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Esssl snr l'Organization Charitable ! des Paroisses de Paris aux XYire et XTUI^ Siècles

Pellenort-Biirète 1895

PROFESSORJ.S.WILL

ESSAI

SUR

L'ORGftllISAIlON CHàRlîABLI

DES

PAROISSES DE PARIS

AUX XVIP ET XVIIP SIÈCLES

Commnnicalion faite à r Assemblée géîïérale de la Société d'Economie Sociale de iSp4

par

M. le Vicomte Pierre de PELLEPOHT-BIRÈIE

EXTRAIT DE LA RÉFORME SOCIALE

BORDEAUX

IMPRIMERIE GÉNÉRALE D'ÉMILE C R IJ G Y

'16, rue et hôtel Sainl-Siméon, ^0

Successeur : Mme veuve Riffaud, ué-o Ci;cgy

1895

UNIONS DE LA PAIX SOCIALE

Fondées par F. LJË PLAY, en 1872.

Les Unions de la Paix sociale, ébaucliées dès juin 1871, lurent le produit d'un élan spontané du patriotisme. Elles réunissent sur le terrain de l'observation les hommes prali- ([ues et dévoués que préoccupe le mal social de notre époque. Elles comptent plus sur l'initiative des individus que sur l'influence des gouvernants. Elles ne s'occupent pas des affaires politiques et laissent à leurs membres la plus com- plète indépendance. Mais chacun comprendra qu'il est du devoir et de l'intérêt de tous de chercher, par l'observation des modèles, les éléments essentiels du bien dans la vie privée; ce sont là, en effet, les plus fermes et les plus solides garanties de la prospérité publique. Les Unions s'appliquent ainsi à substituer la description des faits à l'affirmation des idées préconçues, et à mettre en lumière les conditions indispensables à la stabilité des familles, à la paix des ate- liers, à la prospérité morale et matérielle du pays.

Pour faire partie des Unions de la Paix sociale, il faut être présenté par un membre des Unions, ou s'.adresser au secré- taire général.

Les membres des Unions reçoivent tous les quinze jours la revue : La Réforme sociale. Ils sont convoqués, chaque hiver, à des réunions locales d'études sociales, et, au mois de mai, à un Congrès général, à Paris.

La cotisation annuelle est de 15 francs.

Secrétariat : rue de Seine, 54, Paris.

ESS.A.I

SUR

l/ORGANISATIO^' CHARITABLE

DES

PAROISSES DE PARIS

AUX XVII' ET XVIIl" SIÈCLES

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ESSAI

L'ORGâiSATlOB CHftRIÎABL

1?

PAROISSES DE PARIS

AUX xvir-' ET xviir-' siècles

Comiiinnication faite à P Assemblée générale de la Socîélè .d'Economie Sociale de 18^4

par

M. le Vicomte Pierre de PELLEPOKT-BURÈTE

XTRAIT DE LA RÉFORME SOCIALE

BORDEAUX.

IMPRIMERIE GÉNÉRALE D'ÉMILE (i R U (i V IG, nie et liôtcl Sainl-Simûoii, 10

Successeur : Mi"u veuve, ]{ii-faui), iii'''' (.ii;i uv

■1895

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21962

ESS-^I

PAROISSES DE PARIS

AUXXVir ET XVIll- SIÈCLES (1) ..OC

Vincent de Paul a été proclamé par l'Eglise l'apôtre et le patron de la cha- rité. Si je ne craignais de draper cette grande et sainte figure sous un voile aux couleurs pâlies, je me plairais à le pré- ,senter comme l'iuspirateur de l'initiative privée en matière charitable.

(1) La communication faite au Congrès de la Société d'Economie sociale de 1894 par le vicomte Pierre de Pelleport-Burète, vice prési- dent du groupe bordelais des Unions do la paix sociale sous le titre : « Essai sur l'organisation cliaritable des paroisses de Paris aux xvii« et \viii« siècles » a été le point de départ d'un ou-

(•)

Ciii'é (le r;iiàiillon-los-Doml)e.^ dans lo Forez, Vincent de Paul voit ses modestes ressources insuffisantes pour subveuii- aux besoins des pauvres, et un jour que sa bourse vide ne lui permet plus d'assis- té)- une famille à laquelle il a voué un in- .térèt particulier, il appelle l'attention des fidèles sur la misère qu'il est impuissant à soulager et les prie de subvenir aux malheurs dont il leur fait un touchant tableau. Son appel est entendu et lorsque

viage qui sera prochainement pul)li<^ ot dans lequel notre confrère étendant le sujet qu'il avait primitivement traité, d('veloppe l'histori- ouo des compagnies de charité de 1G17 à ITOv! (d'après des recherches à la Bibliothèque et aux Archives nationales, dans les archives du sémi- naire de Saint-Sulpice, de l'Institut des Frères et des Lazaristes, ainsi que dans la bibliothèque de M. I.éon Lallemand, correspondant de l'Ins- titut) et fait ressortir que l'origine des sociétés charitables d'initiative privée remonte à ces associations laïques dues au zèle de saint Vin- c3ut de Paul. L'ouvrage comprendra r-'3 chapi- tres dont nous extrayons quelques passages qui nous ont paru plus particulièrement intéres- sants.

(Xolo (In Scciu-laridlJ.

lo soii' il va visilor la pauvre maison, il la (l'ouve remplie des dons apportés par ses pai'oissieus dans des proportions qui dé- passent les besoins de la famille.

Le pasteur avait demandé l'indispen- sable, son appel a produit le superMu; la charité industrieuse et mesurée du saint saura en disposer avec une sap;e prudence pour secourir d'autres malheureux privés du nécessaire. Celles qui, émues par la voix du pasteur, ont trouvé le chemin de la maison l'on souffre seront les natu- relles dispensatrices de la charité com- mune ; il les réunira, leur adressera de nouveaux appels, leur demandera de pra- tiquer avec discernement l'assistance dont il a été l'inspirateur. La première compa- gnie de charité de dames est fondée.

Ses règlements sont approuvés par l'archevêque de Lyon, le 24 novembre 1617. Cette œuvre se répand rapidement dans le Forez, dans le diocèse de Lyon, dans celui d'Amiens en 1G20, d?ns les vastes domaines de la famille de Gondi ; en 1629 une compagnie est établie dans la paroisse Saint-Sauveur à Paris, Bien-

tôt les plus grandes dames tiennent à honneur de faire partie de ces associa- tions qui se formentjusqu'au pied du trône.

Les compagnies de dames avaient pour but d'aider les mères nourrices, de soi- gner les malades, de nourrir les pauvres et de les assister à leurs derniers mo- ments. Elles ouvraient des magasins cha- ritables pour centraliser les dons eu na- ture, plus tard elles prendront à leur charge et entretiendront des écoles gra- tuites pour les filles.

Dans les compagnies de la campagne, le bouillon des pauvres, dont les éléments sont acquis sur les fonds de l'œuvre, est fait successivement par les soins d'asso- ciées et distribué par elles. Plus tard, quelques filies ou femmes veuves char- gées de ce soin formeront, pour ainsi dire, le cadre permanent des compagnies; elles seront le noyau de la congrégation des filles de la Charité fondée en 1633, qui tiendra dans chaque paroisse l'école des filles et assurera les besoins des pauvres dans une maison appartenant à la com- pagnie de charité paroissiale.

!)

riasieui-s do ces maisons, conlisquoes ou vendues à la JlévoluUoa, furent resli- luées plus lai'd aux pauvres et l'ornièrenl les premiers éléments des maisons de se- cours des bureaux de bienlaisauce.

Les compagnies de charité des hommes furent plus difficiles à constituer, et néan- moins, après un premiei- essai eu KvJO à Folleville dans le diocèse d'Amiens, elles se développèrent avec une égale rapidité.

Les compagnies de Messieurs de la cha- rité avaient plus particulièrement pour objet la distribution de secours aux inva- lides, aux prisonniers, aux enfants oi'- phelius ou pauvres, l'entretien d'asiles de nuit ; dans les villages, les associés s'en- gageaient à nourrir dans leurs basse- cours ou avec leurs troupeaux des ani- maux dont ie produit était appliqué à l'œuvre. Dans les villes ils organisaient des m.anufactures.

C'est dans la paroisse de Saiut-Suipice que les compagnies de charité obtinrent le

plus rapide el le plus complet développe- ment; nous avons été assez heureux poui' retrouver des comptes qui nous ont per- mis de reconstituer sous forme d'états les détails de lem^ assistance pour les pério- des de 1651 à 1663 et de 1777 à 1787.

Pendant la première période, nous rele- vons pour un budget moyen de 11,695 li- vres les destinations suivantes :

Enfants orphelins, mis en métier, placés aux hôpitaux, envoyés aux éco- les.

Familles, relevées, assistées. Ma- riages.

Bureau de consultations judiciaires gra- tuites, — nécessités diverses.

Secours à domicile : Malades, conva- lescents.

Distributions en nature : Lils, liabils, potages.

Pendant la deuxième période, l'assis- tance est plus étendue ; elle s'exerce d'après des principes analogues et vise les mêmes catégories d'assistés. Une nou- velle œuvre, celle du Prêt gratuit, est venue se greiler sur celles qui existaient

- Il -

;ui Wll siècles ; 11 écoles sout on ibiic- tionnemeul. Le budget annuel atteint 181,758 livres pour l'année 1783-84, non compris les distributions de pain. Cl)

L'étude des documents qui nous sont parvenus fait revivre toute une époque avec ses passions et ses luttes, ses aspira- tions généreuses et ses inconséquences. L'initiative privée se débat au milieu de l'organisation vermoulue qui l'enserre de toutes parts ; elle cherche à arracher le vêtement qui paralj'se ses efforts et forme enfin après une lutte persistf^nte de deux siècles un ensemble d'institutions aussi complet que pourraient le rêver les plus puissants organisateurs.

L'application du principe général de la distribution des secours en nature et en échange du travail ressort de la simple lec-

(1) Dans son Tableau de Paris, Mercier en donnant quelques aperçus sur les œuvres de la paroisse de Saint-Sulpice, témoigne de l'admi- ration que les contemporains professaient «pour l'ordre qu'on y avait établi >>. Rioa de plus inté- ressant, dit-il, que ce qu'on voit s'exécuter jour- nellement dauscette paroisse.

Lure de l'ordre d'administraliuu de 1777-78.

Après une expériecce d'un siècle el demi, les œuvres paroissiales sonl arrivées par une organisation i-emarquable à dis- tribuer aux déshérités et aux impuissants l'assislance utile pour établir l'équilibre entre leur salaire ou leurs moyens d'exis- tence et le coût de leur vie.

La charité chrétienne n'a pas redouté de poser ainsi en grand la problème dé- licat de l'assistance par le travail ; ou peut dire qu'elle l'a résolu dans la limite des forces humaines.

La même pensée d'obliger les assistés à un travail proportionné à leurs forces et d'eu faire la piei-re de touche de l'assis- tance revient sous toutes les formes el s'applique, avec une unité et un aspect de suite très remarquable, aux diverses catégories de malheureux ou de patronés. L'ouverture d'atehers de travail, le placement gratuit , l'apprentissage , la fourniture d'instruments de travail , le prêt gratuit, la vente du pain à prix réduit répondaient à cette préoccupation. Le travail était ainsi la condition de l'as-

l.-î -

sislanco (lotinoe fi ceux qui poiivnioiil le pi'ali([uer, f{uel(fue modesle qu'il pût être. Ceux ffui ue pouvaient s'y livrer rece- vaient le^< secours de la charité; les ma- lades, des soins temporaires à domicile ou dans un hôpital; les enfants, les vieillards, les incapables, des secours permanents. Celte organisation qui revêt dans tous ses détails les formes les plus délicates, est inspirée par les sentiments les plus élevés et les plus purs; elle cons- titue un ensemble d'assistance qui peut élre examiné dans toutes ses parties et ilont le fonctionnement n'aurait rien à envier aux prétendues innovations dont nous sommes si fiers.

Les compagnies se i-épandirent dans les diverses paroisses de la capitale; l'exposé de leur action dans les paroisses de Saint- l'iustache et de Saint-Germain-l'Auxerrois nous pai-ait intéressant à relever (1 ).

(1) Nous avons pu reconstituer le fonction- nement des Compai^nies de chnrité dnns 24 pa- roisses de Pa;Ms.

44

L'organisation charitable de la paroisse de Saint-Eustache était très développée : ce fut une des j^remières dans lesquelles se fondèrent les compagnies de charité ; le caractère de leur assistance ressort très nettement dès le début de l'œuvre et se maintient exactement dans la suite.

Le passage suivant de l'un des nom- breux règlements que nous avons re- trouvés caractérise les principes que se sont imposés les compagnies, k Gomme les assistances qu'on donne aux pauvres valides ne sont que pour les aider à ga- gner leur vie par le travail, ceux qui n'ont point actuellement de profession ni de ta- lent pour gagner leur vie ne doivent être assistés qu'en cas qu'ils se déterminent à quelque genre d'occupation et cela pen- dant quelque temps que la prudence dé- terminera en leur donnant seulement pour chaque semaine quelque chose pour vivre pendant qu'ils tâchent de trouver un emploi. »

C'est en 1630 ou 1653 (1) que fut fondée

(1) Les règlements signalent l'une et l'autre de ces dates.

la compagTiie poui' le rétablissemênl des pauvres familles houleuses de la paroisse de Saint-Euslache. Sou règlement porte la date de 1654. Celte compagnie fut au- torisée par lettres patentes d'avril 1662, confirméee en 1721; elle portait aussi le nom de compagnie des quin.:;e jours, ses membres se réunissant deux fois par mois.

« Cette société, est-il dit dans les docu- ments qui ont passé sous nos yeux, est composée d'ecclésiastiques et de laïques, ils entrent dans les maisons sans y être appelés et n'ont point d'yeux pour ces serviteurs inutiles qui croupissent dans l'oisivelé et qui comme les frelons veu- lent vivre aux dépens des abeilles; mais quand ils rencontrent un sujet rempli de bonne volonté à qui il ne manque pour travailler que de la matière et des facultés, c'est alors qu'ils lui ouvrent leur sein, qu'ils lui donnent les moyens de se réta- blir en l'exercice de son métier et de sub- sister avec sa famille. »

Le curé est le chef de la compagnie; il est secondé par deux assistants et un secrétaire.

IG

A rorip:iiie, la compaft'nie eiiil)io.ssf Inules les bi-auches dp l'assislance : pa\i- vi-es honteux, mendiants, malades, pi-i- sonniers, enfants Iroiivés, orphelins. Klle fonde des petites écoles, des catéchismes, une maison de charité pour les (illes re- penties et les convalescentes; s'occupe du rétablissement des familles, de l'appren- tissage des enfants, des réconciliations. Klle délivre les paroissiens ca]itifs en Barbarie, entretient des avocats et des procureurs pour former un conseil cha- l'itablo, des médecins chii-urgiens et apo- thicaires attitrés, des maîtres et maîtres- ses d'école ; pratique la visite des hôpi- taux et des prisons de la paroisse et des paroissiens détenus dans les autres pi'i- sons ou assistés dans les hôpitaux, de Paris.

Ses membi'es opèrent de la faciou sui- vante. Une enquête est faite sur la situa- tion du quémandeur, qui est l'objet d'uu rapport lu à la compagnie. Celle-ci vole sur les conclusions et si elle accoi-de un secours, le montant en est confié « à ce- lui des associés qui est jugé le plus propre

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il rfiniployor iionr los nécessilés du ji.nu- vi'P >'. Klle donne sou assistance sous l;i l'orme d'ouliis ou (rinslmments de Iim- vail « n un cordonnier du cuir, à uucliar- penliei- du bois, etc. La compaiiuie ne rétablit pas les marchands, mais les aide pour les assortir. »

Les principes de l'assistance par le tra- vail ressortent d'une fai-on très chiire dans l'reuvre de la paroisse. Il est aussi une auti-e par-ticularité qui se l'ait jour, c'est la division du travail entre les mem- bres de la compagnie. Non seulement ils se partagent les grandes divisions de l'as- sistance, écoles, hôpitaux, prisonniers, etc., mais aussi les pauvres à secourir et l'application des secours à distribuer. Leur rôle personnel parait plus actif que dans les compagnies des autres paroisses.

Au dix-huitième siècle, les compagnies de charité de la paroisse avaient pris une très grande extension ; leur fortune était fort bien établie, puisque les pauvres et la charité possédaient plus de 14,00(3 livi-es de rentes sur l'Hôtel de Ville seulement.

Ou l'ut alors amené à diviser l'assis-

tance entre phisieiii-s compagnies. Celle des Quinze jours, dont nous avons ex- posé les débuts, s'occupe du « soulage- ment et môme du rétablissement, lors- qu'il est possible, des pauvres maîtres ou marchands de quelque corps ; » la com- pagnie de Bon Secours, des pauvres ma- lades, du soin et de l'entretien des écoles et de la fourniture du lait pour les petits enfants ; celle de Sainte-Agnès, des nou- veaux convertis. Chacune d'elles possède un règlement particulier qui spécialise la nature, le terme et la durée de son assis- tance. Une quatrième a pour objet la dis- tribution des aumônes aux pauvres hon- teux valides (1).

Le but de cette dernière est princii)a- lement de venir en aide aux pauA-res honteux valides. Elle assiste encore les malheureux qui ne se trouvent pas dans les catégories dont s'occupent les deux autres compagnies et ceux qui sont leurs clients naturels mais dont elles ne peuvent

(1) Bibliothèque nationale, E 72G8 R 48533. Rè- glement de 1737,

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prendre soiu pai* suile de quelque^; cir- constances de leurs règlements, el en particulier s'ils ont atteint la durf^e de l'assistance qu'elles peuvent leur donner. Les solliciteurs sont visités ; une enquête approfondie juge le bien fondé de leur demande et apprécie la valeur des secours qu'ils reçoivent du grand bureau ou d'autre part. La compagnie délibère, ac- cueille leur demande ou la rejette, les adresse à l'assemblée des Quinze jours, s'ils sont marchands ou maîtres, les fait inscrire chez les sœurs s'ils sont malades, les assiste elle-même s'il y a lieu. S'ils ont des enfants, leur envoi à l'école est la condition des secours.

L'assistance est toujours donnée en na- ture et en travail ou en instruments de travail. Les femmes reçoivent du chan- vre à filer si elles ne peuvent se livrer à une occupation plus délicate, les ouvriers des outils, des. lits, des habits, du linge, les marchands des marchandises, « si ce n'est pour certaines professions comme ceux qui vendent du beurre, des œufs, des fruits, des légumes, du poisson et au-

tiO

li'ps denrée'^ qui ne peuvent Acre achetées (juepai' ceux qui les revendent, auquel cas ou ne donnera que la moitié de la somme qu'on leur destine et le reste lors- qu'ils montreront les denrées qu'ils ont achetées. Si quelqu'un se refuse à donner des preuves de l'emploi de l'argent qu'on lui aura confié, il sera noté pour qu'on soit plus réservé à l'assister à favenir ou qu'il soit exclu de l'assistance. »

La compagnie contribue aux dépenses des apprentis qui doivent passer maitres. KUe les adresse à un notaire attitré qui rédige les ])revets d'apprentissage en n'exigeant que le prix de remboursement du papier employé.

Parmi les loiidations, nous relevons : un legs de 60,000 livres fait en 1755 par le sieur (".omette à l'hôpital de la Miséri- coi'de, à la charge de recevoir, sur la dé- signation du curé et de 4 marguilliers, 12 filles pauvres (4 de Saint-Eustache, 2 de chacune des paroisses de Saint-Ger- main-l'Auxerrois, Saint-Gervais, Saint- Koch, Sainte-Marguerite); l'établissement par la compagnie de Bon Secours d'une

luaiftou [)uur les écoles de cliai-ilé, rue du Fauboui'g-Moutmai'li'e et du Moiil-Blauc (11'' ai-roudissemenlK

Celle compagnie enti-eleuail des écoles de filles el de garçons el un ouvroii* pour apprendre à travailler aux filles à parlii' de tZ ans.

Eu résumé, au XVIH'' siècle, la compa- gnie des pauvres honteux valides est une centralisation des secours; elle est secon- dée dans sa tâche charitable par la com- pagnie de Bon Secours et les sœurs de charité qui s'occupent des malades et des incapables (invalides, ealants, et des éco- les) et par la compagnie des Quinze jours qui s'intéresse plus particulièremeul aux maîtres et aux marchands.

A Saint-Germain-l'Auxerrois, il existait deux compagnies de charité qui obtinrent en 16.j5 des indulgences du Pape Alexan- dre Vil. Le brel' pontilical accorde ces avantages « aux membres des compagnie- de l'un el l'autre sexe de la paroisse dont

los uiiss'occupeuL dusoulagemeuldespau- vi-es houleux (1) et les autres à iji-ocurer lous les besoins spirituels et corporels aux pauvres malades de ladite paroisse » (2).

Nous relevons dans les règlements les dispositions suivantes : « Les dames de charité servent les malades, accompa- gnent les sœurs lorsqu'elles portent la marmite.

Il sera donné à chacfue pauvre par jour un potage, une demi-livre de veau et mouton, du pain à discrétion, un demi- septier de vin, suivant l'ordre du médecin et un bouillon pour le soir, trois bouillons et trois œufs pour ceux qui ne peuvent manger de viande. La compagnie aura deux ou trois filles qui seront servantes de la charité », (Pièglement de 1656j. Le médecin des pauvi'es reçoit 25 écus par an, le chirurgien trois sols par saignée que « les sœurs ne peuvent faire » (Règle- ment de la compagnie de Laval, 1684).

En 1737, la compagnie de charité des

(1) La Compagnie des Messieurs.

(2) La Compagnie des Dames.

Messieui's eiiU-elieuL Irois écoles de cha- rilé pour les garçons et uue poiu' les filles; la compagnie des Dames, une école de sœurs grises poui' les lilles.

Le l'èglemeut de 1737 contient un té- moignage intéressant en faveui des sœurs de Saint-Viuceut-de-Paul. « Afin d'exécu- tei' en détail tout ce qu'il est nécessaire Itour secourir promptement et régulière- ment les pauvies malades, on s'est jus- qu'à présent servi de cinq sœurs de la charité; et comme l'expérience a fait con- naître qu'elles s'an acquittent utilement et selon leur vocation, on continuera de s'en servir pour faire tous les jours la marmite, préparer les remèdes, porter les portions et faire généralement tout ce qui a rapport aux malades aussi Jiien que pour tenir une des écoles de filles ».

Les assemblées de charité se tiennent au presbytère (Inventaire mobilier de 17G0).

Parmi les dispositions testamentaires très nombreuses faites en faveur des com- pagnies de charité et des pauvres honteux, nous relevon- une donation du 1<S mars iTtîo de 150 livres de rentes sur les Etats

de Buui'gog'ue laite par M. Elieuue (iérard ^u faveur des i)auvres houleux ; i\?> du revenu doit eu être dilribué par \q curé et 2[o par la compagDÏe de charité des pauvres honteux; des legs pour l'appren- tissage d'enfants, les écoles et les fourni- tures scolaires, et pour aider à délivrer les prisonniers du Forl-l'Evéque le jour de la fôte-Dieu.

M. Le Charron, cui-é, lègue 2,000 livres à la fabrique pour constituer uue rente de 100 livres dout le revenu sera mis à la disposition de la compagnie des Dames i LfUOj ; Jean-Bernard Pugenest , avocat, 30,000 livres à la compagnie des pauvres honteux et 1,800 livres de rente aux deux compagnies ( 1777 ) ; le sieur Cornette, 60,000 livres à l'hôpital de la Miséricorde à la charge de recevoir 12 filles pauvres au choix du curé et de 4 marguilliers (1 de Saint-Eustache, 2 de chacune des paroisses de Saint-Germain-l'Auxei-rois, Sainl-Gervais, Saint-Roch, Sainte-Margue- rite) (1755). En 1757, M. de la Bi-ue, curé, laisse aux pauvres la totalité de ce qu'il possède, « ne rései-vant k ses héritiers

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naturels que des livres de piété dout il les engage à méditer les enseignements »; il explique dans son testament que : « à part quelques legs, il donne la totalité de ce qu'il possède aux pauvres de Saiut- Germain-l'Auxerrois qui en sont les héri- tiers naturels et légitimes d'autant qu'ils proviennent des épargnes du revenu de son bénéfice dont les pauvres sont les hé- ritiers nés et qu'il n'avait constituées que pour avoir les moyens dans des temps difficiles de pourvoir aux secours qui leur étaient ordinairement distribués ».

Outre les revenus dont nous donnons plus loin le détail, la paroisse disposait, par suite de fondations diverses, de 13 lits aux Incurables et à la Charité (1).

Les titulaires de ces lits étaieui désignés suivant les volontés des testateurs, par le curé, la Fabrique ou la compagnie des pauvres honteux; l'un d'entre eux était à la nomination du curé et de la compagnie des pauvres honteux.

(1) Un de ces lits avait été fondé par la reine Anne d'Autriche.

liij

Kn 170i! la fondalion d'un liL à la Cha- rité par M. de IJalz avait coùtô 8,000 livres.

On retrouve plusieurs inventaires des revenus des compagnies de charité de la paroisse, notamment en 1759 au décès de M. IvOsnay, curé ; en 17(30, en 1775.

En 17:21, les rentes constituées sur l'Hô- tel de Ville seulement, en faveur des pau- vres et des compagnies, s'élevaient à 3,931 livres.

tJne transaction a lieu le 30 décem- hre 1762 entre le curé et les compagnies au sujet des rentes et des revenus des pauvres qui se montent, y compris les fondations pour les écoles, à 5,437 livres.

L'inventaire de 1775 donne le détail suivant de la fortune des Compagnies :

nciitos sur particuliers.., 97i) livres :?0 sols

Deux maisons occupées par les ('coles

Renie sur des maisons 100 »

Af^tions de la Compagnie dos Indes, 2G »

Rentes sur les Etats du Lan- guedoc 91) »

A report rr 1.187 liv. de rente

Ilrpnrt l.is; liv. ilr-, route

Sur le domaiiio (11' la ville 100 ■>

Sur lo f^lergi' is »

Sur les taillos 261 »

Sur la l'orme li'éiiëi-aie des ai- des 1178 "

Sur les aides et gabelles 4314 »

lientes payal)les par la fabri- que 325(i »

13 fondations de lits aux hôpi- taux

9.01 1 liv. de rentes

La Fabrique reroit en principe les legs (loul elle a l'administration ; l'emploi des revenus est assuré suivant les cas par le^ compagnies ou par les curés dans les conditions indi({uées par les testateurs.

L'exécution d'une de ces donations eut sous la Révolution une application parti- culièrement intéressante et donna en 1793 lieu à une décision des sections réunies de l'Oratoire, des Tuileries et du Louvre. Le citoyen Pierre Le Comte, vinaigrier du roi, avait laissé par testament du l(i mai 17G9 aux deux Fabriques de Saint-Paul et de Saint-Germain une rente de .5(X) livres [lour doter de pauvres orphelines choisies parmi celles dont les père et mère avaient

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figur(^ sur le rôle des pauvres de la pa- roisse. Elles devaient épouser des maîtres de profession.

Les paroisses avaient coutume d'alter- ner et en 1793 le tour revenait à Saint- Germain ; « les sections de l'Oratoire des « Tuileries et du Louvre se sont réunies, *< ont nommé des commissaires pour exa- « miner les titres en leur enjoignant d'exi- f< ger pour nouvelles conditions ajoutées « à celles portées au testament dudit sieui- « Le Comte que ladite fille fût celle d'un « citoyen mort dans la journée du 10 août « ou sœur d'un des frères d'armes com- « battant sur les frontières. » La dot fut donnée à une fille pauvre mais non orphe- line, sœur d'un volontaire. Elle épousa un cordonnier qui avait été volontaire et était rentré dans ses foyers k la suite de blessures .

Si le vinaigrier du roi avait prévu que sa libéralité put être appliquée à la fille d'un héros du 10 août, il est probable qu'il eût préféré l'attribuer à la fille d'un des suis-^'es massacrés en défendant le roi.

La mai'-son de la charité de la paroisse,

!2'.i

(levinl api-ès la Kévoluliuii la maison de bioufaisauce du IV*^ arroudissenieul (llap- poi-t de Duquesnoy).

Tels soûl les enseignements que nous apporte l'examen de l'histoire charitable du xviir= siècle.

En relisant les ouvrages, les documents et les correspondances de cette époque, on se sent comme pénétré de ce souffle puissant de charité et de liberté qui em- brasait les grands initiateurs de ce temps.

Dès le dix-septième siècle, ce sont les compagnies de charité de Saint-Vincent- de-Paul qui fondent un ensemble d'œuvres admirables et traitent toutes les souf- frances morales et physiques.

Au dix-huitième siècle, c'est Turgot el avec lui une pléiade d'intendants qui uti- lisent pour les grands travaux d'utilité pu- blique des populations qu'ils arrachent à la misère ou préservent ainsi de la famine; c'est Lenoir qui crée les secours publics.

30

A la veille de la révolution, l'exemiile est devenu contagieux, la l'olie de la cha- rité atteint toutes les classes de la société, la population parisienne s'associe dans des élans spontanés pour soulager les victimes des calamités publi(jues on se groupe pour pratiquer l'assistance.

L'initiative privée est organisée.

Si nous poursuivons celte étude, nous verrons bientôt les les rêveurs centraliser celte action et tenter de la rendre uni- l'oi-me et l'œuvre toute entière eu périra.

La lin du m.v- siècle uous donne aussi, à ce point de vue, un bien consolant spec- tacle. Puissent les liommes de dévoue- ment et de foi qui surgissent de toute part continuer leur œuvre de pacification et de charité sans la voir détruite par les géné- ralisateurs qui voudraient su])Slituer à cette action féconde, dont bénéllcient et ceux qui reçoivent et ceux qui donnent, l'intervention abusive de l'Etat dont l'his- toire nous en;;eigne les décevants et dan- gereux résultats '.

C'est ainsi que devant le Congrès d'éco- nomie sociale, Je concluais i'Otude ébau-

;}i cliôc '{uc je pi'c>eiilais .--ur l'uri^aui.saliou chai'ilable des paroisses de Pai-is ; les do- cumeuLs compulsés depuis pour complo- ler ce li'avail n'ont lait que confiriiiei' mon opiu'ou. Elle se résume en trois mots : Liberté, Justice, Charité.

Bordeaux. Iiaprimcrie générale E. CRUGY, Veuve UIFFAUB, née CUUGY, successeur.

UNIONS DE PAIX SOCIALE

GROUPE DE BORDEAUX

Prcsklcnt M. de Lovnes, professeur à la Faculté de

droit, 15 bis, allées de Cliarlres.

[ M. le vicomte Pierre de Pelleport-

,.. „•■;/,) BuuÈTE, 8, place du Champ-de-Mars. l ice-l t't'siaoïts. / > ' ^

1 M. IIermitte, avocat, 66, cours de Touriiy.

lIIilMI S©61111

FONDÉE PAR F. LE PLAY, EX 1881

EM UMERSELLE DES QUESTIONS SOCIALES CONTEMFORMNES

Paraissant le i" et le iO de chaque mois

et formant par an 2 forts volumes in-8° de 1 ,000 pages chacun.

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EN FRANCE

3?ro fesseiar d'Économie politique à la IFaculté de droit de Lille.

GUILLAUMIN & C" - ARTHUR ROUSSEAU

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1533 Eymeric, vicomte de P3P4. Essai sur l'organisation

charitable des paroisses de Paris aux XVII^ et XVIII® siècles

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UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY

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