre. L# papillon à tête de mort est commun aux îles Maurice el Bourbon pendant toute l'année ; les habitants de ces îles le re- gardent comme fori dangereux el le nomment Aille. Ils croieni même quil peut aveugler les personnes qui se trouvent dans une chambre où il pénètre, par la prétendue poussière qu'il répand en volant. Ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que Bernardin de Saint-Pierre, dans son voyage à l'île de France, se soit feit l'écho d'une pareille table. ]"> INTRomCTIOX. I,a iiourriliinMles insectes est tantôt végétale et tantôt animale. La plupart se nourrissent de différentes parties des plantes : racines, tiges, feuilles, fleurs et graines; d'autres sucent le sang des animaux ou vivent de ma- tières animales en décomposition; d'autres se contentent de matière mielleuse ou mucoso-sucrée. En général, à l'état parfait, les insectes mangent moins qu'à l'état de larve et occasionnent moins de dégâts. La durée de la vie de ces animaux est ordinairement assez courte, elle est de quelques semaines au plus; les mâles périssent après l'accouplement et les femelles après la ponte; il y a cependant quelques exceptions; certaines espèces dont l'éclosion a lieu à l'automne., passent tout Tliiver dans l'engourdissement et se ré- veillent au printemps pour s'accoupler et propager l'espèce ; d'autres, comme la punaise des lits, peuvent supporter le jeûne pendant plusieurs années ; il est vrai qu'en Europe cette dernière reste toujours à l'état de larve ou de nymphe, c'est-à-dire qu'elle ne prend jamais d'ailes. Si elle arrivait à l'état tout à fait complet, elle subirait peut-être la loi commune. Quelques auteurs se sont assurés que les puces nourrissaient leurs larves en leur dégorgeant du sang,, et 'qu'ainsi elles peuvent voir leurs enfants. Les insectes, pour se reproduire, s'accouplent comme les animaux appartenant aux classes supérieures. Gette opération dure plus ou moins longtemps, selon les races; chez quelques espèces, elle est instantanée; chez d'autres, l'union est quelquefois d'une vingtaine d'heures. La femelle après la fécondation, par un instinct qui lui est propre, dépose ses œufs dans un lieu où sa jeune IISTRODLCTION. 13 famille trouvera en naissant une nourriture assurée et une table bien servie. Les insectes sont ovipares, c'est-à-dire qu'ils pondent des œufs, ou quelquefois ovovivipares ; dans ce dernier cas, l'éclosion à lieu dans le ventre de la mère. Les œufs assez souvent éclosent immédiatement après la ponte, le plus ordinairement au bout de iOà 15 jours. Quelquefois l'évolution n'a lieu qu'au bout de neuf mois, comme dans la livrée ou bague des arbres fruitiers, le bom- byx du saule, le bombyx zigzag {Spongieuse des fores- tiers), etc. Après la sortie de l'œuf, le premier état porte le nom de larve^ vulgairement ver, ou de chenille comme dans les papillons, ou de fausse-chenille comme dans les tenthrédines, connues sous le nom de mouches à scie. Ordinairement les larves ne ressemblent nullement aux insectes qui en sortiront plus tard. En effet, quelle ressemblance y a-t-il entre un ver blanc et un hannetoii, entre une chenille qui se traine sur les feuilles et un papillon, ou bien entre un asticot et une mouche? Dans l'ordre des Hémiptères cependant, la différence est bien moins sensible entre la larve et l'insecte parfait; les punaises, les pucerons, les kermès appelles insectes à demi-métamorphose, ne paraissent pas, pour un œil peu exercé, subir de grandes modilications. Les larves ont le plus ordinairement six pattes écailleuses; il y en a beaucoup aussi qui sont apodes comme chez les Longicornes, les Charançons, les Bu- prestes et la plupart des Diptères, et qui ne se meuvent que par la seule contraction de leurs anneaux. Dans les chenilles, il y a, outre les pattes écailleuses, qui sont les 14 IMTHODIICTION. vraies pattes de l'insecte parlait, de quatre à dix pattes membraneuses, munies chacune d'une petite couronne contractile, garnie de petits crochets qui leur servent à se cramponner aux végétaux. Chez les fausses-chenilles des mouches à scie que les jardiniers prennent souvent pour de véritables chenilles , il y a toujours plus de dix pattes membraneuses. La durée de l'existence d'un insecte à l'état de larve varie énormément. Il y a des espèces comme beaucoup de mouches où elle n'est que de très-peu de jours, il en est d'autres chez lesquelles elle est de deux ou trois ans : les hannetons , quelques taupins sont clans ce cas; il en est de même de la chenille du cossus qui ronge le tronc des arbres, et de celle du Bombyx Matronula^ qui ne subissent leur dernière métamorphose que la troi- sième année. Nous avons nourri pendant six années dans notre cabinet des larves d'un bupreste, trouvées chez un marchand de bois des Iles au milieu d'une bille de hois jaune ; elles ont peu grossi et ont fini par se des- sécher. On cite l'histoire d'un autre bupreste exotique qui est sorti d'un meuble fabriqué depuis une quinzaine d'années. Le second état des insectes est désigné par le nom de Nymphe pour tous les insectes, sauf pour les Lépidoptères ou papillons où il prend celui de Chrysalide : sous cette forme, les insectes ne prennent aucune nourriture. Il faut pourtarit encore en excepter les Hémiptères qui mangent et se promènent sous leurs différents états. L'éclosion des nymphes n'a rien de général, elle varie selon les genres, les espèces et les influences climatéri- ques. Certaines espèces éclosent au bout de trois ou INTRODLCTIUN. ,,3 quatre jours , d'autres après une quinzaine de jours ; beaucoup passent l'hiver dans un sommeil léthargique. Le froid retarde le développement des nymphes, mais il ne les tue pas ; nous en avons vu de gelées et tout à l'ai t cas- santes qui dégelaient tout doucement avec les premières chaleurs et éclosaient parfaitement bien. Les chrysalides des papillons blancs du chou et autres Crucifères, restent, tout l'hiver, exposées à nu, sur les treillages, le long des murailles et supportent le froid le plus rigoureux sans que. cela nuise aucunement à leur développe- ment. Nous avons vu aussi dans le Midi, lorsqu'il fait une extrême chaleur, des chrysalides rester dans un état léthargique. Ici une température trop élevée produit le même effet que le froid. Les nymphes ou les chrysalides d'une même espèce éclosent quelquefois fort irrégulièrement; les Bombyx Everiaet Lanestris qui, d'après Ratzeburg, occasionnent de grands dégâts dans les forêts de l'Allemagne, sont dans ce cas. r^£mç, écaille, et de TtTspov, aile. Insectes à quatre ailes recouvertes d'une poussière farineuse ou plutôt de 10. — Lépidoptères. Vancssc gran. J\<9g velu en dessous. Sa larve ressemble au ver blanc ordi- naire, avec lequel les horticuUeurs la confondent; elle n'en diffère que par la taille, et par la couleur de la tète qui est plus brune. Ce petit ver blanc, plus répandu dans les champs que dans les jardins, est quelquefois nuisible dans les terrains sablonneux. L'éclosion a lieu depuis la Saint-Jean jusqu'au milieu de juillet. Hanneton, d'été. Melolontha aestivalis Fabr. De la taille du précédent auquel il ressemble au premier coup d'œil, il est d'une couleur jaunâtre pâle, avec l'écusson et la poitrine couverts de longs poils jaunâtres. Ses élytres sont d'un jaune roux, luisantes, avec les côtes très-peu indiquées. Sa larve ressemble à celle du hanneton solstitial, et fait quelquefois des ra- vages dans les jardins potagers, en dévorant les racines de la chicorée et de la laitue; elle aime beaucoup aussi celles des reines-marguerites. (]e petit hanneton, ap- pelé par les cultivateurs hanneton d'été, éclot en août et septembre. On voit quelquefois des individus précoces paraître en juillet. Ces deux dernières espèces ont été retirées par La - treille du genre Melolontha, et font aujourd'hui partie genre Rhizotrogus. Hanneton horticole. Melolontha horticola Fabr. Ce très-petit hanneton appartient aujourd'hui au genre Anisoplia, et est très-différent de l'espèce com- 430 COLÉOPTÈRES. mune ; il n'a que 9 à 10 millimètres; sa tête et son corselet sont d'un vert brillant, avec les élytres d'un jaune-fauve. Les pattes sont noires. 11 éclot en mai et juin et se trouve fréquemment à la campagne \ dans les jardins, il dévore les feuilles tendres des pom- miers, pruniers, rosiers, etc.; mais c'est surtout dans les champs qu'il produit des dégâts, en entamant les graines des céréales. Les larves sont quelquefois fort nuisibles dans les potagers ; elles rongent les racines des choux et les font souvent périr. Il n'est pas rare d'en rencontrer quelques-unes dans les pots à fleurs. Plusieurs fois nous avons perdu, par son fait, des plantes alpines, telles que saxifrages, CorlusaMathioli, Artemisia glacia- lis, etc. Il nous est né, en 1863, quatre individus qui sont sortis d'un pot de Hacqueiia epipactis. M. A. Pelé nous a apporté un pot à'Escalonià cultivé en serre, dont les racines étaient dévorées par les larves de cet in- secte. Hanneton des champs. Melolontha agricola Fabr. Il est de la taille du précédent et appartient aussi au genre AnisopUa. La tête et le corselet sont verts et pubescents. Les élytres sont d'un fauve -roussàtre assez brillant, marquées d'une tache commune, noirâtre, autour de l'écusson. Ce petit hanneton est très-abondant dans certaines contrées de la France. Il ronge, comme le pré- cédent, lesgrains tendres du blé et du seigle; il est quel- quefois fort nuisible dans les champs, et peut, lorsqu'il est en nombre, faire perdre jusqu'à un quart de la récolte. COLÉOPTÈRES. ^3,, II ne se rencontre pas souvent dans les jardins j cepen- dant, notre savant collègue, le colonel Goureau, dit, « qu'en mai 1833, il détruisit les rosiers dont il dévora toutes les feuilles et toutes les fleurs ; dans certains jar- dins, c'est à peine s'il resta un rosier intact^ ces in- sectes pendaient aux fleurs comme un essaim d'abeilles ; l'année précédente, les pommiers et les pêchers avaient essuyé leurs ravages ; on en a vu sur les Acacias [Robinia) une si grande quantité, que tout le feuillage a été dévoré et qu'ils tombaient comme la grêle, lorsqu'on secouait l'arbre. » La petite larve vit des racines de plantes basses; elle est, comme l'insecte parfait, très-polyghage. Lorsque l'on rencontre, dans les parcs ou même dans les jardins, ces petits hannetons réunis par groupes sur des jeunes branches, il faut les faire tomber dans une espèce de sac ou sur un parapluie renversé, les brûler ou les écraser. Ils ne se tiennent jamais dans les grands arbres, on les voit presque toujours sur les graminées ou les jeunes pousses de première ou de seconde année. Les jardiniers trouvent dans le terreau des vieilles couches ou dans la tannée en décomposition, une grosse larve d'un jaune-grisàtre sale, avec la tête d'un rouge ferrugineux. Cette larve ne fait aucun mal aux plantes ; elle se nourrit exclusivement du détritus des végétaux. Elle vit trois ou quatre années avant de pro- duire l'insecte parfait. Celui-ci porte le nom d'Oryctès nasicorne (Onjctes nasicornis), et est appelé vulgaire- ment Rhinocéros, Licorne, à cause de la corne que le mâle porte sur le milieu de la tête. C'est un insecte fort in offensif. 432 COLEOPTERES. GENRE CÉTOINE. CETONIA Fabr. Ce genre diffère, au premier coup d'œil, des hanne- tons par son corps très-aplati ; il a, en outre, pour carac- tères : des antennes de dix articles dont les trois derniers forment une massue de trois feuillets ; des mandibules en forme d'écaillés membraneuses; le dernier article des palpes un peu plus gros que le précédent, ovalaire ; un corps ovale déprimé ; un corselet trapéziforme \ une pièce axillaire à la base latérale des élytres. Les Cétoines ont le corps ovale aplati, leur tête est petite et prolongée en un chaperon plus long que large ; elles volent très-bien ; mais elles offrent cette particu- larité, qu'elles prennent leur essor sans ouvrir leurs ély- tres. Leurs larves vivent trois années, elles se nourris.- sent généralement de terreau et de bois pourri. Deux espèces passent pour nuisibles aux jardins. Cétoine dorée. Cetonia aurata Fabr. Elle est d'un beau vert bronzé très-brillant en-dessus et d'un vert cuivreux en-dessous. Ses élytres sont marquées de quelques petites taches blanches éparses. Lorsqu'on la saisit, elle )c. - ct:'toinu dorée. fait souvcut la morte. On la Ctlonia aurata. , . . , , trouve en jum a la campagne, sur les fleurs en ombelles et en cymes, et très-souvent dans les jardins, cachée dans les fleurs des pivoines et des roses; elle entame un pouces dernières fleurs et COLÉOPTÈRES. l33 détruit les étamines de celles que l'on réserve pour graines. L'autre espèce est la Cétoine stictique. Cetonia stictica Fabr. Elle est moitié plus petite que la cétoine dorée, noire en-dessus et en-dessous, avec un reflet légèrement bleuâtre ; elle est, en outre, marquée de points blancs sur les élytres et sur le corselet. C'est sans doute en raison de ces points blancs sur un fond noir, que Geof- froy lui a donné le nom de Drap mortuaire. Cette petite cétoine paraît en mai ^ elle nuit aux jardins, en ce qu'elle mange les étamines des fleurs des poiriers. La larve ressemble à un petit ver blanc. Feu notre collègue Basseville, de Passy, nous a remis , dans le temps, plusieurs pots de fraisiers cultivés à chaud, qui contenaient un assez grand nombre de ces larves. Nous supposions qu'elles appartenaient au petit hanneton hor- ticole, mais nous avons été détrompé, lorsqu'au bout de deux ans, nous avons vu sortir de ces pots la cétoine stictique. M. Philibert Baron a apporté, cette année, à la pre- mière séance d'avril de notre société, plusieurs centaines de cétoines stictiques, qu'un jardinier avait déterrées la veille, dans une couche où les larves, d'après cet horti- culteur, avaient fait périr la plupart des plantes. On voit aussi, de temps en temps, sur les roses, un coléoptère d'un vert brillant, un peu plus petit et moins aplati que la cétoine dorée, et dépourvu de pièce axil- laire à la base des élytres. C'est la Trichie noble [Tri- chius nohilis). Les jardiniers l'accusent de manger les 134 COLÉOPTÈRES. pétales des fleurs. Elle est rarement assez commune pour être considérée comme nuisible. GENRE CANTH ARIDE. LYTTA Fabr. Les cantharides ont le corps allongé, cylindroïde ; la tête cordiforme, portant deux antennes plus longues que le corselet; une bouche armée de deux mâchoires de longueur moyenne; un corselet petit, de forme carrée; des élytres molles, linéaires, aussi longues que l'ab- domen. Ce genre appartient k la section des Hétéromères et à la famille des Trachélides de Latreille. On trouve souvent dans les parcs et quelquefois dans les jardins l'espèce suivante : Cantharide vésicante. Lytta vesicatoria Fahr. Elle est d'un vert-doré brillant, avec les antennes noires; elle varie pour la taille, mais, dans tous les cas, les mâles sont plus petits que les femelles. L'éclosion des cantharides a lieu dans les premiers jours de juin. Elles s'abattent presque toujours en n.-Can,..ando vésicante. ^^^^^ "O^f^^^''^ SUr IcS diffé- Ly/ia ,-em'atoria. rcutcs sortcs dc ffênos, sur les lilas et les troènes, dont elles dévorent les feuilles; on les a vues, dans certaines an- nées, se jeter sur les plantes basses et sur les céréales. COLÉOPTÈRES. 135 Ces insectes exhalent une très-forte odeur de souris, qu'il ne faut pas trop respirer; nous avons vu des personnes gravement incommodées , pour s'être en- dormies sous un frêne pleureur couvert de cantha- rides. Lorsqu'on s'aperçoit de leur présence, il faut les faire tomber, le matin à la rosée, sur des toiles et les faire périr en les jetant dans du vinaigre bouillant ; après les avoir fait sécher, on pourra les conserver et en tirer parti pour l'usage de la pharmacie. On ne sait pas encore trop comment vit la larve des cantharides et le temps qu'elle met à se développer. Olivier est le seul auteur qui en donne une description sommaire. Elle est, dit-il, composée de treize anneaux (sans doute qu'il y comprend la tête), mollasse, d'un blanc jaunâtre, pourvue de six pattes écailleuses ; sa tête est arrondie, un peu aplatie, armée de deux mâchoires assez solides. FAMILLE DES CURCULIONITES OU RHYNCHOPHORES, Vulgairement Porte-becs. Celte innombrable famille comprend aujourd'hui plus de dix mille espèces ; elle correspond au genre Charançon {Curculio de Linné) . Les Rhynchophores sont tétramères et ont pour caractères principaux : un corps ovoïde, rétréci en avant, embrassé laté- ralement par des élytres convexes-, une tête se ter- minant en un rostre ou bec plus ou moins délié et /I36 COLÉOPTÈRES. plus OU moins allongé, portant deux antennes droites {Orlhocéres), ou coudées {Goniatocères), composées de neuf, dix, onze ou douze articles, de longueur variable, mais dont le premier e*t toujours long, et les trois der- niers réunis en massue ; des pattes robustes avec les cuisses renflées. Les larves des Rhynchophores ou Charançons sont apodes, c'est-à-dire privées de pattes, elles ont tout au plus quelques mamelons qui en tiennent lieu; elles sont, en général, d'un blanc jaunâtre avec la tôle brune ou roussàtre; elles ne vivent jamais à découvert, elles crai- gnent la lumière et se tiennent cachées. Elles attaquent toules les parties des végétaux-, les unes vivent dans l'in- térieur des graines ou des fruits, les autres rongent le parenchyme des feuilles, dont elles ont formé des rouleaux ou des cornets; d'autres se tiennent dans la terre et mangent des racines ou le collet des planles basses ; quelques espèces habitent dans des galles; d'au- tres dévorent l'intérieur des fleurs, et enfin il en est qui vivent dans l'intérieur des tiges de diverses plantes (1). C'est à l'état de larve que les Charançons sont le plus nuisibles à l'agriculture et à l'horticulture; à l'état d'in- secte parfait, ils font beaucoup moins de mal. Il n'y a pas de famille dans l'ordre des- Coléoptères où le cul- tivateur compte une aussi grande quantité de petits en- nemis. Les Rhynchophores ou Charançons, comme tous (1) Selon Friscti, Léon Dufour et Ratzeburg, les larves des Anihribes sont carnassières ; elles se nourrissent des œufs des Kermès et vivent en parasites sous la carapace de ces gallin- sectes ; on doit par conséquent les mettre au nombre des in- sectes utiles. COLÉOPTÈRES. -137 les grands genres de Linné, sont partagés aujourd'hui en une multitude de coupes génériques. Schœnherr qui a passé une partie de sa longue existence à étudier les Cur- culionites, en avait déjà établi plus de six cents. Nous ne parlerons ici que de ceux qui renferment des espèces dont la connaissance est indispensable à un bon jardi- nier. Nous voudrions pouvoir indiquer, en même temps, les moyens de destruction à mettre en usage, malheu- reusement ils sont plus limités pour cette famille que pour toute autre. Les Charançons portent, en horticulture, selon les lo- calités, les noms vulgaires de Lisette, de Bécare, de Bec- mare, de Bêche, etc. GENRE RHYNCHITE. RHYNCHITES Heibsl. Ce genre comprend une quarantaine d'espèces propres à l'Europe pour la plupart ; il se distingue par les caractères suivants : tête petite, à moitié enfoncée dans le corselet , se prolongeant en un rostre en forme de bec, très-long, dilaté à son extrémité-, antennesdroites, insérées au milieu du rostre, composées de onze arti- cles dont les inférieurs un peu plus longs que ceux du milieu, et dont les derniers réunis en une sorte de mas- sue; corps ovale, allant en se rétrécissant en avant ; man- dibules pourvues d'une dent interne; corselet conique, élargi en arrière, offrant souvent, dans les mâles, une épine latérale. Plusieurs espèces de Rhynchites sont très-nuisibles aux cultures, telles sont les suivantes : Rhynchite Bacchus. Rhynchites Bacchus Scliœuherr. Cette jolie Lisette , la plus brillante de nos espèces 138 COLÉOPTÈRES. européennes, est un peu velue, d'un beau rouge- doré métallique à reflet violacé; elle paraît dans les jardins avec les premiers beaux jours du printemps; elle se nour- rit de la sève des jeunes pousses, et s'accouple à la fin de mai ou en juin. La femelle perce avec son rostre les petites poires nouvellement nouées, et dépose dans le petit trou un œuf qu'elle cache en bouchant l'ouverture ; cet œuf éclot au bout de cinq à six jours, et la petite larve creuse une galerie dans le fruit. En quatre semaines au plus, après plusieurs changements depeau, elle a acquis tout son développement ; alors elle aban- donne le fruit, dont elle occasionne toujours la chute, et s'enfonce en terre pour se métamorphoser et éclore au printemps suivant. Il y a des localités où elle fait beau- coup de tort aux poiriers en perçant les jeunes poires. Pour atténuer le mal que cet insecte occasionne dans les vergers, il faut enlever soigneusement tous les fruits piqués. On l'a accusé à tort de rouler les feuilles de la vigne pour y déposer ses œufs.; c'est sans doute à cette croyance de quelques anciens auteurs, qu'il doit son nom de Bacchus. Rhynchite du bouleau. Rhynchites betuleti ab. Cette Lisette, à peu près de la taille de l'espèce précédente, est d'un vert-doré brillant ou quelquefois d'un bleu métallique; elle est, dans certaines loca- lités, un fléau pour les viticulteurs. L'insecte parfait éclot en mai et juin, et reparaît à l'automne pour une seconde fois. Il vit sur beaucoup d'arbres qui ne sont COLÉOPTÈRES. 139 pas du ressort de l'horticulture, nous n'en parlons ici que parce qu'il est très-préjudiciable aux vignes. La femelle roule les feuilles et en fait des espèces de cylindres, qu'elle perce à trois ou quatre endroits, pour déposer un œuf dans chaque piqûre. Ensuite elle coupe aux trois quarts le pétiole de ces feuilles, pour arrêter la sève et amener dans leur tissu une modification mor- bide. Celles-ci se fanent, se flétrissent et finissent par tomber. Lorsque les petites larves ont acquis toute leur croissance, elles quittent leur retraite et s'en- foncent en terre pour se métamorphoser et éclore en septembre, mais, le pl^us ordinairement, au mois de mai; les individus nés à l'automne passent l'hiver sous les écorces desarbres ou cachés entre les mousses et les li- chens. Lorsqu'on aperçoit, dans les vignobles, ou sur les treilles, ces espèces de rouleaux suspendus aux ceps, il faut les enlever avec soin elles brûler pour détruire l'in- secte dans son berceau. Rhynchite conique. Rhynchites conicus Herhst. Cette petite Lisette, que peu d'arboriculleurs ont vue en nature, mais dont tous connaissent parfaitement les effets, est très-commune dans les jardins fruitiers. Elle est d'un bleu foncé avec les-antennes noires; elle offre sur le corselet, et surtout sur les élytres quelques poils épars bien visibles à la loupe. Elle est ailée comme les espèces précédentes et vole très-bien d'un arbre à l'autre. Ce petit insecte est désigné par les jardiniers sous le nom de coupe-bourgeon. Les uns l'accusent de faire beau- UO COLÉOPTÈRES. coup de mal aux arbres-, d'autres, au contraire, le consi- dèrent comme médiocrement nuisible et prétendent que c'est lui qui a enseigné le pincement des arbres fruitiers. Pour les personnes étrangères à l'arboriculture, nous exposons ici ses habitudes. Lorsqu'après l'accouplement la femelle éprouve le besoin de pondre, elle vient se poser sur une pousse tendre de poirier {bourgeon des jardiniers). Dès qu'elle a trouvé dans cette partie encore herbacée un endroit convenable pour y déposer sa progéniture, elle y perce un petit trou à l'aide de son rostre, et y dépose un œuf; elle descend ensuite un peu plus bas et avec ses petites mâchoires elle coupe circulairement le bourgeon aux trois quarts environ, pour arrêter la sève et en altérer la nature ; elle recommence ce manège sur de nouveaux bourgeons jusqu'à ce qu'elle ait terminé sa ponte. C'est alors que, dans le courant de mai, on voit pendre aux arbres des bourgeons fanés, noircis et presque desséchés, qui, au bout de quelque temps, se détachent et tombent. Lorsque les petites larves sont arri- vées au terme de leur croissance, elles quittent leur berceau et s'enfoncent en terre où elles se construisent une petite coque pour se changer en nymphes. Il arrive quelquefois que des individus éclosent en septembre; dans ce cas ils passent l'hiver dans l'engour- dissement sous les écorces ou «entre les feuilles sèches pour se réveiller au printemps. Le coupe-bourgeon ne vit pas seulement sur le poirier ; il attaque aussi les jeunes pousses des pruniers, des ce- risiers, des abricotiers et même de l'aubépine. L'in- secte parfait est très -petit et difïicile à prendre; COLEOPTERES. Ui aussitôt qu'on s'approche d'une branche où il est en travail, au lieu de s'envoler, il se laisse tomber, fait le mort, se confond avec la terre du jardin ou se perd dans l'herbe. Nous recommandons aux personnes qui craignent les ravages de cette lisette, d'enlever tous les bourgeons fanés qui pendent aux poiriers et de les brûler. GENRE PHYTONOME. PHYTONOMUS Schœnheir, Les petits charançons appartenant à ce genre com- posé de près de cinquante espèces, présentent les caractères suivants : antennes coudées, de longueur médiocre dont l'article basilaire atteint presque les yeux, les autres noueux ; massue des antennes oblongue ; ros- tre moitié plus long que la tète ; yeux oblongs un peu dé- primés ; élytres convexes, ovalaires-oblongues ; pattes ayant les crochets des tarses longs et assez robustes. Les phytonomes sont de petites lisettes qui causent souvent dans les jardins d'assez grands dommages aux plantes ornementales. La plus nuisible est l'espèce suivante: Phytonome de la renouée. Pytonomus polygoni Sch. Il n'est pas rare de voir chez les fleuristes des tiges d' œillets qui languissent, jaunissentet finissent par se des- sécher sans pouvoir donner de fleurs. Cette maladie est produite par la petite larve de ce phytonome qui creuse la tige et détruit toute la partie médullaire. U2 COLEOPTERES. L'insecte parfait est d'une couleur brunâtre avec le corselet marqué de trois lignes blanchâtres. Les élytres sont grisâtres, pubescentes, avec trois lignes noires. Lorsque l'on s'aperçoit que des tiges d'œillets sont attaquées par la larve de ce phytonome, il faut les couper et les brûler. GENRE APION. APION Heibst. Les Apions, dont on connaît aujourd'hui une centaine d'espèces, sont les plus petits des charançons; ils ont pour caractères : des antennes droites, terminées par une massue de trois articles et insérées sur la trompe ou rostre-, une tête enchâssée dans le corselet qui est plus long que large, cylindroïde, tronqué carrément à sa base; des élytres ovoïdes donnant au corps une forme presque globuleuse, glabres ou presque glabres ; des pattes assez longues avec les tarses spongieux. Les petites larves des apions ne vivent pas toutes de la même manière. Beaucoup rongent les graines des légumineuses herbacées, et y subissent toutes leurs métamorphoses ; d'autres habitent dans les fleurs; quelques-unes se nourrisent de la partie médullaire de différents végétaux, et ne sortent de leur berceau qu'à l'état parfait. Plusieurs espèces sont très-nuisibles à la grande culture, telles que Tapion du trèfle [apion apricans)^ dont la l.arve dévore les graines de cette plante ; Tapion à pattes jaunes (apion flavipes), qui a les mêmes mœurs, et mange aussi les graines du trèfle. On n'en connaît que deux qui occasionnent quelques dégâts dans les jardins. COLEOPTERES. -143 Apion bronzé. Apion seneum Germar. Très-petit insecte d'un vert bronzé plus ou moins ob- scur en dessus, et d'une couleur bleuâtre ou noire en dessous. Il fait quelquefois beaucoup de tort aux roses- Irémières {Alcea rosea), dont il ronge les bourgeons ; les petites larves, élevées par Kaltenbach , creusent des galeries dans la moelle des Malvacées, et y su- bissent toutes leurs transformations. L'insecte parfait se montre dès la lin de mars. Apion violet. Apion violaceum Scliœnh. Ce petit charançon a les élytres plutôt bleues que violettes, et le dessous du corps noir comme l'espèce précédente. Sa larve vit par petites familles dans les tiges de l'oseille, à l'époque où cette plante monte pour fleurir. Comme il n'attaque jamais les feuilles, le mal qu'il fait chez les maraîchers, se borne à faire périr quelques porte-graines. GENRE BARIS. BARIS Germai. LesCurculionites appartenant à ce genre, sont ovales, allongés, glabres, avec une trompe arquée supportant les antennes ; leur corselet est un peu plus long que large, en cône tronqué; leurs pattes sont assez ro- bustes, avec les cuisses un peu renflées. 444 COLÉOPTÈRES. Baris verdâtre. Baris chlorizans Schœnh. Ce petit insecte a été tros-bien étudié par ^ notre col- lègue, M. le colonel Goureau. Ce savant, dont tous les entomologistes connaissent les observations persévé- rantes, donne l'histoire très-détaillée de ses mœurs dans le second supplément de son ouvrage sur les insectes nuisibles. [Bullet. des se. histor. et natur. de l'Yonne, p. 62, 18.) Il est assez commun aux environs de Paris, de la taille delalisette coupe-bourgeon, d'un vert terne, sans reflet, avec la tête et les antennes noires 5 le dessous du corps est d'un vert-bronzé avec les pattes noirâtres. Selon M. Goureau, il éclot dans les premiers jours de sep- tembre, passe l'hiver dans l'engourdissement, et se ranime au printemps pour s'accoupler et propager l'espèce. La femelle pond ses œufs dans les tiges des choux, prin- cipalement dans les variétés appelées choux cavalier, choux de Milan, choux de Bruxelles, etc. Dès que les œufs sont éclos, les petites larves creusent des galeries dans ces mêmes tiges, et continuent de s'y développer jusqu'au mois d'août «{u'elles sont arrivées à leur gros- seur. Les transformations ont lieu dans le milieu oùelles ont vécu ; l'insecte sort par un petit trou qu'il fait à l'é- corce. Il cause un grand dommage aux choux, lorsqu'il est nombreux. Une autre espèce du même genre, Baris chloris de Zie- gler, d'un bleu un peu verdâtre en dessus et noire en dessous, fait quelquefois beaucoup de mal dans les plantations de colza. Plienenger(/s2s 1857, p. 525), pense COLÉOPTÈRES. 145 que les larves vivent dans des galles, sur les racines, et se métamorphosent en terre. Nërdlinger, p. 175, croit, au [contraire, que la femelle pond dans les tiges, que les petites larves vivent dans la moelle, et que les trans- formations ont lieu dans la plante même. Les observa- tions de M. Goureau sur l'espèce précédente qui en est très-voisine, semblent justifier l'opinion de Nôrdlinger. GENRE CEUTORHYNQUE. CEUTORHYNCHUS Shœnh. Les insectes rapportés a ce genre sont encore plus petits que notre coupe-bourgeon ; ils ont pour caractè- res : des antennes coudées de douze articles, dont les trois derniers forment la massue; un rostre long, grêle, fili- forme, arqué, appliqué sur la poitrine dans le repos 5 un corselet en cône tronqué, pourvu de chaque côté d'un petit lobule qui cache un peu les yeux ;'des élytres ova- laires, plus larges que le corselet, avec les épaules ou les angles huméraux obtus -, des pattes médiocres, avec les cuisses renflées. Ceutorhynque sulcicoUe. Ceutorhynchus sulcicollisSch. Il est tout noir, avec quelques poils grisâtres ; mais, ce qui le distingue particulièrement, c'est un sillon lon- gitudinal sur le corselet. Il paraît en juillet et est , sous son premier état, très-nuisible dans les plantations de choux et de navets. Après l'éclosion de Tinsecte parfait, l'accouplement a Heu sur les plantes où ces petits cha- rançons sont souvent très-communs ; la femelle descend 10 U6 COLÉOPTÈRES. à terre, pique avec son rostre les choux ou les navets vers le collet, et dépose un œuf dans chaque piqûre. Les petites larves éclosent au bout de quelques jours et déterminent, probablement par l'afflux de la sève, ces sortes de bosselures ou d'excroissances que tous les jar- diniers ont remarquées sur les navets et sur les choux. Vers la fin d'octobre, les petites larves ont acquis tout leur développe- ment 5 alors elles percent les galles où elles sont renfermées, entrent en terre et se construisent des petites coques dans lesquelles elles restent jusqu'à la fin du prin- temps, avant de se changer en nymphes. On trouve aussi cet insecte sur le colza, mais moins souvent que le Baris chloris. Nous ne connaissons aucun moyen à opposer à *ses ravages. En Angleterre, où ce charançon est extrêmement commun dans les champs de turneps, on a conseillé de faire passer sur la terre un rouleau très-pesant pour écraser les larves ren- fermées dans leurs petites coques. Nous avons bien peu de confiance dans ce procédé. 17. — Ceutorhynque sulcicolle. Ceulorhynchus aulcicollis. Ceutorhynque du navet. Ceutorhynchus napi Schœnli, Cette petite lisette est devenue, depuis quelque temps, très-commune aux environs de Paris dans les champs. COLÉOPTÈRES. U7 sur les choux et surtout sur les colzas. Il y a quelques années, un de nos collègues de la Société d'horticulture en apporta à une de nos séances plusieurs individus, pourconnaître le nom d'un insecte qui, disait-il, faisait de grands dégâts dans les colzas aux environs de Ver- sailles. Il est presque moitié plus petit que l'espèce précé- dente, d'une couleur brunâtre variée de petites écailles jaunâtres, qui lui donnent une teinte grise; il se montre au printemps et est d'autant plus nuisible qu'il ronge le cœur et les jeunes feuilles des choux et du colza. Heu- reusement il n'est pas encore très-répandu chez les maraî- chers, ni dans les jardins potagers. Les larves vivent en mai dans les tiges du colza et des choux, où elles creusent de nombreuses galeries ; arrivées à toute leur taille, elles se métamorphosent en terre, et l'insecte parfait naît en juillet pour s'accoupler et pondre. M. Goureau suppose qu'il n'y a qu'une partie des nymphes qui éclosent à cette époque et qu'une autre partie reste dans l'engourdisse- ment jusqu'au printemps. Malheureusement il n'y a encore aucun moyen à op- poser à ce nouveau fléau. Notre collègue, le D' Aube, a publié, dans les Annales de la Société entomologique de France (1852, Bullet., p. 83), les réflexions suivantes, à propos d'un mémoire de M. Focillon, inséré dans les Ànnales.de l' Institut agro- nomique de Versailles. En examinant ce mémoire, dit-il, on est étonné de trouver une erreur presque à chaque pas ! Ainsi le Grypidius brassicœ, regardé comme nou- veau, ne me paraît, à en juger par la figure qui accom- pagne le mémoire , qu'un véritable ceutorhijnchus, et 148 COLÉOPTÈRES, tout me porte a croire qu'il doit être rapporté à VAssi- milis de Fabricius, qui se rencontre très-fréquemment sur un grand nombre de Crucifères, et auquel la des- cription donnée par M. Focillon s'applique assez bien ; je ne puis m'expliquer comment cet insecte a été pris pour un Grypidius dont les caractères et les mœurs sont si différents.» Le Ceutborhynqueen question est devenu, depuis quelques années, très-commun sur les colzas aux environs de Paris. Selon M. Focillon, il pique les si- liques avec son bec et fait avorter les graines. GENRE ANTHONOME. ANTHONOMUS Germai . Les anthonomes, comme leur nom l'indique, sont des petits charançons qui vivent dans les fleurs. Ils ont pour caractères génériques : une tête obconique munie d'un rostre grêle, filiforme, très-peu arqué, portant des an- tennes coudées terminées en massue pointue: un corselet transversal, rétréci et tronqué en avant ; des élytres ovalaires un peu oblongues, plus larges que le corselet, striées et ponctuées, avec l'angle humerai obtus ; des pattes assez longues, avec les cuisses renflées. Anthonome des fleurs de pommier. Anthonomus pomorum Sch. Il est un peu plus grand que le coupe-bourgeon, d'une couleur plus ou moins brunâtre, avec une villosité ou unepubescence grisâtre; sesélytressontd'un rouxtestacé obscur, marquées, vers l'extrémité postérieure, d'une tache blanche entourée de noir. Il n'y a peut-être pas un (COLÉOPTÈRES. 149 jardinier qui n'ait remarqué, au mois de mai, qu'une cer- taine partie des fleurs des pommiers ne s'ouvraient pas et ressemblaient à des clous de girofle. Les fleurs qui pré- sentent cet aspect, sont habitées par un petit ver qui ronge les organes de la fructification. 19. — Vuthonome du pommier. Anihonomus pomorum. Il y a encore, dans certaines localités, des gens simples qui croient et répètent que cette vermine est engendrée par des vents roux. Pauvres ignorants, partisans sans le savoir des générations spontanées , comme si la vie pouvait venir d'ailleurs que de la vie 1 L'anthonome du pommier éclot à la fin de mai ou dans les premiers jours de juin ; il passe l'été, l'automne et l'hiver dans l'engourdissement, pour se réveiller et s'ac- coupler vers la fin d'avril, ou dans les premiers jours de 150 COLÉOPTÈRES. mai. Après la fécondation, la femelle se met à la recherche des bourres à fruits, perce les boutons avec son rostre, dépose un œuf dans chaque petit trou, et continue ainsi jusqu'à ce quelle ait accompli sa ponte, sans jamais mettre deux œufs dans la même fleur. Au bout de quelques jours, chaque œuf donne naissance à une petite larve, qui dé- vore les étamines, le pistil et Tovaire des fleurs des pom- miers -, elle grossit rapidement et, quinze jours après sa naissance, elle se transforme en nymphe dans son propre berceau. Il y a peu de chose à faire pour se préserver du ra- vage de cette lisette. On a conseillé d'enlever des pom- miers les fleurs rousses qui ne sont pas épanouies et de les brûler. C'est un moyen qu'on peut essayer dans un petit jardin où il ne se trouve que quelques paradis, mais il est impraticable dans un verger de quelque étendue. D'ailleurs, comme cet insecte vole très-bien, il en revien- drait de chez les voisins, et la destruction que l'on aurait faite chez soi serait complètement inutile. Anthonome du poirier. Anthonomus pyri Schœnherr. Il ressemble beaucoup à celui des fleurs du pom- mier. Il est d'une couleur ferrugineuse tirant plus ou moins sur le noirâtre. Ses antennes sont noirâtres. La tête est recouverte d'une pubescence blanche formant une ligne médiane qui se prolonge sur le corselet. Les élytres sont traversées par une bande de duvet blanc, lisérée de noir. La larve vit en avril dans les bourres à fleurs du poi- rier, et est désignée par M. Forest, dans ses cours d'ar- COLÉOPTÈRES. m boriculture, sous les noms vulgaires de ver d'hiver ou de ver des bourgeons à fleurs. L'insecte parfait paraît en mai. Il passe l'hiver caché dans les crevasses des écorces et sous les lichens; il se réveille au commencement de mars pour s'accoupler. Une fois la fécondation opérée, la femelle perce les bourgeons avec son long bec et y dé- pose un œuf qui éclot au bout de huit jours. Aucun bour- geon renfermantune larve ne fleurit. Un cercle noirâtre se forme à sa base et lui-même finit par noircir et se dessé- cher. Depuis quelques années, cet insecte, qui était pres- que inconnu aux environs de Paris, est devenu un véritable fléau pour les poiriers en quenouille ou en espalier. Son apparition dans nos jardins, selon l'habile professeur que nous venons de citer, ne remonte pas au-delà de dix à douze ans. La métamorphose a lieu dans le bour- geon. Pour détruire ce nouvel ennemi, il faut enlever en avril tous les bourgeons attaqués et les brûler. Un autre anthonome vit dans les fleurs des cerisiers. Celles de ces fleurs qui renferment une larve, ne s'ouvrent jamais et deviennent d'une couleur roussâtre. Les mœurs de ce petit charançon, dont les dégâts sont très-limi- tés , sont assez semblables à celles des deux es- pèces précédentes. Son nom vulgaire est charançon des fleurs du cerisier, et son nom scientifique, anthonomus cerasi Schœnherr. GENRE BALANIN. BALANINUS Germar. Ce genre, assez voisin des anthonomes, se distingue parles caractères suivants : rostre arqué, très-long, grêle, il 52 COLÉOPTÈRES filiforme, portant des antennes coudées terminées par une massue acuminée ; corselet tubuleux en cône tron- qué, avec les angles postérieurs arrondis -, élytres con- vexes, un peu plus larges que le corselet, avec l'angle humerai arrondi ; pattes assez longues, avec les cuisses en massue. Balanin des noisettes. Balaninus nucum Schœnh. Il n est personne qui n'ait rencontré des noisettes véreuses, et qui n'ait cassé avec ses dents de ces fruits dont l'amertume lui indiquait de suite la présence d'une 20. — Balanin des noisettes. Balaninus nucum. larve. Ce ver, pour nous servir du mot employé par les jardiniers, est blanc, avec la tête brune armée de mà- cboires assez robustes-, il est produit par un petit cha- rançon un peu plus grand que l'anthonome du pom- mier, d'une couleur brunâtre, entièrement recouvert COLÉOPTÈRES. 453 d'un duvel jaunâtre qui lui donne une teinte grisâtre. Ce petit insecte éclot en mai ou dans les premiers jours de juin. Après l'accouplement, la femelle perce avec son long rostre un petit trou dans les jeunes noisettes et y dé- pose un œuf. Celui-ci éclot au bout de huit jours, et la jeune larve se met à ronger l'intérieur du fruit. Vers le milieu d'août, elle a acquis toute sa taille. Alors, avec ses fortes mâchoires, elle fait un petit trou rond, par lequel elle sort en s'amincissant et en s'allongeant comme une sangsue. Dès qu'elle est en liberté, elle entre en terre où elle se construit une petite coque, dans laquelle elle reste engourdie jusqu'au mois de mai, époque où elle se transforme en nymphe. Les noisettes attaquées par ce charançon, se détachent et tombent à terre un peu avant leur maturité -, il y en a cependant qui restent sur l'arbre, c'est l'orsqu'il s'en trouve une ou deux de malades au milieu d'un groupe où les autres sont saines. Dans certaines années, cet insecte est très-commun, et la majeure partie des noisettes sont véreuses. Comme la femelle ne place jamais qu'un œuf dans un fruit, on conçoit que, pour terminer sa ponte, elle doit en attaquer un grand nombre ; c'est pourquoi, sur un même arbre, on n'a souvent que des noisettes renfermant des vers. Dans les jardins isolés et éloignés des bois, on peut détruire en partie ce Balanin, en ramassant, au mois d'août, toutes les noisettes véreuses tombées à terre et en les brûlant avec les larves qu'elles contiennent en- core. Dans certaines contrées, on rencontre fréquemment 1S4 COLÉOPTÈRES. une autre espèce. C'est le Balaninu scerasorum Schœnh. qui perce les petites cerises nouvellement nouées et dont la larve ronge l'amande contenue dans le noyau. En France, les dégâts causés par cet insecte n'ont pas encore été remarqués. GENRE OTIORHYNQUE, OTIORHYNGHUS Germar. Ce genre renferme un grand nombre d'espèces dont beaucoup habitent l'Europe et la Sibérie. Les Otio- rhynques offrent, tous, les caractères suivants : têtede grandeur moyenne, terminée par un rostre de sa lon- gueur, un peu anguleux et pourvu à son extrémité d'une double carène ou d'une carène bifide ; antennes assez longues, grêles, arquées, insérées sur le rostre, avec la massue de forme un peu variable ; corselet convexe, à peu près aussi long que large, tronqué en avant et en arrière; élytres dures, coriaces, en ovale allongé, con- vexes, paraissant quelquefois un peu renflées ; des pattes assez longues, avec les cuisses en massue. Otiorhynque sillonné. Otiorhynchus sulcatus Sch. Il est tout noir, assez grand, avec les élytres mar- quées de stries assez profondes formant des sillons, dont les intervalles sont variés de petites teintes gri- sâtres. Cette espèce s'introduit dans les serres et sous les châssis pour déposer ses œufs dans les poteries. Sa larve, qui est d'un blanc jaunâtre avec la tête brune, ronge les racines des primevères de la Chine, des saxi- COLÉOPTÈRES. >I55 frages et de beaucoup d'autres plantes basses telles que fraisiers, cinéraires, etc. Selon Nôrdlinger, elle est en Allemagne très- nuisible aux jardins, et fait périr ces vé- gétaux en détruisant le collet de la racine. Lorsque l'on s'aperçoit de la présence de cette larve, il faut rempoter les plantes malades, en ayant bien soin de nettoyer les racines. Otiorhynque rauque. Otiorhynchus raucus Schœnh. Ce charançon, assez rare autrefois dans les jardins de Paris, a été, cette année, très-abondant aux environs de Passy. En 1852, feu Rouzet l'avait, d'après une com- munication de M. Carrière, signalé à la Société entomo- logique de France comme un insecte nuisible. Il avait, selon l'habile horticulteur dont nous venons dé parler, entièrement rongé les feuilles tendres des poiriers, aux environs de Melun. Il paraît qu'il est polyphage, car, à Passy, 'dans le jardin de notre collègue, M. Lefebvre, il a dévoré les jeunes bourgeons de la vigne. Le D*" An- dry, à la séance du 27 avril, nous en a apporté une grande quantité recueillis, le matin même, sur le mur de ce jardin. Il est moitié moins grand que celui de la livèche auquel il ressemble un peu par la couleur. Sa tête est noirâtre; le corselet est rugueux et également noirâtre; les élytres sont en ovale arrondi, soudées, striées, parsemées de petites taches grises, formées par une courte villosité qui s'enlève par le frottement ; les pattes sont d'un brun roussâtre. Nous n'avons aucun renseignement sur ses premiers états. L'insecte parfait '136 COLÉOPTÈRES. se montre vers la fin d'avril, au moment de l'évolution des bourgeons de la vigne et des poiriers. Comme il est assez gros et qu'il se tient, une partie du jour appliqué contre les murailles, on peut en détruire un grand nombre, si l'on veut se donner la peine de les chercher. Otiorhynque de la livèche . Otiorhynchus ligustici Germ . Cet insecte, appelé généralement Bécare par les jardi- niers des environs de Paris, est, d'après les cultivateurs de Montreuil, très-nuisible aux pêchers, dont il ronge les fleurs et les jeunes pousses. M. Graindorge, arboricul- teur à Bagnolet, nous en a fait remettre, cette année, une grande quantité qu'il avait recueillis sur ses pêchers. M. Alexis père a eu souvent aussi à se plaindre des dégâts de ce charançon. Il s'en préserve, dit-il, en se- mant de la luzerne dans le voisinage de ses arbres. Selon cet habile praticien, ce bécare a une grande pré- dilection pour cette légumineuse, mais, si on la fauche, il se jette immédiatement sur les arbres que l'on a voulu protéger. L'Otiorhynque de la livèche, dont les premiers états sont inconnus, est très-commun en avril et mai aux envi- rons de Paris. On le trouve souvent au bord des routes, grimpant le long des murs pour se réchauff'er au soleil. C'est un de nos gros charançons. Il est noir comme l'espèce précédente. Ses élytres sont bombées, ovales, soudées, fortement striées, avec les côtes ponc- tuées, et couvertes d'un court duvet écailleux, qui leur donne une couleur d'un gris terreux. COLÉOPTÈRES. -loT Nous conseillons aux arboriculteurs qui ont à se plaindre de ses ravages, de lui faire, comme au précédent, la chasse le long des murs. GENRE BRUCHE. BRUCHUS Linn. Le genre Bruchus a été établi par Linné sur des in- sectes qui, au premier coup d'œil, ressemblent assez peu" aux charançons.A l'état parfait, ils se rencontrent sur les fleurs où ils s'accouplent. Dès que la femelle est fécon- dée, elle se met en quête d'une graine pour y placer le berceau de sa famille. Le plus ordinairement, elle s'a- dresse aux gousses des légumineuses, telles que pois, fèves, vesces, lentilles, lupins, etc. Aussitôt que les œufs sont éclos, les petites larves pénètrent dans la graine à peine formée, pour se nourrir de la partie farineuse des cotylédons. Le petit verrenfermé dans cette graine, grossit peu à peu, en se creusant une cellule dont il augmente successivement la dimension, sans que l'on trouve, pour ainsi dire, la trace de ses excréments. A l'époque de la ma- turité de ces légumineuses, les petites larves ont atteint leur entier développement. Elles restent presque engour- dies jusqu'au printemps, qu'elles se transforment en nym- phes ; l'insecte parfait se montre en mai et juin, après être resté quelquefois près d'un mois avant de se décider à sortir de sa cellule. La larve a la précaution de ronger la graine jusqu'à Vépiderme^ de sorte que la bruche, pour sortir de sa prison, n'a que ce faible obstacle à vaincre pour être en liberté. Après l'éclosion, l'insecte parfait laisse sa porte ouverte sur les pois, les fèves ou les len- tilles, sous forme d'un trou arrondi. 458 COLÉOPTÈRES. Les larves sont proportionnellement assez grosses, renflées au milieu, courtes, arquées, avec une petite tète cornée, tnunie de fortes mâchoires. Les bruches ont pour caractères : une tète déprimée et inclinée, pourvue d'un rostre très-court, en forme de museau assez large; des antennes de onze articles, un peu dentées en scie, un peu élargies au sommet; des élytres un peu plus courtes que Tabdomen ; des pattes postérieures longues, avec les cuisses très-grosses et un peu épineuses. Ces insectes sont désignés par les grainetiers, les épi- ciers, les fruitiers et les cuisinières, par le nom absurde de pucerons. Bruche des pois . Bruchus pisi Liuii , Elle est d'une couleur noirâtre couverte d'un petit duvet blanchâtre qui lui donne une couleur grise. Les élytres sont variées de blanc. L'extrémité de l'abdomen est à découvert, d'une couleur blan- châtre et marquée de deux points noirs. Les pattes sont noires. Si tout le monde ne connaît pas '"■~Ccîu!Sr'" l'insecte, tout le monde connaît les pois véreux. Ceux-ci ne perdent pas pour cela leur propriété germinative, ils lèvent aussi bien que les autres, à moins que la larve n'ait dévoré l'embryon, ce qui est fort rare. 11 arrive souvent que l'on sème, de bonne heure, des pois précoces que l'on croit très-sains, mais, en les observant avec attention, on aper- COLÉOPTÈRES. 159 çoit une petite tache arrondie, d'une couleur, terne qui indique que la bruche n'a pas encore ouvert la porte de sa demeure. Les insectes ainsi enterrés avec lesgraines, ne périssent pas, ils éclosent très-bien et sortent de la terre au lieu de naître dans le grenier. Il n'y a aucun danger à redouter lorsque l'on sème des pois percés, dont rinsecte est sorti; maison peut parfaitement bien naturaHser les bruches dans un jardin oii elles n'existent pas, si l'on emploie ceux (jui sont marqués du petit cerne dont nous avons parlé. On a conseillé, pour détruire ces petits animaux, de faire subir aux pois une température de cinquante degrés dans un four de boulanger. Les personnes qui en feront usage pour la cuisine, n'en mangeront pas moins les insectes. Il y a des années oii les petits pois sont presque tous attaqués par les bruches \ bien des gens avalent à leur dîner, sans s'en douter, des centaines de petits vers à l'état rudimentaire. Bruche des lentilles. Bruchus pallidicornis Sch. Les lentilles sont, dans certaines années, très-sujettes à être véreuses^ peut-être même plus souvent que les pois. La larve dévore la moitié ou môme les trois quarts de la substance féculente ; elle a les mêmes habitudes que celle de l'espèce précédente -, elle mange de même jusqu'à la maturité des lentilles et reste dans sa cellule, à rétat d'engourdissement, jusqu'au printemps, qu'elle se transforme en insecte parfait. La femelle, comme celle du pois, ne confie jamais plus d'un œuf à une lentille. Cette bruche est beaucoup plus petite que la précé- 160 COLÉOPTÈRES. dente. Elle est noire, tiquetée de blanc. Ses antennes sont d'une couleur jaunâtre testacée. Ses éclytres sont marquées ordinairement de deux lignes de points blan- châtres, plus ou moins prononcés et disposés transver- salement. L'extrémité découverte de l'abdomen est d'un blanc grisâtre avec deux gros points noirs. Cette espèce porte généralement le nom de puce- ron, chez les grainetiers et les épiciers. Très-souvent les lentilles dont on fait usage, vers le carême ou les premiers jours du printemps, contiennent des bruches dans leur intérieur; on ne s'aperçoit de leur présence que lorsqu'elles sont cuites, au craquement que l'insecte produit sous les dents, ou à des petits corps noirâtres que la cuisson amis à nu. Tandis que celles que Ton mange à l'automne ou au commencement de l'hiver, ne contiennent que des larves réduites en purée par la cuisson ;[on les mange avec d'autant moins de répugnance que Ton n'en sait rien. Il y a dans la Beauce des localités où cet insecte est tellement abondant, que l'on est obligé de suspendre la culture des lentilles pendant deux ou trois années. Bruche des fèves. Bruchus rufimanus Schœnh. Celte bruche est un peu plus petite que celle des pois, elle a les mêmes habitudes ; ses antennes sont d'un jaune testacé à leur base et noires à l'extrémité ; les pattes antérieures sont d'un jaune roux ; le corselet est grisâtre ; les élytres sont noires, tachetées de gri- sâtre-, l'extrémité découverte de l'abdomen est pourvue d'une épaisse pubescence grisâtre, sans points noirs. COLÉOPTÈRES. 161 La larve vit à la même époque que celles des espèces précédentes et se comporte delà même manière. L'in- secte est tout formé et prêt à sortir de sa cellule dès la fm de rhiver. Le plus ordinairement il est encore renfermé dans les fèves que l'on sème, et l'éclosion a lieu dans la terre. Le genre bruche se compose d'un grand nombre d'es- pèces, mais il n'y a que les trois dont nous venons de parler qui soient véritablement nuisibles à l'horticulture. On dit que, dans nos colonies, il y en a une qui fait de grands dégâts dans les plantations de café, ci; vivant aux dépens des cotytédons de cette plante pré- cieuse. D'autresvivent aussi dans les pois chiches, Cicer arieiinus^ et dans les lupins. Les Rhynchophores ou Charançons que nous venons de signaler aux horticulteurs, ne sont probablement pas les seuls qui soient préjudiciables aux jardins. Il ei» existe sans doute beaucoup d'autres dont nous ne con- naissons pas les premiers états, qui peuvent aussi causer des dommages à l'arboriculture , à la flori- culture et à la culture maraîchère. Il y a une espèce entre autres dont la larve vit dans les têtes et les tiges des artichauts du Midi, dont nous n'avons jamais pu obtenir l'insecte parfait. Nous supposons qu'elle doit produire le Larinus cynarœ. On rencontre, en mai et juin, sur les poiriers, les pom- miers et les pruniers, de jolies petites Lisettes argentées ou dorées , couvertes d'une fine pubescence et de petites écailles vertes. Ces petits insectes, qui ont le bec ou rostre assez court, sont très-communs sur les arbres fruitiers; ils se contentent de piquer les feuilles d'un 162 COLÉOPTÈRES. petit trou pour so nourrir de leur parenchyme. iNous les regardons comme très-peu dangereux. Us appartiennent à deux genres très-voisins : Polydrose [Polydrosus Germar) et Phyllobie (Phyllobius Germar). Nous ne savons rien de positif sur leurs premiers étals. Selon Ratzeburg , les larves vivraient de racines. L'agriculture a bien plus à souffrir d'un autre Charan- çon qui, dans certaines années, fait d'affreux ravages dans les tas de blé. C'est la Calandre des grains (Calandra granaria) ; ce petit insecte se tient caché et engourdi dans les greniers jusqu'au moment où les céréales y sont emmagasinées 5 alors il s'accouple et la femelle pond des œufs d'où sortent des petites larves qui ])énètrent dans le grain même, où elles se creusent une cellule fermée, pour dévorer à leur aise et sans être troublées, la farine, ne laissant, au moment où l'insecte parfait sort du grain, que l'écorce au cultivateur. FAMILLE DES XYLOPHAGES. C'est ainsi que l'on désigne une famille de petits coléoptères noirs ou bruns qui, à l'état de larve, et même à l'état parfait, rongent le bois, mais le plus ordinaire- ment la partie interne des écorces. Tels sont les Tomi- ques, les Xylothères, les Ilylastes et les Hylésines qui, en général, n'attaquent que les Conifères, et enfin les Scolytes , dont on a fait tant de bruit et que l'on accuse de faire périr une immense ([uantité d'arbres. Ces derniers, dont les sociétés savantes se sont beau- (;OLÉ(»PTÉREï^. 163 coup occupées , ont pour caractères : une tète glo- buleuse portant des antennes de dix articles dont le pre- mier est long et un peu renflé et les deux derniers en massue aplatie ] un corselet convexe un peu plus long que large ; des élytres convexes» déprimées : de fortes mandibules; des pattes courtes et robustes, avec des tarses de cinq articles et des cuisses renflées. C'est à la fin de mai ou en juin qu'a lieu l'éclosion des Scolytes. Dès qu'ils sentent leurs téguments assez raffermis, ils percent les écorces pour se mettre en liberté et faire usage de leur ailes. Après la fécondation, la femelle fait, à l'aide de ses fortes mâchoires, un petit trou à l'écorce de l'arbre qu'elle a choisi, et se creuse une galerie verticale dans laquelle elle dépose une cin- ([uantaine d'œufs et périt ensuite. Les petites larves, dès qu'elles sont sorties de l'œuf, pratiquent des boyaux circulaires dont elles augmentent lo diamètre à me- sure qu'elles grossissent. Elles continuent de ronger la partie la plus tendre des écorces jusqu'au printem[ts qu'elles se transforment en nymphes. Tel est en deux mots l'histoire très-abrégée des Scolytes. On a écrit des volumes sur ces insectes et sur les dégâts qu'ils causent aux arbres ; mais, après avoir étudié nous-mème cette question pendant longtemps , nous sommes aujourd'hui convaincu, plus que jamais, que l'on a pris l'eCiet pour la cause ou, en d'autres termes, que les arbres ne sont attaqués des Scolytes que parce quils sont préalablement malades par une cause ou par une autre, et qu'il est de toute nécessité , pour que ces rongeurs se propagent, que les couches corticales et le cambium aient subi une altération morbide. Nous 1(54 COLÉOPTÈRES. avons vu qu'il en était de même pour certains charan- çons : la larve de la Lisette coupe-bourgeon^ ne peut vivre que dans des rameaux de poirier frappés de morti- fication. Tout le monde a pu faire cette remarque : que c'est principalement aux environs des grandes villes que les arbres sont ravagés par les Scolytes. Pourquoi? Parce que l'air atmosphérique, si nécessaire à l'hygiène végétale, est vicié par les gaz ou les vapeurs se dégageant inces- samment de la combustion ou des usinés. Le temps n'est peut-être pas éloigné où, à Paris , on ne pourra plus avoir d'ormes dans les promenades publiques. Les fuites de gaz qui s'infiltrent dans la terre, sont funestes à cet arbre et sont une des principales causes de l'état maladif des plantations de la ville. L'autorité municipale se trouvera un jour forcée de recourir à d'autres essences d'origine exotique, qui, chez nous, ne sont pas exposées aux attaques des insectes européens, tel que marronniers, vernis du Japon, faux -acacias , pla- tanes, etc. Ceux-ci au moins ne seront pas envahis par ces scolytes qui n'ont d'autre mission que d'abréger l'état de souflrance des malades; mais leur vie sera d'autant plus courte que les conduites de gaz seront plus multi- pliées. A l'appui de l'opinion que nous avons toujours émise relativement aux Scolytes et genres voisins, nous ne pouvons mieux faire que de citer une note publiée par feu notre collègue, le général Feisthamel, dans les Annales de la Société Entomologique de France, en 1837 (t. YI, l^e série, p. 393). « Une question qui intéresse les forestiers, a été agitée COLÉUPTÈRES. 'i65 dans plusieurs séances de la Société. C'est l'opinion qui attribue au scolyte {Scolylus pygmœus Gylh.j, la grande mortalité survenue parmi les arbres des environs do Paris, pendantrété de 1835. Un de nos collègues, M. Au- douin, a déjà présenté à la Société des observations sur les mœurs de ces coléoptères, et ces observations ten- dent à prouver que c'est à ces insectes que l'on doit la destruction des cinquante mille pieds d'arbres qui ont péri dans le parc de Vincennes en 1835. Ayant de mon côté suivi attentivement la marche de la maladie des arbres, avec mon frère, garde général du parc, je suis aujourd'hui convaincu que les scolytes étaient étrangers à cette destruction. Maintenant je crois devoir donner de nouveaux détails, qui empêcheront de rechercher la cause du mal ailleurs que là où elle existe naturelle- ment. » L'été de 1835 a été excessivement sec : il n'est pas tombé une goutte d'eau dans les environs de Paris, depuis le 10 mai jusqu'à la fin d'août. Il y avait long- temps qu'on n'avait vu traverser la Seine dans plusieurs endroits de Paris par des enfants ayant à peine de l'eau jusqu'aux genoux. >' Dès la fin de juin, une quantité d'arbres commencè- rent à se faner, et leur état de langueur attira l'atten- tion des gardes; ils les examinèrent attentivement et ne purent, malgré toutes les recherches, y trouver les moindres indices de la présence de quelque insecte nui- sible. Cependant, la maladie fit des progrès, et bientôt les parties voisines du parc de Saint-Mandé à Saint-Maur, qui ont peu de fond, et dont les terrains sont arides et brûlants, en furent atteintes, les racines ne pouvant 466 COLÉOPTÈRES. pénétrer profondément 5 tandis que les bonnes parties du parc , près Vincennes et Nogent, ayant un bon terrain, souffrirent très-peu. Dès lors, l'opinion des gardes de la forêt fut fixée, et l'on verra, ci- après, qu'ils ont eu raison de l'attribuer à la sécberesse et à la mauvaise qualité du terrain , et non à d'autres causes. Le garde général ayant marqué les arbres morts pour être abattus, s'est aperçu qu'une partie de ces arbres qu'il avait visi- tés quelque temps auparavant, et sur lesquels il n avait aperçu aucune trace d'insectes, étaient littéralement couverts de scolytes ; mais il remarqua, en même temps, que d'autres arbres voisins, qui commençaient à languir, n'en avaient pas encore. Dans une promenade dans le parc, il m'en fit faire l'observation , et c'est en vain que nous dépouillâmes un de ces arbres malades de son écorce ; nous ne pûmes y trouver la trace d'aucune lésion ni piqûre, il en fut de même de plusieurs arbres entière- ment morts. Ainsi, aucun arbre de bois blanc ne fut atteint par les scolytes, et cependant il en périt 10 mille ; il mourut de pieds de cbênes, sans être atteints des sco- lyles, également 10 mille, total 20 mille. 30 mille ont été envahis par ces insectes rongeurs ; il est donc évi- dent que le scolyte n est pour rien dans presque la moitié de la mortalité des arbres. Voyons maintenant le rôle qu'il a pu jouer dans la mortalité du reste. Nous avons vu que les gardes ont remarqué que l'apparition des scolytes n'a fait que suivre la maladie de l'arbre sans jamais la précéder. Maintenant, si ce n'est pas la mala- die causée par l'extrême sécheresse qui a fait périr les arbres, la cause en est inconnue, et il ne faut pas l'attri- buer aux scolytes, qui, malgré leur abondance dans le COLÉOPTÈRES. -167 parc, ont cessé d'y causer des ravages. En effet, les arbres morts ou mourants sont restés debout jusqu'en 1836. Abattus, ils ont été enlevés dans le courant de mai, encore n'ont-ils pas été conduits hors du parc ; mais seulement, après avoir été façonnés, ils ont été rangés sur le rond-point delà pyramide, route de Vin- cennes à Saint-Maur. Or, ce rond-point est entouré de jeunes chênes magnifiques. Dans le courant du prin- temps, les scolytes sontéclos par milliards sur les bûches amoncelées, et tous les entomologistes qui ont visité ces tas de bois, ont pu s'en convaincre ; on devait donc s'at- tendre qu'ils se jetteraient sur les arbres voisins, dont ils n'étaient séparés que par trois ou quatre mètres de distance, et que bientôt leur présence destructive se fe- rait sentir. Piien de tout cela n'est arrivé. Pas un arbre du voisinage n'a péri et n'a même été malade, et on n'a trouvé aucune trace de scolytes sur eux. » Certes les observations sur les mœurs des scolytes, par M. Audouin, sont exactes ; mais je ne crois pas, d'après celles que je leur oppose, qu'on puisse conclure comme notre honorable collègue, que ces insectes soient la cause première de la mortalité des arbres ; ce n'est que dans la sécheresse qu'il faut chercher cette cause ; et cette idée est consolante, puisque les étés aussi secs que celui de 1835 sont extrêmement rares,, tandis que le scolyte existant toujours, ses ravages pourraient se re- nouveler tous les ans. » Ces observations faites à Vincennes par notre collègue, démontrent évidemment que les scolytes n'attaquent que les arbres malades, et que c'est tout au plus s'ils peu- vent hâter leur fin. 108 COLÉOPTÉRKS. Pendant tout le temps que l'on a cru, et plusieurs per- sonnes très-capables le croient peut-être encore, que ces insectes étaient la cause unique de la mortalité ou du dépérissement des arbres de nos promenades, on a cher- ché tous les moyens possibles pour s'opposer à leurs ra- vages. On a conseillé, tour à tour, d'élaguer les arbres, de badigeonner le tronc avec du goudron de jNorwége ou avec de la chaux, de le laver avec de l'eau fortement sa- lée, etc., et puis en dernier lieu, à Paris, on a essayé la décortication. Mais aucun de ces remèdes n a rendu la santé aux malades ; ceux-ci ont continué de languir et ont fini par succomber. Nous ne connaissons qu'un remède, c'est d'agir immé- diatement sur la cause, en donnant aux arbres souffrants par la sécheresse, d'abondantes irrigations, après avoir, par un profond labour, rendu la terre perméable à l'eau. Nous croyons aussi que , dans certains cas, les engrais liquides pourraient être employés avec succès. A ce propos, nous allons citer un fait qui nous a été rapporté par M. Rivière, qui en a été le témoin oculaire. 11 y avait à Passy, dans la propriété de M. Guibert, il y a quelques années, un orme de trente ans environ, qui, de jour en jour, devenait plus languissant, et était si souffrant, que les scolytes, qui se tenaient aux aguets, avaient fini par l'envahir de tous les côtés. On ne vou- lait point sacrifier cet arbre, que le propriétaire voyait avec peine près de succomber, avant d'avoir essayé de quelques remèdes. On n'en employa qu'un seul. On enleva une partie de la mauvaise terre aride qui était épuisée; on mit à la place de bonne terre neuve et on étancha la soif qui dévorait le malade avec de COLÉOf'TÉRES. iCî) copieuses irrigations. Le mieux ne se fit pas attendre ; au bout de deux mois, il entrait en convalescence, et peu après, sa belle végétation disait assez qu'il était radicalement guéri. Après son rétablissement, on l'au- rait écorché vif comme Marsyas, qu'on aurait pas trouvé un seul scolyte sous sa peau. Que sont devenus ces rongeurs ? Ont-ils été noyés par l'abondance de la sève ou sont-ils morts, faute d'une nourriture convenable ? Nous ne terminerons pas cet article sans donner, pour les personnes que cela pourrait intéresser, les noms des principales espèces de Scolytes que l'on rencontre sur les arbres malades. 1° Le Scolyte destructeur (5coiyiUS SpC- •2. La larve un peu grossie. ' '^ ' cialement le nom de bêle à bon dieu ; sa larve fait une grande consommation de pucerons. Nous conseillons aux jardiniers d'épargner tous les individus qu'ils rencontreront. Nous citerons encore les espèces suivantes : La coccinelle à deux points. Coccinella bipunctata Linné. Plus petite que la précédente. Elle a la tète noire, marquée de deux petits points blancs. Le corselet est également noir, avec une grande tache blanche de chaque côté, les élytres sont rouges et offrent chacune un point noir sur leur milieu. Elle fait, comme la précédente une guerre continuelle aux pucerons. La coccinelle à treize points. TredwCimpunctata Fab. Elle a la tète noire. Le corselet est rouge, avec deux points et une bande noirs. Les élytres sont rouges, mar- quées chacune de six points noirs et d'un treizième sur la suture. Assez commune dans les jardins. COLEOPTERES. <93 La coccinelle à quatre taches. Coccinella quadripustu- lata Linné. Elle est assez petite, toute noire, marquée de quatre taches d'un rouge sanguin, avec le tour des yeux et le bord du corselet iDlanchàtres. Cette espèce est l'une de celles que l'on rencontre le plus souvent à Paris, sur les pruniers, au milieu des co lonies de pucerons. La coccinelle frontale. Coccinella frontalis lUiger. Assez petite. Elle a la lête noire. Le corselet est éga- lement noir, avec quelques points rougeàtres sur les côtés. Les élytres sont d'un noir luisant, marquées cha- cune de deux points rouges. Assez commune dans les pépinières, sur les arbres fruitiers infestés de pucerons. La coccinelle morio. Coccinella morio Fabr. Illiger la considère comme une variété de l'espèce pré- cédente. Elles se trouvent toutes les deux ensemble sur les mêmes arbres. Elle est un peu plus petite, entiè- rement noire. Ses élytres ont vers la base une petite bande rouge interrompue. La coccinelle variable . Coccinella variabilis Illiger. Elle est petite, assez bombée, entièrement noire, avec deux points rouges sur chaque élytre, dont l'un vers 13 -194 COLÉOPTÈRES. l'angle humerai et l'autre plus petit, placé un peu plus bas, près du bord externe. Dans une variété il y a une petite bande rouge transversale sur les élytres. Plus commune à la campagne dans les jardins, qu'à Paris. Nous pourrions donner une liste bien plus longue de ces insectes bienfaisants. Presque toutes les coccinelles nous rendent les mêmes services. Cependant nous devons dire que nous n'avons trouvé que bien rarement des espèces à points jaunes avec les pucerons. Les espèces sont extrêmement nombreuses, on en connaît plus de quatre cents répandues sur les diffé- rentes parties du globe; partout où Ton rencontre des pucerons, il y a des coccinelles. Nous recommandons à tous les amateurs de jardins de ne jamais détruire de coccinelles. Nous engageons même ceux qui ont des serres chaudes ou tempérées, à y apporter du dehors les individus qu'ils trouveront à l'automne. Ces insectes feront la chasse aux pucerons et aux larves de thrips. 2"'^ ORDRE. — ORTHOPTERES. Les insectes appartenant à cet ordre ont pour carac- tères : une bouclie coniposée d'organes propres à la mastication; deux ailes pliées dans le sens de leur lon- gueur, couvertes par d'autres ailes, espèces de fausses élytres, coriaces, chargées de nervures saillantes ou un peu réticulées; antennes ayant plus de seize articles, peu distincts. Le corps des Orthoptères est allongé, assez mou ; il est, comme celui des autres insectes, composé de trois parties : la tête, le corselet etTabdomen ; les pattes sont quel<|uefois toutes semblables, quelquefois les an- térieures sont ravisseuses et propres à saisir, souvent les postérieures sont beaucoup plus longues et conformées de façon à exécuter des sauts. Ces insectes se multiplient énormément, leurs œufs sont en général très-nombreux. Ils ne subissent que des demi-métamorphoses : leurs larves ressemblent k l'insecte parfait, à l'exception des ailes qui ne paraissent qu'après l'état de nymphe. On a divisé cet ordre en deux sections principales : Les Coureurs qui ont les pattes uniquement propres à la course et les ailes horizontales ; Les Sauteurs qui ont les jambes postérieures longues, m' ORTHOl'TKRES. propres à sauter, et dont la plupart produisent une stri dulation monotone. Sb:CT10N DES CUUKELHS. GENRE FORFICULE FORFIGULA Liiinu. Ce genre paraît, au premier abord, un peu anormal parmi les autres Orthoptères, en ce que les ailes infé- rieures sont pliées en travers comme chez les Coléop- tères. Kirby, pour cette raison, en a fait un ordre à part sous le nom de Dermaptères. Mais, en tenant compte des métamorphoses, des mœurs et surtout des organes de la manducation, il est impossible de les séparer des autres Orthoptères. Ce genre, peu recherché des entomologistes, est assez nombreux en espèces. On rencontre des forficules dans toutes les parties du monde. Elles ont toutes pour caractères principaux : un corps linéaire; des élytres crustacées; des tarses n'ayant que trois articles; un abdomen mou, terminé par deux pièces mobiles formant une pince; des mandibules bidentées ; des antennes de douze à treize articles, in- sérées au-devant des yeux. Forficule auriculaire. Forficula auricularis Liiiii. Tout le monde connaît cet insecte sous le nom vulgaire de perce-oreille ou de. pince-oreille. C'est la seule espèce européenne qui soit nuisible aux jardins. ORTHOPTERES. 197 Il est d'un brun plus ou moins clair ou plus ou moins foncé, avec la tête rousse. Les bords du corselet sont un peu a ^ / blanchâtres. Les élytres, très-cour- ~" tes et un peu débordées par les ailes, sont marginées de jaune tes- tacé pâle. Les pattes sont jaunes. i'i.— FoiTicule auriculaire. Les perce-oreilles sont noctur- i-orpmiaauricuiarh. nés, et volent très-bien le soir, lors- qu'ils veulent se transporter d'un endroit à un autre. Us sont extrêmement communs dans les jardins, où ils occasionnent des dégâts en rongeant les boutons des pêchers en espalier, les tiges à fleurs des œillets et les jeunes pousses des Dahlias. Mais ils ne s'en tien- nent pas là; comme ils aiment beaucoup les fruits sucrés, ils attaquent les abricots, les prunes, les pêches et les poires. Il n'est pas rare d'en rencontrer jusque dans le noyau des pêches, lorsque le fruit se fend un peu à la maturité, comme cela a lieu dans certaines variétés. Très-souvent aussi on en trouve dans les grappes de raisin. Ces insectes sont rarement isolés, ils sont presque toujours en petites sociétés. Pendant le jour, ils restent cachés dans les fruits, sous les écorces des arbres, sous les caisses de jardin, sous les pierres, etc. Ils aiment beaucoup aussi à se poser au centre des fleurs en om- belles. Les perce-oreilles s'accouplent au milieu de l'automne, et la ponte a lieu seulement au printemps suivant. La femelle dépose ses œufs par petits tas de quinze à vingt- cinq sous les écorces des arbres ou sous les pierres. 19S ORTHOPTÈRES. Ceux-ci sont blancs et éclosent au bout d'un mois envi- ron. Les petits, en naissant, sont d'un blanc étiolé et ne commencent cà prendre leur couleur brune qu'après le pre- mier changement de peau. Un fait assez remarquable, c'est que la femelle ne quitte pas ses œufs, ni ses petits nou- vellement nés, elle veille sur les uns ou sur les autres, probablement pour les préserver de la voracité des autres insectes : ce qui a fait dire à quelques observateurs très- superficiels que les perce -oreilles et les courtilières couvaient leurs œufs ! Il n'y a qu'une génération par an. Les perce-oreilles, lorsqu'on les saisit, prennent un air menaçant, ils relèvent la partie postérieure de leur corps comme les staphylins ; mais ils ne font, et ils ne peuvent faire aucun mal. Il existe un préjugé d'après lequel une forficule se serait quelquefois introduite dans l'oreille de personnes endormies sur l'iierbe et aurait déterminé des acci- dents graves. Nous n'avons jamais entendu parler de rien de semblable. Il n'est pas impossible cependant qu'un de ces insectes, pour se cacher, pénètre momen- tanément dans l'oreille, mais il ne pourra aller bien loin, arrêté qu'il sera par la membrane du tympan et il ressortira vite de cette cavité. Selon M. Goureau, que nous avons souvent occasion de citer, le nom de perce-oreille aurait été donné à cet insecte à cause de la pince qui termine son corps, et qui ressemble au petit instrument dont les bijoutiers se ser- vent pour percer les oreilles. Quant à celui de forficule il vient du mot latin forficula, qui signifie une petite lenailîe. ORTHOPTÈRES. 199 Les jardiniers ont inventé plusieurs moyens pour prendre 1^ forficules. Les uns emploient des ergots de mouton; les autres, des tiges fistuleuses de roseau ou de quelque grande ombellifère ; d'autres font des petits fa- gots avec delà paille et des brindilles, qu'ils suspendent le long des espaliers ou autour des œillets et des Dahlias. Dès que le jour commence à paraître, ces insectes, qui fuient la lumière, viennent se réfugier dans ces abris. 11 suffit alors de les secouer pour faire tomber des quan- tités de perce-oreilles, qu'on n'a plus que la peine d'écraser. GENRE BLATTE. BLAÎTA I.inné. Les blattes, appelées vulgairement Kanhrelats, Ka- kerlacs, Cafards, Ravets, etc., sont aussi nommés, très- mal à propos. Cri-cris par les gens du peuple qui en trouvent quelquefois des débris dans le pain; ils les confondent avec le grillon domestique, GnjUus dômes - tiens, insecte musicien, sauteur, d'un gris jaunâtre, éga- lement très-commun chez les boulangers. Les blattes ont pour caractères essentiels : des an- tennes très-longues, sétacées, insérées près du bord in- terne des yeux; des pattes propres à la course, ayant (outes cinq articles aux tarses; un abdomen terminé par deux courts appendices ; des élytres larges, minces, croisées, horizontales. Ces insectes, quoique pourvus d'ailes, volent très-peu, mais courent la nuit avec une grande agiHté. Les es- pèces sont assez nombreuses ; une seule intéresse les horticulteurs qui ont des serres chaudes : c'est la 200 ORTHOPTERES Blatte orientale. Blatta orientalis \Ànm, Elle est grande, d'un brun noir. La femelle, aptère, n'a souvent que des rudiments d'élytres. Cette espèce, que l'on dit venir de l'Orient, habite les lieux où règne une température élevée , tels que les établissements de boulangerie, de pâtisserie, les cuisines, etc. ; elle est très-vorace : elle dévore indistinctement toutes les substances alimentaires, le cuir. In laine, la soie, etc. 25. — 1 . Blatte orientale- Btatia orientalis. — 2. Idem jeune. Depuis quelques années, elle s'est introduite et natura- lisée dans les serres chaudes où elle commet de grands dégcàts, notamment au Luxembourg et chez MM. Thi- baut et Ketteleêr, où elle ronge les Orchidées et une infinité d'autres plantes. Il est d'autant plus difficile de la détruire qu'elle ne se montre que la nuit et se tient cachée, pendant le jour, dans les crevasses des murailles, sous les pots, les caisses, etc. Dans les colonies, où ses déprédations sont plus consi- dérables qu'en France, on lui tend des pièges que l'on amorce avec du lard, du pain d'épice, etc. A cet effet. ORTHOPTERES. 201 on prend des boîtes de. bois, ouvrant à charnière, per- cées latéralement, près de leur fond, d'une ouverture étroite de deux ou trois centimètres de longueur. Les blattes qui y entrent pour manger l'appât, y restent ca- chées pour éviter la lumière du jour. Un fois qu'elles sont prises, on les asphyxie dans les boîtes avec deux ou trois allumettes, ou on les écrase. Il existe en France une autre grande blatte, Blalla americana^ qui ressemble un peu à la précédente et que l'on croit originaire des Antilles. Cette dernière ne se trouve à Paris que dans les raffineries, mais elle infeste les magasins et les entrepôts de sucres et autres denrées coloniales dans les ports de mer. Aux îles Bourbon et Maurice, où la blatte américaine est natura- lisée dans toutes les habitations, et dévore tout ce qu'elle trouve à sa portée, elle a un terrible ennemi dans un bel insecte hyménoptère, le Chlorion comprimé, qui lui fait une guerre acharnée. Après l'avoir saisie par la tête à l'aide de ses mâchoires, il la perce de son puissant aiguillon dont le venin la paralyse et la tue; puis il l'enlève et l'entraîne dans son nid pour nourrir ses larves. Ce Chlorion est un insecte bienfaisant, que les habitants se gardent bien de détruire ; ils le laissent faire son nid (rès-tranquillement dans les maisons. Voyez le rapport de Cossigny cité dans le t. VI des Mémoires de Réaumur. 202 ORTIIOPTKRFi SECTION DES SAUTEURS. GENRE COURTILIÈRE. GRYLLUS Linné. GRYLLOTALPA J.ali . Ces insectes, dont les espèces sont peu nombreuses, ont pour caractères principaux : une tête ovale, avancée, profondement enfoncée dans le corselet, munie de petits yeux ovales et d'antennes d'un grand nombre d'articles; un corselet allongé, recouvert par une es- pèce de carapace; des élytres très-courtes; des ailes plus longues que le corps et terminées par des lanières recourbées et contournées sur elles-mêmes; un ab- domen assez mou, offrant à l'extrémité deux appendices filiformes; des pattes postérieures propres à sauter, ter- minées par un tarse de trois articles muni de deux cro- chets ; des pattes antérieures ayant les tarses et les jambes dilatées, aplaties, dentées, en forme de mains et propres à fouir. Courtilière commune. Gryllus gryllotalpa Linné, Gryllotalpa vulgaris Lalr. Tous les jardiniers connaissent cet insecte, qui porte, dans certaines localités, les noms de taupe-grillon, de laupetle, de perce-chaussée, etc. C'est un des animaux les plus nuisibles à l'agriculture et k la culture maraî- chère. Il y a même des enilroits où il est impossible (l'y culliv(M' des planles potagères. ORTHOPTÈRES. 203 Les courtilières, lorsqu'elles ont acquis leur entier dé- veloppement, sont d'un gris jaunâtre pâle. Le soir, selon Latreille, elles s'appellent en faisant entendre un petit cri analogue à celui que produisent les grillons, mais beaucoup plus faible. C'est pendant la nuit qu elles s'en- volent ou se promènent sur la terre pour s'accoupler. •2G. - I. Courtiliére adultp. Crylhoi f/ryllotalpa. — i. idpni ;i?éo d'un mois. Cet acte a lieu au printemps, ordinairement à la fin d'a- vril ou au commencement de mai. Au moment de la ponte, en juin ou juillet, la femelle creuse une galerie circulaire, de 20 à 25 centimètres de profondeur, au fond de laquelle elle place son nid, qui a la forme d'une cornue. C'est là qu'elle dépose ses œufs, souvent au nombre de trois ou quatre cents. Ceux-ci sont d'un blanc roussàtre, de la grosseur d'une graine de mou- tarde. Ils éclosent au bout d'une douzaine de jours. Les petits, en naissant, sont blancs et ressemblent à des fourmis. Curtis {Farm insects) prétend que les femelles dévo- rent la plus grande partie de leurs enfants , et que 204 ORTHOPTÈRES. sur un cent, il n'en reste que huit seulement; Bouché est aussi de cet avis; mais, selon Fehurier iNouv. Cours cV agriculture^ vol. V, p. 163), quia étudié spécialement les mœurs de ces insectes, et Brallé, professeur d'his- toire naturelle à Dijon, elles ont au contraire le plus grand soin de leurs œufs et de leurs larves, ce qui a fait croire à quelques ignorants qu'elles les couvaient. Joune Courtilii'ic au prinlcmii (le la seconde année. Les petites couriilières restent en famille jusqu'après la premièremue,qu'ellesprennent une couleur brunâtre. Alors elles se dispersent chacune de son côté. Les ailes commencent à paraître à la fin de l'année suivante, après le quatrième changement de peau. L'accroissement est assez lent et ce n'est que la troisième année, d'après Feburier, qu'elles sont aptes, à se reproduire. Mais pendant tout le cours de leur existence, elles exercent d'affreux ravages dans les cultures. Elles choisissent ordinairement les terrains légers, mais assez fermes, dans lesquels elles pratiquent plus facilement leurs galeries; cependant on en trouve souvent aussi dans un sol assez compacte. Les courtilièrcs passent l'hiver dans l'engourdisse- OHTHOPTÈliES. iOo ment, dans un trou assez profond pour les mettre à l'abri du froid. Dès les premiers beaux jours, elles remontent et se mettent à former une infinité de galeries, à deux ou cinq centimètres de la surface, aboutissant toutes au trou vertical où elles ont passé l'hiver et oii elles trou- vent une retraite assurée, si elles viennent cà être in- quiétées. Selon Feburier et la plupart des auteurs, les courti- lières sont carnassières et ne vivent, comme les taupes, que d'insectes et de vers de terre. Elles ne mangent pas les racines des plantes, disent-ils, mais elles coupent avec leurs pattes de devant, comme avec une scie, toutes celles qu'elles rencontrent sur leur passage. Nous nous sommes assuré aussi que, généralement, elles sont carni- vores, mais que, dans certaines circonstances, elles ne dé- daignent pas les végétaux, lorsqu'elles n'ont pas d'autre nourriture. Nous avons conservé un individu vivant, pen- dant deux mois, dans un grand pot à demi rempli déterre, et recouvert d'une gaze métallique, auquel nous ne don- nions rien autre chose que des carottes, qu'il rongeait parfaitement bien. Ce malheureux insecte nous servait aussi pour une autre expérience ; de temps en temps, il passait une heure dans de la poudre de pyrèthre dont il était fort peu incommodé ; en sortant du bocal à la pou- dre, il se ranimait, se secouait, entrait en terre, et man- geait dès la nuit suivante. Nous lui avons donné pour compagnon un cri-cri des prairies {gryllus campestris) ; il l'a dévoré entièrement. Feu notre ami Turpin, membre de l'Institut, avait déjà fait avant nous et en notre pré- sence, une expérience analogue. Il avait renfermé, dans une boite contenant un peu de terre, trois courtilières î!U6 UHTHUFTÈIŒS. qu'il a nourries louglemps avec des feuilles de laitue ; mais fatiguée d'un régime végétal, la plus grosse a (ini par dévorer les deux autres. Ce qu'il y a de certain, c'est que ces animaux sont très-voraces et qu'ils se man- gent entre eux. Nous supposons même que les quatre- vingt-douze pour cent des petits (|ui, d'après Curlis, sont mangés dans le nid^, ne le sont pas par leur propre mère, qui a pour eux une sollicitude toute maternelle, mais bien par les mâles ou des femelles étrangères. Les courtilières étant très-nuisibles dans les cultures de tous genres, on a proposé plusieurs moyens pour arrêter leurs ravages. 1° On a conseillé de rechercher les nids. Cela peut se l'aire quehjuefois dans'de petits jardins. 2° De verser dans leurs trous de l'huile à brûler ou des vieux pieds d'huile mélangés avec de l'eau. Ce moyen est fort bon, mais il n'est pas applicable à la grande culture. On peut très-bien remplacer l'iiuile à brûler par de l'huile lourde de gaz qui coûte très-bon mar- ché (une partie sur vingt-cinq d'eau). L'eau dans laquelle on a délayé du savon noir, peut être employée dans le même cas avec succès. 3° Eu Prusse et même dans plusieurs contrées de la France, on se sert de pots à demi remplis d'eau que l'on enfonce en terre à un ou deux centimètres au-des- sous du sol. Il est rare qu'on n'y trouve pas, le matin, quelques courtiUères qui s'y sont noyées pendant leur promenade nocturne. On a recommandé de disposer à l'entrée de la mauvaise saison, de place en place, dans les jardins infestés par les courtilières, des trous remplis de fumier de cheval. ORTHOPTÈHES. 207 Aux premiers froids ces insectes, qui sont frileux, vien- nent s'y réfugier et, à la fin de l'hiver, on en trouve des quantités engourdies dans ces espèces de pièges. Le nom de courtilière vient du vieux mot français Courltj ou Courtilz qui signifiait jardin. Il y a encore en France beaucoup de personnes qui s'appellent Courty ou Descour tilz, au lieu de s'appeler Jardin ou Desjardins Celui de taupe-(jrillon a été donné à cet insecte, parce qu'il ressemble un peu à un gros grillon et qu'il creuse des galeries sous terre à la manière des taupes. GENRE PHANÉROPTÈRE. PHANEROPTERA Serville. Les Phanéroptères, dont nous ne trouvons qu'une es- pèce aux environs de Paris, sont des Orthoptères sau- teurs peu musiciens, qui rappellent un peu par leur forme la grande sauterelle verte des prairies {Locusta viridis^ sima) que les gens d^i monde appellent improprement Cigale, d'après ce bon Lafontaine ijui l'a laissée repré- senter, dans une des premières éditions de ses fables^ comme ayant chanté tout l'été. Ces insectes, comme tous ceux qui appartiennent à la tribu des Locustaires, vivent de plantes vertes. Ils ont pour caractères essentiels : une tête droite, ovalaire, munie de mâchoires assez fortes et pourvue de deux longues antennes sétacées, irès-rapprochées à leur base ; un corselet assez court ; des élytres allongées, étroites, beaucoup plus longues que l'abdomen-, un corps assez étroit, terminé par des appendices sétacés; des pattes grêles, longues, avec les cuisses de la dernière paire très- grandes. 208 OHTHUPTÈRES. Phanéroptère en faux. Phaneroptera falcata ServiUe. Elle est longue de deux à deux centimètres et demi et entièrement d'un vert qui se confond avec la couleur des plantes. Cette espèce nous a été envoyée par M. Rose Cliar- meux comme très-nuisible aux vignes. Voici la note qui accompagnait son envoi : « Il y a à Thomery beaucoup de ces sauterelles vertes. Elles attaquent les grains avant la maturité, c'est-à-dire qu'elles rongent sur les grains la largeur d'une lentille. Ceux qui ont été entamés par cet insecte pourrissent, ce qui occasionne un grand dommage au cultivateur. « Elle est très-iîne, elle vole peu et se cache pendant le jour derrière les feuilles avec lesquelles elle se confond par sa couleur; mais lorsqu'on s'aperçoit que quelques grains sont rongés, avec un peu d'habitude on est cer- tain de la trouver dans le voisinage, sous une feuille où elle se tient immobile. Elle vit aussi, faute de raisin, aux dépens du feuillage de la vigne. » GENRE CRIQUET. ACRIDIUM Olivier. Les insectes qui constituent ce genre sont nom- breux et ont tous pour caractères : des antennes fdifor- mes assez courtes, insérées entre les yeux, composées d'une vingtaine d'articles; une tète très-développée , armée de fortes mandibules dentées, tranchantes et de mâchoires à trois dents; des yeux réticulés, saillanis . OKTIIOPTÉHES. -iO'J placés sur les côtés; trois petits yeux lisses situés sur le vertex; un corselet aussilarge que le corps; un ster- num large, aplati; des élytres coriaces, étroites, aussi longues que les ailes inférieures; des ailes inférieures fort larges, plissées en éventail ; un abdomen sans ta- rière ni appendices; des pattes postérieures propres au saut, plus longues que les autres, ayant les jambes gar- nies de deux rangées d'épines. Les criquets, dont on trouve plusieurs espèces aux environs de Paris, sont généralement connus sous le nom de Sauterelles. Tout le monde, à ia campagne, a pu lis. — Sauterelle voyageuse, acridium migratorium de grandeur iiatiirelle. remarquer, pendant l'été, ces insectes dans les lieux secs et arides, qui, lorsque l'on s'en approche ou que l'on veut les saisir, s'envolent comme des papillons, en dévelop- pant leurs ailes inférieures rouges, bleues, blanchâtres ou jaunes et vont se reposer un peu plus loin. Les fe- melles déposent ordinairement leurs œufs dans un petit trou peu profond, ou sur quelque tige* de graminées, dans ce dernier cas, elles les recouvrent d'une matière écumeuse qui se durcit au soleil. Les larves et les nymphes, ressemblent à l'insecte parfait, sauf les ailes, qui ne se développent qu'après la dernière mue ; elles se H 210 MllTHOPTÉRES. • nourrissent, comme lui, do plantes vertes. Certaines espèces sont, depuis les temps les plus reculés, regardées comme un des plus grands lléaux qui puissent frapper l'humanité. Ce n'est pas sans raison (ju'elles étaient comprises dans les dix plaies de rÉprypte. Ces criquets dévastateurs sont désignés par les noms de Sauterelles émigrantes ou voyageuses. Les entomolo- gistes en comptent trois espèces différentes 5 Vllalicum qui a plus d'une fois ravagé la Provence, le Peregrinum et surtout le Migratorium. En 1858, lorsque nous présidions le congrès entomo- logique réuni à Grenoble, nous avons été témoin avec notre savant confrère, le D"" Laboulbène, d'une inva- sion de sauterelles voyageuses, dans la plaine du liourg- d'Oysans ; les unes étaient à l'état de nymphes et les autres à l'état parfait ; ces dernières avaient pu, à l'aide de leurs ailes, franchir la Romanche et passer sur le côté droit de ce torrent ; les autres, non encore adultes, étaient restées sur le c<)té gauche. Mais les unes et les autres étaient en si grand nombre (ju'en un ou deux jours elles avaient entièrement anéanti les céréales sur pied, dévoré les feuilles de tous les végétaux ligneux et dépouillé les jardins de toute verdure. L'autorité locale en a fait recueillir et détruire une grande quantité et nous n'avons pas appris qu'elles se soient étendues plus loin. Il parait que, cette même année et à la même époque, des millions de ces insectes dévastateurs se sont également montrés en Suisse. Si, dans nos jardins du centre et du nord de la France, nous n'avons pas à redouter les invasions de sauterelles, il n'en est pas de même dans l'Algérie et dans nos dé- (JRTIIOPTÉliliS. iW parlements les plus méridionaux, où, après avoir dcvaslé les moissons, elles s'abaUenl sur toutes espèces de cul- tures. Le capitaine Solier, dont le souvenir restera long- temps dans la mémoire des entomologistes , rapporte qu'au mois d'août 1832, les sauterelles voyageuses firent tout à coup irruption dans le midi de la France, notam- ment sur le territoire de Saint-Gombert près de Marseille. Jl ajoute que ce même endroit, d'après la statistique du département, a été, depuis plusieurs siècles, ravagé par ces Orthoptères et que leur destruction fut l'objet de la sollicitude des autorités d'alors. En 1613, dit Solier, Marseille dépensa 40,000 livres et Arles 50,000, som- mes considérables à cette époque, pour faire la chasse à ces insectes. On payait deux sous et demi la livre d'Orthoptères et cinq sous la livre d'œufs. On recueillit, dans cette même année, 244,000 livres de saute- relles et 24,000 livres d'œufs. En 180o, on lit une chasse dans la même localité où l'on en récolta 2,000 kilo- grammes. En 1822, ces Orthoptères ravagèrent tout le territoire d'Arles, champs, jardins, etc. On dépensa J227fr. pour leur destruction ! Mais, en 1824, ces in- sectes apparurent, en un bien plus -grand nombre que les années précédentes, sur les mêmes territoires. Une chasse fut ordonnée. On en remplit, aux Saintes-Mariés, 1 ,518 sacs à blé et, à Arles, 165 sacs pesant 6,600 kilo- grammes. L'année suivante fut encore plus désas- treuse. En 1832, il a été recueilli 1979 kilogrammes d'o'ufs, et cette année 1833, 3,808 kilos; si cette récolte eût été faite avec moins de négligence, on aurait pu facilement se procurer 4,000 kilos d'œufs et 12,000 kilos d'insectes. •■l\t (iHTHUl'TÈREï^. Les nids de ces sauterelles, selon Solier, sont l'aciles ù apercevoir par le trou que la femelle a pratiqué dans la terre pour déposer sa nichée. Ils sont placés dans des terrains incultes à la surface du sol, à environ quatre cen- timètres de profondeur. Le tube qui renferme les œufs est à peu près cylindrique, de cinq centimètres de lon- gueur et d'un centimètre de diamètre. La position de ce tube varie, mais, le plus souvent, elle est horizontale. On peut évaluer qu'un kilogramme se compose de 1,600 nichées \ chaque tube contient ordinairement de 50 à 60 œufs : ce qui fait 80,000 pour un kilo. C'est depuis la lin d'août jusqu'en octobre qu'il faut faire la recherche des œufs. Quant aux sauterelles, on en commence la chasse en mai et on la continue une partie de l'année. On lit dans Olivier [Voyage dans l'empire Othoman, t. Il p. 424) : « A la suite des vents brûlants du midi, il arrive de rintérieur de l'Arabie et des parties les plus méridio- nales de la Perse, des nuées de sauterelles, dont le ra- vage, pour ces contrées, est aussi prompt que celui de la plus forte grêle en Europe. Nous en avons été témoins, Bruguières et moi. Jl est diflîcile d'exprimer l'effet que produisit en nous la vue de toute l'atmosphère remplie de tous les côtés, et à une très-grande hauteur, d'une innombrable quantité de ces insectes, dont le vol était lent et uniforme, et dont le bruit ressemblait à celui de la pluie; le ciel en était obscurci et la lumière du soleil considérablement aiïaiblie. En un moment les terrasses des maisons, les rues et tous les champs furent couverts de ces insectes, et, dans deux, jours ils avaient entièrement dévoré toutes les feuilles des plantes ; mais OHTHOPÏKRES. 213 heureusement ils vécurent peu, et ne semblèrent avoir émigré que pour se reproduire et mourir. En effet, pres- que tous ceux que nous vîmes le lendemain, étaient accouplés, et, les jours suivants, les champs étaient cou- verts de leurs cadavres. « J'ai trouvé cette mèmeespèceen Egypte, en Arabie, en Mésopotamie et en Perse. » Pour cohipléter l'article relatif aux sauterelles voya- geuses, peut être déjà un peu trop long pour nos horti- culteurs, nous citerons quelques passages d'un travail de notre collègue, M. Amyot, avocat à la cour royale qui joint à ses connaissances entomologiques celle de plu- sieurs langues orientales. Les Hébreux, dit-il, donnèrent aux sauterelles le nom d'arbeh dont le radical signifie multiplier. Les Grecs les appelaient axptç de la racine «xpoç, parce que ces insectes habitent les hauteurs. C'est de ce dernier mot que les entomologistes on fait celui d'Acridium. Le nom chez les latins était Locusta, que les entomologistes modernes ont appliqué aux véritables sauterelles. L'étymologie de ce nom serait locus uslus, lieu brûlé, dévasté. Les Arabes leur donnent le nom de Djaràdoun, qui vient de Djarada qui veut dire arracher. Tous les auteurs, dit ce savant, depuis les temps les plus anciens, ont parlé des ravages que les sauterelles n'ont que trop souvent causés dans plusieurs contrées de l'Orient, de l'Afrique et même de la Chine. Ce qui paraît le plus étonnant dans ces apparitions terribles, c'est la multitude incroyable de ces insectes qui, semblables à une nuée poussée par les vents, obscurcit le ciel, au point qu'on ne peut lire dans les maisons. 514 IIRTHOPÏÉRES. En ce moment, l'Algérie est horriblement dévastée par ces sauterelles vorjaqeuses. On pourrait croire qu'un nou- veau Moïse a étendu 'sa main sur cette partie de la France pour châtier un nouveau Pharaon et un peuple infidèle, en lui envoyant une nouvelle édition de la huitième plaie de l'Egypte. Des nuées de ces Orthoptères, obscurcissant le soleil d'Afrique et dévorant iout sur leur passage se sont ré- pandues successivement de l'est à l'ouest, jusque dans les contrées les plus reculées de la province d'Oran, où, de mémoire d'arabes, on n'avait jamais vu ce fléau. Les autorités locales épouvantées par cette invasion subite, ont redoublé de zèle et ont employé tous les moyens possibles pour détruire ou éloigner ces insectes dévastateurs. Mais autant chercher à arrêter les flots de la mer ' le désastre est tellement grand que l'on croirait que le feu a passé partout. Les malheureux cultivateurs dont la fortune était dans la terre, sont totalement ruinés et sans pain. Plus rien dans les champs, plus rien dans les jardins, plus de feuilles aux mûriers ni aux autres arbres. Tel est aujourd'hui le tableau exact de noire colonie : le gouvernement, toujours plein de sollicitude pour les grandes infortunes, s'est empressé de donner un premier secours à ces pauvres colons 5 mais leur misère est si grande qu'on organise en ce moment en leur faveur, sous le patronage du ministre de la guerre, une souscription dont le souverain a pris l'initiative. Notre société à reçu tout récemment de divers points de l'Algérie, plusieurs envois de ces sauterelles, à l'état de larves, de nymphes et d'insectes parfaits, mâles et femelles. Elle a pu reconnaître que, parmi ces insectes, 0RTii0PTi':ruis. 21s il y avait deux espèces voisines, Vacridium migra- torium et surtout le peregrhium. On ignore la loi naturelle suivant laquelle ces criquets sont ainsi ramassés à un certain moment, et emportés par un vent dont ils savent profiter pour descendre là où il leur plaît. Leur volonté paraît y être pour quelque chose, autrement on ne pourraît pas expliquer une mar- che de ce genre. C'est là sans doute ce qui les a fai( ranger par Salomon au nombre des animaux auxquels il accorde la sagesse : Moïse s'en était aussi occupé pour les placer parmi les animaux à quatre pieds, qui n'étaient pas regardés comme impurs, et dont il était par consé- quent, permis de manger. 11 ne regardait pas comme des pieds les pattes postérieures qui servent à sauter, disent les commentateurs des derniers siècles, qui étaient fort embarrassés de concilier ce passage de la Bible avec celui d'Aristote qui dit positivement qu'ils ont six pattes. Le conte le plus plaisant qui ait été fait sur les saute- relles, se trouve dans Phne, livre 12, chapitre 29. Cet auteur dit avec un air de conviction, qu'il existe dans l'Inde des sauterelles longues de quatre coudées, dont les grandes pattes épineuses servent de scie dans le pays pour scier le bois. Dans tous les temps on a cherché à se préserver du fléau des sauterelles. Outre les prières et les sacrifices que les anciens offraient aux Dieux, on prenait des me- sures administratives pour la destruction de ces insectes, soit à l'état d'œuf, soit à l'état parfait. Après les avoir recueillis, on les brûlait ou on les enterrait -, car on avait à craindre après la famine, la peste par l'infection que 2 If) OUTHOPTKRES. répandaient leurs innombrables cadavres. Oresius, suivant Mouflet, dit qu'en Tan 800, ces insectes, après avoir été entraînés dans la mer, furent rejetés morts sur la côte et répandirent une odeur aussi funeste qu'auraient fait les cadavres d'une nombreuse armée. Pour la destruction de ces animaux dévastateurs nous n'avons rien à ajouter à ce qu'a dit le capitaine Solier t la recherclie des œufs et la cbasse aux insectes orga- nisée sur une grande échelle. 3" ORDRE — HEMIPTERES, Ainsi que nous l'avons dil, le caractère le plus saillant des insectes de cet ordre, connus, pour la plupart, sous les nonfis vulgaires de punaises des jardins , punaises des bois, elc, est tiré de la nature des ailes supérieures qui sont crustacées clans leur partie antérieure et qui se terminent brusquement par une partie membraneuse. Mais ce caractère, facile à saisir, n'est pas applicable ù tous les genres. Par exem- ple^ les pucerons qui sont des Hémiptères, ont les quatre ailes, à peu près pareilles ; la punaise des lits est ap- tère (1), c'est-à-dire sans ailes. Les mâles des Kermès et des Coccus ont des ailes inférieures avortées et, par le (1) La punaise des lits xicantJiia Lectularia ne paraît pas avoir été connue des anciens. Elle est, comme le rat et le puceron la- nigère, un cadeau que nous avons reçu de l'étranger; les uns disent des Indes orientales, les autres des régions voisines de l'équateur. Ce qu'il y a de positif, c'est que, selon Fallen, elle n'existe pas encore dans l'Europe septentrionale et que son in- troduction en Angleterre ne remonte qu'en 4505. Feu notre ex- cellent ami, le professeur Eversmann de Casan, décrit une se- conde espèce sous le nom d' Accmthia ciliata, naturalisée aujour- d'hui à Casan même. Cette punaise, plus petite que la nôtre, a des habitudes fort diil'érentes. Sa piqûre très-douloureuse produit des enflures très-fortes et de longue durée sur le corps humain. 11 est inutile de dire ici que la poudre de Pyrèthre, préparée par notre collègue Villemol et quelques autres, réussit parfai- tement pour la destruction de la punaise des lits. 21S HÉMIPTÉHES. (ait, n'ont que deux ailes, et leurs femelles en sont cons- tamment dépourvues. Il a donc fallu chercher ailleurs des caractères communs, propres à toutes les espèces, abstraction faite du système alaire. C'est dans les organes servant à la nutrition que les naturalistes les ont trouvés. Les hémiptères sont dépourvus de palpes; leur bouche consiste en un bec ou suçoir formé par la lèvre inférieure. Celui-ci est composé de quatre articles et forme une sorte de gaine renfermant trois soies intimement réunies. C'est à l'aide de ces soies ou styles déliés, quecesinsect.es per- cent le tissu des plantes ou des animaux pour pomper la liqueur nutritive. Les hémiptères ont été partagés par les entomologis- tes en deux grandes sections bien distinctes : Les Hétéroptères, ainsi nommés parce que leurs élytres ou ailes supérieures sont composées de deux parties de consistance différente, l'une crustacée du côté de la base, et l'autre membraneuse à l'extrémité. Outre cela leur bec, paraît naître du front. Les HoMOPTÈRES ont les quatre ailes semblables, mem- braneuses, de la même consistance partout. Leur bec naît de la partie la plus inférieure de la tête, presque de la poitrine, entre les deux pattes antérieures. On subdivise les Hétéroptères en deux grandes fa- milles : les Géocorises ou punaises vivant sur terre comme la punaise des choux, et les Hydrocorises ou punaises d'eau. Les Homoptères ont aussi été subdivisés en plusieurs HÉMIPTÈRES 219 familles : les Cicadaires comprenant les cigales, les Apbidiens ou pucerons, et les Coccides ou gallinsectes. Les insectes nuisibles aux jardins dans la section des Hétéroptères appartiennent aux quatre genres : Cydne, Pentatome, Lygée etTingis. SECTION DES HETEROPTERES. GENRE CYDNE. CYDNUS Sei ville. Les cydnes ont pour caractères : un corps ovalaire, aplati; une tête arrondie, avec des antennes ayant leur second article beaucoup plus petit que le troisième-, des yeux petits, arrondis, saillants ; un bec assez grêle ; un corselet semi-circulaire en avant, coupé droit posté- rieurement; un écusson grand, triangulaire, dépassant la moitié de la longueur de l'abdomen ; des patles fortes, avec les jambes épineuses. Cydne bicolore. Cydnus bicolor Serville. Chacun a pu voir dans les jardins cette punaise que Geoffroy a appelée la punaise noire à quatre taches blanches. Elle est effectivement d'un noir luisant, avec plusieurs taches blanches, dont une longitudinale assez grande sur le corselet, une autre assez large en crois- sant irrégulier à la base des élytres, et une plus petite à l'extrémité de la partie coriace. Les côtés de l'abdomen sont tachetés de blanc. 220 HÉMIPTÈRES. Il y a des années ou elle est extrêmement commune dans les jardins pendant les mois d'été. On la trouve sur une infinité de plantes potagères et même sur les arbres fruitiers dont elle suce les jeunes pousses et quelque- fois les fruits. Lorsqu'elle est abondante, elle lait beaucoup de tort aux légumes chez les maraîchers. Les cendres de bois et les bassinages avec une décoc- tion de feuilles de sureau, peuvent être employés pour la détruire. ïl est toujours bon d'écraser celles que Ton rencontre, pour éviter qu'ellesnedéposent leurs œufs sur les plantes. GENRE PENT ATOME. PENTATOMA Olivier. Les pentatomes de nos jardins sont généralement connues sous le nom de punaises des hois ; plusieurs espèces répandent une odeur puante analogue à celle de la punaise des lits, et communiquent aux fruits sur les- quels elles se sont promenées, cette même odeur. On reconnaîtra ces insectes aux caractères suivants : tête petite, reçue dans une échancrure du corselet; yeux saillants et globuleux; antennes plus courtes que le corps, filiformes, composées de cinq articles; gaîne du suçoir ou bec formé de quatre articles renfermant quatre soies; corselet beaucoup plus large que long, dilaté en arrière ; écusson très-grand, recouvrant une grande partie du dos ; abdomen composé de six segments ; pattes non épineuses, de longueur moyenne, avec les tarses de trois articles. HÉiMll'TÉRES. 221 Les larves des pentatomes ressemblent à l'insecte parfait, excepté qu'elles n'ont pas d'ailes. Les nymphes diffèrent des larves en ce qu'elles ont des moignons d'ailes. Pentatome potagère. Fentatoma oleraceum. Cette punaise, assez commune dans les jardins, vit sur les plantes de la famille des Crucifères auxquelles elle rentalom olearaceum- fait souvent un mal considérable. On la voit, depuis le mois de mai jusqu'en août, sur les différentes variétés de choux, sur les navets, les raves et sur les giroflées des jardins {Cheiranthus incanuset Grœcus), etc. 222 HÉMIPTÈRES. Cet insecle, à l'élaL do larvecomme à l'étal parlait, est d'un bleu bronzé, quelquefois un peu verdàtre, marqué de plusieurs taches rouges, dont une allongée-linéaire sur le corselet, une autre sur l'écusson et une sur le bord de chaque élytre. On rencontre souvent des indi- vidus chez lesquels toutes les taches sont blanches dans les deux sexes. La punaise potagère enfonce son bec dans le parenchyme des feuilles, pour en sucer la sève, et, comme elle change souvent de place, elle les crible de petites plaies qui les rendent rugueuses elles dessèchent. Dans certaine parties de la France et même aux environs de Paris, on trouve sur les choux une autre punaise, c'est la Pentatome ornée. Pentatoma ornatum (I). Elle est un peu plus grande que la précédente. Elle est noire sur la tête et le corselet : celui-ci est bordé de rouge. L'écusson est pareillement noir avec une tache rouge en forme de fourche. Les élytres sont rouges, avec le bord interne noir et quelques taches de la même cou- leur sur l'extrémité membraneuse. Elle répand, lorsqu'on la louche, une odeur très-infecte. Geoffroy a parfaitement bien décrit les œufs de cette punaise : elle les place sous la face inférieure des feuilles par petites bandelettes serrées. En les examinant de près, dit-il, ils paraissent très-jolis, ils imitent un petit (1) A l'article Hémiptères, p. 39 ii "7, onu imprimé par erreui decoratuin au lieu iVormitum. HÉMIPTÈRES. 223 barillet doiil le haut et le bas seraient entourés de bandes brunes, tandis que le milieu de l'œuf est gris avec des petits points noirs très-ronds. Au moment de l'éclosion la petite punaise soulève la partie supérieure de la coquille comme un petit couvercle, et se met immé- diatement à piquer les feuilles. :iO. — l'eiitatoiiie ornée. Penlaloma ornatuni. Cette espèce est plus commune que la précédente chez les maraîchers. Comme ces deux pentatomes sont assez grosses et très -visibles, il faut leur faire la chasse dès qu elles paraissent et les écraser. Il est essentiel de visiter le revers des feuilles pour enlever les œufs qu'elles pourraient avoir pondus. Pentatome des fruits. Pentatoma Baccarum Serville . Cette pentatome, connue sous le nom du punaise grise 224 HÉMIPTÈRES. des jardins^ n'occasionne pas de dégâts bien appréciables ^ mais elle répand une odeur Irès-fétide, ^-^^^^w^^ qu'elle communique aux fruits qu'elle ^.JHk^ a touchés. Elle se tient de préférence ^ /HB\ ^"' ^^^ groseilliers et les framboisiers, y ^1^ \ On la reconnaîtra facilement aux 31.- l'entatoim- ,ios caractèrcs suivants : fruits. Pentaloma Une- t- i • i i carum. . ^'à coulcur varic un peu. Le plus ordinairement elle est d'un brun un peu roussàtre uniforme ; d'autrefois elle est d'un brun nébuleux mélangé de taches brunes ou jaunâtres. Mais on la distinguera toujours facilement par ses antennes noires anneiées de jaunàlre, ainsi que par les petites taches d'un jaune fauve qui se trouvent sur les côtés du corps. Lorsque l'on rencontre cette punaise il faut l'écraser. On agira de même avec l'espèce suivante : Pentatome verte. Pentatoma prasinum Serville. Les jardiniers connaissent cette pentatome sous le i\om (\îi punaise verte des jardins. Elle est entièrement d'un beau vert d'herbe en dessus, avec le ventre d'un vert jaune. Elle a les mêmes habitudes que l'espèce qui précède. Elle communique de même aux fruits sur lesquels elle a passé une odeur infecte. Une autre espèce de punaises du groupe des Pentato- mides, appartenant aujourd'hui au genre Zicrona {zi- crona cœrulea Serville), nous a été envoyée de Kouba. elle fait, dit-on, dans la province d'Alger, où elle est HÉMIPTÈRES. 225 devenue extrêniemenl commune, beaucoup de tort aux vignes. Elle est de la taille de la punaise des clioux, entière- ment d'un beau bleu indigo, sans aucune tache. Elle se trouve aussi aux environs de Paris, mais elle n y est pas assez multipliée pour y être regardée comme nuisible. GENRE LYGÉE. LYG^US Fabi- Les punaises qui constituent ce genre, ont pour carac- tères : têle petite, non rétrécie postérieurement en ma- nière de col; antennes iilii'ormes, composées de quatre ar- ticles, insérées sur les cotés de la tête dans la ligne qui va des yeux à la base du bec -, corselet trapézoïde ^ écusson triangulaire; corps oblong-ovale ; élytres delà largeur de l'abdomen ; pattes assez longues avec les tarses de trois articles. Ce genre renferme un certain nombre d'espèces indi- gènes ou exotiques, qui ont été divisées en plusieurs sous- genres ; nous ne parlerons que de l'espèce suivante, qui est extrêmement commune dans les jardins, c'est la Lygée aptère. Lygaeus apterus Fahr. On trouve cette punaise par tas, et en grande quan- tité, au pied des tilleuls pendant toute la belle saison. La tête et les antennes de cet insecte sont noires ; les pattes et récusson sont aussi de cette dernière couleur. Le corselet est rouge, avec une grande tache noire dans son lu 22G HÉMIPTÈRES. milieu, divisée intérieurement en deux, par un trait rouge. Les élytres sont rouges, marquées dans leur centre (l'une grosse tache noire arrondie et, vers leur base, d'un point également noir. Cette lygée est généralement dépourvue d'ailes, c'est ce qui lui a fait donner le nom à'aptère (sans ailes): ce n'est que très-rarement que l'on rencontre des individus ailés. Elle n'exhale aucune mau- vaise odeur. Quand on observe une réunion d'individus de cette espèce, on voit qu'ils se tiennent souvent les uns sur les autres, la têlo dirigée vers un point central, constam- ment placés du côté du soleil. Dans l'accouplement, qui dure trois ou quatre jours, le mâle est posé sur la fe- melle et non bout à bout, comme dans la punaise des choux. Après l'accouplement, le corps des femelles se dé- veloppe considérablement. Celles-ci se traînent lente- ment et déposent leurs œufs, par petits groupes, sous les feuilles dans les lieuxhumides. Ces œufs sont d'un blanc de perle, lisses et luisants. Us deviennent blanchâtres au bout de quelque temps et grossissent jusqu'au moment de l'éclosion. Cette punaise suce, à l'aide de son bec, l'écorce des tilleuls et y détermine quelquefois des chancres ; elle est souvent très-nuisible aux jeunes arbres. On s'en débar- rasse aisément en arrosant le pied des arbres avec de la lessive ou une solution de savon noir. On peut employer également de l'huile lourde de gaz, mélangée avec neuf dixièmes d'eau ordinaire. GENRE TINGIS TINGIS Fabi . Tète petite; antennes fines de quatre articles, termi- IlliMlPTÈRES. 227 nées en massue ; Jdcc reposant dans un sillon prolond, s'étendant vers l'extrémité de la poitrine ; corselet se prolongeant en pointe, de manière à cacher complète- ment l'écusson, dilaté en folioles sur les côtes avec le disque vésiculeux ; élytres ovalaires plus longues et plus larges que l'abdomen, ayant les côtés dilatés et foliacés, d'une demi-transparence; pattes fines et assez courtes. Ce genre renferme plusieurs espèces, mais il n'y a que la suivante que les arboriculteurs aient intérêt à con- naître. Tingis du poirier. Tingis pyri Serville. Cette très-petite punaise est connue des jardiniers et des professeurs d'arboriculture sous le nom de iigre. Elle est d'une couleur brune ou brunâtre, avec les dila- tations foliacées du corselet et des élytres d'un jaune très-pàle ou blanches; ces dernières sont marquées, de chaque côté vers la base, d'une tache brune et d'une autre semblable vers l'extrémité. Ces taches se prolon- gent souvent de manière à imiter une croix. Cet insecte fait, dans certaines localités, beaucoup de tort aux poiriers, principalement à ceux qui sont en espalier; ; il est plus rare sur les pyramides. Il se tient en familles plus ou moins nombreuses sous la face infé- rieure des feuilles, où il détermine par sa piqûre, des centaines de petites élévations brunes qu'au premier coup-d'œil on prendrait pour des puccinies. En exami- nant à la loupe une de ces feuilles on y voit des insectes de tous les âges : des petites larves venant d'éclore, d'autres un peu plus fortes, d'autres à l'abri nS HÉMll'TÉHES. de nymphe, et un certain nombre d'insectes parfaits qui se promènent avec agilité. Les tingis volent par- faitement bien lorsqu'on les inquiète; si, l'on secoue une branche, ils s'envolent par centaines pour revenir bientôt reprendre leur place. C'est vers la fin du mois d'août ou dans le courant de septembre, qu'ils exercent leurs ravages. Le nom de tigre, donné à cet insecte par beaucoup d'arboriculteurs, vient probablement de ce que le revers des feuilles est criblé et comme tigré de petites taches brunes. Cependant nous devons ajouter que tous les jardiniers ne sont pas parfaitement d'accord sur le nom de tigre; il y en a qui appellent tigre des espèces de kermès, d'autres les acarus qui causent la grise. Le tingis du poirier ne se trouve pas dans toutes les contrées de la France, nous ne l'avons jamais rencontré en Normandie. L'année dernière, il a été extrêmement commun dans plusieurs localités des environs de Paris, particulièrement dans le département de Seine-et-Marne. M. Rivière nous a remis des branches de poirier, qu'on lui avait envoyées de Coubert, qui en étaient infestées, et nous avons vu nous-méme, dans plusieurs jardins, à Combs-la-Ville, des espaliers qui en étaient couverts. Heureusement que l'apparition de ces petites punaises n'a lieu qu'à la fm de l'été, époque où les poires sont déjà passablement développées et que, par conséquent, elles nuisent un peu moins que si elles se montraient au printemps. On a conseillé différents moyens pour détruire le tigre. Les uns emploient, pour les espaliers, des fumigations de tabac ou de feuilles de noyer, sous un drap fixé au mur; HÉMIPTÈRES. 229 (l'aulres des irrigations avec une décoction de tabac, de l'eau de savon noir ou de la lessive étendue d'eau. La sève circulant très-peu dans les feuilles ma- lades, nous engageons les horticulteurs à les couper avec des ciseaux à la chute du jour, et à les brûler im- médiatement sur un fourneau. A cette heure-là, les lingis ne s'envolent pas, et on en détruit une grande quantité à l'état de larves et d'insectes parfaits. Cicadelles. On donnait jadis ce nom à des petits Hémiptères appe- lés par Geoffroy des petites cigales, et que quelques au- teurs ont nommés cigales muettes. Ces insectes ont la tète assez grosse, aussi large que le corselet; les élytres légèrement coriaces en ovale allongé, pointu à l'extré- mité ; les pattes postérieures plus longues que les autres et propres à exécuter d'assez grands sauts. Deux espèces de cicadelles intéressent les horticul- teurs : l'une, la cicadelle écumante, Cicada spumaria de Linné, est aujourd'hui, pour les entomologistes mo- dernes, le type du genre Aphrophora ; et l'autre, la cica- delle du rosier, appartient maintenant au genre Typlilo- cyba de Burmeister, Pour ce qui est relatif à la première, tous les horticul- teurs et toutes les personnes qui habitent la campagne, ont remarqué, au mois de juin et de juillet, dans les prairies, sur les pelouses et même dans les jardins, une sorte d'écume très-blanche ressemblant a de la mousse de savon, que l'on trouve, en masses plus ou moins 230 HÉMIPTÈRES. grosses, sur les feuilles et les tiges de différentes plantes. Souvent les jeunes tiges, chargées de cette écume, souf- frent et dépérissent. La larve et la nymphe de l'aphro- phore produisent cette matière pour se cacher et se ga- rantir contre les rayons du soleil -, elles restent sous cet ahri jusqu'au moment où elles prennent des ailes. Au mois de septembre, l'insecte parfait, qui a dépouillé son habit de nymphe, sort en costume de noce pour s'accou- pler. A l'automne, les femelles ont l'abdomen tellement distendu par les o>ufs, qu'elles deviennent très-lourdes. Ceux-ci sont pondus en octobre sur les branches des arbres ou sur les plantes basses etéclosent au printemps. Quelques auteurs supposent que cette écume, appelée vulgairement crachat du coucou^ leur sert à se dérober aux yeux des oiseaux et des insectes carnassiers. Cette cicadelle vit exclusivement du suc des végétaux qu'elle pique avec son bec. Dans un jardin, on doit enlever, le matin, toutes ces masses d'écume et faire périr les larves en les jetant dans de l'eau bouillante. L'insecte parfait est de taille moyenne ; il n'a pas plus de 10 millimètres de longueur. Il est plus ou moins gri- sâtre, avec deux taches blanches obliques sur les élytres. L'autre espèce de cicadelle, dont nous avons à parler, ou Typhlocybe du rosier^ n'attaque guère les plantes basseS;, mais ellefait souvent beaucoup de mal aux rosiers, aux roses trémières, etc., dont elle pique les feuilles avec son bec. En général, elle s'en prend à la face inférieure qu'elle perce àcent places différentes pour en sucerla sève. Les feuilles prennent alors une teinte marbrée qui an- nonce leur état de souffrance. HÉMIPTÈRES. 231 L'insecte parfait est très-petit, il n'a pas plus de quatre millimètres. Il est sans taches, d'une couleur uniforme, tantôt jaune, tantôt d'un jaune verdàtre et tantôt blan- châtre. Il est allongé, un peu cylindrique. Il est extrê- mement commun et se trouve sur une infinité d'ar- bustes. Il vole et saute très-bien. L'année dernière Je dessous des feuilles des roses trémières et du ricin, étaient, au Luxembourg, en partie couvertes par les larves et les nymphes de cette cicadelle, qui s'échap- paient en sautant de tous côtés lorsqu'onvoulait les saisir. Il y a, aux environs de Paris, beaucoup d'autres espèces de petites cicadelles, mais dont les horticulteurs n'ont rien à redouter. GENRE THRIPS. THRIPS I abi . Les thrips, dont les jardiniers qui ont des serres chaudes ou tempérées connaissent parfaitement les ra- vages, sont de très-petits insectes dont les plus grands n'ont pas deux millimètres. Ils sont d'une si petite taille que souvent ils échappent à l'œil nu et que leur organi- sation est assez difficile à bien observer. C'est ce qui fait qu'on n'est pas encore bien d'accord sur l'ordre auquel ils appartiennent. Latreille, d'après les travaux de Straus, les avait réunis aux Hémiptères. Geoffroy, qui avait cru leur apercevoir des mâchoires, les avait placés dans l'ordre des Orthoptères, ce qu'a fait de nouveau M. Burmeister en les réunissant avec les Orthoptères et les Nevroptères, sous le nom collectif de Gijmnognalhes. Un savant anglais, M. Haliday {Ihe Entomolog. maga- 232 HÉMIPTÈRES. zine^ in, 439), a fait une étude toute spéciale de ces pe- tits animaux ; il en a formé un ordre à part, sous le nom de Thysanoplères^ dans lequel il a créé deux familles, partagées en plusieurs tribus, subdivisées elles-mêmes en seize genres. Les tlirips ont pour caractères : tête proportionnelle- ment assez grosse; antennes filiformes, rapprochées à la base et insérées tout près des yeux, cylindriques ou fusi- formes ; yeux grands; bouche pourvue de mâchoires larges, cachées et retirées entre les cuisses antérieures ; corselet un peu rétréci en avant ; abdomen conique, allongé, étroit, terminé chez les femelles par une tarière qui sert à piquer les plantes pour y placer les œufs ; ély- tres recouvrant les ailes et l'abdomen ; celles-ci bordées de fines soies en manière de franges; pattes courtes et assez fortes. Les thrips vivent sur les plantes, et, en général, dans les fleurs ou sous les feuilles, plus rarement à leur sur- face ; les espèces sont nombreuses ; il y a bien peu de fleurs qui n'en renferment au moins une, et souvent plusieurs dans leur corolle. Les larves sont allongées, de couleur jaunâtre ou quel- quefois rouges. Elles habitent les mêmes lieux que l'in- secte parfait, dont elles ne difl'èrent que par le défaut d'ailes et d'antennes. Les nymphes ont des rudiments d'ailes. Les larves des thrips sont agiles et, lorsqu'elles sont inquiétées, elles relèvent, comme les staphylins, l'extrémité de l'abdomen comme pour se défendre. Nous n'avons rien à dire du thrips commun, Ihrips vul- gatissima, que l'on trouve abondamment en mai dans les fleurs des pommiers, poiriers, cerisiers, mais qui ne cause HEMIPTERES. 533 aucun dommage aux. arbres. Les agricuUeurs ont bien plus à se plaindre du tlirips des céréales, thrips cerea- Ihim, et du thrips orné, thrips décora, qui, se tenant cachés entre la valve et la corolle des épis du blé, sucent le grain nouvellement formé et arrêtent, en partie, son développement. C'est à ces deux insectes que sont dus, le plus souvent, les grains racornis, quelquefois si com- muns dans les épis. Au moment de la floraison des blés, beaucoup de personnes ont pu remarquer la larve du thrips orné [thrips décora), à moitié cachée entre les val- ves ; elle se montre sous la forme d'un petit corps d'un rouge vermillon. Nous ne nous occuperons, dans cet ouvrage, que de l'espèce que l'on rencontre dans les serres où elle se multiplie souvent au point de rendre les plantes très-malades et d'en occasionner la mort. Thrips hémorrhoïdal. Thrips hémorrhoïdalis Haliday . Il a à peine deux millimètres. Il est allongé, linéaire, d'un noir assez profond. La tète est un peu globuleuse avec les yeux saillants. Le corselet est aplati, de forme ovale. Les élytres sont d'un brun plus ou moins clair ou plus ou moins foncé, avec la base blanche, ou d'un blanc jaunâtre. Les pattes sont très-courtes et jaunes. Le corps est pointu à l'extrémité avec les deux derniers anneaux un peu rouges. Les larves de ce thrips sont jaunâtres, dépourvues d'ailes; elles ont, du reste, la forme de l'insecte parfait. Ce petit insecte paraît nous avoir été apporté de l'é- tranger avec des végétaux exotiques. 23 i HEMIPTERES. [I vit dans les serres sur une infinité de plantes de familles très-éloignées; on le trouve fréquemment sur les Azalées, les Marantacées, le ficus elaslica, mais surtout sur les Orchidées, les cri- num, les pancratium, les Eucharis et les Seaforlia, etc. Ces petits ani- maux, malgré leur exiguïté, sont pour le jardinier des ennemis très- redoutables. Les Orchidées sont peut-être les plantes qui en souf- frent le plus. Quand elles sont atta- quées par ces petits insectes, leurs feuilles noircissent et elles sont comme brûlées vers l'extrémité. Les espèces qu'ils préfèrent dans cette famille sont les Phalœnopsis, les Aerides odoratujn, virescens et quin- quevulnerum, les Dendrobium , le Saccolabium gullalum, les Catleya, particulièrement les jeunes feuilles, les Lœlia, les Coryanlhes, le Cama- rotes purpurea et d'autres espèces encore. Les fumigations de tabac font périr les larves et les insectes à l'état parfait, mais sont sans action sur les œufs. C'est pourquoi il faut recommencer cette opération au bout d'une quinzaine de jours. Mais nous devons pré- venir les jardiniers qu'il y a des plantes qui ne [)euvont 32. — Feuille. d'Orcbidoe ravagée par le Thrips M- morrlioïdal. HÉMIPTÈRES. 235 pas supporter la fumée de tabac et pour lesquelles le re- mède devient pire que le mal. Les (iesnériacées et beau- coup de fougères sont dans ce cas ; les cinéraires et les héliotropes ne la tolèrent que très-légèrement j la plu- part des Orchidées deviennent très-malades après ces fumigations. M. Rivière qui, malheureusement, cette an- née, par l'incurie de ses employés, a eu beaucoup de. ses belles et rares Orchidées envahies par le thrips hémor- rhoïdal, emploie avec succès, pour le détruire, la fleur de soufre appliquée avec les doigts sur les feuilles, préa- lablement mouillés par un bon bassinage. TRIBU DES APHIDIENS. GENRE PSYLLE, PSYLLA Geoffroy. Les psylles sont des petits insectes du groupe des pucerons ; ils sucent de même la sève des végétaux; mais ils en diffèrent notablement en ce que les deux sexes, à l'état parfait, sont pourvus d'ailes et munis de pattes propres à exécuter des petits sauts. Ils sont très- agiles, volentet marchent parfaitement. Il n'y a que les femelles après la fécondation qui soient paresseuses. Ils ont pour caractère entomologique : des antennes filiformes aussi longues que le corps, insérées devant les yeux; un bec assez court, presque perpendiculaire, naissant de la poitrine comme chez les pucerons ; des yeux proéminents ; un corselet composé de deux seg- ments inégaux-, un écusson relevé; quatre niles disposées 236 HEMIPTERES. en toil ; un abdomen conique ; une tarière allongée chez les femelles. Les psylles déposent leurs œufs sur les végétaux. Les larves sont aptères, leur corps est aplati avec l'ab- domen pointu. Les nymphes diffèrent des larves en ce qu'elles ont des rudiments d'ailes. Ces insectes, dont les mœurs ont quelques rapports avec celles des pucerons, sont, dans certaines contrées, très-nuisibles aux poiriers, mais beaucoup moins ce- pendant que ceux-ci. L'année dernière ils ont été très- communs sur les arbres en espalier et en quenouille dans les jardins de la Normandie ; presque toutes les feuilles portaient leurs traces, sans que lesfruits parussent en avoir beaucoup souffert. Nous supposons que l'espèce qui a été abondante dans cette région de la France, est la psylle du poirier, que M Goureau décrit comme la psylla rubra de Fourcroy, en la regardant, avec doute il est vrai, com.ne la psijlla puri de Linné. Elle est dune couleur roussàtre avec des taches bri- quetées, et les antennes noirâtres ; l'abdomen est brun rayé de rouge transversalement, avec les pattes noi- râtres; les ailes sont diaphanes. La psylle en question paraît vers la fin de mai, elle pond ses œufs sur les feuilles du poirier en assez grand nombre, les uns à côté des autres. Au bout de quelques jours, ces œufs éclosent et donnent naissance à de très- petites larves aptères qui piquent et sucent le paren- chyme des feuilles. Les larves continuent de croître en faisant sur les feuilles des petites plaies ; elles se changent en nymphes comme les insectes à demi- méta- morphose, et disparaissent entièrement à la fin de juin. HÈMIPTblHES. 237 Plus tard, on no voit plus sur les feuilles que des petites cicatrices indiquant leurs traces et regardées, à tort par certains jardiniers, comme Teffet de la grêle. Psylle du poirier peu grossie. — -l. Idem tros-grussie. 3. Idem au port d'aile M. Goureau a rencontré sur le poirier un autre espèce qu'il nomme, à cause de sa couleur, psylla auranliaca. Celle-ci est d'un jaune orangé, avec l'abdomen vert bordé de jaune orangé à son extrémité. Elle se montre à la fin de juin et au commencement de juillet. Ce n'est pas sur les feuilles qu'elle pond ses œufs, mais sur les bourgeons les plus tendres, où elle les dispose en rangs serrés. Les petites larves éclosent au bout de peu de jours et se métamorpliosent dans le voisinage du bour- geon, sans changer de place. L'insecte parfait s'envole 238 HÉMIFTÉIŒS. en juillet. Nous ne savons pas si cette espèce, observée dans le département de l'Yonne, se trouve aux environs de Paris. La psylle orangée est regardée par M. Goureau comme une espèce nouvelle pour la science ; c'est aussi l'avis de M. Signoret, l'homme de France qui connaît lemieux les Hémiptères, Si la psylle du poirier était très-abondante, on pour- rait saupoudrer les feuilles avec de la cendre, ou les bas- siner avec des décoctions de plantes acres et narco- tiques. Plusieurs autres espèces de psylles sont indiquées par les auteurs allemands comme vivant sur le poirier. Geoffroy cite aussi celle du figuier, comme pouvant nuire à la végétation de cet arbre. Nous ne devons pas passer sous silence une autre espèce de psylle (psylla huxi), dont les larves habitent les bourgeons du buis et déterminent, par la défor- mation qu'elles occasionnent, des espèces de boutons globuleux à l'extrémité des rameaux. Si l'on ouvre ces sortes de boules, on ne tarde pas à y découvrir un cer- tain nombre de petites larves rougeùtres, avec la tète noire, reposant mollement sur un duvet cotonneux. Elles changent de couleur au bout dequelquesjours^ elles deviennent jaunâtres. Plus tard, elles se métamorpho- sent en nymphes vertes avec des rudiments d'ailes. L'in- secte parfait sort bientôt de cette enveloppe • il est alors d*une couleur verte, avec quelques petites taches rou- geâtres sur le corselet • ses ailes, plus longues que le corpSj sont en toit et d'une couleur roussàlre ; les femelles oht l'abdomen terminç par une tarière assez HÉMIPTÈRES. 239 développée, qui leur sert à introduire les œufs dans les bourgeons du buis. Les jardiniers ont vu bien souvent ces productions globuleuses à l'extrémité des branches du buis, mais probablement sans en connaître la cause. Lorsque l'on taille les buis à une époque convenable, presque tous les nids de cette psylte tombent sous les ciseaux. On trouve quelquefois dans les serres chaudes une très-petite espèce de psylle, dont la larve vit sur les liliacées et d'autres plantes. Elle ne résiste pas aux fumigations de tabac. Auteurs principaux, qui se sont occupés des psylles: Linné, System, naiur. Fabricius, Enlom. syslem. Fœrster, Révision du genre el des espèces de psylle. Uebersicht, der gattung. und der arten der psylloden. Degeer, Mémoire pour servir àVhist. des insectes. Schmidberger, Beytrag. zur obstbaumenzuchl ^ etc. Linz. Nôrdlinger, die lUeineu (einde der landtcirthschaft, elc. Stuttgart, 1835. Amyot, Hist. nat. desinsect. hémipt.,avec Serv. Roret* Géhin, Ins. nuisibl., bullet. de la Soc. d'hist. nat. de la Moselle, 1800. Goureau^ Ins. nuisibl. aux arbres fruitiers, etc. Éulletin des se. hist. et natur. du département de l'Yonne. Auxerre, 1862. Latreille, Gêner, crust. etinsect. 2iO HÉMIl'TÉHKS. Geolïroy, Hist. abrcgce des ins. Paris, Uémond, an T delà républiq. Pu-auinur. Mémoires pour servir à l'hisL des insec(es. 1734-1743. GENRE PUCERON. APHIS Liiiu. Tous les horliculleurs ne connaissent que trop bien ces insectes appelés en français, pucerons, en allemand, pflanzenlause^ en anglais, plant-louse, qui vivent en familles nombreuses sur presque tous les végétaux. Ces petits animaux, dont les uns sont ailés et les autres ap- tères, c'est-à-dire sans ailes, ont pour caractères . une tète très-petite avec les yeux saillants, munie de deux antennes de cinq à six articles, de longueur variable, selon les espèces; un bec ou suçoir paraissant sortir de la poitrine: un corselet très-court; des ailes au nombre de quatre (chez les individus où elles existent), transpa- rentes, parcourues par des nervures; un abdomen très- mou, terminé, le plus souvent, par une petite queue et pourvu, presque toujours, de deux cornicules plus ou moins longues. Ce genre se compose d'une très-grande quantité d'es- pèces; il y a peu de plantes qui ne nourrissent un puce- ron particulier, il y en a même qui servent de pâture à plusieurs espèces; par exemple : le rosier en a deux, ainsi que le groseillier, le poirier cinq à six, etc. Les plantes ligneuses sont celles qui fournissent le plus d'espèces; cependant les plantes herbacées, vivaces ou annuellfs, n'en sont pas exemptes, surtout les synan- HÉMIPTÈRES, 241 thérées. Si, comme nous venons de le dire, chaque végé- tal a souvent un puceron qui lui est propre, il y a pour- tant quelques espèces, comme celui de l'œillet, du pavot et quelques autres , qui vivent indifféremment sur beaucoup de plantes de familles très-éloignées. La couleur des pucerons est très-fréquemment verte ou d'un vert jaunâtre, souvent encore d'un brun plus ou moins noir, quelquefois roussâtre ou ferrugineuse, plus rarement blanche. Ces différentes teintes, dans cer- tains cas, sont voilées par une villosité ou une efflores- cence blanchâtre ou pruineuse. Avant les travaux de Réaumur, de Bonnet et de Degeer, quelques ignorants, et le nombre en était grand à cette époque, croyaient que les pucerons naissaient spontanément d'une liqueur mielleuse, sécrétée par les fourmis. Aujourd'hui, grâce aux travaux de ces savants, l'histoire de ces petits animaux est aussi connue que celle des abeilles. On sait maintenant que les pucerons mâles et femelles s'accouplent comme les autres insectes; mais ce qu'il y a d'extraordinaire dans ces petits êtres, c'est que, d'un premier accouplement, il ne naît que des fe- melles aptères, lesquelles sont fécondées pour toutes les générations jusqu'à la fin de la belle saison. Les pucerons provenant de ces générations sont, en général, vivipares; les petits naissent tous vivants par une sorte d'accouchement. Au moment de cette opéra- tion, le petit sort le derrière le premier en remuant les pattes. Aussitôt qu ilestné, il vient se placer à côté de ses sœurs ou de ses cousines, car il ne peut avoir ni frères ni cousins. Lorsque ces femelles aptères ont mis au monde tous leurs petits, ce qui a lieu dans l'espace de quelques 4 6 un IILMIFTÈRES. jours, elles changent de couleur et périssent. Les jeunes subissent plusieurs mues et au bout d'une dizaine de jours, ils accouchent à leur tour. On peut facilement s'imaginer, avec une pareille fécondité, l'innombrable quantité de pucerons qui nous envahiraient de toute part, si la nature toujours prévoyante n'avait, dans sa sagesse , mis, à côté d'eux , un nombre considérable d'ennemis. Il arrive souvent, lorsque le temps est chaud et hu- mide, que la troisième ou la quatrième génération pro- duisent des individus ailés, mais toujours des femelles. Ces dernières profitent de leurs ailes, lorsque la société devient trop nombreuse, pour aller créer, sur d'autres arbres, de nouvelles colonies. A l'automne, vers la fin de septembre, dans les jardins à l'air libre, la dernière génération donne naissance à des individus pourvus d'ailes pour la plupart, mais dont la moitié est composée de mâles. Ceux-ci s'accouplent immédiatement avec les femelles ailées ou non, et péris- sent peu de jours après. Les femelles, au lieu de faire des petits vivants, pondent alors des œufs de la grosseur d'une graine de navette, enduits d'une matière gommeuse, qu'elles déposent et collent sur les tiges, dans le voisi- nage des yeux ou bourgeons. Ces œufs, d'abord jau- nâtres, noircissent au- bout de quelques jours, et ren- ferment la fécondation d'une douzaine de générations. Us passent l'hiver dans cet état sans éprouver la moindre atteinte des froids les plus rigoureux. Dans les serres chaudes ou tempérées, où les générations se succèdent presque sans interruption, les choses se passent autre- ment : les œufs pondus après l'épuisement de la féconda- IIÉMIPTERKS. 213 lion des femelles, favorisés par une lempéraLure chaude et humide, éclosent au milieu de l'hiver. Les petits pucerons, lorsqu'ils sortent du ventre de leur mère, quoique pouvant se reproduire au bout de peu de jours, n'en sont pas moins à l'état de larves ; ils ne sont considérés comme complets qu'après leur quatrième changement de peau, qui, du reste, modifie peu leur /ac«>5, si ce n'est pour les individus qui doivent être pourvus d'ailes ; chez ces derniers, on commence à apercevoir, après la première mue, sous forme de moignons, les rudiments de ces organes. (^es insectes ne vivent jamais isolés 5 ils se tiennent en sociétés nombreuses, serrés les uns contre les autres, la tête dirigée du même côté. Ils enfoncent leur bec dans les jeunes pousses, dans les feuilles tendres , les écorces de différents végétaux dont ils pompent la sève pour se nourrir. Ils sont très-préjudiciables à nos cultures; ils crispent, roulent et recoquillent les feuilles, et détermi- nent quelquefois des exostoses, des chancres ou des galles qui rendent les plantes languissantes. Outre cela, ils sécrètent par leurs cornicules, une espèce. de miellat qui poisse les feuilles, les rend gluantes et nuit beaucoup à leur respiration. Les fourmis sont très-friandes de cette matière sucrée, et on les rencontre en grand nombre là où il y a des pucerons; elles ne leur font aucun mal, elles les titillent seulement avec leurs antennes pour déter- miner la production de cette matière. Plusieurs auteurs prétendent même qu'elles en emportent quelques indi- vidus dans leurs fourmillières, où elles les nourrissent et les soignent comme des vaches à lait, M. Géhin, qui a, de son côté, beaucoup étudié les mœurs des pucerons, 214 HEMIPTERES. croit qu'elles les emportent pour donner à manger à leurs larves. Nous avons souvent enlevé des fourmilières • pour y rechercher de ces petits coléoptères qui ne vivent qu'au milieu des fourmis, mais jamais nous n'y avons rencontré un seul puceron. Il est vrai que ces nids appar- tenaient tous à la grosse fou^'mi des bois, celle dont les nymphes (vulgairement œufs) servent à l'éducation des petits faisans et des jeunes perdreaux. Nous ne pouvons donc rien dire relativement aux fourmilières des jardins, ni à celles qui se trouventdans les prairies, dans lesquelles nous n'avons pas fait de recherches. Il est probable que les auteurs qui ont dit que les fourmis emportaient les pucerons pour les nourrir, ont voulu parler de ces espèces aptères et sans cornicules qui vivent sous terre, à la ra- cine des plantes, au milieu des fourmis. Ces derniers in- sectes, que tous les maraîchers ne connaissent que trop, ne sont plus aujourd'hui des pucerons proprement dits, ils appartiennent aux genres Forda et Trama de Heyden. M. Géhin, que nous avons cité plus haut, ne croit pas, etnous sommesde son avis, quela cloque des pêchers soit due exclusivement à la présence des pucerons ; il suppose que, par suite de certaines circonstances atmosphériques, au moment du développement des feuilles, telles qu'un changement brusque dans la température, la sève s'ar- rête dans les vaisseaux de la feuille ; que celle-ci, tour- mentée par l'affluence du liquide nourricier qu'elle ne peut plus élaborer, se déforme, se contourne, se reco- quille et commence à se cloquer. Alors les pucerons trou- vant toute préparée une habitation à leur convenance, viennent s'y établir, s'y multiplient rapidement et aggra- vent le mal. Il est positif que ces insectes choisissent, HÉMIPTÈRES. ^. 24S comme beaucoup d'autres parasites, les feuilles qui ont éprouvé une modification morbide pour s'y propager, at- tenduquel'onvoitsouventdesfeuilles cloquées bienavant l'apparition de pucerons. Sans vouloir prendre ici l'effet pour la cause, nous ajouterons que nous avons vu j cette année, dans les jardins des environs de Paris, des feuilles cloquées complètement exemptes de ces petits animaux. Tous les jardiniers savent parfaitement qu'un arbre sain et vigoureux est rarement attaqué par les pucerons. Ils savent aussi que les arbres ou les plantes, à cer- taines expositions, sont choisis de préférence par ces pa- rasites, et que les chaleurs précoces du printemps , en hâtant l'éclosion des œufs, favorisent beaucoup leur multiplication. On a remarqué, à la suite d'années très-chaudes, de véritables invasions de pucerons. MM. Géhin et Blanchard en citent un exemple d'après M. Morren, qui le rapporte de la manière suivante : « L'hiver de 1833 à 1834 fut extrêmement doux et l'été de 1834 extrêmement chaud ' et sec; il se passa des mois entiers sans pleuvoir. Un hor- ticulteur, Van Mons, prédit, dès le mois de mai, que tous les légumes seraient dévorés par les pucerons. Le 28 sep- tembre suivant, une nuée de pucerons {Aphis persicœ) parut tout à coup entre Bruges et Gand. Le l.endemain, on les vit à Gand voltiger par troupes, en telles quantités, que la lumière du jour en était obscurcie. Sur les rem- parts on ne pouvait plus distinguer les murs des habita- tions, tant ils en étaient couverts. On se plaignit du mal qu'ils faisaient aux yeux. Toute la route d'Anvers à Gand était couverte de leurs innombrables légions ; partout on disait les avoir vus subitement; il fallait se couvrir les •24G HKMfPTÉRES. yeux (Ift luneUes et le visage de mouchoirs pour se pré- server du chatouillement quoccasionnaient leurs six pattes. Il paraît que ces insectes étaient interrompus dans leur marche par des montagnes, des collines, des ondulations de terrains, même peu élevées , mais suffi- santes pour influer sur le vent. Les différentes directions que l'on a constatées doivent faire supposer que l'émi- gration a eu un centre et que ce foyer était un point d'irradiation, puisque des troupes ont émigré vers le Nord, vers l'Est et vers le Sud . « Nous n'avons jamais été témoin de telles émigrations, qui sont très-rares 5 mais nous avons quelquefois vu a Paris, pendant les beaux jours de l'été, le soir après le coucher du soleil, des nuées à'éphémères sortant de la ri- vière qui, dans certains endroits, obscurcissaient la lu- mière des lanternes à gaz et qui venant s'abattre sur les parapets des quais et des ponts, auraient pu faire croire qu'il était tombé de la neige. Nous avons dit que les pucerons de la dernière géné- ration, après l'accouplement, pondaient des œufs qui' passaient l'hiver pour éclore au printemps. Il en est ré- sulté qu'avec les échanges d'arbres et d'arbustes qui ont lieu journellement avec certaines contrées de TAmérique du nord, dont le climat est analogue à celui de l'Europe, nous leur avons porté avec nos rosiers, poiriers, pru- niers, pêchers, etc., les pucerons propres à ces végé- taux. Par contre, les Américains nous ont gratifiés de quelques espèces nouvelles, entre autres eu puceron la- nigère. Cette funeste importation date du commence- ment du siècle ; pendant les guerres de l'Empire, cet insecte est resté confiné en Angleterre, qui l'avait reçu IlÉMIPTÈRKS. 2^7 directement ; en 1810, il parut à Jersey ; vers 1814 sa présence fut signalée cliez les pépiniéristes de la Norman- die et de la Bretagne, mais ce n'est guère que de 1820 à 1822 qu'il se montra dans quelques jardins des envi- rons de Paris. Aujourd'hui il se trouve presque partout où l'on cultive le pommier, aussi bien dans le nord que dans le midi de l'Europe. Quelle que soit la cause qui favorise la multiplication des pucerons, que les plantes soient atteintes d'une maladie latente ou qu'elles soient vigoureuses, ces êtres n'y exer- cent pas moins leurs ravages et sont très-nuisibles à nos cultures. Les horticulteurs le savent si bien qu'ils ont essayé de beaucoup de moyens pour s'en débarrasser, et, disons-le hautement, il n'y en a pas encore un qui ait réussi complètement dans les jardins à l'air libre. Sur les jeunes pousses de rosier l'écrasement à la main est un moyen efficace, qui n'a d'autre inconvénient que de jaunir les doigts, mais il est inexécutable chez nos rosiéristes qui en cultivent plusieurs arpents. Des bassinages avec de l'eau contenant en solution une pe- tite quantité de sulfate de cuivre ou un peu de sulfure de chaux, ont été employés avec succès ; on a aussi conseillé l'eau de suie, l'eau salée, la lessive étendue d'eau et la décoction de feuilles de buis ou de tabac ; cette dernière à de bons efîets quand l'irrigation arrive immédia- tement sur fes pucerons, ce qui est toujours difficile, attendu que très-souvent ils se tiennent sous les feuilles. Il faudrait, pour agir convenablement, être muni d'une seringue recourbée, comme celle dont nous avons parlé relativement à Vacanis de la grise. Dans ces derniers temps, on a beaucoup préconisé ?4S HÉMIPTÈRES. certaines poudres insecticides, entre autres celle de pyrètlire {pyrethriim rigidum). Cette poudre, autrefois infaillible pour la destruction des punaises, aujourd'hui moins eflîcace par suite de sa falsification avec des substances inertes, n a pas un grand effet sur les puce- rons ; nous préférons, avec certains jardiniers, les cen- dres de bois finement tamisées. La fleur de soufre a aussi été essayée, mais avec un succès très-contestable. Il a été question, il y a quelque temps, d'une certaine pâte insecticide, dont l'inventeur ne fait pas connaître la composition. Nous ne dirons rien de cette panacée si vantée, que l'on doit délayer dans de l'eau pour en faire usage. L'auteur aurait dû la déposer sur le bureau de la Société impériale d'Horticulture de France, afin d'ob- tenir un rapport sur ses propriétés. S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il n'ignore pas, sans doute, que les Sociétés sa- vantes, mêmes les plus humbles, pour peu qu'elles se respectent, manqueraient à leur dignité en s'occiipant de ces prétendus remèdes secrets bons ou mauvais, pré- sentés trop souvent par des charlatans se disant mus, par l'amour de la science, mais qui en réalité ne le sont que par l'amour de l'argent. Cette pâte est peut-être très-utile ; dans ce cas, on doit encourager l'inventeur, mais, avant tout, il faut qu'il en fasse connaître la composition à une commis- sion prise dans le sein de la société, qui, après des essais répétés, fera un rapport sur son efficacité : il pourra ensuite, pour éviter la contre-façon et sauvegarder ses intérêts, prendre un brevet d'invention. Dans les serres chaudes, tempérées ou froides, on réussit très-bien à se débarrasser des pucerons en HÉMIPTÈRES. . 249 brûlant des côtes de tabac ou des bouts de cigares sur un réchaud, après avoir préalablement fermé toutes les ouvertures. La fumée acre qui se produit, les asphyxie et les fait périr complètement. Notre collègue, M. Lau- rent aîné, dont les cultures de roses forcées ont une réjputation européenne, n'emploie pas d'autre moyen pour en purger ses serres. Il est bon de recommencer cette opération au bout de quelques jours, dans la crainte qu'un petit nombre d'individus n'aient échappé à l'asphyxie générale, ou qu'il ne reste des œufs dont l'éclosion n'était pas encore accomplie. Dans les bâches sous châssis, il est souvent difficile d'allumer un ré- chaud ; on obvie à cet inconvénient en dirigeant, à Pipe en cuivre pour la fumigation sous châssis. l'aide d'une grosse pipe en cuivre, dont nous donnons ici le modèle, la fumée de tabac par un trou pratiqué à la bâche. Aujourd'hui que l'administration , sous prétexte d'abus, fait de grandes difïicultés pour hvrer aux horti- culteurs les débris inutiles et les balayures de la manu- 2o0 HÉMIPTÈRKS. facture, nous conseillons d'employer, de la même ma- nière et comme succédanées, des feuilles, séchées à l'ombre, de buis, d'if, de stramonium, de belladone, de jusquiame et même de pétunia. Il ne faut pas croire cependant que toutes les plantes se trouvent très-bien des fumigations dont nous venons de parler; il en est quelques-unes, comme les Orchi- dées, les Gesnériacées et certaines fougères, entre autres les Adiantum, qui souffrent ou périssent dans cette atmosphère de fumée. La nature, qui a toujours à sa disposition des moyens à elle, pour maintenir l'équilibre entre les êtres de la création, adonné aux pucerons de nombreux ennemis' qui en détruisent des quantités prodigieuses, tels que les coccinelles et principalement leurs larves, les larves des syrphes, celles des hémérobes, celles de plusieurs chal- cidites qui toutes vivent aux dépens de ces insectes. Les amateurs de jardins doivent respecter tous ces auxi- liaires bienfaisants,|dont nous parlerons à leur article. Kaltenbach a divisé le -grand genre puceron i^aphis de Linné; en douze genres, d'après le nombre des articles des antennes, les nervures des ailes des mâles ou l'ab- sence de ces organes chez les deux sexes et, enfin, d'après la présence ou l'absence de la queue ou des cornicules. Koch, dans un travail plus récent, le partage en trente et un genres Comme nous n'avons pas la prétention d'écrire un livre pour des savants, mais pour nos collègues les horticulteurs, nous avons cru qu'il n'y avait pas lieu d'adopter ici ces nouvelles coupes. Nous dirons peu de chose des mâles, nous nous contenterons de parler IIÉMIPTÉRRS. 254 des femelles, de tracera grands (rails leur faciès ei de signaler au jardinier ces espèces, telles qu il les voit sur les plantes qu'il cultive, mais suffisamment cepen- dant, pour qu'il puisse les reconnaître. Nous avons ajouté, à la fin de notre article puceron, la liste complète de toutes les espèces décrites dans la Monographie de Kaltenbach, afin de donner un aperçu de celles qui peuvent se rencontrer aux environs de Paris. Puceron du pêcher. Aphis persicse Kaltenbach. On trouve sur le pêcher, aux environs de Paris, trois sortes de pucerons : 1° Aphis persicœ de Morren, qui est d'un noir verdâtre tacheté de noir, avec des antennes entièrement noires. Spn abdomen est d'un jaune rous- sâtre tacheté de noir. Ses pattes sont d'un jaune ferru- gineux. Sa queue et ses cornicules sont d'une lon- gueur normale. Pour éviter la confusion avec celui de Kaltenbach, nous lui donnons le nom à'aphis Persicœcola. 2" L' Aphis persicœ de Kaltenbach, qui est pour nous le véritable puceron du pécher, est en dessus, d'un brun assez clair très-luisant, et, en dessous d'un vert oli- vâtre. Ses antennes sont brunes, avec le troisième article jaunâtre. Ses cornicules sont très-courtes et sa queue est nulle. Chez les individus ailés, la couleur est d'un noir luisant en dessus, d'un gris verdâtre en dessous. Cette espèce est très-commune sur les pêchers à Mon- treuil.Dans les années où il gèle peu, on trouve, pendant tout l'hiver, des individus vivants, cachés derrière le treillage ou appliqués derrière les branches. M. Alexis Lepère nous a envoyé, cette année, au mois de février, 252 HÉMIPTÈRES. (les rameaux de pêcher sur lesquels ce puceron était dans une sorte d'engourdissement. Il vit à l'extrémité des bourgeons et descend successivement vers la base. Ce serait sa piqûre qui, selon certains auteurs, occasion- nerait la maladie appelée cloque. En effet, c'est toujours dans les cavités des feuilles chiffonnées qu'il se loge. V aphis persicœ de Morren a les mêmes habitudes. Ce qu'il y a de mieux à faire pour amoindrir les dé- gâts de cet insecte, c'est d'enlever les feuilles cloquées et de les brûler. La taille faite de bonne heure jette bas beaucoup d'œufs pondus à l'automne, à l'extrémité des rameaux. Les pucerons du pêcher attirent beaucoup de fourmis. La troisième espèce que nous ayons observée, est la suivante, qui peut-être n'est qu'une variété du Dianthi. Puceron de l'amandier. Aphis amygdali Blanch. On voit souvent sur les feuilles du pêcher et quelque- fois sur celles de l'amandier un puceron moitié plus petit que les précédents. Il est tout à fait d'un vert tendre comme celui du rosier, sans aucune tache. Chez les individus ailés, les ailes sont proportionnellement très- longues. Il vit, comme les précédents, dans les feuilles cloquées. On le combat de la même manière. Dans le midi de la France, il existe un quatrième pu- ceron que nous appelons Aphis persicarum ; il vit en Provence dans les feuilles cloquées des pêchers. Il est de grosseur moyenne, d'un vert-foncé mat et uniforme en dessus, d'un vert pâle en dessous, avec la queue et HÉMIPTÈRES. 253 les cornicules de longueur égale et d'un vert mat. Le mâle est d'un brun verdâtre, avec les ailes très-longues. Sauf la couleur et la taille, il a beaucoup de rapports avec celui de l'amandier. Puceron du poirier. Aphis pyrastri. Le puceron décrit sous le nom à'aphis pyri par M. Goureau, savant entomologiste et très-habile obser- vateur, n'est pas le même que V aphis pyri décrit et figuré parKoch [Monograp. des pucerons^ p. 60, fig. 76, 77). Ce dernier , est d'un vert jaunâtre avec des bosse- lures sur le corselet, et des cornicules très-courtes, noires ainsi que les antennes ; il n'a pas encore, à notre connaissance, été observé en France. Le puceron du poirier, dont parle M. le colonel Gou- reau, est probablement une espèce nouvelle propre à la France, Il est noir, avec les antennes brunes, à base blanchâtre, La tète et le corps sont d'un noir un peu velouté. Les cornicules sont courtes et noires, et l'ab- domen se termine par une petite queue. Lorsqu'on l'é- crase, il colore les doigts en rouge. Ce puceron est commun sur certaines variétés de poiriers, aux mois de mai et de juin et quelquefois plus tard. Il se tient sous les feuilles qu'il a roulées et 'w recoquillées et donne, par la sécrétion mielleuse qu'il produit, un aspect sale et maladif aux arbres où il s'est établi. On peut essayer, pour le détruire, des irrigations as- cendantes avec les liquides dont nous avons parlé ci- dessus. 234 HÉMIPTÈRES. l'our éviter la contusion, nous avons changé le nom de pyri en pijrastri. Puceron du cognassier. Aphis cydoniae. L'année dernière, peut-être l'une des plus favorables à la multiplication des pucerons, nous avons rencontré, sous les feuilles d'un cognassier dans des jardins à Sa- vigny- sur-Orge , un petit puceron d'un vert pâle avec les cornicules noires et allongées ; il ressemblait un pou à celui que l'on voit quelquefois sur les jeunes pousses de l'aubépine cultivée. Nous ignorons si cette espèce n'a pas déjà été décrite. Puceron du pommier. Aphis mali Fabr. Ce petit ifisecte est très-commun en juin sur les pommiers cultivés dans les jardins et les vergers ; il vit en nombreuses familles sous la face inférieure des feuilles qu'il déforme et recoquille. Il est entièrement vert, couvert d'une elïlorescence blanchâtre, à l'excep- tion des antennes et des yeux qui sont d'un noir brun. On le détruit comme les espèces précédentes. En Normandie, on ne le rencontre pas sur les pom- miers à cidre, qui sont toujours plus vigoureux que ceux de nos jardins. Puceron du prunier. Aphis pruni Fabr. Cette espèce trop connue des arboriculteurs est, dans certaines années, excessivement commune sur les pru- HEMIPTERES. 255 niers, principalement sur les reine'daudiers et les mi- rabelliers. Elle est entièrement verte ou verdâtre, avec une ligne dorsale brunâtre. Les cornicules sont brunes, assez courtes ; la petite queue est verte. Ce petit pu- ceron se tient sous la face inférieure des feuilles qu'il crispe et chiffonne. Il sécrète par ses cornicules une miellée abondante et de tout son corps, une matière pollineuse qui s'attache aux feuilles en même temps que la poussière de l'atmosphère, et leur donne un aspect sale et dégoûtant. Degeer a étudié particulièrement les mœurs de cet insecte. Voici comment il s'exprime à son égard : « Tous les pucerons aptères des feuilles de prunier sont des femelles qui pondent des œufs en septembre ; on les voit alors, inquiètes, s'agiter sur les jeunes pousses des arbres, comme si elles voulaient chercher une place cjonvenable à la ponte des œufs. Elles préfèrent pour cela les petits enfoncements qui se trouvent entre la tige et les yeux des boutons. C'est dans ces enfoncements qu'ellesdéposentleursœufSjl'unà côté de l'autre, et, quel- quefois aussi , les uns sur les autres , de sorte que sou- vent il y en a des petits tas réunis ensemble. Après la ponte, ils sont d'un vert foncé, mais, plus tard, ils devien- nent d'un noir brunâtre ; la femelle mère les recouvre ensuite d'une matière cotonneuse blanchâtre, qu'elle sécrète, comme les pucerons de l'aune, par le dessous du ventre et les côtés de l'abdomen. Toutes les femelles que l'on ouvre à cette époque ont le corps plein d'œufs. » Le puceron du prunier vit aussi, mais plus rarement, sur l'abricotier. 256 HÉMIPTÈRES. Mêmes moyens à essayer pour sa destruction que pour les espèces précédentes. Puceron du cerisier. Aphis cerasi Fabr. * Il a les mêmes habitudes que l'espèce précédente. Il vit sous les feuilles des cerisiers qu'il crispe et reco- quille. Il n'est jamais très-abondant aux environs de Paris. Ce n'est que de temps en temps que l'on constate sa présence sur quelques arbres souffreteux. Ce petit puceron est entièrement noir. Koch en donne, pi. 16, une figure très-soignée. Puceron du sorbier. Aphis sorbi Kalleubacb. On trouve, dans certaines localités, ce petit animal sur le sorbier et sur le pommier. Nous ne le connais- sons que par la figure qu'en donne Koch pi. 17, f. 129 et 130. Il est brun avec les cornicules minces et jaunes-, il est pourvu d'une petite queue noire. M. Géhin, d'après Kaltenbach [Monog. des pucerons], le considère comme le puceron brun café de Réaumur. Puceron du groseillier. Aphis ribis Linné. Il est d'un jaune citron luisant, ovale, allongé, voûté en dessus 5 les cornicules sont de longueur moyenne, d'un blanc jaunâtre ainsi que les antennes; la petite queue est très-courte, peu visible et d'une couleur blan- châtre. Il est extrêmement commun dans certaines années, en IIÉMIFTÈHES. 257 juin el juillel,sur le groseillier à grappes {Ribcs rubrum). Il se tient à l'extrémité des jeunes branches et sous les feuilles qu'il déforme et crispe par sa piqûre. On voit souvent toutes les feuilles des groseilliers bos- selées en dessus, dont les cavités inférieures sont habitées par des pucerons vivant très-tranquillement dans ces retraites, à l'abri de la pluie et des rayons du soleil. ïl existe sur le groseillier une seconde espèce de puceron : c'est Vaphis Grossulariœ de Kaltenbach. Il a les mêmes mœurs que le Ribis, mais il en est sufïisam- ment distinct par les caractères suivants : il est plus petit, plus arrondi , d'un vert plus ou moins foncé, sau- poudré de bleuâtre; les cornicules et la petite queue sont blanchâtres; les pattes sont d'un jaune sale. On le trouve sur le groseillier à grappes, le cassis et le groseillier à maquereau. Nous ne savons pas si ces pucerons ont été observés sur les Ribes sanguineum et aureum que l'on cultive comme arbustes d'agrément. Puceron de l'Œillet. Aphis Dianthi Schrank. Il vit sur une infini é de plantes de familles fort éloi- gnées. C'est l'espèce la plus fréquente dans les serres chaudes et tempérées; toutes les plantes molles, culti- vées en pot; sont exposées à être envahies par ce pa- rasite; on le trouve sur les primevères de la Chine, les Mesembrianthemum, les œillets, les tulipes, les Cro- cus, etc., etc. Ce puceron et celui du pavot [Papaveris] sont deux espèces des plus polyphages. Il est luisant, jaune ou d'un vert jaune, ou môme 17 •2S8 HEMIFTERKS. quelquefois veii, chagriné sur le dus. ovule, allongé avec les antennes blanchâtres-, les cornicules sont longues, d'un jaune pâle, avec l'extrémité brune ^ la petite queue est d'un vert jaunâtre. iXous avons vu, cette année, au mois de janvier, des jacinthes de Hollande, cultivées en carafe, et des tuli- pes Duc de Tholl^ en pot, dont les premières feuilles étaient à peine sorties que déjà ces plantes étaient cou- vertes de pucerons de l'œillet. Évidemment les œufs de ces insectes avaient été pondus au sommet des bulbes, et n'attendaient qu'un moment favorable pour éclore; car ces pucerons ne sont pas entrés dans une chambre au 3« étage située au centre de Paris, et n'ont pu y être apportés du dehors. Puceron de l'héliotrope . Le même "que Vaphis Dianthi, puceron de l'œillet. Puceron du lantana. Le même que ['aphis Dianthi, puceron de l'œillet. Puceron des verveines. Le même que Vaphis Diantld, puceron de l'œillet. Puceron des "cinéraires. Le même que Vaphis Dianthi. Puceron des ageratum. Le même que Vaphis Dianthi. liÉMlPTEUES. 25» Puceron du fuchsia. Le même que Vaphis Dianthi. Puceron des jacinthes. Le même que Vaphis Dianthi. Puceron des pelargonium. Aphis pelargonii Kalteubacli. Les Pelargonium^ parliculièremenl les variélés ap- pelées grandes fleurs et fantaisies, sont fréquemment attaqués dans les serres par un puceron, et quelque fois même en plein air. Les variétés issues de l'inqui- nans et du zonale, sont au contraire rarement envahies par cet liémiptère. Il est vert, allongé, ridé en dessus, avec les antennes brunes ayant les deux premiers articles et la base du troisième jaunâtres. Les cornicules sont- longues et jaunâtres; la petite queue est jaune, un peu recourbée. Puceron du rosier. Aphis rosse Linné. 11 est tellement connu des horticulteurs (ju'il n'a besoin d'aucune description. Tout le monde à Paris, où les rosiers sont, en général, peu vigoureux, a été à même de remarquer ce puceron vert à cornicules noires, qui paraît depuis îe mois de mai jusqu'en septembre et qui, en quelques jours, envahit toutes les jeunes pousses et les feuilles tendres des rosiers de nos jardins. C'est un animal très-nuisible ; il crispe les feuilles. 260 HÉMll'TÈHKS. épuise !a sève des jeunes brandies, les atrophie et nuit énormément à la floraison. Lorsqu'au printemps des colonies de ce puceron se sont établies sur un rosier, on remarque qu'ils sont très-serrés les uns contre les autres et même quel- quefois les uns sur les autres, ce qui a fait croire à quelques ignorants, ({ue, dans cette situation, ils étaient accouplés. Au milieu de cette masse, on voit, vers la troisième génération, rarement plus tôt, quelques femelles munies d'ailes transparentes assez grandes. Elles ont pour mission de voler et d'aller fonder de nouvelles familles sur d'autres rosiers ; on voit aussi quelquefois, au milieu de cet amas de pucerons, quelques individus qui ont une couleur noirâtre ou roussàtre. Ce sont, ou des femelles qui ont fini de mettre au monde leurs petits (50 à 60), ou des femelles qui recèlent dans leur sein, des larves de petites mou- ches appartenant à la famille des chalcidites. Ordinairement, lorsque le printemps est chaud, les œufs pondus avant l'hiver éclosent plus tôt, et on peut compter sur un rosier neuf ou dix générations de puce- rons donnant, en moyenne, le jour à 50 petits et tout cela sans accouplement, puisqu'il n'y a que des femelles. Que l'on juge maintenant de Teffroyable quantité qu'un seul de ces insectes produira à la dixième génération, puisqu'après la troisième, sa famille se composera déjà de 125 mille individus. Que deviendraient nos cultures, si la nature ne rétablissait pas l'équilibre à l'aide des parasites qu'elle a toujours à sa disposition.? Lorsque les premières générations de pucerons se montrent sur un rosier, on doit les écraser avec les doigts, HK.MIPTERES. '061 parLiculièrement ceux qui ont des ailes ; le tabac en poudre, les cendres de bois les détruisent beaucoup mieux que la poudre de pyrèthre. Les irrigations avec une décoction de tabac, d'euphorbe ou de feuilles de noyer, sont d'un bon effet. Il en est de même d'une solution très-légère de sulfate de cuivre (1 kilogramme sur mille litres d'eau) ; mais à tous les moyens em- ployés jusqu'à présent, nous préférons Tesprit-de-vin ou la benzine. Pour en faire usage, on se sert d'un petit pinceau de blaireau ou d'une petite éponge que l'on trempe dans l'une de ces deux substances. Ces liquides étant très-volatils, s'évaporent promptement et ne font aucun mal aux rosiers. Le puceron du rosier se trouve également sur plusieurs sortes d'églantiers, il vit aussi sur d'autres plantes, telles que scabieuses, chardon à bonnetier, etc. Puceron des feuilles de rosier. Aphis rosarum Kalt. Outre le puceron commun du rosier, il en existe un autre, qui vit en petites colonies sous les feuilles de cet arbuste, et qui ne se tient jamais à l'extrémité des jeunes pousses, ni le long des pédoncules. On le rencontre, moins fréquemment que celui du rosier, sur les pieds cultivés dans les jardins, mais il n'est pas rare sur les rosiers que l'on force en hiver. Nous l'avons observé bien souvent dans les serres de M. Laurent. Koch donne, dans sa belle monographie, pi. 32, une excellente figure de cet insecte. Il est assez petit, ovale lancéolé, uni, d'un jaune ver- dàtre marqué de petits points obscurs, qui le font pa- 262 HÉMIPTÈRES. raître comme chagriné. Les antennes et les pattes sont d'une couleur assez pâle ; les cornicules sont grêles, al- longées, d'un jaune roussàtre; la queue est assez longue. Dans les serres,* il ne résiste pas aux fumigations de tabac. Il arrive pourtant quelquefois que l'opération ne réussit pas complètement, c'est lorsque les pots sont re- couverts de paillis. Dans ce cas, il se laisse tomber à demi asphyxié par la fumée, se réfugie sous le paillis. et remonte au bout de quelques jours sur les rosiers. Puceron des solanées. Aphis solani Kaltenbach. Il est d'un vert d'herbe, ovale, bombé, marqué de rides, avec la poitrine et l'abdomen d'une couleur plus pâle; les cornicules sont toujours d'une couleur jau- nâtre avec la pointe noire; la petite queue est jaune et se termine un peu en massue. Ce petit puceron vit en familles sous les feuilles et sur les tiges de la pomme de terre. Dans certaines an- nées, il est très- commun aux environs de Paris, particuliè- rement sur les pieds atteints du Botrytis infestans (ma- ladie des pommes de terre). Nous l'avons observé aussi chez plusieurs maraîchers, sur les tomates et les auber- gines, en compagnie du puceron noir du pavot. Puceron des choux. Aphis brassicse Linné. Les feuilles de chou et celles du colza sont souvent attaquées par un puceron qui se tient en familles nom- breuses à leur face inférieure. Il est d'un vert un peu pruineux, avec le corps gros, épais, strié de petits points HÉMIPTÈRES. 2G3 noirâtres; les cornicules sont brunes ainsi que les pattes; la petite queue est moitié plus courte que les cornicules. On rencontre très-souvent des femelles ailées qui pro- (itent de leurs ailes pour aller fonder de nouveaux éta- blissements sur d'autres choux. Ce puceron ne vit pas seulement sur les choux, on le voit fréquemment sur la moutarde des champs, le radis, le Raphanus raphanistrum, la bourse à pasteur, le Diplotaxis tenuifoUa et d'autres crucifères. Puceron de la rave. Aphis rapœ Cuitis. Nous lui trouvons les plus grands rapports avec le pu- ceron des choux, et, malgré l'autorité de Curtis, nous le considérons plutôt comme une variété que comme une espèce propre. Il est peut-être un peu moins renflé, d'un vert un peu plus jaunâtre; les antennes n'offrent pas de différence; les cornicules paraissent un tant soit peu plus minces. Il y a des années qu'il est fort abondant sous les feuilles des raves et des navets. Koch ne parle pas de cette espèce dans sa monogra- phie. Puceron de l'oseille Aphis rumicis Linné. Très-commun sur l'oseille sauvage ( Rumex ace- tosà) et sur tous les Rumex qui croissent naturellement dans les près; il est plus rare sur l'oseille des jardins que la culture et les engrais ont rendue plus vigou- reuse. Il est ovale arrondi, très-convexe, d'un noir profond 2(;'i HK.MlI'TKliKS. en dessus, d'un noir verdàtre en dessous. Il commence à paraître dans les premiers jours de juin, lorsque l'oseille est prête à fleurir. On le trouve aussi de temps en temps sur la bardane {Arctium lappa) et l'acliillée sternutatoire , à Heurs simples ou à lleurs doubles (Achillœa ptarmica). Puceron du maïs. Aphis zeae Ronnafous. Il est de la taille de celui du rosier et du même vert-, ses cornicules et sa queue sont également vertes; mais il est bien distinct de tous les autres, par une bande rouge en demi-cercle, située cbez les deux sexes , à rexlrémité de l'abdomen. Il se trouve communément dans certaines localités, à l'aisselle des feuilles caulinaires du mais et entre celles de l'épi femelle. Nous n'avons jamais vu ce puceron, qui a été décrit, en 1835, par Bonnafous, p. 6o7 des Annales de la So- ciété enlomologique de France. Puceron du chèvrefeuille. Aphis xylostei Schiaiik. Il est très-commun au mois de juin dans les jardins, sur difîérentes espèces de cbèvrefeuilles ; il est plus rare sur celui qui croît naturellement dans les bois. 11 est d'un vert foncé, avec les cornicules un peu plus courtes que la petite queue. Les individus ailés ont les ailes assez longues, tout à fait diaphanes. Les rameaux infestés par ce suceur ne tardent pas à prendre un aspect sale et maladif, les feuilles se cris- pent et les fleurs avortent. HÉMIPTÉHKS. t26N Mêmes moyens à employer contre ce puceron que ceux que nous avons conseillés ci-dessus. IJaphis Lonicerœ de Boyer de Fonscolombe^ et i'aphis Caprifolii de M. Blanchard, nous paraissent être les mêmes que le Xylostei de Schrank. Puceron du camellia. Aphis Camelliae Kaltenbach. Ce petit puceron se trouve assez fréquemment sur les jeunes pousses, les boutons, et même sur les feuilles les plus tendres du camellia, en juin et juillet, lorsque cet arl)uste est en plein air 5 on le rencontre aussi à la fin de l'automne sur les camellias cultivés dans les jardins d'hiver. Il est beaucoup plus petit que celui du pavot, en- tièrement d'un noir mat, plus arrondi et plus bombé que les espèces voisines. La fumée de tabac le détruit sans faire aucun tort aux camellias. On emploie aussi, avec succès, des irrigations avec une solution légère de savon vert. Puceron du pavot. Aphis papaveris Fab. Ce ]>uceron vit, vers la fin du printemps et en été, dans nos jardins, sur une infinité de plantes, et se mul- tiplie d'une manière prodigieuse. Il est d'un noir mat, ovale, fortement bombé, saupoudré de noir ; ses an- tennes sont d'un brun obscur, avec les troisième et quatrième articles blanchâtres; les cornicules sont de longueur moyenne, noires ainsi que la queue, qui est un peu plus courte ; les pattes postérieures sont blan- châtres. 2(Jfi HÉMIPTÈRES. On le IroLive non-seulement sur le pavot et le coque- licot, mais aussi sur la digitale {Digitalis purpurea), sur la bourse à pasteur (Capsella btirsa)^ le chardon des champs {Carduus arvensis), sur les Datura, la valériane officinale, les différentes espèces de millepertuis, la laitue, les scorsonères, les camomilles, les Mesembnjan- themum, les Chysanthemum segetum et leucanthemum, les haricots, les betteraves, etc. Puceron desfèves. Aphisfabse Scopoli. MM. Goureau et Blanchard ont, avec Scopoli, fait une espèce à part de ce puceron, qui, selon les savants monographes Kaltenbach et Koch, ne diffère en rien de celui du pavot. Nous les avons nous-même comparés tous les deux à l'état de larves et à l'état complet, et il nous a été impossible de saisir le plus léger caractère qui puisse autoriser cette séparation. Le puceron noir des fèves de marais {aphis Papaveris), est bien connu de tous les jardiniers. Il pullule avec une telle rapidité' qu'en peu de jours les tiges et les feuilles en sont toutes noires. Puceron noir du laurier rose. Ce puceron, selon Kaltenbach, est encore le même que celui du pavot. On trouve, en outre, sur le laurier rose, trois autres pucerons : le Dianthi^ le Nerii de Kal- tenbach et le Neriastri [aphis nerii Fonscolombe), qu'il ne faut pas confondre avec celui du pavot. Puceron noir du dahlia. Nous l'avions considéré comme identique avec celui HÉMIPTÈRES. , 267 du pavot, et nous avons élt' confirmé dans cette opinion par l'avis qu'a bien voulu nous donner à ce sujet le professeur Kaltenbach. Dans certaines années sèches, il envahit les tiges, les pétioles et les pédoncules des dahlias et nuit beaucoup à la floraison. Puceron noir de l'g^tichaut. M. Kaltenbach admet, comme nous, que le puceron de l'artichaut est tout à fait le même que celui du pavot. î.orsque les tètes d'artichaut sont infestées par cet insecte, il faut les arroser avec une décoction de tabac ou de feuilles de noyer ; on peut encore employer avec succès la cendre de bois. Nous avons aussi rencontré chez nos maraîchers ce même puceron sur les tiges du cardon. Puceron noir de la tomate et de l'aubergine. Nous le réunissons au puceron du pavot. On trouve quelquefois sur la tomate un autre puceron do couleur verte [aphis Solani Kaltenbach). Puceron noir des ombellifères. Nous pensons et M. Kaltenbach nous écrit qu'il est de notre avis, que ce puceron est encore le même que celui du pavot. On le trouve abondamment sur beaucoup d'ombellifères telles qu 'i/erac/eMm, fenouil, jEcjopodium, JEthusa, carotte, etc. Il ne faut pas confondre avec ce puceron noir une autre espèce (Aphis Plantagnis de Schrank, aphis DaiiciFuh.), qui est d'un vert bronzé sau- 26S IlÉMIPTRHES. poudré de noirùlre, et que Ton rencontre très-fréquem- ment aussi sur les ombelles de carotte, d'angélique, etc. Puceron noir des melons. Nous le rapportons comme les précédents au puceron du pavot. Cet insecte est, depuis quelques années, un des enne- mis les plus redoutés de nos maraîchers. Lorsque, mal- heureusement, il pénètre sous les châssis, tous les pieds de melons où il s'établit sont infailliblement perdus. 11 n'y a pas d'autre remède que d'arracher ceux qui sont attaqués, si l'on veut empêcher la contagion. Par mal- heur, on ne s'aperçoit ordinairement de sa présence que lorsqu'il est déjà trop tard de recourir aux fumi- gations de tabac. Celles-ci font bien périr les pucerons, mais ne guérissent pas les plantes que leurs piqûres ont rendues malades. Cependant plusieurs jardiniers clair- voyants ont obtenu quelques succès de ces fumigations, en les faisant au début de l'apparition de ces insectes. Ce remède peut quelquefois être efficace dans les bâches, mais il est peu applicable aux melons que l'on cultive sous cloches. Puceron noir de l'arroche. Aphis atriplicis Fab. Nous avons vu quelquefois des airroches, {Atriplex hor- lensis)^ dont les tiges étaient envahies par ce puceron jusqu'au sommet. Quoique Fabricius en ait fait une es- pèce, nous le regardons avec Kaltenbach comme iden- tique avec celui du pavot ; l'année dernière, il a été très-abondant sur les Alriplex. HEMIPTERES. 260 Puceron de la laitue . Aphis Lactucœ Réaunuir. Deux pucerons se renconlrent sur la laitue cl sur la romaine, presque aussi communément l'un que l'autre et quelquefois tous les deux à la fois. L'un est le puce- ron de la laitue, figuré par Réaumur Ins. III, pi. 22, fig. 3,- 4 ; l'autre le puceron du laiteron {aphis Sonchi Linné). Le premier est allongé, d'un vert clair luisant, avec les antennes, les cornicules et la petite queue d'un jaune blanchâtre. Le second est d'un brun luisant, lavé de rouge sur les côtés, avec les cornicules et les antennes noires, et la petite queue d'un vert jaunâtre. Koch donne à ce dernier le nom de Lactucœ et le fi- gure très-exactement. Ces deux insectes sont aussi préjudiciables à l'horti- culture l'un que l'autre-, ils envahissent les pieds qui montent à Heur, souvent en si grande quantité qu'ils atrophient les porte-graines. Us vivent aussi sur les différentes espèces de laiterons, la lampsane, le prénanthe des murailles, la piloselle des murs, la laitue vireuse et le chrysanthème des moissons. Dans certains jardins, on rencontre encore sur la laitue et sur la romaine une troisième espèce de puceron, qui est très polyphage, c'est le puceron noir du pavot. On trouve, presque pendant tout l'hiver, le puceron de la laitue chez les maraîchers qui cultivent sous châssis de la laitue et de la romaine de primeur. Puceron du Laurier-rose. Aphis nerii Kaltenbach. Le laurier-rose, comme la plupart des autres végétaux. 270 IIÉMII'TÉHh>. (3st sujet à être attcKjué par les pucerons. Outre le pu- ceron de l'œillet, qui s accommode de presque toutes les plantes cultivées en orangerie, il nourrit une espèce qui lui est propre. Elle est d'un noir mat, tiquetée de brun et de vert en dessus et d'une couleur plus ou moins noirâtre en dessous ; les antennes et les jambes sont blanchâtres ; les cornicules sont de longueur moyenne, noires, avec l'extrémité plus claire; la petite queue est d'un vert sale, un peu en massue, moitié moins longue que les cornicules. On le trouve, en général, pendant les mois d'hiver, sur les lauriers- roses que l'on abrite pour les garan- tir des gelées . il se tient à l'extrémité des jeunes pousses. Il ne résiste pas à la fumée de tabac. Boyer de Fonscolombe décrit un autre puceron du laurier-rose, tout à fait dilTérentde celui que nous con- naissons. Il est, dit-il, entièrement jaune, avec les pattes noires et les cornicules brunes. Pour éviter toute con- fusion nous lui donnons le nom de Neriastri. Il vit en Provence sur les lauriers-roses cultivés à l'air libre. Nous n'avons jamais eu occasion d'observer cette espèce méridionale. Kocli, dans sa belle monographie, ne parle pas du pu- ceron du laurier-rose. Puceron du sureau. Aphis sambuci Linné. Très-abondant, on juin et juillet, dans les parcs et les jardins, à l'extrémité des branches du sureau noir et du sureau à grappes, il se multiplie si prodi- UEMli'TÉHLS. 27'l gieuseinent qu'au bout de quelques jours, les feuilles en sont noires. Il ressemble un peu à celui qui vit sur le genêt d'Es- })agne. Il est ovale, raccourci, très-bombé, d'une couleur noire, avec une légère elllorescence pruineuse ; les cor- nicules sont longues et la petite queue est au contraire assez courte. Ce qu'il y a de mieux à l'aire, lorsqu'on commence à s'apercevoir de sa présence, c'est de couper les rameaux atteints et de les brûler. Puceron du genêt d'Espagne. Aphis laburni Ivalt. Il est ovale, allongé, noir, saupoudré de bleuâtre. Les antennes sont noires avec le troisième, le quatrième et la base du cinquième articles blancs; les cornicules sont à peine plus longues que la petite queue et d'un noir obscur. On le trouve en juin et juillet, sur les jeunes pousses du genêt d'Espagne, sur le cytise des Alpes, le Sparlium album et quelquefois sur le genêt à balais. C'est cet insecte que Boyer de Fonscolombe a décrit comme Vaphis Genistœ de Scopoli (puceron du genêt). Il est vrai que les deux espèces se ressemblent beaucoup par la forme et par la couleur ; mais on les distingue aisément, en ce que ce dernier a la queue plus longue que les cornicules. 11 ne vit pas dans les jardins, nous ne l'avons observé que sur le Genista anglica qui croit dans les bruyères tourbeuses et sur le Genisla piiosa. :272 HEMIPTERES. Puceron du chêne-vert. Aphis ilicicola. Nous avons reçu plusieurs fois ce puceron du midi de la France, où il parait être assez commun ; il nous a été communiqué aussi par M. Audiffred, excellent observa- teur, qui l'a remarqué, l'année dernière, pour la première fois, sur des chênes-verts, dans sa propriété de Corbeil, où, dit-il, ces insectes formaient, au bout des branches, des grappes comparables à des essaims d'abeilles. Il est extrêmement voisin du Roboris de Linné et ap- partient de même au genre Lachnus d'Illiger. Il est noi- râtre, luisant, à reflet presque métallique, saupoudré, ça et là, de quelques légers atomes blanchtilres, dépourvu de queue et de cornicules ; les pattes postérieures sont très- longues; les antennes sont courtes et d'un brun pâle ; le bec est très-long ; le dessus du corps présente quatre petites saillies, dont les deux postérieures, plus pronon- cées, occupent la place des cornicules. Ce puceron est rare aux environs de Paris où le chêne- vert est peu cultivé. 11 répand une forte odeur de bois de chêne nouvelle- ment débité. Il paraît, en juin, dans le Midi et ne disparaît tout à fait qu'au commencement de l'hiver. L'aphis Roboris de Linné, très-bien figuré par Koch, est assez commun sur les chênes de nos bois, depuis le mois de juillet jusqu'en septembre. Puceron Lanigère. — Apis Lanigera Hausinann. (le puceron, tel ([u'il apparaît sur nos pommiers, est HÉMIPTÈRES. 275 d'un bran rougeàtre recouvert d'une sécrétion coton- neuse ou espèce de duvet qui l'enveloppe et le cache presque entièrement. Il est dépourvu de cornicules; ses antennes sont courtes, d'une couleur blanchâtre ainsi que son bec, A l'automne, on voit paraître des mâles et des femelles ailés ; ils s'accouplent et pondent des œufs qui passent l'hiver. Ces individus, destinés à perpétuer l'espèce, sont d'un brun-marron clair, garnis d'un duvet blanc et munis d'ailes transparentes. Le puceron lanigère, lorsqu'on l'écrase , colore les doigts en rouge vineux. Tous les individus ne périssent pas à l'automne; il y en a qui descendent sur les racines assez profondément en terre pour résister aux rigueurs de l'hiver, et qui remontent au printemps sur le tronc ou sur les jeunes pousses des pommiers pour y fonder de nouvelles colonies. Ainsi que nous l'avons dit dans nos généralités, cet insecte est d'une importation assez récente en Europe. C'est un grand fléau pour les pommiers; il s'établit en familles nombreuses, sur les jeunes branches, sur le tronc et même sur les racines, et détermine, par ses piqûres dont la conséquence est un afïlux de sève, des loupes, des nodosités chancreuses et des déformations de toute nature, qui augmentent chaque année, et occa- sionnent quelquefois la mort. On a proposé, depuis l'apparition du puceron lani- gère, bien des moyens pour le détruire ou pour amoin- drir ses dégàls. Mais on n'en connaît pas encore un qui réussisse à l'anéantir complètement. Notre collègue, M. Forest, l'un de nos bons professeurs d'arboricul- 18 nh- HÉMIPTÈRES. Inre, l'a observé dès son début; il a conseillé et employé, avec quelque succès, le brossage qui en jette à terre une partie et écrase le reste. Certains pépiniéristes ont fait usage de lait de chaux appliqué au pinceau ; d'au- tres ont essayé la lessive, la décoction de tabac, la ben- zine ou une solution de colle forte. Nous pensons que les lotions avec une solution de sulfate de cuivre seraient préférables à tous ces remèdes. Quand on a seulement quelques cordons de pommiers d'attaqués, un excellent moyen est l'emploi de lalcool conseillé par M. Rivière. Dans tous les cas, il est toujours bon, à l'entrée de l'hiver, de badigeonner le tronc et les grosses branches des pommiers avec du lait de chaux, dont l'action alcaline est nuisible à tous les insectes qui se réfugient dans lés crevasses des écorces. Audouin, dans le tome IV des Annales de la Société entomologique de France^ page 9 du Bulletin, donne la description suivante des exostoses occasionnées aux pommiers par le puceron lanigère : « La branche en- vahie par cet insecte ne présente d'abord aucune altéra- tion bien sensible ; on voit, à la surface, quelques petites ondulations ou quelques petites bosselures, et ordinai- rement un sillon plus ou moins élargi, qui divise la branche dans le sens longitudinal et quelquefois dans une étendue de plusieurs pouces. C'est dans l'intérieur de ce sillon plus ou moins élargi que sont logés et fixés au pommier les nombreux pucerons qui attaquent les jeunes pousses ; placés à la face inférieure de la branche, ils se trouvent ainsi à l'abri de la pluie. Cette première altération, produite sur les jets du pommier, n'est donc pas d'abord bien frappante, et toutefois elle suflit, pour HÉMIPTÈRES. 276 modifier à jamais la végétation de l'arbre. En effet, dès ce moment, la sève semble s'épancher sur ce point, et déjà la deuxième année on aperçoit une petite nodo- sité, qui devient plus sensible la troisième année, se fait remarquer davantage la quatrième, et finit, au bout de six ou sept ans, par atteindre le volume du poing. Ces nodosités ont l'écorce à l'état normal, et elles sont for- mées par des couches ligneuses qui ne se sont dévelop- pées que du côté où se trouvent lespucerons, et y forment le tubercule dans lequel chaque -couche conserve encore [)lus ou moins la trace du sillon formé primitivement par les pucerons. » Le puceron lanigère fait partie du genre Schizoneura de Hartig. Puceron de l'orme. Aphis ulmi Linné Lesjeunes ormeaux, cultivés dans les parcs, sont très- souvent attaqués par deux espèces de pucerons décrits et figurés par Réaumur et Degeer, et portant l'un et l'autre le nom à'ulmi. Kaltenbach et Koch conservent le nom à'ulmi à ces deux insectes ; mais ils les placent dans deux genres différents. Le premier, qui est Vaphisulmi de Linné, fait partie du genre Schizoneura de Hartig. Le second appartient au genre Tetraneura du même auteur. L'espèce décrite par Linné est d'un vert plus ou moins foncé, sphéroïde, garnie d'une villosité cotonneuse, avec les pattes raccourcies, brunâtres, et les antennes très- courtes ; elle est dépourvue de queue et de cornicules; Elle pique avec son bec les feuilles des ormes et y.prati- que une petite ou verturesurlaquelle elle déposeles germes 276 HÉMIPTÈRES. de sa dynastie. La scve en s'extravasant, détermine la formation de grosses ampoules ou vésicules qui tien- nent à la feuille par un pédicule. Si l'on ouvre ces vési- cules avant qu elles soient percées, on les trouve remplies de petits pucerons enveloppés d'un duvet blanchâtre. L'autre, ap^î5 w/mi de Degeer, est glabre, luisant, d'un noir verdàtre, sans aucune villosité cotonneuse. Il vit sous les feuilles des ormes quil plie et involute. Ce puceron est, comme le précédent, sans queue et sans cornicules. Tous les pépiniéristes .ont remarqué, sur les feuilles des peupliers, des excroissances allongées en forme de cornets, adhérentes le plus ordinairement aux pétioles ; ces sortes de cornets sont l'ouvrage d'un puceron ; en les déroulant on trouve dans leur intérieur une petite famille de ces insectes. Ceux-ci sont très- velus et recou- verts d'un duvet cotonneux blanc, qui masque la couleur verdàtre de leur corps; Hartig, Kaltenbach et Koch pla- cent ce puceron dans le genre Pemphigus. Linné l'a dé- crit sous le nom aphis bursarius ; il est très-bien figuré parRéaumur. {Ins., lil, tab. 26, fig. 7-11.) Tous les pucerons dont il vient d'être question, vivent à découvert sur les plantes, et les mâles sont toujours pourvus d'ailes. Il nous reste à parler main- tenant d'une autre race de ces petits animaux dont les mâles sont aptères aussi bien que les femelles, et dont les antennes très-courtes sont composées d'un petit nombre d'articles. Les insectes de ce petit groupe n'ont ni queue ni cornicules à l'extrémité de l'abdomen, et leur existence est tout à fait souterraine ; ils vivent à la racine des plantes en société avec les fourmis. HÉMIPTÈRES. 277 Puceron des racines. Aphis radicum Kirby — Forda formicaria Heydeii. — Rhizoterus vacca Ilartig. Avant Boyer de Fonscolombe, le célèbre LéonDufour, et notre savant collègue, le colonel Goureau, aucun auteur français, à notre connaissance, n'avait parlé des pucerons des racines. Celui dont il est ici question, n'est cependant pas le même que celui décrit sous le même nom, par M. Goureau, comme attaquant les racines de l'artichaut. Le véritable puceron des racines de Kirby etSpence, se lient en familles nombreuses au milieu des fourmis à la racine des graminées, dans les prés, dans les pe- louses, etc. 5 il suce les racines de ces plantes et les fait périr comme si elles étaient rongées par les vers blancs. Lorsqu'on arrache une touffe de ces graminées fanées, on voit que toutes les racines sont couvertes de pucerons et de fourmis faisant très-bon ménage ensemble ; si ensuite on secoue la motte pour faire tomber ces insectes, immédiatement les fourmis s'in- quiètent et se tourmentent comme lorsque l'on boule- verse leur fourmilière; elles saisissent les pucerons délicatement avec leurs mandibules et les emportent comme elles font ordinairement de leurs œufs. Elles ont tellement d'affection et de soins pour leurs hôtes, que Kirby et Spence appellent ces pucerons « Milk-cow et les Allemands Milchkuh, » vache à lait, supposant ' avec raison qu'elles les soignent pour se nourrir de la matière miellée qu'ils sécrètent. M. Goureau croit, et nous partageons cette opinion, que ce sont les fourmis ■îla HK.MH'TKIIE^. qui se chargent de les transporter d'une plante malade sur les racines d'une plante bien portante. Le puceron des racines est entièrement glabre, ovale, raccourci, d'un jaune verdâtre ou d'un jaune un peu lui- sant; ses antennes et ses jambes sont d'un jaune ver- dâtre. Le nom spécifique de vacca a été suggéré à Ilartig par le nom anglais de Milk-cow (1). « Puceron des poteries. Aphis myrmecaria. Ce petit puceron appartient, comme le précédent, au genre Forda de Heyden. Il est très- voisin de celui des graminées et vit de même au milieu des fourmis. Il est f.^^ V plus petit, plus convexe, d'un blanc- '^ \ grisâtre étiolé, avec les tarses et les ;f,-riiLL-ioi .les potciies. antcnncs d'une couleur brunâtre. On le rencontre dans la poterie des serres et quelquefois dans les pots de jardin au pied des Cac- tus, des Fuschia^ des Lantana, des Cuphea, etc. Il n'y a pas d'autre moyen de le détruire, que de bien nettoyer les plantes, en les secouant sur un baquet rempli d'eau, et de leur donner un bon rempotage dans de la terre neuve (1) Boyer de Fonscolorabe a précisément décrit cette même espèce comme nouvelle sous le nom û' Aphis radicum, sans se douter que Kirby et Spence lui avaient, bien anlérieuremenl, imposé le même nom. HEMIPTERES. Puceron troglodyte. Aphis troglodytes Ileyden. Mus. Senk. Trama radicis Kaltenb. .Mouog. Aphis radicum Goureau. C'est à cette espèce et non à la première,, qu'il faut rapporter le puceron des racines décrit par M. Goureau. li est ovale, allongé, d'un jaune pâle ou d'un blanc- grisâtre mat, velu. Jamais il ne mange de graminées. 11 vit en familles nombreuses au milieu des fourmis, exclusivement sur les racines des Synanthérées, telles que pissenlit, chardon des champs, laiterons, artichaut, piloselle, laitue, chicorée, scarole. C'est un ennemi qui fait beaucoup de tort à nos maraîchers, pendant les mois d'automne. Lorsqu'il a envahi un pied de chicorée, la plante qui d'abord pa- raissait très-vigoureuse, se fane, tombe en javelle (terme de jardinier^, et est complètement perdue. Nous avons vu dans beaucoup de marais des environs de Paris, notamment chez MM. Duchefdelaville, au faubourg Saint-Antoine, une assez grande quantité de pieds de salade dont les racines étaient envahies par ce puceron. Au premier coup d'œil, on distinguait au milieu des planches de chicorée, les pieds qui commençaient à se flétrir, et qui étaient déjà perdus pour le cultivateur. On peut essayer., pour détruire ce puceron, des ar- rosements, avec une solution de sulfate de fer, une décoction de plantes acres, telles qu'euphorbe, Stra- monium^ feuilles de noyer, de tabac, etc., additionnée d'un peu de sel de cuisine. M. V. Heyden Mus. Senkenberg, 1837, 11,293, a fait 280 UÉiMlFTÉRES. avec cette espèce le genre Trama, parce qu'il a trouvé qu'elle avait un article de plus aux antennes que le genre Forcla. M. V. Heyden donne la description d'une autre espèce de puceron souterrain ; il est ovale, d'un jaune de cire, luisant, entièrement glabre. Il l'appelle cimicijormis et en fait un genre propre sous le nom de Paracletus. Il l'a découvert aux environs de Francfort, dans les nids de la fourmi rousse, formica rufa, grosse fourmi des bois. Nous n'avons jamais vu ce puceron, qui, d'ailleurs, ne peut causer aucun dom- mage à nos horticulteurs. Les pucerons des racines dont nous venons de parler ne sont pas les seuls qui aient été observés et décrits. Feu le docteur Passerini, professeur à l'Université de Florence, en à fait connaître sept autres espèces, dont les cinq premières sont comprises dans le genre Tychea de Koch et, les deux dernières, dans le genre Rhizobius de Burmeister. Voici les noms de ces espèces italiennes dont sans doute quelques-unes habitent le midi de la France. 1 Puceron de l'éragrostis, apliis (tychea) Eragrostidis, Passerini. Sur les racines de Veragrostis megastachys et sur celles de la Setaria glauca. 2 Puceron soyeux, aphis (tychea) setulosa, Passerini. Sur les racines de l'Oriza montana. 3 Puceron des haricots, aphis (tychea) Phaseoli, Passe- rini. Sur les racines des haricots, des choux, de VAma- ranllms retroflexus ef de l'Euphorbia lalhyris. HÉMIPTÈRES. 281 4Puceron de la selaria, aphis (tychea) Setariœ, Passe- riiii. Sur les racines des Setaria viridis et glauca^ du maïs et de la laitue. Nous craignons que pour cette espèce, Passerini n'ait confondu le puceron avec le troglodyte de la Setaria. 5 Puceron, trivial aj^Ms (tychea) Tmiaits, Passerini. Sur les racines du Poa trivialis, du blé, du Cynodon Dactylon, des Festuca elatior et duriuscula. 6 Puceron de la racine du laiteron, aphis (rhizobius Sonchi, Passerini. Sur les racines de chicorée et de millefeuille. Ce petit puceron vit, comme les espèces congénères, au milieu des fourmis. Il pourrait bien être le même que le Pilosellœ de Burmeister. 7 Puceron de la menthe, aphis (rhizobius) menthœ, Passerini. Sur les racines de la Mentha arvensis. Nous n'avons vu aucune de ces espèces en nature. GENRE ADELGE. ADELGES Vallot. ' Ce genre, l'un des plus remarquables de la famille des Aphidiens (pucerons)^ a pour caractères des antennes courtes, de cinq articles ; des ailes en toit, dont les su- périeures n'ont que trois nervures transversales; un abdomen dépourvu de cornicules et de petite queue. Kallenbach en fait le genre Chermes, mais, pour éviter toute confusion avec les Coccides, nous avons préféré 282 HÉMIPTÈRES. adopter le nom d'Adelges donné par Vallot. On n'en connaît encore que quatre à cinq espèces vivant toutes sur des arbres résineux, d'où leur vient le nom alle- mand de Tannenlàuse (pou du sapin). Nous en avons deux espèces dans les parcs aux environs de Paris. A l'état parfait, ces insectes ont entre eux les plus grands rapports; ils sont très-petits, et les individus ailés ont les ailes beaucoup plus courtes que les pucerons. 38. — 1. Atlelge «lu saiiin mâle. Adelgcs ahictis. — 2. La lomcllc. 3. La lemellc grossie. — h. Le nid. Adelge du sapin. Adelges abietis Linn. Chermes abietis, Kaltenbacli Pflanzenl.^ I Theil, p. 200. — Chermes viridis Ratzbuig. Bd. 111. pi. Xli fig. 2. — Psylledu sapin (ieolV. ins. I. p. /iS". S. Cet insecte dont Geoffroy a fait une psylle, est quelque- fois assez commun sur les sapins; il est jaune ou d'un liÉMIPÏliltES. Î83 jaune un peu roussàlre, avec de gros yeux saillants d'un brun foncé et un petit point noir bien marqué sur le frontj les ailes, chez les individus qui en sont pourvus, sont transparentes, à reflet bleuâtre. Ce petit animal occasionne, à l'extrémité des jeunes branches des épicéas et des sapins, une singulière mons- truosité : le bout du rameau, piqué par la femelle pour y déposer ses œufs, se dilate et forme des écailles dis- posées en alvéoles, ou en cellules à jour dans lesquelles se trouvent de petites larves d'aphidiens enveloppées d'un duvet blanc, et qui, plus tard, doivent produire l'insecte parfait. Il faut couper et brûler toutes ces galles alvéolées. Adelge des conifères. Adelges strobilobius Kall. Cet insecte, un peu moins commun aux environs de Paris que l'espèce précédente, est probablement le même que celui décrit par Ratzburg sous le nom de Chenues coccmeus\ il est très-petit, d'un rouge-brun assez foncé, avec le dessus de la tète et du corselet d'une couleur plus obscure. L'abdomen est marqué à son extrémité d'une tache assez grosse saupoudrée de blanc. Il vit sur jes jeunes pousses des sapins, où la piqûre de la mère détermine une monstruosité de forme conique, ressemblant à une petite pomme de pin ou à une éponge dont toutes les cellules seraient égales et régulières. Les jeunes adelges se tiennent dans ces sortes d'al- véoles, enveloppés d'un duvet cotonneux. Pour détruire cet insecte dans les endroits où il est assez commun pour être nuisible, il faut enlever, en mai et juin, les pousses attaquées et les brûler. HEMIPTERES, Liste des Pucerons décrits dans la Monographie de Kaltenbach. 1 . Aphis ro8»e, puceron du rosier, vert. Sur les jeunes pousses du rosier. 2. — rosarmn, plus petit, d'un jaune vert. Sous les feuilles de différentes variétés de rosiers, dans les serres et enplein air. 3. — millefolii, vert, avec des raies transversales noires. Sur les Achillœa mille folium. et ptarmica. 4. — upticae, vert OU d'un vert obscur avec des stries plus foncées. Sur les Urtica dioim et nrens et sur le géranium robertiammi, 5. — solani, d'un vert d'herbe. Sur la pomme de terre. 6. — cerealis, vert ou d'un brun roussâtre. Sur le sei- gle, le blé, VAvenafatua^ VHordmmmurinum, les Bromus mollis et secalinus^ le Dactylisglomerata et autres graminées. 7. — hieracii, vert, luisant. Sur les Hieracixim sylvati- cum^ murorum et pilosella. 8. — tanacetaria, vert, avec deux lignes d'un blanc grisâtre. Sur la tanaisie, l'armoise et l'ab- sinthe. 9. — tanaceti, d'un brun rougeàtre. Sur les jeunes tiges de la tanaisie ; plus rare que le précé- dent. 40, — tanaceticola," d'un rouge écarlate. Sous les feuilles de la tanaisie. \\ . — ticiœ, d'un vert olivâtre. Sur là Vida saliva^ le Lathyrus Pratensis . 12. — pelargonii, vert. Sous les feuilles des pelargo- nium. cultivés dans les serres ou les apparte- ments. HEMIPTERES. 285 13. Aphis pisi, d'un voi-l d'Iierhc, avec des ligues plus fon- cées. Sur les diffe'rentes sortes de pois, le Lotus siliquosus, les Ononis, les Trifolium pratense et informe, les Lathyms, le baguenaudier, le ge- nêt à balais, le Geum urbanum, la reine des prés, VEpilobmm montanum. 14. — pubi, d'un vert clair ou d'un jaunâtre pille. Sur le framboisier et les autres espèces de rubus des haies et des bois. 15. — scrratula;, brun, à reflet métallique. Sur les Cir- sium arvense et oleraceum. 16. — campanul», d'un brun-rouge luisant. Sur la Campanula rotundifolia. ^7 — jaceae, d'un brun foncé. Sur les CentowreacyawMs, nigrescens^ scabiosa, etc., et sur les Carduus nu- tans^ crispus et acanthoides. 18. — picriflis, brun, d'un luisant métallique. Sur beaucoup de plantes syngénèses, ptirticulière- ment sur le Picris hieradoides^ les Crépis virens et bientiis^ les Aspargia autumnalis, hispida, etc. 19. — soncliî, d'un brun luisant. Vit sur les divers lai- terons, la lampsane, le chrysanthème des mois- sons, la laitue. 20. — taraxaci, d'un brun couleur de café. Sur le pis- senlit {Leontodon taraxacum). 21. — absynthii, brun saupoudré de blanchâtre. Sur l'absinthe et YArte^nisia abrotanum. 22. — solidaginis, d'un rouge-brun brillant. Sur la verge il'or {Solidago virgaurea). 23. — ribicola, d'un noir luisant. Sur le groseillier des Alpes. 24 . — js:aleopsidis, d'un blanc verdâtre. Sur le Galeopsis tetrahit^ les Lamiiim album ^ purpurewn eiamplexi- caw/e, le Stnchys sylvatica, les Polygonum hydro- piper et lapathifolium . 285 HEMIPTERES. 25. Aphis hiimuli, d'un vert clair, avec des lignes plus fon- cées. Sur le houblon. En France, ce puceron n'est pas Uès-com- mun ; on le rencontre cependant de temps en temps sur le houblon qui croît naturellement dans les lieux humides. Il ne cause aucun dom- mage chez nous, qui possédons d'autres vigno- bles que des houhlonniéres -, mais il n'en est pas de même dans les pays voisins où cette plante est cultivée en grand, comme en Angleterre, en Belgique, en Prusse, en Bohême, etc. It y a des années où les houblonnières sont en partie dé- truites par cet insecte. Selon M. Westwood, il a causé, en 1 846, dans l'Angleterre seule, une perte de près de treize millions de francs. 2b. — lactucœ, d'un vert-clair luisant. Sur les diiïé- rentes espèces Sonchm et souvent aussi sur la laitue. il. — ribis, d'un jaune citron. Sur le groseillier (Eiftcs rubrum.) 28. ■— convolTuli, d'un jaune pâle. Sous les feuilles du liseron {Convolvulus sœpium). 29. — chclidonii, d'un jaune vert. Sur la chélidoine {Chelidonium majus) . 30. — dianthi, jaune ou d'un jaune verdâlrc. Sur l'œil- let des fleuristes, les difl'érentes variétés de Fuchsia^ les tulipes, les Crocus, les narcisses, les Jacinthes, les Mesembrianthemum^ les verveines et plusieurs autres plantes cultivées en pot ou dans les serres. 31. — betulicola , jaune. Sur le bouleau {Betula alba) . 3i. — cerasi, noir, chagriné. Sur les cerisiers. 33. — aparines, brunâtre. Sur le grateron (Galium apa- rine). 34. — liig^ustri, d'un jaune citron. Sur le Iroène des iiaies {LvpMrmn vuJgare). HEMIPTERES. 28-7 35. Aphis lioiiîccra', (riiu vorl chii' on d'un jcUine voi'dù- Lrc. Sous les feuilles du Lonicera taturica et xy- losteum. 36. •— E-ytliri, vert, ridé. Sur la salicaire (L?/i/tntm sa/i- caria). 37. — pruni, vcrL, saupoudré de blanchâtre. Sous les leuilles de diflérentes* variétés de pruniers et même sui' le prunellier. 38. — ai'undiuis, d'un vcrt pâle. Sur VAvimdo phrag- mites . 39. — urticaria, d'un vert mat, marbré de jaune et de vert. Cette seconde espèce propre à l'ortie (ÏJr- tica dioica), se trouve aussi sur la ronce et le framboisier. 40 — capsellae, d'un vert foncé. Sur la bourse cà pas- teur (Capsella bursa pastoris). 41 . — plantajïinis, d'un vert-foncé mat. Sur le plan- tain (Plantmjo major) ; la millefeuille, le pissen- lit, le lychnis dioïque. Ce puceron se tient au- dessus du collet de la racine. 42. — scabiosse, varié de vert clair et de vert foncé. Sur les tiges florales de la scabieuse des champs et quelquefois sur la Nicotiana nistica. 43. — symphiti, d'un vert de poireau. Sur la consoude \Sijinphitum consolida). 44. — sedî, d'un vert bronzé. Sur les Sedum telephium^ maximum^ alhum^ reflexum^ etc. 45. — rhamni, d'un vert bronzé. Sur la bourdaine (fihamnus frangula). 46 . — epilobîi.îd'un vert foncé. Sur les^pilôbium roseum, montanmn., etc. 47. — cratseg'î, noir. Sur l'aubépine. 48. — si'rossularise, d'uu vert plus OU moins obscur. Sur les groseilliers et le cassis. 188 HEMIPTERES. 49. Aphis jacoWese, d'un vert obscur. Sur la jacobée {Senecio jocohœa). 50. — ranunculî, d'un vcrl-poireau sale et sans bril- lant. Sur les Ranunculus acris , bulbosus et repens. 54. — sorbi, d'un jaune verdâtre. Sur le sorbier des oi- seaux. 52. — mali, d'un vcrt gai plus ou moins obscur. Sur les feuilles du pommier et du poirier. 53. — paili^ verdâlre, ou marbré de vert foncé. Sur le bois de Sainte-Lucie (Prunus padus) et sur plu- sieurs espèces de Cratœgus. 54. — nasturtii, d'un noir luisant, avec l'extrémité du corps verte. Sur les liges et les pédoncules des Nasturtium amphibium et sylvestre. 55. — nepetse, vert ou d'un vert obscur. Sur le Jîepetaca- taria. 56. — >îburni, d'un brun noir ou complètement noir. Sur le Viburnum 02mIhs^ principalement sur la variété appelée boule de neige . 57. — eTonymi,brun café ou noir. Sous les feuilles du fusain (Evonymus europœus). 5S. — rumicis, tantôt d'un noir foncé, tantôt d'un noir verdâtre un peu bronzé. Sur les difl'érentes es- pèces de Rumex., quelquefois sur la bardane et sur Vachillœa ptarmica. 59. . — papaTcrîs, d'un noir mat. Sur le pavot, les fèves de marais, le coquelicot, la digitale, la bourse à pasteur, leaCnicus arvensis Ql pahistris^ YAnthris- cus, VJEthusa cynapium., le laurier-rose, YAtriplex hastata^ le Chenopodium album, le séneçon, la va- léi'iane officinale, les différentes sortes des mil- lepertuis, les scorsonères, les Datura^ la laitue, la camomille, le chrysanthème des moissons, les haricots, les Heracleum^ les melons, les con- combres, etc. Ce puceron noir est l'espèce la plus fréquente dans les jardins. HÉMIPTÈRES. 289 60. Aphis sambuci, noir avec un reflet un peu bleuAlre. Sur le sureau noir et le sureau à grappes. 61. — laburni, noir saupoudré de bleu. Sur le cytise des Alpes, sur les Spartium, le genêt d'Es- pagne. 62. — craccse, noir saupoudré de blanc bleuâtre. Sur la Vicia cracca. 63. — gr^lii, noir saupoudré légèrement de bleuâtre. Sur ^ les tiges du Galium mollugo. 64. — ilicîs, d'un brun foncé, légèrement saupoudré de noir. Sur le houx (Ilex aquifolium). 65. — hederœ, d'un brun foncé mat. Sur le lierre (Ee- dera hélix). 66. — ^enistœ, noir à reflet bleuâtre. Sur les Genista tinctoria^ pilosa et anglica. 67. — lychni^is , d'un noir luisant. Sur- le Lychnis dioica. 68. — pertiicse^ d'un brun luisant ou d'un brun olivâtrj. Dans les feuilles cloquées du pêcher. 69. — euphorbiae^ d'un noir mat. Sur ÏEuphorbia cypa- rissias . 70. — bepberidis, ridé, d'un jaune citron. Sous les feuilles du berbéris ou épine-vinette. 71 . — myricœ, jaune. Sur le Myrica gale. 72 . — Titellinœ, d'un vert jaune. Sur les Salix babylo- nica (saule-pleureur), fragilis et triandra. 73. — quepcus, jaunâtre, verdâtre et quelquefois d'un vert obscur. Sous les feuilles de diverses espèces de chêne. 74. — erysimi, d'un gris vert ou d'un gris jaunâtre. Sur Térysimum officinal et quelquefois sur le Ba- phanus raphanistrum. 7o. — helichrysi, d'un jaune vert. Sur VHelirhrysam xhrysanthum, V Anthémis tinctoria et quelquefois sur VAchillœa ptarmim. 19 290 HÉMIPTÈRES. 76. Aphis saliceti, verl ou jaune. Sur les Salix viminalis (osier) et caprea. 77. — nympheœ, d'un vert olivâtre. Sur plusieursplantes aquatiques, telles que Nymphœa alba et lutea, AHsma plantago^ Potamogeton natans, etc. 78. — pimpinellae, d'un vert-bronzé obscur. Sur les Pimpinella magna et saxifraga. 79. — brassicse, d'un gris verdâtre. Sur les choux, les radis, le RaphaMs raphanistrum, le Sinapis ar- vensis, leDiplotaxis tenuifoliael le Capsella biirsa pastoris. 80. — chenopodii, vert, saupoudré de blanc. Sur les Chenopodium. 84 . — aTenœ, d'un vert foncé. Sur l'avoine cultivée et sur VAvena fatua. 82. — capreae, vert obscur. Sur une infinité de plantes de genres diflerents, telles que : Salix babylo- nica^ caprea, amygdalina^Heracîeumsphondylium^ Imperatoria sylvestris, Œgopodium podagraria , Chœrophyllum temulum, Pastinaca sativa^ Conium maculatunij et autres ombellifères. 83. — xylostei, d'un vert blanchâtre. Sur le chèvrefeuille des jardins. 84. — glyceriae, d'un vert mat, avec des] raies plus claires sur le dos. Sur le Glycena fiuitans^ le Poa annua, le Phalaris arundinacea et plusieurs petites espèces de joncs. 85. — antennata, vert. Sur le Betuîa alba. 86. — carduî, vert ou noir en-dessus, avec des nuances intermédiaires. Sur les mauves, les diCTérentes sortes de séneçons, les Cardmis lanceolatus ., nutans, crispus et acanthoides. 87. -- populea, gris ou d'un gris verdâtre. Mai et juil- let, sur le peuplier d'Italie, les Sakxalba^ vitelli- na et caprea. HEMIPTERES. 291 88. Aphis nerii, d'au noir mallachelé de verl. De janvier jusqu'en avril, dans les serres, sur le laurier- rosc, souvent en compagnie du puceron de l'œillet. 89. — betiilaria, d'un rouge brun, avec deux raies jaunes. D'août en septembre, sur le bouleau des bois. 90. — salicti, noir ou d'un brun foncé avec des lignes jaun;Ures sur le dos. De juin en septembre, sur le Salix caprea (saule marceau). 91 . — camellise, d'un brun noir mat. De juin en juil- let, sur les diverses variétés de camellia, quel- quefois en compagnie de Vacarus coccineus. 92. — prunicola, d'un noir-brun très-luisant. Juin et juillet, sur le prunellier. 93. — tras^opog^onis, d'une couleur brune. De mai en juillet, sur le Tragopogon pratense. 94. — aceris, velu, brun, mêlé de grisâtre. En mai et même plus lard, sur les érables (Acer campestrc, pseudoplatanus^ platanoides , tataricum et ne- gimdo). 95. — populi, velu, d'un noir luisant en-dessus, d'un verl mal en-dessous. De juin en juillet, sous les feuilles des Populus tremula, dilatata et nigra. 96. — tilise, jaune tiqueté de noir. De juin en août, sous les feuilles des tilleuls. 97. . — salicis, velu, d'un noir verdàlre. De juin en juillet, sur différentes espèces de Salix. 98. — oblonga, d'un noir-brun luisant, maculé. Sur le BeMapubescens. 99 . — quadrituberculata, d'un vert clair, maculé. Sous les feuilles du bouleau blanc. 100 — uiçritarsis, vert. De juin en août, sous les feuilles du bouleau blanc. 292 HÉMIPTÈRES. 101. Aphi» quercea, vci'dâlrc, couveil d'une sécrétion (rmi blanc de neige. En juin, sous les feuilles des jeunes chênes. 102. — alni, jaune. D'août en septembre, sous les feuilles de l'aune {AInus glutinosa). 103. — fraxini, Geoffroy (1), varié de noir et de vert. Sur le frêne. 104. — ligustici, Fabr.. noir. Sur le ligusticum. ^05. — pistaciae, Linn. Vil dans le midi de la Franco sur le lentisque (Pistada lentiscus). 406. — Titis, Scopoli, verdâtre. Sur la vigne. /|07. — achillese, Fabricius, jaunâtre, avec l'abdomen vert. Sur le millefeuille, à Kiel. 108. — piceœ, Panzer, noir. En juillet, sur les sapins du nord, en Suède. «09. — cMîci, Schrank, d'un brun rougeâtre. Entre les fleurs des drsium. 110. — alni, Schrank, d'un rouge brun ou d'un vert pâle. Sur les pétioles des feuilles d'aune. 111. — sanguisorbïe, Schrank, d'un brun obscur. Sur les tiges du Sanguisorba offidnalis. 112. — verbascî, Schrank, d'un jaune pâle. Sur les Ver- bascum. 113. '— avellanse, Schrank, vert. Sur le noisetier. (Coryhis avellana.) 114. — napelli, Schr., d'un noir de poix. Sur les liges de l'aconit napel. 115. — betulae, Linn., très-petit, d'une couleur verdâtre. Sur le bouleau. (1j Nota. — Raitenbach n'a pas vu en nature cette espèce, ni les treize suivantes. Les descriptions qu'il en donne sont extraites des auteurs qui les ont fait connaître. Il est possible que quelques-une» fassent double emploi avec celles qu'il décrit ex visu. HEMIPTERES. 293 -ne. Apbis trnncata^ Hausm., d'un vert obscur. Sur le saule. in. — fagi (lachnus), d'un vert herbacé. En mai et juin, sur le hêtre. 118. — roboris (lachnus), noir à reflet métallique. De juillet en septembre, sur le chêne (Quercus ro- > 6wr), le pin sylvestre et le sapin. M 9. — juglandicola (lachnus), d'un jaune pâle. Juin et juillet, sur le noyer (Jwgf/ans regia). 120. — juglandis (lachnus), jaune, velu, avec quatre li- gnes de points noirs. Juin et juillet, sur le noyer (juglans regia). 1 21 . — platani (lachnus), d'un vert jaune. En été, sur le Platanus ocddentalis . 122. — juniperi (laehnus)j velu, d'un noir brun. De juin en septembre, sur le genévrier commun. 123. — pinicola (lachnus), d'un brun luisant, saupoudré de gris. Entre les jeunes feuilles du sapin. 124. — pini (lachnus), brun. Sur les jeunes pousses du pin sylvestre. 123. — fasciatus (lachnus), noir. Sur le sapin et le Pimlanc et que la femelle repose sur un léger duvet de la même couleur. HÉMIPTÈRES. 3<9 Le kermès de l'olivier est un triste fléau dans tes dé- partements des Alpes-Maritimes et du Var. Malheureu- 38. — Reniiés de l'olivier. Chermes otew. sèment, ce n'est pas le seul insecte qui attaque cet arbre précieux; des pyrales, des tineïtes dévorent ses 320 HÉMIPTÈRES. feuilles, une espèce de psylle mange ses fleurs et les larves de certaines mouches vivent aux dépens de son fruit -, outre cela, les jeunes branches offrent souvent des nodosités ou de gros tubercules produits par la pi- qûre qu'y fait un autre insecte pour y déposer ses œufs. Cette gallinsecte, selon Fonscolombe, se trouve aussi très-communément en Provence sur différentes variétés d'orangers et de citroniers, tandis que le Chermes hesperidum y est beaucoup plus rare. Kermès du sapin. Chermes picese Geoffroy. Cet insecte ne se trouve aux environs de Paris que dans les parcs oîi le sapin et l'épicéa sont cultivés comme arbres d'agrément : il s'y multiplie d'autant mieux que très-souvent ces Conifères sont plus ou moins languissants et d'une végétation misérable. Le mâle est inconnu; la femelle est de grosseur moyenne, tout à fait globuleuse et d'une couleur niaron foncé. C'est surtout à la bifurcation des jeunes branches qu'elle se tient de pré- férence et quelquefois en grand nombre. Geoffroy [Histoire des insectes des environs de Paris) l'a fait connaître le premier sous le nom de chermes abie- tis rotundus. Kerm.ès du figuier. Chermes caricse Fabr. Cette gallinsecte, très-commune sur les figuiers en Provence, surtout dans le département du Var, se ren- contre aussi de temps en temps sur les figuiers cultivés à Argenteuil, et même quelquefois dans les jardins de IIÉMIPTÈKES. .321 Paris; elle a élé figurée et décrile par Bernard, {Mémoires de {■Académie de Marseille. 1773, p. 89 I 4--: H9. — Kermi's du liguior. Uiermes caricœ. pi. 1, tig, 14-!21), et étudiée depuis par Olivier (Eneyclop, mèlhod.). '- i\ ai2 llli.Mll'TEHKS. Aucun de ces auteurs, cependanl, ne parle du iniiie. La femelle, ou i)lul(U son enveloppe, a une forme Irès-curieusc ; elle ressemble à une petite patelle par- tagée sur les côtés en huit trapèzes; son dos est occu[té par un grand tubercule bombé, ovale et assez élevé. Le milieu de chacun des trapèzes latéraux porte une petite verrue surmontée d'une très-petite houpe de duvet blanc. La couleur générale de la coque est d'un gris plus ou moins roussàtre, avec des nuances plus foncées. Dans la première ({uinzaine de mai, elle com- mence à se gonder. La ponte a lieu à la fin de ce mois. Les petits, une fois qu'ils sont sortis de dessous lanière, sont rougeâtres et assez agiles ; ils s'éparpillent sur les feuilles et les rameaux. Au bout de quelques jours, ils prennent une teinte grisâtre et la coque se forme, se dilate en tous sens et leur cache entièrement les pattes. Cependant, quoique recouverts de leur carapace, ils con- servent encore assez longtemps la faculté de marcher. Au mois d'août, la plus grande partie de ces petits ker- mès abandonne les feuilles pour se retirer sur les bran- ches ou sur les fruits. \ la fin de septembre, ils se fixent à demeure sur les rameaux et passent l'hiver dans l'engourdissement. Les figuiers altr.qués par cette gjilliiisecte, se dessè- chent, par suite de l'épuisenient de la sève, et perdent leurs feuilles avant l'époque ordinaire. Lne grande quantité des fruits tombent aussi avant la maturité, et l'on n'ose guère manger ceux qui restent, parce qu'on ne peut pas les cueillir sans écraser quelques kermès dont la matière roussàtre, gluante, est très-peu appétissante. Cependant les figues ne sont pas entièrement perdues 1IÉ.MII'TÈ1U'S. 3:'3 pour cela; on les lait sécher comme les uulres parle procédé ordinaire : les kermès se détachent pendant cette opération, et les fruits sont livrés au commerce comme si de rien n'était, et font souvent sur nos tables partie des quatre mendiants. Si ces figues, après un sé- jour de plusieurs mois dans les magasins, ont moins d\vAl que les autres, comme disent les marchands, on les enfariné un peu pour changer leur aspect et simuler une elllorescence sacharine. Il est des choses (pii ne doivent pas être vues de trop près; ne mange-t-on pas d'ailleurs, avec les figues, autant dUicarus qu'avec le fromage ? Pour se débarrasser de ces parasites, il faut, dès le prin- temps, frotter les rameaux avec un linge un peu rude ou un gant de crin. Comme ils ne sont pas très-adhérents, on les fait assez facilement tomber. Nous avons reçu, cet hiver, des départements du Var et des Alpes-Maritimes des branches de figuier couvertes de cet insecte. Le kermès du figuier vit aussi, dit-on, en Provence sur les myrtes. Kermès des cycas. Ghermes cycadis. 11 ressemble beaucoup au premier coup d'œil, au ker- mès des fougères, et tout porte à croire qu'il a, comme lui, une origine exotiqiue. Il ne se trouve que dans les serres chaudes où l'on cultive les Cycas. Il est assez gros, oblong, très-convexe, et a la forme de certaines cassides. Sa couleur est d'un brun café avec des nuances plus obscures et des inégalités qui le rendent comme chagriné. A Tentrée de l'hiver, il a ac- ■.M'i IIÉ.MIPTÉRKS. quis loule sa grosseur , il est alors bordé par un bourre- let de coton blanc très -apj)arent. Si l'on soulève sa coque. âvii «.VW| \4 7J îO. — KoniiOs (lu cycas. Chermes cycadis. on trouve dessous une grande (juantité d'œufs. L'accou- plement doit avoir lieu au milieu de l'automne. On le trouve spécialement sur les Cxjcas revoluta et circinaiis. IIKMIPTKHKS. 325 C'est une des plus grosses espèces du genre. Comme il n'est pas encore très-répandu, les dégâts qu'il commet sont peu appréciables. 'il. — Koi-nies des paliii Kermès des palmiers. Chermes palmarum Bouché. Il est très-abondant dans les serres sur plusieurs es- 326 IIÉMIPTÈRIil^. pèces de palmiers, particulièrement sur les Chamœrops. Il se présente sous la forme de petites écailles blanches, convexes , un peu ovalaires , très-rapprochées les unes des autres, souvent presque confluentes. Ce petit animal se fixe de très-bonne heure; ou voit des individus moitié moins gros que la tête d'une petite épingle, qui, dès le mois d'octobre, sont déjà complète- ment immobiles. Nous supposons qu'ils doivent produire de? mâles. La ponte paraît avoir lieu en mai ; car si, pen- dant l'hiver^ on enlève, à l'aide d'une pointe d'aiguille, une des petites carapaces, on trouve dessous la larve qui est d'un vert-jaunàtre pâle. Ce kermès, probablement exotique et apporté en Eu- rope avec les palmiers, envahit d'abord le dessous des feuilles et, plus tard, les deux faces. Par l'aspect et la forme de sa coque, il ressemble à celui du rosier ; mais Bouché, qui l'a élevé et qui a décrit les deux sexes, s'est assuré, d'une manière positive, qu'il constituait une espèce particulière. Il se trouve aussi sur les Cyras. Kermès des kennedya. Chermes kennedyse. Cet insecte est un fléau pour certaines glycines de la Nouvelle-Hollande désignées maintenant sous le nom de Kennedya. Il ressemble beaucoup à celui du lau- rier-rose, sauf qu'il est un peu roussntre. Il pourrait bien n'en être qu'une simple variété. H habite, comme celui du palmier, d'abord le dessous des feuilles et en- vahit, plus tard, les deuxfaces de ces organes. C'est à cause de lui que plusieurs jardiniers ont abandonné la HÉMIPTÈRES. :^27 culluredes A>/med.j/a, parce que, disent-ils, ces plantes sont trop sujettes à prendre des poux. Il faudrait, à l'exemple de Bouché, se livrer spéciale- ment à l'étude et à l'éducation des gallinsectes et con- naître hien le mâle, pour être certain qu'il consliluc une espèce. Kermès du dion. Chermes dionis. Il est ovalaire, un peu aminci antfu-ieui'emeiil, assez convexe, d'un blanc grisâtre: mais ce qui le distingue de toutes les autres espèces, c'est que la coque est couverte d'une petite villosité. Nous sommes redevable de la connaissance de ce kermès à M. Rivière qui l'a décou- vert sur le Dion edule. Il se tient, au-dessous de la feuille, le long des pinnules, par petits groupes assez clair- semés. A l'endroit des vieilles coques, il reste un duvet blanc cotonneux. En hiver, il est encore à l'état de larve ; celle-ci est jaunâtre et ne subit probablement sa métamorphose qu'au printemps. Tous les individus que nous avons observés, étaient fixés et entièrement immobiles. Il habite exclusivement les serres chaudes et n'a encore été observé que sur le Dion edule. Kermès de l'aloès. Chermes aloes. Quelquefois très-commun sur certaines espèces d'Agav(» et d'Aloès, principalement ?,ur VA loe umhellald, dont il couvre presque entièrement les fouilles des deux côtés. 328 HhlMll'TÉKES. ïl est blanc, lenticulaire, un peu plus gros que celui du laurier-rose, de môme for- '^'m-:- hei mes aloes. me, quoique un peu plus convexe. La larve que l'on trouve à l'automne sous sa carapace , est d'un jaune pâle (irant sur le vert. La ponte a lieu au milieu du printemps, et les jeunes . (jui sont imperceptibles à la simple vue, ressemblent à des petits points grisâtres ce n'est qu'au milieu de l'été qu'ils se fixent. Si l'on examine une Ceuille d'aloès attaquée par ces insectes, on voit que, parmi toutes ces coques blanches si rap- prochées, il y en a un grand nombre de vides et appar- tenant aux années précé- dentes^ on en voit aussi quelques-unes percées d'un petit trou qui a livré passage à un petit hyménoptère pa- rasite. Kermès des anthurium. Chermes anthurii. Il ressemble beaucoup à celui du laurier-rose; il est un peu moins lenticulaire et un tant soit peu plusoblong, HÉMIPTEKES. 329 d'un blanc mat, légèrement convexe, avec tes l)orfls moins nettement arrêtés. Il est assez fréquent dans les i' ki'i'iiK's dfs Hntlinniini. ('lienii&s rnithiir serres chaudes sous les feuilles des Anlhurinm et de quelques Caladhim. Nous neconnnissonspas le mùle, de .330 HÉMIPTÈRES. sorte qu'il est possible qu'il fasse double emploi avec une autre espèce. Ketmès du fulchironia. Chermes fulchironiœ . Il est blanc et ne ressemble à aucun autre par sa forme très-allongée. La coque est presque cylindrique, d'un blanc assez pur. La larve qu'elle recouvre est Irès- petite, d'un jaune verdâtre. I^ nous a été communiqué par M. Burel, l'un de nos bons observateurs, qui l'a découvert sur le Fulchiroina Senegalemis, et par M. Rivière qui, de son côté, l'a trouvé dans les serres du Luxembourg, sur VElais Guineem^ia. Kermès de la bfuyète. Chermes ericse. < Les bruyères cultivées à Vincennes et à Montreuil, pour le marcbé ne sont pas exemptes de kermès. Dans certaines années, les espèces appelées hyemalis et VUmorianaen sont couvertes. Nous pensons que c'est la même espèce qui se trouve dans le midi de la France sur les Erica arborea et mediterranea. La coque est d'un gris un peu brunâtre, légèrement ovoïde, assez fortement bombée et ressemble à du papier gris. Le mâle nous est inconnu. Il y a deux ans, les Erica medilerranea, culti- vées dans l'orangerie du Luxembourg, étaient couvertes de ce parasite. M. Rivière s'en est débarrassé entière- ment en les mettant en plein air. Kermès ponctiforme . Chermes punctif ormis . C'est la plus petite des espèces que nous ayons ob servées; àrœilnu,elle se présente sur les feuilles sous HKMIPTÈRKS. 331 forme d'un petit point globuleux comme une graine de moutarde, complètement arrondi, d'un noir luisant, sou- vent saupoudré d'une substance poUineuse jaune. Cet insecte ne se fixe sur les plantes qu'au milieu de l'hiver; chaque fois qu'il se déplace, il laisse sur les feuilles une peliteimpression blanche circulaire. On voit souvent des individus se promenant, à l'automne, sur le vitrage des serres. Il sécrète une matière mielleuse, qui se dessèche à l'air et produit sur sa carapace ces grains jaunes res- semblant à du pollen. Il ne vit pas, comme les autres espèces, sur le revers des feuilles, mais presque cons- tamment sur la face supérieure. Il a été introduit dans les serres, comme beaucoup de ses congénères, avec des végétaux exotiques. On le trouve sur pi usieurs espèces d'Orchidées , de Fou - gères, etc. Il est assez répandu dans les serres de MM. Thibaut et Ketteleêr, ainsi que dans celles du Luxembourg et du Jardin des plantes. M. Gustave Malet nous en a envoyé des individus vivant sur le Cypripedium insigne et sur le Polypodium aureum. Il n'est pas très- adhérent et se détache facilement avec une brosse douce. Kermès 4es hespérides. Chermes Hesperidum Liiin. Cette gallinsectt, appelée par les jardiniers punaise ou pou de l'oranger, envahit toutes les variétés d'orangers et de citronniers, même quelquefois ceux qui croissent en plein air dans nos départements méridionaux. Elle se présente sous la forme d'un corps ovalairo. presque hémisphérique, d'une couleur brune un peu luisante. A son extrémité, on aperçoit une petite fente servant à 332 HÉ.MIPTÈRRS. l accouplementcomme dans les espèces voisines, mais non à la sortie des excréments, puisque l'on n'en trouve au- cune trace chez ces animaux. Si l'on exerce une petite pression sur la coque, on en fait sortir, par la fente en (juestion, quatre petits filets blancs. Lorsque la femelle a terminé sa ponte, on ne trouve plus sous l'enveloppe qu'une grande quantité d'oeufs reposant mollement sur un duvet blanchâtre. Les petits, à leur sortie, sont agiles et se promènent longtemps çà et là sur les feuilles avanl de se fixer à demeure ; ils se tiennent de préférence à la face inférieure , cependant on voit aussi très-souveni ([uelques individus sur la face opposée alignés, le long (le la nervure médiane- mais c'est surtout sur les jeunes branches qu'on les rencontre en plus grande quantité. Ces insectes, lorsqu'ils sont abondants, déterminent une grande perte de sève qui épuise des arbres déjà lan- guissants par une cause quelconque. Nous avons vu quelquefois des caisses d'orangers, dont la terre était mouillée par la sève qui tombait en rosée à sa surface. Outre cela, ils poissent les feuilles d'une matière mielleuse qui attire les fourmis. Dans cet état, les feuilles, dont les fonctions respiratoires sont incomplètes, deviennent ma- ladives et sont très-disposées à être atteintes d'une autre affection que les jardiniers appellent la fumagine{\). C'est une Mucédinée noire semblable à des taches produites par de la suie ou delà poussière de charbon, décrite par Persobn sous le nom de Fumago citri. 4ux environs de (1) l^ii t'umagine, vue au niicroscopo, ressemble à une im- mense forél dont les branches sVuitrecroisent en tous sens. Celle espèce de moisissure ne se développe jamais que surde.s feuilles rendues malades parles pucerons ou les Coccides. Hli.Mll'TÈBKS. ;«3 Nice el de Cannes, cette Cumagine, que les Italiens con- naissent sous le nom de morfcaet les Nizards, sous celui de morfée, s'étend très-souvent sur les fruits dont elle arrête le développement. Au reste , cette moisis- sure noire ne s'observe jamais que sur des orangers rendus malades par les kermès, ou par les cochenilles. M. Rivière nous a rapporté de la presqu'île de Beaulieu plusieurs variétés du genre cilrus, dont les feuilles et les fruits étaient couverts de morlee et de deux espèces de Coccides. Les orangers, les citronniers, les cédratiers, les bergamottiers et 1rs limoniers étaient aussi maltraités les uns que les autres. Le kermès de l'oranger ne vit pas exclusivement sur les arbres de cette famille ; nous en avons trouvé quel- ques individus sur des branches de laurier [Laurus no- hilis) apportées de Nice, et qui vivaient de com- pagnie avec l'espèce propre à cet arbuste. On le ren- contre aussi sur le myrte [Myrtus communis)et sur toutes les Myrtacées, sur les grenadiers, les Magnolia^ les Hi- Oiscus et d'autres malvacées. l^cs orangers transportés d'Europe en Californie étaient sans doute habités par ce kermès, car il [taruil que ces insectes s'y sont multipliés en quantité innom- brable. Nous ne connaissons pas le mâle de cet insecte. La première condition, lorsque l'on veut conserveries orangers cultivés en caisse dans un bon état de santé, c'est de leur donner une bonne culture, de ne pas les laisser végéter dans une terre usée, et de les net- toyer à l'automne et au printemps avec une brosse, pour enlever la iumagine et pour les débarrasser des kermès. 334 lIÉ.Mll'TÈRliS. Kermès du camellia. Kermès camellise. (^.e petit insecte est allangé, ovale, linéaire, un peu dé- primé, d'un brun roux, souvent légèrement arqué, rappelant un peu par sa forme le kermès coquille si commun sur certaines variétés de pommiers et poiriers. La larve, lorsqu'elle est débarrassée desa coque, estd'un vert un peu roussàtre. INous avons observé cet insecte sur le Camellia, et une seule fois sur le Thé\ il se lient à la face supérieure des feuilles le long des nervures; on rencontre cependant quelquefois deux ou trois individus disséminés sur le limbe. Il ressemble par la couleur à celui des hespérides ; mais il est plus petit et plus linéaire ; il est peu adhérent, et on le détache facilement avec une petite brosse. Nous avons trouvé sur le Daphne indica une petite gallinsecte qui nous paraît être la même que celle du camellia. Kermès de l'ananas. Chermes bromeliœ IJouctié. Ce kermès, appelé par les jardiniers pou ou punaise de l'ananas, a été décrit, pour la première fois, en 1778, par Kerner, dans un Mémoire publié à Stuttgart, et plus tard, mais d'une manière beaucoup plus complète, par Bouché, de Berlin, en 183i. La coque du mâle est un peu elliptique, légèrement bombée, blanche comme celle du kermès du laurier-rose ; celle de la femelle est arrondie et lenticulaire. Celle-ci, débarrassée de sa couverture, ressemble à la plupart des autres, elle est llliMIFriiUES. 33b d'iiii juuiic pàlo ; le mâle, décrit par liouclié, est d'un brun chiir saupoudré de blanchâtre 5 ses ailes sont blan ches et proportionnellement assez larges; les filets de Textrémité de l'abdomen sont courts. Le kermès de Tananas est un iléau dans les serres où l'on cultive cette plante. Notre collègue , M. Gonlier, de Montrouge, a eu plus d'une fois à se plaindre des pertes qu'il lui occasionnait, 11 vit par pe- tits groupes, plus ou moins nombreux, qui se tiennent d'abord à la base des feuilles et s'étendent successi- vement jusque sur la tige. Presque toujours on est obligé de sacrifier les pieds malades pour éviter la con- tagion. Il est impossible de les atteindre avec la brosse, lorsqu'ils se sont installés dans la gaîne des feuilles. A Berlin et en Russie, on le détruit dans les serres à ananas avec du lait de chaux [kallimilch). Cette gallinsecte ne vit pas seulement sur l'ananas, nous l'avons vue sur plusieurs autres Broméliacées. Elle se trouve aussi dans les serres sur les Canna, les Hibis- cus, etc. Il ne faut pas confondre avec le kermès de l'ananas une autre espèce d'une forme ovale et de couleur brune (jue l'on trouve ([uelquefois sur cette Broméliacée et (jui ressemble beaucoup au kermès de la fougère. Nous pensons que c'est le même insecte que notre hiberna- culorum 5 il n'en diffère pas par la coque. Kermès des fougères. Chermes filicum. Ce kermès, voisin du Cestri, décrit par Bouché, a une coque ovoide-arrondie, très-bombée, d'une cou- 336 1IÉM1I'TEIU:S. leur brune, lisse, avec un petit bourrelet blanc chez les femelles adultes, [l se trouve sur plusieurs espèces de fougères, dans les serres chaudes, particulièrement .sur les Pteris^ le long du pétiole ou sous les pinnules. Le mâle, que nous avons élevé, est très-petit, d'une couleur roussâtre, saupoudré de gris blanchâtre-, ses ailes sont blanches, transparentes, avec la côte ferrugi- neuse ^ les filets de l'extrémité du corps sont blancs et assez longs. Il vole peu et se tient ordinairement à côté de sa femelle. Cet insecte a été apporté de l'étranger avec des fou- gères exotiques. Il ne faut pas le confondre avec le Cesiri de Bouché, qui se trouve aussi quelquefois sur les fougères, ni avec celui (jue nons avons appelé hiberna- cuJorum, qu'on y rencontre aussi de temps en temps. Kermès du cestruna. Chermes cestri Hoiiché. La co({ue est brune, pointillée, de forme naviculaire, beaucoup moins globuleuse que dans l'espèce précé- dente. Lorsque la femelle est adulte, elle offre, comme beaucoup d'espèces voisines, un petit bourrelet blanc cotonneux. La coque dont le mâle doit sortir, est nota- blement plus petite; mais nous n'avons pas été assez heureux pour en obtenir un seul exemplaire, ou peut- être a-t-il écliappé à notre observation. Bouché, qui l'a obtenu de la coque, le décrit ainsi : « Il est allongé, d'un jaune pâle, avec les ailes blanchâ- tres et deux petits filets de la même couleur à l'extré- mité de l'abdomen. » HÉMIPTÈRES. 337 Ce kermès est assez commun sur les Cestriim, les//(- èisçMS et autres malvacées. * Kermès de l'angraecuïn. Chermes angrseci. Il ressemble aux es[)èces précédentes; nous l'avons trouvé sur des pieds d'angrœciim sesquipedale que MM. Thibaut et Keteleêr venaient de recevoir directe- ment de Madagascar. Il est probable que cette gallin- secte est propre à cette grande île et qu'elle constitue une espèce nouvelle. Mais comme ces horticulteurs apportent loiis les soins imaginables à leurs plantes, ils l'ont vite fait disparaître par le brossage, et il nous a été impossible de Tétudier complètement. Kermès des serres. Chermies hibernaculorum. Il est très-commun dans les serres à Paris et dans les environs. Il est aussi gros que le kermès de la vigne, en ovale régulier, très-lisse, luisant, d'un brun assez clair^ avec l'échancrure anale très-pro- noncée. 11 paraît qu'il s'accouple à la fin de l'été ou à l'automne, car si l'on soulève sa coque en hiver, on ne trouve plus qu'une grande quantité de petits œufs blancs enveloppés dans un nid de coton. Il est voisin du Cesiri de Bouché. Ce parasite se multiplie très - vite el pourrait bien avoir deux générations par an. C'est un véritable fléau pour nos serres. Il s'accommode d'une infinité de plantes. On le rencontre fréquemment sur une foule de fougères, sur les Zamia, les Ardisia, Tes Grevil- lea, les Gardénia^ les Brexia, etc., etc. On ne peut l'en- lever qu'avec la brosse. Le mâle nous est inconnu. 338 HÉMIPTÈRES. Kermès des cymbidium. Chermes cymbidii Ijoiiclié. C'est à MM. Rivière et lîoullet que nous devons la connaissance de cette petite gallinsecte. Au premier coup d'œil, elle ressemble beaucoup au kermès du laurier-rose. Sa coque est ovale-oblongue, aplatie, d'un blanc de neige, un peu brunâtre sur les bords. Le mâle, décrit par Bouché , est d'un jaune doré , avec le dos d'un jaune pâle, les yeux bruns et les ailes blanches. La femelle, débarrassée de son enveloppe, est jaune. Assez commun, dans les serres à Orchidées, sur plu- sieurs espèces de Cymbidium. Bouché Fa observé sur le Cymbidium chineme. Kermès de l'oranger. Chermes aurantii. Il esf voisin du kermès coquille des pommiers et poi- riers, mais il est plus gros, en ovale très-allongé, sem- blable aux deux extrémités et nullement en forme de virgule. Il est d'un noir trv^s- légèrement brun, parais- saiit un peu chagriné à la loupe, bordé d'un très-petit li- séré cotonneux qui s'étend sous le ventre. On trouve des individus plus petits, ({ui probablement sont les coques des n^âles. Cet insecte est assez commun aux environs de Blidah, sur les feuilles et les jeunes branches des orangers. M. Germain La trouvé abondamment sur les feuilles d'orangers provenant de l'Algérie, cultivés à Gan , près Pau. Il ne faut pas le confondre avec le kermès des Hespérides, chermes lïesperidum de Linné, si l'réqucnt HÉMIPTÈRES. 339 sur les orangers cultivés en caisse dans le centre de l'Europe, et (|ui est la seule espèce que nous ayons aux environs de Paris ; mais, dans la France méridionale, trois autres (^occides vivent sur l'oranger ; les cliermcs oleœ et auraniii, et le coccus ciU i, ce qui porte à (juatre le nombre des gallinsecles observées par nous sur cet arîjre. Kermès de l'epidendruïTi. Ghermes epidendri Bouché. Dans les serres du Luxembourg, si riches en Or- chidées de tous les pays , nous avons rencontré la coque de ce kermès que nous avions pris pour une espèce nouvelle à laquelle nous avions donné le nom d'Epidendri, sans nous douter que Bouché, qui l'avait étudié d'une manière plus complète que nous, l'avait déjà décrit sous le même nom. Le mâle, d'après cet habile observateur, est d'un jaune foncé, avec la tète brune ; ses ailes sont blanchâtres, avec le bord antérieur liséré de rougeàtre. La femelle, débarrassée de sa carapace, est aplatie, arrondie et d'un jaune verdàtre. La coque est convexe et d'une couleur brunâtre, beau- coup plus grosse chez la femelle que chez le mâle ; on la trouve sur plusieurs espèces d'Epidendrum^ Selon Bouché, le mâle est un des plus jolis petits in- sectes du genre. Kermès des échinocactes. Ghermes echinocacti Douché. Il est assez fréquent sur les mamillaires et les échi- nocactes. M. Bivière nous a communiqué plusieurs 340 HEMIPTERES. exemplaires de ces plantes qui en étaient plus ou moins couvertes. Il ressemble pour la forme à celui du rosier ; sa coque est également arrondie en forme de lentille et d'une cou- leur roussàlre très-pàle, tirant plus ou moins sur le blanchâtre. Si l'on soulève avec la pointe d'une aiguille la couverture, on trouve dessous la larve ou la femelle d'un blanc jaunâtre, comme la plupart des espèces. Le mâle, observé et décrit par Bouché, est très-petitet d'un jaune orangé. Kermès du laurier. Chermes lauri Bouché. Quelquefois assez commun sur les lauriers cultivés en caisses, plus rare sur ceux de pleine terre. La coque est arrondie, d'un brun terreux, avec quelques petites inégalités : la larve ou la femelle, débarrassée de sa ca- rapace, est d'une couleur rougeàtre paie. Le mâle, dé- crit par Bouché, est aussi d'une couleur rougeàtre. C'est dans les bifurcations des pousses tendres, et sur les jeunes feuilles du Laurus nobilis, (|ue ce kermès se fixe. Nous avons trouvé aussi, sur des lauriers rapportés de la Provence, quelques individus du kermès du figuier. Kermès du laurier-rose. Chermes nerii Houché. La coque est lenticulaire, légèrement bombée, d'une couleur blanchâtre, un peu ponctuée de jaunâtre, quel- quefois un peu roussâtre dans son milieu, plus grosse et plus convexe chez les femelles fécondées que chez les larves. Lorsque celles-ci sont débarrassées de leur en- veloppe, elles sont un peu allongées, d'un jaune pâle. Le IIÉ.M1PTÈRE>. 3/1 1 mâle, décrit par Bouché et observé parM. (luérin Men- nevillo, est d'un jaune brunâtre avec les ailes transpa- rentes, comme dans la plupart des autres espèces. 4i. — Kermès du laurier. Chcrmas lauri. (]e kermès, bien connu des jardiniers sous le nom de pou ou du punaise de laurier-rose, est très-commun sur H^ HÉMIPTÈRES. cet arbuste. Il envnliit de préférence la face inférieure des feuilles, et les individus y sont tellement rappro- chés, qu'ils la couvrent presque entièrement. On ne trouve que rarement cet insecte sur leslauiiers- r>)S( s croissant naturellement dans le Midi, au bord des ruisseaux ; mais il attaque constamment ceux qui végètent péniblement en pot ou qui ont souffert de la sécheresse, aussi bien en Provence qu'aux environs de Paris. Le seul remède employé en horticulture consiste à sacrifier les vieux pieds et à en faire des couchages pour rajeunir la plante et obtenir des sujets vigoureux, sur lesquels les kermès ne viennent jamais se fixer. L'insecte dont nous venons de parler, ne vit pas seulement sur le laurier-rose; on le voit aussi sur les Magnolia, les Arbulus, les Clethra^ les Acacia, le lierre, les coronilles, les Piltoaporum, les câpriers, etc. C'est un fbviu dans beaucoup d'orangeries et de serres chaudes. Kermès du rosier. Chermes rosae Roiicné. Il est souvent très-commun sur plusieurs variétés de rosiers -, les jardiniers le désignent sous le nom de pou ou de punaise blanche du rosier. Il se présente sous la forme d'une substance blanche , écailleuse , qui couvre les branches de cet arbuste d'une espèce de croûte pulvérulente, assez dense, produite en partie, par les vieilles enveloppes des kermès de l'année précédente et, en partie, par les jeunes qui se sont fixés dans leurs intervalles. La coque ou couverture de cet insecte est lenticu- laire, un peu bombée dans son centre, d'une couleur HEMIPTERES. 3/, 3 crétacée. Quan'l, à la lin de l'élé. on enlève la cara- pace à Taide d'une aiguille , on trouve dessous la ■^#^^ ) . Kermès do la rose. Cherme% rosœ. — 3. Rosier envahi par le Kern La larve grossie. femelle ou la larve, qui est d'un jaune paie ; si, au con traire, on fait cette opération en hiver, la ponte est 34 i HÉMIPTÈRES terminée , et on m? trouve plus que des œufs d'un rouge brun. Ces œufs éclosent au printemps ; les pe- I .Kermès cyradicole. Chi'rmes rycadicola. Pinnules grossies. lits restent sous leur mère jusqu'au moment où ils ont changé de peau, lis sont alors tout à fait HÉMIPTÈRES. 3'i5 microscopiques -, ils se promènent sur les rameaux du rosier et finissent par s'y fixer. Nous n'avons jamais pu obtenir un seul mâle ; mais il a été observé et décrit par Bouché. Selon cet auteur, il est d'un rouge pâle, un peu pulvérulent, avec les ailes comme dans les autres es- pèces. On reconnaît sa coque qui, comme chez ieChermes nerii, est plus petite et plus allongée que celle qui doit produire la femelle. On se débarrasse facilement de cette vermine en fai- sant la taille de bonne heure et en nettoyant les branches restantes avec une brosse, avant l'évolution des bour- geons. Ces insectes étant peu adhérents, on fait aisément tomber leur coque et leurs œufs. Kermès cycadicole. Chermes cycadicola. Il est très-voisin par la forme et la couleur des ker- mès du palmier et du laurier - rose. Il est entiè- rement blanc, très-aplati sans aucune teinte roussàtre. Il est plus irrégulier sur ses bords que l'espèce précé- dente ; les petites coques, appartenant probablement aux mâles, sont un peu oblongues et beaucoup moins lenticulaires que les autres. Quelquefois très-commun sur le Cycas revoluta. Il n'est pas très-adhérent, et on le détache facilement avec la brosse. GENRE COCHENILLE. COCCUS Geofl. Latieille. Femelles dépourvues de coque ou carapace \ corps composé de quatorze segments plus ou moins dis- 346 HÉMIPTÈRES. tincts; antennes assez courtes, composées de neuf ar- ticles; bec naissant de la poitrine entre les deux pre- mières paires de pattes; abdomen s'^ termmant par des filets plus ou moins lonps et plus ou moins visibles; pattes grêles. Mâle pourvu de deux petites ailes transparentes}; !iie;s terminaux plus longs que chez la temelie. Les cochenilles, depuis leur sortie de l'œuf jusqu'à la fin de leur existence, conservent la même forme, tandis •que chez les kermès la peau du dos se durcit, se des- sèche, les anneaux s'effacent et l'animal ne ressemble plus à un insecte. Les cochenilles jouissent pendant toute leur vie de la faculté de marcher, tandis que les kermès une fois fixés restent parfaitement immobiles, collés sur les feuilles ou le long des tiges. Elles sécrètent un liquide vis- queux qui, en se desséchant, devient pulvérulent ou cotonneux et sert aux femelles à recouvrir leurs œufs. Le type de ce genre est la cochenille du commerce, Cor- cus Cacii, qu'on élève en grand au Mexique et dont on a essayé la culture en Algérie avec peu de succès. Coohenille des serres. Goccus adonidum Linné. Cet insecte, désigné en horticulture sous les noms de pou blanc des serres , de puceron laineux, ou de puceron cotonneux des serres, est très - commun dans les serres chaudes où il cause de très-grands dé,<ïàts. 11 attaque toutes les plantes; la famille des Orchidées est peut-être la seule qu'il respecte un peu. Les végétaux qu'il préfère sont le café, toutes les espèces HÉMIPTÈRES. 34' (le CordijUne, les Drarœna, les Rudlia, !i^s Ginienia les Jufilicia, les Curculigo^ les Mum, les lougères, les Asclépiadées, ele., etc. 1 ( Cochenille des serres. Coccus adonidu •1 r.e mâle. - 3 Femelle grossie- Le mâle a été observé et décrit primitivement par Geoffroy •, nous l'avons nous même obtenu d'éclosion ; de son côté, M. Siivoye, habile horticulteur à Ch'aronne, l'a pris plusieurs fois dans les serres de son établissement. Il est petit, avec les antennes assez longues ; ses pattes et tout son corps sont d'un rouge pâle recouvert d'une eftlo- rescence blanche ; ses deux ailes sontblanches avec la côte lisérée de rouge^ les filets de la queue sont d'un blanc pur. La femelle est oblongue, toujours dépourvue d'ailes, .toute couverte d'une poudre blanche; ses antennes sont plus courtes que celles du mâle'. Son corps, composé de quatorze anneaux, est muni d'appendices dont les deux de l'extrémité sont plus longs que les autres. 348 HÉMIPTÉHES Cette cochenille iemelle a été prise par Linné qui ne connaissait qu'un sexe, pour un pou [pediculus adoni- dum\ Elle se promène sur les plantes jusqu'au moment où elle est prête à pondre ; alors elle cesse de marcher, forme un nid ressemhlant à un flocon de coton dans lequel elle se renferme pour déposer ses œufs. Les petits sont microscopiques et restent quelques jours dans le nid à côté du cadavre de leur mère; dès quils sont sortis, ils courent avec d'agilité et se dispersent sur les plantes voisines. Cette cochenille, comme la plupart des kermès de nos serres, est d'origine exotique; elle a été importée, dit-on, de la côte d'Afrique. Le pou blanc qui, à l'île Bourbon, fait depuis quelques années de si grands dégâts dans les plantations de café et de cannes à sucre, appartient sans doute à une espèce très-voisine. Les fumigations de tabac, lorsque les plantes sont de nature à pouvoir les supporter, n'ont d'action que sur les petits nouvellement éclos, mais sont sans effet sur les individus enveloppés de coton. Le seul remède eflicace que nous ayons employé, c'est l'esprit-de-vin à 35 degrés appliqué à l'aide d'un petit pinceau. Ce liquide se vapo- rise promptement et ne nuit aucunement aux plantes. Cochenille des orangers. Coccus citri. Elle ressemble un peu à la cochenille des serres {coc-, eus adonidum) ; nous ne sachons pas qu'elle ait encore été observée aux environs de Paris, mais elle fait dans les départements du Var et des Alpes-Maritimes des ra- 11É.M11>TÈRES. 349 vages l)ieri i)lus terribles que le kermès de l'oranger. Sou- vent elle l'ait perdre uu tiers ou la moitié de la récolte. ■48. — I Branche de citronnier envahie par la cochenille et la morfée. Coccus citri, •2 La fonielle grossie.— 3 une larve de syrphc grossie. Nous devons à l'obligeance de M. Rivière la connaissance de cette espèce. Il nous a rapporté de la presqu'île de 350 IIÉMIPTÈUES. Beaulieu des branches de citronnier el de bigaradier qui élaient couvertes de ces parasites ou de leurs œufs. La cochenille des orangers, comme la cochenille blanche des serres et autres espèces congénères, ne change pas de forme depuis sa sortie de l'œuf jusqu'à la fin de son existence ; son corps est caché de même sous un duvet blanchâtre cotonneux. La femelle est oblongue, d'un gris blanchâtre ; ses an- neaux sont distincts pendant toute la durée de son exis- tence; à l'extrémité de son corps il y a quatre filets sétacés inégaux, asst'Z courts. Nous n'avons pas vu le mâle. L'abbé Loqui z, (jui a publié à Nice, en 1806, un travail spécial sur là 31 or fée et sur cette cochenille qu'il considère à tort comme VHes- peridum de Linné, a eu occasion de l'observer plusieurs fois. Voici ce qu'il en dit : « Le mâle a une forme toute ditlérente de la femelle ; ses deux antennes sont plus longues que celles de la femelle ; les quatre filets placés à l'extrémité de l'abdomen sont courts mais bien vi- sibles. lia deux ailes qui dépassent le corps. Quoi(ju'iI soit doué de la faculté de voler, il ne s'élève jamais bien haut; on croirait qu'il n'ose s'écarter de l'arbre où demeure ia femelle. Tantôt il se repose à son côté, tantôt, après quelques instants de repos, il prend son essor et fait en tournant plusieurs orbites autour d'elle. Enfin, lorsqu'il désire remphr les vœux de la nature, il s'en approche et après quelques batte- ments d'ailes il s'acquitte des fonctions de la féconda- tion. •> CetHémiptère vit sur tous les arbres du genre Ci- trus. Il envahit très-fréquemment les fruits, arrête leur HEMIPTERES. 3ol développement et les recouvre, de j)lace en place, d'un duvet hlancbàtre sous lerfuel on trouve des œufs ou r insecte parfait. La niorlée ne tarde pas à devenir une maladie consécutive ; tous les arbres attac^ués par cette cochenille, sont immédiatement couverts de cette mucédinée noire, dont les quelques taches (jue nous voyons sur nos orangers ne peuvent donner (ju'une bien faible idée. Nous avons trouvé sur des rameaux d'orangers in- festés par ces cochenilles, les larves d'une espèce de syrphe, qui en quelques jours les ont dévorées presque entièrement. C'est peut-être à ce parasite qu'il faut at- tribuer la disparition de la maladie au commencement du siècle. Cet insecte, placé vivant sur des Cordyline a péri sans prendre de nourriture. Il existe plusieurs autres cochenilles voisines de Vado- niduiii, dont Bouché a décrit les deux sexes. De ce nombre sont : La Cochenilla des liliacées. Coccus liliacearum Bouché. « Elle est, dit-il, très-près de Vadonidum. Le mâle est brun en dessus, jaunâtre en dessous, avec les queues blanches. Les ailessont d'un blanc un peu opaque, avecles nervures très-peu sensibles. La femelle est d'un rouge pâle, un {leu plus grosse que celle de Vadonidum et un peu moins recouverte de duvet blanc. » Elle vit dans les serres sur plusieurs Liliacées, sur les AmaryUir.,]cs Evcharis, les Crhium^ les Pancratium. etc. 352 IIL.MIFÏERES. La cochenille des tulipes. Coccus tuliparum Bouche. Elle se rapproche aussi beaucoup de VadonUhun. Le mâle est d'un jaune brun, avec les pattes jiiunes ; ses ailes sont d'un blanc un peu opaque avec les nervures dis- tinctes. La femelle débarrassée de son duvet est d'un jaune rougeàtre, Ibrlement saupoudrée de blanchâtre, avec les côtés garnis d'une matière cotonneuse abon- dante ; son abdomen se termine par deux petites queues. On la trouve sur les tulipes et sur d'autres Liliacée.s. Cette année, nous avons eu plusieurs espèces de lis cultivés en pot, entre autres le Speciosiim et l' Aurantia- cwm, attaqués par cet insecte. Bouché dit qu'il a trouvé différentes fois, en été et en automne, cette cochenille logée dans le bulbe même des tulipes. Tl est probable que nos oignons de lis en recelaient queques individus entre leurs squammes. Nous nous sommes débarrassés de ce parasite avec de l'alcool. Ces deux dernières espèces, selon Bouché, nous ont été importées de l'Amérique du Sud. On trouve sur certaines graminées, dans les serres froides des jardins de botanique, et même en plein air, une cochenille voisine de la précédente dont le corps est d'un rose tendre saupoudré d'une farine blanchâtre, avec les iilets de la queue presque nuls ; c'est la Cochenille des graminées, Coccus phalaridis Linné. Elle forme le long des tiges des graminées des petits nids de colon blanc dans lesquels elle dépose ses œufs. HEMIPTERES. 3o3 Cochenille du laurier. Coccus laurinus Signoiet, Encore une espèce qu'au premier coup d'œil, on pren- drait pour la cochenille des serres (coccus adonidiim). Mais le mâle offre une notable différence en ce que son abdomen est terminé par quatre lilets blancs au lieu de deux. Quant àlafemelle, elle n'en présente pas de bien sensibles 5 elle pond de même ses œufs sous un duvet blanc comme du coton. Elle vit dans le midi de la France sur le Laurus no- bilis. Nous avons trouvé cette même espèce sur des branches de figuier rapportées de Marseille parM. Rivière. Il existe probablement dans les parties méridionales de l'Europe plusieurs autres cochenilles voisines de Va- donidum. Cochenille des niamillaires. Coccus mamilariae. Cette espèce, que nous ne trctuvons mentionnée par aucun auteur, est souvent assez, commune sur plu- sieurs espèces de Mamillaria où elle se tient en petites familles composées d'individus de tous les âges. La femelle est presque de la taille de Vadonidum, d'un gris cendré, plus renflée, plus ovale et moins allongée que cette dernière, saupoudrée do gris blan- châtre, avec les anneaux bien distincts, dépourvue d'ap- pendices latéraux et de filets abdominaux. Cette coche- nille marche peu et reste longtemps fixée à la même place. Le mâle est très- petit ; ses ailes sont blanches avec le 23 35.'i IIE.MLPTEUtS. corps d'un brun ferrugineux saupoudréde gris blancliàtre; les filets de rahdonien sont blancs et bien distincts. Cette cochenille nous est venue avec les Cactées , de l'Amérique centrale. On la détruit aisément en saupoudrant de tabac à priser les plantes malades, et mieux encore en les hu- mectant avec de ralcool. C'est dans les serres du Luxembourg que nous avons vu cette espèce pour la première fois. Au moment où cet article est sous presse nous nous apercevons que ce Coccus que nous regardions comme une nouveauté, a déjà été découvert par Bouché dans les serres de Berlin et que ce savant observateur Va décrit [Extomolofjische Zeilung^ 1844, p. 302) sous le même nom de Mamillariœ. Cochenille des fèves. Coccus fabse Guéiiii. iNotre. collègue, M. Guérin-Menneville, a trouvé dans les jardins du midi de la^rance, à Sainte-Tulle, des fèves de marais dont la lige et les feuilles étaient envahies par une grosse cochenille, sur laquelle il a présenté, en 1856, un mémoire à l'Académie des sciences. Cetinsecte est aussi gros qu'un cloporte et peut donner une belle couleur rouge. Son corps est recouvert d'une sécrétion cotonneuse blanche. Cette sécrétion, autant que nous avons pu en juger sur des animaux desséchés, s'étend aussi sur les côtes où elle forme des sortes d'ap- pendices laineux et à l'extrémité de l'abdomen un long prolongementtiliforme de trois ou quatre centimètres. Cet Hémiptère, qui, selon M. Cuérin, devra constituer HÉMIPTÈRES. 3ûo un genre nouveau dans la tribu des Coccides, se retire pendant l'hiver sous les écorces des amandiers. Il est probable qu'il ne vit pas exclusivement sur les fèves. Cochenille ? du latania. Coccus? lataniae. Voici un insecte très-curieux et que nous réunissons provisoirement aux cochenilles, ne sachant trop où lui donner une autre place. Il est probable que lorsque l'on connaîtra le mâle, il deviendra le type d'un nou- veau genre. Cochenille du latania, a l'automne. Coccus lataniœ. U varie beaucoup pour la couleur au.K dilïe- rentes époques de son développement. Après son premier changement de peau, il est vert, tout à 3û6 HÉMIPTÈRES. fait circulaire, avec une bordure cFun blanc pur, formée par de petits cils soyeux ; à la fin de l'été , il est d'un beau noir; au printemps suivant, il a triplé de grosseur et est devenu d'un roux très-clair, avec les anneaux parfaitement distincts. Dans tous les cas, il conserve sa forme hémis- phérique aplatie et sa bor- dure de cils blancs. Il se pro- mène lentement sur les feuilles et le long des pé- tioles des latania, où il se tient en petits groupes dis- séminés. M. Savoye nous a apporté de jeunes pieds de Latania Borbonica fort maltraités par cet insecte; d'un autre côté , M. Burel nous a re- mis, à différentes époques de l'année , des feuilles du Latania rubra qui en étaient couvertes , ce qui nous a mis à même de l'examiner à tous les âges. Notre savant collègue , le D'Signoret, àquinous avons communiqué ce singulier Hémiptère, a pensé après l'avoir disséqué sous le microscope qu'il ap[)i)rlcnait au groupe - Cocbenille du latania au printemps. Coccus lataniw. HÉMIPTÈRES. ii-'i: des Penlatomides ; mais ayant remis cette année au mois d'avril à sa disposition des individus plus déve- loppés, il est revenu sur cette opinion ; aujourd'hui il ne serait pas éloigné de le regarder comme le premier état d'un genre nouveau voisin des Aleurodes. D'autant plus qu'un autre insecte analogue trouvé en Provence, sur le laurier-tin et que, tous les deux, nous avions pris pour une Coccide, lui a produit une aleurode voisine de cello que l'on rencontre sur la chélidoine. Cet insecte est évidemment d'origine exotique ; il n'habite que les serres chaudes. Il suffit pour le dé- truire de mettre, pendant quelque temps, les plantes atta- quées, à l'air libre. On le fuit tomber facilement avec une petite brosse; mais il faut faire cette opération dehors dans la crainte que ces parasites ne remontent sur les plantes. Cochenille du zamia. Goccus zamiae Lucas. Nous n'avons pas pu voir en nature cette espèce que M.Lucas a recueillie assez abondamment, en 1854, sur des Zamia australis cultivés au Jardin des plantes. Toutes les recherches que nous avons faites dans cet établisse- ment pour nous en procurer quelques exemplaires ont été inutiles. Voilà ce que dit notre collègue M. Lucas de celte cochenille : (( Elle couvre d'une matière blanche farineuse, exces- sivement abondante, les pétioles etlespinnules dcsZamia australis ci spiralis ; c'est sous cette matière bhinche, 358 HÉMIPTÈnES. très-dense, que se lient cet insecte, quelquefois au nombre de trois ou quatre individus, mais d'âges différents. Elle est très-agile ; les plus grands individus mesurent 5 milli- mètres ; elle est d'un jaune testacé, farineuse, avec les soies caudales, très-allongées, dépassant quelquefois le corps en longueur ; les antennes, ainsi que les organes de la locomotion, sont d'un testacé très-légèrement jaunâ- tre. On ne connaît pas le mâle. « Importée de la Nouvelle-Hollande. » Il paraît que cet insecte a disparu, car sur tous les Zamia que nous avons examinés, nous n'avons trouvé d'autres parasites que le Chermes hibernaculorum, espèce polyphage très-frèquente à Paris, dans presque toutes les serres. ORDRE — NEVROPTERES Les insectes de cet ordre ont quatre ailes nues, f'étlbli- lées, généralement transparentes et de même grandeur; une tête, plus ou moins grosse, prourvue de mandibules et de mâchoires, et de deux antennes ordinairement sétacées; un corselet comprimé et tronqué ; des ailes propres au vol, horizontales ou en toit dans le repos; un abdomen mou, allongé, toujours dépourvu d'aiguillon ou de tarière-, des pattes ayant, selon les genres, de trois à cinq articles aux tarses. Les Névroptères à l'état de larves sont carnassiers, et souvent aussi, à l'état parfait; ils n attaquent pas les vé- gétaux ; les quelques espèces qui fréquentent les parcs et les jardins rendent de très-grands services à l'horticul- ture en détruisant des insectes nuisibles. GENRE HÉMÉROBE. HEMEROBIUS Linné. Ce genre appartient à la famille des Névroptères Plani- pennes et à la tribu des Hémérobiens de Latreille. lia pour caractères : un corps très-mou-, des yeux globu- leux, saillants, à reflets couleur d'or -, des ailes propor- tioTineliement grandes, transparentes comme une gaze très-fine, voilant très-légèrement le corps qui ordinaire- ment est d'un joli vert gai, ou d'un jaune vert. Réaumur a longuement décrit les mœurs des hémé- robes. Ces mouches, dit-il, font des œufs qu'on trouve sans les chercher. Ces œufs, que tous les entomologistes 360 NÉVHOPTKRES, connaissent très-bien, mais qu'il importe de faire con- naître aux jardiniers, afin qu'il ne les détruisent pas, ont été pris autrefois par quelques botanistes pour des espèces de cbampignons. Ils sont blancs, arrondis, gros comme des petites têtes d'épingles, et supportés à l'exl: comité de petites tiges longues de deux à trois cen- .timètres, de la grosseur d'un cheveu. On les trouve toujours sur les feuilles attaquées par les pucerons. Les larves qui sortent de ces œufs, ne sont pas plus tôt nées, qu'elles se dirigent au imilieu des pucerons dont elles font un très-grand carnage. C'est pour celte raison que Réaumur les a appelées lions des pucerons. Ces lar- ves, que tous les horticulteurs peuvent observer, ont le corps aplati, velu, ridé en dessus, terminé en pointe à l'extrémité : elles ont six pattes, et leur bouche est com- posée de deux crochets fistuleux, recourbés avec lesquels elles saisissent les pucerons pour les sucer. En quinze jours les larves ont pris tout leur dévelop- pement. Arrivées à toute leur croissance elles se retirent dans les phs des feuilles, filent une petite coque arrondie d'une soie blanche, où elles se changent en nymphes. Au bout de vingt à vingt-cinq jours l'éclosion de l'insecte parfait a lieu. Il y a plusieurs générations par an. Les larves méta- morphosées en septembre, passent l'hiver à l'état de nymphe, pour éclore au printemps, au moment de l'ap . paritiondes premiers pucerons. Les hémérobes n ont aucune prédilection pour telle ou telle espèce. Nous en avons vu aussi bien au miUeu des pucerons noirs du pavot qu'au milieu des pucerons verts du rosier. NÉVROPTÉRES. 36 1 Le nom d'hémérobe vient du grec et. signifie qui ne vit qu'un jour, ce qui n'est pas très-exact ; quoique la vie de cet insecte soit courte, il ne meurt pas avant le quatrième ou le cinquième jour. Nous recommandons aux amateurs, qui veulent se rendre compte par eux-mêmes de l'utilité des hémérobes, d'en mettre une larve sur une branche couverte de pucerons. Au bout de deux ou trois jours ils ne trou- veront plus que les enveloppes transparentes de ces in- sectes. On rencontre dans nos jardins, les deux espèces suivantes : \ i ^^i=&è:ii«a-i-<' 51. — I Hémérohe perle. Hemerobius. perla. 2 les œufs formant un bouquet. Hémérobe perle. Hemerobius perla Linné. Cette espèce, assez commune, est d'un vert pomme, avec les yeux dorés, très-brillants. Ses ailes couchées 362 NÉVftOPÏÉRES. sur le corps le dépassent de moitié ; elles sont transpa- rentes, avec les nervures vertes, de manière qu'elles ressemblent cà une gaze verte très-fine. Ses antennes sont filiformes, aussi longues que le corps. On trouve fréquemment cette hémérobe sur les rosiers où elle dépose ses œufs réunis en bouquet, chacun sur uniongpédicelle capillaire. Ce petit névroptère est assez élégant ; mais lorsqu'on le tient entre les doigts, il laisse une odeur très-infecte qui rappelle le mot énergique de Cambronne. Hémérobe aux yeux d'or. Hemerobius chrysops Linné. Elle est un peu plus petite que la précédente et un peu moins commune dans les jar- dins de Paris. Son corps est jaune avec les yeux d'un vert doré. Ses ailes sont transparentes, avec les nervures pointillées de noir; caractère qui la distingue au premier coup d'œil. - — Larve de l'hémO- • 1 1 - robe aux yeux d'or. ., La larvc un pcu moins allongée que Hemerobius chrysojjs- celle de l'espèce précédente, porte sur son dos un vêtement informe, composé des peaux des pucerons qu'elle a vidés. Si on lui enlève celte couver- ture, au bout de quelques heures elle a réparé le désor- dre de sa toilette. o"-^ ORDRE. — HYMENOPTERES L'ordre des Hyménoptères comprend une immense quantité d'espèces ; il a été divisé en deux grandes sec- tions, subdivisées en un nombre considérable de familles et de tribus partagées elles-mêmes en une très-grande quantité de genres. Il est caractérisé ainsi : quatre ailes nues, transpa- rentes, couchées horizontalement, parcourues par des nervures formant des cellules inégales; des ailes infé- rieures plus petites que les supérieures ; une tête ayant outre les yeux ordinaires trois petits yeux lisses placés en triangle ; des antennes, tantôt fiHformes, tantôt sétacées et quelquefois en massue ; une bouche composée de deux mandibules cornées, de deux mâchoires et d'une lèvre inférieure tubulaire à sa base, terminée par une languette et formant une espèce de trompe propre à conduire les substances liquides ou demi-tluides. Les Hyménoptères ont des métamorphoses complètes. Le plus ordinairement leurs larves sont sans pattes et vermiformes ; quelquefois, au contraire, elles en ont de très-nombreuses qui leur donnent une certaine ressem- blance avec les chenilles. SECTION DES PORTE -AIGUILLONS. Les insectes appartenant à cette grande division éta- blie par Latreille, ont l'abdomen pédicule et comme 364 HYMÉNOPTÈRES. étranglé, renfermant chez les femelles seulement, un ai- guillon acéré sortant par l'anus, ou à la place d'aiguillon, des glandes contenant une liqueur acide susceptible d'être lancée au dehors. Leurs larves sont apodes (sans pattes), approvisionnées d'avance dans leur berceau, ou nourries par des individus neutres (femelles avortées) chargés d'apporter journellement des provisions à la famille. GENRE FOURMI. FORMICA Linné. Tous les horticulteurs connaissent les fourmis et les nombreuses républiques qu'elles forment dans les jar- dins, les prairies, les bois, etc. Entomologiquement parlant, elles ont pour caractères un abdomen allongé attaché au corselet par un pédicule; quelquefois, mais rarement, un aiguillon dans les femelles et dans les neutres ; le plus ordinairement des glandes anales sécrétant une liqueur piquante, appelée acide for- miquc, susceptible d'être éjaculée, lorsqu'on les inquiète; de fortes mandibules dentées : des antennes coudées. Dans une colonie de fourmis il y a toujours trois sortes d'individus : des mâles et des femelles pourvues d'ailes, qui ne font rien , et des neutres ou ou- vrières, qui en sont dépourvues. C'est à ces dernières, véritables esclaves très-soumises, qu'incombent tous les travaux ; elles sont chargées de la construction des habitations , du percement des galeries , de l'ou- verture des routes, de l'approvisionnement de la répu- blique et des soins de chaque instant à donner aux larves. 11 n'y a pas dans toute la classe des insectes un FlYMÉNOPTÈRES. 3(3o seul animal doué d'autant d'instinct on pourrait presque dire d'autant d'intelligence. Dans les bois , les jardins, etc., on ne rencontre que des ouvrières. Ce n'est que lorsque l'on boule- verse entièrement une fourmilière , à certaines époques de l'année, que l'on trouve des individus ailés. La plupart des mâles et des femelles , quelque temps après leur naissance, par une belle soirée d'été, quittent le foyer domestique et se répandent en essaims dans l'air pour s'accoupler. Après la fécondation les mâles , plus petits que les ouvrières, périssent; peu de fe- melles rentrent à leur domicile ; celles qui ne sont pas dévorées par les martinets ou les chauves-souris fondent de nouvelles colonies. Les femelles fécondées font le sacrifice de leurs ailes, désormais inutiles. Elle se mettent à pondre des petits œufs blancs cylindriques que les ouvrières recueillent avec les soins les plus tou- chants et qu'elles placent dans des endroits préparés à cet effet. Après une douzaine de jours ces œufs donnent naissance à de petites larves, et comme elles ont perdu leur mère, ces mêmes ouvrières les prennent en nour- rice, elles les alimentent en leur dégorgeant dans la bouche des liquides sucrés; quand elles sont un peu plus fortes elles leur donnent une nourriture plus sub- stantielle. Lorsque ces larves ont pris leur entier déve- loppement, elles s'enveloppent dans un petit cocon oblong, blanchâtre ou d'un blanc un peu jaunâtre, pour se changer en nymphes. Une fois le moment de réclu- sion arrivé, les ouvrières déchirent le cocon avec leurs mandibules, et aident aux jeunes à sortir de cette en- veloppe. (]e sont ces cocons que par un abus de langage 366 IIV.MbINoPTÈRES. l'on désigne vulgairement sous le nom d'œn/s de fournus, comme si des œufs de cette grosseur pouvaient être pondus par de si petites bêtes ! Généralement dans une fourmilière il n'y a qu'une seule espèce de fourmi : mais il arrive quelquefois qu'el- les se livrent des combats acharnés d'espèce à espèce, et que celles qui ont été victorieuses emmènent les prisonnières, en esclavage et les obligent à s'occuper de tous les travaux de la domesticité. Quelquesauteurs assurent que les fourmis, très-friandes de matières sucrées, transportent quelquefois des puce- rons pris sur une plante épuisée, pour les placer sur une autre où ces hémiptères trouveront une meilleure nour- riture. Hubert a dit même qu'elles enlevaient souvent des pucerons, qu'elles lesconservaientdans leurs fourmilières comme des vacbes à lait, et qu'une république était d'au- tant plus riche (|u'elle possédait un plus grand nombre de pucerons. Hubert n aurait-il pas confondu avec les pucerons qui se trouvent sur les plantes, ces espèces aptères qui vivent dans la terre à la racine des végétaux au milieu des fourmis ? • Les fourmis, malgré leur prédilection bien prononcée pour toutes les matières sucrées, se nourrissent aussi de matières animales, telles qu'insectes, cadavres d'oiseaux, de reptiles, etc., de fruits murs, de pain, de sucre, etc. Elles ont l'odorat très-développé, ce qui leur est d'un grand secours lorsqu'elles vont à la découverte. On a cru, et quelques personnes le croient peut-être encore, que les fourmis amassaient des provisions dans la belle saison pour se nourrir pendant l'hiver. Il n'en est rien ; elles sont très-frileuses : aussitôt que HYMÉNOPTÈRliS. 367 le froid arrive elles s'enfoncent dans les parties les plus profondes de leur demeure et tombent dans un en- gourdissement léthargique jusqu'aux premières chaleurs. C'est en vain que Ton y chercherait quelque morceau de mouche ou de vermisseau. Les fourmis n'aiment pas l'humidité ; elles ne s'établis- sent guère dans des terrains marécageux ou exposés aux inondinations. Lorsqu'il pleut elles disparaissent comme par un coup de baguette. Si quelques-unes trop éloi- gnées de leur cité sont surprises par une averse subite, elles se mettent vite à l'abri sous des feuilles ou sous des pierres, jusqu'à ce que le nuage soit passé. Ce cas est assez rare, car par un instinct qui leur est propre, elles pressentent un orage avant qu'il n'ait éclaté, et lorsque la pluie arrive elles sont généralement rentrées au logis. On trouve des fourmis sur tout le globe ; les espèces sont extrêmement nombreuses ^ on n'en connaît pas la dixième partie. I! y en a qui sont relativement assez grosses, d'autres sont d'une petitesse excessive et pres- que microscopique. Il y en a une entre autres, dans les îles de l'archipel Indien, qui, au rapport de feu l'amiral d'Urville et du voyageur Lorquin, est si exiguë qu'elle pénètre dans les boîtes les mieux fermées en apparence. Selon notre collègue, M. Lacordaire, le savant doyen de la Faculté des sciences de Liège, qui a résidé pendant quelque temps à la Guyane française, on trouve à Cayenne une espèce tout aussi petite, qui pourrait bien être la même. D'après ses observations, il estime à plusieurs centaines les espèces qui se trouvent dans cette seule co- lonie, où elles occasionnent des déeàts dont nous n'avons 3{3S llYMÉNOPTÈBES. aucune idée en Europe. C'est un desplus grands fléaux. Ellesdévorent toutes les substancesutilesà l'homme. lien est quelques-unes appelées fourmis de rOyapock, dont la morsure détermine des démangeaisons intolérables. Quelques autres ont un aiguillon redoutable ; d'autres anéantissent les plantations de canne, de colon et de manioc ; celle qui attaque cette dernière plante est con- nue, dans les colonies françaises, sous le nom àe fourmi du manioc. Au milieu de cette engeance dévastatrice, il y en a une qui rend de temps en temps de véritables services, c'est celle que les colons nomment la fourmi voyageuse. Les individus appartenant à cette grande espèce forment une multitude tellement incalculable, dit le savant pro- fesseur, que le sol en est couvert sur une largeur de plus de cent mètres et sur une file souvent de deux kilomè- tres. Lorsqu'elles arrivent sur une habitation et qu'elles pénètrent dans les maisons, les animaux qui s'y trou- vent, tels que serpents, crapauds, rats, souris, kankre- lacs, etc., s'efîorcent de s'enfuir dans le plus grand dé- sordre -, mais ils n'en ont pas le temps, et sont dévorés avant d'avoir pu échapper à leurs nombreux ennemis. Ces fourmis ne font aucun mal aux plantes. Feu notre bon et regretté collègue Neumann a con- servé assez longtemps, dans les serres du Muséum, une grosse espèce de fourmi de Cayenne qui se chargeait d'y % faire la police; elle faisait une guerre sans trêve aux limaces, aux cloportes, aux Coccides et aux thrips. Comme il ne possédait que des individus neutres, elle n'a pu se reproduire, et il l'a perdue. On pourrait essayer d'introduire dans les serres infestées de parasites HYMÉiNOFTÈRES. 3b9 (|uelques individus neutres de la grosse l'ournii des bois qui seraient hors d'état de se multiplier et qui de temps en temps, pourraient y faire des rondes fort utiles. En Europe, les fourmis n'attaquent pas les plantes vi- vantes ; celles que l'on rencontre sur les végétaux, y sont attirées parla matière mielleusesécrétée par les pucerons et les kermès, dont elles sont "très- avides, ainsi que des fruits sucrés, tels que prunes, abricots, poires, pêches, raisins, etc. Dès qu'elles trouvent un fruit un peu entamé, elles pénètrent dans l'intérieur et en enlèvent une partie de la substance pour alimenter leurs larves et pour se nourrir elles-mêmes. Non -seulement ces insectes font beaucoup de tort aux fruits en question , mais ilf^ communiquent sou- vent à ceux sur lesquels ils se sont promenés, une odeur et une saveur peu agréables, connues sous le nom de goût de fourmi. Dans les jardins, ils établissent fréquemment leur habitation au pied des plantes-, ils creusent entre les racines des galeries dans toutes les directions, rendent ces plantes languissantes et les font quelquefois périr par l'acide formique qu'ils répandent à l'entour et qui brûle les radicelles. On a jusqu'à ce jour employé bien des moyens pour détruire les fourmis ou pour les éloigner, ce qui signitie qu'on n'en connaît pas encore un seul qui réussisse com- plètement. Neumann avait conseillé, pour les éloigner, l'emploi du guano. D'autres ont recommandé de verser; le soir, dans les trous et les crevasses par oîi elles en- trent dans leur domicile, une solution de savon noir ou de sulfure de chaux, ou même de l'eau bouillante. Nous préférons à tous ces moyens l'huile lourde de gaz ou la 24 370 HYiME.NOl'TÉRKS. benzine mélangée avec une grande quantité d'eau. Mais, ces moyens ne peuvent être mis en usage quand elles ont établi leur nid au pied de plantes délicates; le re- mède deviendrait pire que le mal. Lorsque nous avons une fourmilière auprès d'une plante, nous prenons un pot à fleur, que nous renversons, après avoir bouché le trou du fond; nous arrosons bien la terre toutàl'entour; les fourmis trouvant cet abri à leur convenance, ne tardent pas à y établir leur demeure; elles y transportent leurs nymphes ou leurs nourrissons pour les tenir plus chaudement ; en répétant cette opération deux ou trois fois, on enlève toute la fourmilière. On prend aussi beaucoup de fourmis en disposant, de place, en place des petites fioles à moitié remplies d'eau miellée. Quelques personnes les empoisonnent avec une petite quantité d'arsenic mélangée avec du sucre en poudre, ou avec du cobalt appelé vulgairement tue- mouche, mêlé avec du miel ou de la mélasse. Les fourmis appartiennent à la famille des Hyménop- tères Hétérogynes ; les principales espèces nuisibles aux jardins sont les suivantes : Fourmi jaune. Formica flava l'ahricius. C'est une de nos petites espèces. L ouvrière, qui est le seul individu que les jar- ^ J^ diniers remarquent, est d'un ^r= ^^^f=- jaune foncé assez luisant; les M.-yoxnmi.m^^^.i-ourmicaftara. Indlvldus allés sout, au COtt- u.emâie.2Laiena.ue. traire,d'une coulcur noirâtrc. (^est une des espèces les [)lus communes dans les HV.MÉN(>i'TÉlU';s. 37i jardins de Paris. Elle élablil son domicile à lu racine des plantes et même dans les pots à fleurs. Fourmi brune. Formica fusca LatreillL'. IMiis grosse que la précédente, d'un noir-luisant légè- rement cendré, avec les pattes roussàtres. Assez commune dans les jardins, principalemeni dans les couches, chez les maraîchers. Fourmi rouge. Formica rubra Lalieille. De la taille de la fourmi jaune, mais d'une couleur rouge fauve. Elle est assez rare dans les jardins; plus commune dans les parcs, où elle forme des fourmilières au milieu des gazons. Sa piqûre est cuisante et assez doulou- reuse. Cette espèce, pourvue d'un petit aiguillon, n'appar- tient plus aux fourmis proprement dites ; elle fait aujourd'hui partie du genre myrmica. Fourmi mineuse. Formica cunicuiaria Lalieille. (;'est la plus commune de toutes les espèces qui habitent les jardins ; elle s'établit sous les pierres, au pied des es- i 2 paliers, des murs et des serres, g^^,^^ OLi elle creuse de profondes ga- *■ j'i. — l'ounnie iiiuicusu. leries, que Latreille a comparées Fo,-mi,-acumcuiaria. . , I (mviiéro. 2 Idem grossie. a des terriers de lapin. C'est elle, (jui, à Paris, monte le long des murailles, pénètre dan: 372 lIV.ME.Ndl'TEliHS. les apiJai'Lements et dans les armoires. C'est presque toujours elle aussi (jue l'on rencontre à la recherche des pucerons, sur les pêchers, les pruniers, etc. Cette fourmi n'est pas toujours tranquille chez elle. Une autre espèce roussâtre, formica rufescens, \ui dé- clare souvent la guerre ; celle-ci marche en colonnes serrées à l'attaque de la fourmilière, qu'elle envahit de toutes parts, et, après avoir tué celles qui font résis- tance, elle enlève les nymphes qu'elle transporte dans sa propre demeure, où elles éclosent. et sont réduites à Tesclavage pour toute la durée de leur existence. La fourmi mineuse est d'un noir cendré, légèrement pubescente, avec la tète noire et le corselet rongeàtre, marqué d'une tache dorsale noire. Notre collègue, M. Duhreuil, savant professeur d'ar- horiculture, accuse la grande fourmi des bois, formica rufa, d'attaquer les poires. Nous n'avons pas observé ce cas qui doit être rare. Si cela arrive^ ce n'est que dans le voisinage des bois ou dans les jardins situés au milieu des grands parcs. GENRE GUÊPE. VESPA Linné. Tous les jardiniers et les agriculteurs connaissent sul- îisamment les guêpes, et il est inutile d'en donner ici le caractère entomologiqi^e ; ils ne les confondront pas avec les abeilles, ni avec les bourdons. Ces insectes forment des sociétés annuelles ; leurs co- lonies, comme celles des fourmis, sont composées de trois sortes d'individus : des mâles, des femelles et des neutres. Ce sont ces derniers qui travaillent et sont liY.MKNOPTERKS. 37;; chargés de nourrir les jeunes larves pendant une partie de l'année. Les mâles et les femelles ne se montrent guère avant la fin du mois de septembre ; cà cette épo- que, ils sortent comme les ouvrières et prennent part aux travaux du guêpier. Les guêpes n'ont pas, comme les abeilles, un gouver- nement monarchique avec une seule reine ; elles vivent en république. Dans un nid, il y a deux ou trois cents fe- melles occupées à pondre jusqu'à l'automne ; pendant ce temps-là, les neutres, qui ne sont que des femelles avortées, plus petites, plus légères, plus agiles et plus actives, vont à la provision. A l'entrée de l'hiver, les guêpes périssent ; il ne reste que quelques femelles en- gourdies et fécondées pour propager l'espèce. Ce sont ces dernières seules qui commencent à fonder un nou- vel établissement. Les premiers nés sont toujours des individus neutres qui travaillent activement à augmen- ter l'édifice commencé par leur mère, lorsqu'ils ne sont pas occupés à l'approvisionnement de la famille. Les guêpes font leur nid à l'abri de la pluie, dans des troncs d'arbres creux, sous les toits de chaumes, dans les combles des vieilles maisons ou dans la terre. Lne espèce qui ne fait plus partie du même genre, le Po- lyste de France Polystesgallicus), attache le sien, en forme de rosace, dans les champs, les landes, etc., à une pierre ou à quelque tige de bruyère ou de graminée. Les nids de guêpes sont des espèces de gâteaux compo- sés de cellules hexagonales, de la couleur et de la con- sistance d'un carton grisâtre. Cette substance coriace, papyracée, a pour éléments des fibrilles de bois sec gâchées avec une salive gluante. On a vu des guêpiers 37i HYMÉNOPTÈRES. composés de 12 à lo mille cellules contenant clui- ciine une larve ou une nymphe. Les larves de ces insectes sont apodes et vermiformes ; elles sortent de l'œuf huit jours après la ponte. Vingt jo;irs après, elles ont atteint tout leur développement, et elles se changent en nymphes, en bouchant l'orifice delà cellule avec un tissu soyeux. Au bout de huit jours, l'insecte parfait ouvre la porte de sa prison et s'envole. Le logement ne reste pas pour cela longtemps vacant; les mâles ou les ouvrières le nettoient et le mettent à même de recevoir un nouvel œuf. Les guêpes sont polyphages ; elles vivent indistincte- ment de substances végétales ou animales. Elles font la g'uerre aux autres insectes , particulièrement aux abeilles. L'aiguillon dont elles sont armées, est un sûr moyen d'exercer leurs rapines et leur férocité ; elles percent avec cette arme redoutable et envenimée le corps des insectes plus petits qu'elles, les paralysent ou les tuent et les emportent dans leur nid. Nous avons vu plusieurs fois la guêpe commune couper en deux, à l'aide de ses fortes mandibules, la chenille du pied d'a- louette, et même l'abdomen de certaines noctuelles et les emporter de la même manière; elles aiment aussi beaucoup la viande fraîche, le miel et tous les fruits sucrés, tels que prunes, abricots, poires, rai- sins, etc. Les guêpes sont considérées par les arboriculteurs comme un véritable tléau ; elles entament les fruits, en ayant soin de s'adresser toujours aux plus mûrs et aux plus sucrés. Quelques personnes doutent cependant qu'elles perforent la peau ; elles pensent, au contraire, HYMKNUPTKRKS. lîTo qu'elles ne t'ont que profiter de ceux qui sont préalable- ment entamés par les limaçons, les oiseaux ou les sou- ris, ou fendus naturellement à la suite de la pluie et de la chaleur. D'autres nous ont assuré que, dans les appar- tements où il n'y avait ni oiseaux ni limaçons, elles déchiraient la peau du raisin et qu'elles creusaient des fruits intacts. Les auteurs allemands et anglais n'hési- tent pas à être de cette opinion. Aux environs de Paris et dans la plus grande partie de la France, on ne rencontre guère que deux espèces de guêpes dans les jardins fruitiers. La guêpe vulgaire. Vespa vulgaris Linné. Cette espèce, ainsi que son nom l'indique, est la plus commune de toutes. On la, reconnaît facilement aux caractères suivants: antennes noires un peu plus grosses à Textrémité ; tète noire, avec le tour des yeux roux ; mandibules bien développées , jaunes, avec l'extrémité noire ; corselet noir, marqué de taches jaunes •. abdomen jaune, avec la base des anneaux noire, chaque anneau est, en outre, marqué d'une petite tache dorsale noire. Les pattes sont d'un jaune roussâtre. La piqûre de celte guêpe est assez douleureuse et occasionne souvent du gonflement et de l'induration à la peau. On apaise la douleur avec un peu d'alcali volatil étendu d'eau. Si on n'a pas cette substance à sa disposi tion, on écrase des feuilles de persil, on en exprime le jus et on l'applique sur la plaie après avoir eu soin de retirer l'aiguillon qui reste souvent dans la peau. Les jardiniers, lorsqu'ils sont piqués par une guêpe, se contentent de frotter la place avec un peu de terre douce. 3:6 IIY.MENOPTKRHS. C'est généralement cette guêpe que Ton Irouve sur les fruits à la lin de l'été et à l'automne. C'est aussi elle qui pénètre dans les appartements à Paris et à la cam- pagne. Le meilleur moyen de détruire les guêpes, c'est de les attaquer dans leur nid ; mais, comme elles volent très- loin deleur habitation, il n'est pas toujours facile de le dé' couvrir, d'autant plus que celui de cette espèce est con- stamment caché dans la terre à une profondeur de dix à douze centimètres. Lorsqu'on a découvert un repaire, où l'on voit entrer et sortir des guêpes à chaque instant, il n'est pas très-difficile d'anéantir toute la république. Plusieurs moyens sont très-efficaces, mais on ne doit les employer que le soir après le coucher du soleil : i" on peut verser de l'eau bouillante dans leur galerie; 2" au lieu d'eau bouillante on fait usage d'eau fortement addi- tionnée de benzine ou d'huile lourde du gaz ; 3° on les asphyxie complètement en introduisant dans l'ouverture une mèche soufrée ou une traînée de poudre à canon. Il y a des années, on ne sait trop pourquoi, où la guêpe vulgaire est si commune qu'à la campagne on trouve des guêpiers dans une infinité d'endroits. Alors, il devient difficile de les détruire tous. Ces années sont rares et exceptionnelles. Dans les jardins, à Paris, où ces insectes sont très- répandus, on découvre bien rarement leur demeure ; les sens de l'odorat et de la vue sont tellement dévelop- pés chez eux qu'ils arrivent de très-loin. Pour diminuer le nombre de ces parasites, on a recours à divers moyens. Le plus ordinairement on suspend le long des treilles, des espalier.>, etc., de petites fioles ou llYMÉNOPTÉRliS. Tu de petites bouteilles à étroite ouverture, à moitié rem- plies d'eau miellée. Les guêpes une fois entrées dans ces bouteilles ne peuvent en ressortir et se noient dans le liquide. Il est essentiel de renouveler l'eau miellée de temps en temps ; on en prend ainsi de grandes quanti- tés. 11 y a bien un autre moyen plus efficace ; mais il faut de grandes précautions pour en faire usage ; il consiste à mêler un peu d'arsenic avec du sirop de miel ou de sucre. Attirées par ce mélange, elles arrivent de tous les côtés et s'empoisonnent par centaines : dans les années où elles sont abondantes, le sol est jonché de leurs ca- davres. Nous devons dire ici qu'en noyant ou en empoi- sonnant les guêpes on fait périr en même temps un grand nombre de malheureuses abeilles, innocentes créatures qui sont également très-friandes de matières sucrées. Le frelon. Vespa crabro Linné. Toutes les personnes habitant la campagne con- naissent cette grosse guêpe appelée frelon. C'est la plus grande denos espèces européennes et celle dont la piqûre est la plus terrible. Elle est longue de près de trois centimètres ; sa tête est fauve avec de fortes mandibules jaunes; son corselet est noir, un peu ferrugineux en avant ; le premier anneau de l'abdomen est d'un noir pro- fond, légèrement hséré de jaune; les autres sont noirs, avec une bande jaune marquée de deux ou trois points noirs; les pattes sont roussâtres. Le frelon vit en sociétés nombreuses il construit ; dans les greniers abandonnés ou dans les arbres creux , un nid souvent aussi gros ([ue la tête, formé d'un 37S HY.MÉNOPTKKES. papier grossier, d'un gris sale, composé de petits fragments de bois sec, broyés et détrempés avec une salive visqueuse. Dans les jardins de Paris, les frelons causent peu de dommage; on les voit, à la lin de l'été, posés sur les troncs des ormes en train de sucer les plaies qui suintent une liqueur visqueuse. Ils entrent rarement dans les ap- partements. A la campagne, ils sont assez communs et commettent les mêmes déprédations que la guêpe vul- gaire. Il n'est pas rare d'en rencontrer, à l'automne, un certain nombre sur les tas de pommes dans les pressoirs ou sur le marc des raisins. Ce sont des ennemis redou- tables pour les personnes qui élèvent des abeilles. Ils tuent un grand nombre de ces Hyménoptères cbargés de miel, et les emportent dans leur guêpier pour nourrir leurs larves. Les frelons, comme la guêpe vulgaire, périssent à l'entrée de l'biver, sauf quelques femelles fécondées qui s'engourdissent pour jeter au printemps, les fondements d'une nouvelle colonie. De cette première ponte, il ne nait que des neutres qui continuent avec leurs mères la construction de l'édifice. Les gens de la campagne savent parfaitement bien dé- couvrir les nids de frelons; le plus difficile est de les détruire; cette opération ne doit se faire que le soir, quand cbaque individu est rentré à son domicile. Ce qu'il y a de mieux, c'est de les aspbyxier avec de la fumée, ou mieux encore avec des mècbes ou des cliiffons sou- frés que l'on tient allumés au bout d'une gaule. On pour- rait aussi essayer de seringuer dans les guêpiers de la benzine étendue d'eau. HYMÉNOPTÈRES. 379 On rencontre en France, et môme aux environs de Paris un frelon un peu plus petit que le ])récé(lent, dont les habitudes sont les mêmes, mais il est beaucoup moins commun. Il attache ordinairement son nid aux branches des arbres ou sous les auvents des maisons. On le dé- signe en entomologie sous le nom de guêpe moyenne, Vespa média Olivier. Nous ne dirons rien ici de la guêpe du Holstein {Vespa holsalica),mde \si guêpe de F vànce [Polystes gallmis^, qui ne sont pas nuisibles à l'horticulture. Après avoir parlé des guêpes, nous ne devons pas ou- blier de mentionner un procédé mis en usage pour pré- server les raisins de la voracité de ces insectes. Nous l'avons vu employer, il y a une dizaine d'années, pour la première fois, par M. Perrault, horticulteur à Sucy. Notre savant confrère et collègue, le D'' Aube, en a fait un grand éloge à l'une des séances delà Société impériale d'horticulture, et a dit en avoir obtenu un excellent ré- sultat. Ce procédé est fort simple ; il consiste à enve- lopper chaque grappe de raisin dans un manchon de papier, froncé par en haut et complètement ouvert par en bas. Les guêpes n'entrent pas sous cette enveloppe, quoiqu'elle soit ouverte dans sa partie inférieure, ce qui semble indiquer que, chez elles, le sens de l'odorat est moins développé que celui de la vue. Dans la famille des Mellifères: nous n'avons à men- tionner que le GENRE XYLOCOPE. XYLOCOPA Lati . Apis Linn. Les caractères de ce genre de la tribu des Apiaires 380 HYMi-:N(ipTi';ni:s. dont on ne voit qu'une seule espèce dans nos jar- dins, sont : une langue presque cylindrique, aussi lon- gue que le corps lorsqu'elle est développée : des anten- nes filiformes, coudées, de douze articles ; des mâchoires élargies, fortes, cornées et dentées en dedans; un corps un peu velu ; des jambes postérieures munies de longs poils pour la récolte du pollen. Les larves sont apodes et vermiformes. . Xylocope violette. Xylocopa violacea Linné. Il est peu de personnes qui n'aient remarqué cette es- pèce de gros bourdo)} noir dont les ailes ont un reflet violet, et que l'on appelle vulgairement abeille perce- bois. Cet insecte se montre dès les premiers beaux jours. Quand il n'y a pas encore de fleurs dans les jardins ou qu'elles y sont rares, il pénètre dans les appartements, et surtout dans les serres, lorsque son instinct lui fait découvrir quelques plantes dont les corolles sont ou- vertes. Dans les serres chaudes, sa présence est fort nuisible, lorsqu'il s'y trouve des Orchidées ; en butinant sur leurs fleurs pour y recueillir du miel et un peu de pollen, il les féconde et abrège de beaucoup leur durée. Il paraît, au reste, que, dans la nature, les choses se passent souvent de la même manière, et que ce sonf d'autres Hyménoptères de la même tribu, qui, dans les bois et les prairies, fécondent nos Orchidées indigènes ; c'est à eux que nous devons ces hybrides que nous avons quelquefois rencontrés dans nos excursions botaniques, et sur lesquels notre collègue, M. Timbal-Lagrave, a publié plusieurs petites notices Irès-intéressantes. IIYMÉMIPTÈRES. ,381 AuinilieuclupriîiLemps,laxylocopedis[)araiLdenosjai-- diiis. Le mâle périt après Taccouplemenl, la i'emelle, restée seule, s'occupe à préparer le logement, et à assurer la nourriture pour une jeune famille (pi'elle ne connaîtra jamais. Alors elle choisit, dans ce bul, de vieilles poutres de bois bien sec et un peu en dé- composition, de vieux pieux, etc., dans lesquels elle creuse, à l'aide de ses fortes mâchoires, des galeries assez longues, parallèles aux fd}res du bois, partagées en plusieurs loges superposées et séparées l'une de l'au- tre par une simple cloison. Elle pond un œuf dans cha- que cellule après y avoir déposé une^pàtée de miel et de pollen, en quantité suffisante pour nourrir la larve jus- qu'à sa transformation. Dans la classe des insectes, il n'y a pas de ces mau- vaises mères qui abandonnent leurs enfants ou qui man- (|uent de sollicitude pour eux. La femelle delà xylocope a la précaution, lorsqu'elle prépare le logement pour ses descendants, d'amincir la paroi extérieure de cha- que cellule, de manière que l'insecte, lorsqu'il sort de sa dernière enveloppe, n'a qu'un faible obstacle à vaincre |)Our être en liberté. Lors(iu'un horticulteur aura des craintes pour ses Or- chidées, il pourra facilement prendre dans sa serre l'a- beille perce-bois avec un tilet à papillons l'AMILLK DES FUPIVOHES Latieillc. Les hyménoptères appartenant à cette section des Térébrans sont extrêmement nombreux. Leur corps est allongé, généralement élranglé, et ne lient souvent au 382 IIYMÉNUI'TÉRES. corsek'l ([ue par un mince pédicule. Leurs larves souL vermiformes, sans pattes, et vivent; ainsi que leur nom l'indique., en parasiter dans le corps des autres larves, (-ette famille est divisée en plusieurs tribus dont deux seulement intéressent l'horticulture, les Ichneumonides et les Chalcidites. Tribu des Ichneumonides l.alreiUe. La tribu des Tchneumonides a été partagée en une- infinité de genres pour faciliter le classement et l'étude des nombreuses espèces qui en font partie; elle estpres- ([ue entièrement composée du grand genre fchneumon de Linné; les quelques espèces qui en ont été retranchées, appartiennent aujourd'hui à d'autres groupes. Les Ichneumonides ont pour caractères: des antennes vibratiles assez longues, filiformes, composées d'un grand nombre d'articles variant de 18 à 20; des palpes maxil- laires toujours très-apparents; un corps étranglé et pédi- cule au point où il s'attache au corselet; un abdomen se terminant, dans les femelles, par une tarière plus ou moins longue, composéede trois filets. Les entomologistes leur donnent un caractère plus essentiel : c'est que les ailes de devant offrent toujours une grande cellule for- mée par la réunion de deux autres. ■ Chez la plupart des Ichneumonides, les antennes sont ornées d'un anneau blanc ou jaunâtre placé entre le mi- lieu et l'extrémité. Ces insectes que chacun peut obser- ver journellement, avaient été appelés par Réaumur mouches vibrantes^ parce que leurs antennes sont toujours en mouvement. Dans certains genres, la tarière tri|)lequi H\:MÉN(»n'ÉKK!«. 383 lermine l'abLlouieii des femelles est plus longue (jue le corps, quelquefois elle est delà même longueur et sou- vent beaucoup plus courte. Les insectes appartenant à cette tribu rendent, tous, les plus grands services aux agriculteurs et aux hor- ticulteurs, en faisant périr les neuf dixièmes des larves ; sans leur assistance, le produit des champs et des jar- dins serait souvent anéanti ; ce sont eux qui ont fait disparaître la pyrale de la vigne dont nos vignobles ont eu tant à souffrir. Les femelles des Ichneumonides pondent leurs œufs dans le corps des chenilles, des fausses-chenilles et dans les larves vivantes de beaucoup d'autres insectes. Géné- ralement elles percent la peau de ces larves à l'aide de leur tarière et y introduisent, selon les races, un ou plu- sieurs œufs. La petite plaie se referme : cependant, sur certaines chenilles d'une couleur claire, on voit la piqûre indiquée par un point noir bien marqué. Les entomo- logistes connaissent parfaitement à ce stygmale une che- nille lorsqu'elle est ichneumonée. L'œuf ou les œufs éclosent dans le corps de la larve qui a été piquée. Dès que les petits vers sont nés, ils vi- vent intérieurement aux dépens de la victime, qui con- tinue de manger et de grossir sans en paraître trop in- commodée. Quelquefois il arrive même que la chenille a conservé encore assez de vie pour se métamorphoser en chrysalide. Alors, onesttrès-étonné de voir éclore d'une chrysalide une mouche à quatre ailes au lieu d'un papil- lon. Souvent cependant les larves ou la larve des Ichneu- monides font périr la chenille et elles sortent de sa dé- pouille pour se métamorphoser, ou bien elles subissent ■m llY.MÉNOl'TÉRES. leur seconde Iraiisloniuilioii dans le cadavre lui-même. Les Ichneumonides ne s'adressent pas seulement aux chenilles, ou aux fausses-chenilles : chaque espèce à l'instinct de découvrir la larve propre à nourrir sa progéniture. Les femelles savent trouver les larves les mieux cachées en apparence ; à l'aide de leur tarière, elles percent les écorces, le bois, la terre, etc., pour déposer un ou plusieurs œufs dans le corps de la victime qu'elles ont choisie. Certaines petites espèces pondent dans les œufs des araignées, dans le corps des pucerons ou même dans celui des Coccides. Aucune larve n'est à l'abri de la tarière des ichneumons-, il faut qu'elles soient profondé ment cachées dans la terre ou dans le bois, pour échap- per à leurs investigations. Les jardiniers et les agriculteurs comprendront facile- ment, d'après ce que nous venons de dire, l'utilité de ces insectes parasites, destinés à rétablir l'équihbre en fai- sant rentrer une espèce qui se multiplie trop pendant quelques années, dans les justes limites que la nature lui a assignées. Il nous est arrivé souvent d'élever à la fois une cin- quantaine de chenilles d'une même espèce de pri[)illon et de n'obtenir que des ichneumons. Nous ne décrirons pas ici les nombreuses espèces qui vivent aux dépens des chenilles ou des fausses-chenilles, la série en serait trop longue, d'autant plus que chaque espèce a presque toujours un ichneumon qui lui est propre. Les trois figures que nous donnons seront suflisantes pour donner une idée de ces insectes bienfaisants. Le nom à' ichneumon a été donné par Aristote cl Sira- HYMÉiNOPTÈRES. 385 bon à un petit animal propre à l'Egypte, espèce de ïou'me {Viverra ichneumon des zoologistes), que les Egyp- tiens adoraient parce qu'ils supposaient qu'il entrait par la gueule du crocodile pour lui dévorer les entrailles. hrieumon circonflexe. Ichm'umon circon/k Cette fable n'a plus cours de nos jours; l'ichneumon, selon M. Geoffroy Saint-Hilaire ( Voyage en Egypte ] vit de rats, de mulots, d'œufs d oiseaux , d'œufs de :iC. — Ichneumon filiforoie. Ichneumon filiformis. 57. — Ichneumon noirâtre. Ichneumon nigritarius. tortue, etc., comme tous les autres carnassiers du même groupe ; mais il rend d'importants services au bord du 386 ' HYMÉNOPTÈRES. Nil, en détruisant les œufs de crocodiles dont il est très-friand. C'est par allusion à cet animal (jue les entomologistes ont appelé ichneumons ces sortes de mouches à quatre ailes, qui dévorent les entrailles des autres larves. Chalcidites. Les insectes dont se compose celte tribu sont de très- petites mouches à quatre ailes, ornées de couleurs mé- talliques souvent assez brillantes, à antennes coudées et à ailes presque entièrement dépourvues de nervures. Les espèces de chalcidites sont extrêmement nom- breuses. Le corps des femelles est terminé, comme chez leslchneumonides, par une petite tarière qui leur sert à percer le corps des larves, des chrysalides, ou des in- sectes parfaits pour y déposer leurs œufs. Ces petits pa- rasites attaquent surtout les chenilles, mais ils ne mé- nagent pas pour cela certaines larves appartenant à d'autres ordres. Leurs mœurs ressemblent complète- ment, du reste, à celles des ichneumons; ils rendent les mêmes services à l'horticulture. Près des chalcidites viennent se placer les Cynips qui sont également de très-petites mouches à quatre ailes, classées par analogie avec les Pupivores et appartenant à la tribu des Gallicoles. Ces petits hyménoptères ont pour caractères : des ailes inférieures sans nervures, des antennes fdiformes, assez longues, non coudées, com- posées de 14 à 15 articles, de petites mâchoires très- distinctes; chez les femelles, une tarière non apparente, HYMENOPTERES.. 387 mais assez longue, repliée sous le ventre et cachée dans une sorte de coulisse. Les espèces de cynips sont nombreuses et ont été ré- parties parles entomologistes modernes dans une quan- tité de genres. Leur couleur n'a rien de métallique; ils sont noirs, bruns ou d'un roux ferrugineux. Leur petite taille les dérobe souvent à nos regards; généralement on les voit peu, à moins qu'on ne se donne la peine de les élever pour les étudier et les connaître. Ces insectes ont un genre de vie qui n'appartient qu'à eux. Sous leur premier état, ils vivent exclusivement dans des galles ou excroissances dés végétaux : lorsqu'une fe- melle a été fécondée, elle fait choix de la plan te qui devra servir de berceau à ses enfants. Alors elle détend sa tarière, et fait, à l'aide de cet instrument, une petite plaie, tantôt aux tiges, tantôt aux feuilles et tantôt aux pétioles ou même aux pédoncules des fleurs, où elle dépose un ou plusieurs œufs ; cela varie suivant les races, chacune ayant ses habitudes. La petite entaille, probablement sous l'influence d'une liqueur sui generis sécrétée par l'insecte au moment de la ponte, se tuméfie et ne tarde pas à devenir une galle, dont la forme est toujours la même dans chaque espèce. Les jardiniers et les personnes habitant la cam- pagne ont souvent l'occasion de voir dans les parcs et dans les bois, sur les feuilles de différents arbres, princi- palement sur celles des chênes, de ces productions anor- males, dont les unes sont arrondies et de la grosseur d'une noisette, les autres de la grosseur d'une pomme d'api; d'autres, sont appliquées intimement à la face inférieure des feuilles et ressemblent à de petits cham- 388 HYMÉNOPTÈRES. pignons : ils ne sont pas non plus sans remarquer des gonflements analogues sur des plantes basses, telles que véronique, lierre terrestre, graminée, etc. Les cynips, en général, ne sont pas à redouter pour les jardins; une espèce cependant, le cynips du rosier [Cynips rosœ), est quelquefois assez nuisible à plusieurs variétés de rosiers et surtout aux églantiers. L'insecte parfait, qui a à peine cinq millimètres, est noir, avec les pattes et l'abdomen d'un jaune roussàtre. A la fin du printemps, la femelle pond environ une dizaine d'œufs, dans une petite entaille qu elle fait aux rameaux des rosiers. La petite plaie se boursoufle, et la galle singulière qui résulte de la piqûre, est à l'automne de la grosseur d'une nèfle. Elle est arrondie, ou un peu irrégulière, d'une odeur qui n'a rien de désagréable, composée d'une infinité de petits filaments qui la font ressembler à un corps mousseux et chevelu. Cette galle chevelue, désignée autrefois dans les pharmacopées sous le nom de Bédéguar, prend à l'arrière-saison une couleur verte mélangée de rouge ou d'un peu de jaune, qui est assez agréable à l'œil. Les jardiniers devront, au mois d'octobre, arracher aux rosiers et aux églantiers toutes ces galles mous- seuses, et les brûler pour anéantir le cynips dans sa de- meure. Les personnes qui, par curiosité, recueilleront, àl'en- trée de l'hiver, des bédéguars et qui les tiendront ren- fermés dans une boîte, ne seront pas peu surprises d'en voir sortir au printemps deux petites mouches d'espèces fort difîérentes : l'une telle que nous l'avons signalée et Tant reornéede couleurs métalliques brillantes. Cette der- HYMÉNOPTÈRES. i&O nière est une C\và\ck\\ie{DiplolepisBedeguarcnsis), dont la mère, par un instinct admirable, avait introduit, en perçant la galle avec sa tarière, un œuf dans les larves des malheureux cynips. Les premiers naturalistes (jui ont étudié ces galles, ne savaient trop comment expli- <|uer un fait qui leur paraissait si extraordinaire; ils se demandaient quel était le véritable propriétaire de l'éta- blissement, ou plutôt si ces deux petits hyménoptères ne vivaient pas en commun et en bonne intelligence. Mais les études sérieuses de Réaumur, de Degeer, et de beaucoup d'autres entomologistes, ont démontré delà façon la plus évidente, ce que chacun sait aujourd'hui, c'est-à-dire que ce sont les Chalcidites qui sont les brigands. Nous avons dit un mot, en parlant de l'utilité de cer- tains insectes, de deux cynips qui rendent des services; celui dont la piqûre produit la noix de galle et celui que l'on emploie pour la caprification. TRIBU DES TENTHREDINES 01 PORTE-SCIES. (.'ette tribu est formée du grand genre Tenthredo de Linné. Elle comprend tous ces Hyménoptères grands, moyens ou petits, que les anciens auteurs appelaient mouches à scie ou porte-scies. Elle se distinguent nette- ment des autres tribus de la section des térébrants par les caractères suivants : Abdomen sessile, c'est-à-dire non pédicule, appliqué au corselet dans toute sa largeur, cylindrique ou à peine aplati, formé de neuf segments ou anneaux, muni, chez les femelles, à son extrémité inférieure, d'une tarière logée dans une coulisse ou sorte de gaîne constituée par 390 HYMÉNOPTÈRES. deux lames cornées, dentées en scie; une tèle carrée pourvue de deux fortes mandibules (1) plus ou moins dentées, et de deux antennes qui varient pour le nombre des articles et pour la forme; des ailes un peu chiffon- nées. Ce (j[ui caractérise surtout ces Hyménoptères, c'est qu'ils sont les seuls dont les larves, munies de pattes nombreuses, vivent en plein air comme les chenilles des papillons. Ces larves, désignées par les entomologistes sous le nom de fausses-chenilles, ressemblent, au pre- mier coup d'œil, à de véritables chenilleS; dont elles ont la forme et les couleurs; en général, les jardiniers les considèrent comme telles , parce qu'ils ignorent qu'au lieu de donner des papillons, elles produisent des mouches à quatre ailes. A l'avenir, ils les dis- tingueront aussi facilement que leur main gauche de leur main droite, lorsqu'ils sauront que les larves des J) Chez certaines Teulhri'diues les mandibules sont assez fort es pour entamer et percer des corps très-durs; par exemple^ les es- pèces dont leslarves vivent dans le bois, ne se serventque de cet instrument pour se frayer un passage, lorsqu'arrive le moment de réclusion; les Urocères (Sirea;) sont dans ce cas. Notre estimable collègue, M. de Schœnefeld, secrétaire général de la Société bo- tanique (le France, nous a envoyé de Saint-Germain une petite boîte remplie de Sirexçiigantea, qui, dansune maison neuve, per- çaient des poutres de sapin, pour se mettre en liberté. Nous lisons dans les comptes rendus des séances de lÂca- démie des Sciences, année '1857, p. 318, que M. le maréchal Vaillant a présenté à la séance plusieurs paquets de cartouches dont les balles avaient été percées, et quelques-unes, d'outre en outre, par un Hyménoptère, pendant le séjour de nos troupes en Crimée. Dans un savant rapport, Duméril énumère toutes les observations connues sur les perforations de lames de plomb par des insectes; ensuite, il dit avoir reconnu, dans THyménop- lère trouvé dans les balles, le Sirex jmeiims. Mais l'explication HYMÉNOPTÈRES . 391 Tenthrédines ont toujours plus de seize pattes (de 18 à 22) et une tête arrondie comme un bouton, munie de deux yeux ; tandis que les véritables chenilles n'ont jamais plus de seize pattes ni moins de dix et qu'elles ont , en outre, la tête cordiforme ou un peu triangulaire et dépourvue d'yeux. Les fausses-chenilles ont les mêmes mœurs que les chenilles, elles dévorent de même les feuilles des végétaux et vivent aussi quelquefois dans les tiges, ou dans les jeunes pousses des rosiers, des poiriers et de la vigne ; celles qui se nourrissent ainsi de la partie mé - dullaire paraissent, dans certains, cas n'avoir que les six pattes écailleuses , les autres pattes sont tellement courtes qu'elles sont réduites à l'état de mamelons peu apparents ; il y en a aussi qui vivent dans les fruits. Lorsque ces larves sont arrivées au terme de leur ac- croissement, généralement elles descendent et entrent qu'il donne de ces perforations ne nous paraît nullement plau- sible. Selon cet illustre académicien, ce serait avec la scie de son abdomen que cet animal aurait percé les balles renfermées dans les cartouches de la garde impériale. Nos propres observations, nousontdémontrétoutlecontraire^lesTenthrédinesnefontusage de leur scie que pour entamer les végétaux dans la partie la plus tendre, afin de déposer, dans la petite plaie, le germe de leur progéniture; mais c'est toujoursavec leur mâchoire, comme les autres insectes, qu'elles percent des trous lorsque l'heure de de la sortie est arrivée. Si ces Sirex s'étaient servis de leur scie, comme le dit Duméril,dans le cas si curieux signalé par M. le maréchal Vaillant, ils auraient évidemment choisi, comme plus tendre, la partie de la cartouche contenant la poudre. Guidés par leur instinct ils ont compris que cette substance se dissou- drait en partie dans leur salive et les ferait périr. Nous ajoute- rons que les caisses devaient être en sapin et que les phmches employées à leur confection rejiferniaient les larves de ce Sirex. 392 HYMÉNOPTÈRES. en terre à peu de profondeur, pour se métamorphoser dans une petite coque d'un tissu soyeux très-solide. Cer- taines espèces ne quittent pas la plante : elles attaciient leur cocon sur les feuilles où elles ont vécu. Celle que l'on voit si communément sur l'osier, en fournit un exemple. Celles qui habitent dans les tiges, y subissent toutes leurs transformations. Les fausses-chenilles des ïenlhrédines sont rare- ment isolées, le plus ordinairement on les voit par petits groupes sur les feuilles; il y en a aussi (juivi- vent en famille sous une .tente comme les Yponomeutes du pommier et du sainte-lucie. Les fausses-chenilles prennent quelquefois des alti- tudes singulières -, les unes se tiennent allongées comme de véritables chenilles, d'autres ont presque toujours l'extrémité du corps relevée en l'air ; quelques-unes ne s'allongent presque jamais complètement et ont la partie postérieure contournée en spirale. La plupart des Tenthrédines ont deux générations par . an, l'une au printemps et l'autre à la fin de l'été. Nous avons élevé un grand nombre de larves de mouches à scie et des quantités de chenilles, mais elles sont beaucoup plus difficiles à amènera bien que ces der- nières. Il y a certaines espèces qui se dessèchent dans leur coque pendant l'hiver, dont jamais nous n'avons pu obtenir l'insecte parfait. Les fausses-chenilles des Tenthrédines, de même que les chenilles des papillons, ne vivent pas, comme beau- coup d'autres insectes, sur des végétaux dont les sucs sont modifiés par un état maladif; elles n'attaquent au contraire que des plantes bien portantes. HYMÉNUPTÉRES. 393 Lalreille, Jurine, de Genève, le Pelletier doSaint-Far- geau,(l)Fallen de la Suède, Dahlbom, KlugetHartig,de Berlin, le D' Leach, et plusieurs autres entomologistes, non moins distingués ont, à la suite d'études sérieuses, divisé le grand genre Tenthredo, deLinné,en une infinité de genres basés sur la forme et le nombre des articles des antennes et sur des caractères tirés de la position des cellules formées par le réseau des ailes; la plupart de ces genres, établis d'après la métbode de Jurine, sont bien distincts les uns des autres et sont aujourd'hui, presque tous, adoptés par les naturalistes qui se vouent spéciale- ment à l'étude si attrayante des Hyménoptères. Dans cet opuscule destiné spécialement à des hor- trculteurs et non à des savants de profession , nous suivrons, pour les quelques espèces dont nous avons à entretenir le lecteur , l'exemple de Ratzburg qui a laissé les espèces qu'il décrit, comme nuisibles aux forêts, dans le genre Tenthredo, en indiquant pour les personnes ([ue cela pourrait intéresser, le nom générique actuel, entre deux parenthèses. Les espèces de Tenthrédines sont extrêmement multi- pliées. Le D"" Th. Harlig, dans l'ouvrage remarquable qu'il a publié à Berlin en 1837, en mentionne et décrit plus de quatre cents espèces propres à l'Europe, Nous (\) Feu le conile de Saiiil-Fargeiui s'est occupé spécialeaienl (lu genre tenthredo^ de Linné et a pubUé une monographie de ces Hyménoptères:, c'était un bon observateur, mais un iiomme de cabinet qui n'a guère connu les larves, que par les ligures de Degoer et de Réaumur; il en a très-peu élevé par lui-même. Nous lui avions remis, dans le temps, avec l'insecte parfait la description de plusieurs fausses-chenilles dont nous avions fait l'éducation -, il réservait, nous disait-il, ces matériaux poiir une nouvelle monographie qui n'a jamais paru. 304 HYMÉNOPTÈRES. pensons que notre savant confrère, leD"" Sicliel, l'un des premiers hyménoptérologistes de l'époque actuelle, en connaît peut-être encore un plus grand nombre. Tenthrède des rosiers. Tenthredo (hylotoma) rosarum Fabr. Les amateurs de roses voient, tous les ans, une partie de leurs rosiers dévorés par une fausse-chenille ([ui quelquefois ne laisse que les nervures des feuilles. Cette larve que beaucoup de jardiniers prennent pour une véritable chenille, ne produit pas un papillon, mais une tenthrède très-commune dans les jardins, au mois de mai et au mois d'août. C'est une mouche à quatre ailes dont le corps est d'un jaune ferrugineux, avec les an- tennes, la tête, le dos et la poitrine d'un brun noir, elle est longue de 7 à 8 millimètres; elle butine sur les fleurs du voisinage et voltige, le matin et le soir, autour des rosiers. Lorsque lafemelle est fécondée, ellesepromène lente- ment sur les branches du rosier qu'elle a choisi, et lors- qu'elle a trouvé un emplacement convenable, elle se met à l'œuvre ; alors, elle écarte les deux valves qui cachent sa tarière, perce un petit trou dans l'écorce avec celle-ci -, puis, elle pratique une petite entaille en faisant jouer ses deux lames de scie. Lorsque cette besogne, qui ne dure guère plus d'une minute, est achevée, elle y dépose un œuf enduit d'une Hqueur mousseuse acre qui empêche les fibres de l'écorce de se rejoindre, et détermine un gonflement noirâtre des lèvres ne "la plaie. Elle recommence ce manège sur la HYMÉNOPTÈHES. BPS même branche et fait de nouvelles entailles contenant chacune un œuf, souvent au nombre de huit à quinze ; puis, pour terminer sa ponte, elle change de rameau ou même de rosier. ^ ::^^ ^' ^ SS. — Tentliri'de des rosiers,^ Tx'nihredo rosariii. C'est le matin, après le lever du soleil, qu'elles se mettent à travailler. De 10 à H heures, elles se re- posent et disparaissent pour revenir, sur les cinq heures du soir, continuer leur besogne. Les œufs éclosent au bout de huit à dix jours,' et les petites larves se répandent sur les feuilles ; celles-ci , que l'on prendrait volontiers pour de petites chenilles, 395 HYMÉNOPTÈRES. changent quatre fois de peau, sans que pour cela, leur livréeen soit beaucoup modifiée. Elles ont dix-huit pattes; leur tête est jaune avec les yeux noirs ; le corps est d'un jaune plus ou moins foncé sur le dos, vert ou d'un vert jaunâtre sur les côtés, blanchâtre en-dessous ; il est, en outre, parsemé de petits points noirs tubercu- leux luisants, d'oii. partent de petits poils. Cette fausse- chenille prend souvent des attitudes étranges, il n'est pas rare de la voir cramponnée aux feuilles par ses pattes de devant en tenant toute la partie postérieure de son corps redressée. Ces larves croissent rapidement ; celles qui proviennent de la ponte du mois de. mai, ont acquis en juin tout leur développement ; alors, elles quittent les feuilles et s'enfoncent peu profondément dans la terre, oii elles se construisent une double coque d'un tissu solide et résistant,danslaquelleelles restent 28à 30 jours avant de se changer en nymphes. L'insecte parfait éclot en août pour s'accoupler et produire une nouvelle géné- ration de fausses-chenilles que l'on trouve sur les rosiers jusqu'en octobre. Ces dernières se métamorphosent en terre, comme celles de la première époque, mais avec cette différence qu'elles passent tout l'hiver renfermées dans leur coque avant de se transformer en nymphes. Cette remarque est, du reste, applicable à toutes les larves de mouches à scie, qui doivent éclore au prin- temps. Les larves de la tenthrède du rosier sont souvent at- taquées par une petite Ghalcidite {Pleromalus hylotomœ) qui en fait périr un grand nombre. Les oiseaux et les guêpes en détruisent aussi des quantités, mais malheu- reusement il en reste encore beaucoup trop. HYMÉNOPTÈRES. 397 Presque tous les rosiers et les églantiers sont sujets à être dévorés par cette tenthrède ; cependant ceux d'o- rigine exotique, comme les Banks, les thés, les Ben- gales, y sont moins exposés que les autres. Lorsque l'on aperçoit, au mois de mai, ces mou- ches à corps jaune posées sur la terre ou sur un ro- sier, il faut les tuer sans pitié -, elles sont lourdes et il est très-facile de les saisir. Il faut faire de même des larves qui se tiennent sur les feuilles et qui sont tou- jours très-visibles. Un jardinier ou un rosiériste ob- servateur pourra aussi passer sur les entailles une légère couche de colle forte ; les œufs, emprisonnés sous cet enduit, ne pourront pas éclore. Tous ces moyens ne sont que des palliatifs auprès de celui découvert par M. Margottin, l'un de nos premiers rosiéristes. Après avoir étudié, pendant plusieurs années, les habitudes de celte Mouche à scie, tî^nt à l'état de larve qu'à l'état parfait, cet habile horticulteur est arrivé à trouver un procédé infaHlible pour la détruire. Il a re- marqué que l'hylotôme, lorsqu'elle est éclose, aban- donne les rosiers vers le milieu de la journée, pour se nourrir sur d'autres plantes, mais qu'elle recherche par- ticulièrement les Heurs du persil. Cette découverte lui donna l'idée de planter quelques pieds de cette ombelli- fère dans ses cultures. Il eut tout lieu de s'en féliciter ; car sans piétiner la terre, il détruisait, chaque jour, des centaines de ces mouches. Sur un seul pied de persil, il en a tué, dit-il, quinze cents en six semaines; passé ce nombre, il a cessé de les compter. D'après un aussi beau résultat, M. Margottin recom- 398 HYMÉNOPTÈRES. mande à ses collègues et à tous les amateurs de roses, la culture de quelques pieds de persil auprès des cor- beilles ou des massifs que l'on veut préserver des at- teintes de cet Hyménoptère. Ce procédé est fort simple et peu «oùteux; mais, malgré son efficacité incontestable, il ne réussira com- plètement que lorsqu'il sera employé d'une manière gé- nérale par tous les cultivateurs de rosiers. En effet, si le voisin ne fait rien pour la destruction de cet insecte dans son jardin, on sera toujours exposé aux mêmes ravages : il en est de cela comme du hannetonnage et de l'échenillage. Nous croyons que M. A. Dubois, dans un savant mé- moire inséré dans le bulletin de la Fédération des so- ciétés d'horticulture de Belgique, se trompe lorsqu'il dit que c'est Vhylotoma pagana de Panzer, qui dévore les feuilles des rosiers. Nous n'avons jamais rencontré cet Hyménoptère dans Les lieux où l'on cultive cet arbuste. Tenthrède difforme, Tenthredo (cladius) difformis Panzer. Cette mouche à scie est, dans les jardins des environs de Paris, un peu moins commune que la précédente. Elle est un peu plus petite et entièrement noire, avec les pattes blanches. Malgré son nom, elle n'a rien de plus difforme que les autres espèces. Le nom de difformis lui a été donné parce que le mâle a les antennes pectinées, tandis qu'elles sont à peu près filiformes chez la femelle. Cette tenthrède se montre aussi en mai, pour la pre- mière époque, et en août, pour la seconde. IIY.MÉAUPTERES. 3i i) La larve vit, comme celle dont nous venons de parler, sur les rosiers, mais d'une tout autre façon. La fe- melle, avec ses petites lames de scie, fait à la ner- vure médiane au - dessous des feuilles une ou plu- sieurs petites entailles dans chacune desquelles elle dépose un œuf. L'éclosion a lieu au bout de huit à norni.'. Tenthrcdo diffort dix jours. Les petites larves grandissent assez rapide- ment et ressemblent presque complètement à de vé- ritables chenilles, par leur couleur, leurforme etleurat- titude ; mais, ce qui les distingue de suite, c'est qu'elles sont pouvues de vingt pattes et que leur tète est pourvue d'yeux et arrondie comme un bouton, C( s fausses-che- nilles se tiennent constamment appliquées à la face infé- rieure des feuilles qu'elles rongent et percent par le mi- lieu comme feraient de petits limaçons. Elles sont d'un 400 HYMÉNOPTÈRES. vert tendre, de la couleur des feuilles, avec la tête rousse. On remarque, en outre, sur leurs côtés une série de points élevés surmontés chacun d'un petit faisceau de poils grisâtres. Elles ne vivent pas en sociétés nom- breuses ; sous la même feuille, il y en a rarement plus de trois ou quatre. Lorsqu'à la (in de juin elles sont entièrement déve- loppées, elles font chacune une petite coque double qu'elles attachent à des feuilles sèches. L'insecte parfait éclot en août; on rencontre en septembre, et octobre, les fausses-chenilles de la seconde génération. Ces der- nières restent enfermés dans leur coque jusqu'au prin- temps avant de se métamorphoser. Pour détruire cette tentbrède, il faut couper, à la lin de mai, avec des ciseaux les feuilles où elles se tiennent et les brûler. Il ne faut pas non plus épargner l'insecte parfait, lorsqu'on le rencontre. Tenthrède à pattes blanches. Tenthredo (cladius) albipes Kliiir. Nous ne connaissons pas cette espèce ([ui parait être voisine de la précédente. Jusqu'à, ce jour elle s'est rare- ment montrée en France ; mais il n'en est pas de même en Allemagne, où, dans certaines années, elle dépouille entièrement les cerisiers de leurs feuilles. La mouche est noire-, ses pattes sont blanches ou d'un blanc brunâtre avec le milieu et la base des cuisses noirâtres, et l'extré- mité des jambes postérieures de couleur brune. Elle est longue de trois à trois Hgnes et demie (8 à 9 millimètres . et paraît à la fin d'avril ou au commence- HYMÉNOPTÈRES. 401 ment de mai. Après raccoupJemeuL, elle dépose ses œufs sous la face inférieure des feuilles des cerisiers. Les fausses-chenilles sont pourvues de dix-huit pattes 5 elles sont pubescentes,d'unLeau vert surledos, avec les côtés plus pâles; leur tète est brune, garnie de poils roides, avec les yeux et une tache triangulaire noirs. A la fin de mai, elles se renferment chacune dans une petite coque quelles attachent aux feuilles. La mouche à scie éclot en juin et juillet; il y a une seconde génération dont les larves passent l'hiver dans leur cocon, et dont l'insecte parfait sort au printemps suivant. Quand ces fausses - chenilles sont jeunes, dit Hartig, elles rongent seulement le milieu des feuilles, mais, quand elles sont un peu plus grandes, elles les dissèquent entièrement et n'y laissent (jue les nervures. Tout ce que nous venons de dire, relativement à cette tenthrède, est extrait de l'ouvrage de Th. Hartig, Blalt- uespen und Holz-wespen, p. 178, 5. Tenthrède zonée. Tenthredo zona klug. Encore une espèce qui attaque les rosiers; elle est moins répandue que les deux dont nous avons parlé. Beaucoup plus localisée, elle cause peu de dégâts chez les rosiéristes des environs de Paris. La mouche est longue d'environ 8 millimètres. Son corps est noir, avec la base des antennes jaunes; l'abdo- men a le boi;d du premier, du quatrième et du cinquième segment, d'un jaune brillant, ainsi que les derniers an- neaux. Les pattes sont également jaunes, mais d'une 26 402 HYMÉNOPTÈRES. couleur plus pâle. Cette espèce se montre, comme beau- coup de ses congénères, en mai et en août. La fausse-chenille de cette tenthrède, a 22 pattes; elle est d'un vert plus ou moins grisâtre, avec les côtés et le dessous du corps d'une couleur plus pâle. Sa tête est rousse, plus ou moins pâle, avec les yeux noirs -, tout son (iO. — Tenlliri'de /once. Tenihredo zona. corps est, en outre, criblé de petits points blancs tuber- culeux. Cette larve, lorsqu'elle mange, se tient allongée sur les feuilles des rosiers; tandis que, lorsqu'elle est au repos, elle est contournée en spirale, comme les limaçons appelés planorbes. Arrivée à sa grosseur, sa couleur devient plus terne; alors, elle se laisse tomber et se cons- truit une coque avec (|uelques grains de terre qu'elle cache avec de la salive. HYMÉNOPTÈRES. 403 Les fausses-chenilles de la première époque, donnent l'insecte parfait après six semaines de métamorphose; celles de la seconde ne se changent en nymphe qu'au printemps. C'est une des espèces que l'on élève le plus facilement. Tenthrède à triple ceinture. Tenthredo tricincta Fal). Les chèvrefeuilles de nos jardins sont très-sujets à être envahis par les pucerons; mais souvent aussi, ils sont dans certaines années, dévorés par la fausse -chenille d'une mouche à scie. Cette larve, commune par toute la France, a été très- bien étudiée par Degeer et bien figurée par Hartig, tab. V , fig. 39. Elle est, du reste , facile à élever en captivité. On commence à l'apercevoir sur les feuilles des chèvrefeuilles ( lonicera caprifolium , peridyme- num, etc.) vers le milieu de mai. A cette époque, elle n'a pas encore changé de peau, elle est d'un gris sale, avec la tète noire; après la première mue, son dos est plus obscur, avec les côtés presque blanchâtres; au second changement de peau, sa couleur devient beau- coup plus claire ; elle offre alors une série dorsale de taches triangulaires noires, et, sur tout son corps, un petit pointillé blanc; elle subit encore une mue à la suite de laquelle elle devient d'un gris verdâtre ou presque couleur de chair, sans aucune modification dans le dessin. Lorsqu'à la fin de juin, elle est arrivée à sa grosseur, elle se laisse tomber, entre en terre peu profondément, et s'y construit une coque dans laquelle elle subit ses dernières m IIYMÉNOI'TÈHE^. mélaiiiurpboses. L'insecte parfait en sort ordinairement six semaines après; mais tous les individus n'éciosent pas en été : nous en avons vus rester dans leur coque jusqu'au printemps. Ceux qui naissent en août, pro- duisent une seconde génération défausses-chenilles qui entrent en terre en automne. On voit souvent, au milieu du printemps, sur les cinq ou six heures du matin, ou dans la soirée, voltigerla mouche à scie à triple ceinture autour des chèvrefeuilles. Elle est un peu plus grande que la tenthrède des rosiers ; elle a environ 10 à 12 milhmètres de longueur: elle est noire, avec la hase des ailes supérieures couverte de petites écailles d'un jaune fauve ainsi que les pattes ; l'abdomen est d'un beau noir, coupé par trois ceintures jaunes. Lorsque, dans un jardin, les chèvrefeuilles sont envahis par les fausses-chenilles de cette tenthrède, il faut faire tomber ces larves en frappant avec une baguette, les ra- meaux, sur une toile étendue à terre. C'est dans la jour- née qu'il faut faire cette opération , parce que ces larves comme les autres fausses-cheniiles, ne mangent guère que la nuit et restent en repos jusqu'au coucher du soleil. Tenthrède de la centfeuille. Tenthredo (athalia) centifoliœ Fanzer. Cette tenthrède a été décrite par T'abricius sous le nom de tenthredo spinarum. Selon certains auteurs, elle est, dans quelques contrées de l'Allemagne, très-nui- HYMÉNOPTÈRES. il'/; sible aux rosiers. Elle a de grands rapports avec la pré- cédente. x\ux environs de Paris, où elle n'est pas rare, elle ne se trouve pas ordinairement sur les rosiers, elle n'attaque (|ue les ('rucifères, les choux, les navets et les colzas. La mouche est longue de 8 millimètres, d'un jaune orangé, avec la tête, les antennes, les côtés et la partie antérieure du corselet noirs, ainsi que l'extrémité des jambes. Les parties de la bouche sont blanchâtres. Les fausses-chenilles de cette tenthrède ont vingt pattes et non vingt-deux, comme dans l'espèce pré- cédente; elles sont d'un vert sale, légèrement chagri- nées, avec une raie dorsale plus foncée, s'eiTacant complètement au moment de la métamorphose. Pour se chrysalider, elles entrent en terre, ctrinsecle parfait se montre d'abord en juin, puis en septembre, pour la seconde fois. Selon Ivlug et Hartig, cette mouche à scie est très- commune dans les jardins de la Prusse, sur les buis- sons de rosiers. Nous venons de signaler aux amateurs de roses et aux jardiniers plusieurs mouches à scie nuisibles aux rosiers dans l'Europe tempérée. Il est probable que, dans les contrées méridionales, telles que l'Italie, l'Espagne, la Turquie, etc., il existe d'autres espèces que nous ne connaissons pas. Il en est peut-être de même dans les régions septentrionales. Car Dahlbom (T/atu's nov. Hy- menopt. Sijst.), dans son ouvrage sur les mouches à scie de la Scandinavie, donne la description suivante d'une fausse-chenille de tenthrède découverte sur un rosier, aux environs de Lund, par le savant professeur Zetters- 406 HVMÉNdPTÉRES. ted : elle est, dit-il, d'un roux testacé ou presque i'auve, striée transversalement, avec une raie latérale brune située au-dessus des pattes ; sa tète est brune, avec les yeux testacés, entourés d'une orbite très-noire ; les segments de l'extrémité sont un peu verdàtres en dessus. Malheureusement, cette larve, qui ne ressemble à aucune de celles dont nous avons parlé, n'a pas réussi, et on ignore probablement encore quelle est l'espèce qu elle produit. Tenthrède ventrue. Tenthredo (nematus) ventricosa Kliig. (Nematus) grossulariae Hahlbom, Clav. n. Hym'. 22. Tous les jardiniers connaissent une fausse-chenille qui vit en sociétés nombreuses (de oO à 1000 individus) sur les groseilliers, particulièrement sur le groseillier à maquereau ; elle dépouille souvent cet arbuste de toutes ses feuilles en ne laissant que la nervure mé- diane. Cette larve, que, par ignorance, beaucoup de nos collègues prennent probablement pour une véritable chenille, estpourvue de vingt pattes et non pas de seize. Lorsqu'elle est adulte, elle est d'un vert sale, couverte de petits tubercules noirâtres donnant naissance à un petit poil court, avec la tête noire ; outre cela, ses trois der- niers anneaux et ses côtés sont plus ou moins jaunes. Arrivée à son entier développement, dans les premiers jours de juin, elle se laisse tomber et entre en terre à une faible profondeur, où elle file un cocon quelle réunit à celui d'un autre, de sorte que l'on trouve fré- HYMÉNOPTÈRES. 407 quemment, au pied d'un, groseillier à maquereau, des espèces de gâteaux composés de trente à quarante de ces cocons accolés les uns aux autres. L'insecte parfait éclot en avril pour la première épo- que, et, en juillet, pour la seconde; d'où il résulte que les groseilliers sont dévorés par cette larve deux fois par an, en mai et en septembre. Tenthrède à ceinture rousse. Tenthredo (emphytus) rufocincta Klug. 110. Cette Tenthrèdine parfaitement figurée dans Degeer, II, tab. 36, fig. i i-18, est encore une espèce qui se nourrit de feuilles de rosier. Elle est plutôt rare que commune dans nos cultures de rosiers, et nous la considérons comme occasionnant peu de dommages aux environs de Paris. La moucbe est longue de sept à huit millimètres, d'une couleur noire, avec les jambes et les tarses d'un jaune rougeàtre, et l'abdomen marqué d'un anneau rouge, cou- vrant, en partie, le quatrième et le cinquième segment. La fausse-chenille vit, comme celle de la tenthrède zonée, à la face inférieure des feuilles des rosiers ; elle a de même vingt-deux pattes. Sa couleur est d'un vert plus ou moins foncé, avec les côtés plus pâles ; sa tête est roussy et son corps pointillé de petites verrues blanches. Au re- pos, elle se tient contournée en spirale. Elle a, comme la tenthrède zonée, deux générations par an et paraît aux mêmes époques. 11 y a deux ans, nous en avons trouvé plusieurs exem- plaires sur un rosier dans le jardin de M. Domage, ù Montrouge. 408 MYMliNHPTEHIiS. Tenthrède à ceinture. Tenthredo (emphytus) cincta Linné. L'espèce dont nous allons parler, s'éloigne de îoules les précédentes par les mœurs de sa larve ; elle vil dans Fintérieur des tiges du rosier, dont elle ronge le canal médullaire. Nous en avons eu celte année un assez grand nombre à notre disposition. M. Verdier père nous en a fait remettre, au mois de mars, une certaine «[uantité dont les unes étaient en cocon prêt àéclore, et Tiiithi'iilo rincla. les autres encore à Tétat do fausses-chenilles. De son côté, M. Rivière nous a envoyé, à la (in de mai, du jar- din du Luxembourg, un paquet de pousses de rosier fanées, qui contenaient chacune une petite larve de cette Tenthrédine. Lorsqu'elle est jeune, elle est d'un gris- verdàtre étiolé. Après le premier changement de jieau, elle devient d'un vert plus obscur sur le dos, avec les cù- HYMÉNOPTÈRES. 'i<)'.> tés grisâlres. La lète est fortement pointillée, et l'on aperçoit, sur son dernier anneau une petite pointe, qui doit lui servir à avancer dans la galerie qu'elle creuse et élargit à mesure qu'elle grossit, et dans laquelle elle che- mine la tète en bas ; nous avons trouvé jusqu'à six indi- vidus à la suite l'un de l'autre dans la même tige. La coque est ovale et formée d'une soie blanche. Lue partie de celles que nous avons reçues deM. Verdier, sont écloses en mai; les autres sont restées à l'état de larve, et ont fini par se dessécher en même temps que les tiges dans, lesquelles elles étaient renfermées, malgré la pré- caution que nous avions prise de les placer sur du sable humide, recouvert d'une cloche de verre. Nous suppo- 'sons qu'elles auraient fait leur coque dans le courant de juin et qu'elles auraient donné l'insecte parfait en même temps que celles de la ponte du printemps. La mouche est longue de 8 à 10 millimètres, un peu allongée, noire, avec les pattes ferrugineuses et l'abdo- men marqué d'une ceinture blanche, qui, chez un indi- vidu qui nous est éclos, était à peu près nulle ou effacée. La femelle de cette tenthrède, lors(iu'elle est fécon- dée, fait au commencement de mai ou même dès la fin d'avril, une petite entaille aux pousses encore herbacées du rosier dans laquelle elle introduit un ou plusieurs œufs. Aussitôt que les petites larves sont écloses, elles pénètrent dans le canal médullaire où elles creusent une galerie descendante, de sorte que l'on voit d'abord l'ex- Irémité de la pousse sefaner, et, successivement, les feuil- les placées au-dessous, jusqu'à ce que ces larves soient arrivées dans une partie tout à 'ait ligneuse où rien no 410 HYMÉNUPTÉRES. décèle plus leur présence, si cen'est l'état un peulanguis- sant (le la branche. Il arrive quelquefois que le. rameau rongé intérieurement se brise au premier coup de vent. La tenthrède à ceinture est commune dans les jardin s, chez tous les rosién'stes des environs de Paris . Pour la détruire, il faut, avant la fin de mai, enlever avec soin toutes les pousses de rosier dont le sommet commence à se flétrir et les couper au-dessous des feuilles malades. Tenthrède de la rose. Tentredo (athalia) rosae Linné. Il ne faut pas confondre cette mouche à scie avec l'hylotome des rosiers, décrite plus haut, qui lui res - semble beaucoup au premier coup d'oeil. Elle est un peu plus petite, longue de 7 millimètres environ, d'une couleur ferrugineuse, avec la tète, les antennes et le dessus du corselet noirs, ainsi que l'extrémité des jambes-, les parties de la bouche sont blanchâtres. Les femelles déposent leurs œufs dans une petite en- taille qu'elles font à la nervure médiane des feuilles de rosier. Les fausses-chenilles ont vingt-deux pattes; elles sont en dessus d'un vert obscur, plus clair sur les côtés et sur le ventre, avec la tète rousse. Lorsqu'elles ont acquis toute leur croissance, elles se laissent tomber et se construisent chacune une petite coque dans la terre. Celles de la première génération, que l'on trouve cà la fin de juin ou au commencement de juillet, donnent l'insecte parfait en août ; celles de la seconde époque, passent tout riiiver en terre, et la mouche se montre en mai. Les fausses-chenilles de la tenthrède delà rose ont HYMÉNOPTÈRES. AH une manière de manger qui les distingue facilement des autres espèces propres à cet arbuste. Elles ne dévorent pas les feuilles, comme celles deThylotome ; elles rongent le parenchyme, en laissant toutes les nervures et l'épi- derme d'un côté complètement intacts, de telle sorte que les feuilles ressemblent à une gaze légère. Cette mouche à scie ou athalie de la rose est quelque- fois très-commune. Tenthrède du groseillier. Tenthredo (emphytus) grossularise Klug. Cette fausse-chenille est dans certaines localités, particulièrement aux environs de Versailles, très- commune sur le groseillier à maquereau. Elle est d'un vert grisâtre, avec les trois premiers et les trois derniers anneaux d'un jaune testacé,etla tête noire. On remarque, en outre, sur son corps six rangées de petits points noirs tuberculeux surmontés chacun d'un poil court. Elle entre en terre pour se changer en nymphe. L'insecte parfaitou lamouche paraît au printemps pour la première époque et, en juillet, pour la seconde. On trouve les larves sur les groseilliers en mai et même en juin; il y a une seconde génération en août et sep- tembre. La fausse-chenille de cette mouche à scie ne se trouve pas seulement dans les jardins; nous avons vu sur les montagnes en Savoie, aux environs de Saint-Jean de Mau- rienne, des groseilliers sauvages {Ribes grossularia) où ces larves étaient tellement multipliées que ces arbustes n'avaient plus de feuilles. ',12 HY.MÉNOPÏÉRES. Dahlbom décrit, d'après un seul individu trouvé en Scandinavie, une fausse-chenille du groseillier, qu'il appelle "(7rossu/armfa. Il dit qu'elle ressemble à celle de la Grossnlariœ inotre venlricosa), comme un œuf res- semble à un autre œuf, et que la seule différence qu'il ait remarquée, c'est que, pour se métamorphoser, elle a nié une coque dans une feuille au lieu d'entrer en terre. Il n'a pas vu l'insecte parfait. Nous croyons ce fait purement accidentel. Heureusement les fausses-chenilles des. groseilliers, n'arrivent pas toutes à bien : sans cela il faudrait re- noncer, dans certaines conirées, à la culture de ces ar- brisseaux. M, Goureau a fait connaître trois parasites qui leur font une rude guerre et qui en font périr plus des trois ([uarts. Il faut, lorsque ces larves se montrent sur les groseil- liers, les secouer sur une toile étalée à terre, ou sur un parapluie renversé et les écraser immédiatement. C'est bien cette larve (jueRéaumur (T. V. p. 158, I.W a appelée la fausse- chenille du groseillier.. C'est aussi la même espèce que Dahlbom à nommée à t®rt (îrossulariœ, et à laquelle il rapporte, comme synonyme, d'après Bou- ché [Nalurgisch der. ins. l. 140, 7), la Ventricosa de. Klug. Notre savant et laborieux collègue, M. le colonel Gou- reau, décrit sous le nom de Ribis une fausse- chenille du groseillier des environs de Santigny,en Bourgogne; nous n avons jamais vu cette espèce. Schrank est le premier auteur qui ait fait connaître le tenlhredo ribis. Voilà ce (|u'il en dit: La larve est verte, rugueuse, avec la tête llY.MEiNOPTEUES, 413 bordée de brunâtre eL les yeux noirs. Elle a 12 pattes abdominales et deux pattes caudales plus courtes; elfe ronge les feuilUes à la manière des clienilles, prend son accroissement en douze jours et iile un cocon dans le- quel elle se change en nymplit-. Tenthrède du berbéris. Tenthredo (hylotoma) berberidis Schiank . Le berbéris ou épine-vinette que l'on cultive dans les parcs, n'est pas seulement attaqué par les chenilles des (kometra berberaria, derlvaria^ etc., il est quelquefois dépouillé de toutes ses feuilles par une fausse-chenille, (|ui, au premier coup d'œil, ressemble beaucoup à celle du groseillier^ mais elle a vingt-deux pattes et non pas vingt comme cette dernière. Elle est verte, un peu atté- nuée aux extrémités, couverte de petites verrues noires, luisantes, alignées transversalement, et donnant nais- sance chacune à un petit poil noir. Ses côtés sont mar- qués près du vaisseau dorsal, dans les incisions, d'un peu de jaune testacé. La métamorphose se fait en terre comme chez la Grossulariœ. L'insecte parfait est long de 6 à 7 milli- mètres, entièrement d'un bleu-noir luisant. Ses ailes su- périeures sont également d'un bleu noir, un peu plus clair à l'extrémité. Ses ailes inférieures sont incolores. Il naît, en mai, pour la première époque, et, en août, pour la seconde. Les Hylotoma, enodis et. atrata, de Klug, différent très-peu de la tenthrède du berbéris; elles sont égale- ment d'un bleu noir, mais elles vivent sur d'autres plantes de familles assez éloignées. il 4 flYMÉNOPTERliS. Tenthrède des drupacées. Tenthredo (Lyda) drupacearum iNonllinger. Nôrdlinger, p. 398, ne paraît pas avoir vu cette espèce en nature ; il l'a décrit d'après Schmidberger. Quant à MOUS, nous ne la connaissons pas et nous croyons que sa présence n'a pas encore été observée en France. Elle est, dit Schmidberger, fort nuisible, dans quelques contrées de l'Allemagne, aux pruniers, aux abricotiers et surtout aux pêchers. Elle vit en société sous une tente de soie comme l'espèce précédente, dépouille les arbres de leurs feuilles et empêche le développement des fruits. Les fausses-chenilles sont vertes, avec la tète noire; elles se métamorphosent en terre. L'insecte parfait, fort commun au printemps, est, selon Schmidberger, de la taille de la mouche do- mestique. Il est noir, avec le corselet et l'abdomen mar- qués de lignes transversales blanchâtres, enfoncées; les mandibules et les pattes sont jaunes, avec les cuisses noires. Dans les localités où cette mouche est commune, elle porte le nom allemand de Steinobskcespe . Schmidberger avait pris cette espèce nouvelle pour le tenthredo populi de Fabricius. Mais Nôrdlinger ayant reconnu cette erreur, lui a donné le nom de Drupacearum . Tenthrède fulvicorne. Tenthredo fulvicornis Klug. Cette mouche à scie appartient au genre Selandria de Leach ; elle est, comme les deux précédentes, à peu près inconnue en France. Nôrdlinger donne la figure de la larve, p. 407. Elle est d'un blanc sale comme la plu- HYMÉNOPTÈRES. 415 part des larves qui vivent dans rintérieur des tiges ou des fruits. Sa tête est rousse, avec les yeux et les mandi- bules bruns. Elle vit exclusivement dans l'intérieur des prunes dont elle empêche le développement. L'insecte parfait se montre au printemps au moment de la floraison des pruniers ; il est petit, d'un noir brillant, avec les jambes rougeàlrespassant au brun jaunâtre; les antennes sont d'un rouge jaunâtre vif, avec le sommet brunâtre. Selon Schmidberger, la femelle, au moment où les fleurs commencent à s'épanouir, perce l'ovaire avec sa tarière, y introduit un seul œuf, et passe successivement à d'autres fleurs jusqu'à ce qu'elle ait achevé sa ponte. Dès que le fruit commence à se nouer, la petite larve pé- nètre dans le noyau et vit de sa substance. Le fruit, ce- pendant, continue de grossir, mais il tombe en juillet, bien avant d'être mùr,et la fausse- chenille entre en terre pour se métamorphoser. Schmidberger, qui a étudié à fond les mœurs de cette tenthrède,dit qu'une année il a compté sur un seul pru- nier huit mille fruits renfermant chacun une larve, par conséquent, complètement perdus, et seulement quinze prunes intactes arrivées à maturité. Tenthrède comprimée. Tenthredo (Cephus) compressus Fabr. Cette mouche à scie n'est pas, comme les précédentes, à peu près inconnue en France; elle y est, au contraire, fort commune, surtout dans les jardins fruitiers et les pépinières. M. Rivière nous a apporté, l'année dernière, de nombreux échantillons de sa larve recueillis chez M. Jamin àBourg-la-Reine. ■116 llYMÉNdPTÉRES. La fausse-chenille de cette Tenthrédine vit exclusi- vement dans les jeunes pousses du poirier (bourgeon des jardiniers), qu'elle ronge intérieurement. Celles-ci se fanent d'abord, puis noircissent, s'inclinent et meurent en se desséchant. M. Goureau, le patient observateur, a élevé cette larve et a donné une description fortd(''taillée de sa manière de vivre et de se métamorphoser. Ce que nous allons en dire est extrait du travail de ce savant. Pendant la deuxième quinzaine de mai et tout le mois de juin, dit-il, on remarque des bourgeons de poirier qui se llétrissent. Si l'on les examine avec attention, on y aperçoit des petits points noirs également espacés, qui tournent en spirale autour du bourgeon. Ces points sont des piqûres qui pénètrent jusqu'au bois tendre et qui, interrompant la libre ascension de la sève, produisent la flétrissure des feuilles. La sève, en s'accumulant au-dessous de la bles- sure, produit un léger gonflement du bois qui, se trouvant Irès-afTaibli, se casse facilement, mais il est en état de résister aux agitations du vent, et le bourgeon se soutient tout Télé. Si. pour connaître la cause de cette altération, on fend la branche malade, au moment de la flétrissure, on n'y remarque absolument rien, si ce n'est la blessure, qui pénètre dans le tissu du bois; mais, si l'on attend le mois d'août pour faire cette opération, on voit alors que l'intérieur du bourgeon est miné et qu'il s'y trouve une petite larve blanche qui a creusé une galerie dans le canal médullaire en marchant du côté de la branche d'où sort le bourgeon... Cette larve marche lentement, et ce n'est (jue vers les mois de septembre ou d'octobre qu'elle ar- HYMENUFÏERES. iH rive à la base du bourgeon et qu'elle acquiert toute sa taille. Elle s'enveloppe ensuite dans un léger cocon do soie qui remplit sa cellule, et elle passe l'hiver dans le repos pour se changer en nymphe au printemps. L'in- secte parfait perce un trou rond, à l'aide de ses mâchoires et se met en liberté dans les premiers jours de mai. » Celui-ci est long de 3 lignes et demie, environ 9 milli- mètres; mais, d'après Hartig, le mâle et la femelle offrent de notables différences. Dans le mâle, la tête et les an- tennes sont noires, avec les mandibules jaunâtres; le cor- selet est pareillement noir, avec une raie transversale et quelques points d'un ferrugineux très-clair. L'abdomen est d'un jaune rougeàtre. Les pattes sont d'un jaune tes- tacé. Chez la femelle, qui est l'individu le plus commun, la tête et les antennes sont commedanslemâle.Lecorselet est noir, marqué d'une tache triangulaire ferrugineuse; les pattessont noires, avec les jambes ferrugineuses, et offrent, toutes, à la base des cuisses, une tache blanche. L'abdo- men est ferrugineux, avec le premier anneau et l'extré- mité d'un brun noir. Pour détruire cet insecte rongeur, il faut couper toutes les jeunes pousses flétries dans le courant de juin et les brûler pour anéantir cette mouche à scie dans son berceau. Tenthrède-limace. Tenthredo adumbrata Klug. Les arboriculteurs connaissent très-hien une larve gluante, noire comme une petite sangsue, et qui parait presque collée et immobile sur les feuilles des poiriers. Cette larve est très-commune dans les jardins fruitiers, pendant les mois de septembre et d'octobre. Elle a une 27 418 HV.MÉNOPTIiRES. forme el un aspect (jui lui ont fait donner, parKéaumur, le nom de ver-limace. Lorsqu'à la fin de l'automne, elle a acquis toute sa taille, elle ressemble un peu, avec sa tète retirée sousle premieranneau etson extrémité postérieure amincie, à un petit têtard de grenouille. Elle est pourvue ta. — Tentlircde-liiuace. TeiUhredo adumbrala. de vingt pattes ; mais il faut la décoller de la feuille pour les apercevoir. Elle n'entame pas les feuilles de poirier par les bords \ elle ronge le parenchyme par le milieu en laissant les anastomoses des plus petites nervures et l'é- piderme delà face opposée intacts; de sorte que les feuilles qu'elle a attaquées, ressemblent à une très-fine dentelle. Après avoir changé ([uatre fois de peau elle devient d'un jaune orangé, elle descend de l'arbre, et se fait une coque avec des grains de terre réunis à l'aide de quel- HYMÉNOPTÈRES. 410 ques fils de soie. iNous en avons mis des centaines dans des pots remplis de terre que nous avons laissés dehors pendant tout l'hiver, et jamais nous n'avons pu réussir à obtenir un seul insecte parfait. Selon Hartig, celui-ci est long de deux lignes un (|uart, d'un noir uni et luisant, avec les antennes presque aussi longues que l'abdomen. Les pattes sont noires, avec les genoux et les jambes antérieures d'un brun roux. Les ailes sont obscures. Cette larve, très-curieuse à observer, est souvent très-nuisible aux espaliers. Elle se montre sur les poi- riers au moment où les fruits sont à moitié ou aux deux tiers de leur grosseur. Le ravage qu'elle exerce sur les feuilles en détruisant leur parenchyme, nuit beaucoup à l'élaboration de la sève, la végétation s'arrête, les poires cessent de grossir et tombent. Nous en avons vu de fré- quents exemples en Normandie où, dans certaines années, ce ver-limace est extrêmement commun. Plusieurs auteurs ont pensé que le ver-limace de Réau- mur donnait naissance au tenlhredo cerasi de Linné; d'autres, ne partageant cette opinion qu'avec un point de doute, ont rapporté cette larve au tenthredo œthiops de Fabricius. La confusion vient de Linné, qui cite la figure de Réaumur, V. tab. 12, f. 16, comme devant être rapportée à son cerasi. Les études sérieuses faites sur les vers-limaces par Gorsky, Westwood et par M. De- lacour, juge d'instruction à Reauvais, ont parfaitement élucidé cettequestion. Elles ontdémontré qu'il existe plu- sieurs fausses-chenilles ressemblant à de petites limaces, produisant des insectes d'espèces différentes, et que le cerasi de Linné ne se métamorphosait pas en terre ; 420 IIYMÉ.NOI'TÈBKS. mais qu'il l'aisait une petite coque entre les l'euilles du cerisier. Il est à croire aussi (jue le sliuj worm des Amé- ricains, décrit par William Peck {Massachussetts agr. rep. 1779, p. 9, 20, V; comme la mouche à scie du ceri- sier, appartient à une espèce étrangère à l'Europe. Selon cet auteur, ce ver fut, pendant longtemps, un grand fléau aux Etats-Dnis, où il se multiplia, d'une manière prodigieuse, sur les cerisiers, poiriers, pruniers et co- gnassiers. Il y avait, sur cliaque feuille, de vingt à trente larves. Beaucoup d'arbres périrent d'épuisement; ceux qui résistèrent, restèrent languissants, développèrent leurs bourgeons à contre-saison et furent frappés de sté- rilité. On a conseillé en Amérique, quand les vers-limaces sont abondants sur les arbres fruitiers, de saupoudrer un peu de chaux vive sur les feuilles. Tenthrède noire. Tentredo sethiops Kabr. C'est à notre savant collègue M. Westwood, membre honoraire de la Société entomologique de Erance et pro- fesseur à l'Université d'Oxford, que l'on doit la décou- verte des premiers états du véritable tenthredo œlhiops de Fabricius. Nous avons rencontré quelquefois sa larve sur la face supérieure des feuilles de rosier; maisnous n'avons pas pu parvenir à l'élever. MM. Westwood etDelacour ont été plus heureux, ils ont réussi à obtenir l'insecle parfait. C'est dans les premiers jours de juin, au moment de la floraison des roses, dit M. Delacour , qu'on voit les feuil- les prendre, tout à coup, une couleur d'un brun pâle, comme si elles avaient été brûlées par quelque rayon de HYMÉNOPTÈRES. 421 soleil; en les examinant avec attention, on reconnaît que leur l'ace supérieure a été rongée, en tout ou en partie, comme si elle avait été écorchée, tandis que la face inférieure reste toujours entière; ce dommage ne se borne pas à faire perdre à la feuille sa fraîcheur, la vé- gétation de l'arbuste en souffre et il ne produit que des Heurs malvenues. Il faut beaucoup d'attention pour découvrir l'auteur du dommage, car sa couleur se con- fond avec celle de la feuille, ce qui l'avait fait échapper à l'attention des naturalistes antérieurs à Westwood. La fausse-chenille est cylindrique, pourvue de 22 pattes, d'un vert jaunâtre assez pâle, avec une ligne plus foncée sur le dos; sa tète est d'un jaune orangé, avec deux petites taches noires de chaque côté. Lorsque cette fausse-chenille est arrivée à toute sa croissance, elle descend à terre, où elle se construit une petite coque dans laquelle elle passe une partie de l'été, l'automne et l'hiver pour éclore au printemps. La femelle après l'accouplement pond, en mai, sur les feuilles des rosiers des œufs qui éclosent à la fin de ce mois. L'insecte parfait est d'un noir brillant, avec les ailes enfumées ; ses pattes sont d'un fauve clair, avec les cuisses noires. Tenthrède humérale. Tentredo (cimbex) humeralis Kliig. C'est d'après l'autorité de M. Goureau que nous don- nons ici la description de cette grande Tenthrédine comme nuisible aux poiriers. Aux environs de Paris, la fausse -chenille est commune sur l'aune, mais nous ne l'avons jamais rencontrée sur les arbres fruitiers, pas 42-2 HYMÉNOPTÈRES. plus que celle du variabilis qui en est très-voisine, et qui vit sur le bouleau dans les bois et dans les parcs. Selon M. Goureau, en Bourgogne, elle ronge profon- dément les feuilles des poiriers et des cerisiers dans les jardins, à la manière des chenilles. La larve, quand elle a subi ses derniers changements de peau, en juin ou en juillet, ressemble beaucoup à une véritable chenille ; mais elle a la tête en forme de bouton et est pourvue de vingt pattes et non de seize. Sa couleur varie im peu ^ ordinairement elle est d'un blanc légèrement glauque, avec la tête un peu rosée, marquée de deux yeux noirs ; son corps offre une rangée dorsale de taches noires arrondies et des taches transversales alternativement jaunes et noires. Lorsqu'elle est arrivée à sa grosseur, elle file, comme les espèces du même groupe, une coque ovale qu'elle attache à une branche: elle ne passe à l'état de nymphe qu'au printemps, et l'insecte parfait éclot dans la pre- mière quinzaine de mai. Celui-ci a les antennes en massue ; la tête noirâtre, avec le front jaune ; le corselet est d'un brun noir en dessus, avec deux grandes taches humérales jaunes; l'abdomen a le* premier segment noir, marqué d'une tache jaune :, les autres sont jaunes, avec une tache dorsale noire. Le dessous du corps est jaune, avec les pattes ferrugineuses. C'est une des plus grandes espèces de la famille des Tentbrédines ; elle a 20 milli- mètres de long. Le genre Cimbex est parfaitement caractérisé par des antennes de sept articles, terminées en massue ovale. HYMÉNOPTÈRES. 423 Toutes les espèces vivent à découvert et s'élèvent aussi facilement que les chenilles des papillons. Les fausses-chenilles des Cimbex sont souvent aussi grosses qu'une plume d'oie-, lorsqu'elles sont au repos, elles se tiennent roulées en spirale; si on les saisit pour les examiner, elles lancent au visage un liquide incolore, qui sort des côtés du corps dans le voisinage des stigmates. Cette liqueur est, au reste, aussi innocente que de l'eau pure. Tenthrède à écusson. Tenthredo (lyda) clypeata Klu^. Cette petite mouche à scie est à peu près de la tai de riiylotome des rosiers; elle est noire, avec l'ahdomen marqué, de chaque côté, de trois à six petites taches blanches et d'une plaque jaune sur l'écusson; la base des antennes, les jambes ainsi qu'une tache sur la lèvre supérieure, sont d'un jaune pâle. La larve ou la fausse-chenille vit, en famille, à l'extrémité des rameaux de l'épine cultivée, rose ou blanche [Mespylus oxyacantha), et de plusieurs arbres du même genre. La société se compose sou- vent d'une vingtaine d'individus enveloppés dans un tissu soyeux, comme les Yponomeutes. La cou- leur (le ces fausses-chenilles est quelquefois d'un beau — Tftnthrède ù écusson Tenthredo clfuieala. 424 HYMÉNOPTÈRES. jaune et quelquefois d'un jaune terreux, avec la tête d'un noir luisant et les anneaux du corps ridés trans- versalement. Vers le milieu du mois d'août, elles ont achevé leur croissance, alors elles sortent de leur tente, descendent, à l'aide d'un fil comme les araignées, s'en- foncent en terreet filent une petite coque, dans laquelle elles passent l'hiver, pour se transformer en nymphe au printemps et en insecte parfait dans le mois de juin. Il y a des années où les épines ont l'extrémité des ra- meaux totalement ravagée et effeuillée par ces larves. Lorsque, dans un parc ou dansun jardin, on aperçoit leur toile au hout des branches, il faut les enlever avec un balai de feuilles de houx; c'est un moyen très-simple que nous conseillons également pour les Yponomeutes. Selon Schmidberger et Nordlinger, la larve de cette mouche à scie, cause quelquefois, en Allemagne, de grands dégâts aux poiriers. Tenthrède pâle. Tenthredo (lophyrus) pallida Kliig. Les deux sexes dans cette tenthrède comme chez les autres espèces appartenant au genre Lophyrus de Klug , diffèrent essentiellement l'un de l'autre. Le mâle de celle dont il est ici question, a 15 millimètres d'envergure ; ses antennes sont pectinées; il est noir, avec les palpes, le bord antérieur de l'écusson, le collier et les jambes jaunes-, le ventre est ferrugineux. La femelle a les antennes plus simples; elle est d'un jaune pâle, avec la poitrine tachetée de ferrugineux et Tabdomen annelé de bandes d'un brun rougeâtre. La larve a tout à fait les allures d'une chenille de noc- HY.MKN(»PTRRi:s. 425 tuelle ; elle estpouiviie de vingl-deux pâlies • elle vil en familles nombreuses (de ^iO à 50 individus), à rextrémité desjeunes pousses de plusieurs espèces de sapins. Elle se tient allongée de long des feuilles aciculaires comme une véri- table chenille; elle esl ordi- nairement d'un vert -jaune plus ou moins gai et offre, cliez quelques variétés, trois lignes parallèles plus obscu- res, dont une dorsale-, sa tète est d'un rouge brun. Lorsqu'au mois de septem- bre, elle est arrivée au terme de sa croissance, elle file en- tre les feuilles, dans le lieu même où elle a vécu, une pe- tite coque ovoïde, d'un gris blancliàlre, dans laquelle elle passe l'hiver pour se trans- former en nymphe au printemps, et en insecte parfait dans le courant de juin. Cette fausse-chenille est, dans certaines années, très- commune dans les parcs aux environs de Paris et fait beaucoup de mal aux jeunes épicéas. Teiitlirède pâle. Tenthredu palltda. Les fausses-chenilles. 6'^ ORDRE. — LEPIDOPTERES. Les entomologistes désignent parle nom de Lépidop- tères tous les insectes appelés vulgairement Pap/fions. On les reconnaît aux caractères suivants : quatre ailes recouvertes, sur les deux faces, de petites écailles colo- rées semblables à une poussière farineuse ; une trompe plus ou moins longue, roulée en spirale entre deux palpes plus ou moins relevés ; deux antennes de forme variable composées d'un grand nombre d'articles ; jamais que deux sortes d'individus» des mâles et des femelles. Tous les Lépidoptères, sans exception, proviennent de larves appelées chenilles, qui se distinguent de toutes les autres larves en ce qu'elles n'ont jamais moins de dix, ni plus de seize pattes. Les chenilles arrivées au terme de leur croissance, se changent en chrysalides, desquelles, après un temps plus ou moins long, sortent des insectes parfaits en tout semblables à leurs père et mère. Les papillons à l'état parfait ne font aucun mal aux cultures ; ils voltigent autour des plantes, se posent sur les fleurs pour se nourrir de la matière mielleuse qu'à l'aide de leur trompe, ils puisent dans leur corolle. Il n'en est pas de même à l'état de chenille (1 ) ; sous cette (1) En parlant du hanneton nous avon'^ dit que les foudres lie l'excommunication avaient été lancées contre les vers bhincs. •i2.S I.KI'IDOPTKHES. forme ils causent de très-grauds ravages et deviennent les ennemis acharnés de l'horticulteur. Les petites chenilles, à la sortie de l'œuf, ont une forme plus ou moins allongée et cylindrique; leur corps se compose de douze anneaux ou segments, d'une tête luisante, écailleuse, presque cordiforme ou trian- gulaire, jamais arrondie comme un bouton, armée de deux mandibules tranchantes et de deux mâchoires latérales. Leur corps offre, de chaque côté, le long des pattes, une rangée de petites ouvertures respiratoires, appelées stigmates, et ressemblant à de petites bouton- nières. Les pattes des chenilles, aussi bien que celles des fausses-chenilles, dont nous avons parlé à propos des Tenthrédines, sont de deux sortes : les trois premières paires sont dites pattes écailleuses ou vraies pattes ; celles qui les suivent sont appelées pattes membraneuses. Les premières contiennent, comme dans une gaine, celles du papillon ; les secondes disparaissent totalement dans l'insecte parfait ; celles-ci sont bien plus indispensables à la chenille que ses pattes écailleuses, qui ne lui ser- vent qu'à marcher, mais qui ne peuvent lui offrir le même secours pour se fixer et se cramponner sur les feuilles ou sur les tiges. par le tribunal ecclésiastique de Lausanne. M. le conseiller Desmaze, dans un récent ouvrage (Supplices, prisons et grâces en France), nous apprend que les chenilles, h différentes époques, (lul éprouvé la même disyrâce. En 4 120 l'évêque de Laon les excommunia pour se venger de leurs dévastations, et, en 4516, l'official de Troyes prononc.i contre elles la sentence suivante: « Parties ouïes, faisant droit sur la requeste des habitants de Villenoxe, admonestons les chenilles de se retirer dans six jours et à défaut de ce faire, les déclarons maudites et excom- muuii'es. » C'est un congé un peu brusque, ordinairement on (Idiiiic liuil .jours pour (lt'iii(')i;ii;er ! Ll>l'll)01'TÈHES. m En raison du nombre des pattes membraneuses, on divise les chenilles : en chenilles à seize pattes et en chenilles arpenleuscs ou géomètres. Ces dernières sont ainsi appelées parce qu'en marchant, elles relèvent en arc le milieu de leur corps, en rapprochant leurs pattes postérieures de leurs écailleuses, de sorte qu'elles sem- blent mesurer l'espace qu'elles parcourent. La plupart des chenilles arpenteuses ont les anneaux d'une grande rigidité, et leur corps ressemble très-sou- vent à une petite branche d'arbre ou à un petit morceau de bois -, lorsqu'elles sont en repos, elles se tiennent roides et droites, cramponnées avec leurs pattes posté- rieures au pétiole d'une feuille ou à une jeune branche, dans des attitudes si fatigantes, qu'il leur faut une force musculaire prodigieuse pour rester ainsi pendant des heures entières. Les chenilles sont plus ou moins vives, selon les genres -, il y en a de très-paresseuses et d'autres qui cou- rent avec une extrême vitesse. La locomotion dans ces larves a lieu ordinairement d'arrière en avant; mais celles appartenant à certains groupes, tels que les Tinéides, les Pyralides, marchent à reculons avec une grande rapidité, lorsqu'on les inquiète ou qu'on veut les saisir. Sous le rapport de leur vestiture, les chenilles sont rases, pubescentes, velues, poilues, hispides, épineuses, calleuses, etc.; parmi celles dépourvues de poils, on en rencontre qui ont sur le corps des protubérances ou bosses, qui leur donnent une forme plus ou moins bi/.arre, ou bien des tubercules calleux ressem- blant à des petits bourgeons d'arbres ou à des espèces 430 LÉPIDOPTÈRES. de nodosités. Une infinité dec'ienilles de phalènes, dites Géomètres, sont dans ce dernier cas. Quelques grosses chenilles, comme celle das Sphinx, par exemple, por- tent sur le onzième anneau une espèce de corne ordi- nairement arquée d'avant en arrière.. Parmi les espèces velues, il y en a qui n'ont que quel- ques poils épars ça et \h , comme les pyrales ou Torlrix ; il y en a d'autres chez lesquelles ils sont iins, soyeux et peu fournis ; ailleurs, ils sont roides et piquants-, dans d'au- tres races, ils sont si serrés qu'on ne peut distinguer la peau que dans les incisions ; quelquefois ils sont réunis par touffes aigrettées plus ou moins denses, ou cou- pés en brosse sur le dos, avec deux longs pinceaux situés sur le premier anneau et dirigés en avant comme des antennes, et un troisième pinceau placé sur le onzième anneau et dirigé en arrière. Tantôt les poils adhèrent immédiatement à la peau, tantôt ils sont implantés sur des espèces de petites ver- rues, ou sur des tubercules hémisphéri(jues saillants d'une couleur très- tranchée, jaune, rouge, bleue, etc., comme on en voit un exemple dans la grosse chenille du paon de nuit, qui vit sur nos arbres fruitiers dans les jar- dins et les pépinières. Nous avons dit qu'il y avait des chenilles épineuses, c'est particuhèrement dans quelques races de papillons de jour que l'on en voit des exemples. Ces épines sont à peu près pour nous ce que sont les aiguil- lon? pour le botaniste. C'est-à-dire qu'ils ne diffè- rent des poils, que parce qu'ils sont plus gros, plus durs, d'une consistance cornée et plus ou moins ra- meux. LÉlMDOPTÉKEï?. 431 La distribution des couleurs des chenilles varie au point qu'il est difficile de rien dire de général à ce sujet. CependaHt la nature ayant toujours pour but la conservation de l'espèce, les a le plus souvent habillées de façon à les dissimuler aux recherches de leurs nom- breux ennemis. A celles qui, dans le repos, ont l'habi- tude de se tenir pendant toute la journée collées sur les écorces ou cachées dans les crevasses des arbres, elle a donné une robe qui ressemble à des lichens ou à l'écorce elle-même. Celles destinées à vivre des feuilles de plantes herbacées, ont reçu généralement une nuance analogue à celle de ces dernières. D'autres tiennent à la fois de la couleur des feuilles et des fleurs. Celles qui vivent dans la terre, comme celles des Agrotis [\ers gris) ont d'ordinaire une teinte terreuse ou plombée. Avant de se transformer en chrysalides, les chenilles subissent plusieurs changements de peau appelées mues. La peau d'une chenille est, en effet, une sorte de membrane épidermoïde qui n'est douée que d'une certaine extensibilité ; on conçoit donc facilement que l'animal ne pourrait rester enfermé dans cette enveloppe jusqu'au terme de son accroissement. Lors- qu'une chenille est avertie, par son instinct, que le mo- ment de la mue arrive pour elle, elle se prépare par la diète à supporter cette crise. A mesure que celle-ci s'approche, les couleurs s'affaiblissent, deviennent ternes ou livides, l'ancienne peau se flétrit et se fend sur le dos au-dessus du second anneau. Cette opération, toute pénible qu'elle est, est souvent terminée en moins d'une minute. La dépouille est tellement complète qu'on la prendrait pour la chenille elle-même. .i3> LEI'IIJOI'TÈRES. Les clieiiilles, à Irès-peu d'exceplions près, se nour- risseiU des diflerentes parties des végétaux : géiiéra- lenienl elles dévorent les feuilles, mais jl y en a qui ne mangent que des fleurs, d'autres que des racines ; quel- ques-unes habitent dans les fruits, ou dans les capsules de certaines plantes. Il y en a d'autres qui vivent dans les feuilles, entre les deux lames de l'épiderme, ou dans l'intérieur des tiges, ou môme dans le tronc des arbres ; dans le petit nombre d'espèces se nourrissant de sub- stances animales, nous devons citer certaines ïinéides ([ui dévorent les fourrures, les vêtements, etc. La plupart des chenilles sont solitaires sur différentes plantes ; mais quelques espèces vivent en sociétés ou en familles nombreuses, soit pendant leur jeunesse, soit pendant toute leur existence. Ces dernières pro- viennent des œufs d'un même papillon, déposés les uns près des autres ou les uns sur les autres pour former une sorte de nid. Les petites chenilles éclosent pres(]ue toutes dans les vingt-quatre heures et conti- nuent de vivre ensemble aussi longtemps que leur in- stinct le leur prescrit. Les unes filent une tente com- mune ([u'elles habitent jusqu'à leur dernière mue. D'autres ne se séparent jamais et restent sous le même toit jus(|u'à l'éclpsion de Tinsecte parfait; telles sont les Yponomeules du Sainte-Lucie et la processionnaire du chêne. Certaines espèces ont une organisation telle, qu'elles ne peuvent supporter le contact de l'air ; elles se fabri- quent une sorte de fourreau qu'elles fixent au milieu d'une nourriture abondante ou même qu'elles transpor- tent partout avec elles, comme fait un escargot de sa I.ÉFIDOFTiiKES. 433 coquille. La niéUiuiorphose a lieu dans ceLlc espèce de cellule. Beaucoup de gens croient ([ue les chenilles sont des animaux immondes et venimeux et ({u'il sul'lit de les toucher pour être couvert de boutons. Ce. préjugé n'a rien de fondé; en général, elles ne sont pas plus venimeuses que des escargots. Nous devons dire, cepen- dant, qu'il y en a deux espèces, celle du Bombyx pro- cessionaire de nos bois et celle du Bombyx pityocampe ou processionaire du pin, dont on ne s'approche pas im- punément; la poussière formée par les poils provenant des vieilles dépouilles de ces chenilles est si subtile que le moindre vent l'enlève; lorsqu'il en tombe sur les mains, le cou ou le visage, cette poussière détermine d'abord des démangeaisons insupportables, puis des boutons et un gonflement qui durentplusieurs jours, quelquefois même avec un peu de fièvre. Nous en avons ressenti nous- mème les etîets, et nous avons vu bon nombre de per- sonnes qui, après avoir dîné à l'ombre des bois, en ont été fort incommodées. Les poils secs provenant des nids du Bombyx chrysorrhée de nos arbres fruitiers, occasionnent aussi quelquefois des démangeaisons : et quelques petits boutons chez les individus dont la peau est tine; mais ces accidents sont de courte durée. Quand les chenilles sont parvenues à leur entier développement, elles cessent de manger comme aux approches d'une mue ; elles se décolorent et, après avoir choisi un endroit convenable, elles se disposent à subir une seconde métamorphose ; alors, les unes se sus- pendent à l'air libre parleurs pattes postérieures, après s'être assujetties à l'aide d'une petite pelote de soie ; 28 434 LÉI'ILi«il'TÉKES. puis, elles se raccourcissent el, au bout de deux ou trois jours, elles se dépouillent, et l'opération est accomplie. Les autres ne se contentent pas de se suspendre par la queue, avant de se clirysalider, elles passent un lien en forme de ceinture autour de leur corps. Ce n'est que dans les papillons de jour que l'on voit ces deux genres de métamorphose. Les chenilles des papillons de nuit, au contraire, avant de se changer en chrysalides, filent des coques plus ou moins riches en soie, ou s'enfoncent en terre pour s'y construire une petite loge. KUes restent trois ou quatre jours à l'état de larve et passent ensuite à celui de nymphe. Dans cet état intermédiaire entre la chenille et le pa- pillon, la forme est entièrement changée : l'individu ne ressemble plus en rien à ce qu'il était auparavant. C'est un être qui respire à peine, dépourvu de tout organe propre à prendre de la nourriture, et immobile dans son linceul jusqu'au moment de sa résurrection. Les chrysalides des papillons -de jour sont souvent anguleuses et ornées de taches d'or et d'argent. C'est à cause de ces taches brillantes qu'on leur a donné le nom de chrysalides (/pcô;, or) -, par extension nous donnons le même nom assez improprement, en France, à toutes les nymphes des papillons. Les chrysalides des papillons de nuit que les Allemands appellent puppe, sont cylindrico-coniques, de couleurs plus ou moins brunes ou même d'un rouge ferrugineux. Le sommeil des chrysalides dure plus ou moins long- temps ; les unes éclosent au bout d'une quinzaine de jours, tandis que d'autres restent huit ou neuf mois LEIMDOI'TEKES. «o et même plusieurs années, dans un repos léUuirgique, ainsi que nous l'avons dit dans nos généralités. Un papillon sorti de sa chrysalide, est très-faible; toutes ses parties sont molles , sans consistance et imprégnées d'humidité; ses ailes sont pendantes, très- courtes et offrent en petit, tout le dessin qu'elles auront un instant plus tard. Il étend successivement tous ses organes, en imprimant, de temps en temps, un léger frémissement à ses ailes. Celles-ci croissent en tous sens et poussent pour ainsi dire comme une feuille ; en moins d'une demi-heure elles deviennent aptes à remplir leurs fonctions. Peu après leur naissance, les papillons s'accouplent : le mâle périt au bout de six à dix jours, et la femelle ne lui survit que le temps nécessaire à l'accomplissement de sa ponte. Il arrive souvent que l'éclosion des mâles précède celle des femelles de cinq à six jours et que, lors(|ue celles-ci paraissent, les premiers ont perdu toute la fraîcheur de leur toilette de noce. Quelques espèces de papillons de jour vivent sept ou huit mois dans l'engourdissement et se réveillent aux premiers beaux jours du printemps, pour s'accoupler et propager l'espèce. Nous partageons les papillons en deux grandes coupes, les Rhopalocères, dont les antennes sont toujours en massue, et les Hétérocères, dont les antennes sont de toutes formes : pectinées, dentées, prismatiques, fili- formes, etc. La première division correspond au grand genre Pa- pilio de Linné, dont Latreille a fait la grande famille des Diurnes . 436 ]j;i'I|)()1'TI';hI'>. Notre seconde division se compose des grands genres Sphinx et l'haUana de Linné, dont Latreille niait deux l'amilles, les Crépusculaires et \esNoclurnes. Dans la première division, il n'y a qu'un petit nombre d'espèces nuisibles à l'iiorliculture. Quatre appartien- nent au genre l'ièride et une au genre Vanesse. GENRE PIÉRIDE. PIERISFabi. Tète assez petite, courte; yeux nus^ palpes assez longs, hérissés de poils roides, assez peu serrés, de lon- gueur inégale, formant une petite pointe aciculaire, sail- lante au milieu des poils qui l'environnent : antennes assez longues, terminées par une massue obconique comprimée; abdomen un peu plus court que les ailes; six pattes propres à la marche. Chenilles cylindriques, allongées, pubescentes, atté- nuées aux extrémités. Chrysalides nues, anguleuses, terminées en avant par une seule poinle, attachées par la ([ueue et par un lien transversal sous toutes sortes d'inclinaisons. Piéride de l'aubépine. Pieris cratsegi l.inuc. Cette piéride, appelée par Geoffroy \e papillon gazé, est blanche de part et d'autre, avec les nervures noirâtres, sans aucune tache sur les ailes. Elle est très-commune dans toute l'Europe et s'étend même jusqu'au Japon. Après l'accouplement, la femelle dépose ses œufs par las sur les branches des aubépines, des pruniers, des LÉPIDOPTÈRES. 4.37 cerisiers, des amandiers, etc. Ceux-ci éclosent à l'aii- tomne et les jeunes chenilles, en sortant de l'œuf, filent une petite toile où elles passent l'hiver à l'abri des rigueurs delà saison. Aux approches du printemps, elles rompent cette toile, et comme, h cette époque, elles ne trouvent que des bourgeons, elles font un tort considé- rable aux arbres. Chaque soir, elles rentrent au domicile commun et n'en sortent même pas pendant les jours de pluie. Lorsqu'elles ont changé de peau, comme elles se trouvent logées trop à l'étroit, elles se font une nou- velle tente, plus vaste que la première, d'où elles ne sor- tent définitivement qu'après la dernière mue, pour se répandre sur toutes les branches. Elles sont alors pres- que arrivées aux deux tiers de leur grosseur. Elles sont luisantes, garnies de quelques poils blanchâtres assez fins ; leur tête est d'un noir luisant; leur dos est d'un brun noirâtre, marqué de deux bandes longitudinales fauves ou d'un fauve roux, avec les côtés et le dessous du corps d'un gris plombé. La chrysalide est d'un blanc verdâtre, avec deux lignes latérales jaunes et une infi- nité de taches noires. La chenille du gazé est, dans certaines localités, un fléau pour tous les arbres fruitiers dont elle dévore les bourgeons et les feuilles. On la détruit très-bien en en- levant les nids au commencement du printemps. Piéride du chou. Pieris brassicae I.iniié. Tout le monde connaît parfaitement ce grand papillon bhinc, appelé vulgairement le f/raiid papillon du chou ; il vole dans les jardins depuis le commencement du prin- WS I,K1'1DUPTKHE>. temps jusqu'à l'automne. Les deux sexes de cette piéride sont blancs, avec lesommetdesailessupérieures noir, sau- poudré de blanc grisâtre. La femelle offre en outre sur ses ailes dedevant, trois tachesnoiresdontdeuxrondes situées au-dessus l'une de l'autre, et la troisième longitudinale placée sur le milieu du bord interne. Les ailes posté- rieures sont marquées, chez le mâle comme chez la fe- melle, sur leur bord antérieur d'une tache noire arron- die. Le dessous ressemble au-dessus, sauf que le sommet des supérieures et toute la surface des inférieures sont lavés de jaune. 65. — Le grand papillon du chou lemelle. Pieris brassicœ. La chenille vit par petites familles sur diverses variétés de choux , elle est d'un vert grisâtre ou d'un jaune ver- dâtre, avec trois lignes longitudinales jaunes, séparées par des petits points tuberculeux noirs, donnant nais- sance chacun à un petit poil blanchâtre. Sa tèle est d'un bleu cendré, tiquetée de noir. La chrysalide est d'un gris blanchâtre tachetée de noir et de jaune. La chenille de cette piéride dévore les l'euilles de LÉPIDOPTÈRES. ,439 choux dans les potagers el chez les maraîchers. Heureusement pour les cultivateurs , elle est ex- posée aux attaques de parasites qui en font périr les sept huitièmes. Il y a entre autres un petit ichneumon qui dépose ses œufs au nombre de 20 à 25 dans son t!6.— i. Chenille du grand papillon du rlion. —2. La chrysalide. corps, et dont les petites larves, lorsqu'elles sont déve- loppées, lui percent la peau sur les côtés et filent sur les flancs de la victime, chacune une petite coque de soie jaune. Ce petit insecte qui nous rend de grands services s'appelle Microgaster qlomeralus. D'un autre côté, la chrysalide est souvent dévorée intérieurement par les larves d'une petite chalcidite (Pleromalufi larvarum), dont 440 LÉPIDOPTÈRES. les œufs sont déposés sur ses côtés au moment où elle se forme et que sa consistance est encore molle. Pour éviter les ravages de cette chenille, il faut, dès que le papillon se montre dans les jardins, lui faire la chasse sur les fleurs, avec un filet à papillon pour ne pas lui donner le temps de pondre. Piéride de la rave. Pieris rapae l.innt'. i^lh^ est connue sous le nom vulgaire de pelil papillon dn cho}( ; eWe est peut-être encore plus commune dans (!7. — Le petit papillon du chou femelle. l'icriK rapcp. les jardins que l'espèce précédente, à laquelle elle res- semble presque entièrement, excepté qu'elle est au moins d'un tiers plus petite. La chenille vit sur toutes les variétés de choux, le na- vet, les raves, le réséda et la capucine. Elle fait au moins autant de dégâts dans les potagers que l'espèce pré- cédente. Elle est d'un vert gai, couverte de très-petits poils courtsjqui la font paraître veloutée. Elle offre pour tout dessin trois lignes jaunes longitudinales, dont une sur le dos et une de chaque côté, située au-dessus des LÉPIDOPTÈRES. iU pattes. La chrysalide est d'un cendré plus ou moins pâle, ([uelquefois lavée d'incarnat, ponctuée de noir. fis. — I. rhenillp du petit papillon fin chou — J. I.a chrysalide. Le petit papillon du chou est, comme l'espèce précé- dente, répandu dans toute l'Europe. On lui fait la chasse de la même manière. Piéride du navet. Pieris napi Linné. Cette piéride porte le nom vulgaire de papillon blanc veiné de vert. Elle est un peu moins fréquente dans les 442 LÉPIDOPTÈRKS. jardins que les deux espèces précédentes, mais elle est très-commune dans les champs. Elle est tout à fait de la taille du petit papillon du chou , dont on la distingue aisément par ses nervures saillantes, bordées, en-dessous, de veines d'un noir ver- dfttre. La chenille vit, dans les jardins, sur le résé- da, la capucine, la rave, le navet, même sur les choux , et, dans les champs, sur toutes les crucifères agrestes ; elle cause souvent en An- gleterre de grands dom- mages dans les champs de turneps. Elle est pubescente, veloutée, d'un vert foncé sur le dos, sans aucune ligne longitudinale, plus pâle sur les côtés, avec les stigmates roux placés chacun sur une petite tache jaune. La chrysalide est grisâtre ou d'un jaune verdâtre pointillée de noir. On lui fait la chasse comme aux deux espèces précédentes. Les jardiniers ne doivent pas confondre avec les trois chenilles dont nous venons de leur parler, une autre chenille du chou, qui pénètre souvent jusque dans le cœur, et qui parfois se tient cachée dans les ). Chenille du papillon blanc vein(^ de • 2. La chrysalide. LÉPIDÔPTKRES. • 443 têtes des choux-ileurs. Cette dernière produit un papillon de nuit dont il est question ci-après sous le nom de Noctuelle du chou. GENRE VANESSE. VANESSA Fabricius. Les vanesses ont pour caractères : des antennes terminées par un bouton ovoïde non aplati ; des palpes ascendants, très-velus, contigus et iinissant in- sensiblement en pointe ; des ailes inférieures formant sur leur côté interne une gouttière longitudinale pour la réception du corps ; six pattes dont la première paire très-courte et impropre à la marche. Chenilles épineuses. Chrysalides nues, fourchues antérieurement, suspen- dues par la queue, la tète en bas, et ornées de taches d'or ou d'argent. Vanesse polychlore. Vanessa polychloros Linné. Ce papillon est bien plus connu des amateurs sous le nom vulgaire de grande tortue que sous son nom scien- tifique. Il est commun dans toute l'Europe, même en Algérie et en Sibérie. Le dessus de ses quatre ailes est d'un fauve assez foncé, avec le bord extérieur divisé par deux ran- gées de lunules bleues, séparées par une double ligne ondulée jaune. Les ailes supérieures sont marquées de plusieurs taches noires assez grandes séparées par du jaune d'ocre ; elles offrent;, en outre, entre le milieu et 444 LÉPIDOPTÈRES. l'angle interne quatre gros points noirs. Les ailes infé- rieures ont vers le bord antérieur une grande tache noire entourée de jaune d'ocre. Le dessous des quatre ailes est d'une couleur obscure un peu plus grisâtre à l'extré- mité. 7(1. — Vanosse polychlore. \'nnessa poUicbtoms. La chenille est brunâtre, avec une raie longitudinale d'un fauve roux sur chaque côté. Ses épines sont assez longues, roides, d'une couleur jaunâtre, un peu rameuses au sommet. Dans sa jeunesse, elle vit en familles nom- breuses sous une toile de soie ; mais, après la seconde mue, les jeunes chenilles se dispersent chacune de son côté. La chenille de la grande tortue dévore la feuille des ormes dont elle fait sa principale nourriture ; elle vit également sur différentes espèces de saules ; nous en avons vu aussi de nombreuses couvées qui effeuillaient totalement les branches des cerisiers et des pruniers. Nous signalons pour cotte raison cette espèce aux LÉPlDUPTÉKIiS. 445 urboiiculleurs, atiii, (ju'ils fassent attenlioii aux nids qui j)oui'raieul se trouver sur les arbres à noyau vers le milieu du mois de mai. La vanesse polyclilore ou grande loriue n'a qu'une ëclosion par an : ordinairement vers la fin de juin ou au commencement de juillet. A cette époque, quelques individus se retirent dans le creux des arbres, les ca- vernes et autres lieux obscurs, où ils passent sept ou huit mois dans l'engourdissement pour se réveiller aux premiers rayons du soleil, s'accoupler et reproduire l'espèce. Cette remarque est applicable à toutes nos va- nesses européennes, quand bien même elles auraient, comme \'a petite tortue, \epaon de jour, elc, deux ou trois générations successives. Les individus provenant de la dernière éclosion ne s'accouplent plus, ils s'engourdis- sent et la fécondation a lieu l'année suivante entre les survivants. us LElMllol'TEUliï?. IJETEROCÈKES. Cette grande division se compose de tous les Lépidoii- tères dont les antennes sont de formes variables : mais jamais terminées en massue brusque, à l'extrémité. Elle renferme tous les papillons que Latreille appelait Cré- pusculaires et Nocturnes, expressions très-inexactes: puisque la grande majorité de ces Crépusculaires ne vo- lent qu'en plein jour à l'ardeur du soleil, et que beau- coup de soi-disantNocturnes ne se montrent plus dès que le soir arrive. C'est pourquoi le nom d'Hétérocères pro- posé par nous est aujourd'hui adopté par la plupart des entomologistes. On divise les Ilétérocères en un certain nombre de familles et en beaucoup de tribus et de genres. THIBU DES SÉSIAIRES. GENRE SESIE. SESIA Fab. Les sésies sont de très-petits papillons à ailes allon- gées, étroites, généralement transparentes que, sans leurs antennes, on prendrait volontiers pour des guêpes ou au- tres Hyménoptères. Elles ontpourcaractères : des palpes velus, comprimés, pointus à leur sommet ; des antennes fusiformes dans leur milieu, terminées par une très-petite houppe; une trompe roulée enspirale ; des jambes posté- rieures armées de deux paires d'ergots; un abdomen terminé en brosse, principalement dans les mâles. et vivent dans l'iii- I.EPlDUl'TEUEtr. ',47 Les chenilles ont seize pattes teneur des tiges ou dans le tronc des arbres; elles sont blanchâtres, étio- lées, très - légèrement velues , et subissent toutes leurs métamor- phoses dans la galerie qui leur a servi de ber- ceau. La plus grosse espèce et la plus com- mune par toute l'Europe est la sésie apiforme, qui ressemble presque à un frelon et dont la larve gâte les peupliers en perçant le bois en tout sens. • Sésie apiforme. Sesia apiformi». îsie asiliforme. Sesia asiliformis Fab. Elle est moitié plus petite que l'apiforme, et géné- ralement moins commune, ce qui ne l'empêche pas d'être très- nuisible là où elle se trou- ve. Sa chenille , d'un blanc terne et étiolé , avec la tête brune, vit dans le tronc des jeunes peupliers et des jeunes bouleaux ; elle y creuse de très-profondes galeries d'où suinte un liquide très- abondant qui épuise l'arbre, et le fait périr. La plupart des petits peupliers que l'on avait plantés il y a une trentaine d'années, le long du canal de l'Ourcq, dans la forêt de Bondy, ont succombé par le fait de cette 72. — Sésie asiliforme. Sf'sia asiliformis. 448 LÊI'llKJl'TÉUEi^. chenille; le pied seul vivait encore et donnait à rez terre quelques jeunes pousses. Nous avons vu, en 18()i, dans le jardin de M. Durand, rue de Bulîon, un bouleau gros comme le bras qui commençait à souffrir par la déperdition de la sève qui découlait constamment à tra- vers l'écorce ; on explora le malade et on opéra l'arbre en enlevant longitudinalement une bande de bois; alors on trouva dans une galerie longue de 60 centimètres en- viron, une chenille de la sésie asiliforme. La plaie se cicatrisa peu à peu et aujourd'hui on n'en voit plus guère que la trace. L'insecte parfait vole en plein jour comme une guêpe. Sa tète est d'un noir bleu, avec un collier jaune. Ses antennes sont d'un noir bleu en dessus et d'un jaune testacé en dessous. Son abdomen est d'un noir-bleu, avec trois anneaux jaunes. Ses ailes supérieures sont opaques et les intérieures transparentes. Sésie tipuliforme. Sesia tipuliformis Linné. La chenille de cette petite sésie vit dans l'intérieur des branches du groseillier [Ribes rubrum). Elle est blanche comme ses congénères, avec la tète d'un fauve roux. Lorsqu'elle se trouve en nombre sur cet arbuste, tous les rameaux sont minés dans une partie de leur longueur et périssent l'année suivante. Le papillon ressemble à une petite mouche : il a la tête noire, avec un collier jaune; les antennes sont noires ; le corselet est pareillement noir, avec une ligne longitudinale jaune de chaque côté ; l'abdomen est d'un noir-bleu, avec trois petits anneaux jaunes ; les quatre LEI'lKOl'TÈRIiS. 34'J ailes soiiL tiuii^parenlcs avec le somniel des supérieures noir. 'l'J. — Cliciulk' lie la bOsii' lipiilifornie. Sesia Hputiformis. iNous avons en France plusieurs autres espèces de sé- sies, dont les chenilles vivent dans le tronc des pommiers, des aunes, des saules, etc.; mais elles ne nuisent en rien a l'horticulture, ni même à l'agriculture. l'AMlLLE DES |]UMt;\CliNES. Les papillons appartenant à cette grande famille ont les antennes [lectinées, soit dans les mâles, soit dans les deux sexes. Leur trompe est très-courte et incapable de servir à la nutrition ; leurs ailes sont en toit dans le 29 350 LÉPIIIOFTÈHES. repos; leurs chenilles ont seize pattes et vivent de végé- taux. TRIBU DES ZECZÉRIDES. Les espèces appartenant à cette tribu ne sont pas extrêmement nombreuses en Europe ; elles sont répar- ties en un petit nombre de genres. Leurs chenilles sont pourvues de fortes mandibules et vivent, comme celles des Sésiaires, dans Tintérieur des tiges, dans les troncs des arbres ou dans les racines; elles sont nues, sauf quelques poils épars naissant de petits tuber- cules plus colorés que la peau ; elles se changent en chrysalides dans leurs galeries. GENRE COSSUS. COSSUS I ab. Antennes pectinées dans les deux sexes; trompe à peu près nulle ; abdomen des femelles terminé par un ovi- ducte en forme de tarière tubulée. Chenilles lignivores, c'est-à-dire vivant de bois. Chrysalides cylindrico- co- niques, ayant, sur chaque segment abdominal, deux rangées transverses d'épines inclinées en arrière. Cossus gâte-bois. Cossus ligniperda Fab. La chenille du cossus est d'un blanc-jaunàtre ou ro- sàtre, avec tout le dos d'un rouge brun ou d'un rouge vineux, plus foncé sur le milieu des anneaux que dans les articulations; sa tête est brune; ses pattes écail- LÉl'lDolM'KIŒb. 351 leiises soiil jaunes. Cette chenille, qui vil trois ans, est un grand Iléau pour les ormes de nos promenades; elle creuse dans le bois des j^aleries très-profondes, qui ren- dent les arbres languissants et les prédisposent à ètro envahis par les scolytes. C'est peut-être la chenille la Cossus gàto-hois. plus nuisible aux environs de Paris; car les arbres dé- pouillés de leurs feuilles par les autres espèces, gué- rissent bien, tandis que les ormes attaqués par les cossus ne se se réparent jamais : nous en avons vu ((ui n'étaient plus propres qu'à faire du bois de chauf- fage. Soi LKI'llMil'TKHE^. La chenille de [jremièrc année ne pénètre paspro- l'ondément dans le bois ; elle ne le ronge qu'au-dessous du liber; même, lorsqu'elle est nouvellement éclose, elle se contente de la partie la plus tendre de Técorce. Celle de la seconde année entre plus profondément dans les couches de l'aubier; celle de la troisième est presau, elles se dispersent sur les branches, chacune vit LÉmUoPTEKES. 3G1 de son cùlé. En juin, elles sont parvenues à leur entier dévelo|)[)ement: elles filent, alors, entre les leuilleSjSOus la corniche des murs, etc., une coque molle, ovale, blanche, saupoudrée d'une poussière jaune (pii res- semble à de la Heur de soufre. Le papillon éclot vers le commencement dejuillel. 71). — I. Clioriillo ilu l)oiiil))x livrée. — 2. La loiiuc- :i. lue bague commencée. Il varie un peu pour la couleur; tantôt il est d'un roux ferrugineux et tantôt d'un fauve clair, avec deux lignes blanchâtres, transversales, un peu arquées sur le milieu des ailes de devant. Dans toutes les variétés, la frange est blanche et entrecoupée par la couleur du fond. 3G'2 I.Él'lliOPTÈliKS. L'accouplement a lieu après l'éclosion ; la lemclle dépose ses œufs par anneaux autour des petites bran- ches d'arbres, sur une couche dun enduit brunâtre. Les bracelets qui en résultent, ont quelquefois plus de trois centimètres de largeur; ils résistent aux froids les plus intenses et sont tellement adhérents à l'écorce. qu'on ne peut les détacher qu'à l'aide d'un grattoir ou d'un couteau. Les jardiniers donnent à ces bracelets le nom de Bague. En hiver on ne doit pas chercher à détruire la che- nille, puisque les œufs n'éclosent qu'au printemps, (î'est dans les premiers jours de mai, qu'il faut enlever les nichées qui se tiennent pendant le jour à l'abri sous une petite tente de soie. Très-souvent aussi les che- nilles de la livrée viennent toutes se réunir au soleil dans l'enfourchure des arbres ; il est alors facile de les' écraser. Certains professeurs d'arboriculture, tels que MM. Forets, Rivière et plusieurs jardiniers ont l'œil assez exercé pour découvrir les bagues : ils détachent en faisant la taille des arbres toutes celles qu'ils ren- contrent, et anéantissent ainsi des fatnilles entières de chenilles. Bombyx chrysorrhée. Bombyx (liparis) chrysorrhœa l>inné. Ce Bombyx porte le nom vulgaire de cul-brun; il est entièrement blanc, avec les quatre derniers anneaux de l'abdomen d'un brun obscur et l'anus . garni d'une bourre d'un fauve ferrugineux (jui sert à la femelle à recouvrir ses œufs. LEI'lDOrTEliES. 2'J3 Le papillon éclol au mois de juillet; à la liti de ce mois , la femelle [)ond des œufs d'une couleur rose qu'elle dispose pxir tas à Tex- trémité des branches x .^m. des arbres fruitiers. ^IP' Les petites chenilles so..- uominv ,i,i,s,uibée lomcik' lininliiix rhryxorrUœn ■ éclosent dans les pre- miers jours de septembre. Aussitôt nées, elles enve- loppent quelques feuilles , dont elles rongent seule- ment le parenchyme, sous une toile de soie divisée en autant de cellules qu'il y a d'individus. Elles changent une fois de peau et passent tout l'hiver sous cet abri sans prendre la moindre nourriture. Dès que les arbres fruitiers commencent à fleurir ou à avoir quelques feuilles, elles sortent de leur retraite et dé- vorent tout ce qui se trouve dans le voisinage de leur habitation. Aussitôt que la nuit approche ou s'il vient à pleuvoir, elles se retirent sous leur tente. Quand il n'y a plus rien à manger, elles s'établissent sur une nou- velle branche et y dressent en peu de temps une nou- velle tente. Après la dernière mue, elles quittent leur demeure pour n'y jamais rentrer, et elles se répandent sur toutes les branches de l'arbre. Cette chenille est la plus commune de toutes, elle vit sur tous les arbres fruitiers et presque sur tous les arbres forestiers. Le fond de sa couleur est d'un brun noirâtre, avec six rangées de tubercules de la même couleur, surmontés de poils aigrettes roussàtres. Elle a sur le dos, à partir du troisième anneau, deux rangées de 364 LÉNDOFÏÈKES. lâches hlaiiches. Sur le neuvième et le dixième, et quel- quefois sur le huitième et le septième anneau, il y a une tache d'un rouge cinabre placée entre deux petits fais- ceaux très-courts de poils roussâtres. Les taches hlan- ches sont bordées de cha(|ue côté par un petit pinceau Chenille du bombw clirNsorih('( brunâtre. Outre cela, les deux taches rouges du neu- vième et du dixième anneau sont comme vésiculeuses et un peu rétractiles. Dans le courant de juin, elle lile, entre les feuilles ou dans les bifurcations des branches, une coque molle grisâtre, dans laquelle elle se change en chrysalide. Cette chenille est en général si multipliée qu'on lui a donné le nom tie commune. C'est [)Our elle seule LKHLIOPTERES. 465 que les ordonnances rendent l'éclienillage obliga- toire, car cette opération, ordinairement assez mal fuite, n'alleint pasles autres espèces nuisibles, qui sont encore à l'état d'œufs. Pour que l'échenillage soit pratiqué avec succès, il faut le faire au mois de décembre, lorsque les arbres n'ont plus de feuilles, en coupant avec soin à l'extrémité des rameaux, ces paquets de feuilles sèches ([ui renferment chacun une nombreuse couvée de petites chenilles. Si l'on attend le printemps, comme cela a lieu trop souvent, pour enlever les nids, il arrive fréquemment que les habitants ont déménagé et sont allés s'établir plus loin. Nous avons vu, à l'automne de l'année dernière, au Luxembourg, des nids nombreux de chrysorrhée à l'extrémité des rameaux de lauriers-amandes. Bombyx auriflue. Bombyx (liparis) auriflua Fub. Cette espèce, appelée vulgairement cwi-doré, ressemble beaucoup à la précédente; elle est d'un blanc plus pur, un peu {"P=r:> v . ^^--^ — ^ plus brillant, avec l'extrémité 'C^ de l'abdomen garnie de poils d'un beau jaune et non d'un <--^. fauve brun; ces poils servent , , i ' 1 r 11 ' S2. - Bombyx auriflue leniellc. également a la lemelle a re- nomtyx auriiina. couvrir ses œufs qui sont jau- nes et non d'une couleur rose. Les petites chenilles éclosent, comme celles de l'espèce précédende, au mois de septembre, et passent également l'hiver sous une toile de soie où elles subissent leur première mue. 30 466 LEPIDOPTERES. Lorsque la chenille est adulte, elle quitte le domi- cile commun. Elle est alors d'un brun noir, avec des poils d'un gris noirâtre; elle a sur le dos, à partir du premier anneau, deux rangées de taches d'un blanc pur, un peu pulvérulentes et comme farineuses. Entre ces deux rangées de taches, il y a une double ligne d'un rouge /( /,n^^ l ' V 83. — Chenille du bombyx auriflue. vif qui se dilate en croissant sur le quatrième anneau, lequel, ainsi que le suivant, est un peu relevé en une bosse charnue. Sur le neuvième et le dixième anneau, il y a aussi, entre les deux lignes rouges, deux très-petites taches rouges un peu rétractiles. Les tubercules des côtés sont rouges, ou d'un rouge ferrugineux, liés l'un à Fautre par une raie latérale rouge plus ou moins LÉPIDOPTÈRES. 467 accusée. Elle subit sa métamorphose à la lin de juin et reste environ trois semaines à l'état de chrysalide. La chenille du cul-doré, nom qui aujourd'hui est un peu shocking, est bien moins répandue dans les jardins fruitiers que celle du chrysorrhée; elle habite principa- lement les bois où elle dévore les prunelliers et les charmes, etc.; elle a aussi une grande prédilection pour les aubépines et les rosiers. • Bombyx du saule. Bombyx (liparis) salicis. Ce Bombyx, appelé par Geoffroy Vapi)arent, est un peu plus grand que les deux espèces précédentes. Il est entièrement d'un blanc satiné, avec les pattes annelées lîombyx du saule. Ilumbyx salicis. de noir et de blanc. Il paraît en juillet. La femelle dépose, sur le tronc des peupliers et des saules, ses 468 LÉPIDOPTÈRES. œufs par rosaces recouvertes d'un enduit écumeux blanc et luisant sous lequel ils passent l'hiver. Les chenilles éçlosent à la fin d'avril. Dès qu'elles sont nées, elles se dispersent sur les branches. Leur dos est noirâtre, avec deux lignes jaunes ou un peu blan- châtres, interrompues, et renfermant entre elles, une série de grosses taches dorsales arrondies, blanches ou d'un blanc un peu soufré.- Chacune de ces taches est coupée en deux par les incisions. Les côtés sont d'un blanc bleuâtre ou grisâtre, plus ou moins jaspé de noi- râtre, avec deux rangées de petits tubercules d'un ferru- gineux clair, surmontés d'aigrettes de poils roussâtres. Les taches dorsales forment comme une espèce de chaîne, et sont séparées l'une de Tautre par des tubercules semblables à ceux des côtés. Le dessous du corps est brun lavé de pourpre. Elles filent une coque entre les feuilles qu'elles lient avec des fils de soie, ou entre les rides des écorces. La chrysalide est noire, garnie de petits faisceaux de poils jaunes. Il y a des années où cette chenille dépouille totalement de leurs feuilles les peupliers dans les parcs et les avenues. Le moyen le plus simple de s'opposer à ses ravages, c'est d'enlever, pendant l'hiver, à l'aide d'un grattoir, toutes ces plaques blanches écumeuses sur le tronc des saules et des peupliers. Il n'est pas difficile de les aper- cevoir. Bombyx disparate. Bombyx (liparis) dispar Fabric. Ce papillon portait autrefois le nom vulgaire de zigzag ; LÉPIDOPTÈRES. 469 il a été nommé depuis disparate à cause de la dissem- blance qui existe entre les deux sexes. Le mâle a le corps assez grêle ^ le dessus de ses ailes antérieures est d'un gris brunâtre, avec quatre lignes transversales noirâtres, en zigzag. Le dessus de ses ailes postérieures est d'un brunâtre obscur. La femelle a le corps très- gros et est beaucoup plus grande ; elle offre le même -"^'S^^r* 85. — Ronibyx disparate femelle. Bombyx iJispar. dessin sur un fond blanc tirant très-légèrement sur le gris jaunâtre. Son corps est d'un blanc jaunâtre en avant et (l'un gris brun en arrière, terminé vers l'anus, par un pa- quet d'une bourre roussâtre destinée à couvrir les œufs au moment de la ponte. L'éclosion de l'insecte parfait a lieu à la fin de juillet ou au commencement d'août. Le mâle vole une partie du jour à la rechercbe de la fe- melle. Celle-ci est lourde et reste constamment appli- quée sur l'écorce des arbres. Après l'accouplement, la femelle dépose ses œufs par paquets sur le tronc des arbres; elle les recouvre d'une espèce d'étoupe soyeuse ressemblant assez par la cou- 470 LÉPIDOPTÈRES. leur à un morceau d'amadou. Ceux-ci passent l'hiver sous cet abri moelleux et les petites chenilles 'naissent au mois de mai. Elles subissent quatre mues sans que leur dessin en soit modifié. 86. — Bombyx disparate en train de pondre. Le fond de leur couleur est d'un brun noirâtre fine- ment réticulé et vermiculé de gris jaunâtre. Les tuber-^ cules des cinq premiers anneaux sont bleus; ceux des anneaux suivants sont ferrugineux. Les uns et les autres sont surmontés de poils roides roussâtres. La tête est re- lativement très-grosse, réticulée de gris et marquée dans son milieu d'une tache triangulaire jaunâtre. La partie antérieure du premier anneau porte de chaque côté un tubercule allongé, sur lequel sont implantés des poils noirâtres plus longs que les autres, qui forment comme des espèces de moustaches. Lorsque le moment de la métamorphose arrive, les chenilles filent dans les crevasses des écorces, sous la corniche des murs, etc., un réseau de soie extrêmement léger dans lequel la chrysalide est à peine renfermée ; sou- vent même elle n'est guère attachée que par les crochets de la queue. LÉPIDOPTÈRES. 47^ Celle-ci est d'un brun noirâtre avec les incisions plus claires garnies de petites étoiles de poils roussâtres. L'extrémité anale se termine en une pointe large, munie de deux faisceaux de petits crochets. 87. — Chenille du boml)yx disparate. La chenille du zigzag vit sur presque tous les arbres. Comme elle est très-commune, elle occasionne souvent de grands dommages aux arbres fruitiers. Nous avons vu, il y a une quarantaine d'années, tous les arbres de la forêt de Sénart et de la forêt de Fontainebleau entière- ment dépouillés de leurs feuilles par cette chenille. On aurait pu se croire au milieu de l'hiver. Ne trouvant plus rien à manger, elles couraient à terre dans toutes 472 LEFMDOPTERRS. les directions : une grande partie a dû mourir de faim, et le bien sera venu de l'excès du mal. Cette chenille se tient une grande partie du jour allongée dans les ger- çures des écorces. Il faut la loucher avec précaution, parce que, chez les personnes qui ont la peau délicate, elle occasionne parfois de légères démangeaisons, mais qui n'ont rien de dangereux. Lorsqu'on veut détruire cette espèce malfaisante, il faut détacher avec un grattoir, du tronc des arbres, toutes ces plaques couleur d'amadou et les brûler. La besogne est d'autant moins diflicile, que les œufs sont placés à une élévation qui permet de les atteindre aisé- ment. Cette opération peut être commencée dès l'au- tomne et continuée jusqu'au printemps. Le bombyx disparate porte chez les forestiers le nom àe la spongieuse. Ratzeburg décrit longuement die Forst-insecten) les dégâts immenses que cause dans les forêts de l'Allema- gne, une espèce voisine de la précédente, ; cette der- nière est presque rare dans la plus grande partie de la France. Ce papillon est le bombyx (liparis) Monacha de Linné, Nonne ou Nonnenspinner des Allemands. Il paraît que ce Bombyx qui a le corps rose, est, dans certaines années, un grand fléau pourle's forêts de la Prusse. La che- nille, dit Ratzeburg, est le seul insecte très-nuisible aux Conifères qui se nourrisse indistinctement de feuilles aciculaires et de feuilles plates. Aux environs de Paris, nous trouvons la chenille du Monacha dans les bois, sur le hêtre, le charmeou surle chêne et quelquefois surle pom- mier sauvage, mais très-peu d'individus chaque année. LÉPIDOPTÈRES. 473 Bombyx processionnaire. Bombyx processionnea Lin. Si nous parlons ici de jpe papillon, ce n esL pas parce que sa chenille est nuisible à l'horticulture, on ne la rencon- tre pas dans les jardins -, mais il n'en est pas de même dans les bois qui servent de prome- nade aux environs de Paris et s». - Bombyx processionnaire dans les parcs où il y a des Bombyx processionnea. chênes. L'insecte parfait éclot au mois d'août; il est d'une couleur peu brillante ; le màle est d'un gris blanchâtre ; ses ailes supérieures sont marquées de trois raies trans- versales sinuées, d'un brun noirâtre et d'un arc central de la même couleur. Ses ailes inférieures sont beau- coup plus blanches, traversées par une seule raie. Chez la femelle qui est plus grande, les quatre ailes sont d'un gris-cendré pâle, avec une ombre à la base des su- périeures et une raie transverse, commune, un peu plus obscure que le fond ; son abdomen est garni à l'extré- mité d'une plaque écailleuse, munie d'une espèce de brosse formée de poils d'un gris roussâtre. Les œufs sont pondus à la fin du mois d'août par pe- tits tas, et passent l'hiver sur l'écorce des chênes. Les chenilles éclosent enmai; lorsqu'elles sont adultes^ elles sont d'un tiers plus petites que celles de la livrée. Leur dos est d'une couleur noirâtre, avec les côtés d'un cen- dré pâle, et le ventre d'un jaunâtre pâle. Elles sont, ou- tre cela, marquées sur chaque anneau d'une rangée cir- 474 LÉPIDOPTÈRES. culaire de petits tubercules rougeâtres, donnant nais- sance à de longs poils blancs, inégaux, peu touffus, terminés chacun par un petit crochet. Quand elles sont arrivées à toute leur taille, les tubercules placés sur les neuf derniers anneaux, forment, par leur réunion sur le milieu du dos, un petit ovale rouge, transversal. Les naturalistes du siècle dernier ont parfaitement étudié les mœurs de ces chenilles : nous n'avons rien à y ajouter; et ce que nous allons en dire n'est que la ré- pétition de ce qui a été dit cent fois. Une couvée, au mo- ment del'éclosion, forme une famille de sept à huit cents individus qui ne se séparent qu'à Tétat de papillons. Dans leur jeunesse, elles ne font que de légères toiles et changent souvent de domicile, sans pour cela quitter l'arbre où elles sont nées. Elles filent en commun pour former des nids qui leur servent d'asile. A chaque chan- gement de peau,, elles déménagent pour aller créer un autre établissement. Quand elles ont acquis toute leur croissance, elles choisissent une habitation iixe mais plus vaste : cette dernière demeure a ordinairement 40 à 50 centimètres de long sur 15 à 18 de large ; elle est arrondie à chaque bout et attachée verticalement contre le tronc des chênes, tantôt assez près de terre et tantôt à 2 mètres ou à 2 mètres 1/2. Leur configuration n'a rien de régulier ni de bien constant. Ces nids forment, à l'en- droit de récorce où ils sont appliqués, des espèces de bosses comparables aux nodosités que l'on voit sur les arbres. Au haut de ce sac de soie, il y a une ouverture par laquelle les chenilles sortent et rentrent à volonté. Lorsque les chenilles de la processionnaire quittent leur logement pour aller s'établir ailleurs, leur marche LÉPIDOPTÈRES. 475 s'exécute dans un ordre régulier. Au moment où elles sortent, une chenille va la première et ouvre la marche; les autres la suivent à la file en formant une espèce de cordon, La première est toujours seule, les autres sont quelquefois deux, trois ou quatre de front. Elles obser- vent un alignement si parfait que la tête de Tune ne dé- passe pas celle de l'autre. Quand la conductrice s'arrête, la troupe qui la suit n'avance pas ; elle attend que celle qui est à la tête se détermine à marcher pour la suivre , c est dans cet ordre qu'on les voit souvent traverser les allées des bois, ou passer d'un arbre à l'autre, quand elles ne trouvent plus une nourriture suffisante sur ce- lui qu'elles abandonnent. C'est vers le coucher du soleil que les chenilles de la processionnaire font leurs évolu- tions et c'est pendant la nuit seulement qu'elles dévo- rent les feuilles. 11 n'est pas rare cependant de trouver en plein midi, à peu de distance de leur habitation, de ces chenilles qui sont sorties pour prendre le frais et se réunissent par paquets, les unes à côté des autres, ou même les unes sur les autres, sans se donner aucun mouvement. Elles sont alors tellement plaquées sur les écorces qu'il n'est pas toujours très- facile de les aper- cevoir. Quand le moment de la métamorphose arrive, elles filent chacune dans leur nid une coque particulière où elles se changent en chrysalides. Il arrive parfois (jue le nid dont les proportions ont été mal calculées, se trouve trop'étroit pour contenir toute la réunion des coques ; quand elles s'aperçoivent de ce défaut de prévoyance, elles se mettent à l'œuvre et en construisent un second contigu au premier. 476 LÉPIDOPTÈRES. Le papillon, connu sous le nom de processionnaire du chêne, se trouve dans les bois d'une grande partie de l'Europe. Selon Ratzeburg, il n'est pas trop répandu en Allemagne, où les forêts sont en grande partie consti- tuées par des essences résineuses. Il faut toucher avec précaution aux nids de la pro- cessionnaire, si l'on veut éviter d'affreuses déman- geaisons et quelquefois une inflammation du visage et des mains. Les plus dangereux sont ceux qui sont abandonnés et ceux dont les bombyx sont éclos, parce que leurs dépouilles étant desséchées, se brisent avec la plus grande facilité et se réduisent en une pous- sière fine qui s'attache à la peau. Des bains, des lotions acidulées, etc., font disparaître assez promptement ces sortes d'éruptions. En 1832, au moment du choléra, lors de l'anarchie qui existait entre les médecins, un praticien fort connu essaya, pendant la période algide, des frictions avec les nids de la processionnaire, afin d'obtenir une réaction à la peau : c'était au mois d'avril et il ne put, à cette époque, se procurer que quelques débris d'un vieux nid de l'année précédente, dont l'effet, autant qu'il nous en souvient, fut à peu près nul. Il y a des années où les processionnaires sont exces- sivement communes dans les bois de chênes. L'année dernière, par exemple, les nids étaient tellement multi- pliés que le conservateur dubois de Boulogne. M. Pissot, l'un de nos habiles forestiers, dut, dans l'intérêt de la santé générale, interdire la circulation dans quelques cantons de cette promenade publique. Le meilleur moyen de destruction dont on puisse user, c'est de délacher les nids avec un grattoir emmanché au LÉI'IL»()PTÉH1'>. im bout d'une perche et de les brûler, fl faut faire cette opération au milieu de juillet, par un temps pluvieux, afin que les chenilles soient rentrées dans leur domicile et que le vent n'enlève pas la poussière. Il est bon d'avoir la précaution de se frotter les mains et le visage avec un peu d'huile. On peut aussi brûleries nids sur Tarbre, avec une torche allumée ou une poignée de paille. C'est le conseil que nous avons donné à notre collègue M. Qui- hou, jardinier chef de la Société d'acclimatation, pour se débarrasser des processionnaires qui infestaient cette partie réservée du bois. M. Pissot a employé un autre moyen, assez écono- mique, qui lui a réussi parfaitement. Il consiste à mélanger dix parties d'huile lourde de gaz avec cent parties d'eau et à imbiber, à l'aide d'une brosse ou d'un • balai, les nids avec ce liquide. Nous demandons pardon à nos jardiniers de nous être peut-être trop étendu sur une chenille qui intéresse bien plus la sylviculture que l'horticulture. Après avoir parlé, trop longuement peut-être, de la procesionnaire du chêne, nous ne pouvons pas passer entièrement sous silence, une autre processionnaire qu'un de nos collègues de l'Algérie, M Leroy, de Kouba, a adres- sée à la Société d'horticulture, et dont M. Rivière nous a rapporté de la Provence de nombreux échantillons : c'est la processionnaire du pin, bombyx pilyocampa de Fabri- cius. Cet insecte intéresse bien plus les forestiers que nos horticulteurs parisiens qui probablement n'aurontjamais à s'en plaindre. Les chenilles sont d'un bleu noirâtre sur le dos, avec des tubercules rougeàtres surmontés d'aigrettes 4/8 LEPIDOPTERE^^. de longs poils fauves ; elles forment sur les branches de plusieurs espèces de pins, principalement sur les Piniis sylvestris, maritima et alepensis, des nids d'une soie blanche ressemblant à des cônes renversés ou à de longs fourreaux. Ces chenilles vivent en commun en familles très- nombreuses et se comportent comme la processionnaire du chêne. Nous les avons vues sortir de même pour prendre l'air pendant les journées chaudes de la fin de Fhiver, se réunir par paquets au soleil, et faire leur pro- cession en observant le même ordre et la même régula- rité. Leur époque d'apparition et leur mode de méta- morphose offrent seuls une différence notable. Les œufs sont pondus en été et éclosent en juillet et août. Dès que les petites chenilles sont nées, elles se filent une tente proportionnée à leur taille, dans laquelle elles enveloppent, comme provision, un certain nombre d'ai- guilles de pin. Après chaque mue, elles changent de domicile comme l'espèce précédente; elles continuent de manger à la même table pendant l'automne et une partie delhiver. A la fin de février ou au commencement de mars, elles abandonnent leurs nids, descendent des arbres et elles entrent assez superficiellement en terre, où elles filent chacune une petite coque de soie, dans laquelle elles se changent en chrysahde. Le papillon est grisâtre comme celui de notre processionnaire, mais il a les raies transversales plus flexueuses et mieux écrites -, il paraît selon les localités en juin ou en juillet. La chenille du Pityocampe est considérée par les forestiers comme un fléau pour les pins ; elle est com- LEPIUOPTERKS. 479 mune clans toute l'Europe méridionale, dans le midi de la France, en Algérie, en Espagne, en Italie, en Grèce, en Turquie et jusque dans l'AsieMineure. On nous a assuré que, de proche en proche, elle était arrivée jus- qu'à Fontainebleau, et que déjà on avait aperçu deux ou trois niJs dans la forêt. On a essayé d'utiliser la soie des nids, qui en appa- rence est belle et forte -, mais, comme l'eau chaude la rend cassante, on n'a pu en tirer aucun parti. Les chenilles de ce Bombyx, et surtout les vieux nids, occasionnent aux personnes qui s'en approchent, les mêmes accidents que la processionnaire du chêne, mais à un moindre degré. On devra donc n'y toucher qu'avec une certaine précaution. Les anciens ont connu l'effet dangereux de cette che- nille qu'ils appelaient simplement Pityocampa {chenille du pin), caries lois romaines frappaient de peines sé- vères les empiriques qui en faisaient usage. Bombyx antique. Bombyx (orgya) antiqua Linné. On voit voler pendant l'été, mais surtout au commen- cement de l'automne, à l'ardeur du soleil, un petit pa- pillon de nuit, dont le corps est très-grêle. C'est le mâle d'un petit Bombyx [qui se jette à droite et à gauche pour trouver sa femelle. Ses ailes supérieures sont d'un brun roux, avec deux bandes transversales, sinuées, d'une couleur plus foncée et dont l'extérieure, plus large, se termine en bas par une lunule d'un blanc pur. Ses ailes inférieures sont d'un jaune roux. La femelle est aptère ou plutôt elle n'a que de très- 480 LÈI'IDUPTÉHtS. petits moignons d'ailes à peine visibles-, elle est de la grosseur d'une araignée moyenne, d'une couleur gri- sâtre. Linné dit que le mâle la porte d'arbre en arbre, aiUiquo iiiàle. 2. La lemt'lle. ;{. La Clienillo. pendant l'accouplement : Mas fœminam apteram œpula connexam ex arbore in arborem de fer t. Nous n'avons jamais été témoin de ce fait. La chenille est très-commune à l'automne sur les arbres fruitiers et sur les rosiers ; elle varie pour la couleur LÉPIDOPTÈRES. m du lorid, qui est tantôt d'un gris bleuâtre très-pale, tantôt noirâtre et quelquefois blanchâtre, avec des poils aigrettes grisâtres implantés sur des tubercules. Le premier anneau oflVe, de chaque côté, un long faisceau de poils inégaux dirigés en avant , comme des cornes; le onzième offre un faisceau semblable incliné en arrière, le cinquième en présente aussi un de chaque côté. Les quatrième, cinquième, sixième et septième portent chacun une brosse d'égale lon- gueur, tantôt blanche, tantôt grise, tantôt jaune, sou- vent rousse et quelquefois noirâtre Sur chaque côté du corps on remarque une rangée de tubercules rouges supportant de petites aigrettes. Sur le dos, entre chaque brosse, sont les incisions noires ; depuis la dernière brosse jusqu'à la queue le fond devient plus obscur et présente sur chaque anneau deux tubercules rouges s'alignant avec ceux de la rangée latérale, et formant une bande demi-circulaire ; les premiers anneaux offrent aussi chacun une bande demi- circulaire sem- blable. Pour se métamorphoser, cette chenille tile une coque blanchâtre, molle, entremêlée de poils. Les œufs passent l'hiver et éclosent en mai. L'in- secte parfait paraît en juin pour la première époque ; mais à partir du milieu d'août jusqu'en octobre, il est beaucoup plus commun. A cette époque de l'année il a plusieurs générations successives. La chenille se nourrit indistinctement de tous les arbres et arbrisseaux; il y a des années où elle est tel- lement commune qu'elle devient un véritable tléau. En 1836, les chenilles de ce bomby^^ dépouillèrent de toutes leurs feuilles les tilleuls du jardin du Palais- 34 ■iS'l l,ÉPin(»PTÉRb;>. Royal. Elles étaienl en si grand nombre qu'elles cou- raient à terre de tous côtés. La plupart sont probable- ment mortes de faim, car l'année suivante, à la même époque, on en voyait à peine quelques individus. Bombyx grand paon. Bombyx (saturnia) pyri Och>. (^e papillon de nuit est le plus grand J^épi- doplére que nous ayons en Europe, La plupart des horticulteurs l'ont rencontre quelquefois dans les jardins des environs de Paris, du centre et du midi de la France, mais ceux qui habitent les départements du nord et du nord-ouest n'ont pas été à même de l'observer. ïl a 12 à 15 centimètres d'envergure. Le dessus de ses quatre ailes est d'un gris plus ou moins nébu- leux, avec Textrémité plus foncée terminée par une large bordure d'un blanc sale. Chaque aile offre, en ouire, vers le milieu, dans un cercle noir, un œil à iris fauve ayant une prunelle blanche, très-étroite, en forme de croissant. La chenille est énorme lorsqu'elle est arrivée à toute sa taille; elle vit solitairement sur le poirier, le pom- mier, l'abricotier, le prunier et quelquefois sur le pêcher et l'amandier. Son appétit est considérable, en peu ae temps elle dévore toutes les feuilles d'une branche. La chenille du grand paon, lorsqu'elle est jeune, est noirâtre ou bleuâtre, avec des tubercules brunâtres ou rougeàtresi plus tard, quand elle est adulte, elle est longue -de huit centimètres ; sa couleur est d'un beau vert pomme, avjec des tubercules d'un bleu d'azur ou de turquoise portant chacun sept poils roides inégaux, LÉPIDOPTÈRES. 483 disposés en étoile. Ces tubercules sont disposés ainsi : quatre sur le premier et le dernier auiieau et six sur Clieiiilk' et coiiiu' (lu l)(iiiili\ x gi'iiiK; tous les autres. Le clapet, placé dernière la dernière paire de pattes membraneuses, est d'un brun fauve. Les stigmates sont blancs cerclés de noir. ksi LÉl'llMll'TÈHES. Elle esl parvenue à toute sa croissance dans le courant du mois d'août. Au moment où elle est sur le point de se métamorplioser, elle devient d'un vert jaunâtre sale ; alors, ellefile une co(|ue brunâtre, très-dure, très-solide, très-gommée, en forme de poire, ayant le petit bout dis- posé â peu près comme l'entonnoir du nasse; elle la place sous le chaperon des murs ou dans les bifurca- tions des arbres. Le papillon sort de sa chrysalide â la fin d'avril ou au commencement de mai. Il arrive souvent que celle-ci reste toute l'année sans éclore et ([ue le papillon ne paraît que l'année après. Il y a même des chrysa- lides qui néclosent que la troisième année. Lorsqu'un jardinier s'apercevra qu'une jeune bran- che commence à être dévorée, il examinera à terre s'il n'y a pas des crottes ; s'il en aperçoit, cet indice le dirigera dans sa recherche ; quoique la chenille se confonde par sa couleur avec celle des feuilles, avec un peu d'in- telligence il ne tardera pas â la découvrir. Le grand paon est aujourd'hui le type de notre tribu des Salurnides. Les nouveaux vers à soie du chêne, du vernis du Japon et du ricin appartiennent au même genre. Bombyx tête-bleue. Bombyx .dilobaj caeruleocephala Linné. Ce [)etit Bombyx diffère notablement de tous les précédents et fait le passage à la grande famille des NoGTUiDES. Il est d'un gris brunâtre ; ses ailes supé- rieures offrent au-dessous de la côte, vers leur milieu. I,1<;PID0PTÈRES. 485 deux grosses taches superposées, d'un blanc un peu bleuâtre, plus ou moins arrondies, un peu réniformes et jointes l'une à l'autre. Les ailes inférieures sont gri- sâtres, avec l'angle anal marqué d'une liture noire. La tête et la partie antérieure du corselet sont d'un cendré bleuâtre. . On a rarement occasion de voir Cf* uanillon, quoiqu'il soit de la taille de la livrée. '?«,rce qu'il éclot en octobre et ne vole que la nuit. La chenille est très-commune en mai ; elle est d'un blanc grisâtre ou un peu bleuâtre, marquée de trois raies longitudinales d'un jaune-citron, dont une dorsale plus large, et une latérale un peu plus étroite. Outre cela, son corps est garni de petits tubercules noirs, sur- montés chacun d'un poil court assez roide. A la fin de juin, arrivée à toute sa croissance, elle file une coque ovale assez solide, d'un gris blanchntre, qu'elle attache aux branches des arbres. L'insecte parfait éclot ordinairement en octobre: la femelle dépose ses œufs de place en place sur les branches des arbres. Quelques individus qui passent l'hiver en chrysalide pour naître au printemps ; les œufs de celte génération éclosent en même temps que ceux pondus à l'automne. La chenille du Bombyx tête-bleue vit sur tous les arbres fruitiers, particulièrement sur les cerisiers, pru- niers, pommiers, amandiers, abricotiers et surtout sur les haies d'aubépine ; elle est quelquefois assez nom- breuse pour être très-nuisible. Nous avons vu, il y a vingt- cinq ans environ, au jardin des plantes, une allée plantée de Meupylus linearis complètement effeuillée 486 • LÉPIDOPTÈRES. par celle larve. M. Pissol, qui s'occuppe de l'élude des insecles nuisibles et utiles à la sylviculture, nous a conduit, il y a cinq ans, dans des localités du bois de Boulogne, où tous les arbres et arbustes appartenant à la grande famille des rosacées étaient littéralement dévorés par cette chenille. Il n'y a pas d'autre moyen de la détruire dans les jardins, que de secouer les branches sur un parapluie renversé en les frappant avec un bâton : elle est très-paresseuse, on la fait tomber facilement. Lo Jiombyx tète-bleue est le type de notre genre Diloha et fait partie de notre tribu des iNotoijontides. f'AMH.LE DES NOCTUIDES. Cette nombreuse famille, composée de plus de deux mille espèces, est constituée par le grand genre Nociua des anciens auteurs. Elle est aujourd'hui par- tagée en un assez grand nombre de tribus subdivisées en une infinité de genres. Les NocTuiDES ou noctuelles ont pour caractères généraux : une trompe bien prononcée, roulée en spi- rale entre des palpes comprimés-, un corps plutôt squa- meux que laineux -, un corselet et un abdomen offrant le plus ordinairement des bouquets de poils en forme de crêtes; des ailes toujours marquées vers le milieu, au- dessous de la côte ou bord antérieur, de deux taches, dites lâches ordinaires, dont la plus rapprochée du corps s'appelle orbiciilaire et l'autre réniforme. Clienilles pourvues généralement de seize pattes LÉPIDOPTÈRES. t 48,S égales, plus rarement de pattes membraneuses d'inégale longueur et plus rarement encore, de douze pattes. Les chenilles de toutes les espèces suivantes ont seize pattes. Noctuelle psi. Noctua (acronycta) psi. Très-commune aux environs de Paris, mais beau- coup moins répandue dans les départements du nord I. Niiotuellc psi. Kocliia et du midi. Elle est d'un gris blanchâtre luisant ; ses ailes supérieures sonl marquées de plusieurs 488 , LÉI'inOPTÈREJ;. traits noirs qui la font reconnaître au premier coup d'œil; savoir : un longitudinal partant de la base et res- semblant à une espèce de fourche, un second placé vers le tiers inférieur du bord extérieur de l'aile, coupé par une ligne noire sinuée, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec la lettre psi ■-> des Grecs. Ses ailes inférieures sont blanchâtres dans le mâle , un peu plus obscures chez la femelle. La chenille, très -commune à l'automne sur les arbres fruitiers et sur les rosiers, est souvent assez nuisible. On en trouve quelquefois huit à dix sur la même branche. Elle est en dessus d'une couleur noirâtre, avec une éminence conique, charnue, de la même couleur pla- cée sur le quatrième anneau et une gibbosité pyramidale sur le onzième. Le long du dos règne une large bande or- dinairement d'un jaune-citron, mais souvent aussi d'un jaune-soufre pâle ou même blanchâtre. Cette bande est interrompue par Téminence conique en avant de la- quelle elle se continue seulement sur le second et le troisième anneau. Le dernier anneau offre aussi une tache jaune en arrière de la bosse du onzième. Au- dessous de la bande jaune, sur la partie noirâtre, on voit des tubercules noirs supportant des poils assez lins, et des traits rouges groupés deux par deux sur chaque anneau, et séparés Tun de l'autre par quelques petits atomes bleuâtres. Au-dessous de la partie noirâtre les côtés sont d'un gris cendré plus ou moins clair, lavé d'une petite teinte rosée. La tête et les stigmates sont noirs. Parvenue à sa grosseur, cette chenille file sa coque LEPIDOPTblRES. 480 dans les gerçures des écorces ou entre quelques feuilles sèches. La chrysalide passe Ihiver, et le papillon éclot depuis la tin de mai jusqu'au mois d'août. Lorsque la chenille du Psi se montre sur les que- nouilles des poiriers, sur les rosiers, etc., il faut la prendre et l'écraser. Elle est très -visible, et cl'autanl plus facile à trouver que sa couleur est bien tranchée. Noctuelle trident. Noctua (acronycta) tridens Fabi . L'insecte parfait ressemble tellement au précédent qu'il est fort difficile îi celui qui n'est pas entomologiste luelle trident. Sncliia iridc de le distinguer. ïl offre exactement le même dessin, et n'en diffère véritablement que par le fond de ses ailes su- 490 I.KPIDiiPTÉRE?. périeuies qui est d'un gris brun assez foncé au lieu d'être d'un gris blanchàlre pâle, el par ses ailes infé- rieures beaucoup plus blanches. La chenille a aussi à peu près la même forme, mais son dessin est tout différent. Le fond de sa couleur est d'un noir foncé, avec une gibbosité pyramidale sur le onzième ann.eau et une éminence conique sur le qua- trième, mais cette dernière est plus courte et plus obtuse que dans le Psi. Sur le dos, entre les deux éminences, on voit une bande d'un rouge-aurore. En avant de la première gibbosité, le second et le troi- sième anneau ont chacun une tache rouge qui fait suite à la bande dorsale. De chaque côté de cette bande, le fond noir est marqué, sur chaque anneau, d'une tache et de deux petits points blancs ; il existe aussi, sur la portion noire, et sur chaque anneau, deux- petits traits rouges ou aurore, rapprochés, placés en arrière des deux points blancs. Au-dessous de la* partie noire, les côtés sont d'un gris un peu jaunâtre, avec une raie marginale jaune, lavée de rouge sur chaque anneau ; les stigmates et la tête sont noirs. La bosse du onzième anneau est d'un gris blanchâtre et porte quatre tubercules noirs. Les poils du corps sont peu nombreux, longs et soyeux. Cette chenille est presque rare dans les jardins des environs de Paris, tandis qu'elle est très -commune dans les départements du nord et dans quelques parties du midi de la France, sur les jeunes pommiers et les pru- niers, depuis le commencement d'août jusque dans les premiers jours d'octobre. Elle file une co(|ue comme la précédente, passe l'hiver en chrysalide et donne l'in- secie jjaifaii en juin. LÉPIDOPTÈRhlS. 491 Dans les localités où elle est assez nombreuse pour être nuisible, on la détruit comme l'espèce précédente. Ces deux noctuelles appartiennent à notre tribu des lioMBvcoïDEs et font partie du genre icronycta d'Och- senheimer. Quelques auteurs mettent au nombre des cbenilles nuisibles, celle de la noctuelle de la patience [Soclua Rumicis (Linné) ; elle l'ail, disent -ils, dans certains cantons, beaucoup de dégâts dans les cultures d'oseille et de fraisiers, ('/est une espèce polyphage, c'est-à-dire qu'elle mange toutes les plantes basses ou frutescentes -, elle vit solitairement et nous ne l'avons rencontrée que très-accidentellement sur les fraisiers ou sur l'oseille. Elle est d'ailleurs si peu répandue que nous ne croyons pas (pi'elle puisse causer quelque dommage dans les jardins. Voici au reste la description abrégée de cette cbe- nille. Elle est brune, garnie de petits tubercules [)ortant chacun un faisceau de poils roux ; son dos présente une bande rouge maculaire, et chacun de ses côtés une série de sept traits blancs obliques, au-dessous de laquelle existe une raie marginale blanche teintée de rouge. On la trouve en juin et à l'automne Les chenilles de la dernière époque passent l'hiver en chrysalides et éclosent en mai, celles de la première donnent le pa- pillon à la fin de juillet. Noctuelle du chou. Noctua (hadena) brassicae Linné. La noctuelle du chou est un des insectes les plus nuisibles à la culture maraîchère. Elle est assez peu bril- lante, d'un gris plus ou moins obscur, quelquefois un peu roussàlre. Ses ailes supérieures suni ordinairement 192 [.ÉPIDOPTORES. (l'un gris roussâlre avec des raies transversales , si- nueuses, noirâtres, dont la plus extérieure est bordée de blanchâtre. Outre cela, elles offrent, près de la côte, une tache réniforme pointillée de blanc. Ses ailes in- férieures sont d'une couleur blanchâtre, plus obscure à Textrémité. i-\'*Cs«\ ^*=è , nrlle (lu chou. [.a chenille varie beaucoup pour la couleur du fond : tantôt elle est verle, tantôt d'u-n gris verdâtre bronzé, tantôt d'un gris presque noir et tantôt d'un vert jau- nâtre très-pâle et étiolé. Dans tous les cas, elle a au- dessus des pattes, entre celles-ci et les stigmates, une bande jaunâtre ou roussâtre, quelquefois assez mal arrêtée et se fondant avec la couleur du ventre. Le dos LÈlMI)OPTÉKi:S. .i.;)3 otîro généralement une ligne plus obscure que le fond, et, en outre, de chaque côté de cette ligne, une raie noire ou noirâtre, interrompue et représentée sur chaque anneau par un trait noir, un peu oblique. Les traits des deux ou trois derniers anneaux sont réunis carrément par une petite liture transversale de la même couleur, placée près de l'incision. Dans les individus très- obscurs, les traits noirs ne sont indiqués que sur les anneaux postérieurs. Entre la ligne dorsale et la raie interrompue, on observe très-souvent une rangée de petits points noirâtres. Les stigmates sont blancs cerclés de noir. La tète est rousse ou d'un vert roussàtre, les pattes et le dessous du corps sont verdàtres. Elle se métamorphose dans la terre; on trouve souvent en labourant les jardins, au printemps, sa chrysalide qui est très-reconnaissable à sa couleur d'un roux fer- rugineux très-clair. Le papillon paraît au mois de mai pour la première époque ; les chenilles prove- nant de cette éclosion donnent l'insecte parfait au mois d'août. Cette chenille est, dans certaines années, si multipliée dans les plantations de choux, surtout à l'automne, qu'elle cause au cultivateur un grand préjudice-, non- seulement elle perce les feuilles, mais elle pénètre sou- vent jusque dans le cœur \ il n'est même pas rare de la trouver logée dans les têtes des choux-fleurs. On la détruit en saupoudrant les choux d'un peu de chaux délitée à l'air et en les arrosant légèrement quel- ques heures après. L'eau de savon a été employée dans le même cas. La chenille dont il s'agit ne se nourrit pas seulement i'ii LÉl'lDOFTEKKS. (le ciioiiN:, elle mange aussi les autres plantes potagères et en général toutes les plantes basses. J.es jardiniers ne devront pas confondre cette che- nille avec celles ûes jmpillons blancs du cliou, dont nous avons donné plus haut la figure et la description. Noctuelle potagère. Noctua (hadena) oleracea Liimc. Klleest un |)eu plus petite rpiela noctuelle du chou. Le corselet et les ailes supérieures sont d'un brun rou- geàtre, plus ou moins foncé; celles-ci offrent quelques lua olcrarcu Linné- raies transversales plus obscures et ont à la base un trait longitudinal noir; outre cela, on voit sur le milieu au- dessous de la côte, deux taches jaunesydont une plus pe - petite orbiculaire etl'autre réniforme ; il y a aussi au bord extérieur, [)rès de la bordure, une ligne transversale bhuiche, dentée, formant dans son milieu une M. Les ailes inférieures sont d'un blanc jaimàlre sale avec l'extrémité noirâtre. La chenille, lorsqu'elle est adulte, est lisse, verte, ou d'un brun clair, pointillée de blanc, avec trois petites lignes longitudinales, blanchâtres, plus ou moins mar- (juées, dont une dorsale, et une sur les côtés ; mais ce MiPIlMtPÏÉKES. i9S rjui la l'ail l'acilemeiil reconnaître, c'esl une bande lalérale, jaune, bien Histincte, située le long des pattes, au- dessous des stigmates La tête est rousse ou d'un roux verdàlre. Elle est un peu moins commune dans les jardins (|ue celle du cbou et par conséquent, moins nuisible à la culture maraîclière. Elle s'accommode de toutes les plantes basses ; elle mange aussi des feuilles de groseillier etde framboisier; mais elle a une prédilection marquée pour les Dablias ; c'est elle qui, à l'automne, ronge pen- dant la nuit, les fleurs de cette plante; elle aime peu la lumière elle se tient cacbéc, pendant la journée, sous les feuilles et (rès-souvént même entre les pétales. Lors(|u'un jardinier s'apercevra que les llours de ses Dahlias sont rongées, il devra chercher la clici;ille dans les fleurs mêmes, ou sous les feuilles du voisinage; il la découvrira sans peine. La noctuelle potagère parait aux mêmes époques que celle du chou ; elle a de même deux générations par an. Noctuelle du chénopode. Noctua (hadena) chenopodii llubnei . Beaucouj) [)lus petite que la noctuelle du choux, d'une couleur plus grise et plus pâle. Ses ailes supé- rieures sont traversées par plusieurs liynes sinuées et dentées d'un gris plus foncé. Elles ont à l'extrémité une raie dentée en scie, d'un gris blanchâtre, formant une M, et sous la côte une tache réniforme empâtée de noirâtre. Les ailes inférieures sont d'un gris blan- châtre avec une bordure noirâtre assez large. W6 J.ÉI'IDOPTliKliS. Aux environs de Paris, la chenille est aussi commune (jue celle de la nocluelle du chou, mais elle cause des dommages moins appréciables, par la raison qu'étant très-polyphage elle se nourrit indistinctement de toutes les plantes basses, sans préférence marquée. Elle est d'un vert plus ou moins gai, avec une raie d'un rouge-minium, lisérée de blanc des deux côtés, et placée entre les pattes et les stigmates: ceux-ci sont blancs cerclés de noir. Outre cela, au lieu d'être d'un vert uniforme et sans taches, elle otï're souvent, dans cer- taines variétés, deux raies dorsales noires, interrompues sur tous les anneaux. La tète est d'un vert un peu jau- nâtre, avec la bouche bordée de brun. Cette chenille se trouve très-fréquemment dans toute l'Europe tempérée et méridionale ; elle est rare dansnos départements du nord. Dans les jardins elle ronge les ileurs des reines-marguerites, des œillets d'Inde, des Zinnia, des géranium, mais principalement les épinards et les arroches. La noctuelle du chénopode paraît deux lois par an, comme les deux espèces [>récédentes, en mai et à la tin d'août. Noctuelle de l'arroche. Noctua (hadena) atriplicis Miiné. Elle est un peu plus grande que la noctuelle du chou. Ses ailes supérieures sont un peu plus larges, d'un très-joli vert olivâtre, un peu marbrées de brun violàtre, traversées par deux lignes sinueuses noirâtres, et marquées sur leur milieu d'une tache blanche en I.EPIDOI'TERES. 49': forme de dent. Outre cela, la raie sinueuse de Tex- trémité est verte et se prolonge en dents, de scie, dans la frange qui est vio- làtre. Le corselet participe de la couleur des ailes. Les ailes inférieures sont d'un blanc grisâtre avec l'extré- mité beaucoup plus obscure. La chenille de cette noc- tuelle, malgré son nom, est peut-être plus rare sur l'ar- roche que sur d'autres plantes basses , telles que chéno- pode, persicaire, amaranthe, etc. Elle est à peu près de la taille de celle de la noctuelle du chou. Le fond de sa couleur est le brun verdàtre plus ou moins clair, ou plus ou moins obscur, avec une raie dorsale noire, un peu rétrécie aux incisions. On voit, en outre, sur le dos de chaque anneau, quatre points noirs , dont les deux anté- rieurs sont un peu plus rap- prochés de la raie dorsale que les deux postérieurs. Le long des pattes, il y a une bande longitudinale assez large , d'un jaune un peu fauve marquée de place en place de taches un peu plus Chenille de la noctuelle de l'ar- roche. Xoctiia alriplicis. W8 LKIMUdPTKRKS. vives et supportant des stigmates blancs. Sur le côté supérieur de cette raie, sont appuyés des traits obliques noirâtres, siniiés. Le onzième anneau dé- pourvu de trait oblique, est marqué, de chaque côté, d'une petite tache d'un fauve rouge, encadrée de noir. La tête et les pattes sont d'un fauve roussntre. On la trouve depuis le commencement de juillet jus- qu'en septembre parvenue à toute sa taille. Elle se métamorphose dans la terre sans former de cocon pro- prement dit. Le papillon éclot à la fin de mai ou en juin de l'année suivante : il n'a qu'une génération par an. - Outre les plantes basses dont nous avons parlé, elle est très-avide d'oseille. Nous avons vu à Versailles, il y a quelques années, des plates-bandes de cette plante potagère qu'elle avait entièrement dévorées. 11 est assez difficile de trouver cette chenille; le jardinier constate ses dégâts, mais il ne la voit jamais, attendu qu'elle se tient toute la journée à quelque distance, cachée dans les crevasses de la terre, sous les pierres, etc., et qu'elle ne sort que la nuit pour manger. Les quatre espèces dont nous venons de parler, ap- partiennent à notre tribu des Hadénides et au genre Hadena. On trouve quelquefois, dans les serres, une che- nille toute verte à ventre blanchâtre, qui, pendant l'hiver, mange les plantes molles dans les pots. Elle produit la noctuelle méticuleuse {Phlogophora meticu- losa). LÉl'lDUl'TEHliS. 499 Noctuelle fiancée. Noctua (triphaena) pronuba l>iiiini. Celte noctuelle est grande ; elle n'a pas moins de 50 à 60 millimètres d'envergure. Ses ailes supérieures va- rient beaucoup pour la couleur du fond, qui est tantôt d'un gris blanchâtre, tanlôt d'un gris marbré de bru- nâtre, et quelquefois d'un roux ferrugineux. Mais, dans toutes les variétés, il existe, vers le sommet de l'aile, une tache noire bien visible. Les ailes inférieures sont d'un jaune d'ocre vif, avec une bande noire presque marginale ; l'extrémité de la bordure et la frange sont d'un jaune d'ocre. L'abdomen est d'un gris jaunâtre. Elle est commune dans les jardins, les parcs et les bois; lorsqu'on s'approche d'elle, elle s'envole en plein jour pour aller se poser un peu plus loin et se cacher au milieu des herbes. La chenille est polyphage ^ elle se nourrit de toutes les plantes basses, et est souvent fort nuisible dans les jardins potagers. Elle varie autant que le papillon pour la couleur, qui est tantôt verdàtre, tantôt d'un vert jaunâtre, tantôt d'un gris terreux, mais le plus ordinairement d'un gris rous- sâtre pâle. Elle a sur le dos une ligne jaunâtre très- étroite, un peu ombrée de brun sur les côtés. On voit au-dessous d'elle, une série longitudinale de taches noires, oblongues, appuyées sur une ligue jaune plus ou moins apparente. Dans certaines variétés, ces taches disparaissent entièrement sur tout le corps. Sur les côtés, la couleur brune du dessus fait subitement place à la teinte du dessous, (jui est plus pâle, roussàtre ou 500 LÉPIDOPTÈRES. jaunâtre. La tèle est rousse, marquée de deux lignes noires-, les stigmates sont ovales, d'un blanc jaunâtre, cerclés de noir. Cette chenille devient fort grosse vers le printemps, et consomme beaucoup de nourriture. Dans les jardins elle mange de toutes les plantes potagères, telles que laitue, oseille, épinards, etc. ^ lorsqu'elle attaque les choux-fleurs ou les choux d'hiver, elle leur fait beaucoup de tort; elle pénètre souvent jusqu'au cœur, comme celle de la noctuelle du chou le fait à l'automne. L'insecte parfait se montre à la fin de juin et au commencement de juillet. Les œufs éclosent au bout d'une quinzaine de jours, et les chenilles arrivent sou- vent, à la fin de l'automne, aux deux tiers de leur gros- seur; elles passent l'hiver sous les feuilles sèches, dans les mousses ou sous les détritus des végétaux. Dès le mois de février, si le temps est doux, elles commencent à sentir leur appétit se réveiller , et elles rongent toutes les plantes à leur portée. Arrivées, en avril, à leur entier développement, elles s'enfoncent en terre pour se chrysalider sans former de coque. Quand on rencontre dans les cultures un papillon de nuit à ailes inférieures jaunes, bordées de noir, il faut tâcher de le saisir et l'écraser sans pitié. Noctuelle compagne. Noctua (triphaena) cornes lliibuei'. Elle est moitié plus petite que la précédente, avec laquelle elle a quelques rapports par la couleur de ses ailes inférieures. Le dessus de ses ailes supérieures est tantôt d'un gris brunâtre, tantôt d'un gris roussàtre LÉPIDOPTÈRES. 501 très-pàle, avec des lignes noires transversales plus ou moins J)ien écrites, La tache réniforme est un peu em- pâtée de noirâtre dans sa partie inférieure, et l'on voit, tout à fait à l'extrémité, près de la frange, une ligne grisâtre, sinuée, transversale. Le dessus des ailes infé- rieures est d'un jaune d'ocre avec une lunule centrale et une bande marginale noires ; l'extrémité de la bor- dure et la frange sont jaunes comme la couleur du fond. La chenille varie beaucoup pour la couleur géné- rale; elle qui est tantôt d'un gris brun vineux, tant(U d'un gris roussàtre et tantôt d'un gris rougeàtre, avec le dos ordinairement plus foncé. Elle a sur le vaisseau dorsal une ligne blanchâtre peu apparente, interrompue aux incisions, et, de chaque côté, une autre ligne d'un blanc jaunâtre, bordée de noirâtre à sa partie supé- rieure, bien visible à partir du quatrième anneau ; une tache ou espèce de bande d'un blanc jaunâtre ou gri- sâtre, demi-circulaire, part de celle-ci sur le milieu de chaque anneau et atteint le commencement du sui- vant, et ainsi de suite à commencer du quatrièm'e. Sur les dixième et onzième, elles sont remplacées par deux taches en forme de coin liées carrément à leur partie postérieure. Celle du onzième est en outre bordée de blanchâtre en arrière. Entre les pattes et les stigmates, il y a une bande ondulée, d'un jaune-orangé plus ou moins vif. Les stigmates sont blanchâtres, légèrement cerclés de noir. La tête est d'un gris couleur de chair, recouverte d'un léger réseau brun et marquée de quatre traits noirs longitudinaux. Cette chenille est polyphage ; elle vit, par petits groupes sur une multitude de plantes herbacées ; o02 LÉPIDOPTÈRES. nous en avons trouvé jusqu'à vingt-cinq autour d'un pied de rose-trémière. Lorsqu'elle est abondante dans un jardin, elle est très-nuisible aux plantes molles du printemps. Elle dévore les primevères, les oreilles d'ours, les juliennes, les giroflées, etc. Pendant le jour, elle se cache sous les feuilles ou les débris de végétaux. Elle passe l'hiver très-petite, et à la lin d'avril ou au commencement de mai, après avoir changé quatre fois de peau, elle entre en terre et se transforme en chrysalide dans une cavité ovoïde. Le papillon est fort commun dans presque toute l'Europe; pendant le jour, il se tient derrière les volets, sous la corniche des murs, derrière les treillages, etc. Cette espèce et la précédente font partie de notre tribu des Noctuéhdes et appartiennent au genre Tri- phœna d'Ochsenheimer. Toutes les chenilles des Tri- ;)/«tPna passent l'hiver; les papillons appartenant à ce genre, ont, au repos, les ailes croisc'es sur le dos. Noctuelle des moissons. Noctua (agrotis) segetum Hiibner. La noctuelle dont il va être question, est peut-être l'espèce la plus nuisible à l'agriculture et à l'horticulture. L'année dernière, sa chenille a fait de si efïroyables dé- gâts dans les champs 90. — Noctuelle des moissons. xociua segetum. dc bctteravcs, qu'clle a fait perdre plusieurs millions aux cultivateurs français. I.KPIDOPÏÈHES. SO.'i Le papillon a environ de 30 à 35 millimètres d'en- vergure. Ses ailes supérieures sont d'un gris brunâtre sombre, enfumées de noirâtre, avec trois lignes ondu- lées transversales noirâtres, plus ou moins fondues ou >.)-. - ClienillOR (le la iicoUielle des moissons autour d'une l)etteiav( absorbées par la couleur générale. La tache réniforme est d'un brun noirâtre ainsi que l'extrémité de la bor- dure; les ailes inférieures sont blanches dans le mâle, d'un blanc enfumé chez la femelle, principalement sur les nervures. 304 li:Pil)(tl'TKRKS. Dans leur première jeunesse, les chenilles des noc- tuelles appartenant au genre Agrolis, se ressemblent beaucoup. Celles des espèces appelées segetum , aquilina, valligera, exclamationis et tritici ont entre elles de très-|Jtrands rapports. A cette époque de leur vie, elles sont d'un aris plus ou moins pâle, avec trois lignes blanchâtres , parallèles, dont une dorsale, A làge adulte, ces lignes se sont effacées à la suite des mues, la couleur du fonds est assombrie, et l'on voit sur le dos de chaque anneau quatre points noirs verru- queux disposés en trapèze, et trois autres points placés en triangle au-dessus des pattes, donnant naissance chacun à un petit poil. Ces points sont plus gros et plus marqués dans certaines espèces ; dans d'autres ils sont très-petits et moins accusés. Outre cela, la plupart de ces chenilles destinées à vivre dans la terre, de racines, comme les vers blancs, ont, après leur der- nier changement de peau, les pattes membraneuses presque dépourvues de la couronne de petits crochets, ce qui les met hors d'état de monter et de se crampon- ner sur les plantes; elles ont aussi une plaque écail- leuse sur le premier anneau. Celle de la noctuelle des moissons est d'un gris ter- reux ardoisé, un peu luisant, avec les points trapé- zoïdaux et latéraux presque effacés, ainsi que la ligne dorsale. Les côtés, en descendant vers les pattes, sont un plus pâles que le dos, sans que souvent la ligne de démarcation soit bien tranchée. La tète est noirâtre ainsi que les pattes écailleuses. . Cette chenille, appelée ver gris et court ver par les cultivateurs, se métamorphose en terre. La chrysalide LÉI'lltOPTÈREï^. oO;i est d'un brun ferrugineux; Téclosion a lieu à différentes époques : en juin, en juillet, en août, et même à la tin d'octobre pour nue seconde fois. L'année dernière, nous avons reçu , de diflérents poijits de la France d'énormes quantités de ces chenilles, avec des betteraves qu'elles avaient dévorées en grande par- tie; les unes se sont mises en chrysalides de suite et ont donné leur papillon à la fin d'octobre, les autres, qui étaient de la même taille, sont restées à l'état de larves ; nous les avons nourries tout l'hiver avec des navets et des betteraves ; quelques-unes se sont cbrysali- dées au mois de mai. et ne sont pas encore écloses ; aujourd'hui 8 juin, les autres se sont desséchées. Cette chenille est un grand fléau pour les jardins e{ surtout pour la grande culture; non-seulement elle mange les racines,, mais elle coupe les végétaux au collet; toutes les plantes potagères et les plantes orne- mentales de l'automne, telles que reines-marguerites, dahlias, balsamines, etc., sont exposées à sa voracité. Pendant le jour, elle reste cachée dans la terre, et ne mange guère que la nuit. Comme elle ne peut pas grim- per, elle sort, toutau plus, la moitié de son corps et ronge le collet de la plante où elle s'est établie. Celle-ci se fane et succombe promptement. Lorsqu'un jardinier s'aperçoit qu'une de ses plantes est attaquée par le ver gris, la première chose qu'il ait à faire, c'est de chercher au pied, à quelques centi- mètres de profondeur, pour le découvrir, le tuer et éviter par là qu'il n'en attaque une autre; ce moyen étant inapplicable à l'agriculture, nous en indiquons un autre aux cultivateurs de betteraves et de turneps ; o06 LÉPIDOPTÈRES. mais notre conseil ne recevra probablement pas une ap- probation générale : c'est de propager des taupes dans leurs champs. Ces animaux bienfaisants feront peu de mal aux betteraves, mais ils feront une prompte justice des chenilles et des chrysalides de cette noctuelle ; à l'aide de ces précieux auxiliaires ils sauveront leur récolte. Le papillon reste caché toute la journée sous les feuilles ou dans les herbes ; le soir il se réveille et vieni butiner au crépuscule sur les trèfles, les luzernes, etc. La chenille de la noctuelle des moissons, de même que la larve du hanneton, aime les terres meubles; la culture favorise beaucoup sa multiplication. Noctuelle point d'exclamation. Noctua (agrotis) exclamationis l.iiuié. La chenille de cette noctuelle, appelée également tw gris par les horticul- teurs, et confondue par eux avec celle de l'es- pèce précédente , se trouve assez fréquem- ment dans les jardins; mais, comme elle pré- !)«.- Notuelle point .Vexdamatiot.. <•' j raoines (IpS synanlhérées sauvages, telles que chicorée, pissenlit, chardons, jacées, etc. ; elle est plus commune dans les prairies que partout ail- leurs. Elle est encore toute petite à la fin de juillet et au commencement du mois d'août. A celte époque, ses pattes membraneuses n'ont pas perdu les demi-couronnea LÉPIDOPTÈRES. 507 de petits crochets, et elle peut monter un peu sur les plantes; nous en avons trouvé plusieurs fois de logées ^ — Chenille de la noctuelle point (l'excianiation. jusque dans les boutons de l'œillet des fleuristes, où elles se tenaient renfermées pour dévorer les pétales et l'ovaire. 508 1,KIMIM)PTÈRES, Elle est alors roussâtre avec des lignes parallèles plus paies ; après sa troisième mue, elle devient d'un gris violàtre sale, avec une double ligne médiane plus foncée, souvent presque efl'acée. Elle est, en outre, mar- quée sur le dos de chaque anneau de quatre petits points noirs verruqueux, trapézoïdaux, et sur les C(Ués dont la couleur est plus pâle, par d'autres petits points semblables disposés en triangle. La tête est brunâtre, avec la bouche plus obscure. A l'entrée de Thiver. elle est presque à sa grosseur ; elle passe toute la mau- vaise saison cachée dans la terre. Au premier prin- temps, elle se réveille, mange encore pendant quel- que temps, sans faire de dégâts bien appréciables, et, vers la fin d'avril ou dans le courant de mai, elle se change en une chrysalide brune qui éclot à la fin de mai ou en juin. Le papillon a le corselet d'un iiris-pàle à retlet un peu violàtre ou rosé, avec un collier noir. Les ailes supérieures sont de la couleur du corselet, avec trois raies transversales, sinueuses, un peu obscures, dont celle du milieu offre sur son côté externe, une tache noire en forme de coin que l'on a comparée à un point d'exclamation. La tache réniforme est d'un brun noir et bien marquée. Le bout de l'aile est bordé par une pe- tite bande brunâtre lisérée intérieurement par d'une petite raie sinuée, plus paie que le fond. Les ailes infé- rieures sont blanches dans le mâle, et plus ou moins enfumées chez la femelle. Cet insecte est commun dans presque toute l'Europe, principalement dans le nord; en France, il occasionne, pendant l'automne, quelques dégâts dans les jardins LÉPIDOPTÈRES. 509 fleuristes et potagers. La chenille est avide de racines de laitue, de chicorée, de scarole, d'œilletonsd'artichaut, ette chenille est parvenue à toute sa taille à la lin de mai^ elle entre en terre et se change, au bout do quelques jours, en une chrysalide d'un brun testacé luisant, qui écloten mars de l'année suivante. Si la noctuelle ambiguë n'était nuisible qu'aux forêts, nous nous fussions abstenu d'en parler ici, mais nous l'avons vue quelquefois envahir les pépinières, atta- quer les poiriers, les cerisiers et les pommiers. On la rencontre aussi assez fréquemment sur les arbres frui- tiers dans les jardins voisins des bois. Cette noctuelle appartient à notre tribu des Ortho- sides et fait partie du genre Orthosia d'Ochsenheimer. Noctuelle parée. Noctua (dianthœcia) compta Hubner. Le papillon a 25 à 26 millimètres d'envergure. Ses ailes supérieures sont panachées de brun grisâtre et de blanc; c'est sans doute, le mélange de ces couleurs qui olf) I.ÉIMDOPÏÉRES. lui a l'ait donner, par certains amateurs d'insectes, le nom vulgaire de crotte d'oiseau. Le fond de la couleur des ailes est d'un brun-gris assez brillant, varié de blanc vers la base, traversé au milieu par une large bande Clieiiillc (Ida iidctuclk' parée. blanche, irrégulière, rétrécie dans son milieu. La tache orbiculaire est blanche et bien marquée; la tache réni- forme est un peu moins tranchée ; dans tous les cas, elles se fondent plus ou moins l'une et l'autre avec la bande du milieu. Près de la frange il y a une petite ligne transversale, sinuée, blanche, plus ou moins visible. Les ailes inférieures sont noirâtres, un peu plus claires vers le milieu. LKPinoPTERES. !H: La noctuelle parée est très-commune dans les jar- dins des environs de Paris et du centre de la France, elle est rare, ou tout à fait inconnue, dans les dépar- tements du nord et du midi. La chenille est atténuée aux deux extrémités, d'un blanc sale roussatre, très-légèrement parsemée d'ato- mes brunâtres, presque imperceptibles; elle a sur le vaisseau dorsal une ligne délice d'un gris blanchâtre, bordée par des atomes bruns. Souvent ces atomes absor- bent entièrement la ligne dorsale et forment une raie longitudinale. De chaque côté du dos, on aperçoit ordinairement deux lignes brunâtres, longitudinales, très-lines, un peu sinueuses, interrompues; mais quel- quefois on n'en peut distinguer qu'une seule. Au- dessous d'elles, et à peu de distance, est une raie longi- tudinale un peu ondulée, formée par des atomes bru- nâtres, suivie immédiatement par une autre raie d'une couleur grisâtre très-pâle. Outre cela, il y a sur le dos de chaque anneau, quatre petits points noirs disposés eu trapèze. La tête est d'un roux clair avec quatre traits bruns longitudinaux. Elle est, dans certaines années, très-nuisible à toutes les espèces d'œillets cultivés. Elle dévore complètement les graines des œillets de poëte, de l'œillet des fleu- ristes, des œillets de Chine et même celles de la croix de Jérusalem [Lychnis chalcedonica) . Dans la campagne elle se contente de V œillet prolifère et du Dianthus carthusinorum. On commence à la trouver très-petite, vers la mi-juillet, logée tout entière dans les capsules de ces Caryophyllées, dont elle ne mange que la graine ; lorsqu'elle devient trop grosse pour y ois LÉPIDOPTÈRES. faire sa demeure, elle sort et vient se cacher, pendant le jour, au pied de la plante, ou à quelque distance, sous un peu de terre; le soir elle grimpe le long des tiges, perce adroitement le calice et les capsules d'un petit trou rond, et y introduit la partie effilée de son corps. Vers la fin de juillet, ou au commencement d'août, elle est arrivée à toute sa taille. Elle se fait alors une coque légère en attachant des grains de terre avec quelques fils de soie. La chrysalide est cylindrico-conique, d'un fauve- rouge foncé, avec une gaine obtuse bien prononcée, renfermant les antennes, la trompe et les pattes. L'insecte parfait éclot à la tin de juin, ou dans les premiers jours de juillet de l'année suivante. Aussitôt après la fécondation, la femelle, dont l'abdomen se ter- mine par un oviducte saillant, dépose ses œufs dans les fleurs des œillets. Un horticulteur un peu intelligent découvrira facile- ment cette chenille cachée au pied des œillets. H pourra aussi la prendre le soir en s'éclairant d'une lanterne, pendant qu'elle est en train de manger les graines. La petite noctuelle voltige, le soir, sur les fleurs dans les jardins; elle appartient à la tribu des Hadénides et fait partie de notre genre Dianthœcia, dont toutes les espèces vivent de graines de Caryophyliées, œillets, silène, hjchnis, agrostema, cuciibalus, etc. Noctuelle du pied d'alouette. Noctua (chariclea) Delphinii Linné. Cette noctuelle, l'une des plus jolies de nos es- LEPIDOPTERES. o1» pèces européennes, a environ 28 millimètres d'enver- gure. Ses ailes supérieures sont roses ou d'un rose un 103. — Clienille dp la noctucllP «lu pied d'aloiiclte. Noctiia nelphinii. peu vineux, traversées par deux raies sinueuses d'un violet noir, lisérées cie rose pâle. La tache réniforme 520 LÉPIDOI'TÉRES. est située entre les deux raies ci-dessus, et rem- placée par une tache irrégulière, d'un violet noir ; l'extrémité des ailes est d'un rose tendre, avec une petite ligne transversale plus foncée, placée près de la frange. Les ailes inférieures sont blanchâtres avec l'extrémité plus ou moins lavée de noirâtre. La tête et le corselet sont d'un gris verdàtre. La noctuelle du pied d'alouette, appelée vulgairement V incarnate^ est commune dans les jardins de Paris, mais elle ne se trouve pas dans nos départements du nord et du midi. La chenille est aussi assez jolie -, le fond de sa cou- leur est tantôt blanchâtre, tantôt d'un blanc un peu violâtre, ou d'un blanc-incarnat luisant comme de la porcelaine, avec deux raies latérales d'un jaune-citron et une multitude de points noirs, desséminés sur tout le corps, dont ceux du dos sont plus gros que les autres. La tête est de la couleur du corps, marquée de cinq à six points noirs. Dans sa jeunesse, elle est blanchâtre ou d'un gris blanchâtre, très-légèrement velue, avec le dessin plus confus et moins apparent. On la trouve depuis le commencement de juin jus- qu'à la iin d'août sur toutes les espèces de pieds- d'alouette ou de Delphinium, particulièrement sur VAjacis et sur les variétés sorties de Velatuniàonl elle dévore les fleurs et surtout les capsules. Les années où elle est abondante, le jardinier récolte à peine quelques graines. En quinze jours de temps, elle arrive à son entier développement. Alors, elle entre en (erre, où elle forme une coque en agglutinant quelques grains de cette substance avec des fils de soie. LÉPIDOPTÈRKS. 521 La chrysalide est cylindrico- conique, d'un brun- rouge à reflet verdâtre sur l'enveloppe des ailes. L'insecte parfait éclot, depuis les premiers jours de juin jusqu'à la fin de juillet de l'année suivante. Dans les années très-chaudes quelques individus éclosent à la fin d'août, ou dans les premiers jours de septembre. Cette noctuelle appartient à notre tribu des Hélio- thides et au genre Chariclea de Kirby. Dans nos départements méridionaux, où elle ne se trouve pas, elle est remplacée par la noclua [polia) Cappa dont la chenille verte dévore aussi les pieds- d'alouette dans les jardins. Avec un peu de soin , il n'est pas difficile de trouver et de détruire la chenille du pied- d'alouette- car elle ne se cache pas, et se tient en plein soleil sur les ramifications florales ou sur les capsules des Del- phinium. Noctuelle antique. Noctua (Xylina) exoleta Linné. Cette grande noctuelle a de 55 à 60 millimètres d'en- vergure. Lorsqu'elle est au repos, avec ses ailes croisées sur le dos, on la prendrait facilement pour un morceau de bois mort, et cette ressemblance est si frappante qu'il faut la toucher pour se convaincre que c'est un papillon vivant. Ses ailes supérieures sont longues, assez étroites, d'un gris blanchâtre sur une grande partie de leur surface, d'un brun roux le long de la C(He et à l'extrémité près de la frange. Les deux taches ordinaires sont bien indiquées ; celle qui remplace la réniforme ressemble presque au chiffre 8 \ elle est o22 LÉPIDOPTÈRES. rembrunie dans sa partie inférieure, avec le centre d'un gris pâle. A l'extrémité des ailes il y a quelques traits sagittés bruns, formant une espèce de raie transversale, interrompue. Les ailes inférieures sont lO'i. — Noctuelle antique. Noctua exoleta. larges et d'un gris noirâtre; le corselet est brun avec les épaulettes blanches ou blanchâtres. La chenille est grande et assez jolie; elle est tantôt d'un beau vert pomme et tantôt d'un vert glauque, avec une raie jaune de chaque côté du dos, et une large raie d'un rouge minium le long des pattes. Sur le bord LÉPIDOPTÈRES. 323 supérieur de la raie jaune,' on observe sur chaque an- neau, un trait noir plus ou moins bien écrit, marqué (l'un point blanc à chaque extrémité. On voit en outre sur chaque anneau, depuis le second jusqu'au douzième, trois points blancs cerclés de noir, placés en triangle près de la raie latérale. Les stigmates ressemblent à ces points, mais ils sont plus ovales. La tête et les pattes écailleuses sont d'un vert jaunâtre. Elle est parvenue à toute sa grosseur à la fin de juin ou au commencement de juillet 5 alors, elle entre en terre où elle se construit une sorte de voûte dans la- quelle elle se change en une chrysalide d'un brun- rouge luisant. L'insecte parfait cclot ordinairement vers la fin d'août, ou dans le courant de septembre. Il arrive très-SQuvent que la chrysalide passe l'hiver et que le papillon ne paraît qu'au printemps suivant. Nous pen- sons même que les individus provenant de cette éclosion printanière sont destinés à reproduire l'espèce. La noctuelle antique se trouve dans toute l'Europe, plus communément dans !e midi que dans le nord. La chenille est très-polyphage ; elle vit, à découvert, sur une infinité de plantes de familles très-éloignées. Elle affectionne particulièrement l'œillet, dianthus caryo- phijllus, la scabieuse cultivée, scabiosa alropurpurea, la laitue, les pavots, papaver somniferum et bractea- tum. ^ous avons t-u, en 1839, au jardin des plantes, un carré d'œillets de semis, cultivés par Champy, sur lesquels ces larves se trouvaient par centaines. Sans cette circonstance, nous eussions passé cette espèce sous silence. r,n I.KPinOPTÉRES. Cette grande noctuelle appartient à notre tribu des Xylinides et fait partie du genre Xylina de Treitschke. Les entomologistes anglais en ont fait un genre à part sous le nom de Calocampa. Il y a beaucoup d'autres noctuelles dont les chenilles peu répandues, se rencontrent de temps en temps dans les jardins, mais elles y sont si peu nombreuses que leur présence reste inaperçue, et leurs dégâts à peu près nuls. 1 AJMILLE DES (.KOMÈTRES. Cette famille, presque aussi nombreuse que celle des Noctuides, a été, de même, divisée en un certain nombre de tribus , subdivisées elles-mêmes en une grande quantité de genres. Elle constituait autrefois la grande tribu des Phalénites de Latreille, ou plutôt son grand genre Phalène. Nous préférons, avec les auteurs alle- mands, lui laisser le nom de Géomètre qui donne une idée plus exacte du premier état de ces insectes, que celui de phalène IPhalœna) donné primitivement par Linné à presque tous les nocturnes, et qui s'appliquait tout aussi bien aux deux familles précédentes qu'à celle qui nous occupe en ce moment. Les Géomètres ont pour caractères principaux : un corps grêle \ des ailes grandes relativement au corps, d'une texture assez mince et peu solide, toujours dé- pourvues de taches ordinaires; une tête assez petite, munie d'antennes le plus ordinairement sétacées, quel- quefois pectinées dans les mâles, jamais chez les fe- melles; upe trompe nulle ou très-peu saillante. LÉl'IDOPTÉRES. 5-25 Les chenilles des Géomètres appelées Arpenteuses par Réaumur, ont une manière de marcher qui les l'ait reconnaître au premier coup d'œil. Comme elles n'ont des pattes qu'aux deux extrémités, elles sont obligées, lorsqu'elles veulent avancer, de rappro- cher et d'écarter successivement la queue et la tête, en arquant leur corps à chaque pas qu'elles font; il en résulte qu'au lieu d'avancer par des ondulations comme les autres chenilles, elles font des enjambées de la moi- tié de leur longueur. Nous avons dit en parlant des chenilles en général, que très-souvent elles ressem- blaient à de petites branches sèches, et qu'elles se te- naient des heures entières cramponnées et immobiles dans une position verticale. Lorsque l'on touche à une feuille ou à une petite branche où se tient une de ces chenilles , elle se laisse tom- ber immédiatement, mais elle ne descend pas jusqu'à terre, ayant toujours une corde à sa disposition, qu'elle peut allonger et raccourcir à sa volonté. Quand elle juge le danger passé et qu'elle veut remonter sur l'arbre, elle pelotonne sa corde, qui est un fil de soie très-fin, avec la seconde paire de ses pattes écailleuses, et, lorsqu'elle est arrivée à son but, elle la coupe avec ses mâchoires et débarrasse ses pattes du petit peloton de soie. La transformation s'accomplit comme dans» la fa- mille précédente, c'est-à-dire que les unes filent des petites coques dans lesquelles elles se changent en chrysalides, et que la grande majorité s'enfonce en terre. Les chenilles des Géomètres sont assez rares sur les Si6 LÉIMDOPTÉKES. plantes herbacées, mais elles sont si communes sur les arbres forestiers, au mois de mai et de juin, qu'elles les dépouillent quelquefois de toutes leurs feuilles. On rencontre, de temps en temps, quelques espèces sur les arbres fruitiers où elles sont très-nuisibles; on en voit aussi sur les chèvrefeuilles et les lilas, mais comme le nombre de celles qui vivent sur ces arbustes est tou- jours assez limité et que d'ailleurs elles vivent solitaire- ment, on peut leur faire grâce de la vie. Nous ne parlerons que des trois espèces suivantes, dont l'une ronge les groseilliers, et les deux autres les arbres fruitiers. Géomètre du groseillier. Geometra (Zerene) grossularia Linné. Elle est assez grande-, elle a environ 4o millim.ètres d'envergure. Ses ailes supérieures sont blanches ou d'un blanc très-légèrement lavé de jaunâtre, marquées de deux bandes d'un jaune fauve, entourées de gros points noirs; entre ces deux bandes, dont Tune esta la base et l'autre un peu au-delà du milieu, on remarque une tache sous-costale et quel([ues autres points noirs, et, tout à fait à l'extrémité, sur la frange, une rangée de gros points également noirs. Les ailes inférieures sont blanches, avec de gros points marginaux et quel- ques petites taches éparses noires. Le corps est d'un jaune fauve tacheté de noir. Le chenille de cette géomètre vit sur le prunier, mais principalement sur les groseilliers indigènes, dont elle dévore les fleurs et les feuilles. Généralement elle n'est LÉHUUFTÈRIiS. 527 pas extrêmement commune ; dans les années ordi- naires on s'aperçoit peu de ses dégâts ; mais il y en a d'autres, moins heureuses, oîi elle est tellement mul- tipliée, qu'elle laisse à peine quelques feuilles à ces arbustes. Nous avons vu, il y a une trentaine d'années, dans la côte de Louvecienne, près Bougival, tous les groseilliers envahis par cette chenille et tellement dé- vastés, qu'il n'y avait aucune récolte à espérer. Le papillon éclot à la fin de juillet ou dans les premiers jours d'août, et dépose ses œufs sur les groseil- liers, pruniers, amandiers, aubépines, etc. La petite che- nille éclot en septembre, et passe tout l'hiver engourdie dans les feuilles sèches tombées à terre. Elle se réveille au printemps, et commence à manger les premières feuilles; vers le milieu de juin, elle est tout à fait adulte; sa couleur est alors d'un blanc de crème, avec les trois premiers anneaux d'un jaune fauve ; son dos est marqué d'une série longitudinale de petites taches noires inégales. Sur les côtés, au-dessus des stigmates, on voit une raie d'un jaune fauve placée entre deux rangs de petits points noirs. A la fin de juin, ou au commencement de juillet,* elle se change en une chrysa- lide brune, à anneaux bordés de jaune, maintenue seu- lement par quelques légers fils de soie attachés aux feuilles ou aux branches. Le papillon éclot au bout'de vingt à vingt-cinq jours. Dans les endroits infestés par cette chenille, il est facile de s'en préserver pour l'année suivante. Il suffit de ramasser pendant l'hiver toutes les feuilles sèches tombées des groseilliers, et de les brûler immé- diatement. 5^8 LEl'lDUl'TEHES, Géomètre effeuillante. Geometra (hibernia) defoliaria Linné. Cette géomètre est grande, elle a de iO à io milli- mètres d'envergure. Ses ailes supérieures varient beau- coup pour le fond de la couleur et pour le dessin. Le plus ordinairement elles sont jaunes ou d'un jaune roux pointillé de noirâtre, avec deux bandes transversales d'un roux ferrugineux, bordées de noir, dont l'une à la base et l'autre sinuée, placée un peu au-delà du mi- lieu, et suivie, en dehors, d'une tache noirâtre que l'on retrouve dans toutes les variétés. Les ailes inférieures sont d'un blanc grisâtre, bordées de jaunâtre, avec un point central noirâtre. 11 y a des individus d'un brun marron, et il y en a d'autres chez lesquels la bande transversale de la base disparaît complètement. Les antennes des mâles sont pectinées. La femelle est aptère comme une araignée, avec les antennes filiformes ; elle a le corps très-gros relative- ment à l'autre sexe; sa cpuleur est plus ou moins jau- nâtre, avec trois rangées de points noirs sur le dos. La chenille est excessivement commune ; elle vit en mai et juin sur tous les arbres forestiers qu'elle dé- pouille d'une grande partie de leur verdure; c'est de là que lui est venu le nom ■d'effeuillante. Elle n'habite pas seulement les bois, elle est souvent très-abondante dans les parcs et les pépinières. Il y a même des an- nées oii elle est, dans les jardins, un fléau pour les arbres fruitiers. Elle est d'un rouge-brun ferrugineux, plus ou moins LÉPIDOPTÈRES. 529 foncé sur le dos, avec une bande latérale d'un jaune - citron, marquée sur chaque incision d'une tache t'er- V\-î*" )05. — I. Géomètre efleuillante mâle. Geometra defoliaria. — 2. Idem la leiiielle. 3. La chenille. — 4. Géomètre hyémale mAle. Geometra bnmnria. 5. ideyn la femelle. — 6. La chenille. rugineuse ayant un petit point blanc dans son milieu, La tête est ferrugineuse, échancrée en cœur. Son atti 34 330 LEI'ILIOPTÈRES. tude, lorsqu'elle est au repos, est toute particulière ; elle se tient fixée par ses (juatre pattes postérieures, avec le corps courbé en arc, la tète et les trois premiers an- neaux redressés en l'air. Dans le commencement de juin, elle descend des arbres et entre en terre pour se métamorphoser. L'éclosion a lieu dans les derniers jours d'octobre et dans le courant de novembre; dès qu'elles sont écloses, les femelles grimpent sur les arbres pour s'accoupler. Les œufs pondus à la base des bourgeons passent l'hi- ver, et les petites chenilles naissent en même temps que les premières feuilles. Quelques personnes conseillent de secouer les arbres, ou de frapper les branches avec un bâton pour faire tomber les chenilles sur une toile étendue à terre. Il y a un moyen bien plus efficace, mais qui ne produit son effet que l'année suivante. Il consiste à entourer, au mois d'octobre, le bas des arbres que l'on veut pré- server, d'un large cercle de goudron ou de toute autre substance gluante. Les femelles étant aptères sont obligées dé grimper pour propager l'espèce, et, comme elles se trouvent arrêtées par la matière collante, on les trouve empêtrées dans ce cercle de goudron. On comprendra facilement l'importance de ce moyen, quand on saura que chaque femelle donne naissance à trois ou quatre cents chenilles. Géomètre hyémale, Geometra (larentia) brumaria Linné. Elle est plus petite que la précédente et d'une couleur très-peu brillante. Ses ailes supérieures sont LÉHUOI'TÈRES. .53I d'un gris roussàtre, traversées par quatre petites li- gnes d'une teinte plus foncée, légèrement dentées en scie. Ses ailes inférieures sont d'un gris roussàtre un peu plus pâle, avec l'apparence de deux petites raies transversales obscures. La femelle est d'un gris noirâtre, avec le corps épais et raccourci ; elle est aptère, ou plutôt elle na que deux très-petits moignons d'ailes grisâtres marqués d'une petite raie noire. La chenille est aussi commune que celle de l'espèce précédente; elle vit sur tous les arbres forestiers et fruitiers. Elle n'est pas très-eflfilée, elle est plutôt un peu raccourcie; sa couleur, est tantôt d'un vert tendre, tantôt d'un vert foncé et quelquefois d'un jaune ver- dàtre; dans tous les cas, elle est marquée de lignes lon- gitudinales, parallèles, plus claires que le fond ou même un peu blanchâtres. La tète est ordinairement verdàtre ou brunâtre. Dans les derniers jours de mai, elle est entièrement développée ; elle descend des arbres ou des arbustes, s'enfonce en terre et se change en chrysa- lide. L'insecte parfait éclot en novembre ou décembre ; on voit, sur les quatre heures du soir, les mâles voler en quantité dans les jardins, les vergers et les bois. La femelle dépourvue d'ailes, grimpe dans les arbres, pour s'accoupler; après la fécondation, elle se pro- mène sur les branches et dépose ses œufs par petits groupes de quatre à six , à la base des bourgeons. Ceux-ci éclosent aux premiers beaux jours; les petites chenilles en sortant de l'œuf pénètrent dans les bour- geons et, lorsqu'elles ont changé de peau, elles se ca- 532 LÉPUXtl'TÈKblS. chent entre deux feuilles appliquées l'une sur l'autre, qu'elles n'abandonnent qu'après les avoir dévorées. Cette chenille se trouve dans une grande partie de l'Europe, mais bien plus communément dans le nord que dans les régions méridionales. Pour se préserver des ravages de la Géomètre hyémale , on a recours au moyen que nous avons conseillé pour l'effeuillante. Esper, professeur àErlangen, rapporte que, dans une petite localité de la Suède, on détruisit à l'automne, par ce procédé, 28 millions de ces femelles qui restèrent empêtrées dans la matière gluante. Ces femelles au- raient, en moyenne, pondu chacune 250 œufs, soit un total de 6 milliards de chenilles, pour le printemps suivant. LÉr'lDOPTÈRES. 333 MICROLIPIDOPTERES. Les chenilles dont nous venons de signaler les ravages, produisent des papillons d'une certaine taille ; celles dont il nous reste à parler, n'en produisent que d'excessivement petits^ cette exiguïté leur a fait donner, par les Allemands, le nom de Microlepidopteren et, par les Anglais, celui de Microlepidoptera. Malgré leur petitesse, ils n'en sont pas moins nui- sibles aux cultures. Ce sont de petits ennemis [Ueinen Feinde), comme disent les entomologistes allemands, d'autant plus dangereux qu'ils travaillent dans l'ombre et échappent le plus souvent à nos regards. Les jardi- niers constatent les dégâts occasionnés par leurs petites chenilles, appelées vulgairement vers, mais générale- ment ils ne connaissent pas les auteurs du mal. Ces petits papillons désignés maintenant en France sous le nom de Microlépidoptères, sont très-nombreux et divisés en plusieurs familles, dont deux seulement, les Torlricides et les Tinéides, intéressent les horticulteurs. FAMILLE DES TORTRICIDES OU TORDEUSES. Cette famille comprend les petits papillons qui com- posaient le grand genre Tortrixde Linné, et dont Fabri- cius, sans la moindre raison, a changé le nom en celui de PijraJis , pyrale . adopté pendant longtemps , en 534 LÉPIDOPTÈRES. France, mais qui n"a jamais été admis en Allemagne ni en Angleterre. Les tordeuses ou pyrales ont pour caractère saillant : des ailes supérieures croisées sur le dos, arquées à leur base, près de leur insertion au corselet, ce qui leur donne un (acies tout particulier, et les a fait appeler par Geoffroy jmrte-chapes et par Duponchel Plalyomides (larges épaules). Malgré leur petite taille, les pyrales ne manquent pas d'une certaine élégance ; il y en a de vertes, de métal- liques, de jaunes, de ferrugineuses, de cendrées, etc. Leurs chenilles, pourvues de seize pattes, roulent, plient et lient les feuilles des arbres ou des plantes dont elles se nourrissent, à l'aide de quelques fils de soie ; elles en font des cornets, des rouleaux ou des paquets dont elles rongent l'intérieur, et dans lesquels elles se tiennent cachées depuis leur sortie de l'œuf jusqu'à leur dernière métamorphose. Toutes les espèces, cependant , ne se comportent pas de cette manière : quelques-unes vivent dans l'intérieur des fruits, dans les bourgeons des conifères ou dans les bourgeons des arbres, et n'en sortent que pour se mettre en chrysa- lides, au lieu de subir leur tranformation dans leur berceau. Les Tordeuses ou Pyrales sont réparties au- jourd'hui en une trentaine de genres, pour les espèces européennes seulement. Celles qui vivent dans nos jar- dins, sont assez nombreuses ; mais il y en a dont les dégâts sont insignifiants, et que nous passerons sous silence. Les chenilles des Torlrix ou pyrales, lorsqu'on les inquiète, marchent rapidement en arrière et se laissent LÉPIDOPTÈRES. 53o tomber en se suspendant avec un fil de soie, comme celles des géomètres. Pyrale de Pillerius. Tortrix pilleriana Hubner. Nous commencerons par l'espèce qui à eu, il y a bientôt trente ans, la plus triste célébrité, la pyrale de la vigne. Pendant cinq ans, elle a causé d'affreux ravages dans les vigno- bles d'une partie de la France et '''''' ^tïnT.' """"'" même sur quelques treilles, dans les jardins; mais, grâce aux nombreux parasites qui se sont multipliés dans d'énormes proportions, nous som- mes aujourd'hui débarrassés de ce fléau. Le papillon est petit, il a à peine 20 millimètres d'envergure ; ses ailes supérieures sont d'un jaune-fauve plus ou moins clair, ou plus ou moins roussàtre, à reflet^métaliique un peu cuivreux ; elles sont marquées de trois petites bandes brunes, dont deux un peu ar- quées sur le milieu, et une tout à fait terminale, près de la frange. Les ailes inférieures sont grisâtres ou noirâ- tres, un peu plus claires vers leur base. La chenille ressemble beaucoup à celles des autres espèces congénères ; elle est entièrement verte ou d'un vert un peu jaunâtre, avec la tête d'un vert-foncé luisant, et quelques petits poils roides, peu visibles, épars sur tout le corps. Elle vit à la manière de beaucoup d'autres pyrales. Au printemps, dès que la vigne est débourrée, elle lie en paquet les jeunes feuilles et les grappes qui o3r. LÉPIDOPTÈRES. commencent à paraître: renfermée dans cet abri, elle dévore tout le bourgeon. Vers la fin de juin, arrivée à toute sa grosseur, elle se change en cHrysalide dans l'intérieur du paquet (|ui lui à servi d'habitation. Le papillon éclot en juillet et la ponte a lieu dans le mois d'août ; la femelle dépose ses œufs par petites plaques de quinze à vingt au plus, sur les feuilles de la vigne. Les petites chenilles naissent en septembre, mangent très-peu et ne font, alors, aucun dégât appré- ciable; elles passent l'hiver dans l'engourdissement, retirées sous l'écorce des ceps ou dans les fissures des échalas, pour se réveiller au moment de l'évolution des premiers bourgeons. On a publié beaucoup de mémoires sur cet insecte. Des personnes peu versées en entomologie l'ont re- gardé comme une espèce nouvelle qui avait ap- paru tout à coup, et l'ont décrit sous les noms de pyralis vitana et de pyralis vitis, sans se douter qu'il était connu depuis près de cent ans et figuré dans plusieurs ouvrages. Duponchel en a fait le genre zEno- phthira. Audouin a conseillé, dans le temps, aux vignerons, pour combattre cette pyrale, de recueillir les œufs sur les feuilles ^ d'allumer des feux aux environs des vignes, pour qu'attirée par la lumière, elle vienne se brûler à la flamme. On a proposé aussi de laver pendant l'hiver les ceps avec de l'eau bouillante. Il est fâcheux qu'on ne connût pas alors la benzine, dont l'emploi eût été probablement d'une plus grande eiticacité. LKI'inoPTERRS. 53^ Pyrale du cerisier. Tortrix cerasana Hubner. Elle a le port et la taille de la précédente à laquelle, elle ressemble un peu. Ses ailes supérieures sont d'un jaune plus ou moins foncé , réticulées de brun , avec deux bandes trans- versales d'un brun roux , dont '"" - ''î''«ie 'lu ceiisier. ' Tortrix cerasana. l'une près de la base, et l'autre plus large située sur le milieu. Les ailes inférieures sont d'un gris noirâtre, La chenille est, dans certaines localités, assez com- mune sur quelques variétés de cerisiers, principalement sur les guigniers. Elle est entièrement verte, avec la tête d'un brun roussâtre et le corps parsemé de quelques petits poils roides. On la trouve, au mois de mai, par- venue à toute sa taille ; elle craint la lumière et se tient cachée entre les feuilles dont elle fait une sorte de rou- leau tapissé de soie dans lequel elle se change en chry- salide. Le papillon éclot au milieu du mois de juin. La ponte a lieu en juillet. Nous ne savons pas si les œufs éclo- sent à l'automne, comme chez l'espèce précédente, ou s'ils passent l'hiver collés contre les rameaux des ce- risiers. Pyrale de Bergmann. Tortrix Bergmanniana Linné. Cette pyrale est un ennemi très-redoutable pour les rosiéristes. Sa chenille vit sur presque toutes les variétés 538 LÉPIDOPTÈRES. de roses ; elle cause de très-grands dommages et nuit beaucoup à la floraison de ces arbustes. Elle se tient à l'extrémité des jeunes pousses, entre les feuilles quelle roule et lie avec quelques fils de soie ; placée <08. — Pyrale de Bergmann. Tortnx Bergmanniar, dans ce paquet, dont elle augmente la dimension à me- sure que la végétation se développe, elle ronge tran- quillement les feuilles tendres et les boutons qui com- mencent à se former. Il arrive souvent qu'elle ne mange qu'une partie du bouton et qu'elle laisse le pédoncule intact; dans ce cas, on n'a que la moitié ou le tiers d'une rose. A la fin d'avril, on commence à s'apercevoir de la présence de cette chenille ; elle croit assez rapi- dement; vers les derniers jours de mai, rarement plus LÉPIDOPTÈRES. o39 tard, après avoir changé plusieurs fois de peau, elle arrive à sa grosseur. Elle est assez allongée, d'un vert jaunâtre ou d'un vert clair, avec quelques petits poils clair-semés ; sa tête et ses pattes écailleuses sont noires. On voit aussi, sur le dos du premier anneau, un écusson d'un brun noir divisé en deux par une petite ligne. Pour se métamorphoser, elle tapisse l'intérieur de son habitation avec un peu de soie, et, au bout de quatre à cinq jours, elle est changée en chrysalide. Celle-ci est brune et munie sur le bord de chaque anneau, de deux rangées de petites épines qui lui servent, comme aux espèces voisines, à s'avancer à l'extrémité de sa de- meure, lorsque le moment de l'éclosion approche. Les horticulteurs qui par négligence n'ont pas détruit ces chenilles, sont k même de voir souvent sur leurs rosiers des chrysahdes vides à moitié sorties ou presque pendantes entre deux feuilles. Le papillon éclot à la fin de juin ou dans les premiers jours de juillet j on le voit, à cette époque, voltiger, le soir après le coucher du soleil, autour des rosiers dans les jardins de toute l'Europe. Il est un peu plus petit que la pyrale de la vigne, il a environ 15 miUimètres d'envergure. Ses ailes supé- rieures sont jaunes, finement réticulées de brun rous- sàtre, marquées de trois raies transversales métalliques, couleur de mine de plomb, ou comme argentées. Ses ailes inférieures sont noirâtres. Avec un peu de vigilance on peut détruire une grande partie des chenilles de cette pyrale, soit en entr'ouvrant les feuilles réunies, soit même en les pressant avec les doigts pour les écraser dans leur domicile. 540 LKIMDOPTÈRE?. Les œufs sont pondus isolément au mois de juin ou de juillet, à la base des rameaux ; assez généralement ils passent l'hiver et éclosent au printemps; dans les années chaudes, il y a une seconde génération dont le papillon paraît en septembre. Pyrale de Forskael. Tortrix Forskaelana Linné. H y a des localités, dans la Brie, où cette petite 7'or- irix est aussi commune que la précédente. Elle paraît à la même époque et vit de la même manière: il nous est souvent arrivé d'élever l'une pour l'autre; toutefois, la chenille est plus petite et un peu- plus verte; elle vit sur la plupart des rosiers comme la pyrale de Berg- mann ; comme cette dernière, elle attaque rarement les Bengales, les Thés et les BanUs. Le papillon éclot à la (in de juin ; il a les ailes su- périeures d'un jaune-soufre, iinement réticulées de brun rougeàtre , avec une raie transversale brune , Irès- élargie sur le milieu du bord interne, où elle forme une sorte de tache, remontant jusqu'à la côte, en s'amin- cissant et disparaissant en partie dans la réticulation. La frange est jaunâtre et précédée d'une petite bande brune. Les ailes inférieures sont d'un blanc plus ou moins jaunâtre. Nous avons trouvé des chenilles en août qui nous ont donné une seconde génération en septembre. On lui fait la chasse comme à l'espèce précédente, dont elle a tout à fait les habitudes. Ces deux pyrales habitent aussi l'Amérique septen- trionale, d'où nous les avons reçues de notre collabo- LEPIDUPTERKS. oil rateur, feu John Leconte, de i\ew-Vork. Probablement elles y ont été transportées d'Europe avec nos ro- siers. Pyrale de Hoffmansegg. Tortrix Hoffmanseggana Hubnei. Dans quelques contrées de la P>ance, notamment en Normandie, cette jolie petite pyrale est aussi com- mune et aussi nuisible que celle de Bergmann. Sa chenille roule et plie de même en avril et mai, l'extré- mité des jeunes rameaux des rosiers, et se comporte de la même manière. Lorsqu'elle est adulte, elle est d'un vert assez clair, avec la tête, unpelit écusson sur le premier anneau et les pattes écailleuses d'un brun couleur de poix ; on voit, en outre, sur son corps des petits points saillants donnant naissance à un petit poil roide. La chrysalide est allongée, d'un brun noirâtre, gar- nie de petites épines sur le bord des anneaux comme dans une foule d'autres espèces. Elle éclot en juillet. Le petit papillon est de la taille des deux espèces précédentes ; il a les ailes supérieures d'un jaune fauve, un peu doré dans la première moitié, et d'un jaune un peu ferrugineux dans l'autre moitié ; elles offrent, en outre, quatre séries transversales de points noirs ar- gentés ou un peu plombés; la frange est d'un beau jaune vif. Les ailes inférieures sont noirâtres. Cette petite pyrale se trouve aussi dans les jardins des environs de Paris. Elle ne vit pas exclusivement sur les rosiers, car nous avons pris plusieurs fois la .j42 LKPIDUPTERE^. chenille et la chrysalide dans les feuilles roulées des poiriers. Pyrale des églantiers. Tortrix (aspidia) cynosbana Fabriciiis. Elle attaque aussi les rosiers, plus souvent, cepen- dant, les églantiers , en avril et mai. Le papillon éclot à la fin de juin, et a 20 millimètres d'en- tu9. - l'yraie .les églantiers, vergure. Ses ailes Supérieures sont Tortrix cynosbana. , , , • i i . . , j panachées de noir bleuâtre et de blanc laiteux, mais la couleur blanche domine et est comme un peu vermiculée et pointillée de brunâtre; la partie noirâtre paraît un peu plombée, elle forme trois taches, dont une à la base, une autre au milieu, et une troisième marginale linéaire. Les ailes inférieures sont d'un gris luisant. La chenille vit, ainsi que nous l'avons dit, sur les rosiers dont elle réunit les feuilles en paquet. Elle est proportionnellement assez courte, d'un gris-brunâlre sale, avec une ligne dorsale plus obscure et quelques petits poils très-clair-semés, peu visibles; la tète est d'un brun clair ainsi que les pattes écailleuses ; le pre- mier anneau est muni d'un écusson noir, divisé en deux par une petite ligne pâle. Elle se métamorphose dans les feuilles. Aux environs de Paris, elle est moins redoutable pour les rosiers que les deux précédentes; mais il n'en est pas de même dans d'autres localités où elle est extrêmement nuisible. Ltll'lUOl'TEHlis. 543 Pyrale ocellée. Tortrix (penthina) ocellana Hubiiei . Encore une pyrale donl la chenille est très-préjudi- ciable aux rosiers. Elle ne roule pas les feuilles, mais elle s'en prend aux boutons dont elle ronge l'intérieur. Le petit papillon a le port et la taille de l'espèce précédente. Ses ailes supérieures sont d'un noir brun depuis la base jusqu'à moitié de leur surface, avec l'extrémité de la même couleur, et la partie intermé- diaire blanche. Sur la partie blanche, on voit trois petites taches d'un gris bleuâtre, et une série de trois petits points placés transversalement. Les ailes infé- rieures sont grises. La chenille est d'un roussâtre sale, marquée sur le dos et sur les côtés de petites lignes longitudinales noi- râtres, et d'une tache brune à la base du huitième anneau. Sa tête et ses pattes écailleuses sont d'un brun noirâtre, ainsi qu'un écusson située sur le cou. Elle n'attaque que les boutons de rose, dans l'inté- rieur desquels elle se tient cachée pour les dévorer sans être inquiétée. Le plus ordinairement la métamor- phose a lieu dans le bouton même, qui cesse de s'ac- croître, jaunit et se fane, ainsi que le pédoncule-, mais lorsqu'il vient à se détacher et à tomber par une cause ou par une autre, la petite chenille se métamorphose à terre, en réunissant quelques débris de végétaux avec des fils de soie. Le papillon éclot à la lin de juin ; il est très-commun dans les jardins, on le voit voltiger le soir autour des 544 I^ÉPlItoPTÈRES. rosiers, en compagnie des pyrales de Bergmann et de Forskael. Lorsqu'un jardinier voit les boutons de ses rosiers jaunir, il doit, vers la fin de mai, et même encore dans les premiers jours de juin, les enlever et les brûler pour empêcher la multiplication de cette pyrale. [1 existe plusieurs autres pyrales polyphages, que l'on rencontre quelquefois sur les rosiers, poiriers et pommiers, mais qui, jusqu'à présent, n'ont été signalées nulle part, comme nuisibles. Telles sont les lortrix Gentianeana, Heparana Lœviganael Udmanniana, beau- coup plus communes dans les bois et dans les buissons que dans les jardins. Pyrale verte. Tortrix viridana Linné. Cette espèce intéresse bien peu l'horticulture pro- prement dite; mais, l'année der- nière, elle a exercé de très-grands ravages dans les parcs et les bois des environs de Paris. Rarement HO. - l'jraie verte. nouS Tavlons vuc 611 aussi grande Tortrix viridana. quantité. Aux bois de Boulogne et de Vincennes, les chenilles étaient en si grand nombre sur les chênes, qu'il ne restait pas une feuille intacte. Non-seulement toutes les feuilles étaient pliées, roulées et rongées, mais encore on voyait pendre, de toutes les branches au bout d'un long fil, des milliers de che- nilles. L'insecte parfait paraît à la fin de mai ou dans les premiers jours de juin-, il a les ailes supérieures d'un LÉPIDOPTÈRES. 345 beau verl uni avec le bord de la côte blanc ou blan- châtre. Les ailes inférieures sont d'un gris pâle avec la frange blanche. La chenille commence à se montrer avec les premières feuilles des chênes ; elle est tantôt d'un beau vert et tantôt d'un vert-jaunàtre sale, avec la tète, un écusson sur le premier anneau, et les pattes écailleuses d'un noir luisant; outre cela, tout son corps est parsemé de petits points verrucjueux noirs, donnant naissance, cha- cun à un petit poil roide. A la fin de mai elle se méta- morphose dans la feuille roulée qui lui servait de der- nier domicile. La chrysalide est noire ou d'un brun noir, munie, sur le bord de chaque anneau, de deux rangées de petites épines qui lui servent à accomplir une sorte de pro- gression au moment de l'éclosion. L'accouplement se fait en juin, et la ponte a lieu im- médiatement. Les œufs passent l'hiver appliqués et collés dans le voisinage des yeux. Selon Treitschke (Die Schmetterlinye von Europa, t. VJT, pag. 96), une partie des œufs éclosenl en septembre, les chenilles subissent leur métamorphose à l'automne et passent l'hiver en chrysalide ] nous n'avons jamais observé ce fait aux en- virons de Paris. La pyrale verte est la plus commune de toutes nos espèces des environs de Paris. Cela tient évidemment à ce que les oiseaux sylvicoles appelés becs fins, y sont devenus extrêmement rares. On devrait employer tous les moyens possibles pour y attirer ces êtres bienfai- sants, même des moineaux qui, malgré leur mauvaise réputation, pourraient dans ce cas, rendre d'utiles ser- 35 3'|.6 LÉIMDOI'ÏÉRES vices. L'administration forestière pourrait dans ce but, faire semer dans certains endroits isolés, du chan- vre ou du millet, dont les mésanges, les moineaux et les friquets sont très-avides. Dans les forêts de Sénart, de Saint-Germain et de Fon- tainebleau, cette pyrale est beaucoup moins répandue qu'au bois de Boulogne, parce que les oiseaux y sont plus tranquilles, et que d'un autre côté les faisans man- gent toutes les chenilles qui pendent à leur portée; le coucou, les merles et les pies-grièches en font aussi une très-grande destruction. Les forestiers doivent aussi compter un peu, lorsque cette espèce est très-abondante, sur les parasites nom- breux qui vivent à ses dépens ; sur plus de quatre cents chenilles que M. Pissot nous a fait remettre l'année dernière, un peu plus de la moitié n'a produit que des ichneumons au lieu de papillons. pyrale de Roser -J). Tortrix (cochylis) Roserana Frœlich. C'est une des petites espèces du genre. Elle a à peine de 10 à 11 millimètres d'envergure. Ses ailes supérieures sont d'un blanc ocracé, traversées dans leur milieu par une bande brune s'élargissant vers la côte, et [\) M. de Roser, conseiller de léyalion. ;i donné en -1829 une notice fort détaillée {Landwirthsch. Vereins in Wiirtemb.) sur cet insecte qui causait alors de grands dommages dans le Wur- temberg. Les vignes de l'île de iieichenau située dans le lac de Constance, et appartenant au grand-duc de Bade furent également si maltraitées, que ce souverain, voulut connaître quel était ce petit ennemi, et quels moyens on devrait employer pour s'en débarrasser. Le professeur Nonning de Constance lit connaître son liistoire et le décrivit sous le nom de Tinea uvœ. LÉPIDOPTÈRES. o4'7 se rétrécissant insensiblement en arrivant au Jjorcl in- terne ; outre cela, elles sont poin- tillées] de quelques atomes ferru- gineux. Les ailes inférieures sont d'un gris plus ou moins foncé, , „ 111 m. - l'yralc de Roser. avec la trange un peu b anchàtre. ■,. n ~ l lortrix Roserana. La chenille est, dans certaines contrées, aussi nuisible à la vigne que celle delà pyrale de Pillerius. Elle se montre dans le courant de mai ; à cette époque, elle est d'un jaune verdàtre, avec la tête brune et quelques petits poils clair-semés sur tout son corps. Elle vit exclusivement de la grappe qu'elle en- veloppe de soie au moment de la floraison. Non-seule- ment elle dévore une partie des grains à l'état rudi- mentaire, mais la soie dont elle les a enveloppés fait pourrir le reste en retenant l'humidité. La métamorphose a lieu dans les grappes, et le pa- pillon paraît en juin ou en juillet. Il y a une seconde génération de chenilles en septembre 5 elles passent l'hiver à l'état de chrysalides pour éclore à la fin d'avril. Cette pyrale n'est pas très-rare aux environs de Paris, mais elle est beaucoup plus commune dans les parties méridionales de l'Europe, surtout en Italie. Jus- qu'à présent elle n'a pas occasionné de grands dom- mages dans les vignobles français : cependant, en 1846, nous avons trouvé à Andresy, près Saint-Germain-en- Laye, beaucoup de grappes enveloppées de soie, et ren- fermant chacune une petite chenille. Selon Frœlich {Enumeratio lorlricum Wurlemb., p. 52, n° 111), elle a, pendant plusieurs années, telle- o48 LÉPIDOPTÈRES. ment ravagé les vignes aux environs de Stuttgart, que presque toutes les récoltes furent anéanties. Le petit papillon a été figuré par Hubner, fig. 153, comme une teigne, sous le nom de Tinea ambiguella. Lorsque des grappes, au moment de la floraison, sont enveloppées d'une soie ressemblant à une petite toile d'araignée, il faut enlever à l'aide de petites pinces ap- pelées brucelles le ver qui s'y trouve caché. Pyrale blanc de céruse. Tortrix (glyphiptera) cerusana Liiipoiichel. Elle est un peu plus grande que la précédente. Ses ailes supérieures sont d'un blanc couleur de craie, avec quelques petits atomes d'un gris noirâtre sur le milieu. Les ailes inférieures sont noirâtres. Celte pyrale, dont Duponchel a fait une espèce, pour- rait bien n'être qu'une variété de la Boscaaa décrite par Fabricius {Eut. sysL, III, p. 269, 116); effectivement, elle n'en diffère que parce que sa taille est un peu plus petite, et que les trois taches brunâtres placées trian- gulairement au milieu ne sont plus représentées que par un nuage occupant la même place. Leurs chenilles vivent ensemble , et se ressemblent tellement que s'il y a deux espèces, il est bien difficile de saisir la différence qui existe entre elles. Elles sont vertes l'une et l'autre , ou d'un vert un peu jaunâtre , avec la tête brune ainsi que le dessus du premier an- neau. Leur corps, vu à la loupe, offre quelques petits poils implantés sur de petits points verruqueux. Elles attaquent, au mois de mai, les bouquets de fleurs des cerisiers, des poiriers et des pommiers, et font, dans LÉPIDOPTÈRES. .'iW certains jardins, beaucoup de mal aux arbres frui- tiers. Les fleurs attaquées par ces cbenilles se fanent et tombent. Lorsque celles-ci viennent à manquer, elles se renferment entre deux feuilles dont elles rongent le parenchyme et dans lesquelles elles subissent leur métamorphose. La chrysalide est noirâtre, munie de petites épines sur le bord des anneaux. L'insecte par- fait éclot en juin et juillet. Il y a une seconde généra- tion de chenilles en septembre, à cette époque elles vi- vent entre les feuilles, et leurs chrysalides éclosent à la fin d'avril, pour propager l'espèce au moment de la floraison des arbres fruitiers. Cette pyrale ou ces deux pyrales sont très-commune? aux environs de Paris : le tronc des ormes des boule- vards extérieurs en est quelquefois couvert, ce qui semble indiquer que les chenilles sont polyphages, et que les œufs ne sont pas toujours déposés dans les fleurs des arbres fruitiers. Au reste, il est à remarquer que plusieurs chenilles nuisibles aux jardins ne vivent pas seulement sur les plantes cultivées, mais qu'elles s'accommodent très-bien aussi d'une infinité d'autres végétaux, et que c'est souvent par une cause qui nous échappe, que nous voyons tout à coup apparaître cer- taines espèces dans nos cultures. Ainsi, par exemple, la chenille de la pyrale de Pillerius, qui a causé tant de désastres aux vignes de la Bourgogne, a été mentionnée pour la première fois [Wiener Verzeichniss) \mr Denis et SchifTermiiller, qui l'ont trouvée sur le Slachijs germa- nica. Il en est de même delà pyrale de Roser que l'on rencontre fréquemment dans des contrées où il n'y a pas de vignes. ooO LEPIDOPTERES. Pyrale contaminée. Tortrix (teras) contaminana llubner. La chenille de cette Tortrix est très-commune au mois de mai, dans les pépinières des environs de Paris, et même dans le jardin du Luxembourg. Elle vit sur le pommier, le pru- H2. — Pyrale contaminée- Toririx contaminana. Hier, Tabricoticr , ct principale- ment sur le poirier. Elle plie et lie les feuilles de ces arbres avec quelques ti!s de soie comme les espèces précédentes, et subit son ac- croissement et ses métamorphoses dans cette re- traite. Elle est d'un vert obscur, avec la tête, le dessus du premier anneau et les pattes écailleuses d'un brun roux. Son corps est couvert de très -petits points noirs surmontés chacun d'un poil court ; le dessous du ventre est d'un vert pâle. L'insecte parfait est beaucoup moins commun que sa chenille, qui très-souvent est dévorée par les moineaux. L'éclosion a lieu en juin et juillet. Ses ailes supérieures sont un peu pointues au som- met, fortement réticulées de brun, marquées dans leur milieu d'une tache brune assez grande, s'élargissant et se bifurquant avant d'arriver à la côte. Les ailes infé- rieures sont d'un blanc grisâtre, faiblement réticulées. Pyrale du chèvrefeuille. Tortrix xylosteana Linné. La chenille de cette Toririx est très-polyphage; elle vit sur plusieurs arbres forestiers et sur beaucoup d'ar- bres fruitiers, tels que pruniers, pommiers, poiriers et cerisiers, mais bien rarement sur les chèvrefeuilles, LÉPIDOPTÈRES. 551 OÙ, malgré son nom, nous ne l'avons jamais rencontrée. Elle est d'un vert foncé et res- semble beaucoup à celle de la Bergmanniana. Sa tête, son écus- son et ses pattes écailleuses sont noirs. Il y a des années où elle ns.-Pyrale-du chèvrefeuille. Tor/rix xylosteana. est très-commune dans les pépi- nières; au mois de mai, on voit souvent les feuilles des pruniers et des poiriers roulées et mises en paquet par cette chenille qui ronge tout le parenchyme et les dé- coupe comme de la dentelle. Elle se change en chrysalide au commencement de juin ; l'insecte parfait éclot vers la fin du même mois. Le papillon est de taille moyenne ; ses ailes supé- rieures sont d'un brun- grisâtre luisant, plus ou moins foncé, marquées de trois bandes couleur de poix, cerclées de blanc jaunâtre ; la bande du milieu , qui est la principale, se dilate ordinairement en forme d'Y pour arriver à la côte ; quelquefois, cepen- dant, elle est interrompue et ne forme pas la fourche; celle de la base est tortueuse et assez courte, celle de l'extrémité est courte et linéaire. Les ailes inférieures sont noirâtres, un peu plus claires vers la base. Pyrale des roses. Tortrix rosana Hiibner. Cette pyrale, commune dans la Brie, au milieu des plantations de rosiers, n'a point été connue de Duponchel. Nous n'avons pas eu occasion d'élever sâ chenille, qui ne doit pas être rare, si on en juge par le papillon. Celui-ci varie pour la taille ; il est ordinairement 652 I>ÉPIDOPTÈRES. aussi grand que l'espèce précédente, el (juelquefois beaucoup plus petit. Ses ailes supérieures sont un peu tron- quées au sommet, d'un brun gri- sâtre plus ou moins pâle, traver- 114. — Pj raie des roses. „> i l'i. \- Tortrirrosam,. SCBS par de petitcs lignes ou raies parallèles, courbes, très- légèrement sinuées, d'un brun obscur. Ses ailes infé- rieures sont d'un jaune d'ocre pâle , avec le bord abdominal largement noirâtre. A Combs-la-Ville et à Suines, nous l'avons vue très- communément vers la Saint-Jean , dans les jardins plantés de rosiers. Pyrale rosette, Tortrix rosetana Hiibner. Elle est très-rare aux environs de Paris, mais elle paraît être assez commune dans I^^^^^Ê quelques parties de l'Allemagne ^^^^^ et en Italie où, dit-on, elle csf fort nuisible aux rosiers. Elle est II.;.- TMiilc rosette. r m ' -i > •! Tnrtnx rosetana. lacile a rccounaitre a ses ailes su- périeures d'un gris cendré, striées transversalement de rongeât re, avec la frange égale- ment rougeâtre. Ses ailes inférieures sont d'un gris légèrement lavé de rougeâtre. Qui sait si cette espèce, à peu près in- connue en France, n'apparaîtra pas un jour, tout à coup, dans nos cultures de rosiers, comme le fit autrefois dans nos vignes la pyrale de Pillerius ? 1,EPID0PTERES. 553 Pyrale viticole. Tortrix (cochylis) vitisana Jacqiiin i\\ Celte petite pyrale nous est totalement inconnue et nous ne sachons pas qu'elle ait encore été observée en France. Elle a été décrite et figurée pour la première fois, par Jacquin, sous le nom de Vilisana, et décrite depuis par Treitschke, sous celui de Reliquana. Il pa- raît que les treilles aux environs de Vienne en Au- triche, dit Kollar, ont été cruellement maltraitées par cet insecte pendant les années 1816 et 1817, et de 1828 à 183o. En avril et mai, on voit le petit papillon voltiger et se reposer sur les branches de la vigne. Si on les frappe avec une baguette, il s'envole et va se reposer dans le voisinage. A cette époque la femelle dépose ses œufs, un à un, à la base des bourgeons, et les petites chenilles les dévorentavantque les feuilles soient encore épanouies. Quand elles sont un peu plus grandes, elles lient en- semble plusieurs bourgeons et en rongent l'intérieur. Lorsqu'elles ont fini de manger une grappe, elles pas- sent à une autre, qu'elles enveloppent également dans un léger tissu soyeux. 11 en résulte que les fleurs avor- tent ; la majeure partie ayant été employée pour la nourriture de la chenille. Lorsque celle-ci est arrivée à sa grosseur, elle est d'un vert sale, longue de trois ou quatre lignes ; couverte de très-petits tubercules blanchâtres, donnant naissance, chacun à un petit poil court ; la tête et l'é- (A) Jacquin Niool. Joseph. Collectanea 1788, p. 97, -100. Yin- doboufp. o54 LÉPIDOPTÈRES. cusson du premier anneau sont d'un brun jaunâtre; les pattes écailleuses sont noirâtres. La métamorphose a lieu cà la fin de juin dans une feuille roulée. La chrysa- lide est brune, munie de petites épines sur le bord des anneaux. Le papillon se montre au bout de vingt jours. Il a six lignes d'envergure. Le dessus des ailes supé- rieures est marbré ou panaché de ferrugineux et de gris bleuâtre. Les ailes inférieures sont blanches, avec les nervures brunâtres et la frange d'un blanc de neige. On rencontre des chenilles de la seconde génération, à la fin d'août et au commencement de septembre, sur les rafles des raisins ; mais le mal qu'elles font est moins grand, parce que les grains sont déjà gros. La chenille les perce et se nourrit de la pulpe de ceux qui ne sont pas encore mûrs. Le grain dévoré se flétrit, la chenille passe ensuite dans un autre, qu'elle traite de la même façon. Quatre à cinq grains suffisent ordinairement pour la nourriture d'une seule chenille. Lorsque les chenilles reparaissent à l'automne, les grappes épargnées au printemps sont à moitié perdues au moment de la vendange. Ce que nous venons de dire de cette pyrale, qui, Dieu merci, n'a pas encore fait son apparition en France, est extrait de Touvrage de Kollar ( Nalurgeschichte des schœdlichen Inseclen in Bezuch auf Landwirlhschaft and ForstkuUur. JVien, 4837}. On voit que la pyrale viticole a tout à fait la même manière de vivre que celle de Roser. Il faudrait, le cas échéant, enlever de même, au mois de mai, avec des brucelles la petite chenille cachée dans les grappes. LEPIDOPTERES. S55 Pyrale holmoise. Tortrix holmiana Linné. Quoique plusieurs auteurs français aient appelé cette pyrale le Hohn et la Bolm, il est évident que Linné lui a donné le nom de Holmiana, parce qu'il la trouvée aux environs de Stoc- „,;. - pyraie hoimoise. kholm, qui se dit en latin moderne rortnx iwimmna. Holmia. Elle est très-répandue dans les jardins de Paris. Elle est d'une très-petite taille^ ses ailes supérieures sont d'un roux ferrugineux, avec une tache triangulaire blanche sur le milieu de la côte et quelques petites stries argentées, souvent à peine distinctes, près de l'extrémité. Ses ailes inférieures sont grisâtres, avec la frange ferrugineuse. La petite chenille vit en mai dans les feuilles pliées des poiriers et surtout des pommiers ; elle est d'un vert jaunâtre, quelquefois presque jaune ou d'une couleur étiolée, avec la tête, l'écusson et les pattes écailleuses d'un brun roux ; elle est très-vive ; dès qu'on touche aux feuilles où elle se tient cachée, elle marche rapidement à reculons et se laisse pendre à un fil de soie. Elle se chrysalide dans le courant de juin et le papillon paraît enjuillet. Il y a des années où elle fait beaucoup de tort aux pommiers sur paradis. Pyrale du prunier. Tortrix (penthina) pruniana Hubner. Celte espèce, l'une des plus communes, est dans quelques localités un tléau pour les pruniers. On trouve 55G LÉPIDOPTÈRES. la chenille en avril et mai sur le prunier et le cerisier ; elle est d'abord d'un jaune pâle; après la seconde mue, elle devient verte ou d'un vert sale, ou même presque Pyralo liii prunier. Tortrix: pr grisâtre, tout son corps est couvert de petits points verruqueux noirs, donnant naissance à un petit poil roide ; la tête, l'écusson, les pattes écailleuses et l'extré- mité du dernier anneau sont d'un noir luisant. Dans sa première jeunesse, elle vit au milieu des LÉPIDOPTÈRES. o57 bouquets de fleurs de pommier ou de cerisier dont elle ronge une partie ; lorsque les fleurs commencent à se faner, elle se retire entre les feuilles, qu elle lie en paquet. Arrivée à sa grosseur, elle tapisse de soie l'in- térieur de son logement et s'y change en chrysalide. Celle-ci est brune, moins allongée que la plupart de ses congénères, avec le bord des anneaux garni de petites épines. L'éclosion de l'insecte parfait a lieu en juin et en juillet. Il y a une seconde génération en août, dont les chenilles, à défaut de fleurs, vivent entre les feuilles et se transforment en chrysalide à la surface de la terre, sous la mousse ou quelques brins d'herbes, pour donner leur papillon au moment où les bourgeons à fleurs sont sur le point de se développer. Le papillon est noir et blanc, c'est-à-dire que les ailes supérieures ont près des deux tiers, à partir de la base, d'un brun noir ; l'extrémité est plus ou moins noi- râtre et la partie intermédiaire largement blanche. Les ailes inférieures sont d'un gris noirâtre. Pyrale des bourgeons du pin. Tortrix (coccyx) turionana Linné. Cette espèce n'intéresse que le jardinier paysagiste et les forestiers ; en France, on ne la rencontre que dans les parcs ou les forêts de pins, où elle cause quelque- fois d'immenses dégâts. La chenille est d'une couleur terreuse, un peu bru- nâtre; son corps est couvert de petits points verruqueux noirs, donnant naissance, chacun, à un petit poil roide; la tète, l'écusson du premier anneau et les pattes écail- 558 LEPIDOPTERES. leuses sont d'un brun couleur de poix. Elle se tient renfermée, selon Ratzeburg et Zinken, dans les bour- geons allongés des pins qu elle creuse pour s'en nour- rir, de manière à se former une galerie dans laquelle elle passe l'hiver, pour se changer, en avril et mai, en une chrysalide d'un rouge brun, qui éclot en juillet et en août. Le papillon a de 18 à 20 millimètres d'envergure et es't assez joli ; le fond de ses ailes supérieures est d'un roux -ferrugineux très-clair, ou un peu violàtre, tra- versé par une multitude de petites raies d'un blanc légè- rement bleuâtre, sinuées et presque toujours gémi- nées. Les ailes inférieures sont d'un gris pâle. Il est extrêmement commun en Allemagne, au mois de juillet, dans les forêts de pins; en France, il ne se trouve que dans les parcs et les localités où l'on cultive en grand le pin sylvestre. Il a été pris une fois ou deux dans la forêt de Fontainebleau. Dans les parcs et dans les forêts où cet insecte s'est propagé, on ne voit pas un pin qui ne soit déformé ou tordu. La chenille ronge si profondément le bourgeon terminal qu'il ne reste plus que les écailles. Il en résulte que, l'aiguille étant détruite, Farbre, au lieu de filer se ramifie, et que l'année d'après, la plupart des bourgeons latéraux développés à la suite de ce ravage subissent le même sort. Pyrale des aiguilles du pin. Tortrix (Coccyx) buoliana Fab. Cette pyrale, appelée par les forestiers allemands Kiefernlrieh-Wickler, est aussi redoutable pour le pin LÉPIDOPTÈRES. . 5o9 sylvestre que l'espèce précédente. L'introduction de cet arbre dans les parcs et les forêts de la France nous a, depuis quelques années, gratifiés de cet insecte dange- reux. La chenille ressemble beaucoup à celle de la lurio- nana {Kie(ernknospen- IVickler). Lors({u'elle est toute jeune, elle est d'un brun foncé ; plus tard, elle devient d'un brun plus clair, avec la tète, l'écussondu premier anneau et les pattes écailleuses d'un noir luisant. Outre cela, son corps est couvert de petits points verruqueux surmontés chacun d'un petit poil roide. Elle vit, comme la précédente, dans les bourgeons de l'extrémité du pin sylvestre ; elle les creuse de la même façon et déter- mine, à l'endroit où elle s'est introduite, une sorte de bosse formée par une sécrétion résineuse. Elle reste cachée sous ce tubercule de térébenthine jusqu'au mois de mai qu'elle se met en chrysalide. Celle ci éclot en juillet. Le papillon, se confond par sa couleur avec l'écorce des pins ; il a les ailes supérieures d'un jaune rouge, avec des bandes ou raies transverses sinuées, d'un blanc argentin, dont une se bifurque près de la côte comme un Y et dont une autre, qui la précède, forme dans son milieu une sorte d'O. Les ailes inférieures sont d'un gris noirâtre assez foncé. Selon Kollar {Schâdl. ins., p. 365), elle ne vit pas seulement sur le pin sylvestre; en Autriche, elle attaque le maître bourgeon des jeunes pins noirs, pinus nigri- cans^ et est une grande calamité dans les lieux où l'on cultive ce conifère. Nos forêts françaises ne sont pas, comme celles de 560 LÉPIDOPTÈRES. l'Allemagne, constituées, en majeure partie, par des arbres à feuilles en aiguille ; chez nous, au contraire, ce sont les arbres à feuilles plates qui dominent, ce qui fait que, jusqu'à présent, nous n'avons pas à nous plaindre de toutes ces pyrales si funestes aux arbres résineux : telles que Coniferana., Ralzeburgiana, Clausthaliana, Hercyniana, Harligiana, Hislrionana, Resinana, Du- plana^ etc., dont quelques-unes ne nous sont connues que par les figures de llubner ou de Ratzeburg. Pyrale des pommes. Tortrix (carpocapsa) pomionana Linné. Cette pyrale, à l'état parfait, est bien peu connue des jardiniers ; mais tous ont eu l'occasion de remarquer dans les vergers et les jardins une quantité de poires et de pommes rongées intérieurement par sa chenille, ap- pelée improprement ver. Nous allons d'abord leur faire connaître le papillon. Ses ailes supérieures sont d'un gris plus ou moins cendré, striées transversalement de brun et marquées sur l'angle interne d'une tache semi-lunaire, d'un brun roux, cerclée de rouge doré. Les ailes inférieures sont entièrement noirâtres. La- chenille vit exclusivement dans les pommes et dans les poires, où d'abord l'on ne soupçonne nulle- ment sa présence. Après la fécondation, la femelle dé- pose un œuf dans l'œil du fruit nouvellement noué. Aussitôt éclose, la petite chenille, qui est un peu moins grosse ([u'un fil, pénètre peu à peu jusque dans l'intérieur, et vient s'établir autour des cloisons renfermant les pépins ; puis, lorsqu'elle est devenue plus forte, elle LÉPIDOPTÈRES. 564 élargit sa demeure, creuse une galerie latérale, plus ou moins tortueuse, allant du centre à la circonférence, communiquant avec le dehors, et luî servant à rejeter l'excédant de ses excréments, et à laisser entrer un peu d'air. Les fruits attaqués par cette chenille continuent de grossir, malgré leur ver rongeur, et offrent souvent l'apparence d'une maturité précoce ; en les ouvrant on voit qu'une grande partie de la pulpe a été dévorée et que les galeries sont remplies de déjections sous forme d'une matière rougeàtre ou brunâtre. l'yralc des pommes. Tortrix pomonana. En général, les fruits véreux, lorsque la chenille est arrivée à sa grosseur, ne tiennent plus à l'arbre ; ils se détachent et tombent. Alors, celle-ci élargit l'ouverture dont nous avons parlé et qui ressemble à une petite tache noirâtre ou d'un brun rougeàtre, et sort de sa demeure pour se préparer à subir sa métamorphose. C'est ordinairement depuis la fin de juillet jusqu'en septembre, que cette sortie a lieu. La couleur de la chenille varie selon la nature du 36 b62 LÉPIDOPTÈRES. fruit qui lui a servi de nourriture; elle est tantôt d'un blanc jaunâtre et tantôt d'un blanc rougeàtre ou pres- que incarnate. Son corps est garni de quelques petits poils implantés sur de petits tubercules noirâtres ; sa t(He et l'écusson du premier anneau sont d'un brun ferrugineux. Une fois en liberté, elle se retire sous les écorces ou à la surface de la terre et se fait une petite co([ue soyeuse dans laquelle elle passe l'hiver à l'abri des in- jures du temps. Au printemps suivant, elle se transforme en chrysalide et le papillon éclot en juin et quelquefois en juillet. Il y a des années où cette pyrale est si commune, que la plupart des pommes et des poires sont véreuses. Il est à remarquer cependant, qu'elle n'attaque pas indistinctement toutes les variétés. En Normandie, on rencontre rarement des pommes à cidre véreuses. Cette Torlrix paraît avoir une préférence très-marquée pour les pommes appartenant au groupe des Reinettes, dont la pulpe est acidulé, telles que llambour d'été. Reinette de Caux, d'Angleterre, du Canada, Pigeonnet, etc. Dans cette même partie de la France, les Calvilles sont aussi moins exposés à la voracité de celle chenille que les variétés dont nous venons de parler. Il y a peu de moyens propres à combattre ce lléau : pour cela, il faudrait enlever tous les fruits marqués d'une petite tache noire et les écraser avec la che- nille (ju'ils renferment. On pourrait aussi ramasser ceux qui tombent et qui ne sont pas encore percés, ce qui indique que le ver est encore dans l'intérieur. Quelques horticulteurs pratiquent sur les fruits véreux LÉPIDOPTÈRES. 563 une opération qui consiste a extirper la chenille en enfonçant dans la chair un petit tube de fer blanc, plus étroit, mais analogue à celui que l'on appelle uù/e- pomme. Ils remplissent ensuite la plaie avec un peu de cire ou simplement avec de la terre glaise. Ce pro- cédé est encore peu en usage. Pyrale des prunes, Tortrix (grapholitha) funebrana Treitscli. Les prunes et les abricots renferment souvent dans leur pulpe une chenille qui ressemble tellement à celle des poires et des pommes que, pendant longtemps nous les avons confondues ensemble, supposant qu'elles de- vaient produire le même papillon. Cette chenille est très-commune aux environs de Paris, dans les prunes de Monsieur, de Reine-Claude et de Mirabelle, ainsi que dans le petit abricot hàtif; elle est plus rare dans les grosses variétés américaines ap- pelées Washington, Golden Drop, etc.; nous ne l'avons pas encore observée dans la variété dite Dame Auhert, ni dans la Reine-Claude de Bavey, ni même dans les abricots en espalier. Il y a des années oiî elle est tellement abondante que beaucoup de ces fruits à noyau sont véreux et tota- lement perdus. Lorsqu'on les ouvre, on trouve lachenille nageant pour ainsi dire au milieu d'un magma dégoûtant d'excréments et de jus de prune ou d'abricot. Elle arrive a toute sa taille à l'époque de la maturité des fruits dont elle se nourrit. Ceux-ci tombent un peu avant les autres, et la petite chenille en sort pour en- 564 LÉPIDOPTÈRES. trer en terre, et filer une petite coque dans laquelle elle reste renfermée tout l'hiver; en juin, elle se trans- forme en une chrysalide qui donne son papillon dans les premiers jours de juillet. Celui-ci est un peu plus petit que la pyrale des pommes à la([uelle il ressemble bien peu, malgré la grande similitude qui existe entre les deux chenilles. Ses ailes supérieures ont le fond brunâtre ou un peu roussàtre, panaché de gris , avec la côte marquée de petites taches blanches lunulées, et le bord interne ainsi que l'extrémité parsemés de petits atomes d'un gris argenté ; outre cela, l'angle interne offre une tache grisâtre, arrondie, marquée de quatre points noirs et entourée d'un peu de gris bleuâtre. Les ailes inférieures sont noirâtres. Si la chenille est commune, il n'en est pas de même du papillon que nous n'avons jamais trouvé dans la nature. Cela tient probablement à ce que la plupart des larves périssent dans leur coque pendant 1 hiver. Il y a trois ans, nous avons mis dans un pot avec de la terre, une trentaine d'individus recueillis à Montrouge, dans la propriété de notre collègue, M. Domage ; de ce nombre, il nous est éclos seulement trois papillons, dont un avorté. Les autres se sont desséchés. pyrale brillante. Tortrix (carpocapsa) splendana. L'insecte parfait, ressemble beaucoup à la pyrale des pommes. Ses ailes supérieures sont d'un gris brunâtre, pointilléesdegris pâle, et marquées vers l'angle interne d'une tache brune arrondie, cerclée par une ligne ar- gentée lisérée de noirâtre. LEPIDOPTERES. 565 Ce petit papillon n'est pas très-rare, pendant l'été, dans les bois de Versailles et de Meu- don. C'est à M. le colonel Goureau que nous sommes redevable de la connaissance de la chenille: hj. -pyraiebrmaatc. 5-1 11 -1 '1 Torlrix splendana. ^rance ne lavait ele- ^ vée avant cet entomologiste. Duponchel supposait qu'en raison de son analogie avec la pyrale des pommes, elle devait se nourrir de fruits à pépins. M. Goureau nous a appris qu'elle vivait dans les châtaignes, et que, dans certaines localités, elle gâtait quelquefois les trois quarts de ces fruits, ainsi qu'il l'a constaté en 4849, à Cher- bourg, sur un navire marchand venant de Nantes, chargé de marrons. La chenille, dit ce savant, «■ est blanchâtre ; sa tête est brune et le dessus du premier segment de son corps est d'un brun plus clair ; les autres portent des points verruqueux surmontés d'un poil. Elle prend toute sa croissance dans la châtaigne et la perce d'un petit trou pour rejeter en dehors une partie de ses crottes, comme font les chenilles des prunes et des pommes. Lorsqu'elle a atteint toute sa taille, le fruit tombe de l'arbre et la chenille en sort pour se réfugier dans le sol et s'enfermer dans un cocon so- lide tissu de soie mêlée à des parcelles de terre, ce qui arrive dans le mois de septembre, un peu avant la ma- turité naturelle des châtaignes. La chenille reste dans son cocon pendant l'automne et l'hiver, et se change en chrysalide au printemps suivant, ou pendant Tété : cet état dure environ 15 jours. Les papillons les plus hâtifs s'envolent à la fin du mois de mai et les plus tardifs dans les premiers jours d'août. » 566 LhPinoPTÉnES. L'histoire de cette petite pyrale ressemble beau- coup à celle des deux précédentes ; elle intéresse si peu les horticulteurs, que nous eussions pu la passer sous silence. Si nous en avons parlé, c'est que parmi nos collègues, il y en a peut-être quelques-uns qui ne seront pas fâchés de connaître l'insecte qui rend les châtaignes véreuses. On trouve, dans les bois, deux autres espèces voi- sines, dont l'une fagiglandana de Keller ou grossana des auteurs anglais, vit de la même manière dans les faînes (fruit de hêtre), et l'autre amplana de Treitschke dans les glands. Pyrale de "Woeber. Tortrix (carpocapsa) Wœberiana Fab. Quoique cette pyrale soit placée par Treitschke dans son genre Carpocapsa, sa chenille ne vit pas dans les fruits, mais sous les écorces des pruniers , cerisiers, pêchers, abricotiers et amandiers. Elle se lient entre l'écorce et l'aubier, creuse des galeries d'où s'échappe une poussière roussâtre qui décèle sa présence ; le plus souvent, elle détermine dans le voisinage de son habitation, une sécrétion gommeuse qui fatigue et épuise les arbres. En Allemagne, oîi l'on cultive, beaucoup plus qu'en Ftance , les cerisiers et les pru- niers, elle est considérée comme une espèce des plus nuisibles. Au commencement de septembre, cette chenille a atteint toute sa croissance; elle est alors d'un vert- jaunâtre pâle, avec la tête, les pattes écailleuses et l'écusson du premier anneau d'un brun ferrugineux ; LÉPIDOPTÈRES. 56* son corps est parsemé de quelques poils courts im- plantés sur des petits mamelons peu sensibles. Elle se change en chrysalide sous l'écorce où elle a vécu, et l'insecte parfait paraît en juin et en juillet de l'an- née suivante. Le petit papillon est assez joli; il a le port et la taille de la pyrale de Bergmanm ses ailes supérieures sont d'un roux-ferrugineux doré, réticulées de brun, traversées au milieu par deux petites raies métalliques bleuâtres si- nuées; l'angle interne offre une tache ronde, marquée dans son centre de quatre petits traits noirs, et en- tourée de deux cercles, dont l'interne est noir, et l'externe d'une couleur métallique bleuâtre. La pyrale de Vœber est commune dans les pépinières et partout où l'on cultive les arbres à noyau. Pyrale de pois. Tortrix (grapholitha) pisana Guénée. Une petite chenille, voisine des espèces précédentes, vit, en juillet et août, dans l'intérieur des petits pois et les rend véreux. Cette petite chenille n'est pas rare, mais jamais nous ne l'avons élevée^ notre savant et estimable collègue, M. Guénée, de Chàteaudun, est, à notre connaissance, le seul entomologiste qui ait réussi à faire son éduca- tion. Lorsqu'elle est adulte elle est blanchâtre, avec la tête rousse et le corps parsemé de quelques poils courts. Quand elle a fini de dévorer les pois tendres contenus dans une cosse, elle en sort par un petit trou rond et s'iiitroduit dans une autre, où elle fait le même ravage. 368 LÉPIDOPTÈRES. A la fin d'août, elle a terminé sa croissance ; alors elle descend et tile dans la terre une petite coque de soie, dans laquelle elle passe l'automne et l'hiver pour se transformer en chrysalide au printemps et en in- secte parfait dans le courant de juin. Cette éclosion assez tardive explique parfaitement pourquoi les pois, qui arrivent, en mai et juin, sur les marchés, ne sont jamais véreux, tandis que ceux de l'arrière-saison le sont si fréquemment. Le papillon que nous n'avons jamais vu, est, selon Curtis et M. Goureau, d'un gris de souris satiné. Ses ailes supérieures ont, le long de la côte, quelques pe- tites taches, et leur angle interne est marqué d'un anneau ovale argenté renfermant cinq traits noirs. Il ne faut pas confondre les pois véreux dont nous venons de parler, avec ceux qui sont rongés, après la récolte, par la bruche du pois; ce coléoptère que nous avons décrit et figuré, subit toutes ses métamorphoses dans le grain et n'en sort qu au printemps, à l'état d'insecte parfait, par un petit trou parfaitement rond. FAMILLE DES TINEIDES. Les petits papillons compris dans cette nombreuse fa- mille faisaient autrefois partie du grand genre Tinea de Linné. Tls sont, aujourd'hui , répartis en plusieurs tribus, subdivisées elles-mêmes en un grand nombre de genres offrant les caractères généraux suivants : an- LÉPIDOPTÈRES. 569 tennes presque toujours simples dans les deux sexes; palpes inférieurs assez développés, ascendants ou re- levés au-dessus de la tête ; trompe nulle ou rudimen- taire ; tête ayant très-sonvent une sorte de toupet situé entre les yeux; corselet non crête, lisse; ailes roulées ou moulées sur le corps; les supérieures longues et assez étroites, les inférieures très-étroites, garnies d'une frange large; pattes postérieures longues et pourvues d'ergots. Chenilles vermiformes, glabres ou presque glabres, munies de seize pattes et d'une plaque écailleuse sur le dos du premier anneau, marchant vivement à recu- lons, comme celles des Pyralides, lorsqu'on les inquiète, et ne vivant jamais à découvert. Les Tinéides sont des pygmées dans l'ordre des Lépi- doptères; beaucoup d'espèces sont si petites à l'état parfait, qu'on ne les voit presque jamais dans les jar- dins; celles qui habitent nos appartements font excep- tion, on les voit souvent le soir voltiger aux lumières et se brûler à la flamme des bougies ou des chandelles. Parmi ces petits papillons, certains groupes, malgré leur exiguïté, ne le cèdent en rien aux autres papil- lons nocturnes pour la richesse des ornements, et ce n'est pas sans raison que Scopoli [Fauna carniolica) a dit : Tinearum pulchritudo stupenda. Plusieurs de ces petits animaux présentent, sur leurs ailes supérieures, des points d'or et d'argent relevés en bosse, qui, vus à la loupe, sont du plus brillant effet. Réaumur et Degéer, qui ont passé leur vie à faire de la véritable science, ont publié de nombreux mémoires, d'un grand intérêt, sur ces insectes. Le premier de 570 LÉPIDOPTÈRES. ces auteurs, ne considère comme teignes proprement dites, que celles vivant dans des fourreaux qu'elles trans- portent partout avec elles; il ai^^eWe fausses-teignes celles qui ont une habitation fixe. Les chenilles des Tinéides, connues sous le nom vul- gaire de vers, se nourrissent généralement de sub- stances végétales comme les Pyralides; mais il y en a quelques-unes qui ne mangent que des substances animales : laine, plumes, ' soie, crin, corne, etc. Ces chenilles, en général, intéressent moins l'hor- ticulture que l'économie rurale et domestique, pour qui elles sont un terrible lléau. Quelques espèces vivent dans nos habitations, de substances animales, et occa- sionnent fréquemment de grands dégâts, telles sont entre autres : la tapissière {tinea tapezella Linné), qui dans les magasins et dans les maisons, ronge les étoffes de laine ; la fripière {tinea sarcitella Linné), la plus com- mune de toutes, qui dévore nos vêtements d'hiver 5 la pelletière {tinea pellionella Linné), qui coupe le poil des fourrures pour s'en faire un tuyau feutré; la teigne du crin {tinea crinella Treitschke), qui dévore le crin des meubles dans les appartements et chez les tapissiers; la teigne à front jaune {tinea flavifrontella Fabricius), la peste des collections d'oiseaux et d'insectes dans les Musées. Au nombre de celles que redoutent le plus les agri- culteurs, nous citerons la teigne des grains {tinea gra- we/k Linné); dans les greniers elle lie ensemble plu- sieurs grains de blé dont elle mange et détruit la farine ; la teigne des céréales {tinea cereatella de l'En- cyclopédie), très-voisine de la précédente. Celte der- LÉPIDOPTÈRES 371 nière que nous n'avons jamais vue, vit cachée et à l'abri dans l'intérieur d'un seul grain de Ijlé ou d'orge, dont elle consomme toute la farine ; elle dévora, au rapport de Duhamel et de Dutillet, en 1770, presque tous les grains de l'Angoumois. 11 paraîtrait que, depuis cette époque, elle a disparu, car tous les auteurs mo- dernes qui en parlent, ne l'ont pas connue. Nous pour- rions encore citer une espèce relativement très-grande, la teigne des ruches {tinea cerella Linné), qui dévore dans les ruches la cire des abeilles. Toutes les Tinéides ne vivent pas isolées; certaines races aiment la société, forment de nombreuses colonies, et habitent en commun sous la même tente chacune dans un logement particulier. Il y en est d'autres qui ne font pas de fourreaux pour s'abriter: on les appelle mi- neuses, parce quelles se nourrissent dans l'épaisseur des feuilles, en laissant intactes les deux lames de l'épiderme. Quelques-unes, mais en très-petit nombre, vivent de fruits; d'autres lient, à la manière des pyrales, le som- met des plantes qui montent à tleur, et dévorent les boutons. Le plus ordinairement les Tinéides se transforment en chrysalides dans leur propre berceau. Il faut en excepter celles qui habitent entre les lames de l'épi- derme; généralement elles sortent de leur demeure pour les métamorphoser. Les espèces de Tinéides propres à l'Europe seule- ment, sont très-nombreuses: il y en a environ un mille de décrites ou de figurées par les auteurs français et surtout par les entomologistes allemands et anglais. Qui peut dire combien il en reste encore à découvrir? 372 LEPIDOPTERES. GENRE YPONOMEUTE. YPONOMEUTA latreille. Ce genre est l'un des plus distincts de la famille. Il est tellement tranché que Stepliens, en Angleterre, en a fait une tribu à part. Voici quels sont ses caractères : antennes simples dans les deux sexes ; palpes un peu écartés de la tête et un peu recourbés au-dessus du front; toupet nul; trompe rudimentaire; abdomen grêle et cylindrique ; ailes roulées autour du corps dans le repos; les supérieures parsemées de petits points noirs; les inférieures plissées en éventail et munies d'une longue frange. Les chenilles sont glabres, atténuées aux deux extré- mités, d'une couleur terne, marquées de points ali- gnés. Elles vivent en sociétés nombreuses dans des nids ressemblant à de grandes toiles d'araignées, et dans lesquels elles ont la précaution de faire entrer les feuilles qui doivent leur servir de nourriture. Elles ne mangent que le parenchyme de la surface supérieure ; pour peu qu'on les touche, elles reculent ou avancent dans leur hamac, avec une extrême vitesse, sans se détourner ni à droite, ni à gauche, par la raison que chaque chenille est logée seule, dans une sorte de tuyau ou de longue gaîne. Chaque nid est formé d'un assem- blage de ces gaines disposées parallèlement les unes à côté des autres. Quand les chenilles de ce genre sont en repos, elles forment une espèce de paquet qui souvent approche de la régularité d'une botte d'allumettes. Chaque individu se transforme en chrysalide dans sa cellule. LÉPIDOPTÈRES. o73 Yponomeute du fusain. Yponomeuta Evonymella Linné. Ailes supérieures d'un blanc pur, parsemées chacune ûe plus de cinquante petits points noirs disposés lon- gitudinalement sur quatre rangées parallèles, mais un peu épars à l'extrémité. Ailes inférieures d'un gris cendré, avec la frange plus claire. Les chenilles vivent, pendant les mois de mai et de juin, en familles nombreuses dans les parcs et dans les haies, sur les fusains [evonymus). Elles enveloppent les rameaux de ces arbustes avec des toiles de soie blanche, où elles se tiennent à l'abri de la pluie et des rayons du soleil. Réunies sous cette tente commune, elles dévorent toutes les feuilles^ lorsque la nourriture com- mence à diminuer, elles élargissent leur habitation, ou bien elles la transportent sur une autre branche, de sorle que, lorsqu'elles sont arrivées à leur entier développement, Tarbre se trouve dépouillé de toutes ses feuilles et entièrement recouvert d'un voile blanc ressemblant à d'immenses toiles d'araignées. La chenille de cette yponomeute est d'un jaune- d'ocre sale, avec la tête et la plaque du cou d'un brun- noir luisant; son corps est marqué de points noirs veloutés au nombre de quatre sur chaque anneau. Au mois de juillet, elle se change en chrysalide, la tète en bas; le papillon paraît au mois d'août. Après l'accouplement, la femelle dépose ses œufs par plaques dans la bifurcation des rameaux; ils écl osent en septembre, et Jes petites chenilles passent l'hiver dans l'engourdissement, abritées sous une petite enve- b74 LÉFIDoPTÈHt:^. loppc de soie d'où elles ne sortent qu'au mois de mai. Il y a des localités, et des années, où cette ypono- meute est tellement abondante que les lusains sont complètement dépouillés de leurs feuilles et entière- ment recouverts d'un crêpe blanc. On la trouve rare- ment aux environs de Paris. Nous avons conseillé, dans un petit opuscule pu- blié en 1833, d'enlever les nids des différentes espèces d'yponomeutes, avec un balai de feuilles de houx, ou de les brûler avec une poignée de paille allumée que l'on passe rapidement sur les branches; mais nous pré- férons le premier moyen; parce <[ue, î^i on ne prend pas une précaution suffisante, on peut très-bien brûler les petites branches en même temps que les nids, et nuire à la végétation de l'année suivante. Yponomeute du bois du Sainte-Lucie. Yponomeuta padella Linné. Cette espèce est excessivement commune aux envi- rons de Paris. Les haies qui bordent les chemins de fer, jx^ .-, v""-! ■ .-1 formées souvent de Sainte- S?}wfvi^si^^ Lucie, sont quelquefois tota- lement envahies par sa che- nille dont les lentes de soie (20, -Yponomeute du ste-Lucie grossie. ]es couvrcnt commc un im- Yponomevla padella. mense voile. Le papillon a les ailes supérieures blanches, avec tout le milieu largement d'un gris plombé, de sorte qu'il n'y a guère que le bord interne -qui soit d'un blanc pur; elles sont en outre marquées d'environ vingt- LÉPIDOPTÈRES. ■à'& cinq petits points noirs. Les ailés inférieures sont noi- râtres. Cette yponomeute se comporte tout à fait comme la précédente. Elle est très-abondante dans les pépinières et généralement partout où on cultive le prunus pa dus. Nous l'avons quelquefois rencontrée sur plusieurs va- riétés de cerisiers. La chenille ressemble beaucoup à celle de VEvo-. nymella. Son dos est d'un brun livide marqué de deux rangées de taches d'un noir velouté; le ventre est d'un jaune verdàtre, avec la tête et les pattes écailleuses d'un noir luisant. L'éclosion a lieu en août comme pour les autres espèces. Yponomeute cousine. Yponomeuta cognatella Treilscli. Elle ressemble un peu à l'espèce précédente, mais ses ailes supérieures sont entièrement d'un blanc pur, sans le moindre espace plombé ; elles sont égale ment marquées d'environ vingt-cin(| petits points noirs. Elle éclot à* la même époque, et la chenille a les mêmes mœurs; elle vit sur le pommier, et quelquefois sur l'aubépine et le sorbier, jamais sur d'autres arbres. Lorsqu'elle est toute jeune, au commencement de mai, elle est d'un blanc jaunâtre, avec de petits points ver- ruqueux noirâtres; la tète et la plaque du premier anneau sont d'un brun noirâtre. Lorsqu'elle est adulte, à la fin de juin, elle est d'un gris velouté, avec deux rangées dorsales de taches quadrangulaires d'un noir o7G LÉPIDOPTÈRES. profond, La tète, la plaque du premier anneau et les pattes écailleuses sont d'un noir mat. Celte chenille, tout aussi commune que la précé- 121. — ïponoim,Mite LiHisiiiL" grossie- iponomeute cognatella. dente, est un terrible fléau pour les pommiers. Nous avons vu souvent, au bord des routes, des rangées LÉPIDOPTÈRES. '611 de ces arbres dont toutes les feuilles paraissaient brûlées, et dont toutes les branches étaient envelop- pées dans un réseau de soie blanche, ressemblant de loin à d'innombrables toiles d'araignée. Les gens de la campagne, par ignorance, attribuent ordinairement, les affreux ravages que causent ces milliers de chenil- les, à des vents roux. La chenille du Bombyx chrysorrhée pour laquelle réchenillageest obligatoire, est beaucoup moins funeste aux pommiers que celle-ci. La première, à la vérité, effeuille et dévaste les branches où elle s'est établie, mais celles de cette Yponomeute envahissent l'arbre tout entier et anéantissent toute espérance de récolte : on croirait que tous les pommiers ont été brûlés. Fischer V. Roeslerstamm (Suppl. zu Treitschkes und Hubners, etc.) et Zeller (Isis von Oken, t. Xll, p. 167) figurent et décrivent, sous le nom de Malinella, une autre espèce d'Yponomeute vivant sur le pommier ; elle ressemble tellement à la Cognatella qu'il nous a été impossible de saisir aucun caractère distintif sur deux individus aulhenliques venant de Prusse. Peut-être existe-il quelque différence dans les chenilles. C'est ce que nous ignorons. Yponomeute plombée. Yponomeuta plumbella llubner. Elle est d'un tiers plus petite que la Cognatella. Ses ailes supérieures sont entièrement d'un gris-blanchàtre plombé avec trois rangées de petits points noirs, et l'extrémité près de la frange, d'un gris obscur. Outre cela, elles offrent, sur leur milieu, une petite tache d'un sris brunâtre. Les ailes inférieures sont noirâtres. 37 378 LÉPIDOPTÈRES. Les chenilles vivent, dans leur jeunesse, en commun sous une toile de soie d'un blanc grisâtre qu'elles éta- blissent à l'extrémité des branches des nerpruns [Rham- nus). Les familles sont moins nombreuses que chez les espèces précédentes ; elles se composent rarement de plus d'une quarantaine d'individus. Ces larves ont la tête et les deux premiers anneaux d'un jaune ferrugineux, les suivants d'une couleur gri- sâtre, avec une raie dorsale ponctuée de noir et une tache latérale de la même couleur sur chaque anneau. Lorsqu'elles sont pour se chrysalider, elles se séparent, et, chacune file entre deux feuilles une petite coque blanchâtre. Le petit papillon parait en juillet. Nous avons vu quelquefois des alaternes dont les jeunes pousses étaient entièrement dévorées par les che- nilles de cette Yponomeute, cependant sa plante de pré- dilection paraît être la bourdaine (Rhamnus frangula). Yponomeute du sedum. Yponomeuta sedella Zeller. Elle est de la taille de la précédente -, ses ailes supé- rieures sont d'un gris-cendré un peu plombé, mar- quées de petits points noirs très-nombreux, disposés sur trois rangées longitudinales. Les chenilles vivent en familles sur l'orpin [Sedum telephium), sous une tente grisâtre, assez claire, ressem- blant à une toile d'araignée, dont elles finissent par en- velopper toute la plante ; elles sont d'une couleur blan- châtre, avec les côtés des trois derniers anneaux d'un jaune fauve et une raie dorsale grisâtre, précédée de chaque côté d'une série de taches d'un noir profond. LÉPIDOPTÈRES. 519 Outre cela, les côlcs sont pointillés de noir ; l'écusson du premier anneau offre deux petites taches noires; la tête est couleur de poix. La métamorphose a lieu en commun, sous la toile qui enveloppe la plante. L'insecte parfait paraît dans la première quinzaine de juillet. La chenille de cette Yponomeute est très-com- mune aux environs de Paris, et même dans les jardins de botanique sur toutes les variétés de sedum telephium. Depuis deux ans, elle commence à envahir le sedum fa- baceum^ cultivé aujourd'hui comme plante ornementale et comme plante de marché. GENRE TEIGNE. TINEA Latreille. Le genre teigne de Latreille est divisé maintenant en un nombre considérable de genres dont la connaissance importe peu aux horticulteurs. Les caractères généraux propres à ce groupe sont : des antennes simples dans les deux sexes; une tête aussi large que le corselet, très- velue; une trompe à peine rudimentaire ; un abdomen cylindrique terminé en pointe chez les femelles ; des pattes longues ; des ailes supérieures longues et étroites; des ailes inférieures largement frangées au bord abdo- minal. Chenilles vermiformes vivant isolément, dans des fourreaux, ou logées entre les lames de l'épiderme des feuilles, ou quelquefois entre des feuilles liées ensemble par des iils de soie. LEPIDOPTERE; Teigne de la julienne. Tinea (alucita) porrectella Linné. Hesperidella lUiliner. Tous les jardiniers et tous les amateurs ont pu remar- quer que la majeure partie des juliennes achetées, au mois de mars, au quai aux Fleurs (grand rameau, petit rameau, violette ou rouge), sont presque toujours atta- quées par une très-petite chenille de Tinéide qui lie avec "des fils de soie les feuilles les plus tendres et qui, un peu plus tard, emmaillotte et dévore les boutons au moment où ils commencent à se former. Cette petite chenille, dont on n'aperçoit pas d'abord la présence, est d'un vert plus ou moins obscur, avec la^tête rous- sâtre ; son corps est garni de petits points verruqueux noirâtres surmontés d'un petit poil roide. Dans la pre- mière quinzaine de mai, arrivée à toute sa croissance, elle file sous une feuille une petite coque blanche dont les mailles écartées laissent voir, comme au travers d'un treillis, une petite chrysalide roussâtre qui éclot à la fin de mai ou dans les premiers jours de juin. L'insecte parfait est très-petit; ses ailes supérieures sont un peu falquées d'une couleur grisâtre, avec les bords pointillés de noirâtre et une raie longitudinale obsolète plus obscure que le fond. Les ailes inférieures sont d'un gris de cendre. Cette inéide s'accouple aussitôt après l'éclosion et dépose ses œufs sur les feuilles les plus rapprochées du centre [cœur). Les petites chenilles provenant de cette génération, n'attaquent pas les rameaux qui sont LÉPIDOFTÉKES. 581 alors en pleine fleur, elles vivent dans les feuilles. Elles se métamorphosent de la même façon et donnent leur papillon en septembre. Nous ignorons si les œufs ou les petites chenilles à l'état rudimentaire, passent l'hiver pour propager l'espèce au printemps. Les juhennes de certaines localités , vendues sur les marchés de Paris , sont plus fréquemment atta- quées par cette teigne que celles venant d'un autre endroit. Ainsi, celles qui proviennent des environs de Chevreuse , renferment très-souvent de petites che- nilles cachées dans leurs feuilles, tandis que celles qui sont cultivées à Mantes, sont généralement exemptes de cette vermine. On peut, avec un peu de soin, éviter les dégâts de cette teigne ; il sufiit de se donner la peine, au mois de mai, de chercher la chenille dans les feuilles réunies en pa- quet par quelques fils de soie, principalement dans les rameaux qui commencent à monter. Nous avons remarqué, depuis plusieurs années, une autre petite teigne, voisine de cette espèce; elle vit de la même manière, à l'extrémité des rameaux florifères des campanules. Cette espèce, que nous appelons cam- panulella, nous paraît être nouvelle. Elle appartient comme Vhesperidella au genre Alucite. Teigne des ails. Tinea (lita) alliella. La petite chenille de cette Tinéide est certainement la même que celle que M. Goureau regarde comme la vigeliella de Duponchel ; mais l'insecte parfait qu'elle 88-2 I^EPIDOPTERES. produit, ressemble si peu à la figure que cet auteur donne de cette espèce, que nous n'osons l'y rapporter. La chenille appartient à la section des mineuses ; elle vit dans l'intérieur des feuilles de diverses espèces de Liliacées, oii elle creuse de longues galeries dans les- quelles elle rampe, sans entamer l'épiderme. Elle est d'un vert-blanchàtre plus ou moins étiolé, selon la plante qui lui sert de nourriture; la tête et la plaque du premier anneau sont d'un jaune ferrugineux. Lors- qu'elle est arrivée à son entière grosseur, elle sort de sa prison et file, comme l'espèce précédente, une petite coque de soie, à mailles très-làches, qu'elle fixe à quel- ques débris de végétaux ou à la feuille dont elle est sortie. C'est au mois de mai et d'octobre que l'on rencontre cette chenille, dans les jardins fleuristes, sur les A/s!PTÈRES. G('9 souvent dans l'eau ou clans la vase. Leur couleur est le plus ordinairement blanchâtre ou d'un blanc jaunâtre, (juelquefois d'un rouge vif. On voit souvent à la cam- pagne, sur la vase, dans les eaux stagnantes peu pro- fondes, des millions de ces petites larves rouges, res- semblant, à s'y méprendre, à du sang répandu et déposé au fond de l'eau. Dès que l'on touche un peu à la vase, ces innombrables essaims disparaissent comme par un coup de baguette. C'est probablement à une abondante apparition de ces larves qu'il faut attribuer la première plaie de TEgypte, les eaux changées en sang. D'autres larves, vivant également dans la vase, et appelées vulgairement vers rouges, vers de vase, sont très-recher- chées des pêcheurs à la ligne. Les marchands d'asticots en sont toujours bien pourvus. La plupart des vers qui rongent les champignons hâtent leur décomposition et sont aussi des larves de Tipulaires, Ces moucherons, qui se réunissent, le soir, en nombreuses légions , pour exécuter leurs danses aériennes, appartiennent de même à cette grande famille de Diptères. Il faut encore rapporter à la famille des Tipulaires ces petites mouches si abondantes dans les carrières et la partie des catacombes occupées par des champigno- nistes. Il y a des époques où elles sont excessivement .multipliées; elles pénètrent dans la bouche, le nez et dans les yeux, et éteignent souvent la lumière que l'on tient à la main pour se diriger. Les œufs ou les larves sont introduits dans ces souterrains avec les fumiers. 39 610 DIPTERES. Anthomye du choux. Anthomyia brassicae Robin, Desvoidy. Les navets que l'on cultive pour l'usage domestique et les turneps destinés à la nourriture des bestiaux sont, dans certaine années, minés par des petits vers d'une couleur blanchâtre, qui creusent leurs galeries jusqu'au cœur. Les navets attaqués seulement dans une portion de leur substance, peuvent encore être utilisés pour la cuisine en enlevant toute la partie ma- lade, mais il arrive souvent qu'ils sont tellement véreux qu'ils sont entièrement perdus. C'est pendant les mois d'automne que la larve de cette petite mouche exerce ses ravages. Lorsqu'elle est arrivée au terme de sa croissance, elle se change en nymphe dans sa galerie même, et n'en sort qu'au mois de mai à l'état d'insecte parfait. La mouche est plus petite que celle de nos habita- tions. Elle est d'une couleur grisâtre un peu obscure, avec des raies noirâtres sur le dos du mâle ; les yeux sont rouges dans les deux sexes. Le nom de Brassicœ, donné à cette anthomye par feu le D' Robineau-Desvoidy, pourrait faire croire qu'elle vit exclusivement sur les choux. Le nom de iVapt lui aurait été mieux appliquée. Bouché décrit, sous le nom d'anlhomyia Radicum, une espèce très-voisine, qui vit, depuis le printemps jusqu'à l'automne, dans les raves et les radis. Anthomye des oignons. Anthomyia ceparum Meigen. La larve de ce petit l)ij)tère. moitié plus petit bue la mouche commune, l'ail, dans certaines localités, Dll'TKHliS. (,ll un tort immense aux oignons et géncrulemenl à toutes les espèces cultivées du genre aUiuiii, telles que poi- reaux, ciboules, échalottes, ail, etc. L'insecte parfait est d'un gris cendré dans la femelle, d'un gris un peu plus obscur dans le mâle, avec des raies noirâtres sur le dos; les ailes sont tout à fait hyalines- à rellet irisé, avec les nervures d'un brun jau- nâtre. X"^^'. 125. — Anthomye des oignons. Anthomyia ceparum. Les larves sont blanches, vermiformes,et ressemblent, comme leurs congénères , à de petits asticots. Elles vivent quelquefois isolément, plus souvent cependant en petites sociétés de quatre à cinq individus. Il y a plusieurs générations successives : c'est en juin qu'on les rencontre pour la première époque. La transfor- mation en nymphe se fait dans la terre, et Téclosion a lieu au bout de dix à vingt jours, dans la belle saison ; mais les dernières métamorphosées passent l'hiver, et la mouche paraît en mai. Après la fécondation, la femelle dépose ses œufs sur (312 DIPTÉRKS. les feuilles des oignons. Les pelils vers, aussitôt après leur naissance, descendent à la base des feuilles et pé- nètrent dans le bulbe dont ils déterminent assez promp- tenient le destruction. Les plantes attaquées par ces larves prennent un aspect souffreteux, elles jaunissentet meurent. Lors(|u'on arrache un de ces oignons dont les feuilles sont. flétries, il répand une odeur infecte, due à son état de décom- position ; en écartant un peu les squames, on voit grouiller les vers qui rongent le cœur. Il arrive souvent que les oignons ou les échalottes d'une même planche sont perdus en totalité ; on a essayé de plusieurs moyens pour éloigner cette vermine. On a conseillé des irrigations avec une légère solution de sul- fate de fer ou avec une décoction de feuilles d'if. Kollar {Naturgeschichle der schddlichen Insecten, etc.) dit que les cendres ou le poussier de charbon ont été employés *en Allemagne, mais sans un résultat bien satisfaisant. (1 recommande avec raison d'arracher tous les oignons ma- lades et de les brûler pour ne pas laisser à la mouche le temps de se multiplier. Pégomye de l'oseille. Pegomya acetosœ Robin-Desvoidy. L'oseille, trop fréquemment dévorée par les chenilles et les limaçons, est exposée à un autre fléau. Dans cer- tains jardins, ses feuilles sont minées par un t^r caché entre les lames de l'épiderme, dont la présence se ma- nifeste sous forme de taches d'un blanc sale plus ou moins étendues. Ces feuilles, impropres à aucun usage DIF'TÈHES. fii'5 se fanent, tombent en décomposition et se collent sur les inférieures. Ce petit ver se montre depuis le mois de juin jusqu'à la fin de l'automne, dans presque tous les endroits où l'on cultive l'oseille [rumex acetosa); il ressemble aux autres petits asticots par sa couleur d'un blanc sale et sa tête pointue et rétractile ; lorsqu'il est arrivé à toute sa taille, il sort de la feuille et entre en terre pour se changer en nymphe. Les individus transformés en juin et juillet éclosent en août; les cocons provenant de la seconde génération, passent l'hiver et donnent l'insecte parfait en mai. La mouche de l'oseille est très -commune dans les jardins; elle est longue de 6 à 7 millimètres; sa tète est d'un cendré blanchâtre, marquée d'une bande noire ; le corselet est grisâtre, avec les ailes transparentes plus longues que le corps ; l'abdomen est d'une cou- leur ferrugineuse ainsi que les pattes. Le seul moyen qu'il y ait à employer pour atténuer le mal que fait cet insecte, consiste à enlever toutes les feuilles maculées de blanchâtre et à les brûler. Plusieurs auteurs donnent, comme nuisible à l'agri- culture une mouche voisine de la précédente [pegomyia hyosciami), dont la larve mine les feuilles de la bette- rave. Les dégâts qu'elle fait sont en général très-peu sensibles ; les taches blanches qu'elle occasionne sur les feuilles n'empêchent pas le développement des racines. Psylomye des carottes. Psylomyia rosae Meigeii. Les carottes de nos jardins sont souvent rongées par des vers qui creusent des galeries dans leur substance, (;|/, Dll'ïhUKS. au-dessous du coJlet. Les racines attaquées par ces larves cessent de croître, leurs feuilles jaunissent et les parties malades se présentent sous la forme d'excava- tions d'une teinte ferrugineuse, appelée rouille par les maraîchers, (^es carottes altérées sont impropres à l'u- sage de la cuisine, et sont sans valeur sur les marchés. Les vers qui causent ce dégât, ne sont pas rares en été et surtout cà l'automne, dans les carottes dites à collet verl; elles sont peut-être un peu moins communes dans les autres; on ne les rencontre pas dans les variétés hâtives ni dans celles cultivées sous châssis pendant l'hiver. Les larves de cette mouche prennent un [)eu la couleur de leur nourriture; elles sont plus ou moins jaunes, pointues antérieurement, avec la tête noire rétractile. Les cocons sont en harillet comme ceux des autres Muscides. Ceux de la première époque éclosent au milieu de l'été, ceux de l'automne passent l'hiver en terre, et l'insecte parfait se montre au milieu du printemps de l'année suivante. l>a mouche est longue de 2 lignes, environ 5 milli- mètres; elle est d'un noir luisant, légèrement velue, ou d'un gris métallique; sa tète est d'un jaune rou- geàlre; ses pattes sont jaunâtres avec les ailes trans- parentes à nervures légèrement lavées de jaune. Pour détruire cet insecte nuisihle et en purger les jardins, KoUar conseille d'arracher toutes les carottes malades au moment où elles sont encore habitées par les vers. Les cultivateurs les reconnaissent facilement à leur aspect languissant et à la couleur jaunâtre de leurs feuilles radicales. l)lI'TKUl!:s. G'Io Nous ignorons la raison qui a l'ait donner \c nom de Rosœ à un insecte dont la larve vit exclusivement de carottes. C'est probablement parce que l'auteur qui a décrit la mouche le premier, l'aura prise accidentel- lement sur un rosier. Phytomyze géniculée. Phytomyza geniculata Meigeii. On voit souvent, en été, sur la face supérieure des feuilles de julienne, de giroflée, de chou, de ca- pucine et d'autres plantes, des raies blanchâtres plus ou moins tortueuses, parcourant une partie de leur sur- face. Ces lignes contournées recouvrent des galeries creusées par un petit ver blanchâtre logé sous l'épi- derme, et rongeant le parenchyme. Cette larve, sem- blable à un très-petit asticot^ grossit et se métamor- phose dans la feuille elle-même, en une petite coque d'un roux jaunâtre en forme de barillet. La mouche éclot en été ; elle est très-commune dans les jardins pendant le mois d'août. Il y a une génération automnale dont les nymphes passent l'hiver pour don- ner rinsecte parfait en mai. La petite mouche est à peine longue d'un millimètre et demi; elle est noire, pointillée de grisâtre, avec le front et les genoux blancs; les ailes sont transparentes. Pour détruire cet insecte, quelquefois assez nuisible aux plantes crucifères, il faut enlever en juin toutes les feuilles qui sont rayées de blanc et les brûler. Téphrite de l'onoporde. Tephritis onopordinis .1) Fab. La larve de celle pelile mouche vil, dans les jardins de bolanique, du parenchyme des feuilles de plusieurs grandes ombellifères, et, dans les potagers, de celui des feuilles du panais (Paslinaca saliva) ; elle creuse, entre les lames de l'épiderme, des galeries plus ou moins grandes, dont la présence se manifeste par de larges taches blanchâtres ou roussàtres. On aperçoit très-bien, en regardant à travers ces macules, le petit ver qui cause cet état maladif. Il est d'un blanc ver- dâlre étiolé, et ressemble à un petit asticot. Lorsque, vers le milieu de juin, il a pris tout son accroissement, il perce l'épiderme et se laisse tomber pour se trans- former en une petite coque roussntre. La mouche éclot en juillet et août ; les larves métamorphosées à l'automne, passent l'hiver à l'état de nymphe, et donnent l'insecte parfait en mai. Celui-ci est long de six millimètres environ-, il est d'un brun verdâtre, avec le front teslacé à reflets blan- châtres; ses ailes sont noirâtres, un peu teslacées vers la base, avec deux petites taches transparentes situées sur le bord extérieur, et trois autres le long du bord interne. On cultive le panais pour la racine seulement, de sorte que les taches blanches que cette larve mineuse occasionne sur ses feuilles, ne sont pas très-préjudiciables à la culture de ce légume. (1) Le mot Onopordùm nous parait unatlrciix l»ail)aiisiiic, al- fpiulu que tous les botanistes disent (hioponlum-di. nU'TÉKES. 61T Nous avons quelquefois vu de grandes feuilles à'He- racleiim et de Ferula plus ou moins maculées de blan- châtre, sans que les plantes parussent en avoir soufîert; l'année d'après, elles repoussaient avec autant de vi- gueur que celles qui avaient été épargnées par cette Téphrite. Lasioptère rembrunie. Lasioptera obfuscata Macq. Tous les jardiniers ont remarqué ces espèces de gonflements ou d'excroissances qui se développent le long de tiges des framboisiers. Nous avons souvent ouvert ces sortes de galles et nous avons vu qu'elles renfermaient de petits vers , les uns blancs et les autres rouges, mais jamais nous n'avons fait l'éduca- tion de ces larves 5 tout ce que nous en disons est extrait du travail de M. Goureau. Ces galles, dit-il, « s'élèvent toutes sur l'emplace- ment d'un bourgeon qu'elles ont empêché de se déve- lopper. Si on en ouvre une, on voit qu'elle est formée par l'expansion de la matière ligneuse qui s'est intro- duite entre les fibres du bois et les a fait écarter. La moelle centrale et le bois contigu sont réduits en poussière noirâtre et présentent une masse désorgani- sée dans laquelle se trouvent de petites larves rouges, auteurs de tout ce désordre. Outre ces vers rouges on en remarque d'autres, qui sont blancs, et qui se tien- nent au milieu d'eux, les mangeant à leur aise. Ces larves blanches, après avoir dévoré les larves rouges contenues «dans une cellule, passant dans la cellule voisine pour en manger les habitants, et continuent <)I8 ItlPTÉUi'S. ainsi jusqu'à ce qu'elles aient pris leur entière crois- sance. Les larves rouges qui ont échappé à la dent de leurs ennemis, s'enveloppent dans une toile blanche très-fine et très-mince dans laquelle elles se changent en chrysahdes, et ensuite en insectes parfaits qui s'é- chappent de leur nid dans les premiers jours de mai. » La petite mouche est longue de deux millimètres ; ses antennes sont noires; sa tête et son corselet sont également noirs et velus ; l'écusson est rougeàtre ; l'abdomen est noirâtre, velu, avec les segments lisérés de poils blancs; les ailes sont blanches, avec la côte noire marquée d'un point blanc; les pattes sont garnies de poils blanchâtres. » (>ette espèce de Cécidomye ne se trouve pas seule- ment dans les jardins; nous avons vu souvent, dans les bois, des framboisiers sauvages et des Rubiis cœsius dont les tiges offraient des galles semblables. Le seul moyen de détruire cet insecte est d'enlever les excroissances des framboisiers dès qu'elles com- mencent a paraître. Bibion des jardins. Bibio hortulanus Fab. Cette petite mouche est connue sous le nom vulgaire de mouche de Saint-Marc, parce que son apparition printanière correspond assez exactement à l'époque de la fête de ce saint. On la voit voltiger en abondance, dans les jardins, autour des arbres frui- tiers auxquels elle ne l'ait aucun mal, malgré la croyance contraire de quelques ignorants. Les deux sexes diffèrent notablement par la couleur Dll'TÉRKS. ' 619 du corps; le mâle est entièrement noir, la femelle a le corselet rouge et l'abdomen d'un jaune rougeâtre; chez les deux sexes, les ailes sont transparentes, un peu enfumées, avec le bord extérieur noir; les pattes et les antennes sont noires; la tôte est fort petite et presque entièrement occupée par les yeux. La larve que l'on accuse, en Allemagne, de ronger les racines des anémones, des ancolies et autres re« nonculacées, est apode, allongée, garnie de quelques petits poils; elle ressemble, au premier coup d'œil, à une petite chenille. Elle est commune dans les bouses de vache et dans le terreau. Les individus provenant de l'éclosion d'été passent l'hiver en terre et donnent l'insecte parfait en mars. Les larves des hibions, appelés mouches de Saint- Marc, mouches de Sainl Jean, et autres espèces, vivent en général dans la fange, la fiente des animaux et les fumiers de vache. Nous n'avons jamais remarqué ni entendu dire qu'aux environs de Paris elles aient rongé les racines des plantes. Les bibions ont, pour ennemis, de grands Diptères appelés Asiles, principalement les espèces désignées sous les noms à'Asile germanique et à' Asile crabroni- forme. Ces insectes sont très-voraces , ils en détruisent des quantités prodigieuses. Sciare des poires. Sciara pyri Schmidberger. Cette petite mouche a tout à fait les habitudes de la cécidomye noire; elle appartient de même à la famille des tipulaires. Ll!e est un peu plus grande et pubescenle; (520 IUPTEHKS. la tête, les antennes et le corselet sont noirs; l'abdomen est grisâtre, avec les incisions lisérées de noir; les pattes sont minces, allongées et d'un gris noirâtre. L'insecte parlait paraît en mai ; après l'accouplement, la femelle, dont le corps est un peu pointu, dépose ses œufs dans les fleurs des poiriers; dès que les petites larves sont écloses, elles pénètrent dans l'ovaire où elles vivent à la manière des cécidomyes; les fruits qui recèlent ces vers cessent de profiter et tombent. Le cousin commun. Culex pipiens Linné. On nous dira peut-être que les cousins ne nuisent en rien à l'horticulture, cela est vrai ; mais comme ce sont des hôtes très-incommodes dans les jardins et dans les parcs et que leur piqûre est souvent assez doulou- reuse, il n'est peut-être pas inutile de dire deux mots de leur histoire pour les personnes qui l'ignorent com- plètement. 42f..— Cousin commun et sa nymplie. Culex pipiens. Le cousin commun, appelé improprement par quel- ques personnes moustique ou maringouin, est une es- pèce de moucheron à longues pattes, connu de tout le monde. Il est brunâtre, avec des stries longitudinales plus obscures sur le corselet ; sa tête est petite, pourvue de deux yeux assez grands et de deux longues an- tennes plumeuses dans les mâles, plus grêles et légè- DIPTÈRES. 621 rement barbues chez les femelles \ sa bouche se com- pose de plusieurs pièces, dont la réunion forme une espèce de gaîne ou d'étui renfermant la trompe con- stituée elle-même par de petites lancettes très-fines et très-déliées; ses ailes sont allongées et transparentes; son abdomen est mince et allongé ; ses pattes sont grêles, relativement très-longues, servant plutôt à soutenir l'insecte qu'à marcher. Lorsqu'un cousin veut piquer, il enfonce sa trompe assez profondément jusqu'à ce qu'il ait atteint un vais- seau sanguin. Une fois l'ouverture faite, il fait jouer les différentes pièces de son appareil, qui agissent presque à la manière d'une pompe aspirante. Si Ton a la patience de le laisser se rassasier, on voit son corps se gonfler tout doucement comme celui d'une petite sangsue ; en l'écrasant, il en sort une goutte de sang. Les cousins sont très-abondants dans les lieux frais et humides, surtout dans le voisinage des eaux sta- gnantes. Ils n'aiment pas la lumière du soleil, ils se tiennent cachés, et se montrent peu au milieu du jour ; c'est le matin de très-bonne heure, le soir après le cou- cher du soleil ou par un temps sombre et orageux, qu'ils sortent de leur retraite et deviennent très-tour- mentants. Ils sont presque nocturnes ; le soir ils entrent dans les appartements en signalant leur présence par un piauletnent tout particulier. Dans les pays chauds, même en Espagne, en Italie et dans les parties les plus méridionales de la France, ils sont si nombreux et si incommodes, que, pour éviter leur piqûre, on est obligé d'entourer les lits de cousinièros ou moustiquaires en mousseline. G22 Dli'TÈRES. Nous n'avons jamais vu de cousins accoujilés ; cet acte a sans doute lieu en l'air et pendant la nuit. Les femelles sont très-fécondes et font de deux à trois cents œufs. Lorsqu'une femelle veut pondre, elle s'accroche au plus petit objet llottant, et dispose ses œufs en un petit tas pointu des deux bouts, ressemblant par derrière à une petite nacelle nageant à la surface de l'eau. Les petites larves éclosent au bout de trois ou quatre jours et se mettent à nager et à chercher leur nourriture. Ces larves sont fort curieuses : elles sont composées de dix anneaux y compris la tête ; celle-ci est munie de deux yeux, de deux mâchoires et de plusieurs aigrettes de poils ; le premier anneau est beaucoup plus gros que les suivants qui vont toujours en diminuant de grosseur ; le dernier segment se termine par une espèce de tube respiratoire, leur servant à prendre l'air lorsqu'elles s'élèvent à la surface de l'eau. Pour peu qu'on agite le liquide, elles se précipitent au fond en nageant avec une extrême agilité. Lorsqu'après plusieurs changements de peau, ces larves sont arrivées à toute leur croissance, elles se changent en nymphes, fort remarquables elles-mêmes par leur organisation ; la partie contenant la tête est repliée sous le corselet, lequel est surmonté de deux cor- nets aériens servant à la respiration ; les anneaux du corps sont mobiles et le dernier se termine par une nageoire en queue de poisson. Ces nymphes sont fort agiles ; elles s'élèvent souvent à la surface de l'eau pour' prendre un peu l'air, mais, au moindre mouvement, elles se préci[)itent au fond. L'insecte parfait éclot au bout de huit jours -, il donne cin(j à six générations [)ar année. DIPTÈIŒS. G23 Les larves du cousin commun vivent dans les eaux dormantes, dans les lieux marécageux, dans les bas- sins et principalement dans les tonneaux de jardins, oîi l'on voit flotter à leur surface de petits amas d'œufs. Si l'on voulait se donner la peine d'écumer ces sortes de réservoirs, on détruirait des milliers d'œufs. On trouve dans les bois- humides des environs de Paris une autre cousin [culex puUcaris), moitié plus petit, dont la piqûre est tout aussi douloureuse. Le remède le plus efficace contre la piqûre des cou- sins est tout simplement de laver la partie gonflée ou douloureuse avec de Teau fraîche dans laquelle on met quelques gouttes de vinaigre ou d'extrait de saturne. Il ne faut pas confondre avec les cousins de petits moucherons fort inofFensifs appartenant au groupe des petites tipules culiciformes. Ils leur ressemblent au premier coup d'œil :, ils entrent aussi dans les appar- tements, mais ils sont muets et hors d'état de faire la moindre piqûre. Nous nous plaignons en Europe de l'importunité des cousins ; mais que dirions-nous si nous étions ,obligés de résider dans certaines régions tropicales, où ces Diptères sont un si terrible fléau pour les habitants et surtout pour les voyageurs? Pour en donner une idée à nos horticulteurs, nous allons leur faire connaître quel- ques passages d'une note que notre savant ami M. La- cordaire, doyen delà faculté des sciences de Liège, nous a remise au retour de ses voyages dans l'Amérique mé- ridionale. « Les insectes, dit-il, que l'on désigne vulgairement sous les noms iUymariiujouins, macii, mousiiqms^ ajipai- C2i niPTÈRES. tiennent à des genres tout à fait différents. Les deux premiers font partie du genre Cousin [Culex de Linné), et le second appartient au genre Simulie [Simulium de Latreille). Les maringouins sont les Zancudos et les moustiques, les jej eues des colonies espagnoles. Le mot moustique n'est, lui, qu'une traduction altérée de mos- quito (moucheron). Les macks ne sont qu'une espèce de cousin de grande taille. Ces insectes habitent principale- ment les lieux bas, marécageux, les savanes, le bord des rivières ; le naturaliste voyageur n'en rencontre qu'un petit nombre, aune certaine distance des eaux, dans l'intérieur des grandes forêts vierges. Leurs espèces sont très-nombreuses et paraissent à des heures différentes. Les unes ne sortent de leur retraite que la nuit, et dis- paraissent au point du jour ; d'autres les remplacent, et, après quelques heures, font place à d'autres, et ainsi de suite, presque sans interruption. Les tourments que ces petits animaux font endurer aux habitants des tropiques, sont bien connus, mais cependant aucune description ne peut en donner une idée. Dans quelques endroits, ils sont en telle quantité, qu'il est absolument impossible d'y rester, si peu de temps que ce soit \ ils fondent par milliers sur le pas- sant, comme autant de tiî^res affamés, pénètrent dans les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, et rendent pour ainsi dire furieux le malheureux qui est exposé à leurs attaques. Il n'y a pas assez de son mouchoir ou des branches d'arbres pour les éloigner et obtenir un instant de repos. On a vu, à Surinam, des nègres mar- rons, exposés nus dans ces endroits par des maîtres barbares , expirer en trois ou quatre heures, dans des tourments horribles. Les Européens «(ui arrivent dans ces pays, dont la peau est probablement, plus tendre, sont plus exposés que les habitants à la piqûre de ces insectes : toutes les parties du corps qui sont décou- vertes, telles que les mains, le visage, enllent et se cou- vrent de boutons qui les rendent méconnaissables pen- dant quelque temps. Les mousti(|ues sont encore plus redoutables ([ue les maringouins, malgré leur petitesse extrême. Leur piqûre produit le même effet que celui d'une gouttelette d'huile bouillante qui tomberait sur la peau. Ils ne pa- raissent que le soir, à l'entrée de la nuit, et ne restent que deux ou trois heures. On a coutume, pour les éloigner, de faire du feu et de se procurer une épaisse fumée en y ajoutant des feuilles vertes ; mais ce moyen, outre son incommodité, ne produit souvent qu'un léger effet. Les moustiques, malgré la fumée, pénètrent dans l'appartement et se précipitent dans les cheveux et sur le visage des per- sonnes présentes. 11 n'y a qu'un seul moyen de se préserver de la féro- cité de ces petits animaux ; il consiste à envelopper son lit d'un moustiquaire en mousseline et à ne se coucher (|u'après avoir examiné avec soin, si aucun de ces insectes n'a pénétré dans son intérieur; un. seul suliit pour empêcher de dormir. » 40 626 DIPTERES, DIPTÈRES UTILES A L HORTICULTURE Après avoir esquissé rapidement l'histoire des Dip- tères malfaisants ou nuisibles à nos cultures horti- coles, il nous reste à dire quelques mots en faveur de ceux qui sont pour nous des auxiliaires précieux. Ces derniers appartiennent à deux tribus différentes, les Tachinaires et les Syrphides, divisées les unes et les autres en beaucoup de genres. Les Tachinaires, ou mouches tachines, sont très-nom- breuses. Pour les personnes étrangères à l'entomologie, elles ressemblent à des mouches ordinaires de diffé- rentes tailles ; mais leurs mœurs sont bien différentes. Leurs larves, au lieu de se nourrir de proies mortes ou de végétaux, vivent toutes, à la manière des Ichneumons, dans le corps des chenilles, dont elles font périr d'é- normes quantités. Les chenilles renfermant dans leur sein ces vers parasites, n'en paraissent pas trop souffrir, elles filent et se métamorphosent comme si de rien n'était, mais on est tout étonné de voir sortir de leurs chrysalides des mouches au lieu de papillons. Les œufs des tachinaires sont pondus sur le corps des chenilles -, aussitôt qu'elles sont nées, les petites larves pénètrent sous la peau, pour se nourrir du tissu adipeux ; elles achèvent leur développement en dé- vorant entièrement la substance de la chrvsalide. DIl'TÉRES. 627 Ces Diptères, selon leur espèce, choisissent pour y placer le berceau de leurs familles, les chenilles qui leur conviennent, glabres, velues ou épineuses. Robi- neau-Desvoidy, dans son volumineux ouvrage sur les Myodaires, assure que chaque espèce de chenille nour- rit une espèce particulière ; notre expérience nous a appris le contraire ; une même espèce de ces mou- ches parasites, de même que beaucoup d'Ichneu- monides, vit indistinctement dans le corps de plusieurs espèces de chenilles. Les horticulteurs devront donc regarder comme des amies toutes ces petites mouches qu'ils verront vol- tiger autour des chenilles ; ce sont des femelles, pour la plupart, qui cherchent des nourrices pour leurs enfants. Les Syrphides sont nombreuses ; Meigen et Mac- quart décrivent une grande quantité d'espèces répar- ties en une cinquantaine de genres. Elles sont en général d'assez grande taille pour des mouches et sou- vent ornées de bandes ou de taches tranchant vive- ment sur la couleur du fond. Il en est quelques-unes, bien qu'elles n'aient que deux ailes au lieu de quatre, qu'un œil peu exercé confondrait volontiers avec des bourdons, des guêpes, des abeilles, dont elles portent la livrée. On rencontre des Syrphides depuis les premiers beaux jours du printemps jusqu'au miHeu de l'au- tomne, dans les haies, sur les chatons des saules, les pruneUiers et les aubépines en fleurs ; dans les prairies et les allées des bois, sur les renonculacées, les synan- thérées et les ombellifères, et dans nos jardins sur 628 I)1I'T1':HKS. beaucoup de Heurs composées et sur les fruits-, il y a aussi quelques espèces que l'on trouve sur les plaies des arbres en compagnie des frelons et des Vanesses Atalante et grande tortue. Sous leur premier état, elles ont des habitudes différentes : les unes vivent dans la terre, dans les fu- miers, les détritus des végétaux ; d'autres, comme les Volucelles, vivent dans les nids de guêpes ou de bour- dons dont elles dévorent la progéniture ; d'autres larves de Syrphides, connues sous les noms caracté- ristiques à' asticots à queue, de vers à queue de rat, se nourrissent dans la fange, grouillent par milliers dans les matières fécales demi-fluides, et finissent par pro- duire une grosse mouche {Eristalis tenax Lin."» res- semblant un peu à une abeille. Les larves du genre Sijrphus proprement dit, les seules qui intéressent les horticulteurs, font aux puce- rons une guerre aussi acharnée et aussi redoutable que celles des hémérobes. Elles sont très-allongées, effilées du côté de la tête, aveugles et dépourvues de pattes. Il est facile de les observer au milieu des colonies de ces hémiptères, portant la tête tantôt à gauche, tantôt à droite, pour trouver leur proie. Rien n'est plus curieux que de les voir prendre leur repas ; lorsqu'elles ont saisi un puceron, elles se dressent comme de petits reptiles, tiennent en l'air le corps de leur victime, qu'elles sucent avec une grande promptitude. Elles répètent cette manœuvre jusqu'à ce qu'elles soient repues. Deux douzaines de pucerons suffisent à peine aux adultes pour leur premier déjeuner. Les larves de Syrphes, parvenues à leur entier déve- nii>TÈui<:s. 629 loppement se fixent sur les feuilles à l'aide d'une ma- tière gommeuse qu'elles sécrètent, se raccourcissent et se cliangent dans leur propre peau, en une nymphe tur- binée. Les espèces suivantes sont communes dans nos jar- dins; nous leur devons des égards et de la reconnais- sance pour les services qu'elles nous rendent. Syrphe sélénitique. Syrphus seleneticus .Meigen. Il est de la taille de la grosse mouche à viande, mais un peu plus allongé : il est d'un bleu d'acier, à reflet vert sur le corselet; la tête est brune, avec les yeux roussâtres, gros et proéminanfs; l'abdomen est marqué, sur chaque coté, d'une rangée de trois taches jaunes semi-lunaires; l'écusson est également jaune. La larve est allongée, d'un cendré pâle, ayant sur le dos des lignes plus claires et d'autres plus obscures entrecoupées de taches noirâtres, rougeâtres et blan- châtres. La coque est ovoïde, pointue à l'extrémité posté- rieure ; elle éclot, comme la plupart des espèces, en mai et en août. Syrphe à bandelettes. Syrphus taeniatus Meigen. 11 est plus mince et plus allongé que le précédent, avec l'abdomen plus cylindrique. Son corselet est vert, comme dans une infinité d'espèces congénères, avec une ligne jaune latérale; son écusson est jaune; son abdomen est noir, avec les deuxième, troisième, qua- 630 IHI'TÉKES. trième el cinquième segments marqués d'une ceinture d'un jaune-citron. Ses pattes sont jaunes. La larve que l'on trouve communément au milieu des pucerons, ressemble beaucoup à celle de l'espèce précédente; elle est d'un gris blanchâtre, variée sur le dos de noirâtre et de rougeâtre. L'éclosion de l'insecte parfait a lieu en mai et en août. On trouve aussi dans les jardins une espèce très- voisine {Syrphus scriptus Latr.J ; elle ne difïère de la précédente que par les bandes jaunes de l'abdomen, dont la première est interrompue et la quatrième en forme de croissant. Sa larve est aussi commune que celle du syrphe à bandelettes, dont il est dillicile de la distinguer. Syrphe du groseillier. Syrphus ribesii Latreille. 11 est assez grand, long de 10 millimètres au moins. Son corselet est d'un vert bronzé 5 son abdomen est noir marqué de quatre bandes jaunes, dont la première est interrompue et les autres échancrées; ses pattes sont fauves. Très-commun sur les groseilliers. Syrphe des nectaires, Syrphus nectareus Fabr. Il est de la taille du précédent. Son corselet est d'un vert bronzé brillant ; son abdomen est noir, avec une tache latérale jaune sur le premier anneau, une bande d'un roux fauve sur le deuxième, deux bandes ferrugi- neuses sur le troisième et le quatrième ; le cinquième niPTERES. 63-1 anneau est entièrement ferrugineux; ses pattes sont jaunes. Sa larve ressemble à celle du sélénitique . Elle est très-commune au milieu des pucerons, dans les pépi- nières. Syrphe du poirier. Syrphus pyrastri Latr. Il est un peu plus grand que les deux précédents ; il a de 12 à 13 millimètres. Le corselet et l'abdomen sont d'un noir bleuâtre ; les deuxième, troisième et quatrième anneaux de l'abdomen sont marqués chacun de deux lunules blanches; les pattes sont d'un jaune roussâtre. Aussi commun que le précédent. FIN. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. Abeille perce-hois^ 380. Acanthia ciliaUi, 217. Acanthia lectularia^ 247. Acarides, 65. Accims, 65. — 777. Acarus ciiiabi'O. Acarus ciiina- bariniis, 88. — du Canit'Uia, 87. — des Champignons, 90. — coccincus, 87. — cucumeris, 84. — destructor, 79. — doinesticus, 79. — Irungorum, 90. — farinœ, 79. ~ l'errugincus, 90. — ferrugineux, 90. — hœraatodes, 88. — lîématode, 90. — hyacinlhi, 87. — des Jacinthes, 87. — du Laurier-tin, 9\. — linger, 92. — iintearius, 92. — des Melons, 84. — passidarum, 79. — du Poirier, 89. — puccinia;, 84. — pyri, 89. — rosarum, 84. — du Rosier, 84, .imrus rouge^ 84. — roussàtre, 89. — russulus, 39. — telarius, 82- — tiliaruni, 85, 107. — du Tilleul, 85. — tini, 91. — tisserand, 82. — de la Vigne, 92. — vitis, 92. Acridium, 208. — migratorium. 34, 209. Adelge des Conifères, 283. — du Sapin, 282. Adelges, 284.' — abielis, 272. — strobilobius, 284, Agrilevert, 109. Agrilus pyri, 110, — viridis, 409. Ai/noies, 14 5. Agrotis^ 422. — 434. — aqidlina, 51 1 . — obelisca^ 511. — sancia, 541. — triix, 51 1 . — tritki, 51 4 . Anthononius, 148. Alchennes liqiddo, 33. Aleochara bipastukda, 108. Altise à pattes noires, 188. 44 634 TABLE ALPHABETIQUE Allisc iilricille, 188. — (les bois, 486. — dos Clioux, 187. • — él6,!;iinle, -187. — e\olète,488. — mclèno, 187. — noire, 4 87. — pointillée, 4 88. — potagère, 4 86. — rubis, 4 88. Alyssum saxatiJe, 4 85. Anisoplia, 4 29. Anthomyia brassicae, 640. — ceparum, 64 0. — radicum^ 64 0. Anlhomye du Choux, 640. — des Oignons, 64 0. — du Poirier, 540. Antlionome des fleurs de pom- mier, 148. Anthonomus cerasi, 4 54 . — pomorum,458. — pyri, 4 30. Aoùtin^ 93. Aphis, 240. ~ amygdali, 282, — atriplicis, 268. — brassicae, 262. — camellifp, 265. — caprifolii, 265. — cydoniae, 54. — cerasi, 256. — dianthi, 257. — erugrostidis, 280. — fabai, 266. — genistae, 274. — grossulariee, 257 . — ilicciola, 272. — laburni, 274. — lactucïe, 269. — laniceraî, 265. — lanigera, 272. — mali. 254. — menlhœ, 284. — mymecaria, 278. — neriastri^ 270. — nerii, 269. — papaveris, 257, 265, — pelargonii, 259. Aphis persicarum^ 252 — persicœ^ 245, 251. — persicœcola. 254. ' — phaseoH, 280. — piloselUe, 284 . — plantaginis, 267. — pruni, 254. — pvrastri, 253. — radicum, 277, 279. — râpa', 263. — ribis, 256, — roboris, 272 . — ros?p;,259. — rosarum, 264 . — rumicis, 263. — sambuci, 270. — setariœ, 284 . — setulosa, 280. — solani, 262. — sorbi, 256. — sonchi, 269, 284 . — Uivialis, 284 . — troglodytes, 279. — ulmi, 275. — xylostei, 264. Apion, 442. — seneum, 4 43. — apricaus\ 442. , — bronzé, 143. — flavipes^ 442. — à pattes jaunes., 442. — du trèfle, 442. — violaccum, 443. — violet, 4 43. Apparent^ 467. Aptères, 1 . Araignée, 4 , 65. — à croix papale^ 74 . Arcmea^ 65 . Aranéides, 65. Arbeh,%\3. Asile germanique, 102. Asilus Germanims, 4 01 . Asticots, 594. Athalie, 444. Attus, 67 . Auteurs principaux qui se sont occupés des pucerons, 298. DES MATIERES. 635 B Bacchus^ 138. Balaninus, 'l M . — cerasorum^ '153. Balanin des noisettes, 152. — nmum^ 152. Baris, 143. — chloris, 144, 146. — chlorizans, 144. — verdAtrc, 144. Bccare, 137, 156, Bêche, 137, 179, Becmare, 137. Becs-fins , ^3 . Bédéguar, 388. Bei-iferonnettes, 26. Bète à bon Dieu, 98, 190, 192. — à la Vierge^ 190. — à mille pattes, 1 , 53 . Bibio hortulanus, 618. Bibioii des jardins, 618, Bizigayes, 595. Bkinc, 86. Blatta, 199. — americana, 201 . — orientalis, 200. Blatte orientale, 200. Bombus terrestris, 100. — antiqua*, 479. — antique, 479. — auriflua,465. — auriflue, 465. — caeruleocephala, 484. — dispar, 468. IJuiubyx feuille-morte, 457. — grand paon, 482. — livrée, 460. — chnjsorrhée, 1 25, 462 . — disparate, 468. — du saule, 467. — quercifolia, 457. — — chrysorrhsea, 462. — — salicis, 467. — matronula, 1 4 . — monacha, 472. — neustria, 460. — pini, 159. — pityocampa, 477. — processionnea, 473. — processionnaire, 106, 473. — Bhadama, 37, 40. — pyri, 482. — tête bleue, 484. Bourdon noir, 380 . Bourdon terrestre, 100. Bostrichus dactyliperda, 79. Boucliers, 31 . — 157. Bruche des fèves, 160. — des lentilles, 159. — des pois, 1 58 . Briichus pallidicornis, 159. — pisi, 158. — rufiinanus,160. Cafards, 199. Calandre des grains, 162. Calandra granaria, 162. — palmarum, 36. Callidie sanguine, 173. Callidium sanguineum, 173. Calosome inquisiteur, 105, Calosoma inquisitoa, 105. — sycophantr, 106. Canlharide, 32. Cantharide vésicante, 134. Capnodis tenebricosa, 110. Caprimulgus europœus, 25. Capsicum, 37. Capucin, 90. Carabus auratus, 104. — hortensis, 105. — purpwascens, 10S. — doré, 104. Carabe des jardins, 105. TAliLL; ALIMIAUKTlnLE Carabe purpuresccnl. 105. Carnifex, 49. Casside varioleuse^ 45. Ocidoriivia nigra. 601 . Cécidomyc noire (lu poirier. GO 1 Celia Ireglodytos^ 308. Cenanbi/x lieras^ 35. Cerf -volant, 98. Cevoplastuspe-la, 42. Certhya familiaris, 24. Ce'loine, 98. — dorée, 98, 4 32. — strictique, 133. Cetonia, 132. — aurata, 133. — sticlica, 98. 132. Ceulorhynelius, 145. }~ napi, 146. — suicicollis,'l45. — du navet, 146. — sulcicolle, 145 . Chaleidites, 386. Charençons, 98, 136. — des fleurs (lu ceri- sier, 151. Charbonnière, 23. Chauves-souris, 20. Chenille, 13, 427. Chermes, 302. — abielis, 282. — aloes, 327. — arnygdali, 314. — angrœci, 337. antiiurii, 329. — auranlii, 338. — biomeHff', 334. — camellia^, 334. — caricsp, 320. — cesiri, 336. — coccineus ,283. — conchyformis, 315. — cycadicola, 345. — cycadis, 323. — cymbidii, 338. — dionis, 327. — echinocacli, 339. — epidcndri, 339. — ericai, 330. — lilicum, 308, 335 — fulchironife, 330. Ciierines licsperiduiu , 320 331, 338. — bil)ernaculorui)i, 358. — ilicis, 33. — ivennedyie. 326. lauri, 340. — inali, 3i5. — )ii(t/iniparus^ 34. — nrrii, 310, 340. — ole;o, 318,' .339. — palmarum. 325. — persicœ, 313. picea), 320. — puncliibrinis, 330. — pyumœKS, 92. — pyri, 316. — n.si.', 342. — viridis, 282. — vi Lis, 312. <;iilorion comprimé, 201 . Clilorippe Cyanoplithalme, 44. — Laurence. 44. Chrysalides, 14, 427. Chrysochroa dives, 45. — divittata, i'6. Clirysomela, 177." — populi, 178. — du peuplier, 178. Chrysops cœrutie?is 595. Cicada spumaria, 229. Cicadelle, 85, 229. — écumantc, 229. — du rosier, 229. Ciyak', 207. Classe des insecte, 97 .< Cloporte, 58. Clubione nourrice-, 71 . Clubiona natrix, 70. Cochenille, 42, 803. — des fèves, 354. — des graminées, 352. — du Latania, 355. du Laurier, 353. — des Liliacées, 351. — des Mamillaires,353. — (Ii's Orangers, 348. — (les serres, 346. — des Tulipes, 352. — du Zamia, 357. HES MATIERES. 637 Coccincll;!, 190. — l)iinuiclala, 192. — IVoiilalis, 19.5. ■ — !\l(.rio, '193. — quadi'ipuslulala,'193. — scptcmpuiiclata, 191. — Ircdocimpuuctala , 192. — variabilis, 193. Coocinelle à deux points. 192. — frontale, 193. — Morio, 193. — à quatre taches, 193. — à sept points, 191. — à treize points, 192. — variable, 193. Coceus, 345. — adonidum, 346, 348. — caofi, 42, 303, 339,348. — fabfe, 354. — » lacca, 43, 303. — lataniœ, 355. — laurinus, 353. ~ lUiaceariim, 351. — nianiilaria^, 353. — phalaridis, 352. — tuliparum, 352. ,- ZamiiP, 357. Colasins flavipes, 45. Confection al kermès^ 33. Coquette, 455. Corbeaux, 29. Corde à hoyau^ 112. Corneille mantelée, 29. Corvus cornix, 29. \ Oorvus corone, 29. — frigilegus, 29. — monedula, 29. — pica, 29. Coryxa, 34. Cosms, 2, 35, 450. ■ Cossus j,^;'ile-bois, 35, 450. — ligniperda, 450. Coucou, 25. Coupe-bourgeoji, 1.39, 182. Courtilière, 202. Court ver, 504. Cousin commun, {i20. Coiiniriérc, 104. Crachat du coucou^ 230. Cratcriwn pyrifonne, 94. Ciapaud-volant, 25. Cm-cris, 9, 199. Criocère d(^ l'asperge, 17(). • — à douze points, 17( — des lis, 174. Ci'ioceris, 173. — asparagi, 176. — convallariœ^ 175. — duodecimpunelata , 176. — merdigera, 174. Criquet voyageur, 98. Crotte d'oiseau, 516. Crytops, 59. — des jardins, — horlensis,60. — de Savigny, Cuculus canorus, 25. Cul-brun, 462. Cul-doré, 465. Culev pipiens, 620. — pulicaris, 623. Cydne bicolore, 219. Cydnus, 2'^9. — bicolor, 219. Cynips, 386. — gallaMinctorifT, 41. — ticus caricae, 41. — rosœ, 388. Cypselus mamriw, 24. Daeus oleie, 604. Demoisellts, 100. Diptères utiles à l'bi 626. rtieiiiture Biplolepis Bedeguarensù, 389. Djaràdoxui, 213. Ùiap mortuaire, 133. Fh/^dère orythrine. 71. 638 TABLE ALPHABETIQUE Ecrivain^ 179, Ehiler, 411. Elater crocatus^ 113. — hœmatodes, 113. — lineatus, 113, 116. — murinus, 112, 114. — nébuleux, 112. — obscurus^ 113, 115. — spv,tator^ 113. Emploi (les insectes comme objets de luxe pour la toi- lette des dames, 43. Engoulevent, 25. Entimus AïKjiistus^ 45. — imperialis^ 45. Epeiches, 24. Epéires^ 71 . Epéire diadème, 74. Ephémères, 246. Erinaceus europœun, 20. Erysiphe, 84, 86. Eumolpe de Surinam, 45. — de la Vigne, 179. Eumoipus, 179. — vitis, 179. Famille des Aphidipbagcs, 189. — dos Bomb.ycines, 449. — dos 15nicb(^l,vlres, 106. — des Carabiquos, 104. — des Cbilopodes, 57. — desChrysoméIinos,177. — dos Criocérides, 173. — dos Curculionides, 135. — dos Diplopodes, 53. — dos Géomètres, 524. — dos Lamellicornes,117. — dos Longicornos, 170. — dosNoctuides, 487. •— dos Pupivores, 381 . — des Rhynchophores , 135. — <|es Sorricornes, 108. — dos Tinéitlos, 568. — des Tortricides ou tor- deuses, 533. — des Xylopbages, 162. Faucheurs^ 59. Fausse-chenille, 13. — 390. Fauvettes, 23. Feuille -morte du pin, 459. F(irda l'uruiicaria, 277. Forlioula, 196. — auricularis, 196. ForOcule auriculaire, 196. Fourmi brune, 391 . — jaune, 370. • — du Manioc, 368. — — mineuse, 371. — — de rOyajjock, 368, — rouge, 371 . — voyageuse, 368. Formioa, 364. — cunicularia, 371. — flava, 370. — fusca, 371 . — rubra, 371, — rufa, 372. — rufescens, 372. Fleurs animales, 44. Fripière, 570. Frelon, 377. ~ Fumagine, 332. Fimago citri, 332. Galeruca, 182. ~ alni,183. Galeruque de l'aune, 183. — de l'orme, 183. DES MATIERE?. 639 Galeruca calmariensis, 183. Gallinsectes, 300. Gécarcin^ 49. Genre adelge, 281. — altise, 184. — apion, 142. — anthonome, 148. — balanin, 151. — ba ris, 143. — blatte, 199. — bombyx, 457. — bruche, 157. — cantharide, 134. — cétoine, 132. — ceulorhynqup, 145. — chrysomèle, 177. — cochenil,le. 345. — cossus, 450. — criocère, 173. — cryptops, 59. — criquet, 208. — coccinelle, 190. — courtilière, 202, — cydne, 215t. — eumolpe, 179. — forficuie, 196. — fourmi, 364. — galeruque, 182. — géophile, 61 . — guêpe, 372. — hanneton, 119. — hémérobe, 359. — iule, 54. — kermès, 302. — lithobie, 60. — lygée, 225. — oribate, 95, — otiorhynque, 154. — pontatome, 220. — phanéroptère, 207. Genre phytonome, 141 . — piéride, 436 . — psylle, 235. — puceron, 240. — rhynchite, 137. — scutigère, 58, — sesie, 446. — laupin,111. — teigne, 579. — thrips, 231 . — tingis, 226. — trombidion, 94. — vanesse, 443. — xylocope, 379. — yponomeute, 57â. — zeuzère, 452. Geometra brumaria, 530. — defolioria, 528. — grossularia, 526. Géomètre efTeuilIante, 528. — du groseillier, 526. — hyémale, 530. Géophile frugivore, 64. Geophilus, 61 . — carpophagus, 64. Gobe-mouche, 26 . Grand papillon du chou, 437 . Grande tipule des jardins, 606. Grande tortue, 443 . Grillons, 9. - ..^ — Grimpereau, 24. Grise, 79, 80. Guêpe vulgaire, 375. Guillots, 594. Grypidius hrassicœ, 1 47 . Gryllus campestris, 205. — domestims, 1 99 , — gryllotalpa, 202. Gymnoqnathes, 231 , Haltica, 184. — ampelophaga, 186. — alra, 187. — atricilla, 188. — brassicœ, 187. llaUicii concinna, 187. — exoleta, 188. — hoKines, 188. — melrona, 187. — nigripes, 188. 640 TABl.K AI.PHÂHETlnUt; Ihillicii neniurum, 180. — oleracea, Ise. — punclulata, -188. Ilaiineloii, 98. — (les champs. 13U. — commun, 119. — d'élé, 129. — luuloii, 128. — hoiiiculc, 129. — dumarronnier,128. — solstitial, 128. Harpalus germanus, 104. Hémérobe aux youx fl'or, 362. — perle, 361 . Hemerobius, 3o9. — clirysdps, 302. Hemerobius perla. 361. Hépiale du houblon, 456. Hepialus humuli^ 456. Hérisson, 20. Hétérocères, 446. Hirondelles, 25. Hinmdo domestica, 25. — riparia, 25. — urbica^ 25. Huche-queues.^ 26. Iloplia tarinosa, 44. Hylastes, 162. iiylésines, 162. Uylotdiim iHi^iUiii^ 398. Hypolilhus sdponarwfi. 43. Ichneuraon circonflexe, 585. — circoiiflexiifi, 38-'). — liliforme, 385. — filiformis, .385. — iivjritarius, 385. — noirâtre, 385. Insectes, 1. — aptères de Linné, 47. Inlroduction, 1. lulus, 54. Iule à deux cents pattes. 56. — de Deeaisne, 57. — des Fraises, 55. — lucifuge, 57. — des sables, 54. — terrestre, 56. Iiihis Blaniaîus, 56 — (juttulatus, 55. — Decaisneus^ 57. — lucifuqus. 57. Juhdiis cqidsigimfn., 45 Kakerîacs, 199. Kankrelats^ 199. Kermès de l'Aloès, 3i7. — de l'Amandier, 314. — de l'Ananas, 334. — de l'Angraîcum, 337. — des Anthurium, 328. — de la Bruyère, 330. — du Cameliia, 334. — du Cestrum,^36. — du Chêne vert, 33. coquille, 315. des Cycas, 323. cycadicole, 345. des Cymbidium, .338. du iJion, 327. (les Echinocactes, 339. des Epidendrum,339. du Figuier, 320. des Fougères, 335. du Fulchironia, 330. des Hespéi'ides, 331. DES MATlEHEïi 644 Ivoiiiiès (les keniiedyii, .'526. — du Laurier, 340. — du Laurier-rose, 340. — de l'Olivier, 318. — de l'Oranger, 338. — des Palmiers, 3? 5. — du Pêcher, 313. — du Poirier, 315. Kcnnès ponctiforme, 330. — rond du Pécher^ M\ — du Hosier, 342. — du Sapin, 320. — des Serres, 337. — de la Yigne, 3-1 2. K'ilopodes, 57. Lamia scalaris, M\. Liste des pucerons décrilsdans Lanius excubitor^ 29. .la monographie de Kallen- Larinus cynarœ, 4 61 . baeh, 284. Lasioplera obfuscala, 617. Lithobie à lenaiHes, G1 . Lasioptère rembrunie, 617. Lithobius, 60. Larve, 1 3 . — forcipatus, 60. Lavandières^ 26. Locusta, 213 Lepte automnal, 93. — viridissima, 207. Loptus autumnalis, 93. Lygv-eus, 225. LibeUuki depressa, 100 — apterus, 225. Libellule déprimée, 100. Lygée aptère, 225. Licorne, 131 . Lycosa apidiœ, 69 . Lions despiicero7is, 360. Lytta, 134. Lisette, 137. — vesicatoria, 134. Mack, 623. [ Mésange bleue, 23. Malacodermes, 108. Metmier, 86. Maladie de la vigne, 86. Microgaster glomeratus, 439. Malmignatte, 73. Microlepidoptera, 533. Mammifères, 20. Microlepidopteren, 533 . Manne, 33. — .-^^ aT^.^f. 'it oa Microlépidoptères, 533 . Milchkuh, 277. />""■ Mans, 'izz. Maréchaux, 111. Milk-coiv, %11. Maringoui7is,&r3. Mille-pieds, 53. Marmottes, 190. Mineuses, 571 . - — ' — Martinet, 24. Mite du fromage, 78. Meloe, 32. Mites, 76. Meloe proscarabœus^ 32. Morfea, 333. Melolontha,1l9. Morfée, 333. — eestivalis, 129. Morpho Cypris, 44. — agricola, 130. — Adonis, 44. — fuUo, 128. — Anaxibie, 44. — hippocastani, 128. — Ménélas, 44. — horticola, 129. — Rhéténor, 44. — solstitialis, 128. MotaciUa cinerea, 26. — vulgaris, 119. — flava, 26. Mésanges, 23. Motteux, 26. 642 Mouche aux yeux d'or, 595. — à scie, 13, 389. — cantharide, 32. — de l'olive, 604. — d'Espagne, 32. — de Milan, 32. — de Saint- Jean, 619. — de Sai>d-Marr^^\S. ~ ■porte-sd.es, 389. — tsetse, 599. -• 359. TABLE ALPHABETIQUE Mouches vibrantes. 382. Moustiques, 595. Musareigne, 20. Miismcarnaria, 594, 598. — domestica, 595. — oleœ, 604. — vomitoria, 594. Musricapa griseola, 26. Mygale aviculaire, 73. Myriapodes, i. Myscelium, 84. N Nécrophores, 34. TVoctua psi, 488. — ambigua,513. — atripiicis, 496. — brassicae, 491 . — cappa, 521. — crassa, 509. — chenopodii, 495. — cornes, 500. — compta, SI 5. — delphinii, 518. — dysodea, 511. — exclamationis, 506. _ exoleta, 521. — mimosa , 51 4. — oleracea, 494. — prouuba, 499. — segelum, 502. — stabilis , 514. — traprzina. 514. — tridens,489. Noctuelle ambiguë, 513. INoctuelle antique, 521. — compagne, SOO. — de l'arroche, 496. — des moissons, 502. — du chénopode, 495. — du cliou, 443, 491. — du pied d'alouette , 518. — dysodée, 511. — épaisse, 509. — liancée, 499. — méticuleuse, 498. — parée, 515. — point d'exclamation, 506. — potagère, 494. — psi, 488. — trident, 489. Non7ie, 472. Nonen spinner, 472. Noto7ieeta, 34. Nymphes, 14. Oidium tuckeri, 86. Oiseaux, 23. Onguent de scarabées, 33. Oniscus asellus, , 50. Oribates, 85, 86, 95. Oribates geniculata, 95. Ornyx ardeœpenella,, 585. Ortalis cerasi, 602. Ortalide des cerises, 602. Oryctès nasicorne, 131. — nasicornis, 1 31 . Otiorhynchus, 154. — ligustici, 156. — raucus, 155. — sulcatus. 154. Otiorhynque de la livèche,156. — rauque, 155. — sillonné, 154. DES MATIERES 643 Pachyrhy7ique perlé ^ 45. Piipillon à tête de mort, 'lO. — hlanc, veiné de vert^ 441 . — gazé^ 436. — bleus^ 44. Parus cœruleus^ 23. — caudatus^ 23. — atricapilliis^ 23. — ater, 23. — major, 23. Pegomyia acetosae, 612. Pégomye de l'oseille, 612. Pelletière, 570. Pentatoma, 220. — Baccarum, 223. — décor atum, 99. — oleaceum, 221 . — ornatum, 222. — prasiiiiim, 224. Pentatome des fruits, 223. — ornée, 222. — potagère, 221. — verte, 224. Perce-dumasce, 202. — oreille, 106, 198. Petite cliarbonnière, 23. Petit papillon du chou, 440. Pflamenlame^ 240. Phaneroptera,- 207. — falcata, 208. Phanéroptère en faux, 208. Phlogophora tneticulosa, 498. Phytomyza geniculata, 615. Phytomyze geniculée, 615. Phytonome de la renouée, 141 . Phytonomus, 141. — polygoni, 141. Pies, 24. Pie, 29. — griéche écorcheur, 29. Piéride de la rave, 440. — de l'aubépine, 436. — du chou, 437. — du navet, 441. Pieris, 436. — brassicpe, 437. — cratsegi, 436. j Pieris napi, 441. — rapae, 440. Plant-louse, 240. Pogonocerus hispidm^ 171 . Polyommatedela verged'or, 44. Pulyste de France, 373. Polystes gallicus^ 373. Porte-becs, 135. Pou, 300. — blanc, 348. — blanc des serres, 346. — de l'ananas, 334. — de l'olivier, 318. — de l'oranger, 331 . — de sapin, 282. — du laurier-rose, 341 . — du rosier, 342. Prnepodes regalis, 45. Procruste coriace, 105. Procrustes coriaceus, 105. Psylla, 235. — aurantiaca, 237. — buxi, 238. — pyn, 236. — rubra, 236. Psylie du sapin, 282. l'sylomyia rosse, 613. Psylomye des carottes, 613. Pteromalushylotomœ^ 396. — larvarum., 439. Puccinia, 81 . Puccinia rosœ, 84. Puceron des ageratum, 258. — de l'amandier, 252. — brun café, 256. — du camellia, 265. — du cerisier, 256 , — cotonneux des serres, Si& — des choux, 262. — des cinéraires, 258. — du chêne vert, 272. — du chèvrefeuille, 264. — du cognassier, 254. — de l'eragrostis, 280. — des fèves, 266. — des feuilles de rosier, 264. 014 'Alil.K ALI'II.MJLTIOIK Puc(M'on lia t'uclisiii, 259. — (lu genêl (l'EspaKiic. 271. du groseillier, 2oG. _ (les haricots, 280. (le l'héliotrope, 2iJ8. _ des jacinthes, 2o9. _ (le la laitue, 269. _ lauiiière, 272. _ du lautana, 258. _ laineux^ 346. du laurier-rose, 269. _ du maïs, 264. _ noir de rarroche,268. _ noir de l'artichaut. 267. noir de la tomate el deraubergine,267. — noir des melons, 268. — noir des ombellifères, 267. _ noir du dahlia, 266. — noir du laurier rose, 266. — de la menthe, 281 . _ de l'œillet, 257. — de l'orme, 275. — de l'oseille, 263. _ (lu pavot, 265. — despelargonium,2-'i9. — du pêcher, 251 . — des poteries, 278. — du poirier, 253. — du pommier, 254. — du prunier, 254. — des racines, 277. — de la racine du laite- ron, 28'!. — de la rave, 263. — du rosier, 259. ~ de la setaria, 28 1 . — du sorbier, 256. — des solanées, 262. Puceron soyeux, "280. — troglod\te, 279. — Irivial, 281 . — du sureau, 270. — des verveiiu's, 258. l'uces lies jardins, 184. Fu nuise, 300. — bkuirhe du rosier^ 342. — de l'aiiaiias, 334. — de l oranger , 331 . — des ciucifères, 99. — des bois, 217, 220. — des jardins, 217. — du lamier-rofie, 341 . du i^écher,'6\3. — verle des jardins, 224. l'vrale blanc de céruse, 548. — hrillaule, 564. — contaminée, 550. — de Bcrgmann, 537. — de Forskael, 540. — de lloirniansi'gg. 541. — (le Pillerius,53o. — de Roser, 546. — de Woeber, 566. _ de hi vigne, \ 8 . — des aiguilles du pin, 558. — des bourgeons du pin, 557. — des églantiers, 542. — des pois, -567. — des pommes, 560. — (les prunes, 563. — des roses, 551 . — (lu cerisier, 537. _ du ehèvreleuille, 550. — (lu prunier, 5o5. — hulmoise, 555. — ocellée, 543. . — rosette, 552. _ verte, 106, 544. — vilicole, 553. Queue de poêle, 2^ DES M\TlElŒs Raphignathus rubeifiinus, 89. Bavets, -199. Bebentscher^ 182. Rhinocéros^ '\-H. lUiizotei'Us Viiccci, 277. Rh.ynnithL' Bacchus, 1 M. — conique, 4 39. KliVUchiU' (lu IWmlcau, 138. Rhyncliilos. 137. — Haccliiis, 137. — beUUeli, '138. — coiiiciis. 139. 182. Hoiuid, 90, 93. Sarcoptes scabki, 78. Sauterelles, 209. — émigrantes^ 210 . — voyageuse, 98,2 09, 210. Sauteurs de terre, 184. Sap'erda carcharias, 172. Saperde du Peuplier, 172. Satuniiacynthia, 40. — Yama Mai, 4 0. — mylitta, 38. — ridni, 39. Saxiiola œnanthe, 26. — rubetra, 26. Sciaredes Poires, 610. Sciara pyri, 610. Scolopendra electrica, 63. Scolopendres, 57. Scolopendre à 144 pattes, 62. Scolytes, 162, 169. Scotella urinatoria ,600. Scutigera. 58. Scutigère coléoptrée, 58. Section des Coureurs, 196. — des Ilétéroplères, 219. — des Porte -aiguillons. 363. — des Sauteurs, 202. Segestna perfida, 71 . Sesia, 446. — apiforinis, 447. — asiliforiiiis, 447. — tipulit'orinis, 448. Sésie apitbrnie, 447. — asilifornie, 447. — tipuliturnie, 448. Silphes, 31. Sirex gigantm, 390. — JKvencus^ 390. Sirop alkermés, 33. Sitta europœd, 24. SittcUe, 24. Sluii-ivorm^ 420. Sorrx araneus^ 20. Spongieuse, 472. Sphinx atropos, 10. Staphylin érythroptère, 107. — odorant, 107. Staphylinus ery tiiropterus, 1 07. — olens, 107. Steinobstwespe, 414. Sternoxes, 108. Stomoxe, 599. Stomoxys calcitrans^ 599. Syhia, 23. Syrphe à bandelettes, 629. — du Groseillier, 630. — des Nectaires, 630. — (lu Poirier, 631. Su'pluis nectareus, 630. — pyrastri, 631 . — ribesii, 629. — seleneticus, 629. — sélénétique, 629. — laMiiatus, 629. 646 TABLE ALPHABETIQUE TanHadizzo, 185!. Tdljnt cnropœa^ 20. Tamarix, 34 Tamienlaeuse, 282- Tapissière, 570. Tarentule^ 70. Taupe, 20. Taupe-grillon, 202. taupin rayé, 116. Taupette, 202. Taupin nébuleux, 114. — obscur, 115. Teigne des ails, 581 . — de la carotte, 589. — des céréales, 570. — du crin. 570. — déprimée, 590. — à front jaune, 570. — des grains, 570, — hémérobe, 588. — de la julienne, 580. — du lilas, 585. — des olives, 584. — de l'olivier, 583. — du pêcher, 591 . — des ruches, 571 . Tenebrio molitor^ 113. Ténéhrion, 113. Tenthrède du berbéris, 413. — à ceinture, 408. — à ceinture rousse, 407. — de la centteuille , 404. — comprimée, 415. — difforme, 398. — des drupacées, 4 — à écusson, 423 , — fulvicorne, 414. — du groseillier, 41 1 . — humérale, 421 . — limace, 417. — noire, 420. — pcâle, 424. — à pattes blanches. 400. — de la rose, 410. Tenthrède des rosiers, 394. — il triple ceinture, 403. — ventrue, 406. — zonée, 401 . Tenthredo adumbrata, 417. — Mthiops, 419, 420. ~ albipes, 400. l)erberidis, 413. — ceiilitoli.T,404. — cincta, 408. — clypeata, 423. compressus, 415. — difformis, 398. — drupacearum, 414. fulvicornis, 414. — grossu larife , 406, 411,411. — humeralis. — pallida, 000. — popuH^ 41 4 . — ribis, 412- — rosae, 41 0. — rosarum, 394. — rufocincta, 407. — fipmanmi, 404. — Iricincta, 403. — venlricosa, 406. — zona, 401 . Téphrite de l'onoporde, 616. Tephritis onopordinis, 616. Tetranychus, 82. — lintearius, 92. — tiliarum. 82. Tête-chêvre, 25. Tête noire, 24. Theridion, 68. Théridion bienfaisant. — The- ridion benignum , 75. T/«nps, 104, 231. — cerealium, 233. — décora, 233. — hémorrhoïdal, 233, — vulgatissima, 232. Tinea, 579. — accessella, 584. DES MATIERES. 647 Ti, 'nea alliella. 584. — aspere/Zffl, 59'2. — campanuleîla, 581 . — cereateïla, 570. — cerella, 571 . — crinella^ 570. — daucelk, 589. — flavifronteJJa, 570 . — qranella, 570. — hemerobiella, 588. — hespeddella, 580. — oleella, 583. — olivella, 584. — peUioneUa, 570. — persicella, 591 . — porrectella , 580. — sarciteUa, 570. ~ syringella, 585. — tapezella, 570. — uvœ, 546. Tingis, 226. — de poirier, 226. — pyri , 227. Tique, 76, 95. — 7ioire des pierres, 95 . — rouge satinée, 94. Tiqmts, 184. Tipula oleracea, 606. Tigre, 227, — des écorces, 300. Tomiques, 162. Torrhepot, 24. Tortrix albipimctelht, 591 . — angelicella, 591 . — bergmanniana, 537» — buoliana, 558. — cerasana, 537. — cerusana, 548. — ciuutella, 591. — contaminana, 550. — cynosbana, 542. — depressella, 590. — Forskaelaiia, 540. — funebrana, 563. — gentianeana, 544. Tortrix hepmmia, 544. — heracleelhi, 591 . — tic Vheracleum, 591. — Hoffmauseggaua, 541 . — bolmiana, 555. — lœvigana, 544. — ocellana, 543. — pastinacclla, 591. — pilleriana, 18,535. — pisana, 567. — ponionana, 560. — pruniana, 555. — reli({uana, 553. — rosana, 551 . — roserana, 546„ — rosetaiia, 552. — splcndana, 564. — turionana, 557. — Udmanniana,Mi. — viridana, 106, 544. - vitisana, 553. — Wœberiana, 566. — Xyiosteana, 550. Tourlouroiis, 49. Toussah, 38. Trama radiais, 279. Traquets, 26. Tribu des Aphidiens, 235. ~ des Buprestides, 109. — des Coccides, 300. — dcsElatérides, 111. — des':Ichneumonides,382. — des Sésiaires, 'i46. — des Tenthrédines ou porte-scies, 389. — des Zeuzérides, 449. Trichie noble, 133. Trichius nobilis, 133. Trombidium, 82, 94. — holosericum, 94. Trombidion soyeux, 94. Tsatsalya, 599 . Typhlocybe du rosier, 230. Tyroglyphus siiv, 79. 648 TABLE ALPHABETIQUE Uredo^ 84 . — rosa-, 84 . Usajuiv (les insectes eu méde- cine, 31 . — (les insectes pour l'ali- meatation de l'hom- me, 33. Utilité de quelques insectes, 30. — des insectes dans l'in- dustrie, 37. Vache à lait^ "211. Vanessa, 443. Venessa polychloros, 1 01 , 443 . Vanesse, grande tortue, 401. — polj(;hlore, 443. Vents roux^ 149. Ver, 13, 152. — gris, 122, 504. — limace, 419. Vers à soie du ciiène, 40. — à soie, 36. — blancs, 122. — de farine, 113. Vers de terie, 1 . — de vase, 609. — //mfe, 122, — rouges, 669 - — turcs, 1'22. Véreau, 591. Vespa, 372. — crabro, 377. — holsatica, 379. — média, 379. — vulgaris, 375. Vespertiliu, 20. Wires larves, 113. -Xylocopa, 379. — vinlacea. 380. Xylocope violette, 380. X.vlothèrcs, 162. \pononieutaj o72. eognalella, 575. evonymella, 573. padeila, 574. plumbella, 577. sedella, 578. Vpononieutc ilubois deSainte- Lucie, 574. — cousine, 575. — du fusain, 573. — plombée, 577. — du sedum, 578. Zabre bossu, 104. Zahrus gibhus, 104. Zeuzera, 452. — tesculi, 454. Zeuzère, 89. Zeuzère du Marronnier, 45^ Zicrona Cœrulea, 224. ZÀgzag, 471 , Zimb, 595. Paris. — liiipriiiicrio de E. DoN>;.\uij, rue Cassette, '^ÉF m^'' 0^'"^* â p-:m. %**' % '^ .ik-^% îv^'M^.