GU n Ù ta ded pate 5 Ì 1 AH CHR EMA FE ERRO RATE — bias n TERREI Sa n; € IRIS apri nici me os iridati VS iiic ric t CE DOTE RUSSI Varini saint Paone: \ UNIVOF TORONTO. Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/essaisurlhistoir00dona | a Wai Î <— Ÿ, P, +. ol Has far 41 Mix ceh 14 6 date ARE (ZA L'HISTOIRE NATURELLE LA MER ADRIATIQUE VITALIANO DOTATI AVEC UNE LETTRE DU DOCTEUR LEONARD SESLER, SUR UNE ROM EL LE ES PIECE PLANTE TERRESTRE, TRADUIT DE L’ITALIEN 4 LA. YU AT E, Jet Bass PIERRE DE HONDT, be M DCC. LVIIR À AVE Robi dt S SCE MEN sa Le Tradudeur ayant confulté D Auteur ,, en a reçu diférentes “éorrellions > dont il a fait ufage: En voici une‘qu'on n'a pas pu mettre à fa place. Elle regarde la pag. 46. Au lieu de ces mots Je répondrai fans héfiter qu’elles tirent leur origine des Polypes du Corail, € le refle du paragraphe, lifez.- Je répondrai que je foupgonne qu'elles tirent leur origine des Polypes du Corail; parceque je crois avoir vu des träces où des ébauches de ces fpheres dans les œufs des Polypes. - j A Son ÉxcErLLENCE MADAME CAROLINE DE SHUTZ, ERETOUU Ss E: DR MONSIEUR DE GROVESTEIN, LIEUTENANT GÉNÉRAL, GRAND-ECUYER ET COLONEL DES GARDES DE Sox Artesse S ÉRÉNISSIME MONSEIGNEUR Le PRINCE DORANGE, ET DE NASSAU, STADHOUDER HÉRÉDITAIRE, CAPITAINE-GÉNÉRAL, ET ADMIRAL DES SEPT ProvINcES-UNIES DES Pais-Bas, ETC, EMGUET OC MADAME; sas (antes EDIER, aux Perfonnes de vòtre Sexe, de ces ST HE Ouvrages frivoles d’amufement & de recréation, a i qu'un injufte préjugé fait croire les feuls è leur ESS portée; rien n’eft plus ordinaire. Mais, leur of- frir de ces Livres folides, d’ pia Science profonde, dont on les pan if ER DT RE les effraye; c’eft une efpèce de Phenoméne dans la Répu- blique des Lettres. IL ny a que Vous, MADAME, qui puiffiez autorifer mon choix. A toutes les belles Qualités de PEfprit & du Cœur, qui font le charme de la Socicté; à toutes les Ver- tus, qui Vous attirent l’eftime & les refpe@s de ceux qui ont le bonheur de Vous connoitre, . Vous joignez encore le mérite de la Science | QUEL goût, quel difcernement, &, en même tems, quelle abondance de Curiofités rares & précicufes, n’'admi- | re-t-on pas dans ce riche Cabinet d’My/foire Naturelle, que vous avez formé avec tant de fraix, de f6ins & de peines! En moins de trois ans, il égale, sil ne furpañle déja, beau- coup de Colle&ions en ce genre, auxquelles leurs Auteurs ont fouvent employé les travaux affidus d’une longue vie. Vous confacrer un Ouvrage de la nature de celui-ci, c'eft donc Vous rendre un hommage qui Vous eft dû à tou- tes fortes de Titres. Vos fuffrages, MADAME, lui aflu- rent d'avance ceux du Public; & la place, que Vous avez eù la bonté de lui deftiner, dans ce Tréfor de Merveilles, eft pour lui un préfage favorable, que bien d’autres Perfon- nes, qui, à vôtre exemple, s’appliquent aujourd’hui à cette Etude fi utile & fi agréable, daigneront lui faire le même honneur dont Vous le jugez digne. CE fera principalement à Vous, MADAME, qu'il fera redevable de ce glorieux avantage, dont fon laborieux & favant Auteur ne pourra qu'être extrêmement flatté à tous égards. E Buio RE pj égards. Rien de plus capable qu'une approbation auffi il- luftre, pour l’animer dans fes nouvelles recherches, qui fe- ront le fujet d’un autre grand & très important Ouvrage, dont celui-ci n’eft, pour ainfi dire, qu'une legère Efquifle. Agréez-le cependant, comme une foible marque du pro- fond refpe& avec lequel je fuis, MADAME. DE VÔTRE EXCELLENCE, Le très- humble & très- obéiffant Serviteur, P. DE HONDT, A VIS. au. RE LIEU UR | POUR PLACER LES FIGURES. E PLANCHE Pag. «+2,75. I. — —. -yé II —_ — 28. IV. —— ai. La -— 32: VI. ee 41. VIL _—_—_ — 50. VIT. = — 52. IX. —— 56. X. — 62. XI. __ 69. SSIS SSIS 0 CHOC) COECEHMMODECHECEX À SSIS A MONSIEUR ANTOINE LEPROTTI, Premier Médecin de Sa Sainteté &c. Moxsieur. x UELLE différence entre le voyage que je fais, & celui que je devois faire! Je fuis parmi des Barbares SN & des rochers: & vous m'aviez deftiné à voir des SE! Nations polies, & à parcourir des Pais cultivés. Je devois, fuivant le projet que vous aviez fait il y a trois ans, voyager dans les heureux Etats de Naples & de Sicile, par or- dre de notre St. Pere, le Pape BenorT XIV., qui par fa ma- gnanimité naturelle, vient de fonder dans la Sapience de Rome une chaire d’Hiftoire naturelle. Mais la fatale & contagieufe maladie qui défola Mefline, me priva de cet honorable emploi & me fit fortir de Rome. Elle m'occafiona même un malheur plus grand; celui de m’éloigner de vous. Mais fi vous êtes loin de de mes yeux, vous ne l’ètes pas de mon cœur. Je me fouviens toujours avec autant de refpect que de reconnoiffance des bontés continuelles que vous avez eu pour moi, & des graces fans nom- bre que vous m’avez accordées. Les pieces appartenantes à l’His- toire naturelle, & fur-tout à celle de la Mer, qui compofent votre riche cabinet, demandoient à être diftinguées par des noms, rangées par ordre, & décrites dans un catalogue. Vous men a- vez chargé, malgré la médiocrité de mes talens. Non content de A ma- e > Effai de l'Hifloire Naturelle É m'avoir fait cet honneur, vous y avez ajouté le préfent d’une belle colleétion de marbres aufli rares que bien choifis. Ce don eft une preuve évidente de votre bienveuillance, que j'ai peu meri- tée, mais qui m'eft très précieufe : & ces marbres font le plus grand ornement de, la collection que j'ai, & qui eft le feul fruit que j'ai recueilli des longs & dispendieux voyages que m’a fait entreprendre l'amour de la Botanique & de l’Hiftoire naturelle. SENSIBLE à toutes vos bontés, je me prête avec un plaifir in- fini aux defirs que vous me témoignez dans votre obligeante let- tre. Vous me demandez un court effai des obférvations que j'ai faites en parcourant l’Z//irie. Je vous obéis en vous envoyant ce qui regarde l’Hifloire naturelle de la Mer. Je me réferve à vous faire part dans fon temps, foit par lettres foit de vive voix, de toutes les autres remarques que je puis avoir faites. Le fujet que je choifis, a fur les autres l'avantage de la nouveauté, de la varièté, de l’agrément. D'AILLEURS je me flatte de me conformer ainfi à votre goût. Vous êtes profond dans toutes les Sciences, je le fai; mais je fai aufli que l’Hiftoire Naturelle fait à préfent votre principal plaifir. r Pour vous donner une idée plus diftinéte de mes travaux fur la Mer, je joindrai à un extrait général de quelques obfer- vations choifies, l’hiftoire particuliere de quelques productions marines. Vous y verrez lesmoyens que j'ai employés, &les expé- diens auxquels j'ai du avoir recours pour lesexaminer ; &vous re- connoîtrez les loix, que fuit la Nature dans leur propagation & dans leur confervation : la Nature dis-je, qui tout invariable qu'elle et, femble fe jouér & fe faire un plaifir de nous tromper. Vous trouverez cette expreflion hardie; mais je me flatte qu’elle fera juftifiée dans ce court détail, & encore mieux dans l’ouvrage que je compofe , & que j'efpére d’avoir bien-tòt fini Outre ’Hiftoire naturelle de la Mer, il contiendra une grande partie des obfervations que j'ai faites dans le cours de mes voyages fur tout ce qui m'a paru propre à perfectionner l’Hiftoire natu- celle en général. Je n'ai pas négligé les mœurs des Peuples que Jai de la Mer Adriatique. 7 j'ai vu, leurs maladies particulieres; & leurs remedes. J'ai confideré la fituation géographique de ces Pais, & un nombre prefque infini de morceaux d’Antiquités & d’Infcriptions fur les- quelles j'ai fait bien des remarques, & dont je me fuis formé une collection qui net, peut-être, pas à méprifer. Vous n'ignorez pas que depuis plus de huit ans j'ai fait plufieurs voyages par l’Ztalie , principalement dans le but de perfectionner la Botanique: que j'ai eu le bonheur de voir des chofes échapées aux célèbres Botaniftes qui ont parcouru ce Pais avant moi: que cependant il me fembloit de n’avoir pas encore trouvé à faire une moiffon proportionnée à mes defirs & à mon attente: & que par cette raifon je penfai d’abord à PIirie, que les Obfervateurs avoient prefque entiérement négligée, parce qu’el- le eft inculte, habitée par des Peuples barbares, & parcequ’on ne peut fans ‘dans ger y faire la moindre recherche. Voilà fans doute pourquoi ni Anguillara, ni Spon, ni Wheler n’oferent s'enfoncer dans l’intérieur du Pais, & fe contenterent d’exami- ner, ou plutôt de regarder en paffant, & avec peu d’attention, quelques bords de la Mer près de Venife. Pour pouvoir fournir par moi-même aux fraix de ces voya- ges, & pour être à portée de vaquer à mes affaires les plus preffantes, je pris la réfolution de me borner aux montagnes, aux plaines, aux rivages, aux îles, aux mers de 1°//?rie, de la Morlaquie, de la Bosnie, de la Dalmatie, de VHezegovine, & de lA/banie, en finifant mes voyages par le golphe de Lodrin. Ces Pais voifins de l’Italie contiennent de grands trefors d’His- toire naturelle; & c’elt lù que j'ai puifé mes richeffes. Les re- gions méridionales y font d’une chaleur brûlante; le froid eft exceflif entre les montagnes; ce qui n’eft ni méridional ni mon- tagneux, eft tempere. C’eft ce que n’éprouvent que trop ceux qui s'arrêtent à examiner les iles & les rochers, ou qui ofent monter fur les montagnes de Podogrie, Stermiz, Storifch, Di- nare, Proloch, Grusco-virco, Pierch, & autres femblables qui font toujours couvertes de neige & de glace. La différence con- fiderable de température, qui fe rencontre dans les différens quar- A2 ticrs 4 Effai de l'Hifloire Naturelle tiers de ce Pais-là, eft caufe de l'abondance & de fa variété des plantes qu'il produit. Plufieurs à la vérité fe trouvent aufli en Allemagne, en Italie, en Sicile, en Grece, en Provence, en Efpagne : mais la plupart font particulieres à ces Pais. Quel ques -unes de ces plantes appartiennent à des genres qu’on n’a pas encore obfervés : j'ai donné la defcription & le deffein de plufieurs; j'ai même rapporté les vertus médicinales de quelques- unes. Pour les autres j'en ai laiffé le foin au célèbre Mr. Fules PoxTEDERA. Vous avez vu par tant d'ouvrages qu'il a publiés, combien il eft verfe dans l’Hiftoire ancienne & dans lHiftoire naturelle. C’eft à cet habile homme que j'ai envoyé ces plantes, ou leur graine, en marquant exactement leur nom & le lieu où elles croiffent. Depuis on les cultive avec beaucoup de fuccès dans le Jardin Public de Padouë. Dh (sense COLLI REI Îdée générale du fond de la Mer Adriatique. \ ous me rappellez à l’Hiftoire naturelle de la Mer. El- le eft très fertile ; & fes produltions furpaffent celles de la Terre en nombre & en propriétés Mais que cet élé- ment eft inconnu, & qu'il eft difficile à examiner! Il eft très peuplé de poiffons & d’infectes : les poiffons ont leurs infec- tes comme les animaux terreftres. Il y a même des animaux qui vivent dans d’autres animaux. Le fond de la Mer a à peine un endroit qui ne foit rempli d’une infinité d’Animaux ou de plantes de différentes efpèces. Il n’y a prefque pas un animal, ou une plante fans d’autres animaux ou d’autres plantes qui fe multiplient fur eux. Les pierres mêmes les plus dures font pleines, non feulement en dehors, mais auifi en dedans, d’un grand nombre d’animaux différens. Cet élément eft le plus peu- plé de tous; & il me femble que la Nature y étale des loix plus nombreufes & plus diverfifiées, dans l'entretien & dans la muiti- plica- de la Mer Adriatique. 5 plication d’une fi grande quantité d'êtres. Qu'il eft agréable d'examiner ces loix! Quelle haute idée de Etre Suprème on fe forme par cet examen! Mais les hommes ont toujours plus tra- vaillé à flatter leurs appétits qu’a éclairer leur entendement. De- là vient que même les temps les plus reculés ont eu un grand nombre d’Auteurs qui ont écrit d’amples volumes fur les poiffons; & qui, ou ont négligé, ou n’ont queffleuré l’hiftoire de tout ce qui ne pouvoit pas fervir aux délices de la table. Il y a donc bien des découvertes à faire dans ce regne: c’eft pourquoi je me fuis fait un plaifir de m°y attacher. C’eft un champ immenfe & prefque neuf. Si nous en connoiffons une partie nous le devons fur tout, au Comte Louis Ferdinand Marsitti. Mr. De REAU- Mur, a fuivi de près notre incomparable Philofophe. Cet indus- trieux & diligent Obfervateur Frangois, après avoir, dans la pré- face du fixième tome de fes Mémoires pour fervir à 'Hiftoire des Infetes, rapporté quelques remarques fur les Polypes, ajoûte, » Tout ce que nous avons dit des Polypes de Mer, n’eft cepen- #» dant qu’une efpèce d’annonce qui excitera fans doute la curio- fité des Naturaliftes, € particulièrement de ceux d'Italie qui » fe trouvent fur les bords de la Mer, pour des infectes fi dignes so d’être mieux connus”. Et le Comte Marsiczi dans fon Hi/foire Phyfique de la Mer après avoir rendu compte de fes obfervations, dit ,, j'efpère que mes travaux engageront les amateurs de la Bo- tanique à perfedtionner cette partie des Sciences ”. Vous voyez par-la que ces grands Naturaliftes n’ont prétendu qu’ani- mer par leurs obfervations les Philofophes à pouffer leurs recher- ches plus loin. Ils ont fenti que ce qu'ils avoient appergu dans * la Mer étoit bien peu de chofè par rapport à l’immenfe étendue du fujet. Vous direz, peut-être, que je parle feulement de deux Au- teurs, fans faire mention de bien des chofes appartenantes à PHiftoire de la Mer qui fe trouvent dans Ari/fote, Theopbras- te, Pline, & Diorcorides parmi les anciens; & parmi les moder- nes dans /mperato, Columna, Cefalpin, Lobel} Clufius, Aldo- vrandi , les deux frères Baubins, Donat, Boccone, Barrelier, 3 Mo- 6 Effai de l'Hifloire Naturelle Morifon, Rai, Rumf, Sloane, Gherard, Linnaeus, Gualtieri & plufieurs autres. L’Hiftoire de la Mer doit beaucoup à ces Naturaliftes , je l’avoué. Mais fouvent ils font fi concis dans leurs defcriptions, fi négligens dans leurs figures (au moins quel- ques-uns ) qu'il eft bien difficile & même impollible de reconnoî- tre & fixer exactement la production marine dont ils parlent: De plus il me femble qu'ils n’ont pas pouffé bien loin leuts re: cherches. J'ai donc eu raifon de louer Mrs. MarsiLLi & De Reau- MUR, qui furpaffent tous les autres, l’un: par le grand nombre de fes vuës, & l’autre par fon exactitude. Il feroit fort à fouhaiter qu'ils euffent fait plus de recherches, & qu’ils euffent examiné un “plus grand nombre d’endroits. Mais ils fe font bornés à un petit nombre de productions, & aux mers de France. Il eft vrai que ces mers font très-fertiles en belles productions: mais la Mer A- driatique ne leur céde en rien. Vous vous en appercevrez en partie par le petit détail dans lequel je vai entrer. -:FPar confideré le fond de la Mer Adriatique avec toute l’atten- tion poffible. Jai d'abord eu lieu de conclure de mes obfervations qu'il ne differe prefque point de la furface de la terre. > On y voit des montagnes, des plaines, des vallées, des antres, des fontaines, des rivieres. Le fond de la Mer eft en grande partie compofe de couches qui portent fur d’autres couches, & qui font ordinairement horizontales & paralleles aux couches des rochers, des îles, & du continent. Il renferme dans fon fein plufieurs fortes de marbres, de pierres, de métaux, & d’autres fofliles. Ici ce n’eft que pierre, là on trouve du gravier, du fable, des terres plus ou moins graffes. (C’eft, à mon avis, cette différen- ce de fol, qui fait que certains endroits font très-fertiles & pro- pres à nourrir pluficurs efpeces de plantes & d'animaux : que d’autres lieux n’en peuvent entretenir que d’une certaine forte, & qu’enfin pluficurs autres en font entièrement privés. En ef- fet fi on y en trouve queiques-uns, ce font de ces animaux paf fagers qui errent par tout. . Je crois que cette obfervation peut fervir à rendre raifon pourquoi la terre a des montagnes & des plaines entièrement deftitutes de corps marins, pendant qu’ail- leurs de la Mer Adriatique. 5 feurs om en trouve beaucoup: & pourquoi dans un endroit, il y en a de différentes fortes, & dans un autre que d’une feule ef pèce. Sr ces remarques ne fuffifent point pour montrer l’uniformi- té qui règne entre la Surface de la Terre & le fond de la Mer; j'en puisrapporter d’autres plus convaincantes, & qui felon moi prou- vent de plus que la Mer autrefois à couvert plufieurs parties de notre Terre, &des parties fort étendues; puisque tout ce qui eft arrivé dans la Mer, elt arrivé dans ces parties de la Terre, com- me on peut s'en convaincre par ce qu'on remarque dans lune & dans l’autre. Il n’eft pas rare de trouver au fond de la mer des Bréches, c’eft-a-dire des marbres compofés de plufieurs morceaux du même marbre ou de divers marbres. Ces morceaux font cimentés par une matiere uniforme & de la nature du mar- bre. Ces marbres hétérogenes font compofés les uns de cail- loux & les autres de débris d’une même forte de marbre, liés par une pâte d'un marbre fort différent. Les cailloux font voir que les fragmens de marbre ont été roulés & fe font frottés les uns contre les autres au fond de la Mer, comme il arrive fur la Ter- re. Ces débris de marbre prouvent que les corps qui forment le fond de la Mer, ont été expofés aux mêmes renverfemens dont on trouve des marques dans plufieurs parties de la Terre. J'ai fouvent tiré de la Mer des pierres Frumentaires, & Lenticu- laires, des Lumachelles, des Rances. Ce font des marbres formés d’un tas de corps marins mélés avec du fable ou de la terre & pé- trifiés à la longue. Ces marbres recoivent un très-beau poli, & refflemblent entiérement à ceux qu’on trouve dansle Continent. Ce n’eft pourtant pas du Continent que ceux qu’on trouve au fond de la Mer ont été tranfportés: car ou ceux du fond de la Mer font très différens de ceux du Continent, ou s’ils fe reffemblent, ils font fi éloignés les uns des autres, qu’il n’eft du tout point vrai- femblable qu’ils aïent été formés dans le même lieu. L’Iftrie, la Morlaquie, la Dalmatie, l’Albanie, & quelques Pais voifins quoique méditerranées; les rochers, les îles, & le fond de la mer, ne font que d’une feule & même maffe de marbre opa- que. 8 Effui de l'Hifloire Naturelle que. Tout ce marbre a le même grain, il eft blanchâtre & presque partout également dur. C’eft ce même marbre que nous connoiffons fous le nom de marbre de Rovigno & que les anciens appelloient marmor Tragurienfe. Ce marbre eft entre-mélé de pluficurs autres tant dans la Mer que dans le Continent. On re- marque la même çhofe dans cette efpèce de marbre qui a de fi belles couleurs, qui dure fi long temps & qu'on appelle a Ro- me Breccia corallata. On en trouve des grandes males en plu- fieurs lieux , & des montagnes entieres dans les parties de la Morlaquie, qui font près de la Mer. Les mêmes Pais ont aufli de grands rochers d’autres marbres: par exemple Corzo/a a une Bréche de plufieurs couleurs; un marbre jaune, & un blanc très- femblable à celui de Carrara. Cataro a dans fes environs un marbre verd fort beau, & qui reffemble fort a celui de Candie. Le marbre gris ou cendré, le rouge, & le noir ne font pas rares dans ce Pais, non plus que plufieurs fortes d’ 4/b4tre très-beau & de plufieurs couleurs. On y trouve auffi du Tuf, pierre qui dans fon origine ne differe guères de l’Albatre; mais ordinairé- ment on ne le trouve que loin de la Mer. Les corps petrifiés & bien confervés font fort rares dans ce Pais. Ils font prefque toujours entiérement changés en une fub- ftance pierreufe tellement femblable au marbre blanchatre, dont j'ai eu l'honneur de vous parler, qu’a peine on les reconnoit lors- qu’on les confidere avec une extrême attention. Les Turbinites & les Pétoncles font ceux qui fe font le mieux confervés. Dans une partie du Mont Dinara, qui eft affez loin de la Mer, j'ai vu deux amas de pierres Lenticulaires, lun près de Pirano dans un endroit appellé /es Rofes; & l’autre hors de Spalatro dans un liëu nommé /es Marais. "Tous deux font près de la Mer; mais fort éloignés des endroits maritimes d'où j'ai tiré des Lenticulaires petrifiées. Dans le voifinage des Iles appellées Zrcor onate , ou Couronnées, cft un rocher nommé Fadra, qui eft tout plein de débris de Pétoncles entierement changés en fubftance de marbre. Peu loin de ce rocher on trouve un bas fond, ou banc, ap- pellé de la Mer Adriatique. 9 pellé Rafip, où l’on voit des os d'homme pétrifiés. Hs font dans un mélange de marbre de Rovigno, de terre rouge, & de ftalac- tites. C’elt pourquoi je ne crois pas cette pétrification aulli an- cienne que les autres. J'ai aufli déterré de ces os pétrifiés avec le même mélange a Rogofniza près de Sébénico & fur les bords de la Riviere Cicola du coté de Dernis. De cette efpece font les os que j'eus l'honneur de vous envoyer l’année pallée. Voila les marbres & les pétrifications que j'ai pu trouver dans ces Provin- ces. Les uns & les autres font ou fort différens des marbres & des pétrifications qu’on tire de la mer, ou fe trouvent fort loin _de fes bords.. CerTe malle de marbre, dont j'ai parlé, qui eft commune à la mer & à la terre, a de certains foffiles lorsqu’elle s'étend fur la terre, & en a d’autres lorsqu'elle s'enfonce dans la mer. Ou- tre ceux que j'ai indiqués, j'ai pêché hors de Liffa à l'Eft une ef- pece de Serpentin: Jai auffi trouvé vers St. Archange la pierre précieufe appellée Oeuil de chat ; le Prafe ou Matrice d’ Emeraude vers le port d’Ofera; le Calcédoine vers Corgola; la Cornaline vers ‘Ancone. Pour éviter une longueur exceflive je ne groflirai pas ce catalogue des marbres qu’on trouve feulement dans la mer. Cependant je ne veux pas paffer fous filence le Tuf qui en cou- vre le fond en plufieurs endroits. Il eft trop remarqua- ble; & montre que le fond de la mer a aufli des eaux im- pregnées de tartre & de chaux. On croiroit que ces eaux font particulieres à la terre. Mais ce qu’il y a de plus remarqua- ble dans le fond de notre Mer Adriatique, eft une croûte formée de cruftacées , de teftacées, & de polypiers, mêlés avec du fable & de la terre & pétrifiés en grande partie. ‘On voit par les corps qui fe pétrifient fucceflivement, que cette croûte s’augmente fans celle; & éleve peu à peu le fond de la mer. J'ignore quelle eft lépailleur de cette croûte. J'en ai tiré des morceaux épais de fix & même de huit pieds, rompus par accident, qui prouvent que dans ces endroits le fond de la. mer s’eft élevé au moins de fix ou huit pieds. J'ignore aulfi jufqu'où peut aller fa profon- deur. Ce que je puis aflurer, c’eft que j'ai arraché plufieurs 3 è pièces Lo Effai de l'Hifloire Naturelle pieces d’une telle croûte d'un banc ou rocher à fleur d’eau à huit mille de Guri du coté du Sud. Or ce banc eft haut d'environ fix cens pieds. Je puis vous affurer de plus que de grandes éten: dues de notre mer, telles que celle qui cft entre //0/4 groffa & les embouchures du Cataro , font couvertes de cette croùte; qu'elle forme par tout des bancs hauts & fort grands, & que le Quarnaro & le Golphe d’//frie en ont en abondance. Les corps marins ne font pas féparés & arrangés avec ordre dans cette croûte: au contraire, ils font dans une extrème confufion, dont on ne peut attribuer la caufe à quelque tremblement de terre ou à quelque volcan. On voit évidemment que c’elt dans cette con- fafion qu'ils font nés, qu’ils font morts, & qu'ils fe font pétrifiés. On voit, par exemple, un tas d’Huitres, de Tarieres, de Ca- mes, de Sabots, de Turbinites & de Tuyaux, attachés à des Co- raux, à des Madrépores, à des Escares, à des Pores, & à d’au- tres Polypiers de différentes fortes, qui pour la pluspart font rom- pus & brifés, & qui font attachés & nés fur d’autres Teftacées & Polypiers. Tous ces corps font entremélés de terre, de fa. ble, & de gravier. On les trouve parfaitement pétrifiés & con- vertis en marbre à la profondeur d’un pied, tantôt un peu plus tantôt un peu moins: à une moindre profondeur ils font mieux confervés; & enfin près de la furface , où ils font encore vivans; ou s'ils font morts, ils font très bien confervés; mais toùjours ils font en defordre. CETTE confufion me femble remarquable, parce qu’elle s’ac- corde avec celle qu’on obferve dansies corps marins, qu’on trou- ve pétrifiés en pluficurs Pais, & particulièrement en Ztalie. Si la croùte confufe de la Mer Adriatique, tire toute fa confufion de la mer; pourquoi ne pas attribuer la même origine à ces amas de corps marins qu’on trouve fur la terre, qui font des mêmes ef peces, & qui font entremêlés & confondus avec le même dess ordre ? À mefure que les teftactes, les cruftacées, & les polypiers fe propagent fur cette croûte, la croûte même fe groffit de leurs dé- sonilles & de leurs fquélettes; & le lit de la mer s’éleve dans la , même nie | j de la Mer Adriatique. 1% même proportion. Cependant fa principale élevation vient des îles qui s’abyment, comme il eft quelques fois arrivé dans notre Mer Adriatique; & des décombres des montagnes, que les trem-" blemens de terre, les glaces, les neiges , & les pluies précipitent dans la mer. Car les montagnes qui font au bord de la mer, font frappées & rongées par les flots, & elles tombent dans l’eau par gros quartiers; & une grande quantité des ruines de celles qui en font plus éloignées, y font tranfportées par les rivieres & par les orages. Vous voyez donc qu'il faut que le fond de la mer fe hauffe & que par conféquent ‘la furfacé de Peaù monte. Ce n’eft pas une conjecture ‘que je hazarde: c’eft un fait que je vous rappore te; & je puis l’appuyer de plufieurs preuves. Les anciens étoient fort attentifs à choifir un lieu fain pour y bâtir. Ceft ce que nous apprenons de Varron & de Vitruve, qui infiftent fur la néceflité d'éviter avec grand foin les endroits hu- mides& marecageux. Les Anciens f feront à plus forte raifon bien gardés de bâtir dans un fol continuellement couvert par les eaux. Il eft trop mal fain, & ils Pauront regardé comme inhabitable. Si cela eft; pourquoi voyons nous à préfent tant d’anciens édi- fices, qui ont leur rez de chauffée toujours inondé? ou du moins beaucoup plus bas que la furface des eaux? Tel eft un édifice très-ancien , qui aujourd’hui forme la plus grande partie du Cou- vent que les Cordeliers ont à Liffa, île de la Dalmatie. Dans la partie orientale de cette île on voit des pavés en mofaïque cou- verts par lamer. L’ile de Bua a auffi un refte de mofaique, qui eft au niveau de la mer. J'ai vu par hazard, il ÿ a deux ans, un très beau pavé de carreaux de marbre blanc & rouge, qui eft fi- tué fous le pavé moderne de la place de Zara, & fix pieds plus bas. L’ancien pavé eft fans doute au deffous de la furface de la mer. Dans la même ville fous le rempart qui regarde la mer au Sud, vis à vis des Franciscains, eft un morceau de pavé en mo- faïique toujours couvert par la mer. Il en eft de même d’un autre pavé très long, & aufli en mofaique, qui eft à Dic/o village peu éloigné de Zara; &'où font.pluficurs grandes voutes, dont le B 2 rez * Tè Effui de P Hifloire Naturelle rez de chauflée eft plutôt au deffous qu’au deffus du niveau de la mer. Près de Pola è VEÎt eft une mofaique à fleur d’eau; & Peau la couvre pour peu qu'elle groflifle. A Zuri dans le port de Stupiza on trouve fous la mer des urnes fépulchrales. * A PER ‘de Zara ‘on déterre aufli de pareilles urnes, des lampes, des vafes à parfums; & d’autres chofes femblables dans un champ, qui elt près de la mer, & qui fouvent en eft inondé. _ Il eft pour- tant certain que les anciens n’ont pas choifi des fituations fi mau- vaifes pour y habiter après la mort. On fait trop bien qu’ils pouffoient la fuperftition jufqu'à l'excés, quand il s’agifloit de ba- tir destombeaux.. L’an 1722. à Zenife on pava de pierre dure la place de St. Marc. Ce pavé étoit au deflus du niveau de la mer - d’un pied & demi ou de deux pieds. A cette occafion on creufa la place en quelques endroits, & à la profondeur de cinq pieds on y trouva un autre pavé. Celui ci eft donc de trois pieds à trois pieds & demi plus bas que l’eau. J’ajouterois bien d’autres obfervations de la même nature fi Mr. Bernardino ZENDRINI ne les avoit deja communiquées à M. MANFREDI. CE phénomene ne fe peut expliquer qu’en deux manières. Ou il faut foutenir que les anciens édifices ont baifé, parce que le fol Felt affaifé: ou il faut avouer que les eaux de la mer font plus hautes aujourd’hui qu’elles ne l’étoient dans les fiecles pallés. La premiere opinion ne me femble pas foutenable. : ‘Tous les reftes des édifices anciens, dont je viens de parler, portent fur la pier- re vive, fur ce grand rocher qui eft commun à l’Jffrie, à la Dal. matie, & à toutes fes Provinces. Quelle apparence qu'un fem- blable rocher fe foit affaiflé ? Si les édifices ne fe font pas affaiffés dans ce Païs-la, il n’eft pas probable qu'ils & foient affailfés à Venife, Vaffaiffement étant dans tous ces lieux dans la même pro- portion. 11 faut donc avouer que la furface de la Mer Adriatique s'eft exhauffée. | On dira, peut être, que cela n’eft pas vraifemblable. Si la furface de la mer montoit, elle devroit occuper un plus grand efpace fur la terre, & même l’inonder & fe répandre. Tavove que cette difficulté feroit allez forte pour renverfèr tout de la Mer Adriatique. 13 tout ce que viens d'avancer. Mais que la nature eft profonde dans la fcience des eaux! Qu'elle eft admirable dans les mefures quelle a prifes pour obvier à tous ces inconveniens, & même à des inconveniens plus grands! Les rivages de la Mer Adriati- que font ou dé pierre, ou de terre, ou de fable, ou de gravier. L'Iffric, la Morlaquie, la Dalmatie , V Albanie, & toute la côte vers le Sud, font prefque par-tout munies d'un rivage de pur mar- bre; & défendues par des îles, des rochers, & des bancs. Il elt vrai que ce rivage, toujours rongé par l’eau falée & ébranle par le choc des flots, fe fend quelques fois, & tombe par gros mor- ceaux dans la mer: mais tout cela ne permet pas aux eaux de s'avancer fenfiblement. Ces bords ont beau être rongés, ils con- fervent toute leur force parce qu'ils ne font qu'un rocher con- tinuel. Ici donc la nature fe garantit elle même. C’eft de l’autre co- té, dans le Frioul & dans la Romagne qu’eft le phénomene le plus admirable. Il n’y a ni pierres ni rochers: ce n’eft que de la terre, du fable, des rivieres, & des lieux bas: Il femble donc que la mer exhauffée devroit inonder toute l'Italie. Cependant elle ne s’eft point avancée; au contraire elle s'elt retirée & elle fe retire tous les jours. Je ne faurois decider fi elle gagne ail- leurs: mais il eft certain que la Mer Adriatique abandonne fes an- ciennes limites, & recule d’une manière frappante. L’an 17co. environ, la mer au deffus du Po baignoït les montagnes de Sf. Bafile: à préfent elle en eft éloignée d’onze milles. Le Duc Ar.- PHONSE II. en 1681. batit la Merola, au bord de la mer, & elle en eft aujourd’hui diftante de fix ou fept milles, fans compter les bancs de fable qui ont une étendue de quatre ou cinq milles. Que dirons nous d’A4quilée, de Ravenne, & des autres lieux qui étoient maritimes du temps des Romains? Tout nous montre que les plaines fe font augmentées & élevées plus que la mer. On voit manifeftement que le fol s’eft élevé de dix pieds dans le Pa- douan; de fix à fept dans le V’eronois ; de fept à huit dans le 470- denois; de quinze à feize dans le Parmefan & dans le Plaifantin. Cette élevation eft auf confiderable dans la Romagne & dans la B 3 Tosca- 14 Effai de Hi ifloire Naturelle Toscane, comme l'a deja remarqué le célèbre Viviani. Elle eft produite par les montagnes qui s’éboulent. Les eaux, les torrens, & les rivières en détachent des parties & les portent à la mer. L’Zralie abonde en torrens & en fleuves, parce qu'elle eft pleine de montagnes qui arrètent les nuécs ; fur -tout celles qui font transportées par les vents de Nord & de Sud. Jaimême obfervé que le gravier & les tas de pierre croiffent, foit pour la quantité foit pour la groffeur, en raifon inverfe de leur diftance des montagnes. Mais ce n’eft pas ici le lieu de traiter cette matiere. Il me fuffit d’avoir montré que les plaines & les riva- ges s’élevent à mefure que la mer recule: & c’eft ce que nous voyons tous les jours. Lo) CODE CODE CDR CHERE CODEC C HA P.I T'R°ETE Defcription des machines pour pêcher dans la Mer. M AIS avant d’aller plus loin, je dois prévenir les doutes qu’on pourroit former contre les obfervations que j'ai faites fur le fond de la mer. Pour faire voir que tout ce que j'en ai dit, eft bien fondé, je vai expliquer en peu de mots les moyens dont je me fuis fervi pour venir heureufement à bout de mes deffeins. Lorsque je dois aller faire quelque obfervation fur mer; je mets tous les inftrumens qu'il me faut, dans une barque qui n’a que quatre ou cinq hommes d'équipage. Je m'éloigne du bord jufqu'a ce que j'aye trouvé environ quinze pas d’eau. Lors- que la mer eft calme je puis voir aifément à une telle profondeur . avec le fecours d’un peu d'huile, que je repands fur l’eau. Cette huile y forme comme une toile très fine qui joint les cotés de la barque, & s'étend fur la furface de la mer. Elle eft fort utile pour prévenir ces petites rides que forme fur la mer le foufle leger des A pei de . La nei 4 6.4 archi mu nt vg 4 Uva x a F De LI de ti ed : ap de RO N si Mr È E ti x; 2 pr È o Pri RR | 3 17 WE I or 4? i ad ! % 1A “4 D) VISI x REX pento pene: porco vige SE VS le à An , = EYE AY pa ì [A n À le) | x, ù Pe) Si La x . a Li i SAU tO te A Pets ‘4 RE ra + Vaio» \ x ANT TOR y ft Oa ‘ STAI DES È Lan n° sa k LA > 4 o ‘È 7 i T i $ , a) » la perche La tenaïille Corde. A a 7 la ferme JE f € 7, pa. mart 7j et GREECE ou qui lient 77 quelle £ te «a libre de la de des grandes pin Conde avec | autre pine e D / jou Le per le Perche N IDArar de LZ a ÉD B EF. Une IH; ( / SR Dre TLM pe A: B6 K LRO RE NL ICICRS A li Mi Ue AG DI DS: hi $$ i E ALAIRICIAIER III RETI de la Mer Adriatique. 15 des vents. Ce phénomene n’eft pas difficile à expliquer. La far- face de l’eau eft plus rude, que celle de l'huile. Si le vent ren- contre cette furface moins unie, il s’y attache pour ainfi dire, & il l’agite: mais s’il rencontre la furface lille & gliffante de l’hui- le, il coule & paffe fans y caufer un mouvement fenfible. Dans ces circonftances, & à cette profondeur je puis diftin- Ctement obferver le fond, remarquer fes varietés, & difcerner les productions qui s’y trouvent, pourvu qu'il foit pierreux ou graveleux: car alors l’eau eft limpide & tranfparente. Mais fur un fond bourbeux ou plein de vale, comme dans le Golphe de Venife, les eaux font troubles, & ne permettent pas qu’on voie ce qui eft à une certaine profondeur, *Lorfque je diftingue ce qui eft au fond dela mer, je ramaffe aifément la production marine que je fouhaite, parle moyen d’une grande fexaille C D E F G HT, haute de deux pièds & garnie de pinces fort grandes. Un bras CD de cette tenaille eft attaché à une longue perche 45, à laquelle on peut en ajouter d’autres lorfque les circonftances l’exigent. L'autre bras eft terminé par un anneau 7; auquel jattache une petite corde: je fais pailer la corde au deffous d’une poulie Z, qui eft à l’extrémité inférieure de la perche. Cette corde ZL M coule ainfi le long de toute la perche: & la tenaille qui n’y eft atta- chée que d’un coté, fe tient ouverte par la pefanteur du bras / 2. Je plonge tout cet attirail dans l’eau; j'approche les pinces de la produttion marine que j'ai deffein d’avoir; je tire la corde, en 47, la tenaille fe ferme & faifit ce qui fe trouve entre fes pinces. LorsQUE la mer eft agitée, & lorfque l’eau elt plus haute de dix ou quinze pieds, en un mot lorfque je ne puis pas bien voir au fond de la mer, je me fers d’un autre infirument, qui n'eft * Le texte eft obfcur dans cet endroit, Après avoir parlé du fond bourbeux & des eaux troubles, il continue. Allora dunque volendo raccogliere &c. On devroit naturellement rappor- ter cet allora a l’eau trouble dont il vient de parler. Mais cette eau trouble empêche de voir; & l'auteur dit un peu plus bas que/ta tenaglia al corpo che aver defidero l’adatto £?c. Comment peut il ajufter cètte tenaille à un corps qu’il ne voit pas? Il a donc fallu aider un peu à la lettre; & expliquer l’a/lora du texte. En confequence j'ai ajouté au paragraphe fuivant les mots qui font Italiques. Note du Traduéteur, PL Fr UE; PL. L Fig. 2. 16 . Effai de l'Hifloire Naturelle ° n’eft utile que dans un fond à peu près égal & uni; c’eft ce qu'on découvre par la fonde. Cetinftrument * eft une corde bien for- te, & longue d’environ mille pas. Elle porte d’efpace en ef pace des cordes minces & courtes armées chacune d'un fort ha- mecon, courbé enforte qu’il puifle retenir les plantes marines qu’il rencontre. Cette machine furnageroit, & il faut quelle rafe le fond; pour en venir à bout on y a ajouté à de petites diftances des morceaux de plomb, qui la font enfoncer & la re- tiennent au fond. Mais les hamecons ne faifliffent que les plan- tes, qui ordinairement font molles, & qu’on auroit de la peine à pêcher d'une autre maniere. Pour les productions d'une autre efpece, j'ai fait ufage d'une autre machine. Ce font deux per- ches de deux ou trois pas attachées en croix.. A leur inter- fection j'attache une groffe pierre pour faire enfoncer la machi- ne, & une corde pour laretirer. J'ajoute aux quatre bouts qua- tre morceaux de filet de vingt à trente pas. Ces filets doi- vent être de chanvre effilé. Cette machine frotte contre le fond de la mer, & enveloppe & rammaffe une grande quantité de corps marins. Elle eft fur-tout utile pour pêcher entre les ro- chers & fous les antres. C’eft pourquoi les pêcheurs de corail en font grand ufage. Le Comte Marfilli en a donné la figure. {Les Provencaux la connoiffent tous le nom de Salabre, & les no- tres fous celui d'Ordigno, c'elt-à-dire machine. Par le moyen de cet inftrument j'ai eu le plaifir d’arracher même des groffes pierres du fond de la mer, à l’aide d’un petit treuil ou tour que j'avois placé au milieu de la barque. Ce tour n’eft pas feulement utile pour détacher & foulever des lourdes mafles: il eft fou- vent néceffaire pour retirer la machine qui s'engage quelques fois fi fort, qu’il eft impoflible de la dégager à force de bras. En un mot il eft d’une grande utilité, comme l’ont éprouvé les pé- cheurs de corail. Depuis qu’ mon exemple ils ont commencé à s’en fervir, ils fe font mis à l'abri du danger de perdre leurs ‘dif * Les Pécheurs de la Mer Adriatique appellent cet inftrument Trezzolle. + Hit, Phyfi. de la mer. Part. IV. Du corail. de la Mer Adriatique. 17 difpendieufes machines, ce qui auparavant leur arrivoit tous les jours. OUTRE cela j'ai tiré grand parti d’une longue antenne, que je fais foutenir par deux cordes, & enfoncer dans l’eau par des poids, & que je tiens en équilibre comme un levier de la premie- re efpèce. Jattache au bout le plus long, un filet femblable à celui que je viens de décrire; ou j'y ajoute une croix avec trois filets. * Cette machine m'a fait découvrir a Porto Roffo dans l’état de Ragufeune caverne très vafte &très fertile en corail. J'en ai auili ou vues de l'œil, ou découvertes avec la machine, d’autres dans le même endroit: je n’en fais point le catalogue parce que il n’y a perfonne qui ait voyagé dans notre mer, qui ne fache combien elles font fréquentes. Avec ces inftruméns, avec mes propres yeux, avec une fonde bien enduite de fuif, afin que ce qui eft au fond s’y attache; & même avec les filets des pêcheurs, j'ai pu découvrir tout ce que j'ai eu l'honneur de vous rapporter, & ramaffer une grande quantité de productions marines. A leur fortie de la mer, je les mets dans un vafe plein d’eau ma- rine, que je tiens prêt tout exprès. C’eft dans l’eau même que je les ai obfervées, tantôt à l'œuil nud, tantôt avec le microfco- pe: & elles étoient dans l’eau quand je les ai deflinées & décri- tes avec toute l'exactitude que j'ai pu. Cependant quelques fois les orages ou autres accidens, aux quels on eft fujet en mer, ne m'ont pas permis de faire fur toutes les productions marines les obfervations délicates que j'aurois fouhaitées. Tefpere que vous ne me condamnerez pas pour cela. Vous confidererez plutôt combien il eft plus facile d’obferver ce qui fe trouve fur la furface de la terre, que ce qui fe trouve dans la mer. Nous pouvons examiner les corps terreftres en tout temps, & fouvent tout à notre aife. Nous n’avons qu’à bien re- marquer les lieux où .ils fe trouvent pour les revoir. Quand on eft en mer, on elt à la merci des vents: on ne peut pas naviger & = * Je crois cette machine femblable à celle que le Comte Marfilli décrit fous le nom d'Engin au lieu cité. C 18 Effai de V Hiftoire Naturelle & pêcher librement, en tout tems, en toute faifon ; quelque vent qu'il fafle, quel que foit l’état de la mer. On peut encore moins remarquer exactement les lieux qui produifent de certaines chofes.. De là vient que quelquefois on pêche une plante ou un . animal, qu’on ne retrouve plus dans la fuite. hop ppp se ssposEppsEpnbpes CHOIX PTE Te. Combien à eft difficile d’obferver Jur Mer. Les Loix de la Nature font confiantes. L eft impoffible d’obferver en mer les mêmes objets en toute fai- fon. Ilen réfulte, qu'il eft très difficile, &, peut être, impoffi- ble de découvrir leurs operations, & les loix de propagation, qui forment ta chaîne immenfe des créatures. C’eft pourtant fur cet- té chaîne que nous devons, autant qu'il eft poflible, régler nos méthodes & nos diftributions, afin qu’elles foient bonnes. Ceft cé que je ne me füis pas cru en État d’executer dans mon Hi/foîre Naturelle de la Mer Adriatique: c’elt pourquoi j'ai pris la liber- té de me fervir de deux méthodes différentes. En voici la rai- fon. L’obfervation de la nature, bien loin de me découvrir une feule chaîne ou progreflion, m'en découvre plufieurs, chacune desquelles eft uniforme, perpetuelle, & conftante. Par exemple, dans les plantes terreftres nous voyons plufieurs progreffions qui ne fe démentent jamais: celle des fleurs mâles; celle des fleurs femelles; celle des fleurs hermaphrodites, & celle des fleurs eu- nuques. Il y a auffi diverfes progreffions dans les parties qui compofent ces fleurs, comme les pétales, les piftiles, les étanu- nes ou filamens, les fommets, les ftyles, & autres parties. On voit aufli une fuite réglée dans la femence, dans les fruits, & enfin dans toutes les parties qui fervent à l’ouvrage admirable de la propagation des plantes. Il me femble que la nature, qui fuit de la Mer Adriatique. 19 fuit conftamment les loix de la propagation, ne varie gueres dans celles de la confervation, qui au refte ne font pas fi rigides & ad- mettent quelque changement. DE plus cette prétendue inconftance de la nature facilite la loi & ne la détruit pas. La nature ne renonce jamais au beau titre d’immuable. Quelques naturaliftes la ttouvent changeante dans les feuilles, dans les branches, dans les tiges, dans les racines, dans les écorces, parce que ces parties différent dans la même ef- pèce en grandeur, en confiftence, en figure, & en couleur. Mais fi on y fait bien attention, on verra que ces variations font renfermées entre des bornes déterminées & fixes ; & qu’une plante ne peut point prendre la figure d’une autre en forte que la premiére fe confonde avec la feconde. Chacune conferve affez de ce qui lui appartient, pour qu’on puiffe toûjours la reconnoître & la diftinguer de toute autre. Ceft ce que tous les yeux n’ap- perçoivent pas; mais c’elt ce qu’appergoivent très bien les jardi- niers & les laboureurs. Ils reconnoiffent les plantes qu'ils culti- vent, non feulement aux feuilles, mais à l’écorce & au bois. Si la nature eft ftable & conftante même dans ces productions, on doit croire qu’elle l’eft aulli dans les progreftions qu’elle forme dans l’ordre des feuilles, des tiges, des branches, des racines, & des écorces. Donc aufli les feries qu’elle forme dans chacun de ces ordres, feront conftantes. C 2 CH A- 20 Effai de D'Hifoire Naturelle ‘ LED ECHEC Paci (Cioe C'H:-A:Pul TRE: IM Progreffion de la Nature dans les Plantes Marines. Nouvelle méthode & divifion de l'Hiffore Univerfelle de la Mer. dti tous ces ordres, dans toutes ces claffes, la nature for- me fa ferie, & paffe infenfiblement d'un anneau de fa chaî- ne à l’autre. De plus les anneaux d'une chaîne font tellement entrelacés aux anneaux d’une autre chaine, qu’on devroit com- parer les progreflions de la nature plutôt à un filet à rezeau qu’à une chaîne. C’eft un tiflu de plufieurs fils, qui fe communi- quent, fe rapportent, & s’uniflent les uns aux autres. Les meilleurs philofophes ont tous affuré qu'une certaine pro- grefMion devoit néceffairement avoir lieu dans la nature. Les an- ciens font en cela d'accord avec les modernes. Le détail le plus exact de ces progreffions, eft celui qu'a donné le Chevalier 4n- toine VaLLISNIERI, dont fa pénétration eft affez connue. Mais jufqu’a préfent perfonne ma eu le bonheur de pouvoir exactement marquer ces progreflions. Nous ne connoiffons pas toutes les varietés que la nature a mifes dans la ferie des plantes & dans celle des animaux: & fi nous en connoiffons quelque chofe, nous ne fommes pas parvenus jufqu°'è appercevoir comment elle paffe des animaux aux plantes. Le nombre des Botaniftes qui ont dé- crit avec beaucoup de diligence la ftrutture & les qualités des plantes terreftres, eft fort grand: mais pour ce qui regarde le paffage d’un ordre à l’autre, nous fommes encore enfans. Si nous connoiffions exactement les plantes mouffeufes & fongueu- fes, nous ferions, peut être, parvenus au lien qui joint les plan- tes terreftres aux infeltes. La nature prolonge, peut être, la ferie des plantes & des ani- maux, 4 de la Mer Adriatique. 2} maux, & lacontinue même dans les eaux. Elles’eft, peut être, ménagée cette retraite pour paffer plus aifément des unes aux au tres. UN des beaux anneaux, que nous connoiffions, eft celui des vers de terre. Coupés en plufieurs morceaux, ils ne ceflent pas de vivre. Que dis je? Chaque morceau végéte comme les plan- tes; il reprend fa premiere figure, & devient un vers complet. Ceft ce que j'ai appris de vous, & ce que du depuis j'ai vu par un grand nombre d’experiences. Un autre beau chaînon eft celui des polypes découverts par M. TREMBLEY, qui, quoique coupés, continuent à vivre, & reprennent leur premiere figure. Les vers fe trouvent feulement dans les lieux humides de la terre; & les polypes demeurent feulement dans l’eau. Je divi mon Hi/foire de la Mer en trois livres. Dans le premier je traite des Plantes. Dans le fecond jexamine les Po/y- piers. Chaque Polypier eft un affemblage régulier de plufieurs cellules ou riches, ordinairement uniformes & préparées exprès pour l’ufage d’une feule efpece de Polypes. Dans le troifieme enfin je confidere certaines productions, que j'appelle Zoophytes ou Plant-animaux , parce que par leur ftructure elles s’approchent plus des animaux que des plantes. Je divife d’abord mon traité des plantes en deux parties. Dans la premiere j'examine les plantes, dont la fructification nous eft inconnue. Je les ai diftribuées fuivant leurs loix de conferva- tion, ou fuivant leur figure interne & externe. Je ne m'y arrè- terai pas à préfent, pour ne pas donner dans une longueur ex- ceflive. La feconde partie elt toute rangée fuivant l’ordre de fructi- fication. Je vous envoye un petit extrait de cette partie, parce qu’elle eft plus nouvelle & plus étonnante. Je la partage en deux claffes. Je prie Mrs. les Botaniftes d’agréer que pour répandre plus de jour fur cette matiere , & pour donner des divifions plus vraies, j'emprunte les termes & les divifions, qui en difftrens temps ont été en ufage dans la milice romaine. Je ne trouve . rien de plus convenable pour exprimer & caractérifer les diffé. er rentes 22 Effai de l'Hifloire Naturelle rentes loix, & le nombre infini des claffes qu’on remarque dans le regne végétal de la mer. La premiere c/affe n'admet que les plantes qui ont leur fe- mence nue. LA feconde contient les plantes qui produifent un vrai fruit. JE ne connois que deux genres de la premiere c/affe. Le premier genre je l’appelle Prerigo/perme. Ceft le fucus maritimus gallopavonis pennas referens de Gafpard BAUHIN,. Voyez fon Iesdgouos. Cette plante produit une femence très me- nue, Elle eft placée dans des cannelures qui regnent en cercle fur fon dos. Je donne le nom de Talatode au fecond genre. Il porte fa femence fur le dos; mais elle eft renfermée dans des vafes très petits. Le troifieme, appellé Rhodopetale, a fa femence dans la par- tie fuperieure de fa feuille: elle y eft placée dans la circonférence d'un anneau circulaire. . LA feconde caffe contient deux /égions. Le fruit de la pre- miere légion eft fec, & celui de la feconde eft bumide ou a du jus. Les plantes à fruit /ec produifent ou de fimples capfules, ou des baies. Les premieres conftituent la premiere centurie, & les autres la feconde centurie. La premiere centurie fe divife en deux cohortes. LA premiere coborfe contient les plantes qui ont des capfu- les attachées à la tige ou aux branches. Cette coborze eft com- pofée de deux ordres. Le premier ordre eft à capfules folitaires. Il embraffe quatre genres. JarreLLe Ceraulotos le premier genre. Il produit des ca- pfules alternes aux cotés de la tige & des branches. Chaque ca- pfule contient une graine en forme de cœur. Le fecond genre porte deux rangs de capfules découpées obli- quement, & placées en deux rangs fur une feule face de la plan- te. Je le nomme Angi/trelique. LE Libia tegionge = Tpe ant isa : = a e e n e = de la Mer Adriatique. 23 LE troifieme genre a un feul rang decaplüules. Satige el ar- ticulée, prefque comme fi elle étoit compofée de plufieurs os d’a- nimaux réunis & affemblés. C’eft pourquoi je l'appelle Po- lioftée. LE quatrieme genre fous le nom d’Epicilicode , embraffe les plantes qui ont plufieurs capfules à bord épineux; & dont une capfule eft attachée au bord de l’autre. Le fecond ordre elt pour les plantes qui produifent plufieurs capfules réunies à leur origine. Je n’en trouve qu’un genre ap- pellé Siringia. Il a plufieurs bouquets de capfules arrangées al- ternativement fur la tige & fur les branches. Ces bouquets font compofes de plufieurs capfules en forme de cloche. Ces capfules ont un bord uni, c’eft à dire, qui n’elt point dentelé. La feconde cohorte elt pour les plantes qui produifent des ca- pfules, dont les unes font pourvues d’un pédicule qui leur fert de calice, & les autres en font deftituées. Cette cohorte n’a qu'un genre, auquel j'ai donné le nom d’Anifocalyx. Ce genre à quelques unes de fes extremités porte un calice en forme de clo- che à bord uni & fans pédicule. Les branches ont d’un coté un rang de calices en cloche dentelés inégalement & portés par un pédicule à crochet. À ce genre appartient le Myriophillum Pe- lagium de ZANNICHEL LI. î La troifieme coborte contient les plantes qui produifent des capfules emboitées dans des calices. Je n’en connois qu’un gen- re que j'ai nommé /#fiacanthe. Il a un {ul rang de capfules en forme de cloche à bord dentelé. ° La feconde centurie eft compofée de deux cobortes. LA premiere cohorte contient les plantes dont les baies tien- nent immediatement à la tige. J'en ai appercu deux genres. JarreLLe le premier Yroëde. Il produit des baies ovalaires & rangées autour de la tige deux à deux, ou trois à trois. Le fecond genre a des baies oblongues & réunies. Elles font fur toute la partie antérieure de la plante. Ces baies font un peu cannelées latéralement : chacune a une graine de la figure d’un œuf. J'ai nommé Onichia ce genre. JE 24. Effai de l'Hifloire Naturelle - Je n’afligne que deux genres à la feconde coborte. ON rapporte au premier genre la Caprochetta, qui ne produit qu'un feul rang de baies ovales fur un pédicule qui leur tient lieu de calice. Je mets dans le fecond genre la Citera qui produit des baies rondes, dont chacune eft placée entre deux feuilles, qui fervent de calice. | Les plantes à fruit bwmide conftituent la feconde /égion. Elle eft partagée en deux centuries. La premiere centurie contient les plantes qui ont leurs fruits attachés à la tige & aux branches, mais en forte qu’ils n’enta- ment pas la partie charnue de la plante. Cette centurie elt di- divifée en deux cobortes. ! La premiere regarde les plantes à fruit folitaire. T'en ai vu deux genres. LE premier genre contient les plantes qui produifent des fruits faits comme une Ventoufe ou petit vafe. Leurs femences tien- nent à un placenta renferme dans le fruit & femblable à une fra. fe. Je donne à ce genre le nom de Ceramiantheme. Le fecond genre elt appellé Ooroque. Son fruit eft ovalaire attaché à la tige de la plante par un de fes cotés: & la graine eft cachée dans la partie charriue du fruit. Les plantes qui portent plulieurs fruits réunis, appartiennent à la feconde cohorte. J'en ai decouvert un feul ordre. Sa grap- pe eft arrondie. Cet ordre m'a donné un genre feulement que j'appelle Sycocephalophore , parce que les fruits qui conftituent le globe, font femblables à une figue. La feconde centurie contient les plantes dont les extrémités font furmontées d’un fruit, qui par fa fubftance ne différe pres- que point de la plante même. Cette cenzurie eft divifte en deux cobortes. I La premiere coborte. eft pour les plantes. à fruit folitaire. Elle a un feul ordre, dans lequel les fruits font couronnés de ti- ges. Il n’y en a qu'un genre que je diftingue par le no de ra- de la Mer Adriatique. 25 Craterantbeme. Son fruit repréfente une coupe. Ceft dans la concavité de cette coupe que fe trouve la femence. La feconde cohorte eft bornée aux plantes à fruit compofé. El- le a un feul genre, Ses fruits font ou plats, ou concaves d’un coté & convexes de l’autre. Ils font compofès de plufieurs filiques en cone arrangées en roue, dans lefquelles eft cachée la femence. Celt le Callopilophore de Matthiole. La troilième cenzurie embraffe les plantes à fruit caché dans la partie intérieure de leur fubftance. Cette cenzurze eft fubdivi- fée en deux cobortes. La premiere cohorte contient les plantes: dans lesquelles je n'ai vu jufqu'a préfent que des fleurs femelles. Elle a deux ordres. LE premier ordre regarde les plantes à fruit folitaire. Je ne connois dans cet ordre qu'un genre. Son fruit eft prefque coni- que; & il eft appuyé fur une ou deux appendices aufii femblables à deux cones. Le fruit eft furmonté d’une fleur qui a la figure d’une petite levre ronde. De cette fleur s'éleve un pacquet de filets. J'ai donné ace genre le nom de Ciparifofique. Celt le Fu- cus Cipreffinus d’ Imperato. Le fecond ordre contient les plantes à fruit compofé. Je n’at- tribue à cet ordre, qu'un genre que j'appelle Arocarpe. Il porte un fruit rond auquel eft attachée nne flenr en forme de coupe. La feconde cohorte comprend les plantes hermaphrodites, c’eft- à-dire, celles qui produifent des fleurs mâles & femelles. Elle s'étend même aux plantes qui n’ont que des fleurs mâles. JE compte dans le premier ordre de cette coborte les plantes qui ont des fleurs femelles fur leurs extremités renflées, & qui n'ont que des fleurs males au deffous de ces extremités. Cet or- dre n'a qu'un genre que je fache. Je l'appelle Yirfoide. Il pro- duit un fruit rond qui renferme une graine ronde. Le fruit eft retenu par une fleur; en forme de levre circulaire d’où for- tent des filets. Le fecond ordre porte des fleurs miles au milieu des bran- ches, & les endroits, qui portent ces fleurs, font tumefiés. Les D fleurs 26 Efai de l'Hiftoire Naturelle fleurs femelles font difperfées par les autres parties de la plante; & ces parties ne font point tumefiées. J'attribue à cet ordre un feul genre que j'appelle Phythocome. Il à été connu d’Imperato fous le nom de Gongolara ou Abies marina de Theophrafte. Son fruit eftrond, & fa fleur eft femblable à celle de la 7irfoide. Le troifieme ordre produit des fleurs femelles, attachées à des branches rondes qui fe trouvent à la partie fupérieure de la plante. Les branches inférieures & applaties ne produifent que des fleurs mäles. Cette plante a aufli des parties renflées qui ne portent ni fruits ni fleurs. Cet ordre n’a qu’un feul genre au quel je con- ferve le nom d’Acinaria que lui donna notre Zmperato. Cette plante a un fruit rond, couvert d’une membrane conique, & creu- fe au fommet, Cette partie concave tient lieu de fleur & porte des.filets. JE viens de vous expofer la méthode que j'ai fuivie pour éta- blir les genres des plantes marines, dans lesquelles j'ai cu le bon- heur d’obferver les lois fixes de propagation. Vousavez fans doute remarqué la grande analogie qui fe trouve entre les diverfes plan- tes, & la progreflion réguliere & prefque infenfible avec laquelle la nature paffe d’une produétion à l'autre, & dont nous ne pou- vons pas tout à fait comprendre la raifon. Je n'ai jusqwici qu’ef- fleuré le beau regne des végétaux. Avant de le quitter il me refte a vous donner l’hiftoire de quelques planfes. Je choifis celles que d’autres ont deja décrites, afin que vous puilliez comparer ces defcriptions, & juger fi les miennes, quoique fort abrégées, ne font pas faites avec plus de diligence & d’exactitude que celles qu’on a données avant moi. Je commence par une plante pres- que inconnue aux Botaniltes. Elle a été mal deflinée, & décrite d'une maniere très-imparfaite. Sa ASI SEDI de 7 CHA- de la Mer Adriatique. 27 ppp Genie CR Agli DIRI, Defcription de quelques Plantes Marines. L Ceramiantheme trés-branchu, bas, transparent, rouge. Fucus Capillaris, qui nous vient de l'Orient fous le nom de Rochelle. Imperato. PAL CAN O PET EPL. di largeur ordinaire du pied de cette plante ne va gueres au dela d’une ligne & demi, mefure de Paris, dont je me fuis toujours fervi. La bafe de ce pied, la partie par laquelle il tient aux pierres, eft applatie. Enfuite le pied fe rétrecit un peu, & en s’élevant il forme une petite tige ronde, qui fè partage ordi- nairement en plufieurs branches auffi rondes. Ces branches, dont le nombre eft fort grand, font presque toujours beaucoup plus minces à leur origine qu'ailleurs. C’eft ce qu’on remarque dans la plus grande partie des plantes marines. Chacune de ces bran- ches fe fubdivife en plufieurs autres branches plus petites. Toute la plante n’a ordinairement que quatre pouces de hauteur. On voit dans chaque branche de petites excrefeences 4 a(Fig.1.) Lorsqu'on les obferve avec le microfcope, on connoit que ce font de véritables fruits. A leur naiffance ils reffemblent parfaitement à un demi globe; (Fig. 7.) A mefure qu'ils croiffent, ils s’éle- vent & fe dilatent: ils deviennent des globes. Enfüuite la partie fupérieure du globe s'étend & pouffe un petit col è (Fig. 3.) dont la partie fuperieure fert de fleur. Ordinairement il eft fort étroit comme en z (Fig. 3.) Quelquefois pourtant il eft plus large & étendu comme en w (Fig. 5.) Sa fürface plane è (Fig. 3.) eft inégale & tuberculeufe. Au centre eft un petit trou ZL (Fig. 9.) qui perce le pericarpe & va jufqu'au vrai fruit E (Fig. 8.) Il eft rare de trouver plufieurs fruits dans un feul pericarpe. Lors- D 2 qu'il 28 Effai de l'Hifloire Naturelle qu'il contient deux ou trois fruits, il a auffi deux ou trois cols ; u T s (Fig. 10.) & tout autant de petites loges. Mais d’ordi- naire il n'y a qu'une loge dans chaque pericarpe. Elle renferme un fruit mol ou qui contient du jus. Il a à peu près la figure d'une fraife. La chair de ce fruit eft parfemée d’une femence fort menue 7. (Fig. 2.) qui a la figure d’un œuf. Lorsque cette fe- mence eft müre; la partie fuperieure s Z (Fig. 4.) du pericarpe fe dilate, & la femence fort & ferépand. Cette fructification devroit appartenir aux Cryptogames; puisqu'on ne découvre d’autres par- ties que celles que je viens d'indiquer. CETTE plante eft fragile, pefante, & molle. Sa furface pa- roit unie & life à l’œuil nud: mais le microfcope nous montre qu’elle eft couverte de tubercules Q (Fig. 6.) qui ont la figure d’un demi œuf. La partie interieure de la plante fe partage en écorce & en pulpe. L’écorce eft arrofée par de petits canaux ou vailfeaux c (Fig. 6.) cachés dans une fubftance compofée de glan- des très déliées. Cette écorce environne la pulpe liée par un corps réticulaire (Fig.6.). Chaque maille de ce rézeau contient des glandes fort menues, des vaiffeaux, & des véficules, remplies d’un fuc mucilagineux & plus leger que Peau. C’eft à mon avis ce fuc qui tient la plante droite dans l’eau, quoiqu’elle ait bien peu de confiftance. La mer Adriatique en fourmille par tout où elle eft à l'abri de l'orage. IL Callopilophore de Matthiole. i PLANCHE IIL \ ovs ferez fans doute furpris que j'entreprenne une nouvelle hiftoire de cette plante après toutes les defcriptions qu’on en a données, & après les obfervations faites par 4ffalto que Mercato nous a confervées dans fa Métallotheque. Cepen- dant fouffrez que j'en parle, & même fort au long. Une anato- mie WA TORSO > CCR I SLI STE: Bi de la Mer Adriatique. 29 mie nouvelle & cxadte vous fera découvrir dans cette plante con- que un ouvrage admirable de la nature, qui a été jusqu'ici entic- rement ignoré. LE Callopilophore eft une plant@ qui dans notre mer eft rare- ment plus haute d’un pouce & demi; quelquefois même va t'elle a peine au dela d’un demi: pouce. Ce/alpinlappelie champignon, parce qu’elle a quelque reffemblance avec cette production, Elle a une tige c e (Fig. 1.) furmontée d’une tête 7. C’eft fur cette figure & fur quelques obfervations qu’Affalto a dit, que fans au- cune difficulté, on devoit ranger le Ca//opilophore parmi les cham- pignons. Cependant appuyé fur un examen fouvent repete, jofe aflurer que cette plante n’appartient nullement à la claffe des champignons ; & qu’elie eft d’un genre particulier. Ayez la bon- té de confiderer attentivement fon méchanisme fingulier; & je me flatte que vous fèrez de mon avis. Pour vous mettre au fait avec autant de clarté qu'il eft pofli- ble, je vous préfente le Ca/lopilopbore delliné au naturel dans la figure 1. Je donnerai enfuite toutes fes parties confiderablement groflies par le moyen d'un bon microfcope. Le pied e (Fig. 1.) de cette plante eft fort petit, fa figure a 100 (Fig. 2.) approche de la conique. Il s'attache aux teltacées, . & à d’autres corps durs, à l’aide de pluficurs parties comprimées, ou plates, dentelées & inégales Z 0 0 (Fig. 2.) qu’on remarque dans fon pied. Elles faififfent, comme autant de doigts, les corps fur lefquels cette plante fe tient. Sur ce pied s’éleve une tige Ac (Fig. 1.) grêle, foupple, & pliante. Elle eft creufe com- me un tube telle qu’on la voit en « dans les Fig. 2. & 3. Depuis fon origine e (Fig. 1.) jufqu'auprès.de la tête », c’eft-à-dire au- tant qu’on en peut voir, cette tige a de petites canelures circulai- res Gt (Fig. 3.) qui font bien près l'une de l’autre. Plus haut elle prend la figure d’une trompette ou d’un cone Gfdd (Fig. 3.) La baf du cone a deux petits ourlets dd &'cc | (Fig. 3. & 4.) demi ronds & découpés de petits fillons. En- tre un cordon & l’autre on remarque une cannelure 0 0 (Fig. 3.) ee (Fig. 4) creufe & percée de petits trous. De AD 3 chaque 2c Effai de l'Hifloire Naturelle chaque trou fort un cone e 4 € (Fig. 4.); & tous ces cones s’ajuftent alatéte n (Fig. 1.) ou Baaa(Fig. 5.). Cette tête par l'égalité des cones & par l'exactitude de fes parties reffemble fort à un bel ou- vrage guilloché, reuni a ce qug le tour rond peut faire de plus dé- licat ; d'autant plus qu’il a au centre un petit couvercle 7 ( Fig. 3.) ou F (Fig. 6.). Voyez aufli les figures 5 & 7. Ce couvercle eft un peu concave au centre; autour de la partie concave il eft un peu relevé en bolle, & il fe baiffe près du rebord c c (Fig. 3.) qui y eft annexé. De la partie concave du couvercle fortent plu- fieurs filets ( Fig. 8.) fi fins & fi délies qu’on ne peut les voir, même avec le microfcope, à moins que le Callopilophore ne foit dans l’eau. Alors paroiffent ces fils fouples, argentés, branchus & fi longs qu'ils vont jufqu'a lacirconference B 4 a a a (Fig. 5.) de la tête. Je mai pas appergu que ces fils foyent furmontés de leurs fommets; peut être, parceque les fommets font trop petits. Cependant je fuis porté à croire que ce font des vrayes étamines: d’autant plus que vers l’extremité du couvercle (Fig. 7.) on découvre plufieurs trompes très petites 4. Elles font prés du cordon ce (Fig. 3.) & touchent prefque les petits trous 00, qui ont communication avec le bord de la tête Baaaa (Fig. 5.) Ce bord eft formé par un très grand nombre de cones égaux applatis d’un coté C a (Fig. 9.) &ae (Fig 4.) qui fe touchant forment ce bord Baaaa(Fig. 5.) Tous ces cones font arrondis à la bafe, & creux en dedans. Ils font faits d'une membrane réticulaire H n n nn n (Fig. 10.), dont les mailles contiennent des glandes très petites, ordinairement rondes Hoooo. La membrane eft mince, tranfparente, & d’u- ne couleur pale. Cette membrane enveloppe toute la plante. De la vient que le Callopilophore , lorfqu'il n’eft pas expofé à Pair, eft mol & pale. Cependant Le$ cones, qui font formés de cette membrane , femblent verds. Mais cette couleur verte n’eft pas cel- le des cones: c’eft celle de quelques languettes D (Fig. 11.) ver- . tes, opaques, molles, & déliées. (Chaque cone en renferme une. Elles ne font que des affemblages de femences rondes & fort petites. Lorfque la femence eft mùre, elle fort par le fom: : met 4 du cone C a (Fig. 9.) qui eft ouvert. Je dis que c’eft par là PR n Ze pilo Sr ia fin) Re o E rte" Th « de la Mer "Adriatique. 31 la qu’elle fort, parceque je n'ai vu d’autre iffue que celle la, pas même dansles cones qui ne contenoient plus de femence. Lorfque fa femence eft tombée dans le cone G (Fig. 3.) elle peut aifement fortir par'le couvercle I° (Fig. 6.) qui s'ouvre au centre ( Fig. 5.) ce qui n’arrive pas avant que la femence foit mire. Alors il eft temps qu'elle forte & fe répande. On ne voit jamais cette ouverture au. centre du Ca//opilophore avant la maturité de la femence. Ce qui arrive, à mon avis, principalement parceque il y a de l’air renfermé dans le creux qui commence au pied e (Fig. 1.), continue par la tige e 4c & par —. le moyen des trous 00 (Fig. 3.) fe communique à toute la plante. Cet air fert à tenir la plante droite, & è pluficurs autres ufages que vous connoiffez bien. Ces ufages n’auroient pas lieufi Pair avoit quelque iffue. JAI fait toutes ces obfervations aux mois de Juin & de Juillet en Dalmatie près des îles Zncoronate & de Ragufe. RCE Æ Virfoide à tige cylindrique, à branches plattes, & égales dont les extremités font renflées €D partagées en deux ou trois autres branches. Cette plante eft congénere à la Quercus Marina de plufieurs Botaniftes. PE AONPG REZ TV. REA: (7 plante doit être mifè au nombre des plantes herma- phrodites , puifque elle a des fleurs mâles & des fleurs femel- les. Les unes & les autres font formées par une petite levre 444 (Fig. 2.) qui ne paroit au microfcope qu’une produétion de Pé- corce. Voiez la Fig. 2. & la Fig. 7. Chaque fleur a la figure d’un cone tronqué & dont la plus petite bafe eft concave, & ter- minée par un rebord très mince, inégal (Voyez la Fig. 3), tranfpa- > Effai de P Hiftoire Naturelle tranfparent; argenté d’abord & enfuite d’un bean violet. Ce re: bord a quelque épaiffeur; il eft mol, & vers le milieu du cone il prend la fubftance, & la confiftance d’écorce. Comme il eft mol & coloré, je crois qu'il fait l'office de vraie pétale. On ne voit les fleurs femelles qu'aux extremités renflées c c (Fig. 1.) de la plante. Les mäles font difperfées, comme des points très petits, par tout le refte de la plante. La concavité conique (Fig. 3.) dans les fleurs miles ne pénétre pasfeulement l’écorce (Fig. 8.) com- me dans les fleurs femelles (Fig. 2.), mais elle va plus avant, & entre dans une partie de la fubftance intérieure de la plante. Plus cette concavité S’enfonce, plus elle fe dilate: elle conferve ainfi fa figure conique n sn (Fig.8.). De la bafe n n de ce cone fe dé- tache un pacquet de filets fort fins, femblables à ceux qu’on obfer- ve dans les fleurs femelles (Fig. 7.) & qui font attachés au fruit D. Ces filets ont été, dans une plante du même genre que celle ci, dellinés par Lobel & par Clufius. Ils font tous très minces, très flexibles, blanchitres, transparens, & branchus: en cela les filets mâles reffemblent aux femelles ; mais ils different beaucoup dans leur deftination. Jai remarqué que dans les fleurs males (Fig. 8.) les filets portoient plufieurs corpufcules presque ronds, noiràtres, & répandus par les branches des filets (Fig. 6.) Je les crois des antheres ou fommets. Si cela eft, les filets font des vraies étami- nes. Les fleurs miles répandent abondamment un fluide muci- lagincux, mediocrement gluant & transparent, qui renferme une infinité de corpufcules de diverfes figures, mais ordinairement presque ronds (Fig. 4.) Ils font ou jaunâtres ou d’un verd pale. C'eft, à mon fens, la partie fécondante. Elle cli en pouflicre dans les plantes terreftres, parce quelle eft dans un fiuide aufli léger que l'air. Ici elle eft fluide, mucilageneufe, gluante, & telle qu'il faut pour être dans l’eau. Immédiatement fous le pétale a d'a (Fig. 2.) dans les fleurs femelles on trouve le fruit e Cc. It eft rond, jaunatre, charnu, & il porte une grande quantité de femence ronde & päle, comme on voit dans les (Fig. 2. & 5.) La fubftance de cette plante, qui eft flexible, reffemble à cel- le GI Ac» 4 Es ; toni: usati ino “ NET VRMERE a roms rs NAME Ra PEN » } 1 Pad dd ka DE O CS de la Mer Adriatique. 33 le du cuir. Son pied a ordinairement depuis trois lignes à cinq de largeur. Il en fort une tige mince, qui fe partage en deux branches, & ces branches fe fubdivifent en deux autres; & ain- fi de fuite. Elles font ordinairement plattes.- Le centre renfer- me une efpèce de nerf, qui rend toute la plante un peu plus ferme qu’elle ne le feroit. La plus grande hauteur de la plan- te eft d’environ fix pouces. Jar vu quelques plantes du genre des Zirfoides qui n’avoient que des fleurs miles. J'en ai trouvé des deux efpèces en plu- fieurs endroits de la Dalmatie, de l’Iftrie, & des rivages de Ve- nife. Mes obfervations font des mois de Juin, de Juillet, & d’Aout. Mr. De ReauMUR a donné dans les Memoires de l’Aca- demie Royale des Sciences de Paris pour l'an 1711, la defcrip- tion d’une plante congénere à celle ci. L’hiftoire qu'il fait de cette plante , eft longue; mais il n’a examiné les fleurs que fort légérement. De là vient, peut être, que le célébre Lin- næus dans fon Traité des genres des plantes, n’a pas ofé dé- terminer fi les fleurs de cette plante étoient mäles ou femelles LV: Acinaria à tige cylindrique , avec les branches inférieures plattes, E les@plus hautes rondes. Acinaria, ou Agrefto marino d'Imperato. PLANTE HPV pa encore une plante qui a été deflinée & décrite par plu- ficurs Botaniftes , mais avec une extrème négligence. Je puis affurer que perfonne ne l’a vue toute entiere. Les deferip- tions & les deffeins que nous en avons, font tirés de quelque bran- che. Entr’autres Imperato & Lobel font tombés dans cette faute. CETTE plante a un large pied 4 (Fig. 1.), d’où s'élevent plufieurs tiges cylindriques, garnies tout au tour d’épines, dont les unes font fimples & les autres branchues; (voyez la Fig. 5.) i E 34 Effai de P Hiftoire Naturelle & toutes émouflées & incapables de bleffer. C’eft une chofe fort remarquable que les branches, qui fortent de la même tige, ne font pas toutes de la même figure. Celles qui naiffent dans la moitie fu- périeure de la plante, font cylindriques. Telles font les branches nn dela Fig. 1. Celles qui viennent depuis le pied de la plante jufqu’au milieu, font larges. Elles font prefque des membranes, quelquefois découpées comme les branches 44, & quelquefois en- tieres, comme les branches éc. On trouve fouvent des tiges qui n'ont que des branches entières; & on en trouve d’autres qui n’ont que des branches découpées. Cette varieté a donné lieu à une erreur confiderable des Botaniftes. CETTE plante eft hermaphrodite , parce qu’elle produit des fleurs mâles & des fleurs femelles. Les fleurs mâles fe trouvent dans les branches plattes aacc (Fig. 1.) &ssst (Fig. 3.) Les fleurs femelles font adhérentes aux branches cylindriques neen (Fig.1.) &ccc (Fig. 2.) Ces fleurs, tant pour l’un que pour l’autre fexe, reffemblent beaucoup à celles de la Värfoide. Les fruits Dss (Fig. 4.) & E (Fig. 6.) font prefque ronds ou lenticulaires. JE ne m'arrêterai point au nombre furprenant de fleurs que j'ai comptées fur une feule plante d’Acinaria. Je dirai feulement que jai trouvé 545,600 fleurs mâles & 1,728,000 fleurs femelles. Le nombre des fleurs mäles eft au nombre des fleurs femelles prefque comme 1 eft à 5. + Chaque fleurgmäle peut donc fécon- der cinq fleurs femelles. Ajoutons ces deux nombres enfem- ble, nous trouverons 2,073,600 fleurs dans une plante qui très. rarement parvient à trois coudées de hauteur. TouTes les parties de cette plante font très flexibles & fans confiftence. C’eft pourquoi elle eft entourée de petites vefies snen (Fig. 1.) Zmperato les a remarquées le premier. En de. hors elles font couvertes de tubercules (Fig. 7.): en dedans el- les font creufes & unies (Fig. 8.) Elles ont une forte paroi Gaa, qui eft fpongieufe. Ces veflies contiennent si & tien- nent la pete droite dans l’eau. Certe plante abonde dans les Golphes de l’Iftrie & de la Dalmatie. Je de la Mer Adriatique. 35 Je me flatte que dans ce court détail fur les plantes mari- nes, vous aurez reconnu l’ordre, dont je vous ai parlé, l’analo- gie qui regne entre les plantes marines & les plantes terreftres, & la facilité qu’on trouve à paffer des unes aux autres ; non feule- ment en fuivant les progreffions de la fructification, mais aufli en fuivant l'ordre de la confervation. Car j'ai fait voir la grande u- niformité qui eft entre les parties intérieures & organiques des plantes marines, & celles des plantes terreftres. Je pourrois con- firmer cette analogie par d’autres obfervations, qui, peut être, ne font pas inférieures à celles que j'ai rapportées. * Mais je les paffe fous filence pour être plus court. Souffrez cependant que je parle en paffant des racines & autres parties avec lefquelles les plantes marines s’attachent. Ce fujet n’a pas encore été traité que je fache. ON croit ordinairement que les racines des plantes marines fe reffemblent toutes. On fe trompe : elles font fort différentes. Jai obfervé que pluficurs plantes qui naiflent dans les Golphes (c’eft à dire qui ne fe trouvent pas dans les lieux marécageux , comme les A/gues & les Boucheferres) ont de vraies racines fi- breufes & fort déliées. J'en ai vu.d’autres pourvues aufli de racines fibreufes; mais J'ai remarqué à l’extremité de chaque ra- cine un mammelon, avec lequel elles s’attachent aux corps voifins, précifement comme le lierre & autres plantes terres- tres. N°eft-ce pas une fouvelle affinité qui rapproche les plan- tes marines des plantes terrestres? Enfin il y a des plantes qui s'appuient fur un pied rond & évafé, avec lequel elles s'atta- chent aux pierres & aux rochers, comme les Parelles. Ceft ce qu'on a remarqué même au temps de Theophrafte. Un fem- blable pied fe trouve auffi dans plufieurs plantes terreftres. * Jar auffi vu dans les plantes marines des bras ou mains comme celles de la vigne, avec lesquels elles faififfent les plantes voifi- nes; des épines crochues, au moyen desquelles elles grimpent ; & des petites concretions à peu près telles que celles de la Cuscute avec lesquelles elles fe joignent à d’autres plantes, en forte qu’il e cft abfolament impoflible de les {parer fans les brifer. È Era CHA- 26 Effai de l'Hifloire Naturelle - ACITEEEPE PEER RAPE TERNO se VULITAALIILTII CHA 2P ii TRE VII Premier degré par lequel la Nature paffe dans la Mer des plantes aux animaux ; ou des Pobypiers. E vous ai jusqu'ici montré comment la Nature palle des plantes terreftres aux plantes marines. Il convient que je vous montre comment elle monte des plantes aux animaux. JE trouve que lAcinaria , ou quelqwautre plante femblable, eft un beau chaînon qui touche immediatement à celui des animaux. Mais confiderons d’abord la chof en général: enfuite nous defcendrons au particulier. | Les plantes ordinairement fè multipli- ent ou par la graine ou par bouture. Elles fe. nourriffent par, le moyen des vaiffeaux , des glandes , des utricules, & des au- tres parties organiques. Elles ont une écorce & une fubftance, des racines , ou un pied, une tige ou tronc, & des branches. Elles ne changent pas de place, & font deftituées. de fenti- ment. TouTES ces propriétés conviennent au Corail. DE plus nous voyons dans l’Acinaria des fleurs qui naiffant. en abondance prefque - depuis le pied , ornent toute la plante ; & qui fortent d’une concavité avec plufieurs filets blancs. Pres- que la même abondance & prefque la même figure de filets fe remarque dans le Corail. Dans l’un & dans l’autre ces con- cavités font formées par l'écorce ; & elles font très femblables dans ces deux productions. L’AcinarIA porte des fleurs en toute faifon. Les Polypes fe trouvent dans le Corail en tout temps. OX croiroit que ce parallèle prouve évidemment que le Corail n’eft qu’une plante. + En de la Mer Adriatique. 37 - En effet, confultez la plus grande partie des Naturaliftes an- ciens & modernes: Vous trouverez qu’ils le mettent au rang des plantes. Il fmbloit même après les decouvertes du Comte A/4r- filli-qu’on devoit fans aucurf doute reconnoître pour vraies plantes non-feulement le Corail, mais aulli les Madrepores & autres fem- blables productions marines. CEPENDANT depuis le feiziéme fiecle ; l'Italie a eu un au- teur qui a écrit que les Madrepores paffoient du genre des plan- tes à celui des animaux , étant comme une forte de production mitoyenne entre les plantes & les animaux. Cet auteur eft Fer- rante IMPERATO, philofophe doué d'une grande pénétration. Je vai tranferire plufieurs paflages de fon Hiffoire, afin que vous puilliez juger fi cette découverte eft due aux étrangers ou aux Italiens. Ex parlant de ce qu'on appelle aujourd’hui Po/ypiers, il dit de ces fubftances pierreufes ,, les unes font reconnues fimple- s, ment pour des plantes pierreufes, & les autres comme dégé- > nerant en animaux : telles font les Madrepores, où les nouvelles » additions fe forment en confiftance de Pore & de füubftance char- , nue”. Ce n’eft rien autre que le Polype. Zmperato continue un peu plus bas. ,, Madrepore, amas épais de Pores: ils ont quel- >» que trace de membranes aux extremités & dans les concavités > qui arrivent jufqu'à elles”. Ces membranes aufli font les Po- lypes des Madrepores. Il me femble qu’ Imperato sexplique plus clairement peu après. » Maprerore branchue avec les extrémités qui fe terminent ,o en plat-----les parties qui tiennent lieu des premieres branches font denfes; les fuivantes, qui font comme des appendices an- nuelles, font rares, foibles, de couleur brune &pourprée; elles tiennent un peu de la fubftance femblable à la membrane: d’où on peut conjecturer qu’elles participent à la vie fenfitive”. DerLus, après avoir décrit la subulaire pourprée, il ajoute * i nos en * Note du Tradufteur. Le ftile d'Imperato n’eft pas bien net. Il m’a fallu facrifier un peu l'é- legance du ftile à l’exaétitude de la traduétion. J'ai craint de lui attribuer des découvertes qu'il n’avoit pas faites, ou de lui ter celles qu’il avoit faites. E 3 3 2 33 Effai de l'Hifloire Naturelle » On croit que c’eft une mere où fe forment des animaux marins » comme les abeilles dans les gateaux de cire”. Et un peu plus bas il dit ,, La tubulaire n’eft qu’un réfervoir d’animaux”. APRÈS avoir reconnu dans des corps marins congéneres au Corail, une nature mitoyenne entre les plantes & les animaux , il n’étoit pas difficile de placer le Corail au même rang. Ila beaucoup d’analogie avec les Aadrepores, comme vous le pourrez aifément comprendre par ce que je dirai en fon lieu. En atten- dant remarquez la grande reffemblance qui fe trouve entre les plantes, & particulierement entre l’ Acinaria, & le Corail. AGRÉEZ qu'avant de faire l’hiftoire du Corail, j'entre dans un court détail de l’ordre dont je me fers pour former ma methode. C'e celui quela Nature fuit pour paffer d’un Polypier à l’autre. Ce que je vais dire ne regarde que le petit nombre de Po/ypiers qui font deflinés & décrits dans mon hiftoire naturelle. Toure ma C/affe de Polypiers elt divifée en trois /égions. La premiere /égion embraffe tous les Po/ypiers qui ont une écorce molle & une fubftance femblable au marbre ou pour mieux dires à lof Certe légion a une feule centurie des Polypiers à tige & mem- braneux. C£rre centurie a aufli une feule cohorte , dans laquelle les cellules habitées par les Polypes font en grand nombre &‘difper- fées irrégulierement par toute la tige. IL n'y a qu'un ordre fous cette cohorte: celui dans lequel les cellules font, pour ainfi dire,.enterrées fous la furface du Polypier. Ex cet ordre ma qu'un genre, celui qui a fes cellules pref que coniques, dont les ouvertures ont une lèvre découpée en huit parties. C’eft le Corail. La feconde /égion contient les Polypiers qui font d'une feule fubftance uniforme & offeufe. Cette /égion eft compofée de deux centuries. La premiere centurie eft pour les Po/ypiers à tige, qui ne font pas membraneux. Cette centurie eft divifée en deux cobortes. | La de la Mer Adriatique. | 39 La premiere cohorte comprend les Polypiers, qui à l’extremité de chaque branche portent une fule cellule. CETTE cohorte n’admet qu’un ordre, dans lequel les cellules font intérieures. Sous cet ordre il n’y a qu'un genre, qui a des cellules coni- ques & compofées de plufieurs lames. Je détermine le nom de Madrepore à ce genre. La feconde cohorte embraffe tous les Po/ypiers qui ont des cellules dans toutes les parties des branches. Lorfque les cellules font cachées dans la fubftance des Po/ypiers, ils appartiénnent au premier ordre. Lorfque les cellules s'élevent au deffus de la fub- france intérieure des Po/ypiers, ils font dans le fecond ordre. Le premier ordre a trois genres. Les cellules du premier genre ont la figure d’une urne fepul- chrale, & font bouchées avec des petits couvercles ronds. Je de- figne ce genre par le nom de Myriozo0s. Mon E/aphée appartient au fecond genre. Ses cellules font coniques, & n’ont qu’une ouverture. . Le troifiéme genre a des cellules dont le creux eft rond, avec deux ouvertures : Je donne à ce Po/ypier le nom de Phytocar- poides. LE fecond ordre n’a qu'un genre que j'ai nommé Acantho- phore. Ila des cellules cylindriques & élevées au deflus de la fur- face du Polypier. La feconde centurie eft deftinée aux Polypiers qui ont une tige & qui font membraneux & prefque femblables à des feuilles. Cette centurie a une feule cohorte; dans laquelle les cellules font ré- pandues par les branches. Elle eft divifée en deux ordres. Le premier ordre a fes cellules dans la partie intérieure. Il n’a qu'un genre dont les cellules font cylindriques. Celtla Ré. tépore ou Efcare marine des Botaniftes. Le fecond ordre a des cellules intérieures & des cellules exté- rieures. Les premieres occupent la partie large des feuilles, & les autres font rangées fur leur bord. Cet ordre n’a qu'un genre . nommé Afprée. Ses cellules ont la figure d’un petit vafe conique ‘ qui porte un petit cylindre joint à fa bafe. La 40 Efai de l'Hifloire Naturelle La troifiéme centurie eft compofte de Polypiers membraneux & fans tige. Elle n’admet qu'une cohorte divifée en deux ordres. Le premier ordre a fes cellules cachées dans la fubftance du Polypier. Il n’a qu'un genre que ala Opbhioide. Celt le Porus anguineus des Naturaliftes, Le fecond ordre eft formé par les Polypiers qui ont des cellules relevées en boffe fur la furface du Po/ypier. Il contient deux genres. Je donne au premier le nom de Fiffu/laria. Il a des cellules cylindriques, qui vont ordinairement quatre à quatre, fix à fix, & même en plus grand nombre, comme un double chalumeau *. LE fecond genre a deux fortes de cellules. Les unes font cy- lindriques, & les fecondes ont la figure de tuile creufe. Celles- ci font à la circonférence, & celles È au milieu d’un Pol) pier que j'appelle Difcoide. La troifiéme /égion comprend les Polypiers nouéux, ou arti- -culés. Leur fubftance reffemble en partie à celle des os & en par- tie à celle de la corne. Celle qui eft ofleufe forme les nœuds, & celle qui reffemble à la corne forme la partie qui fè trouve entre deux nœuds. Je ne connois dans cette /égion qu'une feule cen- turie de Polypiers à tige & non membraneux. Cette centurie n’a qu'une coborte , dans laquelle les cellules occupent toutes les branches; & qui fe divife en deux ordres. Dans le premier ordre les cellules font prefque au niveau de la furface. Cet ordre a deux genres. Mox Gonatode forme le premier genre. Ses cellules ont en de- dans la figure d’un petit vale. LE lecond genre contient la coralline , qu'Imperato nom- me Nodolara. Ce Polypier a des cellules très petites & irrégu- lieres. Les cellules du fecond genre sélevent au deffus de la furface du Polypier. * Je crois que l’auteur fait ici allufion à la figure qu'on attribue au chalumeau de Pan. de la Mer Adriatique. 4I Polypier. Elles font cylindriques. Je donne à ce genre le nom d’Aulopio. i La quatrieme /égion eft pour les Polypiers à fubftance char- nue. Jen ai trouvé deux cenzuries. Je mets dans la premiere centurie les Polypiers à tige. Ils forment une feule cohorte , dans laquelle les cellules font ré- pandues par toutes les parties du Po/ypier. Sous cette cohorte il n’y a qu’un genre , & fous ce genre il n’y a qu'un ordre. Les cellules enfoncées dans la partie charnue conftituent le genre: & les cellules faites en forme de Jampe forment l’ordre, auquel j'ai donné le nom de Sarcoden- dros. La feconde centurie contient les Polypiers fans tige & mem- braneux. Elle n’a qu'une cohorte è qu'un ordre & qu'un genre. Les cellules éparfes par toutes les membranes diftinguent la cohorte. Les cellules peu élevées au deflus de la furface des membranes forment l’ordre. La cavité prefque ronde, & les ouvertures étoilées des mêmes cellules conftituent le genre que j'appelle Evafterio. VoiLa la methode que j'ai fuivie pour arranger les Po/y- piers. Je vais donner l’hiftoire exacte de quelques uns, afin que vous puifliez vous former une idée plus claire de ce que je viens de dire ; & remarquer le premier pas que fait la Nature pour fortir du regne végétal & s'approcher du regne animal. Je par- lerai d’abord du Corail. I Corail rouge. PAL ASE NC ES Bevi, GE rc. E UELQUESUNS ont cru que le Corail tire fon nom des (> mots xogeiv & aròs, c'elt à dire, ornement & beauté de la mer; comme fi la mer ne contenoit rien d’aufli beau que le Corail. Dela vient , peut-être, que les anciens & les 42 Effai de l'Hifloire Naturelle les modernes ont plus parlé du Corail que de quelqu'autre pro: duction marine que ce foit. LES opinions des auteurs fur la nature du Corail, font très variées. On en a fait une pierre; un réfultat de fels, de terre, & d’autres principes oppofés, mélés, & précipités. Quelques- uns ont penfè que le Corail étoit une plante : & enfin il y a eu des auteurs qui ont fait voir par pluficurs raifons qu'il étoit un vrai Zoophyfe. L’opinion la plus ancienne & la plus commune eft que le Corail eft une plante: & les obfervations du Comte Mar/illi # femblent très favorables à cette opinion. Il n’eft donc pas e- tonnant qu’aujourdhui même plufieurs Naturaliftes, fe refufant aux belles remarques de Mr. de Reaurur , foutiennent l’an- cienne opinion qu’elles combattent. Vous n’étes pas de ce nom- bre, non plus que le P. Æ4bbhé Revillas. Plufieurs queftions que vous m'avez faites ; & un long entretien que j'ai eu avec le P. Abbé Revillas dans l’Academie de Mr. Fean Pierre Lo catelli, Marquis de Rivalta, m'ont montré combien les obfer- vations de Mr. de Réaumur vous avoient convaincu l’un & l’au- tre. Je vais confirmer fon fentiment par un extrait de quelques obfervations que j'ai faites fur le Corail. Je vous prie de les communiquer au P. Abbé Revillas, au Pere Mazzoleni, au Pe- re Bianchini & è Mr. le Docteur Salicetti, mes bons patrons & amis. J'attend leur décifion & la vôtre. On fait que le Corail el un végétal marin, & qu'il eft, par fa figure, fort femblable à un arbriffeau fans feuilles. Il n’a point de racines. Il s'appuie fur un large pied, qui, comme Ja cire fortement comprimée , s’ajufte par tout au corps auquel il s'attache, & y tient fi fort qu’il eft impoffible de l'en déta- cher. La figure de ce pied varie béaucoup : cependant elle eft ordinairement prefque circulaire, comme on voit en ## (Fig. 10. ). Cette partie fert à foutenir le Corail & à l'arrêter, & non * Hiftoire Phyfique de la Mer, partie IV. au commencement, de la Mer Adriatique. 43 non pas à le nourrir. On trouve des morceaux de Corail bri: fés qui, quoique féparés de leur pied depuis longtemps, con- tinuent à vivre, à croître, & à propager , pendant qu’ils font au fond de la mer. DE ce pied ne s’éleve ordinairement qu’une tige. Plu- fieurs vieux pêcheurs de Corail m'ont appris que la tige la plus groffe n’a qu’un pouce de Paris, ou un peu plus. Cette tige fe partage, mais prefque toujours en un petit nombre de branches , chacune desquelles fe fubdivife en plufieurs branches plus petites. Elles font ordinairement féparées. Cependant on voit quelquefois deux & même plufieurs branches parallèles & réunies des leur naiffance. On diroit qu’elles font fondues en- femble; on ne peut pas difcerner l'endroit où elles fe réuniffent, On voit plus fouvent des branches qui fe rencontrent & fe joi- gnent de la même maniere. Jai vu quelquefois deux bran- ches de Corail, qui, après leur réunion, n’en formoient qu’une feule. Lr Corail couvre, en tout ou en partie, de fa fubftance les te- ftacées qui s’attachent à fa tige ou à fes branches. Cet une chofe que je crois remarquable. La plus grande hauteur du Corail et, dans la mer Adriatique, d'un pied de Paris, ou d’un peu plus: & cette hauteur eft très rare. Quoique la tige & les branches foyent ordinairement rondes ; il y en a fouvent d’applaties & larges. J'ai dans ma colleGion quelques Coraux de cette efpece. Le pied, la tige, & les branches de cette production mari- ne, font de la même matiere; c'eft à dire ils font compotés d'une écorce & d’une fubftance homogène. La fubftance conftitue la partie intérieure du Corail. Elle eft, même au fond de la mer, prefque auffi dure que le mar- bre. Aux extrémités des branches elle eft moins dure que l’é- corce ; près du fommet l’une eft ordinairement aulli dure que l'autre; & dans les groffes branches & dans le tronc, la fub- ftance furpaile l'écorce en dureté. Sr on examine avec le microfcope cette fub/fance dans un Fa Co- 44 Effri de l'Hifloire Narurelle corail d’une feule couleur, rouge par exemple, pourvu qu'il ne foit pas vermoulu , on la trouve uniforme ,. polie, d’une feule couleur, fans trous ni cavités. Elle eft par-tout égale, de la même dureté, & capable d’un poli parfait. C’eft ce qui ne fe trouve pas dans le Corail qui a plufieurs couleurs. Quelquefois même cela ne f remarque point dans le Corail jaune, ni même dans celui qui eft de couleur de rofe. Jai quelques bran- ches de cette efpece de Corail. Si on les coupe fuivant leur groffeur, on y voit des lignes & bandes annulaires 5555 (Fig. 4.) Quelques unes de ces bandes font de couleur de rofe; les: au- tres font jaunatres; il y en a des blanches : les unes font plus hautes en couleur que les autres, mais elles font toutes concen- triques. ON apperçoit les mêmes bandes dans le Corail rouge lorf- qu'il eft un peu brülé. Elles font toutes d’une couleur grife claire , & féparées par des lignes sss (Fig. 4.) d’un gris plus foncé. Quoique cette /ubffance foit tres dure, elle eft fujette à u- ne efpèce de vers, qui l’attaque lorfque la vieilleffe ou quelque autre accident a dépouillé le Corail de fon écorce. Ce vers eft un petit animal qui s’introduit dans la fubftance du Corail par des trous fort petits 44 (Fig.3.). Il le ronge en dedans en y faifant fes cellules ss, qui font prefque rondes, ont communi- cation en 44, & font féparées par des parois très minces. * Elles affoibliffent extrémement le Cori qui devient fragile & ne peut pas étre travaillé. IL y a auffi un autre vers qui traverfe le Corail de part en part par fa groffeur, & le perce transverfalement de trous droits & cylindriques. Je dois vous avertir que les mar- bres les plus durs qu'on trouve dans la mer, font fujets aux mêmes vers, ou du moins à des vers qui leur reffemblent beau- coup. En dehors le Corail eft cannelé & ftrié (Fig. 2. & Fig.4. en eu). € Voyez Marfilli Hit. Phyfique de la Mer, partie IV. de la Mer Adriatique, 45 ew). Les cannelures commencent depuis le pied & sétendent au tronc & aux branches, confervant entr’elles un parallèlifme prefque exact. Elles paroïflent moins dans les branches plus dé- liées, quelquefois elles n’y font point. Elles font plus vifibles dans les groffes branches & dans la tige: elles font inégales, & raboteufes comme fi c’étoit un affemblage de petits hémifphe- res. La fubftance pierreufe , que je viens de décrire, fe change au feu en une poullière très fine & cendrée. Les cendres de ‘bois vierges, c’eft à dire tirées des charbons ardens , nous mon- trent au microfcope un fquelette compofé. de fibres & de vaif feaux ligneux. Pareillement les cendres du Corail nous indiquent fuffifamment les parties qui le compofent: les cendres paroiffent au microfcope formées de petits corpufcules blancs, prefque fphé- riques ; & réunis prefque par grappes. * Les cendres tirécs de l’écorce du Corail ont la même figure & la même couleur. Donc la fubffance & l'écorce de cette production ont les mêmes parties primitives , & pour ainfi dire, compofantes. Ce font aufli, à ce que je penfe, ces parties, qui changent l’écorce en fubftance. Il m’eft arrivé plufieurs fois de voir dans des fractu- res transverfales du Corail quelques rides élevées # (Fig.4.) qui partoient des rides extérieures & alloient vers le centre. On voit par là comment fes rides extérieures fe rapportent aux inté- rieures. À Aux rides extérieures, & à la furface aufMi extérieure , de la partie dure du Corail sses (Fig. 4.) s'attache immédiatement une pellicule ou tunique g (Fig.4.) & n. En (Fig. 5.) blanche ou pale, médiocrement molle, compofte de petites membranes pleines de vaiffeaux & de glandes. Toutes ces parties enfemble forment un corps réticulaire. Il eft accompagné de pluficurs petits vaiffeaux remplis d’un fuc blanchàtre qui fe répand dans tous les follicules ou petites membranes. A ces membranes font aufli attachés plu. ; fieurs * Quafi a corimbi. Le mot corimbi fignifie en Italien comme en Latin, les bouquets de graine de lierre, de fureau &c, Bia 3 46 Effai de l'Hifloire Naturelle fieurs corpufcules fort menus, rouges, & liés l’un à l’autre par d’autres petites membranes. CES corpufcules font presque fphériques : leur grandeur & leur figure eft très femblable à celle des corpufcules qu'on ob- ferve dans les cendres de la fubftance du Corail, & dans fon écorce brülée. Il faut donc avouer que ces corps font toujours les mêmes avant & après qu'ils ont pañlé par le feu. Tout le changement qu'on y trouve, fe borne à la couleur. La tunique # £ n (Fig. 5.) ne contient qu’un petit nombre de corpufcules fphériques. Elle eft presque toute pleine de mem- branes tres blanches, dont elle emprunte fa couleur plutôt que des corpufcules fphériques qui font rouges. CETTE tunique qui tient immédiatement au Corail, y dé- pofe & ajufte les corpuftules rouges. De là vient que les rides font couvertes de très petits hémifpheres; & c’eft à ces cor pufcules qu'on doit certainement attribuer la formation de la précieufe fubftance du Corail. On me demandera fans doute d’où viennent ces petites fphères. Je répondrai fans héfiter qu’elles tirent leur origine des Polypes du corail. En voici la preuve. Les Polypes font, comme nous l’allons voir, des œufs cou- verts de corpufcules fphériques & rouges. Donc ceux qu’on trouve quelque part dans le Corail, font formés par les Pos lypes. La tunique blanche tient à l’écorce #47 (Fig. 4.) & sttts (Fig. 5.) du Corail. Cette écorce eft molle & de couleur de minium, Ceft à dire, elle eft un peu moins haute en couleur que la fubftance du Corail. Elle eft formée de petites mem- branes très déliées, ou de petits fils, aux quels font attachés les corpufcules rouges, en fi grand nombre, qu'ils lui donnent leur couleur, Elle eft traverfée dans fa longueur par des vas fes cylindriques & paralleles 4447 (Fig, 4.); di (Fig. 5.) & Fn (Fig. 6.) De coté & d'autre il en fort d’autres vailleaux plus menus 244 (Fig, $.) qui ont communication avec les peti- tes membranes dont j'ai deja parlé. Le microfcope découvre ces de la Mer Adriatique. 47 ces vaifleaux, dans lesquels coule un fuc laiteux qui nourrit le Corail. + La furface de l'écorce du Corail nouvellement pêché , eft gliffante & raboteufe. Ici elle eft plus élevée, là elle eft plus baffe & plus unie. DE plus cette furface en plufeurs endroits a. des fubercules ou élevations s (Fig. 1.) qu’on peut voir à l’œuil nud. Ces boffes ont leurs bafes n1n (Fig. 10.) larges & rondes. Elles fe rétreciffent un peu vers la partie fupérieure en 0, & fe ter- minent en une petite levre ss (Fig. 10.) un peu groffe & ré- guliérement divifée en huit parties ss (Fig. 7.) plus ou moins raboteufes, qui forment l'ouverture £ (Fig. 10.& 7.) ou a (Fig.8.) de chaque boffe, ou pour mieux dire, de chaque cellule. L’é- corce du Corail finit à l'extrémité de ces parties. Voici com- ment la tunique blanche, que j'ai deja décrite, forme toute la partie intérieure de chaque cellule. La tunique blanche g (Fig. 4.) ou #En (Fig. 5.) fe double en quelques endroits & forme un petit fac sc (Fig. 6.), qui revêt la partie intérieure de chaque cellule £ jufqu’à l’origine de la lèvre ; c’eft à dire jufqu’a la moitié de la cellule , envi- ron. La fubftance du Corail 0 cede la place à la cellule en laiffant des petites cavités, qui au refte ne font pas à beau- coup près aufli fenfibles dans les branches vieilles & groffes que dans les minces & jeunes B, 4, 6 (Fig. 2.) Ainfi la cel- lule n’eft pas terminée par la fubftance du Corail, puifque la tu- nique blanche s (Fig. 6.) fe trouve entre l’une & l’autre. Le vuide 7 (Fig. 6.) de la cellule fe rétrecit & forme un cone, dont le fommet eft obtus & le ventre plus large que la bafe. LE fond de la cellule eft panché vers le pied du Corail, & l'ouverture eft élevée du coté de la partie branchue ou plus é- loignée du pied. C’eft dans cette cellule que fe tient le Poly- pe s (Fig. 1.). Le microfcope n’eft pas néceffaire pour le voir, mais il left pour difcerner fa vraie figure. C’eft avec cet in- ftrument que j'ai deffiné & décrit ce Polype. De chaque cellule #, 6 (Fig. 6.) fort un Polype AV (Fig. 14.) fort 43 Effai de l'Hifloire Naturelle fort blanc, mol, & peu tranfparent. 11 a la figure d'une éroi- le a huit rayons égaux. Ces rayons P (Fig. 15.) font coni- ques & munis de plufieurs appendices aulli coniques 44 (Fig. 15. & 13.) qui fe détachent des deux cotés, & qui font pref- que tous dans le méme plan. Les rayons a Ma (Fig. 13.) font un peu applatis, & ils ont à leur centre une coquille € (Fig. 14.) ou no (Fig. 13.) un peu évafée a fon commence- ment en 0; elle a une large ouverture 7 au fommet: elle eft dans toute fa longueur creufée de huit larges fillons , entre lef- quels s’élevent huit dos; & entre deux de ces dos eft placé un rayon 4 Ma. Cette coquille tient à une partie cylindrique g (Fig. 14.), ou plutôt au ventre de l'animal. Pendant que la- nimal eft en vie, & qu'il ne fouffre pas, fon ventre eft tou- jours caché dans la cellule. Cependant il en eft entiérement déta- ché & féparé , comme le montrent quelques fituations du Polype. Pour voir toutes ces chofes il faut plonger dans l’eau ma- rine le Corail d’abord qu’il fort de la mer. Dès qu’on le tire de l’eau, dès qu’on le touche, quoique dans l’eau, le Polype fe refugie dans fa cellule. Pendant qu'il fe cache , la coquille #0 (Fig. 13.) fe refferre & fe ferme: chaque rayon Q (Fig. 16.) & chacune de fes appendices 4444 fe retire & rentre en elle même , comme font les cornes des Limagons: enfuite chaque rayon fe replie vers le milieu; & fa partie fupérieure s’ajufte à la lèvre de la coquille, comme on le voit à la figure 19. & 17. C'eft dans cette pofition que fe tient le Polype dans le Corail nouvellement tiré de la mer. Si on le regarde fans microfco- pe quand il eft ainfi contra@té & caché, il reffemble à une goutte de lait : & tous les pêcheurs de Corail, meme les plus ex- perimentés, croient que c’eft effectivement le lait du corail: d’au- tant plus qu'en comprimant l'écorce, on fait fortir le Polype, qui conferve toujours l'apparence de lait. C’eft pourquoi je penfe que le lait de Corail, obfervé premierement par l’exact André Cefalpin, meft rien que ces Polypes : ces animaux ont, com- me je lai deja remarqué , leur ventre tout à fait féparé de la cellule. Cependant ils s’y arrêtent accourciffant & grofliffant leur de la Mer Adriatique. 49 . leur ventre g (Fig. 14.), enforte qu’il devienne plus gros que l'ouverture de la cellule g (Fig. 18.). C’eft ce qu’on voit évi- demment quand on arrache le Polype de la cellule, & quand on le confidère par le dos. Alors non feulement on voit le ventre Sg fort accourci; mais aufli comment le Polype f tient dans fon domicile. ‘Jar vu au bas du ventre g (Fig. 14. ) de quelques Polypes quelques hydatides rondelettes, extrèmement petites , molles , . tranfparentes, & jaunatres, ou tirant fur la couleur pale. Le lieu où elles fe trouvent, & la figure qu’elles ont, m ont fait croire que ce font les œufs du Polyhe. Ces œufs ne font, peut être, pas plus gros que la quaran- tiéme partie d’une ligne. Cependant je crois y avoir décou- vert quelques traces de ces corpufcules fphériques , qu’on trouve tant dans l'écorce que dans la fubftance du Corail. Les œufs fe détachent du Polype. Etant mous, ils s'ajuftent & s'atta- chent aux corps, fur lefquels ils tombent. Enfüite ils s’éten- dent par le bas, & ils s’élevent par le haut, voyez la Figu- re 11. Alors on diftingue clairement en eux une cavité inté- rieure , qui forme huit rides à fa partie fupérieure (Fig. 12.) mais qui n’a point d'ouverture. Le Polype , qui n’eft encore qu'un fœtus , démeure dans cette cavité. Il eft rentré en lui même . & prefque informe. Quand il eft devenu parfait &, four ainfi dire, adulte, la partie fupérieure 545 ( Fig. 10.) s'ouvre ; le Polype NV (Fig. 14.) fort & fe développe , & le Corail s’augmente. PENDANT que la premiere cellule K .( Fig. 11.) eft fermée, ou pendant que l'œuf du Corail n’elt qu'un œuf, on n’y voit aucune partie qui reffemble ni à l'os ni au dine Tout eft mol. Dès que la cellule s'ouvre, on commence à remarquer quelque petite lame dure. Lorfque l'œuf eft devenu un peu plus grand, c'eft à dire, haut d’une ligne & demi, environ, fon pied n (Fig. 8) fe dilate aufli bien que fon fommet 4; la par- tie du milieu 0 fe rétrecit, & l’œuf prend la confiftence & la dure- 50 Effai de PHijtoire Naturelle dureté de Corail. A mefure que l'œuf croit , les Polypes e multiplient, & des nouvelles branches fe forment. - Vous voyez ici une végétation de plante & une propaga: : tion d'animal. Jugez donc fi le Corail appartient à l’un: ou à l’autre de ces deux regnes , ou s'il ne faut pas le placer dans un rang mitoyen. JE viens de vous expofer avec toute la diligence poffiblé la . mature particuliére du Corail, en n’avançant que des faits fürs. Tefpere que vous ne trouverez pas mauvais que je décrive deux autres Po/ypiers. Ils fuivent en partie les mêmes loix que le Corail ; & en partie ils s’en écartent.: C’eit pourquoi ils font très propres à donner une jufte idée de cette uniformité jointe à la varieté qu'on admire dans les loix de la Nature. ‘Je parle: rai d’abord du Hadrepore. Diet a Madrepore à tige, avec les branches féparées, EP qui n'ont pas quatre lignes de groffeur , € avec des cellules ia ont È la figure d'un calice. > PLANCHE VI: Fio. 1: È E Maprerore ne diffère c pas du Corail pour fa emi | Sa fubitance auf approche de celle de los ou du marbre. Le Madrepore eft très blanc, lorfqu’il et poli. Sa furface eft ftriée fuivant la direction des branches. En dedans il eftorga- nifé d’une façon finguliere. Au centre eft un cylindre 7 (Fig: 3.) qui fouvent eft dans toute fa longueur percé de deux ou trois trous.- De ce cylindre partent environ dix fept lames kKkKKk (Fig. 3.) qui fe rendent à.la iaia ii mm me par la ligne la plus courte. D’aurres lames gq;:4q Sc. (Fig.03:) congént transverfa- ment les premieres. . Toutesi'ces interfections forment dans la de TRES Mae tinto. 2: NEUE dd vf Ke de la Mer Adriatique. SRI tige & dans les branches un'très grand nombre de cavités ré- gulieres. Les branches gg (Fig. 1.) font coniques. La bafe du co- ne eft à l’extremité des brahches en e. Ces extremités ont en ‘ «dehors des rides cc; bb (Fig. 2.), qui s'étendent fuivant la lon- . gueur des branches, comme nous l'avons deja remarqué. A “chaque ride répond une lame eu; eu (Fig. 4.) ; & chaque la- me a la figure d’un prifme, comme on le voit à la figure 6. La bafe mop eft raboteufe, & tournée en dehors, comme en eu de la figure 4: Le fommet ann (Fig. 6.) eft dentelé & - tourné en dedans. Un très grand nombre de ces lames, difpo- fées en-cercle, forment la cellule 4 4 bb cc Fig. 2.) ou eeuu (Fig. no) qui a la figure d'un calice. Chaque cellule cache un petit Polype. Il eft defliné à la figure 53 mais confidérable- ment grofli. Voici fon méchanifme. CET animal éft compofé de trois parties fort différentes , qui font les pieds * 02 ( Fig. 5.) ; la coquille g (Fig-5.) ou Errsss (Fig: 7.); & la. tête nssG (Fig. 8.) CHAQUE pied tire fon origine de deux appendices coniques 000 (Fig. 7. & Fig. 9.), qui réunies conftituent une partie ron- de & en quelque ‘maniere femblable au ventre d'un mufcle js (Fig. 7.) & x (Fig. 9.). Cette partie fert à allonger &' ac- courcir le pied. Elle eft jointe à un petit cylindre © (Fig. 7.) ou n (Fig. 9.) d’une grandeur variable. Ces pieds font en très grand nombre. Ils font rangés en cercle & attachés aux lames act bba (Fig. 2.). sf réuniffent tous à la coquille , à la- quelle ils font joints. La coquille #22sss (Fig. 7.) a en dehors dix cannelures & dütant d'élevations, | Cet” as cette coquille que & niche la tête dé l'animal. ‘Certe tête’ cft ornée de pluficuts rayons velus, dont je n’at pu, déterminer cxactement le nombre. ‘Elle ofcille dè droite à n gauche "Je les appelle pieds pour les diftinguer d'une partie qui paroit être les bras ou grif- fes de ce Polype, comme on verra plus bas, 62 $2 Effai de P Hiftoire Naturelle gauche & de gauche à droite fans interruption & avec une ex- trème vitelfe. Cependant je crois quelle porte huit rayons, a- vec lesquels re peut faifir & arrêter fa nourriture. 6 On ne voit pas toujours cette tête. Le Polype la cache quelque- fois dans la coquille qu'il ferme; & de cette maniere il la met à l'abri de tout danger. La figure de cet animal ne reffemble point, comme vous voiez, à l Ortie de mer. Je ne comprend pas comment on a trouvé femblables à cette Orzie des animaux qui vivent dans des Polypiers congéneres à mon Madrepore. CET animal ef fort délicat dans toutes fes parties: il eft en grande partie fransparent > & très beau par la varieté de fes couleurs. | E l'ai obfervé au printemps & en automne près de Rovigno & d’Orfera, où l’on le pêche affez fouvent. Voici l’autre Polypier, dont je vous ai promis. l'hiftoire. ETT. Myriozoos avec la tige Eÿ les branches feparées. Pfeudo- , coralium album fungofum d’Aldovrande. P: Er à No C Hoifci MILLE dei M°: deffein , qui eft exact, peut vous donner une jufte idée de la grandeur & de la figure de ce Polypier. C’eft pourquoi je ne m’arréterai pas à en donner une defeription, qui feroit fuperflue. Je détaillerai feulement ce que j'ai obfervé au microfcope ; & ce que le Comte Marfilli, * d’ailleurs très di- ligent, a négligé, ou obfervé avec peu d’attention. Je m’é tendrai fur ces articles d’autant plus volontiers , que le Alia nifme de cette production me femble fort merveilleux. $ Ces rayons feront donc les veritables bras de cet animal. De * Je crois que cette produétion et celle que Marfilli décrit fous le nom de Madripore rameux, dont les branches font rondes & noueufes, & que les Pêcheurs appellent. Den- gueni, Hit. Phyf. de la mer, partie IV. va pl. a. o |) LS de la Mer Adriatique. 53 La fubftance du Myriozoos reflemble à celle du marbre, ou plutôt à celle de l'os. Cependant il eft fragile, parce qu'il eft ‘prefque entiérement creux, à caufe du grand nombre de cellules qu’il renferme. Ces cellules Crnn (Fig. 2.0) font tout autour des branches. Elles font rangées en quinconce, comme le montre la figure 3. Je ne faurois mieux comparer la figure de chaque cellule qu’a ces urnes fepulchrales qui font les plus communes en ralie. Voiez la figure 4. Chaque cellule contient un Po/ype. CET animal Gres (Fig. 5.) eft plus long que large. Sa queue Gf eft mince; fon ventre e eft plus gros; fon col s eft mince, & porte un petit couvercle 0 (Fig. 6, & 7.) rond, con- cävo- convexe, & de fubftance offeufe: La partie inférieure de ce couvercle eft attachée , pour ainfi dire, à charniére, au bas # (Fig. 7.) ou e (Fig. 6} "de l'ouverture sx» (Fig. 7.) de la cellule. Quanp le Polype veut fe déployer , il pouffe & ouvre ce couvercle par le moyen d’une large trompe g (Fig. 6.) qu'il fait fortir de fon col ss. Cette trompe a la figure d’un verre à boire, & probablement l'animal s'en fert pour prendre fa nourriture. A fa partie inferieure elle a deux petits mufcles 44 (Fig. 6.) attachés au couvercle. Lorfque l'animal veut fe ca- cher, la trompe rentre en elle même, le Po/ype s'accourcit; en s’accourciffant il tire le petit couvercle, & il ferme parfaite- ment la cellule. De cette maniére il fe fait une retraite très füre. Cependant tous les Po/ypes de cette efpece ne jouiffent pas de cette füreté. C’eft un privilège des adultes; c’eft à dire, de ceux qui démeurent dans le contour des Éaeles Ceux qui ne font pas encore adultes & qui vivent dans le fommet des branches nr (Fig. 3.) ou nxxnxx (Fix. 8.), n’ont . point de couvercle. Hs habitent pour la plùpart des cellules imparfaites #4. (Fig. 8.) & faites d’une matiére prefque carti- lagineufe & membraneufe. L’imperfection de ces cellules, & le peu de confiftence de là matière dont elles font faites, m'ont fait voit avec évidence que ces cellules étoient l'ouvrage des | G 3 Poly- 54 Effai de l'Hiftoire Naturelle Polypes, comme la coquille des teftacées eft l'ouvrage des ani- - maux, qui y logent: CE que je viens de dire, Guffit $ Je penfe > pour démontrer que dans la claffe des Po/ypiers, aufli bien que dans les autres, la Nature palle d’une production : à l’autre, par une progreflion convenable. CODE CRD CHDAESE CHE CHE CODEECHD CFA PI ER ENTIER Second degré de ces paffages : ou des: orais Zoophytes. |: me refte à préfent à vous montrer un chaînon plus caché. ’eft celui qui réunit les Polypiers avec ces corps marins, que jappelle proprement Zoophytes. | | L'Evasrerio finit la fuite dans laquelle j'ai rangé les Po- Dpiers. C’eft un Polypier entiérement charnu.. Il n’eft pas tout à fait deftitué de fentiment, quoiqu'il ne puiffe pas fe tranipor- ter d’un lieu à un autre. L’Oncofarque eft de la même fub- ftance, & il a prefque les mêmes proprietés. . Le premicr eft l'ouvrage de quelques animaux très petits: c'eft pourquoi il ap- .. partient à la claffe des Polypiers. Ce dernier eft d’une ftrudtu- re, qui s'approche d'avantage de celle des animaux : Jai done cru devoir le mettre dans la clafle des Zoophyies. I JE divife la clalle des Zoophytes en deux légions. LA premiere légion contient les Zoophytes immobiles ; | ceux qui ne peuvent. pas fe tranfporter d'eux mêmes d’un Jics è à lau tre. Cette. légion. . cft divifée en trois centuries. La premiere centurie regarde les Zoophytes dont. la bleu ce, eft entiérement charnue., Cette centurie n’a qu'une 6c0bor- te, qu'un ordre, & qu'un genre. "OI de la Mer Adriatique. 35 Dans cette cohorte font contenu les Zoophytes fans tige ; dans cet ordre ceux dont la figure n’eft pas déterminée ; & dans ce genre ceux dont. la fubitance extérieure a quelque con- fiftance ; & l'intérieure eft molle. Je donne à ce ali le nom d’ Oncofarque. La feconde centurie embraffe les Zoophytes, qui font compo- fs de deux fübftances; une molle & charnue , & l’autre ferme & prefque tendineufe. Cette cenzurie cli partagée en deux cobortes. ‘Dans la premiere cohorte je mets les er a tige. J'en connois deux ordres. ' “Le premier ordre eft fixé aux Zoophytes qui ont des bran- ches creufes. Il n’a qu un genre, dont la ftruCture eft /pon- gieufe. Je Pai nommé Datfylofpongis. Les Zoophytes ; dont les branches-font pleines, folides, & fans cavités en dedans ; conftituent le fecond ordre, qu a deux STE: LA fubflance du ‘premier genre eft lâche ; fes fibres font f&- be Je Pappelle Anevrofpongio. Les fibres des Zoophytes du fecond genre font entrelacées , comme les poils dans le feutre ; elles font prefque ligneufes; & je lui donne lé nom de ‘Spongiodendros. La fcondé cohorte eft compofée de Zoophytes fans tige. Elle n’a qu'un ordre de Zoophytes qui ne font pas creux, mais extrèmement poreux. Cet ordre n’a qu'un genre dont ‘ les fibres font Tepartes:'. Celt à ce genre que je fixe le ho d’Eponge. LA troifieme centurie ve pour les Zo0phyres , qui font char- nus & offeux. Sous cette centurie il ny a qu'une cohorte de Zoophytes fans tige ; ; ‘qu’un ordre, dont la fubitance eft un peu ferme; qu’un genre; dont la Bon eft irréguliere 3) mais qui or- dinairement approche de la fpherique. C’eft PAlegonium Dre Î+ Mum dé Dioftorides. En voici la deftription. | 56 Effai de l'Hifloire Naturelle I. Alcyonium frimum de Diofcorides *. (PLANCHE IX. Fia. 1. Fc eft une produétion marine, quelquefois irrégu- liere dans fa figure, mais ordinairement prefque ronde, ou convexe dans fa partie fuperieure e 4e (Fig. 1.) & plane dans fa partie inférieure n. Sa furface eft inégale & raboteufe, elle ne reffemble pas mal aux inteftins de quelque animal, unis enfemble & entaflés les uns fur les autres. Il a fouvent une grande ouverture (Fig.1.). Je penfe que cette ouverture, quoique peu profonde, a donné lieu aux Anciens de croire que cette production étoit un nid d’A/eyon. Il a une couleur de terre; mais il prend la couleur de cire lorfqu'il eft bien lavé & nettoyé. Sa furface eft toute converte 8 hérilfto d'épines très prés l’une de l’autre. Elles font fi déliées qu’on.peut à peine les voir : mais elles font très aigues , comme les poils des Orries, & caufent des demangeaifons à ceux , qui manient 1’ A/cyon fans précaution. Ces épines vues au microfcope ont la figure d’un fufeau «Fc (Fig. s.). Elles font de fubftance offeufe & médiocre- ment tranfparentes. uni L’ALcron eft compofé de deux fubftances différentes. L’u- ne forme l'écorce & l’autre la moëlle ou la chair. L'ÉcORCE eee (Fig. 2.) n’a qu'environ une ligne d’épaif- feur. Cependant elle eft forte, reliftante , & élaftique. Cela vient de fa ftruure. Elle eft compofée d’une infinité de pe- | © tites fpheres fcct (Fig. 3.) étroitement liées par des fibres charnues ou plutôt tendineufes. Cela fait que l'écorce de 1° 4/- cyon peut relifter, ceder, & reprendre fa premiere figure. Les épines cgge (Fig. 3.), dont j'ai deja parlé, font attachées à la partie extérieure de ces globules. Ceux qui forment la par- | | . tie + Diofcor. Libr. V. Chap. 136. De la Mer Adriatique. 67 tie ctéc intérieure de Pécorce s'appuient fur des épines à trois pointes #£ (Fig. 3.) & Dssoo (Fig. 6.), qui peuvent contri- buer beaucoup à l’élafticité de 1’ A/cyon. LA moëlle ou chair enn (Fig. 2.) eft blanchâtre , fpongieu- fe, caverneufe, élaltique, pleine d’eau marine, & beaucoup plus molle que l'écorce. Elle eft, aufli bien que l'écorce, compofée de deux fubftances, dont l’une eft offeufe , & l’autre charnue. Celle-la forme les épines si74is (Fig. 3.). Près de l'écorce elles font en fort grand nombre, très-ferrées, & longues de deux li- gnes, & même un peu plus. Elles font aigues à leur extrémi- té D (Fig. 6.) Elles grollifent vers ke milieu DS; enfuite el- les diminuent & fe prolongent un peu de Sens; & enfin el les fe partagent en trois branches très aigues & coniques 000 (Fig. 6.) ou na; ae; ac (Fig. 4.). C’eft à ces branches coni- ques que font appuiés & joints les globules saaaau (Fig. 4. ) dont j'ai parlé. Ces épines vont toutes de la circonference au centre. Après ces premieres épines on en trouve d’autres C57i5, (Fig. 3.), qui font en plus petit nombre, placées fort irré- guliérement, & faites comme un fufeau € Fc ( Fig. 5.). Elles font aigues aux deux extrémités cc. Toutes les épines qu’on trouve au dedans de lÆ/cyon, font couvertes de chair. Cette chair forme prefque toute la moëlle & eft en fi grande quanti- té, qu'il eft difficile de diftinguer la partie offeufe; tant elle el enveloppée & cachée. CETTE chair eft percée d’un fort grand nombre de cavités différentes en figure & en grandeur. Voiez la figure 2. El- les communiquent l’une avec l’autre ; c’eft une feule cavité di- vifée en plufieurs. Cette cavité eft intérieurement unie, mol- le, & gliffante. Elle a une ou pluficurs iffues x (Fig. 2.) à la furface de l4/cyon. Ces cavités offrent une retraite füre à quelques Polypes. On ne les trouve pas toujours dans l’4/cy+ on. Quand j'en ai trouvé , je n’y en ai jamais vu que trois ou quatre. ‘ LA longueur d’un de ces Polypes cc Geg (Fig. 7.) eft d’en- iron huit pouces. Cet animal ni prefque cylindrique. Sa tè te 58 Effai de l'Hifioire Naturelle te g eft unie & ne s'étend pas au dela de deux lignes. Plus bas le Polype groffit jufqu’a trois lignes, & jufqu'a quatre à la queue cc. Il eft vif, mol, uni, & luifant. Son dos a deux petits fillons 55006; eGnec, un de chaque coté , qui vont depuis la tête jufqu’à la queue. Entre deux eft un autre fillon un peu plus confiderable #0 (Fig. 10.) qui traver- fe le ventre de l'animal fuivant toute fa longueur. Le ventre a des rides ssss tout autour; à chaque ride font attachés deux pieds. Un Polype a environ trois cent & vingt pieds. Voiez la figure 7. Chaque pied eft fait avec un méchanifme particulier , que j'ai repréfenté dans les figures 8 & 9 tel qu’on le voit au microfcope. - UNE ride tranfverfale ss (Fig. 10.) pouffe dès qu’elle arrive aux deux cotés du Polype, deux mammelons faits comme deux demi-vagines, & adhérens au dos du Po/ype. Cette demi. vagine 14 (Fig. 8.) ou ssss (Fig. 9.) couvre & reçoit en cl le même une petite colonne 0 (Fig. 8.) & À (Fig. 9.) qui por- te un chapiteau # (Fig. 8.) & o (Fig.9.). La petite colonne & le chapiteau peuvent recevoir un aiguillon n. (Fig. 8.) & e (Fig. 9.). Lorfque l’animal retire la demi-vagine #20 (Fig.8.), il retire aulli la petite colonne 0, & le chapiteau 4, en gran- de partie. Le chapiteau en fè retirant retire & cache laiguil- lon tout entier. Au contraire, lorfque la demi-vagine fe re- ferre par les cotés, elle s’éleve en 227 & prefle en partie le chapiteau 0 (Fig. 9.) & la petite colonne è en entier. Ces parties s’allongent, font fortir l’aiguillon & le tiennent ferme, Ce méchanifme eft, à mon avis, fort avantageux au Po/ype. Dans l_Æ/cyon, où il demeure, il doit fouvent pénétrer des ca- vités étroites, & qui ont un diametre plus petit que le fien. Alors .au moyen de fon aiguillon, il s’attache peu à peu aux pas rois de ces cavités, & dans le même temps il avance la tête & gagne chemin. Les vers de terre ont aufli des pieds munis d'un aiguillon: & ils doivent auffi fe fourrer dans des trous étroits, & même en faire des nouveaux. Les Polypes, que je viens de décrire, ne font pas les feuls ha: 1 De la Mer Adriatique 59 bitans de lÆ/cyon quoiqu'ils foient les plus communs. Il y en a quelquefois de différentes efpeces , & même de ceux qu’on trouve dans les Eponges. J'ai aufli trouvé dans quelques _4/- cyons des cruftacées au lieu de Polypes. Jai connu par là que les Polypes m'avoient aucune part à la formation de 1’ A/eyon. C'elt pourquoi j'ai cru en premier lieu que je devois exclure cette production de la claffe des Po/ypiers. Ex fecond lieu, j'ai remarqué dans l_4/cyon non feulement une fubltance charnue, mais aulli un fyftême d’os qui lui eft par- ticulier , & qui quelquefois l’arrondiffant , lui donne une ftruc- ture particuliere. C’eft pourquoi j'ai trouvé à propos de le rapprocher du Regne animal. D'autant plus que j'ai apperçu ‘des indices manifeftes de fentiment dans l4/cyon di Diofcori- des, que je viens de décrire. Je fouhaiterois à préfent d’avoir le loilir de vous décrire toute la fuite des A4/cyons que j'ai vus & examinés. , La nature fuit en eux la loi ordinaire du méchanifme , & leur accorde par degrés l’ufage d’une vie prefque animale, Les uns font at- tachés aux rochers , ou à d’autres corps durs, ce qui les met en état de refifter aux chocs de la mer. Les autres font aban- donnés à eux mêmes, & changent involontairement de place, tranfportés ca & là par la violence des ondes, (Ceux-ci périf- ent miferablement, lorfqu'ils font jettes fur le rivage & privés d’eau. NE croiés pas que ces Æ4/cyons foient des amas de matière raffemblée par accident. Je les ai obferves avec attention & exactitude, & j'ai vu que les loix qu'ils fuivent, répondent très bien à leur méchanifme plus ou moins régulier & parfait. Je dis plus: la régularité de ce méchanifme croit enforte que la nature eft forcée de fournir à quelques 4/cyons les moyens de changer de place: changement qui leur eft néceflaire pour trou- ver leur nourriture & conferver leur vie. Mais leur clafle n’eft pas douée du méchanifme convenable à un mouvement vo- lontaire. La nature y fupplée en leur fourniffant à pro- pos une voiture commode. Elle les place fur le dos de plu- H 2 fieurs go Effai de P Hiftoine Naturelle fieurs fortes de Buccins & d’autres teftacées, qu’elle choifit robuftes & capables de porter ce fardeau , en rejettant les jeunes & foibles. A mefure que le teftacée fe tranfporte d'un lieu à l’autre, il charie l_4/cyon qui eft attaché à fa coquille. Cette efpece d’A/- cyons, qui change ainfi de place, n’a pas étè tout à fait incon- nue aux Naturaliftes _4#/dovrande & Boccone en ont parlé fous le nom peu convenable de Tethies & d'Oranges de mer. Voi; là. jufqu'où va la gradation du méchanifine & de la vie dans la claffe des A/cyons. SEDIE CSA AP TER ROSE a Dernier degré de ce pafage, ou, des Phyto-zoos,. ou Animaux-Plantes. E que j'ai dit jufqu'ici fuffit. pour vous mettre en état de juger de la réalité de l’ordre que la nature fuit inviola- blement pour paffer non feulement de genre à genre, mais auf de claffe à claffe. Jai commencé par les plantes. TJ'ay- rois pu aifement commencer par les minéraux; & j’aurois trouvé* un chaînon pour joindre les minéraux aux plantes, dans quel- ques productions marines tartareufes, comme le Mufcus Japidofus »* d’Imperato. Mais les indices que j'ai donnés jufqu'ici , fuffi= fent pour ce que je me propofe actuellement. D'apsorp il en réfulte que les plantes marines font analo- gues aux plantes terreftres. Celles-la, diviftes & fubdivifées au- tant qu'il eft poffible, nous ont conduit aux productions, qui confervant la ftructure de plantes, paffent infenfiblement à une fubftance différente, qui approche de celle du marbre. On voit ce méchanifme dans les Polypiers , habitations , pour ne pas &.Mufeo petrofo. i , De la Mer Adriatique. Ca pas dire güteaux , f d’infectestou de Polypes. En gira & en analyfant les. Polypiers , nous avons trouvé des nouve: les varietés de fubftance, enforte que fans changer la a de végctal, on paffe infenfiblement à la chair. Enfuite à cet- te chair fe joignent les cartilages & les os: & la réunion de toutes ces chofes forme la claffe des Zoophytes. Dans cette claffe le fyftêème offeux fe perfectionne par degrés: & nous avons vu que le: fentiment s’y joint à proportion; & qu'enfin® on parvient jufqu’au mouvement local par l’entremife d’autres corps. La nature va plus avant, & s'approche d'avantage du regne animal. Elle produit des êtres dans lefquels on voit un méchanifme plus régulier & les fignes d’une vie prefque entié- rement animale. Ces productions font celles que j'appelle pro- prement Tethies. Elles font analogues aux A/yons, & ont de plus la proprieté de changer de place, fe mouvant d'elles même. Il eft curieux de voir ces productions amenées par la feule néceflité de leur nature & de leur méchanifme, au point de faire des mouvemens qu’elles ne connoiflent point. Com- ment en auroient-elles quelqu’idée? Elles font, autant que j'en puis juger , privées de vête & d'yeux: & ces parties font in- difpenfables pour f mouvoir avec connoiffance. Elles font mé- me deltituées de ces vifceres qui femblent les plus néceffaires pour vivre & pour multiplier l’efpece. C’eft pourquoi j'ai vov= tu former une nouvelle claffe pour la confacrer aux Animaux- plantes, ou Phyt0-2005. Ces êtres font réellement des animaux pour ce qui regarde le mouvement: & le fentiment; & ils ref femblent aux Ales par la fimplicité de leur ftruéture & de leur méchanifme. Vous:ferez fürement curieux devoir quel- que defcription d’un être fi fingulier. Je vai vous en donner deux. + Le texte dit alveari. C'eft dommage qu’on n’ofe point ‘dire en François alvéaire. Ce mot nous manque. Celui de géteau, celui de nid, & autres femblables, ne font pas affés précis. 113 106 62 Effai de PHiftoire Narrelle L Tethie fphérique , avec une furface formée par des tubercules demi-fphériques , £ÿ avec une vertebre au centre. Tethiorum icones Zoographo a Cornelio Sittardo mille. 4/dovrande. * P_LGA N CHE gl F1ieab 7 un animal d’une fubftance fort analogue à celle de , VAleyon: mais fa ftructure eft beaucoup plus organique, Lorfqu'il eft à peine tiré de l’eau, fa furface eft molle & gliffante; elle devient rude & raboteufe lorfque l'animal a été expofé à l’air pendant quelques heures. Il a la figure & la groffeur d’une pau- me À jouer. Sa furface n’eft pas unie. Elle eft toute couverte de petites groffeurs demi-fphériques. Toute la Teshie elt compofée de deux fubftances , dont l’une eft offeufe & l’autre eft charnue: Au centre de la Tethie eft une vertebre c (Fig. 2.) fphérique & compofée d’épines très délieés. Elles ont à peu près la figure d’un fufeau-5Gs. (Fig. 3.) & font placées fans ordre comme on voit en g (Fig. 6.). Elles font liées étroitement l’une à l’autre par des fibres charnues & prefque tendineufes. De la fphere € (Fig. 2.) fe détachent des rayons fans nombre, qui pendant que l’ani- mal eft en vie, fe rendent à la circonference nas (Fig. 2.) par le chemin le plus court. Chaque rayon #14 (Fig. 6.) cit aufli com- pofé d’une infinité d’épines femblables aux premieres sGs (Fig. 3.) pour la figure, mais un peu plus grandes. Elles font paral- leles, & placées enforte que la pointe de l’une touche au ventre de l’autre. De cette maniere elles forment un cylindre continu ala, qui étant compofè de plulieurs parties offeufes & d’une for- te fubftance charnue, eft tout à la fois roide & flexible. Ces rayons g#1a font à peu près cylindriques jufqu'à la di- ftance d’un demi-pouce ou un peu plus de l'extrémité la plus éloignée du centre. Mais plus la longueur du rayon s’augmente, plus s'augmente aufli le nombre des épines. Ainfi le rayon fe di- late * Aldovr. de mollibus, cruftatis, teftaceis, & zoophytis Lib. IV. Cap. 5. Aldovrande» explique ce titre, qui eft équivoque. Il dit Alias Zoograpbus icones Tethiorum exbibet, que Cornelius Sittardus ad eum miferat &c. D'où il paroi que cela fignifie Tethiorum icones ad Zoographum a Cornelio Sittardo miffe. Cependant le texte dit que Sittardus avoit envoyé les Tethies, & non leur figure. TB ELENA Starr en Ra == De la Mer Adriatique. 63 late & fe termine en cone. 477 (Fig. 6.). Le fommet 4 du cone eft formé par un petit nombre d’épines. De là vient que le cone eft plus flexible à la pointe que vers la bafe. Cette bafe 75 elt aufli compofée de plufieurs épines très déliées , mais coniques; comme f He (Fig. 4.). La pointe p de ces épines coniques eft tournée vers la partie interne de la Tethie , & la bafe n regarde ‘la furface fphérique de l'animal. Elles ne fe touchent pas, & font féparées par des globules offeux c (Fig. 4.); double moyen de rendre leur mouvement plus aift. Le cone aff (Fig. 6.) eft tout revêtu d’une fubftance charnue & fibreufe. Sa bafe #5 eft en hémifphere , & fe termine à un des tubercules qui paroiffent fur toute la furfacé*de la Tetbie A (Fig. 1.) & qui la forment par le moyen des bafes n (Fig. 4.) des épines pHen. On voit en dehors quelque trace de ces bafes. Voiez la figure $. La partie de cet animal qui eft entre la vertebre c & la fub- ftance corticale s (Fig. 2), & dans laquelle entrent & fe cachent les rayons que nous venons de décrire, eft charnue, molle, for- te, & un peu fpongieufe. Ses cavités renferment une limphe claire, peut être, analogue au fang des autres animaux. La chair qui lie les cones & forme la partie corticale de l’animal, eft beaucoup plus folide & ferme. De plus entre un cone & l'autre s (Fig. 2.) font pofés des faisceaux 4 de fibres tendineu- fes. Lorsque ces fibres fe contraCtent toutes à la fois, la Tezhie devient moins volumineufe; & dès que les fibres fe relachent, el- le reprend fa groffeur ordinaire par l’élafticité des rayons. C’eft ainfi qu’on voit dans cet animal un mouvement de fyftole & de diaftole. Mais fi les faisceaux de fibres 4 (Fig. 2.) fe racourcif- {ent fucceffivement, alors deux ou plufiéurs cones s fe rappro- chent, la Tethie perd l'équilibre , & tombe en roulant du côté op- pofé. Il faut obferver que pendant que les cones fe rapprochent & s'é- cartent, les cylindres reftent fermes &roides, & avec les cones fer- vent de point d’appui. Je dois auffi avertir que ce mouvement de rotation n’a pas lieu dans tous les ages de la Tethie. J'en don- nerai un exemple dans la defcription fuivante. EE. 64 Effai de D Hiftoire Naturelle | II Tethie fphérique, dont la furface a des tubercules inégaux , EP dans laquelle la vertebre eft hors du centre. PL A INC H EUX Fret f YETTE Tethie a fa furface couverte de groffeurs longuettes & inégales. Voiez les figures 7 & 9. Elle ne reffemble pas mal à la racine de lIris. La vertebre o (Fig. 8.) de cet ani- mal eft fort petite & excentrique. Ainfi fes rayons, & les cones qui les terminent, fontinégaux enlongueur; & la partie corticale de l’animal répond à la longueur des cones s. Elle eft fort épaif fe d’un coté, & fort mince de l’autre. Ce méchanifme n’empè- che point le mouvement de rotation. La Tezbie en peut jouir tant qu’elle eft jeune; c’eft à dire tant que fa furface cit unie, propre, & flexible. Lorfque ta Teshie devient vicille , elle devient incapable de fe mouvoir fouvent. C’eft peut-être ; en reftant long- temps fans fe rouler, qu’elle donne lieu aux teftacées, aux pier- res, & à d’autres corps lourds & pefans, de s'attacher autour d'elle. Ces corps l’empéchent abfolument de fe rouler & de paf fer d’un lieu à l'autre. Devenue immobile, elle perd fa félicité, & pale de l’état d’animal à celui de Plante-animal. VoiLa un échantillon de la méthode , & de l’ordre , avec lefquels j'ai traité, mon Hifloire Naturelle de la Mer Adriatique. C’eft tout ce que je puis vous dire pour le préfent. J'ai l'honneur d’être, &c. KNIN; le 2 Novembre 1745. Fc HioN. 1 LET- DE MONSIEUR LE DOCTEUR LEONARD SESLER AM O:N'StIVEU,R [LE DO: CT EUR NITNAETEN DONATI Sur un nouveau genre de Plante Terreftre, ou fur la | Plante qu'il appelle ATA NL 9 DO CD CD CD SES CODEC CEDIE CEE ANNEE Ret ESIS EM ENT. E célèbre Lronarp SesLer, Dolfeur en Médecine à Venife, A découvrit une nouvelle Plante terreftre. Il Pappella Vi- taliana pour faire honneur à Mr. le Dotteur ViTALIEN DONATI, Jon ami. Il donna la defcription de cette Plante dans une lettre, addreffée à ce favant. L'Editeur Italien de l'Eflui de Mr. Donari 4 cru devoir y joindre cette lettre, €? nous avons cru devoir la traduire. J LET- Seno ae le te ae) REI LE DR Re DE MONSIEUR, LE: ON, & R D: SES LE Rai A. M:0-NS.I:E.U,R VILTALIEN D ON ATDE sa Oy vient de me communiquer de votre part, Monfieur ; les découvertes que vous avec faites fur [a véritable origine du Corail, & fur la fructification particuliere de quelques plantes, qui croiffent fous les eaux de la mer.. La politeffe >, que vous avez eue, de me faire part de vos belles obferva- tions, m’a comblé de joie & de reconnoiffance: & l’im=. portance de vos. découvertes a fait naître dans mon cœur tous ces fentimens de plaifir & d’admiration qu’on éprouve lorsqu'on voit les ténèbres diffipées par. une lumiere impré- 59, VUE. i 3) Mon goût décidé pour l’Hiftoire Naturelle & ma vive a- mitié pour vous, Monlieur, font de fùrs garants de la fatis- faction avec laquelle j'ai appris cette découverte, & du plai- ss fir avec lequel j'ai vu que vous en aviez. tout l’honneur. » Pour dire naturellement ce que je penfe , J'ai toujours douté que le Corail füt un végétal. Je trouvois que fa ftructu- re, que fon architecture, fi je puis in’exprimer ainfi, ne ré- pondoit nullement aux loix générales des vrayes plantes. J'ad- mirois fon méchanifme, auffi beau qu'extraordinaire, fans le trou. ver femblabie à celui des corps, organifés par les mains dé la È i +. Natu- 3) 3 39 > èÿ u LA 22 Effai de l'Hifloire Naturelle 67 s Nature, Je voyois fon accroiflement, fans en connoître le myftere. Je favois qu'il fe multiplioit ; mais fans aucune frudification. En un mot, javois beaucoup examiné le Co- rail; & je n’y avois jamais trouvé ni vaiffeaux, ni utricu- les, ni trachées, ni membranes , ni aucun organe indifpen- fable aux racines, aux tiges, aux feuilles, aux fubffances, aux écorces | & aux autres parties qui conftituent les Végétaux. Je n’y avois rien vu d’analogue, de femblable même, à ce qui compofe une fleur ou un fruit. Je n’y avois pas apperçu la moindre trace de calice, de pétale, d’étamine, de fommet, de /yle, de petite femence. Ce font pourtant des inftrumens abfolument néceffaires pour la propagation des plantes. s» JE ne pouvois pas croire qu'un Corail fût une plante. Je le voyois croitre, fe multiplier, comme les plantés. J'étois pi- qué de curiofité & faili d’étonnement. J'admirois cette pro- duction fans la comprendre, 33 JE vous ai donc bien de Pobligation, Monfieur. Vous a- vez porté la lumiere la plus vive au milieu de ces épaiffes ténèbres. Vous m’avez fait voir avec la plus grande clarté que le Corail meft pas un végétal: qu’il eft la produttion & l'ouvrage des quelques Infectes marins : qu’il eft conftruit a- vec la plus fine méchanique, comme les gâteaux, les cocons» les rets , les toiles, & autres manufactures , pour ainfi dire » qu'on voit tous les jours parmi les Infectes de la terre. La _feule différence qu’on trouve dans ces ouvrages, eft celle qui réfulte de la différence des materiaux, des habitations, & du méchanifme des ouvriers. sy CETTE, prémiere découverte eft fort à propos accompa- gnée de celles de la fructification de la Zirfoide , de V Aci. naria, & du Callopilophore. Celles-ci mettent dans tout fon jour la grande différence qu'il y a entre les ouvrages des animaux & ceux de la nature. En nous donnant lieu de comparer ces deux fortes d'ouvrages, elles confirment que le principe fenfible de la génération des plantes elt tout à fait analogue à celui de tous les autres êtres qui ont vie. El. fra ne 5 deg 68 Effai de PHiftoire Naturelle 59) 3 ss s + S NI 2 les montrent que dans les plantes marines même, les orga» nes deftinés à la formation du Fœtus différent de ceux qui doivent lui donner ie mouvement & la vie. Les plantes ma- rines ont aulli, comme vous l’avez fait voir, des fleurs mà- les & des fleurs fémelles: Celles-ci forment le fruit; celles- . la préparent la matiere féminale |, & cet efprit, pour ainfi dire, qui féconde & vivifie l'univers. Cette précieufe matie- re, qui eft pouffiere dans les plantes terreftres, fe transfor- me en fluide dans les plantes marines. Elle doit voler vers les plantes terreftres, & elle doit nager vers les plantes ma- rines, pour donner aux femelles la fécondité qu’elles en at- tendent. » ON trouvera, peut être, extraordinaire la maniere dont les plantes fe fécondent. Cependant rien de plus certain. Vous avez fans doute remarqué, aufli bien que moi, & mieux que moi, le temps où elles s'accordent pour travailler à ce grand ouvrage , & les moyens avec lesquels elles y con- courent: » 1L eft certain que ces moyens varient. Ils font fouvent fi cachés, que pour-les découvrir il faut être bien attentif ; il faut avoir les yeux bien clairvoians, la main bien adroite;, & lefprit bien pénétrant. Il faut de plus prodiguer les pei- nes & les dépenfes. , Vous le favez bien, Monfiéur, vous qui avec tant de conftance avez facrifié tant d’années à la découverte, que vous avez enfin fi heureufement faite. Je dis fi heureufement, car on ne pouvoit pas mettre dans un plus grand jour l’a nalogie qui regne entre les productions de la terre &celles : de la mer. \ » JE vous félicite donc infiniment. Je füis très fenfible à vos bontés pour moi: & pour vous donner quelque preuve de ma reconnoiffance , je vais vous faire part d’une petite découverte que je viens de faire. Elle n’eft pas-proportion- née à votre mérite. Cependant j'efpere que vous ia rece- vrez avec bonté, Vous favez combien la découverte d'un. 39 NOU= - ARE > L 2» Vitaliana ie Prrum F 4 Sedum a Dela Mer Adriatique 69 3, nouveau genre de plantes contribue à l’avancement de la » Botanique. Je vous l’offre donc humblement, & marchant » fur les traces de l’incomparable LiNNæus, omnium naturalium so rerum lumen fulgentiffimum, j'impofe à cette plante votre il so luftre nom. J'ai l'honneur d’être &c. WE ° Vitre très humble & trés obéiffant Serviteur, Venise, le 1 Mars 1750. : LEONARD SESLER, M. F. Col. AVE ge AA AVA AV AVE AVE AV AVE AV AVE a DEDE ANTI YI N NN DEE AN ANIN INSTITUTION pu GENRE DE Lx Mi ALLAN A PR A SN CPE Vaio Arice.. Le fond eft tout d’une piece & forme un tube. La moitié inférieure eft divifée en cinq fillons; & la moi- tié fupérieure en cinq parties bien découpées. Il eft toujours conftant (Fig. C.). FLEUR. Elle eft monopétale, chaque fleur eft un tube cy- lindrique , affez long pour s'élever au deffus du calice. En haut elle sévafe en cinq portions qui forment cinq pétales lar- ges, régulieres, & repliées en dedans (Fig. D.). ErTamines. Cinq filamens déliés & courts avec leurs: anthe- res ou fommets grands, droits, triangulaires à niveau du tube. (Fig, E.). Ve Ne X kg: P1-- #0 Effai de l'Hifloire Naturelle PistILe. L’embrion prefque rond avec cinq fillons, le fty- le delié, avec le /figmate. (Fig. F.). l Fruit. Une capfüule elliptique, membraneufe; la moitié in- férieure attachée au calice: la moitié fupérieure s’ouvre en cinq parties. (Fig. G & H.) dj SEMENCES. Au nombre de cinq, grandes, ovales., colo- rées, d’un coté concaves, & de l’augre convexes. (Fig. Z.). POLLINO Ept DESCRIPTION pe L'’ESPECE. Vitaliana perennis, repens, foliis oblongis , inte- gris, anguftis, acutis caule laxe ramofo ; floribus magnis, folitarîis, luteis ; pe- talis inflexis. FIGURE (A). Sedum Alpinum F. Gregorii Regenfis. Fab. Col. Lincei minus cognitar. ffirp. pars altera, c. 63. A racine de cette plante eft longue d’une demi-palme, environ; & épaifle d’environ deux lignes. Elle eft droite & garnie de plufieurs appendices capillaires, charnue., prefque diaphane, rouffe , perpetuelle. Son odeur eft agréable, fem- blable à celle du Benjoin; fon goût tire fur l’amer. (Fig. B.). CETTE racine poufle une tige épaifle d’une demi-ligne, qui fe partage en pluficurs petites branches , flexibles, étendues à ‘terre, & rougeatres. Les feuilles ont environ cinq lignes de longueur, & une demi-ligne de largeur. Elles font entieres, pointues, nerveu- es , & quelquefois fillonnées de deux rides fuivant leur lon- gueur. Elles ont le bord garni de filets blancs & déliés. El les De la Der Adriatique. | 7x fes font alternes, frequentes & en bouquet. à l’extrémité des bran- ches, & toujours vertes. C’EST aufli vers l'extrémité des branches que paroiffent les fleurs. Elles font régulieres, d’une figure conforme à leur genre, à cinq étamines & un feul fiyle; elles font d’un jaune doré, grandes, égales aux fleurs du jafinin à baies, mais leurs pétales font un peu recourbées vers le centre. (Fig. D.). LE calice ne tombe jamais; il eft jaunâtre: fa partie inférieu_ re a cinq fillons: la fupérieure eft partagée en cinq parties, profondement découpées, & féparées (Fig. C.). La moitié du fruit eft cachée dans le calice, & l’autre moi- tié eft découverte, & forme une capfule membraneufe , ovale a une feule loge (Fig. G.). Lorfque le. fruit eft mùr, cette moitié fupérieure s'ouvre en cinq parties. ( Fig. Æ.). CETTE capfule renferme les femences , au nombre de cinq, groffes, ovales, rouffes, concaves d’un coté & convexes de l’au- tre: (Fig. Z.). POTLOEDTOLOLO LOTO ppt EN SUR DL IRE fYErTE éfpece de Vifaliana croît naturellement dans la mon- tagne de S. Pellegrino , qui eft une des plus hautes du territoire de Cividal di Belluno.. Cette plante vient feulement far une pointe qui eft au Sud, & que les habitans appellent le Monchion. Cette pointe eft à gauche d’une montée, qu’on. nomme ordinairement Campagnazza: elle eft à deux milles d’une Eglife batie au pied de cette montée. Ceft ici que la Ziralia- na croît, elle s'étend fur le terrein & le couvre avec fes peti- tes branches, comme la Sempiternelle & la Joubarbe. ELLE fleurit au mois de Juin. Ses fleurs font en grand: nombre, & placées autour des bouquets de feuilles. Les femences meüriflent au mois d’Août. Elles fe confer-- vent dans leurs capfules jufqu’au printemps fuivant.. Il faut re- marquer, que quoique la Zifaliana ait cinq femences, comme je vi, Effai de PHiftoire Naturelle je Pai deja dit plufieurs fois, fouvent il n’y en a que deux qui parviennent au point de maturité. Alors elles fe joignent, en- forte qu’elles femblent ne faire qu'une feule ovale fort grande. Et our à préfent parler de fes vertus médicinales. Mais je n'ai pas fait autant d’obfervations & d'expériences qu'il feroit néceffaire pour bien-conftater ces vertus. Je n’en puis pas par- ler d’une maniere fatisfaifante. Tout ce que je puis dire eft que jufqu'ici Je trouve cette plante chargée de beaucoup de principes propres à raréfier & ranimer les efprits & à fortifier les fibres. Ces raifons & plulieurs autres me portent en géné- ral à la mettre au nombre des a/exipharmaques. JE viens, Monfieur, de vous rapporter en détail & avec au- tant de clarté que j'ai pu, ce que jai cru néceffaire pour fixer le genre, décrire l’efpece, & faire l’hiftoire de la Vitaliana. Quelque diligence que j'aie employée, & quelque recherche que j'aie faite, je ne l'ai pas trouvée décrite ni par les anciens Bo- taniftes ni par les modernes. Il fe peut pourtant que Fabius Columna , auteur très eftimé du feizieme fiecle, l'ait vue. Je fonde cette conjeûure fur un pañlage que je vais rapporter. J'a- joute auffi la figure qu'il en a donnée ; afin que le public en puiffe juger, & qu'il rende Juftice a notre compatriotte. On peut dire qu'il a été le premier qui fe foit diftingué par fes ob- fervations fur la fructification des plantes. Il a ainfi montré à ceux, qui font venus après lui, le chemin d'établir les claffes, les genres , & les efpèces de tout ce qui compofe le vafte Re- gne des Végétaux. Cependant ce qu’il dit au fujet de cette plante, ne peut pas être appellé une detcription : il en auroit, peut être, donné une, s’il avoit vu la plante fraiche & com- plete. Il n’en a vu que le fquelette nud & fc. Fabii De Ja Mer Adriatique. 73 CEDERE CEL Fabii Columnæ Lincei minus Wa Stirpium Pars altera. Cap. 63. Lantulam banc fub nomine Alpini Sedi incogniti accipiebam anno 1610 ab eodem amico, quam ex eximia effigie quo- dammodo vermiculatarum fpeciem referre quifque judicaret: nos autem interius perquirentes, quamvis ex ficca planta, nibil com- mune cum Sedis babere putamus. | Radicem babet tenuem, quinque uncias longam; ex cujus cefpi- te, qui prius novelle plantæ caput fuit, ramos duos vel tres edit, tenues, cannabini fili craffitie, ex fulvo rubentes , raris, exiguis foliolis anzuftis alternatim interceptos , €$ in fummo in denfum capitulum definentes, quod dimidiam unciam diametro equat: quibus vetuftis , alios ex illis producit ramos eodem 0r= dine regerminantes; ut plantulam cenfeamus effe multorum anno- rum. Ex ramis vero in terram procumbentibus iterum radicem fundit fimilem , fed hirfutam ; quod non in prima obfervabatur radice. Florem non babebat ; fed inter ramulos fuperiores bi- mos petiolos obfervavimus, frutum babere ex calyce prodeuntem quinque-foliato , oblongum, cartilaginofuni, nec abfimilem nimis a. frutu Lychnidis €ÿ Armeriarum ; fed femine longe ab omnibus differens , quod binum intus , oblongum , ovali figura, continet, colore ex fufto rubefiens , cavum intus ; fed anteguam divida- tur, veluti parvum € nigrum tritici granum. Sapor foliorum exficcatorum € evanidorum, iriennium jam preteriit , acris parum apparuit; nec admodum carnofa foliola, aut vermiculata fuiffe, imo parum, aut vix dijudicamus. Atque hac ex planta ficca obfervare ponimus ; O Eÿ alterius generis plantam fa- cimus. CATALOGUE DE LIVRES; ’ Qu on trouve Carz PIERRE A TLAS METHODIQUE , compofé pour Là lUfage de S. A. S. Monfeigneur le Prince d'Orange & de Naflau, Stadhou- der des VII. Provinces Unies, par J. Pa- lairet, Agent de LL. HH. PP. les Etats Généraux à la Cour Britannique. Lord. 1755. Grand. Fol, avec de Cartes Geogr. enluminées. Les Avantures de don Quichot, par Coypel, Picart le Romain, & autres habiles Mai- tres, avec les Explications des XXXI Planches de cette magnifique Colleétion, tirées de l'Original Efpagnol de Miguel de Cervantes. à la Haye 1746: quo, Le même Livre. in Folio. De l’Artaque & de la Défenfe des Places, par le Maréchal de Vauban. à la Haye 1742. 2 vol. 4to. avec de belles Planches. Abrégé du Service de Campagne, tel qu’il a été fait pendant la derniére Guerre par les Troupes de l’Etat: avec quelques changemens qu’on pourroit y faire. Haye 1752. fig. 80. Beaufobre , le Pére, Rémarques Hiftori- ques, Critiques, & Philologiques fur le Nouveau Teftament. Haye1742. 2 vol. 400. La Bibliotheque Univerfelle, Choifie, An- cienne & Moderne, par Monfr. Le Clerc. 83 vol. in 12. — —— Britannique, ou, Hiftoire des Ouvrages des Savans de la Grande Bre- tagne, par une Société de Gens de Let- tres a Londres. à la Haye 1734. & fuiv. so Parties. 8vo. Carte Topographique des Villes de Lon- dres & de Weftminfter , du Bourg de Soutwark, & de leurs Environs: levées très exaCtement fur les Lieux, par Jean Rocque, Londres 1746. en XVI. grandes feuilles, in Folio, Cent Fables choifies des Anciens Auteurs, mifes en Vers Latins, par G. Faërne, & traduites par Mr. Perrault. Londres 1743. avec de fort jolies figures. 4to. Conduite des François par rapport à la Nouvelle-Ecoffe : depuis le premier E- tabliffement de cette Colonie, jufques à pos jours, Ouvrage où l’on expofe la foi- bleffe des Argumens, dont ils fe fervent 2 la Have DE: HONDE pour éluder la force du Traité d’Utrecht, & pour juftifier leurs Procédez illégiti- mes. Haye 1755. 8v0. Di&ionaire Hiftorique, ou, Mémoires Critiques & Litéraires concernant la Vie & les Ouvrages de diverfes Perfonnes qui fe font diftinguées principalement dans la République des Lettres, par Profper Marchand. Haye 1757. Folio. To- me Premier, contenant tes Lettres A —I. Le Tome IL., qui Je publièra à Päques 1758.» contiendra le refte de l' Alphabet”. L'Au- Eur, qui pendant quurante Ans a tra- vaillé à cet Ouvrage, y a raflemblé une infinité d’Anecdotes curieufes , intéref- fantes, & dignes du fiécle éclairé dans lequel nous vivons. Difcours Hiftoriques, Critiques, Théolo- giques, & Moraux , fur les Evénemens les plus mémorables de l’Ancien & du Nouveau Teftament, par Mrs. Saurin, Roques, & Beaufoore , avec les belles Eftampes de Hoet , Houbraken . & Pi- cart. Hayt. 6 vol. fur du Papier Roval. Idem. /ur du Papier Superroyal. Les volumes feparés du meme Ou- vrage , fur du Papier Median, Royal, Superroyal, & Imperial. Deffeins des Edifices, Meubles, Habits, Machines, & Uftenciles des Chinois, avec une Defcription de leurs Temples, de leurs Maifons & de leurs Jardins. Lon- dres 1757. grand Folio, avec de belles Eftampes. Délices de la Grande-Brétagne ; fes An- tiquitez, Provinces, Villes, Bourgs; Montagnes, Riviéres, Ports de Mer, Bains, Fortereffes, Abbayës, Eglifes, Academies , Collèges, Bibliothèques, Palais, Maifons de Campagne, &c. par ]. Beverell. Leide 1727.8 vol. avec fig. 8v0. Effai fur l’Hiftoire Naturelle des Corallines & autres Produétions Marines du même Genre, qu’on trouve communément fur les Côtes de la Grande-Bretagne & d’Ir- lande: auquel on a joint une Defcription d'un grand Polybe de Mer, pris auprès du Pôle Arctique par des Pécheurs de Balei- ne, pendant 1 Eté de 1753. par Jean Ellis, Mem- CAT ANMAOÏIGUREWE LIVRES. Membre de la Socièté Royale. Traduic de l’Anglois. Haye 1750. 4to. avec quan- tité d’Eftampes. —— — Le même Livre, en grand Pa- pier, dont les Eftampes font très propre- ment € très. exactement enluminées d’après Nuture. Eflai de l’Hiftoire Naturelle de la Mer A- driatique , par Mr. Donati, Profefleur à Turin, avec une Lettre du Docteur Sefler , fur une nouvelle Efpèce de Plan- te Terreftre: Traduit de l'Italien. Haye 1757. 4to. avec des Etampes. Le même Ouvrage , en grand Papier , avec des Eftampes enluminées d'a- près Nature. Hiftoire des XVII Provinces des Pays Bas, depuis l’Abdication de l’Empéreur Char- les V. en 1555, juiqu’à la Paix de Baden, en 1716. par Mr. van Loon. Haye 1736. 5 vol. fol. avec plus de 3000 Medailles. —— —— LemémeLivre, ergrand Papier. Naturelle des Oifeaux, par Mr. E. Albin, avec les Notes de Derham. Haye 1750. 4 vol. 4t0. fur du Papier Royal, a- vec plus de 300 Eftampes, peintes en Mi- gniature avec les Couleurs du Plumage de chaque Oijeau, tirées d’après Nature. Hiftoire Naturelle Généraie & Particulie- re, avec la Défcripuon du Cabinet du Roi, par Mrs, Buffon & d’Aubenton, a- vec des Figures gravées par ?. vander Scbley. Cet Ouvrage contient entre autres l’Hiftoire & la Theorie de la Terre, la Formation des Planetes, la Production des Couches ou Lits de Terre, les Co- quilles & les autres Productions de la Mer, qu’on trouve dans l’Intericur de. la Terre, les Inégalités des Sur- faces de la Terre, les Fleuves, les Mers, & lesLacs, le Flux & Reflux, les Inégalitez de Fond de la Mer & les Courans , les Vents reglez, les Vents irreguliers , les Ouragans, les Trom- pes & quelques autres Phoenomenes cau- fez par l’Agitation de la Mer & de l’Air, les Volcans & les Tremblemens de Ter- re, les Ifles Nouvelles, les Cavernes , les Fentes perpendiculaires, l'EfFec des Pluyes, lesMarecages, les Bois Souter- rains, les Eaux Souterraines , les chan- gemens de Terres en Mers & de Mers en Terre, l’Hiftoire Naturelle des Ani- maux & celle de l'Homme, 3 vol. 4to. Les Tomes IV. & V. de cet Ouvra- ge , qui font fous Preffe , contiendront —— — des Pieces qui ne fe trouvent pas dans l'édition de Paris. Quoi qu’on les exé- cute avec toute la propreté poffible, on pourra pourtant les avoir a beaucoup meilleur marché que la fusdite édition de Paris. Le même Livre, 3 vol. 4to. en grand Papier. Hiitoire de Charles XII. , Roi de Suède, par Mr. de Nordberg.Haÿe 1748. 4 vol. 4to. — — Le même Ouvrage, engrana Papier. Hifteire Générale des Voyages, ou, Nou- velle Collection de toutes les Rélations des Voyages par Mer & par Terre, qui ont été publiées jufques à préfent dans les diférentes Langues de toutes les Na- tions connuës. Haye 1747. € fuiv. avec quantité de belles Cartes Géographiques & d’Eftampes , gravées par 7. vander Scbley, Elève diftingué du Célébre. Pi- cart le Romain. XV. Volumes in 4to» Cette Edition eft infiniment plus ample, plus exaûte, & plus vraye, que n’eft celle de Paris; ©, on Je donne tous les foins poffibles pour la rendre de plus en plus in- terefante & magnifique. Politique du Siécle, où fe trouvent en ordre & fous tous leurs rapports difé- rents, les Intérêts, les Vuës, & la Con- duite des principales Puiffances de l’Eu- rope depuis la Paix de Muniter 1648, jufqu’a celle d’Aix-la Chapelle en 1748. Tome premier. Londres. 1757. 4to. d'Angleterre , par Mr. de Rapin Thoiras. Haye. 10 vol. qto0. | de Lorraine , par le R. Père Don Calmet; Nouvelle Edition confidérable- ment augmentée. Nancy 1757. 6 vol. a- vec des figures. Folio. Introduction a la Geographie Moderne, avec un Abregé d’Aftronomie, & un Traité de ’Ufage des Globes. Une con- noiflance fuccinéte de toutes les Parties de la Terre & de l'Eau : de leur Situa- tion , de leur Etenduë, de leur Qualités; du Gouvernement , de la Réligion, du Commerce, & des Mceurs des Peuples, par J. Palairet. Lord. 1754. vol. 12. Lettre d’un Anglois à fon Ami à la Haye, contenant une Rélation Authentique de ce qui s’eft paflé entre les Cours de Londres & de Verfailles , au commen- cement des Troubles préfentes , tirées des Piéces Originales. Haye 1756. 8vo. du Duc de Newcaftle écrite par or- dre de Sa Majefté, à Mr. Michell‘, Sé- K3 cré. CATALOGUE pe LIVRES. crétaire d'Ambaffade deS. M. Pruffienne, en réponfe à l’Expofition des Motifs du Roi de Pruffe , au Sujet des Saifies faites en Siléfie. Haye 1755. 870. Lettres, Mémoires, & Négociations , de Mr. le Comte d’Eftrades, tant en qua- lité d’Ambaffadeur ce S. M. T. C. en Italie , en Angleterre & en Hollande, que comme Ambaffadeur Plénipotentiai- re à la Paix de Nimegue conjointement avec Mr. Colbert & le Comte d’Avaux, avecles Reponfes du Roi & du Sécréraire d'Etat ; Ouvrage;, ou font compris l’A- chat de Dunkerque, & plufieurs autres chofes intéreffantes. Nouvelle Edition, dans laquelle on a retabli tout ce qui a- voit été fupprimé dans les précédentes Editions. Londres 1743. 9 vol. in 12. Mémoires Militaires fur les Grecs & les Romains, ou l’on a fidélement retabli fur le Texte de Polybe & des Tafticiens Grecs & Latins, la plûpart dés Ordres de Bataille & des grandes Opérations de la Guerre, qu’on explique fuivant les Principes, & la Pratique conftante des Anciens, en relevant les erreurs du Che- valier de Folard & des autres Commen- tateurs. Ony a joint une Differtation fur l’Attaque & la Defenfe des Piaces ‘ Le méme Livre, en grand Papier. Mappemonde magnifique en une grande feuille, d'une Compofition d’autant plus curieufe & nouvelle , que les Mappe- mondes ordinaires, reprefentant le Glo- be Terreftre coupéen deux Parties, ren- fermées chacune dans un Cercle, tous: les Méridiens & les Parallèles à lEqua- teur y fonc auffi marqués par des lignes courbes ; au lieu que dans cette Nou- velle Mappemonde , qui du Giobe fait un Cylindre , les Circles de la Spère y paroiffent en Lignes droites, & déga- gent la Géographie de la gêne où elle a toujours été dans ces fortes de Cartes. On a fait entrer dans cette Carte ce que nous avons aujourd’hui de plus certain, & entierement conforme aux Obferva- tions Aftronomiques, tant fur la Ruffie, la Siberie, la L'artarie, & fa Chine , que fur l'Amérique, qui dans cette Carte fe trouve confiderablement rapprochée de l’Afie. Les changemens & les augmen- tations , qui fe trouvent dans les Parties. Septentrionale & Meridionale de l’Amé- rique font fi confiderables , qu’elle peut paffer pour nouvellement découverte. Par Mr. BELIN. — — La même Carte, en grand Papier. —— — La même , imprimée fur du beau Taffetas blanc. Nouveau Diétionaire Hiftorique & Criti- que pour fervir de Supplement ou de Con- tinuation au Diétionaire Hiftorique & Criti- que de Mr. Pierre Bayle, par Mr. Jacq. George de Chauffepié. Haye 1751-1750. 4 vol. Folio. 1 -—— Pjans & Projets pour fortifier , dé- fendre & attaquer les Places, par Mr. de Landsbergen , Ingénieur au Service de la Republique des Provinces- Unies. Seconde Edition. Haye 1757. fig. Folio. Duke of Newcaftie a general Syftem of Horfemanship in all its Branches. Lond.. 1743. 2 vol. witb very fin Cuts. ” Orthopedie, ou, l’Art de prévénir &fde corriger dans les Enfans les difformitez du Corps: le tout par des moyens à la portée des Pères & des Mères, & des perfonnes qui ont des Enfans à élèver,. par Mr. Andry. 1743. 2 vol. fig. 8vo. Plan de Paris & de fes Fauxbourgs , avec: fes Environs; où fe trouve le détail des Villages, Chätéaux, Grands Chemins& autres; des Hauteurs, des Bois, Vignes, Champs & Prez: levé par Mr. Rouffel,, Capi. des Anciens ; la ‘Tradu&ion d’Onozan- der, & de la Ta@ique d’Arrien ; & PA- nalyfe de la Campagne de Jules Céfar en Afrique ; avec des Nôtes Critiques & des Obfervations Militaires, répanduës dans tout le Cours de l'Ouvrage, par Mr. Guif- chardt, Capitaine au Bataillon deS. A.S. Monfeigneur le Marcgrave de Bade- Dourlac , au Service de LL. HH. PP. les Seigneurs Etats Généraux des Pro- vinces- Unies. Haye 1757. 2 vol. in 4to. avec quantité de Plans & de Figures. Le même Livre, en grand Papier. du Comte de Guiche , concerpant les Provinces Unies des Pays-Bas, depuis 1665 jufqu’au 15 Juin 1672. Ouvrage qui fert de preuve & de confirmation aux Lettres & Négociations de Mr. le Comte d’Eftrade , & aux Mémoires de Mr. Aubery. Haye 1744. în 12. Médailles de Grand & de Moyen Bronze du Cabinet de la Reine Chriltine de Suè- de, gravées auffi délicatement qu’exa- étement d’après les Originaux , par P. . Santes Bartolo, avec un Commentaire du Profeffeur Havercamp. Lat. & Franc. Haye 1741. Capitaine Ingénieur fur la même Échelle de celui de Londres, par J. Rocque. Londres 1747. en VII. grandes feuilles , in Folio. ortrait de S. A. S. Monfeigneur le Prince d'Orange & de Naffau, peint par Davet, & gravé à Paris, en 1749. grand Folio. es Ruines de Palmyre, autrement dite Tedmor, au Défert. Londres 1753.grand Folio, avec de belles Eftampes. - de Balbec, autrement dite Helio- ‘polis, dans la Cœlofyrie. Londres 1757. grand Folio, avec de belles Eftampes. ecueil d’Eflampes, qui reprefentent les Evénemens les plus Mémorables de JAncien & du Nouveau Teftament, par Mrs. Hoet, Houbraken, & Picart. Sur du Papier Royal, Ouvrage orné d'une Explication de chaque Eftampe en fix dif- ferentes Langues, & extrémement curieux pour étre inferé dans toutes fortes de Bi- bles. in Folio. eponfe à la Lettre inferée dans la Gazet- te d'Utrecht du 8 Sept. 1755. avec des Remarques fur la Difcuffion fommaire fur les Anciennes Limites de l’Acadie. G'ANF A LO GE GE ETIVIRIE.S: du Roi, & réduit Haye 1755. 8vo. Replique des Commiffaires Anglois au Mé- | moire des Commiflaires François , con- cernant la Nouvelle- Ecoffe, ou l’Aca- die : avec une Carte enluminée de la Nouvelle- Ecoffe, & du Cap-Breton, de même que des Parties adjacentes dé la Nouvelle - Angleterre & du Canada. Haye 1756. 8vo. La Carte dudit Ouvrage fe vend auffi féparement. Tréfor des Antiquitez de la Couronne de France, reprefentées er Figures, d’a- près les Originaux, en Pierre, en Or, en Argent , en Cuivre, en Peinture, Sculpture, Gravure , &c. Haye 1747. 2 vol. folio. avec plus de 509 figures. Le méme Livre, en grand Papier. Tràité de la Méthode Antique de graver en Pierres Fines, comparée avec la Mé- thode Moderne, & expliquée en diver- fes Planches, par Laur, Natter. Londres 1755. Folio, avec de belles Eftampes. de la Peinture & de la Sculpture, par Mrs. Richardfon, Père & Fils. Amft. 1721. 3 vol. vo. RIA PENTI a __. Arbuthnotii Tabula antiquorum num- morum, menfurarum & ponderum, pre- tiique Rerum Venalium, Variis Differ- tationibus explicatæ. Traj. ad Rben. 1756. . qio. 7 Ponts Ode & Fragmenta, Græc. & Lat., cum notis J. C. de Paauw. Ultra. in quo. atavia Sacra, five, Res geftæ Apoftoli- corum Virorum, qui Fidem Bataviæ pri- mi intulerunt. Ultraj. 1754. 2 Parties, ‘cum Tvynis #Eneis. Folio. arraterii Difquifitio Chronologica de Suc- ceflione Epifcoporum Romanorum. 4to. f. Finiftrefii Præleétiones Cervarienfes, five Commentarii Academici ad Titu- Jum Pande@arum de Liberis & Pofthu- mis: acc. Diatribe de Pofthumis here- ‘dibus inftituendis vel exheredandis ; & ad Tit. de acquirenda vel omittenda he- reditate. Cervarie 1750. în 4to. liftoria Epifcopatuum Foederati Bèlgii. Anto. 1733. 2 vol. cum fig. Folio. oyinck van Papendrecht Analeéta Bel- gica, continentia vitam Viglii Zuiche- mii, ejufque nec non Joach. Hopperi & J. B. Taffii opera Hiftorica , aliaque fcripta ad Hiftoriam Scifli Belgici po- tiffimum attinentia. Hage- Com. 1743. 6 vol. ato. : Index Verborum & Phrafium Luciani, fi- ve Lexicon Lucianeum , ad Editiones omnes; maxime noviffimam. Weftenia- nam, concinnatum a C. C. Reitzio. Ul- traj. 1740. 4I0. Limborch Theologia Chriftiana ; adjunéta eft Relatio Hiftorica de Origine, & Pro- greflu Controverfiarum in Fœderato Bel- gio de Prædeftinatione. Hage-Com. 1736. Folio. Ant. Matthæi Analeéta Vereris Ævi, feu Vetera Monumenta ha@enus nondum vifa. Hage- Com. 1748. 5 vol. 4to. Joh. Eman. Minianæ de Bello Ruftico Va- lentino libri tres, five, Hiftoria de in- greffu Auftriacorum Foederatorumque in Regnum Valentia : ex Bibl. Georg. Ma- janfii. Hage - Com. 1752. 8vo. Maittaire Index in Annales Typographicos. Lond. 1741. 2 vol. 4to, K3 Ma- CATIA L O G UE be LIVRES Majanfii Difputationes Juris, in quibus multa Juris Civilis, aliorumque Scripto- rum Veterum, Loca explicantur & illu- ftrantur. Lugd. Bat. 1752. 2 vol. 4to. Novus THesaurus Juris Civilis & Cano- nici, in quo junétim exhibentur varia & rariflima optimorum Interprectum, impri- mis Hifpanorum & Gallorum , Opera: utrumque Jus ex Humanioribus Litreris, ac veteris Ævi Monumentis , illuftran- tia; ex mufeo G. Meermanni, |Cti & Syndici Roterodamenfis. VII. 70. Hage Com. 1751. folio. Idem Liber, charta majori. VII. Vol. Folio. Nummophylacium Regine Chriftinæ, quod comprehendit Numifmata Ærea, Latina, Greca, atque in Coloniis cufa, quondam a Petro Santes Bartolo fummo artificio fummaque fide ri incifa, cum Comment. Sigeb. Havercampi. Hage- Gn 1741. cum LXII, Tabb. Numifm. olio. PE TN Chr. Saxii , in Academia Traje&ino - Batava Profefforis, Diptychon Magni, Confu- lis. Hage-Com. 1757. Folio, fig L. Se@ani, Q. Fil, de tota Græculorum hujus Ætatis Licreratura , Sermones Qua- tuor ; acceffere ad eorum Defenfionem uintus & Sextus. Hage Cum. 1752. 8v0. Jo. Chr. Struchtmeieri thica, five de Origine Tartari & Elvyüi libri quinque : quibus oftenditur , Fa- bulas Gentilium de Diis, eorundemque. Ritus Sacros, unice deduci & explicari fteriilque Sacro-Sanétis de Deo uno & Theologia My- | debere ex Religione Primi Orbis, My- | trino, Chrifto, Spiritu Sanéto , & Regno. Dei inter Homines. Hagæe-Com. 1753. | 8070. | Spirituum Animalium ex Medico Syftema-, te exturbarorum , a Lud. de Clarelles, | Volumen Unum, Neapoli 1744. 4to. | Thefaurus Antiquitatum & Hiftoriarum I- taliæ, a Tomo VII. ad Tom. XLV. 39. Vol. Fol. ra > * sa ia 2 Ja tir Ù ne 5 a É SEI HAN (APN i" (it