-jmmwwmb -^:-^:^ "v^ fixbrvtm X ■ >yBi':ft)Wsii»;:>'WCT"iiiwJ«<«Wt.* 'L'^ <^L. d^:/-- KM..t^,j. Jils. S' ^^ . A PARIS ^': Che^ Gobreaic Librcàre Qiuu d&r Aitmurtmj- F M.DCC.LXXVI Avec ApprobatioTV et Tnvae^e du- Jtoi " w^ ESSAI SUR L'HISTOIRE NATURELLE DE L' I S L E DE SAINT-DOMINGUE, Avec des figures en taille^ douce. A PARIS, Chez GoBREAu, Libraire, Quai des Auguftins, à Saint Jean-Baprifte. M. DCC. LXXVI. Avec Approbation , & Privilège du Roi, '"^^ i. / .\ ...mc^SÉSi F'"*^ ") AVERTISSEMENT. "E préfumerois trop de mes forces , fî j'entreprenois de traiter en grand THif^ toire naturelle de Saint - Domingue. Un féjour de près de quatre ans dans cette ifle fortunée, m'a mis à portée de faire quelques obfervations détachées fuivant le hazard ou les circonftances. Je n'avois alors en vue que de fatisfaire mon goût, & de remplir des momens de loifir que les devoirs de mon état me laiifoient li- bres. Les perfonnes à qui je les ai com- muniqués depuis mon retour en France , m'ont confeiilé de les fou mettre au juge- ment du public, efpérant quelles pour- roient être de quelque utilité pour la con- noiffance de l'hiftoire naturelle d'un pays fi fréquenté & fi peu connu, J'aurois pu rendre ce petit ouvrage plus confidérable , en recourant aux auteurs imprimés , pour remplir les lacunes qui s'y trouvent; mais comme la plupart ne m'ont pas toujours paru véridiques dans le peu que j'pi obfervé , j'ai pu penfer qu ils pouvoient s'être aufli trompé dans ce que je n/ai pas eu le loifir d'examiner. J'aime mieux laifTer un vuide à remplir à Aij iv AVERTISSEMENT. des mains plus habiles, que de parler au hazard, ôc de donner des doutes pour des certitudes. Si fai quelquefois fait ufage des obfervations rapportées dans le Jour- nal d& Saint-Domingue , ce neft qu'autant qu elles m'ont paru conformes à ce que î'obfervois moi-même. L'hiftoire naturelle feroit certainement mieux connue , fi tous ceux qui en ont parlé , n'avoient cité que le grand livre de la nature : nous n'aurions pas vu pa- roître, à la vérité , ces ouvrages volu- mineux, décoré d'un titre faftueux, da- près lefquels il femble qu'il n'y ait plus rien à dire; mais qu'en feroit- il arrivé? Les erreurs des anciens euffent été moins honorées; nous ne les verrions pas rajeu- nir tous les jours, & réunir en corps d ou- vrage avec les véritables découvertes; l'étude de la nature, qui devroit être a la portée d& tout le monde, eut été plus facile^, moins difpendieufe , ôc l'on mar- cheroit avec afTurance dans le (entier de la vérité, ayant pour guides des obier- vateurs & non des compilateurs. J'ai hazardé quelques idées fur la litija- tion aauelle des habitans de Saint-Do- mingue; je les ai peint tels quils font, ou du moins tels qu'ils m ont paru. L.e neft point ma faute, fi mes portraits ne AVERTISSEMENT. v font pas flatteurs; s'ils font infidèles, tant pis pour les originaux; ils ont dès lors un vice de plus , l'hypocrifie : au refle , je parle en général, ce qui fuppofe nécef- Ikirement des exceptions. On ne trouvera dans ce petit ouvrage , ni pureté de langage , ni correâion de ftyle ; des phrafes louches , mal digérées , rebuteront plus d'une fois le Ledeur. J'é- cris fans prétention ; je travaille pour m'inftruire. J'ai tâché de rendre mes def- criptions exades, je ne promets rien de plus. A..« Explication des abréviations. Cofl. Acofta , TraSlciio de las Drogas Orientales, Bar. Pierre Barrere , Ejjai fur l'kijloire naturelle de lit France EquinoxiaU. JBo^rh. Boerhaave , Index Horti Lugd. Bat. Bont. Bontius , Hijl- nat. Indics Orientalis, Breyn. 'Breynius ( Jacobus ) , Centuria, Prodromus. Brown. Browu, The civil and. natural , hijlori of Ja- maïca,. Car. en langue Caraïbe. C. B. CaCpar Bauhin , Pinax & Theatrum Botanicum. Cczfalp. Cafalpinus , de plantis, Clajj: ClaiTe dans laquelle la plante fe trouve placée , fuivan: Tournefort ou Linna;us. dus. Clufuis , Rariùrum plantarum Hifloria & exotica- rum libri deçem. Pake. Dalechamp , Hifloria, gemralis Plantarum. JPefp. Poapé des Portes , Traité des plantes ufuclles^ de Saint- Dorningue. Fam. Famille dans laquelle M. Adanfon place la plante, Jtlcrm. Herraann. Catalogus Horti Lugdun. Batav. Hern. Hernandez ,. Hifloria naturalis Mexicana, Hort. Mal Hoitus Malabaricus. Hmfl. Houftoa , Nova gênera. Jacq. Jacquin , Enumeratia Plantarum Americanarum. J. B. Jean Bauhin , Hifloria Plantarum univerjalis. Jonfl. Jonfton , Notitia regni vegetabilis. Linn. 'Linnx'us, Syftema naturajMa*i'/iiâ5Sf^y' xi Explication tuyau par en-bas , évafées & découpées ordi- nairement par en-haut , & portées fur un em- bryon de graine : tels font îe Bleuet , le Char- don. C'eft la douzième claffe de Tournefort. Fleurs en gueule , Flores labiati. Ce font des petits tuyaux terminés en-devant par une cfpèce de mafque , qui relTemble ailez à la gueule des grotefques & des monftres que \ts Peintres 6c les Sculpteurs repréfentent dans leurs ornemens : telles font la Sauge , la Men- the , la MeUJfe, C'eft la quatrième claffe de Tournefort. Fleurs hermaphrodites. Elles ont en même temps des étamines Se des pijlds. Fleurs incojnpkttes. Ce font celles qui man^* quent de quelques-unes des parties qu'on a coutume de reconnoître dans les fleurs. Fleurs léguniineufes , papilionacées , Flores paplllonacei Elles ont quelque reffemblance avec un papillon dont les aîles font étendues. Les pétales font au nombre de quatre ; le fu- périeur eft le plus ample : on l'appelle l'éten- dard 5 vex'dlum \ l'inférieur eft creux : on le nomme carène, carina \ ceux àds. côtés fe nom- ment les aîles , alx. Le calice de ces fleurs eft un cornet , du fond duquel fort le pijlil en- veloppé d'une gaîne frangée en étamines : ce piftil devient toujours muq filique : tels font Jqs Pois , le Trejie , &c. C'eft la dixième clafl^e de Tournefort, à laquelle on peut rapporter îa vingt-deuxième. Fleurs liliacèes , Flores lillaceL On nomme ainfi celles d'une feule feuille coupée en fix pièces , ou de trois feuilles ^ & quelquefois de fix. Leur piftil ou leur calice forme un fruit DES Expressions Te c nique s. xxj qui efl: toujours divifé en trois loges : telles font la Jacinthe , la Tulipe , V Oignon. C'eft la neuvième claffe de Tournefort. Fleurs mâles. Ce font celles qui portent des éiamines fans piftil. Fleurs en œillet , Flores caryopkyllxi. Ce font celles dont les pétales font difpofés en rond, étroits dans leur naiiïance, beaucoup plus larges par le haut. Tournefort les range dans la huitième clajfe. Fleurs en parafai y en umbelle ^ Flores inn- hellati. Leurs pédicules , d'inégale grandeur , partent d'un même centre , divergent inéga- lement, & forment en-deflus une efpèce de parafol : tels font le Perfd^ la. Ciguë , la. Ca- rotte, le Cerfeuil Tournefort en fait la fep- tième claife. Fleurs radiées , Flores radiati. Ce font des bouquets compofés du difque, qui eft un amas de fleurons , & de la couronne , qui eft for- mée par plufieurs demi-fleurons difpafés au- tour du difque : tels font la Marguerite , la Couronne folaire , le Soucis. Les fleurs radiées forment la quatorzième cîafTe de Tournefort^ Fleurs en rofe , Flores roface-i. Elles font compofées de plufieurs pétales difpofés en rond autour d'un centre commun , à peu près comme on le voit dans la Rofe. Le Pourpier y le Pavot , la Rue , la Renoncule font des fleurs en rofe. Tournefort en fait la fixième claife & la vingt-unième. Fleurs Jèjjlles , Flores /effiles. Elles font immédiatement attachées aux plantes , fans aucun pédicule. FLEUSiS-Jlmples, Elles ne renferment que ce B iij iiilii'li Explication qui^ ell néceffaire à la produdion d'un feuî fruit. FoLLiOLES , Follicules; ce font àt^ petites feuilles pofées fur une côte commune , qui tombent en même temps qu'elle : cette côte naît toujours d'un bouton. Fossiles, FoJJilla. On donne particulière- ment ce nom aux produdions des règnes vé- gétal & animal qu'on trouve dans les. entrail- les de la terre , tantôt dans leur état primi- tif, tantôt plus ou moins altérées , &; même terrifiées , pétrifiées ou minéralifées. Genouillé. V. Article. Gland de mer, Balanus. C'efl une coquille multivalve , de la forme d'un gland , compo- fée de douze lames . la bouche évafée , quel- quefois rétrécie. Elle s'attache en forme de petit vafe fur les rochers , fur les coquillages, les plantes marines, &c. Gousse , Legiiimn. C'eft un fruit fec, com- pofé de deux panneaux qui ne font pas fé- parés par une cloifon mitoyenne. Elle ne con- tient qu'une rangée de femences attachées par des filets courts. Grappe , Uva On donne ce nom aux fruits en épi , dont l'axe pend en bas , au lieu de s'élever verticalement : tels font les fruits du Grofeillier. Griffes. Ce font de fimples filets droits & courts , femblables à de petites racines che- velues, qui s'implantent dans tous les corps qu'ils rencontrent , & y attachent fortement les plantes dont ils font produits. Le Lierre en arbre efl: fort chargé de grifl^es. Hépatiques & Spléniques, Remèdes pour DES Expressions Tecniques. xxiij défobilruer le foie , la rate , & rétablir la cir- culation. H1STÉB.IQUES. V- Emménagogucs. Lames , Lamina, C'eft la partie fupéri'eure àts pétales dans une fleur polypétale. Lepas ou Patelle , Patella. C'efl: une co- quille univalve , convexe , toujours attachée à quelque corps dur. Liber. F". Couches corticales. Limbe , Limbus, Ceft la partie fupérieure d'une corolle monopétale. Madrépore. Ceft le nom que Ton donne à des fubftances calcaires qu'on trouve au fond de la mer , & qui font produites par la liqueur qui fort du corps Aç,s polypes. Les Madrépores font compofés de cavités fépa- rées par des cloifons qui forment communé- ment des étoiles. Mamelon. Ceft une excrefcence qui fe trouve fur le corps des fruits ou des animaux. Manche de couteau , ou Solen. Ceft une coquille bivalve, dont le corps eft long, ou- vert par les deux extrémités , quelquefois droit, fouvent arqué. Marron. On défigne aux Ides par ce nom les plantes fauvages , les animaux ou les ef- claves fugitifs. Masticatoires. Remèdes qui provoquent une fécrétion abondant^ de falive. On \ts nom- me auffi apophlegmanjans. Monopétale. On appelle ainfi les fleurs d'une feule pièce , comme le Melon. Morne. On donne ce nom à Saint-Domin- gue aux montagneç élevées , & on appelle Biv A'' xxiv Explication Mornet celles qui ne ]e font guèfes ou qtiî n'occupent qu'un petit efpace. MuLTivALVE. Ce font les coquilles compo- fées de plufieurs pièces. Nacrée fe dit d'une coquille dont le dedans eft argenté & brillant comme la nacre. Narcotiques , remèdes employés pour procurer le fommeil. Nautile , Nautilus. C'ell: une coquille uni- valve, de forme ronde, imitant un vaiifeau. Nectaires , Neclaria. Ce font de petites parties qui fervent à contenir un fuc fucré nommé Nedar. Ils font fous la forme de pe* tit,es écailles adhérentes à la partie inférieure éts pétales dans les renoncules-, \\s forment un cornet fort apparent dans les capucines-, dans quelques fleurs ce font de (impies filions , dans a'autres des efpèces de poils. Leur forme varie dans Jes différentes fleurs ainfi que leur fîtua^ tion. Nervures. On donne ce nom aux côtes faillantes qui fe trouvent fur ]ts feuilles des plantes; elles partent de la côte principale, & vont aboutir aux bords de la feuille. OpoNTALGiQUEs. Remedcs employés contre ]es maux de dents. Onglet, Vnguls. C'eft la partie inférieure dçs feuilles qui çompofent une fleur poly- pétale. Opercule , couvercle dont îe poiffon fe fert pour défendre l'entrée de la bouche de fa coquille. Ophtalmiques. Remèdes employés dans les maladies dçs yeux. Oreille de mer. Coquille univaîve, plate, DES Expressions TëeNiQUSs: xxv reffemblant à Toreille de Thomme , dont l'ou- verture eft des plus grandes. OscABRioN. ou Cloporte. Coquille tnulti- valve compofée de huit côtes féparées, qui ^'attache aux rochers ainfi que les lepas. Othalgiques. Remèdes employés contre les maladies d'oreille. Oursin, Echinns. Coquille multivalve de forme ronde ou ovale , ou à pans irréguliers , quelquefois plate, armée de pointes. Pannicule. C'eft un amas de fleurs por- tées plufieurs enfemble fur un même pédun- cule qui s'attache fur un axe commun , lequel a une pofition verticale , comme dans le Lllas, Papiracée fe dit d'une coquille extrême- ment mince. Parenchyme. C'eft la pulpe qui fe trouve dans les fruits à noyaux, qui font fucculens, comme la. Pêche, . Pédicule , Péduncule , Peàunculus. C'eft une petite queue fur laquelle les fleurs font; portées. Pe IGNE ou Pétoncle , Peclen aut PecluncU" lus. C'eft une coquille bivalve fermant exafte- ment de tout coté , & rayée en forme de peigne. Elle eft ou fans oreilles , ou garnie de deux oreilles , & quelquefois d'une feule. Perianthe Pcnanthium. C'eft une efpèce de calice qui fe trouve dans la plupart àt's, plantes. Il eft quelquefois d'une feule pièce & fouvent découpé furies bords, on le nom- me Moiiopkylk ; quelquefois auffi il eft com- pofé de plufieurs pièces & s'appelle Pell- phylle, ' P^.RicARPE 5 Periçarplunt, C'eft le nom gé- Xîcv 5 Explication nérique des fruits que produifent les plante^. Pétale , PetcLlwn. On donne ce nom aux pièces otl feuillets qui compofent la corolle des fleurs. Pétiole ou queue 5 Petlolus. C'efl un corps ^rêle plus ou moins long qui foutient les feuilles. Il eft ordinairement de même cou- leur que la feuille , quelquefois cependant de couleur différente , communément creufé en gouttière par deffus. Pistil , PiJHllinn. C'eft l'organe féminin des fleurs. Il eft prefque toujours compofé de trois parties, qui font : ^embryon , le Jïd^ \t Jîig- mate. Voye^^ ces mots. Placenta. C'eft un corps fur lequel cer- taines femences font placées , & qui fert à préparer leur nourriture. Plantule ou Plumule. Ceft un petit filet qui tient d'une part à la radicule des femen- ces , &: va enfuite fe perdre dans les cotylédons. Poils ou duvet. Ce font de petits corps déliés plus courts que \ts aiguillons qui cou- vrent la plupart des tiges herbacées, & quan- tité de feuilles. Polypiers. Ce font àes infedes architec- tes des coraux , des corallines , des madré- pores, &:c. 11 y en a de mer & d'eau-douce. Porcelaine ou Pucelage, Porcelana, feu Venerea. Coquille univalve luifante , ayant une bouche oblongue , garnie de dents. Pourpre , Purpura. Coquille univalve dont la bouche ell: unie , prefque ronde , le corps chargé de feuilles découpées , quelquefois de pointes & de tubercules. Poussière fécondante. C'eft ce qu'on trouve DES Expressions Tecniques. xxvîJ fur les anthères des étami/ies , ôc qui efl re- gardé comme la matière propre à fécondée les femences. Racines articulées, genoulllêes. Ce font celles qui font divifées par des nœuds ou des articles. Voye;^ Article. Racines bulbeufes , Bulbofce. Elles font connues fous le nom vulgaire d'oignon : le bulbe ell compofé des tuniques de la tige qui fe trouvent plus renflées vers le bas , & por- tées fur un plateau , auquel font attachées les racines fibreufes. Racines chevelues, Cap'dlares. Elles font très-fines & femblables à des cheveux. Elles ne diffèrent des racines fibreufes que par leur petiteffe. Racines fibreufes ou ligneufes ,fibrôfœ. Elles font compofées' de fibres placées prefqu'ea ligne droite , & forment un véritable bois cou- vert de fon écorce. Elles ne diffèrent pref- qUe en rien du tronc. Racines pivotantes. Elles percent le fol perpendiculairement. Racines ftolonifères. V. Drageons. Racines traçantes. On nomme ainfî celles qui s'étendent horizontalement. Racines tubéreufes, Tuberofoc. Elles font tendres , caffantes &: ne paroiffent pas com- pofées de fibres aufiî fenfibles que les racines fibreufes. Leur reffemblance avec la truffe leur a fait donner le nom qu'elles portent. Telles font les Pommes de terre , les ^.aves , la Khii' barbe ^ le Gingembre , ^z. Radicule , Rojiellum. C'eft un petit point faillant plus ou moins alongé qui fc trouve xxviii Explication dans la femence , quelquefois au milieu , quel- quefois à Tune de {qs extrémités. Rafkaîchissans , Refngerantid, Remèdes employés pour diminuer la chaleur du corps qui provient des ofciîlations trop vives & trop fréquentes des folides. Ainfi toute fubftance qui relâche les folides & diminue leur ton , eft rafraîchiffante. Ramille. C'ell: la dernière divifion des branches où la plupart des feuilles font at- tachées. Réceptacle. Cefl le point d'appui furie- quel les fleurs compofées font réunies plufieurs enfemble. Rocher, ou le Pifleur, Murex. Ceft une coquille univalve , garnie de pointes & de tubercules , ayant une bouche dentelée & oblongue. Rouleaux, ou olives , ou cylindres. Ce font des coquilles univalves , dont la bouche eft toujours alongée , jamais pointue par en-bas comme le Cornet. Sa VANNE. C'eft un mot efpagnol fort ulîté dans hs Ifles , par lequel on défigne les prai- ries & les endroits incultes où paiffent les ani- maux. Scarabée ou Coléoptère , Scarabeas. On comprend fous ce nom tous les infedes dont l^^ aîles membraneufes font renfermées fous àts. étuis écailleux, folides; tel eft le Hanneton. Sève, fuc. C'eft le fluide aqueux qui rem- plit \ts vailTeaux lymphatiques de tous les végétaux. SiLiQUE , S'diqua. C'eft un fruit fec compofé de deux panneaux féparés intérieurement par DES Expressions Tecniques. xxIx une cloifon mitoyenne , des deux côtés dà laquelle font rangées les femences. Spirales, fpires. Ce font hs contours & hs circonvolutions qui forment la volute des coquilles. Koye:^ ce mot. Stigmates , Stigmata. C'efI: la partie qui termine iQplJill. Ils font quelquefois arrondis, quelquefois alongés. On compare le fligmate à la vulve. Stil , Sùlus. (^'efl: un petit corps cylindri- que ordinairement fîflulèux qui fait partie du pijlil. II porte fur Vembryon avec lequel il communique, & il eil terminé par leJUgmate; on le compare au vagin. Un même 7?// eft fouvent terminé par plufieurs Jîigmates, Stipules , Sdpulx, Ce font de petits appen- dices attachés fur le pétiole. Leur compofition eft à peu près la même que celle du corps de la feuille. Stomachiques , Stojnachica. Remèdes qui fortifient l'eftomac , & qui favorifent la di- geftion, en réveillant l'ofcillation des fol ides. Stries. Ce font des rayures ou gravures en relief qui fe voient fur la robe d'une coquille ; elles font différentes des cannelures qui font plus grandes & plus régulières. SuDORiFiQUEs , Sudorifica, Remèdes qui pro- voquent la fueur. Supports j Fulcra.. Ce font \ts corps alon- gés & grêles, placés fur les tiges & fur les bran- ches. Telles font les vrilles , \es griffes , les épines , les aiguillons , les poils. Voye:^ ces mots. Testa cÉEs, Teftacea. C'eft le nom généri- que qu'on donne aux animaux qui fe renfer^ Ail33?^>rÉir XXX Explication ment , 8c vivent dans des coquilles dures , dont ils font les architedes. Tige ou Tronc , Caulls. C'efl: la partie moyenne des plantes. Elle naît des racines > & produit des branches en fe divifant. Tiges fiftuleufes. Elles font creufes. On \ç,^ appelle auffi Chalumeaux. Tiges farmpnteufes. Elles s'élèvent en fer- pentant. Thorax. C'eft la partie de Pinfede qui ré- pond à la poitrine des animaux. Elle fépare le ventre d'avec le cou. Tonne Concha glchofa, C'eft une coquille «nivalve , ronde , en forme de tonneau , ren- flée dans fon milieu , dont l'ouverture elj très-large. Tube, Tabus. C'eft la partie inférieure de la corolle monopétale qui efl:_ ordinairement moins évafée & logée dans le calice. Tubercules. Ce font àts étamines régu- lières & rondes , plus grandes que les verrues, léfquelles fe diftinguent fur la robe de la coquille. Umbilic , Umbilicus : Trou dans le milieu de la bafe d'une coquille à côté de la bouche ; c'en efl; à peu près le centre. Univalves , Univalvia. Nom donné aux co- quilles d'une feule pièce. Veines , Venéc^ Ce font de petits filets plus ou moins déliés , plus petits que les ner- vures , répandues en dilFérens fer\s fur la fur- face des feuilles. Vis , Turho , aatStrumbus. CefI: une coquille univalve, toujours diminuant vers la bafe, ^ DES Expressions Tecniques. xxxj terminée en une longue pointe très-aiguë qui imite le foret ou l'alêne. Volute , â volvendo. C'efl: Je contour à^s fpirales autour de la coluinelk des coquilles , laquelle va en diminuant fe terminer à un point comme centre, appelle œil de la volute» Vomitifs. V. Émétiques. Vrilles ou Mains , Cirrkus. C'elt un corps délié, cylindrique , droit dans une partie de fon étendue roulée en tirebou'rre par foa extrémité flotante. Elles font tantôt fimples & formées d'un feuî filet, tantôt compofées de deux & même de trois filets qui vont s'attacher à tous les corps qu'ils rencontrent. Vulnéraires , VulneraricL Jeu traumaùca. Remèdes qui mènent à cicatrice une folutioa de continuité. Ils font de plufieurs fortes. Les Vulnéraires maturatifs procurent une grande fuppuration. Les déterfif s- anodins calment les ofcillations trop vives des vaiffeaux , donnent plus de confiftance au pus &; en corrigent l'âcreté. Les déterfifs réjblutifs réveillent les ofcillations des vaiffeaux, divifent 6c atténuent les humeurs ; les Vulnéraires incarnatifs fa- vorifent la régénération des nouvelles chairs , facilitent le prolongement des vaiffeaux & font évacuer le pus. Zones ou Fafcies. Ce font àt^ bandes ou cercles qu'on remarque fur la robe d'une co- quille. Quelquefois elles font de niveau, d'au- trefois faillantes ou gravées en creux. ESSAI ES s AI SUR L'HISTOIRE NATURELLE D E L' I s L E DE SAINT-DOMINGUE. CHAPITRE PREMIER., Idée générale de Saint - Domingue: ^ A R T I CL E PREMIER. Situation de Saint-Domingue. Ifle de Saint-Domingue, fuivant tousJes Géographes, eft après Cuba, la plus vafte des Ifles Antilles de l'Amérique. Lorfque ChriflopheCo. iomb , en 1492 , en fit la découverte , \qs habitans l'appelloient Jytl ou Haiti, c'ell-à- oire , terre montagneufe : \qs Efpagnoîs s'qïx étant rendu maîtres la nommèrent Hifpaniola; înais le nom qu'on lui donne aujourd'hui a A ^ Essai sur l'Histoire naturelle prévalu ; c'eft auffi celui de la ville capitale bour la partie efpagnole. , vt j Cette ifle eft fituée dans la mer du Nord, à l'entrée du Golfe de Mexique; on lui donne environ 400 lieues de circuit , fans compter le contour des anfes qu'elle forme en une infinité d'endroits. Sa longueur EJl & Ouefi ell d'environ 180 lieues; fa plus grande lar- geur Nord, & Sud n'eft guères que de 60 lieues, %. fa plus petite , qui fépare Jacmel de Léo- ^^ne, ta de 12 lieues. Elle s'étend depuis le 17« degré de latitude feptentrionale jufqu au 20"-" Sa lon.critude n'eft pas éxaftement déter- minée. M. Pingre de l'Académie des Sciences de Paris, dans le voyage qu'il lit en 1769 en Amérique, par ordre du Roi , place la la.- titude du Cap François à 19 degrés, 46 mi- nutes, 40 fécondes, & fa longitude par 74 degrés, ^8 minutes, en comptant les longi- tudes à VOueJI: du méridien de Pans. Article II. Produaions de tljlc de Saint-Domingue. Les François poffédent aauellement à peine un tiers de l'ifle; ce qu'ils occupent s'étend 'depuis la rivière du Majfacre, fituée au Nord iufqu'à celle de Neyùe, dans la partie du Sud. Les Efpagnols font reliés en pofieffion des deux autres tiers. Lorfqu'on eft placé fur cette lifiere qui fépare les deux nations , ôc qu oa regarde le Septentrion , l'on a à gauche la partie françoife , & la partie efpagnole a droite. Cette riche contrée eft plus à charge qu a- vantageufe aux Efpagnols. Le gouverneur^ DE Saint-Domingue. ^ îe Clergé, \qs troupes, coûtent annuellement à la nation douze à quinze cens mille livres, fans qu'elle en retire aucun fruit. L'induftrie des habitans fe borne à élever du bétail qu'ils vendent aux François. Les végétaux du pays, qui viennent comme d'eux - mêmes & fans^ beaucoup de foins , leur fuffifent avec la chaf- fe pour entretenir une vie oilive & vaga- bonde. La partie françoife y eft bien cultivée : le fucre , l'indigo , le café , le coton , enrichi^, fent tous les jours les cultivateurs ; le ter- rein , quoiqu'entrecoupé de montagnes très- élevées , eft excellent ; la vigne produit deux ou trois fois chaque année d'excellent railin mufcat t les choux , les pois , \ts fèves , les artichauts , les afperges , le maïs , le millet 8c quantité d'autres légumes , y viennent à merveille. Les fruits de France n'y réuffiffent pas; mais on s'en dédommage par ceux du pays qu'on trouve par -tout, qui, quoique généralement parlant moins agréables, ont cependant leur mérite. Article IIL Commerce des François à Saint-Domingue^ Les denrées que les François récoltent de leurs habitations , fournilTent chaque année la cargaifon de plus de 400 Navires marchands, partis des ports de France & qui y retour^ nent chargés de richeffes immenfes. L'auteur de VHiJhire philofophique & politique afTure « D'après des inftrudions très -fidel les, que •» 4ans l'année 17^7 3 il eft forti de la Co^ Aij 4 Essai sur l'Hîstoîr:e naturetxî: 3,:lonie 72,718,781 livres pefant de fucre M. brut; 5X,5^2.oi3 livres de fucre blanc; " 1,76^,562 iiv. d'indigo; 150,000 îiv. de => cacao; 12, 15) 7,^)77 ^^v. de café; 2,965,920 *>, livres de coton; 4,108 barriques de taffia, M 21,104 barriques de firop. => Telle eft, ajoute-t-il , la malfe àes pro- sî durions enregiflrées aux douanes tie Saint- » Domingue en 1767, & exportées fur 34-^ =. navires arrivés de France. Les chargemens 9> faits fous voile, l'excédent d^s poids décla- =. rés , le paiement des Noirs introduits en M fraude , ne peuvent pas avoir enlevé moins =. d'un quart -des denrées de la Colonie, qu'il « faut ajouter à i'énumération connue àts o. ridreffes»'. 11 faut auffi y ajouter celles qui fe cortfomment dans le pays , & les fucres que bien des habitans vendent , argent comptant , aux barques Angloifes , en leur livrant les firops de fucre brut qu'ils ont permiffion d'exporter. , 1 ' Depuis cette époque , toutes les cultures de la Colonie ont augmenté , & celle du café eil triplée. On peut donc affurer que la mafle aftuelle des produdions de la Colonie monte tous les ans à plus de 92,000,000 livres de fucre brut, 65,000,000 Iiv. de fucre blanc, 2000,000 livres d'indigo, 200,000 livres de cacao, 48,000,000 Iiv. de café , 4,000,000 Iiv. de coton , 18,000000 bv. de firop qui s'emploie en nature ou en taffia. Les navires que le commerce françois ex- pédie pour Saint-Domingue, font chargés de vins , de farines , d'eau-de-vie, de tous les co- meftibîes qui peuvent être exportés; d etoftcsj t>E S AI NT-D O MÎNGUS. $ ye linge, de bijoux, tSc de toutes les. matiè- res de luxe dont k frivolité françoife ne fau- roft fe paffer nu^le part. L'abondance des marchandifes en fait quelquefois bailTer le prix à Saint-Domingue , au-deffous de celui qu'elles ont coûté en France; quelques Capi- taines y en achètent même : le Sauveur de Sai/zt'Mu/o , en 1764, en a rapporté 100 caiffes de favon, achetées à plus bas prix à Saint-Domingue qu'on ne le vendoit alors à Marfeille ; mais ces faitsne font pas ordinai- res , Se ne doivent leur exiflence qu'à des té- volutions de peu de durée., xA.u retour de la paix , le commerce françois expédfa pour Saint-Domingue une prodigieufe quantité de navires , qui y répandirent l'abondance , & produifirent pour les denrées de France un bas prix, que la rivalité des Capitaines ne fît qu'augmenter ; communément elles fe ven- dent un tiers au deiTus du prix qu'elles ont coûté , ou plutôt elles n'ont point dé prix fixe ; il dépend de leur rareté bu de leur abondance, de leur bonne ou. mauvaife qua- lité. A R T I C L E I V. Gouvernement civil de la. partie françolfe,^ § I. , ■ ' Du Gouverneur, Le Gouverneur eft le chef de- la Colonie , & repréfente Sa- Màjefté très - Chrétienne. Sa commiiïîon eft pour trois ans; la Cour de Verfailîesen prolonge ou en abrège îa durée, fuivant que les fages principes- du mini-ftère 6 Essai sur l'Histoire natursilb l'exigent : il a le titre de Gouverneur général des ijles franco If es de l'Amérique fous le vent. Il occupe la première place aux Confeils fu- périeurs, lorfqu'il juge à propos d'affifter à leurs féances ; fon autorité s'étend fur Içs Gouverneurs particuliers , fur \ts Lieutenans de Roi, fur les Commandans de quartiers, & fur tous les Officiers militaires. Tous les ha- bitons font obligés de fe conformer à ce qu'il leur prefcrit , concernant Tobéiffance & la fidélité qu'ils doivent au Monarque dont ils ont le boâheur d'être les fujets. Lljie chronologique des Gouverneurs, (ï^^3. M. de Fontenay. Il6^ç. M. Deschamps. fj55j. M. d'Ogeron"] 1675. M. de Pouancey. 1^83. M. de Cuffy. II 591. M. du Gaffe. J703. M. Auger. 1707. M. le Comte de Choifeul-Beaupré. 1714. M. le Comte de Blenac 1 716. M. le Marquis de Chateau-Morand. 1719. M. le Marquis de Sorel. 1725". M. le Chevalier de Rochalard, 1730. M. le Marquis de Vienne. 1733. M. le Marquis de Fayet. 1173J. M. le Marquis deLarnage. 1748. M. le Chevalier de Conflans. 1752. M. le Comte du Bois de la Mothe; 17^ j. M. le Marquis de Vaudreuil. 1757. M. Bart. 176 1. M. de Bory. Ji^62, M, le Vicomte de Belzuncc. DE Saint-Domingue. f '17^4. M. le Comte d'Eftaing. iy66. M. le Prince de Rohan. 1770. M. le Comte de Nolivos. 1772. M. le Chevalier de Valliere; 1775. M. le Comte d'Ennery. Les premiers Gouverneurs ne Fe'toient que de Pifle de la Tortue ôc de Saint - Domingue. M. le Comte de Blenac a été le premier Gouverneur général des ilîes fous le vent de l'Amérique : jufqu'en 1707, les Gouverneurs étoient en même temps Intendans ; cependant dès 1704, M. Deflandes, Commiffaire-ordon- nateur, en a fait les fondions. § 2. De l'Intendant. L'Intendant eft le Chef de la Mice , le premier Préfident des Confeils fupérieùrs , le prépofé par la Cour de Verfailles pour la per- ception & radminiftration des deniers qui fe lèvent au nom du Roi. Les lieux où fe rend la Juflice , les Hôpitaux , les EgHfes , Us Pres- bytères, & \ts autres bâtimens deftinés au fer« vice public , ne peuvent être édifiés ni répa» ' lés que par fes ordres. L'ijle chronologique des Intendans* 1707. M. Mithon. 1722. M. de Montholon. 1730. M. Duclos. 1736. M. de la Chapelle. Aîv I 1739 I7P 1758 1759 1764 1771 1774 M. M. M. M. M. M. M. M. l'Histoire naturelle Maillart. de la Porte-la-Lannc. Lambert. de Clugny. Magon. de Bongars. Vincent de Montarcher. de Vaivres. : § 3- Des Sièges de Jujilce. Il n'y a dans la Colonie françoife que deux degrés de Jurifdiâion , qui font, les fiéges ordinaires avec les Amirautés^, que \ts mêmes Officiers réunifient en eux , & \e.s Confeils fupérieurs où les appellations de ces Sièges font jugées en dernier reflbrt, tant pour le civil que pour le criminel. On compte neuf Jurifdidions ; favoir , trois 'dans la partie du Nord , quatre dans la partie de l'Oueft , & deux dans la partie du Sud. 11 y a deux Confeils fupérieurs , dont l'un réfidc au Cap , & l'autre au Port -au- Prince ; ils étoient autrefois compofés d'un certain nom- bre d'habitans aifés , éclairés ôc intègres , qui venoient tous les mois rendre gratuitement la Juftice à leurs concitoyens. Sa Maiefté ac- corde aduellement à chaque Confeiller titu- laire 12000 livres de gages, argent des ifles, qui font 8000 livres Tournois. Le Confeil fupérieur du Cap tient fes au- diences depuis le Mercredi d'une femaine juf- cju'au Mardi de la femaine fuivante ; il \ts interrompt pendant huitaine, pour les rouvrir E>E Saïnt-Do-mingue.' p ïe Mercredi de la troifieme femaine, & con- tinue ainfi jufqu'au temps des vacances, qui ne font que durant la quinzaine de Pâques , ôc depuis le 2:2 Juillet jufqu'au 22 Août inclu- Jfivement. H y a chaque jour deux audiences, la première dure depuis huit heures du matin jufqu'à neuf heures , & la féconde depuis neuf heures & demie jufqu'à midi. On appelle à îa première audience les affaires fommaires & de peu de conféquence ; les affaires crimi- nelles , Ôc celles qui font au rapport font dif- cutées durant la féconde. Le Confeil fupérieur du Pori: -au- Prince tient {es audiences trois jours de chaque fe- maine ; favoir, les Jeudi, Vendredi & Same- di 5 & \es Lundi , Mardi & Mercredi de la femaine fuivante ; il les interrompt pendant huitaine , pour les reprendre le Jeudi de la troifieme femaine. Il y a chaque jour deux audiences: la première commence à huit heu- res du matin jufqu'à neuf heures & demie ; on y plaide les caufes fommaires & qui deman- dent célérité : la féconde audience dure de- puis dix heures jufqu'à onze heures & demie; on y juge les affaires criminelles & de rapport. hes Arrêts ne peuvent être rendus , tant en matière criminelle que civile, que quand il y a au moins fept Juges. Par Edit du moisf de Mars ij66 , Sa Majèifé a attribué la no- bleife au fécond degré à ceux qui auront exer- cé durant vingt ans les offices de Confeillers titulaires Se de Procureurs généraux des Con- feils ; on ne peut être pourvus de ces char- ges avant l'âge de vingt - fept ans ; il faut avoir .été reçu Avocat ôi avoir fréquenté le 'mm l^i% 10 EssAi SUR l'Histoirïï naturelle Barreau durant quatre ans, foit au Parlementf de Paris, foit dans les Sièges royaux qui en dépendent. Les Procureurs n'ont été établis dans la Colonie que le 14 Juillet 17^8, en vertu d'une Ordonnance du Roi adreflee aux Con- feils & aux Jurifdiaions. Avant cette époque, les Huîffiers faifoient tout. Les Confeils, les Avocats , & les autres gens de juftice font exempts du fervice militaire ; ils entrent au Confeil en habit noir , fans robe.de palais* §• 4- Des autres Officiers publics. On compte dans la partie françoife 14 pla- ces d'Etat-major , deux chambres d'Agricul- ture , créées par Arrêt du Confeil d'Etat du Roi, du 28 Mars 1763 , deux compagnies de Maréchauffée , établies le 20 Janvier 1733 , par MM. Fayet&Duclos; plufieurs Commif- faires ou Ecrivains de la Marine, des Tréfo- liers de la Marine, des Receveurs de droits municipaux, d'oftroi, des fuppliciés, de ma- réchaulfée , àts amendes & épaves ; des Rece- veurs généraux & particuliers de M. 1' '" mi- rai ; des Tréforiers généraux de la Colonie , des Tréforiers des Invalides , des gardes ma- gaûnSj des curateurs aux fuccefTions vacantes, § î- De la Milice. On fait que les fondemens de la Colonie fran* çoife ont été 'jettes par une troupe d'aventu- xiersjdontle rendez-vous principal étoit Tifle r>E Saint-Dominguf: ît «de la Tortue, qui n'efl féparée de la côte fep- tentrionale de Saint-Domingue que par uu bras de mer de deux lieues de large. Les uns armèrent en courfe & firent amener plus d'une fois le pavillon Efpagnol ; on les nomma Fi- libujlïers ; d'autres, connus fous le nom de Boucanniers , fe mirent à chaffer les bêtes à cornes que les Efpagnols avoient tranfportées à Saint - Dortiingue , où elles s'étoient prodi- gieufement multipliées ; ils en vendoient les peaux aux Hollandois , qui leur fourniffoient en échange des eaux-de-vie , des armes , & tout ce qui leur étoit néceiïaire. Ils fe nour- îrilToient de la chair des animaux qu'ils avoient tués, & ils Fenfumoient pour l'empêcher de fe corrompre. Un Gentilhomme d'Anjou , nommé Bertranà Dogeron , qui avoit gagné leur ellime & leur confiance par (ts libéralités & fon intrépidité, entreprit de civilifer des âmes féroces , qui vivoient dans la plus grande indépendance, & d'affujettir au travail des brigands qui n'a- voient d'ardeur que pour le pillage : il y réut fit, & le nombre des cultivateurs s'ell infen- fiblement accru. Ces conquérans & leurs pre- miers defcendans fe faifoient gloire de dé- fendre eux-mêmes leurs pofiefiîons; ils étoient tous foldats , & voloient par-tout oij la gloire & le danger Its appelloient. Les fuccefleurs de ces hommes intrépides, énervés par le luxe, qui détruit Its confti- tutions les plus robuftes, n'ont plus apperçu dans \qs fondions militaires qu'une fervitude onéreufe ; ils s'en font déchargés pour de l'argent , les milices ont été fupprimées âc — ^.— — «■M««J'<-); cependant la plupart des Sacrifies manquent du néceflaire» tant en linges qu'en livres & ornemens ; plu- fîeurs Eglifes menacent ruine, faute de répa- rations , dont îe retard fucceffif aggrave le danger , multiplie le dommage. 11 n'y en a point du tout à Aquui , au Petit - Goave , à Bayfiet, à VArcakaye; dans tous ces endroits l'Office divin fe fait fous une galerie & dans un cabinet, où il n'efl pas poffible d'obferver ni dignité, ni décence. Les Prêtres n'ont com- munément pour domiciles , que dç.s demeures rendues, par la négligence deshabitans, mal faines & inconimodfes, ou prêtes à crouler. La plupart à^s cimetières ne font pas entourés. {a) et Les habitans defdits quartiers feronr tenus de »3 fournir auxdiis Religieux qui y delferviront les cures , 9» une Eglifc dans chaque Paroi (Te , avec un logement 9j commode & e;i état d'y contenir au moins deux Reli- » gieux & autant de domeftiques ; d'entretenir & de ré* 5} parer les Eglifes & Presbytères , & fournir les orner »3 mens & luminaires , &c. 35 Lettres Patentes pour Vcta^ blijpment des FF- Prêcheurs à Saint-Domingue y du mois de Novembre iji-^- (^) « Lefquels cirnetières fetont clos & fermés , de )j manière que les animaux ne puiiîent point y entrer»» Ordonn.'du Roi, xx Décembre 1733, o-rt. i. « Les habitans des Paroifles feront tenus de faire faire jj par corvées la clôture defdits cimetièïes , à pcinç de sa 60 livres d'amende. Ibid, art. z. •>■) Ordonnons en outre qu'à la diligence des Marguil- » liers , & aux frais des fabriques , il fera inceïïammenc »9 travaillé à la clôture des cimetières, fî fait n'a été,& « que les clôtures feront entretenues & réparées toutes fois 9s que befoin fera jj. Ordonnance du Roi, 14 Mars 1741^ an, iS. h 't6 Essai sur l'Histoire naturelle ôc reftent expofés aux incurfions nodurneî des animaux voraces , qui entr'ouvrent les tom- beaux: le foleil éclaire fou vent des horreurs qui font frémir Pliumanité ( a ). L^autorité des Préfets Apofloliques eft infuffifante pour ré- primer ces défordres, ils ne jouiffent que d^une Jurifdidion gracieufe; ils ont la voie de re- mon|rance & d'exhortation , qui équivaut à rien dans les ifles. Les cures font trop étendues pour être bien deffervies , un feul Prêtre eH quelquefois pré- pofé pour deffervir un territoire de plus de vingt lieues de circonférence : il y a long temps qu'on projette d'établir de nouvelles Paroiffes ; mais ce projet , comme bien d'au- tres , eft jufqu'ici refté fans effet : les quartiers où elles feroient le plus néceifaires font ; les Grands-bois , dans la dépendance du cul-de-fac, 3 es hauts de YAnibonite , VA:(ile , Vllet-à- Plerre-Jojèph , le Marche-à-terre , les Baradé- res ^ les Caï/mtes , les montagnes au Sud du Pet'u-Goave , le Fond-de boudin de Léogane , &c. Mrs. d'Eftaing & Magon ont bien donné, une Ordonnance, en date du lo Janvier 1765, pour l'établiffement d'une nouvelle ParoiiTe au quartier de VAiile, coxaformémeRt à la requête des habitans ; je ne fais ce qui a pu en empê- cher jufqu'ici l'exécution. Les limites de chaque Paroiffe ne font pas affez déterminées; celles, par exemple, de {a) L'auteur écrivoit cette hiftoire en 1775 , peut-être a-t-on reme'dié depuis cette époque aux défordres donc il fe plaint. Tiburon j DE Saint-Domingue. 17 Tiburon , des Cotteaux , de Jac/nel, de Leo^ ga/iây de V A/zcë-â- Veaux , du Petit-trou^ de Jérémis. , font très-incertaines. II s'éîeve quel- quefois à cette occaJGion àç.s difficultés entre Jes Curés voifins , lorfqu'if s'agit d'enterre- mens, de baptêmes ou de mariages : on \tz laifferoit s'arranger entr'eux , ^ l'état des ci- toyens n'y étoit pas intéreffé ; mais comme l'incertitude des limites de chaque ParoiiTe rend incertaine la validité du Sacrement de mariage, puifqu'il ne peut être célébré que par le propre Curé, on devroit bien s'appli- quer à \ç,s fixer d'une manière certaine & in- variable. Article VI. Population de la partie françolfe. L'auteur de VHlJbire phllofophlque & poli- tique obferve , « qu'à l'époque de 1764, iaint- » Domingue avoit 8786 blancs, en état de » porter les armes; 43 06^ habitoient le Nord , " 3470 l'Oueft, & loio feulement le Sud; s> 41 14 mulâtres ou Nègres libres, mais en- » régimentés , groffiflbient ces forces. Le nom- » bre des efclaves de tout fexe & de tout â-^^e »> montoit à 2.06,000 » : aduellement la popu- lation a tellement augmenté , qu'on compte dans les feules parties de VOueJl Ôc du Siid , environ 11,730 libres, tant blancs que gens de couleur , & 191,000 efclaves: il eft à pré- fumer que dans la partie du Nord, le nom- bre des habitans s'efi: également accru. _ Pour connoltre la population annuelle des libres à Saint-Domingue, prenons une de fes Paroiffes , par laquelle on jugera faci ement B i8 Essai sur l'Histoire naturelle ^ 4es autres. Suivant les regiflres des baptêmes, enterremens & mariages de îa Paroiffe du Cul- de-Jàc, depuis le piemier Janvier 1750, jufr qu'au premier Janvier 1764, il y a eu pour les blancs 1S4 baptêrhes, 235) enterremens, 48 mariages; pour les gens de couleur 221 baptêmes', 13 J enterremens, 27 mariages, d'où il réfulte qu'en 14 ans , les mortalités àts blancs ont excédé \ts baptêmes de ^<;\ que les baptêmes des gens de couleur excé- dent les mortalités de 86, qu'année commune il y a , à peu de chofe près , 1 3 naiffances , -17 enterremens, trois ou quatre mariages par- mi les blancs; i J à 16 naiffances, 9 à ^o en- terremens , deux mariages parmi les gens de couleur. Article Vil. Ohfcrv allons fur k climat de Saint-Domingue. Le thermomètre de M. de Réaumur monte ordinairement au Cap à 6 heures du matin , de 22 à 23 degrés au deffus de la congella- tion ; à 10 heures & demie, de 23 , 24 , 2<; & 2.6 degrés -, à 5 heures du foir , de 23 à 24 degrésï à 10 heures & toute la nuit, de 22 à 23 degrés. M. Pingre, de l'Académie àts Sciences de Paris, a obfervé, au commence- ment de Juin 1769, que le thermomètre de M. de Réaumur , expofé à l'air libre , s'étoïc foutenu nuit & jour entre 2 J & 26 degrés de dilatation, & que le mercure dans le baro- mètre s'étoit toujours maintenu entre 28 pouces deux lignes & demie, & 28 pouces trois lignes deux tiers. ^ La température des autres quartiers elt CE Saint-Domingue. 19 prefque la même que celle du Cap. Les di- vers afpeds du foleil y produifent cependant quelques légères diflférences ; la chaleur eft plus fenfible dans les plaines, parce que les rayons de cet aftre y tombent perpendiculaire- ment; les chaînes de montagnes en arrêtent l'aftivité, & confervent plus long-temps l'hu- midité de la terre. On n y éprouve jamais les rigueurs de l'hyver; le^ fraîcheurs qu'on y reflent quelquefois le matin font affez fem- blables à celles du printemps d'Europe. Les vents qu'on appelle Brijès, y font pé- ,riodiques, & tempèrent la, chaleur, qui fans eux feroit infupportable ; la brife d'4v? fouffle toute la matinée ; elle vient de la tête de l'ifle, du côté de la Martinique, & des au- tres ifles du vent , d'où cette brife part fans interruption. Cefl là l'origine du nom des Ifles fous le vent , donné à celles de Saint- Domingue , de la Jamaïque , de Cuba , & àts autres , par oppofition à celles qu'on appelle IJles du vent : cette brife eft fouvent fort violente , ôc en même temps qu'elle purifie l'air, elle deffeche les terres qui s'y trouvent trop expofées : ve-rs le milieu du jour , la bri- fe d'Eft tombe , celle du large lui fuccède , elle s'affoibîit à mefure que le foleil baiffe, & difcontinue ordinairement après fon coucher ; celle de terre lui fuccède & dure jufqu'au n a- tin, qui eft le temps où la brife â!£/i reprend. Les pluies tombent communément avec abondance au Cul-de fac , au Port-au-Prince , à Leogane, fur la côte de Nippes , de la grande Anfe , Se dans quelqu'âutre quartier , depuis le mois de Mai jufqu'au mois d'Août j Bij 20 Essai sur l'Histoire nàturellF c'eft durant ce temps que les orages ont cou- tume de fe faire fentîr ; on y jouit cependant de quelques intervalles de beau temps 5 mais aux approches de Féquinoxe de Septembre , on y éprouve fouvent des ouragans furieux, qui caufent de grands ravages. On verra ci- sprès la defcription de celui du 4 Août 1772, qui défola \d. parue du Sud. Les tremblemens de terre y font auffi très-fréquens : en 17 51 , il y en eut un qui caufa bien du dommage dans L parue de rOueJl; mais celui de 1770, dont on donnera uneefquifre, fut encore plus funeke aux habitans de cette partie de la Colonie. Vers la fin de Septembre, le tonnere ceiîe ordinairement de gronder , le ciel devient fe- reinjufqu'àlaTouffaint que les pluies recom- mencent; mais ce ne font plus ces déluges d'eau qui font déborder les rivières, inondent les campagnes fertiles , forment des torrens , en- traînent tout ce qui s'oppofé à leur pallage ; ce font des pluies douces, fraîches-, allez femblables à celles qui tombent en Europe , ce qui les fait nommer par plufieurs , pluies de France. Ces pluies, fi falutaires à des pays brûlans , ne favorifent que certains quartiers , & laifTent les autres dans une affreufe fechereile. Ces mêmes quartiers , arrofés une année, ne le font pas toujours aufîi abondamment la lui- vante. La rareté des pluies , dont on commence à fe plaindre, ne pourroit-elle pas venir des grands défrichemens que divers particuliers ront fait depuis quelques années dans \ts montagnes , pour y faire leurs plantations f H femble qu'on auroit dû au moins ne pas dégarnir leurs fommets , qui fervent de poinc DE Saint-Domingue. 21 de réunion aux nuages, pour s'y former Se fe réfoudre en pluie comme on l'obferve tous les jours. «Dans la dépendance du Cap, dit M. Pou- •» pée Defpornes , les vents du Nord s'y font » ordinairement fentir au mois de Novembre » Se finiffent au mois d'Avril. Ces vents font » toujours accompagnés d'un temps nébuleux » Se pluvieux; ils n'ont coutume de durer que 3j quatre ou cinq jours de fuite, Se ils inon- * dent cette contrée' deux ou trois fois le w mois»». Article VIII. Manufacitires itablies dans la partie françoïfe. La première culture que \ts habitans de Saint-Domingue entreprirent , & qui prépara le fuccès des autres , fut celle du tabac. Dans l'origine de l'établifTement de la Colonie, cette denrée étoit tellement en faveur , que la pro- polîtîon de cultiver d'autres productions ne fut que médiocrement goûtée ; mais , comme l'obferve le P. Charlevo-ix , \ç-s Fermiers exer- cèrent un monopole fi révoltant , en contrai- gnant les colons à le donner au prix médio- cre qu'ils y avoient rais , qu'on abandonna cette culture il y a plus de cent ans , pour s'attacher à l'indigo & au fucre ; de forte qu'aduellement ce n'eft que dans quelques petits terreins éloignés que des Mulâtres ou Nègres libres le cultivent en petite quantité: on ne doit donc plus ranger le tabac parmi \^% productions de la Colonie , comme l'a fait l'auteur du Géographe manuel II ajoute qu'on recueille auffî à Sauit-Domingue. , du Jiicre y du- Biij fl2 Essai sur l'Histoire naturelle cacao f de l'indigo^ du mais & de bons fruits ; cette énumération a Pair bien antique. i°. La culture du cacao a été abandonnée il y a plus de 50 ans, l'ouragan de 1715 ayant fait périr la plupart des cacaotiers , on n'en cultive au- jourd'hui quelques-uns que par curiofité; le quartier de Jérémie eft prefque le feul où l'on en voit encore quelques plantations. oP. Le maïs n'eft pas plus en valeur dans cette Colonie, que le petit mil , les pois, \ts fèves; il n'eft point d'habitation, foit en plaine , foit en morne , où l'on ne féme annuellement ces graines , tant pour la nourriture des blancs & des efclaves , que pour celle ào-s volailles. 3°. Le café & le coton fe cultivent avec fuc- cès depuis nombre d'années dans la Colonie; M. l'Abbé d'Expilly auroit bien dû en dire un mot. Le roucou, qui eft un des principaux re- venus de Cayenne , ne s'y exploite point ; l'arbriiTeau qui le produit eft cependant une plante indigène à Saint-Domingue : il n'y a dans la Colonie que quatre fortes de manu» faélures , qui ont pour objet le fucre , le café, l'indigo, le coton. § I. Du fucre. Le fucre fait, depuis plufieurs années , une branche des plus confidérables de commerce dans nos Colonies ; c'eft le fuc exprimé d'une plante, connue fous le nom de canne à fucre ^ dont on verra la defcription au Chapitre cin- quième de cet ouvrage. Voici ua abrégé des DE Saint-Domingue. 2 ^ procédés qu'on emploie , tant pour la culture de cette plante , que pour en extraire & en préparer le fuc. ^ -^ On choifit pour planter les cannes une terre légère, gralTe , humide , profonde & bien aérée; les terres maigres , ufées , qui n'ont pas de fond ne produifent que de petites cannes bar- bues, pleines de nœuds, dont on ne retire que peu de fucre, très-difficile à fabriquer. Lorf- que la terre eft bien nettoyée, on la partag-e en pîufieurs carreaux, de 100 pas quarrés chacun; le pas efl: de trois pieds 6c demi; on laifTe entre les carreaux un chemin qu'on appelle lliière, large de 18 pieds, tant pour faciliter le pafïage des cabrouets , que pour empêcher le feu qui prendroit ,• par malheur , dans un carreau , de fe communiquer aux au- tres. On ne laille point \ts lizières en friche, on y plante dts patates , è^s pois, & d'autres vivres qu'on récolte avant de couper \ts can- nes. On aligne enfuite le terrein , & on y fait des trous de i j à 20 pouces de longueur, de 435 pouces de largeur, & de 7 à 8 pouces de profondeur. Ces trous font plus ou moins éloignés les uns des autres, depuis deux pieds jufqu'à trois pieds & demi , fuivant la qua- lité du terroir : on met dans chaque trou deux ou trois morceaux de canne , de 1 5 à 1 8 pou- ces de long, qu'on prend dans le haut de la canne , c'eft ce qu'on appelle du plant : on les couche au fond du trou horizontalement, & on les couvre de terre; lorfque le terrein cfl: marécageux & plein d'eau , on place le plan de façon que le bout d'en-haut foit hors de terre de .^^à 5'- pouces,. c?efl ce qu'oria|ï^ . B iv 24 Essai sur l'Histoire naturelle pelle planter en canon. Depuis quelques an- ne'es on a introduit , dans la partie de TOuefl , une nouvelle méthode de planter les cannes, qui épargnera bien des travaux, fi elle réuflit : elle confifte à labourer la terre avec la char- rue , & à placer le plant dans les filions , de façon que le commencement du fécond plant touche la fin du premier, & ainfi de fuite. On plante ordinairement \ç.^ cannes dans le temps qu'on les récolte, afin de profiter du plant. On les ^frofe par le moyen des ri- goles qu'on a foin d'y pratiquer : fi le terrein n'efl pas arrofable , foit par fon inégalité , foit par le défaut d'eau, on eft obligé d'at- tendre la faifon des pluies pour planter. Lorf- que le terrein eft propre aux cannes , une fois plantées, elles durent long temps; mais file terrein eft maigre, ufé, peu profond, il faut les arracher après la deuxième coupe, & faire une nouvelle plantation ; une troifieme coupe ne produiroit que des rejettons grêles, pleins de nœuds , & fans fuc. Quand le temps eft favorable , au bout de 7 à 8 jours que \t^ cannes font en terre , on voit fortir de chaque oeilleton , un bourgeon de la forme d'une petite afperge , qui quel- ques jours après fe divife en deux feuilles minces, longues, peu larges & oppofées: la tige continue de s'élever en pointe , elle pro- duit peu de temps après deux autres feuilles , & ainfi de fuite. Quand elle eft parvenue à la hauteur d'environ un pied, il fort de fa bafe d'autres bourgeons plus ou moins nom- breux , fuivant la qualité de la terre ; il faut alors avoir foia d'arracher les jeunes herbes DE Saint-Domingue. 25 qui ont pouffé avec le plant , afin que les cannes profitent de tout le fuc de la terre ; il faut les farder autant de fois qu'elles en ont befoin, jufqu'à ce qu'elles couvrent toute îa furface du terrein, & qu'elles étouffent, par leur ombre, les herbes qui pourroient croître autour d'elles ; après quoi on n'y tou- ■ che plus jufqu'à leur parfaite maturité. Les cannes font quelquefois mûres au bout de 1 2 mois qu'on les a plantées , quelquefois au bout de 15 , d'autres le font à peine à 18 mois ; les rejettons ne font en état d'être cou- pés qu'à l'âge de 10 , 12 ou 1 5 mois. Le temps de !a coupe n'a point de règle fixe, il dépend de la qualité du terrein qu'occupent les can- nes , & de la faifon dans laquelle elles ont été plantées. Lorfqu'on juge qu'elles font parfaitement mûres, ôc qu'on a pris la réfolution de les couper, on met l'attelier dans la pièce, les Nègres commencent par abattre , avec leur ferpe , la tête des tiges , à 3 ou 4 pouces de la naiffance des feuilles ; on lés coupe enfuite au pied , le plus près de terre qu'il eft pofli- bîe ; on les divife en deux ou trois parties , fuivant leur longueur , de manière que cha- que tronçon ait environ trois pieds; d'autres Nègres les ramaffent, en font des paquets, qu'ils amarrent avec la tête des cannes , & on les charge fur les cabrouets , qui les portent au moulin pour en exprimer le jus , le fuc , le vi/2 ou le vê:(ou', tous ces termes font fy- nonimcs. C'eft un mauvais ufage de laiffer entrer les cabrouets dans les pièces de canne , lorfqu'oQ 2^ Essai sur l'Histoire naturelle veut conferver les fouches pour une nouvelle coupe : les roues en écrafent plufieurs & re- tardent la végétation ; leurs veftiges fe remar- quent toujours , & l'on difiingue fans peine dans une pièce de rejettons , les routes que fe font frayé les cabrouets. Un habitant qui entend fes intérêts, fait porter les paquets de cannes au bord des lizieres ; cette opéra- tion ne retarde en rien Texploitation , quand elle eft exécutée avec intelligence. Le moulin prend le nom de la force qui le fait tourner , de-là trois efpeces de mou- lins en ufage aux ifles , qu'on appelle moulin à bêtes , moulin à eau , moulin à vent. Sans entrer ici dans le détail des différentes parties qui compofent un moulin , ni des diflférences qui fe trouvent entr'eux , il fuffira de dire que par le moyen de cette machine , l'on fait tourner fur leur pivot trois gros tambours de fer fondu, placés fur une même ligne, quelquefois horizontalement, mais communé- ment verticalement. Ils ont environ un pouce Ôc demi d'épailTeur , 1 8 à 20 pouces de hau- teur, 15" à 18 pouces de diamètre en dedans); le vuide eft rempli par un rouleau de bois dur, qu'on garnit de ferres ou de coins de fer d'efpace en efpace, enforte que le tam- bour fafle corps avec le rouleau , & qu'ils tournent tous deux enfemble. Le tambour du milieu s'appelle le grand rôle, ôc on donne le nom de petits rôles à ceux qui font à fes côtés; c'eft qu'autrefois le tambour du milieu furpaflbit les autres en groffeur ; mais ils font aujourd'hui égaux. Les trois rouleaux font garnis par en-haut DE Saint-Domingue. zf de dents qui s'engrènent les unes dans les au-* très, de façon que le grand rôle ne peut tourner fur fon pivot fans faire tourner les deux autres qui l'accompagnent, mais dans un fens contraire; c'eft-à-dire, que fi le grand rôle tourne de gauche à droite , les deux petits rôles tourneront de droite à gauche. Une NégrefTe préfente les cannes entre le grand rôle & un des deux petits rôles , ce qui s'appelle donner à manger au moulin ; & quoiqu'ils foient iî peu éloigne's l'un de l'au- tre , qu'un écu ne peut y paffer fans être ap- plati, dès qu'elles font au point de leur jonc- tion , les rôles \ts attirent & les compriment de telle forte , qu'ils en expriment le jus qu'elles contenoient ; une autre Négreffe les fait re- paffer de l'autre côté, entre le grand rôle & le troifîeme rôle, ocelles achèvent de rendre le refte du fuc qu'elles pourroient encore avoir: les cannes ainfi preflees fe nomment bagaces , & fervent à chauffer \ç.s chaudières où le fu- ere fe fabrique (*). Le vin de canne coule le long des tam- bours, & va fe réunir dans une gouttière qui le porte à \a.Jhcrerie; c'eft une grande falle voifine ou attenante au moulin , de différente grandeur ; l'on y place d'un côté un réfervoir (* )} M. Bomare dit , qu'on broyé les cannes fous des rouleaux d'un bois très-dur : l'exprefllon n'efl rien moins qu'exade , on ne broyé pas les cannes , on les comprime j loin d'être broyées en fortant du moulin , elles font quel- quefois encore dans toute leur longueur. On ne pafle peine non plus les cannes fous des rouleaux: pour en expcimec le jus 5 mais bien entre des rouleaux^ aB Essai. SUR l'Histoire naturelle pour recevoir le vé:^a qui fort du moulin'; & les chaudières , au nombre de 4 ou 5 ; cela s'appelle monter un équipage. DansPautre côté on établit deux canots de bois d'acajou , ca- pables de contenir afîez de fucre pour remplir chacun deux barriques. Le fourneau fe conllruit immédiatem,ent fous les chaudières ; autrefois chaque chaudière avoit fon fourneau particu- lier, ce qui multiplioit le travail & la dépenfe; aujourd'jhui on a fimplifîé les chofes , un four- neau fuffit; fon aire eft tellement conftruit, que la flamme palfe fucceffivement fous cha- que chaudière , ôc \ts fait bouilhr toutes à la fois à feu de réverbère. Communément les équipages font compofés <^e quatre chaudières : la première s^appelle la grande y c'eft en effet la plus grande de toutes; là féconde fe nomme le flambeau, parce que le vézou ayant été écume dans la grande , rend alors des bouillons clairs & tranfparents; la troifieme eft appellée \tfirop, parce que le jus de canne commence en fortant du flam- beau à prendre du corps & de la confiftance ; la quatrième eft la batterie, parce qu'on eft obligé de le battre avec l'écumoire, & de l'é- lever en haut pour lui donner de l'air & l'em- pêcher de fortir de la chaudière. Lorfque le réfervoir eft plein de vézou & qu'on veut le fabriquer, on ouvre une bonde ou robinet , qui eft placé vers fa bafe , & on en remplit la grande : on y mêle une certaine quantité de chaux vive , ou de cendre qu'on appelle lejjive , pour purger la liqueur , Se quand la fuperficie de la chaudière eft cou- yérte d'écurpe ,. on l'enlève fans troubler le DE Saint-Domingue. sp ond. Après que le vin de canne a bouilli dans la grande , & qu'il a été écume environ une heure , deux Nègres le verfent avec de grandes cuilliers dans le fiambeau, & l'on rem- plit la grande avec le vézou du réfervoir, comme ci-devant ; on le fait ainfi pafier fuc- ceflivement de la grande dans le flambeau , du flambeau dans le firop , éc du firop dais la batterie , où il reçoit fa dernière cuiffon. Quand on juge qu'il ell parvenu à fa per- feâion, on le verfe avec des cuilliers dans une grande chaudière pofée à plat à côté de la batterie ; on la nomme le rafraichijpoir , d'où on le tranfporte dans les canots, lorf- qu'on roule en brut ; mais quand on veut faire du fucre terré , <&; qu'on roule en blanc , on porte le fucre du rafraîchiiïoir dans dç.s va- fes de terre cuite, faits en cône, qu'on ap- pelle y^^r/^z^^ ,• au bout de 8 à lo heures, le fucre verfé dans les canots ell fuffifamment refroidi ôc en état d'être enformé; c'efl-à- dire , d'être porté dans des barriques qu'on a placé pour cet effet dans la purger'ie : c'eft un bâ- timent plus ou moins grand , où l'on a creufé un baffm bien cimenté & couvert de folives, qu'on appelle lunandes; on y pofe \ts barriques. Je fucre dont on les remplit s'y congèle , le firop s'en détache & tombe dans le bafîin. Quand les barriques font bien purgées , on y met des fonds &; des cercles, ce qu'on appelle rabattre lesfucres^ ôc on les envoie en France. Le' fucre ainfi préparé fe nomme Jucre brut, il eft la bafe des autres elpeces de fucre. Lorfqu'une habitation eft bien réglée , que l'équipage ed bien monté , que \e^ chaudières 3Ô Essai SUR L^HlSTOIRE NATURELLE bouillent bien, que les cannes font coupées à propos, que le vin de canne & le chauffage ne manquent point, il faut ordinairement nx heures ('') pour faire paffer le vézou du ré- fervoir dans le rafraîchiifoir , où il eft changé en fucre après avoir été cuit dans les quatre chaudières fucceiTivement. On fabrique en 24 heures environ deux mille livres pefant de fucre tout purgé. Un quarreau de canne rend ordinairement fept à huit mille livres pefant net; c'efl-à-dire, la tareotéCt qui eft de dix livres par quintal. Un habitant qui roule en brut jo quarreaux de canne tous les ans, fait donc ordinairement 400,000 livres pefant de fucre ; & en fuppofant qu'il vende {qs fucres 1 6 liv. , argent de France le quintal , fes re- venus annuels monteront à 64,000 livres tournois. Quand on rou/e en blanc, on verfe le fucre du rafraîchiffoir dans les farines , dont le trou d'en-bas eft bouché avec de la paille ; on l'y laiiïe environ 24 heures , jufqu'à ce qu'il foit bien congelé; on débouche alors les formes, & on les tranfporte dans \a purgerie j où on le laifle repofer huit à dix jours, après lef- quels il doit être fuffifamment purgé : on cou- vre alors les formes d'un pouce environ d'une terre préparée & délayée comme du mortier, dans une quantité fuffifante d'eau; on en ajoute de nouvelle , mais beaucoup plus liquide , au ( * ) Je ne fais ce qui a pu faire dire à M. Bomare , qu'on faifo'u bouillir pendant un jour entier, en verfant de temps en temps de l'eau , la liqueur extraite des ro- feaiix i cette opération ne dure tout au plus que 6 heureis. DE Saint-Domingue. 31 bout de 24 heures , ce qu'on réitère deux ou trois fois, jufqu'à ce que le fucre ait acquis la blancheur & la qualité qu'on délire; on le tranfporte enfuite dans témve pour le faire fécher. C'efl: une tour quarrée , remplie en dedans de plufieurs planchers étages , furlef- quels on pofe les pains de fucre qu'on a tiré des formes : quand il eft bien purgé de Ton humidité, on le pile & on le met dans des barriques, où on le fait entrer par force à coups de pilons : on nous l'envoie ainfi pré- paré; c'eft ce qu'on appelle ca£onade. § 2. Du café. C'eft le fruit d'un arbre originaire d'Arabie & d'Ethiopie» nommé Caféyer, dans nos ifles, où il s'eft prodigieufement multiplié ; on peut en voir la defcription au Chapitre V. de cette hiftoire; on en fait à Saint-Domingue deux récoltes par an, celle du mois de Septembre eft la plus abondante : voici en abrégé la ma- nière de le cultiver & de le préparer pour être envoyé en France. On choifît un terrein bien aéré , humide & , ayant au moins 4 à j pieds de bonne terre. Sans ces précautions \qs plantations ne durent guères ; on voit tous \ts jours les caféyers jaunir & dépérir fans reflburce , lorfqu'ils n'ont encore que fept à huit ans ; qu'on fonde le fol où ils font plantés, & l'on verra que la terre n'eft pas profonde , & que la racine de cet arbre étant pivotante & nullement tra-^ çante, touche le tuf, dont elle ne peut tirer 32 Essai sur l'Histoîiie naturelle aucune nourriture. Les montagnes étant plus fraîches , & confervant mieux l'humidité que les plaines , font les terreins qui conviennent Je mieux pour y établir une caféyère ; on doit f préférer ceux qui font en pente , parce que 'eau qui féjourneroit au pied de l'arbre le pourriroit : lorfque le terrein a été jugé con- venable , on abat les arbres qui le couvrent , on les brûle, & lorfque la place a été bien nettoyée , on y trace la nouvelle plantation. • Il eft aifez difficile d'établir des règles pré- cifes fur la diftance qu'on doit mettre entre les plantes ; elle doit varier fuivant la nature du fol & Texpofition du terrein. Communé- ment les caféyers fe plantent en quinconce à 8 pieds les uns des autres ; les trous fe font au louchet ou à la houe , on jette dans cha- que trou deux ou trois graines nouvellement cueillies, & environnées de leur pulpe , & on les couvre de terre. Au bout de huit ou dix jours l'on voit fortir de terre une tige déli- cate , qui porte au fommet les deux lobes de la fève, & qui fe divife peu de temps après en deux feuilles oppofées ; la tige pouife de fon centre en grandiffant deux autres feuilles , & ainii de fuite; on ne laiffe qu'une tige dans chaque trou , on arrache les autres en far- dant ; on a foin de ne laiifer croître aucune herbe aux pieds des jeunes plantes : on peut planter dans l'intervalle qui les fépare du maïs , du petit mil ou des légumes ; le maïs convient mieux ,, parce qu'il s'élève prompte- ment, & qu'il conferve l'humidité de la terre, fi néceffaire aux jeunes caféyers. - Abajidonné à lui - même cet arbre croît ( jufqu'à DE Saint-Domingue. 35 jufqu'à 20 pieds, il eft alors gros comme la jambe ; mais on ne lui permet pas de s'élever au-deffus de j à 6 pieds : lorfqu'il eft parvenu à cette hauteur on l'étête , & l'on coupe le fommet des branches qui tendent à s'élever plus haut ; on a foin auffi de retrancher toutes les branches gourmandes , ce font celles qui " s'élèvent prefque perpendiculairement; elles font bien nourries , produifent de larges feuil- les & peu de fruit. Dès la féconde année le caféyer commence à rapporter, mais il n'eft dans fon parfait rapport que la quatrième ou cinquième année. Alors on le voit fe charger d'une multitude de fleurs, auxquelles fuccè- dent les fruits ; les branches qui font très- fouples en font fi chargées , qu'elles pendent jufqu'à terre : chaque arbre produit plus ou moins une livre de café tout préparé. Lorfque le fruit a acquis un rouge bien foncé , il eft temps d'en faire la récolte ; c'efl: ce qui s'appelle aux ifles ramajjer le café ; on conduit pour cet effet fur la place l'attelier éts Nègres , ils ont avec eux àts panniers ; à mefure qu'ils les rempliffent de café , ils le portent au lieu deftiné pour être préparé. Là d'autres Nègres le font paffer entre deux râ- pes cylindriques , que l'on fait tourner dans^ un fens contraire : par cette opération , la cerife, c'eft-à-dire, la pulpe qui environne la graine, s'en fépare fans peine; on l'expofe enfuite au foleil fujr un glacis , en prenant bien garde que la pluie ou la rofée ne le mouille;; lorsqu'il eft bien fec, on l'appelle café en parchemin , & on le porte au moulin pour brifer Ja coque & la féparer de la graine. 54 Essai SUR l'Histoire NATURELLE Cette efpèce de moulin n'eft autre chofe qu'un arbre perpendiculairement placé, que l'on fait tourner fur lui-même par le moyen de Feau ou de quelqu'animal ; cet arbre fait tourner avec lui deux meules , pofées verticalement dans un orbite dont il occupe le centre : ces meules mifes en mouvement , décrivent la circonférence de cet orbite , qui eft une ef- pèce d'auge où l'on verfe le café dépouillé de fa cerife par la première opération. Quand les coques font bien brifées , on les porte avec les graines au venùlateur , \ts en- veloppes étant légères fuivent la diredion de l'air agité par le ventilateur, & s'éloignent du point central de la chute. La graine naturel- lement plus pefante, ne change point fa di- redion par l'adion du ventilateur, & tombe dans un réfervoir qu'on a placé deffous. Par cette opération la graine du café fe trouve féparée de Tes dépouilles; on fait enfuite trier le café, c'eft-à-dire , qu'on fait féparer \t?. graines que les meules ont brifées de celles qui font reliées entières; on les enfutaye fc- parément & on les fait palfer en France. Le café de triage , qui n'eft cOmpofé que de graines brifées , fe vend trois ou quatre fols meilleur marché que le café trié ; le prix de celui-ci varie fuivant le plus ou moins de débit qu'on en a. En 1771 , il valoit à Saint- Domingue jufqu'à I J fols, monnoie de France ; en 1773 > à peine pouvoit-on en avoir 9 fols. Le café Moka a une couleur jaunâtre, S: une bonne odeur ; celui de Bourbon eft blan- châtre, alongé , Inodore ^ celui àts ifles eft verdâtre , êc a l'odeur ainfi que le goût un peu i.i:! DE Sain t-D o m i n g u e. ^^ herbacé, fur-tout lorfqu'il eft nouveau. Per- fonne n'ignore qu'on fait avec Ja graine de café grillée, mife en poudre, & infufée dans l'eau bouillante, une décoftion très-gracieufe. Se qui eft devenue de l'ufage le plus commun. On doit pour le faire bon n'en point épar- gner la quantité: il faut le griller dans des vafes de terre verniiTée , afin d'éviter l'impref- fion que le fer ou l'airain peuvent lui com- muniquer ; on juge qu'il efl fuffifamment tor- réfié ^ lorfque fa couleur tire fur le violet : en le tirant du feu, il faut le verfer dans un vafe bien fermé , ou tout Amplement dans un cor- net de papier bien ajufté, afin d'obliger hs parties volatiles à fe fixer fur les graines. Quand il efi: refroidi , on le paffe au moulin , en obfervant foigneufement de n'en pulvé- rifer qu'autant ôc qu'au moment qu'on veut l'infufer. Il vaut mieux le jetter dans l'eau bouillante que de le mettre d'abord dans Teau froide ,;l'infufion en eft plus agréable & fouf- £re moins de dilTipation ; un bouillon fufiit ■ pour en féparer les fels ôc les molécules onc- tueufes. Plus on le laifie fur le feu , plus il perd de fa qualité. Cette boiflbn fortifie, anime , accélère la digeftion , elle éloigne le fommeil , fait ceffer PivrefTe, favorife l'apparition des règles; elle efl: utile dans les affedions foporeufes ôc dans l'apoplexie, fous la forme de clyflère. Elle convient aux perfonnes replètes, pituiteufes , & à celles qui font fujettes aux migraines, par la fermentation qu'elle caufe dans le fang» Ces mêmes effets la rendent nuifible à bien des perfonnes , qui néanmoins ne veulent pas Cij ^6 Essai SUR l'Histoire NATURELLE s'en priver. Elle ne convient nullement à ceux qui font d'un terapéramment ardent, fec Se bilieux, aux iTiélancoîiques. M. Tiffot en in- terdit Pufage ordinaire aux gens de lettres: on peut dire en général que le grand & le fréquent ufage en eil très-dangereux, fur-tout lorfqu'on le prend fans lait. § 3- De l'indigo. On peut voir la defcription de cette plante au Chapitre V. de cet ouvrage. Le P. Labat a rapporté tous \ç:s procédés que les Indigo- tiers emploient pour cultiver &: fabriquer cette denrée, qui eft d'un grand revenu pour les propriétaires. On dillingue aux ifles trois efpèces d'indigo , \t franc, le bâtard, & celui de Guaùmala, Celui-ci étoit le plus eftimé; mais comme il rapportoit peu , la culture en a été abandon- née. L'indigo franc eft plus petit que le bâ- tard , & rapporte moins : il vient allez bien dans les terres graffes & humides ; mais l'indigo tâtard vient généralement bien par -tout; il s'élève fort haut, & devient , lorfqu'on le laiiïe pouffer , une efpèce d'arbufle qui vit deux ou trois ans. On le trouve à Saint-Do- mingue dans les lieux incultes , c'eft ce qui l'a fait nommer indigo bâtard ou fauvage , &: qui pourroit faire croire qu'il eft indigène. La culture de l'indigo , de quelque efpèce qu'il foit, exige de grands foins; quoiqu'une des plus anciennes de la Colonie , elle eft plus éloignée que toute les autres de fa perfçdion. DE Saint-Domingue. 37 On n'a point encore trouvé de règle fixe pour le fabriquer : on ne fuit par-tout qu'une routine hazardeufë & fouvent fautive , qui caufe quel- quefois de grands dommages au Fabricant ^ dont il fe confoie cependant par l'efpoir de. tromper le Marchand Européen , qui ne coo^ noît guères cette denrée que très-fuperficH^- lement. La plante qui la produit eft extrêmement tendre & fenfible à toutes ks imprefliom de l'air : hs grandes pluies la pénétrent & la pourrilTent, fi l'eau n'a point d'iffue pour s'é- couler; les vents brûlans .la font fécBer fur pied, les berbes l'étouiFent , les chenilles en font un dégât prompt & finguîier. Eîlé de- mande une terre neuve , légère , fraîche, qu'it faut entretenir avec foin & farcler continuel- lement, pour empêcher la pouffe âts mau- vaifes herbes : quand le terrein eff bien né- toyé, êc qu'il n'y a pas un brin d'herbes, on range l'attelier des Nègres fur' une même li- gne; ils font avec leur houe des trous peu profonds, éloignés d'environ un pied les uns des autres; on met dans chaque trou 10 ou 12 graines , qu'on recouvre légèrement de terre. Le temps qu'on choifir pour femer dé- pend du caprice du propriétaire : ks uns at- tendent que les premières pluies aient humec- âé la terre; d'autres., preffés par l'envie dé récolter au plus vite , fément dans le temps des fecs. Il y a de grands j'nconvéniens dans l'une & l'autre méthode: ceux qm attendent les pluies pour enfemencer leurs champs, rendent cette opération plus pénible-, & leurs, récoltes plus tardives ; mais ils ne s'expofent 3 8 Essai sur l'Histoire naturelle pas non plus à travailler en vain & à perdre leurs graines , comme font ceux qui les fé- ment dans un temps fec : car il arrive fou- vent, ou que la graine reliant trop long-temps en terre, eft dévorée par les infeâes , ou qu'une petite pluie pafTagere la fait germer; fi \ts pluies ne continuent pas, la terre fe defleche, le germe périt : dans l'un & l'autre cas la graine eft perdue , & il faut recommencer la befogne. Trois ou quatre jours après que la graipe a été mife en terre, lî les pluies fécondent les travaux, on la voit fortir de terre. Ce font d'abord de petites tiges noueufes, gar- nies de petites branches qui portent plufieurs paires de feuilles , & qui font tpujours termi- nées par une impaire. Dans un bon terrein , au bout de deux mois la plante a deux ou trois pieds de hauteur, & il eft temps de la couper ; on met donc l'attelier dans la pièce : chaque Nègre eft armé d'un couteau recourbé en manieré'de faucille ; on la met , à mefure qu'on la coupe, dans de grands morceaux de toile , qu'on amarre par les quatre coins , & on la porte à Vindlgoterie. Au bout de fîx femaines on peut faire une féconde coupe , & «ne troifième au bout de fîx autres femaines, pourvu que les pluies ne manq[uent pas. L'in- digoterie eft compofée de trois cuves de ma- çonnerie bien cimentées , difpofées les unes plus hautes que les autres , en manière de cafcade , en forte que la première puilfe fe vuider par le fond dans la féconde, & celle- ci dans la troifième : la première cuve s'ap- pelle la tnmjjoire^ c'eft-là que l'on dépofe la DE v^ A I NT-D O MINGUE. 39 plante auffi-tôt qu'elle ed coupée; après Pavoir rempli d'eau , la chaleur la fait fermenter, les fels dont elle eft pénétrée fe détachent. Quand l'eau s'en eft chargée, on la fait paifer dans la féconde cuve , qu'on nomme la bat- terie : on l'y agite & on la bat jufqu'à ce que l'on juge que les fécules faffent corps & foient comme coagulées \ts unes avec \^s au- tres , & que le grain foit formé ; alors on cefle de battre , on laiife repofer la matière , rindigo s'unit , fe fépare des parties aqueufes & fe précipite au fond de la cuve : on fait enfuite écouler l'eau, en ouvrant \t^ robinets qu'on a pratiqués dans la batterie à différentes diftances du fond; on ouvre enfuite \qs ro- binets du fond , par lefquels toutes les fécu- les tombent dans la troifieme cuve , qu'on nomme diablotin. Après qu'on \t^ a laiiîe fe repofer un peu de temps , on les met dans des facs de toile fufpendus , de forme conique , où elles achèvent de fe purger des parties d'eau qu'elles avoient confervées. On étend enfuite l'indigo dans des caiffes de bois pour le faire fécher entièrement , on le coupe par quarreaux avant qu'il foit bien feci, & on l'en- futaye , lorfqu'il eft dépouillé de toute fon humidité. L'indigo de bonne qualité eft léger , flottant fur l'eau ; fa couleur doit être d'un bleu foncé, tirant fur le violet, brillant, vif, éclatant & comme argenté en dedans. En 1773 , l'indigo de bonne qualité valoit à Saint-Domingue jufqu'à huit livres tournois la livre. Civ Essai sur l'Histoire naturelle §. 4- Da coton. L'arbre qui porte le coton fe charge deux fois par an de fleurs & de fruits. On en verra la defcription & les différentes efpèces au Chapitre cinq.uièmc. Il vient également bien par-tout, dans \ç,^ plaines ou dans les mor- nes , dans les terreins fecs ou humides , ceux mêmes où les autres plantes périffent , lui font propres. On le plante ordinairement en quin- conce , à huit ou dix pieds de diftance ; un peu de pluie fuffit pour faire fortir la graine de terre. Au bout de trois femaines ou un mois , fuivant le temps fec ou pluvieux que l'arbre a effuyé depuis fa plantation , on le farcie & on arrache les plantes fuper-flues , en ne laiffant dans chaque trOu que dtux ou trois tiges. Lorfqu'ellés ont atteint là hau- teur de quatre à cinq pieds, on les arrête, pour contraindre la fève à fe porter vers les branches collatérales , qui font celles qui por- tent le plus de fruit. Il faut rompre toutes les branches verticales , parce qu'elles abfor- bent la fève en pure perte ; il faut même ar- rêter les branches latérales , lorfqu'ellés pouf- fent des jets trop longs. Ces retranchemens fagement exécutés forcent les branches à fe fubdivifer ; c'eft par ce moyen qu'on procure à cette plante toute la fécondité dont elle efl: fufceptible. \ ^ Au bout de fept à huit mois que k grairre a été mife en terre , pourvu que la faifon ait (été favorable , on commence à recueillir les ■■« r> E S A I N T-D O M I N G U E. 4ï goufles. La récolte dure trois mois.^ Quand elle eft faite , on coupe Tarbre au pied dans un temps de pluie , & la fouche qui eft reftée en terre , pouffe des rejettons qui portent da fruit plus promptement que les jeunes plantes. Le coton doit fe recueillir fort fec ; Phu- midité le feroit fermenter, & la graine ger- nierait. Le premier foin , après qu'on Ta cueilli, eft de V éplucher , c'eft-à-dire , de féparer le duvet d'avec la graine. On fe fert pour cet effet d'une machine compofée de deux rouleaux d'environ 14 à i j pouces de longueur & d'un pouce de diamètre , cannelés dans toute leur longueur , & pofés horizontalement l'un fur l'autre. Une manivelle que l'ouvrier met en mouvement avec le pied , fait tourner ces rouleaux fur leur axe dans un fens contraire. Ils font fuffifamment éloignés l'un de l'autre pour laiffer paffer le coton qu'on leur pré- fente , & qu'ils attirent par leur mouvement de rotation : mais ils font en même temps trop ferrés pour laiffer paffer les graines ; elles font donc obligées de fe détacher du coton qui \ts enveloppe , elles tombent à terre par devant les rouleaux , <& le coton eft reçu dans un fac qu'on tient ouvert par der- rière. Cette machine s'appelle moulin à coton. Un Kègre habile en épluche ordinairement 25 à 30 livres par jour. Lorfque le coton eft bien épluché , on l'em- balle. Voici comme on procède à cette opé- ration. On prend un fac fait de groffe toile, bien coufu , de fix à fept pieds de hauteur ; on le fufpend en l'air , en l'attachant par en h'àut à à^s traverfes de bois portées far às& 42 Essai sur l'Histoire naturëlls poteaux de fept à huit pieds de hauteur; ort le mouille, afin que le coton s'y attache Ôc ne ghfTe point; un Nègre entre dans le fac, àc tou e de tout côté avec hs pieds & hs mains le coton qu'on y jette. Lorfque la balle clt bien remplie , on la détache , & on en coud 1 ouverture. Son poids eft ordinairement d'en- viron 300 h v. Ilfevendoit,en 1773 , 8î liv. à 5>o livres tournois le quintal. Le cotonnier , depuis l'inftant de fa plan- tation jufqu'au moment de la parfaite matu- rité de {qs fruits, eft attaqué dans {es diffé- rens âges par une multitude d'infedes qui fe luccedent les uns aux autres , & qui femblent avoir entre eux conjuré fa perte. Les vers , les cloportes, diverfes petites mou- chesfcarabées pénètrent jufques dans l'intérieur des trous où la graine a été dépofée ; ils en rongent la fubftance , que le développe- merit du germe a attendrie. Les graines échap- pées a ce premier danger, produifent bien- tôt de jeunes plantes qu'on voit fortir de terre. Alors les criquets ou grillons les attaquent durant la nuit; les jeunes feuilles font dévo- rées en plein jour par les diables ture par les plus mauvaifes raifons du mon- 3ï de , il y a encore un très-grand nombre de » mûriers blancs fur pied, qui femblent invi- »j ter nos habitans à s'attacher de nouveau 3j à ce riche commerce. '> 3". On pourroit aufîi y cultiver des oliviers. « 11 efl étonnant , dit encore le P. Labat , =. qu'on ait jufqu'ici négligé d'en planter dans « nos Colonies ; il eft certain qu'ils y feroient 0, très-bien venus , & qu'ils feroient le fonds o> d'un commerce d'autant plus confidérable » qu'il feroit {)lus alTuré , pujfque les arbres ne » feroient point expofés à être gelés , comme » il arrive affez fouvent en Europe, & que o, fe naturalifant au pays , ils pourroient imiter => ceux qui y ont pris naiffance, & porter du s> fruit deux fois par an comme eux. '> ^°. ce Pourquoi , ajoute le nlême Auteur , né- 5, gliger de recueillir chez nous , quand nous s> le 'pouvons , une chofe que nous allons oj chercher avec beaucoup de rifques & de » dépenfes chez les étrangers ? . . . . Je ne 5> crois pas qu'il fût impoffible de gagner »> quelqu'un des gardiens des Ifles où le gi- » rofîe , la mufcade Ôc la canelle naiffent , w pour en avoir quelques pieds Se les tranf- ^ porter DE. Saint-Domingue: 4^ » porter dans nos Illes où il feroit aifé de leur « trouver un terrein propre à fa culture. .. > J'avois femé du poivre , dont quelques o grains avoient levé affez bien ; les jets » avoient plus de quatre pouces de hauteur , » quand je m'embarquai Je ne doute nul- > lement que le fafran ne réufsît à merveille » aux Ifles; la chaleur du climat, la bonté » du terrein , la facilité qu'il y a à cultiver » les plantes qui ont des oignons , me perfua- ' dent que ceux qui voudroient prendre ce > foin feroient des profits confidérables , parce » qu'ils pourroient faire deux récoltes par » an, au lieu qu'on eft heureux en Europe, ' lorfqu'on peut en faire une qui foit bonne :»». » Il ne s'eft trouvé encore perfonne aux Ifles, du moins jufqu'à mon départ, qui fe fût avifé de faire tondre les moutons , Ôc de profiter de leur laine. On laiffoit ce foin aux halliers & aux épines , où ces animaux attachoient leurs toifons en paffant. Quoi- que ces laines ne foient pas des laines d'Ef- pagne , eWes ne laifferoient pas de valoir quelque chofe, û on fe donnoit la peine de hs amaffer. On en emploie qui ne valent pas mieux. Mais fi l'on vouloit avoir des lai- nes excellentes , qui empêche de porter aux Ifles des brebis de race efpagnole ? Nous aurions avant dix ans tous nos troupeaux compofés de moutons d'Efpagne , dont ks laines fines ôc douces fourniroient nos ma- nufadures de France. Nos Vaifl:'eaux qui trafiquent en Efpagne en apportent tous les jours des moutons mâles & femelles =\ Le P. Labat termine {qs réflexions furies D y© Essai sur l'Histoire naturelle nouvelles manufadures qu'on pourroit intro- ^duire dans nos Ifles par cet avis judicieux. ce Ceux qui voudront commencer les épreu« » ves , doivent fe fouvenir que les commen- 9> cemens font toujours rudes Se difficiles. Il 3» faut qi^'ils s'attendent aux contre-temps que 3> les premiers inventeurs éprouvent en toute 3ï chofe. Mais ils doivent à leur exemple ne M fe point rebuter , tenter différentes voies , â» employer différens moyens , travailler fans 5» relâche & avec courage , jufqu'à ce qu'ils 9» foient parvenus au but qu'ils fe font » propofés>* A R T I C L E X. Réflexions fur l'état préfent des habïtaus de Saint-Domingue , tant libres quefdaves. De l'aveu même des Ecrivains Efpagnols, lorfque Chriftophe Colomb , avec une troupe d'aventuriers , aborda à Saint-Domingue , il trouva cette Ifle habitée par des hommes fimples , doux, humains, bienfaifans, quipaf- foient paifiblement leur vie dans une molle & tranquille indolence. Les productions natu- relles du pays , (Se le poiffon qu'ils prenoient à la pêche , fuffifoient pour fuftenter une vie oifive & par conféquent frugale. Se parer des injures du temps & des horreurs de la faim, reproduire fon être ; tels étoient les feuls befoins qui les tiroient de l'inadion , parce qu'ils n'écoutoient que la voix de la nature. Ils ne cultivoient point les Arts , ils n'étoient point méchans , & des hommes DE SAINT-DoMINGUfi. ^t policés ne leur ayoient pas encore communi- qué leurs vices. Ils n'avoient pour demeures que des caba* nés faites à la hâte avec des rofeaux ou des branches d'arbres. La terre étoit couverte de forêts auffi anciennes que le monde. Saint- Domingue en un mot fembloit fortir des mains de la nature ; l'éducation ne l'avoit pas encore abâtardi. Tout a changé de face depuis l'arrivée des Européens. D'épaiffes forêts font devenues des champs fertiles ; hs montagnes déferres & environnées de précipices font aujourd'hui des fonds inépuifables de richelTes; des Villes floriffantes ont pris la place qu'occupoienc autrefois quelques cabanes éparfes çà & là ; de riches plantations couvrent la furface des campagnes ; la terre eft annuellement boule- verfée & comme forcée de produire les tréfors qu'elle recèle dans fon fein. Le changement ne s'eft pas fait feulement fentir dans le phy- fique , il s'efl: étendu jufque dans l'ordre mo- ral ; ou plutôt, le changement de mœurs a opéré cette révolution dans le phyfique. L'Ifle Saint-Domingue fe trouve aduelle- jment habitée par deux fortes d'hommes qui diffèrent encore plus par la condition que par la couleur. Les uns font hbres, indépendans, & abforbent toutes les produdions d'une terre féconde qu'ils ne cultivent pas ; les autres s'épuifent pour enrichir les premiers. Ils fe- ment & ne récoltent pas; ils bâtiffent , ^ils font fans logemens ; ils répandent l'abon- dance, & ils meurent de faim; ils procurent à ceux qui les emploient toutes les matières Dij <2 Essai SUR l'Histoire NATURELLE de luxe , & ils font fans vêtemens; ils font pafTer les autres d'un état vil & rampant , a celui 5'une aifance honnête , & même de 1 opu- lence, & ils languiffent eux-mêmes dans un affreux efclavage qui fait tous les jours tre- mir l'humanité : voilà leur recompenfe. Dé- veloppons ces idées , humiliantes pour ^ un peuple policé , mais trop fenfibles pour être tues Je ne parle que de la partie françoife ; fes - voifins indolens ne méritent aucune attention. Ceux qui jouiffent d'une liberté que la na- ture rend commune à tous les hommes , qui la raviffent fans remords à leurs femblables, & qui leur font fentir tous les jours , ians frémir , les peines attachées à cette privation ; en un mot, les Créoles fe rapprochent au- tant des anciens naturels par leurs vertus , qu'ils s'en éloignent par leurs vices. On voie en eux un alliage bizarre de bonnes & de mauvaifes qualités; ils ont la plupart lefprit îufte, pénétrant, difpofé à acquérir les Icien- ces les plus abftiaites, quand ils veulent s y appliquer. Les jeunes Créoles, que les païens font éduquer en France, profitent au mieux des leçons qu'on leur donne; mais ils les ou- blient auffi vite qu'ils les ont aj^prifes; ils ne portent fouvent dans leur Patrie que celles Su libertinage Se de l'irréligion , qu ils ont fom de communiquera ceux qui , moins fortunes , ne peuvent pas les aller puifer dans leurs Ils font communément bienfaits , leHes, généreux, obligeans, braves, fiers, rnagnifi- quesrils aiment la dépenfe , l'oftentation , le faftej ils n'épargnent rien pour fatisfaue leurs DE Saint-Domingue. ^5 'fantaifies ; leurs defirs s'irritent par les obfta- cles , rimpoffibilité de les remplir les défefpe- rent. Us font pafTionnës à Fexcès pour les ■ femmes ; il les quittent avec indifférence ; l'inf- tinft fait tout , le fentiment n'y efl: pour rien. L'oifîveté, l'indolence, la négligence de leurs propres intérêts les caradérifent en tout; on ne fauroit s'y méprendre ,' ni les confondre avec l'induflrieux & adif Européen. On les voit rarement fidèles dans leurs amours, à moins que le lien conjugal ne vienne fixei: leur inconftance ; la jaîouGe fuccède alors à l'indifférence , elle les maitrife jufques dans les plus petits détails , & il en réfulte bien des troubles domefliques, fur tout lorfqu'une femme, offenfée par des foupçons, fe livre à fon humeur acariâtre : on s'injurie, on boude quelque jours, Se puis on fe raccommode : ainfî va le monde. . On peut dire à la louange du fexe, qu'il fait fe refpeâier; que l'honneur, la décence, la fageffe , font des barrières qu'il n'a pas coutume de franchir , & qu'une femme déré- glée , (je ne parle que des blanefies, ) elî aufïï rare que les hommes libertins font communs:; c'eft dommage que ces vertus fe trouvent fouvent accompagnées d'un fond de vanité, d'un ton impérie-ux qui gâte tout. La plupart des femmes n'ont pas le talent de s'occuper , elles font pafTionnées pour la danfe : lorfque cet amufement leur manque , que le jeu ou la compagnie ne viennent pas les diftraire , elles palfent leur temps à dormir ou à que- reller leurs fervantes avec un dédain , une hau^ teur infupportable. Diij 54 Essai sur l'Histoire natcjrellb ^ Les hommes comme les femmes n'aimeft€ pas à voir fouffrir leurs animaux domefliques; ils en prennent un foin tout particulier , & ils exercent fur leurs femblables des cruautés un ordre barbare , ïnouies fans s'émouvoir donné dans un accès de fureur , pour punir une faute fouvent très-légère -^ "" "'"•^*- ''''^' eft un arrêt irré- vocable qu'il faut exécuter fur le champ; rien n'eft capable de les attendrir fur le fort de ces malheureux. . , A l'égard de cette portion de l'humanité , qui n'eft méprifable que parce qu'elle eft foi- ble , rien n'eft plus affreux que fa fituation. On voit la plupart des Nègres languir dans une extrême indigence. Ils n'ont pour demeu- res que des retraites incommodes & malfaines; quelques lambeaux de groffe toile fervent plu- tôt à les défigurer qu'à les couvrir ; leurs ali- mens ne font pas diftingués de ceux quon donne aux animaux les plus immondes, en- core n'en ont-ils prefc^ue jamais fuivant^ leur appétit. Je n'exagère ici rien : je fais qu'il elt des maîtres qui prennent un peu plus de foin de leurs Nègres que de leur beftiaux; qui leur fourniffent du bifcuit, lorfque les vivres de terre manquent, & cinq ou fix aunes de toile par an pour s'habiller; qui n'exigent aucun travail les jours de Fêtes & dans les heures deftinéesau repos. Voilà ce que font les meil- leurs maîtres , encore le nombre en eft-il mal- heureufement très-petit; on les regarde dans îa Colonie comme des infenfés , qui gâtent leurs efclaves par trop de bonté. La plupart des habitans, & fur-tout dans les petits quar- tiers j ne donnent à ces infortunés qu'un tex- 23 E Saint-Domingue. 5^5 rein inculte , pour y planter des vivres. Ils ne peuvent y travailler que les Dimanches ôc les jours de Fêtes, qui ne font pas employés au profit du maître , ou durant les deux heures de relâche qu'on leur accorde chaque jour : aufli cette grâce , qu'on leur fait tant valoir, leur eft-elle fouvent plus onéreufe qu'avan- tageufe. La fin du jour annonce aux bêtes de fom- le terme de leurs travaux journaliers; me l'Africain, plus infortuné, efl averti feule-, ment par là que hs fiens vont changer d'ob- jets , ôc qu'on va l'appliquer à des ouvrages minutieux qui vont lafler fa patience, après que ceux du jour ont épuifé fes forces ; on prolonge quelquefois fes veilles jufqu'à dix heures du foir. Faut-il après cela s'étonner^ fi ces malheureufes vidimes de la cupidité européenne fuccombent fous le double poids de l'indigence & de la fatigue ? On voit des Négreffes qui fe font avorte? , pour que le maître barbare qu'elles fervent ne profite pas d'une poftérité , dont la con- dition ne peut être que malheureufe ; puif- qu'elle doit être femblable à la leur. Une efpèce de compaflion fe joint au plaifir de la vengeance , pour outrager ainfi la nature- Goeurs inhumains ! ce crime atroce retombe fur vous. Vous êtes plus barbares que ces mères homicides , fi vous m'entendez fans fré- mir d'horreur. ... Un efclave , qui voit la main de fon bour^ reau levée fans cefiTe fur lui, s'abandonne fou- vent au défefpoir, & ne penfe plus qu'à ter- miner une vie languiffante , dont il peut corpp^ D;v $6 Essai SUR l'Histoire naturellI ter les jours , par le nombre des fupplices qu'on ne fe lalTe pas de lui faire fubir. Sa réfolution une fois prife eft bientôt exécutes; il fait {es adieux à fa famille , £es amis le char- gent de leurs commiffions , & il va fe pendre dans la perfuafion où il eft de retourner, par fa^ mort , dans le pays d'où on l'a arraché. D'autres Nègres , pouffes par le même défer- la oir , ont recours au poifon, pour exercer ïlir leurs tyrans une vengeance plus réfléchie &_ plus éclatante. Le fuc malfaifant de cer- taines plantes ne leur eft que trop connu ; ils s'en fervent pour humilier leurs oppre/feurs, qui fe voient bientôt ruinés par la perte de leurs beftiaux «Se des efclaves qui leur font plus néceffairesl L'aiïaffin , pour voiler fon crime , exerce fa fureur fur ce qu'il a de plus cher ; fa^ femi-ne , fes enfans , fes amis , font les premières vidimes qu'il immole : les foup- çons tonibent-ils fur lui, eft-il convaincu de les forfaits & condamné k les expier? il ne fe déconcerte pas ; il jouit du i)Iaifir de s'être fatisfait; il s'eft affez vengé, il meurt con- tent. L'appareil des tourmens qu'on lui pré- para n'a rien qui l'épouvante , il voit tout avec une flupide indifférence , avec une cer- taine fierté qui humilie le plus brave. On conduifoit un. jour au fupplice un Nègre de Cavaillon , qui avoit affaffiné fon maître ; il fe vit couper le poing & rouer vif fans ré- pandre une larme , fans témoigner le moin- dre repentir. Il fe contenta de dire : Quan Tnoi tuyé maître moi, ça jnauvai jou pou II; ajîor moi aie jnouri pou li 5 ça îîtauvui jou pou DE Saint-Domingûê. 57 Un autre qu'on alloit pendre au Port-au- Prince , je ne fais pour quel fujet, fit encore paroître plus d'intrépidité. A peine le bour- reau, qui eft toujours un Nègre, l'eut-il jette en bas de l'échelle , que la corde caffa ; le patient fe releva,& dit tranquillement au bour- reau : Toi voir, moi ben.dire tantôt , corde la li pas bon; toi dire, moi connai , li bon. Comme celui-ci cherchoit à la renouer,. le Nègre con- damné ajouta.: qui ça toi faire encore} fi toi noayer li , li cajfer encore ; ça mauvais befo- gne ; tin, v'ià deux qualins^ (c'eft 20 fols de France,) toi aller acheter un bon petit corde iune fois. Le bourreau fit ce que le Nègre lui avoit dit , & celui-ci fe laiifa pendre une fé- conde fois fans fe plaindre. C'eft un préjugé répandu dans les ifles, qu'on ne trouve point d'attachement , d'in- telligence ni de fentimens dans \q.s Nègres : cette prévention eft abfolument fauffe & dé- mentie par l'expérience journalière. Ceux qui ont le bonheur d'être conduits par des maî- tres & non par des bourreaux, leur donnent tous les jours des preuves certaines de leur fidélité & de leur attachement. On en a vu braver une mort certaine, pour \t'& arracher du danger auquel ils \ç,% voyoient expofés. On pourroit en citer mille exemples : combien de Nègres qui ont fauve la vie à leurs maîtres dans le paffage des rivières ? Cette Négrefle du Port-au-Prince n'avoit-elle que de l'indif- férence pour fes maîtres, lorfque le tremble-' ment de terre de 1770 renverfa leur maifon l Elle s'y trouvoit feule avec leur enfant qu'elle al lai toit ; chacun avoit cherché foq falut dans 5 s Essai sur l'Histoire NATûRELtt la fuite , elle ne pouvoit les imiter fans ex- pofer les jours de fon nourriffon; elle aima mieux lui facrifier les ^ens , en faifant de fon corps une efpèce de voûte ; elle reçut fur elle, avec un courage inoui, les décombres de la maifon , Fenfant fut confervé ; mais elle mou- rut quelques jours après, vidirae de fon cœur généreux. Moi-même j'en fais l'aveu , je dois la vie à un efclave , qui dans ce jour fatal , me fit fortir de la maifon où j'étois , un infiant avant fa chute; il jouit maintenant de la liberté. Je la dois à d'autres Nègres , qui dans mes voya- ges , m'ont averti plufieurs fois des dangers que je courois fans m'en appercevoir. Ce jeune Nègre n'avoit-il aucun attachement pour fon maître , lorfque le voyant embarqué , par or- dre du Gouverneur , avec défenfe aux domef- tiques de le fuivre , il fe fit coudre dans un matelas , pour tromper la vigilance des gar- des ? Si les hommes n'oublioient pas fi vite les bienfaits , on feroit furpris de voir tant de courage, de grandeur d'ame, d'hëroïfme dans des efclaves. Ils ne font pas non plus fi (lupides qu'on fe l'imagine : ils apprennent facilement les métiers qu'on leur enfeigne. Ils font de très- bons imitateurs , & s'il faut les guider en tout, s'ils n'imaginent prefque, rien , c'efl que l'ef- clavage brife les reflbrts de l'ame & abâtar- dit tout. On remarque chez eux un fond d'a- mour-propre, qui lesdémafque en toutes cho- fes. Lorfque les blancs exécutent en leur pré- fence quelqu'oUvrage qui leur paroît difficile, îl$ font comme ravis en extafe j mais ils ne DE Saint-Domingue; fp j)euvent retenir leur joie, lorfqu'ils voient un blanc maladroit ou dans la misère : s'ils s'em- prefTent de le fecourir , c'eft moins par huma- nité que par oftentation. La profufion accom- pagne toujours leurs largefles , fur-tout quand elles ont pour objet les compagnons de leur miférable condition. Un Nègre qui voyage, trouve par-tout des refîbûrces ; il peut fe pré- fenter hardiment dans toutes les cafés , on prévient même fes befoins ; mais il faut qu'il facisfafTe à toutes les queftions de fes hôtes , qui ne manquent pas de l'interroger fur le nom & les qualités de fes maîtres, fur le fujet de foxi voyage , &c. CHAPITRE SECOND. \De/cription de la Colonie Françolfe de Salnt-^ Dojîîlngue. LA Colonie Françoife à Saint-Domingue efl divifée naturellement en trois parties ^ qui font celles du Nord , de TOueft & du Sud. Il y a vingt-une ParoiiTes dans la partie du Nord , quinze dans la partie de l'Oueft, & dix dans la partie du Sud. Pour obferver quel- que méthode dans l'idée fuccinde que nous allons donner des divers quartiers dont la Colonie Françoife eft compofée, nous par- courrons chaque Paroiffe en particulier. Ne eonnoiflant point par nous-mêmes celles qui font fituées dans la partie du Nord , nous avons pris pour guide le Journal de Sainte Doiningue^ année 176^6^ EssAî SUR l'Histoire naturelle Article premier. Defcrlpûon de la partie du Nord, Ouanaminthe, « Cette Paroiffe efl: fituée au Sud-eft de la Ville du Fort - Dauphin. Elle contient de très-bonnes fucreries dans toute la partie qui avoifine la rivière du Majfacre , entre la petite Artibonite ^ le Canari^ la Ravine- de-fable , &c. Le terroir en eft gras & fé- cond. Celui au contraire qui confine aux Savannes , & qui fe trouve fitué au-deffus, en tirant vers la Mine , où Ton a établi quelques fucreries au pied des montagnes , paroît en général peu propre à cette cul- ture , à l'exception de certaines portions de terre arrofées par la rivière de Jean- de-Nantes & autres petits ruifieaux qui les traverfent. Le refte , fur-tout au Brûlage , eft fort aride , & ne peut guères être em- ployé qu'à la culture du coton. Toute cette partie des montagnes de la Mine s'eft éta- blie en café , où il croît fort bien. On pourroit mettre de l'indigo dans les en- droits frais, & du coton ailleurs. * La partie du quartier de Maribaroux , qui relève de celui ^Oiianamimhe , a des fucreries qui égalent \^^ meilleures de l'Ifle, fur-tout aux environs de la rivière du Maf- J'acre. Celle fituée au Sud & à l'Oueft ne paroît propre , par fa ftérilité , qu'à la cul- ture du coton». {Journ. de Saint-Domingue^^ DE S AINT-D O MI N GUE. Fort - Dauphin, 6ï La ville du Fon-Dauph'in, oùeft fituée l'Egli- fe paroiffiale , pofTède une Jurifdidion qui tut créée au mois d'Août 1724 , & qui exifla d'a- bord au Trou , & fut enfuite transférée à Baya- hcL^ Ôc delà au Fort-Dauphin. Elle eft compofée d'un Juge Sénéchal & Lieutenant de PAmi- rauté , d'un Lieutenant de la Jurifdiaion , d'un Procureur du Roi, de deux Subftituts, d'un Greffier , d'un Audiencier , de huit Pro- cureurs & de huit Notaires. 11 y a auffi dans cette Ville un Etat - Major , compofé d'un Lieutenant-de-Roi , d'un Major & d'un Aide- Major ; on y trouve encore un Ecrivain de îa Marine & des Gaffes , un Commis aux Claffes , un Capitaine de Port , quatre Offi- ciers comptables , deux Officiers de fanté , cinq Arpenteurs du Roi , un Bureau des pof- tes aux lettres , un Lieutenant &. un Exempt de Maréchauffée. On compte dans la Ville environ 70 mai- fons. Le voifinage des lagons en rend l'air mal-fain. ce On y a conftruit quelques fortifî- 9» cations ; elles font fuffifantes pour arrêter » une efcadre deux ou trois jours , dit l'Au- n teur de VHiJbire philojbphique & politique. médiocre & de mauvais. On y trouve des 3ï fucreries d'un grand rapport dans fa partie 3» arrofée par la rivière de Roches, le Ma- » nifétu , la Matrie , & la rivière Marion ». ( Journ. de Saint-Domingue. ) » La partie du quartier de Maribaroax , ¥ ^2 Essai sur l'Histoire naturelle t> qui dépend du Fort- Dauphin , renferme » d'aflez bonnes fuereries. Sts terreins bas, » autrefois arides ^ fe font améliorés , depuis » qu'on les a arrofés par le moyen des faî- 9» gnées faites à la rivière du Maffacre ». {Jbld.) Le quartier de la Grande-collne , au Sud- Ouefl: de la Ville , n'efl: pas à beaucoup près fi fertile. Plus on approche de la chaîne de montagnes , plus le terroir fe montre ingrat. 'VAcul-des-jpins & quelques petits quartiers dans les montagnes font cultivés en café, qui réuffit affez bien. «e Le quartier des Fonds-blancs efl fitué dans » une plaine contiguë à la route de la Ville » du Fort-Dauphin à celle du Cap La terre » n'eft qu'une efpèce de tuf blanchâtre , pref- » que friable & qui reffemble à de la chaux. 3> Ce qui doit faire préfumer qu'elle abonde »» en fel , c'eft que pour peu qu'elle foit dé- » trempée par un grain de pluie , les pro- » grès de la végétation , qui font très-rapi- •> des , la font paroître d'une fécondité mer- 3> veilleufe. On y recueille de très-bel indi*» » go». {Ibld.) Le Terrier ' rouge, ^ Cette Paroiffe eft compofée de difFérens quartiers qui en dépendent , & dans lefquels on obferve une grande diverfité de terroirs. ce Dans le Terrier - rouge proprement dit , •» il n'y a que quatre à cinq fuereries affez » médiocres, La plus grande partie eft occu- 9» pée par une vafte & longue favanne natu- •> relie. Le quartier àxx Grand- bajfin n'eft guè- B» res meilleur : il eft arrofé par la rivière DE Saint-Domingue. dj •• de la Mairie , qui , confkiérable à fa .» fource , eft fouvent à fec dans toute l'é- •> tendue de ce canton , parce que fes eaux M fe perdent dans les fables. Le quartier de »• Jaque:iy , voifin de la mer , eft remarqua- ^ ble par la fécondité de fon terroir & par » le nombre de fucreries qu'on y ap perçoit»*. i^Journ. de Saint Do/ningue.) Le Trou. Cette ParoilTe , de la dépendance du Fort- Dauphin , eft fort confidérable. On a établi dans la plaine un grand nombre de fucreries & d'indigoteries ; les montagnes font culti- vées en café. Elle efl: arrofée par une rivière qui porte fon nom : elle s'étend depuis 1'^- cid-de-Samedi \\x^Q^2i\rii Côtelettes ^ ^ fe di- vife en une infinité de petits quartiers qu'oa pourroit améliorer à peu de frais. La Limonade, » C'efl: un des plus riches &: àç,s plus fer- 9> tiles cantons de la dépendance du Cap : il » donne du fucre en abondance ;^ on y ré- M coite aulîi de l'indigo & du café. La par- 9» tie de cette Paroiffe qui avoifine la mon- » tagne ell moins féconde. Le quartier de M VlJlet-de-Li7nonade,hoTné à l'Eft par le Fojfê, n à l'Oueft par la Grande-rivière , & au Nord 3> par la mer , renferme fans contredit la 3» meilleure terre de la Colonie ; mais les dé- » bordemens y caufent quelquefois de fi grands 3> ravages , qu'on appréhende toujours que «ce riche canton ne foit fubmergé par la f» jondion des eaux de la Grande -^rivière & 6^ Essai sur L'HiSToiRE naturelle a» du Fqfé. Le refte du quartier eft bon, mais t» moins généralement queVlJleto^.ÇJour/i.de Sai/zt-Domî/zgiie. ) Le quartier Morin ou Saint-Louis, Cette ParoifTe eft confidérable par la bonté de fon terroir & le grand nombre de fucre- ries qu'on y a établies. Elle eft féparée de celle de la Limonade par la Grande- rivière. La partie qui fe rapproche de la montagne, & qui porte le nom de Quartier- du- morne- pele , eft d'une grande aridité , quoique cer- tains endroits égalent les meilleurs terroirs , ainfi que la partie fituée le long de la rivière au^ voifinage de la mer & du côté du Cap , qui préfènte un fol admirable , que les eaux de la Grande-riviere arrofent & fertilifent r mais cette rivière nuit auffi beaucoup , par fes débordemens fréquens , aux terres qu'elle parcourt. La Grande-rivière. Cette ParoiiTe tire fon nom de la rivière qui tombe de la montagne avec autant de rapidité qu'un torrent. L'on y cultive du café, de l'indigo , & même du fucre. Le tabac qu'on y récolte eft renommé ; mais cette denrée n'occupe aujourd'hui que quelques Nègres affranchis. « Les débordemens y caufent tous 3> les ans \ts plus grands dommages : fon ter- 3> roir eft gras & fécond , mais ruiné en di- » vers endroits , la terre franche ayant été »> emportée par la violence des eaux^ il n'eft »> plus à préfent qu'un fonds de roches & de » fables ». {Jûurn. de Saint-Domingue.) Le toE Saint-Domingue. ë^ Le Dondon, ce Ce quartier efl: entie'rement enclavé dans les montagnes. Il a été d'abord cultivé en indigo , & depuis en café. La terre y efï bonne , fraîche , fertile. Ceft fans fonde- ment qu'on a avancé qu'une grande par- tie de cette ParoiiTe a beaucoup dégénéré de fa première fécondité. On y trouve dts » habitations où le café continue de rap- » porter en plus grande abondance qu'ail- 9» leurs. Le quartier du Joli trou en dépend, » ainfi que celui de la Marmelade, qui eft, M depuis quelques années , défriché & cultivé M en café s». ( Journ. de Saint-Domingue. ) La Petite- Anfe, a Cette ParoifTe , fîtuée dans la plaine , elï a» remplie de bonnes fucreries ; elle efl très- » bien cultivée. La plupart des habitations » font arrofées par des canaux qui , amenant » les eaux de la grande rivière , y font auffi » tourner quelques moulins. Le petit quar- » tier du Bonnet-â-l'Evêque, qui dépend de » celui de la Petite-anfe, eft partie en plai- » ne , partie en morne ^». {Journ. de Saint-Do- min^ue.) La terre eft par-tout d'une valeur médiocre ; les montagnes font cultivées en café : Ton trouve quelques fucreries établies dans la plaine. La Plaine -du- Nord. ^ Elle efl: féparée de la Petite-anfe par la rivière du Haui4ii-Cap ^ qui vient fe perdre 66 Essai SUR l'Histoire NATURELLï dans la baie du Cap. On trouve dans cette Paroifle plufieurs fucreries ; on cultive auffi l'indigo .dans la plaine , & le café dans les mornes. Son terroir eft très-bon, mais fi noyé en quelques endroits , que les cannes trop précoces ne parviennent jamais à une entière maturité ; on a cependant lieu d'en attendre la plus grande fécondité , lorfque là culture ôc le temps lui auront fait perdre cette ex- cefîive humidité. Le quartier du Morne-rouge ^ qui en dépend , à l'Ouefl , & qui eft fitué fur l'un des bords de la baie de VAcul, eft totalement différent ; fon fol eft fec , aride ; la terre fi compare en beaucoup, d'endroits, que l'eau ne la peut pénétrer. Le, Cap'François. La Ville du Cap-François oh eft fitue'e cette Paroiffe , étoit autrefois le Chef-lieu & la Capitale de la Colonie Françoife. C'eft-là que les Gouverneurs & les Intendans faifoient leur domicile , avant qu'ils aient établi leur réfidence à Léogane & enfuite au Port-au- Prince. Il paroît que l'Auteur du Géographe manuel \gnoït ce changement, puifqu'il dit que le Cap eft la Capitale de la partie fran- çoife. Cette Ville eft grande , bien peuplée , divifée en vingt-neuf rues tirées au cordeau , & pavées dans le milieu feulement. On y compte huit cens dix maifons. Elle eft fituée au bord d'une grande plaine longue de vingt lieues, large cle quatre à huit lieues, divifée en plufieurs Parôiffes qui fe communiquent par plufieurs grandes routes de quarante pieds t>E Saint-Domingue. 6*7 de largeur, tirées au cordeau , Ôc borde'es de haies de citronniers ou de campêehe. Uiï morne couvre la Ville du Cap du côté du JVord Se de L'OueJl ; elle regarde la mer à VEJl\ elle eft bornée au Sud par des marais d'une demi-lieue de longueur, qui fe remplif^ fent dans le flux de la mer. « Durant le folf- » tice d'été, dit M. Defportes, les marées ne M font pas fi hautes à Saint-Domingue que 3> durant celui d'hiver. L'eau n'étant pas 9» alors fi abondante ni par conféquent dans »» un fi grand mouvement doit s'y corrompre M plus facilement. S'il arrive que l'été foie » plus {to. que de coutume , cette eau , l'égouc 3» de la Ville & le tombeau des crabes , exhale » une plus grande quantité de corpufcules » infedés, capables d'engendrer la corruption » oijt ils fe répandent. Si les pluies font abon- 3» dantes , les terres étant alors inondées , w \t^ mauvais principes font comme noyés & 3» entraînés par le cours des eaux. Suivant » ces remarques , il eft facile de comprendre 3» pourquoi la Ville du Cap doit être plus 3» mal-faine en été qu'en hiver , pourquoi 3> un été trop fec doit être d'un funefle au- 3» gure pour les habitans ». Un Commandant en fécond pour toute la partie du Nord réfide dans cette Ville. On y voit auffi un Etat-Major , compofé d'un Lieutenant-de-Roi , d'un Major & d'un Aide- Major. Le Confeil Supérieur qui y a été éta- bli au mois de Juin 170 1 > eft compofé du Gouverneur - Général , de l'Intendant , du Commandant en fécond de la partie du Gap , du Lieutenant-de-Roi du Cap , de neuf Con-. E i j ^g Essai sur l'Histoire naturelle feillers titulaires , de quatre Affeffeurs , d'un Procureur - Général , de trois Subftituts, de quatre Greffiers, d'un Audiencier , & d e huit. Avocats. . . Dès Tannée i^Sj , on y créa une Amirauté &un Siège de Jurifdidion , dont les places font occupées par les mêmes Juges ; on y compte un Sénéchal & Lieutenant de l'Amirauté , un Lieutenant de la Jurifdidion , un Procureur du Roi, trois Subftituts , un Greffier en Chet, un Audiencier de la Jurifdiftion , un Audien- cier de l'Amirauté , vingt-un Procureurs, & vingt-fept Notaires. On a commencé depuis bien des années une valleEdife de pierres de taille qu'on fait venir de France. H eft probable qu'elle ne fera pas fitôt terminée. Le manque de fonds fait qu on n'v travaille que très4entement. Le Fretet Apoftolique des RR. PP. Capucins refide dans la Ville , & deifert en même temps la Faroiile , affilié de trois Vicaires de fon Ordre & de trois Eccléfiartiques féculiers attaches au fer- vice de FEglife. H y a auffi un Hôpital royal gouverné par les Frères de la Chante , une Communauté de Religieufes de Notre-Dame où l'on tient penfionnat , une Chambre d A- ericulture , fix Officiers de Santé , fix Méde- cins , quatorze Chirurgiens, deux grands Vovers & Arpenteurs généraux, treize Ar- penteurs du Roi, dix Officiers comptables, un Commiffaire faifantles fondions d Ordon- nateur & de Subdélégué de l'Intendant , deux fous-Commiffaires,un Chef du Bureau des Fonds, un Commis aux Claffes, un Pré- vôt-Général de Maréchauffée avec un Lieu- w^ D E s A I NT-D O M I N G U E. 6^ tenant & un Exempt , un Capitaine de Porc , yn Bureau de poftes aux lettres. « Le Port du Cap efl digne de recevoir les 9» riches produdions des contrées voifines. Il M efl: admirablement placé pour les Vaifîeaux 5? qui arrivent d'Europe. L'air qu'on y ref- 9» pire efl: le meilleur de l'ine;il n'efl ouvert 33 qu'aux vents du.Nord-eft, dont il lie peut » même recevoir aucun dommage » fon entrée n étant femée de refcifs , qui rompent l'im- 3ï pétuofîté des vagues. On en fort aifément , 3ï 6c le débouquement de ces mers fe fait ea 3î peu de temps ». HiJL phllof. & poLiom. ^^ P. Charlevoix, tom. 4. ce La plaine qui n*a vers le Nord d'autres 9» limites que la mer , efl couronnée au Sud 3> par une chaîne de montagnes , dont la pro- » fondeur varie depuis quatre jufqu'à huic 3ï lieues. II y en a peu de fort élevées. Elles 3s n'ont rien qui repouffe les habitans. Plu- 8» Ceurs peuvent être cultivées jufqu'à leur 3» fomniet , & toutes font coupées par des a> intervalles remplis de plantations de café 3> & de très-belles indigoteries ^». Ibid. Le quartier du haut du Cap qui relève de cette Paroiife , ne pofsède qu'une fucrerie ; mais il renferme un grand nombre de petites places le long de la montagne, où l'on cul- tive des vivres du pays pour la eonfommation des efclaves. Ces jardins font d'un grand rap- port , & l'on dévroit s'attacher à multiplier ces établiffemens. Il refte encore beaucoup de terreins en friche où le coton viendroit très- bien. Le café ne croît pas trop bien dajns les^ mornes qui entourent la partie occidentale da E iij 70 Essai sur l'Histowe naturelle Cap ; la forte brife qui foufïle du côté du Nordf, defsèche ôc brûle le pied de ce végétal ; enforte qu'il jaunit en peu de temps, & périt à la fin. Le cacao n'y réuffiroit pas mieux , il demande des terreins fitués dans des gorges où il n'é- prouve ni trop de chaleur , ni trop d'ombrage. L'Acul Cette Paroifle renferme quelques bonnes fucreries & quelques-unes de médiocres , le fol étant mélangé de bon & de mauvais. Avec de l'induftrie on augmenteroit fa fertilité , & l'on ne doit point défefpérer d'y réuffir. Une rivière affez forte, nommée la rivilre J'aUe ^ traverfe ce quartier ; on pourroit , par le moyen de quelques, faignées , fe fervir d'elle pour arrofer les terres. Les faluies où l'on a planté des cannes font des terreins d'une fécon- dité furprenante ; ce qui prouve que les eaux de la rivière falèe quoique mêlées avec celles de la mer, ne feroient point nuifibles aux produdions. On cultive encore dans cette Paroifle quelque peu d'indigo , les montagnes produifent du café & des vivres de toutei efpèce. Le Limhé, Cette Paroifle eft divifée en deux quartiers principaux , qui font : le kaut-Li?nbé , le bas- Limbe. Son terrein eft regardé comme l'un àes meilleurs de l'Ifle j mais il eft fi abondam- ment arrofé par une grande rivière qui paflb au milieu & par d'autres ravines confidéra^ jbles qui le traverfent en tout fens , que fon; ^erroir y devient trop humide. On y voit cô-: \ DE Saint-Domingue. ^ yt pendant quelques bonnes fucreries; l'indigo y réuflit très-bien* Flaifance, «c A quelque diftance du haat-Lhnbé , on » découvre le quartier de Plaljànce. Quoi- » qu'il faille , plour s'y rendre , palïer par des » coupes de montagnes d'un accès difficile , » c'eft néanmoins un fort beau pays dont la » terre grafTe & fraîche a la couleur d'un a» rouge vif. On y voit de grands plattons » bien cultivés en indigo & en café. La dé- » peadance du Cap eft terminée de ce côté- » là par un morne extrêmement é\Qvé^^.{Journ.. deSaint-^Doniingue. ) Ze Pon-Margot, t* Près dvLÈas'Limbéj^k quelque diUance de 3» la mer, on trouve le quartier du Port- » Margot. Son fol tient un peu de la nature » de celui du Limbe , c'e ft- à-dire , qu'il eft » d'une humidité exceffiye qui convientmieux » à l'indigo , au cacao qu'au fucre. 11 eft ar- 9> rofé par une rivière rapide dans fon cours, »> dont les débordemens font prefque jour- » naliers. Le quartier du Margot qui en dé- » pend eft enclavé dans la chaîne àts mon- » stagnes qui bordent lô Port-Margot, Le » café paroit y réuffir ; mais l'abord de ce' » petit quartier n'^eft pas aifé. il eft terminé » par une rivière dangereufe, appellée la » rivière falée, différente de celle qui fépare- 9> le quartier de VAmldQOQXm âmMorne-rou^, » ge ». ( JourUi d^ SainirDcjjimgU^' ) E iv 72 Essai sur l'Histoire naturelle Lt Borgne, Ce quartier eft lîtué dans un terroir mon- tagneux qui laifTe entrevoir cependant quel- qiies plattons d'une terre trop fraîche pour l'indigo ; ce qui a déterminé les liabitans à s'at- tacher à la culture du café, & à renoncer à l'indigo qu'un excès d'humidité & de fraî- cheur empêchoit d'acquérir aflez de maturité pour fupporter aucune pourriture, fur-tout à la première coupe. A quelque diftance du Borgne on trouve le quartier de Sainte-Anne arrofé par une rivière qui porte fon nom, & fertile en indigo comme en café. Ze Petit'Saint'Louis. Cette PgroiiTe fituée dans le voifinage de la mer eft contiguë au quartier de Sainte-Anne, Son terroir peu différent eft également pro- pre à l'indigo & au café. LesJéfuites y pof- fédoient autrefois uue habitation qui avoit au moins quatre cens quarreaux de terre. Le Port-de-Paix, Ce quartier doit fon établiffement au voi- finage de la tortue , dont les habitans défri- chèrent une grande partie pour y former leurs établiffemens , lorfc^u'iîs abandonnèrent le fol ingrat de cette petite Me. La difficulté qu'on trouve de tout côté pour y aborder Ta rendu comme ifolé & féparé du refte de la Colonie, Il eft compofé de plufieurs petits cantons Ctués dans \ts environs de la Ville , & cul- tivés en indigo I quelques endroits le fontea. t> E S A ï N t- D O M I N G U E: 75 fcafé & en vivres du pays ; on y cultive peu de coton. Le terroir eft généralement propre au fucre. Plufieurs habitations ont affez de plat pays pour planter des cannes , & moyen- nant quelques travaux, on fe procureroit la facilité des charrois & de l'exportation. La Ville n'eft pas bien confidérable. Il y a une Jurifdidion établie en Août 1585, & qui eft compofée d'un Juge-Sénéchal , Lieutenant de l'Amirauté , d'un Lieutenant de la Jurifdidion , d'un Procureur du Koi, d'un Subftitut , d'un, Greffier en Chef, d'un Greffier-Commis , d'un Audiencier , de fix Pro- cureurs & de fix Notaires. Il y a auffi un Major de place , un Lieutenant & un Exempt de MaréchaufTée , un CommifTaire des Claffiss de la Marine , un Capitaine de Port, fix Officiers comptables ,.un Officier de Santé, quatre Chirurgiens, fix Arpenteurs, un Bu- reau pour les poftes aux lettres. Jean-RabeL On cultive dans cette Paroifie du coton , de l'indigo , ôc quelque peu de café. Le tabac y vient bien; mais la culture en eft entière- ment abandonnée aux Nègres efclaves, ôc ne fait plus un objet de commerce depuis près de trente ans. Elle eft féparée du Port-de- Païx par des lieux prefque déferts qui ré- gnent le long des côtes de la mer. Tout ce qui fe trouve entre elle & le M ôk-Saint- Nicolas eft tout-à-fait inculte. Ze MôU-Saint'Nicolas, Il y a dans cette Paroifte une Ville ûouvçli 74 ^^SM SUR l'Histoire naturelle lement bâtie, qui porte fon nom : c ?e elîfîtuée dans l'enfoncement d'une baie oiu a 1450 toifes d'ouverture. La nature l'-i placée vis- à-vis la pointe de Mayfi de riûe de C^^^^. Le Port que M. le Comte d'Eflaing y a fait conftruire en 1766 eft défendu par de bonnes fortifications qui le mettent à Fabri de toute infulte. Les Anglois de la Jamaïque & de la nouvelle Angleterre le fréquentent beaucoup ; c'eft ce qui a donné envie au Miniftère de Verfailles de le fortifier, & d'y conflruire une Ville qu'on a peuplée ^Acadiens & A'Al- lemands qui y font prefque tous péris de cha- gnn & de mifere. II Y a dans la Ville un Etat-Major, compofé d'un Lieutenant-de-Roi, d^un Major &: dun Aide- Major; trois Ingé- nieurs , un fous-Commiffaire de la Marine , un Capitaine de Port ^ cinq Officiers compta- bles , un Officier de Santé. On n'apperçoit autour de la ViWt que des mornes pelées , des rochers applatis. Le ter- roir qui l'avoifine ell d'une telle aridité , qu'aucune culture n'a pu jufqu'ici y réuffir. On y cultive cependant un peu de coton. On prétend que la rivière qui fe jette dans la baie traverfe ce pays inculte, mais elle fe perd fous terre ; peut-être feroit-il facile d'y remédier. Le Gros-Morne, Cette ParoifTe eft fituée entre le Pon-de^~ Palxôc les Gonaïves. On y cultive du coton & de l'indigo, «c Son territoire eft fort mon- » tagneux, mais bien arrofé. Les éminences » forment des cojines à pente douce, très-bien DE Saint-Domingue. jf 5» cultivées & qui préfentent un point de » vue agréable. 3> Elle tire fon nom d'une montagne très- » élevée dont la bafe embraffe beaucoup de » terreins. Son fommet éft applani, on y M voit une efpèce d'étang formé par la nature, 3ï & qui ne tarit jamais. L'efpace qui s'étend X depuis fa cîme jufqu'à fa moitié , eft tota- 3> lement aride, & offre feulement, de diftance »» en diftance , quelques petits arbuftes répan- » dus fur un fol rocheux , _ incapable de » produire autre chofe , tandis que fa bafe » abonde en terreins fertiles » . {Journ. de Saint- Dont. ) On conjedufe fans peine que l'ébou- lemcnt des terres caufé par les feux fouter- reins & par les grandes pluies a occafion» né cette diverfité fenfible. Telle eft la nature des difFérens terroirs qui compofent les vingt-une Paroiffes de la partie du Nord^ & qui font toutes du reffort du Confeil Supérieur établi au Cap. Son éten- due en longueur eft d'environ foixante lieues ; fa largeur eft peu confidérable en beaucoup d'endroits , & varie félon que la chaîne àts. montagnes s'éloigne ou fe rapproche de la mer. Article Defcription de la partie de fOueft. Lis Gonaives. . Cette Paroifle eft bornée vers le Nord par le Gros-morne, à VEJl par Plaifance, au Sud par Saint-Marc h. la petite rivière y d. lOueJi par la mer. On y compte deux fpcrefks , 7^ Es^Ai SUR l'Histoire natùrell» trente cotonneries, dix caféteries, fix injî- goteries , environ cent libres ôc cinq mille efclaves. (*) Le Bourg eft compofé de l'E- glife paroiffiale, du pre%tère, & de quel- ques méchantes cafés. On y trouve un Bu- reau de polies aux lettres & un Exempt de Maréchauflee. 11 eft fitué au bord de la mer dans un endroit très-mal-fain, où l'on ne trouve pas un pouce de bonne terre. On ne voit par- tout que du fable prefque toujours couvert d'une couche de fel blanc, qui repréfente alfez bien ks petites gelées qu'on éprouve en Fran- ce aux approches de Thiver. Auffi n'y voit- on croître que des mangles & des palétuviers. Les crabes y fourmillent, & l'on n'efl pas encore parvenu à les déloger ; les marin- gouins & les mouftiques rendent ce féjour très- incommode. Il y avoit autrefois de l'eau douce qui y étoit conduite par un canal d'une bonne lieue de longueur ; un particulier l'a détourné pour arrofer {es cotons, & il s'eft maintenu dans fon ufurpation , malgré les réclamations des habita ns du Bourg qui font obligés d'al- ler fe défaltérer ailleurs que chez eux. La baie eft grande , bien fituée, à l'abri des vents du JVord, Ôc pourroit fervir de relâ- che à tous les navires dont la route fe dirige vers l'OueJl Se le Sud. Son Port très-commode peut aifément être fortifié. « Le territoire des Gonaïves eft plat , ajffez (*)Parles Libres oa entend les Blancs, foit Créoles, foit Européens, Ôc les Nègres ou fangs-mêlés affranchis. Par les Efclaves on doit entendre les Nègres ou les gens de couleur, c^ui «ç jowiflent pas de leur liberté. DE Saint-Domingue. 7f » uni; mais il manque fouvent de pluie. Son n premier abord ne prévient pas en fa faveur; »> les cardajfes , les raquettes , les torches ou » cierges épineux dont les favannes font liérif- » iées , l'aridité que préfente vers le cou- »' chant la chaîne des montagnes , tout con- » tribueà lui donner un air fauvage â'. (Journ^ de Salnt-Dom. ) Cependant le colon intelli- gent peut s'y enrichir comme ailleurs. En certains endroits la terre eft propre à la cul- ture du fucre, dans d'autres à celle de l'in- digo & du café ; la plus aride enfin pourroit produire abondamment du coton. Les plan- tations qui en ont été faites depuis neuf ou dix ans ont rendu au - delà des efpérances. Le quartier eft fourni en outre de bois très^ eftimé, & propre à la menuiferie, au tour, à la marqueterie ; l'acajou fur- tout y eft très- beau. Saint'Marc, * La Ville fe préfente au fond d^une baie » foraine, couronnée d'un croifTant de mornes, » oh l'on trouve des pierres-de-taille qui va- » lent bien celles d'Europe. Les Navires ne •> mouillent dans fa baie qu'à une encablure » de terre par les 40 à 4J braffes de pro- o» fondeur s». ( Journ. de Saint-Doin. ) Quand les vents font un peu forts , les Navires fonc expofés à dérader & à chafier fur leurs an- cres. La Ville eft fituée dans une pofition rian- te ; elle eft affez peuplée , & très-commer- çante ; 1 54 maifons , la plupart en maçonne- rie , l'embellilTcnt ; fes dehors font char* mans , l'air qu'on y refpire eft fain. Deux W^ 7 s Essai sur l'Histoire naturelle ruilTeaux qui la traverfent ne contribuent pà5 peu à fa propreté. Elle eft la réfidence d'un Lieutenant-de-Roi afîifté d'un Aide -Major. Sa Jurifdiftion créée au mois d'Août 1724, &. l'Amirauté jointes enfeml^le, font compo- fées d'un Sénéchal & Lieutenant de l'Ami- rauté , d'un Procureur du Roi , de deux Subf- tituts, dont l'un réfide à Saint-Mare, l'autre aux Gonaïves, de deux Greffiers, d'un Au- diencier, de fept Procureurs, de douze No- taires. Il y a auiTi dix Huiffiers , fix Arpen- teurs du Roi, trois Officiers comptables, deux Officiers de Santé , un fous-Commiflaire de la Marine, un Commis aux Clafles, un Capitaine de Port, un Bureau de pofles aux lettres. La Paroiffe eft bornée, au Mrd, par les Gonaïves ; à l'EJi , par la joetlte rivière & les verettes\ au Sud, ^2xt Arcaha.ye\ à VOueJl, par la mer. On y compte 10 fucreries, 32 in- digoteries , 100 caféteries , 72 cotonneries environ ^00 libres, & 12000 efclaves. Elle renferme les bas de FAnibonite , fitués au bord de la mer jufqu'à la rivière de VEJkr, Ce terrein fe reffent du voifinage des Go- naïves , c'eft-à-dire , que le fol y eft fort aride & très - fec ; on y cultive cependant du coton , qui demande peu de pluie , & quelque peu d'indigo, qui vient à mer- veille quand il pleut ou qu'on peut arro* fer. Les montagnes de Saint-Marc font cul- tivées en café , & on en tire tous les ans une quantité prodigieufe. « Jufqu'au Mont-- o> Roms le terrein eft affez fertile ôq biera » cultivé , mais au-delà il devient ingrat , tellement du rivage , qu'elles lailTent à V» peine pour la communication un pafTage , .3» qui eft dominé par des hauteurs inaccefli- » oies cle ce côté-là. On trouve dans l'inté- » rieur des montagnes de très-bonnes habi- » rations en café , & le nombre s'en aceroît » tous les jours «. {Journ. de Sa.uu-Do?n.) La petite rivière de l* Artihonite, Cette Paroiffe tire fon nom d'un ruifleau qui , après avoir arrofé quelques habitations, va fe jetter dans VAmbonlte , à quelques pas du Bourg , qui n'eft compofé que du pref- bytère , d'une auberge & d'une douzaine de maifons , occupées la plupart par des gens de couleur. Elle eft bornée par les ParoifTes des Go naïves^ de Saint- Marc , des Verettes, & par les terres efpagnoles. Elle renferme 8 fucreries , 6o indigoteries , 70 caféteries , ^o cotonneries, environ 650 libres , & loooo efclaves. La plaine de VArtibonite eft une des plus confîdérables de la partie françoife. Elle a environ 15 lieues de longueur fur une lar- geur inégale de 4 à 9 lieues. Elle eft arro- fée par plufieurs rivières, comme celles des Llannes , des Verettes , des Cahos , par la grande rivière^ par Xa. petite rivière, & par la grande rivière de VArtibonite , d'oià cette plaine tire fon nom , Se qui la partage en r- 8ô Essai sur l*Histoiiie naturelle deux. Les Cartes de Saint-Domingue placent la fource de l'Artibonite au milieu des Pof- feffions Efpagnoles ; près l'ancien Clbao des Indiens r elle paiTe enfuite au Mlrbalals , d'où elle fe rend dans la plaine. Ses eaux grafles & huileufes, répandent > comme celles' du Nil , le germe de la fécondité fur les terres qu'elles arrofent ; fes débordeipens an- nuels lailTent un limon qui les fertilife , mais ils y caufent auffi quelquefois de grands dom- mages. Dans le temps des pluies, ce fleuve franchit fes écors , inonde les campagnes , coule avec la rapidité d'un torrent , & en- traîne avec lui des arbres entiers , des mai- fons, des parties d'habitation, & générale- ment tout ce qui s'oppofe à fon paUage. La plaine de VAnlbonite eft féparée de celle des Gonàives par la rivière de VEJiery qui , quoique beaucoup plus petite que FAr- tibonite , ne laiffe pas que de caufer bien du dégât dans le temps des pluies. On y trouve des caymans d'une grandeur prodigieufe ; on en voit qui ont jufqu'à 20 pieds de lon- gueur : la grandeur de la gueule fait com- munément la cinquième partie de celle da corps entier. C'eft un animal amphibie , ovi- pare , très-dangereux , & qui fe fait redou- ter de ceux qui vont fe baigner dans cette rivière. On dit qu'ils font plus friands de la chair des Nègres que de celle des Blancs. La femelle va pondre fes œufs fur le rivage , elle les couvre de fable , & abandonne à la chaleur du climat le foin de les faire éclorè. Lorfqu'on eft pourfuivi par cet animal vo- tace , il faut courir en zigzag pour éviter fa dentî 1 r>E Saint-Do MiNôuE. ^t dent meurtrière ;^ comme il eft fort long & qu'il n'a pas l'épine du dos flexible , il perd du temps à fe tourner , 6c donne à celui qu'il pourfuit , le temps de s'échapper. On arrive du Cap dans la plaine de VAr" tibonite par deux routes différentes ; i°. en traverfant la coupe efpagnole par le Petiù- fonds 6c la Coupe-à-l' Inde , montagnes très- efcarpées , mais où la nature a laifîe un paf^ fage ; 2°. par le Chemin neuf , fans quitter le pays françois. On cultive dans la plaine le fucre , l'indigo , le coton ; on y trouve auffi des battes d'un revenu coniîdérable. Si le pro- jet qu'on a formé d'arrofer cette vafte plaine avec les eaux de VAnj-banhe s'exécutoit , on verroit les revenus de ce quartier augmen- ter au moins d'un tiers. D&s calculs géomé- triques en démontrent la poflibilité , mais l'exécution exige bien des précautions. Plu- fieurs quartiers dans les mornes font très-bien établis ; celui de Cabcu'd , fitué près de la Coupe-à-t Inde & arrofé par une petite rivière qui porte fon nom, doit être fur-tout dif- tingué , ainfî que celui du Cahos , enclavé dans \qs montagnes , qui eft en réputation pour je café. Notre-Dame-des-Verettes, C'eft une petite ParoifTe , bornée par ceîles^ habitations qui le compofent font immen- » fes. Il eft naturellement divifé en plufieur^ Fiîj i!i; I. 8^ Essai sur l'Histoire î^aturillë 9ï lifières qui s'étendent de l'E/l à l'OueJl de^ a> puis le lac jufqu'à la mer. » La première qui comprend le penchant mé- 9> ridional des montagnes de Mlrbalals eft au » Nord ; ce font des roches arides , où l'on ne 3» trouve que des pierres calcaires,propres à bâ- » tir, des bois de charpente , des palmiftes à vin •» en abondance , quantité de cabouille , efpèce 9» d'aloës , dont on tire- lapine pour faire des » cordages. C'efl; une branche de commerce » avec les quartiers voifins qui occupe bien » des Nègres & des Mulâtres libres. On trouve •» aufîi de bonnes hattes dans ces montagnes, a» ôc des habitations en café dans les vallons 3> voifins du lac. , » La féconde lifîère , au Sud de celle dont a» nous venons de parler , n'eft qu'un marécage t> inculte , laiffes de la mer dont on voit par- 9> tout les traces. Le fel y blanchit la terre , 9i quand le foleil la fèche après la pluie. Il 9» n'y croît que des mangks , de la crifle-mcL" » fine, & du hall. Les pâturages y fontexcel- » lens , & les bêtes à cornes toujours graffeS. 3> Les hattes y font très* nombreufes , d'un m revenu folide & confidérable. La rivière »> blanche y ferpente , & porte dans les fables s» d'une grande faline voifine de la mer , les » égouts de tous les marais qui abondent en . !»> gibier marin. Elle change de couleur en a> paffant dans ce marécage , devient rouge , B> & fe nomme alors Boucambrou , comme on a> l'a dit. » La troifième lifière forme îe refte de la b3 plaine qui eft très-bien cultivée. Quelques i^ habjtans yoiûns éxBoucambrou & des Vat^ DE Saint-Domingue. 8f » rèux font leur fucre un peu falé , quoique » fore beau, ce qui ne nuit pas à foh prix. •> En général les fucres bruts de la plaine font => de toute beauté ; les cantons de belle vue y 3> des petits bois , de la grande plaine paffent » pour les plus fertiles. Les arbres fruitiers M y font rares; les brifes impétueufes qui y 3> régnent les trois quarts de Tannée \^^ em- » pèchent de croître. Les moutons y font 3» extrêmement gras, & les brebis très-fécon- » des. On y élè\re quantité de volailles. => La quatrième lifière eft formée par le « penchant feptentrional àç.s montagnes qui 0' bordent la plaine au Sud. Celle de belle- » vae , qui eft entre la grande rivière ôc la » rivière blanche, eft un féjour délicieux ; tout » y croît à mtïveWle^^. Journal de Saint-Dû- mingiie. On affure même que le bled & l'orge y font des plantes vivàces. La montagne de la Charbonnière abonde en légumes & en plan- tes potagères de toute efpèce. Les artichauts y viennent , en peu de temps, plus gros qu'en France : on y voit auffi quelques habi- tations en café qui réuïTiffent très-bien^ Le. Mirhalais. Ce quartier eft comme fépàré des^ autres > par des montagnes d'un difficile accès. Il eft borné par les terres êfpa gnôles & par lès ParoilTes du Cul^de-fac, de tArcakaye & des Verettes. 11 renfermé à peu près looo libres & loooo efclaves. L'on arrive au Mirbalais du côté du Cal-âe-fèc, par plûfieurs cheinins j qui font tous très-pénibles. Celui du Fond-au* diabU eft le plus court j la Coupe de la Gap*- Fiv s 8 Essai sur l'Hïstoire naturelle cogne eft entrecoupëç de montagnes très-efcaj^ pées , & de profondes falaifes. La plaine des Sarailns qu'on traverfe , rend cette roiite très-agréable jufqu'aux Grands-boU-, mais alors il faut s'armer de courage & de patience, à la vue des pre'cipices à, des mornes à pie qu'il faut efcalader par des chemins étroits & fi fangeux , que les chevaux s'y enfoncent en tout temps jufqu'à mi-jambe. Il y a dans cette Paroifle un Major de place , un Subftitut du Procureur du Roi , arois Notaires, quatre Huiffiers, un Officier comptable , un Bureau des polies aux lettres, un Lieutenant & un Exempt de MaréchaufTée. If Ardbonite pafTe à côté du Bourg , qui eft favorablement placé fur un terrein élevé au centre du quartier & au confluent de ce fleuve, avec une petite rivière nompiée la Tombe, On y voit une très-belle place d'armes , en- vironnée d'une double rangée d'arbres. L'E- flife fituée au. milieu d'un des côtés de îgt lace , eft fort-belle ; quoique le tremblement de terre de 1770 ne l'ait que légèrement en- dommagée, le Curé & les habitans l'ont ce- . pendant abandonnée, par une timidité exceA JRve & fans aucune apparence de danger. L'Of- fice fe fait depuis ce temps -là dans une petite café en bois , conftruite à la hâte. Le Mirbalals , quoiqu'hérifle de montagnes , comprend beaucoup d'habitations d'un revenu confidérable. L'indigo eft la denrée principale. La plaine àts Sarpa:(lns en produit de très- beau & en grande quantité : e'eft la partie du quartier la plus agréable. Elle eft arrofée par l^iïym^i^Fër à chcvaL Le Boucan-quavri Ï5 E s A I ÏJ T-D O M I N G Û % '^9. feft cultivé en café & en tabac ; ces denrées fe récoltent auffi dans les autres endroits de la Paroiffe, ainfi que le coton. On y conipte 6oindigoteries, 40 caféteries, 20 cotonneries : on y voit encore des hattes allez confidéra- bles. La nature du fol eft propre à tout : le fucre y réufTiroit comme ailleurs; mais Tex- portation y éprouveroit des difficultés infur- montables. Il eft cependant certain qu'une bonne fucrerie trouveroit dans le ^ quartier même le débit de iti çroduftions, foit en fu- cre, foit en firop , foit en tafia. Il y a quel- ques années qu'un habitant commença cet établiffement , il avoit déjà fait planter plu- fieurs pièces de cannes qui réuffirent très-bien ; je ne fais pourquoi fon entreprife ne fut pas fuivie. Les principales rivières qui arrofent le Mlrbalals font, VAnibonite, le Fer-à-cheval, IdiCoUne, hGafcogne, Jean le bas, \2i Tombe ^ le Canot , les Deux - crochues , la rivière des Orangers^ \q Boucan-quarré , les Capucins. L'on trouve à trois lieues du Bourg un ter- rein falpétré, rempli de fels très-abondans; lorfque les moutons y paiTent , ils en lèchent ja fuperficie, & l'on a peine à les en éloigner. Aux environs du Bourg, on rencontre des mor- ceaux de mine de cuivre fur la furface de la terre. M, Pouppé des Portes a fait l'analyfc des eaux thermales qu'on trouve dans ce quar- tier , au fond d'une ravine fituée proche YAr^ tibonite : il en recommande l'ufage dans tou- tes les affedions des nerfs & dans les mala- dies cutanées , pourvu qu'il n'y ait point de caufe vérolique. On peut voir dans fon Trahi des jplantes ufuelles de Scùnt-Domingue , le# Ç6 Essai sur l'Histoike naturelle procédés qu'il a fuivis pour en découvrir ïe^ propriétés. Le Port-au-Prince, La ville n'a été conftruitie que vers l'année 17J0; elle efl placée au fond du grand Gol- fe occidental de Fifle, dans un angle droit, formé par la côte qui part de Léoganê^ Se celle qui borne la plaine du Cul-de-fac. A l'Orient elle eft bornée par le Cul-de-fac, au Nord par le Mirbalais , au Nord-ouefl par VArcahaye , au Couchant par Léogane , au Sud par hs cayes de Jacrnel. Elle feroit confidérablé , fî l'enceinte qui en a été tracée étoit occupée : fa longueur du Nord au Sud eft de 1250 toifes; fa largeur de VEJI à VOueJî eft: de, 500 toifes. On y comp- te 558 mâifons difperfées çà & là. Le Gouver- nement & l'Intendance font dans une pofîtiori agréable : on y voit quatre grandes places , 2p rues , dont la plupart ne fe correfpondent pas. La grande rue feule eft: très-droite , & a les 12 5*0 toifes de longueur. On en a tracé fix autres parallèles à celle-ci, & traverfées par 1 3 autres , qui partent de l'Eft , & vont aboutir à la mer. Elles ont 60 à 70 pieds de largeur : en quelques endroits les deux côtés font garnis d'une rangée d'arbres ; on vient auftî d'y confl:ruire des fontaines , que le dé- faut d'eau rendoit très-néceffàires. L'air y eft: brûlant, & pafte pour malfain , auffi y voit-on fouvent régner des épidémies qui enlèvent quantité d'habitans. Les brifes d'-E/i y font violentes , & rendent le féjour de cette ville îïès-défagréable , auffi - bien que le tuf. Ces ■p 15 Ê Sa î n t-D o m i n e û f. ^f kcotivéniens font en quelque façon réparés par fa fituation avantageufe , qui lui procuré routes les douceurs & les facilités pour là vie, qu'on peut efpérer à Saint - DomingUe. Lé mouton , le cochon , la volaille de toutes ef* pèce ; le gibier , le poifTon , les légumes , les herbages, les fruits, &c. y abondent. Elle efl: aujourd'hui le chef-lieu & la ca- pitale de la Colonie Françoife : le Gouverneur général & l'Intendant y font leur réfidence ordinaire. On y a transféré le Confeil fupé^ rieur , érigé par Edit du mois d'Août ï 68 5 , pour le Petlt'Goave, & qui a fubfifté quelque temps à Liogdne. Il eft compofé du Gouver- neur général ^ de l'Intendant , du Comman- dant de Saint-Louis, du Commiffâirè général de la Marine, d'un Préfident, de dix Con- feillers titulaires, de trois AfTeffeurs , d'un Pro- cureur général , de deux Subftituts , de cinq Greffiers, d'un Audiencier & de dix Avocats. La Jurifdiélion & l'Amirauté confiftent dans un Juge-Sénéchal & Lieutenant de l'ArniraUté , un Lieutenant de la Jurifdidion , un Procu- reur du Roi, cinq Subftituts du Procureur du Roi , quatre Greffiers , un Audiencier , neuf Procureurs, feize Notaires, dix-fept Huiflîers. Léogaile , le Cul-de-fac, le Mlr balais, VArcà' kaye , relèvent de cette Jurifdidion. Il y a encore au Port- au- Prince ^ un Lieu- tenant de Roi les navires font dans ce' port à Fabri de 9> la piquure des vers, & mouillés fur un fond » de vafe de bonne tenue , par les onze brafles » de profondeur , en toute fureté contre la 5 mer & \^% vents. ï)E Saint-Domingue. p5' » Le grand port , defliné pour les vaiiTeaux » de guerre , efl: au midi de Vllet à flaque- » d'eau. Il efl à peu près de la grandeur Se « de la figure de la rade que nous venons de » décrire. Les vaiiTeaux y font mouillés par » les (î à 8 braffes de profondeur. Ce port eft o> borné au Sud par plufieurs ilets , qui le fépa- w rent d'un troifième baflin, nommé \e Fort- » falé, long , profond & étroit , avec lequel w il communique par quelques paffes trés- or refferrées. Outre le Fort de Filet, il y en a » deux autres , l'un nommé Fort Salnt-Jofepk , a> à l'extrémité feptentrionale de la ville, fur » la Pointe -à- Fortin^ & l'autre nommé le » Fort Sainte- Claire , au Sud dts magafins w du Roi, vis- à -vis le grand port ». Journal de Saint-Domingue. La Paroilfe du Port-au-Prince comprend, outre la ville ; i°. la partie de la plaine du Cul-de-fac, qui eft fur la rive gauche de la grande rivière ; 2°. le Trou-Bordet, où il y avoit autrefois uneParoiffe, éteinte depuis la fon- dation du Port-au-Prince , dont le fol , quoi- que naturellement rocheux , eft excellent; 3°. le Lamentln , oh l'on trouve quelques terreins marécageux , couverts par les eaux de la mer , qui vont battre le pied des mor- nes ; 4°. le Fond-Ferrler , qui eft fitué derrière la première chaîne des montagnes. Ce quar- tier eft arrofé par la rivière froide & la grande rivière de Léogane. On y voit plufieurs plan- tarions en café qui réufiTiffent très-bien. On compte dans toute l'étendue de la Paroifi'e du Port-au-Prince, 40 fucreries, 12 indigo- teries , $0 caféteries , 1 5 cotonneues ^ environ 'J400 libres & 17000 efciaves. wwrft Essai sur l'Histoire naturells Léogane, La ville eft agréablement (îtuée fur un ter- rem uni, dans une plaine fertile, bien cul- tivée, arrofée par plufieurs ruiffeaux. Elle fut long-temps le fiége du Gouvernement , de 1 Intendance & du Confeil fupérieur , érigé au petit Goave : on y avoit auffi établi une Jurlf- didion. Son commerce alors étoit confidéra- ble , Se l'on avoit projette d'ouvrir un canal de communication de la ville à la mer, pour faciliter l'importation 8c l'exportation des denrées ; ce gui étoit d'une exécution très- aifée & peu difpendieufe : mais l'établifTement du Port -au -Prince fit avorter ce deffein & éclipfa la gloire de Léogane : on la dépouilla de tout pour fonder la nouvelle ville. Les maifons y étoient fort jolies avant l'é- poque du tremblement de terre de 1770, qui en renverfa le plus grand nombre , ôc en- dommagea grandement le refte. On en comp- toit alors 317 qui formoient un quarré long. La plupart ont été rebâties en bois, & d'une manière plus propre à réfifter aux fecoufTes. Les rues, au nombre de quinze , font larges , bien diftribuées, & bordées d'arbres. La place d'armes , ornée de trois allées d'ormes de l'Amérique, a 100 pas quarrés : elle eft en- vironnée de beaux magafins , que les proprié- taires louent fort cher aux Capitaines, pour y vendre les denrées qu'ils apportent de France. Le marché fe tient tous les jours' au mih'eu de la place : on y porte des vivres du pays , des fruits, des légume? de toute efpèce, du DE Saint-Domingue. 55^ gibier, des volailles, des cochons , des mou- tons, &c. L'Eglife étoit, avant l'année fâ- cheufe de 1770, une des plus grandes ôc des plus belles de toute la Colonie : elle étoit conftruite iur un des deux côtés de la place ; (a charpente fur-tout fe faifoit admirer. Les promenades y font charmantes , celle fur-tout de la Savanne du Gouvernement fait jouir en même temps du coup d'oeil agréable de la ville, de la plaine , de la mer &■ des mornes , à perte de vue. Diilante de la mer d'un quart de lieue , la ville de Lêogane en efl; féparée par des marécages qui doivent nuire à la falubrité de l'air. Une redoute pro- tège 1^ rade , qui quoique foraine , efl: ce- pendant très-fûre; mais les navires n'y font point à Pabri des vents ^Ouejl ôc des coups de JVord , quelquefois très violents. La Paroide fe divife en pîufieurs petits quar- tiers , tels que les Sources , la petite plaine , le grand Boucan, le petit Boucan^ la. grande ri" vihve , la petite rivière , la Frelate , VAcul , VEJière , les Cormiers , \es Orangers , les Ci- tronniers , le Fond-de-Boudin , &c. La plaine a environ, 16 lieues quarrées ; elle efl: arrofée par la grande rivière ôc la Rouillonè. Etablie depuis long-temps , elle ne donne pas des récoltes aufTi abondantes qu'autrefois. L'ab- feoce des propriétaires caufe dans ce quar- tier , comme dans les autres , un dommage confidérable , qui retarde les progrès des ma^ nufaâures. Les mornes qui environnent la Ï)laine font prefque abandonnés , parce qu^ a plupart' dépendent des habitations de h çlaine , dgn; oa ne peut diyirei: les forces. r ^S Essai sur l'Histoire NATUREitÊ Il fe trouve cependant quelques-unes de ces places aflez bien établies ; d autres font oc- cupées par des Nègres & des Mulâtres libres , qui bornent leur induftrie à cultiver des vi- vres & à élever de la volaille. Le grand & le jjedt Boucan , les Cormiers , les Orangers , les Citronniers font remplis de divers petits éta- bliffemens fort gracieux. L'on a fait dans la gorge nommée le Fond- de-Boudin , de nou- velles plantations en café qui réuffilTent frès- bien. Qn y a pratiqué un chemin qui conduit à Jaartel. L'on compte à Léogane ^i fucreries , 10 indigoteries , 40 caféteries , 10 cotonneries, environ 800 libres, & 12000 efclaves. Cette Paroifle eft bornée au Nord par la mer , à \EJl par le Port-au-Prince , au Sud par Jàc- mel, à VOueJi par le gf"and Goave. Il y a à l'extrémité de la Ville un Hôpi- tal de la Charité , deflervi par les Religieux de S. Jean-de-Dieu : il efl: fitué vers le Nord de la Ville. La pureté de l'air qu'on y ref- pire , l'abondance & la bonté des eaux qui fe diftribuent dans une infinité de canaux , les fecours que des mains charitables & ha- biles adminiftrent avec zèle , tout concourt à la récréation & à la guérifon des malades. Cet Hôpital paiTe pour avoir été fondé par les Flibuftiers ou Frères de la Côte , mais mal- à-propos ; il eft de fondation royale pour le petit Goave. Les Religieux de THôpital pof- sèdent une habitation à TAcul , qui , quoique petite , eft cependant d'un bon revenu. On voit auffi dans la Ville un État-Major , com- pofé d'ua Lieutenant-de-Roi & d'un Aid^^ JUajor, DE Saint-Domingue. 97 Major, trois Officiers comptables, trois Of- ficiers de Santé, plufieurs Médecins & Chi- rurgiens , un Sous-Commiffaire de la Marine , un Bureau des polies aux lettres, un Lieu- tenant & un Exempt de MaréchaulTée. Le Préfet Apoftoîique des Dominicains fait fa léfidence ordinaire à une iieue de Ja Ville, dans une habitation que , ces Religieux ont achetée en 16^6. Le foî en efl ufé, plein de marécages, &ne produit communément , fans engrais, que des cannes chétives & pleines de nœuds. Xe grand-Go ave. L'enceinte de cette ParoiiTe éft affez con- fidérable , mais elle n'efl guères peuplée. Elle eft bornée au AWd par Ja mer , & des autres côtés par les Paroiffes de Liogane, de Jac- 7nel, de Baynet & du peth-Goave. On y comp- te trois fucreries , deux indigoteries , dix caféteries, cinq ou fix cotonneries , & une vingtaine de nouvelles habitations, qu'on a depuis peu établies en café , & qui s'accroif-. fent tous les jours. Le Bourg eft compofé de cmq à fix méchantes cafés. II y a dans la ParoiiTe environ 280 libres., & 4000 ef- claves. Le quartier efl le terme exclufif de la Jurifdiaion du Port-au-Prince : il eft fé- paré dn petà-Goave , dont il dépend, par le morne de Tapion. On trouve fur ce morne beaucoup de bois-cochoji , dont on fait du mairrain. Quoique cette montagne foit aiïez haute & très-efcarpée , on a cependant trouvé îe moyen d'y faire un chemin par oij les chaifes paiTent: , ôz qui tend la communica- fj' / 1' Essai SUR l'Histoire naturelle tion des parties de VOueJi & du Sud libre 5t aifée. On travaille depuis quelques années à un nouveau chemin , par lequel on tourne Je Tapion fans le monter. Les mornes qui font derrière le Tapion , font beaucoup plus élevées & très-fertiîes. 11 y a un chemin qui conduit du grand- Gouve à Jacmel & à Ba^net. On trouve dans toute fon étendue de très-bonnes habitations en café & en coton. A trois lieues environ du grand'Goave , on rencontre un morne qui paroît avoir été autrefois habité par les an- ciens Naturels de Saint-Domingue. Pour peu qu'on en remue la terre , on y voit quan- tité de fragmens de poterie , grofîiérement figurés , relies des vafes antiques qui étoient à leur ufage» Nous en parlerons au dernier Chapitre. Le petit-Goave. La Ville fe trouve à la defcente du Ta- pion. Elle étoit célèbre du temps des FI4- buftiers , qui trouvoient dans fa rade un mouillage à l'abri de toutes fortes de vents. Elle n'offre aujourd'hui que des ruines pour vertiges de fon ancien éclat : elle eft petite , environnée d'arbres qui fervent de promena- de 'y les eaux croupilïantes de la rivière Aba- ret , qui fe perd dans des marécages , la ren- dent mal-faine ; l'air qu'on y refpire eft épais & manque de courant. Elle a été totalement renverfée par les fecoulTes du tremblement de terre de 1770, & l'on n'a travaillé de- puis que très lentement à la réédifier. Elle efl bâtie fur la côte orientale de la Baie, qui D E s A INT*D O M INGUE. pp efï très-grande & une des plus commodes de rifle : l'on y louvoie comme en pleine mer. Le baffin de VAcul-du-fon-royal, fitué fur la côte occidentale de la Baie , eft excellent ; Jes Vaifleaux y font en toute sûreté contre les vents. Ce fort a été bien maltraité par les fecouffes de 1770 : celui qui défendoit la rade , à la fortie de la Ville, a été totalement ruiné ; il ne relie plus que quelques pans de murailles tout léfardés. Nos Généraux l'ont autrefois habitée. Elle a joui la première du Confeil Souverain , qui palfa de cette Ville à celle de Léogane , & qui, par une autre révolution , a été transféré enfuite au Pon-aw-Prince» Plus heureux que ceux de Léogane , les habitans au petit-Goave ont confervé la Ju- rifdidion créée en 1 68 J , & l'Amirauté , qui font compofées d'un Sénéchal & Lieutenant d'Amirauté , d'un Procureur du Roi , de trois Subftituts , dont l'un réfide au petlt-Goave , l'autre à VAnfe-à veaux , & le troifième à Vljlet à Pierre- Jofepk ; d'un Greffier en chef, d'un Greffier commis, d'un Audiencier , de cinq Procureurs , de quatre Notaires , & de fept Huilliers. L'Etat-Major confifte dans un Major de Place & un Aide-Major. On y comp- te quatre Arpenteurs du Roi , quatre Offi- ciers comptables , deux Officiers de Santé , un Ecrivain de la Marine & des Claffes , un Bureau des polies aux lettres , un Lieutenant de MaréchaulTée. La ParoiiTe comprend , outre la Ville & la plaine du petit^Gouve , le vallon de VAcul, «ne paptie de Miragoàne jufqu'au pont , & 100 Essai sur l'Histoire naturelle les mornes qui avoifinent ces quartiers. Elle efl bornée par la mer ôc par les Paroiffes du grand-Goave , de Baynet , de Saint-Michel Se de V'Anfe- à-veaux. On y compte 15 fucre- ries 5 20 caféteries , une douzaine d'habita- tions en indigo ôc en coton , 600 libres , 8c 8000 efclaves. L'on voit auffi dans les mor- nes fitués au Sud de la plaine , plulieurs ha-' bitations en café qu'on a nouvellement éta- blies 5 & qui fe multiplient tous les jours. A deux lieues de la Ville , au quartier de Miragoane , il y a un étang d'eau douce fort poiffonneux , qui peut avoir trois lieues de longueur EJl Se Oueji , & une petite lieue dans fa plus grande largeur. 11 efl fitué dans le fond ou la vallée dt VAcal : fon milieu efi: fî étroit , que la partie orientale ne com- munique avec la partie occidentale que par un canal très-court & fort refferré. On y trouve dQS caymans monftrueux , quantité de tortues, des anguilles ôc d'autres poifîbns. Il va fe rendre à la mer par un égout fous une montagne. Les perfonnes attaquées de mala- dies fcorbutiques fe retirent daps hs habita- tions voifmes de cet étang ; elles fe nourrif- fent uniquement de tortues durant quelque temps , & guériffent promptement , pourvu qu'elles obfervent exafteraent le régime. Les vapeurs qui s'élèvent prefque continuellement de la furface de cet étang, & qui forment wn brouillard très-épais , rendent l'air de ce quartier aflez mal-fain ; elles étendent leurs malignes influences jufques fur les quartiers voifins , fur-tout fur celui de Saint-Michel , fitué fous le vent de Miragoane. to E Sain XrD o m 1 1^ g u e. lOI Saint-Michel, Cette ParoilTe comprend le Fond-des-Nt- gres , le Fond-des-Blancs^ \ts Godets , une par- tie de VAJyle & du quartier de Miragoa/ie. On y compte 9 fucrer les, Scaféteries, (5 m- digoteries , une cotonnerie, environ 200 Yi- bres , ôc 40po efclaves. Elle eft bornée par la mer , le pcùt-Goave , Baynet & Aqiân. ^ Le Bourg n'eft compofé que de quatre à cinq mauvaifes cafés : il y a un Bureau dts poUes aux lettres , un Exempt de Maréchauf- fée. L'Eglife & le Presbytère font affez bien conftruits , mais le tremblement de terre de 1770 \ts a fort maltraités. En 1773 ' ""^ forte fecouffe s'eft fait fentir dans le Bourg, au mois de Juin , &: a caufé de nouveaux dommages. A un quart-de-lieue du Presby- tère , l'on voit un terrein appartenant à la Paroiife , & dont le Curé a Tufage , nommé le Bajjln-blea. Il eft arrofé par une petite fource, & met le Curé à fon aife , lorfqu'il veut le mettre en culture : il peut à peu de frais y faire venir du coton, de la graine d'ipdigo , & toutes fortes de légumes ; il fe- roic même très-propre à la culture du café. Les fièvre,s font fréquentes &: meurtrières, dans cette ParoilTe plus qu'ailleurs ; on en attribue la caufe aux brouillards & aux eaux croupilTantes de l'étang à^ Mirage ane. L'an- née 1772 a été bien funefte aux Curés qu'on y a fucceffîyement placés,: en iïx mois de temps , quatre y font morts après une ma- ladie de huit à dix jours. ' G ii] Essai sur l'Histoire naturelle VAnfc'à-Veaux, Cette Paroîiïe renferme une grande partie du quartier de VAfyle , & de celui de Nippes qu'elle partage avec la Paroifle du Petit-Trou. Elle efl bornée par la mer & par les Paroif- {qs du petit-Goave , dQ Saint-Michel, d^Aquin ôc du Petit-Trou. On y compte 8 fucreries, 30 indigoteries , 20 cafe'teries, 20 cotonne- ries , environ 3 80 libres , & 7000 efclaves. Le Bourg efl fitué avantageufement aa bord de la mer , fur une plate-forme efcar- pée & rocheufe. Il y a une aflez belle Place d'armes , un Bureau des portes aux lettres , un Lieutenant & un Exempt de Maréchauf- fée ; on y voit une belle Eglife en pierres de taille , extrêmement endommagée par le tremblement de terre de 1770 ; il en efl: de même du Presbytère , qui efl: tout léfardé. Mais il faut qu'on foit moins timide dans ce quartier que dans les autres : car le Curé , quoique odogénaire , n'a point quitté fa dé- meure , ni fon Eglife , où il continue toujours de faire l'Office. «e Le port 5 qui fert d'embarcadaire , pour- as roit contenir de très-grands Vaifleaux qu'on 3» amarreroit à quai ; mais l'entrée en efl: im- »? praticable ; les barques & les chaloupes qui 3» facilitent l'exportation , peuvent feulement •» y paffer. Quoique le terroir foit excellent , » on y voit cependant peu de fucreries. De- as puis l'embarcadaire de Miragoane jufqu'au » Bourg de V Anfe-à-veaux , on ne trouve le » long de Ja mer qu'une fucrerie fur feize l DE Saint-Domingue. 105 » habitations cultivées en indigo , coton Se t^ café. Au Sud-fud-ouejl de VAnfe-à-veauoe v> eft V Acul-des-Savannes , où Ton voit fix =» belles habitations & plulleurs autres plus s» petites». {Journ. de Saint-Dom.) Le Petiî-Trou, Le Bourg oii eft fîtuée PEglife n'eft com- pofé que de quelques cafés éparfes ça & là. ÎI eft placé au bord de la mer , dans un en- droit fort rocheux & aride. Il eft défendu par une batterie circulaire de neuf pièces de canon u'on a conftruit fur un refcif. Son Port eft peu e chofe , & bon feulement pour des ba- teaux. La Paroiftê eft bornée au Nord par la mer, & àts autres côtés par VAnfe-à-Veau , Cavail- hn , Jirémle. On y compte 4 fucreries , 12 indi^oteries , 29 caféteries, 8 cotonneries , environ 2po libres &4^qo efclaves. Le quartier des Baradères dépend du Peut" Trou. Sa baie eft fort belle. C'eft un pays très- montagneux, oui l'on voit beaucoup d'habi- tations en café. Le bois de conftjudion y eft fort beau , & s'y trouve en quantité ; V Acajou fur-tout y eft d'une beauté fupérieure. Le quartiers des Pins eft aufti bien cultivé. La plaine eft fort reiferrée par la mer & par les mornes. L'on y trouve cependant des fucre- ries & des indigoteries bien établies. A deux lieues du Bourg vers l'Eft, l'on trouve chez un habitant nomme Bégouiii un petit gol- fe qu'on appelle le Trou-Forban. C'eft-là que les Flibuftiers fe réfugioient lorsqu'ils étoient pourfuivis par les Efpagnols avec des forces Giv i 104 Essai sur l'Histoire naturells fupérieures. Ils y entroient fans peine avec leuïS canots , ils les échouoient , graviflbient les montagnes, & échappoient ainfi à une mort certaine. Car en temps de guerre , autant de Flibuiliers de pris , autant de pendus , aulH font-ils intrépides dans les combats. Ils ne ti- rent point au hazard , chacun vife fon homme; & comme ils font fort adroits , rarement man- quent-ils leur coup. Lorfque le combat traîne en longueur , ils vont à l'abordage , & ne font grâce à perfonne. Dès que rien ne leur réfifle, . leur fureur s'appaife. Soit fierté, foit huma- nité, ils laiflent la vie à quiconque efl hors d'état de la défendre. Ils vont vendre leur prife dans le Port le plus voifin , & ne pen- îent plus qu'à fe divertir , jufqu'à ce que la difette les force de fe mettre en courfe. Jérémie ou la Grandz-Anfz, Cette Paroiife eft fort étendue, ayant plus de vingt lieues de longueur fur une largeur inégale de quatre à fix lieues. Elle eft très- montagneufe &: peu habitée, excepté fur \ts côtes. Elle eft bornée par la mer & par les Paroiffes de Tlburon ôc du Petit-Trou. On y compte jfucreries, 14 indigo teries, plus de 50 habitations en cacao & en café, 30 co- tonneries , environ 400 libres & 7000 efcla- ves. Elle renfeme pluiîeurs quartiers , comme îe Cap Dame-Marie , les Abricots , VAnfe de la Seringue , Vljîet â P terre- Jofeph, la grande Rivière > les Rofeaux , la Voldrogue , les Cahnitesy &c. Le Cap Darne-Marie eft un (quartier nouvellement établi, & où l'on Cultive de l'indigo & du café 5 il eft hornê DE Saint-Domingue. iô^ par celui des Irais, où fe termine la partie ds VOueJL Les Abricots font nouvellement défri- chés; plufîeurs petits habitans y ont fait àts plantations en café. La grande Rivière eft un quartier fertile, mais il n'eft pas peuplé fuf- fîfamment ; la terre paroît propre à toute forte de culture. II y a d'affez bonnes habitations dans le quartier dts Rojeaax qu'on pourroic méliorer avec des forces. Celui de la Vol- drogue eft arrofé par la rivière de ce nom qui eft fort grande , & qui y caufe \q,s plus grands dommages par {ç.s, débordemens. Les Cannites forment une petite plaine à iix bonnes lieues du Bourg vers la partie de ?E/Lht fol en eft excel^ lent , mais trop humide : on y a établi une fu- crerie qui pourra devenir un jour confidé- rabîe. Depuis \&s Baradères jufqu'au Bourg de Jérémie , l'on compte environ vingt lieues ; Its chemins font à peine frayés. On ne ren- contre par-tout qu'une terre rocheufe , rouge & monragneufe. L'on paiTe une efpèce de défert de dix lieues d'étendue , dont le fol 'eft: extrêmement aride, & qui n'eft arrofé par au- cun ruifteau ; /^/'m ^^èr;^ , invia & inaquofa. On y trouve quantité d'abricotiers , & de très- beaux acajous. On rencontre aifez fouvent fur la route des blancs charpentiers & do- leurs, qui n'ont pour tout vêtement qu'une fimple culotte de toile, tout couverts d'une pouftière rouge. On les prendroit pour des fauvages Caraïbes roucoués. Le Bourg eft afîez confidérable. Il eft divifé en deux parties : l'une eft compofée de plu- ^ fleurs magafins établis à la lame i l'autre eft bâ- lo^ Essai sur l'Histoire naturelle tie fur une éminence qui avance en pointe dans la mer , & qui domine le Port. Uair y eft très- fain. Lorfqu'on le regarde du côté de la mer , il paroît conftruit en amphithéâtre. Il y a un Aide-Major de place 6c une Jurifdiaion dé- pendante pour TAmirauté de celle du Petït- Goave & qui eft compofée d'un Juge , d'un Procureur du Roi, d'un Subflitut , d'un Gref- fier en Chef, d'un Greffier -Commis , d'un Audiencier , de cinq Procureurs , de quatre Notaires & de fept Huiffiers. On y compte aufli fix Arpenteurs du Roi , deux Officiers comptables, cinq Chirurgiens, un fous-Com- miffaire de la Marine , un Ecrivain de la Ma- rine & des ClafTes , un Bureau des poftes aux lettres, un Lieutenant & un Exempt de Ma- léchaulTée» Article III. Defcription de la partie du Sud. Tihuron, Cette Paroifle eft fituée à l'extrémité de l'I^fle fur la côte méridionale. Elle n'eft pas confidérable. Elle eft bornée par la mer & par les Paroiftes des Cotteaux & de la grande- Anfe. On y compte 30 indigoteries , 37 ca- féteries, 4 fucreries , 4 cotonneriés , environ ^po libres & 400a efclaves. Le Bourg prend fon nom de celui d'un poiffon qui eft commun dans cette mer : c'eft une efpèce de requin nommé dans la Colonie Tlburon ou Tiberon. Il eft litué dans l'en- foncement d'une baie formée par la pointe ÙQ^ ItqU Sx, la côte de Tlburon. II y a ua PE Saint-DominguI?. 107 Major de place , un Officier comptable, un^ Bureau des portes aux lettres. L'Egîife eft nouf vellement conftruite ainfi que le Prefbytère dans un lieu qui les met à Fabri du canon. La rade n^efl: défendue que par un fortin où il y a une petite batterie. L'intérieur des terres eft très-montagneux ; on y trouve cependant quelques vallons dont le fol eft fertile , gras , humide , propre à la culture de l'indigo & du café. La plaine eft fort reiferrée ; on trouve , en fuivant le bord de la mer , des gorges oii le café , Pindiga & les cannes viennent très-bien. Lequartiçr des Irais qui dépend de cette ParoifTe eft rem- pli de petites habitations qui produifent du café & de Tindigo. Les Cotteaux. Cette Paroi/Te, qu'on appelle aufti les Anfes^ eft fituée fur la côte méridionale de rifle, dans une longueur de douze à quinze lieues. Elle n'a guères dans quelques endroits que trois à quatre lieues de profondeur. Elle eft bornée par la mer & par les Paroiftes de Tl- buron ^ QQ]a. gra/zdâ-A/z/è, ôc de Torbek. Elle contient 66 indigoteries , 24 caféteries , 3 cotonneries, une fucrerie, environ 300 libres & 6000 efclaves. Le Bourg eft aftez peuplé. On y fait beau- coup d'affaires, fur-tout avec l'Etranger. La proximité de la Jamaïque facilite le commerce des Nègres avec \ts Anglois qui en fourniflent la plus grande partie , & qui enlèvent pref- que toutes les produdions du quartier & celle$ du voifînage , deforte qu'il n'en pafte guères r 'iq8 Essai sur l'Histoipvïï naturelle ea)France. Le mouillage eft très-fain, mais Il ne convient qu'aux petits Bâtimens. Il y a dans le Bourg un Bureau des poftes aux lettres, un Lieutenant & un Exempt de'Ma- rechaufrée. L'Eglife eft ficuée, aiofi que Je ^re bytere , fur une éminence , à un quart de heuede la côte; elle eft trop petite pour le quartier, bien mal entretenue & dépourvue des diofes ks plus néceffaires pour la célé- bration de l'Office divin. Ce quartier eft bien déchu de fon ancienne opulence. On y récoltoit autrefois de très- bel mdigo & en grande quantité; depuis que les pluies font devenues plus rares & que la terre eft comme ufée , on en fait beaucoup moins & d'une qualité bien inférieure. Ce- pendant les nouvelles plantations qui ont été faites en café depuis quelques années, pourront un jour çontre-balancer la perte de I indigo , & entretenir dans les habitans un même degré d'aifance. Le quartier des A/iglois eft très-fertile. La fucrerie qu'on y a établie produit des cannes qui rendent fupérieure- ment. Celui des trols-Rivihres e/l renommé pour l'indigo, La Roche- à-Bateaux fe cultive en indigo & en café : fon fol efî dans quel- ques endroits trop aride, rempli àeRoches-à- Ravet ; le coton y viendroit cependant bien , parce qu'il vient bien par-tout; mais c'efl une denrée aujourd'hui généralement négligée.. Torbek. C'efl un Bourg fitué au bord de la mer à trois lieues de la Ville des Cayes. L'Eglife eft uoe ÛQs plus belles de la Colonie, des plus DE Saint-Domingue. lop "propres ôc des mieux entretenues. La Paroifle ell: bornée par la mer & par les ParoilTes des Cotteaux & àes. Cayes. Elle contient 30 fu- creries, 20 indigoteries , 30 cafétérias, en- viron 3(5o libres & 8000 efclaves. Elle efî: compofée de la partie occidentale de la plaine du Fond de tljle-à~ Vache , des mornes fitués au Nord , du Marcke-à-Terre , de YEtron-de- Porc, de VAl-acou. La Plalne-du-Fond eilprel- que ronde ; fon diamètre efl d^environ cinq lieues. Son terroir elt excellent. On y voit de très-belles fucreries bien arrofées^ par la ravlne-dii-Sud; fi les habitans pouvoie^t auo- menter leurs forces, ils doubleroient leurs re- venus. On y voit auffi quelques indigoteries & des plantations de café dans \ts mornes. Le Marche à-Terre efl rempli de quantité d'ha- bitations en indigo & en café ; dans \ç,s terreins plus arides , & qui font entièrement abàndon-i. nés : on pourroit y planter des cotonniers. Il y a un chemin de communication entre la plaine du Fond & les Anfes qui traverfe le Marche-à- Terre : il efl: plus long, mais moins pénible que celui qui coupe le morne de Chrljlophe- Ib. Les habitans de ce quartier ont deflein de- puis long-temps d'ériger chez eux une Paroiiïe vu le grand éloignement où ils font de Torbek, Ceux de tEtron-de-Porc&a delà pointe de VA- hacoiL en ont encore plus befoin qu'eux. Mais Saint-Domingue efl: un pays où l'on projette beaucoup, & où l'on n'exécute guères. . L'on voit au Bourg de TorbekMne fille âgée d'environ trente ans , qui , quoique née d'une mère Négreffe , «Se d'un père Nègre, fuivant les apparences & le bruit public, a la peau I ïo Essai sur l'Histoire naturelle auffi blanche qu'une Européenne. Ses che- veux font blancs , mais crépus comme ceux des Nègres ordinaires; {es yeux font rouges; fon nez écrafé ; Ces lèvres greffes Cette fille a un frère qui demeure fur la Paroiffe de Cavaillon , & qui re préfente le même phé- nomène. Cette fingularité a déterminé le Gouvernement à les affranchir tous deux de Pefclavage. Les Cayes, La Ville doit fa naiffance à des pêcheursqui y conftruifirent d'abord quelques cabanes. Peu à peu le nombre s'en eft accru , c'eft aujour- d'hui une Ville qui ne le cède guères aux principales de la Colonie. Elle renferme deux cent quatre-vingts maifons bâties dans un tej> rein marécageux; celles de la Savanne dont le nombre ne fait qu'augmenter tous les jours, font prefque toutes environnées d'eaux crou- Èiffantes qui rendent l'air épais & mal-fain. Ile tire fon nom d'une chaîne de rochers qui couvrent le fonds de la mer au bord de laquelle elle eft conftruite. 11 y a trois pafîes pour les Vaiifeaux , mais fort étroites & peu profondes. Le mouillage y efl fort dangereux & devient ordinairement fiinefte à ceux qui ont la témérité d'y refter dans l'équinoxe de Septembre. En 1772 tous les Bâtimens qui y étoient en rade ont été brifés contre les refcifs. L'Auteur de VHîJîoire pkilofophique ùpoliti- que propofe un moyen pour falubrifier le féjour des Cayes & fortifier en mêm.e temps la Vilk. DE Saint-Domingue. m •c On feroit, dit-il, l'un & l'autre, en creu- a> fant_ autour de la Ville un fofle dont les *> débris ferviroient à combler les lagons in- M térieurs. Le fol exhaufîe par ce travail fe » dellécheroit de lui-même. L'eau de la ri- » vière qu'on feroit couler par une pente na- » turelJe dans ce folFé profond , mettroit «» la Ville avec le fecours de quelques for- » tifications à l'abri des entreprifes des cor- » faires 3>. Ce projet paroit mériter les atten- tions du MiniHère; mais pour tirer de foa exécution les avantages qu'on en efpère, il faudroit empêcher que la mer ne pouffe (es lames jufque dans le fofie , fans cela on le verroit bientôt comblé. On fait que les mers de la bande- du-Sud (ont fortemert agitées, fur-tout dans le temps des équinoxes. On fait auffi que dans le temps des orages, les riviè- res grofîiffent prodigieufement , qu'elles de- viennent des torrens qui entraînent tout ce cjui s'oppofe à leur paffage. N'y auroit il pas à craindre en faifant entrer la rivière dans le foffé , de le voir dégradé chaque année , ou que la Ville n'en reffente quelque dommage ? Des obfervations faites avec foin fur les lieux ap- puyées de quelques expériences pourront feules lever ces difficultés. Il y, a dans la Ville un Gouverneur parti- culier ou Commandant en fécond pour toute la partie du Sud^ un Etat- Major, compofé d'un Majo^r de place, & d'un Aide-Major, d'un Hôpital pour les foldats malades , trois Officiers de Santé, cinq Officiers comptables, un fous-CommilTaire de la Marine , un Ca- pitaine de Port , un Bureau despofles aux .112 Essai SUR l'Histoire naturelle lettres, un Lieutenant & un Exempt de Ma- réchaufîee, _ La ParoiiTe étend fa Jurifdiaion fur la par- tie orientale de la Plaine dwFoni & fur \&^ mornes qui l'environnent. Elle eft bornée par la mer & par les Paroiffes de Torbek ôc de Cavaillon. Elle contient jo fucreries, 20 ca- féteries, 8 indigoteries , 6 cotonneries, en- viron 800 libres & plus de 9000 efclaves. Cavaillon, ^ Le Bourg eft petit, mal bâti, fîtuéfurla rive gauche d'une rivière affez confîdérabie qui porte le même nom. Dans le temps à^s groffes pluies cette rivière reçoit les eaux qui découlent des hauteurs , & qui la font quel- quefois élever plus de trente pieds au-deffus de fon niveau ordinaire. Rien ne peut alors réiifter au courant impétueux de fes eaux ; les champs font inondés , & fouvent dégra- dés , \ç,^ chemins interrompus. Elle eft navi- gable depuis le Bourg jufqu'à fon embouchu- re , qui en eft éloigné de deux bonnes lieues ; moyennant quelques travaux on pourroit faire remonter plus haut \^^ embarcations , ce qui procureroit de grands avantages aux habitans de ce quartier. La plaine eft entre-coupée de montagnes fort rocheufes fur lefquelles on a établi de bonnes habitations en café. Le terroir de la plaine n'eft pas égal ; tantôt c'eft une terre légère , franche , profonde , qui produit de très - belles cannes ; tantôt le fol eft peu profond , aride , & ne paroît convenir qu'à la culture du coton. Les habitans n'auroient point ^ DE Saint-Domingue. 113 point de peine à s'en défaire , au lieu que les fucres qu'ils fabriquent très-difficilement font généralement décriés. On voit dts ha- bitations dont là terre eft franche, mais trop humide ; les cannes y végètent rapidement , mais elles ne rendent guères ; le fucre qu'oa en tire n'a point de corps ; il y a apparence que la terie devenant plus meuble par la culture , produira dans la fuite de meilleures récoltes. Les Dominicains poilèdent dans les hauts de Cavaillon une habitation qu'ils ont achetée de divers particuhers : tlXç: efl: fort vafle, mais remplie de terres arides &; incultes. Le défaut de force fait que les revenus font pref- que totalement abforbés par les frais d'ex- ploitation. La ParoiiTe eH bornée au Nord par le quar- tier de VAjyle, à \'EJl par Saint-Louis , au Sud par la mer , à VOueJl par les Cayes. Ou compte I2fucreries, 20 caféteries, 10 indi- goteries , 6 cotonneries , environ 220 libres , & 5000 efclaves. La baie des Flayjians eft de fa dépendance. Elle n'eil éloignée que de deux lieues de la Ville des Cayes. Les Navires Marchands vont s'y léfugier aux approches de , l'équinoxe de Septembre :ils y font à l'a- bri de tout vent fâcheux. Son mouillage efl excellent, elle peut contenir un très-grand nombre de Bâtimens , les Vaiffeaux de guer- res y font en sûreté. Il n'y a qu'un incon- vénient , c'ell que les Navires y font ex- pofés à la piquure des vers plus que par- tout ailleurs. On ne peur guères efpérer que la fréquentation de cette baie feroit diminuer Iç nombre de ces infedes rongeurs ; plus oa 114 ^^^^^ ^^^ l'Histoire naturelle leur fournira d'alimens, plus on les verra fc multiplier. Saint-Louis, Petite Ville bâtie au commencement de ce fiècle fur la côte méridiodale de l'Ifle , au fonds d'une baie, à dix lieues de la Ville des Cayes. Elle n'a qu'une quarantaine de maifons affez mal faites. Elle eft le fiége du Gouvernement pour la partie àiSud, mais le Commandant a fixé fa réfidence aux Cayes. On ne voit à Saint-Louis qu'un Lieutenant-de-Roi & un Aide-Major. 11 y a une Jurifdiftion établie en Novembre 1721 , compofée d'un Juge-Séné- chal Lieutenant de l'Amirauté , d'un Lien- tenant de la Jurifdidion, d'un Procureur du Roi, de trois Subflituts dont l'un réfide aux C^yf 5, l'autre à Tiburoti, le troifième k Saint- Louis, d'un Greffier en Chef, d'un Greffier- Commis, de deux Audienciers, de fept Pro- cureurs , de quinze Notaires. On y compte auffi fix Arpenteurs du Roi , deux Officiers comptables , deux Officiers de Santé , un Ca- pitaine de Port , un Bureau des poftes aux lettres , un Lieutenant & un Exempt de Ma- réchauffiée. Il n'y a point, d'eau dans la Ville-, des Juifs qui poffiédent des habitations dans le voifmage avoient été condamnés par le Gouvernement à faire coîiftruire à leurs dé- pens un aqueduc qui en auroit fuffifamment fourni aux habitans ; l'ouvrage a été com- mencé ; l'achèvera qui pourra. ^ On avoit autrefois établi une fortereiïe fur un rocher qui s'élève au milieu de la baie. Les Anglois s'en font emparé dans la dernière DE Saint-Domingue. îij^ guerre , & en ont fait fauter les fortification^ ians coup férir. Ils l'ont trouvé remplie de quantité de munitions de guerre, de troupes nonibreufes & de bombes qui pouvoient en un inftant couler à fond la Flotte ennemie. Le Commandant , dès la première décharge , failî d'une terreur panique , demanda à capi- tuler fans faire aucun ufage de {es forces, au grand étonnement des ^fliégeans & des braves Créoles qui étoient accourus "des ex'-* trêmités de l'Ide pour partager la gloire d'une vigoureufe défenfe. Au lieu de réparer le fort de Sal/zt-Louis, on a conflruit deux fortins , l'un fur le rivage de la mer , l'autre fur le penchant d'une montagne qu'on a applanie. I!s ne paroiifent ni l'un ni F autre en état de foute- nir une longue attaque. La Paroiffe eft bornée au JVord parV^Jyle, à VFJi par Jqui/z , au Sud par la mer ^ à VOueJl par Cav ailloli. On y compte S fucreries , 20 caféteries , ij indigoteries , 6 cotonneries ^ environ 2 jo libres & 4000 efclaves. La plaine efl: entrecoupée de montagnes très-efcarpées. La terre efl prefque par-tout excellente ^our la culture àts cannes. On y a tant recueilli d'indigo , qu'on ne doit plus efpérer de cul- tiver encore lon^-temps cette denrée avec avantage. Les halMtàns , qui n'ont pas affez de force ni affez de terrein pour élever une fucrerie , feront forcés dans quelques années de planter du coton. Les mornes commen- cent à fe couvrir de caféyers qui réufîiffent très-bien 5c qui encouragent le cultivateur. On a pratiqué un chemin de chaife qui com- munique avec la partie de VOueJl par Jaiiin. Hij lié Essai sur l'Histoire natur|;lle On traverfe pour cet effet le morne Saint- George qu'on a applani dans des endroits , ex- hauffé dans d'autres. Ce chemin paroît exécuté avec beaucoup d'intelligence. De iemblables ouvrages ne fauroient être trop multipliés dans le pays pour l'avantage des colons. Aquin, Le Bourg eft affez bien bâti. Il n'y a point d'Eglife. Un Charpentier Anglois {Georgds Ali^on,) avoit entrepris d'en élever une fort belle quoiqu'un peu petite ; mais quand elle fut achevée, les habitans ne voulurent point l'accepter , prétendant qu'elle n'étoit point félon le devis & les conventions. 11 fallut plai- der , le procès dure encore , l'entrepreneur eft mort , l'EglIfe a été renverfée par le trem- blement de terre de 1770, & le quartier refte depuis ce temps-là fans Eglife &; fans Prefby- tère. On s'eft contenté de louer un magafin dont une partie fert d'Eglife, & l'autre de lo- gement au Curé. Le Gouvernement a formé depuis long- temps le projet de transférer le Bourg au bord de la mer , dans un endroit fitué au fonds d'une baie très-profonde. Elle peut contenir plus de trois cens voiles. Les Navires y mouillent fur un fond de vafe , ils y font à Fabri desf vents. L'entrée de la baie eft fermée par un banc de roches au milieu defquelles il y a deux pailes féparées l'une de l'autre^ par un gros rocher nommé le d'La77iant , c^i s'élève comme une montagne au-deffus des eaux. L'établif- fement de ce nouveau Bourg épargneroit aux babitans les frais de uanrporc <^qs denrées do DE Saint-Domingue. 117 France qui doivent leur être aduellement bien à charge , étant éloignés d'une grande lieue de Tembarcadaire , & les chemins étant impraticables dans le temps des pluies. Mais cette tranflation nuiroit beaucoup aux pro- priétaires des maifons dont la conftrudion , quoique très-fimple, eft cependant très-coû- teufe. 11 y a encore un inconvénient : le lieu deftiné pour FétablifTement du nouveau Bourg ell très-mal-fain ; il n'y a pas une feule goutte d'eau potable , pas un pouce de bonne terre. Il n'y croît que des jnangliers. C'eft la retraite dts crabes des inarlngou'uis. La mer qui eft ilagnante_ fur le rivage produit àç,s exhalai- fons putrides qui corrompent l'air. Voilà ce que la grande partie des habitans ont fouvent repréfenté aux adminiftrateurs \ il paroît qu'ils ont été touchés de ces motifs , puifque le projet n'a point encore été réalifé. La Paroilfe fe divife en trois quartiers prin- cipaux, qui font \2. Grande-Plaine, la Colluie & une partie de VAJyle. Elle eft bornée par la mer 6c par \es Paroiffes de Saint- Louis, de rAnfe-à-veaux , de Saint-Michel, Se de Baynet. Elle étoit autrefois une des plus ri- ches ^ de la Colonie ; la culture de l'indigo l'avoit élevée au faite de l'opulence ; fa gloire a paffé avec le temps. On y cultivoit autre- fois une terre franche, toute neuve, qui rap- portoit au centuple ; \^s pluies , qui étoient alors abondantes , y répandoient chaque an- née le germe de la fécondité. x4.ujourd'hui la- terre eft^ ufée , les pluies font devenues rares , & le trifte colon a dépouillé fa fierté , la pauvreté l'a humilié & l'a rendu fociable. Oa Hiij I 1 1 s Essai sur l'Histoire naturelle voit cependant quelquefois des années fort pluvieufes qui raniment fon courage ; il re- prend alors fa hauteur ; de forte que la plu- part des cultivateurs portent fur le front la marque d'une bonne ou d'une mauvaife ré- colte. On compte dans l'étendue de la Paroifle 40 indigoteries , 12 caféteries , 9 cotonne- ries , 4. fucreries , environ 390 libres, & 7000 efclaves. On y trouve de très-beaux chevaux , mais ils ont peine à fe faire aux pâturages des autres quartiers. Cette ParoîiTe a été ainfi nommée , à caufe de la Baie que la mer forme dans cet en- droit ; elle eft petite , mais fans rochers ni refcifs ; c'eft ce qui Ta fait nommer Baiê- neue , & par abréviation Baynet. Le Bourg , ou plutôt le Hameau , n'eft compofc que d'une douzaine de mauvaifes cafés , occupées la plu- part par des gens de couleur. L'Eglife eft afTez grande, mais fort mal-propre , elle n'eft couverte qu'en paille. Le Preft)ytère eft encore plus délabré. On compte dans la Paroiffe 40 caféteries, 30 indigoteries , 15 cotonneries , environ 3<5o libres & 5000 efclaves. Elle eft bornée au Nord par le grand & le petit- Gaave, à VEJl par Jaetnel, au Sud par la mer , à VOmJi par Aquln, Sa longueur de l'Eft à FOueft eft environ de dix-huit lieues fur une largeur inégale de cinq à huit lieues. Son ter-- roir eft très-montagneux , on y voit des gor- ges ou des platons d'un fol excellent qui produifent de l'indigo ^ du café : çç quartier î>E Saint-Domingue- ii^ fc défriche de plus en plus , ôc s'améliore de jour en jour. . L'on voit dans cette ParoiiTe , au quartier des Gris-Gris, une habitation des plus fingu- lieres. Elle renferme une plaine d'environ mille pas quarrés , bornée au Sud par la mer , qui, dans cet endroit forme des falaifes très- efcarpées qu'on nomme câtes de fer. Elle y eft toujours fort groiTe , fur-tout quand la brife ^EJi donne. Son fonds eft tellement rocheux qu'aucune barque ni chaloupe ne peut dans aucun temps aborder fans le brifer contre les refcifs. Des mornes inacceJTibles & des ro- chers efcarpés environnent cette habitation de tous les côtés oppofés à la mer. On ne peut y pénétrer que par une ouverture d'en- viron 4 pieds de largeur que la main des hom- mes femble avoir pratiqué dans le roc vif. L'on marche environ un quart-d^heure à tra- vers les bois , & l'on arrive au pied d'un morne oii eft fituée une grotte profonde. Son entrée eft large, fort baffe, ôc forme une efpèce de voûte écrafée. L'on rencontre d'abord une galerie d'environ 3 pieds de largeur fur une longueur de 40 à ^o pieds ; fa hauteur eft iné- gale depuis. 3 pieds jufqu'à 6 ou 7 : aux deux extrémités l'on trouve deux enfoncemens pres- que ronds , peu profonds ; vers le milieu d'e la galerie l'on apperçoit une ouverture fi peu élevée qu'on eft obligé de fe coucher fur le ventre pour y pénétrer. L'on defcend enfuite dans une efpèce de falle prefque ronde de i J à 1 6 pieds de diamètre fur une hauteur iné- gale de 4 à 8 pieds. Le contour eft garni de cinq petites niches- d^ forme irrégulière., Hiv i 120 Essai SUR l'HisTOÏI'îS NATURELLE Dans l'enfoncement de la falle on trouVei deux couloirs qui vont toujours en montant êc en fe retréciiî'ant. Le plus petit eft impé- nétrable à caufe de fon peu d'ouverture. Le plus grand eïl d'un accès aiïez facile jufqu'au milieu. Un ancien du pays nous a afTuré qu'avant le tremblement de terre de 1770 , on y pénétroit facilement , & que c'étoit l'entrée d'un fouterrein immenfe. Mais il nous a paru que ce couloir étoit par le laps de temps plutôt dans le cas de s'accroître que de fe rétrécir. L'on trouve en effet à l'em- bouchure des deux couloirs ôc dans toute la caverne , des morceaux de bois , des coquilles terreftres naturelles , des graines qui fe ren- contrent fur la furface de la terre. Il paroîc évident que ces corps étrangers à la caverne y ont été charriés par les eaux des pluies qui fe font fait jour entre les rochers ^ & ont formé peu à peu ces deux couloirs , & peut-être même toute la caverne. Quoi qu'il en foit , cette excavation femble fort ancienne. On affure qu'elle fer voit autrefois aux naturels du pays pour y enterrer leurs morts. Suivant la tra- dition , cette habitation a fervi de retraite aux Indiens qui fuyoient le joug efpagnolï On trouve encore dans le fonds de la caverne quantité d'oifemens dont la plupart tombent en poufTière dès qu'on y touche. Nous en avons cependant tiré une mâchoire inférieure très- bien confervée , dans le voyage que nous y avons fait au mois de Janvier 1773. ^^ trouve dans une habitation , qui avoifine celle dont ont vient de parler , des Lépas foffiles, à plus de 200 pieds du niveau d^ bÊ Saint-Domingue: 121 la mer. Nous en parlerons au Chapitre VL Jacmel, Le Bourg eft fitué fur la cote méridionale de rifle dans un terrein rempli de monticules. H contient une cinquantaine de maifons aflez mal faites. Un Major pour le Roi y réfide. Il y a une Jurifdidion établie en Novembre 1721. Elleeft compofée d'un Juge-Sénéchal 8c Lieutenant de l'Amirauté , d'un Lieutenant de Jurifdicbion , d'un Procureur du Roi , d'un Subftitut, d'un Greffier, d'un Audiencier, de cinq Procureurs, de quatre Notaires. On y compte auffi trois Arpenteurs du Roi, trois Officiers comptables, deux Officiers de Santé, un Ecrivain de la Marine ôc des Claffiss , un Capitaine de Port , un Bureau des portes aux lettres , un Lieutenant & un Exempt de Ma- réchauffée. Le terroir efi: fort rocheux fur-tout dans les montagnes où l'on voit cependant de bel- les habitations en café. La plaine eft fort refferrée par les mornes Elle eft cultivée en indigo & en coton, elle pourroit l'être éga- lement en fucre. On a établi depuis peu une fucrerie qui pourra devenir un jour coniidé- rable ; les cannes y font de toute beauté. Un habitant du quartier , amateur d'hiftoire naturelle en conflruifant un four à chaux pour fon ufage , a rencontré parmi les roches plu^ fleurs mines de plomb , de cuivre , d'or & d'argent dans des pierres calcaires. La Paroilfe eft bornée à V£/i par hs Cayes dç Jacmel, au Sud par la mer , à VOueJi par Bayîiu , au Nord par Léo§a,ne ^ le gra/id-- i T22 Essai sur l'Htstoir'e naturelle Gouve.^ On y compte urre fucrerie , 3^ co-« tonneries, 100 caféterie^ , 20 indigoteries , environ 3 yo libres , & 6000 efclaves. Les Cayes de Jacmel, Ce qu'on nomme le Bourg n'efl qu'un aC- fembîage de fept à huit méchantes cafés , occupées par des gens de couleur. On décou- vre de cet endroit les Mes Alta vella ScBea- ta, ainfi que le Cap Mongon. La côte eft remplie de groffes roches , auxquelles s'atta- chent quantité ^ofcabrion , de belles nêrites , 6c une efpèce de tonnes couvertes de tuber- cules , & remplies d'une liqueur claire comme de l'eau , qui teint en violet. La ParoifTe eft bornée à VEJl par \ç,s terres efpagnoles , au , Suà par la mer , à VOiieJl par Jaanel, au Nord par le Port-au-Prince Se le Cul-ie-fac. On y compte environ 10 cotonneries, 12 indigoteries , 20 caféteries, 2.60 libres , & 4000 efclaves. L'on peut aller de cette ParoifTe au Port-au-Prince en très- peu de temps , par un chemin de chalTeur , c'eft-à-dire très-rude , qui traverfe une des plus hautes montagnes de Saint-Domingue, nommée la S elle- a- cheval. Cette montagne n'eft habitée que par quelques Nègres ou Mulâtres libres , &; par dç,s, efclaves qui ont fecoué le joug de la fervitude , & qu'on appelle Nègres-marrons. Le fol de ce quartier eft fort rocheux , aifez fcmblable à celui de Jacmel. On y voit beaucoup de fang-mélè , peu de bons habitans , & quantité de petites habitations dont les propriétaires ne paroifTent pas, bien fortunés. DE Saint-Domingue. 12$ Les parties de l'Oueft .& du Sud de la Co- lonie Françoife de Saint-Domingue conte- noient donc, en 1773» ^S Paroiffes fituées dans le reffort du Confeil Supérieur du Fon- au- Prince. On y comptoit 388 fucreries , 1006 caféteries, 544 jndigoteries , 400 co- tonneries, 50 cacaoteries , 1 1730 libres, tant Blancs que gens de couleur , en état de por- ter les armes, Se 191000 efclavês , de tout âge ôc de tout fexe. On peut ranger en quatre clafîes les Nè- gres ou gens de couleur qui fe trouvent à Saint-Domingue. La première 3c la plus nom- breufe eft compofée des efclavês attachés à la culture & aux manufadures , qu'on ap- pelle JVègres de jardins. La féconde renferme les efclavês ouvriers , qui aident la plupart éts Blancs occupés à bâtir & à remplir \ts au- tres befoins urgens d'une peuplade d'hom- mes nés libres. La troifième contient les af- franchis , foit cultivateurs , foit ouvriers. La quatrième eft compofée des do/nejliqaes , dont il ne feroit pas poffible de fe pafTer dans un pays où le fervice des Blancs eft absolument impraticable. CHAPITRE TROISIEME. Defcriptipn d^un tremblement déterre. LE 3 Juin 1770 , jour de la Pentecôte , fera long-temps gravé dans la mémoire des habitans de Saint-Domingue. On éprouva dans k matinée une chaleur étouiiante , qui fuc i i'i:'IMJlii, Î24 Essai SUR l'Histoire NATURELLE fiiivie , dans quelques quartiers , d'une grofTe pîuie , après laquelle la chaleur devint aulÎ! incommode que s'il n'avoit pas plu. Les bri- fes, toujours régulières , ne fe firent prefque point fentir durant la journée. A fept heures & un quart du foir , il regnoit par- tout le plus grand calme , qui n'étoit troublé par aucun fouffle de vent , le ciel fans nuages , rathmofphère chargée de vapeurs qui éclip- foient les étoiles , la lumière pâle de la Lune, tout ne refpiroit que le deuil. La terre alors commence à s'ébranler afîez doucement, comme pour éprouver fes for- ces ; mais tout-à-coup elle fembie fortir de fon affiette : des fecouifes violentes, dirigées d'abord de l'Eft à l'Oueft , & qui font en- fuite le tour du compas , fe fuccèdent avec rapidité ; toute la nature paroît proche de fa fin ; le fol eft comme flottant ; les rochers fe fendent , s'entr'ouvrent , & font rejaillir les eaux fouterreines , comprimées fous leurs voûtes affaiffées ; des arbres monfirueux font détachés de leur bafe ; ceux que leurs raci- nes étendues affermilTent , font toucher leurs branches jufqu'à terre ; des parties de mon- tagnes s'écroulent ; les eaux flagnantes de- viennent des mers agitées , qui franchilTent leurs écors , & inondent les lieux qui les avoi- finent ; les édifices les plus fuperbes , & qui paroifToient l&s plus folides , s'ébranlent , per- dent leur à-plomb , fe décompofent & s'é- croulent avec un horrible fracas ; les cloches fonnent d'elles-mêmes, mais ne donnent que des fons difcordans ; les animaux de toute efpèce ne f« reconnoiffent plus , ils couvrent DE Saint-Domingue. 125" çà & là dans les Savannes , tombent îourde- nient , fe relèvent avec inquiétude , & fé tour-" mentent. Un repos de cinq à fix minutes fait efpé- rer que hs feux fouterreins qui ont caufé ces défaftres , font éteints ; efpoir illufoire , hs fecouifes recommencent avec autant de vio- lence que les premières ; 6c ce qui les rend plus terribles , c'eft qu'elles font accompa- gnées de certains mouvemens intérieurs de la terre , qui femble repoulTer en haut tout ce qui touche fa furface. A ce choc combi- né , aucun ouvrage humain ne rcfifle que foiblement : ce qui n'a voit été qu'ébranlé par les premiers mouvemens convulfifs du globe , cft bouleverfé par ceux-ci. La chute de tans d'édifices répand dans l'air une pouffière épailTe qui gêne la refpiration. Toute la nuir fe paffe dans une agitation continuelle ; des bruits fouterreins , qu'on appelle le gouffre , fe font entendre de temps en temps ; cha- cun eft dans l'incertitude du fort qui l'attend ; perfonne n'a jamais rien vu de femblable , ôc l'on appréhende que l'Ifle entière ne foie fubmergée. Le jour enfin paroît , & vient éclairer par gradation les défaftres de la nuit. Quel coup- d'oeil , grand Dieu , & fur-tout dans les Vil- les 1 Ce qu'on appelloit le Gouvernement, l'Intendance , FEglife , THôpital , tout cela n'eft plus qu'un amas confus de pierres , de bois , de meubles fracaffés ; chacun met la main à l'oeuvre , & tâche de mettre à couvert les débris de fa fortune; le gouffre fefait cepen- dant toujours entendre , la terre ell de temps II l 1^ , 1 ( il 1 (5 < 1 Î26 Essai sur l'Histoire naturelle en temps agitée , & permet à peine avlt mains laborieufes Fexercice de leur courage. Les Villes du Pon-au-Pri/ice ^ de Léogane y du peth-Goave ont été renverfées de fond ea comble ; des Bourgs affez confidérables ont été plus ou moins maltraités. On a vu pa- roître^ des fources d'eau chaude dans plufieurs endroits des mornes, où il n'y avoit point eu d'eau auparavant : elles ont tari depuis. Les parties du Nord & du Sud ont reçu peu de dommages : les quartiers du Port-au-Prin- ce , du Cul-de-fac , de Léogane , du jvetà-Goa- vé , de Nippes , d'Aquin ont le plus fouiFert ; la plaine du Cul-de-fac fur-tout , que l'on croit voifine du foyer , étoit méconnoiffable le len- demain de cette afFreufe nuit. La terre s'étoit entr'ouyerte dans quelques habitations , & il fembloit que la charrue y avoit pafle. Des mornes très-élevés , comme la Selle-à-Ckeval, ont été tellement agités qu'il n'y reftoit plus que le tuf, & que plufieurs chemins publics font devenus impraticables. Heureufement qu'alors la plupart des habitans étoient à fe promener fous leurs galeries , & qu'ils ont eu le temps de fe jetter au milieu des rues qui font très-larges. Si ce phénomène étoit arrivé plutôt , les Eglifes auroient fervi de tom- beau à un grand nombre de citoyens que la folemnité du jour y avoit raffemblés; quelques heures plus tard ils auroient prefque tous péris fous les décombres de leurs maifons. Malgré les circonftances heiireufes du jour & de l'heure qui les en tenoient éloignés , plufieurs ont ce- pendant été \ts vidimes de ce terrible fiéaii'. Quoiqu'on n'en ait pas fu le nombre au ju0é; DE S A I N T - D O M I N G U E. 1 27 on peut afTurer qu'il monte au moins à 40 perfonnes à Léogane, & à 200 au Fort-ati" Prince. Le^ jours qui fuivirent ce défaftre ne fe pafferent pas tranquillement. La terre fut durant le refle du mois plus ou moins agite'e , le gouffire s'ell fait fouvent entendre. Durant le mois de Juillet il y eut une vingtaine de fccouffes ; on n'en compta que neuf durant tout le mois d'Août ; le nombre & la violence ont toujours été en décroiffant le refle de l'année. En 1771 la terre n'éprouva qu'une douzaine de fecouffes en différens temps , mais fans caufer de dommage , parce qu'elles furent moins violentes , & que \ts habitans avoient pris la précaution de ne bâtir qu'en bois. L'année 1772 fut encore plus tranquille. On ne remarqua dans le quartier du Port" an-Prince que fept fecouffes , fa voir, le 14 Février, le 28 Avril, le 12 & le 27 Mai, le 13 , le 14 & le 18 Juin. En 1773 , il n'y euï qu'un tremblement de terre de remarquable au commencement de Juin. Comme je fuis parti peu de temps après , je ne fais ce qui s'y cft paifé depuis. Les exhalaifons qui fe font fait jour par \qs crevaffes qu'on trou- voit par-tout , ont corrompu la maffe de l'air , & ont caufé une épidémie qui s'efi étendue jufqu'au Cap. Elle a enlevé un grand nombre d'habitans , fur-tout au Port-au- Prince & au Cul-de-fac, ceux qu'elle a épargné ne font pas devenus meilleurs. 128 Essai sur l'Histoire naturelle CHAPITRE QUATRIEME. î)eJcnption de l'Ouragan de i y y 2. CE fut au mois d'Août 1772 que ce ter- rible fléau répandit Tépouvance & la dé- folation dans Impartie du Sud , & principale- ment dans les quartiers de Saint-Louis y de Cavaillon, des Cayes , de Torbek^àt Tiburon, Il s'annonça , dès le 3 , par un vent de Nord très-violent , & un déluge d'eau épouvanta- ble. La journée du 4 fut conftamment fi plu- vieufe , que les Nègres ne purent aller au jardin. Vers les neuf heures du foir le vent tourna au Nord-ejl. Ce fut alors que les for- tes bourafques fe firent fentir 6c qu'on enten- dit de toute part un horrible fiillement. La caze où je m'étois retiré avoir 60 pieds de longueur fur 24 de large ; elle n'étoit couverte qu'en paille; elle étoit foutenue fur de gros poteaux de bois d'ortie qui entroient j ou 6 pieds en terre. A la première bourafque elle fut défaîtée ; la féconde emporta la moitié de la galerie fituée à VEJl. Le vent n'étoit pas uniforme , il moUifibit de temps en temps , & au bout de quelques minutes il fe déchàînoit avec fureur , & rempliifoit l'air d'un bruit effroyable caufé parla chute des arbres trop foibles pour réfifl:er à Ton impétuofité. Cha- que coup de vent ébranloit la café & la fai- foit plier en tout fens. Comme elle écoit dé- faîtée , la pluie y tomboit de tout côté; le tonnerre grondait fourderaent , le bruit du vent ^ D E s AI NT-D O MIN G UE. 129 vent l'emportoit ; ks éclairs étoient terribles. Vers les deux heures du matin » le vent commença à mollir, les bourrafques devinrent moins fréquentes ôc moins violentes. Durant Pefpace de cinq heures que dura ce furieux ouragan, des arbres d'une groffeur énorme ont été déracinés 3 d'autres brifés , quelques- uns fendus dans toute leur longueur, les au- tres dépouillés de leurs branches &ne con- ferverent que le tronc. Tous les chemins furent bouchés; on ne pouvoit pénétrer dans les bois que la hache à la main. Avant la nuit les forêts étoient ornées d'une agréable ver- dure , le lendemain elles repréfentoient les horreurs d'un hiver inconnu dans ces brûlans climats.^ Les bananiers furent tous brifés , quantité de caféyers arrachés ou fracaffés^ des pièces de Canne couchées à terre & dé- racinées, des jardins plantés en indigo culbu- tés ôc entraînés par les torrens. Aucune café foit pour les Nègres, foit pour les Blancs ] n eltreftéemtaae;les unes ont été décomblées, d'autres renverfées , toutes endommagées ; ce qui a caufé de très-grandes pertes à plufieurs habitans, fur-tout à ceux dont les ma^afins étoient remplis. La plupart des Navires qui étoient en rade aux Cayes-iii-Fond , ainli que les goélettes , chaloupes, canaux, &c. ont été brifés con- tre les refcifs ; la Côte étoit couverte de dé- bi-is. La Ville des Cayes a été prefqu'inondée. Dans plufieurs maifons, fur- tout du côté de 1 Hôpital , il y a eu jufqu'à 4 pieds d'eau. Les tiivières gonflées par les torrens font for ties *ie leurs lits, & ont charié dmant plufieurs I Ï3Ô Essai sur l'Histoire naturelle jours des arbres entiers avec leurs branches &; leurs racines , qui en entraînoient d'autres dans leur paffage avec la terre qui les portoit. La journée du 5 fut affez femblable à celle du 3 ; le vent fouffla avec violence, la pluie fut continuelle. Les animaux domeftiques dif- parurent durant ces trois jours. On trouva dans les bois & dans les Savannes plufieurs oifeaux tués ou noyés. Après ces temps de calamité , le foleil darda fes rayons , la nature fe ranima. Les troncs d'arbres qui avoient réfirté à la violence de la tempête com.mencerent à bour- geonner, en traçant à nos yeux l'image du printemps qu'on éprouve en France , & furent quelques jours après couverts de verdure. ggSBi^msàmmmieMJmassssmjmMiiiiikaaim CHAPITRE CINQUIEME. Règne végétal. Algré les travaux confidérabîes du P, ^ , ^ Plumier , il nous refte encore bien àts connoiffances à acquérir dans cette partie de l'hiftoire naturelle de Saint-Domingue. Nous n'avons que de foibles notions fur \qs guis , les inoiLJfes , les agarics , les lichens , & les autres plantes parafites qui s'y trouvent ^ en très-grand nombre , fur-tout dans les ancien- nes forêts ; les habitans ne favent pas même les noms de la plupart : les gramens ne font nullement connus , quoique le nombre en foit grand ; le P.. Plumier n en a décrit qu'un feul. Les diiférentes efpèces ^aloès auroient n DE Saint-Domingue, i^t befoin d'être défignées avec foin : les lianes , \ç^s liferons , ôc tant d'autres plantes grimpan^ tes ou rampantes , qui forment peut-être la claffe Ja plus nombreufe des végétaux dans cette Ifle , ont échappé jufqu'ici aux obfer- vations fuivies de quelque bon Naturalifle : les plantes aquatiques ^ue produifent les étangs , \ts marais , les rivières , \ts bords de mer, font prefque totalement ignorées. De quelle utilité ne feroit donc pas un , ouvrage qui répandroit une lumière fixe fur ces différens fujets d-u règne végétal ? Il fau- droit commencer par établir une bonne no- menclature , & réunir fous une dénomination botanique tous les fynonymes françois, créo- les ou caraïbes qui appartiennent à une même plante. On s'attacheroit principalement à dé- crire & à analyfer les végétaux que les Co- lons ont coutume de convertir en aliment ; on obferveroit avec le même foin ceux à qui Ton attribue des qualités nuifibles , ou qu'on regarde même comme des poifons dangereux ; on s'appliqueroit à en découvrir les proprié- tés, qui ne font pas afîez connues ; puifqu'il arrive tous les jours que des perfonnes attef- tent la malignité de certaines plantes , ôz que d'autres la nient. En attendant que quelque bienfaiteur de l'humanité entreprenne de réalifer ce projet , nous nous faifons un devoir de publier une lifte des plantes de cette riche contrée, qui font parvenues à notre connoiffance. Quel? que médiocre qu'elle foit en elle-même , elle eft cependant plus confidérable que toutes «elles qui ont paru jufqu'ici. Le Catalogue de w J0 2 Essai sur l'Histoire naturelle M. Poupée- Defportes , imprimé en 1770 , qui ell un àts plus récens ôc des plus éten- dus , renferme tout au plus 280 efpèces de plantes : le nôtre en contient un jjeu plus de 400 , fans compter les variétés qui fe trou- vent dans quelques-unes. Chaque plante efi; placée dans Tordre al- phabétique fuivant le nom vulgaire qu'on lui donne. On trouve enfuite les noms fynonymes qui lui conviennent; ils font oufrançois, ou créoles , ou caraïbes, ou botaniques : les noms françois ou créoles font à la fuite du nom vulgaire ; viennent enfuite les noms caraïbes , que nous avons tiré de M. Defportes ; ils font défignés par ces trois lettres Car. Enfin , Ton a ajouté quelques noms botaniques tirés des Auteurs les plus célèbres, & qu'on a eu foin de citer chaque fois. Lorfque nous avons découvert des carac- tères diftindifs dans quelque plante , nous l'avons claffée fuivant les méthodes les plus fuivies. Les obfervations que nous ayons fai- tes fur une ou pîufieurs de fes parties^ n'ont pas été oubliées : nous parlons enfuite du lieu où cette plante a coutume de croître , de l'ufage qu'on en fait aux Ifles , des vertus qu'on lui attribue. Enfin , toutes les plantes de ce Catalogue fe trouveront fans peine avec le renvoi au nom vulgaire , en cherchant quelque nom que ce foit , caraïbe , créole , françois , ou botanique. A Ababaye. Foyei Papayer. DE Saint-Domingue. 135 ABABou5f. V. Prunier épineux. Abricotier. vS>/2. Malus perfica , Slca. Mam- mea , Brown. Mamei , PL Mamay , Dalec. — . Ord, clafT. J. fed. 9. Toarnef. — claff. i3,Po- lyandria monogynia , Linn. — famil. j^. Les Gifles , Adanf. — Obf. Sa racine eft fibreufe, partie pivotante , partie traçante > grifâtre , d'an goût aftringent ; fon tronc s'élève juf- qu'à 60 pieds , & a quelquefois 3 pieds de diamètre. Son écorce eft grife , écailleufe ; fon bois blanchâtre , gommeux , fendant. Ses branches croiffent au fommet , & forment une tête très-touffue : elles font garnies de feuil- les ovales , oppofées , obtufes, épaiffes, bien nourries , divifées par une côte laillante , à laquelle aboutiffent une infinité de nervures unies enfemble par plufîeurs petits filets , qui forment une quantité de petits compartimens irréguîiers. Elles font d'un verd-foncé en dtÇ- fus , clair en delTous , & paroifTent criblées d'une infinité de petits trous , eq les regar- dant au foleil : leur plus grande largeur efl de 4 à J pouces ; leur longueur commune s'étend jufqu'à 8 à 9 pouces Ç'). Bomare afTure , d'après le P. Labat , que les fleurs mâles de cet arbre, & fes fleurs fe- melles croifTent fur des individus différens. L'affertion efl trop générale. Cela arrive ef- fedivement quelquefois ; mais il arrive aufîi ou que le même individu porte à la fois des (* ) On aiiroit une idée peu jufte de ces feuilles, fî on lescroyoit aJJ'e^ femblables à cdlcs: du laurier, comme ic di: Bomare. liij 134 Essai SUR l'Histoire NATURELLE fleurs mâles & des fleurs femelles très-dii^^ tindes , ou qu'e'tant hermaphrodite , il ne produit qu'une efpèce de fleurs qui renfer- ment les deux (exes. Tel efl celui que nous avons obfervé à Léogane : fes fleurs font compofées de quatre pétales arrondis , obtus , creufés en cuilîiers, blancs , d'une odeur fua- ve Se d'un goût allringent. Le centre eft oc- cupé par un piftil arroîjdi ^ environné de quan- tité d'étamines déliées , blanches , dont les antères font jaunes & oblongues : le calice efl: d'une feule pièce , divifé jufqu'à la bafe en deux ou trois parties. Le piftil de ces fleurs devient un fruit fphé- rique , depuis trois jufqu'à fix pouces de dia- mètre : il eft couvert d'une pellicule mince , grifâtre, raboteufe, qui jaunit en mûriifant. Elle enveloppe une matière fpongieufe , fîlan- dreufe , blanchâtre : l'on découvre enfuite une chair jaune , ondueufe , de 334 lignes d'épaifl*eur , parfemée de petites veines lac- tées , d'une odeur fuave & aromatique , d'un goût fade & doux. On trouve au milieu de ces fruits deux , trois ou quatre noyaux gros, ovales , convexes en deflus , applatis du côté qu'ils fe touchent , compofés de plufieurs fi- lamens pofés en tout fens les uns fur les au- tres , de deux pouces ôc demi de longueur , de 15 à 18 lignes de largeur, lifles^ en de- dans , & qui renferment une amande ligneufe, d'un goût acre , de couleur brune , divifée en deux lobes (*). ■ ( * ) Suivant Bomaie , ces noyaux Jbnt de la grojjeur d'œufs dj pigeon. Je ne connois point de pigeons dont les peufs foienc fi monftriieux. • DE Saint-Domingue, 13^ Lac. Cet arbre croit par-tout ; les plus beaux fe trouvent dans \qs mornes. — Uf. On l'exploite avec fuccès dans plufieurs quar- tiers , & fur-tout dans celui de Jéréinie , où il eft fort commun. On en fait des effentes, du merrain , des chaifes yéiÇ,s tables, des pou- tres , & quantité d'autres ouvrages ('^). On tiré de {^s. fleurs , par la diftillation , une li- queur renomme'e , qu'on appelle la. Créole. Ses fruits fe mangent ou cruds , infufés dans du vin avec du fucre , ou cuits en marm.elade. — Vin, On leur attribue une vertu ftomachi- que. Il tranffude du corps de cet arbre , fur- tout quand on l'a incifé , une gomme qui tue les chiques , efpèce d'infeftes qui s'infi- nuent dans la chair des pieds , s'y multi- plient, Se incommodent beaucoup les Colons. Absynthe, Syn. Ambrofia ; Matricaria , FL Atyouaragle , car. — 0/{f. Les François ont ainfi nommé cette plante , à caufe de la ref- fcEablance qu'elle a avec celle d'E^urope. — Loc. Elle efl fort commune , & croît par- tout. — KiKt' On l'emploie , fuivant M. Def- portes , comme un excellent rcfolutif dans les tumeurs, les fluxions & les rhumatifmes. Pour cet effet , on la fait bouillir avec la verveine, dans du vin ou de l'eau , & on l'ap- plique en cataplafme fur la partie affectée^ On s'en fert aulTi comme pedorale , vermi- fuge & fébrifuge. AsYNTHioÏDES. Cette plante eil affez fem* (*) Bomare a donc tort de prétendre que le bois de. cet arbre ticJI. d'aucun ufa-ge à Saint-Domingue. I I ^ j^6 Essai sur l'Histoire naturelle ■ blable à Fabfynthe. On l'emploie aux mêmes ufages. Abutilon fœditum. F. Guimauve puante; ^ Acacia. Où/:. C'efl un arbriffeau qui ne s'é- lève guères au-deffus de ^ à iq pieds : fes tiges ainfî que Ces branches font garnies d'é- pines , qui fortent trois ou quatre enfemble des aiffelles des feuilles , que l'on prendroit à la vue pour des feuilles de tamarin. Ses fleurs font à étamines , fans nombre , ramaffées en bouîe , portées fur un pédicule d'un pouce &; demi de longueur ; les antères font cou- vertes d'une pouffière jaune , qui répand un parfum très-agréable , & fi fort , qu'il fe fait fentir en mer à plus de quatre lieues de la côte. On en voit de deux fortes fur le même pied : \q.s unes font ftériles ; les autres fe chan- gent en une filique de trois à quatre pouces de ; longueur , qui renferme plufieurs graines - plates , de la groffeur & de la couleur d'une lentille , environnées d'une pulpe gluante» On peut le définir : Acacia arhorefcens , Ameri-' cana , fpinoja , fiiiqiiofa , folis tamarindi. «— L.OC. On le trouve communément au bord de la mer. Acacia non-fpinofa. V. Tendre-à- caillou. Acacia arborefcens. F. Gras-de-galle. AcAÏA, V. Monbin. Acajaiba. V. Acajou-à'-pomme. AcAJou-à-planches. — Syn. Maurepafia. — - Ord. famil. 44. les Piilachiers fed. i. Adans. —• Obf. Cet arbre s'élève à plus de 80 pieds ; fa tige efi: droite , divifée par le haut en plufieurs profits branches , qui fe fubdivifent en plu- sieurs autres. Sa feuille efl: large , épaiife ; fa ■■ CE Saint-Domingue. 137 fleur verdâtre ; {es fruits arrondis, de la groP feur d'un œuf de poule , ligneux , remplis de graines plates, d'un brun foncé. L'écorce de l'arbre eft roufle, tirant fur le noir, crevaffée: quand on l'incife , il en tranUude une gom- me tranfparentè , abondante , femblable à la gornme arabique. Son bois tendre , rougeâtre , fans aubier. Les vers ne l'attaquent jamais, il fubfifte même long-temps dans l'eau fans fe pourrir. — Lac. On le trouve dans les mornes. — • UJl On s'en fert pour toutes fortes d'ou- vrages de charpente & de menuiferie : on en fait de beaux meubles, des lambris, des êf- fentes, des baignoires ôc des canots d'une feule pièce , qui ont quelquefois plus de quatre pieds de largeur Se vingt pieds de longueur. 11 y a une autre efpèce d'Acajou- à -plan- ches, qui fe nomme Acajou mouchetté^ Se qui .depuis quelques années efl: devenu affez rare à Saint-Domingue. Il s'élève moins haut que le précédent; {es feuilles font plus petites, {es fruits moins gros , fon bois rougeâtre , parfemé de taches noires. — Loc. Il croît auffi dans les mornes.— Uf. Il efl très - recherché pour faire des meubles. AcAJOu-à-Pommes. — Syn. Anacardium oc- cidentale , Herm. Acajaiba , Marcg. Cajou , pis. Cajum , Park. Pomifera feu prunifera indica, Ray. CaiTuvium , i^/^/^/z/jD/^. Kapa-ma- va , Hon. Mal. — Ord. cîaff. 21. fed. 7. Tour- /^^— claff. 10. Decandria monogynia, Linn, fam. 44. les Piftachiers {ed:. 2. Adans. — Obf. La diverfité des fruits que produit cet arbre en fait diflinguer quatre efpèces ; favoir , à fiiiits routes & mamelonés , à fruits rouges m ï 3 s Essai sur l'Histoire naturelle & un peu ronds , à fruits blancs êc marne-; lonés, à fruits blancs ôc un peu ronds. (*) L'Acajou à fruits rouges, foit ronds, foit mamelonés, eft un des meilleurs arbres frui- tiers de l'Ame'rique , ôc des plus lînguliers. Ses feuilles , dit le P. Labat, fesfieurs &f es fruits^ tout ejl extraordinaire. Sa racine eft pivotante & chevelue. La prin- cipale s'enfonce perpendiculairement fous ter- re comme une carotte : l'épiderme qui la cou- vre eft brune ; l'enveloppe cellulaire rougeâ- tre ; les couches corticales , qu'on nomme le Liber , blan(*hâtres ; le bois tendre , blanc , rempli d'un fuc gommeux & fort acerbe. Le corps de Farbre eft quelquefois aflez bien fait. On en voit à l'Artibonite & ailleurs cjui s'élèvent jufqu'à 20 pieds, «Se qui ont 12 à I j pouces de diamètre ; mais communé- ment il n'a pas plus de 12 pieds de hauteur. Il eft tortueux , plein de nœuds , crevaffé , garni de branches tortues , noueufes , & pla- cées fans ordre ; l'épiderme eft grife ; l'enve- loppe cellulaire d'un verd clair ; le liber blan- châtre; le bois blanc, léger, fendant, d'un goût acre ; la moële jaunâtre. Les feuilles croiiTent par bouquets à Fex- îrêmité des branches. Elles font fermes, bien (*) Si cette variété provient de la divcrfité du fol , ou, de la difrérente exposition des arbres , comme le dit Jac- quiu 5 pourquoi deux arbres plantés furie même terrein,, ayant la même expofition , produifent - ils conftamment des fruits qui diffèrent par la couleur ou par la forme ^ Pourquoi ne trouve-ton furie même arbre qu'une fctiie efpèce de fruits -î ^i^%*??l^^*';>c9^:;--^ DE Saint-Domingue. i3pf tiourries , divifées par une côte faillante en deffous , à laquelle aboutifîent plufieurs ner- vures parallèles, bbtufes au fommet, poin- tues vers la bafe , e'paifes , de 4 à 5 pouces de longueur , fur 3^4 de largeur , d'abord rou- geâtres , & paffant enfuite par différentes nuances, jufqu'au verd le plus foncé, quel- quefois jaunâtres , fuivant leur exposition , d'une faveur âpre. Du centre des bouquets s'élève une, pan-^ nicule de 7 à 8 pouces de longueur, qui fe divife en plufieurs rameaux , aux extrémités defqueîs font attachées 10 ou 12 petites fieurs en parafol , difpofées par bouquets , portées fur un pédicule grêle , compofées de ç pétales oblongs, blanchâtres, pointus, ra- battus en dehors, parfemés de veines fan gui- nés dans leur naiffance, de couleur de pourpre dans la fuite , renfermés dans un calice dé- coupé jufqu'à la bafe en 5; parties égales. Ses fleurs font d'une odeur très-douce ; elles du- rent jufqu'à 8 jours fans fe flétrir (*"). 11 s'é- lève de leur centre plufieurs étamines très- déliées , terminées par des antères brunes. Le Hyle eft plus long que les étamines, il porte un ftigmate brun, arrondi: de plus de 100 fleurs qu'il y a fur chaque pannicule , il n'y en a que 2 ou 3 qui frudifient. On voit à la chute de ces fleurs, que le pifl:iî eft changé en un fruit oblong , de la forme d'une petite '1 il (*) Le P. Labat fe trompe, quand il dit que les fleurs du pommier d'Acajou ne durent que quelques heures j ii îi'en a pas fûrement; bien abfervé la durée» r •140 Essai sur l'Histoire naturelle poire , qui peu à peu groffit & acquière 5 a 4 pouces de longueur , fur un diamètre de deux pouces. Ce fruit eft d'abord verd , en- fuite jaunâtre , & en partie d'une couleur de feu plus ou moins vive, fuivant fon expofi- tion. Sa fubfîance intérieure efl fpongieufe , aqueufe, épaiffe comme de la gelée, envi- ronnée de quantité de fibres longues, tendres, déliées, d'un goût vineux & un peu acre. Le noyau de ce fruit efl attaché en dehors , dans l'endroit où plufieurs fruits ont une ef- pèce de couronne. Il a la forme d'un rein & fe nomme noix-d' Acajou. Il eft long d'envi- ron un pouce; fon plus grand diamètre eft de 8 à 10 lignes. L'enveloppe de la noix eft une écorce grife, épaifte d'une ligne, dure, , ligneufe , coriaee , compofée de deux lames , divifées en plufieurs cellules , qui renferment une huile très-eauftique , laquelle étant appli- quée fur du linge , y imprime une tache de couleur de fer , qu'aucune lelTive ne peut ef- facer. Cette noix renferme une amande de la même figure , couverte d'une pellicule brune. Sa fubftance eft blanche , divifée en deux lobes, d'un goût d'aveline : il tranfiiide quel- quefois de cet arbre une gomme roufleâtrei tranfparente , tenace, à peu près de même qualité que la gomme arabique. L'Acajou à fruits blancs , fojt ronds , foit mamelonés , n'eft diftingué de celui-ci qu'en ce que (qs feuilles font moins larges & plus longues; fes fruits font plus arrondis & moins «cerbes. j Loc, On le trouve par-tout. — Uf Son bois DE Saint-Domingue. i^r cfl employé dans les ouvrages de menuiferie & de charpente ; on fait avec fes fruits d'ex- cellentes compotes ; le fuc qu'on en exprime , après avoir fermenté quelques jours , devient enivrant. La noix d'Acajou fe mange grillée ou en cerneau. Le P. Labat affure que celles qu'il a tranfportées en France , avoient encore , au bout de quinze ans,, toute leur faveur Se toute leur huile. Sa gomme eft employée aux mêmes ufages que la gomme arabique ; fon- due dans l'eau claire ôc appliquée fur les meubles , elle leur donne un lullre qui flatte la vue; tout ce que l'on colle avec elle fe trouve préferyé de l'humidité & des infectes. »— J^in. Ses fruits font aflringents , anti-dyifen- teriques, ftomachiques. L'huile qu'on tire de la noix confume les verrues & les cors fans douleur & fans danger. Sa racine eft purgative. AcAju. Voye^ Acajou-à-pomme. ACHIÔTL. V. IvOUCOU. AcHouRou. y. Bois d'inde. AcHRAs. V' Sapotiller. AcHYouLou. V. Ceriûer. AcHYRY. y. Corde-à-violon. AcoMAs. — i>«. Spairtium. — Ord. 22. Famil, les Bruyères , Ada/is. — Objerv. C'eft un grand arbre de l'Amérique , dont la tige eft fort élevée , droite & peu branchue ; l'écorce cendrée, mince, un peu crevaffée, écailleufe quand l'arbre vieillit; le bois jaunâtre, com- pare, dur, exempt des piquures d'infedes; les feuilles liffes , étroites (*), longues, ob- (*) Bomare prétend que les feuilles de l'Acomas font larges. On l'a fùremeiit trompé : j'en ai mefuré plufîeurs , ■ ' 142 Essai sur l'Histoire naturelle tufes, d'un verd clair, portées fur des queues dont la longueur fait ordinairement la cin- quième partie de celle de la feuille; fès fleurs font blanches, à cinq pétales, & produifent un petit fruit jaunâtre, gros comme une olive, d'un goût amer, dans lequel on trouve Un noyau brun , ligneux , dur , poli, dont l'amande eft auffij amère. On diftingue deux fortes d'A- comas , le franc & le bâtard. — Loc. On les trouve tous deux dans \ç^s mornes. — i^lLeur bois eft employé dans les ouvrages de char- pente. AcouLEROu. Voye:^ Liane à vers. Adiantum Americanum. V. Capillaire: Agnapé. V. Nénuphar. Agoualaly. V- Bois épineux jaune; Aguaraquya. V' Laman. Aguarima. V' Herbe-à-colet. Ahiphi. V. Bois immortel. - Alacalyoua. V- Coroiïblier. Alacoaly. V. Bois de chandelle & poîs doux. Alaternus frutefcens. V. Gras-de-galle à fleur blanche. Alepelecou. V. Bois de couille. Alkekenge. V. Herbe à cloques. Allouia. F". Pomme de terre. Aloes. — Syn. Sempervivum marînum 9 Park. Caraguata, Vis. Marcg. Cadanacu ca- tevala , Hon. Mal. — Ord. claflf. p fed. 2. gen. les plus larges ont un peu plus de deux pouces , & près; de fix pouces de longueur. La dënomiiiation de feuilles étroites leur convient donc mieux «jue celles de feuilles large s t DE Saint-Domingue. 145 7 Tournef. — clafT. 5 Hexandria monogynia , Linii. fatnil. 8. les Liliacées fed. 6 Adans. — <9^.' On en diftingue aux ifles plufieurs efpè- ces. Sa racine efl: tubereufe; {^ts feuilles dif- pofées en rond , fort épaifes , charnues , lon- gues d'environ un pied & demi , fermes , dentelées, armées de piquants fur les bords. Gaffantes, fermes, convexes en dehors, con- caves en dedans , arrondies vers la pointe , remplies d'une fubfîance gluante, claire, ver- dâtre , qui devient violette en féchant , d'une odeur d'herbe , d'un goût amer. Du centre dts feuilles s'élèvent une tige groife comme le doigt, qui croît à la hauteur de deux ou trois pieds , & qui porte à fon fommet plu- fieurs fleurs monopétales , découpées en îîx parties , difpofées en épi , auxquelles fuccè- dent des fruits oblongs , divifés dans toute leur longueur en trois capfules, remplies de fe- mences plates. -^Loc. Cette plante croît par- tout. — f^irt. On emploie le fuc de io-s feuilles comme un bon vulnéraire, fur-tout dans le panfement des chevaux. ALOÉs-pite. — Jy'^- Cabouille,pite. --'Oùf.Ses feuilles ont 334 pouces de largeur , & 2 à 3 pieds de longueur. Elles font épailTes , unies, pointues, dépourvues de piquans , d'un verd clair. — Loc. Cette plante ne fe trouve que dans les bois de certains quartiers , comme au Mirbalals , à VAnlbo7iite , &c. Elle ne fe plaît point dans quelques autres où l'on a effayé inutilement de la tranfplanter. — Uf. Elle fup- pîée au défaut du chanvre & du lin ; on en fait des cordes , & d'autres ouvrages. Aloés-karatas, — Syn. Bromelia , Jacq. î^^ Essai sur l'Histoire naturelle Caraguata-acanga, Pis. Karatas. — Obf. On €n diiiingue plulieurs efpèces. Sa racine eft tubéreufe ; its feuilles fortent immédiatement de terre fans tige. Elles font difpofées en rond , larges àt 'y 2i 6 pouces , longues de 3 à 4. pieds , liffes , pliantes , terminée par une pointe très-aiguë. Du centre des feuilles s'é- lève une tige de 15 à 20 pieds de hauteur, remplie d'une matière fpongieufe , & qui prend feu aulTi facilement que l'amadou. Le fom- met de cette tige fe divife en plulieurs petits rameaux d'où fortent des fleurs monopetales en entonnoir , inodores , blanches , rangées par bouquets 5 divifées en trois quartiers , fou- tenues fur un calice verdâtre , oblong. Ce ca- lice devient un fruit arrondi , charnu , oblong , divifé dans toute fa longueur en trois cap- fules remplies de petites graines plates, ar^ rondies , roulfâtres. — Loc. Cette plante fe trouve dans les endroits les plus arides , fou- vent entre les rochers. — Uf. La moelle de fa tige fert aux mêmes ufages que l'amadou. On fait bouillir its feuilles quelques temps dans l'eau pour en tirer un fil très-fin qui fert aux mêmes ufages que l'aloës-pite. *— Vin. On les emploie auffi. comme vulnéraires-réfolu- tives dans les mala':^ies des chevaux. Alpina racemofa. , ' Balifier. Alth^a vulgaris. V- Guimauve. Amandier. •— Obf. Sa tige efl; haute , droi- te, grofle, très-branchue ; l'épiderme brune, écailleufe; l'enveloppe cellulaire blanchâtre, d'un goût acre , Ôc d'une odeur d'amande amè- re;fon bois dur j léger, filandreux; fes feuil- les terminées par une pointe ordinairement tronquée, DE Sain t-D o m i n g u g. ~" 145- tronquée, aflez femblables à celles du hvrm ; fes fleurs petites, blanches, croifTant par bou- quet îe long des ramilles ; fon fruit de la forme d'un gland j couvert d'une pellicule d'abord verte i enfuite violette êc eniin noirâtre. L'on diflingue aux Illes deux efpèces d'a- mandiers, favoir; ^amandier à grandes feuil- les, & l'amandier à petites feuilles. — ■ Loc. On les trouve tous deux dans les mornes. ~- Uf. On les emploie indifféremment dans les ou- vrages de charronnage , fur-tout pour faire E SAlNT-DoMINGUi. I47 Amoukette bâtarde. '— Syn.. Solanum acu- îèatum. — Obf. ^zs feuilles font échancrées dans leur contour, termine'es par fept poin- tes , divifées en deux parties égales par une groffe côte failîante , garnie d'épines jaunâ- tres. La tige & \^s branches en font auiîî remplies. Dans tout le refte , cette plante ell femblable à la précédente. Amomum. V. Gingembre. Anacardium occidentale. V, Acajou-à- pommes. Ananas épineux. — Syn. Ananals aculeatus ^ PI Ananafa , Nana , Jayama , Pinas , Bout. Bro- melia , Linn, Boniama , Car. Carduus Brafilia- nus, C.B.'—Ord. clafT. 6. Hexandria monogynia, Linn. -- Famil. 9. Les gingembres. Adanf. — . Obf. Sa racine qui efl fibreufe , pouiTe plu- fieurs feuilles difpofées en rond , fermes , ra- battues ^n dehors, d'un verd gai, jaunâtre & pourpré , longues d'environ 3 pieds , lar- ges de 2 à 3 pouces , creufées en gouttière , hériffées fuf \ts bords de petites pointes pi- quantes, terminées par une pointe très-aiguë. Du centre des feuilles s'élève une tige ronde de 12 à 15 lignes de diamètre, ter- minée par plufieurs petites feuilles difpofées en rofe , rouges comme du feu , ttès-aiguës : c'efl: ce qu'on appelle la couronne. Lorfqu'on cueille ce fruit , on la met en terre , & elle produit une nouvelle plante. Le fruit eft immédiatement placé fous cette couronne. Il eft oblong, aifez femblable, pour la forme , à une pomme de pin ; fon écorce eft compofée de plufieurs écailles triangulaires peu profondes. U fort de cha-^ Kij r ï^B Essai sur l'Histoire naturelle que écaille une petite fleur bleuâtre , en en*, tonnoir , découpée en trois parties , qui fe fanne, & tombe àmefure que le fruit groffit. Cette fleur efl: fouvent fl:érile Ôc ne grene- point : quelquefois cependant elle produit une petite femence rouffeâtre ôc applatie. On diftingue plufieurs fortes d'Ananas qui peuvent fe rapporter aux trois efpèces fui- vantes , fa voir , le gros Ananas blanc ^ V Ana- nas pain de fucre , V Ananas pomme de rei- nette. Le premier a quelquefois 8 ou lo. pouces de diamètre , & i ^ ou 1 6 pouces de hauteur. Sa chair eft blanche , fibreufe ; fon écorce, lorfqu'il efl: mûr, devient jaune comme une orange. 11 répand une odeur des plus fuaves. Il remporte fur les autres efpèces par fa grofleur & fa beauté ; mais il leur efl: bien inférieur pour le goût ; il agace les. dents & fait faigner les gencives. L'Ananas jy^i/z de /acre tire fon nom de fa forme qui efl: pyra- midale ; fes feuilles font plus longues, fon écor- ce eft verdâtre : quand il eft mur , il eft pins favoureux que V Ananas blanc ^ il agace ce- pendant aufl les dents & fait également fai- gner les gencives. V Ananas pomîne de rei- nette eft le plus petit & le plus exquis de tous. On l'a ainfi nommé à caufe de l'ana- logie qu'on trouve entre ces deux fruits, tant pour l'odeur que pour le goût. Il n'a- gace prefque point les dents , & ne fait point faigner les gencives, fi ce n'eft quand on en mange avec excès. Loc. Cette plante eft fort commune , elle croît par-tout, mais principalement dans les mornes, ^ Uf, On fert le fruit d'Ananas fui X .r^àiir^-^^^m^ mÊÊÊ m DE S A INT-D Ô M I N G UF. I^p toutes les tables dont il fait rornement & les dé- lices. Pour le dépouiller de cet acide corrofif dopt il eft rempli, on le coupe par ruelle , après en avoir enlevé Pécorce, & on le met infufer dans le vin avec du fucre ; alors on le mange avec pîaifîr, & fans craindre de s'a- gacer les ^ dents ou de s'enflammer la bouche. On en tire auffi par expreflion une liqueur qui enivre , qu'on appelle vi/i d'Ananas. On fait encore avec ce fruit une limonade très- rafraîchiffante; mais il n'en faut pas faire beau- coup d'ufage,car elle refroidit î'ellomac 6c trouble la digeflion. — Vin. Le vin d'Ananas pris avec modération réjouit le cœur , réveille les efprits , arrête • \ts, naufées , excite les urines. Ananas fans épine. — Syn. Ananas non- aculeatus. PL Ananas à pire. Ananas maron. ^ Syn. Pingouin — Obf. Ses feuilles font dentelées, creu fées en gout- tière , affez femblables à celles de TAnanas épineux, mais plus longues & remplies de pointes très-picjuantes. — Vf, Cette plante ell jemployée à faire des entourages que les Nè- gres & \ts beftiaux n'ofent jamais franchir. Ananas à pite. V. .Ananas fans épine., Ananasa. V. Ananas épineux. Anchoas. V' Gingembre.. Angolin. Anguria. F*. Giromon. Anil. V' Indigo. Annaouaguyan. V- Herbcà-Charpentîçr de la Martinique. Anona. F. Coroffolier. Ï5': AouACAi V' Avocatier. Kiij i5"o Essai sur l'Histoîre NATUREtLë Aparine vulgaris. V. Herbe-à-bout oft.'. Apiaba. V- Herbe quarrée. Apocynum fcandens. V- Liane mangîe* Arachidna. V' Piftache. Arapabaca. V. Brainviliiers. Araouarou. V. Calebaffier rampant. Araoubbara. F". Mal-nommée. Arbor balfamifera. F". Copati. Arbor cacavifera. V. Cacaotier, Arbor cucurbitifera. V. Calebader en arbre. Arbor fînium regundorum. V. Roucou. ' Arbor ladefcens. F". Bois laiteux. Arbor Mexicana coceifera. V- Roucou; Arbor faponaria. V. Bois favonette. Arbor tabaxifera. V- Bambou. Arbre de corail. V. Bois immortel. Areca. V- Palmifte. Arepeea. V- Liane purgative. ^ . A RôEMONE Mexicana. V. Chard^on béni. ^ Aristoloche longue. — Syn. Ariftolochia îonga, Ariftolochia caudata , Jacq. «— Obf.^Q^ tiges font farmenteufes & grimpantes. Ses feuilles imitent la forme d*un fer à cheval. Son fruit fufpendu par de longs pédicules re- préfente affez bien un encenfoir. — Loc, On trouve fréquemment cette plante dans les mornes. — Virt, On la fait entrer dans la compofition des tifannes apéritives. Aristoloche ronde. Syn. Ariflolochia ro- tunda , Liane à ferpent , Manarou , Car. — Obf, Sa racine eft épaiffe , & pouffe des tiges far* menteufes , foibles , pliantes ; fes feuilles oblongues, en forme de coeur, épaiffes ; (t^ Seurs alongées en tuyau, de coukur jaune DE Saint-Domingue. ip tirant fur le pourpre. — Loc. Elle croît dans \qs mornes & dans la plaine ; on la trouve fréquemment dans les halliers , le long des haies & dans les terreins incultes. — Virt. On. attribue à cette plante une vertu apéri- tive ; à la Martinique , on l'emploie contre la morfure des ferpens. Aristolochia caudata. Voye^. Ariftoloche longue. Artichaut de Jérufalem ^ Syn. Topinam- bour , Corona folis minor. — Obf. Cette plante cfl- une efpèce de topinambour allez fembla- b'e à ceux qu'on cultive dans \ts jardins en Europe. — Uf. Les i tubercules de fa racine fe mangent cuits à la fauffe blanche ; ils font d'un très-bon goût, mais difficiles à digérer. Arum. F". Canne marone. Arum efcuîentum. V. Ghoû caraïbe. Arundo. V' Rofeau. Arundo mambu. V. Bambou. Arundo faccharina. V- Canne à fucre, Aryamucha. V. Piment. Ateteré. V, Eupatoire. Attyalu. V. Figuier maudit. Aty. V' Piment. Atyouaragle. V, Abfynthe. Aubergine. V. Brehéme, AuRANTiUM. V. Oranger. AviLA. V. Liane à contre-poifon. Avocatier. Syn. Perfea , Cluf. Aoiiaca , Car. (*) — Ord. Claff. 21. fed. 7. Tournef. — (*1 Je ne fais pourquoi Bomare appelle cet arbre. Bois d'anis dùs François. Il ne paroît pas avoir mérité cette dénomination j puifciue aucune de fes parties n'a jamais KlV É 152 Essai sur l'Histoire natureils ClaiT. i). Enneandria monogynîa, Llnn, >^ Fa m. 5:3. Les pavots Adanf. — Obf. Ceft un des plus beaux arbres fruitiers de Saint-Do- JTîingue. li s^élhvt quelquefois jufqu'à Ë Saint-Domingue. ï^f feîîe imprime au linge une tache violette qui devient couleur de fer , ôc ineffaçable. On peut diftinguer cinq efpèces d'Avoca- tiers, qui ne diffèrent entre eux que par Ja couleur ou la diverfe configuration de leurs fruits, favoir : Avocatiers à fruits ronds & verds. Avocatiers à fruits ronds & violets. - Avocatiers à fruits oblongs êc ^tds. Avocatiers à fruits oblongs &' violets. Avocatiers à fruits mamelonés. "^ Loc. Cet arbre fe trouve par-tout C*^). «^ l/f On en mange les fruits avec du fel & du poivre. Leur fadeur fait qu'on a quelque peine à s'y accoutumer ; inais lorfqu'on en a mangé plulieurs fois , on les recherche avec plaifir , Si on leur trouve un petit goût d'aveline C^"*"). !— Kin. On dit qu'ils excitent à l'amour , ôc que l'eau dans laquelle on a fait infufer des bourgeons de cet arbre eft un excellent apé- ( * ) Suivant Bomare , on cft obligé de l'4àayer pour rçrapêcher de prendre la pente fous le vent : c'ed ce que je n*ai jamais vu pratiquer. Dans les coups de vent , Its avocatiers fe brifent quelquefois , ainfi que les ^iri' cotiers , les Goyaviers , & les autres arbres dont la tige eft élevée ; maison laifle faire le vent. X.es habitans font trop indolens pour s'amufer à écayer un arbre de plus de 40 pieds de hauteur , pour conferver des fruits infîpides & {{ communs, qu'on en a communément une douzaine au marché pour un efcslin , qui vaut dix fols de France. (**) Lorfque fon fruit eft bien mur , dit Bomare , fom faut approche de celui d'une tourte de moelle de bœuf. 'aimerois autant dire qu'une pêche bien mûre a le goût d'un aloyau : les Américains n*auroient-ils pas après cela. , uae bçliq idée de nos pêches \ ■ ^pjiÊn^'mjsmMim 1 3^4 Essai sur l'Histoire naturelle ritif , quelques-uns l'emploient comme bdchï-" que Ôc comme emménagogue, Ayally. V. Herbe à bled. AzEDARACH. V. Cyioyer. B Babora. V. Giromon. Bala. V. Bananier. Balais doux. — Syn. Scoparia , Linn. Ve- ronica americana , Sloa. Plutevoides , Pluk. Seoparia dulcis, Jacq. Balam puUi. f; Tamarin. Balana bone. F". Senfitive éplneufe. Balatas. -^ Sy/z. Sapotiller maron. — Oùf. Ceft un arbre très-élevé. Son tronc eft gros , droit , branchu ; Ton écorce d'un gris jaunâtre , crevalTée , gommeufe ôc filamenteufe , com- me dans les plantes malvacées. Son bois dur, compafte , d'un rouge brun ; {qs feuilles gran- des, ovales, mouchetées; fa fleur grande; fon fruit ovale , pointu , d'une faveur affez fade. — Loc. On le trouve fur les mornes dans les terreins rocheux ôc arides. — Uf Son écorce eft propre à faire des cordes. Son bois cil excellent pour toutes fortes d'ouvrages. Balisier. — Syn. Gingembre bâtard; Canne d'inde , Canne congo, Alpina racemofa, PI Canna indica, Courouaîy , Balyry , Car. Racua- canga, Pijl — Loc. Cette plante croît aa bord des ruifleaux. — Vin. On la range parmi les plantes apéritives. Baloulou. V. Bananier. Bameoe. F". Bambou. J^AMBotr. — Sy/2. Arbor tabaxifera , arunda DE Saint-Domingue. 15:5^ mambu , Pif. Ily , Chu-tfe , Hon. Mal. Bam- boe , Bambu. — Obf. Ceft une efpèce de ro- feau qui s'élève à plus de 20 pieds dans nos Illes : fa racine eft blanchâtre, couverte de petites fibres , remplie de nœuds fe'parés les uns des autres. Ges nœuds en produifent d'au- tres , & il s'en élève , comme d'autant de ra- cines , plufieurs tiges cylindriques , vertes j dures , fendantes , articulées , creufes. Quand elles font parvenues à la hauteur de dix à douze pieds , elles pouffent divers rameaux collatéraux. Dans certains pays^ & non par- ,tout , il diflille de ces tiges une liqueur miel- leufe, qui fe coagule près des nœuds & fe durcit ; c'efl ce qu'on appelle Sacar mambu , ùuTabax'ir. Les noeuds qui garnifTent les tiges , environ à un pied de diflance , produifent des ramil- les fur lefquelies \qs feuilles font alternati- vement placées. Chaque feuille a un pouce de largeur & environ un demi-pied de lon- gueur ; elles font terminées en pointe , d'un verd*pâle tant en deffus qu'en delTous , flriées- dans leur longueur , féparées en deux par une côte fort mince , rudes au toucher , gar- nies fur les bords de petites dents qui font inclinées vers le fommet de la feuille, dont îa bafe efl attachée à la tige par un pédi- cule fi petit , qu'on îa prendroit d'abord à îa vue pour une feuille feffiîe. Cette plante n'a point encore porté de fleurs à Saint-Domingue , dépuis plus de quinze ans qu'elle y a été tranfportée. Suivant Iqs Auteurs du Jardin Malabare , les fleurs du Bambou font à étamines : elles naiffent aus 1^6 Essai sur l'Histoièe naturelle noeuds des rameaux , & forment plufieurs épis' écailleux ; lorfqu'ils s'ouvrent , ces fleurs fem- blent en fortir , & ne tenir qu'à des iîlamens très-minces ; mais elles y rentrent bientôt , comme font celles du riz , & font alors aflez, femblables au froment renfermé dans l'épi , mais plus petites. — Loc. Cette plante aime les endroits humides. — l/f. Ses tiges font employées pour faire des entourages , des cliffages , des golettes , Se même des chevrons dans la conftrudion des bâtimens. — Virt, On dit que le fuc qui diflille de fes noeuds eft très-bon dans la dyfTenterie , hs fluxions bilieufes , les fièvres , Ôcc. Bananier. — Sya. Mufa , PI. Balouloti, Car. Bala , Hort. Mal. Poma paradifi , Palma hu- rnilis, C B. .— Ord. clain23 . Polygamia monoe- cm^Llnn. — famil. p. les Gingembres, AdanJ, *— Obf. La racine de cette plante (*) eft bul- beufe , arrondie , remplie d'une humeur vif- queufe, couverte de petites fibres ligneufes, qui forment une touffe d'environ un pied de dianiètre : ce bulbe produit des cayeux , qui deviennent avec le temps.de jeunes Bana- niers. Sa tige s'élève à la hauteur de fix à fept pieds : fon plus grand diamètre efl de huit à neuf pouces. Elle efî verdâtre , très- tendre , compofée de diverfes couches roulées (*) Le Bananier paroît être plutôt une plante herba- cée qu'un arbre : car il n'y a point d'arbre fans bois ni branches , & le Bananier n'a ni l'un ni les autres.. Soa porc , fa grandeur, repréfentent cependant à ta vue ure arbre plutôt qu'une herbe. Ne feroit-il pas «n paflàge da }jjL iiature entre ces deux végétaux. ?.. ""ïfc DE Saint-Domingue. 15^7 les unes fur les autres , & inaclhérentes. Lors- qu'elle commence à fortir de terre, elle a la figure conique ; elle produit enfuite deux feuilles roulées , qui peu à peu fe déploient , s'éloignent du centre pour faire place à deux autres qui en fortent de même ; à celles-ci fuccède une troifième paire , & ainfi de fuite , jufqu'à ce que la plante foit parvenue à fa grandeur naturelle. Les feuilles , en y comprenant la queue qui les foutient , ont fix à fept pieds de hau- teur , & deux pieds dans leur plus grande largeur : elles font d'un goût douçâtre & un peu aftringent , d'un verd- foncé en deffus , pâle en delTous , compofées d'une . quantité de petites nervures tranfverfaîes , parallèles & ferrées étroitement les unes contre les au- tres ; quelques-unes d'entre elles font plus apparentes, & forment autant de bandelet- tes de huit à dix lignes de largeur : le moin^ dre vent fuffit pour les divifer , mais le plus fort ne peut leur faire quitter la côte , qui eft le prolongement du pétiole auquel elles font attachées. Ces pétioles s'élèvent du centre de la tige en ligne droite, fe fuccèdent à mefure que îa plante croît , & ne s'écartent que peu les uns des autres : ils font convexes en dehors , plats en dedans , verdâtres , d'un goût fade , compofés de filamens blancs & fermes , di- vifés intérieurement par des cellules^ &, des cloifons qui fe refferrent à mefure qu'elles approchent de l'extrémité de la feuille, lis font nuds par la bafe , jufqu'à la hauteur d'environ deux pieds , où la feuille commence^! îyS Ess Aï SUR lWsTOIRE NATURELLE à s'étendre à droite & à gauche égaîemettt' Lorfque toutes les feuilles ont paru j il s'élève de leur centre une grofle tige ligneufe , verte , divifée par nœuds , terminée par un bouton alongé , pointu , long d'un demi-pied. Il eft compofé de plufieurs feuilles ôblon- gues , appliquées les unes fur les autres , verticillécs , veinées , d'un rouge clair en de- dans , rembruni en dehors , couvertes d'une rofée bleuâtre. Ces petites feuilles s'ouvrent les unes après les autres , tombent , & laif- fent à découvert les fleurs Ôc les embryons des fruits attachés quatre ou cinq enfemble fur le même péduncule. La corolle eft compofée de quatre pétales blancs , dont deux oblon gs , droits , épais , veinés , creufés en cuilliers ; les deux autres font minces > terminés en pointe : le centre eft occupé par cinq étamines droites , blan- ches , qui environnent un piflil cylindrique , terminé par un ftigmate épais , arrondi , rouf^ feâtre C)- Les fleurs qui fortent des aiifelles des dernières feuilles vers la pointe du bou- ton , font flériles & ne produifent point de fruits , fans doute parce que l'arbre a épuifé toute fa vertu prolifique , en fécondant les premières fleurs : celles-ci fe changent en un fruit oblong , arrondi , tantôt droit , tantôt arqué, recouvert d'une pellicule épaiffe ^ unie, C^) Je ne fais ce qui a pu faire dire à M. Bomare , que les fleurs du Bananier étoient roM^ea^r^^ : auroit-il pris pour les fleurs les feuilles du bouton de l'aille lie deG' quelles elle? fortent î DE Saint-Domingue. 1^9 d'abord verte , enfuite jaune , compofée de filamens longitudinales. L'intérieur eft rempli par une fubftance jaunâtre , molle, ondueufe, aun goût douçâtre , aigrelet, divifée par pîu- iîeurs filets longitudinales, parfemés de petits points noirs , qui font les feules graines que cette plante produit : elles ne frudilîent point. Ces fruits croiiTent en grappe , & forment neuf à dix étages autour de la tige ligne ufe : plus ces étages approchent de fon extrémité, plus l'intervalle qui les fépare efl: grand. Ils font compofés de cinq , fix , fept, huit ou neuf individus , ferrés les uns contre les autres ; c'eft ce qu'on appelle aux Ifles , patte de Ba- nane : Penfemble des pattes fe nomme régime de Banane. Un cayeu de bananier , planté dans un terrein convenable à ce végétal , fleurie communément au bout de neuf à dix mois. Chaque tige produit un réghne plus ou moins fort , & meurt pour faire place aux rejettons que fa racine produit. Les plus gros régimes font compofés de 80 à po individus (*). On diftingue plufieurs efpèces de Bananier, Le Bananier- cochon produit les plus gros fruits ; ils font arqués , & ont quelquefois plus d'un pied de longueur fur deux à trois ( * ) Suivant M. Bomare ces fruits croiflent au nombre de zoo &plus ; c'eft outrer les chofes déplus de moitié^. Il ajoute que ces fruits font enfermés dans une gaine comme au palmier. Je n'ai point remarqué que la nature » dans la produdion de ce végétal, fe fervit de gaine ou de fourreau pour fe dérober aux yeux de ceux qui l'ob- fervcnt. î6o Essai SUR L'HfSTOÎRE NATUilELLfî pouces de diamètre. Les fruits du Banankf 77zuJ'qué ^ont de quatre à cinq pouces de lon- gueur, un peu arqués, & d'un bon pouce de diamètre. Le Bananier cojnmtin produit des fruits qui tiennent le milieu entre ces deux efpèces. Le Figuier-bananier efl: affez femblable au Bananier ordinaire r il en dif- fère, 1°. par la couleur de fa tige, qui efl parfeme'e de taches noires ; 2°. par la forme 6c la qualité de iç.s fruits , qui font plus ar- rondis , plus courts , droits , plus fondans , moins pâteux , plus digeîlifs. Loc. Cette plante fe plaît dans les terreins humides. — Vf, Sqs fruits , de quelque efpèce qu^iîs foient , font très-agréables au goût , qui approche de celui d'une pomme de reinette cuite. On les mange cruds , bouillis avec la viande , ou boucanés : ils font très-nourrif- fans , mais difficiles à digérer , lorfqu'on n'y eil pas accoumé, & qu'on en mange beaucoup. Vin. Les Auteurs du Jardin Malabare , Minguet & quelques autres , attribuent bien des vertus au Bananier : à les entendre , il guérit la dyffenterie , déterge les ulcères , adoucit la toux & Tafthme; onl'eiinploie avec fuccès pour les inflammations des poumons & des reins ; il excite puiffamment à Pamour ; il eft bon pour abattre les vertiges ; il eil excellent pour appaifer les douleurs excitées par l'urine acre , & pour foulager ceux qui ont fait trop d'ufage du mercure ; c'ell un fpécifique pour les affedions des yeux. Nous laifTons aux Maîtres de l'Art à décider fi ces vertus tant vantées lui con^'îennent effefti- vement. Nous DE Saint-Domingue. i^i Nous ne déciderons pas non plus fi le fruit de cette plante eft celui qu'apportefent à Moïfe les exprès qu'il avoir envoyés à la dé- couverte de la terre promife, ôc que deuit hommes a voient peine à porter; fi c'ell le fruit défendu du Paradis terrcftre , comme le penfent quelques Théologiens ; fi nos pre- miers parens fe fervirent de fes feuilles pour couvrir leur nudité après qu'ils eurent péchés. La foîution de ces queftions ne peut être ap- puyée que fur de fimples conjedures , & l'Hif^ roire Naturelle veut des faits palpables. Barbe efpagnole. — Sy/z. Vifcum caryo- phylloïdes. Sioa. - Oâf. C'eft une efpèce de gui qui s'attache aux arbres , & forme de longs fîlamens enchâffés ks uns dans hs autres , & flottant au gré des vents. Ils font couverts de petites écailles , & renferment un petit filet noirâtre ^ élaftique , aiïez femblable au crin de cheval. Ils font divifés par des nœuds pla- cés à 2 ou 3 pouces les uns des autres. Il fort de chaque nœud une petite fleur oblongue , jaunâtre , à trois pétales , environnée de c ' 6 , 7 ou 8 filamens qui s'étendent de tout côté , ôc fe divifent également en nœuds qui en produifent d'autres, & aiofî de fuite. Il fuccède aux fleurs une capfule oblongue , à trois côtes qui s'ouvre en trois parties par' le fommet,&qui contient les femences. — Lac, Cette plante fe trouve fur hs arbres qui croiffent au bord de la mer , le long des ri- vières & des étangs. — ^ On peut s'en fer- vir au heude crin pour faire des fommiers. après ravoir dépouillé de fon écorce. Basilic, — Sy/i. Ocymum. - Ord.'chZ 4.. i6^ Essai SUR l'Histoire NATURELLE fed. 3. gen. 19. Tournef. — claff. 14. Didy- namia gymnofpermia , L'uin, — famil. 26. les labiées, fed. \. Adanf. ^Obf. Cette plante efl indigène à Saint-Domingue ; elle s'eft na- turalifée en Europe où elleeft aflez com^nupe. On en diftingue plufieurs efpèces , favoir , le Bafilic grand , ou Franc-bafin , je Bafilic inoyen 8c verd, le Bafilic moyen & violet, le Bafilic petit & verd, le Bafilic petit & vio- let. — Loc. Elle croît dans les lieux fablon- neux ôc incultes. — UJ. On l'emploie dans les cuifines pour alTaifonner les ragoûts. — F/V/. . On la regarde -comme déterfive , apéritive , ftomachique, céphalique, béchique, ophtal- mique , carminative , emménagogue. Batate. V. Patate. Batelé. V. Eupatoire. Batta. F'.Baquête. Battata. V. Patate. Baya. F". Calebaffier en arbre. Baie-a-ondes. — Ord. claff. 22. feft. 3. Tournef. — Obf. Ceft un arbre de moyenne grandeur, dont la racine eft fibreufe & tra- • çante ; fon tronc noirâtre , droit , crevaffé. 11 fe divife en plufieurs branches, & celles-ci en ramilles fourchues, auxquelles les feuilles font attachées. Elles font obi on gués de 4 à 5 lignes, larges d'une ou deux lignes, difpo- fées par paires jufqu'au nombre de vingt fur ufie même ramille , traverfées dans toute leur longueur par un petit filet , écartées durant le jour, repliées durant la nuit les unes fur les autres. Les fleurs font légumineufes , jau- nâtres , inodores; elles croiffent par bouquet aux extrémités des branches. 11 leur fuccède des ^ r.' .■>', /'^ .a- --.-*•.- DÉ Saint-Domingue. i^« goufles longues d'un demi-pied, arrondies & qui renferment plufieurs petites graines plates alongées, brunes , luifantes, groffes comme uneJentille, environnées d'un pulpe blanchâ- tre, fans odeur ni faveur. — Loc. Cet arbre eft fort commwn dans les Savannes; il fe plaîc dans les endroits fablonneux, Bayroua. V. Pois doux. Belle-de-nuit. Sy/2, Solanum Mexicanum. Bergamotier. V. Citronnier. Beringéne. V^ Breliéme. Beurreria-. V. Bois cabrit bâtard. Bidens Americanum. F". Sariette ( petite ). Bigarade. V, Oranger fauvage. ^ Bignonia. V. Bois de chêne , bois jaune liane à grifFe-de-chat. ' Bignonia pyri-facie. V. Poirier. BiGNONiA fcandens. F". Liane à corde, liane franche, liane rouge. BiHiMiTRou. V. Bols d'anifette. Bimaregaly. V. Eupatoire. BipicAA. F. Pois d Angole. BixA. F". Roucou. Bled de Turquie. F. Maïs. BoccoNiA frutefcens. F. Chelidoinc. BocHTAY. F. Eupatoire. BoÉMiN. F. Piment. Bois d'agouty. — Sy/2. Bois le'zard. — C/f. Il eft employé dans les ouvrages de charpente. Il tire fon nom de celui d'un animal qui a coutume de fe loger dans fon tronc qui efl fouvent creux. Bois d'ainon. — Où/. C'eft un grand arbre dont la tige eft affez élevée , uii peu crochue , crevaiTée, de couleur cendrée j fon bois feu- Lij ifl'M 1 54 Essai sur l'Histoire naturelle dant, blanchâtre ; fes feuilles ont 6 ày pou- ces de longueur fur trois de largeur. Elles croiffent à l'extrémité des branches, rangées par paire fur une côte qui eu toujours ter- minée par une impaire. Elles font pointues, d'un verd-pâle en deffous , d'un verd-foncé & luifant en deffus. •- Loc. Il fe plaît dans les endroits marécageux. — Vf- Son bois s'emploie dans les ouvrages de charronnage. Bois amer. V. Simarouba de Cayenne. Bois d'anifette. Syn. Saururus frutefcens , PI. Jaborandi , Bihimitrou. Car. . Bois arada. V. Tavernon. Bois bâcha. V- Bois à calçons. Bois benoît. On donne ce nom à un arbre grand & gros. Son bois eft jaunâtre , parfemé de veines rougeâtres. — Vf. On en fait de fort beaux meubles. ,^ r Bois blanc. — Ohf. Cet arbre s'élève fort haut. Son tronc eft droit, d'une moyenne groffeur , formant un fommet très-touiFu ; fon écorce eft cendrée , blanchâtre , peu cre- valTée , mince , d'un goût amer ; fon bois léger, blanc, flexible , poreux; fes feuilles épaiffes, ovales , d'un verd-clair en deffus, mat en def- fous, rangées par paire le long d'une côte, d'un goût un peu amer ; fes fleurs font en entonnoir , blanches , & fe changent en une baie jaunâtre. - Vf. Son bois fert à faire du merrain. _ . Bois cabril bâtard. — Syn. Beurreria , Brown. Cordia , Linn. Jafminum , Sloa. Bois à calçons. — Syn. Bois bâcha: — 6»/^: Ceft un arbriifeau dont la racine eft fibreufe, peu profonde j il s'en élève plufieurs tiges VPi{^ DE Saint-Domingue. i6< pfqu'à dix ou douze pieds , d'un pouce en- viron de diamètre par le bas , qui fe divifent par le haut en plufieurs petites branches flexibles. Son écorce eft grifâtre, lifTe; fon bois mol , blanc , fendant ; fes feuilles min- ces, d'un verd-foncé , oblongues, alternes, de deux à trois pouces de longueur Se de deux pouces de largeur , divifées vers le mi- lieu en deux parties obtufes ; {es fleurs blan- ches , difpofées par bouquet , légumineufes , inodores ; le centre eft occupé par plufieurs étamines longues , déliées , & par le piftil , dont le ftil eft terminé par un-ftigmatebrun' oblong. A ces fleurs fuccèdent des goufles de quatre à cinq pouces de longueur &■ d'un demi-pouce de largeur, brunes , très-minces , brillantes , qui renferment dix à douze pe- tites graines applaties , grifâtres. - Loc. H croît dans les endroits* montagneux Se rocheux. Bois de campêche. — Sy/z. Bois de la Ja- maïque , Campêche , Brefihet , Lignum cam- pefcanum, Pfeudo-brafilium , Triam-pangam, Hon.Mal. Cxfalpina , /.i/2/2. (*) — Obf. C'eft un très-grand arbre fort épineux : fon tronc ?'élève perpendiculairement, répand de tout côté des rameaux ; il eft communément à côtes, fur-tout par le bas. Son écorce eft grifâtre , l'aubier jaunâtre , le cœur du bois rouge : fes feuilles font petites , prefque ron- des , rangées deux à deux fur une côte ; fa C) lemery, & après lui Bemai'e, & quelques autres lont confondu mal à-propos avec le bois d'Inde. Ce font deux arbres tout difFérens. Leur port, leurs feuilles * leurs fleurs, leurs fruits ne fe leflembienr en rien. L iij 1 66. Essai sur l'Histoire naturelle fleur eft blanche , petite , & fe change en uti^ follicule membraneufe , mince, plate , qui renferme une petite graine applatie , par le moyen de laquelle l'arbre fe multiplie. — Loc: Il croît également bien par-tout. — Uf. Son bois teint en rouge : on en fait des haies vi- ves , qui croiffent en peu de temps , & font un plus bel effet que celles de citronnier \ pourvu qu'on ait foin de les tailler cinq ou fîx fois par an , ce qu'un habitant attentif ne néglige jamais de faire ; car lorfqu'on ceffe de couper les branches de cet arbre , elles s'élèvent en peu de temps à une hauteur con- fidérable , produifent quantité de^ graines qui donnent naiffance à une infinité de jeunes plantes couvertes d'épines , qu'on a bien de la peine à détruire. Bois de canelle. — Syn* Canellier , Cinna- momum Americanum , Cânella peruana , C. B. Caffia cinnamomea , Pliik, —- Ord. famil. 40. les garou , Adanf — Obf: Cet arbre ne s'élève guères : fa tige eft droite , peu grofle. On y didingue deux écorces : l'une externe , qui eft liiTe , grifàtre; l'autre interne, mince, blan- che , d'un goût aromatique ^ piquant (*). Son bois eft dur , pefant , quoique corrupti- ble ; (ts feuilles fermes, bien nourries, d'un verd-obfcur, attachées par un pédicule au fommet des tiges , difporées par bouquet , garnies de trois côtes faillantcs , d'une faveur (*) M. Bomare , d'après Lemery , fe trompe encore , quand il aflure que la canelle blanche eft la Seconde pcorce du bois d'Inde : ces deux, arbres font faciles « "àiftinguer. DE Saint-Domingue. i6j êe canelle ; fes fleurs à cinq pétales , de cou- leur de pourpre- violet. 11 leur fuccède ur^ petit fruit arrondi , très-aromatique. — Loc, Cet arbre fe trouve par-tout dans les mor- nes. — [//1 On fait avec fes fruits une liqueur flômachique très-agréable ; on fe fert auffi de fon écorce pour affaifonner les alimens. — Vin. Son écorce efl: flimulante , pénétrante , fondante , flomachique , anti-fcorbutique. Bois capitaine. V. Cérifier capitaine. . Bois caraïbe. '— Loc. On le trouve dans les mornes fur les coftières. ^ Uf. On Pempîoie dans les ouvrages de charpente qui ne font pas expofés aux injures du temps. Bois calfave.— Syn. Bois doux. — Z^r. On le trouve dans les mornes. -^Uf. Son bois efl: employé en charpente. Bois de chambre. — Obf. C'eft une plante annuelle qui s'élève à plus de fix pieds. Sa racine eft blanche , chevelue ; fa tige cane- lée, grofl^e comme le doigt , fpongieufe , rougeâtre ; fes rameaux oppofés en croix ; ies feuilles alongées , d'un pouce & demi de longueur fur deux lignes de largeur , difpo- fées deux à deux jufqu'au nombre de 50 fur une côte , d'un verd-pâle , couverte? d'une pouiTière fine. — Loc. Cette plante croît dans les endroits marécageux & incultes. -^ Uf On, fe fert aux Ifles de fa tige au lieu d'amadou. Bois de chandelle. — Syn. Taouia , Ala- coaly , Car. — Obf. On en diftingue de deux fortes, le blanc, Se le noir. Le premier eft un arbre de moyenne grandeur : fon tronc ne s'élève guères .au-deffus de douze à quinze pieds; fon diamètre eft, tout m plus de trois Liv V 1^8 Essai sur l'HistoiPxïï naturelle à quatre pouces : fon écorce ell d'un brufi- cendré , lifTe ; fon bois jaunâtre , dur , odo- rant, réfîneux , pefant ; fes branches tortues , pleines de nœuds , fans ordre ; fes feuilles pointues , en forme de lanee , fermes > odo- rantes , fans dentelure , de deux pouces de longueur , larges d'un pouce , paroiÏÏant per- cées , lorfqu'on les regarde au foleil , luifan^ tes 5 d'un verd'foncé en delfus , d'un verd' pâle en deffous , difpofées trois à trois à l'ex- trémité des branches, qui font toujours ter-» minées par une feuille impair ; fes fleurs pC;- tites, blanches, auxquelles fuccèdent des pe- tites baies noires , d'un goût aromatique Se, de très-bonne odeur. — Loc. Cet arbre croît, dans les bois qui font fitués au bord de la mer. t- Uf. On en fait des flambeaux pour s'éclairer la nuit : c'efl: delà que lui vient fon nom. ^ Vin. On dit que fa féconde écorce efl: ophtalmique. Le Bois de chandelle noir eft diflingué du précédent, i°. par fes feuilles, qui font plus longues & plus larges ; 2°. par fon écorce , qui eft noire ; 3°. par fon bois , qui efl: plus; léfineux , noirâtre , & plus pefant. Bois de chêne. — Syn. Chêne à fiîique , Bignonia , /'/. '— Ol^/i Cet arbre eft très-grand : fa tige eft haute , droite, trèsbranchue au fommet 5 fon écorce d'un roux-cendré , toute crevaflee ; fon bois d'un blanc-pâle ; fes feuil- les font ifolées , blanchâtres en deflbus , d'un verd-clair en deflus , alongées , pointues , fans dentelure, de cinq à fîx pouces de lon- gueur, larges de douze à quinze lignes. Sa fieui eft lég^imineufe , évafe'e par ea liaut ^ :^iiLiSdif^-:^!ff^c "^JU. m TfE Sain t-D omikgv^: iSp 'divifée en quatre parties inégales, dentelée fur les bords, blanchâtre, parfemée de filets rougeâtres, d'une odeur des plus fuaves : il lui fuccède une filique très-étroite , arrondie-, ayant plus d'un pied de longueur , qui ren-* ferme plufieurs petites graines. Loc. Ctt ar- bre croît dans les plaines. — £//: On rem- ploie dans les dtivrages de charpente : il dure ^ong-temps , pourvu qu'il foit à couvert ; mais «xpofé au foleil & à la pluie , il tombe bien- [ tôt en pourriture. ^ Bois de cheval. F". Bois major. Bois de Chypre. ^ Syn. Cordia , Geraf^ canthus. Bois cochon. — J'j'/2. Sucrier de montagne. ^ Ord. famil 44. les Piftachiers , Adanf. — Obf. Cet arbre eft très-élevé ; on en voit monter jufqu'à plus de foixante pieds : fon tronc alors \. a q[uatreà cinq pieds de circonférence. Sa pre- mière écorce eft grifâtre , unie; l'enveloppe cellulaire verdâtre, gommeufe ; le liber rou- ge, épais, gommeux; le bois foîide , rougeâ- tre , fendant ; fes feuilles ovales , terminées aufommetpar une pointe alongée, fans den- telure , minces , liiifantes , ondées , d'un verd mêlé de jaune, larges de trois pouces, lon- gues de cinq à fix pouces , rangées par paire fur une côte qui eft toujours terminée par une impaire. Sç.% fleurs naiifent par grappe aux. extrémités des ramilles : elles font blanches , ^ & fe changent en un fruit aufTi en grappe , 'gros comme une petite noix^, divifé en deux ou trois parties, couvert d'aune écorce verte, coriace, qui renferme une pulpe blanche, charqyç, fucrée, d'une odeur aromatique i î 70 E5-SA1 SUR l'Histoire- N-AxaRELLE chaque divifion contient un noyau applatî^ ligneux , qui renferme une amande amère & ondueufe. — Loc. Cet arbre fe trouve fré- quemment dans les mornes. — • Uf. On fait avec fon bois du merrain & des efféntes. — Virt, On tire de fes amandes une huile fine » aromatique , qu'on eftime beaucoup pour les maladies de la poitrine. Quand on incife 1 e- corce de cet arbre , il en diftille un fuc gom- meux & rougeâtre , d'une odeur forte & aro- matique : c'eft un puiffant vulnéraire qu'on emploie avec fuccès pour la guérifon des plaies. On dit que la découverte en eft due aux cochons marrons , qui fe trouvant blef- fés par les chaffeurs, arrachent avec leurs défences l'écOrce de cet arbre , pour en faire fortir le fuc gommeux , dont ils frottent leurs bleffures : c'eft delà que ces arbres tirent leur nom. Bois côtelette. — Syn. Citharexylum , linn, — Obf. 11 a été ainfi nommé à caufe de fa tige , qui eft garnie de côtes faillantes. L'é- corce eft d'un brun-cendré , unie , peu cre- vaiTée ; fon bois blanc, tendre ; fes feuilles oblongues , pointues , d'un yerd ordinaire , lifTes defiiis & deffous , luïfantes , fans den- telure , alternativement pofées , très-veinées ; fes fleurs petites , monopétales , blanchâtres : il leur fuccède un petit fruit à trois côtes , verd, enfuite no\ï. -^ Loc. On le trouve dans les endroits montagneux. ^ Uf. On l'emploie dans la charpente , & il dure affez long-temps, pourvu qu'il foit à Pabri du foleil & de la pluie. Bois. de. couille. -^ Syu. Pétard» Çreynia» 1 ."iiL^^^iV^: :^^^^- DE S AINT-Do MIN GUS. IJÎ Menekouy , Alepelecou , Car. — Ol?f. C'efl un arbrifTeau dont les tiges font grêles , minces , droites , & fe divifent en plufieurs rameaux qui s'élèvent perpendiculairement. Son écorcc eft grifâtre , unie ; fon bois blanc , fendant ; léger ; fes feuilles fermes , bien nourries , x:rC- fantes , d'un verd foncé , larges de deux à trois pouces , longues de quatre à cinq pou- ces , ovales , très-veinées , fans dentelure , divifées par une côte rougeâtre , portées fur un petit pédicule d'un rouge-brun. La fleur eft en rofe , compofée de cinq pé- tales blancs , arrondis , pointus , creufés en cuilliers , portée fur un calice fnonopétale , dentelé ; le centre eft occupé par plufieurs étamines minces , dont les anthères font fphé- riques : elles environnent le piftil , qui eft très-long , blanchâtre , arrondi , gonflé au fommet. Ce piftil devient une gouiïe d'un demi-pied de long , boflelée , arrondie , de cinq à fix lignes de diamètre , jaunâtre en dehors , rouge en dedans , ligneufe , d'un goût ua. peu amer , divifée intérieurement en plufieurs loges. Les graines qui y font contenues ont environ deux lignes de diamètre & quatre li- gnes de longueur , d'un verd-fombre , cou- vertes d'une peMicuIe rougeâtre , d'un goût fort amer. Loc. Cet arbrifleau fe trouve fré- quemment fur les bords de la mer. J^irt. Sa racine eft employée en décodion datis les maladies vénériennes. Jacquin , au mot Marcgravla umbellata , don- ne la defcription d'une plante parafite, que \tz Martiniquais appellent Bois de§ çouilks ; tji Essai sur l'Histoire naturelle ftiais elle n'a aucune reiïemblance avec l'a.t^ brifleau dont on vient de parler. Bois couleuvre. — Sy/i. Rhamnus arboreus i Brown. Bois<îentelle.—iy/2. Dentelle, Lagetto,i'/o;z. — Ord. claff. 6. Hexandria monogynia , Linn.^ Famil. 39. les Perficaires , AdanJ. — Obf, C'eft un arbrifleau dont la racine eft cheve- lue , pivotante ; les tiges qui s'en élèvent font aflez droites , & fe oivifent en plulieurs ra- meaux placés fans ordre. Les plus fortes ont à peine quinze pieds de hauteur & quatre pouces de diamètre ; peut-être ^ue l'ufage qu'on en fait les empêche de venir plus groP / fes. L'épiderme qui les couvre eft blanchâtre, parfemé de taches grifes ; l'enveloppe cellu- laire, verdâtre; le liber blanc, fucré, épais de deux à trois lignes , filandreux , féparé du bois , divifible en plufieurs fuperficies faites en rézeau , qui imitent la dentfelle , ou plutôt Plakche la g32e {fig. I.). Le bois eft compare, jau- nâtre , la moelle d'un brun-pâle : les feuilles {fig. 2. ) font en forme de cœur , terminées en pointe , arrondies par la bafe , longues de cinq à fix pouces , larges d'environ quatre pouces , très-v-einées , bien nourries , luifan- tes , d'un verd-foncé en deiTus , pâle en def- fous , couvertes d'un duvet fin & piquant , d'un goût acre , fans dentelure , difpofées alternativement le long des branches , por- tées fur un pédicule affez court : elles pouf- fent à l'extrémité des branches. Les fleurs fortent desaîiTelIes des feuilles. Le calice^ {fig, 3 ) eft un tube caduque , ter- miné par quatre poiotes ; on y remarque fix PI. X. tmt '-mm ■H '-ri deSaint-Domingue. 173 étamines , le piftïl eft conique , & devient une baie {fig. 4 ) fphérique , très-blanche , de 3 à 4 lignes de diamètre , en grappe , couverte d'une pellicule très-fine , garnie d'un duvet fin & piquant , remplie d'une fubflance blan- che , aqueufe , fondante , fucrée , au milieu de laquelle on |:rouve une petite graine {fig. j ) grisâtre, ovoïde, terminée par deux petites poin- tes, d'un goût d'aveline, renfermée dans une capfule fragile, — Loc. Cet arbrilTeau ne croît que dans \ts mornes. •— Uf. On emploie quel- quefois aux Ifles fon écorce par curiofité pour faire des cocardes , des manchettes , & même des garnitures de robe. Pour les blanchir , il fuffit de les agiter dans un bocal avec de l'eau de favon. Les Nègres s'en fervent pour faire leurs nattes; on l'emploie auffi pour faire des licous dans les quartiers où il n'y a point de pitte. Bois doux. V. Bois cafTave. Bois d'ébéne. V- Bois verd. Bois à enivrer les poifTons, Bois épineux blanc. V. Cotonnier mapou. Bois épineux jaune. — Syn. Agoualaly , Car. — Obf. On en diftingue de deux fortes , le grand & le petit. Le premier s'élève & devient gros comme le chêne. Son tronc eft droit , élevé , très- branchu , couvert d'épines fortes , peu nom- breufes ; l'écorce rude , légèrement crevafle'e , roufleâtre ; le bois jaune , dur , compade ; les feuilles oblongues , pointues , un peu dentelées , rangées deux à deux fur une côte qui eft terminée par une impaire, d'un verd gai en delTus , pâle endeffous, années de trois Î74 Essai SUR l'Histoire NATURELLE ou quatre petites épines. Lqs fleurs nailTent le long des ramilles : elles font blanches & produifent une graine noirâtre , grofle comme un grain de millet. — Loc. On le trouve par- tout , fur-tout dans les mornes» — Uf, 11 efl recherché pour les bâtimens. La féconde efpèce de bois épineux jaune eft plus petite que la première, elle s'élève à peine à 1 2 pieds ; fon tronc n'a pas plus de < k6 pouces de diamètre. L'écorce eft noirâ- tre en dehors , jaune en dedans , couverte de quantité d'épines plus petites & plus ai- guës que celles du précédent, d'un goût fort amer ; il lui reflemble dans tout le refte. — l/J'. Son écorce teint en jaune. *- î^in. On en fait auffi un vulnéraire déterfif qui paife pour excellent : elle a encore la réputation d'être fébrifuge. Bois efpagnol. Bois de fer. — Sy/z. Ibera puterana, Side- roxylum Americanum , Piak. Sideroxyloïdes , Ferreum, Jacq.— Où/. On en diftingue deux efpèces, le blanc & le rouge. Le bois de fer blanc eft un grand arbre dont la tige eft droite, haute, très-branchue , garnie de feuilles au fommet. L^écorce eft épaiffe, cendrée, brune en dedans, d'une fa- veur aftringente , profondément fiUonée ; fon bois amer, fort dur, jaunâtre; le centre eft de couleur de fer rouillé ; fa dureté n'em* pêche pas les poux de bois ôc d'autres infec- tes de le ronger ; fes feuilles font ovales , ter- minées par une pointe moufle , larges d'en-' viron un pouce , longues de deux pouces » | peu veinées, difpofées tantôt alternativement, DE Saint-Dominguh. 17 j tantôt deux à deux fur les rameaux, d'un verd-foucé en deflus , un peu pâle en deiïbus , luifantes , fans dentelure. Ses fleurs croifTeiic par bouquet en entonnoir^ d'une couleur vio- lette <5c blanchâtre, affez femblables à celles du lilac» Il leur fuccède une baie d'abord violette , enfuite noirâtre , qui renferme trois petites graines. — Loc. Cet arbre fe trouve dans les mornes. — UJl Son bois efl: employé dans les ouvrages de charpente Se de menui- ,ferie. — • P^in. Son écorce eu. regardée comme anti'-vénérienne & anti-fcorbutique. Le bois de fer rouge diffère cm précédent , 1°. par fes feuilles qui font longues de cinq à fix pouces , larges d'environ 2 pouces, divi- fées dans toute leur longueur par trois côtes faillantes , fans nervure apparente , ni dente- lure, fermes, d'un verd-fombre; 2°. par l'é- corce qui eft rouge en dedans ; 3°. par le bois cjui efl: rouge , pefant , plus dur que le blanc ; il prend un très- beau poli. On l'emploie aux mêmes ufages que le précédent , & on lui at- tribue les mêmes vertus. Bois de férole. V. Bois marbré. Bois de fléaux. V» Cotonnier fiffleux. Bois fourmi. — Oùf. Ses feuilles font ova- les, terminées par une pointe moufle , atta- chées par un petit pédicule, difpofées alter- nativement fur une côte terminée par trois feuilles , dont deux oppofées , & la troifîème ifolée , d'un verd-gai , de trois à quatre pou- ces de longueur , & larges de deux pou- ces , fans dentelure, très - veinées , divifées par une côte & des nervures faillantçs en jdeflbus. t']6 Essai sur l'Histoire naturelle Bois de frédoche. V- Bois d'ortie. Bois de frêne; — Syn. Frêne. — Ord. famiï. 44^. les Yi^dicKiQis^^^danf.'^Obf. C'eft un grand arbre dont la tige eft droite, très- élevée ^ d'une grofleur médiocre ; ion. écorce grisâ- tre , GrevafTée ; fon bois blanc , mol , fen- dant. Sqs feuilles croifîent à l*extrêmité do-S branches , & forment des ramilles fur lefquel- les elles font alternativement placées au nom- bre de huit ou neuf : elles font oblongues , larges de douze à quinze lignes , longues de trois à quatre pouces, liiTes, brillantes ^ d'un verd-gai en deflus , cotonneufes & d'un verd- pâle en delfous , fans dentelure , garnies de nervures prefque droites & point faillantcs. A l'extrémité des ramilles naiffent de longs pédicules branchus & pendans, qui portent plufieurs petites fleurs, auxquelles fuccèdent des baies en grappe ^ oblongues , noirâtres , lifTes, remplies d'une fubftance purpurine un peu amère. On trouve au centre de ce fruit un gros noyau oblong , ligneux , brun , qui renferme une amande jaunâtre & d'une amer- tume infupportable. — Loc. On le trouve dans les mornes, & dans plufieurs endroits de la plaine où on l'a planté pour en faire des allées. Bois immortel. — Syn. Arbre de corail , Corallodendron , PL Ahiphi, Car. — 6>ri. claff. 17. Diadelphia decandria , j[>i/z/z. — Famil. 43. les légumineufes , feft. 4. Adanf. — Obf. Cet arbre croît promptement , & dure long-temps; il vient aifément de graine & de bouture. Sa tige s'élève à douze ou quinze pieds, & fe divife en plufieurs branches qui forment une tête très-touffue. S^s feuilles font fans den- telure ^ :r\>' — • »\' V '.^^"^. DE SaINT-DOxATINGUE. 17*7 tclui-e , arrondies , terminées en pointes , lif- fes , minces , d'un verd jaunâtre Se rougeâtre, jportées fur de longues queues. Ses fleurs font d'un roùge très- vif , & naiïïent avant les feuil- les.^ Il leur fuccède des gouffes rondes , bof^ fclées, qui contiennent pîuiîeurs graines en forme de fève , arrondies , couvertes d'une pellicule rouge-foncé ; elles renferment unb fubftance blanchâtre , farineufe , un peu araè- te, -- Lot:. Il croît également par-tout. — C/f. On s'en fert pour faire des entourages. — Virt. On attribue bien des vertu* à cet arbre; on dit que fes fleurs font ftomachiques ; fes feuilles anti-vénériennes, aftringeotes ; &que f©n écorce broyée dans du vinaigre , ou l'a* mande de fon fruit avalée , appaife ks dou- leurs de ventre des femmes. Bois d'Inde. -^ Sy/^. Laurier aromatique g Poivre de la Jamaïque , Lignum Indicum , Achourou , C^a Myrthus arbor. — Ord. fâmil. 14, les Myrtes , Adanf. - Oâf. Son tronc s'é- lève très-haut : il eft droit, branchu, d'une moyenne grofleur ^fon écorce jaunâtre , par- femee de taches noirâtres , unie , mince , d une odeur forte , d'un goût aftringent ; fon bois dur , compade , pefant , incorruptible , 1 aubier gris , le corps ligneux , violet , & prend un très-beau poli ; fes feuilles épaiffes, fermes , divifées par une côte faillante en deflbus , garnies de petites nervures fans or- dre , difpofées par bouquets , d un verd-noi- râtre en deifus , & brillantes , d'un verd-clair en deffous , fans dentelure , formant un ovale de cinq à fix pouces de longueur & de deux pouces de largeur, d'unie o^eur forte, d'um î 78 Essai sur l'Histoire naturelle goût piquant , aromatique , ôc approchant de celui du poivre & de la canelle. Ses fleurs font blanches ôc par bouquet. H leur fuccède des baies fphériques , noires en dehors , bru- nes en dedans , d'une odeur de drogue , d'un goût aromatique , dans lequel celui du poi- vre domine , d'environ trois lignes de dia- mètre. — Loc. Cet arbre ne fe trouve que dans les mornes. ^Uf. On fait avec {es grai- nes une liqueur très-agréable , connue aux Ifles fous le nom de Bois d'Inde. Les habi- tans & Its efclaves fe fervent des feuilles pour affaifonner leurs ragoûts. — Virt.^ Sts baies & fes feuilles font ftomachiques , cépha- liques, anti-putrides. „ . , ^ . , Bois de la Jamaïque. V^ Bois de Campeche. Bois jaune , Bignonia. . Bois laiteux franc. Syn. Bois laiteux febri- Tuge Ourouanide , Car. Rauvolfia ladefcens, PI — Obf, Ceft un arbriffeau qui produit de fa 'racine plufieurs tiges grêles, caffantes , hautes de cinq à fix pieds. Sts feuilles font oppofées , longues d'un demi-pied , larges d un pouce & demi , ondées fur les bords , luifan- tes pointues , divifées par une côte faillante en deffous, à laquelle aboutiffent des nervu- res droites , d'un verd foncé en deffus , pale en deffous. Sts fleurs croifTent aux fommites des branches, elles font petites , blanches. ^ Vin 11 fort de toutes les parties de cet arbriffeau, lorfqu'on les froiife , un fuc lai- teux, dont on fe fert comme vulnéraire & fibrifuge. . a -n Le P. Dutertre dit, qu'il croit aux Antilles Vin arbre laiteux, gros comme la jambe , haut DE Saint-Domingue. lyp de deux piques, dont les feuilles ont deux pieds de longueur. Cet arbre , dit M. Bomare , au mot arbre Icùieux des Antilles , croît à Ici Louifiane ; ceji le jnêîne que le thé de Boer^ hâve , qu'on cultive à Londres, Je ne fais s'il fe trouve à, Saint-Domingue , mais je n'en ai jamais entendu parler. Bois laiteux bâtard.— ^/2 Arbor laftefcens Tabernsemontana ladefcens, PL Titoulihué * Pinpinichi, Car. — Obf. Ceft un très - grand arbre; fon tronc s'élève très-haut ,& fe par- tage en plufieurs groifes branches. Son écor- ce eft grifâtre, fon bois tendre, blanchâtre, caffant net; its feuilles oblongues, pointues, longues d'un demi-pied, larges de deux pou- ces, alternes , épaiffes , d'un verd foncé. Elles croiiTent par bouquet à l'extrémité des bran- ches. Il pouffe au centre ^t^ bouquets une efpèce de petite corne ou d'ergot , de même fubftance que les pédicules qui font très-courts , gonflés par la bafe : fes fruits font fphériques^ verds, molafles, de la groffeur d'une cerife! Toutes les parties de cet arbre font remplies d'une fève abondante , très - acre j blanche comme du lait. — Z^c. Il croît dans \t^ endroits humides. — Vin. On emploie fa fève pour la guérifon des malingres. Bois de lance franc. — Syn. Cornus. — Obf. C'efl un arbre d'une moyenne grandeur, qui croît dans des endroits pierreux. Sa tige eft droite, longue, peu groffe ; l'écorce d'un roux cendré, un peu crevafîee ; fon bois blanc, flexible, coriace; îts feuilles fermes , unies, pointues , fans dentelure , alternes , .portées fur un pédicule très-court, larges d'un pouce j Mij ï8o Essai SUR l'Histoire NATURELLE longues d'environ trois pouces_, d'un verd noirâtre. Il porte une petite fleur blanche , qui devient un fruit triangulaire , arrondi , d'abord verd, enfuite violet, & enfin noirâ- tre , divifé en trois capfules , qui renferment chacune une petite graine grife , affez fem- blable aux grains de chenevis , tant pour la forme que pour le goût. — Loc. On le trouve dans les mornes. ^ Uf. H efl: employé pour faire des chaifes, des échelles & d'autres fem- blables meublesL. Bois de lance bâtard. — Syn. Cornus. — Obj: Il ne diffère du précédent qu'en ce que {ts feuilles font une fois plus grandes & plus flexibles. Son bois, quoique moins eftimé que îe précédent , eft cependant employé aux mê- mes ufages. ^, r 1 Bois latanier. — Obf. Il ne faut pas le con- fondre avec l'arbre nommé Latanier. 11 eft d'une médiocre grandeur : its feuilles font "diftribuées deux à deux fur une côte ; elles font miinces , d'un verd pâle , oblongues , pointues. Ses fleurs fe changent en un petit fruit rond , alongé , divifé en quatre capfules qui renferment autant de graines triangulai- res , un peu oblongues , revêtues d'une pelli- cule liffe, mince, jaunâtre & qui couvre une amande fort amère , jaunâtre , groffe comme Une petite fève. — Loc On trouve commu- nément cet arbre fur le bord des rivières. Bois lézard. F. Bois d'agouty^ Bois de liège. V. Cotonnier fiffleux. Bois major. — Syn. Bois de cheval -- Obf, Sa racine eft mince, fibreufe, grifatre. Il stn élève plufieurs tiges articulées de trois a qua- ^ r-r DE S A I N T-D O Î^IN G UE. iSt tre pouces de diamètre, droites, couvertes d'une écorce mince, lilTe , grifâtre dans les vieilles branches , verte dans les jeunes. Le bois elT: léger, blanc, compade , flexible, rem- . pli d'une moelle blanche comme le fureaii. Sts feuilles font alongées, pointues au fom- met , rudes au toucher , fans dentelure , di- vife'es par une côte qui fe foudivife en plufieurs nervures , qui font toutes dirigées vers le fom- met , d'un verd pâle deffus ôc deilous, portées fur un pédicule très-court , d'un demi-pied de longueur, ôc de deux à trois pouces de largeur. Ses fleurs croiiTent par bouquet au fommet des branches, il leur fuccède une pe- tite graine jaunâtre , de forme ovale. — Loc. Il croît dans tous les endroits humides. — Fin. On emploie fes feuilles en décodion pour pan- , fer ]es plaies des chevaux. Bois mandron. — Ohferv. C'eft un arbre- •dont les feuilles font de différente grandeur ; les unes ne font que de trois pouces ôc demi, les autres ont jufqu'à neuf pouces de longueur^ êc deux à trois pouces de largeur; elles font liffes, d'un verd foncé en delTus, pâle en def- fous, pointues , fans dentelure , divifées paE une grofle côte faillante , portées fur un pé- dicule recourbé du côté de la branche o\x il efl: attaché. Bois marbré. — Syn. BoFs de Féroîe. — <9/jC C'eft un arbrifeau dont les tiges, ne s'élèvent guères. Elles font couvertes d'une écorce mince , membraneufe ,, blanchâtre ; le bois eft: dur, très-péfant, liflTe, blanc, rempli de vei- nes jaunâtres ôc brunes. Ses feuilles font oblon- gués > pointues par les deux bouts , fans dea- M iij î 8 2 Essai sur l'Histohie naturelle telure , très-veinées , d'un verd foncé & luifant en deffus , pâle en delTous , portées fur de pe- tits pédicules. Cet arbriiTeau, dit -on, a été trouvé pour la première fois, dans une ha- bitation de M. de Féroles , Gouverneur de Gayenne ; c'eft d'où lui vient fon nom de bois de Férole. •- Uf. On s'en fert aux ifles poui? faire de très-beaux meubles. Bois-Marie. — Syn. Calaba , PL Galophyl- îum, Linn. — Ord. claff. 21. fed. 7. Tour- nef. - clair. 13, Polyandria monogynia ,Linn, -- Famil. 54. les Gifles fed. 2. Ad^nf. — ObJ) Sa tige s'élève à 20 ou 30 pieds : elle eft droite , d'une moyenne groffeur ; fon écorce îifTe, fpongieufe, brune; l'enveloppe cellu- laire verdâtre ; fon bois flexible, d'un verd îaune, il prend aifément de bouture ; fes feuil- les ovales , fans dentelures ni nervures appa- rentes, obtufes, de ij à 18 lignes de dia- mètre , longues de 2 à 3 pouces , lifles , lui- fantes, douces au toucher, d'un verd gai en deffus , pâle en deffous , couvertes d'une in- finité de petites fibre's ferrées les unes contre les autres , oppofées deux à deux fur une ramiîle , qui efl terminée par une paire de ^ feuilles ; fa fleur petite , blanche , odorante , en rofe , compofée de 4 pétales arrondis , ' creufés en cuilliers , de plufieurs étamines , dont les antères font jaunes & d'un piflil ar- îondi , qui fe change en un petit fruit fphe- îique , charnu, gros comme une cerife, dans lequel efl renfermé un noyau ligneux , qui contient une amande. — Loc On le trouve fur \qs bords de la mer. — Uf. Cet arbre fert aux ifles pour faire des entourages. — Vin, On DE S A I N T-I>0 M ING U E. 183 en tire par incifion, die M, Pouppé des Portes , « Un fuc gommeux , verdâtre , qui s'épaiffic » & devient d'un verd très-foncé. Les Efpa- » gno!s rappellent Balfamum del maria, 6c »> le préfèrent au baume de Copalm & à celui !»» du Perpu^^. Bois de merde. — Syn. Cavalam Hon. Mal. Sterculia , Z/«//. — Ord. claiT. 21. fed. 6, Tournef. — clafT. 21. Monoecia monadelphia , Llnn. — famil. 4 j. les Titymales fed. 2. Adanf. — Obf. C'efl un grand arbre , dont la racine eft groffe , pivotante , fibreufe , blanchâtre & un peu amère; fon tronc couvert d'une écorce épaifîe, d'un verd cendré en deflus, blanchâ- tre en deflbus; fon bois blanc, poreux, filan- dreux; fes feuilles oblongues, terminées par une pointe qui eft recourbée d'un côté, unies, d'un verd clair en deffus, obfcur en deffous, d'une odeur forte , porpées fur des queues qui font gonflées verslabafe; les fleurs petites, à cinq pétales étroits , formant une rofe de couleur rouffe en dehors , d'un verd jaunâtre en dedans & velouté. Ces fleurs font tantôt ifolées, tantôt portées deux à deux fur de longs pétioles. Elles ont. une odeur fembla- bîe à celle dts excremens humains. Les fruits qui leur fuccèdent croiflent à l'extrémité d'un pédicule commun. Ils font ferrés \qs uns contre les autres, oblongs, couverts d'une écorce épaiffe, dure, & renferment une pulpe blan- châtre , & (j ou 10 graines attachées à un placenta. Ces graines font oblongues , noirâ- tres 9 remplies d'une' fubflance blanche, fari- neufe. — Loc. Il aime les endroits fabîonneux :>; àt ■* '* il .k< r' Ï5E Saint-Domingue. 185^ grappe, ligneux, dur, profondément gercé, dont les chevaux font fort friands. — Loc. Il croît également bien par-tout. — Vf. On s'en fert communément pour former des allées. Bois d'ortie. — Syn. Bois de frédoche , Bois pelé. — Obf, C'eft un arbre très-élevé : fon tronc eft droit , grand & gros ; Fécorcé unie , membraneufe , grifâtre ; le bois dur , compade , blanc ; its feuilles en forme de îance , pointues au fommet , arrondi vers la bafe 5 fans dentelure , d'un verd foncé en def- ïus , clair & luifant en delTous , de 8 à <> pouces de longueur , & de ^ k 6 pouces de largeur, ifolées , les unes éloignées dts autres. — Lûc. On le trouve dans hs endroits rocheux & arides. — Uf. Son bois efl: recherché parles Charpentiers , il dure long - temps , pourvu qu'on le mette à l'abri du foleil & de la pluie. Bois palmifte. — Où/. Sa. tige efl d'une hau- teur médiocre , droite , branchue dans fon fommet $c très-garnie de feuilles ; fon écorce d'un noir cendré , liffe lorfque l'arbre eft jeu- ne , crevaffée lorfqu'il vieillit ; le bois d'un blanc fale , péfant: feè feuilles alTez fembla- bles à celles du noyer, plus étroites cepen- dant 6c conjuguées ; fes fleurs rameufes , d'un blanc pourpré. Il leur fuccède un fruit fem- blable à celui de VBcrmçdaâe. Bois à petites feuilles. — Obf. C'eft un ar- brifleau dont \ts racines font fibreufes; il en fort plufieurs tiges droites , qui fe divifent en pîufieurs petites branches fermes , caffantes, comme celle du buis. L'écorce eft lilfe, d'un jaune rouifeâtre ; le bois dur, compacte, rou- gçâtre i lç§ fleurs îiaiffent ^^s ai^eles de$ iS^ Essai sur l'Histoire naturelle feuilles , à 5* pétales , difpofées en rofe , blan» ches, inodores, qui fe changent en une baie blanche, enfuite violette & enfin noire; fcs feuilles font ovales, difpofées deux à deux le long d^une ramille, qui eft terminée par une paire de feuilles , fans dentelure , d'un pouce de largeur &; de 18 à 20 lignes de longueur, portées fur une queue fort courte , luifantes & d'un verd gai en deffus, pâle en delfous, comme percées à jour lorfqu'on Its regarde au foleil. — Loc. On le trouve au bord de la mer. — Uf. Son bois efl fort recherché par les menuifîers. Bois à pians. — Obf. C'efl: un arbre très- branchu & qui s'élève beaucoup. Ses feuilles font oblongues, arrondies par la bafe, ter- minées au fommet par une pointe aîongée Se recourbée d'un côté, d'un verd trèî:-foncé en deffus, un peu clair en deffous , liffes, opa- ques , fans dentelure , longues de 4 à j pou- ces, larges de 12 à 1=; lignes, difpofées fur une côte tantôt par paire, tantôt alternative- ment ; chaque ramille eft terminée par une impaire ou par deux feuilles. A fes fleurs fuc- cède une goulfe plate , longue de 2 à 3 pou- ces, large de 18 à 20 lignes, qui renferme une ou deux graines ridées, cotonneufes, d'un verd pâle, très-veinées, plates, en forme de cœur , de 12 à I j lignes de diamètre, rouffeâ- tres , d'un goût défagréable. — Loc. Il croît dans les endroits humides; — Uf. On emploie l'écorce de cet arbre pour teindre en jaune. — Fin. On prétend que fes feuilles appli^ quées en cataplafme fur les pians les guériÎTent radicalement. n îDE Saint-Do M iNCUE. ' iBj Bois piquant. K Tavernon. Bois ramier, jy. Bois de foie. Bois ramon. — Où/, C'efl: un arbrifTeau dont Técorce eft amère ; fes feuilles font épaiffes , rudes au toucher, d'un verd foncé, larges; fes fleurs croiffent par bouquet , d'un blanc jaunâtre & d'une odeur agréable , qui fe chan- gent en un fruit affez femblable à une amande". Bois de rivière. — Syn. Chymarrhis, Jacq. — Loc. On le trouve par-tout, dans les endroits fecs & arides. '- UJi Son bois eft employé en charpente. Bois de rofe.— Où/l Ses feuilles fon oblon- gues, larges de 12 à ij lignes, longues de 2 à 3 pouces , terminées au fommet par une pointe moufle , recourbée d'un côté , d'un verd clair en deflbus , plus foncé en deflfus , très- veinées, fans dentelure. Bois rouge. — Où/. C'efl un grand arbre dont on diftingue pluiieurs efpèces , qui diffè- rent entr'eux, tantôt par les fleurs, tantôt par les feuilles. Dans le quartier de Léogane , au bord de la mer, il en croît une efpèce fort commune , qui s'élève environ à 20 pieds. Son bois efl: lifle , grifâtre , dur , pefant , maf- fif Ses feuilles ont 6 à 7 pouces de longueur, & environ deux pouces de lai:geur. Elles font oblongues , terminées par une pointe recour- bée d'un côté, fans dentelure, d'un verd gai endeflus, clair en defl!bus , partagées par une côte & plufieurs nervures faillantes. Sa fleur devient une baie fphérique , de 4 lignes de diamètre , remplie d'une pulpe molle , mince , charnue, d'une odeur aromatique, d'un goût fade, l'écorce qui la couvre eft mince, gri- I itèS -Essai sur l'Histoire naturelle fâtre, liiïe en dedans. On trouve au centré une graine prefque ronde, divifée en deux ïobes , dure , noirâtre , farineufe , ayant le mètne goût & la même odeur que la^ pulpe. >^ Uf Le bois de cet arbre eft employé dans les ouvrages de menuiferie. Bois de Saint-Jean. Bois fatiné. Bois de Savanne. — Syn. Cornutia. — 0&/: On en diflingue deux efpèces , le franc & le bâtard. — Uf. On s'en fert pour bâtir. Bois favonette. — vfy/z. Arborfaponaria.— Ord. clair. 21. fed. 7. Tournef. — claff. 10. Decandria digynia, Linn. — famil. 44-. les Pif^ tachiers , Adanf. - Ord. Cet arbre eft d'une médiocre grandeur (*) : fon tronc fe divife or- dinairement à 2 ou 3 pieds de terre en plu- fieurs branches grolTes comme la cuifTe. Son ccorce eft grife , raboteufe ; le bois blanc , gommeux , dur ; fes feuilles de différente grandeur : les unes n'ont que 3^4 pouces de longueur, & 12 à 1.5" lignes de largeur; les autres portent 9 pouces de longueur, fur 2 à 5 pouces de largeur. Elles font d'un verd gai , luifantes en deffus , d'un verd pâle & veloutées en delîous, fans dentelure, termi- nées par une pointe qui eft moufle, alongée & recourbée d'un côté , divifées par une côte en deux parties inégales (^*). %ts fleurs font (*) C'eft à tort que Bomare le range dans la claffe Hes arbriflfeaux : il n'en a point du tout les caradères. (** ) Les feuilles du bois favonette ne refTcmblent donc point à celles du frêne ou du ceriiier , comme le die fiomajclk HE Saint-Domingue. iS^ ^n rofe, compofées de 4 pétales arrondis & d'un pifiil qui devient un fruit fphérique , gros comme une cerife , fufpendu en grappe , cou- vert d'une peau jaunâtre, brillante, un peu ride'e. Cette peau couvre une fubftance jau- nâtre , tranfparente , gluante , d'un goût fort amère inadhérente^ un noyau fphérique , qui eft d'un beau noir , fors dur , brillant , dont l'amande efl blanche , d'un goût d'aveline. Ce fruit mûrit vers le mois de Février (*). Loc. 11 croit principalement d'ans les mornes; on le trouve cependant auffi dans la plaine. Vf. On peut s'en fervir pour favonner le lin- ge. Pour cet effet , on met dans l'eau chaude une demi-douzaine de ces fruits ; ôi peu de temps après , la pulpe fe fond , l'eau blan- chit, fe charge de moufle & d'écume. Son noyau peut fervir à faire des chapelets d'ua noir plus luifant que l'ébéne. Bois fiffleux. V- Cotonnier liffleux. Bois de foie. — Syn. Bois ramier, «e II rejp- » femble aflez au charme , dit le P. Labat. o> fon écorce eft épaifle de près d'un demi- » pouce ; elle eft blanche & toute hachée ; » le bois eft gris, il a le fil long, tendre 6C 3> plein de fève ; il eft aflez branchu , de belle » apparence , bien fourni de feuilles , qui ap- *> prochent fort celles du charme : elles font w tendres , douces , fines , & couvertes d'un «» petit duvet doux & fin comme de la foie ; 8> c'eft delà qu'il tire fon nom. H n'eft boa ( * ) Et non pas au mois d'Odobre , comme le àii i^oraare. îpo Essai sur l'Histoire naturelle » qu'à faire des douves pour les barriques j « encore durent-elles peu ». — Uf Les Ne- grès s'en fervent à Saint-Domingue pour faire ■ leurs uafTes. Bois trompette. — Syn. Saururus major, Z'/. Coulekin , Car. Ambaïba , Car.^ Ord. clafT. 1 8. Tournef. — Famil. 47. les Châtaigniers, ^^^/2/ — Obj: On en diftingue deux efpèces , le franc, & le bâtard. C'efl: un arbre de moyenne gran- deur : fon tronc eft creux , plein de noeuds , blanchâtre ; fes feuilles croiiTent par bou- quet à l'extrémité àes branches ; elles font profondément laciniées ; chaque lanière eft arrondie par l'extrémité , verte en deifus , blanche en deffous. Chaque feuille a plus d'un pied de diamètre ; elle eft portée fur de longues queues verdâtres : fa fleur d'un verd-clair , apétale. Bois verd. — Syn. Bois d'ébéne. — Obf. bois compofé d'un ou deux pouces d'au- ?» bier blanc, & du cœur, qui eft d'un verd- 3> brun, noirâtre, mêlé de quelques veine^ « jaunes 3>. — ^ II fe polit, & devient noi^ comme l'ébéne. Les Teinturiers s'en fervefir pour teindre en verd naiifant. Bois violet. — Syn. Lignum vioîaceum , Spanium arboreum , Bar. — Vf. On l'em- ploie dans \ts ouvrages de menuifeiie & de marqueterie. i;ir\g'.«m. 191 DE Saint-Domingue. BoMBAx. V. Cotonnier mapou. Bond A- garçon. V. Liane à bouton. BoNDuc. V. Pois queniques. BoNiAMA. V. Ananas épineux. BoRBONiA. V. Laurier. BuAiNviLLiEiis. — Syn. Spigelia , Linn. Ara- pabaca, PI. -^Ord. claiT. 2. fed i. Tounief. ■— claff. j. Pentandria monogynia, X//2//. — Famil. 2p. les Jafmins , fed 3. Adaaf. — étf. C'eft une plante dont la tige eft fimple, io- lide. Cylindrique. Elle porte à fon fommec quatre feuilles en bouquet , pointues, ridées, veinées : fa fleur eft en entonnoir , violette , découpée en cinq parties terminées en pointe-, ainfi que le calice qui la porte. On y remar- que cinq étamines : le piftil s'éXhiÇ: du fond du calice , & devient un fruit à deux capfu- les en forme de tefticules, remplies de plu- fieurs graines très-fines. Vin. Bro^s7ne vante cette plante comme fébrifuge ; plufieurs la croient malfaifante. Brehéme. — ij/2. Melongène , Beringène Aubergine , Mayenne , Solanum pomiferum ^ C. B. Pyra infana , Cœfalp. ■— Ord. clalf. 2. feft. 6. gen. 4. Tourne/. —Claff. 5. Pentan- dria monogynia , Linn. — Famil. 28. les So- lanum, Adanj: — Loc Cette plante croît par tout. — ■ Uf. On la mange fur le gril avec au beurre , du poivre & du Çç\. Bkésiliet. V. Bois de Campêche. Brésiliet bâtard. — Syn, Spondias fpurîusi *— Loc. Cet arbre croît dans les mornes. — Vf. Son bois donne une couleur plus brune que rouge. — Vin, Son écorce eft aftrin- ^ente. '^mm I i'i lp2 Essai sur l'Histoire naturelle Breynia. P^ Bois de eouille. Brignolier jaune. ^ Ohf. Ses feuilles font longues , terminées en pointe , affez épaiffes & bien nourries ^ verdâtres & luifantes en deflus j, lanugineufes en defious ; fes fleurs pe- tites , blanches , épaiffes <, ferrées par bouquet les unes contre lès autres. Elles deviennent un fruit jaunâtre , oblong ^ de la forme d'une olive , mais plus petit , mol j charnu , un peu aigrelet. — Vf. On en maage les fruits avec plailir. Brignolier violet. — Obf. Il ne diffère du précédent que par la couleur de fes fruits , qui font d'un rouge violet. Brin d'amour. — Obf. Sa tige n'a pas plus de deux pouces de diamètre , & ne s'élève guères au-deffus de fept à huit pieds. Elle eft verte , cylindrique,, tendre , fpongieufe , couverte d'aiguillons très -fins & très -aigus. ^ts branches font difpofées alternativement autour de la tige ; elles fe foudivifent en plufieurs petites branches , au bout defquelles font placées des feuilles tendres , luifantes , & d'un beau verd foncé en deifus , mate en delfous, découpées largement fur les bords, longues de huit à neuf pouces , larges d'en- viron fix pouces , terminées en pointe, por- tées fur une groife queue de 1 5 à 1 8 lignes de longueur , couvertes d'un duvet fin & pi- quant, qui- s'infînue dans la chair lorfqu'on y touche , & excite une démangeaifon très- cuifante , qui dure cinq à lîx heures. Les nec-' vures de ces feuilles, ainfi que la côte à la- quelle elles aboutiflent , font garnies de pe- tits aiguillons jaunâtres , très-piquants. Cettj ■ DE Saint-Domingue, ip^ Cette plante produit autour de fa tige & des principales branches des petites fleurs d'un rouge carmin , très- agréables à la vue, qui de- viennent bientôt des petites baies fphériques grofe comme un grain de grofeilie , tranf- parentes, blanches , luifantes, attachées à un long pédicule : elles renferment deux ou trois petites graines oblongues , environnées d'une fubftance douce , agréable. — Zoc. Cette plante croît dans les endroits fecs Se rocheux. — F/n, On dit que {qs fruits excitent à l'a- mour. Bromelia. ^. Aloës-karatas; Ananas épi- neux. *■ Bryonia. r. Liane aux yeux. BuRSERiA gummifera. K Gommier. Caapeba. F. Liane à cœur.' Caatïa. F. Mal-nommée. Cabouille. ^. Aloës-pite. Cacao. F. Cacaotier. Cacaotier. — Sya. Theobroma , Zi/zn, Arbor cacavifera , I>/i£k/2, Hem. Cacao , Cluf — Ord. clair. 21. fed. 5-. Tourne/. — Ciaif! iS. Poîyandria pentandria , Unn. — Famil! 44. les Piflachiers, fed. 2. Adanf, V. le Dic^ tiona. de Mat. médlc. Cacara pruritus. V. Pois-à-gratter. Cachimentiek. V, Coroflblier. Cacone. F. Liane à cacone. Cactus peruvianus fcandens. F. Liane à yers. .Cadanacu. F. Aloè's. -^^ 't t, '1^4- Essai sur l'Histoire naturelle C^isALPîNA. V. Bois de campêche. Caféver Syn. JaTminum arabicum , .hif- ■fieu. Cofîea , Linn. — Ord. clafT. 20. Ted 2. ^Touriiéf. — clafT. 5. Fentaadria monogynia , X//2/2. __ Famil. 19. les Aparines , fecl. i. Adanf. — (94/." (^) Sa racine efl pivotante , peiî fibreufe & rouffâtre. Il fort de fon tronc des branches oppofces deux à deux , de manière qu'une paire croife l'autre : elles font foupîes, cylindriques ; l'épiderme blanchâtre , l'enve- loppe cellulaire d'un verd gai un peu amer; le bois fort tendre dans \ts jeunes branches, «fiez dur dans les anciennes ; les feuilles d'un verd foncé & luifant en deffus , un peu pâle en deffous, fans dentelure , pointues aux deux extrémités , rabattues en dehors , de quatre à cinq pouces de longueur fur environ deux pouces de largeur , oppofées deux à deux comme les branches. Elles n'ont aucun goût particulier; elles font portées fur des pédicu- les aifez courts qui font gonflés vers leur naiffance : une côte faillante en delfous les divife en deux parties égales. Sqs fleurs for- tent des aiffelles des feuilles au nombre dç quatre ou cinq , foutenues chacune par un petit pédicule : elles font blanches , inodores , en entonnoir, partagées en cinq découpures, garnies de cinq étamiries dont les filamens (*) Nous avons quelquefois fait ufage dans cette âcC- criprion du mëinpire de M. de Juffieu ,. imprimé dans ceux de r Académie , année 171 3 j.Bomare , les auteur* du Diflionnaire de matière inédicctL -, l'ont fervilen^eric copié, & a'*>nc rien die de' neuf à ce fujet. t) E S A 1 N T - D O M I N G-U-Eé " t^f font blancs , cylindriques ; les anthères Jaune's. Le calice eft verdârre , découpé en quatre parties inégales, du fond duquel s'élève un piflii verdâtre , fourchu , qui devient un fruit fphérique , d'abord verd , enfuite rouge, ,&. enfin rouge-brun dans fa parfaite maturité , gros comme une cerife, ayant à fon fommet une efpèce d'ombilic. La chair de cette baie efl aqueule , jaunâtre , un peu gommeufe ^ d'une odeur aromatique , d'un goût douçâtre & affez agréable (*) : elle (en d'enveloppe commune à deux coques minces, dures j ovales , étroitement unies , arrondies fur Je dos j ap- pîâties par l'endroit où elles fe joignent , de couleur d'un blanc-jaunâtre , Se qui contien* nent chacune une femence dure , d'un verd- pâle d'abord , jaunâtre en vieilliiîant , ovale , voûtée en delTus , plate du côté oppofé , ayant dans toute fa longueur un fillon aifez pro- fond. Cette femence. eft enveloppée d'une pelHcuîe blanchâtre très-fine. — Loc. Cet arbre eft originaire d'Arabie & d'Ethiopie. Il a été tranfporté parles Hoîlandois de Moka à Batavia , de Batavia à Amfterdam, d'Amf- terdam au Jardin du Koi à Paris, & delà à îa Martinique, par les foins de M. Deciieux, qui jouit encore du plaifir d'avoir enrichi là France d'une nouvelle branche de commerce (*) M, de ïuflîeu dit que la chair de ce fruic eft défa- gvéable : cela peut être en France , où la nature eft forcée par l'art dans la produdion de ce végétal j mais il eft certain^ qu'à Saint-Domingue , les fruits du caféyer par- venus à leur maturité, font agréables au goût, & que les Blancs §c les Nègres les mangent avec plaifir. .NJj '^WÊ i'^6 Essai SUR l'Histoire NATURELLE qui eft devenue . confidérable. La poftérité doit favoir que ce zélé Citoyen durant fon pafTage, qui fut long & pénible , s'eft vu forcéx de fe privet d'une partie de la portion d'eau qu'on lui donnoit pour fa boiffon , afin de conferver le précieux dépôt dont il s'étoit chargé. Il s'eft prodigieufement multiplié à Saint-Domingue ; on le cultive dans les mor- nes. Voyez ce que nous avons dit au Chap. I ^ art. 8 , des propriétés de la boiffon qu'on pré- pare avec fes fruits. Caïmitier. — Syn. Cainito , PI Chryfo- pkyllum, Linn.— <9rfl?. claff. 20. fed. i. Tourne/, — Claff. 5. Pentandria monogynia , Linn. — Famil.. 22. les Airelles , feâ. 3. Adanf. Obj: On en diftingue trois efpèces , qui font le Caïmitier à fruits violets , le Caï- mitier à fruits verds , & le Caïmitier fauvage. Le Caïmitier à fruits violets eft un grand arbre fort branchu. Son écorce eft crevaffée, roufsâtre ; fon bois tendre , laiteux , blanc , fendant , compare ; its feuilles font larges de trois à quatre pouces , longues de fept à huit pouces , ovales , tantôt terminées par une pointe mouffe , tantôt tout-à-fait obtu- fes , divifées en deux parties égales par une groffe côte , d'où partent plufieurs nervures parallèles , un peu obliques , fans dentelure , luifantes,; unies, & d'un verd foncé en def- fus , couvertes en deffous d'un duvet fin , foyeux , rougeâtre , portées fur des pétioles longs de huit à neuf lignes , difpofées alter- nativement fur une ramille. Sts fleurs font monopétales , en cloche , évafées par les bords, découpées en cinq on fix parties égales , por-: DE Saint-Domingue. i^y tées fur un calice également découpé & dont les extrémités font arrondies. Le centre des fleurs efl: occupé par un piftil dont l'embryon devient un fruit mol , charnu , violet , gros comme un oeuf, couvert d'une pellicule liiTe, épaifCe y & qui contient une pulpe mollafle , laiteufe , gluante , d'un goût fade , d'une odeur purulente , & qui environne cinq ou fix amandes brunes en dehors , applaties ^ déchirées par un bord , dures. Mes , blan- ches en dedans , d'un goût amer. — Loc. Cet arbre croît par-tout. — C/f. On en mange hs fruits : fon bois fert à bâtir , & il efl de bonne durée , lorfqu'on le met à l'abri du foleil & de la pluie. — Fin. On affure que {es feuilles appliquées fur une plaie du côté verd , divifent , atténuent les humeurs , 6z procurent une fuppuration abondante ; tandis qu'elles en arrêtent le flux immodéré , Se qu'el- les reflferfent les fibres , fi on les applique du côté foyeux Se rougeâtre. Caïmitier à fruits verds. — Oif. Il ne dif- fère du précédent que par fes fruits qui font verds & qui contiennent des amandes olivâtres. Caïmitier maron. — Où/. Son tronc s'é- lève moins haut , & devient moins gros ; fes feuilles n'excèdent point trois à quatre pou- ces en longueur, Se deux pouces en largeur; la queue qui les porte efl longue de trois à quatre lignes. Ses fleurs font femblables à celles du Caïmitier franc , mais plus petites ; fes fruits font de la groffeur & de la forme d'une olive , toujours verds ; la pulpe verdâ- tre, laiteufe & fade ; le noyau oblong, un peu échancré par un boutjliife, veiné en-dehors. Niij ^^ (RM 198 EssÂï SUR l'Histoire NATURELLE couveri: en - dedans d'une pellicule argente'é & brillante , très-dur , épais ; l'amande jau- nâtre , amère , groffe comme un grain de bled.. Caïpon. — ■ Obf. C'efl un arbre très-élevé. Son tronc efl droit , grand & branchu au fommet ; Fécorce unie , épaiffe^ d'un rouge cendré; fon bois folide, blanchâtre, pefant; {qs feuilles oblongiies ^ pointues , dentelées fur \ts bords , luiiantes ; fes fleurs blanchâtres ; il leur fuccède des fruits ovales , verdâtres , qui deviennent roufsâtres en féchant. — UJ\ Soti bois eft employé dans les ouvrages de charpente qui font à l'abri de la pluie & dq ibieil . Cajou , Cajum. V. Acajou-à-pomme. Calaba. V. Bois-marie. Calamus faccharinus. K. Canne à fucre. Calappa. F. Cocotier, ^ ■ Calebassier en arbre. — Syn. Çrefcentîa j Brown. Arbor cucurbitifera , S ha. Cuiete , PL Baya , Car. — Ord. claff. 20. feft. ï. Tourne/. ... claff. 14-. Didynamia ângiof- permia, L'mn.... famil, 27. les Per'fonées. fea. I. Adanf.—- Obf. C'eft un grand arbre qui croît de la grolteur d'un pommier. Son tronc eft tortueux ainfi que fes branches qui prennent prefque toujours une fituation fiorizontaîe ; fon écorce grisâtre , ràboteufe ; fon bois blanc , coriace; its feuilles d'un verd luifant , depuis trois jufqu'à fix pouces de longueur , ayant deux pouces dans leur plus grande largeur, attachées fans pétiole immé- diatement aux branches , arrondies au fom- ynet qui efl terminé par une petite pointe, tliiTiimiant infçnliblement de largeur jufqu'à DE Saint-Domingue, ip^. îa bafe , fans dentelure , divifées dans toute leur longueur par une côte Taillante à laquelle aboutilTent plufieurs petites nervures prefquQ droites. Les jBeurs naiflent non-feulement fur tou- tes les branches , mais encore autour du tronc deParbre. Elles font monopetales, anomales, faites en cloches , découpées dans leur con-» tour en plufieurs parties, blanchâtres, por- tées fur un calice féparé en deux fegmcns verdâtres, oblongs creufés en cuilliers ; le piiiil s'élève du fond du calice environné de qua- tre écamines dont les anthères font fortes Se arquées. A ces fleurs fuccèdent des fruits plus ou moins gros fuivant l'efpèce depuis la grof- feur d'un œuf jufqu'à celle d'une citrouille j tantôt oblongs , tantôt fphériques. L'écorce eft verte , unie , mince , ligneufe , coriace y elle couvre une pulpe molalfe , blanche , d'un goût aigrelet , d'une odeur vineufe , remplie de quantité de petites graines plates, cordiformes , qui étant mifes en terre devien- nent de nouveaux Calebaffiers. Loc. Cet arbre croît indifféremment dans les mornes Se dans les plaines. — UJ^ 11 four- nit aux Nègres de nos Ifles plufieurs uftenci- les de ménage qu'ils appellent couis , & qui leur tiennent lieu de fceaux , de bouteilles , d'affietes , de verres , de cuilliers , &c. Pour vuider ces caîebaffes , il fufïit de les remplie' d'eau bouillante , la pulpe alors s'amollit & fe détache fans peine. Il ne faut pas les cueillir avant leur maturité ; on reconnoît qu'elles y font parvenues, quand la queue qui les atta- che à l'arbre fe flétrit. — ^ir^. Nos habitans Niv i\V iZOO Essai SUR L^HlSTOIRE NATURELtS regardent la pulpe de ces fruits comme utf remède fouverain contre toutes fortes de maladies, lis? remploient contre Phydropifie , la diarrhée, dans les chûtes, les contuuofis, les coups de foleil , les maux de tête , même pour guérir les brûlures. On en fait auffi un fyrop qu'on dit ftomachique ; il eft renommé en France, & connu fous le nom de ^rop de caleb.ajje. Le P. Plumier diflîngue cinq efpèces de Calebaffiers en arbre. Dans la première, les feuilles font oblongues , étroites ; les fruits gros , ovales. Dans la féconde , les feuilles font larges, les fruits mois. Dans la troifième , Parbre eft petit , & produit des fruits durs. Dans la quatrième , les feuilles font étroites, les fruits petits & fphériques. Dans la cinquième, les feuil- les font étroites, les fruits petits & ovales. Calerassier rampant, — Syn. Cucurbita , PI. Araouarou, Car. — Obf. Cette plante eft femblable à la Courge qu'on voit en France. Calophyllum. V. Bois-marie. Calumet franc. -— Obf. Sa racine efl: Ebreufe , & porte plufieurs tuyaux gros comme une plume de poule, de dix à douze pieds de hauteur , garnis en dehors de nœuds de diftance en diftance. Ses tuyaux font creux & renferment une matière fpongieufe , facile à détacher. Les fleurs croîiTent le long des tiges, il leur fuccède des petites graines alon- gées, bleuâtres, luifantes, enveloppées dans les écailles qui ont fervi de calice à la fleur. — Vf. On fe fert aux Ifles de ces tuyaux pour fumer , en les ajuftant après \ts avoir vuidé à uue tête de pipe faite de terre féçhée au DE s AIN T-D OMIN GUE. 20t ïbleil , qu'on nomme cachbnbo, — Loc. Cette plante croît dans les mornes. Calumet maron. — Obf. 11 diffère du pré- cédent, en ce que {t^ tuyaux font plus gros , plus remplis de nœuds, plus fragiles &; plus minces. Il n'eft d'aucun ufage. Camanioc. V. Manioc doux. Camara. F. Sauge de montagne. Camara fpinofa. V. Herbe à plomb. Campêche. V, Bois campêche. Candela Americana. V. Manglier rouge. Caneficier franc. — Syn. Caffier, Caffia purgatrix, J, B. Keleti , Car. Conna , Bon, Mal, — Ord.dsiff. 21. fed. $. gen. 3. Tour/zef.... clair. 10. Decandria monogynia , Linn. . . . famil. 43. Les légumineufes , fed. l- Adanf. — Obf. Cet arbre qui croît dans l'Inde , a, dit-on , été tranfplanté en Amérique oii il s'efl naturalifé. Le P. Labat le croit cej^en- dant indigène aux Antilles. — - Lac- Il vient dans les mornes & en plaine. — Uj' Sa vertu purgative éft alfez connue. Caneficier fauvage. — Syn, CaiTia fyl- veftriSjCaiïiaAmericana, Dej'p. Payomariba, Car, Canellier. V. Bois de canelle. Canna mellaea. V. Canne à fucrc. Canna indica. V. Balifier. Canne à fucre. — Syn. Arundo faccharî- fera , C B, Sloa. Arundo faccharina , J. B* Calamus faccharinus, Tabern, Canna mellaea, Caifalj). Viba , Tacomurée , Pif — Ord. claff. 1 5. i^ed:. 3. gen. ^. Tourne/. ... claff. 3. Trian- dria digynia , Linn. . . . famil. 7. Les Gramens, fed, 3. Ma//f. — Obf. Sa racine eil chevelue , âo2 Essai sur l'Histoire naturelle genouillée , grisâtre , fucculente. Elle produîg pîuiieurs tiges qui ont ordinairement huit ou dix pieds de hauteur, & un pouce de demi de diamètre; elle fontlifïes, luifantes, jaunâtre, pefantes > caffantes , divifées par plufieurs noeuds qui font éloignés les uns des autres de deux à trois pouces. Elles renferment une fubflance fongueufe, blanchâtre , fucculente. Ces nœuds deviennent le principe dts feuil- les. On voit d'abord paroître un bouton alongé, d'un brun rougeâtre qui peu à peu fe dilate, verdit & devient une feuille longue de trois à quatre pieds j droite , pointue , étroite , d'un verd jaunâtre , cannelée dans fa longueur, alternativement pofée , embraf- fant la tige par fa bafe , armée fur \ç.s côtés tle petites dents imperceptibles II arrive quel- quefois (*) que \ts Cannes ayant atteint onze à douze mois , pouffent à leur fommet un jet de fept à huit pieds de hauteur, & de cinq à fix lignes de diam,ètre, liffe, fans noeuds, qu'on appelle jièche. Ce jet porte une pan- nicule longue d'environ deux pieds , divifée tn plufieurs épis noueux, fragiles, compofés de plufieurs petites fleurs blanchâtres , apé- tales, dans lefquelles on diftingue trois éta- mines dont les anthères font un peu oblon- gues , l'embryon efl alongé & porte deux (*) L'Auteur de VHiJloire naturelle du Cacao & du Su~ tcre , & le P. Labat , prétendent que toutes les cannes âgées d'onze à douze mois ne manquent jamais de pouf- fer cette flèche. Cell une erreur démontrée par l'expé- rience. Il n'eft pas rare de voir à Saint-Domingue des ha- i^itations entiews où les cannes n'ont jamais fléché. ■i DE Saint-Domingue. 203 {['ils. A ces fleurs fuccèdent quelquefois, (car elles font fouvent ilériles, ) des ferhences oblongues , pointues. Une même tige ne fleurit & ne flèche jamais qu'une fois. — Loc^ Cette plante ne fe cultive qu'en plaine ; les mornes en rendroient Fexportation trop pénible, r— Fin. Perfonne n'ignore ]es ufages qu'on fait du fucre. Non-feulement il entre dans plu- fieurs de nos alimens , il eft encore eimployé en médecine comme ophtalmique , errhine , ancî-putride,, déberfif, béchique. Canne marone. — Sy/i. SégUine , Arum. — Oli/l II ne faut, pas confondre cette plante avec la Canne d'inde , rii avec la Canné dç riviçre dont parle Jacquin au îmot Alpinia. Sa tige eft ronde, droite, articulée., diviféë par des nœuds peu éloignés les uns des au- tres , d'un pouce -de diamètre , haute de cinq à fix pieds , revêtue d'une pellicule verte , jaunâtre, mince ^ coriace, remplie d'une pulpe blanche , fpongieufe , fucculente , extrême- ment mordicante , qui fait fur le linge & fur \es étoffes une tache indélébile, ^es feuilles font larges , très-pointues , longues , lifles , d'un verd foncé, aflez femblables à celles d'un jeune Bananier; \q.s anciennes fe fanent , & tombent à mefure qu'il en poufl"e d'autres. Il s'élève du centre de la tige un corps cylin- drique, aîongé , qui efi: le fruit de cette plan- te. On n'y remarque ni corolle, ni filets, ni piftil , mais feulement des anthères & plufieùrs nectaires difpofés autour du fruit. — Z^c. Elle croît fur le boïd des étangs, des rivières & dans les endroits marécageux. — - Vin. C'eflt un poifoa violent. — Vf Qudltjues îiabitâRS r!*- il i>04 Essai SUR l'Histoire NATURELLE la fort entrer dans la compofition d'une leP. lîve qui fert à purifier le fucre. Onne Congo , Canne d'inde. V. Balilîer. Capillaire. —Syn. Adiantiim Americanum. ^- peu pivotante- Abandonné à lui-même , il s'é- lève à la hauteur de douze à quinze pieds : quand on le cultive , on a foin de l'arrêter à quatre ou cinq pieds (**). Sa tige n'excède guères la groffeur du bras ; fon écorce efl mince , grisâtre , unie ; fon bois tendre , blanc, Jéger ; fes feuilles alternes , liifes , d'un verd foncé en deffus, blanchâtres & garnies d'un duvet rude en delfous ; divifées en trois par- ties , quelquefois en quatre , & même en cinq. Chaque diviiion efl terminée par une pointe , & traverfée par une côte failîante. Ces côtes fe réunilfent dans l'endroit où commence la queue : celle-ci a environ fix pouces de lon- gueur ; le diamètre de la feuille efl; de quatre à cinq pouces. Les fleurs naiifent fur \ç.s rameaux dans la partie oppofée aux feuilles ; elles font mono- pétales , en forme de cloche , divifées en cinq portions jufqu'à la bafe , portées fur un calice découpé auffi en cinq quartiers frangés 6c Verdâtres. Ces fleurs font jaunâtres ; leur bafe efl: marquée d'une tache rouge , qui peu à peu communique fa couleur à toute la corolle , ( * ) Rien n'eft plus fuperficiel que cet article dans Bomare. On n'y voit aucun détail : il faut être bien fub- til pour fe former , après l'avoir lu , une idée un peu jufte de cet intérefi'ant végétal. (**) Si l'on n'arrêtoit l'arbre que quand il efl: parvenu à la hauteur de huit pieds, comme le dit M. Bomare, il faudroic des échelles pour en recueilUv les fruits. CE Saint-Domingue. 219 cîe forte que le même arbre fleuriflant fuccef- fivement , paroît produire deux fortes de fleurs, dont les unes font rouges , les autres jaunâtres. Elles ne s'épanouiiTent jamais parfaitement ; mais en fe flétriffant , elles fe refferrent , & ne fe détachent du fond du calice que lorfqu'elles font entièrement fanées. Le cen- tre de la fleur eft occupé par un petit corps pyramidal , environné d'étamines très- petites dont les fom.mets font jaunâtres. Le piflil placé au fond du calice ôc fécoodé par la pouf- fière des étamines , devient un fruit gros com- me une noix , divifé en plufièurs loges, qui font ' féparées par des cloifons , & qui contiennent depuis cinq jufqu'à neuf graines oblongues , arrondies , oléagineufes , environnées d'un duvet en floccons d'une grande blancheur. 2^. Cotonnier marron , Xylon fylyejlre. Cet arbre n'a jamais plus de huit à dix pieds de hauteur ; fes feuilles font toujours fendues en trois; fes fleurs de couleur de citron pâle, petites ; fes fruits de la grolTeur d'une noifette ; le duvet très-court , rude au toucher ; la graine petite, très-adhérente. 3«. Cotonnier de Siam franc , Xylon fativtwi filo croceo. L'écorce de l'arbre efl: de couleur violet-pourpre ; les branches collatérales font trcs-fragiles , pendantes jufqu'à terre ; foil duvet eft roux , foyeux , doux. 4°. Cotonnier de Siam bâtard, Xylon fpu-^ r'mmfilo croceo. 11 efl aifez Semblable à celui de la féconde efpèce , dont il diffère cepen- dant : 1°. par la couleur de (ts fleurs qui font purpurines: 2^par fes fruits <^ui font plus !22o Essai sur l'Hisïoirb î^ATuRfeLLE ; gros & mieux nourris : 3°. par la couleur de foit duvet qui eft rouffeâtre. 5°. Cotonnier de Siam blanc, ou Cotonnier de foie , Xylon boinhycum. Sts feuilles font petites, découpées en trois parties , rarement en quatre ou en cinq , d'un verd céladon , bordées d'un rouge brun , veloutées delTus & deflbus , douces au toucher. Les fibres de fon duvet font longues , très-foyeufes , d'un blanc éclatant ; fa graine ell très-adhérente & dif- ficile à détacher. 6°, Cotonnier de Gallipoly , X'ilcn filo ap- pero. Il égale en grandeur & en groffeur les efpèces ordinaires , mais fes fruits font une fois plus gros. Son duvet reffemble à de la laine par fon élafticité ; il eft d'un blanc-fale , rude au toucher, difficile à paffer au moulin. 7°, Cotonnier Samblas. 11 tire fon origine d'un lieu de la côte d'Efpagne fitué près du golfe de Darien , habité par les Indes-braves» Cet arbre a beaucoup d'analogie avec celui de la troifîème efpèce. Son bois eft fragile ; fon éeorce d'un violet foncé ; (qs feuilles ne font découpées qu'en trois parties , terminées en cœur, veloutées, d'un verd mêlé de blanc; fes fleurs bordées d'un rouge incarnat ; le duvet en eft doux comme de la foie , d'une grande blancheur , mais difficile à pafler au moulin. 8°. Cotonnier de Cayenne. Il porte le nom de l'endroit d'oii il a été tiré. 11 reftemble à celui de la première efpèce ; les fruits en font cependant plus gros , le duvet très-blanc , les fibres longues & fortes ; fts graines amon- celées & ferrées les unes contre les autres. ? DE S A INT-D O M I N G US. 22f Lo€. Le Cotonnier ne croît que dans les pays chauds , depuis le 30^ degré de latitude jufqu'à la ligne : les terres arides , fablonneu- (ts , rocheufes lui conviennent ; il vient éga- lement en plaine & dans les mornes. Toutes les expofitions lui font favorables , excepté celle au vent du Nord , qui , pour peu qu'il foit violent, defsèche & brûle fes fleurs de fes feuilles. Cotonnier flos , Cotonnier de fléau. Voy, Cotonnier fiffleux. Cotonnier blanc. — r Syn. Cotonnier colo- rade , Cotonnier de mahot , Xylon album. Ord. claflf. 20. Tourne/. .., claflT. 16. Mona- delphia polyandria , Linn. . . . famil. jo. les Mauves, feâ. 2. Adanf. — Obf. C'eft un arbrs fort grand & fort gros; fon écorce eft gri- fâtre , épaifle d'un pouce , fort adhérente au bois, qui eft gris, fpongieux, tendre, léger, facile à travailler ; fa feuille eft ronde , den- telée , pointue , d'un verd obfcur ; (ts fleurs jaunes , en cloche , découpées , & aflez gran- des. Il leur fuccède des fruits longs de dix à douze pouces , de douze à quinze lignes de diamètre , cannelés , s'ouvrant d'eux-mêmes, & laifliint échapper le coton qui recouvre le fruit en entier : c'eft un duvet fîn , court , rouflTeâtre , que le vent emporte çà & là , & qui n'eft employé à aucun ufage. — Lac. On trouve cet arhire dans les mornes. — Son tronc fert à faire des pirogues. Cotonnier mapou. — Syn. Fromager , Bois épineux blanc , Xylon filo brevi , Comaka , Ceiba, PL Bombax, Linn. Gofîypium, Sloa. priophorus , Rumpf. Ponja , Hon. Mal, — Ord, '■« 222 Essai sur l'Histoire naturelle comme le précédent. — Obf. Cefl un deS plus grands & àts plus gros arbres qui fe voient aux Antilles : (ts racines font groffes , traçantes , s'élèvent hors de terre , & for- ment comme des appuis ou arcs-boutans au- tour de la tige; fon tronc efl droit, gonflé dans le milieu; fon écorce grife , armée de gros aiguillons qui font ligneux , droits, forts, faciles à détacher ; le bois blanc , tendre , pliant , poreux , fibreux ; fes branches s'éten- dent au loin , & forment un bel ombrage : elles font droites , oppofées les unes aux autres; fes feuilles découpées profondément en trois parties, tendres, minces, d'un verd clair, quand elles font jeunes ; fombre, lorfqu'elles vieil- liffent, portées fur de longues queues par bouquet , au nombre de cinq ou fix enfem- ble ; its fleurs monopétales , divifées jufqu'à la bafe en cinq quartiers pointus , blancs , creufés en cuillers ; le périanthe monophylle , découpé en cinq parties ; le piftil , qui eft en- vironné de plufîeurs étamines , devient un fruit oblong j pointu vers la bafe , plus gros & obtus au fommet (*) , qui s'ouvre en cinq par- ties dans fa maturité. Il renferme plufieurs graines brunes , fphériques , un peu appîaties, environnées d'un duvet de couleur de gris-de- perîe , extrêmement fin & très-court. Cet ar- bre fe multiplie , ou de bouture , ou par le ( * ) M. Bomare dit que les fruits du Fromager fonf faits en tuyaux , larges de deux pouces , fur fix à fept de longueur. C'e^l confondre cet arbre avec le Cotonnier ^ffleux, do-m nous parlerons biejQtôt. ^m DE Saint-Domingue. 223 moyen de fes graines. • — Loc. Il vient très- bien par-tout ; on le trouve dans \qs plaines & dans les mornes. — Uf, Son tronc fert à faire des canots & des pirogues. — Vin. On fait prendre fon écorce en tifanne à ceux qui font attaqués de. la petite-vérole : fes ra- cines infufées font regardées par M. Defpor- tes comme apéritives & anti-hydropiques. Cotonnier fiftieux. — Syn. Bois fifïieux , Bois de fléau , Cotonnier flos , Cotonnier de fléau 5 Cotonnier de mahot à grandes feuil- les , Liège , Bois de liège , Xylon fdiquâ ion- gd. — Ord, comme le précédent. — Obf. Sa tige efl: droite , d'une grandeur médiocre ; fon écorce d'un gris rougeâtre 5 mince , peu adhérente ; fon bois blanc , léger , tendre , fendant; fes feuilles très-grandes , en forme ds coeur , d'un beau verd en defllis , pâle en def- fous , d'environ un pied de diamètre , coton-- neufes , couvertes d'un duvet fin , roufl^eâtre , accompagnées de nervures très-apparentes; {ts fleurs grandes , monopétales , découpées juf- qu'à la bafe en cinq quartiers, d'abord blan- ches , enfuite jaunes , rabattues en dehors ; elles font portées fur un calice membraneux , du fond duquel s'élève un piftil gros comme le doigt , qui devient un fruit cylindrique de huit à neuf pouces de longueur fur un pouce & demi de diamètre , partagé dans fa lon- gueur par dix canelures. L'écorce de ce fruit efl d'abord verte & cotonneufe , enfuite roulTe, & enfin jaune ; elle renferme pîufieurs petites graines unies , liffes , blanchâtres , environ- nées d'un duvet très-fin de couleur de gris-de- perle. •— Loc. Cet arbre fe trouve au hoïà des ^4 224 Essai sur l'Histoire naturelle rivières , dans les montagnes ôc dans les ter-*' reins frais. — UJi Son écorce fert à faire deî5 cordes ; on emploie fon bois , au lieu de liège, pour foutenir fur l'eau les filets avec lefquels on pêche. CouLABOULÉ. V. Liane à perfil. CouLEKiN. K Bois trompette. , . CouRBARiL. Sy/2- Hymcosea , Li/zn. Jetaiba , Pij: & Marcg. — Ord. claff. 2.2. fed. 4. gen. I. Tûur/ief.... claff. 10. Decandria monogy- nia , Lln/i, . . . famil. 43. les Légumineufes , fed. 1. Adanf.^ Obf. Ceft un très-grand arbre, dont le tronc eft droit, cylindrique , fans nœuds. Le P. Labat affure en avoir vu qui avoient plus de trois pieds de diamètre , & quarante pieds de tige. Il produit au fommet plufieurs groffes branches, qui fe divifent en d'autres branches, & qui forment une tête très- touffue. L'écorce eft grifâtre, un peu rabo- teufe, marquée de taches rouffeâtres , peu adhérente ; fon bois eft dur , comj^ade , pefant , reçoit facilement le poli; Paubier ne paroît point diftingué du cœur ; fes fibres font lon- gues, fines, ferrées, entrelaffées les unes dans fes autres; fa couleur eft d'un rouge obfcur. 11 eft rempli d'une sève graffe, onaueule, amère , qui fe fait jour à travers l'écorce , & devient une refîne claire , tranfparente , rou- geâtre , dure : c'eft ce qu'on appelle amunê vccidemal', elle nefe diffout pomt dans leau, mais dans Tefprit-de-vin bien redifié; elle ' rend , lorfqu on la brûle , une très-bonne odeur; fes feuilles font étroites, oblongues, de gran- deur médiocre, fermes, caffantes, douces au coucher, verdâtres , partagées en deux par- t) E Saint-Domingue; 22 c lies égales par une côte faillante d'où partent plufieiirs nervures. Eiles font attachées deux à deux fur un même pétiole , & paroiffent cri- blées de trous. Ses fleurs naiffent àPextrêmité des rameaux. Se forment une pannicule compofée de plufieurs étages alternativement placés, qui fefubdivi- fent auffi alternativement en plufieurs autres. Ces fleurs font légùmineufes, fans odeur, portées fur un péduncule allez gros & un peu arqué. Le calice cil un tube découpé jufqu'à la bafe en quatre parties oblongues, creuféesen cuillers , de cinq à lîx lignes de longueur. La corolle eft compofée de cinq pétales ovales , pref- qu'égaux, de quatre à cinq lignes de longueur, creufés en cuillers , d'un jaune pourpré. On trouve dans ces fleurs dix étamines attachées fur le réceptacle autour du piftil; le hlamenc efl: de cinq à fix lignes , Panthère oblongue , de 2 à 3 lignes. Un piilil pourpré occupe le centre ; le ftil cylindrique de fix à fept lignes de longueur , terminé par un ftigmate fphe- rique; il porte fur un embryon appîati qui a pour bafe le réceptacle. Celui-ci eft de figure coniqu-e , velu en dehors. L'embryon en groffiffant devient un légume ou une gouffe compofée de deux panneaux applatis , depuis quatre jufqu'à fept pouces de longueur, deux à trois pouces de largeur Se deux ïignQs d'épaiffeur , d'une fubftance Iigneufe , de couleur hépatique , rudes ,& . comme chagrinés, pénétrés d'un fuc réfineux. Cette gouffe renferme une pulpe farineufe, friable, d'une odeur & d'un goût aromati- que ^nourriffante /-i. claff., 6. Toumef.,..ddi{[. ii. Dodecandna mono- gynia, Li/^/z.... famil. 48. les Tilleuls, fed.i. Adanf. — Obferv. Cette plante a le port de la guimauve; fes feuilles forment une efpece de pentagone de deux pouces & demi de dia- mètre. Elles font finement dentelées fur les bords , d'un verd fombre, cotonneufes & dou- ces au toucher, portées fur un pétiole long d'un pouce. Ses fleurs font en rofe,comp0- fées de cinq pétales oblongs, portées fur un calice divifé en cinq feuilles , d'où sqIqvq un piftil environné de plufieurs étamines, qui devient un fruit capfulaire , à quatre loges, fphérique, dur, armé de petites pointes par le moyen defquelles il s'attache aux habits des paffans. On trouve dans chaque loge une petite graine ovoïde. —L^c- Cette plante fe trouve dans les endroits incultes. — Vm. Elle eft regardée comme aftïingeatc, On emplotç DE Saint-Domingue. 227 fâ racine dans les ulcères des inteftins ou des autres vifcères. Cousin (petit). — Olf,Ses feuilles font plus petites que celles du précédent, faites en cœur, portées fur un pétiole très-court. Dans touc le refte ces deux plantes conviennent enfemble CoYEcOYETY. K Herbc à Charpentiex de Saint-Domingue. CoYYRou. V. Liane aux yeux. Crescentia. K CalçbafTier en arbre. Cresson de Savane commun. — Sya. Co- nyza. — O/f. Cette plante reiremble, par fon port & par {es feuilles, à la Linaire; {qs fleurs îbnt jaunâtres. Cresson de Savane (petit ). — Syn. Thlafpi nafturtii fapore. Crista pavonis. K Poincillade. CROc-de-ciaien. — Sy/z. Liane à croc-de- chien. — Oùj: Ceft une efpèce d'arbriiTeau , qui produit de fa racine plufieurs tiges grim- pantes, flexibles, brunes, d'un pouce & demi environ de diamètre , qui s'entrelacent les unes dans les autres ôç s'accrochent aux ar- bres voifins ; elles font armées de pointes très- longues (& très-piquantes , ôc rendent les en- droits où elles fe trouvent tellement impra- ticables , cju'on ne fauroit y faire un pas que îa ferpe à la main. Ses feuilles font unies, partagées en deux parties égales par une côte îaillante , d'un verd trifte , éloignées les unes des autres , en forme de coeur , de trois pou^ ces de longueur fur deux de largeur; fes fleurs petites, blanches , auxquelles fuccèdent de petites baies jaunâtres. Il diftille de cet arbrif- fe^u uoe gomme qui devient très-dure & rou- pij S28 Essai SUR l'Histoire NATURELLE ixeâtre. Loc On le trouve fréquemment «. Langue de chat, Eupa- torium,Bochtay, Bimaregaly, Batelé, Ateteré, Cardib.— Ord. Claff. 12. fed. 3. gen. 6. Tour- ne/... c\2lÏÎ. ip. Syngenefia Polygamia aequa- îis , Linn Famil. î6. lés Compofées, fea, 7. Adauf. — Vin, Cette plante eft regardée comme apéritive , emménagogue , & comme un puiffant vulnéraire. EupAToiRE à feuilles de Marjolaine. — <^ri. comme la précédente. — Loc- Elle eft fort commune dans les lieux fablonneux. — F/V/. On la met dans la claffe àts plantes apéritives. EvoNYMUS. V. Simarouba. DE Saint-Domingue. 251 F Faba diaboli. V- fois mabouià. Fe VILLE A fcandens. V- Liane à contre-poi- fon. Ficus maxima. V. Figuier maudit. Figuier admirable. V. Figuier maudit. Figuier bananier. V. Bananier. Figuier maudit. — Syn. Figuier admirable , Ficus maxima. — Orà. Appendix, Tourne/. . , . clafT. 23. Polygamia polyoecia, L'uin.... fa- mil 47. les Châtaigniers feft. 3. Adanf. On en diftingue de deux fortes, le franc & le bâ- tard. Le Figuier maudit franc pourroit être de- fini : Ficus Amerïcana. maxima , folio oblongo , lanuginofo,frucluparvo,fpkerico , extûs viridi i/itâs ruùente, Ceft un des plus gros arbres de TAmérique ; le P. Labat dit en avoir vu qui avoient plus de 20 pieds de circonférence. Sa racine cA greffe , fibreufe , traçante , tel- lement faillanteen dehors, que l'arbre paroît porté fur des arcs-boutans. Son tronc s'élève fort haut ; fon écorce eft épaiffe , grifâtre , coriace , laiteufe, blanche lorsqu'on la coupe , rougiffant à l'air; fon bois mol. Ses branches font groffes ; elles s'étendent fort au loin , fe divifent en une infinité de rameaux, & pro- curent un bel ombrage. II fort de {es rameaux des efpèces de baguettes plus ou moins groffes, très-droites, inclinées vers la terre ; torfqu'elîes y font parvenues, elles y prennent racine & forment de nouveaux arbres, qui à leur tour en produifent d'autres. Les feuilles naiffent Piv '^Ê 2^2 Essai sur l'Histoire naturelle pair bouquet à l'extrémité des rameaux. "Elles font oblongues, d'un verd foncé en deffus , pâle en de (Tous , couvertes des deux côtés d'un duvet fin qui les rend cotonneufes , fans dentelure, bien nourries, longues de lo à 12 pouces, de 4 à 5 pouces dans leur plus grande largeur, d'une faveur aftringente, d'une odeur d'herbe , portées fur des pétioles courts , épais, qui s'étendent fur toute la longueur de la feuille , ôc forment une côte faillante en def- fous , à laquelle aboutiffent plulieurs nervu- xes obliques , alternativement placées. Les fruits croiffent le long des branches & des rameaux : ils font fphérique^ , de la groffeur d'une noix de gale , vel'ds en dehors , de cou- leur de rofe en dedans , pleins d'un fuc lai- teux, d'un goût fade. Ils renferment dans leur intérieur les fleurs qui fe changent en une infinité de petites graines oblongues, roufieâtres. Cet arbre fe reproduit de trois façons : 1°. par le moyen des baguettes dont on vient de parler; 2°. par les petites graines, qui mifes en terre, deviennent fécondes; 3°. par le moyen de fes branches qui prennent facile- tnent racine , ôc produifent en peu d'années un grand arbre. -— Loc. Cet arbre croît par- tout j dans les bois , dans les Savannes , au bord de la mer , dans les mornes. — Uf. Son bois eft employé à faire des canots- Les Nè- gres en font auffi des fébilîes, des plats, des affiettes, ôc autres uftenciles de ménage. Le Figuier maudit maron peut fe définir : Ficus Americana maxiinci , filve/lrls ,folus craf- Jis j rlgldis 3 in fummitate drcuiads , iii Infimâ T .DE Saint-Domingue. ^23 5' pane acuminatïs , glabrls ; fruciii romndo , co- ronato , gluùnofo. Cet arbre croît prefque toujours aux dépens de Tes voifins ; lorfqu'une de it^ graints , qui font fort légères , tombe fur un autre arbre , &: qu'elle peut s'y fixer, elle y germe bientôt , & produit une plante dont les racines s'étendent fur l'écorce de l'arbre, s'y attachent par le moyen de ï.^^ griffes, en fucent la fève ; bientôt elles l'embraf- fent , quelque gros qu'il foit , & le font périr en peu d'années. Les rameaux de ce végétal avbridde. font de deux fortes; \ts uns s'élè- vent perpendiculairement & forment un fom- met fort touffu, les autres fe dirigent vers la terre en forme de longues baguettes, très- droites , terminées par une tête molaffe 5c gluante. Lorfque ces baguettes font parvenues à la fuperficie de la terre, elles s'y enfoncent, y prennent racine éc produifent d'autres ra- meaux, qui répètent les opérations des pre- miers rameaux, &: ainfi à l'infini; de forte que fi on n'y mettoit obfîacîe , un feul de ces ar- bres couvriroit en peu de temps un vafte pays, & détruiroit les autres arbres. ■ Toutes les parties qui compofent cette pro- duction parafitefont remplies d'un fuc laiteux, acre , qui rouffit à l'air. Le tronc & \ts bran- ches font de couleur cendrée ; le bois blanc , filandreux, mol, & rougit àl'air;fes feuilles ont une ligne d'épaiffeur , neuf pouces de lon- gueur , quatre pouces dans leur plus grande largeur ; elles font parfaitement arrondies à leur fommet , pointues vers la bafe , pâles eti deffous, unies, fans nervures apparentes, ni dentelures, attachées par bouquet au fommelï 234 Essai sur l'Histoire naturelie des rameaux fur un pétiole très-gros, arrondi^ qui fe prolonge le long de la feuille, Se forme une côte failïante endeflbus, par laquelle la feuille eft divifée en deux parties égales ; fes fruits croiffent au milieu des bouquets des feuil- les ; ils font ronds , d'environ un pouce & demi de diamètre , d'abord verds , enfuite jaunâtres. Ils portent au fommet une couronne dente- lée à peu près comme les nèfles , & renfer- ment les fleurs comme le Figuier d'Europe. Ces fleurs deviennent autant de petites graines oblongues, environnées d'une fubftance vif- queufe & gluante. — Loc. On rencontre fou- vent dans les mornes ces fortes de Figuiers. Ils font très-gros , très-élevés ; le tronc qui a quelquefois quatre pieds de diamètre eft ordinairement creux au rempli du bois mort de l'arbre qu'il a environné & fait périr, FiLix. V- Fougère. Fleurs de la pafTion. V. Granadille. Fleurs de Paradis, Flos pavonis. FlPoin- cillade. FoucèRE. — iy«. Filix. On peut voir dans les Ouvrages du P. Plumier & de Sloane les différentes fougères qui fe trouvent en Amé- rique. Franc-easin. F". Bafïlic. Franchipanier. Sy/i. Plumèrîa , L/nn. Ne- lium arboreum , Sloa. Jafminum Indicum , Merlan. — Ord. claff. 2. fed. 6". Tournef..., clair. $. Pentandriamonogynia,£i««....famil. :i^.\tz Apocins, feâ. 3. Adanf. -• Obp Ctt arbre s'élève jufqu'à douze ou quinze pieds; îl fe multiplie facilement de bouture. Sa racine #ft greffe, partie rampante, partie pivotante; mamm DE Saint-Domingue. 23^ Fépiderme mince & grifâtre ; l'écorce moyenne ainfi que le liber blanchâtre , d'un goût amer ; le bois dur , fendant , jaunâtre & amer. Son tronc n'excède guères fept à huit pouces de diamètre ; fes branches font longues , tortues , noueufes , oppofées , de deux à trois pouces de diamètre , fubdivifées à angle droit en deux rameaux par l'extrémité. L'épiderme eft grife ; l'enveloppe cellulaire d'un verd foncé , lifTe , fortement attachée fur le lîber , qui eft blanc, fpongieux , épais d'environ une ligne , d'un goût amer ; le bois blanchâtre , filandreux » amer ; le centre eft rempli d'une moelle blan- che , amère , de trois à quatre lignes de dia- mètre. Les feuilles ne pouffent qu'à l'extré- mité des rameaux par bouquet ; elles font oblongues , larges de quatre pouces dans leur plus grande largeur , longues de neuf à dise pouces , d'un verd foncé en deflus , pâles ôc cotonneufes en deffbus , très-veinées , fans dentelure , divifées en deux parties égales par une côte faillante , à laquelle aboutiflent une quarantaitie de nervures un peu obliques , tantôt oppofées, tantôt alternativement pla- cées , unies enfemble au fommet par un cor- don qui parcourt tout le contour de la feuille. Elle eft portée fur un pétiole affez gros , d'un pouce & demi de longueur. L'extrémité des rameaux fe divife en cinq ou fix pédicules de dix à douze pouces de longueur , crochus , articulés , au bout defquels naît un bouquet compofé de neuf à dix fleurs. Elles font monopétaîes , en entonnoir , di- vifées jufqu'au commencement du tube ea cinq parties oblongues , arrondies au fomtaeff ti 3 ^ Essai sur l'Histoire natureile rabattues en dehors , velues , portées fur uflf petit calice dentelé qui eft monophyJIe, Le tube eft rond , un peu plus long que chaque divifion de la corolle , -percé par l'extrémité qui le joint au calice Le piftil eft verd , mince, attaché au calice, oblong, pointu , terminé par deux ftigmates cylindriques , environné de cinq étamines jaunâtres. La diverfité de la couleur qu'on trouve dans les fleurs, forme deux efpèces de Franchipanier : les unes font blanches , & ont le centre jaune; l'arbre qui les produit fe nomme Franchipanier blanc. Les autres font d'un rouge de rofe en dedans , le dehors eft moitié blanc , moitié rouge , le centre jaune ; elles proviennent du Franchi- panier rouge. Toutes ces fleurs répandent une odeur des plus fuavps , 6c font d'un goût acre & pimenté. Au bout de cinq à ftx jours que la fleur eft épanouie , elle tombe avec le tube ; l'o- vaire , qui n'avoit que la huitième partie d'une ligne de diamètre /z. Spartium fpinofiirimum. — Obf.Son bois eft mêlé de verd , & plus beau que le bois marbré ; fes fleurs jaunes ; fon fruit eft une fîlique large, applatie, & très-courte. Dans le refte il eft femblable au précédent. ' Gras-de-galle à feuilles de petit-houx. — Syn. Cytifus frutefcens. — Obf. Ses feud- les font luifantes , difpofées par paire ; ia fleur jaune , affez grande : dans le refte il reffemble " Gk AS-DE-GALLE à flcurs blanchfis. — Sy/i, Alaternus frutefcens. — Oùf. Ses branches font en croix; fon bois jaunâtre _6f dur; ics feuilles femblables à celles de Tépine-vinette ; fes fleurs blanches. Dans tout le refte li le rapporte à celui de la première efpece. Gratteron. V. Herbe-à-bouton. ^ Grenadier. -i^j^«.Punica,Granata. Gripfe-de-chat. V. Liane a g^^ffe-de-^Jj^^ Gris-gris du bord de la mer. ^ObJ. C elt un grand arbre dont la tige eft crochue , remplie de noeuds, fort branchue ; Fecorce cpaiffe, grifâtre, toute crevafTee; lebois^gns; fes feuilles d'un verd-foncé, fans dentelure, de deux à trois pouces de longueur, d un "pouce &: aemi de largeur , pointues par la DE Saint-Domingue. 545 bafe , arrondies au fommet , attachées par bouquet , au nombre de fept ou huit , à Textrêmité des ramilles, portées fur un pétiole très-court, divifées en defïous par une côte faillante ; {qs fleurs petites , blanchâtres , en épis;^ elles produifent des petites graines ar- rondies. — Loc. Cet arbre croît au bord de la mer dans les Savannes & les endroits ma- récageux. — Uf. Son bois eft recherché pour les ouvrages de charpente , ôc fur-tout pour faire des moyeux de roues. Gkis-gkis de montagne. — O/^f. Sa tige s'é- lève beaucoup ; l'écorce qui la couvre eft unie , d'un rouge cendré ; fon bois très-dur, d'un gris-jaunâtre; fes feuilles luifantes , pointues , pofées féparément fur les branches ; Ces fleurs blanchâtres. — Loc. On le trouve dans hs mornes. — Uf. 11 eft employé aux mêmes ufa- ges que le précédent. GuANABANus. F". CorofiToliei. GuAÏACUM. V. Gaillard. GuAJEKU. V' Icaquier. Gai d'Oranger. — Sy/z. Vifcum aphyllum. Guimauve ( grande ). — Sy/i. AlthxaVul- garis. Guimauve ( petite ). — Sy/i. Althaea vuî- garis parvi'flora. Guimauve puante. — Sy/i. Abutilon fce- îidum, Guyab4.ra. V. Raifînier. H Hï'LTOTROpruM. V. Veiveîne.' Heïube ,à balais. «M 2^^ Essai sur l'Histoire naturelle Herbe à bled. — - Syn. Gramen fecale , Grameii avenaceum , Ayalîy , Caràib. — Loc. Elle croît par-tout. -- Vi-n. Cette plante eft apéritive. . Herbe à bouton. — Syn. Gf atteron , Aparine vulgaris. Herbe à cayman. — Obf. Ceft une plante dont les tiges font fouples , hautes de cinq à fîx pieds , le' long defquelles naiffent des feuilles alongées comme des lanières , lon- gues de treize à quatorze pouces, larges de dix-huit à vingt hgnes, pointues au fommet,-- arrondies d'un côté par la bafe , & pointues de l'autre côté , d'un verd très-foncé , fans dentelure ni nervures apparentes, veinées, épaiffes, flexibles, lilTes, attachées par un^pétiole très-court qui efl le principe d'une côte faiî- lante en deffous , par laquelle la feuille eft divifée en deux parties égales. — Loc. On trouve cette plante dans \ts lagons & fur le bord des rivières. - Uf- On s'en fert pour couvrir les cafés. Comme elles font incom- buftibles , elles méritent d'être préférées aux têtes de cannes. ^ , Herbe à Charpentier de la Martmique. — • Syn. Gerardia humilis, Juftitia peftoralis , Jacq. Annaouaguyan, Caraib. — Obf. Ceft une plante rampante; fes feuilles font fem- blables à celles dii Gramen. — Loc. Elle croît aux bords des haies & dans les lieux incultes. yirt. Elle eft vulnéraire , réfolutive. On en fait un firop pedoral connu fous le nom de firop de Charpentier. Herbe à Charpentier de Saint-Domingue. — Syn. Kivina minor, PI, Juftitia pedoralis, DE Saint-Domingue.. 2d.<; 'Jacq. Coyekoyety, Caraib. — Qrd, elaff. 4. Tetrandria monogynia, Linn farnil. 3 ç. les Blitum , Adanf, Elle eft femblable à la précé- dente , (Se on lui attribue \ç,% mêmes vertus. Herbe à chiques. V. Chiques. _ Herbe à cloques. ~ Syn, Alkekenge, PL Coqueret , Soufouroufourou , Caraib. Cette plante , dit M. Poupé Defpones , ne diffère du Coqueret de France que par la couleur jaune de {on fruit, & par îtz follicules d'un verd- rouge. — Loc. On la trouve par-tout. — . Vin. Elle eft apéritive. Herbe à colet. — Syn. Saururus , PL Agua- rima, Caraib. « Sa racine, dit M. Defpones^ » eft blanche ^ très-divifée & très-chevelue ; » fa tige eft noueufe , 6c de chaque nœud » partent une- ou deux feuilles de la largeur » d'une main ouverte , ronde , foutenue par »> un pétiole très-long , qui s'attache pref- ^ qu au centre de la feuille ; ce qui lui donne ^ la figure d'un parâfol. Elle eft pour l'or- =» dinaire haute de deux à trois pieds. Cette =° plante croît le long des ruifleaux. Elle eft »> un des plus forts diurétiques de l'Amérique. =' On fait infûfer fa racine à froid, & on ea * ufe pour boiflbn ». Herbe à dartres. - Syn. Caftta paluftnV, PI Mali Mali, Caraiib. « Cette plante , dit »' M. Defpones, peut être mife au rang des " plus belles de l'Amérique ; elle croît fort '' Jî^"t & paroît ligneufe ; i^s feuilles ref- » femblent à celles du noyer & font d'un « verd-noir; le haut de fes tiges forme une » pyramide de fleurs jaunes , entaffées \qs » unes fur les autres , longues d'un demi-pied 5 ^a6 Essai sur lWstoire NATUREtLff «aux fleurs fuccèdent des gouffes longueà 3, d'un doigt, ailées ou garnies aux quatre 3> coins d'ailerons qui repréfentent un mouli- =3 net. >» — Loc. On la trouve dans les endroits marécageux. — Vin. On fait avec fes fleurs un onguent qu'on dit être merveilleux contre les dartres. Herbe au diable. - ^y/2. Plumbago. « Les o, feuilles de cette plante, dit encore M. D, De/partes, ont la figure de celles du jaf- „ min arabique ; fes fleurs viennent en pyra- o, mide au haut des branches ; elles font blan- o, ches & renfermées par leur bafe dans un ca- •> lice cylindrique, qui efthériffé de quantité » de petites pointes glutineufes. La fleur étant ., tombée , le pidil devient un fruit mol , 9> rempli de deux femences. — Loc. Elle elt w fort commune dans les haies ; elle croit a ,> l'appui des citronniers & des orangers. — » Virt. Sa vertu eft Ci adive qu'on ne laifle » l'onguent dans lequel elle entre que deux D, ou trois heures fur la plaie. Ce temps fufht 0, pour enlever & confumer les chairs baveu- o> fes d'un ulcère. On lui affocie ordinaire- 9> ment VHerùe à bkd ôc la Mal-nommée ». Herbe de cofTe. — Syn. Oryza Ame ricana. ^ Loc. Elle aime les endroits humides. — Vf. Les chevaux en font fort friands ; elle les en- m-aiffe & les rafraîchit. ^ , , H^RBE aux flèches. — Syn. Touloula. ^ Herbe de Guinée. — Ohf. Ceft une efpece . de Gmmen qui ne fe cultive que depuis quel- ques année?. Sa racine eft chevelue; \^^ tiges longues , droites, fermes , articulées, creules. Il fort de chaque noeud une paire de feuilles DE Saint-Domingue. 247 aîongées , pointues , rudes au toucher , d uti verd-clair , cannelées dans toute leur lon- gueur. Le fommet des tiges pouffe un jet fort élevé , qui fe termine par une grande pannicule rameufe , divifée en plufieurs épis chargés de petites jfîeurs à étamines , aux- quelles fuccèdent des petites femences oblon- gués , grifâtres , qui fervent à multiplier l'ef- pèce ; on emploie encore pour cet effet hs tiges qu'on plante comme les cannes, ou les œilletons que l'on fépare de la fouche, 6c qui deviennent en peu de temps de groffes touf- fes. — Loc. Elle aime les endroits humides. — Uf. On s'en fert pour nourrir les chevaux. Herbe à Minguet. — Sy/z. Herbe à ulcère de Minguet. — Oùf. Cette plante eft tout-à- iiut différente du liferon connu fous le nom de Liane à Minguet. Ses feuilles font petites, ayant tout au plus un pouce de diamètre. Elles font d'un verd-fombre & ridées en deffus , cotonneufes 6c blanchâtres en deffous, pro- fondément découpées. «— Loc. On la trouve dans les mornes fur la Paroiffe des Cayes de Jacmel — Vin. Ses feuilles entrent dans la compofition des onguents qu'on emploie pour guérir les malingres. Herbe à pians. Herbe à piques. Herbe à plomb. — Lantana vel Camara fpinofa , PI. Herbe quarrée à fruit hériffc. Herbe quarrée à feuilles de méliffe. — ■ ^j'/2. Meliffa quadrangularis , Apiaba, Litou- lou , Cara'ib. Herbe à rafoir. Qiv 248 Essai sur l'Histoire naturelle Herbe à tayes. Herbe à ulcère de Minguet. V* Herbe S Minguet. ♦ Houx. H/MENiEA. V- Courbariî. Hyppomane. V. Mancenillier. Hyssope. - Syn. Mille-graine, Oldenlan- dia , Lyfimachia hyflbpi folia. « Cette plante , 6> dit M, Dcjpones , imite parfaitement rhyf- w fope. Sa fleur efl; monopétaîe en forme oî de rayon, dont le piflH devient un petit 9> fruit ou coque ronde, qui fe partage en 95 deux capfules remplies de petites femences 3ï très-fines. — Vin^ Elle efl vermifuge ; on 3> s'en fert aulB en qualité de réfolutif dans » les cataplafmes. Les Efpagnols remploient 3ï dans robftrudion de la rate M. Ibera puterana. V. Bois de fer. Ibipitanga. V. Cerifier. ÏCAQU1ER. — Syn. Chryfobalanus , Llnn, Brown. Icaco , PL Guajeru , Marcgr. Prunier îcaque. — Ord. claiT. 21. fed. 7. Tournef. . . . clair. 12. Icofandria monogynia , Linn famil. 42. les Jujubiers, fed. 2. AdanJ,-^ Obf. Ceft un arbriffeau que quelques Auteur^ appellent Pommier ; Bomare , Prunier ; M. Defportes , Poirier : dans le vrai il n'eft pas plusTun queTautre. Sts tiges font crochues , djfpofées fans ordre, peu groffes, fort bran- chues ; fon écorce grisâtre ^ un peu rabo- inadhérente; le bois blanchâtre; its feuilles ont environ trois pouces de longueur , leur plus grande largeur égale la moitié de ? DE Saint-Domingue. 24^ îeur longueur; elles font alternes, oblongues, pointues aux deux extrémités, fans dentelure, d'un verd-fombre , fermes & cafrantes,4portées fur un petit pétiole ; fa fleur ne paroît d'abord que comme un petit bouton verd qui en s'épa- nouiffant laifle appercevoir un calice mono- phylle, divifé en cinq parties; la corolle eftcom- pofée de cinq pétales blancs, minces, fans odeur, ciifpofés en rofe; le centre eft occupé par un gros piftil environné de plufieurs étamines , lequel devient une baie ovoïde femblable à une prune, tantôt violette , tantôt jaune, tantôt noire, d'un pouce Se demi de longueur, de huit à dix lignes de diamètre. La chair de ce fruit eft fucculente , d'une faveur douce un peu aigrelette , quelquefois auftère. Elle couvre un gros noyau qui renferme une petite amande. • — Loc. Cet arbriffeau fe trouve au bord de la mer & dans les endroits fablonrieux. —Uf.On en mange hs fruits. — J^in. Sa racine efl: fort ailrigente. Igname. — - Sy/i. Polygonum fcandens. On en diftingue trois efpèces ; la blanche , la vio- lette , & celle de Cayenne. — Uf. Les racines de cette plante fe mangent cuites. Ily. F". Bambou. Indigo. — Sy/i. Anil , Acofi. Emerus , PI — Ord. clafT. 22. feft. 3. gen. 3. Toumef..., clajGT. 17. Diadelphia decandria , Linn. . . . famil. 43. les Légumineufes , feft. 4. AdanJ^ — Obf. On en diftingue trois efpèces ; le franc , le bâtard, & le fauvage dit de Guatimala, « La racine de cette plante , dit M. Marchand^ » ( Mém. Acad. Paris, ann. 1718) eft dure, B» coriace , ondoyante , garnie de plufieurs s,^0 Essai sur l'Histoijre naturelle 3» groffes fibres étendues çà & là, un peu ch^ 3> velue , couverte d'une écorçe blanchâtre^, 3» inadhérente. De cette racine s'élève une feu- 3> le tige droite , dure & prefque ligneufe , con- 9» verte d'une écorce légèrement gercée Ôç »> rayée de fibres , fans apparence de moelle »> en dedans. Elle fe divife en plufieurs bran- » ches terminées par des ramilles ». Chaque lamille eft compofée de plufieurs feuilles ran- gées deux à deux fur une côte qui eft toujours terminée par une impaire. Les feuilles font ovales , liffes , douces au toucher , petites, d'un verd-foncé en delTus , pâle en defibus , fans dentelure , attachées à un pétiole très-court. Les fleurs font en épi. Elles commencent à paroître fous la forme d'un petit bouton ovale & verdâtre qui en s'épanouiflarit fait appercevoir un calice monophylle divifé en deux lèvres & cinq dents. La corolle eft à cinq pétales difpofées en rofe , d'un verd blan- châtre , parfemé de veines plus ou moins pour- prées. L'étendard eft le plus grand de ces pétales , il eft creufé en cuiller ; les deux inférieurs qui forment la carène font de figure oblongue , échancrés , creufés en cuiller vers leur extrémité; les aîles font hs pétales les plus étroits, les plus ^pointus & les plus co- lorés de tous. Le centre de la fleur eft occupé par un piftil verd , découpé à l'extrémité en huit ou dix lanières qui font îes^ étamines dont les anthères font d'un verd-jaunâtre. Cette fleur eft portée fur un pédicule très-court. ce Lorfque les pétales font tombés , le piftil s'a- » longe & devient une filique longue de plus i» d'ua pouce, groffe d'une ligne , courbée en^. ?^| DE Saint-Domingue, ' 2ff. h faucille , lifle , luifante, terminée en pointe j c» brune en dehors , blanchâtre en dedans, & » remplie de fept à huit graines qui font fépa- » rées par des cloifons. Chaque graine repré- » fente un petit cylindre grisâtre, long d'une » ligne». — Uf. Perfonne n'ignore que les fé- cules tirées des feuilles de cette plante font employées dans la teinture. Voyez ce que nous en avons dit ci-devant, — F»^. L'indigo efl: employé comme réfolutif & fébrifuge. Inga F". Pois doux , Pois fucrin. Ipécaguanha de Cayenne. — Syn. Viola grandi-flora. Baret. Ipécaguanha de Saint-Domingue. — Syn. Viola parviflora. Ipécaguanha faux. V. Coccis. J Jaborandi. V' Bois d'anifette. Jabotapita. Jagapé. V. Rofeau. Jalap. — Syn. Jalapa , Mirabilis , Convol- vulus Americanus, /^^3^. Jasmin. Jasminum. V. Bois cabril bâtard. Jasminum Arabicum. V. Caféyer. Jasminum Indicum. V- Franchipanier. Jatropha. V. Manioc. Jaune d'oeuf. — Syn. Lucuma , Feuille, Leu- comdi, Mondrd. — Ord. fam. 22 les Bruyères, fed. 3. Adanf. — Obf. Sa feuille efl ovale, fans dentelure, épaiffe, lifle, d'un verd-foncé, couverte de nervures ferrées les unes contre les autres & très-petites , luifantes en deffus, attachées par un petit pétiole qui en fe pro- longeant devient une côte faillantô ew 4ef- 12^2 Essai sur l'Histoire naturhlie fous, arrondie, & partage la feuille en deux parties égales. Celles qui viennent ifolées le long des branches ont cinq à ûx pouces de longueur, Se prefque trois pouces dans leur plus grande largeur ; celles qui pouffent à Fextrêmité des rameaux font une fois plus peti- tes , & forment un bouquet d'une vingtaine de feuilles. L'écorce de Farbre eft grisâtre , ra- boteufe ; le bois blanchâtre ; fes jReurs blan- ches ; il leur fuccède des baies de la groffeur & de la forme d'une prune blanche , qui ren- ferment une pulpe fucculente & un noyau qui approche de la forme & de la couleur d'un jaune d'œuf — Loc. Cet arbre croît dans les mornes. — UJi On en mange les baies. Jayama. F, Ananas épineux. Jet fureau. — Syn. Saururus. — Loc. Cette plante croît à l'embouchure des rivières Fin. Elle eft apéritive. ' Jetaiba. V. Courbaril. Jonc de mer. — Fin. On met cette plante au nombre des apéritives. JujURu. F. Giromon. JuKA , Juffievia. F. Manioc. JusTiTiA pedoralis. F^. Herbe à charpentier. Juta Y. V. Tamarin» K KaÏa. — Syn. Mouzambai , Car. Sinapiilrum pentaphyltum , PI. Kapa-mava. F. Acajou à pomme. Karatas. F. Aloës-karatas. Katou-inchi-kua. F. Gingembre. Kelety. V. Caneficier. Ketmia. F. Quingambo. Ketiïia Africana, F, Ofeille de Guinée. T DE Saint-Domingue. 2.<'^ KiNKiNA. — « Syn. Trachelium , Oulikaëra , Car. ^ — OS/. On en diftingue trois efpèces, favoir , le Kinkina de rivière , le Kinkina de montagne , le Kinkina petit. — Vm. L'écorce de cet arbrifleau eft fébrifuge. Kinkina faux. — Syn. Pfeudo-Acacia , Ouïe- bouhou, Car. KouYARY. J^. MéliiTe puante. L Lagetto. F. Bois dentelle. Laman. — Sy/2. Morellc , Solanum , Pi. Ou- leoumelé , Aguaraquyà , Car, Langue - DE - BCEUF. Syn. Lingua cervina , PI. Oucyaoux , Marayé , Car, Langue-de-chat. y. Eupatoire. Lantana. K. Sauge de montagne. Lantana ipinofa. F"- Herbe à plomb. Lanmayan. F*. Epinards doux. Larmes de Job. ■ Latanier. Laurier. — Sy/i. Borbonia. — Oâf On en diftingue trois efpèces, favoir, i". Laurier à feuilles longues & pointues. Elles ont quelque- fois un pied de longueur & trois à quatre pou- ces dans leur plus grande largeur : elles font liifes , fans dentelure , épaiffes , terminées au fommet par une pointe repliée d'un côté , divifées en deux parties égales par une côte faillante en deffQUs , à laquelle aboutilTent quelques nervures obliques , alfez groifes, por- tées fur un petit pétiole : elles n'ont point d'odeur femblable à celle qu'exhale en France le Laurier. Le bois eft poreux , blanchâtre ; £qs fruits font petits, ovales. — Loc. Il croît |Éiu bord de la mer. --- Uf. Sqs racinçs tçi-; m 2.$^ Essai SUR l'Histoire NATURELLE gntnx. en violet ; fon bois ne convient qu'à faire des planches. 2". Laurier à feuilles courtes. II y a dans les feuilles de cette efpèce une grande variété : les unes font arrondies au fommet , les autres pointues, d'un verd, tantôt foncé , tantôt clair; les jeunes font tendres & fort minces ; l'âgé les rend épaiffes : les plus grandes n'excèdent pas fix à fept pouces ; leur plus grande lar- geur eft de quatre pouces. Elles n'ont rien de commun pour l'odeur avec le Laurier d'Eu- rope ; elles font toutes fans dentelure , rudes ^u toucher : les fruits de cet arbre font fphé- riques. — Loc. Il croît dans les mornes. — Uf* Son bois eft bon pour bâtir ; fes racines ren- dent auffi une couleur violette. ^^. Laurier à petites feuilles. Sa tige eft pe- tite , peu groffe ; fes feuilles croiffent alter- nativement fur les rameaux : elles font ova- les , pointues aux deux extrémités , très- vei- nées , fans dentelure , fermes , liifes , luifan- tes, longues de trois à quatre pouces; lar- ges de douze à quinze lignes , d'un goût aro- matique , d'une odeur afFez femblable à celle du Laurier de France. Ses fleurs répandent une bonne odeur ; il leur fuccède des baies ovales 6c noires. — Loc. Il fe trouve dans \ts mornes. — Uf. On s^qu. fert pour faire à^s entourages : quelques habitans des mornes af- faifonnent leurs ragoûts avec Çts feuilles ; {qs racines rendent une couleur violette. Laurier aromatique. V- Bois d'Inde. LiAMAHEu. V- Palma Chrifti. Liane à barrique. — Syn. Riveria major fcandens , PL ^ Ohj: Ses feuilles font amples^ T 1 DE SaI NT-DoM I NGITE. Z^^ ^flez femblabîes à celles de la Morelle ; les fleurs en grappe , & produifent des baies vio- lettes. On s'en fert dans quelques quartiers pour lier les barriques. ■ Liane à Bauduit. F. Liane purgative. Liane à boëte à favonette. /^. Liane contre- poifon. LiÀNE à boeuf. — Sy/z. Cœur de S. Thomas, Châtaigne de mer. — Oùjl Le bœuf en eil Fort friand. Son fruit "eft brun , en forme de cœur, âpplati. — Lac. Cette plante croît dans les mornes : fon fruit fe trouve fouvent au bord de la mer , où il eft porté par le débor- dement des rivières. Liane à bouton. — - Sy/z. Caftor, Bonda gar- çon. — Oùf. Elle produit un fruit noir , lui- Tant, afféz femblable à un bouton d'habit. Liane brûlante. — Fin. Sts tiges font rem- plies d'un fuc cauftiqùe , qui , étant appliqué îur la peau , rompt les vaiffeaux lymphatiques, y caufe des efcarres. Liane à cabrit. —Sy/z. Tabernxmontana , PI. *- Ord.clâiï. j» Pentandria monogynia, Li/z/z.. famil. 23. les Apocins , fed. 2. AdanJ'.— Obf. Sa tig^e eft ligneufe , grife , caftante ; ies feuil- les arrondies, d'un verd-obfcur ; îes fleurs blanchâtres : il leur fuccède des-fruits fouvent folitaires , quelquefois attachés deux à deux par la bafe, arrondis , gonflés au milieu , poin- tue au fommet , verdâtres , qui s'ouvrent dans toute leur longueur , & lailTent échapper de 'petites graines aigrettées & canelées. — Loc. Elle croît dans les bois &; \es lieux incultes. Liane à cacone. — Syn. Cacone , Yeux de boutique , Dolichos urens , Jacq^. Zoophtai- I Si ^6 Essai sur l'Histoire naturelle mum , Brown. Mucuna , Marcg. Phafeolu:^ Brafilianus, Sloa. — Ord. claff. 17. Diadelphia decaiidria , Linn famiL 43. les Légumineu- fes , fed. 4. Jdanf. — Obf. Ses tiges font fort longues & pendantes ; fes feuilles portées trois à trois fur une même queue ; ïts fleurs légu- mineufes , inodores , jaunâtres ; fes gouffes longues de fix à fept pouces , attachées plu- fieurs enfemble par paquets , noires , ridées couvertes de poils piquants. Elles contien- nent trois ou quatre graines rondes , appla- ties , chagrinées , d'un rouge tanné , ayant fur les bords un cercle noir qui femble repréfen- ter l'oeil d'un âne. Le peuple crédule leur attribue plufieurs vertus qui font purement imaginaires ; ces graines font fort amères. Liane à calçon. — Syn. Mercoya , Car. Paf^ fiflora , Granadilla. -- Obf. Sts tiges font grê- les & s'élèvent peu ; fes feuilles longues d'en- viron quatre pouces , de cinq à fix pouces dans leur plus grande largeur , fort minces , d'un verd-clair , divifées dans toute leur lon- gueur par trois côtes qui fe réuniffent au pé- dicule , & auxquelles aboutiiïent quantité de petites nervures ; elles font fans dentelure ; leur fommet eft divifé en trois parties , dont les deux latérales font pointues , celle du mi- lieu obtufe. — ^in. On regarde cette plante comme hyftérique. Liane à chiques. V. Chiques. Liane à cochon. — Obf. Sts tiges font min- ces , nombreufes , tendres , d'un verd-clair : les cochons en font très- friands , ainfi que de fes feuilles , qui font arrondies par la bafe , pointées au fommet, fans dentelure, d'u» yerd- foncé; T I î) E Saint-Domingue, 277 verd-foncé ; leur plus grande largeur écrale ia moitié de leur longueur, qui eft de cinq à fix pouces, portées fur un pédicule de deux pouces de longueur. — Loc. Cette plante croie dans les broufîailjes le long des rivières. Liane à coeur. —Syn. Ciffampelos, Caa- peba,/'/. <« Sa fleur, dit M. Defpones d'après « le P. Plumier , eil petite , verdâtre , en rofe s» & répandue en quantité le long de la tige! » Des embryons qui nailTent dans d'autres »> parties forment une baie molle , ronde !» qui contient Une amande fort ridée ». — ! Vin. Elle pafîe pour un àt^ plus grands vul- néraires de Saint-Domingue. Liane à concombre. Liane contre-poifon. — Syn, Liane à boîte à favonette , Nhandiroba , PL îûzr. Avila , Lé- meri. — Ord. clalT. 22. Dioecia pent'^ndria , Liniu. . . famil. 18. les Briones , Adanf. , Obf.^Q.s tiges font flexibles, très-longues & pendantes; (es feuilles charnues, luifantes , d'un verd-obfcur , fans dentelure , de quatre à cinq pouces de longueur , de trois pouces & demi dans leur plus grande largeur , gar- nies de cinq côtes faillantes qui fe réuniffent par en-bas à un pétiole de ilouze à quinze lignes de longueur , & qui aboutiffent par en- haut aux cinq pointes qui terminent la feuille ; la pointe du milieu eft plus longue ; chaque côte donne naiflance à plulieurs nervures obli- ques. Les fleurs font monopétales , repréfen- tant une roue découpée en plufieurs parties : les unes font ftériles &L ne donnent aucun fruit; les autres font portées fur un embryon gui devient un fruit fphérique de qqatre à ''«■ a^S Essai sur l'Histoire naturelle cinq pouces de diamètre , revêtu d'une écorce verte fort mince , qui recouvre une enveloppe ligneufe , chagrinée , caflante , de près d'une ligne d'épaifleur. Ce fruit eft divifé vers le milieu de fa largeur par un petit bourlet, qui efl l'endroit où il s'ouvre dans fa maturité. Il contient une douzaine de graines plates, rondes ,de douze à quinze lignes de diamètre, de forme irrégulière , liffes, de couleur fauve , d'une faveur fort amère. — Loc. On trouve cette plante dans les bois , elle croît à l'ap- pui des arbres fur lefquels elle grimpe. — yirt. Ses graines paffent pour fébrifuges ôc alexitaires. Liane à corde. — Sy/z. Liane jaune, Bigno- tiia fcandens , Viminea , Bar. Sa tige eft gri- sâtre ; fa fleur purpurine; il lui fuccède une goulfe aiTez longue en forme de glaive. Elle eft remplie d'une liqueur jaune , épaifte , qui imprime fa couleur fur les toiles qu'on en imbibe , mais on n'a pu jufqu'ici la fixer. — • U/. On s'en fert au lieu de cordes. Liane à couleuvre. Liane à croc de chien. ^. Croc de chien. Liane à eau. ~ Loc. On la trouve dans les bois. — l/f. Elle eft remplie d'une eau très-limpide , dont fe fervent les chafleurs pour fe défakérer- Liane franche commune. — Syn. Bignonia fcandens. ^Oùf.Sa fleur eft blanche, &_ pro- duit une filique en forme d'un petit glaive. Liane à griffe-de-chat. — Syn. Griife-de- chat, Reremouly, Cerefé. C^r. Bignonia , Z'/. — Olf. Elle eft garnie de vrilles ou mains qui imitent les griflFes-de-chat , par lefquel- 7 I f, :l b È S A r N T - D O M r N G U E. 2 e« lés cette plante s'accroche aux arbres voifîns & aux rochers. — Fin. On la regarde comme apéritive. Liane taime. F. Liane à corde. Liane à jafmin. Liane lakeufe. — Vin. On Pemploie pouf guérir les vieux ulcères. A la Martinique , elle eft renommée contre la morfure^ des {erpen5. Liane à ïambe. Liane mangle. — Syn. Apocynùm fcandens,. PL Echytes, Jacq. Liane à médecine. V* Liane purgative. Liane mibi , Liane mibipi. V. Liane k panier. Liane mince — i^''^. Raiania fcandens PL Liane à Minguet. 6>^/: Elle tire fon nom d'un ancien habitant de Saint-Domingue , afiez verfé dans la connoiffance des plantes du pays. Il fut le premier qui employa celle ci; il en faifort un vulnéraire univerfel. Elle conierve encore aujourd'hui le nom de fon Au-^eur, & ne laiife pas d'être eftimée. « Cetre plan- w te, dit M. Dejpones , imite parfairement, » par fa grandeur & par (ts feuilles, le fceau » de Notre-Dame ; (qs feunies & Tes fruits îa » font ranger dans la claife des vignes: foa 3» fruit eft gros comme un pois , noir , un 5> peu âcre«. -Z^c. Elle croît fur les mor^ nés dans les lieux humides. — Vin^ Elle ell vulnéraire , dérerfive. Liane à ouarit. -Obf. Son fruit efî une Clique qui renferme plufieurs graines rouges, ob^ongues , ayant fur un bord un demi-cer- cle noir. Rij ^^(M ! il' •, f 3^0 Essai SUR l'Histoire NATURELLE ^ Liane à panier. — Syn. Liane mibi, Liane.' mibipi. — t// Cette plante fert à lier quan- tité de chofes. On en fait auffi des paniers,, comme fon nom le défigne, & d'autres fem- blables ouvrages. Liane percée. — ObJ. Les feuilles de cette plante font percées de deux trous^vales aes deux côtés delà côte qui les divife en deux ^'liane^Î Jerfil. - Syn. Mammarou , Gauîa- boulé, Cûr.Serjaniafcandens,/^/.--c;i^y.^es tiges font ftriées ; fon écorcegrife, mince, affez adhérente; fon bois fouple & liant ;fes feuilles attachées trois paT trois au bout des lamilles , luifantes & d'un verd-fonce en def- fus pâle en deflbus, longues d'environ un pouce , larges de fept à huit lignes unies Lns leur contour depuis la bafe jufqu'aux deux tiers , découpées dans le refte ; fes fleurs rquatie o; cinq pétales. Le piftil devient un ^ fruit qui renferme plufieurs petites graines ronde?, de la groffeur d'un pois. Liane à punaife. ^ ' j • ^ Liane purgative, -^y/.. Liane^a médecine , LianeàBauduit, Arepeea, C^r. Convolvulus Americanus. - Obf. Ses tiges font grimpan- fet cylindriques , fans vrilles ; elles s entre- lacent dans les branches des arbres voifins , sV accrochent, & fe replient enfuite vers la terre v prennent racine, & forment de nou- velles plantes. On en tire un fuc refineux qm fe coagule, & dont on fe fert pour^purger. Un halitant du cul-de-fac nomme Bauduu, en fait un fyrop purgatif qui porte fon nom. Quoiqu'il foit fort en ufage parmi les habi^ DE Saint-Domingue. 2^1 tans du pays, il ne laiïïe pas d'être dan- gereux , en ce qu'il occafionne quelquefois des fuperpurgations. Ses feuilles font taillées en cœur, un peu rudes, unies, fans dente- lure. — Loc. Elle fe" trouve fur les mornes dans Tes lieux humides. — J^ih. Elle purge violemment, LrANE purgative du Bord de la mer. — Sy/i. Gonvolvulus marinus , Catharticus , PI. Sol- danella, Marcg. — Olff.Sa. feuille eft arron- die , bien nourrie. — Loc. On ne la trouve que fur les côtes de la mer. — F'/rt. Elle eft purgative. Liane quarre'e. — Syn. Liane filfone'e , Ser- janla fcandens , PI. Liane à raifin. — Oif Ses feuilles font lar- ges , prefque quarrées , d'environ fix pouces de diamètre, profondément découpées , fans dentelure, d'un verd-foncé, liïïes en deflus, d''un verd-pâle, mdès au toucher en déffous, portées fur un pédicule de quatre à cinq pou- ces de longueur. Ses fruits font affez fembla- bles aux grains^ de raifin* — Loc. Elle croît dans les mornes. — Uf. Ses fruits font bons à mïnger. Liane à reglilfe. -^ Sjm. RegîifTe , Aoua- rou , Car. Orobus fcandens , PI. Abrus , Adanf. Konnt, Hort. Mal — Ord. chf[. ro. fed. i. Toarnef. . . . claff. 17. Diadeîphia decandria , L'uin..., famil. 43. les Légumineufes , fe6t. 4. Adanf. — Obf. Sa racine eft traçante , cheve- lue, fans aucune faveur ; {es feuilles petites , arrondies , attachées par paire le long d'une côte , d'un verd-clair ; fes tiges farmenteufes ^ coriaces ; l'épiderme grife , mince; Tenveloppe K iij 2.62 Essai sur l'Histoire naturelle cellulaire verte, remplie d'un fuc aflezfem* blable à celui des racines de Beglilïe euro- péenne ; ies fleurs petites, blanchâtres, lé- guniiiieufes , en épi ; calice en tube prefque entier ; corolle étroite , courte ; dix étamines réunies : le piftil devient une goufTe longue de douze à quinze lignes , arrondie , grifâtre, cornpolce de deux lames membraneuies, rem- plie de petites graines fphériques , dures , unies , luifantes , d'un rouge fort vif , avec une petite tache noire Loc. On la trouve au bord de la mer & dans les mornes. — Fin, On emploie (es ti^es aux mêmes ufages que les racines de la Regliffe de France. _ Liane rouge. — Syn- Zorin , Bignonia fcandens , Bar. — Olf. Ses feuilles font den- telées, oblongues, de deux à trois pouces de largeur , qui fait environ la moitié de la lon- gueur , terminées au fommet par une pointe obtufe courbée d'un côté , divifées par une groffe côte , qui eft le prolongement d'un pétiole très'court. — Loc. Elle croît par-tout dans les endroits incultes. — Uf Elle rend une couleur rouge. Liane à fang. ~ Oùf Elit eft remplie d'une liqueur épaiffe, rouge comme du fang de bœuf Loc. Elle croît dans les mornes. Liane à favon. — Ohf Ses tiges font re- vêtues d'une écorce grisâtre ; fon bois blan- châtre , fpongieux , d'une faveur amère. Elles s'élèvent affez haut par le moyen des arbres voifms auxquels elles s'attachent. Ses feuil- les font dentelées, prefque rondes, échan- crées par la bafe en forme de cœur, pointues au fommet 3 d'un verd-foncé, veloutées, por- * DE Saint-Domingue. 2(^3 tées fur un petit pétiole dont le prolongement forme une côte qui s'étend tout le long de la feuille & qui la divife en deux parties égales. A cette côte aboutilfent des- nervu- res très-obliques , dont Fintervalle efl rempli par plufieurs petites veines parallèles entre elles. — Loc. On la trouve dans \ts bois. — Vin. Sqs tiges broyées dans l'eau la font écu- mer ; on en fait des curedents qu'on dit pro- pres à affermir les gencives. On range cette plante dans la claffe des apcritives. Liane à fcie. — Syn. PauUinia fcandens , Cururu fcandens , PI. Liane à ferpent. K Ariftoloche ronde. Liane fillonée. V. Liane quarrée. Liane à tonelle. — <9/^ Ellepouife detouc côté plufieurs tiges dont les; unes fe plient vers Ja terre & y prennent racine , les autres s'é- lèvent & s'attachent aux arbres voifins. Une feule de ces plantes s'étend quelquefois à plus d'un quart- de-lieue. — Loc. On la trouve dans \qs bois. ^ Uf. On s'en fert pour couvrir \ts berceaux qu'on appelle tonelks. Liane à vers. — Syn. Acoulerou, Caraib. Cadus Peruvianus fcandens & repens, PU — Obf. t« Cette Liane, dit M.. D— Syn. Syringa. '— Ori. cîafT. lol Tottrnef. . . . claiT. 2. Diandria monogynia , Li-nn. i . . famil. 29. les Jafmins , fed. i. Adanf. — Obf. C'eft un grand arbre qui croîc en peu de temps. Son tronc eft droit, bran- chu ; fcn ecorce grisâtre , crevailée ; fon bois tendre , blanc & poreux ; fes feuilles d'un verd-foncé en delTus , clair en deffous , aîter- ailées , profondément découpées , afTez fembîables à celles duperfil, d'une faveur amère ; its fleurs raffemblées en pannicule terminale; le calice eft monophylle, terminé par quatre dents ; la corolle forme un tuyau évafé, divifé en quatre parties, d'une odeur fuave , de couleur violet-pâle. A ces fleurs fuccèdent dts fruits ovales, de la groffeur d'une cerife de bois , couverts d'une pulpe jaunâ- tre qui renferme un noyau ligneux, dur, garni de cinq à fix canelures divifées intérieurement en autant de loges féparées par des cloifons; l'on trouve dans chaque loge une graine oblongue , de la grofîeur d'un grain de bled , couverte d'une pellicule brune , très-mince , îide , qui contient une amande très-blanche , divifée en deux lobes , d'un goût amer & défagréable. — Loc. Il croît par- tout, foit dans les mornes ^ foit en plaine. — Virt* On D E s A I N T-D O M I N G U E. ^6^ ^prétend que les fruits de cet arbre pris inté- rieurement font un poifon lent , employé quelquefois par les efclaves qui ont envie de fe défaire de leurs maîtres. LiLAC de nuit. — Syn. Syringa noâurna, Chiococca nodurna. Jacq. — Où/. C'eft un: arbrilTeau qui ne s'élève guères; {qs feuilles font oblongues , pointues , luifantes , fans dentelure ; tes fleurs monopétales , en tuyau évafé ; elle répandent durant la nuit une odeur, très-fuave ; tes fruits font arrondis , à une feule loge qui renferme une petite graine ovale. •— Loc. On trouve cette plante dans hs bois. Lilio-Na?vCIssus. V. Lis de rAmérique. Limonier. — Syn. Limon , Limonia malus. LiNGUA cervina, F. Langue de bœuf. Liseron. — Syn. Convolvulus tindorius ," Bar, — Obf. Cette plante rend une couleur rouge. LiTouLou. V. Herbe quarrée. Lycopeksicon. F. Taumate. Lys de l'Amérique. — Syn. Lilio-Narciflus. Lysimachia hyffopi folia. K HylTope. M I MABItLOT. Maby. V. Patate; . Mahot.F. Cotonnier blanc, Cotonnier fîf- fleux, Mangle blanc. MADERAM-puUi. /^. Tamarin. Maïs. — Sy/z. Bled de Turquie, Bled d'EA pagne , Triticum Indicum , J. B. — Ord. clair. 15. fed. 5. gen. 4. Tournef. . . . claff. 21. I m il !, t i ù66 Es^Ai SUR l'Histoire naturelle Monoecia triandria , Li/i/z. .... famil. 7. leJ? ar bouquet au haiit des branches ; elles font très-petites , pourprées fur les bords , jaunâtres au milieu ; il leur fuccède des fruits à trois capfules aiïez femblables à ceux du Manioc blanc. — Loc. Cette plante croît au bord de la mer dans le fable. — Fin. On teurs du Journal encyclopédique, année I7^î , Tome I. du mois de Janvier , page 141 , que la Ca/Tave foit d'une âpreté très-défagréable au palais & au gofîer ^ & qu'elle redemié quelque ehofe de la qualité origineFle à\x Manioc ; ioin de laifTer quelque âpreté dans la bouche , elle eft fi fade & fi infipids , qu'on a d'abord bien de la peine à s'y accoutumer. I :zj2 Essai sur l'Histoire NATUfiELLE dit que fes feuilles pilées 3c appliquées furîeS vieux ulcères les détergent &; les guérifTenr en peu de temps. Manioc doux. — Sy/2. Camanioc. -— Uf. On fait cuire fes racines fous la braife , ou on les fait bouillir dans Peau ; elles n'ont rien de venimeux, & on les mange comme des patates. Manitambou. F. Sapotiller. Manlira. K Gayac. Mapou. F; Cotonnier mapou. Marayé. F. Langue de bœuf. Marigouia. — Sy/z. PalTiflora , PI. Mura- cuia, Mercoia", Car. Maronier. Matricaria. r". Abfynthe. Maurepasia. F. Acajou à planches'. Mayenne. F. Brehême. Mechoacan. — Syn. Polygonum fcandens. Rhubarbe blanche. MÉDEciNiER ( grand ). — Syn. Croton , Diojc. Ricinoïdes, Tourne/. Munduiguacu , Marcg. Pif, — Ori. claflf. 15. fed. 5. gen. G. Tourne/. . . . claff. 21. Monoecia monadelphia, Llnn...'. famil. 4J. les Tithymales , fed. 2. Adanf. — Ol/. S&s tiges ne s'élèvent guères qu'à dix ou douze pieds : elles font couver- tes d'une écorce grisâtre, liiïe; le bois efî: léger, blanc , fpongieux; les feuilles éch an- crées par la bafe en forme de coeur , divifées en cinq parties , terminées chacune par une pointe , d'un vcrd-foncé , épailfes , fans den- telure , de quatre à cinq pouces de diamè- itre , portées fur un pétiole arrondi , long de cin^ T «■ DE S AIN T-D O M ï N G Uîr. ^.fZ dnq à fix pouces : fes fruits font oblongs , prelque fphériques , d'abord verds , enfuite jaunes , par bouquet, attachés à un petit pé- duncule , divifés intérieurement en trois cap- fuies où l'on trouve autant d'amandes oblon- ques \ noirâtres en deffus , blanches en de- dans , partagées en deux lobes , d'un goût d'aveline. — Loc. Cet arbriileau vient éga- lement bien par-tout ; il fe plaît dans les lieux humides. — Vin. Ses feuilles font pur- gatives ; {es graines font vomitives : prifes en certaine quantité , elles caufent une fuperpur- gation très-dangereufe. Médecinier (petit). — Sy/z. Médecinier bâtard , Pignon dinde, Eravvai , Car. — OâJ^ Ses feuilles font luifantes ; fes, tiges beaucoup plus petites que celles du précédent. — Loc. Il croît également bien par-tout. F/n. Il purge doucement. Medica malus. F, Citronnier. Melia. F. Cyroyer. Melissa fœtida. V. MélilTe puante/ Melissa globularia. F. Mélifïe à bouton; Melissa quadrangularis. F. Herbe quarrée. _ Mélisse à bouton. — Sy/z. Meliffa giobula- ,îia , PI. Soufouraytin , Car. — Loc. Cette plante croît dans les Savannes Virt.ElÏQ efl pectorale. Mélisse puante. — Sy/?. MeîifTa fœtida , Véronique , Kouyary , Car. -^ Fin. Cette plante palTe pour hyflérique. Melon d'eau. Melon d'Efpagne. Melon de France, Melongene. F. Brehème. ^ S I' !i Û74 Essai sur l'Histoire naturelle Menekouy. F. Bois de couille. Mercoya. F. Marigouya , Liane à caiçons. MlCACOUlLLlER. Mil ( petit ) ordinaire. — Syn. Millium vul- gare. — Ord. claff. 15. feft. 3. gen. 6. Tour- nef^ . . . claff. 3. Triandria digynia, Li/zn famil. 7. les Gramens , Ada/ij; Mil (petit) d'Afrique. — Syn. Millium Africanum. . Mil ( petit ) à chandelle Sy/i. Panicum Indicum. Mille graine. F. Hyffope. Mimosa. F. Senfitive épineufe. Mirabilis. F. Jalap. Mitella tinftoria. F. Roucou. MoMORDicA. F. Pomme de merveille. MoNBiN franc. — Syn. Monbain , Mom- bin , Spondias, Lhm. Acaïa , Pif. Nametara , Marcg. Prunus Brafilienfis , Ray. Myrobala- nus, Sloa.— Ord. claff. 10. Decandria pen- taaynia, L'uin famil. 44. \ts Piftachiers, feâ. I. Adanj: — Ohf. QJ^^ un grand arbre affez femblabîe par fon port au Frêne d'Eu- rope. Son tronc eft fort gros & tres-éleve ; fon écorce raboteufe , grife en dehors, rouge en dedans, gommeufe, & de bonne odeur; fon bois blanc , fort tendre ; its feuilles con- juguées, difpofées deux à deux fur une côte au nombre d'onze ou treize , qu'une feule feuille termine , minces , d'un verd-^ai , d en- viron trois pouces de longueur , de deux pou- ces dans leur plus grande largeur , ovales , arrondies par la bafe , terminées au fommet par une pointe mouffe , fans dentelure ; fcs fleurs croiffent à l'extrémité des rameaux ; DE Saint-Domingue. 275* elles font en rofc , compofées de cinq péta- les blancs , oblongs , pointus , d'une odeur douce. Le centre eft occupé par dix étami- nes , qui environnent plufîeurs flils pofes fur l'ovaire , lequel devient une baie ovoïde , jaune , d'environ un pouce & demi de lon- gueur , d'un pouce de largeur , fucculente , d'une odeur forte , aromatique. L'on trouve au milieu un gros noyau , qui renferme qua- tre amandes féparées par des cloifons. — Loc, Cet arbre fe trouve par-tout , foit en plaine , foit dans \&s mornes. — ^.' L'on fait avec îa pulpe des fruits une marmelade fort agréa- ble , qui a le goût de railiné. — Vin. Tou- tes les parties de cet arbre font aftringente^ fes bourgeons font regardés comme ophtal- miques ; fes fruits comme anti-dyffentériques : fes noyaux paiTent pour vénéneux. MoNKiN bâtard , Monbin maron. — Obf. Sts feuilles font difpofées deux à deux , comme dans le précédent , mais elles font plus étroi- tes ; (es fruits rouffeâtres : dans tout le reiîe , il reflemble au précédent. Mop,.ELLE. V. Laman. MoKiNDA. V. Roioc. MouzAMBAÏ. F. Kaia. MucuNA. F. Liane à Cacone , Pois à gratter. MuNDUYGUAcu. F. Médccihier ( grand ). Mûrier. MuRucuÏA. /^. Marigouiâ. Musa. F. Bananier. ■ Myrtus arbor. F". Bois d'Inde. Si] 27^ Essai suk l'Histoire naturelle N a-coRANA. r. Pois à gratter. Nametara. F. Monbin. Nâna. V. Ananas épineux. Nénuphar. — Syn. Agnapé , Nymphsea Americana , PI • Nerium arboreum. F. Franchipanier. , Nexiquen. F. Pomme de merveille. . Nhandikoba. V. Liane à contre-poifon. NiGOTiANE. — Syn. Nicotiana , Toumef. Tabsic , Youly , Car. ^ NoîSETTiER. — Obf. Je ne connois point d'Auteur qui ait donné la defcription de cet arbre ; je ne crois pas qu'on puiiie le rappor- ter à quelqu'une des plantes connues , ni fe difpenfer d'en faire un nouveau genre. Sa ra- PtANcHEcine (/^.^.)eft fibreufe , pivotante ; répider- I \ me qui la couvre ,' d'un brun-fombre ; 1 enve- loppe cellulaire rougeâtre ; le liber blanc ; le ,bor5 filandreux , aqueux , blanc , fans odeur ni faveur. L'arbre s'élève jufqu'à 40 pieds^ & davantage ; fon tronc alors a quatre ou cinq pieds de' circonférence; il efl droit ,. couvert d'une épidémie mince, grisâtre-, remplie de -tubercules- & de callofités : l'enveloppe cel- lulaire verte , ^aifante , aqueufe , gluante , d'une odeur un peu forte , d'un goût acre ; 3e liber jaunâtre , gluant , vifqueux , de m.êir.e odeur & de mêm.e faveur que l'enveloppe cellulaire.; le bois tendre , fendant, vifqueux, blanc. Le centre des branches & du tronc eft occupé par une moelle tendre, gluante, blanche , qui rougit à l'air. Le corps de Tar- T DE S A I N T - D O M I N G U F.. 277 bre pouiTe pîufieurs branches à fon fommec, qui fe fubdivifent en pîufieurs autres bran- ches minces , tortueufes , caffantes. Les feuiK les croifient par bouquet aux extrémités ; elles font faites en cœur \fig- 7. ) ? échan crées par la bafe , légèrement finuées dans leur con- tour , fans dentelure , arrondies au fommet j \ç:s plus grandes ont neuf à dix pouces de longueur , & environ fept pouces dans leur plus grande largeur, d'un verd-pâle , velou- tées , garnies en deffous d'une côte faillante» de groffes nervures , & de ^bres difpofées en rézeau , liiTes , d'un verd-foncé en dellus , épaiiïes , bien nourries , gluantes , d'un goût fade , portées fur un pétiole arrondi , plus ou moins long , à l'extrémité duquel on voie fur les côtés deux petites glandes hémifphéri- ques, luifantes : elles naifïent après Its fleurs, lorfque les fruits commencent à fe former. Les fleurs font rangées le long d'une grappe- ou pannicule qui a communément deux pieds de longueur {jig. 2. ). Au commencement elle ed droite , peu à peu elle s'incline , & devient enfin pendante. Chaque grappe porte plus de 200 petits boutons, diipofés par bouquets étages. Les uns s'épanouifi^ent en fleurs, les autres font les embryons des fruits. Chaque bouquet croît des aiffelles d'une follicule mince» alongée, traverfée dans fa longueur par un petit filet ; elle fe replie en pîufieurs fens fur ÏQS bouquets , & femble deflinée à protéger les boutons qui \ts compofent ; ils ont befoin de l'être, car un rien les fait tomber {*) 5 C^) Les fleurs repréfentées dans ia féconde figme fone S iîi S78 Essai SUR l'Histoire NATURELLE les fleurs (J%. 2. ^*" )font verdàtresjfans odeur, fans corolle ; le, calice eft compofé de cinq feuilles dont deux font alongées, pointues & rabattues en dehors ; les trois autres font obtufes , creufées en cuiller ; le centre eft occupé par quatre étamines réunies par la bafe ; les anthères font triangulaires , d'un rouge-pâle appliquées les unes contre les autres, & forment un triangle. Toutes ces fleurs tombent après avoir rempli le vœu de la nature qui eft de féconder les jeunes fruits. Ceux-ci font oblongs & verd. On apper- çoit à leur fommet un petit trou par où s'in- fmue fans doute la pouffière prolifique des étamines ; il fe ferme à mefure que le fruit groffit. Plufieurs avortent & tombent à terre; il en refte ordinairement cinq ou fix fur cha- que grappe qui groffiffent en peu detemps- Quand ils font mûrs (/^.3."), ils ont affez la forme d'une noix de France revêtue de fop enveloppe ; ils ont alors environ un pouce & demi de diamètre. Le pédicule qui les porte eft crochu, long d'un pouce. Ces fruits font couverts d'une p^'ellicule mince , verds , extérieurement tachetés de^ gris , d'une fubf- tance verdâtre , molaffe, vifqueufe, acerbe, qui enveloppe une capfule ligneufe , à trois loges qui s'ouvrent chacune 0%. 4. ) en deux valves, & qui contiennent une noix fphérique médiocrement dure , dans laquelle eft ren- fermée une amande (j%. 5. ) pareillement forcées ; la figure x^ * les repréfente dans leur grandeur naturelle. T DE Saint-Domingue. 279 fphérique, légèrement étranglée par un filloa circulaire , & laiflant appercevoir une petite cavité dans fon centre, [fig 6. ) Cette amande eft recouverte d'une pellicule extrêmement iî.ie , argentine «Se comme foyeufe, & du goût de l'aveline. — Loc. Cet arbre n'eft pas com- mun; il croît dans les mornes ôc en plaine. — Uf. On en mange les fruits qui*font auffi bons étant frais que les meilleures avelines de France,- mais ils ranciflent en vieillilTant. Noix de médecine. Noix de ferpent. Nopal. F. Raquette. NoYEPv. — Où/i C'ell: un grand arbre donc le tronc eft cendré, gros & afîez femblable au Noyer d'Europe. Ses feuilles relTemblent à celles du frêne ; fes fleurs blanchâtres & en épis ; (es fruits ridés , ligneux , arrondis , poin- tus au fommet , applatis à la bafe , chambrés en dedans , Se renferment une amande qui fuie les finuoiltés de la coque qui eft très-épaif- fe , très-dure , & qui ne fe divife point en deux parties comme les noix de France, dont elles approchent par leur forme & leur goût. — * Lac. On trouve cet arbre dans les mornes, où il n'eft cependant pas commun. NYMPHiEA Americana. F". Nénuphar, O OcYMUM. F. Bafilic. OcYMUM maximum. K Sariette ( grande). Œil de chat. F. Pois queniques. (EUILLET-ROSE. Oldenlandia. K. Hyffope. SW ogo Essai sur l'Hïstoîre naturelle Olivier bâtard. — Obf. C'eft un afbre d'unâ médiocre grandeur ; fon écorce eft cendrée ; ÏQ^ feuilles oblongues, oppofées deux à deux fur M^ ramilles qui font toujours terminées par une paire de feuilles, d'un verd-foncé en_ deffus, blanchâtres, îuifantes en deffous , fans dentelures, ni nervures apparentes, épailTes , divifées en deux parties égales par une côte qui a pour bafe un petit pédicule, longues de 2 pouces & demi , larges de quatre à cinq lignes. — Loc. Je n'en ai vu qu'un dans la plaine de Léogane fur Thabitation de M. Mithon ; on n'y avoit encore remarqué ni fleurs ni fruits j il y en a probablement d'autres ailleurs. Opuntia. V. Raquette. Oranger doux. — Syn. Aurantium dulce. — Ord. clair, 21. feâ. 6. gen. i. Tourne/. . , . clafT. 18. Polyadelphia icofandria, Li/in. . . . famil. 44,. les Piflachiers, feft. 2. Adanf. — ■ Loc. On le trouve par-tout , foit dans les mornes, foit en plaine. Oranger de la Chine. — Syn. Aurantium Chinenfe dulcius. Oranger fauvage à fruits aigres. — Syn^ Aurantium acri meduî'â. Oranger, fauvage à fruits amers, — Syn, Anrantium medullâ amarâ. Orellana. V- Rouçou, Ob.me. F. Bois d'Orme. OR.0BUS fcandens. V, Liane à regîilTe. Ortie en arbriffçau. — Syn. Urtica fru- tefcens, Oryza. F. Riz. Oryza Americarîa. ^. Herbe de cofîe. Oseille de Saint-Domingue. — « Syn. Oyx;5 lutea. DE Saint-Domingue. 2S1 Oseille de Guinée rouge. — Syn. Ketmia Africana rubra, P/, -- Ord. claff. i. fed. 5. o-en. 5. Tournef... clail 16. Monadelphia polyandria , Luin. , . . famil. 50. hs Mauves , feft., 2. Ada/ij: Cette plante ainfi que la fui- vante appartient à la claffe des Malvacées. — Où/. Elle eft annuelle & s'élève jufqu'à fix ou fept pieds ; fa racine eft chevelue , pi- votante , coriaffe , grisâtre en dehors , blan- che en dedans , noirâtre au centre , fans odeur ni faveur;- fa tige iigneufe , tortueufe , rameufe ; Fépiderme rouge , raboteufe ; Fé- corce moyenne, verdâtre ; le liber blanc; le bois blanc , fendant : l'on trouve au centre une moelle verdâtre , remplie d'un fuc acide, fans odeur ; fes branches font longues , plian- tes , le long defquelles naifîes les feuilles : elles font digitées (Jig. 2.) en trois parties oblongues , pointues , dentelées , d'un verd- gai 5 fans odeur, d'un goût acide , attachées k un pétiole auffi long que la feuille , qui efl d'environ quatre pouces 5 chaque divifion a un pouce dans fa plus grande largeur. Avant leur développement (/^. i. ) ? elles font pliées en dedans , droites fur leur pétiole , & ne s'inclinent vers la terre que lorfqu'elles font parfaitement développées. Les fleurs ifig.y-) naiflent f^ts aiffelles des feuilles ; elles font monopétales , en forme de cloche , fendues jufqti'à la bafe en cinq quartiers , d'un rouge- clair , arrondies au fommet , de quatorze à quinze lignes de longueur , enveloppées d'un calice découpé jufqu'à moitié en cinq par- ties pointues. Ce calice eft porté fur un fé- cond calice q^ui eft attaché a un petit pédi-î PtAKCHB III, zS2 Essai sur l'Histoire naturelle cule , & découpé en treize ou quatorze par- ties rougeâtres , pointues. Le centre de la jBeur, qui eft d'un rouge-vif, eft occupé par un piftil terminé par cinq ftigmates fphéri- ques ; il eft environné de pluiieurs étamines dont les anthères font jaunes. Quand la corolle eft flétrie, le calice in- térieur (Jig. 4. ) s'alonge , devient épais , d'un rouge-foncé , charnu , d'un goût acide , & acquiert en peu de temps jufqu'à un pouce de diamètre par la bafe , & un pouce & demi de hauteur. Le piftil fe change en un fruit fec , divifé en cinq loges, qui font compo- fées chacune de trois lames fort minces , ob- longues , hériftecs en dehors de poils très- fins & piquants , liftes en dedans. Chaque fruit contient une trentaine de femences ( Jig, j. ) grifes , groffes comme une graine de rave , en forme de petit rein. — Loc. Cette plante vient par-tout. — Uf. Le calice . inté- rieur fe mange en confiture, & on remploie, ainfi que les feuilles , dans les cuifines à la place de l'ofeilîe oïdinaire. — Vin. On re- garde cette plante comme émoHiente , rafraî- chiffante. Oseille de Guinée blanche. — Syn. Ket- mia Africana candida. — Ol?f. Celte plante eft diftinguée de la précédente par les caraftères fuivans. 1°. Sa racine eft blanche en dehors , grifàtre en dedans. 2°. L'épiderme qui cou- vre la tige eft verd. 3°. Les feuilles (Jig. 6.) font divifées en cinq parties alon gées , d'un, verd-tendre, repréfentant une main ouverte. 4°. Les fleurs font d'un jaune clair , le centre d'un jaune foncé ; le calice intérieur verdà- T t£ D E s A I N T - D O M I N G U ï?. 28f tre , moixis acerbe que celui de i'OfeilIe de Guinée rouge •• le fécond calice eft découpé en plufieurs parties pointues, d'un verd-foncé. 5°. Les graines renfermées dans le fruit font plus petites , & iufqu'au nombre de quarante. Dans tout le refte, cette plante eft femblable à la précédente. GuALLouHouMEROU. F. Saugc puautc. OuANDOU. V. Pois d'Angole. OucYAoux. V. Langue de boeuf. OuLEBOUHOU. r. Kinkina faux. OuLEOUMELÉ. V- Laman. ^ OuLiERA. V. Raifinier du bord de la mer. OuROUANKLE- V. Bois laitcux franc. OuRiAGON. F. Piment. GuYLTARAouA. V. Scnfitivc épineufe. OxYs lutea.- V. Ofeille de Saint-Domingue. Pain d'épice. . . Palétuvier rouge.— Syn. Palétuvier vio- let, Colette fou. — Obf. CVÎ un grand arbre, dont le tronc s'élève affez haut, & répand beaucoup de branches, dont quelques-unes fe replient vers la terre, y prennent racine, & produifent de nouveaux rbres ; fon écorce eft brune ; fes feuilles ovales, larges dun pouce & dem-i , longues de trois à quatre pou- ces, luifantes, fans dentelure, marquées fuc les bords de petits points noirs, faïUants tant en deflus qu'en deiïbus , divifées^ en deux parties égales par une côte rougeâtre , a la- quelle aboutiffent des nervures très-minces, d'un verd - fombre , portées fur un petit pédicule rougeâtre. ^Qs fleurs font en grappe , ià^^- Essai sur l'Histoire naturelle blanchâtres ; fes fruits larges , applatis ^ rou- geâtres, dont les perroquets font fort avides. — Lac. Cet arbre croît dans hs lagons & à l'embouchure des rivières. -^ Uf. Son écorcc fert à tanner les cuirs, & donne une couleur, violette. Palétuvier jaune. — Odf. Sa. feuille ell pointue par les deux extrémités, fans dente- lure , di vifée par une côte jaunâtre , à laquelle aboutiflent des nervures très - apparentes. — Loc, Il croît au bord de la mer Ôc dans les lagons. Palétuvier à feuilles epaijGTes. — O/f. Ses feuilles font obîongues, fermes , pointues par les deux extrémités , divifées par une côte fail- lante, rougeâtres, auxquelles aboutiffent de petites nervures : dans tout le refte il con- vient avec le Palétuvier rouge. Palétuvier de montagne.— Où/. Sa tige efl: droite , revêtue d'une écorce brune , grife , peu crevaiTée , très-épaiffe ; fon bois blan- châtre , folide ; {es feuilles ovales , d'un verd- fombre en deffus , blanchâtres en deffous ; fes fleurs blanches ; il leur fuccède des baies ron- des , blanches , pointues , remplies de peti- tes graines très-rouges. — Loc. On le trouve dans les mornes. ~ l/f. Son bois efî employé pour faire des combles aux maifons. Palétuvier violet, y. Palétuvier rouge. ^ Palma chrifli. — Syn. V'ignon d'Inde, Ri- cinus frutefcens , Liamaheu , Cara'ib. — Loc^ C'eit une plante annuelle qui croît par-tout» PAlma dadylifera. V. Dattier. Palma humilis. V. Bananier. , Tax-ma JUdiça coççifçra, V* Cocotier. ï)E Saint-Domingue. :iSf Palmiste. ■ — Sy/z. Palma major, Areca , Jacq. — O/if. On en^iftingue à Saint-Do- mingue cinq efpèces , qu'on appelle Palniijie Jranc, Palmijie à chapelets ou à crocro ^ Pal- Jiiljie épineux , Palinijle à hiùle, PalniLJie à vin. — Loc. Lq franc (q trouve en plaine 5 ies autres ne croiffent que dans les mornes. — Uf, Ses feuilles fervent à couvrir les cafés ; on en fait auffi des corbeilles, des nattes , des balais & quantité d'autres ouvrages. L'on mange le fommet de la -tige qui le nomme c/ioiix^pal/mjie ; fon bois eft employé dans les bâtimens; il dure long-temps, pourvu qu'il ait été coupé dans fa maturité , ôc qu'on le place à l'abri de la pluie. - Panicum Indicum.7^. Petit Mil à chandelle. Papayer. — Syn. Carîca ^ Ababaye , Car, Papaya, Hort. Mal. — Ord. claff. 22. Dioecia decandria, Luin.... famil. 4,^. les Tithyma- Jes, fed. 2. Adanf. — Ôbf. On en diftingue deux efpèces , le mâle & la femelle. Le Pa- payer mâle s'élève à la hauteur de quinze à vingt pieds. Sa racine eft pivotante, blan- châtre , aqueufe, d'une odeur & d'une faveur défagréable ; fa tige eft nue , d'environ un pied de diamètre , pleine & folide vers la bafe, creufe par en-haut , divifée intérieure- ,ment par des cloifons charnues & blanchâ- tres; fon écorce moyenne eft épaiiTe , ver- dâtre , revêtue d'une' pellicule cendrée ; {qs feuilles font partagées en cinq , fept ou neuf lanières qui font elles-mêmes profondément découpées , fans dentelure ; chaque décou- pure eft terminée en pointe. Ces feuilles font d'un verd-foncd en defîus, pâles eadelTous, M 285 Essai sur l'Histoire naturelle tendres, lilTes, de dix-huit à vingt pouces de diamètre , portées fur des pétioles longs de deux à trois pieds , creux , verdâtres. Les fleurs font compofées d"'un calice monophylle , di- vifé en cinq parties oblongues, d'une corolle monopétale, divifée jufqu^a la bafe en iix feuilles blanchâtres , d'une odeur douce , atta- chées jufqu'au nombre de foixante fur un pé- dicule grêle, flexible, long de deux à trois pieds , portées fur un petit calice d'un verd- îbncé. Le centre efl occupé par dix étami- nes dont les anthères font oblongs & jaunâ- tres ; ces fleurs n'ont pas de piftil ; lorfqu'el- les ont répandu leur pouflTière fécondante, elles tombent , & ne laiifent après elles aucun fruit. Le Papayer femelle s'élève autant que le précédent, & il lui efl; tout-à-fait femblable par fa racine, fon tronc & iti feuilles. Ses fleurs croifl"ent immédiatement fur la tige , elles font à cinq pétales blancs, d'une odeur fuave , pointues , environnées d'un calice à cinq pointes qui efl; porté fur un pédicule très-court. L'ovaire occupe le milieu de îa corolle , il porte un flil terminé par cinq flig- mates & devient un fruit afl^ez femblable à un melon , couvert dans fa maturité d'une écorce jaunâtre , divifé en plufieurs côtes , jaune en dedans, rempli d'une pulpe fuccu- lente , d'une faveur douce , d'une odeur aro- matique. L'on trouve au milieu une grande cavité formant une efpèce de pentagone oblong , remplie d'une fubflance fongueufe & de cinq rangées de graines ovoïdes, rudes, noirâtres, canelées , enveloppées féparément 1 DE V^AINT-DOMINGUE. 28"^ dans une membrane blanchâtre , tranfparente. — Loc. Cet arbre croît par-tout. — UJ'. 'Sits fruits fe mangent cruds comme ]es meîons, ou confits. On en fait i\ç,^ envois en France. Parkinsonia. V. Genêt épineux. Passifloka. V. Granadille, Liane àcaîçon, Marigouia. Patagon. — Syii. Valeriana humilis, PI, Patate. — Syn. Batate, Battata, Maby, Car. Convoi vulus. — Ord. clafT. i. fed. 3. gen. 4. Tourntf. . . . clafT. 5. Pentandria mo- nogynia , Li/z/i famil. 27. les Perfonées, fed. 4, Adanj: — Obf. On en diilingue fix efpèces ; favoir , Patates blanches à groffes racines, dites â gros bois\ Patates blanches, moins groïïes , dites Patates fuif\ Patates vio- lettes en dehors & en dedans ; Patates jaunes à feuilles luifantes ; Patates d'un jaune d'a- bricot , dites de Samaiia, — Vf. Les tiges fe donnent, aux chevaux , & fe nomment bois patate ; elles leur tiennent lieu de fourrage ; Xç^i racines font la nourriture ordinaire àe^ Nègres. Paullinia fcandens. V. Liane à fcie. Payomariba. V. Caneticier fauvage. - Pelé. V, Bois d'ortie. Pejriclimenum. V. Sanguine. Periploca. V. Corde à violon. Perroquet, efpèce de gui. Persea. V. Avocatier. Pétard. V. Bois de conilîe. Petiyeria- fœtida. V. Verveine puante, Phaseolus Brafilianus. F". Liane à cacone. Phaseolus hirfutus. V Pois à gratter. Phytolacca Americana. V, Epinards épi- neux. si >-!^ 2SS Essai SUR LWsTOIRENATURÊLtS Pignon d'Inde. /^. Palma chrifti. Pignon d'Inde à petites feuilles de châta^ •■nier. Piment. — Sy/i. Poivre d'Inde , Capficum , Tournef. Quyo , Onryagon, Boëmin , Aty , Aryamucha , Car. - Ori. clalT. 2. fed. 6. gen. 5. Tournef .... oX'a.'^. 5. Pentandria.monogy- nia, Linn . . . famiil. 2H. les Solanum. Adanf. — Obf, On en diftingue plufîeurs efpèces, qui font : le gros Piment , dont le fruit eft alongé ; le Panent à chien , qui eft applati ; le Piment cabrit ou Piment doux , en forme d'olive ; le petit piment enragé , qm eïï rouge & alongé; Je piment à oiJèa.u , dont la graine eft arron- die & petite, -r- Loc. On les trouve par-tout, i— Uf. On en affaifonne les ragoûts. Pin, Pinus. Pin AS. V. Ananas épineux. ' Pingouin. V. Ananas maron. PiNPiNicHY. F. Bois laiteux bâtard. Pistache àts Ifles. — Syn. Arachi^na , 'pi. — Loc. Cette plante croît par-tout. — Vf. On en mange les fruits grillés. PisTACiA. ^. Gommier. PiTTE. V. Aloës pitte. PiTTONiA. V. Chiques. Plumbago. V. Herbe au diable. Plumeria. 1^. Franchipanier. Plutevoïdes. V. Balais doux. PoiNCiLLADE.— i'jv^. Flcur dc Paradis , Poînciana,Zi///2. Caffia , ^ de neuf à dix pouces de largeur, de ïept à huit pou- ces de longueur , d'un verd-foncé en delïus , pâle en deffous , fans dentelure , portées fur un pétiole alfez gros , rougeatre , court dont le prolongement forme une côte fail- îante qui s'étend jufqu'au fommet de la feuille, & fe divife en plufieurs nervures rougcâtres. Des aiffeltes àés feuilles s'élève une panni- çule pyramidale , aiTez femblable à une grappe de raifîn, longue defept à huit pouces, com- pofée de foixante à foixante-dix fleurs à éta- mines. Elles font petites , blanchâtres , d'une odeur fuave, portées fur de petits pédicules. Les étàmines font très-déliées , au nombre de huiCj rangées autour du piftil qui efl terminé Il 300 Essai sur l'Histoire naturelle par trois ftigmates. L'ovaire devient une baie qui dans fa maturité efî molle , fphérique, de couleur pourprée , couverte de petites gouttes de rofée , fucculente , d'un goût ai« grelet. On trouve au milieu un gros noyau dur, ligneux , cannelé , ovale, qui renferme une amande amère. — Loc. Il croît par-tout fur le rivage de la mer , & quelquefois dans îes montagnes où il a été peut-être tranf- planté. — Uf. Son bois eft employé dans quel- ques ouvrages de charronage. — Vïn. Ses fruits paiTent pour anti-dyfentériques ; pn fc fert aufTi de i^s racines dans les tifanes af- tringentes. Raisinier de montagne. — Obf. Sa tige efl droite , fon écorce liife , affez femblable à cel- le des Goyaviers ; fon bois rougeâtre , tendre & léger; fes feuilles oblongues , d'un pied de longueur & d'un demi-pied dans leur plus grande largeur , arrondies à la bafe , termi- nées au fommet par une pointe mouffe,fans dentelure, liffes, d'un verd commun, portées fur un pétiole court, affez gros , qui en fe prolongeant le long de la feuille forme une côte faillante qui la divife jufqu'au fommec en deux parties égales; de grojGTes nervures obliques & faillantes ont pour bafe cette côte, & fe joignent à leur fommet par différens contours. Sqs fleurs font à étamines , ;verdâ- tres, en épi pyramidal , & deviennent un petit fruit en grappe , aigrelet , noir dans fa ma- turité, fphérique , d'environ deux lignes de diamètre. On trouve au milieu un noyau cannelé affez femblable aux pépins du raifin d'Europe. •*- Loc. Cet arbre ne croît que dans DE S A î N T-D O MINGU E. ^Of ïes mornes. — Vf. On en mange les fruits gui font rafraîchilfans & plaifent aux Créoles. Raisin 1ER de coudre. — Syn. Coccoloba nivea, Jacci. — Obf. Ceft un arbre de moyenne grandeur. Sa tige efl: droite & fe divife en pîufieurs rameaux très-droits ; {ç.s feuilles oblongues , fans dentelure , alternativement pofées; fa fleur jaunâtre, à laquelle fuccède un fruit blanchâtre qui ne couvre que la moi- tié du noyau , l'autre moitié reftant à nud. — Vf. On en mange les fruits avec plaifir. Rajania fcandens. F". Liane mince. Rapunculus aquaticus. V- Quedec. Raquête. — Syn. Nopal , Opuntia , Toar- nef. Caftus , L'uin. Ficus Indica , C. B. Batta , Cardib. — Ori. claif. 6. fed. 2. gen. 4. Toar- nef . . . claJT. 12. Icofandria monogynia , Linn.. famil. 32. les Pourpiers, fed. i. Adanf. — Loc. Cette plante eft fort commune par-tout ; elle aime les endroits arides & fablonneux. — Vf. On en mange les fruits. — Vin. Sts feuil- les font émollientes & fuppuratives, Rauvolfia ladefcens. V. Bois laiteux franc. Reglisse. V. Liane à regîiffe. Beremouly. V. Liane à grifFe-de-chat. Rhamnus arboreus. V. Bois couleuvre. 'Rhizophora. F". Manglier rouge. Bhubarbe blanche. V. Mechoâcan. Rhubarbe ( faulTe ). F". Roioc. RiciNoiDEs. V- Médecinier, Sauge du Port- de-Paix. RiciNus frutefcens. V. Palma chrifti. R1VERIA major fcandens. V. Liane à barrl- :giie. 302 Essai sur l'Histoire NATURttLf RiviNA major. V, Herbe à Charpentier de Saint-Domingue. Riz. -^ Syn. Oryza. — cîaff. i j, fed; 3. gen. 4. Tourne/. . . . clafT. 6. Hexandria digynia , Li/m. ... famil. 7. les Gramens , fed. 6. Adanf. Roioc. •— Syn. Fauffe Rhubarbe , Morinda. ^ Uf. ^ts racines teignent en couleur fauve & jaune. Romarin ( faux ). -^ Syn. Thymaelea. -— Obf. Cette plante a le port du Romarin , mais elle n'en a point le caradère. ce Sqs fleurs , s> dit M. De/portes , font monopetales , en 3î entonnoir , petites , blanches. 11 leur fuc- 9> cède dts fruits ovales , pleins de fuc, qui 9ï contiennent une femence oblongue. s> — F'/r/. Elle pafTe pour peftorale. Ronce de l'Amérique. Roseau. — Syn. Arundo , Jacapé , Caraib. Rosier de Jéricho. Rosier maron rouge. — Obf. Sa racine eft fibreufe , pivotante ; fes tiges grêles , tendres , grisâtres , un peu crevafTées ; fes branches droites , alternes j fes feuilles alongées , d'un pouce & demi de longueur , de fept à huic lignes dans leur plus grande largeur , poin- tues , veloutées , finement dentelées , d'un verd-fombre ; fes fleurs naiffent des aifîelles des feuilles, elles font petites, de couleur de rofe , fans odeur , en grand nombre ; il leur fuccède un fruit arrondi , oblong , velouté , d'un verd fombre , qui s'ouvre dans fa maturit;é en trois portions 1 faites en cuillers , de cou- leur de feu en dedans. L'on voit au centre de petites graines grisâtres , couvertes d\iRe DE $AIN T-DOMINGUË. 3Q5 fubftance jaunâtre , d'une faveur douce , adhé- rentes à un corps de forme pyramidale. Cet arbrilTeau eft en même temps chargé de fieurs ôc de fruits , ce qui le rend très-agréable à la vue. -r— Loc, II croît dans les mornes, on le trouve dans les lieux incultes & arides. Rosier maron jaune. — Obf. II ne diffère du précédent qu'en ce que fes fleurs font jau- nâtres; {es fruits d'un jaune foncé en dedans, & beaucoup plus gros que dans le précédent. — Loc. On le trouve auffi dans les mornes. RoQCou. — Sy/2. Oreîlana, Herm. Urucu , Pif. Daburi , Ou/: Achiotl , Her/i. Arbor Mexi- cana coccifera , C. B. Ray , Jonjl. Bixa , Ov'ied. Mitelja tincloria , Tourne/. Boerh, Arbor finium regundorum , Scalig, Arnotto , Dalec. »— Ord, claif. 5. fed. 3. gen. i. Tourne/.. . claff. 13. Polyandria monogynia , Linn. , . famil. 4 les Tilleuls , fed. i. Adanf. — Obf. Sa tige ne s'élève qu'à douze ou quinze pieds ; (ts feuil- les font eordiformes , pointues au fommet , fans dentelure , minces , de quatre à cinq pou- ces de longueur , d'environ trois pouces & demi dans leur plus grande largeur, portées fur de longs pétioles, difpofées alternative- ment fur les ramilles, d'un verd-clair , WSes, luifantes; les fleurs naiffent par bouquet au fommet des br^inches ; il leur fuccède des càpfules arrondies , d'environ un pouce de dia- mètre , quelquefois pointues , brunes , cou- vertes de petites épines qui ne piquent point , s'ouvrant en deux parties égales , & renfer?- mant des petites graines ridées , de la grof- feur des graines de Coriandre , couvertes d'une pulpe rQUge, attachées à un placenta '«■ ^04 ^ Kj^ Essai sur l'Histoîre NATURÈttE oblong. — Loc. Cet arbre fe trouve par-totit. . — Uj: On emploie dans les teintures là pulpe de fes graines. Les Nègres Se quelques habi- tans en mêlent la graine dans leurs ragoiits : les Caraïbes s'en barbouilloient le corps 8c en teignoient leurs hamacs. — Fin. On la regarde comme rafraîchiilante , aftringente , anti-dyfentérique. RuELLiA, F^. Coccis. Sablier. Sacra malon. f^. Epinards grands. Salse-pareille. —Sy/i. Smilax affinis Sal- faparillîie, Rai. Sanglan. Sanguine. — ■ Syn. Periclimenum. Sapotier. — Ord. claiT. 20. fed. i. Tour- nef. . . clafT. 6. Hexandria monogynia , Linn.., famil. 22. les Airelles , fed. 3. Adanf. ~ Objl C'eft un grand arbre , fort branchu ; fon écor- ce eft rouiïeâtre & laiteufe ; {q,^ feuilles ob- longues; fes fleurs monopétales, en tuyau découpé , aflez femblables à celles du Sapo- tiller , ainfi que les fruits , qui font cepen- dant beaucoup plus gros , & qui ne renfer- ment affez communément qu'une amande groffe , alongée , brune , luifante , échancréc d'un côté, d'un odeur & d'un goût d'amande amère. — Loc.}t n'en ai vu que dans quel- ques habitations du Fond-des-Nlgres. — Uf. On mange fes fruits. — Fin.Sts graines font apéritives. Sapotiller. — • Sy/2. Acliras , Linn. Sapota, ■ /Y. i3fe Saint-Domingue. 30^ PI Manitambon , Car. — Ord. comme le Sa- potier. - Oùj: C'efl un grand arbre qui s'é- lève jufquà 30 à 40 pieds ; fa racine eft pivo- tante, chevelue; l'épiderme d'un brun-fom- bre; Pe'corce moyenne rougeâtre ; le IJbei: blanc, d'un goût acre, rempli d'un fuc lai- teux & gluant ; le bois blanc , filandreux ; le corps de l'arbre droit, fort rameux, couvert d'une épiderme cre vallée , rude , noirâtre ; l'enveloppe cellulaire verte ; le liber fem- blable à celui des racines ; le bois blanc , ftn- dant.Les branches font tantôt alternes, tan-^ tôt oppofées, longues, pendantes, repréfen- tant par en-bas une efpèce de calote , dix centre de laquelle s'éJèvQ un jet fort droit alTez élevé , dont le foramet forme un bou- quet arrondi ; les feuilles naiïfent aux extré- mités des ramilles, elles font longues de trois à quatre pouces, larges de douze à quinze li- gnes , liffes, luifantes , fans dentelure , d'un verd-foncé en deffus , pâle en deifous, très- veinées , remplies d'un fuc laiteux,, gluant & acre , pointues aux deux extrêinités , difpo- fées par bouquet , jufqu'au nombre de douze ou quinze , portées fur un pétiole long d'un demi-pouce, dont le prolongement forme une côte faillante qui divife la feuille en deïix parties égales , & qui fert de bafe à plufieurs nervures fort déliées , prefque droites Se pa- rallèles. Les fleurs croifTent au centre des bouquets fur un pédicule de fix lignes de longueur, au nombre de cinq à fîx enfembîe ; la corolle eft monopétale , en tuyau découpé jufqu'au milieu en douze parties égales , de Quatre à mm 006 Essai sur l'Histoire naturelle cinq li'^^nes de longueur fur prefqu'autant de , îaj-îeur'', garnie de fix ctanimes , dont les an- thères font brunes , renfermées dans un ca- lice compofé de fix feuilles alongées , con- vexes en deifus , concaves en dedans , d un verd-tendre, légèrement couvertes d'un ve- louté brun. Le piftil eft placé au milieu des étamines, & devient une baie ovoïde ou fphe- rique, couverte d'une pellicule griie, rude, plus ou moins crevailee- Quand elle n^eft pas mûre, fa chair eft verdâtre , d'un goût fort acre & défapréable ; mais dans fa maturité , elle eft rougeâtre , délicieufe , rafraîchifl"ante , remplie d'une infinité' de petites veines qui contiennent un fuc laiteux , doux Ôc gluant. Le centre du fruit eft occupé par plufieurs pépins oblongs , jufqu'au nombre de dix : ils îbnt alongés , arrondis par un bout , ou 1 on apperçoit quelquefois une petite epine ; poin- tus par l'autre extrémité, echancres fin le bord qui eft tourné vers le centre du fruit , applatis , revêtus d'une écorce hgneufe , noire, dure , cafl-ante ; elle renferme une amande fort amère ,^ blanche, couverte dune pelli- cule blanchâtre. j r .m On diftingue plufieurs efpeces de Sapoti!- îer , qu'on peut réduire à quatre , favoir , a fruits oblongs &: ovoïdes; a fruits oblongs & p-onfles au fommet ; à fruits ronds, dont le fon-.met & la bafefont applatis; a fruits ronas, donr le fommet eft pointu, la bafé applatie. ^ Loc -Cet arbre fe trouve par~tout. -- ^y. On en man.ae les fruits qui_ font préférables à tous les aSt.es de PAménque. - Fm Ses graines font tiès-apéncives ; on en lait des BE Saint-Do MI NGU F, ^07 émiiliîons rafraîchilTances, en ks mêlant avec «^ueJques amandes douces d'Europe. Sapotiller maron. F Balatàs Sariette ( grande ). - Syn. Ocymum- raaximum. ■' , Sariette (petite). ^ Syn. Bidens Ame- ricanum. Sassafras. Sauge (grande). ^ Syn, Conyza major. — Loc. Elle croît dans hs lïtux marécaeeux. —^ Vin. On la regarde comme pedora^. ôAUGE grande & puante. — Syn, Solanum ioetidum , Ouallouhoumerou, Caraib. — Oùjl C'ell une efpèce d'arbriffeau dont lesfcuines font plus larges que celles de la Sauce d'Eu- rope. — Vin. Elle efl mile au nombre des plan- tes cordiales. Sauge du Port de paix. ^ Syn. Eicinoïdes « Cette efpèce , dit M. Dejpones , efl la plus eftimée; elle eft très-fembîable à îa,Saùoe) t\\Q en a l'extérieur , le goût , l'odeu'r ; elle croît à la hauteur de deux ou trois pieds ; Çqs feuilles font longues de deux travers de doigt, larges d'un demi-pouce , dun verd'de-mer en defius , argentées ea deilous ; \qs Heurs naiffent en pyramide , elles font purpurines , en rofe , com.pofées' de trois pétales. L'embryon naît dans àts endroits féparés dts fleurs , & devient un fruit qui s'ouvre en trois capfules, qui ren- ferment une femence oblongue. Vn. On eftime particulièrement cette plante " pour rétablir les forces de l'eflomac ; elle appaife le vomiifement , & par fa Qualité - fudorjiique & cordiale, elle ranime lemou- Vij soS Essai sur l'Histoire naturelle 5. vement du fang , & enlève les embarras quî 3> pourroient s'y former 3>. Sauge de montagne. — Syn, Lantana , Ca- mara. Saurukus. F. Herbe à colet , Jet fureau. ' Saurukus frutefcens. F. Bois d'anifette. Saururus major. V. Bois trompette. Savariaba. Sazeli. V' Gigeri. ^ , ScH.ïNANTE. Syn. Scirpus , P/. ScHAOuALou. V. Chiques. Scolopendre. — F/rr. Elle paffe pour ape- ïitive , propre à défobftruer la rate. ScoPARiA. F. Balais doux. ■ Sgripe, efpèce de Jonc. Seguine. V. Canne marone. Semper-vivum marinum. T. Aloës. Séné à grandes feuilles. — i>'^. Senna Ale- "xandrina , C. B. i- r Séné à petites feuilles. — Syn, Senna ligul- tri-folio, Tourne/. ' Senna fpuria. r. Poincillade. Sensitive épineufe. - i^/2. Mimofa , Ouyl- taraoua , Balanabone , Car. - Lac. Elle croie par-tout dans les endroits fecs & aricies. -- J^irL On regarde fa racine comme un excel- lent àlexitaire. . ^ n t • Serjania fcandens. F. Liane a perfil, Liane ^""siDEROxYLOÏDEs fcrreum. T. Bois de fer. SiDEROxYLUM / mcricaiium. V. Bois de ter. S'MAROUBA de Cayenne. - Syn. Bois am-.r, Evonvmus , Barer- ^ ^ -c SiMAROUBA de Saint-Domingue. - Syn. hvo- nymus Armeniac^ folio. Amourette bâ- y. Amourette DE SaINT-Domimgue. :3no ^^SmAKou.A faux. - Syn. Malpighia latf. SïNAPîSTRUM pentaphyllum. T. Kaïa SiNAPOU. Smilax afpera. ?^. Squlne. ooLANUM. /^. Laman. SoLANUM aculeatum. F. tarde. SoLANUM non - aculeatum. franche. SoLANUM foetidum. V. Sauge puante. Wanum Mexicanum, FiBdJe denuit ^OLANUM pomiferum. F. Brehême 60LDANELLA. V. Liane purgative SOROSSI. SouzouRAYTïN. K Méliffe à bouton SouzouRouzouKou. V. Herbe à cloques. Spartium. V. Acomas. ^ Spartium arboreum. V. Bois violet Spartium fpmoiiffimum. V, Gras de ^alle' Spigelia.- K Brainvilliers. ^ Spondîas. 'V. Monbin. Spondias fpurius. V. Bréfiliet bâtard. Squine. — J>/2. Smilax afpera , PL — Vin On attribue à cette plante Jes vertus de là Squine ordinaire. Stizolobium. V. Pois à gratter. Sucrier de montagne. V. Bois cochon" SucRiN. V. Pois fucrin. SURELLE. Synnate. V. Corde à violon. Syringa. V. Lilac. SnuNGA nodurna. V, Lilac de nuit. /. iR' Viij 310 Essai sur l'Hjstoîre naturelle T Tabac. V, Nicotiane. Tabac maron. F". Amourette franche. Tabekn^montana ladefcens. V. Bois lai- teux: bâtard. Tacomurée. V. Canne à fucre. Tamakïn. Syn, Tamarindus, Sloa, Ta- marinier , Derelfide , Profp. Alp. Jutay , Pif. Balam pu'li , Maderam pulli , Eon. Mal. — Voyez DicL Mdt médlc, Tamnus. TaouïA. V' Bois de chandelle. Taumatte. — - caftus. Thé. — ij/2. Capraria.frutefcens^ Theobroma. - , Cocotier, Thevetia. V. Genipayer, Thîpe, • ■ Thlaspi nafturtii odore. V. Greffon (petit) de- Savanne. Thym de Savanne. — Syn. Turnera mon- tana. — Loc. Cette plante croît dans les terres incultes & fablônneufes. — Vin. Eile ePt apé-^ îitive & béchique. TiTHYMALUs humi-fufus. V. Mal-nomme'e. TiTOULiHUÉ. V. Bois laiteux bâtard. ToL , efpèce d'Aloës. Topinambour. V. Artichaut de Jérufalem. Torche. V. Cierge épineux. ^ TouLOULA. F. Herbe aux flèches, Tkachelium. V. Kinkina, Trèfle. Triticum Indicum. T, Maïs. Triumfetta. F, Coufin (grand), ■ Truffe blanche. — Syn. Tubera candida ^ FI — Obf. Elles font rondes , blanches , bof- fêlées, molaffes, pleines. ~~ Lo^. On ne les trouve Que dans les terres où Fon cultive 1 in- digo. — ^Uf. On les mange dans les ragoûts ^ ou^ boucanées. Elles font très-recherchées. TsiAM-PANGAM. V. Bois de Campêche. Tsietti-mandaru. V. Poincillade. Tubéreuse. JyjANEK montana, T. Thym de Savanne. DE SAIN"T-DoMINGUë: Tu-T£-MOQUE. V. Coque-mollier, U 31Ï Urtica frutefcens. K Ortie en arbrifleau. Urucu. F. Roucou. Valdia cardui folia. F. Quedec. Valeriana humilis. F. Patagon. - Vanille. Vankhéedia. F. Cyroyer. Veronica. F. Balais doux. Véronique. F. Méliffe puante. Verveine. — Syn. HeJiotropium. — Ord. clair. 4. fed. 3. gen. 14-. Tourne/., . . cîaff. 2, Piandria monogynia , Linn., . . famil. 2 5. les Verveines , fed. 1. AdanJ.^ Obf, On en dif- tingue trois efpèces : la bleue , la blanche , 6c Ja rouge. On a ainfi nommé ces plantes à eaufe de la relTemblance qu'elles ont avec la Verveine d'Europe. — Loc, On les trouve par- tout. — Vin. On les emploie comme réfolu- tives. Verveine puante. — Syn. Petiveria foeti" da , />/. ViBA. F, Canne à fucre. ViMiNEA. F. Liane à corde. ViscuM Aphyllon. F. Gui d'oranger. ViscuM Caryophylloïdes, V. Baibe efp^-î gnole. Xagua, F» Genjpayer» U^ Essai SUR l'Histoire NATURELLE XiMENiA aculeata. V. Prunier épineux,'" Xylon. V. Cotonnier. Yeux de bourîque. F. Liane à cacone. Yhaboura, yttibouca. F'. Coufin (grand). YouLONNÉ. V. Gommier. YouLY. F". Nicotiane. Zanonia. ZiNGiBER. V. Gingembre. ZoopHTALMUM. V. Liane à caconc. ZoRiN. • y. Liane rouge. CHAPITRE SIXIEME. Règne an'unal. 'Ous bornerons les obfervations que nous avons faites dans cette partie, d'hiftoire naturelle à celles qui ont pour objet \ç.^ Co- quilles, \ç.s Mouches luifantes, le Ditique, le Monoceros, la Mouche ichneuraon , l'Ànolis, Bernard-FHermite, le faux Bernard-l'Hermite, un PoifTon Monoceros, une efpèce de Cal- mar , un Pou de Sarde , le véritable Pinceau marin, une efpèce d'Epongé, une Aftroïte rameufe fur un Madrépore qui recouvre une éponge. La plupart de ces articles n'ont point encore été décrits : on \ts. trouve au Cabinet ■d'hlfloire naturelle des RR. PP. Dominicains de la rue Suint-Honoré , à Paris, T DE Saint-Domingue. 31^ Article pivemier. Coquillages de Saint - DomingiLe. Nous ne parlerons que de ceux que nous avons obfervés. Nous n'avons pas eu affez de îoifu" pour faire une collection complette de tous ceux qu'on y trouve ; nous n'en avons fait graver qu'une très-petite partie , attendu que les autres , ou tout au moins leurs ana- logues , Iç, font dans Martin Lifter , Eijîor. Conchyl ann. 17 y t. , ou dans la Conchyliologie de M. d'Argenville , continuée par Mrs. de Favanne dô Montcervelle , qui doit inceilam- ment paroître. Ainfi nous ne pouvons mieux faire -que d'y renvoyer nos ledeurs, en indi- quant les plaînches où l'on trouvera les figu- res des coquilles que nous -n'avons pas faic graver. Les aflérifques marquent \ts lettres évuidées dont Mrs. de Favanne fe font fervis. § I. , Coquillages de mer. PREMIERE CLASSE. Univalves. PREMIERE FAMILLE. Lepas ou Patelles. Le Parafai chinois. Ce Lepas eft encore très-rare ; nous l'avons trouvé à Lèogane. II a deux pouces deux lignes de longueur, & vingt-une lignes de largeur ; il y en a de beau- coup plus grands. D'Argenv. Planche UL H» Y. 5 1 <5 Essai sur l'Histoire natorells La Perdrix à irou. Ibid. F *. Le Treillis. Ibid. B. '^. , Lepis a ruyons. ibid. A 3. *. L..e Tricoté a trou. Ibid. E.-^. La Grenade. Ibid. E. Lepas ergoté il eO: peu commun ; nous- l'avons trouvé foiTile. Voyei_ ci - après § 4. Les nouveaux éditeurs de M. d'/.rgen- ville l'ont repréfenté vivant. Planche III. D. *. Zû Piuialfe. Ibid. Planche I. B. I. Xd Cabochon feuilleté. Ibid* Planche IV. F. i. Lepas en forme d'étoile. Lijl. Tab. $^2. Jlg. II. . Planche I,^ Pujîule. {fig. i . ) Elle a près de fept lignes de longueur, & cinq lignes dans fa plus grande largeur. Elle eil couverte en deflus :de firies , raboteufes jufques vers le milieu de leur longueur, liffes enfuire jufqu'au fommet, qui eft percé d'un trou oblong; Çts contours font légèrement laciniés; elle eft de couleur de rofe en deiTus , blanche eu deiïbus , fort îiiïe; les environs de l'œil font d'un blanc plus foncé, féparé du refte de la coquille par un petit filet rouge. Ce Lepas n'eft pas. com- mun. Le Lepas gaufré, {fig. 2.) II eft aflez rare. Sa forme eft conique , plus élevée d'un côté ; il eft d'un blanc- fale, uni en dedans, le de- liors eft fait en réfeau, garni de neuf côtes Taillantes qui partent du fommet ; deux de ces côtes font doubles. Ce Lepas n'eft point percé ; (ts contours font peu découpés. Le petit marbre blanc, [fig. 3.) Ce Lepas ii'eft guères connu. On l'a ainfi nommé à caufa T T DE Saint-Domingue. 317 de la reffemblance qu'il a avec la coquille qut porte ce nom. Sa forme eft conique ; fes rayons font inégaux & tubercules ; les plus failiants partent du fommet, qui eft terminé par une pointe. Il eft d'un blanc laiteux, riacré ôc liffe en dedans; fes contours font inégalement laciniés. 11 a été trouvé à Léogane , fur des roches qu'on avoit tirées du fond de la mer pour bâtir. Je Cloporte, {fig. 4.) H eftobîong, applan; fes flriesfont peu profondes; le fommet ter- miné en pointe ; le dehors d'un blanc fale , marqué de petits points noirâtres, quelquefois parfemé de petites boffes ; le dedans eft liffe , nacré; le centre efl blanc, environné d'une tache rouffeâtre, le refte eft blanc; les con- tours font peu laciniés, & terminés par ua filet clair &; tranfparent-, II. FAMILLE. Oreille de Vénus fans trou , blanche & fauve ; fes ftries font très-fines. D'Argenv. Flanck. V. C. III. FAMILLE. Ver7JiiJJeaux. Le Vilebrequin. C'eft un tuyau qu'on trouve dans une efpèce d'épongé. 11 eft irrégulière- ment contourné ; fa couleur eft fauve , fa bouche ronde; il va toujours en diminuant de groffeur jufqu'à la bafe qui eft terminée par une vis tortillée. D'Argenv. Planch. V. G. Vennijfeaux nommés boyaux. Ils font adhé- rens aux huitres communes , & forment quel- quefois une maffe alfez, groffe ; on les trouve 3 ! 8 Essai sur l'Histoire naturelle auffi attachés aux madrépores , aux pierres Ôc aux plantes rnarines. Ihïd. P/a/2c/i.Yl. E. i. Ven/zijjeau nommé tuyau trompette. On le trouve fouvent ifolé. 11 efi: affez gros , pref- que droit & très-blanc. Ibid. Planch V. H. Vennïffeaux de forme irrégulière , rouiTeâ- très, ramailés plufieurs enfemble ; ils for- ment une maffe appîatie , qui a quelquefois plus d'un pied de diamètre & qui pefe plus de vingt livres, ibid. Planch. VI. F. i. IV. FAMILLE. Nautiles. Naïuile papiracke. On la trotive dans îa partie du Nord vers le Port de Paix. D'Ar- genv. Planch. VIL A. 2. Le Cornet paJUllou blanc , contourné en fpirales éviiidées, à cloifons luifantes , comme nacrées , avec un fiphon petit , cylindrique. Cette coquille eft très-fragile , & fe trouve communément à Pembouchure des rivières. Ibid. E. V. FAMILLE. Lijnaçons à bouche ronde. La Raboteufe. jyAvg&n'sr. Planch. VIII. M. . Le Grenat umD\\iç\ué avec l'opercule. Ibid. D. La Veuve avec l'opercule. Ibid. Planch. IX. F. 2. Limaçons à grains de petite vérole avec l'o- percule. On les trouve adhérens fur les ro- chers qui font' hors de l'eau , & que la mer ne mouille que quand elle efl agitée. Ils vivent loîig- temps hors de l'eau. Nous en avons Dï Saînt-Domincîue. 5îp confervé de vivans durant plus de trois femai- nes. On en voit de femblables fur les côtes de France. Uid. i. Le Cordon rouge avec l'opeTcuIè. Il s'ett trouve de plufieurs couleurs; les uns font rou- ges, les autres marbrés, bariolés de diver- ies couleurs. On les trouve adhérents fur les rochers. Liji. tab. 6'^^.fig. 27. VI. FAMILLE. lÀmaçons à bouche ieml-ronde. La Livrée avec Topercule. D'Argenv. Tlanch. X. G. \ La Quenotte feignante avec Fopercuîe. Ibid, L. I . JVerite nommée le petit pois verd, Ibid, ôc "^. La Perdrix avec l'opercule. Ibid. Planclu XI.D. 4. Le Mattrelon blanc umbiIiqùé..//^/û?. H. 2. Le Mamelon fauve umbiliqué , dit Teton de Vénus. Ibid. H. 4. La petite Grive avec l'opercule. Ibld, M. VIL FAMILLE. Limaçons à bouche applatle. La Fripière. D'Argenv. Planch. XII. C. i. Cette coquiî'e fe trouve fouvent chargée de cailloutages ou de débris de coquilles, & même d'entières 6c de vivantes qui femblent faire corps avec elle. Nous en avons trouvé une à Lèogane qui a environ deux pouces de dia- mètre. Elle eft de form.e conique, rouffeâtre. & blanchâtre , compofée de huit fpiraks la- A :\ I. ^2o Essai sur L'HistoiRE naturelle boteufes, à pans irréguliers , couverte deplu-j iieurs coquilles entières , ou mutilées , dont voici le détail, i". Un fragment de Lainhis verd-moulu. 2°. La bafe d'un rocher avec fa partie pyramidale très-bien confervée , elle ell compofée de huit fpirales étagées ^ garnies de pointes obtufes. 3°. Un fragment de la tête d'un rocher ailé ^ jaune & luifant en dedans. 4°. Un Cœur de pigeon dont nous parlerons ci- après. 5°. Une moitié de FaaJJe arche de Not blanche & convexe. ( Voye\^ la famille à^^ Coeurs ). 6'. Là moitié d'tm petit Peigne^ à oreilles égales , bariolé en dehors de taches fauves , garni de llries partant du fommet , dentelé dans les contours. 7^ Une autre moi- tié d'un Peigne encore plus petit , couvert de tachés violettes , femblabîe dans le refte au précédent. 8^. Un fragment de petit Cœur à iiries partant du fommet. 9°. La partie pyra- midale d'une Vis nommée Chenille noire, ( Voy. la famille des Vis ). 10°. Un fragment de Cor- don rouge .vi\2shié,. ( Voye\^ la famille àzs \Â- maçons à bouche ronde ). 11^. Fragmens d'Univalves tout-à-fait défigurés. 12°. Une petite Arche de ' Noë ordinaire , placée fur le fommet de la Fripière adhérente par la par* tie oppofée à la carène. Le Cadran. Ibid. K. V Eperon. Ibid. PL XIIL C* J. ' Limaçon :!^bre avec l'opercule. Lifi. tab, 583- /^- 38. VIII. t)E Saînt-Domingue. VII I. FAMILLE» Cornet^, Le faux papier marbré. D'Argenv. PI. XVI F. 2. * * La faujfe Tulipe. Ibid. Pi XVIII. D. 2. ' IX. FAMILLE. Rouleaux ou Olives, LaMorèfquèoxilaM^reJfe. D'Argenv. PL XIX. F. Olive alongée, peu commune, Ibid. A, X. F A M I L L E. Rjochèrs. Lamhh. D'Argenv. PL XX. C. ï. Rocher ailé, Ibid. PL XXI. A. 2. Rocher à oreille déchirée. Ibid. B. 2. jRc7c/^dr fz c/c7c/^d/-. Ibid. PL XXII. C r. Efpèce de Dent de chien, Ibid; PL XXIV, C. ">■* Cafque lardé. Ibid. E. 2. CaJ que pavé. Ibid. i. C^^^/^ triangulaire. Ibid. XXV. B. 2; Cajque doux & poil. Ibid^ K. 2. P't'«/2er Polonqls. Ibid. /Y. XXVl. D, 3. Petit Cafque livrée. Ibid. Cl. Cajque neigeux. Ibid. L. VAlg)-ette blanche. Ibid. i^/. LXX. O. *, XI. FAMILLE, Tonnes. U Perdrix, D'Argenv. -P^ XXVII. A. i. - X I il ll i' 2ig2 Essai SUR l'Histoire NATUREL tf La Tonne mure avec Fopercule. Ibid. D. 4. La Gondole, rayée. Ibid. F. i. Mufcaie. Ibid. F. ^. XIL FAMILLE. Porcelaines, ■ La Colique. D'Afgenv. PL XXIX. G. La Taupe fauve. Mkîiài.Q.. <,. Taupe entièrement formée. Ibid. C. 2. Taupe ou /'c7i/2£ d'Hongrie du premier âge. 7/^i^. D. 2. /'i^z/ iie /;?er. Ibid. H. l . ' , Porcelaine, la -g^j///d. Ibid. /'/.XXX. G. i. ^ Porcelaine Perdrix ou \t faux Argus, LiJL iaù. 6^^.fig- ^6. XIII. FAMILLE. Buccins. L^JauJfe Mitre cannelée. D'Argenv. PL XXXL B. 3. Grand Buccin trompe. Ibid. PL XXXIÏ. G. 2. Le petit Buccin minime, Ibid. PL XXXIII. Le Buccin rubis. Ibid. V. i. Le Buccin triangulaire ou le Dragon, Ibid, K XXXIV. A. 3. ^//cri/i /«/i^e avec l'opercule. Ibid. L. Petit Buccin brunette. Lijl. tab. ^^-j.figr 49. b. Petits Buccins avec leurs œufs. Cette pro- duaion marine fe trouve fur des débris^ de coquilles , fur des madrépores , & fur d'au- tres corps étrangers , auxquels elle adhère foi- î)E Saint-Domingue. 525 tement par le moyen d'un enduit qui couvre îa furface qu'elle occupe. Ceft un affemblage de plufieurs oeufs {fig. 5.) grouppés enfemble, quelquefois jufqu'au nombre de trente , qui reprélente alTez bien un bouquet d'Oreilles- d'ours. Chaque oeuf efl long d un demi-pou- ce , pointu par la bafe , évafé au fommet qui efl: terminé par une petite couronne fmuée , affez femblable au limbe des fleurs monopé- taîes : ils font compofés d'une membrane tranff^arente , molaffe , coriace comme du par- chemin , remplie d'une liqueur épaiffe , cfans laquelle furnagent plufieurs petits coquillages. Il paroît que quand la liqueur efl; confommée , ces petits coquillages ont acquis affez de force pour percer l'oepf par le fommet, /. XXXVI.F. La Grimace. Ibid. Flanck. XXXVU. B. 2. XV. FAMILLE. ris. Chenille noire , petite variété. D'Argenv. ,/'Az/2f/^.XXXlX.C. 12. Le Poinçon peu commun. Ibid. K. I. Faujfe ScaUta à cordon. Ibid. M. i. SECONDE CLASSE. Bivalves, PREMIERE FAMILLE. Huîtres. Huîtres d'efpèce commune , plus ou moins feuilletées. On les trouve attachées fur les mangles. D'Argenv. Planch. XLI. Ci. C. 5. Petite Pcntade non-denticulée. Ibid. E. 2. E. 3. Petite Pentade denticulée. Ibid. Planch. \ Le faux Gâteau feuilleté. Ibid. PI. XLIIÎ. A. I. Petite variété d'Huître pate,çQVL commune. Jbid. A. 2. BE SaINT-DomINGUF. 32J mttre épuieujè, Ibid. PL XLIV. B. Rateau-perdrix ; elle n'efl pas commune. ILid. PU XLV. I. I L F A M I L L E. Came , /z^# Tricotée. D'Argenv. PL XL VI. B. ^. C^;/2e à réseau. Ibid. />/. XLVII. D. i. Coucha veneris à pointes, //^z'ii. E. 3. Came , Lanterne du haL Ibid. E. Ç". C^/;^e ^^/v><7;. Ibid. XLVIIL B. Caine t Avignon. Ibid. G. i. Ca//z^ i/^ Mahon. Ibid. H. 2. Came IJabelle. Ibid. H. 3. C«/Z24 klanche & grande, //^ic?. o. III. FAMILLE. Tellines.. Telline fillonée. {fig.^.) Elle eft appîatîe,' un peu béante , couverte de filions tranfver- fales ôc peu Taillants; le côté où eft placé îa charnière efl: plus court & plus pointu que le côté oppofé; fa couleur eft d'un blanc lui- fant , mêlé de couleur de rofe. Elle n'eil pas commune. Faujfe pince de Chirurgien. D'Argenv. PL XLIX. B. 3. La petite Telline tronquée. Ibid. E. i. Le Soleil levant. Ibid. F. i. Le Taffetas couleur de rofe , Telline béante." . Ibid. L. Telline violette, Ibid. P. Xiij i 32^ Essai sur l'Histoire naturelle IV. FAMILLE. Moules. Pinne marine. D'Ar genv. PI- L. A. 4- *. Moule tulipe. Ibid. K. Petite Moule à Jhies. Ibid. K. 3 . Elle fert fouvent de bafe aux Fucus, dont on voit les figures àdiUsSeba, TheJ'aurus. Tom. 3. Tab, lOQ^ fie' 10- V. F A M I L L E.. Cce^urs. •t. /lzf# ^/ry^e deNoë, blanche & convexe. D'Argenv. Z'/. il. C. i. La Méditerranée en produit de femblables , ainfî que des trois ef- pèces fuivantes. FauJJe arche de Noë , blanche & applatie. Ibld. C. 4. Vraie Arche de Noë réticulée. //^ic^.D. I. /^mi tés féparées par des cloifons longitudinales ^ui aboutiffent à ya ceatre commun , <5c ^l 550 Essai SUR l'Histoire NATURELLE repréfentent une étoile. Ce teftacée a deux orifices placés au centre; l'un fupérieur, qut lui fert pour vuider fes excremens , Ôc pour pondre tes œufs ; Fautre inférieur , toujours tourné vers le fable , garni de cinq dents & des autres parties qu'on trouve dans tous les Ouffins. III. FAMILLE» Glands de mer. Le faux Pou de baleine. On le trouve fur les rochers, fur les débris de coquilles, & même fur les coquillages vivans. D'Argenv. Planche \X^. A. 5. IV. F A M IL L E. Conques annùféres. On les trouve attachées par un pédicuîe fort court fur les bois des vaiffeaux , fur tous les corps étrangers à la mer. Elles font group- pées ordinairement plufieurs enfemble. D'Ar- genv. PL LIX. C 4. Coquillages £ eau-douce, Nerites de MiffîJJîpi- Il y en a de toute couleur. On les trouve vivantes dans les ri- vières; lorfqu'elles fe débordent , elles font portées dans \qs Savannes,- qui en font ordi- nairement remplies : toutes celles qu'on y trouve font mortes. D'Argenv. PL LXI. D. 2. ' Petit Buccin, dont la bouche eft tournée à contre - fens. Il eft afifez femblable à ceux T DE Saint-Domingue. 331 qu'on trouve dans la rivière de Bièvre ou des Gobelins. Ibid. E. 5. § 3- Coquillages de terre vivans. Limaçon terreftre , le Bouton d'or. D'Ar- genv. />/.LXIV. L. i. Limaçon terreflre , la SiamoiÇe, Ibid, Ci. Limaçon à excrefcence. {fig. '9. ) Il efl: d'un brun-foncé , quelquefois fauve , couvert de ftries très-fines , qui traverfent obliquement les fpirales de la coquille : fon diamètre efl d'environ feize lignes ; fa hauteur de fept à huit lignes ; fa bouche applatie , oblongue , polie ; on remarque en dehors un enfonce- ment oblong , qui forme en dedans une ex- crefcence de même forme que celle qui fe voit à l'entrée de la bouche , qui cft obtufe , rabattue en dedans. On lui compte cinq fpi- rales. Ce Limaçon n'efl pas commun ; on le trouve dans X^s, montagnes. Le Cannelé blanc, [fig. 10.) C'efl un petit limaçon qui eft affez rare : fa bouche efl de- mi-ronde, un peu évafée & rabattue en de- hors. Il n'a que neuf à dix lignes de longueur , fept lignes de largeur , & quatre lignes de hauteur ; fa couleur eft d'un blanc-laiteux ; il eft couvert en dehors de cannelures qui fuivent la direftion des fpirales. Il eft terminé par une bafe très-pointue. On le trouve aufE dans les mornes. Petits Buccins terreftres. Ils font blancs, ou bariolés de bandes rougeâtres , tranfparens ^ fort fragiles. D'Argeav. PL LXV. R. 332 Essai sur l'Histoire NATciRELig Vis à rubans. Ibid. G. i. *. V Enfant en jna'dlot , à très-fines ilries. lbi qui efl envi- ronnée d'un duvet fin & foyeux. Il s'en élève une tige cylindrique, de trois à quatre pou- ces de longueur , dont le diamètre n'eft que d'une ou deux lignes. Elle efl compofée de filamens longitudinales , tranfparens , jaunâ- tres , qui fe di^^ifent au fommet en une infi- nité de rameaux articulés , & forment une houppe fphérique d'environ un pouce & demi de diamètre. Toutes les parties de cette ef- pèce de polype font couvertes d'un enduit blanchâtre , dans lequel elles font comme in- cruflées. M. !Davila en parle à l'article 149. des Polypiers j il met celui-ci au nombre des Corallines ; ft PL f DE Saint-Domingue. 33'7 Corallines ; la figure qu'il en donne ell très- bien faite. Cette efpèce de polype fe trouve quelque- fois fur des coquilles , mais alors il ne forme pas de houppe; ce font fimplement des filamens articulés , épars çà &; là , fans ordre ; ils ne fonc point portés fur une tige , mais ilà adhèrent im- médiatement au corps fur lequel ils fe font fixés. Article IV. EJ'pcce â'éponge fingullèrê,. C*êft une production polypière , remplie d'anfraduofités profondes , criblée d'une infi- nité de petits trous, qui font féparés \ts uns des autres par des fibres rudes , ferrées , cylin- driques , caffantes , luifantes , de couleur d'or. Ce corps marin fe trouve attaché par fa bafe fur les rochers ; fa forme n'efl pas confiante. On y voit ordinairement deux grands trous de figure conique , pomtus par la bafe , qui di- vergent par le fommet, & s'élargiiTent à me- fure que, cette production s'accroît. Nous en avons une , entre autres , divifée en deux bran- ches qui forment l'équerre. Chaque branche efl: cylindrique , creufe & unie dans l'intérieur, remplie exterieurement.de cavités finueufes, irrégulières , plus ou moins profondes : la plus longue a près d'un pied de longueur & trois pouces de diamètre. L'architefte de cet édi- fice efl un ço^ype , divifé en une infinité de rameaux qui occupent tous les vuides qu'on y trouve : il efl noirâtre , mol , vifqueux, & lemble repréfenter à l'extérieur plufieurs fang- fues logées enfemble. Y . ' \, M 338 Essai sur l'Histoire naturelle a r t i c l e v. Faux Bernard-L'Hermite. [fig. 3 <5' 4. ) Je ne connois aucun Auteur qui en ait juf- qu'ici parlé. On peut le définir : Cancellus marlms In bivalvibus degens. Ceft un petit crabe arrondi , applati , portant cornmune- ment un pouce de diamètre. Dans le vrai Bernard-l'Hennlte , la partie antérieure du corps, qui comprend la tête, le dos, lelto- mac, les pattes , eft entièrement cruftacee, il n'y a que la partie poftérieure , c elt-a-dire , le ventre & la queue , qui foit molaffe & mem- braneufe ; au lieu que dans le petit crabe que nous décrivons, le defîbus du corps elt entièrement cruftacé, tandis que le deflus ^eit molaffe, membraneux. Ce petit animal nin- diqiieroit-il pas une nuance, un paffage delà nature des cruftacés aux poifTons mois j C elt pour garantir les parties tendres de Ion corps ; qu'il fe met à couvert fous la moi- tié d^une bivalve qu'il choifit au fond^ de la mer , & qu'il trouve proportionnée a la taille. Communément ils s'attache aux cames & aux coeurs. Quelque part qu'il /e tran|- rorte , il ne va iamais fans fon domicile qu il porte fur fon dos, & qui fert à protéger les parties foibles de fon individu 11 ne vit pas îong-temps hors de l'eau. Lorfque la mer eft aeitée, qu'il devient le jouet des fiots, fc que la lame le jette furie rivage , on 1 y voie Vnarcher quelque temps, ou p utot Ion voit avancer lentement la coquille ou U s eit logé, car aucune partie de fon corps ne la t>E v*^ AINT-DOMINGUE. 339 dépaffe. Lorfqu'on la touche, il s'arrête , replie fes pattes , ne donne aucun figne de vie , 6c comme il efl: fou vent couvert de fange , il fait illulion au point qu'on croit d'abord s'être trompé, & avoir pris pour un être vivant, une coquille mutile'e , remplie de fable. Ce n'eft qu'après un fécond examen qu'on apper- çoit un petit animal tellement adhérent à fon domicile qu*on a peine à l'en détacher fans le rompre. Voici la defcription d'un de ceux que nous pofledons. Sa tête, qui n'efl: point féparée du corps, efi divifée par deffus en plufieurs comparti- mens membraneux , tranfparens Ôc molailes. Le front eft fait en demi-cercle dentelé fur les bords , ôc couvert de poils en deffous. Sa bou- che eft garnie d'offelets arrondis, qui font l'of- fice de dçnts ou plutôt de meules pour broyer fa nourriture. Cette bouche eft environnée de plufieurs lèvres ; l'une fupérieùre , coupée tranfyerfalement en zigzag; la lèvre inférieure eft divifée en deux parties triangulaires qui s'ouvrent en long. Ses yeux font aifez gros ôc furmontés de deux antennes très-déliées. On diftingue dans ce demi-cruftacé cinq paires "de pattes de formes différentes, couvertes de - poils & de tubercules. La première paire eft compofée de quatre articulations ; celle qui tient au corps eft mamelonnée, la fuivante eft liife en deffus, tuberculée en deffous, ayant d'un côté une entaille longitudinale , dans la- quelle une partie de la quatrième articulation s'emboîte. La troifième eft fort courte , de forme irrégulière , & couverte de tubercules , aînfi que la quatrième qui eft terminée par yi|:V.. 540 Essai sur i.'Histoire naturelle une tenaille dentelée. Ces deux pattes, fer- vent à ranimai pour faifir fa proie & la por- ter à fa bouche. . La féconde & la troifième paires de pattes font compofées de cinq articulations , dont la première, qui s'articule avec le corps, elt mamelonnée, les. quatre autres font couvertes de poils , & terminées par une petite gritte arquée. Ces quatre pattes lui fervent pour La quatrième & la cinquième paires font deftinées pour cramponner ce demi-cruftace à la coquille qu^l s'eft appropriée. Elles font couchées à plat fur fon dos , hériifees de poils , compofées de trois articulations dont la der- . nièreeft terminée par plufieurs mamelons Se une griffe arquée. , Sa queue eft velue, terminée en pointe ,, compofée de fix anneaux. Elle fe replie fous le ventre , comme dans les crabes , & lert pour mettre à cojivert les oeufs par le moyen del- quels il fe reproduit. Article VI. Vrai Bernard- fHennhe. (Jg: i) Ce cruftacé, qu'on nomme miCiSo/dat, renfer- me deux variétés qu'il ne faut pas confoncire : le Soldat de mer .Cancellus jnannus', le Sol- dât de terre , CancelLus terrejlns. Pt ANCHE Le premier ne fe trouve que dans la mer ; VU. les pêcheurs en prennent quelquefois dans leurs filets ; ils languiffent & meurent au bout de quelques heures, lorfqu'ils font prives de cet élément. On en voit quelquefois de moni- D E s A I N T-D O M I N GUE.' 34I ^meux , qui font logés dans des kvnbis , dans des rockers ou dans d'aurres grofîes coquilles. La partie antérieure de fon corps eft crufiacée, couverte de quelques poils éparç çà & là; elle eft environnée de cinq paires de pattes vio- lettes, velues, & couvertes de tubercules tan- tôt applatis , tantôt pointus.. La première paire eft compofée de cinq articulations cruf- tacées , dont la dernière eft terminée par une tenailJe garnie de dents, lefquelles s'emboî- tent les unes dans \es autres, & fervent à cet animal pour faifir fa proie , &: l'empêcher de s'échapper ; communément ces deux tenailles ne font pas plus groffes l'une que l'autre; elles fervent à fermer l'entrée de la coquille dans laquelle ce cruftacé a établi fon domicile. Deux autres paires de pattes placées à la fuite de la première paire , font auffi cruftacées & compofées de fix articulations, -dont la der- nière eft terminée par une griffe pointue & arquée. Ces quatre pattes fervent au Soldat pour marcher. A celles-ci fuccède une qua- trième paire de pattes, beaucoup plus minces & plus courtes : elles font compofées de cinq articulations, dont la dernière porte une pe- tite tenaille arquée dans la partie fupérieure. Les deux dernières pattes font \ts plus peti-. tes : cinq articulations les compofent ; une te- naille dentelée \ts termine. Les yeux font placés à rextrêmîté de la tête, au bout d'un petit tuyau mobile, fphé- rique & cruftacé. Audelfous l'on apperçoit deux longues antennes très-déliées , compo- fées d'une multitude d'anneaux qui les rendent flexibles en tout fens. Sa bouche eft fendue Yiij 542 Essai sur l'Histoire naturelle en long, comme celle des écrevifles , garni© de dents ; deux petits bras articulés fervent à porter la nourriture à la bouche ; le dos eft divifé en quatre compartimens çruftacés, unis enfemble par une membrane. La partie poftérieure du corps eft charnue, molaffe, couverte d'une membrane unie, di- vifée en deffous par quatre anneaux terminés fur les bords des deux côtés par une efpèce d'aîîeron mince, tranfparent & velu. La queue eft à la fuite des anneaux : pîufieurs lames aflez minces & cruftacées la compofent ; Fa- EUS eft placé un peu au-deflus des lames. . Ceft pour mettre à couvert cette partie foible de fon corps , qae ce cruftacé fe loge dans les coquilles mortes qu'il trouve a terre. Il a foin de choifir une demeure dont la ca-^ pacité répond à fa taille : lorfqu^en grandtf- fant, il fe trouve trop à l'étroit, il cherche- un autre losçis qui le mette à fon aife , & abandonne pour toujours fon ancien domicile, 11 eft ovipare , 6c fe réproduit comme les écre- vilfes. , Le Soldat de terre eft affez femblable a celui de mer ; mais il eft communément plus petit : fa grofteur eft proportionnée à fon âge. Les plus gros ont à peine quatre pouces de longueur. 11 recherche les endroits fecs. On en trouve fréquemment au bord de la mer & dans les mornes. Ceux-ci font plus mal logés que les premiers , parce que les coquilles terreftres font moins communes qu^ celles de la mer, que la lame jette fur le ri- vage. 11 évite les lieux fangeux , ou 1 on n© trouve que de petits crabes. Il fe nourrit a ex-» DE Saint-Domingue. 345 çrémens , d'infedes , d'herbes , de feuillages. il n'eft nullement amphibie ; lorfqu'on le met dans Teau , foie de mer, foit de rivière, il fait tous {es efforts pour en fortir : trouve- t-il un obftacle invincible ? il y périt en peu de temps. R T I C L E VII. Pou de Sarde, [fig. 2. ) Ceft le ventable Pou de mer, Pedlculus marinus, dont parlent Rondelet & Marcgrave. Nous l'ayons trouvé à Léogane en 1773 dans les ouies d'un poiffon affez commun, qu'on appelle Sarde, Il a huit lignes de longueur &; quatre lignes dans fa plus grande largeur ; il eft convexe fur le dos, qui n'eft autre chofe qu'une peau écailleufe , divifée en fept lames, apphquées les unes fur les autres comme dans les cloportes. Chaque lame eft liffe , comme vernie , blanchâtre , parfemée de petites nuances noirâtres, terminée fur \ts bords par une petite écaille oblongue , qui fe replie en deffous & fert de bafe a^x pattes. Sa tête efl: menue , applatie , en forme de pentagone, terminée par une efpèce de mufeau obtus, un peu recourbé en deffous ; its yeux noirs , allez gros, placés fur \ts bords, de façon que l'infede voit également de touç côté; au deffous du mufeau Ton apperçoit quatre antennes diaphanes, divifées par huit anneaux, terminées en poinre, placées deux à deux un peu au deffous des yeux ; la bou- che eft fituée au milieu du mufeau un peu plus bas que les antennes 3 elle e(l tranfver- Yiv ^im ^544 Essai SUR l'Histoire NATURELLE laie , affez grande , accompagnée de plufîeufS appendices charnues. Le ventre eft applati , recouvert d'une membrane tranfparente , divîfée fuperfkiel- ïement en quatre parties par trois lignes tran{^ verfales. On compte deffous le ventre qua- torze pattes, fept de chaque côté; les plus petites font du côté de la tête ; plus elles s'en éloignent , plus elles font grandes. Chaque patte eft compofée de deux articulations. La première qui tient au corps efl: pîus^ groffe que la féconde : celle-ci confifte en cinq an- neaux arrondis ; elle efl terminée par une griife affez longue, arquée, très-aîguë , dont f extrémité eft noirâtre & tranfparente. La queue eft compofée de cinq îames dé- tachées fur \ts côtés , adhérentes dans le mi- lieu, au bout defquel les eft placée une mem- brane large , arrondie, convexe en deflus , accompagnée de deux nageoires ; chaque na- geoire eft divîfée en trois parties unies en- femble par une membrane. Le deffous de la queue eft recouvert de pîufieurs feuillets mem- braneux. La nature lui a fans doute donné un orifice pour vuider fes exçrémens, &pour fe réproduire ; mais il faut qu'il foit bien petit : quoiqu'aîdé d'un affez bon, miçrofcope^ je n'ai jamais pu Fappercevoir. A R T I c L E VIIL 'X>efcriptwn d'une efpcce d^ Secjie ou Calmar. Les plus grandes que nous avons pu trou- Ver, n'avoient que cinq pouces de longueur depuis l'extrçmité du ventre jufqu'à la naif- I I T ^ DE Saint-Domingue. 54^ fance des bras. La tête eft oblongue , arron- die , découpée par l'extrémité en huit lanières difpofées en rond : ce font comme autant de bras que la nature lui a donné pour butiner & porter les alimens à fa bouche. Ils font gros vers la bafe , diminuent de groffeur jufqu'à l'extrémité qui eft terminée en pointe ; ils font joints enfemble , vers la bafe , par une mem- brane tranfparente. Leur grandeur eft inégale, de façon cependant que les deux bras cor- refpondans font à peu près égaux ; ]es deux plus petits font au-deffous du front ; ils por- tent un pouce & demi de longueur. Les deux qui les avoifinent ont deux pouces ; les deux fuivans , qui correfpondent diredement aux yeux , ont deux pouces & demi ; les deux der- jiiers font placés à Pextrêmité du menton : ils font égaux au cinquième & au fixième bras. Entre la troifième & quatrième paire de bras , Fon voit fortir de chaque côté* deux efpèces de tendons cylindriques , également gros dans toute leur longueur qui s'étend juf-, qu'à fept pouces. Us paroiffent gonflés de dif- tance en diftance , comme une gouffe l'efl par les graines qu'elle renferme. L'on apperr çoit à un pouce & demi de leur extrémité, deux rangs de fuçoirs , aflez près les uns des autres. Les quatre paires de bras en font aufîi garnis fur le côté intérieur , depuis quatre ou cinq lignes de leur bafe jufqu'à l'extrémité, La bouche de ce poifTon eft fituée au cen- tre des bras , qui l'environnent de tout côté ; elle eft faite en bec de perroquet , comme dans les Sèches d'Europe. Ses yeux font foit I I 34^ Essai sur l'Histoire naturelle gros ; fon corps arrondi ^charnu , liffe , mart que de taches violettes , terminé en pointe obtufe , garni des deux côtés par deux mem- branes en forme d'aîlerons , qui font l'office de nageoires. H n'a point , comme les Sèches d'Europe , au milieu au corps cette écaille fongueufe nommée C5 de Sèche ; mais on trou- ve à fa place une pellicule rouffeâtre, tranf- parente , caffante , divifée en deux parties dans toute fa longueur par une côte arrondie, de même matière que la pellicule. La Sèche de Saint-Domingue eft munie , comme celle d'Europe , d'un réfervoir plein d'une liqueur noire , qu'elle laiiTe échapper , îorfqu'elle eft pourfuivie , ou lorfqu'eJle pour- fuit elle-même fa proie. Il y a encore à Saint-Domingue une autre cfpèce de Sèche, bien différente de celle qu'on vient de décrire. Ses bras, au nombre de huit, font égaux , gonflés à leur naiffance , & vont toujours en diminuant jufqu'à l'extrémité , qui eft terminée en pointe ; ils font plats en def- fous, & garnis de fuçoirs; le deffus eft Me, arrondi. Chaque bras a environ un pied de longueur : ils font joints enfemble vers la bafe par une membrane aifez femblable à celle des pattes d'oye ; ils fe réuniftent comme dans un centre aux environs de la bouche de ce poiffon. Son corps forme une efpèce de bourfe oblongue , flafque , charnue , de trois à quatre pouces de longueur , fans aucune partie folide. Il répand une odeur des plus fétides , même lorfqu'il eft vivant. E> > Saint-Dominguf. 347 IV T I C L E IX. Defaipûon d'un poijfon monoceros. [fig. 5.) C'eft celui que les habitans du Brélll riom^ inient Guacucv la, (uiwd.nt Marcgrave. Cet Au- teur l'appelle , comme nous , poilTon mono- ceros, 11 ajoute qu'on pourroit auffi lui don- ner le nom de Chauve-fouris aquatique , Vep- pertilio aquatka. Celui que nous avons trou- vé 3i Lépgane en 1773 , a trois pouces de longueur & un pouce & demi dans fa plus grande largeur. Sa tête n'eft point féparée du refte du corps : elle eft terminée par une corne offeufe , dure , de forme conique , lon- gue de quatre à cinq lignes. Le deffous de cette corne efl: creufé en gouttière , & ren- ferme un mufcle tendineux , long de trois à quatre lignes, dont j'ignore Fufage. La bou- che eft fituée au deffous de ce mufcle ; elle £ft ronde , alTez grande > environnée d'un car- tilage qui eft intérieurement garni d'une infi- nité de petites dents. Les yeux font placés vers la bafe de la petite corne ; ils font ronds, de près de deux lignes de diamètre. Entre les yeux & la bouche , l'on apperçoit deux peti- tes ouvertures par où le poiftbn refpire, Se qui font probablement l'organe de l'odorat. Le corps du poiflbn s'applatit enfuite & forme cinq parties bien diftinguées , qui font '.. le dos qui eft arrondi; deux efpèces d'épaules foîides & offeufes qui forment un demi- cer- cle , & que l'animal peut étendre ou plier à fa volonté ; deux bras flexibles qui pren- aeqç nailTance plus bas que \^i épaules, & |4^ Essai sûft l'Histoire NATURELLt qui ne font compofés que d'une, feule join- ture terminée par une nageaire mémbraneufe, à fept côtes. Au delfous des bras , on obferve deux orifices affez grands , par où le poinbn rend Peau qu'il a pris par la bouche. Il efl terminé par une queue arrondie , à l'extrémité de laquelle efl: attachée une na- geoire femblable aux précédentes ; outre cel- les-là , il en a encore quatre autres , favoir , une deflus le dos, veis l'endroit oii il fe ter- mine & où la queue commence ; une autre femblable au-deffous , vers le milieu de la ■queue; & deux autres qui font comme les Î)ieds de l'animal : elles font fituées yis-à-vis 'une de l'autre , vers le milieu du ventre. Ce poiflbn n'a point d'écailles; il efl rempli par- oefîus de tubercules qui paroiffent à la loupe comme autant de petites étoiles ; le deffous efl: couvert d'une peau chagrinée , fufcepti- ble de dilatation , bariolée de taches grifes ôc . noires , moins foncées en couleur que le def» fus. Ce poiffon n'eft pas commun. Article X. Hifloire naturelle de l'Anolis. {Jîg. i.) § I. Ses différentes ejpèces. Yill. L'Anolis efl: une efpèce de lézard que Sloa- [ ne définit : Lacertus minar levls, 11 s'en trou- ve par-tout de nombreufes variétés : on en voit de verds , de gris , de noirs , de jaunes, de mouchetés ; les uns font bariolés de zones ■ tranfverfales bleues, jaunes & rouges; d'au- tres font divifés par plufieurs bandelettes lon- • gitudiaales de différentes couleurs. Les plus T PL 8 '. . _i . - =r .^K. I I DE Saint-Domingue. 349 gros n'ont pas plus de fept à huit pouces de longueur êc un demi-pouce de diamètre j les plus petits n'ont pas moins d'un pouce de longueur & deux à trois lignes de diamètre 5 leur conformation eft par-tout Ja même , mais les proportions de la queue avec le refte du corps varient. Dans le5 uns, la.queue égale la longueur du corps; dans les autres , elle eft plus courte; dans quelques-uns, elle eft une fois plus longue. Voici la defcription d'un de ces Anolis pris au hazard. § 2. Sa defcription. Sa tête eft alongée , triangulaire , applatie; fa gueule bien fendue, armée de deux oiïeîets taillés en fcie , qui forment les mâchoires fu- périeure & inférieure. Le centre eft occupé par une petite langue charnue, arrondie par Fextrêmité, Deux yeux noirs, vifs, garnis de paupières , font^ placés vers le milieu de la tête : vers la naiflance du cou, Pon voit deux oreilles aftez grandes. Sa peau eft couverte de petites écailles ovales, couchées les unes fur les autres; la partie de la gorge fe dilate extrêmement , & tombe jufqu'à terre, par le moyen de l'air que ce reptile y introduit à fa volonté. Il eft porté fur quatre pattes :.celles de de- vant font compofées de deux articulations dont la dernière fe termine par une main gar- nie de cinq doigts , dont deux grands , cftux ifnoyens & un petit. Les pattes de derrière con- ilftent en trois articulations, terminées aufti par cinq doigts' de différente grandeur ; i|s 'l^'r 5J0 Essai SUR l'Histoire NATURELLE font tous armés d'tine griffe blanchâtre , poin^ tue & crochue. L'anus eft le féuî orifice que la nature lui ait donné > tant pour vuider fes excrémens que pour fe reproduire; H eft fîtué fous le ven- tre > un peu plus bas que les pattes de der- rière , à la naiffance de la queue , qui eft ver- tébrée , fort déliée , terminée en pointe extrê- mement fine. § 3 . Son caraHïre , fes mœurs ^ fes combats. Ce reptile eft fort vif , très-lefte , fi fami* lier , qu il fe promène foUvent fur les tables & fur les perfonnes. Son port eft gracieux , fon regard fixe ; on diroit qu'il prête atten- tion à ce qu'on dit en fa préfence ; il examine tout ce qu'on fait devant lui; il ne fait jamais de mal. Il fe nourrit de mouches , d'araignées & d'autres infeftes qu'il âvale en entier. Il eft prefque toujours en guerre avec fes fembla- bles. Lorfqu'un Anolis en apperçoit un autre , il s'en approche îeftement ; celui-ci l'attend en brave. \^^s deux champions préludent au combat par des menaces réciproques qu'ils fe font l'un à l'autre , en agitant la tête du haut en bas par des mouvemens rapides & convul- fîfs ; leur gorge s'enfle prodigieufement , leurs yeux font étincellans ; ils s'attaquent enfuitc avec fureur : chacun tâche de furprendre fon ennemi. S'ils font d'égalfe force, le combat n'eft pas fitôt terminé ; c'eft ordinairement fur, les arbres qu'il fe livre : d'autres Anolis font fpeftateurs oififs ; ils laiffent vuider la que- relle , fans qu'aucun d'eux entreprenne jamais de fépaïcr les combattans , ils femblent au DE Saint-Domingue. 5 et contraire prendre plaifir à les voir auxprifes: peut-être que c'eft la jouiflance ou la réfif- tance de quelque femelle qui leur imprime cette fureur martiale. Comme ils cherchent à fe mordre , il arrive affez fouvent que la gueule de l'un s'entrelace dans celle de Tautre ; ils reftent long-temps dans cette attitude , cha- cun tirant de fon côté. Leurs efforts font-ils inutiles, ils s'éloignent , la mâchoire enfan- glantée ; mais un inilant après ils recom- mencent. Lorfque l'un des deux guerriers fe trouve plus foible que l'autre , il prend leftement la fuite ; fon- ennemi le pourfuit vivement : s'il le joint , c'en eft fait , le vaincu eft à l'inftant dévoré ; heureux s'il en eft quitte pour la perte de fa queue, qui fe rompt quelquefois dans la gueule du vainqueur ; dans ce cas , il a le temps d'échapper ; car l'ennemi oc- cupé à dévorer fa proie , ne s'acharne point à la ppurfuite de celui qu'il vient de mutiler. L'AnoIis peut .vivre fans queue; on en voit plufieurs qui en font privés. Elle ne repouffc pas , lorfqu'elle a été coupée , mais il fe forme à l'extrémité un calus. Il femble que cet acci- dent dcvroit le rendre plus propre au com- bat ; mais il paroît au contraire qu'il énerve fon courage & peut-être fes forces. Un Ano- lis mutiîé devient timide, foible , ianguiÏÏant : comme il ne peut fe montrer fans manifeffer fa honte & fa défaite , il évite le grand jour, il mène une vie trifle , obfcure , & fuit devaiit le plus petit qui ofe i'attaquerj m- I j2 Essai sur l'Histoire naturelle § ^. Manière de fe reproduire. ' Ce reptile efl: ovipare* Dans le temps de fes amours , le mâle embraffe fa femelle, la tient ferrée , & refte long-temps accouplé avec elle ; cette jouifTance amoureufe ne \ts em- pêche pas de courir & de fauter enfemble de branche en branche. Lorfque la femelle fent approcher le moment de fa ponte , elle fait avec (ts pattes de devant, au pied d'un arbre ou d'une muraille , un trou en terre d'envi- ron deux pouces de profondeur ; elle y dé- pofe un œuf qu'elle recouvre de terre : la chaleur du climat le fait éclore. Cet œuf \fig. 2. ) porte cinq lignes de longueur & trois lignes de largeur ; il eft lllTe , d'un blanc-fale , oblong , également arrondi par les deux ex- trémités. § ^ Ohfen^mons fur VAnolls de M^ Bomare. Suivant M. Bomaré, l'Anolis court pendant le jour autour des cafés & dans, ies jardins pour chercher fa nourriturej lanuuifjè dans la terre, & Il y fait un bnut plus aigu ù plus incommode que celui des Cigales. i°. Les courfes de TAnolis font tout au plus des promenades qui n^embraffent pas beaucoup de terrein; il ne s'éloigne guères du lieu qui l'a vu naî- tre. 2°. il y a des araignées , des mouches, & d'autres infedes f>ar-tout ;,il n'a donc pas befoin Aq courir bien loin pour trouver^ nourriture-, if l'attend en patience, & il trouve par-tout de quoi fatisfaire fon appétit. 3°. Les cafés DE SaiNT-DomiNGUF. 5fo cafés fbnt pleines d'Anolis Ja nuit commç le jour, ils ne m'ont jamais i/zcommodé par leur chant .z/^/z; je crois qu'ils paffent Ja nuit à dormir plutôt qu'a chanter. 4°, Je ne ks ai jamais vus fe cacher dans Ja terre ; les uns fe perchent fur les arbres , d'autres fe Jouent dans ks maiions ; il en eft qui vivent habi- tuellement dans les champs. On en trouve dans Jes pièces de cannes, fur les cotonniers , dans Us brouffailles , dans Jes bois, en un mot par- tout, ils paifent la nuit où ils ont paifé le jour M.^ Bomare ajoute que fan maage ces lézards & qu on les trouvefon tendres & faciles à digérer 'je n en ai jamais vu manger à perfonne , pas même aux Nègres ; il eiî vrai que ks chats s'en ré^a- Jent allez fou vent , & je n'ai point remarqué que cette efpece de viande leur fut indigeAe R T I C L E XI. Mouches lulfantes, 7iom7?2ées Mouches-à-feu. Ce font des infedes coléoptères fort corn imins a Saint-Domingue. II y en a de deux efpeces. La première eft aifez femblabîe à quelques différences près, à celle qui eft dé- crite dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris, année 176^, & qu'on a trou- vée a Pans, ou û a paru qu'elle avoir été tranf- portee dans l'état de chryfalide avec des bois arrives depuis peu de Cayenne. Celle que nous avons rapportée de Saint-Do7nln0ue(£. o ^ aun pouce & demi de longueur, & cinq Jian;s dans fa plus grande largeur. Sloane la définit: Scarabœus Jujcus thorace angulofo luceiTz e^mt^ tens; Barrere 1 appelle, Scarabœus iTtaxiinus Z ' 2^4 Essai SUR l'HisTOIRT; NATURELLE eleiannffljnus Jplendens. On en voit plufieurs au Cabinet du Roi, défignées par le nom de Buprejk. Toutes les parties qui compolent cet infede paroiffent au microfcope revêtues d'un poil rude , rouffeâtre & court. Sa tête n'efl point dégagée du corcelet, comme dans la Mouche à feu de Cayenne ; mais elle y ett enfoncée durant la vie & après la mort de ranimai : elle eft garnie de deux gros yeux noirs, fort liffes & faillans. Sa bouche eft ar- ^ méededeux petites pinces crochues, folides, très-aiguës : ce font les feules armes otten- fives dont la nature l'ait pourvue. M. i^^^^^- roux n'en fait point mention dans la delcrip- tion de la Mouche luifante de Cayenne ( Mem. Acad. 1766.). Sa tête eft terminée par deux antennes très-déliées , de quatre lignes de Ion- ffueur, compofées d'onze anneaux unis enlem- ble & mobiles : le premier , qui s'articule avec la tête , eft une fois plus long que les autres. Le corcelet forme une efpèce de quarre : il eft d'un brun foncé , d'une confiftance dure , terminé par deux pointes aiguës, au~dellus defquelles on apperçoit deux taches ovales , d'un blanc-fale, convexes, folides , tranfp a - rentes, quand l'infede eft vivant. Ceftpar-ia qu'il répand au-dehors une matière pholpho- îique uniforme, fi lumineufe, qu'on peut s en fervir dans un befoin pour lire & écrire dans - lès ténèbres. Son éclat s'aff-oiblit à mefure que les forces de l'animal rabandonnent ; il s e- clipfe fans retour , lorfqu'il meurt. On remar. oue encore fur le milieu du corcelet, deux petits enfoncemens , comme dans ee.ui de Cayenne, Le deffous du corcelet porte , au DE Saint-Domingue; 5?^ milieu du côté oppofé à la tête, une longue pointe, qui entre dans une cavité placée au milieu du thorax qui rend l'infede élaffique &: le fait fauter en l'air , lorfqu'on le met fur le dos. On trouve un femblable méchanifme dans 1 elpece de fcarabée nommé Maréchal que tout le m.onde connoît. * Le dos de Finfede ell molaife, couvert de deux aîles membraneufes fort amples , ren- fermées dans des élytres écailleux , fo'lides opaques, d'un gris-cendré, liffesen quelques endroits , raboteux & comme chagrinés dans d autres , couverts de plufieurs rangs de pe- tits points. On n^a rien obfervé de femblable dans celui de Cayennc. Entre les élytres , vers leur origine , l'on apperçoit l'écuiïbn, qui elî de forme arrondie de même couleur & de même matière que \ç.l élytres. Il refte immobile, lorfque \ts élytres s ouvrent, que \^s aîles fe déploient, & que l'infede prend fon eifor dans \ç,s airs. "Il eft conftruit de façon que \ts élytres ne peuvent pas forcer la charnière membraneufe qui \ts. foutient , en s'ouvrant trop , ni laiiTer de vui- de entre elles, en s'abaiffant. Ce phofphore animal eft porté fur fîx pat- tes , dont deux font adhérentes au corcekt , & quatre au thorax. Chaque patte eft divifée' en trois articulations; la dernière eft compo- fee de cinq anneaux enchâffés \ts uns au bouc des autres. Le dernier anneau eft terminé par deux petites griffes crochues & pointues. Son ventre confifte en cinq anneaux écailleux chagrinés, d'un brun-noirâve , oblongs ex- cepté le dernier, qui eft plus large V qui ^:<:6 Essai sur l'Histoire naturelle forme uae efpèce de triangle. L'anus efï placé à Fextrêmité de l'angle qui termine l'iniede. La feconde efpèce de Mouche luifente (/;?• 40 n'^ g"^^^^ que quatre lignes de lon- ^eur. Barrere l'appelle , Scarabœus parvus jiocl'ducus , Jeu injîar igms fplendens. Nous ne l'avons pas allez obfervé pour en donner une defcription exade ; nous avons feulement re- marqué qu'elle répandoit, en volant , fa lu- mière par l'anus, non d'une manière unifor- me & continue , comme celle de la Mouche à feu que nous venons de décrire; mais par élancement , comme une étincelle qui paroit & difparoît fucceffivement. Les Mouches à feu ne paroifient que la nuit le jour eft deftiné au repos. Guidées par îe flambeau qu ellc^ alimentent de leur pro. t)re fubftance, elles s'élancent dans les airs, dès que les ténèbres commencent a paroitre ; leur vol ell fort rapide ; la fplendeur qui les etivironne attire autour d'elles quantité de coufms qu'on appelle Maringouins & dp Mouches éphém.ères dont elles font fort avi- des On fait que ces petits infedes recher- chent la lumière, où ils vont fouvent abréger une carrière bornée par la nature a quelques heures dévie. i r '-i a-*. M. Bomare fe trompe donc , lorfqu i dit au mot Acudia,c^v:on ignore fi ceji de leurs yeux ou de qaelqu autre parue de leur corps \ue vient cet éclat. 11 eft démontre que les Luches à feu delà première efpèce repan- dent la lumière par deux endroits du corce et oui font bien aifés à diftinguer , & que celles de la féconde efpèce la lailïent échapper pac DE Saint-Domingue, 3^7 l'anus. Il eft encore faux de dire que ces iu- ^ feâQS ne paroijfent point lumineux de jour. Ceux de la première efpèce fur-tout , le font en tout temps , il fuffit de hs agiter , pour les voir briller , fur-tout lorfqu'on fe place dans un lieu obfcur. M. Bomare revient encore fur \qs Mouches à feu au mot , Mouches lui- fantes, & voici l'idée qu'il nous, en donne: Ces Mouches, dk-'û , /ont un peu plus groffes que nos Mouches ordinaires , auxquelles elles rejfejnblent affe^; mais la partie pojlérieure de leur corps eji d'un verd tranfparent, & con^ ferve pendant la nuit la lujniere qu'elle a reçu. le jour Le P. Labat dit qu'à la Guadeloupe d y a des Mouches à feu de la grojfeur d'un hanneton qui répandent tant par les yeux que par le corps une lumière vive & d'un beau verd. ' N'efl-on pas bien inftruit avec de pareilles defcriptions ? On me demandera peut-être pourquoi je m'en prend à M. Bomare , puifqu'il n'a rien dit de lui-même , & qu'il n'a fait que copier mot pour mot le P. Lahat ? Je réponds que l'un n'excufe pas l'autre. Je fais mauvais gré au P. Labat de nous avoir donné de faulfes notions fur un infede qu'il n'ayoit que légè- rement examiné. Mais je ne faurôis témoi- gner ma reconnoiffance envers M. Bomare, d'avoir eu la complaifance de tranfcrire des rêveries , Ôc de les réunir en corps d'ouvrage. Il falloit parler avec connoifTance de caufe l ou fe taire. im\ 3 j8 Essai sur l'Histoire naturelle Article XII. Scambée-Torme, ou Vlùque àeSaïnt-Domlnguet Les Nègres appellent Tortue un infefte coléoptère qui n'eft pas commun dans Tlfle. Il y en a au Cabinet du Roi que l'on dit venir de Cayenne , & qu'on a nommé Duique. Celui que nous poffédons repréfente un ovale par- fait; il eft d'un noir-foncé & luifant en def- fous , d'un verd-doré en deflus , imitant la gorge de pigeon. Sa longueur eft d'un pouce & demi; fa plus grande largeur eft d'onze a douze pouces. Sa tête eft applatie , peu diftinguee en ap- parence ducorcelet, formant une efpèce de triangle dont les angles font tronqués ; \ts yeux noirs, fort gros, artondis , plus faillans en deffous qu'en deffus. Deux antennes font placées immédiatement au deflus des yeux ; elles font compofées de plufieurs anneaux con- tigus , arrondis. La bouche eft environnée de quatre petits bras , compofés chacun de trois articles : ils fervent à l'infede pour porter fa proie à la bouche , l'y aflujettir , & l'empê- cher de s'échapper. ^ ^ , Le corcelet eft oblong , termine du cote de îa tête par deux pointes qui aboutment au- près des yeux, & emboîtent la tête ; le del- fus eft convexe , le deflbus concave , relevé dans le milieu par une côte qur porte deux pattes. Cette cavité du corcelet fert a loger ces deux pattes , ainfi que les deux fuivantes qui font placées à l'extrémité d'en-haut du thorax. La troifième paire de pattes ell iituee DE Saint-Domingue. 3^9 à Pextrêmité d'en-bas , vers l'origine du ven- tre : celles-ci font couchées à pUt fur le tho- rax , qui a huit lignes de longueur , & qui eft divifé en quatre compartimens. L'infede marche donc à l'aide de fîx pat- tes, dont deux petites adhe'rentes au corce- let, deux moyennes & deux grandes atta- chées aux deux extrémités du thorax. Chaque patte efl compofée de trois articulations ap- platies : la première , adhérente au corps , eft îilTe , plus large au fommet que vers la bafe; la féconde eft garnie fur les bords de poils rudes , longs & rougeâtres , & au milieu , de pointes couchées les unes auprès des autres; deux pointes très-affilées & mobiles font pla- cées à l'extrémité de cette articulation , qui eft terminée par une efpèce de frange que la loupe fait aifément appercevoir. Latroifième articulation eft garnie de poils, comme la féconde , & de plufieurs pointes unies enfem- ble , qui forment comme une frange : elle eft foudivifée en cinq petites articulations, dont la dernière eft terminée par deux griffes ar- quées. Le ventre eft compofé de fix anneaux, dont le dernier forme une efpèce de triangle : l'angle qui termine l'infefte eft obtus & émouf- fé ; c'eft dans cette partie qu'eft placé l'anus. Les élytres font liftes , luifantes , & paroiffenc à la loupe marquées de petits points. On dé- couvre vers leur origine récuffon, qui eft pe- tit , triangulaire. ZiV r ^60 Essai SUR l'Histoire naturelle A R T I C L E XIII. Scarabée Monoceros. {fig. j. ) Le Chevalier Sloane parle d'un Monoce- ros qui paroît avoir beaucoup d'analogie avec cèîui-ci : il le définit : Scarabctus major, nl- ger, tricornis, La corne du milieu eft fembla- ble à celle que porte celui de Saint-Domin- gue. Mais celui de Sloane a encore deux au- tres cornes terminées en pointe , & fituées aux deux côtés du corce^et : c'eft ce qu'on ne trouve point dans celui que nous allons décrire. On affure dans le pays qu'il eft la inétamorphofe du ver Pabnijiâ , dont les ha- bitans fe régalent. C'eft un mets très-délicat > 6c recherché par ceux qui n'ont point de ré- pugnance à manger des vers. On voit plu- fieurs de ces vers au Cabinet du Roi- Cet infecte coléoptère eft tout noir : le deJP- fus de fon corps eft lifte ; le deffous eft garni de poils roux. Sa longueur depuis l'extrémité du ventre jufqu'au bout de la corne , eft de vingt lignes , fa plus grande largeur eft de neuf lignes. Sa tête eft terminée quarrément. Sa bouche eft environnée de quatre petits bras y compofés de trois articles ; ils lui fervent pour retenir fa proie , & la préfenter en tout fens à la bouche ; (ts yeux font gros , jau- nâtres 5 & faillans de tout côté. Deux anten- nes placées immédiatement au deflus des yeux, font compofées de fept anneaux terminés par trois feuillets d'égale grandeur , ovales , fore minces ; tranfparens ; celui du milieu eft con- vexe des deux côtés j les deux autres font con- DE Saint-Domingue. 3^1, caves en dedans , convexes & velus en de- hors ; de force qu'étant appliqués les uns con- tre les autres, ces trois feuillets n'en repré- fentent qu'un leul. La partie qui fert de bafe aux anneaux , & qui s'articule avec la tête, eft couverte de poils , oblongue , plus groiïe vers l'extrémité qui la joint aux anneaux. Immédiatement au-deifus de la tête s'élève une petite corne lifTe, recourbée en arrière, ftriée dans le milieu , tronquée dans l'extré- mité, où l'on apperçoit une petite échancru- re ; elle ert: adhérente au corcelet , & fem- ble en être le prolongement. La partie du cor- celet qui fert de bafe à la corne , eft enfon- cée jufques vers le milieu ; l'autre partie eH relevée , oblongue , convexe. Les élytres font Viffcs , terminées dans leur contour par un rebord faillant , féparées par un écuifon triangulaire affez grand. Le ven- tre eft compofé de fix anneaux ; l'extrémité eft arrondie , plus longue que les élytres , & refte toujours à nud. Cet infefte a fix pattes : les deux premiè- res , qui font les plus petites , font ad- hérentes au corcelet; hs quatre autres font adhérentes au thorax. Chaque patte eft com- pofée de trois articles , dont le premier fert de bafe aux autres : il eft lifte , velu fur les bords ; le fécond eft dentelé en dehors , velu , ^ terminé par quatre épines ; le troifième fe divife en cinq petits articles, qui font velus, épineux , terminés par deux griiFes arquées , d'égale grandeur. f i 3^2 EssAt SUR l'Histoire NATURELLE Article XIV. Mouche Ichneumon. Cefl peut-être celle que Sloane définît: Vejpa Ichneumon major tota cœrulea fpkndens. II s'en trouve de très-petites. Celle que nous poffédons a deux pouces de longueur : tou- tes les parties qui la compofent j excepté les aîles, font veloutées d'un bleu-foncé chan- geant en violet. Sa tête efl: oblongue , mobile , garnie fur les côtés de deux gros yeux ob- longs , verdâtres & faillans : trois petites ta- ches rondes , difpofées en triangle , occupent le milieu du front ; elles font luifantes , im- mobiles , paroiffent de même matière que les yeux , & fervent peut - être à l'infede pour appercevoir les objets qui fe préfentent en face. La bouche eft armée de deux fortes pin- ces , tranchantes , arquées , applaties , & qui fe croifent l'une defTus l'autre : quatre petits bras, compofés chacun de quatre articles, font placés aux quatre coins de la bouche ; deux antennes occupent le haut de la tête ; elles font longues d'un pouce, cerclées, tou- jours en mouvement , compofées d'onze an- neaux. Le premier, qui s'articule avec la tête, eft plus gros que les autres à qui il fert dé bafe , & qui vont toujours en diminuant de grofleur ; leur longeur eft à peu près égale. L'ichneumon eft porté fur fix pattes : la première paire prend naiftance au corcelet , elle a un pouce & demi de longueur ; la fé- conde paire a deux pouces, le thorax lui fert de bafe ainfi qu'à la troifième paire , qui eft DE S AI NT-D O M I N G U3?. 3^3 de deux pouces Se demi. Chaque patte efl: com- pofée de trois articulations. La première eft courte , groiTe , & s'articule avec le corps ; la féconde eft plus longue & moins groffe; la troifième, beaucoup plus longue que les au- tres, fe fubdivife en fix petits articles qui font dentelés fur les l?ords, & arme's chacun de deux épines ,• chaqtîe petit article diminue de grofleur & de longueur, à mefure qu'il appro- che de Fextrêmité de la patte , qui eft termi- née par deux griffes arquées. Le v^entre efl fi dur qu'une épine de citron- nier n'a jamais pu le percer lorfque l'infede étoit vivant. Il efl: attaché au corps par un filet imperceptible ; fâ forme efl arrondie , dblongue , pointue : il efl compofé de fix an- «eatix écailleux très-mobiles » qui fe replient les uns fur les autres , comme on l'obferve dans les guêpes. Ils font terminés par un re- doutable aiguillon, dont la piquure occâlionne une fièvre ardente , accompagnée de maux de tête ôc de mâlaife qui durent plufieurs jours , au bout defquelles tous ces fymptomes dif- paroiffent d'eux-mêmes , fans le fecours d'au- cun remède : on a cependant coutume de faire prendre au malade quelques dofes de thériaque. Deux grandes aîîes prennent nailfance au coircdet. Elles font membraneufes , tranfpa- rentes , divifées en compartimens par des ner- vures , d'un rouge vif, bleuâtres à l'extrémité, longues d'environ vingt lignes -, le corps fert de bafe à deux autres aîles fembîables aux précédentes , fous lefquelles elles font cachées , lorfque l'infede ne vole pas. /:! 3^4 Essai SUR l'Histoire naturelle: _ L'on voit, par ce détail, que la Mouche ichneumon efl pourvue de toutes hs armes oiFenfives & défenfives qui peuvent convenir aux infedes. Quatre grandes aîles lui font prendre un vol rapide , foit pour échapper aux pourfuites des oifeaux qui font (es feuls enne- mis , foit pour atteindre fa proie ; fix pattes armées de douze griffes & de 72 épines, font plus que fuffifantes pour l'empêcher de s'é- chapper : les deux pinces lui portent le coup de la mort; l'aiguillon n'ell employé que contre un ennemi qui ofe fe défendre. Cet infede vorace mène une vie errante & folitaire. Il dépofe fes œufs dans un trou aifez profond , qu'il creufe en terre. Il ne vit que d'infedes & fur- tout d'araignées. Il n'en efl aucune parmi elles capable de lui réfîfter; V araignée crabe elle-même quelque monf- trueufe & vigoureufe qu'elle foiteft auffi-tôt vaincue qu'attaquée. En vain efpéreroit - elle trouver fon falut dans la fuite ; l'ichneumon la fuit à la pifte , fous les herbes ou les pier- res, & la rejoint bientôt, malgré les détours qu'elle fait pour tromper la marche d'un en- nemi fi terrible. Lorfque l'araignée fe voit atteinte , elle s'étend par terre , foit que la vue de l'ichneumon la faiiilfe de peur , foit qu'elle efpère par cette rufe lui échapper en contrefaifant la morte ; mais l'animal vorace ne fe laiife pas facilement dupper^ il faifit fa proie avec fes pinces & s'envole avec, ou il la fuce fur la place. dp •SrîT. "irrv" DE Saint-Domingue. ^6^ CHAPITRE SEPTIEME. Monuinens d'antiquités. LEs naturels de Saint-Domingue bornoient leur induflrie à fe conflruire des cafés , à faire àts canots, Ats inftrumensde pêche, àç.% hamacs & quelques vêtemens de coton; ils avoient des vafes de bois ou d'argile pour leurs ufages journaliers. Tout a été anéanti avec eux ; leurs conquérans ne cherchoient que de For , ils ne s'occupoient que Aç.^ moyens de ^'tn. procurer. Il faut maintenant ouvrir les entrailles de la terre pour y trouver quel- ques veftiges de l'induftrie de ce peuple in- fortuné. 11 feroit à fouhaiter que chacun mit au jour les découvertes qu'il auroit faites fur un fujet fi ténébreux : leur enfemble & leur comparaifon donneroient des lumières qui nous manquent. Les parties \ç.s plus foibles en elles-mêmes , & lorfqu'elles font ifolées , com- pofent par leur union un édifice folide & du- rable. Les antiquités que nous avons ramaf- fées durant notre féjour à Saint-Domingue ont pour objet des fétiches , des fragmens de poteries & des haches indiennes. Nous allons en parler féparément. § i^ Fétiches. La première repréfente un crapaud groffié- f ement fculpté. Il a un demi-pied de lon^ IX. ^66 Essai SUR l'Histoire NATURELLE gueur ôc trois pouces de largeur. La pierre fur laquelle il efl: étendu , & dont il fait partie, eft pefante , dure , extérieurement noirâtre , raboteufe , verdâtre dans l'intérieur. On en tire des étincelles avec le briquet. J'ignore de quel quartier elle a été tirée. PiANCHE La féconde (fig. i. ) efl compofée d'une pierre quartzeufe. Elle a deux pouces & demi de longueur & un pouce de moins dans fa plus grande largeur. Elle efl repréfentée ac- croupie, ayant les mains fur les genoux. La tête efl fort groffe, d'un pouce de longueur, les yeux enfoncés , le nez applati, la bouche extrêmement fendue. Le fommet de la tête efl percé par derrière de trois trous difpo- fés en .triangle & qui communiquent enfem- bîe. On voit fur chaque avant-bras une tête en relief. Cette fétiche a été trouvée dans la plaine du Cul-de-fac. La troifième ( Jig. 2. ) efl cOmpofée d'une pierre verdâtre. Elle femble mutilée , quoique fans fradiure apparente. Elle efl une des plus grotefques. Sa tête paroît placée au milieu de la poitrine ; on apperçoit derrière la tête qua- tre efpèces de moignons couverts de flries , dif- pofés en quarré. . L^intervalle qui fépare les deux fupérieurs des deux inférieurs efl percé d'un bout à l'autre. Elle a été trouvée fur l'habitation des Religieux Dominicains à Léo' gane. La quatrième (Jig. 3.) a un pouce de lon- gueur. La tête feule efl plus longue que le refle du corps. On y apperçoit deux grandes oreilles groffiérement fcuîptées ainli que le jcefte de la figure , deux gros yeux , trois rangs T PL 9 / ■-«B^aLÉr^vd^.-WRWlKSnMv I i DE Saint-Domingue. 3(^7 de dents ; le derrière de la tête efl: percé d'un bout à l'autre tranfverfalement. Le corps efl applati. On y remarque deux efpèces d'épau- les percées f)ar en-bas , un nombril & deux moignons qui terminent la figure. La pierre dont elle efl compofée efl blanchâtre & ne fait point d'efFervefcence avec les acides. § 2. Fragmens de poterie, {fig. ^.) Ils ont été trouvés en 1773 dans les mor- nes du graud Couve fur l'habitation Auùert fituée à la Raque-â-Cotard à une demi-lieue du chemin qui conduit de Léogane à Jacmel. Ils font compofés d'une tête argilleufe ou glai- feufe, dans laquelle on trouve des particu.es ferrugineufes attirables à l'aimant. Ces frag- mens font les débris des vafes que lés anciens naturels modeloient pour leur ufage. Ils n a- voient pas l'art de les faire cuire au feu, ils fe contentoient de les faire fécher au foleiî. C'efl pour cela qu'ils font fi fragiles, & quil efl rare d'en trouver d'entier ; je n'en ai ja- mais vu de véritable. Dans les figures que nous avons fait exécuter , l'on voit pîufieurs têtes & d'autres deffeins groffiérement tra- vaillés. , 11 m'efl tombé entre les n^ains une efpece de taffe , qui paroît entière & feulement ébré- chée dans le contour de fa bouche; mais je ne la crois pas d'une antiquité fi reculée que les fragmens dont on vient de parler. Elle efl compofée d'une terre rougeâtre , qui paroît avoir été cuite' au feu : elle renferme cepen- I 5 6s ' Essai sur l'Histoi/ie naturelile dant auiïi des particules ferrugiaeufes , attî- rables à Paimant. §3- Haches Indiennes. Elles font fort communes en Amérique. Le vulgaire les appelle Pierres de tonnere ; on les trouve par- tout à Saint-Domingue fur la furfacê de la terre , ou à peu de profondeur. Elles font faites communément en coin. Avant l'arrivée des Eur.opéens, les Indiens s'en fer- voient pour faire leurs canots & d'autres fem- blables ouvrages. Elles leur tenoient lieu de tous les inlfrumens de charpente dont ils n'avoient aucune idée. On fait par tradition,, que lorfqu'ils avoient un canot à faire , ils commençoient par abattre l'arbre qui leurcon- venoit; pour cet effet , ils mettoient le feu au pied ; des coups de haches redoublés animoiene cet élément , qu'ils conduifoient par ce moyen où ils vouloient. Lorfque Tarbre étoit abattu , ils coupoient de la même manière l'autre ex- trémité , fuivant la longueur qu'ils vouloient conferver; ils creufoient enfuite cette partie par le moyen du feu & de leurs haches, & le canot fe trouvoit fait ; la "patience &: le courage leur faifoient exécuter ce qu'ils avoient une fois conçu. Ces haches font des pierres très - dures & communément très-liffes. Les fentimens font partagés fur leur origine. Les uns prétendent qu'elles viennent de la terre ferme, & que les peuples qui l'habitoient venoient \ts troquer avec ceux des ifles, qui leur donnoient en échange quelques denrées. D'autres croient qu'elles DE Saïnt-Domingue. 36"9 qu'elles font originaires des lieux où on les trouve, Se que \ç:s Indiens leur donnoient la forme que nous leur voyons, en \ts frottanc -contre d'autres pierres, ou en les raclant avec dts débris de coquilles. Quelques-uns penfent qu'elles font faites avec une terre glaifeufe que les Indiens alloient chercher au fond de la mer, & qui a la propriété de fe durcir à l'air. Quelque fentiment qu'on embralfe, on ne verra jamais ces inftrumens fauvages, fans admirer combien l'homme , lailTé à lui-même & fans fecours , devient induftrieux pour fub- venir à {ts befoins. * Parmi les haches Indiennes que nous pof- fédons, on obferve quatre variétés principales, comme l'infpedion des jfigures le démontre. La première repréfente en petit une pierre très-dure , bariolée de taches noirâtres & rouf- feâtres , remplie de particules ferrugineufes attirables à l'aimant, criblée de trous à l'ex- térieur, mais fufceptible de poli, faifant feu avec l'acier. Sa forme efl: oblongue; elle eft taillée en coin , amincie dans fon contour , terminée au fommet par un petit bourlet. Sa longueur eft d'un pied, fa largeur de cinq pou'- ces & demi ; fa plus grande épailTeur d'envi- ron un pouce &; demi. Elle péfe cinq livres, & reçoit facilement , comme la pierre de tou^ che, la trace du métal qu'on y frotte; il en efl: de même d^^ efpèces fuivantes. La féconde figure repréfente une hache de couleur noirâtre , très-dure , amincie dans fa bafe, terminée au fommet par trois pointes obtufes, ayant vers le milieu un étranglement y A a Planche X. 57^ Essai sur l'Histoire naturelle elle contient des particules ferrugineufes, at- tirables à l'aimant , 6c que la loupe fait aifé- înent appercevoir dans {es fraftures. Sa lon- gueur eft de quatre pouces Se demi, fa plus grande largeur de trois pouces huit lignes, fon épaifTeur d'environ un pouce. Elle fait feu avec l'acier : fon poid eft prefque d'une livre. La troiûème figure repréfente Telpèce la plus commune. Elle eft oblongue , arrondie & applatie vers la bafe , pointue au fommet , convexe des deux côtés, amincie dans fon contour, d'un grain fin, très-dure , d'un grand poli , comme ollaire, de couleur verdâtre, bariolée de taches noirâtres. Elle rend quel- ques étincelles lorfqu'on la frappe avec l'a- cier. Sa grandeur varie, La plus confidérable de celles que nous avons , porte dix pouces t r>E Saint-Domingue. 571 lignes. La pierre quia fervi à faire cette ha- che eft noirâtre , comme vermoulue^, ver- dâtre & d'un grain fin. Elle ne rend point d'étincelles lorfqu'on la frappe avec 1 acier ^ fa nature paroît ollairej elle pefe i^ onces. F I N. Aa îj m » 372 TA B L E TABLE I DES MATIÈRES. Avertissement, pag. iij Explication de^ abréviations , vj Explication de quelques expreffions tecnlques ou en ufiige dans les If.es. viij CHAPITRE 1. Idée générale de Sauit-Do- yningue , i Art. 1 Situation de Saint-Domingue, Ibid. Art. 11. Productions de S aint-Domingue , 2 Art. 111. Commerce des François à Saint- Domingue. 5 Art, IV. Gouvernement civil de Saint - Z)^- iningue , 5* § I. Du Gouverneur , Ibid. § 2. De l'Intendant , y § 3 . Des Sièges de Jujiice , 8 § 4. Des autres Officiers publics , 10 § 5. Z>d Az Milice, Ibid. Akt. V. Gouvernement eccléfiajîique ^ 13 Art. VI. Population de lapartiefrançoife, ly Art. vil Obfervations fur le climat de Saint- Domingue , I S Art. VllI. Manufactures établies à Saint" Dojningue , 21 § I. Dufucre, 22 § 2. Z)/z c^', 31- § 3. /)e l'indigo i 36" § 4.. i)/-{ coton, 40 Art. IX Manufactures qu'on pourroit intro- duire dans la partie françoife de Saint-Do- mingue ^ 45 ;*\).";ï' DES MATIERES. 57$' Art. X. Réflexions fur l'état préfent des ha^ bilans de Saint-Domingue , tantjibres quef^^ claves , pag. jo CHAPITRE IL Description de la Colonie Franco ife de Saint-Domingue, ^^ Art. I. Defcription de la partie du Nord^ 60 Art. il Defcription de la partie de l'OueJl, 75- Ai'vT. III. Defcription de la partie du Sud, 106 CHAPITRE III. Defcription d'un tremblement de terre , 1 2 ? CHAPITRE V^. Defcription d'un ouragan, 128 CHAPITRE V. Règne végétal, i^o CHAPITRE VI. Règne animal, 3 14 Art. I. Coquillages de Saint-Domingue ^ ^i<; § I. Coquillages de /ner, Ibid, § 2. Coquillages cC eau-douce, 330 $ 3 . Coquillages de terre vivans , 331 § 4. Coquillages de terre morts ou fof- Jiles j ^^2 Art. II. AJlroïte rameufe fur uji Madré- 33 S Vrai pinceau marin , 33e Art. IV. Efplce d'épongé fingulihe , Art. y. FauxBernard-l'Hermite, Art. VI. VraiBernard-l'Hermite, Art. vil Pou de Sarde, Art. VIIL Defcription d'une efplce mar , Art. IX. Defcription d'un poijfon ros , Art. X. H if lo ire naturelle de l'A no Us, § I. Ses différentes ejpèces. pore , Art. IIL de § 2. Sa defcription. § 3. Son caractère j fes mœurs ^ fes bats 5 ■ ' 337 337 340 343 Cal" 344 înonoce" 347 348 Ibid. 349 coin- 350 574^ TABLE DES MATIERES. § 4,. Manière de fe reproduire , 5 fri §^. ObfervcLtions fur L'AnolisdeM. Bo- mare, Ibid. Art. XL Mouches luifantes, nommées Mou- ches à- feu, 35-^ Art. XIL Scarabée-Tortue, ou Diûque, 358 Art. XIIL Scarabée Monoceros ^ 360 Art, XIV. Mouche Ichneumon , 3 62 CHAPITRE VIL Monumens d'antiquité , 3 6j § I. Fétiches, Ibid. § 2. Fragmens de poterie , 3(^7 § 3. Haches Indiennes , 368. !■ J:" APPROBATION. J 'Ai lu , par ordre de Monfeigneur le Garde dQS Sceaux , un manufcrit intitulé ; EJfai fur t Eijîoire naturelle de l'IJle de Saint-Domingue ^ par le P. Nicolfon. La vérité, la clarté, &la fimplieité qui régnent dans cet ouvrage , Tor- dre alphabétique fous lequel font rangés les objets d'hiftoire naturelle, & les découvertes qui y font répandues, me font penfer qu'il peut fervir de modèle aux voyageurs, qui , lans être profonds dans les fciences naturelles , employeroient , à l'exemple du P. Nicolfon, leurs momens de délaffemens, à des recher- ches & à des obfervations dont la connôilTance devient précieufe aux Savans , en état de les apprécier & d'en faire l'application à Futilité publique. Fait à Paris ce 10 Juin 1775. ADANSON, de CAcadémie Royale des Sciences ^ ieU Société de Londres , & Cenfeur RoyaL I PRiriLEGE DU ROI. Î.T DE Navarre. A nos amés & féaux Confeillers, les Gens tenan^ nos Cours He Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel . Grah4 Confeil , Prévôt de Paris, Ba Uifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils , & autres, nos Jufticiers quil appartiendra : Salut , notre amé k P NicoLsoN, Religieux Dominicain, nous a fait expofer T rJT°'' ^^''' "^Pnmer & donner au public un EjTai Jur Hifioire naturelle de Saint-Dommgue , s'il nous pïai- ioit lui accorder nos Lettres de Privilèges pour ce néce/Taires A CES Causes, voulant favorablement traiter l'Expofant ' Wpus lui avons permis & permettons par ces Préfentes, dé faire imprimer edit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera , & de le vendre , faire vendre & débker par tout notre Rojraome pendant le tems de fix années confécutives à compter du jour de la date des Préfentes. Faisons défenfes a tous Imprirneurs , Libraires , & autres perfonnes de quelque cuahte & condition qu'elles foient , d'en introduue d impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiifance • comme auffi d imprimer , ou faire imprimer , vendre faire vendre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage , ni d'en faire aucun extrait fous quelque prétexte que ce^uiffe être, fans la permifllon expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui , à peine de confîfcation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d'amende conti;e chacun des contrevenans, dont un tiers à nous, un tiersa iHotel-Dieu de Paris, & Tautre tiers audit Expo- lant, ou a celui qui aura droit de lui, & de tous dépens dommages & intérêts : a la charge que ces Préfentes fe- ront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Gomma- mute des Imprimeurs & Libraires qui fait défenfes, article IV, à toutes perfonnes de quelque qua- lité & condition qu'elles foient , autres que les Libraires & Imprimeurs , de vendre , débiter , faire ajficher aucuns livres , pour les vendre en leurs noms , foit qu'ils s'en di~ fent les auteurs, ou autrement, ^ â la charge de fournir à lafufdite Chambre huit exemplaires , prefcrits par l'ar- ticle 2.0Z du même Règlement. A Paris ce 19 Août 1775. Signé i HuMBLOT , Adjoint, Pei'I mprimerie d' A n t o i n e B g u d e t , Imprimeur du Roi. ^.i»i*,5ia6;i,V <€. '*^m |fî*ît '■•* 'J»»?