MERVEILLES DE NATVRE, ET DES PLVS NOBLES ARIIFICES. Piece tresneceffaire, à tous ceux qui font profeffion d'Eloquence. Par RENE FraAncors Predicateur du Roy. NEVFIESME EDITION. . « , Reucuë, corrige, & augmentée de nouueau, LL 2 VS A LT ONG Chez NICO LAS GA“. A RSS Lie el M DC. XXXVI. L d by the item Aréhie) 009 with funding from University of Ottawa 3 fe Me ee Er NN EN ITS TONI NS. SAUCES SERIE Hé MONSEIGNEVR: MONSEIGNEVR DE VERDVN, CHEVALIER, Confeiller du Roy, en fes Confeils d'Eftat & Priuc , & premier Prefident au Parlement de Paris. SES) E petit ouuragevous ef? deu, € LS vous doit effre confacré pour plu- NE) freurs raifons. Vous efîes la bou- che d'Or , és l'Oracle du Parlement , qui eff Prince des Parlemens, &* le Parle- ment des Princes;cette qualité ous obli- ge à parler de tout, > en parler en Ora- cle. L'enuie mourra plufloft d'enuie € de rage, que iamaïs elle vous puil[e defrober cét honneur que Vous auez acquis;en Vous A 4æa Z EPISTRE. acquitéant [; dignemët de cefle haute char- geés deux premiers Parlemés de ce Royau.- me. Nos Roys en ont eflé grandemet fat:[° faits,co'la France eflonée, 7 rauie d'aife extreme.Ce petit liuret vous raméteura ce que vous [çauez(car qui s oferoit väter de vous rie apprendre de nouueau) Effoilles , € toutes les raretez, de nature &° de l'art , pour témoigner la ioye de mon Cœur Vous Voyant ainft rayonnant co d'honneur € de gloire. Voffre nom tres-illuffre mis à la tefte de cc Lure, enchafsé au frontifpice.[era c6- me vnefaunegarde Royalle,pour ietter de la terreur dans le cœur de ceux qui vos- droiët luy mesfaire.P [aphon amafsat mille petits oyfeaux, leur ahprint ces Paroles, Pfaphon eff Dieu puis leur donnant l'air € la liberté, ces petits voleurs, volans par tout l'vmmuers, redifint leur leçon, efpandrent par tout la gloire de leur maifire ; lefarfant tenir comme vn Dieu. 4 us ÉP'is FIRE. k Tous ces petits Effais que d'ayfa çonnez de. ma Main, ont tous appris vofire nom, C “le porteront par toute la France , &* con- uieront tous les efprits d'admirer vos me- rites. Ils diront que vous effes l'Ora- cle de la lufiicele Pere de l'Eloquence,&* que tous ces foudres d'Eloquence du bar- reaune tonnent qu'a vos pieds, le Protez CFeur des beaux efprits;vn exemple de pierés la terreur des mefchans , € mille chofes femblables. Purffent-1ls dire tout ce que Vous meritez, Co tout le bien que ie vous defire,k® puiffiez vous fleurir à 1amais du beau verd d'vn honneur eternel, e3 puifle le Ciel ve: fer de toutes parts fur vous &° fur les voftres, les rofèes de mille benedi- étions celeffes,c vous cobler de tout vray bonheur > de graves. Pour moy,ce me [era trop d'hüneur > de gloire, fi vous daignez. . me continuer la faueur de me tenir pour ce que veritablement 1e vous [uis,c'eft à dire, MoONSEIGNEVR, Voitre tres-oblioc,& tres-humble {eru teur, DA RENE FRAanNçÇots.: HA. ee DIN TANTENENS : 0 s a D CU D 2 EPISTRE NECESSAIRE AV'HEECFEVRK" IV DICTEFÆ: 7 ANT &c tant mes amis me preffét, de donner au public, ce que i’auois #Z cueilly pour moy feul,que ie ne puis plus m'en dédire fans meurtrir leur | amitié. le vous donne vn premier Eflay,& faits comme les Toyailliers,qui monftrent vne petite boctte de Pierreries , pour efuciller Pappetit, & affriander les perfonnes a en recher- cher encor de plus belles ; & adonc ils defcou- urent toutes les raretez les plus rares, Si vous agreez ce petit wauail, & le prenez de la bonne main,ie vous promets de vous y adioufter tout Le refte : c’elt pourquoy ie n'adreffe à vous qui eftes Tudicieux , & auez la tefte bien faire, car ie ne veux auoir rien à démefker auec vn tas de petits ef- prits frecillans , qui ne fçanent ce qu'ils veulent, ils treuuent à redire à tour, ne font rien qui vail- le, & ne lifent les liures , que comme les Canrati- des qui ne fe pofent fur les Rofes que pour les empoifonnér, C'eft faueur de ne leur agreer , & c'eitquafi vn peché mortel de leur plaire. Efprits Antipodes & renuerfez, voire efprits Antropo- phages, qui ne viuent que de chair humaine, & qui font comme ces puiflons de mer qui vont toufiours EPISTRE.. toufours contre le fil d'eau douce , & totifiours à rebours des autres. Ils diront que ie ne dis pas cout ; auffi n’eft-ce pas mon deflein , & ce feroit chofc inutile. Pour inftruire vn homme qui doit bien parler,c’eft affez qu'il fçache les chofes prin- cipales,& les plus nobles ; les chofes plus menuës & rorurieres demeurent en la boutique. lis diront que les termes font changez , comme au fair de la Venerie,& du vol des Oyfeaux , cela ie vous l’ad- uoëe tour rondement. Mais qu'y feriez vous? eoutes les fois qu'on change de grand Veneur, on change quali de façon de parler, & tous iles ans c'eft roufiours àrefaire. C'eft affaire à remarquer ce qui fera de bon , & l’adioufter aux autres Edi: tions. Mais qu'ils difent ce qu'ils voudront, &. par defpir qu’ils facenc mieux , ie [eur en fçauray le meilleur gré du monde,& à vous dire tout fran- chement, c’eft vne partie de mon deffein , de don- ner vn coup d’efperon à quelque bel efprit, & qui ait plus de loifir que moy, afin qu’il donne à la France cét ouurage accomply. C’eft vne piece du tout necellaire à PEloquence Françoile, autre- ment les plus habiles font des fautes infupporta- bles.Peu de gens parlent des Artifices, & des cho- fes qui ne font de leur meftier,fans faire de vilains bacbarifines. Quand Alexandre parle des cou- leurs , les petits apprentifs broyant les conlcurs, s'efclattent de rire, & ne s’en font que gauler. Quand cet Orareuz parle de la guerre deuant ce grand Capiraine,la terreur des Romains , il le fait iecter du haut à bas de fa chaire , difant que c’eit vn grand fot, qui ofe parler d’vne chole qu'il ne {çait pas luy mefine. Combien penfez vous qu’il L4 1 4 ) EPS 'TRIE: ÿaic d'affineurs qui rient au Sermon, quand ils oyent dire aux ieunes Predicatenrs , que le fang de bouc mollit le Diamant, & que le marteau & l'enclume fe cafferont pluftoift que iamais efbré- cher la daretéopiniaftre du mefme Diamant. Il y a mille chofes où penfant faire merueille de bien dire,certes on ne ditchofe qui vaille, & les gens du meftier s'en moquent tout ieur faoul. Ce’ft bien pis,quand faute de fçauoir le propre mot de quelque chofe , ils vont tournoyant tout autour du pot, & par vne perifrafe languiffante , ou vne grande crainée de paroles, ils font pitié à l’audi- teur , qui reconnoit aflez qu'ils font au bout du mê@nde, &au bout de leur François. Mais pis en- cores, quand effiontément ils fe veulent mefler de faire les habiles hommes, & les efprits vniuer- fels qui parlent de tout, & fouuent prenant l’vn pour l’autre, appreftent à rire à toute laffiftance. Pour éuiter ces défauts , ie vous porte icy h bon nombre de plus nobles Arrifices, & le moyen d’en parler fans brôcher;de plus ’ouure le chemin aux ieunes efprits, comme à des jeunes auettes qui fe iettent fur mille & millefleurs pour en humer l'efprit,& en tirer la manne. Je ne defire pas pour- tant qu'ils loient fiindifcrets,qu’à deffein de mon- ftrer leur fçauoir ils facent parade de leur habile- té, faifant a propos fans propos de petires defcri- ptions, pourfaire voir qu'ils en ont ouy parler, defgainant tout d’vn coup tout ce qu'ils fcauent d’vn meftier. C’eft chofe fort puerile, & d'vnef- pricfollet , quin’eft pas encore meur. Vne Rofe qui eft fur jefpine, & en fon lieu naturel, c’eft a la : verité la princefle des Aeurs, & qui attire par fes dou EP STE douceurs les amours de tout le monde , hors de : la,c'elt fort peu de chofe, & ce peu fleftrir, & put cout aufli-toft. De beaux mots bien propres & bien affis fans affectation , croyez moy qu'ils ont la meiileure grace du monde,ce font des Ro- fes,des Perles, des Eftoilles: mais fi cela eft affe- té, G viré par force, fi hors de faifon, mon Dies, que cela a mauvaife grace ; il ne fe peur dire com- me cela bleile les oreilles bien-faites. Tous les grands Orateurs ont prins vne peine incroyable pour fçauoir celte fcience qui les a rendus aima- blesaux gens du meftier, & admirables à rour le monde.On les a veus danses fimples boutiques, les tabletres au poing prendre leurs leçons, & dif- parer aucc les compagnons à deff:in de leur ou- urit la bouche, & les faire parler,là ils remar- quoient les mots,les maximes , les ouurages , les prouerbes , mille & mille fecrecs,de là ils tiroient des cômparaifons fi naïfues,fi bien prifes,fi riches, que l'auditeur d'aife ne pouuoit fe tenir de rire, & par ce fous-ris cefmoigner fon contentement. Dé là venoit qu’on difoir d’vn qui auoit miracu- leufemenc parlé du chäc duRoffignol,qu'il sébloir qu'il euft efté Roflignol lay mefme ; De l'autre qu’il fembloit vn homme qui iamais n'auoit humé aurre air que celuy des armées, tant parloit il di- gnement des combats ; ainf du refte. Or mon grand amy,ÿay prins cefte peine-la pour vous de- liurer de la peine;ïay voguéfur mer pour appren- dre le pilotage, j'ay cournéla roùe nour efpier les fecrets de l'afhinage des Pierreries, ay vitiré les boutiques , & difputé auec de fort bons mailtres pout apprendre quelque cholc que vous pa iez EPISTRE. fiez apprendre apres moy. le vous prie d’vne grace , c'eft que vous pardon- niez les fautes furuenties à l’impreffion,ie n’eftois pas fur le lieu pour examiner les efpreuues,& cha- ftier le compagnon ; le compofiteur a quelquefois lafché vn mot pour vnautre,lordren'y eft pas tel que vous defireriez bien ; & moy aufli. L'indice fuppléera à luy,& voftre bonté à l’autre, Au refte, iln’y a pas tant de fautes ny fi grofles, qu'elles foient plus que pechez veniels.Quand ils feroient mortels , voftre bien-veillance les rendra veniels & pardonnables.le vousen prie,& me faire Fhon- neur de me tenir pour voftre feruiteur. TABLE A Venerie.Chap. fx Liéure charme.Chap2. 29 2%, La Fauconnerie.Chap.3. 35 a Les Oyfeaux.Chap.4. : s$ Le Phænix.( hap.s. 69 Le Paon.Chap.c. Ave à Le Moufcheron.Chap.7. 74 Le Roffignol.Chap.8. 77 L'Abéille.Chap.9. 80 Le Miel.Chapso. 87 L'Arondelle.Chap.n. 88 La Marine.Chap.11. 93 | L' Eaw.Chapxs. IIS. Les Porflons Chap 14. 118 Remo + Remora.c1s. Tempeffe.c.\6. La Gucrre.-cx7. Tirage des Armes.ca8. L'Artillerie.e19. Duel à Cheual.c.20. Les Pierreries.c2 rt. L'Orfeurerie.c.12. La Coupelle.c.23. Le depart de l'Or.c.14. L'Or battu, file.c25. De l'Efmail.c.16. L'Orbattu en fuerlle.c.17. De l'Or en general.c.18. Les Metaux.c.19 Les Fleurs.c.30 Fleurs > Fruzéfs.c.31. Armbre-gris.c.32. lardinage.c.33. Les Entes.c.34. Le Citron.c.3s. TABLE. 125 129 135 152 J61 166 17 198 207 210 213 218 225 229 233 249 270 Z7 4 278 : 288. 291 Ejpy Des CHAPITRES- Efpy de Bled.c.36. Le Vin.c.37. L'Imprimerie.c.38. Platte-Pernture.c.39. L'Imagerie.c.40. Broderie c.As. Les Armorries.c.A2 Le Paprer. c.43. Le V’erre.c.44. La teinture.c.4s. La Medecine.c.46. Larchiteëture.c.47. Perfpeltine.c.48. - La Menuiferre.c.49. Mathematiques.c.s0. Stile du Palais.c.st. Enrichiflemens d'Eloquence.c.s2 La Mufique.c ss. La Poix.c.sa. L'Homme.c. $S- Le (henal. c.s6. 4 J LU (4 y F à fs : LL Ds À 293 297 300 310 32$ 334 352 377 382 386 325 408 ÆSL 46O 464 473 4938 516 535 539 563 Vers TABLE DES CHAPITRES. Vers de Soye.Chap.s7. LeCie!.Chap.s8. Le Feu > l'Air.Chap.s9. La Rosée.Chap.6o. L'Arc en Cid, Chap.6r. | sèl 582 92 600 6O$ ADVER. ADVE RTISSEMENT AV LECTEVR DE la Venerie. AY E vous donne 1cy pour pre- KO mier Eflay , celuy de la Ve- RNA erte, ie ne vous dis pas tout, SR cela n'appartient qu'au V'a- ler 5 chiens | aux Louuetiers 7 aux Chalfeurs , qui font du meflier de [çauoir tout , mais pour bien parler 1e cvous en donne affez. Si 1e vois que cecy vous agrée, ie Vous donneræy encor ce que vous [cau- riez foubaiter 3 fi vous ne vous amufez qu'a piquoter Cr regratigner fur les de- fauts,ie ne vous diray pas d'anantage. A4 reffe Vous verrez par experience que vous auez, fait mille fautes parlant de la (haf- fe, faute de ce peu d'adrefle, és que par ce peu d'aide vous vous relenerezde defaut. Z US RER -- # \ HE. > vons parlertz.commme il faut, quand il faudra parler , voire des befles puan- tes. La Noblelle bardie 1nuente tous des iours des mots nouuneaux,s ils bantent la Cour prenez-les,<5 [eruez-vous en,au- trement ne lefaites pas [ans beaucoup de choix € de iugement,car chaque Prouin ce a fes façons de dire.qui ne [ont bonnes qu'en leur terroir ; mars à la Cour on s'en mocque ; € font cenfez mots barbares, groffiers, > de lavieille Chaffe des Pala- dins de Gaule. Ceux que ie vous donne font tous de mile, € de bonne guerre; la tablevous mettra tous les termes par or- dre d Alphabet , afin que vous les puiffiez. trouuer tout à voffreaife. Adieu mon cher AY. LA RENBREE.: BTE Chaffe des belles puantes. | *EsTvn plaifr innocentque Île plaf- fix de laChafle,&pleuft à Dieu que ce AGE \ fu ft le plus gland peché des Princes Ses &des grands Seigneurs,comme bien founét C’cft leur plus agreable plaifir.Pendät qu'ils courent vnLiéure de granderoideur,&que môtez fur vn cheual qui vole,ils voient apres vnCerf,qui s’enuole tant que iambe le peuuent porter,il{éble que tous les maux du monde leur demeurent der- riere les efpaules.Nul mal ne court affez vifte pour les attraper,toucleur peche côfifte à ruër vnLiéure & defefperer vn pauure Cerf,qui haïerant eft ac- culé, & rend les abbois fur le bord d’vne belle fontaine. Les voila montez à l’'auantage , habil- lez d’vne Hongreline d’efcarlate & bien fourrée, Ja plume flotant fur le perir chapeau retrouffé & boutonné d’or pour eftre à deliure, la trompe qui leur defcend fous le bras , en bon appetit de donner l'exercice au premier Cerf que le bon- heur.. leur prefentera , difpofts au refte & contens tout ce qui fe peut. À la verité c'eft 0 £ A 2 L. & 4 me: 30 de ut ; ” Chapitre. 1. vne volupté de Roys, & de Princes;mais volupté autant agreable qu'innocente. Ce font des contes de dire que Perse fur le premier qui fitlacôquefte des Cheureulx, Caftor celuy qui môta à cheual le premier pour courir Îe cerf , Pollux celuy qui par les Limiers cogneut la trace des beftes courantes, & par les dents des chiens maillez & iaquez , & armez de colliers pleins de grâdes pointes eftran- gla les loups,& les beftes puantes ; Meleagre, les Efpieux pour affronter le Sanglier ; Hypolite les toiles , & les pans,& les retz ; Orion;les meutes, & les leîTes, & le moyen de broffer par les forefts efpaiffs,&par les taillis;Ce font dy- iedes contes, ca: la Chaffe nafquir quäile môde fur monde, & C in fu: à vraydire le premier Chaffeur qui maf- facra & les homnies, & les beftes ; E fau fut ex- cellent en ce meftier,& ne doutez nullement que ces premiers hômes ne fuffent beaux Chañleurs de routes fortes de beftes,quoy qu’ils n’eufsét pas encor tant d'inuentions & de baftons à feu pour maflacrer le gibier & en faire carnage. Mais au- iourd'huy que ce peut il voir de plus charmant que lededuit de la Chafle, foic enuello pant de rets vne pauure befle bien eftonnée, foit fanglan- tant {a quefte à dent de Leuriers , qui enfoncent toute leur machoüere dans leur proye qui leur a coufté tant depas; ceftuy-cy n’ayme que aculer le Sanglier auec le vaurrer,celuy -là préd plaifir d’é- trangler les Ours auec des Dogues & des Maftins furieux, l’autre enfume le Teffon dans {a cauerne & le fait mourir de fuméesceftuy- cy fait trainée, & meurt dé rire, voyant que les Loups & les Re- mards enleuez & pendas à vn clou,lorsqueles se | lands { | La Venerie. $ lands fe penfoient acharner fur la voirie, &.n'y a rien de pareil que de voir vn Renard honteux, & prins tout vif,luy qui n’eft fourré que de finele & de pure malice.Que vous dirôs nous de celuy qui court monts & vaux fuiuant vnieune Cerf, qui bondiffant par les colines à bonds legers,fe defro- be aux yeux des Chafleurs, qui à longs cris tren- chans de leur trompe le vont pourfuiuant à toute bride:Diriez-vous pas que le chien couchant a de la raifon & du iugement , tant il eft admirable à tromper les pauuresPerdrix, & bien fernir fon Maiftre:En quatre coups de nez il vous éuâte vne plaine, & accort à Alairer,guidé de la fidelité de {6 flair,tire droit à fon gibier, & luy prefentant le front l’arrefte,les pauures Perdreaux tousefperdus feferrent, fe mottent, &fe croyent perdus, le chien fe plante là ferme,roidiffant la queué don- ne le figne à fon maiftre,s’allongeant vers eux,& quaf lesmonftrant au Chaffeur illes amufe là iuf- ques à ce que ny & eux foient couuerts de la tirace & adonc le galand fretille d’aife voyant comme il a finement trompe ces pauures beftcletres, qui fe font laiflees innocément enueloppet dans le filer meurtrier. Allez chercher des plaifirs plus purs en la nature que voir des ieunes Gentils-hommes, apres auoir couru le Cerf, enfin l’ont pris & def- poüille, pais font la curee à leurschiens, fe trou- uant fort las,rous fe gontietrer {ur l'herbe mollet- te;à l’ombie d’vn arbre touffu , fur le bord à’ +ne fontaine bien claire, là efkendus de leur long fur la place y&:contant chacun fa peine & fa valeur, fur letapis d'vne moutfe bien verte & bié fraifche flsvous mangent de la erefme toute couuerte de 7 42" | Pre, A 3 6 Chapitre I. fraizes fauuages , fecoüent vn pruniér pour faire romber les prunes le plus meures,cftouflent leur foif & leur chaleur dans la glace d’vne fontaine criftalline,là plus contens que le Roy,reprennent leurs efprits,& fur le foir s’en retourner aupeuit pas foupent d’vn appetit incroyable, & n’ont au- tre ambition que de treuuer le lendemain vp au- tre Cerf qui ne foit de refus. Pour en parler donc en façon que vous puiffiez acquerit de l’honneur , ie vous diray én premier lieu que les chiens blancs, dits Baux, furnommez Giefhers font de race de Barbarie. Le premier en France,s’appelle Souillard. Ces chiens font dédiez pour les Roys,car ils {6t beaux chafleurs, requérans, forcenans & de haut nez : qui ne laiflent pour chaleurs qui foient à chaffer,fans fe rompre àla foule des Piqueurs,ny au bruit & cry des hommes, & gardent miéux le change que tous autres, & font de meilleur creance. D'vne laiétée ou liétée, de la lyce couuerte &z emplie d’vn de ces Baux,la moitié n’eft pas bône. Les naiflans tout d’vne piece font les meilleurs, c'eft à dire,tous blancs, & les marquetez de rou- ge.Les marquetez de noir, ou de gris fale ne va- lent rien,les tout noirs font bons. Leschiens fauues ou ronges font de grand cœur. d’entreprinfe,de haut nez, gardans bien le chan- ge,ils n’endurent pas la chaleur,& la foule, com- mt les blancs, mais font plus ardans ; s’il aduient qu'vne befte forpaife aux champs, ils ne la cuidét abandonneïr;Les bons ont le poil vif,tirätaurou- ge,vne tache blanche au fronr,&aucol:ilsne font 4 à ca _x Ti La V’enerie. cas que du Cerf,ils dedaignent les Liéare, &c. chiens gtis fçauent faire tout meftier,&cou- rent toutes beftes,& font bons pour fimples Gen- uls-hommes. Les meilleurs font gris fur l’efchine. quatroüillez de rouge,les iambes de mefme poil, comme {a iambe du Lieure. Les excellens ont à l’efchine vn gris noiraftre,ies jambes cannelées & ondées de rouge & de noir.(Les trop gris argen- tez ne valent gueres.)Ils craignent le chaud, & la foule,& pour eftre de grand cœur , ils fe mettent hors d’aleine au cry des hommes, ils n’ayment la befte qui rufe &rournoye,mais fielle vire païs;ils courent tres bien:font opiniaftres & de mauuaife creance:ils font fuiets à prendre le change:car ils font de trop grands cernes, ils aiment#'oüir la trompe de leur maiftre, & ne fe fienc aux chiens leurs compagnons s’ils les trouuent menteurs ce qu'ils cognoiflent à leur voix. Au partir du def- couple illes faut piquer froidement , car ils font atdans,& outrepaflent la voye de la befte,laquelle fi elle eft mal-mence,iamais ils ne l’abandonnét. Les chiens noirs,quon dit de S. Hubert(car en memoire de ce fainét qui fut Veneur,les Abbez en tiennent race) {ont puiffans de corfage , dé haut nez , chaflans de forlonge, defirent les beftes puanres, c’eft à dire, Renards, Sangliers, &c. les autres vont trop vifte pour eux ;, & n'ontle tœu$ | dé les fuiure. if : PL Les fignes d’vn bon chien.r. la tefte longue & % non camule,2. les nafeaux gros & Ouuerts ; pour eftre de, haur nez.3.les aureilleslarges.4,les reins _courbez;le jarrer droit,& bié herpé pour la viftef- {e.5.e rable gros & les hanches,la cuiffe croufléc; N° À y À # A F4 8 + Chapitre I. la queuë groffe aupres des reins,pour [4 force.6.le poil du ventre rude,car il ne craint l’eau.7.la fam- be groffe,le pied fec en forme d’vn Renard,car le pied gros ne vaut rien. 8. Chaftrer ou fener vne lyce, c’eft à dire, luy ofter les racines,c’eft à dire,chaftrer. 9.le ne vis iamais faire bonne fin à chiens nout- ris à la boucherie,c’eft à dire, ils ne chaffent rien qui vaille. 10 Carnage. m. c'eft vn terme de Venerie qui veut dire lachair qu'on donne au chien apres auoir bien couru & chafsélabefte.Faire donc car- nage,& donner le deuoir,& donner à manger au chien deifa venaifon;c’eft la mefme chofe en Ve- nerie, quand on donne de la chair aux chiens. De R vient carnage, c'eft tuerie, meurtre, & beau- coup de gens maffacrez,ainfi qu’à laChaffe on faic carnage de beftes. Jamais ne faut donner carnage au chien , qu'il ne foit efcorché, afin qu'il ne co- gnoiffe la befte auec font poil. Chien Efchif;,qui eft ardent à manger , Canis vorax. r1. Le chenin doit eftre large, la cour large & orientée,car les chiens prénent plaifir à s’efbatre & vuider ; il y faut vne fontaine, & grand tym- bre de pierre,où ferecoiue l’eau, où b chiens. … 12.Le Valet des chiens,le matin auec la trem- . pe doit fonner quatre ou cinq mots de grefle pour sefiouyr les chiens, puis les mener dehors pour leur enfeigner à croire; que s’il y a vn chien mal complexionné qui coure fut les brebis, &c. il le naut coupler auec vn belier, & le fefler en leme- façant;tour de mefmes’f paflant par lesGarenres, ils- oiront les " L 2 La V’enerie. 9 ils branlent anx Connils. 2 13.Pour les façonner il les faut laiffer couplez & hardez en garde aucompagnon,puisfe retirant les forhuer auec la trompe ou bouches s’ils font defia accouftumez;il les faut defcoupler,fin6 cou- pler les ieunes auec les vieux, qui oyant le forhu courent au valet , & y trainent leur compagnon, qui luy donne quelque friandife , puis l’autre en fait autant à l’autre bout,deuant qu'il 'aye acheué de manger.Enles dreffant il faut garder de les fai- re efhler,car ilsne fonc affeurez fur leurs membres qu’ils n’ayent deux ans. 14.11 ne faut donner curee de Biche aux chiens car ils fen fouuiénent,& quittent le Cerf,ou c’eft qu’autrement ils le démeflent d’auec la Biche. Si on les accouftume à la toile:ou le Cerf ne fair que tournoyer , eftant apres dehors, fi le Cerfayant rournoyé,dreffe,c’eft à dire,il tire païs,& va droit par apres,& fe forloigne vn peu, les chiens pren- nent le contrepied pour le droit , fe rompans & mettans hors d'haleine.Il ne les faut accouftumer à l’efgail. ( c'eft à direrofee) car ils ne peuuent chaffer à la chaleur, | 1$.Le temps de chaffer eft quand les Cerfs sôt enleur grande venaifon (fägina) cat lors ils ne ru- fent,ny ne courent gueres cftant chargez,ê eftäe pris il leur faut defpoüiller Le col,& fur lechamp en faire curee. ; 16. Le droit commencement des chiens cou- rans eft de les dreffer au Liéure, car ils apprennét les rufes & hour- variz , à croire, & venir aux for- huz,& s'affinentle nez La harpe;ou griffe 10 Chapitre. I. pi - Du Cerf. 1 TE Cerf en my-Septembre commence d’al- ler au Rur,quelquefois pafle la mer à ceft effet. Tancplus il eft vieux,tant plus y eft adonné. Le Rurt dure deux mois. 18. Rère, ou Rêre : c’eft le cris du Cerf brai- mant, Île Viandis eft {a viande, & fe dir le Cerf viander aux ieunes tailles des bois,ou,&c. 19. Les Cerf muent en Feurier & Mars, les vieux ietcenc & pouflent les premiers leurs reftes. Va chaîftré iamais ne porta tefte.S’il l’a quand on le chaftre,iamais ne tombera, l'ayant iettéils pré- nent le buiflon, cachant prés des gaignages (c’eft à dire,champs & iardins,où font bleds & potage) &de l’eau afin d’aller au viandis.En Mars ils com- mencent à poufler les boffes,c’eft à dire, les poin- tes & cors ) & felon que le Soleil-haufle , & le viandis durcita, leurs treftes & venaifon croi- ftronr.En My luin leurs teftes font femées de ce qu'elles doiuent auoir toute l’année Le Cerfs . &lés Sangliers ne prennent le buiffon,ny laiflent les compagnies qu'au tiers an, Car ils fe fentenc foibles. * 2o.Ils fe cachent.r.parce qu'ils font defarmez. 2.pour faire leur chair à leur aife.3. pour la hon- te.4.au vingt-deuxiefme luillet ou enairon leurs rteftes fechent, & les frayent aux arbres faifanc tomber leurs lambeaux;puis les brunillent, (c'eft à dire,polliffent ) aux charbonnieres , ou en l’ar- gille(c’eft à dire, lieu fablonneux) les teftes bien nées viennent des bonslgaignages,& dun sc Gr: 21.lls La Venerre.. ul 21.]ls font de pelage brua,ou fauue, ou rouges ceux-cy font vifs ont leurs reftes bie HAE font longs & efclames,de grand’haleine. ct La tefle de cerf, [on boss. us commence à porter tefte à deuxans, & s'appellent les digues. Au troifiefme an;il porte. 4 6. ou 8. cornettes. Au quatrifine an.8. & ro. Au cinquiefme an, 10. ou 12. Aufixiefme,r2. 14.16. Au feptiefine an, les reftes {cut femées de source quelles auront jamais ; apres ils marque- ront leurs teftes rantoft plus,tantoft moins ; bien nées ou contrefaites. A.Meule Rocher, Caillou,Bafe, 1404, Bus B.Andoillier,ou Antoilier. CSur-andoillier. D.Les auttes,cors,chenilleures: | Ir Æ.La D d: “ » Fr n EVA | 4 1. si Chapitre LI ocheure(c'eft'a dire, comme vnhouquet} Pure, coronneure ; &les petits cors de la cheure,fe dienr efpois. F.La perche,le marrein:materiacornnum. G.Les perités pierres qui font fur la meule, fe dient,la pierrure. | I.Les fentes qui font le long de la perche;fe dient, gouttieres. La croufte raboreufe de la perche fe nomme, la perlure,celle de la meule fe dit la perture. La cefte qui a cinq efpois fe dit paumure , de la paume de la main.Celle qui en a trois ou qua- tre efpois , fe ditrrocheure, comme vne tro- chée de poires : elle n’en a que deux,ainf, elle s’appelle cefte enfourchie , quiau lieu de Couronne porte au fommet de la perche vne forche.Les teftes contrefaites fe dient fimple- ment Teftes. 23. La pince du pied ( c’eft à dire la pointe ) le talon , les coftez du pied, la comblerte { c’eft à dire la fente du pied) les os cranchaus, les vieux en leur alleure samzis ne faux marchent. 24.Les fumées (c’eft à dire fmw) du Cerf fonr al La l’enerte. 13 | on formées , ou en troches,ou en plateaux, c’eft | à dire, premierement rondes, 2 ayant de en. 3.plates. Elles font mieux mouluës & digeréés le foir , car ils ont à repos fait leur runge, & digeré leur viandis. | ss 2 5.On inge le Cerf par les portees (c’eft à dire, voyant les branches aux tailles qu’en paffant il a plié ou rompu auec fa refte)quandil fe rembufche en fon fort. Et ainfi fe cognoift la haureur de fa perche. Aller à la veuë,c’eft à dire, defcouurir s’il y a befte courable au pays. 26.Les alleures du Cerf, les abbatures ( c'eft à dire , felonqu'ilabbar du ventre l’herbe, oules fougeres & menus bois où il pale) & les fouleu- res ou foulées moatrentla hauteur & grandeur,& les erres auffi. 27.Le frayoüer c’eft l'arbre où le Cerf fraye fa tefte,pour l’embellir & defpouiller des lambeaux. 28.En Nouembre ils viandent les pointes & fleurs des bruyeres & branches : quand il neige, ils fe merrent en hardes(c’eft à dire en troupe) & viandent és forefts la pointe de la mouffe , & pe- lent le bois,fe mettenr à l’abry des vents. 29. Le Cerf qui va de bon remps (c’eft àdire vifte) & de haureserre , c’eft à dire, quafi ne tou- chantterre:le Cerf balance çà & là : Nurar. 30. Il ne faut lafcher le chien, de peur qu’il ne caquerte trop toft,& fauc prendre les cognoiffan- ces du Cerf{c’eft à dire;les conicétures de fa gran- deur) puis le rembufcher fi on peut, & prendre garde àtoute {es rules , entrées & {orties du fort; & puis les enfermer toutes dans fes cernes & en- ceintes, excepté vne entrée par laquelle il fauc MettIC 14 Chapitre 1. Je chien , & le faire fauffer le fort s’il e4 HD e & le lancer. Il ne f€ faut fier aux chiens qui en veulent au vent , & ne mettent le nez en terre. 31. Le reffuy des Cerfs fe fait fouuent au bord du fort, c'eft à dire,il fe reffuye au Soleil , ou à l'air. Fort(c’eft à dire, où les arbres & herbes font efpaifles,& touffués aux bois.) L'ayant failly vn iour, il faut ietter vne brifée (c'eft à dire femer des branches d'arbres brifées. pour retrouuer le chemin.) 32.Si celuy qui fair la fuitte du Cerfcognoift que ce foit fon droit(c’eft à dire’, qu'il foit au chemin que le Cerfrient)& que fon chien lance le Cerfil doit fonner deux mots pour appeller les piqueurs, mais il {e faut garder du change(c’eft à dire que le Cerf ne trompe;laiffant quelqu'autre Cerf ou be- fte en fa place,qui trompe le chien)& ne s’efton- ner de repofées , car le Cerf mal-mené fait plu- fieurs repofées, & ne fe pouuant tenir debout, viande‘de couche, c’eft à dire,fe couche pour brou- ter & fe repaire. | 33. Le Cerfà fes demeures, & fes forts,ou en hautes fuftayos,ou és forefts de houfferes (c’eft à dire Pirgniteta)ou és forefts qui ontdes couron- nes de brandes,c’eft à dire, Rameaux;, ou qui font enuironnées de taille, ou en quelques broffes au bord de la foreft.Si on lance le Cerf dans les fu- ftayes,il fera mal aife de l’approcher. 34. Le rapport qui fe fait du Cerf, eft donner les cognoiflances qu'on a au Seigneur qui veut chaffer,afin qu'il choififfe leCerf qui fera en la plus belle mente ( c'eft à dire, compagnie,ou rs : c'eft - La V'enerie. 1 c'eft à dire,gifte.) 35. Fumée ef la fente de toutebefte qui vit de brouit.Lelfe,eft cele des belles morda ntés, San- oliers &c. Crotte ,lcelle des Liéures. Efpraintes, celle de la Loutre. Fiante,celle des beftes puantes Renards, &c. Le manger des beftes mordantes fe dit,ymangeures,le Sanglier fait icy fes mangeures. Le viandis eft du Cerf,& fes femblab les. 36.Les pieds des beftes mordantes, fe dient;les traces;du Cerf,&c.Les pieds ou fryes,c’eft à dire, Les piftes. 37, Faire {a nuiét aux gaïgnage,ou és tailles, c’eft y viander. 38.Les voyes.font le orand chemin. Les routes font les {entiers qui rrauerfent les forts. Le Cerf Va la voye, c’eft à dire, le grand chemin ; Va La route, &c. Les erres, font par où vne befte va de bon, ou de vieux temps (c ’eft à dire comme vne vieille befte,& recru£.) Brisées,ou balles, font chemins marquez auec branches brisées, & femées pour retreuuer le che- min, : s. 39. Le Refluy eftle lieu où le Cerf fe feche, moüillé de l’efgail;& fe die Là leCerf fait fon ref- fuy.Les lits,reposées , ou chambres font où il re- pofe le iour.Pour les beftes mordantes s’appellenc Bauges,comme Sangliers,&cc. 49: Tefte faux marquée qui n’a les cors & che- uilles pareilles aux deux perches ; Tefte bien née, groffe de marrein, bien cheuillée, bien marquée, couronnée, eft la belle tefte. Lesérgots qui font derriere le pied du Cerf, Dain, &c. fe nomment les os;aux Sangliers,&c.les Gardes. ÿ 41. + 16 Chapitre 1. 4t. Hardes de beftes | & Harpail, c’eft à dire troupe dé beftes fauues. Compagnie, c’eft à dire, troupe de beftes noires.Grand vieux Cerf ou San- glier,n’ayant point de refus,c’eft à dire, chaffable &en {a faifon. | 42.Le relays, c’eft à dire, Le lieu où leschiens qui font au paflage de la befte,pour les lafcher, & foulager les chiens recreus. 43.La Meute (c'eftà dire, Grex)chaque Meute de chien a fon chien,qui eft le Capitaine des au- tres. Croifer &rompte les chiens, & leur paffer à tra- uers pendant qu'ils courent, & leur rompre leurs courfes,qui eft vne faute des piqueurs. Brifer par où l’on pafle,c'eft à dire,marquer auec branches. 44.Limier,c’eft à dire,chien qui ne parle point & quefte le Cerf,& le relance hors de fon fort. 45.Chiens de Meure,c’eft à dire,decompagnie de chiens ou Efmeute. Carles chiens à force de clabauder & glapir efmeuuent & eftonnétleCerf. Deémefler & redreffer le Cerf,c’eft à dire l’ofter du change,& le pourfuiure quittant les aurres. 46.Le Cerfa quelquefois quelque Brocquard auce foy c’eft à dire,vn ieune qui a de petites cor- nes pointuës,comme halénes. 47. Le Cerf drefsé par les fuites {c'eftädire, reita via fagit)les chiens bien ameutez drellent & eourent bien le droiét(c’eft à dire, reéta via inf[e- quuntur Cernuri.) £ Il faut rompreleschiens, & les menacer & re- coupler,& frapper à route,afin qu'ils relancent le Eerf qui leur a donné le change, & les a fairtôber : cn | La Venere 17 en defaut.Frapper à route, c'eft a dire, remettre les chiens à la crace;les oftans du defaut. 48.4 la chaffe du Cerf,il faut parler & refiouyr les chiens:au Sanglier, il faut parler aux chiens à fon de crompe,de cris rudes & furieux. Il ne {e faut fier aux ieunes , mais aux Chiens fages & vieux dela Meute. Rufe,& hour-variz du Cerf, idem. | 49.Le chien fonne, c’eftà dire, appelle au bon chemini,& iappe ayant treuué la trace, 50.Le Cerf,fuie coufñours à val du vent, & ne met jamais la gueule dedäs le venr,ny le nez,mais il tourne le derriere, fpecialemét au vent de Nort, & d’Autan , qui font vchemens, & afin queles chiens n’ayent le vent. : s1.Cerne & enceinte(c'eft à dire,circuir le lieu où eft le cerf.) Auoir fenriment du Cerf (c'cft à dire, fenrir la trace, & l'odeur) prendre le contre- pied du Cerf. c'eft à dire,au rebours. DENT 7 4 s 2. Le Cerf qui fe veut rendre,va feignant fon corps & fes iambes en chancelant, fait de grands bonds,;mais ne dure gueres,fait de grandes olifées, donne des osen terre. $ 3. Lebon Piqueur doit fçauoir bien parler en cris,& langages plaifans aux chiens,crier,hucher, & houpper fes compagnons, forhuer en mots longs,& fonner de la trompe. A: 54: Au Cerf, labiere , au Sanglier, le Barbier, Prouerbe, (cet à dire, le Cerfaux abois de terre donne coups mortels dela refte:le Sanglier meur- crift,& defcouft les membres auec fes deffenfes. } < $5-Le Cerf pris;il fauc hucher & fonner la mort B ch, 18 Chapitre 1 pour affembler les Veneurs, puis faire fouler le Cerf aux chiens,& apres lés recoupler, puis cou- per le pied droit l’offrant au Roy,ou Seigneur de la Venerie,puis faut fendre lecuir,& le defpouil- Jer , oftant auec la peau le parement (c’efta dire, vnechair rouge,qui eft fur la venaifon & chair du Cerf.) $ 6.Le Veneur,qui a détourné le Cerf,prend le maflacre ou refte du Cerf, & le cœur, & en fair le premier droit à fon Liümier;le refteil le donne aux Limiers de fes compagnons.On fait tout chaude- ment la curée aux chiens de la ceruelle & du co!, & s'appelle curée chaude , qui met tres-bien les chiens à la chair.Les curées froides qui fe fonc en Ja maifon,ne font fi bonnes. ; s7-L'elcuyer du Cerf, c'eft le ieune, qui vaen compagnie du vieux. La hampe du Cerf({c’eft a dire.Petkus.) Cheuaucher la menée,c’eft à dire,obequitare ca- nes cerunm inf quêtes cominms, corner amené”, Kc Cerf efchauffe deschiens , item, forlonge les chiens,c’eft a dire,fuic loing. Corner requefte,c’eft a diresterum requirere. Barre le Ruiffeau,c’eft a dire,nager. | Prendre la befte au Tour, c’eft a dire,la cheua- ler fans Peffrayer , cependant les Archers cachez tirent, | 1 58.Le Dain eft de pelage plus blanc que IeCerf la tefte paumée,& auec plus de cors que le Cerf,fa | venaifon plus friande,il va pluftoft de prin-faulc (c'eft a dire,primo faim, € initio. )que luy , & ne font amis. ot | $9.Quand les chiens trouuent où il a viande la | nuict » x. La V’encrie. 19 nuit , ou de relenée (c’eft à dire, depuis le midy) ou le matin faut garder qu’ils ne prennent lecon- tre-ongle (Ceft 2 dire, au rebours , & prenant le talon pourlapointe.) - 60.Le Cheureil & la Cheurelle font meillleure fuite que le Cerf, ils mettent, comme les Cerfs, leurs bofles ( c’eft a dire , comme vn’enflure S4- bula ) au premier an : auffi portent leurs faifleaux & broches(c’eft à dire,leur cornes faites en hale- ne)ont leurs viandiers comme les Cerfs,&c. 61.Les chiens Efpagnols,qui font chiensd’oy- feaux, font bons pour chafler au Connil , il faut enuufeler le Furor, afin qu’il ne les tuë, qu’ot fair entrer dans leur Terrier, & à chaque pertuis vne bourfe. Du Loup. ci Tes tous lesLoup,vn feullignera fx Eou- ue (c’eft a dire,la fera conceuoir) & eftant tous endormis,elle en cfucille vn qui plus l’agrée & s’en va auec luy,fe faifant de nouueau alligner. De là on dit à vne féme impudique, que c’eft vne Louue.Les Loups efueillez,vont à la trace:& s'ils creuuent le Loup ils le tuent,pout ce on dir, que iamais Loup ne vit fon pere. 63.Le Loup ne porte rien à fes Cheaux, qu’il ne foit faoul,fi fair bié la Louue:& file Loup n’eft bien faoul.il ofte la prebende aux Cheaüx , & à la Louue:Si le Loup voit,qu'elle porte en cachet- te aux Louuercaux;il la bar:ainfiileft fort gras en ce temps;car il mange {a proye,celle des Cheaux & de la Louue, FE : B 2 > » t # 20 Chapitre. I. 64. Ila malle mofure & venimeufe, à caufe des Serpens, & vermine qu'il mange. Court fi bien,que fouuent les meilleurs chiens ne le peu- uent afficher. Il fuit volontiers le couuert {c’eft à dire,à couuert par bois,&.) 65.Loups-garous(c'eftà dire,gare, & gardez- vous)car ils font acharnez à chair humaine. 66. C’eft vne fçwuante befte, & faufle à garder fes aduantages,il mefnage fa fuitre, & fe tient en haleine,& en a befoin , car tout le monde luy en veut. Se prend auec des haufle-pieds, ou chaffe- pieds{c’eft à dire, chauffe-trapes, & creux cou- uerts) en leur faifant train de chair,c’eft à dire,fe- mant çà & la, outrainant la chair iufaues à var lieu propre pour les attraper. Le Loup iamais ne s’appriuoife , regarde toufours çà & là,& s’il a loifir il faitmal, & fçair bien en fa cognoiffance qu’il fait mal,& regarde effroyément. 67.Le Loup ne demeure pas volontiers où il a mangé , mais s’en va de haute-prime (c’eft à dire tout auf coft, /rali quanto prima.)Si ce n’eft qu'ils ayent mangé trois fois , car lors ils s'arreftent, quand il y a de l'encharnement. 68.Pour le prendre au boïs,faut mettre les Le- uriers en laiffe de rang, au plus beau tiltre (c’eft à dire,en vn lieu aduantageux,de là on dit attiltrer vn,c'eft à dire, fubornare ad infidias faciendas alicui,) & laifler trois ou quatte, doubles, mais gardant bien que les Loups ne puiffent auoir le vent. 69. Quand on aura fait les deffences,c'eft à dire, arrangé les gens l’vn aupres de l’aurre,il faut que le Veneur auec fon Limier ; brife les Loups hors dela charongne iufques au fort,puis faut abbat- La V’eneries 5 re (c’eft à dire, l’afchcr) le viers de fes meilleurs chiens, & fonner pour enchaufler & rebaudir fes chiens les cheuauchant de prés, 70. Le Loup mort on fait le droit, la curée, la part auxchiens, le fendant,vuidant, & remplif- fanc de friandifes,fromage, &c. puis apres auoir fait bié fouler & bien tirer &imcrdte aux chiens. on leur laifle manger iklec. 71.Si vn Loup elchappe,la nuit il repenfe l’en- puy du iour,& retourne au buiflô pour voir qui -ç'a efté,& pour chercher fes compagnons: s’il les treuue perdus,il s’en va bien loing. ) 72. apporte aux petits quelque Agneau vif, & ieur fait tuer,pour leur apprendre leur meftier, Et la Louue reuomit fa pfoyé , pour leur endon- ner à goufter. Chaffe du Renard, © Teflon: 73% Es chiens dererre, qui fe dient Baffets, & viennent de Flandre,entrent aux tafnieres des Renards,& Teffons. S'ils y prennent quelque Teflonneau,il le faut faire tuér en la tranchée ou pertuis, à la maïfon leur faire cutée du foye, &c. leur monftrant la refte de leur gibier, 74-Pour façonner les ieunes chiens, on coupe la machoüere d'embas à vn vieux Renard vif, où ilafes crochets & mailtrelles dents, laiffant celles d'enhaut qui femblent terribles, & ne peuuent mordre& lors les chiens font rage. . 7$.Les Renards. font leurs térriers en lieu où l'on né puiffe befcher, & fentent les abbois bou clent & fortent aufli roft, Puis tournoyent long= 2 # : : Chapitre I. temps en leur païs deuant qu’en fortir. La curée s’en fait comme du Loup ou fur {a peau y mettant les friandifes. 75.Tiltre de chiens,c’eft le lieu où on les à po- {ez afin que quand la befte paffera ils la courent “bien à propos, de la vient,mertre en bon tiltre:lté attiltrer,& le Cerf fortiltresc’eft a dire,il va hors les viltrés des chiens qu’on auoit attiltrez. Chiens Alans gentiis:item, Alans de Boucher pour menér les bœufs. Chiens Bsuts,chiens Cerfs,ou muets,id eff,cer- Aura tacite fequentes, Chiens parlans,& riotans en leur langage,c’eft a dire,chiens courans ; qui iamais ne quittent le Cerf, Chiens courtaut.celt a dire,fans queué,de {er- uice;ordinaîire. Chien de garde, c'eft a dire, pour abbayer aux larrons. Chien allant, c’eft a dire, qui par chemin dé- tourne les beftes, Chiens à sos poil , font pour l’eau, comme Barbets,qui portent letraié&t,& chaflent au gibier d'eau. Chiens E fpagnols, c'eft a dire, chiens couchans- pour leuer Perdrix,Cailles,&c. Chiens de combat, pour les Sangliers,&c. Dogues ; font pour affaillir Les groffes beftes- Molojji. Leuriers,qui font viftes à prendre tour. Léurier a Lieure ; ; Léuriera Loup ; Léurier & tour. Baudir, ou srcbaudi Les chiens, & les Mur. c'e di” = La V'enerie. V2 c'efta dire,exitare ad pradam;leur parler, les ref iouir. Traiéts de chiens,c’eft a dire, les laifles & cola liers pour les coupler , que fe fontde poil de ches uaux- Vautrer,c’eft a dire , challer auec Vautrez, & Maltins, car le Vautrey ce dit vue troupe de Ma ftins,qui courent ardemment vn Sanglier,& fina= lement l’outrent d’haléne, & le prennent a force: Chalfe à: Sanglier. 1 AÀChañfe du Sanglier n’eft que pout les Ma« ftins,car il ne court pas, & ne fe fie qu’à fes deffenfes.S’il bleffe de la dent vn chien, au coffre du corps , iamais il n’en efchappe. D'vne venuë tournant fa Hure, tuëra fix ou fept chiens cou- rans. 2.Lls ont entr'autres quatre dents ou deffenfes, deux en haut,qui ne fernét que d’aguier les deux limes & digues, qu armes de la barre de deffous qui tuent.Les deux d’enhaut,fe dient,les Grez. Les tayes font les femelles. | .. 3.fe laïfle: abbayer des chiens en fa bauge, Deuant que d’en fortir il met hors la Hure , & prend le vent de tout cofté ; s’il oit du bruir,il ce- tourne fur foy,c’eft a dire,en {on gifte. Evne for- tira plus quelque biuitqu'on face. ! | Le Sanglier de quatre ans eft courable & fans refus. Le vieux Sanglier eft celu y; qui a laifsé les compagnies. + :3 . 4.S'il va au gaignage;on dit qu'ila efté viure & faire fes mangeuresaux gaignages;s’il va aux prez CUT r” B 4 14 Chapitre I. où frefcheurs,on dit qu’ila vermeillé au pré, & fair fes bouris Vermeiller, c’eft à dire, chercher les vers en tetre.Fonger c’eft auec le nez & bou- touer, arracher les racines; & ce qu'il leue auec le nezfe dit, Fougc:Mulorer, c’'eft chercher aux greniers des Mulots(c'eft à dire, Afuris ruffici)où ils cachent le bled, glands, &c. Herbeiller,c’eft quand le Sanglier broufte l'herbe. | s-Le Sanglier fe dir tenir les abbois;quandilfe deffend, & contre mord, Si leschiens font char- gez de fonnetres, il fuit & ne tient les abbois.Il faut que le Piqueur luy donne lefpée en plon- geant,& non du cofté du cheual , car il tourne la Hure du cofté du coup,& rueroit le cheual. 6.Deuant fa bauge ( c’eft à dire fon lié, & fon forr) il fait toufiours quelque rufe.Il faur que les Piqueurs accompagnent les chiens,& crient pour faire perdre cœur au Sanglier, autrement il les défaira.S’il s'eftenne;il tirera païs, & prendra les campagnes, 7.Du fouil on cognoïft fa grandeur , car il fe fouille fouuent & ventrouille, & nazille volon- tiers en la bouë. 8.On dit que l'homme de guerte doit auoir af- faut de Léurier,fuire deLoup(car il fe retire rouf- iours combattant & monftiant les dens) & def- fenfe de Sanglier. | _ 9.Bourbelier (c’eft à dire, Peëlus Apri) comme la hampe du Cerf. Sanglier À ffouchie,c'eft ädire,aui fair grandes foffes,pour treuuer la racine des Fouchieres,&de l'Eiparge.&c. | é _ 49.La fouaille du Sanglier, c'eft à dire, la cu- AY Lee À ( SANTE 415 LOVE és A RIDE à CPR LC LES Lavencrie. 25 rée ou cuiriescar elle fe fait auec du feu. Huée;Onar1o poft pradam captam. Corner la prinfe:Canere capturam, Dentée & atteinte du Sanglier,qui defcoud les chiens & les cheuaux,& les efuentre, On faitiugement du Sanglier par le pied, les bontis(ou boutis) & lefouil , on cognoilt s’il eft entier & fans refus. 11.1] faut prefenter l’Efpieu droit à l'Efcu,entre col & efpaule; Si les billettes de l'Efpieu ne len- gardoient il fe couleroit le long ce la hampe de l’Efpieu,iufques à celuy qui l’enferre. \t De l'Ours. A Es Ourfes façonnent leurs petits quafirous _jmorts,mais la mere les haleine fi forr,leche, -& efchauffe qu’elle les fait reuenir:tout le monde Je tient ainfi, fi eft- ce que tout le monde ne le croit pas. | 2.L'Ours en hyuer,quarante iours ne boit ne mange, finon fucçant fes mains.Deux hemmes fe tenant bonne compagnie, l'Efpieu en main,letuc- ront : car ayant vn Coup il fe lance de ce cofté là l'autre cependanr le bleffe , & luy tourne laiffant l’autre.& ainfi on le tuë aisémenr. 3.1] a malle chair , fon fein eft medecinal, Es beftes mordantes,on dit le fsin,& les mangeurcs. Aux beftes roufles qui ne mordent comme Cerfs, êxc.on appelle le fuif, & leur manger viander. Pouppes.C’eft à dire, :mma Vrfa / B sf 26 Chapitre 1. La Chaffe du Lieure. rÇ! le Liéure fort du gifte leuant les aureilles,en fuyant de puiffance,retrouffant la queuë, c’eft figne qu’il eft fort. Le mafleeft court;fait fes rufes plus fottes, dé- fait fanui@ parles g14ds chemins,il a la cefte plus courbe, & plus ioffué,prend facilement congé de fa Meute(ou muére),ceft à dire, gifte , à la pour- fuitte des chiens, & fe forpaife,quelquefois trois licués fans s’arrefter. 2.Les Liéures de paffage,qui font hors de leurs pays. font des rompus.& fe font relancer deux ou trois fois dans leur fort. 3.1isont vneinfinité de rufes,& fur eux fe doi- uent affiner les nez des chiens courans,& y faire leur apprentiffage, Luy & la femelle ne permer- tent qu’autreLiéure qu'eux demeureen leur païs: | ainf on dit,rant plus on chaffe en vn païs , tanc plus y ail de Liéures;car ceux d'autre païs y vien- nent. 4.11 faut touficurs auoir des friandifes de chiens pour ler refiouir au defaur,& les radreffer,& faire requelter le Cerf & la Chañfe. S. Il ne faut fonner en qüefte le grefle de la trompe,mais le gros;fi ce n’eft qu’il vueiilé parler aux chiens , alors il fonne va mot du grefle de fa trompe;car c'eft Le propre du rorhu;pour la que- fte,c’eft auec le gros 6.Les ieunes Liéureser. Seprembre , Oétobre, Nouembre, n’ont point de corps, à’y rufés, & fe fout relancer louuent,à quoy prennent plailir les ieu | LaV'enerie. 27 ieunes chiens.Lefquels fe fouuiennent toufours de la premiere curée qu’on leur fait,& du lieu où l’on les façconne. 7.Les Licures en temps de glace courent fort bien,car ils oncles pieds fourrez,les chiens fe def- folent les pieds fur la glace. | | 8.Les chiens de deux ans ne valent que mieux, quand on les fait fomuent champayer,requerir,& lancer le Cerf. 9.Le chien défaitaisément la nui@ du Liéure su viandy, c’eftà dire au repaire, car il y laifle fes crottes & repaire , & fe couche viandant , ainfi laiffe l'odeur. 10.Le chien boute & lance le Cerf. & redreffe les erres quand fon maiftre l’aide, & bar & foule les broffes.c’eft à dire,buiflens & broflailles. 11.Pour bien chafler,il n’eft que chiens qui fui- uent le droit. Pour en prendre beaucoup ; il faut faire grands cernes,& abbreger les rufes. Haller les chiens,c’eft à dire,tirer à mont. 12.Lc Liéureptis , faut fonner la mort du Lié- ure,& le mettre fur l’herbe,mais la valer des chiés defendra la curée,puts on mettra la pean,le pas, & le ponlmon. qui elt contraire au Liéure;& prenäc . pain, formage , & friandifes , ons brunira du faug de Liéure,&ayant attaché le Liéure auec cor- des en pluleurs lieux;afin qu’vn feul chiéne l’ar- rache;le cachera, lors le Piqueur fera la curée du pain;&c. Er eflant fur la fn le Valertorhura, monftrant le Licure, les chiés courront autf roft, & leur {era donné eur droit ; aux chiens niais & jeunes on donne la celte & les efpircles. Pren 28 Chapitre 1. {: 13.Prerdre le Lieure à la crourie »sceftädire, quand le marin il eft a croupeton, & croupit en terre L:cure en forme,c’eft à dire,in cubili. ke 14.Faire enclorir vn Connil,e’eft a dire , faire entret dansterre. Cordeletres. Rets .Filers, Bourfes,Bourfettes, Pochettes. Léureter,c’eftà dire,parere lepores,L cureteaux. L'entrée de la Tefniere fe dir Mere, la Renar- diere n’a iamais qu’vne mere. Faire le rapport à l’affemblée,(c'eft à dire, Con- cilio venaterum,vel jaliuenfi,Bud.Des cognoiilan- ces qu’on a de la befte. Lestoiles,e’cft à dire,Carbafeum Jiptum,Bud.2. Philologra. CHASSE CHASSE GRATIEVSE d'un Liéure charmé. CHR II. USE s Gentils-hommes qui aiment Îa ÉPNGC haie affeurent qr'entourela Vene- 8 Rrie,il n'y a plailir femblable à celuy qui uoir veu pour vous en dire des nouaelles. Faites (dient-ils) que le plus braue Chaffeur de toute la Nobleffe de Languedoc monté côme vnS.Geor- ge,& bié aflifté,aille courir le Licure,le valer des chiens , auec fatrompe n'a pas fi coft forhué les chiens & en leur parlant du grefle de fa trôpe les a refioüis,que vous voyez demy-douzaine de bra- ués Léuriers couplés, & hardez bien difpos pour courir la befte.le fuppofe que les chiens foienc les premiers de la race, c'eft à dire, beaux chaffeurs, requerans,de haut nez,de grand cœur, & de route entreprife, gardans bien le change, de bonne creance,qui ayent la tefte longüe,& non camufe, les nafeapx bien ouuerts,les aureilles larges, les | roins LA TRES 30 Chapitre I 1. reins courbes, leiarret droit & bien herpé, Ia cuiffe trouflée;le pied fec, & bien fourré , enfin faiçes qu'ils foiét les mieu x façonnez,&qai ayenc le nez le plus afhné de l'Europe, car tant meil- leurs font-ils,ranc moins prendront-ils,& le paf- fe-temps en fera plus beau.En premier lieu,ayant aufli-coft trouué le Liéure à la croupe;il fe fait re- lancer deux ou trois fois par les Léuriers, puis fe voyant trop prefse il quitte fa rafniere,8& du pre- mier faut outrepaffe les chiens : il ne faut pas de- mañder fi les chiens defcouplez font le deuoir,& s’ils trouuent leurs iambes ; le Liéure comme de raifon gaigne le deuant,fait tefte âu talon, &côme il porte cout fon courage , non au cœur, mais au pied, vous diriez que la peur luy a donné à chaque talon des aifles’il ne touche la terre, il vole, il fe defrobe aux chiens , il {e laifle derriere foy mef- mes,& leuant les aureilles eomme deux voiles , la queué pour s’en feruir detimon,battant des pieds comme auec auirons,ayant la crainte pour fon pi- lore,deuient comme vn Nauire d'air precipité par le vent , pañle le vent , arriue d’yvn bout à l’autre fans quañ toucher le miran : Les pauures chiens s’efflent en courant,cent fois ils le tiennent , ils bourrent,cent fois il efchappe, ils enragent, ils fe dardent,la foudre ne va fi vilte, ils ont le nez à la queué, les dents plantées dans la peau ; le pauure Licure qui ne fçait pas qu'il eft charmé,il ne fçaic auff s’il eft pris on non;il fe fent accroché au ra- ble,& neätmoins fe defcroche, &roufiours court & toufiours s’eftonne ; & roufiaurs eft aux ab- bois ; & toufours refufcité. Le compagnon ne fçaic où il en eft,voyant qu'vn Lieure luy ie 9 : cs ‘f e Lieure Charme. 3 fes fix ceuriers, donne dans fa trompe,encourage . fes chiens, court à perte d’haleine, les Piqueurs y _voncatoute pofte. Le pauure Liéure voyant le doux charme qui luy fauue la vie, s’'imaginät d’eftre ce qu’il n’eft pas;ayant bié couru;,tourne la tefte;& les chiens le ralon,& effrayez s’enfuyénc. & le Liéure à les courir,& diriez que le iéure eft deuenu chien courant,& les Léuriers des Liéures, Quel plaifir de voir fix Léuriers fuyr de peur d’vn : Liéure.Les Piqueurs arriuent , le garcon s’éfcrie, hare Léurier , hare Léuriers, adonc les chiens fe fouuenant d’eftre chiens tournent bride,& mon Liéure dérechefà grands coups de talons. Tout cela n’eft rien au pris de ce que ie vous vois dire. La!{ie qu'ileft de courir la poñte à pied , il faic du rompu,il arr -fte,mes chiens vous l'enuironnent mais bonDieu,qnelles ruzes fait le pauurezieure, il cournoye,il faute, il forpaifc;les pauures chiens jappent,mordent, tiennent,tu€nt,& neantmoins, en voyantilsnele voyent,en mordantils ne mor- dent , en tenant ils netiennent, en tuantilsne tuënt , car de fait le Liéure faute encor, le voicy à Ja cefte de tous fix , le voila à la queué,le voila au milieusil fe oliffe"parmy les iambes , ‘il vole par- deflus leurs reftes,les chiens faurant & enrageant fe choquent tefte contre refte,la gueule beante au lieu de mordre le Liéure,ils s’entre-lardent&s’en- tretuËënc les vns les antres. Le Valet des chiens fe tue de crier , le Gentil-homme meurt derire , le Liéure meurt de peur,les chiens meurent de rage, tous y meurent de quelque chofe , & fi le riéure pourfuit touliours fon exercice, & voudroit bien cftre à cent lieuëés loing de cç plaifir, Los "3 32 Chapitre II. luy eft guierc agreable.Quand la befte leur a bien donné du pañle-temps les faifant faire la ronde,& danfer vn branfle de Poïtou,deux pas auant & vn ‘en arriere,il vousles remet tous fix à la courande, car quand ces Leuriers penfent eftre fur le poin& d'en faire curée, & d’ouir leur valet fonner de fa trompe,la mort du L'éure, & leur faire droit leur donnant leur deuoir,& quelque friandife;mondit Liéure tire pais,laiflant les fix Leuriers aufli efô- . nez que beftes de leur païs:pour leur hôneur ils fe mettent à courir,& tous {e voyent au defefpoir.le Liéure d’efchaper, les chiens de prendre, le valet de chaffer,les Piqueurs de difner, & y a do plailis de voir que tous meurent de faim & de foif,& ne laiffent É galopper.Le Liéute n’a ny enuie,ny de mie de fe laiffer efcorcher, c’eft pourquoyil-gai- gne vu buiflon;les chiens fe merréc toutaurour,& s'affeurent de l’auoir:le fin Liéure voit bien qu'ils n'oferoient entrer dans {a baftille armée defpines & de degues;fait femblant d’auoir peur,& fetapic refpond tantoft à ce Léurier,tantoft à l'autre;il fe mocque d’eux,& fe repofe à fon aife.Ces pauures chiens y perdent tour leur fçauoir,&s’ils pouuoiét ils diroient volôtiers,que c’eft quelque diable de _ Licure,ou quelque Liéure d'enfer qui les enforcel- le:car côme eft-il pofible que fix braues Leuriers tiennent par la queué vne mefchante befte, &ne la puiffent prendre,eux qui ont chacun a part-foy attrape cent cinquante Lieures en leur vie.lls ont beau faire qu’auec tout leur difcoursils ne luy dôneront atteinte, fi ce n'eft pour arracher vn peu de bourre. Auffi en vn clin d'œil apres auoir bien rusé,le gentil Liéure, fort de fon fort aufli gaillard que Licure Charme. 33 que jamais ; & en dix coups de pied il s’emporte filoing que vous diriez que le diable l'emporte, aufh faitsil,car naturellement celanefe pourroit faire. Adonc les pauures chiens demeurent bien camus,& c'eftla premiere fois qu’ils font curée & bonne chere de rien, le Valet ne fçaic aucune chanfon fur {a trompe en femblable accident , & ne fçait quel langage il doit cenir àfes chiens,qui onctres-bien chaflé fans rien prendre, excepté qu'ils fonc firecreuz,i& fi tres-fort rompus qu'ils ne fçauent fur quel pied danfer. Le Gentil-hom- mé s’en retourne à petit pas, & s’en va faire grand . chere , moyennant qu’il treuue dequoy, car pouf fa Chaïe,il n’y a pas grande conquefte, pen 34 à MSIE CERINESI ADVIS AV LECTEVR efcour ct.T atoff cefluy-cy dit ,la main de l'Oyfeau,au lien de dire la ferrecarof? La [irre,au lien de La griferantef La griffe,au lien de l'ongleérdu cre- chet,bref, ils pensët que ous les mots [eruent à tous les Oyfeaux,ce qui effvne vraye ignorance. Ce petit Ef]ay que 1e vous done,vous fera parler auec honeur,Gfans rougir en bone copagnie. Vous aurez lerefte quad vous aurez bië apprins ce queie vous denne,G quad te fcan- ray que ce petit trauail vous ef} agreable, © de fernice. Te mertray a part ce qui eff propre du Uol des Oyfeaux éngencral,O'veus dcneray come vne Anatomie de tou- tes les parties de l'Oyfèau,afn que le vol devoffre plu- me de voffrelägue s'accerde bie auec le vol dela befte de laquelle vous parlerez ;de peur qu'on ne die,que la belle vole mieux,que labeffe ne parle. Vous [çaure 7 que eff que voler a tire d'aifle,areprifès,au fil du vent,na- géantenire deux airs,en battant la nue, par gliffades, en bricoles,en rodat,a droit fil,4 plomb, à vel perdu,vol de guerre G° de côbat,vol de plaifir,fendre le Ciel,fon- dre a bas,a l'effor balancer fon vol,@: cent autres facos de dire,Seruez-vous de celles:cy cependant, tenc7- moy en Vos bonnes graces | » | LA rs A. LA FAWCONNERIE. Françoi[e. POUR 1TR EI. Ln’yaparcil plaifir que devoir le Fau- con,partant du poing pafler les nuës, fendre leCiel,fe perdre de veue;dôner 22,<À] poinre,fe fodre en bas fur le Gibbier, & faire les aucres deuoirs d’vn ban oyfeau Faucon eft toute forte d’oyleau de leutre, & de proye.Eten y a de fepr fortes. Faucon Gentil, Pe- lerin,T artarer,Gerfaut,Sacre,Lanier, T hunifian. Le Gentil foic prins niais,c'elt à dire,au nid,& le faut oyfeler fur la Grcue,car il fera bon Gruyer, & hardy,puis bon Heronnier (c’eft à dire, volera bien le Heron)le Hagard eft celuy quia mué,eftant à foy. | Le Pelerin eft de paflage,& en pelerinage, eft de bon affaire, hardy.Eftanc pris au paflage(car on n'a iamais ereuué s6 nid)il le faut affaicer, aduïre, leurrer, & afleurer, & feruira à cour, 8 au menu | Gibbier. VE Le Tartaret,c’eft à dire, de Tartarie, eft efpece de Pelerin. wo” | ef 2 | « PAL NT ” < "100 261! Chapitre TITI. LeGerfaut(Gyrofalcus sn gyrum volans)fait (on aire , c’eft à dire nid , en Dannemarc, eft forr à faïre,& veut auoir la main douce , & maiïftre de- bonnaire. [l a les doigts , c’eft à dire, les orteils, Jongs,& les ferres fortes. Sert à tout. Le Sacre n’eft pas fi franc pour faire effort furla Gruë & n'a le vol fi fort que le pelerin, eft court empiet£ , il eft bon pour la volerie des champs.il eft groffier d’entendement,mais fe façconne. Le Lanier,a Laniandis auibas,vel à pilis lana fimills- m15,eft le plus petit de corfage , de beau pennage, court empierc,il bat bien le Liéure, & vole Per- drix,& menu Gibbier, & fupporte mieux fon pas gras, qu'aucun Faucon de gente penne, faut qu'il foit pris niais, | Le Thunifian,ou Punicien,c’eft à dire, quivient de Thunisen Barbarie,eft femblable au Lanier. L'Efpreuier & l’Autour ontles vols beaux, & font de hautes entreprifes pour quelque fentimét de gloire,& d'honneur de la victoire, & non pour Ja proye:là où les Milans & Corbeau ne fuiuent Gibbier que pour la cuiline, pource on. n’affecte ces oyfeaux vilains,poitrons,& trippiers de natu- re.Aufli ne combarrent ils finon Paulers,&c. qui n’ont ny vol,ny deffenfes. | Le Heronnier ne fe doit mettre plus bas autre voleris,car il s'apolcronira, vo yant qu'il ne faut pour les autres , telle montée, fi grand effort,fi haut courage comme pour le Heron. Il faut qu'il cognoilfe bien le vif, c’eft à dire,la proye viuc, & doit eftre lafché contre le vent, & au defflus du Gibbier. OS Pour faire vn bon Faucon pout la Volerie des LR champs 7, | Faut \ 1e ‘ " Je LaFauconneries 37 champs ; il faut qu'il prenne cognoiffance des chiens,& qu'ils s'entre’aiment,ce qui fe fait par la hantife. Auffi faut-il qu’il foic bien curé,luy don- nant bonne gorgée,c'eft à dire,portion ; des trois premiers Oyfeaux qu’il prendra. Aufli luy faire becqueter la ceruelle de POyfeau qu'il prend. . Vol pour le gros,c'elt aux Oyfeaux de fort , & de cuifine,comme Oyes, Gruës, &c. Et faut con- duire fagement,iufques à ce qu’il foit bien enuoy- fellé, & faut fau-poudrer fa gorge de cannelle & fuccre candy, le mettant fur la chair de l’Oyfeau qu'il apris,car celaluy fera aimer fon Gibbier. Il le faut chaperonner trois iours entiers [uy donnant à manger , puis le defchaperonner fou- uent,ainfi il fe fera bon chaperonnier.Puis le faut faire venir (ur Le poing,& en belle côpagnie pour l’alfeurer,faîre qu’il cognoiffe la chair ; & lewif, apres lafcher la filiere(qu’on dir, Tien lé bien) en le Ieurrent de loing.puis luy enfeignant à monter & roder en l’air.Ne faut iamais que le leurre,c’eft à dire,deux aifles liées, penduës à vne laifle, & vn efteuf,8 femble vne poule,partant le Faucon vole deffus,& fe mer deflus quelque part qu’il le voye, ny la barre,c’eft à dire,la perche, foit fans vn peu de chair. Mu La cornette, c’eft la houpe ou tirouerc ; deflus le chaperon ou chappeler. Voler haut & gras,ou voler bas,& maigres. Deuant qu'il vole,il faut qu’il aiteu cure de plu- me auec vne iointe, c’eft à dire, purger l'Oyieau auec plume qu’il aualle,la curefe fait auffi de co- ton,de peau de Liéure,eftoupes taill ées : les cuérs baignées; (ont laxatiues,les cffuyées, font les meil- j 38 . Chapitre III. leures,& le faut laifler roder, quand il eft en hu- meur de voler,& en bonne volonté. Le bon Faucon a la tefte ronde,le bec court & gros,le col long,les efpaules larges;les pennes des ailes fubriles,les cuiffes longues,les iambes cour- ces,les pieds longs, larges,grands. | Faucon niais(c’eft à dire pris au nid)for, c’eft à dire,d’vn an, quia vole, mais non mue, müe , ou qui eften mü:,c’eft à dite, qui a changé fes pen- nes. + Hagard(c'eft à dire, bizarre, fier } qui a efté à foy & en liberté auant qu'eftre pris. . Royal,c'eftà dire,qui n’a jamais efté à foy. Le pélerin fe tient mieux , & plus longuement fon aile,& en fon vol bat plus à loifir que le Gen- til,lequel auffi eft pluftoft fur l'aile que le Plerin, Le Faucon meurt fi on luy donne groffès gor- ges de groffe chair;car il ne peut enduire (c’eft à dire,digerer){a gorge, & la paffer. PS Quelquefois faut recompenfer fonOyfeau auec gorgée raifonnable d’vn bon pat vif (c'efta dire, de Poulet vif,ou autre)luy donnant tous les mois vne pillule d’Aloës,ou,&c.Lors il vient à émeutir, … & à ictter flegmes, & coles.Cela fe dir cure d’oy- feau il tient fa cure (c’eft à dire, fa pillule faitle deuoir )il a fa cure,&c. _ Appetit deboire,& faire boyau. Le mal de pantoïs,on pantais,c’eft à dire,afmé, qui ne peut auoir fon haleine quand le pouimon s'enfle,& ne peut refpirer. Sté La perche,& le bloc(c’eft à dire, Srspes,lignm.) res auoir feru le Gibbier , il a quelquefois les -_ pieds froiflez, & s’engendre des cloux aux de : c'e FR: a. | À | La Fauconnerie. 39 (c’eft à dire, podagre) par pareffe du Fauconnier, qui fus Le bloc doir mertre du drap. | Faire tirer les oyfeaux (c’eit à dire,becqueter)fi le virer eft de plume , gardez qu’il n’en prenne le matin , iufques au vefpre , la cure {es defcharge d’aiguilles,& filandres qu’il engendre, s’il eft peu de grofles chaits, & en peut mourir. No Eforer le Faucon,c’eff à dire, {echer au feu ou au, Soleil : Item s’efgarer , prendre le vent, & changer de maiftre. Le mal d’ongle eft vne taye qui vienten l'œil, autres le nomment verole,il vient du ruthme ou du chapperon quiferretrop. ; . Vne maladie vient à la couronne dubec, qui décharne le bec d’auec la refte (la couronne eft le duuet qui couronne le bec, & le coniointala tefte.) | On donne le feu aux-narilles,pour Les embellir & ouurir dauantage. Pouf le chancre leur faut donner despillules de lard, fucre,mou:lle de bœuf. Ce mal & les autres viennent,quand ils font peuz de groffe chair. Autre mal s'appelle des machoüeres, qui s’en- flent,vn autre du bec quädil efclatresun de pierre ou croyejles filandres,c’eft à dire, de petits vers, _s’engendrent de groffe chair, ou quanden abbatät la proye ils fe rompent vne veine,ou entre cuir & chair de fang meurtry ; les aiguilles font vers coufts pires que filandres,ou lumbriques. Mal fubtil & Ectique eft qui fait. emmaigrir l'oyfcau,qui pale & émeutit incontinent fa gorge _& plus mäge,plus deuient maigre.Pour le remer- tre en greffe lors qu’il eft décharné,il luy faur dé- LENS TAB | bn 40 Chapitre. 111. ner demie gorge de mouton ou,&c.Et peu à peu “il reprendra la chair. Faucon qui ne vole de bon hair, c’eft à dire, bon gré , &eft deshaitté de voler. La teigne fe met aux grofles pennes,ou au tuyau, & faittomber les ailes;quelquefois'il ne fouftienc bien fes ailes,ains les pend & traine. Donnanttrop viuement à la proye il fe demer, ou difloque laile,ou rompt l’aileron, c’eft à dire, le bout de l'aile, Vn coup orbe;qui eft auec contufion, fans ou- uerture. Il faut curer Le Faucon detant quelé mettre en mue, c'eft à dire, qu'il fe defpouille de fes pen- nes,& faut qu'il foit haut, gras, & en bon point. Apres la mue,;il luy faut donner petite gorge,&cle couronner de fon chapperon;afin que l'air ne luy nuife,auffi pour luy rabbatre fa fierté , & orgueil qu'ila, eftant mué. | . Le Faucon niais ne foit fi ieune qu'il ne fe puif- fe tenir fur fes iambes, autrement Îe faut encor laifler en l’aire,mais eftant bon, le faut aufli-toft mettre fur la perche ou biller,afin qu'il puiffe te- nir & mener fon pennage fans le froifer con tre terre. | Quand l’Aïgle efpanouir fa queue & tournoye elle ie difpofe à fuyr.fi on ne luy iette fon paf, mefmes fi c’eft le remps de s’apparier. | Faucon montaignier eft brun & hardy, fe doit entretenir entre gras & maigre. L'Efmerillon eft plus petit que l'Efpreuier, & prend toute volaille. Tiercelet d'Autour eft petit, il fe dit ainû; ne j ET À La Fauconnerte. AT ils naiflenttrois en vne nyée,luy 8cdeux femelles, & il eft plus petit d’vn ciers que les femelles. Le leurre ou rappel,c’eft à dire,deuxailles liées auec vn peu de chair deflus. | Signe de bon Autour eft,aftuce de courage,bec- quer fouuent , prinfe foudaine de fon paft {ur Le poing, force d’ailaillir. Tefte perire,face longue, gofier large,yeux profonds,& en eux vne rondeur noire,&c. L’Efpreuier niais reuient volontiers à {on mai- ftre;le for eit difficile à faire,caril aefté branchier &c ramage,& à foy;c’eft à dire,en liberté, fuiuant fa mere de branche en branche. Le bon ala tefte rondette, le bec gros;les ycux cauez;le cerue d'entour la prunelle de Pœil,entre verd & blancile col longuer,efpaules boffues,af- filé deuers la quene les ailes affifes allant le long du corps,le bour des ailes fous la queue, la queuc non trop longue , &de bonnes pennes afhicer, comme le bout d’vne efpée;qu'il ne foit trop haut aflis,c'eft à dire,ayant grandes iambes, les pieds deliez,les ongles noirs & petits , les plumes tra- ucrfaines (c'eft à dire qmi font de trauers) groffes & vermeilles , qu'il aye le bruel meflé dé trauer- faines,les fourcils blancs, & loir famnilleux. Chiller F'Efpreuier,eft luy coudre les paupieres vers le bec , afin qu’il ne voye que par derriere l’Autour doit regarder au concraire, c’eft à dire, par deuant.Le bon endure Le chapperon , & ne fe debat,ne fe debrife tanr, vole plus roidement, & fait mieax fes vols à fon auantage. Celuy qui ranro!t qu'il elt pris;mord la chair & mange, c'elt ligne qu'il eft Famijleux (t’eft à dire, | Di 42 © Chapre dl famelicus , & de bon appetit)il endure le chappe- ron, luy faut peu à peu diminuer fa vie, & labé- cher quand il aura enduit,& n'aura tien en la fof- fecre de fa gorge.Le faut accouftumer au chappe- ron,& le veiller tant qu'il foit mat(c’eft à dire,ap- priuoifé,& matte.) Il le faut accouftumer d'aimer les gens, chiens, Cheuaux,& l’affeurer; Le reclamer fur le poing, luy donnant vn oyfeau vif, puis le décharner le mettant loing,& le ifler& appeller au poing , le relancer. Donner-[a plume (c’eft à dire cure de plume.) Si on vole le matin,le Soleil efchauffe l'oyfeau, Je rend gay,& perdant fa faim,ne penfe qu’à fe re- foudre & ioüer contremont,& ayant le cœur efle- ué eft en danger de fe perdre. Rodretter ta penne froiflée , ou l’enrer en fon tuyau fi elle eft rompu, la reflerrer fi elle eft dif- ointe. Purger & mettre bas l'oyfeau/c’eft à dire,l’em- maigrir & l’écurer ) cela fe fait Jauant la groffe chair qu’on luy donne. Il faut qu’il mange par paufes.Il y à certaines chairs qui le font o1gucil- leux,comme de Chéures & de Chéureaux.Le bon oyleau doit eftre attrempé,c €ft à dire,ne gras, ne maigre, FA : Pour l’entrerenir en fanté :] le faut faire tirer, c'eft à dire,becqueter la chair, tirant, fi le tiicüer eft de plume au matin;garde qu'il n’en aualie.2.[[ le faut efluyer au feu, ou au Soleil. 3. Purger par cure.4.Le baioner. - "La cute de corton eftdangereufe. S'il rend fa cure,& l’efmoi,c'eft à dire, Srerews,bons CH Denis fans w ÿ La Fauconnerie. 43, fans malle odeur,c’eft bon figne.S'il gardetrop {à cure,c'elt mauuais figne. {ne faut donner occafon à l’oyleau quil fe de- battre, & volatilie, mais l’accouftumer a aimer les chiens,& ce qui eft de la Chafle. * 4 Sur tout qu'il aim& leleurre,c’eft à dire;la chait mile furle drap rouge,& ailesliées,ou l’on lé paift» &cles gens,& le poing du Fauconnier.Pourlefaire bien voler au Gibbier,il y faut trois chofes : bon Mailtre, bonnes compagnies d'oyfeaux, bon pays de Gibbier. Ë Quand l'oyfeau eftefgaré, en lieu plein met le front à terre fermant vne aureille, & puis l'autre: & en lieu haut met vne aureille à cerre , & clos l’autresalors tu oirras le bruit de ton oyfeau. Pour le faire reuenir,luy fautmonftier vn Cou-_ : Jomb blanc. ; S’il prend Coulomb,Corneille, & autre proye qu'ilne deir,mets fur la poitrine de celleproyedu fiel de geline, car l’amercume le fera hayr cefte pioye baftarde. La müe, s'appelle la chambretre où il müe fes || pennes:on ditlemertre en müe,donneriour apres la mue,&c. | : L'oyfeau prend coup, c'eft a dire,il heurte trop tudement à la proye,ou,&c. je Le mal fubril eft,quaud tant plusil mangestanit plusa il faim,car la chaieur eft foible, &efmeutit, & crolle rout,efmeuts,c’eit à dire,exerementassnde, efmeutir,@'c. L'Efprouier qui a la couuerte noire,pennage de trauérs,tOUx, & la mäille,c’eft à dire, machiss, La- --æhe, noire & blanche entremeflée, & brayer net, AU: et 44 Chapitre III. efttres bon;s’il a le col court à l’aduenäc du corps; il eft bon voleur. * Effimer le Faucon (c’eft à dire,donner la cure) il le faut curer tous les {oirs,afin qu’il vole haur, Quafi efluymer,c’eft à dire;luy ofter le fuif, & la graifle;auec la cure. Si l’oyfeau ne veut lier, mettez luy en la mai- ftreffe ferre,c’eft à dire longle, crochet du doigt, vne plume d'Oye. , Il faut encharner les oyfeaux à ieune proye,& l'en faire iouyr à fon plaifir , mais ne luy donner que le mafle,& le cœur ; ou là ceruelle de la fe- melle apres qu’il l'aura plumée. Le train de l’oyfeau,c’eft à dire,le derriere, ou fon vol,auffi train eft le chemin de la befte. Item la croupe.En volant le Liéure, il faut que ce foit auec les entraues,c’eft à dire, afin qu’ils ne fen- tr'ouurent ttop. Onétion feable , c’eftà dire, de graifle qu'il prend du bec en fa croupe, pour s’en oindre , eft bon figne. Grippet lachair, c'eft à dire,agtapher, gra- phigner. Le Hagard fe doit muer fur le poing , &-non dans la mue,car ils’eftrangeroit des hommes. Tout oyfeau de proye n’eft bon pour Faucon- nérie,mais ceux qui font hardis,&r de franc coura- ge Tout oyfeau de proye s'appelle Faucon, car ce- luy-cy eft lé meilleur ; ainfiles Grecs nomment Hiersx,kes Larins Accipiter donnant vne efpece, le nom aux autres. : Les vns volent de poing,& prennent à randon c'eft à dire, de force, cam mpetn , les Ge a : | ent Pr] f La Fauconnerie. 4$ lent haut. Le Gerfauc eft hagard & bizarre,& eft bon ou- urier de prendre les oyleaux de riuiere , car il les lafe canc qu'ils ne peuuent plus faire le plongeG Sacrer eft le mafle,le Sacreeft la femelle,com- munémentés oyfeaux de rapine le mafle eft plus perir,& les nomme-on pour cela Tiercelets. On porte vn Ducauec vne queué de Reñardat- rachée, pour faire defcendre le Milan, qui vole en la moyenne region de l'air ; auffi toft qu’il le voit il vient terre, pour le voir , & s’eftonner de fa forme ; lors on lafche le Sacre qui le pourfuic à perte de veue, & le ramene à coup de bec, touf- jours battant iufqu’en terre. Le Moucher eft le mafle de l’Efpreuier, & lafe che,de bas courage,& n'eft employé à la Faucon- nerie. Le Faucon de nature gibboye fans eftre leurré & accompagne les chiens , efpouuante la befte chaffee,pour auoir part au butin. Faucons Riuiercux, c’eft à dire,qui volent aux riuieres. Champeftres,c’elt à dire,pour les chäps. Faucon bien montant fur aile. | Laneret,eft le mafle du Lanier. 7 Oyfeau de leurre,& non de poing (s’eft à dire, qui fe paift fur le leurre)oyfeau de poing qui vole fur le poing,encor qu'il n’y aye leurre,teleft l’Au- tour & l’Efpreuicr:le Faucon eft deleurre. Le Faucon vole en roüant,& regardant en bas, puis defcend fur la proye comme vne fagetre, les ailes clofes droit àl’oyfeau , pour le defrompre à l'ongle deriere;s’il nela peut attraper, de defpit il quitte fon maiftre. ke : Oy 446. ‘ . Chapitre ‘III. Oyfeau qui tient fa perche. Hobereau eft comme le Sacre. Le-Heron craignant d’eftre affommeé de coups, met fon becentrefes pennes,& le Faucon fouuent y fiche fa poitrine;auñli on crie, Garde le bec. Tout oyfeau hardy & fier,eft rebelle,& farou- che au leurre. Leurrer a cheual , & à pied vn Faucon, c’eft à dire, eftant Fauconnier à cheual pour l’accou- Ætumer. | Faucon hautain,c’eft à dire,qui vole haur. Faucon qui va au change, c’eft à dire,qui prend Coulomb,&c.qu'il ne doit. < Tenir attirail d’oyfeaux,& dreffer attirail,c’eft à dire, auoir train d’oyfeau, & fuitre, & en faire profeffion. Oyfeau de bonre, ou de peu de creance, c’eft à dire, qui n’eft de bonne foy & loyal. Oyfeau ef- clame, c'eft à dire, longueur bien feante, & non efpaulu.Pillart,& fujerà l’effor, c'eft à dire,rapax, Œ fugax,bien montant fur queue. | Si vn gauchier couure vn oyfeau niais,il n'aura jamais la cefte bien faite , ny fera bon chaperon- nier. | Quäd l'oyfeau mord & eft vn criard,metrez luy vn chapperon à bec couuert,en eftuy,c'eft à dire;le bec en vne guaine. | L'oyfeau eft fouuent alteré pour la colere qu'il a,& apprend fa leçon auec douceur. Du commencement l’oyfeau tafche de fe defar- mer de fes gets, & longes, & porte-fonnettes. Il luy faut faire perdre le vice de charrier,c’eft à dire,defuoyer, quitter la proye,es iettant au leur- re, | D) 3 F- La Fauconnerié. ‘ A7 re,luy donnant toufiours quelque bechée. Mertre l’oyfeau hors de filiere, c’eft i dire des longes & attaches , comme hors de page;mais le marin il ne Le faur mettre far fa foy,car il eft dan- - ereux de s’efcarter. L'oyfeau {e bloquera;c'eft ) dire.iertera à terte, le contraire eft fe fouftenir, c'eft à dire pendreen l'air ne battant l'aile. Oyfeau quinteux & efcartable. Les droiéts de l'oyfeau, font la ceruelle, le col, & le dedans.En chaque belle defcenre,il faut fai- re plaifir & bonne chere au Faucon ; qui eft hau- tain & beau voleur. L'oyfeau croit toute l’année du forage , c'eft à dire,deuant la premiere mie. Les Cagiers,c eft à dire,cenx qui en cages por- tent vendre des cy feaux de proye. s° Faucon dangeteux \ vous defrobet les fonnertes, ceft à dire,à s’efcarter. Quoy que le Lanier face de Vafferé,fi ne s'en faut il ficr,mais le poyurer,parger,& faire rendre le double de fa mulerre,c'eft à dire,l'eftomac , ou gorge. | Le Tunicien ou Alphaner,4b anoe, c'eft à dire, primus falcenum dicitur aGracis,a bon œil&fait bé guet, il vO le hors de veue, & eft de bon affaire. Tenir en eftat vn Faucon , C'eft à dire,ne l’ab- baiffer;mais paiftre doucement,afin qu’il ne s'en- raiffe, | -Les Alethes,c’eft à dire,vezitables, cat rien ne leur efchappe,font à cefte heureen grand reputa-. tion:la Royne en porta vn tres-bon au Roy Hen- Ty ILIL.ls viennent. du Peru. Mal \! N'y u 48 Chapitre III. Mal de barbillons, c'eft à dire,des glandes qui naiflenc en la langue,d’vn rheume chaud, Oyfeauempelotté eft;qui a dans fa mulette ou gorge , quelques pelottons de poils ; ce qui luy aduient quand il aualle des poils, & n’eft aflez forr pour les rendre. Les mains de l'oyfeau s’'enflent, files gers & portefonnettes font trop eftroits. Apres lamueil les faut abbaiffer & defcharner, leur donnant vn tiers de gorge,afin qu'ils ne meu- rent du gras fondu, &ne foient trop mutins ; & les faut eftimer à l’aile, I] faut arrefter l’eftomac des niais quand il eft trop haur,& ce auec de groffes chairs : Le con- traire fe fait quand ils font Aouets & delicats. Aucuns ne tiennent des oyfeaux que pour en- tretenir Noblefle, comme on dit. Leurregarny detiroir,c’eftà dire,dechair,qu'il faut que l’oyfeau tire du bec peu à peu; autrefois on [uy donne par morceau,quandileft malade. L'oyfeau fuir, & fe laiffe emporter au vent eu: Efté,quand il eft frais,fe feruant de la queue com- me de timon;en Hyuer la faim le fait reuenir au oing. Pour fuir ce danger le faut leurrer aufil du vent(c’eft à dire)où le vent donne le plus. Charrier vn perdreau,c'eft à dire,lefuiure droit, & le pourchaffer. | _ Les vns vont à vau-de-vent , Îles autres contre : vent.les autres aile au vent (c’eft à dire)crauerfanc le venr,& ayant le vent à l'aile. Il y a des oyfeaux qui volent bien pleinsilesau= cres,lors qu’ils font affamezsles autres, faut qu'ils. ayét de groffes fonnetres,afin que le poids les face __ bloquer, La Fauconnerie. 49: bloquer, & fe ietter fur les Perdreaux. Le bon oyfeau a fon vol roide & pointu ; c ef à dire,donnant pointe, acri imperu. L'oyfeau fe rebure,c'eft à dire,n’aenuie de: rich. faire,quand ileft trop gras,ainfi le fant teDir par, le bec,c’eft à dire;luy donner petite gorge. Pendant que deux Faucons plument vne Per-” dix, fi l’Aigle furuient , il emporte & Perdrix &' Faucons tout enfemble. Deux Sacréz entreprindrent fur vn lAiole, & k l'ayant buffeté,& auilloné, ils le font defcendre à force de coups en rerre.Les Fauconniers glorieux le direntau Turc Ottoman qui prit Conftantino- * ple:il Les fic cuër,difant,qu'il ne falloit entrépren- dre fur fon Roy. Vn tendeur, On diriettér ke Faucon, & RES l’'Autour qui de fa volonté part,& n’a chaperon,& fe faut gar- der de fe feruir des termes d’Autoufier, au lieu de ceux de Fauconnier. Aufli dit-on que le Faucon bloque la Perdrix,quandil eft,&fe repofe au guct,. à prend Pauantage: 2& ne faut dire qu'il l arrofte. _ Reclamer, ceft reprendre au poing auéc leti-= roir & la voix,comme on fait aux Autours Leur-! rer,c'eft quand on reprend l’oyfeau au branfle du” leurre & du gand; On dit,main de Faucon, & pied d'Autour; sIrém lier le Faucon;empieter l'Autour. ds dbuee eft la chemile de l’oyfeau;la plume,eft fur le duuet couurant le corps,les vanneaux font lés grandes plumes des ailes c6mençant au corps iufques à la Premiere iointe des ailes .Les pennes font dés 14 premiere iointe iufques au bout,;qu’on dit le cerceau,de aile & coufteau. D | Lo) C bapitre IE, Oyfeau qui monte,& eft fuicét d'aller à l’effori (c'eft à dire,monter trop hautà la frefcheur) Lesoyfeaux de compagnie quelquefois fe pil- lent(c'eft a dire,s’entrebattant) oyfeau pillard, Le vent clair eft propre pour la Chalfe (c’eft a dire,quand il vente, & le iour eft (erain & clair) moyennant que vos oyfeaux foient bons vento- liers,alors faut prendre le fil du ven, Quand l'oyfxau eftrombé,& à fait a pointe fur la Perdrix,lors faut mener doucement les chiens à la remife( c'eft à dire,là où l'oyfeau aremis la Per- drix)le nez au vent. Mais il les faut chaftier fans semiflion;s’ils deftrouflent,& mangent-la Perdrix. Mettre à mont les oyfeaux , & les faire fuiure d'arbre en arbre,infques à ce que les chiens facét leuerla Perdrix,ou le Garrô(c'eft à dire,le mafle.) Pour faire voler aux Faucons vn Milan,ille faut eiller, 6s luy attacher vne poulejcar auffi toft que les Faucons le verronr charrier,ne faudront de le lier:Pour la premiere fois on leur donne la Poulei à la deuxiefme on leur faic plaifir du Milan, mais l'ayant tué il faut courir,& dextrement leur met- tre à chaçun vne Poule, les trompant, car la chair de Milan eft puante. Apres leur faut monftrer vn Milan de iufte gucrre Le mefme faut-il faire aux autres oy{eaux de mouître , leur armant le coi de Maroquin, afin qu'ils feruent pluñeurs fois, & donner des Poules aux Faucons, qui penfenc que g'eft le Gibbicr qu’ils ont pris. L'Aurour fe nomme cuifinier, car il prend for- ec perdrix , eft bien roft affaité,& rusé. On les peut faire chaperonniers , & dreffer au Jeurre comme Faucons, Il La Fauconnerie. SI Il aime le tiroir, le faut faire le marin iardi- ner , c'eft à dire,mertre fur vne motte au jardin, mais auec vne longe au Soleil , fur vne perche À labry du vent. Nourrit l’oyfeau au Taquer, c’eft à dire,en vn tonneau au Parc,& au Soleil,fur vne planche. Il n’y 2 volerie que d'Hagars;mais ils fonc im- patiens de la faim, & font bien toft à bas, fi vous ne prenez garde de les remettre en bon corps. Les Eclamez font plus beaux voleurs que les Gouffaurs,c'eft à dire,courts & bas aflis. letter'au pied la Perdrix(c'eft à dire, voler droit deflus,& la lier & couurir.) Faire prendre labranche à l'oyfeau(c'eft à dire, l’accouftumer de fuiure de branche en branche, iufques à ce qu'il defcouure la Perdrix leuce par les chiens,& qu'illuy vole fus) car ceux qui fe iet- tent à cerre pour la chercher;la perdent. Poyurer l’oyfeau,c’eft à dire,;auec de l’eau &c du poyure le lauer pour la galle,& les poux. Affaiter. Circurare;dulcare,man[uefacere. Arroy, c'eftà dire, equipage de Fauconnier comme gands à longes,&c. Efcliffer de l’eau au vifage del'oyfeau. | Faucon de repaire, c’eft à dire, vieil, & qui aeftc long-temps à foy,&c a efté pris par vn appaft.Item Hagar. Faucon hautain, c'eft à dire,volant haut. La filiere ou creance;c'eit vne attache mife auec la longe pour retirer l'oyfeau. er Les Gets,c’eft à dire,le lien des iambes, faits de cuir de chien, {ur lequel on en met vn autre auec les fonnettes, & D 2 s2 Chapitre: IL _ Oyfeau halbrené , c’eft à dire, qui a quelque penne rompue. Prendre àla pafsée,c’eft en lieu où il y a bonne pafle,{ur des arbres auec des cordes tendués, où eft attaché vn Gay,qu’on fait crier,alors les Fau- cons s’y perchans,s’engluent.Auff àla pipée,fai- fant crier vn oyfeau , Tuy ferranc les ailes ou les pieds, ou pipant auec vne pipeou vne fueille. les Oyfeaux penfant que le Hibou là perché le deuo- re , courent au fecours & s’engluent, ne voyant l’homme caché en vne alieire d'herbes. Veruelle eft comme vn anneau où fonc les Ar- moiries du Seigneur de l' oyfeau, attaché au tou- ret ou trou des gets. Prendre Perdrix à la Tonnelle ou Thmbelel, c'eft a dire, pouffant vne vache ou cheual de bois, & chaffant les Perdrix fous lesflers. Lier? oyfeau, c'eft quand deux ou trois Es uiers fe fonc bonne compahuie, & pourluiuent le Hegron , ou autre , ils vous le ferrent def pres, qu'ils femblent quaf le lier,& le teniren ferre. = Aln’eft pas bon de faire voler l’oyfeau fur la gorge,c eft à dire;incontinencapres difner.....,.. Faire tirer l’oyfeau, c'eft à dire, luy. Bailler v vn paft nerueux,afin de gai gner de l appetit... Le Houbereau,& l’Efmerillon font les. plus pe- tits oyfeaux de poyrons) font de por & non. agde leurre, Oyfeau dépireux qui n ne VEUt reucnirs il aper um. 4 FER. | FES die : ' 4 su # : ÿ = : S << À+ FRS LE AV PECTEV R Ons parlons toufieurs desOyfeaux, Cf n’en [cauons pas parler.C'eft un grand plailir quand le vel de l'Oyfeass s'ac- corde auec le vol de nes plumes, on de ES nos langues, mais Quand parlant a'ur vol Royal de l'Aigle, aoftre ffyle traifne l'aifle, € ne fait rien qui vaile, cela tue l''Auditeur & le Leëteur qui 4 Vr peu d'efprir. le vous offre ce petit Ef[sy , afre d'asder le vol de vostre efprir,& façonner vofire plu- me le veux efperer de voñfre bonté | que vous m'en Jçanre? gré, © a tant ie me recommande. OPR'PARNERSDY voldes Oyfeaux en general. CHAPITRE IV. Rendre l’air,fendre le venr;nager entreles nuées , fe balancer dans #4 lc Ciel,noüer entre deux airs,ra- SÆ meren l'air, fendrele Ciel, d’vn N- 4 vol hardy , à tire d’ailes’eflorer, prendre le haut du vent,monter fur l’aile,&c autres telles facôs de parler pour dire le vol del’Oyfeau. 2. Le Phœnix ( s’il y en a au monde) ala tefte tymbrée d’vn pennache exquis,& d’vne teuffe de plumes fort belles,la queuë blanche entremeflce de plumes incarnate,le corps purpurin,&cau bout doré, il eft {ur-e{maillé d’vn bel efclàt d’or,& a va duuet fort delié, & precieux , deux yeux eftince- lans comme deux Eftoilles. 3. Oyfeau qui n’a point de corfage ou corpu- lence.qui eft [nel, fort à deliure, & a des plumes volantes & animées quafi fans chair , comme le Heron. | 4.Oyfeau chargé de cuifine;trippier, nay pour la voirie, carnafher qui ne vit que de briganda- ge,vray Voleur & tyran des airs. | $-Poil foller, duuet, plumes, peanes, le «ge es … Lesoÿfeaux. 5$ des peines, l'aigrerte {ur la tefte ; lepennage s là touë de Paon,& fes yeux. 6. Les bons Oyfeaux s’acharnent für la ptoyé viuc.& en l’air.La Bufe eft roufiouts affamée, crie toufiours,& he fe iette que fut la proye morte. -.Oyfeau de bonnaire,& de bon nid,c’eft rouf- jours le meilleuf, cat il fe retlent du lieu où il eft nay;celuy qui eft mal naÿ, & en mauwaife aire ef volontiets polrron,& dé rauuais affaire, 8.L'Aigle a l'œil bon,vif ; petçant { rodant fur Ja mer il choifit le poiffon,& tout d'vn coup com- me vn foudfté il fe fond ; fe plonge dans l’eau la my partiffant auec l’eflomac ; & gtiffe le poiflon. mais d'vne telle roideut que fouuent ilfenoye auec {a proye,nela pouuañt foupeler,& virer hors dela marine. | 9.libar fi dru & menu des aifles,qu'il débufque les petitsOyfeaux qui repair ent és forefts,les con- craint de prendre l'air, il les lafle, & en fin les at- trape de la main. 10.Deuant que les petits chargent les plumés,les grands leur portent de la venaifon dans l'aire, puis les battent & les chaffent , afin qu'ils volent leur vie, & commencent À fe ietrer au vif & à la proye, ne viuant plus que de combat,& de butin. 11.Voler à tire-d'aifle comme vn crai&, voler a reprifes entre-couppant fon volivoler a faillies,&z a cfforts;volet droit, à bricolés, toufours à mont. comme l’Aloû ette,roder & voler àgrands cernes? à ondées , comme les Moineaux qui vont haut & bas;d’en vol bruyant & afpre , côme l2 Colombe, d'vn vol paifible,fendant l'air fansremuër l’aile, 8c quaf nageant dans les vuides de l'air, voltiger D 4 NL UM é..” Chapitre LE 35 tréencher brufquement &à rot donner de ‘bec'& de pennes,& fendre forcement les vencs & les pluyes. +R | 12.1ls efcloënt leurs petits dans lesrochersjou dans les crous des arbres , ils les pondent és aires bien affeurées,ils les nourriffent de carnage, les petits Aigles ne prennent pas fi toft la queuë blä- che, les Arondelas naiflent quali aneugles. Les poulfins ne font que eriailler de faim pour faire icié.aleurs peres. 13. Prenérelaproyeà force d'ailes, l’Efcoufle fait fon vol fans bruit, & entrecouppe l'air quai fans battre l'aile ; il ne fe branche quafñ iamais, n'ayant nulle peine à ramer entre deux airs,& vo- guer & vaguer auec plailir , ayant fentiment de la bonté de fon aile ,& fe fentant fort pour voler à plailr,& olifer dans les vuides de Pair. 14.0 y feau de bon corfage, afpre à la proye, bien armé de bec & d'ongles : le contour de la queuë fert de timô & de gouuernail, pour faire les rours & rerours,& voler àtobtes mains.Ceux quilont la liaifon crochuë fe paiffent de chair,les autres ont les doigrs des pieds ronds, ceux de riuiere ont les pieds plais & ne pour nager. 15 .Le Corbeau fenrant fes petits Corbillas affez forts,il les chaffe du nid pour les définager & pa- tier ailleurs. Du commencement ils volent de biais, & de trauers, comme fi le vent les empor- toir.Sortir de la coque;ou de la coquille la queu£ la premiere,& mettre le bec au vent. : M 16.L’Oyfeau craintif fe voyant atlillyéterre tant qu'il peut,ne monftre que le bec & la liaifon erochué,onu la griffe , & ainf fouftient la charge SH prie ns ———— … Les Oyfeaux. 167 prenant tous fes aduantages.Ceux qui ontla liai- fon crochuë nefe pofent gueres fur les roches, parce que le croc de leur liaifon n’y fçauroit pren- dre,ny ancrer.Il y a des Oyfeaux qui ne valent rien que pour mettre à l’engrais. ; 17.Le Coq eft fort glorieux quandila toutes | fes pieces, il eft accrefté comme vn foldat,il fe gen- darme contre fes ennemis , & de fon aifle failant vne rondache couure les poulfinscôtre les aflaucs du Vautour,& fe querelle pour eux contre qui que ce foir. Quand on les chapponneils perdentle chant,& eftanc ainfi fenez,ils ne valent plustien qu'à engraifler. | 18.0yfeaux de iour, de nuict,de marets,de ma- rine,qui etat faouls de voler fottent,au fonde la mer aflis fur les ondes,Oyfeau fauuages qui n’ai- ment la ville,ny les gens,mais hantent les forefts | efpaiffesles deferts, & les rochers inacceflibles, Oyfeaux qui rafent les eftangs, & font bons poit- fonniers.Oyfeaux de babil & cageolieur,de com- bat,& de volerie,de voirie & de gibets,nuitiers&r de mauuais augure,de parade, & de caquer. 19. Aller à flots, à bonds legers, & bondir; le contraire aller a gliffades,2 rraincec,à tire-d’ailes, atraic fendant l'air tout d’vn effort, à bourades & à plufieurs faillies,d’vn beau vol haut &-hardy. 10.Si l'Oyfeau a ie corps plus pefantquefa plu- mene porte , il demande d'eftie foulagé du vent ‘pour parfaire fes voyages , autrement il ahanne et ile & a peine à gaigner pays;mais il a bien l'efprit de choifir fon vent, & leprend pour gui- de de fon vol. 21.Les pañagers ne font leur aire parmy nous, D ÿ 43 Chapitre IV. : les auttes nous hantent volontiers, & fe nicherit : chez nous,voltigeans parmyÿ nos airs.Les vns vo- lent en troupe,& en rondjles autres en long , & en pointé; Ceux cy à droit fil coupét le vent d’vn vol ferme, ceux-là volent de biais & à fantaifie; ceux-là aiment de voler tous feuls ; & n'aiment compagnie;ceux cy ne vont que deux à deux,ou à petites bandes. Les vns muënt & changent leur pennes;les autres ne fe defchargent iamais. Les Oÿfeaux de chant changeant fouuent leur ramage aucuns ne {ç auant qu'vne mefme chanfon. Les autres font muëts & larrons,qui ne viuent que de brigandage , efpiant toufours de faire leur coup & leur prinfe. Vousen voyez qui ne volent qu’à vols rompus. 22.Les Parons donnent à leurs petits quelque grain falé , & leleur engorgent pour leur ouurir l'apperir,& les aflaifonner àmanger quand il fera temps.Les Arondelles arrengent leurs Arondelaz fur l’aifle d'vn toir;puis vont à la Chaffe,& à tour de roolle leur donnent dans le bec quelque mou- cheron qu'ils ont attrapé, puis les contraignent de les venir prendre en l'air pour leur apprendre leur leçon. - 23.Plufieurs ont quelque fentiment de gloire, ils fe pauonnent quand on les regarde, s’entrebat- tans les aifles pour les fairebruire,font des cfpla- nades par l'air , ils fe mirent en la varieré de leur 2 er defplient & aifles &aiflerons pouren aire parade,& fçauent bien qu'on les regarde, & pour eftre veus ils fe fouftiennent en l’air fufpen- dus & en monftre, pour fe faire voir & admirer. 24.11 n’y à nul arreft en leurs vols,les vns che- mi Les Oyfeaux. 9 minent, les autres defmarchent , qui fautelle, qui auance le pas,comme la Cicogne, & le perit |Cicognat , qui tient l’aifle baifsée en volant, qui latienc defplite fans la remuér , qui ne frappe que des groiles pennes , qui nage , qui ne donne . qu'vn coup pour fe ietter dans'air, où fans peine ilnoüe, qui fe darde contre-mont, qui fe fond comme vn foudre à bas,qui fe iette du poing& de la main,qui prend fa courfe pour fe ierter en l'air, qui fe gouuerne par la queue fans plus, qui vole, fr le bec, qui vole debout, qui vole fans repos, comme les Martints qui ne {e perchent iamais que dans leurs nids,mais ils fe pendant, ils fe cou- chent , & ont mille induftries pour fuppleer au | défaut de leurs pieds. 2$.1l ÿ a des Oyfeaux tout d’vn plumage, les au- tres font peints & bigarreziles Papegays font tous verds , horfmis vn colier de plumes rouges ver- meillonnées qui leur embraffe le col , il y en a de rouges,gris,bleüaftres,pefle-mcflez. 16.B Arondelle eft vne vraye befte,car de tous les Oyfeaux ceux-cy ne valent rien à apprendre, ny ne s’appriuoifentiamais , ne ny fçauent rien faire qui vaille. Les Oyfeaux boïuent les vns en fucçant & hauffant le bec pour s’en feruir comme d'vn entonnoir,tantoft tout d’vntraiét & fans re- prinfes, les autres fretillans des ailes d’aife qu’ils ont à boire, & crainte de moüiller l'aile, les au- tres s’y fourrent le bee bien auant. Les autres ont vn gefer où ils jettent à la haîte leur pafture,puis à boifir ils ruminent & digerent; en fin aualent tout. | 27. Les Oyfeaux lourds & pefans viuent de . grain Le 6 Chapitre 1. grain & d'herbe, ceux qui prennét Pair fe paiffent de chair,ceux qui font haut montez fur de gran- des iambes atttappent quelquemouche;les Plon- geons vinét de poiffonneaux, les autres de fruits, en hyuer de moufle, & des pointes plus tendres des arbres,& faut bien quelquefois qu'ilsarriuéc à manger de la neige,comme les Liéures des Al- pes.Les autres repairent dans les bleds, 28.Chaque Oyfeau à fon ramage à part, & {es cris propres, la Colombe roucoule;,le Pigeon ca- racoule, la Perdtix cacabe,le Corbeau croaille & croafle.On dir du Coq coqueliquer,du Coq d'in de glougloter,des Poules clocloquer, cracquerer, clouler, du Pouler pepier ou pioller,des Cailles carcailler,du Geay cageoler , du Roflignol grin- gotter,du Grillon grefllonner , de l’'Harondelle gazouiller,da Milan huyr,du Iars iargonner , des Gruës cracquer ou trompecter,de Pincon frigot- cer,babiller,du Hibou huër , de la Cigale claque- cer, des Huppes pupuler ; des Merles fier , des Perroquers , & des Pies caufer , des Tourterelles gemir,du Paon on dit qu'il a la tefte de ferpenr,la queuë d’vn Ange;la voix de diable;de l’Allouette . tirelirer, À dieu Dieu, Dieu Adieu.De façon que les vns crient,les autres chantent , ou gemiflent, pleurent,caquetent, effrayenr,& en cent mille fa- çons de ramages;le Moineau dit pillery. _ 29.Apres que lesOyfeaux ontparié,& les œufs font pondus, Ariftote dit,que les mafies forcéc des coques rondes, & les femelles des longuettes;däs le moyeu de l'œufilya vne gouttelette de fang. dont fe forme le cœur de l'Oyfeau,lequel Oyfeau fe forme du blanc de [a glaire , ou de l'aubin de :": l'œuf dau À Les Oyféaux.) Gi Pœuf,puis il vit du iaune & du moyeu;on fenr le poulfin pioler däs la coquille enuiron le vingrief- me iour,puis ilcommenceà prendre plumes,&en fin fort de la coque les pieds les premiers,& felon que la couuaifona efté bonne, auf font bie nourris les pauures petits poulfins. < L 30-11 y a des Oyfeaux qui font plufeursli@tées en vnanjles œufs couuisne valent rien pour faire _efclorre des poulfins.Les vns commencent à cou- uer de bonne heure;les autres fort tard. | 31. Strabo foldat fur le premier qui rreuua le Amoyen de faire des Heronnieres,& des Velieres pour y tenir toutes fortes d'Oyféaux. Onien faic de deux fortes;les vnes pour le chant de: Oyfeaux les autres pour réferuer ce qu’il fant pour la table & auoir, comme Lucullus, entout témps roure forte d'Oyfeaux & de friandifes. Sont Volierés de cuifine. | 32.Oyfeau de proye qui ne vit que de grif, de rapr,& de rapine ,. & toufiours vole pour volér: -Oyfeau qui fe degoife & s'efcoute chäter; Huppé, vais augute;mais céla fent fon Payen. 47.Les Parons,c'eft à dire le mañle & la femel- le des Corbeaux;chaffent leurs perits du nid,auffi ne voit-on quaf-iamais plus. de deux Parôs(conise E 66 ’. Chapitre, ÎF. ia cornorum)de Corbeaux en vne bourgade, au- trement il fe faux battre {ans cefle, La Corneille nourrit fes petits Cornillas affez long-temps. La Paonnelle eft forcée de pondre en cachette & ca- : cher {es œufs,de peur que le Paonneles caffe, car ilne veut point qu'elle famufe à les couuer long-temps. : 48.Les oyfeaux ont plufeurs fortes de timbres. le Phœnix eft timbré d’vn pennache d’où fort en- cor vne petite aigrette Aottante à lacadence de fon vol:les Paons ont comme vn perit arbre che- ueln ; les autres ont vn certain floc, les Faifans ont de petites cornes de plume , les Nonnertes ont vhe certaine coeffe , les Allouettes ont vne crefte,& vne huppe bien trouflee,la Huppé a vie crefte qui fe replie depuis le bec , les Pics-verds fonc joliment huppez,le Coq a vne crefte dente- lée & charnue qui emporte le bruit,le Coq d’In- deen a vne pendillante {ur les yeux dontil fait ra- ge quand il eften fa chaude cole;car ill’enfle, il la rougit , il,la fecoüe & la poule ça & là à mefure qu’il fe fafche. a) add - . 49. Oyfeaux haut montez fontceux qui font aflis fur de grandes iambes côme la-Grue & fem- blables:il y en ad’autres qui font säs pieds & qui font tous Oyfeaux viuant. en volant fans iamais {e ietter {ur la branche, comme les Martiners, & {elon l'erreur populaire l'Oyfeau de Paradis qu’6 dit n’auoir point de pieds,& fe pendre par vn filer _crochu qu'ilaen fa queue ,mais.ce font contes. car il 4 des pieds comme les autres.Les Indois les Juy couppent pour le rédre plus precieux,& amu= fencnoftre niaiferie par leur piperie,de fait Joss E 4 Les Oyfeaux.. 67 * le ventre on void les marques par où les cuiffes palloi:nt qu'on a couppée rez peau, pour nous -abufer. | FAN CE à so. Grimpereau , c’eft vn Oyfeau quine vole guere , mais il ne fait que grimper & monter de branche en branche fuiuant les hayes comme fait le Roiteler:le Pic-verd grimpe dreit par le tronc de l’arbre,& monte iufque à la cime. | s1. Reclamer vn Oyfeau, c’eft le huer & le rappeller, comm on fait Les Oyfeaux domeñti- ques qui fe vont quelquefois pourmener par la tue, puis on les rappelle pour les mettre en cage, comme les Gays , les Corneilles, &c. &lere- claim c'elt ce cris là, on s’en ferc fouuent en Fau- connerie r’appellant les Oyfeaux fur lepoing , au leurre,à la perche. $ z.Les P yrales ou Pyralides ne viuent & ne vo- lent que dans le feu,fi roft qu'elles prennent l'air, elles meurent.Les Cigales n’ont point.de langue maisen l’eftomac ont vne pointe faiteà mode de langue pour fuçer la rofec:les petics Cigalas rom- ent-vne pellicule de la mere- Cigale & s'éuolenr, elles ont l’eftomac plein de tuyaux dont viennenc les fredons de celles qui chantent auec vn batte- ment d’aifles,comme fi on rouchoit des Regales, Les femelles ne chantent que leracer,& fonttou- fiours muerttes. + 55. Airer ou nicher, c’eft difpofenla niée des poulfins, & pôdre les œufs pour les couuer à loi- fir & les efclorre,däns le nid bien tapifsé de mouf. fe de plumes,de paille, &c. : f4: Friquetic’eft vn Moineau de noyer qui ne ‘fair que fr etiller fux l'arbre becquerät les noix; de FD Le: NS 2 AT 63 Chapitre. 1P. là on nomme les femmes friquettes qui font fore volages & qui ne fôt que babiller & courir. Moy- neau à La foulfe ou au colier iaune,c'eft celuy qui aau col comme vn petit carquan de duuet iau- piflant. 55. Affaiéter vn Oyfeau, c'eft le rendre faiétis, foupple;appriuoisé,l'introduire au vol,curer,trai- éter,paiftre, r'habiller fes pennes , tenir en fanté, guerir, & le faire vn Oyfeau de bon affaire. s6.Moufcherer, à vray diregc’eft le vol de plu- fieurs moufches , ou pluftoft le papillotage noir que fait vn-tas de moufches aflifes fur quelque cftoffe d'autre couleur ,où vous voyez vn monde d'atomes noirs , de la moufcheter, c’eft furfemer quelque eftoffe d’vne couleur , d’autres mouche- tures & couleurs furefparpillées. s7.L’Abeille eft aufh des beftes volatiles, elle a vn piquon fort aigre,& de la piqueure de fon ai- guillon la chair fe foufleue & s’enfle cout autour, iecton d’auettes,c’eft la faillie des ieunes qui fous vn ieune Roy vont chercher nouueau pays:Elles font La cire des fleurs,& en fugent l'efprit, qui eft le miel, & le fucre du rayon & gafteau où elles le polent:à vray dire le miel rombe du Ciel, & les Abeilles ne font que le recueillir, & le butiner pour en faire tranfport dedans leurs ruches. 58.Les Oyfcaux prefagiflent le bon-& mauuais gemps,quand les Grues tiendront le haut de l'air, c'eft ligne de beau temps, quand les Canards sé- pluchent auec le bec,c'eft figne de vér.De mefme quand les Corbeaux fe croquent mutuellement auec vn certain croaillement , quand l’Arondelle volerant r3ze l'eau de l'aile, garde la pluye, de | 47 mefme Le Phoenix. 69 mefme quand le Heron eft morne furle grauier, … & l'Oye rompt la cefte à force de criailler. 59. Ariftore met dix fortes d’Oyfeaux de proyes Pline en met feize , il y en a qui font naturelle- ment fans eftre façonnez;ny leurrez,& font le des uoir parfaitement bien. | RE RE LE PHOENIX. CHAPiTRE V. E Cefar des Oyfeaux , eft le miracle de la nature qui a voulu monftrer en iceluy CES) cequ'elle fçaic faire, fe monftrant vn Phœnix en formant le Phæœnix : Car elle l'a enrichi à merueille luy faifanc vne tefte tym- brée d’vn pennache Royal & d'aigrettes impe- riales , d’une touffe de plumes , & d'vne crefte fi cfclatrance qu'il féble qu'il porte ou le croiffäe d’argenr, ou vn’Eftoille dorée fur fa refte.La che- mile & le duuet eft d'vn changeant furdoré qui monftre rontes les couleurs du monde,les groffes plumes font d’incarnat,& d’azur,d'or,d'argent, & de flamme:le col eft vn carquan de toutes pierre- ries,&non vn arc en Ciel,mais vn arç en Phænix: La queue eft de couleur celefte auec vn éclat doc qui reprefence les Eftoilles.Ses pennes,& tout {on manteau eftcôme vne prime-vere,riche de toutes souleurs:il a deux yeux en tefte brillans, & flana- | E 3 \ 70 Chapitre W. boyans qui femblent deux Eftoilles , lesiambes d’or, & les ongles d’écarlarte , rout fon corfage, & {on port monftre qu’ila quelque féntiment de gloire,& qu'il fçait tenir fon rang, & faire valoir fa majefte imperialé,Sa viande mefmie aie ne {çay quoy de Royal,car il ne faitsô paft que de‘larmes d'encens,& de chrefme de Baume. Eftantau ber- ceau , le Ciel (dit Laétance) luy diftile du Near & de l'Ambrofie. Luy feul’eft tefmoin de tous les ” sages du monde, & a veu metamorphofer les ames dorées du fiecle d’or en argent, d'argent en aïrain , d’aitrain en fer ; luy feul n’a iamais fauffé compagnie au Ciel,& au monde, luy feul fe iouë de la mort & la fait fa nourrice & famere;luy fai- fant enfancer la vie.Luy a priuilege du temps;qui ny met,ny fa faux,ny fa pince , &en fin il femble Roy & fouuerain Seigneur,du temps,de la vie, & “de la môrt enfemble, Car quand il fe fent charge ‘d’ans ; appefanty d’vne longue vieilleffe , & ab- “batu par fi Iôgue fuicte d’années qu’il a veu fe glif- fer les vnes apres les autres , ilfe laifle emporter à vn defir & iufte enuie de fe renouueller par-vn “erefpas miraculeux. Lors il fait vn amas qui feul - au môde n’a point de nomicar ce n’eft pas vn nid, ou vn bérceau,ou lieu de {a naïffance , puifque il y laiffe la vie : auf n’eft-ce pas vn tombeau, vn cercueil, ou vne vrne funefte, car de là il reprend fa vie:de fiçon que ce ie ne fçay quoy eft vnautre Phœaïix inanimé,eftant nid & tombeau , matrice -& fepulcre,& l’hoftel de la vie & de la mort tour enfemble , qui en faueur du Phœænix s'accordent pour ce coup. Or quey que c'E foir,là fur les bras tremblans d’vne Palme,il fait vn amas de brins de F6 Cannelle J D LE es Le Phenix. di Cannelle & d'Encens;fus F'Encens de la Cafe, fr la Cafle du Nard ; puis auec vne piteufe œillade fe recommandant au Soleil fon meurtrier, & fon pere, fe perche , ou fe couche {ur ce bucher de Baume pour fe defpouiller de fes fafcheufes an- nées. Le Soleil fauorifant les iuftes defirs de cér Oyfeau,allume le bucher & reduifant touren:cé- dre, auec vn foufle mufque Iny fair rendre la vie. Lors la pauure nature fe void en trâfe;& auec des horribles eflancemens, craignant de perdre l’h6- neur de ce grand monde:Aufli commäde elle que tout demeure coy au monde,les nuées n’oferoiént vetfer {ur la cendre ny fur ka:rerre vne goutte d’eau, les vents pour enragez qu'ils foient , n’o- feroient courir la campagne; le feul_Zephire.eft maiftre , & le Printemps tient le deflus , randis que la cendre eft inanimée & la nature tient Ja main, que tout fauorife le retour de fon Phænix Ogrand miracle de la diuine prouidence;quafi en mefme réps cetre cendre froide ne voulant laiffec long-cemps la pauure nature en dueil, & [uy don- net l’épouuante , ie ne fcay comment efchauffee par la fecondité des raiz dorez du Soleil,fe chäge en vn petit ver,puis en vn œuf,en fin.en vn oyfeau dix fois plus beau que l’autre. Vo? diriez que tou- te lanature eft refufcirée,car de fait felon qu’ecrit Pline,le Ciel denouucau recommence fes reuo- lutions & fa douce mufique, & diriez propre- ment que.les quatre Elemens fans diremot chan- tent ynmotet à quatre,auec leur gayeté fleurifsä- te en louange de la nature, &-pour bien-veigner le retour dumiracle des Oyfeaux, & du monde, Miracle’, dy-ie ; car il eft (on fils & fon Pere. 1] d E à We: . et 72. Chapitre V. eft fa Nourrice & {on Noutriflon;il eft fon meur- trier & fa Mere;luy feul eft route fa parételle, feul heritier de fa Royauté ; luy éft fon Adam & fon Euc,& fa vie,& fa mort,en fin il doit tout à foy- mefme. Les Poëtes nous font accroire qué par ie ne fçay quelinftinét de nature,il fe charge de (on rombeau,& le porte fur l'autel du Soleil;en figne de gratitude, recognoiffant la vie de luy ; & luy faifant hommage. Laët, de Phænice, Ipfa fibi proles,fuus eff Pater,@ [uns heres Nurrix ipfa fui,femper alumna fibi. Apfa quidem,fed non cadem:quie «+ ipfasnec ipfa eft Ærernam vitam mortis adepta bono. sense LEP AN CuariTre VL 5 Er Oyfeau pretend bien de tenir le 4 premier rang parmy les oyfcatix;tant NS il eft fier de fa beauté, & piaffe à la ESS monftre de {a roùe eftuilce.Il eft glo. rieux au poflible,&e s'apperçoit bien lors que l'on prend plaifir à le côrempler, car aufli toft il bran- Je fa tefte hauraine, & fecoüe par brauade le pen- nache d’aigrertes qu'il porte fur fa tefte,puis d'vn œil affeuré regardant l’afliftance il fe met à fon iour,& prend le Soleil & l'ébrage qu'il faut pour faire mieux pareiftre {a riche mhifésiok pee | 'efclat pen Le Pan. | Pefclarà fes viues couleurs;en fe contournät gra- tement il fait briller fa tefte ferpentine, & fon col habillé d’yn precieux duuet qui séble de faphits, de mefme eft la poitrine diapree de pierreries ef- clattätes qui y femblent enchafsées pour luy faire va caïquan,du dos cendre fortent deux grandes aifles rougeaftres & d’affez bonne grace. Ce qui le fair glorieux eft fa queüe,& fon trefor aw'il porte toufouts en crouppe.il n’a pas fi toit fupeibemét defployé (es pennes dorées, faifant fa roüe , qu'il femble vouloir difputer le prix de la beauté auec routes Les creature$;Car le Ciel ne luy séble plus beau auec tous fes yeux & aftrés dorez, que fa ucüs< parfemée d’Eftoilles d’or,de Saphirs, & de die Efmeraudes.Pour vn arc en Ciel,fecontour- nant à deffein, il fe monftre en fa roûe dixaarcs en plume,dix Iris de plumage eftincelanr,& de mijle couleurs. Si la terre au Printemps fe pare deies fleurs , le Pan porte toufiours quant & {y ‘on Printéps,qui luy fert de lacquay qui eft toufiuurs à fa queüe,& vous fait vne prime-vere de fcye & de fatin,vn parterre portatif, vn jardin mouuanrt, : & vn Royal & animé Bel-vedere,& des Tuyleries enchaffees.Sa roue luy fert de rapifferie de haute lice,de Ciel & de Day , ou ileft appuyé en Roy. "eft le poifle foubz lequel il marche grauemene, c'eft {on parafol qui le defend des rigueurs duSo- kil. Autant de-pennes, autant de miroü-rs ou il mignarde& flarte fa beauté: 11 fent bienle galand qu'ilefkmagnifique,c’eft pourquoy il fe hazarde de vouloirfaire peur;trainailant par terre lc bout de fes pennes,& les faifanc claquerér contre verre, auec vae dérmarche Afrogante. Le plaiüt ef quéd | À k :; TA , Chapitre. WI. onfemocque de luy,car auflitoft il plies6 panier, enferme fa coquille, &enuelopät s6 trefor fe dépire fi vres- fort que s’il ofoit il vo? creueroir les yeux de fes ongles,& vousarracheroit la Hgue.Vous le voyez tranfir à veue d'œil, mais bien dauantage quand en Otobre il à perdu fa queue,car il fe ca- checomme s’il portoit le dueil , & qu'il eur fait banque-routeaà la nature.Mefmes de nuiét s’il s’é- ueille en tenebres,il péfe d’auoir perdu fa beauté, & fe met à foupirer, comme fi les voleurs luy auoient dérobe fes richelles, & que de Pan il fut deuenu vn Corbeau,& vn oyfeau tout noir. LE MOVSCHERON. Cap. NAS le Es Philofophes ont toutes les raifons du fE: monde de donner la prefceance aux plus pe- tits animaux pluftoft quà la voûte du Ciel, qui eft vn corps fans ameë&efans vie. Auffi la puif- fäce deDieu y fait mieux reluireles rayôs de fa di- uine biberaliré:Par exéple,qui pouuoit autre que Dieu affébler ces petites pieces,&en faire vn corps organize pour y loger vn'ame d’ynMoufcher6,qui tout entier n’eft qu’vn point, qu'vn arome;qu'vn petit rien qui vole,mais-vn rien dans lequel côme dis vn grand Amphiteatre la diuine fagefle prend d ; plaifir : éé Le Moufcheron. . 75. plaifir de môftrer fa toute purfsâce.Où eft-ce que fä main à posé le corps-de-varde des fens , où 2- elle attaché ces deux yeux qui fe perdét de veué,&c neantmoins découurent toute la grandeur du So- leii,& du monde ; où eft le reffort qui joue pour mouuoir les nerfs, &'tourner çà & là ces petites bluettes des yeux entéz däs fi pcrite tefte;où font afGifes les aureilles capables de route l'harmonie du monde;& par où palle le jugement qu’il a des odeurs;En quelle part eft logé le couft fi friäd du faug humain que ce petit brigäd nous fuce,& l'é- tonne en la caue de {on cftomac,toufiours alreré> Où eft ie vous prie cefte fournaife qui échauffe ce bout d’animal,& ce petit nain des oyseaux , le te- nant toufioufs en appetit de boire à nos défpens: Peut. on;ie ne diray pas voir;mais feulemét s’ima- giner,comme,on aye peu pattager vn petitrien en tant d'eflages & d’ofhces, icy eft l’eftomac, là le cœur;,les poulmons par deflus, les yeux au miran de la refte,les aureilles à cofté,le gouft deffous les yeux, l’odorat feparant & my-pattiffant la tefte:le n'oferois vous parler de fon imaginatiô, de fa mc- moire,de fes appetits,de fon amour, de fa crainte, de fes menus plaifirs,& de femblablés chofes , car quoy qu’il nous faille aduouer qu'il a tour cela, fi femble-il que ce foit vn excez d’eloquence. Il y a du plaifir à Le voir par l’air,car il vole fans vo- ler ; il nage par l'air , ou pluftoft l'air vole pour luy,& luy ferc de litiere,;auffi n’a-il point d'ailes, car ce qu'il a attaché fur le dos en forme d’ailerôs. qu'on luyaaffublez & colez fut la peau, femble de l'air tiffu, ou du vent coléenfémble, & vn _Gefpe qui n'a autre efloffe qu'én rien damalsé | êc 76. Chapitre VII. & coup pé en forme d’ailes:il piaffe neätmoins, & {ebalançantfur ces ailes voltige par Pair , & de nuit fait la guerre aux plus braues guerriers du monde,leur donnät droit en la vifiere,& leur hu- mant le meilleur {äg qui leur coule däsleurs vei- nes,au vifage.Ce qui plus m’eftonne eff l’aiguillon qu’il porte qui fe fent par ceux qui dorment,& ne fe void par ceux qui veillent. Quand il veu il le roidit & en fait comme vne lance que mettant en arrcft,la nuiét il nous en dône vne atreinte fi viue qu'il y laiffe les marques de fa caualerie;la mefme luy ferc de trompette & de clairon, & comme re- marque Pline pour la proportiô de 56 corps a vne voix la plus effroyable de to” les animaux, lemef- Mme filet qui eftoit lance,& trompette, luy deuient vn haut-bois, & vne flufte quand il veut s’egayer, & fe dôner du phifiren chantant à part foy quel- que air qu’il dégoife par nature ; O grandeur de Dieu en fi petite creature,qu’vn petit filet luy fer- uc pour côbattre, de lance,pour annôcet la guer- re,de trompette,quand il veut rire,de flufte & de fifre , s’il veut du vin ce luy eft vne tariere pour perçer vne veine où eft fon hypocras,noftre 49,8 pour boire ce luy eftcommevn tuyau, & vn chalu- eau pour fucer fa boiffon,& vn rien luy fert de tout fel6 fa fanraifiall y a du plaifir de le voir affis fur deux jarrers lôgs,& fi fubrilsquela veüeneles peut choifir , ie penfe que ce font des aromes qui font comme deux pilotis pour fouftenir ce petit monde , où la fageffe de Dieu fe jouant monftre partie de {a toute-puiffance, Le monde cft le ma- gafin de l’homme & l’homme eft le magafin de ce petit voleur qui n'a autre prouifion que le säg qi | coule Le Roffignol. R coule dans nos veines. Qui luy a enfeigné d’eftre bon Chirurgien,qu'a minuit il puiflè treuuer la veine,& de la lancerte de fon aiguillon la percer. : & en fuçer la chrefme,où tient il {es fentinelles,& où pofe il fes corps-de garde en embufcade pour fursrendre fes enneinis en dormant, & leur hé la vie. | ne ÉRCREES MÈRES LE'ROSS IGNORE CHA». VII. EfE vn des plus gays plaifirs de matu- , cyquandelle fait filence, pour enten- dre caufer. vn petit Rofgnolet , qui DS conte fes menus plaifirs au Zephire, : &aux forefts , dégoifant millechanfonnertes , & fendanc doucement l'air par la reprife de cenc mille fredons,qu'il lafche fans faire paufe. Pout fe donner du plaifir il fe balance fur vne branche qui branle : afin dé danfer à la cadence de fes chanfons mignardes, & pour marier {a voix aux flots argentins d'vn criftal coulant(qui e brifanc contre les petits cailloux argentez ; jaze douce- ment;&gazoüille ) il fe perche droit à plomb fur Je rivage émaille de fleurettes ; & ce petic Mui- -cien faifant luy feul les quatres parties, & cout le plein chœur de Mufique,vousdiriez q'uil enferte dans {es poulmons mille châtres, mille fredons, 4 & 78 Chapitre. VIIL. & que le petit corner à bouquin de s6 bec luy foie au lieu de couf les inftrumens de bouche. S’ilfe plaint, il chante Le tremblant,&fentre-couppe de foupirs, s’accommodär à l'air de fes complainrés, & fes elegies.S’il eft gay,il dardefa voix, & coup- pe court,& tranche tout du fon aigu, & perçant de fes fredons qui dru & menu montent jufqu’au Ciel,ondoyant & flottant par l'air,& qual nageät à fon aife. Tout à coup il s'aduife, & comme vne fufee (e plombe jufqu'à cerre grofilant le sofier, enfant fa voix,& contrefaifant vn bas qui enfon- ce fa voix iufqu’au centre des notes.il remonte,& voltiscentre lataille &la haure-conte , conti- nuant fa mulique d’vne roideurinfatigable. Ah quel tranfport s’il efchet que l'écho contre-roffi- gnolle , luy renuoyant ces couplers, & redifant toute fa melodie.Cefte petite voix emplumée, ce- fte harmonie faifant de l’oyfeau, ce petic bout de tien animé de mufique fe tue dechäter. Ils’enuo- le au Ciel, il fe rauale, il fuit, il fuit : il (oupire;il fe deult,il fe fafche, il fe rapaile ; il peflé- mefle laigre, le doux,b. mol & b. quarre.lafpre & le doux coulant,il contrefait le haut-bois , la flufte, _ il fredonne en fa perire gorge, il fe met en piece, & . la quintele prend oyant qu'il ne {çait rié inuenter que l'échone limite ,& ne le face aufi mignarde- ment que luy.Adonc il flatte fon doux ennemy,& ramollic fa voix ; mignardant fes paflages & les pouffant tendremét & languidement, côme pour -flefchir fa rigueur par les pitoyables accens de fes couùplets : puis la cholere l'efchauffe, & fe met en fougue coup fur coup déchargeät fon feu par fif- fladesentre-couppées,il femble menacer qui que 27 | Le Roffignol. 79 ce foir, il iette fa veue par tout;& fa voix en fuitte _ porte le cartel de defh à ce fafcheux contre-chan- tre,il enrage que ne voyant rien , il oyt pourtane toute fa fcience rechäâtée aufli delicaremént qu’il la fçauroit chanter. Il effaye le tacet pour voir fi l'autre luy donnera nouueau fujeét de forger quel- que motet , l'echo n’a garde de fonner mot. Ee pourtant ce pauure petit Chorifte de nature perd patience,ilenrame l'air d’vne voix pefance, & ne chante que Maximes enfilées,& femibreues, mais patience luy échappe fe voyant trahy parles re- priles , & farpriles de l’Écho,il déueloppe mille crochets rous d'vne haleine & femble jetrer hors fon bec,route fa vie&fon ame formée en mignar- diles de fredons & paflages,& ruis va d’une voix fautellance,puis à longues tirades, il entremefle mille bricoles & feintes,il ramafle {a voix & re- ferre fes fredons,& chante le plein chant;ilallon- : ge fa voix fe fafchant contre foy. mefime, il y mec & nature & art,& y perd tout. Car tour honteux il {e jette dans le bois,oùil creue de rage. L'A ANSAAR SEAT IANE ENS AO SOON LA BE TLLE Cuapr. IX. S25 "Abeille eft le plus grand politique de tous LS plus grand politique de to ? les animaux, le reglement de leur petite re- publique eft du tout merueilleux.Le Roy eft celuy qui eft de plus riche taille & de corfage Royal, cous fes vaffanx luy obeïfféc auec foupleffe,&reue- rence,ne faifant iamaisrien côtrele ferment de f- delité.Le R oy n'eft armé que de Majefté,&beautc, s’il a vn aiguill6 iamais il ne s’é fert au maniemée de tout 56 eftar,il n'apporte que du miel à fes cô- matidemés;auffli {a douceur & prefence royalle fert de Code,&de Digefte,& du grand Couftumier de route fa Monarchie ; il n’y a jetton d’Auettes qui n'ait s6 Capitaine,& pour euiter le defordre il y a vne grande police en leur eftat , entr'elles onne croiroic pas la grande ciuilicé,&courtoifie qui s’y exerce,&parmy ce petit peuple bien apprinsil y a vne amitié plus que fociale,& tous les droits reci- proques de bourgeoifie, viuant en communauté auec tres-bonne incelligence,tout y marchant par regle & par compas, fans que rien fe demente. L'hyuer elles fe tiennent cachces , ne pouuant fe ” roidir & fe guarantir côtre l'efforc& les violences de l’hyuer,& des outragesdes vents:& pour l’heu- re elles tiennent leur petit affemblec, en vnlieu | R depute VS j L’Abeïlle. 8r deputé à céreffet , s’entrerecognoiflantles vnsles autres, & fe gardant fidélité & bonne compagnie; les faineans {ont bannis {ans remiflion , & exilez hors de la frontiere:Elles ne fe iettent à la difcre- tion du temps, finonà Pheure queles febues fleu- riflenrt,& dés lorsellesne perdét vn iour fans tra- uail.La belle premiere chofe eft de faire,ourefai- re & racommoder leur goffre,& leur rayon, cha- cune ayät fon quartier à pouruoir,& r’habiller de cire fraifche,ou édifier denouucau.Le logis eftane parfourny , & l’hoftel du Roy paré à leur façon, elles s’'amufent à multiplier leur petit peuple quäd elles font logées, faire cire,änalement à diftiller le miel.Or comme elles font prou informées que les petites beftes ; & menués beftioles font fort friandes de leur miel,elles vernifflent leur ruche de cire;& r’emboufchent tous les trous,les fentes, & les aduenués , & finement vous y meflent du ius aigre des herbes du monde les plas ameres, pour dégoulter,& séurer les voleurs qui y voudroienc atenter,& gourmander leur ouurage.Elles fontla cire du ius qu’elles fuccent des fleurs,herbes , ar- bres:quäd au miel elles le hument aufli des arbres ou rofcaux portans gommes, glu,& des humeurs grafles & coulantes en filant. Le rayon 4 trois peaux,& comme trois cortines pour le fortifier, Le premier fe dit Commolis , qui eft le premier r'emboufchement & eft tres-amer.Le 2.eft Piflo- ceros,qui eft comme verniflure,& gomme ou cire fonduë pour poiffer,vitrer,8& vernifler le dedans. Le 3.eft Propolis,qui eft comme la tapiflerie, faite : de fleurs & d'vne certaine matiere qui tient chau- dement les rayons,& Les icccons. Apres s'enfuit la . à L Y À x : Ù FES 4 82 Chapitre IX. prouifô des Abeilles,& leur petit garde-manger où elles prennent leur refeétion apres letrauail, cette munition eft amere,& cachée és concauitez des rayôs. Ces beftelertes fôt la cire de toute her- be, & fleur ; fauf que iamais elles ne fe pofent fur la fleur morte.Pour aller butiner les fleurs, & al- ler à la defpoüille des herbes , iamais , dit on,les iettons ne S’efcartent plus de foixante pas de leur Ruche. S'il n'y a affez de fourrage, elles defpet- chent leurs efpies , & fourriers, leur mandant de defcouurir le pays,courir àla picorée,& faire leur rapport afin de continuer leur petit mefnage.Ces -piquoreurs volrigent tout autour du pays, & fi lanuict les furprend au retour de leur charge, elles fe logent à la campagne , à l’abry de quel- que branchage, ou fi elles ne peuuent , elles cou- cherôrt à la réuerfe,de peur que les aifles fe char- geant par trop degosée, elles ne foiét empefchées de parfournir leur ambaffade. La fentinelle au champ, fait le guet en mefme equipage,& pofture craignant fort l’aifle.Car de iour le guet elt rouf- jours aflis aux portes,comme en vn camp, & ar- ment toufiours fur la frontiere de leur eftat. De nuictelles ont vn dortoir où toutes reposér,& pas vne ne bouve,iufques à ceque la diane ayefonné, & le refueille-matin auec la trompette ne les ef- ueille auec deux ou trois fredons,à l’heure ce petit beftail,& cefte gaillarde troupe ayant ouy le cry, fe met en equipage pout aller en quefte, & nou- uelle conquefte.Les vieilles gardent la maifon, & font lé mefnage,les ieunes vôt au trauail;les vnes (quand l’armée eft en campagne) encortillent la chrefme des fleurettes dans leurs petits iarrets que | la 4 L' Abeille. 83 la nature leur a fait rabboreux;velluz, & afpres à ce deffein, elles s’aident du mufle & des pieds de deuât pour charger les cuiffes de derriere ; les au- tres empliffent leurs gorgettes d’eau, & fe ramaf- fant bien ferremérc s’enuolent à la Ruchestrois où quatre font deputées pour defcharger celles qui font chargées.Sile vent les bat elles empoignent vne pierré,ou bien s’en chargent le dos,& razant la cerre, & fuiuanrles buiffons qui rabbattent le vent, finalement elles gaignentleur fort, & fe ier- tent dans le chafteau,laiflant efcouler tout lerefte de l’orage.Dedans toutes ne font pas mefme me- -ftier, les vnes {fontles maiftrefles qui maçonnent, plaftrenr,& affermiffent les baltimens , les autres feruent de mauœuures , & portent les materiaux, les aatres fontla cuifine. Les maçonnieres fone les arcades, les lambris,les paffages libres & ou- uerts. On ne mec point de Miel éscrois premiers rangs du rayon, afin de n’attirer les lartons pour les voler;audi quäd on veut chaftrer la Ruche on la renuerfe fans- deffus deffous.car le meilleur eft au bout du gaftean,& au haut des voûtes du rayô. Elles font fort propres & nertes,iéttant routes les ordures en vn lieu qu’elles curent le premier iour de pluye qu’elles ne fortent pas, Apres foupper on entend vn grand bruit, qui fe modere peu à peu, & s’appaife auffi-toft que leur trompette à fonné la retraite. Quäd le Roy marche toutleierton luy fait la cour,& luy fait garde auec tant de ialoufie qu'il ne permet pas feuleméc qu’on le regarde, fes Archers ne l’abandonnent jamais, foit qu’il forte, foit qu’il vifite dans la Ruche,f lesoffciers s’ac- quittent de leur deuoir,& fontle deu & le fait de y EF: 2 84 Chapitre IX. leur charge.S'il perd vne aifle en bataille , ou s'il _eft recreu,elles le portent fur leurs aifles,s’il eftef- garc,tout le ietton bat l’eftrade , & le cherche au nez l’efuentant à la feule odeur.S'il s’arrefte, elles s’entr’attachent tout autour, & font vne forte de grappe de raifin, luy faifant bouleuard de tout loft, & de route l’armée. Qui attrape le Roy .eft affeuré d’auoir pour räçon cout l’effain, qui aime mieux perdre la vie que la fidelité enuerts s6 Prin- ce.On dit que file Roy eft porté mort par terre au choc d l’armée,le camp fe rompt, & chacune va bufquer fortune , & chercher fortune €s au- tres iectons.Il eft plus croyable, qu’elles auffi roft en créent vn autre, & en foy & hommagelele- uent fur leurs aifles,çcomme iadis les Hongres le- uoient (ur leurs boucliers leur nouueauRoy.Et au tre{pallé cles font leconuoy à la Royale,on reco- gnoit ailez leur dueil à leur crifte facon, & au bordonnemét melancholique qu’on oyt iufques a ce qu'il foit fous terre.Quand la prouif6 leur faut en leur Ruche, elles courent l'air & vont voler leur voifine, mais cela ne fe fait pas fans cruelle guerre , fe coupent la gorge les vns aux autres, s'encrebattent armée contre armée, Auffi fouuent ell:s s’efcarmouchent pour le butin des fleurs , & n’eftant les plus fortes elles implorent l’aide de leurs compagnes, qui s’en vont de roideur à la charge,& combattent mutinemét, on ne les fcau- toit démefler qu’en faifant tomber vne grefle de terre,ou contrefaifantc le cônerre auec des baflins entre-choquez, car à l’heure chacune fe retire en {a chacune, &c en {6 quartier. Sile lardiniereft fa- uorable à vn party iamais elles ne luy cour6r fusen M [ecom } L'Abéille. 8 recompenle, ce dit on. Leur aiguilon eft ent dans Îe ventre , aufli quand elles l'enfoncent fi auant,& le fichent fi profond qu’elles.en Le peuuét retirer fans que le boyau y demeure,elles ne meu- rent, Si l’aiguillon y demeure demy elles viuée, mais chaftrees qu’elles font,font comme Frelons fans fçauoir cueillir le Miel, ny faire a cire, Les fauuages font farouches,& bien fort mauuaifes, mais fortes au trauail,les priuées courtes, & bien ramaffces en rond sôt les maeilleures,& coulorées en bigarrure,les longues font lafches. Elles ont de puiffans ennemis de leur eftat,mefmes font fu- iectes à de fafcheufes maladies, elles ne viuér que fept ans ou enuiron,on dir que le Soleil les refluf- cite,à la charge que l’hyuer elles ayent efté enfe- uelies fous la cendre de figuier. Le ienune Roy des Abeiles. | 2e us eriger de nouueaux Royaumes , & def- charger les vieux d’vne fi grande populace , le ieune Roy depefche fes fourriers qui vont bartre l'eftrade;fleureter çà & là, & defcouurir le païs, faire les fourriers & auant coureurs. Tout eftane preft & Roy donne vn figne , les Auant-gardes à petites iournées vont deuär,le Roy fuit rour envi- ronné de {a Cour;,route armée d’aiguillons, quad l’alarme eft donnéetous ces petits piquiers font bon deuoir,& pendant queles clairons & trôpet- tes animent les trouppes, vous voyez des Cheua- liers volans en l’air d’vne furieufe rencontre s’en- tre- tuer, auec vne fi murine opiniaftreté (car ces petites gens ne font que feu & cholere qui vole, F 3 " 86 Chapitre IX. & vn auertin aigu qui les eflance les vnes contre les autres) que cout mourroit fi le Tardinier ne les faifoic entier en compofitios par le bruit des baf- fins donnant logis au nouueauRoy conquerant& à fes ieunes bandes de petits Argolets. Le tour fe démefle,le Roy fe branche en quelquearbre,rou- te fa gendarmerie fe pend tout autour, on les ra- frechit auec vn peu de vin,on les loge en vne nouuelle Prouince,;aufli-toft elles s’appriuoifenr, & font le Palais Royal,& le Louure de leur Sou- uerain, mais fort magnifiquement , mettant au deffus vnepetire motte qui fert comme de don- jon,là dedans font ceux de fon fang , de fait fi on cfpraint ce donjon , on n’aura point de race de Roys.Onrient qu’elles font leurs petits de fleurs, & les couuent, comme la Poule, & efcloënt de petits vermiffeaux , qui chargent les aifles, &en mefme temps s’efclot le Roy, qui eft d'ordinaire rouge, fait des plus belles fleurs , il naïft auec les aifles,portant vne Eftoile blanche au front, com- me fon diadéme, il a la démarche plus Maieftati- ue,;& plus braue que les autres;il eft plus luifant, gaillard,& poly , & de plus beau corfage que les autresiles ieunes courtifent incontinent leur icu- ne Prince,qui reffent fi bien fa Maiefté,& a fenci- ment de gloire fcachant fon rang. EE Le MAI 87 Ë HR LE MIEL Car. X. E Miel s’engendre en l’air,fous la faueut GC & influence de certains Aftres, commeés 2 jours Caniculaires.à la fine aube du iour on crouue les fueilles chargées&fuccrées de Miel; Ceux qui ferencontrent aux champs,auant la dia- ne;fe fentét tous enduits deMiel qui chet.Plinene {çait fi c’eft la fueur du Ciel, ou la faliue des Aftres ou le jus&colature de l’air qui fepurifie.LesAuet- ces le fuccér,le humér,&le raclent fur les fleurettes & herbetres,l’enconnät fur leurs petits eftomacs, pour lereüomir en leur goffre;mais ellesle fophi- ftiquent auec les autresLiqueurs tirées des autres fleurs qu’elles lefchent,& échrefment;le fralattäe & brouillant,fi on en pouuoit finer du pur & ner, come la nature le forme,il n’y auroit rien de plus fouuerain au monde. Selon la delicéreife des fleurs dont elles le puifent,auffi eft-il meilleur car les fleurs s’en emboyuent & fuccent la fleur du Miel,les autres le laiflent plus pur,& n’en humenc que bien peu,comme le Thym,Romarin, &c. Et pourtant le Miel cueilly là deffus eft excellent.En vn iout ou deux,elles rempliffent leur maifon de Miel ;, courageufement befongnent-ils ces petits | F 4 , * 38 Chapitre XI ÿ corps,& ces pauures menuës beftelettes, qui font honte a tout le genre humain. ( CSRREn SDS VÉDICOS L' ÆAROND.FE L:L'E: CridriRe XI: - mm Vand/lArondelle veut pondre , & #4 W (e void fur le poinét d’ouurer , elle prepare fa couche.ë& le berceau de (es petitsile nid eft bafty, gafchant Ar de la bouë, r'embouché de paille, tapiflé de flocs de laine , fourré du plus delié du- uet qui fe treuue, afin que le li&foit moller, & les perits gifent tendrement à leur aile. Quand les Arondelas font efclos, & mettent le nez hors la coque, n'ayant plus de prouifion dans leurs pe- tics tiuels , le pere & lamere fe chargent de les nourrir ; & les foignent comme l'amour leur.en- feigne. Le plus erand plaifir eft lors qu’ils font defia grandelers, reueftus du poil foller,les aifles garnies de plames,les iarrets affez forts : car pour les defniaifer ; & leur apprendre à gaigner leur vie , le pere & la mere vous les pouile dehors,& Dieu {çait s'ils font eftonnez, quand ils fe voyent balancez en l'air, & que pour la premiere fois ils defployent leurs aifles.& font leur apprentiffage de voler,nageant entre le Ciel & rerre.Mais côme ls font encor à leurs rudimens, ils font inconti- ‘nent las de voler, & s’en vont percher fur la pre- F , _micre / : + L J > « 4 dt { " L " > in D 1 cu PE « AE + : dl à L' Arondelle, 89 miere branche qui fe prefente. Les vienx qui voyét ces pauures niais affamez fur vn arbre,fans fçauoir faire autre meftier qu’ouurir le bec,& at- tendre gorgée;ils fe merrent à leur dôner du paffe- temps,allant à la chatle , & à la volerie pour lear donner à delieuner.Vous les voyez voler de biais d’vn'aifle ferte , & courir fur'les petits moufche- rons qu'ils attrapét du bout du bec,puis fe dardäc _ contre leurs petits perchez fur l'arbre,ils fe mon- ftrent de loing le gibbier à la bouche , les petirs crient rousenfemble,actendant la faueur & la be- chè:.On ne {çauroit dire l’equité de es petites be- ftioles,car elles difpenfent efgalemét la venaifon, donnanrà tour de roolle à chacun fa petite p:ebe: de.Auffi les petits font fort fidelles , & nechan- gent point de place pour tromper leur frere, & aueir deux fois la curée.Cependät ils gazoüillent en leur gofier,& apprennent leur game, fe faifant fçauans aux defpens,& à l’exempie de leur perc,&c mere,fe duifant au meftier dela volerie. Quart ils font faouls,les parés vous les pouffent de Parfle,&c les iettent en l’air,où ils commencent à prendre plaifir,fe voyantappuyez fur les aifles , & brauer ce qui rampe fur terre:ayant bien voleté tous fe r'aflemblent,& les vieux fe mettent à dévoifer, & chanter leur ramage;ces petits Arondelas ypren= nent leur pafle-temps , & fe hazardent de renir leurs parties, tous arrangez fur l’aifle d’vn toi&, comme de perits Choriftes de la nature chantant en plein châr leurBenedici'e omnes velucres cel: Do= mino. Au refte fi nature ou malencôcre a porte que quelqu'vn d'eux loir aueugle-nay,ou fait par dif- graçe, l'amour dela mere fait vn beau miracle,elle F $ LA 90 Chapitre XI. ne crache pas fur la poufliere pour en faire du li- mon,& du limon vn œil,comme fitiadis le Mef- fiesmais arrachant de fon bec l’Efclere (herbe qui de ce miracle a prisle nom d’ Arondelerie,Chelidenia) elle refait l'œil creuc,& vous y reforme la prunel- le,donnant paffage au iour., & le portant iufques dans l'ame. Parmy ces chanfons & grand chere, les compagnons fe chargent de bonne eftoffe , & fe font grands,& en bon poinét. Lors les pere & mere ne leur donnent plus la bechée ; fi ce n’eft - emmy l'air, de façon que celuy a le bon morceau quis’eflance plus viuement , & qui va au deuant de fa mere, qui porte la prouifion en bouche, trenchart l'air debiais.Quelquefoiselle laiffe ef- chapper le gibbier,feignant auoir failly,& ne l'a- _uoir renfourné droit au bec de l'Arondelas, qui prend la hardieffe de pourfuiure le moufcheron, qui eft àdemy mort,& de belle prife.L’ayant pris, & appris la façon de voler le gibbier:il n’attend plus fon difner de la difcrerion de fa mere, mais fe pouruoir de foy-mefimes , & deflors commen- cent à voler, & faire la guerre aux petits mouf- chetons,fe mettans hors de cage. Su. à pe CL nt ADVIS rt 91 HNCNCNANENC Dies ADVIS AV LECTEVR 4 Re L faut que vous [çachsez , que les V2 trées de l'Ocean, ont auff; diners pa- kPa tois , © des termes fort diffemblables. LL Ceux de Prouence ; qui vent [ur la Méditerranée ont beaucoup de mots efcorche7 d'Italie de Barbarie,del'Oriër,S'cela meflé anec un pen de fr Prouençal,fait ur effrange langage. Les autres qui fot bed ur vie fur lOcea,come ceux de Dieppe;dn Haure déGra- ce,de Calais en Picardie,deS. Malo en Bretagne, G"au- tres tiennent un autresargonscar ils ont tiré beaucoup de mots d'Efpagne,de Portugal,des Indes,des Anglois, dde ces diables de mer qui font auiourd'huy [5 puifsas fur les deux Oceans.Ne vous effonne? docpas fi vous treuuez du changement , © contente7-vous qu'ayant veu l'un Ô l'autre Mer ie vous done a peu prés ce qu'il vous faut pour parler de la Mer,sas y faire naufrage de Voftre reputatio.Il y a mille particularitez qui sot ne- cefaires aux gens de Marone, aux Matelots;pour Vos qui ne voguez que far Vne Mer de paroles, vous en féaurez affez de ce que ie vous presëte;le reffe ne [er- airoit que pour faire parade d'une vaine curioffté qui rédroit à l'aduëture votre difcours inurile . Les plus ri- ches pieces d’'Eloquence,crde Poëie s0r empruntées de la mer, foit à la defcripsio de quelque notable naufrace. d Joie ++ 92 foit à faire choquer les vents [ur la face dela Marine, fouflenant des orages qui portent ee quafi dedas le Ciel; femblet plonger les efloilles dedansles bouillons dela er enragce:Soit faifant gliffervnNanire fur l'a- Zur, © fur la [urface de la Mer,enfilans les voiles d'on vent fauorable,foit en finfe iouant fur les flots éfur le crifal applany d'une bonace agreable, @ en mille faços parlant del'Ocean®" de [es rares merueilles.Ie vous ad- done bien tout nuement que pour en parler dignement sl eff neceffaire d'auoir vn peu humé l'air [alé de la Marine € l'anoir veu de pres,voire vn peu flotte def- [asp our [cauoir au vray que v’eft que a’aller a la dif- cretion de cét element indifcret & impitoyable;mass fi vons nelaponuez .ny ne l'ofezentreprendre,vons vous deuez contenter de ce petit Ef[ay queie vous donne, qui vous fera [çasoir que c’eff,fans payer le tribut 4 la Marire,® fouffrir le mal de la Mer. Pour le fait des Galeres qui vont fur la Méditerranée, c'eff vn cas a part, @ Dieu aidant vous le verre bien-tof} en lu- msere;© ny & que trop de gens qui le fcauenr,a leur grand regret ; pour vous il ne vous en couflera autre choe qu'un peu de patience,en lifant ce qu'on vous en preféntera. | LE LE EAÎT DRLA M cr les termes du Pilotage. CHAPITRE XII. A Hune,ceftie panier ou cageau haut du Maft,qui fert à porter va paue de Nauire,ou autre Matelot #4 pour defcouurir rerre, ou Cour- TRE N faiics & faire fentinelle. 2.Le Mas, Mars , ou Matereau de Nauire:la uille,c’eft à dire,vn grand foramier double qui eft au fonds,& le long duNauire,qui eft là comme Pefpine du dos en l’homme, & là on enchaffele bout du orand Maf. ; 3 Les chables font des amarres,& le roscor- dage de Nauire,pour amarrer & arrefter la Naui- re.On dit aufli l'ammarrage. 4.La Nauire,en feminin, eftvne armée de Mer, on dit auffi vne Flotte,c’eft à dire,plufieurs Naui- res. Le Nauite, c’eft vn vaifleau de Mer qui cft rond,il fe dit aufli vaiffeau rond , à la difference des Galeres,Fuftes,Brigantins,qui font longs. Rauberges,font Nauires qui vont à rames,&r à voiles Nauires à crois rames pour banc, 7riremss, fi à quatre,&c. | | 1 La 94 Chapitre XII | $.La proué armée de picquant de fer,pour trä- | cher les vagues, Roffrata naussile gouuernail & le || timon cft ala poupe. | 6.Le bois trauerfant le Maft, où on lie les voi- | les, Antenna cornua Antennarum,les bouts. 7.La cheuille où on attache l’auiron pour ra- mer. Scalmw.Les courbes du Nauire,coffa nauis. Le Befle ou Tillac.For:,Ital.ia corfa;courficre; tillaquer ou plancher,c’eft faire l'énrablement de planches & d’aix,qui fe dit Tillac. 8.Naulage,& Naulager, c’eft payer les frais qu'on peut faire dans le Nauire. 9.Le fait de la Marine,le Pilotage. 10. Le Trinquet ouÂrtimon , c’eft vne perite voile qui s’artache au derriere, & eft en pointe;là où la grande,& les autres font quarrées , on lap- pelle aufli Catepleure,& aureille de Liéure,a cau- fe de fapointe, 11.La proué,la tefte,& le mufeau du vaifleau, eft toufiours armé, La Sentine dela Nauire. La Carine,;ou Carene, Carina. 12.Les Courfaires vont toufours à voiles , & bourfets des Hunes(c’eft à dire, les petites voiles de la cage)defployées , & comme ils finglent de grand vent, & roideur, fendant l’eau fort rude- ment, il femble qu'ils ne voguét que fur l’efcume, de là aller à cours,& efcumer,c’eft le mefme. Ef- cumer aufli, c’eft enleuer toutce qu'ils peuuent fur mer. 13.Les Brifans,c’eft à dire,les Efcueils ou bancs de fable.où le ot de la Mer choque & fe brife:ou pluftoft font leschocs &froifleures des vaguesqui efcument en heurtant. C’eft figne d’yn mauuais pas La Marine. 95. | pas en mer. 14. Les Aubans, font les groffes chordes qui tiennent leMaft ferme en Nef,& palfent par late- fte de More du Maft,& tombent fur les barreaux d'iceluy,& de là fe viennent rider(c’eft à dire roi- dir)aux chaines d’Aubans,auec deux caps de mou- ton, l’vn attaché à la chaine, & l’autre au bout de l'Auban. 1 y. Le Chafteau, eft d’œuure haute,ce qui préd depuis l’Eftraue iufques au plat bord,& enferme Je Maft de Mifaine,fur lequel on tend le pont de chorde au combat, & met-on de l’Artillerie, 16.Les Mrauerfins,fontrpoutres qui trauerfent le liét & cage du Nauire far le Tillac,l’vne aupres du Matt, l’autre du Chafteau, 17.La Mifaine eft la voile qui eft entre Beaupré & la grand voile du Maft.Maft de Mifaine , eft le fecond. | RNA 18. Les Barreaux du pont de chordes,fontlespe- tits baftons qui trauerfent chaque bord du Cha- eau de deuant,appuyez {ur la ferre,& letrauerfin qui croife accollanc le Maft de Mifaine ; qui cou- urent le Chafteau, & portent le pont de chorde. 19.Barre de timon eft vne piecede Boïs qui per- ce le Gaillard,& eft par deflus, & fert pour reoir le timon qui eft deflous. 20.Beaupré(voile fortant de la prouë en efclat de Mer) & Mifaine feruent pour remonter le nez zu Nauire,&c luy hauffer le bec. 21.Cap de mouron,eft vne piece de bois percée en douze on quinze lieux, & fert pour rider l’eftay du grand Maft,& l’eftayant le tenir ferme. 22.Eftay,c’eft la chorde qui tient le Maft qu'il ne o6 Chapitre X IL RE rombe fur la poupe,quand on yflc{c’eft à dire, Binde) la grande voile. 23. Turpor,c’eft vn foliueau;il y en a quatre au Chifteau afuftez & acclampez à la varengue de cecofte là. Varengues {ont crauerfiez entez aux flancs de la quille du Nauire,arrengez comme les coftes à l’efpine du dos de l’homme,& font ferrez auec dés ferres qui font des tables efpefles. 24.Cap de Mer fignifie vn heurt haur efleue far la Mer,ou fur la cofte,ou qui quelquefois fe lance bien auanten la Mer, & affrontans ainf la Mer, font comme efpauies,fommets , ou efchinons de Ja cofte>& feruent de marques aux Mariniers. 2$.Les alleures font des foliueaux qui vont le long du pont fur les trauerfins, & font vn quarré auec eux, qui cft le trou & la feneftre par où on ‘accueille le barteau dans le Nauïre. 26.Eftrauc cit vne piece de bois vers la proue, qui va de la quille à mont en courbant comme la proué:vn pareil eft à la poupe qui fe dit Eftamber, 27.Le Bourfer, c'eft la petite voile de la Hune, attachée au Maftelet d’icelle, & fe dit Bourfet de Hune,eftant comme vne efpece de bourfe enfiée ‘de Vent. 28.Galere eft vn vaifleau long qui va à rames,à rrois ou quatre rameurs & Galiots par chaque banc.Galion eft vn vaiffeau de guerre plus renfor- cé qu'on Nauire, & porte voile quarrée , c’eft la principale piece de l’armée. Galiote eft de bas bord, entre la Galere,& la Fufte , elle eft propre à faire courfes pour ceux qui hantent la Mer. 29. Onditcingler en pleine & haute Mer?le flot de la Mer,les Marées ,c'eft à dire, le flus à & Cris La Marine. 97 reflus.Le grand flot de Mars,c’eft aux deux Equi- noxes que le fluseft en fa plus grande force, & plus grand regorgement. Aller” quand les eaux fonc viues,c'eft à dire, depuis le croiffant iufques en pleine Lune,car les eaux , & les flors montent en leur vigueur. 30. Aller l’amont de l'eau,c’eft aller tirant vers la fource,& le courant:aller aual l’eau ; c’eft aller vers l’éboucheure en Mer, où la riuiere fe va dé- charger,& charrier fes eaux,& porter fes decimes. On dit auffi aller à flor reboursé , & amont l’eau. 31. Les fortes des Nauire pour cheuaucher la Mer, font leslôgs vaifleaux,Fuftes à deux ou trois par baneïles autres à quatre,cinq, dix,& plus, par banc : les Hurques , filiaderes , les Fregates font moindres que les Brigantins : elles ont huiét on neuf bancs de chafque cofté, & fuiuent les Gale- res,Barques & Barquerollis , &c. Radeaux,Bri- gantins, vaifleaux de brigands , viftes de grande armaifon.-Efquif, Le Laquay du Nauire faic de bois,de cuir coufu, de joncs. Carraques,vaifleanx de Mer ronds. La grand Nef de Rhodes fe dit la Carraque. Les efperons des Nauires.Ro/fram. Ancres à deux;trois,ou quatre dents. Harpis, font griffes de fer, Harpe ft la griffe du Chien, Crocs,mains,& agraffes de fer pour: rérenir & accrocher vn Nawire. -_ Faleuque,c’eftle plus petit de tous les vaifeaux à rames. Voicy l'ordre : Falouque, Fregate,Bri- gantin, (on dit auflivne Cane Fufte,Ga- “lioce Galere,Gäleace.… F | G D. . 98 Chapitre XII. 32. Bans font des fablonnieres amoncelces dans la Mer qui brifent les flots,ce font des longs dof- fiers efleuez fur l’autre fable cache , comme des heurts,& des bancs efleuez fur le plain. 33-Efcueil,c’eft vne pointe naiffante de la Mer, ou vn rocher aflis fur la Mer, où facilement on fait debris. 34. Heurt,c'eft la refte d’vn Rocher,ou couftau, de là heurter & froifler le hurctis,& le choc côtre. 3 5.La Polaine fert à ferrer le Beaupré àla proûe, & ce n'eft autre chole que l'equipage de la Flé- che,qui eft vn bois fait en S. fouftenu par des fo. liueaux , & cette fléche fe jette hors de la proùe, eftant pourtant bien arreftée,& eftanc clouce aux Equibiens, & cette fléche, & Polaine ne feruenct qu'à ferrer le Beaupré. | 36.Equibiens,font les deux trous par où pafent Les amarres qui tiennent le Nauire à l’Ancre. 37: Gouuernail,c’eft ce qui s'enclaue auec des cheuilles de fer ( qu’on nomme mafles ) dans les anneaux de fer fichez en la tefte, ou bien l’arefte de la poupe ( qu’on nomme femelles) & fort de- hors, & eft l’intendence du Piloce,qui par luy con- duit à route le vailleau , le regit , & mefnage fon cours & fon flottage;on dit aufli tenir le timon. 38.Chartres parties,ou charte partie,eft le roo- le,8& declaration de la cargaifon du nauire, & de ce qui fe porte. | 39. Efcore,comme la Mer eft efcore à Gennes, &c.c'eft idire,la cofte du bord eft taillée à plomb, & partant l'abbord de l'eau y eft creux & pro- fond;comme font les Haures. | Efcores aufi font le marrain &le bois,fur le- quel “La Marine: l _«quelon calfeutre en cerre Le vaiffeau deuant que le mettre à flot. | 40. Routier,eft l’adreffement des chemins par Mer (& aufli par verre) de là le Liure des adrelfes de Mer porte ce tiltre, Routier & Pilotage de Mer. De la vieux routier, qui a beaucoup veu,& fçait couresles adrefles.Arrouter,c’eft fe remettre en route & bon chemin, defrouter c’eft fe deftra- quer. 41. Saburre (ou Sauorne) c’eft le orauier donc on charge ie fonds du Nauire, afin de l’affermir, tenir droit,& mieux balancer,voyez num.68. 42. Palenc, c’eft la corde qui eft atrachee à l’eftague,& paile par vne poulie,& fert pour guin- der le petit bateau ou la marchandife qu’on veut mettre dans Ja feneftre & trou du Nauire. Pa- neau eft le couuercle de ce trou. Encornal, c’eft le lieu où font deux grands roëets de cuiure, tenans à vne refte de More au {ommer du grand Mat, par où paffent les Eftagues qui guindent la Vergue de la grand voile , haut. Verge ou Vergue, eft la perche à crauers du Mañt,où on lie la voile. . Noms des Marinsers. 1.Y E Patron, ou Pilore, c’eft à dire, maiftre du Nauire. 2. Les Matelots. 3: Les feruiteurs du Nauire, Tabourineurs. 4. Fifre, Trompette. 5: Calfat & Calfareur,eft celuy qui à la charge de calfeurrer le Nauire. Calfatin.eft le feruiceur dudit Sieur. 6. La Ciourme,c'eft la crouppe des forçats, on G 2 100 Chapitre : XII. ditaufli Chiotme, la les Forfaires tirent de con- cert àla rame. 7.Les Rameurs,Forçats, Caletienseh d'aui- ron,®& de bifcuit gens de cadene. 8.Admiral,c’eit à dire, Lieurenant duRoy en la Mer,& és greues , qui iuge à la Table de Mar- bre,à Paris,oueft fon parquet. 9.Auituaïlleur. Capitaine de Nauire,les Lamaneurs. Tiercement,c’eft à dire, Canoniers , Pirates & aduenturiers de Mer. 10.Tanqueur,eft celuy qui va querir à bord ou Les hardes, ou les perfonnes pour.ies mener dans le vailfeau par la planche. | 11. Efpaue, c’eft à dire perfonne, ou biens qui n'ont point de maiftre, comme ce qu on trenuc fur la rade apres vn debris. On les nôme en Nor- mandie Vuagues,chofes efpaues. 12.Comite,le maiftre Pilote, qui au comman- dement de fon fifflet donne mouuement à la Ga- lere, arrefte, tourne, hafte, & le nerf de bœuf à la main gouuerne les forçats. 13.Quand les Efcumeurs arment leurs Fuftes, fi on demande la part où ils vont.ils dient, qu'ils voñt au capde grip,ou cap de orup, c'eft à dire, qu'ils vont griper,& fe ietter fur Le prétsstes qu'ils rencontreront. 1. Equipoer, GE De Es ar- maif{on de Nef, 2. Elchoüer. 244 bitus maris nauim alidere Eu frangere. 3.Frerter,c'eft loüer vn Nauire aux Murchionds. 4. Mettre le Nauireenteau.Dedacere. 018 Vo ‘\ La Marine. IOf g-Voguer.Ramer,donner auxauirons. | : Caler & abbaiffer les voiles , à voiles def- ployées, bourfer les voiles,c'eft à dire plier à demy ameiner,c'eft à dire plier, - 7. Prendre tour le vent, ou ne prendre que la moitié du vent. Auoir le vent en poupe ; fuiure le fil du vent. 8.Amarretle Nauire & le tenir à l Abe 6.On dit faire bris,debris,debrifer vn Nauire, debrifement, 10.Singler,c'eft aller à touce voile,rant que 14 Aubans ( c’eft à dire, les co:des qui tiennent fer- me le Maft,){ inglent & ffenc ;epcranchant l'air auec vne Extréme vitefle fingler vne voile. .….11.Bouter ou faire cap À la Mer,c'eft à dire,ren- gouffrer le Nauire! craignant g'échoiier , $oauéc Beaupré & Mifaine , touinant la pe Vers le haut de la Mer. . 12.Cappéer, d'eft fingler à Ja cape, qui {a tourmente elt excefliue,ronder en Mor,quand les Matiniers säs faire aucun marrage laifent aller le Nauire au {on de la Mer,& àla feuleconduite & difcretion du vent;il va bien la droite route;maïs auance fort peu:or on ne capée qu'auec la grâde voile,ou auecl’Artemon , qu’on frefleou bourfe, c'eft à dire,en le-pliant en bas, & tenant vnecorde en haut attachee, l’autre r’abaiflee , on fair com- me vne bourfe où le vent.s’enronne,en forme de voile Latine,cependanon lie le goüuetnail, à l’vn des turpots des bords du Nauite. !! 1 3.Frefler & filer,c’eft derider & ne comme Je pont de cordes, &cus 14.Bourfer ; c’eft plier la BTE moitié, &du dati : < 4 | , G 3 LT | RUN TUE | . 10Z ’ Chapitre XII. refte en l'air comme vne bourfe prenant peu de vent. : 1$.Auoir le vent derriere,c’eft à dire,;en poupe, c’eft la plus haute maniere de fingler,cat la prouë : trenche mieux,quoy que ce vent enfleles voiles à trauers d’vn bord à l’autre: Au repairer és ports la roué à le nez à la Mer. 16. Vent à la Boline,donne par les ancs aux voi- les,lefquelles lors font enfilées de droit fil de pou- pe en prouë,& au fingler,reüflit par excellence, 17. Vent à quartier,eft celuy qui eft encre le vent derriere,& le venc de Bcline. 20.Auoir le vent à gré,c’eft à dire quandil enfi- le droit. Vent afpre & de mauuais mefnage. 21.Se ierter dans la cale,la cale eft vnlieu entre» deux pointes de terre, ou Rochers iffans d’icelle en cornieres qui rabbatent le vent,& font calme, là on fe iette quand la tourmente furprend , & on fe met à l’abry, & à garand des flots , & du vent, c'eft auf là que fe cachent lesCorfaires pour fur- faillir ceux qui nauigent raiz à raiz des coftes, & _coftoyent la Rade de la Mer. Rade eft le bord de a Mer, mais qui n'eft pas Port;car Port n'eft pas Rade,ny Rade Port.Refconce de bord, c’eit à di- re,lieu propre à fe cacher pour les Pirates. 22.On dit ancrer au port, furgir au port,moüil- ler l’Ancre,ierter les Ancres. Defancrer, & leuer les Ancres. Nauire eftant fur les Ancres,& furon- -dant fur les flots fans bouger. Se ietter dans vn Hable , ou Haute, ou plage, qui eft vn berd de Mer, {ans fond. | 23. Monter à voile contr’eau , contre le fil de l'eau , fendre le courant, forcer le vent,& aller © La Marine. 103 | malgré les bouffées violentes. 24.Gafcher,c’eft virer à l’auiron , Ramer , Vo- | guer, & gafche vneRame. Gafcher proprement, c'eft croubler,pefle-mefler. 25. Calme & calmer,ou reclamer la Mer, c’eft l'accoifer, faire cefler la tourmente, la derider,ap- -planir,appaifer, mettre en bonace, faire aller cal- mement & fon petit train,abbartre les vents. 26.Calfeutrer vn Nauire, c'eft eftouper les trous,anec des eftoupes , de la poix, & de petits aiz.On dit auffi calfarer,radoubler.le radoub. 27.Maret ou maréer, c’eft aborder , & à Ancre adentée,ou chable lié au Port,ou Hable. Lecon- traire eft defmarrer,defancrer , & faire vie, (fur Mer s’entend)mais on ne dit que cela,aller faire vie,c’eft à dire, fe jetter en Mer. ..28.Ondic le flot &-reflut, Aus & reflus,fotter & reflotter , ondoyer fur vn eftrange flottement de Mer. Le grand floc de Mars.à caufe qu’il vient au mois de Mars, l’autre en l'Equinoxe de Septébre. 29.Vaguer à la difcretiori des ondes. Vague c’eft va flot efleué par l’orage,en la Mer Medit. rrance, car en la grand Mer on dit oule(Æi/b.ola.) qui eft comme vne colline d’eau qui roule;enflée de vent quand l'orage tire, & outrage la Mer. 30.Eftre furpris,& emporté d’vn coup de Mer tempefteufe,d’vne birrafque, ou borrafque qui fe fair de la mutinerie de deux vents s’entrecho- quans,& par vn tutbillon de vent. 31.La Mer eft bonnaflc,& calme.La bonaffe de Mer,quand rien nebranle , & tousles vents fonc MOTS. LE 9) 1) 32.Sabors font les trous du bout duGillard pat | | G 4 104 Chapitre SX 1 1. où paffent les pieces des groiles Artilleries,ayant chacune deux pieces de fer , vne de chafque cofte À trauers du membre c’eft à dire à trauers des tur- pots,pour feruir de bride,afin qu'elles ne reculér. 3 3.Guindereffe,c’eftla poulie qui fert à mode: la voile du Maft où elle eft amarrée. 0 34-Gaillard, c'eftle Chafteau px la poupe fie comme celuy de la proué. 35.Aborder & d’abordée faire, Bec. c'eften Gar- giffant au Port auquay du Haure, au bord. Arri- uer , & d’arriuée, c’eft le terme d’eau douce & de ‘riuiere, l’autre eft pour l’eau falée,& la Mer. 36.Agraffer,& dégraffer les deiteaux , c'eftà dire, ver ddl: décrocher,les inueftir au caen, &c. 37. Auoir les Vergues heutes,c'eft eftre prefhà à faire vie (ur Mer, les voiles toutes guindées qui n’attendent que le vent. Yiler les voiles & guin- der,c’eft lemefme,c’eft monter , eftendre: & car- quois & le haut bout du Matt , il ya certains poliôs propres à tirer la corde s attachée à à la verge. 6738: Carrauelle,vaifleau rond portant voiles La- tines,c’eft à dire,a oreilles de Liéures,& boarsées :& pliées en bourfe pointuë 39.Couibes , font des pieces de boisés dé bords dela poupe,entez en l'écoigneure ou join- -ture,lerenforçans par derriere:& à la prouG il ya vne Aucre/piece de bois qui s’appelle Four,& reén-- force le vaifleau par le deuant. Courbaftor; ft vneicourbe. 40.Les ailes du Nauire,c ef: à dite » Lätbra}! Mettre en Fun cf à mc, » CEE à la rade de la Nef, 7 : + - c- 1 | Aires La Marines 10$ ati Agréer & fournir vn Nauire. Renger la cofte,c’eft à dire, Radere. La Nef vaà droit fil,c’eft à dire, Reéta ad alique, va de front./dem. 41.La Nefs'aggraue en vn platis,ou en quelque vale où la Mer eft baffe. | 42. Platre-formeeit ce plâcher qui vatoufours montant vers laprouë , & l’encoigneure d’icelle — appuyée fur des mortaifes, & foliueaux. 43. Parlant dela capacité d’vn Nauire, ondit : qu'il à tant de pieds deQuille(c’elt à dire de long) “tant de pieds de bau, c’elt à dire, de large & d'ou- uerture,tât de pieds de chere(c’eft à dire,de cheu- ce, & de haut à bas , defcendant depuis la Quille ufques aux ponts) & rant de pieds deloo , c’eft à dire,depuis le Maît infques aux bords du Nauire. 44.Elcoutes ; font les doubles cordes qui fer- uent à amarrer la grand Voile par derriere, com- me les Coyts par deuant, font fimples cordes. 4 «Efcoarilfes, font les ouuertures,on aualloi- res faites au Tillac en maniere de trappes; par eù -ondeuale les denrées;& vitailles, pour loger fous le Tillac. Fa à ‘146.La Courfere, ou pont decourfiere eft vn pont-leuis , depuis le Gaillard iufquées au grand Mal, 8 depuisle Maft vers le Chafteau de deu, 1Ceeyelt couuert;armé de barreaux és aifles, tout -cecyfe dit la Coutfierc c'eft le mefméque Tillac. 47. Le Cabeïftan.eft dans la Courfere,l'inftru- ment du Toüage ou remuage du Nauire,qui eftäs cnmauuaife Rade ou 'anchrage on porte l’Ancre auet le bafteau G loing qu’on veut,puis eltäc bien mdentée & fichée; force du tour du Cubeftan,on NÉ G ÿ 106 Chapitre XII. fait aprocher le nauire da lieu eù eft l’âcre. L’in- ftrument fe dit Cabeftan,le remüement,T otage, 48. Les Baux fonc les foliueaux qui portent le Tillac,& feruent pour conferuer la rondeur& lar- ! geur du vaifeau , afin que les bords ne viennent | dedans,& le bafteau ne s’écache. 49-Bourez de loo,ou lof, c’eft à dire , prenez le vent de Boline qui donne par flanc;attachez-y les efcoutes,afin que le Nauire boline mieux,& cou - le plus doucement. s0.Carlingue , eft vne groffe piece de bois, de largeur pareil à la Quille, cloüée & encheuillée fur le mitan de laQuille, ayant au mitan vn trou Quarré pour y enchaffer le pied du grand Maft. Et Eftäbres {ont deux groffes pieces de bois qui ac- collent le trou du Tillac par où pafle leMaft,pour venir ferme le Maft, qui autrement s’éuaferoit de la Carlingue, voyez nu.66. ét s r.Courfie,eft l’allécentreles bancs des Forfai- res,qui va de la poupe à la proue,là entr'autres fe _pourmene le Comite quäd on vogue,;pour fouet- ter à coups de nerfs de bœuf, eeux qui ne maniét lauiron comme de raif6;& la nuiét les vifire afin qu’ils ne fe monopolent, & déchainenr, & braf- fent quelque reuolre.Celuy quiles vifire fe nom- mc Avguflin,ou Argoufin,c'eft vn mort Italien. $2.Balancines , font les cordes qui tiennent droite la Vergue du Beaupré,& le baläcent droit, afin que le vent l’enfile droir,& le face mieux ef- clatter en Mer. $ 3-Aclamper,c’eft attacher les bois enfemble,&e les enclouer auec des clous; ou cheuilles de bois. $4La Marinette, c'eft la Buflole qui drefle ” che | La Marine. 107 chemins à la faueur de l’Aimant,&l’Aiguille ma- riniere,& la Charte. 55.Chicambaut,c’eft vne piece de bois qui forc du Nauire,yffant encre la fléche & la lice, & va à fleur d’eau,ou bien courbeyant prefque à vn pied & demy de fleur d’eau, il fert d’armurer la Mifaine & Beaupré quand le Nauire va à orfe, c'elt à dire à Bouline. Au bout il a vn crochet de fer qui af- fleure l’eau,& vne petite corde appellée Bourfin, pour amurer ledir Beaupré, & les coùets (c’eft à dire, deux autres cordes)tiennent à la corniere dudit Beaupré,ou Mifaine,afin d’amurerles Voi- les comme il fauc pour le boulinage. 56.Border les Auirons, c’eft à dire, les leuer cn forte qu’on ne nage plus,& qu'on n'aille plus auät. $7.Bords , font tablesefpaifles appliqueës par dehors fur les Varangues de fonds pour les ferrer, celle de dedans a mefme effer , s'appellent ferres, Bord plar, c’eft où on met l’Artillerie grofle,& eft large afin de mieux affeoir les Canons. _ 58.Erre,c’eft le for, & l'allure de la Mer, ainfi on dit le reuers du gouuernail bien efpais efpart le liemenr de l’eau,& erre de la Mer. 59.Se fauuer à calfourchons fur les aiz de la Nauire brifée;allant à difcretion de l'orage. Go. Coquet, vn petit vaifleau de Mer, Scapha. 61.11 y a la chambre du Capitaine.La gardien- nerie où font les prouifions de bouche. Le foubs Tillac où la marchandife fe met.Le Rum,c'eft en- cor plus bas,où on iette les plus groffes befognes. 62.Perroquet,c’eft la voile au deflus de la cage & du grâd Hunnier.Voftre Naüire n’aautre voile que le Perroquer,c’eft à dire,que vous cftes vn for 6;.Efpa 108. Chapitre , XII. 63. Efperon, cet vne grande pointe à la proné; qui n’eft armée deçà & delà de bois , car quand elle eft ainfiarmée des coftez, on la nomme vne. Héche.'. + 0 64.La Barre au bout du timon,pour le manier. Le timon eft attaché au bout du Gouuernail, & gouverne tout. Le garçon qui eft debout ma- . hiant la Barre. 65. La Bonnette, vne petite Voile attachée au haut d’vne autre. 66.La Carlingue,c’eft Le fond où eft la Quille, qui eft affeurée par des bois de trauers , qu'on nomme des ferres , afin de tenir ferme la Quille. & le Mañt. | 67. Le Ploc, c’eft ce dont on enduit le Nauire contre les vers qui fe font , ou fe gliffent dans le bois du Nauire és païs chauds , afin qu'ils ne per- cent,on met du Goudran & de la poix fur les plä- ches,& fur le Goudrä,du Ploc, c’eft à dire,du:poil de Vache,& d’autres où les vers s'entrapent,& ne fçauroient rôger,autremét ils perceroient le Na- uire à droit fil en fort peu de téps.Ce ver ale bec fort gros, & fort au poflible, le refte du corps eft tendre comme moüelle,en fon entrée ou naïffan- ce letroueft fort petit, mais il s'engraifle en peu de temps , &gafteroir le Nauire en fort peu de jours {ans cefecours, en Hollande on arme l’étre- deax des planches debonplomb,ou fer blanc. 68.Lai@er,ou laiffer le Nauire,c'elt y mettrela laiffe ou Sauorne,oueftage, c’eft à dire du grauier ou dés pierres, ou autre chofe pesäre qui tienne le Nauire en bône affiete fur les flots. Saburra nanis. 69. Les ceintures du Nauire.Zo7e.Sont ces bois : qui La Marine. 109 qui ceignent le Nauire par dehors , &'iufques ou d’eau de la Mer donne, 70. Vireuaut, c'eft vn gros bois rond, qui fert comme le Cabeftan à tirer les Ancres , & appro- cher les Nauires,mais il faut moins de perfonnes, & plas de temps pour le Vireuaut que pour le Cabeftan. | | 71. Le mal de la Mer,c'eft vn bondiffement de cœur qui vous fair jetter dans la Mer, tout ce que vous auez prins fur terre. On croit que ccla vient du flot dela Mer,qui vous berçant fair flotrer vo- ftre eftomach, & ondover les humeurs de voftre corps, tant qu'il faut rendre go:vce : mais il vient: pluftoft de l’air de la Mer, d' fait plufieurs ontce mal eftant feulement prochts de la Mer , & ceux qui font fur l’Ocean tourmentez de ce‘mal, fi toft qu’ilstouchent terre ; & hument l'air de terre, l'appetit & la vie leur reuient. | 72. Fortunal, c’eft vn {ubit & furieux orage. Coup de Mer, c’eft lechoc enragé des Vagues qui {onr extraordinairement poufiées du vent. 73. Rum,c’eft le trait en dioire ligne d'vn vent à l’autre, foit du vententier, ou demy-vent. 74: Papefñf, eft vne grande pente d’vne Voile à laquelle les boëttes font attachées.Tref & Voile c'eft le mefme. 7$5.La Pompe;inftrument à vuider les eaux qui font dans le Nauire. à 76. Le Talon du gouuernail , c’eft la partie qui donne dans l’eau, faffran , eft vne piece attachée ‘au‘dos du gouuernail auec des fiches de fer , il fert à gouuerner le Nauire quand le gouuer- nail ne faicpas bien. : 77, Bien TO . Chapitre S®# IE. 77.Bien mefnager le vent, & n’en prendre que ce qu’il faur, prendre le demy-vent , {e feruir du contre-vent pour fendre le vent mefme,biaifer,al- |! ler à toute faueur de vent,aller fagemenr, &la fon- de à lamain pour fçauoir en quelle eau on fe treu- uc.Fendre l'orage & trauerfer la tempefte ; caler voile cedant à la courmente pluftoft que ’caler à fond & couler fous l’eau, &c. Maiftrifer la Mer. 78.Nauire qui fait eau de tout cofté, & qui en- trebaille. Nauire de guerre,& de combat,couuert d’vn grand treillis*de bois percé à claire voye. Nauire detrafñic. 79-Vifere ou meurtriere,c'eft le trou par oùles foldats tirent. 80.Mafquaret, c’eft le premier flot furieux quâd la Mer commence à monter,on le nomme ainf à Bordeaux,a Rouen la barre. Me 8r.Desbarder,c’eft décharger le Nauire.Brayer vn Nauire,c'eft le poiffer de bray. $ 82.Scurbut , c’eft Le nom d’vne maladie qu'on prend aifement fur la Mer, les Hollandois la n6- mentainfi,les Portugais la nomment mal de gen- ciues,elle fe prend fur la Mer, & fe guerit fur ter- réelle eft fort côtagieufe,& rend l’haleine fi for- te qu'on ne la peut fouffrir ; ceux qui en font at- teints deuiennent fort enflez d'vne enfleure dure comme du bois ; plufieurs meurent de ce vilain mal,& fouffrent beaucoup,tous Les remedes;font quafi inutiles fi on ne prend l'air de terre, l’eau douce,& des fruits & rafraifchiflemens. 83.Les foures,ce font des cloftures bié fermées où l’on met les marchandifes,& les viures. 84. Quand on perd de veuë. l'Eftoille du Nord on La Marine. ni on commence à découurir le pole Antartique qu! fe nomme la Croifade,à caufe qu’elle eft compo- sée de quatre Eftoilles en forme de Croix. | 85.L'obferuation,c’eft quand à midy on prend la hauteur du Soleil, on le fait auec l’Aftrolable; on la préd aufli auec le bafton de Iacobou Arba- lefte qui fert pour les Eftoilles: Au cap des aiguil les,les aiguilles & côpas demeurent fixes, & re- gardent droicement le Nord , mais l’ayät doublé, les aiguilles commencent à Norouefter. À Pour bien garder la police, & l’œconomie dela Nauigari6, voicy les officiers qui {out neceffaires, foit dans l’admirale , ouli Vice-:dmirale, oules autres Nauires qui vont en flurte,le General, le Lieutenant General,le particulier,le Capitaine,le premier Piloce, le fecond Pilote, vn maiftre, vn contre-maiftre,, vn Marchand , vn fecond mar- chand,vn Efcriuain, les Chirurgiens, les Defpen- fiers,les Cuifiniers,les maiftres-valers, le Maiftre Cannonier, les foubs Cannoniers , voila les per- {onnes de commandement d’vn Nauire François, Le Capitaine commande abfolument en toutes chofes ; le premier Marchand 2 pouuoir fur la marchandile & commerce feulement : on re- double les principaux Officiers,afin qu'au defaut de l’vn,lautre puifle fuppléer. L’'Efcriuain efcrie la marchandife qui entreë& fort du vaiffeau:le Pi- lote n’a autre commandement qu’en ce qui con- cerne la Nauigation. Le maiftre a commandemét fur tous les gens de Mer,& ala charge du Nauire &c de tous les vrenfilles , & viures, luy met des defpenfiers à fa deuotiô. Les maiftres:valets font les plus habiles de tous les Mariniers qui ont foin des 112 Chapitre = XII. des cordages,voiles;maneuures , & autres telles Chofes,& commandent aux ieunes Matiniers, & feuls donnent le foüet aux garçons , & aux pages de Nauire. Fairele Matelotage,c’eft mettre les gens deux à deux;comme en terre on fait les Camerades, afin de s’entr'aider & foulager comme freres, les vns les autres, on partage aufli tout le Nauire,afin que _ pendär qu'vne partie dort, l’autre face la fentinel- le,& crauaille comme il faut. Quand les Nauires {e rencontrent&fe treuuent pleines d'amis, l'honneur desCapitaines eft de fai- re des feftins les vns aux autres,cela fe fait à volces de Can6,à fon de Trompettes & de plufieurs in- firumens, & au refte grande chere fans y rien ef- pargner.Le Nauire qui fait le feflin dône aufliles volées decanon. S'il eft lors bonace, les vaifleaux vont à leur volonté & Îles voiles baffes pour eftre plus long-temps enfemble,& faire chere lie, fi le vent ne permet pas cét abord, & queles Nauires voguent de bô vent,ne pouuans s’entre-parler ils fuppleent à fon de Trôpettes,& fe font aufli bien entendre auec leurs fredôs des Trompettes, qu'a- uec La parole, & fe font millecarefles en fuyant. Les Maloüins ont de bons hômes de Mer d’or- dinaire,& les Dieppois,s’ils aiment la fatigue, & qu'ils fcachent commander à leurs bouches & garder la police , ils ont bonne cogneiffance du Globe,& de la Carte.Mais f le Capitaine n'a pou- uoir du Roy , ou du Parlement d'exercer luftice, & qu'onrné face eftat de fes commandemens;rout eft perdu.Vn mutin dans vn Vaifleau eft capable de tour perdre. Vote" 4 LR On. à “ La Marine. 113 On trouue fort peu de bons Mariniers,&on ne treuue que trop de hafle boulines,c’et à dire, de ceux qui tirent fur les cordages;les bôs Mariniers font ceux qui grayent & fonc le manœuure du Nauire,montent au haut des Hunes,& fonéprefts, à tour faire,& adroits. Le Scurbur,à vray dire,n'eft pas le mal erdinai- re de la Mer,mais c'eft vn mot Hollandois, pour fignifier le mal que les Portugais appellent mal des genciues , & nos Francois nomment mal de terre , c’'eft vn mal contagieux,qui rend l’haleine forte & puante , l'air marin, les ordures des ha- bits, l’eau de la Mer,la légueur du voyage,les eaux douces gaftées,les viures imy- sa lauer dis la Mer , dormir au ferain, ce fontlescaufes de ce vilain mal,qui enfle les gens côme hydropiques, & l'enflure eft dure comme du bois , la couleur eft liuide & comme de fang meurtry, les genciues vleerées & noiraftres , les dents difloquées;on eft fi alouuy,& auidement affamé,qu'’il femble qu’on mangeroic tous les viures en vn repas , cependant on ne fçauroit manger,ny gros ce n’eft qu'on prenne terre , & qu’on vie d’eau douce, & de fruiéts , c’eft pourquoy nos François l’appellent mal de terre, ’eft à dire,qui ne guerit iamais finon en terre, Dragons de Mer, {ont tourbillons fort gras,qui feroient couler à fond les Nauires s'ils pafloient pardeflus,les Mariniers les voyant venir de loing cirent leurs efpées, les battent les vnes contre les autres en Croix , &tiennent que cela fait pañfer l'orage à cofté ; cela femble fuperftitieux. Trauades, ce font desborafques de Mer, & H pr ». + I14 Chapitre XII. des loïiemes quand tätoft la bonace furuient,tous à coup l'orage, puisle calme, & on ne fçait que faire. Louoyer,c'eft quand on defire garder vne veüe de terré ou vn certain endroit de Mer ou parage, on va tantoft d’vn cofté , tantoft de l’autre , biai- fant & ferpentanr. Vne Patache,c’eft le bafteau attaché au Nauire, dont on fe fert pour enuoyer à recognoiftre les endroits , pour prendre terre en neceflité,entrer dans les riuieres où les gros vaiffeaux n'étreroient pas, & faire mille bons offices. Les courans de la Mer furuenansemportent les Nauires, & n'y a moyen de fe fauuer & faire fon voyage. Quand le port eft affable il le faut curer, nettoyer,rendre Nauigable , & faire bon anchra- e. Pour bien faire il faut trois bouffoles au grand Nauire, autrementils ne fe pouroriät entendre. Les Trinqueres font les principaux mariniers qui ont foin du cordage,& des voiles. Les garçons qu'on nomme Pages , ne feruent qu'à appeller le môde à fon deuoir,& crier à plei- ne cefle au pied du grand Maft:ils prennent auffi garde aux lampes , font les meflages du maiftre, me{me on les fait garder les deux cuifines qu'on nomme fousons , où il faut toufours tenir des gardes & foldars , afin que perfonne n’allume du _feu,& en porte par le Nauire. Caraques,fontles plus grands vaiffeaux du m6- de , & font du port de quinze cens ou deux mille tonneaux;font vaifleaux de Portugal,qu’ils nom- ment Nauires de voyage. Les Galions de Bifcaye por L'eau. fIS portent fept cens ou huic cens tonneaux ; Cara- uelle, eft vn Nauire moyen. Nauires François de guerre,vont mieux que ces groffes Caraques,qui femblent des Chafteaux,où il y a quatreeftages ou ponts, & {ous chacun le plus grand hommedu monde fe peut promenér fans toucher le Tillac. Cart,c’eft La fenrinelle & le guet, & faire cart, c'eft veiller enfentinelleles vns apres lesautres. Piloter,c'eft quand ceux du pays auec de petits bafteaux conduifent les vaiffeaux eftrangers par les bonnes routes, hors des brifans,des balles, & des fables, ou des Rochers. FÉES L'ESANE Car XIII SEXY Eaufe châgeen mille & mille formes;car à TAN fe coulant parmy le arauierelle fe dore,fe PE 1 froifsät entreles cailloux elle efcume,fé- dâr les prez,& térchant la verdure féble vn faphir gliffant,& courant apres foy-mefine,ferpétant vn Jardin, & le paffementät;parmy les Aeurs de Lys ce n'eft que du laict courät;parmy les Rofes, de l'Ef- carlatte flottäre; parmy lesViolerres,du Criftal azu. re gazoüillär;parmy les fleurs,vharcenCiel liqui- de,peint de imille couleurs ondoyätes;és câpagnes vo” dirierque c'eft de la glace fôdué,ésmarefts vne | PE 2 » 56 Chapitre XIIL eau morne & qui moifir, és fontaines de l'argent gliffant & du verre , en la Mer elle eft fombre &c noiraftre,és forefts elle efl noire,&portät ledueil, finaleméc c'eft vn Cameleon qui s’habille de tou- tes les couleurs qu’elle arroufeen paffant,& le mi- roûer de routes les beaurez. Es lieux chauds, elle fume & boüillonne , à ombre elle fe morfond, batruë du Soleil.elle s’artiedir , furfemée de gla- çons,& de neiges elle blanchit &frifonne. Que diray-je de la faueur ; elle eft afpre icy , là amere, aigre,piquante, douce , auftere, violente rour ce qu'on veut,felon qu'on en faitinfufi6 en diuerfes chofes.Es jus trop meurs&trop cuits du Soleil elle s’aigrir,l’ab{ynche la côfir en amertume, le vin luy donne pointe , l’ail luy donne du feu,& vn gouft poignant,le venin l’appefantit & la rend de trop forte cuifon,le miel la fucre , l'ame de la noixla conuertit en huyle,Er comme elle eft la nourrice des biens de la cerre , &les nuées les mammelles dontNatureallaite les crearures,l’Eau engraifle la racine,enfle les germes,pouffe le branchage;reint le fueillape&cle defplie,ferre les bourons;defbou- tonne les fleurs,nourrit les fruits,leur donne l’en- bonpoint,forme la graine, & l'arme de peaux for- tes contre les orages de l'air. N'eft-ce pas chofe miraculeufe qu’eftät la mere de tout fce qui croift elle fe meramorphofe en tant de façons; elle fe rend d’un fuc trifte & mal plaifant és arbres me- lancholiques,douce és plus efueillez & refiouis, rardiueicy,làde haftiueau.Er mefmes fes douceurs font infinies,piquante au vin,douceatreen l’huy- Je,aigretce ésC erifes,fucrine és Figues , aigre dou- ce és Pommes , 65 Dares emmiellée, Mefme, 3 la main L'eau. 17 main icy elle eft doux coulanre, là vn peu afpre, grafle,gluante,fuyarde, flarrante,mordicante, pe- fante,legere. Les arbres mefmes pleurant ne de- gouttent point de mefmes larmes,leCerifer pleu- re la gomme.le Baume iette fon Baume,& fué fon Mafc excellent, le Peuplier file l’Ambre & diftille de l'or coulant , du verte d’or qui porte iour. Ie n'ofe dire que l'Eau fe change en autant de natu- res qu’il y a d'herbes, fleurs, aibies, fruiéts, crea- tures qui fontau monde. Eile fe teint en graine dans la rofe,en efcarlatre violette, dans les violer- tes,elle fe dore au Soucy,s’a genre auL ys,s’enfan- glante és œillets,pallit és girofices,reuerdit és her- bes,efclarte és Tukipes,& s'emperle , & s’efmaille en mille façons.Es Pierierieselle fe glaceen feu, en fang,en or,en lair,en efclar, en Ciel dans PEf- carboucle,le Rubis, le Lapis,le Diamant ,le Sa- phir,chaque goutte vaur vu chrefor.Dites en on- treque c’eft la mefme qui fe roidit en l’efcorce ri- dée d’vn pommier , qui s’endurcit au bois,fe co- tonne aux mouelles , {e diftile és veines où elle fe coule en feue,qui s’eflargit és fueilles , fe change en cuir dans la peau des ponmes, en chair dans leur charnure.en fucre dans leur jus , en Amidon dans leur graine yen parchemin dans le cœurde la pomme où font énclofes les femences. Qui pourroit dire les vertus qu’elle donne aux herbes? fcy c’eft du fie, là da micl,elle eft corrofiue,leni- cius,laxatiue,venimeufe,antidore,pierreufe, biife- pierres,&c, me H 3 LL: . hors:ils font camüs L'ESYaEP OLSS ON EHAS.: XI CPR L femble que Dieu ait plongé vn es autrevniuers dans la Mer,car tout ce à Kéa) quicft par cous les Elemens s’y trou- SE) Dæ, ue. Eftoilles, Oyfeaux,beftes, inftru- NOR mens, tout 5 il ÿ a des Baleines qui couurent de leurs corps qu’atrearpans de terre, & les Viuelles {Piffrix ) de deux cés coudées,elles ont le mufle fair à la mode de fcie. 2.Les Sencdeétes(Phyferes,c'eft à dire.fouffleur) rene par vn tuyau vn fleuue d’eau,& tafchét d'enfoncer & affabler les Brigantins,&c. 3.11 y a l’Arbre de Mer;poiflon tout branchu,& l’'Eftoille qui a des rayons au lieu de bras, le mo- yeu de fes bras & rayons eft couuert d’yeux. 4.Pline tiét que tous leéPoiffôs halenét, &fonf- #lent;mais fans Le do d'autre faç6 que nous. ambré, & recourbé de- 3 ils font amoureux des hom- mes & ne s’en efträngent point, ains vont au de- uant faifant gambades. + $-Le Dauphin a le do _ €. L'efcaille d'ÿne Tortué de Mer peut couurir vne Maifon logeable,elles n’onrpoint dedents, mais le bord du bec eft fort crenéhar Pa ° Les Po ifforss. it9 choüere de deffous s’emboitte fort iuftement en celle de deffus,dont elles brifent mefmes les pier- res;& viuent de Poiffons à efcaille, froiffafit aisé- ment la durté des efcailles pierreufes;elles nagenc auec des cornes larges & mobiles qué nature leur à donné. | 4 "4 7.Les Poiffons ont grande varieté de robbes;il y ena qui font velus, portansle poil fur le cuir, comme veaux marins : de cuir fans poil, comme Dauphins;d’efcorce;comme les Tortuës;d’efcail- les dures comme pierre; comme Huytres;décrou- fte,comme Langoufte;de crouftes piquantes, cô- me l’Heriflô;les mols,le cuir raboreux, & à mo delimeafpre , & mordant, dont on embrgni _polit l’yuoire , comme le Creac ; à peañ dou Lämproye,fans peau , & à chair nu€, comme | Poupes.Encoquillez,efcaillez ; à petites efcailles, armez; defarmez,crouftus à la legere. 8. Le Veau Marin hutle comme vn veau, & comme beaucoup d’autres Poiffons, fait en terre fon petit veau , & pole quant & quant l’arriere- faix,allaite à la mammelle ; fes ailes dont il nage, luy feruent de pieds pour marcherile Silure eft vn _couppe- gorge,& vn droit voleur, qui ne vit que de brigandage dans l'eau. Le Ver Afylus fe fiche ous} du Thon, de l’Empereur,& autres gräds flons,luy qui eft fort petit & les’ pique fr fort qu'ils font forcez de fauter dans le es q finglent, pour fe deliurer en mourant, _9.Les Poiffons nourris en efcailles ont leur re- _paire(& viuent en crouppe)à partiles Poiflons œu- uez & femelles, font plus gros, gras,& rebondis, que les mafles,& que les laicez;fi on pefche deux | 4 2 à & : | + PE 120 Chapitre XIV. | mivne mefme foffe , on rencontre mieux l« deuxiéme fois,qu’au prenrier trait,Legros hyuer en Fe beaucoup , pourtant fe retirent és ca- uernes, nommément ceux qui portent des pierres - en £efte;la pluye trop grande les aueugle auf. 10. Le Muge eft fort lourdaut , car fefentant ‘prefsé;il cache fon mufle & fa tefte,& penfe eftre LRU LC 'efèn grand vilain,de fait fi on en rend vn és Viuiets, l’attachant à vne longue li- gne,& le laiflant pourmeneren la Mer,vn monde deMuges femelles le fuiuent iufques à bord à me- fure, qu’onle retire auec la ligne,ainfi prend on en Languedoc grand’trouppe de Muges ouucz, u de laitrez quäd les femelles bofent leurs œufs, 11.Le feul Eftourgeon a les efcailles tournées vers la tefte,aufli monte-il toufiouts contre l’eav, ce qui eft merveilleux, car à deffein la Nature ef- caille les autres,en façon que le defaut des efcail- les eft deuers la queue , afin que les Poilfons fen- dant le fil de l’eau , le courant n’entr’oturit leurs efcailles,& entama leurs chairs. 12,0n nomme les Poiffors coronnez ceux qui ont la chair fort blanche,& comme de coton,ou es Poiffons viuent delimon, ou d'alce, u ytresou-de mencs poiffons,ou d’herbes , les neilleursfont ceux qui ont le gouft des poiffons à efcailles. Les vns frayent,c'elt à dire, s’apparient - trois fois l’an,car on void des petits crois fois l'an. … - Beaucoup d'eux onc deux barbillons à la ma- choüere d’embas. | 14.Le Mulet on mourantchange dei cou " : «#8 CULSe Fos r | Les Poif[ons. 121 leurs, auffi à Rome Apicius Roy des friands , in- uenta de les faifander , & faire mourir en la fau- mure , & mefmes à table dans des vafes de criftal, pour auoir le plaifir de les voir crefpaffer,& tein- dre la peau de toutes couleurs. 15.Les Poiffons rendent par les ouyes l’eau qw’ils prennent par la bouche, quelques vns en ont plu- fieurs añn de rendre aifementce qu’ilsboiuenr,& humeut.Le vieil Poiffon fe cognoit à l’efcaille due re ; or Ls efcailles font ou pointuës, ou dures & cpcefies,cu faites à mode de clous, & de boutons, coinme ceux des iambieres d’homime d'armes, ou arrondics parfaicement,& bien entaffées l’vne fur l’autre , riules piolécs de diuerfes couleurs, bien coiécs à la peau,qui tiennent fort peu,de grandes, inenuës,&c.La grande pefche eft quand le Soleil eft loge au Poiflon. 16 Pour la Corpulence;il y en a premierement de plats,le Turbot : 2. longs , Lamproye, &c. 3, auec des aïfles,2.ou 4.3.8.14.les gliffans &longs n'ont point d'aifles,mais fe recourbenr,replicnr,& defnoüent pour glufer par l'eau,côme les ferpens rampent à terre;les autres nagent de plat & de vé- tre fans fe cowber, les autres trenchent l’eau des ailerons;d’autres coupent le fil auecle mufle poin- tu, à cétcffeét & affilé & appointé, afin d’efcarter les eaux,& le pouffer auantiles autres fe guindene amont,s'aidant de la queut,comme d’auiron, à la, mode de ceux qui s’appuyent à terre, de la rame pouffent le baftéau dans l’eau ; les autres fe dardét & vont à boutades, s’encre-repofant, & entre= couppät leurs cours;les autres font leurs gliffides tout d'ynetrainée fans interrompre leur vauiga= | 4 H 122 Chapitre XIV. tion. Les autres vont à fleur d’eau,& fuiuenr lé train des vagues , prenant Jeur pafle-temps à fe bercer,& aller au bräle de la Mer;qui va toufiours entre deux eaux;qui fur le grauier: qui fair {a vie aux rochers, & s’y attache;les autres nagent d’vn . cofté,n’ayant qu'vn bon œil,& l’autre eftant trou- - blesles autres fe gliffent feulement és eaux tour- nées,& troublées, les autres aimentle iour & les cailloux s’y frayans volontiers, &c. 17.Les Murenes laittées,qui font les mafles,sôt d'vne couleur, les œuuées & femelles entr’autres ont fept marques & fept Eftoilles d’or fur la tefte, difposées comme les Eftoilles du chariot, eftanc mortes,ces marques s’écliplent. 18. Les vns ont l’efpine qui trauerfe tout le corps,les autres ontau lieu d’efpine vn certain car tilage,comme la Raye,le diable de Mer(Ranapif[- catrix ) & ceux qui viuent de chair , tous lefquels mangent le ventre contre-mont,& font leurs pe- tits en vie , excepté le diable de Mer qui jette fes petits œufs,& les pole,& couue. 19.11 y a auffi les Poiffons à coques & coquilles, qui font leur bâde à part, les Nacrez & couuerts, armez toufiours ; d’autres qui volent & fe iertent en l’air faifant les Arondelles , comme le Poiflon .volant;la Ratepenade, Rôdole, &c. La Lanterne -eft toufiours fur l’eau , & de nuiét fa langue lui- .fante luy fert de falloc, & lanterne. Le Dragon -Marin a lebecfi pointu qu'eftant en danger il -faic vn trou du bec en terre & fe faune. … 20. LesMols ontlarefte entre les pieds, & le ventre , ils fe feruent de deux grands pieds pour s'agraffer à mode d'Ancres,afin que les Aots ne les empor Les Poiffons. 123 emportét en temps de courméte; des autres pieds - ils vont à la chaffe. Les Poupes s’aident deleurs bras comme nous de nos mains,& ont vn monde de boërtes fairres comme ventoufes,arrangées & comme enfilées {ur leurs bras, dont ils brifent les efcailles pour manger les huytres, donrils font forcfriands, leurs nids font couuerts de coquilles efcachées où ils fe mettent en embufcade, z1.Le petit Pompile efcoule l’eau de fon tuyau, fe mettant à l'enuers,comme s’il auoir efpuisé l’of- fer & la férine de fon Nauire;fur l'eau il recourbe en amont deux pieds qui eftendent & rident vne pellicule fort menuë qui fert de voile, ilramede fes bras à mode d’auirons,fa queué fert de timon; & piaffe ainfñ contrefaifant les fuftes, fe gendar- mant contrées ennemis; maiss'il a peur, ilrem- : plit fa coquille d’eau,& fait le plonge6.En calme il Va à rame en brigantin,quand le vent donne, il va à voile,& fe donne du plaifir. 22. Ceux qui font crouftus, changent leurs co- ques , comme le ferpent de peau, ortent à fleur d’eau, & nagent de flanc en biaifant, ils ont la chair molle,& flaque, & fans rerenué,fi on ne les fait mourir tous vifs en eau ou vinboüillant. 23, Les Cancres font meublez de pieds four- chus,dentelez en tenailles. Quäd le Soleil eft en Cancer , les Cancres morts à la rade fe changent en Scorpions, Bernard l'Hermite, c’eft a dire, le petit Pinnotere,fe cache & fe fauue däsles huyrres vuides,& fair vie retirée & afleurée.Les Heriflons fe feruét de leurs piqués pour prendre,la bouche eft au milieu du:corps;pour marcher ils fe tourne- bouléc & vôt en ronde,côme yne boule heriffée; ot 124 Chapitre XIV. or preuoyantla borafqué ils fe chargent de pier- res pour s’appefantir , de peur qu’eftant courne- boulez la rempefte ne Les emporte , & qu'ils n’v- fenc crop leurs poinçons. é 24. Sion ne prend les Pourpres viues , l’efcar- latte meurt auec elles, fi on les prend viues,on les efcache auec meules à huyle pour en tirerla ri- cheile des rofes purpurines pour parer les Roys. Les vnes font à mode de cornet,auec vn becrond, & vn peu incise à cofté, on le nôme Cor de Mer. Les autres iettéc leur bec à mode de tuyau,& font faices en poires,& ont fept pointes , & autant de reuolutions à fa coque , que chacune a d'années. La lägue eft fi dure qu’elle perce les coquilles des poilfonneaux, dont la Pourpre vit. Aufli pour les prendre on fe fert de Poiffons demy morts en ef- caille , car s’ouurant les Pourpres y coulent leur langueles autres ferrent leurs rafoirs , & vel pen- foit prendre;qui eft pris au tresbuchert. : 2$.Les Poiflons outrela façon ordinaire,s’en- gendrent de limon,de l’efcume attachée aux Na- uires , de raclures, comme les Anguïilles qui fe frayant contre vn rocher font tomber de petites peaux qui s’animent , & prennent vie? d'autres, comme {es coquilles S.Jacques , s'engendrent de la donceur du temps , des œufs efclos & couuez, d'œufs efchauffez du Soleil à la rade ; la Seche fouffle fur Les œufs pour les rendre bons; la Tor- pille & les Cartilagineux fort les œufs mollers d'vn cofté , & puis les mettent de l’autre cofté de leur ventre pour les efclorre , & a-on veu vne Torpille portant vingt petits Torpillons au ven- ie, Tous les Poiffons naifent auevgles. i * 26. Remora. 12$ 26.11 y a auffi des Poiffons de terre, apres les ragas & inondation d’eau , qui fe font des trous en cerre , les ailes feruent de pieds , ils remuent toufiours & guignent la queué en ailant, fi on les pourfuic trop ils fe gendarment debout, & fe metre en deffence,ils ont les ouyes{ c’eft à dire, aureilles,branchias, dit Pline )} comme le Pefche- teau,c’eft à dire,le diable de Mer: REMOR A. Car, .XW. ‘Empereur Caligula,cuida vn iour enrager , s’en retournant à Ro- me,auec vne puiffante armée Na uale. Tous les fuperbes Nauires, N tantbien armez, & fibien epe- ronnez fingloient à fouhait,le vent en pouppe, enfloit toutes les voiles , les vagues & le Ciel fembloient eftre partifans de Caligula,fecondant fes deffeins , quand au plus beau, voila la Gaicre Capitanefle & Imperiale, qui eft arreftée tout court.Les autres voloient.l’Empereur fe courrou- ce , le Pilote redouble fon fifflet, quatre cens Efpaliers & Galiors qui eftoient à larame, cinq à chaque banc , fuent à force de pouffer , le vent fe renforce,la Mer fe fafche de cét affronr,tour le monde s'eftonne de ce miracle, quand l'Empe- reur fe va imaginer que quelque monftre Marin, l'arre Y26 Chapitre XV. l'arreftoit far ce lieu. Adonc force plongeons fe precipitent en Mer, &'nageant entre deux mers, firent la ronde à l’encour de ce Chafteau Aortant; ils vont trouuer vn melchant petit-poiflonneau, d'vn demy pied de long,qui s’eftant attaché au ti- m6, prenoit fon palle temps d’arrefter la Galere, qui domptoit l’Vniuers. I sébloir qu'il fe voulut moquer de l'Empereur du gére humain,qui piaffe täc auec fes môdes de gendarmes, & fes connerres de fer,qui le font feigneur delaterre.Voicy,dit il, en fon langage de poiffon , vn nouueau Annibal aux portes de Rome , qui tiét en vne prifon flot- tante Rome,& fon Empereur: Rome la Princeffe menera fur terre les Roys captifs en fon triôphe, & ie côduiray en triomphe marin par les contrées de l’Ocean le Prince de l’Vniuers;Cefar fera Roy des hommes, & moy ie feray le Cefar des Cefars, toute la puiffance de Rome eft maintenant mon efclaue,& peut faire tout fon dernier effort, car tant que ie voudray, ie la tiendray en ceffe con- ciergerie Royale. En me ioüanr,& me ioignant à ce Galion,ie feray plus en vn inftant, qu’ils n'ont fait en huit cens ans,maffacrant le genre humain, & dépeuplät le monde, Pauure Empereur, que tu es Loin de ton conte, auec tous tes cent cinquante millions de reuenu , & trois cens millions d'h6- mes qui sôt à ta folde,vn malotru poiffonneau t'a rendu fonefclaue. Que la Mer fe defpire, que le vent énrage,que cout le monde deuienne forçat, & tous les arbres auirons; fine feront-ils vn pas fans mon paffe-port, & fans moncongé. Pendant que ce petit tyran de mer prend fon pafle-temps, les plongeons vous l'attrapent,& Le prefentent à Caligula, pu Remora. RE, Caligula,en faifant facrifice à {on iufte courroux. L'Empereur ne fçauoit quelle mine tenir, s’il de- uoit rire ou pleurer, voyät ce brigand, le vif Ar- : fenal de nature, où elle tenoit Les pl° fortes pieces de fes armées. En fin le pauure Caligula eut hôte de voir que ce petit diable de mer peut brider tou- te la puiffance de Rome. Les vns difoient, & où tient ce voleur cefte force indomptable, qui mal- gré toutes les violences de l’Ocean,& la furie des vents, arrefte vn gros Nauire , que tous Les cables & ancrestres-pefans ne peuuent afferimir fur le dos inconftant des marées?Les autres,& quoy vn malotru limaçon , liera {ur Mer , vn Empire fans cables , ancrera vn Nauire fans accroche, tiendra fans main vne armée flottante ? L'Empereur s’e- ftonnant comme ce diablotin d’eau deflous la Ga- lere eftoit rout-puiflant , dedans il n’auoit aucun pouuoir,& tréblotroit de peur à la veuë d’vn cha: cun.Voicyle vray Archimedes des poifsôs;car luy feul arrefte cout le monde:voicy l’aymant animé, qui captiue cout le fer,& les armes de la premiere Monarchie du môde; ie ne {çay qui appelle Rome l'ancre dorée du genre humain,mais ce Poiffon eft l'ancre des ancres.On appelloit à rome lupiter Le Stator qui arreftoit & affermifloit l’Empire Ro- main, à voftre aduis ce galand de Poiflon n’eft-il pas à bon efcient le Iupiter Staror de Romearre- ftant le Prince,là où rien nes’arrefte2O merueille de Dieu,ce bout de Poiffon fait honte;non feule- ment à la grandeur Romaine, mais à Ariftote,qui perdicy {on credit, & à la Philofophie qui y fait banqueroute;car ils ne treuuent aucune raifon de cét effort;qu'yne bouche säs dér,arrefte vn nauire ” poufse 118 Remora. Chap. ME. poufsé par les quatre Elemens, & luy face prendre port au beau mitan des plus cruelles, tempeftes; Pline dit que toure la nature eft cachéé comme en fencinelie, & logce en garnifon dans les plus pe- zices creatures,ic le crois,& quant à mcy ie penfe que ce pétit Poiflon eftle pauillon mouuant de la nature & de route fa gendarmerie, c’eft elle qui aggraffe, & arrefte ces Galeres; elle qui bride fans autre bride que le mufeau d’vn poiflonneau, cequi ne fe peut brider, Ou pluftoft que c'eft vn charme de nature , qui enchante les armées Na- uales,pour faire voir à l'œil que tous les hommes pour grands qu'ils foient , ne font-que les valets d'vn petit animal,qui ne vaut pas le manger , ny le pendre ; ny le prendre, veux-ie dire, car il ne vaut tien en cuifine , ny dans l’eftomach,qu'il empoifonne de fa fubftance. Las ! que ne rabba- tons-nous les cornes de noftre vaine arrogance, auec vne À fainéte confideration, car fi Dieu fe iotant par vn petit efcumeur de Mer,& le pyrate dela nature, il arrefte & accroche tous nos def- {ins qui s’enuolent à plein voile d’vn pole à l’au- te, s'il y employe fa toute-puifflance, à quel poinét reduira-il nos affaires ? f derienil fait rout , & d'vn Poiffon, ou pluftoft d’vn petit rien, pageant & faifant du Poiflon , il accable toutes nos efperances , helas ! quand il y employera tout fon pouuoir, & toutes les armées de fa luftice, hé !où en ferons- nous? TEM _ TEMPESTE ADVENVE à Naples , l'année mil trois cens quarante frois. Gas rx 2 V temps que la Royneleanne, la premiere ;, Naples cuida éftre A?) abyfmée , & enueloppée dans vne MN7/A9 cffroyable tempefte. Le iour de PASS (aintre Catherine , la Mer s’enfla de celle façon que tout le bas de la ville fut couuert de montagnes d’eau. Ceux qui eftoi- enc fur la montagne , fe leuans fur la mi- nuit furent horriblement effrayez. Car le Ciel eftoic cout en feu,& ronnerre {ur.ronnerre , fou- dre fur foudre, coup {ur coupiis'entrefuiuoyenc fi vifte, que vous eufliez penséique tout le Ciel tomboit en piece. Adonc tous les Religieux d'en- haut fondans en larmes, pieds nuds, portant la Croix & les Reliques par le Cloiftre , crioienc mifericorde , & fe jetrans fur le paué de l'Eglife, attendoient à chafque moment que le toiét leur tombant fur la‘tefte, les écrafa tout enfemble. D'vn cofté , lainui& & les cenebres tres horri- bles les efpouuäntoienc , d'autre cofte vn vent impetueux qui fecouoir les murailles, le mugle- | { | 330 Chapitre XVI. ment de FOcean courrouce & enragé, les cris de ceux qui s’aby{moient , & les larmes piroyables de ceux qui fe voyoient logezentre les dents de la mort : de façon que laplafpatt au prix de leurs vies euffent tres volontiers rachepté ces frayeurs, & le danger de la mort , pireque la mott mei- mes, parmy ceft efroy , & ces eflancemens la nuict fe pale, l'aurore qui a de couftume de fou- lager Les mal-heurs dela nuiét,redoubla le marty- re de ces pauures perdus. Car ceffans de crier mi- fericorde ceux d’enhaur, on commença à ouyr les miferables plaintes,& des cris aigus& effroyables d’vne infinité de perfônes vers la Marine , les ma- ris voyoiét leurs fémes à bras‘ouuerts,& criantes au Ciel & à la rerre vn peu defecours, les meres voyoient leurs entrailles & leurs petits enfans emportez par la Mer , qui eftoit defiaeftouffe, qui efcarrelé ; qui nageant d’vn bras la teite fen- dué,poufloit à terre pour fe fauuer , & la plufpart à la voué de leurs peres & meres, rédoiét l’efprit dans l'eau, fans pouuoir auoir aucune aide : ce n’eftoit deformais plus que fang, & que quartiers d’hômes pouffez à rerre,mais helas ! c'eftoit trop tard & apies la mort, que s’il eutpleu à la mer de leur eftre tant favorable que les charrier en vie jufques à la riue il y eut eu du fecours.Las,helas! quel eftar, toute la ville sébloitiwn charnier plein de morts, les vns morts d’eau, les autres de peur, & péfoit-on que la fin du tout lemôde fut venuë. Tous les Nauires & les Galeresfirent naufrage dans le port , & ceux qui auoient dompté toutes les frayeurs de l'Ocean , fans changer de couleur & de vifage , perdirét cœur & fens au beau 7. {1 Tempefle à Naples. 131 * du port & de l’affeurance. La pauure Reyne ac- compagnée d’vn monde de femmes éplorécs fans * mary, de meres defefperces fans enfans , de filles orphelines fans mere , de fantofmes animez,, à vray dire ,& de perlonnes qui n’eftoient ny bien . viues, ny bien mortes, rous pieds nuds, auec cris | & fanglocs.qui euffent fair fendre les marbrés,al- loienc par toutes les Eglifes de la Vierge Marie, criant mifericorde,& implorant fou aide, Quand voicy tout à coup vn nouueau & inouy naufrage, & malheur comble de tous Llesmal-heurs,la rerre - leur failloit deffous les pieds, & cômençoiér pen à peu à s'abyfmer en terre : Ah ! quelle frayeur, fe voir enfeuelir tout vif, & ayant efchappé l’orage de Mer,eftre tombe däs vn orage de terre.Ciel & rerre diloient-ils;où en sômes-nous:le Ciel rom- be fur nous en feu & flammes, l’air nous efträgle, l'eau nous abyfme, la terre nous faut,tout le mon- de s'enfuit de nous, helas ! Dieu s’en eft-il enfuy pour nous,& n'y a-il point de Ciel pour no’ oüir, de terre au moins pour nous enfeuelir. O quel cô- ble de mal-heurs!Ah peché,peché, où nous as-tu conduits , & quelle plus grande rigueur peut on craindre au iout du iugement, & quäd eft-ce que la Juftice de Dieu a monftre plus grande feuerité enuers les mortels. Pendant qu'ils difoienc , ils voyoienr tomber les maifons, branler les tours, ‘démanteler le Chafteau de Molo,& n'y a que face . de mort,qu’image de frayeur,&qu’vne efpece d’é- fer fur terre. Si cela eur duré dauantage, A Dieu Naples, A Dieu Napolitains, A Dieutout.Dicu le bon Dieu eur compaflion de ces pauures defef: perez , & lors qu'il fembloic que cout deuft fon- ot < ‘# 132 Chap. XVI. Tempeflea Naples. dre & s’aby{met , il commanda à la Mer qu’elle s’appaifaft , & fit retirer le vent, & adouciflane Pair & le Ciel, il les fic refpirer le doux air de la diuine cleméence ; mais helas ! qu’ils furent long temps deuant que pouuoir calmer leurs pauures efprits , autant ou plus agirez que la Marine mefme. , 133 RCANCARER Ness ÉD UDC V ; | LECTEVR DEBONNAIRE DE LA GVERRE. | x S o D ON DIEP,les hommes menrent-ils pas \L bien d'enx-mefines,mon cher Lettleur,sas | 4 > qu'il faille corner la Gucrresc® qu'ils S'en À CESSE 1re-mallacret les vns les aurres ainji bar- barement?Quel fpeëlacle de voir vie capagne counér- te d'homes tous arme? infqu'aux déts,en peu a'henres s'entre-conpper la gorge, faire bouillonner des torrens . de [ang humaine dans la campagne raft efleuer des montagnes de Corps morts É ietter tout cela à La Vos- rie © dans le ventre des loups & des befles faua=. ges? Cependant c'eff tous les iours qu'on void les gens Acharnez 4 cefle tuërie,@ fans cela æ mondè ne ferois pas monde :Il fallut pour monter au throne de lEm- piresque Cefar marchaff fur le ventre d'un million cens mille perfonnes de pauures gens écrafez à le Guerre dont le fang effoit capable d'abyfinerla ville de Rome, Cruelle boucherie! Or quand v'awvay bien criéscertes il n'en fera autre chofe;cr tant que le mode fera mondeje le vois bienil y fant de laguerre,Ë ce- Ja eff vn faire le faut. A'rout le moins 1 vom veux donner les termes, afin de lamatidire de meilleure gra- La detefter comme il fanr.Ce peu que ie vous don- ne ef} de bonne Guerre, @ que ÿ'ay appris des gens du meffier , © quien ons mangé en tontes nos derniers : Hz : 134 | Guerres. Chafqne Prouince a [ès termes,cha[que an- nee en germe de nonteaux, ceux-cyfont defia Vieux pendant que se les efcrits & n'y « petit Carabin qui n'en forge quelqu'un, @ veut bon gré,rnal gré que ce- la feit bien dit, puis qu'il l'a dit , © faut [e battre on bien le croire arnfi, De vous dire tout ,ce n'eff pas mon déffein , feruez-vous de ceux cy , adionflez y-en des autres @ vous me ferez plaifir, car C’eff ce quete pre- tends que la France foit enrichie de [es vhrefors , foit par mes mains, {oit par les voftres. Wous effes fi bon Lecteur mon amy, que s'ofe me promettre que vons m'aimerez de vous auoir rendu ce pelit feruice, moy ie vous aleure queie [eray iowfiours voftre bon feruiteur. Puiffiez vous, vou & #07 faire fi bonne Guerre,que now puiffions vn iour Conquerir le Re- Jaume du Ciel. 135 ses snninnanes AO TORORAOMO) Led. GVule -R RUB HET A BUAX VTT: pe GE Ef imple Soldat eft le premier échelon LA du merite,dont doiuent éclorre tousles " gardes Militaires , pour paruenir au poiné d'honneur. 2. Le Soldar s'enrolläten vne compagniesdoit donner vnre{pondant de fa perfonne, puis fait le ferment & figne,garde qu'il ne foit piste efcornifleur,querelleur, rapporteur. 3-Sans licence iamais il ne doit fortir du quar- tier,ny du corps de garde:s’il eft posé en fentinel- le il n'en bougera,non pas y alla-il de la viesmais mertra la ne he fur le lerpentin,ou la pique baf- {e, la pointe vers celuy qui pafle,iufques à ce qu'il ait baillé le mot au Sergent. 4. L’ Arquebuf ier, & le Moufqueraire, ait rou- fiours l’épéeaux pendans,& non en efcharpe, ny bandoliere,car celà fenc fon Lipan,ou Gaatier;il doit auoir fon fufl pour allumer fa inéche:aux al- larmes il la faut allumer aux deux bouts, raffref- chirle pouluerain du baffiner, mette 4. balles en bouche. L’Arquebnfe ne doit portér qu'vne-once: le e Moulgheu deux.La charge du fournimentdoir | LU 136 Chapitre XVIL tenir demy once,celle de la bandoliere de Mouf- quetaire,vne once de poudre. s-L’Apointé.eft celuy qui pour quelque acte fi- gnalé a du Roy paye & demie ; ou double paye; Reformé, eft celuy qui a eu charge, & fe tient au feruice du Roy vne pique fur je col, faifant office ” de fimple foldar,;attendanc que le Roy air égard à luy. Lanfpeffade eft vn cheuau-leger , qui apres auoir perdu cheual & armes,en quelque honora- ble occafion, fe jette dans l'Infanterie, prend vne pique , attendantmieux. Ce mor vient de Pied- mont;depuis on le fait Lieutenant ou aide du Ca- poral, ceux-cy doiuent eftre par honneur les chefs de file d’vn bataillon. 6. Caporal, ou chef d’efquadre d'Arquebufiers ou de Piquiers ( vne commune compagnien'en veut que deux } eftle pere de famille des foldats, qui en a foin,{on office principal eft 1a garde,chä- ger,vifiter les fentinelles,;receuoir les Rondes à la porte du corps de garde: il chaftie les larrecins de mefche , de poudre, ou balles qui fe font au corps de garde, & logis,en enuoyanr le criminel en fen- tinelle, La fentinelle endormie, ou qui quitte fa pofte eft griefuement chaftiable, Ses armes font vne halebarde,ou pique. 7. Toute Ronde doir le mot au corps de garde, . fi deux Rondes fe reñicontrent,la moindre doit le mot,les égales,paffenr:fi le Soldat rencontre vne contrerondeil la doit fuiure. | 8.Sergentieft le plus fatigant office de tous,car il eft cout, & tous fe repofenc fur luy:il ett Soldar, Caporal, Enfeigne, Lieutenant, Capitaine:on luy commet le foin du Drapeau.ll doit eftre bié obey fi quel . La Guerre. 137 fi quelque Soldat gronde, il luy faut faire fentir combien pefe la hampe de fa halebarde,s’il fuitil prend la fuitte pour obeyffance;ll reçoit tous les foirs le mor & l’ordre du Sergét-Maior,& ie por- teau Capitaine, il paetit Le butin, & la prouifion. Ses armes, fonc vne cuirafle à preuue , des man- ches de maille, vn morion fimple , lahalebarde, fans efpée. 9.L’Enfeigne,ou Port’enfeigne,iamais ne doit perdre fon Drapeau,qu'auec fa vie, ce doit eftre fon fuaire fi le c6bar eft mal fortuné:il deir auoir vne fencinelle pour le Drapeau, (quand il eft à la feneftre) car c’eft l'honneur, & la marque de la Compagnie,& Ja banniere du Roy. 10,Lieurenanr,eit le premier apres le Capirai- ne , il doit recognoiftre fi la*8#che eft montable % faire autres deuoirs, affifté roufours de deux Apointez,ou Reformez,il doit eftre armé de cuis rafle bien à l’épreuue,& de cafque,de moignons, de braffals à l'epreuue,& les raflerres aufli, puis auec deux poignards,fans efpée,ny autre, fors vn piftolet à la ceinture. En aflaut general, il doit eftre aupres du Poïrt’en‘eigne , afin de releuerle Drapeau en vn befoin. Autrement à l'äffaur ordi naire il fe mettra à tefte des piques, vne rédache à l'épreuue au col, vn cafqué en tefte, l’éfpee au poing.S'il mene des manches d’Arquebufers,ow Moufquetaires vn iour de bataille , il prendra les melmes armes. S’ileft À larefte des Piquiers , il porte vne Pique,qui eftla Royne des armes. 11.Le Capitaine en Chef des Arquebulers , a vne compagnie de trois cens homimes, à fçauoir, cinquante porcans phfirens,moriés à preuuc, les j 158 Chapitre . XV1L. manches de maille, vne Halebarde : cinquante Moufquetaires,deux cés Arquebufñers,vn Lieute- nant , Eenfeigne, deux Sergens,trois Caporaux. Compagnie de Piques eft de cent Piquiers,cin- quante Moufquetaires, cinquante Arquebufiers, va Sergenr,deux Capotaux. Les Apointez font l’elquadre du Capitaine, comme les Halebardiez enla compagnie des Ar- quebufiers. I] doit filer fes Soldats à rirer droit, de bonne grace : Item à manier dextrement la Pique , il ne les doit maftiner,mais manier honorablement & fans outrages. Sa monture foit vne haquenée,ouù bidet,car les cheuaux viftes & deferuice , font foupconner qu'il aime a recragst plus que la viétoire. 12.La batter! 1çoile eft la meilleure,&fon- ne mieux laumärche,& le Tambour donne mieux la cadence, que nulle autre nation, car elle mar- que diftinctement le pas graue du Soldar.Aux ai- larmes,le Tambour Colonnel doit fonner luy- mefme vne batterie plus ferrée, d’vne main lege- re,& d’vn jeu bien ferré. Quand on doit déloger fecrettement , il faut couurir le Tambour d’vne feruiette pour rendre le fon fourd. Ayant fonné l’aliarme, le Tambour doit leuer main, carc’eft erreur,de dire que le bruit anime , ains il empef- che de commander : il doi parents cefler prom< prement & couper court fans refrain, & leur ac- couftumée ballade,qui traine vn long efpace. _13.Le Preuoft & fon Lieutenant,dreffent le pro- cez aux criminels, quand le procez eft en eftat la Colonnel,les Capitaines,ëcc: donnent la fenrées ë _ La Guerre. 139 Si le cas merite la mort , on fait paffer par les ar-. mes:fi la faute eft perie on dône l'eftrapade: file fait eft plein de veigongne , le Colonnel fait pat fon Sergent-Major, dégrader des armes, puis le donne au Preuoft pour le faire pédre,ou fouercer, jamais plus il ne peat.porter les armes. fouz peine . de la hart. Le Preuoft a charge des Viuandiers,&. donne le prix aux viandes, fon droit eftlapremie- . re pinte de chafque ponçon percés,&cc. gs 14.La Legion en paix doit auoir douze Enfci- gnes,en guerre dix-huit.Le Chef fe dir Colonnel, qui reprefente la perfonne duRoy:il peut ferrer,, emprifonner , ains iuger à mort fes Capitaines, ayant fon Preuoft : Les Lieutenans & Enfeignes peuuent appeller deluyaux Marefchaux de Eran- ce,& au Colonnel Generäe l'Infancerie:Fran-.… coile, Ses armes font,s’il cofabat vne Infanterie,. vne Rondelle à preuue de Moufquer, vnaccou- ftrement,ou habillement de tefte à preuue de mef-. mc,le vife découuert,yn grand pennache,l’efpec à la main:de mefme à l'aflaut general. S'ilbatvne Caualerie,il s’armera d'armes complettes, toutes à preuue de Piftolets,cuiraffe;trois lames de braf- fals, trois des taffettes , vne Pique de Bifcaye en main. ; 2 a 15. Sergent Major doit eftre vn vieil Capitai- ne,& À le fecéd licuen authorité apres.le Colon- nel, c’eft luy qui met l’ordre parmy les Soldats, qui campe, qui donne rang: il porte yn bafton marqué à trois cloux de trois pieds de Roy, pour mefurer le terrain quand il met les troupes en ba- taille.Il doit auoir deux aides, qui foiér des Lieu- senans, Qu, &c. Quand il cominande ynechofe qui 140 Chapitre XVII. qui preffe,il adjoufte pafle-parole , comme balle en bouche;allume-méche,& paffe-parole:fi la pa- role ne paffé , il doit chaftier tout le rangoùelle aura efté arreftée.ll forme les manches, & plorôs, & files,& quadrilles d’Arquebufiers,& Moufque- taires’il fait faire alre.Luy ou fes aides quaud les bataillons ennemis font à tréte pas, fait aller deux à deux en efchelette donner la falué, & faifanr le limaçon vont à la queué recharger, & faire place à ceux qui fuiuent. 16. Bataïilon quarré ; bataillon en croifade, quand la Caualerie ferre de tous coftez : à l’Alle- mande : à la Romaine, le vulgaire : écartelé, à la Macedonienne. 17.Les Piquiers mettent le genoüil à rerre,pre- fenrantle fér au poitr#f"du cheual,le gros bour & le coude en terre,renät par le milieu,le Moufqué- taire entre-deux & par deflus,donne,a la refte des cheuaux:tantoit ils entre-croifent leurs piques,& Jardent les Cheuaux qui s’adudcenrt crop.S'ils s’en- tr'ouurent,ils font perdus.Qrand ils fçauent on- doyer la pique,& luy donner’ !e branle de la main droite,le coup eneft fort rude,mais garde qu'ilne merte le pied en faux; car à la moindre atteinte‘il {era porté à terre,& à Dieu mon Piquier. où 18.Pour'adextrer les Soldats, il Les faut ftiler à bien enteéndreles termes, & les pratiquer. Voicy les termes: . Dreflez vos rangs & vos files. Prenez vos diftances. A droit,à gauche. Demy-tour. Doublez vos rangs. Rangs, La Guerre. 14: Rangs,remettez- vous. Dermis files,la Pique haute, Serrez les files à droit. Doublez vos files. Détriplez-vous. Files,remettez-vous. Faitesla contre-marche. Ouures-vous à gauche. 19.Le Parrain de la Pique commädeainf.Per- tez ou mettez vos Piques enterre,de biais, plates, hauces;trainantes,prefentez vos Piques en auant, ou en arriere,de biais. 20. Les commandemens des Moufquetaires fe difent en ces termes. Appreftez-vous. fr 5 La mefche fur le ferpentin. Mettez en jove. Compalfez la mefche. Tirez. Soufflez la mefche. Ouurez le bafinet. Âmorcez. Secoüez le baffinet. Ouurez voftre charge. Chargez. Trainez la fourchette. Tirez la baguette, Bourrez ou preflez la poudre. Moufquet fur la fourchette,en contre poids de la main gauche. Moufquet fur l'épaule. Le Canon haut. 21.1] faut que tous ou marchant par p aïs,ouen | batail 142 Chapitre XVII. bataillon, fcachent bien démarcher à la cadéce du Tambour, commençant par le pied gauche, & fi- niffant par le droit tout enfemble. Quand vn des Tambours fait des fredons, que l’autre batte bien l’ordonnance,& joûe la fimplemarche. 22. Il doit auoir les charges de fa bandoliere pleines,vn pouluerih auec bonne amorce pour amorcer le bafinet , que la clef & le reffort du Moufquet joüe bien, le ferpentin auffi,le baffincc bier net, le verin fus Le ferpentin ne le doit trop ferrer,mais doit eftre proportionné!à la méche,en- tr'ouuert au befoin,la méche bien compafsée en- tre fes doigts,qu'il fçache mettre en joüe de bon- "ne grace la joignant bien au fut. 2 3.Pour fouftenir vn fiege il y faut mille cho- fes.La contrebatrerie eft bonne : mais non pas de mire en mire,& en face, mais en roüage , autre- ment l’ennemy vous emboufchera, car il eft plus aisé de pointer le Canon debasen haut, que de le plonger du haut en bas. Les premieres volées de Canon emportent les gabions , & platte-for- mes ,8& puis Dieu fçait s’il fait bon donner dans les flafques. Derriere la contr'efcarpe il faut fai- re force trancherons ; auec vh corridor vn peu large,il faut auoir du plomb fondu, huyle boüil- lante,des pots à feu,des grenades , & des cercles, des plarines de fer percées de deux canonnieres, &vne mire deflus, des barillets de cuiure bien bandez,des petites pieces à grand calibre char- gécs de cloux,chaines , dez de cuiure , carreaux d'acier ; Item deux chaudieres abouchees & bien foudées pleines de poudre font va terrible ef- echec, crochets à quatre crampons ? vn De cula | LaGuerre. 143 _culaffe en haut il applatira les logemens, & les gens comme punaifes, du feu Grec où on met force camphre , &eauardant. L'embrafure des Canons, c’eft l’ouuerture que l’on fait au Canon caché däs les bouleuars pour tromper J'ennemy, qui n’attendoit pas qu’on luy parla par ce cofté- Ja. Des cafematres,gabions. 24. Les hommes d'armes eftoïent armez ces années pafsées d’halecret auec plaftron , cuirafles auec les taflettes , le sorgerin , des foilerers, des greues entieres,cuiflots,gantelets , armet auecfes bannieres;auant bras , Gollets & grandes pieces, ou hautes pieces , le tout garny de mailles aux de- fauts ; Leurs cheuaux eftoient bardez & caparaf- fonnez , auec la criniere& champ-frein. Pour ar- mes offenfiues au cofté l’épee d’armes,l’eftoc d’vn cofte de l’arçcon,la mafle de l’autre:vne groffé lan- ce au poing,vne cafaque nommée robbe d'armes, de mefme couleur que l’Enfeigne de la Côpagnie. 25 .Les cheuauxlegers,armez de hauffe-col,hal- lecret auec rafferres jufqu’au genoüil, gantelers, auant-bras épauletres,vne falade à veüe coupée;la cafaque à la couleur du Guidon. L'épée large au cofté,la maffe à l'arcon,la Lance au poing. 26.Les Eftradiots comme ces derniers,mais au lieu d’auant-bras &gantelets,ils ont des manches &c'gands de mailles,& la Zagaye, & Archizagaye au poing,longue de douze pieds, ferrée aux deux bouts, leur corre,ou fobreuefte d'armes, courte & fans manches, 27.Les Argolers de mefine , ils ont vn cabaffet en celte qui n'empefche de coucher en joüe,outre la male ils portent l'arquebufe à larçon dans vn | four 144 Chapitre XVII. fourreau de cuir bouüilly : Tous ces gens combat- roient en haye,les rangs de quarante en quarante pas l'vn de l’autre. 28. Maintenant les chofes vont d'autre pied. Les Princes, Officiers dela Couronne, Gouver- neurs des Prouinces,ont des Compagnies côplet- tes de deux cens Maiftres. Les autres Seigneurs de cent.Leurs atines font desgreues &grenouillieres dedäs ou deffus la botte;la cuiraffe à preuue d’Ar- quebufe deuant & derriere,vne Efcopette au lieu de Lance,vn Piftolet chargé d’vn carreau d’acier, d’une fléche acerée,l’eftoc au cofté, il n’eft necef- faire qu’il trenche beaucoup,car les eftramaffons ne valent rié à cheual.Le Maiïftre eft môté de deux beaux cheuaux de feruice, & vn fort mallier,il au- ra la felle arméc,champfrein.le poirrail garny de cloux à large teite , vne chefnerte à la bride pour s’en feruir au cas que les refnes faillent. 29.LesCompagnies de genfdarmes feront qua- cre brigades,pour chaque Chef la fiéne;au refte il faut faire côte de ne mourir iamaisque le cheual ne foir mort:Autrefois il y auoit peine dela vie fi on fuioit ou fe rédoit ayantle bras droit entier & le cheual en vie. Quand la Tromperte fonne la charge , les enfans perdus feront la falue , &:eux tenans à demy-brides tireront l’efcoperte , l'ap- puyant fur le point de la bride : pour le Piftolec ayant le chien couché;ils ne le tirerôt qu'appuyé, dans le ventre de l’ennemy , dans la premiere où deuxième lame de la taffer te:que s’il péfe ne pou- uoir faire faufsée, qu’il dône à l’épaule ducheual. 30. Les trouppes des cheuaux legers font de céc Maiftres faifanc trois quadrilles : ils font armez | d'armes 4 La Guerre. 145$ d'armes complettes , la cuiraffe à preuue, le refte leger, vn Piftoler à l’arç6 fous la main de la bride, À l’autre vne Salade ou habillemét de tefte,& aux grandes traites le facher d’auoine en crouppe. 31.La Lance de la Corherte eft plus courte,& le drapeau plus petit que l’Enfeigne des géfdarmes: la Cornette s'attache en écharpe derriere l’affeille du bras gauche. L'Enfeigne fe porte croisée deuär Feftoinac, & s'attache auec des chaines de fer. 32. Les Carabins font armez d’vne cuiraile ef chancrée à l’efpaule droite , afin-de mieux cou- cher en iouë,vn gantelet à coude pour la main de la bride , vn Cabaflet en tefte, vne longue Efco- pette,vn Piftolet;ils portent des Cartouches à la Reiitre pour charger habilement, chacun vn bon cheual vifte. Quand la Trompette des cheuaux Jegers {onne vn mot feulement, tarare , celuy.des cheuaux legers fonne la charge tout au long , & au galop s'en vont donner la falue puis faifantle caracol & paffant à gauche vont recharger; puis les cheuaux legers donneront à toute bride. Le premier coup de Trompette, c'eft boutefelle ; Le deuxiefme, c’eft à cheual;Le troifefme,à l'Eften- dard & puis plus. 33. Les hommes d'armes portent des cafaques de couleur de l'Enfeigne:Les cheuaux legers s'ar- ment à crud ( c’eft à dire, ilsne couurencleutsar- mes de rien )les Carabins ont des mandilles de coulenr de leur Cornette. | 34. Lesvolontaires bien montez enflenrbeau- coup noftre Caualerie , notamment la Cornerte blanche, oùils fe jectent pour acquerit de l’hon< neur. su LL e j K 46 Chapitre XVII. man Sentinelle,ou efcoute que fait le guet, Hallecret fans braffals ne faudieres , ou corcelet; _ vn homme hallecreté. Salade ,habillemét de refte d'vn homme de pied. Armet , c'eft d'vn homme d'armes, le Tymbre en eft l’ornement , & la plumache ; Item fe dit Heaume, Bafiner,& la vifiere du baffiner,Mo- rion,Cabalfer, (Hifpanice cabeça rc.) Haubert , c'eft vne cotte de mailles à manches & gorgerin,diminutif hauberge6, & 1à deffus vne cotte d’armes de fer à lambeaux en la faudiere. Cuiraffe auec fes taffetres pendillantes, l’arreft où l’on appuye la lance. Affeoir le corps de garde. Seietter hors des rangs pour donner fur l’enne- my, & le charger. Ranger fes gens enbataille. Le Canon fait vne faufsée prefque incroyable dans la muraille, & du beau premier coup, fait iout bien fouuent. La poudre du Canon groffe-grainée. Le renforcement de culaffe des pieces pour fou- ftenir la violence du Canon defchargé. Vn Cauallier ou plate-forme , faite de gazons, fafcines & Parapet , accompagné de fes cre- néaux & batbacannes. Des platte formes on iette des ponts volans fur la muraille,pour aller à l'affaur. Quintaine ou laquemart de bois pour exercer les ieunes foldats à faire leur apprétiffage milicaire. Contr'efcarpe;ou bord du fofsé,ou le blanc. Palliffades, douues,rempart, valon,c’eft à dire, la | | cloftu La Guerre. 147 clofture;afin que la ville affiegée ne foic fecou- ruë, ou que le Camp foit affeure en campagne, l'enceinte du Camp. Le Cords eft celuy qui conioint lacourtine de la muraille auec le Parapet, & creneaux où fe mettoient jadis les chardons de fer, & four- ches branchuës. Parapet ou auant mur(Lorica) a en foy les crencaux (Pinna) auec fes gabions, fon glaflis & canonieres. Noftre vieille gendarmerie’auoit des cheuaux qui ne fçauoient autre maniement,ny tour de bri- de,finon qu’aller toufiours en auant en ordon- nance ferrée,pour enfoncer l’ennemy de front, fans volriger à gauche ou à droite, prendre la charge,galopper en rond,fe manier en paflades de pied coy,à courbettes,& autres celles finge- ries , quine font qu’accouftumer Îes jeunes gens à auoir peur , defloger de bonne heure,& fuyr de bonne grace. Vne Targue. La trouffe pleine de fléches. Tacque-de-mailles,ou toile faite à œillets. Manople ou gantelet auecle canon. Vhne falade à vifage ouuert fans bauiere. Efcu ou Zagaye. Cabaffet en tefte, Le tuyau du; cafquet d'où fortle pennache qui s'aualle fur l'efpaule. Gros Morion. Cotte d'armes. | | Corcelet garny de taffettes iufques au genoiil. Braffals ou efpaulertes iufques au coude. Les Greues aux iambes,;ou Cuiffards. ‘ K 2 \ 143 Chapitre XVII Donner l’efcalade, ou faire vne fappe. Recognoiftre & tafter par quelque efcarmoue che, l'ennemy. Compagnie de gens de pred. Capitaine. Lieutenant. L'Enfeigne. - Le Sergent. | Fourrier. Tambour. Phiffie, Caporal. » Lanfpefflades armez de corcelets. Lanfpeffades,Arquebuficrs morionez. Piquiers. Caporal d’Arquebufñers. Arquebufers morionez. Pour vne compagnie de deux cens hommes de pied, faut fept cens trente trois efcus chaque mois. L'armée fair alre, Diellér la pointe du bataillon, là où l’ennemy preffe le plus. aie Dreller vne elcarmouche. Donner decul & de refte dans l’ennemy.. Fauifer vn rampart, c’eftä dire, rompre;enfoncer. Es camps volants;il faut que le bagage foir leger. Ceferair vne chofeinfinie de vous dire # les BE rata La Guerre. 149 ‘ftratagemes de Guerre, les efcarmouches,les fail- lies, Îles camifades données de grand matin , les farprinfes , les embufcades affifes bien à propos; les feintes pour attirerles niais en quelque mau- uais pas , les aduantages qu’on prend fur fon en- : nemy;les rufes des affaillans, les mines,'les fauffes efcalades pour en donner de bonnes & bien à propos,les grenades,les feux d’artifices,les affauts,’ les machines de Guerre , & les inuentions des in- genieux, les trenchées , mille fortes de belles in- uentions & toutes mortelles. Tout de mefme les defenfes des fouftenans & affiegez comme ils efuentent les Mines , comme ils font les forries inefperées, ils renuerfent & efchelles & Soldats dans le fofsé, reparent les bréches,font des con- tremines,lancent mille feux, & mille morts,com- me ils prennent leurs aduanrages,fe tenant à cou- uert de Moufquerades,& des foudres du Canon. En fin la crainte de la mort,le defir de la viétoire, le courage,les hazards,& les longues experiences inuentenr tous les iours quelque chofe,& Jes d'èr- niers venus difent hardimenc que la vicille Guér- re & les vieux genfdarmes ce n’efl que vraye niaiferie. Bref, celuy qui fçait mieux frapper > &c fe mieux garder , c’eft difent-ils, le plus habile homme du munde. À se Lt ) ù ÉRIC | AN:LECTE V KR: SAINT A IV de nos vieux Ganlois,voyant nos ieu- > nes gens fi afpres an manege des Che- naux, © à frequenter la Salle des Ar- mes, difoit qu'ils appreneient le premier pour S'enfüyr de bonne grace;l'autre pour eftre poltrons fort honorablement. Nos Paladins ne [cauoient qu'un fenlpaflage eflant à Cheual, c'eff à [cauoir de donner droit dans l'armée des ennemis, © fe plonger au plus fort de la meslée:@ touteleur Efcrime confiffoit en vn point,de plonger toufiours leur efpée iv [qu'aux gar- des dans Le dos de leurs ennemis: mais de [cauoër fai- re tant de caprioles 4 Cheual,reculer,voltiger, fuyr les coups © les haZards, G* au bour de cela faire le bra- ue. Ce font,difoit-il,galanteries de Dames[eaux ,non . pas prouefles de genfdarmes Françou. Ce tirage des Armes,eft un vray tnage des hommes (s'il m'eff per- mis de le nommer aÿnfi) car ces ieunes morueux, fi toff qu'ils ont apris de tirer deux coups d'efpées la brerte a la main, ils croyent éftre innincibles les mains leur demangent,& fols qu'ils font © efceruelez, sls fe figu- rent qu'ils tuéront Annibal S'il le rencentrent. A la moindre occafion les voila fur le pré aux fols ; l'efpée blanche à la main , la ou ayant fendu cr percé l'air en var, © donné d'effec & de taille, fendant le vens = | | 04 | wént en quatre doubles , l'autre vons leuÿ porte ur | coup d’effoc droit danslé cœur , les tué comme des veaux, G voila mon Efcrimeur renuersé tout roide mort, © fon ame à tous les diables: Falloit il encor treuuer vn artifice pour tuër les hommes de bonne grace » comme fi les hommes ne pounosent pas mionrir aisément d'eux-mefmes en cent mile façons , fans qu'on leur apprint de fe tuer l’un l'antre. Helas\a-or figrandenuie de mourir , © y fant-sl rant de JRsns de faire, @ [e iotier en maffacrant les hommes ! car ot eff bie allé infques à certe extremité d'appeller le ex d'Eférime,® le plaifir des Armes. © Ieu fanglant 16 plaifir homicide ! les Tigres mefmnes , @ la plus fiere barbarie samaïs ne bat ceux de fon efpeces Fhomme Seul apprend la façon de ma[acrer de bonne grace, 6 en ionant,les hommes innocens, ne s'en fait que ri- re. Tant on fait bon marché de la vie des hommes. Toutema colere, Leteur mon grand amy;,ne deffour- nera pas ces follaffres; Fennie vons prend d'en parler; @" leur dire des iniures,ie vous y veux aider, © vous reprefenter quelques termes de ce mauvaïs meffier; Pour pen que se vom en die, vons n'en féaurez qe trop. Adien mon cher amy. HESRReS L B',TIR AGE DES Armes. Cars "ZA VIIL PM N appelle Fleuret, ou brette, vne AU efpée rabbatuë & fans pointe. Le Qu SN] bouton, c’eft le bout de l’efpee rab- & batu & ramafsé en bouton.Le bout _ du Fleuret, c'eft l’efteuf, ou cuir rembourré qu'on met au boutafin que en don- nant on ne meurtrifle. Aufli dit-on au garçon, mettez vn bout au Fleurer. : 2. Lagarde C’eft ce qui eft fur lapoignée pour couurir la main : Le fort , c’eft enuiron vn pied de longueur depuis la garde ; le refte iufqu'au bout fe dit le foible de l’efpée.: 3. Quand on fe prefente en la Salle,on deman- de,Monfieur, voulez-vous faire ? ou voulez-vous faire affaut, c’eft à dire, voulez vous tirer des Ar- ._mes?Puis ramällant &décroifant les Armés, voire par honneur les baifant, on dir, Meflieurs gardez les yeux ,&'eft à dire on fe defend mutuellement de déner au vilage.Si malheur porte, que lecoup efchappe,& qu’on le porte au vifage,aufii toft on met bas les Armes, & va-on accoler celuy quia reçeu,& comme le prier d'excufer le hazard. 4 Le Le Tirage des Armes. 153 4.Le Maïftre d’Efcrime ne fe bat quai jamais, mais il y a vn Preuoft(c'eft à dire,comme Lieute- | nanc & foubmaiftre ) qui fe bat, & qui fouftient | cout affaillant, Le Maiftre void, infttuit, donne le hola quant le fang s’efchauffe;marque les fautes, & inge des coups. | ! s. Lesbons coups s'appellent botte franche, quand le Fleuret marque lecoup tout entier, & donne rout droit,&en plein;fi ce n’eft qu'a demy, ou en paffantiils appellent cela marquer. 6. faur eftre en mefure pour donner, ou rece- uoir le coup,c'eft à dire, il faut plärer le pied droit \ deuanr, bien ferme,& en pofture afleurée , maïs ifnelle.Eftre hors de mefure,c'eft quand on eft ou trop aduance en danger de tomber,ou pancher,& -donner prife à l’ennemy,ou trop reculé,ou le picd en lair,&c le corps en balance, & peu affenny. | 7.On dit eftre en efchole, c’eft à dire aiufter fon corps,& le porter droit où il faut,comme fon dir garde le bouton; pour ajufter & eftreenefcho- le,il faut donner droit dans le bouton.Si onnele fait,on dit qu’on n’eft pas en efchoïe, c'eft à dire, qu'on a oublié,ou bien qu’on n’a pas encor bien appris les rermes & les coups de l'efchole, On dir auffi ajufter le coup,ou non ajufter. 8.1! faut auoir roufours l'œil au guet,& fur l'eæ- nemy, fur tout à fes yeux;car fouuent il darde là fon coup d'œil;où il veut porter la pointe de {on c{pée,ainfi oh fe mer en deffenfe.Quand on leue le pied droit pour s‘aduancer , on appelle cela le temps;de là prendre le remps, c’eftbien à propos s'aduancer;gaigner le em ps,c'eft preuenir votre homme,& pendant qu'il fe difpole à prendre fon pl 154 Chapitre XVIII. temps vous le preuenez. Ainf perdre fon temps; c'eft quand on ne fçait pas bien mefnager cét ad- uañcement de pieds. 9.On dit porter vne eftocade, la receuoir : pa- rer, donner, enfoncer fon homme, retirer le pied en arriere,faire vne gliffade en arriere, lafcher le pied,donner vn faur.Apres le coup,il fe faut auffi toft remettre en melure,c’eft à dire , le pied droit deuant planté bien ferme, & le corps bien aflis, autrement on chancelle aisément. 10.Il ya plufears feintes,la droite,la haute, la baffe,à l'entour du poignard,aux yeux : Les niais s’amufent à faire parade,& des feintes en lair , & faire la befte,mais il faut toufours prédre la fein- te pour le coup,car fouuent on tire fans feinte, & pour bien faire il faut que le coup fuiueimmedia- tement la feinte. 11 faut aufli que ile pied &'de main aillent tout d’vn remps.lamais il ne faut re- tirer le bras & le pied pour mieux donner, & de plus grande roideur ; c’eft vn erreur populaire: jamais il ne faut reculer, mais toufiours aduancer & pouffer.Car en retirant pour donner,l’ennemy void venir lecoup, & pendant que vous retirez il vous preuient & vous donne. 11.S’ouurir ou fe denneren perfonne,c’eft quäd ou pour attirer voftre ennemy & le tromper ; ou par!mefgarde vous defioignez les armes, & mon- ftrez tour voftre eftomac , & toute voftre perfon- « ne, faifant beau ieu à voftre ennemy pour vous percer tout outre.Se ferrer au côtraire,c’eft ioin- dre fes Armes, & quafñ couurir fa perfonne du Fleuret ou de l’efpée blanche,& du poignard. 12.Rifpofte;s’appelle quand on donne & qu'on reçoit LeTiyage des Armes. 15$- reçoit quafi en mefme temps.Ainf dit on,ceftuy- Ja a la rifpofte prompre; car il vous refpond , & | vous reftitué tout aufli-toft le coup que vous luy auez prefté.Ceuxquiont bien les Armes en main, ne craignent pas la rifpofte, d'autant que le fort de leur efpée les pare. | 13. Quifçaitbien manier l'efpéen’aguere affai- re de poignard pour parer aux coups.Car du fort il prend le foible,c’eft à dire,il reçoit la pointe de l'efpée de fon ennemy fur le fort dela fienne,& la fait voler en l’air,8& la rompr,;ou au moinsefquiue le coup.Vn des grands fecrets,c’eft de fçauoir bié mefnager le fort de fon efpée,c’eft vne inuention d’vn braue Maiftre du ieu des Armes. 14.On dit pañfer, lors quel’vn s’ouurant trop, ou n’eftant bien fur fes gardes, l’autre luy donne vn coup en plein,droit, &'comme s’il luy vouloir paffer {ur le ventre, & apres luy auoir donné le coup à trauers il le vouloit renuerfer furlepaue. Or fi celuy à qui on porte ce coup , fe rourne de cofté, retirant le pied droit en arriere , le coup pafle en l’air,& luy cependant porte droit aucœur le coup d’eftoc qu'on luy vouloit donner , & cela fe dit,Quarter,c’eft à dire,en efquiuät le coup de celuy qui veut paffer fur nous;ou nous pañler l’ef- pée à trauers le corps, nous deftourner vn peu, démarcher,& puis l’'enfiler luy-mefme. 15.Onn'vfe point à cette heure de taille,d'eftra- maflon, ou femblables coups ? cout paffe mainre- nant en eftocades, & donner de pointe pluftoft que du trenchät de l’efpéescar ce font horions, & vrays coups de Suifles , & d’Allemands , que ces reuers ,; & coups ramenez à force de bras pout aualer 156 Chapitre. XVIII. aualer vne efpaule,ou coupper vn iacret tout ner. —— CR SRE ï. Tout cecy ie veux encor adioufter que En- toifer l’arc(c’eft à dire,bander tout ce qui fe peut)encocher la fléche fur 1: corde;faire fiffler le volet ou le trait,& l’aflener où on vifeau defaut des Armes, faire grande fauffée(c’eft à dire,percer & fauffer les Armes,& plonger bien auant dans la chair viue)donner entre fer & fer:& entre efcaille & cfcaille,&c. 2.Tirer vne feinte,puis donner ailleurs, prefen- ter dru & menu l’efpéc droit à la vifiere ; démar- cher pour faire perdre les coups en vain;& fe def- rober des atteintes,tantoft en parant , tantoften rabbatant de fon efpéc.Faire tomber la rempefte des coups à faux ; Se couurir brauementfans eftre entamé des coups. 3. L'homme fe voyant fauffé en diuers endroits, pour faire à quitte oudouble,;empoigne fon efpée à deux mains,efpée vierge encor & à ieun du fang de fon ennemy,& de routes es forces ramene vn grand coup;pour efbloüir fon ennemy;,s’efcrimer en l'air,& le fendre à quatre doubles. 4.Sentrechoquer de droites atteintes les efpées traites & fe mefurant lun l’autre;il faut auoir bon pied,bon œil au guet , en poftureafleurée, s’ac- cueillir fur la defenfiue;& fe tenir à couuert. ÿ-Efpandre à pleinespoignées toute faforce re- doublans & fes fendans;& fes eftocades,delchar- ger vnhorrible'coup de taille,&efcailler les armes de {on ennemy?darder de roideur le pommeau & Ja > Le Tirage des Armes. 157 la garde de fon efpée rôpuë,&cdu coup vireuolter & eftourdir fon homme. | 6.Se blanchir de fon efpée, marreller & faire eftinceler de coups fon ennemy armé:plonger iuf- ques aux gardes;percer à jour fon ennemy;larder de coups;eftonner &c eftourdir de la pefanteur du coup, faire defcendre vn fendant ineuitable, por- ter Le coup au cœur:& mille femblables cruautéz bonnes à tuër les hommes , neceffaires pourtant à plufeurs pour vne jufte defence. PRE PREFACE AV LECTEVR DE L'ARTILLERIE. qui infpira ce mal-heureux homme S qui le premierinuenta l'Artillerie,& FAARUIR le moyen de tuer tout vn peuple d'un feul coup de ce tonnerre. Helas\la mors venoit-elle pas alex viffe nous couper la gorge à treftous, fins luy den. ner des aifles, empennant les fagettes homicides, afin qu'elle volaff pour nousontrepercer ces cœurs?Que di- roit 10) Pline,qus fit sadis figrand vacarme , Cietta tant Étant de Ji hauts cris,maudiflant celuy qui auoit aitaché des plumes aux dards € ianelots pour redou- bler la courfe de cés pointes meutrieres? Ah Dieu ! en combien de façons la felonnie barbare des hommes tres-cruels, a-elle façonné le fer pour mal[acrer les hommes? Efpieux halebardes,laces,piques,efpées.efpa- dos,efpées à deux mains,cimeterres 'efpées de combat, efpces de fernice, Alalchus, > coutelas, d'effoc,C de fendant d'efframafje &horribles,de enpra PAS 3 coupant l'acier, Gr les charrettes ferrées, ques po nards ; filets ; demy efpées , & dix mille façôns de. | couffcaux 159 couffeaux bomicides,haches,G"couperets,braquemarts tous fanglants. Las!ront cela r'eff rien qu'un leger ap- prentiffage de la niaife antiquité, car maintenant on va bien plus viffe aux meurtres, © au carnageile feu du Ciel tant effroyable,Ÿ les quarreaux des wuées & de Dicu ne font plus rien, vous contez les bajtons à feu qui rauagent lemonde: Piftolets fimples & doubles, Piftolets,Carabines, Arquebufès, Monfquets gros € petits,petards,pots,cgrenades, Fauconeaux pieces de capagne,Couleurines, Dragos, Berches,Pierriers,Ca= nons gros @ petit,renforcez, redoublez, endiablez 4 vray dire, Artillerie de fonte, de bois,de terre, de mer, beuches d'enfer qui vomiffent du foulphre,des cailloux, des boules de fer,des chaines,des foudres,des morts,des enfers,bouleuerfant les villes, faccageant les peuples, renuerfant les armées entieres,@ d’un faul coup don- nant plufieurs morts,éd'une verte compagnie faifant vne mer ronge, un cimetiere couuert d'os € de corps vifs Ÿ morts tout enfémble , reprefentant furterre les bourelleries d'Enfer . Falloit-il ainft abufer du fer, ce metail innocent crée à bien meilleur ufage?c falleit-sl tant d'engins pour tuer les hommes,qui peuuent ,helas! eftre cffouffez d'un feul grain de lenain, d'une gout.e d'eaw rombante du cerueau,d'un lopin de pierre,d'un. pepin de raifin,d’un cheueu aualle en beuuant , d'un filet d'air empelté humé par mefgarde ,'d'un atome de fable, d'un rien pouuoit-0# point mourir [aus les balles rarnées, fans Les balles de vif-argent, qui d'une balle font cent balles, fans dragées d’ Enfer, fans quarreaux acere? fans plomb,fans fer, fans acier façonné en bon- les malbeureufes meurtrieres de tout l'Uniuers ? de- pis que le monde 4 ouy rorfier ces Canons, chanter GesOrgnes arangées, fiffier ces fiuftes diaboliques,iouer 4 * ces 160 | ces effeufs bomicides , vomir ces gorges infernales, | voler ces morts enfonphrées,a la verité le monde »’eff lus monde;mais vn grand charnier,ow bien un échaf- faut où les homes [e conppent la gorge 4 milliers cr: où Cefar ne pent monter as throfne I mperial quelpaffant far le ventre d'un millon © cent mille perfénnes efcra- sées fous fes pieds. Mon Dien,quel marché d'hommes, € dela vie des hommes! Amy Letleur | ÿaimerois anieux t'aider 4 encloter toute l'Artillerie du monde, G'encefleindrela memoire , que de t'apprendre a en parler. Maïs puifque cela nefe peut, au moins tete veux aider quand illes faudra maudire, € les de- teffersa fin quet#-fache par quel bour il t'y faut pren- dre,@r en quels termes ilen fandra parler. 161 22 Dear Beau Des ea 3e EXC -Ecioz- Éo3- FRS SE NE RSR se DE L'ARTILLERIE" CHAPITRE XIX. | 7. 2 Pl E ce diray donc que l’inuention de l’Ar- “tillerie vient de l'Alchymie, qui parles * fubtiles diffolutions recoonoit les na- tures, les qualitez, le fixe,le volatil, E combufti- ble , le cendreux, l’efprit des meraux, & les allie, difloud, fond, refloude ,& tourne en mille facons & vlages. > 2. Ilya dapsence que l'Allemand qui Pin- uenta l'an 1378. Fapporta de la Chine, où elle cft dés fort long- temps. 3-On en a inuente qui nefe charge que de vent auec vne firingue , comme auñli des Har quebufes de bois , qui MAR. ont ne faufsée ; incroya- ble n’eftant chargées que de vent. 4. Si la balle ef trop lafche , elle ne reçoit bien Ja furie de lapoudre CH ALES & le coup eft lent; mais fi elle eft trop ferree & enfoncec , ne pou- uant eftre chaflee, elle fe donne iour en haut & creue le Canon. s.Plus le Canon eft long,plus roide eft le‘coup, à caufe que les vifs rayons font retenus plus lon+ guement, & impriment vne vertu plus violente à la balle , & pource les Couleurines portent plus loing que les gros Canons. | L ‘ s4 st 162 Chapitre XIX. *6. La balle ronde va plus vifte que la quarrée,ow griangulaire,& trenche l'air plus aifément. 7. L’anfe du Canon c’eft le canal dans lequel fe coule la charge : le iour c'eft ce qu'il y a de diftäce entte la balle & le metal,c’eft à dire, la difference du diametre de la balle, & celuy de la bouche. 8. Lalumiere , c’eft le trou par où on donne le feu. Pointer ou mirer le Canon c’eft tourner l'a- me du Canon droit à vn poiné&t qu'on a choifi pour y donner. L'angle de la mire oblique eft ce- luy qui eft compofe de la ligne orizontale , & de la vitée de l'ame. 9. Portée du Canon de point en blanc,c’eftla droite ligne que décrit la balle iufques à ce que la pefanteur d’icelle commence à vaincre la force mouuîte,& de decliner en l'arc de fa cheute.Por- téc moyenne, c'eft la portee de point en blanc côduite droit iufques à ce qu'elle rencôtre le per- pendiculaire qui feroic efleuee fur l'horizon du point où tôbe la balle.Portee morte,c'eft ladiftan- ce du Canon & du lieu où rombe la balle en terre. 10, !l faut que l'ame du Canon foir droit au mi- tan du meral:& que la bouche du Cano loir fciee à droit angle fur l’axe de l'ame , & que le Canon {oit fufpédu en fon fuft,fur deux piuots, & balan- cé de forte qu’il puilfe eftre mis en quelque angle que ce foir auec lhorizon.Pour le balancer iufte- ment les fondeurs diuifent l'ame ou le canal en fept parties ils en prennent quatre depuis la bou- che,& en laiffent vers le fond de l'ame crois,aufi Ja culaffe pefe toufiours vn peu plus. On applique donc les piuots ou tourriens à la quatriéme partie de l'ame, & les attachent és maniuelles du fuft pou _ (| 4 (a ] De L'Artillerie. 163 pour eftre bien balancé. 11. La lumiere doit eftre efloignée du fond de lame,& du bouton de Canon qui eft au bout. 12, Si le Canon porte balle de cent liures , & charge de foixäte fix liures de poudre,s'il eft poin- té à niueau elle ne va qu’à huit ou neuf cés pas & puis meurt; carla portée alors de point en blanc n'eft qu'enuiron de trois cens pas,de droite volee. 13. Le Canon tire plus droit de bas en haut que de haut en bas : à caufe que la force fe lie & ferre plus eftroitement à la balle qui va de mouuement violent en haut;là ou penchät en bas de fapefan- teur nature!le,elle amortit le coup & la courfe. 14. La reculee du Canon fair que s’il tire de bas en haut 12 balle eft portee plus haut que s’il de- meuroitimmobile, Au refte le Canon pointé au niueau de l'horizon,la balle donne au lieu où por- te la vifee: mais s’il eft pointé de haut en bas la balle frappera plus bas que ne portoit la vifee. 15. L'égalité du plancher , ou le talud importe beaucoup pour faire qu’il n’y ait nulle erreur de la portee à la vifee Si l’ame du Canon eft de trauers, le coup fera coftier de la part qu’eft le meral plus tendre à la bouche. DR 16. Le rayon de la mire c'eft la ligne qui vade l'œil par la mire du Canon(c’eft à dire,ce quiregle l'œil pour dreffer le coup droit au point } droit au blanc où on vife,& qu’on menace. 7. Les pieces d’Artilleries font. 1. L'efmerillon long de cinq palmes,portät balle de fer de neuf à vingt-quatre onces. 2. Le Moufquer de {ix àtept palmes,portant balle d’enuird deux liures. 3 Fau- conneau long de vingt-huit à trére fepr diametres E à 164 Chapitre XIX. ‘defa bouche , portant balle de fer de fix liures 8z ‘plus. 4. Le Sacre porte balle de neuf à 12. liures. :ç: La moyenne Couleurine porte balle d’enuiron vingt liures , la longue de vingt fix, 6. Le Canon 165 de dix-fept à vingt-deux bouches portät bal- le de vingt iufques à cent liures.Le double Canon porte balle de cent vingt liures:7. Le Petrier long de cingpalmes porte balle de pierre de 20. à hui- tâte liures. 8. La Couleurine baftarde a de calibre cinq poulces, de longueur 2$.bouches & demie, porte balle de fepr liures & demie, Berche. F. vn Canon de Nauire mis fur le Chafteau,pour faluër, & tire de balle de plomb. 18. On vfe de trois fortes de balles,de pierre,de fer, & de plomb.Celles de pierre, font pour Les Pe- triers chambrez, & non chambrez, Mortiers, & autres pieces antiques. Celles de plomb fontbon- nes pour éprouuer les pieces, auec autant de pou- dre quepefe la balle, mais en batterie onne char- ge que pefant les deux tiers de la balle, & eft de volume trois diametres de la bouche. | 19 La Lanterne, c’eft ce qui ferr à charger l'Ar- tillerie , & y couler la poudre: lPEfcouuillon c’eft cét amas de haillons qui fertpour netroyer la pie- ce apres qu'on a tiré. 20,Efquarrer vne piece de Canon, c’eft trouuer le iufte milieu de lame, ou du vif metal où fe doit appliquer le point de la mire.De là vient ce qu’6 dit pointer vn Canon, c'eft trouuer le poinct de Ja mire droit où on veut donner. se 21. Calibre, c’eft le diametre de la bouche du Canon, pour fçauoir la grofleur de la balle quiy peut entrer.Ainfi dit-on, ilporte tant de calibresil -eft 4 De ani 1 6 «t : gros calibre, &c-. . Pour faire la poudre à Choc in ÿ autoit. rien Hat eut que l'or bien apprefté , car il :eft prompt en {oni ignition ; violent , & comme Na- phte s'allume à la vete du feu, mais le jeu coufte- roit trop , & la violence du coup feroit exceffiue. La vraye matiere eft feche & cerreftre quinefe li- quefie pas au feu ains s’enflamme, tel eft le Nitre,. & Salpetre,& lAmmoniac qui font yat & de nature fulphurée, mercuriale. | 23. L’vrine des beftes eftant chaude & (aie ver=- {ee fur terre la fale , la defléche, mais celle quieft. couuerte eft Here: l’autre qui eft expofée au Soleil & à la pluye fe dela & fe rend wop hyu- mide,& le Salpetre en eft de plus rardiue & lente operation, 24. La bonne poudre À à Can eft compas de trois chofes, l’efprit , lame, & le corps. L'efprit. c'eft le Nitres lame c’eft de Souphre de qualité: moyenne entre le fixe & le volaril,&- qui peut bie lier l'efprit auec le corps;le corps c’eft le charbon. Pendant qu'on mcflange tout cela on l'arroufe d’eau de vie redtifite,puis on la faitfecher pour é- uaporer l’eau , afin que l’efprit de vin y demeure cout feul , quifuruenant le feu precipite l'inflam- -imation, Les efprits du canfre y eftant adiouftez, diligentent bien l’inflammation... 25. Ilfaut que le Canonnier ait vn bon Qua- dran,& vne efquierre ayant les bras bien droits & l'angle parfait, Auec le Quadran,& l'Alhidade, le filet & le plomb on mefurevne bréche detrauers, : vie profondeur, vnlieu inacceffble,rout ce qu'on void. ET JA. 166 (hapitre XI1X. 26. I n’y a que la portee de poinét en blanc qui facé grande execution és batteries, file coup fe déroute il s'amollit & frappe legerement: mais à la campagne tant que la balle roule elle rauage tout. | 27. Artillerie qui eft fur 'e ventre , c’eft à dire, à terre, & demontee:Artillerie montee fur lesroües, & balancee {ur les piuots pour eftre braquee ai- fément.Artillerie quitire fans bruit quand on ofte Je Salpetre de la poudre,mais à mefure qu’on ofte le Salpetre ( qui eft l’efprit) & le bruit auffi dimi- nue-on laforce de la balle, & de la volee du Ca- non, qui ne fait {on deuoir qu'à demy quand on luy defrobe fon efprit. DVEL CHE AL. ben Go X: Xi SU? Ve peut-on voir de. plus horrible &)Ÿ qu'vn eftour-fanglant, & vn duel à ) outrance ( car pour le tournoy de = PA courtoifie, ce n'eft que menu plaific "des Princes : ) quand deux Caualiers mafchans des groffes menaces,& rema{chät le frel de quelque aigre affronc, ils {e mettent en deuoir de choquer & s'éporger ‘enfemble ? ils veftent la cuirafle ,endoffentle harnois, s’accouftrent l’ha- billement de tete, & font Aotter vn pénaché fur l'armet, ! AC | LL * # LEE 2 ME 7 re » (Eh Ms ui CD sl dun de de: Duel à Cheual. 165 l'âfmmet, les voi'a tous couuerts de fer, & écumans de rage. Lis ne font fi toit coufus en felie , voila la lance enarreft,tefte baillee,les cheuaux preflez de l’efperon d’eftrappét,s’enuo'ent,fe laiffent derrie- re {oy : tout le monde treffaut de frayeur, & pallie attendant l'iflué de ce combatiqui choifit la vifie- re,qui donne où il peut.les lances fi elles fauffené tout,elles vous renuerfent rout net & portent fon homme mort par terre , en Cas que non, chacun romptfon coup,& le bois éclatte iufques à la poi- gnee de la roideur & violence des coureurs,& les cheuaux donnétde la crouppe en terre, ils jettent lestronçons des larices à l'air. & piquâät le courfier iufqu’au fang.les voilà à cheual,auffi toft le eoute- las au vent,& commencent à fe charpenter. Vous oirriez ces pauutes harnois martelez, & eftince!4s d’éclairs, faifant feu de tout coité;chacun tafte fon compagnon,& defire l’entamer au defaut,ou fen- dre la falade , & fauffer lecorps de cuiraffe. Si les armes font de fine trempe , vous voyez tebondir les coups contremont.Si l'vn fe fent bleffé à l'heu- te faifant feu,vous le voyez comme vn tourbillon courir fus fon aggreffeur , & ramenantl’efpee à toute force tout partout faire comme vntônerre, tantoft defendant, tantoft d’eftoc, vn reéuers, vn defcendant defchargé de toutes fes-forces , & de toute la rage qui defcharge toute {a violence {ut l'armet. L'autre pate aux coups, recharge coup fur coup, tranche, perce, fend, fou!e,eftonne fair pet- dreles eftrieux, donne à traters la vifiere. Voicy vn coup ramené qui fait dôner fur l’arçô du men< ton,la veug fe trouble.le voila hors de {elle ruépar terre;l'autre ne defcéd pas, mais Le precipite apres É 4 168 Chapitre XX. ‘Juy court fus à la gorge ; & martelle fans ceffe,&é chamaille de tout cofté fur ce pauure eftourdy , il prend fon temps, il le ferre, il l'eftreint,ill’eftran- gle, le jette de fon long par terre , fi l’autre ne re- prend {es efprits,c’eft fait;mais fi la .neceflité Le re- met vn peu en eflence , & qu’il reuient à foy ; fe voyant à lextremité ( ah Dieu que la Nature eft puiflante au defefpoir!) ilr’appelle tous {es efprits, r'allie tous les reftes de fawvie , fait iotier tous les reflorts de fes nerfs , fe roidit contre le mal-heur, plus que iamaisil a le cœur gros , & encor tout chancellät fé r'afleure;& pique iufqu’au cœur des pointes de Phonneur, ilfe roidit & s'eflançant ou fe foudroyat fur fon ennremy le remartelle cruelle- ment, coup'fur coup hachant dra & menu fansle laifler refpirer le fang découle de tout cofte , & s’outragét en mille façons.Lastquelle pitié devoir que pour vn ventelet d’honneur,des Seigneursfe maffacrent à credit,à grands coups.dé trenchanr, de taille; defurprifes , à coups d'Efpadon! ; cruels eftramaffons, & quoy que la vics’enfuye par tant de portes & deplayes, ils r’amaflentleurs cœurs, raflemblentitoutes leurs forces font côme vnar- rereban dertous leurs etprits ; iis frappent de roi- deur ils rompent & détranchent en lambeaux, écus,ganrelers;bandeletres; ils énfonçent armets, braflars;cuiffars, greuieres,ils fécouurent de fer, de fang,de coups,de foudres,de morts,rout trem- ble fous la pefanteur des coups , les affiftans font plusimorts que vifs, le plus affeuré tremble’, & fe voudroit voir à cent lieués loïn de là. Finalement les épees fe brifenc , il faut quitter les armes, & fe jecter aux prifes;,ils s’accolent(comme feroientvn ÿ Lyon | r à : a CR d At AE 3 où Leu - #. s ORAD FT { 2 | Duel à Cheual. 169: | Lyon enragé,& vne Tygre defefperée)ils s'eftrei- | gnentils s’'eftrangient,ils choquentiils fe coulent | deffousparartifice , ilstafchent fe fuppedirer, les voila tous deux acharnez & ruez par terre l'vn far l'autre , ils renuerfent fans deflus deffous, ils _ efpient leur aduantage pour donner lecoup de la mort & de l'honneur. Vous voyez diftiller leur pauure vie par lesplayes , le fang découle de tou- res parts, fieft-ce qu’ils fe donnent mille fecoufles, & oit-on cracquer & retentir fans cefle Les har- nois de coups , & du chamaillis afpre au poffble, & qui femble redoubler, & renforcer vers la fin. Voyez comme lvn porte fon poignard à la face, & le va plonger dedans fi on ne pare au coup, l'au- tre qui eftouffe , & qui {e fent creuer le cœur & écrazer les poulmôs,& fa vie furfes levres; il allu- me fes yeux de rage, il dégage fa main & fon poi- gnard,choifit le defaut des armes, hauffe la main pour defcharger vn coup mortel {ur le flanc de fon ennemy, les voila au bout, il faut que Fvn ou Pautre meure,on ne demande point de vie,on ne véut point accourcir {a gloire pour allonger fa vie, à ce derriier effort route la nature fe defbande, toutes les forces fe defferrent,toute la rage fair fon dernier effort , & par vn iuftechaftiment fouuent il aduient que donnant en mefine temps , tous deux s’enferrenr les corps,& enlacent leursames, pour ardre eternellement en enfer, & à tout ia- mais fe manger, & fe ronger enfemble,d'vne bar- bare felonnie & rage viperine. Voila le poinct d'honneur;Helas, quelle manie! L 5 AV LE CENR 246 RENE E qus rend le ffyle précieux ce font les SNS VX Pierreries,mats quand elles font bien en- y chaffees dans le difcours, & qu'elles font à à (44 bien à leur iour , il. femble que toute la FT à Maj-fié de la naturé foit raconrcie , € tome refférreeen pertr volume dans vn bouton de Pier- rerte. Cesperites Effoulles de terre font reluire à mer: serlles l'Eloquence, is : ! < { » e Se vn luftre argenté , qui ne ternit , ne. Re è SX + Jaunit ,nys enfume , & Ja peau nc. reed craint, nyla pince, ny les dents du HU RS de | h Les Pierreries. 173 du Soleil , en fin fe font des Perles Orientales : S; ‘a rofee eft grande elles font plus greffes. be 4. S'il tonne, la coquille faitle plongeon, & (e- lon le tonnerre aufii {e font les auortons des Per- les boffués , plattes, contrefaites:ou vuides com- me veflies. Pa. | ‘M 5. La Ferle en poudre eft bône quafi pour tou- tes maladies. Elle ne croift pas feulement dans la chair;mais dans le Nacre,mefme hors du poiflon. 6. Les Perles roufliflent au Soleil & deuiennent comme haflees,blaffardes, eftant vieilles elles de- uiennent ridess, ont lajaunifle, s’endurciflent, & s’encloüent au Nacre : & les faut prendre en jeu- neffe pour les auoir belles, M MN re: 7. La Perle eft tendrelette dans le Nacre , mais elle s'endurcit aufi coft qu’elle eft hors de l’eau, Les plattes d’vn cofté, & rondes au refte, s'appel- lent tabourins, | 8.Le Nacre,& la Mere-perle fe met en vn potde fel, qui mange la chair & fair tomber lesnoyaux, c'eft à dire, les Perles au fonds. L’eftime eftenia blancheur, groffeur, rondeur, poliffure,pefanteur. La Mere-perle couppe auec le rafoücr defes écail- les trenchantes la main du pefcheur, 9.La Piaffe des femmes eft d’en faire grillotter à leurs aureilles, à demy douzaines, dont on les ap- pelle cymbales , ou cliquettes. Elles dient que la Perle à l’aureille eft comme l'Huiflier au Pref- dent,qui luy fait faire place parmy la preffe. 10. L'Oilia Paulina d'ordinaire en portoit pour la valeur d’vn million , c’eft à dire, quarante mil fefterces,& les deux de Cleopatre valoient foixan- te mil fefterces , c’eft à dire , vn million & demy, dont 174 Chapitre S. 2: ÿ À dont en mangea l'vne refoluë par le vinaigre. L Le Rubis & Eftarbou:le. z,. f ‘Elcarboucle a vn feu plas viuement bril- lant & quirayonne, & eftincelle plus que le Rubis , mefmes il blüette parmy la nuit, & éclaire les tenebres de fon embrazement. 2. Le mafle à plus deluftre, & vn vermeil plus vigoureux que la femelle qui eft noiraftre,morne, paile, & d vn vermeil affoib!y & languiflant Le Rubis fe cernit & blefmir dans le feu, & fe rafine dans l’eau. 3. Le Rubis Ballays { à Paris on ne le tient pas pour Le plus fin)parfait fe cognoit quand vae f4- me violette s’eflace hors comme vn efclat de fou- dre enpointe,& vn éclair cramoili,;auec vne pour- pre brillante & ciaire, n'ayant en {oy ny paille, ny poudre, | 4. Le Rubis dans {a carriere eft blanchaftre, & fi on le tirétrap jeune hors de fon berceau auant qu’eftre confit, & affaifonné par le Soleil , il de- meure coute {a vie pafle , ne meuriffant iamais. s. Le Grenateft vn petit baftardeau , falement ombreux, bruniffant d'vne nuë épefle, fans grace, & fans aucun trait vigoureux, Quoy qu'il côtre- face le Rubis.L’Efpinelle eft vne efpece de Rubis moins embrafe, & à route fa iplendeur à la furface. 6. I ne s’engendre és flancs de laterre(ce difent- ils) mais ce font les larmes fanguines du ciel qui far le fable des Indes deuiennent Rubis,&c.c'eft à dire, vne rofce priuilegee du ciel. | 7.Les bonsiettent vn feu,le bout duqueltire à e | Les Pierreries. 176 le violant : les autres ont vn feu hauy, c’eft à dire, 'bicfme, ies autres ne jettent aucune flamme, ains ont vn certain feu caché comme en vn floc. 8. Le Rubis pof&,ierte vn feu, cercié de nuages, } fufpendu en l'air il famboye,de là s'appelle Rubis | ballays. (Bln.Carounculum candidur vocant) Bale- | no cù Italie veur dire efclair, | 9. Les Lapidaires Echiopiens baillent , ou allu. | ment le feu mort des Rubis trop mornes les trem- | pant au vinaigre,autant d'ans font-ils beaux qu'ils | ent efte de iours au vinaigre. On cognoilt Ls faux | À la meule, & à la durete de ia limaille. 10. Les Rubis Anthracires,jettez au feu deuien- nentcomme morts;s enAamment,arrou{ez d'eau. L a richefle du Rubis fandaftre Indois eft quand il eft clair,& on luy void à trauers du corps, & non à fleur de peau , aucunes gouttes d’or comme Eftoiiles en va petit firmament eftoille. 11. La Chryf lampis de iour eft blaffarde , de auit elle luir comme feu vif,& fort eftincelant. } L'Amathyite, 1. Fr charge vne couleur de violetre de Mars, & {a pourpre & couleur,ou luftre purpurin netient entierement du feu,mais a enfin vne couleur de vin, dont s'appellent Amathyftes, Elles ont vn iour violet & purpurin. ; 2. On a graue aïfement, l'Indoife a la plus riche couleur qui foit , & les Tcinturiers de pourpre tafchent d’imiter la naïfucté de l’'Amathyfte, Elle communique gayement fon luftre,fans darder fon feu contre les yeux comme le Rubis, | 3. L'Ame 176 Chapitre X XI. 3. L'Amethyfte derecepte tenuéen l'air (com ; me on éfpreuue le Rubis) doitrendre vn laftte purpurin , tirant lentement fur couleurincarnate, ourofette. Elle garde ( dientles Magiciens ) de s'enyurer. | La Sardoine. , CY la prendroit pour vne Cornaline ayant le fond blanc, comme fi on mettoit de la chair fous l’ongle , & que tous deux portaffent iour(b:c fardomx à Grecs dicitur.) Si elles ne por- tent iour,on les nomme aueugles.. 2. On leur peut donner le fond blanc; noir,d’a- zur,de Pourpre, d’Amethyfte. Les ragaz des eaux les découurent aux Indes. Il n’y a Pierrerie qui ca- chette plus nettement la cire.Les Arabefques one leur iour en la bofle & au cabochon,& n6 à fleur de peau,ny au f6d.Celles des Indes ont quelque- fois vn meflange de couleurs côme l'arc en Ciel. 3. Ce fut vne Sardoine que Policrate pour bra- uer la Fortune, & faire vnaffront à {on bor-heur, jettaen la Mer,mais furretrouuée au ply du boiau & däs la cuifine d’vn poiffon qui luy fut prefenté; l'aire bigarree de l'arc en Ciel emprunte fes cou- leurs de la Sardoine. 4 Les Tares font auoir leur iour efpats , auoir autres veines que leurs naturelles, car la vraye ne peut permettre aucune couleur baftarde. Le Diamant. 1.5 Ebô,a l'éclat ner, & vn feu brillant fortanc de la glace,comme le fer qui deffous le feu dille LS Les Pierreries. 17 dille.& famboye.il eft plus obcur que le Criftal, & faut que le Soleil ÿ peigne comme vnelris en teinc eft vo brun argentin ; {a carriere eft vne ro- che de Criftal ; ou vne. mine d'or, les blaffards, pañles, &demy-baftards naiffent dans Les mines de fer &d’airain. | 2. Le Diamant d'ordinaire a fa mine à | part,com- me Le Criftal , & y ena de fix fortes, ils font quel- quefois à fix angles & vifages , autrefois ils croi {ent en poire, & en pointe,ou enlozenge. 3. Geux qui naïffent aux mines d’or, font blaf- fardssc'eft à dire,iaunaftres les Diamans de Cypre ont couleur d’airain,les autres d'acier, €’eft à dire, brun , & s’appellent:Sideritis, mais ceux-cy tous trois font baftards, car le marteau, & l’vn l’autre fe brifent,aulieu que les autres font trembler le marteau , & l’enclume , quoy qu’en fn ils {e bri- fentà coups de marteaux. 4. Ce Diamant qui refifte aux nn ee RE ces de l'Vniuers, le fer & le feu,plie,ce ditPline, le gantelec , & cede aufang de Bouc, pourueu qu il foit frais tiré de la béfte, & tout chaud, On S'en mocçque à Paris,aufli eft-ce vn conte,& ne le faut plus dire en bonnecompagnie. $. Quand F'efprenue prend bien,& que. le Dia- mant fe rompt , ilfe met en fi petites pieces qu’ à grand peine les peuc-on choilir à l'œil. Auec iceux les:Orféntes grauent toutes fortes de pierre .Sÿ1 s'approche: de FAimant ‘il luy volera :le fer qu'il auoit defia accroché ; c'eftvn contre-poifon , & vn contre-peur , & contre les foudains tranfports qui viennent de nuit, pour les folles craintes. Sont tous contesdu vicux temps, | ET Le PSE TS ns TON O7 - 178 Chapitre X XI. © 6, Sont des contes que le Diaämant brut,& ve- nant de fa carriere , fe poliffe auec fang de Bouc, car il faut qu’il fe façonne de foy;en premier lieu pour le detroüiller , on en prend deux enchaffez dans du fable , & les lime & gratte-on l'vnauec l’autre , où ils deuiennent gris; puis on les foude dans du l’eftain & du plomb,ne laiffant qu’vne pe- tite ouuerture qui s’'appuye fur vne roué , où on iette de la poudre de diamant , & de l'huyle , afin delespolir. | 7. 1 faut mettre le teint deflous pour luy don- ner luftré , c'eit à dire, la fueille d'orpeau blanc : on les taille en table,en pointe,en ouale,mais gar- de les faux, & le Criftal diamanté. | + La Chrifolite, & la Turquoife. 1. L A Chryfolire a vn verd qui la fait richeau- trefois c’eftoit la plus prilée des Pierreries. Les Abÿfins ( Troghditz) leluenterent,& la treu- uerent par hazard en l'Ifle Topaze. :Quelques- vnes tirent au beril verd doré (Chryfoprafium dici- sur.) Son vray luftre tire au verd de porreau. _ 2. C'eft la l'ierrerie quifetreuue plus grofe de toutes, & la feule qui fe taille à la lime, les autres aux meules ou poliffoits faits de queux de Naxos. Auff elle fe decalle à la manier. 3. La Chryfolite fine tire fur le verd gay de la Mer,ou au jus preffuré dés fueilles de porreau. Le Topafe(quieft vne autre efpece)a la peau d'or fin, & iette vn luftre d’or,qu'il darde fi viuement qu'il efface lorimelmes #0L 05" 55 0 _4. La Tusquoife eft de couleur perfe , &bleu ce- lies. … Les Pierreries 179 lefte, maisefpais & fans prendre iout, la nniét eft fort verdoyante, mais elle bieimit, & ayanrperdu fon teint & {on luftre mignard , elle reuient com- me de pafmoifon,aupres du feu, & les autres aufli fentent l’iniure du temps & rouflifent, fe rident, flétrillent , s’alterenr, s’éclipfent, s'efuanouiffenr, & perdent leur luftre s’enuieilliflanc. | - $. Elle reffent les affections de celuy qui la por- te , elle tanfr, morne. malade, fe jaunit,fe creuaf- {e,perd fon fard & fon luftre,puis retourne en na- ture fi celuy quila porte prend chair, & {e remet en nature. 6, La Turquoife des Indes n’eft pas fi riche que la Chryfolire,elle eft auffi trouée fiftuleufe, pleine de craffe , a vn verd blaffard, elle craift par delàle bout des Indes.Elle eft faite en boffe & cabochon, à mode d’vn œil, elle naïft en lieux inacceffibles, & s'abbatauec des fondes,la beauté aux Indes eft de la porter auec fa moufle & facroufte. Enchaf- fee en orelle prend vn beau luftre, ‘ L'Opale , G Pierre de Girafôle. 1. Lors eft vn corps bigarré , qui porte la li- urce d'Iris,& fe veft de fescouleurs (auñli les Poëtes l'appellent les lartnes d'Iris.) 2. En l'Opale on void le feu des Rubis.la pout- pre des Amarhyftes, la mer verde des Efineraudes; & quelques-vnes ont vn luftre auecvn meflange incroyable, qui fe peuuent parangonner aux plus naïfues couleurs des Peintres. . 3.L'Opale qui n’eft pas fin rend vn flamme vio- Maté, & changeante côme du fouphre a lumé , ou due < | 6 M 2 2 ù 44 ; PRE EE, “AC: 180: Chapitre X XI. d'vn feu d’ huyle, Les Indois le contrefont auec du verre, mais la piperie fe cognoift au Soleil, caf 1à il n’a qu’vne couleur : ou le naturel change de luftre , & darde çà & là {es couleurs gayes & bril- Jantes. 4. Au vray Opale on diroit qu’il y a vn Ciel ver- doyant en pu Criftal;accompagné d’yne couleur de pourpre, & d'vn luftre doré tirant à couleur de vin,qui eft fa derniere couleur quife montre ; ce- fte Pierre femble auoir la refte couronnée d’vn chappeau purpurin, & qu'elle eft trempée en rou- tes les belles couleurs. $. Les Opales d'Egypte, appellez Senites , & ceux d'Arabie & de Natolie, font afpres, ont vn luftre mort, mol, & flacque. 6. Latare del Opale eft n'auoir le luftre vif & efclatrant ; : & d’auoir couleurs baftardes auec fes connaturelles. Li ne cede finon à l'Efmeraude en- tré toutes les Pierreries. Elle recrée la celte & ia! véuE. D | 7.La plusriche Pierre blanche apres l'Opale, eft la Giralole, elle a vn feu enclos quiféble fe pour- mener dedans, qu’elleiette dehors felon qu'on la contourre, elle contre-darde le Soleil , luy ren- uoyanc{esraiz , mais vn peu blefmes à cdi S vn! autre Soi fon feueft comme la prunelle de l'œil La Aftrios a fon feu comme vne pleine Lune. | 8. Elle s’appelle Aftrios , car oppofée au Soleil, Lune, Eftoiles, elle charge leur feu, & le renuoye fort viuement. | Le A4 Les Dierreries. #61 Le Saphir. 4 & E fin Saphir a vne petite nuée, comme d'vn rouge pourptin qui fe void au fonds fous va: teint azurin & {on air eft comme vne flamme pet- fe,tachée de petits grains d’or,qui font comme dès eftincelles brillantes ; & fon luftre refflemble le fouphre quand peu à peuil prend feu. | 2. La vraye couleureft vn brun azurin, comme celle du Ciel en grande ferenité, pource s'appelle proprement celefte. Ses vertus font, rendre heu-, reux,garder le cœur de l’air empefte & empoifon- , né ,rompre les charmes,aider la chafteté , putifier le fang. à Le 1 151519 3. Les Saphirs quelquefois font femez d'vncer- tain fable doré, & marquetez de poinéts d'or : at cuns font bleux , autres purpurins, mais peu fou- üent.Ne font quafi iamais clairs ; ils ne valentrien à grauer , pour raifon de certains. grains-& duril- lons Criftalins qu’on y rencontre ; les plusbleux fontles plus mafles. Les verds {e nomment au- iourd'huy Saphirs du Puys. die "4. La piperie de’toutes les fauffes pierres fe co- gnoift : Prémierement.Que les bonnes font touf- jours pluspefantes , & celles qui portent iour fe doiuent efprouuer le matin, ou vers le foir. 2, Les. fauffes ont de petires bouteilles ; font afpres aux doigts, & leurs filamens ne continuent leut-Juftre iufques à l'œil, ains efuanoüir entre-deux. L'eflay de la lime eft excellent , ou le bris d'vne parcelle fous vne lame de fer. 3. La limaille de lajer n'en- epoint fur les fines, 4. Les fauffes blanchiffent à CERF s 7 # 18 Chapitre X XL la graueure. Le Diamant graue toute Pierrerie, mais il n’y a rien meilleur que de chauffer les ta- rieres pour Les efpier. | s. Aux Indes on treuue des Saphirs rouges, & les appellene Saphir anthaca, Saphirrubis , qui pefle- meflent fleur azur auec leur efcarlatte, & font vn jour inçarnat Violet , & dardent vn feu gayemenet mefle,& de trefbonne grace. La Hyacinthe. I. jÈte vioiet de la Hyacinthe eft fort clairer. La # Hyacinthe de Diamant de prime-face a vn Juftre forc plaifant , mais il s'efuanoüit bien toit. Son efclat tant s’en faur qu'il esbloüiffc l'œil,qu’à peine y arriue-il, & fleftrit auf coft que.la fleur de fon nom. Sc À 2 2. Ilyéna des changeantes ; des citrines qui ti- rent furd'or. Celles d'Arabiefont entre-rompuës de taches grafles , -diuerfes couleurs; chargées comme de leur limaille. propre , & ne font cfti<, mécs. Les bonnes aupres de l'or fe rendent blaf- fardes, & de couleur d'argent. * 3. Lesciaires Fod hddont dans des chattons percez à jour : fousdes autres on met .vne fueille d’or clinquant pour.donner luftre ; & faire efclat= rerleur feu, quieft vn peu morne, & quañendor- | my. La chafle d’or où elles font emboitées les fait eftinceler plus viuement. Le chatton s'appelle auf la tefte de l'anneau. LÉ À | OR ER NE de : Da. Les Pierreries. 153 L'Efinerande, 1 pe tient le tiers rang entre les Pierreries,fà mer & fon verd-gay furpaffe toute vérdute, car il remplit pleinement l'æil,& remet en nature là veué trauaillée; rant plus on les regarde , fan plus elles s 'aggrandiffent, carelles font verdoyer l'air tout autour, & fe laient enfoncer à l œil pour efpeffes qu'elles foient ; fefimes fayonnent à l'ombre. i. Aucunes font fi dures, comme celles de Tar- tarie & d'Egypte,qu’on ne lés peut grauer, AY an- cref dedans. Les creufes recueillent la veuë cômé en blot (comme la couppe d'Efmeraude de Gen- nes.) Eftant l'Efmeraude faite én table ellé mon- tre tout comme vn Miroir ; aufli en vne, Neton voyoir les combats dés Efcriraéurs & Gladiatéuis. 3. Celles de Tartarie font hautes en couleur, & fans tare : autant pat deffus les autres Efferaudes, comme les Efmeraudes par deffus les autres Pier- réries. Elles fe trouuent parniy les fentes des Ko- chers,les autres,és Mines de bronze. 4. Les Tares font, quand le verd n’eft pas d’ vne teneur, & fuite ; ou fonc trôp clairettés ; ou va ombre empefcke a gayeté de leur eau : où font” ateugles où mafliues {ans prendre iour : où ont des nutes & veines à trauers,des poils:des broil l4$, vh'air btun entrecourant, entreluifant, van ef- clat engoürdy foible,plein de craffe, s. Sonverd gay r'affemble, & r'allie, & repaift de flammes douces lesrayons mornes las ! où moules de noftre œilaffoibly par longs regards i M 4 184 Chapitre X XI. 6. Les autres Sd à ietrent Les raïz de leur lueur à l'ombre , mais leur luftre s’alanguit peu a peu au Soleil, clés font grafles, faitesen boffe, & en cabochon , ont ltouleur du Ciel, non afeuw- réc,& viuc, HT vn changeant, comme le col de pigeon, font fuiettes À vne carnofité, ont dedans des figures de chiens, d'oyfeaux , leur glace eft plombine. 3% L'Ambre. 1.# Ambre eft le fuc & l'humeur d'arbres reti- trans, aux pins. , qui font gras & pleins d'hu…. meur , quife congele au froid, 8 quandla marce fe hauffé, elle l’enleue des Les, &c le rend à bord és-coftes de Germanie. Voila l'opinion.commune & fuiuie de la plufpart du monde. 2. Les Venitiens la mirent en vogue, d'où vient la fable que les Peupliers duPo pleurensl Ambre; les Carcans s'en portent, cat l'Ambre.fertau goi- tre,& autres maux du gofier.! … ; 3: L'Ambre iaune.eft, le acileus fouraen que, fon luftre ne foit trop ardent,&: qu il foit tranfpa- rent, meublé des fourmis,moufches; feftus,& que fon,feu ne foit trop.ardent ; mais qu'iltire à l'œil de-perdrix ( dont l Ambre s'appelle Falerne).&rau, Vin, prenant. Sayemont fBiquE aucc vn faux feu qu'il darde. ki 4. L’ Ambre fe teinten, Douspre. & péotel toute: couleur:pource qu'il eft fort propre à falfifer plu- fieurs Pierreries qui prennent.iour. L’Ambre do- ré eft lemmeilleur; le blanc fent bon,mais on n’en ticnt cONtE;gy de celuy qui efkde souledé de cire. s- Eftant 2 , Les Pierréries. 18$ 5. Eftant frotté il tire la paille , puluerife fert à beaucoup de chofes, | 6. L'Ambre noir, c’eft le Laiet appellé Gagates; aufi eft-il porté par le flot de là Mer comme V’'Ambre. On fe mocque de ceux qui appellent j Ambre gris, la fleur dufel s ie vous diray en autre lieu que c’eft qu'Ambre gris. La Caffidoine, & le Cri Fg: i,Y A Cafñdoine à vniour forttrouble, & feni- L ble polie & liffée,pluftoft quéduifante, On : _ fait cas de celles quifonit-enrichies/de veines , &c., ondes de diuerfes couleurs , qui fe rehauffent les vnes les autres ; comme purpurines , tirant fur le blanc,meflées,tirant fur couleur de feu. 2. On eftime celles qui ont vne nuée appro- chant de l'arc en Ciel, ayant des veines grafes. Onne fait point d’eftat des blaffardes , & quand elles ont quelque glace, ou des porreaux & grains de maille plattes, & fi elles n’ont du parfum. 3. Le Criftal n'eft point glacé , comme penfe Pline , mais vn humeur mineral confit au froid. Ceux du meftier le preuuent,difant que le Criftal va à fonds d'eau, & ne nage comme la glace qui va à fleur d’eau. | | 4: En Chipte & Natolie on entreuue à fleur de terre, les torrens en charrient des montagnes, on en treuue force en certaines Baumes des Alpes: - d'ordinaire ileftà fix angles, faces Sc pointes.Il y à à fleur de terre vne manne qui remarque quandil : y a du Criftal. bafigronu'e [I à files Tares du Criftal (ont :qu'and il eftafpre, 3 M 5 186 (Chapitre X XI. bi où à quelque roüillure,ñuée,fiftule cachée, duri Jons,vn certain {el dedans,ou glace,ou du poil qui Je fait fembler caffé ; le burin couurefes vices en le gtauant ; mais les Criftals nets font plus beaux fans graueuré. 6. Pour caüteriier fort bien , il faut mettre vne boule de Criftal , {ur la partie qui doit receuoir le cautere, l’oppofant aux raiz du Soleil. 7- Le Criftal effpropre pour contrefaire Les Pier- geries ; car on emfait des Diamans faux , mais qui reflemblent trefbien le vray Diamant, & plufeurs fontchatgez de/boutons , & de tables de Criftal, ni enttous greflez-de Diamans,: aies L'Aimant. ie fer { matiere firebelle , & hardie } plie le gantelet,& fe laïlle emporter,à vniene fçay quoy efpars par le vuide de l'air, & s’en va elpou- fer lAimant, L’Aimant tirant {ur le bleu eft le meilleur , fa puiffance luy donne rang parmy les Pierreries. | 2. L’Aimant eft armé de mains , d’accroches, d'hamecons fecrets , d’approches larronneffes, & fait courir le pauure fer çà & là rout eftonné , qui ne {çait qui l’enchaine,& faut que de foyilfe ren- de efclaue, & { lance à la mercy de fon ennemy. 5. Vne fecrette chaleur {e defrobe de l’Aimant pour aller au brigandage, & voler le fer,& de fait luy met comme la corde au col, & l’attire à foy comme efclaue. : ir LA 4. Ils'engraiffe de limaille de fer,là iltrouue fa vie ,autrementil eft foible,& tranh ; l'aitain pro- che Les Pierreries.… 187 éhe reinplit les veines du fer d’vn flot, d'vn boüil- lon & des raiz,& pource l'Aimant netreuue point d'entrée, ny de prife, & ny peut mordre, On dit uele D'amant mefmes luy vole le fer,qu'ilauoit defia embrafsé, & y met diuorce,mais j'aÿ efpiou- ué le contraire, s. Frottant la pointe de l'aiguille ,il luy fait auoir vn nouueaü coufinage auec le Pole, & les Cieux : ains marie les anneaux l’vn auec l'autre, leur communiquant fecrettement {es forces. 6. L’Aimant pers eft bon pour eftancher l’eau qui forte entre la peau & la chair;& la lame frot- tée auec l’Aimant blanc ne blefleiamais , nÿ faié {ortir aucune goutte defang, ce dit-on. 7. Ce caillou charme le fer , & par fecréttésin- fuences adoucit fa rigueur , luy faifant couler par les veines des nouuelles flammes d'amitié, au lieu de la cruauté qui y tyrannifoit: & le fait vaflal du Pole , & fon Vicaire en terre, & la guide des Pi- lotes par les routes del’Ocean. 8. Ilyena de noir, de bleu nôiraftre, de roux brun, le meilleur eft le mafle quicommunique au fer {a vertuattrayante, Tout vray Aimant d'vn co- fté tire le fer, de l’autre le repouffe ; voire brifcen mille pieces , chacune a quatre coftez, de vertus toutes differentes,comme i'ay efprouué moy-mef. me, La pierre Theamodes chaffe le fer. Et S.Ifi- doreen met vne qui tire l'or, plufeurs en vou- droientbien auoir. 138 Chapitre X XI. Le Beril. 1, La vn verd gây,comme la marine en bonace, les autres ont vn luftre doré,maisileft foiblet s’il n’eft aidé par la taille, & le cizeau; ear le rebat de Pangle hauffe fon latte lânguiffant, morne,&c quia les pafles-couleurs,redoublant fes rayons,& {on verd doré. 2. Le Beril eftt naturel de} Efmeraude , mais il eftfombre , fi les angles ne donnent vigueur & gayeté à leur eau. Le Chryfoberil eft de luftre do- te, mais blafard, & encor plus blefme le Chryfo- prafus. Les : autres tirent fur la Hyacinthe ? autres fur le Ciel. : 3. Eftant percé on lüy ofte le blanc qu'il a de- dans,& ainfi on luy donne vn lüftre d’or parlere- bat duquel la trop grande perfpieuité du Beril prendplus de corps, &eft corrigée. 4.Les Tares font auoir du poil, dela craffe, aüoif couleur flacque & vaine,eftre fujets à l'onglée. Les C oquilles & Macres: 1 TL. À nature s’eft ioüée,& a pris plaifir de mon- ftrer cequ’elle fçait faire , en faifant tant de fortes de Coquilles. Il:y en a de plattes, creufes, longues,en croiffant, en fond , demy-rond ; à dos telle. liffées,refoncées & ridées, dentétéés. cre- nelées , entortillées, qui vont en appointant : qui iétrent leur bord dehors à mode d’vn coufteau, qui replient , & enrollent leur bord en dedans. 2. Les vnes font rayées, ont des filets & petits cheueux: Les Pierreries. 189 cheueux : de madrées, à demy-tuyaux, cannelées comme les Coquilles S. Jacques, rempiflées,on- doyantes, comme thuiles entaflées , decoupées à claires voyes, ou de biais. | 3. Or en void d’eftenduës en long , damaffées, Jonguertes ; recoquillées,qui ne tiennent qu'à vn nœud,qui ont les coftez rout d’vne piece,qui font . ouuertes au replat,& recoquillées au bec.Les Co- quil'es de $. lacques fe lancent en forme de ba- fteau pour flotter fur l’eau. \ 4. Qui fe rourne- vire en tourbillon ; qui porte nombril, & eft couuerte de grains de Corail, faire en porc-éfpic, la Coralline incarvare , lé Nacré ” des perles. La Pourpre, qui va em appointant, | Coquille de Peintre : & de plusde mille & mille façons. | s. l'en ay veu de mille couleurs {ur le bord dela Mer, blanches comme lait, brunes, oliuaftres, fanguines , Verdaftres, noirettes, moufchettées, eftoillées, herifiées,furdorées, emperlees, argenti- nes, bletaftres, rannées.faffrannées , rayées d’in- carnat à fonds d'argent, criftallines , de couleur d'acier, piquotées, de liffées, graueleufes , rabbo- . teufes, dentelées ; de plattes, de rondes, de poin- tuës,efcartelées,de fenduës,de percees, entrebail- Jantes, & de cent mille fortes. Appendice [ur le fait des Pierreries. 1. Es Doublets font deux pieces de Criftal col- lez enféble auec vne fueille d'argét colo- rée,ou colle peinte,& Maftic;qui contrefait ie Ru- bis,& l'Efmeraude. Du {eul Criftal on contrefait | | des nr. Y90 Chapitre X XI. des Diamans, & de verre on fait tout d’vne piece de faux Saphirs, Efmeraudes, & autres, 2. On y eft trompé aifement quand elles font enchaffees,touresfois on les defcouure au manie- ment { car elles font plus molles & douces) à l’ef- clat morne & mort quine brille point viuement, à la lourdife de l’enchafleure grofiere. Les Dou- blets fe cognoiffent à la iointure qui paroïft tout autour,& au contournement de la pierre qui tan- roft eft blanche,tantoft fe colore,& n'eftpas égale. 3. Lesplus fins loyalliers font pris , quand fous des Rubis, ou autres pierres defteintes, on met au fond du Criftal auec des couleurs, comme aux Doublets,&"qu’on enchaffe tout cela au Chaton, cat la fueille colore fi viuement ce Rubis, & y al- lume vn fi beau feu , qu'on les achete pour des fins. gs 4. C'eft mefchanceré de vendre des pierres fauffes pour Diamans, quand les recuifant dans la limaille d’oronles remet en couleur viue en deux cuittes, car effaçant ce peu de couleur qu'auoient les Saphirs & Topales, on lesrend clairs & bril- lans comme Diamans. On neles peut difcerner des vrays Diamans, fi ce n’eft les pofant fur le teinc des Diamans, car là ils éclipfenc leur rayons & deuiennentfombres , là où le vray Diamant y efclarte & rayonne fortement.Aufli ne permet-on pas aux Lapidaires de mettre la teinture, & y col- ler la fueille finon fous le Diamant ; aux autres on permet fans plus d'y mettre la fueille, ou autre couleur qui aide àles mettre en leur perfection, chacune felon fon efpece , fans les abaftardir, & faire changer de nature. à sil « Les Pierreries. 191 ç. Iln’eft pas poñlible de mettre vne taxe aux * Piérreries,cela change rouslesiours,& chacun ne prife finon ce qu'il aime , qui le Diamant , qui le Rubis. Or ce qui fe peut faire,c’eft de fçauoir que la valeur {e donne aux Pierreries par le poids & le quarat(car ainf le nomme-r'on ) | ; 6. Vn grain, c’eft la quatriefme partie d’vn dua- rat ; deux grains font vn demy quarat, _ Quatre grains font vn quarat. Va Tomin, trois quarats, Vne Otaue , 18. quarats. VneOncé, 144. quarats. .Vn Marc, 1152. quarats. Ainfi pefe-t'on , &prife-r'on les Perles & Pierre- ries,& du Diamant on fe regle pour fçauoir àpeu prés la valeur des autres. | 7. Les Diamans font clairs, ou bien pales, blaf- fards & iaunaftres,ou bien verds,ou azurez.ou de la couleur des miroirs d'acier , & ceux-cy font les meilleurs. pal ot 8. Le Diamantpour eftre en toute fa perfection, il faut qu'outre la beauté de nature, lataïile y {oit aufli parfaite,ayant {a table quarrée de quatre co- ftez éfgaux, & les angles droits, & que les angles ne foient point efbrefchez , ny efmoufez , mais bien aiguz,la couleur de fin acier, comme va mi- roir, & bien tranfparent, à l'heure on letaxe felon fonpoids. 9. Outre la couleur patfaite,il y faut lataille, & l'ouurage qui eft bien plus aife à fecouurir & dil- fimuler,que les defauts de nature.lls valent beau. coup moins quand il y a quelque angle inégal,ou brifé, ou bien du fable,ou des taches blaffardes & | jauna cs 192 Chapitre XXI. + jaunaftres,on bleüaftres,ou aurres. 10. On met fousle Diamant dela teinture , où bien de petits miroirs (quoy que cecy foit deffen- du)ou bien vn peu de veloux noir. Sous les Rubis & Saphirs on met des fueiltes. Celte teinture de Diamant {e fait auec de la fuinee de chandelle amaffce au fond d'vn baflin , & empaltee auec huyle de Maftic blanc, ce teint donne efclat ax Diamant : on en fait encore en autre façon. 11. LeRubisqui n’eft encor finon tel que la na- ture l’a fait, fe nomme Cabochon. Les crampons, c’eft l'or qui tient la pierre enchaflce ; les griftes, c’eft pour tenir les Opales. La pierre efcornée fe direfgrifée ; Diamant foible, c’eft celuy qui n'eft pas efpais; celuy qui n’eft pas ner fe nomme Gen- darmeux ; L'Efmeraude non nette, iardineufe ; la Turquoife qui n’a belle couleur,laiteufe.Les vices des Diamans fe nomment points & gendarmes; les points font petits grains blancs &:moirs ; les BR: MR fonce plus grands en façon de. glace:on les taille à facettes ou à lozange;pourcouurir leur imperfection. ss pto | -12.Le Diamant taille lesautres Pierses , &{e taille foy-mefme , le Rubis eft plus mol , aufine s’afine-il fur l'acier comme le Diamant, mais fur le bois ou cuivre. La pierre à tour fond;c’eft quand elle eft dehors & dedans le Chaton. 1 3. Efmeraude fourde, celle qui n’eftaflezviue, ny diaphane: Les Perles Peroucines fonrplus ai- mées, car elles font plus blanches : les Orientales fonc plus bruncttes, & gardét mieux leur couleur; les rondes fe doiuent percer efgalemét par lermi- [AREA À: lieu : Si la Perle appliquée dans le Carrateur fait via Lu De la Coupelle. 193 va petit croifsat, c’eft figne qu’elle n’eft pasrôde. :14.Le Rubis Balays eft fort clair & a la couleur d’vne rofe pourprine fort luifante.Vn gräd Lapi- daire croit que la mine eft faillie qui eftoit en Ra- zia & Seilan, & que les vrays Balays font le refte du Temple de Salomé porté en Europe par Tire Empereur:ie m'en remets à fa confcience , l’autre croit qu'ils viennent d’vne Ifle nommee Balays.- 15. La Calcedoine a vn azur fort clair, on en treuue de noir aftre,mais l’azurée eft meilleure, &c : eft Orientale,les autres ne font tant prifees. L'E- Hiotrope eft vne pierre tachetee,& a entre fes ta- ches des veines rougiflantes,& a de grandes ver. tus.La Cornaline eft de couleur vermeille,& cô- me laque tranfparente.Praflio eft vne pierre ver-. te. Le Coral eft blanc,incarnar, & rouge,& naift fur la Mer. 16.Fellure,ce font proprement ces petits filets, & comme des cheueux qui paroiffent dedans les Pierreries : & pourtant il faut poñlible dire filare, comme f c’eftoit vn fil qui fe fut rencontré dans cefte glace, comme dans l’Ambre on treuue des mouches & des formis, & des pailles. 17.La fueille qui fe met au fonds de la Pierrerie pour luy dôner éclat, fe fait par peu de perfonnes. On bat de alloy vieux , comme quelques vieux fols;ou doubles & autres,eftäs reduirs en fucilles fort menuës ,on brufle des plumes de diuers : oyfeaux,& fur la fumée on mer ces fueilles qui fe teignent de diuerfes couleurs felon quela fumée eft, mais il ne faut pas manier auec les doigts ces fucilles, autrement on les ternit, & on les tache. On mer quelquefois de l'or clinquant tout pur,& _ \ 94 Chapitre X XII. croyez que les Lapidaires nous en font bien ac- croire de belles quelquefois, auf font-ils fort ia- Joux de leurs fecrers : tel porte vn lopin de verre ui croit auoir vn beau Diamant, | 18. On dit qu'auec argent vif precipité, & auec Orpiment ou Arfenic , on fait des Rubis quine cedent en rien aux naturels, fi ce n’eft en dureté, mais ilfe faut garder de toute odeur de metal,c’eft à dire , faut broyer l'Orpiment fur le marbre auec Ja meulette de melme, & en laifler éuaporer les mauuaifes vapeurs , tant qu’il fe reduife en crou- ftons femblables au Coral, & le fublimer à tres-| forte expreffion de feu. | | 19. Le Diamant brut, & tout cru comme il eft venant de la carriere eft comme vn gros grain de | {el , & fa belle glace eft cachee fous vne vilaine | croufte , & cfcaille grifftare, tout comme le gros fel qui eft crafleux & rerreftre:mais en les #ayant l'yn'contre l’autre on les defcharge de cette craf-| fe, & la poudre qui enforteft celle dont on {e ferrpour le polir fur le polifloir , & fur la roüe de finacier. MeV PCA | AV AFTER TP 79 ER. 523 à r at 1 Es ASS NN x3 10 CA ARE AV LÉCTEVR BENEVOLE. D À ON Dieu , que ces bonnes sens du fiecle JA d'or effosent heureux, Leileur mon amy, à quand les hommes vrayement tous d'or * beunoient dans le creux de la main pui- … fant dans le criffal d'une fontaine ; Gr allis fous un arbre,mettoient leurs mets [auoureux ou fur la frefche verdure ou dans de la vasffelle de terre. Feffins imnocens G a la veritébien-heureux , ou ilne falloir craindre 7y poifon,ny exce7,ny volupté peu honnefle,nyindige- {tons faftheufes, 0} maladie quelconque. Les hommes éffaient tout d'or , € les banquets de terre, @ le bon- beur toufjours au beau mitan:maintenant que nos buf- fets font furchargez de vaif[elles d'or, qué nos appe- . titS ne nagent que dans l'or dont reluifént nos tables, certes pour la plufpart les hommes ne [ont faits que de crachats, de phlegmes, @ de bofie, délicats,maladifs, mignards, fans appetit, les effomachs tout cruds , mille fumees en tefle,pourris de volsptez,iamass n'ont appe- tit © s'ils font envn liéf , ils ne féauroient cracher /F cen'eff dans l'argent, @ poffible encore pire. Celuy de vr4) fut mal-benreux tout outre,c* ennemy des hom- 7nes qui le premier arracha les entrailles innocentes de noffre bonne Mere pour en faire de l'or , en mefme iemps il counris la faca de la terre de meurtres, @ mal- 2 \ LEA 196 beurs,G bannit l'innocence de ce grand Vniners. L'or G l'ord naïiffent vinent,@r trefpal[ent enfémblé dans le cœur des humains. Falloit-1l deteftable fouir dans le cœur de la terre, defiendreinfques aux Enfers pour nous empoifonner de ce maudit metal qui n'eft & vray dire que fouffre, & les bouillons, & l'efènme des fouf- frances d'Enfer, & des eternels incendies ? Toutesfoss on pouuoit encor excufer les premiers qus fe fernoient de vaif[elles dorees faites à la vieille mode , € fort niaifèment,@ pour le plus és facrifices,mais depuis que l'Orfeurerie nous a charme? de mille enchantemenss cixelant, burinant, efnaillant, glaçant, emperlant la befongne,helas tour eff perdu. L'or qui eStoit le prin- cipal n'eff plus maintenant que l'acceffosre; La imu- nifaëture eff plus precieufe que l'eStoffe , sl faut que la befongne foit vermeille,doree,ou toute d'or,puis maj]i- aespuis mafquee , cela n'eft rien , il la fans relener de aille fortes d'onurages , entaille d'efargne, en dem. boffé;en plein relief,gus pis eff on pro$titue cela 4 mille vilentes figurant toutes fortes d'ordures dans les tifes, Les baffins les vaes de parade,afin qu'en mefine temps que La bouche fi remplis de voirie , les yeux bument à long traiéts les snceltes , roues les [aletez qu'on fe Peut imaginer. La rage ef} pallee fi auant qw'on ne JÇait plus comme on en doit abuer,on s'en [ert en clin- quansypaÎlemens,canctilles broderies tapifferies, gar- nisures de biëts,és planchers, és murailles , voire a le fauler fous les pieds, cent mille façons de Carquans, braf{elets,bagues,pendans d'oreilles ,chasfnes groffes & petitessmiroirs,drageosrs, aiguilles G poinçonceftoillez d'efcarboucles voire ifques fur les patins ? Et que ne fait-on pas de cét Or miferable ! on le fond , on le bar, as le tire au moulinet,on le fileson le pale par l'eau de + AS. Ta Den RAA, da ie "IN Departpar F Antimoinepar la C oupelle.on le tenail- de on lecizelle,on le martelle,on le pile,on le rend pota- ble,aigre, doux, traitt,en fueilles,en coquilles yen cenê mille façons.en poudre; en paste,en lingots, en papillo- tes, en infufion, er poifonen Antidote,on en dore suf* ques aux becs, griffes des bestes mifes en palte, les gironettes g les eochets des clochers, Ô" que n'en fait- onpas ? Maïs par crier Oh ne gaigniera guères paifque l'artifice eff tourné en nature, > l'abbus en V? É' en couffume fi fort inueterée,C" qu'à peine lemonde effost efclos,que defia les Orfêures auoient façonné des pen- dants à Rebecca, à Rachel, € aux premieres femmes du monde. | Puis doric qu'ilfaut que cela foit A tout le moins il faue feauvir le moyen de parler de ce mestier ; d £o- gnoifére La fagon € les termes oicy à pen prés €? 406 s'en doit [çassoir: nes FN 2 tai: D VF AÏT DE. L'OR FEVRERI ep XXITL +4], 2. a ; efchoppe! mp ke fonghès € "ft à à dire ; burinet ;. BrAyÉE» \& creii- fer. 3 3-Onglette,efpece de burin large. 4.Breflelles pour fouder,ou pincer la foudure, & l'appliquer. $ -Rochoüer,c’eft vne boette à long bec den- telé ,en grattant de l’ongie on As couler du Ébñre: é ft à à dire, de la poudre de Venife , qui fait que la foudure fait bonne prife.& mord ferré à befongne.De là vient rocher l’ouurage. 6. Gratté. boffe,pour gratte-boiffer l'ouurage, c'eft vn bafton quiaau FER vne houppe defil d’archal, rude, mordant , & raclant la peau des œuures , & ditnc couleur d’or, & d’ argent, dé- roüillant auf & enleuant les ordures qui fe- roient ou tombées ,ouincarneées dans les en - chancrures,& ouurages d’orfeurerie. 7.Cizoir pour coupper,trancher,& mettre en pieces à: De lOrfeurerie: 199 pieces l'or ou l'argent battu, dé shLr 8, Auuiuoir, c’eft pour eftendre l'or : Item, l’ef. faye fert au mefme effer, & pour le deftendre. 9. Tenaille pointue : elle fert pour faireles plis, & replis de l’or;pour arrondir, enchainer, enfler, vouter,tortiller,anneler, ftizer, & donner le rond à l’ouurage. | 10. Le poinçon, c'eft comme vn coin ( Cuness Quia au ape des fucillages,ou fruitages,qui d’'vn coup de marteau gtaue,& imprime,trois ou qua tre roles, &c. 11. On efpreuue or auec le parangon :mieux à la Coupelle auec du plomb, qui mange tout ce qui n'eft or,& le fait éuanoüir en fumee. ; 12. Placer l'Efmail, & l’afleoit fur la befongne. Voyez au chap. de l'Efmail. à | 13.Ciceler,c’eft à dire,auec le cizeau formerles figures,& hiftorierl’œuure,maisil la faut au prea- lable pourtraire, & charbonner, puis la pointilles auec le poinçon, puis la releuer , c’eft à dire frap- pantle deflus,ou le derriere de l’ouurage, faire re- haufler le dehors, faifant fortir les perfonnages qui fe monftrent à demy-relief,& afin de les faire plus mignardement, il faut jettet tout cela au ci- ment,puis en fin fubtilement faire les plus menu$ traits, & les delicates mignardifes , & donner La perfection. + GRR 14. Affiner l'argent dans la cafle, c’eft à dire, mefler du plomb auec,& jetter tout däs vne cafe, c'eftà dire, vn vafe fait de cendres de lifciue, & d'os pilez , lots le plomb échauffé éuaporant em- porte quant & foy,& reduit en fumée tout ce qui eft baftard, & d'autre metal, laïffant l'argent | N 4 \ 200 Chapitre X XIL clair & pur, non mixtioné. 15. L'argent le plus fin fedit de douze deniers, Por de vingt-quatre carats. L'vn & Paucre fe fond !! & s’afñne dans le creufet , maisonabien de la eine d’en trouuer à ce tiltre là. 16.1l faut du fil de fer pour lier les pieces, pen- dant que l’on ouure,en attédant que laffemblage s’en face par la foudeure & la liaifon ordinaire. 17. La monftre, ou la verriere,c’eft ce petit cof- “fre oubufferque 6 meten veue des paffans,gar- ny de pieces d’Orféurerie des plusattraiätes pour allecher & fatter l'œil des allans & venans, pour les mettre en haut gout , & leur faire venir l’ap- petit d'acheter quelque piece du meftier, 18. Vn Eftaud,c’eft le petit preffoir auec lequel on affermit la piece qui le doit polir, limer,poin- tiller, &c.vn petit fer coutanr,& donnant le tour à vne vis approche deux agraphes & dents de fer, qui mordent fitres-fort la piece,qu’elle ne branle nullement fous les outils, mais fe rend immobile pour receuoir ce que Pon y veut figurer.c’eft là où le compagnon eft d’ordinäire, receuät fur fa peau & deuantier la limaille riche qui tombe. 19.Le moule de fable où lon ietté le metal fon- du , pour faire l’ouurage à moule , plus aifé que d'ouurage cizeké ; mais il eft plus groffier , de vil prix,& c’eft le meftier d'apprentifs. z0. Le Chaton, Chaton à iour, perce de tous coftez, l’autre eft aucugle;ou la cefte de l'anneau, c’eft ou eft aflife la Pierrerie de la bague:le bizeau, c'éftce quilie la Piérre,afin qu’elle ne feiette hors de l’œuure , le bizeau font ces petits rayons d'or ou d'argent , qui fortans du bord & de Torle du Chaton, À » 10 De l'Orfeurerie. 201 Chäron,fe plient doucement fur le joyau, & l'ar: reftent. | 21. Banc à tirer l'argent, & la filiere pour tirer également l'argent. | 22, L'enchaflure,ou l’'emboitement d’vne piece auec l’autre fe fair ou par foudure ou faifant cou- ler vne vis dan l’écrou ; qui s’entre entortillans, & s’entre-laçans,collent lespieces enfemble:puis fe démontent,& fe dégagent,en contre tournant la vis,& l’arrachant peu à peu de ce petit labyrin- the de l’écrou, qui eft l'arreft, & l'ancre des ou- urages, 23. Befongne vnie ; c’eft à dire, fimple,fans fa- çon, fans ouurage, befongne à ouurage,où il y a des figures & des perfonnages, ou auec armes de Ja Paflion, c’eft à dire des trophées de la Croix, pefle-meflantrousles inftrumens de la Paflion : Item à fueillages.à fruitages,à hiftoire.à fanciffe. 24. L'Ecuflon, c’eft où l’on met les armoiries de celuy qui commande la befongne.Car pour la matque du marchand qui véd,qui eft d'ordinaire au reuers,& au dos de la befongne,on la nomme, le poinçon du maiftre,qui dans vn petit Efcuflon- neau graue deux ou trois lettres enlactes.ou quet- qu'autre fantalie,ou Armoiries, vn pied de mou- ton,la tefte d’vn oifon, le mufle d’vn Lion, &c. 2$.Ouurage,& befongne vermeille-dorée,c’éft à dire,doree par tout:mais doree veree,c’eft quad elle eft doree au bord, ou bien par cy par là:tätoft laiffant le fonds tous net,& dorant le parenfus, &e la bofe,tantoft ne touchant le relief & le rehauf- fement,mais dorant feulementle fonds, les ouuer. tures,& le plat pays. | LM | NW: 2 1 202 Chapitre X X11. 126-Brunir les pieces. C’elt apres que lon a doté, Æftant l’or(par le meflange du Mercure & du vif- argent {ans lequel on ne fait rien ) blaffard,pafle, & de couleur morne;il le faut gratte boïffer,puis frotcer auec la pierre fanguine,qui éueille l'or,luy donne l’éclar,le iour, & le bril : Cefte pierre fem. ble fucçer,& hamer côme vne nuee qui terniffoit & meurtrifloit les rayons,& la viuacité de l’or,&c luy donne vne gayeté,vn luftre,&c.Le bruniffoir. 27. Sartir louurage , c’eft faire de petits Cha- tons,boëtes,chaffes pour enchaffer des Pierreries, & les affeoir en lieux propres. Or c’eft la derniere main, & le dernier coup de boutique que de fartir: car Les Pierreries eftant pofees tour eft dit, & ne faut plus que de l'argent au Maïftre, & le vin du compagnon, & le droit de la boutique. #8. Recuire l’argent au feu, pour Pamolkir,afin qu'il ne fe caffe;l’argentaigre c’eft celuy qui tient de la ligueure de quelque metal,carlaligue,& le metal mefléauec l’argent, fair qu’il fe cafle comme. verre, partant il le faut refondre , purifier au feu, deliurer du meflange,& Île remettre en nature. 29. L'or aigre, & enaiory par l’entremife , & iixtion d'autre metal, fe doit auffi purifier auec 1e feu, & démefler, faifant éuanoüir,& aller en fu- mee tout ce qui s’eftoit incofporé mal à propos, abbaftardiffant l'or , & rabbaiffant la richefle de la ligue.Le Leton eft fon ennemy, car fi on verfe de l'or coulant & fondu fur du Leton , auffi toft l'or fe cafle, & fe fend en pieces. 30. Limer à la cheuille, c’eft le meftier joutna- lier des garçons qui poliffent , & dégroffiffent la fourdife,& niaiferie des premiers ouurages Fe fe ont \ : F / AP 2 RL 41 . LA i ,» De l'Orfeurerie 203 ont grofherement & à la hafte, 31.La limaille de l'argent meflee auec du falpe- rre,ou du fein de verre fe r’affemble, s'incotpore x fe fond.La limaille de l'or en fait autant,mais uec le bourat de Venife qui eft vne poudre »anche.csdin.f. 32. L'ouurage fe fait enouale : en comparti- nens, en rond,en lozange,en quarreaux. -33.Or mat,c'eft à dire, /mpobitum : ot brun,c’eft . dire, Politum : or trait, Dachile:or ras, c’eft à dire, Abrafum. Affineure d’or, &d’argent: l'or & l'ar- rent déchet autant de fois que l’on le fond.L’ar- rent s'appelle par les Alchimiftes, Lune;l'or So- eil, Mercure vif argent, Le plomb c’eft Saturne. -34. Billon, c'eft à dire , monnoyequi ne court lus , pour efcharfeté , ou autre defaut:ietter ou pettre aubillon,& cizailler. 3ç.On dit moudrel’or,c'eft auec vne onced’ot mettre huit onces de vif-argent ( & ainfi à pro- ortion ) tout cela dans vn'creufet fe met furle eu en moulantil faut qu'vne once de vif-argent wapofe,fi ce déchet n’y eft, la monture n’eftpas onne : puis de cefte pafte, ou monture qui eft lus cendre & fouple que la cire,on dore des ou- rages.La befongne n’eft paracheuce que rout le efte du vif-argent qui eftoit incorporé auec l'or “ecliple,& s’en va en fumee, de forte que toutes es neuf onces ne pefent que l’once d’or moulu, lont onauoit fait le meflange auec le Mercure. La pafte mouluë , fe ietre dans l’eau forte pour oir fi elle eftà raifon. | | 36. On en tiént la befogne de terre à potier 18 art où l'on ne veut dorer, afin que le prise na mefle 104 Chapitre X XI. mefle auecl'Or,commeil eftaétif,entreprenañt; ! & fretillant, ne s’emancipe,& ronge les confins / & limitrophes de la dorure,gaftant la befongne: l2 doture acheuee,on ofte la terre,& defcouure« on l'argent. | 7. Befongne de ronde boffe,c’eftà dite,entier & plein relief quand lesperfonnages ne releuent de perfonne,mais font tout à foy ayant toute leur rodeur à deliure,fans tenir au fonds fors que par le pied. Belongne platte,c’eft à dire, qui n'atien, & eft roure fimple,& nullement entamee parbu- rin, ou cizeau. Befongne de taille ; c’eft à dire, grauée & hiftoriée auec leburin. Befongne ou taille d’efpargne , quand le fonds eft d'argent, le relief dore. Taille baffe,c’eft à dire,auec vnfilet de burinilté, taille à fimple trait c’eft le mefme, quand aux defpés du fonds le butin imprime, & graue des fivurettes,qui fe cachét dans le metal. 33. Mettre l’Oren couleur qui autrement eft fombre, trifte & endormy : Il faut prendre de la fanguine meflee auec du falpeftre, blanc d'Efpa- gne , fel Ammoniaque, verd-de gris, couperofe vérde, tout cela bien meflé, &paflant par l’efta- mine du feu fe perd , & nedemeure que la maï-! ftreffe couleur , tout ainfi que le maiftre metal demeure ferme , & les autres y incorporez s'en! vont en fumée, F: 39 Pendant que l'or ou l'argent mould , file creufet fe cafle, afin que le metal ne gliffe par la fente, il faut'auec la pincette, ietter vne piece de verre dedans la caffeure,car le verre {e fond auf toft qu’il {ent la vertu du feu,& s’agençant dans la caffeure,la foude,rafséble les pièces, & j'a à € D À 11 Lo à ; De l'Orfeurerie. 20$ le metal qui s’acheue de moudre. | * 40. Rendre le marc d’or,ou d'argent en cédrce ou grauaille;c'eft le jetrer dans l’eau froide,quäd il eff cout fin chaud, car lors il Le grefle,& {e difi- peen petits boulets d’or,ou amandes,ou larmes, ou poires, {elon que le metal s’aflemble, que les parties cafuellement fe rencôtrent, &c {e formét en fuyant la rigueur du froid quiles mine. 4r. Pour blanchir l'a rgenr,quand il eft encore lourd, chargé comme d'yn nuage fans efclat, & {ans le bris qu'il doit auoir one fait boüillir auec de l'eau, du fel,& de la graue de vin ( c’eftcette- peau rouge qui eft comme la chrefme, & la fine fcur du vin)qui euaporant s'attache au tonneau, 8 Fait comme vne croufte devin. 42. Selon que l'on mefle de Leton pour faire tenir la foudure, auf dit-on,foudure à crois, fou- dure à fix, &c. à trois, quand pour fix onces d’at- gent, On ÿ mefle trois de Leton, añn qu'elle foit ferme. " 43. Gironnet vn fuage , ceft à dire, donner la rondeur à vne piece d'ouurage ; laplieren rond, | Ja voûter,ou plier en arcade, luy donner le plis. | 44. Frapper dans le ta [a moulure, & puis don nerauec la lime , qui joué fi bien, que ce qu'elle fait femble graueure. 45. C'eft amufer le monde que d'appeler l'or fin à vingt-quatre Carats , car on n en Crouue point à fi haut poinét , les meilleurs Orféures m'ont affeuré que iamais il n’y arriue , mais à | vingt-deux ; à tout fompTE ; vingt-trois Carats, |. mais cela eft fort rare. 3 46. Les fins Doriers pour rendre leurs dorures c | | 206 Chapitre X XII. de riche couleur,mettent vn blanc d'œuf,ou de vif-argent artificiel, fi la fueille d'or eft trop min- ce,la dorure fera blaffarde, & pafle. Pour afhiner l’oron le mefle auec le vif-argent,à la charge de le fralatter d’vn pot de terre en l’autre , pour lé defcharger de crafle & d’ordure , & puis jettant tout dans vne peau bien r'amollie, le vif-argent fort en guife de fueur , & laiffe l'or tout pur de- dans, ; ESPRE"Y 2O 3 et te oh £S3- ESS: EM09 ES ECS -L0p3- ER “EMpR- ESR ESS “EP: NA ETATS RUE as ESPREV VE" DES IE copelle. Car. XXIII. E plus haut point de finefle en + 1 l'argent font douze grains ou de- d2,)| niers, mais il n’y arriue quafi ia- É |) mais, comme l'or à vin gt-quatre Carats, “quelquefois l’'vn & l’autre y donnent bien prés. 2. L'Eftain, eft l’ennemy capital de ces metaux, caril les aigrit, les fait caffer,& iamais l'or ny l'ar- gent ne font bons,jufques à ce qu’ils foient entie- rement defchargez de la ligue,c’eft à dire,du me- lange d'Eftain, ou Cuiure , ouautre., 3. Les Affineurs & Coupéliers appellent le plomb le Roy des metaux,pource que fans luy les autres ne fe peuuentr affiner, & en les déchargeät il fe confume foy-mefme, & éuapore en fumée. uand on met l or & largentenfemble p our les feparer , il y faut mettre de l’eau forte. L'or fe retire à part , mais c’eft le pur efprit de l'or, & l'argent femble s’éuanoüir auec leplomb, mais prenant vn baft6 de cuiure,& remuant l'eau tout l'argent s’y arrache, & fe retire ainfi hors de l'eau. 4. La Coupelle eft vne petite couppe faite de cendre 208$ | Chapitre X XI. cédre de farmér de vigne,& d'os de pied de mou- ton.On la jette dans vn double fourneau de terre cuire ardent au pofhible,on en arrenge là rät qu'il y a de marchans Qui enuoyent leurs befongnes à l'épreuue : Quand les Coupelles font routes en- Aammées on iette en chacune vne balle de fin plomb,qui aufli coft eft fonduë,elle iette les grof- {es famees les premieres , puis s'efclarcit comme verre, à l'heure on jette les petits papiers où eft le poix d'argent qu'il faut : à la faueur du plomb ces petits brins d'argét fe fondent bié toft,on redou- ble le feu deflous,& à la bouche, rout y bout,on void long témps(enuir6 trois quarts d'heures)de grandes barailles,car l'argent & le plomb fe mef. lent par force de feu,& cependant ne fe peuuent allier ; on void vn beau meflange,& cependant tout fe fait aux dépens du plomb qui va tout en fumee , & auec luy toute la mauuaife ligue qui eftoit alliée à l'argent, fur la fin on void ce peu qui refte s'appaifer, côme fi c'eftoit vne demie boule de Criftal efclattant, ou Diamant bluëttant, mais celaquiboüillénoitfi fort,tout à coup ayät con- fumé le plob demeure tout coy, fans qu'il bouge tant foit peu,comme s’il eftoir figé,& gelé. $-Pendant qu'il y a encor duplomb,on void ces petits boüiillons fe pefle-meflant,mais auec diffe- rence,car ceux d’argentfemb ét de petites perles qui fautellent, luifant comme Eftoilles , ceux de plomb fonc plus mornes, & s6bres. Sur ke point que l’argét chaffe les dernierès reliques du pl6b, on void tout ce bout d’argét peint de mille cou- leurs,on l'appelle l'Opale, ce sôt les dernieres fu- mces du plomb ou de l: ligue , qui s’enfuyant & quittant De la Conpelle. 209 quittant la place au pur argent.le colare de petits nuages, d’efcarlate,d’or,d’azur,depourpre, & faic iuftement vne excellente Opale , cela dure enui- * ronvn Ane Maria,puis l'argent eft coupelé,affiné, appaifc,quine bouge nullement. On le tire,on le . fige;onle pefe au mefme trefbucher, & au mefme poids que deuant,s’il eft de mefme poids que de- uant l’elpreuue dela Coupelle;il eft parfait &c ap- proche de douze grains ; S'il déchet beaucoup, il faut l’enrichir &le r’afiner y mettant de meilleur argent. pr … 6. Quand le metal s’eft trouué loyal,les deputez . marquent la befongne du poinçon de la Maiftri- fe, qui fe change tous les ans fuiuant les lettres de Alphabet, & dans la mefme table de cuiurefont tous les poinçons , & les noms des Maiftres de la Ville ; afin de recognoiftre aufhi-toft de qui eft l'ouurage des bonnes & mauuaifes befongnes.Au refte on n'oferoit rien vendre qui ne foit marqué à ces deux poinçons , l'vn general de la Maiftrife, l’autre de l'Orféure. 4 7. La Coupelle boit fa part du plomb, & eft rou- re plombee & pefante apres l’efpreuue;mefmes il ÿ a quelque peu d'argent qui s'y mefle auec le plôb, & par grand artifice on peut retirer l’vn & l'autre de la Coupelle ,pourfçauoir au vray Le déchet de l’argent,& combien il perd en l'efpreuue.Aurefte plus on met l’argent à l’efpreuue,& plus diminuë- il, foit que la fumee en emporte, ou que le plomb en mange,ou que la Coupelle en fucce. 8. L’Alchimie ne craint rien tant quela Cou- pelle, car le plomb, & le feu decale tellement cét argent, & lerabais eft fi tres-grand Fpiot y perd , A ‘4 ki \ se De =" FESSES à: Li GE 210 Chapitre X XIV. de fon argent , fon temps , & fon honneur , & en danger qué tout ce qui eft venu en foufflant ne s’en retourne en re stat PE at DEPART DE L'OR. € HAPITRE X X I y à Oo VR Ka depart de l'Orauec l'Ar- de gentil fe fait ainfi. Aptes aüoir pat = 2 le moyen de la Coupelle, afhiné,& CS cfpuré l'argent, &qu'il n'ya plus Ti rien.que le pur Or & l'argentins corporez cafchbiés l'Effayeur bat vne petite pic- Ye ce, 8cpuis l’ entortille comme vne oublie pour la Abe pañler le col eftroit du Matelas (c'efta dire, vne fole de verre à bec long qui fe remplit d’eau forte pour la mettre {ur le feu,mais à petit feu.) 2. Onmet en premier liewde l’eau forte Mel | lee auec ladouce, afin qu’elle commence douce-| ment par fes boüillons, & fa force corrofue à! manger l'argent, & le defguerpir & deftacher dé! Or. Apres on metde l'eau forte route nette, qui par {a force fait le depart, & enleue tout ce quire- ftoit d'argent: La marque que le depart eft fair. c’'eft quand du fond du Matelas on void des boüillons fortir du. fond, & Far de grands lots enéféegnpez de fumee. | 3, On vuide apres coue au éremplisen lc 7 Po L : A] L_ 2 De l'Or. 210 ee atelas d'eau froide & douce, pour tiret l'Orqui éitant refroidy eft pur Or, mais alacouleurdé. " cuiure noiraftre à caufe des eaux. Onlemetdans va petit creulet fur le feu , & lorsil prend couleur de fin Or. Il eft donc blanc au commencement ; apres Le Depart , comme cuiure ; apres le creufet, jaune comme le fin Or, 4. Pour voir à quel riltre ileft ; on le va pefer au petictresbuchet ? quand on amis vingt-quatre Cas |. rats deuant lafinement, fi apres le Depart ilpefoite Àc encor vingt-quatre Carats, ce feroic le plus haut point, & le plus riche rilere où Or puille arriuer, mais iamais cela n’aduient, & par le déchet qui y eft , à tout rompre ,ilne monte qu'à ving-trois - Carats,& poflible trois quarts d’vn Carat. Toute fois afin qu’aux contes qu’il faut faire, on ait plu-. fcoft fait, on l'appelle Or de vingt-quatre Carats, çar ce feroit trop grâde peine de r’afflembler tous ces demy quarts & vn vingt-deuxiéme qui yman- quent. Autant en aduient-il à l'argent quiiamais n'arriue à douze deniers , car quoy qu'on mette douze deniers en la Coupelle,iamais on neretreu- uc le poids de douze deniers, mais d’onze & de- my ou enuiron. Toufours le plomb, lEfpreuue, & le feu en hument quelque cholc. s: Cette eau de Départ eft pure eau forte faite de: Vitriol, de Salpeftre, & chofesextrémement vio- dentes ; & corrofiues. Apres qu’elles ont feruy om les appelle eau forte,vieille,repaffce, Apres qu'on s'en eft feruy long-temps on la r'afhine la mettant . en de grandes fioles qu'on efchauffe,comme dana des couches de fumier, par la chaleur on fait eua- “wi vng grandepattie, & elpraint-on comme le à 1 Hi: Lo Y, 4 2: "4 s1L Chapitre X KI. urefprit de cefte cau.qui agit apres puiTamment, & s'appelle repañée. | à 6. Quand l'eau de depart a extraittout l'argent de lOr;fi on iette l’eau dans vre terrine, & qu'on mette dedans vne lame de cuiure,tout l'argent qui eft demeuté dans l’eau ( comme de l’huyle meflée dans vne autre liqueur ) tout aufli-toft s'allie , ac- court,& $’attache au cuiure, & ne s’en perd pas la moindre chofe du monde;mais fi on tarde trop, il s’en perd,& fi on verfe leau en terre,tout l'argent cft perdu tout net, & efuanoüir. 7. Les ouurages des Allemands font de fort bas or, & argent, & ne montent quali qu'à quinze ou feize Carats d'or; L'Italie monte vn peu plus haut, mais la France eft à plus haut tiltre , car à la mon- noye on trauaille au tiltre de vingts-trois Carats, & vn peu plus. Auffi la vaiflelle d'argentd’Allema- gne eftà vis afin qu'onne remerte fi fouuent les mefmes pieces au feu , car les premieres foudures ne tiendroient pas bien. En France les pieces font foudées,& remet-on fouuent tout enfemble l’ou- urage au feu eftant de fin argent & de riche alloy. 8.Quand FOr eft trop bas ;on le r'afline , en y iettant dedans d’autre Or fin ; ainfi de l'argent, auec l'argent. Le cuiure rend lOr aigre, & le fair caffer és ouurages ; partant ille faut rappurer ; & l'en defcharger;aufi le plomb eft ennemy de l'ar- gent.Pour r’abbaifferlaligue on y iette du cuiure dedans l'argent, & l'or; & les monnoyes s’en font, mais elles {ont bien legeres. La pierre de touche fait le premier eflay de l'or. 9. Mais pour affiner l'or rout à fait , l'eau de de- part ne vaut rien, à çaufe qu’elle ne fçauroir man- : get hyés LÉ #, : fe gi: Lé De OONE |: LE get l’argentiil faut donc faire fondre dans le creu- {et de l'Antimoine auec l'Or.Car en peude boüil- Jons cét Antimoine mâge rous les meraux;& rap- pure l'Or tellement qu'il n’y 4 nul meflange, mais | il eft tout pur.On verfe ce ineflange d'Orfondu & d’Antiroine dans la cloche ; où on iette du fuif, afin qüe l'Or ne prenne au fond, touc cela fe fixe bien toft , & l’Or demeure tout aù bout de cefte cloche fonduë , on donne trois ou quatre petits coups à la pointe , & on abbat toùt l’'Or affiné; il . eft vray qu'il y faut retéurner deux où trois fois, par ce que l’Antimoine retient toufiours vn peu d'Or pour les premieres fois, à la quatriefime il rend tout ce qu’il toit defrobé. ? dl f fe death fe fe fe fe fe L'OR :BATTV3; FILE, ÆET mi en cinquant. CHAPITRE XX VW. IN achete l'argent des Affineurs qui l'ont eu d'Efpagne , & l'ont hauffc , & affiné iufques à douze grains,y mettant : de l'argent pour hauffer , enrichir, & affiner la ligue iufques à ce qu'il {oit bien fia , & qu'il n’y ait plus de meflange. 2. Oniette dans vn creufer tout ardeñt cé ar- gent { qui eft tout imoncelé de petits grains liez enfemble dansl'eau où on a ietté l'argent affine ) \ (1 3 he. à CcY RQ, 74 PU, 24 Chapitre XX V. quiboüillonnant efcume , & ierte vne couler comme d'Opale fur le pur argét qui efclaire com- me Diamant fondu ; puis onleiecte däs vn moule de fer qu’il faut au prealable arroufer de fuif foda & tout chaud, autrement l'argent ietté däs ce fer, feroit tout efclatrer,&'iroit en mille pieces. Au re- fte;on met fur l'argent fondu deuant que le verfer dans le moule vne piece de toile, afin que le:char- bon n’entre dedäs Etiapres l'auoir verfé, au fonds du creufet s'allume lair,ce linge,& quelque excre- ment qui font vne flamme violette : & de fouffre, auec vn'incarnat merueilleux,& qui fait vne rres: ‘riche veuë&.Le creufet ne fert iamais qu'vne fois. 3. Le Lingot fait il lefaurracler du cofteoù on pretend couler lOr , mais en façon qu'il y ait . comme de petites canelures,& comine f on'auoir limé, & laiflé de petits filers creux, afin que l’Ot Sy attache plus aifément. UE 4 -4.Deuant qu’on y couche l’Or battu en fucilles longucs,il faut auec du charbon pile frottet viue- ment l'Or du cofté qu'on le veurincorporer auec l'argent, car s’il auoit tant feulement la moiteur d’auoir efté touché du doigt de l’ouurier, iamais il _ ne feroit bonneallliance auec l'argent; il faut donc que le vifd'Or,& l'argent s’vniflent fansiqué cho- fé aucune s’y entremette ; fice n’eft pourroutoa- fter. Puis on lime pour enleuer les aureilles où pointes de la fueille d'Orqui pañlent la largeur du Lingot d'argent. 5 els nm | $. Eftant donc bien frotté & netroyérudement auec le charbon; on pofe fort dextrement l'or {ur le Lingot d’argent,puismettät par deflus vn petit fac plein de pieces de toile , on va frappant d'vn is "07 bout ru +0 L'Or Bañtu. .. | 21. bout à l’autre,afin de colorer l'Or,& Juy dônerles premieres liailons atec l’argent. Puison leiette dans vn grand brafier pour faire la foudure parle moyen du feu ; mais deuant que l’ofter du feu on prefle deflus auec deux grands tifons ardens,pour. le coler également fur le Lingot, & luy donner la derniere ferre. 20 RG 34 6. Tout chaud qu’il eft on le porte fur vhe en. clume,& ayant marqué le lieu du mitan on coupe le Lingot doré en deux parties égales : puis le re- chauffant à grands coups de marteaux on com- mence à l’eftendre, mettant vn carton enttelen- clume & la partie dorée, & faut noter qu’en mar-- telant,iamais on ne defcharge les coups du cofté où ft afhs l'or: 212. 22m; in re 22 05) Hornet 7. Ayant defia eftendu ce Lingot doré onle. donne au garçon de la premiere enclume , qui a. fon marteau & fon enclume faits de façon que tout cela ne vaut que pourallôger la befongne & afin quele fray ne gafte l’or,on couutele canalde, bois où s’eftend le Lingot battu , d'vn drap mol car on ne frappe que fur l'argent. Apres cela pañle. par cinq autres enclumes , qui feruentles vnes pour allôger, les autres pour eflargir la befongne: . Si l'or femble blaffard apres les premieres enclu-. mes, il fe remet en couleur à force d’eftre martelé & battu fans remiflion, PARA + UM 8 On le bat tantoft tour fimple , tantoft replie enplufeurs doubles, comnie vn paquet de ruban . ou de paflemét;& le faut cuire & recuire plufeurs fois afin de le i’amollit, & rendre plus fouple 8 obeïflant au marteau, & à lens iteft. extrémemét delié,on le met entre des fucilles de 216 Chapitre XX. Quiure , ou Leron bien délices ( qui ne feruent qu’vne fois)& on l’eftend à grands coups de mar- teau, fans que quafi jamais ilfe rompe. 9. L'ot qui dore toute cefte befongne,; comparé à l'argent, n'eft que la cétiefinie partie de l'argent, & fi onprend Fargent,la foye,& l'or tout enfem- ble, l'or n’eft que la deuxcentiefme partie détour, car il y aura de cent de foye pour filer, &-de cent d'argent ,la deuxcentielme partie , & cependant tout le fl femble de pur or, ne {e voyant vn feu brin defoye cachee, ny d'argent qui eft la couche de l'or. | Li | 10. Quand tout le paué eft patfemé de brins d’or ou d'argent, qui s’enuolent quañd on lime,ou re- taille , ou bat l’or & l’argent , en verfant du Mer- cure & du vif-argent,on r’affembletout,& nes’en perd pas vn feul atome, le pärtage ‘apres s’en fait aifément,paï la fonte,& par l'eau de depart. 11. L'ot battu qui eft blaffard, ou par la mefchs- ceté & larein des compagnons, ou pat autre acci- dent, iamaisne peut eftre-rebaufsé en couleur, ny afñné dauantage; & n’en éft pas comme de l'or traict qui fe dore auec des fucilles d’or de coquil- le,& fi vne nefuffit.on enadioufte vne autre pour faire la dorure plus viue,& de plus bel efclat. 12. Quand l’ora effé tant battu qu'il n’en peut plus, on le porte aux coupeufes & aux filandictes. Celles-là prennent lesfueilles batruës,& les cou- _ pent par le long d’vne extreme vifteffe , affeuran- ce, & vniformité, & letout en fe iouant, & quafi n'y fongeantpas, ce qui fe fait par Îe moyen de certaines forces faites à cét vfage, & tenant entre les doigts de la main gauche vn certain engin y VAS n) toile L'Or Battu, 217 téile noire, & des filets atrachez en façon que les forces coupent également , & ne peuuent ny en- tamef trop auant , ny auecefpargne trop grande reftreciffant ces filets d'argent doré. Vne fille en coupe plus que deux n’en fçauroient filer , pour diligentes qu’elles puiffenc eftre. 13. Tout ce grand artifice va finalement abou- tirà cefte gentille tromperie , de faire du fil d'or, qui cache deux cens fois plus d'argent & de foye qu’il ne pefe , & cependant femble tout d'or. Au refte on téd par la chambre de la foye jaune àplu- fieurs doubles, le bout defquels filets font entreles mains des filandieres , qui ont au doigt indice de la gauche vne efpece de dez à plufieurs petits ca= naux faits en rond;là prenant le fil d'or couchent le bout du cofté de l'argent fur la foye , & dela droite donnant le branle, & piroüettant le fufeau, en moins de rien couurent route cefté foye d'or fans qu’il y paroiffe yn feul brin d’argent , ou de foye cachee,& celaëeft fi vny,fi {erré,fi delié qu'on iureroit qu'il n’y a que de l'Orfilé, & fort fubtile- ment, & cependant la foye toute feule eftoit plus gtofle , que n'eft apres lafoye couuerte de ce fil d'Or qui l'eftreint & la ferre par lemoyen du fu- feau,& du dez. 1 14.11 y a au refte fix façons de fil d'or, differen- tes les vnes desautres; plus ou moins deliees ,ou ferrees, ou plus enflees fel6 qu'il faut pour ouurer le clinquant,& faire le paffemét d'Or.& la brode- tie, car il y a des ouurages qui ne veuléteftre faits. que d'Or battu , oubien vn peu palt; d'autres qui sôt d'Ortraitau molinet, & fubrilizé au roüet,qui cit l'Orde laruë S,Denis, où fans ceffe on va pal- O s$ 218 . (hapitre XXVL fint & repañlant cét argent doré par aës pettüis grands & petits ,iufques au dernier qui rend le fi d'Or & d’argent,comme vne foye de cheual,& vn cheueux de femme. Au refte le fil d'argent coute. ! qualiautant que le fld'Or, n’eftant quafi tien ce peu d'Or dont on dore l'argent. Le miracle eft. comme il eftpofñlible d’eftendre fi démefurément va peu d’or, fans que iamais ilefclatte , & qu’on puiffe voir vnfeul filet d’argént defcouuert, & que la dorure foit efgale par tour, Le D AUDE AE MES. DE L'ESMAILLERTE. Cnavirers X XVI. TA FT LES De pend desmeraux & du verre,cho. KEM (es qui {ymbolifent beaucoup. Le d) / meilleur de tous les verres pour. » " ” Ÿ faire l’Efmail,c’eft celuy depierre, car le verre de Eougere,ou de Foufteau,ou de Sa- licor eft crop volatil,& trop mol. | 2. Pour Je purifier, efclaircir, & rendre en Crifta- Jin(dont on faitl'Efimail clair pourcoucher (ur les metaux,& l’efpois pour appliquer aux ouuragesde terre)il faut difloudre la foude {c’eft àdire cendre d'herbes pour faire les verres) däs l'eau chaude, & le Our le fait dé lEfimaillerie def- | Del'Efmalkrie. 219 la Gtrernet. Carainfi on en efpure la crafle. 3. Apres on éuaporel'eau,on congele lerefteen vne fubftance claire-nette, qui s'appelle le fel Al- cali,puis on le mefle auecde fable ou cailloux pre- parez,& iettant le rout das le four des verriers, on y iette du Minium ou Mineral, ou artificiel fait de plomb calciné , rouge comme Cinnabre, cela de- meure fix iours au four , les deux premiers:iours cela eft iaune, les deux autres, verdaftre, puis fe defchargeant peu à peu ce terre deuient clair & tranfparent comme l'air. | Le. 4. De ce Criftalin ainfi afhiné on fait les faufles Pierreries & les Ef{maux; maison l’aflembleauec- ques vne chaux metallique faite de plomb , & va tiers d’eftain de cornoüaillé bien calcinez au four de reuerberation.L’eftain donne corps à l'Efmail, c'eft à dire , le fait opaque & fans tranfparence:: çs. Le plomb eft mediateur de ces deux fubftan- ces, caf fans luy nul metal ne fe peut vitrifier.Pre- nant doncce Criftalin &cefte chaux , en poudre fort delice,les emplaftrantenfemble en forme de petit pain tout plat (laiflant vn trou:au milieu pour euaporer l’humidité:) on laiffe fecher,on met aprés cela au four d’vn verrier , tant qu'il femble qu'il vueille fondre. Tirez-le lors, laiflez le re- froidir, mettez-le en vn creufet,& le creufet dans vn pot de terre, faites-le fondre , oftez la graifle qui furnage & efcume, puis laiflez- le affiner vingt quatre heures. | RU 6. Voila l'Efimail blanc , propre à faire tous Ef- maux, çar il eft fufceptible de toutes teintures, Si vous prenez cét Efmail:, auec du Criftalin lerout bien broyé, & mis au four d'vnverrier pour fon- dre, 120 Chapitre XXPTL dre, c’eft à dire, pourle faire noir , iettez dedans du Saphre & du Pierigot.2.L'azur Turquin fe fait auec l’argent brufle & du fouphre.3.Leverd aucc da Cuiure bruffé par cinq iours en lamelettes ten - ues, autrement ilne fera qu’vn verd d’oye', tirant fur le iaune.4. Le Cuiure bruflé par trois fois don- nele verd d'Efmeraude tranfparent. $. Le bleu. le violet, le gris fe font auec Saphre meflé diuerfe- ment.6.La couleur de perle fe fair en y iettant du Salpeftre. | mp 7. Le chef ¶ngon detous les Efmaux,c'eft le Rouge-clair:le taune paillé fe fait auec l'argent. Puis le iaune-doré orangé;cirin {e faitauecroitil- le de fer , raclée des Ancres rongez de l'Acrimo- nie de la marine,ou bien auec le Safran de fer di- ftiléauec vinaigre. Et notez que plus l’Efmail aura enduré le feu,plüs il fera naïf & conftant. 8. Le Pourpre, incarnat , rouge, cramoilfi, par- tènt tous d'vne mefme racine.Le rougefe fait iet- tant {ur le verre & l'Efimail blanc du Cuïure calci- né. limaille de feu, &orpiment ; & plus y aura de verre , plus il fera incarmat:plusy aura de plomb (il n'y faut point d'eftain) & de couleur ; plus il fera obfcur&'chargé. : | | 9: LeRouge-clair fe fait iettant dedans de l'or, argent vif, plomb ; &efprit de cuiure, & fouphre de cuiureincombuftible.La teinture de ce cuiure- cyeft fi haute qu’elle graduë l'orplus haut que na- ture ne l’a mené ; mais fa teinture netient pas bon en vn feu afpréfOr cela nefe fait qu’auec l’efprit | & fubftance volatile du cuiure qu'on iicorpore auec l’or,les decuifancpeu à peu epfembleiil y faut. vn peu de Mercure,quideféd lesteintures détou- te + ue rh dé Hd De l'Efmaillerie, 227 te aduftion , & fupporte & amufe: l'effort du feu, pendant que la teinture s’incorpore auec l'or. _ 10. Cét or ainfiteint eft le vray fondement des belles fucilles de Rubis; car celuy qui fe fait auec le corps du cuiure a toufiours des noirceurs , liui- direz, & meurtrifleures ; à caufe que la fubftance du cuiure eft ainfi noiraftre,& ne fe peutamender ny le recuifant,ny reparâtauec le rafoüier, ny auec. laucmens de gomme ,nyle bruniflant. Or celuy quieft fair auec lefprit du cuiure, c’eft l'Electre des Anciens, dont on fait des coupes qui mon- ftrent la poifon qu’on ietteroit dans le vin. 11. Lefeul plomb apouuoir d'y vitrifier l’or fuf- dit (dont on fait l'Efmail Rouge;clair\ainsle rend volatil, & en huyle, & lors fait or vitré , ou vegre d'or,chofe fi precieufe qu’on en a paué le Paradis, difant l’Apoc.que le paué eft d’vn or femblable au verte fort net, Et le mot Æamel , Hebreux { done vient noftre Efmail , & le Smalto des Italiens } eft cet Electre d'Ezechiel , felon S. Hierofme c’eft à dire, vn or vitreux. 12. La Nellure a efté autrefois en grand vfage, elle fe fait auec de l'argent fin , du cuiure , & du plomp, bien incorporez. 13. Les Efmaux s'appliquent fur l'or, l'argent, le cuiure (furles autres metaux non } fut le verre, & fur la rerreson a encor treuué moyen d'Efmuaillerle marbre.& les pierres dures,säs que le feu les gate. 14. Pour coucher les meraux ( les ordinaires font noir,verd, violet, ranné, gris, Aigue:marine, & Rouge-clair,iaune-doré,&c. lefquels font tous tranfparens , hormis le Blanc & Tutrquin, qui ont corps ( il faut battre l'Efimail en poudre impalpa- ble L'of 222 ÿ Chapitre X XVI. ble ( la Nellure eft en grenaille) dans v: mortier d’acier, lepilon de mefme adiouftât vn peu d'eau Ileft meilleur ainfi que de le broyer fur le marbre. _15.Vuidez l'eau & mettez cefte poudre delice en vnctaflede verre,& tant d'eau forte deflus qu’elle _ Je couure ; & le lauez fi fouuent iufques à ceque Peau en forte bien claire. L'eau forte le purge dela graifle & onuoliré du metal,& l'eau conimune, de la terre entremeflée. | 16. Il faut toufours tenir les Efmaux broyez dans l’eau nette, car eftant à fec ils chargentaife- ment quelque ordure, 17. On les prend auec la palette de ciure pour les coucher fur l'ouurage de baffe taille,mais auec grande diligence,de peur qu'ils ne fe confondenr, {eimeflaat l'vn parmy l'autre, 1,18.Eftant couchez,il faut auec du papier moüil- je & bien efpraind feruart d'efponge,deflecherles Efmaux,& humer toute l'humidité, car l'Efmail Le porte mieux fec que moüillé.Cette couche fe n6- me la premiere peau. On le met fur vne lame de fer,peu à peu le pouffant dans le fourneau,infques à ce qu'il face fembiätde fondre,& branfler(il ne faut pas qu'il fonde tout à fait)on le tire, & le laif- fe-on refroidir, puis on donne la feconde cou- che , puis la troifiefime , cuifant & recuifant couf- jours,& donnant le feu plusafpre iufques à ce que Ja befongne foit faite. 19. Eftant fair & refroidy , ille faut polir auec vnepierre propre à cela, & l'acheuer auec le Tri- poly: ce poliflement s'appelle polir à la main.Les autres façons.de polir ne font pas fi delicates , nÿ bonnes. Fe 20: De l'Efinaillere. 223 26. Pour efmailler louurageen boffe,ou demy boffe, ou plein relief ( car l'Efmail n’y peut pren- dre , comme au creux de la balle raille) on prend des pepins de poires trempez en eau claire dont ‘on afperge l'Efmail qui en deuient gluant, &s'at- tache à l’ouurage. | | “21. Le Rouge-clair ne fe couche, & ne prend que fur l'or:vn autre rouge plus groflier prédaufli fur l'argent & le cuiure.T ous les autres Efmaux fe peuuent coucher fur l'or,largent,& le cuiure. . 122.Le Rouge-clair qui ne merd quefur l'or s’ap- plique ainf. 1] le faut tirer du feu tout à coup, & l’'efuenter auec vn foufflet, car quand'il fe fond pour la derniere fois il deuient fi faune que vous ne le fçauriez difcerner d’auecques l’or(cela s’ap- pelle ouurir) & s’en fait vn Efmail iaane-doré, ou citrin tranfparent, Pour le remettre en {à couleur, il le faut mettre en vn feu lent,où ilreprend peu à peu fa couleur, & lors il le faut tirer & refroidir auec le foufflet;le trop grand feu rendroit la cou- leur trop chargée,& feroit noir & obcur. 23. Ce qu'on nomme Efimail,& efmailler en au- tres termes on dit glace,& glacer la befongne:car l'Efmail eft vne efpece de glace ou blanche,ou co- loree. De façon que furglacer les ouurages, c’eft les furefmailter , & y mettre la derniere main ; car apres l'Efmail il n’y a plus rien à mettre. | 24.On fait du faux Efimail en meflant dela cen- dre de plomb , & poudre de Criftal ; ou bien du verre, le mettant fur le feu dans vn vaifleau,& le remuant fans ceffe : de là fe fait l'Efimail clair , ou bien clair d’vn cofté,& bläc de l’autre;on les teint aufli y iettant ou de la poudre dé thuyle, outerre à | | azutee, 2" 224 Chapitre X XVI. azurée,ouautres, Que fices pierres & Efmaux font langoureux en couleur & blaffards , ou {ont ! fombres, & ont quelque nuece, il les faut briler en « plufeurs coins, qu'on frappera & efchantillonne-. ra, afinique la couleur obfcure par la repercuflion : des anglets, foit efueillee, &fe regaillardiffe don- nant vo Juftre plus eftincelant & naïf. | 25. Outre les ingrediens fufdirs on mefle encore en diuerfes fortes d'Efmaux , du Vitriol , mignon ! ou mine de plomb , fel Alcaly , efcaille ou faffran ? de fer, falpeftre , verd de gris,fel Ambriot, Maga- nefe,du Saphre. | | Voila à peu prés ce qui fe peut dire bonnement ! de la glace precieufe de l’Efmail,pour la diuerfité 4 des ouurages , cela n’eft qu’vn meflange felon la * fantafie de l’ouuricr,qui pour gaigner de l'argent 1 vadiuerlifiant & déguifant la befongne. : Ne RD CGR OE DD Co DE LOR:BATTY ; en Eueilles. CHA?DITRE LAVE ? Vray dire,cefecret ne fe fçait bien que : ANS de ceux du meftier ;quine le defcou- qe NS urent pas volontiers. Orl'Or qui. s’e- VESEIDN ftend fi démefurément à. coups. de marteaux larges & bien vnis,& defchargez à me- fare,fans donner de l’arefte de peur detout caffer, ne fert quafi qu'aux Armuriers,& aux Peintres.lls en font les dorures des armes &des corniches & entabiemens;Ceux-cy figurant auec ne certaine mixtion ce qu'ils veulent fur le bois ils y appli- quent l'Or auec vn peu de coton qui fe colle fi fort,que la dorure ne {e deftache quafiiamais.: SA GX Voicy donc à pem prés tout ce qui concerne ce | battement d’or G d'argent. Or battu en fueille fait par les Mailtres dudit. meftierseft fin Scpur,du tiltre de vingt-quatre Carats,vn quart moins pour leremede. : L'Or acheté en poudre de l'Affineur, puis fon- du dans le creufer,& reduit en Lingot. 216 Chapitre X XVII. Le Lingot forgé fur l’enclume,& recuit dans le feu pour le rendre fouple & facile à à forger. Coupper le Lingor ps petits quarrez égaux, vingt à l'once. Les vingc quarrez mis dans le moule, & battus croiffent de l eftenduë du moule , puis chacune fueille couppeë en quatre , & chacun quart remis dans le moule , par cinq fois, reuiennent à douze cens fucilles,qui ne fe peuuent plus eftendre. * L'Or ainf battu, faut le rongner,& mettre dans le papier. Ledit ‘or battu eft diuifé « en quatre es La premiere eft le petit Or pour les Apoticaires. M feconde l’'Or moyen pour les Peintres & Mar- chands forains. La trôifiéme | Or appellé Super- grand,pour les Libraires, & encores pour les Pein- tres, La quatriéme eft le grand Or pour les Four - bifleurs & doreurs fur fer: - Le cent d'Orpour les Peintres & Libraires pefe au plus deux deniers, valant quarante huit grains. Or bel & iaune d'vn cofté ; & blanc de l’autre; eftant vue fucille d'or, & vne d'argent batrus & joints enfemble, employé parles ra amie à Patifiers, auf per les Peintres, _ tromper | les Bourgeois. L'argent battu eft pur & fin,du Sie douze deniers, quatre grains moins, appellé le Remede, achete de l’Afineur en grenaille,puis fondu dans le creufet,& reduit cn Lingot. Le Lingot coûpé par quarrez , & battu en la mefme forme qu ‘ileft dit de Or. Deux fortes d'argent battu, l’va foible pour les Peintres,& l'antre és ur les Fourbiffeurs. sh î Cuiure L'Or Battu. NS _Cuiure rouge & iaune fin , battu en la forme que l'or & argent, Mens aid Les outils feruans à battre l'or, l’argent , & le cuiure font, ptemierement pour forger. © . L'enclume pour forger For & l'argent. La pierre de marbie pour battre l'or & l'argent. Le rablier du maïiftre eft de cuir de mouton ou bœuf, | 291 | Les moules à battre l’or & l’argét font de boyau de bœuf pris à la tripperie ou à l'efchaudoir, deux rais l’vnfur l’autre eftendus fur les efchelles , & fechez ainfi. Puis couppez par quarrez au nombre de quatre cens pour chacun moule, huit cens pour la paire, entre lefquels quarrez font miles planes de papier pour defgraiffer le boyau à force de battre auec le marteau pour les efchauffer , & ofter la graifle. Cela fait fontmotüillez auec colle de poiflon, puis battus par chaude pour les fecher. Pour la feconde façon font encores lefdits mou- les battus auec planes de papier , puis moüillez auec drogues,comme vin blanc,canelle, poyure, Rofe de Prouins,dragée commune, autres, puis refflechez de noutieau à coup de marteau, & apres brunis auec plaftre fin pour y mettre l'or. Il y a quatre fortes de moules, La premiere eft de parchemin fimplement, appelle moule à co- cher, c’eft à dire , pour defgrofler les premiers quarrez du Lingot d’or coupé. Lefecond eft de boyau appellé le chaudrer, Le troifiefme appellé le moule à Cartier auffi de boyau. Le quatriefme moule pareillement de boyau feruant pour la der- nierc façon, P 2 #8 Chapitre X X F1. L Les ile en croix pour tenir par vn coin les W fücillers des moules. _* Lespinces. debois déBrezil,d Ebene, ou d'Iuoi- re, pourmañier l'or, Le Rozean pour couper l'or. _ Le couffinet de cuir{ur lequel eft coupé l'or. . Cingfortes de marteaux à battre l'or & largét. Le premier marteau à forger. Lefecond, le mar- teau à cocher ou defgroffer, & les trois autres [e- lon les moules. LeLiuret appelle Quarteron, contient vingr- cinq fueillets rouges pour l’or,& auñfi largent foi ble,& or Bel,blanc pour l argét fort à Eciich: fleur. Le quarteron de-grand or à Fourbiffeur trente- fix fols,le moyé vingt-huit fols, l'or pourles Pein. tres dix-huit & vingt fols,le petit or treize fols,l’ Re belcingq fols, l'argent à Fourbiffeur cinq fols , l’autre moyen deux fols fix deniers. . | ; : Coquilles d'or moulu. broyé-auee filpeftre & gomme {ur vne pierre de Perghies: Pons les En- lumineurs. À | 4 CN à < ù e_Z- da IE lÉOCLURMERRS ( + j \ & _— \s e*; CYATZ à & DRE 0 TU DS DEYLOR EN’ GENERAL: PR dE D DIU == OR eftoit caché aupres de l'Enfer, | pat vn iufte deffein de nature , por À efpouuenter [a courroifie de Fhom- ZA me , mais on ne laifle pas pourtant d'enfoncer les entrailles: de la pauure terre , & foiiller iufques aux fauxbourgs d'Enfer, &.cou- rir & butiner le domaine,des, diables, d’où l'or porte vne infection »; qui eft la contagion des cœurs, qui infeéte 8&empefte les ames du monde, Jés-plus innocentes,, Les, paettant en; appetit de - faire patade de fuperfuité, & fentir bienfabon- * lo maifon. Las quelle monde ferait, heureux fi Tvfage de l’orfe pouuoit detraquer, 8 mettre en interdiétion,n’eftant qu'vne, chofe dreffée.pour la, rüine-des-hommes, & pourtant quieft aude là de tous les ourrages qu'on luy fçauroit dire.O la grä-, de playe qu'a receule gente humain par celuy qui inuétalaimonnoye.diofsau lieu des lopins de cuir de bœuf, de Toronen doroit tant feulement les: cornes des groffes beftes voücesau facrifice.Main- | genant vouswoyez.nps Dames chargées. d'or és. doigts;aucol,de bracelets, carquans, collanes en efcharpe, chaines, pendans d’aureille , attours 66 . P p 130 Chapitre XX VWIIL affiquets de tefte,robbes routes brochées d’or, les brides des patins toutes de fin or,onà mefme fair de l'or potable,% fi on pouuoïit, ie croy qu'on fe- roic volontiers vn air d’or relpirable , les monta- gnes d’or , & tout le monde ; caron void es mai- {oui dés Far rians d’or; des chiffres , des enta- blatures qui monftrent allez que l’homme a plus d'enuie , que de puiflance, De fait. Salauces Roy feir fon Louure d’or, au moins les voûtes eftoient d'or, les poutres des haies d'argent, comme auffi lés colomnes,& les iambes deshuys. Er Ne- ron fi grade maifon dorée; qui ténoit la moitié de Rome. Ifacela de bon,queënyroüillure, ny ma- niementiamais ne fe decalle, ny rabbaiffe fon ca- rat, ileft fouple & fe’ laiffe maire, fler,riftre, moudre ; calciner; c'eft à dité / réduite en cendre, bittre 8 mettre en fueilles;il GE flamibe aifément au feu de paille & en prend la couleur,aux autres feux ileft plus accariallfe 7On en treuuees riuie: re, à Aeur de terre fous vid manne, & terre bril- lante . le couuré, ’& ten terre où il fe ictté Nrez € | ôn ï RE on “ iétte Gifs: vne cabelse ou foffe quid la mine éft fondués afin de l'efpurer de Ja craffe. Viay Dieu quefiéfuis aile de voir-paffer cét'or partant de marryfes, puisqu'il eft caufe de rant dé malheurs', & entharnte fi puiffamnient les hommes. C eft bien icy Paage d’ot , puis que équt y, cft d’ot', Pefperance le défcharge toute fur l'or : hos’ fbuHâies ne refpirentque l'or, heur & or cen “eFau’vr VA, ec de fans of ce n'eft qu'vn fan- tofine PM 27 l'Or en general. A tofme qui fait peur à cout le mondeé , fagelfe fans or cen'eft que mere folie , (ciénce ñ 2 que vent qui bar les aureilles & pale. le vray enténdement éft én bourfe , les elcus font les riches concé- ptions, l'eloquencé dorée ; & le vray Chiyfofto- me, c’eft l'or qui eft l’orateur parfait, & entraîne tous fes auditeurs où il luy plaift,c'eft le vray Her- cule Gaulois, qui tire tout auec ceschaines d’or, c'eft Orphee qui rauit les beftes de ce monde les plus farouches , & les deffauuage. Oftez l'or du monde , tout Le refte n’eft que fonge de malade, refuerie & bagarelles,amule fols , niaiferies d'en- fans : & on fait plus d’eftat d'vne liure d’or ,que tous les Liures d’Ariftote, & de toute la Philofo- phie, & Theologie tout enfemble. L'Or porte vn iour qui fend les nuiéts, & trenche les tenebres qui obfcurciffent noftre vie;tous Les ennuis, com- me Chauue-fouris , fuyent à la veué & au rayon de ce beau Soleil;quänd il eft enchafse dansle fir- mament de nos coffres , ou dans le Zodiaque de nos doigts , où il coule toutes fortes de benignes influences. Cette terre enfouffree & enfaffranée, eft la vraye terre féellee qui guerit de tous maux, c'eftle vray Galenus qui refoüitle cœur, efpuré le fang , taricla rate, efuentele foye, Mine yo efprits, donne pointe à nos entendemens, efclait- cit l'œil, deflie la langue , auffi dit-on que l'or potable eva vray chaffe-mort , & la mort de la mort mefme. Sainct lean a blèg fait de parer Dieu d'or, & de pauer cout le Paradis de mel me ;car ie croÿ qu autrement ces gens n’euflent point eu d’enuie d'y mettre laprefle , & euflent HN de à “Sy. : c M 2 4 132 (Chapitre XXVIIL. mieux aimé lescornes d'or de Lucifer, aue celles de glace de la Lune, ou Je Criftal ardent. du Soleil. Qui le croiroit qu'vnéterre oppilée, &ayantle ? mal dela iaunifle, de la boûe luifante , vn cailiou efclattant, l’efcume fortant des borlons de l’En- fer d’où on le puife , eut tant de puiflance fux l’homme raifonnable. éd atiot 4 LL # : 14 5! » 4 | } 27% t Fr 1 £ le : ‘ . 7 ; d | . fr “+ PJ" : 1 4 LA Ti I "3 ge LA 0 j La F4 27 : "#Y PRIX 1 0 PEN 4 MALI EPATTI DS OMIS Et * 1 . ” D | APR RNLUE j | 4 . k * : IR rS . AE f} (y è y 4 ADD | sh - ét" TE! ent j En LÉ ) En Ver È F 7 KA) ! | ges Z $ L " KS .E F s E 2.1 À | »4 P & Le Arts re SA ARE é #3 + 414 Deere 4: ie CR A é i "5 fenc-ils, que pour bronzer la drapperie des Images, faut de la limaille de franc cuiure , broyce fur vn boyeur, & appliquee auec delacolleàhuyle. | La veine & Mince dont {e fait la bronze: Czdmia metallica. À ; 0” L'autre calamine fe fait és fourneaux , du plus fubtil de la bronze qui s'en vaamontaueclaflam- be,& demeure attaché aux voûtes des fourneaux: ea trouue la plus fubtile en la bouche des four- neaux,que les Fondeurs appellent fleur de calami- ne, pource qu’elle eft bruflée, & fi legere, qu’elle cft comme fleur de cendre ; l’autre qui demeure atrachee aux voûtes des fourneaux eft faite en grappe , les Fondeurs l’appellent loppe fimple, ou Joppe fans craffe:la loppe de la tierce efpece,& la plus pefante de toutes , demeure attachee aux co- ftez des fourneaux; & retire pluftoft à vne croufte qu’à pierre ponce. nh | Pour calciner le cuiure , & en faire la potee, il faut que ce foit en vn por de terre cruë , y adiou- ftant mefme poids de fouphre : & qu'ayant bien lutté le pot , & fignamment {on ouuertute, on le mette cuireenvn fourneau, iufques à ce que le pot fo:t cuit. | La loppe de bronze fe laue comme la potee. Le pouffet ou grenaille de bronze fe fair des. placques & culots de bronze fonduë, les efchauf- fans en vn autre fourneau , que celuy oùon fond la mine, où à force de foufflets on fait tomber la grenaille & les efcailles qui font deflus,lefquelles {ont dites fleur de bronze. | La ‘240* Chapitre X X1 X. Lapaille & batture,ou efcaille de branze, dire # Leps, des Grecs , fe fait és forges & marrinctsou M on bat les plaques & culots de bronze;dke la forge des cloux & cheuille de bronze , dont on foude les pains de bronze , ou donton ferre & clauelle les placques de bronze. 6 Il y à difference que le pouffet ou grenaille tombe de foy-mefme, mais la paille fe fait en for- geant à coups de marteaux. Il y a vne autre efpece de paille ou batture fort fubtile,quieft dite, Sromoma,pource qu’elle eft far. te à petits coups de marteau , & quafñ des barbes de la bronze. * On prend pour diphryges la loppe de Marcaf- fin,qu'onreduit en craye rouge es fourncaux.Irem on fair du diphryges en lIfle de Chypre, d’vne terre limonneule, qu'on tire de certaines baumes, &ec.Le tiers diphryges fe fair és fourneaux de cui- vre, de la loppe qui demeure parmy la cendre fur ja griile : où on peut confiderer plufeurs chofes: car en premier lieu la matiere dutcuivre eftant fonduë , tombe enla caffe où conche : la crafle fe srouue hors des fourneaux:la grenaiile ou pouffet nage fur la maticre , mais la loppe demeure au fonds du fourneau. : Il y a des mines qui rendent tout leur fer mol & tendre quafñ comme plomb: es autrds rendent vn fer aigre frefle,tenät fort du cuivre,& qui ne vaur rien à ferrer les rouës , ny à faire des cloux, où au contraire le fer doux eft fort bon. item,y a du fer qui ne vaut rien qu’en befongne courte,comme à faire des cloux & desboutôsesiambierésdes har- nois, &c. Toutes ces fortes de fer s’appellent Srrs- bé Aura, Les Metaux. A1 lura,de ffringere aciem,ce qui n ’eft dit d'autre me- tail.Item,y a difference 6s forges & fourneaux de fer,& mefimes à le cuire,car l’arce dont fe font les trenchans,fe fair en vne forte,& celuy dôt on fait les enclumes , en vn autre : mefmes on accouftre autrement les precedens que l'acier dout on ace- reles pointes des marteaux. Toutefois la princi- pale difference gift en la trempe, & à Iuy bailler l’eau à propos,quand il eft rouge. La matiere que rend la Mine de fer eft claire commeeau;& le rompt par apres enpetits ballons & carreaux. | Entre toutes Mines il n°y en a point qui aye les: veines ny les filons plus larges que le fer. Le fer fe corrompt, 8 {e gaîte, fi on ne le bar pour le conroyer pendät qu’il et chaud: fine le faut-il battre qüand il conimence fenlement à rougir, ains faut attendre qu’il foir comme blaffard au f cu. é Plomb noir, où plomb commun: oeil nd + ou eftain de glace:plomb de lauaille. | On treuué le ploib blanc à fleur de rerre,par- my les fablonnieres , & parmy les correns fechez: & taris on en trouue des pieces comme du gra- uier , queles Arpailleurs lauent,& apres auoir bié ébroûé ce grauier,ils fondent ce qui va à ronds,& en font le plomb blanc:On en trouue aufli és Mi- | nes d’or,& l'appelle-on plomb de lauaille, pour- ce qu'onle Jaue és mares où fe fait l’efbroüement de l'or. On ne fçauroit fouder deux pieces de plomb commun {ans plomb blänc ; c’eit pourquoy plu- “gi le prennent pour eftain de glace. Q 242 Chapitre XXI X. Vn vaiffeau de cuiure eftant eftammeé ; ne pefe non plus, qu’auant qu’on l’eftammaft. L'eftain fin {e contrefait , mettant le tiers de cuiure blanc fur Je plomb blanc , on le conrrefait aufli, meflant également de plomb blanc, & de plomb commun par enfemble,& appelle-on cefte matiere eftain argentin quand à l'eftain fait à tiers,il y a les deux parts de plombcommun, & vne part de plomb blanc. Le plomb bruflc,qu'on appelle portee de plôb, fe fair en pots de terre,faifant vn liét de fouphre, & vn li de lames de plomb & de fer parmy , al- rernatiuement : Aucuns font cefte potee de li- maille de plomb & de fouphre : d’autres fe trou- uent mieux de calciner pluftoft le plomb auecla cerufe,qu’auec le fouphre. Aucuns pilent & preparentainfi la limaille de plomb,les autres y adjouftét de la mine de plôb. On fait quelquefois le vitriol comme le fel des falines, laiffant congeler leau douce qu'on a atti- réés allumicies au Soleil. Or blanc,or de bafin,or d'Allemagne, bas or, où y a la cinquiefme partie d’argent.Eleëtrum. On ne trouue point tant d'autre metail tout af- finé côme de l’or,mais on trouue argent, cuiure, naturellemét affiné,& autres aufli.Il y a mille au- tres chofes qu’il faut renuoyer aux Fédeurs,pour fçauoir pleinement touticét are metallique,car ily * a mille beaux fecrers dans le mefläge des Meraux, dans Les alliances & les liaifons qui s’en fôt,mais il y a bien du hazard,& ne fait pas bon en fçauoir tanr,car plufieurs apres auoit bien cherché les af- finemens de Metaux , & enabufant , n’ont treu- UE Les Metaux. 243 … uéau fond du creufet qu'vne corde & vn gibber, ou bien de l’huyle boüillie;qui eftle refulrat d’v- ne dangereufe Alquimie. 536€ Re GES NES DÉS PREFACE AV LECTEVR DES, FLEVRS: . Vandla nature eff en fes ioyeufes pen- fées, c’eff à l'heure qw'elle tapiffe out soUniuers d'un mode àe Fleurs agrea- bles. Et à vray dire,ces Fleurs s5leris, : cles refiosiffances de La terre quad elle fe void deliuree des cruautez de l’ hyuer,G d'une lon- que caprinité.On void bien qu'elle prend plaïfir a s'es- banoyer,bigarran. de cent mille façons la Jur face de la terre [ure/mailée dexniile rarete?. Les molles halences du Zephire,auec les douces ifiuences du Ciel,meflan- gean: les motreurs des rosées auec les chaleurs du So- leil de Mars,font teute ceffe riche diner fs îte dans le feir de la terre,enfèmencee de cent mille graines mortifiées foules afprete? de l'hyuer. Les SS.Peres ont fait auec La Nature,comme ce Peintre auec la Bouquetiere,dont sl admiroit les beaute?. Elle enfiloir des Chappelers de fleurs en cent mille façons, G luy auec [on pinceau en couchoit tout autant fur les Tableaux, © ne[çauoit on qui auoit gaigné;elle en faifant,on bien luy en peignant ces ouurages, l'un © l'autre du tout mignardement. La Nature émaillant les capagnes les Peres fleurdelifant leurs eftrits,contretirat toutes [es mignardifes,ont fait vn fi noble paralelle de beauté,que de vray ce font des seracles,Otous deux font plus beaux l'un que l'autre Mais 245 Das qu'elle vergogne de voir qu'on ne [çait pas parler de ces belles beantez:@ quelle fantafie de fRanoir leurs noms en Grec S'en Latin, © en Françoss ne [Cauosr ny les noms,ny les parties des Fleurs,ny parler de che- fes fi délicates, fi ordinaires Quand les plus happez ont dit La Rofe,le Lis,&lOe ller,le Bouto,élafueille, ce petit bouronrenferme toure leur [tsence,car ils font au bout de leur [cauoir, € rebatrent les aureilles les grefl int de redires importunes, © ignorantes. Le vous veux d'eflier la lançue,afin que vous puiffiez dire deux mors bien à propos. La graine iettee dans le ventre de la terre,pourrie deffous le fumier,batuë des cruautez de l'hyuer,[ur les premieres douceurs du Printemps rallie [es perites pre- ces,® fe reffafcitant pouffe de petites racines,inueffs[- fant la tendre motte pour en fuçer la motelle,puis per- çant la terreiette on petit { best blanc Svne point e ver- delette,cela fe nourrie «+ ves d'œil, par laps de 1èps s'engraiffe , puis gaigne le haut, cf roidir fa tige toute verte,a la faneur du Soleil cela boutonne, cr à couuert digere toutes [es couleurs , le bouton s'enfle pena pen, éclatte doucement,monffrant par la fente l'ef[ay de [on apprentiffage, © vn rayon de [ès beantez,le 1éps,men- rit ces beantez renfermées,c en fon temps partageans le bouton fait éclorre tout doucement la fleur,defpliat delicatement les plis des fueilles,Garrengeant tout [ur les pointes du boutonentr'enuert, met eneffat la fleur, € luy dore La figure bien [eante a [a qualité, O qus contente l'œil. LaNature foigneufe de ces threfors odo- riferans les contregarde fort curieufement, armant les vnes des pointes fort aigües,heri[ant les autres de pi- querons,connrat celles-cy de fueilles raboteufès serrant Jes autres à l'abry des fucilles larges @ ombragenfes, 1 246 pour conferuer leur teint, mefmes elle fast ioner des [e- crets refforts , afin que les desboutonnant pour bumer Les influëces de P Aurore, fur Le [oir elles [e rebouronnet d'elles mefines craignant les horreurs de la nuiit. Les vnes fortent d'un bocal verdeler,les autres d’un tuyau,d'un bouto,d'un effuy, d'un petit panier à mode de hotte,d'un vafe,’vn coffin fort oly cr bigarré,d'u- ne guaine d'un efby,d'un nœud,a’vneoliue,de l'oeil du cyon,de la gemme efpanouye, d’un vafe rembourré de coton, cet mille mille faços,qui fe 1eitent au iour. La tige eff grellejou grafle,on mince,droite,a ame penchate,liffee,afpre,crenelee, marqueree,rencuce, sas nœudsC'tonte d'une;venne velue,defpouillee de fueil- les, fimple,branchue,polie, raboteuje,rorfe,fuerllue,en- rortillee,auec afprete d'efcorce, nue, iettantedes cyons. La fleur eff en mille façons mince,charnue,molle,co- sonnee,rude;repliffce, applatie;releuee, vniée , torft, renuerfee,a mode de thnyle recoquillee,pointué,fenduë enouale,en rond,referree,a l'abädon,en cœur ,enaman- de,decoupee,bordée,dentelee,vnie,heriffée de pointelet- tes,ayant des barbes entalfées , pouffant des filets en amont,des martelets aubout tournée vers le ciel per- chante à terre,touffné.fimple,trenchée de veines toutes d'une couleur, marquetée monchetée de bigarrures, fonettee à veines rouges Gfanglates,pommee,goderon- née, defchiquetée,recourbée, entoriillee, cre[pée &* ri- dée, à rebordemens pallementez. L'odeur ef? auff admirable qu'innombrable douce, ferte,pe[ante,brufque,aigue,punaïfe, fombre,endormie, vine, delicate, feche, mal-faifante, chancie, baffarde, ayant vne [ouefue framboile,amortie;peneträre.fuyan- te,affadie,acre,mortifiee,agreable, attrempee,fade.fu- Crine,parfumante,aromatizante,;qui [ent le hasle,paf- pe | 15% | | 247 fée; [ubrile, l'efprit de la fleur, la chrefine, l'ame de la fenteur l'effence, les vapeurs les plus pures, efmoulfee, | rabbatue, e[uentee, noyee dans la pluye, efueillee, ba- | flarde,fophiftiquee. 0e | Les couleurs font infinies, les nos auf]! [èyent pre- pres on empruniez.on dir couleur vine,cffincelante de feu, terne, deslance, d’efcarlaite, pourpresperfe,chan= geante, violette, haute,bale,attrempee,de neige;laitt, or, faphir,hyacinthe » de faffransorpaillé,celefte , verd de mer, Iris, plorsbée, noiraffre, verd mourant ; Verä naïif[ant,verd gay,verd doré,verd de terre ; verd fom- bre,l'eftlat vif,le rayon agreable,le teint naï/,blaffard, languifiat, mourant haslé;prédre couleur charger cou- lenr,fe defcharger couleur efleinte,effacée ; iaunaftre, mourante,pallee;fleftrie,fanée,terreftre, pourriflante, Enanoie, foible palfagere,conftante, I Les parties font le germe,les racines,oignons;bulbes charnuëséponlpuës,le premier files qui met le ne ? hors de terre,la tige,les nœuds, liaifons,etmboitures; boites, enchafeures l'œil;le boutort,la gemme,le col de la fleur, la larme,les fueilles lesdeffences d'efpines,les aiguiler- tes çG filamens pour s'accrocher;l'écorce,la moñelle,le sas, le cœur de la fleur d'où [e poufiés Les files de faffras on argentins, les ongles © extremire? des fleurs , les pointes dentelettes,palfemens du bout des fleurs l'efprit la manne tobée du Ciel,le [uc, Le flair,les qhakitez occultes la conleur,la beauté;le bel ordre de fes fueilles le plantrs,les cyons,les plaçons, les sertons €ÿ rererions, les boutons grainez.,le fucillage, les barbes,les houppes, les perles comme és conronnes imperiales € autres , Le defiheance € decadence des fleurs q ui tombenipar pieces , G lafchent fueille à ‘fueille [è dépouilanrde leur beanté , la dépoille des iardins , les fleurs Q_ 4 248 } meurtrirs en les maniant , déconfuës & déchirees, La graine Je trenue at bonton:au col de La fleur,à La : pointe des filamens,an ventre de la fleur,dans la bour- re @ Le coton du bouton ; dans l'effuy,4 la pointe des barbes,a l’onglee en fin quafi chaque efpece de fleur 4 ! fa façon de porter [a [emence pour fe multiplier : les Las fe fement par leurs larmes,les Rofes par leur cyons, les autres laifent tomber leur graine 4 leur pied pour fe mulriplier , les autres n'ont autre graine que leur oi- gnom,oufi elles en ont,clles ne font ny ff bien, ny fi roff que les autres. Mais vous verrez en detail, Lecteur mon amy, comme 1l faut parler de chaque Fleur 4 part, © auec vn peu de [el de difiretion fuyant toute forte d'affeëta- tion @ de ieunefle , vous aurez moyen d'apprendre à parler de la beamé des Fleurs, & en parer voftre elo- quence , ainfs queles SS.Peres Orateurs parfaits de l'Eglife , © que les Princes de bien-dire ont fait cha- .cunen for tempsembaumat l'air de la douceur de ler eloqnencefleuri/sate. Maïs n'en faites point #7 parade, 2y largefle,rien ne pur tant qu'une fleur ponrriffante, rien n'ennuye tant que fleur [ur fleur, douceur [ur dencenr qui d'ordinaire entefte,auffi rien nef? f; de[a- greable qu'une elequence qui n'eff qu'une enfilure de [lemrettes de Reshorique. Pen @ bon cell la deuife des efprits bien fasts. fa LES 49 | td * LCA NMTELITENSE Rene Oo EESELÆEPRRS die Senteurs, € la beaute des Parterres. CraAr. XX X. Ze Ls. E Lis porte les fueilles longues, tou- à fiours vertes , liflees , grafles , la tige haute , ronde, droite, vnie, grafle, ferme ; toute reueftuë de fucilles. Du fom- met de la tige naiffent des branchettes , d’où fortent des teftes longuettes de couleur d'herbe, qui blanchiffent auecle remps,fe faconnant com- meen vn panier , à bords renuerfez , on vne clochette de fatin ou d'argent. Du fond & du cœur d'iceluy fe iertent contremont de petits #- lamens d’or ou de faffran, teftus & à refte verte, & de petits martelets d’or, fes fueilles d’vne exquife blächeur font canelees & rayces par dehors, & ces caneleures fe vonteflargiffant en allant (àmode de hoce)vers le bord. La graine cit au bout des petits brins & filets d'or qui font au mitan de la coupe, La tige afin de mieux porcer {a tefte éft rencües par tour & r'affermie , 4 elt-ce que le Lis cit rou- Q 5; A To) Chapitre XXX. fiours à col pendant, & languiffant ne fe pouuant fouftenir, Il Heurir à la my cueillette des Roles, ! l'oignon ou lebulbe eft efcailleux ces, efcailles! vônt en appointant & font fort fecondes. On én fait naiftre de rouges, purpurins, azurees, & des couleurs où on trempe le bulbe , ou la tige fechee! à la fumée.Le Liferon(Conuol:ulms) eft vn Lis ba- flard , fans odeur, fans filez , il femble que ce foit le coup d’effay , l'apprentiflage , & les premiers traicts de nature quand elle fe mit à vouloir pa- tronner , & façonner en chef d’œuureles vrayes fleurs de lis. Le Lis s’acconftre comme {a Rofe, mais il a cela d’auantage qu'il peut venir des gout- tes & larmes qui diftillent d’eux.Il y en a aufi des jaunes qui ont le calice doré,& toufiours doré de fafran Les Poëtes ont enuie de nous amulfer , di- fant que Hercules ayant humé le lait de luno, & tout à coup s’éftant deftache, du lait qui coulaau Ciel {e feit la voyé de lait, & en terre de ce qui fortir de la bouche d’Hercules fe formale Lis,qui fe dit la fleur de uno. ; Pommes À Amour. beauté a baprizé ces fleurs de ce n6,car elles merirét eftre aimees: elle a fix fueilles ou rou- ges,& jetrant vn beau feu;ou jaunes ayant {ur fon or de petics craicts riants d’argent. La Pomme eft de forte cuyfon,& de du ré digeftion.La fucille eft large,peuplee de veines, crenelees & dentelees au bout. La tige grafle, afpre,veluë ; la racine jauna- fère , pour donner efclat à la fleur , nature ya en- haffe au mican vn petit bouton d’or, d’où forrenc ; les Les Fleurs, &ÿc. ai | Jes fucilles comme rayons mufquez, ou de (tin | odoriferant. Les fruicts font comme concombres, Ja peau blanche purpuree , fans ride & luyfante, } a chair dedans eft blanche , forte à digerer ; en- | teftanr, oppilant , enflant , & font caufe de la me {ellerie. La Rofe. APE la Princeffe des fleurs , la perle des Ra- {es,c’eft la Rofe de Damas blanche, ou Rofe mufquee.La feconde,larouge,latroifiefine,l'incar- nate , la quatriéme,la blanche; la cinquiefme, la fauuage, qui vientés efglantiers:fixiéme , la Rofe dorée , belle, mais puante. La rouge eft de plus haute couleur que l'incarnate , & pourtant eit de plus forte operation,comme tenant plus de feu & en fuitte de l’amerrume : l’incarnate mife en infu- fion eft plus foible en vertu.Il y a des Rofcs fueil- lues de cinq fueilles, de 6.7. 10. 100. & plus. Les : fueilles font differentes entr’elles, il y en a des af- pres, des vnies,des hautes en couleur,moins char- EPS odorantes, larges. La marque ce excellente odeur eft quand l’efcorce eft fort a- pre , l’efcorce fedit ces cinq fueilletres verres & barbues,qui enuironnent le bouton quand il fe fa- çonne.La Rofe,& les Rofiers aiment la verre lege- re,curailles de mais6,le platras, vieilles mafures:le lieu gras, argilleux, aquatie, latue , au moins ef moufle la pointe de fa fenreur,& la réd plus pesä- re & lafche.La Rofe croift d’vne épine grainee,la- quelle s’enfle en boutôs pointus, (le iétte en poin- te & bocalverd,& alabaftres verds)& vers,ce bou- ton 262 Chapitre. XXX.. ton rit & fe trenche petit à peit, puis fe débout6-! ne, deflie, & defploye fon threfor, le Soleil déue- Joppe& dénouë les plis & les fueilles, la faifant! cfpanouir , & prendreiour,& donnant le dernier [L | 4 | trait de beauté à fon efcarlatte, & acheuant dela parfumer , & y faire infufion d’eau rofe;au miran : il y a côme vne coupe de pointes dorées,& de pe--! tits filets de Mufc ou de faffran entez dansle cœut : de la Rofe.Les Medecins la diuifenc en fix parties. Premierement. L'’ongle de la Rofe, c'eft à dire,ce ! bout blanc par lequel la fueillerient au bouton.2. La fueille 3. Les petits filamens d’or. 4. Les grains au bour des filets, & de fes perirs poils & cheueux d'ot. 5. Le haut du bouron. 6. Le refte qui eft la queuc.Quand la fleur eft crefpaflee,quandle fruiét du Rofier eft bié meur;il y a däs ce fruiét la chair, la femence, & le coton,qui toutes ont de grandes vertus.À Cartagene d'Efpagne il y a des Rofes de haftiueau rout l’hyuer. La graine des Rofes eft au bout6 fous la fleur,& eft rembourree d’vne bour- re, de ceton,& de duuet pour lacontregarder La femence eft fort tardine, auffi vaut-il mieux plan- ter les cyons & jettôs de Rofier, que les femer.Le temps eft en Féurier quädle vét fueillu (Zephiræs) eft en campagne , mais il fauc que les plançons de Rofiers foient plâtez larges ; pour bafir les Rofes illes faut arroufer aupres d’eau chaude quand le bouton commence àmôftrer le nez.Mais ces bon- nes gés ne fonnent mot du feu de fon incarnadin, dela neige de for fatin bläc , des cinq faphirs tail- lez en languertes tout autour pour luy feruir d’a- tour, du Baume & Ambre-gris qui en refpire , de cefte petite moiflon d’or qui eft au mitan,de la ri- gueut f | Les Fleurs, rc. 253 gueur des efpines qui la contregardent des petits voleurs qui la deträcheroient à coups de becs,da jus & de la fubftance qui en eftant efprainre em- baume tout de fa fenteur, de mille vertus cachees, pour forrifier le cœur, efclaircir la glace des yeux, & effacer les nuages & les mailles, raffrefchir nos ardeurs,roidir nos gençiues, éueiller nos appetits, & refufciter les morts de faim à faute d’appetic qu'elle remet fur la langue.C'ef la maiftreffe eur des chappeaux , & des bouquets. Les fueilles font crenelees,rudes,noiraftres. s Le Mufc, & les Sentevrs. E Mulc iaunaftre eft le plus friand,le noiraftre apres, puis céluy de Sini. Tout Mufc fe forme au nombril d'vn animal tirant au Cheureul,ayant vne corne;lors qu'il eft en rut,le nombril s’Efle de rage, le fang y accourt , la befte creue l’apoftume qui groflic trop;de cette enflure fort la bouë,& le fang & la lie de cette apoftume,qui eftét en terre à la faueur du Soleil préd fa fenreur. Ceux qui font le bon,ne brourent que le Nard , & herbes odori- ferantes. L’excellent eft celuy qui eftpris dans l’a- poftume forc meure.Si le Mufc n'eft meur,il a vne fenceur pefante & fafcheufe ; les Chaffeurs pédent les veflies trop cruës,& les font mreuriren l'air, & cuire au defpens du Soleil. La Ciuette eftvne fueur de certains Chats femblables aux Foines, mais (uéur qui vient au plus fale lieu de la befte. Mefme l’Ambre fe prend dans le ventre d’vn poif- fon felon l’opinié de quelques Parfumeurs. Quel- le honte à l’hôme d’eftre fi curieux de chofes ii fa- les, 254 Chapitre x y. les, & que Dieu à deffei Quidéuroient faire bondir le cœur. Voyezie vou prie,où les chofes que l’homme eftimet£t fe treu uent : le Mufcenlieu infame,les Fleurs dans le fu micr puant , l’'Efcarlare dans le fang d’vne huiftre baueufe, l'Oraux Portes d'enfer, les Pierreries er la boue de la mer,où és terres maudites & bruflees da Soleil, la foyedans la morve des vers qui la ba- uent, & ainfi de tout le refte » & voila les gran- deurs des moltels, ñn auoit cacüees en lieux L'œiller, 1: dcbat la prefceance auec laRofe, enbeauté, louefueté, varieré.Il a les fueilles courtes,char= nues, groffes, courbees, finiffant en pointe. Ila plufeurs tiges, & {ont rondes, minces, noüeufes, voies, hautes, jettant des petites branchettes, en la cime defquelles on void vne petitecouperte r6- de, longuerte , le bord decoupé en petites dents Comme vnefcie, d'où fort la Fleur qui fent leclou de girofle,& pourtanton ]a nomme giroflee.Ces : Fleurs font vermeilles » Ou pufpurees , obfcures, blanches,de couleur de chair, pefle-meflees de di uerfes couleurs à caufe du meflange des graines. : L'œiller d'Inde à Ja plante brächue, les tiges hau- tes , canelees, droires,rougeaftres, d’où fort quan- tité de fueilles chiquerees, decoupees:ayant de pe- tits filamens argentins yflans du cœur, & fe reco- : Quillant au bout. Quäd le petit tuyau verd fe veue | efpanir il jette le nez dehors, & vne petite pointe OU Comme vn poinçé d’incarnat,qui petir à pctic | s'enfle, & fend la preffe de fes pointes qui le tien- nent. Les Fleurs; rc. 2$$ sent en ferre & prifon efftoirte, l'ayant tranché il Re jette dehors enrond, défair le plis de fes fueil- es,prend l'air & leiour, & refpire fa fenteur tres- ouéfucaffinant fes couleurs,ë cuifant fon eau & fon mulc, & agence fort joliment {es fueilles en ond,& faifant monftre de la dentelle de fesfueil- les, (vuuftenant de bonne grace ces trois menus che- aeux d'argent qui fortent du fond de la Fleur. Il y en a des petits riole piolez qui peuplentinfinie- ment,mais fe haftent & Acftrifent bien toft,n'ont pas rant de bonne odeur que belle parure, portant vn gris blanc tout moucheré de gourtelettes de fans, & d'écarlatte qui femble eftie enchaflee, ou pluftoft greflee deffus,& fienc fort bien. Pafle-velours. Amaranthus. LS appelle for velluto, Fleur de velours, cet vn épypurpurin d'excellente beauté,mais fans odeur , ilne fleftrit point, & pourtant eft-il nommé A maranthe, fes fueilles font plus grandes que le Bañlic,fa tige arofle, erafñe, rougcaftre {a fleur épice toute feche qu’elle eft,retient fa couleur naïfue en l'hiuer mefinesauffi eit-ce le bouquet de tout cemps;car mefmes apres eftre défleury,trépé ‘dans l'eau il reuerdit,(e remeten couleur, reprend | fon velours, & fagayeré,ne perdant jamais facou- leur purpurée,au relte ii veut eftre cueilly fouuét, | car ilen ietre vn plus beau feu,ëc charge vn rouge plus efclattanc, & fon velours efpiéeft pius vif & plus attrayant. Tous les Teinturiers du monde n’ont iamais fceu contrefaire en leurs teinturess lefclat du he velours ; comme ils ont fait de toutcs 266 Chapitre. XX X. toures les autres Aeuts. On le nomme auffi fieur d'amour, à caufe de fon cramoify conftanr, & im- mortel. Les herbiers ont vne Amaranche jaune nommee Helictyfon , comme Soleil &or , car ces | fleurs tournent auec le Soleil, & font comme vn or fleury, ayant la cime ronde & reluifante;l'é- moucherte en rond , amaflee comme Corymbes fennez. Les V'iolertes. Où diroit quel”’Aatheur de la Nature a choifi la Violette pour y coucher s’ôémail,& y fai- re éclater la delicatefle de fon pinceau,& les cou- leurs du monde lesiolus riches pour border le m4-. teau du Printemps. 1 y en a de purpuree, mais de la plus fine pourpre vioierte, il y en a qui femblét de la neige façonnee en fleurettes,du lait caillé en Mufc blär, des fucille: d'argent embaume , de pe- cites éftoilles odoriferanres. Les autres font d’or mufqué , ou des Violertes mertamorphofees en‘vn tres-foüef or decéüppé en fleurons. 1] y en a des compofees de cent & cent fueilles ajencees joli- ment,& routes entces en mefme tige, mais fe jet- tant en rond,& fe repliat les vnes fur les autres,&c ar vn doux monopole s'accordant à côpoler vne 35 iolie violette auffi belleque douce, pefle mé- Jant d'vne gentille cunfufiôn mille couleurs qui {eent extremement bien ; & contentent énticre- ment l'æœil.Les aucres font des arbres,& démécant leur race fc jertér en l'air, pouffant fi haut qu'elles vont de pair auecles arbres, au refte portant lali- urce & les couleurs des autres,à fcauoirle pourpre entréfies dé blanc. Voila les Violetres de Carefme & de be (Te 9 M. Les Fleurs, oc. 257 & de Mars. May & luin ont les leur à part,elles fonc bigarrecs, le haut & l’orle eft purpurec,au milieu blâche,;au bout d'embas doree,quel efmail merucilleux voir Pargét , la pourpre, l’or,le-faphir des feuilles qui ombragent tout autour, tout cela yffant d’vn petit cheual verd, d’vn petit brin de faphir,d’vn peric filet qui fert deruyau à la nature, qui par là diftille le doux mufc qui en refpire.Les tiges font formees en triägles, vn peu cannellees, creufez dedans , comparties par eluaux eftages, partagez par des nœuds qui renouent & fortifiét ce petit pilotis qui foultiét ce chef-d'œuure muf- _qué,de ces nœuds naïflent des petits rinceaux qui portent les fleurs.Les fueilles font au commence- ment rondes, & chiquetees, puis s’eftendenr en longueur,& fe mertét au large.Les plus excellen- tes font celles de Carefime qui fe ietrent au Soleil furles premieres pointes du Printéps,& qui n’ont encor fouffert les ardeurs du Soleil qui fait carit leur eau, les cuit trop a{premét, & les fair fleftrir& fener,ny aufli peufsér trop decrépees par les pluies qui les deflauér & aFadiffent,émouffant la pointe de leur vertu & bonne fenreur.Leur grande vertu viént d'vn petit feu bien attrempe,& d'vne doute chaleur qui eft la predominante qualité de leur complexion, & les rend doucement ameres.Pout éfueiller leurs forces, on les met tremper dans du vinaigre , & n’eft pas croyable la grande vertu de ces Aeurertes ; cela remollit les endurciflemens, rappelle le sôme efpaté,refrigere les ardeurs qui “cuifent les parties nobles anec excez,eftaignéties inflammariôs ; le ius mollifie Le ventre, diffipé & | euacué la colere ; adoucit l'afprèté du poulmon, . dar ' 258 (Chapitre XXX. raffrefchit le feu qui brufle la poitrine , defoppile Le foye,confume Ja iaunifle, & mifes en infuñon, ou dans l'huile font miracle dans l’eftomach, fe gliffät dans les veines où vont flottac mille mau- ailes humeurs, Le olaifir eft quand aux premie- res aduenués du Printemps,& au retour du Soleil quand pour payer fa bien- vente , adouciflant les rigueurs de lair,& efchauffanr la terre, pour pre- mier prefent il nous deferreles Violettes. On void fortir d'vne motte route couuerte de mille fueilles vne troupe de petits brins verds, qui font tous teftus,ces celtes {e iettent en petires goufles, & enguaines , ou bourferres, & vaiffeaux ronds, dans lefquelles fe referre a nature, pour minuter à fon aife,& patronner les Violettes. Elle façon- ne quatre ou cinq fueilles,elle les peint de violer, fauf qu’à l’ongle elle les dore d’argent, mais d’ar- gent entre-coupé de petites veines qui courent çà & là pour nourrir ces fleurons,& leur donner Ja grace;elle les mouchecte de petites taches fur- femees,elle decoupe chaque fueille,leur donnant yne iufte rondeur, les rauallant vn peu au plus haur,% leur donnant comme la forme d’vn cœur fleury.comme fi laViolerreeftoit Le cœur de la na- ture,& la perle des fleurs.Elle pouruoit d’vner4- ee de petites pointes gralles, & roides, afin que quand la Violette fera à l'abandon,elle ne panche auf voft à cerre,mais qu'elle foit foufteniüe pour môitrer {a beauté au ciel,dont elle porte les cou- leurs, &pu Île mieux iouir du rayon,qui met les derniers traits de fa perfeétion.Finalement elle y coule bonne prouifion de baume, & fe referue le petit canal de la tige creufe à cét effe: ; afin que fi Cr elle Les Fleurs, oc. 259 elle s'efuanouïc & defleche, la nature puiffe faire nouuclle infufion de mufc,& halerer par ce perit canal,pour ia remettre en {es fenseurs premieres. Son efcarlatteViolette,ou lanthine eft inimitable à l’artifice qui iette tout le Prin-remps en larein- ture des foyes. La racineeft charnue,on dit que les Violiers iaunes emportent le bruit, & qu'en certains païs elles font plus nobles que les pupi- tines.Pour les Violetres de mer ce n’eft pas grand cas. Mais les rouges font en aflez bonne reputa- tion.& ont du credit parmy les autres Violertes, ‘on les nomme aufi Violerres des femmes. Elles veulent eftre en terres rudes , maigr£#s & bien veues du Soleil,felon le dire de ces Herborifies. L'Iris,on la Flarnbe. C Efte fleur portelaliuree delArc-en-Ciel,car les fueilles fonccôpofe:s deblanc;pafle,iau= ne,pers,bleu, & tout cela au bout de chaquetige. Sa racine eft mafliue,noteule, & d'odeur de vio- lette de Mars.Elle incile les groffes humeurs,def- charge le cerueau tirant des larmes,& appaife les trenchees de ventre, guerit des morfures de fer- péc prife auec vinaigre,incarne les vlceres & fiftu- les cauerneufes , remollic les duretez, efface les lentilles & nuces du vifage,ouure la charnure, les os,defnuez,& delaffe fort. Sa tige eft vnie;ronde, noüeufe. La fueille, comme le glayeul, canellee, pointüe;reinte en fineefcarlate violere,auec quel- que efclat de feu violer.Le fauuage aneuf fueilles perfes qui ont au deflus certains traits dorez. La Flambe aromatize , & parfume le lieu où elle eft Le | R 2 260 Chapitre ET X. (non pas comme la flsur Hefperis qui fent mieux de nuit,que de iout }maïis en tout temps ,elle por- te l'odeur en {a racine. Elle eftant mafchee corri- ge la puñreur de l'haleine , & le bouquin des aif- feiles. 11 y en a debianchafties,de rouflaftres , du cofté de la marine , mais elles ne font de recepte, ny en credit. En Sclauonie deuant que la cueillir ils vfent de celte ceremonie : ils font trois cernes auec la pointe d'vn couftcau, & arroufent d’eau miellee, pour flarter la cerre , & reparer letort qu'on luy fait de luy arracher du fein cefte perle des fleurs:eftät arrachee iis la leuêt contre le ciel, en hômag}u’ils fonc que tour ce bien leur vient de Dieu, & fi faut la cueillir d’vne main virgina- le,au moins bien chañfte.La racine eft cauftique & bruflante, fuierte à veumoliflure, mais cét Ircos tour vermoulu qu’il eft,n’en {ent que mieux. La fleur palle incontinent, & ayät les fueilles larges, grailes, pefantes , & la fleur ouuerte à l’ibandon & difcretion de tousles outrages de l'air, cela fle- ftric,& fe fene incontinent ; meime en fes beaux iours elle pend nonchalamment , les fueilles ne fe faifant bonne compagnie,mais fe defbandent,dé- mententr,& [emble auoir vue diu orce;l’vne fe te- nant ferme & droite,l’autre fe recoquillant,celle- là fe repliant , & fe laiffant pendre à l’aduenture, &z à demy perclufe de fes membres’ Le Narffice, LAS Es fueilles sôr menuës,la tige eft er eufe&def _ fucillec,la fleur blanche;au dedans iaune, ou bien purpusec;la racine blanche,ronde,bulbeuf.e, da | Les Fleurs, Fc. 26i Ja graincnoïre ferree dans vne petite bourfe de peau. La racine,foude bié les nerfs coupez,r'em- place & aide à remboiter les os, fortifie les de- loüeures des cheuilles;arrache ce qui eft fichéau corps,efface les nuces du vifage , les lentilles in- carnees dans la peau,& fur le cuir de la perfonne. En la cucillant la graine tombe & regerme , ainfi qui en cueille vne ficur en feme dounze.Il yen a de plufieurs fortes,de purpurees, de vertes , de blan- ches,& de huit fortes. Son bouton eft enflé& fans pointe, commnecçant à s'ouvrir il fair comme vne grenade creuee par le haut,efpanoüy il séble vne eftoille d'argent ayant tour le fein d'ÉF,couronrén, : d’vn petit filet d’efcarlatte, crenelé fort mignon- nement,& fait côme vn point couppé de nature. La tige ne porte pas bien fa tefte qui panche tout jours à terre,fon teint eft gay , {a decoupure pro- portionnee,les fueilles graflettes & roides,& qui aiment la côpagnie,aufli cefte flcur ne tombe pas pat pieces,mais coute enticre.Le rouge eft fain,le verdaftre quiales fucilles blaffirdes defbauche l'eftomac, & démôte le cerueau,l’appefantifsät de grolfes vapeurs & fumées graffes qu’elle iette däs la tefte.La racine qui fert aux diflocatiôs eft boni- ne aufli aux apoftumes plates. Broyce & incorpo- ree aucc vne certaine huile,purifieles meurtriffu- res,refiouït les conrufons,& les foulures,difloud le gel des parties morfondues & gelees..On con- fonde Lis auec le Narcifle,mais larige de ceftuy- cy n’eft pas fucilluë.1] yen à qui ont la fléur fauve, d’autres qui ont la fleur d’alentour blâche, le vale ou la compane du mitan purpurine , l'odeur n’eft pas dés plus agreables du mondésquelquefois élle - Re : # 16: Chapitre. X XX. eft pefante,endormie, lafche, mais la beauté con- tente l'œil, & le refioüit de fa douceur argentee auec les petits efclats d’efcarlatte qui la fendenct doucement,& la paffemente de bonne grace. . L’' Anemone, TL ya pour le moins cinq fortes d'Anemones : farce fleur rouge, de laiCt, incarnate, de haute couleur,& moins chargée de couleur. L'A- nemone à les fucilles decoupces fort menu, les tiges grefles,veluës, canelees;les fleurs font de fix :fucilles à Tencour comme le Pauot , & font pur- purees,au milieu il y a de petites teftes noires,ou perles}, accompagnees de petits filamés noirs qui Juy font la cour. La racine eft comme vne Oliue armee de nœuds;mais elle n’a pas tant de cheue- lure & filamés que la fauuage qui porte vne fleur rouge. La feconde porte les fleurs luyfantes, d’v- ne pourpre claire & moins chargee. La troifief- me cft argentine, & n’a que cinq fueilles grandes comme Rofes,& deflus y acomme vne fort lege- £e couche & teinture de pourpre. La quatriefme a les fleurs pourpurees;a force decoupures.La cin- quiefme eft doree , ou d’or mufqué façonné en Anemonñe, Fufch. croit que ce foir de mefme que la Pulfatille, qui iecte fa fleur en eftoille;mais ve- Jü+, purpurce,obfcure, portant au milieu des pe- tits fleurons dorez côme la Rofe qui iette vn petit #loc purpuré de fine foye. Autour de la bafe de la fleur de la cige poufle vn Soc velu de couleur cendree, tendrelet fi delicat, qu’on croiroit eftre vnchouppe de foye colce. Le Les Fleurs t®cs 263 Le Caffor,le Baume,t le Nard,@ Le Benioin, Cin mome ; C:nelle. P: he s'eft mefpris;&en a trainé apres foy d'au- tres,& c’eft erreur populaire, que le Caftoree foit ce que le Bieure porte;& ce qu'il arraçhe eftät ferré de crop pres.Or cela eft cres-faux;, car de {es dents iln’eft pofible qu'il arriue à ces parties. Mais ce fonc les rrompeurs qui empliffent des ‘bourfes de bon & mauuais Caftoree , & font ac- croire ces babioles. Au refte la verité eft qu'au- pres des aines le Bicure a deux fort petites bout- fetres pleines d’vne humeur comme d'huile:fort puañte; randis qu’elles font attachees à l'animal, mais fi on les arrache , & les pend-on à la fumee, cette liqueur s’efpaiffic comme miel , puis apres s’endurcit commecire. Rondeletanatomizant en atreuué autant à la femelle qu’au mafle , ce n’eft pas donc , &c. Le vray Caftor eft en de petites bourfettés , & le frais comme miel, le plus vieil comme cire iaune. Les Sophiftiqueurs prennent les grofles bourfes ,& broyant les rognons du Bieure auec le bon Cafforeum , l'abbaftardiflent. C’eft vn fouuerain remede contre mille maux , la feule fumee r'ameine les efprits des pafmez. Le Nard vient d’Inde,ou de Syrie,il fort d'vne racine toute cheueluë,& porte à force gouffes en- trelaffees, petites ,courtes,& de bonne fenreur (il y ena d'autre qui fenc leHirculus,herbe fort pu 4- te,bonquin extremement, il ales gouffes plus grandes, blanches, ordes , fans poil,mais on les c{pluyé auec du vin de dattes dont on les arroufe R 4 264. Chapitre XXX. pour les referrer,appefantir, & parfumer, afin de tromper)fi la racine a du limon attaché,il la faut efcoüer &fpaller par le tamis, le vray a tres-bonne odeur. La racinc eft en forme d’efpy, c’eft pour- quoy on Ja nom me, Spica Nardy,l'e{py n’en vaut rien,toute la vertu eft enclofe en la racine. Aïns que iamais Mathiole n'a fceu treuuer aucun efpy dans tout Venife ,, ne treuuant iamais . que des gouffes. 2. Le en | La Canelle croit en Arabie, les verges ou far- mens font de groffe efcorce, les fueillescommelde Poyurier:la bonne eft roulfe , de belle couleur. ti- sant au Corail, eftroite,longue,creufe, piquante au gouft,d'vne chaleur aftringente, aromatique: fentanr le vin.La meilleure eft grofle, rongeaftre & noiraftre,d’odeur de rofes,La baftarde eft noi- re,& trop colee à la moüelle:la blanche aufi,qui eft rabotcufe,fentant le bouquin , ayant la canne mince, & le deffus rude ne vaut rien... . Le Baume eft vn arbre grand commeleViolier blanc,aux plus grandes chaleurs on incife l'arbre auec ferpettes de fer ; de cefte coupure, ou playe diftille gouteà goute la liqueur nommee Opobal- famu, eftät fraifche,eile eft d'odeur force, piquan- tepenetrante.qui netient point d’aigreur , aisé à difloudre,vny;,aftringent:le bon ietté fur la laine ne tache nullement,fi fait bien le Sophiftiqué, il laiffe la tache:le bon ietté dans le lait,le fait cail- ler.Le bois nomméXy/obalfamum fe prend des ier= tons,ou verges menues, roux d'odeur commela liqueur fufdite.On le mefle aux vnguéts precieux pour leur déner corps,&les efpaiflir.La cuerillerte du Baume dure tout l'EftéPline dic qu'il ne faut CAta 1 Les Fleurs, Cote. 26$ entamer l’efcorce qu’auec des os, ou verre, ou coufteaux de bois , mais il refue:celuy qu'on nous porte de Iudee , & d’ailleurs eft cout fophiftiqué, en vn iour n'en diftille pas vne pleine coquille, maisileft cres-excellér.Le fruict ou femence s’ap- elle Carpobalfame,qui fe falfifie auffi bien que le Lois & le Baume par les affronteurs. Le vray Bau- me eft de couleur de laitice qu’en apporte des In- des eft pluftoft du Sraété,ou liqueur de Styrax.On fait vn certain Baume artificiel qui n’eft pas mau- uais,on y met du Benjoin, Canelle, Caftoreé, &t. Le mulc tres-excellent duquel ray defia parlé, vient vefs la ville Chorafa au Leuant, il eft iauna- ftre , les Barbares le nomment P4r : Le fecond «ft noiraftre qui vient des Indes : Le troifiefme vient de Sini,c’eft le pire.C’eft vn Cheureuil qui eftanc en rut,de rage qu'il a fon nembril s'enfle de gros fang amafse , ilne mange point, mais de rage fe veautrant contre terre , il perce l’apoftume, qui creue,& ietre de la bouë , & de la lie qui efchaué- fée du Soleil fe chäâge en Mufc. Si on prend l'ani- mal,arrachät la veflie qui n’eft encore meuré , elle put fort,mais on la pend en lait toute cruë, là elle meurit , & le Mufcfe cuit &fe parfait. Le Mufc conforte le cœur, & confole le cerueau : on fair auffi vne pate de'Mufc fort foüefuc.La Ciuerte ef vne liqueur femblable au Mufc,mais fi forte qu’el- le bleffe le cerueau : la Ciuette naift d’vne fueus des,&c.d’vne efpece de Foine. L’Ambre-eris, dit-on, croift au fond de la mer, comme champignons de mer,la tourmente l'atra- che &le détache,& les flots le portent ; & le ier- tent à la riue.D’aurres croyét que le poiilon Azcel, € À 266 Chapitre XX X. eft fort friand de l’Ambre, le pourchaffe fans cef- fe,auffi coft-qu'il l’a mangé il meurt,les pefcheur s le cognoilfent,& le voyant flotter tout mort, l’at- tirent, le fendent, & treuuent l’Ambre en fon eftomach:celuy qui eft fort pres de l’arefte du dos “cf le meilleur. D’autres penfent que c’eft comme vn Bitume qui s’engendre dans l’eau,& flotte à la mercy des ondes & vagues. Les autresl'appellenc fueur des rayons du Soleil. On pente que la Ba- leine iette cefte efcume : d’autres croyent que c’eft va fuc d'arbres qui tombanten l’Ocean s’efpaiflit, & fe laifle porter.Quoy que ce foit,c’eft vne cho- fetres-odoriferante ; & de grand prix, dequoy ie parleray tancoft. Le Benioineft vne gomme exquife , qui relfem- ble à des amandes fenduëés confites & incorpo- - rees dans le miel:il eft tout femede taches, & n’eft pas la chrefme & la fleur plus fine dela my:rhe, car les couleurs, odeurs, & faueurs font bien dif- . ferentes. Mais vne gomme à part qui diftille de certains arbres qu’on ne fçait pas encor bien af- feurement. Quelque-vns ont pensé que c’eftoit Ja larme du Laferpitinm, ou gomme gelce dudit Laferpitium, que les Grecs nomment Silphion:la raifon eft, parce quele Benioin: eft odorant , roux au dehors, blanc au dedans,tranfparenr, blanchif- fant au detremper , &tout refflemblant au Lafer, mais l'experience a monftré le contraire. - Sraéte cft la graiffe de la myrrhe frefche, pilee auec vn peu d’eau, & circe au prefloir.Les Apoti- quaires appellent le Sraéte , Srorax liquide. Car on abbreuue d’eau la myrrhe, puis on la prefle , & en cire-on la chrefme, auflicelaeft fort odorant. ; Le Les Fleurs, ce. 267 Le Cinnamome eft extrememéc doux,car le pire eft meilleur que la plus rare Cannelle , fa couleur eft comme de laiét meflé auec de l’ancre,& vn peu | de bleu. Il croift en verges d’vne racine fort fou- _efue, c’eft vn arbre different d: la Cannelle , quoy que aucuns ayent pensé que lesiertons plus delis cats de la Cannelle foient le Cinnamome ; qui eft le bois & non l’efcorce cômeon pourroit penfer. La Myrrhe,;comme aufli l’Encens fe cueille ainf, les efcorces des troncs & branches font entamees auec grandes & moyennes entameures felon les endroits , la liqueur coule ou s’atrache à l'arbre, ce qui tombe chet fur des clayes tiflues de Pal- miers , ou bien furerre qui eft tout autour bien battue, applanie , & fort nette, & comme pauee. La meilleure Myrrhe eft tranfparente comme ver- re, mordante au gouft : il y en a de lagrafle (done. on cfpreint le torax liquide) dela feiche,de la noi- . raftre, de la pafteufe. La legere,frefle,blanchaftre dedans ; & des traits ou veines blanches comme coups d'ongles. | La Tulipe. ‘Honneur de nos iardins, & la perle des fleurs c'eftauiourd’huy la Tulipe:foit pour la varieté incroyable, foit pour l’éfclat de ces viues couleurs, foit parce que c’eft yn abbregé de toutes les belles beautez qui flatrenc nos yeux dans nos parterres. Nature a bieu fait ne leur donnant nulle odeur, cat fi auec tant de beauté, elle yeut infufesles douceurs des fleurs odoriferanres , les hommes qui n’en font fols qu'a demy, én eulfenc efte fois tout 263 Chapitre XXX. tout à fair, & amoureux efperduëment. La verité. eft qu’il femble bié que la nature fe foi ioüée à fa- gôner ces fleurettes. La figure eft tout d’vne forte, à (çauoit comme vne couppe d’or, ou vn vafe d’ar- gent,ou vn encenfoir de nature,mais fans encens, ny odeur quelconque: c’eft vn calice ou vn parfa- moir,qui tous les matins s’ouure aux rayôs Orien- taux du Soleil, puis fe relerre & replie au Soleil couchant, craignant les outrages de lanuiét. Les couleurs font en nombre quañ innombrables. On ne fair point d’eftat des fimples rouges, jaunes, & femblables non plus que des pauots qui viennéc à Ja campagne. L’excellence conffte en la bigarrure des coulcursentre-méflees. Les vnes ont le fond comme de farin blanc, où mille veines incarnates courent çà & là pour les paflemétér:les autres fur vne couche azuree ont mille petites eftoilles qui les marquerent fort ioliment:en voicy qui ont les rebordemens tout côme du paflemenit d’argent fut vne fleur colombine:en voila où fur du fatin verd zient mille flamens purputins qui les detranchét auec vne gayete admirable.Celles-cy fe romment foüertees,à caufe que fur vne fleur de neige vous y voyez mille filets enfanglärez comme fi on l’auoit fouertee infqa’au {ang. Celles là font marquetees de petires cachettes de mille & mille couleurs. Celle-cy eff au déhorseftincelanre d'vneefcarlatte rayonnante,& le dedans efmaillé de trois couleurs toutes differentes. Commét ef il pofhble qu’vne fueille fi mince,nourrie de mefme air,iflué de mef- me oignon, {oit d’or au fond, violette au dehors, faffranée au dedäs,rebordee de fin or,& le pique- ron de Ja pointe verd comme vn beau faphir, & cent rie rinau D LE l. 4 Les Fleurs, dc. 169 N cent autres de cent autres façons,comme fi à l’en- | uy on les auoit parees pour mettre en peine l'œil, | & nefçauoir à quelle fe vouer, Ditiez-vous pas | que celle-là cft vne flamme faire à mode de fleur: diriez vous pas que celle-cy n’eft que neige façon- nee en Tulippe, celle-là du fatin incatnat , toute clinquante d’or, celle là vn drap d’or furfemé de perles orientales, ou de petites eftoilles, celle-cy vn efmail de mille couleurs, celle-là du fang figé, furdoré detachesiannaftres : voicy vn Colombin tres-agreable furefmaillé de goutelettes d’or. IL faut confeiler que Dieu eft grandement admira- ble en fes ouurages, puis que d’vn peu de foin, & de terre il fçait faire de fi rares merueilles. ? SPITE ‘ % ONU RAS MOT PVITENDES FEE P'RS | er Fruiéés. C # A PB. À À XI. À O se blanche, rouge, incarnate, mufquee,de Damas : fa femence eft HR fleur, en Automne eft comme du corail chargeant les Rofiers. 2. Entee fur des choux elle deuient verte, mais 2 NAGE petite tefte qui eft fous la : fans odeur : auffi fur des pommiers, &cc. LaRofe fauuage vient és Efglantiers. ‘3. La Rofeeftoit dediee à ce petit Lutin de Cu- pido , car elle a les filamens comme cheueux do- rez, fes efpinesau lieu de fleches,pour flambeau, fon efclat ; pour aifles fes fueilles , peu de gens la touchent fans fe piquer. 4. Le Lis a latefte foible, & le tayau ou la tige ne peut porter fa charge, fa fleur blanche. L'oignô du Lis fans tache, l’odeur forte, la figure d’vne hotte , ou d’vn panier, les fucilles font cannelees À par dehors, le bord fe recourbe, aumitanila des petits filets de faffran. On dit qu'ileft né du laid de Juno , il fe dit la fleur Royale, Rofe delano. | 3. Si on [es plante plus ou moins profondement ca Les Fleurs ex Fruicés. 271 en verre ,on aura des Lis en tout remps, & aufli J'autres fleurs. ù | 6. Violertes blanches, celeftes, pafles , & Da- nas, marquetces ,| jaunes, purpurees, & de Mars: Violertes d: Marie , routes {e fement en terre fu- mee , & rebince, au moins de la hauteur d’vn pied. Violier , licu où naiffent les Violetres.Les jaunes emportent lebruit. | | 7. Qui mer toutes les femences en vn linge vsé, & les met en cerre, vne feule plante aura rou- tes les couleurs. | 8. Le Pañlic (c'eft à dire, Royal, car les iardins des feuls Roys en auoient à cauie de fa fenteur) s'arroufe d'eau boüillante, ou vinaigre, aux iours caniculiers il paflit; fes fleu’s font pourprines, ou blanches ,o 1incarnates, femé auec maudiflons & iniures, il vient mieux dit Theophile & Pline, fauec du vinil eft contrepoifon , & guerit des pic- queures de Scorpion. 9. Paffe- velours a la feuille rougeaftre, La fleur comme vn efpic,elle ne {ent rien, fa couleur paf- fe l’efcarlatte:trempé dans l’eau il vient à reuiure. Il fe dit Ameranthws, car il ne fleftrit point. ; 10. Soufli ( Calendula,quod fingulis Calendss flo- reat, dicitur){eidit l'horloge de village, car il fuit toufiours le Soleil,la nuiét fe ferresauffi fe dit l’ef- poufe du Soleil. 11. Ociller(qui a figure d’vn œil)fe dit girofee, pource qu’il fenc au clou de girofle, eft rouge,cra- moifi,bläc, marqueté. fes fucilles doucementfran- gees,crenelees de dencelertes , au milieu vn côpas, ou deux petits filets blancs. Oeillets de Prouence, de Rofette,d’inde,Sauuages, de Turquie. 12. Pre 272 Chapitre XX XI. 12. Premierement. Marjolaine; 2.Penfee; 3. La … Flamme ou Iris qui a les couleurs de l'Arc au Ciel, | æripe-Madame eft vne herbe. 13.11 y aïardin de mefnage,iardin de plaifance, jardin d'herbes potageres , iardin medicinal, & de fimples, iardin ruftique à la naturelle , iardin à fleurs & à bouquets, iardin potager. 14. Des chanfons ( c’eft à dire Calatina ) autre- ment dire Ancholies font fimples,& doubles. Herbes. Hyacinthe ou Yaciet. Paffe fleur. Coquelourdes. Narciflus. Armoifes. Muguer. . Menuës penfees. La Sarriette. Le Souffi a l'odeur pefante & fal cheufe : les fleurs font mieux odorantes, & ont meilleur framboife le matin : car la chaleur amortit leur fenteur. Pyment. Le Thym. lofmin. Toure-bonne,ou Oualle. Pommes d’ Amours. Mandragore. Pomme doree. Cabaret. Angelique. Chardon benedict. Verge-d’or. | Chaufle-trape,ou chardon eftoilé. Chardon de Noitre Dame, ou argentin,ou efpine blanche. Lis 429: Argentine. Herbe auxtigneux. 0 TE Lao Ra “2 3 Pas Les Fleurs,ex Fruiéts. 2173 Pas-d’afne, LS : ie . Mors de diable. Aorfin diaboli. O:uls Chrifh. Pain de pourceau. "Palmede Chrift. | Re 15. Fleurs à chapeaux de Fleuts, & guirlandes.… Pommes de fenreurs. 16.Bouquet de laine ; comme ce que les brebis laiffént au buiflon ens’y fiortant:bouton de laine. 17.Fleurs qui ont grande parade, fleftriffent rout foudain. Effleurer , & choïlir les plus fines fileurs.Flearonner,ietrer fleurertes,ou fleurons. . 18. Fanir ou faner les fl:urs:fencer fleftrir, fe ri- der, fccher, langnir à cefte penchanre.Fleftriflure. fievr fence,pañlée, hors de faifon:paflagere ; arti- ficielle & contrainte Fleur efpanie,ou efpandü:e: efclofe:defclofe, entr'ouuertc:qui bontonne; qui iette fa pointe : qui fe deferre :prime- fleur : cou tonne fleuronnés:fur- fleurir. ae 19.Flairer, & rendre odeur. Flaigeur & flairemét fouëéfuement refpirer fon baume,& fon mue. 20.La Rofeefpanit.Irem s’efpanit & s’efpanouir, s'efparpille,fe defcloft;efpand fa fleur , efpard & deflie fes fueilles:fe delueloppe:fe mer au monde, prend iour,boutonne,& iecte fon bouton de foye incarnarte,ou blanche:le bouton grené s’engroffit au mitan,puis{e jette en pointe àmode d'vn petit bocal verd.Rofe de haftiueau viét en tout temps La Rofe aime la cerre petite,& legere,& là ouily _a à force plaftras,ou curailles de maifon.Quandle bouton commence à montrer le nez, il faut ar- rouler le plançon du Rofier,d’eau chaude , pour les hafter, S Re Se: 2 Tes U ee RAM GRR DE x Comet EDS L'AMBRE- GRIS 3 XX XII. Oftre bete donne fouuent le prix, % & le poids aux chofes de neant: I mais ce que nous ignorons nous l’adorons.Le flot nous poufle quel- quefois au friage des lopins de terre orifaftre , & odorifetante, parce que nous ne fcauons que c’eft, nous en faifons vn mi- tacle de nature. On le nomme don de Dieu, don de la mer, don de fortune, rencontre de fortune, fortune mufquée,& comme s’il n’y auoit rien de bon en nature que cela,les Gafcés qui font aulieu où on le rreuue,le nomment la bonne chofe;on le nomme aufli efpaue preciéufe,treuue d’auanture, le chrefor des vagues, & en cent autres noms. Quand on demande que c’eff, les plus fcauans ne fçauent ce qu’ils doiuent refpondre. Les vns fou- ftiennent que l'Antiquité n’a jamais cognu cefte merueille,& partant les autheurs n’en ont fonné mot.Les autres fe moquent, & maintiennent que | jamais le monde ne fut monde, fans Ambre-gris, mais que ce don dela mer n’a pas efté tant feule- ment caché fous l'Ocean,mais auffi fous quelque nom fauuage.Car,difent ils,les mefmes caufes de Am bre-gris ont efté de tout + À pong id onc L'ambre-Gris 275 donc eft-ce que la bonté de narure ne nous auroit pas engédre cefte rare merueille;Seraphio dit que ceftiene fçay quoy flortät en mer,que le poiffon Azel pourfuit à outrance;il l’attrape, il le deuore, & en meurt,puis forranr du vétre de ce poifflonsil eft afiné, & rend vne odeur tres-foutfae.Or de- uinez que C’eft que ceiene fcay quoy;cft-ce pas fe moquer du monde;Les autres le font venir com- me l’Ambreiaune, & difenr que certains arbres diftillent vne humeur gluante, qui tombant dans Ja merfe fige & fe durcit, puis par benefice du floc, il artiue à nos radesimais qu’els aibres, qnel : q | climat,;en quelle part da monde viennent ces ar- bres:quand les Philofophes ne fçauent plus où ils en fonr,ils vort chercherles eftoilles,difant qu'el- les ont des influences fecrectes,qui fonc caufe des effets miraculeux que nous voyons en labafle n:- ture.Ecles autres forgéc des1fles fortunées, d’où ils fGt venir PAmbre-gris,les diathäs en coque,les perles dasleurs boëtees, & tour ce qui leur plaift. Eft-ce pas abufer de la creâce dela Chreftiente,de dire que c’eft l’o:dure dela Baleine qui fe meta- morphofe en cefte douceur precieufe ? Ceux qui hantent la cofte de Bayonne,le cap-verd,& Ics au- ‘tres marines peuplées de Baleines,& qui en pren- nét cous les iours,nous iurét qu'il n’y a rié de plus puant que cefte vilenie , que Paul le Venirien dit eftre PAmbre-oris. Auffi ridicule eft l'opinion de ceux qi tiennent que c’elt l'efmeutiflement "de certains grands oy{eaux qui viuent fur la pointe des precipices,& des rochers,cela fe confit au So- leil,à Pair falé dela mer , & à l'efeume des flots: Mon Dieu que l'ignotance a de plaifantes imagi- J, | 2 276 Chapitre X XXII. | nations de nou; faire naiftre l’Ambre-pris en &. beau lieu.Qu iamais vit ces oyleaux precieux, & qui vid onqu:5 ces rochers embaumez d’Ambre- gris. Qui dit que c’eft du canfre,qui vn fuc & vne liqueur d’arbre,côme le baume,l’encens; qui des champignons naiflans au fond de la mer,& puis comme le corail, durciffant à fleur d’eau ; vne terre grifaftre, & d’vne telle compofition qu'elle eft tres-odoriferanre, en finque c’eft vn bitume charrié par de: fontaines dans l’Ocean,où ils’en- durcit en diuerfes pieces,puis va au fon de la mer, & au gré des vents.Quel mal y ail de croire cecy, attendant qu'on treuue quelque chofe de mieux? void on pas à l'œil des foulphrieres,oùlefoulphre 4 s'engeudre,s’empierre, & eft fort puant?void on ! pas des herbes qui naïffent dans la mer &fe petri- fienc & ont odeur?void-on pas des bitumes,& du ! canfre, dix mille merueilles auffi gridcs que cette | cysattédant donc quelqu’vn quiinuente quelque chofe de mieux,ou à qui Dieu defcouure ce beau prefent que nature nous fair en cachette, vous prendrez cecy en payemenr, s’il vous plaift, efpe- rant quelque chofe de mieux de moy fi ie puis, ou de quelqu'aurre. Le fieur Pyrard au Liure de fes voyages, & des merucilles qu’il a veu de fes deux yeux,nous afleu- requ’és Iflcs Maldiues , aborde vne tres grande quantité d’Ambre-oris tres-fouëéf,& tres odorife- rant : C5 Barbares en font fort friands aufli bien que de la fleur du foleil , qui eit la Princeffe des Fleuis de la terre La curiofté Le porta à demander aux plus habiles de celte cétrée ce qu'ils croyoient de l'Ambre-oris, & d'où ils penfoient que celte _ faueur L'ambre-Gris. 277 faueur de mature leur pouuoir ar'iuer.Tous d'vn coimun accord luy dirent que cela eftoit indubi- table parmy eux que cela naïfloic dans Ocean, mais de {çaaoir en quellecontrée,fi c’eitau fond ‘ou à fleur d’eau, fi aux Rochers,:ou bié à quelques arbres,que ny eux,ny leurs ayeuls jamais ne l’a- uoient fçeu apprendre d'homme qui viue fous le Ciel. Qu'il falloit iouyr du benefice emané de la pure‘bouté de nature, qu'au refte de s’aller alam- biquer la ceruelle,pout fçauoir ce que Dieu n’a pas voulu qu'on feache, ce n’eft qu'vne vaine curiofté & vne folie fort inutile. À tantces Barbares , qui auec leur fçauante ignorance,certes ne font pasles plus mal aduifez du monde. Mais ie vous prie fi ceux,où cela naïlt,ne fçauent d’où il vient,ne c6- me il fe forme, ne que c’eft, pourriez-vous bien vous imaginer de le deuiner:Pour moyiem'attés que quelqu’vn qui defcouure vn iour quelque nouüelle contrée cachée dans les Mers qui nous oftera hors de ces peines,toutaini queceux quiles premiers ont penetré dedans les Indes, nous ont apprins que c’eftoit la pure verité,ce qu'auparauât on croyoit eftre de vrayesFables,en mille & mille _chofes fort rares;qui maintenant font communes, & cognués de petits enfans.Cela a fauué la repu- tation du pauure Pline,que cout ke monde croyoie eftre menteur,comme vn arracheur de dents ; ce- pendant le réps.& les nouueaux mondes, ont don- né liéu & lumiere à la verité, Difons ce que nous pouuons del’Ambre:gris, & ayant rout dit , ad- uoüons ingenuëment & auec rondeur que nous n'auons tien dit,& quand il plaira àDieu nous di: 10s quelque chofe qui fera digne nn dite. Cefte 3 278 (hapitre XXXIIL candeur fera vn Ambre gris de nos difcouts,& ce- {te ignorance pleine d'ingenuofiré fera plus re- commandable que les difcours de ceux qui fe tu- ent pour dire quelque chofe,& a vray dire,quand ils ont rout dit , ils ont plus baué que dit, car ce tout là, n’eft en cffer rien qui vaille. NICHT CTI AO AE OE AR DEN ACE. re C HAÏPSS BOX N'ETT. cn de perit fauuageaux a pied de Chic- Co 2 Genre ie bois & l’efcorce ; au bout des branchés. 2.Enter l’hyuer à greffes, l’efté en efcuffon ; en couronne,en canon ou flufteau. 3. Toutes efpeces d'arbres franches & fauuages ne fe doiuent afher,car les Entes n’y font pas bon- ne fin,mais fur les arbres de mefme efpece,poirier {ur poirier. e R 4. Les griffes fe prennent au’‘bout des groffes branches, & doiuent auoir les aureilles prés à prés,;autrement elles ne font propres. + $ . lorquer les Entures de rerreliante,de moufle, L d’efcorce de faule , de petits oziérs;ayant le petit ciot,&-le coufteau pour fendre les greffes, quand il faut enter en fentes de greffes. I] y faut aufivn petit coin de bois,ynée ferpe;& vn fermeau. … 6,L'incifon de la greffe fe fait fous vn des vieux Joœillets : ‘ Tardinage. 159 œillets de la greffe ; & doi eftre bien vuidée &e quarrée , afin qu ‘elle aille bien cn platiflant pat mefure en aual , & foit bien afife fur le tronc du fauuageau,& entre efpalement en fa fente, 7.Ine fautque la torqueure de lente vires mais foit ferme. 8.Ne defliez la torqueure iufques à ce que voftre efcuflon bourjonne,& que le ietton fe fortifie. 9.Defchaufler les arbres par deflus la racine, puis Les rechaufler ; & y meurtre auec la chaufluie du bon terrier,& les refiouir eul’hyuer. 10.En couppant les branches;il faut laïfler dés ciquots affez longs pour r’enter cyons nouueaux, 11.[l ne faut du tour efroiffer les.arbres qui onr quelque branche qui charge encor aflez,mais feu- lement couper les mefchautes. 12.{l faut arracher en hyuer les cyons qui for- tenc de la raçine,cat ils font foucier les grands ar- bres,& en tirent à {oy la feue & lubflance: 13.Arbres malades du fil,c’eft à dire,de maladie qui leur mange l’efcorce. 14. Au temps que le cocuchante, les ai bei fou. uent font malades,de vers,& autres verminés, 15. Si on fait vn trou auec vnetariere dans la maiftre(fe racine,& on y iette quelque humeur la- xatiue,le Fruiét de l'arbre fera coufidurs laxatifs. 16. Afer,pruniers , poiriers ; &c. & faire des pépinieres(c ’eft à dire , fémer dès pepins;noyaux, & grains d'arbres. Mig faire des baftardieres de faïuageaux en beau folage, & terre bié prepare? eur laflanr leur foachertes feulément,& coupant a maiftrele racine. Puis les faut reonner, c'eft à ie, faire leurs raifes come il faut,puis les remplir 5 4 280 Chapitre XXXIIT. de fumier. 17. -Prouigner la vigne,;ou fes arbres,enfeuelii- {ant les cions,ou éohes les plus obeyffantes. 18.La chaleur ouure,cfucille, & pouffe les ar- bressle froid ferre, endort, & retient la vigueur. 19.11 faut enter quand les arbres font en feue, & en amour. 10. Planter par bouteure (c’eft à dire, plantant les branches , ou herbes mefmes.)Planter desra- cines, c’eft à dire, auec herbes qui ayent la racine. 21, Elaguer les branches qui s’entre croifent, car l'arbre trop peuplé, & entrcuefché ferend moufleux. Si l'arbre s’amufe à faire bois,ille faut efbran- cher pour luy ofter le bois,& dragecns fupei fus, car il en houronnera mieux ; & s’il eft à ombre des autres,il le faut AE PO: qu'il gaigne le Soleil amonr. La beauté des Jardins confifte à faire cabinets, des pauillons.berceaux tonnelles,galeries;trcilles de lefnin,comparrimens, quarreaux;petites hayes de Rofmarin , bordures, Dædales,Labyrinthe,At- moiries,les Se des carreaux;parterre. Les allées faites à la ligne. Tendre les cordes auec les fiches fermes, pour | y prendreles quarrez,les ronds,les oualés, & ! IE Te ie à compartimeps, Pour faire lesronds il faut fe ferair de l'inftru- ment dir le billcooquet., I! faut efauter,& des-herber,efpierrerpuis 7" mer, & marrer lacerre (c'eftà dire, Sarrire)deuant que femer,apres la femaifon faicler, ÿ” Les femences ne dojuenr fire ridées,maigres, Les Fruits. 281 afches , auortées , mais pleines de fuc,& non ba- fardes. Ondit femer fur terre deliée, ameublée,& cul- tinée, feimer fur couche de fiens , femer de graine, planter de bouteufes-de branche de fauges,ou au- tres, la grenaifon femée. Efquartir les planches pour les choux,&c. Item les couches des herbes, Tondrés les herbes, fer foüir;fes inftrumens font. ciuicre, hottes à charger le fien,fourches, houës à caller les grofles mortes , ie rouleau ou cylindre, pour efiuoter Les farclets,le ferfoër,& marres pour arracher les herbes fortes & inutiles, herces & ra- fteau à dents de fer & de bois, faucille,le coufteau pendant à la ceinture, la bouteille à l'ombre, les cizeaux pour tondre;la befche, Les Frnicts, Vant-pefche , ou Abricor,pefche de Troyes ou Carmaignole. Cerife. Cerisée, c’eft à dire, le reuenu des ceri- fiers : cerifaye; lieu où font les cerifiers. Guifnes, c’eft a dire,cerafaaquiraniea douces grofles,noires, rondes,rouges:le guifnier. Cerife aigre: bigarreau:de chair:merifes:cerifes de bois: Dattes ou figues Royalles. Grenade: la core du grain, ou la peau où cften- ucloppé le grain de Grenade,& autres fruiéts. Figue tardiue , haftive : feche oude, Carefme : folle + c'eftà dire, Cycomorws. Fiéirie,ridée, enfari- née:prime-figue : fur de figue:figuier franc, ç’'eft à dire,bon:fauuagc, & baftards S 5 282 Chapitre XXXIIL Frefe: Orange: Citron, ou Limon:nefle:meures framboife: la noix, coquille ou taye de la noix : le noyau dela noix, & des autres. Aueline ou noifet- te : Amande : pomme de pin: oliuc: pefche: pifta- che: prunclles, ou peloufes,& prunes d’afne : pru- neaux:le menu fruit; le gros fruiét:Cormiere, ou Corme, Sorba. Trufiles : Champignons, ou poti- rons : Groilelles, ou grouflelles confites:raifins de cabats. Là Prunes de Damas, noir , violer; prunes d’or ou de cire. Il y a des fruits qui ne fentent rien finon qu'ils {oienc froiflez, broyez, eu frottezid’aunes s'ils ne font plumez, & defpou:llez de leur elcorce, & de Jeur peau,ou iettez au feu. Ruiéts qui ne font en coque dure. 2. Fruicts de bonne gaide. 3. Poires mufcadelles canalieres, giacciuoles, feigneuriales, Turquefques, de Grenoble, Berga- motes, Garauelles, Bizaucrelques,bon Chreftien, Gatzignoles, mufquées, citronnées,Colombines, Sucrines, poires d'eilpine, decentautres noms , & ! efpeces. | 4. Fruidts de royaux. 5. Arbres en bon point, & qui chargent bien, & fruicts,& feurs,& fueilles. 6. Pommes de merueilles, d’Adam,de capendu, ou courtpendu,d'amour , #:ala infana, de bloräu- rel ,aigre-douces , mufquées, fauuages , d’hyuer; pañlagcres, de dureau, pommes: poires, renettes, dorées, de deux faueurs;de Paradis, d'Enfer, pem- miers pains àcau{e du maiftre cftoc qui eft du coi- gnier où l’on ente la Fomme de Paradis. Pañle Les Fruits. 51128 . Pafle-pommes,c’eft à dire , muffea poma. Mis. mella. Pommes de bocquet,c’eft à dire,de bois. Pom me fauuage. Pommes de Malingre,c eft à dire,mala acria, Pommes de Rouueau, c’eft à dire, Tubes , fäar- Euinea. Pommes de Richard.De francheteur, c'eft à di- re, boriculata. Pommes d’eau,c'eft à dire, aqua plena. Pommes de roses, c’eft à dire,qui a encor la ro- sce. | Pommes à piler; pomme de coufteau. Pommes tardiues. | Pommes qui fe gaftent crop toft,& s’entichenr, c’eft à dire, s RAA AN fe marquettent de petites tetes de clou,& pourriffent. Pommes couuertes de plaftre, ou de cire pour fe guarancir du mal. Pommes haftiues:forcées:de {aifon:franches & nettes : vereules, c'eft à dire,qui a des vers,vermi- ncux. Pommier haftif: tardif: fauvage : fränc ( c’eltà HG ds ente : de deux portées: cet à dire, bifera. : Vne Pommeraye ,c'eftadire, le lieu où font Plantez force pommiers. Poires d’angoifle,acerba. D'eau rofe : d'éftranguillon : . de fin or: d'eté ou de haftiucau,c’eftà dire,precacsa ide liure,c et à dire, libralia : de ferteau qu de campanñc ; c'eft à dire, alahafrina: à deux reftes:ide Syrie,;de Corna- line : à forme de courge, -» 11 + En te PRE 284 Chapitre. XX XIII. à k Jardin. E ne veux pas tout dire,car d’vn lardin de fleurs ie fetois vn labyrinthe dedifcours ; & n'eï for- tirois iamais.feitez vn coup d'œil alahaîñe,Kà la defrobée fur ces belles allées femées de fable duré, tirées à la ligne,hiftoriées en mille ficôs;cesArba- ! leltriers (n'ayez pas peur non)ce font des Arbalez # ftriers de Lauriersides Arquebuliers de Rofmarin, « ils ne tirent que fleurs,& ne dardentque Mute.Ces beftes mefme fi horribles que vous regardez auec frayeur,ce n'eft que ieu,route leur rage n’eft qu’v- ne parade , tout tant qu'ils font, ce font mortes- payes du Printemps: , qui pour {ulde n’on: autre rwonnoye que force curs dont on les enrichur en la primeuere. De faic tous ces bônies arntez d’ar- mes vertes,& ces animaux habiilez de peaux ver- daftres,ce n’eft que Peruenche, herbe fort propre à vignerer, & hiftorier en verdure. le vous veux aufh prier de ne vousarrefter à cescabiners où vo” oyez vn môde de petits oyfllons qui tous les foirs y chantentleurs Complies en vray bourdon, y en- tre-meflanc de petits mOtetÿ tous chantez par n:- ture,& par b. mol;ien’ay ny loifir , ny volonté de les contempler non plus que ces galleties fleurde- lisées,& tapiflées à la mode du bits temps fitres- touffuës , qu'il eft toufiours minuit à midy.Deux chofes me rauifféc à foy,les fleurs & les fontaines. Voyez ie vous prie, cesRofiers efmaillez deRofes de rât de fortes;celles-cy vierges habillées d’inno- céce,célle-1à couuerre d’vne efcarlacte; l’vne nouye embaume l'air de fon: parfum,& fait ride | e L7 lardin. 218$ de fes flamés dorez.& de rout fon thcefor, l'autre + encor emmallotrée, ne s'ofe hazarder; celle- y pouffe fon bauron, & deliamy-onuerte rit! & noaftre vn efchärillon de fa pourpre par vne fen- c de fonruyau; ces mefchans voleurs d'oyfeaux voleroiét tour, n’eftoir le corps de garde des efpi- nes , qui fefuent de garde. corps à ces Reines des Aurs,qui fe riennent affeurées parmy ces Ailebar- Jes.En voilid’autres plus chargées de coulenrsôt Rofes de conferue; icy ces opiniaftres qui fe muti- nent,& n° fe veulent defboutonner;mais fonten- rorrillées,&entallees,ce fonc des Rofes Grecques. Leur graine eft au bouré qui ft tous la fleur, & eft rembourrée de coron,& cachée däs la bourre. Ne vous femble ii pas que la n:rure eftoit bien en fes bonnes # en fes ioyeufes pensées quand elle s’eft employée à faire ces fleurs de Lis: voyez-en läde dix forces? es vnes font encor cachées däs leur ca- lice verd, les autres font demy nées, celles-là qui font éclosfe, ne font elles paslbelles ; vous diriez que c’eft du fatin blanc cannele par dehors, bordé d’or par dedaus,vous ne fçinez bonnement fi c’eft lait caillé en fucillage, ou bié neige figurée, ou ar. gent fleurdelisé,ou vneeltoille mufquée. Ces iau- nes-la ne diriez vous :pas que c’eftvne clochette d'or, & ce rouge vn petit panier, ou vne boite de fatin rouge ; ces autres-là des vafes d’efimcraude: Q 10y vous ne voyez decà ces violiers parfemezde millewiolectes, vertes,iaunes, purpurines, bigar- rées,my-parties.blanchaftres, incatnadines, ch2n- geantes. Et courne-toy, tourne gentil girafole, & donne vn peu de plaifir à la compagnie en fuivät toufiours le Soleil , qui te regardät r’entraine quât ds & {oy, 286. Chapitre XX XIII. & {oy:pendät qu'il fe vire; prenez garde là ie vous Plie à ces autres compartimens , voyez ces belles ulipes, ces riches Amaranches & Pafle-velours, l'or de ces Soucys, les pierreries de la belle Lrisy& & l’efcarlatte violetre des lanrines,le gay Narcis,& les nobles pafle-fleurs, ces ivlies menvés- pensées, la fleur de Jupiter; Oquel Paradis de fleurs, qu’eft- ce-cy vn Ciel de terre : des Efoilles mufquéces,vn parterre de Dieu;ou bien vneterrecelefte,eftoillée de fleurettes,emperlée de pierreries ; rerre de pro- miffion pleine de lair & de miel : Maïs vous n’ap- perceuez pasvn horloge mufqué , des heures de mariolaine, vn temps embaumé , cela eft vn qua- dran parfumé, ou le Soleil marque fa courfe auec des rofes & des Violettes. De l’autre cofté font les armoiries de la maifon , armoiries animées qui croiffent d’elles-mefmes. O, 6,nous voila pris , & bien moüillez, c’eft ce mefchant petit Satyre qui fait femblant de ioier de fa flufte , & cependanril dar de fon eau,& puis fe met à riresvoyle- là côme il efclatte,& fe moque de nous.Bien plus modeftes font ces neuf Mufes qui toutes decoulent d’eau, & Ja faifant comber à cadence däs la cuue de Marbre blanc, font vn gentil concert à la raftique. Mais encor cét Hercule auec fa groffe maflué , n’eft il pas efpouuentable voulant afommer l’'Hydre qui de fepr teftes lafche fept dards d'eau qu'elle poulfe contre fon Hercules de bronze.Ah ie vous prie gai- gnez au pied , car vous eftes en mauuais pays, ail- leurs l'air pleut ur La verre, mais icy la terre pleut contre l’air,& commence à moüiller par les we 2 imefchät artifice qui fait deterre nuce pour grefler far les pauures niais.Silence ie vous prie meflieurs qu'eft .” lardin. 287 qu'eft ceque j'entends ? O quelle ioliechanfon, ce font les orgues , que l’eau organifte merucilleux fait chanter , & ce coup icy gaigne le deffus fur l'air, lefatfant chanter felon la cadence de l’eau. le vois bien que vous neprenez pas garde à ce coin là, où le Zany & Pantalon ioüent vne char- larancrie , pouflez,& animez par l’eau qui ioué la comedie, Cette rouë de moulin moud l’eau qui la poule, &fait farine d'eau. Mais Seigneur Dieu, comme ces cloches fe tuent de fonner dans cepe- ” tic clocher. A la verité il n’y a point d'apparence que ce mefchancoyfeau chante fi naïfuement , & dife des iniures aux honneftes gens, mais c’eft l'eau qui luy fait le bec, & en fn ce n’eft que pour refñioüir la compagnie, & non point autremént pour outraget les gens d'honneur. LES 288 PANNE NANTES | SAONE ANA TE 0206 LESLE NTÉES Ba a PF XXE V. E s Oyfeaux font les maiftres En- teurs , & les inuenteurs d’enter en graine, à noyaux, car en portant çà & là,& en laiffant cheoïr es fen- | tes des arbres,on a veu germer des Cerifes it vn Laurier , &c. de là È homme a tant refué qu’il a treuué la facon d’'Enter en Efcuflon , fendant auec vn coufteau bien tren- chant & pointu , & entrouurant lefcorce la où ÿl y a vn bouton , & lors on mer-l’œillet de l’arbre donton veutauoir le fruiét ( qu'on a tail- lé auec lemefine coufteau , &enleué fort netre- ment ) droittement fur le piquon de l’œiller du fauuageon dont on aenleuél’efcorce. Pour Enter en greffe (ce qui s’eftfceu par fortune , ayant vn bon homme mis des Palis {ur du ET ouils viuoient de vie d’ autruy , auffi bien que s'ils euf- {ent efté en terre à mode de plançons) il faut fcier cfgalement le fauuageon, & d’vn farpillon net- toyer vniement la (ciure, fans y laiffer vn feul filet ou brin détaché, & lors on peut Enter la greffe l'enchaffant ou entre l’efcorce & le bois; ou dâs la fente mefme , voire perçant le cœur & la moelle des Les Entes. 289 des fauuageaux. Dansle cœur onn'y enmerq:«v- ne, en fente plufeurs , & pendant qu'onles poi on fair entrebailler le fauuageon y mettant vn coin de fer comme vnbaillon , & on aflied les greffes entre lesleures du tronc , qu'il faut curer au prealable, & applanir des deux coftez comme en forme de languette, laiffant pourtant de tous coftez l'efcorce naturelle. Et parce que tous ar- bres n’ont pas la mefine feue , les vns l'ayant à la cime/dontaufli faut prendrele greffe, & leschap- pons pour replanrer & enter comme du Figuier, &c.)les autrer au cœur & au milieu,comme lOli- uier, &c. (auffi y prend-on les iettons dont on fe veut feruir pour enter & greffer) pour bien faire il faut que le greffe, & le fauuageon ayent mefme efcorce , mefme feue, & natures qui s'accordent volontiers.Si on fait la fente fur le nœud, la durré du nœud ne receura jamais de bon cœur le greffe, & ne luy faifant bône chere, l’enture ne fera pas bonne fin. Les bons greffes fe prennent és four- chures, & branches du mitan tournees vers le Leuär,& (ur des ieunes iertôs & atbres qui foient en leurs forces;faut auffila greffe bien boutônee, & non tarie, ou hauie & fechee du Soleil, ny ci- catrizee ou gercee & trâchee de creuafles,& que la mouélle Die bien vnie & collee à la fente du bois , & l’efcorce du pere , c’eft à dire du fauua- geon, & non pas à fleur d’efcorce feulement. Au refte il ne faut pas mettre à iour la mouélle du greffe quand on l’appointe , mais il faut douce- ment le plumer, & applatir, vnir, & liffer, le fa- çonnant à mode du çoing , & l’enfoncer dedans le tronc iufques à cequia efté raclé,gardant bien T 290 Chapitre XXXIF. que lef orce de l’vn ou de l’autre ne fe fronce,ou defliche du bois;que l’encoche du fauuage on ny foit trop eftroitte, car il eftoufferoit le ietton,ny trop lafche auffi, car ils ne feroient bonne allian- ce,ny prife qui peuft durer. Si le Pere eft gros, vaut mieux Enter entre l’efcorce fe feruant d’yn coin d'os , afin qu'il ne fe rompe en alafchiffant l’efcorce, C'eft affez que le greffe ait fix doigts fur la torqueure ( c’eft à dire,le rembouchement de la fente, & cefte boule de terre, & mouffe) dont l'Ente eft enduitte. I] faut prendre la Lune & le venisles vns veulent eftre Entez de Lune alrerée, c’eft adire,feche,& addonnée au beau 2 les autres au contraire,& leurs œillets boutonnent aisémét, & s'efforcent de s’efpanir, & à fueiller, ayant vne grande feue. Qind on Entre en efcuflon , il faut bieu remboucher d’argille l’entameure, gardant bien que le iour,uy l'air n’yentre,on que la feue s’efcoule , il faut bien bander, & fefler ledit efcuf- fon en chafsé,laiffant pourtantle bouton iour. Au refte vn bouté Entéenarbre qui foit àe{cor- ce creuflée, ou fec & fans feue, ne fair pas belle fin.Sur tout faut prendre garde que le Pere, & la greffe {oient des arbres quiaiment compagnie,ë& qui facent liaifon:car il y en 4 qui font fauuages, & ne s’allient volontiers, & où iamais on ne fait bonne foudure. Le vray temps d'Enter n’eft pas L'Hyuer,qui ferre,&endort la force;mais le Prin- temps qui defferre,ouure, & efchauffe la vigueur des arbres Entant au decours de la Lune les En- tes feront plus abondentes , & mieux " grufle eft prife du cofté le plus orienté de l’aïbre. On n Entre guiere amondede petite courofne,& st . fa ut Éd # Le Citron. 29È faur que ce foit quand les arbres font le 5lûs et amour,& en leur grande feue. Ca Enteauñi ef tuyau, mais il faut fçiuoir bien dextrement ton” die lagreffe fans abbarre les yeux,ou efbranler leS | bourons, & puis l’enchaller bien proprement dans l’autre fur qui on Ente. | Meet Eee fe LP eUTrON CHapr. XX Vi E Citronnier à la fueille d'Orangier touf- jours verte , les branches fiexibles; reue- fu defcorce verdaftre & éfpineufe , fes fleurs font purpurées , en forme de clochet- te embaumée, du lieu pendillent de petites filets : il eft coufious meublé de fruits, les vns naiffent & fe mettent au môde,les autres fepouf- fent à la maturité ; les autres font de cuillette, & prefts à tôber pour faire place aux autres.Les Ci- trons gros comme Melons ne font pas fi bons au : _gouit que les peticsiils s6r plus requis des Apoti- caires,à caufe qu'ils ont plus de chair pour cofire au fucre.La peau eft-d’or raboteuxsridé ; inésal,8e boffeté ils font longuets, d’efcorce charnuë & paille , d’odeur fort fouéfue ? la motellé fous la peau eft aigre, pleine de jus, au mitañ lagraine (comme grains d'orge) veftuë d’vnt efcorce du- re,amereau gouft, mais bonne céntre Le poilon, .& les motfure des ferpens ne nüifent aucunemét | 4 SO Pa, | 4 NRA R : 292 Chapitre XX XV. quand on na mengé (Athen.l.c.en rapporte Vne belle hiftoire ).elle tranche la mélancolie, & conforte le cœur,côme auffile fruit mangé cru, la femence toutefois n’eft pasbonne à manger. Le Limon eft plus court, moins enflé, plus petit ss le Citron, fa pelure cft plus mince,& duree ‘vn or plus blaffard,côme d’yn or paille & pañle, plus aigre au gouft,plus riche en jus, longuets, & En appointant, mais la pointe eft vn peu tortué. Pout de fi gros frui@sil ya dequoy s’eftonner voyant la petite queué qui les fouftient , quelle haifon,& quelle colle le peut tenir fi ferme qu’il ne fe laiffe emporter par vn fi gräd poids.La peau n'eft pas liffec,vnie,& vniforme,mais furfemee de petites enfleures;la fueille plus large que celle de Laurier,mais côme toile toute perruifee,& trouce à iour,dentelec tout autour , d’odeur fort agrea- ble L'Oräge eft vraycment de l'or enfle en pom- me , car fa peau eft d’vn or naïf , cér or s’affine à mefure qu'elles fe meuriffent,la Reur eft blanche, d'odeur delicare de loin , de pres trop aiguë, & donnant en teftc;fon frui& eft vn petit grain ver- delet fortät du fein & du cœur de la fleur;il s’éfle petit à petit de verjus,il le cuit à la faueur du So- leil,il jaunit doucement,entremeflant le faphir de fa verdure auec l’or,naiffant, l'or gaigne tout à la fin,& couure toute Ja chair & lejus.La fueille eft comme du Laurier ; mais lifsée, large , odorante, efpaifle,trenchee de peu de filets & veines nour- riffantes finiffant en pointe. La bräche eft vefiue d’vn cfcnrec verde;blanchaftre,toufiours chargée _ de fveilles,& de fruit auf. L’efcorce de l'Oräâge €fgralle , amere, acre, mais cependant pleine 4 A Le Citron. 293 la plus delicatte fubftance que les bons alterez efpreignent fut le vin pour donner pointe au vin, & efperon à la langue, & efueiller l’apperit de _ boire. L'eau diftilee des Limons eft tres bonne pour le fard de ces popines qui mettent toute leur ceruclle fur leur vifage enluminé & plaftré, L'eau de fleurs d'Oranges eft excellente pour les parfumiers;il y a des Oranges douces,des aigres, des vineufes ; les fecondes font excellentes pour purifier le fang,& garder la pour riture,quel plai= {ir de voir ces petites bouteilles pleines d’vn jus tant agreable, toutes penduës àvn arbre, & fe meuriffant peu a peu,ie mefnageant à deffeir pour en diuers temps ouurir l’appetit des degouftez,6s nous conferuer en vie. eh ha VN ESPT DE BL ED: Car. X XX VI. NT O vs foulons tous les iours au pieds des Ne miracles, pendant que vainement nous ji pourmenons nos efpris par le ciel, pour y rencontrer la diuine prouidence. On ierte vn grain de blé dans vne terre puante de fumier, & femble eftre perdu, cependant la nature le reçoit en fon fein, l'efchauffe | & le metamor- phofe. Car en peu de temps le voila de vray tout pourry,mais changé en vn grain d’amidon , ou vn peu de lai caillé;roft apres il fe r'aduife,fe r’allie, $& ramafle fes pieces , puis Po ietton qui $ fe LT Ed MAN) 294 Chapitre XX XI. : fera La mere racine , l'accompagne de tout plein de pourts filamens qui fe iertent tout autour de la morte pour en humer la fubflacce, & feruir de fondement à l’efpy. Ce petitgrain commence à viuoter, & en figne de fa vie il germe, &iette comme vn petit poinçon d’argenr, qui trenchant la terre met le nez dehors , & change de couleur femblant vn petit filer de Saphir. A la premiere pointe du Printemps, toutluyeftant fauorable, ce erain darde fon tuyau toufiours en pointe ? la nature fe cache la dedans pour y faire lercfte?or parceque iamaisles bleds n’efpierôr;que le chau- mene foirncoué&ferme,elle vous lé out en trois & quatre licux,& le ffermir,y faifant comme qua- tre eftages ? elle nourrit graffement la paille, & l’enfle pour le roidir d’auantage,car les bleds drus ne peuvent porter leur charge,& ferabbatent ai- sément a terre : quand le ch:lumean eft en bon poinét, & le chaume affcz'toide , c’eft lots qu'on minute de faire le mrracle de la multiplication, non pas de cinq pains,non,mais d'vn petit otain, quelquefois en plus de centcinquante. Au refte, quel foin a-elle de fairéce chef-d’œuure.Elle vous fait comme de petites langes pour enuellopper la delicateffe du grain,ou pluftoft elle jette en rond des fueilles qui sûr côme vne guaineë&rvn fourreau puis elle garnit toutle dedans d’vne bourre,& vn detit coton tendrelet & delié à merueille, fur le- quelelleceuche,& arrenge ces petits grainsbenis pe l’indulgencede la nature, les enfilant douce ment,& les enchaffant les vns aupres des autres, €emmaillottant chacun deux en de peuitespellieu- les de fatin, & les armant contre les iniures du 7 temps _'""# LR. L Vn Efpy de Bled. 219$ remps, & la cruauté de l'air & des vents ? laelk leur donne le la: &.& la fuftance, les engraiflanr, & les enflant petit à petit:quand la grappe,& l’ef- py eftdefia grandeler,, il fe donne iour, & pour iouir de la veuë du Soleil;my-partiffent les fueil- les il fe ierte à la mercy des élemens. Vous le voyez en peu de temps fleurir, toft apres déflèu- rir , & quafñ en mefme inflant deuient maflif & {olide allant à la maturité,ce qu’il tefmoigne, fe dotant peu à peu, & changeant de couleur, Le mal eft qu'vn monde de petits voleurs,quine vi- uent que de brigandage ; auroient bien toft tout deftroufsé, & volé, en bequettant & contant les grains, & qui pis eft en efgrenant tout l’efpy , & le defpeuplant de fon threfor, fi la nature n’a- uoit preueu ce defaftre : car tout ainfi que crai- gnant la nielle , maladie peftilentielle des bleds, ‘elle l’arme de fourreaux , de petites cottes d’ar- mes , de pellicules ,& de petits corcelets, afin que frappé de mauvais vent, le bled ne vienne à auorter dans fon efpy , laïffant rarir & mourir fa moëlle: auffi contre ces brigands d’oyfillons, elle pofe comme vn corps de garde, & drefle quatre rang d'arcftes & piquantes & bien ru- des , merttent tous les grains à couvert, hors de prile,& du coup de bec. Nous faifons quel- quefois l'arbre de Iefsé, conchant le bon vicillad tour de fon long , poar le faire feruir de raci- ne à vn arbre, qui au lieu dn fruiét eft chargé de Roys & de Princes, ylius defoneftuc, & de fes entrailles , iufques au fommer où gift ce- luy qui eft Le bled des Anges, & le pain de [a vies mais C'eft en peinture, car autrement il feroig à ÉR L em VA Las | À 296 (Chapitre XXXPI | hors de la puiffance de Iefsé, de porrér fa race fur fes efpaules.Et routes fois ce petit lefsé de natu- re, ce petit grain dont fe fera vn iourle pain de vie,plus miraculeufement que du fang de lefsé,ce petit grain, dy-ie, porte fur foy route fa race, la tige, les fueilles, les grains, leus maifonnette, & tout {on petit Roÿaume peuplé de grains, qui peuuent chacun d’eux eftre changez au plus gräd Roÿ dumonde. Vadonc, va Arlas efcrase fous ton monde que tu pottes en imagination,ce petit grain peut porter réellement & de fait celuy qui pefe plus que dix mille mondes enfemble. Ie ne m'eftonne plus fi Dieu à choifi ce rain pour en faire le grand Amphitheatre de fa diuinité, cat il le reffemble fur toute autre creature ; Dieu à fait le monde, & ie fouftient de trois doigts ; ce petit grain fait Vn môde de grains,& les porte & nour- rit de {a fubftance, comme le Sauueut du monde de foy-mefme nourrit ceux qui par la foy viue s'appuyent fur luy.Ce grain en mourant reflu{ci- te,monte vers le ciel, & donne la vie au monde, & le diriez-vous quafi Le petit Sauueur de la na- ture,donnant vie à nos vies:n’eft-ce pas comme le Seigneur de l'Vniuers en a fait , qui mefmeis’ap- pelle pour céteffet vn grain de fourment,fe prisät beaucoup de cetiltre. Ceftuy-cy fe montra Dieu en multipliant cinq pains , & donnant à difner à tout plein de bonnes gens qui eftoient à fa fuitte: celuy-là fait rous les ans ce que le Meflie fit vne fois en fa vie. Le Sauueur dit qu'il ne vouloit donner la vieà fes feruiteurs qu'en mourant {ur l'arbre de la Croix rout moulu de coups;brisé de playes ; reduit quafi en cendre : ce pauure grain pout ! 1 (ui Le Vin. 197 our nourrir mefme fes ennemis,ne le peut faire qu'ilne foit pilé de coups,;moulu & efcrasé, pul- uerisé,couuert d’eau & de feu,& reduit au neant, O donc beau miracle du monde, & riche chef- d'œuure de la nature Vierge. | Bat neet e e LE VIN. CHar, XXX VIL À veine des Poëtes,& la verue qui leur met l'enthoufafne ä le teits pour faire des merueilles,c’eft l'ef= , prit du Vin;car on dit d’ordinaité; FER EN qu'il n’y a efprit que d'vn friäd; Voz yez que de facôs de Vins pour luylauerle gozier; Vin aigre pour efuciller & ouurir l'appetit ; Vin dur & afpre pour eftancher fon äiterarion.& pt= quer gracieufement la langueen paflant; Vin rez belle ou reuefche,& qui donne en tefte iettañr dé groffes fumees, & des nuees au cerueau ? Vin dé garde pour l’arriere-faifon, Vin qui aufli tof fair fe veut boire,& toufiouts eft en fa boite Vih qui fe paffe, & s’enfuit;Mufcar qui eft du mufc liquiz de > Hypocras 3 c’eft à dire, Vin fucré & canelé. miellé, myrré, qui fent le Fenoüil, le Meurté; lé Near fair de mouft & de miel : doux, piquant; tude , qui a {a feue (car chaque Vin a fafeue ; & fon gouft à part )bläc,clairer paillé rouge; charoë de couleur;iaunaftre, 8:à la goute d’or.d’Arbois de couleur d'eap; Vin fair fous a à mére-goutté) De | due à. Rd. nil re ile NUL 298 Chapitre XX X VIN c'eft à dire;qui coule de foy, & fe fair du pur dé- _-gouft des raifons non foulez , éeft la chrefme du Vin.Mera gutra fait de marc,des premiers raifins foulez,fans fouler,qui éftle Vin forcé ou enrapé, Vin bruflé & ardent, Vin bnüilly non boüilly, cuit, moili, tourné, retourné, trefpallé, reffufcité en le iectant fur la grappe ; Vin de defpenfe , dés _ Cleres,des valets, Vinot,& demy Vin, Vin de pref- furages Vin bourru(c’eft à dire,louche,&trouble, & obfcur) le miftionné , renouuellé, flury, de collinnes, qui eft plein d’efprit & de vigueur, de pleine,qui cft plus groffier, Vin de graue & de fa- ble, de pierres & rochers, de treilles & d’arbres, choifiy à la main,& fait de raifins d’eflite & d’a- choifon,Maluoifie deGrece,douce ,piquante, Vin dit Lacryma,&e. Vin bien raflis,& reposé. 4 La Vigne. be ‘ren ceux qui entonnent le vin dans l’abyf- me infatiable de leur eftomach ne fçauêt pas la peine qu’il y faut apporter,en la cuillerte,fou- Jure conlure,preflurage, & entonnage,& charroy de vins par mer & par terre. Quelle peine à bef- cher, biner les pauures vignes, les prouigner, & enfeuelir, les defchauffer, efchalafler , & peuples de charniers où elles sôr garrotees, & d’efchalas, les efbrancher & défueiller quand elles font trop. brächués,arrenger les feps & les fonches,couper & laiffer les maïftres bourjés;retrancher le ieune bois,& les fuperfluitez,les plainter en efchiquier ou à trailles.les lier en forme du ray d'vne rouë, empefcher qu'elles ne bourjône trop,ou fe charge | “trop La Vigne. 299 trop de fucilles & de nouueau bois,prédre garde aux bourjons ou boutons dela Vigne,détrancher les dragons pampiers qui ne jettent que fueilles, & laifler les dragons ou bourjons fruitiers qui portent grappes , Ffortifier la iambe du fep, afin quelle porte bien fon fueillage, c'eftädire, fes pampres,& fon fruir,la coulure, & le pleurement des Vignesquand la feuediftille,foigner les reiet- tons qui croiflenr enla fourchure de la Vigne,& dela vieille fouche, hoûer, faire les berceaux és Vignes,vignetet,& cent mille autre chofes. Le preffurage du Vin. Se n'eftencor rien fait, quand Îe coupeurà deftaché les grappes du faiment, il les faut faire cuuer,boüillir, fouler, ictter fur le proffoir, cfpraindre le is des raifins queles prefluriers font fortir auec l’aibre ; ou la rouë qui donné fi tres-forte preffe aux raifins efcachez fous vn.fom- mier qui s’aualle fur des aix qui efcraze tour, qu'ils rendent iufques à la derniere goutte, & ne demeure que le marc , tant ef fort le preflurage; Apres les Preflurirs raillent le marc à coup de doloire trenchant les bords qu'ils reiettent au milieu pour donner vue autre ferre {ur la marc du profloirsà ces rognures qui n’onrefté affez ef- praintes #oh.leur donne vn autre foulis, &c faite, on couler le refteduius , ou par vn lent degout, ou par vn filet de Vin coulent, qui file à l'aile, &e pañle par la couloire { c’eft à dire, panier d'ofert pendué au tuyau & canelle du prefloir, afin que. les grains s’arreftent rouläs auec le eus de Vin, & ne chcent dans le dragcoirs, ou begnoire qui recoir le Vin, | ee D V 300. Chapitre XX XVIII do Co DV: ÆMAIET. DE L'IMPRIMERIE. CHaAr XXXVIII. FRS) N ne fçauroit dire l'obligation que le SEA © môde a,tant à celuy qui a inuéte cefte + façon d'imprimer à la Chine, qu’à ce- ares luy qui delà nous l'a porté en Europe, ou bien l’a inuenté de fatefte.Les groffes Librai- ries autrefois n’eftoient que pour les Roys,& les riches maifons,maïintenät à la faueur de la Preffe qui roule fi aisément,rout le monde a moyé d'a- uoir vn monde de Liures, & iouyr des trauaux d'vneinfinité de beaux efprirs,trauaux qui autre- ment feroient enfeuelis dans le cabinet où ils auoient pris leur naiflance.Vn feul homme en vn iour fera plus de befongne, fans faire nulle faute, & quafi fe ioüanr,en toutes fortes de Langues & de profeffions , ne faifant que tirer , pouffer , & enyurer les lettres enchaflées,& dvn feûl tour de bras, que cent hommes jadis n’euflent fceu faire enfemble, en faifant mille fautes , dont ils ont corrompu les manufcrits anciens. Cefte facilité incroyable a peuplé l’Vniuers de threfors incom- arables,que fi quelques auortôs de liures fe font iecrez à la foule,& par ce moyen ont eucours& vic,ce peu de mal ne peut pas bonnement con- | çrebalan De L'Imprimerte. 30t | erebalancer l’ineftimable commodité qui reuiene | au monde de l’impreflion des beaux Liutes. Vn ignorant par ce moyen efcrira parfaitement bien | en toutes fortes de Langues;vn yurongne mefme | ne fçauroit faillir d'yne feulelertre quand il vou- | droit (ie parle du compagnon quieft à la Preffe) | vne femme peut faire autant que le plus braue Theologien du monde ,en vniour vn valet peue imprimer quinze cens fueilles,chacune de quatre pages,de façon que voilà enuiron fix mille pages qui font la tafche d’vn feul bras en peu d'heures, &c à fortbon marché. On admire dix mille cho- fes qui ne font rien à comparaifon de ce miracle familier qui nous creue les yeux , mais la facilité nous en a defrobé l’eftonnement,& par ce que la chofe eft ordinaire,elle ne femble plusadmirable, Pour parler donc de cét Eftat qui eft fi com- mun,& qui fi fouuent vient à propos,il faut pour en parler fans broncher fçaueir les choles fui- uantes qui font les principales. SL 1. Toute l'Imprimerie eft composée de trois chofes ; de Fonderic:de Caffe, & de Prefle. En la e on fair les lettres, en la Cafe on les c6- ffeon les imprime. Et pour dire à r le menu ; Le Fondeur au lieu de Lettres de bois, dont on vloit autrefois,prend la matiere de fes lettres de l’Eftain, du Plomb,du Cuyure, de l’Antimoine, & autres ie ne fçay quelles drogues qui font la compofñtion veni- meufe,& ayant bien fait bouillir le cour dans vn fourneau fait à cefte fin,il le ver{e dans vn baflin pour plus facilemét auec fa petire cuiliere le ref- pandre dedans fes moules, Là {uiuant la De es dr Page it . (Fe, “2 > 302 Chapitre XX XVIII. des Matrices qui font dedans forrent comme du ventre de leur mere vne infiniré de diuerfes Let- tres , de Romaines, d’Italiques , de gros & petit Cicero, de Saint Auguftin,de Nompareille , de gros & petit Canon,de petit Texte,& autres ; or les Lettres font aux bouts des poinçons, mais contournées à rebours. 2.Chaque forte a fon particulier attirail , fon point ,fon coma, chriffre, virgules, apoftrophes, efpaces, quadrats , ligatures, diuifions, &c. Là fe font les Capirales, là le corps de la Lettre, là les Lettres fleuries, là les fleurs, & Les Aeurons.On y trouue aufli les a aigus & les à graues,les é accen- tuels, & les fimples, les f longes, & les s rondes, les infra,& les fupra;bref les longues , & les bre- ues.Le cout neantmoins eft fans forme,mais il eft bien toften {a perfeétion. On polit tanr, on ron- gne tant;qui fur vne pierre, qui auec la lime;on pointe tant,on coupe tant, onapproche telleméc l'efquierre que tout fe void propre à la Caffe. La frappe de Matrice , quand on frappe des petits billons de cuiure paifez par le feu pour en faire des poinçons de lettres. = »: 3.On fepare donc chaque fonte de lettre, &c la reduir-on en haut & bas de Cafe re aux grofles & menues lettres , € les Fonte,;comme Sainét Auguftin; arcille,&c.- _eft composée , chaque Lettre en fon particulier cftant mife dans fon Cafletin, auec telle differéce neantmoins que la plus frequente a le plus grand, & la moins frequenre le plus petit:ainfi A ou au- tre Lettre a plus grand Caffetiñ que quelque X. Voilà tout preft de trauailler, il ne refte plus que e #. | + e | De L'Imprimerie. 303 le Compoñtur , quis’ approchant prend le Com- poftur en main, accommode fa copie fouftenuë par le Viforium,infere fon mordant dans la page pour monitrer la ligne, &puis recuilleles Ler- tres auec tant de dexterité qu’en peu de temps il compofe vn mot,vne ligne, voire vne page, em- pliffant de lignes la Galee , pour faire des pages qui font dedans,peu apres la forme toute entiere. 4. Refte maintenant la Preffe , on y apporte donc icelle Forme , on la pofe deffus fon marbre, on regarde que les pagesfoient bien applanies, & en leur lieu , de peur de la tranfpoñtion, puis on l’enferme dans fon coffre , & dans fon chaflis de fer. Elle eftantainfi attach:e on la frotte pro- prement d'encre, & pour cefaire eft pres l’En- crier auec fa mollette pour remuer l'encre & les Balles pour en eftreabbreuuces. Le gouuerneur de Preffe met le Chafis fur le Marbre de la Pre fe,& y met l'encre. Les Balles font couue auoir au prealable vne fois trempees vn peu dans l'huilé onentouche l'encre, & puis la Forme à cretion , qu’on ne fair point de moines ( dire des pages demy-blanches, prenant trop peu d'encre, ou ne touchant pas bien la fort que rien ne fe poche mettant trop d’encré;qui eft vne compolition de noir d'Alemagne,;détormantine de Venife,de vernis, & quelq e autres d ogues. s.Refte à faire iouer le Preffe, elle eft outre la Forme & fes garnitures, (on Chaflis,& mefme {on Marbre;bref outre le Coffre de la Forme , outre mefme le Tympan où l’on attache la fueille blan- LU / $ che "1 ta] | £ à é CRE à 304 Chapitre XXXVIIT. che auecdes vis& des crochers,outrelaFrifquette qu'on rabat deflus, & qu’6 pole puis apres auec le | Tympä {ur La Forme Outre tout celaelleeft dy-ie compofee de deux membrures droites aux coftez. Au haut eft l'Efcrou où tient le haut de la vis de fer, au milieu de laquelle tient cncos le Barreau, & au bas la Platine de fer au bas dela Preffe eftle Mouliner qui fert à auäcer ou retirer le coffre de deflous La Preffe, & au mefme téps qu’on y met la main pour l'auancer deffous la Prefle , on met la main au Barreau, qui incontinent applique telle- meut la Platine fur le Tympä4,8& fur la Forme que la fucille en demeure imprimee. Et lors donnant vnautrebranfle au Moulinet on remet en fa pre- micre place le Coffre & la Forme, gliffant fur des bädes de fert bien graiffees.Ainfi ontirela fueille, chaque fueille,&(pour vfer dumot del'Art)quel- quefois vingt-quatre cés.On n'aimprimè iufqu’à prefent la fueille que d’vn cofté elles’imprime de mefine de l’autre,mais à la feconde re: veux dire à cefte dernierc fois enprédfoigneufe- ment garde que leregiftre foit bon;à fçauoir que chaque ligne nouuellement Imprimee foit dire- tement oppofee à chaque ligne defia imprimee. Quand la Forme ne peut plus feruir on la leue,&c laue auec de la lexiue,& puis auec de l'eau frefche, puis on la remet fur fon Marbre;&c auec le déco- | gnois PÉTER De l'Imprimerte. 305 gnoir on leue lechaflis & toutesles gafnitures de bois d’entre les pages.On rafrefchit encore cha- cune des pages de peur qu'elles ne fe mettent en palté, & fe depecent. En fin pour diftribuer Le tout, onprend vne page ou demy page à fa vo- lonté pour remettre plus facilement chaque Eer- tre en fon Cafferin. 7.Les Charaéteres font ceux-cy, & les noms des Lettres. 1. Nompareille,c'eft à dire.fort petite. « 2. LaeMignonne,;vn peu plus groffe. 3. Petit Texte. ue : 4. Petit Romain. 4 JE $. La Philofophie. 6. Le Cicero. 7. S.Angufhin. 8. Gros Romain. 9. La Parangonde. 10. Petit Canon. 11. Gros Canoh.. pan Le". Faire rouler tout lé train de la Prefle fur la fucille , imprimant d’vn cofté la moitié du iour, & l’autre en l’autre moitie,l’ordinaire font douze cens par iour. Tirer des efpreuues les renuoyant à la cor- rection. | Il faut toufiours deux Compagnons, l'vn qui tite & renge les fucilles fur la Forme;eftant en la, Prefle , l’autre qui couche l’encre auec fes Balles V 8.On dit coucher la fueille à moüiller le Tym- 306 Chapitre XXXVIIL qui fechangent , & font à tour de roolle cantoft l’vn des meftiers,tantoft l’autre. 9. Les guidons ce font ces marques qui nous r'enuoyent deçà & delà,de lamarge au texte, du texte à la marge, nous guidant droit pour ne point faillir, comme Eftoilles * , & demy - fau- toirs À >» demies-mains, #3 lignes, —& autres celles marques. 10.11 ya les enrichiffemens des frontifpices, des paffemens , des Lerrres fleuries , des Rofes, Fleurons,&Feftons, mille galanteries qui feruenc d’enjoliuements , & de remplages pour les pages qui nc font pas pleines, des muffles, grorefques, & femblables fanrafes. PREFA APAL NN A PC PREFACE A V LECTEVR DE LA PEINTVRE. Vand le grand Alexandre vifitant Appelles , le Grand vonlut parler des conleurs,@' des Peintures : les appren- 1ifs efclatterent fr fort derirequele ; eMaiftre en eut peur € honte. Sire 2} (dir-1l rot bas)..e parlez point de ce mefiier , car ces sh garçons q#i broyent Les couleurs creuent derireen vous ‘ oyant ainftbegayer : vous effes bon pour coquerirdes Mondes , @ now pour les coucher [ur nos Tableaux: veltre efpeecrnos pinceanx ne s'accordent pas bien en vne mefine main, © pour bien faire chacun doit parler de [o meffier,autremet on apprelte à rire a toutela co- pagnie. Alexandre [e teur, © fe print à rire.le defire, Leëteur mon grandamy,vous delinrer de cefle peine, de la peur qu'on ne fe gaulfe de voftre niaiferie,quand UOHs voudre? parler de la platie Peinture l'un des no- bles artifices du mode. Le plus grandtrôpeur du mode c'eff le meilleur Peintre de l'uniners, @ Le plus cxcellet ounrier;Car 4 uray dire l'eminëce de ce méfier ne cofiffe g#'envne tromperie innocète, © tente pleine d'enihou- frafmeé de diuin efprit. Les Poetes ont leurs infpiratios das latefle on eff le veruePoctigne, © les Peintres au fin bout des doigts, à la pointe fcauate du pinceau. Mars sÙ fant sroper l'œsl on cour n'y vaut rien;il faut qu'on . CN 74 308 croye que celaef} creux &' enfoncé,cela enflé,& bour- foufflé,ce-cy hors d’'œuure , @ qui fe sette entierement hors du Tableau,cecy efloigne d'une bonne liens , cela d'une hautelle extreme ,cela percé à iour,cecy tout vif C° plein de mounement que ce chenal court © efcume a force de fouffler,que ce chiex sappe voirement que ce fang coule de la playe,que les nuees tonnent en effer,& que les nuages font tous découfis à force d'efclairs qu'o void fortir conp fur coup, que cét homme rend l'efpris, T qu'on void l'ame fur [es léures, que les oifeaux be- quertët ces raifins, fe calfent le bec;qu'on crie haut qu'il faut offer leridean afin de voir ce qui eff cache, cependant, il n°y à rien de tout cela,car tout cela ef … platspres, bas,mort ; Gr contrefait ff artiflemenr qu'il _séble que la nature [e foit couchee La deffus pour aider le Peintre à nous tromper finement fe moquer de no- fr e befhife. De la viet qu'un d'eux efcrit en [es ounra- ges,Res ipfa,C'eff la chofe mefme,nonpas la Peinture; & l'aurre,Fecit Appelles, ce qu’il mit en trois pieces ou il furmonta l'art,la nature, C [oy-mefine. Aux au- tres 1l mettoir,Faciebat,c'eff à dire, il faifoit , C à . deféin n’a point voulu achener,de peur de faire rougir la nature,quife fut confelfee vaincue par l'efprit C'par l'art.Ce r'eff pas comme ces badaux quietosent Ji niars que pour peindre vn chenal ils fa:foient un afne on vn bœuf,® encor. fi mal fagoué qw'il falloit efcrsre en gros cadeaux, Meffieurs cecy eff vn afne,cecy eff vn buffle encor mentoit-1l, car ils efhoient deux,luy le beau pre- mier,@° celny qu'il auoit pesnt l'autre, G* ne [cay qus effoit Le plus grojfier, À À Pour [çauoir dotic parler de ce noble meftier il fans certes auoir effé à la bèntique,difpuré auec les Maï- Îfres , veu le train du as vons #y bien vonls | j ac 309 deliurer de ceffe donce peine,;me fasfant efcholier pour vous rendre mailtre? Permis à vous d’yaller 4 votre tour, foit pour verifier ce que ay couché par efcrit, [os pour enfler ce petit Effay,feit en fin pour effre plus af- feuré quand vous parlerez, car pour anoir Vne langue affeuree il faut anoir un bon œil, G* curieux d'efplu- cher tonte chofe par le menu. Serue7-vous de ce petit trauail en attendant mieux, C gardez-vous en l'ufa- ge de cecy de la recherche trop curieu[e, © des petites chofettes qui font trop minces,©* qui ne doinent fürtir de la boutique. LÉ 310 PT NT ONE à VEN 1e à Den & ? L A PLATTE PEINTVRE. Cuers XXXIX. $ L faut que la moulerte foit de caillou(c’eft à dire la pierre à bro- RS yer)de gré , ou de queux, afin de mieux broyer les couleurs, &les PL mieux incorporer auec l'huile. L'amaffette eft de corne,& amaffe la couleur bro-| yec,& efparfe fur la pierre. | 2.Pour trauailler en deftrampe , & fous huile il faut broyer les couleurs auec de l'eau ou de I: colle.La gomme fert pour illuminer , & donne: l'efclet & le rayon aux coulears , qui s'efucillent. & fe rendent gayes à la faueur de la gomme;com: me auffi le vernix donne wn beau iour aux ouura ges en huile,leur feruantde crefpe & dé talc pou les guarantir de poufficre, & de criftal pour don nerluftre, & virer au iour «< qui femble morne fombre,& eclip:e, 3 La Palete du Peintre eft la mere de toute les couleurs, car du meflinge de trois ou quatr maiftreffes couleurs , fon pinceau fait naïftre é comme fleurir toutes fortes de couleurs. Ond: preparer vne palette de carnation (c’eft à dir pot : | La Pernture. 311 pour faire la charnure } de verd, de, &c. & c'eft l'ouurage du garçon. Les Meres-couleurs font. Premierement , le blanc de plomb ( à caufe qu’il fe trouue és mines de plomb. ) 2. Le fin Azur,& l'Outremarin. 3. La Laque de Venife, qui a vn incarnat & vne efcarlatte fort viue. 4. Le ver- meillon d’efpagne. ÿ. La cendree. 6. Le noir de charbon. 7. Le Maflicot qui ef le fin iaune. 8. Le verd de terre. 9. Le fang de Dragon. 10. La rofetre. Voila les couleurs gayes , les autres font . rudes. 4: Peindre en païfage , à fond plat;en Archi: teéture en l’air,& comme parmy les nuees. Pein- dreen petit volume. Les anciennes eftoient à . Var deux fortes,& puis à trois,à l’Ionique.à la Sycio- nienne, & à l’Aurique. Faire les perfonnages, le fruicage,les fleurs,les fantaifies,les rinieres;drefler des montagnes, {oufleuer des rempeftes, &c. s- Faire la drapperie, & drapper l'Image , c’eft l’habiller ; or en drappant iamais on ne met vne feule couleur , mais il y faut du meflange. 1l y a fimple drapperie, il y a celle qui eft damaffee, hi- ftorice, à brodure.Les robbes retrouflees , les re- plis pinfures,rentremens , les feintes, les couuer- res de crefpe,& qui percent le voile & la roile de- liee,les autres qui font meurtries auec les ombra- ges qui rabbarent le trop grand efclat. 6. Faire lepourtrait au naturel ; laifler l’oy- utage à la difcrerion du pinceau,& au hazard de Ja main. Rehauffer les couleurs, & releuer l’ou- urage, c'eft donner le luftre & leicar anx cou- leurs:Item verniffer la peinture, & couchet du .wornix pour faire efclarer, V 4 M #4 Ja diuerfté des couleurs face rehaufler & arron- . dir l’vne &lautre. É é 312 Chapitre XX XI X. 7.Ombrer,ou ombrager les ouurages: faire des nuits,des ombraces pour faire efclater les autres; reculer les payfages bien loin,&en petit volume, L'ombragemet & le iour s’entremeflent, afin que 8.La pinceliere eft vn vafe où l’on nettoye les pinceaux auec lhuile, & de cemefläge'on fait vn gris bigarré, & bon à certains ouurages,comme à faire les premieres couches, où imprimer la toile. 9. Pourtraire & enleuer au vif vne perfonne; du commencement on ne faifoit que pourfler, puisapres on couuritle pourfil d’vne feule cou- leur.Donner contenances aux Images, & bonne mine,ouutant la bouche,l’æœil, le ris, &c. Peindre Pefpritles mœurs,les pafions. 10.Outtre le iour & l’ombragement ; il y a en- corle faux iour,quitient du iour,& de l'ambre,& eft.vn luftre côpole des deux, qui fepare les cou- leurs,il s'appelle le deietcement, &en Grec Ar- mogé. # 11.La Cerufe fe fair de plomb , & de vinaigre, clleeft bonne pour incarner playes,& chofes fem - blables.L’Iuoire bruflé fair vn noir excellent,dôt fe feruoit Appelles. Car s’il eft demeflé & defait en vinaigre, & ards au Soleil,il ne fe peut effacer: il y a des ouurages de hautes couleurs , d'autres blaffards, mais apres la premiere couche il faut dôner la charge auecquelque couleur vigoureufe. 12.Le pourfil,les geftes,les fymmetries & pro- portions,mines & bonnes contenances font celles qui donnent bruit au pinceau,& le poin& princi- pal de tour cer eftat. Le dedansife fair aifement, | mais La Pernture. 313 mais le pourfil,les derniers craits & l’aronditle- ment de la befongne eft mal-aifee. 13.Les bons-Peintres cachent toufours quei- que fecrette intelligence dans leurs ouurages,qui vaut plus que le refte , mais les Maiftres {euls les recognoiffent,& en ont fentiment. 14. L’eftaudy ou l’efchaffaut du Peintre, c'elt là où il cienc la toile eftenduë furle chafly pour, eftre imprimee,puis ouuragee. | 15.Meurcrir la trop grâde gayeté des couleurs aucc vernix,qui femble du talc,ou du crefpe , ou de l'air efpars fur le tableau, inuention d’Appelles inimitable. Peindre Les conceptions d’efprit furle tableau, l’ame, les affections:en fin peindre ce qui ne fe peut peindre,comme les tonnerres, cfclaiss, la voix;la refpiratiô,&c.Afleoir les couleurs pro- prementieftre trop rude à la charge des couleurs 16.Peindre des payfages,des grotefques , Ara- befques;ia ruftique,des fantaifies &des chimeres, vignettemens;touffes de bois,precipices, cheures d'eaux, baricaues, la marine & les orages, & mille gentileffes{& inuentions poëriques ; de la menu- faille,8c de petits fatras. | 17.La;Peinture fe doitmettre à s6 iour,eueftre à contre-iour. Sur quoy il faut fçauoir que cout Peintre fuppofe d'ordinaire que le iour vienne dn cofté droit vers le gauche;le contre-iour c'elt dela gauche à la droite,& lors tous les ombrages, fonr du cefté opposé à celuy dont le iour vient,defaçü que mettre vne Peinture à {6 iour c’eft la tourner vers le iour du cofté que lePcintre fuppole deuair eftre leiour,& laronrner vers lafenéftre, en fa- çon que tourés les ombres foienrcomme cachices V © di 314 Chapitre XX XIX. derriere la partie du corps qui et illaminée. 1. & aduient aufli que le iour fe donne d'enhaur, &à | l'heure la cefte , le vifage,le nez font efclairez, & le refte du col,du corps,& de la perfonne ne par- ticipent point du iour que par certains efclairs,ou filets de iour qui efclatte fur les replis , & autres parties qui femblent s'enfler,& fe ietter hors l’ou- urage. El y en a au contraite qui prennent le iour par en bas, & {e doiuent mettre bié haures,& lors les pieds , genoux,& autres parties bien eminen- res font fort efclairees , le vifage & autres font à demy eclypiez. 11 faut donc toufours donner le iour du cofte que le Peintre le fuppofe, & iamais le contre iout , c'eft à dire ne rourner jamais les ombrages du cofté de la feneftre. 18.11 y a au Tableau le point du iour ; letiers E , les enfondremens, r'entremens de mem- re,la Perfpeétiue , les eflongnemens, les appro- ches , les feintes & tromperies ; il y a mefme du mouuement des yeux par vn miracle du pinceau, qui fair que l'œil regarde de routes parts, ce que la nature ne fit oncques;mefmes auec de la pouf- fiere on fait remuer les yeux, il nes'en faut rien que les Images ne parlent,& ne foient animess. 19.Blanc de plomb, vermeillon, laque, la terre d'ombre pour faire lesombrages,mefler la carna- tion, c'eft à dire de diuerfes couleurs, l'ocre iaune, locre dru,c'eft à dire,plus brune : Mafficot , verd d'oye, verd de mer. 20.Faire l'œuf , & crayonner latefte, y faire trois bignes pour la façonner apres. 21.Prendre le droit iour, ou le contre-iour, c'eft à dire,au lieu de faire le iour du cofté ee d - "4 = à [4 à La Peinture. 31ç fenetre le donne au Peintre. Le iour feint,qui (e prend d’ailleurs, comme àla Nariuité la clarté de l'Ange,vn iour de pleine face.c'eft à dire,qui don- ne à rout le pourtrair,ou iour de front,& là iln y a point d'ombre. 22.La couleur de l toile imprimee fe dit cou- leur mate,c'eft.à dire,qui eft côme moire, à caufe de l'huile graffe. Er l'or ne fe met finon fur vne couleur mate,ce qu’on dit or couleur , qui fe fait de diuerfes couleurs , & eft bonne pour receuoir l'or és dorures des corniches. 23. Morelques , font des pinceaux & des cor- nets autour d'vn Tableau , qui fe font d’or {ur l'or couleur. Les Grotefques ont de plus des per- fonnages. Arabefques font fueillages. 24.Peindre à frefque ou äfrais, contre vne muraille qui eft à l'air, &enduire de frais de fable, & qu’incontinent on y ietteles couleurs qui fe mcflingent , & tiennent bon contre tout temps. Peindre en l'air, c’eft à dire,que les chofes ne po- fenc fur vn rien que fur l’air,& les nuees. 25. R'accourciffement, r'entrement , r'enfon- . drement;pour faire paroiftre la Peinture loingil faut que la chofe foit peinte floüemét,c’eft à dire, doucement;car fi elle eftoit rude & non pas floue elle paroiftroit de trop pres. 626. Les ombrages font deietter les couleurs: Ornbrer,& faire rude la befongne , faux iour qui fe fait où il ne faut pas, clarce defrobee, c'eft vne lampe,flambeau,&c. 27.Drapper, faire la drapperie,& faire le drap. Faire l'enrichiffement,c'iit à dire, feindre la Bro- derie,ou femer des corbetres , c'eft à dire,des va- (e } . 4 16 . Chapitre «X XXIXN fes,ou fleurs fur les robbes, qui fe font dt on de » cirage , c'eft à dire , comme de l'or finie ilya pluficurs fortes dé cirages felon que là couleur eft plus claire ou à l'ombre. 28. Faire vn atrerraflement de Cerf , ou autre befte. Pour faire vn payfage il faut commencer à peindre l’air,c’eft à dire ; où il n’y a point de nués, plus peind-on äjbas , plus fait-on l’ouurage rude, afin qu'il paroiffe plus pres , & les autres derriere. La terrafle eft fort, rude, c’eft à dire, la terre qui {ouftient tout l’ouurage. 29.Peindre, ou faire vne nuiét efpaifle , tren- cheed’vn petit filer de iour defrobé. Arrondir la figure c’eft à dire;faire qu’elle femble de relief,ce qui {e fait par leiour & l’ombrage. Defrober vn tour , c'eft faire en vn coin , derriere vne monta- gne,ou autre chofe ; vn Soleil qui porte le iour, qui fe leue,ou qui fr couche. 30,Efloignement des ouurages quand ils fem- blent loing eftant floués. Feindre, c’eft le haut poind de l'art trompant l'œil quicroïd voir ce qu'il ne void pas. Peindre le blanc & noir , ou à deftrampe,ou à huyle de noix,qui eft l’ordinaire, & la meilleure,ou à frefque. 31.Enluminer, c’eft crauailler fur du velin,auec du blanc d’œuf qui deftrampe les couleurs, ou de la gomme;puis on peind auec de l'or moulu(ñon pas en fueille)& azur d’acre,c'eft à dire,le plus fin “Qui vient auec l’or dans la carriere, c’eftl'Outre marin:on le porte d’Efpagne & des Indes. 32. Pein © La Peinture, 317 32. Péndre de prof, ou pour- fil,c'eft la moitié ainfi. Peindre de front,ou en face, ou en plein , c'eft tout le vifa- di . “bours quand on peint le derrie- | 318 Chapitre X XYXIx .. Peindre à dos,c'eft tout au re- | re feulement,ainfi, Peindre vne tefte à clarte ,ou gloire,ou rayons,ou diademe,ou Soleil, ceft comme on faiét les Sainéts. 33.Crayonner,charbonner,griffonner,porfiler, jeter la premiere ordonnance;figurer groffement, iercer les premiers craiéts, faire le griffonnemente auec er La Pernture. 319 auec crayon, croye , charbon , mine de plomb, vermeillon , ou figurer fur le papier aued l’angre, ietter fes premieres penfees fur la toile ; puis à loifir en rechercher la perfection , particularifant coutes les parties. Retirer la chofe pourtraite; effacer les faux traiéts du griffonnement ; le mai- ftre traict demeure toufiours pour guider la be- fongne efbauchee. 34. On appelle ordonnance & deffein , ces premiers trai@s, & pourtraire ; car Peindre, c'eft auec les couleurs qui furuiennent deflus le pour- traict. Si on veut aggrandir , on peut reduire le tout au petit pied, le piquant & l’appliquant {ur fon fonds, & le ponçer auecla ponce, & ce def- fein ain fair {e nomme le poncis , mais c’eft pour les apprentifs. 35. Le coloriseftfort vif, les couleurs bien polees &bien mifes, les rehauts faits bien à pro- pos, labefongne bien adoucie;les plis bien pliez, ou ferrez, ou bien hardis , le déplis fair bien à propos , le drap bien drappé ; le Peintre touche bien, c’eft à dire, faicbien la carnation du nud, c'eft à dire, de la face,de La main, du pied, car le refte cft habillé. 36. Vn bel Apreft,c’eft vne peinture faite fur le verre, cuite & recuire au feu auec des couleurs qui puiflent fouffrir le feu, comme font les minerales. 37. Vn beau Tableau doit auoir l’inuention gaillarde, les proportions bien gardees, le coloris plaifant & naturel, la carnation viue, la drapperic riche, les païfages fort efloignez , la Perfpeétiue bien obferuce , la feinte fi naturelle que l'œil foit aisément content d’eftre trompé, n | 38. Les M h 320 Chapitre X XXI x. 38. Les rehaurs fe fon vetfe deflus,les enfondr iaifon des couleurs qu'el- Îes fe perdent quafi }’vne dans l’autre. Glacer, c’ef ractcre les derniers adouciflemens , & la couche La façon de parler des beaux tableaux. 2: ce” Ela n'eft pas Peinture, mais nature , & ces perfonnages ]à regardent tous ceux qu: les regardent, mais d'Vne œillade fi naï fue , que vous iureriez qu’ils font en vie. 2.Voyez-vous ces Poiflons-R , fi vous verfez deffus de l’eau ils hageront, car tienne leur man: que. Et ces oyfeaux s’ils n’eftoient attachez il prendroient l'air , & fendroyent le ciél tant font ils bien faits. 3. Comme ef-:il poffible que le pinceau aie! couché tant de douceurs fous des traits f rudes, fous des couleurs fi rudes , & que parmy tant du nonchalance,on ait caché tant d’attraïts. | 4 4Quand Ja Peinture eftoit encor au berceau, & 2 fon premier Jait,le Pinceau éftoit fi niaïs,les ou: urages f lours, qu'il falloir efcrire deflus, c'eft k Bœuf La Peinture. 321 Bœuf , c'eft vn Afne , autrement vouseufliez pris cela pour vn quaitier de veau ; maintenant il faue mettre deflous, qu’vn tel peignoit, de peur qu’on ne creuft que ce font des morts qu’on a collé {ur Ja toile, & des perfonnes viuantes fans vie,tant le tout eft bien fait. ni 5. Pour parler des riches Peintures , il en faue parler comme fi les chofes eftoient vrayes, non pas Peintes. Voyez ie vous prie comme ces Dau- phins follaftrent dans ces boüillons d’eau qu'ils foufleuent: comme ces oyfeaux perchez fur ces ramees gazoüillent,voy-lés là qu’ils s‘enuolent & fe cachent dansles nuées. 6.Appelles peignoit ce qui ne fe pouuoit peindre, on oyoit craquer les tônerres,& Île tintamarre des nuées efclartantes & toutes trenchees d’efclairs. 7. Voyez comme ce drap eft bien pliffé, voyez ces mains de neiges où les veines s’enflent,& {em- blent battre à [a cadence du poux ;voyez ces muf- cles comme ilsfe pouffent & s'enflent ; On peut conter les coftes de ce corps,tout le corpseftauffi bien fait que fi nature l’auoit façonné de fes mains.Mais encor, eft-ce Peinture ou nature, veri- te ou artifice ? 8. Mon amy ;'pourquoy auez-vous donne vne bride à ce cheual qui court de toute fa puiffance, & iette fon efcume à gros boüillons , & eft hors d’haleine? Le l’ay fait à deffein,car en deux bonds, il fe fuft ietté hors dela carriere, & hors latoi’e, il l’a fallu retenir par force , voyez comme par defpitil s’en cabre. 9. Mon Dieu que ce fonds eft haché bien menu, & treilliffe de bonne grace, vous iureriez que c’eft X 322 Chapitre XX X IX. né chofe creufe, & bien profonde. +04 Voyez comme ces fontaines fourdent des crouppes de ces montagnes , comme ia main dù Peintre mene ces ruiffcaux auf bien que fçauroit faire lanature , ils pouffent hors par endroits tout plein de petits (Hitioné boüillonnans, commode à ces petits follaftres de poiffons qui nagent entre flot & flot; voyez comme ces canards fe coulent parmy ces hérbes & connillent, voyez-là comme ils fe plongent bourfoufflans contremont de pe- tits brins, & filets d’eau retirez-vous vn peu à l’ef- “cart , de peur qu’ilsne vous afpergent , & moüil- lent,en fretillant ainfi des pattes, & battant l’eau. : 11. Philoftrate en fes Tableaux eft exceilent en cety,& vous s fera rue en n cefte 1 matiere, Des Couleurs. ALTO à LE Escouleursfe concréent enlaterre,& €s mi. nieres , ou bien fe compofent par mixtions & temperatures , ou naiflent en herbes, < ou autre- ment. Le Silqui s'approche de lOchre eftant tire F4 veines de Marbre,f on le brufle & efteinden vin- aigte i ‘prend femblance de pourpre ou cramoifi violet: aucuns penfent que c'eft azur d’outre mer. "Les Rubriches ou pierres (an guines {etirenraufli de la terre ; l orpiment, le cinnabre,la croye verte Eu sur biere MEME li rérrétde Smyrne, & eft la plus exceliente. La Saändaraque qu’aucuns croyent eftre le Mafficot, vient du Pont, & croift en certains lieux toute preparée par nature , fans ‘qu 1 la faille dr à FR piles 2.Lc # À La Pernture- 323 2. Le vermeillon (ririum)vientés minieres d’ar- gent,comme vne arenerouge.Sa veine eftcomme de fer va peu rougiflant, les motres fe nomment (anthrax) des charbons, cela eftant ietté dans la fournaile,la fumée qui en fort fe tourne en vn mil- lion de gouttelettes de vif-argent.On fait pañler le vermeillon par cuillons, & laueures , le broyant fouuuent en fin a {a naïfue couleur,qui eftanrime- talliquefe conferue en vigueur long temps fi les ouurages font à couuert,;autrement le Soleil & la Lune maflacrentfa beauté & meurtriffent l’efclar de fa viuacité. Le moyen de faire que lerayon de la Lune ne lafche ny efface ce rayon de beauté;il faut mettre vne couche de cire blanche bien po- lie {ur la paroy qu’on veur peindre, s’aidant du feu pour faire furfondre la cire, & dupolifloir. On fophiftique le vermeillon auec de 14 chaux, our l'efprouuer il le faut mettre fur vne lame au feu, s’il eft loyal & marchand eftant refroidy il au- ra fa mefme couleur,mais s’il garde vne cotte noi- re,& deuient brun & noiraftre,c’eft figne qu'il y a de la mefchanceté. Le (5 3.“ Le noir fe fait ou de la fuye & fumée de poix refine;ou de farmens de Vigne,& coipeaux de Pin redigez en charbons,pilez,& meflezauec la colle, ou en fin de lie de bon vin bruflée,feche,& meflée aucc la colle, cela deuient fort noir , & imite la couleur d'Inde, qu'on nomme Morée. 4. Le Cerulée qu'on nomme bleu ou Furquin, fe fait broyät du fable auec la fleur de Nitre fi delié qu'il deuient côme farine, on prend de la limaille d’airain de Cypre,& en faupoudre on cela afin de s'incofporer,on moule des DL: a fes mains 2 | | 4 324 Chapitre XXXIX. - on les met dans vn vaiffeau,& dans vne fournaife, J'airain & le fable par la force du feu s’entredon- nant leursfueurs changent de nature, & fe redui- fent en couleur cerulée, A) FRANCE Le Bruflé fe fait de mottes de Sil embrafées, efteintes en vinaigre , d'où fe fait la couleur de pourpre. sa ra ç. La Cerufe ou blanc de plomb fe fait mettant des branches de farment dans des tonneaux , les furfondant auec du vinaigre, & par deffus affeanc des lames de plomb , eftoupant les gueules , afin qu'il ne forte ny vent,ny haleine,au bout de quel- que temps on treuue la Cerufe attachée. Si on la cuit en vne fournaife elle change de couleur & fe conuertit en fandaraque ou Maflicor, & quand on aflied fes lames de cuyure ou d’airain , ils en font du verd deotis, Eruca. _6. La Pourpre ou Efcarlatte qui eft la plus viue & eftincelante des couleurs fe tire d’vn huitre (de là on le nomme Offrum)il y en a de viue,de bruner. te, de meurtrie enefclat, comme fang meurtry, de rouge-vermeil ; mais il le faut furfondre de miel quand on l’efpraind de la coquille, de peur qu'elle ne fe hafle : On contrefait plufieurs cou- Jeurs auec le jus des fleurs. L À 321$ | À ne 3 fe eee SE DE CNET CIONGNS 2 SÉANCES SAS PL NSENE TEEN AT L A £.C NE PT R Ë; imagerie où | pro, à à CHariTRe XL. En my Lie a deux parties ; le reliefou PS 7 boffe ; & le creux. | SNVE 2. Ilyapleinrelief quand PI- #4 mage eft arondie de tour cofté, D fans teniràrien. 3. Demy-boffe, ou baffe-taille, bas rélicf, felor que l'Image eft releuée deflus le fonds! & {e iette plus, hors du plan. 4. Lecteux, & graueures , felon qu’elles {ont plus auant ehrallées, auffi s’appellent- elles.felon Îles enfondremens. - Eftoffe,& matiere eft le metail, les pts le bois, la cire mixrionnée, &c. 6. Le modelle fe fait d'argille, verre cuitte, &c. pour deffus y faire la vraye figure. 7. Onpeut deffeigner, & portraire auecle char- bon, le crayon noir ou de fanguine , & la plume qui ef le plus laborieux, & hardy de tous , parce qu'il faut hacher dru & menu le dedäs des figures qui eft enclos däs le profil, appellé parplufieurs li- gnes s'entrecoupantes à petits carreaux ou lozan- 3 . 326 Chapitre XL. ges , en forme d’vne treliffure pour feruir d’om- brage felon le plus & le moins,laiflant autant qu'il en faut pour feruir de iour. 8. De la Sculpture on acquiert la ruze & dexte- rité de bien reprefenter en platte Peinture,les rac- courciflemens,r enfondremens, & releuemens en va plan. 9. La plus grâde perfection,eft faire paroiftre ce qui eft tour plat côme s’il eftoit de relief & fe ier- ter comme hors d'œuure.Comme la ftatuë d’Ale- xandre qui sébloic auoir la main,& la foudre hors du Tableau fait par Apelles pour 120.mil efcus. 10,R'habiller vne ftatuë,c'eft y adioufter ce qu'il y faut, foit qu’il {e foit rompu, ou &c. ». 11, Ily faut grand ruze & pratique pour co- gnoîiftre le fil du marbre & de quel biais on ledoit prendre. Les autres eftoffes font moins rebelles, & rebourfes. 12, Imagie metallaire, & en fonte, c'eft à dire, qui fait de bronze, &c. 13. Le garde main, c’eftvn demy-gand de bufle, afin que la maffe ou marteau n'engendre vne calle de chair dure. 14. Les inftrumens font la mafle:fecondement, les pointes trempées,& acerces maiselles doiuent eftré moufles & camules vers la pointe, car fi elle s’allongeoit en vne longueur délice, elle ne fou- ftiendroit le coup du marteau , mais efclatteroit. __1f En esbauchant il faut ailer fagement en be- fongne.& en biaifant de cofté & d’autre,fans don- ner toufiours en mefme endroit de droict fl, & à plomb,afin de ne meurtrir le marbre, ou le mafla- crer, Car autrement les taches fe demonftreroient su n. "La Sculptures: .... 32% aupoliflemét,des coups defchargez mal à propos. | 16. Les cizeaux de plufeurs fartes;lefquels font brettez,les vns d'vne dent,les autres de deux,&c, 17. Rondelles. Becq-d’afnes. EAN C D IANANS … Martellines qui ont vne pointe d’vn cafté, vne plane del'autre. Dis es Bouchardes,qui font en pointe de Diamant. Rappes demy rondes. | Les couldees qui font recourbees, : {a . Les forefts ou trapans en forme d'arbalefte , qui fe tourne-virent auec vne courroye enueloppee, du fuft , & vne maniere d’atcher; les vibrequins ont le fer en forme de dard,ou langue de ferpent, 18. Le Compas,Efquierres, limes.. : :: 19. Guillochis, fueillages, feftons de fruicts,pa- rerques bizarres, fantaftiqueties d’ouurier;faillies, paflages, hardieffes, caprices, fleurs, rofaces,muf- fles , volutes & millefortes d’enrichiflemens.. … LeBloc,c’eft la malle de marbre,point;ou grof- fement efbauchee. LA CPR La premiere peau fe defcouure peu à peu, auee. la mafle ; la penultiéme peau auec le cizeau fe va explanant comme fi on vouloit faire vne figure à demy-relief : la derniere peau fe fait'auec rappes, trapans, forefts,&c. RO RE - : On luftre & donne le poly auec du grez cafsé menu, & palsé par vn fas & empaftéauec del'eaus & ce auec des broches ou baftôsde fauleaiguilez par le bout.entortillez d’vnlinge blanc.ce qui ad- doucit & efface les coups des brettures.La pierre ponce addoucit auffi, On luy dônéauffile poliiffe- ment auec de la Pottee, qui eft faite de plomb & X “4 328 Chapitre. X L. d’eftain calcinez enfemble,& deftrépe auecl'eait. | L'Elmery qui eft noiraftre,ternift le marbre géril. Le Moyeu c’eft le modelle fur lequel oniette la figure de metail,& puis par des trous on la rompt, & fait-or fortir hors l’Imagé;c’eft auffi le moule. Le Noyau, c’eft la cire ou autre chofe dequoy on remplit le vuide des ftatués de plaftre,& ftucq. Soufpirail , & efuent de l’image ; font lestrous par lefquels on remplit ou vuide le creux ; & par où le metail entrant,prend l'air. L’alliage,c'eft meflange du cuiure qui s'allie & fe mefle auec l’eftain , car le cuiure fe fond trop difficilement tout feul. | L'Estoffe. +1” Porphyte ; eft vne pierre rouge, obfcure, mouchetée de taches blanches. 2. Le Serpentin a le champ verd tauellé de blancauec noirceurs y éntremeflees. C'eft le plus opiniaftre de tous,fous les ferremens qui n’y peu- uent mordre: & ne fe peut aflaillir bonnement, fans que les outils quafi à chaque coup foient rea- cerez,& trempez,@&les pointes renouuellez, Il ÿ ena du Cendré. | 3.Le Marbre Numidien de couleur cannelée,tiét quelque peu du grifaftre obfcur, Le Marbre verd eft gay & tres-beau 4 La pierre de parangon,ou de touche,cft auffi fort opiniaftre. ' s-Le Serpentin eff le plus rebelle, & moins fai- feux de tous ,"& fe fie par Le moyen de l'Efmery mis en poudre , & vnefcie delice , qui le mine & rongé À La Sculpture. 329 oñge peu à peu. die 6. La pierre Marmaride ( enchaffee au Poulpi- | tre defainte Marie Majeur ) eft fort belle, griie, | mouchetée de taches banches & noires, eft cres- dure. DA 7. Le Marbre grené, a de gros grains de Caffi- doines , Efmerils, Agathes de diuetfes couleurs;. dont ileft parfeme. 8. La Carricre ou Quarciere eff le lieu où lon tailleles Marbses:on dit auffi la Marbriere, 9. Le Marbre gentil : c’eft le blanc fans taches, ny veines, fort dur. 10. Le Parien eft dur competemment, & reçoit le poliffement , & n’eft fi rebelle, ilaaufi certain Juftre qui approche de la charnure : on n'y treuue jamais n’y tache , ny defaut : caril n’a point de bans,ny d’eftages,comme nos pierres de par deçà. Eftage s'appelle le fonds qui d'ordinaire n'eft femblable à ce quieft haut. | TR, à 11. Brefche eft de diuerfes couleurs , elle fert à faire des huifferies, feneftrages;entablatures,che- minées,&c. 12. Le Marbre meflé {Mi/chio) tout de mefme. On n’en fait gueres des Sratuës. 13. On nefe fert gueres de l’Allebaftre à caufe de fa mo'leffe, & tendreur. 14. C'eft vn coup de Maiftre de fçauoir defchar- ger les premiers coups ric à ric de fa marque,com- me Michel-Ange qui fembloit eftre en furie. 15. Marbre diapré & marqueté fait en Pyrami- de,qui va coufiours en appointant. 16. Onfcie le Marbre auec du fablon d'Echio. pic,ou dés Indes, & auec le mefme on polir, &bru- | | ZX S$ 330 Chapitre XL: nit les fucilles de Marbre pour en reueftir les mu- raîlles.On fait vne trace au Marbre qui fe remplit de fablon quife prefle en bas auec vne fcie. Le {a- blon ordinaire fair iafcicure grofle & cauerneufe, il faut par apres liffer,& polir les platines, ou plac-. ques,& fueilles dé Marbre auec la poudre de Tuf (Por) ou de Pierre-ponce (Pumex.) | 17. Les Polifloirs de Marbre fe font auec des queux(coter, @ lapides quibus acuuntur clady.) 18 Le Marbre dit d'Augufte eft fait à ondes qui fé madrent,& s’enueloppent à mode d’vncourbil- Jon de vent. Le Marbre dit Tyberius a fes veines efparpillées à mode de flocs de cheueux blancs. Celuy de Thebaïque eft diapré de gouttes d’or, d’autres font marquetez de rouge , Ou tirent fur couleur de lacque, Celuy de Narolie eftcomme yuoire. | | La f:çon de lener les Statues. 1. Es hommes rauis deuiennent comme pier- res, & les pierres rauies par la force de l'Art femblent deuenir animees, & fortir hors de {oy. 2. Le bronze ; quoy qu'infenfble de nature, a appris d’eftre obeïffant à la hardieffe de l'Art, & du cizeau.Calliftrate au deuxième Cupidon de Praxi- teles. | * Ad 3. La pierre fembloit fe hazarder de faire à bon efcient, & de s’accommoder au deffein de l’ou- urier.Calliffrate au Satyre 114. 4. L’ame des Poëtes, & les mains des Ouuriers font rauies d’enthoufafme pour reprefenter les chofes diuines;auffi cefte pierre s’eft meramorpho- {ee en la Bacchante qu’elle deuoit reprefenter, & s’eft ramollie à vne femblance de féme.Calliftrare en % Là Sculpture. 331 | enla Bacchante 125. ç.La pierre fembloir eftre atteinte de cét accidée (c’eft à dire, d’vureffe,car il parle d’vn Indien yure) ainfi que fi elle fe fuft deue esbranler , pour mon- ftrer le vacillement que caufe l'yurefle. Califirate en l'Indien,p.136. 6. | | 6.L'ouurier n’a point voulu que Île metal demeu- raft metal , ains que tout ce qui en eftoit deuint Amour.De fait vous voyez bien comme le Bronze fe facilice à vne certaine delicatefle, & infenfble- ment fe mignarde & rend fouple à vne potellée charneure , & vn rebondy en bon point farfelu, accomp!y de tout ce qu'il y faut, fe contentant de {on eftoffe.Cailiffrate au Cupidon de Praxiteles,139. 7. Vous voyez bien que le bronze obeit aux af- fections de celuy qu'il reprefente,& rit fort naïf- uemént, la couleur obrtempere aux fentimens, & touchant le poil il femble qu’il fe drefle 8 vous chatoüille la main. ?h:d.1 40. 8. Le Metal s’eft entierement ietté hors de fa propre nature , & s’eft tranfporté à vne veritable reprefentation, Car ce quela Nature ne luy a don- né, l'Art luy à acquis. 44 2.Cupidon de Praxit.Calls- ffrate,p157. 9. Ce pauure Marbre a efté rauy en extafe , le voila hors de foy, car vous voyez qu’il balette , & qu'il vit où il eftoir cy deuant fans mouuement. Il eft pouffé d'vn diuin enthoufafme , & poffedé d’vn efprit diuin qui luy donne vie. : 10. Le Marbre, eftant Marbre ne laiffoit pas de rougir , & fe lafchoit delicatement, à tout ce que “Art y vouloit figurer, &c.l’Art y combattoit auec a Naturesieune adojefcent fleuriffanc d'vne gaye ] ieuncfle, P. . 3324 Chapitre X L. | icuneffe , le poil follet de fa prime-barbe qui luy cotonnoit le menton abandonné au vent pour le frizer à {on plaifirsle refte de {a perruque à l’aban- don, &c. Calliffrate en l'Occafion,p.16r. 11. Ce Baccus quoy que d’eftoffe morte, & re- belle defoy ; maniez-ie , il fretille fous le tourfe- . ment,& ramolly par l'Art en vne charnure doüil- Îette & foupple femble fe defrober fous le fenti- ment de la main, Calhff. en Bacchw,p.16 5.6. 12.1] faut aduoüer que parfoisla diuinité fe fout- Le dedans les corps humains fans s’y contaminer fesaffections. Car icy l’Art n’a pas contrefait les affeétions, ains ayant fait vn Dieu;lmage , l’a en- tierement fait paffer en elle.Calkffrare en Efculape. É69.6. 13. La matiercicy ne cede point à l’Art qu'elle mefprife ; ains cognoiffant que c’eftoit vn Dieu qu'elle deuoit reprefenter.elle s’y eft defoy meta- morphofée. Voyez vous pas les cheueux parfemez de graces fe coulant le long des efpaules, s’efpädre à la liberté ; partie fur le vifage , s’efcarmouchans d'vne gayeté fort gentille autour des fourcils, fe viennent comme anneler au droit des yeux;& s'y amoncellent de gros ocs de cheueux frifez.Jhid. 14. Voyez ces Dauphins comme ils follaftrent là à leur plaifir fendans les Aots & la Sculpture.Ec le vent eft fi vehement que le Stucq en eft agité. Call:ffrateen Meder.1 86.6. j 15. Si fait-il beau voir ce metailquiprend plaifir de frifer le menton d’vn petit crefpe d’or à ce petit _ Dieu,&c. 16, Ne vous trompez pas , ce que vous voyez n'eft pas bronze, c’eft le mefme Jupiter en propre. perfonne, La Sculpture. | perfonne,qui a mis en {a place au Ciel le bronze, _ &icyseft conftitué en la place du bronze;car au- trement ne fe peut faire ayant les cheueux vole. tans en l'air, la foudre qui branle, les yeux efclar- tans, &cC. 17. Cette Deeffe tafche de fe monftrer belle à tous, & a l’œil brillant, & toufiours au guet ; elle eft de la facture de l’Imageur Praxiteles , qui ia- mais ne befongna mieux , ny tailla Marbre plus heureufement ; & femble que de quelque cofté qu’on lafçache choifir elle s’effaye de fe monftrer excellemment belle. 18. C’eft bien icy vn de ces Marbres qui ne fau- droit de bondir,& trépigner fi Orphée lafchoit vn feul fredon furfa Harpe ; Car de foy vous voyez quafi qu'il faucelle , fans attendre ny Orphée , ny {es fredons, SH DES LAS: à LUS A1. - . Pi 334 ARE 14e FESSES ES = le Sole xe NUE Ra à A RE DES OVPRIAGES : DE la ‘Broderie. CHAPITRE ;:X ET. ’Inuention de la Broderie éft donnée à ceux de Phrygie , de façon queles La- , tins mefmes, nomment les Brodeurs Pbrig: ones , à vray dire ces peuples-là nhei vc point inuenté, mais ils en ont efte extre- mément curieux; car ontrouue quafi dés le com- mencement du monde, quelques efpeces de Bro- deries. Or ce qui eftoit affez groffier du comimen- cement , deuint remply de mille mignardifes. Ils auoient rs bonnes gens des robbes pommelées, des manteaux bordez de teftes de cloux , entez dans l’efcarlatre, des eftoffes ondécs, & furfemées d'vne belle pommelure, & furchargées de rou- leaux , on les raya apres d'or à la façon d'Artalie ; ceux de Babylone, Broderent des liurées en diuér- fes couleurs ; ainf petit à petit, onaaffiné ce me- ftier, le rendant cous les jours plus delicat. Les plus anciens ÿ entrelafloienrt des fleurs naturelles, des herbes & croyoient eftre braues à merweille, faifant de cela vne grande piaffe. On tient pour 2 allcuré que ce mot de Prodeur : vient " __ . Le p* La Broderie. 335 vient de Bordeur,car on n'enjoliuoit ducommen- Æeméent que le bord des robbes , & on les paffe- mentoit d vne lifiere faire à l'eguille & en Brode- rie, de fait en Latin on nomme les Brodeuts, Lim bularsos,parce qu’ils ne fe mefloient que d'enrichir le bord des robbes & des cottes des femmes . & chofes fembiables. Du bord on eft fauté au beau mitan , & on a remply tout le plat-fonds de mille fantailies d'or,d’argét,& de foye, d’or nüé,& d'or clair,de mille agréemens,de poinét velu,& poinét de Tartarie , & tous les isurs ie metier s'enrichir. On dit auffi recamer, c’eft à dire, Broder, &ce mot vient de l'Hebrieu, car Racam, veut autant à dire que Recamer, Peindre à l’éguille & la (oye, de fait dés le commencement du môde on trouue de cétouurage,qui depuis s’efttéllemét afiné,que vous prendriez la peinture pour nature , carles Tulipes & les fleurs , femblent eftre nées-dans ce fatin, tant font-elles viues; ces oyfeaux femblene fendre le meftier,& voler à tire- d’aifl, à ces per- fonnages il ne manque que la parole, cétor qui fe Jance aux bouts , & eft nüé de foye, ce point re- fendu a fi bien naïuc les cheueux,que vous diriez que tout cela eft plein de vie. Cen’eft pas pciri- dre cela, mais engendrer, & donner vie aux creatu- res,que de les Recamer fi excellemmene, *1.Le meftier,c’eft ce Chaflis,fur lequel on eftend labefongne , bandant fortement le plat-fonds, & le fatin fur lequel on veurtai:c la Proderie,&oùil faut poncer les ouurages , & porfler la befongne. * 2. Les broches feruent à conduire le cordon, la canetille,toute forte de porflures & liferures. &il eftimpoffble de rié faire fans cela,ny aux lifieres, à ny 336 Chapitre XLI. ny à l’enclofture,ny au fond, 3. Lattes, c'eft vn morceau deboïsplar, pour eftendre ia befongne , la rirer, ia rela{cher ; & Ja mettre en eftat. 4. Les Trefteaux doiuenr eftre bien fermes 8 bien propres,afin de bien porter le meftier, & que rien ne branfle mal à propos, qu’on ne faffe quel- que faute qui pourroit gafter la delicateffe de la befongne. $. Aiguilles à canon , aiguilles à pafler de l'or à trauers le taffetas fatin,& largent,aiguilles à per- les fort delices , grafles aiguilles , à tendre le me- ftier , aiguilles à laine qui font vn peu plus plattes au bout,aiguilles de Brodeur. 6, Roüet pour faire des cordons,dont on fe fere fouuent,& faut que le Brodeur les faffe luy-mef- me,pour bien faire fa Broderie. ; 7. Cizeaux àrazer , qui ont l'anneau grand, forcettes à feruir fur le imeftier,cizeaux à decoup- cs cizeaux à razer, pour pouuoirentrer dans e poil de veloux, ont la pointe platte & fine, ci- _zeaux de Brodeurs propres à ce meftier. 8. Pour decoupper il faut des fers de plufieurs fortes, comme pour faire les cœurs , d'autres pour les treffles ; pour les S. d’autres droits pour faire vnetaillade, vn mouchetoir pour moufcheter, ce qui fe fait quafñi comme vne croixS, Anthoine, destaillades à dents de fcie , & autres d’autres fa- ons,car les taillades ont fort bonne grace,quand elles font bien affifes.& bien couchees. 9-Pour bien goffrer,il faut des fers faits à cétef. fe&,pour imprimer à l'aide du feu;on goffre fur le fatin & für coute autre eftoffe , qui eft bien fufce- | ptible : £ La Broderie. 337 ptible de l’impreflion,qui doit eftre bien nette, 10. Le paftéfert pour appliquer la canetille cou- pée,& le canonjle paîté fe fair de feurre,ou de ve- loux,on le fait d’vn fonds de chapeau,d'vne piece de veloux, ou autre eftoffe, il a ce nom,parce qu'il eft en forme d’vn pafté plat,bas,& rond. 4 11, Pour faire porfilures de taillades de veloux, faut auoir vn pinceau pour prendre doucement la befongne pour appliquer fur le fonds, & bien agencer cela fans y rien mettre en defordre , ou bien hors de fa place:le pinceau enleue bien pro- prement , & aflied bien où il faut , fans que les doigts touchentla Broderie. 12. Poncettes blanches & noires, les blanches feruent pour ponçer {ur couleurs brunes, les noi- res {ur les couleurs claireselles font piquees à pe- its pertuis , ainfique font les Peintres, & les Ar- chitectes,pour poncer les premiers traits. 3. Faite la portraiéture propre à la Broderie, portraiét de befongne de ouerre,c’eft à dire,pour la Cour, pour les habits de femmes & d'hommes de la Cour,d'or,d’argent,& la befongne d'Eglife, c’eft la plus difficile, à caufe des Images:c’eft quafi la plus commune:lautre de guerre ne l’eft pas tant, fi ce n’eft à boutades , ainfi que vont les humeurs des Courtifans, car tantoftils aiment d’eftre cou- uerts de Broderies, tantoft ils vont tout fimple« ment,a eftoffe toute nuë,& balaffrée. Lesbefongnes de fleurs font fort plaifantes, & bien agreables,à caufe du mefläge des foyes viues & de tant de couleurs, cette riche bigarrure qui * contrefait vn printemps de foye eft fort difficile, à . caufe qu'il faut cellement naïuer les fleurs, qu’il 338 Chapitre X LI. fau qu'on croye que ce font les vrayes fleurs col- fees là deflus,& non pas des figures mortes. 14.Befongne d’ Eglife fe fait d'or nué pour la plus riche;la bouture qui eft la plus naturelle n’eft que defoye,mais fi iolie à caufe de la viuacité des cou- Jeurs(qui ont vn efclat vif,& nullement meurtry) &c fi pleine de varieté , que l'œil ne fe fçauroit faouler de regarder cefte douce varieté.Suit la ha- che- bachure qui eft ouurage plus leger, n'eftant qu'à demy plein, là où la bouture eft toute pleine, & l'ouurage en eft bièn plus riche & plus beau. L'or ei c'eft l'or qui eft couche, & eft moin- dre que hache-bachure, qui a plus grande varieté d ouurage,& plus agreable à l'œil que l'or clair. La Taillure ,c etl quand on fe fert de diuerfes pieces biche cé , de fatin, veloux, drap d'argent, d'or, & autres qui s’agencent fort mignonnes ment, & la main du Dis dbn fair le refte. à 47 Payfages, où il faut que le Brodeur vfe plus de fantaifies qu'aux autres ouurages,ce n’eft qu'ef: prit, & hardieffe;il enfle la mer, & fait l'efcume des flots; il pouffe la cime des montagnes raboteules iufqu' aux nuces sil fend les prairies auec des fon- gaines de criftal qu'on oi quai couler ; il fait ef- clorre les fleurs dans vn parterre;il poufle vne fo: - reft de haute fuftaye; il contrefait des chaffes & des atterraflemens de beftes, en fin ce font ouura- ges de fantaifies, 15. Befongnes fauffes , font celles qui font d’or : faux , & plus legeres, & Le mefme d'argent faux,” maisen peu de temps cefte broderies ‘ve, & mon- fre la piperie, fe defchargeant peu à peu, & mon- ftrant ce qui cftoit caché fous l'apparence de l'or. Prof La Broderie. 339 * Profileure, befongne d’or ou de foye faite auec probc file Brodeur ne fcait pourtraire , & bien ourfiler , iamaisil ne fera chef-d’œuure qui vail- le, & faudra qu'il foit toufiours valet d’vn Peintre, & des caprices d’autruy. Belongne de meubles où on applique toute for- te de Broderie, on la nomme ainli , à caufe qu’on en meuble la maifon,ce font liéts,pauillons, tapis, oreillers , toilettes. où on fait toute forte de Bro- derie de guerre, d’Eglife,de tout:felon la fantaifie de ceux qui commandent la befongne. Broderie de rapport,qui fe fait des pieces rappor- tées de diuerfes couleurs, & qui s'enflent ,. & fem- blent de relief,s’enleuent & Ru appli- quant or fur argent, foye fur or,fatin fur cela, en fin la Broderie {e tant & fe fait à demy reliefs. 16. Le plat fonds d'argent, fur lequel on fair les pieces rapportées, foit de boüillon,clinquant,can- netille , frizures , & autres telles galanteries, On nomme le plat- fonds , ce qui eft bande fur le me- _ ftier, & furquoy on couche toute la Broderie:mais 17 à. pour bien faire il faut auoir deuant les yeux des patrons , des portraits faits au vif, voire les fleurs mefmes naturelles,& les fueilles feparées pourles contrefaire, & les naïfuer parfaitement. 17. L'argent de Paris,& l’or de Milan, font tres- bonspour faire les plats fonds.L’or de France m6. ftre trop fa foye , il s’ouure en le retordant, celuy de Milan eft plus couuert, & ne s’entr'ouure pas fi aifément , monftrant la foye par la fente, car le dedans du fl d'or & d'argent, ce n'eft que foye,or quand on la void tout ft gafté. [38 EÆEncaftiller des Diamans,& les enchaffer dans Y 2 7 m4 ».. 340 Chapitre XL I. la Broderie , enfilerles perles, &'incoïsorer des pierreries dâs les boüi.\ons, ou eftoilles pour leur dôner efclar,&c ieur faire darder vn iour agreable. 19. Point de poil,c’eft la fantalie qui conduit de point refendu les cheucux,& la barbe des perfon- nagés.Or cepoint de poii eft fort difficile, quand il faut frifer les cheueux,les anneler,& goffrer les perruques, les faire Aotter à l'abandon, &fe iou£r {ur ie front,ou bien quand il la faut rendre vene- rab'e, arrengeant les poils fi delicatement , que , l'vn ne fe iette point fur l’autre. 20. Point veu, qui fait reflentirle naturel ; & iette fon poil , comme fi c'eftoit vrayement de a moufle. Ainfi fait-on des antres tour moufluz,& vous iureriez que c’eft de la vraye moufle defoye vertementbrune ; des arbres couucrts de moufle, des cheuilles qui font cotonnées & veluës;des pa- pillons à corps cotonné,& velu,& autrés fembla- bles creatures , qui changent naturellement la moufle & font furfrifées , couuerte d'vne bourre naturelle ou acquile. 21. Enclofture. c’elt le bord qui eft tout autour; & eft riche de frilons à la Milannoilc, Cartizanes d’or trait , chaifnes faites de boüillons , de mille beatilles & ioliuerez, qui ceignent tout autour la befongne , & fement du paflement à louurage, | d'Anges,de grotefques, de chapelets de fleurs, & ! de fantafies. /22,Agreemens,c’eft ouurage de paillettes,grains faits de boüillons ou petits points noüez: cela en- joliuefort la befongne,& donne grace à la Brode- rie, faifant qu’elle foic fort agreable, & que læil | foit content & fatisfait en voyant ces NL IN = La Broderies 341 bien affis. 3 23. À la befongne d’or clair, le Brodeur doit re. hauffer fur la foye,les cottes des robbes,mäteaux, &c. d'or & d’argent,& fur les manteaux d'or gla- | cer de foye.Ombrager donc c’eft auec lafoye,fur. .ombrager l'or & l’argét,& y faire quelques fortes | d'ouurages.Quand donc la drapperie des perfon- _ nageseft de foye viué,on rehaufle cela d’or & d'ar. gent par deflus,pour l’enrichir,quand elle eft d’or, ou d'argent, on la glace & efmaille de foye. . 24. Nettoyer fa befongne & battre le meftier, _c'eft quand dn 2 fait la Broderïe,& qu’on y a misla derniere main, cela à fi grande longueur a accueil- ly beaucoup de pouffiere , & d'ordures qui ternif- ent la Broderie , & la faliffent , il faut donc bien battre le meftier, & bien fecouer la canetille & la Broderie, afin que cela foit net, & en eftat d’eftré mis à fon iour, & prefenté à l'œil en fa perfection. : 25a Le chef- d'œuure d'vn Brodeur,qui ef fils de maiftre, fe fait d’'vne Image feule d’or nüé ; il faue qu'il monftre fon portrait à tous les maiftres par Je Clerc du meftier;de plus il fautque l'Image foit d'vn demy-tiers de haut. Mais le compagnon qui n’eft fils de maiftre.doit faire vne hiftoire entiere, où il y ait plufieurs perfonnages,ce qui fe nomme vn quarré,tout d’or nué.Ce qui eft bien plus difi- cile ; car plus i ya de perfonnages, plus il ya de varieté,de Broderie de toute forte, & partant plus de hazard d’eftre renuoyé au meftier. 26. Or nüé, c’eft l'or qui fe lance aux bouts, & eft nié de foye , e’eft pourquoy il fe nomme nüé; car faireseftar que la beauté de la Broderie, cofifte en vn artifle mefläge de couleurs; l'or tout feul elt- #4 # X * 3 nes Me eo ANS 4 KP 38 F4 # Fr. ( 342 Chapitre XLI. riche,mais n'eft pas gay ,partat on le nüiz,on l'or brage, on le diuerffñe, y façonnant deffus auec la foye de diuerfes couleurs, mille fortes de fätaifies. 27. La foye platte c’eft pour nüer ; la corfe fert pour lizerer ; faut auf mener les cordons,rabat- tre le porfil, cordons , & tout ce qui fe meneà la broche ; le nuementeft bien mieux fait auec la {oye platre,qui dit mieux deflus l'or, & a plus de grace que la rorfe qui efttrop deliée pour nüer, mais pour faire les lizieres elle eft belle en perfe- ion. | 28. Point dé Turquie, point d'Efpagne , point d'Angleterre , point de Brodeut, point refendu ; chaque païs a quafi fa faç6 de Broder,& fes points diffsrends. Pour contenter la bizarrerie de l’efprit humain,on en fait à la mode de tous les pays, & quelquefois le pire eft treuué le meilleur, à caufe qu'il vient de bien loin. 29. Broder à la lame, ce n’eft pas vn poin® de Brodeur., mais de Chapeliers, Ceinturiers, & au- tres qui brodent lorles des chapeaux , les cor- dons, les ceintures, & ont leur broderie à part, auec vne lame entrecouppee. 30. Faire l’arrondiffement des fleurs;floüer les rs ou manteaux.ou cottes,&c. C’eft comme fi cela eftoit meu-du vent, ou du mouuement du corps, vnrehauflement de genoux, vn coude qui fe pouffe en dehors,vne robbe qui fe contourne & replie, comme fi elle eftoit efmeuë de quelqu'vn. Le floüement donc des fleurs , c’eft quand on les fait pancher quafi nonchalammét, comme fi elles commencçoient à tomber & fe feftrir;ou fi le vent les abbatoir, & les desfueilloit piece à piece. Or ill ‘: faut | F À e ÿ \ , er + Va be La La Broderie. 343 fut bien du i iugementpour bien conttefaire cela; & le faire de bonne grace, & que tout fe rapporté bien,fans que rien fe “defmente, car fi d'vn mefnèé coup de vent l’vne fe renuerfoit d’vn cofté, & l'autre au rebours, cé feroit vne vraye beflile de l’aiguille,& de la main qui la conduit. 31. On fait icy auec l'aiguille,ce quele Peintre fait auec [on pinceau;comme des tenfon die auec la foye brune , enuirontice d'argent ou de foye blanche ; des precipices, des rorrens d’ argent efcumans à gros boüillons,des Hottes qui voguent fur les ondes;des volées d oyfeaux; des parterres furémaillez de fleurs vines à l’égal du naturel,voi- re plus riches , & au lieu d’odeur qu’elles ne peu- uent auoir , elles recompenfent ce defaut auec la durée, car che ne fleftrifsér quali iamais; des laby- rinthes & entortillemens des vafcs de leurs d’vñe excellente beauté ; deschaffes de Cerfs que vous voyez courir, & fendre le vent d’vn pied aifle, & les chiens qui fe tuënt de courir &iappetapres;vn fanglier à gueule bsante qui mord l'éfpieu & l'en- fanglante tout ; vn pefcheur à la ligne qui iamais ne prend rien, vn loup pourfuiuy à outrance, &à grandes Hütés din môde de villageois, qui crient à pleine tefte , & eftourdiffent le pauure loup qui gaigne la ie & fait mille ruzes.En finils mer- tent fur leur fatin toutes fortes de caprices qu'ils font pafler par la pointe de leur aiguilie. Vnte- naflement de Cerf ,vne fontaine ‘de criftal qui paffemente de fon argent coulant, vne campagne verdoyante , & la ferpente de fort bonne grace: des nuéesqui efclattenr.& qui lancét des foudres d'or fi bien faites, qu’il femble . Biel oyeZ “eu PR RE Lu 344 Chapitre ALT. lebruit : des combats que la viue efcarlatte rend : tous fanglans,en fin mille fortes de tres-belles in- uentions. | : 32. Pour ce qui eft dela befongne d'or,& toute forte de befongne , il la faut ordonner auant que de trauailler. | Apres faut prendre de l'or, qu’on appelle or de Milan,ou de Paris,mais celuy de Milan plus leger & plus beau, comme ray dit cy-deflus, il le faut plus retordre en deux ou trois, en deux c’eft pour faire la befongne legerc: en trois, c’eft pour de la 8 befongne riche. On letordauec vn rouet de fer d'Ailemagne,apreson le met en broches de bouys pour lizerer , c'eft à dire, tirer l'or, felon les traits patronnez ou ordonnez, autant à dire que peints. 33. Fucillage enleué defil ou fiffelle,felon la be- fongne. Apres que le fueillage eft enleué , on le quippe de boüillons d'argent ou d’or ; ou de can- netille ou frifons , pour mettre dans les moulures qui fe font dansles deffeins. Comme auffi on y met des paillettes d’or ou d'argent y Où autres petites aggréemens felon les places, cela s'enfile à l’éguille. Le boüillon d’argentfe fait par les Tireurs d’or, ftilon,cannetille frifee,battre fans battre,celle qui n'eft point luifante n’eft point battuë , & celle qui eft luifante eft battuë. 34. Pour la befongne de foye , il faut tendre le meftier, & puis ordonner,il faut enleuer premiere- ment la guypure de {oye. Puis apres la guypure d'organein , c'eftà dire, {oye , puis la lizerer d’vne petite cannctille frifee, apres mettre des chaifnes & frifons aux places où il La Brouerie. 34$ ileneft de befoin,puis les aggreer de petits points noüez és places où il en eft befoin. 74 Le frifon n’eft battu,le boüiilon left. | Lachaifne eft faite d'vne Torfade luifante de foye , & la petite cannetille, & le frifon, aufh de foye femblable. | * 35. La Torfade de foye eft faite d'vn luifant, & n’eft torfe qu'vne fois, & recouuerte d'une petite T'orfade pour la frifer : La petite cannetille eft re- couuerte d'vne petite Torfade, & ne font en rien differents de façon que de la groffeur , comme au frifon , qui eft toutesfois plus gros que la petite- - cannetille. | RS Il y a auffi du cordon tords en deux,comme l'or, qui {ert à faire des nœuds quelquesfois au lieu de : paillettes , pour rendre la befongne plus agreable. En donnant deux fois de l’once,on retire l’or 8& Ja fove,& fera l’ouurier,cannetille, frizon, &c. 36.Pour la béfongne de canon,autrement paix. Il faut tendre le meftier & l’ordonner, faire les deffeins , elle ne s’enleue point , & fe guypeauec de la foye gris,noir,& s'aggree de petits graitisde rets noir,en faifant la guypure. | 37. Pour la befongne des fleurs , elle fe Far (ur tous fonds ou eftoffss, auec foye platte, fuiuant la couleur des fleurs ,on nomme foye platte , qui n’eft point torfe. Or il faut faire le portraiét de la fleur auec les ombrages neceffaires felon chaque fleur, il faut que les Brodeurs faffent le portrait, parce que fi les Peintres le font . ils ne s'yaccom- moderoient pas bien, il faut aufi ombrerfelon les couleurs , & felon que chaque fleur le requiert, pour eftre viue & naïuc. * | ÿ $ LS «1 - , 4 D do d . UM FE - RES | ÿ PATES TM 2 AT Al RAA 1 346 Chapitre X LI. | 38. Pour la befongne à deux enuers,il faut teri- : dre le meftier,tendre le fonds de taffetas,de quel. que couleur que ce foir,& prendre de l’or de Mi- : Jan , enfilé par efguillées, qui foit doux où propre pour pailer, pour faire la Broderie, felon le defleini | que l’on veut, fleurs de foye,or pafsé, defquels on fait de toutes fortes de beftiaux fur les deffeins. Celle de femence de perlesà deux enuers. Celles des clinquants. Cefte guypure qui eft auffi belle deffus que def- feus, on enfile la perle à l'aiguille , comme l'or & Je clinquant, on le guype à la broche, la befongne de foye à deux enuers, auffi guypée à l’aigui le. + Fleurs de bouteures de toutes fortes , ce font : points que l’on prend les vns dans les autres,dé mefme grandeur & de diuerfes couleurs felon les fleers. j 74 39. La porfilure,c’eft la moïndre,& faut qu’el- le foit la mieux faite. HE, Porfilure,eft prendte des bandes de Tapifferie, & les appliquer fur de la foye,ce fait faut prendre fur broche du porfil,que l'on appelle quatorze ou quinze fls felon la oroffeur de la {oye , puis de la foye fimple , pour rabattre le porfil au long du bord de la Tapifferie,qui s'appelle porfiler. Taillure de veloux, &c. | Ç 40, Il faut tendre le veloux à vn meftier, & :__ prédre dela colle deFlandre deftrempee & boüil- lie, & en frotter le veloux par derriere,à l’enuers, & Le faire fecher au feu,en telle forte auw’il (oit fec, & en couper apres le fueillage.fuiuät les deffeins & l'ayant coupé par fueillage , l’appliquer fur rel- Je forte d’eftoffe que l'on veur;Puis faut pour-l’or- donner La Broderie: 847 Î& prendre auecicelle la fueille de veloux, ou au-. Ître eftoffe, & la coller fur le fonds du defleinoüon la veut employer, puis mettre du potfil en broche de fept ou huit brins, felon la groffeur de la foye, & enfler de la foye fimple pour le porfiler à l'en- tour: Pour patuenir à la Tail'ure, il faut fur l'eftoffe poncer ie deflein, & quandil eft marqué par la ponce, y appliquer la fueille. ; 414 Pour la befonene d’Eglife, fine, faut l'or- donner ; puis coucher l’or fur lesImages, où il en eft de beloin , apres glacer, & faireles enuers du manteau,de foye platte, puis il faut de petits brins de foye torfe, vne fois les lancer, c’eft à dire, faire- vn grand poinct, puis auec d’autres qui fe font d’vne foye deliée les rabattre, 42: Enoutre,pour la fauffe befongne dont ray parlé,on premd des morceaux de fatin, & les taille on à propos de l'Image qu’on veut faire, & les ap- plique-on fur le deflein de Image, & on les colle auec de l’empoix fait de farine , puis faut prendre des couleurs felon l'Image, & les lauer par Pen- uers,& lesrehaufler felon les couleurs. Puislizerer les lifieres , d’vn gros or auec dela {oye. 43. Le bord des offrois, c’eft à dire , les bandes de Chafuble ou Chappes, s'appelle , & eft fair à poinét billetté, c’eft à dire, de l'or mencà la bro- ché,enleué par lozanges. | Ces bords desoffrois , en chéurons ou baftons rompus, & telle befongne s’enleue fur les traicts, & creux , ou plar-fonds, Pour Le Det À OPPAENT PORTES Fe 10e de dénner prendre vne aiguille au bout d'vn bafton; .:* 348 Chapitre X LI + Pour faire l'œilleture il faut prendre vne petite verge de fer, & la mettre dans la fucille que l’on k veut faire, & prendre foye ou or,tel que l'on vou- À dra,& faire des poin@s fur l'aiguille ou verge, de | la grandeur de Ja fueille, & emplir les fucilles de 1 l'œilléture,du-deffein tel que l’on voudra. 44. Ce feroit vne chofe quafiinfinie de vouloir icy coucher toutes les particularitez de ce noble artifice, quiinuente tous les iours mille gencillef- fes pour enchèrir la Broderie, & la rendre plus agreable à l’œil , foit pour là varieté des couleurs heureufementmeflangées,foit pour la richeffe des ouurages,les Poëtes combattent auec la pointe de leurs plumes,les Peintres auec le bout de leur pin- ceau , les Brodeurs auec la pointe de l'aiguille, pour fçauoir qui fera le plus bel ouurage,& mieux reuenant au naturel. Claudian fair vn quarré de Broderie,par la main virginale de Proferpine, & la eint fort delicateinent,De fa fçauante'aiguille{ce œc-il) elle brodoit fur du fatin blanc la creation du monde,elle arrengeoit les elemens, & voutoit l’azur des Cieux.elle defueloppoir le chaos auecla pointe de fon aiguille, defpliant tout le monde, & Je tirant de la confufon , pofant chaque chofe en fa place , tout ce qui eftoit leger montoit à veuë d'œil au plus haut eftage du môde;les chofes lour- des & plus pefantes fe precipitoient au centre , le feu s’allumoit d’vn incarnat releué & fort eftince- Janc: le Soleil & les Eftoilles d’vn or brillant & fort ravonnant, vn filet d’argent failoit le croifsät de la Lune, la mer Aottoit à gros boüillons, efcu- mant fa rage au bord, & foufleuant de grandes montaignes d'eaux faites de foye pourprine , à elcumes % à rs La Broderie. 349 éfcumes d’argent,le globe de la terre fe balançoit au centre, fe feruant de contre-poids pour s’afer- mir , & appaifer le monde. Elley entremefla les Zones & les climats;latorride eftoirroute bruflée, d vnefoye fi rouge & fi viue qu'elle fembloiteftre toute en feu,auec des taillades de veloux cramoif : releuées d’or, vn Soleil battant à plomb ldeflus auec des chaleurs infupportables , de façon que le quarré fe voyoittout fleftry d'ardeur, & alreré d'vne fecherefle & d’vne foif fort langoureufe, Decà & delà eftoient les Zones remperées de ha- che-bachure , d’agréemens , de Broderie à fleurs, mefmes de point velu, contrefaifant les mottes enyurces de Near , & vn pais tout couuert de delices,& peuplé à merueille ; aux deux bouts de louurage eftoient les deux Zones olacées,couuer. tes de neige, de foye platte, encaftille de pointes. de criltal pour contrefaire la glace & les horreurs d'vn hyuer eternel, & l'ouurage fait à taillure, fi bien qu’il fembloit que ces pauures contrées faf- {ent toutes morfonduës, & tranfies de froid. Le coloris des foyes eftoic vif, & de plulieurs beautez entremeflies fort mignardement. Dans vn azur bruniflant elle auoit enchaffé des petits boutés de cannetille d’or fort luifant , pour contrefaire les Efoilles allumées dans la glace du Ciel ; la terre eftoit faite d’vn or nüé de verd gay, verd doré & verd brun De foye platte & enflee flotroir & efcu- moit la mer,contrefaifant va petit Ocean; le bord & les rochers qui boruoiert la marine c’eftoit vne enfileuré deperles Orienta'es,& de gros Diamans plantez comme des efcuei's.ou boüillons de foye blanche;,trenchée de filets d’argent.Le oüement de A de g 36 Chapitre XL 1, | # c l’algue,& des rofeaux marins eftoit bien fi naïel uement fair, qu'il fembloit en effet que le vent s y joüant les fit ondoyer, & choquer doucement: contre les montagnes faites à point velu & cou- uertes de mouffe ; Voyez ie vous prie comme ce- ‘te foye perfe poufle ot deflus flot, faifant de la tiuiere qui femble couler à veuë d'œil: Voyez que Ja foye fe bourfoufle , & s’enfle d’elle mefme par vn grand aïtifice , comme fi c’eltoit vne fontaine de criftal fe precipitant dans la mer, Oyez-vous pas le pefant bruit du Hot qui fe creuc au bord,& {ur le fable doré, qui femble murmurer fe voyant choqué rudement,& tout couuert d’efcume.Cer- te cendre pucelle faifoit de fon aigutlle cout ce qu'elle vouloit. En faifant cét ouurage d'vne main innocente , la pauurette fut malheureufe- ment enleuée, & l’ouurage demeura imparfair, le plat-fonds n’eftant fait qu’à demy. A V 351 eee Mt se Se 2 Hesp 22e 2e x, Le, PEPES EL CT. AV LECTEVR DES ARMOIRIES L efhet mille fois qu’il faut parler des Armes AË des familles , G onne fcait par quel bout com- mencer, Aux Oraifons funebres des Grands, aux loianges des grandes familles , aux recéptions des LAdmraux G Officiers de la Couronne, € en mille an« bres Occaf ons il eff du tout necefasre de parler des Ar- nes , mais la fante eff d'autant plus lourde qu'elle ef | Es: à la volée deuant vne fi belle compagnie. le vous veux aider à ne faillir point ou peu,quand :l vous fau- Idra parler de cefte matiere. La dinerfité des Auteurs, des temps, des alliances, des opinions, conieitures des hommes, font caufe qu'on trouue beaucoup de dinerfiiez en parlant des Armoiries d’ine mrfmne maifon.C ue all-cnefon Auteur, @ croit que c'eft le meilleur, po[- | fble que les vns,@ les autres jesrompent.Car en cecy il y 4 rmlle coniettures , @ mille fantaifies. Mes amis m'ont allegué quelques chofes, cr leur en ay de l'obliga- 1108. l'ay fait profit de leurs Liures, G [ages adurs, du reftece quete ñ'ay pas chance, c'eff que se tiens les Au- teurs dont ieme [his feruy , pour geus de bien © dignes d'eftre creus. Au reSle chacun à ‘on apinion , € atout romprete ne vous donne qu'un petit Effay, permis 4 vous de le perfeltionner , vous rendre fçanant &° | parfaire ce que ie vous defire, POVR 352 ni Ÿ RAR ” et ttl POTR BLASONNER. LES eArmoiries des Roi, Princes, | Pays , ce OL UAPITRE XLIE.. ES vTE Armoirie eft compofee de! : deux micraux, Or,& Argent; &c dei Ÿ cinq ouleurs , qu'on nomme! { Guctiles, Rouge, Cihabre ou Ver-. 7 millon, Air - ; Sable, c'efta dires Noï,Synople ou Synope,c’eft à dire,verd, Pour-! pre, c'elt à dire, mefle d' Azur & rouge : de façon ! que font fepr metaux,ou couleurs. Les modernes en adioûftent deux , à fçauoir Orangé ou Tanné; & languine ou Laque, & couleur deRofe. 2 il: y a deux fortes de Pennes, c'eft à dire, four- rures,d'Hermines,& de Var ou Vairé : | Hermine, Eft d'argent & de Sable:le Vair d’Argent & d’ A+ zur. En parlant on dit,le tel Scigneur porte d’ Her- | mines ou de Vair,d’ 7 die Ile ou autre. + 2 Herimines. Les eArmoiries. 353 Vair, fourrure chargee de Ÿ poil blanc & bleu , ah- cienne fourrure desRois de Frarrce, LS v- S S À À & NS KR S À K à À & SZ Lespoinéts ou places principales de l'Efcu,font neuf... | on A. B. C. Le premier ;fe- côd,& troifiefme point du chef de l’'Efcu. D. Point d'honneur. E. Poinct de la face, ou feffe,ou milieu de l’Efcu. F. Le poinét,ou place, dite le nombril , ou bas de la . fefle. G. Poinct de la dextre,de [a pointe. H. La feneftre. I. Poinct,& bas de la pointe. Neuf chofes font aux Armoiries > Croix, Chef, Pal, Bande, Face, ou feffe, Cheuron, Sauteur;ou fautoit,vn Gyren,ou ouyron. | Onblalonne en cefte maniere, le tel Seigneut porte d’or,à vne bande d’Azur de cinq ou fix pie- ces, c'eft à dire,le fond de l'Efcu eft d'or;l'Armoi- rie eft vne bande auec einq pieces, ar" Z D'argent à vne Croix de | De gueulles à vnchef ‘- gueulles. * *" * : d'or. deb D D'argent à vn pal À: 2az@ts 0e: 5" De pourpre, à vne ‘ béride d'argent. Les Armoiries HET Le # * v. : SRE RSS ARTS REA à AT A > és ÉARR HORS v 2», e 2 à CP OTIRS RSA ES ETES . PUR ee NES NE Le) | 2 star e rs eù RES 7e $ & Fr à % + À LAS De Synople à vy cheuron d'argent, fautoir. | 356 Chapitre XLII. (l D'or à vn gyron d'azun, | Pals contre pals d'at- gent, & Synople. ou guyron, quelque- fois on adjoufte à4. » pieces. De güeulle au quar- D'argent à vnorle de tier d'Hermines. % Synople. De Synope flanqué } d'argent, Torteaux de fable, ou bien à deux flanques d’ar- gent. ï | D ; 1 US Dr Qu and à l'A Ad, AueAi 46/0 LE LA té { Ar WT ENT ESA Les Armoïries. 357 Quand dans ces neuf pieces on met quelque chofe dedans, on dit Armoiries honorables , ordi. naires, chargées de, &c. D'or à vne Croix de Pourprechargee de cinq Leopards d'ar- gent. | Ainfi de bande de pal,&c.fi on y peint quelque figure,on dit de pal chargé de,&c.d'argent. On dit Armes, Armoiries, Efcuffon, parce que les Anciens Cheualiers leuoient des deuiles de . leur vie,ou Cheualeries ; & pour eftre recogneus en guerre les failoient grauer fur leurs Efcus,Bou- cliers, & Armes;de là on a pris le nom. Si les figures font. non dans les Chefs , Croix, Bandes, &c. en dit , Cantonee de fleurs de Lys: La Cotice eft la petite bande qui femet aux At- mojries des Donnez,on Puÿfnez,&c.La Cotice eft ss 358 Chapitre. KL 4 à Jetiersmoindre que la bande, & fa largeur eft des deux tiers de la troifiefme partie de l Efcu. : Armoiriede Nauarre. D'azur à vne Efcar- [Ou de auculles, aux raiz boucle accollée | “d’Elcarboucle’; d pon- d "argent pomme- | mété d'or, flouré2 la tee degueuiles, bordure de fleurs de 2" Lys aû pied” nourry A: + j (cet à dire , qui a le ges gen ve caché , ,) ou pied ts coupé. il y a plus de quarante fortes de Croix és Ar- moiries. Pattee.potencée, croïfée,florencee,cou- pce ou racourcie, fleuronnee;frettee, compofec ou componee , de macles, de vair contre vair , efchi- quetee, engreflee, endentee, patree & fichee, de befans,de quatre Hermines,carronnec vndee, lo- zangee,de vair appointé : Vne Croix ancrée,d'’au- cuns nommée Nylle,ou nelle qui doit eftre eftroit- te comme vn fil. > 1 Lës Armoiries. 35 On dit l'Efcu entier, party ou mA vi étés | lé,tiercée:& quand on veut blafonner les Armes; toufiours on commence du quartier dextre en haut,où l’on met toufiours les principalles Armes, Quelquefois il ya des Armes qui fônr entees en chef , ou en pointe; c'eft à dire, qui ont quel- ques petites Armes par deflus lés autres, On dit auffi vnhidre, par exemple,enrichie;or- nee, ombrée de Synople , armee de gueulles , ou membree de gueulles , c’eft à dire, faire de rouge quant à la tefte,& piédse Comte de Toloufe, De gueulles, à vne Cro ee en pointes ‘ CA douze befans aux pointes d'icelles d'or,chargeËs d'vneautre Croix de nie ou bien vne Cr vuides, Sefche:,on ferminee, & pommes d'or, 6: - 360 Chapitre XLI1. : Céluy de France eff d'azur à trois fleurs de Lys d'or.Celuy de Dauphin fe blafonne en ces termes. Efcarrelé,le premier & dernier d'azur à trois fleurs de Lys d’or,les deux autres d’or à vn Dauphin d’a- zur. Celuy de la Reine & de Florencefe dit ainfi: D'or à cinq Torteaux de guculles , & vn d'azur charge de trois fleurs de Lys d’or. Heraut & Roy des Armes ou Armoiries, &c Pourfuiuant c’eft tout vn. 1] fe dit ainfi,car il peut porter la cotte d'armes de fon Prince, & c’eft luy qui porte les accords de paix , qui denonce les ar- mes & pretenfions de fon Prince. Olim fecialrs. Aucuns, croyent que le Pourluiuant eft différent du Heraut, %" Brifeure, eft marque des puifnez où moindre, car l'aifné porte les.pleines Armoiries , les autres portent les mefmes, mais brifees de bordures, ou lambelou cotice. J Les pieces des Armoiries. 10 1.Y A Cotice brocharit le tour, c'eéft comme vn £, bafton qui tranche à trauers, Les cArmoiriess. | :36I | 2, Vne bandeou barre L | qui crauerfe du haut à bas, _ fielle eft chargee de quel- 1 que chofe ,on dit chargee A 290 S'iln'yena qu'vne, on ditbrifee d'vne coquil- le,&c. on dit auff brisé de quatre, ëcc. 3. La faceeft vne bande à trauers, fi elle ef chargee,brifee,ou efchiquetec. On a creu que ce ur mot de fie vient de l’Allemand , & que cela fe dit en Layin, Trabs tranfuerfalis, La burelle eft vn tiers moins que la face, 4. Le Pal ou les pals, v'eft quand vne 6u plu- fcuts bandes fendent : Efcuflon. au rnitan du haut en bas: on dir,il por- Lab pallé de, &c. .6.Le Sauteur,ou fautoir,c’eft la Croix S.Andre. Il y a fautoir floureré , pom- meté, baftonné, endenté, abbaifse, où racourcy, lequelne touché au bord de l'Efcu. 7. LeChefic'effvne bandeen haut, 8.Frette,c'eft enlozan- ge.Il portoit d'or fretré de Gble. Les Ruftres font comme les lozanges; borfimis qu’elles font pet- cees en rond , & les lo- zanges font percees en lozange, Les Armoiries. 363 Vne bande fizellee ” di barre,ou bien vne face À panchee en pointe,appellee fueilles de fyes. nl AUOT Us) 10, Le Lambel fimple, ou brife, ou chargé de, &c. ou à trois pendans. 11 Hportoit de fable ant fous argent, &c. au Lyon d'argent & de fable del vnà/ autre, c ’eftà | dire, Lyonargenté fur le fa- | ble,fable fur ï argent. 12. Il portoit d’or, efcar- | telé de, &c. TA Hp //) Dr hit LS NT 14) 11, 13. Quand fur le grand Efcu on en met vn petit au mitan, on dit, & fur le tout il portoit de Breta- gnc(c'eft à dire, l'Hermine de fable.) 14, e d "ALL 364 Chapitre XL II. 14. Onditil portoit de,&c.au bafton de gucul- les pery en bande, » ou à lacotice de, &c. perie en bande. ” 15. Il portoit de..&cc.can- | sun tonné de France, ou de | gueullés,ou, &c.c FO à di- re quand en vn des coins | il y a quelqu’autre chofe. Mais d'ordinaire c'eft au quartiér droit qu'on can- tonne, & on le nomme le premier quartier. 16. Il portoit d'azur à cinq baftons d’or , au chef || de Pourpre chargt de bil- lettes d'argent: Les autres difenit bardé de feptpieces, les Befans font d'ordinaire de metail d'or ou argent, les Torteaux font de cou- leurs, KE “ su ». 17. H Les Armoiries. LR 19.1] portoit de Synople àtrois vols d'orreliez de gueulles, (vol, c’eft à dire , des aifles defployees, 18. Portoit d'Orleans, A qui eft de France au Lambel d'argent , à la Cotice de mefme perie en bande, B efcartelé d’or, à l’Aigle de guculles,C le quart burellé d’argent & d'azur au bafton de gueulles brochant fur le quartier final. | Les bordures. D d’or, &cc. à bordure À befantée , B … A eñgrefléé de fable, ou dentelée,cantonnéeér Æemponnée d'arg ent & de gueule, ( c’eft à dire, “a | | compolée ‘font d'or, la bordure eft 366 Chapitre XLII. préc tout autour)efchiquerée à à C trois traits, EE | ZA | Cm 1.Bordure femée " France (c'eft à dire,de fleurs de Lys)d'Hermines , ou de as &c. 3.Bordure cobtrebacec de mefmes que les Bandes, c'eft àdire , où les pute RTn < d’ argent; &C: VAN Sr or EPS Il portoit , &c. Sbordte de eucillés ou de | Rue Marlettes de gueulles 4 à l’ OA | fynope, ou vairée ; ou componnée, ou flourée de fleurs de Lys. s.S’il y a deffus quelque chofe, on dit ainfi : No- ftre Damme de Paris porte tout (Enele France,char. gecs d’'ynecrofle d'or. Item chargees de Mitre,de Crofle, ou de Timbre, &c. 6. Quandles pieces {ont dans & tout autour de l'Efcuflon on dit à l'Orle.Comme il portoit d of de NL? Le L M'FsOMIE Les es Armoiries. 367 Les pieces qui meublens. N Lyon naiffant ( c’eft à dire , qui femble fortir dehors , & n'eft qu'à demy) paffant, | ant el (e eft à dire, qui monftre toute la cefte, quoÿ qu ‘il femble paffer ou ramper )a là HUcu noüée,& pailee en "à uteur, {2. Va Cerff fommé d'or (e eft à dire, cornua ba- bens) onglé, lampalsé (c’eft à dire ayant la langue dehors doree,ou,&c.) chargé ou brisé en l’efpaule de, &c.Vn bœuf accorné a or,onglé,accolle(c'eft à diré,ayant vn collier)clariné,c’ eft à à dire,;ayant la fonnette au col,&c. 3. L'Aigie membré(c’ eft à dire,lesiambes)bec- qué, couronné,efployé(c ft à dire,aifles efployees) timbré d’or(c'eft à dire,ayantvne cotronhe, &c.) facé d’or, c'eft à dire , eftant couuert de deux où trois st d’or au coi,à trauers,au bas. ds LR portoit d'or au fau- teur engreflé (c’eft à dire, vne Croix $. André den- telee,ou en pointes)enui - ronpé de quatre befans de fäble : au chef d’orchargé d va cheuron versé. x 368 Chapitre X LI. Armoiries des Prouinces. 1, WRanee,porte d'azur à trois fleurs de Lys d’or. F 2. Berrÿ,porte d'azur femé de France,bord & engrefle de gueulle. 3. Orleans,porte de France au Lambel d'argent, efcartelé de Milan d'ar gent.à la ouyure, c ef à à di- re, ferpent d’ azur,lyflant de gueules, c'eft à dire, l’homme qui fort de fa gueuile eft tout rouge. 4. Mont-morency , porte d’or à la Croix de guculles,accompagnece de feize Allerions(c’eft à dire,aiglettes)d’azur:Aucuns eftiment queles AL lerions different des aiglettes, en ce queles Akle- rions n’ont iamais eh arines bec,jambes, ne pieds &les aiglertes en ont. s:F oix,porte d’or à trois pals de gueulles,efcar« telé d’or , à deux vaches paffans de gueules acco- PAIE EE accornées d'azur. 6. Angleterre, porte de gueules à trois Leo- pards d'or;Normandie deux; sGuyenne vn, 7. Champagne.porte d'azur à la bande d'argent, deux doubles Cotices potemcées , & contrepo- tencees d’or de treize pieces;pout treize Cointez dependans de Champagne. 8. Aceencpons d'argent fee d'Hermines de fable. 9. Portugal,porte d'argent à cinq Efcuffons d'a zurperis ( c’eft à dire, rengez) en Croix, chargez chacun de-fix befans d'argent : denotans cinq vi- étoires des Roys contre les Mores , & les trente deniers dont les uifs vendirent noffe Seigneur. 10, Le Dauphiné poste d’or,au Dauphin d'azur. ( 11} Les Armoiries. 369 11, L'Empereur , porte d’or à l’Aigle de fable cfployé, armé, & lampefse de gueulles ;tymbré d'or. Anciennement Bourgongne partoit d’or au | Lyon de gueulles. 12. Bourgongne porte bande d’or & d’azur,à la bordure de gueulles,au quanton d'Hermines. 13. Lorraine,anciennement portoit d'argent au _ cerf de gueulles, fommé d’or fans nombre, c’eft à dire,fans que le nombre des cornes fur dererminé _ pour le cerf. _ Ondit,il portoit facé fretté,pallé, vairé d'or ou de, &c.lozengie de,&c.c'eft à dire,en forme delo. zenges. 14. I portoit de Bourbon, c’eft à dire, d’azur,à trois fleurs de Lys d’or brachees d’vne Cotice de gueulles. F 1 5. Flandre, d’or,au Lyor de fabie,ranipant,ar- mé, & lampafsé de gueules, 16. Caftille, de gueulles, à cinq chafteaux d’or en fauteur,Aurtes difent de gueulles à vn chafteau ayanetrois tours d’or. 17. Hierufalem, d'argent à vne grande Croix potencee d’or, accompagnee de quatre petites. 18. Arragon, face d’argent,& de gueulles. Ou bien felon les autres , porte d’or pale de gueulies, (de quatre pieces. À | A2 FN 370 Chapitre XLIII. ** 19.Charlesd' Anidte portoir de Hongrie qui eft facé d'argent & de gueulles. à huict pieces, party de Sicile, bords qui eft Fe de auf au TN = Hierifälens qui ef, &c. fou- il tenu d’ ‘Anjou, qui eft {eme de! Frâce à la bordure de gueul- les; & de Barrois , qui eft d’a- Zur , à deux Da (font poif- {ons) adorfez d'or, femé de Croix recroiffetees au _pied fiche, d'or;fur le cout d'Arragon. 20. Auuergne, portoit anciennement d’or au Gryphon de gutullés armé couronné,ongié,lam- pañlé de fynope, (c'eft à dire,verd) ou langué, qui eft le mefme. Hs: ont aufh porté d'or au Dauphin pafmé d’a- zur. Là où le Dénphé #5 d'ot au Dauphin vif d'azur. | 21. Anjou, portetout femé de France à la bor- dure de gueulles. ‘22, Efcoffe,porte d'or au Lyon de gueuiles. ram pant , enuironne d'vn Et de gueulles, fouré de fleurs de Lys de melme. 23. Berry , porte de France , à la bordure de guculles engreflce;comme il a efté dit. 24. Alençon, porte de France,ä la bordure de gueulles befantee d'argent à huiét bifans.3.2.2.5. 25. Bauiere,porte d’argent,lozengié d’azur. 26. Niuernoïs , porte de France , à la bordure componee,& cantonnee d'argent & de guculles. _* 27: Lorraine, porte facé de gueulles & d’ar- gent, de Hongrie, de Sicile (c'eft à dire, femé de France | till cit di AI TT Es …— Les Armoiries, 371. Franceauec le lambel de sucuiles;tierce de Hieru.. falem, quarré de pals d’or & de gueulles) fouftenu d’Anjou(c’eft à dire,rour femé de Frace,bordee de gueulles,& de Barrois, qui eft d'azur à deux bars, &c.t fupra.Sur le tout de Lorraine, qui eft d’or à vne bande de gueulles chargee detrois Aiglettes d'argent qui s’enuolenc) ou trois Colombes!, ou rois Allerioas, car les Auteurs ne s'accordent pas. 28. Le Comté de Bourgongneporte d'azur au Lyon couronné d’or, rampant, tout enuironné de billettes d'argent. 29. Sauoye,porte de gueulles, & fur les gueulles vne Croix d'argent, ou bien d’or, à Aigle Impe- riale de fable, becqué, lampafñlé, & armé de gueul- les;brifé au mitan d'or face de fable , à vne bande de {ynope. 30. Mont-penfier , porte de France , à la Cotice de gueulles,brifee au haut bout d'vn croiflant d’ar. gent,montant, 31. Vendofme, d'azur à fix fleurs de Lys d’or. 4 Te 32.France, fous Pharamond infques à Clouis por- ta de gueulles,à trois Couronnes d’or, 2.1. 33.Pour vous donner encot plus pleine cognoif- fance,ie vous adioufteray encor quelque chofe qui vous fera plus fçauant. 1. Les pieces ordinaires font la Cotice,la bande quife met de droit à gauche{car le filet outrait des donnez fe met àgauche,& fouuent de fable.quoy qu'il trauerfe tout l'Efcu) bande chargee de Croix, SAULOIES > CC. Gemelle, (}] | | | Ii Hi: Viures, 372 Chapitre XLII. * M y Frette ou fretté,ou Cotice & recotice à l’oppofite l’vne de l'autre, Treillis carré,endan- ré,en grefle , qui eft plusme- nu, Lozanges à Macles, Efchiquier,Befans, Torteaux.Il y a d’autres Armoi- tiesqu'on nomme Rebattemens. 2. Il portoit d'argent à vn Cornet de Pourpre, lié d'azur ( c'eft à dire , ayantle lies & l’efcharpe azuree) virolé & garny d'or, c’eft à dire, ayantles bouts d’or , & les boucles où eftattache le lien. | D'argenr,à vne cloche d’argentbataillee,ou bat- telee d’azur,c’eft à dire ayant le battant d'azur. De Pourpre à vn Marteau d’or,le manche de Sy- nople , embouté ou morné d'argent ( c’eft à dire ayant le bout d'argent, & l'anneau où eftattachee la boucle) àla boucle de gueulles. RER 3. Pour parler des arbres on dit de fort beaux termes,vn Oliuier d'argent fon fruit de Synople; vn Chefnede gueulles engläté d’or;vn Cyprésde Synople accollé & entouré de Lierre d’or;vne ere. nade d’or fueillee de Synople,vne quinte-fueille d'argent,percee de fable, d'azur à trois Rofes d'or boutonnees ou au cœur de gueules. Vne eur de 74 “As Lés Armoiriés, * 373 Lys d'argent poinree ou boutonnee d’or,fupportee | de Pourpre, c’eft à dire,açant la tige de Pourpre. 4. Pour les beftesil y a fotuent des Dragons ai- flez,autres râpans,ou paffans,tant Marins que cer- .reftres;les Marins n’ont point de pieds. Vhe Balei- he d'argent fierté de gueulles,c'eft à dire,ayantles dents,& la gueulle de gueulles; vn Dauphin pafmé ou d’arbent ;vhe truyte d'argent picotee defable; va turbot mis ou pery en pal,trois mis en face,l'vn fur l’autre. | ; s-Outte ce qui 4 efté dir des oyfeaux,ie vousdi: ray , que les Allerioris n’ont ny bec, ny onglesés Armoiries, rmais ils ont les äifles eftenduës , ce que la Merlette n’a iamais,ayant le bec & les pieds pets dus & les aifles pliees.On dit quelquefois membré & illuftré de gueulles, vne Sauterelle paffanc d’ot ombree ou ornee de Synople ; de Pourpre à trois Papillons volans d’argent,miraillez d'azur,& om- brez de gueulles.Vn Efpreuier grilletté d’or;c’eftä dire,;ayantles grillets d'or;aiflé d’argent,chapero- né de Synople. | ATOUT 6. Aucunseftiment que le Lion eft toufiours fampant ou rauiffant, & ne monftre qu'vn œil & vne aureille;le Leopard eft toufiours paflant oual. lant,& monftre deux yeux & deux aureilles;& on l'appelle Lion Leopard;l'autre {e dit Leopard Liô- né,c’eft à dire, Leopard rauiffant côme le Lion.Or vousen ctoirez , Leéteur mon amy , ce qu’il vous plaira,carles Auteuts eftant côtraires,il eft malaifé de dôner arreft difnitif.Il y a auffi des LiGnersqui font forts petics.Lions naiffans quine méftrét que . la moitie du corps,& femblent fortir dehors, & fe mettre au mêde patte aprËs patte. Lionsifians qui ïe Aa 3 te. É ? 54 Chapitre X LI I. | montrent vne partie du deuant, & le haut de 14 queué qui fe monftte dans le chef, le refte de la befte eftant comme caché:brochans font ceux qui tiennéttout l'Efcu,& font veusentiers.Lions cou- chans.Les Lions ont quelquefois double queué,où noüee,fourchuë, ou paffee en Sauroir ‘ils font aif- Jez,aflis,&c. Quand les teftes fontfeules on ditar- rachees ou coupees, ions fans vilenie,font ceux quine monftrent rien de vilain. | . 7.Pour le nombre,on met iufques à huit befans; Torteaux;Cotice & Orle : des Burellesonen met dix,& s'appelle Burellé: s’il y en a plus en blafon- nant, on ne les nomme pas.Les Lozanges,Fulees, * Efchiquier, on les nombre iufqu’à vingt-cinq où vingt-fix,& s'ils paffent,on dir, fansnombre:les be; ftes,oyfeaux,fleurs,poïflons,fe nombrentiu{ques à feize: s'ils paffent , on dit femees d’Aiglertes fans nombre, &c. | he 8. Plufñeurs Armoiries font fauffes & tres-mal armoyees,mettant couleur fur couleur ; ou metal fur metal ; & contreuenant aux regles des Armoi- ries principales, car pourlesaccefloires. on n'y re- gardepastant. Ily en aqui font de: Rebus de Pi- cardie & des Enfeignes de Paris, pluftoft que des Armoiries, ne fe fouciant pas beaucoup des regles des armes,& des enfeignes & differends guerriers, qu'ondonnoit iadis pour marque de la vertu, & Vailiances , ne prenant pas tant gardé aux noms qu'aux vertus des perfones.En celles de Godefroy de Boüillon, par aduis des Seigneurs on y fit vne chofe extraordinaire mettant metal {ur metal,afin - qu'on eutoccafon d'en demander la caufe,& [ça- uoir l'effinence de fa vertu. ; 9.Pour * … Les Armoñfier 7e j. Pour dire plufieurs termes d Armoiries, il me plaift de coucher icy LU Armes de diuers | perlonnages. lofué portoit d'argentà vn foudre de gueul! ess aiflee & eflancee,(c’ A2 dire,ayant lesdars entre- meflez) d’azur ; le tout chargé d’vn Saleil d or à vingr-quatterayons. Tomyris portoit de Synople, à vn à Wed fans vilenie, d’argent,couronné de Laurier d’or, à vne bordure Die d'or & de gueulles ,chargee de huit tierces fueilles à queuë Fu argent. Pharamond premier Roy deFrance, de gueul- les,à trois Diadémes d’or. | . Charlema gnepart, le premier moitié der te pire,qui eft d’or à vne demie Aigle efployee de fa- ble,;membree,& Diadéme de gueulles:le fecond de Frâce,qui eft d’azur,femé de fleurs de Lys d’or, L Archeuefque & Duc de Reims, d'azur femé de fleurs de Lys d’or à vne Croix de gueul'es. : L'Euefque & Duc de Langres : d'azur femé de fleurs de Lys d’or à vn Sautoir de gueuiles. . L Euefque& Duc de Laon, d'azur femé de fleurs de Lys d’or, à vne Croffe de gueulles mife en fon L'Euefque & Comte de Beauuais, d’or à vne Croix & quatre clefs de gueules: | L’Eucfque & Comte de Noyon, d'azur femé de fleurs de Lys d'or,à deux Croffes oppolces d'argét. L'Euefque & Comte de Chaalons d'azur à vne Croix d'argent , accompagnee de quatre fleurs de Lys d'or. Notez que les Efcus de metal feul,ou de couleur feu, (ont nommez tables d’atrentes ; les filles qui Aa 4 376 Chapitre XLII. meurent deuant que d’eftre mariées ont bién foti- uent vn Elcu, ayant la moitié droite lozangé d’or ! ou d’argent,pour monftrer l’attente d'alliance. Les Baftards {ouloient iadis porter vh Efcu d’or ou d’argent (ce qu'on nommoit Efcu faux) & fur | le premier canton portoient les armes deleur pe- | re.On tient d'ordinaire pour Efcus faux ceux où il y a metal fut metal, & couleur fut couleur ; fi en treuue-on pourtant de tels-qui portent argent fur ot,ou of fur argent. | Quand il n’y a autre chofe dans l’Efcu que fa- ce, bände,chef,pal,cela doit tenir Je tiers de l’Ef- cu ; en blafonnant toufiours on nomme le metal le premier. On dir Efcu my-party , coupe, trenché, taillé, flanché, gironné de tant de pieces, emmanché de tantde pieces,à dextre,à feneftre,enchaufsé, party & flanque ; efcartelé & trenché, lozengé, diapré, Papillonné,plumeté.à face brereffce, fuzelee, lo- zangee,viuree,danchee,efchiquetee. Jl n'y à aucun animal rampant; fi ce ne font ceux qui ont des griffes , & ongles ; les cheuaux fans bride, & efleuez {ur leurs pieds de derrierefe nomment , effrayez , les Taureaux fe blafonnent furieux, ou en furie , quand ils fe dreffent ; mais non pas rampans. ‘LE Nes Er en À, 377 ah de NET ee Ve ee LE RDA Es HARDX BEN LAS rte aan LE PAPIER. CHariTREe XLIII E s Parthes brochent leurs let- tres en drap,ou en toile à mode + de Broderie , les Anciens efcri- ? uoient en fucilles de Palmiers, ou dans la tendre efcorce, ou és Papier a cité trouué en Mécatde: le Paré min en Pergame. Le Papier croift és matais du regorgement du Nil, {a racine eft cortuë, fon fuft eft entriangle,& va en appointät iufqu’ au bout, où iliette vn bouquet qui ne fert quà faire des chap- pelets fleuris, pour orner lesteftes, Du fufton en fait des barqueroles,& de fa teilie,de la pelure,ou canepin on en fait des voiles,nattes,linges, &c.on ouure a teille auec la pointe d'vne éguille , & on préd les fueilles, les meilleures font au cœur, & au milieu du fuft, on les couche fur vne table, on les. joineenfemble , on les rogne , puis on lespreflure pour efpraindre l'eau , on garde bien de lesrider, puis on les feche au Ste Les fueillesprés de l’ef- corce feruêt à faire le Papier marchäd pour empa- | ‘queter.Le gros refufe l'ancre;le mince qui n’aaffez 6 nr 378 (hapitre XLIII. | de cole,&c à les veinestropalrerees & feches,boit trop, & Le fond;la poliffure du Pabier lise eclatre; roais n'eft de durce.Mais ie vous prier, quel mira- cle de Nature & de l’Aït eft-ce que le Papier? Qu'A exandjiea conçeu & enfañté vn digne mi- racle, trauaillant en vnfeul lieu pour donner tout par tout ‘immortaliré à noftre pauure mortalité. Apres le debord da Nil , vous voyez nailtre vne petite for-it fans branche, vn rouffu bois taillis- fans vne feule fucille, & diriez-vous que c’eft vne efpaifle moiflon d’vne plaine chargee d efpics, & venuë fans labourage , la perruque flottante & doree des mares poufties, ces rofeaux font plus tendres que les reiettons, plus roides que les her- bes, ils fonttous pleins de ie ne fçay quel riche bien, & vuides qu'ils font, fi font-ils tout fourrez de ie ne fçay quelle moelle quiremplit tour,c’eft vn bois efpongeux d’vnetendreffe toufours alre- ree & prefte à boire, bois à mode de pomme, re- ueftu d’efcorce bien ferme,de moüelles tendres, & de charnure, délicate au dedans, fuft de belle longueur & fans ride , & fans poids, fe roidiffant & portant bien fa tefte à plomb fur fa racine , f- nalement c’eft vnrres-beau fruiét , d'vntres-fale regorgement du Nil. Er en quel pays,de grace, naift vne autre herbe, qui foit capable d’eternaizer les Oraclés des beaux efprits Deuant ce Papier, toute la prudence des {ages toutes les merueil- les des hommes eftoient miles au cercueil auec leurs Maifires. Eten vie mefme,iquel martyre aux grands hommes de voir pendantque 'e cœur boüillonnoir, & l'efprit eftoit en beau vol de fes | + 20"0 = GifcOUES, Hu » Le Papnr. 379 difcours, qu’il falloir auoir vne extrémeparience, rendant que le Secretaire eut pefamment tren- hé l'efcorce, & efcrir leur commandement {ur la ebcllion d’va bois opiniaftre ,bon gré mal-oré, es ardeurs de l'elprit, eftoient attiedies , & allen- jes par la longueur des Secreraires. N'eftoit-ce pas chofée indigne de coucher fur du bois tar grol- fier , des penfees fi delicares , & reffenrant la no- bleffe d’vn efprit de hautc hierarchie, & dans des vieilles efcotces & toutes vermoiués, enchaffef & grauer des conceptions dignes d'eftie burinees dans lé Criftal du Firmament? cela failoit tarit toutesles fources des beaux efprits, & écliploit les belles lumieres de la memoire , quand on fé voyoir detiant les yeux vne page fi groffiere & fl rabboteufe , arreftant le ftile , émouflant les poin- tes de l'efprit, & reboufchant toute Îa viuacicé desitiaginations admirables Mais ces rudescom- mencemensoiit eu heureux fuccez. On a finale- ment inuenté le Papier, qui de à beaut: femond, & contraint les be les plumes à s’efforer en fi bel air, & voleren fi belle campagne de neige co- lce,ou d'argent cotonné, ou de coton tiflu, laplu- me y glille, & Pefprir y vole , rien narrefte le vot des belles penfees. Ce (ont de petits riens enfilez & colez enfemble, mais fl proprement qu'il ny | a pas vn trou, ny vn pore ouuért, Ce font les en- | trailles innecentes & blanches des herbettes ver- des , des furfaces dediees & vouces aux gens d’ef- prie, pour y émailler leuts doctes fantaifies ; qui fe laifent rayer de l'Ebene,de l'âcre faifant foubs-ri- re la neige de fa blancheur,& fe parär de ces deux - beiles Sr 380 Chapitre X LIT. Te belles couleurs, c’eft le chämp où l’efprit fertic Îa graine de fon efperance qui germe en cadeaux & en vne moiflon de lettres pour donner vne cucil- letre d'immortaliré. C’eft le fequeftre de tous les threfots des fçauantes ames, c’eit l’'hiftoriographe de toute l'antiquité, c’eft 1e tombeau de l’oublian. ce , & le berceau du fçauoir , c’eft la memoire de noftre memoire, la Librairie de nos efprits, l’heri- ‘tage de nos ayeulx;nos memoires bronchentaifé- nent,le Papier jamais ne fait éclip{e.C'eft luy qui eft le depofitaire de toutes les fciences des fecrets de Nature,& qui porte en fon fein tout le monde par tout le monde. C'eftle miroir de l'ame , car dans iceluy nous lifons tout ce qui eft caché dans le cabinet de nos enteñdemens; c’eft le rruche- ment des cœurs , l’ambaffadeur fidelle des hom- mes, luy qui noûs fait parler & entendre les ab- fens ; oùir les difcours des morts qu'il fait encor par er, lestirant du cercueil,le filence qui dit tout. Comme ef-il poffib'e qu'vn lopin de Papier bar- boüillé d'ancre foit le lien du genre humain, la douceliaifon des amitiez,Ja bafe de noftre gloire, & les Chroniques de nos vies. Qui croiroir que des chiffons,des puans & pourris haillons cueillis dans la bouë, & partny les fumiers , ayant vn peu efté pilez,moulus, foulez aux Papeteries , & paf- fez par l’eau claire,& luy donnant deux fecouffes fur va crible, ou vn moule de fil d’archal,le tout effuyé parmy des feutres, life & feché au Soleil, peut faire tant de miracles ; Le compagnon p'on- ge à deux mains le moule dans la cuue pleine,puis donnant deux petites fecoufles agence tout cela qui Le Papier. 381 qui fe fige en vn moment , &fe forme en vne fucille de Papier,blanc comme lait caille, & def- charge cela fur vn feucre,pour l'efluyer. LE he za 20, He 2 HONG, FLN 7: FSNE PL: AS: AT 2 È Area Bi IT | LS à : d >? rar Ce z w | sa | ‘25028 LE 3 See vs een vo Pate x ÉD Re PRE Gas UP. LP ASUS 54 x LE ue DE MER« £. GnaArITREe XLIV. à &e ÿ F limon du Lac Cendeuia au pied du te “hnépe du Verre. Cat des Mari- uant en, faire vn crepié à leur ME ite, prin- he dde k eee Fisher 2 F ce ee pe | 4 mont Carmel , furie premier qui {er-| =" niers defcéndus à la Plage ne ticu- | drent du Nitre d dont éftoir chargee leur Nau,aucc du fable de ja Piage. & eut mue La Mar mite , virent nie à gros brandon vne noble li- quéur comme Crifkal g slilane, où pietrerics fon- | dués , ou ser ligueñé , d'ou ils app£ indrent à faire le Verré , de fable & nitre meflez enfemble. Depuis outre lenitre, on ml c dans la mine de L del Añimanc, parce qu'il attire à foy le Ver- | re, comme le fer. Apres on corumença (comme tout va cvoiffant , cuire des pictres luifantes ; ains des cfcailles de poiflon : & aileurs certains {ablons deterre : & és, Endes des pieces de Criftal. # : joue cela fe cuir à feu fec, c'eftà dire, de bois bien fec & clair,autre- . ment la fumce noircit , & tend AR la no- bleïe de certe glace fhite & engendree das le feu; | {que mi ritle,que la fäme foit la mere des glaces) , 3 \ &wn jour apprend d dei autre) à | ie | Le Verre, 383 il y fautaufi mefler du Cuiure, du Nitre, & (ur tout du Nitre d'Ophir Onle cuit es fourneaux à bois ; la premiere fonte qui en iort eftcomme vn pain gras de Verre,tirant (ur :e noir:on ierecuit,& lors on luy donne la couleur qu'on veut, Or en ces Verreries on fait maintenant le Verre d'vne, fubftance vigreufe , d'une herbe nommee Soulde, ou Salicer, aui croift en Prouence , mais fi on n° ) y mefloit du fable pour fixer cela cefte cendre de Salicoriroit en fumce auec vne forte ignition;il y a des fables qui portent quant & foy leur Verre, il yaaufi vn Verre de pierre. On fait de la Verre- : rie à fouffler , au polifloir & au tour ,aü moule, le cizelant, pincetant, trenchant,ouurant,renoïant, colant piece à piece, & le maniant commeon veut pendant qu'il eft tout en feu : melmes on y fait des hiftoires de platte peinture , derelief, de toute couleur, comme fi c'eftoit de la cire. On treuue du fable blanc en beaucoup de lieux qui et fort propre, car ileft tendre , aisé à pulueriter au Mouin , ou bien à la pile , on mer fur iceluy les trois partiesde Nirre, & eftanc cuit & recuit, tout fe fond en vne riche liqueur tres-claire, On en fait qui ont vn beau iour, d'autre qui üe porte » point de iour, d'autre à iourfanguin &rougearrc; cs . es . FA d de couleur de Ciel , & toutes les Pierrerie; Le yoyentimiteesen la Verrerie, quieft comme fap- prentiflage de Nature,quäd elie minutoit de ren- fermer lefclat de famaj ft: dars ces ioyaux qui font les eftoilies de laxerre. ! e Verrefe peut bien refouder , mais non refondre, fi toute la Foutrai- e n’eft pleine de tefts de Verres caflez.Vn certain quidam inuenta vne forte de trempe qui rendoit le We: | Le 4 384 Chapitre XL1F, le Verre pliable fans cafler , l'Empereur Tybere aboiit cétinuention, car el e oftoir tout le credit à l'or à l'argent, & à la parade des buf:ts. L’aubin (c’eft à dire.la glaire & le biäc) de l'œuf de Pouie, incorporéen chaux viue foude fort bien les Ver- res. On l'afine fi bien qu'on le prendroit pour Cri. ftal.Quieft allé cacher dans le fein dufabe, &du grauier cette liqueur fi efciattante,& ce beau rhre- {or de glace,qui fait que däs l’eau gelee on boirle vin qui rit,{e voyant enfermé dan: le fein miracu- Jeux de fon ennemie mortelle, eau façonnee en couppe,& en cent mille fisoures.Mouran de Veni- {e a beag cemps d'amufer ainfi la foif,& rempliffane JEurope de mille & mille galanteries de Verre & de Criftal , faire boire les gens en defpir qu'on en aye:& qui s’en pourroit tenir, voyant que la glace mefme eft deuenuë allumette de vin. On boit vn Nauire de vin,vne gondole,vn bouleuarttout en- tier. On auale vne pyramide d’hypocras,vn clo- cher,vn tonneau ; On boit vn Oyfeau,vne Balei. ne,vn Lion, toute {orte de beftes potables,& non potables;le vin fe void tout eftonné prenant tant de figures , voire tant de couleurs , car és Verres jaunes le vin clairer s’y fair tout d’or,& le blanc fe teint en efcarlatre dans vn verre rouge, fait-il pas beau voir boire vn grâd traiét d’efcarlatte,d’or,de lait, d’ancre,de Ciel & d’azur. Pour les niais cela: leur vienr bié qu’on face des verres doubles pleins | de vin, d'eau, & d'air, & qui ne fçair le fecrer, on! fair boire au niais l'air, à l’yurongne leau toute nette, & à qui {çait du meilleur vin tout pur. Car pour ces aualeurs de charettes , qui ayant beu le vin,mangent les verres, & vous les mafchét à bel. | les » Le l’erre. 38ç les dents,c’eft fe mocquer de la befongne,& abu {er tout à fait de ce metal frefle & delicat , fait our Îcs yeux, & pour la lévre, mais non pour Étomach,nt pour le ventre. Ie ne m’eftonne pas fi par defpit fouuent il lime les entrailles de ces mafches-verres, & les creue.On fait de la vaiffelle … pour orner les buffets , & couurir les tables, mille * fortes de vafes,& mefmes on a trouué l’inuention de faire qu’il ne fe caffe point, mais {e plie feule- ment & fe meurtrit, | Bb LES TERMES PROPRES de la Teinture de S ove, C7 de laine, TE | © fa façon. | CHAPITRE XL V. RUE OMMENGÇONSparla Pourpre, AMEN & l'Efcarlatte , comme la plus no- ble. La fine laine Teinte en Pour- pre , &auec du miel, garde fon luftre & fa naïfue couleur plus de FLE LA deux cens ans. _ 2. La Pouipre eft vne coquille groffe comme vn œuf de Poule , heriffee de petites pointes; les plus exquifes fe pefchent au fond des Mers de Phenice & Laconie, Ce petit poiflon porte en vne veine blanche cefte liqueur precieule, le re- fte eft grofier & inutile à la Teinture : fi elle meurt,cefte liqueur s’efuanouir ; il Le faut aflom- mer tout d’vn coup fans le faire languir , autre- ment cefte couleur fe perd. Vn Chien qui par ha- Zard en mangea vn ,& s’en Teiguit les babines d'vn parfait Cramoif , fut caufe de cefte inuen- tion de Tapgre en Efcalatte, qui eflança des eftincelles de Pourpre , & vn feu humide flam- boyant, AA Ru ET QUE ” 3. Es piloient iadis toutes ces petites coquilles RS à : LA AREA efcaille t La Teinture : 387: efcaille 8 rout,& des grofles ne prenoïent que la chair , lauoïent bien cela en eau claire pour ofter Je limon,ieccoiét du fel là dedans, failoient bouil- lir le tout dans des chaudieres de plomb à feu lene ‘(qu’ils amencientà cefte fin par vn long canal,ou regiftre d'yn fourneau allumé de charb6 )de peur de brufler la teinture:dans cefte decoction eftoiét boüillies les laines , puis eftant bien colorees & chargees (car les noirciflantes font plus prifees que les rouges) on les recardoit, eftendoit,recui- foir,& les failoit-on cant decuire , iufques à ceque Pœil fuft fatis- fair de la couleur. 4. Ii y a du Pourpre noir obfcur, du Liuide ; de couleur violette,la plus belle piece c’eft le rouge, & fa couleur la plus digeree 8 mieux cuite , aufli elle reflemble le feu , ie fouphre d'or, &le pur fang, mais on à perdu la façon de teindrezauec le fang de ces huitres, Et auonsla graine en Grec,& Kermesen Arabe,d’où vient noftre mot Cramoifi & Efcarlatte , mais Efcarlatte va fur les laines , & Cramoili fur la foye;depuis que la Cochenille eft en vogue, le Cramoifi va auffi {ur les lines. . Ce Coccus ou graine, c’eftla graine d’vn ar- briffeau : on a penfé que dans certaines graines naifloient de petits vers qui rendoientce {ang & cefte Pourpre. D'autres que ce font veflies , ex- croiflances, ou petites pilules rouges éroiflant en certains arbres. 6, Les principales couleurs{ont quatrereuénant aux quatre Elemens dont tout fe baftit:1.Le Noir, approprié à la terre , & des metaux au plomb ou Saturne. 2. le blanc, à l’eau, & à l'argent vif, & il efkain, 3. le bleu, à l'air & l'argent. 4. le rouge au il | a Dr odl 388 Chapitre XL. feu & à l'or: de la mixtion defquels on fait vn iwillion de couleurs moytiennes: ‘ 7. Car premierement, du blanc & noir meflez naiflentinfinies fortes de cendrez & de gxis , les vns couuerts; les autres defchargez.2.du blanc & turquin naift aigue-marine,pers,&c. 3. du noir & bleu le violet: 4. du noir,ë& du rouge, le pourpre, tané,canelle, &. $ .du blanc & du rouge;leiaune, mais non pas és Teintures, car il y doitinteruenir de {oy-mefme : 6. du iaune & du bleu , le verd d’oye & gay : 7. de l’inde ou violet, & du jaune, le verd brun, Or felon la varieté de la dofe & de Ja compofition des couleurs naiffent infinies au- tres ; le fauue vient du iaune paillé & du brun,le brun du blanc & du noirile bleu : du refplendif- fant clair,meflé auecle blanc mat furfondu d vn petit de noirceur;le gris ou glauque , du bleu de- ftrempé en du blanc ; du fanue & du noir vient le verd; du blanc reluifant auec le rouge, le citrin. 8 Les pourpres & cramoifis de maintenant fe fon: auet la graine ou coccus.qui vient de Ligue- doc,Prouence, Ancone,d'vnpetit arbriffeau,& de la cochenille des Indes. Cefte graine a l’efcorce ou coque qu'on nomme graine d’efcarlate ; & la moelle, quieftle fin pafteld’efcarlatte ; lefcorce abonde plus en la Teinture : mais la couleur de la moûüelle eft plus riche, & fait la vraye efcarlatte. Lestrompeurs font tout pafler indifferemment. 9. Ii faut donc pour teindre en efcarlatte rouge & claire, faire parbouillir les draps en l'eau appel- lee feure faite d’eau de riuiere bien nette , de l’a- garic & du {on , puis on iette l’Arfenic auec alun dedans , pouralluminer le drap , & le defgraiffer, “ DU PME TR à & lou s La Teinture. 38 | & l'ouurir afin qu ‘il boiue la teinture , laquelle on leur donne apres auec le pur pañtel d’efcar- latte. Puis on vuide de la chaudiere , ce premier breuuoy & boüillon,& on recharge auec de l'eau claire,8e « eaux feures auec ledit paftel ou graine accompagnce d'agaric. Si on y met de la gomme + Arabique,la teinture en fera plusrouge, La cog- perofe & le brefil font vn faux MN pee _ro.Les cramoifis rouges qui s’en vont fur laines {e font quañi de mefme , y mettant auffi de la co- chenille. Chofe éftrange que d'vn feul breuuoer, | voyage,ou chauderénce(qui eft vne mefme cho- fe fans rien euacuer,fe font ces couleurs faiuantes; adiouftant nouuelles eaux & eftoffes. Premiere- ment,Rouge-cramoif de haute couleur:2.fort le brun de mefme breuuoer : 3.le paffe- veloux: 4le pos s fleur de pefchier : 6.lincatnat: 7. cou- eur de chair:8.le gris lauändé ou cendré argétin à vray eft qu à aucunes de ces couleurs faut donner la guefde ou paftel Albigeois ou de l'oraguez. , 11. Le paftel ou guefde (larine glaflum)c'eft vne herbe cômele plantain qu on feiche, puluerife, & enfait-on des fromages, on enuoye cela par tout, pour pafteller les laines,afin que cela les degraif- fe,les! feiche.& les faffe bien boire les couleurs,au- tremét la teinture s'efface & {e defteint aifément. Les trôpeurs ne paftellent qu'vn bout de la piece, & c’eft la derniere qu'ils vendent,le refte n'eft pas teint en partel, mais pluslegeremét. La Gaude fait jaune, ce iaune pale par le Guefde deuient verd. Qui n’a veu ces meflanges,& d'vne mefine chau- diere fortir tät de ditérfi itez, ne le croiroit iamais. 12. Il y a des eaux qui fonc bien meilleures les Bb 3 "LR LE, D 2 390 Chapitre XL Y. vnésique les autres; les vnes font parfriétement bonnes pour l'Efcarlatre,comme celle des Gobe- lins de Paris ; les autres font bonnes pour onder les Camelots, & y furfemer mille :& mille (ortes d’ondoyemens qui donne la beauté aux Came- lots; il y en a qui enyure fi bien Ics Jainè$ qu’elles: seçoiuent fort bien les Teintures, & les retien- nent fort long temps fans fe defcharger,les autres qui defgraiflentbien la laine , & la purifient fort bien , & fouuent à proportion des eaux, fe fonc les Teintures. 13. Il y a mille petits fecrets qui s’'apprénnent à Ja bourique, & parmy les boüillons de la gioffe chaudiere , mais cela ne fert qu'aux compagnons: du meftier : & la trop curieufe recherche eft inu- tile pour ce que ie prerend: | 14. Garance,c’eft à dire,poudre(tirantà la cou- leur de poudre de quarron , ) fert à la premiere Teinturé aux draps ou foye pour faire monter, rendre plus viues,fortes,obfcures, & chargées kes autres teintures qu’on leur veut donner apres, Garancer vn drap, c'eft à dire, luy donner la premiere teinture. Luy donner lepied pour tein- dre en noir, en bleu, violer, pourpre, colombin, &c. ee t 4 st 5 de) Orfcille fert pour lemefme que la Garance, & eft vne eftoffe faire de Paftel, Chaux, Saude (c'eft vne pierre qui vient d’'Efpagne) & Vrine. De là on dit Orfciller, c’eft à dire donner le pied de telle eftoffe, & cela fe fait principalement aux foyes. ï VIN ts Donner le Paftel,c’eft à dire, teindre en Paftel, c'eft dôner le pied pour la couleur noire, violette, Q. 4 & quel à, FR * à | cd 5 \ 3 A La Teïinture: 39 & quelquefois pour le bleu obfcur.Cefte Teintu- fe premiere fe donne à mefme fin que les autres. Paffer le drap, la foyé, c'eft à dire,luy donner la derniere couleur. 5 HIPSOEARO Teinture chargee & Haute, c'eft à dire,bien vi- ue,ou vnie,belle, forte, & de durée, plus chere. Cuue(pour les draps)de bois, vaifleau de cuiure .… pour les foyes,de Teinture, c’eft à dire, où on gar- de les Teintures tiedes à Téindre foye eftant la couleur tiede. DRUEL ICE Fe CT Chaudiere,c'eft à dire, là où l’on T éintlesdraps les couleurs eftant chaudes & botillantes. … L’Alun eff neceflaire à toute Teinture pour faire attacher la couleur : horfmis au bleu & au celefte,& c’eft le premicerpied & commencement de la Teinture. PES CIO TS GENRE Vhn drap ou foye fe doit ainfiteindre, Premie- rement,Il doiteftre bien nettoyé.2.Doit auoirfon Alun,qui eft le premier pied. 3. Eftre laué & net- toyé de la craffe de l’Alun. 4. Garancé ou mis au Paftel,ou Orfeille,fic’eftfoye. ;. T'eint en fa cou- Rue. : | Couleur de Mer, celefte,colombin, c’eft à dire, nine vigler & rouge. #7: 2 2108 | . Verdefin, verd ,verd de poreau. Bleu obfcur, bleu azur,qui eft plus bas que l’obfcur, bleu refeft plus bas encor. Violetrouge, incarnad, incarna- din,cestrois dernieres ont leur pied de Brel. Le Cramoifi, foit drap oufoye , pour premier pied à l’Alun , fans Garance ny Orfeille, Brefil ou Paftel,apres on luy donne fa premiere Teinture. IL fe fairauec des graines pilees de Cocherille qu'on apporte des Efpagnes, de la groffeur & figure des Bb 4 392 Chapitre XLW. LaTeinture. poids,chiches, Il eft plus rouge que le Paftel:coù- fte trois efcus la liure, l'on y mefle dupoïlon, Il y a de cinq forces de Cramoif : (çauoit eff, rouge , incarnad, incarnadin, violet, & propre où auiné. Le violet & auiné cramoifi ,fe fontapres qu'ils font Teints en rouge , les paffans fur l'Or- feille, & apres fus la Tine ou vaiffeau du violer, Apprefter la chaudiere pour poler là vne Tine, c’eft à dire, faire l'appareil qu'il faut pour vne Ti- ne : & vne eft la Teinture, pour le verd, verdeft, bleu, violet, celefte,couleur de Met, Azur. Donner difner à laTine,c’eft à dire,y ietter des drogues boüillies & meflees de mefme eftoffe, & la renouueller deuant qu’on y trempe les draps ou foyes,afin que la couleur foit plus claire,eftane ain fi fraifchement renouuellee. * AY A V HO E VE DEBONNAIRE. c ALS ANT femblanr de vous donner SOA) des receptes, ie vous dis ic} les termes or- + D dinaires delä Medscine.l'ay cho'fi à def. eZ foin les chofès qui ne forçoient de vous ” dire plufienrs mots naïf, LETEY d tous propres de ceste profeffion. Ÿl n y a rien qui ferue plus fouuent que ce qui appartient à la guerifon du corps, d'appliquant aux pallions & aux bleffires maladies de l'efprit. L'Effay que ie vous en donne vous fera venir lappetit d'en aller chercher des aurres chez les Apo- tiqmaires. On ne croirost pas les richef[es d'Eloquence gus y font caches, € lé profit qu'on y peut faire. Mais sont ainfi qu'a" qui pra quo cf} dangereux donnant la mort ou bien des conuulfions @ dés trenchees cffranges, auÎli en parlant JE vous prencz un terme pour un au- tre,vous blefferez cruellement les aureslles delicates de vos Auditeurs,& leur ferex pitié. Tous les grands per- fonnages qui ont fait profeffion d'Elognence,ont enrichy leurs diféours d'un monde de beaux mots cueillss dans les sardins de la Medecine, & ont bien prins la peine d'aller eux-mefrnes difputer en la boutique pour faire parler les compagnons, apprendre les mots du meflier. 1l y à mille mots qui font auffi beaux que mille Dia- mans quand ils font bien enchaffez aans le difcours, & {ent la comme Effoilles dans le Ciel,mats il faut fcaueir Bb $ - — Ne 394 de, ce qu'ils veulent dire pour en vfer iudicienfement Sçau= riez-vous que veut dire anodin , effuyer G: deftharger le fuifsprendrel'efbrir des chofès;humer l'odeur des me- taux;mondifier @ reffouder les playes,fcarcfier,tarir les eaux flottantesentre cuir @'chaïr effacer les nues, éfcailler les vlceres , esfierrer les reins, @ mille antres façons de parler, fi vous ne l'apprenez des Medecins, Les [çachant,quellegrace donne cela à vos propos, fi vous Jçauez en tirer des tranflations qui [ont des lumieres d'Eloquence. L'experience vous monStreraque c'eff scy vne riche carrieretoute pleine d’or @ de Diamans,d'ou dous pouuez puifer Ce qui rendra vos propos tous con- ts au facre de mille douceurs, qui feront couler vos pa- roles au fond dn cœur de vos Anditeurs.Quand vous en aure? fait la preune vous m'en féaurez gré, & polfible | me forcerez-vons 4 vous donnér le re$te ,enflant cét Effay,@ luy donnant [a perfection. 5 2517 (EE) GORE Rte UE DE de SET Ne Er LE Su D ÉE OAUR SE Medecine , de la Pharmacie, es (hirurgie. CHaPriTRE XEVI. We VE A flimbe incile & {ubrilie es rs) grofles hum@urs,auec poix dé se fcpr drachmes , purge le gros vs phlegme, guerit les tranchees AVE du ventre, remollit la nature; epera tps telafche & ouure les veines, incarne les fiftules , couure les os defnuez de chair, mondifie, appaife les douleurs,& efface les Jénrilles & nuees,& bafanage du Soleil au vifage; eîle defoppile,& debouche,vuide par lé bas, net- voye lesreins ; & les efpierre de grauier , chaffant le fable. Fe 2. Le Nard eft bon aux déuoyemens , & cotro- fions d'eftomac,il referre le ventre.arrefte lefang, défenfle les tumeurs. L'Afpic ou Lauande qui eft vnNard baftard,échauffe en troifiéme degré,deux cueillerees de l’eau diftilee défes Aeurs fotreuenir la parole,gueriffent la cardiaque pafñô,font bon- nes contre les defaillances de cœur. L’huyle d’Af- pic eft de fi forte fenceur qu’on le côdamne à eftre hors + ET 396. Chapitre X LVL hors de la boutique , autrementil furprend & at- tire la fenteur du Mufc, del Ambre, dela Ciuette, des vnguens,& drogues aromatiques. _3. Le Cabaret eft aperirif , laxatif, efchauffe au fecond degré deffeche au tiers, il refoud, & fond, & efmeut les humeurs efpaifles : pris en infufon ou auec decoction il confume les gouttes fciati- ques,& appaïfe les douleurs des iointurés?il defop. pile la ratele, & la defenfle des tumeurs rebelles à guerir. Quand l’accés affaut , fion frotte d’huyle le Cabarer l’efpine du dos,le frilon diminué, 4.. La Valeriane pilee appaife lés pointures du mal de tefte , defcharge les reins chargez, ouure & nettoye les oppilations du foye. 1ly en a qui mafchees auec du Maltic attirent le phlegme de la tefte , & confortent le cérucau , euacuent les vifcoficez qui affoibliffent l’eftomac. & .f: La Canelle decoupe & diffoud les fuperfui- tez du corps, fortifie les mébres, ofte le degoufte- ment;conforteles parties nobles,contregarde de conuulfions,retir-mens de nerfs,du haut mal, fait bonne halcine, eft fort bonne À incifer. La Cafle cft vne drogue foible , lenitiue , deliure les reins de grauelle , eftaint les inflammations qui fortent au deffus du cuir , &eryfipeles, fa vertu ne pafle point l'eftomac , & remollit le ventre , purifie le {ang, eftrefolutiue. fi elle eft trop foible on la for- tifie auec hyflop ou autre plus actif,mais d'elle ia- maiselle n'endommage. . | v 6. L'Amome meurit & r-foud les inflamma- tions, eft detres-bonne odeur . fert contre les pi- queuresde ferpent, à la premiere rencontre, fon Odeur forte bleffe le nez,ila grâde vertu digne ‘ ; FÉE La Medecine. 397. Le fonc odorant rompt,meurir,& ouure les bou- ches des veines,ila quelque fubtilité d'eflence, & ayät vne douce reftriétion one dône àqui crache le fang.La Canne odorantea vn peu d’acrimonie, & legere reftriéti6, prouoque & emeur les fleurs, & vuide l’arriere-faix des femmes qui enfantent. 7. Le Baume meurit les cruditez, néttoye la pupille des yeux, digere les grofles humeurs, aide ceux quin’ont l’haleine que mal à leur aife, De V'Afpalathe on firingue les vlceres corrolifs, fales & ords, il eft fort deficcatif , acre , fort au-gouft, aftringent,il mondife les pourritures. On fait du Sätal (bois des{ndes) des epithemes auec de l'eau rofe , pour efteindre fur l’eftomac où on l’appli- que, les ardeurs des fiéures ardantes. 1184 = 8. La decoétion de la moufñfe eft bonne pour délaffer, mais pour luy donner corps on le mefle auec de l’huyle, arrefte les vomiflemens, ferre le ventre,fert contre les defaillances & bondiflemés dé cœur. Le Cancame defenfle les genciues , & defaigrit le mal des dents,puis en breuuage,ou de -rrois oboles auec vinaigre miellé il degraifle les gros garçons trop chargez de cuifine, & amaigrit Jeur lard, les effuyant petit à petit, & defleciant ou fondant leur fuif,eftant iceux trop replets. 9. Le faffran mer lesgens en bonne con'eu, il eft maturatif , & partanc tres-bon aux {ubitances emplaftiques & maturatiues , mais {on odeur en- tefte, & trouble l'efprit. L’Aunee (Helemmm, nay des larmes d’Hslene, dit Pline. 21.c.10.)embel- lit la perfonne,enrretiét la peau du vifage, & tout le cuir du corps, fon jus eft fort doux, & beu auec du vin côme le Nepenthé d'Homerc engendre la ioyc 398 Chapitre XLVI. joye au cœur, & bannit route la melancholie ; il elt louuerain pour ceux qui {ont pouffifs , & ne { peuuent auoir leur vent qu’à grand peine. 10. L’huyled’oliue plus eft-il vieil & gras ,c’eft à dire, vilqueux & gluant,meilleur eft- il pour cli- fterizer,& {oulager 1 douleurs cruelles de l’flia- que paflon, defnouë bien la perfoune qui eft plus actiue & fouple à fe manier,ilreferre les genciues, taric les fueurs, ou les arrefte & empefche. 11.L buyle d’ Amandes efface lestaches,& afpre- tez do cuir du vifage, guerit les bruits & fiflemés, & rintemens des CRETE nettoye Le fon , & fa- rine qui tombe de la rélée mal peisnee, il ouure Vouye dure, Mais fi on pile les Amandes auecleur peau , l'huyle retient la qualité de la pelure donc on ne l’a voulu defnuer par pareffe du garçon de boutique, perd fa vertulenitiue,& rend afpres les jieux par oùilpaffe ,mefme s'il a efté rofty auec feu ardent, & non par chaleurlente,& douce.Ce- luy d'Amande douce guerit les afpretez du go- fier,des poulmons; l’autre amer fait fortir la pier- re; ouure les oppilations, tué les vers du corps. Gel de Noix nertoye les puftules du vilage,len- tilles,& cicatrices noires. Heft-bon aux Foie de nerfs, couuulfons: 1! faie fondre les efcrouel- les, il eft mondificatif & abfterfif. 12. L'huyle de Selamefe fair ia femence eftant mondee,concaffee,efchauffee,puis preffce, il en- graifle le corps & fait bien la chair, il mallifie la dureté rebelle des apotumes, Hub la voix. Ge- luy de Ben ne fent iainais le rance auf les Parfu- miers en vent pour incorporer leurs mixrions qu rand ils parfument des gands de mufc, d’ambre. BC. : . | La Medecine. 399 &c. car jamais ces peaux açdeuiennentrances,ny fentent le remugle.L'huyie Laurin,c eft à dire,de Laurier, débouche les veines, fortifie les nerfs, re- mollit,efuente la migraine froide, foulage la coli- que paññble, efface l’offüfcarion des yeux, comme éeluy de Lentifque. Celuy de Maftic eft bon con- tre les durerez eminentes de l’eftomach , la celia- que (c’eft à dire,cholique) pafñon, & diffenceries, met Le vifage encouleur. A 4 3 Pour cognoiftre le fin vnguér,il faut auoir re- Cours au nez,l’experience eft plus affeurée,car on y mixtionne des drogues qui effacent l’odeur des autres , le rofatremplit les vlceres profonds ; ad- doucit les malins & opiniaftres à {e confolider, ofte les demangeailons & chatoüillemés,deftour- Be les defluxions qu'elles ne coulé fur les parties malades. L’ynguent de fafran eft fuppuratif , & Imondifie bien les vlceres;celuy delysremetles ci- catrices en leur couleur naturelle, & fait qu'on n’y. cognoitrien apres ; celuy de mouft eft remollitif. * 14. Pour faire vnguent, il faur piler les racines, jou fucilles , ou fleurs, aromatizer, deftremper,ef- praindre.efcouler,pañler par le camis,remuetauec Ja fpatule , mettre en infufion, exprimer auec les Imains, abbreuuer de drogues aromatiques, afper- | ger, incorporer auec vin,eau marine , que fçay-ie | moy.faire efpaifhr,ietter dans le couloir,puis dans |ta tinette, mettre au Solei!,faire bouillir, fralattet & le changér de vaiffeau,le {aller & pafferpar l'e- ftamine,rebroyer,repiler,mille maux. ) 1$.La bonne myrrhe eft mordante au gouft,on Len fait des pañtilles, tenue fur la langue, & fondue Lofte l'afpreté de l'artere du poulm6,& l'enroteure de A: cie. 400 Chapitre X L VI. de la voix;deffeiche la houë & ordure qui fort des aurciiles. On s’en fert 5 Médecines arteriaques; c'eftà dire, pourlesarteres (eftant fort moderé- ment abfterligé) & ce qui defcend au poulmon; elle ne peut endurer la cuite , c’eft pourquoy on ne la mcfle auec les medicamens , que quand on lesofte du feu, FE LOR 16. Le Bdellium, qui ef liqueur d’vn arbre de- firempé auec la faliue à ieun,refoud les goetres & abcés de nature , les hernies aqueufes, 1l brife la pierte,il fert aux ruprions,fpafmes,ventofitez cou- ances çà & là,aux nœuds des nerfs. 17. L'encens diffoud les offufcations des yeux, cicatrize bien les viceres & les remplit , foude les _ playes , ofte les verrues qui formienc( c'eft à dire, fourmillent) & l'afpreté raboteule du cuir Beu en fanté il faic perdre le fens, puisla vie. La vraye manne jette vne fumée égate , aëree, Aottant en J'air de bonne grace & odeur, la contrefaite fume vilainement.& éuapore yne fumée noire,efpailfe, entremeflant de la puanteur à la bonne odeur, & enuenimant{a douceur, La fuye d’encens arrefte Je cours des chancres. La fuye c’eft la vapeur grof- {e qu'on fait arrefter à la voûte d’vn vaifleau d’ai- rain couuert & percé au milieu , dans lequel on. brufle l'encensà petit feu ; ainfi fait-on de la fuye de myr.he,aloë, &c. l a fuye de pin eft bonne aux ongles ( c'eft à dire, inflammations des yeux) aux. fondans en larmes , amortit les humeurs corrom- puës , addoucit les corrofions de l'eftomac, & la pomme de pin concaffee & cuitte.fi on boit de fa. decoétion cinq onces,fert aux phtifies,&c. 18. Les pignons tirez hors des efcailles des pom- | mes Y La Medecine. 401 mes de pin, font de forte digeftion, maïs nourri{- fent,agglutinent, engraiflenc , piquent par Jeur actimonie,ils fonc vn aliment groflier;mais on ne les mefeftime pas pourtantipour corriger leur re- bi on,on les baille auec du fucre;l’eau riéde les detaigric;ils chaffent la pourriture des corps ; fes fueilles appaifent les douleurs du cœur, & les ero- fions d’eftomac;l’efcaille ou {on parfum guerit la dffenterie, 19. Le Lentifque arbre cognu eft tout aftrin- gent,arrelke le cours de ventre.Cét arbre ietteen Italie le maltic qui efttres-bon , pour chofes qui requierenc fort eftre refoluës par tranfpiration (c’elt à dire,ouuerture,per haliturm , dic-il)comme froncles,cloux,boutons opiniaître.Le canfre (qui eft gomine d’vn arbre des Indes) eft bon aux lini- mens pour empefcher les inflammations des vl- ceres ; és collyres contre les ardeurs des yeux, eftaint les ardeurs fales, defbourgeonne la face qui boutonne trop,& fleftrir vn peu l'enlamineu- re du vifage des biberons. La fuye de refineeft propre aux erofions des angles des yeux ; guerit les fentes des léures gerçées,& du vilage.. _ 20.La refine prife en forme de loch(c’eft à dire decottion)eft bonne à ceux qui crachent la pour- riture, qui cft entre Les poukmons & la poitrine, aux phrifes, elle a bon fuccez quand on en oingt des tonfilles(c’eft à dire , les glands au bout de la Jangue)la luette , les efquinances,auec des raifins (v4a pa[a)palferillez rompt les charboncles,& e{- caille, c’eft à dire, ofte comme vne efcaille qui eft delfus les vlceres pourris.La fuye de la poix dône bonne couleur, & eft exquife au liniment pour Ÿ Cc 402 (Chapitre XLVI. farder ces efuzntees qui veulent eltre muguetées, | aux yeux pleureux. La poix refeud Les larges ra- meurs des glandes de la langue. 21.La Niphta,qui eft colacure de Bitums,rauit le fe 1 1 (oy,eft excellére aux cararaétes, ou tayes, & groifés cicatrices des ysux , aux mailles & pèt- les d'iceux.D Toad les toux inaereréss,découure le haut mal;di{fond le fans caillé. La Mumieau tournoyement de tefte, & à la bouche torfe , aux afions de cœur eft excellentiflime au haut-mal, mais il] la faut mefler auec la rerre feclée,elle gue- ric les vieilles douleurs de tefte fi rebelles que rié ne les a guery , appliquée au nez elle les diffoud, eftanchele fang dehors & dedans, fair grand bien aux exulcerations interieures, On dit que lesos de morts puluerifez & beus, font fouuerains à mille maladies, mais chacun s’appropriant à {on membre propre ; Matthiole a experimenté que le tefthumain a feruy au haut-mal. 22.La fueille de Cypérs broyée eft bonne à plu- fieurs maux,on en teint les cheueux,on cucult les pommes trois fois l’an,elles gueriffent les vitiligi- nes(c’elt a dire, taches blanches) le Cyprés a au- tant d’acrimonie,& chaleur qu’il luy en faut pour conduire infques au fond , & faire penetrer fon afpreté, fans aucune mordication , il confume jes humeurs cachées & moilies & pourries des vlce- res,@&ene fait point d'attraction d’autres humeurs. La cendre de l’efcorce de Geneurier, nettoye les! lepres des mefeaux, eft bonne contreles piqueu- res de fcorpions,viperes.La gomme du Geneurier eft le vernis, il deffeche les fiftules. 23.La Cedrie,c’eft à dire,poix de Cedre, s’ap= + pelle \ a | | La Medecine. 403 pelle la vie des morts, & la mort des vifs , car le Cedre contregarde les corps morts ; &corrompt les viuans, fi on s’en oingt les ferpens ne s’appro- chent iamais : fon bois n’eft fuier à vermoliflure. Le medicament auec le Cedre eft fort en opera- tion,eft putrefaétif,& corrolif ; car il fait pourrir les chairs molles & delicates: en iettant dans les dents creufes non feulement elle appaife les poi- gnantes piqueures, mais elle romprles dents par fa vehemente chaleur,elle cuit és viceres, & don- ne grande cuifeur aux playes. + 24.Le Laurier comme le Cedre tng les enfans däs-le ventre de leur mere,& les ietre dchoïs, elle : foulage les hepaties , & quiont des brufleures de foye. Les fueilles puluerisees de fouffte , en les frottant enfemble,font feu : plantez vne branche de Laurier en vn champ de blé,iamais la nielle me l'offencera,mais tombera fur leLaurier.Le coton, laine, ou moufle qui eft fur les fueilles du plane font oräd mal aux yeux , & les raclures ou fciues du frefnes font mourir comme poifon, fi malin eft ce bois. LeDiétamne blanc, fert aux ftomachics (c'eft à dire} fomachics)er [ufpiriofis, c'eft àdire, ’haë& à qui Ileine courte. La racine du rofeau feu- le on auec fes bulbes tire hors lesefpines, & fle- ches du corps ; le poil menu & le coton de la tete du rofeau,aflourdit s’ilentre és auteilles. ” 25.Le ramaris tarit laratelle , & amoindrit fes eaux,on a fair à deffein des tafles pour y faireboire les malades de rate,& la faire fondre,& defenfler, .… L'Ebene poly fubtilement fur vne queus deuiét liffé comme vne corne,fes raclures,& fcieures fer- « uent en collyrées pour les yeux ; & aux maladies Du ; CE :2; ni # 404 Chapitre XLV1. feches,& afpretez: il nettoyc bien la prunelle des yeux mailléz,;aux puftules & vlceres d'iceux il eft fouuerain.La4 Zarze parille, racine des Indes Oc- cidentales , eit fouueraine contre les enfleures molles, laxes, {ans douleur;elle fair eftrangement fues,& guerit les maladies exterieures,& cette vi- laine imaiadie de,&x.Le lules dé vin deGaiac bon à la pituite. 25.Le jus de Rofe foulage le batrement de cœur, le vuidant des humeurs qui le fafchent;ce mcdi- * cament eft du nombie des benins, il purge cour- toifement fans tranchées, ny violénce,c’eft le fait des fiéures tierces que le firop rofar,&c. 26.L'Agnus Caftus chafle toutes les beftes ve- nimeules,les Her boriftes l’ôt ainfi nommé,parce que les Dames d’Athenes faifoient leurs couches de cette plante.qui eft amie de chafteté. La cen- dre de l'efcorce du Saule deftrempéeen vinaigre, _gusrit les callofitez,durillons,& porreaux, r'auiue Je cuir wort du corps ; ou recueult la liqueur qui cherapres la coupure,ou quäd il fleurir, cefte hu- meur côgelee efclaircit la veuë.La fucille duSaulx. foude bien les playes frefches, car il eft deficcatif fans mordication,& tient peu d’aftriétion. 27.Les Cerifes frefches font bon ventre,feches elles referrent. Les pommes de coing aident bien ceux qui crachent la fange, & la boüe pourrie de la poitrine ; pour les déuoyemens de l’eftomach, les cruës s'appliquent en cataplafme.-La myrrhe eft excellente pour les cararaétes, & fuffufions ou mailles des yeux ; car ellerefouc la fange des yeux, || fans mordacité. 34" Le La Medecine. 405$ 1. Ÿ E fracas des os eft la piece du monde la plus fifcheufe & mal-aifee à guerir,ne pouuant r'aliier les efclats des os, & leur donner ferme foudure,& confolider. 2. Les vlceres humides font difficilles à cicatrizer parcant il les faut faupoudter de poudies qui ayent quelque peu d’aftriétion,&ne donnér point de cuifeur, mais r’allient doucementles léures de la piaye, & la refoudent d’vne bonne incarnarié. 3.Le Baume aide àtirer les efcailles d’os hors de la playe. Le fang de Dragon eftanche le fang des playes , & eft fouuerain pour reünir , reioindre, rallier, & cecoler les os moulus,& rompus. … 4.Scarifier eftapres qu’on a ventosé,d’étrancher les enfleures & foufleuemens de cuir,& en puifer le fang pour defcharger la cefte par les efpaules. Treparer,c’eft ouurir le ceft auec le Trepan, qui eft comme vne efpece de rariere, Elaenter la veine, fatgner , donner de l'air au fang,entamer la veine de la lanc-tre,virer la pour- riture du fang, $-La raclure d’huyle eit bonne,& fait meurirles apoftemes,guerit les efcorchures,& peaux défleu- Sad Ro at Ja peau de bonne grace, fi que la coufture ne paroit pas.L’huyle de meurre rérreint fort & endurcir, & eft fort bon és medicamens qui cicatrizent, aux brufleures par fen,aux bubes, &bourgeons qui fortent par le corps,aux creuaf- fes & rides,du:és,à rout ce qui a enuiedefe reffer rer,& fermei.L’huyle rofat ou l’vnguent remplit les vlceres profonds, & aide bien à les remettre en chair: "4 ÿ. 6.L'ynguentamäracin eft Etre aux bleffu- Mis à C 3 D" ” 406 Chapitre XLVI. res des nerfs, des mufcles,appliqué auec de la lai. ne charpie, fait tomber les efcarres (c’eft à dire, cruffas)ouute les hemorroides , guerit les coupu- res.L’efcorce de pin eft excelléte pour les vlceres faperficiaires qui font à eur de peau , & n’enta- ment guere la chair, mais s’amufent à la furpeau. Incorporee auec du Gerot myrtin , cicatrize en- ticrement les vlceres dés corps delicats, qui ne peuuent endurer choles fortes ; broyée auec vi- triol,refrene, & arrefte les vlceres, qui gaignent toufiours pays. Lapoix meurit les tumeurs crües? faic bien la chair és playes , & à vertu abfterfiue, efcalle les playes pourries,& les ‘foude bien. _ 7,Le Peuplier iette vne racine qui eft fouuerai- ne aux emplaftres remollitifs. La vermoulure des bois vieux fi on en faupoudre lesvlceres les cica- trize, mondifie , les amufe qu’ils ne rongent la chair à l'entour ; non feulement la vermoliflure, mais les vers mefimes nais en la pourriture des ar- bres gucriflent les playes. : 8. Le Tamaris (arbre de marais) appliqué fur les tumeurs les repercure,c’eft à dire, les repoufle au dedans, il diminuë la ratelle. La gomme Elemi eft tres-fingulicre és oignemés, & emplaftres des bleffares de la refte. La poudre de Sumac, arbre, appliquée en cataplafme, garde d’inflammation les fractures des os. La Saignée. , A Fr: faigneur doit éftre ieune , bien voyant , & bien façonné à ouurir la veine ; il doit eftre garny de bonnes lancettes de diuerfes pointes; _ pour L si La Medecine. 40% | pour bien faire il fauc frorrer le lieu où fe doit donner le coup,& au deflus lier anec vn bandeau. _ puis ayant trouué la veine la faifät enfler & grof- fix leyant bié choifie & adu'séc,il la faut toucher : & flatcer du doigt prochain du poulce, & tenant la lancette à deux ou trois doigts faar incifer la veine, non pas rudement, de peur d’entamer & bleffer l’artere : mais en efleuant a pointe de la lancetre >? L’Euacuation faite faut deflier le meme bre, clorre la playe auec du coton, & s’il y efchee flux de fang auoir la poudre rouge route prefte pour tarir le flux,& refouder la playe. Quand le fang eft trop gros &de mauuaile ifluë, le regime, le bain , la pourmenade, vn emplaftre de leuain appliqué fur le lieu des veines, vne fou- pe de vin craignant les defaillances,s’aliéter,ofter routes les pierres precieules qu’6 a {ur fa perfon- ne qui peuuenr retenir lefang , &c. font la fai- gnée plus douce & plus affeurée : L'ouuertüre eftant faire il faut manier vn bafton, demener les doigrs;touffer,& eftre feru fur les efpaules. Selon les forces du patient, & felon la groffeur du fang faut faire la playe large ou eftroire , faut auffi tenir prefte l’eau froide pour empefcher les fincopes,ou r’appeller les efprits qui s’efuanouif- fenc par la defrllance?ll y a bien du debac pour fçauoir fi le faigné doit dormit ou non apres la faignée. y FER) RE 2 Ce 4 408 LODCANTENERS SE & GO CD) LEO ZE LdC HIT ECTIRE ÉMar XLVLE *ARCHITECTVRE , c'eft lafou- uéraine maiftrile de bafir, qui donne l’2drefle pour pouuoir difpofer routes les parties auec Ste 7E rapporr, bien-feance,;ornemens, sEcu se éfosuttiene. exaucemens,& toutes les proportions, dont elle rend raifon pertinente pourquoy chofe eft ainfi faite. 2.Les vns ne font Architectes que de mains fans plus,car ils font leurs ouurages par routine,tirant des copies deçà & dela, mais ils ne fçauent don- ner raifon de ce qu’ils fon: ny rien inuenter qui vaille,& pour coute raifon,difent que c’eft la cou- ‘fume de faire ainfi.Les autrés ne le font que pat Liures & par difcours qu’ils ont leu,mais ils n’ont poine de main , & ne fçachant que la Theorie,ils ‘ne valent rien que pour faire la ville de Platon, qui font des Idecs bafties entre deux airs.Le bon Ar- chiteéte doit marier fon efprit auec fa main,& le. compas auec fa raifon, mettant les mains à la be- fongne. Les premiersne font que les corps fans amesles feconds desames fans corps;les troifiefmes font le tour,êc font gens de nom & de reputation _ qui ai As Fri À 4 j L'Architellure. ___ 409 ui ont la vogue,& font gens d’entrepriles. | 3. Cefte noble fcience à vray dire,a efté inuen- ee partie par hazard , partie par caprices , partie ui par raifon & par narure. Ces colomnes fa- connees en femmes , & en hommes qui fouftien- nent les baftimens, c’eft vncaprice des Grecs, qui . pour memoire de leur viétoire les rent comme fclaues porter le faix de leurs edifices , & pour onfacrer cela à l'erernité,ce ne fur que caprice;de efmes ces patenoftres, ces gouttes pendantes,ces feftons, ces laz encrenotez,ces fruitages, mille & mille otnemens qui fe mettent fur les frifez, cela vient de ce que les vainqueurs atrachoient routes les defpoüilles des ennemis, les atrours des fem- mes, & telles beatilles pour en conferuer la me- moire, depuis que les Architectes les voulurent imiver en leurs ouurages, & en ont façonné tant & tant de diuerfirez & enrichifflemens. 4. Le parfait Archireëte ne doit rien ignorer, autrement s’il fait bien fera par nature,comme les beftes qui font de fort beaux ouurages , & ne {ça- uenc pourquoy. Il faur donc premierement qu’il foit Peintre, fçachant tirer du pinceau pour faite les plans, éleuarions , deffeins, pour copier les ra rerez qu’il rencontre pour contenter fa fantaifié, griffonnant mille caprices pour en tirer quelque chofe debon. 2. Geometre pour entendre le ma- niement du compas, l’vfage du cercle,de la reigle, des niueaux , du plomb , des melures. 3. Qu'il {ça- che la Perfpectiue pour donner la lumiere dans ‘la mailon,defrober Le iour en certains coins,con- tenter l'œil par les diuers afpeéts , s'il ne peut de roi fil introduire les rayons du Soleil au moins se APTE db $ re t 410 Chapitre. XL VII. | refléchir la clarté, & infinuer parreflexions & bri- # coles, allumant le iour tout par tout,fans faireles chofes aueugles, & faifant minuit à midy.4, L’A- tichimetique pour {çauoir calculer les defpens , les eftoffes, Le nombres de degrez, & de mille autres chofes qu’il faut fçauoir fans y faillir d’vn poind. s-L’hiftoire , car vous les enrichiffemens, ftatués, armes , & autres ornemens ne fonc quefables , ou hiftoires , & s'il ne les fçait bien;il fera mille fau- tes: car c’eft de là que viennét ces teftes de bœufs, iettant par les yeux des Heurs & des lauriers , ces paniers pleins de fruiéts,ces cornets d’abondance, ces couppes , ces carquans , & tous les ornemens des frifes & des niches. 6. La Philofophie, pour fçauoir le naturel des animaux , les courfes des eaux,la eonduire des torrens, la fource des fontai- nes,&les bou:llons pouffez par des efprits vitaux, - | la mer ,les élemens,les fleurs , les fruicts , tout ce quiceft en nature ; & puis il ne fçauroit entendre autrement les efprits d’Archimede , & des autres. 7. La Medecine & l’Aftrologie pour faire les ba- ftimens fains,les orientant bien a propos, choifif- fant le meilleur Soleil , Le bon vent , Pair le plus purles eanx bonnes, & point endormiesou pour- riflantes,le fol fermé,le climat gracieux,la lumiere bien mefnagée , rien de fembre, morne & trifte, belle veuë & libre aux fencft. es, l’affierre pour fai- re horloges plats, en boffes, en belle aflietre pour le plaifr,& pour l’vciliré.8.1l doit fçauoir le droit & les couftumes du pays , pour les lumieres des maifons,lesmurs miroyens , les limitrophes, l’ef- gouft des eaux & la defcharge des mailons,percer les puits ; ietter hors d'œuute ce qu'il faut , autre- ment LA … L'Architeëlure AU “menc il faudra refaire bien des chofes, ou auoit des procez. 5. Les ordonnances, difpofitions,ou Idées font trois; plufieuts mots de cefte fcience venuë à nous de Grece, font demeurez parmy nous comme s’ils eftoient deuenus François. Premierement, l'Icno- graphie (c’eft le plan ) c’eft vn vfage de cercle, & de la regle és platte formes , ou fondemens de l'e- difice. Secondement l'Orrhographie ( c’eft à dire, : J'éleuarion de la face ) c’eft vne veué directement en haut au deuant, ou frontifpice; tirée par mefu- re hors de l’Ichnographie, en vne figure de l'ou- urage futur. Tiercement , Scenographie vient au deuant,& au cofté fur le centre auec fes lineamens. 6. L'eurichmie, c’eft le rapport bien mefuré de Ja largeur,longueur,hauteur, de façon que routes les parties s'accordent bien en belle proportion & fymmerrie, Symmetrie, c’eft vne égale conformi- té de toures les pieces;& vne fi vifte proportion & rapport de tout l’ouurage,;que chaque partie a fa iufte mefure, de coudée , de pied , de paume , de doigt ; tout ainfi qu’au corps humain , prenant la mefure de la tefte on fçait combien deteftes il y a en vn corps; combien le bras , le doigt, la iambe doit eftre longue pour faire vn homme bien pro- portionné : ainfi d’vn baftiment,car de la grofleur ou longueur d’vne feule colonne, on fçaura tout le refte de la proportion d’vn baftiment bien af- {orcy. Le Temple de Salomon eftoit à la propor- tion d’un corps humain bien-fait , & fur tout de celuy de Iefus Chrift,dont il eftoit la figure. 7. Labien-feance [ decorum ] c’eft vne des plus _ difficiles pieces de cous les meftiers , car comme la 412 Chapitre XLVII. la beauté d’vn vifage confifte en ie ne fçay quoy qui ne fe peut dire,mais l'œil le iuge incontinent; auffi és baftimens chaque chofe eft fibien aile en : y me 2 {on lieu,a fes grandeurs fi iuftes,fes mefures fi bien priles, le rout fireuenant & agreant à l'œil , que rien plus. Ces grandes portes par où pourroit for- tir coute la maifon fans rien abbattre,ces fenettres mifes en efchiquier, ces cheminées posées haur & bas , ces entrees par le coin d’vne cour triangulai- | re, & cent mille autres celles fautes font diame- tralement oppofees à la bien-feance. 8. La Structure doit viler au deffein du Mailtre, car il y a des baftimens de necefliré,de piailir , de parade, de fortification, de ville, des champs, de terre , de matine expolec à tous vents, de la vient vne diuerfité incroyable d’Idces. 9.-Chaque pays a fa inode & fes fanrailies,de fa- çon qu’il y a des principales façons qu’on appelle ordres , ordonnances , & difpofitions qui font en vogue pour lemoins cinq. Tufeane,Dorique, Io- nique,la Corinthienne, & la Compofee ou Ita- lique. La Gorique n'entre pasen conte, car elle ne plaift pas aux gens du meftier. 10. La premiere ordonnance, c’eft la Tufcarie & la Ruftique, qui eft roure nuë & cruë,& a fort peu d'ornemens ; auflieft la plus bafle & la plus aifce, n'y ayant point de façon fur façon, comme és au- tres qui font pleines de mignardifes & delicaref- fes. La Tufcane fe diuife en fix parties Mais tou- tes Les picces font commençant d’embas. 1.Le x | L'Architeiture. 45 1. Le Phnthws. Le Plinthe. | 3. Le Piedeftal. | 3. Le proieét de la bafe: c’eft vn cercle qui | marque la groffeur. A 4 Vnautre Phnthus. Plinche. s. Tnorw. Le Thore. 6. Cinéta. Ceinture. 7. Le corps, le tronc, & le vif de la colonne. 8. Anulw. Anneau. 9. Affragalms. Aftragales , Armilles, ou ron- -deaux. 10. Hypotrachelium. Le Gorgerin. 11. cAnulus,{eu cinéta, Anneau. 12. Echnus. Echine. | 13. Abacns, Abaque. | 14. Epiftylium. L’Architraue , qui cft vn gros fommier de pierre ou de charpenterie, 15. Zenia. Bandelette. 16, Zophorus. Frife. 17. Cimatiusn. Cimaife. 18. Corona. Coronne. 19. Cimatinm. On nomme la Naffelle, féotia,Trochiles , c'eft à dire,poulie obfcure. AI4 A. Volute. B. Lifteau de lavolute, C. l'œil de la volute. Chapitre À At LA L AN °N ANA Ü A) ?, MA, AN AAA WT 25 YA SS SEINE RSS ù NY à SNNNAL KK XL VII. Voluta. Tachla. Dards es. - barbillez. | Se 8 Ts AI ER Gags. L A) Ce ee gt, DOS NT ou DES 416 Chapitre AL PIT. rite Nan AK \ ee nc e P mm # rtf +, - TT au A ELIETOTOEELEUT TR CU EETTEUM 18 ZE AS TÈE A LR 7# hù D (ARE NAT ANT RAT NANTES j É nt , ee AAAITUIHUN bi: Plinthe, Patin,Pied. Le vif ou fuite. Cinéta. Ceinture. Thorm. Thoïe. Phnrhw. Plinche. Piedeftal. Lifleaureio! 3° ceinture. ee — — — A So = URI he 7 + = AA PESSAAONTR DAS EANEES n*, WA 4 ANOCAS NA 5 e (RAA E. Anulw. Anneau ou rondeau. F. Affroçgalles. Aftrogalle. G. Hypotrachelinm. Frile du chapiteau. H. Anulus feu cinéla.Ceinture. Ï. Echinus. L'échine. K. Abacw. L’Abaco,ou l’Abaque. | RS SERRE Ent MONS nés LS SÉSARARSAIR LEURS ALES SERRE) En atR ann Re LUS TRUITE RATE USM TT EUR Re RE A RES SLR D RES LE US LEA Le à à Le SES; LOCE TT TER TENTE CR LEE NL LES RSS STE TS ES LL » DS LLLES CENT SS SN SNS ANA VR CAÂLER ES AUS in ARS CRM LS RUE RATES ER ENNUE SAVE ANNEES SENTIR RASE PRET A SN ETES ES ANSE ENOAATENUES ER RESTES il SE AR 418 Chapitre XL IT. ie D A A On, OM bi D \ D LASER D DD 7) N T4 D QE D TN L'on e", ai NA a Re Cornice. Frile. “ARBRE Architraue. Çhapiteau, 1 L’Architeëture. 419 L. Cimatinm. Gueule renuerfee. M. Corona. Coronne. N. Cimatinm. Cimaile. ©. Zophorus. Frile. P. Tenta. Bandeau. Q. Epiffylinm fine « Architrabs. Vaicy l'ordre de la Tofcane en defccndant. À L'œuf, B. Rondeau. C-_ Lifteau ou reiglet. [E D. Coronne, ou Gouttiere. Nb E. Lifteau. F. Gueule renuerfee. G. Frife. H, Lifte del’Architraue. I. L’Architraue. K. Lifteau de lAbaco. 4 L, L’Abaco. | M. L’œuf. . N Lifteau. O. Frife du chapiteau. _P. Rondeau. Q. Collier ou Gorgerin dela colonne. KR. Fufte,ou vifde la colonne, le tronc.le COrPS; le « à Ne Le membrure. S. Ceinture. T.Tore fuperieur. V.Bafe. X. Toreinferieur. . Z. Plinthe. 1. Piedeftal, Mibiréubatenete ur "2 410 Chapitre XL VII. 2. Lifteau ou reigler, 3. Lepatin du piedeftal, la pate. | 11. La proportion eft qu'on fait la colonne Tu- fcane au deflus la quatricfme partie plus menue: qu en bas , tout le refte doit eftre fait à mefure, & on doit Los conte detout iufqu’à À vn atome , & au moindre filet ou faillie qui foit en l'ouurage, tout fe faifant par compas & rien fans raifon & me» fure. Poureftre Archirecte il y faut bien d’autres ingrediens, maïs pour [çauoir parler en voila affez, & celte figure £ fera \ voirà l'œil chaque piece de la Tuitine 12.Le deuxicfme ordre c’eft la Dorique , tous ne font pas d'accord de fes pieces, voicy à peu prés les parties ramaflces. À. Plinthw. Plinthe, B. Pafis. Bale. She Qpee eft le corps quarré du piedeftal. C, Corana. Coronne. D. Cimatium. Cimaife, E. Pinthus. F. Thorus inferior. Thore, G. Supercilinm. Sourcil. H. Scorta. Scotie ou creux. I. Thorus faperior. K. Spira. Suit apres le corps de la colonne ou toute vnie, ou cannelee auec vingt ou plus, canaux fort ft pro- portionnez On la nomme en à Latin Siriata, L. La Phrile. AE ’ M. Cimatium. N. Echinus. O. Plinthus. e. L’'ArchiteËfure. 42) , P. Cimatinm. » Là deflus eft appuyé le refte Q. Epyfhilium. HAL R. Gurtule. Les goutesou clochettes. :, S.Tenia. Lifte, bandeau. T. Trigliphes, ou entre-deux font les Metopes; ou plats & tetes de bœufs; car les anciens fe fét- Uans és facrifices de plats & de bœufs, &c.ils les mettoient aux ornemens des Temples;plats vafes; teftes de bœufs auec des rameaux & des fleurs, & rubans volans, ou s’entreläcans & renoüans en- femble, Entre les Metopes font des canelets & trigliphes à iufte proportion, & en certain nombre, ainfi que les gouttes font fix enfembie d'ordinaire. Des cornes de bœufs pendent des dixains & pate- noîtres, V. Capitellurs. X. Corona, Coronne. Ÿ. Cimatium. Cimaile. Z Scima. Scime. | Entre l’efpace des gouttes on taille biendes ro- faces, fouuent des foudres, ou des pointes de iaue- lots , ou des œufs, fouuent on laifle cela tout nud. Tout celdeft fondé en hiftoire, car du commence- ment apres leurs victoires ils appendoient les ar- mes fanglantes des ennemis vaincus, des trophees, des facrifices en action de grace , les Architectes choïfiffoient de tout cela ce qui pouuoit mieux contenter l'œil en leurs ouurages. sf De vous dire que la Dorique contient quatorze modules ,ou modeles pout eftre à iufte proportiô, cela ne vous feruira de rien , à vous qui ne voulez que fçauoir manier la langue , &. non pasle côpas. | 3 -k | 422 Chapitre XLV II. 13. La Colonne Ionique eft faire à la forme d’v- ne femme , carellea le pied plus petit, la Dorique rcflemble vn homme , & n’a pas le Diametre fi grefle que l'onique. Elle a huit ou neuf parties {e- Jon le iugement du Maiftre. Outre les parties com- munes auec la Dorique on remarque és modernes & anciennes colonnes Toniques. 1. Les volutes & faillies. Æ æœ Z Z = Z S S S à TRS 2. Les Phrifes femees de fleurs. 3. Les dentilles,ou dentelles fur la phrife. CH CETTE 4. Les faces fur faces, CR A a LS SN SRE Te = 7h RL M EE nn ANR At SE ER RSS SSSR SEE SRE SRE SSS RÉ À LAN RARE Te à ER RE RS SNS RSR ER SSSR SS RER SE RE RSS SSSR ES Ar- chi- tra- ue, $- L'Abacus, qui eft comme vn buffet tout plein de plats mis en rang; y entremeflant d’autres cho- fes, & deffous des fieres les vnes à demy fur les autres, ainfi qu'on void à Rome,ou feparees Les vnes des autres. END END) NA TENTENVE OT HN UT NT { l ah | | HER “ At jl ll li] Ur ni (fl it MN ad #e LOU \ {i S À \ à SRE K Fi S à + & À N nt D: DR RS À, lLaScime, | B. Le Timpan. €, LaCoronne. . «9 Dd 4 474 Chapitre XLV IL Ily aencoïe d’autres ornemens particuliers dont ils enioliuent leurs chapiteaux , & les volutes qui font ouuragees de mille fantaifies,de Rofes, de Pa- tenoftres,de Rubans entortillez,de Chapelets en- filez de gros & petits grains-defleuretres. On ma- rie quelquefois l’Ionique auec la Dorique auec fort bonne grace, & tous Les iours on adiouite mille di- uerfitez chacun felon fes appetits. 14. Ainfi que la Dorique a pris fonnom de Do- rus, qui en fut l’Auteur, baftiffant vn temple auec telle inuentionauffi la Corinthienne eft venue pat hazard d’vne Vierge trefpaflee en Corinthe : car on dit que {a nourrifle ayant amafse quelques tui- lettes,pots caflez, & le tout dans vn panier recou- ueft d’une grande tuile, faifanc vn petit rombeau à la mode du païs , aduint qu'il fe trouua là deffous ve racine d’Acanthe, qui au Prin-temps pouffant fes grandes fucilles àtrauers ,s’entortilla d'vne fa- çonfijolie,que Callimachus entra en fantafie d’en faire ainfi des chapiteaux , & agrea fi fort que tout le monde l’imita. Tantoft cefte colonne eft pofee fur fon fonds, tantoft elle eft pofec fur vne autre colonne. Or les fucilles du chapiteau croiffent les vnes fur les au- tres, quafi prouenantes les vnes des autres, les pre- mieres ne font que demies toutes ouuertes, les {2- condes font entieres 18 celles qui font à cofté pouffent leurs pointes en volutes & tigettes, les dernieres fortent quafi comme de petits vales, & ietrent leurs pointes des deux coftez en toute li- berté,rempliffant bien les vuides,Ce font donc où doiuent eftre fucilles de patte d’Ours, dire Achan- te, mais les ouuriers fouuent font des choux & L'eArchiteËzure. 425 & des aftichaux, & ce qui vient au bout de leur tizeau. Deflus ces fueilles on fait des volutes en belle proportion, & fur celles du milieu on mer quelque grande roface & du fruirage,ou autre fantaifie qui eft afife droitement au front dutailloir. Voicy les parties de ce qui cft appuye fur la colonne. L’Architraue qui eft diuifee en trois faces , auee deux Aftragales. À. Fafcia. Face, B. Aftragale furfeme de perles rondes , ou gout- telettes. | C. Fafcia. ' D. Aftragale OI KO TEXS Cecy fe nomme Pefons. E. Faféia. Et toutes ces fix pieces font l’Archi- traue, F. Cimatinm. Cimaile. G. Phrife, H. Cimatium. L. Denriculi. Dentelles. K.Cimatium. L. Echinus. Echine qui eft cout furfemé d'œufs, ou d'ouales, entremeflé de pointes, de iauelots,ou autre fantaifie,& aux bouts de fucillage, M. Corona. Coronne. N.Cimatinm. Cimaife. ©, Scima. Scime. 1$. La derniere eft la compofee, qui eft vn meflange des ordres qui viennent au fecours les vas des autres, & felon l’efprit de l'ouurier , ainf Dd 5 6 Chapitre XL VII. font les deffeins hardis, gais, heureux,& l'œil con- tent.On l'appelle aufh Iralique,car c’eft de l’inuen- tion des Romains comme les autres quatre des Grecs. Le Colilee eft 4florty de tous ces ordres les vns für les autres.La compofee comme la plus mi- gnarde à la bafe plus deliee & gracieufc,onnes’en {eruoit qualit qu'és arcs triomphans. Or les meflanges & compofitions {ont fort bi- zarres,mais belles & agreables.On en void qui ont au Plinthe & au pied de la colonne des teltes de bœufs,& des feftohs arrachez aux cornes, & entre- deux vn plat de facrifice , & desrubans volans; là deflus des liens entortillez , puis le Thor tout nud,l’Aftragale apres tout emperlé de grofies per- les,ou enûie de sroffes pateno(tres, l'autre 7ho7#s à blanc , puis deffus vn fefton de fucilles de Laurier lié de ruban entortillé tout autoür de fort bonne grace , là deffus la colonne ou canelee, ou entor- tillec comme celles du Temple de Salomo, vigne- tee d’vne vigne qui va grimpant contremont, & couure de pampres, de grappes, d’aiguillettes. La frife , la moitie a la Corinthienne de fucilles naif- fantes, l’autre à lIonique ou cannnelee , ou bien à chapiteau fueilete, voiuté à volutes figurces,l’en- tre-deux emperé ; fur le tout vn beau fucillage faillant deflus la fcime , &s’efpanoïiffant en l'air. Tantoft on y met d'autres caprices couurant pat- tie de la baie, d'ondes , d’efcailles fur efcailles, de deuites & laz entortillans des lettres, de vo- lutes faconnecs en cornets , de rubans & liens agençez en diuerfes façons : brefon ne fçauroit dire la diuerfiré des ouurages & inuentions de ce- fle compofce. 16. L’Architeëlure. 427 16, Outre les colonnes il y a diuerfes pieces dont on compofe le baftiment. Les iambes ou iambages d’vn huis, ou porte. Latera offiorum. Arcboutans, eftages, contreforts, (ie ceux qui eftayent & fouftiennent par dehors les murailles. Anterides. | Le fond, l'aire,le parterre,c’eft le fol où on veut affeoir le baftiment. Area. Pianches , bois de fente, membrures, membru- res de fciage , bois fcié, ou fendu, c’eft l'eftoffe. Afferes. Aftragale,c'eft comme vn collier ou carquanqui ceint la colonne, il eft fouuent chargé de fucilla- ges,& brins entrelacez. Bafc & foubaflement , c’eft proprement le pied de Ja colonne, c’eft vn tte qui eft immediate- ment fous le corps de a colonne, & deflus LS deftal. Biocaille,moillon remplage, rempliflage, ce Ent les cailloux tous rudes qui feruenc à repli la mu- raille.Camentum. Chantiers ou cheurons. dont on fait le toit, Centerÿ; la mortaile c’eft le vuide où on enchafle les cheurons;& le Tenon,Cardo, ce qui entre dans la mortaile, Atlas, Cariatides font figures de femmes qui por- sent les modillons. La clef de la voûte, c’eft la pierre du mitan qui {emble ouurir & Ras la voûte, & eftre le cachet. Stylobare, c’eft à dire,porte-colonne,c’eft ce pe- tit mur quarré qui fouftient le corps de la colenne, auec la cornice vn peu forjettee, Corni 218 Chapitre XLVII. Corniche Bande ou tenie, DL I} $ tylobate ou piede- ftal. Bande. Plinthe. Le tailloir & la colonne doit eftre affife à niuea fur la bafe Or la bafe fuit le Scylobate;elle fe diui- fe en deux, le bas c’eft pour Plinthe, puis fuit le Bo- zel, puis le Limbe ou l’Anneau auec l’Apophyge; fuitla Colonne;puis le Chapiteau. | Le Chapiteau contienttrois parties, la plus baffé fe nomme le Gorgerin, en Grec Æypotrachelium; fuit l'Efchine,puis l’Anneau,en fin le Plinche: L'Architefture. 429 FA 2 Æ= = TT = C< = Res Sy Re 7 AA (fa VER be j = — EX À. Plinthe. B. Echine. C. L’Anneau, D. Le Gorgerin. Apres le Gorgerin fuit la Fit commen çant par l'Aftragale, puis l'Apophyge auec le Lim- be.Sur tout ÉCr vient la trabeation appuyee fur la Colonne;voicy ;a figure & les noms. RSC RSRRE LR CES ST EC En ON ESC TRE EE AE RE mn reten sinen pie} URLEU CET TAC TITLES "7 OA UUOET DOTE LT 74 DETTES TO DRE DRE | à 1" UNAUILIM (TI rit f ÿ { LUE IPN ROLE SELLE ELLE ELLE E & S 5 E | ]l if ] | } en DL) E ANUS ASSET RAA AR NN EE NV ÉEURX SARA SERRE D AVES LS SAN PEINE PS RSS ES AIR A Se DANSE TES 1] ] { 1 ps | (! l j | | | } | FE A.Coronne & Cimaile. B. Le menton de la Coronne, grauee auec trois | canelu F7 430 Chapitre XL IE. caneleures,& le tout eft forjetré. C. Cimaife. Naiffelle,ou gueulerenuerfee. D. La Frife ou Zophore. E. La bande ou tenie. F. L'Architraue. La Coronne eft partie dela cornice. 17. La Cornice Dorique cft compofce d'vne autre façon,elle a premierement la Coronne. 2. Lafcime,& le filet ou regle de la fcime. 3. La Coronne au menton auec vne feule cre- ncleure,qui fe nomme Scotia,par Vitruue. 4. La Cimaife fuperieure,puis l infericure. s- La Frife où fontles trigliphes,c'eft à dire trois cuifles,deux canelures entr Pelles puis déux demies au bout & fix IR LL ee LE Le NL RETRAITE 77 larmes AA ana br A penda- 2 2 tesfous KH14 es cuif- NT ES 3 ÿ ANSNNANANNENS NNNNAN SR ERNNNE CR à à A ePA A A Le À 1 2 fes caneleures. Or ce mot de trigliphes vient de ces caneleures creufees on treuueés vieilles pieces des Hexaglyphes, c'eft à dire fix caneleures , & autant de cuïfles ; on nomme aufli ces caneleures des rayons, graueures; &c: Entre les Trigliphes font les Metopes quarrees, meublees de teftes de bœufs , portant les teftes liees de cheuelieres, auec des Aoure fruits fueilles, des perles, le tout relié auec des rubans & bande- lertes : aux autres font des plats. On les nomme Mctopes, parce qu'elles font entre-deux opes on Héts où repofent les cheurons, oules aix, 6. L'Architeéfure. 434. 6. Suit la tenie qui fe forjettre, & defflonsiceil= droit fous les trigliphes font les fix larmes, eu gouttes à mode de toupies renuerfees , ou petites clochetres. 18.En la Jonique la Frife fe dit auf cauai[onsla Coronne eft dentelee, c’eft vne bande coupee à mode de dents qui reprelentent les tetes des aix, L'entablement,ou les tailloir qu'on dit en Latin _Abacus , d'où fartent & fe forjettent les volures, Entre les volutes on engraue dans l'echine des ouicüles, où œufs, ou bien ouales & ouuesaflifes dans de petits creux ronds, iufques au haut ni- ucllement de l'œil. On faitaufli vn Cercle qu’on nomme Fœæil de la Colonne , qui eft diuife en huit lignes au haut de Ja Colonne. Encre les œufs, on graue des dards barbillon- nez de cofté & d'autre. On enfile aufli des perles auec leurs verticilles. On met des cordelertes , & autres telsorneimens. On dit auflivne cAbÈre coiffee de fon chapiteau. Au chapiteau Corinthien les fucilles d’ de ( ou Branque Vrfine) ). font enticres, ou nailfan. tes & demies; les parties les plus elfes Ce Laif fent tomber 6s angles pour faire des volures ou petits lierrés , & faut qu'il en ait hui , les plus molles fe gliflenc derriere les autres sale, a des rie ges aufli d'où fortent des fleurs; les grandes fueil- leë {ont au milieu de l'Abacus citenduës CORLEE= mont, & vn peu penchanctes {ur (oy, && “puces Ces mots de trabeation ou trauaifon, cola Raifon, & femblables {ont aflez clairs, pout faire de petites volutes, à à 4 Mod Aid 432 (Chapitre XLVII. _ Modules, ou Modillons en Francois, fe nom nent Corbeaux.Les reuolations des volutes & ar- tondiffemens des doubles volutes.Les Chapiteaux fe pofent fur les gorges de la Colonne, non au ni- ueati,mais par emboiftures. 19. Pour baftir folidement il faut trouuer Le li de la terre ferme ; f le fond eft m2l vny ou maref- cageux il le faut tarir, ou ficher de bons pieux à grands coups de bellier qui eft la machine ordi- naite. Puis là deffus on leué le Stylobate , le iufti- fiant à la regle & au niueau. Les degrez doiuent eftre non-pairs , afin que commençant à monter du pied droit on fe trouue au dernier fur le pied doit en bonne démarche. Le degré doit eftre de dix pouces;le repofoir, aire, ou palliere doit auoir enuiron deux pieds de lar- geur , pour faire l’efcalier bien aise à l'entrée d’vn Temple. La premiere couche ou filiere depiertes,ä pro- pe de la hauteur & groffeur , ilfaut auffi faire es faillies. ; | L’entrecoupeure de la dentelure,dite des Grecs Metoche, quieft le vuide creufé entreles dents, doit auoir fa iufte proportion ; puis la doucinere- Snantt deflus.Ortoute faillie qui a autant de reffort _ où forfet que de hauteur,en eft-plus belle: Deflus L'Architetture. 433 ù SE f L N 4| 2 ) FX k Et (D : x Rs SN { ù 1 RIT f [ jun Î y! fl Î I ARR | su) N It EU EER LOI TCEENNTIEMNEE TENTE EN E CTOTEPNIPE CT EOTE ETIENNE Deflus tout cela on mec le faifte triangulaire À. ou B irrondy, & les doucines bien à propos, S, e (} NU à Sue mu ; 4 } NOUS y Ds QUE | MALE 2c° Dorus fut le premier qui fur la formed vn homme fit la Dorique s4s beaucoup d’ornemens, Depu'son fit la fonique fur la forme des femmes, d'où vient qu'elle eft plus mignarde,&ornee en la | pafe: Donc ils fappoferent vn bozel ou fpireen lieu de patin & foulier, au chapireau des volutes pour perruques & cheueux annellez & entortil- | lez,puis mirent av front des cimaifes,&doucines, | les ornans de feftons,fueillages, & autres rels af- fiquets des teftes de femmes; le corps toutcan- ncllé & pliffé pour reprefencer les 5e des Da- La À EC ue. 434 Chapitre XLVII. mes. Les canelures font plus & moins enfoncees lentredeux fe nomme Areftes.De la Corinthien- ne,ïen ay parlé au nombre 14.ïadioufte que les Helices,ou Vrillesen façon de Carroches.fe doi- uent rencontrer au milieu du Chapiteau,& eftre droitement mifes à plomb de la Roface qui fort contte le front du tailloir. 21.On fait porter aux colonnes,iambages des portes;pilaftres,ou montans & contreforts de la muraille,de gros fommiers, poutres,poitrails , ou fablieres:puis des foliues au plancher pour fou- ftenir les aix. On met aufli pour faireles toiéts des filieres qui regneront {ur les coupeaux du pignô ou comble. Ces filieres font fouften uës par des boifes en trauers;,le{quelles portent des aiguilles ou fléches appuyez de leurs cenons. On fait de grandes faillies aux toits, afin que l’eau ne face tort aux murailles. Pour couurir la couppure des foliues, & le foriét du bois qui forroit hors de : l’allignement,on a treuuélestrigliphes , & pour l'entre-deux les Modillons & Meropes? cefte ne- ceflire a efté caufe de ces ornemens.Les Grecs ap- pellent les couches de foliues Opes, & l'entre- deux Aferepes, nous les nommons des creux & troux de Colombier.La dentelure,& foriect d’aix crenelez, en l’ordre lonique a efté inuenree à mefine deffein , & les modillons en la Dorique, qui fontcommetefles & faillies de chéurons. 12, L'Epiftyle ou l’Architraue auec {a platte- bande, fous laquelle pofent les larmes procedan- tes de la tringle à plomb des trigliphes. Sur les milieux des trigliphes on tire vne ligne à plomb nommee Ârefte, en Latin Femaxr,en Grec Miros; tuec ces Arcftes on façonneles canaux ou coches L'Architellure. | 436 des trigliphes à la reigle. Les Meropes fe ficon- nent aux plais fonds des Cornices,on les nomme Lacunaires. Ç 2 3.On appelle ouurage Diaftyle, Tetraftyle,& Hexaftyle, dont l'entre colonne emporte la gtof feur de deux,quatre ou fix colonnes.Et le rencon- tre eft de quatre ou fix colonnes. | 24. Aux portes da temple faut obferuér les piedroits,les membres ornez de demy raille, le claueau, la Cimaife regnant attour du front;&fe joignant aux o"g'ets & extrémitez,les rouleatx, Carroches ou Confolateurs,& Eonfoles,&c.Les fueillures , les deux battans de l'huyfferie amec leurs pinots enchaffez dans Îe fueil ; les tympans ou panneaux aflis encre les deux battans, le fron- teau,les trauertans. 2$.Quand les morraifes faires à queué d’Aron- delle ou autrement ; font cheuillees & enclauées auec tenons de fer à vis, il faut qu'il y ait de l’ef- pace entre les cheuilleures &bandages, car files fers fe rouchent & ne pevuent receuoir larefpira- tion ou raffrefchiflement du vent , ils s’efchauf- fent l’vn contre l’autre,& fe roüillant font pour- tir le bois, 26. La voix n’eftant qu'un air fluant qui pliffe par l'air à ondees & cercles, on treuue des lieux nommez circonfonans,où la voix diuaguant par- my l’air,elle efclatte fans aucune rencontre qui la allie & r'amene aux aureailles, &en finfe rend que & s’eftend au mican, ne laiflanr qu'vn fon inarticule , & embroüillé dans l'efprit de l'Auditeur. Les refonans font ceux où Ag renconcr£t e'a sl 436 Chapitre XLVIL aucuns corps folides treflaut & exprime quel-. ‘aues barbotemens, & faifanr fes derniers accens, TL ble , & des échos fourds & confus deceuant l’Auditeur. Les confonans,c’eft où la voûte, ou courbeure &c cambreure eft f bien faite qu’elle aide la voix à monter, & fe gliffer dans l’aureille fi diftinéte- menr,qu’on n’en perd pas vne fyllabe. ? 27.Pour fouftenir le faix des baftimens faut faire de bonnes arches en muraille, & mettre de bons panneaux de ioinétous refpon dans au centre de la clef qui les fermera ; car ainfi la matiere foula- gee de {on fardeau ne fe cambrera point, ny les {oliues ne £ démentiront point , ny le baftiment ne s’affuffera nullement, Mais encor que les panneaux de ioinét venant à eftre preffez du far- deau foulaffent leurs panneaux de couche, & _ pouffaffent hors les clefs des voûtes, ou leurs im- poftes, qu'on dit Affietres, fi faut-il que les piles d’embas, & les fouftenemens foient fi maflifs qu’ils portent aisément le faix. Impoft L'Architefure. 437 Impofte ou affierte. AL Sr ù EURE IL A Nu 241 ; , | % j COCA PR EE p D 4 28. Faut que les fondemens foient fi folides,fi bien niuelez ,& fibien maçonnez que le’boule- ment des rerres ne les puiffe efbranler;ny mettre hors de lieu les cloftures des baftimens.Il jes faut donc fortifier d’Anterides , Erifmes ; ou contre- forts qui commencerit à monter depuis le Tuf, ou lit de terre ferme , iufqu’au haut ; que dans œu- ure, & contre le terrain cela foit fzir à dents de {cie,& les areftes des coings bien façonnées , & les couches de la maconnerie bien faites. 29. La beauré des maifonnages gift en trois points,en la fubrilité de la manufacture,la magni- | Ee 3 aid 438 Chapitre XL 11 ficence riche, & la iudicieufe difpofition. C'eft à dire,belle apparence;commodisé d’vfage, deco- ration de fymmerric. 30.11 y a cinq éfpeces de baffe- courts, Tufcane, Corinthienne, Tetraftyle, ou garnie de quatre Colonnes, Difpluuiee , & tellement defcouuerte que la pluye de routes parts peut tomber dedans, Teftudinee ou voutee à Berceaux,ou retubes , & culs de four.La Tufcane eft quand les foliues tra- uerfantés auront leurs. faillies pofantes fur des foufpeuduës, & pour receuoir les pluyes certains cours de tuiles faiftieres ou canaux, defquels par Efuyers couuerts de planches, l’eau fe pourra cou- ler en la cifterne pratiquee au deffous du plan. 31. Pour bien pauer les chambres, entre les ou- urages de poliffure la ruderation, (tepous,c'eft le boccage de marbre, qui cher quand les ouuriers taillent leurs pierres ) ou‘plaquement de mortier qui rendent les aires bien folides tient le premier lieu, il fe faut garder de plancher d’aix qui fe re- jettent & gauchiffent aisément, car cela eft caufe des fendaffes aux planchers , & faut mettre ent:e deux de la fougere feche, pour contregarder la charpenterie des vapeurs du mortier, fautauoir de bonne terraffe pour plaquer à iufte mefure , & faire la premiere couche bien folide, fur cefte el- caille affiez à niueau voftre paué de Marqueterie ou Mofarque ou bien de grâdes lozanges cfquar- ries,plombees,& d’vn beau coloris,ou bien d'ou- urage à tuile ou à efpy. | Quura Lei la 439 ë LIL 11/ RS bn œS U Y), , WU EE 85 VIN UD E SN 0 s nn] à 5 Ô € NT Q 32.L'Architeétedoci fçauoir comme il faut pein- Ec 4 440 Chapitre XLVII. die les edifices , & en donner les premieres Idees aa Peintre ; aux lieux bien grands il faut peindre des Theatres, Scenes, Perfpeétiues pleines de co- lonnes,portaux;ruës,feintes. Es galeries on peind des iardinages,parterres, mappemondes, maifons de plaifances, Marine couueïte de Galeres,& vaif- feaux;combats.flotres,armees campees;paifages, & forefts , fables en grard volume; fantafes im- poffibles dofit oncharge l’incruftature, pluftoft que des remembrances des corporalitez qui font, en cftre. $ | Quand les Peintres fuiuent leur quinte,& la: . verue failit leur pinceauils font des harpies dont les queués abboutiffent en floccars,i coftes reue- ftuës de fueilles crepelées, devolutes garnies de rofaces ; des candelabres d’où fortent des rain- feaux de fueillages delicats & forr efgayez , qui porteront des petits enfans aflis,bien enioüez & follaftrant enfemble;des bouillons de fleurs for- tac des fueillards,& de là certaines moiciez d’ani- - maux incognus,demy hommes finiffant en beftes brutes, mille Caprices qui font mieux receus que les veritez mefmes,car il femble qu’on fe delete à eftre trompé. 33. On dit affeoir les groffes pieces, faire la couche du bois, ou des pierres, la premiere main de placage contre la muraille de mortier re ef- pais pour faire la croufte;puis on met la feconde couche de mortier delié & delicat qui s’applanit doucement, & met tout à légal & à niueau. On dit prendre vn fauallignement.ou prendre bien l'allignement. | | 34-Pour guinder les fardeaux ôn fe fert de ma- chines chines qui font affemblages de bois qui pat rou- lemens de chofes circulaires ont vne meruéilleu- fe force pour foupefer les groffes pieces de bois 8 d'engins fe nomme Acrouatique ; l’autre forte matique, fair {es effets à force de l'air & du venr, qui s'entonne & s'enfonce dedans auec violence, par le moyen d’attachons & expreflions ou ef- praintes de vent qui anime toute la machine ; en fair à force d'engins , aflemblage de membrures, entretoiles,tortillement de cordages , contreforts, archoutans, eftamperche, trauerfans , entéz dans les morraifes ; mais la fpirituelle qui ne iouë que par efpric & vent, fait mille beaux effets & fait or- ganiquement , là où l'autre ne fait que mechani- quement mouuant les roüages affez lourdement, & auec des moulinets aflez grofliers. Ces machines fe nomment de leurs figures, | Gruë, Singe owergare ; Cheure ; Truyetre Tour- noir ou Sucula; le Tympan ; Treuil . Mouffles, barres , efcharpes ; pieux courbez où à tefte de croffe, bellier , hie ou mailler ferré , poulies fonc pieces dont on baftit cés'organes, & machines tra- | attirantes. Automates font engins qui fe remuënc d’eux mefmes. Dioptre, c’eft vn inftrument à niueller de l’eau. Entafis,c’eft l’enflure & le renflement des colonnes. Frife, c’eft vne platre bande entre l’Architraue & la Cornice,en laquelle on entaille mille fanta- fes à demy- boffe pour ef gayer labelongne. Een s étoires, ou leuantes en lair,pouffantes , roulantes, | L'Architeure. à AAt. de pierre, celle donc qui fert à monter auec effort : qui eft machine (piricuelle qu'on nomme Pneu- la premiereil n’y a nul artifice , parce que tout fe 442 Chapitre XLVIL Mouffle ou bandage, où font plufeurs poulions . pour guinder les fardeaux. | 35. Lepideftal auec ces ornemens , moulures, addouciflemens, doic eftre le tiers de la colonne; l'Architraue , Frife , & Cornice la quatriefme par- tie, On mefure tout cela par modules, Si la Co- | Jonnea vingt & vn module, le Piedeftal en aura . fepr. La Tufcane a en hauteur fa groffeur fept … fois. | 36. La Proiecture, faillie ; ou larmiere des im- poites (qui ne doiuent paffer la moitie des colon- nes) font ces membres qui appuyent les arcades qui fe font entre lescolonnes. & Le L'ArchiteËfuré 443 A. Impoltes. Er ces membres quarrez qui fau- nent les impoñtes , ou, faillies,. fenomment IAres ; piliers quarrez. 37- Oa IN 444 Chapitre XLVI1I. 37. On nomme ces canaux de la colonne loni- que & Dorique, desrayons , canéleures , & quant cela eft plein on nomme baftons , & colonne em- baftonnee. Les creux des Trigliphes fe nomment auflirayons & canaux. 38.Les fleurs & fruicts pefle-meflez en la Frife d’vn feulnom fe nommentle Fruitage, Encarpa. Le faifte,ou couper d’vn édifice ou frontifpice, fafti- gium. Arc,;arche,voüre,dome, font tous differens; . 1e Dome eft rond comme vne Sphere;la Voûte eft trenchée de deux arcs qui s’entrecroifent à la clef; : l'Arche eft vne voûte toute d’vne cambrure fans arcs entrecouppans;l’Arc c’eft vne fimple corbeu- re:l’arc,la chorde ; la fléche. On confond fouvent ces termes. Vne voûte fort exaucée , & qui s’en- uole en l’air à demy rond, en plein rond, à anfe de panier,en arefte,en berceau. 39.Paué à l’air,à couuett,lambriffé,de marque- terie,à la Mofaïque,& de pieces rapportees , à ou- urages d’efpy,à chuile,à briques plombees, à fang debœuf,àla Venitienne.à figures,à entrelafflemens. de pierres colorees emnblema, à lozange de marbre. - 40. L’entablement , faillie, ou larmier , c’elt la couronne qui couure la muraille: & fe pouflanc ors fait diftiler la pluye goutte à goucte,ë& lar-. ne à larme hors de la muraille , d’ou elle a prins ce nom de larmier. “ar. Les parties & membrures d’vne fencftre,. font les pieds droits & iambages ; la croifee ou moyen ; lélinteau & haut de la feneftre qu'on nomme la cablerte; l’accoudoir ou paufoir , c’eft Je basopposé au linteau. jé Cheminee a fon manteau, fes confoles , termes | &c L’ArchiteëZure. 44S . & ftatués , niches, cornices & volutes,le canon & tuyau,les iambages & les bafes , la plaque de fon- e,les chenerts de parade,les allamoirs qui font des boulettes d’airain pleines d’eau auec vn petit fou- pirail plantees fur l’atre. 42.Si le baftiment n’eft bien conduit la voûte s’affaifle,les murs pouffent & font ventre, les bois {e fendent & vermouliffenr, les pieces fe lafchent, tout fe dement de tout cofté, le baftimenc prend coup & efclatre , les creuaffes s’entr'ouurent , & menacent ruine , partant fauc renforcer les angles & offemens des parois, depuis le rez de la chauffee jufques au haut, de pierres fortes , l’armer de ban- des & clefs de fer. Les parties principales d'vne piece d’Architeiture. A. La grande Cornice. B. Le quarré du tableau,ou milieu , champ,fur- face. C. Piedeftal. D. Volures ornees de fueilles en forme de con- {oles. E. La rargue,ayant en tefte vne rofe , au bas va Cherubin,ou aurre telle fanrafñe. - Se F. Lauriers qui fortent des rouleaux , ou carto- ches de la rargue; Cartoche ou papier roule par les deux bouts, l’yn au contraire del’autre, G. Les Trigliphes dans la Frife. H. Les Mepotes , dans le quarté defquelles on met des reftes de beftes. 1. C’eft vn Marbre debaffe taille, ou de bas re- lief où l'on pofe quelque figure. K. Pied 446 Chapitre L'XVII K. Piedeftal du cofté droit qui fouftient vn An- ge de boffe ronde,ou autre ftaruë. L. Le gauche. M. Pierre d’artente. ; N. Le premier cofté & montant-de tout l’ordre ©. Le fecond. P. Frife de la Cornice ,& deffus dumontant, : Q. Le recour de [a Cornice. R. Leterme qui eft deflous le retour;,c’eft quel- que Satyre,ou autre ftatuë. _$. Le deffous du montant, ou l'on meten petite taille quelque hiftoire. Abacus. T. Le chef,la tefte, le haut de l'œuure. V: Les gourtes,ou les œufs. X. Les clochettes. Z. La dentelle. m7 L'ArchiteËture. 447 © Suit vne liffe des Enrichiffemens des mages d'Architeilure. 1. Chappeaux de triomphe , liez de no eile (oye flottante. 2. Groréfques. Hommes habillez à manteaux volans. 3. Arabef. ques. Hommes s'acheuans en beftes, en fueillages, &c. 4. Teites de bœufs feches, d’où FraRRee ue. riches de fucillage. 5. Mafques. 6. Cornets d’abondance. 7. Fucillage. Vafes. Satyres. Monftres. Beftions. Rofaces. 8. Billertes enfilees (ils femblent chappelets.) 9. Entrelaflures debranches, hommes, beftes. 10. Tour cela s’entaille dansla Frife, 11. Moulures, & ornemens de l’Architraue. Moulure à fucillage. 12. Lineamens. 13. Lizieres ornees de billerces,ou boulettes. 14. Chappeaux de verdure,dans le vuide de leur rond , fonc entaillez & cifelez à demy-boffe, des demy-figares qui fe iettenc hors de l'œuure. Guir- lande. 15. Le bésél d’enhaut & d’embas. Etle cantre- bozel. 16. Les filets. Vne corde de billettes. 17. Fuzee. Oreilles de fouris refenduës en ma- niere de fucillage. 18. Plat-fonds ou concaue, des ronds,des chap- peaux de verdure, d’où fortent les figures. 19. Les | 448 Chapitre XLPII. 19. Les faillies de la Frife. >... 20. Colonne canelee,& rudentee, c’eft quand Ja moitié eft faire de canaux » & le bas eft de ca: naux comme remplis de baftons ronds. Rudentu- re,caneleure. 21. Les Chapiteaux couuers de tailloirs,ou tail- leaux efchancrez, & au milieu de l’efchancrure vae fleur de lys. | _ 22.La volture de l’arcade, où porte lacourbure . Les coftieres ou iambages de la porte.La clef, or “coing de la volture , eft au miran , eft quaf toute hors du mafif. /c'eft à dire,du corps du baftimét. & des groffes pierres.) Les ceintures des jambages 23.Petits enfans volans à demyboffe, _ : 24 L’Architraue eft fur les Chapiteaux, la Frife fut l’Architraue;la grande Cornice fur la Frife ;'ce qui cft deflus diuisé en Quarreaux ou niches, s’ap- pelle les faillies de la niche,les vneseftant à plomt fur le vif des Colonnes , les autres fur les arcades 2$.Frontifpice,la pointe & la cefte du Frontifpi- ce ; les Cymes, ce font lignes pendantes qui fon le Frontilpice,& le forment en triangle. | 26.Figuretres qui fe pratiquent en certains lieu à 12 defrobee, pour remplirle fond , & les vuides 27: L'ouurage eft fi entier, & fi fain, qu’vn feul quarreau ne s'en eft encor démenty. 28.Feftons ou faiffeaux de fucillages , à tefte de pauot,de fruits,&c.liez auec des rubans volans, & faifant femblantde pafer par des boucles. | 29. Sur cent piliers eft affife la voûte ronde cul de four ; ou retube , & {ur cefté voûte de la tounclle , eft vne lanterne à huit feneftres » quia en tefte vn globe d’or. er | | 30.La 4 L'Architelture 449 30.La ceinture de la maffonnerie qui eftdedans, en veur vne autre dehors, 31.Les Piliers & Pilaftres font empietez fur des moulures qui leur feruent de bafe, fermées en trois degrez au niueau du paué de dedans, & cei- gnent toutlebaftimenr en rond. 32.Des replis des Cartoches fortent des brâche golfes de febues demy-ouuertes , &c. 33.Saillies, ou proiectures à plomb fur les co- Jonnes, 34.Couuertures à efcailles d'argent entrecoup= pées de coftes de melons dorées du haut à bas, ayant des baluftres de bronze fur foy, & vne lan- terne de criftal. | f 35. Vn coffre aflis fur deux pieds d’harpies 2p- puyez {ur vn Plinche, qui eftoit fur le plan dela haute Corniche qui regnoit fur quatre pilliers, ayant au dedans vne voûürure à quarreaux & rofa- ces, d’où failloit vn efcrireau volant auec fes iet- tres, Miroir d’or de verité, & l’autre, Miroir d’vn yray amOutr;qui eftoit en face de la perfpectiue. 36.Les vafes affis à plomb fur les colonnes(con- tinuées par arceaux qui fouftiennent l’Architraue en rond) auoient la ventrure de trois pieds ornée d’yne ceintare, ou platte bande, puis s’eftreciffant en amont venant vers le gouler,comme aufli vers le pied;les anfes font deux Dauphins recourbez, & qui motdent les léures du vafe. 37.Le toit monte en pointe, & fait vne pyra- mide qui n'a qu’un œil , ou feneftre en rond ; au haut y pofe vn Aigle volant,à l’entour fur des fe- ftons pendans fe branchent quatre Aigles à aifles defployces. Ff 450 Chapitre XLVII _ 38.Table de marbre,ou table d’atrente Niche,ou nid où font polées les ftaruës. 39.Sur la pomme de la lanterne il ÿ a vn piuot qui enfile,& larde vn coq doré qui tourne à tout vent, | Les Hiros y cftoienten demy boffe,mais fi pro- . premen: dénuez que les figures fembloient fortir ! hors du fond,& fe ieiter hors l’ouurage. | Les moulures à parquets ronds & quarrez 4 eftoient parfemées de roles a demy-taille;tehauf- # séés d’or, & le fonds couché d'azur. N fl TERMESW GS TO NTPCNINIREAS ONE ER TO CHALITRE XLVIII. *ArT de Perfp-Œiue, ou Optique fert infiniment à l’Archiréture , elle con- LE fifte à la confideration dediuers afpects de toutes les chofes qui fe peuuent prefenter à l'œil fur terre, foit qu'on les regarde de front, (de crauers,d’enhaut,d'embäs, en toute Façon.L'a- Idreffe que donne cét Art confifte en feétions de lignes , afin de donner afliette , forme, grandeur, proportion,;aux corps,furfaces,païfages,& tout ce qu’on veut faire. 2. La fource de tout cér Art vient de la nature de noftre veu , à laquelle les chofes fe reprefen- lent en diuerfes façons & felon que l'œil lesre- garde de prés , de loin , de haut, de trauers, ainfi emblent-elles rondes, quarrées, ouales, tortuës, en pyramide, en mille façons. Cét Art confifte on trois efpeces. Premierement, Plates formes Geomerrales. .Secondement, Superficies & fur- jaces Perfpectiues. Tiercement, Corps folides & maflifs., . dar us 3.Le nom des lignes neceffaires en cét At qui ft fort agreable,font celles-cy. : | | C3 Éus : 492 Chapitre XLVIIL oo — A. Le traiét quarré, fait d'vne ligne perpendi- culaire,& l’autre trauerfante. ; B. C. Sont les deux lignes principales en cct Art, dont l’vne fe prend comme fi elle fortoit de J'œii de celuy qui regarde,& fe nomme Horizon- tale Perfpeitine. 453 tale ; l’autre trauerfante fe nomme Ligne-terre, parce que c’eft vne ligne qui eft deflous les pieds de celuy qui regarde. Ainfi B.eft toufiours releue, aufli en haut par deflus C. qu’eft la grandeur du perfonnage qui regarde. malt. 4 EE Et la ligne Horizontaleeft le poin& de la veué, ou la prunelle de l’œil,& le poinét principal. Et en icelle mefme font les tiers poinêts en égale di- ftance du poinét principal. D.Lignes perpendiculaires. E.La Ligne-terre eft commencement du plan Perfpe@if,elle fait roufours la feparation, & ef entre le Plan Perfpectif & le Plan Geometral. F. Ligne circonferante, celle qui trenche à crauers, c’eft le diametre. es G.Triangie. H.Ligne fpirale & rortuc. 1.Quarre parfait. K. Ligne diagonale & trauerfante d'Angleen angle. L.Vn cube. M. Ligne fuperdiagonale qui trauerfe le corps folide,là où la diagonale ne va que fur vne face. N.lnterfeétion de lignes s’entrecoupant à an- gles inégaux. FF 3 A$4 Chapitre XLVIIL. Ligne LRU LA. Tà Horizontale : PS te. A.C'’eft le point principal, B.C.Les tiers poincts. D.Plan Perfpeëtif. E.Lione cerre. F,P an Geometral. YVoiL: 4 … Perfpectiue. 45£ ©” Voila le fondement de cét Arr, car en ces poinéts Mn lignes,fections, & aux po néts accidentaux kl qui furuiennent,oift la principale partie de la Perfpediue. Les termes orainaires font. | 1. Raccourciffement d’vne chofe veué par le _ front;veuë par fon. angle direétement;par lignés _ radiales,ou pyramidales,les diagonales rirées; les trauerfantes,les circonferantes,les ronds , les dif- ferentes affierres de la veué;la veuc par les ccft:z, & faut garder de paffer les cermes de l'entreprife, & ne donner plus longue eftenduë aux baftimens ou paifages, que ce que la veuë peut potter natu- rellement , autrement il fera faux & hors de l'en- treprife de la veuë. | | 2. Toutes les choles, veuës vont radier & fe rendent par droiteslignes à l’æ1l du voyant & au poinét principal. Les lignes radiales ou vifualess auec leursifeétions font lés raccourcifflemens,pros fondirez, rehaufflemens.Et pour peu que la chofe veué fair efloignée de l'œil ; toufours elle dimi- nué,& cft raccourcie. | 3.Les tiers poincts font toufiouts auffi loin da point principal,que le persônage eft loin de l'œu- ure qu'il veut feindre.Vne ligne qui baie & rou- che tout doucement l'autre.Ligne qui en croife ve autre;qui perce d'outre en outre vn corps {o- lideiles tiers poinéts aident à faire la conduité des raccourciflemensitirer des lignes perfpeétinemér, diagonalement & d’angie en angle;coupper les li- gnessprendre l’efpaifleur ou diamertre d’vn corps ? FF 4 A 4$G Chapitre XLV1II. {olide.Lignes qui traucrfent naturellement. 4-Plattes formes mifes à l’aduenture;& neant- moins ailees à remettre en Perfpeétine. Corps fo- Jide couché à plat,ou dreffé à cofté,ou eXagonc & etoile à fix pointesiles faces differentes & diuers regards des corps folides. S-Prendre fon origine de quelque chofe perpen- diculairement & à ploib,ou diagonalement , ou diametralement. Des cubes percez à jour veus de front on par angle. Ronds efleuez en corps foli- des veus en differentes affiettes & poftures. Faire des ronde ou figures fans aucune couppe de lio- nes & d’vn fimple contour de compas. 6.Plattes-formes cornuës & hors de toute iufte quarture. Lignes naifflantes & extraites des au- trés,& r'enuoyées à mont,ou en bas. Arcs fondez fur lignes diagonales.Colonnes erigées fur Stylo- aties auec toutes les iuftes proportions des mou- leures,faillies;colonne toute nuc,ou enrichie d’or- nemens. 7-Quelquefois les plans perfpedifs d’où for- tent & s’efleuent les corps folides, fe conduifent feulement par le poinét principal ; auttefois par les tiers poin&s, voire par le pois: &accidental. Le centre de la colonne,la quartrure du Taiïillouer du chapitaeu &,1: nud le corps de la colonne,le cali- bre du chapiteau, le montant de la colonne » les quatre angles faifant le nud du Stylobare,la gran- de faillie de la colonne,les membres du chapiteau, Architraue,&c 8.Non feulement on peut reduire en l’Art de Perfpectiue,& au plan perfpeétif, les cinq ordres des colonnes les tirant de [à auec tous leurs 5 | bres | Perfpeéñne. 457 bres,mais auf les cing corpsreguliers de la Geo- metrie,& l’eleuation d’iceux en corps folide,com- me le Triangle à quatre faces nommé Terraedrum. A. 2.L'Otaedruim, c'eft à dire,à huiét faces qui tan- coft et déueloppé;,tantoft enueloppé.B. 3. Le Cube dreffé {ur {a pointe.4.Do- decaedrum compolé de douze pentagones & faces à cing angles. 5 .L’Ifcofaedrum qui contient vingt faces. En fin on peut aufli reduire les ronds fpheriques au Plan Perfpectif & l’arrondir de rond parfait & complet. 9.Quelque part que nous foyons nous faifons le centre de toutes chofes qui nous enuironnent, en forte que tout ce que nous voyons à l’entour de nous et circonferamment racourcy. 10,Cét Art eft neceffaire en Peinture pour faire les r’entremens , efluignemens, poftures differen- tes , les Perfpeétiues , les afliertes naturelles, 7 a +4 460 — | SPANPANSANSANNIEANEIRE ROROPOMONONCE DV F.41ICT DE LA ME NPISERIEÆ RL EST PARTIS de L’'Architeëture. CHAPLEX EI XX: STABLIER, fur lequel on fait la beforgne. 7] ELES 2. Le Vallet, ceft vn efpece de red crochet de fer, qai fiché dans vn trou, tient ferme le bois duc en Œuure. 3.Le Varlop entier. 4.Guillaume,c’eft vn demy-rabor. s.Cizeau,de toute forte.Cizeler. 6.Le Fermoir,c’eft comme j’inftrument à pren- dre la mefure des pieds. 7.Rabot.Le gros pour efbaucher la befongne. Le petit pour applanir ; qui raborte en creufant, & fillonnant; qui fait des baftons fortant d’vn creux :qui, &c. Rabot rond, qui fait le canal. rond. 8. Le bec.d'afne,pour dreffer la mortaile. 9. Fucilleret pour dégauchir. 10. Reiglette à pied. Lefquierre. La Menui/[erie. 461 Lefquierre. Le triangle pour tracer droit. 11. Quille bouquet pour dreffer les mortaifessc’eft à di- re,concauitez:Compas. 12.Efchantillé. Mouchettes, qui font les chofes rondes, 13.Les outils de moulures, 14. Guillaume debout,ou de cofté. __ a$.Bouuet à reprofondir, & à efligir, c’eft à di- re, poff delinearum lignum refcindcre. 16.Fermoir ànez rond. 17. Outil de caille : taille eft ouurage auec des teftes & figures. Enrichiffement c’eft ouurage de fueillages, branchages, rofaces , &c. Outil d'enri- chiffement. 18. Sie à fendre.à debiter, à renons,à tourner. 19.Arminette pour dégroffer le bois. Hache. 20.Gouche.Outil de taille pour faire le rond. 21. Dauid, ou le fergent de fer qui tient es aix collez frefchement. | 22.Virebrequin,ou Vibrequin. 23.Le crochet, qui arreffe les aix. 24. Fer deruftique, c’eft à dire,qui imprime des. rofes,& eftoilles,&c. tout en vn coup. 2ç. Efmorcherletenon, c’eft à dire , entamer auec la tariere,pour y planter apres le clou. 26.Detiroir, vn fer long , quarré , pointu pour faire Le trou aux cheuilles, 27.Vndefie cheuilles. 28.Le bois vif,loyal, marchand,c'eft a dire, Le bon pour les ouurages. Le mauuais ef, premieré- ment pourry.2. Ge hf,c'et à dire , qui aefté gelé, car 462 Chapitre XLIX. car il fe fend,s’entr'ouure en petits filets,& fe cre- uaffanc efparpilleroit l'enrichiflement, & les ou urages.3. Le bois piqué,c’eft à dire, vermoulu , & picoré des petites beftioles naifantes. 4. Le bois efchauffé , car il pourtit bien-toft : c’eft quand les aix preflez s’efchauffent, ou que le bois eft en lieu trop chaud, &c. 29. Marquetage : c'eft ouurage fait de diuerfes pieces de bois de plufieurs couleurs. 30. Le mailletde bois. | 31. Taille douce, c’eft à dire , platte , & qui ne releue.Relief,qui releue à demy , & demeure l’au- tre moitié dans le fonds.En bofle,ou plein relief, qui fe iette entierement hors de l’œuure,& quitte le fonds, &a toute fa rondeur en l'air. Taille d’ef- patgne : c'eft quand pour efpargner le fonds,auec milcraicts , & lignes on hache du & menu. le fonds, laiffant quelque petit poinét de iour entre- deux, pour feindre vne concauité:, fans endom- mager le fonds. | 167 32. Sauterelle , c’eft à dire, vn compas de bois qui fert à tout faire,& quarré, 8 aigu , & pointu; c'eft quafi le maiftre inftrument des compagnons de boutique. | | 33.Polir l’ouurage & l’enrichiflement , c’eft le frotter auec la peau de Chien-Marin,oud’efcorce de noix verde , ou luy donner luftre auec vn filer de cire, eftendu par deflus au tour , donnant du pied fur Ja marche, &branlant la perche, & la chorde , tenant {ur le fupporc vn bafton plat au bout,qui difpenfe la cire à fleur de peau, & donne efclar a l'œuure.Le polifloir. ;4. Le gré ouafhloire ; où l’on donne pointe | aux La Menuiferie. 463 aux outils, & le fil. … 35. Piece à dégaucher le bois, & longle qui émpefche que les tenons ne ioignent bien. Cela fe dit defongler , c’eft à dire , coupper l’extremité du bois,& l'ongle, 36. Riflard,, c’eft vne efpece de V'arlop ou Ra- bot,qui dépece la befongne en rond, & en peu de temps,& quafi rafle tout ce qu’il rencontre, 37.Cifeau à lumiere,c’eft le Pere des outils,car il leur fait leurs lumieres, c’eft à dire, le rrou où l’on enchafe le fer pour ouurer. x 38. Le Banchiar, oule foc, où l’on désroffela befongneauecl'herminette, c’eft le premier me- {tier de boutique , & l’apprentiflage du compa- gnon-. | | | ; MER 464 1 a PRES RE RÉDÉS der MERVEILLES DES M ATHEMATIQVES. ae, : L. R'Espr1iT de l’homme trenche du P petit Dieu, & fe mefle de faire des IR mondes de criftal , & contrefait les A miracles de l’Vniuers. Dieu a crée SA ESN mille chofes qui n’eftonnent gue- re nos efprits, l’artifice fait profeflion de n’œu- urer que des miracles. Les Mathematiciens for- cent les natures, & changent les Elemens, & nous font Voir ce qu’on ne peut voir , ny croire quand mefme onle void du bout des doigts. Ils vous font iaillir des eaux quife lancent & dar- dent, & quafi contrefondroient l'air, & puis fe precipitent à baspour faire ce qu'on leur com- mandera , ils contrebalancent le vol du feu,& bon gré mal gré le font aller à la cadence de leur contrepoids, & reforts qui maiftrifent le feu, qui ne peur efchapper fans conge; ils ani- ment des orgues,& les font iouer,chanter, & par- ler tout langage,& des chanfons inouyes, & non appriles,& font que des fouffles incogneus,enfient lestuyaux, & fredonnent là dedans auec eftonne- ment des Orgues mefmes,qui eftant en Italie chä- tent à la Françoile, criaillent à l’Allemande, ef-. clattent ? Ne femble-il pas qu'il y a de la temerite en fon fait, & de l’arrogance, de contraindre l'eau & Jes élemens de faire des imeftiers qu’ils n'orit onc- ques appris , & fe mefler de contrefaire les cieux, & auoir des reglemensaleurs mouuemens , pa- ieilsaux diuins mouuemens des globes celcites : je ne fçay qui me tient queic ne die que l’artifice deuroit auoir honte de furmonter ainf la nature. Ne fait-1l pas beau voir Dædalus homme pefant, & animal lourd comme les autres , à qui nature à peine auoit leué le menton, & ouuett les yeux poux regarder l'air & le Ciel, & ce galand pour- tant s'affuble des aifles non données de Dieu, & ns cu CCE s’enuole al \ At , Mathemätiques. AG9 s’enuole piaffant fur les nuées, qu'iltrenche du battement de fes aifles, & fair pafmer la nature d’eftonnement , de voir vn homme volant, & fe balançant fur les nuës ? Voyez là ce Cupidon de fer pendu à rien, & eftranglé fans corde entre Ciel & terre , faifant amende-honorable à la cha- fte Diane? qui tient toutice diablotin de fer,où eft je licol , où la main , où les chaifnes qui le garrot- tent ? qu'on ait {ceu agencer de l’Aimant fi bien à propos , que le fer vole ? que la terre monte ? que le poids ne pefe plus ? que l'air {oit la terre,ou {e paue pour fouftenir le fer ? que le rien ferue de oibet pour prendre ce petit Dieu criminel. C'eft trop, c'eft crop, comme file Mathematicien eftoit: le compagnon de la nature, ou fon corriual, & qui luy voulut debattre la prefceance , faifant des miracles en fe ioüant , donrianc la parole aux muets, faifant Muficiens des oyfeaux d'argent, animanr à mort , & donnant vie au trefpas, & à des chofes infenfées , en vn mor quand il luy plaift , baftifant des mondes , & les demolliffant à (à fantaifie. aupres à RER At A dt AV LECTEVR DV STILE DV RPM A: ECS. ae er Oncher amy,c'efl un labyrinthe où Minos de à À { vous attend a gueule beante,quela chicane : 4 \: Li d'anourd buy à ; on feroit douze grands To- VE mes des termes, des fuites, des fineffes, des Per des fonpleffes; des f'arprinfes, destours , des re- tours des procez. C'iff La vraye pierre Philofo iphale, G ; la fablime Alquermie, om à force de fouffler, cr caufer,de lord on fait de l'or, © tout fè metamorphofe en argent, G'r'y amanuaife cafe qui ne deuienne bonne, tant on y meet de fueille, @ de dorure. La France Yénle er? fçait plus quetout le reffe de l'Vniuers, © faut adncuer la verité, qu'il y a grand nombre d'auffi branes Ado cats,qu'ily ent oncques cn France, nyailleurs. AAais en vn figrand nombre,il ne [e peut qu'iln'y en ait plufieurs fans cauft. Quandles nouneaux mondes furent tronuez, onprefenta au Roy de Portugalune requeffe, le fapplant d'enuoyer dix mille Adnocais en ces pays de conquelte : dix mille dea,ce fit-5l,@" pourquon [grand nombre?par - ce, Sire,qu'il yen aura affez de reffepour mager Portu- gal; © ceux-la feront plus du plat de leurs s langnes que 05 Soldats de la pointe de leur efbée,pour coquerir les In. des. Neñtmosns l'hifloire d'Eethiopie porte,que le Roy Em. manuelenuoye un grédnobre de Doilenrs és Droitts au Preffre-fan:Cèt Empereur voyat vn tas de Linres,de- madaa ces Meffienrs quels Linres c’efloiet läxce[ot,Sire, es | 472 lé Canons,les Leix Imperiales,les Ordénances,le Droit Ciuil,l'Inforttat,les Rubriquessle Digefle;le Code.la Pra tiquesc'eft Baldus,lafon,Bartholus;en fin ce font les Loix pour administrer la Justice àu genre humain. Er vous | Meflieurs qui eftes-vous,@" quelle profeffs eff la voffret Nous fommss Doëteurs, ce firet-ls;tons à voffre fernice. Or fçichez que ie may autre Loyenmes Scighenries que selle de Lefiss-Chriff , nyne veux añtres Doctenrs que S. _Ançuftin,S.Hierofne,@ les atres ; € vous m'anez le mine awec vos C'anons © bagatelles de vouloir nouSren- | serfer la ceruclle auec vos Infortiats ; fi vous ne vous en | allez bit vifle ie feray brufler tous vos liures, G' veus fe ray ietter treftous dans la riniere, barpies que wous efes, fier ma foy, que mon frere le Ro de Portugal a bonne grace de ms faire vn fi beau prefentt Nous auos vefen hes- reufement ayant pour Code le fx: comur ; pour Digeite vn difcours bien digeré, G bien meur, pour Infortsat nes CouSlumes r'enforcees par tant de fiecles , pour glofe nes aftions conformes à la *aifon Gr à nes façons de faire , de | faço que nous n'auds que faire de beanx caufenrs que par “on babil affetté nous faffent tourner la teste; anes tans | de Loix nous faffent perdre le Loy de l'innocece @ dela | werité.fi vous les chalja treftous anec leurs liures n'en re- | renant unfeul.Sans guere intereffer la France on en pour< | yoit bien armer dix mille,Gr plus;pour faire la guerre à la | Lune de l'Orient, auffi bienvinent-ils fans caufe. Mass | fi faut-il aduoñer tout rondement que l'Eloquence ah | iourd'huy ne paroiff que dans les Parlemens, & dans les | Chaÿres où les Predicateurs l'employent ; d'abondant # | faut confeffer franchement que des termes du Palass cem- me d'une riche carriere noftre Eloquence Françeife pu | fe mille & mille Diamans , traits tres-riches de bien dire ; qui font ansant d'ESfoiles enchaffees dans le firm Gg 4 472 ment d'&n noble diftours. Tous nos grands hommes qii onteste eminens à bien dire,ont eSlé fort curieux de 'in- firuire éstermes dus Palais pour s'en prenaloïr en leurs diféours,@ danseurs Linres. Sans cefte diligence;il eff ineuitable qu'on ne f? faile mocquer de foyen parlant, on qu'on nefe priue d'un riche threfor de belles paroles. Je ne dis pas qu'il faille fcllement faire parade de mille petites particularite? qui font bonnes pour petits Clercs de Notaires, @' mille petits Sohicirers croitez , il faut mesrifer cela, € choifir les plus nobles façons de dire, & lestermes les plus exquis pour en vfer fobrement, & anec beaucoup de referue;Cét Effay que ie vow prefen- de aidera a defroïiller vojtre esprit, © vous mettra [ur le langue quelques teumes des plus choifis , @ des plus nobles; Le reste vous l'apprendrez aifément , on vous l'attenarez de moy quand v'auray remarqué que vous aureY bien vfe de ce que ie vous offre. Bien dire(ce dit Laëkancehn'appartient qu'a bien pen de perfonnes, bien-vinrea tout le monde. Helas que le monde feroit beureus:-fi tous ceux qui ont la parole dorce anoient anffilaruse doree , que la langue, le cœur G' la main souaffent à mefme reffort. Mass fouuent © trop fouuent la langue eff tonte d'or;la main toute de fer > de hame- cons @ le cœur vneroche.Letlenrmon amy, Dieu vous falfe la grace de bien dire ; @ encore faire mieux, € vos. bien feruir de ce peitt:prefent de paroles que ie ous donne d'aufli bon cœur que ie [uis a voftre feruice. LE LE STIL£, ÊT LES TER: mes du Palais. CHaArP3TRE. Li. DE — 7 STRE receu en foy & hommage. W PAS IE par le Seigneur feodal , luy payer A RANYME les droits & deuoirs en fon tempss LAN recognoiltre le fief mouuant de TS Juy, afin qu'iln’entreen la faiñine des fruiéts pendant la main-mile, 2. Le droiét d'aifneffe eftoicle principal manoïit du pere, & vniardin , où n’y ayant point de jardin le vol d’vn chapon,tenu en fief au ioignant de la- dire maifon,& cela par preciput. 3. Le Seigneur feodalayant fait faifir, & mettre en fa main le fief mouuant de luy , par faute de droits & deuoirs non faits pendant le temps de la main-mife, & faitine;n’eft tenu de payer les char- ges & hypotheques noninfeodees de fon vaffal, Et n’y efchet point droit de relief à perfonne. . 4. Apresla vente d'vnheritage faite à vneftran- ger, vn parent & lignager peut dedans l’an de la aifine,ou infeodation prinfe requetir d’auoir leditr. heritage par retraict lignager ;;en rembourfant: Pacheteur. | je. SEA GE A 4724 Chapitre L I. 5. Le Scigneur foncier ou cenlier prenant dei cerres emblauees{c’eftà dire, femces de bled mais de bled qui eft defia en efpy,s’il n’y a que la grai- ne enterre , on dit terre enfemencee } durant le bail, & la ferme , s’il veut auoir les gaïgnages d'i- celles terres, il eft tenu de reftituer au fermier fes feurs & femences ( c’eft à dire cous Les frais faits) aütrement le fermier peut former facomplainte en cas de faifine,& de nouuellete. 6. Qui iouyt franchement,& fansinquietation dix ans d’vn heritage , acquiert prefctiption. Le vaflal ne peut acquerir prefcriprion du fief mou- uant du Seigneur. Item des biens vendus, {üubha- ftez ; criez . deliurez par decret au plus offrant & deïnier encherifleur,& à l’encant. 3 7. Qui achete vne terre chargee de quelque énte teué en la vente, il doir au befoin former {on garant , ou celuy qui a promis garantit, & au defaut de garantie; fi on vfe de fuites & fubterfu- ges, il faut vfer de conteftation, mais auant de li- tifcontelter, il faut intenter le cas,& pourfuiure de fimple faifine : fi cen'eft qu'il vueille demander communauté en tous biens, & conquefts immeu- bles: & nefera pas cenu à payer les debtesmobi- liaires.c’eft à dire des biems meubles, 8. En toutes les Gaulesle mort faifit ke vif,c’eft à dire, (SubStituit (bi; faginat, apprehendit ot hare- dem.) Le doüaire: couftumier de la femme eft la moitié des hetitages de fon mary. Le dot eft ce qu'elle apporte àfon mary pour fon mariage. Le } doüaire prefix eftce qui eft accordé qu’6 luy dône- ra 8 lors elle ne peut prerendre de doiiaire cou- | ftumier qui eft plus grand, Dôner en auancement À d'hoirie, Stile du Palais. 476 d'hoirie,c’eft à dire, quand le pere donne quelque heritage à fes enfans deuant fon trefpas. 9. Proceder par voye d'arreft, ou de brandon Ke eft à dire, va figne mis fur vn bafton) o@dega- gerie, C ’eft à dire , faifant failir des gages , & des eut! es de Abies pour les faire nés railon, & contraindre d'entrer en payement , & en faire ordonner comme de railon. 10. L'ufufruictier d’vn fief peur à fes perils & fortunes , mettre en {a main les fruiéts : & no ee left deu que la bouche, & les mains,aue ‘aie fernrent de fidélité, excepre les fiefs du Vexin. Au reftele | IScigneur ne peut exploiter en pure perte, ny faire apres le trefpas. 11. Euincer vn fief par retrai@ lignager Cet P &nag cum co qhs aliemauir)& payant le quint au Seigneu feodal, faire qu'il ne le puifle retenir par puiflance de fief,ny l'vnir & mettre à fa table{c’eft à dire, f#Z facere)puilque il a cheuy,& baillé fouffrance {c’eft A dire , fouffre) & accorde vn delay à fon debteur, | 12: Le vaffal ne peut defmembrer le fief au pre- iudice du Scigneuf;bien fe peut-il iotier difpofer &c faire 56 profic des herirages , pourueu qu il retiéne la foy entiere , & quelque déoit leigneurial & do- dominant, ou feodal. S'il y a procez entre y Sei- gneurs feodaux, le ya{ll doir eftre receu par main | fouucraine prictaire du fief ne peut bailler main-leuée finon |en payant les droicts audic vfufraictier. Quandon la payé au Scioneur feodal les deuoirs, rien ne luy” Gife le fief du trefpañlé iufques à quarante iouts Idire,esincere, funm facere prepter ius confançuimtatis | l 1Q imanial fut ce qu ‘ilaliene;,afin que luy quin'eft que Scigneur feruant & vaflal,ne face tort au Seioneur : 476 Chapitre LI. fouueraine ( c’eft à dire , du Roy ,fouuerain Sei- gneut de tous) à perceuoir les fruicts de fes terres. 13. Les chofes de franc aleu fe tiennent noble- ment,& ne doiuent cens, rentes, charges , Cham- part(c'eft à dire,parrem fruéluum campi) ny autres redeuances ou droits feigneuriaux , &ne font te- nuës d'autre Seigneur que de Dieu, & ne fontpas commes les choles tenuës roturierement, On cori- traint l’acheteur de déguerpit (c’eft à diresderelin-, quere) & quitterle malacheté ; fion vent les biens par decret ( c’elt à dire, decreto indicum) au plus offrant, &c. Soit-il fief, ou roture, il doit vn tanc au Seigneur; & qui tient des terres eh cenfiue doit payer les droits de censau Seigneur cenfer , ou foncier, c'eft à dire , ( Domino funds ) & ce quine fe peut bonnement partir, fe licite ( c’eft à dire, adindicatur alicui ex haredibus plus offerenti als coba- redibus ) & s'adiuge à vn feul. 14. Sailir les gaignages des terres ( c’eft à dire, pendentes adbucfruitus, @ lucra ,cum n.ex vno granc tam multa nafcantur , lacrum eff inde alÿ omnes camp: - dicuntur gaignages ) & vler de main-mife. , 15. Cedules fous feing priué, obligations pouir fomme de deniers, & biens mobiliaires, vftancil- les d’hoftel qui fe peuuent tranfporter fans fra- “ion , &c. font cenfez biens meubles; mais s'ils tiennent à fer, & à cloud,ou font feellez en pla- fre, & {ans defaflembler ne peuuenteftre tranf- + portez {ans deterioration ; Bled & frui&s qui font : encor fur le pied , & pendant par racine, &c. font reputez immeubles. v- jà 16. Qui s’eft laiffé deffaifir d’vn heritage, &, ayant laiflé pafler l'an, n’eft receuable à intenter… | complain n., \L' Stile du Palas. 477 léomplaince en cas de nouuelleté , puifque cefte complainre ne fe peut plusafleoir , il fe face remc- dier par complainte de fimple faifine. Les proprie- taires d’vn heritage obligé, ou hypoteque à aucu- ne rente ou charge reelle, font tenus hypotequai- rement icelles payer. Pourfuiure conteftation en Jcaufe , & faire que le demandeur {oit deffaillant & debouté de deffenfes. | 17. Vn tefpit (c’eft à dire, delay de payer fes debres ; oétroy du Prince , & Priuilege } n'a lieu contre le deu adiugé par fentence definitiue & contradiétoire, Il ya des chofes qui ne font pref- cripribles par quelque laps de temps que ce foit, comme le rachapt de legs piroyables, à la charge pourtant de faire remploy en autres heritages. In. fcodation &infeoder eft quand le Seigneur fec- dal admet en pofleffion , & faifine le vaflal. Leli- gnager, qui a droict de retraiét ( c’eft à diré, retra- bende hareditaiës vendite 4 confanguineo ) doit eftre - de la fouche,eftoc,& de la ligne dont eft l'heritage vendu. Er | 18. En casde déconfiture(c’eft à dire, quand on end les meubles d’vn qui n’a dequoy payer ) les creanciers viennent à contribution au {ol la liure, 8e au pro rata de leur debte. Quiconque a le fol, rppellé,l’eftage du Rez de chauffée , ou lafuperñ- ce a droit de faire & edifier deflus & deffous:com- me auf celuy qui a des terres iectiffes{(c’eft à dire, qui a iecté de la terrefur fon {ol, & l’a releué & ré- hauffé par le ie@& de nouuelle terre ) en peut faire ce que bon fuy femble.Le Bourgeois de Paris & dé 3an-lieué ( c'eft à dire, les lieux autour de Paris flans d'yne lieuë, ou au d’autres villes, qui | “418 _ iouïffenc 478 Chaphre L 1. iouiffent des mefimes bans, cris , & Priuileges que les villes, f#burbana oppida ) ne peut eftre adiourné ailleurs qu’à Paris. | 19. Garde noble ou gardien, eft celuy qui a l’ad- miniftration des biens nobles de fes enfans iufqu'à ce qu'ils foient en aagc. Garde Bourgeoife , c'eft pour les roturiers fils de Bourgeois de Paris ou ailleurs. Les acquelts font ce quis’acquiert deuant | le mariage, les conquefts ce qui s’acquiert par les Conioihts en mariage. Toute donation faite entre vifs,& conceué par perfonnes gifans au lit de ma- fadie dont elles decedent » Et reputce fiite à caufe de mort,eft teftamentaire, & non point donation | entre vifs. Les biens Propres ou auitins font les biens anciens patrimoniaux à [a difference des ac- quefts , & biensaduentifs, dont on peut difpofer | pat teftament & ordonnance de dermere volonté | au profit de perfonne capable, Teftament folennel doiteftre figné par le teftateur, fait, & leu par de- uant Noraire, refmoijns mmafles aagez de vingt- | cinq ans, & nonlegataires. 29, La legitime eft la moitié de Ja portio quelles enfans euflent herite, fi les parens n’en euflent dif- polé par donation entre vifs,ou derniere volonté. Si lesenfans troublent l'erdre de noftre mortalité gaignent le deuant & meurét les premiers,les Pe- res fuccedét, toutes les debtes deduitesau preala- ble ; & n’eft befoin d'autre inftitution d’heritiers. Aurcfte nul ne fe poric heritiers’il ne veut , mais s’il fait acte d'heritier il payera les debtes.Il yahc- ritier fimple,& heritier par benefce d’inuentaire. 2 1.Surpeine de nullité, il faut depoffeder & dé- Faifir le proprietaire afin que la main-mile & failie ’eft (c'e À Stile dn Palais. 479 {c'eft le mefme) foit reelle & valable. Il faut faire. les criees(c’eft à dire , proclamatiôs à haure voix) dans la Partoifle des Lans garder les folemnitez, mettre affiches & panonceaux, c'eft à dire l'exploit du Sergent , à la porte de FEglife, & du debreur faif. Faire les quatre quatorzaincs , (c’eft à dire, chaque quatorze iours publier vne fois au profne, ou apres la Melle, &c.Le cens eft le premier qu’on payeen recognoiflance à celuy qui a baillé l’heri- rage à cens ; Tefarcensc'eR lé fecond cens impo- fear heritage cenfuel.Les appartenancesd'vn he, Litage, dépendances, redeuances, charges, hypo- theques,les cenans & aboutiffans(c'eft à \ dite Da tes, feu vicine heredtates, onera, €c.) 22.11 y a droit efcrit,droit commun, c’eft à di- re, la Couftume d'vn pays, droit haineux, c'eft à dire,contraire au droit efcrit, mais receu pourtant en cas deretrait & rachapt, droit à la chofe, droir en la chofe, Pythagoras dit qu’en pas vnilne faut pañler la balance , c'eft à dire, prendre plus qu hi ne faut, Nul ne peut iouyr du Committimus, c’eft à dire , d'eftre renuoye à la Chambre des Reque- fes qui eft pour les priuilegiez , s’il n’eft couché . fur l'Eftar, &, Officier prenant gages ; les autres, ad bonores tant feulement ,ont leurs cauf-s pen- dantes par deuant lesluges ordinaires foit que les caules foient entieres ; foit qu'elles foient defia conteftees, . 23. Le Sergentou Hbilies par le commande. ment de Mefñeurs les genstenäsles Requeftes du Palais,ou, &c. Afligncr i jour aux parties pour ouyr droit en definitiue. L'affignation & adiournemét he fait par attache, ou à la perfonne. Si l'adiour- nemeny 480 Chapitre LE. nement'eft gricf(c'eft à dire,contientiour, ou in- timarion)il faut que la partie,ou le Procureur gar- ny de procuration com aroifle,&c. Faire veuë,& oftention à l'œil & au doigt d'vn lieu roturier, ou hofte noble aflis en tel endroit , monftrer les te- nans à tel & tel,& les abourtiflans de l'aurre,& les confins, &en cas qu'on ne fe treuue fur le lieu, donner defaut contre l’abfent adiourné, On peut aufli demander monftre d'vne mailon conteftee, & fçauoir où elle eft fize, & d’autres lieux conten- * tieux,afin qu’on fafle monftre des tenans, &c. 24. Former complainte, applesement, oùrcini- tegrande contre aucuns exploicteurs, & appeller arands. Deuant conteftation de caufe on peut rit {on garend, fi la chofe cft fuiette à garan- tie, & requerir delay. Pour ce faire il faut leuer du Greffe vne commiflion pour fommer ledit garand: & la fommation fe fait sn féripess , c’eft à dire , par exploit libellé d’vnSergent,contenant la deman- de en denonciation, & formelle requefte. | 2$.Les parties perfiftent refpeétiuemét en leurs demandes & conclufons.LaCourparties receuës a mis & met hors de caufe Guillor ; a appointé & appointe les parties en droit à efcrire par aduertif- fement,& produire ce que bon leur femblera, les productions ferohr communiquees , pour contre icelles bailler contredits & faluations, Faire for- ! clorre partie aduerfe de produire.au cas qu’il n’aît \ produit ; eftre debouté de defenfes à caufe d’vne fentence de contumace,& du defaut,quand on ne compare point à l'aMignation, Leremedc elt, que les contumax obriennét lettres Royaux pour eftre releuez des defauts &: côtumace,enrefondantles L s defse 154 & ke . 4 J # Séile du Palas, 481 dsfpens qui auroient efté faits. Auoir bonne caufe “l'appel,mettre l'appel au meant; le Roy en fes let. tre, commande de fairebon,& brief droit. Le de. fendeur propofe & allegue fes defences pour fai. re porter iugement de caffarion des defaurs, 26. Requerir droit luy eftre fait fur l’entheriné- ment des lettres Royaux, & eftre receu à propo- fer defences. Demäder fon renuoy pardeuant fon luge ordinaire, quand on n’eit pas du re {fort de la furifdiétion où on n’eft conuenu;comme éscaufes layes pardeuant vu luge lay, desfpirituelles, &c. cendre par fes defences, afin de non proceder, & empefcherla retention de fa caufe, Aileouer la fin pu les fins,de non receuoir (c’eft à dire, caufas cu non debeat recipi talés peritio alterins ) & {ommerie defendeureriginaire , ou defendeur en garentie (c’eft à dire,qui pro alio fpopondit ) s’il ne compare, il fera contumaceé & contefté contre luy. Sion a droit de fe ioindre en caufe auec le principal qui £ft pourfuiuy, on Le peut faire, finon il fauc pafler condamnation, 27. Obtenir lettres, fignées Guillor, & féellées de cire rouge des armes du Roy , pour faire faire prifce, & eftimations des biens, ou lieux : fera or- donné qu’ils comparoiftront demain dix heures du matin, leuee de la Cour, pour faire ferment en tel cas requis ; foit mettant la main fur le pis (£’eft à dire , la poitrine s’ils font Preftres ) ou teuant la main. En matieres benefciales les fenrences de recreancé, &'maintenuë, fonc executees,non- obftant l'appel. Si vn meurt fans hoirs procreez de fa chair ,les biens litigieux feront (eque: fcez, ri d | | H h NA 452 Chapitre LT. 28. Former des incidens par raïfons friuolez, rendantes à fin de non proceder par dilatoires, ou autres manieres. 19. On aretenu certains mots Latins qui font fi fort en vfage , qu'ils font comme François, & s’en faut feruir bon-gré,mal-gre. Comme,il a eu fon Vifa sila droit de Committimus , & va aux Reque- ftes,on luy donnera vn Veniat,wvn Pareati. L'appel interiecté doit eftre Hlico , ouil eft nul, Gi ce n’eft qu’enobtienne des lettres de Relief d'appel. 30.1l faur queles adiournemens foientlibellez, & contiennent la demande de celuy qui les fait faire ; {par hazard l'exploit n’efthbellé on peur bailler demandes par efcrit ; libelle , general où incertain ne {ont nullement receus en lIuftice. Demande alrernatiue , ou libelle alternatif, c’eft demande de la chofe ou de la valeur. Deuant la conteftation en caule on peut changer l'exploit libellé,maisapres;non. ; 31. Adiourncinens vallables faits felon les for- mes deluftice, à vn Procureur, & ayant faic efle- “tion de domicile. Le mineur en fait de crime, eft tenu de refpondre pat fa bouche , autrement fon tuteur peut eftre adiourméten toutes actions, tant réelles que perfonnelles. Les Chapitres s’adiour- nent à fon de cloche, partie des capitulans aflem- blez,ou bien par attaché à la porte del'Eglife,pat- lant à l'vn des habituez auec inionction dé le fai- re fcauoir aux autres. à 32. Leluge peut eftie pris à partie quand on maintient par je relief en cas d’appelqu'ily a doi, fraude,concuflion.ou erreureuident en fair, &en droit , ou defny de Juftice, 1] faut appeller 2 n."- / £c € L4 re Ha NE + LENS " A’ Me Orne ap Et S StileduPalais. : 4à3 Left à dire, incontinét que l’arreft ft düné,autre+ ment l’appeleft nul;il y a pourtärcértaines claules pour valider les reliefs d'appel, &:1es authorizer, 33.141 y à des claufescompulfoires; pour infor- mer des attentats | &'dutres cas, claufe d'eflargif- femeur, d’exploitér fans aucun Parearsily âmen< de pour le foi appelFaurfaire reflortir les appella- tions pardeuant leurs luges, - ; ha 34: Appellation interie@ée, attentar par deflus les appellations ; appellation en matiere de nou- uelleté d’appleignemens', & contrepleignemenss linchimé peur faire executer la fentence par le Iu- ge a que ,; quand l'appellation nefera releuée dans le cémps accouftumé,on peut faire adiourner l'ap- pellant en defertion. Appellations vérbalesappoin: es au Confeil, Leprincipal grief de l'appellant effant reparé,acquielcer pour des autres. \ 35. Les appellations nefont mifes au neant, ny moderées, finon par les Cours fouueraines: Touf- tes les appellations criminelles refortiffent à la Cour. Appel d'incompetance allegué, ou recufa- rion,empelche le luge de pafler outre: Appellans iugez non receuables, & les fins de non receuoir doiuent eftredites. ob mo 36. Lettre de conuerfion d’Appelien opped- tion quand le Sergent fait quelque infolence , &c mange le pauure bôn homme qui eft contrainrde prendre le bafton blanc , fes enfans pendus à fon col;fa femme par la main va deporte en porte chercher fa miferable vie.Lertrès Royaux d'Anti-* cipation-pour faire ioindre les fuyards plaidans; qui ne veulent ny plaider;ñypayers "1% :: 37n Claufe d’abbreuiarion, claufe de prouilion ir Hh 2 ÿ L La { 2 484 Chapitre LI. podr eftre payé par deffus l'appek, Appeller vnen defercion d'appel , parce qu'ayant appellé, il n’a ny releué dans le temps de l'ordonnance, ny re- once à {on appellation.On peut neantmoins ob- tenir lettres pour eftre releué dela defertion d'ap- pel. Le luge go, face mettre à execution la fen- tence dont l’appel eft demeuré defert,. On peut dans huitaine rénoncer à toutesappellations , fai- fanc fignifier l’aéte de la renonciation à la partie. 38. Le Parlement de Paris eft la Cour desPairs Qu: ; ont feance, & voix deliberatiue , & y ont leurs caufes commifes en premiere inftance, & mefmes les appellations desluges de leur Pairie, & les amendes du fol appel ne peuuent exceder vnefcufol vnquart. 1 MD SE 39. Le domaine du Roy eff du tout inalienable par la loy du Royaume, difpofition de droit Civil & Canon, & par le ferment du Sacre ; ily a droit dercetour aux appennages qu'on donne aux puil- nez de France mourans {ans mafles. Eftant aliené hors d'appennage la reception de foy & hom mage appartient au Roy auec les profirs de fief, &c la foy ñc'fe prefcrit par quelque laps de téps ap ce foit, 40. Le droit de Regale que le Roy a, fair que les fruiéts, prouifion , & collation des benefices d’é- pendent du Roy,tellement qu'vn Euefque ne peut éftre Sacré auant que d’eftre inuefty par le Roy. La Regale dure iufqu’à la preftation du ferment de fidelité. Les Roys ont fait don des droits de Regale 2 la fainéte Chapelle. Pour faire ouuertu- redeRcoale, fufit qu'il n’ÿ ait aucun pofleffeur naturel, & actuel du bencfice pretendu vacanten, Regale, LeRegalifte doit plaider faifi, ne peut y D cou Ni dc RE n, … Srile du Palais: 48; Suoinfequeftéés :; 1 SN OMAN |, 41. Autrefois apres la prefentation des parties, falloit continuer les erremens de Parlementen Parlement, autrement la caufe & inftance d'appel demeuroit perie : Maintenant il n’y a agcune pe- temprion d’inftänce , ny de procez, finon paf laps + de trois anssny pour l’appellant,ny pour l’inthimé, Il eft fait deffence expreffe aux Clercs ; de ne fe prefenter ou cotter pour leurs maiftres Procu- feurs, à peine d’eftre punis de crime de faux, 42. Prefentation perfonnelle quand où Compa- roit en perfonne par adiournement perfonnel , & ce pour Gbeyr & efter à droit, Ceux qui ne com- paroiffent aux aflignations fe laiflent mettie en defauts, & contumacer , mefprifent l’authorité du luge:ily a pourtant des empefchemens legiti- | mes : Le Greffer. des prefentations apres le fauf (qui eft felon la diftance des lieux) efcheu il deli- ure le‘defaut, congé defaut, ou congé fimple. Congez,ou defauts qui empoïttent gain de caufe, Congé defaut qui n’emporte aucun profit que re- adiournement. . L’anticipé requiert le profit & Padiudication du defaut obtenu contre l'Antici- pant,inthime & defaillant.Adiourner le defaillant à eftre& comparoir à iour- competant pour , &c. _43. Appellerquelqu’vn à reprife de procez.Si le defendeur fournit de defences pertinentes,& que par icelles il empefche l’entherinement de la re- uefte du demandeur, le defaut ne pourra derien leruir , & faudra prendre appointement en droit à efcrire. On baille contredits, & faluations de- dansle cemps de l’ordonnance,&r on prend iour à ouyr droit. Eftre debouté de rouresles deffencés Hh 3 Ne croyez- vous pas que Dieu lit en voftre cœur,qu’il a efüenté vos fecrettes vilenies, & percé iufques au fonds de,&c. s- En defefperé. Viure, & à quoy faire viute fi ie meurs cent fois l'heure. Mourir, & pourquoy non, fi la vie eft plus barbare , meurtriere que la mort. Viute, ouy dea pour gens faillis de cœur,& qui nagent dans les delices , mais moy qui fuis toufiouts en agonie viure pour mourir toufiours. Mourir,ah la feule penfee me confole, & quoy ie ne me ietterois entre lesbras de là mort pour {or- tir du fein felon de la vie, qui me martyrife & bourrelle fans ceffe. 6. Pour flechir & mouuoir à pitie les Sainéts, les hommes,&c. Quoy nous refaferez-vous cela? & quitrouuerez-vous qui vous honore,& qui fera celuy qui vous dreflera des Autels & Eglifes fr vous nous abandonnez,& à qui perfuaderez-vous que vous eftes fi equitable;fi la pauureiuftice aba- : , tué à vos pieds , la pauure innocente toute efplo- ; à ree ne treuue du fecours ? &c. | 7: Defdaignant quelque mal. Ah mal-heur, & Ii 4 $04 Chapitre LIT. à quoy eft-ce,& à quelprecipice ne pouffez-vous ceux qui vous aiment, maudite auarice ? en quel enfer gefnez-vous leurs pauures cœurs efclaues? “eft-ce ainfi que vous les enchantez,& que fi puif- famment vous les ryrannilez ? &c. ÆApoïtrophes bien enchafsées [ont tout-puiffantes. ka Vx chofes infenfees. Si lès hommes fe ren- dent fourds à mes paroles , & muets à leur deuoir.Vous,vous {acrez tombeaux,vous cendres & precieufes reliques de nos anceftres , efcoutez ma complainte:ie vous appelle à tefmoin,ïimplo- re voftre compañlion : tombeaux dites moy , &c,. flaruës & colyfees qui foulez les depofts de ces grands hommes , que font maintenant ces corps, ces chairs fi delicates, &c. 2. Aux outils & inftrumens des bourreaux qui martytifoient. Quoy oferiez-vous bien cruclles efpees, rouës d'enfer, flammes maudites, oferiez- vous bien entamer ces corps innocens, ces chairs virginales ; efpandre ce fang precieux confacre à Dicu,& voue à fa gloire. Que cherchez-vous en ces veines?contre qui exercez- vous voftre cruau- té ? penfez-vous efteindre l'amour quiard dans leurs entrailles par vos Hammes , & par les bouil- lons de vos huiles faire efblouir la fainéte charité de leurs cœurs ? &c. 3. O Loix facrées! 6 Liures diuins ! 6 faincts Conciles ! 6 diuins Oracles ie m’addreffe à vous! où eftes-vous maintenant ?.& à quoy feruez-vous de rifee au monde?de blanc & de bute à la calom- nie à de Juges qui donnez l’arreft de noftre con- damna nr De l'Eloquence. sos damnation fans dire mot ? &c. 4. Aux abfens, Hé Dieu & queneftes vous en vie, & en ma place diuin Apoftre , où eftes-vous maintenant $. Eftienne, qui fendiez les cœurs en prefchanr:où font ces cœurs qui fe fendent?où ces | yeux qui {e fondent en larmes?où ces langues fou- droyantes ? que difiez-vous fi puiffamment?& de quel accent tonniez-vous en la chaire ? &e. 5. Aux Saints de Paradis , aux damnez, aux morts-nez, & fans Baptefme, à ceux du Purgatoi- re. Aux forefts & Hermitages. Saintes caucrnes | dites-nous la vie de vos Antoines, Hilarions, Ma- caires,&c. Diuin filence des forefts apprend nous Jes foufpirs de Lean Baptifte, fes feruentes prieres, fes larmes. À quoy pafloit il le temps ce petir An- ge habillé en Hermite ; quelles ecftafes , quelles Apocalypfes,&c. 6. Les damnez aux Sainés. Viuez, viuez heu- reux, ames fortunees, foyez heureufes, foyez aia- mais Aloriflantes. Adieu chers patriotes, Adieu nos bons parens & amis , Adieu pouriamais. Las& n’aurez-vous point là haut de pitie de voftre fang, des os de vos os, de la chair de voftre chair, de la moitié de vos entrailles qu’on va plonger pour iamais en enfer > &c. Etopaie,qui pare le corps,ef l'ame de [es parures, façons de faire. “] L faut parrer l’eftat de l'affaire, ou l'humeur, & le naturel de la perfonne , & comme auec vn -pinceau le naïfuer , & tracer pour gaigner &c mouuoir l’Auditeur. Le voulez vous voir, Mef- fieurs ? ce petit enfant eftoit affublé d’vne rude haire , & d'une peau de Chamcau, ceint d'vne Lite | | 506 Chapitre LIL. ceinture qui meurtrifloit fa chair, plüs nud que "À veftu, cout fin feuler, les yeux colez au ciel, le vi- fage defcharne, & fentant tour le ciel, fa bouche ‘fucrine & innocente, &c. 2. Voile-là ce Cain auec vn vifage farouche, fronçant le fourcil, rotiant felonnement ces yeux de bourreau qui ne regardent que pour mañlacrer, le vifage blefme,morne, & tout fauuage,la parole chancellante & peu afleurée, comme fortant d’vn cœur particide , & bouleuersé de mille frayeurs; les cheueux & la barbe hotriblement retrouffees, &c comme Vnfonge-creux file famouftache,cache fon coutelas meurtrier fous fa Cappe , & refron- gnant ce front de fuif ,.& le trenchant de rides eftonne ce pauute innocent Abel. 3.Vn yurongne.Auez-vous jamais veu vn hom- me plein de vin,& qui ne l'a encor cuué;mais qui eft au boüillon , & à fes grandes fumees. Sa tefte pefe tant que fes iäbes luy chancellent fousle faix, le vifage enluminé , & toat en feu,la bouche ba- ueufe & bauarde, les yeux efgarez & ternis,la pa- tole folle &infenfee , qui croit que tout tourne, que les murailles s’aflemblent pour l'efcrafer, &c. 4. Vn martyre. Ah que ie meurs, & que le cœur me creue, quand mon efprit me ramentoit la contenance Angelique de Sainéte Agnes! Elle cefte diuine pucelle eftoit paree de blanc , & des couleurs de fon efpoux , fes cheueux d’or ferrez fous vn voile de crefpe , faface Archangelique, riante,fes yeux liez & attachez à vn Crucifix qu'elle tenoit , fa fainéte bouche pleine de beaux mots, & de prieres ardentes , fon col de neige, chargé d’vn gros carquan de fer, fes rase dans 1 4 Cie #4 - 4 1/0 Mr 0 l'Eloquence. 4 07 dans des menottes qui luy eftoient trop larges, &cc. Le Tyran d’ailleurs auec vn vifage barbare, vn port hautain & altier, &c. | Fesnte de (ilence, JPA: s: Ecy eft vn Soleil enchaffé au Firmament, CE il le faut faire auec grand iugement. Premierement , difant ce qu’on fait femblant de ne dire, Moy, queie die ces vilenies, foüillant ma boucke , & l'honneur de vos oreilles ; que ie ra- [mentoiue ces meurtres de fa mere &c fa fœur , ces facrileges & voleries des Autels, ces inceftes, &cc, ah ne m'y contraignez pas ;'il n’eft en ma puiflan- ce , de commander à ma langue de tenir ces pro- pos, &c. Le 2. Ayantdittout ce qu'onfçait. Que fay-ie, & où fuis-ie ? cela, que ie parle de cela ;non,non; vaut mieux couler fous filence , & enfeuelir dans le tombeau d’vne eternelle oubliance , chofés qui enueniment l'air, & empeftent nos efprits par vne contagion, &c. 3. Et quand aurions-nous acheué, fi nous don- nions carriere à nos efprits dans la lice de ces ver- tus ; qui peutparer de la charité de ce Seraphin homme S. Pau}, qui de fes torrens de larmes , &c. Efcoulons {ous filence fes miracles, &c:Paflons - par deffus fes fermons enflaäbez d'amour de Dicu, &c. Difons feulemenr, &c. 4. Vaut mieux fe ietter à couuert fous l’aifle du filence, que fe ietter à l’effor , & entamer ces ma- ticres, C’eftvn iabyrinthe où tout efprit s’efgare- roit , c'eft vn Ocean où tout Pilote rencontre des brifans, & fait debris aux huis. Laiflons, laiflons hardiment çe que nous ne fcautions exprimer : & comme ‘08. Chapitre LIL. comme feroit.il iamais poflible de dire l'amour que Dieu, &c. le foin qu'il a de nous, &c. les dou: ceurs ou les abyfmes de, &c. Nonie ne le veux pas dire, difpenfez moy s'il vous plaift. $- Mon Dieu, & que n’ay-ie le remps, & la lan- gue à mon commandement, ah que dirois-ie , ou pen que ne dirois-ie pas!ie vous conterois par e menufa valeur, fa, &c.(& ayant tout dit) mais puis que Île temps ne me le permet, ie me veux ranger à la raifon, & m'’accommoder au temps quime preffe de plier les voiles, & me ietter 4y haure & à l'ancre. 6. Mal-heureux temps , ah la lie & la bouë de tous les temps , quels monftres nous auéz vous enfanté?le cœur me fend, & la douleur mele ferre fitres-fort que ie nefçaurois en arracher vn fou- pir. Acheuons donc,& ne difons plus motde ces, &c. plongeonstout cecy en l’abyfme du filence, enterrons le fous la lame eternelle de loubly. Craignons que le Soleil ne s’eclypfe, & ne retire fes rayons ,nous condamnant à vne nuit eternelle s’il nous oit parler de, &c, | -/ndulgence ; G° choix qu'on donne à l'Auditeur. 1. Fe , refufcitez de l'enfer fi vous pou- ; uez , deterrez dutombeau Caluin, & re- mettez-le en effence, ie fuis tantaffeuré de labon- té de la caufe , queiefuis content de le faire luge du procez oùileft partie. Pourrez-vous bien fup- porter les furies & les rages qui le contraindront à fe condamner , puis que vous ne fçauriez fup- porterce qu'il aefcritenfa vie. Oyez-le luy-mef- me, &c. 2. Vous direz pofhble , Ie vous accorde queN, fus SR ne dE OR . . . De l'Eloquence. 509 fut vn voleur, fuc vn impie, fut Le fcelerat du môde le plus cruel; adiouftez qu’il fut Athee , vray Epi- curien, &c. fieft ce pourtañt que vous noferiez nier qu'il n’aitefté fçauant. Vray Dieu quelle de- fen{e ! eft-ce là cout? Pour auoir fceu vn peu de Grec efcorché,trois petits mots de Latin frizé, &c. 3. Pofez le cas que ie vous pafle condamna- tion queie vous aduoue que l’Eglife Romaine eft pleine de mille abus ; (a monitrez-nous ce que {ont vos Miniftres. Ofîtez le rideau , faictes-nous fçauoir pourquoy ils ont ietté le froc aux orties, comme en leur monaftere ayant éOmis ou voulu ‘commettre mille ordures , dont les Regiftres font chargez , en vn iour de nopces inceftueufes ils fe font faits fainéts, chaîtes , modeftes, &c. ( 4. Siainf eft , ç'adoncé portez moÿ l’encen{oir. que j'en doûneé à Caluin, ailumez Îes chandelles que fhonore ce Lieu Luther, fonniez les cloches, ioüez dés Orgues, qu'ôù haut-loué le grand Me- Janchton , Bucer, pot auoit fceu ruiner lAlle- magne, diflipé l'Eglife, &c. & nous pleurons à + $ . o ns A chaudes larmes d’auoir efte opiniaftres à mainte- DAC 1 NE nir les Concileë, à conferuer la vraye Eolife , à honorer Dieu à, &c. | s. lene treuteray iamais Mauuais, & fçaucay gré à qui m'aidera à eftre homme de bien ; que les . bumbles reprennent nos outrecuidances, les vier- ges,les inceftes de l'Eglife Romaine,les Hermites, les voleries, fimonies , &c. mais vous las & encor vn coup, mais VOUS nous reprenez, VOUS nous re- formez ; des Apoftats fe mocquent des Religieux; des gourmands de ceu* quiieufnent ; des Athees de, &c. Allez maintenant & dites que, &c. 6. Voyez SSSR TRUNRE, 1 , Chapitre MORT. | 6. Voyez comme j'appréhende peu vos artifi- ces , voyez comme noftre caufe eft bien affeuree ; ic le veux dire de toutes mes forces , & voudrois que ma voix peut retentir iufqu'aux quatre coins de l'Europe , ie fay Luther , ie fay Caluin Juge de noftre caule. Oyez-le, &c. Produition de te[moins, G* authoritez, Æ On Dieu qu'il fait bon oùir cefte bouche de diamant,qui découle d'yne eloquence doree, il triomphe icy,& fe furmonte foy mefme, & ayant efté par tout bouche d'or, icy il eft bou- che du Paradis, &c. 2. Que nous fommes heureux de pouuoir en- tendre vn Seraphin en terre, car quand S. Paul parle , faites votre conte que ce {oit vn des efprits des plus hautes hierarchies. 3. Voicy ce fol dé Diogenes tout reueñu, qui lancé au mitan de la place , eftant eftranglé de la preffe & de la foule , crie à pleine tefte, vn homme, vn homyne : ainfi ceftuy accäblé de mille textes expres , Crie monftrez moy en l'efcriture, Tien voicy S. Augultin quite le monftre, efcoute ‘ceft Oracle du ciel, &c. re 4. Ne vous femble-il pas oüir vn de ces grands hommes du fiecle d’or quand S. Hierofime parle ? uels conps de tonnerre defchargez fur l'herefie, quel foudre d'Eloquence , autant de mors, autant de quarreaux qui froiflent les cornes de l'hydre de l’herehe. Y 5. Enuie me prend d’impofer filence à ma lan- gue , & vous faire icy tonner ce tonnerre de x. Bethlehem. 4% 4 | De l'Eloquence. sir Bcrhlehem. Viria,n.efcoutez s’il vousplaift,c’efts, |Hierofme qui parle,foyez-luy fauorable,&c. | fronie, pour eluder vinement ce qu'onoppoft. PAS le mauuais couplah le perilleux paffage! las & comme en efchapperons-nous ? O le cruel & enorme abus! ô les inouyes abomina- (tions ! faire vœu de virginité , ieufner le Carefme Icomme les Saincts, confefler fes pechez,honorer Dieu & les Sain@s, cela ? que cela {oit Eglife : ah Jes abus ! ah les idolatres ! las ! & où tourneray-ie mon efprit & ma langue pour trouuer raifon de Ime defendre ? l’auois pensé de dire, &c. comme le terrant bien afleure ; maintenant on me dit,que c'eft crime de croire en l’Eglife qui eft de toute antiquité;de garder les Commandemens:ah Mef- ficurs quel confeil me donnez-vous ? &c. 2. Cefte nouuelle pretenduë nous veut refor- mer,ie luy en fçay bon gré;ouy dea ie luy en fçay bon gré:mais ie vous prie enuifageons vn peu nos keformateurs, Que font-ce ? Saincts tombez du ciel, Oracles enuoyez du Paradis, la fainéteré , & purete mefime.Oyez leur propos, voyez leur con- kenance,leur deffein eft de retrancher l'erreur, &c. qui?vn qui n’a fceu garder vnefelleen Allemagne en fon Conuent, qui n’a fceu porter le omus à Noyon, vn farel défroqué de cerueau & de refte, font-ce là ces, &c. | 3. Pauure Auguftin , miferable Hierofme , 6 le malotru Gregoire le gr4d,& Les autres qui {e {ont fgc{nez pour entédre la fainéte Efcriture,là où ces IMefieurs,ces femmeletres,ces Frippiers & Mare. {chaux entendent tout parfaictemét, voire mefme lans auoir cftudié , poffble fans fçauoir lire. Ah peines 512 Chapitre LIT. peines mal employez , ah fueurs bien inutilemen: cfcoulees ! &c. | Execration. r. y leu vous abyfme,& vous encoffre és enfers D eternellement ! tant eftes: vous cruelle, vo- lupté maudite, & deteftable. 2. Saincts & Sainétes de Paradis puifliez vous deliurer le monde de ces peftes, & mal-heurs ! ah puifliez-vous faire ouurir la cerre , pour engloutit ces diableriés de peché , de tromperies, d’Atheif- mes,qui nous perdront, fi vous ne les perdez. 3. Fi fi,ah que ray la bouche amere,feulement pour auoir paflé-par ma langue ce funefte atten- tat ! Dieu,& que ne me fuis-ie aduife, ayant enta- mé par mefgarde ce difcours puant , de couper la parole par le milieu, & faire mourir ce difcours au milieu de {a vie. 4.Enfers,& à quoy feruez-vous?diables & furies, & contre qui enragez-vous , & où defchargez- vous vos fureurs , fi vous n'eftranglez ces mon- ftres, ces bourreaux qui outragent les chairs inno- centes de ces diuines pucelles du Paradis, &c. 7 Exclamation vigonrcufè. k I. Moy miferable tout outre ! 6 trois &qua- “@ pas cent fois côdition mal-heureule, & pitoyable!las Pay defia efcoulé tout mon cœur, 8e diftillé ma vie par mes yeux,& la douleur pourtät | eft enracinée en ma poitrine , où elle me bourel-£ le , & me liure de cruelles batailles , & me repro- | De l'Eloquence. ne | che fans ceffe, malheureux, me fait-elle,eft- ce [3 | où il falloit employer fa vie, &c. |. 2. O tempslie des temps! o mœurs defbordées & difloiuës!& en quel pays fommes-nousl’Egli. | fe Le void , la nobleffe en eft allarmée, les fçauans ne crient d’autres chofes, & nonobftanttouts’en | va de mal enpis! | 3. Le cœur me fend,helas!& quel {pedacle ef- | froyable & plus que tres-horrible ! les hommes, c'eft trop peu , les beftes mefmes , que dis-je , les | Eiemens , les flammes, les glaiues , Les toutmens | mefmes ont honte de ce mefchef, Vne Viergein- |nocente mile {ur la roûe ? 6 horreur?roùûe mertez- vous en piece,& foyez plus humaine que les hom- Imes. Vn Sainé étre dans l'Ocean ? 6 barbarie! |Occan pauez-vous, & ne vous profanez du fang de ce Sain&.Vn Ange homme condamne aux fl4- imes!0 parricide abominable ! flammes efteignez- vous,ou pluftoft volez fur ces bourreaux, &cc, Excufe, eu repentance. 1, On Dieu,qu’ay-ie fait: Meflieurs,mercy ie vous prie. Las ! & pourquoy ay-ie mis en beine S. Chryfoftome, vne fi grande perfonne, & qu'eft-il queftion d'employer ces gräds hommes, & emparler ces Oracles ! ah ! c’eft profaner leur ajefte,& la chofe ne le merite pas. N'eft-ce pas uTéz, de faire rougir ces gens en leur faifant por- ‘er parole par Seneque , par Piutarqte , par des Athées,& gés fans religioloyez,oyez Lucian, &c. 2, le m’oubliois du plus beau , exculez ie vous rie la faute,mais ie n'ay rié dit fiie ne dis le nerf, Kk si4 Chapitre LIl. ky l'ame de céraffaire. Et où auois-ie laiflé en at- tiere ce qui deuoit eftre au frontifpice,&c. 3. Aidez-moy, Meflieurs, & fecourez-moy en ecfte matiere ilne m’eft pas poffible d’en fortir, ie ! m ’enuelopperay en ce labyrinthe, fi vos faueurs, 8 affiftances ne me donnent courage , & me foula- : gentpar leut bien-vueillance,&c. | 4. Maladuifé , las! ie le confeffe, ray efté bien maladuisé de m Aller sinfi engager en ce labyrin- | the, d’où il n’y a moyen de fortir;car quelle appa- tence y a-il que ie puifle prouuer ce que ray pro-| mis, & entrepris. Hazardons puis que nous y fom- | mes. Dieu nous aidera s’il luy plaift,& à rout rom- | re nous ferons naufrage en belle mer, où il eft à defirer naufrage, ce fera finalément{e perdre en Paradis,& s ’efgarer en Dieu. Sonbait , ç j'arntte Priere, ï. La mienne voonté , que la douce miferi-{ | corde de Dieu,eut,&c. 2. Par ce bras viétotieux ; & par cefte main du} ronde la plus foudroyante en guerre,& la plus li- beralement royale en paix ie vous coniure. Par! tous les deuoirs depitie,de bonté,&c.par l'amour! que vous portez à vous-mefmes , défchargez nos! cœurs de fes frayeurs qui les gelnent. 3. Pleuft à Dieu MM maisdifons-le tous,& di fons-le de cœur, & difons-le cent & cent "Hs le iour ; Pleuft-il à Dieu que nous éuflions le cœur# fait comme noftre creance , la langue comme lel cœur, la main & l’œuure , comme la langue &r la! parole ; 1418 . Tranfi TZ De lEloquence. sis Tranfitions. T fortons au nomde Dieu , fortons de ces mares pourries,& ceslieux infectez depelte, £ craignons la contagion : ie crains feulemenr en arlät des enfers où eft plongée l’ame voluptueu- 2, que ie ne vous face bondir le cœur ; montons luftoft au Paradisdes vertus , & difons, &c. 2. Vousm'attendez (ie LR apperçoy à vos ifages) au fecours que f'ay promis de, &c. Or al- ons puis que vous le commandez , votre bonté ous feruira de pole & de guide. 3- Difpenfez-moy, ie vous prie, de ce difcours k n’en fortiray iamais, fi vous ne m’en arrachez, Ent eft-ce chofe re de parler de Dieu , mais m 4. Cela? & c’eft abufé de vos patiences de vous ntrerenir auecfes gens quine veulent ny rendre, y entendre raïfon, ny croire à l’Euangile , ny cfendre leurs paroles,oftez-moy ces opiniaftres, Kk .2 ne PR AT LA MVSIQVE. CHAPITRE LIITI. | A Muñique eft vn chant recueil) lanc harmonieufement en foÿ desparolesbien dites,mefurées en quelque g gracieufe cadence {x derime , ou balances en vn€ inégale égalité , doucemen pefle-meflar ie les fons graues, & aiguz, bas,& hauts fendans & perçans, ou rabbatus , &c. 2. La Gare eft vne efchelle affile fur les iointu res de la main gauche , où {ont les clefs qui fon l’ouuerture du chant. 3. Lefoneft vn frapperient d'air, fi le coup f lent & tardif, le fon eft bassfi Le coup eft grand, foudain,haut,aigu, fendant l'air, perçant l'oreille tout cela va par cercles,& ondces d'air qui va bats re l'oreille, & frapper l'ame d'vne douce atteinte, 4. Lesextremitez de la voix font, eleuatiom montant de baffle en haute voix, s 'approchant du tonnerre;l’autre abbaiffement, qui eft vn mouue mét du haut en bas, voix qui s'approche du filéce. s. Confonance eft vn heureux rencontre d deux fons ëu plus qui font mefurables,& ont ie ne {çay quelle affinité & bonneintelligence , 1 fe ait - 1FRA +. LE La Mufique. s17 it vne alliance, ou douce confufon , & vn heu- reux meflange d’où naift la confonance,& accord qui contente l'oreille ; mais s'ils ne s’accordent, &c que chacun face fon cas à part fe voulant porter out entier à l'oreille , fans s’allier à l’autre, à l'heu- re ils font reçeus aigrement de l'oreille, & font vn fafcheux difcord, & diflonance qui bleffe l'oreille, & effaroughe l'ouye. | | 6. Les télines font. Premierement le ton, vt. 2. emy-ton eft vn ton nonentEer, mais hafté,3.Di- Lon,c'eft vne tierce parfaite , contenant deux tons, Yr,mi. 4 Diateflaron,c'eft vne quarte,vt,fa. s.Dia- pente , vne quinte parfaite, 1€; la. 6. Diapafon eft Poétaue double, & parfaite confonance, compo- fée de diateflaron & diapente, 7. Dicfe cft l2 moi- lié d’yn demy-ton petit. | | | 7. Ilyatrois efpeces de Mufique. Premiere- ent , la Diatonique eftendüe, ou molle. La2. Chromatique ( c’eft dire, colorée) entonnée où olle,ou d'autant & demy,qui font fes trois efpe- Les. La 3. Enharmonique, c'eft à dire, parfaite harmonie , qui cft trop pleine d'artifice, :&.cft feulement pour les doctes. Comme auffi la deux- éme ; la premiere eft en vfage. | 8. Diafteme,c'eft vn interualle,ou diftance,com- bofée de deux interualles. Syfteme , vR amas de voix parinterualles & diaftemes. | 9. Les modes de chanter (elon les anciens, font à Dorienne,Phrygienne,Lydienne, Eolienne. La mode Dorienne eft propre aux deuotiôs: La Phry- gienne, eft guerriere : La Lydienne plaintiue:L'la- | fienne variable & fredonnec:L'Eolienne, fimple. L'vnc eft pefante , & grauc; l'autre frctillante ; 3 | sin Chapitre BNI. À cefte-cy aiguë, piquante, pafñionnée, dant celle-là efpefhie fombre,defdaigneufe. 10. On fait dire au Luth tout ce qu’on veur, &x fait on des Auditeurs tout ce qu'on veut. Quand vn braue ioüeur en prend va, & pour tafter lesh chordes & les accords,fe met *e vn bout de table à rechercher vne Pniafies il n’a 6 coft donne trois! pinçades, & entame l'air d'vn fredon ggu'il attirem les yeux & les aureilles de tout le monde, s'il veut faire mourir les chordes fous fes doigts, il cran(s porte tous ces gens, & les charme d’vne gaye mes Jançcholie , fi que l’vn laiflant tomber {on menton: fur fa poitrine, l'autre fur {a imain ; ; qui iafchement! s’eftend tout de fon long comme tiré par l’aureil= le’; l’autre ales yeux rous ouuerts , ou à bouche ouuerte , comme s’il auoit clotie fon efpric {ur les -chordes , vous diriez que tous font priuez de {en4k timent ; horfmis l’ouye , comme fi l'ame ayants ‘abatdonné tous les fens, fe fut retirée au bord des aureflles pour ioüir plus à fon aife de fi puiflante harmonie , mais fi changeant fon ieu il reflufcite fes” Éhordeë aufi-toft il remit en vie tous les aflis | fans, & leur remettant le cœur au ventre,& l ame ésfentimens, à qui elle auoit efté volée, ramené +oût le HUB auec' éftonnement , & fais ce qu'il veut des homines. : ! 11. La Mufique dénne f'allarme comme à Ale . xandre , vn autre prend les Poiffons , qui dans vni ac d'Aicsandrie fe life iémiéhe prendre paf la douceur d’vne chanfon; elle guerir la Sciariquess Lefbos, & lonifles ; elle guerit de la piqueure de Ja Taradtole en joie elle fait tout. 12. y a quinze voix, ou {ons ,qui en nom Greg ; La Mur ique. _ $r9 Grecs s'appellent. | 1. Proflanuanomene, c’eft à dire, voix acquife, 2. Hypate hypaton , principale des principales, 3. Parhypate hypaton,prochaine de la principa- le des principales, 4. Lichanos hypaton; montre des principales, s- Hypate melon,principale des moyennes, 6, Pathypate melon, prochaine de la principale des moyennes, | 7. Lichanos mefon, montre des moyennes. 8. Mefe,c'eft à dire la moyenne. 9. Paramefe, c’elt à dire,prochaine de mefo, 10. Trite diezeugmenon, c'eft à dire,troifiéme des déjointes. | 11. Paranete diazeugmenon, c’eft à dire, pro- chaine de la plus haute des déjointes. 12. Nete diazeugmenon , c'eft à dire , la plus haute des déjointes. 1 13.T rite hyperbokon,latierce des cxcélliiedé 1 4.Paranete hyperboleon,prochaine de la plus haute des plus hautes. 15. Nere hyperboleon,la plus haute des excel. lentes. 13, Le petit roffignoiet chorifte de nature fai tout cela par nature,efclattät d’vne voix qui grin- gotte en haute & baffe Note tout ce qu'il veut,& d’ va fifletis trenchant , bachant , coupant, entre- rompät{es chanfons degoile cét fredôs,& en chä- tant il charme fes foucis, & addoucit fes : Migros, : & fes cuifans regrets,qui autrement le limenr.: 14. Plein chant fe chante par Notes tgales ; la Mufique figurée fe chante par diuerfes feutes, 15, Les clefs font nature, b mol, & b quatre. Kk 4 2° Chapitre LIII. entre lefquelles il y.a toufiours vne quinte de l’v- ne à l’autre ; elles font affifes en façon que de leur afiette oniuge à quielles feruenr. Or ces clefs {ont ES aflifes fur Les regles, & iamaisen efpaces. 1 6. Muances, font les changemens de voix d’v- ne à vne autre,quand il faut monter plus haut que le la,ou defcendre plus bas que l’vt. 17. Les fignes du mineur impar- fait montrent que tout ce qui fuit, fe doit châter par mefure égale,tant au toucher qu'au leuer, Et notez, que toute Mufique fe commence par Édicheré & s’a- cheue par leuer, 18.11 y a huit Notes en la Mufique de mineur imparfait. Premierement, la maxime vaut huit mefures ou femibreues,c'eftà - LE dire , il faüt fur icelle toucher & leuer huit fois également. . Secondementlalongue mi en vaurle moi- Tiercement,la breue H vaut Fed == vne mefure, En quatriefme lieu,la femibreue & vaut BEI ETS En cinquiefme lieu ; la blanche vaut la moitié d'vne mefure. En La Mufi ique. s2t En fixiéme lieu, la noire vaut la quatriéme par- tic d'yvne mefure. En feptiéme lieu, la crochue vaut la huitiéme partie. Finalement, le Fredon, vaut la feizième partie d'vne mefure. | 19.1] y a auffiles paufes &c mefures au filence;le bafton touchant trois lignes vaut quatre paufes, c’eft à dire , il faut garder filen- ce autant de temps quilen faudroitem- ployer à chanter vne Note de quatre melures. gnes,en vaut deux. En apres, le bafton touchant à deux li- jun di Tiercement , s’il n’en touche qu’yne , tendant enbas, vaut vne paufe. Quartement, s'il tend en haut, === |a moitic d'vne mefure,& s'appelle foupir. Quintement,sil a vn crochet, == il fe dit demy-foupir,& vaut vn quart de + mefure. Lumsases En fin, fi le crochet eft double, il vaut la huictié- me partie d'vne melure , & fe dit quart de {ou- pir. Kk 5 522 Chapitre LIT I. 20. Il y a deux fortes de poinéts en ïa Mufique figuréc.Premierement,le poinct d'augmentation, qui augmente de moitié, la valeur de la Note pre- cedente ; comme fi elle vaut huit , auec le poinét elle vaudra douze, æ L'autre poinét eft de diuifion ;.qui n'augmente pas la Note precedente,ny ne fe chante,maisil di- uife & fait altererles Notes , c’eftà dire, qu’elle double fa valeur, ou empefche qu’elle ne s’altere & fuiue Le train des precedentes. Or ce pointt ne fe met en Mulique de mineur imparfait, ny en Mufique noire, c’eft à dire,de pures Notes noires. La ligature des Notes peut accroiftre ou dimi- nuet [a valeur des Notes, felon qu’elles montent ou defcendent,& felon que la queuc va en bas,ou en haut, & à gauche. La maxime n’augmente ,ne diminué fa valeur en ligature. 22. Le figne de reprife & repetition eft tel, qui : fignifie qu'il faut repeter iulques \ à. 4 Le point d'orgue eft tel - qui fignifie qu’il faut tenir la Note(fus ou fous laquel- le il eft mis ) en {on ton , iuf- ques à ce que les autres parties conuiennent à ladite Note. 23 a ve AR os à JET CETTE pad 6 2 La Mujique. 23 23. Le mineur imparfait s appelle du nombre biuaire , & le mineur parfait , ou de trois ; & ces fignes montrent que la Muf- + que fuiuante fe doit chanter ——— 3 par trois femibreues. On dit que TES le nombre detrois,eftroufiours tout blanc,ou tour noir,non pefle-meflé de blanc ‘& noir. 24. En Mufique de mineur parfait & imparfait, . fe treuue vn figne qui eft appellé de fefquialtera, ou tripla , & fignifie que la Mufique fuiuante fe conte par trois femibreues , ou trois blanches. La Mufique faite en proportion d’hemiolia fe conte par trois aufli, & fe figure par Notes noires. 25. Les Anciens Compofiteurs ne failoient que des carmes à certaine cadence de pieds, puis y ad- jouftoient quelque air, & c'eftoit tout, depuis on y adioufta des loix harmoniques , puis des modes Doriennes ,Phrygiennes & Lydiennes,, &auec des tourdions meflant cela de bonne grace. : 26. La belle forme eftoit iadis fort fimple , cat peu de chordes,la fimpliciré & grauité eftoit l'ex- cellence de la Mufique , ils n’aimoient point ces chanfons fretiliardes, ces fredons {ur fredons, ces voix forcées qui fe guindent iufqu’au Ciel , & fe precipitent iufqu’aux abyfmes d'enfer, deualant par mille crochers,desfigurant le vifage au hazard de perdre l'haleine & la vie, & mille telles finge- ries qu'ils ne pouuoient fouffrir, nommant cefte Mufique effeminée , & affcétée ; ainfi ils s’abfte- .noient des chants rompus & diminuez,n’eftimant rien que la bonne grace. 27. Ariftote dit que | harmoi ie eft chofe digne, X | grande, 524 (hapitre LIII. grande , & diuine , dont le corps eft compofe de parties diflemblables, neantmoins accordantes jes vnes aucc les autres , & entrant dans le corps par Paureille , auec ie ne fçay quelle diuinité rauiflenc lame. De faitles Anciens auoient des chanfons propres pour fonner à l’arme , pour refueiller les courages , pour aller à la charge, & choquer l’en- nemy,pour marcher en ordonnance & à cadence, & pour la retraite, voire pour façonner à la vertu, aiguifer & allumer les courages , cuire & digerer la cholere , ofter les frayeurs par la voix accordan- te, auecle batrement de quelqueinftrument. 28. La fcience harmonique donne cognoiffance desinterualles , des compofez , des fons,des tons, des mutations, des douces ifluës , des faillies heu- reufes,des meflanges melodieux,de la bien-feance des accords , accordant le fentiment exterieur & lentendementinterieur, & faifant bonne liaifon des modes,mariant la nature & l’art, & les mettäc en bonne intelligence.On ne fe regle pas par le iu- gement & fentiment de l’ouye , ains par Fharma- nie proportionale , qui eft chofe plus delicate &c plus deliée, fcachant feindre & amollir lestons, lafcher les tons & notes par ie ne fçay quels inter- ualles remuant des tons, laiffant les autres immo- biles, & prenantbien les confonances. 29. Pour defaigrir les amertumes de noftre pau- _ure vie, Dieu nous a dône les douceurs de la Muli- que, qui eft le refrain & l'écho des chanfons har- monieufes du Ciel,& vningenieux amas de toutes les proportiôs,& plaifirs que la nature a femez par: l'eftendue de cét Vmuers,quine vit qu'à la caden- ce » & au branfle des Cieux. Aurefte 1e cefte ur iuine La Mufique. $2$ diuine harmonie fort diubé de Nature,comme fi c'eftoic la Princeftè de tous nosfentimens,habillee de fes accords, & paree de fes fredons.elle manie, & mefnage nos penfées auec vne puiffance fouue- raine. Tour y treffaut de ioye , tout y bondit , & rebondit, & danfe le branfle qu’elle commande, elle deflie nos langues,les emparlant puffammét, elle efface tous les ennuis , & bannit auffi-toft ces efprits familiers des chagrins qui tyrannifent no- ftre vie ; elle defenfle les enfinres de nos choleres qui nous groffliffent le cœur , addoucit nos cruau- tez , recalme les orages, donne pointe à nos con- ceptions , efueille nos courages , ouure nos appe- cits ,; defferre la viuacité endormie de nos beaux efprits , & les refioüir ; allume le chafte amour de l'innocence , & par vne bien-heureufe & diuine pharmacie , par le miel des plaifirs , élle chaffe le fiel de nos paflions qui pourrifloient en l'impu- reté de noîftre fang. Quelle eftrange puiffance de fçauoir fi doucement enchanter nos efprits, que fans dire mor elle perfuade & nous entraine, diftilant & coulant par l’aureille fes charmes & fes chanfons qui defrobent l’ame à l’ame mefine, & l’arrachent par les aureiiles,fans qu'elle fe mette en deuoir de fe defendre, & riant de fa captiuité, Pendant qu’elle parle des doigts, qu'elle fait ha- ranguer vne corde d’vn Luth,8& commande qu'vn bois creufé dégoife mille chanfons, cefte Sirene {e rend maiftreffe de nos efprits qui fe font fes ef- claues. Qui le croiroit que chaque fon euft fon partage , & fa puiflance & domaine à part. Le Dorique coule dans nos cœurs l'amour de chafte- té, & allume les fammesinnocentes de la virgini- : Le. 526 Chapitre L'IIT. té. Le fon Phrygien met le cœur au ventre, lef- ée au poing,& au vent, fair boüillonner le cœur, acdte les cfprits,roidir les bras, & iette tant de fou phre dans nos veines, qu'on ne defire rien plus cfperduement que le choc , & le chamaillis de la guerre, La où l'harmonie Æolienne calme les ora- ges des cfprits qui font en tourmente, y gliffela bonace , abbat les vents, & froifle la roideur de leur violence , dont ils renuerfoient l'eftat de nos ames , endort nos malheurs par la douceur de fes enchantemens{acrez. Le {on laftien efueille les efprits affopis & aflomez, donne pointe à leurs penfees, & fur l'aifle defes harmonies les emporte vers le Ciel, les enleuant de la boüe & de la pouf- fiere qu'ils conuoient , & d'vn beau vol les guin- de à l'amour des chofes qui ne fententquele Ciel, & la faincte diuinité. La Mufique chantée à la Ly- dienne , chafle les ennuis qui tenaillent le cœur, couppe ces limes,& reboufche leurs dents dontel- les rongent le filde noftre pauure vie, iette dans la poitrine le iour & laioye qui trenche les nuages & les nuicts des ennuis ; difloud les monopoles des chagrins qui minutoient noftre ruine. Bon-gré, mal-gré imprime le ris au vifage, laferenité au front , la'gayeté aux yeux , le chant fur la langue, les foufpirs donnent air au cœur, & quand on au- roir la mort entre les dents, & l’ame fuyante fur le bord des léures , hi faut-il rire d’aife. Chacun de ces cinq a trois fortes de chants, le haut, le bas, J'entredeux,de façon qu’on forme comme quinze manieres de [ons &tons differends. Le Diapafon _àccueillic tout cela, & r'alliant coute la mignardi- | £e de ces varietez, amafle vn concert de douceur | | que La Muique, 27 que iettant dans l'ame ilierre l'ame en Paradis, & le Paradis dans l'Ame. Qui s’eftonnera donc- ques que le gentil Orphée ait eu tout pouuoir {ur les beftes fauuages , les faifant oublier leur gib- bier & leur chafle , pour fe repaiftre & engraïffer de fredons , & manger par l'oreille ces diuines | viandes. Quandil faifoit parler fa Haïpe, fredon- ner fes doigts, marians fa voix Angelique aux mi- racles de fes chordes , les peuples dela mer fe ict- toient à la rade ; les Sirenes danfoient {ur l'herbe verte diaprée de fleurettes ; les Ours repudioïent _ les forefts tant chériesiles Lyons à la foule fe iet- toient en Ja prefle des autres auditeurs, quittant leurs cannayes, & leurs forts, & prenoient tous grand plaifir d’eftre aux pieds de leur doux Tyran, {e rendant efclaues volontaires de ce tät gracieux voleur. T'ous ces naturels farouches, & d’humeurs fi contraires,eftoient deffauuagez,& defarouchez par le charme de la Mufique , & pendant que la chorde parloit, tous fe iuroient fidelité , & ren- doient enfemble l'hommage deu au commande- ment de la Harpe tout puiflante. Ec quien doute que la ville de Thebes fe foit baftie au fon des fre- dons & du Luth d'Amphion,fe deftachät des durs rochers ces porphires, & s'agençantàla cadéce de {es chanfons,fi ce n’eft qu’on die qu’eftant les ma- neuures tous eflangouris & engourdis cefte dou- ceur les ait remis en vigueur,& en appetit de bien faire. Ah!que ie fçay bô gré à celuy qui a mis Mu- fee en Enfer ayant fon efcharpe au col, & fa Hat- peen l'air, & fes mains embefongnées à donner des aubades:appaifant-la barbare cruauté des En- Éers,& fucrant les aisceurs des martyres, efténant | & 528 Chapitre LIIT. &endormant leurs fouffrances,& quafi mettant le Paradis en Enfer. Voila les artifices, mais quoy,la voix naturelle n’a-elle pas fes douces friädifes;n’a on pas trouué la douce liaifon des accords, faifant des pieds bien entrelaflez,& des accens heureule- ment accouplez des poëlies,chantät auffi mufica- lement des pieds que de lalangue ? Tout l'effort mefme des Orareurs,&c cefte toute-puiffance d'e- loquence de quelle cief fe fert-elle pour deflerrer les cœurs,ouurir Les efprits,&c fendre les poitrines obftinées, fi ce n’eft des clef. dorées de la mufique, des harmonieules cadéces de leurs periodes,& de la melodic de la voix bié accordée au fon des paf- fions huimaines ? 6 quel charme quand chaque af- feétion chäte bienfa partie, & d’vne voix propor- tionnée à {on naturel, defcharge dans l'oreille de l'auditeur, toute {a pefanteur. Quand l'efperance chante le fuperius, la crainte le tremblant;l'humi- lité le bas, la cholere la taille ; la iufte deffence la contretaille ; l’artifice fredonne ; la nature va le plein chant fouftenant la Mufique;la modeftie fait le racetiles douleurs fôt les foufpirsl'ardeur fe iet- te aux brochets & aux fuires ; la prudence fait les feintes,& les diefes;qui d’vn fon aigu,qui d'vn pe- fant, d’vn perçant, d vn fendant, de mille façons on afliege fi puiflamment & doucemét l’efprit de l'auditeur que finalemé il fe rend, & fe laiffe em- porter. Et cequi eftonne dauirage eft de voir que toute varieté qui s’oit par 1 $O.tuyaux d'orgues,on la fait pafler par le (eul canal de la vie, & de la voix humaine faifant de la feule bouche tout leplein chœur des chantres de nature ; de là eft venue la fource des poëles,des carmes,ou piuftoft charmes des * x ’ La M que. Mu “Q des Poëres, la grane pefanreur des Heroïques re- hauffe le courage ;leslambes doux-coulans , ac- coifent les borrafques des ames bouléuerfees, Les Odes vous plantent au cœur lalicfle, & les autres font mille beaux effets s’efbatrant dans nos poi- rines, & combattant les noires humeurs de me-' lancholie qui Hotte dans nos veines, Ces efforts fi i puiffans donnent quelque efpece de crearice à ce qu onchantelde ces chantereffles de Sirenes, qui enforceloient tous les paffans, & par les appas sans de leurs voix charmereffes amorcçoicnt les Mariniers, les arrachant comme par force au vent, & à la marine,& eux pat l'oreille fe laiffant attirer en vA doux feruage , & melodieux efclaua Oftez nous ces fables, & iettez les yeux & je x les fur cefte diuine Harpe rombee du Ciel en ter- re entre les mains de Dauid, qui faifant parler ces chordes , & chanter des: diuins Pfeauines , exot- ciza Saül,eftrangla ce foller,luy RAS ARS chog- de par les innocens fredons de fes doigts virgs. naux , pinçant faindementuces tant fçauantes hordes. L'harmonie chaflà ceft efprie” noik , la Mufique defferra le cœur & le gozier de ce pau- ire Roy qui fe fentoit mourir , cela foude les layes, fit efcouler les fafcheries, qui, eftouffoient e cœur Royal de ce pauure poifec dés Qui fe peur maginer comme dans vn petit filet bien bande, ALT wi fur le bout d’vne langue muficienne, on peut enfermer toute la melodic du monde. > enf- ant d'vne tirade le pefant, l'ajou, Vemoüé , le endant, l’argertin, le Dre fe, le re clant, larrefté, le volage, les bricoles,les feinees, ès fuites , Le courroucé, le Harteur, le tremblanr, LA M 1 \ à "4 go (Chapire LIIL 4 le foupple , l'arrogant le ton pefle-meflé en cent mille façons. Car tout ainfi qu’on ferre la periu_" | que royalle d'vn Diademe enfilé de mille pierre- : ries,auffi la nature flatte l'efprit de mille varietez de cons enchaffez tous enfemble. C’eft donc vn' | Effay & vn auant-gouit du Paradis que la Mufi- que;puifque dans le Ciel on ne fait autre exercice : que de chanter les grandeurs de Dieu à deux | chœurs, les Anges d'vn cefté , & les hommes de l’autre, Suite de la Mufique. £ monde eft bié obligé à celuy qui fut le pre- = mier inuenteur de la Mufique qui eft le doux! charme de tous les ennuis de noitre pitoyable mortalité. Car ceux-mefmes qui {ont plongez fous vn abyfme de mal-heurs ,fi eft-ce qu'au moindre fredon d’vne douce Mufique ; ils {urna- ent comme les Dauphins (audire des Poëtes) fous es pieds du Meneftrier Arion , & treffaillent de ioye Quelle fafcherie {e peut trouuer,qui ne (ei laife enleuer ; loës qu'vn gentil fuperius s'enuole! iufques au Cicl,& s’emporte {oy-mefme, dardanl les mignardifes de fa voix à perte d’haleine & d'ouye ? vu lors qu'vn baffus apres auoir longs temps pourfuiuy Le fuperius , & ne lé pouuant aË teindre, quali {e defpitant contre (oy-mefme, le precipite, & s'enfonce iufques au centre de la Let re, faifant du tintamarte de {a voix, trembler les vitres & les mutailles. La taille & l'hautecontél vont voltigcant par l'air, omdoyans par afcendeñs! &defcendens, rantoft s'accordane volent fi haut qu'ils atraquent de présle plus braue fuperius PAT 2 y | La Mufique. 3? qui eft propre aux plus hautes entrepriles : rantof:. fe fondent fur labafle-contre, & luy faifant cour- ner le dos , le pourfuiuent toufiours battant, iuf- ques àtant qu'il s’abyfme. S'ils s'accordent tous uatre, 0 Dieu quelle douceur:ils peflent-meflent eur voix, & confpirans enfemble d'vn accord cureufement def-accorde, ils meflangent haut bas, aigre & doux, art & nature, & b.mol, & quarre , & fi vous n’y prenez garde, ils vous ra- airont l’ame par les oreilles. Puis tour à coupils € mutinent , vn gaigne au pied, & trois vous le alonnent, aufli-toft il courne le vifage , & ces rois à gaigner pays , pendant qu’vn {eul [es ga- oppe , puis fe mi-partiflant deux contre deux , ils hoquent fisudement, qu'il en ya pourrire. Le laifir eft quand ils changent à l’enuy à deux ou à roischæuts. Tantoft deux petits roffignols s’en- oycnt le cartel de deffi, pour fe battre en duel, vn prefente la premiere eftocade de (à langue, autre la renuoye & redoubie , coup fur coup, edon. fur fredon, paffe furpañfe , l’vn fe feinr, utre loufpire » qui crie , quifetaift, puis fe dar- ent tout à coup , puis fe retirent, tantoit ils {e attentpar mignardifes , tantoft e menacent ru- ement , fouuent vous diriez que le cœur faut à n , & que l'autre vuciile rendre {on ame : (ou- nt vous cuidez qu'ils foient d'accord , auili- f ils fe fafchent : mefimes qu’ils contrefonr l'é- 0 , vn_dit; Paurre redit {ans y faillir d’vn feu! inct; Pvn fe plaint , l’autre p'eure; Fvn rie & utre cfclatte,ie penfe qu’ils mourroient en él ; n'eftoit que par compaflion quelque fa- uche baffe-contre auec le tonnerre de fa voix Lire x Jeurproüeñe, & Lérs rufus iiraculehfement bar 32 Chapitie LI IE. les éfpouuente , & kes fepare. l'ynde Tautre , ow pluftoit que chaque chœur éfpoufane le parti de. fon faperius, ne fe mit en bataille ran gée dix con- tre dix, télte à refte; entréchoquant voix contre voix, haut contre Bari taille contre taille. à fon de trompettes & de AR: fluites, cornets, & rabou- rins , auec les coups dé canons des orgues , les moufquets des faquebures, qui bar, qui crie , qui {ue , qui foutpire , & rend l'ame, qui fe cache er embufcade, & ayant demeuré coy long-temps. en va clin d’ œil fend la prefie au moivdte fign qu'on luy donne, & fe ietre dansla meflee à corp: perdu, en fintreftousfontfi bien acharnez & en üeloppez fi auant au chamaillis, qu ls y lairroien: tous,ou lavie , ou'aù moins la voix, n’eftoit qu'ot fonne la less aueg vne douzaine, d’Allelws & lors Le r'allians & Faifabr paix; sen vont boit Ÿ n coup de compagnie ; & {ont plus 9 orands coû ns queiamais, foi qu'efluyanr leurs vifages, à es a: leurs fuftes , ls racontent leurs HAE monticufes. és DCE “e DCE | D ANS EU A AU e | Crar. LIIIL > Aix-là, Meffieurs , il faut icy garder de f1lence,& donner audience à la voix, y Cile feule le merite, comme l’Am- « = $: baffadeur ordinaire de nos aimes , & "%# le truchement, de no$ affections. Mais d'où vient-elle, ie vousprie, qui font fes pe- re & mere’; où le lieu de fa natiuité ? Eft il bien boflible qu'vu petit véntrelet fortant de là cauer- he des poulmons , mefnage par la langue, brife bar les dents , efcrafé au palais, face tant de mira- les ; Le ne veux pasparler des Muficiens,car vous es oyez tous lesiours, telyen aquifeul chantera les quatre parties , & d’vne tirade, deuidant cent binquante crochets, fe defrobe aux âuncïlles , & role iufques au Ciel , d'où fe culburant awec vne voix precipitée, par autre cent cinquante tons differens, defcendiufqu’aux Enfers. L'on iureroit bar tous les fainéts de Paradis, qu'il n’eft pofli- ble, files fourds mefmes ne l’oyoient chaque iour. L'accouftumance nous a fait perdre l'admiration, Pçauez-vousice qui m’eftonne le plus c'eft de Moir que-d’vne mefme langue artiftement ma- ice , on contrefait toutes fortes d’oyfeaux: fet- LI + $34 Chapitre LI. | mez lesveux, & ouurez les oreilles, ceCharlaran | qui vient d'Italie fera le Roffignol , le Coq, & la ! Linotte, la Caille, la Perdrix, le Corbeau,la Co-! lombe , & vous penferiez eftre fous les volieres Royales de Fontaine-bleau. S'il vous veut faire rire.il vous fera bramer vn Afne,rere le Cerf,mu- gler le Taureau ,rugir le Lyon, hannir le Cheual, abbayer tous les Chiens, vrier le Loup & fon gofier vous femblera l'Arche de Noé , oùtoutes les beftes chantoient , les oyfeaux d’vn cofte , les animaux qui vont à pied de l'autre, Ce ‘n’eft pas encor là où ie vous veux conduire, auez vous point veu de ceux qui font de leur bouche toute forte d'inftrümens 5 haut bois, clairons, fuftes, cornets , & violons, fifres, rambours, & fiftrés, & comme fi les dents eftoient des chordes, le creux du nez,le ventre d’vne viole;,la lägue d’vnarchet, Ïe gofiér fat le manche , il vous chante tous les airs que peut porter vne viole, de forte que com- me homme eft vn petit abbregé de toutes les Creatures. aufli fa voix eft vn petit monde ramaflé de tous les fredons & paffages de nature , & de Part, left bien vray, qu'il n'y apoint d'apparence de vouloir brauer ie Ciel & laterre, foit Jors que: PREnE fa voix, enfant les ioües , & ramaflant on gofier , il veut foudroyer & imiter l'effroy ef- Clattant du tonnerre ; foit lors que fecoüant la tefte, enfonçent les veux , refrongnant le vifage, pouffant {a langue, & debatantfes levres fortru- dement, il contrefait le bruit de l'artillerie. C'eft trop,c'elt trop fe hazarder, cela eft plus tolerable, lors que d'vne mefine voix, il exprime routes les afictions , & delueloppe toutes les playes de l'a] mel] 4 té AA PORN 1 | al L mé ; il defgaine fa cholere auec vne voix ardante |& foudroyante : sh foulage {a douleur.auec vn |Loufpir cordial , & vn accent pitoyable ; eft-ilde- | fefperé,fa voix le monftre aflez, car elle eftentre- .coupee de foulpirs, & fe dardant iufqu’au Ciel, | tout auffi toit fe laifle tomber partetre. Veut-il menacer, il fe fert d’vne voix rude;d’vn ton farog- che , & perçant les oreilles de fa roideur, eftonne Je pauure criminel qui l'efcoute.. Chofe du tout admirable. Les larmes ont teur voix à part , toute faite ifanglots, & d'vn {on aiore- doux,qui flefchi- toit les pierres : s’il faut fatrer ;VOiCy vne voix du tout mignarde & doüillette, qui ne fent que mufe & ambre-gris, & (e coulant-dans les'cœurs des | plus endurcis, fait fondre les glaçons qui ont fait geler leurs ames. Eft-il temps de rire, OYeZ+, vous pas. les efclats d'vne voix forte & hardie, qui fort à bouche ouuerte. Ce Soldat, ce Thrafon qui braue là, voyez auec quel accent, d’vne voix piaffante,gonfle,& hautaineil gronde ; & ce pau- ure diable qui tranfir de peur deuant luy , voyez quelle voix il a tremblante, mal-afleuree & chan- cellante. Comment eft-il poffible qu'vn morceau de chair dans vntrou auec des offelets rangez.qui eft le tuyau &:haut-bois dela nature , faffe fortir fi grande varieté de voix, & fi aisément, queles petits enfans y font maiftres ? que dis-ie les en- fans, les beftes mefimes fe feruent de la voix, comine du Calepin de leurs imaginations,, car la voix cft leur parole , auec laquelle il monftre à tous ,tout ce que leur imagination leur gra- ue due la tefte. Jl fauc bien dire que ce foit Dieu ou la nature ,qui monftre ce qu'elle fçair 4 L'1L# PR NT CNRS M. RARE 36. Chapitre LI. faire , car fielle veut ioïter des orgues, le nez luy . fért de tuyaux, Les dents de foupafes, lalangue de ! main , Les poulmons de foufflets, & d'vn cien fait ! tout ce qu'elle veur,ie penfe que c'eft decesvents ! icy que dit Dauid, Qui edncit ventes dethejanris fusss | c'eft à dire,du cœur & des poulmons,qui font les coffres des finances de la nature, Ne vous efton- nez pas maintenant fi fainét Iean Baptifte , s’ap- pellela voix de l'Eglife , & de lefus-Chrift , caril ñe pouuoit dire chofe plus excellente. D 5 lle mm 57 DE L'HOMME, AV LECTEVR ce E C hef-d'œunre de la mainteute-puifar- NS re de Dieu, eff le miracle du monde, La SZ merucille des merueills. Son corps eff SZ" l'abbregé de tontes les eminentes perfe= PS Chions de lVniners; fon ejprit n epitome des grandeurs de Dieu c des Anges fon entendemens gn threfor des fciences, [a memoire un vray prodige qsi conferue dix millions de chofisrares, fa volonté on vray Paradis de vertus}! faudroit mille ans pour faire ana tomie du corps, efblacher toutes les merneïlles cachees en chaque partie diceluy. Le vous donne icy une Ana tome de Jon corps , vous despliant piece « piece toute l'œconorrie de ce petit monde,qui eff à la verité du tour miraculenx.l n'y à rien de plus iminceën [es commen cemens,ny de plus fale,rien de plusimbeclieer [atendre seuneffe. Cela tFant verse fur terre ne fçait faire auire chofe que criailler ; plorer, @ rompre la teSle toute La mas{on ; il le faw lier pieds G poings ; comme vn petit efilane, € vous l'emprifonner dans la geole du berceau, comme vn petit crminel de nature.]l nefçait nyparler, #y marcher,ny mefine manger ou s'aider tant [oit peu, n'y ayant ff petite beffe qui ne [tache fe pouruoir d'el- le mefme.Eft-ce là ce Roy des animaux, cèr Emperer du monde,cét bomimelet qui tAntoff fera du petit tyran? 195 t0/f quil denienr grand , il Free qne befte Li 5 Lu 1 DA 538. | MPAUA Su farouche, la cholere en fait un Lyon, la faim vn lonp- garou , l'anarice vne barpie, l'ambition un Paon, la fi. neffe vn Renard,la malice vn demon. Quand cela avn peu cours far terre tour à coup la mort fhruient qui fait [on coup, de tout cela fait vne charogne,puis vn © pen de cendre , puis un rien couuert d'un epitaphe. Se peut-1l bien faire qu'un petit ver de rerre S'onblie bier tant que de rouler dans fn efbrit des penfées d'un Dieu,ayant le corps fi miferable,qu'il n'eff qu'une bute atous maux ? S. Bafile dit que l'homme e/? comme ces demy-dieux fabuleux , qui font demy dicux & demy bestes ,comme les Pans @ les Satyres. Car file corps obeyt à l'esprit, l'homme vit comme vn Ange; mais ft l'esPrit eff ryrennixé par le corps , certes c'efl vne vraye brutalité | @ l'homme n'eft qu'un démon fur terre, L'homme à l'homme eff vn lonp-garou, l'homme à l'homme eff on petis Dieu.felon qu'il fe comporte. ILn°y a piece fur fa perfonne qui ne [oit un miracle,fi en prend da peine d'en fçauoir les propriete? Pour en [çauosr par: ler en termes propres ,1e vous offre ce perst Effay ; qui vons aidera à desplier vos conceptions , & releuer vo: difcours par le naïfucte des paroles. Cela féroit bien honteux ; que l'homme ne [ceuff pas parler de l'homme, luy qui fait profeffion de parler de toutes chofés, Cecy vous doit fuffire, que te vous prefente d'auffi bon cœur, que te furs à vostre feruice. AL ae: L'HOM | 539 RD NEC Nan à FÉES ture LHOMME CHEF-DOEF- ure de dieu , eff le miracle de nature. CHariTREe LV; ARLES parties fimples,& dont chaque pat- EE rie retiét le nom de fon tout, font neuf, #3} 1. Les os qui font les pierres , les. co- =#)|onnes, les paroïs, les pilotis, la forcé de . Corps, feruant icÿ de bafe, 1à de rempars, ailleurs d'outils, là de forme du Hunois; de reflorts des mouuemens eftans bien emboïitez & liez enséble. . 2 Lesligamens{ont païties blanches fansfang, fans fentiment,non vuides,mais mafliues,qui pro- uiennent des os , & font la liaifon , & pourtant Le plient , fe bandent, fe defbandenc aifément , mais: font fi bonne liaifon des os & desiointuresqu'el- les nefe defnoüent ny fe defmentent ,ou defboi- cent pas aifément. 3. Les cartilages font d’vne fubftance plus molle que les os ; plus dures que les ligamens. mais {ou ple pourtant ,afin qu'és mouuemens elles ne fe froiffent trop rudemét, & s'vfent d'elles-mefmes: élles feguent d’éftaye, quali comme les ligamens, icignant 2m 5 549 Chapitre L F. ioignant les os, ou les membres cofemble, &c les liant bien fort. 4. Les nerfsfortent du cerueau ou de la moüel- le de l'efpine , font d'vnefubitance tendre,molle, - blanche, ont fentiment fort aigu, & donnent iouuement, s- Les pannicules font dé rayes Éites Fat nerfs & ligamens qui lient & arment les membres, & donnent à quelques-vns le fentiment, commeau cœur ,àlarate, &c. 6. Les filamens,font des chordes,®& filets longs, grefles, & blancs , folides, forts; ils feruent ou à tirer la nourriture , ou à la retenir, ou à pouffer les fuperfiuitez 7. Les veines dboe canaux , & tuyaux où coule le fang plus cfpais, & lortent di cœur,ou du foye, où eft la veinecaue quieft comme la mere, & la. maiftrefle racine des menués veines, cp 8. Les arteres font conduits qui fortent du cœur, où sft la grande artere mere de toutes les autres, elles font couuertes de tayes fermes ,-& efpailles, afin que les efprits vitaux qu ‘elles tent. n’ef- uaporent, Elles & les veines font, iointes , afin qu'elles fuçent leur nourriture des veines, & que ! les veinestirent dela chaleur des arteres ,aufiy ! a-il des Orifices & des boucles , afin qu Lee fe ” puiffent communiquer enfemble, | 9. Lefangfe fait du chile plusefpais, gluant, 4 bien cuit. Les membres plus pefans, ou deplus « grand crauail & effort ; font armez d'os, de nerfs & autres chofes plus Cubes & proportionnees, 10. Ily a dans l'homme trois cens os,c’eft à dire, cent cigquante de chaque cofté : chacun d'eux a | dix | De l'Homme. s4i dix proprietez (les Anatomiites les nommenc Scopos ) la douceur, rudeffe,liailon,enchaflure, f- gure , & autres toutes differentes des autres, de façon que multipliar cela , refulrent dix mille cinq cens proprietez d'vne cofle , & autant de l’autre #cofte de l’homme en fes os feulement.fans les oc- culres. Voila donc partie du harnois de l’homme tout fait. de wonds & enchaflures , afin de pouuoir jouer de toutes fes pieces enclauces les vnes dans _ les autres d’vne fi belle emboiture , qu’ils ne def- enchaflent pas ailement , à caufe des cordes & li- gamens qui eftreignent les emboitures. 11. Pour la puiflance vegeratiue & nourriffante qui repare ce que la chaleur radicale a confumé, il eft befoin de plufieurs officiers & cuilons. Lapre- wiere digeftion fe fait en la bouche par la moutu- re des dents , les premiers trenchent pource font aigus, les machelieres font plattes & rabboteufes” pour moudre & menuifer Ja viande;pourles vian- des dures, ily a des crochets , qui brifent plus for- tement, & pource font encharnez dans les genci- ues auec trois racines .La Jangue fert comme de pefle en vn four,pour tourner la viande, & la faire -moudre de tous coftez. 12. Apres vient la gorge où eft Pentonnoir , le couloir, & le tuyau du gofier qui entône la viande dans l'eftomac pour la cuire, & eft fermée d'vnepe. tite ligue de chair,afin qu'il n'y entre rien de froid qui empefche la concoction. Tout aupreseft l'ar- rere afpre qui porte l'air aux poulmons , qui s’ou- ure à l'air qui entre,& fe ferme à la viandequand on mange. L’aitere eft annelee iufqu’au mitan, afin d’eftre coufiours ouuerte; de là en baselle eft molle = s42 Chapitre LV. soile,afin que fi on aualle quelque gros morceau, qui eftrangle elle cede, & fafle place , afin que le morceau defcende en l’eftomach. Le cœur & le foye de leur chaleur fontboüillir la marmite de leftomach ; voire de la petite veflie de la cholere par vne fecrette veine qui fe va rendre entre less, deux tuniques de l’eftomach, ce feu de cholere {ert comme de bois coulé fous le fond de cefte marmitre. Mefmes la vertu Regitiue(côme nom- imétles Medecins vne certaine puiffance qui regé- te nos corps)attite [a chaleur de tous les membres pour cette cuifon, de là ona froid apres le repas. 13. De là fortantle chile eft fuçé par vn miliion de petites veines eftroites au commencement;afin de nerié fuçer de grofliersde là s’eflargiflant pour porter tout cela en la veine Porte, qui s’en va aboutir au bas du foye,& s'y defcharger : Le foye receuant cela le recuit , pendant que le plus grof- fier aliment demeure pour les inteftins ( qui ont de longueur foixante paulmes pour le moins ) qui ont tant de détours & de plis, afin qu'ils ne deuo- rent tout en va coup ce qui fort de l'eitomach,car il eut fallu manger à cout moment , & faire quel- que autre chofe,& en outre le foye n’euft eu loilix de rien attirer pour faire le fang. Les lies s'efcou- Jent par les conduits cachez.puis que pas vn mem- bre ne s'en peurnourrir. Au refte Dieu a enuelop- pé nos inteftins d’vne toillete & de graifle , afin de les tenir plus chaudement & doucement, 14. Le foye recuilant cefte liqueur blanche ia rougit,& partage les humeurs,enuoyant la melan- cholie à la ratelle ;la cholere,à la bouteille de fel attachec au foye, laquellerenuerfant par accident cefte De l'Homme. 545. cette humeur fix venir la Jantes Or la melan- cholie monte en l’eftomach , & enduifant les ru- niques excite lappetit , fans lequel on ne vou- droit manger ,& lachoiere defcend & va pi- quer les éciins pour les aider à fe defcharger. Chofe eftrange que ce feu defcende,& que cette humeur cerreftre de la melancholie monte àle- ftomach. €e qu'on boit fert à deftremper la viande pour la rendre liquide & coulante; le refte par vne veine emulgente eft attiré par les roionons creux , de là ils {e delchargent par les veines :vreterez (qui vont des deux coftez & {ont fort eftroires) dans la mare de la veflic; qui a deux tuniques & deux trous, l’vn defquels fe ferme par vn petit nerf,affn que lhumeur ne coule perpetuellement;mais feulement s s'ouure au commandement de l’homme , & {e ferme auf. : 15. Comme l’eftomach eft le cuifinier, le foye eft defpenfier du corps ; il partage le fang en deux, & par la veine caucil enuoyela pirance aux mem- bres’, aux os , & à chaque partie qui a des veines qui lôné Élhretit de bouche pour humer vn alimét propre à fa complexion;des fuperfuitez on nour- sit les cheueux poils, ongles, & autres valetailles, comme les laquais viuent des areftes.L’autre fang va au Cœur qui a deux coffrets, ou ventres ; au premier le fang fe recuit & {e raffine, & par le canal du poulmon il enuoye toutes les fumees dehors, Puis ce fang veinal pafle à l'autre fein pour fe rappurer 8: deuenir fang arterial & faire des ef- prits vitaux. Car ils donnét vie,& chaleur, & mou- uement à nos membres , qu'ils lemblenc animer | & $44 Chapitre LV. ; & en eftre Îes efprits, le cœur les diftibué par les arteres qui fortent de luy, & s’efpanchent par gout , eftant toufours fous les veines, afin que le fang ne fe gele dans les veines, & que les veines les couurét pour conferuer La chaleur de fes efprits qui ne font que feu, vif,&c actif,& pource lartere eft double & forte, 1OQr vne branche defcend aux parties inferieures , l'autre monte à latefte pour porter ces petits efprits par tout. | 16. Le cœur eft añlis au milieu,cornme le Roy,fa chaleur eft tres grande , & la petite paroy qui eft ‘entre les deux coffrets eft dure, pour bien feparer ces deux fanes. Le poulmon iuy fert d’efuentoir pour le rafraifchir , & pource eft{fpongieux & le- ger , fe meuuan r'aisément pour donner de l'air au cœur qui aufh le nourrit delicatement,comme fon bon feruiteur,du fang arterial Le plus.fin, pendant que les autres membres ne viuentque du fang des veines, comme du pain de mefnage?lly ale Peri- earde, c’eft à dire,eftuy,ou guaine , ou coffrec du cœur ,où nature a mis vp peu d’eau, pour le ra- fraifchir fans cefle, Or pour former fa voix la lan-: guette qui couurc le canal dupoulmon eft fenduë comime fa pipette d'yn haut bois, ou doucine lar-: ge& eftroit pour mefnager Le vent & le fon. L'air, _ arciré par les poumons fert auffi à faire les efprits, vitaux & animaux. 0 17. Voila pour l'zme vegeratiue & nourricicre, pour Ja fenfitiue il y faut des efprits animaux qui! fe font au cerueau.pour diftribuer aux cinq fens.! L’eftoffe dont ils fe font font les efprits viraux qui) du cœur montent au cérueau, quieftanttres deli-: cat & necelfaire a efté armé d'yne falade ou armét | qui De i'Homme. 545 | qui.eft le dur teft couuert de bon cuir, & de cheueux.. Il eft encore enueloppé de deux toillet. æes,l'vne groffe & forte,appellee Duremhater:l'au- | æefubrile & delice; nomme Psa mater, Qui cou- urent les.faillies du cerueau & la fubftance,& les | fources des nerfs, quieft la moüelle de l’efpine du | dos, laquelle eft come vne queué qui fort du der- | nierdu cerueau, & va donner iufqu'au grand os, ” 18.1l.y a deux ventriculesau cerueau où fe font ces efprits, ruais de direcommentilsfe font, c'eff chofe quine fe peut , les efprits pour le fentiment ont leurs nerfs à pait,8& ceux pour le mouuement lauffi , de là vient que le paralyrique.ne peut mou- uoir vn bras, & pourtant y fentla douleur, car les nerfs du mouuement font bouchez , non pas les autres. De la pafte du cerueau & de la moelle de J'efpine naiflent douze couples de nerfs qui for- tent par des petits pertuis de l’efpine du dos. Or ces cfprits ne font que feu, ou rayons efpars-par tout le corps,& vne fubftance fort fpirituelles, & comme. lefprit du-fang le plus pur: de fait don- nant vn grand coup fur la tefte, ou ayant vne ex- tréme frayeur on refferre ces nerfs ; & on en ef- preinid & fait fortir ces efprits par les yeux, de fa- con qu'ilfemble que vos yeux eftincellent,ou que. vous voyez des eftoilles & petits feux volans,c'eft pe qu'on dit faire voir les eftoilles en plein midy. -19, Lefens commun, c’eft ce qui ft en la pre- laicre paitie du cerueau , où aboutiflent les nerfs, des cinq fentimens exterieurs, & par là lercerueau Leurdiflribué des-efprits pour faire leur office, & ux r'enuoyent pañces mefmes nerfs des images, ls des nouuelles de rout ce quife represéte à eux, lonsq | Mm *° 546 Chapitre LV. Cefte partie eft mollafle, & peut receuoir aifémés ces images ; mais non pas les retenir, & pourtant vn peu plus auant eft le fiege de l'imagination,où fe conferuent les images des chofes,& de là elle a is fon nom. Plus auant encoreft celte puiflance qu’és beftes fe dic eftimatiue , és hommes cogita- tiue, qui fpiritualize ces images , ainfi la Brebis voyant le Loup cognoit l'inimitie , chofe qui n'a point de corps , finalement en la derniere partie du cerueau eft la memoire , partie du cout mira- éuleufe,& vn threfor du tout iafiny. 20. L'œil eft compolé de trois humeurs, la cri- ftalline, la roufle,& l'azurée, par ces vitres paffent fes tableaux & petits portraicts des creatures , & montent au cerueau. En l'oreille y a vne petite veffie pleine de vent,où frappät la voix; le fon fait comme yn tabourin, ou fonnette, qui bruyant et- ucille l’ame,mais files nerfs fe bouchent,ou cefte veffie ( dite Miringue) creue & perd fon vent, Fhomme deuient fourd , & pource Dieu a facon- né l'oreille enlimaçon , afin que le fon fe cafe en entrant, &ne donne droit, & de peur d’eftre fur- prife par des beftioles, il y a de la ire là dedäs qui {ert de glu.L’odorat & le flairement fe fairen deux petités efponges de chair molle aflile dans les natinés , où defcendent deux nerfs qui reçoiuent les patfums. portez par l'air , & enuoyez au cer- ueau, ces mefmes narines feruent d’efgouft, & de larmier pour defcharger Le Aegme qui fé ramaife au fond du cerueau,däs vnfoucy & vn entonnoir fait exprés pour cela qui fe defcharge par les nari- nes. Le gouft eft en deux nerfs efparpillez pacla légut,qui eft pleine de pares;afin que les liqueurs pene À De l'Homme: s47 enetrent iufques à ces nerfs iuges des liqueurs, L'attouchement eft elpandu par tout le Say 8 pour fentir le froid , le chaud, le fec, le moite , le mol,le raboreux, le poly, &c. & a fes rerfs à part. 21.Tout le corps eftenueloppé d'vne peau deliée qui {fe deftache fouuét fans douleur;puis d’vn cuir elpais,& puis la graifle qui couure la chair,comme d'vn lodier, fi ce n'eft és corps fort chargez de mai- gre.Le col eft vne colonne qui eft côme aflile {ur des gonds pour contourner la tefte, & eft l'eftuy des deux tuyaux de la vie:La poitrine & le dos fait en coffre ou cuirafle pour armer le cœur (côme le ceft fert de morion au cerueau } & là aux femmes Nature ouure deux fontaines de lait, & le fang qui cou roit deuant pour nourrir l'enfant dans le ven- tre,monte aufhi-coft aux mammelles pour le nour- rit par là.Les mains partagées,mobiles, articulées 22. L'ame a deux parties , la fuperieure qui con- tient la volonté;l'entendement, & la memoire:& l'inferieure où font les paflions; en la partie con- cupifcible il y en a fix, l'amour, haine, defir, fuite, joye, trilte{fe.En l'irafcible cinq, efpoir, defefpoir, hardieffe, crainte, & cholere. L' Anatomie de toutes les parties exterieures du corps. qui fuit. ! 2. Le front fiege de la pudeur. s 3, Les fourcils, les veux, les oreilles. 9 4. Le nez. Lesioïes oupomettes,& leursplis, $. Le menton, & {a petite foflette au milieu, J L: (yme de la tete, c'eft verrex;le fommet ce sien les léures , & la bouche, 23 (| Mm 2 548 Chapitre L F. +6. Le col, gozier, fa 7. Le haut des clpaules , ou po où | pallerons. | S.Les os Sate TES les clauicules,& FE: four- chette. 9. Lapoitrine, puis les Étottondeen des, 0; Les ailfeiles ; fous le bras, ir, Les ailes les tetillons au moi, & foubs-mammelles , le por ou fternon , c'eft à. dire l'os de la poitrine. = Repas SU 32, La ceintures lenombril, PA 13.Les branches au deflusde la cuiffe;les Aancs font entre Les coftes, & la cuiffe, les aines, 14, Le haut de la cuifle. 1$. Le ventre, 16. ll yalentre-mammelles, Fenvredlailles ; l'entreboires des cuifles. -na7i La cuifle , le concaue de la cüifle, .28-Le furgenoïüilen dedans , & en dehors, le my genoüil, lefoubgenoüil en dehors,,& en de- dans; le jarret quieit derriére le genoüil. 1 49. La greue de laiambe, le gras où molletde Jaiambe, le my gras dedaliambe, 20. Le col du pied, outaife ; {ur le Pr ou deflus du pied , & deflous laplante.i 21.Le bas delacheuille en dedans,& en Has 22. be talon les orreils, TES VE | 128; Ea plante du pied. É 24. Le bras,ie coude,laiointe du code Ps poi- gnet, la main , la paume, le deflus, les sage la iointe de la main. - .-2$.Lesmufcles de Fefpaule , & d’autres paies, | {ont ces moignons de chair qui aident.au mouue- | 3 £ ment # T / De l'Homme. 549 tient & encharnent le corps.. 26. Le dos, l'efpine du dos & fes vertebres , la nuque du col. 27. Toutlefcelete fe diuife en trois, la tefte, le tronc ; les iointures. £a tefte carñpren4 le crane, ou le ché, & la face : leicrane, eft compofé de huis os : fix propres, & deux communs: ceux-là font Je front, l'os occipital, deux parictaux, les deux tém- ples, dans lefquels font contenus trois offelers nommez eftrieu, enclume, marteau : les cominuns font la fphenoïde , & l’ethmoïde : les futures ou coutures qui les lient enfemble. 28. La face comprend les deux: machoïleres , la fuperieure eft compolee d'vnos, l inferieure d de deux ;en chacune font Ph dal feize dents par gomphofe,defquelles quatre font incifoires, deux canines, & dix molaires, 29. Le tronc fe diuife en |’ refpine, les TR l'os fansnom. L’ efpine à quatre parties, le col, le dos, les lumbes, l'os facrum. Le col a fept vertebres : Fr le dos doi: les lumbes cinq, l'os facrum quatre, l'extremicé duquel fe nomme coccy,ou croupion: les coftés font douze de chaque cofté ,fept vrayes & cinq faufles ; aufquelles l'os de lapoitrine , dit fternon, eft ame par deuant les clauicules, par le haur ; & les omoplates par derriere. L'os fans nom a trois parties, l'ilion, l ifchion, le pubis. 30. Les iointures font deux,la main, & le pied; “la main fe diuife en bras,coude, & extréme-main. "Le braseft d'vn os {eul;ke cogss de deux,du cou- de & durayon; où eftla poul lie où s ‘enchafent les OS. lextreme- main a le metacarpe où paume de la . mains leçarpe ou poignet ; & les doigrsiles os du Mm 3 >. 559 Chapitre LV. oignet où carpe font huiét,du metacarpe où fhi: feu de la main quatre, des doigts ; Quinze, outre les fefanoides qui rendenrles articulations & ems boitures des os plus ferrees. 31.Le pied fé'diuife en cuifle,iambe, &c extréme: pied : la cuiffe a vn os feul ; la iambe deux, l'os de Pefperon dit foffile ou peroné; tibia , la greue ; aucc la rotule ou palere du genotl, Gu lequel of s’agenoüille. L’extréme-pied 2 trois parties , le col du pied,milieu du pied, pedion, metapedion , or- teils : les os du pédion, fept,du metapedion,cinq, des orteils quatorze; auec leurs fefanoides 52.11 ÿ a en oûtre l'offelet du cœur;les Medecins nommént Symphife La naturelle vnion des os, En Ja tefte il y a cinq futures, la coronale ; fagitale, lambdoide,les deux sdleufes. 33° te les parties vitales,c’eft à dire, le cœur, le poulmon , &c. & les narurelles ; c'eftà dire , le ventricule , les boyaux , &c. Il y a le diaphragme qui eft comme vne haye & feparation; ’cefte peau fert à l'infpiration en fe lafchant, & à l’expiration en fe bandanñt;de fait és animaux mortsil eft touf- jours bandé,or on meurt par expiration, Il fert au mouucment du rire, & ceux qui font naurez au diaphragme meurént en riant. 34. Le torax, c’eft le coffre des cf qui cei- gnent le cœur & les parties nobles; le dedans fe homme la capacite. 3$. Le cœur a deux ventres, & vnepeauentre- deux , deux oreilletres , & der mouuemens , Vfi s appelle diaftole ou dilatation , quand par | ’infpi- ration il s’enfle & fe dilate ; l'autré fyRole, quand. il fe referre. par l'expiration » ce mouuement eft. perpe . De l'Homme: 351 pérpetuel & miraculeux. es __36.L’aurcille a plufieurs parties.Prefnierethent. La ruche, c’eit ce trou où s’amaffe la cire, & la glu jaunaftre,2.La coquille,ce font ces contours pogr imefnager le {on , & le faire refonner. 3: La partie en haut fe homme l’aifle. 4. La partie inferieure Qui rougit en la honte, & fe tire pour faire reflou- üenir fe nomme, lobos. $. Tout le tour fe dir Helix où entortillement: Les yeux: f: L Es yeux font vn viay miracle de Nature,6h | les nomme miroirs de Nature. Galen:mem- bre plein de diuinité. 2. Poîtes du Soleil.feneftres de l'âme. "1 3. Les trachemens de l’ame, & fon miroïr. On lit en luÿ l’amout , la haine, la fureûr , la pitié, là verigeance, L'audace luy efleue le fourcil,lhumi- lité l'abaiffe, ils Alattent en l'amour, ilss’effarou: chent en la haine , ils fonfrient en laioÿe, ils lani- guiffenc en latrifteffe, & fe fondent en tarmes;ils s’enaigriflent en la cholere , ils fe colent opinia- ftrement , & s’attachent à terre parmy les fouci$ & pénfers ennuyeux, ils Reftriflent ; &cerniffen£ leur criftal és maladies. $ + 4. Ils font de natureaqueufe, gliffante,criftalls ne, pour plus aifement receuoir tes pourtraiéts,ëe les images de routes les creatures. | $. L'œil a fix muféles , qui font les reffors qui ioiient pour le mouuoir;la poulie qui le hanffepar le moyen d'vn petit lgiment incogneu à l'anti- quicé,& defcouuertpar Fallopius. Les noms des Mm 4 552 Chapitre LT. mufcles droits font : Premierement; lehauffeur fuperbe : 2 J'abbaifleur humble:3 l’ameneur bibe- ron:4. l’emmeneur defdaigneux. Etles deux obli- ques,roüeurs, circulaires. | 6.L'œil eftant de nature d’eau,afin qu'ilne cou- le a befoin de tunique, outayes pour refferrer les humeurs aqueule,criftalline;& vitrée. La premiere tunique eft dite conionctiue,le blanc de l'œil {ris, la fonde, &c. elle attache l'œil & le garde.de foc- tir, La 2. la cornée, car elle eft dure & claire, liffe, & laifle que le iour la perce , & donne iufques au criftallin,& embrafle tout l’æil,& le defend.La 3, eff l’vuce’, qui eftcomme vn grain de raifin :xelle eft percée au miran d’va petit trou, c’eft à dite,la prunelle de l'œil,& la feneftretelle eft de diuerfes couleurs., par fon noir.elle attrempe l’efclat de la lumiere , & rabbar & meurtrit fa trop grande lucur. 4. C'eft laranoide,ou araigniere, faite pour enuelopper le criftallin.ç.La reticulaire quiappor- te,& rméfnage les efprits vifoires dans le criftallin, & dans l'œil, & porte les imiges au cefueau COM- me au iuge. 6. La vitrée qui fepare l'humeur aqueufe, de la vitrée.afin qu’elles ne {e meflenc & confondéent, OS ITS ER 7-iLes humeurs fonttrois. La premiere en ex- cellence ef la criftalline , quieft l'ame de l'œil, le miroter, & le centre, c’eft la Princeffe de l'œil, à . quitoutes Îles autres parties feruent. La feconde, c'eft l'aqueufe, qui eft pourtant la premiere quife void, & qui fért de rempart à l'œil,fa fubftance eft comme l’eau ou aubin d'œufelle fert comme de lunettes au criftallin pour :uy addoucir les objets, La troificme eft La vitrée, elle eft comme du verre fondu; De l'Homme. 553? fondu:elle eft derriere ie criftallin, &comme fon eftuy qui le nourrit,le conferue;le repolit:Au reiie, la coinée fert de glace au criftallin pour addoucir la lumiere ; lvuée par fes couleurs la refioüit , la: prunelleluy ferc de feneftre,l’aragniere luy ramaf- fe Les efprits , & fait comme le plomb aux mis: roüers.. L’humeur aqueufe eft comme fon boulc- uart , la vitrée.eft fa nourrice, le nerf optique luÿ apporte les efprits vifoires, & luy ferr de meflager- pour porter les efpeces au cerueau ; les mufcles & les nerfs luy donnent mouüuement;la paupiere de rideau, les cils 8& fourcils de corps.de garde; lé front de paralol.. 8.11 y a les nerfs optiques qui ne femblent auair aucune conçauité , & portent par leur continuité les efprits vifoires,& animaux:les autres nerfs{ont pour le mouuemenr.Il y a auffi des veines &arte- res pour porter des efprits vitaux ; de la graifle pour le tenif chaud;de la chair molle anxcoinsdes yeux , afin que les larmes, la chafie, & autres hu meurs ne luy nuifent. | La parfaite beauté confiste en trente-fix poinits. 1.Y À peaude tout le corps comme lafpe, où Porphyre entre-couppec de petires veines azurées trenchantes de bonne grace cét yuoife mouuant, 2. Cheueux blond-dorez , & frilez par naturé fort naïfs. | “i 3.Le front mollement voüté,ferein comme vn Ciel,poly comme Aïbaftre, 4. Deux yeux à fleur de tefte,cftincelans,d’'vne belle grandeur,& doucement rayonnans.. | | Min 5 x _ _$s4 Chapitre LV. s. Les fourcis de brins d’Ebene fort itienitié, bien arrenigez,& ajeticez en facon d’atc. 6 Les ioïües comme de Lys & de Rofes, enta- mées de deux foflettes. 7. La bouche incarnadine ; & d’&illets, où de corail. | 8. Des petlesOrie ntales,où Diatnans encliaffez dans lefcarlatre des genciues &routes à l’efgal,8é de mefme grandeur, ñon entrouuertes ny entres baillantes,ny iauniffantes, 9. Vne haléine douce, & mieux fleurante que PAmbre-oris. 24ÿ3 10, Le menton rond & foffelu, nor pointu.ny applaty.ny fendu. | 11. Tout le réint vny & deliée,fans éftte detran- che de rides,ny fendu de fillons. 12. Le col de neige , où lait caïllé, d’vne belle rondeur & grandeur proportionnée. 13. Les temples bien remplies , & nonenfon- cées & creufes. YANN SRE. 14. Les ioües non point abbatuës , affamces; defchargées, pendantes, ou fleftries, mais douce- mentenfices, {ans eftre pourtant trop bouffies, &c bourlouffltes. | mr 43 15.Lenez aquilin,à pourfil, & fendant à droi- éture le vifage party efgalement, 16.Les oreilles petites, vermeilles, fermes & nul- lement auachies ou languiffantes.& trop auallees. 17. La tefte bien arrondie , d'vne groffeur aue- nante au refte du corps, non trop menuë, ny min- ce,nvy trop longue & pointuë. | 18. La couicur viue & animée , fans excez de tougewx, de pafle-couleur , de fafran , ou parcillé terniffu = De l'Homme $5$ térui Fure de vifage. | 19. Le maintien graue-gay, fans feintes & arti- ficcs, plein de naïfue douceur,accompagné d'vne parole argentine , fobre, &c. Les autres ne font pas grand cas , la beauté de l'ame confifte eh vn {eul poin& , qui eft de n’auoir nul peché mortel, mais auec la charité la douceinfufon de toutesles vertus qui la rendent fi belle que Iefus-Chrift la nomme fon Efpoufe,là où la beauté du corps n'eft à vray dire que du fumier bien paré,& vne carcal- fe embaumée, La beauté corporelles À vraye beauté eft vnefclat de {a vertu, & le de vray pourtraiét d’vne ame ornée de fes perfe- étions : la beauté fardée ; eft vne droiteidole qui rcprefente vne chofe qui n’eft pas. Idole pour- tant adorée d honneur plus haut que celuy de La- ttie, puis qu’on perd Dieu pour ne perdre la veuë de Ja beaute , les plus fages en font quelquefois fi tres-fort charmez;qu'ils font faillite à lafageffe,8e portent la marotte , & le capuchon verd. Cepen- dât qu’eft-ce tout cela qu'on appelle beauté.Deux lopins de verre caflé appellez des yeux enchaflez dans deux trous, couuerts d’vn petit cuir volant bordé de petits filets, là deffus vne arcade d’Ebe- ne,& des brins bien ioliment arrangez fans defor- dre , vne table d’yuoire vn peu voütée couuerte d’vn peu de fatin fans aucune ride, vn peu de nei- ge furfemée d’efcarlarte, qui fait les ioües ny trop enflées, ny trop auallées ou pendantes, entre- deux defcend vn canal du cerueau & l’efgout de la tefte ; ) 556 Chapitre L y. cefte qui my-partit le vifage debonne grace, de la chair toute fanglante fenduë en deux ‘pour faire des léures,ie ne fçay combien d'offélérs attachez à du fang caillé, & enraciné dans les genciues , vn morceau de chairplatte attachée là dedäs & mouz uante , pour brifer l'air & façonner quelque babil ac, lé tour enuironné de crins,& d’vne grande perruque , n'yaïlpas bién dequoy faite rañc de tintamarre;S3s flatrer,n'eft-ce pas à vn afembla- gé ridicule ? des os, dü cuir, du verre, du fang,du lard, du carton ou cartilages, de la chair, des ches ucux , vne haleine puante qui fort de la cloaque d’vn eftomach poutrÿ; ne font-ce pas là rous les ingrèdiens d'vne charogne, & d’yne carcafle ma quée ? On dit que la beauté doit audit téehre & tant de circonftances, où les vit on ramais aflem- blées ? Icy Nature a énchaflé vn belæil, viigrain d’'Ebene dans du Criftal couppeé de tres: bonne grace,mais le front eft trop boflu ou ‘elcrafé , les temples font tant atallees que c'eftvne pitié, les oreilles auachies & fi tres-fort ouuertés qu'il les faut cacher , le nez efcralé & punis ; où bien les _ICures gerçées & crottées, les dents gaftées, & aunaftres , le menton trenché & mal:fendu, quelques fortes de ioües bourfoufflées , ou enlu- minées de bourotis & de fang caillé,fi nousauions des yeux, ou délaéeruelle, nous iugérions affez que c’eft beaucoup plus ce qui defaur ! que ce qui femble y éftre. Mais foit à la bonneheure, ie le veux que tout y [oitil n’y a rien de plasfuperbe,&c . defdaigneux que la beaute, il faur eftré efclaue de fes bizarreries , aualler mille dégoufts & amertu- . mes,n’auoir poigt d'yeux pour voir (cent & cene < _focrifes, De l'Homme. 657 Lottifes,ny d'oreilles pour oùyr cent & cent indi- gnitez. Las,& quel efclauage ! ! puisc'eft vnc fleur Heftric deuant que d’eftre elpanoüie, vn once de {erein,vne goutte de carherre tombant à trauers, va œil chaflieux & diftiliant la cire, vne piqueu- re dedents , vnemefchante fieure, pi liars de faffran ou de jaunifle, les pafle- couleurs, 8 à tout rompre vn peu de temps paflant par deflus , vous defigure,cefté face qui fair tant d’idolatres , tren- che ‘de rides le front, &fait vn vifage fi hideux, qu ‘ilpeut feruir de fantofme pour Sol les pe- tits enfans,& faire fuir les hemmes :8& vn homme d'honneur ne meurt pas de honte,voyant qu’eftät fi fage en tout autre aflaire, ilfe laiffe fafcinerLet- prit par cefte carcafle mouuante ? Menippus treu- uant {ur lagreue d Enfer le teft d Helene tout def- charné, & affreux, courut detoutes fes forces & auec Rtlaur pour l'efcrafer fous fes picds ; com- ment, fit-il, vieille charogne, eft-ce donc là certe beauré qui a mis tout i One fans deflus deflou se Petite punaife par vos attraits auez-vous bien d6- né la mort à tant de braues. Capiraines, n’eftans que fipeu de chofe ? Il alloit froifler & moudre cefte tefte defcharnee , fous la iufte colere dc fon indignation , s’il néuft efté arrefté, nLe pis eft que ces traits font autant de fléches qui percent ic cœur,& maflacrent l’ame de beaucoup de perfon- nes,qui pour vne volupté d’vn moment, fe con- damnent aux peines eterne les. La plus hardie de celies qui font profefl.6 de beaute,n’oferoit auoir entrepris de lauer {on vifage en belle compagnie. non pas mefme pleurer, car cefte eau éacerois le fard, defcouuriroit la vieille peau toute en- tre-coup 558 Chapitre LV. tre-couppée de rides , vn cuir iaunaftre , vn teint bazané & hauy , & verroit-on bien que c’eft vne Helene qui mafque vne vieille H:cube laide com- me vne Fr Sçait-on pas bien qu'il n’y a rien de plus puant,que ce qui ne fe peut {entir {ans mule » Voila lepot aux rofes defcouuert, & fans le dema- der, vous pouuez aflez vous imaginer que voila pourquoy ces ieunes fardées ne {ont iamais fans pommes de fenteur. Cela eft fi puant, les haleines fi fortes, les dents fi gaft‘es, les maladies ordinai- res, les mignardifes & faineantifes corrompent tellement leurs conftitutions,& desbauchent leur eftomach, de façon que tefte d'homme n’auroit le courage de s’en approcher, fans l’antidote , &le preferuatif de quelque bonne odeur. Et pour vn beau fumier, pour vn cadaure mafqué , pour vne cloaque afpergée d’vn peu d’eau rofe , pour vne harpie embaumée , pour vn fac de lard , de fang, d'os,8& de chair peint au dehors,pour vn fantofme habille defatin , pour vn beau rien aller engager fon ame à des gefnes infupportables, & n'auoir pas aflez de courage pour mefprifer puiffammét chofe de fi petite eftoffe ? Car qu’eft-ce autre chofe cefte beauté,qu’vn malheur d’yuoire,qu'vn charme dia- mantin, qu'vne neige qui faiccranfir la vertu, qu'vn feu qui fait des cendres du cœur des fols, vae tyrannie cruellement douce, vne mort à petit feu, vae noble barbarie, vne felonnie doucement meurtriere de la fagefle , vne embufcade d'enfer, vn afpre purgatoire des efceruelez, vn aigre-doux fupplicé des efprits, & vn enfer doré & raccourcy qui fait boüillir les ames dans des ardeurs pires que les infernales ? Ce fol de Petrarque s’eft lailTé De l'Homme. 559 laiffe -efchapper qu'vne œillade le perdit, & le fit le doyen de l'hoipital des tois; Holofernes fut ier- te par terre par le regard du patin de la chafte co- lombe ludirh;Samfon fut defait par deux goutte- lertes qui romberentdes yeux d’yneieune affetce; le Roy Dauid, ce cœur fans peur, fut renuerlé par vne volée d’æil;Ce vieux fol Salomoniettalà {on fceptre,& empoigna la marotte,& radotra fi bien qu'il n’y eutrien au môde de fi defbauche que luy, quittant Dieu & le Ciel, pour faire vie de garçon, & defollaftre ,parmy vn grand haras de femine- lettes, N’eft-ce pas là eftre Chreftienne à bon ef- cient de difputer toute la matinée auec la ÿlace d'vn miroir,& cent fois y coller {es yeux pour 1do+ latrer fon propre vilage tout couuert de menfon= ges;le teindre en efcarlatte,le faupoudrer de cen- dre,le defrider auec la paîte & le fard, l’éuenimet d’arfenic & de fublimé pour ofter les nuces,& les taches, feindre vn mal de dents pour porter! em- plaître , & faire par cét artifice efclatter la blan- cheur.ietter des petites mouches pour couurir vn rien en effet,mais vn mal pretendu,& vneenfleu- - re d’efprit pluftoft que de peau,limer les dents, fai- re Le fourcil,& fe parer d’vn monde d'affiquers,& faire de fon corps comme vn pannier de {es petits colporteurs,qui chargent toute leur fubitance, & leur domaine dans vn panier meuble de mille pe- tites befongnes.Vne belle qu:ition me monte icy en refte, c'eft à fçauoir, qu'eft plus fol, & qui a lefprit plus perclus,& la ceruelle renuerfee,ou les hômes qui {e laiflent coiffer, & fi aifément mener à la boucherie , pour acheter de la chair deguilée & route bourfoufflcc,ou les femmes qui prennent tant / C7 560 Chapitre L tanr de peine pour emmufñler des veaux,le ne sa si yachole au monde qui ait plus. precipite de gens en Enfer que la beaute.Beauté quieft l'huys, ou l'huifher qui donne entree à tous les pechez dans l'ame Beauté qui eft le canon d'Enfer, le plus puiffant pour renuerfer rous les rempars des ver- tus , & enfoncer tous les bouleuars de la fagefle humaine.Beaute qui fert de balilic à à qui lamire, de vipere à qui la touche,de Hyene a qui pafle pat on ombre , de Panthere qui auec fon odeur attire les beftes, puis s'en gorge à fon aife, d'aimant quity- rannife auec des fecretres violences.le fer mefme; de canicule qui fait enrager & mourir. de chaud les cerueaux foibles, qui en toureifaifon ardent des chaleurs DR. de la volupté, L'æconcrmie de l'horeme. r.Y ‘Appctiten l’homme logeà labouche de l'e- flomach,afin dereftaurer ce qui éuapore ss belle de la fubfance de l hôüme,qui eft rout per{pi- rable & cuaporable pour fa rareté, & ouuertures des pores qui percent fa peau & {on cuir à claires voyes , mais fort delites. Il y a en luy des parties folides, fuides, rapides;les {olides Rie les os.ten: dens ; membranes smerfs, veines,arteres, chdirs graifle, & cuir. Lesthiquides font les huineurs , le faug, la pituite,la/cholere la melanéhol:e;rous ces fucs X jus font difierents, & pourtant tous enfem- blément coulent dansles veines, & dans la mafle fangiinaire: Lus rapides-font les: efprirs naturels} vitaux, animaux,rapportez au foye,au cœur. & at cerueau;Le natusel ft matiere du vital,le vital de * Pani De L'Homme. 561 l'animal , qui s’efpure dans laboëtre, & creufer, ou alambic du cerueau. Toui cela eft vn flus con- tinuel, & partant naturellement appete le refta- blifemenc de ce qui s’efcoule. Or le ventriculea celte charge dont il s’acquitte par le concours de plufñearsmouuemens ; 1.d'inanirion des parties; 2.de l'attraction des veines; 3.la fuétion du vécri- cule qui fuçe & humesor le reflenriment de cefte fuétion refueille le fens commun,&la faculté fen- fitine luy trace fon chemin, & la guindant par les nerfs,luy donne commandement fur la place, & à l'heure celte partie inftrumentale fe mer en de- uoir , court à l'aliment pour reftaurer le dechert des parties euaporables:ce qui fe fait en digerant &c cuifant la viande,puis la conduifant par les ca- naux pour nourrir tout le corps. L’inapetente defmolit Fappetit,d'où s'enfuit vne atrophie qui taricla vie & ameine lamort. Les parties donc vuidées par la chaleur attirent des veines,les vei- nes fuçent de l’eftomach, celuy-cy attire auffi & fait ouuerture du pylore,partie fuperieure de l’e- ftomach , & luy donne mouuement de fu@ion, d'où vient l’appetic qui repare toutes les bréches _ faites au corps,autrement la chaleur naturelle s’e- | fteinc,& l’hameur radicale tarit, fleftrir,& fe con | fume & apres la vie,qui confifteen ces deux cho- fes bien vnies & entrerenuës (.quoy qu’elles fe batrent fans ceffe, }L’efprit eft vne fubrile vapeur efprainte du fang;le naturel fe fait au foye,la où fe fait la premiere cuifon du fang ; d’iceluy fe for- me au cœur l’efprit viral qui eft vne vapeur plus deliée, & charrie par les conduits des arteres la chaleur qui viuifie les membres de la perfonne; Nn 62 Chapitre LV. le viral qui gaigne le cerueau fe fubrilife dauanta- gc,& le rafraichit & d'euient efpritanimal , dece dongeon on diftribuë par les nerfs tant motifs que fenfirifs ces efprits qui rendent les membres capables de mouuement,fentiment,& de s'acqui- rer du deu de leurs charges. Oril eft fort fubril, delicar,actif,remuant, & qui aisément s’éuapore, & a befoin de fort prompte reftauration.C’eft vn extraict du fang,commele fang de l'aliment. Les facultez fonttrois. La premiere naturelle qui eft aflife au foye,& mefnage la nourriture, accroiffe- ment,generation. La feconde vitale eft enclauée au cœur d’oùelle donne les motions vitales,main- tient la vic,chaffe la pourriture.L a troifiéme ani- male eft au cerueau & gere les affaires des puif- fances & actions fenfriues,& motiues, intellecti- ues;chacune fait fa charge par l’entremife des ef- prits;la premiere du naturel ; la feconde du vital; la troifiéme de l’animal, & routes fans cefletra- uaillent.Si ce n’eft que par miracle il y ait fufpen- fion de la qualité confumante de la chaleur , & vneinaintenué de l’humidite radicale en vn eftat fans decher, ( comme en ce petit enfant de Sens qui 4 defia vefcu dix-huit mois fain & gaillard fans manger ny boire)la fubftance s’éuapore , la peau fe trenche en rides , fecole & s’attacheaux os,le cuir s'vlcere & fe perce a la pointe des os ai- gus, les membres flétriffent & fe defféeichent, &. : font faifis d’yn Marafme mortel, LE | 63 $ OS CU LO LÆ CHEVAL ee Car. LVI. LE 1le cheual tient plus de la terre,il KG: fera melancholique, terreftre , pe- ” NS fant, de peu de cœur. Si de l’eau; RASE phlematique, tardif, mol;sil a plus de l'air , fera fanguin , ioyeux, efueillé, agi- : le, attrempé en fes mouuemens ; fi du feu, cho- lerique , leger , ardent , beau fauteur , & de bon nerf,fougueux, fi la proportion des elemens y eft il eft parfait. | ! 2. De tous poils il y a d’excellens Cheuaux, > * e pourtant le bay obfcur ; c’eft à dire, couleur de chaftaigne, le grifon pommelé,le gris obfcur tiräe fur le noir , le gris nomme tefte de More ( c’eft à dire,qui a la cefte plus noire que le corps) l’alezan obfcur, c’eft à dire, tané iaunaftre tirant au brun, font de plus gentille nature,& emportent le prix. Les autres couleurs font , incarnat, couleur d’or, . . / 4 LA poil de vache, gris cendré, poil de Cerf, roüan, | moufcheté,noirbrun,deftein,rachere,fauue,imef- lé , tacheré comme efcume , poil de loup couflé leur mal-tenante,lauc. 3. Le Cheual balfan ( c’eft à dire à pied blanc) Nn 2 564 Chapitre LI. doit auoïr fes baïianes (c’eft à dite , taches blan- ches)qui ne foient pareilles,ny nemontent àme- me hauteur, &fi ne doiuent eftre trop hautes en la iambe,ny trop defcendre aux jointes du paturon. Le balfan de la main de ja bride (c’eft à dire, pied gauche deuant } m’eften ciedit;mais du pied droit, qui fe nomme Arzel, fera fuperbe, & ne fair bon eftre deffus, en vnaffaire : le balfan du pied de l’eftrier(c’eft à dire , pied gauchederriere) eft de bon cœur, & bon coureur. Le balfan des deux mains eft malencontreux , & pour auoir vn pied blanc cela ne r’habille pas fa mauuaife qualité,car de raifon vn bon Cheual doit auoir plus de blanc derriere que deuant. Le balfan des deux pieds eft bien marqué, & s’il a l’eftoille au front,ou la lifte | & raye blanche qui defcend par la face ou chan- | frain,qui n’arriue au mufeau , uy touche les four- ci, ileft excellent. Lebalfan des pieds, & dés mains,efCheual loyal,& de bonne fantaifie;mais ilsne font forts.Le balfan de La main de la bride, & du piedde l’eftriei{c’eft à dire, les deux pieds gauches, l'un deuanr.l’autre derriere)eft mauuais, & fe nomme trauatile balfan de [1 main de la Jan- ce,& du pied droit, fe dit aufli trauat ; & ne vaut 0 rien.Balfan de la maïn dela bride & da pied dioit, |} fe dit traftrauat ,rombeaisémeng, & fes cheutes|] dangereufes.Balfan de la main dela lance, & dul4 icd de l'eftrier,fe dit traftrauat,ne vaut guere.La ||, caule efque les pieds balfans font joints au ven- V2 tre de la mere, & retientnent 1e ne fçay quoy quels; marchant ils fer’aliient volontiers, de là vient k qu'ils s'en frottent, frayent, & entretaillent &{,. choppent, & vous paffent caualier* 4.Les Le Cheual. 6$ 4. Les balfanes moufchettes d’'Hermines :ff- nent le Cheual ou en fa bonté , ou en‘fa mauuai- ftié.C'eft mauuais figne d'auoir leftoille au front fans lifte, & vn autre fur lemuleau Le Cheual ru- bican,c’eft à dire,bay,furiemé de poils gris s’il. ef femé auant La main (c’eft à dire, ante) il ne vaue guere,fi arriere la main,bon. s:Tout Cheual de quelque poil qu’il foit mouf- cheté par tour de blanceft bon;mais fi feulement par les flancs, vers la crouppe,& au col vers lesef- paules , fort mal; on le dir frelonné { & lItalien Atananito,cat tauano , & en Efpagne los tauanos; font lésMoufches, Frelons) parce qu’ils naiffent és chaleurs , & au temps que regnent les Frelons, & les piquenr,&n’ayantaflez de queué ne fe peu- uent deffendre,or là où cestans les piquent, le poil blanchir, & fait ces raches. 6.Le blanc moufcheté de noir,ou derouxe,eft de bon fens, leger, adroit. Legris moufcheré de rouge ou tanné, fur les machotieres , & mufeau, eft fuperbe & s’efsare de bouche. Le bay fans ta- che eft cholere & fanguin , tant plus qu’il tire (us le rouge,& fur l’alezan.Les poils blancs font don nez de nature aux fanguinsée aduftes,qui s6t bays ou,&c.pour rabbattre leur ferociré & fierté. Les tous noirs font aduftes,mornes&melanchoiiques, Le phlegme produit ces rachcs blanches pour ad- doucir le cholere,& des farouchet la maligniré de la chaleur & fechereffe. C’eit pourquoy moinsil y a deblanc(à caufe de foibleile Jrant mieux. Le gris pominelé pourtant eft de grand courage & hardy,parce que fon blanc ne vient pas de l’hu- meur molle,& corrupt:bie du phleome,mais d'vn Nn 3 Le 566 Chapitre LEFT. phlegme falfe qui eft humeur aigre qui eft canfe de fes rouciles,& pommes dont il eft couusrt. 7.Le Cheval qui a l’efpy(on Le dit fpada Romani) fur le coi prés des crins,s'il paffe d’vn cofté&d’au- tre,& mieux s’il l’a {ur Le front,montre vn coura- ge franc,pur guerrier, & heureux & bataille. Et s’il l’a aux hanches, c’eft a dire coxe,là où fe fait la fciatique derriere,vers le rronc de la queuë,& où il ne peut voir,cela corrige tous les malheurs des autres parties;s’il le peur voir c’eft vn mauuais fi- gne,& que le Cheual fera de mauuaife volonté, & mefchante creance. 8. La corne des ongles doit eftrelice, douce, non rabboteufe , noire, large,;ronde, feiche, ca- ne, molle, le talon ample. Le ieune Poulain ne s'ofeaffermir, ny fier, ny repofer fur fes ongles qui font tendres, il fe va efpargnant, & s’aide des jambes , de l’efchine , & mefnage le mieux qu il peut fa corne.Les coronnes foienrt deliées & gar- nies de poil. Les pafturons, c’eft à dire, poplites, partie du jarret,courts, non trop couchez ny aufli enleuez ,car il ne bronchera , &ifera fort par bas. Les iointures groffes,& ayant vn bon toupper & houppe de poil derriere, Les jambes larges & dtoites;le bras nerueux auec les canons, c’eft à di- re,cequieltentrele genoüil &le pafturon,courts, efgaux,iuftes,bien-faits. Les genoux gros def- chargez & vnis, qui monitrent les nerfs bons & vnis eftant defcharnez.Les efpaules longues, lar- ges,bien fournies de chair; poitrine large, ronde; le col ny trop court,ny long,gros vers la poitrine (plein,qui emplit bien {a barde,trauersé,c’eft à di-. re,qui eftlarge deuant & derriere, & à crauers ) &1 Le Cheual. 567 & fait en arc an milieu vers la tefte , delié & plus grefle;les oreilles petices,hardies, aiguës comme vn afpic, & auenans à la taille de la befte;le front ample,fec,defchargé;les yeux gros, noirs, nonen- fcuelis,ny fortans hors de tefte, veux verons, c’eft à dire,inégaux.Les falieres, c’eft à dire, les rrous, & concauitez, {ur les fourcils,pleines,& fe iettanc dehorsiles machoüeres delies & maigres;les na- zeaux ouverts , enflez , & qu'à trauers fe voye le vermeil de dedans,figne qu'il refpire aisément, & a longue haleine;la bouche grande, bien fendué, toute la tefte prife de rencontre;foit feche , lon- gue,& comme celle d’vn Mouton ; mais le Gener & le Cheual à la legere ,a la tefte plus petite ; les crins rares , longs,clair-femez ; les crefpez mon- ftrent vigueur;les gros, force ; les deliées,b6 fens, & bonne volonté.A fept ans le Cheual eft rasé, & ferré de toutes fes dents, & pas vne neloche, de- uant elles tombent,& reuiennenr. 9.Le garrot, c’eft a dire, l’os qui eft à la fin du col & des crins , deuant le premier arfon, foit droit , non pointu,& eftendu,& là fe voye le de- partement des efpaules ; le dos court,non voûte ny enleué , mais plar;les reins,c’eft à dire, lumbi, & ce qui eftentre la fin du dos, & de la croppe, ronds,vnis,gros.L’efchine,ou efpine du dos,dou- ble & vuidée en canal; les coftes larges, longues; le ventre long, grand, proportionné , & comme cache des coftes par deffous.Les flancs pleins, qui ont vn e{py,& tant plus il monte vers les os dela hanche, & regarde l'efpy de l’autre cofé,le Che- ual fera plus beau coureur.La croppe ronde,vnie, penchante, vn canal au milieu : les cuiffes on- Nn 4 568 Chapitre L VI. _gues,amples, les osbien-fairs, & force chair au- tour. Les iarretsfecs, larges, eftendu:, & les vui. durés ( /ral. falci. ) courbes É amples comime vn Cerf, fera bon voy2gcutf, & bon chemineur. La queuë fournie de poils longs iufqu'à terre, le tronc gros qui commence bien haut vers la crop- pé,bien aflis encre les cuiffes,les queuës ondées&, _crefpées font bonnes. Le train" derriere doit cftre plus haut que celuy de deuants vaut mieux que Îe Cheual foit leger,& ait bon cœur,qüe d’eftre fort fans cœur.,où (out leife;qui a cour,eft le parfait. 10.L’efchine foible,qui [e laiffe,& abandonne, branlant,& faifant le trot à deux fois(/tal, nauigari lombi) n’eft bonnc;ny ceile qui fe raccropit, & ‘amoncelle tout courbät l’efchine pour vn temps, & puis fe relafche;mais, celle qui cient ferme fans “haufler ny baifler,comme vn Cheual de fer, lex- _cellenteeft celle qui eftant fi dure,fe raccropit & dure toufiours ainfi,c’eft à dire la deuxiéme & 1a troifiéme s’aflembient en vn. 11.1] faut donc qu'il foit tout rinéfhtervifle au _pas, au trot, galop ; à la carriere, au maniment, aux faut s,iufte de tefte, de corps, à l’arreft au pa- ref, éftanc coy, allant, fomme cout tel qu’eft la vo- lonté du Caualier qui lemonte. En outre le pas éfleué,le trot libre,galop vigoureux , carriere vi- fte, maniment feur, & prompt, les bonds fermes, larrett leger, la tefte & col fermes, la bouche fou- ple,8r de bon appuy;,qui eft Le fondement de rou- ce fa perfection. _ 12.ilfaucbien ends Édet vn cheual,la bride, les renertes d’iceile,lemors y feruent bien. Il faut que l'efperonaier fçache bien compalfer les sg C CS; . Le Cheual. 569 cles , chainetres, &baires des freins . on.en fait pour hauffer la refte aux Pou'ains,qui ont mal äla boache , pour le cheual qui a la bouche peu fen- duë , qui cft fort en bouche , pour faire baiffer La tefte, pour le faire ioüer dela langue, pour celuy qui becquette , pour defarmer vn Cheual (ceft à dire ,'émpelcher qu'il ne ronge [es machoüeres) pour lé faire prendre plaifir à mafcher fon mords, poar visrouffin qui fe renuerfe , pour vn double courtaut'qui a mauuaife bouche, pour vn rouf- fin qui a la bouche &'vn diable ( c'eft à dire equo duriffimi oris ) pour celuy qui iouët des mandibu- les , qui ne veut point de fer(c'elt à dire,ror Carat frennm fedis femper [ao msdo ) pour vn qui tirela langue , pour tous les diables ( c’eft à dire; egwo duriffimo) pour arrefter le cheual qui peletropa la main,& eft fort de bouche, pour releuer, pour faire bonne bouche, pour faire qu’il ne s'embri- de trop, & charge trop la main du Caualier. On faic auffi vn Camorre (qui eft comme vn cercle) pour le Cheual qui renuerfe. | ”.:13:Pour les domter il faut qu’ils ayenctrois ans, il Faut l’attacher à double cheueftre,afin qu'il ne fe bleffe aux cuiffes', le mettre aupres d'vn Cheual domté, & le Aatrer luy paffant doucement la main fur le col, & là où il craint il ne le faut beaucoup preffer de l’efperon , maisle flarrer, car à rous les mauuais pas craignät qu'on ne le voulut mal-me- ner, & battre, il deuiendroit peureux , & eftonué. 14,1ls ontces maladies aux yeux,il iette des lar- mes , il les à troublez & chgne fouuent, il a vne tayé,ou peau qui couure l'œ 1 , c'eft le reume qui defcéd,ou le mal de l’ongle, c'eft vne cartilage qui Nn # s70 (hapitre’ LVI. couure partic de l’œil,ou la maille, c’eft à dire,c6- me vne perle & efcaiile.Les auiures font les glan- des entre Le coi & la tefte qui ferrent le gofier , & l'eftranglent bien toit, & fair que s’eftouffant il fe ietteàterre. Ce mal fe nomme morbilles, ou aui- ures,ou viures. Le mal de l'eftranguillon s’engen- dre en la gueule, c’eft comme gl1nde de chair qui ferre les machoüeres, & ne laifle refpirer. La mor- ue,les galles & rongnes au col : la foritie, ou fci- me , ou lucorde , eft quandil ne peut tourner le col.Le mal de mal- ferrure eft mal de reins , choli- que, ou tranchaifons. Le cor,ou corne, eft vnmal fur le dos & cuir du Cheual , qui rompt le cuir & defcend iufqu’aux os.Les courtes, font enfleures groffes dans le Cheual. Le mal de poulmon;ou polmoncelle mortifie lachair , fait pourriture, perce iufqu’aux os,vient de la felle mal faite. Le Cheual fur lequel la Lune a rayé eft tout amorty. La bleflure du garrot eft fort dangereufe, c’eft à dire,l’os entre les efpaules : les puzioles ou efco- cheures plus petites font peu de mal. «| 15. Ils doiuent auoir trois conditions, fi on n’y veut perdre le temps. Sçauoir eft bonne efchine, bonne iambe, & bon pied. Qui doiuent eftre de natute.Car la bride ne leur donne pas. Emboucher bien vn Cheual,c’eft à dire,l’embri- der.Le bien mettre en bride.Baïller ou mettre l’é-| boucheure,ou le mors,ou : la bride au Cheual. Cheual effrené,c’eft à dire,endurcy:qui fe defar:| me & abandonne de tefte, abandonné dertefte. |: Bailler la main plaifante & la contrainte douc|| à vn Chemil. Au cheual fort fendu de bouche faut bailer bri Le Cheual. s71 de ou mors qui aye plus d'vne prilesvoire qui en. aye trois ou quatre,(elon qu’il aura la bouche def- mefurémenc fenduë. Quand on luy aura baillé les prifes propres felon la fente de fa bouche, ilne tombera facilement en vice s’il commence volon- tiers à mafcher fon mors, fa bride. _ Percerle mors,c’eft quand vn cheual peut faci- lement , franchement, & fans peine pafler la lan- gue deffous l’'emboucheure,c’eft a dire, deflous la bride.La genciue defarmée de quelque dent. | Ilfera prompt à S’enarbrer,cabrer,& leuer tout haut;au grand danger du Cheualier. L’encoleure & le col ferpencin du Cheual eft brune. C'eft vne bonne voûrure , voûté & courbe en forme d'arc, Le col renuerfe ou revers. Le Cheual bien drefsé ne doit rien faire ou ob- mettre que la volonté du Cheualier , & la fuiure de point en point qu'elle qu’elle foit , & non d’vn certain maiftre , mais de route forte, & qu'il en- rende la voix,la main,la baguette , & le la ho de de fon maiftre. _ Le bon Cheualier maniant le Cheual à paffades & repolons,c’eit à dire,le faifant paflader ne faut pas qu’il luy laiffe trop auancer le muffle en auant, ny auffi trop s’égourmir ou rengorger , mais mo- | yennement entre les deux , &enport gaillard & lhonnefte. _16.Dreffer vn Cheual au galop raccourey , c’'eft à dire ; l’enfeigner à faire vn amoncellement ou accropiflement de bonne grace fautant & galo- pant. Il s’'amoncele & accropit de bonne grace s'auancçant coufours {autant & galopant. Dreflez: 8 manier les cheuaux aux faurts baläcez, c'eft 72. Chapitre LI. c'eft à dire,les enfeigner à faire des fauts hauts & mefurez;ce qui fe fait par ornemér à la fin de lacar- “riefe , du repolon & pallade ou remife,& faut que le Cheualiet fe tienne bien ferme À ce maniement. Dreffer aux fauts de mouton,ldem, fors qu'aux fauts balancez le Cheual s’auance auec la tefte, Mais aux fauts de Mouton, combien qu'il monte plus haut, toutefois il doit cheoir au mefine lieu ont il s’eft foufleué pou faire la paffade, c’eft à dire,ce faut fc fair feulement à la fin de la paffade, non de la carriere,ny de la remile , ny de quelque autre maniement que ce foit. Cheual qui eft venu dur en bouche.Luy bailler le caueflon ou cauéfine , c'eft à dire , petit licol qu’on baille premierement au Poulain.Il fert pour faire leuer,releuer,& bieh porter la tefte & Je col, tant allant droit que faifant la volte. Caueffon de fer eft propre pour les Cheuaux Frifons & Courfers.Caueflon de corde & de cuir aux Genets d'Efpagne & Turcs. Se La Moulerte de l’efperon doiceftre mouffe pour. picquer le Poulain. ? Cheual Frifon,c’eft à dire,d’Allemagne poltron & malin de nature ayant le cœur double : il eft lafche de courage. Il fe corrige par rude traicte- ment ; empire par amiable doux & gracieux. Le Cheual François eft proche de ceftuy-cy tous propres à la charruë, Le Poulache de Dannemarc approche aux meil- Jeurs, il a le col defcharne, les iarmbes bien fon- dées,la tefte feche & d’affez bon cœur. Les Cheuank Turcs,Barbes,& Mores font gail- lards,courageux & abhorrét le couple, piqueurs, CO! Le Chenal. S73 comme tous cheuaux de gentil courage, comme font Sardes,c’eft à dire,de Sardeigne. : Les Cheuaux de Naples doiuent quelquesfois eftre refucillez , & ragaillardis par lefperon, &c par le fecours & chaftiment de la patole. L'on doit drefler vn Cheual obferuant fa com- plexion melancholique , cholerique, phlegmati- que , fanguine, en la failon propre pour le mettre eh œuure. Manier ou dreffer vn Cheual à remifes,ou à re- polons,ou paffades.Faire faireles fauts à la capreo- le, c’eft à dire, fauter en Cheureils ou Cheureaux. Icy le Cheual va en auant, & ne retombe pas en mefme lieu & ruë, en rer6bant au côtraire des au- tres fauts où il ruc en montät & s’efleuant en l'air, Cheual qui s’entre-taille par foibleffe ou mau- uais fer Qui {e balore,c’eft à dire , quand hauffanc trop lebras, inefme en trottant il fe les atteint. Qui fe forge, c’eft à dire , fe bleffe les ralons , ou bien s’atteint les nerfs. | Fers auéc le crampon.Fers deferrées,c’eft À dire, de deux pieces Vnis,cft à dire,fans crampon. Bailler , donner les efperons au Cheual , c’eft à dire, l'inftruire à entendre l’efperon, Cheual qui prend bien l’ayde, le cours de l’efperon ou dela baguette, c’eft à dire, apprend par le moyen de l'efperon , &c. feur aux efperons , c'eft à dire,qui les entend fort bien. | Picquer auec les efperons pareïls,c'eft à dire,en mefme temps & coups & endroits donner des deuxefperons. Donner vnetalonnade,c’eft à dire, vn coup d'efperon. Quand il fera en halaine,& qu'il aura reprins fon vent, 7 74 Chapitre LVI. vent.Qui porte bien fa tefte iufte & ferme. | Camarre, Inftrumenc pour affeurer la tefte du | Cheual mal affeuré de tefte.Bailler les voltes dou- bles , redoublées. Cheual balezan,c’eft à dire , qui a des marques blanches aux mains ou aux pieds. Le balezan de la main de la lance fera à dextre & bien maniant, mais malheureux couftumierement. Le balezan de la main de la bride ne vaut gue- res. Le balezan du pied droit s'appelle Arzel , fu- perbe,vitieux, & infortuné , & qui ne doit feruir en iournée de bataille. | Le balezan du pied de l’eftrier eft bon , & bon coureur. Les efpis ou remoulins du Cheual font petits cercles de poil retors comme les Anties qui font, au milieu du front , au gozier, en l’eftomach , au nombril,aux flancs. | Cheual tendre d’efchine,foible de iambe,char- | ge de machoires, fort en bride, gaillard de reins & de bras. | Le poil bay,chaftain,le gris pomelé ou roûeé, le roüan nommé tefte de More, alezan obfcur font les plus attrempez & les plus eftimez. Apres ceux cy lebay doré ou obfcur, le blanc moufcheté de _ noir, le gris argenté qui a les extremirez noires, c’eft à dire la pointe des oreilles , des crins,queué, jambes,bras,&c. vaut mieux, Yn bon Cheual fe mene bien mieux par vnfilet de foye que par des rudes camorres , & pluftoft à Vair de la gaule,qu'au coup de baguette, ou au fer de l'efperon. La, 4 Le Cheual' | s75 La defcription du Cheual. | F2 en tout ce qui fort de fa main ; que Dieu | fe monftre Dieu,mais en quelques chofes il femble qu'il ait pris fon plus particulier plaifir de imôltrer fa puiffance. Lailons les chofes cachées, amufons nous à conrempler ce que nous manions vous les iours , ya-il chofe plus admirable qu'vn beau Cheual de feruice, accomply de fes perfe- étions. Que fçauroit choifir l'œil de plus beau en ce parterre du monde qu'vn beau Genet,ou autre ayant la corne liffée & noiraftre, haute, arron- die, bien creufée , fes pafturons ( c'eft à dire, po- plites, ce qui eft derrierele genoüil , où il fe plie, fuffrax,) courts,entre-droits &e courbes oulunez, fes bras fecs, nerueux, fes genoux defcharnez & bien emboitez , laïiambe d’'vn beau Cerf, fa poi- trine large, & bien ouuerte, l’efchine grafle , dou- ble & rremblanre, la croupe large, le corfage long 8 haut,les flancs bien ynis,le märeau bayar- dant,le col d’vne moyenne arcade, mais non trop voûte,reueftu d’vne grande perruque flottante en l'air, & crefpeluë ; la queuë iufques à terre bien efpelfe , le front ayant la peau coufveé fur les yeux gros & eftincelans, la bouche grande , efcumeufe, les nazeaux ouuerts, & qui ronflent , l’eftoille au front, deux balzans aux iambes , ayant {on cou- rage en fleur,& l’aage de fépr ans, mectez-moy vn Efcuyer qui le manie comme il faut, y a-il pareil plaifir au monde ? Il n’eft G coft afis,& quafi cou- fu enfelle, les rénes en vne main, la baguette en l'autre , parlant aucc les talons & l’efperons | par s76 Chapitre LT. par Le fläc au Cheual,que vous le voyez bondir & faire merueille : rantoft il fe cabre, il ruë,il faute; tancoft il fe lance & darde, & quafi nage par l'air, il ferecule,il va de cofté piaffane, & rournant fa tefte & fon corps:il vale pas, c’eft en grondant & hanniffant; s'il eftpreffe il va de bond en bord, il galope auec maielte, & auec vne cadence bien feante, Si l’on lafchela bride, & preffe de l’efpe- ron,alors comme s’il auoir des aifles il fend l'air, il: deftrape auffitoft,& quafi efchappät à {oy-mefine il fe laiffe derriere foy,il attrape ie vent, il Juy gai- ne le deuant,il vole, il s’emporte à perte de veué, & laifleles oyfeaux bien loing,& defbandant tous fes nerfs fait vne carriere à perte d’haleine,& quel: | quefois de vie,mais de celle vireffe que l'œil qua ne le peut fuiare. Mais eftant arrefté,& retournant | à petit pas,alors il le fait beau voir,car ayant quel- que fentiment de gloire , & luy femblant d’auoir gaigné leprix , vois Le voyez mafcher fon mords orgucilleufement, il feme par la carriere vne efcu- | me,& couufe tout de neige,il a les yeux qui iertét le feu,il regarde de cofté & d’autre,vous diriez que Ceft pour receuoir Les applaudiffemens,& ne pou- uant remercier,il redouble fes hanniflemens pleins de ioye,& s’arreftant il vous bar fa terre du pied & Ja gratte pour {e donner du plaifir fpecialement n le Caualier le farce luy palsät (a main fur Le col, & banniffant l’efperon du flanc luy prefente vn bou- . quet d’herbes pour le rafraifchir. Alors ilne fe faic gueres prier defaire fes courbertes, rous les airs, quarre caprioles en l'air,& autät de faurs de Mou- zon,les quatte pieds en l'air, & fi vous voulez la iamberr..Le palle-temps eft quand il fe fenr entre | les Le Cheual. rc Jes dents vn mors d'argent, & les rofes dorees, la bride brodee d’or,la felle Royalle, & la houffe de d’rap d’or,& les houppes pendantes.or c’eft alors qu'il fe quarre,qu”l efbranle fon rennache,qu'il | fe fent fur la cefte,& côme faifoit Baccphalus qui ne receuoit fur foy qu’Alexandre le Grand, mais encor en habits imperiaux , car tout autre cftoit pluftoft fecoûé , & 1ü£ par cerre qu’il n’auoitle pied en l’eftrier ; il braue,il ronfle , il ne touche quafi la terre finon du bout de l’ongle, il fair du Roy,& piaffe à merueille. Sur tout fe void le na- turel dce éranimal lors qu’onfaitretentir vn clai- ron accompagné d’vn fifre , & d’vn tambour bat- tant, & donnant vne allarme;Car poar lors s'il fe fent la tefte armee d’vn chanfrain,le poicral d'ar- me,& la felle de guerre , & armé au combar auec fon harnois,6 qu’elle peine y a-il à le manier, il pennade;il fe rourmente,il baue de rage,& redou- blant fes henniflemens, il cherche la meflce & le choc, il rompt les cailloux du pied,il trepigne säs celle, & les oreilles dreflees , ierrant feu-Aimme par les yeux & par les nazeaux,fe darde rant qu'il peut,il ne fe peur tenir fur fes pieds mais rôgeant de defpit fon frein efcume fa rage pat la bouche, & fans parler ne demande que la guerte. Mais du Bartas a fort naïfuement defcrit tour cecy , feignant que Caïn fuft le premier Cauale- | riffe du monde,& dit. | Casnde ceffe peur,comme on dit tranfporté Donne le prernier frein au cheual indomtc: | e Afin qu'allant aux champs, d'une poudreufe fuite Sur les iambes d'antrny [on meurtrier il euite, Car entre cent chenaux brufquement furieux, | Oe 578 Chapitre LVI. Dont Les fortes beaurs? vi mefure les yeux, Ilen prend un pour foy,dont lacorne eff liffce, Retirant fur Le noir, baute,ronde, © Creufce. Ses pafturons font courts,ny trop droit s,ny lunez: Ses bras fecs &° nerueux, fes genoux defcharnez Il a sambe de Cerfsouuerte La poitrine. Large crope,grand corps, flancs vnis , double efchine: ( ol mollerment vonre commen arc my-tend Sur quifiote vnlong poil creffement efpends: Queue qui touche a terre, ferme,longueefpelfe, Enfonce fen gres tronc dans une gralfe feffe. Oreille qui poiniue a fi peu de repos Que fon pied gratte-champ,frôt qui n'a rienque l'os: Veux gros prompts,releuc7 :bonche grande,e[cwmeufe: Naxcau qui ronfle,ouuer! une chalenr fumeufe. Poil Chaftain,aftre au front ,anxiambes deux balzas, Romaine efpee au col,de l'age de fept ans. Caïn d'un bras flartenr ce beau Genet Carele. Luy faste fur le dos d'une gaillarde adrefe: Setienr C sufle Éferme,ayaut toufieurs rourney ne. Wersle frond du deflrier © [es yeux © fan Lors le chenal fafché de Je voir fast eftlaue, Secabrefauresrie, © fumeujement baue, Rend fon piqreur férsblable Ai: 1eunei0HHENCeAM Qv3 marie Jarss arr le timon d'yn VarfJean. L'onde emporse la Nef, la Nefle Pilote Qui touche ia la mort, qui paflir,qu rremblote, Æi d'uncraintif pliçonfenian preffe fon fes, Sercpent malle fuss d'un 1ant hardy deffein.l | L'Ejcryer repourprant un peu [a face bfefme, R'afeure accoriement À [à befle cr [oy-meme: La meimeores 44 puil,An pis 44 ii 06 Qu EYU2 Auuales Farienx di Î#$ dure 1antujl ne Le Cheual. 75 Une longue carriereil rit de [or andace, | Et s'effonne qu'afistant de chemin il face. Son pas eff libre cr grand:fon trot femble égaler, Le Tigre en la campagne él Arondelle en l'air: Et fon brane galop ne femble pas moins vite Que le dard Bifcain,pu le trait Moftouite. AA ais le fumenx canon de fon gofier bruyane. Siroide ne vomit le boulet fendreyant, Qui va d'un rang entier eftlarcir vue armee, On percer le rempart d'une ville fommee, Que ce fougueux Cheual fentant lafcher fon frein, Et picquer {es deux flancs, part ville de la man, Desbande tous [ès nerfs,a [èy-mefme e[chapve, Le champ plat ,bat,abbat deffrape,grappesattrappe. Le vent qus va denant conuert de tourbillons. Efcroule fous les pieds les bluetsans[esllons, Fait decroiftre la plaine: ne peusant plus eftre Suiny de l'œil, fe perd dans l&nte champeftre. Adoncques le Piquenr,qui à doile ne vent De fon braue Cheualtirer tout ce qu'il peut, Arrefle [a fernenr:d'une doite baguette Luy enfeigne au parer vnetriple courbette: e loue d'un accent artiflement humain: Luy pale fr le col faflatereffe main: Letient @ inffe G* coyslsy fair reprendre haleine, Et par lamefme pifle à lent pas le r amein:c: Maïs L'efchauffi deffrier s'embride ferement, fait fauter les caillonux?d'un clair hanniflement Jemandele combat,pernade;ronfle,braue, lanchit tous le chemin defancigeufe banc; Te fon frein lui[anr,fuperbement ioyeux, ouche des picds au ventre, allume [es deux yeux; e va que decoffé,fe quarre,fesonrmente. O0 2 580 Chapitre LVL Hésffe de fon coll: perruque tremblante: Et tant de fpeétateurs qui [ont aux deux coflez, L'un fur l'autre t'mban: font iarguc a fes fiersez, Lors Caïn l'amaioue,Ÿ confu dans la [elle, Recherche ambuieux quelque façcr nounelle Pour [e faire admirer Or slle mere èn rond; Tantoit a reculons,tantoft debond en bond, Le fait balfer;nager,luy montre la sambette, La gaye capriole,c® la tufle courberte. | Ilfersble quetons deux rent qu'ur corps@"qu'unfens. Tout fe fert auec ordre, énuec £race,auec ter ps: | L'un fe fait adorer pour [on rare artifice, Et l'autre acquiert, Pien né,par Un leng exercice, Legerte fur l’arreft,au pas agilité. | Gaiilardift au galop,au maniement [eurte, App#) doux ala bouche,an faut forces nouuelles, Aeurance a lateffe,a la courfe des aifles. VERS D. re À VERS DE SOTES CHAPITRE LVIlI. NC Es Vers de foye naiflent & efcloent des 1e A: urs qui combent des Cyprés, Terben- ES cins, Frefnes. La pluye les abat, la terre les nourrit auec fes vapeurs. Ce fonc petits Pa- pillonneaux tout fin nuds, puis (e font velus, & s'arment apres contre le froid don bon cuir, & d’vne robbe cfpetle. Ces beftioles ont les pieds afpres & raboteux : car 'eft aueceux qu'ils ra- clenc tout le coton qu'ils peuuent agraffer , & gripper fur les arbres pour enfiler la foye. Ils fonc vn blot de tout, & foulent la foye auecles pieds, la cardent auec les ongles , puis la pendent entre les branches, & la peignent pour la rendre cou- - Jante, fubtile , viue, fouple, propre à fe pouuoir tiftrer,& mertre en befongne, ils s’enfeueliffent richement dans ce peloton, s’entortillent dans ce duuet,& fe couchent comme dans vn riche rom- bean,ou nid pour fe couuer foy mefme , & con- | craindre la mort d’enfanter la vie. Aurefueil & à leur renouucau ces precieux Vermiffeaux fe r’ha- billent d’aifles, fe reiercent au trauail,liment force gentiment les fueilles des Meuriers, & les dige= rent en foye,ayanc tout leur petit eftomach com- mé vnriche magazin d'orient garny defoye vi= uc;teinte en la ceinture de nature. | Oo 3; 582 | moe POYR PARLER. DE PRES PR LOECONOMIE DESCIEFV®, @ de fes merueilles. Cap. EVIL. GB E Cieldef6 pourpris emmantele AIDE toutle môde,&par la douceur de PIJ les influences l'alimente , & luy NuZAA diftile (a vie. C’eft la maifon de Er ES Dieu, le paué du Paradis, les par- terres des Anges fleuris d’Eftcilles, &d’vnerer- nel Prin-téps,le Temple delaDiuinité,laChappel- le ardente du monde,la voûte azuree de l’vniuers. 2,Le nombre des Cieux n’a pas toufours efté | conté , tantoft on a creu qu’il n’y en auoit qu'vn feul , dans lequel couloient doucement, & glif- foient les Aftres , comme dans vn criftal liqueñié, | & fort rendre. Tantoft on en a mis huiét à caufe des diuers mouuemens & branfles fort differens, puis neuf, puis dix, douze:& fi d’auenture quel- que nouueau Galilei nous forge quelques autres Junettes, nous courons fortune de trouuer encot : de nouueaux Aftres,& de nouueaux Cieux , tant | il eft vray que nos efprits font foibles, & nos in- ftrumens rrompeurs,& fuiets à l’erreur. 3. Cefte machine ronde fait fes reuolations ci cuhaires par vie viftcffe inenarrable : mais c'eftu vn Le Ciel. 583 vn conte de Platon,de dire que les Eftoilles ren- dent quelque fon ou tintement parleur mouue- ment,mais le doux coulemét du Ciel,ces accords fi difcordans des mouuemens contraires.ces dou ces liaifons & diuorces des Eftoilles, c’cft ceque l'on appelle la douce harmonie des Cieux. 4. On nous voudroit faire croire qu'il a efté _ nommé Ciel , d’vn mot qui fiunifiecizelé, & gra= ué,à caufe que le Zodiaque cft compose en dou- 2e figures d'animaux qui y font grauez , & toute la peau du Ciel eft furfemee d'animaux empraints & façonnez pour embellir le Ciel. Maisen ef fer,ce ne font que certains aflemblages d’Eftoil- les , que la fantaifie des hommes a façonnee en figures & conftellarions qui fe rapportent à quelque forte d'animaux , maïs à la verité ils y rapportent fi peu,que ce que l’on appelle le Lion pouuoit aufli aisément eftre appellé vn Singe, la neceflité nous à forcez de prendre cela pour argent contant , & Dieu mefme chez lob,fe ferc de ces façons de parler, les nommant Orion, Hiades,&c. | s.Les Eftoilles femees par le Ciel font les pare ties les plus maflines du Ciel,des boutons de ola- ce qui feruentc de liaifon & d’entretien au Ciel; les canaux dorez par où la bonté de la nature di- ftile fes influences fur nous, & fait couler infenfi- blement fes faueuis , les yeux de la nature , qui fans ceffe nous fert de corps-de garde;les pierre- ries de la nature dont elle fe pare d'ordinaire, Tantoît elles jettent leur feu & leurs rayons, tan- toft elles eclipfent leur beauté, & fe defpoüillen de leur clarté rayonnante. Oo 4 584 . Chapitre LVIIL 6.La Lune eftla Planette la plus proche de la terre, & la plus familiere,c'elt leSoleil de la nuiét: fon cours & decours nc faut iamais, fa glace eft efclairee felon qu’elle regarde le Soleil,& rantoft nous n’en voyons ave Llét & croiflant d'argér, rantoft elle s’enfle &'fait vn my-16d,puis elle s’ar- rondit,& fc fait toute pleine. Son argent eft rouf- jouts tacheré de quelques mafques , & certaines _noïir-euts qui femblent façonner vn vifage. Elle furuient'aux defauts du Soleil , fouuent elle luit aucc luy,& mefle fes rayôs auec ceux du Scleil en plein iour. La niaiferie des Peintres fe void ence que d'ordinaire la peignant en compagnie du So- leil,ils fonc que les cornes regardent le Soleil , & font tout au rebours, catc'eft le dos qui mire le Soleil,& iamais les cornes Elle n’a de clarté finô ce qu'elle attire du Soleil,luy prefentär-s6 miroir & fa glace. Pline eft bien badaut pour vn habilee hôme;de croire que la Lune hume les vapeurs de la cerre,& s’en nourrit,& les Efoilles aufli,& que fes taches ne font que l’indigeft:6 des parties plus terreitres,& plus grofferes des vapeurs de la terre. 7. Quand ia Lune eft diamérralemér fous le So- leil,&interpofce entre luy& laterre,elle l'eclipe, & defrobe à la terre les raiz du Soleil. Et par cô- trefchange l’ébre de la cerre enuclopant la Lune, l'eclipfe,& ne la laiffe ivuir des rayons du Soleil, la pointe de l’embre de la cerre ne montant point plus haut n’eclipfe point les autres Eftoilles 8.Lagrande boule du ciel roule fur deux eflieux fichez,&vole d’vne vifteffe ailée, l’Angeluy don- ne lc branle & le mouuement,& le fait tournoyet ! rondesnent à la cadence de la diui ne prouidence, | coro | e Le Ciel: > 535 4 .  - coronëit le môde de fon arche bien voûtée & dia- _piée d’Éftoilles. Le Soleil enchafsé 1à dedans en- gendre les fecles & les ans,les iours & les faifons, frayät vne orniere eternelle que toufouts il vare- | craçant & refrayät,coutant par fa mefme carrieré. 9. On fçait à poinét nommé le cours & les tra- waux des Aftres , les afpeéts, les rencontres, & les _ fuites; les mariages & les diuorces des Planertes, leurs défaillances & eclipfes , leur leuer,leur éou- cher, leurs afcendans, leurs conionétions,leuts'de- fauts, & tout le mefnage des cieux : On fçaic la connexité & le courbement des cieux, l'efpaifieur & la mafliueté de chafque Sphere; les conionétiôs Orientales & matiniéres des Eftoillés auec le So- leil, ou bien les Occidentales & vefpertines : Les courfes directes & retrogrades ; les abbaiffemens vers la terre, les eleuations vers le ciel par leurs cpicycles ;les Anges des Planetres, les Zonés ou ceintures qui partagent & ceignent le Ciei,le Zo- diaque qui va biaifane entre les deux Poles.…: 10. Pline eft bien fimple quand il fe vante d’a- uoir trouué la cheorique des Planettes;rapportanc toute la difference de leurs mouuemens: à la vio- lence desraiz du Soleil, & à fa repercuflion, les rendant ftationnaires ou retrogrades. 1} ÿ a bien d’autres myfterés en ces mouucmens admirables, & faut bien que les Anges mettent la main à la befongne roülant ces corps celeftes. ir. C'eft chofe fainétement effroyable que la grandeur des Eftoilles , ladiftancedes Cieux , la vifteife explicable de fa courfe. Il ya telle Eftoille qui ne femble pas plus giolle qu'vn efeu, qui «ft ent &'quinze fois plus grande que toute la terre. TOR S 536 Chapitre LVIIL. Bonté de Dieu, qui fe pourroit imaginer cefte beauté de voir vne telle boule de criftal tout en feu, & puis en voir le Ciel rout parfemé de pareil- les, ietrant icy bas mille benediétions fur la terre par le moyen de leurs rayons , & la douceur de leurs influences. | 12. ]] y a autant de diftance d'icy au Ciel de la Lune, qu’en feroit vn Caualier bien monté ( fai- fant tous les iours foixante mille ) en cinq annees & plus. D'icy à Mercure,en dix ans. D'icy à Venus, en vingt-fix ans, Au Soleil,en 169. ans & trois mois. A Mars,en 184. ans & cinq mois. À Iupiter,en 1291.ans & deux mois & plus. À Saturne,en 1065$.& onze mois. Au huiétielme Ciel,en 275 ç.ans & fix mois. Au neufefme, en 1982.ans pour le moins. De façon que faifant tous les iours vingt mille;il faudroit pour defcendre à terre du neufefme ciel feulement, des annees pour le moins neuf mille. Partant fivn homme auoit commencé à defcédre depuis le commencement du monde , faifant tous les iours vingt mille , il n’auroic fait que les deux tiers du chemin, & luy faudroit encor trois mille ans deuäc que de mertre pied à terre, & n’en don- tez nullement, car il n’y a nul erreur au calcul de ces grands perfonnages qui en ont tiré le conte. 13. Pour la vifteffe du mouuement , c’eft chofe quafi incroyable, marquer vne Eftoille su firma- ment,elle fera ea vn 1our de milles d’fralie { dont trois font vne bonnelieuë de France)elle fera dy- ie quatre cens dix millions , & cinq céns mille & à 4 / | 4 pu Le Ciel. 587 plus; & à chafque heure elle fera dixfept millionss & plus ; & à chaque minute d'heure nonante fix mille, & deux cens mille d'Italie; de façon que ny {Je vol de loifeau,ny la violence d’vne fagette , ny la furieufe volee du canon , ny mefme la defcente da quarreau du Ciel, ny chofe da monde peut approcher de cefte vifteffle inimaginable , mais pourtant tres-verirable. | 14. Chafque Planetre a vne couleur propre. Sa- turne eft blanc d’vn blanc plombé,& vn peu bru- niflant; Jupiter eft clair,vif, brillant, mais enflam- bé, & vn peu fanguin en fes rayons ardens; Venus l'Orientale eft embrafee l'Occidenrale reluifante, mais auec vn feu moins efueillé, Mercure eftince- Jant & fretillant, iertäc plufeurs raiz qui esbloüif- fent la veué, la Lune a fa glace argentine douce, gracieufe , le Soleil eft tout feu rayonnant, & ef- parpillant nos veués de fa trop grande clarté. 15. Onn’a point eu de honte de vouloir faire inuentaire des Eftoilles, & les conter toutes par le menu. De fair on iure qu’il n’y en a de celles qui paroiffent que 1022.chofe qui femble ridicule aux Pniais , mais tres-afleuree aux gens du meftier , qui vous defierôr d’en marquer vne feule qu'ils n’ayét contee deuant nous , & marquee fur leurs globes. Le chemin de S. Iacques , ou voye delai , n’eft autre chofequ'vn million de petites Eftoilles dont les rayons n’arriuét pas iufqu'à nous. Galilei auec fes lunettes les diftingue, en treuue de nouuelles, & defcouure mille nouueautez dans le Ciel, 16.Le Chariot & la Croÿfage ce font les Eftoilles les plus proches des deux piuots, gonds, & poles du monde, fur lefquels roule tout ce g1%d Vniucrs, | le se Chapitre LVIIL e Chariot eftic Pole du Nord, & la Croifade du Sud;on le nomme ainfi à cauie des quatre Ettoil- les rangees à mode de Croix , dont elle eft com- polee. On void fouuent le Soleil & la Lune co- ronnez de cercles ou fanglans, ou luifans,ou blaf- fards & mourans, voire des arcsen ciel, on void des trois Soleils , des Lunes , & autres prodiges, foir, que cela fe faffe par Été & la rencontre ! des vapeurs , ou que Dicu à deffein fe fertdecela : pour nous faire penfer à luy & à nous. | 17.11 n’y a nulle Eftoille quin ait fa vertu par- ticuliere, quoy qu'incogneut, les nuees caufent ja pluye infailliblement, les autres la gelee,qui floc- que la neige, qui diftile des rofces abondantes, qui {eme la grefle, qui ouure la bouche & les portes du vent, qui enneloppe le monde de broüillats, qui morfond de f:imats , qui contribué à la gene- ration des mireraux , & ere le Soleil & la Ca- nicule s’allient , le Don brufle d’une chaleur enragce,felon le cours & decour: de la Lune, les buüyftres & poiffons armez d’efcailles, & ÉtuE dans leurs boücttes croilfent & decroillent en chair. 18. Le Soleil eft affis au milieu des Planettes comme le Roy du ciel, auquel routes les Eftoilles font la Cour. Par fa grande puiffance il regente le ciel,la terre, fair les laifons,& a efté nommé Dieu par la Gentilité. Pline à efté fi fol quede croire que c'eftoit le feul Dieu du monde, l'œil de la na- ture,le Potentat de l’vniuers . le maiftre & gous ucrneur des Aftres, l’encendement du monde, & lame & le mary delanarure. Luy qui partage les temps,qui ferme les faifons,qui dore ies Elemens, ! qui | noie ont ni. à: “ins “es D PR NT e DT CURE 7 TEE qui efmaille la rerre, qui perce iufqu’aux entrail- | les de la rerre pour y creer les métaux, & enfonce | fes rayons iufques aux abyfmes de l’Ocean pour | y polir les pierreries ; c’eft luy qui embellit le vi- | fage des cieux , les couurtant de ferenité & de ma- | jefté , qui empourpre les nuees , qui y trace l'arc | en ciel , qui hume les broüillars , qui efluye les | pluyes, qui lafche & qui arrefte les vents, & les | tient en bride, qui enfle & defenfle la marine, qui | couure les campagnes de toutes fortes du fruiéts, qui donne la vie aux beftes , qui réfioüirce grand Tout de fa belle lumiere , fans laquelle ce monde n'eft qu’vn vray charnier,& vn tombeau des crea- tures, qui fe mangent les vnes les autres. Ce globe de criftal cout plein de feu , & d’vne lumiere toute d'or , c’eft le threfor du monde, & comme dit vn Ancien, c’eft quafi le Dieu materiel des chofes corporelles, c’eft le miroir de la Maiefté de Dieu. 19. Le S. Efprit qui la creé prend plaifit à le Joûer , difant que c’eft vn vafe du tout admirable, chef-d’œuure de la main toute puiffante de Dieu, la gloire du firmament, la fource inépuifable de lalumiere,la fournaife des ardeurs , & des flam- mes qui cuifent les Elemens , & alimentent l’vni- uers , le bel œil de la nature ,le grand canal d’or, par où le ciel diftille fur nous fes faueurs & fain- tes indulgences, & verfe fes liberalitez & douces influences, le Pere de routes les beautez de la na- ture, l'honneur & le rhtrefor des Eftoilles , & de l’azur des cieux, Roy duquel la Maiefté efteint la lagloire,& eclipfe la beauté des Aftres, & de rou- tes les chofes belles. , 20. La Lune fa fœur eft le Soleil des nui@s , qui | (rca s90 (Chapitre LVIIL trenche l'efpaiffeur des tenebres auec fes rayons argentins, moites, & doucement confolant les ennuis des nuiéts langoureufement fombres. Aftre qui ne vit que d'emprunt , & a vifage couf- jours changeant , c’eft la Maiftrefle dela mer, la Reine de la nuict, la mere des rofees, la douce noutrifficre de la terre, la guide des mariniers , le miroir du Soleil , la compagne de fes trauaux, la gardienne de fa lumiere, & depofitaire du iour, & des threfors du Ciel , l’autre gloire du firma- ment, l'Emperiere des Eftoilles, la Regente de ce bas monde, oùelleafaiurifdiion , & {on do- maine, retrogradant par fon propre Mmouuement, fendant le Ciel à contrepoil , & au rebours du branfle commun des cieux,nous marque les mois, les annees, &les fiecles. Elle par fa douceur at- trempe les chaleurs trop ardentes du Soleil fon frere, 21. Quand le Soleil s'approche ou recule des Planertes , & fe marie auec diuerfes Eftoilles , e- lon les afpeëts differens : il faic auffi des effets ad- mirables; durant qu'il et auec la Canicule,la mer boüillonne, l'air n’eft plus air,mais flammes refpi- rables ; les vins tournenc, les lacs s'efmeuuent , la terre ct vne vraye Zonctorride , & cout le mon- de vn Purgatoire tandis qu'il eft en cefte conion- étion, & les chiens mefmes enragent durant ces iours Caniculaires , lesmaladies redoublent , & empirent; que fi ces ardeurs Caniculaires font renforcees par le vent de Midy,de vray elles fem- blent du tout infupportables,defmontant latefte, desbauchant l’eftomach , allumant le fang dans nos veines : & c'eft à l'heure ce qu'on appelle | vent 4 L | Le Ciel. 21 vent de Requiem, & vent de fucceflion : car ces kaleurs eftouffent les malades. fe 22. Horofcope, Afcendant, & Natiuités c'eft la enconcre des Eftoilles qui montent fur l'orizon, 2, fur la verre, à l'inftant que quelqu'vn vient au monde. Car ces faifeurs de natiuité qui amufent les curieux, dela qualiré des Eftoilles, des liaifons 8z afpeéts differens, (elon les diuerfes maifons où ils logent; ils nous tirent des natiuitez , & predi- ent aux perfonnes le bon-heur ; ou mal heur de eurs vies::ls en difent de cant de fortes que quel- ques-fois ils rencontrent pat hazard, mais d'ordi- aire ils menrent; & eft affeuré que les Eftoilles ne peuuent forcer la liberté, mais ils en vfent dela forte pour fe faire admirer , & pour contenter es surieux,qui creuucroient bien plus affeurément le ÿray bon heur dans le Ciel des Vertus, que dans e Ciel des Ettoilles. Des 592 | OO EE | DES è RARETEZ DV EE ÉT DE L'AIL. Car. LIX. FA 7 V'element de feu , auec vne grande va- + rieté , felon que les vapeurs font dif- pofces. I] y en a qui ont la cheuelure fangui- ne , & toute heriflee ; des barbuës & faites à mode de crinsjdes lances à feu qui volent comme des fl:ches ; d’autres qui vont en appointant, & faifant vne efpece d’efpee fort luifante , mais pafle &languiffante; des tonneaux yffans d’vne clar’ € enueloppee de fumee;des cornets , des che- uelures arg-ntines, de bouerües & velués, de fer- pentines & retottillecs ; à longue queué, en neud amafsé, en cimeretre; en laut-bois, en targue, en milie & mille figures; voire en baraillons rangez, en machines de guerre, ënfeu & en fang , & en mille frayeurs. 4x7 | 2.L'Air eftle receptacle des vapeurs & exhalai- fons que le Soleil attire par la force de fes rayôs,là on void de nuit mille feux volages, des ardens & flambars trompeurs qui feruent de guidons pour | mener I, 1) wo Es Comettes s’allument }à haut dans Le Feu «> L'Air. 93 mener aux précipices ; des clartez formees en Eftoilles,des Aftres tombans à terre comme files Eftoilles fe moufchoient,des gliflades de feu, &: côme des fufees tirees par nature,Caftor & Pollux : ou le feu S. Elme, qui voltige autour dés mari. niers,mille flammes folles & feux follers volerane à & la, & cent cheureaux fautelant par les airs, . & mille fortes d’impreflions quela nature veut. celer & refferrer au cabinet de fes priuez fecrets, 3.Quand le ventre des nuees eft gros d’exha- aifons chaudes, cela caufe de grands elclairs qui ‘renchent les nuees,les defcoud , & monftre par la fente le feu qui eft refferré là dedans , ce feu, oulant fortir choque de tous coftez, brifeles >bftacles,froiffe & rompt tour, & fait efclarer les uces qui entreheurtant & s’entrechoquant font e cruel tintamarre qui fait trembler tout l’yni. ers auec effroy. Lequarreau enfouphré qui en: ort côme vn coup de canon renuerfe tout ce qu'il encontre,& de fureur abbattout ce qu’il bar, 4. Les replis des montagnes, &les concauitez scourbees font caufe que les flots de l'air agitée roiffant là dedans melodieufement s'articule, & : façône en voix qui redit tout ce qui luyeft dir, oire fouuent redouble, & triple. Nature nous a oulu enfeigner que le fecrer ne fe doit iamais onfer à perfonne, puisque les pierres mefines le efcouurér,& les deferts le redifant l’enflent fou- ent,le defguifent,& le doublent. Vous eftonnez- ous que les hommes gardent fi peu le fecrer,puis ue les pierres parlent , & le filence des folitudes uient fi babillad qu'il ne fait que caufer quand ous contez aux rochers vos fecrettes penfees? P p 594 Chapitre LIX. $. Le vent eftvne des pieces da threfor de Dieu, le plus habile homme de la terre a bien de la peine de deuiner qui eft-ce qui le meut , & qui le pouffe fi furieufement,qu'il abbar les teftes des rochers , defracineles arbres , renuerfe les mai- fons, & bouleuerfe tout l'Ocean. Ily en a quatre principaux;l'Oriental qui fe nomme;Eft ; l'Occi- dental Oueft, vent d’aual, d’embas, Ponent ; le Septentrional,Bize ,Nord , Tramontane ; le Me- ridional,venc de Midy,Sud, Marin, Autan. Outre ces quatre cardinaux il y en a quatre mitoyens , encre midy & Orient, Su-eft ; entre Orient & Septentrion , Nord-efl:entre Occident & Septentrion, Nord oueft ; entre Occident & Midy,Sud-oueft. On enaencor entrelardé quatre autres, pre- mierement; Nord ou-eft,ou veftral ; 2'Eft- nord- eft; 3. Eft-fud-eft ; 4. Sud-ou eft.Et nos mariniers de ce temps en ont adioufté pour le moins deux douzaines. Il y en a de peu de portee qui ne fouf- flent gueres loin : d’autres qui courent d'vn bout ! du monde à l’autre. Vne des merveilles de l’vni- ! uers, c’eft ce vent qui a endiuers lieux des pro- prietez quafi incroyables. 6. Rum, ceftle lieu d’où vient le vent, c’eft aufli vn craict & ligne droite d’vn vent à l’autre, ou d’vn demy-vent,ou d’vne quarte de vent à au-! _ære,& de plus grande menuife de vents, commeill s’en faic cous les iours. Arrumer vne carte, c'eft yl tirer des lignes & Rums de vents,demy-vents , &: quartes au poinc oppolite , ce qui fe fait aux car-f tes marines,à caufe que lesroutes de mer font en l'air, &en haut, & danse vent, & pource non! com mi mm Le Feu > L'Air. s95 comme ceux de terre : cela mene droit fans faillir, & fans defrouter, On en fait aufli de quartes rer- reftres , arrumees pour aller par tout,à crauers , à droit chemin,fans guide,& faillir d’vn feul point, De façon que le vent à la faueur d’une buflole, & d’vne carte arrumee, nous fait aller d’vn bout du monde à l’autre fans nous fouruoyer, quieft vne chofe du tout admirable. 7. Le tintamarre de la nuce s'appelle tonner- re,qui eft quand la vapeur allumee veut fortir, & ne peut fendre le ventre de la nuee efpailfe; s’il fort, &rompttout, c’eft la foudre, ce qui tombe, c’eft l’efclat de 11 foudre , quand on void vne grande qué de feu , vn ferpent , des grardes fences qui trenchent la nuee en ferpentant , ce font les efclairs qui ne font que defcoudre la nuee,car la foudre brife tout, & rompt, & fioifle les nuees en efclars.Quelqu:fois la nature eftouf- fe le bruit du tonnerre, & fait vn muglemenc fourd;fi la vapeur ne fair que gliffer & couler cela ne fait qu'efclairer , mais choquant rudemenril donne le coup de canon effioyable , & fracaflé tout, Selon que lesimpreflions de l'air font enne- nimees , &enfouphrecs , aufli ce qui en eft battu eft plus ou moins endommagé du coup. Quand vne vapeur fumeufe monte en l'air, & s’eft roulee dans la nuee , fi elle eft foible , elle fort enefclair, fielle eft forte,elle fort auec violence, & deuient foudre & efclar de tonnerre. 8. 11 y a haut fon, fifflement, craquerement, claquetement des nuees, agitation impetueufe, diffolution violente , froiffement , repouflement, efbranlemenc impetueux. Au refte , la foudre Pp 2 ! 17> ge. if à 1-42 596 Chapitre LIX. qui perce cft fort delire & fubrile, celle qui diffipe eft vue flatnme meflee auec vn vent rourbillon- neux;l'efpandué, brife tout ce qu’elletouche. La legere,ne fait que griller & noircir ce qu’elle fra- pesla moyenne,brufle,la forte, allume, liquefie, confume,ce qu'elle atteint. 9.La folle gentiliré qui croyoit que la foudre eftoit Le dard de lupiter, & qui penfoit que la foudre cftoit l'execution du deftin d’vn chacun, difoic qu’il y auoir des foudres Monitoires, Po- ftulatoires,Peftiferes, fallacieufes , menaçantes, meurtriflantes, Aatreufes, accaklees,foufterraines, Royalles , morteiles, bafles, fauorables, ioyeufes, triftes, meflees , inciffsrentes, ineuitables, efton- nante:,de bon augure,de nul cffet. 10. La foudre agit de plufieurs fortes , & fait des «ffcts prodigieux , elle choque & brife les chofes dures, palle à trauers des molles innocem- ment, efparenc ce qui eft pertuisé, & va de lon- gue , fond l’argent dans vne bourfe fans eftre en- tamec, tombant {ur vn arbre biufle ce qui eft fec, perce ce qui eft dur,moua le‘curce, fendletronc, ariache les racines, pile & eftreint les fueilles, l’eipec ct calcinee & poudroyce, & le fourreau eft rout entier ; le fer des iaueltnes coule au long des hantes nullement atteintes ; le vin fe glace, & apres fe deocle , maisil eft mortel, cependant le tonneau neft point entr'ouueit ny brisé, lesar- bres frappez du foudre dreffent leurs pointes du cofté d’où elle eft partie, & a eflé lancee , les befles venimeufes battues du coup du ciel, per- dent leur venin, & fe remplifear de vermine aptesla mort, cependant mourant auec leur ve- A Te Din » D idsh Le Feu ex L Air. 597 pin jamais n’engendrent vn ieulver. 11.On peutdir: que le vent C’'eft vn aïrcoulant doucement , ou d’imperuofité ; vn flot ondoyant. entre- deux airs, vn rourbillen & combat de plu- fieurs qui fe battent & fe pircüerrent , d’où vient ce tournoyement dé finfreluches, & boutriers qui voltigent de biais;vne courfe de vapeurs agi- tees ; meflange d’exhalaifons qui s'entrepouffent; vent de droit fil,venr qui fe plie & replie entours &'retours,& tourbillons. Vent renforcé , & qui fe donnecarriere , vent lafche qui foufflant s’efuaz noüit, le rayon du Soleil quelquefois refuealle & pique le vent, luy donnant toute la bride ; il y a vent de toute faifon, vent de Prin-temps, d’Efté, d'Automne , d'Hyuer ; petit vent qui s’abbaiffe, vent qui frife les flocquons de neige, &geleles eaux de fa froideur , vent court, qui ne dure gue- re, & ne s’auance guere loin? vent qui rebattu | d’vn efcueil rétourne fur foy ; rode aurour d'vn imefme lieu, s'efbranlent à fecoufles, & feront autour de foy mefméen tourbillonnant, vent qui | efpard l’air à ondees; vents lgers & bondiffants | à petites bouffees , & haleines entrecoupces, vent roide , & d: longue haleine , bruyant & fortant avec effort , ou de quelque canerne , ou des lieux | fous-rerrains,vent de terre, vent de marine , vent | dé riuiere, | 12.Le vent a efté donné pour purifier l'air, & ne le laïffér croupir & pourrir, pour porterles |nucés à guifé d’arrouloirs, & diftiller les pluyes | fur latérre , pour donner branfle à l’Ocean ; 8. | pourmener lé monde par tout l’uniuers, pourbris œ der orage , & challer les deluges & les nuees qui. Le | Phi 3 4e $98 Chapitre LIX. abyf{ment le monde pour balayer leciel, & rendre la fereniré,pour attremper les 2rdeurs du Soleil, pour r’affraifchir la nature, pour ouurir les fleurs, & les efpanoüir, pour ouurir Île commerce d’vn pole à l’autre, pour varier les faifons, meurir les fruiéts,pour efputer l'air que nous refpirons, & enleuer fes infcétions enuenimees, pour nourrir les femences,artirer les rofees;:ffermir les arbres; il conuertit Îles riuieres en criftal , les pluyes en grcfles.les rofees en grefil , larerre en gelee &en caillou, tanteft il degele tout, & couurela terre d’vn deluge,en faifant comme vn Ocean. C’eftle ! vent qui Bi la reveué dela terre , charriant les # nuces comme des aqueducts & canaux pour ver- fer de l’eau , & abbreuuer les biens de la verre. Tantoft Boree, ce grand ballay du monde,fe Île- ucimperueux pour nettoyer les airs, chaffer les : nuces,& r’amener au ciel vne ferenité doree. 13. Les nuees font le rideau de la narure, dont elle nous couure le ciel, c’eft vn pauillon & vn daiz , fous fequel elle a mis à couuert les mortels, les contregardant des ardeurs du Soleil , c’eft vn parafol , & vn abis agreable ; quelque-fois tout au rebours ce font les cataraétes qui verfent vn deluge far la rerreyou des rofees fauorables. D'où peut venir vn nombre innôbrable de ces vapeurs; qui donne le coioris fi vif & fi differend, nous en faifant des tentes de tapifleries admirables ; Qui les enyure de vermillon, qui les dore d'vn fi bel or , qui les fair romtes de neige ou d'argent; qui range ces batailles & ces armees qu’on void ià de- dans les airs;qui mene ces rroupeaux & ces mous tons couuerts de toifons blanches;Qui y allume l’en Le Feu & L’Air. $99 l'enfer & ces flammes effroyables, qui les remplic de boulets de grefles ; de carreaux & coups de ca- non,de feux volages , & de mauuais augure ? qui les fait choquer fi horriblement ; & s’entre-efcra- fer;yquand il pleur du faug , du laiét,des cailloux, du miel,de [a manne,du fouphré;de là neige, qui . eft l’ouurier qui façonne cela ? qui coule cela par le tamis & alambic des nuces ; & apres auoir bien rodé,en fin que deuient tout ce bagage ; fe fond- ilen pluye, s'euaporeilen vent, s’abyfme-il dans POcean , fe replonge-il fous la terre ; & dans le ventre des montagnes ; O que Dieu eft admira- ble en tous fes ouurages : & vray Dieu que Fhom- me eft befte qui ne peut comprendre la moindre des creaturesemanees de {a route-puiflance, qui ne fait que fe ioüer en faifant tout cela. CnAveYLX: L faut que ie confefle monignoran- X ce, car autrement jé me perdrois en ‘# confiderar d'vn cofté le cas que Dieu CS Co Y ] reté de ceite perirecrea-- St ére D2 tre la pauureté de celte peritecrea turetreRofee; la parole eft plus pefäte&plus riche que tout ce qu: elt dans la Rofee mefme:vne mef- chante petite fumee,& bien fouuent puâre,enleuee de quelque mare pourrie, portee au fecond eftage de l’air (qui eft la matrice des fleaux de la nature, grefles,neiges , frimats,foudres , & enfers mou- uans) firoures fois elle y arriue, où eftanrelle fe morfond aufli toit,& fe ramalfant dans foy-me(- me,de là à peu s’efpaifir, &fe change en petites larmes , qui rombant ne nous porte autre chofe finon ferain empefté,& carharres mortels , fe fon- dant fur nos teft:.Vola bien vne belle piece , & dont il Farfl. faire tant de cas. Si faut il bien que ce fuitchofe de quelque prix, puis que Dieu en parle fihiurement. Voila que c'eit que d’y penfer maintenant, il me femble de voir la beauté de celte ordinaire influence, O combien de chrefors Vois-ie çnfermez dans ces petites goucelertes & | ces La Rofee. Got ces petits grains benis,de criftal liquefié. Quoy? que penfez vous que ce foicde l’eau, ie vous prie ne le penfez pas, car fi Pline dit vray , comme ie penfe, & que la Rofee prenne la qualité de la chofe fur laquelle elle tombe, ce qui vous femble de l’eau, eft fucre dans les Rofeaux'de madere,hy- pocras dans la vigne, manne dans les fruicts,mufc dans les fleurs medecines & Recipes dans les fim- ples , Ambres dans les peupliers , Nectar & Am- brofie fur les fruicts de la cerre, le laiét des marn- melles de la nature qui en nourrittout ce bas vni- uérs. Ie ne me veux donc plus eftonner de ce que Diea laiffant toures les autres tant belles creatu- res, ne fe vante finon d’eftre le Pere des Rofees. lob.38.Quis gennit ffillas roris,C'qui eff Pater pluuie: ce. Vous diriez qu’il aye enuie de dite qu'il n'ya rien qui reprefente mieux la diuine generation du Fils, lequel eft engendré du Pere par fon enten- dement , duquel , comme d’vne nuee feconde fe diftille la diuine rofee du Verbe , fluat ot os, ver- bum meum ; voire mefmé l’Incarnation femble du tout femblable , car le Soleil de la diuinité ;vny à la perite vapeur de noftré pauure mortaliré, fac ce diuin parterre de lefus-Chriff, & le beau Pa- radis de l’Eglife , nee de la Rofee qui fortic des cinq playes de cefte nuee fufpenduéen l’air,& dans l'arbre de la Croix , aufli le Soleil comme Pere, marie le rayon fon fils auec la petite vapeur vir- ginale d'où fort la Rofee ; qui eft comme le-petic Meffie de la nature, & rend le Purgatoiré dé noftre monde comme vn Paradis de délices. . N’eft ce pas la Rofee qui rombant dans nos lardins les emperle de mille pierreries mufquees"?cy elle faie 4 RE 60z Chapitre LX. la rofe, là les fleurs de lys,là bas Les culipes , autre part les violettes, & cent mille autres fleurertes, C'’eft la Rofee qui couure d’efcarlatte les rofes, » elle qui habille | Aer leslys, qui pare de ! pourpre les violertes , qui brode d’or les foucis, ! qui enrichit toutes les fleurs d'or , de perles ; de foye : elle fe metamorphofe icy en fleurs, là en fueilles, puis en fruiét de cent cinquante fortes: c'eft elle qui eft le diuin Prothee,&c le Chameleon ! des creatures , s’habiflant à la liuree de routes les chofes plus rares ; icy efcarlatte,là du laiét , efme- raude , efcarboucle, or , argent , & le refte. Mais encor fçauez-vous que c’eft que la Rofee ; il me femble que tout ainfi que lors qu'vn homme eft bien bas, & qu’il n’eft affamé que de rien,on prend & chapon,& pouler,& perdrix ; & à force autres, puis en faifant vn confumé, on en donne vne cueilleree au patient, qui auff roft fe met en vi- gueur ; aufli lors que la terre eft morfonduë en Hyuer; & femble atteinte d’vn accez de maladie, la nature femble puifer la fine fleur de toutes les plus rares creatures , & les mettant dans l’alambic d’vne petite vapeur en diftille vnconfumé, & vne petite Rofee qui fegliffant par les veines de a ter- re,la fait raieunir , & la remet en la fleur de fon aage, & d'vnriche Printemos. C’eft pourquoy Dieuen fait fi grand cas,car s'il veut faire vn feftin _parmy les Hermirages à fon peuple, ie n’y eftois pas , mais ie m'oferois bien afleurer que ç'aefté par le miniftere de la Rofce,qui s’eft convertie en manne , & la manne en toute viande. Faites que Dieu ait enuie de fe fiire vne chäbre doree, & vn gabinet pour fa Maiefté, vous verrez qu'il choifira la La Rofee. 603 | Ja maifon dela Rofee. Piai. Qui ponit rubes laribu- lum fuum,gc. Voulez-vous qu'il minute les arti- cles de paix auec le genre humain, & que nous faifons vn contrat de bonne amitié , il n’a gatde de monftrer fa volonté en autre lieu que dans vne petite pluye & rofee , où il graue fa volonté, & attache au croc {on arc fans flefche, Ponamarcu menm in #ubibus, dre. Gen. C'eft aufli de Iuy qu'a appris le Prophere;lors qu'il Le femond de fa pro- mefle, & le prie de fe faire homme; il fe fert du ftile de Dieu , & le coniure en ces termes, Rorate cali defuper,& nubes , Cc. Vous voyez bien le bon Ifaac la main leuee, qui veut benir Iacob , mais peut-eftre que vous ne fçauriez pas deuiner ce qu'il veur dire ; tout beauS. Patriarche, ie vous prie ne luy donnez pur toute benediétion finon vne faincte rofee qui deuale du ciel , Der tibi Deus de rore celi,'c. en luy donnant cela vous luy don: nez tout; de fait, Dieu fait autant d’eftime d’vne fimple gouttelette de rofee, que de cout le refte du monde, ante te, dit Salomon, orbis terrarsm eff tanquam gutta réris antelucani. Nous vous eftonnez de peu de chofe, ie me veux hazarder de dire vne chofe bien plus fublime, c'eft que puis que le Fils de Dieu dic d’vn petit grain de mouftarde. Simile eff regnum calorum gran finapis , É*c. Aufü me femble de pouuoir dire, Simile ef} repnum ce- lorum, guite roris , car le Sauueur du monde, qui eft ce grain de monuftardes eft pareillement cefte riche gouelerte de rofee, comme ray appris d'O- rigenc. Vne mefchante demie efcharpe, faite d’vn eau rien bigarré teint en faufles couleurs , paré d'vne beauté inenfongere,fa matiere eft vn neant, fa duree vn moment ? fa beauté, tromperie ; fa figure, vne arcade cremblante ; vn arc fans fle- che , vn pont fans appuy, vn croiffant qui ne peut “croiltre, lefantofime des couleurs, vn rien qui | veut faire de quelque chofe. Toutesfois ce riche | rien, eft le miracle des plusbelles chofes de l’vni- | uers, qui comparces à luy font quali comme va | rien. Que voudriez-vous richeff:s ? tout l’Arc | p’eft autre chofe que le carquan de la nature en- | filé de routes les pierreries de nature , autant de gout | 606 Chapitre LE gouttelettes ; autät de ioyaux de tres-rarebeauté, les vnes font perles, les autres ont l’efclat du Dia- mant, les flammes de l’Efcarboucle;le rayon doré du Rubis , le bril du Saphir , ‘auray pluftoft fait de dire que c’eft la carriere où la mature a cachees routes les plus rares pierreries,& la plusrichepie- ce de tous fes threfors, defquels elle fe pare quand bon luy femble , c’eft le colier de fon oïdre, l’ef- charpe de fa liuree,fa chefne de perles, & le plus beau de tous fes affiquets, dont elle fe pare pour plaire au ciel fon efpoux.Ce n’eft rien ; dites vous que l'Iris, i’en fuis content pour l’amour de vous , mais à condition que ce foit vn rien priui- legié,& vn rien habillé de toute chofe.Le ciel eft efmaillé d’Eftoilles d’or toutes d’vne couleur, & cét arc eft cftoillé de cent mille petites eftoilles efclaranres,& de petits Soleils de toutes couleurs; ! il eft auffi flamboyant que le feu, auffi bigarré que l'air & les nuees , vous y voyez le criftal violet de « l'Ocean, & les riches rapifferits de la terre , eftancw parfemé & fleurdelifé de routes fleurertes de la. primeuere. Comment vous y voudriez au furplus M des odeurs ? Or c'eft trop, car la perfection desk - elemens ne veut point d’odeur, toutes-fois il y en. a icy de toute forte, c’eft vn Ambre-gris, verr,&s rouge,vn baume diftilé, du mufc liquefié ; ce n’efti qu’eau rofe, & Neétar qui pleut ; car Ariftotes nous affeure que tout ce qui eft arrofé par lin«* fluence de céra£e-en l'ait fent l’Afpalathe,le mufc,, & ect Bon Dieu quel braue rien, qui eft è | \ toute chofe! voyez fa figure , ne diriez-vous pas, que c’eft non p. : le pont au change de Paris,mais le poñt aux Anges de Paradis, cour efclatant d'or-, feurerie . l'Arc en Ciel. _ 607 feurerie celefte ? On difoir autre-fois que le che- min S. Iacques, ou le grand chemin de laiét qui paroift au ciel, c’eftoir le chemin des Dieux, lors qu’ils alloient au confiftoire de Iupiter , mais cela n’eft que fable;bien veux-ie croire que s’il y auoit quelque chemin ordinaire , par lequel les Anges defcendententerre, &les hommes montent au ciel,on n’en trouueroit de plus beau que ce pont tapiflé toufiours, & toufours ennobly de tant de belles pierreries. Aufli Dieu le prife autant que creature du monde corporel, car s’il fe met en fon liét de luftice,& au throfne de fa gloire , Ezechiel qui l’a veu dir qu’il fe pare decétarc enciel,@ ris erat in circuitu,é#c.s il veut haut-louer la beauté de l'humanité de fon Fils, il l'appelle vn Arc en ciel, P{al.Thronus eius ficut, °c. & teffis in cab fidelis,c’eft àdire, Iris; s’il veur pi.ffer,& faire montre de fes plus rares threfors , ilne defploye autre piece que cefte-cy, Magmfi: érsa esus virtus eius in nubibus. Pal. Sa Couronne Imperiale, & fa mitre à triple . couronne, c’eft ce mefme arc, ris in capie eius , dit S. lean. Tu as donc raifon Salomon lors que tu l'appelle le chef-d’œuure de Dicu, ( Ecclef. 43. ) le threfor de la nature, le riche baudrier de l’vni- uers , la fainéte cataracte des diuines influences, le chapeau de fleurs du gay Printemps , le diademe de ce bas monde. Dieu y prendbien fi grand plai- fic , que lors qu’il eft au plus haut point de faiufte . cholere,s’il y iette vn coup d'œil, auffi voit il s’ap- . ‘ paife. Gen. Videbo arcum meum, © rec dabor, CRE F 1 NX u FRA ES Ep | "D Y A {