br NT svt AAA VV LARAAAR FA A AAsARA Tale A4 On ARARAÎ Fi a .1AA As AARAÀ n, RAS QRRAARR A RAA VE mp 7e nee ages ce a Aé AAA APAAAARAAPAA AAA A Den E An a, RAR RAR PAIE a OR P" £ AAA TARA" PAPAS w Nr = A SF A OHN BROOKS HENDERSON ] } ae PAP . A x AAA APE FA Nan ee RAA | . cn ne A RAA AA MAN APANSe np RARE AA À ANA A: Wan AA ARENA) an à AANRNA ARAAAAARAAR an alA Aa" RAA F 2 AN RNEPSRPS AAA PIN \ FA  PRÉC AREE aan) a net A ANANE MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE LA GUYANE FRANÇAISE. à LE 1 “ PRRPCRT ORNE PET AS) 2 É er Ne ’ sx Edge $ Ve Me Holl. ESSAI SUR LES MOLLUNQUES TERRENTRES ET FLUVIATILES DE LA GUYANE FRANÇAISE, PAR HENRI DROUËT, MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE LISBONNE, CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL ET MILITAIRE DE SAINT-JACQUES-DE-L'ÉPÉE, AUTEUR DES ÉTUDES SUR LES NAÏADES DE LA FRANCE, ETC. Avec 4 planches. Divisi., of Mo ee con) Librorgr PARIS J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE, 19, rue Hautefeuille. 1859. SMITHEON 7 … MAY 20 1988 LIBRARIES ta } oi PL en a 5 4 Ë 1 d 2 4 da | “4 Î ï £ e M, APE > 341 ‘ Li £ AN OONTIMTS hi COIN À "a LA 1 v he” MPNRPE UNIS R CU FN mit, > ré SOMMAIRE. Au lecteur. I. Introduction. I. Bibliographie : auteurs cités. IT. Mollusques terrestres et fluviatiles de la Guyane française. IV. Appendice : Mollusques rapportés de la Martinique. V. *Notes : A, Limites de la Guyane française et du Brésil ; B, Documents bibliographiques sur la Guyane. Iconographie (les quatre planches ont été lithographiées d'après nature par M. Lackerbauer). In speciebus definiendis scientiæ A (à Pt ORNE MORE M » ne rx 9h CES Gps Re RE 2 A 55 20 LaiPee FSC BE à 467 | #, | ARS AC So ; £ DL RTE He Mein Qt: eve de PÉTER _ Let is , Ps DEN y N L'AE CE PSS A $ y (PR A y 4 Re in M tt: ee “tits VENT fé © dÉge 4 EE SÉRNPA ere CAT fais NES YNC RS , { AU LECTEUR. M. Charles Eyriès, lieutenant au 4‘ régiment d’in- fanterie de marine, a résidé, pour les besoins de son service, près de cinq années à Cayenne (1852-1856), et il a mis à profit les loisirs de la vie militaire, dans la colonie, en s’occupant activement de rechercher différents objets d'histoire naturelle. A son retour en France, cet excellent ami m’a remis tout ce qui a rapport à la malacologie terrestre et fluviatile, et de plus, il a bien voulu, sur ma demande, me fournir des indications sur le climat, la nature du sol et la végétation de la Guyane, m'’autorisant d’ailleurs à faire du tout tel usage qu’il me plairait. Je n’ai pas cru pouvoir mieux employer ces matériaux qu’en y adjoignant quelques autres documents puisés, soit 8 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE dans ma propre collection, soit dans les cabinets de quelques-uns de mes amis (notamment dans celui de M. le docteur de Grateloup, de Bordeaux, qui a eu longtemps à Cayenne et dans la Guyane plusieurs membres de sa famille), soit enfin dans les auteurs les plus récents, et en composant du tout un travail d'ensemble, pouvant servir à donner une idée som- maire de celte partie de la faune de la Guyane iran- çaise. Enfin, au moment de mettre sous presse, M. Eudes-Deslongchamps, doyen de la faculté des sciences, à Caen, m'a obligeamment communiqué les quelques espèces réunies par M. Déplanche, chirur- gien de marine, lors de la station dans ces parages de l’aviso le Rapide (1854-1856), et j'ai pu encore profi- ter de ces nouveaux sujets de comparaison et de quel- ques indications intéressantes. Tels ont été les élé- ments de ce mémoire de géographie malacologique. M. Eyriès a vu sur place et recueilli au milieu des solitudes des forêts vierges, dans les savanes maréca- geuses, non sans peine et quelquefois non sans dan- ger; moi j'ai mis en œuvre et rédigé, en grande partie sur ses données, dans le silence du cabinet, à l’aide de notes, de livres et de collections : le lec- teur voit dès lors la part revenant à chacun dans cet essai. Cette déclaration préliminaire expliquera, en outre, l'absence de certaines considérations qui, sans celte circonstance tout à fait exceptionnelle, auraient dû trouver leur place, soit dans l'introduction, soit dans un corollaire; mais il est des idées qui ne peu- vent naître, et des conclusions qui ne doivent être sérieusement déduites que lorsqu'on a vu par ses propres yeux. Je ne m’en recommande que d'autant plus à sa bienveillante indulgence. DE LA GUYANE FRANCAISE. 9 J’ai été secondé, dans l'examen et la détermination des espèces critiques ou litigieuses, par M. Arthur Morelet, de Dijon, que des travaux scientifiques de plus d’un genre signalent depuis longtemps déjà à l'attention publique : je suis heureux de lui payer ici un juste tribut d’éloges et de gratitude. J’accueillerai avec reconnaissance les rectifications et les additions que l’on voudra bien me communi- quer; j'aurai soin d’en tenir compte et d’en faire usage, soit pour un autre tirage, soit (ce qui est plus probable) pour un supplément. Troyes, 1° décembre 1859. HENRI DROUÉT. 10 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE INTRODUCTION. Située, comme chacun sait, sur la côte septen- trionale de l'Amérique du Sud, à peu de distance de l'équateur, la Guyane française est limitée au nord et à l’est par l’océan Atlantique, à l’ouest par le fleuve le Maroni; quant aux limites territoriales du sud et du sud-ouest, aux confins du Brésil, elles pa- raissent ne pas être encore définitivement arrêtées. Provisoirement, on peut indiquer les bouches et le cours de l’Araouari jusqu’à sa source, et à partir de ce point une ligne parallèle au cours de lAmazone jusqu’à sa rencontre avec le Rio-Branco (Voir à ce sujet la note A, à la fin du Mémoire). Ainsi délimi- tée, cette région, plus politique que naturelle, serait comprise entre le 1% et le 6° parallèle de latitude nord, entre 52° et 64° de longitude ouest, et elle comprendrait cent trente lieues de côtes sur une profondeur d'environ trois cents lieues. À Cayenne et sur le littoral, en général, la tempé- rature moyenne est, en été, de 30 à 32 degrés, et de 28 pendant la saison des pluies. Jamais, dans cette zône, le thermomètre ne descend au-dessous de 20 degrés, même dans les nuits les plus fraiches. Bien que ces chiffres n'aient rien d’exagéré, la chaleur, DE LA GUYANE FRANÇAISE. 11 le plus souvent humide, est quelquefois pesante et trés-intense : rien d’énervant alors et de lourd à res- pirer comme cet air chargé de miasmes et de va- peur d’eau. Cependant, le climat est très-supporta- ble à Cayenne, heureusement située sur une île, en partie formée par la mer, en partie par des bouches et des bras de rivières. En pleine mer, dans les îlots adjacents, la température est encore plus bénigne. A une certaine distance dansles terres,les vents du nord- est, les cours d’eau, les forêts, les élévations du sol, atténuent sensiblement les effets du calorique propre à ces basses latitudes; et, dans l’intérieur, dans la région des montagnes, les nuits sont quelquefois assez fraîches pour que le besoin du feu se fasse sen- tir. Il pleut presque constamment pendant sept mois de l’année, de la fin de novembre à la fin de juin, avec un intervalle de beau temps d’un mois environ (l'été de mars), et le pluviomètre accuse 3 mètres 60 centimètres par an. Ces pluies sont quelquefois torrentielles, surtout en avril et en mai. Malgré des conditions si favorables, en apparence, au dévelop- pement de Pélectricité atmosphérique, les orages sont très-rares. Les tremblements de terre paraissent inconnus. Les vents, quoique assez variables, se tiennent habituellement dans les limites du nord- est au sud-est. Au point de vue géologique, le sol de la Guyane est divisé naturellement, et au premier coup-d’œil, en deux régions bien distinctes : les terrains d’allu- vion ou terres basses, et les terrains granitiques ou terres hautes. Les terres d’alluvion s'étendent de- puis la côte jusqu’à dix ou quinze lieues dans lin- térieur; elles remplissent à peu près tout l’espace 12 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE compris entre les bords de la mer et les premiers sauts ou rapides des fleuves et des rivières. Ces allu- vions sont recouvertes par une épaisse couche d’hu- mus, incessamment alimentée et accrue par les dé- pouilles sans nombre d’une végétation luxuriante. De place en place, on rencontre de grands bancs d’une pierre poreuse et tendre, connue dans le pays sous le nom de roche à ravet, suant, pour ainsi dire, l’oxyde de fer par tous les pores, et communiquant à la poussière une couleur rouge, extrêmement te- nace. Ces bancs sont disséminés un peu partout; ils n’affectent pas de forme régulière. En outre, dans les forêts, et même au bord de la mer, l’œil est frappé par d'énormes blocs erratiques d’un granite bleuûtre, très-fin, très-dur, et ayant sous le choc la sonorité du fer. Ces blocs présentent toujours des angles complètement émoussés, même dans les par- ties profondément enfouies. Disséminés sans ordre et entourés d’arbres séculaires, ils semblent avoir été roulés par les eaux et transportés aux places qu'ils occupent par quelque grand cataclysme d’une époque reculée. Toute cette région est plate, ou à peu près, abondamment boisée, entrecoupée par des savanes, sillonnée par de nombreux cours d’eau, et d’une fertilité extrême. Les côtes sont sablon- neuses ou vaseuses ; le lit des fleuves roule de gros cailloux blancs; çà et là apparaissent des schistes micacés, des minerais de fer limoneux, du grès, quelques filons dioritiques ; enfin, sur les bords de plusieurs rivières, notamment du Sinamari et de la Comté, Leblond a reconnu des dépôts de kaolin assez considérables. Mais de calcaire, M. Eyriès affirme qu'il n’y en a pas trace. Au-delà de cette DE LA GUYANE FRANÇAISE. 13 zône littorale alluvionnaire, le sol devient exclusi- vement granitique et syénitique. Le granite est très- dur, fin, et de couleur bleuâtre, comme il a été dit précédemment ; la syénite s’en rapproche beaucoup pour l’apparence. Ces roches, qui forment la base dominante de toute la région, sont fréquemment traversées par des schistes micacés, des gneiss, des filons de diorite ; elles renferment surtout abondam- ment des quartz variés (ou diamants de Cayenne), du feldspath, du porphyre, quelquefois même des tour- malines et des grenats, éléments divers entre les- quels se trouvent intercalés de nombreux minerais de fer oxydé, d’un brun rougeûtre ou à cassures cu- biques, des minerais manganésiques, et quelques autres. Toute cette région, d’ailleurs, est également couverte de forêts, ainsi que nous le verrons tout à l'heure. Aux environs de Cayenne et dans toute la zône des terrains d’alluvion, il n’y a guère de hauteurs, à proprement parler. Tout se réduit à quelques collines, à quelques monticules, atteignant à peine 300 mètres d’élévation, mais n’en usurpant pas moins la dénomination prélentieuse de montagne (comme il arrive toujours dans les pays de plaines); telles sont la montagne de Baduel, au pied de laquelle est planté le jardin botanique, la montagne des Tigres, Montarbot, Montjoli, la montagne du Serpent, la montagne de la Gabrielle, et quel- ques autres de même relief. Un peu plus au sud, de l’Approuague à l’Oyapoc, serpente la petite chaîne des montagnes de Kaw, analogue aux précé- dentes, comme hypsométrie. Mais au-delà de cette région, on rencontre dans l’intérieur de vastes 14 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE plaines et de larges plateaux mesurant de 5 à 600 mètres d’élévation, et une chaîne de montagnes gra- nitiques, la plus haute de toute la Guyane, suivant Leblond, et ne mesurant pas moins de 200 à 300 toises. Plus au sud encore, apparaissent des chaînes boisées, et enfin, vers le sud-ouest, la Sierra Tumu- curaque, rattachée au massif ou groupe de la Parime par l’étroite chaîne de Pacaraima, et qui sépare en partie les possessions françaises des Guyanes hollan- daise et anglaise. Voici les noms de ces principales montagnes, tant des environs de Cayenne que de l’intérieur, d’après la carte géographo-géologique de Leblond, à laquelle nous renvoyons le lecteur pour de plus amples détails (4) : Montagne Leblond . . . . . 200 toises. —- Pelé st 2 200 — Magnétique. — d'Argent. — de Saparouna. — de la Gabrielle. — du Serpent. — de Plomb. — de Coumarouma. — de Carimare. — de l'Observatoire. Montagnes de Kaw. ({) Carte géographo-géologique de la Guyane francaise, dressée sur les relevés de M. Leblond, médecin-naturaliste, etc. ; in-plano (1814). — Voir aussi la Description abrégée de la Guyane francaise, du même auteur. Paris, 1814, in-8°. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 15 Mont Tripoupou . . . . . . 425 toises. — Toucouchi. — Lucas. — Alexis. — Coutouviro. — Yatapouroubo. — Couchibore. — Arikené. — Mayé. Au reste, à l’exception des cours d’eau principaux, tout l’intérieur est encore imparfaitement connu. Les cours d’eau de la Guyane sont nombreux. Les plus importants sont le Maroni et l’Oyapoc, fleuves immenses et majestueux, dont le lit est sou- vent entrecoupé par des îles. Les rivières principales sont : la Mana, le Sinamari, le Kourou, le Mahuri, la rivière du Tour-de-lIle, la rivière de Cayenne, l'Oyac ou la Comté, l’Approuague, l’'Ouassa, le Cassipour, le Conani, le Carsewène, et enfin le Carapapouri qui, à défaut de l’Araouari, paraît de- voir être le point de départ de la limite méridionale actuelle. Tous ces cours d’eau sont pourvus de nombreux affluents et de bras secondaires nommés eriques, ou embranchements qui s'agrandissent pen- dant la saison des pluies, et disparaissent presque complètement pendant la saison sèche. Quelques- uns communiquent entre eux par des criques, à l'instar de l’Orénoque et de la rivière des Amazones (le Sinamari est relié à la rivière d’Oyac par la crique Galibi). En général, tous sont assez rapides, et fréquemment entrecoupés par des chutes ou cas- cades, connues sous le nom de sauts ou de rapides, 16 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE formés par des bancs de roches granitiques placées à des distances assez régulières, et pouvant servir de points de repère pour l'évaluation de la hauteur du sol au-dessus du niveau de la mer. En remon- tant le cours des rivières, on rencontre les premiers sauts à la limite des terrains d’alluvion, presque tous à égale distance des rivages, c’est-à-dire à dix ou quinze lieues environ : à leur pied cesse entièrement l’action des marées. Suivant M. Lacordaire, les plus hautes cataractes de l’Oyapoc n’excèdent pas cin- quante pieds. Schomburgk, qui expérimentait à la Guyane anglaise, a remarqué que le moment de la plus grande chaleur du jour est celui où la température de l’eau des rivières est la plus froide. Pendant la nuit, et surtout vers le soleil levant, l’eau est à peu près de 10 degrés plus chaude que l'air. Les Indiens prennent généralement leurs bains le matin, parce que l’eau est alors à un degré con- venable. Une suite d’observations lui a donné la certitude que généralement, à six heures du matin, l’eau est de 8 à 10 degrés plus chaude que l’air ; qu’à deux heures après midi, l’air est de 1 à 2 degrés plus chaud que l'eau, et qu’à six heures du soir l’eau est de 2 à 3 degrés plus chaude que l'air. Peut-être ces chiffres ne sont-ils pas absolument les mêmes pour les eaux de la Guyane française; néanmoins, ils doivent peu s'éloigner de la vérité. C’est sur les rochers des cataractes, sur les joncs et les nym- phéacées de ces cours d’eau que vivent des ampul- laires gigantesques et de robustes mélanies, tandis que sur les bords s'étendent au loin de vastes forêts vierges de cacaoyers, où surabondent la vie végétale et la vie animale. On compte une dizaine de lacs à DE LA GUYANE FRANÇAISE. 17 la Guyane ; les plus grands sont dans le voisinage du cap Nord : on y trouve une espèce de lamantin. Il y a aussi des canaux creusés de main d'homme aux environs de Cayenne. Les marais sont fréquents, et leurs dessèchements périodiques sont une cause d’insalubrité. De plus, ils sont peuplés de caimans et de gymnotes électriques ; ce qui, joint aux miasmes et aux exhalaisons, rend leur exploration presque impossible. Enfin, de larges espaces sont occupés par les savanes, que nous distinguerons, avec M. Eyriès, en savanes fermes et en savanes tremblantes, ou noyées. Les savanes fermes sont des espaces plus ou moins grands, quelquefois immenses, noyés une grande partie de l’année, se desséchant à des époques pério- diques, mais dont le sol est néanmoins toujours spon- gieux. Au commencement de la saison sèche, c’est-à- dire au mois de juillet, un grand nombre de végétaux aquatiques et d'animaux entrent en putréfaction, et fertilisent surabondamment un sol dont l’homme s'éloigne à cause des miasmes mortels qui s’en exha- lent. Quelquefois, quoique rarement, les savanes du Kourou au Sinamari sont entièrement submergées, et, dans ce cas, elles produisent une herbe qui serait un excellent fourrage. Mais (ceci soit dit en passant) nos indolents colons laissent leurs bestiaux exposés aux attaques incessantes des jaguars, au lieu de s’occuper du bien-être et de l’amélioration des races domestiques qui pulluleraient aisément dans ces fertiles contrées. De distance en distance surgissent des bouquets épars de palmiers ou d’acajous : c'est ainsi que la savane de la Madeleine, non loin de Cayenne, est couverte de cette derniére essence. 2 18 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE Dans les flaques d’eau et dans les petits ruisseaux qui sillonnent encore ces prairies marécageuses pendant la sécheresse, on trouve souvent des am- pullaires. Pendant la saison des pluies, l'aspect de ces savanes est à peu près celui de nos étangs d'Europe, sauf quelques îlots plus solides et cou- ronnés d’arbres. Les oiseaux aquatiques y sont alors en tribus nombreuses : des flamands roses, des ibis, des hérons, des aigrettes blanches, des spatules roses, des ràles géants, des poules d’eau, des {ouyouyous, et une foule d’autres y fourmillent en dépit des caïmans, des serpents, et d’autres voisins peu socia- bles. Pendant l'été, ces régions, naguère si animées, redeviennent silencieuses ; leur surface ressemble beaucoup alors à celle d'un champ de blé mois- sonné, où il ne reste que le chaume rasé à peu de distance du sol. C’est alors que mürit le fruit bi- zarre de l'acajou, portant à son extrémité, et tout- à-fait à découvert, un noyau en forme de rein, dont l’amande, grillée, s'emploie en pâtisseries. A ce moment aussi, l’oiseau-diable prend possession des savanes, où il trouve en abondance les insectes qui vivent sur la pomme de l’acajou (1). Les savanes tremblantes tirent leur nom du peu de consistance de leur sol. Rien de traître et de dan- gereux comme ces tapis trompeurs, revêtus d’une herbe verdoyante et fraiche, et que rien ne distingue à première vue des autres savanes ; semblables aux bogs d'Irlande, ils couvrent des lacs d’une boue infecte. Les Indiens seuls, soit instinct, soit perspi- (1) M. Eyriès a remarqué que jamais il ne rencontrait de coléoptères sur l’acajou. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 19 cacité, les devinent et les évitent. Malheur au voya- geur inexpérimenté qui pose le pied sur ces pelouses perfides ! Il enfonce brusquement, et chaque effort qu’il fait pour se dégager l’enfonce davantage dans la vase, trop compacte pour qu’il puisse nager, et pas assez résistante cependant pour le soutenir. En peu d’instants, tout espoir de salut est perdu pour lui. Quand la poitrine est submergée, la voix s’affai- blit par la pression; insensiblement elle s’épuise, bientôt elle cesse de jeter au désert ses dernières cla- meurs désespérées. Encore un moment, la tête dis- paraît à son tour; la fange se referme en silence, en- fouissant à jamais dans sa masse infecte la victime ignorée. Plus d’un Européen a péri de la sorte. M. Eyriès rapporte qu'il a failli être englouti ainsi, et que, sans le secours de son guide indien, il serait certainement resté dans une savane de ce genre, au bord de laquelle il venait chasser, dans l’Oyapoc. Les savanes tremblantes gardent toujours leur aspect uniforme, leur verdure éternelle ; mais rarement les animaux s’aventurent sur leur sol maudit. Quelque- fois les savanes fermes, sillonnées secrètement par des filets d’eau, conservent aussi leur verdure en toute saison : de là, la difficulté de les distinguer les unes des autres; l’œil le plus exercé peut sy tromper. C’est au milieu de ces marécages de l’Amé- rique du Sud que vivent de préférence les caimans et les gymnotes électriques : les premiers, au retour de la sécheresse, regagnent les rivières, où ils trou- vent asile entre les racines inextricables des palétu- vierss les seconds s’enfoncent simplement dans la vase, ou restent dans les savanes qui, comme celles dont je viens de parler, ne sont jamais complète- 20 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE ment à sec. À ce propos, peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt pour le lecteur de trouver ici le tableau, tracé par M. de Humboldt, de la pêche des gym- notes. « Ce ne sont pas seulement le crocodile et le ja- guar, dit l’illustre voyageur, qui dressent des embü- ches au cheval de l'Amérique méridionale; il a aussi parmi les poissons un dangereux ennemi. Les eaux marécageuses sont peuplées d’une quantité innom- brable d’anguilles électriques qui, de toutes les par- ties de leur corps tacheté et visqueux, déchargent à volonté des commotions violentes. Ces gymnotes ont de cinq à six pieds de long. Telle est leur force et la richesse de leur appareil nerveux qu'ils peuvent tuer les plus grands animaux, pourvu qu'ils fassent agir leurs organes avec ensemble et dans une direc- tion favorable. On à dû changer le chemin qui tra- versait la steppe d’Uritucu, parce que les gymnotes s'étaient accumulés en si grande quantité dans une petite rivière, que chaque année un nombre consi- dérable de chevaux, en la passant à gué, étaient frappés d’engourdissement et se noyaient. Tous les autres poissons fuient le voisinage de ces redouta- bles anguilles. Le pêcheur même n’est pas à l'abri sur le bord élevé de la rivière. Souvent la ligne hu- mide lui communique de loin la commotion. Ainsi, dans ce cas, la force électrique se dégage du milieu des eaux. La pêche des gymnotes offre un spectacle pittoresque. On rabat des mulets et des chevaux dans un marais autour duquel les Indiens forment une haie serrée, jusqu’à ce que ces intrépides pois- sons, frappés d’un bruit inaccoutumé, se décident à engager l'attaque. On les voit nager sur l’eau, à la DE LA GUYANE FRANÇAISE. 21 manière des serpents, et se blottir adroitement sous le ventre des chevaux. Un grand nombre de chevaux succombent à la violence de ces coups invisibles. D’autres, la crinière hérissée, couverts d’écume et exprimant leur angoisse par les éclairs qui jaillissent de leurs yeux, cherchent à fuir les atteintes de la foudre. Mais les Indiens, armés de longues cannes de bambous, les repoussent au milieu de l’eau. Peu à peu, cependant, se ralentit l’ardeur de ce combat inégal. Les poissons, épuisés, se dispersent comme des nuages dégagés de leur électricité ; ils ont besoin d’un long repos et d’une nourriture abondante pour recueillir de nouveau ce qu'ils ont dépensé de force galvanique. Leurs corps s’affaiblissent de plus en plus ; effrayés par le bruit et par le trépignement des chevaux, ils s’approchent du bord ; mais aussitôt on les frappe de harpons, et on les traîne dans la steppe au moyen de bâtons secs, mauvais conduc- teurs du fluide (1). » Toute la Guyane, peut-on dire, n’est qu’une seule et immense forêt. C’est là que brille, dans toute sa vigueur, la belle et utile famille des palmiers, ces princes du règne végétal, comme les appelait Linné, si bien faits pour donner une idée de la splendeur des forces végétatives sous la zône torride : le pal- miste (Areca oleracea), qui devient magnifique, et dont les jeunes feuilles, non encore développées, (4) De Humboldt, Tableaux de la Nature, trad. Galusky, t. 1, p. 28-50 ; Observations de Zoologie et d'Anatomie com- parée, t. 1, p. 85-87; Relation historique du voyage aux régions équinoxiales, 1. IF, p. 173-190. 29 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE constituent le fameux chou-palmiste ; l'arouara (4), dont on tire une bonne huile à brûler; le pinot, dont les Indiens extraient du sel (2) ; le bâche, magnifique végétal à feuilles en éventail, dont le tronc robuste est le tuteur préféré de la vanille; le maripa, dont on mange aussi le chou, et dont le fruit est recouvert d'une pulpe agréable au goût ; le counana, dont les fruits, triturés dans l’eau, produisent un breuvage rafraîchissant, ayant la couleur et un peu le goût du café au lait ; le tourlouri, dont les larges feuilles s0- lides servent de toiture aux carbets des Indiens. A côté des palmiers s'élèvent les grands arbres em- ployés en bois de construction : le gaïac (Guaïacum officinale), le wacapou, le balata, le bagasse (Bagassa guyanensis), le grignon (Bucida buceras), le courbaril (Hymenea courbaril), le carapa (Carapa quyanensis) dont on extrait de l’huile pour brüler, le fromager (grande bombacée dont le coton brillant pourrait peut-être être utilisé), le canari-macaque (Lecythis qua- tela), le bourgount, le miannian où gnangnan-madou, l’arkaba, l’encens, le monbin (Spondias monbin), et une infinité d’autres, principalement des familles des térébinthacées et des laurinées. Ceux qui four- nissent leur bois à l’ébénisterie sont nombreux éga- lement : l’ébène vert (Bignonia leucoxylon), l’acajou (Cassuvium occidentale), le bocco, le panacoco, diffé- (1) Dans l'impossibilité où je suis de pouvoir rapporter la plupart des végétaux indiqués par M. Eyriès à leurs espèces botaniques, je leur laisse les noms vulgaires sous lesquels il me les a signalés, préférant ce mode de nomenclature à des rapprochements inexacts ou incertains. (2) Pinotières, agglomérations de palmiers pinots. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 23 rents cèdres, le rubané gris, le rubané satiné, le bons de lettres moucheté, le moutouch, une sorte de bois de rose, et bien d’autres encore. « Je ne connais rien de plus propre à faire admirer la puissance des forces organiques dans la zône équinoxiale que l’aspect de ces grands péricarpes ligneux, par exemple, du co- cotier de mer (Lodoïica) parmi les monocotylédones, et du Bertholletia et du Lecythis parmi les dicotylé- dones. Sous nos climats, les cucurbitacées seules produisent, dans l’espace de quelques mois, des fruits d'un volume extraordinaire, mais ces fruits sont pulpeux et succulents. Entre les tropiques, le Bertholletia forme, en moins de cinquante à soixante jours, un péricarpe dont la partie ligneuse a un de- mi-pouce d’épaisseur, et que l’on a de la peine à scier avec les instruments les plus tranchants (4). » Le tronc et les hautes branches de tous ces grands végétaux sont envahis, en outre, par des lianes in- nombrables et magnifiques; je citerai seulement, entre mille, la hiane rouge (Zizyphus volubilis, ou Te- tracera aspera?) qui, en société d’une espèce très- commune de Ravenahia, donne une eau pure; la hiane franche (Bignonia viminea et kerera), qui tient lieu de cordes; la liane d'ail (Bignonia alliacea), dont l'odeur écarte, dit-on, les serpents, etc. Les longs filaments de ces malpighiacées s’enchevêtrent autour des végétaux plus robustes, ou bien circulent de l’un à l’autre, et quelquefois leur treillis inextricable op- pose une barrière puissante aux pas du voyageur. Là aussi se trouvent le caoutchouc (Hevea quyanensis) et (1) De Humboldt, Voy. aux rég.équin. du Nouv.Cont.,1. VIE, p. 181. 24 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE la salsepareille (Smilax salsaparilla). Enfin l’intérieur de la Guyane, principalement dans la partie comprise entre l’Oyapoc et lAraouari, est couvert de vastes forêts vierges de cacaoyers qui pourraient être, pour la colonie, une source de richesses inépuisables. C’est au milieu de ces forêts splendides que la nature a placés de brillants et gigantesques Lépidoptéres, en tête desquels figure au premier rang le Morpho Idomeneus, dont les allures rappellent les mœurs des espèces crépusculaires (4), et une foule d’Hymé- noptères et de Coléoptères propres à ces contrées (2). « Des forêts d’une profondeur impénétrable, et dont l’âge se compte par milliers d'années, dit M. de Humboldt, remplissent la contrée située entre l'Oré- noque et la rivière des Amazones. D’énormes masses de granite, de la couleur du plomb, resserrent le lit des rivières écumantes. Les bois et les montagnes relentissent du fracas des chutes d’eau, des rugisse- ments du jaguar et des hurlements sourds du singe barbu (8), présage de la pluie. Aux lieux où les eaux taries laissent un banc de sable à découvert, gisent, (1) Ce Lépidoptère a fourni à M. Eyriès le sujet d'une notice intéressante : Observations sur le Morpho Idomeneus Fabr. in : Mém. de la Soc.imp.des Sciences natur.deCherbourg,t.VI,1858. (2) Voir les remarquables notices de M. Lacordaire sur l'entomologie de la Guyane française : Annales de la Soc. en- lomologique de France, t. 1, 1852, p. 348-366, et Nouvelles Annales du Muséum, t. 1, 1833, p. 35-94. (3) L'alouate (Mycetes seniculus Desm.). — On peut voir au Musée de Troyes l'os hyoïde de cet animal, donné par M. Eyriès, en même temps que plusieurs autres objets d’his- toire naturelle de la Guyane. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 25 immobiles comme des quartiers de roches et la gueule béante, des crocodiles à la peau rude et écailleuse. Telle est leur insensibilité, que souvent ils sont couverts d'oiseaux. La queue enlacée autour d’un tronc d'arbre et roulé sur lui-même, le boa, dont la peau semée de taches ressemble à un échi- quier, se tient en embuscade sur la rive, sûr de ne pas manquer sa proie. À peine a-t-il aperçu un jeune taureau sauvage ou quelqu’autre gibier de moindre espèce, qu'il se déroule, s'étend, saisit sa victime, l'enveloppe de bave et la fait entrer avec effort dans son gosier dilaté (4). » Tel est le tableau esquissé à grands traits, par le plus savant des voya- geurs modernes, des solitudes de la Guyane. Les rivières ont aussi leur végétation particulière. C’est au pied des cataractes et sur les rives des fleuves que se trouvent ces grandes et magnifiques nymphéa- cées, dont les larges feuilles servent de nourriture et d’abri aux ampullaires et aux mélanies, et d’a- bondantes joncacées. L'une d'elles (vulgairement nommée mocou-mocou), dont les tiges, profondément implantées sous l’eau, ne laissent émerger que leur tête incessamment agitée par le courant, porte à son sommet un fruit ayant quelque analogie pour la forme avec l’ananas, et que les Indiens mangent, dit-on, quelquefois, en temps de disette. Sur les bords, apparaissent çà et là des buissons épineux sur lesquels grimpent une liane au fruit délicieux (la maritambourg), et quelquefois aussi des serpents occupés, de ce poste, à guetter les oiseaux et les (1) De Humboldt, Tableaux de la Nature, t. X, p. 32. 26 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE petits mammifères. Au-dessus, le pied baigné dans l’eau saumâtre, surplombe un épais rideau de palé- tuviers dont les racines nombreuses servent d’asile aux crocodiles et aux caïimans. Les palétuviers ou mangliers (Rhizophora mangle) figurent, non-seule- ment au bord de tous les cours d’eau de la Guyane, depuis l'embouchure jusqu'aux premiers sauts, mais encore sur toute la côte, au bord de la mer, depuis l’Orénoque jusqu’au Brésil. Leurs massifs compacts opposent aux flots de l'Océan une digue inébranlable ; mais les détritus végétaux qui s’ac- cumulent à leur pied, toujours baigné dans la vase, entretiennent des émanations putrides et des miasmes souvent funestes. C’est ainsi que, sous la zône tor- ride, la nature ne concède quelquefois ses plus brillants avantages qu’au prix de fléaux terribles. Mais ce n’est pas seulement la végétation sponta- née que l’explorateur doit considérer, il doit encore porter ses regards sur les végétaux cultivés qui, fré- quemment, sont la cause de l’introduction et de l’ac- climatation de plusieurs espèces animales. Laissons donc un instant les savanes et les forêts vierges, et revenons à Cayenne, dont nous visiterons avec M. Eyriés les jardins et les cultures. L'ile de Cayenne, sur laquelle est située la ville, est formée par la bifurcation de la rivière de Toné- grande, et par la mer. La rivière prend, du côté gauche, en regardant la mer, le nom de rivière de Cayenne; de l’autre, le nom de rivière du Tour-de- l'Ile. Malgré une situation aussi favorable, les jar- dins sont assez rares à Cayenne, et, en général, cul- tivés avec peu de soin. Presque toutes les maisons sont isolées les unes des autres, disposition qui pro- DE LA GUYANE FRANÇAISE. 27 duit des rues longues et peu peuplées, souvent visi- tées par des troupes d’urubus, qui enlèvent les ca- davres et les immondices : l’espace qui sépare et qui entoure chaque maison prend le titre ambitieux de jardin, que le plus souvent il ne mérite guère. Quel- ques arbres abritent des plantes potagères peu ou point soignées, placées sans ordre, et le tout pousse ou ne pousse pas, à l'aventure. Quand on entre dans l'un de ces enclos, invariablement l’on aperçoit d'a- bord quelques pieds de gombos (Hibiscus esculentus), légume insipide et mucilagineux, dont les propriétés émollientes sont en grand honneur. Un peu plus loin, müûrissent des aubergines (Solanum melongena), des ciboules, d’autres épices et condiments, et même quelques-unes de nos plantes potagères d'Europe. Au-dessus s'élèvent des manguiers aux fruits déli- cieux (Mangifera indica), des sapotilliers (Bassia), dont le fruit sécrète une sorte d’encens, des pom- miers de Cythère (Spondias cytherea), des avocatiers (Persea gratissima) à la pulpe moëlleuse et dont le noyau passe pour un poison violent, des calebassiers (Cucurbita lagenaria) dont le fruit coupé par le mi- lieu sert de vaisselle aux nègres et aux Indiens, et dont on extrait un sirop renommé, des cerisiers des Antilles (Malpighia glabra) dont les baies tétrago- pales ont un parfum exquis, des abricotiers d’Ameé- rique (Mammea), dont les fruits sont énormes, mais peu savoureux, des corossols (Anona squamosa) dont la feuille possède des propriétés antispasmo- diques trèés-énergiques, des bélimbis dont le fruit seri à détacher le linge ; puis enfin, des attiers, des caramboliers, des goyaviers, des orangers, des citronniers, des bananiers, des cotonniers, et d’autres 28 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE encore. Au pied de ces arbres, croissent en abon- dance d’énormes ananas, des giraumonts et l’oseille de Guinée (Hibiscus sabdariffa) dont on fait un sirop raffraichissant. Çà et là, aussi, apparaissent quel- ques fleurs : des gardénias odorants, d’élégants hi- biscus (parmi lesquels se distingue, entre tous, la rose changeante de Cayenne : Ketmia mutabihs), de magnifiques daturas, de jolies lianes (la barbadine, par exemple, dont la pulpe mélangée au madère donne une sorte de compote des plus agréables), des ignames, des pois d’Angole, et plusieurs autres, soit d'utilité, soit de pur agrément..En dépit de l’incurie du colon, la flore des jardins est encore, on le voit, suffisamment variée; mais il faut avouer que la main de l’homme y entre pour peu, et que la nature, aidée par le climat, se charge à peu près de tous les frais. Quoiqu'il en soil, je le répète, les jardins sont assez rares à Cayenne, et généralement cultivés avec peu de soin. Et à quoi faut-il attribuer un état de choses qui frappe tous les voyageurs et qui parait invincible? Le reproche incombera-t-il à l’insouciance des blancs, ou bien le fera-t-on peser sur l'apathie des noirs ?.. Sur ces causes d’abord, et sur. une autre plus réelle encore. Il faut reconnaître que tout le territoire de la Guyane est en proie à un fléau plus sérieux, et qui a sur les plantations de toute nature, mais particulièrement sur les jardins, une influence terrible, et qu’il est presque impossible de conjurer : je veux parler des fourmis en général, et surtout de la fourmi manioc (Formica cephalotes Latr.). Il est aisé de concevoir le découragement des colons lorsque, après de rudes labeurs et des sacrifices oné- reux, ils voient, en une seule nuit, leurs champs, DE LA GUYANE FRANÇAISE. 29 leurs plantations ou leurs jardins, complètement dépouillés de végétation, sans qu’il reste une seule feuille! Telle est la puissance dévastatrice de ces redoutables phalanges qu’elles n’épargent rien, ni les fleurs, ni les feuilles, ni les fruits (4)! Il en résulte que le colon n’établit guère de jardins dont il ne serait pas appelé à jouir, et dans lesquels d’ailleurs, il faut le confesser, les légumes d'Europe réussissent mal, et les arbres fruitiers pas du tout. Il s’en remet à la richesse du climat, à la fécondité du terroir, sans demander à ce sol prodigue autre chose que ses productions naturelles. Toutefois, l'hôtel du Gouvernement possède un assez beau jar- din, plutôt d'agrément que d’utilité. Quant au jardin botanique de Baduel, il porte un titre pompeux qu’il ne justifie guère ; confié, ou plutôt abandonné aux soins d’un directeur mal rétribué, qui mesure le plus souvent ses peines au prorata de ses maigres émoluments, cet établissement, loin de rendre les services qu’on serait en droit d’en attendre, végète dans une atonie rétrograde. Le seul jardin de Cayenne qui mérite ce nom est celui de la garnison : il fournit assez abondamment tout à la fois les lé- gumes de l’Europe et les fruits des tropiques. Mais au prix de quels soins! Situé au bord de la mer, nos soldats ont conquis son emplacement sur les rochers ; sa fondation remonte à douze années envi- ron, et depuis ces douze années, chaque nuit, une (A) « J'ai beaucoup observé ces fourmis, m'écrit M. Eyriès ; à force de les admirer, je n’osais plus les maudire. Je me pro- pose de coordonner mes notes éparses, et de mettre au jour les mœurs extraordinaires de ces terribles républiques. » 30 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE vingtaine de jardiniers montent la garde, une torche à la main, pour brûler les interminables colonnes de fourmis qui viennent dévaster leurs travaux. Ainsi, dans ce cas encore, à côté d'immenses avan- tages, des fléaux terribles ; sous les tropiques, comme sous le cercle polaire, l’homme est en lutte avec la nature; ce n'est qu'au prix d'efforts persévérants qu'il réussit à la dompter et à l’accommoder à ses be- soins, quand lui-même ne se voit pas forcé d’appro- prier ses besoins au milieu où il se trouve placé. In sudore vullus tui vesceris pane. Les plantations de Cayenne ont pu, jadis hélas ! rivaliser avec les premières plantations du monde; mais aujourd'hui (à l’exception du girofle et du rocou), il n’en reste plus que des vestiges, et si j’en parle ici, c’est uniquement pour mémoire. Les arbres sont abandonnés, et finiront par disparaître sous les lianes envahissantes. On cultivait princi- palement le caféier, la canne à sucre, le giroflier, le cacaoyer, le muscadier, le cannellier, le cotonnier, le rocouyer, et le manioc, ce blé des nègres. Telles étaient les principales productions de ce sol fertile, auxquelles il faut ajouter la vanille (Vanilla aroma- tica, V. planifolia), que l’on récolte à l’état sauvage, cramponnée par toutes ses vrilles au tronc des grands palmiers. L'intérieur de la Guyane est encore inconnu, ou à peu près. L'on a bien remonté le cours de quelques fleuves ou des rivières, mais sans même aller jusqu'aux sources, qui ne sont pas toutes dé- terminées ; on a simplement visité les bords de ces cours d’eau, sans pousser bien loin d’utiles investi- gations. MM. Mentelle, Patris, Leblond, Adam de DE LA GUYANE FRANÇAISE. 31 Bauve, Lacordaire, de Castelnau et Leprieur, sont à peu près les seuls voyageurs qui aient pénétré un peu avant dans le pays. Pour sa part, M. Eyriès, entre autres explorations, est allé jusqu’à l’ancienne mission de Saint-Paul. Cet établissement, fondé il y a une soixantaine d'années par les Jésuites, au-dessus du troisième saut de lOyapoc, à 15 lieues environ dans l’intérieur des terres, et à 40 lieues de Cayenne, a été abandonné depuis longtemps; il n’en reste plus d’autre trace que queïques arbres fruitiers plan- tés par les missionnaires, et aujourd’hui étouffés par les lianes. Les révérends pères se trouvèrent bientôt réduits à prêcher, à la lettre, dans le désert, les Indiens, rebelles à toute espèce de joug, s’étant retirés et étant allés planter plus loin leurs carbets. Si l’on en croit le rapport de ceux-ci, l’intérieur de la Guyane se compose de vastes forêts enirecou- pées de savanes et de cours d’eau; le climat y est, ajoutent-ils, plus sain que sur le littoral. M. Eyriès a vu les Indiens Tapouïs ou Tapuyas, et les Galibis ou Caraïbes. Leurs tribus peu nombreuses sont no- mades, et changent presque tous les ans de séjour, suivant que le gibier et le poisson sont plus ou moins abondants, ou le sol plus ou moins propice à la culture du manioc. Doux et inoffensifs, ils pa- raissent fuir notre civilisation qui, là comme ail- leurs, s’est inaugurée par les spiritueux et les mala- dies, par les fraudes avides de quelques aventuriers mercantiles, enfin par la corruption et la démorali- sation. Quelques-uns, Indiens dégénérés, restes dé- gradés de tribus dispersées, habitent d’une façon presque sédentaire près de nos établissements où ils trouvent, en échange de leur gibier, le tafia et 52 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE d’autres liqueurs fortes qui auront bientôt anéanti moralement et physiquement ces tristes débris d’une race qui va toujours s’efflaçant davantage. L’inté- rieur, ont-ils souvent dit à M. Eyriès, est habité par de nombreuses et puissantes tribus, les unes guer- rières, les autres pacifiques. Les Tapouis, les Rou- couyanes, les Gakbis, les Banarès, vivent avec nous en très-bonne intelligence, quand par hasard ils se montrent à nos établissements pour y échanger du poisson et du gibier boucanés, des peaux de jaguars, des oiseaux vivants, des singes, des arcs et des flèches, des hamacs en coton parfaitement tissés, des canots, de la farine de manioc, et des poteries de leur fabrication, surtout remarquables par leurs formes bizarres et leurs grandes dimensions. En échange ils reçoivent, avant tout, de l’eau-de-vie ou du tafia, puis des haches, des coutelas, des étoffes bariolées, du tabac, etc. Les vrais Indiens sont pleins de loyauté dans leurs transactions, et donnent toujours plus qu’ils n’ont promis. Une fois les échanges terminés, ils retournent chez eux et ne re- paraissent plus avant d’être pressés par le besoin d’ojets indispensables. EL: Dans de semblables conditions de climat, de sol et de végétation, les Mollusques ne sont point aussi multipliés qu’on pourrait se le figurer. Au premier abord, quand on se trouve en présence de cette DE LA GUYANE FRANCAISE. 99 luxuriante nature, dans ces immenses forêts vierges où la vie végétale surabonde et déborde pour ainsi dire de tous côtés, on s’imagine que les mollusques, animaux essentiellement phytophages, doivent être très-abondants et entrer pour une large part dans les êtres qui habitent ces majestueuses solitudes.…. . Tel n’est pas, en réalité, le résultat de l'obser- vation. Les mollusques paraissent au contraire y être en général assez rares, et quelquefois il est né- cessaire de parcourir de grands espaces avant de rencontrer une localité favorable. Le Bulimus oblon- gus fait exception à ce principe : il est extrêmement commun sur tout le littoral. Du reste, les terres allu- vionnaires paraissent plus propices à la multiplica- tion de ces animaux que les terrains granitiques; plus on s’éloigne du littoral, plus leurs rangs se dé- garnissent et deviennent clairsemés. Partout d’ailleurs les mollusques ont des ennemis, et partout ainsi se maintient un équilibre néces- saire et sagement pondéré entre le règne animal et le règne végétal. A la Guyane, pas plus qu'ailleurs, ils n’en sont exempts. Les oiseaux aquatiques dé- truisent une quantité notable d’ampullaires. Les uns, comme les ibis, les frappant à coups précipités de leur long bec, s'efforcent de briser le dernier tour de spire pour dévorer l’animal. Les autres, comme les ràles, les poules d’eau, les emportent en l'air, les laissent tomber, puis descendent prendre le mollusque au milieu des débris de son enveloppe fracassée. Les nègres assurent que souvent, pendant la sécheresse, le Bulimus gallina-sultana devient la proie des fourmis rouges. Les coléoptères, soit à l’état de larves, soit à l’état d'insectes parfaits, font = 9 54 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE aussi la chasse aux mollusques, et s’en nourrissent. Enfin l’on trouve souvent des amas de coquilles brisées d’ampullaires, de mélanies, de néritines, de bulimes, dans les trous des hérissons. Y a-t-il, à la Guyane, des espèces édules ? Cette question semble devoir être résolue négativement, ni les Indiens, ni les nègres, ni les Français, n'ayant jamais songé à faire de ces animaux un mets nou- veau. Cependant il est probable que plusieurs d’entre eux pourraient fournir, au besoin, un aliment sain et même agréable. M. Eyriès a mangé l’Helix pellis- serpentis : il déclare que cette hélice est bonne, malheureusement elle n’est pas assez répandue. Le Bulimus oblongus lui à paru un peu coriace. Quant au Bulimus gallina-sultana, qui vit principalement sur le giroflier, il n’hésite pas à déclarer que c’est un mets délicat. Et tandis que les indigènes pro- fessent pour ces limaçons une répugnance invin- cible, ils mangent avec délices des vers-palmistes (larve du Calandra palmarum }), des lézards et même des serpents! Je n’ai rien de particulier à signaler au sujet de la classification adoptée dans ce catalogue. Certes, dans un ouvrage restreint et d'aussi courte haleine, ce n’est point le cas de faire de la classification : j'ai donc presque toujours adopté la nomenclature générique consignée dans les Monographies de L. Pfeiffer, et suivi son classement. Les ouvrages du célèbre con- chyliologiste de Cassel sont entre les mains de tout le monde, ils sont partout connus; j’ai cru bon de me conformer à ses doctrines. Toutefois, j'ai adopté le genre Zoniîles, qui me paraît aujourd’hui géné- ralement admis, et qui est, en effet, très-admis- DE LA GUYANE FRANÇAISE, a) sible, De plus, je me suis abstenu de reproduire les coupes génériques récemment proposées pour des espèces voisines tout à la fois des Bulimus et des Achatina (Orthalicus, Perideris, Oleacina..….). Plusieurs auteurs rejettent même actuellement le genre Acha- hna, comme impossible à définir. Je conviens qu’il est malaisé d'établir une ligne de démarcation bien tranchée entre les Bulimus et les Achatina. Mais cette ligne de démarcation existe-t-elle davantage entre les Helix et les Bulimus? Ne trouve-t-on pas des transitions, des passages insensibles entre ces difié- rents genres ? Au surplus, je le répète, ce n’est pas dans un modeste catalogue du genre de celui-ci qu’on peut trancher ou même discuter une sem- blable question. Je ne fais pas de la classification, mais purement et simplement de la géographie ma- lacologique ; je prends donc le genre Achatina et les autres tels qu’ils sont généralement définis et recon- nus, en laissant la responsabilité à qui de droit. En partant de ce principe, les mollusques ter- restres et d’eau douce de la Guyane française sont répartis entre quinze genres ainsi qu’il suit : Succinea . . . . 2 espèces. | Cyclophorus . . 4 espèce. AOUES PR ne Pie liemaRe re) USR Re |! LES PONETAPENERST PORTES Planorbis. .: . . 2 — Streptaxis Luttes Melania. . . .. LR Bulimus , . . . 20 . — Aïppullaria.#"#" 40e PETITE EMA OR A A One tee DUREE A PRGe ne er TARA Melampus . .. 3 — Ensemble : 69 espèces. Et, ainsi qu'il est facile de le constater, les genres o6 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE les plus riches en espèces sont les Bulimus, Achau- na, Ampullaria, Helix ; ce sont aussi les plus abon- dants en individus. Les genres dominants et carac- téristiques de la région paraissent être les Bulimus et les Ampullaria, tandis que les plus pauvres sont jusqu'ici les Pupa, Cyclophorus et Unio. Le genre Streptaxis, quoique ne renfermant qu’une espèce, doit également être regardé comme donnant à la faune une couleur locale et caractéristique. Il est curieux aussi de remarquer comment, dans les coquilles de la Guyane, on rencontre les deux extrêmes de taille et de consistance. Ainsi, pour la taille, on rencontre tout à la fois le Bulimus oblon- gus, qui pond sur le sol des forêts vierges des œufs gros comme ceux d’un pigeon, et le Pupa Eyriesu, qui promène discrètement son test microscopique dans la mousse, au pied des arbres. L’Helix pellis- serpents grimpe le long des thérébintacées, au bord de l’eau, et là elle étale son large disque, zébré comme la peau d’un serpent ; l’Ampullaria quyanen- sis rampe sur les nymphéacées de lOyapoc, ou quelquefois, fixée contre les rochers hors de l’eau, se contente pour humecter ses branchies des goutte- lettes qui rejaillissent des cataractes sur sa volumi- neuse enveloppe : non loin de là, une modeste He- licina abrite sa minime demeure sous les feuilles mortes et dans les détritus (1). En ce qui touche la (1) C'est au Brésil que se rencontrent les deux extrêmes de la flore aquatique : le Victoria regia et le Wolfia brasi- liensis ! DE LA GUYANE FRANÇAISE. sy consistance et l’épaisseur du test,les contrastes ne sont pas moins frappants. L’Helix hippocastanum, le Buli- mus oblongus, l’Ampullaria sinamarina, ont des enve- loppes trés-épaisses, très-solides, et capables de ré- sister à des chocs violents ou à des rayons solaires brûlants, tandis que le test du Bulimus limpidus est presque pelliculaire et tellement mince, que l’animal qui le construit ne peut guère tenter de vivre ail- leurs que sous les pierres ou sous les feuilles tom- bées. Un fait qui ne peut manquer de frapper un obser- vateur un peu attentif, ce sont les rapports sensibles, les liens évidents qui existent entre la faune de la Guyane et celle des petites Antilles. Un grand nombre des espèces de la Guyane se retrouvent dans ces îles, notamment à la Martinique. Sans m'étendre autrement sur ce point, je me contenterai de citer seulement les noms des Succinea rubescens, Helix badia,dentiens,isabella, discolor ,orbiculata, hippo- castanum, Bulimus mulhfasciatus, exilis, zebra, Achatina volula, Gctona, Ampullaria effusa, luteostoma, etc., comme appartenant tout à la fois à la Guyane fran- çaise et à la Martinique. Au demeurant, ce fait n’a pas lieu d’étonner si l’on considère, d’une part, que ces îles, avant d’être groupées en archipel par l'irrup- tion de l’océan et avant la formation de la mer des An- tilles, faisaient partie du continent américain ; d'autre part, que les relations nombreuses qui existent entre ces deux colonies françaises, sans cesse entretenues depuis de longues années, ont pu introduire et ac- climater, de part et d'autre, certaines espèces. Le climat a de l’analogie sous les deux latitudes, si ce n’est qu’il est plus doux et plus clément aux An- 38 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE tilles (1), de façon que si tous les mollusques de ces iles ne sauraient vivre à Cayenne, peut-être pour- rait-on renverser la proposition et dire que tous ceux de Cayenne pourraient vivre aux Antilles! Quoiqu'il en soit, dans l’état actuel de nos connais- sances, la faune malacologique de notre Guyane parait moins riche et moins variée que celles de la Martinique et de la Guadeloupe. Elle ne possède en effet jusqu'ici, entre autres, ni Cylhindrella, ni Clau- silia, genres qui ont au moins quelques représen- tants aux Antilles : le genre Pupa est aussi bien plus développé et plus varié dans l'archipel antilien. Peut-être après tout est-il prudent de ne rien préju- ger sur cette question de comparaison, la Guyane n'ayant élé qu'effleurée pour ainsi dire, et ses vastes forêts, ses nombreux cours d’eau recélant sans doute encore bon nombre d’espèces curieuses et inédites. De semblables relations existent-elles entre notre faune et celle du Brésil ?... L’on peut répondre affir- mativement pour les régions de cet empire les plus rapprochées de nous, celles surtout qui sont au nord du fleuve des Amazones, et qui formaient jadis la Guyane portugaise. Au-delà, les faunes changent d'aspect et de représentants : ce fleuve immense semble être une barrière naturelle dont le large es- tuaire trace, entre les deux faunes, sauf de rares exceptions, une ligne de démarcation bien tranchée. C'est du moins ce qui nous semble résulter de l'examen comparatif, d’une part, de notre catalogue, (1) Du Maroni à l'île de la Trinité, la distance est de quatre degrés de latitude, et de huit degrés jusqu’à la Martinique. 1 9 d'autre part, des Mollusques du Voyage dans l’Ame- rique méridionale, de M. d’Orbigny, des Mollusques (par M. Hupé) de l'£xpédinon dans les parties cen- trales de l'Amérique du Sud, de M. de Castelnau, et enfin du Zestacea fluviatiliu brasiliensia, de Spix et Wagner. L'Orénoque, au nord, l’Amazone, au sud, délimitent une vaste région, traversée dans son mi- lieu par la sierra Parime, dont les hautes cimes par- tagent les bassins des deux fleuves, et qui comprend l’Orénoque, le Vénézuéla, une partie de la Colom- bie, les Guyanes et le nord du Brésil. Située au nord de la sierra, la Guyane française est séparée du Brésil proprement dit par une haute chaîne de montagnes, par l'équateur et par la rivière des Amazones. Cependant quelques espèces franchissent cette triple barrière. C’est ainsi que l'Helix pellis- serpentis, les Bulimus oblongus, gallina-sultana, zebra, papyraceus, cinnamomeolineatus, tenuissimus, le Pla- norbis lugubris et quelques autres, en très-petit nombre à la vérité, paraissent appartenir aux deux bassins, et se retrouvent lout à la fois au sud et au nord de l’Amazone. A laquelle des deux régions semblent-elles, toutefois, revenir de préférence ? On serait tenté de se prononcer pour la zône brésilienne. Quant aux points de divergence entre les deux faunes que je place en parallèle, ils sont énormes, et ici encore, la comparaison ne se trouve pas en notre faveur. Sans parler des genres Physa, Chilina, Lim- nœæa, Paludestrina, Monocondylæa, Mycetopus, Iridina, Castaha, Cyclas, et de plusieurs autres, qui tous ont des représentants plus ou moins nombreux au Bré- sil, et qui font défaut à la Guyane, on peut affirmer que la vaste contrée brésilienne est incomparable- DE LA GUYANE FRANÇAISE. € ei À 40 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE ment plus favorisée, le genre Bulimus, seul, y comp- tant plus de deux cents représentants. Enfin, ne serait-il pas fort intéressant d’établir un parallèle entre notre faune et celles des Guyanes anglaise et hollandaise, qui nous touchent de près el qui rentrent dans la même région naturelle ? Mal- heureusement, les éléments de comparaison man- quent, ou à peu près, pour ces deux dernières colo- nies. Je ne connais qu’une liste des espèces recueil- lies par Schomburgk pendant son voyage dans la Guyane anglaise (1840-1844), dressée par Troschel ainsi qu'il suit (À) : Bulimus hæmastomus Scop. cinnamomeolineatus Mor. lita Fer. gallina-sultana Lam. undatus Brug. Ampullaria urceus Fer. Melania zonala Wagn. papyracea Spix. sinamarina Desh. guianensis Lam. orinoccensis Ziégl. alra Desh. brevior Trosch. (sp. n.). chloris Trosch. (sp. n.). (1) Voyez : Reisen in Britisch-Guiana in den Iahren 1840- 1844, von Richard Schomburgk. Leipzig, 1847-1848; 3 vol. in-4°, cartes et planches (vol. III, 1848, pages 545-552). Ou- vrage du premier mérite DE LA GUYANE FRANÇAISE. 41 Nerilina zebra Lam. Unio hylea d’Orb. Monocondylea Parchappii d’Orb. Hyria syrmatophora Sow. — corrugata Lam. — humilis Trosch. (sp. n.). Castalia ambigua Lam. Anodonta ensiformis Spix. Cette liste de vingt-deux espèces n’est assurément qu’une faible partie des mollusques qui habitent celte contrée (surtout pour les genres Hehx, Buh- mus, Achatina, Ampullaria), et l’on pourrait dès à présent l’augmenter de plusieurs autres, notamment des Streptaxis glabra Pf., Helix Bainbridgei Pf., Buli- mus glaber Gm., Bul. melanostomus Gray, Achahna venusta Pf. var., Pupa Anton Kust., P. conoïdea Newc., Auricula pellucens Mke, Cyclotus suturalis Sow.,C.discoïdeus Sow., Adamsiella variabilis Ad., Ad. chlorostoma Sow., etc. Quoi qu'il en soit, on voit que, malgré l’imperfection de ses recherches sous ce rap- port, Schomburgk n’a pas moins observé dans la Guyane anglaise quatre genres d’acéphales qui ont échappé aux observations de M. Eyriès dans la Guyane française, savoir : les Monocondylea, Hyria, Castalia, Anodonta, genres qui reparaissent au Bresil, et que des investigations plus minutieuses feront sans doute reconnaître dans les possessions fran- çaises. Quant à la Guyane hollandaise, il n’a rien été publié de spécial, que je sache, sur cette contrée, et tout se borne à quelques espèces décrites ou men- tionnées isolément dans différents ouvrages géné- raux, entre autres : Streptaxis deformis Fér., Helix 42 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE monolacca Pf., II. pellis-serpentis Ch., Bulimus glaber Gm., Planorbis ohvaceus Wagn., Ampullaria effusa Lam., Amp. Chemnitzù Phil., et quelques autres. En dépit de la maigreur de ces documents, on peut néanmoins avancer que ces trois faunes offriront entre elles de grandes analogies et de nombreux points de contact. D’après des indications qui m'ont été communi- quées, ou qui sont même consignées dans certains catalogues, on sera peut-être surpris de ne pas voir figurer dans ma liste certaines espèces signalées quelquefois comme appartenant à la Guyane, par exemple : Helix unidentata Chemn. (Chemnitz, La- marck, Jan, Jay, etc.), Cyclostoma volvulus Mull. (Villa), Melania transversa Lea (Grateloup in litt.), Me- lania canaliculata Say (Villa), et quelques autres. Mais, ainsi que je m’en suis assuré, ces indications sont apocryphes ou erronées. Pour ne parler que de ces exemples, l’Helix unidentata est des îles Seychelles, le Cyclostoma volvulus de l'Inde (Pulo Condore!), les Melania transversa et canaliculata sont de l'Ohio, et ainsi des autres. Introduire ces espèces dans notre faune, serait y introduire sciemment des parasites, et vouloir mal à propos lui attribuer une physiono- mie autre que celle qui lui est propre : je me suis fait un devoir de les exclure. Au résumé, je ne me dissimule pas que j’aborde un genre facile, quoique parsemé d’écueils, et ingrat bien que séduisant au premier aperçu. Peut-être différentes causes tendent-elles, de nos jours, à faire tomber en défaveur les études de zoologie pure; je m’abstiendrai d'en mentionner aucune, et je ne veux pas insister sur ce point. Il n’en est pas moins vrai DE LA GUYANE FRANÇAISE. 43 que ce n’est pas sans hésitation que je me décide à publier cet essai (pierre d’attente, si l’on peut dire, autour de laquelle viendront se grouper de plus abondants matériaux) dont je suis le premier à sentir toutes les imperfections, et la moindre à mes yeux n’est pas le manque absolu d’observations sur les animaux qui habitent les coquilles en question. Néanmoins, comme avec de la réserve dans le choix des matériaux et une grande circonspection dans l'établissement des types nouveaux, le genre géo- grapho-malacologique trouve gràce quelquefois de- vant la critique, j'ai pensé que je pouvais tenter la carrière, bien entendu sans prétendre à la palme : c’est au lecteur à décider si j’ai trop présumé de mes ressources. Les premiers mollusques de Ja Guyane ont été décrits par Linné, Muller, Born et Chemnitz. Postérieurement, Bruguière, Lamarck, Férussac, en ont fait connaître un plus grand nombre après les voyages de Leblond, de Richard et de Howe. Mais depuis, ce n’a été que de loin en loin, et accidentel- lement pour ainsi dire, que les auteurs en ont déerit quelques espèces, rapportées par les voyageurs Schomburgk, Bainbridge, Lacordaire, de Castelnau, Leprieur, noms près desquels viendra naturellement se placer aujourd’hui celui de M. Eyriès. Je m’esti- merais heureux, si, appelant l’attention des natura- listes sur cette région de l'Amérique du Sud, encore à peine connue, je provoquais de nouveaux explo- rateurs à se livrer à des investigations toujours si fructueuses pour la science, et. que le succès doit infailliblement couronner. M. Evyriès a séjourné près de cinq années à Cayenne, et il a exploré dans tous les sens l’île de ce 44 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE nom. En outre, il a parcouru à différentes reprises les Cascades, Montsineri et leurs environs, Kourou et la Comté. C’est ainsi qu'il s’est rendu de Cayenne à la Comté, en se guidant avec la boussole : il est resté seize jours en pleine forêt pour faire une ving- taine de lieues; il est revenu par le même chemin, en suivant ses brisées, en quatre jours. Ses courses les plus longues ont été dans l’Oyapoec, à l’ancienne mission de Saint-Paul et sur les bords de lOuassa. Il a habité assez longtemps Ilet-la-Mère, et c’est sur cet îlet, situé en regard de l’île de Cayenne, à quel- ques milles seulement au large, qu’il a recueilli en grand nombre le Bulimus oblongus, les Bulimus Eyrie- sù et rufolineatus, le Pupa Eyriesü, et le Succinea propinqua. Ses explorations se sont également por- tées sur les environs de Sinamari et jusqu’à l’Oya- poc, sommairement, il est vrai, sur ces deux points éloignés. On peut dire que les mollusques mention- nés dans ce mémoire appartiennent plus spéciale- ment à la région comprise entre l’Oyapoc et le Ma- roni. En somme, il est permis de supposer que, eu égard à la durée de son séjour et à la continuité de ses excursions, la plupart des genres propres à la ré- gion et le plus grand nombre des espèces vulgaires seront tombés sous sa main. Néanmoins, ce natura- liste zélé et consciencieux pense qu'il y a encore à découvrir, surtout dans les petites espèces, et dans les mollusques fluviatiles. Qu'il me soit permis, en terminant, de formuler un vœu. Depuis longtemps, la malacologie réclame un livre, ou tout au moins un chapitre consacré aux parties élémentaires de la philosophie zoologique, notamment à la glossologie. Les botanistes, qui DE LA GUYANE FRANÇAISE. 45 ont entre les mains le Philosophia botanica de Linné, et les entomologistes, qui ont le Philosophia ento- mologica de Fabricius (deux livres excellents s’il en fût jamais), sont plus avancés que nous en cette matière; mais, en général, les conchyliologues pa- raissent plus arriérés. La nomenclature s’en ressent, et par suite aussi la classification. Or, un traité conçu sur le plan des ouvrages de Linné et de Fabricius, mis bien entendu au niveau des connaissances mo- dernes et approprié aux besoins de la science, ren- drait aujourd’hui de grands services ; puissions-nous voir un jour la conchyliologie dotée à son tour d’une Philosophie malacologique, ou d’une Introduc- tion à l'étude de la malacologie, comme on voudra l'appeler! Un semblable livre, en régularisant l’é- tude, le mode d’observation, et le langage, ferait faire de grands progrès à celte branche aujourd’hui très-cultivée de la zoologie. Enfin, et pour complé- ter ma pensée, s’il m'était permis de citer des mai- tres revêtus de l’autorité nécessaire pour signer un pareil ouvrage, j'aimerais, entre autres, à prononcer d’abord ces trois noms, chers aux malacologistes : Desnayes, Moquin-Tanpon, L. PFEIFFER ! 46 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE IT. BIBLIOGRAPHIE. PRINCIPAUX AUTEURS CONSULTÉS ET CITÉS Ut). Linné. Systema naturæ; ed. X. Holmiæ, 1758; 2 vol. in-8°. — Edit. XI. Holmiæ, 1766-1767; 3 vol. in-8°. Muzzer. Vermium terrestrium et fluviatilium historia. Havniæ et Lipsiæ, 1713-1774; 2 vol. in-@. Born. Testacea musei cæsarei Vindobonensis. Vindobonæ, 1780 ; in-fol. avec 19 pl. col. MarTinretCHemnirz. Neues systematisches Conchylien-Cabinet. Nürnberg, 1769-1795; 11 vol. in-4° avec pl. col. (IX, 1786; X, 1788; XI, 1795; par Chemnitz). GEL. Caroli a Linné Systema naturæ; edit. XII. Leipsig, 1788-1190; 3 tomes en 10 volumes in-8°. BruGuiÈRE. Encyclopédie méthodique. Tome VI. Histoire natu- relle des Vers. Paris, 1789-1792; 2 part. in-4°. Lamarcxk. Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres. Paris, 1815-1822; 7 volumes in-8° (VI, Are part., 1819 ; 2e part., 1822). Férussac. Tableaux systématiques des Animaux mollusques. Paris (1822), in-4°. Férussac et Desnayes. Histoire générale et particulière des Mollusques terrestres et fluviatiles. Paris, 1819-1851; 4 vol. in- fol., dont 2 de texte et 2 de planches grav. et col. (247 pl.). (4) Pour les ouvrages relatifs à l’histoire naturelle générale et à la description physique de la Guyane française, voir la note B à la fin du mémoire. DE LA GUYANE FRANCAISE. 47 Spix et WaGnER. Testacea fluviatilia quæ in itinere per Brasi- liam, annis 1817-1820, collegit et pingenda curavit doct. de Spix, digessit, descripsit et observationibus illustravit doct. Wagner. Monachii, 1828 ; in-fol. avec 28 pl. col. D'OrBIGNY. Synopsis terrestrium et fluviatilium molluscorum in suo per Americam meridionalem itinere collectorum (in : Mag. zool. de Guérin, 1835 ; tirage à part : 44 pages in-8°). D'OrBiGny. Mollusques du Voyage dans l'Amérique méridionale {in : Nouv. Ann. Mus. 1835; tirage à part : Paris, 1835, in-4°). D'OrBieny. Voyage dans l'Amérique méridionale. T. V, 3° par- tie : Mollusques. Paris, 1835-1843 ; in-4° et atlas de 85 pl. Desxayes. Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres, de Lamarck ; 2° édition. Paris, 1835-1845; 11 vol. in-8° (VIH, 1856; VIII, 1838). Porier et MicHauD. Galerie des Mollusques, ou Catalogue mé- thodique, descriptif et raisonné des Mollusques et Coquilles du Muséum de Douai. Paris, 1838-1844; 2 vol. in-8° avec 70 pl. PretrFer. Monographia Heliceorum viventium. Lipsiæ, 1848- 1859; 4 vol. in-8° (1, 1848; 11, 1848; HI, 1853; IV, 1859). PrEirFeR. Monographia Pneumonopomorum viventium. Cassel- lis, 1852, in-8°. — Supplementum I : Cassellis, 1858, in-8. PreirFer. Monographia Auriculaceorum viventium. Cassellis, 1856, in-8°. JAY. À Catalogue of the Shells. Edit. IV. New-York, 1852, in-4°. Hupé. Animaux nouveaux ou rares recueillis pendant l'expédi- tion dans les parties centrales de l'Amérique du Sud. Mollusques, par M. Hupé. Paris, 1857; in-4°, avec 20 pl. col. (in : Expédh- tion dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio de Janeiro à Lima, et de Lima à Para, exécutée par ordre du Gouver- nement français pendant les années 1843 à 1847, sous la direction du comte Francis de Castelnau. VIT partie : Zoologie, Mollusques). ESTRES ET D EAU DOUCE MOLLUSQUES TERR 48 "otun "BUTTON ‘PIULI9 IN “EHEIINdUY ‘SIQIOUR[d “BULDILOH ‘SOU dO[2Â7) ‘sndwep ‘edngq ‘BUTEUIY *SN UN *sIXB} das ‘XI H *SaJIU07Z ‘BaUTaons er f * VAGVIYN VADYLIHIN] + VAIVINYIIN *YHIVIAYTINANY * VaOYNKIT VAOYNIOTTAH ® VHIVKOLSOT91") À Ê- 1 YAOITAH ‘WNUIN39 3ND1V "VIHONVUQITIANVT °° © © * VIVHAHPY "VHAATHONVUG YIHONVUION TN + “ejenasodo ° * :YAOdOHHISYE) PC: AYIYNONUTNT ° ejepnodadou EL AINUVITIANVS ‘WNNIOUO ‘ANISSY19 SNLOIASNON9 VOISATION DE LA GUYANE FRANÇAISE. 49 LEE. MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE. GASTÉROPODES. I. Gen. SucciNEaA Drap. 1. Suecinen rubeseens Besh. in : Mag. zo0l. IV, 4830 ; — Lam. ed. Desh. IX, p. 319; — Pfeiff. Mon. Helic. II, p. 534, no 65. Grande et belle espèce, à test mince, rosé, à spire courte (trois tours), obtuse, haute de 18 à 20, large de 12 millimètres. Elle habite les environs de Cayenne, sous les pierres; on la trouve aussi à la Guadeloupe, à la Martinique, et, en général, dans les petites Antilles. 2. Sueeinen propinqua Drou. (Tab. I, fig. 1-2.) T.ovahs, ventricosula, fragihssima, pellucida, striata, palhde succinea; anfr. 3-% convexr, ullimo mazximo ; sutura impressa; apert. ovali-piriformis, ampliuscula. Coquille ovale, un peu ventrue, très-fragile, pel- lucide, striée grossement, d’un succin pâle; ouver- ture ovale, un peu ample; trois à quatre tours de 4 50 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE spire convexes, à suture bien marquée ; sommet su- baigu. — Hauteur, 13; diamètre, 8 millimètres ; hauteur de l'ouverture, 10 ; diamètre, 6 4/2 milli- mètres. Habite sur les pierres humides, à Ilet-la-Mère. Cette Ambrette ne se montre que le matin et pa- rait peu abondante; elle a été recueillie au mois de novembre. Elle varie un peu, ayant la spire plus ou moins ventrue, tordue ou allongée, et rentre dans le groupe du Succinea putris, dont elle est néanmoins bien distincte. IT. Gen. ZoniTEes Monrr. 1. Zonites Cayennensis Pfeiff. (Helix) Symb. IT, p. 24; Mon. Helic. I, p. 112, n° 286. Coquille largement et profondément ombiliquée, discoïdale, striée, luisante, de couleur de corne jaunûtre, à spire subdéprimée; cinq tours à peine convexes; ouverture lunato-orbiculaire; péristome simple, tranchant. — Diamètre, 41 ; hauteur, 4 4/2 millimètres. Habite Cayenne, sous les pierres ; assez rare. 2. Zonites decoloratus Drou. (Tab. I, fig. 3-5.) T. perviam umbilicata, orbiculari-depressa, lœvis, niidissima, diaphana, palhide cornea; anfr. 5-6 de- pressi, sutura superficial ; apert. lunalo-rotundata ; pe- rist. simplex, aculum. Coquille profondément ombiliquée, orbiculaire déprimée, lisse, très-brillante, diaphane, d’un corné extrêmement pâle ou blanchätre ; cinq tours de spire planes, à accroissement lent et régulier, et à suture superficielle; ouverture arrondie, largement échan- DE LA GUYANE FRANÇAISE. 51 crée par l’avant-dernier tour; péristome droit, sim- ple, tranchant. — Diamètre, 6-7; hauteur, 3 milli- mètres. Habite les environs de Cayenne, notamment la montagne des Tigres, sous les pierres et dans les feuilles mortes ; rare. Recueillie en juin. Observations. Cette Zonite diffère du Zonites cayen nensis par sa taille, qui est moindre, par l’ab- sence de toute strie et par le complet aplatissement de la spire. Sa coloration est aussi distincte. Toutes deux appartiennent d’ailleurs au groupe du Zonites cellarius. III. Gen. HELix AUucTr. 1. Helix pellis serpentis Chemn, IX. 2, p. 79, t. 425, f. 4095-96; — Pfeiff. [, p. 374, no 964. = (Tab. IV, fig. 45.) Cette grande et magnifique Hélice m'a offert trois formes dignes de remarque. La première porte sur le milieu du dern'er tour” de spire deux impressions profondes, séparées par: un pli, très-caractéristiques, et détriisant dans la coquille la régularité de la forme orbiculaire. L’om- bilic est assez large, découvert; la coloration de la: partie inférieure est assez foncée et nuancée de teintes violacées. Cette forme est regardée comme le type. 8. Integra. La deuxième ne présente aucune trar, ni de pli, ni d’impressions ; sa régularité est rarfaite dans toutes ses parties, mais l’ombilic ee’ recouvert en majeure partie par } :. plus étroit, a réflexion du bord columellaire; et la colorar À uOn du disque inférieur est beaucoup plus ne, avec de fines bandes brunes. Interrompues. Les dimensions de ces deux formes. 52 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE sont les mêmes : diamètre, 55-56; hauteur, 27-28 millimètres. y. Minor. La troisième forme ou variété est à peu près une reproduction pour les contours et la coloration de la deuxième, mais dans des propor- tions trés-raccourcies : elle ne mesure plus que 42 millimètres de grand diamètre, sur 24 de hauteur (voir planche 4°, fig. 45). Comme la précédente, elle ne porte ni impressions, ni pli. Habite les environs de Cayenne, Montsineri, les Cascades, Montarbot, les savanes du Mahuri, la Comté, l’Oyapoc, etc. Le plus habituellement, cette Hélice se tient sur le tronc des grands arbres situés au bord des ruisseaux et des marais, et qui sont recouverts de mousses et de lichens dont elle fait sa nourriture. Jamais on ne la voit sur les branches ou sur les feuilles. Les mœurs et les stations des trois variétés sont à peu près les mêmes ; quelquefois on rencontre le type et la variété B sur le même arbre, mais toutefois à des àges différents : ce qui semblerait indiquer une certaine divergence dans l’époque de l'accouplement et de la ponte, ou tout au moins de l’éclosion. La forme typique est assez commune, la variété & l’est un peu moins, et la variété ; parait assez rare. 2, Helix bifureata Desla. in : Mag. zool. III, t. 3. 2; — Pfeiff. Ï, p. 379, no 986. Jolie coquille ombiliquée, déprimée, orbiculaire, à peine striée, fauve, plus pale en dessous; cinq tours de spire un peu déprimés, dont le dernier porte une carène obtuse; ouverture transversale- ment piriforme, triplissée; péristome blanc, ré- DE LA GUYANE FRANCAISE. V9 fléchi, continu ; ombilic plus ou moins recouvert. — Diamètre, 35; hauteur, 15 millimètres. Habite la Guyane française (Deshayes). 3. Helix auriewulina Petit in : Revue zoo. 1840, p. 74: — Pfeiff. I, p. 400, no 4039. Elégante Carocolle convexe, profondément ombi- liquée, carénée, striée-granuleuse, d’un brun roux ou grisàtre; cinq tours de spire, le dernier portant une ou deux impressions (dont l’une profonde) sous la carène, près du péristome; ouverture auriforme, triplissée ; péristome blanc, continu, réfléchi, re- couvrant plus ou moins l’ombilic. — Diamètre, 22; hauteur, 10 millimètres. Habite les forêts de l’Oyapoc, sur le tronc du gaïac (Guaïacum officinale), où elle est rare. Recueil- lie en décembre. 4. Helix Leprieurii Petié in : Revue zool. 1840, p. 74; — Pfeiff. 1, p. 400, no 4040, et ILE, p. 256, no 4504. Espèce différant de la précédente par sa spire plus élevée, par son ouverture plus transversale, canali- culée, et par son péristome sinueux, fortement plissé- denté. Sa taille est aussi un peu plus forte. Habite avec l’Helix auriculina. Rare. 5. Helix nux dentieulata Clhemman. XI, p. 275, t. 209, f. 2055-56 : — Pfeiff. I, p. 306, no 798 (H. punctata). — Syn. Helix hippocastanum Lam. — Helix punctata Born (nec Muller). Cette coquille singulière est depuis longtemps connue. Habite les environs de Cayenne, dans les jardins, au pied des magnolias et du gommier (Aca- cia qummifera). Très-rare. 54 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE Obs. Les individus capturés dans la Guyane sont moins robustes que ceux recueillis à la Martinique par M. Eyriès, lesquels ne mesurent pas moins de 27 millimètres de grand diamètre, sur 23 de hau- teur! 6. Helix dentiens Fér, Aist. t.48,f. 2; — Pfeiff. I, p. 307, no 804. ; Habite les environs de Cayenne, sous les pierres, sous les bois pourris et dans l'herbe. Avril. Très- beaux spécimens d’un brun marron uniforme, avec le péristome grisàtre, continu, plus ou moins épais et plus ou moins denticulé à la base, mesurant 25 millimètres de grand diamètre. Un seul spéci- men est plus petit, plus mince, verdâtre en des- sous, avec le péristome mince, discontinu, à peine denticulé. On trouve cette Hélice à la Guadeloupe et à la Martinique. 7. Helix isabhella Fér. /ist.t.47,1.2; — Pfeiff. T, p. 307, no 802. — Syn. Helix Barbadensis Lam., Guild. Diffère de la précédente en ce qu’elle est plus petite, de couleur isabelle, bifasciée, avec une zône blanchàtre, et avec le péristome plus mince et sans dents. Quelques auteurs en font une variété de l'Helix dentiens, en compagnie de qui elle vit. On la trouve également dans la Barbade. 8. Helix badia Fér. ist. t. 36, f. 1-4; — Pfeiff. I, p. 309, no 808. Avec les deux précédentes, sous les pierres et dans les bois. Coquille variable dans sa coloration : souvent le péristome est blanc, au lieu de noir qu’il DE LA GUYANE FRANÇAISE. bb] est dans le type. Le test est alors lui-même bai ou même isabeau, au lieu de brun noir. 9. Helix orbiculata Fér. Hist.t.47,f.4;—Pfeiff. TI, p. 265, no 693. Environs de Cayenne, au pied des bananiers et autres végétaux, dans les jardins. Se trouve aussi dans les bois, sur d’autres points de la Guyane. 10. Helix discolor Fér. Hist.t.16,f. 3-6; — Pfeiff. I, p. 265, no 695. Au pied des bananiers, avec l’espèce précédente, à Cayenne. Août. Elle existe à la Martinique, à la Trinité. 11. Helix aspersa Mull. Verm. hist. Il, p. 59, no 253; — Pfeiff. [, p. 241, no 635; — Moq. Tand. His. Moll. p.174, no 31, t. 43, Ï. 27-29. Espèce vraiment cosmopolite (on pourrait en dire autant du Succinea putris), dont le point de départ paraît être l’Europe méridionale, ou même le bassin méditerranéen (puisqu'elle est en Algérie, en Sicile el en Syrie), et qui s’est propagée aux Açores, à Ma- dère, au Brésil, et aussi dans la Guyane. Cayenne, dans les jardins ! et même dans les forêts (Howe, in Férussac). On peut affirmer que c’est une espèce introduite par la culture : elle s’acclimate très-aisé- ment. Chemnitz, Lamarck, Jan, le D' Jay, et quelques autres auteurs, ont indiqué l’Helix unidentata Chemn. comme se trouvant dans la Guyane, à Cayenne, et à la Jamaïque. Il est certain que ce mollusque ha- bite les îles Seychelles (Dufo !). Les autres localités 56 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE paraissent très-douteuses ou erronées. En tout cas, M. Eyriès ne l’a pas vu dans la Guyane. Rang porte jusqu’à l’Orénoque les limites septen- trionales de l’Helix brasiliana Desh. (H. serpens d’Orb., nec Spix). Selon d’Orbigny, au contraire, cette espèce, propre au Brésil, ne dépasserait pas la rivière des Amazones. M. Eyriès ne l’ayant pas ren- contrée dans la Guyane, on est tenté, jusqu’à preuve du contraire, de se ranger à l’opinion du second de ces deux savants. Parmi les espèces de ce genre que l’on peut espé- rer de rencontrer un jour dans nos possessions, Ci- tons, entre autres, l’Helix monolacca Pfeiff., voisin de l'A. pellis serpentis, recueilli à Surinam, et l’Helix Bainbridgei Pfeiff. rapporté de Démérary et de la Jamaïque (mon. cl. doct. Pfeiffer). Dans tous les cas, il est fort probable que des explorations dans les forêts de l’intérieur devront ajouter à ce genre quel- ques représentants de plus. IV. Gen. STREPTAXIS GRAY. 1. Strepiaxis Deplanchei Drou., (Tab. |, fig. 6-9.) T'. umbihicata, semiglobosa, solidula, diaphana, lœvis, nihdissima, subhyalina, albida ; spira irregularis, con- vexa; anfr. 5,2 ultimis deviatis, ullimo juæta apertu- ram gibboso; apert. subtrigonalis, personata, tridentata : dens superior angulosus, validus ; intermedius munor, immersus ; inferior elongatus ; perist. reflexzum, album. Cette jolie petite coquille est ombiliquée assez étroitement, à peu près hémisphérique, solide pour sa taille, et cependant diaphane, lisse, fort brillante, DE LA GUYANE FRANÇAISE. 57 subhyaline, blanchètre, quelquefois d’un blanc ti- rant légèrement sur le verdâtre. Sa spire est irré- gulière, comme celle de toutes ses congénères, et peu élevée; elle se compose de cinq tours, à peine convexes, dont les trois premiers s’enroulent régu- lièrement, mais dont les deux derniers subissent une déviation notable; en outre, le dernier tour porte, en regard de l'ouverture, une exostose ou saillie gib- beuse très-brillante et remarquable. L'ouverture est obscurément triangulaire, et rendue grimaçante par trois dents, ou trois signes blancs, ainsi placés : le premier signe ou supérieur commence à l'insertion du bord supérieur du péristome, fait un angle droit et se projette en lamelle dans l'ouverture, il est très- apparent ; le deuxième est petit, enfoncé, et situé sous le premier, sur l’avant dernier tour; le troi- sième, situé sur le bord basal du péristome, est gros, allongé, et bien apparent. Enfin le péristome est discontinu, réfléchi, et blanc. — Diamètre, 5; hauteur, à 1/2 millimètres. Habite Ilet-la-Mère, à trois milles en regard de l’île de Cayenne (Déplanche). — M. Déplanche, chi- rurgien distingué de marine et collectionneur zélé d'histoire naturelle, qui a découvert et rapporté cette intéressante coquille, à laquelle j'attache son nom, n'ayant pas fait connaître dans quelles circons- tances il l’a rencontrée, je ne puis rien dire de pré- cis sur sa station : l’on doit supposer qu'elle habite sous les pierres, ou dans les feuilles mortes. Le singulier genre Streptaxis, établi par Gray (London’'s Mag. New ser. I, p. 484 ; 1837) aux dé- D8 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE pens des Hélices, comprend déjà une quaran- taine d'espèces bien connues, réparties entre l’Amé- rique du Sud, l’Afrique, l'Inde et la Cochinchine. Le Brésil en possède dix à lui seul. Le vaste terri- toire compris entre l’Orénoque et l’Amazone n’a, jusqu’à présent, offert que les trois espèces sui- vantes : Streptaxis glabra PF. (Démérary), — Strep- taxis deformis Fér. (Surinam), — et Streptaxis De- planchei de notre Guyane. Aïnsi les trois Guyanes ont, dès à présent, chacune leur espèce propre, et il est à présumer que des recherches ultérieures et plus minutieuses en augmenteront le nombre. Les Streptaæis, héliciformes dans leur ensemble et à pre- mière vue, sont caractérisés, entre autres signes rés du test, par la déviation des deux derniers tours de spire, lesquels prennent subitement une marche irrégulière et semblent abandonner l'axe primitif de la spire. Il s’en suit des exostoses ou gibbosités assez bizarres. L'ouverture est tantôt mu- nie, tantôt dépourvue de dents. Le test est presque toujours d'apparence hyaline. Un mollusque protégé par une enveloppe aussi singulière doit vraisembla- blement offrir, dans son organisation, des particula- rités marquantes. Je ne saurais dire si l’anatomie en a été faite. V. Gen. Burimus Scop. 4 1. (Bulimus Pfeif.) 1. Bulimus oblongus VNMull. (Helix) Verm. hist. Il, p. 86, no 284; — Pfeiff. Il, p. 24, no 55. — Syn. Bulimus haæmastomus Lam. = (Tab. IF, fig. 25-26). Grande et belle coquille, fort commune autour de DE LA GUYANE FRANÇAISE. 59 Cayenne, à Ilet-la-Mère, et sur la majeure partie du littoral de la Guyane : plus on pénètre dans l’inté- rieur, plus elle devient rare; à la limite des terrains d’alluvion, elle disparaît tout à fait. On la trouve au milieu des feuilles mortes, dans les forêts et dans les bois. En outre de la Guyane, ce Bulime habite en- core le Paraguay, la Bolivie, la République Argen- tine, le Chili, et plusieurs autres régions de l’Amé- rique du Sud. Tous les exemplaires rapportés par M. Eyriès mesurent de 95 à 100 millimètres de hauteur. Obs. Le Bulime hémastome pond, au mois de no- vembre, dix à douze œufs énormes, ovoides-allon- gés, d'un blanc grisàtre, à enveloppe calcaire très- solide, lisse ou granuleuse (voir la planche 2°, figure 26). Voici leurs dimensions, vraiment remar- quables : Hauteur. . . . . 25-26 millimètres Diamètre . . . . 46-17 — Ces œufs sont disséminés irrégulièrement dans la terre, presqu’à la surface, à quelques pouces les uns des autres, rarement deux ensemble. Environ deux mois après la ponte a lieu l’éclosion. A ce mo- ment, le petit Bulime remplit l’œuf entièrement ; l'animal est d’un jaune pâle, livide, très-transparent. Aussitôt éclos, il se met en marche et cherche sa nourriture (planche 2°, figure 25). Il lui faut trente- deux mois et même plus (en captivité !) pour arriver à l’état adulte, c'est-à-dire, pour avoir le péristome parfaitement formé, et d’un beau rose, ainsi que la columelle. Les vieux sont souvent excoriés et comme noircis au-dessus de l'ouverture : ils sont très-vo- 60 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE races. Toujours on rencontre ce Bulime à terre, au milieu des feuilles mortes et des détritus, jamais sur les arbres et les arbrisseaux. Quand vient la saison sèche (de juillet à novembre), il s’enterre jusqu'aux pluies, époque à laquelle a lieu la ponte. A Cayenne, le Bulime hémastome n’est pas édule ; M. Eyriès, qui en a mangé comme expérience, dit que la chair est passablement coriace, mais il déclare lui avoir trouvé un goût aromatique assez agréable. 2. Bulimus perversus Æin, (Helix) Syst. ed. X, p.772, no 604; — Pfeiff. IT, p. 37, n°95, et IIT, p. 308, no409. — Syn. Bulimus citrinus Brug. Fér. Lam. Cette très-variable espèce habite les Guyanes, la Bolivie, le Pérou, le Brésil, et quelques autres con- trées de l'Amérique du Sud, où elle a dû être impor- tée. Sa patrie première paraît être l'Australie : les Philippines, les Moluques, Java, Célèbes, Timor, l’île du Prince, Mindanao, Malacca, et l'empire Birman. (Voyez : Pfeiffer, ubi supra; et Mousson : Land- und Süsswasser-Molluslen von Java, pp. 28 et 108; Zürich, 1849.) Le type sénestre et unicolore se trouve aux environs de Cayenne, dans les bois. Rare (teste cl. doct. de Grateloup). M. Evriès ne l’a pas rapportée. 3. Bulimus papyraceus Mawe (Helix) ZLinn. syst. tab. tit, 7: — Pfeiff. IT, p. 402, no 263. — Syn. Buli- mus lita Fér. Desh. Espèce propre à plusieurs régions de l'Amérique méridionale, notamment au Brésil, au Chili, à la République Argentine, et aux Guyanes, où elle est rare. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 61 4. Bulimus multifasciatus Lam. Anim. 5. vert. VI, 2, p. 423, no 24; — Pfeiff. IT, p.108, no 282. Habite les bois et les forêts de la Guyane (Férus- sac). Cayenne (de Grateloup) ! 5. Bulimus cinnamomecolinentus Morie. (He- lix) in Mém. Gen. IX, p.46, t. 4, f. 6-7: — Pfeiff. IT, p. 409. no 286. Le type de cette espèce habite le Brésil. Schom- burgk a trouvé dans la Guyane une jolie variété d’un blond pâle, vergetée de stries obliques cornées, et à péristome réfléchi (Muséum de Berlin). 6. Bulimus virgulatus Fér. (Helix) Æist. t. 142, B, f. 4-7; — Pfeiff. IT, p.202, no 551. — Syn. Bulimus Cari- bæorum Lam. Deux formes très-distinctes : le type et une va- riété. Le type est élancé, conique allongé, blanc, tout à la fois flammulé et fascié de bai; le bord co- lumellaire est teint de la même couleur. — Hauteur, 30 ; diamètre, 12 millimètres. La variété est moins allongée, plus ventrue, un peu plus épaisse, blanchâtre ou jaunâtre, avec trois fascies brunes ondulées, et quelques flammules à demi-effacées. La marge columellaire est fortement teintée de brun.— Hauteur, 24 ; diamètre, 11-42 mil- limètres.— C’est la variété £ de Pfeiffer (loc. supr. cit). Habite Cayenne, dans les jardins et dans les bois (de Grateloup, Déplanche). On le retrouve aux An- tilles. 7. Bulimus rufolineatus BBrou./(Tab.l,fig.10-11). T. subperforata, oblongo-acununata, tenuis, fragils, translucida, lœviuscula, nitida, candidula, 3-4 rufoli- 62 . MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE neala ; anfr. 6, vix convexi ; perist. simplex, acutum; columella reflexiuscula. Coquille subperforée, oblongue-acuminée, mince, assez fragile, plus ou moins translucide, lisse, lui- sante, blanchâtre avec trois bandes rousses inter- rompues, et quelquefois une quatrième autour de la perforation; six tours de spire à peine convexes, dont le dernier égale presque la moitié de la hau- teur totale, sommet conique-subaigu ; ouverture ovale; péristome droit, simple, tranchant; bord co- lumellaire réfléchi. — Hauteur, 48-20; diamètre, 10 millimètres; hauteur de l’ouverture, 9 ; diamètre, 5-6 millimètres. Habite Ilet-la-Mère, sur le tronc des arbres, no- tamment sur ceux de la famille des térébinthacées. On rencontre communément cette coquille de no- vembre à mars; en avril elle disparaît, Obs. Notre espèce paraît avoir quelques rapports avec le Bulimus vexillum, de Wood, dont elle est néanmoins bien distincte. 8. Bulimus exilis Gimel. (Helix) Sys{. nat. p. 3668, no 252; — Pfeiff. Il, p. 223. no 642. — Syn. Bulimus Gua- daloupensis Fér. Brug. Lam. On rencontre assez fréquemment autour de Ca- yenne, dans les feuilles mortes au pied des arbres, la variété g indiquée par Pfeiffer (Mon. helic. I, p.224): trifasciatus, fascia media angusta, suprema et infima latis ; et plus rarement la variété ; du même au- teur : unicolor albus. 9. Bulimus orthodoxus Drou. (Tab. Il, fig. 14-15). T. parce umbilicata, ovalo-conica, tenuis, solidius- cula, subtranslucida, vix striata, flavo-grisea ; anfr. 5, DE LA GUYANE FRANÇAISE. 63 regulariter accrescentes, vix convexi, ullimo exceplo ven- tricosulo ; apex conicus, subacutus ; perist. subincrassa- tulum, marg. columellarr reflexo. Coquille étroitement ombiliquée, ovale-conique, à peine striée, male, terne, d’un blond cendré grisätre ou blanchâtre, mince, subtranslucide ; cinq tours à accroissement régulier, à peine con- vexes, sauf le dernier qui est un peu ventru, et qui égale la moitié de la hauteur totale ; sommet co- nique, un peu aigu; ouverture ovale; péristome à peine marginé, bord columellaire réfléchi. — Hau- teur, 15; diamètre, 8 millimètres ; hauteur de l’ou- verture, 8; diamètre, 5 millimètres. Habite Ilet-la-Mère, sous les pierres, dans les feuilles mortes ; rare. Obs. Quoique de petite taille et dépourvue d’une coloration brillante, cette espèce peut être regardée, (ainsi d’ailleurs que beaucoup de ses congénères) pour le faciès, comme un type de la forme Bulime. Elle avoisine la variation blanche et unicolore du Bulimus exilis ; mais il est aisé de l’en distinguer à sa taille plus petite, à sa forme plus ventrue, à son ouverture moins allongée, etc. 10. Bulimus Eyriesii Drou. (Tab. I, fig. 12-13). T'. perforata, elongato-acuminata, subtenuis, sub- translucida, spiraliter subhihissime striata, sublœævis, obs- cura, griseo-rufescens unicolor ; anfr. "7 ; spira elevata, acuta ; apert. subobliqua, ovato-elongata, vix sublactea ; perist. simplex, acutum, marg. columellari reflexo. Coquille perforée, allongée-acuminée, assez mince, subtranslucide, terne, mate, d'un gris roussàtre uniforme; sept tours, dont le dernier n’égale pas la 64 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE moitié de la hauteur totale, spire élevée et aiguë ; ouverture un peu oblique, allongée, légèrement blanchàtre; péristome droit, simple, tranchant ; bord columellaire réfléchi. — Hauteur, 26; diamètre, 10-11 millimètres ; hauteur de l’ouverture, 14; dia- mètre, 6 millimètres. Habite Ilet-la-Mère, sur le tronc des arbres, avec le Bulimus rufolineatus. Comme celui-ci, or le re- cueille de novembre à mars : il n’est pas rare. Dédié à M. Charles Eyriés, comme un faible hom- mage rendu à son zèle pour la conchyliologie, zèle qui ne l’a jamais abandonné sur les rivages les plus lointains comme sous les climats les plus inhospita- liers, en Océanie, à la Guyane, à la Martinique, etc., et en témoignage, en outre, de la bonne amitié qui nous lie. Je suis heureux de rendre un hommage public aux officiers-naturalistes, dont l’armée fran- çaise est toujours si largement et si brillamment pourvue, dans la personne de M. Eyriès ! 11. Balimus limpidus Drou. (Tab. Il, fig. 23-24). T. imperforata, ovato-ventricosa, pertenuis, perfra- gihs, pellucida, striata, lucida, hyalino-lutescens ; anfr. 5 convexi, ullimo maximo, ventroso; apert. ampla, ovalo-piriformas ; perist. simplex, rectum, acutum. Coquille imperforée, ovoide-ventrue, très-mince et très-fragile, pellucide, irrégulièrement striée, lui- sante, hyaline-jaunàtre; cinq tours de spire, dont le dernier est plus grand que tous les autres réunis el ventru; spire conique ; ouverture ovale piriforme ; péristome simple, droit, tranchant, — Hauteur, 13; diamètre, 8 millimètres ; hauteur de l’ouver- ture, 8; diamètre, 5 millimètres. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 65 Espèce rare, recueillie à Ilet-la-Mère, en mars, sous les feuilles du bois Pian. Obs. Par sa pellucidité et sa coloration, le test de cette belle et très-fragile coquille rappelle celui de certains Vitrina. 12. Bulimus debilis Beck /2d.p.65,n0 34 ;—Pfeiff. Il, p. 473, no 463. — Syn. Bulimus fragilis Desh. Habite la Guyane, à Cayenne. 413. Bulimus tenuissimus Fér. (Helix) Hist. t. 442, B.f. 8; — Pfeiff. II, p. 248, no 597. Suivant Pfeiffer (loc. cu.), une variété globuleuse se rencontrerait à Cayenne. Le type habite le Brésil. 14. Bulimus fraterculus Fér.{Helix) Prodr. no 395, et in mus.; — Pfeiff. [l, p. 220, no 601. Habite la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Tho- mas, et la Guyane; peu abondant dans cette der- nière région (de Grateloup). 45. Bulimus auris Sileni Born (Voluta) Test. p. 242, t.9,f. 3-4; — Pfeiff. II, p. 87, no 223. Grande et belle coquille, rencontrée non loin de Cayenne, et sur les bords du Maroni, dans les forêts. Rare. Elle est plus commune à Saint-Vincent. 16. Bulimus glaber Gimel. (Voluta) Syst. nat. p: 3436, no 8 ; — Pfeiff. II, p. 89, no 226. M. de Grateloup m'indique cette espèce comme vivant à la Guyane française. Quoiqu’elle n’ait point été rapportée par M. Eyriès, comme on l’a rencon- trée dans les Guyanes anglaise et hollandaise et au Brésil, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’on la ren- contre aussi dans notre Guyane, dans les forêts de 5 66 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE l’intérieur. Aussi, je la fais volontiers figurer dans ce catalogue. 2 IL. (Orthalicus Beck. — Pfeiff. IV. p. 586.) 17. Bulimus gailisa-sultaua Chemn. (Helix) Conch. XI, p. 281, t. 240, f. 2070-74 ; —Pfeiff. II, p. 445, no 375. Cette délicieuse espèce, dont l’épiderme est comme légèrement velouté, habite Montsineri, les Cascades, la Comté, l’Orapu, l’habitation la Gabrielle, etc., surtout sur les girofliers (Caryophyllus aromaticus). Mai. — Hauteur, 58; diamètre, 86 millimètres. Obs. Cette coquille a été pendant longtemps fort rare ; Férussac rapporte qu’elle fut vendue 560 fr. à la vente du comte de Latour-d’Auvergne. Aujour- d’hui elle est dans toutes les collections. Après avoir proposé de la ranger parmi les Succineu, Pfeiffer la place aujourd’hui dans son genre Orthahcus. 18. Bulimus zebra Pull. (Buccinum) Verm. hist. IL, p.138, no 331; — Pfeiff. IV, p. 588, no 8 (Orthalicus). — (Tab. IV, fig. 48-49.) Coquille constante dans sa forme, mais fort va- riable dans sa coloration. Elle est imperforée, co- nique-allongée, mince pour sa taille, très-finement striée-plissée transversalement, ce qui donne à l’épi- derme une apparence un peu terne. Le fond de la robe est tantôt d’un blanc sale ou jaunàtre, tantôt d’un bai clair et vif, nuancé de roux et de jaune, le plus souvent d’un gris cendré jaunàtre, mais tou- jours orné de larges flammules sinueuses, d’un brun glauque et de bandes interrompues, brunes et jaunes. La spire est conique élevée, composée de sept tours, dont le dernier est moins grand que les autres réu- DE LA GUYANE FRANÇAISE. 67 nis. La columelle est blanche, légèrement sinueuse. L'ouverture est ovale, marbrée à l’intérieur. Le pé- ristome est droit, simple, tranchant, bordé de noir intérieurement et souvent aussi extérieurement ; enfin, d’un bord à l’autre s'étend une large teinte brune pénétrant dans l’intérieur. — Hauteur, 58 ; diamètre, 26 millimètres. Habite avec le Bulimus gallina-sultana, sur les giro- fliers, autour de Cayenne (l’habitation la Gabrielle) et dans les bois (forêt de Rouza). L'Oyapoc. Mai; peu abondant. Habite également les Antilles, le Mexique, le Brésil. 19. Bulimus undatus Brug, Znc.méth.T,p.320, no 38; — Pfeiff. I, p. 1443, no 372 (B. sebra p. parte); IV, p.589, no 40 (Orthalicus). A l’exemple de Shuttleworth, Pfeiffer (loc. cit. IV) distingue spécifiquement le Bulimus undatus Brug., qu’il réunissait précédemment (loc. cut. [) au B. zebra; il range ces deux espèces parmi les Orthalicus. Le seul caractère distinctif sérieux réside dans l’épi- derme, lequel est orné de fines stries linéolées trans- versales, un peu onduleuses, chez le Bul. zebra, tan- dis qu'il est lisse et luisant chez le Bul. undatus : le système de coloration et les autres détaiis paraissent identiques. M. Eyriès a rapporté de Cayenne un seul exem- plaire dans ces conditions. — Hauteur, 45; dia- mètre, 25 millimètres. 20. Balimus regina Fér. (Helix) Aist. t. 149, f. 3-5; — Pfeiff. II, p. 244, no 2 (Achatina); IV, p. 590, no 46 (Or- thalicus). Cette magnifique espèce habite la forêt de Rouza, 68 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE non loin de Cayenne, et les forêts de l’Approuague. On la trouve sur les arbres. Les exemplaires sont généralement un peu moins développés que ceux du Brésil, mais ils sont très-épais, très-solides, avec le test blanc dans la partie inférieure, couleur de chair supérieurement, orné de flammes et de mar- brures brunes très-remarquables. La columelle est épaisse, calleuse, sinueuse, non tronquée, et d’un bord à l’autre serpente. une mince callosité brune foncée, très-apparente et s’immergeant dans l'inté- rieur. Le péristome est droit et blanc. — Hauteur, 70 ; diamètre, 39 millimètres. Dans le quatrième volume de son Monographia Heliceorum (p. 591, n° 17), Pfeiffer cite le Bulimus melanostoma Gray (Orthalicus) comme se rencontrant dans les Guyanes hollandaise et anglaise. Il est fort probable qu’on le trouvera également dans la Guyane française; mais, jusqu'ici, je ne sache pas qu’on l'y ait recueilli. C’est, du reste, une espèce très-voisine du Bul. regina Fér., distincte notamment par son péristome, bordé de brun ou de noir, lequel est blanc chez le B. regina, et par sa forme plus oblongue. Peut-être n’est-ce qu’une variété, élevée par Gray, et maintenue par Shuttleworth et Pfeiffer au rang d’es- pèce. Quoiqu'il en soit, le genre Bulime, qui compte de si nombreux et de si brillants représentants dans l'Amérique du Sud, doit infailliblement donner lieu à de nouvelles découvertes dans la Guyane. Avec le genre Ampullaire, c’est lui qui, jusqu’à présent, a offert le plus d'espèces aux recherches des natura- listes dans cette partie du Nouveau-Monde. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 69 VI. Gen. ACHATINA Lam. 1. Achatina flammigera Fér. (Helix) ist. t. 418, f. 5-7; — Pfeiff. Il, p. 245, no 4. Habite la Guyane : rare (teste cl. de Grateloup). Plus répandue à Saint-Domingue et au Pérou. 2. Achatina variegata Roissy, Hist. nat. Moll.V, p.354; — Pfeiff. IT, p. 249, no 14. — Syn. Achatina perdix Lam. Grande espèce, originaire des forêts du Sénégal. Selon Lamarck (loc. cit., VI, 2, p. 127), elle aurait été rencontrée dans la Guyane et dans les Antilles (forêts de l’Approuague?) : localités douteuses. M. Eyriès ne l’a pas vue. 3. Achatina virginen Lin. (Bulla) Syst. ed. XII, p. 4186, no 390 ; — Pfeiff. IE, p. 255, no 32. Habite les forêts de la Guyane : l’Approuague! Peu abondante. Elle est commune à Haïti. 4. Achatina sériata Mull. (Buccinum) Verm. hist. I, p. 149,n0339 ; — Pfeiff. IT, p. 287, no 124. — Syn. Achatina Mulleri Fér. Desh. = (Tab. IV, fig. 46.) Coquille fusiforme-oblongue, solide, caractérisée par ses siries longitudinales, fines et régulières, un peu roussàtre, irrégulièrement flammulée de bai ou de roux; suture marginée et comme denticulée ; columelle brusquement tronquée à la base; péris- tome droit, tranchant. -— Hauteur, 40-50 ; diamètre 20 millimètres; hauteur de l’ouverture, 25 milli- mètres. N'est pas rare aux environs de Cayenne : mon- tagne des Serpents et Montsineri (Férussac, de Grateloup, Déplanche, Eyriès). Par inadvertance, 70 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE elle est indiquée sous le nom d’Achatina fuscolineata Lam. dans le catalogue des mollusques rapportés de Cayenne par M. Déplanche, de M. Eudes-Deslong- champs (Bull. de la Soc. Linn. de Normandie, 1. IV, p.48, n° 121; 1859). 5. Achatina fulminea Fér, (Helix) Prod. n° 366: — Pfeiff. IT, p.293, no 443. Habite les forêts de la Guyane. Rare (teste cl. doct. deGrateloup). M. Eyriès n’a pas rapporté cette espèce rare et peu répandue dans les collections ; mais mon savant ami le docteur de Grateloup m’assure qu’elle lui a été envoyée de Cayenne. . 6. Achatina voluta Chemm. (Bulla) Conch. IX, 2, p. 46, t. 447, f. 4009-10 ; — Pfeiff. IT, p. 279, no 404. — Syn. Achatina glans Lam. Habite les Guyanes, où elle est rare, et toutes les Antilles, d’où elle parait originaire (de Grateloup). 7. Achatina octona Chemm. (Helix) ConcA. IX, 2, p. 490, t. 436, f. 4264 ; — Pfeiff. II, p. 266, no 65. Cette Agathine n’est pas rare à Cayenne, dans les jardins, sous les pierres, sous le bois pourri, les dé- tritus. Elle pond, en janvier, quinze à vingt œufs de forme ovoide-arrondie, blancs, lisses, à enveloppe calcaire assez résistante, et mesurant 1/2 millimètre environ de grand diamètre. 8. Achatina Iamellata Pot. ct Miclh. Gal. Moll.1, p.428, t. 414, f. 7-8; — Pfeiff. II, p. 272, no 85. — (Tab. II, fig. 21-22.) Coquille oblonque-conique, un peu ventrue, mince, assez solide, striée-côtelée (stries espacées), brillante, d’une couleur de cire pàle, sousdiaphane ; spire conique-aiguë ; six tours à peine convexes, à DE LA GUYANE FRANÇAISE. 71 suture très-marquée, le dernier égalant à peu près la moitié de la hauteur totale; péristome droit, tran- chant ; bord droit arqué, bord columellaire sinué, muni d’une lame ou dent blanchàtre s’enfonçant dans l'intérieur ; columelle torse, blanche, tronquée. — Hauteur, 13-14; diamètre, 5-7 millimètres ; hauteur de l’ouverture, 6 ; diamètre, 8 1/2 millimètres. Habite sous les pierres et les bois pourris, à Ilet- la-Mére. Mars. Peu abondante. VII. Gen. Pupa Drap. 1. Pupa Eyriesii Dow. (Tab. II, fig. 46-17.) T. minulissima, perforata, cylindrico-obtusa, brevis, lœvis, mtida, tenuis, translucida, pallide cornea; anfr. 5 convexi, sutura profunda, ullimo sulcato; apex perobtu- sus, depressiusculus ; apert. subtriangularis, 5-dentata ; perist. subcontinuum, patulum, reflexum. Coquille des plus petites, perforée, cylindrique- obtuse, courte, lisse, luisante, mince, translucide, de couleur de corne claire; cinq tours de spire trés-convexes, séparés par une suture profonde, le dernier comme sillonné et portant une impression vers son milieu près du péristome; sommet trés- obtus, comme déprimé, souvent érodé et grisätre ; ouverture grande, confusément triangulaire, munie de cinq dents : deux supérieures, une sur la colu- melle, une inférieure, et une sur le bord droit, le- quel est sinueux; péristome évasé et réfléchi, sub- continu. — Hauteur, 4 1/2; diamètre, 4 millimètre. Habite sur le tronc du monbin (Spondias monbin), à Ilet-la-Mère. Assez abondant. Octobre. Obs. Cette intéressante coquille appartient-elle 72 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE réellement au genre Pupa, ou doit-elle être rangée parmi les Vertigo ? L’inspection de l'animal pourrait seule faire trancher la question. Dans le doute, je l'ai laissée dans le genre Pupa, adopté par tous les conchyliologues, sauf à la replacer ensuite dans les Vertigo, pour le cas où l’on reconnaïîtrait (ce que je n’ai pu vérifier) que l’animal a seulement deux ten- tacules. Dans tous les cas, n'est-il pas fort remar- quable de rencontrer une coquille aussi microsco- pique sous une pareille latitude? Presque sous l'équateur ! La Guyane anglaise possède déjà deux Maillots qui lui sont propres : les Pupa Antoni Kust. et P. conoïdea Newc. Mais il ne paraît pas que, jusqu'ici, l'on ait observé ce genre aux environs de Surinam. Je ne serais point étonné si l’on en trouvait plusieurs espèces dans notre colonie. VIII. Gen. Merampus Moxrr. 1. Melampus pusillus Gmel. (Voluta) Sys!. nat., p. 3436, no 7; — Pfeiff. Awricul., p. 46, no 46. — Syn. Auricula ovula Fér.: — Auricula nilens Lam. Habite Ilet-la-Mère, Cayenne. Rare (Déplanche). 2. Melampus ecoffea Lin, (Voluta) Syst. nat. ed. X, p. 729, no 348; — Pfeiff. Awricul. p. 28, no 49. — Syn. Auricula coniformis Fér. Lam. Habite Cayenne ; plus abondant (Pfeiffer). 3. NMelampus flavus Gimel. (Voluta) Sys{. nal. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 13 p. 3436, no 5; — Pfeiff. Awricul. p.21, no 9. — Syn. Auri- cula monile Lam. Habite Cayenne (Déplanche). C'est avec incertitude que je place ici le genre Melampus. Quelques auteurs considèrent les Mé- lampes comme des mollusques terrestres. Pfeiffer n’est pas de cet avis, et dit que ce sont des mollus- ques amphibies vivant dans l’eau saumâtre à l’em- bouchure des fleuves ; d’où il suit qu'il leur attri- buerait, comme aux Limnacea, le double mode de respiration pulmobranchiale, et que les Mélampes devraient avoisiner les Limnéens. Mais une même famille peut-elle comprendre tout à la fois des mol- lusques pulmonés et des mollusques pulmobran- ches?... Evidemment il y a là anomalie, et cette famille des Auriculacea me paraît devoir être l’objet d’une étude et d’une révision nouvelles. M. Eyriés n'ayant rapporté aucune des trois espèces ci-dessus mentionnées, je ne puis donner aucun renseigne- ment original sur le genre de vie de ces animaux. IX. Gen. Cyccopnorus MonrTr. 41. Cyeclophorus Cayennensis Slaswtél. in Bern. Mittheil. 1852, Dec. p.299 ; Diagn. n. Moll. no 3, p.39; — Pfeiff. Pneum. Suppl. IL. p. 66, no 123. Coquille largement ombiliquée, conoïde-orbicu- laire, solide, ornée de plis obliques ondulés et anastomosés, cornée-olivâtre ; spire brièvement co- noïde, obluse ; quatre tours convexes, à accroisse- 74 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE ment lent, le dernier arrondi, subenflé; ouverture presque verticale, subcirculaire, supérieurement subanguleuse; périsiome simple, tranchant, con- tinu; bord supérieur avancé, subinfléchi, profon- dément échancré à son insertion; bord columellaire un peu épaissi et enfoncé. Opercule mince, corné, étroitement spiralé, concave en-dessus. — Diamètre, 21; hauteur, 15 millimètres; hauteur de l’ouver- ture, 10 1/2 ; diamètre, 9 1/2 millimètres (Shuttl.) Habite Cayenne (Verreaux). Je suis surpris de la pauvreté des Cyclostomacés dans notre Guyane. M. Eyriès n’a pas même ren- contré ie Cyclophorus décrit par Shuttleworth. Cepen- dant la Guyane anglaise a déjà présenté quatre es- pèces de cette famille : les Cyclotus suturalis Sow. et C. discoïdeus Sow., et les Adamsiella variabilis Ad. et chlorostoma Sow. Je pense que l’on n’a point encore dit le dernier mot à ce sujet, et que l’ordre des pulmonés operculés doit avoir de plus nombreux représentants dans la vaste région qui nous occupe. X. Gen. HELIcINA Lan. 1. Helicina pellueida Sow. Thes. no 40. p. 9, t.3, f. 438; — Pfeiff. Pneum. I. p. 365, no 57. Hélicine semblable à l’Helicina zephyrina, de Du- clos, mais distincte par sa columelle presque droite, subanguleuse (Sow.). — Diamètre, 8 1/2; hauteur, 8 millimètres. Habite la Guyane française ; rare. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 75 2. Helieina sericena Drou. (Tab. IL, fig. 48-20). T. globuloso-trochiformis, infra lœvis, nitida, supra striatula, tenus, subtranslucida, sericea, corneo-rubes- cens; anfr. 5, ullimo dilatalo; apert. hemispherica ; perist. reflexum, candidum vel roseum, basi subsinuo- sum ; operculum subopacum, solidum, griseum. Coquille globuleuse-trochiforme, lisse et luisante en dessous, très-faiblement striée en dessus, garnie de poils courts droits, très-serrés, roussätres, de couleur de corne-rougeàtre, à peine transparente ; cinq tours de spire, le dernier très-grand, dilaté ; sommet conique; ouverture hémisphérique ; péri- stome réfléchi, blanc ou teinté de rose, légèrement sinueux à la base; opercule subopaque, solide, gri- sàtre. — Diamètre, 6 ; hauteur, 5 4/2 millimètres. Habite Montarbot (environs de Cayenne), sur les feuilles du balisier (Canna indica). Août. Peu abon- dante. Obs. Cette coquille n’appartiendrait-elle pas au genre Alcadia, de Gray ? Dans son catalogue des mollusques recueillis à Cayenne par M. Déplanche, M. Eudes-Deslong- champs porte l’Helicina viridis Lam. Le seul exem- plaire rapporté par M. Déplanche se trouvant égaré, et celte détermination ayant été faite sur un souve- nir, il me paraît prudent de ne point inscrire ici une espèce propre à Cuba et à Haïti, jusqu’à plus ample informé. 76 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE XI. Gen. PLanorgis GUETT. 1. FPlanorbis lugubris Spix ct WWagn. 7es/. “bras. t. 18, f. 3-6. — Syn. Planorbis Guadaloupensis Sow. Habite les eaux douces de la Guyane, du Brésil ; la Guadeloupe. 2, Flanorbis xerampelinus Drou. (Tab. IT, fig. 27-29.) T. supra late concavo-umbilicata, striatula, fulva vel æerampelina, infra planiuscula, lœvis, niida, lutescens, sohdula, subtranslucida ; anfr. 5-6, sensim et regulatim accrescentes, ultimo supra vix subanguloso ; apert. sub- triangularis, obliqua ; perist. subcontinuum, rectum, aculum, margine superiore producto, inferiore obhiquo. Coquille profondément concave en dessus, pres- que plane avec une légère dépression centrale en dessous, striée superficiellement en dessus, lisse et luisante en dessous, assez solide, subtranslucide, d’un corné fauve en dessus, grisàtre-jaune en des- sous ; spire composée de cinq à six lours, convexes en dessus, légèrement planes en dessous, croissant lentement et régulièrement, à sutures mieux mar- quées en dessus qu’en dessous; dernier tour très- superficiellement subanguleux à la partie supé- rieure; ouverture subtriangulaire, un peu élevée et oblique ; péristome subcontinu, droit, tranchant, blanchätre, à bord supérieur fort avancé, à bord inférieur relevé obliquement. — Diamètre, 18; hau- teur, 5 millimètres. Habite les fossés et les rivières à Surinam (Guyane hollandaise); se rencontrera sans doute aussi dans la Guyane française. Obs. Espèce voisine, mais cependant distincte, DE LA GUYANE FRANÇAISE. 14 des Planorbis olivaceus et ferrugineus Wagn., du Brésil et du Chili. Notamment notre espèce est sensible- ment moins striée et a son ouverture beaucoup moins ample et plus obliquement relevée que ses deux congénères, lesquelles pourront bien se rencontrer aussi dans les eaux de la Guyane. Les mêmes carac- tères la séparent du Plan. Guadaloupensis Fér. En outre, le Plan. xerampelinus est bien plus largement et profondément ombiliqué, en entonnoir évasé; de plus l’accroissement de ses tours a lieu doucement et régulièrement, tandis que chez ses congénères les deux derniers tours sont, proportionnellement, plus gonflés que les autres. XII. Gen. AmpPuLLARIA Lam. 1. Ampullaria Guyanensis Lama. Anûn.s. vert. VI. 2. p. 176, no 1. Trés-grande et très-belle espèce, ventrue, très- solide, inégalement striée (stries plus apparentes et plus fortes au fur et à mesure qu’elles se rapprochent de l’ouverture), très-étroitement ombiliquée; épi- derme brunätre ou olivàtre, plus ou moins clair, plus ou moins foncé, avec des bandes olivätres, peu apparentes; six tours de spire, le dernier énorme ; ouveriure très-grande; bord droit convexe, bord columellaire sinueux, recouvrant à moitié l’ombilic ; péristome subcontinu, un peu épaissi, saumoné ou orangé. Coquille souvent érodée, et variable pour la taille. Opercule un peu concave, mince, solide, subtranslucide, corné-rougeàtre, à stries concen- triques fines, régulières et dont le centre ou noyau est très-rapproché du bord columellaire. — Hau- 78 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE teur, 85 ; diamètre, 75 millimètres ; hauteur de l’ou- verture, 70 ; diamètre, 45 millimètres. Habite l'Oyapoc, au pied de la première cata- racte, sur les pierres, sur les plantes, quelquefois hors de l’eau. Juillet. Obs. L’Ampullaria olvacea Wagn. (Test. bras. pl. 8, f. 52) paraît fort voisine de cette espèce, si elle ne lui est pas identique. 2. Ampullaria fasciata Lam. Ann. s. vert. VI, 2, p.171, n°13: Coquille moitié moins grande que la précédente, ventrue, lisse, grisàtre ou blanchâtre, avec des bandes bleuätres plus ou moins distinctes; cinq tours de spire, le dernier très-grand; sommet très- obtus; ouverture roussàtre. — Hauteur, 50; dia- mètre, 45 millimètres. Habite la rivière de Cayenne. Plus rare que la précédente. 3. Ampullaria oviformis Desh. Zncycl.Il, p.34, no 45; — et Anim. s. vert. Lam. VIII, p. 549. no 27. Habite Cayenne (D' Jay). 4. Ampullaria effusa Mull, (Nerita) Verm. hist. Il, p.175, no 364; — Lam. Anim. s. vert. VI, 2, p.178, no 5. Coquille remarquable par sa forme déprimée et la largeur de l’ombilic. En général, la coloration est jaune-olivàtre avec des bandes olivètres plus ou moins apparentes. Quelquefois aussi le fond de la robe disparaît presque entièrement sous deux larges bandes brunes qui envahissent tout le dernier tour de spire, à l’exception de la partie qui avoisine la suture, laquelle est canaliculée. L'ouverture est DE LA GUYANE FRANÇAISE. 79 ovale-allongée, colorée agréablement par un jaune- orangé remarquable, mais obscurcie en partie par la transparence des bandes externes. L’opercule est un peu enfoncé, mince, translucide, brunàtre, trés- finement strié. — Hauteur, 85 ; diamètre, 35 mil- limètres. Habite les environs de Cayenne, où elle est rare, et d’assez petite taille. À Paramaribo, d’où M. Dé- planche l’a rapportée, elle est plus commune et de- vient plus grande : hauteur, 40 ; diamètre, 45 mil- limètres. 5. Ampullaria luteostoma Swains. Zoo!. Il. IUT, pl. 457 (ex. cl. Morelet). Coquille largement ombiliquée, globuleuse-sub- déprimée, assez fortement striée sur le dernier tour, plus finement sur les autres, solide quoique peu épaisse, légèrement luisante, olivätre, avec plusieurs bandes brunes étroites sur le dernier tour ; six tours de spire très-convexes, à suture profonde, le dernier très-grand, formant environ les trois quarts de la coquille ; ombilic large et profond, à moitié recou- vert par le bord columellaire; ouverture ovale-piri- forme, un peu anguleuse aux deux extrémités ; pé- ristome continu ; bord droit tranchant, droit; bord columellaire évasé, réfléchi, un peu épaissi. Le péri- stome et toute l'ouverture portent une teinte oran- gée ou saumonée fort remarquable, sur laquelle apparaissent les bandes extérieures. Opercule très- enfoncé, brun-rougeàtre, à stries concentriques iné- gales, plus fortes et très-apparentes sur le pourtour, et à noyau très-rapproché du bord gauche. Coquille le plus souvent fortement érodée, laissant à décou- 80 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE vert un cortex d’un gris-bleuâtre clair, et présentant un ensemble de coloration très-élégant. — Hauteur, 50 ; diamètre, 50 millimètres ; hauteur de l’ouver- ture, 36; diamètre, 25 millimètres. Habite les rivières de la Guyane, non loin de Cayenne, et le Maroni. On la trouve également à la Martinique dans la rivière Monsieur, où elle devient trés-belle. 6. Ampullaria Chemnitzii Phil, in : Chemn. Conch. ed. 2. Ampull. p. 39, no 52; t. 40, f. 5. — (Tab. IV, fig. 47). Coquille ombiliquée, ovalaire, à peine striée, lisse, luisante, peu épaisse, solide, olivàtre ou jau- nâtre, avec des bandes olivàtres plus ou moins appa- rentes sur le dernier tour; cinq tours de spire à suture profonde, comme canaliculée, le dernier énorme ; sommet un peu aigu ; ombilic étroit, re- couvert à moitié par le bord columellaire ; ouver- ture piriforme très-ample ; péristome subcontinu, à bords simples, tranchants, très-légèrement réféchi vers l’ombilic; ouverture blanchâtre vers le péri- stome, violacée ou purpurine à l’intérieur, laissant voir les bandes quand elles existent. Opercule trés- mince, de couleur de corne rougeàtre, à stries concentriques fines et irrégulières, et à nucléus fort rapproché du bord gauche. — Hauteur, 60; dia- mètre, 50 millimètres ; hauteur de l’ouverture, 50; diamètre, 92 millimètres. Habite l'Oyapoc(Déplanche)et le Surinam (Guyane hollandaise) ; probablement aussi quelques autres rivières de la Guyane française. Cette espèce paraît assez répandue. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 81 7. Ammpullaria puneticulata Swains. Zoo!.1l- lustr. TL, t. 443; — Phil. in Chemn. ed. 2, p. 43, t. 3, f. 2 (ex Swains.) T'. parce umbilicata, ovata, subcrassiuscula, solidula, subopaca, striatula, spiraliter sub lente subtilissime punc- hllata, olivacea, fasciata; anfr.5, superne tumidi, apice acuminato; perist. subincrassatulum, rufescens, margine columellari reflexiusculo. Opercul. immersum, fuscatum, subuliter striatum, solidulum. Coquille ombiliquée étroitement, ovalaire, peu épaisse, solide, subopaque, finement striée, ornée de très-fines et très-légères stries pointillées transver- sales (visibles seulement à l’aide de la loupe), assez lisse, olivätre avec des bandes brunes ou verdàtres nombreuses ; cinq tours de spire convexes, gonflés à la partie supérieure, séparés par une suture pro- fonde; sommet acuminé; ouverture ovale-allongée, grisätre ou roussàtre, péristome discontinu ou à peine subcontinu, roussätre ou orangé, laissant ap- paraître les bandes extérieures ; bord columellaire légèrement réfléchi sur l’ombilic. Opercule brun foncé, finement strié, solide. — Hauteur, 53 ; dia- mètre, 45 millimètres ; hauteur de l’ouverture, 40; diamètre, 28 millimètres. Habite les fossés du jardin botanique de Baduel (environs de Cayenne), la rivière du Diamant. Juin. Assez abondante. M. de Castelnau l’a rapportée de son exploration dans le Brésil. Obs. Les fines pointillures qui décorent l’'épiderme de cette espèce sont quelquefois presque effacées et difficiles à apercevoir ; même avec la loupe, il faut une certaine attention pour les découvrir. 82 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE 8. Ampullaria Welwitschiana Drou. (Tab.Iil. fig. 33-34.) T. imperforata, ovata, solidula, subtranslucida, sub- striatula, nitidula, olivacea, mulufasciala; anfr. 5 vix convexi, sutura superficiali; apex subelevatus ; apert. elliptica, obliqua, rufula ; perist. discontinuum, rectum, acutum, marg. columellari candido, reflexiusculo, dextro valde arcuato. Operculum...? Coquille imperforée, ovalaire, assez mince, solide, subtranslucide, finement et très-superficiellement striée, lisse, luisante, olivètre, avec de nombreuses bandes brunes ou verdàtres; cinq tours de spire à peine convexes, séparés par une suture superficielle ; sommet peu élevé, légèrement acuminé; ouverture ellipsoïde-allongée, oblique, roussàtre ou brunàtre; péristome droit, tranchant, sans bourrelet, discon- tinu; bord columellaire blanchâtre, bord droit très- arqué. Opercule...? — Hauteur, 50; diamètre, A2 millimètres ; hauteur de l’ouverture, 40; diamètre, 20 millimètres. Habite la rivière: du Diamant, les environs de Cayenne. Plus rare que la précédente, dont il est facile de Ja distinguer (entre autres caractères) à son test imperforé, plus lisse, luisant, dépourvu de poin- tillures, et à son ouverture plus allongée. Dédiée à M. le D' Frédéric Welwitsch, directeur du Jardin botanique de Lisbonne et naturaliste-voyageur de S. M. le Roi de Portugal, ‘qui vient d'effectuer dans les colonies portugaises sur la côte occidentale d'Afrique, à Angola, une longue et pénible explora- tion scientifique, dont les importants résultats sont en parlie consignés dans un savant travail récemment publié à Lisbonne sous le titre de : Observations phyto- DE LA GUYANE FRANÇAISE. 83 géographiques sur la Flore d’Angola. — Apontamen- tos phylo-geographicos sobre a Flora da provincia de Angola na Africa equinocial, servindo de relatorio pre- lminar acerca da exploraçäo botanica da mesma pro- vincia execulada por ordem de Sua Magestade Fidehs- sima, pelo D' Frederico WeLwitscn (Annaes do Conselho ultramarino ; part. nào off. Ser. I. dezemb. 1858; pp. 527-593; Lisboa, in-4°). La zoologie est également redevable à M. Welwitsch d’observations du plus haut intérêt. 9. Ampullaria Sinamarina Brug. (Pulimus) Journ. hist. nat. T. p.342, t. 48, f. 2-3. Coquille imperforée, ovale-ventrue ou globuleuse, épaisse, solide, opaque, finement mais inégalement striée longitudinalement et horizontalement, ce qui donne à l’épiderme, qui est brun ou marron, un aspect un peu rugueux et comme treillissé; trois à quatre tours de spire, dont le dernier, très-grand, forme à lui seul la presque totalité de la coquille, et portant quelquefois les traces légères d’une carène à peine perceptible; sommet très-obtus, déprimé, à peine saillant (le plus souvent érodé); ouverture trés-ample, ovale, très-faiblement anguleuse sur le bord droit et inférieurement, blanchätre ; péristome un peu épaissi, blanchàtre ou orangé, subcontinu. Opercule...? — Hauteur, 65; diamètre, 58 milli- mètres; hauteur de l’ouverture, 53; diamètre, 37 millimètres. Habite l'Oyapoc et l’Ouassa (rivière en deçà de lOyapoc). Juillet. Les spécimens sur lesquels Bru- guière a décrit originairement cette belle Ampullaire ont été pêchés dans le Sinamari. 84 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE 410. Ampullaria Sloanii (cujus aucloris ?). Habite Cayenne (D' Jay). Je ne connais pas du tout celte espèce, mention- née sans nom d’auteur, sans caractères, comme sans aucune autre indication, par le D' Jay, dans le Cata- logue de sa collection (4° édition, 1852, p. 283, n° 6742). Le genre Ampullaire, qui compte déjà dix espèces bien distinctes dans notre Guyane, paraît être une des formes caractéristiques de cette région. IT est, parmi les mollusques fluviatiles, ce que sont les Bulimus et Achatina parmi les terrestres. Presque tous les cours d’eau, les marécages, et même les savanes noyées, en renferment un plus ou moins grand nombre. Les oiseaux, notamment ceux de l’ordre des échassiers, qui les recherchent pour s’en nourrir, savent encore mieux les découvrir que les naturalistes. Ils leur font une guerre acharnée, et souvent on en voit des tas amoncelés au bord des rivières : ce qui peut être un indice pour le collec- tionneur. Les fleuves et les rivières des Guyanes an- glaise et hollandaise sont également pourvus d’un bon nombre d’espèces de ce genre, soit spéciales à la contrée, soit communes à loute la région. XIII. Gen. MELanrA Lam. 4. Melania atra Riel. (Bulimus) Act. Soc. hist. nat. Par. p. 126, no 48; — Desh. Anèm. s. vert. Lam. VII, p. 429, no 2. — Syn. Melania truncata Lam. Grande et belle espèce, conique-allongée (mais le DE LA GUYANE FRANÇAISE. 85 plus souvent tronquée), d’un brun plus ou moins foncé, souvent noirätre, munie de côtes longitudi- nales saillantes (surtout à la partie supérieure) et de plis transversaux rugueux ; l'ouverture est blan- châtre, piriforme, avec le bord inférieur très-déve- loppé et recourbé. Le phénomène de l'érosion et de la troncature de la spire est tellement prononcé chez cette espèce, qu’il ne lui reste trés-souvent que trois tours de spire au lieu de neuf ou dix qu’elle de- vrail avoir! Habite la rivière de la Comté. Juin. 2. Melania decollata Lam. Anim. s. vert. VI, 2, p. 465, no 9. Espèce bien distincte de la précédente en ce qu’elle est dépourvue des côtes et des plis qui caractérisent le Melania atra, eten ce que ses lours de spire sont plus convexes ; du reste, elle est érodée et tronquée comme elle. Habite la Comté, et les autres rivières de la Guyane. XIV. Gen. NERITINA Lam. 1. Neritina zebra Brug. (Nerita) Ac. Soc. hist. nat. Par., p.126, no 21. Jolie espèce, très-connue. Habite plusieurs rivières de la Guyane, passim. 2. Neritina lincolata Lam, Anûn. s. vert. VI, 2, p.186, no 14. Habite la Guyane : environs de Cayenne. 3. Nerîitina virgimea Lin. ({Nerita) Hus. Lud. Ulr. p. 678, no 391: — Gmel. Sysé. nat. p. 3679, no 42. Habite Cayenne (Déplanche). 86 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE ACÉPHALES. XV. Gen. Unio RErz. Y. Unio granosus Brug, Journ. d'hist. nat. 1, pi'4074% 16417824 SEncyel. À: 249-270 612 Eam: Anim. s. vert. NI, E, p.79, no 37. Coquille ovalaire, subdéprimée, mince, d’un brun rougeàtre, couverte de granulalions ou tubercules rangés en stries obliques (cet arrangement existe sur- tout à la région supérieure de la coquille, et tend à disparaître vers les bords, où les stries d’accroisse- ment se manifestent); bord supérieur un peu arqué, bord inférieur horizontal; bord antérieur resserré, diminué, le postérieur assez élevé; ligament court, un peu proéminent; dent de la valve droite double, allongée, peu élevée; dent de la valve gauche bifur- quée, plus relevée; nacre bleuàtre, sur laquelle apparaissent les granulations extérieures, très-bril- lante. — Longueur, 32; hauteur, 21; diamètre, 41 millimètres. Habite la crique Saint-Etienne, dans lOyapoc. Novembre. Peu abondant. Obs. L’exemplaire unique rapporté par M. Eyriès me parait ne pas être complètement adulte, ce qui explique la diflérence de taille existant entre lui et ceux de Lamarck, qui ont 35 millimètres de lon- gueur. — Schumacher a décrit aussi un Unio grano- sus, qui n’est autre que l’Unio littoralis (Schum. Ess. nouv. syst. test. 1817, pl. 41, f. 4). DE LA GUYANE FRANÇAISE. 81 APPENDICE. COQUILLES RAPPORTÉES DE LA MARTINIQUE. Pendant un court séjour à la Martinique, pour raison de santé, M. Eyriès a pu recueillir quelques coquilles dans ses promenades aux environs de Fort- Royal. Considérera-t-on comme déplacée ici la liste de ces mollusques, dont cinq espèces m'ont paru nouvelles ?..… 1. Helix nux denticulata Chemnmn,. (7. hippo- castanum Laim.). — Magnifiques exemplaires, ro- bustes, hauts de 20, larges de 26 millimètres. L'é- piderme est mince, papyracé, et il s’exfolie aisément. On les trouve au pied des magnolias et du gommier, aux Pitons, à l’Adonis, etc. 2. Helix migrescens Wood. — Aux Pitons, avec l'espèce précédente. 3. Helix dentiens Fér. — Aux Pitons, sous les pierres, sous les bois pourris. 1. Helix badia Fér. — Aux Pitons, avec la pré- cédente. 5. Helix obesa Beek (/1. punctata Fér.). — Dans les jardins, au pied des arbres. 88 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE 6. Helix parillis Fér, — Aux Pitons, sous les pierres, les bois pourris. 7. Helix orbieulata Fér. — Fort-Royal, au pied des bananiers. 8. Helix discolor Fér. — Fort-Royal, au pied des bananiers. 9. Helix auridens Rang. — Aux Pitons, dans les détritus végétaux, sous les pierres. 10. Bulimus exilis Gmel. (2. Guadaloupensis Brug.). — Fort-de-France, aux Pitons, le Morne-aux- Serpents, au pied des bananiers, dans les détritus. 11. Aechatina semitarum Rang. — Sainl- Pierre, au milieu des détritus, dans les champs de cannes. 12. Cyclophorus liratus Drou, (Tab. ll, fig. 30- 32.) T. latissime perviam umbilicata, discoideo-subde- pressa, tenws, subopaca, liris spiralibus confertis filoso- sculpta, unicolor olivacea ; anfr. 4; sutura canaliculata ; apertura circularis ; peristoma simplex, acutum. Oper- culum immersum, nitidum, concolor.— Diam. maj. 13, alt. 7; apert. diam. 6 mall. Ce Cyclophore a l’ombilic large et très-profond, el une forme discoïdale-subdéprimée. Son test est mince, subopaque, olivätre clair, et orné de plis spiraux, menus, serrés, égaux et réguliers. Les deux premiers tours de spire sont dépourvus de ces plis ou stries, et sont lisses, luisants et souvent ro- sâtres. La spire se compose de quatre à cinq tours DE LA GUYANE FRANÇAISE. 89 convexes, à suture profonde et canaliculée. L’ou- verture est régulièrement circulaire, le péristome simple, tranchant, souvent un peu blanchàtre. L’o- percule est assez enfoncé, luisant, de la couleur du test. Les caractères saillants de cette coquille con- sistent dans sa coloration olivâtre, et dans ses plis transversaux. Habite aux Pitons, dans l’intérieur du tronc de la fougère-arbre. Février; abondant. 13. Cyelophorus acutiliratus Drou, (lab. Ill, fig. 42-44.) T. lale perviam umbilicata, subturbinata, tenuis, soli- dula, subtranslucida, plicis spiralibus acutis distinctis cincla (3 majoribus : 1 carinam simulante, 2-3 circa umbilicum), rufescens aut albida ; anfr. 5 ; spira conico- subacula; apert. angulato-circularis; perist. simplex, acutum. Operculum subimmersum, griseum, transluci- dum, polygyratum. — Diam. maj. 11, alt. 8-9 ; apert. diam. 5 null. Ce Cyclophore est largement et profondément om- biliqué, subturbiné. La coquille est mince, assez s0- lide, subtranslucide, roussàtre ou blanche (quelque- fois mi-partie rousse, mi-partie blanche), et elle est accompagnée de plis spiraux étroits et écartés, dont trois plus saillants que les autres, savoir : un sur le milieu du dernier tour, formant carëène et un peu ondulé, deux autres autour de l’ombilic. La spire est conique subaiguë et se compose de cinq tours, à suture profonde, légèrement canaliculée et teintée de blanc. L'ouverture est circulaire, un peu angu- leuse supérieurement; le péristome simple, tran- chant. L’opercule, un peu enfoncé, est gris, trans- 90 MOLLUSQUES TERRESTRES. ET D'EAU DOUCE lucide, multispiré. Notre espèce rentre dans le , P groupe dont fait partie le Cyclophorus rufescens Sow. Habite avec le précédent, dans le tronc de la fou- gère-arbre, aux Pitons. 114. Cyelophorus einereus Drou. (Tab. II, fig. 27-38) T, pusilla, umbilicata, subturbinala, tenuis, vix sub- translucida, subulissime striata, cinerea; anfr. 4 con- vexi, apice obtuso ; apert. angulato-circularis ; perist. simplex, acutum. Opercul. immersum, concolor, nor- male. — Diam. maj. 4 1/2, alt. 4; apert. diam. 2 mul. Ce Cyclophore, qui, par sa forme générale, sa taille et sa coloration, rappelle notre Valvata pisci- nalis Mull., n’a de caractères saillants que dans sa petite taille, sa forme subturbinée, sa couleur cen- drée, et surtout dans les stries fines et régulières dont son tesi est orné. Habite la Martinique, avec les deux espèces pré- cédentes. 15. Melieina Antillarum Sow. — Aux Trois- Ilets, sur le laurier-rose. Plusieurs variétés de colo- ration. 16. Helicina platychila Mühif.— Saint-Pierre, sous les bois pourris. 17. Helieina pudien Drou. (Tab. Ill, fig. 35-36.) T. minima, globoso-turbinata, læviuscula, vix subni- tida, subpellucida, fragilis, corneo-rufescens vel fulva; anfr. 53 spira conico-subaculiuscula; apertura semilu- naris; peristoma reflexiusculum. Operculum tenue, pal- DE LA GUYANE FRANÇAISE: 91 lide corneum, concavum. — Diam. maj. 4, alt. 31/2; all. apert. 2, diam. 1 1/2 mali. Cette petite Hélicine est globuleuse-turbinée , presque lisse, à peine luisante, subtransparente, fragile, et d’un corné-roussàtre ou fauve. Elle a cinq tours convexes; sa spire est conique-subaiguë. Son ouverture est semilunaire et son péristome très- légèrement réfléchi, sans coloration particulière. La columelle :est lisse et largement étalée. L’opercule est mince, corné-pâle, un peu concave. Elle n'offre rien de remarquable, que sa petite taille. Habite la Pointe-du-Bout, dans les champs de canne à sucre, au milieu des détritus. Mai. 18. Ancylus parasitans Drou. (Tab. Ill, fig. 39- 44°) T. subconoïdeo-compressa, ovali-elongata, tenus, diaphana, striata, flava, intus sublactea, nitidissima ; apex suboblusus, dextrorsus ; apertura ovali-elongata ; margo dextler convexus, sinister rechusculus. — Long. 7, diam. 4, alt. 2 mull. Cet Ancyle est subconique-déprimé, et de forme ovale-allongée. Le test est diaphane, d’un blond pâle, finement strié longitudinalement et circulaire- ment. Son caractère principal est d’avoir le som- met un peu obtus, placé en arrière et dirigé sensi- blement vers la droite. L'ouverture est ovale-allon- gée, avec le bord droit un peu dilaté et convexe, tandis que le bord gauche s’écarte moins et demeure presque rectiligne. Enfin l’intérieur est légèrement blanchâtre et très-brillant. Habite la rivière Monsieur, à Fort-Royal, sur les Ampullaires. Peu abondante. Juin. 92 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE Cet Ancyle peut être rapproché de quelques es- péces brésiliennes, notamment de l’Ancylus Barilensis Moric. 19. Ampullaria luteostoma Swains. — Ri- vière Monsieur, sur les rochers et sur les plantes. Exemplaires magnifiques, comme forme, comme taille et comme coloration. 20. Neritina punetulata Lam. — Rivière des Pitons, au plus fort du courant, sur les pierres. Spé- ciments très-robustes, mesurant 35 millimètres de grand diamètre sur 20 de hauteur, très-pesants, mais fortement érodés et comme profondément la- bourés. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 93 NOTES. NoTE A. Limites de la Guyane francaise et du Brésil. Sans cesse agitée, débattue et controversée entre les ayant-droit depuis près de deux siècles, cette question de la délimitation des possessions françaises dans la Guyane d'avec le Brésil n'est point encore catégoriquement tranchée. Depuis la date des premiers éta- blissements français dans la Guyane (c'est-à-dire depuis 1650 en- viron) jusqu'à la fin du xvur siècle, la rive gauche de la rivière des Amazones et la bouche la plus occidentale avaient été considérées comnie la limite méridionale de notre territoire. Vers cette époque, les Portugais tentèrent des empiétements successifs, et plus tard ils essayèrent de s'avancer jusqu'à l'Oyapoc, qu'ils prétendirent être le synonyme de la rivière de Vincent-Pinçon, indiquée comme limite des deux territoires par le traité d'Utrecht, en 1713. De là une source d'erreurs et de débats entre les deux nations limitro- phes : c'était en effet la rivière à laquelle le navigateur espagnol Vincent Pinçon a attaché son nom (laquelle à pu porter également le nom d'Japoc), et non l'Oyapoc actuel qui en est distinct, qui devait servir de base aux opérations. D'abord fixée à l'Zapoc ou Vincent-Pinçon, par le traité d’Utrecht (1713), ainsi qu'il vient d'être dit, la délimitation fut successivement déplacée et portée à la rivière Carsevène, par le traité de Paris (1797), à l’Araouari par le traité de Badajoz (1801), puis, dans la même année, à la Cara. panatuba par le traité de Madrid (1801), et bientôt reportée à l'Araouari par le traité d'Amiens (1802). — « Enfin, dit M. d'A- vezac, à qui j'emprunte les détails qui vont suivre, une dernière série de stipulations diplomatiques relatives à cette question s'ou- 94 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE vre, en 1814, par le traité de Paris du 30 mai, dont l'article 410 était ainsi conçu : « Sa Majesté Très-Fidèle, er conséquence d'arrangements pris » avec ses alliés, s'engage à restituer, dans le délai de trois mois, » Ja Guyane française telle qu'elle existait au 1° janvier 1792. » L'effet de la stipulation ci-dessus étant de faire revivre la con- » testation existant à cette époque, au sujet des limites, il est con- » venu que cette contestation sera terminée par un arrangement » amiable entre les deux cours, sous la médiation de S. M. Bri- » tannique (1). » | Comme la France était, au A* janvier 1792, en possession effec- tive d'une notable partie des territoires contestés (2), le Portugal refusa de ratifier cette disposition. à laquelle il fut expressément substitué dans les actes du congrès de Vienne, du 9 juin 1815, l'article que voici : « Art, 107. —$. À. R. le Prince-Régent du royaume de Por- » tugal et de celui du Brésil, pour manifester d'une manière in- » Contestable sa considération particulière pour Sa Majesté Très- » Chrétienne, s'engage à restituer à Sadite Majesté la Guyane » française jusquà la rivière d'Oyapoc, dont l'embouchure est » située entre le 4° et le 5° degré de latitude septentrionale, limite » que le Portugal à toujours considérée comme celle qui avait été » fixée par le traité d'Utrecht. L'époque de la remise de cette colo- » nie à Sa Majesté Très-Chrétienne sera déterminée dès que les » circonstances le permettront, par une convention particulière » entre les deux cours; et l'on procèdera à l'amiable, aussitôt ». que faire se pourra, à la fixation définitive des limites des Guyanes » portugaise et française, conformément au sens précis de l'ar- » ticle 8 du traité d'Utrecht (3). » Le baron Alexandre de Humboldt fut consulté par le gouverne- ment portugais sur les meilleures voies à prendre et les instruc- (4) Voyez : Martens, Nouveau Recueil des principaux traités, t. IX, p. 1-58. (2) Elle avait établi depuis 1763 la mission de Macari, sous l’invo- cation de saint François-Xavier, et depuis 1782 le poste de Vincent Pinçon : l’un et l’autre à la hauteur de la pointe méridionale de l’île Maraca. (3) Martens, Nouveau Recueil, t. IX, p. 379-454. DE LA GUYANE FRANCAISE. 95 tions à donner pour arriver à une démarcation amiable des deux Guyanes; le savant voyageur remit, le 6 août 1817, un mémoire où il avait consigné les détails qu'on lui demandait (1), et bientôt après, la convention particulière à laquelle il avait ainsi indirecte- ment concouru fut signée à Paris, le 28 août 1817; elle paraphra- sait la stipulation de 1815, ainsi qu'il suit : « Art, 1: — Sa Majesté Très-Fidèle, étant animée du désir » de mettre à exécution l'article 107 de l'acte du congrès de Vienne, s'engage à remettre à Sa Majesté Très-Chrétienne, dans » le délai de trois mois, ou plus tôt si faire se peut, la Guyane française jusqu'à la rivière d'Oyapoc, dont l'embouchure est » située entre le 4 et le 5° degré de latitude septentrionale, et jusqu'au 322° degré de longitude à l'est de l'île de Fer, par le » parallèle de 2° 24 de latitude septentrionale. » Art. 2. On procèdera immédiatement, des deux parts, à la » nomination et à l'envoi de commissaires pour fixer définitive- » ment les limites des deux Guyanes française et portugaise, con- » formément au sens précis de l'article 8 du traité d'Utrecht, et aux » stipulations de l'acte du congrès de Vienne. Lesdits commis- » saires devront terminer leur travail dans le délai d'un an au » plus tard, à dater du jour de leur réunion à la Guyane. — Si à » l'expiration de ce terme d'un an lesdits commissaires respectifs » ne parvenaient pas à s'accorder, les deux hautes parties contrac- » tantes procèderaient à l'amiable à un autre arrangement, sous la » médiation de la Grande-Bretagne, et toujours conformément au » sens précis de l'article 8 du traité d'Utrecht, conclu sous la ga- » rantie de cette puissance (2). » Des années succédèrent aux années sans qu'on nommât de part ni d'autre les commissaires aux mains desquels devait être remis le soin de vider sur place la question restée en suspens : on finit par >= > ÿ (1) Mémoire sur la fixation des limites des Guyanes française el por- tugaise; in : Archives historiques et politiques de Schæll; Paris, 1818, in-80, t. 1, p. 48-58. — M. de Humboldt a plusieurs fois fait allusion à cette question des limites dans son Voyage aux régions équinoæiales (t. VILLE, p. 55; €. IX, pp. 257-259; €. X, pp. 156-158), attendant le jour « où elles cesseront d’appartenir aux illusions de la diploma- tie. » (2) Martens, Nouveau Recueil, t. IV, pp. 490-491. 96 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE s'apercevoir qu'avant de prétendre faire opérer sur le terrain une fixation de limites, il fallait au préalable s'accorder sur les bases de cette démarcation; et, d’après une communication du gouvernement français, on résolut en 1841 d'ouvrir une négociation pour s'en- tendre sur le sens précis de l'article 8 du traité d'Utrecht, auquel se référaient les dernières conventions. Les plénipotentiaires dési- gnés pour cet objet eurent à peine deux ou trois conférences sans résultat, et la négociation languit encore de longues années. Enfin, le Brésil envoya à Paris, pour la reprendre, un plénipo- tentiaire spécial, le vicomte de l'Uruguay, qui remit, le 15 juin 1855, au gouvernement français, un mémorandum expositif au- quel il fut fait, le 5 juillet, une réponse préliminaire; et le 4 août suivant le baron His de Butenval fut désigné pour suivre la négocia- tion au nom de la France. Les conférences s'ouvrirent entre les deux plénipotentiaires, le 30 août 1855, et se poursuivirent jusqu'au 4e juillet 1856, en quinze laborieuses séances dont les procès- verbaux, soigneusement tenus par le secrétaire, M. Duflot de Mo- fras, ont été imprimés à Rio de Janeiro, comme document parle- mentaire, à titre d'annexe à l'exposé annuel, pour 1857, du mi- nistre brésilien des affaires étrangères. Ils forment un cahier in-folio de 175 pages, sous ce titre : Protocoles de la Conférence sur la délimitation des Guyanes française et brésilienne. Is sont pleins d'une érudition géographique toute spéciale, dont le vicomte de l'Uruguay a donné l'exemple, et avec laquelle le baron de Buten- val s’est montré à son tour non moins familier. Les instructions du plénipotentiaire brésilien ne lui permettaient pas de concéder de limite plus méridionale que la rivière Calsoène (portée sur les cartes françaises sous le nom de Carsewène, corrup- tion du nom indigène Coroswini; lat. 2° 35). Le plénipotentiaire français, de son côté, a présenté comme ulti- matum la déclaration suivante : « Le gouvernement de l'Empereur consent — non-seulement à » ce qu'un article du traité à intervenir rappelle d'une manière » expresse et formelle « que les terres adjacentes au Cap du Nord » appartiennent définitivement et à toujours à S. M. Brésilienne; » » — mais encore à ce que la limite future soit ainsi indiquée dans » le traité à intervenir : « Le canal de Carapaporis séparant l'île » de Maraca des terres adjacentes au Cap du Nord, puis la branche » nord du fleuve Araouari, si cette branche est libre, ou dans le DE LA GUYANE FRANCAISE. 97 » cas où cette branche serait aujourd'hui obstruée, le premier cours » d'eau suivañt en remontant vers le nord, et se jetant sous le nom » de Mannaya ou de rivière de Carapaporis dans le canal de Cara- » paporis, à 1° 45° environ de latitude nord (1). » — La limite partant de la côte suivrait le cours du fleuve sus-indiqué jusqu'à sa source, puis se prolongerait à égale distance de la rive gauche de l'Amazone jusqu'à ce qu'elle rencontrât la limite ouest du Rio- Branco. Sur quoi le plénipotentiaire brésilien, considérant ses pouvoirs comme épuisés, s'est borné à conclure que cette proposition serait écrite dans le protocole, et portée avec le protocole à la connais- sance de son gouvernement, et la négociation a été close (2). — Adhuc sub judice lis est. Indépendamment des traités diplomatiques insérés dans le Re- cueil de Martens, du Mémoire de M. de Humboldt, et du Rapport de M. d'Avezac, ci-dessus cités, on pourra encore consulter, sur cette question d'intérêt général, les sources suivantes : LA CONDAMINE. Relation abrégée d'un voyage fait dans l'inté- rieur de l'Amérique méridionale, in : Mémoires de l’Académie des sciences ; Paris, 1745, in-4°, p. 485, et édition spéciale : Paris, 1745, in-8e. LA CoNpamiNE. Relation abrégée d'un voyage fait en descen- dant la rivière des Amazones. Maëstricht, 1778, in-8e. MENTELLE. Mémoire sur les limites entre les possessions fran- çaises et portugaises à la Guyane et au Para. (Feuille de lu Guyane francase, t. II, 1796.) BuAcxe. Considérations géographiques sur la Guyane française concernant ses limites méridionales, in : Mémoires de l'Institut ; Sciences morales et politiques, t. II, pp. 15-39, avec une carte, Ju le 27 frimaire an vr (1797). Mémoire contenant les droits de la France sur les pays situés (4) Protocoles de la Conférence, séance du 1° juillet 1856; p. 174. (2) D’Avezac. Considérations géographiques sur l'histoire du Brésil, examen critique d’une nouvelle histoire générale du Brésil, récemment publiée en portugais à Madrid, par M. F.-A. de Varnhagen, chargé d'affaires du Brésil en Espagne. Paris, 1857, in-80, 2 cartes ; note HH, pp. 263-268 (extrait du Bulletin de la Soc. de Géogr. 1857). 98 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE entre la rivière des Amazones et celle d'Orénoc, in : MALLOUET, Collection de Mémoires et Correspondances officielles; Paris, an x, à vol. in-80; t. Ier, pp. 111-118. Humsozpr. Mémoire sur la fixation des limites des Guyanes française et portugaise, in : Archiv. histor. et polit. de Schæll; Paris, 1818, in-8°, t. Le", pp. 48-58. Vie pe SAo-LEopoLo. Programma bhistorico : quaes sào os limites naturaes, pacteados e necessarios do imperio do Brazil? in : Mem. Instit. Brasil. 1839, in-8°, pp. 1-54. FERREIRA. Propriedade e posse das terras do Cabo do Norte pela coroa do Portugal, in : Revista trimensal, t. II, pp. 339-371 (1841 ou 1842). Bæna. Discurso ou Memoria sobre a intrusaô dos Francezes de Cayena nas terras do cabo de Norte em 1836. Maranhaô, 1846, br. in-8°. Tarpy DE MonTRAvEL. Considérations générales sur la délimi- tation de la Guyane française. (In : Revue coloniale, t. XII, 1849.) Da Sizva. Mémoire sur les limites du Brésil avec la Guyane française, conformément au sens précis de l'article 8 du traité d'Utrecht, in : Revista trimensal, t. XIII, pp. 421-512. (Mé- moire lu à l'Institut historique du Brésil, en septembre et octobre 1851, en présence de l'Empereur Pierre IL. (En portugais.) Protocoles de la Conférence sur la délimitation des Guyanes française et brésilienne. Rio de Janeiro, 4857; in-fol. A. DE SAINT-QUANTIN. Guyane française : Ses limites vers l'A- mazone. (Extrait de la Revue coloniale, août et septembre 1858.) Paris, 1858, in-8°, huit cartes. Maury. La Guyane française : Ses limites du côté du Brésil. Etat actuel de la question. Paris, 1859, in-8°. (Extrait de la Revue coloniale, novembre et décembre 1858.) DE LA GUYANE FRANÇAISE. 99 Norte B. Documents bibliographiques. Me permettra-t-on de réunir ici sous un seul titre les documents bibliographiques relatifs aux productions naturelles et à la descrip- tion physique de la Guyane qui me sont tombés sous la main tandis que je rédigeais mon introduction ?.. Comme il est quelquefois difficile de remonter aux sources, faute d'indications suffisantes, et par suite, malaisé de se livrer à des études préparatoires ou autres, j'ai pensé qu'il ne serait peut-être pas inutile de grouper ici (même comme appendice d'un essai purement zoologique) quelques ou- vrages publiés sur cette matière. Je prie le iecteur de remarquer que je transcris seulement ce qui est venu à ma connaissance pen- dant la composition de mon mémoire, à titre de données bibliogra- phiques sommaires et partieiles, sans autre prétention de ma part. J'ai laissé de côté tous les écrits, nombreux aussi, se rapportant uniquement à l'histoire, à l'économie politique, à l’agriculture et à diverses autres branches de connaissances. Je suis l'ordre chrono- logique. $ 4. — Histoire naturelle. Les singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique, et de plusieurs terres et isles descouvertes de nostre temps, par F. ANDRÉ THEvET, natif d'Angoulesme. Paris, 1558, in-4°, — et Anvers, 1598, in-8°. Observations astronomiques et physiques faites dans l'île de Cayenne. Paris, 1679, in-fol. (par RicHTER). Essai sur l'histoire naturelle de la France équinoxiale, par BaR- RÈRE. Paris, 1711, in-12. Histoire des plantes de la Guiane française, rangées selon la méthode sexuelle, par M. Fusée-AugLer. Londres (Paris), 1775, 4 vol. in-4° avec 392 planches. Mémoires pour servir à l'histoire de Cayenne et de la Guyane française, par M. BaJoN, chirurgien de l'île de Cayenne. Paris, 4771, 2 vol. in-8°. Mémoire sur l'exploitation des bois de la Guyane française, par M. Guisan. Cayenne, 1785, in-4°. 100 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE Mémoire sur la Guiane française, par le citoyen JACQUEMIN. Paris, an vit, in-12. Description abrégée de la Guyane française, ou tableau des pro- ductions naturelles et commerciales de cette colonie. Par M. Le- BLOND... Paris, 1814, in-8°. Mémoire sur l'utilité dont peuvent être à la France les forêts de la Guyane, par M. THomas, sous-inspecteur de la marine (Ann. maritimes, 2° part., 1816). Rapport fait à l'assemblée administrative du musée d'histoire na- turelle sur l'arbre quinquina; 23 décembre 1818, par DESFON- TAINES (Feuille de la Guyane française, t. 2, p. 660). Nomenclature des objets d'histoire naturelle apportés de Chine, des Philippines et des Manilles dans la colonie de Bourbon, dans celle de Cayenne, et au muséum à Paris, par M. PHILIBERT, cap. de vaisseau (Annales maritimes, 2 part., 1820). De la résine élastique et de quelques autres substances ana- jogues, par Noyer (Annales maritimes, 2° partie, t. 2, 1823). Mémoire détaillé sur les bois de la Guyane française, par M. Dc- MONTEIL, officier du génie maritime, chargé d'exploiter les forêts qui bordent les rivières voisines de Cayenne (Annales maritimes, 2e partie, t. 2, 1823). Mémoire sur la Guyane française, par Noyer. Cayenne, 1824, in-49, Mémoire sur les naturels de la Guyane, etc., par Noyer (Annales maritimes, 2° part., t. 1er, 1824). Note sur un arbre résineux non encore décrit, par PERROTET (Feuille de la Guyane française, t. 5, 1824). Observation sur le genre Couma, d'Aublet; par M. Ac. Ri- CHARD (Ann. des Sciences naturelles, t. 1, 1824, pp. 52-57). Observations sur le genre Couratari d'Aublet; par M. ACHILLE RICHARD (Ann. des Sc. nat., t. 1, 1824, pp. 321-531). Liste des bois de la Guyane française, propres à la confection des meubles et aux constructions navales et civiles (Annales mari- times, 2° partie, t. 2, 1825). | Notice sur le caïman et sur l'agami, par Noyer (Annales mari- times, 2 part. t. 1°", 1826). DE LA GUYANE FRANÇAISE. 401 Notice sur les couroumous ou vautours de la Guyane, par Noyer (Annales maritimes, 2° part. t. 1er, 1826). Expériences faites à Brest sur les bois de la Guyane. Rapports de la Commission chargée de la visite et de l'examen des bois de la Guyane (Annales maritimes, 2 partie, t. 2, 1826). Forêts vierges de la Guyane française, considérées sous le rap- port des produits qu'on peut en retirer pour les chantiers maritimes de la France, par M. Noyer. Paris, 1827, in-8e. Rapport sur un échantillon de résine provenant de la Guyane française, par MÉRIMÉE (Annales maritimes, 2° partie, t. 2, 1827). Notes sur la Guyane française, les mœurs et les habitudes des indigènes, par M. GATIER (Ann. scientif. d'Auvergne, t. Il, Cler- mont-Ferrand, 1829, in-8°). Notice sur l'entomologie de la Guyane française, par M. Tu. LACORDAIRE (Ann. Soc. entom. de France, t. I, 1832, pp. 348- 966). Essai sur les coléoptères de la Guyane française, par M. Th. LACORDAIRE (Nouv. Annales du muséum, 1. 11, 1833, pp. 35-94). (Tirage à part : Paris, 1833, br. in-4° de 60 pages). De la croissance du palmiste et du boabab à Cayenne, lettre adressée par M. Héricart DE THurY au ministre de la marine (Ann. marit., 2e part., 1842). Notice sur des mammifères rapportés de Cayenne par M. Emile Déplanche, chirurgien de l'aviso à vapeur le Rapide, pendant la campagne de 1854, 1855 et 1856 ; par M. Eunes-DEsLoNGcHAmPs (Bull. de la Soc. Linn. de Normandie, t. 2, 1851). Catalogue des oiseaux recueillis à Cayenne, par M. Déplanche, chirurgien de la marine impériale, par S. A. le prince BONAPARTE (Bull. de la Soc. Linn. de Normandie, t. 2, 1857). Catalogue des animaux vertébrés recueillis à Cayenne par M. Dé- planche. — Reptiles et poissons. Par M. Eunes-DESLONGCHAMPS (Bull de la Soc. Linn. de Normandie, t. 3, 1858). Observations sur le Morpho Idomeneus (Fabricius), par CH. Eyriès (Mém. Soc. impér. des Sciences naturelles de Cherbourg, t.VI, 1858, pp. 68-72).— (Tirage à part : broch. in-8°. Cherbourg, 1858.) Catalogue des Cirrhipèdes, des Mollusques et des Rayonnés re- 102 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE cueillis par M. Déplanche, chirurgien auxiliaire de la marine impé- riale, pendant la campagne de l'aviso à vapeur le Rapide, années 1854-55-56, par M. Eunes-DEsLonGcHaAMPs (Bull. Soc. Linn. de Normandie, 4° vol. 1859, pp. 20-67). Catalogue des plantes recueillies à Cayenne par M. Déplanche, chirurgien de l'aviso à vapeur le Rapide, déterminées par M. Le Normand, par M. Eupes-DEscLonGcHamps (Bull. Soc. Linn. Nor- mandie, 4° vol. 1859, pp. 193-177). Note sur une larve d'(ŒÆstride extraite du bras d'un homme à Cayenne, par M. le d' Cx. CoquereL (Rev. et Mag. de z0o1. 1859, pp. 296-361). $ 2. — Plantations et acclimatations. Observations sur la multiplication des bestiaux dans la Guyane française. Cayenne, 1787, in-4°. Observations sur la culture du cannellier à la Guyane française, par LEBLOND (Mém. de la Soc. d’Agric. de la Seine, t. 1°", 1800). D'un mémoire du cit. Leblond sur la culture du poivrier à la Guyane française, par M. DESFONTAINES (Annales du Muséum d'hist nat. t. 1°, 1802). Notice sur la culture des arbres à épiceries introduits à Cayenne, par J. MARTIN, botaniste (Annales du Muséum, t. 1‘, 1802). Mémoire sur la culture da roucouyer à la Guyane française, par LEBLOND (Mém. de la Soc. d’Agr. de la Seine, t. 6, 1804). Rapport fait à l'Institut des sciences et des arts sur le mémoire du cit. Leblond, sur la culture du roucouyer à la Guyane française, par MM. DESFONTAINES, JussiEU, CoLs et VAUQUELIN (Mém. de la Soc. d'Agr. de la Seine. 1804). Lettre sur la culture de l'arbre à pain à la Guyane, par J. Mar- TIN (Annales du Muséum, t. 12 ; 1808). Mémoire sur l'introduction de diverses plantes utiles dans les colonies françaises de la Guyane, par RICHARD (Mém. de l'Institut, scienc. math. et phys., t. 2). Mémoire sur le giroflier, avec quelques mots sur le poivrier, ‘le cannellier et le muscadier, par M. DE LA GOTELLERIE (Feuille de la Guyane française, t. 2, 1820). DE LA GUYANE FRANÇAISE. 103 Précis historique de la culture du muscadier à Cayenne, par Noyer (Feuille de la Guyane française, t. 2, 1821). Du manioc, de sa culture et de ses produits, par Noyer (An- nales marilimes, 2° part., t. 1er, 1824). Observations sur les cultures coloniales à la Guyane française, par PERROTET (Feuille de la Guyane française, t. 5, pp. 32-40, 60, 1824). Note sur la culture du Voakoa, palmier transporté de l'île Bour- bon à la Guyane (Fewlle de la Guyane française, t. 5, 1824, p. 460). | Observations sur la culture du vanillier et sur les moyens d'en conserver les boutures, par PERROTET (Feuille de la Guyane fran- çaise, t. D, 1824). Indication d'un moyen préservatif contre les insectes qui ra- vagent à Cayenne les plantations de cotonniers (Annales maritimes, 2° partie, t. 2; 1826). Notice sur la Guyane ; salubrité de son climat; procédés de cul- ture et de l'égrenage du coton employés aujourd'hui dans la colo- nie (Annales marilimes, 2° partie, t. 1 ; 1826). Introduction des plantes du Brésil à la Guyane, par M. le lieu- tenant de vaisseau Caieusse (Annales maritimes, 2 partie, t. 2, 1827). Succès de la culture du màrier et de l'éducation des vers à soie à la Guyane française (Annales maritimes, 2° partie, t. 1°; 1827). Rapport sur la culture du pavot à Cayenne. Extraction de l'o- pium. Par M. MIRBEL (Annales maritimes, t. 1°", 1834). Mémoire sur la culture du poivrier à la Guyane française, de- puis son introduction, en 1787, jusqu'à la présente année 1843. Paris, 1843, in-8°. (Par le général BERNARD.) Rapport à S. A. I. le prince Napoléon, sur les produits d'édu- cations en plein air du ver à soie du màrier faites par M. Michéli dans la Guyane française, par M. GuéRiN-MÉNEVILLE (Revue et Mag. de zool., 1859, pp. 91-96). 104 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE $ 3. — Voyages et iineraires. Les trois Mondes, par le seigneur DE LA POPELLINIÈRE. Paris, 1582, in-4°. Voyages en Afrique, Asie, Indes orientales et occidentales, par JEAN Mocquer. Paris, 4616, in-8°. — Rouen, 1645, in-12. — Réimpression : Paris, 1830, in-8°. Voyages et découvertes faites en la nouvelle France, depuis l'an- née 1615 jusqu'à la fin de 1618, par le sieur DE CHAMPLaIN. Paris, Collet, 1619, in-8&°. Novus Orbis, seu descriptionis Indiæ occidentalis libri xvr, auct. DE LaAëT. Leide, 1633, in-fol. Relation du voyage des François fait au cap Nord, en Amérique, par les soings de la compagnie établie à Paris, et sous la conduite de M. de Royville, leur général, avec une ample description du pays, des mœurs et façons de vivre des sauvages, et l'observation des hauteurs, par J. DE LAON, sieur d'Aigremont. Paris, 1654, in-12. Véritable relation de tout ce qui s'est fait et passé au voyage que fit M. de Bretigny en l'Amérique occidentale, avec une des- cription des mœurs et des provinces des sauvages de cette grande partie du cap Nord... Par P. Boyer, sieur de Petit-Puy. Paris, 1654, in-12. Voyage de la France équinoxiale en l'isle de Cayenne, entrepris par les François en l'année 1652, avec un dictionnaire de la langue du mesme païs, par ANTOINE Brer. Paris, 1664, in-4°. Description de la France équinoctiale, ey devant appellée Guyanne, et par les Espagnols El Dorado, par LE FEBvRE DE La BARRE. Paris, 1666, in-4°, une carte. Relation de la Guyane et de ce qu'on y peut faire (dans le Re- cueil de divers voyages faits en Afrique et en Amérique. Paris, 1674 in-4°). Relation d'un voyage de M. de Gennes, par FROGER. Paris, 1679, in-12. Journal du voyage que les PP. Jean Grillet et Fr. Béchamel ont fait dans la Gurane en 1674 (à la suite du Voyage autour du monde DE LA GUYANE FRANÇAISE. 105 commencé en 1701 et fini en 1711, par Woodes Rogers. Ams- tersdam, 1716, in-8°. 2 vol, et 2 cartes). Voyage du chevalier Des Marchais en Guinée, îles voisines et Cayenne, par le P. LABAT. Paris, 1730, 4 vol. in-12. Recueil de voyages dans l'Amérique méridionale, contenant di- verses observations remarquables touchant le Pérou, la Guyane, etc. Amsterdam, 14738, 3 vol. in-12, Nouvelle relation de la France équinoxiale, par BARRÈRE. Paris, 1743, in-12, fig. et carte. Relation abrégée d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique méridionale, depuis la côte de la mer du Sud jusqu'aux côtes du Brésil et de la Guyane, en descendant la rivière des Amazones, par M. DE La CoNDaminE. Paris, 1745, in-8°. Description géographique de la Guyane, par BELIN. Paris, 1763, in-4°. Voyage géographique dans l'intérieur de la Guyane française, par Simon MENTELLE (Feuille de la Guyane française, t. 2, 1767). Voyage de S. Mentelle autour de la Guyane française en 1767 (Feuille de la Guyane française, t. 5). Itinéraire de M. Bradel, géographe, en août, septembre et oc- tobre 1770, dans l'exploration qu'il fit en traversant par terre le quartier d'Approuague, depuis l'embouchure de la rivière de ce nom jusqu'aux rivières de l'Oyapoc et du Camopy (Feuille de la Guyane française, t. 3, pp. 421, 428, 438, 469, 483, 500; 17170). Des savanes de Kaw, aujourd'hui canal de Torcy, par M. Gui- SAN (Feuille de la Guyane française, t. 2, 1778). Journal d'un voyage fait dans les savanes noyées, comprises de- puis la rive droite de la rivière de Mahuri à la rive gauche de celle de Kaw, par MM. le chev. DE BoISBERTHELOT et Guisan (dans les Mémoires de Malouet, t. 2, 1778). Voyage d'exploration de la Gabrielle à la mer, dans les savanes noyées, d'ordre du gouvernement, en avril et mai 1782, par M. COUTURIER DE SAINT-CLAIR (Feuille de la Guyane française, t. 2). Traité sur les terres noyées de la Guyane, appelées communé- ment terres basses, par M. GuisAN, capit” d'infanterie. Cayenne, 1788, in-4°. 106 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE Voyage à la Guyane et à Cayenne, fait en 1789 et années sui- vantes, par L... M... B.... Paris, an vi (1797), in-8, cartes et gravures. (Ouvrage de Louis Prudhomme.) Tableau de Cayenne, ou de la Guiane française (par GALARD- TERRAUBE). Paris, an vit (1798), in-8°. Voyage à la Guyane et à Cayenne, fait en 1789 et dans les an- nées suivantes, par L. M. B., armateur. Paris, 1198, in-8°. Voyage à la Guyane et à Cayenne. Paris, 4799, in-8°. Reise nach Cayenne aus dem franzosischen (von C. W. Lou- MAN). Hamburg, 1799, in-8°. Neue Reise nach Cayenne. Leipzig, 1799, in-8°. Tableau de Cayenne ou de la Guiane française (par GALARD-TER- RAUBE). Paris, an vii (1799), in-8°. Voyage dans les forêts et dans les rivières de la Guyane, par M. MaLouEr. (Mélanges de littérature de Suard ; t.[er, Paris 1805, in-8°). * Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent, par A. DE HumBoLpT. Paris, 1817-1826 ; 12 vol. in-&8°. De la Guyane française, de son état physique, de son agricul- ture, de son régime intérieur, et du projet de la peupler avec des laboureurs européens ; ou, examen d'un écrit de M. le marquis de Barbé-Marbois sur le même sujet, suivi de considérations sur le commerce colonial de la France et sur l'administration spéciale de ses colonies. (Par CATINEAU-LAROCHE). Paris, 1822, in-8. Voyage de Milthiade et Loret d'Ovapock aux Emerillons et à la rivière Inini, en tournant les sources de l'Approuague (Feuille de la Guyane française, t. 3, 1822). Voyage aux Oyampis, entrepris le 4 janvier 1822, par J. Mic- THIADE, ancien aspirant de marine (Feuille de lu Guyane française, t. 4, 4822). Notice statistique sur la Guyane française, publiée par le minis- tère de la marine en 1822. Paris, 1822, in-8°. Expédition envoyée en 1824, par M. le baron Milius, gouver- neur de la Guyane, aux sources de l'Oyapock et du Maroni ; des- cription des terres qu'ils arrosent..… (Annales maritimes, 2° partie, t. 2; 1825). De l'état actuel de la géographie de la Guyane française, et d'un DE LA GUYANE FRANÇAISE. 107 projet d'exploration dans l'intérieur de cette contrée, par Noyer. (Annales maritimes, 2 partie, t. 1°", 1850). Voyage dans l'intérieur de la Guyane, de MM. Adam de Bauve, P. Ferré et Leprieur (Bull. de la Soc. de géographie, de 1832 à 1834; passim). Journal d'un voyage sur la côte méridionale de la Guyane fran- çaise, par PÉNAUD (Ann. marit. et colon. t. LXI, 1836, pp. 421- 467). Colombie et Guyanes, par C. FamIN. Paris, 1837, in-8°. (Vo- lume faisant partie de l'Univers pittoresque.) Etudes sur la Guyane française, par Roux (Annales maritimes, 2° part. t. 2, 1831). Sur quelques points importants de la géographie de la Guyane, par À. ne Humpozpr (Annales des voyages ; mai 18317). Mémoire sur les nouvelles découvertes géographiques faites dans la Guyane française, et sur le nouvel établissement formé dans l'île de Mapa, par le baron WALKENAER (Annales des voyages, juillet 1837). Notice statistique sur la Guyane française. Paris, 1838, in-8° (Imp. roy.) Mémoire sur la partie de la Guyane qui s'étend entre l'Oyapock et l'Amazone, etc., par M. ReyNAUD, enseigne de vaisseau (Bull. de la Soc. de géographie, janvier 1839). Rapport sur le voyage de M. Leprieur, dans l'intérieur de la Guyane, par M. p'Avezac. (Bull. Soc. géogr. 2° série, t. Il, pp. 223-238). Notice sur un voyage dans l'intérieur de la Guyane, par M. Taéopore DE BaGor (Bull. de la Soc. de géographie, année 1841). Rapport sur un voyage dans l'Inde,. par PERROTET (Annales maritimes, mai 1842). Rapport à M. le duc de Broglie sur un voyage fait aux Antilles et à la Guyane pendant les années 1838-1839; par JuLes LECHE- VALIER. Paris, 1842-1844 ; 2 vol. in-fol. (Impr. roy.) Notice statistique sur la Guyane française. Extrait des Notices statistiques sur les colonies françaises imprimées en 1838 par ordre de M. le ministre de la marine et des colonies. Paris, 1843, in-8°, avec une carte. 108 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE Notes statistiques sur la Guyane française, par JULES ITIER. Paris, 1844, in-8°. (Extrait des Annales maritimes et coloniales. Avril, mai et juin 1844.) Extraits des auteurs et voyageurs qui ont écrit sur la Guyane, suivi du catalogue bibliographique de la Guyane, par VICTOR DE Nouvion. Paris, 1844, in-8°. Notice sur la Guyane française, par FELix Couy. Brest, 1852, in-8°. Voyage dans les forêts de la Guyane française, par MALOUET, pu- blié par F. Denis. Paris, 1853, in-32. La Guyane ; civilisation et barbarie, coutumes et paysages, par A. E. CERFBEER. Paris, 1854, in-18. La Guyane française, ses mines d'or et ses autres richesses. Par M. DE SAINT-AMANT... Paris, 1856, in-8°. L'intérieur de la Guyane française, par M. G. LEJEAN (Bull. Soc. géogr. 4° série, t. XI, 1856, pp. 246-264). $ 4. — Cartes de la Guyane française. Indépendamment de la carte de Leblond (Carte yéographo- géologique de la Guyane française; 1814), de celle de Martius (Tabula geographica Brasiliæ et terrarum adjacentium exhibens ilinera botanicorum ; 1857), et de celle de Mentelle (1817), on cite encore celles de Perrot (1828), de Brué (1834 et 1841), de Noyer (1850), et de Reynaud (1839), comme étant les meilleures et les plus estimées. Le Dépôt de la Marine possède en outre, entre autres, une Carte réduite des côtes de la Guyane comprises entre les bouches de la rivière des Amazones et celles du Maroni (1817), qui donne une très-exacte idée du littoral. Enfin, la plupart des mémoires qui figurent dans la note A, et plusieurs des ouvrages mentionnés dans la note B, renferment de bonnes cartes de tout ou de partie de la Guyane, entre autres la Notice statistique publiée par la Société d'études pour la colonisation de là Guyane française (1843), et surtout le mémoire de M. de Saint-Quantin, chef de ba- taillon du génie, relatif aux limites de la Guyane vers l'Amazone (1858). DE LA GUYANE FRANÇAISE. 109 ICONOGRAPHIE. EXPLICATION DES PLANCHES. NoTA. — Par suite d’un malentendu de la part du dessinateur, les coquilles figurées ci-contre ont été représentées à l'inverse de ce que désirait l’auteur, c’est-à-dire l’ouverture en haut, le sommet en bas, au lieu d’avoir le sommet tourné vers le haut et l'ouverture en bas, comme elles sont posées sur l'animal en marche, ét comme les place l'observateur pour les soumettre à son examen. Peut-être, suivant ce mode de les présenter, certains détails sont-ils mieux en évidence; mais il choque la nature et déroute l'observateur. 110 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE PLANCHE ls Fig. 4-2. — Succinea propinqua. Fig. 3-5. — Zonites decoloratus. Fig. 6-9. — Streptaxis Deplanchei. Fig. 40-44. — Bulimus rufolineatus. Fig. 42-43. — Bulimus Evyriesii. Fig. 44-45. — Bulimus orthodoxus. Lackerbauer ad nat del, Lith Becquet frères. DE LA GUYANE FRANÇAISE. PLANCHE II. 111 112 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D EAU DOUCE PLANCHE I. Fig. 46-17. — Pupa Eyriesii. Fig. 48-20. — Helicina sericea. Fig. 24-22. — Achatina lamellata. Fig. 23-24. — Bulimus limpidus. Fig. 25. — Bulimus oblongus (jeune, peu de temps après sa sortie de l'œuf). Fig. 26. — OŒEuf de Bulimus oblongus. Fig. 27-29. — Planorbis xerampelinus. Lackerbauer ad nat del. PL _Lith Becquetfreres. Ft: M UPARES nn hf . ' À ! '] ÿ 4 di \ 6 “4 4 1e NL [AL D { (4e A | NI TaAl t 41 ' { we : M DE LA GUYANE FRANCAISE. PLANCHE IF. 114 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE . 30-32. . 33-94. . 35-30. PLANCHE TL. Cyclophorus liratus. Ampullaria Welwitschiana. Helicina pudica. Cyclophorus cinereus. Ancylus parasitans. Cyclophorus acutiliratus. Lackerbauer ad nat del. Lith Becquet freres. DE LA GUYANE FRANÇAISE. 115 PLANCHE IV. 116 MOLLUSQUES TERRESTRES ET D'EAU DOUCE PLANCHE IV. Fig. 45. — Helix pellis-serpentis var. minor. Fig. 46. — Achatina striata. Fig. 47. — Ampullaria Chemnitzii. Fig. 48. — Bulimus zebra ({ype). Fig. 49. — Bulimus zebra (variété. BIÉCnVe Lith Becquetfrères. Lackerbauer ad nat del. Extrait des Mémoires de La Société Académique de l'Aube. Tome XXIIT, 1859. TROYES, TYP. BOUQUOT. Ÿ £% | ESSAI NOLLUSQUES TERRESTRE ET FLUVIATILES | | | DE LA GUYANE FRANÇAISE, RSS HENRI DROUËT, LCR ES ENUNENNT MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE LISBONNE, CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL ET MILITAIRE DE SAINT-JACQUES-DE-L'ÈPÉE, | AUTEUR DES ÉTUDES SUR LES NAÏADES DE LA FRANCE, ETC. Au lecteur. — I. Introduction. — II. Auteurs cités. — HIT. Mollusques terrestres et fluviatiles de la Guyane fran- | çaise. — IV. Appendice : Mollusques de la Martinique. — | | V. Notes : Æ. Limites de la Guyane française et du Brésil; | | B, Documents bibliographiques. — Iconographie. | Avec 4 planches. PARIS | J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE, 19, rue Hautefeuille. Ouvrages de M. Drouéët : . Etudes sur les Naïades de la France. |, ANODoNTA : Paris, 1854. I, Uno : Troyes, 1857. Deux parties in-8°, illustrées de 16 planches lithographiées d'après nature, représentant toutes les espèces et variétés des Naïades françaises, et de 2 planches gra- vées d'anatomie (Ouvrage dédié à S. M. le Roi de Portugal). Enumération des Mollusques terrestres et fluviatiles vivants de la France continentale. Liège, 1855; grand in-8°. Répartition géologique des Mollusques vivants dans le département de l'Aube. Troyes, 1855 ; in-8°, avec une carte géologique co- loriée. Rapport à Sa Majesté le Roi de Portugal sur un voyage d'explora- tion scientifique aux îles Açores. Troyes, 1858; in-4°. Mollusques marins des îles Açores. Troyes, 1858; in-4°, avec 2 planches coloriées. Coléoptères açoréens. Paris, 1859; in-4°. Sur l'Helix aculeata; exercice monographique. Angers, 1859; in-8°, avec une planche. d Lettres conchyhologiques ; preniière décade; in-8° (en cours de publication). A Paris, chez J.-B. BAILLIÈRE et FILS, Libraires de l'Académie impériale de Médecine, 419. rue Hautefeuille : à Troyes. chez l'auteur. ü ET) DAY, ï 7 Pons mat TX NAN Ÿ à " RAR AA NNRRAD A RAR RPIRARRRE TE AA le) : PARAAANAN #A ANA AR NAN") | A à # AAA VA AL | ANA An AAA A AAA AAA ANS AAA A AAA TEA AAA ANA A AA A AAAAAR AY ARAAR AAARA ARE À : AAA PA re) PS de sATPRRA A A) AA A us An AA A AM Ë VA V Ÿ ù | A af? ji à TE PR ARS An RAA RP nan Ë AARPAR AE ANRT PaRRA AR A AQa arr e NEA { ns NRA ERA ENT ANR EE COR A ARR PARA "A na" 7" RAAARS PEN a nana ARR a AAA" stEOSBRI DA Ann ) «7 aus NA À PAARAñA AAA ROAAA à AAA ann À AABARNA, NPA Fees PRARCE RARE ANnNRRR ARS LOVE AR RRÈRR AA a / À, \ Va AAANE (a t, AT Aa ! A2 k AAA MARS AUTRE AA 4 à) AAA AAMAA A AAA A NANERE NIAN INS NII IUT 3 9088 ii cr