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PA AAA ARARRAARA a) MARNE A | A AAA NE ANNE AARAAAAAA EE LT ARRET PRAN AAA RAA 7 AAA AAA AINNANNA La. 2 alle | nuit 1 N n D Prose Y Lo FER AO M ' _ l Û rom Ve | ei A. un COUPE L | on “ À tee ds Tama à i NO. of : On ET IE 4 (au DA Cho TT \{n0S " : Dr 1: U ù En nn L ; : ms ox | L . L DER D nn ge : L r LL | ds os L ‘A a (M : | : : ne VAIMLEE nr VA SLT A | " — a ”" L ME MU + Or AL nu 1 L AL CNT TE AD AVE 4 12 . " mn : : L CANON" URSS Tr LT ANNEES LME CORTE 0 (470 ve L + L r : s nt SPA AE 0) # ARLES Fascicule IV IMPRIMÉRIE OBERTHUR LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Pc 4 LTODES DE LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE, CHARLES OBERTHUR Fascicule IV & G ex \È / SE MATIN NAS RENNES IMPRIMERIE OBERTHÜR Avril 1910 À mon cher petit-fils HENRT OBERTHUR, a Paris. C’est à toi que je dédie ce Livre. Tu es l’aîné de mes petits-fils et tu as le goût inné de l'Histoire Naturelle. Plusieurs fois, déjà, tu as été mon aimable compagnon de chasse aux Papillons, dans les landes de Monterfil, sur les falaises des côtes bretonnes, dans nos champs et dans nos bois. De même que jadis — il y a de cela plus d’un demi-siècle — mon cher grand- père m'initiait à l'Entomologie dont la pratique a charmé ma vie, ainsi Jéprouve à mon tour une Joie très douce à te faire connaître, selon la mesure de mes moyens, au cours des excursions que nous faisons ensemble, ce que J'ai appris moi-même des choses de la Nature. Aussi bien les ouvrages d’'Entomologie que je me plais à publier au déclin de mon âge, prennent, dans ma pensée, un caractère plus intime. Je me trouve heureux d'offrir à mes amis et à mes collaborateurs, un nombre d'exemplaires plus grand que je n’en livre à la Librairie, pour des lecteurs inconnus. Sans négliger le côté scientifique, but essentiel de mes travaux, je recueille volontiers mes souvenirs et j'aime à rendre hommage à la mémoire d’amis qui ne sont 8 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE plus. Puis, lorsque je compare entre elles les séries de papillons rangés dans mes boîtes, si j'ai devant les yeux un exemplaire récolté par moi-même, aussitôt, grâce à une association des idées qui se pressent dans mon esprit, non seulement, je me représente, en même temps que l’insecte, l’image du pays où je lai capturé, mais encore la vision de mes compagnons de chasse vient agréablement animer le souvenir de ce paysage et le compléter. C’est ainsi qu'en écrivant la notice concernant la Lycaena Ægon, je me suis immédiatement reporté aux jours heureux du dernier été. Vers la fin de juillet 1909, nous nous trouvions à Cancale ensemble, mon cher petit- fils, et tu m'accompagnais souvent à la chasse aux Papillons. Une fois, un peu avant le soir d’une journée qui fut pleine de soleil, nous trouvant, tous les deux, sur la haute falaise, au voisinage de la pointe du Grouin, marchant, l’un auprès de l’autre, pour faire lever les Pha- lènes abritées dans les touffes de bruyère et d’ajonc, nous pénétrâmes dans une lande dont l’aspect me parut propice à l'habitat de la Zycaena Ægon. Te souviens-tu que je te fis part de mon impression, tout en observant que jamais encore, sur la côte de la Manche, je n’avais rencontré cette espèce pourtant si abondante dans les bois et les landes de l’intérieur du pays, ainsi que sur la côte méridionale de la presqu’ile armoricaine? Quelques instants plus tard, un petit papillon bleu, dérangé par nos pas, s’envolait devant nous. La brise était un peu forte et le souffle du « Noroï » emportait la légère et fragile Zycaena. Tu pus cependant la capturer, avant qu'elle ne réussit à s’enfoncer dans un massif de grands ajoncs sur lesquels elle venait LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 9 enfin de se reposer. C'était bien la Lycaena Ægon et ma prévision basée sur l'aspect de la localité, n'avait pas été une illusion. Les jours suivants, nous revinmes au même lieu d'où l’on domine la mer d'émeraude que parcourent sans cesse les bateaux aux blanches voiles des hardis pêcheurs can- calais. Nous capturâmes de nouveau des exemplaires de la Lycaena Ægon et la première femelle bleue que nous recueillimes, se trouve représentée sur l’une des Planches de cet ouvrage. Nous avons soigneusement exploré ensemble toute cette pittoresque falaise qui était couverte de bruyères et d’ajoncs en fleurs. Quelquefois, nous nous arrêtions dans notre chasse et nous contemplions le superbe et immense panorama que dominaient nos yeux. Vers le Nord, ce sont les îles Chausey dont le nombreux Archipel limite l’horizon ; du côté de l'Orient, tout près de la côte, c’est le chaos rocheux de l'ile des Landes; plus au loin le phare de la Pierre et enfin la côte normande avec Granville et Saint-Pair; vers le Sud-Est, le fort et les rochers de Cancale apparaissent près de la pointe des Rimains, tandis qu’au fond de la baie, Tombelaine et le Mont Saint-Michel semblent dresser leur masse de pierre au milieu des flots. Au couchant qui s'empourpre si magnifiquement des feux du soir, la côte se trouve découpée par ses nombreux promontoires d'aspect sévère et ses grèves de sable d'un jaune rosé, toujours frangées d’écume blanche. Et tout au loin, au delà de la contrée malouine et dinardaise, la masse imposante du Cap Fréhel, aux parois verticales, changeant de couleur avec les heures du jour, tantôt grise ou bleue, 10 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE tantôt violette ou noirâtre, est la dernière terre que l’on puisse apercevoir. Nous avons également, l’un et l’autre, foulé de nos pas le plateau de ce Cap aride et nous avons respiré le parfum du serpolet qui couvre de ses fleurs couleur de lilas, les bords pierreux des sentiers. Sur ces grands espaces où le vent s'oppose à la végétation des arbres, mais que les {/lex europœus et nanus mélangés à nos quatre espèces de bruyères: ciliaris, Letralix, cinerea et vulgaris, couvrent d’une verdure persistante si gracieusement fleurie de jaune d'or et de violet rose depuis la fin du printemps jusqu'aux premières semaines de l'été, nous avons récolté le Satyrus Semele dont je te faisais remarquer les intéressantes variations, ainsi que les grandes Argynnes nacrées souvent nombreuses au bord de la mer. « En ce monde où tout change sans cesse », comme un de nos Poètes l’a dit avec tant de vérité, les plaisirs de l'été passent rapides et le mélancolique automne sépare les familles que les beaux jours de l’année avaient réunies. Tu as repris à Paris le cours de tes études sérieuses, en vue de préparer ta carrière. Je pense affectueusement à toi, mon cher petit-fils, avec l’espérance que tu transmettras aux petits enfants qui naïîtront plus tard, lorsque je ne serai plus, la tradition familiale que m'ont laissée nos ancêtres, ceux dont tu n'as pu connaître les sentiments que par la communication de mes souvenirs pieusement conservés dans mon cœur. Je souhaite que les circonstances te permettent de rester toujours un Entomologiste fervent. Au milieu des diff- cultés incessantes de la vie, 1l est bien doux de pouvoir LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE II se concentrer parfois dans une étude qui nous repose, en nous faisant momentanément oublier les noirs soucis. L'Entomologie nous vaut des amitiés fidèles ; cest une consolation qui réconforte puissamment aux Jours d’épreuve. Elle nous porte à apprécier et à aimer toujours davantage la Nature, œuvre du Très-Haut. J'ai appris de mes parents et des maitres qu'ils m'ont donnés dans ma jeunesse, qu'il n’y a point d'effet sans cause et que la Création dont nous sommes les témoins, est l'effet de la puissance infinie de Celui-là seul qui résume en lui-même toutes les perfections, qui n'a Jamais commencé et qui ne finira jamais. Ce que nous étudions dans ces papillons si délicats, si charmants et si variés, c’est une partie infime sans doute, mais cependant mer- veilleuse de l’œuvre de Dieu, seul Auteur de la vie, Ordonnateur, Classificateur et Législateur de tous les Mondes. C’est le plan divin de la Création dont nous essayons de percevoir quelque parcelle. Regarde le Sys/era Nature, chef-d'œuvre du grand Linné, dont l'esprit syn- thétique a inventé la méthode qui reste toujours la base du progrès accompli depuis un siècle et demi dans les sciences naturelles. Ouvre ce livre si estimable dans sa simplicité et dans la rectitude de son ensemble et glorifie avec Linné, le Seigneur, notre Dieu, source de tout bien, de tout dévouement, de toute noble inspiration, de toute haute pensée. « Finis Creationis telluris est gloria Dei » est-il dit dans V/ntroitus de la X° édition du Systema Nature. Je pense, à ce point de vue, comme pensait Linné; nos ancêtres pensaient de même. Garde nos convictions ; que ta pensée 12 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE reste toujours libre et indépendante, sans se laisser impres- sionner par les erreurs en vogue dans le moment. Car il y a une mode pour les faux systèmes, pour les préjugés, comme pour autre chose. Jignore s’il me sera donné de terminer l’œuvre d’'Ento- mologie que J'ai entreprise ; je voudrais achever de publier ce que je sais, d’après les documents que j'ai recueillis, sur les Lépidoptères français et algériens, comparés dans leurs formes et dans leurs races, aux exemplaires de même Espèce répandus plus ou moins abondamment çà et là, en certaines parties de l’Europe, de PÂsie, de l'Afrique et même de l'Amérique du Nord. Je compte du moins consa- crer à ce travail tous mes loisirs de lhiver. Mais quand reviendront les beaux jours, je désire encore goûter le plaisir de chasser les Papillons avec toi. Lorsque nous nous reposerons en face d’un site grandiose, jouissant d’une vue lointaine qui s’étendra devant nous, je remercierai Dieu, Créateur et Père, qui me donnera encore la joie d'admirer les beautés de la Nature, en compagnie de l’un de ceux qui me sont si chers et qui continueront et garderont fidèlement, je l'espère, avec une conviction profonde et une fermeté inébranlable, les saintes croyances et les res- pectables traditions des aïeux. Rennes, 19 Décembre 1900. CHarLes OBERTHÜR. LÉPIDOPTEROLOGIE COMPARÉE Notes pour servir à établir la Faune Française et Algérienne des Lépidoptères (Suite). (Voir, pour le commencement, la livraison IT). R'HOPAEOICGER* Cœnonympha Iphis, Huebner. Espèce de plaine et de montagne; affectionne les prairies; manque en Angleterre; ne se trouve ni dans l'Ouest de la France, ni en Algérie; répandue depuis la Champagne, la Franche-Comté et la Bourgogne jusqu'en Sibérie; habite les Alpes françaises où elle s'élève à une altitude de plus de 2,000 mètres et les Pyrénées- Orientales, notamment autour de Montlouis-sur-Tet et de Mantet, entre 1.500 et 1,700 mètres. La forme champenoise d'/phis m'est connue par des exemplaires que M. H. Powell a recueillis le 18 juin 1909, aux environs de Lusigny (Aube). D'après ce que M. H. Powell m'a mandé au sujet d'Iphis et de la localité où il a rencontré cette espèce, Lusigny est 16 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE un village situé au milieu d’un terrain plat et riche, parsemé de villas, entrecoupé de forêts et de prairies souvent humides et maré- cageuses. C’est dans l’un de ces prés, très fleuri de marguerites, à la sortie de Lusigny; un peu après la traversée de la rivière, que volait Cænonympha lphis. Dans la race champenoise, le dessous des ailes inférieures, même chez le GC, est bien ocellé et la liture plombée submarginale se trouve très apparente. En Bourgogne, d’après les documents contenus dans la collec- tion Bellier, Zphis est de grande taille, d’un brun rougeûtre clair en dessus, bien ocellé en dessous; les © ont même un ocelle noir cerclé de jaune et pupillé d'argent vers l’apex des ailes supérieures; mais la liture submarginale argentée n'est bien indiquée que chez les ©. Malheureusement Bellier a négligé de faire connaître de quelle partie de la Bourgogne proviennent ses /#kis et je ne puis que regretter l'absence de ce renseignement essentiel. La forme d’/#his que je possède de Morteau (Doubs), ressemble beaucoup à celle de Lusigny; mais on rencontre en Franche-Comté, sans doute par aberration, des /pkis G absolument dépourvus en dessous de toute ocellation et privés de la liture submarginale argentée. Le fond des ailes inférieures, en dessous, est brun rou- geâtre vers la base et gris vers le bord extérieur, éclairé seulement de quelques macules médianes blanches. Dans les Pyrénées-Orientales, / pis a généralement les ailes infé- rieures en dessous, pourvues de six ocelles noirs cerclés de jaune et pupillés de blanc; celui qui est le plus voisin du bord costal est le plus gros de la série; le second est plus petit; les trois autres sont de taille assez égale; le dernier, près de l’angle anal, est très petit et souvent semblable au second. Iphis vole depuis la fin de juin jusqu’au 20 juillet environ, dans les prairies élevées autour de Montlouis, notamment au sud du village de la Cabanasse, en lisière de la forêt qui s'élève sur les pentes de la montagne du Cambrès d’Ase. Chez certaines Q pyré- néennes, les ailes inférieures, en dessus, sont ornées de petits ocelles fauves ressortant sur le fond gris noirâtre des ailes et transpa- raissant du dessous. La figure 250 donnée par Huebner contient LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 17 cette particularité. D'ailleurs les papillons représentés par cet Ico- nographe (©, n° 249; © n° 250 et 251) semblent bien conformes aux /phis des Pyrénées-Orientales. C'est dans les Alpes françaises que la race d’/phis se distingue par l'absence de toute ocellation et la suppression de la liture submarginale argentée. Guenée, dans sa collection, avait appelé Belisaria la forme aveugle d'Zphis qu'il avait capturée aux environs de La Grave (Hautes-Alpes), en 1850. J'ai observé cette race Beli- saria sur les prairies alpestres du Lautaret, du 15 au 21 juillet 1006; le Cænonympha Iphis était assez commun au milieu des pelouses du Lautaret dont le charme est rendu si sensible par l'abondance et la variété des fleurs. Le col du Lautaret est, depuis la fin de juin jusqu'à la fin de juillet, le plus délicieux jardin naturel alpin que nous offrent nos montagnes et je ne sais rien de plus joli et de plus attrayant que cette succession de pelouses ondulées au milieu desquelles des tapis de fleurs aux couleurs les plus variées ne cessent de solliciter l'admiration du voyageur. Les papillons volent en foule au travers de ces prés dont le sol tantôt sec et escarpé, tantôt arrosé par des ruisseaux qui s’entre- croisent, convient à une faune presque aussi variée que la flore. Le Cœnonympha Philea-Satyrion sy trouve dans les mêmes lieux que son congénère / pis. Sans doute les deux espèces doivent s'hybrider; mais je n'ai cependant vu aucun accouplement de papillons des deux espèces, bien que je me sois préoccupé d'en rechercher. | La var. carpathica, Hormuz : « alis non ocellatis, vel al. post. ocellis subnullis; plerumque minor », suivant les termes du Catalog Staudinger et Rebel 1001, paraît, d'après la diagnose ci-dessus rapportée, être la même que la variété aveugle du Lautaret. Cepen- dant je n'ai pas eu occasion de voir /phis des montagnes de la Bucovine et j'ignore s'il y a quelque particularité susceptible de le distinguer de celui de nos Alpes. Le D" Siépi a rencontré /phis aux environs du Monetier-de- Briançon et M. Powell l’a trouvé au Mont-Pelat (Basses-Alpes), le 27 juillet 1906, et sur les pentes du Lausson (Alpes-Maritimes), D 18 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE le 4 août 10906. Les chasseurs Coulet, de Digne, ent pris également Iphis à Enchastrayes, en juillet 1806 et à Larche, en août 1806 et en juillet 1807; mon frère l’a rapporté d'Ecclepans, en Suisse. Dans les départements des Hautes et Basses-Alpes et des Alpes- Maritimes, /#his est semblable à la variété carpathica, Hormuz (Belisaria, Guenée, i7 Mus. du Lautaret). Je possède un seul G d'Ecclepans dont l’ocellation est plus accentuée; mais je ne suis pas assez documenté sur la forme de cette localité, pour en disserter. L'ocellation est extrêmement apparente chez la variété 7 picles, SET, 10e S1IDÈNE: Quant à Mahometana, Alph, que j'ai reçue du Fort-Naryne (Prov. Semirechgensee), dans le Turkestan oriental, le dessous est très peu ocellé; mais la teinte générale gris clair du dessous des ailes et uniformément brun noirâtre du dessus, avec une frange d'un blanc assez pur, la caractérise tellement que je suis porté à considérer Mahometana, non comme une variété, mais comme une espèce spéciale et distincte d’Zphis. Cœnonympha Iphioides, Ster. Répandue en Espagne centrale, à Cuenca, à Brañuelas, à la Granja où MM. George Charles Champion et D' Thomas Algernon Chapman l'ont trouvée à une hauteur de 5,000 à 6,500 pieds, depuis le 23 juillet au 3 août 1004. Avant ces dis- tingués Entomologistes anglais, leur intrépide compatriote, M° de la Bâtie Nicholl, voyageant en Aragon et en Castille, pendant les mois de juin et juillet 1897, avait capturé la Cæno- nympha Tphioides « fying over a wet field in the Tagus valley in some numbers ». M"* de la Bâtie Nicholl ajoute les observations suivantes (7 ransactions of the entomological Society of London, 1897, p. 428) : « This was described by D' Staudinger as a variety of C. Zphis, W. V. (= Amyntas, Poda, wich is the older name); it differs however, from C. Awynthas (Iphis) in having the ocelli on the underside of the hindwimg evenly disposed, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 19 whild in that species the ocellus above vein 3 1s displaced inwards; also there are no white blotches in the inner side of the series of ocelli; these differences seem perfectly constant, and there can be little doubt that it is a distinct species. It is also closely allied to C. Leander, Esp., from Russia and Hungary, but differs from it in having an orange terminal line on the underside of the forewing, and in having a silvery line on the inner side of the terminal orange line of the hindwing instead of one the outer side. » Voici la traduction française de ces observations, dont Je suis redevable à M. Harold Powell : « À été décrite par le D' Staudinger comme variété de C. Zp/us, W. V. (= Amyntas, Poda, qui est le nom le plus ancien); elle diffère cependant de C. Awyntas (Iphis) par la disposition égale des ocelles sur l’aile inférieure en dessous, tandis que dans cette espèce (Awyutas) l’ocelle qui se trouve au-dessus de la veine 3 est déplacé vers l’intérieur ; de plus, il n'y a pas de taches blanches du côté intérieur de la série d’ocelles; ces différences paraissent parfaitement constantes, et on ne peut guère douter que l'espèce soit distincte. Elle est également très voisine de C. Zeander, Esp. de Russie et de Hongrie, mais elle en diffère par la présence d’une ligne orangée terminale sur le dessous de l'aile supérieure, et d'une ligne argentée qui, au lieu d’être du côté extérieur de la ligne orangée terminale de l'aile inférieure, se trouve du côté intérieur de cette ligne. » Cœnonympha Arcanioïdes, Pierret. C'est dans les Annales de la Société entomol. de France, année 1837, que Pierret a figuré sous le n° 5 de la PI 12 et décrit aux pages 306 et 307, le Satyrus Arcanioïdes, d'après un exem- plaire d', seul sexe qu’il connût alors, provenant d'Oran, en Bar- barie. 20 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE L'espèce est répandue en Algérie et en Tunisie, notamment près du littoral méditerranéen; elle éclôt une première fois depuis la fin de l'hiver jusqu'au commencement de l'été, plus tôt ou plus tard, suivant l'altitude, et une seconde fois à la fin d'août et en septembre. M. Holl a observé à Maison-Carrée la seconde appa- rition du Cænonympha Arcanioïdes et a bien voulu m'offrir quelques exemplaires de la génération de fin d'été. Les papillons sont plus petits et plus obscurs en septembre qu'au printemps; sur les ailes supérieures en dessus, l’espace fauve se trouve très réduit et le dessous des ailes est plus foncé. J'ai distingué la seconde génération d’'Arcanioïdes sous le nom de Æolli. Ma collection contient des Aycanioïdes provenant des localités suivantes : Cap Aokas (Dayrem; avril 1909); Hamman-Rhira (Dayrem; mai 1909); Philippeville (Merkl; avril 1884); Bône (D' Vallantin et Merkl; juin 1884); Djurjura (Merkl; juillet 1884); Rovigo (Holl; mai 1007); Lambèze (avril et juin 1884); Nemours (Gaston Allard, en avril); Arzew (fin de mars); Sebdou (Powell; mai 1907); Tunisie (V. Faroult); Oran (D' Codet; fin février 1870); Maison-Carrée (Holl; 31 août, 4 et 18 septembre 1008). De plus, les collections Boisduval, Guenée, de Graslin, Kuwert renfermaient des exemplaires d'Alger et probablement de Collo. L'ocelle apical noir de l’aile supérieure, en dessous, est relati- vement très gros chez Acanioïdes. T1 est cerclé de jaune et pupillé de blanc. Aux ailes inférieures, en dessous, la tache ocellée qui, chez A7canius, se remarque isolée, près du bord costal, manque dans Arcanioïides. On remarque seulement chez le Cenonympha algérien, une série de 5 petits ocelles intranervuraux, de taille assez égale, régulièrement rangés entre la liture submarginale argentée et l'éclaircie blanche médiane laquelle est de forme plus ou moins irrégulière et quelquefois presque linéaire, descendant sinueuse du bord costal au bord anal des ailes inférieures, en dessous. Sur le dessus des mêmes ailes, on voit parfois transparaître du dessous une série d’ocelles jaunes pupillés de noir. L’ocelle apical noir du dessous des ailes supérieures peut se LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 21 trouver, mais très rarement, suivi un peu plus bas d’un second ocelle noir plus petit, mais également cerclé de Jaune et pupillé de blanc. Cette variation &zocellata atteint les deux sexes. Je possède une Q de Lambèze chez laquelle la biocellation ne se remarque que d’un seul côté des ailes. Dans le Catalogue of Diurnal Lepidoptera of the family Saty- ride in the Collection of the British Museum by Arthur Gardiner Butler (London, 1868), l’auteur anglais qui fut, comme l'on sait, très fécond, insère à la page 41, dans la mention relative à Cæno- nympha Arcanioides, la notice suivante : « Local form. ? Papilio (Hipparchia) arcanoides (sic), Freyer, Neuere Beitraege, V, p. 125; n. 816, tab. 457, n. 1 (1845). Switzerland (Freyer). B. M. It is quite likely that the Swiss specimens may be a race of arcanioïdes; they do not, howewer, agree with the figure of that species in all respects. We have an insect from Algeria, which Mr. Adam White had labelled as this species; but it more nearly resembles A7cania, and is probably distinct from both. ». Il est aisé de voir d’après les lignes qui précèdent que Butler ne connaissait point, avec certitude, le véritable Arcamoïdes. Il ne l'indique du reste pas dans la collection du British Museum, comme venant d'Algérie, contrée qui est la patrie exclusive d’Arcantoides, mais comme originaire de Suisse. L'opinion que vraisemblablement les spécimens de Suisse peuvent être une race d'Acantoïdes est tout à fait erronée; d’ailleurs Butler reconnaît que les spécimens de Suisse ne concordent pas sous tous les rapports avec la figure d'Arcanioïdes; quant à l’insecte d'Algérie (ou supposé algérien ?) et étiqueté Arcanioïdes par M. Adam White, Butler dit qu'il res- semble davantage à A7cania, dont il est plus voisin, tout en étant probablement distinct des deux. La question semble donc être restée bien confuse pour M. Butler et l'erreur d'indication de localité commise par Freyer a contribué à cette confusion. En Suisse, on trouve les Cæenonympha Arcanius, Darwiniana et Philea-Satyrion. Mais ces Satyridæ sont certainement spécifique- ment distincts d'Arcanioides et aucun d'eux ne peut être considéré comme une race de l'espèce algérienne. Freyer, cité par Butler, [e) [ee LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE comme il est dit ci-dessus, figure sous le n° 1 de la Tab. 457, un véritable Ayrcanioïdes, qu'il appelle à tort Arcanoides. Dans son texte, on lit (p. 125) que M. von Weissenborn à qui Freyer est redevable de communications si intéressantes, lui a envoyé les deux sexes du papillon dont il est cas, en observant qu'il avait reçu de Suisse, deux paires semblables, sous le même nom. L'erreur de localité, relatée par Freyer, est évidente et elle a contribué comme je le dis ci-dessus, à mettre Butler dans l'embarras; mais ledit Freyer est coutumier du fait et il ne convient d'attribuer qu'une confiance modérée à ses assertions, en ce qui regarde la provenance des papillons qu'il figure. Freyer a pour excuse de n'avoir pas attendu pour venir au monde, l'époque fortunée où chaque Allemand, en naissant, est déjà professeur de géographie. C'est en effet le même Freyer qui prétend dans ses VWeuere Batrege (vol. V; p. 76) que la Zygæna Favonia dont il donne la figure sous le n° 1 de la PL 428, a été trouvée en Turquie par le D' Wagner. Ceci est encore une méprise que je ne suis pas seul à avoir constatée. En effet, feu Otto Staudinger, après son voyage en Algérie, publia dans Berliner entom. Zeits. (Bd. XXXT; 1887; Heft I, p. 29-42) un travail sur quelques nouvelles Espèces et Variétés des Genres Sesia et Zygæna; et s'occupant dans cet opuscule de la Zygæna Favonia que Freyer, le premier, a figurée et décrite, Staudinger à propos de l'indication erronée de localité donnée par Freyer, sut trouver une raison tout au moins originale, pour excuser Freyer qui avait donné la Turquie, pour patrie à cette Zygæna, au lieu de l'Algérie. Le vieux honorable M. Freyer, dit Staudinger, à cause de la même religion mahométane des deux pays en question (Turquie et Algérie) a fait à leur endroit une confusion. « und wird der alte ehrenwerthe Herr Freyer, der gleichen muhamedanischen Religion der betreffenden Laender wegen, hier dieselben verwechselt haben ». Le docteur Moritz Wagner, qui a découvert la Zygæna Favonia en Algérie, avait effectué un voyage dans cette contrée pendant les années de guerre et de conquête; 1836, 1837 et 1838. Wagner LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 23 était un historien et un naturaliste; 1l écrivit une relation de son voyage qui fut publiée à Leipzig en 1841 et porte une dédicace à Son Altesse Royale Ferdinand-Philippe-Louis, Duc d'Orléans (Seiner Kæniglichen Hoheit Ferdinand Philipp Ludwig, Herzog von Orleans, etc., etc., etc.). On peut y lire le récit de l'expédition vers Constantine et de la prise de cette ville en 1837, des détails sur la mort du général Damrémont et du colonel Combes, une foule de considérations ethnographiques et militaires, des notices biographiques sur des chefs arabes, ainsi que des aperçus sur la faune de la Barbarie. On trouve, entre autres documents d’histoire naturelle, dans l'ouvrage intitulé : Xetsen in der Regentschaft Alger von D. Moritz Wagner et sous le titre : Ueber die Schmetter- linge der Regentschaft Algier mit besonderer Beruecksichtigung threr geographischen Verbreitung (p. 195-210) une notice sur les papillons observés en Algérie par l’Auteur. Les fautes de déter- mination sont nombreuses. On en jugera pour les Zygæna par les lignes suivantes (p. 205) : « Eine seltene und schœne Art der den Uebergang von den Tagfaltern zu den Schwaermern bildenden Gattung Zygæna ist Z. Milaris, welche Graf von Hoffmansege in Portugal gefunden. Z. Sarpedon hat die Regentschaft Algier mit Italien, Sudfrankreich, Spanien und die bekanntere Meliloti mit dem ganzen gemaessigten Europa gemein. » Pas plus Æilaris que Sarpedon et Meliloti ne se trouvent en Algérie et c’est cette fausse Sarpedon, plus tard reconnue pour être une espèce spéciale et distincte, que Freyer a distinguée sous le nom de Favonia, en la comparant d’ailleurs à Sarpedon et en lui donnant la Turquie, au lieu de l'Algérie, pour patrie! Cœnonympha Arcanius, Linné. Décrit par Linné, dans les termes suivants qui sont bien sommaires, mais n'ont cependant pas donné lieu à synonymie : « A7cantus, 242. P. alis integerrimis ferrugineis : subtus anterio- ribus ocello unico ; posterioribus quinis : primo fascia remoto. Habitat in Europæ pratis silvaticis. Larva viridis : lineis dorsa- 24 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE lhbus obscurioribus lateralibus flavis, cauda bidentata. » (Carol a Linné Systema Naturæ. Tom I. Pars V, p. 2.286). L'espèce manque en Angleterre; elle est généralement commune en France où on la voit voler depuis la fin de mai jusqu’à la fin de juillet, suivant les années et les localités. Ma collection contient des exemplaires provenant de la forêt de Rennes où elle fréquente les clairières et les allées herbues, à la fin de juin, de Bourg-des- Comptes (Ille-et-Vilaine) où je l'ai trouvée dans les champs d'ajonc; de Cancale, sur les bords de la Manche; des landes de Milly (Maine-et-Loire); de Charroux (Vienne); de Dompierre-sur- Mer (Charente-Inférieure); d'Angoulême, où elle paraît dès la fin de mai, mais est surtout abondante en juin; de Samoussy (Aisne); de Lusigny (Aube); de Montigny-Beauchamps, de Lardy et des bois situés entre Sèvres et Versailles (Seine-et-Oise); d'Evreux; du Saut-du-Doubs; d'Uriage (Isère); de Florac (Lozère); d’Aix-les- Bains (Savoie); du Mont Gourdon, de Garamagne, d'Entrevaux et de Digne (Basses-Alpes); de Menton, Puget-Théniers, Escarène et Levens (Alpes-Maritimes); de la Sainte-Baume (Var); des envi- rons de Marseille; de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales); de Cauterets (Hautes-Pyrénées). Je possède aussi des exemplaires de Coburg, de Silésie; de Bohême; d'Autriche; de Florence, où je l’ai prise en juin 1007, dans les petits bois de chêne voisins de la Poudrière; de l'Italie méridionale; de Grèce; de Broussa, en Asie-Mineure; de Crevola, où se trouve la plus grande race jusqu'ici connue et appelée : insubrica, Raetzer. J'ai figuré cette variété qui habite Crevola et le versant méridional du Simplon, près de Laquinthal, dans la 1e livraison des Ætudes de Lépidoptérologie comparée, d'après des documents dont je suis redevable à feu mon ami le chanoine E. Favre, l’auteur de la Faune des Macro-Lépidopières du Valais, ouvrage publié en 1800, avec la collaboration d’Arnold Wull- schlegel. Arcanius est une espèce des plaines et des basses montagnes. Esper a figuré sous le n° 4 de la Tab. XXI, la forme la plus ordinaire, c’est-à-dire celle dont les ailes inférieures, en dessus, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 2 Un sont uniformément d'un gris noirâtre, sans aucune éclaircie médiane de couleur fauve; mais Huebner a figuré sous le n° 240, un Ayca- nius dont les ailes inférieures, en dessus, montrent une tache fauve médiane assez grande et très caractérisée. Cet Arcanius 3 figuré par Huebner, se rencontre à ma connais- sance, surtout aux environs de Samoussy (Aisne) où M. Harold Powell et mon frère, en compagnie de M. Henry Brown, le captu- rèrent, le 13 juin 10009. Cependant, bien qu'une dizaine de Œ' pris à Samoussy soient pourvus de cette éclaircie fauve plus ou moins accentuée, sur le disque des ailes inférieures, en dessus, un nombre plus grand d'Arcanius ©, également trouvés le même Jour, à Samoussy, sont dépourvus de cette tache fauve et montrent le dessus de leurs ailes inférieures entièrement et uniformément noi- râtre. Il résulte de cette constatation qu'à Samoussy, les exemplaires Œ d’Arcanius, dont l'aile inférieure est maculée de fauve, peuvent être considérés comme l'expression d’une variété plus ou moins abondante et non comme la forme géographique normale du lieu. J'ai désigné sous le nom de Æuebneri, la variété C' portant une éclaircie fauve sur le disque des ailes inférieures, telle que l'a figurée Huebner; mais j'ignore d'où provient le C' figuré par Huebner, sous le n° 240. Est-ce un exemplaire aberrant? Est-ce plutôt le représentant d'une race locale offrant le plus généralement la particularité d’être maculée de fauve sur la partie médiane des ailes inférieures, en dessus ? Je ne puis le savoir. Toutefois, Je remarque dans ma collection que cette variété Azebneri peut s'ob- server dans des localités très distinctes. En effet, j'ai sous les yeux un Azcanius ©, pris au cours d’une chasse à Roccaraso et Palena, dans l'Italie méridionale, à la fin de juillet 1907, par M. Fabresse et un autre G capturé aux environs de Menton, dans les Alpes- Maritimes, en 1907, par M. Decoster, présentant l’un et l’autre une éclaircie fauve peu développée, mais très apparente sur le disque des ailes inférieures, en dessus. Ces deux A7canius peuvent être rattachés à la variété Huebneri. Par ailleurs, je n’ai jamais observé d'Arcanius tendant à la variété Huebneri. En Bretagne et à Cau- terets, Arcanius a la couleur fauve plus foncée et plus brune que 26 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dans les autres localités, notamment qu'aux environs de Paris, en Charente et dans les Pyrénées-Orientales; mais cet assombrissement général de la teinte fauve aux environs de Rennes et de Cauterets, bien qu'il soit parfois tel que sur la surface des quatre ailes, il reste à peine, aux supérieures, une faible éclaircie fauve, près de la base, ne me semble pas mériter d’être l'objet d'une appellation particuhère. Les Naturalistes de l'Ecole Fruhstorfer en jugeront peut-être autrement; mais Je leur laisse le soin de créer un quali- ficatif nouveau pour désigner la race obscure de Cæenonympha Aycanius à Rennes et à Cauterets, si cela leur est agréable. On trouve exceptionnellement çà et là des exemplaires d’un fauve pâle; mais il existe une Aberration dans laquelle la couleur fauve est remplacée par une teinte d'un blanc jaunâtre très clair; les deux sexes d'Arcanius peuvent être atteints de cet albinisme et ma collection contient de l’Aberration que j'appelle Dupuyi, en l'honneur de mon ami Gabriel Dupuy qui l’a trouvée plusieurs fois a Angoulême, 5 individus venant de Silésie, de Bohème, de Breslau et de la Charente, c'est-à-dire de contrées bien éloignées les unes des autres, mais où se reproduit exactement la même variation. Je fais figurer (PL XXXVII; fig. 233 et 234) deux échantillons GO et Q de l'Ab. Dupuy. Par ailleurs, c’est dans l’ocellation de ses ailes que varie Ay7ca- nus. D'après Linné, la forme qu'il décrit et qui est par conséquent la forme type, a un ocelle apical aux ailes supérieures en dessous et cinq ocelles aux inférieures, dont le premier est éloigné des autres. Il est fréquent de trouver des Aycanius privés de l’ocelle apical; ainsi dans la Charente, l'absence de cet ocelle apical des supérieures n'est pas rare. Inversement l’ocelle apical peut être suivi d’une seconde tache ocellée contiguë à la première, et même d’une troi- sième; celle-ci très réduite généralement. Une Q d'Allemagne (Collection Kuwert) possède 3 taches ainsi définies. Aux ailes inférieures, la série des quatre ocelles qui est plus souvent portée à cinq, peut se trouver réduite à trois et même à deux. Lepelletier de Saint-Fargeau publie sous le n° 5 de la PI. 7, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 27 le dessous d'un A7camus dont les ailes inférieures présentent, en outre de l'ocelle costal, deux gros ocelles de la série submarginale, situés entre deux très petits. Tous les ocelles peuvent même dis- paraître, comme dans l'Ab. cœca dont je publie la figure (PI. XXXVIT, fig. 235) d'après une © venant de Vienne, en Autriche. L'ocelle supérieur et isolé des ailes inférieures, en dessous, peut aussi manquer, alors qu'une série des ocelles submarginaux subsiste. Je possède un C' pris à Crevola (PI. XXXVIT; fig. 232), chez lequel manquent l’ocelle apical des supérieures et, ce qui paraît extrèmement rare, le gros ocelle costal des inférieures; mais 1l reste aux inférieures une série de 3 ocelles submarginaux, contigus, de grande dimension. Tous les ocelles du dessous peuvent transparaître en dessus, sous forme d’un petit anneau fauve centralement ponctué de noir. La figure d’Acanius © donnée par Huebner, sous le n° 242, représente cette particularité. Elle est plus fréquente dans les régions chaudes et méridionales. Le GO est ordinairement moins favorisé que la ©, au point de vue de la reproduction en dessus des taches ocellées du dessous et le plus souvent, on ne voit ressortir chez le G' que la tache ocellée apicale des ailes supérieures. Cependant je possède un © de Grèce, présentant sur les inférieures, en dessus, une série de 4 ocelles submarginaux transparaissant du dessous. Ce sont sur- tout les Q qui montrent, en dessus, une reproduction plus complète et mieux marquée des taches ocellées du dessous. Je possède des Q capturées dans la Lozère, les Pyrénées- Orientales, la Savoie et la Charente conformes à la figure 242 de Huebner. La liture marginale argentée fait quelquefois défaut, surtout aux ailes supérieures, chez les ©. Le P. Engramelle a publié la figure de l’Arcanius, sous le nom de Céphale (PI. XXIX; fig. 57a et 57 6). Le papillon qu'il indique comme variété de Céphale, sous les n° 57c et 57 d est l'Iphis. 28 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Cœnonympha Darwiniana, Ster. Mon frère a rapporté de Fusio, où il avait trouvé Darwiniana, du 10 au 14 juillet 1907, volant dans de hauts pâturages, fré- quentés par la Colias Phicomone, une longue série d'exemplaires conformes aux figures données par Herrich-Schaeffer, sous les n°* 180 et 187, avec le nom d’Arcanius var. M. Wullschlegel m'a envoyé une série d'exemplaires capturés en 1909 dans la vallée de Saas, au Valais. Lang a représenté le même Cænonympha, mais avec une coloration beaucoup trop pâle, sous le n° 5 de la PI LXXV et avec le nom de var. Darwiniana, Stgr. La bande blanche du dessous des ailes inférieures est très réduite chez Darwri- niana; les taches ocellées d’un noir vif, centralement pupillées de blanc, sont entourées d’un cercle jaune plutôt qu'orangé et l’ocelle costal des inférieures paraît plus rapproché de la série des 4 ou 5 ocelles submarginaux que chez l'Arcanius de nos plaines ou de nos basses montagnes. Il y a chez Darwiniana, comme chez Aycanius, une variété oôsoleta, Tutt, caractérisée par « disappear- rance of apical spot un. s. f. w. », suivant George Wheeler, dans the Butterflies of Switzerland (p. 118). Le nombre des taches ocellées aux ailes inférieures en dessous, est, tout compris, de 5 ou 6; mais certaines taches, surtout les n° 2, 3 et 6, peuvent être, proportionnellement aux autres, très réduites et même annihilées. Dans sa collection, Guenée considérait Darwiniana, comme une espèce distincte d'Arcamius. Je ne suis pas éloigné de partager cette opinion. En France, Darwiniana se trouve à Allos et à Enchas- trayes, dans les Basses-Alpes, où les chasseurs de Digne l'ont récoltée en juillet 1896 et 1897; mais dans les Basses-Alpes fran- çaises, la forme est moins colorée et moins grande qu'à Fusio. Il est intéressant d’observer la présence d’Arcanius insubrica, qui est la forme agrandie d’Arcanius, au Simplon, dans le voisinage de Darwiniana qui est généralement de plus petite taille que la forme normale d’A7cantus. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 20 Cæœnonympha Philea, Huebner. George Wheeler, dans son ouvrage 74e Butterflies of Suwitzer- land, publié à Londres, en août 1903, établit (p. 118) PArlea, Freyer, comme une aberration d’Aycanius et érige en espèce dis- tincte Sa/yrion, Esper (PAilea, Huebner). En comparant entre elles les figures de PAilea et de Satyrion données par les auteurs, je n'arrive pas à trouver de différence spécifique possible entre PAilea et Satyrion. Esper (Tab. CXXII; fig. 2) a figuré un Satyrion dont le disque des ailes supérieures est d’un rouge orange invraisemblable; mais il faut reconnaître que sa diagnose (p. 24) atténue sérieusement la magnificence de cette couleur orangée; en effet, on lit : swpe- rioribus ochracets. Passant à l'ouvrage de Freyer, je vois, sur la Tab. 367, Safyrion figuré avec les n° 1 et 2 et PAilea avec les n° 3 et 4. Je cherche en vain, en comparant ces figures entre elles, un motif sérieux de séparation. Je me reporte au texte (p. 137 et 138); Safyrion aurait la couleur du fond plus claire et plus pâle « doch ist die Grund- farbe um vieles heller und blaesser ». De plus l’éclaircie blanche serait plus large et l’ocellation plus atténuée sur les ailes infé- rieures en dessous; mais ces différences telles qu’elles sont indiquées sur les figures, sont bien peu sensibles. Herrich-Schaeffer figure Sa/yrion Œ' sous les n°* 289 et 290. La couleur du fond (Grundfarbe) du dessus des ailes et d’un brun noirâtre uni et le disque n’est pas fauve. Huebner, qui a sans doute la priorité du nom, a figuré PAilea Q assez obscure sous Îles n*“ 264 et 255. Mais la Q n'offre pas de caractères différentiels aussi intéressants que le O. Quant à Lang, il figure, malheureu- sement grossièrement, Sa/yrion d', sous le n° 6 de la PI LXXV. En résumé, il y a deux formes de O' et deux formes de ©. Chez l’une, le G a les ailes, en dessus, uniformément d’un brun clair et chez l’autre, on voit, à partir de la base des supérieures, une éclaircie fauve s'étendre jusqu’à la bordure brun noirâtre. Comparant les 30 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE A ne SN ee à Q, l’une a les ailes supérieures d’un fauve rougeatre clair, avec une bordure brunâtre faiblement indiquée et traversée par une liture de la couleur du fond parallèle au bord marginal; l’autre est plus obscure, présente une bordure brun noirâtre assez large; mais il y a des exemplaires de transition et, au même lieu, on trouve quel- quefois les deux formes. Je crois qu’on peut donner le nom de Sazyrion, H.-S. (289-200) à la forme dont le © est le plus uniformément brun noirâtre, et le nom de Pilea, Freyer (PL 367; fig. 3, 4) à la race dont le dessus des ailes, chez le ©, est plus rougeâtre vers la base et plus rapprochée de Darwiniana. C'est ainsi que Staudinger et Rebel ont défini la question dans leur Catalog 1901 ; ces auteurs attribuent à PAilea, Freyer, le Cænonympha figuré sous ce nom par Godart (PL XX; fig. 1, 2). Il ne faut pas cependant s’en rapporter à la figure donnée par Godart, pour cette attribution de nom; car le dessus des ailes, dans le papillon figuré, est entièrement et uniformément brun noir; mais bien plutôt à la description où il est dit (Tableau méthodique, p. 30) : « ailes entières, d’un brun noirâtre en dessus, avec le disque des supérieures roussâtre... » C’est en somme le disque des supérieures roussdtre qui caractérise Philea et le dessus des ailes uniformément d’un brun noirâtre qui convient à Sa/yrion. Mais PAilea et Satyrion sont certainement les deux termes d’une même unité spécifique, unis par les plus insensibles transitions. J'ai pris PAlea et Satyrion au Mont Revard, en Savoie, pendant les mois de juin et juillet 1906; au Lautaret (Hautes-Alpes), en juillet 1006; à Chamounix, en juillet 1802; au Ryffelalp, en juillet 1864, 1866, 1802 et 1808; J'ai reçu PAilea des environs de Digne; quant à Sa/yrion secundum Herrich-Shaeffer, je lai trouvé dans l'Oberland bernois à la fin de juin 1808 et Je l’ai reçu, plus caractérisé, d'Arolla où il avait été pris en Juillet 1906. PA1lea peut avoir comme Aycanius une Ab. cæœca que Je fais représenter (PL XXXVII; fig. 236). J'ai déjà fait figurer deux curieuses Aberrations de PAilea, sous les n° 104, Q impunctata, Obthr., et LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 31 105, © melania, Obthr., dans la XX° livraison des Æ/udes d'Ento- mologie. Philea et Satyrion se plaisent dans les prairies alpestres; leur vol est sautillant, court et peu élevé. Généralement ce sont des papillons abondants là où ils habitent. Darwimiana, Phuilea et Satyrion semblent être exclusivement alpins et manquent dans les Pyrénées. Pour considérer Satyrion, Esper, comme une espèce distincte de PAilea, Fr, M. Wheeler disposait sans doute d’un « #aterial » tout à fait différent de celui que je possède, car à mes yeux, PArlea et Satyrion, tels que je les connais et que Je l’expose ci-dessus, sont à peine distinguables l’un de l’autre, même comme variété. Cœnonympha Dorus, Esper. Esper a, le premier, décrit et figuré Dorus (Tab. LXXVIIT, fig. 1) d'après un envoyé par M. de Villers, qui l’avait découvert sur les montagnes du Languedoc (*). Linné avait établi l'usage de chercher dans la Fable, les noms pour désigner les papillons. Dorus était donc, selon la Fable, fils de Neptune et d’Alope. Il quitta la Phtiotide où régnait son père et vint fonder au pied du Mont Ossa une colonie qui, de son nom, fut appelée la Doride. Le Cœnonympha Dorus est un papillon d’assez petite taille, de contexture un peu délicate, répandu en France dans les départe- ments les plus méridionaux, en Espagne et en Algérie. Voici (*) En lisant l’article consacré par Esper à la nouvelle espèce Dorus, j'ai trouvé en note une correction qu'Esper se faisait à lui-même à propos de Pasiphaë, d’abord signalé par lui, à tort, comme pris aux environs de Paris, puis indiqué avec plus de raison comme venant d'Antibes, en Provence. L’Auteur ajoute, en parlant de Pasiphaë : « Er enthaelt sich auf den Pyrenacen ». Si j'avais pris connaissance plus tôt de cette note imprimée à la page 130 du 2° volume de l’ouvrage intitulé : Der europaeischen Schmetterlinge ersten Theils zweyter Band welcher die Fortsetzungen der Tagschmetterlinge enthaelt (sans date), j'en aurais fait mention à la page 393 de la 3° livraison des Z/udes de Lépidoptérologie comparée. 32 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE d’ailleurs le relevé des localités où les Dorus de ma collection ont été capturés : Marseille; Pont-du-Gard; Cette; Florac; La Turbie près Nice, Castillon, Puget-Théniers, dans les Alpes-Maritimes; Digne, Allos, Entrevaux, Mont-Gourdon, Saint-Martin-d'En- traunes, dans les Basses-Alpes; Millau, dans l’Aveyron; Vernet- les-Bains, dans les Pyrénées-Orientales; Albarracin, Escorial, Grenade, Sierra de Alfakar, en Espagne; Nemours, dans la pro- vince d'Oran. J'ai sous les yeux environ 200 exemplaires provenant des différentes localités précitées. En France, Dorus Ga généralement les ailes supérieures, en dessus, d’une teinte brune unie avec un reflet soyeux et un peu chaud. Un ocelle, le plus souvent unique, subapical, noirâtre, cerclé de fauve, transparaît du dessous. Cet ocelle, pupillé de blanc d'argent en dessous, est aveugle en dessus. On voit, mais rarement, au-dessous de la tache ocellée subapicale des ailes supérieures, sur le dessus des ailes, comme dans la figure publiée par Esper, deux autres petits ocelles noirs, cerclés de fauve, for- mant avec l’ocelle supérieur ordinaire une petite série de trois taches alignées le long du bord marginal. Plus généralement, au lieu d’ocelles bien formés, on voit une éclaircie d’un fauve jaunâtre plus ou moins vaguement indiquée. Les ailes inférieures, brunes vers la côte, d’un fauve orangé sur le disque et près du bord anal, bordées d’une fine liture fauve, sont généralement marquées de 3, 4 où même $ points noirs plus ou moins gros et accentués, transparaissant du dessous. La © diffère du O' en ce qu’elle est entièrement d’un fauve orangé, en dessus, plus ou moins clair ou foncé, avec la bordure des ailes d’un brun noirâtre, traversée parallèlement au bord mar- ginal par un fin liséré fauve. Chez certaines ©, la base et le bord costal des ailes inférieures se rembrunit et la bordure des supé- rieures s’élargit (PI. XLVIII, fig. 389); mais comme le dessus des ailes supérieures de quelques G' s’éclaire un peu plus largement de fauve, le long du bord marginal des supérieures au-dessous de l’ocelle subapical, il en résulte que si, dans la majorité des exem- plaires, les O' et © sont très différents, il se présente cependant LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 33 parfois des O' aussi bien que des © dont l’analogie est remar- quable. En dessous, chez les deux sexes, l’ocellation est ordinairement très accentuée. Les taches ocellées sont d’un noir vif, cerclées de fauve, pupillées d'argent. Un liséré d'argent descend, un peu sinueux, le long du bord marginal des ailes, depuis l’apex des supérieures Jusqu'au bord anal des inférieures. Aux ailes supé- rieures, il y a généralement un seul ocelle et une série de six aux inférieures. Mais cette série n'est point alignée droit; elle est pour ainsi _ dire formée de 3 groupes, d'abord un ocelle détaché des autres et comme isolé près de la côte, puis 2 ocelles juxtaposés et enfin 3 en ligne. Les 5 derniers ocelles sont le plus souvent de taille assez sensiblement égale dans le même exemplaire; mais lorsque la dimension varie, les ocelles médians sont plus gros que les deux extrêmes. La couleur jaune du dessous des ailes est assez variable; elle tend à être plus uniformément jaune foncé chez les Doyus de la Lozère et de l'Aveyron, tandis que dans les Pyrénées-Orientales et dans les Alpes-Marifimes, le dessous est plus nuancé de jaune foncé et de jaune nankin. De plus, les Dorus de la Lozère et de l'Aveyron ont l’ocellation bien plus petite et moins accentuée que dans les départements plus méridionaux. Un © pris à Millau par mon frère (PI. XLVIII, fig. 388) n’a plus qu'un seul tout petit point noir sur le dessus des ailes inférieures et les ocelles du dessous sont extrêmement petits. J'ai fait figurer dans la XX° livraison des Etudes d'Entomologie, sous le nom de Ab. fulvia, Obthr. une variété Q de la Lozère dont le dessous des ailes inférieures est d’un brun grisâtre et soyeux unicolore. J'ai appelé »2cr0ph- thalma la race de l'Aveyron et de la Lozère. Une © des Bouches-du-Rhône, dont je suis redevable à l’obli- geance de M. Gédéon Foulquier, est remarquable par l’ocellation de ses ailes supérieures, formée d’une série de trois taches intra- nervurales, contiguës, en dessus, comme en dessous. Une autre Q 3 34 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE de Puget-Théniers est de même /riocellata, mais les ocelles sup- plémentaires sont, dans cet exemplaire, plus fortement dessinés en dessous qu'en dessus. Le ' figuré par Esper est au contraire triocellé en dessus seulement; en dessous, il est uniocellé. À Albarracin, en Espagne, la race n’est pas sensiblement diffé- rente de la forme des parties méditerranéennes du midi de la France. M. Fabresse a capturé au cours de son voyage pendant les mois de juillet et août 1007, dans les environs d’Albarracin, un curieux Dorus Œ ayant en dessous une série de 3 ocelles super- posés aux ailes supérieures (PI. XLVIII, fig. 387). Sur l’une des ailes, 1l y a même un quatrième petit ocelle immédiatement juxta- posé en dessous de l’ocelle subapical qui reste toujours le plus gros. Cette variété /riocellata existe donc en des contrées très diverses. Dans l’/ris-Dresden (Band XIX, 1006), Carl Ribbe distingue (p. 243) la race d’Andalousie sous le nom d’Ardalusica ; en effet, la forme de Dorus à Grenade et à la Sierra-de-Alfakar est tout à fait particulière, et c’est avec raison que Ribbe lui a donné un nom spécial qu’elle mérite à tous égards (PI. XLVIIT; fig. C' 300, Q 391). L’entomologiste allemand désigne sous le nom d’Ab. exoculata la variété de Dorus relativement assez fréquente en Andalousie et qui est privée de toute ocellation en dessous. M. C. Ribbe ignorait sans doute que J'avais déjà figuré, avant qu'il ne la dénommät, cette Aberration aveugle, avec le nom de Cæca, sous le n° 102 de la PI. VI de la XX° livraison des Etudes d'entomo- logie. La race de Dorus à l'Escorial paraît conforme à celle de Gre- nade. Les G' et les © sont plus obscurs que dans le type de France; très peu ponctués en dessus comme en dessous, certains exemplaires ressemblent beaucoup à Cænonympha Fettign. Mon frère a pris à la Sierra de Alfakar, en juillet 1870, avec d’autres exemplaires plus faciles à distinguer de Feffigu, une Q qui, en dessus comme en dessous, peut être facilement confondue avec ce dernier Cœnonympha (PI. XLVIII, fig. 392). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE [#2] Un J'ai désigné sous le nom d’Azstautr (PI. XLVIIT, fig. 386) la race de Dorus qui habite aux environs de Nemours, en Algérie orien- tale. Sur les ailes inférieures, en dessous, l’espace blanc est plus étroit et intérieurement il est limité par une ligne plus droite; Îles points ocellés, sans être en série rectiligne, chevauchent moins que dans les Dorus du Midi de la France. Le ©, en dessus, montre une large éclaircie fauve aux ailes supérieures. J'ai signalé la var. Austauti, pour la première fois, dans la VI° livraison des Etudes d'Entomologie (p. 59-60). Huebner a figuré le © Dorus, avec le nom fautif de Dorion, sous les n° 247 et 248. Il semble avoir représenté un exemplaire du littoral méditerranéen français. Une race de Dorus extrêmement curieuse et très différente du type, est celle du Nord-Ouest de l'Espagne, appelée : Warhewi. MM. T.-A. Chapman et G.-C. Champion ont publié dans les Transactions of the entomological Society of London, 1907, un travail assez bref, mais du plus haut intérêt, sous le titre : Æxzo- mology in N. W. Spain (Galicia and Leon). Dans cette notice se trouve décrit le Cœnonympha Dorus-Mathewi, Tutt (p. 152-155) et d'excellentes et nombreuses figures (PI. V, fig. 1-12) représentant avec ses variations la nouvelle variété géographique très remar- quable de Dorus. Je dois à l’obligeance de M. T.-A. Chapman la possession de 9 exemplaires du Cœnonympha Mathewi provenant de Pontevedra, Brañuelas, Casayo et Vigo. M. T.-A. Chapman considère ]/athewi seulement comme une race locale de Dorus et dit qu'il n’y a probablement pas grande différence entre Mathewi et le Cœnonympha Bieti (recte Bieli), Stgr, du Portugal. Je ne puis mieux faire que d'inviter le lecteur à se reporter aux rensei- gnements publiés par MM. Chapman et Champion. La méthode qui consiste à donner la figure d’un grand nombre d'exemplaires variant entre eux est d’ailleurs excellente et s’imposera désormais, comme un progrès très précieux, en vue de fournir une connais- sance vraiment complète des Espèces. Le Cœnonympha Mathewi varie beaucoup pour l’ocellation. Les figures exécutées d’après des exemplaires très judicieusement 36 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE choisis, présentent une documentation extrêmement utile et per- mettant d'apprécier exactement la variation qui atteint dans le Nord-Ouest de l'Espagne ce joli Cœnonympha. Je serais, pour ma part, tenté de le considérer plutôt comme une espèce distincte et séparée que comme une race géographique de Dorus, si certains exemplaires ne formaient pas une transition qui justifie le ratta- chement à Doyus. Les ocelles, chez Mathewi, sont généralement plus accentués en dessus qu’en dessous, ce qui, comparativement à la race méditerranéenne française, est l'inverse de ce que nous pouvons constater. Le Cœnonympha Dorus se plaît dans les garrigues calcaires, sèches et chaudes du Midi de la France, où on le voit voltiger en abondance depuis la fin de juin jusqu’au 25 juillet environ. Il se pose volontiers sur les touffes de thym, de dorycnium, d’origan, même sur le sol rocailleux, entre les buissons et les grosses pierres. En toute saison, le vent peut souffler violemment et souvent avec la plus fatigante continuité sur les collines pelées du Rous- sillon, du Languedoc et de la Provence. Aussi le C. Dorus serait vite emporté par le mistral fougueux, s’il n'avait pas la précaution de se blottir, généralement par petits groupes d'exemplaires très rapprochés les uns des autres, à l'abri de quelque pan de mur, ou simplement de gros rochers, au milieu de broussailles protectrices. Lorsque parfois le vent s’apaise, on jouit de matinées calmes, qui sont vraiment délicieuses, durant les beaux jours de l'été, dans la région voisine de la Méditerranée. Alors les papillons méridionaux, sans crainte d’être enlevés par l’impétuosité de l’aquilon, peuvent voitiger à leur aise, au milieu des sites agrestes tout imprégnés de l'odeur des plantes balsamiques qu’ils affectionnent. Il y a dans les Pyrénées-Orientales, entre Prades et Vernet- les-Bains, un plateau assez fortement ondulé que j'ai entendu appeler Trancada d'Ambouilla. On s’y rend de Vernet par Cor- neilla-de-Conflent et il faut, à partir de ce village, monter assez longtemps, d’abord près d’une haie de grenadiers dont les fleurs LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 5 =>: rouges réjouissent toujours la vue, puis au travers d’une campagne d'aspect très aride et dépourvue d’arbres, avant de parvenir au plateau. Pendant les chaudes journées de juillet, 1l est avantageux de se mettre en route, de très bonne heure le matin, afin de gravir la pente raide et ardue, tant que le soleil ne se trouve point encore très élevé sur l'horizon. Après l'effort qu'il a fallu produire pour atteindre le plateau désiré, c’est, pour un entomologiste, un charme exquis de voir à Ambouilla, par une brillante et calme matinée d'été, le Cœnonympha Dorus posé en grand nombre sur les fleurs d’origan, ou bien se mouvant de son vol sautillant, répété, pas très rapide, assez près de terre, entre les plantes parfumées et les rochers calcaires; avec lui, tous les autres Sa/yride, ses compa- gnons ordinaires, plus robustes, moins délicats et de plus grande taille, voltigent souvent très nombreux en cette localité particu- lièrement chaude et méridionale. Ordinairement les Dorus sont très abondants; la récolte en est facile et d’ailleurs le papillon, très joli et gracieux, sollicite l'attention du chasseur. Lorsqu’arrive le milieu du Jour, si l’atmos- phère reste calme, on voit s'élever du sol que calcinent les rayons du soleil, comme des colonnes d’air vibrantes, lumineuses et mobiles, montant en incessantes spirales vers le ciel. À l’ombre trop claire de quelque arbre rabougri, assis sur une pierre où l'on se repose en prenant le repas de midi, c'est un plaisir de voir constamment autour de soi voleter le Cœnonympha Dorus et les autres Satyres assez familiers et qui semblent tenir à l’homme aimable compagnie. Dans l'intimité du souvenir d’un paysage qui m'est cher, 1l me plaît d’unir dans la vision que mon esprit évoque si volontiers, le Cænonympha Dorus, papillon si petit et si fragile, aux splen- deurs admirables d’une nature à la fois méridionale et alpestre dont rien ne surpasse peut-être la poésie et la beauté. En face de soi, directement vers le Sud, se dresse, sombre et massive, la haute montagne du Canigou, dont les flancs déchirés et d'aspect noirûtre, surmontés d’un front étincelant de neige qui tranche vigoureu- sement sur l’azur du ciel, constituent un si imposant décor. 38 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE À droite, vers l'Ouest, les crêtes des Pyrénées profilent leurs multiples sommets autour et au delà de Montlouis. À gauche, du côté de l'Orient, ce sont les basses montagnes et l'horizon lointain vers la Méditerranée, paraissant d’un2 profondeur infinie, avec ses couleurs changeantes suivant les heures du jour, passant du gris argenté au violet purpurin par une teinte bleue d’une mcomparable douceur. Partout, sur le sol rocheux du plateau, au milieu des pierres éparses, comme dans les petites murailles qui séparent les héri- tages, les touffes de thym croissent et fleurissent, mêlées à d’autres herbes odoriférantes. Sous les pas qui les foulent, ces plantes répandent leurs parfums dont on se trouve délicieusement enve- loppé et pénétré; senteurs exquises de la flore naturelle qui embaument et dont on ne jouit nulle part en France avec autant d'intensité que dans les chaudes contrées du Midi. Parmi tant de sites pyrénéens si variés, tantôt riants et tantôt sévères, 1c1 boisés et ailleurs complètement découverts, quelquefois arides ou bien au contraire si largement arrosés par les eaux les plus vives, les plus fraiches et les plus pures, la Trancada d’Am- bouilla, habitée par le Cœnonympha Dorus, malgré sa sécheresse, ses rudes rocailles et son extrême chaleur, a toute ma prédilection. Cœnonympha Fettigii, Obthr. (PI XLVIII fig. 398, Q 309). Le Cœnonympha que je dédiai à l’abbé François-Joseph Fettig, et dont la figure a déjà paru dans la 1" livraison des Æudes d'Entomologie (PI. I, fig. 4 a, b), fut découvert par Gaston Allard, dans l'Algérie orientale, en 1870. L'abbé Fettig était alors curé de la Vancelle, dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, au diocèse de Strasbourg; plus tard, il fut nommé curé de Matzenheim, près Benfeld, et c’est dans cette localité qu’il rendit son âme à Dieu, le 5 mai 1906, dans la 81° année de son âge. Il était né le 16 juillet 1824. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 39 C'était un prêtre vénérable, se conciliant naturellement l’uni- versel respect. Son extrême simplicité et sa modestie étaient les deux premières qualités qu'on distinguait en lui. Il possédait un noble cœur, plein de générosité, essentiellement charitable et bon. Il jouissait d’un jugement très droit et savait toujours rester calme et parfaitement mesuré. Sa conversation était aimable; son visage était doux; toute sa personne attirait la confiance et inspirait la sympathie. On l’affectionnait autant qu’on le respectait. Grâce à Dieu, au cours de ma carrière, j'ai largement goûté le charme si précieux que procure l'amitié; mais parmi tous les chers défunts dont je regretterai toujours la perte, mon ami Fettig, si loyal, si franchement et si cordialement dévoué, méritant à un si haut degré qu'on l’estimât, comptera au nombre des meilleurs qu'il m'a été donné de connaître et d'aimer. Jusqu'à mon dernier jour, mon souvenir lui restera affectueu- sement fidèle. Ce fut une belle vie, celle de l’abbé Fettig, exclusivement consacrée à l’accomplissement du devoir, sans ambition, sincère- ment humble, laborieuse, constamment préoccupée de la gloire de Dieu et du salut des âmes. Hélas ! elle fut attristée par de mul- tiples épreuves. L'abbé Fettig en a connu d’exceptionnellement cruelles : celles auxquelles ont été soumis tous les Alsaciens de notre temps. Cependant il trouvait dans l'étude de la Nature, œuvre du divin Créateur, un adoucissement à bien des peines, un puissant et incessant réconfort, une consolation douce et sereine. Toute sa vie, l'abbé Fettig a travaillé à étendre et à élargir la connaissance de la faune entomologique de son cher pays. Son patriotisme trouvait une satisfaction très sensible et très délicate dans chaque découverte qui venait enrichir l'inventaire de la faune alsacienne et en faisait ressortir la richesse et la variété. Aussi, avec une activité inlassable et que le poids des années ne parvenait point à atténuer, l'abbé Fettig, pendant toutes les heures de liberté que pouvait çà et là lui laisser l’accomplissement des devoirs de son saint ministère, cherchait, observait, étudiait, écrivait. Tous ses travaux sont empreints d’une clarté, d’une netteté 40 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE et d’une sincérité qui reflètent le caractère de l’auteur et leur valent une incontestable et durable autorité. L'esprit très scientifique de l'abbé Fettig envisageait très volon- tiers les problèmes de philosophie entomologique; tels ceux qui résultent de la variabilité et de la dispersion des Espèces. Mais mon ami avait le sens des services pratiques que ses connaissances lui permettaient de rendre à ses concitoyens, et c’est avec un égal intérêt qu'il se livrait à la méditation des questions purement spéculatives et à l'observation attentive des insectes pouvant être utiles ou nuisibles aux champs et aux jardins. Les études d'histoire naturelle sont d’ailleurs le seul délassement que l’abbé Fettig ait jamais cherché. Après avoir obtenu la connaissance exacte d'un dommage causé par une espèce d’insecte à quelque plan- tation, il se plaisait à distribuer autour de lui les conseils judicieux pour combattre efficacement les ravages d'un ennemi dont il avait patiemment découvert l’histoire. C’est ainsi que l'abbé Fettig publia en 1876 un Æssai d'Entomologie générale appliquée, excellent livre énumérant avec détail les /nsectes nuisibles de l'Alsace avec un aperçu des Insectes utiles. Les entomologistes alsaciens qui ont pu connaître et apprécier l'abbé Fettig et qui liront ces lignes s’associeront, j'en ai la con- fiance, à l'hommage que je rends à la mémoire de leur excellent et si respectable compatriote. Je tiens à honorer dans le présent ouvrage auquel mon intention est de consacrer le travail de mes dernières années, tant qu’il plaira à Dieu de m'en laisser les moyens, le souvenir d’un ami toujours cher; mais avant tout, je tiens à écrire la vérité qui ne cesse jamais d'être mon but. Ce fut au mois de juin de l’année 1863 — il y a de cela plus de 46 ans — que je goûtai pour la première fois le charme de l'hospitalité au presbytère de la Vancelle. J'étais allé, cette année- là, en Alsace, avec ma famille, rendre visite à mon grand-père paternel qui demeurait à Strasbourg. Je profitai de mon séjour en Alsace pour aller à Schlestadt, et là, je pris la voiture qui, à cette époque, conduisait les voyageurs LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 41 vers Sainte-Marie-aux-Mines. Pour atteindre la Vancelle, village situé sur la montagne, à mi-côte, au milieu de belles prairies et à l'entrée de la grande forêt de hêtres qui s'élève jusqu'au Fran- kenbourg, on s’arrêtait à Lièpvre, dans le fond de la vallée. L'Aroynnis Daphne, dès les premiers jours de juillet, voltigeait sur les buissons de ronces et un peu plus haut la Zycæna Euplemus habitait les prairies. D'ailleurs, par les belles journées d'été, la faune entomologique était riche et les insectes, variés et nombreux, animaient très agréablement pour nous la montagne et la forêt. De l’autre côté de la vallée, au sud et juste en face de la Vancelle, se trouvaient les ruines si pittoresques de l'antique château de Hohkænigsbourg. Je les ai parcourues en l’aimable compagnie de l'abbé Fettig et dans mon souvenir s’est gravé le beau et riant paysage qui se présentait devant nous : d’abord la riche plaine d'Alsace, parsemée de villes et de villages, étendant jusqu’au Rhin le vert tapis de ses prés alternant avec la teinte sombre des bois et la couleur plus claire des moissons jaunissantes; vers le Nord, la flèche de la cathédrale de Strasbourg élançant vers le ciel sa haute aiguille de pierre; puis le ruban argenté du grand fleuve aux eaux rapides; et au delà, limitant la plaine du pays de Bade, les sombres montagnes de la Forêt-Noire déroulant leur longue chaîne dont la crête se profile si nette et termine l'horizon. En juillet 1865, revenant de Dalmatie, par Vienne et l'Allemagne du Sud, Gaston Allard et moi, nous séjournâmes ensemble au presbytère si hospitalier de la Vancelle. Lorsque plus tard, de nouvelles découvertes, réalisées en Algérie, nécessitèrent des noms nouveaux dans la nomenclature des Lépidoptères, d'accord avec Gaston Allard, le nom de l’abbé Fettig fut attribué au joli Cœnonympha algérien dont je vais ci-dessous compléter l’histoire, au moyen des chasses plus récentes du docteur Codet, de M. Harold Powell et de M. Holl. Un peu avant sa mort, l’abbé Fettig, curieux de voir en nature le Sa/yride qui portait son nom et qui était pour lui un témoignage de notre amitié, me pria de lui transmettre pour sa collection un spécimen de l'espèce. Je fus 42 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE heureux de causer à mon ami cette satisfaction entomologique, la dernière que j'aie pu lui donner ici-bas. Le Cœnonympha Fettisü ne paraît pas rare, au mois de juillet et au commencement d'août, aux environs de Sebdou. M. H. Powell en a capturé de nombreux exemplaires, en 1907, dans les localités suivantes : Sidi-Vahia, Mirzab et route de Sebdou à Mirzab, Misseghenin, Djebel-Ouargla, Tagemout (Telagh), Daya, Sebdou à Aïn-Kitsa et Aïn-el-Hamar. C'est dans la province d'Oran que se trouve la forme-type de Ferfigu. Le Set la ©, en dessus, sont généralement chaudement colorés de fauve sur un fond brun plus ou moins étendu. Le dessous des ailes supérieures est d’un fauve clair et vif et les ailes inférieures sont d’un gris un peu jaunâtre; les 4 ailes sont finement lisérées d'argent; l’ocelle des ailes supé- rieures, noir, cerclé de jaune paille et pupillé de blanc, est très vif; aux ailes inférieures, l’ocellation est généralement très faible ou presque nulle. Sur les ailes inférieures, 1l y a une ligne brunâtre, un peu sinueuse, rarement complète, descendant du bord costal au bord anal, ordinairement extérieurement accompagnée d’une petite éclaircie d’un blanc jaunâtre; mais cette éclaircie peut faire quel- quefois défaut. M. Holl a pris à la Glacière de Blida, vers la mi-juillet, une race de f'e//igu que j'appelle Æolli, qui est de plus petite taille que l'ettigu de Sebdou, d’une teinte fauve moins vive et dont le dessous des ailes inférieures est d’un gris plus jaunâtre, avec l'éclaircie plus étendue et les petits ocelles noirs, cerclés de fauve et pupillés de blanc, mieux indiqués. Le Cœnonympha Fettigi et sa var. Æoll; C sont bien distincts en dessus de Dorus-anda- lusica par l’accentuation de leurs taches fauves; les © de Fertigü et de Dorus-andalusica se ressemblent davantage en dessus. Pour le dessous des ailes, les Dorus-andalusica ont la partie marginale, située au delà de la ligne sinueuse-transverse extracellulaire, teintée de jaune nankin pâle, tandis que chez Fettigii et même chez Æoll, on perçoit une éclaircie beaucoup plus limitée et moins accentuée, sur le fond gris des ailes. L’ocellation, chez Dorus-andalusica, est généralement bien plus fortement accusée; mais mon frère a pris LÉPIDOPTEROLOGIE COMPARÉE 43 à la Sierra de Alfakar, en juillet 1870, avec d’autres exemplaires bien plus rapprochés de Dorus, une © très voisine de Z'erligu. Si l’on compare une boîte pleine de Dorus français à une autre boîte de Æet/igu, aucune confusion n’est possible entre les deux Cœnonympha et la séparation spécifique ne peut faire aucun doute; mais la race andalusica offre des exemplaires qui, comme le prouve la Q signalée plus haut, paraissent former une transition suggestive entre les Dorus de la France méridionale et les Ferrigu. Il faut observer toutefois que Fetigu ne vit pas seul en Algérie et à l'exclusion de Doyus; témoin la race Awstauti, de Nemours. En l'état actuel de nos connaissances, relativement à Dorus- andalusica, je déclare rester encore hésitant quant à la question de savoir s1 lettigu est, ou non, une unité spécifique bien vala- blement distincte de Dorus; mais comme la question me semble pleine d'intérêt, J'ai cru devoir, pour en faciliter l'étude et la solution, ajouter à la figuration des Aberrations cœca et fulvia de Dorus qui a déjà paru dans la XX®° livraison des Æ/udes d'Entomologie, la représentation des documents suivants concer- nant plus spécialement Doyrus et Fettigu. 12I0SCBAVA UE N° 386. Cœn. Dorus-Austauti, S, Obthr. — Nemours (Oranie). 387. — Dorus-triocellata G, Obthr. — Albarracin (Espag.). 388. — Dorus-microphthalma S, Obthr. — Millau (Avey- ron). 380. — Dorus, Esper, © (rembrunie). — Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales). 390. — Dorus-andalusica S, Ribbe. — Grenade (Anda- lousie). 301. — Dorus-andalusica ©, Ribbe. — Grenade (Anda- lousie). 302. — Dorus-andalusica ©, Ribbe (var. trans. ad Fertigu). Sierra-de-Alfakar (Andalousie). 306. — Feitigu-Holli G, Obthr. — Glacière de Blida (Algérie). 44 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE N° 307. Cœn. Fettigü-Holli ©, Obthr. —— Glacière de Blida (Algérie). 308. — Feltigiü S, Obthr. — Route de Sebdou à Mirzab (Oranie). 390. — Fettigu ©, Obthr. — Sidi-Yahia (Oranie). Variété quadri-ponctuée aux ailes supérieures en dessus. Cœnonympha Corinna, Huebner. Petit Sa/yride spécial à la Corse, à la Sardaigne et à la Sicile où 1l fut découvert par A. Lefebvre, mais où personne ne l’a retrouvé depuis le voyage de cet entomologiste français. La col- lection Guenée contient un des exemplaires de Corinna rapportés de Sicile par Lefebvre. Mon frère l'a communiqué à M. Enrico Ragusa qui, dans le journal Nafuralista siciliano, 1008, lui a donné le nom de Zefebvrei. Je le fais figurer sous le n° 304 de la PI XLVIIT du présent ouvrage. On remarquera combien l’ocel- lation des ailes supérieures et inférieures, en dessous, du Corinna de Sicile, est prononcée, comparativement à la race de Corse et de Sardaigne. Corinna n'est pas rare dans ces îles. Feu Damry en a récolté de nombreux exemplaires à Sassari, en Sardaigne. Bellier de la Cha- vignerie, Rambur, et plus récemment H. Powell et Decoster en ont rapporté des séries considérables, notamment de Vizzavona et Saint-Pierre-de-Venaco. L'espèce varie pour l’accentuation et l’en- vahissement, ou inversement pour l’atténuation de la teinte noirâtre sur le dessus des ailes et par la présence ou l'absence, à l’apex des supérieures et le long du bord marginal des inférieures, en dessus, de points noirs cerclés de fauve. En dessous, les petits ocelles des ailes inférieures figurent quelquefois au nombre de six; mais leur nombre est souvent réduit à deux ou trois, ou même ils sont complètement supprimés, à l'exception cependant de l’ocelle costal qui paraît plus tenace. Les ocelles du dessous des ailes inférieures sont noirs, pupillés d’argent et entourés d’un cercle fauve. Exté- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 45 rieurement à la ligne très sinueuse, extracellulaire, descendant du bord costai au bord anal, il y a une éclaircie blanchâtre ou jau- nâtre, de dimension variable. [1 y a une liture marginale d'argent moins généralement interrompue aux inférieures qu'aux supé- rieures. Parfois l’ocelle apical est double; je n'ai pas vu, dans une centaine d'exemplaires que contient ma collection, un seul spécimen à qui l’ocelle apical des supérieures, en dessous, fait défaut. La figure donnée par Huebner, sous les n° 536 et 537, me paraît mal coupée, les ailes étant représentées trop arrondies. Cependant le Corinna de Huebner est parfaitement reconnaissable et 1l n'y a nulle hésitation pour l'identification des exemplaires naturels avec la figure publiée par cet iconographe. Tout récemment j'ai reçu un Cœnonympha Corinna albinisant. La couleur fauve normale est remplacée par une teinte uniforme Jaune paille. Cœnonympha Vaucheri, Blachier. Une des plus jolies espèces nouvellement découvertes au Maroc. M. Blachier, le savant et distingué lépidoptériste genevois, a décrit le Cœnonympha Vaucheri dans le Bulletin de la Société entom. de France, 1905, p. 213, et donné le nom de gemimipuncta à une curieuse Aberration ' dont l’ocelle apical des ailes supérieures, en dessus, est remplacé par 2 points, tandis que les 4 gros points des inférieures sont remplacés par 3 petits; le dessous restant conforme au type. Le Cœnonympha Vaucheri et V'Ab. geminipuncta ont été figurés par les soins de M. Blachier, dans les Annales de la Soc. ent. de France, 1908, sous les n° 1, 2, 3 et 4 de la PI. 4. L'espèce avait été préalablement figurée dans les Transactions of the entomological Society of London, 1905, sous les n°* 1 et 2 de la PL XIX, à l'appui d’un travail de M. E. G. B. Meade-Valdo publié dans les mêmes T7ansactions (p. 369-303), avec le titre : On a Collection of Butterflies made in Marocco in 1000-01-02. L'auteur fait une revision critique des diverses espèces de papillons 46 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE capturés au cours d’un voyage au Maroc où il était, dit-il, accom- pagné par M. Henri Vaucher, de Tanger, comme taxidermiste et interprète. J'ai vu à Genève la collection de papillons du Maroc formée par M. Vaucher, de Tanger, et possédée par son frère M. Alfred Vaucher. J'ai été frappé de la beauté des formes de Lépidoptères marocains. Lorsqu'il sera permis aux Européens de circuler au Maroc avec un peu de sécurité, je pense qu’il sera pos- sible aux entomologistes d'y réaliser encore de surprenantes découvertes. Cœnonympha Pamphilus, Linné. Décrit dans le Systema Nature (Edit. X, portant la signature : Vpsaliae, 1757. d. 24 Maï, et la date d'impression MDCCLX), avec les termes suivants : «( p. 472) Pamphilus. 86. P. D. alis integerrimis fulvis; subtus primoribus ocello unico; posticis fascia alba. Habitat in Europa. Sexus alter minor. Alis posticis subtus ocellis 6 : primo maiore ». Linné avait préalablement décrit Pamphilus dans la Fauna suecica, imprimée à Stockholm en 1746, sans lui donner de nom, ainsi que cela a généralement eu lieu pour l'ouvrage Fauna suecica. Je copie textuellement l’article entier, avec tous les commentaires, de ce dernier ouvrage relatif à Pamphilus. « 780. Papilio tetrapus; alis rotundatis fulvis : primariis subtus ocello unico; secundariis subtus albo fasciatis. —— Petit mus. p. 34 n. 311. Papiliunculus aureus oculatus in ericetis frequens. — Raj. ins. 125. n. 10. Papilio parva e fulvo et fusco bicolor, fulvo mediam alam, fusco oras extremas occupante, cum ocello ad extimum angularum alarum exteriorum. Habitat in ericetis. — Descr. Raji descriptio bona est : Alae supra fulvae, subtus cinerascentes. Ocellus in ala primaria subtus unicus est et niger puncto albo circuloque nigro. Alae secundariae carent ocellis et fascia pallidiore notantur. Variat major ocello obsoleto. » Dans toutes ces diagnoses, il y a des points contradictoires; ainsi Linné dit d’une part, dans le Systema Nature, que les ailes LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 47 inférieures, en dessous, ont six ocelles et que le premier est plus grand, et ailleurs, dans le commentaire de la launa suecica, que les secondes ailes manquent d'ocelles. La vérité, c'est qu'on peut constater sur le dessous des aïles inférieures, aussi bien l’absence de tout ocelle que la présence de six ocelles; mais je n'ai pas observé que dans le cas des six ocelles, le premier füt plus grand (primo maiore), ainsi que le dit Linné. Quoi qu'il en soit, les auteurs anciens ont été assez d'accord pour attribuer le nom de Pam- philus au vulgaire petit Satyride que nous désignons toujours nous-mêmes sous ce vocable. Seul Huebner l’a figuré sous le nom de Nephele (fig. 237, 238 et 230). Pamphilus est une espèce sem- blant s’accommoder des plaines et des montagnes, du Nord et du Midi. Ce Cœnonympha éclôt au printemps et en été; il est répandu en Angleterre et en Irlande, en France, en Espagne, en Algérie et à travers l'Europe, jusqu'en Asie-Mineure, le Turkestan oriental et la Sibérie. Quoique, d’après Linné, Pamphilus soit oculé en dessous (subtus) et que le vieux maître suédois ne fasse pas mention de l’ocellation sur le dessus des ailes supérieures, à l'angle apical, cependant les exemplaires chez lesquels locellation n'est pas apparente en dessus et existe seulement en dessous, sont les plus rares chez nous. Il n’en est pas moins vrai que d’après les descrip- tions de Linné qui sont formelles, aussi bien dans launa suecica que dans Systema Nature, c'est cette forme aveugle en dessus, oculée en dessous, qui est le type de l'espèce. Charles Barrett dit de Cœnonympha Pamphilus (Vol. I, p. 266) : « One of the most universally common of butterflies, occurring almost everywhere in grassy places, and even inhabiting the higher portions of the mountains, where, 2.000 feet above the sea, it shares with C. Davus and Erebia Cassiope the honour of being the only resident butterflies. » Sous le n° 2 c de la PI. 36, Barrett figure une © de la collection du D° P.-H. Mason, qui, confor- mément à la description du Systema Nature, n’a de tache ocellée qu’en dessous et en manque totalement en dessus. Sous le n° 20 48 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE de la même Planche se trouve représentée une © de la collection Webb, dont les 4 ailes sont d’un fauve plus pâle en dessus. Mosley figure aussi « a very pale specimen taken by Mr. J. Firth, at Bradford ». Je possède moi-même 3 exemplaires très pâles : un C' d’un blanc jaunâtre portant l'étiquette « Spain » et faisant partie de l’ancienne collection Ward d'Halifax; un autre S pris à Besançon par M. Fritsch, en mai 1895, et une Q capturée par mon frère à Vernet-les-Bains, en juillet 1801. C’est l'Aber- ration pallida, Tutt. Esper la figure sous le n° 4 de la Tab. LXXVIII d’après un exemplaire qui fut trouvé, avec plu- sieurs autres, aux environs de Francfort-sur-le-Mein; cette Azsart de Pamplilus appartenait à Gerning. M. George Wheeler (T%e Butterflies of Switzerland, p. 119) signale l’Aberration bipupillata, Cosmovici, « in wh. it is large and distinctly double-pupilled ». Ma collection contient 4 O' bipupillata, dont 2 pris par mon frère : l’un à Rennes, au printemps 1907, et le second à Charroux (Vienne); le troisième exemplaire fut récolté à Lectoure (Gers) par M. Dayrem, en mai 1007, et le quatrième à Akbès, en Syrie, en 1891. Ces 4 Cœnonympha sont bipupillés en dessus et en des- sous; mais il serait plus exact de dire qu'ils sont biocellés; chaque ocelle, aveugle en dessus, est, en dessous, pupillé de blanc. Chez l'exemplaire de Charroux, la biocellation, en dessus, se trouve faiblement indiquée; mais sur la face inférieure des ailes, 1l y a un troisième point noir supplémentaire situé au-dessous du double ocelle. J'ai fait figurer sous le n° 106 de la PI. VI de la XX® livraison des Etudes d'Entomologie une Q cæca, de la collection Boisduval, et non Bellier, comme je l’avais fait imprimer par erreur, qui est sans doute la même que l’Ab. obsoleta, Tutt, chez laquelle toute ocellation à l’angle apical des ailes supérieures, sur les deux faces, a disparu. Pamphilus produit une très Jolie variété géographique méri- dionale et estivale figurée par Esper, d’après un exemplaire du Portugal, sous le nom de Zyllus; mais la représentation de Zyllus LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 49 (PI CXXII, fig. 1) est grossière et n'est pas satisfaisante. Les figures données par Huebner sous les n°* 557 et 558 sont au con- traire très bonnes. Zyllus est quelquefois orné d’une liture margi- nale argentée; il est d’ailleurs très variable et les formes les plus accentuées de Zyllys se lient à Pamphilus par une série d’insen- sibles transitions; ainsi 7 2yrsis, de Crète, qui est certainement un Pamphilus Lyllus. Quelquefois les ailes supérieures, en dessous, de Zyllus sont marquées d’une série de points noirs situés en ligne droite au- dessous de l’ocelle apical. Généralement l’ocelle inférieur est plus gros que le (ou les) point noir intermédiaire. Herrich-Schaeffer a représenté cette Ab. sous les n*% 430 et 431 et avec le nom de Lyllus. Staudinger et Rebel, dans le Catalog 1901, ont distingué cette Aberration sous le nom de 7'.yrsides. Te fais figurer sous le n° 303 de la PI. XLVIII du présent ouvrage une Q très accentuée de cette Ab. TAyrsides, capturée à Khenchela (province de Cons- tantine) en Juillet 1008. Je possède des Zyllus superbes, principalement d’Akbès, d’AI- gérie, de Sicile, d'Andalousie et de l’Escorial. Il y en a qui ressemblent en dessus à Dorus ©. Quelques exemplaires ont les ailes inférieures assez fortement ponctuées en dessous et même en dessus; ils appartiennent à l’Ab. ocellata, Tutt, « a distinct row of eye-spots un s. h. w. ». L’Ab. ocellata n’est pas rare à Akbès. L’Ab. wnicolor, Tutt, « in wh. it is entirely reddishbrn » se lie si intimement aux formes plus claires qu'il paraît difficile de trouver le point séparatif. Quant à l’'Ab. marginata, Ruehl, elle existe aussi avec des transitions chez Pamphilus, comme chez Zyllus; elle est fréquente en Algérie et elle se combine dans les mêmes exemplaires avec T'hyrsides et ocellata. Cœnonympha Typhon, Rott. Typhon est une espèce très variable. Elle se trouve en Irlande, en Angleterre et en Ecosse; sur le continent, elle est répandue en + 50 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Laponie, en Allemagne (Glogau, Posen, etc.), en Russie, en Suisse, principalement dans le Jura. Pour ce qui concerne la France, Je ne connais d’autre localité que Morteau, dans le Doubs, où 7 yfAon ait été authentiquement capturé. 7 yphon se plaît dans les maré- cages et dans les tourbières; sa chenille, que les entomologistes anglais connaissent bien, vit sur les KXynchospora et les É710- phorum. Dans le Royaume-Uni, il y a deux races très distinctes de Typhon : 1° scotica, Stgr, figurée par Barrett, sous les n° 14 et 1 e de la PI 36. Cette scofica a le dessus des ailes d’un fauve clair et soyeux avec le bord marginal grisâtre; en dessous, elle est très peu ocellée. Je l’ai reçue de M. W. Ried, un habile chasseur écossais qui la récoltait dans les pays de Perth et d’Aberdeen. Les collections Sheppard, vendue à la salle Stevens, à Londres, les 25 et 26 mars 1880, et Howard-Vaughan, vendue les 22 et 23 avril 1800, contenaient de bonnes séries qui m'ont instruit et documenté sur la variabilité et l'habitat de T'ypAon en Grande- Bretagne. La forme scofica se trouve aux îles d’Arran, de Hoy, de Lewis et dans les montagnes du Nord de l’Ecosse, tandis que la forme Piloxenus, figurée par Esper : la © sous le n° 3 de la Tab. LIV et le O' sous le n° 3 de la Tab. LXXVIII, d’après des exemplaires trouvés dans les prairies, aux environs montagneux de Wohnsiedel, a été capturée dans le Westmoreland, notamment à Meathop-Moss, en 1883, par H. Goss. Barrett figure cette forme avec le nom de Rozhliebu, sous les n° 1 & et 1 d de la PI. 36. Philoxenus est très différent de scofica; on peut dire qu'il est aussi largement ocellé que scorica l’est peu. En dessus, PAilo- xenus © est d'un fauve brun et on voit transparaître du dessous l’ocelle apical des ailes supérieures, ainsi que la série des autres ocelles qui souvent accompagne cet ocelle apical. De plus, les ocelles des ailes inférieures transparaissent, entourés de leur cercle plus clair. En dessous, l’ocellation est nombreuse, formée de points noirs assez gros, cerclés de jaune paille et pupillés de blanc; le fond des ailes est d’un brun plus ou moins rougeâtre, traversé aux supérieures par une ligne extracellulaire extérieurement éclairée de blanchâtre. Cette éclaircie blanchâtre se prolonge sur les inférieures LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE SI où elle présente des contours assez sinueux. Il y a dans le West- moreland des variations très intéressantes pour l’ocellation du dessous des ailes, et je trouve que le 7'yphon Phuiloxenus de cette localité est une des plus jolies formes de l'espèce. Dans la col- lection Boisduval, je remarque une petite série de 4 exemplaires portant l'étiquette Marsyas, Eversmann. J'ignore si ce nom a été publié quelque part. Ces Marsyas sont des PAiloxenus provenant sans doute de quelque contrée de la Russie, dont les ailes sont plus allongées et moins arrondies que chez les exemplaires alle- mands et dont l’ocellation, surtout chez la ©, est très fortement accentuée. Huebner représente sous les n° 243 et 244 et avec le nom de Tullia, la forme ordinaire © du Jura bernois, et Borkausen avec le nom de Zaidion figure un O' entièrement fauve clair en dessus, très peu ocellé en dessous, comme on en trouve dans le même pays. Godart (PI. XXI, fig. 1, 2) représente avec le nom de Davus la forme qu'il dit très commune dans l'Est de la France et qui est en effet assez conforme à celle de Morteau. Quant à Lang, sur sa PI. LXXVII, il figure, sous les n° 2, le O' et la © du Z'yfhon de l’Europe centrale, et sous les n° 3, le G'et la © du PAiloxenus anglais. Il dit que cette forme lui paraît être particulière (peculiar) au Nord de l'Angleterre, principalement au Durham, Cumberland et Vorkshire où elle fréquente les marécages. Staudinger, ajoute Lang (p. 312), mentionne le Sud-Holstein comme une localité pour Philoxenus ; mais Lang répète qu'il est extrêmement probable que Philoxenus est spécial au Nord de l’Angleterre et 1l trouve pos- sible qu'il soit une espèce distincte. « It is probably a distinct species. » L'opinion de Lang est évidemment sur ce point erronée. La race lapone est petite et ressemble assez à Pamphilus. Aussi Freyer, en figurant et décrivant son Demophile de Laponie (Tab. 430, fig. 3, 4, p. 97), qui paraît être le 7 ypkon du Nord, appelé /sis par Thunberg, écrit-il les observations suivantes : « Ich vermuthe, dass dieser Falter nur eine Lokal-Abaenderung ohne Augenflecken in den Hinterfluegeln, von P. Pamphilus sem 52 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE duerfte dem er sehr aehnlich sieht ». Il ajoute, il est vrai : « Er hat jedoch die Groesse von ?. Davus. » Je crois cependant que Freyer se trompe en présumant que son Demophile pourrait être une locale variété, sans taches ocellées sur les ailes inférieures, de Pamphilus auquel il paraît très sem- blable. Ce Demophile, qui a d’ailleurs la grandeur de Davus (Typhon), est très vraisemblablement une variété locale de ce dernier Cœnonympha. Libythea Celtis, Esper. Curieuse espèce d'aspect original avec ses ailes découpées, ses palpes allongés et ses antennes courtes et épaisses; unique repré- sentant en Europe de la peu nombreuse famille des Zzbytheide. Celtis est répandue dans le midi de la France, à Digne, à Vernet- les-Bains, à Montpellier; elle se trouve à Grenade, en Sicile, en Syrie; n’est commune nulle part. Je ne l’ai jamais vue volant que par exemplaires isolés. La Zzbythea Celtis habite aussi l'Algérie où elle a été prise par M. Holl à la Glacière de Blida, en juin et juillet. Seule la © a la première paire de pattes complètement développée. Le docteur A. Pagenstecher, de Wiesbaden, a écrit dans das Tierreich (1901), une Etude monographique sur les Ziôytheide. Je ne puis que renvoyer le lecteur à ce travail. L'auteur, en dressant l'inventaire des espèces de la famille en question, constate l’exis- tence de 10 espèces. Certaines de ces espèces offrent de nombreuses variétés. Toutes habitent les parties chaudes ou tropicales du globe. Dans le Genera Insectorum publié par P. Wytsman, le même docteur A. Pagens- techer (1902) a donné une nouvelle édition de la monographie des Libytheidaæ qu'il répartit en 3 sous-genres, comme suit : LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE me u +R 1% sous-genre : LIBYTHEA, Fabr. Celtis, Fuessly. Midi de l'Europe; Asie-Mineure; Algérie. Var. Lepita, Moore. Chine; Japon; Inde; Bornéo. Var. Lepitoides, Moore. Nilgiris. Myrrha, Godart. Continent et Archipel indien. Var. Rama, Moore. Ceylan; Inde mérid. | Var. Vicevillei, Oliff. Nouv.-Guinée; Nord-Australie. Var. sanguinalis, Fruhst. Malacca; Himalaya. Var. myrrhina, Fruhst. Sumatra; Bornéo? Narina, Godart. Inde; Archipel malais; Philippines. Var. Rohini, Marshall. Inde. Zibera, Nicév. Bornéo. hybrida, Martin. Sumatra. Geoffroyi, Godart. Archipel malais; Philippines. Var. sumbensis, Pagenst. Sumba. Var. autipoda, Bdv. Nouv.-Calédonie. Var. plilippina, Ster. Philippines. Var. celebensis, Stgr. Célèbes. Var. ceramensis, Wall Amboine; Ceram. Var. batchiana, Wall. Batchian; Halmahera. Var. pulchra, Butl. Nouv.-Bretagne. Var. ortentalis, Godm. Iles Salomon. Var. guadrinotata, Butler. Lifu, Ile Loyalty. Var. Hauxwell:, Moore. Inde. Var. alompra, Moore. Tenasserim. 2° sous-genre : HYPATUS, Huebner. Carinenta, Cramer. Amériq. tropic. Var. Bachmanni, Küirtl. Etats-Unis. Var. larvata, Streck. Texas. Var. #otya, Bdv. Cuba. Var. terena, Godart. Haïti. 54 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 3° sous-genre : DICHORA, Scudd. 8. Labdaca, Westw. Afrique tropicale occident. Lajus, Trimen. Natal. Var. {siandava, Gr. Sm. Sud-Ouest Madagascar. 10. Cinyras, Trimen. Ile Maurice. Var. ancoata, Gr. Sm. Nord-Ouest Madagascar. Nemeobius Lucina, Linné. C'est en Europe la seule espèce qui représente la nombreuse famille des Erycinide, si largement répandue dans la région tro- picale américaine où elle se distingue, entre toutes, par la richesse du coloris, la variété des formes et la grâce exquise des papillons qui la composent. Lucina se rencontre en Angleterre et même en Ecosse, près Dumfries. On la trouve principalement dans les bois de la moitié méridionale de la grande Ile et notamment dans New-Forest. En Bretagne, elle m'a paru généralement très peu commune. On peut en capturer çà et là des exemplaires isolés dans les forêts dés environs de Rennes, en mai et juin. La seule localité d’Ille- et-Vilaine où j'ai vu la Vemeobius Lucina en quelque abondance, c'est le côté oriental de la falaise de Cancale qui fait face à la côte normande du département de la Manche, depuis la pointe des Rimains jusqu’à l’anse sablonneuse de Port-Mer, un peu avant l'extrémité du cap du Grouin. La falaise, en cette partie, est assez haute: au-dessus de son assise rocheuse constamment battue par les flots mouvants de la mer, elle est recouverte d’une épaisse couche de terre végétale et ornée d’une flore vigoureuse et assez variée. Les grands ajoncs dominent et forment des touffes impé- nétrables, puissantes et serrées; mais ils laissent des places libres pour les primevères qui servent de nourriture à la chenille de Lucina, pour les narcisses, les jacinthes, les violettes, les euphorbes, les silènes, les centaurées, les chèvrefeuilles, les prunelliers, etc., etc. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 55 dont les fleurs se succèdent avec les saisons et forment des parterres agrestes au milieu desquels butinent de nombreux insectes. Un étroit sentier, pour le service ordinaire des douaniers, serpente sur la corniche de la falaise et parfois descend plus ou moins bas, sur le flanc fortement incliné de la colline. Alors, à l'abri de quelque talus protecteur du vent, on rencontre à mi-côte, notamment au- dessus de la grande grève de sable de Port-Mer, quelques petits placis bien exposés au soleil du matin. C'est là, et également près de la crête du plateau des Rimains, que, par une belle journée de prin- temps, à l'époque des fêtes de la Pentecôte, on peut voir Luca vol- tiger avec vivacité, s'écartant d’ailleurs fort peu de son heu d'origine et aimant à se reposer de temps en temps, en compagnie de 7 Xecla zubi sur les fleurs ou les feuilles des plantes, principalement de l'Euphorbia amygdaloïdes qu'elle affectionne à Cancale comme en Angleterre. Dans notre pays, je crois que Zucina éclôt une seule fois par an; du moins je n'ai encore jamais vu se produire ni à Cancale, ni à Rennes, une seconde éclosion en août. Cependant le Decteur-Professeur Reverdin, de Genève, a constaté au mois d'août 1000, l'existence de Lucina Œ en bon état, à Allevard (Isère) et Charles Barrett qui, avant l'observation de M. Reverdin, avait entendu parler de cette apparition estivale de Zucina, en fait men- tion comme suit (Vol. I, p. 103) : « On the Continent, it 1s said to be double-brooded, the second emergence taking place in August. » J'ai pris très fréquemment Zucina à Vernet-les-Bains, en mai, juin et même aux premiers jours de juillet; mais dès la mi-juin, les exemplaires frais deviennent fort rares. Pour capturer Lucina dans toute sa fraîcheur à Vernet-les-Bains, c’est en mai qu'il faut la chasser. Elle est assez commune aux environs immédiats du village de Vernet et à Saint-Martin-du-Canigou où elle voltige vivement dans les prés qui s'étagent en gradins, au-dessous de l’ancien monastère. Jamais nous n’avons rencontré Lucina en août, dans les Pyrénées-Orientales, pas plus que dans les autres localités que nous avons fréquentées. La Vemeobius Lucina est assez abondante dans la forêt de 56 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Chantilly (Oise) et dans les Basses-Alpes, aux environs de Digne; la Q y donne quelquefois une variété assez claire, à cause de la réduction des dessins noirs normaux qui sont envahis par la teinte fauve. J'ai pris cette même forme © à Vernet. M. Gabriel Dupuy a trouvé Lucina dans la Charente et mon frère en a rapporté un O de La Granja, en Espagne. Zucina n'a pas été observée en Algérie. Herrich-Schaeffer figure sous le n° 156 une Aberration méla- nienne de Zucina, très obscurcie sur le dessus des ailes, dépourvue en dessous, sur les ailes inférieures, de la bande maculaire blanche extracellulaire normale et présentant, sur les ailes supérieures, un joli rayonnement de taches noires intranervurales. Dans l'Asie centrale, on a découvert quelques espèces d’un genre d'Érycinidæ que Staudinger a appelé Polycæna. J'ai décrit, sous le nom de Carmelita (Bulletin Soc. Ent. France, 1903; p. 268-70), une nouvelle espèce de Polycæna provenant de Moupin, Siao-lou, Tâ-tsien-lou et Tien-tsuen, aux frontières OCCI- dentales du Su-Tchuen. Carmelita n'ayant pas encore été figurée, je profite de la publication du présent ouvrage pour combler cette lacune sous le n° 400 de la PI XLIX et rendre ainsi valable le nom que J'avais proposé pour cette espèce. Jamides roboris, Esper. Il paraît que la collocation dans un genre spécial, de l'espèce de Lycénide désignée sous le nom de 7oboris, Esper (Evippus, Hbn), s'impose, à cause des caractères spéciaux de l’espèce en question qui n’a pas d’analogue en Europe. Rambur fut de cet avis et inventa le genre Læosopis, dans le Catalogue systématique des Lépid. de l'Andalousie (p. 33). Mais Staudinger et Rebel qui ont adopté ce nom de genre Læosopis, ne furent pas conséquents avec eux-mêmes, puisqu'ils ont pour règle, disent-ils, de mettre le principe de la priorité au-dessus de toute autre considération. En effet, Huebner avait déjà créé le genre /amides pour son Evippus, dans le Verzez- chniss bekannter Schmetterlinge (p. 71) qui fut imprimé à Augs- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE (Wat D: bourg, primé par l’autre et dait lui céder la place. en 1810. Dès lors le nom Zæosopis qui date de 1858 est Esper a figuré d’une manière très reconnaissable, avec le nom de robonis, sous le n° 5 de la PI. CIIT, la Zycænide que Huebner a figurée un peu plus tard avec le nom d'Evippus, sous les n° 366 et 307. Il est dommage qu'Esper ait donné le nom de 7oborts à une espèce qui vit sur le frêne et non sur le chêne. Esper dit que roboris lui a été communiquée par Gerning, ce que je ne songe pas à contester; mais cet auteur ajoute que le papillon a été trouvé dans les environs de Francfort-sur-le-Mein, ce qui n’est certainement pas exact. Le /amides roboris est une espèce méridionale, speciale aux Pyrénées-Orientales, au Languedoc, à la Provence et à l'Espagne. Nous avons pris roboris à Vernet-les-Bains, en juillet; Victor Cotte l'a trouvé en juin 1904, dans les Alpes-Maritimes, à Escarène, Levens et Lantosque. Mon frère l’a capturé à La Malène et M. Dayrem à Florac (Lozère). Je le possède de l’Escorial où 1l fut capturé, encore très frais et en nombre, les 20 et 30 juillet 1870. Feu le colonel Duro me l’a envoyé de Madrid. La Q est géné. ralement plus grande que le G'; mais à l'Escorial, elle est de taille relativement considérable. La teinte bleu foncé est toujours plus largement répandue sur la surface des ailes du ©. Cependant en France, les © conservent une tache bleue encore très apparente, tandis qu’à l’Escorial, 11 y a des Q absolument unicolores, chez lesquelles le fond des ailes est tout noir et entièrement dépourvu de teinte bleue. Pour cette cause, ainsi que pour la taille sensiblement plus grande de la © espa- gnole, comparée à la forme du midi de la France, j'ai cru devoir distinguer la race de l’Escorial, sous le nom de escortalensis. Je ne connais pas la var. lusitanica, Stgr. Zephyrus quercus, Linné. L'espèce est décrite dans le Sys{ema Nature (p. 482), comme suit : « Quercus, 148, P. P. alis subcaudatis supra cæruleis, subtus anereis linea alba, puncto ani gemino fulvo. Habitat in Quercu. » 58 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Huebner l'a figurée sous les n° 368 O, 369 of et 370. Esper en a donné de moins bonnes figures sous les lettres à et c de la Tab. XIX. Le Zephyrus quercus est répandu en Angleterre, en Irlande, en France, en Italie, en Espagne, en Algérie et dans presque toute l'Europe, ainsi qu'en Arménie et en Asie-Mineure. Barrett représente la 7'Xecla quercus sous les n° 3, 3a et 30 de la PI 8 de son ouvrage. Il cite de singulières Aberrations exis- tant dans les collections anglaises; mais 1l n’en figure pas. Mosley donne l’image d’un hermaphrodite faisant partie de la collection S. Stevens; le côté gauche est G'; le côté droit est © (*). J-W. Tutt, dans le vol. IX de l'ouvrage si considérable qu’il rédige avec tant de compétence, intitulé : À Natural History of the british Lepidoptera, donne sur le Bithys Quercus, une planche photographiée (PI. X) montrant l’œuf, la chenille sur sa plante nourricière, la chrysalide et le papillon. [1 accompagne cette 1llustra- tion d’un copieux, minutieux et savant commentaire qui occupe près de 40 pages (p. 234-273), et il publie une seconde planche photo- graphiée (PI. XVII) représentant « larval Hairs and Spiracle of Bithys quercus ». La figure 1 de cette PI. XVII est consacrée aux « airs of fullgrown Larva x 100 et la figure 2 au « Speracle of 4 th abdominal segment of Larva x 200 ». Après une étude aussi approfondie que celle consacrée par Tutt à l’histoire des espèces de papillons anglais, il devient difficile d'ajouter quelque chose qui soit digne d'intérêt. (*) Charles Barrett cite cet hermaphrodite (p. 52) comme suit : «... Mr. S. Ste- vens à gynandromorphus exemple in which the right side is male ». Tutt dit également que le côté droit de cet hermaphrodite est ' : « Right side C, left side Q. Sold with the Stevens collection, March 27th 1900. 3.15. (Æntom. XXXIIT, p. 157). This example was figured by Mosley (Z/7us. Vars. Brit. Le. Thecla, pl. I, fig. 4, 1880) ». J'ai sous les yeux l’ouvrage de Mosley et je vois dans le livre que je possède, la TAecla Quercus hermaphrodite figurée avec côté gauche C' et côté droit ©, juste au contraire de ce que disent Barrett et Tutt. L’hermaphrodite figuré dans l’Zris est, comme celui d’Angleterre côté gauche O, côté droit Q. Il y a un malentendu de la part de Barrett et de Tutt que je ne puis expliquer. Dans l’ouvrage de Verity, le côté gauche est représenté droit et inversement, parce que les reproductions photographiques n’ont pas été retournées. Mais dans le livre de Mosley, la photographie ne semble pas être intervenue, ni avoir joué aucun rôle. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 50 Tutt cite un hermaphrodite de Qzercus qui est figuré dans l’/r25- Dresden (Bd. XVIII; Taf. 1; fig. 6) et qui porte la légende sui- vante sur l’Erklærung zu Tafel T : 26 juni 1902; aus einer bei Lauterbach bei Crimmitschau gefundenen Raupe erzogen von Junkel. » Comme l'hermaphrodite de la collection Stevens, le gwercus- Zwitter de Lauterbach est représenté avec le côté gauche GC et le côté droit Q. L’Aberration Q Pellus, figurée par Huebner, d’abord sous le n° À de la Taf. I (II Band; IV Theil) de Beztrege zur Geschichte der Schmetterlinge, 1700; puis sous le n° 621 de la grande Icono- graphie, et par Gerhard sous le n° 2 de la PI. 4, porte 2 ou 3 taches d’un jaune orangé vif sur les ailes supérieures, au delà et au-dessous de la tache basilaire bleue. Mon petit-fils Henri Oberthür a pris un exemplaire de cette Aberration à Monterfil (Ille-et-Vilaine), en août 1007; elle a été observée en Hongrie, en Angleterre (Colchester district, Harwood et Drayton Drury, Nor- gate); en Allemagne, en Suisse, en Roumanie et en France éga- lement, par M. Delahaye qui l’a capturée dans le département de Maine-et-Loire. La race d'Algérie diffère de celle d'Europe, ainsi que je l’a observé dans la 1° livraison des Æzudes d'Entomologie (p. 19) « par la teinte du dessous qui est plus pâle, plus grise et plus effacée. » Cette différence étant constante, Staudinger a eu raison de distinguer par le nom 6erica, le Zephyrus quercus d'Algérie et aussi d'Espagne; mais je dois dire que la forme espagnole de Zephyrus quercus m'étant jusqu'ici restée inconnue, Je ne puis apprécier si elle est conforme à la race algérienne. Le Zephyrus quercus éclôt une seule fois par an, en juin, Juillet et août, suivant les localités; il est commun dans presque tous les départements français. On le voit voltiger par troupes autour du sommet des grands chênes. En Bretagne, le papillon descend fré- quemment des arbres qui bordent les haies des champs pour se reposer sur les fleurs de blé noir où il est aisé d’en faire une ample récolte durant les beaux jours d'été. 60 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE La chenille est commune en mai et au commencement de juin, dans les chênes. On l’obtient aisément en battant les branches au- dessus d'un parapluie. D'une larve ainsi recueillie à Monterfil, j'ai obtenu une belle Aberration que j'appelle albovir gata. Comme l’Aberration de W. album figurée par Tutt (oper. cit. Vol. IX; PL I, fig. 4), à laquelle Tutt a donné le nom d'albovirgata, l'Aberration de Quercus se distingue par une éclaircie blanche, assez large, se développant tout le long de la ligne sinueuse trans- verse du dessous des ailes inférieures, entre cette ligne et la ligne submarginale, formée de demi-lunules grisâtres, qui part du bord costal et aboutit au-dessus de la petite tache jaune anale. Depuis le bord costal jusqu'aux approches du bord anal, il y a donc une longue bandelette blanchâtre qui est élargie vers le milieu. Les Zephyrus quercus français de ma collection proviennent de Huelgoat (Finistère); Rennes, Cancale (Ille-et-Vilaine); Charroux (Vienne); Montmorency (Seine-et-Oise), Vernet-les-Bains (Pyré- nées-Orientales); Madone de Fenestre à Lantosque (Alpes-Mari- times); Les Châtelliers près Châteaudun (Eure-et-Loir); Château- du-Loir (Sarthe); Lectoure (Gers). Je possède des exemplaires de Coburg (collection Kuwert), de Cerchio (Abruzzes), d'Angleterre (collection Sheppard et Tugwell). D’Algérie, j'ai reçu une longue série d'exemplaires de la var. 4erica, pris à Boghari, Djebel- Ouargla (Oran), Daya (27 juillet 1907), Misseghenin (23 juillet 1907), Khenchela (juin 1008), Glacière de Blida (19 juillet 1005), Sebdou à Aïn-Kitsa et à Aïn-el-Hamar (3-5 août 1907). Dans la var. ‘berica, les G' ont un reflet plus ou moins bleu ou verdâtre. Je possède un © de Khenchela dont les ailes en dessus reflètent une couleur franchement verte. Sur plus de 150 Zephyrus quercus que J'ai sous les yeux, le G' le plus brillant est celui que J'ai pris à Huelgoat (Finistère), le 10 juillet 1900; la couleur bleu d'acier est d’un éclat très vif. Si j'avais récolté à Huelgoat un plus grand nombre d'exemplaires de Zephyrus quercus et s'ils s'étaient tous trouvés d’un bleu d'acier aussi brillant que le seul C' rapporté par moi d’une excursion ento- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE O1 mologique, entreprise en Juillet 1900 dans les Monts d'Arrée, je n'hésiterais pas à distinguer, par un nom, la variété O' étincelante du Finistère. Zephyrus betulæ, Linné. Se trouve en Angleterre, en Bretagne, dans presque toute la France et se rencontre jusqu'aux frontières occidentales du Thibet. Je ne crois pas que beule ait été observé en Algérie. Je n'ai vu aucun exemplaire provenant d'Espagne. Barrett figure la 7'kecla betulæ, dans ses divers états, sous les n° 2, 2a, 2 et 2c de la Pi. 7 de son ouvrage : 74e Lepidoptera of the british Islands. Il consacre à cette espèce une notice qui est imprimée sur les pages 42 à 45 du Vol. IL. Tutt publie une étude très complète de l’espèce, dans le Vol. IX de À nat. hist. of the brit. Lepid., depuis la page 273 jusqu’à la page 310, et il publie sur la PI XI, les photo- graphies des œufs, des larves avec et sans parasitisme, des chry- salides et du papillon. De plus, sur la PL XIV, Tutt figure photographiquement « Portion of cremaster of pupa X 100 ». Enfin, sur Ja PL I, où sont figurées toutes les espèces anglaises de Thecla, chacune avec un nom de genre spécial, Ruralis betulæ se trouve représenté sous les n° 12 (O'), 13 (Q), 6 (dessous), 7 (S major), 14 (Q major). Mosley figure une Aberration sous le n° 2 de la PI. I des 7'Æecla, avec la notice suivante : « In the late F. Bond's collection (now Webb's), who it might be a hybrid between be/zle and guercus. » J'ai toujours observé que le Zephyrus betulæ était un papillon relativement rare. J'en ai rencontré çà et là de petites colonies, notamment à Cancale, dans mon jardin, où j'ai vu, pendant quelques années de suite, des Zephyrus betulæe voltiger sur les ormeaux. Ils se tenaient généralement au-dessus des têtes des arbres ou des hautes branches, voltigeaient au soleil avec vivacité et aimaient à former des groupes de deux ou trois exemplaires se jouant en- semble durant quelques instants; puis ils se séparaient rapidement 62 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE pour se reposer sur les feuilles des arbres. Les Q semblent descendre plus volontiers que les @ du haut des ormes ou des chênes et restent quelquefois posées assez longtemps sur les feuilles des arbustes, dans les jardins, ou bien sur les fleurs de blé noir, dans les champs, à l'instar de Zephyrus quercus. Je crois que les plantes nourricières de la chenille de Zephyrus betule, en Bretagne, sont principalement : #lmuSs campestris, quercus sessiflora et pedunculata. Tutt, en faisant le recensement des « foodplants » de Ruralis betulæ, d’après les indications des auteurs, ne cite pourtant ni le chêne, ni l’ormeau; mais il relève les noms d'arbres et d’arbustes que Je transcris comme suit : Prunus spinosa, prunus domestica, Prunus padus, betula alba, corylus, amygdalus nana (cum flore pleno), le chêne (oa#), le peuplier (poplar), l'aune (alder), le ner- prun (buckthorn), l'abricotier (apricof), le cerisier (cherry), le pêcher (feach). Il a omis de nommer l’épine-vinctte indiquée par le P. Engramelle et le tilleul cité par Esper. Le Zephyrus betulæ est un papillon charmant, l’un des plus jolis qu'on puisse voir dans nos contrées. La Q avec sa tache d’un rouge orangé très riche, sur le dessus des ailes supérieures, est beaucoup mieux décorée sur cette face que le O'; mais les deux sexes pré- sentent sur le dessous de leurs ailes, un fond d’un brun Jjaunâtre, très agréablement nuancé de rouge orange et sur lequel les lignes d'un blanc pur, soulignées de brun noirâtre, ressortent très agréa- blement. Le GO‘ varie pour ses ailes antérieures, en dessus, qui, tantôt sont entièrement d’un brun noirâtre uni et tantôt sont ornées de taches extra-cellulaires d’un jaune orangé pâle. Ces taches ne paraissent pas dépasser le nombre de 3. Gerhard, dans un ouvrage intitulé : Versuch einer Monographie der europ. Thecla, etc, publié en 1853, a représenté, sous le n° 2 de la PI. 3 et avec le nom de s#znose, une variété O qui se distingue par la présence, sur ses ailes supé- rieures, de 3 taches extra discoidales : la première grande, contiguë au trait noir cellulaire, les deux autres allongées, situées dans les espaces intranervuraux au-dessous de la première tache. Cependant on doit observer que les 3 taches en question, caractéristiques de la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 63 var. spinosæ, sont colorées non pas en orangé pâle, mais en rouge orangé vif. Je n'ai jamais vu d'exemplaire de Zephyrus betule G montrant des taches d'une couleur rouge orange aussi accentuée. Est- ce une exagération du peintre? Je ne saurais le dire. Toutefois l'expé- rience m'a plusieurs fois appris que de telles erreurs de coloration sont généralement rares et qu'il convenait, jusqu'à preuve du con- traire, de considérer comme à peu près exactes les figures qui sont publiées par les différents auteurs. D'ailleurs, dans le Catalogue des Lépid. du Jura Neuchâtelois, 1 est dit (p. 16) que M. de Rou- gemont possède une Aberration de be/ulæ , sur les ailes duquel les taches rouges commencent à apparaitre. Cette observation me paraît mériter quelque attention. Si donc j'accorde créance à la coloration donnée à la var. spt- nosæ dans la Monographie de Gerhard, je déclare que je ne possède, ni ne connais cette variété; si au contraire, comme le fait Tutt, je fais bon marché de la couleur orangé vif qui serait alors consi- dérée comme outrée, et si je n’attache d'importance qu’à l'existence des 3 taches, même de couleur orangé pâle, je puis attribuer le nom de spinosæe, Gerhard, à des papillons notablement différents de la figure donnée par cet auteur. J'ai fait des recherches bibliographiques en vue de savoir Si d’autres auteurs que Gerhard, avaient représenté des bc/ule © avec des taches sur les ailes supérieures et quelle coloration ils avaient fait donner à ces taches; mais le résultat n’a pas été concluant, ainsi qu'on le verra ci-dessous : Ræœsel (Tab. VI, fig. 3 et 4) n'a peint que la Q en dessus et en dessous; Sepp, vers l'an 1800 (Vol. III, PI XII); représente le O' tout noir sous les net go et la © sous les n° 6 et 8. De plus, la © ôetule est reproduite sur le frontispice de l'ouvrage De vonderen Gods; le nom vulgaire hollandais de be/ule est Berke-page (p. 45). Le G' figuré par le P. Engramelle (PL XXXV; mn 70 a)hest presque unicolore; cependant la description fait mention de quelques taches plus claires interrompant, dans les ailes supérieures, la couleur du fond chez le O' du Porte-Queues à bandes fauves. 64 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Esper représente la Q seulement, la chenille et la chrysalide (Tab. XIX, fig. 1); Huebner figure les deux sexes, sous les n°° 383, 384, 385; mais le GO (383) est entièrement unicolore en dessus. Lang, comme Huebner, donne l’image d’un C' unicolore (PI. DC\VALIES fig. 1). Godart se borne à figurer la Q, de sorte que, si je m'en rapporte aux observations relatées ci-dessus, je puis dire que la forme du ' qui est pourvue de 3 taches orangé pâle, reste à figurer. Le Zephyrus betulæ éclôt une seule fois par an, de la fin de juillet à la fin d'août et même au commencement de septembre, suivant les localités et les années. Ma collection contient des Zephyrus betulæ provenant de Can- cale (août 1801, 1802 et 1893); Rennes; Digne; Vernet-les-Bains (août 1808, septembre 1908); Les Châtelliers (Eure-et-Loir) de la coll. A. Guenée: Cassel, de la coll. Kuwert; Prusse; Angleteïre, des coll. Tugwell et Sheppard. J'ai observé berule à Beg-Meil (Finistère); j'ai pris, dans cette localité, le 18 août, une © très grande, encore fraîche, malheureusement ayant les ailes inférieures mutilées. Il paraît que be/ule est considéré comme très rare dans le département du Finistère. Aux environs de Tâ-tsien-lou, sur la frontière occidentale de la Chine et tout près du Thibet, le Zephyrus betulæ est représenté par une race de très grande taille, presque double des exemplaires anglais. Il ne me semble pas qu'il y ait entre les be/ulæ-crassa, Leech, de Tien-Tsuen, Siao-lou, etc. et ceux de Grande-Bretagne, de France et d'Allemagne, d'autre différence appréciable que la dimension des ailes et la longueur des queues aux ailes inférieures. Le Zephyrus betule paraît rare sur la frontière du Thibet; car J'ai reçu seulement 2 et 8 © Crassa, dans l’espace de 30 années. Leech a figuré avec le nom Ælwesi (PI XXVIIT; fig. 8) une autre variété chinoise de be/ulæ dont la Q est rouge orange en dessus; l'aile supérieure étant seulement bordée de noir. Le dessous des ailes est semblable à Ge/ulæ-crassa. J'ignore cependant si Ælwesi est ou n'est pas une espèce distincte. Ma collection en renferme seulement 3 © et 3 © de Mou-pin, Tien-Tsuen et Siao-lou. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 65 Tutt signale qu'on a observé deux cas d’hermaphroditisme chez betulæ; 1° S côté droit, © côté gauche; obtenue d’éclosion à Ham- bourg, en 1897; 2° O' côté gauche, Q côté droit; obtenue à Eperjes, en Hongrie (11 août 1876). Au sujet de la variation, Tutt pousse l'analyse jusqu'à ses extrêmes limites; bien que son ouvrage soit très connu et très apprécié, comme il n’est peut être pas dans toutes les mains, Je crois intéresser les Entomologistes, en transcrivant ci-dessous le tableau des variations pour les deux sexes de Zephyrus (Rurals) betulæe, tel que Tutt l’a conçu et établi. 1° MALES. 1. Entirely fuscous with no pales patches on forewings, — wxi- 60107, 0 40: [D] Entirely fuscous except for a pale orange shade on the outside of the discoidal lunule — ab. swbunicolor, n. ab. Fuscous with pale orange shade outside discoidal lunule and [e2) continued series (two) of pale orange interneural dashes below — ab. spinose, Gerh. 4. As in 3, but the paler areas faintly yellowish — ab. lwrea, n. ab. UT As in 3, but the paler areas faintly grey — ab. grisea, n. ab. 6. As in 3, but the paler areas whitish = ab. pallida, Tutt. Ainsi suivant la méthode analytique de Tutt, Zephyrus betule © offre six formes caractérisées comme suit 1. znicolor; entièrement brun. LD subunicolor; entièrement brun, excepté une ombre couleur orangé pâle, située en dehors de la lunule discoiïdale. 3. spinosæ, Gerh.; comme 2, mais avec 2 traits d'un orangé pâle en dessous de la tache ou de l'ombre extracellulaire. 4. lutea, comme 3; mais les espaces plus pâles, sont faiblement jaunâtres, 66 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE g. grisea, comme 3; mais les espaces plus pâles sont faiblement OTIs. G. pallida, comme 3; mais les espaces plus pâles sont blanchâtres. Tutt ne tient pas compte de la coloration en rouge orangé vif, dans la figure de spinosæ donnée par Gerhard. Il attribue ce nom de spinosæ à une couleur « pdle orange » et il subdivise la variété qu'il admet comme s#inose, en 4 sous-variétés pourvues d’un nom, chacune : à l'orange pâle, Tutt réserve le nom de sxnose; à la teinte plus jaune, il donne le nom de /w/ea; à la teinte grise, le nom de grisea; à la teinte blanche (aberration très rare, dit Tutt), le nom de pallida. 2° FEMALES. 1. With narrow orange patch crossed by black nervures = ab. restricta-lineata, n. ab. 2. With broad orange patch crossed by black nervures = ab. lata-lineata, n. ab. With narrow orange patch not crossed by black nervures = [®2] ab. estricta, n. ab. 4. With broad orange patch not crossed by black nervures — ab. lafa, n. ab. s. The orange markings yellowish in colour — ab. #som, Wheeler. 6. With submarginal series of interneural orange streaks in hind- wings pointing towards base = ab. cuneata, n. ab. Aïnsi les 4 premières variations de Q se distinguent par la largeur ou le rétrécissement de la tache orangée, traversée, ou non, par les traits noirs des nervures. 1. 7estricta-lineata; tache orangée étroite, traversée par les nervures noires. 2. lata-lineata, comme n° 1, mais la tache orangée est large, au FE lieu d’être étroite. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 67 —__— 3. restricta, la tache orangée est étroite; mais non traversée par les nervures. 4. lata, comme n° 3, mais la tache orangée est large, au lieu d'être étroite. fisoni, la tache est jaunâtre, au lieu d’être orangée. Ur 6. cuneata, il y a, sur les ailes inférieures, une série submarginale de traits intranervuraux orangés dont la pointe est tournée vers la base. Naturellement ces variations peuvent s'amalgamer; cuneala peut aller avec lata ou Lata-lineata; fisoni peut être lata ou restricta; elle peut être aussi /neata. On se rend compte après cette étude, des séries énormes d'exem- plaires qui deviennent nécessaires aux Entomologistes adonnés à l'analyse des espèces. Nos prédécesseurs n'avaient point égard à de pareilles minuties. Cependant personne ne peut contester que la camparaison méticuleuse de très nombreux papillons est indispen- sable pour obtenir la connaissance des variations qu'on peut appeler régulières et naturelles pour les caractériser exactement. Il est juste de dire que Tutt apporte à son travail analytique un esprit de méthode qui contribue singulièrement à rendre claires et intelli- gibles les observations dont on lui doit la publication. Thecla Spini, Huebner. La T'Aecla Spini ne se trouve ni en Angleterre, ni en Bretagne; elle n'a pas été rencontrée jusqu'ici en Algérie; elle habite en France, surtout la région méridionale; mais elle remonte jusqu’en Charente du côté de l'Ouest; elle atteint le département du Doubs vers notre frontière orientale et même l'Alsace. La Thccla Spin a été authentiquement récoltée dans les localités suivantes, d’après les documents contenus dans ma collection : Angoulême, fin juin 1908; Vernet-les-Bains, depuis la fin de mai jusqu'aux pre- miers jours de juillet; Florac (Lozère), en juin et juillet ; Grenoble; OS LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Digne, Larche, Saint-Martin-d'Entreaunes (Basses-Alpes), en juillet; La Grave (Hautes-Alpes), fin juillet 1906; Col de Cas- tillon, La Turbie (Alpes-Maritimes), en juin 1807 et 1006; Mar- seille, Saint-Pons (Bouches-du-Rhône); Aix-en-Savoie ; Saut-du- Doubs; Vallée du Rhône près Vernajaz et Vallée de Zermatt en Suisse; Wurtemberg ; Prusse; Grenade, Sierra de Alfakar, Cadix, Vallée de Ronda, en Andalousie: Roccaraso et Palena, en Italie méridionale; Akbès, en Syrie. La Z'Aecla Spini, comme la plupart de ses congénères, affec- tionne les arbres buissonneux et les arbustes autour desquels elle voltige avec vivacité. Elle aime à se reposer sur les feuilles; elle se plaît aussi dans le Midi, sur les touffes de thym et de doryc- nium. C'est une espèce d'un aspect brun et un peu sombre, cepen- dant très élégante dans sa forme et présentant de fort jolis détails. Les ailes du ©‘ sont brun foncé en dessus; celles de la Q sont un peu plus claires. Le G‘ porte aux ailes supérieures une tache cellulaire ovale, d'un gris foncé mat. Aux ailes inférieures, on voit une tache jaune orangé de chaque côté de la queue qui est noire et terminée par une houpette très fine d’un blanc pur. Quel- quefois ces taches jaunes sont très faiblement indiquées chez le Gr; mais les Q sont généralement ornées de taches plus larges, plus accentuées et qui forment parfois, à partir de l’angle anal et en remontant vers le bord costal, tout le long du bord marginal, une série plus où moins confluente et prolongée. En dessous, les quatre ailes sont d'un brun bronzé, traversées, du bord costal des supé- rieures au bord anal des inférieures, par une série non interrompue de taches blanches intranervurales, intérieurement soulignées de brun plus foncé. De plus les ailes inférieures sont décorées, près de l'angle anal, d'une tache noire veloutée, ronde, précédée d'un semis d'atomes bleuâtres du plus joli effet. Au-dessus de cet espace bleuâtre, entre la ligne extracellulaire de taches blanches et le liséré blanc marginal, il y a une série de taches jaunâtres ou rougeâtres, en forme de chevron, allant en décroissant de grosseur à partir de la tache bleue et à mesure qu'elles remontent vers le bord costal, Ces taches orangées sont surmontées d’un croissant LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 09 ———— noir et inférieurement soulignées de noir d’abord et de blanc enfin. Les antennes sont très joliment annelées de blanc et de noir et terminées par une massue noire. Les poils du dessous du thorax sont d’un gris bleuâtre, comme les pattes dont le dernier article est annelé de noir et de gris; le dessous de l’abdomen est blan- châtre. La race des Alpes-Maritimes est sensiblement plus grande que celle des autres pays; je l’ai appelée : #ajor. J'ai reçu d'Akbès une Aberration © chez laquelle les ailes inférieures, en dessous, sont ornées d’une série de taches blanches cunéiformes, le long du bord marginal; les taches blanches en question résultent d'un développement anormal de la ligne blanche moniliforme ordi- naire. J'ai appelé cette Aberration : albosparsa et je la fais repré- senter sous le n° 408 de la PI. XLIX de la présente livraison. Je dois ajouter que sur les ailes supérieures, en dessus, d’albosparsa, 1 s'est fait un développement de 4 taches intranervurales fauves, dans l’espace submarginal. Je possède une © de Vernet-les-Bains dont les ailes supérieures, en dessus, présentent des éclaircies fauves, intranervurales, extra- cellulaires. En Andalousie, les spini Q diffèrent des exemplaires des autres pays parce que les ailes supérieures, en dessus, sont marquées d’une grande tache fauve qui occupe tout le disque; sur les ailes inférieures, la couleur fauve se trouve plus où moins lar- sement développée le long du bord marginal. Chez les o, les taches orangées submarginales, du dessous des ailes inférieures, sont plus petites et un peu carminées. Huebner a figuré sous les n* 674 et 675 et avec le nom de Lynceus, la Q de la race anda- louse de spini, et sous les n° 602 et 693, le Œ' Lynceus. On trouve en Espagne la var. spini-Lynceus en Andalousie et à l'Escorial, mais non à Albarracin où spini est conforme à la race des P yrénées- Orientales. Feu de Graslin, Ribbe, mon frère et M. Fabresse ont capturé les exemplaires de spini-Lynceus que contient ma collection. 70 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Thecla W album, Huebner. Est répandue dans diverses parties de la France, de l'Angleterre et de l'Allemagne. Ma collection contient des exemplaires pro- venant d'Alsace; de l'Aube (Lusigny); de lAisne (Villers- Cotterets); de Seine-et-Oise (Bondy); d'Eure-et-Loir (Château- dun); de la Sarthe; d’Ille-et-Vilaine (Rennes et Cancale); de la Charente-Inférieure (Dompierre-sur-Mer); des Alpes-Maritimes (Col de Castillon); du Wurtemberg. Je possède 17 échantillons anglais ayant fait partie des collections Sheppard et Tugwell. L'espèce éclôt en juin et juillet, suivant les localités. La chenille vit sur l’orme où je lai trouvée au mois de mai. La 7'Lecla W album, dans les jardins potagers, aime à se reposer sur les fleurs d'oignon où je l'ai souvent observée; mais c’est toujours une espèce assez rare et je ne l’ai jamais capturée en grande quantité. Le d, comme chez spini, porte une petite tache ovale, grisâtre, mate, dans la cellule, près du bord costal de l'aile supérieure. L'aspect de la Z'Aecla W album est sombre; le dessus des ailes étant d'un brun noir uni et le dessous d’un brun bronzé obscur. La ligne blanche descendant du bord costal des ailes supérieures vers l'angle anal des inférieures où elle forme la lettre W, ainsi que la bordure marginale rouge orange des ailes inférieures, tranchent agréablement sur la couleur un peu obscure du fond des ailes. Tutt a cru devoir créer pour la Tecla W album un nouveau genre : Edwardsia. L'analyse poussée aussi loin que Tutt a cou- tume de le faire, est évidemment excellente, puisque, pour chaque espèce étudiée avec une aussi scrupuleuse attention, elle donne lieu à un historique complet. Tout ce qui a été observé et publié sur une espèce se trouve rassemblé, coordonné, apprécié, contrôlé et condensé, par Tutt, dans une mise au point presque parfaite où se résument toutes nos connaissances actuelles jusqu'ici dispersées. C'est donc une œuvre louable et utile que Tutt accomplit ainsi. Mais il paraît qu’à force d'analyser, on ne perçoit plus exactement LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 71 la synthèse, et en fouillant jusqu'aux plus menus détails, on peut perdre la claire vision des caractères généraux. Le Genre est pourtant une réalité Un ensemble de caractères communs lie incontestablement certaines Espèces à d’autres Espèces qui sont cependant spécifiquement bien distinctes les unes des autres. Les Thecla spini, W. album, pruni, ilicis, Fixseni, eximia, ornata, V. album, patrius, etc, sont unies par des affinités évi- dentes; on sent instinctivement qu’elles sont plus rapprochées les unes des autres que d’Ayton, de Cyllarus, de Corydon, de Bel- largus qui sont pourtant des Espèces appartenant à la même famille des Zycænide. Il faut donc, tout en pratiquant l'analyse, conserver la saine notion de la synthèse et se garder de la création immodérée et non justifiée de Genres nouveaux. Cette multiplicité des Genres serait une cause de désordre et d’anarchie. En classant chaque Espèce dans un Genre spécial, on détruirait la méthode linnéenne binominale, pourtant appuyée sur une réalité naturelle évidente, base d’une classification excellente, à laquelle est dû un essor d’admirable progrès. Un Genre pour chaque Espèce, c'est l'instauration de la méthode uninominale, c’est-à-dire l'organi- sation du chaos à la place de l’ordre. Je crois devoir protester hautement contre la tendance à laquelle Tutt s’est laissé entraîner. Ne multiplions pas les Genres avec excès. Conformons-nous à ce que la Nature elle-même nous enseigne et ne rejetons pas les inspirations résultant pour nous de l'observation sincère des êtres vivants. N’élevons pas de barrières plus hautes que celles résultant de la séparation spécifique, entre des insectes visiblement liés et uns entre eux par tout un ensemble de caractères qui imposent, dans la classihication des Espèces, l'unité générique de groupe- ment. Je demande aux entomologistes de réagir contre l'abus que je me fais un devoir de signaler. Cette critique étant une fois formulée contre la création du genre Edwardsia pour W album, aussi bien que du genre Felderia pour eximia (Tutt, p. 151), je rends de nouveau hommage au talent dont Tutt a fait preuve en écrivant l’histoire de W album depuis la page 144 à la page 192 du vol. IX de À Natural History of the British Lepidoptera, et 72 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE je résume très sommairement ci-dessous les observations relatives à la variation de l’Espèce. Sur la PL I, Tutt a figuré sous le n° 4 et avec le nom d’albo- vtrgata, une Aberration de W album dont Bellier, d’après une Q prise à Bondy, en juin 1857, par Blondel, a publié une excellente figure (Awx. Soc. ent. France, 1858, PI. 14, fig. 2). Je possède encore le papillon qui se trouvait dans la collection de feu Bellier. Bien qu'il soit âgé de plus d’un demi-siècle, il est encore parfai- tement conservé. Dans la revision des autres variations de W album — variations beaucoup moins importantes assurément — Tutt propose le nom de : #72n07 pour tous les exemplaires ayant une expansion infé- rieure à 28 millimètres et de : z7ajor pour tous ceux qui ont plus de 35 millimètres. En outre, cet auteur appelle : obsoleta la varia- tion caractérisée par l'absence de la petite tache anale rougeûtre du dessus des ailes; 1l signale les variations résultant de diffé- rences dans la nuance de la teinte du fond en dessous, « from fuscous-brown to fawn-brown »; la largeur de la ligne blanche transverse; l’oblitération de la lettre W sur les ailes inférieures en dessous (Ab. Butlerowi, Kroulikowsky); la largeur et l'intensité de la couleur de la bande orange et l’importance de la bordure noire des lunules orangées. Thecla Ilicis, Esper. C'est en France la plus abondante des 7 ecla. Il est surprenant qu'on ne la trouve pas en Angleterre. Elle éclôt chez nous en juin et juillet; elle est très commune en Bretagne, notamment à la forêt de Rennes et à Monterfil; à Charroux (Vienne); à Digne; à Cau- terets ; à Florac; dans les Pyrénées-Orientales; à Hyères; à Saint- Germain-en-Laye, à Lardy (Seine-et-Oise); à Châteaudun; à Angoulême; à Lectoure (Gers); dans les landes de Milly (Maine- et-Loire) ; au col de Castillon (Alpes-Maritimes). Je l’ai reçue de Genève; M. Wullschlegel me l’a envoyée de Martigny (Valais); LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE DT OC la collection Kuwert m'a fait connaître quelques exemplaires d'Allemagne; enfin je l'ai prise à Florence, en juin 1907, et à Potes (Asturies), en juillet 1882. Mon frère l’a récoltée à Naples; Bellier l'a trouvée en Sicile. C’est une espèce assez grande, aux ailes arrondies, d’un brun chaud, soyeux et brillant en dessus, et d'une teinte de bronze en dessous. Le Œ est tantôt d’un brun foncé, uni, en dessus; tantôt ses ailes supérieures sont ornées d’une tache de teinte fauve orangé. Chez les © de France, cette tache est plus développée; les nervures la divisent finement en 4, 5 ou même 6 parties. Une petite tache fauve orangé se trouve à l'angle anal en dessus, chez les C' comme chez les ©; sur les ailes inférieures de ces dernières, également en dessus, on voit souvent, le long du bord marginal, se dérouler une série de taches fauves. En dessous, les ailes sont traversées du bord costal au bord anal, par une ligne de petits traits blancs plus accentuée aux ailes inférieures; une rangée intranervurale de taches rouges surmontées d’un croissant noir et suivies d’une ombre noirâtre se développe, le long du bord marginal des ailes imfé- rieures, au-dessus d’un fin liséré blanc. Dans certains pays, la tache fauve orangé des ailes supérieures du Of est souvent nulle, tandis que dans d’autres contrées, elle est très accentuée. À Flo- rence, à Naples, en Sicile, à Genève, aux environs de Paris, en Allemagne, les G' sont généralement presque unicolores. Dans la Lozère, dans les Alpes-Maritimes et les Basses-Alpes, la tache fauve orangé est ordinairement très largement développée chez les G. En Bretagne et en Poitou, dans les Asturies, en Malarsset dans les Pyrénées-Orientales, on trouve des G' qui forment la transition entre la race brune unicolore et la race qui est ornée d'une macule fauve comme la ©. Mais les Q elles-mêmes varient pour la dimension et l'intensité de la macule fauve qui décore leurs ailes supérieures en dessus, et j'ai sous les yeux des exem- plaires chez lesquels la macule en question est fort peu développée, ou même à peine indiquée. D'ailleurs dans les Basses-Alpes, où les sont généralement fortement maculés, on en rencontre qui le sont fort peu, de sorte qu’il faut juger, au point de vue de la 7A LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE tache fauve du dessus des ailes supérieures, en tenant compte de la majorité des exemplaires observés dans une localité, mais non pas de la totalité. Esper publie, comme z/icis ©, une Q sous le n° 1 à de la PI XKXIX (la citation de cette figure est omise dans le Catalog Staudinger et Rebel 1001). Huebner représente sous les n° 378 et 370 la Q slicis, et sous les n° 863 et 864, avec le nom Cerri, le G de la forme qui a les ailes supérieures maculées de fauve; sous les n° 865 et 866, Huebner donne l'image de la Q. C’est par erreur que Staudinger et Rebel rapportent à Cerni, dans leur Catalog 1001, la Tecla figurée par Huebner, avec le nom esculi, sous les n°* 600 et 601. Cette 7 Zecla escul: se rapporte comme variété à esculi n® 559 et 560, absolument comme Zyx- ceus Q 674 et 675 se rapporte à spi. Gerhard a figuré z/2c1s, avec le nom de Zynceus, sous les n° 2 a, 2det2c de la PI 2, et la variété dont le O' est maculé de fauve, avec le nom correct de cerri, sous les n® 1 a et 1 & de la PL 4. Lang a grossièrement représenté 2/:c2s sous les n° 4 de la PI. XVI]; dans son texte, il cite la var. cerri avec la mention : « Has the orange patch on the fore wings larger than in the common form of the female ». Mais il a, par erreur sans doute, fait suivre le nom cerri du mot : female, au commencement de son article; c’est : male qu'il aurait fallu dire. Freyer figure sur la PI 529 la Q iicis, avec la chenille et la chrysalide, et sur la PI 580, le @' 1/cs, avec les ailes unicolores en dessus. Freyer représente de nouveau sur la PI. 589 consacrée au Œ, la chenille et la chrysalide dont l’image se trouve déjà jointe à celle de la ©. M. Gabriel Dupuy a pris à Angoulême une Ab. albosparsa que je fais figurer sous le n° 401 de la PI. XLIX. Cette Aberration tout à fait conforme à celle de spini que j'ai appelée du même nom : albosparsa, est, une fois de plus, la preuve d’une Loi d’après laquelle, dans un Genre, se constituent les variétés et Aberrations. M. Dupuy a eu l’obligeance de me faire connaître aussi l’Ab. bialbolineata, chez laquelle les taches fauves submarginales des LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Gi ailes inférieures, en dessous, sont surmontées d'une ligne de che- vrons blancs parallèle à la ligne blanche extracellulaire normale. Par inversion, je pense qu'on doit trouver des exemplaires de Thecla ilicis complètement dépourvus en dessous de toute ligne blanche: car M. Dupuy m'a envoyé un G' d'Angoulême chez lequel la ligne blanche commune normale n'existe qu'à l'état de vestige. En Asie-Mineure, habite la variété Bischofhi, Gerh. (PI. 2, fig. 4 a, b, c), dont j'ai reçu de nombreux exemplaires de Broussa et d'Akbès. M. Holl signale la 7'Xecla Ilicis-Cerri, Huebner, du Camp des Chênes, en juin, et de Blida-Glacière, en juillet (pro- vince d'Alger). Thecla esculi, Huebner. Espèce tout à fait distincte d’#/icis dont elle n’est certainement pas une variété comme le prétend, à tort, le Cafalog Staudinger et Rebel 1901. Æsculi habite avec /icis dans le Midi de la France; mais ses mœurs sont tout autres. D'ailleurs la forme des ailes et un, ensemble de caractères très tangibles différencient complètement esculi d'ilicis, au point de vue spécifique. Feu Guenée partageait ma manière de voir au sujet de la distinction d’esculi, Huebner, en espèce spéciale et indépendante d’7ices. Guenée avait logé presque toute sa collection dans des petites boîtes hermétiquement closes, chaque boîte étant consacrée à une seule Espèce. Sur le côté de la boîte, Guenée avait collé une feuille de papier où il avait retracé de son écriture si fine et si serrée qu'il faut quelquefois la lire au moyen d’une loupe, les observations synonymiques et biologiques que lui avait suggérées chaque Espèce. Je transcris textuellement, comme suit, la notice écrite sans doute vers 1863 et consacrée par Guenée à la 7'4ecla esculi : « Thecla Æsculi, Hb. 550, 560. ; Och.; God. Enc. p. 649; De V. et Gn. p. 40 — pris par moi au Vernet en 1850; juin et Juillet. Croirait-on que cette espèce si distincte n’est pas admise par les auteurs allemands, même les plus modernes, qui veulent y voir 76 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE une variété de ZLynceus, Fab. (ilicis) ! Il est aussi commun à Montpellier que le Zynceus (ilicis) chez nous, et ce dernier sy trouve aussi et ne se mêle point avec lui. La var. Cerri d'ailleurs à laquelle se rapportent presque tous les individus du Midi, est exagérée en sens contraire de l’Æsculi. La coupe d’aile, l'absence complète de taches fauves dans les deux sexes — (Guenée ignorait la forme d’Andalousie et d'Algérie), — la forme de la ligne blanche des inférieures et de leurs lunules fauves, l’absence du liséré terminal, la massue des antennes, etc, ne devraient pas même laisser de doute sur sa validité. La chenille vit sur l’yeuse et ressemble beaucoup à celle du ZLynceus (ilicis) : j'ai élevé la Q n° 4; la chrysalide est à côté. » Gerhard, dans sa Monographie des Lycænide, considère aussi la T'hecla esculi comme espèce distincte. Cependant j'avais lieu de me documenter convenablement pour fixer définitivement mon opinion sur la question de la distinction spécifique d’esculi et J'ai réuni dans ce but 374 exemplaires provenant des Alpes-Maritimes, des Pyrénées-Orientales, des Bouches-du-Rhône, de l'Hérault, d'Andalousie (Grenade, Sierra de Alfakar, vallée de Ronda, Sierra-Nevada), de Tanger et d'Algérie (Sebdou, Khenchela, Vakouren, Lambèze, Djurjura, Magenta, El Haçaiba). La forme esculi, Huebner (, 550, 560), est celle de la France méridionale. Les deux sexes sont brun foncé en dessus. Assez rarement, on voit chez la Q une faible éclaircie fauve sur les supérieures et quelques macules de même nuance le long du bord marginal des ailes inférieures, en dessus. En Espagne, en Algérie et dans les Pyrénées-Orientales, aux environs de Collioure, on trouve, en même temps que la forme type, la variété dont Huebner a figuré la ©, sous les n°* 690 et 691, avec le même nom esculi, déjà donné au papillon GO‘ représenté sous les n° 550 et 560. C’est cette esculi (Q 690 et 691) que Stau- dinger et Rebel rapportent par erreur à Cerr, comme synonyme (Catalog 1901). Dans cette variété esculi, Huebner (Q 690 et 691), le d est unicolore en dessus; mais la Q est ornée sur l’espace extracellulaire de l'aile supérieure d’une large tache fauve, et le LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Pé long du bord de l'aile inférieure, d’une bordure très développée, formée de taches confluentes également fauves. Gerhard a donné (PI. 4, fig. 4) une figure de cette variété © d’esculi et il lui a imposé le nom de waculatus. J'ignore pourquoi cette variété maculatus, Gerhard, n’est pas recensée dans le Catalog Staudinger et Rebel 1901. Une fois de plus, je constate combien ce Catalog a été dressé sans soins et à la légère. Feu de Graslin avait capturé dans la Sierra-Nevada, le 16 juillet 1835, une Aberration O' d’esculi dont les ailes inférieures, en dessous, présentent un curieux amalgame des taches rouges submarginales, des points noirs qui les surmontent et de la ligne blanche ordinaire, laquelle se trouve transformée en petits traits blancs accompagnant sur chaque côté les taches rouges et noires qui ont subi un extraordinaire allongement. J'appelle cette Aber- ration : Graslini et je la fais représenter sous le n° 402 de la BEXLIX Gerhard figure avec le nom d’ilicioides, sous les n° 54, Sbetsc de la PI. 4 de sa Monographie des Lycænide, une grande forme d’esculi dont la © est d’un brun unicolore comme le ©, mais montre quatre lunules rouges, le long du bord marginal des ailes inférieures, en dessus, à partir de l’angle anal. En dessous, l'aile supérieure est dépourvue de ligne blanche. Dans son texte, Gerhard érige 1/2cioides en espèce séparée, après esculi, et rattache maculatus à iicioides ; il fait connaître qu'il en a reçu plusieurs exemplaires de Lederer, comme provenant de Ronda. Pour moi, ilicioides est une forme d’esculi voisine de wauretanica, Stgr., un peu plus grande que cette dernière et avec les taches rouges du dessus et du dessous des ailes inférieures plus accentuées. Staudinger désigne en effet sous le nom de wauretanica la race d'Algérie, plus petite, dit-il, en dessous plus obscure et presque unicolore. Je fais figurer un C' mauretanica, pris à Sebdou, en juin 1007, sous le n° 405 de la PI. XLIX. Mais il y a une autre race en Algérie que Gerhard et Staudinger ont ignorée et dont je fais figurer les deux sexes sous les n° 403, 404 de la PI. XLIX. Cette race est remarquable par le développement, en dessus, chez 78 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE le G' comme chez la ©, de l'éclaircie fauve sur les quatre ailes. D'ailleurs, en Algérie, esculi varie selon les lieux : à Vakouren, les deux sexes de esculi sont, en dessus, d’un brun foncé presque unicolore; mais par le dessous, ils ressemblent aux exemplaires du Midi de la France; par conséquent ils n’appartiennent pas à la variété #auretanica, mais plutôt à z/cioides, Gerhard, tandis qu'à Sebdou, à Khenchela, on rencontre des esculi-mauretanica analogues à celui qui est figuré dans le présent ouvrage, c’est-à- dire d’un brun noir sans taches en dessus, mais dont le dessous présente assez bien les caractères indiqués dans la diagnose de Staudinger. Avec ces esculi-mauretanica, 6n trouve la race lar- gement lavée de fauve sur le dessus des quatre ailes, dont Je fais ci-dessus mention et que j'appelle Powell:; en outre, on peut observer toutes les transitions entre les individus unicolores, entiè- rement noirâtres en dessus, et ceux qui sont si largement lavés de fauve. La proportion des échantillons lavés de fauve par rapport aux unicolores, est même très grande à Sebdou et à Khenchela. On distinguera aisément la variété #aculatus, d'Andalousie et de Collioure. Le dessus des ailes du GO semble rester toujours unicolore, d’un brun noirâtre foncé; seule, la Q a les ailes mar- quées de fauve, mais d’une façon bien moins diffuse que chez Powelli. Pour établir la nomenclature des diverses races et variétés d'esculi, je décompose la synthèse de 7'Zecla esculi, Huebner, du Midi de la France, d'Espagne, de Portugal et d'Algérie, en 5 formes ou variétés analysées comme suit : 1. — ct Q quasi-unicolores en dessus. Esculi, Huebner (©, 550, 560). — Midi de la France. Æsculi, Gerhard (PI 2; fig. 14, 1 6, 16). — Portugal 2. — unicolore en dessus; Q maculée de fauve aux 4 ailes. Maculatus, Gerhard (PL 4; © fig. 4). — Andalousie; Collioure. Esculi, Huebner (© 690, 691), LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 79 A6. Graslini, Obthr. (SG, Lépid. comparée; IV, PI XLIX, fig. 402). — Sierra-Nevada. 3. — Unicolore en dessus; teinte noirâtre foncée, assez grand; les taches rouges bien apparentes. Ilicioides, Gerhard (PI 4; fig. 5a, 5b, 5c). — Ronda; Vakouren. 4. — Les taches rouges du dessous plus effacées; le dessous plus unicolore. Mauretanica, Stgr., Obthr. (Lépid. comparée, IV. PI XLIX ; Œ fig. 405). — Algérie (Sebdou, Khenchela, etc.). 5. — Le dessus des ailes largement lavé de fauve orangé. Powelli, Obthr. (Lépid. comparée; IV. PL XLIX; ©, ©, fig. 403, 404). — Algérie (Sebdou, Khenchela). Thecla pruni, Linné. Ainsi décrite par Linné, dans Systema Nature, Edit. X; p. 482: « Pruni. 147. P. P. alis subcaudatis supra fuscis, subtus fascia marginali fulva utrinque nigro punctata. Habitat in pruno domestica. » La TAecla pruni se trouve en Angleterre, et d’après les éléments de ma collection, en Alsace, en Saxe, en Nassau, en Wurtemberg et à Ecclepans, en Suisse, où mon frère l’a capturée en Juillet 1907. Les exemplaires anglais que je possède faisaient partie des col- lections Sheppard et Tugwell; l’un d’eux porte létiquette de localité : Northamptonshire. Je n'ai jamais vu la 7 Xecla pruni en Bretagne, ni en Charente, ni dans les contrées du Midi où j'ai chassé les Lépidoptères. C’est une espèce très localisée qui, en France, n’a pas été trouvée dans un grand nombre de places. J'ai appris qu’on la rencontre, géné- ralement en petit nombre d'exemplaires, dans quelques bois des environs de Paris, à Chantilly, à Compiègne, en Seine-et-Oise, dans l'Aube, la Marne et la Haute-Marne. Feu de Graslin n'avait trouvé la T'Xecla pruni ni dans la Sarthe, ni dans la Vendée. 80 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Guenée ne possédait dans sa collection que des exemplaires d'Allemagne; les échantillons de Prum, dans les collections Boisduval et Bellier, n’ont aucune indication de localité. Comme la T'Xecla pruni habite l'Angleterre, Tutt lui consacre une étude approfondie, depuis la page 192 à la page 226 du vol. IX de À Natural History of the British Lepidoptera. Chaque espèce anglaise de 7'ecla faisant partie d’un genre spécial, pruni est incorporée par Tutt dans le genre S#ymon. La PI IX est consacrée à la reproduction par procédés photo- typographiques de l’œuf, de la chenille sur sa plante nourricière, de la chrysalide et du papillon posé sur une petite branche de prunier. En outre, la PI. I représente sous les figures 15, 16, 17, 18 et 10 la 7'Xecla (Strymon) pruni, à l'état parfait, en dessus et en dessous. La Thecla pruni est une espèce très reconnaissable et facile à distinguer. Tutt a observé des variations pour l'appréciation desquelles j'invite à se reporter au travail extrêmement complet de cet auteur. Huebner figure sous la lettre T de la PI. IIT du 2° volume (III° partie) de l'ouvrage intitulé : Beträge zur Geschaichte der Schmetterlinge, imprimé à Augsbourg, en 1700, une très belle Aberration de fruni, appelée : semialbofasciata pax Tutt, chez laquelle les ailes inférieures sont traversées du bord costal au bord anal par une bande de taches intranervurales confluentes, d’un blanc pur. Cette Aberration superbe faisait partie du Cabinet de Gerning, à Francfort-sur-le-Mein. Elle avait été prise à Francfort. Huebner constate à cette occasion que la forme ordinaire de pruni a été depuis longtemps et plusieurs fois décrite et figurée. « Der gewühnliche Falter ist laengst und mehrmalen beschrieben und abgebildet worden. » En effet, la 7 4ecla pruni a été figurée tout d’abord par Roesel qui a dû achever le dessin et la gravure sur cuivre vers 1744; mais la publication en fut faite un peu plus tard. C’est sur la Tab. VIT que l’on peut voir la figure de la larve (fig. 1), de la chrysalide (he )ier de l'imaso (fes res, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE BI August Iohann Roesel von Rosenhof était peintre de minia- tures, « Miniatur-Mahler », comme mon grand-père le fut aussi. Roesel était né en 1705 et il mourut en 1750. Son portrait, dessiné par son gendre Kleemann, lui aussi peintre de miniatures, et d'après la peinture de von der Smissen, a été gravé sur cuivre par J. W. Windter et orne le commencement de l'ouvrage lon- guement intitulé : Der monatlich-herausgegebenen Insecten- Belustigung erster Theil, in welchem die in sechs Classen ein- getheilte Papilionen, mit ihrem Ursprung, Verwandlung und allen wunderbaren Eigenschaften, aus eigener Érfahrung bes- chrieben, auf 78 Kupfertafeln, welche 121, mit Farben auf das natürlichste illuminirte Tabellen enthalten, nach dem Leben abgebildet worden von dem vortreflichen Naturforscher und berühmten Mignaturmahler August Iohann Roesel von Rosenhof, mit einer Vorrede, in welcher von dem Nutzen der Insecten gehandelt, was sie seyen gezeiget, und von der Einthealung derselben Nachricht gegeben wird, von dem Roeselischen Eidam und Mignaturmahler C. F. C. Kleemann mit vielen neuen Beobachtungen und Anmerkungen hin und wieder vermehrt und verbessert. Nürnberg, zu finden in der Naspischen Buchhandlung. Au bas du portrait de Roesel sont gravées ses armes, et le Doctor Huth, qui a signé une petite pièce de vers imprimée au revers du titre et finissant ainsi : « Wie gross Gott auch im Kleinen sey » (Combien Dieu est grand même dans ce qui est petit), a fait insérer au pied du portrait ces mots auxquels il a cru donner une tournure plaisante et qu’il a également fait suivre de sa signature : « So sah Herr Roesel aus Dem, nach dem Tod, das Leben Gewürme, Früsch, und Krôten geben »; ce qu'on peut traduire comme suit : « Ainsi parut Monsieur Roesel, donnant, après sa mort, la vie à des vers, grenouilles et crapauds. » En face du portrait de Roesel se trouve, suivant l’usage du temps, un frontispice gravé sur cuivre et colorié à la main, représentant des figures allégoriques et cette sentence de Pline inscrite sur le piédestal de la statue qui semble, au milieu du tableau, person- 6 82 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE nifier la Nature. « Rerum natura nusquam magis quam in minimis tota est. Pin ESC NEED CE Les figures des papillons publiées dans l’ouvrage posthume de Roesel, par les soins de son gendre Kleeman, sont généralement d’une exécution excellente; les chenilles, les chrysalides, souvent même les œufs sont reproduits en même temps que les insectes parfaits, et le dessin, la gravure et le coloriage sont traités avec un talent supérieur. Le vieux maître hollandais Sepp a seul montré plus de perfection et plus de finesse encore que Roesel, dans le dessin et la gravure de certaines Planches de papillons. Je m'associe donc complètement à l'éloge que Guenée fait des travaux iconographiques de Roesel, à la page LI de la Préface de l’Aistoire Naturelle des Insectes; Species général des Lépi- dopières dans les Suites à Buffon; Noctuélites; tome I; 1852, et je ne saurais exprimer en termes meilleurs mon admiration pour des figures qui, malgré leur ancienneté, sont encore, comme le dit Guenée, restées sans rivales. Si l’on compare les figures données par Lang en 1884, ou même celles en lithographie publiées par Barrett à partir de 1893, ou encore celles de Seitz à l’époque actuelle, aux images gravées vers le milieu du XVITT* siècle par Roesel, à Nuremberg, et par Sepp, à Amsterdam, combien apparaît haute la supériorité des vieux Maîtres! Puisse le très remarquable talent de mon collaborateur artistique actuel J. Culot valoir à mon présent travail un mérite analogue à celui que les Anciens, dont je me plais à évoquer le souvenir digne d’admiration, ont su si parfaitement acquérir! Tel est mon plus vif désir. On trouvera juste en tout cas que ma plume rende un légitime hommage aux fondateurs de notre Science, à ces fervents amis de la Nature qui vivaient à l’avant- dernier siècle, à une époque où se dessinait un si magnifique essor scientifique. La Révolution française arrêta le progrès, qui s’annonçait si brillant et si rapide, dans les diverses branches de la Science; lors de cette époque si malheureuse et si tourmentée, la vie d’un Lavoisier n'était même pas respectée par la hache révolutionnaire. Cependant la flamme ne s'était pas complètement LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 83 D — éteinte dans l'insécurité de ces temps troublés. Sous le premier Empire, en 1805, Jacob Huebner, d’Augsbourg, commençait la publication de son incomparable Iconographie : Sammlung europaeischer Schmetterlinge, et c'était la collection d’un amateur strasbourgeois, Franck, qui fournissait des matériaux pour servir de modèle aux admirables Planches que publiait Jacob Huebner. Dans la XX° livraison des Etudes d'Entomologie, à la page 64, à propos des variations de CÆelonia Caja, j'ai été amené à parler de la collection Franck dont tant de fois, jadis, m'a entretenu mon grand-père qui l'avait bien connue. Précédemment, j'ai déjà écrit que sur la noble terre d'Alsace, l'étude des Sciences a toujours été en grand honneur et n'a jamais manqué d’adeptes. Mais on ne doit pas craindre de dire encore qu'aucune autre province n’a fourni dans la spécialité à laquelle je me suis consacré, un plus grand nombre d'amateurs éclairés dont le com- merce fut toujours aimable et le zèle toujours ardent. Il en a été de même pour toutes les autres branches des connaissances humaines où apparaît la haute culture de l'esprit, où s’afhrment la rectitude et la solidité du jugement, l'amour de la Nature, le coût sûr et distingué des Arts, la constance pour le travail, la probité et la sincérité dans les recherches de l'Histoire. J'ai toujours admiré le talent des nombreux artistes et les vastes connaissances de tant d'hommes érudits dont l'Alsace a si justement le droit de se montrer fière. Aussi m'honorerai-Je toujours grandement des liens qui m’attachent à ce noble pays. Thecla acaciæ, Huebner. N’existe ni en Angleterre, ni en Algérie; est très abondante dans la France méridionale, notamment à Florac (Lozère), où je l'ai prise en juillet 1863; aux environs de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales) ; à l'Escarène et Levens (Alpes-Maritimes), où l'éclosion a lieu en juin; à Lectoure (Gers); à la Montgie (Puy-de-Dôme). L'espèce remonte vers le Nord jusqu'a Rennes 84 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE où Je l'ai capturée dans le jardin potager de Mesneuf (commune de Bourgbarré), reposée sur les fleurs d’oignon, et à Châteaudun (Eure-et-Loir), où feu Guenée l’a élevée de la chenille et l’a observée voltigeant avec z/icis, sur les fleurs de ronces. Dans la collection Kuwert, 1l y a des T'Lecla acaciæe avec l'étiquette : Ungarn. I] ne semble pas que les acaciæ hongrois soient différents de ceux de France. La Q se distingue aisément des autres espèces de 7’Aecla françaises par sa petite touffe anale de poils noirs, ras et veloutés, comme chez R£ymnus de l'Oural et T'engstroemi du Turkestan. En dessus, les deux sexes sont d’un brun canelle uni, avec quelques taches d’une teinte orangé pâle, en remontant depuis l'angle anal, le long du bord marginal des ailes inférieures, géné- ralement jusqu’au-dessus du petit appendice caudal dont l’extré- mité est blanche. Le dessous est bronzé, traversé du bord costal des ailes supé- rieures au bord anal des inférieures, par une ligne blanche non interrompue, formée de petites taches intranervurales, en forme de rectangle allongé. Le long du bord terminal, il y a un liséré noir surmonté d’un mince filet blanc, sur lequel se trouve assise, aux ailes inférieures, une série de taches d’un rouge orangé; ces taches rougeâtres sont en forme de croissant; elles sont marquées d'un point noir dans l’espace concave; un arc noir précédé d’un arc blanc entoure leur sommet. La 7'Lecla acaciæ est vive; elle aime dans le Midi à se poser sur les buissons et sur les fleurs de thym et de dorycnium. Huebner a figuré la T'Lecla acacie sous les n°° 743, 744, 745 et 746. Gerhard en a donné des figures très inférieures sous les n® 44, Ab et 4c de la PI I. La forme orientale abdominalis, Gerhard (PI 4; fig. 3a, 36), paraît commune à Akbès et à Broussa, en Asie-Mineure. La forme Gerkardi, Stgr, de Mesopo- tamie, est remarquable par la blancheur de son abdomen, en dessous, et par l’accentuation de la touffe noire anale chez la ©. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 85 Callophrys rubi, Linné, et Avis, Chapman. La Thecla (Callophrys, Bilberg) rubr, Linné, est une délicieuse petite créature, infiniment gracieuse dans chacun de ses mouve- ments et charmante à voir, en avril, posée sur les feuilles naissantes de ronce ou d’aubépine, dans les sites abrités et un peu chauds qu’elle affectionne. Linné l’a décrite dans le Sys/ema Nature, édit. X, p. 483, en termes exceptionnellement concis : « Kubr; 154. P. P. alis dentato-subcaudatis : supra fuscis, subtus viridibus. Habitat in Xubo aculeato ». La Thecla rubi est répandue en Angleterre, dans toute l'Europe continentale, en Algérie et en Asie-Mineure. Tutt a consacré près de 50 pages de À Natural History of the British Lepidoptera à l'étude de Callophrys rubr. La PI IV de l'ouvrage anglais représente, d’après les procédés phototypographiques, les œufs, les chenilles sur la plante légu- mineuse nourricière, les chrysalides et le papillon. Guenée a remarqué que la chenille de 7wbi ne vit point sur la ronce, mais sur le Genista sagittalis, du moins aux environs de Châteaudun. Tutt énumère (p. 109) une considérable série de plantes nourri- cières (food plants) pour la chenille de Callophrys rubr. Je citerai, d'après Tutt, Xwbus aculeata (Linné); bourgeons de Xubus fruticosus (Wilkes); Rubus idœus (Richter); fleurs et fruits verts de Cornus sanguinea (Schmid); graines immatures de X£amnus catharticus (Prideaux); Rhamnus frangula (Glitz); les fleurs de Vaccinium vitis-idæa (Zeller); Vaccinium myrtillus (Freer); fleurs d’Ærica tetralix (Wolfe et Chapman); Æyrica arborea; Ilex aguifolium (Minà-Palumbo); Helianthemum vulgare (Frey); Rumex (chenille élevée à maturité; Stange); les diverses espèces de trèfles; Medicago lupulina; Lotus corniculatus; les Genista anglica, tinctoria, germanica, sagittalis; les Ulex nanus et euro- pœus; les Spartium scoparium et junceum; diverses espèces de Cytisus; les fleurs de Calycotome spinosus et d'Onobrychis sativa; l'Hedysarum onobrychis. Suivant les lieux, la chenille de Thecla rubi dévore telle ou telle plante; à la Riviera, c’est le 86 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Calycotome; dans l'Argyllshire, c'est l'ajonc (#lex); mais suivant Chapman et d'accord avec Guenée, les plantes le plus généra- lement préférées par 702 seraient encore et partout les arbrisseaux de la famille des Légumineuses ou Papilionacées à laquelle appartiennent d’ailleurs l’Ulex et le Calycotome. Pour la variation, on constate que la marque androconiale est tantôt d’un gris brun, tantôt d’un jaune paille extrêmement pâle; d'autre part, la couleur du dessus des ailes varie du brun noirâtre (environs de Moscou) au brun rougeâtre clair (Algérie). Stau- dinger a donné le nom de fervida à la forme algérienne dont le dessus des ailes est d’un brun rougeûtre clair; sur le dessous des ailes, la teinte verte est un peu variable; de plus, tantôt les quatre ailes sont unicolores, tantôt elles sont traversées par une ligne de taches blanches qui descendent du bord costal des premières ailes au bord anal des inférieures. Ces taches sont intranervurales; elles ont la forme de petits rectangles allongés. Tutt désigne sous le nom de punctata la forme de Tkecla rubr qui a la série des taches blanches très développée sur les quatre ailes; ordinairement trois aux supérieures et sept aux inférieures, dit-il Je possède une Q punctata, de Digne, avec 5 taches blanches aux supérieures et 8 (y compris la tache anale cependant moins apparente que les 7 autres) aux inférieures. La forme qui a une série de taches blanches bien développée aux ailes infé- rieures seulement a reçu le nom d’zferopunctata, Vutt. La série incomplète de taches blanches sur les ailes inférieures est nommée 2#completa, Tutt. Deux taches blanches seulement sur les ailes inférieures, une à la côte, l’autre vers le centre de la bande ordinaire, valent le nom de Otpunctata, Tutt. Une seule tache blanche sur les ailes inférieures, près de la côte, c’est 7wb1, Linné. Sans aucune tache blanche sur les ailes inférieures, c’est cæcus, Geoff. Ma collection contient toutes ces différentes formes; mais punctata et cæcus me paraissent les plus rares. Il y a des inter- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 87 médiaires entre les formes ci-dessus analysées et elles ont reçu des noms (Voir Tutt; p. 92, 03). Le dessous des ailes inférieures peut être brun bronzé, au lieu d’être vert (Ab. brunnea, Tutt). Barrett constate que l’insecte, au moment où il émerge de la chrysalide, ne paraît pas avoir de trace de vert sur le dessous des ailes, cette surface étant d’un brun doré (golden-brown) comme le dessus. La couleur verte se caractérise à mesure que les ailes se développent. M. Blachier possède de Digne une Aberration remarquable; le dessous des ailes est d’un gris olivâtre uniformément très obscur et noirâtre. Cette Aberration dite : olivacea, Blachier, est décrite et figurée (p. 370, PL 0, fig. 10) dans le fasc. 4 du Vol. 1 du Bulletin de la Société lépidoptérologique de Genève. Dans les Annales de la Soc. ent. de France (1887) se trouve imprimée, à la page 216, la description par Millière d'une Aber- ration de Z'kecla rubi, prise le 5 avril 1887, à Cannes, près de l'Hôtel des Pins, par M" Texier. « Les ailes, en dessus, sont d’un jaune fauve uniforme très chaud, moins la base et le dessous de la côte qui se montrent pointillés de gris. La frange est très blanche aux quatre ailes. Tout le corps, en dessus, participe de la couleur anormale des ailes. Celles-ci, en dessous, seraient d’un carné vif, si elles n'étaient lavées de vert d’eau pâle chatoyant, à la base surtout. Les franges sont ici d’une teinte aurore assez indécise. Sur les ailes inférieures, on aperçoit trois points blancs très petits, à peine visibles, placés au centre et en hpnenlfes antennes sont annelées de blanc et se terminent en massue allongée d’un pourpre obscur; le ventre et les pattes sont d'un gris blanchâtre ». Tutt a appelé pa/lida cette Aberration décrite par Millière, mais non dénommée par ce dernier. Mosley figure très grossièrement, .en dessus seulement, une Aberration de Tkecla rubi faisant partie de l’ancienne collection Gregson, qui devint la propriété de M. Webb. Une autre Aber- ration remarquable par une large éclaircie brun clair, le long du 88 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE bord terminal des ailes inférieures, prise en mai 1903, à Plauen, est figurée sous le n° 3 de la PI. 1 de l’/25s, XVIII, 1005. Ma collection contient des exemplaires de Tkecla rubi recueillis à Digne (mars et avril 1807) ; à Hyères (20 mars 1906) ; en Corse; à Cannes et dans diverses autres localités des Alpes-Maritimes, à Marseille; à Vernet-les-Bains, en avril et mai; à Cauterets, en juillet 1883; à Cancale et à Rennes, en avril, mai et quelquefois commencement de juin; à Lectoure (Gers); à Châteaudun (Eure- et-Loir); dans le North-Devon (Angleterre); dans le Sud de l'Irlande; à 35 kilomètres au Nord-Est de Moscou; à Tokat et à Broussa, en Asie-Mineure; à Lambèze (avril 1884); Alger; Sebdou; Khenchela (mai 1908); Méchéria (mars 1886), en Algérie. M. Holl me mande qu'il a pris Z'kecla rubi à Zeralda, en mars; à Bouzaréa, en avril, et à Blida-Glacières, en juin. Les entomologistes, chaque printemps, aiment à voir réappa- raître la 7 Lecla rubi et ses compagnons ordinaires, les Ax#hocharis cardamines, Lycæna argiolus, Pararge Ægeria, Rhodocera rhamni, qui sont dans nos contrées, après les rigueurs et les tris- tesses de l'hiver, les messagers des beaux jours. Lorsque, vers la fin d'avril, paraissent dans les bois les fraiches frondaisons nouvelles, c’est une jouissance exquise de voir, avec la résurrection de la Flore, les espèces précoces d’Insectes renaître et animer de nouveau la campagne. Le plaisir d’apercevoir alors quelques T'hecla rubi voltigeant autour des premiers buissons verts est aussi aimable que la jouissance d’aspirer le parfum des premiers lilas. Chaque année n’apporte qu'une fois avec elle ce charme délicieux, mais, hélas! si passager, d’une apparition si rapide, si courte et si tôt finie. La Thecla rubi est une espèce heureusement abondante et commune en très différents lieux. On peut, sans longues et patientes recherches, plusieurs fois la rencontrer au cours d'une promenade, et l’admirer dans sa grâce et sa délicatesse, quand elle se repose sur les feuilles nouvelles avec lesquelles la couleur verte de ses ailes la confond aisément. Qu'on se trouve sur la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 89 lisière des bois, ou le long d’une haie ensoleillée dans la campagne, ou encore dans les allées d’un parc près d’une habitation, aussi bien en Algérie que dans les Iles britanniques ou en Russie, tant sur le haut des falaises couvertes d’ajonc et le long des grèves de la Côte d'Emeraude que dans les sites agrestes et parfumés au pied desquels la Méditerranée ne cesse avec fracas de dérouler ses flots bleus, lorsque commence à paraitre le printemps, on a fréquemment l’occasion d’apercevoir la 7'Lecla rubi, qui constitue un si Joli régal des yeux. Existe-t-il cependant des entomologistes qui seraient dédai- gneux de cette charmante /ycænide, comme de bien d’autres espèces communes, sous prétexte qu'étant vulgaires et partout répandues, elles se trouvent tarifées, comme article d'échange, à un nombre de Pfennig si petit que la récolte en devient, à cause de cela, indifférente. Le négoce est dans le Monde une nécessité et je ne médirai point des relations commerciales au moyen desquelles les peuples se font mutuellement profiter des produits les plus divers. Mais je plaindrai toujours, dans toute la sincérité de mon cœur, les amateurs de papillons, nos chers et certainement très distingués confrères, qui possèdent des dispositions commerciales tellement développées que leur satisfaction entomologique se mesure à la valeur marchande de leurs captures. [ls s'intéressent principale- ment aux Espèces qui, le plus souvent, grâce à un savoir-faire dépourvu de toute considération scientifique, ont conservé sur les Catalogues qu'ils honorent de leur confiance, un prix fabuleux, tandis que les papillons dont la tarification est insignifiante ne paraissent pas mériter la faveur de leur savante attention. De quelles précieuses jouissances ne se privent-ils pas? Mais dans l'Entomologie, comme ailleurs, on peut dire, en parlant des hommes qui sy adonnent, « tot capita, tot sensus! » Aussi existe-t-il encore, grâce à Dieu, un grand nombre de naturalistes dont la conception et l'objectif, dans leurs études entomologiques, ont une direction tout autre, et qui, sans se soucier de la hausse 90 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE et de la baisse à l’/sectenboerse, trouvent leur joie dans l’étude patiente et consciencieuse de la Nature. Ils s’attachent même davantage aux espèces les plus abon- damment représentées, ne serait-ce qu'à cause des chances plus grandes d'obtenir des sujets variés qui constituent toujours une documentation scientifique précieuse et de l’observation facilitée par la grande quantité des exemplaires. M. le D' Thomas Algernon Chapman, de Reigate, est l’un de ces chercheurs avisés à qui échoit parfois une récompense bien méritée, sous forme d’une intéressante surprise. C’est en observant minutieusement et avec continuité la Jolie, mais très commune T'hecla rubi, que le D' Chapman a trouvé dans le Sud de la France une nouvelle espèce très voisine sans doute de 7402, mais paraissant distincte, et qu'il a appelée Azzs. C'est une découverte vraiment sensationnelle! Ainsi fut-1l de la Pieris Mann, naguère ignorée en France et confondue avec sa congénère ape; main- tenant elle est justement distinguée et considérée comme appar- tenant à une unité spécifique distincte et spéciale. Une nouvelle espèce de Pieris est donc venue très tardivement enrichir l’inven- taire de la Faune française. Demain il en sera de même pour Æpinephele Rhamnusia, qui ne tardera guère à être admise désormais, sans conteste, comme une espèce bien distincte d'Exdora. Le docteur T. A. Chapman a publié dans 74e Entomologisrs Record (Vol. XXI, n° 6, June 15% 1000, p.130, 131), sous lle titre de : Callophrys Avis-a new butterfiy from Southern France, la notice suivante, que je transcris textuellement : « Much resembles Callophrys rubi. C. Avis is larger 32 mm. to 36 mm. in expanse. C. rub1 rarely exceeds 32 mm. It has hardly any trace of tails. The upper surface has a ruddy tint, in excess usually of that of C. rubz var. fervida, and the venation is often, especially veins three, four and five of the upperwing in the ©, marked by rather broad dark lines as if raised, differing from the narrower flatter lines seen in C. 7#bi. À marked character is LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE OI a that the head has a long ruddy fur, replacing all trace of the silber lines round the eyes so conspicuous in C. rubz. The andro- conial brand on the © forewing is triangular, perhaps a shade broader than in C. 7ubi, but of only about half the length along the line of the veins, that it has in C. ruba, in which it is oval or fusiform. The club of the antenna is red or fleshcolour, all along the lower inner side, a colour confined in C. rubz to a few terminal joints of the club, and the same on all aspects of the antenna. There is rather a different shade of green on the underside, and the white line has quite a different character from that in C. rubi. It is narrow, but continuous; it is, in fact, usually broken by each vein, but looks continuous compared with C. rubr, in which the line breaks up into spots, rather than become narrow as in C. avis. Either really, or as an effect cf its narrowness, it has a suggestion of being faintly tinted green. It is entirely without the dark scales along its inner margin that are so constant in C. subi. The portion in each interneural space is curved. It occupies all the spaces on each wing, from the costa to the space in front of vein two, but is bright towards the costa (space between six and seven), and fades towards the inner part of the wing. The row of spots in C. rubi is much more irregular. The first spot on the hindwing slopes inwards, in C. rubi it slopes outwards, giving the second spot the appearance of being dis- placed inwards in C. zubi, outwards in C. avis. The G appendages have only slight differences. I have not examined sufhciently numerous specimens to be able to assert that these are constant. It specialises in its foodplant, instead of being quasi omnivorous like C. rubi. Habitat, Southern France (Var and Pyrénées-Orientales), Morocco (Tangier). The only specimen I have seen, not in my possession, is one of the Brit. Mus. Collection, ranged with C. rubt var. fervida, and labelled « Tangier, Elwes Coll. » Dans les Transactions of the entomological Society of London, 1900 (Proceedings, Wednesday, June 2%, p. XXIX), on lit sur le même objet ce qui suit : « New Palaearctic Species of Callophrys. 02 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE — D'T. À. Chapman exhibited specimens of Callophrys avis, a new species from the South of France, first taken by him at Hyères three years ago, and in the following year, and now obtained by him this year from the Pyrénées-Orientales. It is very closely allied to C. 7ubr, but distinguishable by its larger size, ruddier colour, red hairy face without silver lines round the eyes, the very different form of the androconial band, the red underside to the club of the antennae, the different tone of the green of the underside and the different character of the white line. It has probably been passed over in the field as merely #1, but could hardly be so in the collection, though the only specimen seen by the exhibitor, and not in his own possession, is one in the Natural History Museum at South Kensington, series of C. rubi, labelled « Tangier, Elwes coll. » The species is doubtless scarce and local. D' Chapman said he hoped to submit later a paper on the species giving some details of habits and life history; he thought it better not at present to forestall any interest that communication might possess. He ventured to say, however, in case the present exhibit left any doubt as to whether C. avis might not be merely a variety of C. rubi, that there were great differences in the larvae, of which also he exhibited examples in the last instar. The most remarkable was perhaps in the first stage. In two species, so closely allied, one rather expected there would be no appreciable diffe- rence between them in the first stage. There were, however, not only differences of colour and markings, but notable differences in the development of the hairs. » Il sera agréable aux Entomologistes français de lire la tra- duction des observations qui précèdent. Je dois cette traduction à l’obligeance de M. Harold Powell, aussi habile à s'exprimer en français qu’il l’est en anglais, sa langue maternelle. « Ressemble beaucoup à Callophrys rubi. C. avis est plus grande : 32 "/" à 36 "/" d'envergure. C. 7ub1 n'excède que rarement LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 03 32 "/", Elle n’a presque pas trace de queues. La surface supérieure a une teinte rougeâtre généralement en excès de ce qu'on remarque chez C. rubi, var. fervida, et les veines, surtout les veines n°* 3, 4 et 5; de l'aile supérieure chez les mâles, sont souvent marquées par des lignes assez larges et foncées paraissant en relief, différant des lignes plus étroites et plus aplaties que l’on voit chez C. 74b:. Un caractère marqué est la présence sur la tête d’une fourrure longue et rougeâtre, remplaçant toute trace des lignes argentées autour des yeux. La marque androconiale de l’aile supérieure chez le O' est trian- gulaire, peut-être une idée plus large que chez C. rub1; mais elle n’a que la moitié de la longueur, environ, le long de la ligne des veines, de celle de C. rubi, chez laquelle elle est ovale ou fusiforme. La massue de l'antenne est rouge ou couleur chair, tout le long du côté intérieur en dessous, couleur restreinte dans le cas de C. rubi à quelques anneaux terminaux de la massue, et entourant l'antenne. Il y a en dessous une teinte de vert un peu différente, et la ligne blanche a un caractère tout autre que chez C. rubr. Elle est étroite, mais continue; elle est, en fait, généralement brisée par chaque veine, mais elle a l’aspect d’être continue en comparaison avec celle de C. rubi qui se divise en taches plutôt que de s’amincir comme chez C. avis. Soit en réalité, soit par l'effet de son étroitesse, elle donne l'impression d’être faiblement teintée de vert. Elle est entièrement dépourvue des écailles foncées, le long de sa marge intérieure, si constantes chez C. rubr. La portion contenue dans chaque espace internervural est courbe. Elle occupe tous ces espaces sur chaque aile, depuis la côte jusqu'à l’espace précédant la veine 2, mais elle est brillante vers la côte (espace entre les veines 6 et 7), et diminue d'éclat vers la partie intérieure de l'aile. La rangée de taches est bien plus irrégulière chez C. rubi. La première tache de l’aile inférieure est inclinée vers l’intérieur; chez C. rubi elle est inclinée vers l’extérieur, ce qui donne à la seconde tache l'apparence d’être déplacée vers l’intérieur chez C. rubi et vers l'extérieur chez C. avis. Les appendices Œ ne présentent que de faibles différences. Je 04 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE n'ai pas examiné assez d'exemplaires pour pouvoir déclarer qu’elles sont constantes. Au lieu d’être quasi-omnivore comme C. 7ubr, cette espèce se spécialise quant à sa plante nourricière. Habite la France méridio- nale (Var et Pyrénées-Orientales), le Maroc (Tanger). Le seul exemplaire vu par moi, qui n’est pas en ma possession, est dans la collection du British Museum rangé avec C. rubi var. fervida et portant étiquette « Tanger, Elwes coll. » Dans les 77ansactions of the Entomological Society of London, 1000, Proceedings, Wednesday, June 2", p. XXIX), on lit sur le même objet ce qui suit : « Une Espèce Paléarctique nouvelle de Callophrys. — Le D' T. A. Chapman exhiba des specimens de Callophrys avis, espèce nouvelle de la France méridionale, capturée par lui pour la première fois à Hyères, il y a trois ans, et l’année suivante, et prise par lui cette année dans les Pyrénées-Orientales. Cette espèce est très voisine de C. 7#bi, mais elle en est séparable par sa plus grande taille, sa couleur plus rougeâtre, sa face poilue rouge sans lignes argentées autour des yeux, la forme très diffé- rente de la bande androconiale, le dessous rouge de la massue de l'antenne, le ton différent du vert du dessous et le caractère différent de la ligne blanche. Confondue avec 741, la C. avis est restée probablement méconnue à la chasse, mais elle ne pourrait guère l'être en collection, quoique le seul spécimen vu par l'expo- sant et ne lui appartenant pas, est un exemplaire dans le Natural History Museum à South Kensington, série de C. rubi, étiqueté « Tangier, Elwes coll. » L'espèce est sans doute rare et localisée. Le D' Chapman dit qu'il espérait soumettre plus tard une étude sur l’espèce, donnant des détails de ses mœurs et premiers états. Il estima qu'il valait mieux pour le moment ne pas anticiper sur l'intérêt que cette communication pourrait offrir. Il osa dire, cependant, pour le cas où les spécimens exhibés laisseraient sup- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 95 poser que le C. avis ne soit qu'une simple variété de C. 7462, qu'il existait de grandes différences entre leurs chenilles, et il en montra des spécimens dans leur dernière livrée. Il dit que la diffé- rence la plus remarquable était peut-être dans la première phase larvaire. Chez deux espèces si rapprochées, on s’attendrait à ne trouver aucune différence appréciable dans la première livrée. I] existait, cependant, non seulement des différences de couleur et de dessin, mais aussi des différences notables dans le dévelop- pement des poils. » J'ai reçu de M. Chapman, à la courtoisie et à la générosité de qui je ne saurais rendre un hommage assez reconnaissant, des exemplaires authentiques de C. avis. Je me suis alors facilement rendu compte que je possédais déjà C. avis, de Khenchela et de Tunisie, et j'ai appris que l'espèce avait été trouvée en outre à Bussaco, en Portugal. Je fais figurer sur la PI L du présent ouvrage une série de Callophrys rubi et avis, et j'espère, au moyen de cette illustration, faciliter la connaissance de la nouvelle Espèce. Sous les n° 417 et 418, sont représentés deux 7#b1-suaveola, d'Akbès: sous les n° 410 et 420, deux avis, d'Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), et un de Tunisie; sous le n° 421, un 7#b1t- fervida, d'Algérie, et sous le n° 422, un 7ub4, de Moscou, où Ja race géographique est, en dessus, d’un brun noirâtre différent du brun toujours un peu plus rougeâtre des 7wbi de l'Europe occi- dentale. Thestor mauritanicus, Lucas. Décrit dans l'Explorafion scientifique de l'Algérie, pendant les années 1840, 1841, 1842, par H. Lucas, du Muséum d'Histoire natu- relle, membre de la Commission scientifique de l'Algérie, etc. Cet auteur, à la page 360 du Tome III, termine la notice con- cernant le Polyommatus mauritanicus, par la phrase suivante « Je n'ai rencontré qu’un seul individu Q de ce curieux Polyommate 96 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE que j'ai pris dans les premiers jours de mai, aux environs de Bougie, sur les bords de la route qui conduit au Gouraïa; quant au mâle qui habite les environs d'Alger, il m’a été communiqué par M. Pierret. » Lucas ne semble pas s'être demandé comment la reproduction de l'espèce pourrait se perpétuer, si le O s’obstinait à habiter les environs d'Alger, tandis que la Q serait en villégiature à Bougie. Quoi qu’il en soit, le T'Aestor mauritanicus s'est arrangé pour perpétuer son espèce et on le trouve encore de nos jours à Alger, et à Maison-Carrée, où il vole en février et mars; à Birmandreïs, où il a été trouvé dès la fin de février 1007; à Kouba; à Tlemcen; à sebdou. Ainsi que je l'ai déjà exposé à la page 49 de la Livraison VI des Ætudes d'Entomologie, le Œ varie de plusieurs façons. La teinte du fond des ailes qui est généralement d'un gris brun uni- forme, est parfois sablée d'atomes jaunes : Ab. sabulosus Obthr.; les ailes supérieures du © peuvent être ornées d'une éclaircie orangée assez large, mais moins grande et de couleur moins vive que chez la © : var. Boisduvali, Obthr.; les ailes inférieures peuvent être immaculées en dessus (forme type); ou bien décorées près du bord anal et le long du bord marginal, de deux ou trois taches orangées plus où moins grosses : #adulatus Gerhard. Ces taches submarginales des ailes inférieures, chez le ©, sont d'un rouge où d'un jaune orangé. En dessous, aux ailes supérieures, les petites taches qui sont d’un noir si vif, varient passablement de nombre et de direction. Guenée a observé que dans auritanicus, les tibias de toutes les pattes chez le G' et des pattes antérieures chez la ©, sont très renflés; les pattes sont ponctuées de jaune paille; la frange est formée par des écailles épaisses et serrées. Lucas a représenté le ©‘ sans aucune tache en dessus, sous le n° 9 de la PL I des Lépidoptères de l'Exploration scientifique de l'Algérie. Le dessous du ' est figuré sous le n° 9a; et la ©, en dessus et en dessous, sous les n° 0 à et oc. Gerhard a donné sous le nom d'uxdulatus (PI 5; fig. 2 a, 2 &) l'image de wauritanicus ©, variété avec 3 points rouge orange le long du bord terminal des LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 07 ailes inférieures, en dessus. À tort, Gerhard a cru que ce Polyom- matus dont il avait reçu, dit-il, trois exemplaires d'Anderrego, était une variété de Ballus originaire du Sud de la France et sa courte notice est tout à fait fautive. Néanmoins le nom d'yrdulatus peut être conservé pour désigner la variété C' tri-ponctuée par compa- raison au O' type qui reste, comme je le constate plus haut, d’une teinte uniforme brunâtre et immaculée. À part les différences de taille, je n’ai point vu dans la ©, de variation valant d'être signalée. Mais par analogie à l'Ab. Crosi © de Pallus, on doit trouver des Q aurttanicus albinisantes, quant à la couleur de leur tache orange du dessus des ailes. Thestor Ballus, Fabr. Charmante Zycænide dont le dessous des ailes est très agréa- blement décoré de vert, de brun et de rouge-orange et marqué de points noir vif finement soulignés de blanc. Se trouve à la fin de l'hiver et au premier printemps à Hyères (Var); à Malaga; à Bar- celone et à Villaviciosa-de-Odon en Espagne; en Tunisie et dans beaucoup de localités d'Algérie : à Alger (fin janvier, 20 février 1907, 22 mars 1008); Maison-Carrée (3 avril 1908); Kouba (1® avril 1908); Tlemcen; Collo; Lambèze (avril 1868 et 1884, juin 1885); Mecheria (fin mars 1886); je possède aussi Ballus de Grèce. La chenille vit sur le lofus hispidus; on la trouve au mois de mai, à Hyères, selon Guenée. J'ai fait figurer une Jolie Aberration sudfus-partim-confluens de Ballus, sous le n° 82 de la PI 5 de la XX° Livraison des Æfudes d'Entomologie. Les ailes supérieures en dessous, dans cet exem- plaire aberrant, ont le fond très pâle et les points noirs médians sont partiellement confluents. Huebner a figuré la Q sous les n% 360 et 361, et le O', mais avec une coupe d'ailes très défectueuse, sous les n° 550. Ce Ballus Œ a les ailes inférieures, en dessus, marquées de deux petites taches rouge orange. Boisduval, dans l'Icones, a représenté la Q en dessus, sous le n216 dela Pl urotet le G' en dessous, sous le n° 7 de la même Planche. Boisduval dit 7 98 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE (Zcones; p. 48) que M. de Cerisy a pris Ballus, en 1824, aux envi- rons de Perpignan. Cet auteur ajoute : « il paraît que Dahl la aussi trouvé en Sicile. » Duponchel a donné d'assez bonnes figures ducret de la Q Ballus, en dessus et en dessous, sous les n° 1, 21eti3 dela Pl VII du Supplément. Quant à Gerhard, il a figuré des Ballus de grande taille, sous les n° 1 4, 1 & et 1 c de la PL. 5, avec l'Espagne comme indication de patrie. M. L. Dupont a décrit, dans le Bulletin Soc. Ent. France; 1008; p. 319, une variété de coloration de 7’Xestor Ballus ©, chez laquelle la couleur rouge du dessus est remplacée par une teinte or très pâle. Cette Aberration albinisante a été trouvée à Mascara par le D' Cros et M. Dupont l'a appelé Cros. Le Thestor Ballus Gest, en dessus, tantôt uni- colore, tantôt orné près du bord marginal, de petites taches rouge orange comme la var. wrdulatus de mauritanicus. La description de Fabricius ne fait pas mention de ces petites taches rouges mar- ginales. Je lis en effet « alis integris, fulvis (feminæ fuscis) margine fusco; subtus anticis nigro punctatis, posticis viridibus, margine fusco : habitat in Hispania. » Dès lors, le type O' est la forme unicolore de l'espèce et je donne le nom zadulatus à Ballus Œ qui a les points marginaux rouge orange aux ailes inférieures, comme Gerhard l’a attribué au auritanicus semblablement maculé. Dans le Bulletin de la Soc. ent. de France, 1000, p. 228 et 220, M. E. Holl décrit, avec le nom d’Oberthüri, une Ab. © albinisante de Ballus, et avec le nom de Weberi, une Ab. (@) mélanisante de la même espèce. Chez Oberthüri, une teinte crème remplace la couleur or rouge des ailes, et chez Weberi, l'aspect des ailes infé- rieures, entièrement envahies par le brun foncé, est très sombre. Les deux Ab. Oberthiüri et Weberi viennent des environs d'Alger. Oberthiri serait une exagération de C7os1. Polyommatus Phlæas, Linné. J'ai publié dans la XX° Livraison des Ætudes d'Entomologte, sous lesin® 70,71, 72, 73, 74175, vOlet 77 ide la DIS MES ue tree de toute une série de variations du Polyommatus Phleas, qui ont LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 09 été gravées avec un réel talent par M. Dallongeville. Cet artiste a fait également les modèles de coloriage; mais dans sa conscience scrupuleuse, il craignait tellement de dépasser le ton que presque toujours, bien loin d'exagérer la couleur, 1l restait au-dessous de la réalité. Cette critique à part, le travail de gravure ayant été exécuté avec les modèles en nature sous les yeux et en s'aidant de photographies préalablement obtenues, je puis dire que la repro- duction de la forme des ailes et de l'emplacement des nervures et taches diverses est irréprochable. Tutt, dans le VIII" volume de À Natural History of the british Lepidoptera (pages 326 à 414) traite fort en détail l’histoire de Rumzcia Phlæeas; en se servant des figures que j'ai publiées pour définir certaines variations de l'espèce, Tutt rend un légitime hommage à l'excellence du travail artistique de la XX° Livraison des Etudes d'Entomologie. Tout l'honneur en revient à M. Dallongeville et c'est justice que Je le lui attribue, puisque s'en présente l’occasion. Le lecteur a remarqué ce nom générique de Rwricia inventé par Tutt pour le seul Polyommatus Phleas. Je désapprouve absolument la création du genre Rwmicia, une pareille méthode, si elle se géné- ralisait, devrait forcément entraîner la suppression même du nom de genre, à cause de sa multiplicité abusive, sans raison valable, ainsi que je l’ai déjà exposé dans la notice consacrée à T'hecla W album. Le Polyommatus Phlæas paraît être une espèce douée d'une vigoureuse résistance et d’une ténacité vitale hors ligne; car elle s’est répandue sur presque toute la surface de l'Europe, en Asie, Jus- qu'au Japon, en Afrique, sur la côte méditerranéenne et jusqu'en Abyssinie, ainsi que dans l'Amérique du Nord. Elle paraît abon- dante en Angleterre; elle est commune dans toute la France et en Algérie. Elle fournit les plus intéressantes variations. J'en ai déjà rendu compte aux pages 12-14 de la XX° Livraison des Etudes d'Entomologie. Je signale ici tout d’abord la forme Huebneri, Obthr. dont le fond des ailes est blanc au lieu d’être noirâtre, alors que les parties rouge feu restent normales. J'ai traité dans le Bulletin Soc. Ent. 100 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE France; 1005; p. 55, 56, de la question des variations albicantes de PAlæas et J'ai établi que les variations admises sous le même vocable de Schmidtiü, dans le Catalog Staudinger et Rebel, 1901, s'apphquaient à des variétés non seulement bien distinctes, mais par le fait opposées. Ainsi Fuebneri (Huebner, 736, 737) est l’in- verse de Schmidt, Gerhard, qui conserve la couleur noirâtre du fond des ailes et transforme la teinte rouge feu en blanc argenté. Ma collection contient actuellement 1 G' Æuebneri, de Berlin, ayant fait partie, Je pense, de l’ancienne collection Wiskott, et 5 C'et 1 Q Schmidtu, provenant d'Angleterre (', ex coll. Sheppard; &, de Chislehurst (juillet 1892), ex coll. J. A. Clark; ©, de Tilgate, extcoll Musvell) de DisnestderBerlincettde Saxe Sn aussi la transition entre Schmidtü, où l'or feu est remplacé par le blanc argenté, et la forme type rouge feu; cette variété formant passage a été appelée cuprinus par H. de Peyerimhoff, dans le Catalogue des Lépid. d'Alsace (1° Public. Colmar, 1862, p. 13). La teinte normale rouge feu y est remplacée par une teinte or jaune. Ma collection renferme 1 © cuprinus pris à Hyères, en avril 1908 ; 2 G'et 2 Q d'Angleterre (ex coll Howard-Vaughan, ex coll. J. À. Clark (Hackney; mars 1877); ex coll Maddison); un © pris par mon frère, à Charroux (Vienne), en septembre 1006. Ce dernier PAlæas, tout en étant cuprinus, est aussi un peu /#rc1cus, c'est-à-dire assombri par un semis plus épais d’atomes noirs. Dans plus de cent PAleas anglais que j'ai sous les yeux et ayant fait partie des anciennes collections John Sang de Darlington, Tugw2ll, Howard-Vaughan, Sheppard, Briggs, Maddison, Clark, Je re- marque un certain nombre d'exemplaires avec une seule aile claire; ce sont des cas pathologiques dont il n’y a pas lieu de faire état. Tutt désigne sous le nom d’obliterata, Scudd. l'Aberration que j'ai représentée sous le n° 72, venant de Cancale, et il donne le nom de #ipunctata, Tutt, à l'Aberration n° 73, presque semblable au n° 72, mais plus accentuée encore dans le sens « suprà-minus- punctata », prise à Vernet-les-Bains. Les 2 © figurées sous les LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 101 n*“ 72 et 73 de la XX° Livraison des Æ#udes d'Entomologie, sont remarquables parce que l'éclat de la couleur or feu est également éteint chez ces deux spécimens, qui prennent ainsi un aspect mat et terne très différent des PAlæas normaux; elles ont en outre le même dessous des ailes et dérivent du même principe de variation; les 2 n° 72 et 73 auraient dû porter le même nom. Autrement il faudrait un nom spécial à chaque papillon aberrant, puisque deux sujets quelconques et surtout les anormaux, sont si rarement abso- lument pareils entre eux. La véritable A. bipunctata, chez laquelle la teinte or rouge feu est restée naturelle et par conséquent bien différente du spécimen figuré sous le n° 73, dans la XX° Livraison des Etudes d'Entomologte, se trouve, à mon avis, être le papillon représenté sous la fig. 2 4 de la PL 9 de l'ouvrage de Charles Barrett. TLe Lepidoptera of the british Islands. Je possède 2 exemplaires de cette A0. bipunctata, figurée par Barrett; tous les deux anglais; l’un © de la coll. Shep- pard; l’autre également Q de la coll. Briggs, portant l'étiquette (difficile à lire) : « Meek Standish habt 1896 » et le n° 1082. Qu'on me permette de faire observer à cette occasion combien il est regrettable que les papillons des collections anglaises, si géné- ralement dispersées, après la mort de leurs propriétaires, à la salle Stevens, à Londres, au hasard des enchères publiques, manquent le plus souvent des étiquettes détaillées indiquant la localité et la date de capture. La plupart du temps, les papillons anglais, d'ailleurs épinglés si bas et que l’on doit toujours faire préparer de nouveau, lorsqu'ils parviennent sur le Continent, sont dépourvus de toute étiquette intéressante. Les Ab. wnipunctata Tutt et wnpunctata, Tutt, dont je n'ai pas vu les dessins, me paraissent rentrer dans le même cadre que : obliterata et bipunctata. Tutt appelle remota, le Phlæas dont le O' se trouve figuré sous le n° 75 de la PI $ de la XX° Liv. des Etudes d'Ent. Cette Ab. remota, Tutt, avait été désignée par moi comme suit : «€ punctis nigris remotis ». Le spécimen figuré vient d'Angleterre (ex. coll. Howard-Vaughan). io2 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Tutt signale encore les Aberrations suivantes : 1° L'Ab. parvipuncta, Strand ; elle est définie comme suit (p. 361) « With very small and videly separated spots in the tra- verse row, sometimes only indicated by indistinct points ». Je possède 2 G' de la coll. anglaise Briggs. 2° L'Ab. magnipuncta, Tutt. « The black spots in the submar- ginal transverse row crossing the forewings much larger than usual, but not actually united ». Je pense que je possède 4 exemplaires de cette Aberration, venant de Châteaudun, Silésie, Bernstadt et d'Angleterre (Abbot's Wood, 1892), ex coll. J. A. Clark. 3° L'Ab. juncta, Tutt. « The spots, forming the transverse sub- marginal row that crosses the forewing, large, but quadrate, united to each other directly, or by short dark streaks, along the nervures, so as to form an united zigzag band accross the fore- Wings. » 4° Kochki, Strand. C'est l’Aberration que j'ai figurée sous le n° 74, avec la mention « szpra-radiata ». Mon exemplaire a été pris à Vernet-les-Bains, en juillet 1804. Je possède un autre exem- plaire d'Angleterre (ex coll. Briggs). Il est remarquable qu'en Amérique, les ?Aleas (Hypophlæas, Bdv.) aient une tendance très fréquente à l'Ab. Kochi (supra-radiata); ma collection renferme 6 exemplaires Xochi provenant de Milton (Mass.), de Dorchester (Mass.) et de Brooklyn (N. Y.). s° extensa-conjuncta, Tutt. With the black spots of the trans- verse submarginal row on the forewings, enlarged as in Ab. ex- tensa, but, in addition, the 2" and 3" united to the discoidal spot. 6° centriconjuncta, Tutt. The spots of the submarginal transverse series of the forewings enlarged and moved up closely to the dis- coïdal spot, and united directly therewith and with each other, forming a large and central seriated blotch accross the middle of the wing. 7° fasciata, Strecker, variété de Floride (Etats-Unis). 8 Zatomarginata, Tutt. The black outer marginal border of the forewings considerably extended towards the centre of the wings. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 103 0° egroaprcata, Tutt. Having a broad black band extending all along the outer margin of forewings, and much intensified at the apex, where it runs inwards, enclosing the three black spots there situated. 10° selanophlæas, Guenée et de Villiers. C'est la variété très noircie que Jai fait figurer sous le n° 76 de la PL 5 de la XX° Livraison des Etudes d'Entomologie, d'après un G, de Paris. Elle semble l'exagération d'Æleus. 11° cæruleo-punctata, Stgr., variété assez fréquente chez laquelle les ailes inférieures sont marquées en dessus de points bleu brillant. Barrett figure cette variété sous le n° 2 de la PL 0. On peut la rencontrer dans toutes les localités, au Nord comme au Sud. 12° oôsoleta Tutt et radiata Tutt (transitus ad obsoleta), variété figurée sous le n° 77 de la PI. 5 de la XX®° Livraison des Etudes d'Entomologie, dépourvue de la bande marginale or rouge feu des ailes inférieures, en dessus. Tantôt la bande or feu manque abso- lument (oésoleta); tantôt les nervures sont marquées d’un trait fin doré (radiata). Cette variété paraît être spéciale à l'Angleterre d'où J'en possède actuellement 8 exemplaires des deux sexes. Il convient encore d'observer que les PAlæas subissent surtout en été et principalement dans le Midi, un mélanisme à la suite duquel les parties rouge feu des ailes sont quelquefois très enfu- mées par un semis d'atomes noirs. Je pense qu'on peut appeler cette variété mélanienne : Æleus, d'après la description que Fabricius a insérée aux pages 430 et 431 du Supplementum Entomologie systematice (Hafniæ, 1708). Voici comment cette description est conçue : « Æleus. 180 — 1 H. R. alis emarginatis fuscis : anticis utrinque disco fulvo nigropunc- tato, posticis fasciola fulva, subtus cinereis nigro punctatis. Habitat in Germania. Affinis certe H.' elle at omnino distincta. Antennæ fuscæ, albo annulatæ, clava oblonga nigra, apice ferruginea. Alæ anticæ fuscæ disco fulvo, nitido punctis majoribus nigris, subtus cinereæ disco fulvo punctis subocellaribus atris. Posticæ valde emarginatæ et fere bicaudatæ fuscæ, nitidæ fascia abbreviata, 104 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dentata, fulva, subtus cinereæ punctis minutis nigris strigaque pos- tica obsoleta fulva. » Eleus, selon Fabricius, habiterait en Allemagne. Quoique la forme mélanienne de PAlæas que nous rapportons à cet Æleus se rencontre surtout en Algérie et dans l'extrême sud de la France, elle se trouve aussi, mais plus rarement, dans les contrées plus boréales du Continent européen. C’est ainsi que j'ai pris à Cancale, au bord de la Manche, la forme Æleus aussi caractérisée qu’à Vernet- les-Bains, à Sebdou, en Corse ou à Digne. Je la possède d’An- gleterre encore bien plus nettement accentuée; c’est une GNde la coll. J. A. Clark, prise à New-Forest, presque entièrement noire en dessus; elle n’a conservé qu'une lueur d'un rouge doré près de la base des supérieures; en outre, j'ai trouvé dans les collections dont J'ai fait mention ci-dessus, quelques individus @' faisant une transition à Æleus et s'en rapprochant assez sensiblement. Stygianus, Butler (P. Z. S. of London, 1880; PL XXXIX, fig. 5), est assez différent d'Æleus; c'est la forme obscure du nord- ouest de l'Himalaya. Je dois observer encore que partout la génération printanière de Phlæas paraît distincte de la génération d'été. PAlæas-vernalis n’a pas de caudature aux ailes inférieures et PAlæeas-æstivus est bi- caudé; de plus PAlæas-vernalis a les ailes d’une couleur rouge feu bien plus vive et plus claire que PAleas-æstivus; celui-ci tend au mélanisme et devient le plus souvent Æleus. Il y a éncore la race #rcicus, Gerhard’ (Pl 5: Ge na 00,16) qui se trouve fréquemment en Grèce et à Akbès. Je considère /#r- cicus, comme bien intimement lié à Æleus. Mais je dois dire que les figures de Gerhard, grossièrement exécutées comme toutes celles données par cet auteur, ne cadrent pas absolument avec ce que Je désigne sous le nom de /wrcicus. Tutt signale enfin les variations du dessous des ailes auxquelles il donne les noms de : zfraextensa, discojuncta et infraradiata. La chenille dévore les diverses espèces de 7#/71ex, ce pourquoi Tutt a créé le genre Rwmicia. Dans l’ouest de la France, on voit voler le papillon depuis les premiers beaux jours d'avril jusqu’à la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 105 fin d'octobre; 1l paraît un peu plus tôt et finit un peu plus tard selon les localités. Il se pose volontiers sur le sol et sur les fleurs des plantes qui ne sont pas très élevées au-dessus de terre. Je juge inutile d'indiquer la patrie des PAlæas rangés dans ma collection au nombre de plus de mille exemplaires. J'ai déjà dit sur quelle énorme surface de la terre ce joli Polyommatus se trou- vait répandu. C’est une espèce dont l'extinction ne paraît pas devoir être prochaine. Polyommatus Xanthe, Fab. N'existe ni en Angleterre, ni en Algérie; généralement très commun au printemps et en été, dans les plaines de l'Europe continentale; habite aussi les hautes montagnes où 1l éclôt une seule fois par an, en juillet et août. Ma collection contient des exemplaires provenant de Rennes et Cancale; Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales); Digne; Uriage (Isère); Charroux (Vienne); Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne); forêt du Dom et Hyères (Var); Entrevaux (Basses-Alpes); Angou- lème; Nice; Dordogne; Lozère; Maine-et-Loire; Locarno (Suisse); Italie méridionale; environs de Madrid; Escorial (Espagne); Silésie; Halle-sur-Saale (Allemagne); Cauterets, Gèdre (Hautes- Pyrénées); Larche; Lanslebourg (Savoie); Chamonix; Levens et Madone-de-la-Fenestre (Alpes-Maritimes); prairie du Mont-Pelat et lac d’Allos. Il y a en Europe trois races principales de Xanthe. 1° La race espagnole que j'ai appelée Bleusei. Le , au prin- temps, n’a pas les ailes inférieures caudées; 1l présente, sur le dessus de ses ailes supérieures, une large tache d'un jaune orangé vif, comme on le remarque sur les Q de nos plaines. Les 2 sexes, en été, ont les ailes caudées comme ?PAleas estival; le O' et la Q ont le fond des ailes supérieures en dessus, jaune et non brun. J'ai fait figurer sous les n°° 66, 67 et 68 de la PI. 5 dela XX° Liv. 106 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE des Æ£/udes d'Éntomologie, le G' et la Q Bleusei-æstivalis, d'après des exemplaires pris à l'Escorial à la fin de juillet 1870 et le & de Pleuser-vernalis, d'après un exemplaire pris par moi, en avril 1807, aux environs de Madrid, près de la route qui conduit au village d'El Pardo, alors que je chassais en compagnie de mes amis Gaston Allard, D. Laureano Perez Arcas et Serafin de Uhagon. 2° La race des hautes altitudes, chez laquelle le fond des ailes supérieures est noir en dessus, pour le C', comme pour la Q:1Cette race alpine a été appelée Montana, Meyer-Dürr et la Q a été figurée, sans nom, par Bellier de la Chavignerie, dans les Awnales Soc. ent. France (1859; PI 5; fig. 3), d'après un exemplaire pris à Larche (Basses-Alpes) et que J'ai sous les yeux. Voici ce que Bellier dit au sujet de ce Lépidoptère (/oc. cr. p. 188, 180) : « Taille de ?. Eurydice. Les quatre ailes d'un brun violacé et brillant sans aucune apparence de taches fauves. Les points noirs disposés comme chez le type, mais plus petits, plus arrondis et paraissant à la loupe très finement cerclés de jaune. Côte des ailes supérieures Jaune; frange des quatre ailes d’un blanc très pur nul- lement entrecoupée. Dessous d’un jaune grisâtre. Les points y sont également plus petits et il n'y a presque pas de lunules fauves. Je n’ai point vu à Larche le Xanthe ordinaire. Il semble y être remplacé par ce type qui est rare. Il paraît en même temps qu'£wry- dice et habite les mêmes localités. Je n'ai pris que des Q et Je ne puis malheureusement parler du Œ. La connaissance des deux sexes motiverait peut-être pour ce Polyommate, la création d'une espèce nouvelle; mais dans le doute, je préfère le rapporter comme variété de race à notre Xax/e, en appelant toutefois sur lui l’atten- tion des Lépidoptéristes. » Le oO que Bellier ignorait en 1850, a le fond des ailes unifor- mément brun noir en dessus, avec des points d’un noir plus vif qui ressortent sur le fond très obscur des ailes et une frange d’un blanc très pur. Le Xanthe montana se trouve en Savoie, dans les Hautes et Basses-Alpes et les Alpes-Maritimes à partir de 1,600 à 1,800 mètres d'altitude. Il n’a pas de caudature aux ailes inférieures. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 107 3° La race des plaines chez laquelle les deux sexes sont différents, tandis qu’en Castille et dans les Alpes, ils sont semblables entre eux. Mais on constate dans la race des plaines de l'Europe cen- trale comparée à celle de Castille et des hautes montagnes alpines, la particularité suivante : Le GO‘ des plaines ressemble à la © alpine et la Q des plaines ressemble au O' castillan. Voici pour le Xanthe de l'Europe centrale, la description de Fabricius, dans Mantissa Insectorum, Hafniæ, 1787. Glossata, Clas. VI, p. 81 : « 731 P. P. K. X'anthe alis subintegris fuscis nigro punctatis : fascia marginali fulva, subtus lutescentibus : punctis numerosis. Papilio Xanthe Wien. Verz. 181. 6. — Papilio Phocas, Esp. pap. tab. — fig. — Habitat in 7wwmice acetosa Dom. Schiffermyller. Minor. Alæ omnes fuscæ nigropunctatæ margi- neque tenuissime albo et ante marginem fasciola fulva nigro punc- tata. Subtus virescentes punctis numerosis ocellaribus nigris : an- ticis disco fulvo, posticis fasciola fulva, apice subemarginatis. Fœmina alis anticis supra disco fulvo nigro punctato. » La race Xanthe des plaines d'Europe n’a pas les ailes plus caudées en été qu’au printemps; il n’y a donc que la race Bleuser- æstivalis de l'Escorial qui offre ce caractère. La Q Xanthe a deux formes dans les plaines : 1° le fond des ailes supérieures en dessus est entièrement d’un jaune orangé vif; 2° Je fond des ailes est obscurci par un semis plus ou moins serré d’atomes noirs. Chez nous, en Bretagne comme dans les Pyrénées-Orientales, comme à Digne, on trouve les deux formes Q, mais la forme à fond des ailes jaune orange est beaucoup plus abondante que la forme obscurcie. Esper a représenté sous la fig. 2 de la Tab. XXXV, avec le nom de PAocas, la Q dont le fond des ailes supérieures, en dessus, est orangé et sous la fig. 1, le ©, dont les ailes en dessus, sont bordées d’un liséré orange; mais Esper intervertit les sexes et dans son texte, comme sur la figure 35, il appelle O' ce qui est la Q et vice-versa. Huebner sous les n° 334, 335 et 336, figure avec le nom de Circe, le G un peu plus obscur que le G (supposé Q) 108 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE représenté par Esper et la © dont le fond des ailes est très obscurct. La race obscure Q de Xanthe doit donc être distinguée de la race © jaune, par le nom de Cerce, secundum Huebner. Freyer donne, avec le même nom Czrce, sous les n°“ 3 et 4 de la Tab. 157, la figure des mêmes formes que Huebner a représentées, c'est-à- dire la Q obscurcie par le semis des atomes noirs. Lang figure très grossièrement, sous le nom de Dorilis, Hufnagel (PL XXI, fig. 3, 3, 3) le O' en dessus et en dessous et la Q jaune non obscurcie de noir, en dessus. Gerhard (PI. 10; fig. 1 4, 1 à, 1 c) représente le C et la © jaune, non obscurcie, avec le nom de Xan/e et (PI ro; fig. 2) il figure le dessous des ailes, d’une variété Canidia, Stentz, venant de Dalmatie, se distinguant par la teinte verdâtre du dessous des ailes. « Diese Var. unterscheidet sich durch die gruen- liche Unterseite, sonst ist sie ganz gezeichnet wie Xanthe. » Xanthe offre les aberrations suivantes qu'on pourrait appeler régulières, puisqu'elles émanent d'une loi qui atteint les diverses espèces du genre Polyommatus. 1° 7adiala. J'ai pris dans une prairie, en mai, tout près de l'étang des an- ciennes forges dites : de la Vallée, non loin de la forêt de Rennes, un Œ' rayonné en dessous et J'ai acquis une © de Silésie, également rayonnée. Je fais figurer ces deux A0. radiata sous les n% 332 et 333 de la PI XLIII du présent ouvrage. Je possède une Q de Breslau, subradiata, ayant, en dessous, tous les points noirs plus gros et plus allongés et formant de chaque côté des ailes et sur chaque aile, une série arquée de points noirs très prononcés. Aux ailes inférieures notamment, les 2 rangs de points noirs submarginaux confluent dans le sens de la longueur : celui qui surmonte les taches rouges intranervurales marginales se joignant à la rangée extracellulaire. 2° purpureo punctata, Wheeler. Comme ?Alæas, Xanthe peut offrir sur le dessus de ses ailes inférieures, une rangée submarginale de points bleuâtres. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 109 3° cuneifera. Les taches noires des ailes supérieures en dessus, peuvent se développer en longues larmes dont la pointe est dirigée vers la base des ailes. J'ai pris à Rennes, en été, une Q cuneifera et à Cancale un G' présentant la même variation (©, PI XLIIT, fig. 335). En outre de ces Aberrations, les ailes du dessus chez le peuvent être plus ou moins lisérées d’orangé; la teinte du dessous des ailes peut être plus ou moins vive et les taches noires plus ou moins développées. Il me reste à faire connaître les variations en sens opposé aux- quelles le CG Xanthe peut être soumis, aux environs de Rennes. Je n'ai pas remarqué dans les autres localités où J'ai recueilh Xaufke, la même variabilité. Il peut donc arriver à Rennes que le G' ait le disque des ailes supérieures assez fortement lavé de Jaune, se rapprochant ainsi de Bleusei et inversement que le G' ait le fond des ailes d’un brun noirâtre très profond, avec la frange très blanche, se rapprochant alors de #ontana. Toute bordure orangée, dans ce cas, a disparu sur le dessus des ailes. J'ai appelé la variété d' à fond des ailes jaunâtre : Monterfilensis, du nom du pitto- resque pays où je l’ai plusieurs fois capturée (PI. XLIIT; fig. 334). Quant à l’autre, rien ne la distingue effectivement de #ontana qui conserve pourtant le fond de ses ailes, en dessus, d’une teinte noire plus pure et un peu moins rembrunie. M. de Peyerimhoff, dans l’Appendice à la 1° publication du Catalogue des Lépidoptères d'Alsace, a décrit l'Ab. Xanthoides, chez laquelle les taches noires, sur le disque des ailes, sont beau- coup plus marquées et le fond du dessous est d'un gris mat, au lieu d’être d'un gris jaunâtre. La capture de Xanthoïdes fut faite fin de mai au Kastenwald. De tout ceci, il résulte que la nomenclature du Polyommatus Xanthe peut être établie comme suit 110 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Xanthe, Fab. (Phocas, Esper). Plaines et montagnes de l’Europe centrale. 1° forma geographica alpina : montana, Meyer-Dürr : S' Q supra alis totis nigris, Alpes, au-dessus de 1,600 mètres. 2* forma geographica castillana : Bleuser, Obthr, Castille. vernalis, G' alis super. supra aurantiacis; | æstivalis ©, Q alis super. supra flavescentibus; O, © alis inferior. caudatis. Ab. 1° Q obscurior : Czrce, Huebner (335, 330). 2° © subtus griseoviridescens : Canidia, Stentz;, Gerhard, Dalmatie. 3° d' maculis nigris supra bene notatis;, subtus grisescens : Xanthoides, de Peyerimhoff, Alsace. 4° d, Q subtus radiata, vel subradiata : radiata, Obthr. subradiata, Obthr. 5° d, Q alis infer. supra punctis minutis cærulescentibus : purpureo punctata, WNheeler. 6 d, Q maculis nigris alar. super. guttato-elongatis : cunei- fera, Obthr. 7° Œ' alis super. supra flavescentibus : Monterflensis, Obthr. Env. de Rennes. Les exemplaires d'Asie-Mineure que je possède, ne me semblent pas mériter un nom spécial : orientalis Stgr. Ils ne diffèrent pas des exemplaires européens. Les Q orientales appartiennent tout simplement à la forme Czrce, Huebner. Le Polyommatus Xanthe est un papillon très vif, qui affectionne les prairies; il aime à voltiger au-dessus des fleurs des prés, sur lesquelles il se repose de temps en temps. Il ne s'éloigne guère des lieux où il est né. Partout où j'ai chassé en France, j'ai trouvé Xanthe; à Cauterets, il n'y éclôt sans doute qu'une fois par an, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE TI en Juillet; la race de Cauterets n'appartient pas à la forme #ou- tana; sur les flancs de la montagne du Péguère où Jje l’ai capturée, elle est semblable à la forme des plaines. Il est surprenant que X'anfhe ne se rencontre pas en Angleterre, alors qu'il habite vis-à-vis, sur les falaises de la côte malouine, et qu'il s'avance dans l'Allemagne, assez loin vers le Nord. Sans doute, Xanthe aura habité jadis l'Angleterre? Mais il y aura été détruit, comme tant d’autres espèces de Lépidoptères l'ont déjà été ou le seront un peu plus tard dans la grande Ile. En France, c'est encore une espèce très abondamment et très généralement répandue. Polyommatus Amphidamas, Esper. L'Amphidamas a été figuré par Esper, sous le n° 4 de la Tab. LVIIL Il a été aussi représenté par Iluebner, avec le nom de elle, sous les n° 331, 332 et 333. Ce n’est point une espèce de l'Europe occidentale; Amphidamas habite la Sibérie, la Laponie, la Prusse, la Saxe; cependant on l'a rencontré dans le Jura bernois et en France, dans le département du Doubs. Je suis redevable à M. François Jeunet, de Besançon, de deux exemplaires français de cette gracieuse petite espèce. La Franche-Comté qui avoisine l'Alsace est, comme cette pro- vince, extrêmement intéressante pour ses productions naturelles, notamment pour sa faune entomologique qui est fort riche; et de même qu'en Alsace, il y a en Franche-Comté, un assez grand nombre d'amis très ardents de l'Histoire naturelle. À Besançon, notamment, résident plusieurs Lépidoptéristes très zélés qui ont attentivement exploré leur pittoresque pays. Ils ont d’ailleurs le mérite d'apporter dans leurs recherches, une persévérance laborieuse et une sagacité qui ne pouvaient manquer de leur valoir le succès. MM. François Jeunet et René Fritsch sont au premier rang de ces chasseurs consciencieux qui ne reculent devant aucune fatigue, ni aucun effort. Ils sont fort obligeants et je leur porte une gratitude très sincère pour les communications utiles dont je leur suis redevable. 112 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Le Polyommatus Helle du département du Doubs, ressemble tout à fait à celui du Jura bernois. Le Œ présente deux formes, l'une qui a le fond des ailes supérieures d’un violet à peu près uniforme, et l’autre qui présente sur le disque des ailes supérieures une éclaircie d’un rouge aurore sur laquelle se détachent très bien les points noirs cellulaires et la rangée courbe extracellulaire des petites taches intranervurales noirâtres qui transparaissent du dessous. Cette forme du GO‘ à disque aurore, se rapproche de la forme © normale. J'ignore si elle a été distinguée par un nom; J'ai été inhabile à le découvrir. Wheeler dit qu'Amphidamas est une espèce de mon- tagne; 4l lui donne pour localités en Suisse, la pente occidentale du Moléson, dans les prairies marécageuses, en juin; Villard-sur- Clarens; la pente des rochers de Nayes, près Caux; la vallée de Tinière et Villars-sur-Gryon;, Stockhornthal; Pas-de-Cheville; Tramelan; Hasliberg; Justisthal; Pilatus; l'Alp d'Emsig; Ober- Gurnigel. M. Frédéric de Rougemont, dans le Catalogue des Lépidoptères du Jura neuchâätelois, dit (p. 19) que M. Guédat trouve elle (Amplidamas) en grande quantité, à l'étang de la Gruyère, au commencement de juillet et qu'on le rencontre aussi dans tous les marais avoisinant Tramelan. Feu le chanoine Favre ne signale Awphidamas qu'au col de Cheville et dans les environs de la Gemmi; mais il déclare n’avoir jamais rencontré l'espèce dans ses chasses. Il en est ainsi pour moi; jamais je n'ai vu le Polyommatus Amphidamas vivant. Polyommatus Gordius, Sulzer. Dans l'ouvrage publié à Winterthur, en 1776, sous le titre : Dr Sulzers abgekuerste Geschichte der Insecten nach dem Linneis- chen System, se trouve figurée sous les n° 7 et 8 de la Tab. XVIII, avec le nom de Gordius, une Q dont la taille est extraordinairement LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 112 développée. Jamais je n'ai vu un exemplaire de Gordius aussi grand (*). La description est ainsi conçue : « Gordius. Etwas gezaehnte rothgelbe Fluegel, mit schwarzem Saume und Flecken, die unten einen grauen Rand haben. Die Hinterfluegel sind unten grau, der hinter Rand gelb. Aus Buendten. » Cette diagnose est bien courte et bien abrégée; sans la figure à l'appui, elle serait lettre morte; mais la représentation de Gordius, donnée par Sulzer, malgré une coupe d'ailes inexacte, ne laisse pas de doute, quant à l'identifica- tion de l'espèce. Huebner a donné des figures passables sous les n® 343 O, 344 et 345 Q. Quant à Esper, il a copié la figure de l'ouvrage de Sulzer, sous les n° 34 et 3% de la Tab. XXX. D'ailleurs il a la probité de dire qu'il a fait un emprunt à l’ou- vrage de M. Sulzer (p. 327) : « Ich habe ihn aus dem Werke des Herrn Sulzers entlehnt. » Le dit Esper ne représente une Q vue par lui en nature, que sous le n°4 de la Tab. LXXVII et le ©, sous la fig. 4 de la Tab. XCIV. Gerhard a figuré Gordius Set ©, sous les n°4, 10, 1c dela PI. 0; Dans la XX° livraison des Etudes d'Entomologie, J'ai moi-même fait paraître sous les n° 78 et 70 de la PL 5, des figures très bien exécutées par M. Dallongeville, représentant en dessous, un C' subtus-fere-radiata et une © subtus-minus-punctata. Aux pages 10 et II, j'ai écrit une notice sur diverses variations de Gordius; puis dans le Bulletin Soc. ent. France, 1906, p. 25 et 26, j'ai ajouté quelques Observations sur les variations du Polyommatus Gordius. (#) Gordius, père de Midas, avait un chariot dont le joug était attaché au timon par un nœud d'écorce de cornouiller si artistement entrelacé qu’on n’en - pouvait découvrir les houts. Un oracle avait déclaré que celui qui pourrait le délier aurait l'empire de l'Asie. Alexandre-le-Grand, roi de Macédoine, se trouvant en Phrygie, dans la ville de Gordine, ancien séjour du roi Midas, eut envie de voir le chariot où était attaché le nœud gordien; et, s'étant persuadé que la promesse de l’oracle le regardait, il fit plusieurs tentatives pour le délier; mais n'ayant pu y réussir et craignant que ses soldats n’en tirassent un mauvais augure, il n'importe, dit-il, comment on le dénoue; et l’ayant coupé avec son épée, il éluda ou accomplit l’oracle (Diciion. de la Fable, par Fr. Noël. Paris, An XIII-1805). 8 114 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE J'ai cité un Gordius Œ, à fond des ailes blanchâtre, portant l’éti- quette : Graubiinden, ce qui est la désignation allemande du canton des Grisons, en Suisse. Je fais représenter ce papillon sous le n° 247 de la PI XXXVIII de cet ouvrage, avec le nom : albescens. Il faisait, je pense, partie de la collection Wiskott. De plus, je constate la fréquence à Digne d’une variété à ten- dance définitive et se renouvelant chaque année, caractérisée par l'absence de points noirs en dessous; j'ai appelé cette variété diniensis; elle est également figurée sous le n° 245 de la PI XXXVIII. Au contraire de ce qui se passe dans les Basses-Alpes, on remarque aux Pyrénées la tendance du Polyommatus Gordius à avoir les taches noires très développées. Je fais figurer avec le nom de Rondoui, sous le n° 246 de la PL XXXVIII, un très bel exemple de rayonnement des taches noires, provenant de Gèdre (Hautes-Pyrénées). Je suis redevable de cet exemplaire magnifique à la générosité de mon ami Rondou. J'ai fait figurer en outre, sous le n° 248, un Gordius ©, de la Sierra-Nevada, que j'appelle Mevadensis et une paire de Gordius, pris en Sicile, dans les Monts Madonie, par Bellier, et que je désigne sous le nom de Bellieri (PL XXXVIII; fig. 249 et 250). Gordius se trouve dans le Valais; M. Fabresse l’a rapporté de son voyage dans l'Italie méridionale. I] a pris 2 Q au Mont Majella, au commencement d'août 1007. J'ai déjà cité dans le Bulletin Soc. ent. France, 1006, les localités françaises d’où j'ai pu obtenir Gordius; ce sont : Limoges; Florac; Pont-du-Gard; Hyères; Vernet-les-Bains; Cauterets; Gèdre; Digne; Larche; Uriage; Marseille et quelques points des Alpes- Maritimes où la race est magnifique. Gordius n'existe ni en Angle- terre, ni en Algérie. Je l’ai pris dès la fin de mai, à Vernet-les- Bains, mais exceptionnellement, à cette date précoce. L’éclosion de Gordius a surtout lieu en juin et juillet. C’est une très jolie espèce, mais que je n'ai jamais vue très abondante en individus. Vers l’est, Gordius modifie ses couleurs en les assombrissant ; il revêt alors la forme Ætere, Fabr. qui habite en Alsace les pâtu- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 115 rages élevés des Vosges et les bois arides de la plaine (Cazal. de Peyerimhoff; p. 14) et dans les Vosges, à Plombières, où feu de Graslin l’a pris le 11 juillet. Esper a figuré Æ2ere, sous le nom de 2520106 (Tab. LXII ©, fig. 2; Tab LXXVIIL ©, ñg. 6). Le même auteur avait déjà figuré le G' avec le nom d'7:ppothoë var. sous le n° 5 de la Tab. XXXV. Quant à Huebner, il a bien figuré les deux sexes en dessus et en dessous, avec le nom de Lampetie, sous les n* 356, 357, 358 et 350. Les Q Aüiere varient pour le dessus de leurs ailes qui sont tantôt d'un brun uniforme en dessus, avec une simple ligne maculaire orangée, le long du bord des inférieures, et tantôt avec une éclaircie fauve orangé plus ou moins étendue sur les supérieures, dans l’espace cellulaire et au delà vers le bord terminal, var. z#/ermedia, Stefanelli. La liture maculaire, submarginale, orangée, des ailes inférieures est quelquefois surmontée d'une rangée d’atomes bleus. Quant aux ©, la variation en dessus, porte surtout sur les ailes inférieures qui offrent le plus souvent, près du bord costal, une éclaircie d’un rouge aurore plus ou moins étendue et prononcée. Enfin les taches noires du dessous varient beaucoup de grosseur. Hiere donne une variété dépourvue de points noirs en dessous, conforme à la Déniensis de Gordius. J'en possède une © d'Alle- magne. Herrich-Schaeffer a figuré, sous le n° 356, un C' de cette variété. Je lui ai donné le nom d'Æerrichi. Gerhard a copié la figure publiée par Herrich-Schaeffer; mais il l’a changée de côté. Son coloriage est mal réussi. Il a représenté Azere C' et Q sous les n° a 4,b4 et c 4 de la PI 8. Staudinger a donné le nom de Welibœus à la race de Grèce et d'Asie-Mineure. Melibœus est très commun à Akbès. IT y a une autre forme géographique très grande que G. S. Akulin m'a envoyée du Fort-Naryne, dans la province Semirechgensee, au Turkestan oriental. Je fais figurer la Q qui est très obscure en dessus, avec une bordure marginale de croissants blanchâtres aux ailes infé- rieures en dessus, sous le nom de Waryna (PI. XLIX; fig. 407), 116 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE NU Te TS SR Polyommatus Chryseis, Bergstraesser. En 1778, le professeur de Philosophie Joh. Andr. Benignus Bergstraesser, Recteur de l'Ecole évangélique-luthérienne-latine de Hanau et membre d'honneur de la Société des Amis de l'étude de la Nature de Berlin, entreprenait, avec l'appui et la souscription de plus de 250 notabilités d'Allemagne, de Hollande, de Dane- mark et même de Russie, la publication d’un livre qu'il intitulait : Nomenclatur und Beschreibung der Insecten in der Grafschaft Hanau-Miünzenberg wie auch der Wetterau und der angraensenden Nachbarschaft dies und jenseits des Mains, mit erleuchteten Kupfern. La faune du comté de Hanau, de la Vetteravie et des pays voisins, en deçà et au delà du Mein, est certainement riche et variée. De plus, à Francfort-sur-le-Mein, il y avait, à la fin du XVIII siècle, la célèbre collection Gerning qui renfermait une abondance de documents telle que, si elle existait de nos jours, elle se trouverait encore au premier rang. Bergstraesser, comme Esper, pouvait compter sur l’utile concours de Christian Gerning et tous les deux ont profité des trésors entomologiques qui se trou- vaient à leur portée et à leur disposition. Malheureusement, toutes les Planches de l'ouvrage de Bergstraesser ne sont pas parfaites et beaucoup d'espèces délicates de papillons, surtout parmi les Lycæna, ne sont pas spécifiquement reconnaissables; mais s'il y a des inégalités considérables dans la valeur des cuivres gravés, il est cependant possible d'identifier avec certitude un assez bon nombre d'espèces, surtout celles qui sont de grande taille et qui présentent des caractères saillants. En tout cas, l’ouvrage, dans son ensemble, n’est pas sans valeur, et on y peut trouver des documents et des renseignements utiles. Bergstraesser figure sur la Tab. 68, deux espèces de ces papillons à couleur rouge feu, que les Allemands appelaient autrefois gold glaensende Falter, ou feuerfarbschimmerende Tagvoegel. Les n® 4, 5, 6, 7, 8 sont consacrés à la représentation de C#ryses, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ia 4 tandis que les n° 1, 2 et 3 figurent /2ppothoë; mais qu'est-ce exac- tement que CArysers et Hippothoë, où plutôt laquelle des deux espèces doit porter le nom linnéen d’A1ppothoë? Dans les trois espèces de Polyommatus rouge feu de l'Europe occidentale, une seule espèce, Virgaureæ, Linné, ne donne pas lieu à confusion. La synonymie des deux autres est très embrouillée et le trouble ne date pas d’hier; car, dès la fin du XVIII siècle, on n'était déjà pas d'accord sur l'espèce à laquelle on devait appliquer le nom d'Aippothoë, donné par Linné, à un feuerfarbschimmerende Tagvogel. Pour essayer de voir clair dans cette partie confuse de la Nomen- clature entomologique, J'ai placé devant mes yeux deux 1ppothoë et deux CAryseis ', en dessus et en dessous, et J'ai remonté aux sources. J'ai ouvert la Fauna Suecica Caroli Linnei, Equitis aurati de Stella Polari; Archiatri Regu Med. et Botan. Profess. U psal. etc. Editio altera, auctior. Stockholmiæ 1761, et à la page 274, art. 1046, d'{nsecta Lepidoptera Papilio (Helicont), j'ai lu ce qui suit : » Papilio Hippothoë, alis integerrimis : supra fulvis imma- culatis, subtus cinerascentibus punctis ocellaribus numerosis. Habitat apud nos rarissime. Descr. Statura P. vgauree. Alx supra omnino fulvæ immaculatæ, subtus luteo-cinerascentes. Pri- mores subtus punctis nigris iride alba : 3 majoribus intra marginem exteriorem; 7 minoribus fere transversim positis, 6 minutissimis ad marginem posticum. Secundariæ subtus cinerascentes punctis ocellaribus circiter 17, præter fasciam ad marginem posticum fulvam, antice nigropunctatam. » Donc les ailes sont très entières; elles sont en dessus fauves (fulvis), immaculées; en dessous elles sont de couleur cendrée, avec de nombreux points ocellés. Ce premier signalement peut s’appli- quer aussi bien à Æippothoë qu'à CAryseis, mais il n’est complè- tement satisfaisant pour aucune des deux espèces en question. En effet. les ailes en dessus ne sont pas /#/lvis, mais rouges (7#b1dis). Elles ne sont pas immaculées, puisqu'il y a dans chaque espèce, aux ailes supérieures, en dessus, un point noir pour clore la cellule; enfin 118 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE elles sont entourées d’une bordure noire dont Linné ne fait pas mention. Dans la description plus détaillée qui suit la diagnose, la phrase « subtus luteo cinerascentes » convient sans doute mieux à CAryseis qu'à Æippothoë; quant à la ponctuation, elle convient également aux deux espèces; mais les mots « præter fasciam ad marginem posticum fulvam, antice nigro punctatam » s'appliquent à Aippo- thoë, plutôt qu'à CAryseis. En effet, on remarque chez Zippothoë, une bande fauve, près du bord inférieur, surmontée d’une ponc- tuation noire, tandis que CAryseis est presque dépourvue de cette bande fauve (fascia fulva). Linné a placé son Æippothoë entre Arcania et Hero. Virgauree qui figure dans les Plebeÿ, est au n° 1070, très loin d’Arppothoë qui est colloqué dans les Æeliconu. Les Plebej: sont séparés des Heliconti par les Nymphales. Ce sont les ÆEquites ou Chevaliers qui commencent la série des Lepidoptera, avec Machaon, seul repré- sentant de la noblesse lépidoptérologique en Suède. S'il existait une figure de l’Jippothoë, de Linné, on ne serait pas si embarrassé. Le Suédois Charles Clerck, membre de la Société royale des Sciences d'Upsal, a publié à Stockholm, en 1759, lZcones Insectorum rariorum cum nominibus eorum trivialibus, locisque e C. Linnei Arch: R:et Equ: Aur: Syst: Nat : alle- gatis (*); mais Fippothoë n'est point compris parmi les pièces rares (*) On ne lira peut-être pas sans intérêt la page suivante, manuscrite en tête de l’exemplaire de ma Bibliothèque, qui porte en outre, en seconde page, cette indication : « Donné par M. le Chambellan Jenning, en 1769 ». « Note mise en tête de l’exemplaire qui a appartenu à M. Mariette. — Ce livre joint au mérite de la plus parfaite exécution celui d’une extrême rareté. M. Charles Clerck, Suédois et membre de l’Académie d’Vpsal, qui en est l’auteur, s'était réservé le soin de peindre lui-même les exemplaires qu’il se proposait de répandre dans le Public; mais à peine en eut-il formé le projet qu’il mourut ; et l’on assure qu’il n’en avait pu achever que dix, sans espérance de pouvoir rencontrer quelqu'un qui eût le même zèle et le même talent : à quoi il faut ajouter que les planches qu'avait gravées ce savant Naturaliste et qui ont servi à guider son pinceau, ne subsistent plus. On me la ‘du moins fait entendre. Un Suédois qui avait acheté des héritiers de M. Clerck le peu d'exemplaires qui leur restaient, étant venu à Paris en 1768, fit présent de celui-ci à LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 19 figurées par Clerck. Pourtant Linné dit qu'il se trouve très rarement dans son pays et la représentation de cet Æ/2ppothoë eût été bien utile. Voyons comment les auteurs de la fin du XVII[ siècle ont apprécié la question. Tout d’abord il convient d'observer que la priorité réelle entre les vieux auteurs est quelquefois difficile à établir exactement. En effet, très souvent la date de la publication reste fort incertaine à quelques années près. Dans la 3° partie de la Recréation provenant d’une publication mensuelle sur les Insectes (Der monatlich-herausgegebenen Insecten Belustigung Dritter Theil) du peintre en miniature Roesel von Rosenhof continuée par Kleeman, gendre de Roesel et peintre en miniature comme son beau-père, on trouve sur la Tab. XXXVII Suppl. Classis IL. Papilionum diurnorum, la figure de la forme alpine de CAryseis ©, dite : Eurydice très finement représentée sous les fig. 6 et 7. Il est bien certain que le papillon figuré par Roesel est un Chryseis-Eurydice; mais cherchant dans ma collection à identifier la figure de Roesel avec quelqu'un des exemplaires d'Ewrydice qui y sont conservés, je dois dire que je ne possède aucun échantillon semblable. Les différences portent sur la tache noire cellulaire des ailes supérieures, en dessus, plus accentuée dans la fig. 7 de la Mad. Geoffrin, qui m’honore de son amitié et qui, croyant que ce livre me plaisait, s’en est bien voulu priver en ma faveur, et m’accorder ce nouveau gage de son estime et de sa bienveillance. Ce livre relié en mar. violet... doubl. de... a été vendu 720 à la vente de M. Camus de Limarre en 1786. » « J'ai acheté le présent exemplaire à Paris, en l’an 3, 4000, les assignats à 15 p. o/o. Signé : Huzard. » (II y a deux mots illisibles; j'ai dû les laisser en blanc; la signature, diffi- cile à déchiffrer, pourrait cependant ne pas être Huzard. Cet Huzard était un membre de l’Institut, possesseur d’une Bibliothèque scientifique dont quelques pièces sont venues entre mes mains; notamment l’ouvrage : Genera Insectorum Linnaei et Fabricii Iconibus illustrata a Joanne Jacobo Roemer. Vitoduri Helve- torum 1789, qui porte très distinctement la griffe : Huzard, de lInstitut. — Ch. Obthr.) 120 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PI XXXVII de Roesel et dans la ponctuation du dessous où se trouve plus fortement indiquée la série des points marginaux des ailes supérieures comme des inférieures, tandis que tous les points plus éloignés du bord terminal sont au contraire moins nombreux et partiellement plus absents chez l’exemplaire de Roesel que chez les miens. Dans le texte (p. 230 et 231), il y a seulement le nom allemand vulgaire que J'ai cité plus haut qui veut dire : brillant d’or (gold glaensend), ou : couleur de feu reluisant (feuerfarbschimme- rend). Mais en note, on lit que, d'après M. von Rottemburg, la figure donnée par Roesel sous les n°* 6 et 7, représente A2ppothoë, Linné. J'ai inutilement recherché la date de cette publication; je n’ai pu découvrir que la suivante : Nuernberg, den 12 september 1755; cette date se trouve imprimée après un avant-propos (Vorrede) signé de August-Johann Roesel von Rosenhof. Mais l'édition a certainement paru un peu plus tard, sans doute avant 1757, date de la X° Edition du Systema Nature, puisque Linné y fait mention de l'ouvrage de Roesel. Quoi qu'il en soit, CAryseis des montagnes, ou Æwrydice se trouve rapporté à Æ/ippothoë, Linné, dans l'ouvrage de Roesel, ce qui est évidemment une erreur; car en Suède, on ne trouve pas la forme alpine Æwrydice représentée par Roesel. J'ai déjà dit que les figures étaient magnifiquement exécutées; j'ajoute que le texte a été supérieurement imprimé par Johann Joseph Fleischmann, de Nuremberg. Si maintenant je cherche ce qui a été fait par Esper dont l’ou- vrage : Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur mit Beschreibungen von Eugenius Johann Christoph Esper, a paru à Erlangen, en 1777, je trouve sur la Tab. XXII, le Ckryseis © représenté sous la fig. 3, avec le nom d'Appothoë et si je me reporte au texte (p. 202 et 293), je lis le nom d'Æippothoë, Linné, attribué à ce papillon, avec copie de la description linnéenne qui est rapportée comme ci-dessus : alis integerrimis supra fulvis imma- culatis, subtus cinerascentibus, punctis ocellaribus numerosis. En outre, Esper reconnaît dans sa notice descriptive, qu’il a par LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE F2] erreur appelé Æurydice, la Q d'Aippothoë figurée sous la fig. 3 de la Tab. XXXI; aux pages 320 et 330, il confirme pour le nom de cette ©, la correction qu'il juge déjà à propos d'indiquer quelques pages auparavant. Seulement le même Esper semble être bien mal fixé sur la valeur spécifique relative de Æippothoë et Chryseis, attendu qu'après avoir figuré comme #/ippothoë, le Chryseis , sur la Tab. XXII et le CAryseis Q, sur la Tab. XXXT, il figure comme var. d'Aippothoë, et non pas comme espèce séparée, l’Z7p- pothoë Dispar S et ©, représenté sous les n°” 1 a et 1 b de la Tab. XXXVIIT. Les figures sont excellentes et ce sont les premières qui repré- sentent le dispar anglais actuellement éteint. Pourtant Esper ne s'est pas rendu compte de la différence spécifique si grande qui existe entre son Aippothoë (Chryseis) et sa variété d'Aippothoë ! Cette confusion enlève de la valeur à la détermination de Chryseis, comme Hippothoë, secundum Linné, par Esper, et démontre avec quelle légèreté s'est faite parfois l'étude, la compa- raison et la dénomination des espèces, même chez les Anciens. Je reviens maintenant à Bergstraesser dont j'ai parlé au début de cette Notice. Que dit-il lui-même? Il affirme que son Æippothoë (lg. 1, 2 et 3 de la Tab. 68) est bien celui de Linné. Il discute la question de façon à démontrer que sa conviction est absolue et 1l figure avec le nom encore nouveau à cette époque, de CAryseis, sous les n° 4, 5 (S), 6, 7 (Q) et 8 (Ab. confluens), le Polyommatus a) qui Je crois devoir définitivement maintenir ce même nom. Moritz Balthazar Borkausen, dans Waturgeschichte der euro- peischen Schmetterlinge (erster Theil-Tagschmetterlinge; p. 143, 144), admet comme valable ce que propose Bergstaesser. Il dit en parlant d'Ayppothoë (sic), Bergstraesser; Tab. 68; fig. 1, 2, 3 « Dieser Falter ist unstreitig die ware Hyppothoë des Ritters ». Ce papillon est incontestablement le véritable 7 yppo- thoë du Chevalier. Remarquons en passant que Bergstraesser emploie cette même désignation : Riter-Chevalier, pour désigner Linné, Chevalier de 122 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE l'Etoile Polaire et la phrase de Bergstraesser (p. 43), est sensi- blement la même que celle de Borkausen (p. 143) : « Der Falter den wir hier vor uns haben, ist die ware Hippothoë des Rüitters ». Le papillon que nous avons devant nous, est le véritable Fzppothoë du Chevalier. Seulement Bergstraesser écrit correctement Æ/1#po- thoë, comme le Chevalier Linné l’a écrit lui-même et Borkausen commet une incorrection en écrivant À yppothoë. Les auteurs du Systematisches Verzeichniss von den Schmetter- lingen der Wiener Gegend (Braunschweig; 1801; II er Band) partagent la même opinion (p. 253). Ils admettent comme //1ppo- thoë, le dispar qu'Esper a figuré comme variété d’Azppothoë, sous les fig. 1 a et 1 à de la Tab. 38, et ils considèrent comme Crysess, l'Zippothoë, Esper (Tab. XXII, G''hg. 3); mais il y a plus, le Doct' Jo. Frid. Gmelin, dans l'édition 13° du Systema Nature de Linné, augmentée et corrigée (Tom. I; part. V; 1788; Lepidop- lera; p. 2350), distingue Cryseis et Hippothoë et les décrit comme suit : | 1° « Chryseis 815. P. alis aureis : margine cærulescente, poste- rioribus subdentatis, subtus obscure griseis : punctis ocellaribus numerosis. Habitat in Austria, Zippothoæ nimis affinis, Eurydice Esperi. » 2° « Aippothoë 254. P. alis integris : margine albo, subtus cinereis : punctis ocellaribus numerosis. Systema Nature XIL 2 p. 703, n° 254; Fauna suecica 1046. Papilio alis integerrimis supra fulvis immaculatis, subtus cinerascentibus : punctis ocellaribus numerosis (Roesel; Tab. 37; fig. 6, 7. — Esper; T. 38; fig. w): Habitat in Europæ pratis. » Le D' Gmelin, dans la 13° édition de l’œuvre linnéenne, considère donc CAryseis comme valable et le décrit d'une manière qui le caractérise très bien et le distingue d’A/:ppothoë. Mais comment se fait-il que Gmelin, cependant averti, dans l’état synonymique qu'il dresse, confonde en une même unité spécifique, 7 1ppothoë, Roesel (Tab. 37; fig. 6, 7) qui est un Chyseis-Eurydice, et la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 123 variété d'Hippothoë, Esper (Tab. 38; fig. 1 a, 16) qui est le dispar anglais ? Ces confusions se rencontrent souvent chez les Entomologistes, même les plus qualifiés. Esper, comme je le remarque ci-dessus, est coupable d’une faute, en considérant sa variété d'Hippothoë (Tab. XXXVIII, fig. 14, 10) comme appartenant à la même unité spécifique que ses autres Æ2ppothoë qui sont des Chryseis MÉPEXIl otS etlTab XXI N O3): Cependant les erreurs qui subsistent effectivement rendent bien précaire la base sur laquelle les gens de bonne foi essayent d'asseoir la nomenclature entomologique et nul ne peut dire après tout cela que nous jouissons d’une certitude tout à fait satisfaisante pour notre esprit. Un doute reste et restera définitivement. Cependant, j'ai tenu à faire part des recherches longues aux- quelles il est nécessaire de se livrer si on veut essayer de connaitre la vérité, et j'ai cité plusieurs vieux livres dont il faut étudier les textes et comparer les Planches, si on veut connaître tous les élé- ments de la cause. Bibliophile par état, je n'ai pas à me plaindre de l’occasion qui m'est offerte de feuilleter les ouvrages des anciens auteurs et d'apprécier le savoir-faire des imprimeurs de l'avant- dernier siècle. La combinaison de l'Entomologie et de la Bibliophilie consti- tuent une double délectation pour mot. Après les Entomologistes du XVIIT siècle, ceux du siècle der- nier ont généralement adopté la nomenclature de Bergstraesser qui s'appuie sur des figures imparfaites, mais sûrement identifiables. Huebner a figuré CAryseis, sous les n° 337, 338, 355 et Euridice, forme alpine de CAryseis, sous les n° 339, 340, 341 et 342. Quant à Hippothoë, il se trouve représenté sous les n°* 352, 353 et 354 et sa variété dis par, sous les n°° 066, 967 et 968 de l'ouvrage de Huebner. Gerhard a figuré Hippothoë et dispar sous les n° TA, 1 PAC et2a,2bet2c de la PL 7, Chryseis sous les n° 4a, 40 et 4c et la variété alpine Æwrydice, sous les n° 34, 38 et 36. De plus 124 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE les Ab. confluens de Chryseis ont été représentées copieusement Sous les ne 1 2010 cn dde laps. Boisduval, dans l’?ndex Methodicus, 1840, adoptait la nomencla- ture à laquelle je crois devoir me rallier; c’est-à-dire qu’il attribuait à l’Æippothoë, Linné, et au CAryseis, les mêmes unités spécifiques que Bergstraesser fixe d'un manière certaine, au moyen des figures qu'il a publiées en 1778. Tout récemment Tutt (British Lepid. vol. VIII), à propos de Chrysophanus dispar, expose que déjà Wallengren a fait connaître dans ses Lepidoptera Scandinavie Rhopalocera, 1853, que le nom d'Æppothoë Linné doit se rapporter à CÆryseis, parce que CAryseis se trouve en Suède et que l’autre espèce n’y a pas été rencontrée. C'est une raison sériense. Cependant il faudrait pour que cette observation fût déterminante, qu’il fût démontré que Linné, en traitant de la Fauna Suecica, n'a eu effectivement sous les yeux que des animaux réellement récoltés en Suède. Or, comme les éti- quettes précises de localité n'étaient guère usitées, 1l y a 150 ans, il est fort possible qu'à des papillons effectivement capturés en Suède, aient été adjoints par erreur d’autres papillons de prove- nance étrangère. En écrivant ces lignes, je pense aux deux Editions de la Fauna Suecica et aux différences qu'il est aisé d'y remarquer. Ainsi dans l'Edition de 1746, Linné indique (p. 241) sous le n° 702, le Papilio Podalirius et dans l'Edition de 1761, il n'y a plus que le Papilio Machaon. Linné aura sans doute reconnu que Podalirius n'avait pas lieu d’être maintenu dans la Fauna Suecica. L'exemplaire de Podalirius qui avait été considéré comme suédois en 1746, avait peut-être perdu de son authenticité en 1761 et dès lors la probité scientifique de Linné a fait exclure le Podalirius de la nouvelle Edition de la Fauna Suecica. Mais 1l n’en reste pas moins la preuve d'une erreur commise en 1746 et reconnue en 1761. D'autre part Fippothoë, où du moins l'espèce que j'appelle ainsi, d'accord avec Bergstraesser et tant d’autres auteurs, semble avoir une tendance à s'éteindre en bien des lieux. Est-il téméraire de penser qu’elle a habité autrefois en Suède et qu’elle s’y est éteinte ? LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 125 Je reconnais volontiers ce que cette proposition a de problématique; mais quelle que soit la valeur des observations de Wallengren, je ne me sentirais convaincu par elles, que si nous pouvions dis- poser encore de l'exemplaire dont Linné s’est servi pour sa descrip- tion, ou bien si nous avions une figure tenant lieu du spécimen fragile et exposé à la destruction par un si grand nombre de causes. La nomenclature entomologique, sans bonnes figures à l'appui des descriptions, est une illusion; je ne dois pas me lasser de proclamer cette vérité. On peut lire dans le Compte rendu des séances du Congrès international de Zoologie, tenu à Paris en 1880, que non seulement le premier, j'y ai proposé la substitution de la nomenclature trinaire à la nomenclature binaire (p. 474), ce qui fut adopté par le Congrès; mais que « la plupart des descrip- tions sur lesquelles est basée la nomenclature actuelle étant défec- tueuses où insuffisantes » j'ai proposé aussi de décider (p. 472), qu’ « une bonne figure à l'appui d’une description est indispensable pour que le nom soit valable. » Il serait urgent de faire prévaloir cette règle qui sauverait la Nomenclature entomologique du Chaos où elle pourra sombrer; mais il faudrait pour cela, obtenir que beaucoup d'Entomologistes fassent sur l'Autel de la Science, le sacrifice de sentiments per- sonnels résultant plutôt de la vanité qui est au fond du cœur de tous les hommes, que de l'amour pur et désintéressé de la Vérité scientifique. Aussi faut-il s'armer de patience et de persévérance, pour ne pas cesser d'essayer de triompher officiellement du fléau des descriptions sans figures. Il n'en est pas moins vrai que c'est faute d'une figure, pour éclairer le texte linnéen, que depuis 150 ans, les Entomologistes se demandent à quelle espèce convient exactement la description de l’illustre Chevalier. Aussi avec les erreurs des uns et des'autres, celles d'Esper et de Gmelin — erreurs dont seules les figures publiées permettent de se rendre compte — aujourd'hui, si nous voulons nous entendre à l'abri de toute confu- sion, nous sommes obligés de laisser pour ce qu'elle vaut la des- cription de Linné; il nous faut faire commencer la nomenclature, en ce qui concerne Æippothoë et C hryseis, à l'ouvrage de Bergs- 126 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE traesser, à cause des figures publiées par cet auteur. En effet, seules ces figures fixent, sans laisser place à aucun doute, les noms de deux espèces assurément voisines, mais tout à fait distinctes de Polyommatus d'Europe, du groupe des rouge feu ou feuerfarb- schimmerende Tagvoegel. On me permettra de remettre sous les yeux du lecteur ce que J'écrivais en 1889 — il y a de cela 20 ans — et qui a été imprimé aux pages 472 et 473 du Compte rendu des Séances du Congrès intérnational de Zoologie de Paris. « Quiconque a cherché à déter- miner un être orgamisé dont il na pas encore été publié une figure suffisamment bien exécutée, ne parvient que bien rarement à sortir d'un à peu près qui est la négation même de la Science, puisque la Science est la Vérité et que la Vérité, tant qu’elle n’est pas certainement obtenue, n'existe réellement pas encore. Pourquoi la Vérité, dans ces conditions, ne s’obtient-elle pas aisément et reste-t-elle le plus souvent indécise? C’est que les des- criptions ne sont pas toujours différentielles; que trop souvent elles font un portrait non pas comparatif, mais positif; que ce portrait peut quelquefois s'appliquer à plusieurs êtres différents, d’autant plus qu'au moment où la description est écrite, l’auteur ignore les êtres dont la découverte reste à intervenir et auxquels sa descrip- tion pourrait éventuellement convenir. Dès lors ne faudrait-il pas baser toute description sur une comparaison établie avec des êtres très généralement et exactement connus, faire ressortir les caractères différenciant l'être qu’on décrit de tous ceux connus appartenant à des formes voisines, indiquer très exactement la provenance et ne pas se contenter de données vagues et générales pour l'indication de patrie; mais surtout la nécessité d’une bonne figure ne s’impose-t-elle pas ? Avec un dessin bien exécuté, tous les doutes sont levés, parce que toutes les proportions relatives sont indiquées dans la figure, plus nettement que dans aucune description. En Entomologie, où les êtres sont plus nombreux et les carac- tères différentiels souvent moins saillants, les déterminations sont LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 12 De: douteuses à peu près toutes les fois qu’une bonne figure n’a pas été publiée. On peut même dire que toute certitude de détermination est irrémédiablement perdue, lorsque l'échantillon original est perdu lui-même et que l'identification cesse, par là même, d’être possible, à moins toutefois qu'une bonne figure n'ait été publiée. Les descriptions non accompagnées de figures restent absolu- ment livrées à l'appréciation fantaisiste de chacun, ou à une sorte d'accord traditionnel transmis par certaines collections, mais sans qu'il soit possible cependant d'obtenir aucune certitude; tandis que, grâce à l’Iconographie de Huebner, par exemple, le doute subsiste rarement sur l'identification des Insectes lépidoptères publiés par cet auteur. Donc supériorité indiscutable du dessin sur la description seule. J'émets le vœu, d'une part qu'il soit admis que la priorité du nom appartient au premier iconographe plutôt qu'au premier des- cripteur, opinion que je résume ainsi : Pas de bonne figure à lappui d'une description, pas de nom définitivement valable. » Ce que j'ai pensé et écrit en 1880, je le pense tout aussi bien en 1900, et il me semble que tout ce que j'ai exposé ci-dessus se trouve bien justifié par la question même de l'attribution des noms : /ippothoë et Chryses. La description linnéenne nous laisse un doute que nous sommes impuissants à lever; la possession de la vérité est impossible à obtenir avec la seule description de Linné, tandis que les figures de Bergstraesser nous donnent le moyen de raisonner d’après une base certaine et nous permettent de savoir exactement ce qu'est Hippothoë et ce qu'est CAryseis, tout au moins d’après Bergs- traesser. C'est donc du Polyommatus Chryseis, secundum Bergstraesser, qu'il va être question plus loin. Le Polyommatus Chryseis est une espèce de plaine et de mon- tagne. Elle manque en Angleterre et dans l'Ouest de la France; mais on la trouve assez près de Paris, dans la forêt de Compiègne (Oise); à Villers-Cotterets et à Samoussy (Aisne); à Morteau, 128 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dans la Franche-Comté; en Auvergne (Lioran et Mont-Dore); dans les Hautes-Pyrénées où nous l'avons capturée à Cauterets et près de la chapelle Notre-Dame-d'Héas, à une petite distance de Gèdre; à Aix-en-Savoie; dans les Pyrénées-Orientales, où elle vole à la fin de juin et au commencement de juillet, dans la vallée d'Eyna et à l'entrée de la forêt de Randai, vers 1,500-1,600 mètres d'altitude. Dans toutes les localités précitées, CArysers appartient à la même forme. Le G' a les ailes partiellement obscurcies, prin- cipalement le long de la côte des supérieures et du bord anal des inférieures et la Q a le fond des ailes brun, avec une éclaircie d’un fauve orangé plus ou moins étendue sur le disque des supérieures, et une liture submarginale de même nuance fauve, le long du bord terminal des ailes inférieures. La même forme CÆrysers se trouve en Allemagne (Cassel) et dans l'Oberland Bernois où je l'ai capturée abondamment à la fin de juin 1808, notamment dans les prairies voisines d’Interlaken. À Chamounix (Haute-Savoie); à Prémolles, au-dessus de Vaul- naveys, près Uriage (Isère); dans les Alpes-Maritimes. aux envi- rons de Saint-Martin-de-Vésubie,; j'ai trouvé une forme intermé- diaire entre CAryseis et Eurydice, c'est-à-dire dont le GO‘ est d’un rouge feu beaucoup plus brillant et moins obscurci que le CAryseis des Pyrénées, des forêts de Picardie, et des prairies de Franche- Comté; mais dont la Q est encore brune et non noirâtre, et avec une éclaircie fauve plus ou moins développée sur les ailes supé- rieures et une bordure marginale fauve sur les inférieures. Il en est de même dans les Hautes-Alpes, à la Grave; dans les environs de Larche et la prairie du Mont-Pelat (Basses-Alpes); à Fusio (Tessin); à la Certosa di Pesio (Piémont), où, comme à Fusio, la forme est extrêmement grande et belle. Dans le Valais, depuis Zermatt et jusqu'à Ryffelalp, c'est au contraire la véritable forme alpine dont le G' est d’un rouge feu extrêmement brillant et semble étinceler dans la prairie, lorsqu'il est posé sur une fleur ou qu'il vole au-dessus des herbes; au con- traire, la Q entièrement noire n'a plus aucun vestige de fauve, en dessus et elle est aussi sombre que le C' est resplendissant. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 129 Plus on s'élève à une haute altitude, en Valais, plus la forme Eurydice s'accentue; je l'ai vue à son maximum d’expression, au- tour de l'hôtel Ryffelalp et dans les prairies de Fluelen. Le Polyommatus Chryseis se trouve en Laponie où M. Wilhelm Mau a trouvé en juin et juillet 1008, à Kvickjock, Mont Sutilelma (Lulea-Lappmarken), une race, assez brillante, un peu moins rouge et généralement plus petite, me semble-t-il, que la race de l'Europe centrale. C’est la variété géographique Szeberi, Gerhard. Cependant les exemplaires de ma collection sont d’un rouge moins jaune que le Szeberi, figuré par Gerhard, sous les n°® 1 4 et 1 & de la PI 35 et ils n’ont pas le thorax et l’abdomen jaune orangé, mais brun noirâtre. M. Neuschild a trouvé une race petite et obscure de Chryseis à Tlemcen, en Oranie. Une belle variété géographique est celle de Turquie, appelée candens et figurée par Gerhard sous les n° a 3, b 3 et « 3 de la BI. Chryseis présente fréquemment des exemplaires appartenant à l'Ab. confluens, généralement asymétriques, chez lesquels les points noirs du dessous des 4 ailes, le long du bord extérieur, se rejoignent dans le sens des nervures et forment des lignes noires plus ou moins épaisses. J'ai fait figurer sous les n* 80 et 81 de la PL 5 des Ztudes d'Entomologie, XX° livraison, deux exemplaires d'et © confluens. La © figurée est surtout remarquable pour la symétrie et l’accentuation de la confluence dont elle est atteinte. Le G' est asymétrique. Je prie le lecteur de se reporter aux pages O et 10 de la XX®° livraison des Etudes d'Entomologie pour quelques détails qu’il est inutile de répéter ici. Inversement à l'Ab. confluens, il y a l'Ab. subtus impunctata, dont je possède un G' du Tyrol et un autre G de Turin. Chez cet Æuwrydice, il reste seulement les points noirs cellulaires, les autres ont disparu. Les © Cryseis ont quelquefois, principalement dans lAltaï, une bordure de points bleus au dessus de la liture marginale des ailes inférieures. En dessus, sur les ailes supérieures, la ligne extra- 9 130 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE cellulaire de points noirs, chez la ©, peut disparaître ou bien être transformée en taches allongées ayant la forme de larmes. Les G Chryseis ont constamment un trait noir qui clôt l'extrémité de la cellule; les © Eurydice perdent souvent ce trait noir et montrent alors une surface or rouge feu immaculée, entourée d’une bordure noire que relève une frange d’un blanc pur. Le Polyommatus CÆryseis est un des plus jolis Rhopalocères de la faune européenne. J'ai donné le nom de ziolacea à l'Ab. CAryseis Œ prise à Cau- terets, en juillet 1883 et que j'ai déjà signalée précédemment. C'est un papillon relativement très sombre, mais d’un coloris très riche et très brillant. Il est figuré sous le n° 406 de la PI XLIX du présent ouvrage. Il semble que dans les Hautes-Pyrénées, Chryseis ait une tendance à être plus obscur que dans la Picardie et l'Est de la France. J'ai reçu de Silésie un @ chez qui la couleur rouge feu, en dessus comme en dessous, est remplacée par une teinte d’or pâle, tout comme dans certaines Aberrations de PAlæas; mais le fond des ailes conserve un reflet un peu rose assez spécial. J'ai donné à cette Aberration pâle, qui est très jolie, le nom de Æermat}on, second fils de l’Aurore. La mort d'Hermathion, dit la Fable, fut si sensible à la déesse Aurore, sa mère, qui ouvrait les portes du Jour, que ses larmes abondantes produisirent la rosée du matin. L'Ab. Hermathion est figurée sous le n° 473 de la PI LV. Polyommatus virgaureæ, Linné. Décrite par Linné, dans le Systema Nature, Edition X, 1757, à la page 484, comme suit : « Vérgaureæ, 161, P. P. alis suban- gulatis fulvis margine fusco, punctis atris sparsis. Habitat in Solidagine virgaurea Europae, Africae. Sexus alter alis omnibus supra fulvis immaculatis; subtus flavis : primoribus punctis fuscis; posticis serie punctorum albidorum. — Alter alis supra primoribus fulvis : maculis sparsis aîris; posticis fuscis fascia LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 131 postica fulva dentata. Subtus primores maculis sparsis atris mar- gine albo ocellatis; posticæ cinerascentes punctis nigris obsoletis. » Linné cite comme synonymie : 1° sa Æauna Suecica, 807, 808, édit. 1746, où l’auteur dit que le papillon appelé vulgairement Butyracea vulgaris vole sur les prairies de la Westmannie; 2HiRoesel- ab ON VIRE 6, 7, et cab XEV;: fe, 6; édit. 1756? Cependant l'espèce figurée par Roesel sur la Tab. XXXVII est Chryseis-Eurydice, ainsi que je l’ai exposé à l’article précédent, et l'espèce figurée par l2 même Roesel sur la Tab. XLV est PAlæas. Linné confond donc d’une part vrgau- reæ S avec Chryseis-Eurydice, et, d'autre part, vzrgaureæ Q avec Phlæas. Bergstraesser s'est bien rendu compte de cette méprise, et sa notice écrite en 1770 (Tom. III, p. 37) sur le Goldruthenfalter est curieuse à lire: « Der Papilio Phleas, virgaurea, und Hiÿ- pothoë sind bisher von den meisten Autoren verwechselt worden », c'est-à-dire : Les papillons PAleas, virgaurea (sic) et Hippothoë, ont été jusqu'ici confondus par le plus grand nombre des auteurs. Décidément l'étude des ouvrages anciens est fertile en ensei- gnements. Nous avons la preuve que Linné a fait une double confusion en identifiant son z#7gaureæ © au Chryseis-Eurydice, figuré par Roesel, et son virgaurece Q au PAlæeas, parfaitement représenté par le même Roesel. Les anciens auteurs manquaient-ils de l'attention et de l'expérience sans lesquelles il est difficile d'apprécier les différences spécifiques et d'établir les distinctions nécessaires entre des espèces voisines? Il le semblerait. Toujours est-il qu'en dehors des figures qui nous renseignent plus exac- tement, lorsqu'elles ne sont pas trop grossièrement exécutées, nous n'avons rien à attendre, qui soit exact et précis, des descriptions seules. En outre, il faut observer que souvent les anciens ont eu sous les yeux plusieurs espèces voisines et ne voyant pas leurs différences spécifiques, en ont décrit les exemplaires, pourtant distincts entre eux, sous un même vocable. La figure seule, quand elle existe, nous permet d’attribuer à l'espèce qu’elle représente un nom valable. Si la figure fait défaut, la description est incapable d'y suppléer. La légion des descripteurs sans figures compte 132 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE encore de nos jours un effectif important. De quel chaos toujours plus grand ne sera-t-elle pas responsable ? Il est curieux de constater que Cuvier, en 1700, s'était rendu compte, comme Bergstraesser en 1770, des multiples erreurs commises par Linné dans la synonymie; aussi s’alarmait-il déjà du désordre devenu inévitable dans la Nomenclature entomolo- gique. J'ai trouvé de curieux documents à cet égard dans la Revue entomologique, imprimée en 1833 chez M"° veuve Silbermann, place Saint-Thomas, 3, à Strasbourg, et publiée par son fils, Jeune alors, entomologiste plein de zèle, plus tard l’un de nos plus éminents confrères imprimeurs et l’un des premiers typographes français qui ait imprimé en couleurs avec une réelle perfection. Mon grand-père François-Jacques Oberthür, mon premier initia- teur à l’entomologie, graveur et dessinateur excellent, imprimeur lui-même à Strasbourg et collaborateur d’'Aloys Senefelder, inventeur de la lithographie, a gravé quelques Planches de la Revue Entomologique et précisément une Planche de Coléoptères et d'Hyménoptères dessinée par Cuvier et se rapportant à une des Lettres écrites sur l’'Entomologie par cet illustre naturaliste, lorsqu'il n’était encore âgé que de 21 ans. Ces lettres sont rédigées en langue allemande et en latin; elles étaient adressées par Cuvier à son ami Hartmann, médecin distingué dans le Wurtemberg, et elles ont été communiquées à Silbermann par M. le professeur Duvernoy, doyen de la Faculté des Sciences de Strasbourg. Les lettres de Georges Cuvier, dit Silbermann, sont un monument historique de l’état de la Science vers la fin du XVIIT* siècle et montrent que dès sa jeunesse Cuvier a donné des preuves de ce profond talent d'observation qu'il porta plus tard dans l’étude des Sciences naturelles. Silbermann s’est attaché à les traduire d'allemand en français avec la plus grande fidélité, en laissant toutefois subsister les phrases latines qui y sont intercalées. Dans chaque lettre se trouve un certain nombre de dessins à la plume ou à la mine de plomb; ils sont faits avec beaucoup de soin. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 13 Où Ce sont ces dessins qui furent confiés à Silbermann et que mon grand-père, ainsi que je le dis plus haut, reproduisit en gravure sur cuivre et signa comme suit : « Oberthür sculpsit Argenti- nensis 1833. » Selon M. Duvernoy, qui avait souvent vu dessiner Cuvier, ces dessins étaient tracés avec la plus étonnante rapidité. Dans la première lettre de Cuvier, datée de Caen, 18 novembre 1700, et adressée à Hartmann, je copie le passage suivant, bien d'accord avec ce que je pense et ce que J'écris aujourd’hui, à Rennes, le 15 octobre 1909 : « Ce que vous me dites de l'ouvrage de Gmélin ne m'étonne pas et me persuade davantage qu'il est nécessaire de retravailler l’'Entomologie en entier. Depuis la mort de Linné, l’histoire naturelle n’a pas de légis- lateur; chacun marche à sa guise, et si cette anarchie dure encore longtemps, la Science deviendra un labyrinthe inextricable. Du reste, Linné a fait lui-même beaucoup de fautes dans la syno- nymie, ce qui vous sera démontré clairement dans mon mémoire sur les Crustacés (que j'enverrai sous peu à notre Société). J'y ai décrit et figuré 32 espèces et J'ai eu occasion, à la Bibliothèque de cette ville, d'en débrouiller assez bien la synonymie. Vous ne pouvez vous imaginer quelles fautes ridicules Linné a commises sous ce rapport. Souvent il cite la même figure pour trois ou quatre de ses espèces; plus souvent encore il cite trois ou quatre figures différentes à propos d’une seule de ses espèces (*). Fabricius a encore augmenté cette confusion et n’a pas même bien connu les noms de Linné... » Ce qui était vrai en 1700 l’est encore aujourd’hui. Malheureu- sement l'anarchie, conformément à l'expression de Cuvier, ne s’est pas cantonnée dans le paisible champ de l’histoire naturelle, et de même qu’en 1700, on pouvait redouter ses conséquences dans des domaines bien différents, ainsi en 1000, des signes précurseurs analogues font présager de semblables perturbations. Mais ainsi (*) Comme on l’a vu plus haut, Linné cite à tort 2 espèces différentes à propos de virgauree. 134 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE qu'Engramelle, à la veille d'événements tragiques, poursuivait, sans se laisser arrêter par les bruits du dehors, le cours de ses travaux entomologiques, continuons nous-mêmes nos tranquilles études sur les papillons, en dehors de toutes les agitations humaines. Le Polyommatus virgaureæ est une espèce extrêmement bril- lante, un des plus beaux Feuerfarbschimmerende Tagvoegel qu existent. Contrairement à ce que dit Linné, 1l n’habite point dans les prairies d'Afrique, mais seulement d’une certaine partie de l'Europe. II manque en Angleterre, en Bretagne et généralement dans tout l'Ouest de la France. Ma collection contient des exem- plaires pris en Alsace; en Franche-Comté; à Chamounix (Haute- Savoie); à la Chartreuse de Prémolles (Isère); à Digne, Colmars, Allos, Larche, Enchastrayes et Saint-Martin-d'Entraunes (Basses- Alpes); au Lautaret, à la Grave et au Monetier-de-Briançon (Hautes-Alpes) ; dans le vallon de Vallorgues, près Saint-Dalmas (Alpes-Maritimes); à Gèdre et à Cauterets (Hautes-Pyrénées) ; à Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales); dans la Vieille-Castlle ; aux environs de la route du Simplon et dans la vallée de Zermatt (Valais); à Fusio (Tessin); à la Certosa-di-Pesio et à Grissolo (Piémont); à Roccaraso et Palena (Italie méridionale); en Saxe; en Esthonie; en Laponie; en Sibérie, dans la région du lac Baïkal et aux environs d’Irkust; dans les Balkans et à Mersina. Les variétés géographiques de vigaureæ sont nombreuses. Je ne connais pas la forme de la Westmannie où se trouve le type de l'espèce, puisque les premiers exemplaires décrits par Linné proviennent de cette contrée. Bergstraesser figure grossièrement les deux sexes de v7gaureæ sous les n°“ 1, 2, 3 et 4 de la PI. 65; Esper représente vz7gaureæ Get © sous les n°” 2 a et & de la Tab. XXII. Huebner donne d'assez bonnes figures sous les n° 349, 350 et 351; puis il fait connaître une variété que je déclare ne point avoir vue en nature, sous les n° 884, 885, 886 et 887. Le O' a la bordure des ailes inférieures fortement ponctuée et les points noirs très détachés de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 135 la bordure noire; la forme des ailes inférieures, chez les deux sexes, est plus entière et moins subcaudée; enfin la Q a un faciès tout à fait spécial. J'ignore d'où provient cette forme. Dans le Bulletin Soc. ent. France, 1005, p. 56, je signale l’Aberration blanche de v#rgauree Œ que j'appelle : virginalis, et l'AB. or jaune également G' que je désigne sous le nom de Ckryzon. Je fais figurer sous le n° 244 de la PL XXXVII du présent ouvrage l'Ab. verginalis, d'après un ©, de Silésie; et sous le n° 237, l'Ab. CÆryzon, d'après un O' de Francfort-sur-le-Mein. Les variétés géographiques de v#gaureæ sont, à ma connais- sance, les suivantes : 1° Oranula, Freyer (Tab. 455; O fig. 1; © fig. 2), plus petit; les ailes inférieures, chez la Q, sont plus sombres; Laponie. Freyer dit qu'il a devant lui 5 exemplaires communiqués par Kretschmar, de Berlin, parmi lesquels il a choisi les plus petits pour les faire figurer. 2° Zermattensis, Fallou. Les Q sont obscures; le dessus des quatre ailes, au lieu d’être d’un fauve orangé à reflets dorés, est d'un brun bronzé. Toutes les © que j'ai vues et prises à Zermatt sont ainsi; l'appellation spéciale est donc parfaitement justifiée. Je possède de Zermatt 4 © Ab. cuneifera, avec les points noirs des ailes supérieures allongés en forme de larmes dont la pointe est tournée vers la naissance des ailes. La plupart des Q Zermat- tensis appartiennent à l’Ab. cæruleopunctata; elles portent sur les ailes inférieures, en dessus, une série de points bleuâtres disposés parallèlement au bord marginal. Zermattensis est abondant dans les prairies qui entourent le village de Zermatt. 3° Miegu, Vogel; la race est grande; aux ailes supérieures, en dessus, le G' a un point discoïdal et quelquefois un point cellulaire noir et Jusqu'à 5 points noirs extracellulaires, avec l’apex et le bord terminal largement noircis. Les © ont le fond des ailes, en dessus, doré, avec les points très gros. Vieille-Castille. 4° Aureomicans, Heyne. Très jolie race de Mersina; les deux sexes sont d’une couleur or feu plus jaune et moins sombre que 130 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE chez les autres formes; le O' a les ailes, en dessus, finement lisérées de noirâtre; les 4 ailes de la © ont le fond d’une même teinte jaune doré unie. En dessous, le G' est d’un fauve orangé uni, sans taches aux inférieures, avec quelques points noirs aux supérieures. La Q a deux points blancs aux inférieures, en dessous; je possède une seule paire prise en 1807, par Holtz, à Mersina, en Asie- Mineure. En Alsace, les © vzgaureæ ont le fond des ailes d’un or plus rouge que dans les Alpes et que dans les Pyrénées. Près de Vernet-les-Bains, virgaureæ vole assez abondamment dans les prés, au delà du village de Casteil, du côté de la vallée de Cady, et s'élève jusqu'à 1.800 mètres d'altitude, dans la vallée de Lipaudère, entre Mariailles et le Col Vert. Mon frère a pris dans les Pyrénées-Orientales le G' avec des points noirs extracellulaires très nettement marqués sur le dessus des ailes supérieures; c'est une transition à Mzegi. Nous avons capturé fréquemment dans le même pays des © très grandes et tout à fait semblables aux Q Miegii. Le dessous des ailes des Q vgaureæ, dans les Pyrénées- Orientales, est d’une teinte plus Jaune et un peu moins rouge que dans les Basses-Alpes. À Cauterets, comme au Vernet, les 77- gaureæ d' ont assez souvent une tache noire fermant la cellule des ailes supérieures, en dessus; nous avons trouvé au Vernet l’Ab. © cuneifera ; mais nous n’y avons encore jamais vu l'Ab. Q cæruleo- punciata. Le Catalog Staudinger et Rebel 1901 indique dans l'Italie centrale une variété Q Apennina et la définit diurior. Je ne connais virgaureæ de l'Italie centrale que par les récoltes de M. Fabresse qui chassait pour nous en ce pays, durant toute la belle saison 1007. J'ai sous les yeux des vgaureæ pris en Juillet et août à Roccaraso, par 1.300 mètres d’altitude environ, et à Palena, au commencement de la chaîne de montagnes de Majella. Roccaraso se trouve sur la ligne entre Isernia et Sulmona, à environ 53 kilomètres de cette dernière ville. Quant à la gare de Palena, elle se trouve à environ 44 kilomètres de Sulmona. Je ne LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 137 vois point de différence entre les v#gaureæ de Roccaraso et Palena et ceux des Alpes françaises. Le même Catalog signale la variété Æstonica, Huene. Cette prétendue variété m'est connue par 2 O'et 2 Q que J'ai achetés à Staudinger. Il ne me semble pas que les caractères spéciaux de cette variété soient bien tangibles. La race Æs/onica me parait petite. La race de vérgaureæ à Chamounix et au Lautaret pourrait aussi bien s'appeler Æstonica que la forme d’'Estomie. Il ne me semble pas que le nom Æs/onica puisse être définitivement maintenu. Une race géographique superbe me paraît être celle de Fusio; mais j'en possède trop peu d'exemplaires pour pouvoir en disserter en parfaite connaissance de cause. Polyommatus Hippothoë, Linné. Très belle espèce; jadis habitant l'Angleterre où elle donnait la superbe variété Dispar qui était bien la perle des Lépidoptères anglais; actuellement encore habitant à ma connaissance les environs d'Uriage (Isère) où je l’ai capturée en juin 1895, quelques localités de la Gironde, de l'Aube, de l'Alsace, de l'Allemagne, de l'Italie et de la Sibérie. On m'a affirmé qu’Æ/ippothoë avait été rencontré en Algérie; je n'en ai pu obtenir aucune preuve. Autrefois une forme très grande d’Aippothoë, aussi belle que Dispar, mais distincte par la couleur plus grise et non bleuâtre du dessous de ses ailes inférieures, se trouvait dans l'Aisne, près Saint-Quentin. J'en avais reçu de très grands exemplaires pris par feu Gronier, entomologiste de Saint-Quentin. J'ai voulu savoir si Hippothoë vivait encore en Picardie et j'ai organisé, avec le dévoué et intelligent concours de M. Harold Powell, une explo- ration des marais de l'Aisne, en juin 1900. Le succès n’a point couronné nos efforts et nous croyons que le Polyommatus Hig- pothoë, éteint en Angleterre, se trouve également éteint aujourd’hui dans les marais des environs de Saint-Quentin. M. Powell a tenu 138 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE un journal de ses chasses. J'en extrais les renseignements con- cernant //1ppothoë. « Je suis arrivé à Paris le 10 juin à 11 heures. À Paris, Je suis allé voir M. Henry Brown. À propos de CArysophanus dispar, qu'il est allé lui-même chasser à Saint-Quentin, M. Brown me dit qu'il y a bien peu d'espoir de trouver cette espèce désormais, attendu qu’elle n’a pas été vue depuis 4 ans. Sa localité était dans les marais de Rouvroy. M. Brown pense qu’on doit chercher une autre cause que les cultures, pour expliquer la disparition de dis par à Saint-Quentin, puisque les marais de Rouvroy sont en grande partie une propriété réservée pour la chasse et la pêche et non cultivée. On y trouve la Lifhosia muscerda, et des chenilles de Nonagria dans les joncs en août. Je me suis entendu avec M. Brown et par téléphone avec M. René Oberthür, pour les rejoindre samedi soir à Laon, afin d’aller chasser à Samoussy, dimanche, endroit connu et recom- mandé par M. Brown. Départ le soir du 10 juin pour Saint-Quentin, où je suis arrivé AND 30: 11 Juin. — Temps assez beau, nuageux parfois. Vent N.-O.; forte brise; température fraîche, même froide. Jusqu'à 11 heures je me suis occupé de trouver le fils de M. Gronier, entomologiste, qui prenait autrefois le dispar à Saint-Quentin. Il y a six MM. Gronier ici. Le quatrième que j'ai visité était le bon, mais il n’était pas chez lui et je ne pourrai le voir avant 8 heures demain matin. Aussitôt après le déjeuner je suis parti pour Rouvroy. On prend le train jusqu’à Remicourt et on descend ensuite le chemin jusqu’au canal. I] faisait beau, mais très frais. Le pays est ondulé, cultivé partout : blés, betteraves, quelques pâturages. Assez peu d'arbres. Ressemble à certaines parties de l'Angleterre et ne paraît _pas être bien bon, au point de vue : papillons. De tout l'après-midi (j'étais sur le terrain à 1 h.), je n'ai pas vu un seul papillon LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 139 diurne, ni ape, ni brassicæ, ni l’anessa. Dans les marais, Jai pris une seule Pyrausta. Sur une haie d’aubépines j'ai pris une chenille de Porthesia similis. Elle est assez voisine de Chrysorrhæea. Les marais commencent de l’autre côté du pont et s'étendent en largeur jusqu'au village de Rouvroy. Le chemin les traverse avec des haies de chaque côté et il y a grande quantité d'affiches défendant l'entrée des marais, avec annonces d’avertisseurs chargés à plomb! Du côté droit, le marais est sous-loué à de nombreux petits locataires qui cultivent des légumes. I y a de ce côté une assez grande partie inculte que j'aurais voulu visiter, mais le propriétaire était absent de sa maison et je n'ai pas pu lui demander autorisation. Du côté gauche, le grand marais est inculte. Le propriétaire en a 7 hectares. Je me suis adressé à la maison du garde. Sa femme m’a donné le permis de circuler et m'a prêté un bateau plat, sans lequel je n'aurais pu aller bien loin, car la terre sèche est divisée en lanières séparées par des canaux larges qui sont envahis par des plantes aquatiques. La terre ferme est couverte de roseaux, joncs, saules, peupliers, orties, etc. Chaque année, on doit raser méthodiquement un certain nombre de ces lanières de terre. Il y en a où la végétation est très dense; d’autres sont fauchées. Je n’y ai point vu le grand Rwmex, qui pousse cependant autour de la maison du garde et aux bords du canal de la Somme, et aussi dans quelques-unes des propriétés à droite de la route de Rouvroy. J'ai parcouru en bateau et à terre une srande partie de ces marais privés; mais Je n'ai pas vu trace de dispar, ni même d'autre papillon. Je suis rentré le soir à 7 heures. Il faisait alors froid. 12 Juin. — Pendant la matinée une pluie froide et triste n'a cessé de tomber. Je suis allé voir M. Henry Gronier, 07, rue Saint- Thomas, à 8 heures. C’est le fils de l’entomologiste décédé il y a deux ans. Il n’a très bien reçu. Il s'intéresse lui-même à l'ento- mologie et la question de dispar l'occupe spécialement. Il croit que dispar est éteint à Saint-Quentin. Son père, autrefois, Île 140 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE prenait dans les marais de Rouvroy, jamais en grande abondance et en nombre très variable selon les années. Le papillon volait bien, pendant les temps chauds et orageux. Il se posait sur les grandes fleurs blanches des marais (Spiræa ?), et aussitôt posé, fermait les ailes. L’éclosion ne durait qu'une quinzaine de Jours, et le papillon s’abimait rapidement. M. Gronier père en a pris un une fois le 31 mai; mais cette date est exceptionnelle. Depuis bien des années le papillon diminuait en nombre et a fini par disparaître M. Henry Gronier me dit qu'il y a plus de quatre ans qu'on n’en a point vu. Son père employait un homme qui pendant un mois passait ses Jours dans les marais, chaque année, pour signaler une apparition du papillon. Depuis plus de deux ans avant la mort de son père, aucune n’a été signalée. M. Henry Gronier lui-même l’a cherché chaque année depuis, sans succès. De son côté, M. Gronier pense que le travail qu'on a fait dans les marais : cultures, coupes régu- lières et comblages, a détruit dispar. Autrefois on ne les cultivait pas et ne faisait que des coupes irrégulières. Les marais protégés maintenant pour la chasse, n’appartiennent que depuis deux ans au propriétaire actuel. Dispar devait en être disparu avant ce moment-là ; sinon il aurait pu se maintenir avec la protection qui existe seulement depuis deux ans. Il y a d’autres marais le long de la Somme où /ispar a été pris autrefois. D'après M. Gronier, il n’y en aurait plus, les marais ayant subi les mêmes malheurs qu'à Rouvroy. Il me conseille de voir les marais de Laon qui sont encore en grande partie intacts. Il m'a donné un mot de recommandation au propriétaire qui est un de ses amis. M. Gronier est en possession des notes de son père sur dispar et autres espèces. Il a l'intention, dit-il, d’éditer les notes concernant dispar cet été, et de les publier dans le Bulletin de la Société Entomologique, de laquelle il a l'intention de devenir membre. M. Henry Brown me cite Lusigny, près Troyes, comme localité pour d1spar. Je verrai ce soir M. René Oberthür et M. Brown à Laon, et nous pourrions faire une chasse aux marais peut-être, aussi bien LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 141 que la chasse dans la région de Samoussy. Mais à Lusigny, ce ne doit pas être le grand dispar comme jadis en Angleterre. J'ai lieu de penser que la race y est plus petite. Laon est une ville perchée sur une colline très raide. Nous y avons passé la nuit à l'Hôtel de la Bannière. 13 juin. — Matinée fraîche avec brouillard. Le brouillard s’est dissipé, mais le temps est resté couvert avec quelques éclaircies, et une averse vers midi et demi. Nous sommes partis en voiture pour Samoussy et sommes arrivés à l'auberge vers 8 heures. De là, M. Brown nous a conduits au Sud-Ouest, dans une prairie un peu marécageuse où pendant quelques moments de soleil volaent des CArysophanus Chryseis très frais; mais il y en avait bien peu. Sur le même terrain, on a pris quelques Ærebta medusa pas fraîches et quelques /0 globularie. Cænon. pamphilus était assez abondant, avec Æuclidia glyphica, et un peu plus loi, sur un terrain sablonneux, M. Brown a pris Syrichthus carthami frai- chement éclos, sur une touffe de Potentilla. M. Oberthür l’a pris aussi. À la lisière de la forêt, nous avons rencontré les premiers Argynnis Ino et Cæœnon. Arcania, suivis bientôt de Melitea Athalia, Dictynna et Aurelia fraîches et M. Aurinia passée, M. Cinxia assez rare et abimée. M. Brown nous avait annoncé M. Maturna à Vétat de chenille, chrysalide et papillon, et en effet il eut bientôt trouvé une chrysalide sur un tremble, et M. Oberthür une chenille adulte se préparant à se chrysalider. La chenille de cette espèce est très belle, jaune et noire; la chrysalide a de la ressemblance avec celle de A. didyma. La plante nourricière est le chèvrefeuille. Sur le tremble, on a trouvé des peaux de jeunes chenilles de Zymantria dispar avec, devant la tête de chacune, un relativement gros cocon oblong-ovoide d'un A'ymenopière parasite. Ce cocon est blanc et noir. Bientôt après, j'ai pris une M. Maturna papillon, et d'autres ont été prises ensuite sur les feuilles, au bord du bois. A7g. 770 se trouvait ici également, surtout dans les prairies humides, vers le marécage. À poria cratægi très frais mais peu abondant. 142 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Dans les prairies ont été pris : Æuchelia Jacobeæ; Nemeo. russula; Lycæna semiargus, icarus (les Q très bleues); Æyrastria argentula; Chrysophanus Chryseis (1 ©); Zygœena trifolu et flipendule. Ces prairies s'étendent le long du bois jusqu'à la ferme; mais arrivés là, on nous a priés de ne pas y aller, à cause des fourrages. Dans les allées et clairières de la forêt il y avait quelques Abraxas Ulmata, ressemblant beaucoup aux Pantaria du Midi, en plus noir; c'est-à-dire que les taches sont agrandies. Une Sesza a été trouvée par M. Brown sur un tas de fagots. Les Zimenitis et A patura, qui volent certainement 1c1, n'étaient pas encore éclos. S'il avait fait beau, nous aurions pu voir cepen- dant des individus précoces. Dans un petit fossé allant dans le marais, il y avait des grands Àumex de l'espèce qui nourrit d2s par. Mais dispar n'a pas paru. J'ai pris une WMemoria d'un vert mat assez foncé, dont les ailes inférieures sont anguleuses; A cidalia decorata et quelques autres Phalènes du marais. Les chenilles d’une Plusia (verte; ligne stigmatale blanche, ombrée de noir) étaient très abondantes, dans leurs « tentes » (une par tente), sur diverses plantes. I] y en avait beaucoup sur le framboisier. Nous avons pris des chenilles de plusieurs pha- lènes, y compris Aimera pennaria, la chenille d'A cronycta rumicts, et d’un autre Acronycta, noire, avec tubercules et poils jaune brun, sur framboisier. L'après-midi, nous avons suivi le bord du chemin de fer avant et après la gare. Sur les barrières, des deux côtés, poussent des chèvrefeuilles, et M. Brown nous a montré des chrysalides de M. Maturna suspendues au bois. Nous avons pris encore 2 CAryseis ici, et M. Brown une jolie Cucullia. Anaïtis plagiata était com- mune sur les barrières et les troncs d'arbres. La barrière portait beaucoup de fourreaux de Psyche (3 espèces au moins). La forêt, de ce côté, est très belle. Il y a des allées qui la traversent en ligne droite, et dans ces allées volent des Wemeophila plantagins. Malgré le temps couvert, nous avons vu et pris plusieurs mâles d'un même type de plantaginis à ailes inférieures Jaunes, cet LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 143 _—— après-midi. Le vol est très rapide. Dans ces allées, plus tard, vole Limenitis populi. Nous avons vu plusieurs Bombyx rubi sans ouvoir les prendre. Le soir, nous sommes allés à Paris. P 14 Juin. — J'ai vu M. Howard dans la matinée, relativement à la lutte entreprise en Amérique contre la propagation des Liparis chrysorrhæea et dispar, et je suis retourné à Saint-Quentin l'après-midi. Temps couvert pendant une bonne partie de la journée, avec forte averse à Paris, vers 1 heure. Assez beau à Saint- Quentin, le soir; mais plus froid qu'à Paris. 15 fuin. — Je suis allé de bonne heure chez M. Gronier, ce matin, mais il n'était pas chez lui. Ensuite chez M. Azembre, qui m'a été nommé comme entomologiste. Il a une assez Jolie col- lection de papillons bien conservés. Il possède les Phalènes (en partie du moins) de la collection Constant, et beaucoup d’exotiques. Ses papillons d'Europe et Asie portent généralement des détails de localité, etc., et sont bien conservés. Il n’a que 3 CArysophanus dispar dans sa collection et pas un de Saint-Quentin. Ce sont des rutilus d'Allemagne. Il n’a jamais pris déspar ici, mais il est allé plusieurs fois à sa recherche. Il m'a parlé d’un autre entomologiste saint-quentinois, M. Passay, qui a dû prendre le dispar, dans Île temps, et aurait pu donner quelques renseignements. lInesthennce moment à son château de la Ferrière, à Capelet. M. Azembre m'a donné l'adresse d’une dame Veuve Desprez, dont le mari chassait le dispar, il y a 40 ou 50 ans. M°° Desprez m'a montré des cadres suspendus aux murs de son salon, et con- tenant en tout une quarantaine de dispar de Saint-Quentin, avec quelques exotiques. La couleur cuivrée de ces dispar est bien conservée; mais les papillons eux-mêmes n’ont pas été très bien préparés. Il manque des antennes dans bien des cas. Tous sont étalés de face, et comme M"° Desprez n’a pas voulu que je défasse les cadres, je n’ai pas pu voir le dessous. La taille ne me parait pas bien grande, guère plus que celle des 7urilus d'Allemagne. M, Desprez était peintre, Il chassait beaucoup le dispar dans le 144 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE marais de Rouvroy, à droite de la route, en allant vers Rouvroy, après avoir traversé le canal. Il le prenait aussi dans un marais de l’autre côté de Saint-Quentin; mais ce marais a été comblé et on a bâti dessus. M'* Desprez ne veut pas se défaire de ses dzspar. Elle les garde en souvenir de son mari. Le temps est resté couvert presque toute la journée. En quittant M Desprez, je suis allé à Rouvroy. Le plus grand propriétaire du côté droit est un M. de Laporte, qui reste rue du Gouver- nement, à Saint-Quentin. Il loue la chasse et la pêche. Justement le locataire, avec des amis, chassaient la poule d’eau, et le garde, que j'ai pu voir quelque temps après, ne pouvait pas me laisser pénétrer dans la propriété aujourd’hui; mais il est entendu que J'irai demain matin. Pendant 20 minutes il a plu fortement. Ensuite J'ai remonté le long du canal. Il y a beaucoup de grands Rumex au bord du sentier; mais ce n’est pas l'espèce de dispar. Au premier pont en amont (moulin brûlé), une route traverse les marais vers l'Est. Ici j'ai trouvé le vrai Rumex de dispar poussant dans les fossés; mais jamais trace du papillon lui-même. Il y en avait surtout autour d’un petit champ de tir. Ce qui est remarquable à Saint-Quentin, c’est le manque à peu près complet des Lépidoptères dans ces marais. Comme diurnes il n’y a rien, rien. Cependant j'ai vu des chenilles de Vazessa urlice. 16 Juin. — Matinée brumeuse et froide. Je suis descendu à Rouvroy, à 8 heures, où j'ai rencontré le garde, et nous avons pénétré dans le marais. Ce marais a été aménagé par moyen de canaux. Aux bords des canaux, non loin de la route, le grand Rumex pousse, même dans l’eau; mais il n'y en a pas grande abondance. Plus loin, dans le marais, qui est assez boisé de peu- pliers, trembles et saules, il y en a davantage. Il y a quelques coins humides exposés au soleil où poussent de grandes valérianes, et c’est ici que j'espérais trouver le dispar. Il y avait aussi trois LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 145 longues lanières de terre tourbeuse, séparées par des canaux. Beaucoup de fleurs, valérianes et autres, sont sur ces terres. Je suis resté dans le marais toute la matinée, le garde me faisant tra- verser les canaux en bateau. À partir de 9 heures le soleil a paru et il a fait chaud et lourd. Le vent venait du Nord, mais les arbres, au Nord, protégeaient le marais dans ses endroits décou- verts. En somme, les conditions atmosphériques étaient bonnes et la localité exacte selon les indications de M"° Desprez, et selon son aspect, mais il n’y avait rien, ni dispar, ni autre diurne. Seu- lement j'ai trouvé quelques Phalènes du marais, et encore bien peu. Le garde (c'est le fils du garde actuel, mais il est garde aussi) m'a dit avoir vu au mois de mai un papillon aux reflets cuivrés, dans le marais, mais on ne peut conclure sur ce témoignage que c'était dspar. Il me semble éteint. L'après-midi, je suis parti pour Troyes pour chercher le dzspar à Lusigny, où M. Brown dit qu'il est signalé. Je suis arrivé à Troyes à 11 heures du soir. Autour des lampes à arc de la gare volaient des masses de papillons blancs. Je suis allé prendre ces papillons blancs sur les poteaux des lampes en dehors la gare. On aurait dit de la neige, vu d’un peu loin. La proportion des Q était grande. C’est, je pense, la Salicis. Il paraît que les saules ont été dévorés dans la région... » Voilà donc le résultat négatif des recherches effectuées par M. Harold Powell dans la région de Saint-Quentin. J'ai reproduit ces notes telles que M. Powell les a rédigées chaque soir; elles ont un caractère de sincérité qui donne aux observations une réelle valeur. Je les considère comme importantes au point de vue de l’histoire du Polyommatus dispar, et je remplis un devoir de justice — devoir qui m'est d’ailleurs fort agréable — en exprimant à M. Powell toute ma gratitude pour son zèle scientifique. Je le remercie aussi d’avoir bien voulu traduire en français les notices publiées par M. Charles Barrett et par M. Tutt, relativement au Polyommatus dispar anglais, éteint lui-même en Angleterre, et 10 140 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE depuis longtemps. M. Harold Powell possède aussi bien la langue française que sa langue maternelle et sa traduction a le mérite d'une parfaite fidélité. Grâce à sa connaissance si précieuse des langues française et anglaise, M. Harold Powell mettra les Entomologistes français à même de se rendre un compte très exact de ce que les Entomo- logistes anglais contemporains ont écrit au sujet du plus beau papillon diurne de l'Angleterre, dont tout le monde regrette la disparition. Dans son Aistoire des Papillons anglais, à l’article consacré au Pol. dispar, Barrett s'exprime ainsi, aux pages 57, 58, 50 et 60 du Volt « CHRYSOPHANUS DISPAR. — On lit dans 7%e Entomologist, année 1883, une histoire curieuse de la découverte de cette espèce en Angleterre, par H. J. Harding, le marchand d’insectes bien connu. Il dit : « Il y a quarante ans environ, Mr. Benjamin Standish (le grand-père) entendit dire que Wdispar avait été vu dans les marais (fens). [1 obtint un dessin du papillon, colorié par son père, et s’en alla aux marais. Il montra son dessin à un homme qui travaillait dans les marais et qui lui dit en avoir vu le jour même. Standish lui offrit cinq shillings pour quil le conduisit à l'endroit: mais l’homme refusa, en disant qu'il avait l'intention d'en porter lui-même une quantité d'exemplaires à Londres. Cependant, Standish découvrit l'endroit où travaillait l’homme, et il prit une belle série du papillon. Il ne tarda pas à être connu des habitants du marais que Îles papillons valaient deux shillings pièce, à Londres; deux hommes vinrent alors de Cambridge et s’emparèrent d'un grand nombre d'échantillons qu’ils emportèrent dans des boîtes à Londres, et 1ls vendirent chaque exemplaire six pence. J'y suis allé trois ans plus tard et j'y ai trouvé des chenilles. Elles paraissaient très localisées, plus nombreuses là où leur plante nourricière — le water-dock — était le plus abondant. Les chenilles étaient chassées par tout le monde, vieux et jeunes. Jen ai acheté deux douzaines à une vieille LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 147 femme pour neuf pence, desquelles J'ai obtenu, par élevage, des spécimens très beaux que J'ai vendus un shilling chaque. M. Cole, à Holme Fen, en prit un grand nombre. La cour de sa maison était tout près de leur localité. La dernière fois que j'y étais, M. Cole me dit qu'il n’en avait pas vu un seul spécimen depuis plusieurs années. La plante nourricière était au même endroit en abondance, mais pas de chenilles. On les avait trop chassées. » En 1850, dans une lettre adressée à M. H. T. Stainton (qui a été publiée dans 7%e Intelligencer de cette année-là), le Rev EN CR Jenkins dit: « Je vais vous faire un récit de ce qui est arrivé à ma connais- sance personnelle, relativement à ce bel insecte, qui était, 1l y a environ trente ans, tellement abondant dans les marais non exploités autour de Whittlesea Mere, que je ne m'attendais Jamais à apprendre qu'il avait été totalement exterminé. Je n'oublierai jamais son éclat brillant au soleil pendant le vol, et le voir posé sur la fleur de l'Eupatorium cannabinum, montrant le dessous de ses ailes, était une chose inoubliable. J'en ai pris seize, une fois, dans l’espace d'une demi-heure environ, dans un endroit spécial, où la plante sus-nommée était très abondante; mais ils étaient difficiles à trouver quand le soleil n'était pas très brillant. Dans ce temps-là, la chenille était inconnue, et Jj'attribue la disparition du papillon à la découverte de la chenille, aux attaques incessantes des collectionneurs et à la destruction par le feu de la végétation basse des marais, qui est pratiquée en temps sec quand on doit les exploiter. » Cette lettre fut suivie une semaine plus tard par une autre de M. J. W. Douglas, dans laquelle il dit : « Je crois que l'extinction du papillon n’est due ni aux collec- tionneurs, ni à l’incinération de la végétation basse, Jusqu'à une certaine date, que je ne connais pas au juste, mais il doit y avoir quatorze ou quinze ans, l'espèce avait survécu à toutes les influences 148 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE contraires et n'était pas du tout rare, puisqu'on pouvait en acheter presque n'importe quelle quantité chez les marchands de Londres. Mais subitement advint une inondation au moment où l’insecte était à l’état de larve; toute la génération fut noyée et, à la suite, il ne resta pas un seul spécimen pour réjouir les yeux d’un collec- tionneur. J'ai fait un pèlerinage à Whittlesea Mere en 1841, exprès pour voir le bel insecte vivant, mais il a plu chaque jour pendant la semaine que J'y étais, et je n’ai vu qu'un seul spécimen, qui osa ouvrir ses ailes pendant un rayon de soleil passager. » Ces notices, écrites par des Entomologistes qui ont eu une connaissance personnelle de l’insecte, paraissent bien mériter d’être conservées, ainsi qu'une notice sur ses habitudes par M. Frederick Bond, citée par M. Stainton dans son Manual of British Butterfhes and Moths comme :l suit : « Tout ce que je puis vous dire de leurs habitudes est ceci : qu'ils étaient très actifs et timides, ne volant que lorsque le soleil brillait. Ils se posaient toujours sur un chardon fleuri quand ils pouvaient en trouver un, s’envolant pour attaquer n'importe quel insecte qui pouvait passer près d’eux, mais ne retournant pas tou- jours au même endroit, s'en allant généralement prendre place ailleurs. Si on les manquait du premier coup de filet, il était très peu utile de les suivre, car ils s’en allaient comme le vent et n'offraient que rarement une deuxième occasion de les prendre; ils étaient en vérité peu commodes à suivre parce que c'était assez difficile de les tenir en vue et en même temps d'éviter les endroits marécageux. » M. C. W. Dale, dans son History of British Butterflies, cite un récit que M. Haworth fit au Rev. W. T. Bree et qui parut dans Londons Natural History, en 1834 (que je n'ai pu consulter), disant qu’à la suite d’une saison pendant laquelle l’Espèce avait été prise en abondance, il arriva que l'hiver suivant fut très plu- vieux, et le terrain où les cuivrés avaient été trouvés fut complè- tement et entièrement inondé, et resta sous l’eau pendant un temps considérable. Les Entomologistes jugèrent que l'inondation LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 149 détruirait sûrement les czivrés et que la race disparaîtrait dans ce coin du pays. L'été suivant, cependant, les papillons furent retrouvés exactement au même endroit, et en aussi grand nombre qu'auparavant. Ensuite ce terrain fut soumis à l’action du feu; toute la surface fut brûlée en vue d'améliorations agricoles. Après cette opération on ne trouva plus les cuivrés dans cette localité particulière. » Donc, les opinions diffèrent quant à la cause de destruction, mais aucun doute ne paraît exister que, soit avant, soit aux environs de l’année 1851, quand le Whittlesea Mere fut définiti- vement drainé, cet insecte disparut de chez nous. Les seules localités bien connues semblent être Whittlesea Mere, Vaxley Fen et Holme Fen dans le Cambridgeshire et le Huntingdonshire. M. Dale raconte que M. Haworth prit cinquante exemplaires en un seul jour, en 1827, à Bardolph Fen, Norfolk, et que quelques-uns furent pris à Benacre, Suffolk. Il ajoute que les dernières captures paraissent être de cinq exemplaires à Holme Fen en 1847 ou 1848. Le papillon habitait autrefois, en toute probabilité, bien des parties des marais, non drainés alors, qui s'étendaient depuis le Huntingdonshire jusqu'au Lincolshire, et 1l est tout Juste possible qu'au moment de la destruction des derniers repaires de l'espèce, quelques individus se soient répandus dans le pays, maintenant ainsi l'espèce pendant quelques années, dans des endroits favorables. En 1856, Richard Weaver déclara qu'un male et une femelle avaient été capturés l’année précédente, en Staffordshire; en 1857, M. W. D. Crotch annonça la capture d’un exemplaire en Somersetshire; et, en 1860, le Rev. Joseph Green enregistra une capture en Suffolk. De plus, il est dit qu’en 1865, un spécimen qu'on déclara avoir été ramassé sur des laiches à Slapton Lea, fut exhibé à l’Exeter Naturalists Club. Quoi qu’il en soit, 1l n’y a pas lieu de croire que l'espèce existe encore quelque part chez nous. Il y a une série magnifique dans la collection du Musée de Cambridge; et d’autres belles séries, comprenant des exemplaires LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE va © d'élevage, se trouvent dans les collections de feu MM. H. Dou- bleday, F. Bond et J. C. Dale, et dans toutes les primer pales collections appartenant aux Entomologistes vivants. Quoi- qu'éteinte, l'espèce est toujours considérée comme étant un des plus riches bijoux de la faune britannique. » Mais les Entomologistes anglais n’ont pas abandonné l'espoir de voir ressusciter le Polyommatus dispar dans leur pays, et la note reproduite ci-dessous et parue dans « 74e Entomologists Record, Vol. XXI, p. 154 », sous la signature de M. G. H. Verrall, F. E.S. indique les efforts déjà faits et invite les Entomologistes anglais à être discrets dans la récolte éventuellement possible du nouvel Æippothoë dont l’acclimatation a été essayée : « Comme il n’y a aucun exemple prouvé de l'existence de cette espèce en Grande-Bretagne depuis 1848, je ne pense pas que l’on puisse m’accuser d'agir d’une façon non-scientifique en tentant de la réintroduire au moyen de sujets continentaux. En conséquence, avec la bienveillante assistance de M. J. W. Tutt, j'ai mis en liberté de nombreuses larves de la forme 7##lus à Wicken Fen, et je demande à tous les Entomologistes leur concours pour empêcher la capture d'exemplaires pendant quelques années, afin de se rendre compte si cette belle espèce peut être établie de nouveau. D’autre part, il sera intéressant de voir si, dans le courant de quelques générations, une reversion vers la forme britannique ancienne pourrait se produire. J'apprends qu’on essaye aussi d'introduire l’autre « dispar » (Lymantria) au même endroit, de sorte que les captures que l’on pourra faire de cette espèce resteront également sans valeur, au point de vue de la faune britannique. » Ainsi que je l’expose à la page 8 de la XX° livraison des Etudes dEntomologie, ma collection contient quelques exem- plaires anglais et picards du large Copper, actuellement éteint aussi bien en Angleterre qu'en Picardie. Je fais figurer sous les n® 328 et 320 de la PI. XLIII de cet ouvrage un O' et une Q LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 151 dispar, pris jadis à Saint-Quentin, et sous les n° 330 et 331, une paire provenant d'Angleterre. J'ai acquis dernièrement quelques dispar qui furent vendus à Londres, notamment une belle paire faisant partie de la collection de feu J. A. Clark. La première portion de cette collection Clark a été dispersée aux enchères publiques, les 2 et 3 novembre 1909. Dans cette partie, se trou- vaient, sous les n° 00, 91, 02, 03, 94, 05, 06, 07 et 08, O dispar qui furent adjugés un par un, chaque exemplaire formant un lot. À ma connaissance, deux échantillons O' et Q furent vendus comme suit : 1° « À magnificent specimen, very large and rich colour Œ » (lot o1) atteignit le prix de 11 livres 10 shillings, ce qui fait, avec les frais divers s’élevant à 10 %, à peu près 316 francs; 2° « À magnificent specimen and very large Q » (lot 95) arriva seulement à 6 livres 10 shillings, soit, avec les frais, 178 fr. 75. D'ailleurs, les papillons anglais « now extinct » ou aberrants atteignent souvent des prix très élevés en vente publique, alors que les boîtes contenant des quantités d'exemplaires en état d'excellente conservation, appartenant à des espèces même rares, mais existant encore en Grande-Bretagne et ne présentant pas d'anomalie sérieuse, sont adjugés à des prix quelquefois infimes. Quoi qu'il en soit, j'ai réussi à réunir Jusqu'ici 17 dis par anglais, et c’est avec ces éléments de comparaison que Je puis établir les caractères distinctifs de cette race vraiment merveilleuse. La taille des spécimens anglais est généralement grande. Les Q sont, en dessus, d’un rouge métallique mat, très chaud et plus foncé que dans les autres races; les points noirs discoïdaux et la bordure noire des ailes sont très accentués; la frange est blanche, courte, mais bien serrée et très apparente. Les © sont d'un rouge un peu fauve avec les points noirs plus gros que dans les autres formes géographiques de l'Espèce; mais ce qui est très particulier, c'est la teinte gris bleu du dessous des ailes inférieures, du bord des supérieures, du thorax, des pattes et de l'abdomen; cette teinte bleuâtre reste caractéristique du dispar anglais. Les points noirs, dans les deux sexes, sont gros, en dessous, et agréablement cerclés de blanchâtre. 152 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Les dispar de Saint-Quentin, dont ma collection et celle de feu Bellier contenaient ensemble six exemplaires envoyés jadis par feu Gronier, sont aussi grands que les dispar anglais; mais la teinte rouge feu du dessus des ailes des d'est moins vive et plus claire; les points noirs, sur le dessus des ailes supérieures de la ©, sont moins gros, et surtout le dessous des ailes inférieures est plus gris et non bleuâtre, comme chez les dispar anglais. J'ai sous les yeux de très beaux Æippothoë (rutilus) de l'Allemagne du Nord (Berlin, Magdebourg, etc.); on peut dire que la race éteinte de Picardie est intermédiaire entre la race détruite d'Angleterre et les plus beaux spécimens du Nord de la Germanie. En Alsace, en Dauphiné, dans la Gironde, Hippothoë est relativement plus petit que dans l’Allemagne du Nord, tandis qu'en Dalmatie, Hippothoë paraît être plus grand et bien vivement coloré, se rapprochant de l’ancienne forme picarde et de la race germanique actuelle. En France, Hippothoë éclôt deux fois par an, au printemps et en été. M. Charles Rothschild essaya, il y a quelques années, d’ensemencer de nouveau Hippothoë en Angleterre, agissant avec le même sentiment et animé des mêmes intentions que M. Verrall réalisa plus tard, comme on l’a vu ci-dessus. L’excellent docteur Macker, de Colmar, eut l’obligeance de me procurer une Q vivante qu'il prit en août et que j'envoyai à M. Charles Rothschild, amateur très passionné de la faune lépidoptérologique anglaise. Malheureusement, la première tentative d’acclimatation d'Æ:pp0- thoë en Angleterre ne réussit pas. J'ai publié sous le n° 69 de la PI. 5 de la XX* livraison des Etudes d'Entomologie la figure d’une belle Aberration 7adiata d'Hippothoë Œ. John Curtis, dans son bel ouvrage : British Entomology,; being illustrations and descriptions of the genera of Insects found in Great Britain and Ireland; Lepidoptera, à publié sur la PI. 116-12, de très belles figures de Zycæna dis par (the large Copper Butterfly). L'auteur anglais donne des détails intéressants sur ce joyau magnifique de la Lépidoptérologie bri- tannique et cite notamment les remarques suivantes sur les pre- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 15 (SS miers états, communiquées par M. Henderson, of Milton « Messrs. Whybray and Wood found the caterpillars in May and June 1826. Mr. Wood says that they are found in the greatest plenty the first three weeks of June, about which time they change to Chrysalides, and remain in that state about three weeks : it is supposed that the eggs remain through the winter, and are probably hatched about the latter end of May. The capillar feeds on the Rumex aguaticus, and other docks found in the fens, and the chrysalis is attached to the back of the leaf-stalk near the bottom. » John Curtis ajoute quelques renseignements; Je les traduis comme suit : « Ce splendide papillon a été découvert dans le pays de Galles (Wabs) par le célèbre botaniste Hudson. Le docteur Skrimshire le captura, pendant plusieurs années, dans le marais Bardolph, en Norfolk. Ces dernières années, 1l apparut en orande abondance à Whittlesea Mere, dans le Huntingdonshire, où on le trouvait du 25 juin au 10 août. Au commencement de juillet, la chenille, la chrysalide et le papillon ont été trouvés vivants, le même Jour. » Curtis ne dit pas que l’Espèce soit disparue; mais Je crois que la 1° édition de son ouvrage date de 1823 à 1840, époque où le dispar n'était pas encore éteint; c’est du moins Guenée qui fournit ce renseignement de date bibliographique. [L'’exemplaire de l'ouvrage de Curtis qui existe dans ma bibliothèque n’est précédé d'aucun avertissement ni d'aucune préface. Il porte la mention éditoriale : Lovell Reeve & C°, Henrietta Street, Covent Garden; 1862. J'ai lieu de croire que c'est une réédition de l'ouvrage de Curtis. Pourtant, contrairement à l’usage, le titre est dépourvu de toute autre indication capable de renseigner le lecteur. Les chenilles, les plantes et les papillons sont admirablement gravés dans cet ouvrage de Curtis; le coloriage et l’impression du texte, dans l'édition que je possède, sont excellents; mais ce n’est évidemment pas, vu la date 1862, l’édition originale. Guenée avait été favorisé par son ami Doubleday d’une très importante documentation sur la faune des Lépidopteres anglais, 154 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE et 1l avait notamment recu de M. Doubleday 4 dispar; Guenée les a pourvus de l'indication suivante, qui a dû être écrite vers 1860 : « Nord de l'Angleterre; 1l paraît que cette superbe variété a progressivement disparu d'Angleterre. » Il y avait 5 exemplaires dans la collection Boisduval et ils sont magnifiques. Chacun porte à son épingle une étiquette sur laquelle on lit : « Hope, 1820 ». Le papier est vieux et l’encre est Jaume par le temps. On peut voir dans l’/cones une excellente figuration de dispar anglais, sous les n° 1, 2 et 3 de la PI. 10. Boisduval a parfaitement observé le caractère des ailes inférieures, en dessous, car 1l remarque (p. 44) « que le dessous des inférieures est d’un gris blanc lavé de bleu ». Duponchel a donné de bonnes figures du dispar, sous les n°2 "et 416); 5'et 6 (0)de Ja PISTE Supplément. I n'y avait pas de dispar anglais dans la collection Bellier ; il existait une seule © avec la mention : « Donnée par Pierret », dans la collection de Graslin. Sans doute Pierret a possédé une superbe série de dispar anglais; mais qu'ont-ils pu devenir et en quelles mains sont-ils passés? Feu Depuiset a revendu en détail la collection Pierret qu'il avait achetée en bloc, et il m'a souvent dit que cette opération fut le commencement de sa fortune. Il la fit d’ailleurs très honorablement, joignant au mérite d’un fin connaisseur celui d’avoir toujours été d’une labo- rieuse activité et d’une parfaite loyauté. C'est à Depuiset que je suis redevable de la collection des dessins originaux de l’/cones. Depuiset eut la bonté de me les offrir en amical souvenir. Les peintures de dispar, dues au pinceau de Dumesnil, y sont de véritables chefs-d'œuvre; les papillons, en dessus, sont coloriés d’un seul côté; il incombait au graveur et au coloriste de reproduire le côté manquant, conforme au côté achevé. Cette méthode était basée sur la conviction que les deux côtés de tous les papillons sont rigoureusement symétriques. Cela est exact pour certains groupes; mais J'ai déjà fait observer, au cours de mes précédents travaux, que pas un seul exemplaire de Cydimon, Urania, Chrysiridia, etc, n’a les deux côtés des ailes LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE I UT UT symétriques. L'aspect général n'indique pas de différence saillante entre les deux côtés; pourtant la disposition des taches est tout autre. Le peintre E. Blanchard, travaillant comme Dumesnil, ne s’est pas rendu compte que l’Urania Ripheus est asymétrique; et, dans la Faune entomologique de Madagascar, par Boisduval (Paris, 1833), dont je possède aussi les peintures originales, un seul côté du magnifique papillon Ripheus ayant été figuré en couleur, le graveur, contrairement à la réalité, a représenté les deux côtés des ailes absolument pareils. Cela ne s’est pourtant jamais vu. Îl est étonnant que le peintre, obligé d'observer de si près tous les détails, pour les représenter sur le papier, ne se soit pas rendu compte de cette particularité. Je n'ai pas vu que Guenée, généra- lement si méticuleux et observateur si attentif des petites choses, ait remarqué cette intéressante bizarrerie. Du moins J'ai été inhabile à en trouver la mention dans le tome I des l/ranides et Phalénites, Species général des Lépidoptères, IX; Paris, édit. Roret, 1857. Lycæna boetica, Linné. Charmante espèce répandue dans l'Australie; le Japon, la Chine; l'Inde; à Madagascar; aux Comores; en Abyssinie; à l’île Bourbon ; à Zanzibar; à Natal; au Sénégal; en Algérie (Lambèze, Bône, Djurjura, Biskra, Laghouat, Blida, Sebdou); en Italie (Castellamare-di-Stabia) ; en Espagne (Grenade, Sierra de Alfakar, Sierra de Ronda, Vittoria, Alsasua, Barcelone); en France (Au- vergne, Vichy, Chartres, Gavarnie, Pyrénées-Orientales, Basses- Alpes, Marseille, Charroux, Rennes, Cancale, Var, Alpes-Mari- times), et en Valais. On rencontre occasionnellement boefica en Angleterre, le premier exemplaire observé dans la grande Ile fut pris en 1850, à Brighton. L'Espèce est variable; les sont en dessus, d’un bleu lilas plus ou moins clair ou foncé, transparent ou opaque; avec la bordure brunâtre des ailes amincie ou élargie; la tache marginale ocellée qui est en dehors de la petite queue, est entourée d'une auréole 156 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE aurore, plus ou moins visible. En dessous, les dessins d’un blond doré sont plus ou moins confluents et les deux ocelles noirs, de chaque côté de la queue, sont surmontés d’un arc orangé et sou- lignés d’atomes bleu ou vert d’or d’une accentuation très variée. Il y a deux types de © et tous les passages entre les deux formes extrêmes existent : d’abord la forme qui, chez nous, est plus ordi- naire, elle a le fond des ailes brun, avec la base saupoudrée d’un semis d’atomes bleus s'étendant jusqu'au delà du milieu; puis l’autre forme dont les ailes inférieures sont traversées, du bord costal aux approches du bord anal, par une bande maculaire blanche quelquefois très nette : albovittata, Obthr. Les taches ocellées marginales, intranervurales sont aussi plus ou moins accentuées aux ailes inférieures. En dessous, les linéaments et taches blond doré des Q sont agréablement mélangées de blanc. La taille est aussi très différente; il y a des exemplaires très grands; d’autres très petits. Il ne paraît pas qu'il y ait de variétés géogra- phiques, malgré la diversité des pays habités par la Lycæna boctica. Je n'ai cité dans l'indication des localités ci-dessus relatées que les contrées d’où proviennent les exemplaires de ma collection; mais Je ne doute point que la Zycæna boctica n'habite presque toute la France, notamment le Centre et l'Ouest, étant cependant plus rare dans le Nord et l'Est. La Zycœna boetica vole en juillet et août dans les Pyrénées- Orientales; en mai et juin en Algérie; en août, septembre, octobre et même commencement de novembre, à Rennes. Je l'ai trouvée à Can- cale, en août; la chenille, aux bords de la mer de la Manche, doit vivre sur les genêts et les ajoncs; dans les jardins, elle affectionne le baguenaudier. Je crois que la Zycæna boetica, en Bretagne et en Angleterre, est un papillon non indigène, mais se renouvelant chaque année par des exemplaires émigrant du Sud vers le Nord, comme les Colas Edusa et Hyale et plusieurs autres espèces. Je l'ai vue très commune dans les jardins publics de Paris, en sep- tembre, il y a une cinquantaine d'années. Je ne me suis pas trouvé à même de l’observer de nouveau nulle part, dans de semblables conditions d’abondance. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Do M. Powell a obtenu d’'éclosion, à Hyères, une Q sans queue. Il m'a envoyé cet exemplaire avec une notice qui authentife cette sorte de variation que j'appelle ecaudafa. La Lycæna boelica est une espèce connue de tous les Entomolo- gistes, ne donnant lieu à aucune confusion et ayant été figurée par un très grand nombre d'auteurs. Lycæna Telicanus, Huebner. Espèce méridionale; je ne l'ai jamais vue nulle part abondante; elle habite, d'après les documents que je possède, Tanger (Maroc); Bebdou, Alger (Algérie); Malaga, Grenade, Sierra-Nevada, côté de Lanjaron (Espagne); la Corse; la Sicile; Menton (Alpes-Mari- times); Millas, Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales); Digne (Basses-Alpes). Je ne crois pas que la Zycæna figurée avec le nom de Telicanus, sous les n° 8 et o de la PI. 26 de l’Aistoire de Madagascar, par Alfred Grandidier, Paris, 1885, appartienne à la même unité spéci- fique que notre Z'elicanus de la région méditerranéenne occidentale. Les Lycæna pulchra et rabefaner de Madagascar, dont les frères Perrot nous ont envoyé jadis d'importantes séries, sont des espèces, à notre avis, distinctes de Z'elicanus et doivent en être spécifique- ment séparées. La Lycæna Telicauus a été figurée par beaucoup d'auteurs. Millière l’a représentée avec sa chenille et sa chrysalide, sous les n° 10 à 13 de la PL 108 de son artistique Iconographie. D'après Millière, la calluna vulgaris serait une des plantes dont se nourrit la chenille de Z'elicanus. Le papillon éclôt depuis le mois de juin jusqu'à l'automne. Lycæna Theophrastus, Fabr. La description de Fabricius est ainsi conçue à la page 281 de l'Entomologia systematica; Hafniæ; 1793 : « H. KR. alis cau- datis fuscescentibus subtus albis nigromaculatis : posticis punctis 158 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE quinque marginalibus aureis. Habitat in Marocco; Mus. Dom. de Sehestedt. Parva. Alae anticæ fuscæ basi lineis duabus cærulescen- tibus, disco macula flavescente obsoleta, atromaculata. Posticæ fuscæ cinereo undatæ. Cauda nigra, apice alba. Subtus albæ strigis plurimis e punctis lineolisque transversis, atris. Striga marginalis e punctis quinque aureis, quorum secundum puncto atro notatum. » (H et R en tête de la description concernant la ©, ci-dessus transcrite, signifie : Æesperia. Rurales, termes qui correspondent à une classification de Fabricius). Vit sur le jujubier; éclôt deux fois par an, au printemps et en été. Répandue en Algérie où elle a été capturée à Sebdou et à Zebch, en mai et en août; à Biskra, en mai; dans le Djurjura, en juillet ; à Bou-Saâda, en mai; à Aïn-Sefra, en avril; à Laghouat, en avril; à Rovigo, en mai; à Littré, en mai. La forme 7'Leophrastus a été parfaitement représentée par Herrich-Schaeffer, avec le nom de Psiftacus, sous les n° 220, 221, 222 et 223. Les figures données par Lucas, dans l’Exploration scientifique de l'Algérie, sous les n° 6 et 6a de la PI. 1, sont beaucoup moins bien exécutés. Freyer a représenté la variété Balka- rica, de Turquie, de Syrie de l'ile de Chypre, sous les ne de la PI 421. Cette variété Balkanica dont il me semble que Staudinger et Rebel, dans le Catalog 1001, font à tort une espèce distincte de Z'zeophrastus, est caractérisée par les taches brunes, transparaissant du dessous et très visiblement indiquées sur le dessus des ailes, par le ton d’un lilas plus rosé et moins bleuâtre du dessus des ailes chez le O' et par les dessins noirs du dessous des ailes qui sont plus fins, tout en étant sensiblement les mêmes que ceux de 7'.eophrastus. Il y a d’ailleurs des exemplaires de tran- sition; certains échantillons algériens, notamment ceux qui appar-. tiennent à l’Ab. rosacea, Austaut, sont d’un lilas rose comme la variété Balkanica; d'autre part je possède un © pris à Biskra et chez lequel on voit, sur le dessus des ailes supérieures, des taches brunes transparaissant très distinctement du dessous; enfin pour le dessous des ailes, comme il y a des petites différences chez chaque individu, je ne crois pas qu’on puisse trouver chez Balkanica LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 159 un détail assez constant et assez saïllant pour qu’on puisse l'invoquer à titre de valeur spécifique différentielle. La forme du Haut- Sénégal qui a été rapportée des Kayes par le D' Charles Nodier, en 1881, fait un passage excellent « transitus egregius » entre Balkanica de Turquie et 7 eophrastus d'Algérie. Je possède Teo- phrastus référable à la forme algérienne, provenant de Solan, près Simla (N.-O. de l'Inde) où il fut pris par le Lepcha Lakatt en 1806; de Ceylan; des jungles de Noatoli; de Trichinopoly (Sud de l'Hindoustan); de Karrachee; de la frontière Gangpur et Sam- balpur; de Kulu; de Sikkim; Punjab et Nepaul, en Asie; et d'Abys- sinie, de Kimberley et Freetown (Sierra-Leone), en Afrique. Je suis convaincu que Sybaris, Hopf. alteratus, Moore, venosus, Moore désignent la même unité spécifique qui est appelée TXeophrastus. Ananda, de Nicéville, me paraît être une espèce voisine, mais tout à fait différente. La Zycœena Theophrastus est donc répandue dans une vaste étendue de pays, en Afrique, en Asie et dans le Sud-Est de l'Europe où elle donne la variété Balkanica. M. Aigner-Abañ a figuré dans Schmetterlings-Aberrationen aus der Sammlung des Ungarischen national Museums, une jolie Ab. Frivaldszkyi, de Balkanica, sous le n° 4 de la PI. XIV. Les Q sont assez variables; plusieurs capturées en Algérie, concordent parfaitement avec les figures 222 et 223 de Psittacus, Herrich-Schaeffer; c’est-à-dire que tout le fond des ailes est noi- ratre avec les dessins noirs transparaissant du dessous, plus foncés. Dans l'Inde, le fond des ailes est blanc, au lieu d’être noirâtre et les taches noires se détachent très nettement. Certaines © algé- riennes, montrant une éclaircie blanche dans l’espace post-cellulaire, font le passage entre les formes extrêmes, la plus obscure et la plus claire. M. H. Powell a pris à Sebdou, en mai 1007, une Aberration radiata que je fais figurer sous le n° 410 de la PI. XLIX, et à Zebch, près Sebdou, en août 1907, une © très curieuse ayant le côté gauche noirâtre et normal et le côté droit semé d’atomes bleu 160 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE brillant, Ab. wzcærulescens qui est représenté sous le n° 409 de IP PONIEIEXe Le dessous des ailes inférieures, ainsi que je l’expose ci-dessus, étant assez variable, je fais figurer un G' du Sud-Algérien pris par M. Gaston Allard, une © de Bou-Saâda, très obscure en dessous, prise par mon frère, en 1875, et une Q de Zebch, prise par M. Powell en août 1907, à dessins normaux, mais ornée d’une série de taches vert d'or extrèmement brillantes, le long du bord terminal des ailes intérieures (NES ho ANT, 412, 413, 444) Lycæna Coretas, Ochs. Je suis convaincu que Coretas est une espèce à part d’Ayntas et tout à fait distincte. J'ai observé Coyelas aux environs de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales) où elle éclôt deux fois par an en mai et en Juillet, et dans la Dordogne, au sud de Bergerac, où elle vole en juillet, et sans doute aussi au printemps, dans des petits bois secs et montueux où elle ne paraît pas bien rare. Je l'ai aussi reçue de Digne. Jamais je n'ai pris Ayntas à Vernet-les- Bains. Dans la Dordogne, je n'ai vu Azynlas commencer qu’au nord de Périgueux. Parcourant en automobile la route de Cauterets à Rennes, en 1008, je me suis arrêté à chasser dans plusieurs forêts que je rencontrais; c’est ainsi que J'ai exploré, malheureusement trop rapidement, quelques bois entre Périgueux et Angoulême, en passant par Brantôme et la Roche-Beaucourt. J'ai observé, çà et là, Amyntas voltigeant sur les bruyères, dans les clairières sylvatiques, comme jamais je ne l'avais vu aussi nombreux nulle part; mais il était seul, sans Coretas, à partir de Bergerac et en remontant vers le Nord; de même que Coretas se trouvait sans Awyntas dans la région plus au Sud. J'ai fait figurer Coretas sous les n* 75 et 76 de la PI XX qui a paru avec la III° livraison des Æ/udes de Lépidoptérologie comparée. La Q est toujours noire, en dessus. Jamais il ny a, pas plus chez le G' que chez la Q, aucun vestige de tache jaune, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 161 le long du bord marginal des ailes inférieures, en dessous. Huebner a figuré Corefas, avec le nom de 7 zresias, sous les n°5 319, 320 et 321. On trouve Coretas dans quelques parties de l'Autriche, notam- ment en Croatie. L'Espèce n'est pas bien commune au Vernet; la place où j'ai vu le plus d'exemplaires, était sur le flanc oriental de la montagne dite : de Feuilla, au-dessus du château de Manfred, entre Vernet- les-Bains et: Villefranche-de-Conflent, avant d'arriver à une ferme que J'ai entendu appeler Badebagne par les gens du pays; mais cette localité à été bouleversée. On trouve aussi Coretas à Saint- Martin-du-Canigou; mais pour recueillir 25 exemplaires de Coretas dans une année, À Vernet, il faut être favorisé par des circonstances heureuses. En 1900, J'ai chassé au printemps et mon frère en été, aux environs de Vernet-les-Bains. En tout, nous avons à peine capturé dix exemplaires. L'Espèce est délicate: la Q surtout est facile à détériorer. Il est extrêmement rare de la posséder parfai- tement intacte. Les deux générations vernale et estivale ne semblent pas différer l’une de l’autre. Coretas est resté Jusqu'ici une espèce généralement méconnue des Lépidoptéristes français. Ochsenheimer, auteur de l'ouvrage sans figures : Die Schmetter- linge von Europa, publié à Leipzig, en 1808, n'était pas éloigné de croire que Coretas, dont il paraît qu’il fut le premier observateur, constitue une espèce séparée; car il dit à la page 60 de la 2° partie du 1* volume : « In der Schiffermuellerschen Sammlung sah Ich eine Abart (vielleich Art) unter dem Namen L. C oretas, welcher die rothgelben Flecken und Silberpunkte gaenzlich fehlten. » ce que Je traduis ainsi : J'ai vu dans la collection de Schiffermueller une variété (peut-être Espèce) sous le nom de Coretas à laquelle les taches d’un Jaune rouge et les points d'argent man- quaient complètement. La collection Schiffermueller se trouvait à Vienne. Schiffer- mueller était avec Denis, professeur au Collège impérial des Thé- résiens, à Vienne. Denis et Schiffermueller furent ensemble, en 1776, les auteurs du Wiencrgegend Verseichniss. Les Thérésiens ont mérité les éloges de Guenée pour la classification qu'ils ont 11 162 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE imaginée et Guenée les appelle « les vrais fondateurs de la Méthode naturelle ». Quant à Ferdinand Ochsenheimer, il était acteur au Théâtre Impérial royal de la Cour à Vienne « Schauspieler bey dem kaiserl. koenigl. Hoftheater in Wien ». M. Arnost Grund, d'Agram, qui a fait des observations sur Corefas, est aussi lui comédien, profession qui exige une vive intelligence, un grand esprit d'observation et beaucoup de mémoire. I1 remplit les fonctions de premier comique et de régisseur du théâtre croate. Sa collection composée uniquement de papillons de Croatie et de Dalmatie contient beaucoup de pièces fort intéres- santes, capturées dans des localités jusqu'ici inexplorées. M. Arnost Grund pense, comme moi, qu'Aryntas et Coretas sont des espèces distinctes; de plus, il paraît croire que decolorata, Stgr. serait aussi une espèce. Je suis redevable d’une paire de decolorata Cet Q à l’obligeance de M. Grund qui est un Entomologiste très docu- menté et parfaitement au courant de la Science; mais je déclare que je ne puis avec un si petit matériel, me former une opinion personnelle, c’est-à-dire me rendre compte des différences spéci- fiques pouvant exister entre Coretas et decolorata; tandis que pour la distinction entre Awyntas et Coretas, que j'ai vus tous les deux maintes fois vivants et que je me suis trouvé à même d'observer depuis longues années dans la Nature, ma conviction, comme Je le dis au commencement de cette notice, est fermement établie. Coretas est aussi bien une espèce différente d’Ayntas, qu'_Ægon est différent d'Argus, que Bellargus (Adonis) est différent d'carus (Alexis) et de Corydon. Lycæna Tiresias (*), Esper (Awyuntas, Huebner). La synonymie de cette Espèce, répandue dans diverses contrées de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique, est assez difficile à bien (#) Tirésias, l’un des plus célèbres devins de l'Antiquité, était fils d’'Evère et de la nymphe CAariclo. Ayant rencontré sur le mont Cyllène deux serpents qui frayaient ensemble, il les sépara avec un bâton et aussitôt devint femme; LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 103 établir. Le premier auteur à qui nous sommes redevables de figures permettant de la bien reconnaitre, est Esper qui a représenté, avec le nom de 7?resias, d'après des exemplaires de la collection Herr- mann, de Strasbourg, sous les n° 1 et 2 de la PL XXXIV, la forme estivale et OPEtroustle nez de la PI XEEX 12 formée vernale ©. L'ouvrage d'Esper : Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur, a paru à Erlangen, en 1777, ainsi que j'ai déjà eu occasion de le rappeler au cours du présent ouvrage. Johann-Andreas-Benignus Bergstraesser, dans : Nomenclatur und Beschreibung der Insecten in der Grafschaft Hanau, etc, imprimé en 1778, a publié sous les n° 3, 4 et 5 de la PI. 44, avec le nom de Polysperchon, la génération printanière de 7iresias et sous les n° 1, 2, 3 et 4 de la PI. 45, mais cette fois avec le nom de 7resras, la génération d'été. Les figures de Bergstraesser sont très grossièrement exécutées. Le même auteur représente sous les n° 3 et 4 de la PI. 54, une variété © de Ziresias que le P. Engramelle a appelée : le Myrmidon. Jacob Huebner, en 1805, a donné, avec le nom d'Awyntas, sous les n° 322, 323 et 324, la figure de la forme d'été de Tiresias, secundum Esper, réservant le nom de 7?resias au Coretas, Ochs. ou peut-être à decolorata? ce qui serait possible à cause de la teinte bleue un peu verdâtre qui a été employée pour le coloris UC fe.n 310. Esper, Bergstraesser et Huebner sont des iconographes; sachons- leur gré des figures qu'ils ont pris la peine de publier. Un de leurs contemporains qu’on peut presque ranger parmi les descripteurs sans figures, car il n’a, en tout, produit que deux Planches, pour cinq mais, au bout d’un certain temps, il les rencontra encore dans la même position et reprit son premier sexe. Choisi pour juge d’un différend qui s’éleva entre Jupiter et Junon, Tirésias prononça contre la Déesse qui en fut si irritée qu’elle l’aveugla; mais il en fut dédommagé par le don de prophétie qu’il reçut de Jupiter et par une vie sept fois plus longue que celle des autres hommes. Tirésias fut honoré à Thèbes comme un Dieu, et eut à Orchomène un oracle longtemps fameux (Dict. de la Fable, par Fr. Noël. Paris, An XIII-1805). 164 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE volumes, Moritz-Balthasar Borkhausen (Francfort, 1788) a écrit (Tom. I, p. 166), une notice sur 7'iresias où je remarque le rensei- gnement suivant : « Man findet diesen Falter schon in Mai, am oeftersten aber im Julius und August, oft auch noch im Sep- tember auf bebluemten Wiesen und in grasigten Waeldern. » c'est-à-dire « qu’on trouve ce papillon d’abord en mai, mais le plus souvent en juillet et août, quelquefois aussi encore en sep- tembre, sur les prairies émaillées de fleurs et dans les forêts herbues ». Je lisais ce renseignement, le 18 octobre 1900, au moment même où M. Gédéon Foulquier, de Marseille, me communiquait quatre exemplaires de Lycæna Tiresias, pris par lui, le 26 septembre 1900, dans le pays si curieux et si peu connu qu'on appelle : la Crau. Je n'ai jamais, pour ma part, vu voltiger Zéresias qu'au printemps d'abord et en juillet et août ensuite. J'ignorais qu'une 3° éclosion pût avoir lieu en septembre et je m'en suis trouvé informé, en même temps, par M. Foulquier qui l’a constatée dans la Nature, et par la lecture des lignes ci-dessus rapportées de l'ouvrage de Borkausen, datant de 117 ans. Le P. Engramelle a figuré sous les n° 78 a, b, c, d et 70 a, b de la PL XXXVII, le pezi Porte-queues, suivant son habitude, 1l a pris la © pour le 'et vice versa. Il dit que « ce papillon paraît tout l'été, mais en petite quantité. On le trouve dans les bois fleuris et les prés qui les avoisinent. » Il signale une très petite Q (qu'il prend aussi pour le ©‘), se trouvant aux mois d'août et de septembre, dans les mêmes endroits que le précédent. Quant à la forme prin- tanière, dont la © est différente de Polysperchon Q, et qui est figurée sous les n° 70 & bis, b bis, c bis et d bis, de la PL LXXXIT, Engramelle l'appelle : le Myrmidon, et prétend l'avoir copiée du cabinet de M. Gerning. J'ai conservé ce nom de WMyrmidon, pour désigner la seconde forme © de Polysperchon. Les Thérésiens, c’est-à-dire Denis et Schiffermueller, les auteurs du Systematisches Verseichniss von den Schmetterlingen der LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 105 Wiener Gegend, qui signent modestement le titre de leur ouvrage, comme suit : « Herausgegeben von einigen Lehrern am kaiserl. koenigl. Theresianum in Wien », décrivent dans l'édition de 1801, sous le nom d’Ayntas, en reproduisant tout d’abord la phrase latine de Fabricius qui s'applique au ' seul, la race printanière de Tiresias. I] ne semble pas que les Thérésiens aient eu connaissance de la figuration donnée par Bergstraesser. J- Chr. Fabricius, dans Mantissa Insectorum (Hafniae, 1787), à la page 70 du vol. If, a maintenu le nom d'Awyutas dont il fait remonter l'origine à la première édition (1776) du Catalogue des Papillons des environs de Vienne par Denis et Schiffermueller, et fait tomber en synonymie le Zéresias, Esper (Tab. 49; fig. 2) qui est une © du printemps. Il en résulterait que les Thérésiens auraient la priorité du nom Ayryntas pour la forme vernale et Esper la priorité du nom 7%esias pour la forme estivale. Mais avec les descriptions sans figures, on risque trop de commettre des erreurs d'identification. Exemple : la description d'Argrades, donnée par Fabricius, 6 pages plus loin que celle d'Arzyntas (p. 76) et qui me paraît bien difficile à rapporter à autre chose qu'à une sorte de Zzresias acaude et ayant le dessous des ailes très foncé : « alis.. subtus fusco cinereis ». Je déclare ne pas reconnaitre ce papillon. Dès lors je crois que le mieux, en la circonstance, est d'appliquer la formule : « Pas de bonne figure à l'appui d'une description, pas de nom valable » et de s’en tenir aux iconographies d'Esper et de Bergstraesser, pour fixer la nomenclature de l'espèce de Zycæna dont il est cas. Au moins nous disserterons sur une base qui ne peut donner lieu ni à erreur, ni à confusion et nous raisonnerons d'après des déterminations se rapportant à des papillons dont la connaissance nous est nettement acquise. J'établis donc la Nomenclature de la Zycæna Tiresias, d’après les Iconographies, comme suit : 1606 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Tiresias, Esper. France, Allemagne, Italie, etc. 1° forma æstivalis; juillet, août, septembre. Tiresias, Esper; Tab. XXXIV; Gp. 2, 0er — Bergstraesser, Tab°45, Or hg. 12, 0h02 Amyntas, Huebner; G' 322; Q 323, 324. — Obthr. Lépid. compar. II; PL XX; C'fig. 81; © fig. 82. 2° forma vernalis; mai. Polysperchon, Bergstraesser; Tab. 44; O' fig. 3, 4; Q üg. 5. — Obthr. Lépid. compar. III; PL XX; O' fig. 83; Q fig. 8. Amyntas (vernalis), Herr. Schaeff. n° 645 (dessous des ailes). Tiresras AE Sper Mab REX otee ue forma. 79 c bis et 70 d bis. — Obthr. Léprid. compar. IN; PANNE EE 602 Tiresias, Bergstraesser;, Tab. 54; fig. 3, 4. ©122 forma. | Myrmidon, Q Engramelle; PL LXXXIII; fig. Dans la circonstance, je laisse de côté les races asiatique et américaine et m'intéresse seulement aux formes de l'Europe que Je suis arrivé à connaître. Tiresias a été trouvé en Angleterre, mais fort rarement. C'est sans doute une espèce tendant à émigration, malgré sa délicatesse. La grande étendue de pays qu’elle habite actuellement semble le prouver. Il est possible que les rares exemplaires qui ont été trouvés jusqu'ici en Angleterre, proviennent d’une émigration de l'Espèce vers le Nord-Ouest ? Voici la traduction française, due à M. Harold Powell, de la notice publiée dans le 1‘ volume de son ouvrage sur les papillons LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 167 anglais, par Charles Barrett, aux pages 68 et 60, relativement à la présence de 7'zresias en Angleterre : « Deux exemplaires, mâle et femelle, ont été capturés sur Bloxworth Heath (Lande de Bloxworth), Dorset, les 18 et 20 août 1885, par les deux fils du Rev. O. Pickard, de Cambridge. Ils volaient dans un endroit gazonné de la lande, au milieu de nombreux Polyommatus Alexis et Ægon dont on ne pouvait les distinguer au vol. Des recherches répétées dans la même localité n'ont pas amené la découverte d’autres exemplaires. La même année (1885) le Rev. J. S. St. John acheta une petite collection faite par un Dr. Marsh, habitant alors Frome, Somerset, et 1l y trouva deux mâles de cette espèce. L'auteur de la capture se rappela les avoir pris en 1874, à proximité d’une petite carrière, dans les environs de Frome. Ces spécimens ont été exhibés par M. St. John à une réunion récente de l’Entomological Society de Londres. Par la bonté de M. Cambridge, j'ai pu également examiner les deux exemplaires de Bloxworth, et je puis comprendre combien 1l est facile de laisser passer cette espèce inaperçue. La capture d’un autre exem- plaire à Bournemouth, par M. P. Tudor, est enregistrée par M. Cambridge dans 7’ Le Entomologist, 1885. Dans 7e Young Naturalist pour 1880, M. J. Chappell, de Manchester, dit qu'en- viron vingt-cinq ans plus tôt, M. J. Clegg, de Oldham, en chassant P. Alexis, à Blackpool, prit un spécimen ayant des quenes. Celui-ci devint la propriété de M. Chappell, fut classé comme Z. Bætca, et n’a été reconnu que récemment. S'il n’y a eu aucun déplacement accidentel de spécimens, cette capture est vraiment remarquable et difficile à expliquer. Ces exemples sont nos seuls pour cette espèce. Les localités dans lesquelles elle a été prise semblent écarter l'hypothèse d’une introduction accidentelle avec des plantes, et 1l est possible qu’une localité permanente pour l'espèce soit découverte un jour sur les grandes landes s'étendant depuis le Surrey à travers le Hants et le Dorset. » En Bretagne, Zzresias n'est pas rare au printemps et en été. 168 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Mais J'ai observé une particularité de diversité d'habitat selon la saison, et il me paraît intéressant de la signaler. J'ai constaté en effet qu’en Ille-et-Vilaine, au printemps, Tresias- Polysperchon vivait assez fréquemment dans les allées herbues des bois et dans les prairies basses, un peu humides, émaillées de fleurs « auf bebluemten Wiesen und in grasigten Waeldern », comme Borkausen l’a observé lui-même; mais en été, il ne reste plus un seul Z?resias dans les prairies où l'Espèce voltigeait au printemps. D'ailleurs l’herbe a été coupée et fanée au mois de juin et les bestiaux ont été amenés dans les prés pour y pacager, après la récolte des foins. En été, c'est dans les landes, là où l’humus un peu plus épais permet aux bruyères de végéter vigoureusement, qu'il faut chercher Z'zresias. Lorsque les Æyica ciliaris deviennent hautes et qu'elles poussent mélangées à l’£yica tetralix, aux Ulex europeus et surtout xanus et au Genista anglica, plantes sur lesquelles doit vivre chez nous la chenille de Zzresias, c'est une bonne localité pour trouver le papillon, depuis le 10 juillet jusqu'aux premiers jours d'août. En lisant la Contribution à l'étude des Lépidoptères du Mor- bthan, par ]. de Joannis (Ann. Soc. ent. France; 1000), je vois que pour Baton (A ylas), il en est dans le Morbihan, exactement comme pour Ziresias, en Ille-et-Vilaine : « Première éclosion à la fin de mai, et le papillon se prend alors dans les prairies; deuxième éclosion fin de juillet à septembre, le papillon se trouve alors dans les landes ». Pourquoi cette différence d'habitat de la génération de printemps et de celle d'été, commune à 2 espèces de Zycæna, dans deux pays très voisins l’un de l’autre? J'ai cependant observé qu'en Ille-et-Vilaine, la Lycæna Baton ne se trouve que dans les landes sèches et arides, au printemps aussi bien qu’en été; Jamais je ne l’ai vue dans les prairies; c’est donc pour Baton très différent en Ille-et-Vilaine, comparativement à ce qui a lieu dans le Mor- bihan. Pourquoi encore cette différence de mœurs, en ce qui concerne Baton, en Ille-et-Vilaine et en Morbihan? Je ne sais que répondre. Mais le fait est curieux et devait être porté à la connaissance des LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 109 Entomologistes. J'aurais désiré faire, cette année 1909, des obser- vations nombreuses sur 7Zresias, en vue de l'ouvrage que J'écris présentement. Mais la température a été très souvent contraire pendant le printemps et l'été 1909, en Bretagne. Aussi ai-je été empêché de chasser comme j'en avais l'intention. Cependant au mois de mai, profitant de quelques journées où les rayons du soleil n'étaient pas trop souvent empêchés par l’amoncellement des nuages de réchauffer la terre et d'animer les papillons, M. Prosper Boulé, mon frère et moi, nous avons recherché Zzresias-Polysperchon à la forêt de Rennes où nous en avons trouvé quelques jolis exem- plaires. M. Boulé a capturé de son côté Polysperchon Œ très abon- damment, le 10 mai, dans la grande lande de Caden (Morbihan) et le même mois, dans les environs de Laillé et Bourg-des-Comptes. Je suis allé à Monterfl en mai, pour voir si Polysperchon volait dans la lande dite de Grosse-Roche, en la vallée de Roc-Huel, où on le voit habituellement en été et où j'ai effectivement capturé, cette année même, la forme estivale 7%restas, en juillet et en août. Mais malgré mes investigations, je n'ai pu y apercevoir en mai, un seul Polysperchon; j'ai seulement vu Baton (Hylas) au même lieu où je l'ai retrouvé le 7 août, alors que J'avais le plaisir, en l’'aimable compagnie de M. Fernand Le Cerf, le très compétent connaisseur en Sesia, de chasser l'Uroceriformis armoricana dont il réussit à capturer quelques exemplaires. Zéresias était assez abon- dant dans la lande, un peu au-dessous de l’arête rocheuse, presque au pied de la colline, sur les Ærica ciliaris, tandis qu'au printemps, comme je le dis plus haut, je n'étais pas parvenu à en voir un seul échantillon au même lieu. En Bretagne, Ziresias présente deux formes saisonnières bien accusées et il est intéressant, comme je l'expose ci-dessus, d'observer, outre la différence d'habitat de l'Espèce, au printemps compara- tivement à l'été, la différence des caractères extérieurs du papillon. Polysperchon ou Tiresias vernal, éclôt en mai; je lis les dates O, 10, 23 mai inscrites sur les étiquettes de mes exemplaires; le comparativement à la forme d'été, est plus petit, d'un bleu plus clair; la bordure noire qui entoure les ailes est plus fine. La Q 1 70 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE toujours plus petite que celle d'été, est généralement sablée, en dessous, d’atomes bleu pâle, comme l’exemplaire figuré sous le n° 84 de la PI. XX qui fut pris à la forêt de Rennes, dans une allée herbue. Il y a aussi des échantillons plus obscurs et moins bleuâtres; mais il existe une seconde forme de © vernale, très caractérisée et fort jolie, que je désigne sous le nom de Wyrmidon, déjà donné par Engramelle; c'est celle que je fais figurer sous le n° 302 de la PL XLI, d’après un spécimen que J'ai capturé à la forêt de Rennes, cette année même, dans l'allée de la ligne des eaux, au commencement de mai. C’est bien cette forme que Bergs- traesser représente, avec le nom de 77resias variété, sous les n° 3 et 4 de la Tab. 54 et dont Engramelle donne également la figure. À Saint-Mariens, localité très intéressante et très riche du nord du département de la Gironde, on trouve au printemps Polysper- chon, avec la même © que j'ai fait représenter sous le n° 84 de la PL XX. En Prusse, on trouve aussi la même forme de Polys- perchon © et ©, et dans les Basses-Alpes, à Digne, seule localité où, d’après les documents dont je dispose, les Zycæna Coretas et Tiresias vivraient en proche voisinage, on rencontre la Q Wyr- nudon. Je possède la forme estivale Ziresias provenant de Monterfil et Pipriac (Ille-et-Vilaine); d'Entrevaux, au-dessus de Neigeas (Basses-Alpes), 4 juillet 1906; de Charroux (Vienne); du Piémont; de Châteaudun (Eure-et-Loir), d'Angoulême et des forêts entre Périgueux et la Roche-Beaucourt. En Charente, Zirestas à des mœurs et un habitat tout autre qu’en Bretagne. Je lai capturée dans un champ de luzerne de la vallée des Eaux-Claires et sur des pentes de collines calcaires où abondent les papillons de diverses espèces. Aux environs d'Angoulême, Tiresias ne doit pas être rare; je ne connais pas Polysperchon, ou Tiresias vernal, de la Charente ni du Poitou et j'ignore si, comme en Bretagne, on les rencontre en ces pays dans des lieux différents, selon les saisons où se fait l'éclosion de l’Espèce. Entre Périgueux et la Roche-Beaucourt, j'ai pénétré dans des forêts que traverse la grande route. Tÿresias voltigeait en grande LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 171 quantité sur les bruyères, dans les clairières des bois. On aurait pu en recueillir des centaines d'exemplaires. Malheureusement, c'était le 20 juillet 1008 et les papillons étaient déjà un peu usés par le vol. On ne trouvait presque plus d'exemplaires frais. Mais jamais Je n'ai vu 77resias aussi abondant que dans cette région forestière du centre occidental de la France. Le Zÿresias estival est grand; le G' est en dessus d’un bleu violacé assez foncé avec une bordure noire pas très large, mais assez accentuée et des points noirs le long du bord des inférieures; la frange est bien blanche. En dessous, le fond des quatre ailes est d’un gris un peu bleuâtre, clair, avec les points noirs petits, mais généralement bien marqués et deux ou trois taches jaune orangé, près du bord terminal des ailes inférieures. Ces taches jaunes sont sur- montées d’un petit croissant brun et à leur extrémité, du côté du bord terminal, elles sont centralement finement ponctuées de noir vif. La © est noire en dessus; quelquefois avec un ou deux points Jaunes très vifs aux ailes inférieures, à partir du côté extérieur de la petite queue. Certaines Q sont saupoudrées d’atomes bleus près de la base des ailes supérieures et le long du bord terminal des ailes inférieures. En dessous, elles ressemblent aux G'; mais les points noirs sont plus accentués et le bord des ailes supérieures est légèrement teinté de brun. Lorsque le temps est beau, au mois de juillet, les Zzresias C voltigent assez rapidement au-dessus des bruyères bretonnes et à cause du dessous gris blanchâtre de leurs ailes, ils sont faciles à distinguer des autres LZycæna. Les Q sont moins actives et elles se trouvent fréquemment posées sur l'extrémité des tiges de la molle et tendre Æyica ciliaris dont les fleurs sont d'une si jolie couleur rose. En marchant dans les bruyères, on fait lever les © qui produisent un vol généralement assez court. Mais si elles se sentent de nouveau menacées, elles s'enfoncent rapidement dans les touffes épaisses de la bruyère dont la hauteur attemt parfois 40 à 50 centimètres. Comme la couleur noire du dessus de leurs ailes est extrêmement délicate et fragile, les © du moment qu’elles ont cherché à se cacher dans les bruyères, se trouvent presque 1 72 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE toujours défraichies. Cette bruyère appelée : Æyica ciliaris par Linné, varie passablement pour la teinte rose de ses fleurs qui est plus ou moins purpurine pâle ou foncée. Çà et là, on trouve une touffe d'un blanc très pur. Cette variété albine est du plus agréable effet. L'année 1909 fut exceptionnellement humide, et à cause des pluies incessantes en juillet, la chasse aux papillons fut très contra- riée. Je compte, l'an prochain, s'il plaît à Dieu, étudier tout parti- cuhèrement la question de la diversité de l'habitat de la Zycæna Trrestas, en Bretagne, à l'éclosion du printemps, comparativement a celle d'été; puis instruit par M. G. Foulquier et par Borkausen, Je me propose d'aller, vers la fin de septembre, voir dans les landes où /7resias à été abondante au mois de juillet, si une troisième éclosion y paraîtra au commencement de l'automne, comme dans la Crau. Lycæna Argus (*), Linné; Huebner (316, 317, 318), et Lycæna Ægon, W. V.; Huebner (313, 314, 315). J'appelle Argus, Linné, ce que Staudinger et Rebel (Catalog 1901), appellent Argyrognomon et j'appelle Æzgon, W. V. ce que les mêmes auteurs, dans le même Ca/alog, appellent A7gus. Argus et Ægon se trouvent en Scandinavie; mais je crois que la description de Zinné s'applique juste au contraire de ce qui est indiqué dans le Catalog de Staudinger et Rebel; édit. 1001. Voici la description de Linné, à la page 483 du Systema Nature, édit. X; Upsaliæ 1757; impr. 1760 : « Papilio Argus alis ecau- datis cæruleis; posticis subtus limbo ferrugineo ocellis cæruleo (*) Argus était fils d’Arestor; il avait cent yeux dont cinquante étaient ouverts, pendant que le sommeil fermait les cinquante autres. Junon lui confia la garde d’Zo qu'elle venait de changer en vache; mais Mercure l’endormit complètement au son de sa flûte et lui coupa la tête. Junon prit ses yeux et les répandit sur la queue du paon, ou le métamorphosa en cet oiseau (Dictionn. de la Fable, par Fr. Noël. Paris, An XIII-1805). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 17 Q9 argenteis. Habitat im Rhamno Europæ, Africæ ». L'indication Afrique est certainement erronée; n1 A7gus, ni Ægon n’ont été jus- qu'ici rencontrées en Afrique. Pour moi, les mots « ocellis cæruleo argenteis » fixent la ques- tion, autant qu'une description peut la fixer, attendu que l’Argus de Scandinavie a bien les points marginaux des ailes inférieures, en dessous, d'un bleu métallique, tandis qu'Ægon, du Nord, ne présente pas cette particularité au même degré. C’est seulement dans les pays méridionaux qu’Æzon a les points des ailes infé- rieures métalliques, en dessous. Toutefois je reconnais que la question reste incertaine; car, d’une part, il ne faut pas oublier que Linné confond facilement les espèces voisines, et, d'autre part, on ne doit pas perdre de vue combien Linné apportait peu d’at- tention aux détails spécifiques pourtant essentiels; ainsi, dans la synonymie que Linné établit pour son A7gus dont la caractéris- tique consiste dans « ocellis cæruleo argenteis », 11 cite Roesel, ab XVII ne 5 Orlessñe 2er 5 de Roeselireprésentent Icarus (Alexis); la fig. 4 représente Acis (Semiargus). Aucun de ces Zycæna n’a les ocelles d’un bleu argenté. Donc l'établissement de la synonymie par Linné, dans la présente circonstance, est absolument faux. Dans la Fauna Suecica, Upsaliæ, 1761, Linné ajoute les indi- cations suivantes : 1074. Papilio hexapus : alis rotundatis integer- rimis cæruleis : subtus ocellis numerosis. —- Ray. Ins. p. 31; n° 11. Papilio parva, alis superne purpureo cæruleis, subtus cinereis maculis nigris circulo purpurascente cinctis, punctisque nigris pulchre depictis — Habitat in Rhamno — Descr. Alæ supra cæruleæ, subtus ocellis numerosis nigris, et in alis secundariis sub- tus maculis marginalibus fulvis confertis in fasciam pupillis cæruleo argentatis. La description ci-dessus rapportée s'applique au G‘ Linné, décrit la ©, avec le nom de /das et dans les termes suivants : 1075; Papilio Idas alis ecaudatis cæruleis : posticis fascia terminali rufa ocellari : subtus pupillis cæruleo-argenteis. Papilio hexapus, alis rotundatis integerrimis nigro fuscis : subtus ocellis numerosis. 1 74 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Habitat in Ericetis. — Descr. : Facies, magnitudo et color omnino præcedentis, a quo differt alarum lateris superioris colore, qui non, ut in illo, cæruleus, sed omnino nigro fuscus; Alæ secundariæ pos- tice supra fascia obsoleta ex ocellis ferrugineis pupilla nigra. Subtus omnes alæ similes præcedenti, sed pallidiores et fascia albida ante posticam ruffam (sic) ex ocellis cæruleo argenteis. An solo sexu a prioris diversus ? Linné se demande si /das n’est pas l’autre sexe de l'espèce précé- dente qui est Argus. Il est évident que Zdas n’est autre chose que la © d’Argus. Il faut tenir compte des mots fascia albida; en effet dans l'Argus Q scandinave, on remarque cette fascie blanche sur les ailes, en dessous, où elle est très distincte. Les Thérésiens, en 1775, semblent avoir eux-mêmes fixé la question, comme je crois juste de la définir, en appelant Argus ce que Staudinger et Rebel désignent sous le nom d’A7gyrogno- mon et en créant pour l’autre espèce voisine le nom d’Ægon. Il est donc entendu, comme je l'ai dit plus haut, qu'au cours de toute la présente notice, j'appellerai Argus, Linné, ce que Stau- dinger et Rebel ont eu la fantaisie d'appeler A7gyrogromon, et j'appellerai Ægon ce que ces auteurs appellent Argus. Je n'ignore pas quelle obscurité et quelle confusion existent au sujet de la nomenclature des deux espèces : Argus et Ægon. Mais il faut pouvoir se comprendre clairement et tout en cherchant a se rapprocher le plus possible de la vérité, demeurer d'accord avec le bon sens. Je crois fermement que Staudinger et Rebel ont eu grand tort de proposer cette appellation Argyrogromon pour désigner l'Argus linnéen. Argyrognomon peut désigner une des formes Q d'Argus; mais rien de plus. J'ignore à quel mobile Staudinger et Rebel ont pu obéir. Ils ont eu une conception étrange, et dont je n'avais encore jamais rencontré l’expression nulle part; c'est de donner au même exemplaire deux noms différents; un pour son endroit et un pour son envers, comme tout le monde peut aisément s’en rendre compte. Staudinger, étant mort, ne peut plus rien répondre; mais Rebel LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 175 aura probablement l’obligeance de nous renseigner. Je lui en serais pour ma part, fort reconnaissant. Voici donc ce que l'examen du texte même du Catalog 1001 permet de constater : Staudinger a inventé un nom tout nouveau : Callarga, pour désigner seulement le DESSUS des ailes d’'Argyrognomon (Bergs- traesser; Tab. 46; fig. 1). I1 faut en effet remarquer que c’est seule- ment le DESSOUS des ailes du même A7gyrognomon (Bergstraesser, Tab. 46; fig. 2) qui est consacré, en tête de l’article 544, à asseoir la nomenclature de l'Espèce; ce n’est qu’en second lieu qu'est citée l'autre Argyrognomon © (Bergstraesser; Tab. 51; fig. 7 et 8); celle qui n'est pas coupée en deux, comme la première, puisque Staudinger et Rebel veulent bien l’admettre dans leur Catalog, pour l'intégralité de ses deux faces, au même article 544. Pourtant ce nom nouveau Callarga ne doit pas désigner seulement le DESSUS des ailes d'Argyrognomon (Bergstraesser; Tab. 46; fig. 1); en effet il a une autre mission; c'est de remplacer aussi le nom Calliofis (Boisduval; Zcones; PI 15; fig. 4); mais toujours pour le DESSUS des ailes seulement. En ce qui concerne le DESSOUS des ailes du même papillon Calliopis (Boisduval; Jcones; PI. 15; eo) ae nom Calliopis est conservé par Staudinger, mais pas franchement, parce qu'aucun alinéa spécial n’est constitué pour Calliopis et que ce nom se trouve bloqué au milieu de tout le mélange synonymique de l’art. 544. Voilà donc deux papillons du genre Zycæna : A7gy- rognomon, Bergstraesser et Calliopis, Boisduval, que Staudinger et Rebel coupent moralement en deux, dans un sens où il ne serait pas aisé de les couper pratiquement, vu la mince contexture de leurs ailes, et à moins de s'être longtemps exercé à l’art difficile de couper un cheveu en quatre, dans le sens de l'épaisseur. Il est curieux de voir deux papillons recevoir en même temps deux noms, un pour le DESSUS de leurs ailes et un pour le DESSOUS. Le Cal- liopis, spécimen typicum de Boisduval, existe encore dans ma collection; c’est bien le même échantillon dont le dessus et le dessous ont été reproduits dans l’/cones PINS He teta0) 176 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Comment Staudinger et Rebel ont-ils pu avoir l'idée de donner deux fois, dans le même article 544, pour Argyrognomon et Cal- lopis, deux dénominations différentes à un même exemplaire; c'est-à-dire créer une dénomination spéciale et différente pour chaque face ou pour chaque côté des aïles; comme si le devant et le derrière du même individu pouvaient porter deux appellations personnelles distinctes! Pour essayer de tirer au clair la question actuellement très embrouillée d'Argus et Ægon qui sont deux espèces tout à fait distinctes l’une de l’autre, mais souvent confondues, j'ai réuni sur les deux espèces le plus de documents que J'ai pu, les comparant l’une à l’autre dans la même localité, lorsque Argus et Ægon font partie de la même faune. Mais il convient d’abord de se rendre compte de ce que les divers auteurs anciens et modernes ont publié sur cette question. Il n’est pas indifférent d'observer que Bergstraesser, en 1778, connaissait parfaitement l’Argus linnéen. I] l'appelle « Der Stech- ginsterfalter », c'est-à-dire le papillon du genèt-qui-pique, ou l'Argus de Linné : « oder des Linne Argus ». Comme Je l’ai déjà fait observer précédemment, presque toutes les figures publiées par Bergstraesser en 1778 et 1770, dans son ouvrage : Nomenclatur und Beschreibung der Insecten in der Grafschaft Hanau-Muenzen- berg, etc, sont malheureusement exécutées très grossièrement et difficiles à identifier avec certitude, du moment que l'espèce figurée offre des détails ou des caractères un peu délicats. Cependant sous les n° 3 et 4 de la PI. 52, on reconnaît assez bien la Q A7gus avec sa fascie blanche sur le dessous des ailes, comme le décrit Linné. Le ' représenté sous les n° 1 et 2, est plus énigmatique; s'il n'avait pas les points argentés du dessous des ailes inférieures qui sont caractéristiques, on pourrait aussi bien prendre l’Argus Œ, secundum Bergstraesser, pour Adonis (Bellargus) S', d'autant plus que dans la figure 1, la frange blanche est violemment traversée par les nervures noires. Quoi qu'il en soit, Bergstraesser a connu non seu- lement l’Arsws de Linné, mais aussi l’Ægon; car dans la descrip- tion d'Ayrgus (3 ter Jahrg. p. 7), il dit : « Schon oben habe Ich LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 177 mich geaeussert, das der Azgyrotoxus und die Argyra jener Ægon der angefuehrten Entomologen sein koennte », ce qui signifie en français : « Déjà ci-dessus, j'ai exprimé mon opinion que les Argyrotoxus et Argyra pourraient bien être l'Ægon des Ento- mologistes cités. » En effet, à la page 78 (2 /er Jahrgang), Bergstraesser en décri- vant A7gyra, s'exprime en ces termes : « Wahrschenlich das Weibchen des vorhergehenden und der wienerischen Entomologen Ægon weiblichen Geschlechts. Vom A7gus unterscheidet er sich sehr merklich durch die Groesse. ». Voici la traduction de cette phrase : « Argyra est vraisemblablement la © du précédent (Argy- rotoxus) et lÆgon Q des Entomologistes viennois. Il se distingue très visiblement par la taille. » Donc Bergstraesser connaissait Argus et Ægon et il semble bien avouer par les lignes ci-dessus reproduites, qu'il sent son tort d'avoir créé un A7gyra qui est la Q d'un Aygyrotoxus; d'autant plus que tous les deux : Argyra et Argyrotoxus lui paraissent être simplement les deux sexes d’une espèce appelée Ægon et déjà considérée comme étant distincte d'Argus. Mais qu'est-ce donc que ce fameux Argyrognomon? C'est une Lycæna Q assez grande, dont les 4 ailes en dessus sont recouvertes (dans la fig. 1 de la PI. 46, que j'ai là, ouverte devant moi), d’une épaisse couche de bleu cobalt, avec le bord terminal des ailes inférieures marqué de 6 gros points noirs surmontés d’une ligne rouge orangé; quant au dessous, ce serait celui d’/carus (Alexis), s'il n'était pas entendu qu'il a des points argentés. Avec cette © un peu anormale et très grossièrement dessinée et enluminée, sont figurées trois autres Q de Zycæna, en dessus et en dessous; elles sont affublées des noms suivants : Argyrocapelus (n*% 3 et 4); false 2 et 3/mitexto)) A727yr0ela (ns et10); Arryrocopus (n°7 et 8). Toute cette nomenclature est donc à base d'argent! IT est clair que par cette argenterie même, cette collection d'Argyrogno- mon, Argyrocapelus, Argyroela et Argyrocopus représente (très grossièrement, hélas !) une série de variétés d’Argus, dont le carac- 12 178 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE tère spécifique est d’être, en dessous, pourvu de « pugpillis infra cærulescenti-arsenteis. » Mais Argyrognomon n'est, comme je l’ai déjà fait observer, qu'une © supra cœrulea d'Argus. L'idée des D" en Philosophie Staudinger et Rebel est tout de même bizarre. Ils ont bouleversé toute la nomenclature, telle qu’elle était couramment admise par nos auteurs les plus justement considérés : les Thérésiens, Huebner, Ochsenheimer, Godart, Freyer, Boisduval, etc.; ils ont contre toute raison, transposé les noms d'Ægon et d'Argus, appelant Argus ce qui est Æ gon, et ils ont proposé à l'adoption du Public entomologique qui s'est bien gardé de protester jusqu’ci, le nom d’Argyrognomon, pour remplacer le nom linnéen d’Argus, alors que ce nom d’Argy- rognomon ne primait nullement A7gws, et est simplement employé pour désigner une forme de Q bleue d’Argus. Encore tout ce charivari entomologique, comme dirait Fruhstorfer, est-il basé (on ne saurait assez le dire) sur un seul côté des ailes d’un papillon très grossièrement figuré et dont le specimen typicum est depuis longtemps perdu; l’autre face du même papillon recevant une autre dénomination. Voilà d’ailleurs ce que Bergstraesser, fondateur de toute cette collection de noms argyresques, écrit, à la page 76 de son ouvrage, au sujet d’Argyrognomon : « Sollte dieser schoene Falter der wienerischen Entomologen Adonis sem? Meines Wissens kommt er nirgendswo noch in einer Abbildung vor, und auch im Systeme nicht, wenn er jener Adonts nicht ist. Es sind die wenigen Exemplarien, die hier vorkommen, im vorigen Sommer von den hiesiegen Insectenfreunden in dem so genannten Bruchkoebler Walde gefangen worden. Fast alle hieher cehoerige Stuecke aus der hiesigen Gegend besitzt nun der grosse Sammler Herr Gerning zu Frankfurt. Man vergesse nicht, dass er gleich dem Argus und Æzgon des wienerischen Verzeichnisses silberne Pupillen auf den Hinterfluegeln der untern Seite hat. Also machen diese ohnefehlbar kein wesentliches Kennzeichen des Argus aus ». LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 179 Je donne la traduction française littérale de ce texte, comme suit : « Ce beau papillon serait-il l'Adoxis des entomologistes vien- nois? À ma connaissance, son dessin n’a encore paru nulle part et pas davantage dans le Système (ou Classification), s'il n'est pas l'Adonis en question. Les rares exemplaires qui paraissent ici, ont été capturés, l'été passé, par les amateurs d'insectes dans la forêt de Bruchkoebl. Presque toutes les pièces de la contrée d'ici sont en possession maintenant du grand collectionneur M. Gerning, de Francfort. Qu'on n'oublie pas que pareillement à l’Argus et à l’Ægon du Catalogue viennois, il possède des pupilles en argent en dessous des ailes postérieures. Ainsi celles-ci ne font sans aucun doute pas un signe caractéristique essentiel de l'Argus. » Comme il est facile de s’en rendre compte, Bergstraesser ne sait pas au juste à quoi rapporter son Argyrognomon. Le dessus bleu des ailes le fait penser sans doute à la © bleue d'Adoms; mais les taches d'argent du dessous s'opposent à ce rapprochement. L'hésitation de Bergstraesser reste visible. Il connaît A7gus et Ægon; mais il n'ose pas faire de son Ayrgyrognomon un A7gus, comme 1l s’est cependant presque résigné en ce qui concerne ses Argyrotoxus et Argyra, à les reconnaître pour Ægon. J'ai déjà donné dans la XX° livraison des Etudes d'Entomo- logie, aux pages 26, 27 et 28, des renseignements sur Argus et Æ gon et j'ai publié dans le même ouvrage, sur les PI. 4 et 5, de nombreuses figures d’Argus et d'Ægon que Dallongeville a gra- vées avec un véritable talent. létrappelle quelles n52,563, 64565, 56, 57et 59 représentent des Zycæna Argus, soit comme Aberrations, soit comme races géographiques de la Sierra-Nevada, de Rennes, des Hautes-Pyré- nées et du Valais. Les n* 50, 60, 61, 62 et 63 représentent des Ægon de la Sierra-Nevada, de Vernet-les-Bains, d'Angleterre et des Hautes-Pyrénées. Sous les n°° 64 et 65 de la PL 5, sont figurés Calliopis, Bdv., G'et ©, pris par moi à Uriage (Isère) et référables à Calliopis, dont les types que renferme ma collection, proviennent 180 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE également de l'Isère. Le D' Boisduval avait recueillis ses Callioprs, dans le polygone de Grenoble. Je prie donc le lecteur de vouloir bien se reporter pour l'histoire d'Argus et d'Ægon à ce que J'ai écrit dans la XX° livraison des Etudes d'Entomologie; 11 y trouvera quelques renseignements que je ne crois pas devoir répéter ici. J'avais signalé dans mon ouvrage précité (p. 27) deux erreurs commises par Staudinger dans son Ca/alog, édition 1871; 1° lors- qu'il attribua à Argus, comme variété, la Lycæna Hypochona, Rambur qui est effectivement une race géographique d’Ægon; 2° lorsqu'il rattacha à Ægon comme variété géographique, della, H. S. qui est réellement référable à Aygus. Il est vraiment dommage que Staudinger ait constamment vu de travers et se soit généralement trompé en ce qui concerne Argus et Ægon. Je dois reconnaître cependant que dans l'édition 1901 de leur Catalog, Staudinger et Rebel se sont décidés, conformément à mon redres- sement, à attribuer Æypochiona à ce que j'appelle Ægon,; mais ils ont probablement cru que leur dignité les obligeait à imprimer entre parenthèse et avec un point de doute, ces mots : (ax Argyro- gnomon var?) ce qui n'est pas soutenable. Quant à Bella, ils se sont entêtés à la laisser comme variété € de mon Ægon qui est devenu leur Argus. La vérité scientifique, seule considération que j'aie à cœur de faire prévaloir, m'oblige à dire que toute cette obsti- nation n’est pas raisonnable. Bella, Herr.-Schaeffer (O' 227, 228) est une forme d'Argus (Argyrognomon, sec. Stgr. et Rebel, 1901) et non d'Ægon (Argus, sec. Stgr. et Rebel, 1901). De même pour la var. Corsica d'Ægon qui est si curieuse avec les taches ocellées du dessous des ailes, brunes au lieu d’être noires, et que Staudinger avait omis de citer dans son Catalog, édition 1871, ce que J'ai fait observer à la page 20 de la XX°* livraison des Æ/udes d'Entomo- logie, pourquoi, dans le Catalog 1901, dire « vix nominanda », alors qu'il est manifeste que Corsica, Bellier, est une des variétés géographiques les plus remarquables et par conséquent les plus dignes d'être distinguées par un nom. Tout cela semble résulter d'une mauvaise humeur qui pourrait paraître enfantine et d'un LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 181 amour-propre blessé; mais non du souci pur et simple de la recherche et de l'établissement de la vérité. Pour toutes ces raisons, J'ai cru devoir apporter dans cet ouvrage, un copieux faisceau de documentation sur la question A7gus et Ægon, en plus de ce que J'ai déjà publié dans la XX® livraison des Ætudes d'Entomologie, en mai 1806, et dans divers autres écrits. Aussi ai-je fait figurer dans cette IV° livraison des Æ/udes de Lépidoptérologie comparée un certain nombre d'exemplaires de provenances diverses qui Jjetteront, je l'espère, un peu plus de lumière dans la confusion que feu Staudinger et I. Rebel semblent s'être complu à parachever. Mais avant de fournir les explications nécessaires sur les races et variétés d’Argus et d'Ægon dont je publie la figure dans le présent ouvrage, Je crois utile de passer en revue et de citer les observations et les figures données, par les principaux auteurs dont je n'ai point encore parlé jusqu'ici, au sujet d'Argus et d'Ægon. Jacob Huebner, dans Peitrege sur Geschichte der Schmetterlinge (Vol. I; Augsbourg, 1786), figure sur la Taf. III, d'une manière très reconnaissable et avec infiniment plus de finesse et de vérité que Bergstraesser, le Cet la ©, en dessus et en dessous, la chenille et la chrysalide de Lycæna Argus, mais avec le nom de Papulio Asus, erreur de dénomination que le texte même écrit par Huebner rend difficile à expliquer. Plus tard, dans Sarmlung europæischer Schmetterlinge, Huebner a très correctement figuré Ægon, sous les nn, su etarsiet Ares, sousles n°%310,,31/7 318, dinsi que je l’établis déjà, en tête de cette notice. La forme d’Argus que Jacob Huebner représente sous le nom d'A /sus est assez voisine de celle qui vole dans les Alpes. Borkausen, dans Naturgeschichte der europæischen Schmetterlinge (Vol. I; 1788) décrit à la page 152, l'Argus ou Stechginsterfalter, conforme Mrs Berestraessen (lab 52; fig. 1,,2,.3, 4). Il décrit aussi Ægon, à la page 154; il lui donne comme synonymes : A7gyro- toxus, Argyra et Argyrophalara, Bergstraesser. Le même auteur érige Argyrognomon, Bergstraesser, en espèce distincte, parce que dit-il elle était toujours solitaire « einsam » 182 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE et qu'elle parut à une époque où A7gus était déjà passé « verflogen ». Il considère comme Spzelarten où Aberrations d’Argyrognomon, à moins que ce ne soit de la Q d’Aygus, Argyrocapelus, Argyro- copus, Argyrophylax, Argyroela, Argyrobius, Bergstraesser. Les Thérésiens, dans Sysfematisches Verzeichniss von den Schmetterlingen der Wiener Gegend, édit. 1801, citent (p. 272) : 1° A7gus, Linné, dont la © a été appelée /das par le même auteur. Ils lui donnent comme synonyme A7gyrognomon, Bergs- traesser et 1ls indiquent comme plante nourricière de la chenille, Genista Germanica, Linné, ou genêt épineux. 2° Ægon, dont ils font connaître le nom vulgaire : Gerssklee- falter. La chenille vit, disent-ils, sur Cytisus austriacus qui s'appelle en allemand : Geissklee. Ils ajoutent cette observation qui prouve l'intérêt qu'inspirait, il y a un siècle, aux Entomologistes, la ques- ton Ayrgus-Ægon : « Die Rechte dieser Art sind von so vielen vorzueglichen Entomologen in Schutz genommen, dass unsre Ver- theidigung derselben nur anmassung seyn wuerde. » ce qui signifie littéralement en français : « Les raisons d’être de cette Espèce sont prises en considération par un si grand nombre d'Entomologues de haute distinction que l'apologie que nous pourrions faire de ces raisons, serait de notre part une prétention superflue. » Fabricius, dans Mantissa Insectorum, 1787 (p. 74; n° 600), con- fond Argus et Ægon dans une même unité spécifique; il dit d'Ægon qu'il réunit à A7gus, « vix differt, quamvis minor. » sans doute il ne connaissait pas bien les deux espèces, ou 1l les avait mal étudiées. Esper, dans Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur, 1777, figure sur la Tab. XX, l'Argus (O' fig. 4) et l’'Argus (Q Idas, fig. 5). Les figures sont grossières et tout aussi bien appli- cables à Æ gon qu'à Argus. Le même auteur représente avec le nom de Leodorus, sous les n° 1 et 2 de la Tab. LXXX, comme C et O, 2 Q : l’une, avec le dessus des ailes bleu, l’autre avec le dessus des ailes brun, de lÆgon méridional. « Ces papillons viennent de nos localités franconiennes, dit Esper; je les ai reçus semblables, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 183 du Sud de la France; ils existent aussi dans les montagnes du Tyrol... » Pourtant les races d’Ægon en Franconie, au Tyrol et dans la France méridionale sont très différents. Mais Esper n'avait peut- être pas sous les yeux des exemplaires dont la provenance était très exactement indiquée; ou bien il aura manqué de se livrer à un examen attentif, comme il a fait pour Déspar qu'il appelle //:p- pothoë varietas et qu'il réfère à la même unité spécifique désignée auparavant par lui sous le même nom d’///ppothoë. Gb SOMME ne, 12; Tab KIT 23): Esper figure encore des Ægon ou des Argus, sous les n° 3 et 4 de la Tab. CI et avec le nom A/sus; sous le n° 5 avec le nom A7gus et sous le n° 6 avec le nom Aygiades. Les figures sont très gros- sières. Je considère qu'il est très difficile d'identifier avec quelque certitude ces figures à Argus plutôt qu'à Ægon et vice versa; j'a beau les regarder; elles me laissent dans le doute et je ne crois pas que personne puisse dire exactement à laquelle des deux espèces, elles s'appliquent réellement. Freyer, dans Veuere Beitraege zur Schmetterlingskunde, 1830, figure Ægon sur la Tab. 175 et Argus sur la Tab. 160. Je crois que Freyer a fait des déterminations exactes, Lang (The Butterfies of Europe; 1884), représente sous le n° 1 de la PI XXIIL Æzon, et sous le n° 2, Argus, les figures dont la couleur est obtenue par des procédés chromolithographiques dépourvus de toute finesse, sont méconnaissables. Gerhard (Versuch einer Monographie der eur. Thecla, Polyom- matus, etc.; 1853) figure sous les n° 2 a, 2 6, 2 c de la PI 23, Ægon, Hbn.'et Q ; sous les n° 34, 36, 3c, avec le nom de Zeodorus, Hbn, une prétendue variété d'Ægon, ne semblant différer en rien du pré- cédent et sous les n° 4 4, 4 à, 4 c, avec le nom d’Ægidion, Meissner, et la mention de provenance : « Suedl. Europa », un petit Ægon dont l’auteur dit ce qui suit (p. 13) : « Diese Var. zeichnet sich besonders durch die Kleinheit und hellere Faerbung aus. Sie wurde mir durch die Guete des Herrn Superintendent D' Heydenreich in Weissenfels mitgetheilt. » ou, en français « Cette variété se dis- 184 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE tingue surtout par la petitesse et la couleur plus claire. Elle m'a été communiquée par la bonté de M. l’Intendant supérieur D' Heydenrich à Weissenfels ». Evidemment, cet Ægidion rattaché à Ægon et venant du Sud de l’Europe, n’est pas le même Ægidion que celui de Meissner, originaire des Alpes et considéré comme une forme d’Argus, ou bien il y a, de la part de Gerhard, confusion entre Argus et Ægon. Sur la Pl 24, Gerhard figure A7gus, Linné sous/les nr, 16, 1c; Acreon, Fabr, sous les n°® 24, 26, 2c, puis /smenias, Bksen, et Zyczdas, Bksen, tous les deux du Sud de l'Europe, sous les n° 3 a, 3 6, 3 c, 3 d'et 4 a, 4 b, et comme des variétés d'Argus. Les figures sans être absolument mauvaises, sont coloriées sans aucune délicatesse; de plus, l’auteur ne donne aucune précision aux loca- ktés d’où proviennent les papillons qu'il représente. Dans ces condi- tions, Je considère que les figures publiées par Gerhard sont pour la circonstance, sans utilité et ne peuvent être identifiées avec certi- tude. Cependant je crois que A7gus et Acræon, selon Gerhard, pourraient se rapporter plutôt à la race d’Argus que J'ai appelée ligurica, qu'à toute autre. Herrich-Schaeffer, le véritable maître des Iconographes, a figuré sous les n° 22; et 228 Bella, forme géographique d'A7gus et sous le n° 247, une superbe variété à ailes inférieures rayonnées d’A7gus. L'Ægon, selon Huebner (n* 313, 314 et 315), selon Barrett (Lepid. bnit. Islands} Plancher re, 12,16), habiteseulien Angleterre. L'Argus ne se trouve pas dans les Iles anglaises. On rencontre /Æ gon dans toute la moitié sud de l'Angleterre et dans le pays de Galles. Suivant Barrett, il est surtout abondant dans les bruyères de Dorset, Hants, Surrey et Berkshire; 1l est commun en Norfolk et en Suffolk; rare au Gloucestershire et au Somersetshire; il s'étend au Yorkshire et au Lancashire; récem- ment il a été signalé au delà de la Pass de Killiecrankie et aussi de Rannoch, en Perthshire. En Irlande, il parait être très rare et local. M. Birchall le signale de Murrough of Wicklow et de Ros- trevor. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 185 J'ai sous les yeux une longue série d’Æ gon anglais, provenant des anciennes collections John Sang, de Darlington, et Howard- Vaughan; plusieurs sont étiquetés : Epping. La forme anglaise ressemble pour le G' à la race bretonne; mais les Q anglaises ont souvent les ailes, en dessus, plus ou moins saupoudrées d’écailles bleues, à la base des supérieures et sur le disque des inférieures, ce qui ne se voit que rarement chez les exem- plaires de la péninsule armoricaine. J'ai fait figurer sous le n° 62 de la XX° livraison des Ætudes d'Entomologie, une © anglaise A6. radiata, quant aux points noirs des ailes en dessous. Je possède une autre © Ab. radiata de l’ancienne collection Prest, d'Vork. En Bretagne, on trouve les deux espèces Argus et Ægon; mais elles ne cohabitent pas dans toutes les localités. Le plus souvent Ægon est seul, sans Argus qui se rencontre seulement çà et là, généralement en petites colonies, et affecte des mœurs un peu spéciales et une époque d'apparition différente d’Ægon. Dans le Finistère, j'ai capturé Æzon, le 10 juillet 1900, au pied du mont Saint-Michel qui se trouve entre la Feuillée et Brasparts, au milieu des bruyères, sur le côté occidental de la grande route. Je l'ai vu aussi en grande abondance, au milieu de juin, sur la lande sauvage qui précède le chaos rocheux du Bec-du-Raz-de-Sein J'en possède une Q très intéressante de la forêt de Quimperlé, où elle fut prise par le lieutenañt Mathieu. Je n'ai jamais vu A7gws dans le Finistère. Ægon paraît vivre seul, c’est-à-dire sans la compagnie d’A7gus, dans les clairières fleuries de serpolet, d’Aelichrysum ‘stæchas, de rosa pimpinellifolia et de dianthus gallicus, dont le parfum a tant de suavité, au milieu de la forêt de pins qu'on a réussi à faire pousser dans les sables à la base de la presqu'île de Quiberon, du côté ouest de la route qui va de Plouharnel au Fort-Penthièvre. Nous avons plusieurs fois chassé en 1909, dans ce site d'aspect assez méridional, à cause des nombreux pieds d'Aelichrysum qui tapissent le sol. Les pins forment de précieux abris contre les vents et il y a entre les massifs d'arbres, des places un peu découvertes, très fleuries dans lesquelles on voit voltiger les Zycæna Ægon. 186 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE L'Argynnis Pandora n'est pas rare dans cette localité et elle est d'un bel effet, lorsqu'elle vole un peu haut, au-dessus des branches de pins, ou bien quand elle se pose sur le sable, chauffé par le soleil, étalant ses ailes de façon à ne pas souffrir des coups de vent. C’est seulement au printemps, les 4, 5 et 6 juin que la Zycæna Æ gon fut trouvée en grand nombre. Aux premiers jours de juillet, le nombre m'en parut beaucoup moins grand et vers le 10 août, on ne voyait plus que de rares exemplaires complètement déflorés. Ma collection contient une série de plus de 400 échantillons, dont le plus grand nombre fut récolté par M. P. Boulé, au commence- ment de Juin. La race à Plouharnel est petite; le O' est gris de lin en dessous; quelquefois ses ailes inférieures en dessus sont ornées de taches marginales aurore; assez souvent il y a une grosse tache noire en forme de barre sur le milieu des ailes inférieures en dessous; Je possède ainsi 7 exemplaires semblables, pris en 3 jours de chasse. J'ai fait figurer le O' et la Q de cette Aberration sous les n° 252 et 253 de la PL XXXVIII de cet ouvrage. J'ai donné à cette Aberration, le nom de Plouharnelensis. Exceptionnellement, on trouve de superbes rayonnements, tel le n° 251 qui paraît un des plus beaux spécimens connus de l'Ab. adiata. Les Q sont très obscures; sur 100 exemplaires que j'ai sous les yeux, 5 exemplaires ont quelques atomes bleus surmontant la bande marginale orangée des ailes inférieures, en dessus. Chez un peu plus de la moitié des 100 exemplaires, cette bande marginale orangée s'étend plus ou moins largement le long du bord terminal des ailes supérieures. Généralement, elle n’est pas très accentuée. Une seule Q est presque unicolore d’un brun profond, un peu doré, sans aucune trace de tache orangée. Ægon vole aussi en exemplaires isolés, mais fréquents dans les landes de Carnac, sur les bruyères et les aJoncs qui croissent entre les alignements des pierres druidiques. Cette année 1900, j'ai trouvé pour la première fois au mois de juillet, depuis près de cinquante ans que je chasse dans ces parages, la Lycæna Ægon, sur la côte nord de Bretagne, dans des landes de bruyère et d’ajonc, sur la falaise du côté ouest de la pointe LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 187 du Grouin, près Cancale. Le vent du nord-ouest y arrive du large, souvent violent et brutal. Semblant s'élever de la mer comme pour monter à l'assaut de la falaise, son souffle impétueux oblige toutes les herbes qui en tapissent les pentes, à s’incliner dans le même sens, sous l'effort de son habituelle furie. Il semblerait que les papillons devraient être chassés et repoussés au loin par ces rafales chargées, comme une pluie fine, de parcelles de l’écume salée. Il n'en est cependant rien, et au commencement de l'été, on voit ordi- nairement un grand nombre de Lépidoptères appartenant princi- palement aux Argynnis, Satyride, Lycenide, Hesperidæ voltiger ensemble sur ces falaises d’ailleurs très fleuries. La Lycæna Ægon ne semble pas autant redouter l’aquilon que la Lycæna Argus; celle-ci se plaît, en effet, dans des sites plus abrités. La Lycena Ægon, à Cancale, m'a donné une Q supra cærulea, dont les ailes supérieures sont assez largement recouvertes d'un semis épais d’écailles d’un bleu métallique foncé. Dans l’intérieur des terres, j'ai rencontré Ægon et Argus, coha- bitant à la forèt de Rennes, où les deux espèces volent presque à la même époque, dans les allées herbues, sur les relais des routes qui sont pourvus d'une végétation abondante et dans les clairières où poussent les bruyères spécialement l’Erica tetralix et le Genista anglica. Argus, dans la forêt, paraît rare, isolé et comme erratique, tandis qu'Ægon y est beaucoup plus commun. Argus n’est pas rare à Laillé, près Rennes. J'ai capturé Argus à Bourg-des-Comptes, dans les prés un peu humides, sur les bords de la rivière du Canut. M. P. Boulé a trouvé Ægon, en grand nombre, dans l'arrondissement de Redon, notamment à Pipriac; mais chassant plus souvent à Monterfil qu'ailleurs, en lile-et-Vilaine, c'est dans ce pittoresque pays que nous avons trouvé plus d'occa- sions d'observer les deux Zycæna Argus et Ægon, de les comparer et de noter leurs différences biologiques. Ægon éclôt à Monterfil une seule fois, en juillet; Argus y paraît d’abord en juin, puis en août et septembre. Cette année 1900, j'ai pris, le 2 juillet, les deux espèces : Argus finissant et Ægon commençant. Ægon se plaît sur les plateaux et sur les sommets 188 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE pierreux, secs et arides des landes, où la végétation est maigre et représentée surtout par des touffes d’ajonc et de bruyère cendrée. Au contraire A7gus aime à vivre par colonies, dont les membres ne s'éloignent guère du lieu qui les a vus naître, sur les pentes des collines ou bien dans le fond des vallées, là où l’humus plus pro- fond permet aux bruyères molles (Ær2ca ciliaris) de se développer largement, en mélange avec les ajoncs et les genèts, dans lesquels j'ai lieu de croire que vit chez nous la chenille de Zycæna Argus. Au bas de la lande de Roveny dont le sommet est décoré d’une belle croix de granit élevée tout récemment par la population entière de Monterfil ainsi qu'au temps des ancêtres, il y a, le long du petit ruisseau qui coule au fond du thalweg entre les pierres et les osmondes royales, un espace plan assez large, planté de quelques arbres, couvert de genêts, de bruyères communes et de fougères. Un peu plus loin, s'étendent dans un site découvert, entre le ruisseau et le sentier qui serpente au bas du coteau, de vigoureuses touffes d'Érica ciliaris. Ce fut pour moi un véritable plaisir de récolter, le 22 juin 1900, les Argus qui voltigeaient assez nombreux dans cette vallée chaude abritée du vent et formant un paysage très agreste, riant et fleuri. Les © se reposaient principalement sur les branches de genêt, ou près de terre, sur les touffes de bruyère. il y en avait de superbes, d'une teinte brun noirâtre un peu mor- dorée, en dessus, et d’une couleur très foncée en dessous, rehaussée par la bordure marginale rouge orange des ailes et la rangée de petits points métalliques d’un bleu argenté si brillant, près du bord terminal des inférieures. Les ©, d’un bleu violacé en dessus et d’un brun plus foncé et plus ocreux en dessous que dans aucune autre région, généralement grands et très actifs, tant que brillaient les rayons du soleil, volti- ceaient et se reposaient alternativement dans le vallon de Roveny, sur une longueur d'une centaine de mètres qu'ils ne dépassaient guère, s’offrant comme une proie facile; car ils revenaient toujours autour des plantes qui leur plaisaient. Me trouvant sur le sentier d'où je pouvais dominer les bruyères au bas du vallon, Je m'arrêtai plusieurs fois et j'interrompis momentanément ma chasse, pour jouir LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 189 du charmant spectacle que m'offraient ces jolis papillons, les uns produisant un vol si animé, les autres posés et étalant leurs ailes bleues sur les touffes d’'Æyica ciliaris dont les fleurs roses et pur- purines étaient alors dans toute leur fraicheur. J'ai donné à la Lycæna Argus de Monterfil et de Bourg-des- Comptes où la race paraît être la même, le nom qui me paraît bien justifié d'Armoricana. L'Argus armoricana se trouve çà et là, dans les plaines du centre et de l’ouest de la France, plus ou moins caractérisé; je la possède de Belle-Isle-en-Mer (Morbihan) où elle vole en mai; de Dax (Landes), de Fontainebleau; de St-Germain-en-Laye; de la forêt de Livernant, en Charente; mais nulle part, je n'ai vu des exem- plaires plus beaux et méritant mieux d'être distingués par un nom géographique, que ceux des environs de Rennes. On peut même rattacher à l'Arworicana, Argus de Fusio (Tessin), où mon frère en captura une douzaine d'exemplaires, du 10 au 14 juillet 1907. Les © de Locarno (16 juillet 1907) appar- tiennent encore à la race armoricana, comme celles de la forêt de Livernant, auxquelles elles ressemblent surtout; mais les c de Locarno, en dessous, sont plus gris et moins bruns que les nôtres, ainsi du reste que ceux de Livernant. Ils font la transition de la race Armoricana dont le maximum d'intensité se trouve dans la presqu'île armoricaine, aux autres races qui vont faire plus loin l'objet de nos observations. Ægon, à Monterfil et à la forêt de Rennes, quoique souvent de taille égale, est très différent d'Argus. Le CG Ægon a les ailes, en dessus, d’un bleu plus clair, quelquefois assez largement Lordé de noir, tandis que le G' Argus est d'un bleu violacé, avec une bordure noire très fine. En dessous, Ægon Ga le fond des ailes gris de lin, sans points métalliques brillants aux inférieures, alors qu'Argus Œ est, sous ce rapport, très bien orné. Les Q Ægon sont d'un brun sombre en dessus, comme en dessous; mais présentant un aspect, surtout en dessous, tout autre que celui des Q Argus, à cause de leur bordure orangée moins accentuée et de leurs points bleus métal- liques moins éclatants. De plus, les points noirs qui constellent le 100 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dessous des ailes des deux espèces sont, chez Ægon ©, finement cerclés de blanc, ce qui n’a pas lieu chez A7gus. Enfin ces points noirs sont plus gros chez l'Ægon que chez l’Argus breton. Argus, chez nous, tend quelquefois à avoir les points noirs du dessous des ailes allongées, de façon à former un rayonnement. Cette disposi- tion existe aussi chez Ægon, mais plus rarement. En Maine-et-Loire, je ne connais pas A7gus, J'ai seulement sous les yeux une assez longue série d'Ægon qui furent pris par M. P. Boulé, dans les landes de Milly, en juin 1900. La race d'Ægon, à Milly, est beaucoup plus petite qu'aux environs de Rennes; comme à Rennes, le &, en dessous, a les points bleus métalliques très peu développés et souvent nuls, Les © sont obscures et je n’en ai pas vu ayant des atomes bleus sur le dessus des ailes. Argus et Ægon sont des espèces de plaine et de montagne; elles sont répandues aussi bien en Laponie qu’en Andalousie, c'est- à-dire à l'extrême Nord, comme à l'extrême Sud de l'Europe; de plus de l'Ouest à l'Est, Argus et Ægon se rencontrent depuis les confins de la péninsule armoricaine jusqu'aux bords de la mer du Japon. Dans des altitudes si différentes et des climats si divers, il n’est pas surprenant que des races très tranchées se soient pro- duites. L'une des formes géographiques les plus remarquables est celle de Corse. Argus, notamment à Bastelica (Powell) et dans les montagnes de l’île (Bellier) est généralement de grande taille. Le c'est, en dessus, d’un bleu violet un peu sombre, presque comme Acis (Semiargus), avec une bordure noire nette et assez large. En dessous, le fond des ailes est gris; les points noirs sont gros et cerclés de blanchâtre; les taches bleu métallique du dessous des ailes sont peu apparentes chez le ©, un peu plus accentuées chez la ©. La couleur fauve orangé qui surmonte les taches bleu métal- lique, le long du bord terminal des ailes inférieures, en dessous, est tellement pâle chez le G', qu’elle paraît à peine se distinguer de la teinte grise du fond. Chez la ©, la couleur fauve orangé est plus prononcée. Le dessus des aïles de la Q est d'un brun LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE IOI noirâtre uni, avec les points noirs marginaux des inférieures plus foncés; un lavis bleuâtre s'étend près de la base et vers le bord inférieur des ailes; on ne voit pas de taches fauves le long du bord terminal des secondes ailes. Guenée regardait la forme corse d’Argus comme une espèce dis- tincte; il lui avait donné le nom de Be/lieri que je lui maintiens. Ma collection contient 2 exemplaires d’Argus-Bellieri avec les taches noires du dessous des ailes transformées en taches longues rayonnantes et une trentaine d'individus normaux. Une autre race d'Argus dont le G seul se rapproche de Bellieri, est celle que mon frère a prise dans la Sierra-Nevada d’Anda- lousie, en juillet 1870. Bien que j'aie déjà fait figurer un Argus nevadensis G, sous le n° 54 de la PL 4 de la XX® livraison des Etudes d'Entomologie, je fais encore représenter sous les n°% 259 et 260 de la PI. XXXIX du présent ouvrage, un G' et une Q de cette forme si remarquable Elle est extrêmement belle, grace sur- tout au développement et à l'éclat exceptionnels des points bleu métallique, le long du bord terminal des ailes inférieures, en dessous. Par le dessus, le G se distingue peu d’Argus Bellieri 5; cependant le bord des ailes inférieures est un peu dentelé chez Nevadensis; le dessous de Nevadensis est d'un gris café au lait clair, avec les parties fauves marginales assez accentuées et les points bleu brillants très gros et d’un éclat très vif. Les points noirs du dessous sont à peu près comme chez Bellieri. La Q Neva- densis, en dessus, est brune avec le bord marginal fauve aux quatre ailes. Le dessous est couleur café au lait, avec les points marginaux bleu brillant des inférieures, exceptionnellement grands et éclatants. En Corse, comme en Andalousie, les Ægon présentent des varia- tions géographiques aussi intéressantes que les Argus des mêmes contrées. Bellier a appelé corsica la forme d'Ægon de l'ile de Corse et a publié dans les Annales Soc. ent. France, 1862, sous le n° 5 de la PI. 14, la figure du dessous des ailes de la © Ægon- Corsica; il a décrit la variété en question à la page 615 des mêmes Annales. La Q Ægon-Corsica a le fond des aïles brun en dessus, avec les disques saupoudrés d’un épais semis d’atomes bleus, 102 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE s'étendant plus ou moins largement; mais, en dessous, chez les deux sexes, les points noirs ordinaires sont d’un ton brun à peine plus foncé que le fond sur lequel ils se détachent pourtant très nettement, au moyen du cercle blanc qui les entoure. Outre les types de la collection Bellier, je possède de beaux échantillons pris par M. Powell, en juin 1803. Le papillon est commun dans les montagnes de la Corse, où sa chenille vit sur une espèce d’As- tragale, selon Bellier. En Andalousie, Ægon présente sa magnifique forme /7ypo- chiona, Rambur, décrite dans le Catalogue systématique des Lépi- doptères de l'Andalousie, aux pages 35-37. Rambur cite aussi Ægon comme se trouvant, mais rarement, dans les montagnes de la Sierra-Nevada et il indique les montagnes des environs de Grenade, comme patrie de son ÆZypochiona, qu'il érige au rang d'espèce spéciale. Je possède une assez grande quantité d'A ypo- chiona andalous; les uns ayant fait partie de la collection de Graslin qui les avait capturés, en compagnie de Rambur, à Grenade et à Alfakar, d'après les étiquettes encore attachées à l’épingle des papillons; les autres de la collection Rosenhauer (ze There Andalusiens); et enfin la plus grande quantité et les plus beaux exemplaires pris par mon frère, en juillet 1870, dans la Sierra- Nevada, du côté de Lanjaron, à la Sierra-de-Alfakar et aux envi- rons immédiats de Grenade. Ce qui caractérise 7 ypochona, c'est la couleur blanche un peu bleuâtre, mais très vive et très éclatante du dessous des ailes, chez le G', ainsi que la teinte café au lait clair du dessous des ailes, chez la Q; de plus les points bleu brillant du dessous des ailes, chez la © surtout, sont magnifiquement métalliques. Le ' est d’un bleu un peu transparent et comme rosé, en dessus, avec la frange longue et très blanche; les points noirs marginaux des ailes inférieures, en dessus, très développés et gagnant même le bord des ailes supérieures, où l’on compte, chez certains exemplaires, autant de points qu’il y a d'espaces intra- nervuraux. La largeur de la bordure noire est variable chez les O; én dessous, les points noirs sont gros, vifs, et comme dit Rambur, la ligne médiane des points noirs est anguleuse après son milieu. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 103 Les ©, en dessus, sont tantôt brunes, tantôt plus ou moins large- ment lavées de bleu, surtout près de la base des ailes; le bord marginal des quatre ailes, chez la ©, est orné d’un feston fauve orangé, en dessous, servant à accompagner, mais du côté intérieur des ailes seulement, la rangée de points noirs intranervuraux. Déjà, j'ai fait figurer sous les n° 50 et 60 de la PI 4 de la XX® livraison des Etudes d'Entomologie, les deux sexes d'A yp0- chiona; mais grâce à l'influence exercée sur les Entomologistes de notre temps par le Catalog Staudinger et Rebel, dont les assertions sont, par tant de nos confrères, acceptées comme l'expression d’une infailhibilité absolue, bien peu nombreux sont les Lépidoptéristes qui attachent à Æypochiona et aux variations diverses d’Argus et d’'Ægon — dont il semble que le Catalog en question se soit complu à diminuer l'importance — l'intérêt que pourtant ces races géographiques méritent si légitimement et à un si haut degré. Dès lors, J'ai cru devoir, comme pour Argus-Nevadensis, faire repré- senter de nouveau et sur la même planche, en vis-à-vis, Ægou- Hypochiona. On pourra alors aisément, par cette comparaison dont les termes sont si voisins, se rendre exactement compte des différences si grandes qui distinguent A7gus et Ægon dans le même pays, et aussi des différences qui distinguent les Argus entre eux et les Ægon entre eux, suivant les pays d’où ils proviennent. C'est dans les parties peu élevées de la Sierra-Nevada et dans les environs de Grenade, que se trouve la plus belle forme d’77y0- chiona; je ne connais pas l'Ægon des grandes hauteurs de l’Anda- lousie; mais, comme dans les Pyrénées-Orientales, où les deux formes d’Ægon se trouvent : l’une, Fypochiona, en bas, dans les parties chaudes; l’autre, alpina, en haut, dans les régions alpines, on doit rencontrer à la Sierra-Nevada, sur les pâturages alpestres, une race d'Ægon qui, par les ailes du O' : « violaceo-cæruleis, marginibus externis latis nigris », comme dit Rambur (loc. cit, p. 37), ressemble certainement beaucoup à celle des hautes mon- tagnes des Pyrénées-Orientales. Malheureusement, je n'ai pas encore vu en nature cet Ægon alticole de l’Andalousie. 15 104 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE La forme }ypochiona des contrées chaudes du midi de l'Es- pagne, se retrouve avec ses caractères essentiels, mais plus ou moins atténués, dans la Catalogne, en Castille, dans les Pyrénées-Orien- tales, le Languedoc méditerranéen et jusqu'à Celles-les-Bains (Ardèche). Guenée avait rangé dans une des petites boîtes de verre qui contenaient sa collection, une série d'Ægon qu'il avait pris ou élevés de la chenille à Celles et il avait rattaché ces Ægon au Leodorus, Esper (Tab. LXXX,; fig 1). Les Q Ægon, à Celles, sont sablées sur le dessus des ailes, de bleu pâle, avec une ligne blanche autour de la partie inférieure des points noirs marginaux des secondes ailes. La chenille vit sur le Dorycnium suffruticosum et suivant Guenée, elle diffère de celle figurée par Huebner. Guenée ajoute que les chenilles d'Ægon, à Celles, sont cannibales; elles se dévorent entre elles et mangent aussi leurs chrysalides. Guenée ne connaissait pas l’Æypochiona d'Andalousie. Nous avons pris, mon frère et moi, un nombre considérable d’Ægon dans les Pyrénées-Orientales. Sur la montagne aride qui sépare la vallée du Vernet de celle de Feuilla, l'Ægon est commun depuis le mois de juin. Là, poussent en touffe, les Dorycrium, des cistes et des thyms; en outre, quelques chênes un peu rabougris, des pins souvent dévorés par les Cnethocampa pityocampa, des ronces, des chèvrefeuilles et des prunelliers, quelques restes de vigne constituent la végétation principale de cette petite montagne. La race des Ægon qui l’habite, est l'Jypochiona; mais moins accentuée qu'en Andalousie, plus petite, avec le dessous des ailes du &œ d’un blanc moins éclatant. J'ai fait figurer sous le n° 61 de la PI. 4 des Etudes d'Entomologie (KX° liv.), une Q Ægon- Hypochiona, de Vernet-les-Bains, capturée à une faible altitude, dans la région chaude de la vallée. On trouve dans cette localité la variété c rufomaculata, Reverdin, chez laquelle les points rouges marginaux du dessous des ailes inférieures transparaissent en dessus. C’est ainsi qu’en Juin IOO1, j'ai capturé au pied du col de Feuilla, 2 G' dont l’un présente 3 lunules rougeñtres et l’autre 2, surmontant, le long du bord mar- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 105 ginal des ailes inférieures, les points noirs ordinaires. Je me souviens d'avoir remarqué chez l’un des exemplaires, une rougeur sur le dessus des ailes, tandis qu’il volait devant moi, et quoique les taches rouges soient bien nettes, je fus déçu, lorsque le papillon fut piqué dans ma boîte; parce que en le voyant voltiger, Je croyais les taches rouges bien plus développées. MM. Chapman et Champion, pendant un voyage effectué en 1906 dans la province de Galice, au Nord-Ouest de la Péninsule Espagnole, ont découvert dans la vallée de Casayo une forme d’Ægon, appelée par eux Argus, en conformité du Catalog Staudinger et Rebel 1901, remarquable par le développement des taches rouges aux ailes inférieures du ©, en dessus. Cette variété a été désignée sous le nom de casaiacus; elle est décrite et figurée dans les Transactions of the entomological Society of London, 1907, p. 158, 159 et PI V, © fig. 16, 17 et 19; Q fig. 18. Grâce à la bienveillance de MM. Chapman et Champion, je possède 3 © de casaiacus pris à Casayo, du 2 au 8 juillet 1908; un seul de ces casaiacus a deux croissants rouges bien apparents; chez les deux autres, ils sont très faiblement indiqués. Les 2 Ægon que j'ai pris au Vernet sont plus vivement marqués de rouge que le plus caractérisé des casatacus; mais je pense que les casaiacus recueillis par MM. Chapman et Champion n'étaient pas tous aussi bien marqués de rouge aux ailes inférieures et que les exemplaires les plus fortement décorés sous ce rapport, ont eu les honneurs de la figuration sur la PI V des Transactions de 1007. Dans les plaines accidentées du midi de la France, à Cannes, à Marseille, à Montpellier, on trouve en juin de superbes Æ go. Les G' sont en dessus d’un bleu clair, légèrement violacé; les © sont largement bordées de rouge orangé, avec des traits blancs comme à Celles-les-Bains, soulignant les points noirs, le long du bord marginal des ailes inférieures, en dessus; et elles ont souvent un lavis bleu sur le fond brun des ailes. La frange est souvent blanche à l’apex et brun clair autour des ailes. En dessous, le C'est blanc bleuâtre vif et la Q café au lait clair; les points vert brillant sont petits, mais fréquents. 106 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE De plus, il y a à Casayo et à Vernet-les-Bains, ainsi que je viens de l’exposer, une tendance au développement des taches rouges sur le dessus des ailes inférieures du G'; comme si ces G' participaient à une ornementation dont les © sont plus normalement l’objet. Si nous passons maintenant à l'examen des Ægon de Digne, nous constatons une race assez intermédiaire entre l’Zypochtona et l'Alpina; mais dans les Basses-Alpes aussi, la forme change avec l'altitude des lieux. Dans les localités chaudes et relativement basses, les Æzgon S ont le dessus des ailes d’un bleu violâtre clair, tandis que la teinte est d’un bleu violacé plus sombre dans les hauteurs. En dessous, la forme des hautes altitudes est d’une teinte sombre, grise, un peu brunie; tandis que dans les lieux plus bas et plus chauds, le fond du dessous des ailes est d'un gris blan- châtre clair, avec la base bleuâtre. Aussi les points métalliques du dessous apparaissent plus fréquemment dans la race méridionale et ne se montrent pour ainsi dire jamais dans la forme alpine. Je possède de Digne un Æ gon Œ presque complètement dépourvu des points noirs ordinaires en dessous et une © admirablement rayonnée, surtout aux ailes inférieures. Dans les Alpes françaises, dans les Pyrénées-Orientales et les Hautes-Pyrénées, on trouve une race d’Argus tout à fait différente de celle des plaines de l'ouest et du centre de la France, de la Corse et de l'Andalousie. Cette race semble être celle que Huebner a figurée avec le nom d’A/sus, sous les n°° 3 a, 6, c, d (N) de la Taf. III de son ouvrage Beitraege sur Geschichte der Schmetterlinge (Augsbourg, 1786). Les exemplaires figurés par Huebner seraient la forme géogra- phique d'Augsbourg; car il termine sa notice explicative par ces mots : « In der Augsburgergegend nicht selten ». Cette race géographique d'Argus me paraît être à peu près la même à Cauterets et Gavarnie dans les Hautes-Pyrénées; au plateau gazonné de Mariailles, vers 1,600 à 1,800 mètres dans les Pyrénées- Orientales; à la Grave, au col du Mont-Genèvre, au Lautaret, dans les Hautes-Alpes: au Mont-Pelat, à Saint-Martin-d'Entraunes, à LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 107 Larche, à Allos, à Enchastrayes, dans les montagnes autour de Digne (Basses-Alpes); aux environs de la route du Simplon, à Arolla, à Ryffelalp, en Suisse. J'ai fait figurer sous les n° 57 et 58 de la PI 4 de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie, le dessous des ailes de deux © Argus des Hautes-Pyrénées et du Valais. Les points noirs du dessous sont petits; la couleur du dessous des ailes est d’un gris un peu brun, terne, pas très foncé, même chez la ©. Les C' sont, en dessus d’un bleu violet, avec une bordure noire étroite; mais cette bordure noire semble fusionner avec les nervures qui deviennent noires au contact du bord terminal. Huebner représente assez bien, dans la fig. 3 4, une sorte de pli intranervural qui se produit, près du bord des ailes, parallèlement aux nervures. La race A/sus, Huebner se rapproche beaucoup de celle de Scandi- navie; je crois qu'Ægidion, Meissner, n'est qu'un synonyme d’A/sus et qu'Alsus n'est autre chose que l'Azgus linnéen. Il n’y a donc pas lieu de maintenir les noms d'Ægidion et d’Alsus ; ils ne désignent rien d'autre que l'Argws, Linné, de Scandinavie, des Alpes et des Pyrénées. Les © sont plus variables que les G'; il y en a de brunes, il y en a de bleues; il y en a de plus ou moins bordées de fauve orangé en dessus. La © figurée par Huebner, sous le n° 3 c, a la base des ailes lavée de bleu verdâtre et un beau développement des ocelles et croissants fauves sur le bord des quatre ailes. Comme je l’expose ci-dessus, les Q Aygyrognomon, Argyro- capelus, Argyrocopus, Bergstraesser, sont probablement des Q bleues d'Argus; mais à cause de la grossièreté du dessin et du coloriage des figures, il est impossible d'identifier à quelque pa- pillon qui soit exactement conforme, les figures et par conséquent les noms que Bergstraesser a inventés pour les figures en question. J'ai fait figurer dans la 1° livraison des Ætudes de Lépidopt. comparée, des Q Argus que j'ai appelées valesiaca. Certains Entomologistes penseront peut-être que ce sont des Argyrognomon, des Argyrocapelus ou des Argyrocopus? Comme 108 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE les valesiaca sont variables, 1l est possible qu’on cherche à utiliser, pour les désigner, les noms de Bergstraesser; malheureusement la fantaisie tiendra toujours une large place dans cette identification et à cause de l'impossibilité de les appliquer exactement, mon opi- nion est d'en abandonner l'emploi purement et simplement. Calliopis, Bdv. (lcones; PI. 15; fig. 4 et 5) est une intéressante spécialité; j'ai fait figurer sous les n° 64 et 65 de la PI. 5 de la XX" livraison des Ætudes d'Entomologie, un C' et une Q Calhopis que j'avais pris à Uriage (Isère). En Dauphiné, Calliopis a les points noirs du dessous des ailes très réduits et Je n'ai pris nulle part ailleurs cette forme. Il y a lieu d'observer, comme Je l’ai du reste déjà dit à la page 28 de cette XX° livraison, qu’en outre de Cal- liopis, on rencontre aux environs d’Uriage une autre forme d’A7gus dont je parlerai plus loin. Les mœurs de ces Argus linnéens sont bien différentes de celles de l'Argus-Ayrmoricana et elles changent aussi avec les localités. Dans les Hautes-Alpes, en montant de Briançon pour aller à Cla- vières, en Italie, par la route du col du Mont-Genèvre, Argus d' se trouve en grande quantité, près du col, mélangé à d’autres espèces de Lycæna et à des Hespéries, posé sur la terre un peu fraîche des talus qui s'élèvent sur les côtés du chemin. Lorsqu'on inspecte ces talus, on aperçoit de temps à autre, sur la terre humide, une de ces réunions. Les Zycæna se trouvent serrés très près les uns des autres et il est facile, en mettant le filet sur un bon coin, de cap- turer à la fois trente ou quarante exemplaires, quelquefois même davantage. Comme ils s’agitent dans le filet, il y a toujours des échantillons qui sé gâtent, avant qu'on ne réussise à les faire pénétrer dans le flacon chargé de cyanure ou de chloroforme; mais on peut aisément discerner les espèces entre elles et Je me souviens qu'Argus, en juillet 1906, était au col du Mont-Genèvre, de beau- coup le plus abondant des Zycæna. Donseli qui arrivait sans doute des forêts de mélèzes voisines, était le plus rare de tous. Dans les Hautes-Pyrénées, c'est sur les pelouses rases où poussent les lotus et les thyms herbacés, en mélange de fines graminées, que l'on voit voltiger Argus, généralement assez près de terre et en LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 199 petit nombre d'exemplaires. Il y a sur la montagne du Péguère, à Cauterets, le long du chemin qui mène à la Glacière et aussi un peu plus bas sur le sentier, au-dessus de la maison hospitalière, de bonnes places pour trouver A7gus. À Gavarnie, quand on sort du village dans la direction de la célèbre cascade, il est fréquent, pour peu que le soleil brille au firmament, de rencontrer des groupes de Lycæna et d'Aespéries posés sur les parties humides de la route, le long du ruisseau, à partir d’un gros rocher dans les fentes duquel pousse la jolie Ramondia pyrenaica, aux fleurs d'un violet si tendre. De nombreux touristes ne cessent de passer, à pied ou à cheval, sur le chemin, et les papillons sont fréquemment dérangés dans leur tranquillité. Les Syrichthus, Hesperia et Carcharodus agiles et pleins de vivacité vont et viennent d’un vol rapide; mais les Lycæna, parmi lesquels figurent Argus, Ægon, Acts, minima, pyrenaica, etc, reviennent généralement le plus promptement pos- sible aux flaques de boue qui, durant les jours chauas de l'été, leur offrent un si irrésistible attrait. Maintes fois, sur ce chemin que Je suis toujours heureux de parcourir, j'ai observé les Zycæna Argus avec leurs congénères; ils se présentent cependant bien moins nombreux que les Ægon, au filet de l’'Entomologiste. Mais pour venir se rafraîchir sur la boue des sentiers où les chevaux et les mules laissent si souvent de leurs traces, dont les papillons d'appa- rence si délicate semblent pourtant très friands, les O' seuls quittent le lieu qui les a vus naître, c'est-à-dire leur véritable patrie, celle à laquelle les Q restent plus fidèlement attachées. Plus loin, en continuant la route vers le Cirque de Gavarnie, on rencontre une vaste pelouse rase où l'Erebia Tyndarus paraît nombreuse, en même temps que la Zycena Ægon, à gauche de la large grève au milieu de laquelle s’écoulent les eaux du torrent et avant d'atteindre la montagne boisée, si admirablement décorée par la magnifique floraison bleue de l’Zris Xiphioides qui croît en touffes nombreuses, dans les clairières, au milieu des pins. On trouve quel- quefois des Ægon en gravissant la pente rude et escarpée de cette montagne au delà de laquelle on parvient enfin au but désiré; 200 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE mais la Zycæna la plus abondante en ce lieu me paraît être Acis (Serzargus), plutôt qu'Ægon. Dans la pelouse qui s'appelle, je crois, la prade Saint-Jean, la Lycæna Ægon est d'une forme bien différente de l'Æypochiona, d'Andalousie ou des parties chaudes du Roussillon et du Lan- guedoc. C’est un papillon plus petit; le Gest d’un bleu plus foncé en dessus, avec une bordure noire élargie; le dessous est gris et non plus d’un blanc éclatant; les points métalliques sont éteints, sauf chez la Q où ils existent encore, mais sans être bien larges, ni brillants. Telle est la forme de la Norwège où l’a prise mon fils, le D° J. Oberthür, des Alpes et des parties élevées des Pyrénées. J'ai déjà fait figurer sous le n° 63 de la PI. 5 de la XX° livraison des rudes d'Entomologie, une Q de Gavarnie. Il y a une certaine variabilité individuelle parmi ces Ægon, mais du moment qu’ils proviennent d'une certaine altitude alpine ou pyrénéenne, ils appartiennent bien à une même race qui est appelée a/pina, Berce, dans 7’Xe Butterfies of Switzerland, par George Wheeler (p. 42). Il reste à examiner une dernière race européenne d’'Argus; c'est celle qui, d'après ce que je connais, a son maximum de dévelop- pement et de beauté à Cernobbio, sur les bords du lac de Côme, où elle vole à la fin de mai et au commencement de juin, dans les prés qui s'élèvent en gradins sur le côté de la route qui longe le lac. En dessus, le ' est d’un bleu violet, avec la bordure noire assez large et nette; le dessous est gris de lin avec les points d’un noir vif, cerclés de blanc et une bordure marginale rouge orange se développant du bord costal des supérieures au bord anal des inférieures. Cette ligne orange est intérieurement surmontée de chevrons noirs; elle encadre la moitié supérieure des points noirs qui sont légèrement pupillés de bleu métallique et dont l’autre moitié inférieure est bordée de demi-cercles blancs, de telle façon qu'au contact de l’extrémité de chaque nervure avec le bord terminal, il y a un petit triangle noir. La © est brune en dessus; il y a assez souvent des exemplaires lavés de bleu. Je crois que cette race se lie intimement à celle du Japon que Leech a figurée sous le nom d’ensularis (Butterflies from LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 201 China, etc, PL XXXI; C' fig. 8; Q fig. 5); mais elle ne cadre cependant pas absolument avec cet A7gus-insulars du Japon. Ægon se trouve d’ailleurs aussi au Japon, où il paraît être simple- ment une forme agrandie de l'Ægon des environs de Rennes. À l'Argus de Cernobbio, que j'appelle Zzguwrica, lui conservant le nom sous lequel j'ai reçu de Cassarate un forme ana'ogue, 1l faut joindre comme faisant partie de la même race, celui de Ver- soix, de Veyrier, en Suisse, de Majella, dans les Abruzzes; de Vichy (Allier); d'Uriage (Isère); de Sidemi (Mandschourie) et des régions du Nord de la Chine. La teinte bleu violacé du © est lisérée très finement de noir; les points noirs marginaux des ailes inférieures sont tantôt nuls, tantôt apparents et même bien détachés; la frange paraît très blanche. Le dessous des ailes, chez le S, est gris bleuâtre très clair, avec la bordure rouge orange vive et les points noirs marginaux bien marqués, depuis le bord costal des supérieures. Il y a, aux inférieures, 2 ou 3 points bleus métal- liques. Les Q sont brunes, avec ou sans lavis bleuâtre; les taches orangées en dessus sont généralement bien accusées; le dessous des Q est café au lait très clair avec une éclaircie blanche, qui existe aussi chez le O', plus où moins accentuée, entre la bordure orange et la ligne de points noirs qui descend du bord costal au bord anal. À Cernobbio, où la race est plus grande, la bordure marginale noire, chez les ©, est plus large qu'à Versoix, Veyrier, Uriage, Vichy, Sidemi, où elle est très fine. La race de Marseille et de Péone (Alpes-Maritimes; H. Powell; 3 septembre 1906) est voisine de cette race d'A7gus-ligurica. Cependant je dispose de trop peu d'exemplaires pour pouvoir établir mon opinion. Je possède environ 2.500 exemplaires des Lycœna Argus et Ægon présentement classés dans ma collection. Ils proviennent de localités bien diverses; mais je ne me dissi- mule pas les nombreuses et importantes lacunes de ma documen- tation, notamment pour la faune de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Hongrie, qui est trop peu représentée dans mes boîtes. De combien d'exemplaires devront être composées les collections de nos successeurs, lorsque le progrès de la Science exigera une analyse 202 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE — poussée toujours plus loin et des éléments de comparaison infi- niment plus étendus! Voici, en attendant et conformément aux observations ci-dessus rapportées ainsi qu'aux figures publiées dans le présent ouvrage, comment 1l me semble que les races d’Argus et Ægon doivent être présentement classées : Argus, Linné, Scandinavie; Alpes (Larche), Digne; Pyrénées. Var. Calliopis, Bdv. Grenoble, Uriage. Var. Armoricana, Obthr. Bretagne, Dax, Fontainebleau, Angou- lême, Fusio. Var. Bellieri:, Obthr. Corse. Var. VNevadensis, Obthr. Andalousie. Var. Lgurica, Obthr. Lac de Côme, Sidemi, Chine-Nord, Vichy, Isère. Var. 2nsularis, Leech. Japon. Var. Ægina, Leech. Tâ-tsien-Lou. Æ gon, Huebner. Angleterre; Bretagne (Plouharnel, Huelgoat, Quimperlé, Rennes, etc.); Japon. Var. alpina, Berce. Simplon, Cauterets, Larche. Var. corsica, Bellier. Corse. Var. 2ypochiona, Rambur. Andalousie; Vernet-les-Bains; Lan- guedoc. Var. casaiacus, Chapm. Casayo. Des observations sur Argus et Ægon ayant récemment paru dans les 7'7ansactions of the entomological Society of London, 1909, aux pages XII-XVIII, j'ai cru devoir porter à la connais- sance du Public entomologique l'opinion de M. J. W. Tutt et de M. Chapman, exprimées au cours de deux séances de l’honorable Société. La traduction était difficile à faire; il était nécessaire de connaître parfaitement les deux langues anglaise et française et d’être un entomologiste très au courant de la Science contempo- raine. J'ai eu recours pour cela à l’obligeance de M. Harold LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 20 CD Powell et je le remercie cordialement de son concours savant et très apprécié. M. Tutt se range, pour la nomenclature, à l’avis de Staudinger; on a pu voir les raisons qui m'ont fait adopter une opinion opposée. Quant au reste, Je le considère comme une exposition très curieuse de constatations savantes et d’hypothèses très hardies. Cependant et quelle que soit la doctrine de chacun, la lecture des documents insérés dans les .7'ransactions of the entomological Society of London paraîtra à tout le monde du plus haut intérêt. Extrait des Transactions of the Entomological Society of London, 1909 (Pages XII, XIII, XIV, XV, XVI, XVII et XVII) Séance du Mercredi 17 Mars 1900. DISCUSSION SUR LES DEUX ESPÈCES SIMILAIRES //eberus Argus (-Ægon) Er PF. Argyrognomon. M. J. W. Tutt ouvrit une discussion sur les affinités des deux espèces paléarctiques : Plebeius Argus, L. (Ægon, Schiff.;, Argy- rotoxus, Brestr.), et P. Argyrognomon, Brgstr. (Argus, À uctorum). Après avoir dit qu'il y avait eu grande confusion entre les deux espèces, à partir de la première description et plus tard, il cita les Autorités suivantes : 1758. Linné, Sysiema Nature, 12° édition, page 483 A7gus, papillon bleu avec taches bleu argenté en dessous. Aussi Idas, p. 488, une espèce indienne. 1761. Linné, Fauna Suecia, ? édition, page 283 — Argus, avec les mêmes références. Aussi /das, p. 284, en la suggérant comme © de l'Argus (par conséquent pas l’/das de la 10° édition). 204 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 1767. Linné, Systema Nature, 12° édition, pages 789-090 — Argus, avec la même description, mais avec /das référée à la même espèce comme ©. 1775. Schiffermüller, Wien- Verz., page 183 (note), référa l’Argus de Linné à l’espèce non-britannique connue maintenant sous le nom d’Argyrognomon, et décrivit Ægon comme une autre espèce, l'identifiant clairement à l'espèce que nous connaissons sous le nom d'Ægon. 1788. Borkhausen, Sys£. Besch., p. 154 us é suivirent Schiffermüller. 1787. Schneider, Sys2 Desk p. 252 Hübner, Illiger, Laspevyres, Herbst, Ochsenheimer, Oken, Godart, Boisduval, Duponchel, Freyer, Herrich-Schäffer, et toute une armée d’autres Auteurs connus adoptèrent sa conclusion, appelant notre espèce anglaise Ægon et l'espèce non-britannique Argus. Fabricius, Lewin, Haworth, Stephens, Curtis; Wood, West- wood, etc. maintinrent le nom linnéen A7gus pour Ægon. Stephens confirma ceci, en faisant observer que dans la « Col- lection linnéenne », à Burlington-House, l’Argws reconnue des entomologistes du continent ne se trouvait pas. En 1853, Wallengren (ne connaissant évidemment qu'une espèce, la nôtre britannique), dit que c'était l’Argus de Linné. Ensuite, ayant connaissance des deux, il maintint notre insecte britannique comme A7gus. En 1871, Kirby, dans son Syronymic Catalogue, appela notre espèce Argus. En 1882, Schüyen écrivit une revision critique (Ænr. Tads., 1, p. 34, 100), concluant que l’Argus de Linné était notre Ægon. En 1001, Staudinger suivit les conclusions des Scandinaves, et depuis ce moment, chacun a suivi Staudinger. D’après les des- criptions, nous aurions suivi Schiffermüller. Sur le fait qu'il existe encore dans la collection linnéenne, à Burlington-House, outre quatre exemplaires d'Ægon étiquetés comme anglais, de la main de Smith, et un sans étiquette, deux spécimens, un mâle étiqueté « 1074 », le numéro de l’Argus de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 205 Linné dans la Faun. Suec. et une © portant étiquette « 1075, [das », le numéro de l’/das de Linné dans la Faun. Suec., nous sommes portés à admettre l'utilité, maintenant que le changement est accepté, de maintenir Argus pour notre Ægon, et Argyrogno- mon pour l'insecte continental connu si longtemps sous le nom d'Argus. M. Tutt attira ensuite l'attention sur la distribution et les races locales remarquables de notre Plebeius Argus britannique (Ægon), démontrant qu'en Grande-Bretagne nous avons trois formes dis- tinctes : une forme des collines calcaires, puis une forme des landes à bruyère, enfin une forme des tourbières ou des marais. Sur le continent, dans l'Europe septentrionale (excepté l’extrême nord) et centrale, le type était la forme des plaines. Dans les Hautes-Alpes, c'était la race pailonomus, Brastr. (= Ægidion, Meissner) ; Æ giades, Gerh., se trouvait en Europe centrale sur les landes: la variété corsica, Bellier, était restreinte à la Corse, et plus à l’est, dans l’Asie-Mineure, c'était la forme ortentalis, avec son Ab. bella, H.-Sch. De l’ouest à l’est de la région paléarctique, les principales formes raciales de l'Argus étaient distribuées comme 1l suit : pyrenaica, Tutt. ) PVRÉNÉENNE AO hypochionoides, Tutt. \ Pyrénées françaises. bejarensis, Chpmn. ESPAGNOLE casaiacus, Chpmn. brañuelasensis, Tutt. vigensis, Tutt. ortentalis, Tutt. ASIATIQUE sifanicus, Grm.-Grshm. ongodai, Tutt. koreana, Tutt.— Grande taille, comme bejarensis. micrargus, Butl. — Petite taille (sans taches mé- JAPONAISE | Xypochiona, Ramb. — Dessous blanc. | talliques). pseudæegon, Butl. — Forme de montagne. 206 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE P. Argyrognomon a une distribution presque identique dans la région paléarctique. Sa variation est également presque parallèle à celle de ?. Argus; la grande race orientale du Japon égalant comme taille la var. £oreana. Les formes corses des deux espèces, avec beaucoup de ressemblance en dessus, sont très distinctes en dessous; P. Ayrgyrognomon var. corsica avec taches ocellées à centres noirs, ?. A7gus var. corsica avec ces centres gris ou brun pale (l'aile de la couleur du fond). De même, la race alpine est plus petite, les races méridionales plus grandes, de sorte que les deux espèces paraissent présenter une portée de variation parallèle en montagne, en plaine, et chez les races méridionales respectivement. Considérées superficiellement et au point de vue de la structure, les deux espèces offrent plusieurs différences marquées. Par exemple : a) Chez Argyrognomon Vépine sur la partie avant du tibia est absente; b) La forme des ailes chez A7gus est plus arrondie; c) La frange des ailes est plus large; d) Chez A7gus le fond des ailes en dessous varie du pâle au blanc, chez Argyrognomon la couleur est plus uniformément grise; e) Il y a une différence d’angle dans la rangée de taches trans- versales des dessous des ailes supérieures, celle d’Argus étant plus courbée en dessous de la lunule discoïdale; f) Les androconia chez Argus sont prolongés (8 à Oo rangées de points traversent chacun), dans Argyrognomon ils sont arrondis (10 à 12 rangées de points); g) Les poils écailleux blancs, tant en évidence chez Argyro- gnomon, manquent chez Argus; }) Les organes génitaux présentent des différences notables dans les deux espèces; Et finalement 7) les premiers états et l’histoire naturelle (l’évo- lution) sont entièrement différents, et tandis que Argyrognomon a deux éclosions par an, Argus n’en a qu’une seule. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 20 NI Le docteur T. A. Chapman fit ensuite des projections lumineuses montrant des préparations de chenilles de P. Argus (Ægon) de diverses tailles à diverses époques de leur existence, de celle d'Argyrognomon dans sa première livrée, pour comparaison, et de divers points de l'anatomie extérieure de la larve et de la nymphe, et des accessoires sexuels d’Argus, d'Argyrognomon et d'autres espèces pour comparaison, et des tibias de ces espèces, pour démontrer combien elles différaient dans ce qu'on appelle l'épine tibiale. Parlant de ces espèces, 1l dit : « En examinant les épines tibiales d’Argus et d'Argyrognomon, j'ai noté une réversion curieuse chez un spécimen d’Aygus de l'Espagne; le tarse est normalement (dans le mâle) en une seule pièce ; tous les articles et l’ongle terminal étant fusionnés ensemble sans trace d'articulation. Cependant, le premier exemplaire espagnol que j'ai examiné avait le tarse divisé en trois articles. Je me demandai, naturellement, si ceci pouvait être un caractère des races espagnoles, mais je n'ai pu trouver un exemplaire pareil, ceux d'Espagne et d’ailleurs étant parfaitement conformes. Il y a ambiguité à appeler ceci l'épine tibiale, c’est l'extrémité du tibia même. Ce qu'on appelle généralement l’épine tibiale est une protubérance à part qui n’est pas présente dans ces espèces. » L'extrémité pectiniforme des pinces génitales présente des variations inattendues: le nombre total des dents variant dans des limites considérables, et la présence ou l'absence d’une ou de plu- sieurs dents moins importantes ou mal développées à l’un ou à l’autre bout de la série, étant un autre point qui offre une grande inégalité suivant les individus. » Les pinces opposées d’un même individu diffèrent très souvent et le nombre des dents du peigne peut varier chez les exemplaires d'une même localité. Il y a probablement quelque variation géo- graphique également, mais je ne l'ai pas démontré. » Nous pouvons conclure que des différences considérables dans cette partie des pinces n’interfèrent pas avec la syngamie complète chez l'espèce. » La tendance à la variation est évidemment assez forte pour 208 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE établir facilement une espèce nouvelle, si une partie de la présente espèce pouvait être isolée par ségrégation, pour une période rela- tivement courte. » Nous pouvons de plus conclure que ces organes spéciaux et « formidables » ne correspondent à aucune portion des appendices de la femelle différenciée d’une manière semblable, parce que, dans ce cas-là, quatre dents au peigne ne pourraient posséder la même utilité que cinq, six, sept ou huit. » La grande différence qui existe entre les genitalia de l’Argus et de l’Argyrognomon m'a suggéré la question : Est-ce que ces deux espèces sont en réalité aussi étroitement alliées que nous le supposons ? Il nous est permis de supposer qu’elles sont dérivées de différentes portions de la souche Plebeiide qui se sont rap- prochées par mimétisme ; ou bien, puisque les deux sont abondantes (mais rarement, peut-être jamais, abondantes ensemble), qu'elles se sont rapprochées par le fait qu’elles se trouvent dans des con- ditions très similaires, et, étant donné une légère variation de ces conditions, chacune capable de prendre la place de l’autre. » Nous trouvons que chez ces Zycænidæ l’armature dorsale diffère beaucoup et possède une valeur générique plutôt que spé- cifique. En prenant Zcarus ou Bellargus comme représentant en moyenne les Plebeiides nous trouvons chez Aygus que chaque membre latéral de l’armature dorsale est long, mince, courbé et faiblement crochu à l'extrémité. Le crochet accessoire est fortement courbé, la partie terminale longue, droite et mince, sauf la pointe qui est légèrement courbée et crochue. Par contre, Argyrognomon diffère d’Zcarus de façon opposée; chez Argyrognomon, l'appen- dice latéral est court, large et émoussé, et l’accessoire présente une courbe prolongée; ce qui le fait paraître courbé d’un bout à l’autre, et quoique ayant une légère courbe ou crochet terminal, comme Argus, il diffère par sa forme plus large et plus robuste. » Quand nous comparons les extrémités des pinces, la différence est immense; tandis que Argus a quelques longues dents un peu de côté de l’appendice dur, Argyrognomon a un nombre de dents très fines (petites) sur l'extrémité un peu large de l’appendice. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 209 Celles-ci donc semblent être des formes d’appendice presque sans parenté (dans le groupe de Plebendes. Pour les accepter comme étant étroitement alliées, je suis obligé de prêter une valeur un peu exagérée à une considération qui a beaucoup d'importance dans l'étude de ces genitalia. » Les genitalia se trouvent, au point de vue de la sélection, dans des conditions totalement différentes de celles des caractères externes que nous examinons le plus ordinairement. » Ces caractères externes sont soumis à une sélection continue en rapport avec les circonstances de l'entourage, telles que les ennemis, le climat, la plante nourricière, etc. » Les genitalia, quoique tout autant sujets à varier, et proba- blement en réponse à des éléments perturbateurs similaires de l’environnement, ne sont soumis à aucune force sélective exercée par l’environnement. » Dans les limites d’une espèce il ne faut pas que la déviation de la valeur moyenne aille suffisamment loin pour empêcher l'individu de trouver une compagne, mais la valeur moyenne peut se modifier graduellement dans n'importe quelle direction. » Tant qu'un groupe d'individus est syngamique (c’est-à-dire est une espèce) les genitalia peuvent varier similairement d'un bout à l’autre du groupe, mais sans former de variétés définies. Cependant, quand un tel groupe est divisé en deux parties ou groupes par ségrégation géographique, saisonnière ou autre, chaque partie doit conserver une forme constante des appendices pour toute cette partie, mais s'éloignant probablement de ceux de l’autre groupe, qui peuvent être en voie de varier dans une autre direction. » Quand une telle différenciation a été poussée assez loin, les deux groupes ne sont plus syngamiques et agissent l’un envers l’autre comme des espèces distinctes, dans le cas où se présente une occasion de se mélanger. » Il paraît très probable qu'une séparation de ce genre puisse se produire très rapidement considérant les nombreux cas que nous connaissons de deux ou trois espèces, très distinctes quant 14 210 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE aux organes génitaux, tout à fait asyngamiques, et cependant très ressemblantes quant aux caractères externes et difficiles même à différencier. » Il est très probable que de telles paires d’espèces se sont éloignées l’une de l’autre quant aux caractères externes pendant leur ségrégation, mais qu'une fois assujetties de nouveau au même environnement, elles sont arrivées à se ressembler de nouveau très intimement, toute question de mimétisme mise à part. » L’armature dorsale des genitalia d’Argus et d'Argyrognomon me paraît infirmer une pareille hyothèse; mais cela est néanmoins possible, et c'est même l'hypothèse généralement admise que ces deux espèces dérivent d’une souche commune d’une des façons que Je viens d'indiquer. » Le point sur lequel je désire attirer l'attention comme ayant une portée dans des cas pareils, est que si une portion relativement petite d’une espèce est entièrement ségrégée, elle peut varier plus ou moins quant aux caractères externes, adoptant une position appropriée à son environnement nouveau et restreint et demeurant constante ensuite, mais que les genitalia ne subissent aucune res- triction, étant libres de varier à n'importe quel degré, à la condition que tous les individus du groupe varient ensemble. » Quand le groupe ne renferme qu’un petit nombre d'individus, une tendance à varier aura plus de chance d'amener un change- ment, puisqu'il n’y aura pas une foule d'individus pour absorber des tendances contraires, et par son inertie, empêcher le change- ment. » Donc, tandis que dans les genitalia, peu ou point de chan- gement n'aura peut-être lieu dans certains cas, ou dans la majorité des cas, au contraire, dans d’autres cas, un changement considé- rable s'effectuera probablement avec rapidité. » Il est à noter qu'il y a bon nombre d’espèces dont les appen- dices paraissent être plus ou moins intermédiaires entre ceux d'Argus et d'Argyrognomon, et je vous montre sur l’écran des photographies de cinq de ces espèces ressemblant le plus à Argus par la présence de grandes épines. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 211 » Il est à noter que toutes ces espèces intermédiaires (intermé- diaires quant aux genitalia) sont, par leurs caractères externes, abondamment différentes d’Argus et d'Argyrognomon. Argus et Argyrognomon sont les seules espèces européennes de ce groupe (à l’exception de la très locale P. Zephyrus et sa var. Lycidas), et elles se ressemblent mutuellement plus en Europe qu'ailleurs. Cette circonstance semble indiquer qu’elles ont été assez largement séparées dans leur petit groupement particulier, mais que là où elles ont de nouveau occupé des habitats semblables, elles se sont rapprochées dans leurs caractères externes. » Séance du Mercredi 7 Avril 1900. Le Président ayant invité M. Tutt à répondre sur la discussion, M. Tutt dit que, selon lui, la ressemblance entre les deux espèces n'avait pas le mimétisme pour cause. Il considérait les deux espèces en vérité étroitement alliées, et que les grandes diffé- rences observées dans les appendices ancillaires ne dénotaient peut-être pas une division aussi importante qu'on pourrait le supposer. Il attira l'attention sur le fait que les premiers états (histoire de la vie) des deux espèces étaient tout à fait distincts et connus depuis au moins 135 ans. Quant à l’apparition des deux espèces ensemble, 1l fallait se rappeler que, dans les régions basses, Argyrognomon avait deux générations et Argus n'en avait en général qu'une seule, et ceci n’admettait aucun chevauchement réel, quoiqu'il en existât jusqu'à un certain point; il était vrai que dans les montagnes, les deux espèces apparaissaient plus ou moins à la même époque, Argy- rognomon, cependant, généralement bien en avance sur A7gus dans ces régions. Aucun doute ne pourrait exister quant à la distinction de ces espèces; l’idée de M. Marshall, selon laquelle les deux formeraient une espèce, dimorphe, ne s’appuyait abso- lument sur rien. 22 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Hesperica, Rambur et Lycæna Lycidas, Trapp. J'ai publié dans la 1° livraison des Etudes de Lépidoptérologie comparée, des figures de ZLycidas (PI. 2; fig. 17 et 18) et d'Æespe- Call 2/25 ete); Je prie le lecteur de vouloir bien se reporter à ce que J'ai écrit relativement à ces Lycæna, dans l'ouvrage précité. Lycidas se trouve sur la route du Simplon, au voisinage du Refuge n° 2, à la fin de juin et au commencement de juillet; je l'ai aussi pris à Viège, à l'entrée de la vallée de Zermatt, en 1864 et 1866, alors que Je me trouvais en compagnie de MM. Guenée, Fallou, Constant et Jourdheuille. Hesperica se trouve en Andalousie où il a été découvert par Rambur et de Graslin. Rambur a fait paraître de bonnes figures d’Æesperica sous les n° 1, 2, 3 et 4 de la Faune entomologique de l'Andalousie, ouvrage imprimé en 1830. Æesperica y est décrite aux pages 270 et 271. Je remarque que l’un des O' pris par de Graslin, il y a près de 75 ans, a des éclaircies de couleur aurore, le long du bord terminal des ailes inférieures, un peu comme chez la Lycæena Ægon-casaiacus. Lycæna Escheri, Huebner. Espèce voisine de Zycidas et d’ÆHesperica, près desquelles elle vit dans le canton du Valais, aussi bien qu'en Andalousie; mais restant toujours bien distincte de Zycidas et d'Hesperica par le dessous de ses ailes inférieures qui porte, près du bord marginal, vers le milieu, une éclaircie blanche, de forme presque triangulaire, tandis que Zycidas et Hesperica présentent une longue bande blanche, se développant depuis le bord costal jusqu’au bord anal des inférieures, au-dessus de la série marginale de lunules fauve orangé. [SS) LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 21 Huebner a figuré Escheri G' sous les n° 709 et 800 et Escherz ©, sous les n°° 867 et 868, d'après des exemplaires qui, selon Boisduval, lui furent envoyés par M. Escher. En l’année 1832, date de l'impression de l’Zcones et du Supplé- ment aux Tomes I et II de l’Aistoire naturelle des Papillons de France, par Godart, Boisduval et Duponchel publièrent, simulta- nément et chacun de son côté, la figure de Lycæna Escheri; Bois- duval, sous les n°° 4, 5 et 6 de la PL 12, et Duponchel, sous les n® 3, 4, 5 et 6 de la PI 11. Les figures données par Huebner, Boisduval et Duponchel, sans être mauvaises, laissent à désirer; le coloriage ne semble pas avoir été soigneusement surveillé. Dans les exemplaires de ma Bibliothèque, les franges des ailes des Q sont restées blanches, tandis que, d’après les descriptions, elles devraient être grises. Boisduval dit que « cette espèce est assez commune dans plusieurs de nos départements méridionaux, pendant une grande partie du mois de juin et qu'il ne croit pas qu’on l'ait trouvée jusqu’à présent ailleurs qu'en France ». Duponchel prétend (p. 72) qu’il a trouvé, le premier, ce Polyommate dans le département de la Lozère, mais qu'il ne l'avait pas distingué d'Alexs. Cet auteur ajoute que M. Alexandre Lefebvre l’a pris depuis dans les environs de Toulon et que M. de Saporta l’a découvert également dans une de ses terres, près la Sainte-Baume (Var). Tout cela me donne à penser que les individus figurés par Bois- duval et par Duponchel proviennent de Provence. Mais il est bien regrettable que ces auteurs, et tant d’autres avec eux, aient si géné- ralement négligé de faire connaître l'origine exacte des papillons qu'ils faisaient représenter. Il est si intéressant de savoir quelle est la race-type de l'Espèce, c’est-à-dire la plus anciennement décrite. Chaque auteur figurant un papillon devrait avoir soin d'indiquer sa provenance exacte. D’après ce que je connais de la Zycæna Escheri, c'est une espèce méridionale dont la station la plus avancée vers le Nord-Ouest, est jusqu’à présent Dompierre-sur-Mer (Charente-Inférieure). Æschert se trouve dans les Pyrénées où elle monte jusqu’à une assez grande altitude; en Espagne; en Languedoc; en Provence; dans la vallée 214 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE du Rhône, jusqu'auprès de Bérisal, sur la route du Simplon; à Zermatt; en Dalmatie; en Grèce; et dans quelques parties de l'Italie. J'ai fait figurer sous les n° 78 et 79 de la PI XX de la 3° livraison des Æfudes de Lépidoptérologie comparée, le G' et la Q de la race des Bouches-du-Rhône. Le G' est très grand, d’un bleu clair soyeux et chatoyant en dessus, d’un gris blanchâtre éclatant en dessous, avec les points d’un noir très vif, cerclés de blanc. La Q est brune, mordorée, quelquefois avec un trait noir à l'extrémité de la cellule des ailes supérieures; elle a une large bordure fauve orangé aux quatre ailes; la frange est brune jusqu’à l’apex où elle devient d’un blanc pur. Le dessous de la Q est d’une teinte café au lait clair. Sous le n° 80 est figurée une Q radiata de la plus grande beauté. J'en suis redevable au D’ Siépi qui l’a capturée à Saint-Pons et a fait mention de cette magniñique Aberration, dans le Catalogue raisonné des Lépidopières du département des Bouches-du-Rhône et de la région de la Sainte-Baume (p. 40). On trouve dans les environs de Saint-Zacharie, non loin du château de Montvert, en juin et au commencement de Juillet, de superbes Q Æscheri. C'est à M. Gédéon Foulquier, l’habile et ardent chasseur qui explore si soigneusement les environs de Mar- seille, que je suis redevable de la connaissance de ces intéressants Lépidoptères. Chez certaines Q d'une variété que j'appelle : Foul- guieri, et qui est fréquente en Provence, rare ou nulle ailleurs, la rangée intranervurale des taches marginales fauve orangé aux ailes supérieures, commence au bord costal, comme dans l’exemplaire figuré sous le n° 5 de la PI. 12 de l’/cones, de telle sorte qu'il y a 6 taches contiguës, presque carrées et très bien marquées. Chez d’autres ©, la couleur brune du fond semble se fondre avec la teinte fauve orange des taches marginales, aux ailes supérieures; enfin quelques © montrent près du corps, des atomes bleus. La teinte fauve orangé est généralement très vive; accidentellement les taches marginales qui décorent le dessous des ailes de la © Escheri sont d’un jaune pâle. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 215 Je possède des Lycæna Escheri recueillies à Grenade et à la Sierra-de-Alfakar, par feu de Graslin et par mon frère, en Juillet 1879; à Vittoria; à Albarracin et à Barcelone; notamment une Aberration O' subtus-tmpunctata, venant de Catalogne et figurée sous le n° 25 de la PI. 3 de la XX° livraison des Ezudes d'Ento- mologie. Les Æscheri S' d'Espagne ont le fond des ailes rosé, en dessus, et plus transparent que les échantillons des autres pays. Si on éclaire, au moyen de l'électricité, une boîte contenant des Æschert G espagnols, piqués à côté d’Æscher: de Provence, de Dalmatie, des Alpes, des Pyrénées-Orientales, etc, on constate une différence très sensible dans la couleur du fond des ailes. De plus, la bordure noire est extrêmement fine; J'ai désigné la race espagnole d'Æscher:, par le nom de roseonitens. Le dessous du GO, en Andalousie, est d’un gris blanc vif, avec les points noirs très gros. Les Q ont le dessous d’une teinte café au lait clair, encore plus vive que dans la race provençale. La bordure fauve orangée est d'une couleur tantôt fauve rouge, tantôt jaune; plus ou moins large, atteignant, ou non, le bord costal aux supérieures. Les © sont donc variables; mais le caractère rosé des ailes des GC en dessus, parait commun à tous les individus. En outre, la race d'Andalousie paraît être généralement de plus grande taille que la forme des Bouches-du-Rhône qui est pourtant très développée. Dans les Pyrénées-Orientales, je n'ai pas remarqué qu'Escheri s'élevât à une grande altitude. Je l'ai toujours observée dans les localités chaudes et plutôt assez basses. La forme qui vole aux environs de Vernet-les-Bains, ne diffère guère de celle de Provence que par sa taille un peu réduite. Dans les Hautes-Pyrénées, on voit la Lycæna Escheri Œ voltiger dans les vallées chaudes, avec les autres espèces de Zycæna et se reposer au milieu de ses congénères, sur les parties humides des routes, notamment aux abords de Luz. On la trouve aussi plus haut, à Cauterets et sur les pentes de la montagne du Péguère; mais Æscheri monte jusqu'à près de 2,000 mètres d'altitude et je l'ai capturée au bout du lac de Gaube, sur une pelouse rase parsemée d'énormes blocs de rochers 210 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE isolés et plantée çà et là de groupes de pins. Je veux désigner la sorte de prairie où l’on aborde, lorsqu'on traverse le lac de Gaube, en bateau, pour marcher ensuite dans la direction du Vignemale. La race de Lycæna Escher: qui vole sur ce gazon alpestre, en com- pagnie d'Æros, Acis (Semiargus), Adonis (Bellargus), Orbitulus- Oberthüri, Arion, présente des caractères spéciaux et je lui ai donné le nom de Londoui, en l'honneur de mon honorable ami Rondou, l'excellent Naturaliste et Instituteur de Gèdre. Puisque la Lycæna Escheri habite dans les Pyrénées, les vallées chaudes et qu’elle s'élève graduellement depuis les altitudes faibles jusqu'à près de 2,000 mètres, elle doit offrir, dans les différentes localités où elle vit, des formes très distinctes, si l’on compare les individus qui proviennent des points extrêmes; mais si l’on envi- sage une série d'exemplaires capturés dans des localités intermé- diaires, on doit trouver des formes transitionnelles. Dans la réalité, il en est effectivement ainsi. Dès lors, pour fournir une histoire plus complète de l'Espèce, j'ai fait figurer sous le n° 72 de la PI XX, le SG des Hautes-Pyrénées, pris à Cauterets et faisant la transition entre la race provençale et celle du lac de Gaube. Cette forme de Cauterets est moins grande que la forme des Bouches-du-Rhône et le bleu du dessus des ailes, chez le ©, est d'aspect moins trans- parent. Quant à la var. Rondoui, elle est caractérisée en ce qui concerne la © (fig. 73), par des atomes bleus à la base des ailes et la frange de ses quatre ailes entièrement blanche et non brune avec l’apex blanc, comme partout ailleurs. Le G' Rondoui est plus petit, en dessus d’un bleu qui présente, regardé dans un certain Jour, un léger reflet un peu verdâtre, tandis qu'en dessous, le fond des ailes est d’un gris uni avec les points noirs très petits, — souvent beaucoup moins accentués même que dans la fig. 71. Il faut remar- quer encore l'absence presque complète de tache triangulaire blanche, le long de la bordure marginale de taches fauves, aux ailes inférieures. On peut trouver partout l’Ab. radiata; témoin la superbe Q (fig. 74), prise à Gèdre (Hautes-Pyrénées), en 1906 et dont M. Rondou a eu la générosité de me faire cadeau. J'ai décrit aux pages 57 et 58 du Bulletin de la Soc. ent. de France, 1906, la nou- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 21 ÈT velle variété Rondoui que j'avais capturée en juillet 1905, aux abords du lac de Gaube. C'était par une journée incertaine, avec intermittence de brouillard et de rayons de soleil. Le temps ne tarda pas à se gâter tout à fait et cette circonstance m'empêcha de récolter un grand nombre d'exemplaires, ainsi que Je le désirais. J'avais pris tout d’abord la Zycæna Escheri-Rondoui pour Lycidas, à cause de la taille réduite et de l'absence — ou tout au moins de l'oblitération — de la tache blanche triangulaire aux ailes infé- rieures en dessous. Dans la montagne du Péguère, on trouve parfois des Q petites, très obscures, dépourvues de taches fauve orangé aux supérieures en dessus et frangées de blanc pur. Mais on en trouve aussi qui ont les franges grises ou d’un brun très clair et qui établissent la transition. Mon frère a pris, en passant de Cauterets à Gavarnie, en juillet 1882, une © Rondoui presque complètement unicolore en dessus: il lui reste seulement quelques vestiges de taches fauve orangé aux ailes inférieures. J'ai pris moi-même à Gavarnie un Escheri-Rondoui d très analogue à ceux des bords du lac de Gaube. Dans les Alpes, la ZLycæna Escheri s'élève à une altitude peut-être plus grande encore qu'aux Pyrénées; non seulement je l'ai prise abondamment sur la route du Simplon, un peu au-dessous de Béri- sal, du 18 au 23 juillet 1002, mais je l'ai rencontrée aux environs de Ryffelalp, à plus de 2,000 mètres. Il y a des exemplaires O' de Ryffelalp qui, par leur petite taille et leur teinte bleue en dessus, ne sont pas distinguables de la var. Rondouï; en dessous, ils me paraissent également être assez semblables à Rondoui; malheu- reusement je n'ai pas pris la Q Æscheri à Ryffelalp et j'ignore comment est sa frange. Si elle est blanche, la race de Ryffelalp pourrait être appelée Rondoui, ainsi que la forme des bords du lac de Gaube. Dans la Lozère, à Florac, la Zycena Escheri O' est de plus petite taille qu'en Provence; elle est en dessus, du même b'eu que dans les vallées pyrénéennes; en dessous elle a les points noirs plus vifs; quant à la Q Æscheni, dans la Lozère, elle est grande et tout à fait analogue à celle de la Côte d'Azur. J'ai pris, en 1803, 218 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE à Florac, un © Æscheri curieusement coloré; 1l est, en dessus, d’un bleu grisâtre, avec une bordure brun clair assez large; c'est un exemplaire d’un faciès anormal; il était du reste très frais lorsque je le capturai, il y a plus de 46 ans; je l’étalai sur le vif, sans le ramollir et sa couleur n’a pas changé; pas plus d’ailleurs que la teinte bleu des Æscheri récoltés à cette époque déjà éloignée et préparés immédiatement après leur capture. Dans les Alpes-Mari- times, il y a de superbes Æsckeri; les plus grands et les plus beaux exemplaires sont ceux des montagnes les plus voisines de la côte. Je possède une série d'échantillons récoltés à Castillon; l’'Escarène; Levens; Lantosque; N.-D. de Fenestre; vallon de Rabuans, près Saint-Etienne-de-Tinée; Venanson. Le long de l'Océan, dans les plaines calcaires de la Charente- Inférieure, la Lycæna Escheri se trouve à Dompierre-sur-Mer où M. P. Boulé en a récolté 8 O' et 5 Q, en juin 1907 et du 5 au 12 juin 1900. L'Espèce ne doit pas être rare à Dompierre, mais M. Boulé, de même que Duponchel, dans la Lozère, en 1817, ne s’aperçut pas, en la capturant, qu’elle différait d’A/exis, ce qui explique pourquoi il n’en a pas récolté davantage. En dessous, le d'est d’un gris foncé, presque brun, ce qui distingue la race de Dompierre de toutes les autres formes. La © est très obscure en dessus, d’une nuance brune, chaude et riche; en dessous, elle est d'un gris un peu plus brun que le G'; mais très distincte aussi des autres races qui ont le fond des ailes café au lait plus ou moins clair; c’est-à-dire comme s'il y avait une proportion variable de lait par rapport au café. Je prends la liberté de dédier cette jolie Zycæna, dont la pré- sence dans la Charente-Inférieure était naguère encore insoup- connée, à M'° Hélène Vigé, et je l’appelle Felene. La variété Dalmatica, Spr. diffère légèrement de la race pro- vençale par la largeur un peu plus grande de l'ombre noirâtre qui longe le bord terminal des ailes, en dessus, du moins si j'en juge par les six que contient ma collection. Un de ces exemplaires dalmates a la cellule aux ailes supérieures close par un trait noir LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 219 fin, mais vif; c’est le seul O' que je possède ainsi Les autres exemplaires n’offrent pas une semblable particularité. La Lycæna Escheri éclôt une seule fois par an en juin et Juillet. On ne l’a pas trouvée en Algérie. Lycæna Icarius, Esper. Le G' a été figuré par Esper, mais assez grossièrement, sous le n° 4 de la Tab. XCIX, d’après un exemplaire venant des pro- vinces qui étaient dites : suédoises, en ce temps-là, et que lui avait communiqué l'avocat Schneider, de Stralsund, comme une pièce très précieuse « als ein sehr schaetzbarer Beytrag ». Huebner a figuré avec le nom d’'Adntus (sic), sous les n° 283, 284, 285, une race spéciale avec la Q (284) très largement bleue en dessus et dont je n’ai encore jamais vu un semblable échantillon en nature (j'appelle cette © bleue : Huebneri); puis avec le nom d’Awandus, et sous les n°% 752 et 753, le O', et sous les n° 754 et 755, la © brune en dessus et conforme à la race de l’Europe orientale. Boisduval, dans l’/cones, a représenté Zcarius sous les n° 1, 2 et 3 de la PI. 12, et Gerhard figure le même /carius sous les n°* 4 a, ANAict Ar cde la PIN 20; La ZLycæna Icarius n'a jamais été trouvée en Angleterre, n1 dans la France occidentale, boréale et centrale, ni en Algérie. En France, d’après les documents que renferme ma collection, elle habite les Pyrénées-Orientales, où je l'ai prise bien des fois à Saint-Martin-du-Canigou et au delà de Casteil, aux mois de juin et de juillet; les Hautes-Pyrénées, où on la voit paraître au mois de juillet, à une altitude relativement assez faible, dans la mon- tagne du Péguère et sur le chemin qui va des bains de la Raillère à Cauterets. Souvent, par une belle matinée d'été, /carius voltige sur les parties humides de cette route; il est facile de reconnaître Icarius des autres espèces de Zycæna par le bleu clair et éclatant du dessus des ailes du ©‘. Il se trouve aussi à Venanson, au Mont- Castel-de-Brans, vers la fin de juin, et au Mont-Pacanaglia, dans [ee WŸ © LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE les premiers jours de juin (Alpes-Maritimes); à Entrevaux, au Mont-Gourdon, Garamagne (Basses-Alpes), à la mi-juillet. Je le possède en outre de Scandinavie; de Hongrie; du Valais; du Fort-Naryne, dans le Turkestan, où /carius donne la variété Zydia, Krulik; de Syrie et d'Andalousie. Feu de Graslin avait dans sa collection 4 et 5 Q portant l'étiquette : Grenade et Sierra- Nevada. Les © andalouses ont généralement la base des supé- rieures assez largement sablée d'atomes bleus. De plus, le bord terminal des ailes inférieures porte des ocelles noirs, surmontés d'un large croissant fauve orangé. Dans les Pyrénées, les Q paraissent être généralement très obscures. /carius, en France, ne m'a Jamais semblé être un papillon abondant, et je l’ai presque toujours recueilli par exemplaires isolés. Je fais figurer sous Mletn 205 de la Pl XEMduprsent ouvrage une superbe Aberration © de Hongrie, que J'ai appelée : A viator. Lycæna Martini, G. Allard. Très jolie Zycæna, spéciale à l'Algérie centrale et orientale; abondante à Lambèze, Batna, Khenchela; trouvée à Rovigo et au Camp-des-Chênes, par M. Holl; elle vole en mai et juin. Le GO‘ est d'un bleu pâle, un peu violacé; les ailes ont une contexture délicate, d’où résulte un aspect légèrement transparent; elles sont finement lisérées de noir et frangées de blanc. Quel- quefois la cellule des supérieures se trouve close par un trait noir fin ; assez souvent, on voit des points noirs intranervuraux, le long du bord terminal des inférieures. En dessous, le fond des ailes est gris; les points noirs sont petits et ont une tendance à l’oblité- ration. Les © sont brunes en dessus; mais la teinte brune n’est pas très foncée ; souvent la base des quatre ailes est plus ou moins largement lavée de bleu pâle. Les points noirs, généralement assez gros, qui se trouvent le long du bord terminal des inférieures, sont M surmontés d’un croissant fauve orangé assez souvent souligné de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 20) blanc. En dessous, les © sont d’un gris plus brunâtre que les ©. Chez les deux sexes, les petits points marginaux bleu brillant sont surmontés de fauve orangé, d’un sourcil noir et d’une éclaircie blanche: ils sont finement soulignés de blanchâtre. Les points noirs du dessous des ailes sont cerclés de blanc. Une Q prise à Lambèze par mon frère, en 1875, porte, le long du bord externe des ailes supérieures, une rangée de taches fauve orangé, formant, vers le bord costal des ailes supérieures, la prolongation des taches marginales ocellées, surmontées de fauve, des ailes inférieures. La Zycena Martini fut dédiée par Gaston Allard à feu notre digne ami Emmanuel Martin, qui voulut bien me servir de parrain à mon entrée dans la Société entomologique de France, où je fus admis à la séance du 28 août 1861. Emmanuel Martin était un parisien plein de finesse, extrêmement dévoué à ses amis; son cœur était enthousiaste et généreux; on l’a toujours vu très arrêté et très ferme dans ses convictions; il était doué d’une bonhomie très douce: mais il se laissait assez facilement entraîner à quelque pointe d'ironie; d’ailleurs il savait manier la plaisanterie avec aisance et délicatesse et il ne dépassait point la bonne mesure; il semblait être né observateur; son caractère était gai; sa conver- sation agréable, aimable et enjouée. Il m'a traité, au temps de ma jeunesse, avec la plus affectueuse bienveillance, et je conserverai toujours la plus sincère reconnais- sance pour ses conseils excellents et sa bonté pour moi qui ne s’est jamais démentie. Emmanuel Martin possédait, vers 1862, une collection de papillons admirablement rangée et parfaitement tenue; il avait la prescience de l'importance des variations géographiques chez les Lépidoptères. Aussi les échantillons qu'il conservait de chaque espèce, quoique peu nombreux — faute de place pour les loger, — étaient bien choisis dans des provenances diverses et pourvus d'étiquettes où se trouvait inscrite l’indication précise de la localité d’origine, ce qui était rare à cette époque et est encore trop peu pratiqué aujourd’hui. Pourtant un papillon sans indication exacte LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE [S) [es] [S) de provenance est une non-valeur; tel un corps sans àme. I] s’inté- ressait surtout aux Geometre, dont il avait réuni un grand nombre d'espèces; 1l les connaissait fort bien et en avait étudié plusieurs depuis leurs premiers états. Ses chasses annuelles dans les mon- tagnes lui avaient permis de réaliser des captures du plus grand intérêt. En outre, il avait parcouru très fréquemment les forêts des environs de Paris, dont la faune est si riche et si variée, et il avait trouvé notamment dans les bois de l'Oise, entre Compiègne et Chantilly, une grande quantité de pièces remarquables, entre autre un hermaphrodite de Bupalus piniarius qu'il avait aperçu au moment où il venait d’éclore sur le tronc d’un pin sylvestre, près de Creil; il avait assisté, nous dit-il, au complet dévelop- pement de cet exemplaire qui est demi-mâle et demi-femelle. Ce fut M. Fallou qui posséda en dernier lieu cette insigne rareté. Elle doit se trouver maintenant au Muséum national de Paris. Lorsqu'Emmanuel Martin chassait, son attention était toujours en éveil ; il avait l'œil très expérimenté et il se plaisait à inspecter les rochers et les troncs des arbres. Combien de fois l’ai-je vu découvrir des Noctuelles ou des Phalènes endormies au milieu des lichens avec lesquels leurs couleurs les confondaient exactement. Cette ressemblance si parfaitement mimétique n’avait pourtant pas suffi à les protéger contre la vue perçante du chercheur habile entre tous, qui fut l’un de mes meilleurs maîtres et de mes amis les plus affectionnés. Emmanuel Martin vivait au temps où florissaient les Boisduval et les Guenée, les Bellier de la Chavignerie et les de Graslin, les Millière et les Constant, les Fallou et les Lafaury, les Guillemot et les Laboulbène. Il a chassé avec eux tous et a été leur ami. Plusieurs fois, la Société entomologique de France a publié les intéressants Rapports que Martin écrivait à la suite des Excursions et des Congrès provinciaux; je les consulte toujours avec plaisir et profit. Je me souviens des marches prolongées en montagne que Martin, malgré sa frêle apparence, accomplissait si vaillamment. J'ai eu le plaisir d’être maintes fois son compagnon et j'admirais toujours la persévérance et la continuité de son effort entomolo- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 22 [e2) gique. Toujours prêt à saisir un papillon, en toutes circonstances, et son attention ne souffrant jamais de défaillance, il réalisait ainsi des captures souvent excellentes et là où elles étaient parfois plus imprévues. En compagnie d'Emmanuel Martin, j'ai fait les excursions organisées par la Société entomologique de France : l’une en 1862, dans les Pyrénées-Orientales; l’autre en 1863, dans la Lozère. Gaston Allard faisait aussi partie de ce voyage qui fut extré- mement agréable. Je me rappelle le soin méticuleux que les Ento- mologistes parisiens de ce temps-là apportaient à la préparation de leurs papillons. Après la chasse, ils avaient l’habitude de ne prendre aucun repos; ils se mettaient incontinent à préparer les papillons capturés durant la journée et maintenus frais dans la boîte de chasse, au moyen d’une éponge imprégnée d’eau. Il est certain que les Zycæna qui n’ont pas subi l'opération dite : du ramollissage restent d’une nuance bien plus pure que les autres. Jules Fallou et Emmanuel Martin, tous deux habitant Paris, étaient unis par les liens d’une vieille et solide amitié. Entomo- logistes également ardents, ils rivalisaient de savoir-faire, aussi bien à la chasse que dans l’art d’étaler les Lépidoptères. Que de fois j'ai admiré la préparation irréprochable de leurs papillons, au moment où ils les retiraient des étaloirs et les rangeaient dans leurs boîtes ! À partir de 1863, Emm. Martin alla passer les hivers à Hyères, en compagnie de sa respectable mère, tant qu’elle vécut, et l'été, il habitait avec elle la ville de Creil où 1l finit par se faire bâtir une maison, au haut d’une côte dominant l'Oise, d’où l’on jouissait d’une jolie vue sur les collines opposées. Bien des fois, je suis allé avec Jules Fallou visiter Emm. Martin dans son cottage, et ensemble, après avoir admiré ses cultures auxquelles il donnait tous ses soins, nous faisions de longues promenades dans les bois environnants. Malheureusement la nouvelle maison d'Emmanuel Martin, à Creil, n'était pas sèche comme son appartement de la rue de Sèvres, 111, à Paris. Emm. Martin eut le chagrin de cons- tater le développement de la moisissure dans ses boîtes et :1l 224, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE remarqua que ses chères Géomètres se ramollissaient et perdaient leur magnifique rigidité. Dès lors il ne voulut plus revoir sa collection, ni la montrer à personne. Après en avoir extrait les pièces essentielles qu'il partagea entre Jules Fallou et moi, 1l abandonna ses papillons à la destruction. Grâce à l'humidité du lieu où elles étaient déposées, le désastre fut rapide et irrémédiable. Ainsi périt malheureusement le fruit de plus de trente années d'un labeur considérable, accompli avec une compétence et une intelli- gence supérieures. Je n'aurais jamais cru qu'un tel sort pût être réservé au résultat de tant de travaux. Mon pauvre ami Emmanuel Martin s’est éteint en 1897, à l'âge de 70 ans. Il avait toujours semblé d’une complexion délicate et d'une santé fragile; mais les chasses entomologiques sont une précieuse thérapeutique. La vie au grand air, les promenades fré- quentes dans les bois et dans les champs, l’activité intellectuelle toujours éveillée, mais généralement exempte des soucis doulou- reux qui accablent si souvent les hommes, constituent une panacée à laquelle beaucoup d'entomologistes ont dû leur longévité. Emmanuel Martin était un amateur éclairé d’horticulture, en même temps qu’un fervent collectionneur d'objets préhistoriques ; 1] cul- tivait volontiers les lettres latines et l’apologétique religieuse. Chrétien convaincu, d’une charité inlassable, les espérances 1m- mortelles soutinrent toujours son courage. Ce n'est pas sans une émotion profonde qu'ayant tant de fois éprouvé le bienfait d’une si dévouée amitié, je fais renaître dans ma pensée, avec Ja vivacité d'un souvenir toujours fidèle, la loyale et sympathique figure de mon ami Emmanuel Martin. Combien de fois à Rennes, où il me visitait presque chaque année, en ins- pectant ensemble les boîtes de ma collection dont il aimait à suivre les progrès, avons-nous devisé sur les questions entomologiques où sa haute expérience de chasseur exceptionnellement habile et d’observateur judicieux apportait tant d'intérêt et était pour moi si instructive! Il fut membre de la Société entomologique de France pendant 42 ans; il méritait bien que son éloge biologique fût imprimé dans les Awxales. Mais un silence inexplicable fut LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE DD gardé par les dirigeants de cette Société. J'ai suppléé de mon mieux, dans le présent ouvrage, à l’oubli regrettable dont mon cher ami Emmanuel Martin fut l’objet de la part de ses collègues parisiens, et je rends un juste tribut d'estime et d'affection à une mémoire qui me restera toujours chère. Lycæna Allardi, Obthr. Une des plus jolies espèces du genre Zycæna. Elle n'a encore été trouvée que dans l'Oranie. Gaston Allard l’a découverte à Daya. Le D" Codet et Harold Powell l'ont capturée à Sebdou où elle vole au mois de mai. En dessus, le © de Zycæna Allardi ressemble beaucoup à Martini; mais la Q est toujours beaucoup plus obscure; le dessus de ses ailes est plus noirâtre que brun. En dessous, la disposition des ocelles est analogue à celle de Wartini; mais les points noirs beaucoup plus gros, cerclés de blanc pur, ressortent vigoureusement sur le fond des ailes qui est d’un brun chaud et un peu doré dans les deux sexes, chez Af/ardi. C'est évidemment de Martini qu'Allardi se rapproche le plus. Lorsque Staudinger et Rebel, dans le Catalog 1901, impriment à lar- ticle 553, à propos de Zycærna Allardi, ces mots : « praeced. forma Darwiniana? » — (l'espèce précédente étant Zephyrus avec les formes Zycidas, Hesperica, etc.), on se demande quelle mauvaise plaisanterie les auteurs dudit Ca/alog ont voulu servir à leurs lecteurs. La vérité, c'est qu'Allardi est une espèce spéciale, ne pouvant être confondue avec aucune autre européenne. Allardi est plus voisine de Martini que de toute autre espèce. En serait-elle même la forme orientale algérienne, tandis que Martini resterait l'expression occidentale d’une même unité spécifique ? lepnenle crois pas; tous les exemplaires étant si facilement et si nettement distincts les uns des autres; mais on pourrait à la rigueur exprimer une opinion dans ce sens. Ce ne serait pas, en tout cas, aussi paradoxal et contraire à toute vraisemblance que le ratta- chement envisagé par Staudinger et Rebel d’A/ardi à Z ephyrus. 15 226 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Quoique le Catalog 1001, véritable tissu d'erreurs, nous ait presque habitué à y trouver la note fausse et que, dès lors, je devrais à peine insister sur des méprises dont il est si aisé de se rendre compte et de faire bonne justice, je crois devoir signaler cette fois encore une assertion pleine de fantaisie, afin de mettre en garde contre elle les entomologistes à qui la Zycæna Allardi ne serait pas encore connue en nature. A/lardi paraît beaucoup moins abon- dante que Martini. J'ai réuni jusqu'ici une trentaine d'exemplaires d’Allardi contre plus de 150 Martini. Les © Allardi varient un peu pour l’accentuation des taches jaunes, le long du bord marginal des ailes inférieures, en dessus; les d, comme ceux de Martini, ont parfois un trait noir cellulaire aux ailes supérieures, en dessus; mais, à part ces légères différences individuelles, tous les exem- plaires présentent bien les mêmes caractères essentiels, et tandis que chez Martini, il y a tendance manifeste à l’oblitération des taches noires ocellées du dessous des ailes, c’est tout à fait l’in- verse dans A/lardi. Te possède des exemplaires superbes, avec les taches noires relativement énormes, d’une teinte très vive, entourées d'un liséré blanc, produisant un effet qu’on pourrait qualifier d'étincelant sur le fond des ailes qui est d’une couleur brune riche et chaude. Il est malheureusement difficile de rendre exactement, par le coloris sur papier, le bel effet brillant que produit le dessous des ailes de la © Allardi. Les Zycæna Martini et Allardi n’ont été jusqu’à ce jour ren- contrées nulle part ailleurs qu’en Algérie. Lycæna Dorylas, W. V. La première édition du Systematisches Verzeichniss der Schmet- terlinge der Wienergegend, par quelques professeurs du There- sianum, a paru à Vienne, en 1776. C’est un beau livre, grand in-4°, avec un superbe frontispice en couleurs représentant des Amours ailés, l’un comme A pollo, l’autre comme A glia Tau, un troisième à peu près comme Cardamines ; ils regardent une boîte ronde, ainsi LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 227 qu'on en avait en ce temps-là, contenant des papillons. Ces trois amours sont au premier plan, sur une élévation gazonnée d’où s'élève, en forme d'encadrement, d’un côté un Convolvulus à fleurs bleues et de l’autre un Pzgnonia à fleurs rouges. Des papillons variés européens et exotiques, même un petit oiseau, butinent sur ces fleurs. Du haut du terre-plein sur lequel sont figurés les amours ailés, s'étend en perspective dans le lointain une avenue dessinée en jardin à la française, bordée de charmilles taillées et d'arbres; au fond de l’avenue s'élève une grande habitation. Cela rappelle à mon souvenir une vision de la résidence impériale de Schæn- brunn, près Vienne; à la dernière page (322) de ce livre se trouve nommé, pour la première fois par ordre de date, le P. Dorylas, « Vielaeugigte Falter, Feinblauer, silberglaenzender. » C’est en effet un papillon pourvu de beaucoup d’ocelles, d’un bleu délicat, argenté, brillant. La description n’est pas longue; mais aux temps anciens, on ne décrivait pas toujours minutieusement les caractères divers d’une espèce. Esper, un an plus tard, en 1777, a figuré Dorylas avec les noms : 1° de T'Aetis (Q, Tab. XXXIII, fig. 3); 2° d’Aylas (S, Tab. XLV, fig. 3); 3° encore d’Aylas (Q, Tab. LV, fig. 1). Il est bon d’ob- server, à propos du premier nom 7'4efis relevé dans Esper, que le Thetis , secundum Esper (Tab. XXXII, fig. 2), est une © cœru- lescens d’'Alexis (Icarus). Une seconde édition du Systematisches Verseichniss von den Schmetterlinge der Wienergegend, avec synonymie et remarques diverses, a paru en 1801, à Vienne; mais cette fois en deux volumes et modestement imprimée sur format petit in-octavo. Dorylas s'y retrouve indiqué à la page 270 du vol. IT, avec rappel de l'édition de 1776; le nom d’Aylas, Esper et Borkausen, y tombe en synonymie. Jacob Huebner a figuré Dorylas sous les n° 280, 200 et 201; Boisduval, dans l’Zcones (PI. 14; fig. 1, 2, 3), a donné des figures du même Dorylas; ainsi que Duponchel, dans le Sypplément (PINS; Gen). 228 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE La Zycæna Dorylas éclôt à la fin du printemps et en été. Elle a deux éclosions par an, ou plutôt, je pense, une série d’éclosions consécutives de juin à août. Je l'ai trouvée abondante en juin, aux environs d’'Uriage (Isère). Nous l'avons capturée dans les Pyrénées- Orientales en Juin, juillet et août; je la possède des Basses-Alpes, des Alpes-Maritimes, où J'ai pris une belle Ab. © subtus-radiata, à Saint-Martin-de-Vésubie, en juin 1806; je l’ai fréquemment ren- contrée aux environs de Zermatt, dans le Valais; en Savoie: dans la Lozère; à Cauterets (Hautes-Pyrénées); mon frère l’a prise à Eclepans et à Fusio, en Suisse. Je l’ai reçue d’Akbès, en Syrie; des Abruzzes; de Cassel, en Allemagne; de Franche-Comté, d’où M. René Fritsch a eu l’obli- geance de me faire cadeau d’un C' bien curieux; aux ailes supé- rieures, en dessous, cet exemplaire n’a gardé que le point cellulaire, tandis que les ailes inférieures sont très bien rayonnées. Ma col- lection contient un G' de Lombardie richement rayonné aux quatre ailes. J'ai fait représenter sous le n° 37 de la PI 3 de la XX" livraison des Æ£/udes d'Entomologie un G' bien rayonné, mais aux ailes supérieures seulement, venant des Basses-Alpes. Mon frère a pris une © presque semblable à Vernet-les-Bains. L'espèce varie en dessus pour le ton du bleu, chez le G', et pour le nombre des taches fauve orangé chez la ©. On trouve des © très obscures; d’autres ont, aux ailes inférieures, deux ou trois taches fauves, le long du bord terminal, et chez certains échan- tillons, les ailes supérieures, en outre des inférieures, sont éga- lement bordées de taches fauves. En dessous, la nuance grise du fond varie beaucoup, ainsi que les taches diverses, pour leur accen- tuation et leur développement. Les © ont tantôt la frange tout entière d’un blanc pur, et tantôt la frange partiellement brune; le O a les ailes bordées par un liséré noir très fin, quelquefois, cependant, la bordure noirâtre s’élargit et les nervures, au contact du bord terminal, deviennent noirâtres, ainsi que le pli intra- nervural. L'espèce présente aussi des différences de taille notables. J'ai fait figurer sous le n° 77 de la PI XX du présent ouvrage, avec le nom de Gabrielis, une Q prise à Angoulême, dont les LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 229 quatre ailes sont ornées, en dessus, d’un semis assez abondant d’écailles d’un bleu brillant. Je possède une © analogue prise dans les Bouches-du-Rhône, par le D’ Siepi. Le GO de la var. Gabrielis a le bord terminal des ailes inférieures nettement ponctué de noir. J'ai été heureux de dédier à mon digne et excellent ami Gabriel Dupuy, d'Angoulême, cette variété concernant les deux sexes de Zycæna Dorylas, Aeuron charmant de la faune lépidop- térologique charentaise, où ont été réalisées de si intéressantes découvertes. Je pense que Dorylas ne dépasse pas Angoulême du côté du Nord-Ouest; j'ai été agréablement surpris de connaître authentiquement sa présence dans cette localité d’ailleurs si privi- légiée. J'avoue que je n'aurais pas osé prévoir que Dorylas fût une espèce charentaise. La var. espagnole zivescens, Keferstein, très bien figurée par Rambur, sous les n° 8, 0 et 10 de la PI. 10 de la Faune entomo- logique de l'Andalousie, habite les parties chaudes et pas très élevées des environs de Grenade, de Tijola (Almeria), d'Albar- racin et de Sierra-Alta. Mon frère l’a prise en juillet à la Sierra- de-Alfakar. Dans la Sierra-Nevada, on trouve une forme de C bleu et de Q brun foncé, très peu maculée de fauve. Feu de Graslin avait pris, le 24 août, peut-être par un temps d'orage, un d' d’un violet gris en dessus, que j'ai fait représenter sous le n° 38 de la PL 3 de la XX® livraison des Æzudes d'Entomologie. Dorylas n’a pas été trouvée en Algérie; mais 1l y a au Maroc une superbe forme géographique appelée atlantica, Elwes, et dont les deux sexes sont figurés dans les 7'7ansactions Ent. Soc. London, 1905, sous les n* 5 et 6 de la PL XIX. Dans les Alpes et les Pyrénées, Dorylas G' se plaît sur les routes avec les autres espèces de ZLycæna et les Hesperide. I] se repose en compagnie de ses congénères sur les parties humides des chemins, pendant les journées chaudes. Dorylas est facile à distinguer des autres Lycæna, par son incomparable couleur bleu céleste, d’un brillant argenté si délicat : « Vielaeugigte Falter, Feinblauer, silberglaen- zender. » 230 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PE Lycæna Tithonus, Huebner (Æros, Ochs, etc.). La Zycæna qui doit régulièrement s'appeler Tihonus, c'est l'espèce que depuis un siècle les entomologistes appellent commu- nément Æ7os. C’est vraiment une bizarre chose, la nomenclature entomolo- gique! Il semble que la plupart des lépidoptéristes qui écrivent des livres sur l’'Entomologie ne se préoccupent nullement de savoir si les noms par lesquels ils désignent les diverses espèces de papillons sont justifiés ou non. Il y a des règles de priorité dont ils négligent de tenir compte; sans doute ils évitent de remonter aux sources et de lire ce qui a été imprimé avant eux. Alors les erreurs qu'ils publient s’accréditent; et nul, parmi les amateurs, ne prend la peine de contrôler les assertions des auteurs. Huebner a figuré, en 1805, la Lycæna Tithonus sous les n® 555 et 556. Ochsenheimer, dans son ouvrage : Die Schmetterlinge von Europa, publié en 1808, a changé le nom de Z'##Aonus pour celui d'Æros, sous prétexte (vol. II, p. 42) que le nom de 7 #Aonus ayant déjà été donné par Linné, 1l y a lieu de désigner ce papillon par le nom d’Æyros, sous lequel 1l l’a d’abord reçu. « Der Name 77Aonus schon von Linné vergeben ist, so nenne ich diesen Falter ?. Æ7ros, unter Welchem Namen ich 1hn zuerst erhielt. » Il existe en effet un Satyride du nom de 7 z/honus; mais ce n’est point une raison pour qu'une Zycæna ne puisse pas s’ap- peler également Z'#honus. Il y a bien un Ormithoptera Tithonus, et personne ne songe à changer ce nom en un autre nom, sous le prétexte qu'invoque Ochsenheimer. Plusieurs espèces de Rhopa- locera portent le nom de S/audinger:. Parce qu'il existe un Sazyrus Staudingeri, Bang-Haas, cela n'empêche pas qu'il y a aussi une Lycæna Staudingeri, Christoph. Le nom 7Z7honus, Huebner, 1805, est donc antérieur au nom Eros, Ochs., 1808. La chose ne peut être contestée. Cependant Boisduval, Duponchel, Herrich-Schaeffer, Gerhard, Staudinger et LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 231 Rebel ont adopté et popularisé le nom d’Æros, qui est d’ailleurs court, harmonieux et tout à fait mythologique, puisque Æ7os est le Cupidon céleste, fils de Jupiter et de Vénus. Mais comme :1l est postérieur au nom de 7 2/%onus, il faut renverser l’ordre de choses généralement admis jusqu'à présent, afin de rétablir Z'2/konus à la place d’Æros, conformément à la règle. Je m'y résigne avec peine et en disant : dura Lex, sed lex; car il est toujours malheu- reux de troubler une tradition universellement acceptée. Pourtant, si Boisduval, Duponchel, Staudinger et les autres s'étaient donné la peine d'ouvrir le livre d'Ochsenheimer, il y a longtemps que l'erreur eût été corrigée et que les entomologistes auraient modifié leurs étiquettes. Voici donc le Cupidon Æros déchu de son usurpation et c'est Tithonus, époux de l’Aurore (*), dont le nom désignera désormais et de nouveau la jolie Zycæna dont je viens d'étudier l’état civil. La Zycena Tithonus, Huebner (Eros, Ochs. etc.), est une très jolie espèce dont le ©, d’un bleu argenté clair (Duennblauer Falter), scintille au soleil beaucoup plus vivement que les autres Lycæena. La Q, généralement brune en dessus, est plus rare que le S, et tandis que celui-ci abonde parfois en Juillet, sur les grèves sablonneuses des torrents ou dans les prairies alpestres, notam- ment à Zermatt, à Ryffelalp et au ravin de Findelen, la Q sem- blant moins active et plus cantonnée dans son lieu d’origine, reste ainsi plus difficile à découvrir. La ZLycæna Tithonus est une espèce des hautes altitudes. Dans les Pyrénées, on ne la trouve guère à moins d'atteindre une hauteur d’environ 1,800 mètres. Dans les Alpes, je l’ai rencontrée à partir d’environ 1,600 mètres. En Europe centrale, nous avons capturé Tonus (Eros) dans les Pyrénées-Orientales, près de Montlouis-sur-Têt; dans les Hautes- (*) Zithonus, dont le nom me paraît d’une euphonie moins agréable qu’Æros, trouve aussi lui sa place dans la Fable. Il est fils de Laomédon et frère de Priam. L’Aurore l’aima et l’enleva dans son char. Tithon obtint de Jupiter l’immortalité, à la prière de l’Aurore; mais ayant oublié de demander qu’il ne vieillit pas, il devint caduc et souhaita d’être changé en cigale, ce qu’il obtint (Noël, Dictionn. de la Fable. Paris, An XIII, p. 615). 232 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Pyrénées, sur les pelouses rases au delà du lac de Gaube, dans la direction du Vignemale; en Savoie, au-dessus de Lanslebourg (D' J. Oberthür, Juillet 1894); au Lautaret et à La Grave (Hautes-Alpes); en Valais, aux environs de Ryffelalp et de Zermatt. Les chasseurs de Digne, que nous employions en 1806 et 1897, ont pris Z'#Aonus à Larche, à Enchastrayes, au Cheval- Blanc et à Allos. M. H. Powell l’a récoltée à la Cayolle, à la prairie du Mont-Pelat, au lac d’Allos et dans la vallée du Rou- bion. Le comte Turati m'a envoyé des exemplaires de l'Italie centrale (Gran Sasso, Mont Majella). Cette Zycæna est extrêmement commune dans les montagnes de Tâ-tsien-lou, sur la frontière orientale du Thibet, où elle est plus grande que dans nos Alpes et où elle appartient à la forme Froides ESC M2 6) Tithonus vole communément en juillet; mais je l’ai trouvée encore fraiche en Savoie, après la mi-août, voltigeant isolément autour des fumiers qui sont dressés dans les villages, près des étables. Elle nous a paru très rare dans les Pyrénées-Orientales ; elle est plus abondante dans les Hautes-Pyrénées, mais dans une proportion toujours bien moindre qu’en Savoie, en Valais ou aux Basses-Alpes. Il y a plusieurs formes de © : la forme brune, sans bordure fauve accentuée, qui est la plus ordinaire; la forme brune qui présente le long du bord externe des quatre ailes une série de taches fauves surmontant des points noirs intracellulaires, infé- rieurement soulignés de blanchâtre; la forme bleue, que J'ai appelée cærulescens et fait figurer sous le n° 4 de la PI I de la VIII° livraison des Ezudes d'Entomologie. La première forme, dont j'ai sous les yeux plus de 80 exem- plaires, est celle qu'on voit le plus souvent dans les Alpes et les Pyrénées-Orientales; la seconde forme, avec sa bordure fauve plus développée, que j'appelle #alica, est celle des Monts Apennins; la forme cærulescens se trouve dans les Hautes-Pyrénées, plus ou moins caractérisée. Rarement on rencontre à Larche (Basses-Alpes) une forme que je rattache à cærulescens, pour ne pas multiplier LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 233 2 0 AN EL 1 RENTE NONERENEESRSEE CRE indéfiniment les noms de variété, et qui est d'un gris argenté légèrement bleuûtre. Enfin la Q Eroides est d'un brun noirâtre sombre; à Tà-tsien- lou, elle a généralement des taches marginales d'un fauve orangé vif sur les ailes inférieures et quelquefois sur les supérieures, jusqu’auprès du bord costal. Je possède quelques Q sino-thibé- taines légèrement sablées d’atomes bleus; d’autres sont très obs- cures et sans bordure de taches fauves. Ordinairement, à Tâ-tsien- lou, les & Æroides sont plus grands et d’un bleu moins argenté que les G Z'ihonus de nos Alpes ou de nos Pyrénées; mais j'ai reçu des exemplaires exactement conformes à ceux des montagnes de l’Europe occidentale. Souvent la Lycena Tithonus a les taches noires du dessous des ailes inférieures transformées en rayons; tel le G' du Valais que j'ai fait figurer sous le n° 39 de la PI. III de la XX° livraison des £tudes d'entomologie. Inversement les taches noires du dessous peuvent disparaître; ainsi est le G' Æroides, du Thibet, représenté sous le n° 40 de la PI. III de l'ouvrage précité. Tithonus (Eros) varie un peu pour la taille, pour la largeur de la bordure noire du dessus des ailes chez le d, pour la ponc- tuation intranervurale du bord terminal des ailes inférieures, pour la nuance grise du dessous des ailes et la grosseur des taches noires ocellées. La race des Pyrénées-Orientales paraît être exceptionnellement petite; mais je possède trop peu d'échantillons de cette provenance pour pouvoir donner une indication précise. Les Tithonus Œ qu'on ramollit pour les étaler sont exposés à perdre de leur éclat et à se tacher; comme le dit Donzel, le mieux, pour conserver Tithonus (Eros) dans toute sa beauté, c'est ’étaler ses ailes, peu de temps après sa mort, alors qu’elles n'ont pas encore perdu leur souplesse. Il a été publié d'assez bonnes figures de Zithonus © par Huebner, sous les n°“ 555 et 556; par Boisduval, dans l’Zcones, avec le nom de Zros, sous les n°“ 4, 5 et 6 de lle TAT#par Duponchel, dans le Sypplément, sous lésn rebOide la Pl°#72 Herrich-Schaeffer a très bien représenté la Q brune normale, tou- 234 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Jours avec le nom de Z7os, sous les n° 212 et 213. Je fais figurer dans le présent ouvrage la © cærulescens, de Larche, plus argentée et moins bleue que celle des Hautes-Pyrénées; la Q alica, du Mont-Majella, dans les Abruzzes; les © Æroides, de Tâ-tsien-lou, normale et su0tus-radiata. J'ai conservé dans mon souvenir et J'évoque comme une bien agréable réminiscence la vision déjà lointaine des jours heureux que J'ai passés à Zermatt, en 1864 et 1866, avec de chers et aimables compagnons que, sauf un seul, Dieu a maintenant rappelés à Lui. La Zycæna Tithonus est intimement liée à la mémoire de toutes les chasses auxquelles nous nous livrions si joyeusement ensemble dans ces montagnes superbes et ces prés si fleuris. Par les belles journées de juillet, le torrent dont les eaux des- cendent du glacier du Gorner est moins gonflé le matin que dans le milieu du jour; la fonte des neiges et des glaces étant plus abondante sous l'influence des rayons solaires que durant la frai- cheur de la nuit. Dans la matinée, le long du torrent, il reste donc des grèves de sable que les eaux recouvrent tous les après-midi, mais qui, Jusqu'au milieu du jour, se trouvent assez largement découvertes; elles conservent l'humidité, quoique chauffées par les rayons ardents du soleil. Sur ces grèves sablonneuses se trouvaient çà et là quelques grosses pierres enfoncées plus ou moins profon- dément et que la violence des eaux, à certaines heures, déplace st facilement, malgré leur énorme poids. À côté de ces pierres, 1l y a des places un peu plus creuses, formant comme l'ouverture d’un entonnoir et dont les parois étaient particulièrement affectionnées par les Zycæna. En s'avançant vers les bords du torrent, nous dérangions les Lycæna souvent posées en grand nombre sur le sable humide et chaud. Nous étions alors comme enveloppés dans un tourbillon de petits papillons bleus, parmi lesquels les 7%onus (Eros) semblaient les plus nombreuses. Une fois troublées et déplacées, ces Zycæna voltigeaient pendant quelque temps avant de se reposer de nouveau à terre, formant comme un petit nuage brillant, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 235 agité et délicieux à contempler. Il en était de même le long du ruisseau, au pied du village de Findelen. Mais au grand soleil de l'après-midi, les Zycæna T'ithonus, chassées des grèves sablon- neuses par la crue des eaux, se retrouvaient, volant actives et ani- mées, sur les prairies alpestres, à la hauteur de Ryffelalp; le bleu argenté de leurs ailes contrastait avec la couleur rouge feu des Polyommatus Eurydice qui leur tenaient compagnie. Dans ce magnifique paysage, la haute pyramide du Cervin se dresse avec une incomparable majesté; telle la sentinelle avancée de toute cette quantité de pics neigeux et glacés dont les cîmes, en arrière du Cervin et des deux côtés de la vallée, se profilent sur le ciel bleu. Lorsque nous chassions au milieu de la prairie de Ryffelalp d’où les yeux dominent le glacier encadré par la verdure sombre des pins aroles et la teinte plus claire des melèzes, ayant toujours la vue du Cervin dressé sur son énorme base, nous jouis- sions d’un contraste charmant que nous offrait le spectacle si grandiose de cette scène de la Nature et la grâce délicate des papillons fragiles voltigeant nombreux sur les fleurs alpines. Lycæna Icarus, von Rottemburg. Sous le n° 4 de la Tab. XXXII, Esper a figuré, en 1777, une Lycæna S' avec le nom d’/carus. La figure est grossièrement exé- cutée; cependant l'identification peut être admise à la rigueur entre la figure publiée par Esper et l'espèce qu'on peut qualifñer de la plus commune et de la plus répandue des Zycæna européennes. Sur la même Planche XXXII, Esper a figuré sous le n° 2, avec le nom de 7’Xefis, une Q cærulescens de l'espèce Zcarus; et sur la Tab. L, le même auteur a figuré avec le nom de Polyphemus 2 © brunes et assez normales de la même /carus. Huebner, sous les n° 202, 293 et 294, a représenté avec le nom d’Alexis, mais d’une manière plus exacte qu'Æsper, les deux sexes de la même Zycæna. C’est sous ce vocable d’Alexis que Ochsenheimer, qui connaissait parfaitement les figures données par Esper et en a établi une très bonne synonymie, a désigné la Zycæna qui nous occupe actuel- 236 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE lement, aux pages 38, 30, 40 et 41 de son ouvrage : Die Schmet- terlinge von Europa. L'Espèce n'était pas restée inconnue aux Thérésiens. À la page 184 de leur ouvrage : Systematisches Ver- zeichniss der Schmetterlinge der Wienergegend, portant la date de 1776, en passant en revue les papilions qu'ils appellent : Polyophthalmi (Vielaeugichte Falter), ces auteurs nomment Alexis : l’Argus bleu et l’autre sexe l’Argus brun de Geoffroy. Suivant les Thérésiens, la chenille d’Alexis vit sur Onoms spinosæ. Mais, dans un journal scientifique intitulé Der Natur- forscher, imprimé à Halle, depuis 1774 jusqu'à 1802, à la page 21 du « Sechstes Stueck » portant la date de 1775, S. A. von Rot- temburg, sous le titre : « Awmerkungen zu den Hufnagelischen Tabellen der Schmetterlinge », donne le nom d’/carus à la Lycæna dont Kleemann a publié une excellente figure sous le n° 5 de la PI 37 de la 3° partie de l’ouvrage posthume de son beau-père Roesel von Rosenhof. S. À. von Rottemburg comprend le n° 3 de la PI. 37 du vol. III de Kieemann (Roesel), qui est figuré en dessus, sous le même nom d’Zcarus que le n° 5, lequel est figuré en dessous et semble seul parfaitement reconnaissable. Je crois que le n° 3 ne peut pas être considéré avec certitude comme le dessus de la même Zycæna qui porte le n° 5; mais le n° 5 reste acquis et l'identification n’est pas douteuse. Seulement von Rottemburg décrit à la page 22, avec le nom d’A/exis, une Zycæna Q qui me semble être une À gestis, qu'à la page 10, le même auteur appelle Medon. Qu'on en Juge : « O. Pap. Alexis. Plebejus ruralis. Von diesem Vogel Kenne ich nur das eine Geschlecht, nemlich das Weibchen, das Maennchen soll wie mir ein Freund berichtet, oben blau seyn, wie fast bey allen Argusarten. Das Weibchen ist auf der Oberseite dunkel- braun, am Rande mit orangefarbenen Flecken eingefasst. Diese Einfassung gehet bey den mehresten um alle vier Fluegel, bey einigen aber fehlet sie an den Oberfluegeln. Diese Flecke sind weit rothgelber und viel schoener und lebhafñfter, als bey den Weibchen vom Aygo und /caro. In der Mitte der Oberfluegel ist ein kleiner schwarzer Fleck. Auf der untern Seite ist er ganz LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 237 hellgrau. Die schwarzen Augen stehen in einer etwas andern Ordnung, als bey A7go und Zcaro, und einige derselben haben ausser der weissen Einfassung noch einen weisslichen Schatten. Dieser Vogel zeiget sich im Junio in den Gaerten, und ist nicht haeuñig. » Dans ces conditions, on peut se rendre compte de la confusion qui existait déjà dans la Nomenclature entomologique, à la fin du XVIIT® siècle. Conrad Christoph Jung, en 1782, jJugea à propos de publier, à Francfort-sur-le-Mein, le Verzeichniss der meisten bisher bekannten europæischen Schmetterlinge mit ihrer Synonymen in Alphabe- fischen Ordnung verfertigt. Dans ce « Catalogue de la plupart des Papillons d'Europe connus jusqu'ici, avec leur synonymie dressée en ordre alphabétique », je trouve Alexis à la page 6 et Icarus à la page 70. Je copie les deux articles comme suit : Alexis, Pleb. rur. s. V. Fam N° n°12 p.184 Scop. n. 461, var. 2 Esp t 32 f T7 MeZor. Hufn. n° 41. WMedon. Naturf. 6 St. p. 10 und p. 22. n° 0. Alexis NB. Pode Alexis ist der Wiener Dameætas. Pap. d'Eur. PL 30. NON a C2r4s, Pap Eép 022) 1 410656 05 Naturi OISE HerRoesMl et 7 10 Pap d'éuropetbls8 nN80. ur D'après cela, c’est l’espèce appelée À gestis par Boisduval et tous nos auteurs français qui serait A/exis. Voici d’ailleurs ce que Jung dit à propos du nom Agestis (p. 4): « Agestis, Pleb. rur. S. V. pDap Ham Nn 15/p 194 Scop n 401 Aer var. [> Le nom As/rarche, Bergstraesser, qui désigne A geshis dans le Catalog 1901 par Staudinger et Rebel, n’est pas relevé par Jung. J'ai cru devoir mettre sous les yeux des entomologistes contem- porains tout ce grimoire confus, afin de montrer avec pièces à l'appui non seulement combien la base de notre Nomenclature présente aujourd’hui d'incertitudes, mais dans quel état troublé se trouvait déjà la désignation des espèces de Lépidoptères, à la fin de l’avant-dernier siècle. 238 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE La citation de la synonymie de Jung manque un peu de clarté pour tout le monde et surtout pour ceux qui n’ont pas la clef des abréviations employées; mais J'ai cru devoir copier le Verzeichniss tel qu'il est imprimé et sans y changer une virgule. Quoi qu'il en soit, il faut actuellement s'entendre, et Je crois qu'on peut désigner sous le nom d’/carus, en toute sécurité de savoir exactement de quelle espèce il s’agit, le papillon figuré en dessous par Kleemann-Roesel (vol. IIT, PI. XXX VIT, fig. 5). C’est la même espèce qu'Ochsenheimer, Huebner et Boisduval ont appelée Alexis. Elle est répandue dans les plaines et dans les montagnes; elle habite depuis les bords de l'Océan Atlantique jusqu’au Turkestan oriental et depuis le nord de l’Ecosse jusqu’au Sahara algérien. La Zycœna Tcarus (Alexis) offre en Angleterre une race spéciale et distincte des formes continentales. J'ai donné le nom de Z'afti à la Lycæna Tcarus anglaise, voulant ainsi honorer le nom d’un Lépidoptériste très laborieux, auteur très fécond et aussi estimable par la quantité que par la qualité de la documen- tation dont il fait part au monde entomologique dans d’incessantes publications. Je dispose, pour apprécier la question des formes géographiques de la Zycæna Icarus, d'un nombre d’exemplaires très considérable. C’est ainsi que ma collection contient environ 150 spécimens britanniques provenant de Rannoch, au Nord de l'Ecosse (Ried), Dover, Cheshire, North-Devon (Mac Arthur), comté de Kerry, en Irlande (Salvage), North-Kent, Glengariff, Folkestone, New-Forest, des collections Prest d’Vork, Howard- Vaughan et Maddison. Ce qui différencie la race anglaise 7'wt/i des formes continen- tales, c’est que 7'u/t1 a les ailes supérieures sensiblement plus élancées et moins arrondies; de plus, le dessous des ailes des Œ est d’une teinte grise plus sombre, tandis que le dessus est d’un bleu un peu plus transparent avec un fond plus rosé; les ©Q Tur# sont généralement bleues, avec une bordure de taches intraner- vurales orangées, inférieurement ponctuées de noir, surtout aux inférieures; elles se distinguent par une éclaircie blanchâtre, notamment près de l’apex des supérieures et au-dessus de la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 239 bordure maculaire orangée. Les © cærulescens de France n'ont pas le même aspect que celles d'Angleterre; les nôtres manquent de ces traits pâles et de ces larges éclaircies d’un blanc bleuâtre qui sont la caractéristique spéciale d’un grand nombre de Q /carus anglaises. Les Hermaphrodites ne sont relativement pas très rares chez Icarus; je possède un Hermaphrodite complet G' côté gauche, © cærulescens côté droit, portant l'étiquette suivante : taken by J. D. Malton at Beverley, 21/7 1800. Cet Hermaphrodite faisait partie de la collection Maddison. J'ai aussi, venant de la même collection, une Q subtus-radiata portant au Catalogue de la vente l'indication suivante : « very fine underside, all the wings with large spots and streaks, Dover, Chatwin, 1870. » Par ailleurs, les Icarus-Tutti varient comme ceux de tous les pays, par la confluence de certaines taches noires du dessous des ailes qui se rejoignent et forment un gros trait courbe allongé, notamment près du bord costal des inférieures et du bord interne des supérieures; aussi par l'absence plus ou moins totale des ocelles noirs. La plupart des © Tutti sont cærulescens; il y en a cependant qui ont le fond des ailes brun, mais toujours avec des parties claires près de l’apex des supérieures, le long du bord terminal des inférieures, et des atomes d’un bleu argenté pâle plus ou moins serrés, répandus près de la base des ailes. En Bretagne, la Lycœena Tcarus est commune partout, dans Îles jardins, sur les gazons, dans les bois et sur les dunes du littoral de la Manche. Elle éclôt d’abord au mois de mai et on la voit voltiger presque sans interruption jusqu'en octobre. J'ai fait figurer dans la XX®° livraison des Ærudes d'Entomologie, sous les n° 41, 42, 43, 44, 45, 46 et 47 de la PI. 4, des Aberrations diverses, en dessous : #inus-punctata, de Cancale; transitus ad radiatam, de Cancale; radiata, de Besançon; maculis extensis, de Chartres; obscurior, de Cancale; en dessus cærulea, de Lambèse, et Hermaphrodite côté gauche cet côté droit 2/3 Q et 1 LEO de la collection Boisduval. J'avais déjà figuré une Q 7wfina, de 240 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Bône, sous le n° 52 de la PI. 6 de la XIX° livraison du même ouvrage. Pour les explications accompagnant les figures précitées, que Je ne répéterai pas ici, Je prie le lecteur de vouloir bien se reporter aux pages 22, 23 et 24 de la XX® livraison. Je fais figurer dans le présent ouvrage quelques Aberrations d'Zcarus, notamment : 7adiata, de Berlin; ämpunctata, de Vienne; cæca, de Dusseldorf; cærulescens, de Bourg-des-Comptes (IIle-et- Vilaine); Zmpunctata, d'Angleterre et de Digne, et enfin un Hermaphrodite de Digne. N'est-il pas curieux de constater l'existence d’une Aberration d’Zcarus tout à fait analogue à la var. écossaise d’A ges#is, connue sous le nom d’Ayfaxerces, privée de toute tache noire au milieu de l’ocelle blanc? (PI XLIIT; fig. 323). Feu de Graslin et mon frère ont pris en Andalousie la var. Celina, Austaut, de taille extrêmement petite; le G' est souvent punctiger, en ce sens qu’il a le bord terminal des aïles inférieures ponctué de noir dans les espaces intranervuraux. Les © brunes ou légèrement sablées de bleu sont bien plus nombreuses que les © cærulea, dans les Pyrénées-Orientales, dans les Basses-Alpes, en Espagne et en Algérie. On trouve parfois dans cette dernière contrée des © dont les quatre ailes sont bordées de taches orangées extrêmement grosses, depuis le bord costal des supérieures jusqu’au bord anal des inférieures. Je possède quelques Q superbement bordées de taches orangées prises à Hammam-Rhira en mai 1909 et à Lambèse en juin 1885. Bellier avait rapporté de Corse une très belle race d’/carus chez laquelle le dessous des aïles inférieures du GO‘ est d’une couleur blanc jaunâtre carné, avec les taches orangées très vives; le tout donnant un effet très brillant. Les ©, brun foncé en dessus, avec les taches marginales d’un rouge orangé vif, sont, en dessous, d’une nuance café au lait clair. Le même entomologiste avait trouvé dans les monts Madonie, en Sicile, des G' très punctiger en dessus et d’une couleur riche et chaude en dessous. RE LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 241 Dans les Hautes-Alpes, on trouve des /carus G d’un gris clair et mat en dessous, avec les taches marginales non pas orangées, mais d’un jaune très pâle tranchant à peine sur la couleur du fond. En résumé la Zycæna Icarus est fort variable. La race anglaise est spéciale et ses caractères la distinguent bien nettement; mais les formes continentales et insulaires méridionales, quoique pré- sentant des exemplaires très différents les uns des autres, sont trop intimement liées entre elles par d’insensibles transitions pour qu'on puisse raisonnablement les classifier séparément. Les G' sont grands ou très petits; ils sont, en dessus, ponctués aux ailes infé- rieures ou totalement dépourvus de points. En dessous, la couleur de leurs ailes varie du gris clair au blanc jaunâtre carné, quel- quefois assez foncé aux inférieures. Les © sont brunes ou bleues en dessus, avec la bordure des taches orangées plus ou moins large et accentuée; il y a des exemplaires où les taches en question sont d'un jaune paille presque blanc, d’autres où elles sont d'un rouge orange vif. Quant à la transition du brun au bleu, elle s'établit au moyen d'individus plus ou moins sablés d’atomes bleus, depuis quelques écailles vers la base jusqu’à l’envahissement total par le bleu. I] y a aussi des O© entièrement ou presque entièrement brunes, chez qui les taches marginales orangées ont disparu. Quant à l’ocellation du dessous des ailes, elle est aussi variée que possible. Il y a des Zcarus chez qui les points sont très gros et cerclés de blanc, d’autres chez qui ces points sont presque nuls. Cette variation s'exerce généralement sur une partie plutôt que sur la totalité des taches ocellées. Enfin il y a les taches noires transformées en rayons. C’est donc, malgré la vulgarité d’Zcarus, une invitation aux chasseurs-entomologistes de capturer des séries suffisamment nombreuses de cette Zycæna pour pouvoir en apprécier les varia- tions extrêmes reliées entre elles par d’insensibles passages. Il y a des formes orientales très intéressantes. J'ai reçu du fort Naryne une grande quantité d’carus remarquables par leur taille très développée, la teinte générale des G' un peu pâle, en dessus comme en dessous. Groum Grshimailo m'a envoyé des Monts Hissar, avec le nom de Kashgharensis, des Tcarus dont les © sont 16 242 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE d'un bleu argenté brillant; mais je ne me sens pas assez docu- menté sur les formes d’/carus de l'Asie occidentale pour apprécier avec quelque exactitude les races et les variations de l'espèce dans cette région. Herrich-Schaeffer a figuré sous le n° 246 une © Alexis manquant du point noir à la base des ailes supérieures en dessous. Cette Aberration est très fréquente. C’est l’/carinus, Scriba, selon Stau- dinger et Rebel. Herrich-Schaeffer a représenté en outre sous le n° 362 une © très curieusement 7adiata aux ailes supérieures, en dessous. Gerhard a copié sous les n°* 8 et 9 de la PI. 38 les deux figures 246 et 362 données par Herrich-Schaeffer, ainsi que beau- coup d’autres d’ailleurs, mais en changeant les dessins de côté. Le même Gerhard figure Alexis G'et © sous les n° 4a, 40 et4c deal 7 La PI 28 de l'ouvrage Versuch einer Monographie der euro- paeischen T hecla, etc. est tout entière consacrée à la figuration de variétés d'Alexis. Les fig. 1 a, 1 6, 1 c représentent une variété lphis; le Œ Iphis semble être d’un bleu lilas plus pâle que la forme normale: sous les n°“ 24,2bet 26, c’est la variété 7 kersites ({carinus), chez laquelle manque le point noir basilaire des ailes supérieures, en dessous. Les n°% 3 a, 3 6 et 3 c représentent, sous le nom de pusillus, de très petits exemplaires Get Q de la forme normale; le n° 4 représente la © bleue d’Alexis, les n° 5 a et 5 à donnent la figure d’un Alexis G de petite taille rapporté d'Es- pagne par Lederer, et pouvant probablement être rapporté à Celina. Le n° 2 de la PL 35 représente un Hermaphrodite partiel d’Alexis communiqué par le capitaine Ver-Huell, d'Arnheim. Dans l'ouvrage hollandais de Jan Christiaan Sepp, qui, com- mencé en 1762, se continue encore de nos jours, sous le titre : Beschrijvingen en Afbeeldingen van Nederlandsche Vlinders bijeengebragt door Mr. S. C. Snellen van Vollenhoven, se trouvent figurés sur les PL. XIII et XIV du vol. IT de la 2° série, les pre- miers états et les insectes parfaits de la Zycæna Alexis; la chenille est représentée sur Ononis spinosa et il me semble que les chry- salides figurées de face et de profil, sont attachées à une branche LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 243 de genista anglica. I] y a deux formes de © : la bleue peinte sous le n° 17 et la brune sous le n° 18. L'article est signé A. Brants et daté d’Arnhem, Sept. 1865. Au sujet de cet ouvrage hollandais dont la publication se poursuit depuis près d’un siècle et demi, Je crois intéresser les entomologistes en imprimant ici une notice biographique sur Jean Sepp; elle fut originairement écrite en allemand, par C. von Heyden, et publiée dans l’Entomologische Zeitung (1855, p. 16); la traduction française a été faite par feu H. Jekel et le document que je livre au public faisait partie des papiers entomologiques de feu À. Guenée. « Le 19 décembre 1853 mourut à Amsterdam ie hbraire et entomologiste Jean Sepp. Il était né dans cette même ville, le 18 septembre 1778, et connu comme continuateur de plusieurs ouvrages publiés sur l’histoire naturelle et plus particulièrement de ceux entomologiques entrepris par son grand-père Christian Sepp, né à Goslar, mort à Amsterdam, et son père, Jean Christian Sepp, né le 8 novembre 1730, mort le 20 novembre 1811. Dans une communication verbale que me fit le sieur Jean Sepp, actuel- lement décédé, lors d’une visite que je lui fis à Amsterdam en 1835, il m'apprit que son grand-père travailla d’abord seul au premier volume de son ouvrage sur les Papillons néerlandais jusqu'à la planche 30, puis, jusqu’à la fin, avec la collaboration de son fils. » C’est certainement un fait rare de voir se continuer cet ouvrage qui date déjà d'environ un siècle, car bien que le titre du premier volume soit de l’année 1762, il est certain qu’une grande partie du travail en avait été commencé beaucoup plus tôt. » Actuellement il a paru du 7° volume jusqu’à la page 108 et la planche XLVI (Mamestra Chenopodu, F), et l'ouvrage va être continué par un fils du défunt. Des Entomologistes néerlandais distingués, tels que Snellen, van Vollenhoven, Ver-Huell, Van Eyndhoven, de Graaf, Trapp, van Medenboch de Rooy, d’Ailly, Herklots, etc., y joignirent leurs observations et fournirent même parfois tout le texte de certaines espèces. Les figures, surtout celles 244 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dans les premières parties qui proviennent encore de Christian Sepp, surpassent manifestement celles de Roesel, et il est frappant que, même la continuation de cet ouvrage soit si peu connue en dehors de la Hollande. Les espèces qui y sont contenues sont à peine citées dans les autres ouvrages entomologiques, ce qui tient probablement à ce qu’il est écrit en langue hollandaise et est d’un prix élevé. D’autres ouvrages remarquables sur l'Entomologie, tels que ceux de Cramer, Stoll et Voet, font également partie du fond de la Librairie Sepp, de sorte que cette famille, en plusieurs géné- rations, s’est rendue très utile à l’'Entomologie, sans parler des autres branches de l'Histoire naturelle. » Lycæna Agestis, W. V. On lit dans l'ouvrage Die Schmetterlinge von Europa, 1808, de l'acteur Ferdinand Ochsenheimer, à la page 46 de la 2° partie du 1* volume, la notice suivante concernant À gesfis : « Dass dieser Falter der ?. Agestis des Wien. Verz. sey, davon habe ich mich durch den Anblick der Schiffermueller'schen Sammlung ueber- zeugt und die Anmerkung der Verfasser S. 183.; in welcher sie das Weib des ?. Alexis von dem P. À gestis unterscheiden, bestae- tigt dasselbe. » Voici la traduction française littérale de cette observation : « De ce que ce papillon est le P. Agestis du Catalogue de Vienne, je m'en suis convaincu par l'examen de la collection de Schiffer- mueller; et la remarque des Auteurs (p. 183) dans laquelle ils distinguent la femelle du P. Alexis du P. Agestis confirme cela. » En effet, à la page 183 du Systematisches Verzeichniss der Schmetterlinge der Wiener gegend, publié à Vienne en 1776, 1ly a une courte remarque pour séparer les unes des autres les espèces de Papiliones polyophthalmi qui sont nos Zycæna actuelles. La © d’Alexis (Jcarus) a toujours un peu de poussière bleue sur le dessus des ailes et cela la distingue d’Ageszis; mais 1l s'en faut encore de beaucoup pour que Agestis, dont le O' est brun LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 245 comme la ©, ait été nettement distingué en ces temps-là. Quoi qu'il en soit, par ordre de date, je crois que le premier nom est A gestis et, dès lors, ce nom prime, par ancienneté, l’As/rarche de Bergstraesser, dont l'ouvrage date de 1770. D'ailleurs ledit Bergstraesser se doutait bien que son As/rarche n'était qu'un synonyme d’A ges/is, puisqu’au bas de la page 4 du vol. III (Dritter Jahrgang) de l’ouvrage WNomenclatur und Beschreibung der Insecten in der Grafschaft Hanau-Muenzenberg, Vauteur imprime en note : A gestis (femina) W. Sch. 184 13?, et pour son papillon Salacia qui semble, d’après les fig. 1 et 2 de la Tab. 50, être, à cause du lavis bleu à la base des ailes, une © d’Alexis (Jcarus), ces mots : « Medon, Esp. Tab. 32, fig. 1 ». Bergstraesser connais- sait donc l'ouvrage d’'Esper paru en 1777 comme il connaissait l'ouvrage des Thérésiens paru en 1776; or, le nom de Wedon primerait encore le nom d’Assrarche; mais Medon n'est1l pas un nom applicable à une © d’Alexis (Icarus) plutôt qu'à À gesris ? Je ne puis le dire avec certitude, vu le peu de perfection dans l'exécution de la figure. La question reste donc bien obscure. Il semble toutefois qu'Ochsenheimer distingue bien Agestis. Il sait que les ailes sont brunes chez le G' comme chez la © ; et du moment qu’il a vu la collection Schiffermueller, ce qui a fait sa conviction, dit-il, je crois qu’on peut partager cette conviction et garder le nom d'A gestis 1776, préférablement à celui d’As/rarche 1770, dont la figure, d’ailleurs extrêmement grossière, ne fait guère honneur à ceux qui l'ont publiée. L’A gestis est répandue en Angleterre, en France et dans une grande partie de l'Europe, ainsi qu'en Algérie et en Asie; elle est généralement assez abondante, mais beaucoup moins qu'A/exis (Zcarus). En Ecosse, on trouve la variété géographique Aytaxerces, Fabr., dont Boisduval a donné dans l’/cones une assez bonne figure sous les n* 7 et 8 de la PL 14 Duponchel a très bien représenté Artaxerces sous les n° 3 et 4 de la PL IX du Supplément. Guenée possédait des Aytaxerces que lui avait envoyés Doubleday, en l'informant que la chenille identique à celle d’Ageszis vit sur 246 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE l’'Helianthemum vulgare. En dessus, chez Artaxerces, le point dis- coidal aux ailes supérieures est blanc; généralement la bordure de taches rouges n’est pas très accentuée en dessus, en ce sens que les taches rouges sont plutôt petites; quelquefois elles sont appa- rentes sur les ailes inférieures seulement; d’autres fois, on en voit 3, 4, 5 ou 6 le long du bord des supérieures. En dessous, les ocelles sont aveugles, c’est-à-dire tout blancs sans ponctuation centrale noire; mais il y a tous les passages entre la variété Ay/axerces la plus caractérisée et la forme normale À ges/is qu’on trouve au sud de l'Angleterre. Cette transition est fournie par la variété Salmacis, Stephens, qui a les taches blanches du dessous des ailes finement ponctuées de noir. Je possède une longue série d’Ayfaxerces prises dans le nord de l’Ecosse, par Ried, ou ayant fait partie des anciennes collections John Sang de Darlington, Prest d'Vork, Sheppard, Briggs, Doubleday (in coll. Guenée et de Graslin), etc. Les exemplaires écossais sont généralement de plus petite taille que ceux du Continent. Je crois intéressant de présenter aux Entomologistes français la traduction de la notice consacrée à Agestis par Charles Barrett, à la page 76 de son important ouvrage contenant une histoire très complète des papillons anglais. Je suis redevable de cette traduction à M. Harold Powell. Il s'agit de l'étude comparée des formes anglaises À ges/s, Salmacis et Artaxerces. M. Barrett s'exprime en ces termes : « Une longue polémique eut lieu, il y a quelques années, au sujet de la plante nourricière de la chenille d’A gestis; la supposée restriction de la forme méridionale à l'Ærodium, et de la forme septentrionale à l’Æelianthemum, étant admise comme évidence puissante de la distinction spécifique des deux formes : A gestis et Artaxerces. Ceci, cependant, a été réfuté par feu M. W. Buckler, qui se procura par l'intermédiaire de M. W. R. Jeffrey, d’Ashford, des œufs d'A gestis sur Helianthemum, et éleva les chenilles jusqu'à la maturité; d'autre part, des chenilles sur la même plante, reçues LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 247 de M. Robson, lui donnèrent les trois formes. Il ressort cependant des observations de M. Robson que les formes septentrionales : Salmacis et Artaxerxes, sont produites seulement par des chenilles ayant hiverné, et que plus au nord, où l’Agestis type ne se trouve pas, il n’y a qu’une seule génération dans l’année. » Ce papillon ne montre pas beaucoup d'activité. II voltige pai- siblement dans les creux chauds des coteaux, dans les champs, ou sur les pentes abritées des dunes, et on peut facilement le confondre avec la femelle d’une des autres espèces. Il aime bien à se reposer et à dermir sur les tiges de grandes graminées, surtout sur les feuilles enroulées du Marram-grass (Awmoplhila arundinacea). » La forme typique abonde dans la moitié sud de l'Angleterre __ sur les collines crayeuses au milieu des Æelianthemum, sur les dunes de la côte et les endroits sablonneux de l'intérieur, là où l’'Erodium pousse communément. M. À. H. Clarke m'assure que ce papillon était autrefois abondant à Wormwood Scrubbs, près de Londres. Je l'ai trouvé en masse dans le com occidental extrême du sud du pays de Galles. Dans les comtés du centre il devient plus localisé, et est rare, ou bien il manque dans bien des régions; mais il est commun dans le Dovedale en Derbyshire, et se trouve aussi à Scarborough; à Grange Silverdale et Chatmoss en Lancashire: et est même signalé aussi loin vers le nord que Dumfries. Mais, au sud de cette région, l'espèce se montre en général sous la forme Sa/macis, comme à Richmond, Yorkshire; et dans le Cumberland; tandis que la variété A7/axerces est, ou du moins était, abondante sur les Pentlands, remontant la côte Ecossaise dans l’est presque jusqu'à Aberdeen, et dans l'ouest jusqu’à la région de la Clyde. » Dans le Roxburgshire, juste de l’autre côté de la frontière, M. Adam Elliott la trouva dans les clairières d’un bois de pins, se posant sur les fleurs de la Centaurea nigra. Dans cette localité, l'individu le plus précoce a été vu le 19 juin. D’habitude l'espèce y volait en juillet; la seule éclosion durant jusqu'à la fin de ce moIs. 248 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE » En Irlande on ne paraît avoir observé que la forme typique — et son existence dans ce pays semble même douteuse. M. Birchall l'a signalée en effet dans le comté de Wicklow et près de Dublin, et également dans les Mourne Mountains, près Rostrevor; mais il a exprimé ensuite des doutes sur ces records. » En Bretagne, Agesfis paraît localisée; elle n’est pas rare à Cancale, sur les pelouses de mon jardin, où Je la vois éclore deux fois par an, en mai et en août; elle est au contraire très rare à Rennes; mais elle est très abondante dans les bois de pins à l’ouest de Plouharnel, près de l'endroit où le chemin de fer qui va de la gare de Plouharnel à Quiberon coupe la grande route de Plou- harnel à Quiberon. J'ai vu en août 1000, sur des genêts qui crois- saient dans les sables, au milieu des clairières de la forêt, de véri- tables essaims de Zycæna Agestis. En frappant avec un bâton les branches de genêt, on faisait lever de grandes quantités d'A gestis qui ne s'écartaient point des genêts et revenaient se poser sur ces papilionacées dès que le mouvement qui les avait troublées paraissait terminé. La Lycæna Agestis est une espèce de plaine et de montagne; je relève dans ma collection les localités suivantes où elle a été recueillie, en outre de celles déjà citées : Charroux (Vienne); Dompierre-sur-Mer (Charente-Inférieure); Savoie et Haute-Savoie; Alpes-Maritimes; Isère; Hautes-Pyrénées, à des altitudes diverses, en juillet; Vernet-les-Bains (P yrénées-Orien- tales); col du Mont-Genèvre; Lautaret; Monetier-de-Briançon (Hautes-Alpes); Larche (Basses-Alpes), juillet 1807; Digne; Bouches-du-Rhône; Paris (ex-coll. Bellier) ; Les Châtelliers (Eure- et-Loir); Nantes; Vendée; Cette (Hérault); route du Simplon, Ryffelalp, Zermatt (Valais), en juillet, Fusio (juillet 1907); Jura bernois; Vittoria et Mont Gorbea; Barcelone; Sierra-Nevada,; Grenade et Sierra-de-Alfakar: Sierra-de-Ronda, Jimera à Benoa- jan, 12-13 mai 1894; Cordoue, juin 1880; Castille; Corse; Sicile (Bellier); Sulmona (juillet) ; Paternopoli; Castellamare-di-Stabia ; Rome: Catanzaro (Italie); Sebdou; Lambèse (avril et juin 1884); Djurjura (juillet 1884); Biskra (mai 1885); Géryville (mai 1886); LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 249 Magenta (juin 1886); Daya (Algérie); Fort Naryne (Turkestan) ; Tokat (Asie-Mineure) ; Larnaca (Ile de Chypre); Akbès (Syrie); Caucasie; Sibérie; Simla (N. W. Inde); Sikkim; Nord de la Chine. Partout le G et la Q sont, en dessus, d’un brun foncé un peu brillant, sans aucun atome bleu; dans les plaines de la France, les ailes sont ornées, en dessus, d’une bordure marginale bien accentuée de taches intranervurales rouge orangé vif. Un point noir clôt la cellule aux ailes supérieures. En dessous, le fond des ailes varie du gris blanchâtre au brun, avec les points noirs ordi- naires cerclés de blanc et une éclaircie blanche sur les ailes infé- rieures, au contact du milieu de la bande marginale rouge orangé; cette bande surmonte une série de points noirs intranervuraux qui sont presque contigus au bord terminal. Ces points sont souvent visibles en dessus, étant, comme le point cellulaire, d’un noir plus foncé que le fond brun noirâtre des ailes. La frange est blanche mélangée de brun clair. Dans les montagnes alpines et pyrénéennes, les taches rouge orangé du bord des ailes, en dessus, disparaissent quelquefois totalement ; le plus généralement, elles sont seulement rétrécies et plus ou moins réduites; la frange paraît plus blanche. L’A gestis est de taille relativement très grande à la Sierra-de- Alfakar et à la Sierra-Nevada, en Andalousie; les taches rouge orange du bord des ailes sont très réduites, comme dans les Alpes de France et de Suisse, tandis qu’en Castille, dans la vallée de Ronda et aux environs de Grenade, la Zycæna A gestis ne semble pas différer de la forme normale de la France centrale et méri- dionale. En Algérie et en Corse, on trouve parfois des exemplaires Q ayant les taches rouge orange extrêmement développées, aussi bien en dessus qu’en dessous; les ©, en Corse, ont le dessous des ailes d’un brun roux; les O' sont gris de lin, en dessous; c'est la variété calida, Bellier. A gestis est donc une espèce très variable suivant les lieux et les altitudes, et je crois pouvoir établir comme suit le tableau assez complet des variations : 250 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 1° Artaxerces,; ailes du C' un peu élancées; les taches orangées marginales réduites; la tache cellulaire des ailes supérieures blanche; toutes les taches du dessous des ailes blanches et privées de pupillation noire; Nord de l’Ecosse. L'Ab. quadripunctata, Tutt, a en outre deux points blancs sur le disque des ailes inférieures. 2° Salmacis; passage d’Artaxerces à A gestis; le point cellulaire blanc des ailes supérieures, en dessus, est ponctué de noir; les points blancs du dessous sont finement pupillés de noir; Nord de l’Angleterre. 3° Allous, Huebner; O' 980, 090; Q 991, 092; le G' est abso- lument tout noir en dessus; en dessous, les deux sexes sont d’un gris noirâtre analogue à Eumedon, et les taches, au lieu d’être d'un rouge orangé, sont d’un jaune clair. Je possède 3 c' conformes aux figures 080 et 090 données par Huebner; ils ont été pris en mai 1903, à 45 kilomètres à l'Est de Zlaoust, dans l’Oural méridional. 4° Nevadensis, Obthr.; diffère d’Allous, Huebner (088), par sa taille sensiblement plus grande et la couleur jaune crème un peu carnée du dessous des ailes chez le G. La Q a le dessous des ailes roux et une bordure de taches rouges aux quatre ailes. Vole en juillet dans la Sierra-Nevada et la Sierra-de-Alfakar; je possède 16e 310, 1les uns pris par mon frère en Juillet 1870, les autres provenant des collections de Graslin, Boisduval et Bellier. Rambur parle de cette variété, sans lui donner de nom, à la page 266 de la laune entomologique de l'Andalousie et à la page 38 du Catalogue systématique des Lépidoptères de l'A nda- lousie. Boisduval avait dans sa collection, sous le nom inédit de Morenae, un S de taille plus grande encore que Wevadensis, dont le dessous des ailes est plus gris et moins jaune paille carné que Nevadensis. On trouve aux environs de Vernet-les-Bains, suivant l'altitude des lieux où l’on chasse, des exemplaires qui sont bien conformes à Vevadensis des montagnes d’Andalousie. s° Agestis, Huebner. Sous les n° 303, 304, 305 et 306, avec le nom d'A gestis, et sous le n° 088, avec le nom d'Allous, Huebner LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE DE figure l'A ges/is de nos montagnes alpines et pyrénéennes. Le Ca seulement 4 taches rouges aux ailes inférieures, en dessus; les taches du dessous des ailes sont de couleur rouge plus accentuée que chez l’Allous 989 et 092; le fond de la teinte, en dessous, est gris chez le G' et roux chez la ©; c'est la forme que nous trouvons au Lautaret et au col du Mont Genèvre, dans les Hautes-Alpes; dans le Jura bernois, aux environs de Fusio, de Larche, d'Uriage, de la Madone de la Fenestre (Alpes-Maritimes); de Lanslebourg et dans quelques parties des Pyrénées, notamment à la haute vallée de Cady, au-dessus de Casteil (Pyrénées-Orientales). Dans les Hautes-Pyrénées (Cauterets, Gavarnie), la forme tend à Gallica, comme aux environs de Vernet-les-Bains, dans les parties peu élevées et chaudes. Les figures données par Gerhard sous les n® 14, 14,1cet 2 de la PI. 26, avec leurs taches rouges petites mais vivement colorées chez les O', conviendraient pour représenter certaines formes d’Agestis pyrénéennes. En donnant le nom d’Albus à la Q 2, Gerhard commet évidemment une erreur. Le papillon figuré par Freyer comme Ages#s, sous le n° 1 de la Tab. 235, ressemble pour la taille et le dessus des ailes à Nevadensis; mais en dessous il est d’un gris un peu plus blanc jaunâtre et non pas d’un jaune clair carné; cependant l’Ages/s de Freyer, pas plus que l’Agesiis de Huebner, ne représentent l’'Agestis des environs de Paris. Je ne connais malheureusement pas la forme allemande d’A gestis, et les Entomologistes allemands ne paraissaient pas autrefois connaître la forme française de la même Zycæna. Cela tient au dédain professé par tant d'amateurs pour les espèces de papillons réputées vulgaires. La recherche exclusive des espèces considérées comme rares ou ayant une haute valeur en Pfennig n’a tout de même rien de scientifique. Le mer- cantilisme que certains Lépidoptéristes envisagent comme le but suprème de l’'Entomologie est, à mon sens, une conception fausse et contraire aux progrès scientifiques; mais je ne me fais point l'illusion de pouvoir changer quoi que ce soit à un système auquel sont cramponnés tant d'excellents confrères. Aussi je me garde d’insister; et revenant à la question d’A gestis, je constate que notre 252 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE forme française des plaines parisiennes, analogue à la forme bre- tonne et poitevine, n’a pas encore été figurée; en effet, Godart a représenté le dessous seulement d’A ges/is, ce qui est insuffisant. Je décris donc cette forme inédite sous le nom de gallica. 6° Gallica, Obthr, intermédiaire entre Agestis, Huebner, et calida, Bellier ; la bordure des taches rouge orangé est, en dessus, de couleur très vive; chez les ©, les taches rouges sont moins grandes que chez les © ; elles n’arrivent pas toujours à Joindre le bord costal des ailes supérieures ; mais très fréquemment chez les G et toujours chez les ©, la bordure de taches rouges commence auprès du bord costal des supérieures et descend jusqu’au bord anal des inférieures. Le dessous des Cest gris et le dessous des Q est roux. Environs de Paris; Bretagne; Poitou, et certaines parties des Pyrénées. 7° Calida, Bellier; c'est l’exagération de gallica; les taches rouges, chez les G' comme chez les ©, sont plus grandes et de couleur très vive. Chez certaines ©, les taches rouges confluent en une large bande et prennent un développement considérable. Les Q sont, en dessous, tantôt d’un brun roux très chaud, comme dans le type calida, tantôt grises, comme dans la sous-variété ornata, Ster. de la variété calida, Bellier. Je possède Calida de Corse (les types), de Rome, de Grenade et de diverses localités d'Andalousie. J'ai des Ornata de Lambèse, de Magenta et de Daya. Il y a d’ailleurs tous les passages depuis le fond gris des ailes jusqu’au roux foncé, c’est-à-dire depuis Calida jusqu'à Ornata. D'après Staudinger et Rebel (Catalog, 1001, p. 83), Orna/a serait vernale et Calida serait estivale. C'est une erreur; Car j'ai pris moi-même, le 12 mai 1894, dans la vallée entre Ronda et Algésiras, une © Calida très rousse en dessous. Dans l'ouvrage Æntdeckungs-Reise in die Sued-See und nach der Berings-Strasse zur Erforschung einer nordoestlichen Durck- fahrt, unter dem Befehle des Lieutenants der Russisch-Kaiserli- chen Marine Otto von Kotzebue, publié à Weimar en 1821, se trouve décrite à la page 217 du 3° volume et figurée assez grossiè- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 253 — — rement sous les n° 264 et 266 de la PI X, avec le nom de Cramera, la forme d'A gestis, rencontrée à Ténériffe. Les descrip- tions des papillons imprimées dans cet ouvrage sont leuvreide Friedrich Eschscholtz. M. Blachier, dans les Arales de la Soc. ent. de France, 1880, a figuré avec le nom de Canartensis, sous les n°° > et 8 de la PI. 4, la même forme d’A ges/is venant également de Ténériffe. Le développement considérable de la bordure de taches rouge orange aux ailes supérieures, comme aux ailes infé- rieures du ©, indique que Cramera (Canariensis) est probablement l'expression extrême dans le sens du développement des taches orangées en dessus, de la Zycœna Agestis. Calida serait la tran- sition entre gallica et Cramera (Canariensis). 8 Chinensis, Murray; le bord des ailes est plus dentelé; le dessous des © est plus gris et le bord des ailes entre le liséré terminal noir et les points noirs qui sont à l'extrémité de la bande rouge est blanc. Chine du Nord. Par aberration : 1° les taches rouge orangé peuvent être Jaune pâle, Ab. pallidior, Obthr.; 2° tous les ocelles noirs du dessous des ailes peuvent disparaître. J'ai fait figurer dans la Feuille des Jeunes Naturalistes (n° 18; 1900) une Q prise par Austin à Folkestone, de l’ancienne collection Briggs, qui n’a conservé en dessous que les 4 points noirs cellulaires. Ab. z#punctata, Obthr.; 3° les ocelles noirs peuvent former des traits noirs; j'ai fait repré- senter une remarquable Ab. radiata d'Auvergne, sous le n° 51 de la PL 4 de la XX° livraison des Æ/udes d'Entomologie. Il y a des exemplaires © extrêmement ambigus et embarras- sants: sont-ce des Zcarus (Alexis); sont-ce des A gestis? de même entre Adonis (Bellargus) © et Corydon Q,1lya quelquefois une telle ressemblance que l'attribution exacte de certains exemplaires à l’une des espèces plutôt qu’à l’autre est bien difficile et souvent impossible à résoudre exactement. Cela n'empêche pas À ges/is d’être une espèce très distincte d’/carus (Alexis), aussi bien que Corydon est une espèce très distincte d'Adonis (Bellargus). Toutes les © qui ont des atomes bleus sur le dessus des ailes sont des Zcarus (Alexis), non des Agestis; mais il y a, surtout en 254. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Tunisie et dans l'Italie méridionale, des échantillons quelquefois bien embarrassants. Lycæna Eumedon, Esper. Chez la Zycæna Eumedon, comme chez À gestis, le et la Q sont, en dessus, de la même couleur. Les deux sexes d’A ges/is sont bruns; les deux sexes d’Eumedon sont noirs. Esperheuretsous les n#2/et > de la Tab PNA oO MePMIEnS) d'après des exemplaires recueillis « dans la forêt, au mois de mai ». Je suppose que cette forêt se trouve près d’'Erlangen, ville où fut édité l'ouvrage d’'Esper, en 1777. Huebner a très bien figuré Eumedon S' sous les n* 301 et 302. L’exemplaire représenté en dessous (302) porte aux ailes inférieures la bandelette blanche, comme l'exemplaire Q figuré en dessous sous le n° 7o1. La figure 700 représente la © en dessus; elle a trois points fauves le long du bord terminal des ailes inférieures et deux aux supé- rieures, près de l’angle interne. La Zycæna Eumedon est en France une espèce de montagne; elle habite à une altitude d'environ 1,500 à 1,700 mètres; elle manque en Angleterre, en Algérie et dans toutes les plaines fran- çaises ; mais elle se trouve en Sicile où Bellier l’a capturée, pendant son voyage d'exploration entomologique en 1850. Dans ma col- lection, il y a des exemplaires d'Exmedon provenant des localités suivantes : forêt entre Zermatt et Ryffelalp, en juin, juillet; Béri- sal; Pieracave, dans les Alpes-Maritimes, en juin; Lanslebourg (Savoie); forêt de l’'Oursière, au-dessus de Saint-Martin-d'Uriage (Isère); Larche (Basses-Alpes); plateau du Revard, au-dessus d’Aix-en-Savoie; Jura bernois; forêt de Randaïi, au-dessus de Vernet-les-Bains; Cauterets (Hautes-Pyrénées); Bosmie; Prusse; Wiesbaden; Broussa (Asie-Mineure); Fort Naryne (Turkestan oriental); Koukounoor; Oural méridional; Sicile. Rambur dit avoir pris un exemplaire dans la Sierra-Nevada; mais je n'ai jamais vu d’Eumedon récolté en Espagne. | LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 255 La Lycæena Eumedon éclôt d'assez bonne heure dans la saison, généralement en juin; elle est souvent complètement passée au mois de juillet ; elle fréquente les forêts de melèzes dans les mon- tagnes ; on la voit voler sur les touffes de Geranium, en compagnie d'A cis (Semiargus) et de Donselii. On la trouve par petits groupes et elle s'éloigne fort peu du lieu qui l’a vue naître. Elle varie pour la couleur du dessous des ailes qui est plus ou moins grise ou brune; pour l'absence ou la présence de la bande- lette blanche sur le dessous des ailes inférieures. On peut trouver au même lieu des Ermedon avec bandelette et des Eumedon sans bandelette blanche; ainsi, dans la forêt de melèzes et de pins aroles entre Zermatt et Ryffelalp et au Fort Naryne, on trouve les deux formes: celle qui n’a pas de bandelette a reçu le nom de Fylgia, Spgbg; la forme intermédiaire, où la bandelette est plus ou moins apparente, s'appelle Speyeri, Husz. Il y a aussi la belle Ab. radiata dont j'ai fait figurer un exemplaire C' sous le n° 50 de la PL 4 de la XX® livraison des Æzudes d'Entomologie; et l'Ab. inverse : subtus-impunctata, qui n’est pas très rare. En Prusse, la race semble grande et presque toujours v#//ata. En Sicile, elle paraît petite et également vi//ata. Dans les Alpes- Maritimes, j'ai pris un superbe G' dont la teinte, en dessous, est tout à fait particulière. Le développement des taches rouges mar- ginales du dessous des ailes est aussi très variable. Il y a des G au Fort-Naryne chez qui ces taches rouges sont très accentuées, s'étendent aux quatre ailes et atteignent presque le bord costal des supérieures. Au Koukounoor, le fond des ailes est brun roux, en dessous, au lieu d’être gris comme en Savoie. Les © sont quel- quefois entièrement noires en dessus, comme les d. Elles peuvent aussi montrer des taches jaune orange en dessus, le long du bord des ailes inférieures et même près de l'angle interne des supé- rieures. La frange des quatre ailes est généralement bien blanche et l'encadrement qu’elle donne aux ailes contraste avec leur couleur d'un noir profond. J'ai fait figurer sur la PI. XLII du présent ouvrage quelques exemplaires d'Eumedon qui m'ont paru offrir de l'intérêt. 256 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Idas, Rambur. Espèce jusqu'ici exclusivement espagnole; figurée par Rambur sous les n® 5 et 6 de la PL 10 de la Faune de l'Andalouste. Elle fut trouvée sur des parties très élevées et légèrement arides de la Sierra-Nevada, à plus de 2.000 mètres d’élévation. Rambur dit avoir pris une variété dans les localités moins élevées de la Sierra- Prieta, chez laquelle les points noirs des ailes inférieures ont presque entièrement disparu (PI. 10, fig. 7). {das se montre au mois de juin, voltige très près de terre et se pose sur les plantes basses. Ma collection contient une série d'échantillons pris par de Graslin qui fut, comme l’on sait, le compagnon de Rambur. Je lis sur les étiquettes écrites par feu de Graslin : « Sierra-Nevada, 17 juillet et 15 août ». Donc l’'Espèce n'apparaît pas seulement au mois de juin. Le docteur Thomas Algernon Chapman a trouvé Idas à Casayo, dans le Nord-Ouest de l'Espagne, du 2 au 8 juillet 1906. Il ne me semble pas que les /das de Casayo diffèrent de ceux de la Sierra-Nevada. Le D' Chapman a publié de bonnes figures sous les n° 13, 14 et 15 de la PI. V des 77ans. ent. Soc. London, 1007. L’Espèce varie pour le développement de la tache discoïdale des ailes supérieures, en dessus. Lycæna Donzelii, Boisduval. Découverte par Boisduval en 1825, aux environs de Briançon, et dédiée par lui à son ami Donzel, de Lyon, « dont le zèle et le talent observateur nous ont fait connaître plusieurs espèces nouvelles ». Boisduval a bien figuré Donzelu, dans l’/cones, sous les nr, 2tet3 dela Pleure La Lycena Donselii n’est pas rare dans la forêt de melèzes entre Zermatt et Ryffelalp; mon fils, le docteur J. Oberthür, l’a prise aux environs de Lanslebourg, en Savoie. Elle a été capturée à Enchastrayes et à Larche (Basses-Alpes); je l’ai rencontrée au LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Dur col du Mont-Genèvre, le 18 juillet 1006, et à la Grave, du 21 au 28 juillet de la même année. Mon frère l’a observée pour la pre- mière fois, dans les Pyrénées-Orientales, à la forêt de Randai, en juillet 1006; depuis cette époque, elle a été retrouvée en Juillet 1908 et 1909 dans la même forêt, entre Randaï et le plateau gazonné de Mariailles. La forme pyrénéenne, d’après 14 exemplaires que J'ai sous les yeux, ne paraît pas différer de celle des Alpes. En Finlande et dans l'Oural méridional, on a trouvé une race de Donzeli appelée septentrionis. Le Œ a le dessus des ailes d’un ton verdâtre plus clair et la bordure noire est plus étroite et plus nettement définie sur le dessus des ailes. Je crois qu'Ayacinthus, Herrich-Schaeffer, est une forme de Donzelii privée de bandelette sur le dessous des ailes inférieures et présentant un développement plus accentué des taches margi- nales qui sont d’un fauve orangé vif. Ayacinthus a été prise par Kindermann aux environs d'Amasieh. Herrich-Schaeffer en a donné de bonnes figures sous les n° 345, 346, 347 et 348. Lycæna Rippertii, Boisduval. M. Rippert, de Beaugency, qui fut jadis un entomologiste très ardent, découvrit cette Zycæna, dont les deux sexes sont également d'une couleur brune, en 1820, aux environs de Digne. Boisduval a figuré la Lycæna Rippertii sous les n°* 4, 5 et 6 de la PI. 16 de l’Zcones, et il en a publié la ‘description aux pages 68 et 69 de cet ouvrage, en 1832. L'espèce fut également figurée sous les n*% 058, 059 et 060, par Huebner, avec le nom de Ripertu. On remarquera qu'il y a chez l’auteur allemand une faute dans l'orthographe du nom Rippert. Duponchel a figuré Réppertii dans le Supplément, sous les n° 1 et 2 de la PI X, et il a décrit l'Espèce aux pages 61 et 62. Duponchel se trompe certainement en disant qu'il a trouvé Rippertii dans la Lozère, en 1817. D'après ce que Boisduval et Duponchel 17 258 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE lui-même nous font connaître, il s'agit non pas d’un O, seul sexe pourvu de caractères spécifiques facilement distinctifs et très tangibles, mais d'une © qui fut capturée par Duponchel, que cet auteur a d'abord appelée Damon et qu'ensuite il a cru devoir rapporter à Rippertü. Mais Damon se trouve dans la Lozère aussi bien que Dolus, tandis que Rippertii n'a jamais encore été ren- contrée dans ce département. Comme les Q des trois Zycæna Damon, Dolus et Rippertii sont à peu près semblables entre elles et très difficiles à distinguer spécifiquement les unes des autres, l'erreur de détermination est facile à commettre; il n’est cependant pas vraisemblable qu’une seule © de Réppertii ait été trouvée dans la Lozère à l'exclusion du Œ' qu’on n'y a encore jamais vu. Dès lors je suis convaincu que Duponchel a donné à tort, plus tard, le nom de Rippertii à une © qu'il avait d'abord rapportée à Damon. La première idée de Duponchel devait être la bonne. Quant à Ripartü, Freyer, c'est un nom qu'il me paraît à propos de supprimer de la Nomenclature, à cause de son évidente incor- rection et de l'impossibilité où l'on se trouve de l’attribuer avec certitude à l’une des trois espèces : Damon, Dolus ou Rippertu. Freyer, avant de publier l'ouvrage : Meuere Beitraege, etc. Augs- burg, 1833, a fait imprimer sur un format minuscule, à Augsburg, en 1830, un premier travail entomologique intitulé : Bettraege zur Geschichte europaeischer Schmetterlinge. Dans ce petit livre, aux pages 128 et 120, Freyer décrit une Lycena dont il figure la Q seulement, sous le n° 3 de la Piles avec le nom de Ripartü. Freyer dit que l’exemplaire lui a été communiqué par le Baron Von Vimmer, de Prague. C'est une O; elle est très voisine de Damon Q et comme Damon ©, elle a un trait blanc sur les ailes inférieures, en dessous. Les deux sexes, dit Freyer, sont, en dessus, d’un brun obscur et, en dessous, d’un gris brun avec les ocelles ordinaires noirs, bordés de blanc. Tou- tefois, Freyer ne parle nullement des caractères distinctifs du © c'est-à-dire de cet espace soyeux si caractéristique qui existe sur le dessus des ailes supérieures de la Zycœna Ripperti Œ. Je pense que Freyer n'aurait pas manqué de signaler ce caractère, s’il avait LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 259 D — été à même de l’observer. Je suis donc porté à croire que Freyer n’a réellement connu que la ©, seul sexe dont il a donné la figure et dès lors il est impossible de savoir à quelle espèce il convient de rapporter cette Q; car, ainsi que Je le constate plus haut, il n'y a aucune distinction vraiment appréciable entre lESMO des trois espèces : Damon, Dolus et Ripperti. Freyer dit que Ripartä vient d'Espagne. En effet, la Lycæna Rippertii a été trouvée en Espagne; mais Damon y a été trouvée aussi et au même lieu que Rippertü. D'ailleurs est-ce bien d'Es- pagne que vient le Répartii de Freyer ? On sait, par l'histoire de la Zygœna Favonia, qu'en fait de géographie, Freyer a des idées qu'on pourrait qualifier de très larges. Puis, d'où vient ce nom de Ripartii ? L'ouvrage de Freyer est daté de 1830; la découverte de l'Espèce par feu Rippert, date de 1820. Ne serait-ce point un papillon de Digne plutôt que d'Espagne, qui aurait été déjà répandu sous le nom de Ripperti, nom que Freyer aurait estropié et changé en Æipartü, comme il a changé, dans une autre circonstance, l'Algérie pour le pays des Turcs. Toujours est-il qu’il semble fort probable d'une part que le nom Ripartii n'est que la dénaturation du véritable nom Rippertu, et d'autre part rien n'indique que Freyer ait réellement eu en vue la vraie Ripperti, dont il aurait vraisemblablement fait figurer lete plutôt que la ©, si réellement le G' avait été mis à sa disposition. Pour toutes ces raisons, je pense que le nom correct de A2ppertu, donné par Boisduval, doit être préféré et maintenu; car seul, ce nom s'applique exactement à l'espèce dont 1l est cas. C'est donc avec cette désignation que je vais parler de cette Lycæna. Elle est très abondante à Digne où elle vole en été; ma collec- tion contient environ 400 exemplaires capturés aux environs de Digne et au col de Lure, par les chasseurs Cotte et Coulet, à la fin de juin, en juillet et même au commencement d'août 1806, 1807, 1904. J'ai reçu des Basses-Alpes deux belles Aberrations radiata, prises en 1904 par Victor Cotte : un O* chez qui les ocelles des quatre ailes, en dessous, sont transformés en rayons et une Q qui porte, aux ailes supérieures seulement, un rayonnement large et 260 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE épais. Tous les individus que j'ai vus montrent en dessous, sur les ailes inférieures, la bandelette blanche; mais elle est moins appa- rente chez les O' que chez les O, à cause du fond plus clair des ailes des G. La bandelette blanche en effet ressort plus vivement sur les ailes inférieures des Q qui sont d’une couleur plus brune et plus foncée. La Lycæna Rippertii se trouve aussi dans les Alpes-Maritimes d’où j'ai reçu une centaine d'exemplaires recueillis par M. Decoster, en juin et juillet 1006, surtout au col de Castillon. Il ne semble pas que les Rippertii des Alpes-Maritimes diffèrent de celles des Basses-Alpes; cependant les © ont une tendance à avoir aux ailes inférieures, en dessus, le long du bord terminal, une série de 2, 3 ou 4 petites taches rougeâtres; ce que je n'ai constaté chez aucune © des Basses-Alpes. Dans les environs de Menton, il y a de très grands exemplaires d, mais aussi des spécimens plus petits et la bandelette blanche est généralement bien accentuée. M. Fabresse a trouvé à Albarracin, en juillet et au commencement d'août 1907, en même temps que Damon, une forme géographique nouvelle que j'appelle Fabressei. Le O' est relativement petit; 1l n'est pas très foncé en dessus; mais il est, en dessous, plus brun et moins gris que les exemplaires français; de plus, il est dépourvu de bandelette blanche, tandis que la ©, d’un brun plus rougeâtre que celle de France, est ornée d’un trait blanc assez vif et net, sur le dessous des ailes inférieures. Enfin, le G' a les points noirs très marqués, le long du bord terminal des ailes inférieures, en dessus, et ces points noirs sont surmontés d'un croissant rougeâtre. La même race se trouve en Crimée. Le d de Fabressei se rapproche donc beaucoup d’Admetus, Esper (Tab. LXXXII: Ge 5; 0 fig. 4)ettluebne(os se Q 308 et 309); mais le O' Admetus est plus grand que le G' Fa- bressei; il est, comme ce dernier, toujours privé de bandelette blanche sur le dessous des ailes inférieures qui est plus foncé chez Fabressei; la © Admetus présente des croissants rougeâtres, le long du bord terminal des ailes inférieures, en dessus, mais ces croissants sont plus accentués chez Admetus Q que chez Fabres- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 261 sei ©. De plus, bien qu’on puisse voir quelquefois un soupçon de bandelette blanche sur le dessous des ailes d'Adinetus ©, très généralement Admetus Q est aussi bien privée que le G' de cette bandelette; et en tout cas, je n'ai jamais vu d’exemplaire d'Admetus Q chez qui l’accentuation de ladite bandelette soit aussi nette que chez l'abresser Q. Au Fort-Naryne, dans la province Semirechgensee, S. Akulin a pris en grand nombre la Lycæna Rippertu, conforme à la race des Basses-Alpes. La bandelette blanche est aussi nettement indi- quée chez les Ripperti du Turkestan oriental que des environs de Digne. J'ai reçu, de M. S. Akulin, deux belles Aberrations Subtus radiata. Lycæna Dolus, Huebner. Si le principe de mathématiques : « Deux quantités égales à une troisième sont égales entre elles », est vrai, dans l'Histoire naturelle, les Zycæna Dolus et Rippertii S, l'une blanche, l’autre noire, dont les Q semblables, semblent être égales entre elles, seraient pareillement spécifiquement égales et constitueraient alors simplement les deux termes extrêmes d’une même espèce. Mais la question, très intéressante théoriquement, ne peut trouver une solution que dans l'étude comparative de l'œuf, de la chenille et de la chrysalide des deux Lycæna en cause : Dolus et Rippertu, travail qui reste à accomplir. De même qu'il y a deux formes de Rippertii, l'une sans bande- lette blanche, appelée : Admetus et l'autre avec bandelette blanche, dite : Rippertu, il y a deux formes de Dolus, sans bandelette et avec bandelette: j'ai appelée cette dernière vi//ata et je l'ai figurée sous le n° 48 de la PI. 4 de la XX* livraison des Etudes d'Ento- mologie, tandis que je figurais l’autre, celle qui n’est pas v//afa, sous le n° 49 de la même PL. 4. J'ai publié aux pages VIII et X du Bulletin de la Société ent. de France, 1892, une notice détaillée sur la Zycæna Dolus et sa forme vittata. Je prends la liberté de 262 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE prier le lecteur de vouloir bien se reporter audit Bulletin, comme aussi à la courte notice qui a été imprimée dans la XX® livraison des Etudes d'Entomologie, à la page 17. Je me contente d'ajouter les observations suivantes à celles que J'ai déjà signalées. Depuis 1802, la documentation que renfermait ma collection relativement à la Zycæna Dolus, s'est beaucoup augmentée; Je possède actuellement rangés dans mes boîtes plus de 800 Dolus et je puis avec ces éléments d'étude, donner quelques nouveaux rensei- gnements. La Lycæna Dolus semble avoir sa localité la plus occi- dentale, du moins parmi celles aujourd’hui connues, dans l'Aveyron, aux environs d'Aguessac, c'est-à-dire sur les bords du Tarn, un peu au-dessus de Millau. M. Dayrem a capturé à Aguessac, une centaine de Dofus, en juillet 1906. La race à Aguessac est vz//afa, comme à Florac; généralement les G' sont de taille moyenne; Je n'en ai pas vu d'aussi grands que certains exemplaires de Provence; ils sont le plus ordinairement moins bleuâtres et quelques mdividus sont tout blancs, sans apparence de couleur brune sur le duvet des ailes supérieures et sans reflet bleu. Cependant les Q, à Aguessat, sont au moins aussi grandes qu'en Provence. En dessous, elles ont les ocelles des ailes supérieures très gros et le fond des aïles de couleur café au lait, avec la bandelette blanche très nette. En France, Dolus se trouve, comme on le sait, dans la Lozère et dans certaines parties des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes. M. Gédéon Foulquier récolte chaque année la Lycæna Dolus, en juillet dans le vallon de Saint-Pons; la race y est en général plus grande et plus bleuâtre que dans la Lozère et l'Aveyron; mais comme il y a dans chaque contrée des variations individuelles notables, il faut envisager comparativement un ensemble d'individus des diverses provenances, pour fonder son opinion. Dolus ne paraît pas rare dans les Alpes-Maritimes, au col de Castillon. Le G' est ordinairement grand et d’aspect robuste. Il est orné d’un très joli glacis bleu pâle qui produit une coloration très délicate sur le fond soyeux et brillant des ailes. En dessous, il y a beaucoup d'exemplaires des deux sexes, sans aucune bande- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 263 lette blanche et d’autres avec cette bandelette très caractérisée. Tous les passages existent donc entre les formes extrêmes. Les aïles infé- rieures portent quelquefois une ocellation très fine, mais plus géné- ralement des taches noires bien nettes, cerclées de blanc et ressortant assez vivement sur un fond gris. Les Q semblent avoir l'ocellation des ailes supérieures plus accentuée que les ©. La Lycæna Dolus est aussi très répandue en Italie méridionale, notamment à Sulmona, où M. Fabresse a récolté plus de 350 exem- plaires pendant l'été 1908. Ce qui caractérise la race italienne de Dolus, c’est l'absence du reflet bleuâtre sur le disque des ailes, chez le S. Il ne reste chez les Dolus italiens, un vestige de bleu que vers la base, à peu près comme dans la race d'Amasieh, appelée Menalcas, Freyer. La race italienne n'est pas de si grande taille, n1 d'apparence aussi robuste que celle des Alpes-Maritimes. Les © ont le plus souvent des chevrons de couleur orangée surmontant les points noirs près du bord terminal des ailes inférieures et les montrent également une série de taches brunes intranervurales, faisant l'effet d’une ponctuation le long du bord terminal des mêmes ailes. La forme Menalcas d'aspect général plus jaunâtre et encore moins bleuâtre que la race italienne, est vi//ata,; tandis qu’en ltalie, la Lycæna Dolus est sans bandelette. J'ai distingué la forme italienne de Dolus sous le nom de Virgilia. Il y a donc actuelle- ment de l'espèce Dolus, envisagée à part et sans intervention de Rippertii ni d'aucune autre espèce ou même race voisine ou alliée, les quatre formes suivantes : 1° Dolus, Huebner. Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes. 2° vittata, Obthr. Lozère, Aveyron. 3° Vargilia, Obthr. Italie méridionale. 4° Menalcas, Freyer. Amasieh. Lycæna Damon, W. V. Habite en France, la Lozère et les départements alpins, depuis la Haute-Savoie jusqu'aux Alpes-Maritimes; n'a jamais été trouvée dans les Pyrénées, ni dans les régions boréales occidentales de la 264, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE France. J'a1 pris Damon, en 1863, sur le chemin de Sainte-Enimie (Lozère), le long du Tarn, et M. Dayrem a retrouvé Damon en 1008, aux environs de Florac. La Zycæna Damon éclôt une seule fois par an, en juillet et au commencement d'août; elle abonde dans certaines localités des Hautes et des Basses-Alpes et, ainsi que Je le fais ci-dessus connaitre, Damon a été capturée à Albarracin, en Espagne, par Fabresse. La Zycæna Damon a toujours une bandelette blanche sur le revers des ailes inférieures. Le G' est en dessus d’un Joh bleu clair brillant, satiné, avec une bordure brune assez large; la côte est blanche; la frange généralement grise au contact de l'aile supé- rieure est blanche à son extrémité; quelquefois elle est entièrement blanche. Damon G' manque du feutrage soyeux qu'on remarque sur les ailes supérieures, en dessus, de Dolus et de Rippertu. Je possède des exemplaires qui, par le dessous de leurs ailes, appar- tiennent à l’Aberr. radiata. M. le Docteur-Professeur Reverdin a fait connaître dans le fascicule IV du Bulletin de la Société lépidoptér. de Genève, une Aberr. © #“aculata (PI. 10, fig. 4) remarquable par quelques taches d’un gris blanchâtre situées près du bord des ailes inférieures, en dessus, non loin de l’angle anal. L’exemplaire figuré par M. Reverdin a été pris à Bérisal, le 11 août 1908. Je possède trois © de cette Aberration 71aculata, dont un exemplaire fut recueilli par moi-même, à la Grave (Hautes- Alpes), en juillet 1906. Un autre exemplaire vient de Digne, le troisième fut pris au Sappey, par feu de Graslin. Généralement Damon Q est entièrement brune en dessus; mais à Larche, on trouve parfois des Q dont la base des quatre ailes est saupoudrée d'un semis d’atomes bleus qui s'étend principalement le long du bord anal des ailes inférieures. J'ai appelé cette forme de Q cærulescens. La Lycæna Damon, dans certaines localités des Alpes françaises, est extrêmement abondante; elle est plus rare dans la Lozère. Elle varie beaucoup pour la taille. En dehors de la France et de l'Espagne, je possède la Zycæna Damon de Gœættingue et de Gallicie (ex coll. Kuwert). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 265 Lycæna Meleager, Esper. Grande et belle espèce répandue dans les Cévennes méridionales et dans les Alpes françaises, en Valais, Hongrie, Gallicie, Tyrol, Crimée, Italie méridionale, Transcaucasie, Turquie, Asie-Mineure, Mésopotamie. En France, la ZLycæna Meleager se trouve répandue dans la Savoie, les Basses-Alpes, les Alpes-Maritimes, la Lozère et l'Aveyron. Mon frère a trouvé l'espèce assez abondante à Millau; M. Dayrem l’a recueillie à Aguessac et dans la Lozère. Je l'ai pris: jadis à Florac; elle vole en juillet; elle a en France deux formes de Q; une forme rayonnée de bleu qui parait se trouver seule dans les Cévennes, et une forme noire appelée Szevenu, Huebner, et qui se rencontre avec la forme bleue considérée comme type, dans les Basses-Alpes et dans les Alpes-Maritimes. En Mésopo- time, ‘lo a une 2 forme der OQ, à fond blanc mat avec les nervures noires et un semis assez clair d’atomes bruns. Cette forme a été appelée ignorata par Staudinger; elle se trouve aussi à Akbès. J'ai pris la forme noire Szevenii seule, dans la vallée de Ia Viège, canton du Valais. En Crimée, on trouve les deux formes ©, la bleue et la noire. Dans le sud de l'Italie, à Castellamare-di-Stabia, M. Fabresse, en juillet 1907, n’a trouvé que la forme bleue. Meleager SG a le vol assez rapide; la Q se repose volontiers sur les fleurs, dans les montagnes sèches, arides et parfumées des Cévennes; c'est un papillon charmant avec ses ailes inférieures au contour si découpé et si gracieusement frangé de blanc. Le O est d’un bleu pâle, en dessus, avec une bordure noire assez fine et une frange blanche; ses ailes inférieures sont beaucoup moins profon- dément dentelées que celles de la Q. En dessous, Meleager Gest gris clair avec les points noirs ordinaires cerclés de blanc. Ces ocelles sont assez petits. En dessous, la Q est d’un brun caïé au lait, avec une éclaircie blanche au milieu des inférieures, près du bord, et les points noirs sont généralement plus gros et mieux 266 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE marqués que chez le C'; le long du bord extérieur des ailes, il y a des points surmontés de chevrons, d'un brun plus foncé que le fond des ailes. Sur les ailes inférieures, en dessus, chez la Q bleue, on remarque, le long du bord terminal, une série de croissants blancs, intranervuraux, du plus joli effet. Ces croissants blancs surmontent la ligne de chevrons noirs qui, comme les sourcils au- dessus des yeux, accompagnent les ocelles marginaux. Esper a figuré sous le n° 2 de la Tab. XLV, la Q bleue, avec le nom de Meleager et le O', sous le n° 1 de la Tab. LXII. Huebner a figuré la Q bleue, avec le nom de Daphnis, sous les n° 281 et 282, et le ©, sous le n° 280; le même auteur a figuré la Q noire Stevenu, sous les n° 094 et 005. Bergstraesser a représenté, d’une façon très reconnaissable, la Q bleue de Meleager, sous les n° 3 et 4 de la Tab. 55. Meleager est d'ailleurs une des espèces de Lycæna qui sont les plus faciles à reconnaître et elle ne peut être confondue avec aucune de ses congénères. Elle n’a été trouvée Jusqu'ici ni en Algérie, ni en Espagne, ni dans les Pyrénées. Les © bleues et noires sont, chacune, assez variables; plus ou moins claires ou foncées; il y a des Q bleues assez rembrunies; mais Je n'ai pas vu d'exemplaire faisant une transition satisfai- sante entre les deux races. Lycæna Bellargus, Esper (Adonis, Huebner). C’est une Zycæna charmante entre toutes. Le bleu incomparable de ses ailes brille du plus doux éclat au milieu des clairières des bois et dans les campagnes des régions calcaires du sud de l’An- gleterre, de l'Europe continentale moyenne et méridionale, de l'Algérie et de l'Asie-Mineure où l'espèce se trouve répandue. La Lycæna Bellargus vole au printemps et en été, depuis le mois de mai Jusqu'en septembre, et la vue de ce délicieux papillon, parfois très abondant dans les sites qu'il affectionne, est toujours aimable pour les yeux. Sa présence un peu nombreuse ajoute aux paysages un inexprimable charme auquel se montrent sensibles beaucoup de personnes même étrangères à l’'Entomologie. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 26 NV Je conserverai toujours en mon souvenir l'agréable vision des Lycena Bellargus que j'ai observées dans les plaines ondulées de la Vendée et des Charentes, notamment dans les terrains incultes et couverts de leur flore naturelle, près de Dompierre-sur-Mer, sur les plateaux boisés de chênes et les pentes des collines sèches et chaudes au sud de la ville d'Angoulême, et près de Fontenay-le- Comte, au Prieuré d'Auzay, propriété de M. le Colonel Sabouraud, beau-père de M. Daniel Lucas. Là, dans une petite vallée qui était alors conservée sans culture et que j'ai appelée : le vallon des Adonis, j'ai amplement goûté, en août 1905 et 1907, tout l'agrément de voir voltiger en grand nombre la Zycæna Bellargus. Du côté du Sud et de l'Orient, le vallon des Adonis est abrité par une épaisse futaie de grands chênes. Au Nord, une vigne semblant très prospère, plantée sur le plateau, montre son opulent feuillage, d'un beau vert sombre. Vers l'Occident, l'horizon est largement découvert et les derniers rayons du soleil couchant viennent atteindre une partie du vallon. Si l’on sort du bois par l'angle Nord-Est, on commence à descendre sur une pente herbeuse et glissante d'où s'élèvent par touffes plus ou moins épaisses, de hautes graminées. Leurs tiges ont été complètement desséchées par le grand soleil de messidor; d’ailleurs, au mois d'août, les récoltes des céréales sont terminées aux environs d'Auzay; le sol est devenu très sec et en dehors des diverses espèces de graminées, seuls, des buissons de ronces, de genêts et de prunelliers, avec quelques ombellifères, végètent maigrement dans la terre calcaire, entre les pierres éparses et les rochers qui paraissent former le soutènement des côtés du vallon. Dès les premiers pas qu’on fait en avançant au milieu des herbes, surtout si c'est vers le soir, les Adonis qu'on dérange au commen- cement de leur repos, s'enlèvent et voltigent en foule; mais sans s'éloigner; ils attendent la cessation du danger qui les a troublés, pour se reposer de nouveau, les uns auprès des autres, sur les touffes de graminées un peu hautes qui s'élèvent pêle-mêle au milieu des buissons. Si on s'écarte du lieu où reposaient les Adonis, on les 268 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE voit peu à peu reprendre possession des brins d’herbes sur lesquels ils comptent jouir du repos de la nuit; cependant ils ont quelque peine à se remettre à l’aise pour leur sommeil qu'ils prennent, la tête dirigée vers le sol; ils s’agitent un peu, tant qu'ils n'ont pas retrouvé la bonne position qui deviendra définitive. Quand enfin ils se sont fixés sur la paille qui deviendra leur gîte, avant de fermer hermétiquement leurs ailes, ils les ouvrent parfois et immo- biles, ils les tiennent un peu de temps exposées aux derniers rayons du soleil couchant. C'est ainsi que pour la première fois, J'ai vu apparaître vivante la jolie Q bleue que J'ai appelée cælestis. Eclairée par les derniers feux du jour, au déclin d’une chaude journée d'été, elle montrait le dessus de ses ailes d’un azur si pur, se fondant en une teinte d'un blanc argenté, le long du bord costal des supérieures, et ornées de taches rouge aurore du plus joli effet, sur le bord des inférieures. Dans ce site pittoresque et au milieu de cette végétation sauvage, les papillons abondaient et, les contempler ainsi, était pour moi une jouissance exquise dont J'étais redevable à mes si aimables hôtes. J'ai publié la description différentielle de la forme Q cæœlests de la Lycæna Bellargus, aux pages 23, 24, 25 et 26 du Bulletin de la Soc. entom. de France, 1008. Je n'ai rien à modifier au texte de cette notice; mais sachant fort bien que la description n'est pas suffisante pour rendre un nom valable dans la Nomenclature ento- mologique, j'ai consacré la PI. XIX, dans la IIT° livraison des Ær. de Lépidopt. comparée, à la représentation de la Lycæna Bellargus et notamment des Q cælestis, sous les n° 65, 66, 67 et 68. En outre des © cæleshs, J'ai fait figurer sous les n° 57, 58, 50, 60 et 61 de cette même PI. XIX, les deux sexes de la race géogra- phique algérienne que j'ai appelée : punctifera. Le Œ n° 57 est, en dessus, 7ubro-maculata, c'est-à-dire que, le long du bord terminal de ses ailes inférieures, en dessus, des taches rouge aurore sur- montent les points noirs ocellés. La variété algérienne punctifera est de grande taille et d'aspect robuste. Les © 58, 59 et 60 ont, en dessus, le fond brun des ailes LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 269 supérieures plus ou moins largement sablé d’atomes bleus. Cette variété © Ceronus n’est pas rare en Algérie. J'ai pris aux environs du lac de Côme, au mois de juin 1907, de magnifiques Zycæna Bellargus, grands et robustes. Le G' est quelquefois punctiger; mais sa ponctuation noire est pourtant loin d'être aussi accentuée que chez la forme algérienne punctifera. Toutes les Q que j'ai prises à Cernobbio, sur le côté Nord du lac de Côme, sont brunes avec une superbe maculature d’un rouge pon- ceau, le long du bord terminal des quatre ailes. À Florence, la Zycœna Bellargus est abondante avec Corydon, à la fin de mai et au commencement de juin. Elle se trouve mêlée à Corydon sur les collines qui s'élèvent autour de la si belle et si célèbre cité. En compagnie de M. Verity, j'ai recueilli dans les bois montueux et très accidentés qui couronnent les hauteurs sur le flanc desquelles est bâtie Fiesole, quelques exemplaires très bien rayonnés en dessous. Les Zycæna Corydon présentaient la même tendance à la transformation des points noirs ordinaires du dessous des ailes supérieures, en rayons. J'ai fait figurer sous le n° 62 de la PI. XIX, une Q florentine Ab. adiata. La forme normale de la Lycæna Bellargus ©, à Florence, est représentée sous le n° GI. On remarquera la belle série de macules rouges qui borde les quatre ailes. Les Œ, à Florence, sont moins grands et d'aspect moins robuste qu'à Cernobbio. Je n'ai pas plus trouvé la © Ceronus à Florence qu'à Cernobbio; je ne sais si elle y existe; en tout cas, elle y paraît fort rare; car je l'ai cherchée soigneusement, sans la rencontrer. En Asie-Mineure, à Tokat, la race est aussi fort belle, grande et d'aspect vigoureux. Il en est de même dans les Alpes-Maritimes et aux environs de Marseille où se trouve la forme Ceronus, conforme à la figure donnée par Esper, sous le n° 2 de la PI XC. Mais aucune forme, ni aucune variété de Bellargus n'égalent en grâce et en beauté la © cælestis. Celle-ci est d’ailleurs fort variable; quoique, si on les considère dans leur ensemble, les exemplaires paraissent parfaitement référables à une même unité de forme ou de race. J'ai sous les yeux, un très grand nombre d'échantillons de 270 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE la Zyceæna Bellargus Q cœælestis, pris par MM. Gabriel Dupuy, Vigé, P. Boulé, Dayrem, par mon frère et par moi-même. Je cons- tate de grandes différences dans le ton de la teinte bleue; d’autre part, les © Caælestis sont, les unes, entièrement bleu céleste avec un chevron discoïdal noir cerclé ou non de blanc aux ailes supé- rieures, tandis que chez d’autres exemplaires, ce croissant noir est à peine perceptible. La frange tantôt d'un blanc pur, tantôt bru- nâtre, se trouve toujours traversée, suivant le prolongement des nervures, par de petites touffes noirâtres qui entrecoupent régu- lièrement et très élécamment la frange en question; le long du bord des quatre ailes, on remarque parfois une simple série de taches noires intranervurales dont les plus rapprochées du bord anal, aux ailes inférieures, ‘sont surmontées d'un croissant rouge ponceau; le plus souvent les taches rouges se développent grandes, en forme de triangle, surmontant les ocelles noirs marginaux qui sont eux-mêmes soulignés de bleu plus pâle que le fond des ailes, ou de blanchâtre. Cette décoration rouge ponceau remonte le long des ailes supérieures et quelquefois même arrive jusqu'à la ren- contre du bord costal des mêmes ailes, ce qui est d’un aspect très agréable. Il est remarquable de constater combien sont relativement fré- quents les cas d’hermaphroditisme dans la Zycæna Bellargus. Les n° 69 et 70 de la PI. XIX montrent cette sorte d’hermaphroditisme dont je possède 17 exemplaires, tous différents les uns des autres, mais semblant émaner d’un même principe : c'est-à-dire la trans- formation en apparence de ©, d’une partie plus ou moins impor- tante d’un des côtés des ailes de la ©. Le n° 69 vient de Dompierre-sur-Mer, ainsi que la plupart des autres hermaphrodites; le n° 7o a été capturé à Digne, par V. Cotte. Ces 17 papillons anormaux sont très curieux à observer et ils méri- teraient d’être tous représentés en couleurs, quoiqu'il soit impossible de reproduire exactement l’inimitable couleur bleue de l'Adonis. Un curieux cas d’albinisme est celui que fournit le n° 63 de la PI XIX, avec ses ailes entièrement fauve clair. Ce n’est point un cas pathologique tel que la plupart des albinos. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 271 Le papillon paraît être aussi vigoureusement et symétriquement constitué que tous les exemplaires normaux. Un autre cas fréquent d’albinisme est celui qui résulte de la transformation en une teinte jaune clair de la couleur rouge des taches qui bordent les ailes, chez la @. Cette mutation en jaune de la couleur rouge est conforme à une règle générale qui s'applique à tous les êtres organisés. Je n'ai vu la forme © cælestis, nulle part ailleurs qu? dans les plaines de la région calcaire de l'Ouest et du Sud-Ouest de la France; dans les montagnes des Pyrénées, Cælestis n’a pas été rencontré jusqu'ici, du moins à ma connaissance, C’est ainsi que dans les environs de Gèdre, on rencontre comme forme bleue © de Bellargus, le papillon que je dois à l’obligeante générosité de M. Rondou et qui est figurée sous le n° 64 de la PI XIX. On trouve à Vichy une forme assez analogue; mais ces © bleuâtres sont très rares dans les Hautes-Pyrénées, aussi bien que dans l'Allier, tandis que Cælestis est très abondante dans les plaines de la France occidentale. Les Ab. radiata ne sont pas très rares chez Bellargus; j'ai repré- senté sous le n° 28 de la PI. 3 de la XX® livraison des Æ/udes d'Entomologie, un très beau © radiata, quant au-dessous des ailes supérieures, pris à Villeneuve-de-Blaye (Gironde); ma collection contient plusieurs autres exemplaires de cette Ab. radiata, entre autres un beau Œ\ pris le 13 mai 1006, dans les Bouches-du-Rhône, sur les bords de l'Arc, près de Velaux, par le D' Siépi; une © prise à Larche (Basses-Alpes) par A. Coulet, en août 1807. Je prie d’ailleurs le lecteur de vouloir bien se reporter pour un complément de documentation, aux observations que j'ai écrites au sujet de la Zycœna Bellargus (Adonis) aux pages 18 et 19 de la livraison précitée des Etudes d'Entomologie. J'a désigné dans cet ouvrage, avec le nom de zolaceo-grisescens, l'Aberration G' qui fut prise par un jour d'orage, dont les ailes, en dessus, sont d’un gris violet et qui est figurée sous le n° 26 de la PI. 3; j'ai appelé: subtus-impunctata, la Q d'Angleterre figurée sous le n° 27 de la même PI. 3. J'ai fait figurer aussi, par reproduction photographique, dans la Feuille des Jeunes Naturalistes (n° 22, année 1900), une 272 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE jolie Aberr. anglaise de Bellargus privée de toute ponctuation noire aux ailes inférieures, en dessous; c’est un curieux papillon différant de Cinnides, Stgr. (Adoms ©, Huebner, 645-646), parce que le fond de ses ailes inférieures, en dessous, est blanchâtre et non brun, ainsi que les exemplaires ordinaires de la variété Cinnides, Stgr. (alis posticis brunneis, subtus non ocellatis). Cette variété Cinnides atteint les deux sexes et j'en ai réuni 13 exemplaires, dont une © cælestis, de Dompierre-sur-Mer, a été reproduite photo- graphiquement elle aussi, sous le n° 23 de la Feuille des Jeunes Naturalistes (année 1900). En Angleterre, la Zycæna Bellargus © est fréquemment sau- poudrée d’atomes bleus et certains exemplaires cærulescents sont assez analogues à la © de Gèdre reproduite sous le n° 64 de la PI. XIX du présent ouvrage. Cependant les Q anglaises sont presque toujours d’un aspect plus sombre et plus foncé que cette ©. J'ai pris une fois, tout près de Rennes, dans une prairie, une Q Bellargus; elle était très fraîche; mais il y a longtemps de cela et Je ne me rendis compte de l'authenticité de l'espèce qu’en retirant le papillon des étaloirs. Il y a bien, aux environs de Rennes, une localité calcaire appelée Saint-Jacques-de-la-Lande; les Botanistes y récoltent une assez grande quantité de plantes spéciales au cal- caire et qui ne se rencontrent pas dans les autres champs d’Ille- et-Vilaine dont le sol est schisteux ou granitique; mais Jai malheureusement très peu chassé jusqu'ici les Lépidoptères à Saint- Jacques-de-la-Lande et ce n’est point dans cette localité calcaire que J'ai trouvé Bellargus. Depuis cette époque déjà éloignée, je n’ai Jamais eu l’occasion d'observer de nouveau Bellargus en Bretagne et Je ne m'explique pas comment j'ai pu capturer tout près de Rennes, un seul exemplaire fraîchement éclos d’une Zycæna qui est très abondante là où elle existe, ou bien qui fait totalement défaut. J'ai souvent observé que des papillons entraient dans les wagons de chemins de fer et se laissaient ainsi transporter bien loin de leur lieu d’origine. Mais tel ne peut être le cas pour la seule Lycæna Bellargus © prise à Rennes, loin des voies ferrées. L'échan- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 273 tillon a les ailes brunes; il est de petite taille, mais très nettement caractérisé. De même que certaines © d’/carus (Alexis) et d'A ges/is sont parfois difficiles à distinguer spécifiquement entre elles, quoique les G' soient si nettement différents, ainsi il n'est point aisé de discerner les unes des autres, certaines © de Bellargus et de Corydon. Il est cependant facile de déterminer avec certitude les Bellargus Q dont les ailes sont saupoudrées de bleu vers la base, en dessus, et qui ont la bordure de taches rouge ponceau large et très développée; mais les © Bellargus, dont l’aspect est sombre, sont bien faciles à confondre avec les © Corydon. Dans le centre de la France, Bellargus éclôt seule en mai et juin, tandis que Corydon n'éclôt généralement qu'en été; dès lors, les Q printa- nières sont des Pellargus et la difficulté reste confinée à la géné- ration estivale des deux espèces qui volent ensemble aux mêmes lieux; mais dans le sud de la France et en Italie, Corydon et Bellargus éclosent toutes les deux au printemps, comme en été. Dès lors la distinction spécifique est difficile à établir. C'est tellement vrai qu'aux environs de Florence où les deux Zycæna s’entremêlent au printemps, dans les mêmes localités, Je me sou- viens d’avoir essayé de faire le triage sur place, au moment même où je réalisais mes captures; mais Je ne parvenais pas à obtenir un résultat qui me satisfit. J'ai pourtant soigneusement étudié les deux espèces, à l'état parfait tout au moins, et ma documentation se compose d'environ 2.500 exemplaires de Zycæna Bellargus et de 3.000 Corydon. Lorsque nous serons plus avancés dans l'étude analytique des insectes, c’est par quantités d'exemplaires considé- rables qu'il faudra constituer les collections. Ce qui est en effet nécessaire pour obtenir la connaissance d’une espèce, c'est un nombre suffisant d'individus récoltés en des lieux différents et à des saisons différentes dans la même année, et dans des années successives. Cela mène un peu plus loin que les quatre exemplaires de chaque espèce dont se contentaient nos devanciers ! 18 274, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Corydon, Esper. Existe en Angleterre et en Irlande, dans les parties calcaires de la France, de l'Espagne, de l'Italie, de l'Allemagne et de la région caucasique, mais manque en Algérie, où Bellargus reste seule, sans Corydon qui l’accompagne ordinairement en Europe. Corydon est un papillon des plaines, des basses et moyennes montagnes; Je ne l'ai jamais vu à une très crande altitude. En Angleterre et en Irlande, autant que je puis en juger, par une série de plus de 300 exemplaires que j'ai sous les yeux, pris sur- tout à Dover, dans le North Kent, à Brighton et dans le comté de Kerry, et avant fait partie des anciennes collections Prest, d’Vork; Howard-Vaughan, Battershell-Gill, Maddison, ou bien récoltées par W. Salvage, la Lycæna Corydon Gest en dessus, d’un gris bleu argenté pâle, avec une bordure noire plus ou moins large aux ailes supérieures et une ponctuation noire bien accentuée, le long du bord terminal des inférieures. En dessous, le fond des ailes supérieures est généralement d’un gris blanchâtre clair et le fond des inférieures est un peu plus brun. Les ocelles noirs sont cerclés de blanc; les points noirs qui bordent les ailes inférieures sont sur- montés d'une tache rouge orange et d’un sourcil noir; en outre, il y a une éclaircie blanche vers le milieu et au-dessus du bord terminal des ailes inférieures; cette éclaircie est contiguë à la série marginale ocellée. Les © Corydon, en Angleterre et en [Irlande sont généralement brunes en dessus, avec les points noirs surmontés de rouge orange, le long du bord terminal des ailes inférieures, et en dessous, elles diffèrent du © par une teinte brune plus foncée sur les quatre ailes. Les © varient pour la bordure noire des ailes supérieures qui est plus ou moins large, quelquefois absente et alors remplacée par du blanc argenté ou bien par des points intraner- vuraux qui paraissent plus ou moins noirs au milieu d’un entourage plus ou moins clair. En dessous, la variation est plus considérable encore; aux ailes supérieures, les taches noires, le long du bord interne, confluent souvent en arc, chez les deux sexes et forment LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 278 une sorte d’accent circonflexe, comme dans 77#%ys, Esper (Tab. LI; fig. 4) et dans parisiensis, Gerhard (PI. 32; fig. 4). D'autres taches confluent aussi, se rejoignant par paires, surtout dans l’espace cellu- laire des supérieures et le long du bord anal des inférieures. Les points noirs ocellés du dessous des ailes, également chez les deux sexes, manquent parfois plus ou moins complètement sur les quatre ailes et il n’est pas très rare d'en voir le nombre réduit aux seuls points discoïidaux, comme dans l’Aberration Cznnus, Huebner, figurée par cet auteur, sous les n° 830 et 831. J'ai fait figurer moi- même, sous les n° 30 et 31 de la PI. III de la XX livraison des Etudes d'Entomologie, 2 Q Cinnus provenant d'Angleterre et J'ai fait représenter un © Cinnus, pris à Saint-Georges, près Royan, sous le n° 33 de la même Planche. En outre, J'ai fait figurer au moyen de la photographie, dans la Feuille des Jeunes Naturalistes (n° 29; année 1900), une © Cinnus, très belle, de la collection Battershell-Gill, portant l'étiquette : South Foreland. Sept. 20 1870. Gerhard a figuré une Q Cinnus, mais variant quant aux ailes infé- rieures seulement, sous le n° 2 & de la PI. 32. Inversement à l’Aber- ration Cinnus, les points noirs, des ailes supérieures surtout, peuvent être transformés en rayons. La teinte du fond des ailes est, en dessous, très variable, surtout chez les © et d’un brun plus ou moins clair ou foncé. Les Q anglaises, en dessus, sont tantôt obscures, tantôt sablées d'atomes d’un bleu argenté pâle, ce qui est plus fréquent en Angleterre que dans aucun autre pays; mais ce lavis bleu argenté peut n'être pas toujours symétrique et les Q montrent parfois, sur une de leurs ailes seulement, ce semis d’atomes argentés. De même l’oblitération des ocelles noirs qui caractérise l'Ab. Cinnus, n'est pas toujours symétrique; la © anglaise Cinnus, figurée sous le n° 31 de la PI II de la XX® livraison des Etudes d'Entomologie, en est la preuve. Cette Ab. Cinnus ne'paraîït pas bien rare en Grande-Bretagne, car J'ai réuni dans ma collection, 12 G'et 15 © Cinnus provenant d’Angle- terre; c'est-à-dire presque autant que la quantité obtenue jusqu'ici des autres pays. Huebner a figuré sous le n° 742, une variété © de Corydon qui, 276 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE par rapport à cette espèce, est exactement analogue à la variété Q de Pellargus (Adonis) appelée Cælestis. Cette variété © de Cory- don, ayant le fond des quatre ailes d’un gris argenté en dessus, à peu près comme le C, a reçu le nom de syrgrapha, Keferstein. J'en possède une seule © anglaise, malheureusement sans éti- quette de localité et faisant autrefois partie de la collection Howard- Vaughan. Sans doute la variété syngrapha est très rare en Angle- terre. Elle est au contraire assez commune aux environs de Rouen, de Paris, d'Angoulême, de la Roche-Beaucourt et de Hautefort (Dordogne), de Royan et de Dompierre-sur-Mer (Charente-Infé- rieure). Millière a figuré sous le n° 3 de la PL 4 de l’/conographe (2° livraison), avec le nom de semzbrunnea, une Ab. © qui fait le passage de syngrapha à la forme brune normale. Chez semzibrunnea, les espaces intranervuraux, en dessus, sont rayonnés de brun sur un fond gris argenté. Millière dit que le papillon figuré par lui, avec le nom de semibrunnea vient de la Pape, localité située au Nord-Est de Lyon. Ma collection contient quelques exemplaires de l’Ab. semibrunnea, Millière; ils ont été pris à Angoulême, à Saint-Georges près Royan, à la forêt de Chizé (Deux-Sèvres), à Dompierre-sur-Mer. Sei- brunnea vole dans les Charentes, avec la © brune et avec la Q syn- grapha que Gerhard appelle ariscolore et qu'il figure sous le n° 3 » de la PI. 32, comme venant de France; mais semibrunnea, qui est une forme transitionnelle entre syrgrapha et Corydon Q entièrement brune, est plus rare que les deux formes extrêmes de l'espèce. A la forêt de Chizé, mon frère et moi, chassant le 31 août 1007, nous avons trouvé, voltigeant ensemble, les trois formes Q de Corydon : syngrapha, semibrunnea et le type ordinaire de l'espèce, entièrement brun. Il ne faut pas confondre la Q seribrunnea avec les Q anglaises de Corydon dont le fond des aïles est brun, mais saupoudré d’un semis plus ou moins serré d'écailles d'un gris bleuâtre argenté. Cette forme anglaise de Corydon Q que j'ai déjà signalée plus haut, en disant qu’elle se trouve, à ma connaissance, plus souvent en Angleterre que partout ailleurs, est tout à fait différente de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 277 semibrunnea, de syngrapha et de la © entièrement brune qui se trouve aussi en Angleterre et partout en France, tantôt seule et tantôt mélangée à syngrapha et semibrunnea, suivant les régions. J'ai donné à cette Q anglaise qui est saupoudrée d’atomes d’un gris bleuâtre argenté le nom de Anglica, pour indiquer qu’elle est surtout spéciale à l'Angleterre. Les deux seuls exemplaires que j'aie vus de Corydon Q anglica, pris en dehors de la Grande-Bretagne, furent capturés en août 1909, dans la Dordogne et à Dompierre- sur-Mer. On ne lira pas sans intérêt la traduction faite par M. Harold Powell, de la notice consacrée par Charles Barrett, aux pages 87 et 88 de son ouvrage : 7%e Lepidoptera of the british Islands, à la Lycæna Corydon, d'Angleterre, comme suit : « Un très bel insecte, d’une couleur difficile à décrire ou à repro- duire par la peinture et rarement observée dans la nature! J'ai vu la même couleur dans le ciel, au crépuscule d'un jour d’orage, représentée par les taches bleu pâle visibles entre de gros nuages; mais elle ne se trouve dans aucune fleur et très peu d’autres insectes paraissent la posséder. Son caractère particulier tient en grande partie sans doute à la présence des poils blancs, déjà mentionnés, sur le dessus des pre- mières ailes, poils qui sont plus abondants chez cette espèce que chez aucune autre, exception faite du très curieux ?. Dolus de l'Europe méridionale. Corydon est un papillon très actif, au vol rapide, fréquentant principalement les terrains crayeux, mais s’en éloignant beaucoup parfois, comme dans le cas d'un individu égaré, pris dans le Ladbroke Square, Notting Hill, Londres, en août 1864, par M. À. H. Clarke! L'espèce est abondante sur les pentes des collines crayeuses des comtés de Kent, Sussex, Surrey, Berks, Bucks et Oxfordshire; dans le Cambridgeshire et sur une colline crayeuse du comté de Norfolk; sur l’oolithe aussi bien que sur la craie en Wilts, Dorset, Glouce- stershire et Somerset; et sur le calcaire à Grange et à Silverdale dans le nord du Lancashire, en Lincolnshire, Westmoreland et Cumberland. On la trouve, ou du moins on l’a trouvée, en Essex, Hants, Cornwall, et dans une localité du Glamorganshire. [LS] NY CO LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Les exemplaires rencontrés ailleurs ne seraient que des individus égarés. L'insecte est abondant et largement répandu sur le continent d'Europe, ne se limitant nullement aux régions crayeuses. On le trouve en abondance de mai à septembre, dans les champs, les pâturages et sur les coteaux, indépendamment de la formation géologique. Se trouve aussi en Asie occidentale. I] y aurait peut-être intérêt à faire remarquer que les cinq der- nières espèces de Zycæna présentent à un degré considérable les mêmes phases de variation. On trouve ‘des mâles de toutes ces espèces de Zycæna; plus ou moins pâles, foncés ou diaphanes; des femelles (excepté chez Ageszis) teintées ou envahies de bleu en dessus; des dessous enfumés, ou bien avec les taches allongées, confluentes, ou parfois manquantes. Dans ces cas, je pense que la tache centrale des ailes supérieures reste toujours intacte ». Il est bien intéressant de rapprocher les lignes qui précè-lent, et d’après lesquelles sur le continent Corydon ne se limiterait pas aux régions calcaires, des observations faites dans les départements du Morbihan et de la Loire-Inférieure où fut trouvée la Zycæna Corydon; c'est-à-dire à Lantillac (J. de Joannis. Lépid. du Mor- bihan; Ann. Soc. ent France, 1908, p. 601, 605 et 705) et aux environs de Nantes, où je ne crois pas que le terrain soit calcaire. Cependant Corydon est certainement bien plus abondant dans les régions calcaires que dans les autres où il n’a été observé qu'à l'état de très rare exception. Jamais encore je n'ai trouvé Corydon en Ille-et-Vilaine; mais il est possible que l'espèce existe quelque part, au mois d'août, notamment sur le territoire calcaire de Saint- Jacques-de-la-Lande, près de Rennes; je regrette de n'avoir pas encore eu l’occasion de rechercher Corydon dans cette localité, pourtant si voisine de ma résidence ordinaire. Relativement à Lantillac, localité où, suivant le P. de Joannis, une vingtaine d'exemplaires de Corydon ont été pris par M. Chabot, il n’y a pas un atome de terrain calcaire dans la commune. Les terres de Lantillac, contrée que l’un de nous a occasionnellement traversée et sur quoi nous avons reçu quelques LÉPIDOPIEROLOGIE COMPARÉE 270 renseignements, ne contiennent d'autre chaux que celle employée comme engrais par les laboureurs. Cet amendement y fait du reste merveille, précisément parce que la chaux apportée comble une lacune dans la constitution organique et naturelle du sol. D'ailleurs, le P. de Joannis ne dit point que lui ou son respectable frère a pris la Lycæna Corydon à Lantillac et il engage la res- ponsabilité de M. Chabot. Je ne voudrais en quoi que ce soit suspecter la véracité de personne; mais d’après l'aspect du pays, la présence de Corydon à Lantillac constituerait, à mes yeux, un fait entomologique très remarquable. Il serait essentiel que la présence de Corydon à Lantillac fût de nouveau constatée et que la forme de Corydon, dans ce pays, fût définie. Corydon offre, en outre des Aberrations déjà signalées ci-dessus, un certain nombre de curieuses variations. Ainsi il y avait, dans la collection Boisduval, une Q tout à fait semblable au c'; elle est entièrement gris argenté en dessus, avec la bordure des ailes, supérieures large, mais claire et formée d'une série marginale d’ocelles bruns intranervuraux, séparés, par une ligne gris argenté, d’une autre ligne brune qui descend du bord costal jusqu'au bord terminal: les inférieures sont bordées par une série moniliforme de points bruns intranervuraux, cerclés de gris argenté, puis de brun, surmontés de rouge aurore. Aux supérieures, on voit deux points discoïidaux noirs, petits, auréolés de blanchâtre. Je n'ai Jamais vu d'autre exemplaire Q semblable. Je lui ai donné le nom de Ab. Boisduvali. On trouve souvent chez les , notamment à Digne, cette même ligne gris argenté qui se remarque dans l’'Ab. Q Boisduval, et qui coupe en deux parties, la bordure marginale noirâtre, parallè- lement au bord externe. J'ai déjà traité dans la XX° livraison des Ezudes d'Entomologie, aux pages 10-22, des variations de la Lycæna Corydon et jai fait figurer sous le n° 29 de la PI. 3 de l'ouvrage précité, une superbe Aberration d de Corydon, prise par moi à Vernet-les-Bains, ayant le dessus des quatre ailes d’une belle nuance bleue très légèrement verdâtre, conforme au papillon représenté par Herrich-Schaeffer, 280 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE avec le nom de Polona, sous les n°® 432 et 433. Mon frère a pris, à Cauterets, un semblable exemplaire GO. Staudinger et Rebel, en rapportant Polona comme variété à Bellargus (Adonis), ont ajouté une erreur de plus à toutes celles dont leur Catalog 1001 se trouve émaillé. On ne peut réellement identifier qu'à ce Polona, Herr.-Sch,, les Corydon G' bleus des Pyrénées. Dans le Taurus et l'Eden, on trouve une forme analogue à celle de Vernet et de Cauterets; mais en Asie, il semble que Polona soit plutôt la règle, tandis que dans les Pyrénées, c’est l'exception. Lederer a distingué une variété bleue de Corydon, sous le nom de caucasica. Dans la XX* livraison des Æzudes d'Entomologie, J'avais rapporté à tort à Caucasica, V Aberration pyrénéenne bleue de Corydon; mais comme Lederer n’a pas figuré caucasica, il est difficile de se faire une idée très exacte de la variété caucasica en question. Je possède cependant quelques exemplaires étiquetés : caucasica. Ce sont des Corydon bleus pris à Borshom et d’autres que feu de Graslin avait reçus de Lederer lui-même. Ceux-là ont quelque chance de représenter la vraie Caucasica. La différence entre caucasica et polona, serait alors comme suit : caucasica est d’un bleu plus terne et moins brillant, avec le feutrage soyeux des ailes supérieures, en dessus, plus pâle; la bordure noire des supé- rieures est beaucoup moins large chez caucasica, Lederer, que chez polona, H.-S. (432). En Italie, Corydon présente une forme appelée apennina; je juge sur 300 exemplaires environ dont le plus grand nombre provient des hauteurs de Roccaraso et Palena. Sur la ligne de chemins de fer qui relie Naples à Rome, à 70 kilomètres de Naples, se trouve la station de Caianello d'où part une autre ligne passant à Isernia (46 kil. de Caianello), à Sulmona (120 kil. d'Isernia), à Aquila, etc. C’est sur cette ligne, entre Isernia et Sulmona, à 53 kil. de cette dernière ville, que se trouve Roccaraso dont l'altitude est d'environ 1.300 mètres. La gare de Palena est à 44 kilomètres de Sulmona et les hauteurs voisines de la station ont été, avec les environs de Roccaraso, le théâtre des chasses de M. Fabresse, en juillet et LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 281 août 1908. C'est donc vers le commencement de la chaîne de la Majella dont ces montagnes font sans doute déjà partie, que les Lycæna Corydon apennina, dont j'ai une série sous les yeux, ont été recueillis; les exemplaires paraissent plus petits que ceux de France; les G' sont, en dessus, d'un gris bleu argenté pâle; les quatre ailes sont fréquemment bordées d’une ponctuation intra- nervurale, noire. Les Q sont brunes, en dessus, avec quelques ocelles surmontés de rouge, le long du bord des ailes inférieures. Le dessous des ailes des o' est pâle et celui des Q, quoique d'un brun café au lait assez vif, semble moins obscur que chez les Corydon français. Aux environs de Florence, dans tous les bois et les endroits incultes, ainsi que je l'ai déjà fait connaître dans la notice consacrée à Bellargus, Corydon äbonde avec Bellargus (Adonis), à la fin de mai et au commencement de juin. J'ai été très étonné de trouver, dans les environs de Florence, une proportion relativement si grande de Corydon ayant, en dessous, spécialement sur Îles ailes supérieures, les taches noires ordinaires transformées en rayons. Je capturai une dizaine de Corydon-radiata, alors que J'avais le plaisir de parcourir des bois extrêmement pittoresques où les yeux jouissaient souvent d’un plaisir charmant. Des vues magnifiques, sur des vallées verdoyantes, s'ouvraient au fur et à mesure qu'on s'élevait au-dessus de la montagne sur le flanc de laquelle se trouve bâtie la petite ville de Fiesole. Je serai toujours recon- naissant à M. Roger Verity des jolies excursions où il voulut bien me diriger et m'accompagner aux environs de la belle cité florentine, aussi intéressante par son histoire et ses monuments que délicieuse par le charme de ses beautés naturelles. Florence est, sur cette terre, un véritable Paradis, aussi bien pour l’Artiste et l’Archéologue que pour le Curieux de la Nature. La race de Corydon, aux environs de Florence, diffère un peu de la race estivale de Roccaraso, Palena, Sulmona, Castellamare- di-Stabia (fin juillet 1908) et Monte-Majella où parvint enfin M. Fabresse, les 5 et 6 août 1908. Je suis redevable à M. le Comte Turati de quelques Corydon-apennina, pris en juillet 1907, au 282 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Gran-Sasso; ils ne diffèrent guère des exemplaires pris par M. Fabresse. Quant à la variété Rezniceki, Bart. prise au printemps, à Gènes, et dont je suis redevable à l’obligeance de M. le Comte Turati, elle est plus grande et plus robuste qu’'Apennina; le bord des ailes, en dessus, chez les ©, est plus fortement ponctuée de noir et les ocelles du dessous des ailes sont plus vigoureusement accusés. Les exemplaires qu'on trouve à Florence, au printemps, font assez bien la transition entre apennina et Rezniceht. Mais c'est en Espagne que les variations géographiques de Corydon sont plus sensibles. Dans les parties chaudes et relative- ment peu élevées de l’'Andalousie, à Grenade et à la Sierra-de- Alfakar, on voit voler en juillet, une race de Corydon, dite albicans, Herr.-Sch. (494, 405), figurée aussi par Gerhard, sous les n° 1 4, 1 6, 3 a, 3 d de la PI. 31; cette variété albicans est remarquable par la disparition de toute teinte ou reflet bleuâtre sur le dessus des ailes du ©, par l’oblitération fréquente de toute bordure noire des ailes, en dessus, et par la teinte brun clair, sans aucun vestige bleuâtre ou argenté, en dessus, de la ©. Dans la Sierra-Nevada, à une certaine altitude, les Corydon d, sans être teintés d’un bleuâtre aussi prononcé qu'en Italie ou dans le sud de la France, sont cependant bien différents des albicans de la région andalouse plus basse et que calcinent les rayons du soleil de l'été. À l’Escorial, il y a une race de Corydon plus petite qu'en Andalousie, où cer- tains exemplaires atteignent une très grande taille. Mais cette race de l’Escorial est d’un gris argentin dépourvu de reflet bleuâtre et d’un ton plus jaunâtre peut-être qu’à la Sierra-Nevada. Pour la couleur du fond, la race de Corydon, à l'Escorial, consi- dérée dans l’ensemble de ses exemplaires, me paraît à peu près intermédiaire entre l’albicans de Grenade et Corydon des hauteurs au-dessus de Huejar. Herrich-Schaeffer a figuré avec le nom d’#ispana, sous les n°* 500 et so1, une petite race de Corydon que M. Fabresse a prise à Albarracin, en juillet et août 1907. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 283 Albarracin, localité espagnole, célèbre dans les fastes entomo- logiques de la péninsule, se trouve situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Teruel. La rivière Guadalaviar (ou bien : el Turia) qui passe à Valencia, à Teruel et Albarracin, se continue dans la direction ouest de cette localité. C’est en remontant cette rivière, c'est-à-dire en se dirigeant vers l’ouest et en remontant un peu vers le nord, qu’on arrive à la Sierra-Alta. Cela se trouve à environ 25 kilomètres d'Albarracin. La région nommée Sierra-Alta, se trouve entre deux villages, dont l’un s'appelle Bronchales. L’alti- tude de Sierra-Alta atteint jusqu'à 1,600 mètres. M. Fabresse a pris, dans ce pays, une cinquantaine de Corydon qui appartiennent à la même race 2spana que les Corydon d'Albarracin. La race Zispana est plus blanche et moins bleuâtre que la race ordinaire des Pyrénées françaises et espagnoles (Vernet-les-Bains, Cauterets, Potes). Elle a le bord brun des ailes supérieures souvent divisé en deux bandes égales, par une ligne de la couleur du fond, qui descend du bord costal au bord interne; de plus, elle se dis- tingue par sa belle ponctuation intranervurale, le long du bord terminal des ailes inférieures et même des ailes supérieures, en dessus; elle se trouve non seulement en Espagne, mais aussi en France à Saint-Paul-de-Fenouillet où mon frère a trouvé, en Juillet 1904, une race remarquable, très distincte des autres races françaises et ne se différenciant réellement d’Æispana que par une taille plus grande. À Tijola (Almeria), Corydon est semblable à la race de l’Escorial. En Catalogne, Corydon se rapproche de la forme de Vernet-les-Bains, dans les Pyrénées-Orientales. En Castille, aux environs de Madrid, les © Corydon tendent à avoir le fond des ailes, en dessus, plus clair, comme si la teinte brune était fugace et laissait paraître, sur le disque des ailes, des espaces ou des stries blanchâtres. Les ocelles marginaux chez la Q castillane sont parfois très largement surmontés d'orangé; le O' aux environs de Madrid est d’un blanc jaunâtre, comme à Grenade et à l’Escorial, c'est-à-dire : albicans, mais d’un faciès différent. Les figures d’Arragonensis données par Gerhard sous les n° 1 4, 1 0, 1 c, 1 d de la PI 32, me paraissent, quoique dessinées et enlu- 284 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE minées sans finesse, se rapporter à peu près à la race de Corydon de l’Escorial. La figure de Corydonius, H. S. (595, 596) grande et d’un bleu clair chatoyant chez le G', représente la race d'Amasieh. Feu Alexandre Constant avait autrefois trouvé à Saint-Tropez, en mai, une race de Corydon dont je me souviens d’avoir vu chez lui, en sa villa Niobé, à Golfe-Juan, une très nombreuse série d'exemplaires. J'avais été frappé, en examinant ces Corydon prin- taniers de Saint-Tropez, par la vigueur de la teinte rouge orange qui, chez la plupart des Œ, surmontait les taches ocellées, intraner- vurales, le long du bord terminal des ailes inférieures, en dessus. Cette couleur rouge orange est pourtant un ornement formant plutôt l'apanage des © que des G'; on peut trouver partout des Cory- don Œ avec un soupçon de rouge près des ocelles marginaux des ailes inférieures, comme on rencontre des Ægon-rufolunulata; mais à Saint-Tropez, il semble que la coloration rouge soit la règle plutôt que l'exception, chez les Corydon qui y éclosent au prin- temps et y ont par conséquent deux générations par an; alors qu'il y a pour Corydon une seule éclosion d'été dans les plaines et les montagnes des autres régions de la France. M. le Docteur-Professeur Reverdin, de Genève, a retrouvé à Pardigon, dans le Var, en avril 1908, la même forme avec ocelles des ailes inférieures sur- montés de rouge, que feu Constant avait prise jadis à Saint- Tropez. Certains G' de cette variété remarquable ressemblent, en dessus, aux © syngrapha (mariscolore) et surtout à la Q que j'ai appelée Porsduvali. Le dessous des ailes, chez les ©, est d’un gris beaucoup plus foncé que dans les autres races. M. Reverdin mentionne la cap- ture des Corydon faite par lui, dans le Var, aux premiers jours d'avril, à la page 280 du Bulletin de la Société lépidopt. de Genève. De son côté, M. H. Powell a récolté un grand nombre d’exem- plaires de la même race de Corydon, dans la forêt du Dom (Var), au commencement du mois de mai 1900. Non seulement cette race LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 285 est remarquable, ainsi que je l'expose ci-dessus, par la coloration rouge orange qui dans quelques exemplaires O' surmonte les ocelles intranervuraux, le long du bord externe des ailes inférieures, en dessus, mais encore par la teinte gris foncé du dessous des ailes. Cette teinte gris foncé du dessous des ailes est encore plus carac- téristique que la coloration rouge orange qui accompagne, en dessus, les ocelles marginaux des ailes inférieures, parce qu’elle est cons- tante pour tous les Corydon G pris à la forêt du Dom et dont j'ai 38 exemplaires sous les yeux. Je possède 14 Q de la forêt du Dom; elles sont brunes avec une coloration orange plus ou moins accentuée, le long du bord externe des quatre ailes, mais surtout des inférieures, en dessus. Le dessous est d’un brun assez obscur. La race de Marseille et Saint-Zacharie, sensiblement plus grande, également ornée parfois d’une coloration rouge orange chez Îles of le long du bord externe des ailes inférieures, en dessus, quoique habitant une région bien voisine de la forêt du Dom et de Par- digon, mais éclosant en Juillet et août, est, en dessous plus encore qu'en dessus, tout à fait distincte de la forme printanière du département du Var. On trouve en France de fort belles races de Corydon dans les Alpes-Maritimes; à Vernet-les-Bains; dans le Lot-et-Garonne, dans l'Hérault, etc. Je connais aussi Corydon de la Lozère, de l'Isère, de l'Aveyron, des Hautes et Basses-Alpes, de la Savoie, de l'Ariège, des Hautes-Pyrénées, de la Dordogne, des Charentes, du Doubs. Dans toute la région qui est au sud de la Garonne et à l'est du Périgord, il me semble que les Corydon Q sont très généralement brunes, en dessus, sans aucune trace de bleu argenté et sans donner la variété syxgrapha. La forme © syagrapha paraît donc limitée au bassin de la Seine (Rouen, Paris) et aux départements de l'Ouest jusques et y compris la Dordogne et la Gironde. Cependant cette limitation est actuellement très difficile à définir exactement et on comprend que je ne puisse donner à cet égard qu'un rensei- 286 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE gnement général, puisque l'exploration entomologique d'un si grand nombre de départements français reste encore à faire sérieusement. Corydon est une des plus jolies Lycæna qui égayent, pendant l'été, les campagnes sèches et calcaires de la France et le bord des chemins dans les montagnes. C’est toujours pour moi un plaisir délicieux de voir en juillet et août, Corydon © voltiger, en nombre quelquefois si considérable, le long des chemins, près des fossés où coule un ruisseau d'arrosage. S'il y a une flaque humide sur le sentier, Corydon Sy repose quelquefois en masse; de même dans les villages, autour de la fontaine d’où chacun, en allant puiser l’eau nécessaire, laisse tomber sur la place publique de quoi produire un élément permanent d'humidité. Alors les Corydon se pressent en foule durant les jours chauds de l'été, - autour du sol fraîchement mouillé. Mais on les voit aussi en grande quantité, reposés ou voltigeant sur les fleurs de sedum et d’origan, leur abondance jointe à leur grâce et à leur beauté, donne au paysage une animation dont je me trouve toujours heureux d’être le témoin. Lycæna Bavius, Eversmann. Espèce de Russie, représentée en Algérie par la race que j'a décrite et figurée dans la XII[° livraison des Æzudes d'Entomologie, avec le nom de Fatma, d'après deux exemplaires représentés sous les n° 50 et 51 de la PI. 7 et que feu Staudinger avait capturés en 1887, dans le Djebel-Aurès. Je ne crois pas que Fatma ait été retrouvée depuis le voyage de Staudinger dans la province de Constantine. Lycæna Orion, Pallas. La jolie Lycæna Orion ne se trouve en France, d’après ce que Je connais, qu'aux environs de Thiers (Puy-de-Dôme), de Vernet- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 287 les-Bains (Pyrénées-Orientales) de Draguignan, de Nice et La Turbie (Alpes-Maritimes), où elle vole en mai et juin. M. Arnold Wullschlegel me l’a envoyée de Martigny (Valais) où il paraît qu’elle a deux générations, la première au printemps et l’autre en été. Je l'ai prise au bord du lac de Côme, dans le jardin de la villa d'Este, en juin 1907, et mon frère l’a observée à Fusio (Tessin). Aux environs de Vernet-les-Bains, Orion éclôt seulement au mois de mai et au commencement de juin; je ne l’ai jamais rencontrée en été. Elle vit par groupes d’un petit nombre d’exemplaires, notamment dans les terrains ferrugineux ou dans les schistes. Je l'ai vue dans le bois que feu de Graslin appelait : Pinats, mais qui porte, je crois, actuellement un autre nom. D'ailleurs ce bois, localité excellente pour les papillons, a été bien diminué et changé d'aspect, depuis que je le connais, par la ligne ferrée qui le tra- verse et par les excavations nombreuses pratiquées çà et là en vue de la recherche des mines. J'ai aussi trouvé Oyion, dans les Pyrénées- Orientales, près de Villefranche-de-Conflent, vers la vacherie du parc de Vernet et le long du chemin en lacet qui conduit à l’ancien monastère de Saint-Martin-du-Canigou. Il y a chez Orion plusieurs races très distinctes : d’abord celle des Pyrénées-Orientales qui est relativement petite et chez laquelle les deux sexes sont ornés d’un semis d'écailles bleu foncé formant une guirlande submarginale et répandues par places sur le dessus des ailes. La race des Alpes-Maritimes est à peu près semblable à celle des Pyrénées-Orientales; mais celle d'Auvergne semble être plus grande; malheureusement je ne possède du Puy-de-Dôme qu’une seule paire qui fut prise à Thiers, par feu Guillemot, il y a bien longtemps, et je ne me trouve pas assez documenté pour pou- voir disserter sur l’O7ion de l'Auvergne. Une seconde race chez laquelle les ailes des deux sexes sont en dessus, entièrement noires, se trouve au Valais. Enfin dans la Haute-Italie, il y a une forme intermédiaire entre celle des A:pes- Maritimes et la race noire valaisanne. La base et le bord marginal des ailes y sont ornés d’atomes bleus, en quantité moindre que 288 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dans les Alpes-Maritimes et que dans les Pyrénées, mais en quan- tité plus grande qu'aux environs de Martigny. En outre de ces formes européennes, il y a en Mandchourie, à l’île Askold et à Sidemi, une forme à laquelle Staudinger a donné le nom d'ornata et qui se distingue par le semis plus abondant et surtout par la couleur plus claire des atomes bleus qui sont saupoudrés sur le dessus des ailes. Orion habite aussi l'Autriche et la Hongrie; mais ma collection contient un très petit nombre d'exemplaires de ces contrées et sans localité précise. Esper, quoique connaissant la description d’'Orion par Pallas, a figuré avec le nom de 7elepha, sous le n° 2 de la Tab. XLI, un © avec du bleu à la base des ailes, et sous le n° 5 de la Tab. XCIV, une Q noire. Huebner de son côté, représente avec le nom de Battus, sous les n° 328, 320 et 330, les deux sexes, avec un semis d’atomes bleus, comme on le remarque chez la race de Vernet-les-Bains, et sous les n° 8or et 802, avec le même nom de Battus, la forme noircissante, telle qu'on la remarque aux bords du lac de Côme. Si on donne le nom de Oyion à la race observée par Pallas, en mai € in campis aridis circa Sisranum » et qui, en dessus, a les ailes poudrées de bleu (alæ supra fuscæ; disco cæruleo pulveratæ..…), je crois, bien que la figure manque pour nous fixer avec certitude, qu'on peut appliquer ce nom également à la forme des Pyrénées- Orientales et des Alpes-Maritimes; cependant le nom de Pañfus, Huebner (328, 320 et 330) lui conviendrait écalement et d'autant mieux que la figure existe, fort bien exécutée, pour nous éclairer. Le nom de Telephi, Esper conviendrait à la race chez laquelle la © (ig. 5; Tab XCIV)estnoratre et le(Ci (he 2h ES EN est poudré de bleu. Et quant au nom de Baftus, Huebner (807 et 802) bien que s'appliquant parfaitement à la race sombre des bords du lac de Côme, il est plus difficile d’en tirer parti, puisque le même nom a déjà été employé pour les n°“ 328, 329 et 330 qui constituent une race différente. Wheeler, dans Te Butterflies of Switzerland, appelle var. #1gr9, la race valaisanne entièrement noire chez les deux sexes. Pour ceia, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 289 il n'y a pas d'hésitation; mais pour le reste, quelle confusion sommes-nous encore obligés de constater dans la nomenclature ! Il faut cependant pouvoir désigner, en évitant tout malentendu, les diverses races d’Orion et voici comment Je propose d'établir les noms distinctifs de ces races diverses de l'Europe occidentale. \ Orion, Pallas. Battus, Huebner (328, 320, 330); les deux sexes poudrés de bleu | foncé; Pyrénées-Orientales, Alpes-Maritimes. Melephe, Esper (OU Tab. XL; fig 2: O Tab" XCIV; fe L); le C' poudré de bleu, la Q noirâtre; Autriche. Battus, Huebner (801, 802); les deux sexes plus obscurs et plus grands que chez Telephü,; Cernobbio (Haute-Italie). Nigra, Wheeler (Buft. Switz; p. 40) « the blue has almost, often quite, disappeared; © much larger and rather browner than O' »; Martigny (Valais). Lycæna Abencerragus, Pierret. La Lycæna Abencerragus d'Algérie, est à l'espèce européenne Baton ce que Cœnonympha Arcanioïdes, Pierret, également d'Al- gérie, est à Cænonympha Arcanius, Linné, d'Europe. On trouve Abencerragus dans les trois provinces d'Alger, de Constantine et d'Oran, en avril, mai et juin. Abencerragus éclôt même quelquefois dès la fin de mars. Je l'ai prise à Lambèse, en avril 1867; Je possède des exemplaires recueillis à Khenchela, Alger, Daya, Sebdou. En dessus, le G' a les ailes saupoudrées d'un semis plus ou moins épais d’écailles bleues; la Q est généralement beaucoup plus obscure et plus grande; le fond de ses ailes est noirâtre; elle présente généralement un feston de croissants bleus intranervuraux, le long du bord extérieur des ailes, et vers la base, elle est fré- quemment poudrée de bleu. Les taches ocellées noires sont très réduites sur le dessous des ailes inférieures dont le fond est gris clair. 19 200 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Baton, Bergstraesser. Sur la Tab. 60 de son ouvrage : Nomenclatur und Beschreibung der Insecten in der Grafschaft Hanau-Muensenberg etc, publié en 1770, le Professeur de Philosophie et Recteur de l'Ecole évan- gélique luthérienne latine de Hanau, Joh. Andr. Benignus Berg- straesser a figuré d’une manière très reconnaissable avec le nom de Baton, l'espèce de LZycæna que Huebner a représentée, un peu plus tard, mais avec infiniment plus de finesse, sous les n° 325, 326 et 327 et à laquelle il a donné le nom de //ylas adopté ensuite par Boisduval, Godart et Duponchel. Baton n'existe pas en Angleterre, ou bien elle n’y existe plus depuis très longtemps; car il ne semble pas que les plus anciens auteurs anglais en aient gardé quelque souvenir. Wood, dans son livre pourvu de figures si intéressantes : /ndex entomologicus or a complete illustrated Catalogue of the Lepidop- terous Insects of great Britain, London 1845 et 1855, cite bien le Polyommatus Chryseis (Purple-edged-Copper), capturé autrefois dans les marais d'Essex et de Sussex, le Cœnonympha Hero (Silver-bordered-Ringlet) trouvée jadis à Ashdown-Forest, et tant d’autres Lépidoptères maintenant éteints en Angleterre, mais plus ou moins vraisemblablement habitants de la Grande-Bretagne, il y a bien longtemps, avant l'extinction de Polyommatus dispar; Wood ne mentionne cependant Baton d'aucune manière. Pourtant Baton se trouve en Bretagne (Morbihan et Ille-et-Vilaine) dans des places dont la flore et le climat, comparativement à la grande Ile qui nous avoisine, ne doivent pas être très sensiblement différents. Baton a été fréquemment observé par nous en mai et en août, à Laillé et à Monterfil (Ille-et-Vilaine) et à Caden (Morbihan). M. de Joannis cite l'espèce des environs de Vannes (Contribution à l'étude des Lépid. du Morbihan; Ann. Soc. ent. France, 1008) dans les termes suivants : « Première éclosion à la fin de mai, et le papillon se prend alors dans les prairies; deuxième éclosion, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 201 fin de juillet à septembre et se trouve alors dans les landes. Commun certaines années ». En outre des localités bretonnes, ma collection contient des exemplaires recueillis à Digne, Cauterets, Charroux (Vienne), Dompierre-sur-Mer (Charente-Inférieure), Angoulême, Uriage (Isère), Paris, Cannes, la Turbie et diverses localités des Alpes-Maritimes, Hyères, Vernet-les-Bains, Vallon de Saint-Pons (Bouches-du-Rhône), Aix-en-Provence, Lioran (Cantal), Ryffelalp, Jura bernois, Corse, Sicile, Cerchio (Abruzzes), Villa- viciosa-de-Odon, Madrid, Barcelone, Grenade, Akbès, Broussa (Asie-Mineure), Nord-Cachemire, Turkestan. On peut distinguer trois races de Baton; celle de l'Europe cen- trale; celle d'Espagne et celle de Turkestan. En France, en Suisse, en Corse et en Sicile, le © est d’un bleu clair, en dessus, avec un trait discoïdal noir sur chaque aile, une bordure de taches ocellées noires, intranervurales, très fines, le long du bord externe des ailes et un liséré marginal noir; la frange est blanche, entrecoupée de noir. En dessous, les ailes sont gris clair, parsemées de taches noires assez grosses; les inférieures sont bordés de taches jaune orange comprises, chacune, entre deux points noirs. La Q a le dessous des ailes noirâtre, plus ou moins parsemé d’atomes bleus. Les ocelles noirs, le long du bord externe des ailes sont plus foncés que la teinte du fond et quelquefois surmontés aux inférieures de croissants gris bleuâtre, blanchâtres ou même jaunes. Les taches noires du dessous des ailes se transforment parfois en rayons; je possède un GC très bien rayonné, pris par A. Coulet, aux environs le Digne, pendant le printemps 1901 et nous avons capturé un Œ analogue à la Trancada d’Ambouilla (Pyrénées-Orientales), en mai 1886. En Espagne, la variété géographique Panoptes, Huebner (670, 671, 672, 673) se distingue par la suppression des taches jaunes comprises entre les points noirs, le long du bord externe des ailes inférieures et par la couleur plus foncée, en dessous. De plus, la © Panoptes a généralement le fond des ailes plus noir et moins bleuté, en dessus, que la forme Baron. À Vernet-les-Bains, on trouve 202 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE des exemplaires référables à Panoptes; mais la grande majorité a les taches jaunes qui caractérisent Baton. Quant à la race du Turkestan, elle est en dessous d'un gris plus blanchâtre et en dessus d’un bleu plus pâle et plus grisâtre qu'aucune des autres races. Staudinger a désigné la forme de Samarcand avec le nom de clara. Baton est un gracieux petit papillon qui aime à voler près de terre et à se reposer sur les fleurs de thym. Dans les landes de Monterfl, Baton est très localisé; son vol y paraît plus vif et plus rapide que dans les garrigues des Pyrénées-Orientales où les touffes nombreuses de Dorycnium suffruticosum et de Thymus vulgaris le sollicitent à de fréquents repos. En Ille-et-Vilaine, Baton affectionne les parties élevées, sèches et arides des landes et je ne l’ai jamais vu dans les lieux où la végétation des bruyères est puissante et bien fournie, tandis que Argus et Tiresias préfèrent ces localités pour y élire domicile. Baton vit chez nous aux mêmes lieux que Sesza urocertformis- armoricana et sa chenille doit également vivre dans les lex. À propos de la Zycæna Tiresias, Jai exposé l'intérêt qu'offrait la comparaison de l'habitat printanier et estival de 7%restas et de Baton, en Ille-et-Vilaine et en Morbihan. Je prie le lecteur de vouloir bien s’y reporter. Une bien jolie Zycæna thibétaine que j'ai appelée Zanfy, semble être une race magnifiquement agrandie de Baton. Feu Monsei- gneur Biet, lorsqu'il m'a fait jadis l'honneur d'être mon hôte à Rennes et à Cancale, m'a souvent parlé de la flore des montagnes de Tâ-tsien-Lou, comparée à celle des Alpes d'Europe. Un des membres éminents de la Mission catholique du Thibet, — la seule mission chrétienne qui ait d’ailleurs réussi à s'implanter sur cette terre barbare et inhospitalière, — était le Père Soulié, bota- niste de la plus grande compétence à qui le Muséum national d'histoire naturelle de Paris est redevable des plus précieuses collections. Le Père Soulié, d'après ce que m'a souvent dit Monseigneur Biet, a remarqué maintes fois, la différence remar- quable du développement de certaines espèces de plantes thibé- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 203 taines, comparativement à ce qui se présente pour elles dans les Alpes de Suisse et de France. | Il en est de même dans les Lépidoptères pour le Zeplyrus betule et pour la Zycena Baton-Lanty. Staudinger et Rebel ont transformé dans leur Catalog 10901 le nom de Zauty en Lantyr, comme celui d'Orleans en Orleansi, sous le fallacieux prétexte de correction grammaticale. Pourquoi les mêmes auteurs ont-ils donc laissé subsister le nom Goante qui désigne un homme, et ne l'ont-ils pas habillé en Goantei? Tant qu'à faire, il faut être conséquent avec soi-même et étendre le bénéfñce de ses savantes corrections jusqu'aux temps les plus reculés, même jusqu'à Esper, s’il y a lieu. Lycæna pyrenaica, Boisduval. C’est une espèce absolument distincte d'Orbitulus; aussi diffé- rente de cette dernière qu'A7gus est différente d'Ægon, que Bellargus (Adonis) l'est de Corydon, qu'Euphemus Vest d'Alcon ou d’Arcas (Erebus), que Cyllarus l'est de Melanops. Je me demande au moyen de quel sentiment que la bonne foi, en tous les cas, ne paraît pas suffisamment guider, Staudinger et Rebel, dans leur Catalog 1901, se sont obstinés, malgré toutes les raisons péremp- toires qui leur avaient été préalablement servies, à rattacher pyre- naica comme variété à Orbitulus. S'entêter à soutenir une opinion évidemment fausse n’a jamais été la preuve de la rectitude du jugement, ni de l'élévation du caractère. Commettre une mesqui- nerie est une faute; car les imprescriptibles droits de la vérité et de la saine raison finissent toujours par prévaloir et par triompher. Je prie le lecteur de se reporter aux figures comparatives d'Orbz- tulus et de pyrenaica que j'ai publiées dans la VIIT* livraison des Etudes d'Entomologie. Il y a deux races distinctes de pyrenaica, celle des Hautes- Pyrénées françaises et celle des Pyrénées espagnoles, aux Picos-de- Europa. Le d de la race espagnole que j'ai appelée As/wriensis, 204. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE se distingue par la série des éclaircies intranervurales blanchâtres sur le fond gris, qui longent le bord marginal des quatre ailes, en dessus. Le fond des ailes, chez la race des Hautes-Pyrénées (Gavarnie et Cauterets) est depuis la base jusqu’au bord terminal, d'un gris beaucoup plus uniforme. De même la ©, dans les Pyré- nées françaises, est très obscure et presque sans éclaircie; on voit seulement le point noir discoïdal des supérieures se détacher nettement sur le fond brun noirâtre des ailes et l’on aperçoit quelque légère pulvérulence d’un blanc grisâtre, le long du bord terminal des ailes inférieures en dessus. Dans la race espagnole, le bord des quatre ailes est orné de macules ou de chevrons blanchâtres et le point noir discoïdal des supérieures est finement cerclé de blanc; le point discoidal des inférieures est apparent et souvent lui-même liséré de blanchâtre, ainsi que l'indique la figure 10 de la PI. I de la VIII livraison des Etudes d'Entomologie. Le dessous des ailes inférieures est d’un brun plus foncé chez les Q que chez les Œ, où il reste habituellement d’une nuance ocracée très pâle. Il n’y a généralement aucune apparence d’ocelle noir au mulieu des éclaircies blanches du dessous des ailes infé- rieures, chez la Lycæna pyrenaica; au contraire, l’ocellation noire du dessous des ailes supérieures est très accentuée. Dans les Asturies, pyrenaca est très abondante sur les gazons ras entremêlés de petites pierres, de même que M. P. Rondou l’a observé dans les Pyrénées françaises. Nous n'avons jamais vu la Lycæna pyrenaica dans les Pyrénées-Orientales où nous croyons qu'Orbifulus vit seul, tandis que dans les Hautes-Pyrénées, les deux espèces ne se trouvent pas très éloignées l’une de l’autre, tout en ayant, chacune, un habitat spécial. Lycæna Orbitulus, Esper. N’existe pas en Ecosse où vivent cependant la Zygæna exulans et l’Anarta melanopa qui, dans les Alpes se rencontrent à peu près dans les mêmes localités que la Lycæna orbitulus et même un peu plus haut. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 295 Très répandue dans les Hautes-Alpes, à une altitude d'environ 1.800 à 2.600 mètres; commune à Ryffelalp (Valais), à Larche, au col du Mont-Genèvre, au Lautaret, à Beauvezer, à Enchastrayes, à Allos, à la prairie du Mont-Pelat, au col de Lure, etc., dans les Alpes françaises; plus rare dans les montagnes au sud de Mont- louis-sur-Têt, appelée Cambrès-d'Ase; près de l’arête nord du Mont-Canigou et à Pla-Guilhem (Pyrénées-Orientales); assez abondante dans certaines places des Hautes-Pyrénées, notamment aux environs de Gavarnie et autour du lac de Gaube; se trouve aussi en Herzégovine, en Laponie, et dans l’Amérique polaire. Les Lycæna américaines 7#s/1ca, Edwards; Vestos, Boisduval ; Podarce, Felder, ne me semblent pas être spécifiquement distinctes d'Orbitulus. Huebner a figuré Orbitulus d, des Alpes, avec le nom de Meleager, sous les n° 761 et 7062. L'Espèce varie comme toutes les Zycæna par la transformation en rayons noirs des ocelles des ailes supérieures, en dessous. En outre, certains exemplaires ont le dessous des ailes inférieures entiè- rement privé de ponctuation noire; le fond des ailes reste alors uniformément d’un brun jaunâtre plus où moins clair ou foncé sur lequel la tache discoïdale ordinaire et le bord des ailes se détachent généralement en blanc. Huebner a figuré sous le n° 841, un exem- plaire de cette Aberration qui est analogue à Cénnus. Le O' a le dessus des ailes saupoudré d’atomes d’un gris argenté bleuâtre, sur un fond brun noirâtre; la Q est brune, avec la frange blanche et le point discoidal noir, quelquefois liséré de blanchâtre. À Zermatt, et dans les Basses-Alpes, on prend parfois des Q montrant une série extracellulaire, légèrement courbe, de taches intranervurales blanchâtres sur le dessus des ailes supérieures. La forme est à peu près la même dans les Pyrénées-Orientales et dans les Alpes; mais dans les Hautes-Pyrénées, 1l y a une race sensiblement plus grande et d'aspect plus robuste; Staudinger l'a appelée : Oberthiüri. J'ai sous les yeux plus de deux cents Oôer- thüri et plus de trois cents Orbitulus. Il est évident qu'il y a des Oberthiüri tout à fait semblables à des Orbitulus; mais il est évident 206 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE aussi que la race Oberthuri, considérée dans son ensemble, est très distincte des autres formes alpine et pyrénéenne d’'Orbitulus. Orbitulus présente souvent le long du bord terminal des ailes inférieures, en dessus, une jolie rangée de taches arrondies, intra- nervurales, de couleur plus claire que le fond, centralement ponc- tuées de noir; les Q paraissent moins nombreuses que les Œ et lorsqu'une © se trouve quelque part posée sur une petite plaque de terre humide, pendant les heures chaudes du jour, il y a quel- quefois tout un essaim de © autour d'elle. Plusieurs fois, sur le bord du lac de Gaube, le long du sentier que suivent les bêtes de somme pour aller dans la direction du Vignemale, j'ai recouvert de mon filet un petit espace de terrain sur lequel un nombre souvent considérable d'exemplaires d’Oybrtulus-O berthiri se tenait reposé. Je me souviens d’en avoir ainsi capturé, d’un seul coup, une cinquantaine d'individus. Il se trouvait une seule © dans ce nombre. Fréquemment, les G' offrent d'intéressantes variations, telle que celle représentée sous le n° 200 de la PI XL. Orbitulus éclôt une seule fois par an et vole en juillet et au commencement d'août, comme pyrenaca. Je crois que les Orbitulus du côté de Gavarnie sont de moins grande taille qu'autour du lac de Gaube et c'est dans cette localité très restreinte que J'ai pris les exemplaires les plus développés. Je considère, en effet, parmi les échantillons qui sont rangés dans ma boîte, certains spécimens remarquablement grands; ils pro- viennent tous des bords du lac de Gaube. J'a publié de bonnes figures d’'Orbitulus-Oberthiri sous les n® 8 et o de la PI. I, de la VIII° livraison des Etudes d'Ento- mologie et comme je le rappelle dans la notice relative à pyrenaica, J'ai écrit une courte étude sur Orbitulus et pyrenaica comparées ; ces observations se trouvent imprimées aux pages 16 et 17 de cette VIIT* livraison. Je juge inutile d’en reproduire ici les termes aux- \ quels je n’ai du reste rien à changer. te qu LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 207 Lycæna Pheretes, Huebner. Huebner a figuré Peretes, qu'il avait d’abord décrite sous ce nom, avec le nom nouveau d’A/ys, le G' sous les n° 495 et 496, la Q sous les n° 548 et 549. C’est au Thibet que la Zycæna Pheretes, Huebner, parait être plus abondante, plus grande et plus robuste. Les chasseurs chinois et thibétains des environs de Tâ-tsien-Lou récoltent chaque année une assez grande quantité de Peretes qui ne diffèrent de ceux des Alpes d'Europe et de Laponie que par leur dimension un peu plus grande. Pheretes s'élève très haut dans les Alpes; Je l'ai prise au Ryffelberg, aux environs de 2.800 mètres et au Lautaret; jen possède des exemplaires capturés près de Larche, d'Enchastrayes, d'Allos et du Mont-Pelat dans les Basses-Alpes. PAeretes n'a pas été trouvé dans les Pyrénées. Les Of, en dessus, sont d'un joli bleu céleste, avec un fin liséré noir terminal et la frange blanche. Dans les montagnes thibétaines, la bordure noire est plus accentuée, surtout aux ailes inférieures qui paraissent avoir des points ou des chevrons noirs intranervuraux, soudés à la bordure. Les ©, au Thibet, sont d'un noir profond, en dessus, tandis que dans les Alpes d'Europe, leur teinte est moins foncée et se trouve parfois atténuée au moyen d’une pulvérulence bleuâtre près de la base des ailes. En dessous, les points blancs des ailes inférieures sont aveugles; mais les ailes supérieures gardent ordinairement une série droite de petits points noirs cerclés de blanc; ces points noirs peuvent cepen- dant faire complètement défaut. L'Aberration waloyenses n'a plus, sur le fond uni du dessous des ailes, que les points discoïdaux : noir aux supérieures et blanc aux inférieures. PAeretes éclôt une seule fois par an, en juillet. L'espèce se plaît sur les gazons ras entremêlés de pierres. La race de Pheretes, au Thibet et au Vunnan, a souvent le dessous des ailes inférieures d’un blanc verdâtre ou jaunâtre, sur lequel les taches blanches ordinaires se détachent à peine. Leech 208 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE a observé aussi que PAeretes en Asie diffère un peu de la race européenne. Je distingue Peretes de Tà-tsien-Lou par le nom de tatsienluica. Je profite de la publication du présent ouvrage pour faire connaître deux nouvelles Zycæna du Thibet, dont l’une se place au proche voisinage de PAereles. Ces deux espèces nouvelles sont figurées sous les n° 300 et 303 de la PI. XLI du présent ouvrage; elles appartiennent toutes les deux à la faune paléarctique. Lycæna Amphirroë, Obthr. (PI. XLI; fig. 300). Taille de Peretes; les deux sexes sont entièrement d’un brun noir uniforme en dessus, avec la frange longue et blanche et les quatre points discocellulaires blancs. Le fond du dessous des ailes inférieures est blanc, avec une bande médiane d’un brun ocracé qui traverse les ailes, depuis le milieu du bord anal jusqu’au bord costal; 2 taches ovalaires blanches, de la couleur du fond, se trouvent entourées par la couleur ocracée; l’une est contiguë au bord costal, l'autre est immédiatement au-dessous de celle-ci. La base et le milieu des supérieures est d’un brun très pâle, avec le point disco- cellulaire blanchâtre; une série d’ocelles gris cerclés de blanc, plus ou moins nettement écrits, descend du bord costal et forme une ligne brisée dans l’espace extracellulaire; le bord terminal est lar- gement teinté de blanc avec quelques taches grisâtres situées en série assez droite, parallèlement au bord terminal. Le bord externe des ailes inférieures est légèrement ondulé. Le corps est noir en dessus, blanc en dessous; les pattes sont blanches; les yeux sont cerclés de blanc. La Zycæna Amphirroë vole aux environs de Tâ-tsien-Lou; elle est très jolie dans la simplicité de sa teinte et de ses dessins. Je lui ai donné le nom mythologique d’une des Nymphes de l'Océan. Je crois qu’elle est rare. Je possède seulement 17 exemplaires. k | LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 209 Lycæna Lamasem, Obthr. (PL XLI;, fig. 303). Le Dalai-Lama ou Lama-Sem, connu sous le nom de grand Lama, est le chef de la religion des Tartares idolâtres qui le considèrent comme leur dieu vivant. Il habite un couvent célèbre situé sur le sommet d’une haute montagne. Les environs sont peuplés d'une prodigieuse quantité de prêtres de cette prétendue divinité, nommés Lamas. Le grand Lama n’expose pas sa dignité au grand jour; il sort rarement de son palais et se tient renfermé dans le temple où il reçoit des Lamas les hommages dus à l’Etre- Suprême. La petite Lycæna que j'ai appelée Larmasem habite dans les hautes montagnes du pays thibétain soumis à l'influence des Lamas. C’est une espèce très délicate, d'aspect sombre en dessus, et décorée, en dessous, d’ocelles blancs dépourvus de pupillation noire. Chez les deux sexes, le dessus des ailes est noir; la frange est blanche, entrecoupée de ‘brun; un glacis soyeux et présentant un reflet un peu bleuâtre ou violacé, se remarque à la base des ailes. En dessous, le fond des ailes est d’un brun grisâtre; un trait blanc en forme de clou, occupe chaque espace cellulaire; le bord des ailes est orné d’une série intranervurale de points blancs dont la forme est arrondie; et, entre les espaces cellulaires et cette série marginale de macules blanches, on voit une série de points blancs, ovales, décrivant une sinuosité sur chaque aile, et descendant du bord costal des supérieures au bord anal des inférieures. Le dessus du corps est de la couleur foncée des ailes; le dessous est d’un gris blanchâtre. L'espèce est rare; ma collection contient seulement 14 exem- plaires recueillis par les chasseurs thibétains à Ta-Ho, au Thibet, et par les collecteurs de Tâ-tsien-Lou, sans doute dans les mon- tagnes voisines de cette ville frontière de la Chine, à l'entrée orien- tale du Thibet. 300 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Optilete, Knoch. August Wilhelm Knoch a publié à Leipzig, de 1781 à 1783, sous le titre de Peztraege zur Insektengeschichte, un ouvrage sim- plement, mais correctement imprimé, avec un frontispice suivant la mode du temps, gravé sur cuivre, non colorié, et d'excellentes planches dessinées par l’auteur A.-W. Knoch et gravées par À. Schmidt. Il y a 3 petits volumes contenant en tout 19 planches coloriées, dont 17 consacrées aux Lépidoptères et 2 aux Coléoptères. C’est sur la PL V du 1° volume que se trouve représentée pour la première fois sous les n°” 5 et 6, la Zycæna Optlete ©. L'espèce est décrite sur les pages 76 et 77, avec le nom populaire Gelbauge (œil jaune) ajouté au nom latin : Papilio plebejus ruralis O ptilete. Ce nom d’oplilete est un des surnoms de la déesse Minerve; optilos, en dialecte dorique, veut dire : azl et optiletis peut signi- fer : qui garde ou qui conserve les yeux. Knoch dit que l'espèce se trouve dans les environs de ce pays-c1 : (Diese Art findet sich in hiesiger Gegend); c’est-à-dire de Bruns- wick, puisque l’Avis au Lecteur (An den Leser) est daté comme suit : Geschrieben im Kollegium Carolinum; Braunschweig, den 8 Hornung 1781. Le mot Æornung est, je crois, peu employé; il désigne le mois de février et a pour racine l’ancien terme allemand Hor qui signifie bouc. En France, Optilete ne se rencontre que dans les hautes mon- tagnes des Alpes; mais en Allemagne, ÜUprilete habite sans doute les plaines du Nord. En Laponie, l'espèce n'est pas rare et j'en possède une longue série prise par M. W. Mau, à Kvickjock (Lulea-Lappmarken) en Juin et Juillet 1908. J'ai capturé Oprilete à Ryffelalp et tout près de l'hôtel du Montanvers, en face du passage de la mer de glace, dans la région au-dessus de Chamounix-Largentière. Mon fils, le D' J. Oberthür, a récolté Oprilete au-dessus de Lanslebourg (Savoie), en juillet 1804. Je l’ai reçue de l'Oural méridional (40 kilom. au Sud-Est de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 301 Zlatoust), où il me semble que la race a les couleurs bleue du dessus et brune du dessous beaucoup plus foncées que dans nos Alpes. La collection Bellier contenait une belle série d'exemplaires de Prusse, de grande taille, et dont un œ est subtus-radiata. Les Q varient beaucoup pour le dessus de leurs ailes qui est plus ou moins saupoudré d’atomes bleu foncé. En dessous, les ailes inférieures ont, près de l'angle anal, des petites taches d’un bleu métallique surmontées d'une tache rouge orange relativement large, laquelle se trouve comprise entre ces points bleu brillants et le sourcil noir qui surmonte le ge/bauge. Huebner figure sous les n% 654, 655, 656 et 657, avec le nom de cyparissus, une petite race qui diffère par l'ocellation noire relativement fable du dessous de ses ailes, des formes que je suis parvenu à connaître. Lycæna Lysimon, Huebner. Figurée par Huebner, sous les n° 534 et 535. En Europe, on trouve Lysimon en Andalousie, notamment aux environs de Gre- nade, où elle vole en mai et en juillet. On m'a assuré que Zysimon avait été capturée à Montpellier et à Marseille; mais je nen ai jamais vu la preuve. En Algérie, Zysimon est très répandue pendant le mois de mai, à Biskra, Sidi-Okba, Omach, dans le Djebel-Aurès, à Collo, et en juillet dans les montagnes du Djur- jura. Lysimon paraît être surtout une espèce de l'Afrique tropicale. Ma collection contient des exemplaires de Sénégal, Sierra-Leone, Bénin, Natal, Abyssinie, Mayotte, Madagascar, Bourbon. Le d varie pour la largeur de la bande marginale brune qui entoure la couleur bleu violacé du dessus des ailes et aussi pour le ton de cette couleur. En Andalousie, cette bande marginale semble être toujours plus large qu'en Algérie, et, à cause de cela, j'ai appelé la Lysimon de Grenade : vandalusica. La Q est généralement entièrement brune en dessus; mais en Abyssinie, la Q a la base des ailes largement teintée de bleu clair dont l'aspect est assez brillant. 302 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE En dessous, la ponctuation des ailes est également très variable; certains exemplaires ont les ocelles des supérieures relativement gros; chez d'autres ils sont beaucoup moins accentués. Boisduval a fait représenter sous les n°* 7 et 8 de la PL 17 de l’Zcones, le dessus et le dessous d’une Zycæna qu’il appelle : Argus Lysimon. Je n’ai pas trouvé dans la collection Boisduval l’exemplaire qui a pu servir de modèle à ces figures; mais le dessous n° 8 ne repré- sente nullement la Zysimon d'Espagne ou d'Algérie. Par les gros ocelles noirs submarginaux des ailes supérieures, ainsi que par la tache discoïdale des mêmes ailes, ce n° 8 semble plutôt se rapporter à une Zycæna de Madagascar encore inédite et que J'ai reçue de la partie centrale de l’île (N.-D. de Lourdes, près Tananarive). Sans rendre très exactement l'espèce, les figures 28 et 20 d'Herrich- Schaeffer sont cependant plus rapprochées de la Zycæena Lysimon, telle que je la connais. Duponchel, dans le Supplément (PI VIIT, fig. 6 et 7), représente fidèlement le G' de la race algérienne de Lysimon qui a la bordure noirâtre des ailes étroite en dessus. II est probable que l’exemplaire figuré par Duponchel vient d'Egypte; mais cet auteur s’abstient de donner le renseignement pourtant essentiel de la provenance du papillon qu'il a fait figurer. C'est une lacune fâcheuse et que les écrivains entomologiques de l’époque contemporaine devraient prendre grand soin d'éviter. Les figures données par Lang (PL XXIV; fig. 3, 3, 3) sont très grossières. La fig. 2 c de la PI. 15 dans l'ouvrage de Gerhard me paraît appli- cable au-dessous de Lysämon; mais les figures 2 a, 2 bd et 2 d représentent des Zycæna quelconques; 2 a n’est certainement pas référable à ZLysimon. Cette petite Lycæna Lysimon n'a pas de synonymie embrouillée comme tant d’autres espèces du genre; mais elle attend encore, pour la forme européenne tout au moins, une bonne figuration. Lycæna minima, Fuessli. Bien représenté par Esper, avec le nom de inima, sous la figure 3 de la Tab. XXXIV, et avec le nom d’Alsus par Huebner, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 30 [SS] sous les n°° 278 et 270. Les deux sexes ont le dessus des ailes noir et le dessous d’un gris très délicat, avec une ocellation de petits points d’un noir très vif, cerclés de blanc. Le O' présente générale- ment sur le dessus des ailes et près de la base, un semis peu abondant, pulvérulent d’écailles paraissant verdâtres. La Zycæna minima se trouve en Angleterre, d’où je possède une série d’échan- tillons ayant fait partie de la collection Sang; mais Je ne l'ai jamais vue en Ille-et-Vilaine; elle est pourtant signalée aux environs de Vannes et de Plouharnel, dans le Catalogue des Lépidopières du Morbihan par J. de Joannis (Aww. Soc. ent. France, 1008; p. 705). Ma collection contient des Zycæna minima prises à Cauterets et Gavarnie (Hautes-Pyrénées) en juillet; dans les Alpes-Maritimes, à la fin de juin, en juillet et août; dans l'Oberland bernois, du 28 juin au 2 juillet 1808; à Ryffelalp et Zermatt (Valais), en juillet; à Uriage (Isère), en juin; à Lanslebourg (Savoie) et Cha- mounix (Haute-Savoie), en juillet; à Larche, Enchastrayes, Allos (Basses-Alpes), en juillet; à Digne, en avril, mai et juillet; au vallon de Saint-Pons (Bouches-du-Rhône); à la Sainte-Baume et au col de Bretagne (Var), en mai; à Potes (Asturies), en Juillet; à Vernet-les-Bains et à la vallée d'Eyna (Pyrénées-Orientales), en été; au Lautaret (Hautes-Alpes), en juillet; aux bords du lac de Côme, en juin; à l’île de Capri, à Naples et à Castellamare-di- Stabia, en mai; en Saxe; à Tâ-tsien-Lou (frontière orientale du Thibet); dans l'Oural méridional (45 kilomètres à l'Est de Zla- toust); à Châteaudun (Eure-et-Loir); à Samoussy (Aisne); à Lectoure (Gers); à Dompierre-sur-Mer (Charente-Inférieure), en mai et Juin 1900. Les points noirs du dessous des ailes peuvent être absents, ainsi que cela arrive dans toutes les Zycæna. Je n'ai pas vu d'exemplaires de ninima ayant les points noirs transformés en rayons; il doit en exister cependant. La variété Lorquini, Herrich-Schaeffer (442, 443, 444), chez laquelle le d' a le dessus des ailes d’un bleu violacé semble rem- placer winima, en Algérie, et peut-être aussi aux environs de 304 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Grenade. Augustin Coulet a pris un très beau et très authentique G de Lorquini, à Digne, en 1806. C'est donc aussi une forme française; mais peut-être à l'état accidentel; car je n’ai jamais vu que ce seul exemplaire français pris dans les Basses-Alpes. Je dois ajouter que j'ai acheté à un marchand allemand une minima ©, indiquée comme venant de Suisse et saupoudrée sur le dessus des ailes d’une pulvérulence bleue et non verdâtre, de telle façon que l’exemplaire en question semble former la transition entre zrinima et Lorquini. On peut donc penser que la forme Zor- guini peut se retrouver quelque part en Europe et sans doute sur le côté oriental de la vallée du Rhône, au pied des Alpes. Lorquini paraît d’ailleurs assez rare généralement; je possède des exemplaires d'Andalousie; de Sebdou (mai 1907); de Mécheria (19-30 mars 1886); de Géryville (mai 1886) et du col de Taza; mais nulle part, on ne l’a observé en abondance. L'ocellation semble plus petite, en dessous, chez Zorquini que chez winima. Je ne crois pas que 7inima se trouve en Algérie; cependant j'en ai reçu quelques exemplaires avec Bône, pour indi- cation de localité; n'ayant pas une certitude suffisante de l’exac- titude de ce renseignement, je le considère provisoirement comme non existant. Lycæna Sebrus, Boisduval. Décrite et figurée dans l’/cones, sous les n° 1, 2 et 3 de la PI. 17. Duponchel a figuré la même espèce avec le nom de Saporte, dans le Supplément (PL IX; fig. 5, 6 et 7). La Lycæena Sebrus est fort délicate. Le G' est, en dessus, d’un bleu violet assez obscur, avec une bordure noire nette et fine et une frange blanche; la ©, en dessus, est tantôt d’un noir obscur, tantôt plus ou moins couverte près de la base des supérieures et le long du bord des ailes inférieures, d’une pulvérulence bleuâtre. En dessous, les deux sexes sont d’un gris clair, avec les ocelles noirs, petits et cerclés de blanc; la base des aïles inférieures est légèrement LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 305 bleuâtre. On trouve la ZLycæna Sebrus en France, sur le côté oriental du cours du Rhône et en Suisse, dans le canton du Valais, c’est- à-dire toujours dans le bassin du Rhône. J'ai pris Sebrus à Uriage, en Juin 1805, à Aix-les-Bains, du 22 juin au 12 juillet 1906, au Lautaret, en juillet et aux environs de Florence au commencement de juin 1007. Sebrus ne semble pas rare dans les allées herbues d’une pro- priété dont le sommet est boisé, un peu au-dessus de Fiesole. Je possède des exemplaires de Sebrus récoltés dans les localités suivantes : Digne (mai 1806); Enchastrayes; Larche; Marseille; Celles-les-Bains (Ardèche); Col de Brans, La Turbie et Mont- Pacanaglia (Alpes-Maritimes); Albarracin (Espagne); Martigny (Valais) où elle vole en avril et mai, puis en juillet; Macédoine et Turkestan (Fort-Naryne et Namangan). Sebrus varie pour la dimension des ailes et pour la teinte plus ou moins foncée du bleu, chez le G. On pourrait distinguer par un nom, les © qui sont en dessus d’un noir obscur, de celles qui sont poudrées de bleuâtre; mais il y a des transitions qui relient intimement les exemplaires appar- tenant aux deux formes extrêmes, de sorte qu'il me paraît difficile de les limiter très exactement. Cependant c’est une © entièrement noire que Boisduval a figurée avec le nom de Sebrus et une © saupoudrée de bleuâtre que Duponchel a représentée avec le nom de Saporte; dès lors il me semble que les © bleuâtres peuvent être désignées sous ce nom de Saportæ, conformément à la figure donnée par Duponchel et à la dénomination attribuée par cet auteur. Je n'ai jamais vu d’Aberration de Sebrus. Cependant l'espèce ne peut échapper à la règle des variations qui régit le genre Lycæna. Lycæna Semiargus, Von Rottemburg (Acis, Den et Schiff.). Comme le dit S. A. von Rottemburg, dans : Awmerkungen zu den Hufnagelischen Tabellen der Schmetterlinge (Der Natur- 20 306 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE forscher, Sechstes Stück, Halle, 1775; p. 20), Roesel a parfaite- ment représenté cette Zycæna sous le n° 4 de la Tab. XXXVII du vol. IIT; mais sans lui donner aucun nom qui la différenciàt spéci- fiquement du n° 5, figurant /carus,; les Lycæna n° 3, 4 et 5 sont en effet comprises par Roesel, sous le commun vocable : « Der kleine besonders schoene, hochblaue Tagpapilion der zweyten Classe ». S. À. Von Rottemburg fait seulement remarquer que Roesel a oublié de figurer le petit trait noir discoïdal aux ailes inférieures, sur le dessous des ailes, qui est d’ailleurs le seul côté représenté; mais il y a des exemplaires où ce petit trait noir est oblitéré et à peine indiqué. Von Rottemburg s'exprime ainsi : « Nur hat er (Rœsel) bey seiner Abbildung, den Kleinen schwarzen Strich ver- gessen, so dieser Vogel in der Mitte der Unterfluegel fuchret ». La Lycæna Semiargus, Von Rottemburg, 1775 (Acts, System. Verz. der Schmetterlinge der Wienergegend; 1776), est répandue dans les plaines et les montagnes de la France, en Angleterre où elle semble se raréfier de plus en plus et annoncer une extinction pro- chaine, en Suisse, en Allemagne et dans le Nord de l’Asie; elle manque en Algérie. Autrefois nous trouvions assez abondamment la Semiargus aux environs de Rennes, à Monterfl et même à Cancale. Mais de même qu’en Grande-Bretagne, cette espèce semble tendre à devenir rare dans le Nord du département d’Ille-et- Vilaine et depuis longtemps, je n'ai plus vu Seriargus qu’au Sud de Rennes, vers Pont-Réan et Bourg-des-Comptes où elle est encore assez abondante. Ma collection contient des Seriargus anglais, de la collection John Sang, de Darlington, et d'assez nom- breuses séries d'échantillons pris en Ille-et-Vilaine; à Samoussy (Aisne), à la mi-juin 1909; à Cauterets et Gavarnie (Hautes- Pyrénées), en juillet; à Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), au printemps et en été; à Lanslebourg et à Aix-les-Bains (Savoie); à la Grave et au Lautaret (Hautes-Alpes), en juillet; à Chamounix (Haute-Savoie); à Digne, à Entrevaux, au lac d’Allos et à la prairie du Mont-Pelat (Basses-Alpes) ; à la Chartreuse-de-Prémolles et à Uriage (Isère); à Pieracave, à Castel-de-Brans, au mont Paca- DE LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 30 naglia, à la Turbie et Laghet (Alpes-Maritimes); à Hyères et à la forêt du Dom (Var); à Ryffelalp, à Fusio et à Eclepans (Suisse); à Grenade (Andalousie); à la Granja (Castille); en Hongrie; en Laponie; à la Certosa-di-Pesio (Piémont); à l'ile Askold, en Mandschourie; en Turquie; en Grèce; en Asie-Mineure; en Syrie. Toutes les Q que j'ai vues jusqu'ici de Serargus provenant d'Europe occidentale sont noires; je n’en connais point de bleues qui aient été rencontrées en France ou en Suisse. Dans les Alpes, surtout aux alentours du lac d’Allos, à la Grave et au Lautaret, Semiargus est de plus petite taille que dans les localités de plaine et appartient à la variété #ontana, Meyer-Duer. L'Aberration cæca (alis subtus non ocellatis) n’est pas très rare et j'en possède plusieurs exemplaires partiellement ou totalement aveugles, en dessous, venant de Hongrie, de Cauterets, du lac d'Allos et de Zermatt. Dans les Pyrénées, les ocelles noirs du dessous des aïles sont parfois relativement très gros; mais je ne possède pas l’Aberration radiata qui existe cependant. Les © varient beaucoup pour l'intensité de la pulvérulence bleue qui recouvre le dessus des ailes. Les écailles bleues sont plus ou moins claires ou foncées et plus ou moins étendues à partir de la base jusqu’au bord des ailes, de sorte que la teinte brune du fond des ailes est tantôt assez élargie et tantôt rétrécie près du bord externe. Dans les plaines, Sewiargus paraît deux fois par an, au prin- temps, puis en été; dans les montagnes, elle vole une seule fois, en juillet. Huebner a représenté avec le nom de Aygiolus, la forme euro- péenne de Semiargus, sous les n° 260, 270 et 271. En Orient, la Lycæna Semiargus donne les variétés géogra- phiques suivantes : Bellis, Freyer (Tab. 308; fig. 1, 2) chez laquelle le G présente quelques points rouges, le long du bord des ailes inférieures en dessous, au voisinage de l'angle anal; la © est ornée de points jaunes, même sur le dessus des ailes. Bellis ne 308 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE semble pas rare en Turquie où elle fut prise jadis par feu Kin- dermann. Parnassia, Ster., de Grèce, est une forme un peu atténuée de Bellis; elle fait la transition entre Bellis et Semiargus. Anthiochena, Lederer, de Syrie, est l'exagération de Bellis; je possède une assez bonne série récoltée à Akbès; parmi les ©, il y en a une que J'appelle : cærulescens, ayant le dessus des ailes saupoudré d’écailles bleues. À Akbès, on rencontre l'Ab. © ayant des points d'un rouge aurore, le long du bord des ailes inférieures, en dessus. C’est l’Aber- ration analogue à 7#fomaculata, Reverdin, d'Ægon. La Lycæna figurée sous le nom de cælestina, par Millière (Icono- graphie, PI 154; fig. 3) est certainement une Sewzargus et non une Cyllarus. Lycæna Cyllarus, Von Rottemburg. Une des plus jolies espèces de Zycæna, remarquable chez le &, par la teinte bleu céleste qui caractérise le dessus des ailes, et chez les deux sexes, par la couleur vert brillant qui orne généralement le dessous des ailes inférieures, vers la base. Le nom de Cyllarus a servi dans la Fable à désigner un fameux cheval appartenant à Pollux, ainsi qu'un Centaure qui fut passionnément épris de la nymphe Hylonome; celle-ci se tua de désespoir, en apprenant la mort du Centaure Cyllarus. | J'ignore si von Rottemburg, en donnant le nom de Cyllarus à la Lycæna qui nous occupe et qu’il a décrite aussitôt après Sewz- argus et dans le même travail, a voulu plutôt rappeler le cheval de Pollux ou bien le Centaure, monstre demi-homme et demi-cheval. L'auteur ne le dit point; il nous apprend seulement que lui-même n’a jamais pris le papillon en question et qu'il a reçu du Prediger Hufnagel le seul exemplaire O' qu'il possède. La ZLycæna Cyllarus ne se trouve pas en Angleterre; elle se rencontre aux environs de Rennes; mais elle y est rare et Je n'y ai LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 309 jamais pris que des exemplaires isolés; elle est plus commune dans certaines contrées du Midi; on l’a observée en Espagne, en Algérie, en Autriche, en Italie, en Syrie, dans le Turkestan, etc. La Zycæna Cyllarus éclôt en avril, mai ou juin, suivant la température des lieux qu’elle habite; je n'ai pas pris d'exemplaires d’une seconde génération, à la fin de juillet ou au commencement d’août et j'ignore si Cyllarus éclôt réellement deux fois par an. Voici le relevé des localités où la Zycæna Cyllarus a été authentiquement capturée, bien entendu d’après les documents que je possède; car je n'ignore point qu'on peut trouver l'espèce en infiniment d’autres lieux : Lusigny (Aube), 20 Juin 1009; Samoussy (Aisne), juin 1909; forêt de Carnelles (Seine-et-Oise), O mai 1009; Rennes, en mai; Angoulême, en mai et juin; Dom- pierre-sur-Mer (Charente-Inférieure), en mai; Lectoure (Gers), en mai; Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), en avril, mai et juin; La Voulte-sur-Rhône (Ardèche), en avril; Digne, en avril, mai et juin; Alpes-Maritimes, en avril, mai et juin; Besançon; Château- du-Loir (Sarthe); Hyères et forêt du Dom (Var); Corse; Sicile; Valais; Brindisi (Italie méridionale), en mai; Florence en juin; La Granja (Espagne centrale), en juin; Lambèse; Aflou, Khenchela (Algérie); Tokat (Asie-Mineure); Akbès (Syrie); Fort-Naryne (Turkestan). La ZLycæna Cyllarus présente de nombreuses et intéressantes variations. Tout d’abord elle offre des exemplaires très différents pour la taille. C’est ainsi que Millière a figuré sous les n* 5 et 6 de la PL 108 de l’/conographie et description de Chemilles et Lépidoptères inédits, 1860, une petite race de Cyllarus G, de Cannes, ayant la bordure noire des ailes relativement assez large en dessus, le fond des ailes, en dessous, gris de souris et les points noirs ocellés intranervuraux bien accentués, mais suivant la règle normale sensiblement plus gros aux supérieures qu’aux inférieures. Millière dit (page 73) : « Par sa petite taille, ce Cyllarus O' se rapproche tellement de Welanops qu’on le prendrait volontiers pour un hybride de Cyllarus et de Melanops. J'avoue même que Je ne suis pas absolument certain qu'il n’en soit pas un. Je n'ai pu 310 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE encore rencontrer la Q dont la vue trancherait sans doute la ques- tion. Quoi qu'il en soit, cette race méridionale paraît constante par son exiguité relative ». L'opinion de Millière concernant l’hybridation de Cyllarus et de Melanops est, dans le cas dont il s’agit, absolument inadmissible. En Provence, il y a des petits exemplaires de Cyllarus semblables à celui figuré par Müllière; mais il y en a de beaucoup plus grands dans les mêmes localités; les petits échantillons ne sont nullement le résultat d’une hybridation quelconque; ce sont de purs Cyllarus comme les grands, et Millière s’abuse en invoquant la constance de la petite taille, après avoir eu soin de déclarer en tête de sa notice, qu'il n’a recueilli que trois sujets; ce n’est pas avec un si petit nombre de spécimens que sa religion pouvait se trouver éclairée. La vérité, c'est qu'il y a des petits et des grands exemplaires de Cyllarus, en Provence. Les petits exemplaires sont peut-être rela- tivement plus fréquents en Provence que dans les autres contrées de la France; mais il ne faut pas aller au delà de cette observation, si l’on veut rester véridique. Chez la Lycæna Cyllarus, les G' ont le dessus des ailes d’un joli bleu clair; elles sont entourées d’un liséré noir de largeur variable, mais généralement étroit et assez net. Les © ont ordinairement la base des ailes bleue et le bord très largement noirâtre; mais suivant les individus, cette teinte bleue est plus ou moins développée et quelquefois même absente. J'ai vu des exemplaires sur lesquels la teinte bleue forme comme un rayonnement d’un effet très gracieux. Chez certains échantillons, le bord des ailes inférieures se trouve orné d’une série de chevrons bleus, le long du liséré terminal noir qui est frangé de blanc pur. En dessous, la ponctuation noire des ailes supérieures est le plus souvent formée d’une série de taches assez grosses, fréquemment contiguës, décrivant un arc de cercle; les taches qui avoisinent le bord costal sont plus petites que les autres. Sur les ailes inférieures, l'ocellation, moins grosse que sur les supérieures, décrit aussi une courbe, mais souvent moins régulièrement ordonnée qu'aux supé- rieures. Toutes ces taches noires ocellées sont cerclées de blanc, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ci sur un fond dont la teinte varie depuis le gris perle au gris de souris. Ainsi que cela se constate chez toutes les espèces du genre Lycæna, les taches normales du dessous des ailes peuvent s’atté- nuer, disparaître, ou inversement s’amplifier sous forme de rayons. J'ai fait figurer sous les n®* 31 et 32 de la PL 3 de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie deux Œ de la Granja dont le dessous est plus ou moins complètement dépourvu d’ocel- lation noire (Ab. subtus-impunctata et Ab. subtus-partim-punctata). J'ai fait représenter aussi sous le n° 33 de la même PI. 3 l’Aber- ration subtus-radiata, d'après un ' venant d'Autriche. J'ai donné, à la page 16 de l'ouvrage précité, les indications relatives à ces Aberrations. Les variations des Q ont été distinguées jusqu'ici comme suit : la © de Cyllarus entièrement noire, en dessus, a été appelée Anderreggi par Rühl. Je l’ai prise aux environs de Florence et M. Wullschlegel me l’a envoyée de Saillon, aux environs de Mar- tigny (Valais). Je la possède aussi des Alpes-Maritimes et du Turkestan. Millière a décrit et figuré dans les Annales Soc. ent. de France, 1887, avec le nom de Blackieri, sous les n°% 8 et Oo de la PL 5, une variété de Cyllarus © remarquable par l’accentuation de son ocellation noire du dessous des ailes: cette ocellation transparaît en dessus, aux supérieures comme aux inférieures. Blachieri fut trouvée en avril et mai, au pied du Mont Salève, près Genève. Millière la dédia à M. le professeur Blachier, qui joint au mérite d'une aménité si parfaite celui d'une connaissance très approfondie des papillons en général et de ceux de la Suisse en particulier. De son côté, M. Gouin a donné le nom de punctata à une même variété © de Cyllarus qui est décrite et figurée, d’après un échan- tillon pris à la Sauve, le 1° juin 1003, dans les procès-verbaux de la Société linnéenne de Bordeaux (Séance du 9 mars 10904); l’'Ab. Punctata est caractérisée comme suit : « Alis posticis, supra, quatuor punctis nigris notatis ». Ainsi que le dit M. Gouin, ma collection contient un exemplaire de cette Aberration punctata, pris à Aflou (Oranie du Sud). En dessous, ce spécimen est tout 312 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE à fait remarquable par l’accentuation de tous les ocelles noirs entourés de blanc, qui forment, sur chaque aile, comme un brillant quart de cercle transparaissant d’ailleurs en dessus. Il en est de même, au dire de M. Gouin, chez l'échantillon qu'il a décrit et figuré avec le nom de functata. Blachieri, Millière, et punctata, Gouin, représentent donc une même forme © de Cyllarus; punctata paraissant cependant être encore plus accentuée dans le sens de sa variation que Blachier:. Mais il se présente une confusion due à la notice que Millière écrivit pour accompagner dans les Annales Soc. ent. de France la figure de la © Blachier:. Feu mon cher ami Millière était doué d’un tempérament très artistique; il aimait beaucoup l'étude des sciences naturelles et 1l chassait avec un incontestable talent; cependant il paraissait privé de la vision nette des choses et ses écrits portent trop souvent l'empreinte des tendances nuageuses et incertaines de son esprit. Les Entomologistes qui liront attentivement ce que Millière a écrit au sujet de Cyllarus d, des environs de Cannes, à la page 73 du 3° volume de l’/conographie, 1860, et à propos de Cyllarus var. Blachieri, dans les Ann. de la Soc. ent. de France, 1887, se ren- dront compte du manque de clarté, de l’irrésolution et de l’indé- cision de l’auteur. L'article de Millière, que j'ai lu et relu, me paraît en effet assez incohérent. Millière veut rattacher à la forme Blachieri Q du Mont Salève la petite race dont il avait jadis récolté 3 G' à Cannes et dont il semble que la Q lui soit restée inconnue. La vérité, c'est qu'en Provence les © peuvent par Aberration très rare, être Blachieri ou punctata; mais les Cyllarus Q normales de Provence n’ont pas sur le dessus des ailes la transparence des taches ocellées du dessous, parce que les taches ocellées en question ne sont généralement pas assez accentuées en dessous pour trans- paraître vivement en dessus. Je reconnais ne pas SAVOI SIND NO Blachieri, Millière (punctata, Gouin) est ou n’est pas la forme la plus fréquente au pied du Mont Salève. Je pense que s’il est vrai que les C yllarus ©, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 313 — auprès du Mont Salève, tendent plutôt à y devenir Blachieri- punctata, il doit y avoir aussi dans cette localité des exemplaires normaux et d’autres qui font la transition entre les deux races. Ce ne doit être qu'à titre exceptionnel, aux environs de Genève comme ailleurs, mais peut-être à Genève plus souvent qu'ailleurs, qu’on trouve des Blachieri Q très caractérisées. M. Charles Blachier pourra nous renseigner savamment à cet égard. Toutefois, à mon avis, il n’y a nullement lieu d'appliquer aux © si petits soient-1ls, le nom de Blachieri. Laissons les O‘ en dehors de cette appellation et réservons-la aux Q qui sont pourvues sur le dessus des ailes d'une transparence très accentuée de l'ocellation amplifiée du dessous. J'ai reçu de M. Arnold Wullschlegel, de Martigny, des Cyl- larus © intitulés Blachieri; mais pas de Q Blachieri-punctata. J'en conclus que celles-ci sont rares dans le Valais, d'où J'ai seu- lement reçu plusieurs fois la Q noire Anderreggt. Quant à la forme æruginosa, Stgr. (alis posticis subtus fere totis virescentibus), c’est la forme ordinaire à Akbès; mais à titre d’aberration, on la trouve à Besançon, d’où M. Fritsch m’a envoyé un superbe exemplaire ' pris en 1806. Dans la forme ærwginosa, les ailes inférieures, presque entie- rement couvertes d’une belle teinte bleu verdâtre brillant, sont à peu près totalement dépourvues d’ocellation noire. De plus, aux ailes supérieures, le nombre des ocelles ovalaires noirs cerclés de blanc est réduit ordinairement à trois ou quatre. La Q æruginosa de Syrie est tantôt noire en dessus, comme Awderreggt, tantôt saupoudrée d’atomes bleus sur le disque des ailes. Gerhard a grossièrement figuré Cyllarus sous les n° 3 4, 3 b, 3c, 34 de la PI. 15. La var. #ristis figurée sous les n°” 4a et 4 d de la même PI. 15 vient de Turquie. Je ne vois pas bien en quoi elle se caractérise. On trouve en France çà et là des Cyllarus qui me paraissent référables à #ristis. Huebner a représenté Cyllarus, avec le nom de Dametas, sous les n° 266, 267 et 268. La Q qu'il figure est noire avec la base seulement des ailes supérieures bleue. 314 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Melanops, Boisduval. Il est bien agréable de voir voltiger Welanops sur les thyms et les dorycnium de Provence ou du Roussillon, aussitôt que reviennent, après la longue stérilité entomologique de l'hiver, les premiers Jours plus féconds du printemps. La Zycæna Melanops, dans le Sud de la France, ne produit généralement pas un vol bien haut, n1 bien soutenu; on la voit dans les localités chaudes et arides qu’elle affectionne, toujours assez près de terre, se reposer sur les plantes parfumées qui l’attirent, puis quitter la touffe sur laquelle elle s'est tenue quelque temps pour chercher non loin de là une autre place à son gré. En Andalousie, la Lycæna Melanops semble plus agile; je me souviens de l'avoir observée dans les montagnes voisines de Cordoue, notamment dans les campagnes d’'Almodovar où elle volait rapidement, en avril 1867, au-dessus des massifs de Cistus ladaniferus dont les pétales blancs jonchant le sol ressemblaient par leur grand nombre à la neige fraîchement tombée. Ces Cis/us, à l'odeur si pénétrante, forment le sous-bois des forêts de Quercus ilex et de Quercus suber. Melanops avait, dans cette région, une allure bien plus active qu'en Provence. Il en était de même, en avril 1868, aux environs de Lambèse, dans les plaines ondulées qui s'étendent du pied du Djebel-Aurès jusqu’à la ville de Batna, partout hérissées de pierres romaines et couvertes d’un gazon qui devient, à la fin du mois de mai, une herbe si haute. La même Espèce de Lépidoptère affecte quelquefois des mœurs différentes dans les lieux différents qu’elle habite. Melanops est une Zycæna de petite taille, fragile et délicate, exclusivement méridionale, confinée dans quelques localités du Sud de la France, de l'Espagne et de l'Algérie. Elle éclôt une seule fois par an. On la trouve assez communément dans les Basses-Alpes, les Alpes-Maritimes, le Var, les Pyrénées-Orientales, la Catalogne, l’Andalousie et la partie non désertique de l'Algérie. Les variations pour la forme, le développement ou l'absence des LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 315 taches noires ocellées du dessous des ailes sont nombreuses et intéressantes. Boisduval a donné de bonnes figures de l’'Argus Melanops sous les n° 4, 5 et 6 de la PI. 17 de l’/cones. La découverte de Melanops, réalisée en 1823, est due au comte de Saporta, « qui nous a fait connaître, dit Boisduval, une foule d'Espèces nouvelles propres au département qu'il habite ». Il s’agit du département du Var, où le comte de Saporta possédait le château de Montvert, près de Saint-Maximin. Un autre entomologiste provençal, M. Boyer de Fonscolombe, dont la propriété se trouvait aux environs d’Aux, rivalisait de zèle et d’ardeur pour l'Entomologie, avec le comte de Saporta. Je dois à l’obligeance de M. Gédéon Foulquier, de Marseille, de connaître la photographie du château de Montvert, auquel Duponchel a fait une si juste célébrité dans les fastes de la Lépidoptérologie française. M. G. Foulquier s'intéresse non seulement à la connaissance de la faune entomologique actuelle de son beau pays, mais encore à l’histoire de la Lépidoptérologie provençale et des Lépidoptéristes qui ont contribué aux progrès de la Science par leurs recherches et par leurs travaux dans le Var et les Bouches-du-Rhône. C’est en effet un côté très attrayant des études entomologiques. Duponchel était en relations suivies avec MM. de Fonscolombe et de Saporta; il fut même leur hôte et 1l chassa avec eux, aux environs de leur résidence. Aussi, dans le Supplément à l'Histoire naturelle des Pagillons de France, par J.-B. Godart, dont P. A. J. Duponchel fut le continuateur, est-1l fréquemment donné de lire le récit des découvertes si importantes qui se faisaient incessamment dans les régions méridionales de la France. Au point de vue entomologique, la Provence ne commença d'être sérieusement explorée qu'à partir de l'année 1820. Ce fut pendant environ un quart de siècle à dater de cette époque que les Bouches-du-Rhône et le Var devinrent, entomologiquement parlant, l’objet des recherches les plus productives et les plus sui- vies. Dardouin, peseur public du Commerce à Marseille, joignit ses efforts à ceux du comte Adolphe de Saporta dont il était le contemporain. Marloy, ex-chirurgien de navires, établi comme 316 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE médecin à Auriol, était aussi, vers 1835, un lépidoptériste pas- sionné; de même Meissonnier-Valcroissant, homme de lettres, à qui Guenée dédia l'Æadena Meissonnieri, et Théodore Aurran, propriétaire, habitant tous deux la ville d'Hyères, se livraient à l'étude des papillons du littoral méditerranéen. L'avocat Louis- Prosper Cantener, ancien professeur à la célèbre école de Sorèze, était l’auteur d’un catalogue des Lépidoptères du Var qui a paru dans la Revue entomologique de Silbermann. D’autres entomolo- gistes plus ou moins connus, tels que Ginette, employé à la Pré- fecture de Draguignan; Eymond d’Esclevin, capitaine-comman- dant au corps royal d'artillerie de marine, à Toulon; Isoard, à Salernes, près Draguignan; Léautier, capitaine instructeur au Collège de Marseille, qui découvrit la chenille de la Xylna Leautieri, Bdv.; Solier, capitaine du génie à Marseille, surtout coléoptériste, mais aussi amateur de papillons, coopéraient à la même époque, c’est-à-dire vers 1835, à l'étude des Lépidoptères de Provence. Cependant, si les chasseurs de ce temps-là étaient ardents à la recherche des papillons à partir du premier printemps et pendant les beaux jours de l'été, ils cessaient leurs recherches à l'approche de l’automne, et ce n'était que par hasard qu'ils capturaient une Noctuelle ou une Phalène en octobre ou en novembre. C’est cet abandon de toutes investigations à la saison même où les Noctuelles semblent cependant être plus nombreuses qui a empêché les Entomologistes de la première moitié du XIX: siècle de soupçonner l'existence de l’'Orfosia Witzenmanni, de l’Orrhodia Staudingeri, si fertile en variétés, de l’A gros Constanti, pourtant assez abondamment répandus dans la région méridionale de la France. Feu mon ami Emmanuel Martin, dont J'ai rappelé le sympa- thique souvenir dans la notice consacrée à la Zycæna algérienne qui porte son nom, se livrait très assidûment, pendant les saisons d’hiver et de printemps qu'il passait à Hyères, à la récolte des chenilles ; il fit lui-même des captures remarquables et contribua à enrichir de plusieurs découvertes l'inventaire de la faune des Lépidoptères du Var. Je lui dois, entre autres papillons des envi- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE eu rons d'Hyères, de très beaux exemplaires de la Zycena Melanops, étalés tout frais et sans ramollissage des aïles, c’est-à-dire conservés dans toute la pureté de leur couleur bleu céleste si sensible et facile à détériorer. Le cd est, en dessus, d’un bleu plus ou moins clair, avec une bordure noire assez nette, pas très large, surtout aux inférieures; la frange est blanche. La Q a le fond des ailes d’un brun noirâtre avec le disque plus ou moins saupoudré d’écailles bleues. Certaines Q sont cependant presque unicolores, c’est-à-dire brunes avec un léger reflet gris bleuâtre près de la base des ailes; d’autres — et c'est le plus grand nombre en Provence et dans les Pyrénées- Orientales — sont assez largement poudrées de bleu. Quelques Q présentent, le long du bord extérieur des ailes, une sorte de liséré bleuâtre qui se détache et ressort nettement sur la teinte brun noï- râtre du fond des ailes. En dessous, la variation produite par les différentes formes des taches noires, ou bien par leur disparition totale ou partielle, est, ainsi que je le dis plus haut, très considérable et pleine d'intérêt. J'ai fait figurer sous les n° 34, 35 et 36 de la PS ederla XX: livraison des Etudes d'Entomologie : 1° L’Aberration sans taches noires appelée Marchandii et figurée dans la Revue entomologique de Silbermann (tome Il, 1834, PI. 27, Ho INEtI2). 2 L'Ab. subtus-partim-impunctata, où les taches noires sont absentes des ailes inférieures et limitées aux supérieures. 3° Enfin l’Ab. subtus-radiata, où les taches noires extrêmement développées forment, sur les ailes supérieures, de grosses larmes, et, sur les inférieures, une ponctuation arrondie, mais également très grosse relativement. M'étant occupé un peu spécialement de la recherche des varia- tions de Melanops, j'ai réuni une série d’une quarantaine d’indi- vidus aberrants. L'étude de ces spécimens serait très intéressante à publier, accompagnée de figures explicatives; car la plume est impuissante à décrire intelligiblement toutes ces variations formées 318 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE par un excès ou une absence de ponctuation noire sur le dessous des ailes. En attendant que je puisse réaliser ce travail iconogra- phique, je prends comme termes de comparaison les trois figures 34, 35 et 36 de la PI. 3 de la XX°® livraison des Etudes d'Ento- mologie et je constate que l’Ab. WMarchandii, Boisduval, paraît être la forme extrême, au point de vue du manque de ponctuation, sur le dessous des ailes. Je possède le specimen fypicum décrit par Boisduval dans la Revue entomologique, aux pages 121 et 122 du tome II. L’Ab. Warchandii, Bdv., fut découverte le 10 mai 1833, par Cantener, dans les bois de pins du Mont Serrat, aux environs de Barcelone; Boisduval en fit la dédicace à M. Marchand, de Chartres. Ce M. Marchand possédait une des plus belles collections de Lépidoptères indigènes et exotiques, ainsi que de Coléoptères. T1 avait acquis la collection de feu Godart. Le Cabinet de M. Mar- chand, comme on disait dans ce temps-là, avait cela de remar- quable qu’à côté de chaque espèce de Lépidoptère se trouvait la chenille moulée en cire et la chrysalide. M. Marchand demeurait place Marceau, à Chartres; l’un de ses descendants est devenu un ornithologiste très distingué. Le célèbre entomologiste Bellier de la Chavignerie était, je crois, le neveu de M. Marchand. Une Aberration assez fréquente est conforme à Warchandu pour les ailes inférieures, mais possède sur les supérieures quelques taches noires. L’exemplaire figuré n° 35 présente une série de quatre taches; j'en possède plusieurs qui ont deux taches seulement. D’autres ont trois taches; quelques-uns en ont cinq. Il y a aussi des WMelanops qui montrent une toute petite tache noire, ronde, cerclée de blanc, près de la base, dans l’espace cellu- laire des supérieures; puis on trouve toutes les transitions depuis les exemplaires dont les ailes inférieures sont dépourvues de toute ponctuation noire jusqu’à ceux qui ont les taches en question aussi accentuées que dans l’exemplaire n° 36; ce Lépidoptère n° 36 fut pris en Catalogne, tout comme l’Ab. inverse Marchand. Les deux points noirs situés le long du bord costal des ailes supérieures confluent parfois et forment une tache noire allongée. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 319 Souvent les ailes supérieures sont marquées de taches noires arrondies, grosses, contiguës. Très rarement ces taches, qui occupent chacune un des espaces intranervuraux, confluent en passant par-dessus la nervure et en formant ainsi un gros paquet noir qui occupe, sans aucune appa- rence de séparation, deux espaces intranervuraux. L’Ab. 7adiata aux ailes supérieures ne paraît pas fort rare. J'ai plusieurs exem- plaires très accentués sous ce rapport; mais aucun de ceux que Je possède ne semble offrir un plus gros rayonnement que le n° 36. A Tijola (Almeria) et à Malaga, Melanops est de taille plus grande qu'à Digne, Cannes et Vernet-les-Bains. En Algérie, on prend à Lambèse et à Sebdou des exemplaires également plus grands qu’en Provence et en Roussillon. Les © algériennes se distinguent fréquemment par la bordure de croissants d’un blanc bleuâtre qui descend le long du bord externe des ailes, presque depuis le bord costal des supérieures jusqu'au bord anal des infé- rieures. La race algérienne de Melanops mérite parfaitement le nom spécial d’Algirica, Heyne-Rühl; Staudinger et Rebel, dans leur Catalog 1001, se trompent une fois de plus en disant de cette race algérienne « non differt » C’est à croire qu'ils ne l'ont pas vue. La race andalouse de Welanops paraît assez conforme à la race A/girica; cependant je n'ai pas vu de © espagnole semblable à la Q algérienne ci-dessus décrite; il est vrai de dire que toutes les © algériennes ne sont point ainsi et J'ai sous les yeux une © prise à Sebdou par le D' Codet, deux Q prises à Malaga et une autre prise à Tijola qui sont conformes entre elles. Huebner a figuré Welanops, avec le nom de Saporte, sous les n% 022, 023, 024 et 025; mais la figuration du dessous des ailes est mal réussie. I1 semble que les contrées où les Aberrations de Welanops se rencontrent plus fréquemment, sont les environs de Digne et le Mont-Serrat, en Catalogne. C’est à Digne qu’on trouve plus sou- vent les Aberrations figurées par Gerhard, sous les n* 14 et 10 de la PI. 15, avec le nom erroné de Marchandu. Comme je l’expose 320 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ci-dessus, le nom de Warchandi s'applique à l'Ab. svbtus absque ocellis, ou cæca, tandis que les papillons figurés par Gerhard sont, au contraire, pourvus de taches ocellées d'une grosseur au-dessus de la moyenne. Lycæna Iolas, Freyer. Freyer a figuré Pap. lolas d'abord sous les n°% 2 et 3 de la Tab. 110 de Bestrege zur Geschichte europæischer Schmetterlinge; à la page 60 du 3° volume, Freyer dit qu’en dehors de la Hongrie, il ne connaît pas d’autre patrie pour ce papillon. Le même Freyer a figuré de nouveau Zolas à l’état de chenille, de chrysalide et d'insecte parfait, mais la Q seulement, sur la Tab. 07 de Neuere Beitrege. L'auteur fait connaître que le D' Em. Frivaldsky, de Pesth, a découvert la chenille qui vit dans la gousse de Colutea arborescens, plante de la famille des Papilionacées, croissant spontanément sur les coteaux calcaires de l'Europe centrale et méridionale, de l’Asie occidentale et de l'Algérie. Huebner a admirablement représenté Zolas, avec le nom erroné de Zolaus, sous les n° 870, 880, 881 et 882. Boisduval, dans l’Zcones, sous les n*% 1, 2 et 3 de la PI. II, a figuré une forme de C' un peu différente de celle que représente Huebner. Boisduval dit que ce bel Argus a été découvert en Dalmatie, en 1818, par le comte Dejean, et presque à la même époque aux environs de Bude, en Hongrie. Boisduval ajoute que l'espèce a été prise, il y a une dizaine d’années, en Provence, par le comte de Saporta, et qu’on dit aussi qu'/olas habite les environs de Rome. Duponchel, dans le Szpplément (p. 46 et 47), informe que /olas a été découverte dans les environs de Toulon et que le comte de Saporta lui a mandé, dans une lettre du 26 octobre 1826, qu'il l'avait prise, cette année même, dans son Jardin du château de Montvert, près de Saint-Maximin, département du Var. D’après Duponchel, /olas paraît en juillet. Duponchel donne des figures semblant assez médiocres sous les n° 4, 5 et 6 de la PI. VII. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 321 Tolas se trouve aux environs de Digne, d’où j'en possède 27 exemplaires récoltés en avril et mai. M. Wullschlegel m'a fourni 14 individus pris aux environs de Martigny (Valais) en juin. J'en ai reçu un assez grand nombre d'exemplaires de Hongrie et de Tokat (Asie-Mineure). M. Gédéon Foulquier a capturé Zolas dans les Bouches-du-Rhône, mais rarement, Je crois, et M. Gaston Allard a trouvé cette belle et grande espèce en Algérie où elle paraît avoir été trouvée en très petit nombre d'exemplaires Jjus- qu'ici. II semble que la © du Valais est plus obscure et moins largement saupoudrée de pulvérulence bleue que celles de Digne et de Hongrie. Lycæna Arion, Linné. Habite l'Angleterre, la France, la Corse, l'Autriche, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, l'Asie; manque en Algérie. C’est une grande espèce, probablement la plus grande des Lycæna européennes après Zolas. Elle se trouve en Bretagne, dans les landes de Monterfil et de Bourg-des-Comptes; mais à Mon- terfil, elle semble se raréfier depuis quelques années, aussi bien qu'en Angleterre où son extinction est considérée comme désormais prochaine. Charles Barrett traite de la question de la disparition d’Arzon de l'Angleterre aux pages 08, 00 et 100 de son Histoire des Papillons anglais. Je suis redevable de la traduction de cette notice à l’obligeance et à la compétence de M. Harold Powell. On verra que les années pluvieuses paraissent très peu favorables à la reproduction de la Zycæna Arion en Angleterre. L'espèce n’a été abondante en Angleterre que dans les étés chauds et secs. [Il me semble bien qu'il en est de même en Ille-et-Vilaine. L'année 1909 fut très humide chez nous; l'été fut frais et pluvieux. J'ai chassé à Monterfil à la fin de juin et au commencement de Juillet, c'est- à-dire à la bonne époque de l’éclosion d’Ayion qui ne paraît qu'une 21 222 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE fois par an, à partir de la saint Jean et jusqu’au 20 juillet environ. Je ne vis pas un seul exemplaire, bien que j'aie soigneusement cherché l'espèce dans ses localités ordinaires. Je ne crois cependant pas qu'A7on soit éteinte à Monterfl où elle donne une forme très particulière et dont je parlerai plus loin; aussi j'espère encore revoir Aion voltiger dans les landes de mon pays, au cours d’un bel été sec et chaud, s’il plaît à Dieu. Charles Barrett s'exprime comme suit : « Encore une espèce en train de disparaître rapidement de ce pays. Elle fut jadis répandue, ayant été vue sur les falaises près de Douvres, à Winchester, à Bedford et même dans le Nord du Pays de Galles, ainsi qu'à Marlborough Downs et dans d’autres localités du Wiltshire. On l’a signalée également sur les collines des environs de Bath. Cependant, pendant bien des années, sa localité la mieux connue était à Barnwell Wold et les parties adjacentes du Northamptonshire, où elle fut découverte par le Rev. W. Bree de Polebrook, avant l’année 1840. M. C. À. Briggs m'a dit qu’elle s’y trouvait encore en 1850, et que l’Archdeacon Bree connaissait bien diverses localités de la région où l'espèce n'avait pas été chassée à outrance — comme elle l'avait certainement été à Barnwell Wold, — mais que la saison extrêmement pluvieuse de l’année 1860 paraît l’avoir exter- minée partout dans cette région puisqu'elle n'y a pas été rencontrée depuis. Une localité de découverte plus récente était sur les Cotswold Hills (Collines Cotswold), en Gloucestershire, où les entomologistes de Gloucester l’ont prise en quelque nombre. M. Herbert Goss raconte aussi, dans Te Entomologisfs Monthly Magazine, comment il fit sa connaissance dans cette localité en 1876, d’abord dans une vieille carrière abandonnée, ensuite dans les clairières d’un grand bois de hêtres, parsemées abondamment de fleurs, surtout de thym sauvage. A7ion y était relativement commune. Il dit qu'on ne pouvait la prendre pour une autre espèce, sa taille plus grande, sa couleur bleu fer et son vol un peu lourd et vacillant la distinguant suffisamment. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 323 I] dit également que A7ioz vole plutôt à la façon de l’Epinephile Tithonus où hyperanthus que comme ses congénères, mais que, poursuivie ou effrayée, elle a le vol assez fort. Elle aime bien à se reposer sur le thym sauvage et à extraire le nectar des fleurs de cette plante. En 1877, M. Goss la trouva encore communément; mais en 1883, des recherches poursuivies pendant douze jours n’ont pas donné un seul exemplaire, et l’espèce fut considérée alors exterminée dans la région de Cotswold. On a attribué cette extermination aux fermiers, qui ont l'habitude de brûler le gazon mort sur les collines, au premier printemps; mais M. Goss fait remarquer que cette coutume de brûler le gazon mort remonte aux temps immémoriaux et ne peut guère être la seule cause de sa destruction. Du reste, il trouva de nouveau le papillon en très petit nombre dans la même localité à la fin juin 1800, et on ne doit pas encore désespérer de l'y retrouver. M. Herbert Marsden contribua à la publication, qui eut leu en 1884, d'intéressantes notes sur l'Espèce dans cette localité, démontrant combien était grande la fluctuation en nombre d’indi- vidus suivant les conditions atmosphériques. En 1868 et 1800, pendant les belles saisons, l'augmentation était grande, et l'année 1870 fut la plus prolifique qu’on ait connue; on aurait pu prendre un millier d'exemplaires. Les saisons 1876-77 furent bonnes, mais pendant les années pluvieuses qui suivirent, l'espèce était en décroissance régulière, et il avait alors vu les derniers individus en 1880. Le major Still me dit qu’elle était une fois commune dans quelques localités très restreintes des environs de Langport, Somerset, et qu’elle y fut prise par feu M. J. C. Dale, mais ilnya aucun rapport récent pour cette région. Les collines incultes de la côte du South Devon près Kingsbridge, Bolt Head, etc. furent pendant longtemps des repaires préférés pour cette espèce. Dans The Entomologist, M. H. Nicholls signale son abondance dans cette localité de 1856 à 1875, et raconte que le papillon effrayé avait l'habitude curieuse de se précipiter dans un des nombreux 324 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE buissons de l'Ulex Europœus, au milieu desquels il se cachait. IT était alors impossible de le faire quitter ce refuge sûr. M. G. C. Bignell, qui l’a pris abondamment dans la même région, dit: « Il est remarquable au vol à cause de sa couleur foncée. Les femelles ont une prédilection notable pour les fleurs du thym sauvage, sur lesquelles elles déposent leurs œufs et dont elles sucent le nectar. La coutume qu'ont les fermiers de brûler chaque année l’ajonc (Ulex Europæus) a eu comme résultat l’extermination du papillon dans sa vieille localité, sur le Bolt Head ». On dit cependant que l'espèce existe encore dans quelques loca- lités du South Devon et du North Devon, et elle a été prise l’an dernier (1891) dans le comté de Cornwall. Les auteurs de ces captures de Cornwall, MM. Waterhouse, ont exhibé à une réunion de l’'Entomological Club une boîte contenant de très beaux spé- cimens provenant de ce comté. Il va sans dire que les localités exactes des captures récentes n’ont pas été divulguées. Pour cette raison, et à cause de l’existence de vastes terrains incultes et favo- rables dans l'extrême sud-ouest où l'espèce paraît maintenant se réfugier, 1l y a lieu d’espérer que A7ion, notre plus grand Polyom- matus, ne sera pas, d'ici quelques années au moins, finalement exterminé dans ce pays. » Ma collection contient 8 exemplaires d’Arion jadis pris en Angleterre et ayant fait partie de la collection Prest d’Vork, qui fut vendue à Londres, il y a déjà bien longtemps. Faisant suite à ces A7zon d'Angleterre, je considère dans ma boîte 10 Aion de Monterfil, de Laillé et de Bourg-des-Comptes (Ille-et-Vilaine), et Je constate la très grande conformité de la Zycæna Arion en Grande-Bretagne et en Ille-et-Vilaine. Les &, dans les deux pays, ont les taches noires des ailes supérieures, en dessus, de dimension relativement réduite, sur un fond d’un bleu grisâtre assez clair, mais un peu éteint. Les © ont les taches noires plus grosses et la bordure noirâtre est plus développée; la teinte bleue ressort peut- être plus vivement chez les Q que chez les . Le dessous des ailes LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 32 Ur est le même dans les deux races : anglaise et bretonne; la couleur du fond est de la même teinte brun ochracé clair, avec les ocelles noirs cerclés de blanc jaunâtre; de plus, le semis d’atomes bleus ou verdâtres près la base des inférieures est moins abondant et moins accentué que dans la race du Midi de la France, notamment des Pyrénées-Orientales; cette race a elle-même le fond des ailes plus gris. En Bretagne, il y a des Of, tel que celui figuré sous le n° 10 de la PI. 3 des Etudes d'Entomologie, dont la ponctuation noire, sur le dessus des ailes, est très oblitérée; mais il convient d'observer que cet exemplaire n° 10 est l’exemplaire le plus carac- térisé que je possède dans le sens : s#pra impunctata. Cette même tendance existe à Angoulême d’où mon ami Gabriel Dupuy m'a envoyé 2 C' appartenant, comme celui de Monterfil n° 19, à VAR. : supra non maculata, indiquée avec le nom d'Uiscolor, dans le Catalog Staudinger et Rebel 1901. En Limousin, les taches noires sont plus développées chez Arion qu'en Angleterre et en Bretagne, et la teinte bleuâtre paraît plus violacée. Dans les Pyrénées, la race est superbe, généralement grande, avec de grosses taches noires en dessus, même sur les ailes inférieures, et une large bordure noire. Le dessous des ailes a la base teintée de bleu argenté clair; tantôt les taches noires sont très développées; tantôt, par variation inverse, elles sont nulles. Dans la XX® livraison des Ætudes d'Entomologie, Jai fait figurer le dessous des ailes de ces deux formes d’après des exem- plaires de Vernet-les-Bains; celle qui est dépourvue de points noirs est représentée sous le n° 20 et avec la mention : sxd/us-1mpunctata, et l’autre, sous le n° 20’, avec la mention: sxbtus-maculis-extensis. Dans les Alpes-Maritimes, il y a une race superbe d’Ayzon que J'ai reçue sous le nom de /igurica. J'ignore où ce nom a pu être publié. Le fond des ailes, en dessus, est d’un bleu vif, très clair, chez les © surtout; les taches noires sont très développées, princi- palement aux ailes supérieures où elles forment quelquefois une sorte de large et épais faisceau de pointes de flèche dirigées vers la base. Aux environs de Digne, A7ion paraît être très variable, aussi 326 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE bien pour la taille que pour l’extension des taches noires, pour leur confluence, pour le développement de la bordure noirâtre des ailes et la pureté de la teinte bleue. À Zermatt, Aion, en dessus, est remarquablement obscur presque autant que dans l’Oural, où les exemplaires appartiennent à la race géographique : obscura. En outre des localités ci-dessus désignées, je possède A7zon du Tyrol, de Fusio, de Stresa, de Grèce, de l’Oberland bernois, du Jura bernois, de Savoie, de la région du lac Baïkal, de Corse, de la Lozère, de la Gironde, de la Charente, des Hautes-Alpes, du Doubs, du Turkestan oriental. L'examen des A7ion de ces diverses localités démontre qu'il y a, dans chacune, une race dont le faciès ou aspect général est assez spécial; mais avec un mélange d'exemplaires rappelant ceux qui forment la majorité dans les autres endroits. C’est ainsi que partout où vole Ayion, il y a des petits et des grands exemplaires, des individus à taches très réduites ou très développées en dessus et ayant la teinte bleue plus claire ou plus grise; en dessous, l’ocel- lation noire ordinaire est plus ou moins accentuée, avec la teinte brune du fond ochracée ou grisâtre et la pulvérulence bleu verdâtre plus ou moins largement répandue à partir de la base des ailes inférieures et vers le milieu. Il faut donc juger une race locale sur un ensemble d'individus. C’est ainsi qu'une série d’Ayion ligurica comparée à une autre série d’A7ion des Pyrénées Orientales paraîtra, envisagée d’une manière générale et synthétique, très distincte. Cependant, au milieu des A7zon de Vernet, on trouvera des exemplaires d’un bleu plus clair, pourvus de taches noires très larges, très noires, avec une rangée d’ocelles blanchâtres, pupillés de noir, intranervuraux le long du bord externe des ailes inférieures. Ces Aion pyrénéens ne seraient point disparates dans la colonne des Aion de Menton ou du Mont Pacanaglia. Pourtant la race pyrénéenne d’Ayion est, dans sa généralité, bien plus obs- cure. La race de Saint-Pierre-de-Venaco (Corse) semble référable à la race ligurica. 11 me paraît nécessaire de disposer d’un nombre considérable d'exemplaires pour émettre, au point de vue des races LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 327 locales d’'Arion, un avis motivé. C'est ainsi que le plus grand exemplaire d’Ariox que je possède vient d’Atzwang, près Botzen; mais j'ignore s’il n'y a pas dans ce lieu des exemplaires de taille moyenne et même petite et comment est la race normale de ce pays. Dès lors, faute de documents, je m'abstiens de tout com- mentaire. En Haute-Savoie, près de Chamounix, Arion n'est pas si obscur qu'à Zermatt, mais de taille médiocre et sans grand éclat ; 1l y a à Chamounix des exemplaires qui paraissent très peu différents des Arion bretons; cependant, comparées dans leur ensemble, les deux races ne sont pas semblables. Dans les Hautes-Alpes, au Lautaret, ainsi que dans certaines localités très élevées des Basses-Alpes, on trouve une race d'Ayion très petite, ayant le faciès d'Alcon ou d’Erebus, à nuances éteintes et formant un contraste curieux avec la race /2gurica. A Entrevaux, au Mont Gourdon, à Garamagne, dans la vallée du Roubion, c’est-à-dire à la frontière des Alpes-Maritimes et des Basses-Alpes, M. Harold Powell a capturé, en juillet 1906, une série de variétés d’Arion extrêmement curieuse à cause des diifé- rences extraordinaires de taille, de maculature, d'éclat de la teinte bleue qui caractérisent les exemplaires. A côté d’un G' d'Entrevaux, tout à fait pareil à ligurica, il y a des exemplaires extrêmement sombres. Je devrai sans doute consacrer une Planche entière, dans l’une des livraisons du présent ouvrage, à la figuration des diverses races françaises d’Ayion. Il y a dans ma collection des spécimens si opposés par certains de leurs caractères et appartenant cependant très authentiquement à la même unité spécifique : Aion, que la représentation de ces variétés me paraît très digne d'intérêt. Je profiterai de cette figuration d’A7ion pour faire connaître une race nouvelle et encore inédite de Tà-tsien-Lou. Le ', en dessus, est tout bleu, sans taches noires; la Q est obscurcie par la teinte noirâtre et elle est ponctuée de noir sur le dessus des ailes supé- rieures. En dessous, les ailes inférieures sont très largement cou- 328 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE vertes d’une pulvérulence verdâtre et les points noirs ordinaires sont très petits. Leech n’a pas connu l’Ayrion tatsienluica. Cyanecula est la race d’Ayrion, au Fort Naryne, dans le Tur- kestan; c’est une des races les plus constantes que je connaisse. Arionides, Stgr, de Mandchourie, me paraît être également une variété géographique d’A7ion qui se rapprocherait de ligurica. Il y a des Aberrations albinisantes, notamment pour le fond brun des ailes qui, chez certains individus, s’est changé en un gris très pâle. Je possède un échantillon atteint de cet albinisme et capturé à Villeneuve-de-Blaye (Gironde), par mon vénérable ami l'abbé Mège. Herrich-Schaeffer a publié, sous les n° 519 et 520, la figure d'une magnifique Aberration qu’on pourrait appeler lacrymosa, à cause de la transformation en énormes gouttes noires, ayant la forme de larmes, des taches noires ordinaires, sur le dessus comme sur le dessous des ailes. Gerhard a copié les figures données par Herrich-Schaeffer, sous les n* 3a et 36 de la PI. 38. Il a de même copié les figures d'Arion publiées par Herrich-Schaeffer sous les n° 517 et 518; mais sous le n° 24 de la PI. 38, Gerhard a représenté le côté gauche du dessous des ailes d'Ayion, au lieu du côté droit, ainsi que cela est représenté dans l'ouvrage d’Herrich-Schaeffer. Les auteurs, même très modernes, qui tiennent à sembler tout connaître et ne rien ignorer de ce qui a été publié en dehors d’eux, ne se font pas faute de copier les figures des papillons qu’ils n’ont Jamais vus en nature, mais qui ont paru dans des ouvrages divers. Comme la copie est toujours une altération plus ou moins grande de l'original, ces sortes d'opérations méritent quelque critique, d'autant plus que très rarement le plagiaire a l’honnêteté d’avouer son plagiat et de faire connaître au lecteur que jamais il n’a vu le papillon qu’il représente. Je crois utile de signaler cette méthode dénuée de scrupule mais toujours à la mode. Elle n’est tolérable qu'à la condition de faire sincèrement connaître la source où le modèle existe et a été copié. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 329 Le nom d’Arion a été donné par Linné (Systema Nature, édit, X, p. 483, n° 151) dans les termes suivants : « P. P. alis ecaudatis : supra fuscis disco cæruleo maculis atris : subtus canis punctis ocellaribus ; Habitat in Europa; Statura sequentis (A7gus), sed duplo major. Alae posticae subtus ocellis 10, praeter puncta marsinalia Roesel. Ins. 3. Suppl. Tab. XLV, fig. 3, 4 » La citation des figures données par Roesel ne laisse aucun doute. Linné avait emprunté le nom d’Ayion à la Fable. Arion dési- gnait ou bien un cheval que Neptune fit sortir de la terre, d'un coup de trident;, ou encore un fils de Neptune et de Cérès; ou enfin un poète lyrique, habile joueur de luth, né dans la ville de Méthymne, en l’île de Lesbos. S'étant précipité à la mer, apres avoir fait retentir l'air des accords les plus touchants, 1l fut sauvé par un dauphin qui, sensible aux charmes de sa mélodie, était arrivé pour l'entendre. Lycæna Euphemus, Huebner. Manque en Angleterre et en Algérie; répandue en Allemagne et vers l'Orient jusqu’au Japon; habite l'Alsace et quelques parties de la France, notamment les environs d'Angoulême. Huebner a figuré Euphemus sous les n°% 257, 258 et 250; Boisduval, dans l’/cones, a représenté la même Zycæna sous les n®% 4, 5 et 6 de la PL 13; de plus, sous les n°* 7 et 8, le même auteur a publié la figure d’une variété supposée d'£vphemus, dépourvue, en dessus, de toute autre tache noire que le croissant discoidal à chaque aile; et, en dessous, privée de la série d’ocelles noirs cerclés de blanc qui descendent du bord costal des supé- rieures au bord anal des inférieures, entre les croissants cellulaires et les taches submarginales. Cette variété d’Argus (nom de genre adopté par Boisduval pour les Zycæna), nous a été communiquée, dit Boisduval, par M. Donzel, de Lyon, et nous croyons devoir la rapporter à Evphemus. Toutefois, en terminant la notice con- sacrée à Æuphemus, l'auteur croit devoir prévenir qu'il ne peut 330 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE assurer que cette variété appartienne réellement à cette espèce. Si cependant la variété en question peut se référer à Æphemus, on peut dire qu’elle est à Æwphemus exactement ce que la variété figurée sous le n° 20 de la PI. 3 de la XX* livraison des Ævudes d'Entomologie est à Arion. Duponchel a bien figuré £uphemus sous les n° 4, 5 et 6 de la PI. L du Supplément. Aux pages 85, 86, 87 et 88 de cet ouvrage, Duponchel expose très judicieusement la question de séparation spécifique d'Euphemus et d'Alcon:; les observations que cet auteur a écrites sont intéressantes à consulter. La chenille d'Exphemus vit sur une plante de la famille des rosacées appelée Sanguisorba ofhcinalis, Linné. Cette plante vivace de 40 centimètres à 1 mètre de hauteur, se plaît dans les lieux humides; elle fleurit en été; on la trouve près d'Angoulême, dans la Jolie vallée des Eaux-Claires, et c’est dans les prés tourbeux et marécageux, non fauchés, qu’on voit voler Ephemus en juillet, près de la Sangauisorba qui y croît en quantité et dresse sa tige souvent rameuse, peu feuillée, terminée par des fleurs hermaphro- dites, d’un pourpre foncé, au-dessus des autres herbes de la prairie. La Sanguisorba ofhcinalis, d'après l'abbé H. Coste (Flore descriptive et illustrée de la France, vol. II, p. 60; Paris, 1903), a des propriétés vulnéraires, et son nom lui est venu du latin : sanguis, sang, et sorbere, boire, par allusion à son utilisation médicinale. Le fruit de la Sanguisorba est sec, tétragone, à angles ailés, à faces lisses et a un seul carpelle renfermé dans le tube endurci du calice. L'abbé Coste, dans son excellent livre, place le genre Sanguisorba entre les Pimprenelles (Poferium), dont il cite trois espèces françaises, et les A/ckemilla, dont il énumère douze espèces croissant spontanément en France. Le genre Sanguisorba contient la seule espèce française : ofhcinalis. Mon ami Gabriel Dupuy m'a procuré à deux reprises différentes, alors que je me trouvais à Angoulême, au mois de juillet, le plaisir de capturer la Zycæna Euphemus, qui me rappelle, ainsi que Je l'a déjà fait connaître dans la Préface de la III° livraison, de chers souvenirs d'Alsace. Lorsqu'on sort de la ville d'Angoulême par la partie Sud et LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 331 qu'on est parvenu au sommet de la première côte, on chemine d’abord sur un plateau que traverse, perpendiculairement à la grande route, le chemin se dirigeant du côté de l'Est vers Puy- moyen. Avant de descendre la pente assez rapide du revers méri- dional de ce plateau, ayant à sa droite comme à sa gauche un flanc de colline calcaire d’aspect sec et chaud, on voit se dérouler devant soi le fond d’une vallée plus longue que large, arrosée par des eaux vives et claires d’où la vallée en question a pris son nom. La fraîcheur des prairies de la vallée des Eaux-Claires contraste avec la sécheresse du penchant de la colline que décorent pourtant, du côté de l'Orient, de jolis et nombreux bouquets de chêne vert. Leur sombre verdure a du moins le grand mérite d’être persistante et de ne jamais laisser le paysage attristé par le dépouillement automnal des branches. L'autre côté de la vallée des Eaux-Claires, — celui qui fait vis-à-vis, — est formé par un relèvement assez brusque du sol, paraissant moins sec que le côté du Nord, car la pente et le plateau sont couverts de buissons et de touffes de chênes blancs, en mélange avec des arbrisseaux d’essence diverse. Pendant la belle saison, les Quercus pubescens joignant leur fron- daison d’un vert un peu grisâtre aux autres verdures variées, pro- duisent à l'horizon un effet très agréable. Des arbres divers, au tronc élevé et au feuillage vigoureux, grâce à l'humidité du thalweg, ombragent la route qui traverse la vallée et forment des rideaux ou des groupes, le long des champs et des prés qu’ils bordent et séparent. Vus du haut de la colline, ces grands arbres impriment à la campagne un caractère de richesse et constituent un très beau et majestueux décor. Si on pénètre dans la vallée parcourue par de nombreux cours d’eau, on rencontre des terrains moins fertiles que la vue d’en haut ne le faisait supposer. Il y a bien çà et là des champs de luzerne très fournis où s’ébattent des quantités de papillons, des terres en culture et des prés très plans, où l'herbe a été nivelée par la faux; mais il y a aussi de vastes espaces, très verts, sortes de tourbières où l'eau jaillit sous les pieds qui foulent le gazon. Des canaux pleins d’eau les tra- versent ou les entourent. Depuis longtemps, on ne les fauche pas; 332 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE sans doute parce que l'herbe qui pousse dans ces sortes de maré- cages est de qualité inférieure et ne vaut pas la peine d’être coupée et fanée; ces prés humides sont le refuge des Zycena Euphemus. Les plants de sanguisorba ÿ poussent, y fleurissent et y fructifient sans dommage; aussi les générations de papillons se succèdent nombreuses d’un été à l'été suivant. Mais que les propriétaires de ces prés tourbeux s’avisent de tirer quelque parti de leur herbe, et il en sera sans doute de la Zycœna Euphemus à Angoulême comme d’'A7zon en Angleterre. À l'abondance actuelle des papillons si jolis à voir voltiger au grand soleil de juillet et si agréables à récolter dans la vallée des Eaux-Claires, succéderait la stérilité, et il ne resterait aux Ento- mologistes que le triste souvenir d’une très jolie espèce jadis repré- sentée par de nombreux individus, désormais très réduite ou même en voie d'extinction, ainsi que cela a déjà eu lieu en tant de places diverses, partout où la Nature a été bouleversée, où la Flore sauvage a été détruite. Combien de localités excellentes, véritables placers pour le Naturaliste, ont été à tout jamais détruites par l’activité soi-disant industrieuse, mais souvent, hélas! écoiïste et brutale, des hommes, qui sont trop peu soucieux, en tous pays, de la conservation d’une faune et d’une flore généralement considérées avec l’ironique dédain qu’engendre l'ignorance ! Quoi qu'il en soit, le souvenir des belles et douces journées de la fin de juillet 1007 et du 26 juillet 1008, dont je suis redevable à M. Gabriel Dupuy, reste fixé dans mon cœur, et je le conserve précieusement, en l'évoquant avec un sentiment de reconnaissante amitié. La Zycœna Euphemus est très variable de taille; il y a des exemplaires dont les taches noires ordinaires du milieu des ailes, en dessus, sont très réduites et même absentes; d’autres où les mêmes taches sont allongées. La race d'Angoulême paraît un peu LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 333 plus claire que celle d'Alsace et d’'Eclepans, en Suisse, la bordure marginale des taches intranervurales blanchâtres semblant plus accentuée à Angoulême que dans les autres localités. IT est juste de dire cependant que certains échantillons provenant de Stras- bourg sont tout à fait analogues à d’autres d'Angoulême. Une Q présentant une curieuse variation fut prise en ma présence, le 26 juillet 1908, par M. Gabriel Dupuy, qui eut l’obligeance de me l'offrir; elle est entièrement grise en dessus; les taches ordinaires sont éteintes et une pulvérulence bleue peu abondante et très légère se trouve répandue sur le disque des ailes. Le dessous est sim- plement un peu plus pâle. J'ai donné à cette Aberration le nom de Sanguisorbæe, pour rappeler la plante nourricière de l'espèce. J'en publie la figure, sous le n° 472 de la PI LV. En Extrême-Orient, il y a une race Euphemia, Stgr., représentée sous le n° 6 de la PI. XIII du Vol. III des Mémoires de Romanoff. Cette race £uphemia est plus obscure que la race française. Il y a une autre forme dont le Œ est entièrement brun noirâtre en dessus et qui a été appelée Kazamoto par Druce. J'ai reçu Euphemia du Nord de la Chine et de Sidemi en Mandchourie, et Kazamoto, de Yokohama, au nombre de 57 exemplaires. Dans l’Oural méridional, à 40 kilomètres à l'Est de Zlatoust, il y a une race très obscure, mais dont le Œ conserve une pulvérulence bleue plus accentuée que chez Euphemia. Est-ce cette race que Staudinger a appelée obscurata ? Comme le nom d’Arion, celui d'Euphemus a été emprunté à la Fable. Euphémus était fils de Neptune et d'Europe; Argonaute, léger à la course, habile à conduire les chars, il remporta le prix de la course aux jeux funèbres célébrés par les Argonautes à la mort de Pélias qui était lui-même fils de Neptune et de la nymphe Tyro. Après la mort de Typhis, fils de Neptune aussi lui et qui conduisit le vaisseau des Argonautes, Euphémus devint le pilote des dits Argonautes. Le nom d'Euphémus désigne aussi le fils de Trazénus; il mena les Ciconiens au secours des Troyens contre les Grecs {Dictionn. de la Fable, par Noël; Paris, An XITIT—1805). 334 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Arcas, von Rottemburg. Pap. Arcas (Plebejus ruralis) est décrit aux pages 25 et 26 de Anmerkungen zu den Hufnagelischen Tabellen der Schmetter- linge, dans le Sechstes Stück du journal Der Naturforscher, publié à Halle, en 1775. S. A. von Rottemburg dit en parlant d’Arcas : « In hiesiger Gegend wohnt dieser Vogel gar nicht », ce que je traduis comme suit : « Dans les environs d'ici, ce papillon n’habite pas. » J’ignore de quels environs d'ici S. À. von Rottemburg veut exactement parler; mais sil s’agit des environs de Halle, A7cas y habite, car je l’ai reçu de M. Franz Bandermann, de Halle, comme capturé près de cette ville. La Zycæna Arcas se trouve en Alsace et aussi, dit-on, en Bourgogne, près de Dijon; elle est répandue dans diverses parties de l'Allemagne, à Eclepans, Bienne, Divonne et Yverdon, en Suisse. August-Wilhelm Knoch a très bien figuré la ©, avec le nom d’ÆErebus, sous les n° 6 et 7 de la Tab. VI du II Stück de l’ou: vrage Beitraege sur Insektengeschichte, publié à Leipzig, en 1782. Knoch dit que l’Erebus a été trouvé dans les environs de Leipzig. Il différencie son Z'rebus d’Arcas, Esper (Tab. XXXIV; Suppl. X; fig. 4 et 5), qui, en effet, ne semble pas être Aycas, mais est peut-être A/con. C'est surtout sous le nom d’Ærebus qu'Arcas, d’ailleurs assez bien décrit par S. A. von Rottemburg, a été figurée. Huebner représente Ærebus sous les n° 260, 261, 262; mais ses figures sont médiocres. Boisduval, dans l’/cones, publie une meil- leure figuration d’'Erebus sous les n° 4, 5 et 6 de la PI. IT; cepen- dant la couleur bleue est trop claire sur le dessus des ailes du n° 6. Duponchel figure Ærebus dans le Supplément, sous les n°% 1 (S' dessus) et 2 (Q dessous) de la PI. XTIT; cet auteur rapporte que « ce Polyommate que l’on croyait étranger à la France et que les amateurs faisaient venir d'Allemagne à grands frais, a été découvert aux environs de Dijon, il y a 7 ou 8 ans, par le docteur Lorey, et, depuis lors, il est devenu très commun dans les collec- tions de Paris. On le trouve aussi dans les environs de Colmar. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 335 M. Alexandre Lefebvre l’a pris sur le revers du grand Salève, dans une prairie qui regarde Genève. Son apparition a lieu dans le mois de juillet. » Ma collection contient une belle © Aberration : cæca. Le dessous de ses quatre ailes n’a plus aucun ocelle et est d’un brun foncé uni. Cette Ab. cæca vient de Dusseldorf. Généralement les ailes de la Q sont en dessus d’un brun foncé mordoré uni; quelquefois cependant on voit, sur les supérieures, quelques traits sagittés noirs, d’une teinte plus obscure que le fond. Comme Æuphemus, Arcas (Erebus) vit sur la Sanguisorba ofhcinalis. Le nom d’Arcas est, comme les noms d’Ayzon et d'Euphemus, emprunté à la Fable. Aycas sert d’ailleurs à désigner des person- nalités très différentes, telles que : 1° le fils de Jupiter et de Calisto qui donna son nom à l’Arcadie et apprit à ses sujets à semer du blé, à faire du pain, à fabriquer de la toile, etc. Cet Arcas fut changé en ours avec sa mère Calisto; la mère et le fils forment les constellations de la grande Ourse et de la petite Ourse; 2° le fils d'Evandre; 3° Ancée, fils de Lycurgue, qui est appelé Arcas par Ovide; 4° un des chiens d’Actéon; 5° Mercure, surnommé Arcadien, parce qu’il avait été nourri sur le mont Cyllène, en Arcadie. Linné, dont l’admirable génie, fortifié par la plus haute culture des lettres grecques et latines, se trouvait pénétré des légendes poétiques de l'Antiquité, avait largement puisé dans la Fable, afin d'y trouver les noms qu'il distribuait, pour la premuère fois, aux espèces de papillons. Les héros de la guerre de Troie avaient été mis à contribution, en même temps que les dieux et les demi-dieux de l'Olympe. Les successeurs de Linné, glanant après lui, mais s'inspirant de ses exemples, continuèrent à faire revivre sur les ailes des Lépidoptères les souvenirs mythologiques. D'ailleurs, puisque la langue latine est l’idiome scientifique admis par toutes les nations du Globe, n'est-il pas naturel que les auteurs, en quête de noms pour distinguer les êtres qu'ils décrivent, s'adressent à l'antiquité latine et grecque si intimement associées l’une à l’autre, 336 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE afin d'y trouver, avec des consonances harmonieuses, des dési- gnations qui rappellent à chacun Ce le temps où le ciel sur la terre Marchait et respirait dans un peuple de dieux ; Où Vénus Astarté, fille de l’onde amère, Secouait, vierge encore, les larmes de sa mère, Et fécondait le monde en tordant ses cheveux... Où le monde adorait ce qu'il tue aujourd’hui ; Où quatre mille dieux n’avaient pas un athée; Où tout était heureux excepté Prométhée, Frère aîné de Satan, qui tomba comme lui... Lycæna Alcon, Huebner. Le nom d’A/con a désigné un graveur habile dont Ovide vante les ouvrages dans le 13° livre des Wétamorphoses. Ce nom fut aussi appliqué au fils d'Erecthée, au fils de Mars, au fils d'Amycus et au fils d'Hippocoon. Il distingue maintenant une charmante Lycæna d’un bleu un peu pâle dont la chenille vit aux dépens de la Gentiana Pneumonanthe, plante vivace, à grandes fleurs d’un bleu vif, qui croit dans les landes et pâturages marécageux de presque toute la France, en dehors de la région du littoral médi- terranéen. Les Gentianes sont répandues au nombre de près de 300 espèces, dit l'abbé Coste, dans les parties froides de l’hémis- phère boréal, jusqu’à la limite des neiges éternelles; elles tirent leur nom du roi d’Illyrie Gentius, le premier, d’après Pline, qui utilisa les propriétés de la Gentiane. Les Gentianes font partie de la famille des Gentianées qui contient 7 genres seulement de plantes appartenant à la Flore française. George Wheeler dit que la chenille d’Alcon vit aussi sur Cyisus sagittalis. L'abbé H. Coste ne mentionne cependant pas l’espèce sagittalis dans le genre Cyfisus; mais je vois dans la Flore descriptive et illustrée de la France qu'il y a un Genista sagittalis ou Genêt herbacé. Le genre Gexista appartient comme le genre LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 337 Cytisus aux Papilionacées, et dans la classification, les deux genres sont placés très près l’un de l’autre. Je pense donc que c'est le Genista sagittalis, selon H. Coste, que Wheeler a voulu désigner, dans 7’Le Butterflies of Switzerland, comme plante pouvant servir, avec la Genhana Pneumonanthe, à la nourriture de la chenille de la Zycæena Alcon. La Zycæna Alcon n'a pas été trouvée en Angleterre, ni en Algérie; elle se rencontre en Bretagne, notamment au bois de Cicé, près Rennes; à Pipriac, dans l’arrondissement de Redon; à Nozay (Loire-Inférieure) ; à Vannes. Je la possède aussi d'Enchastrayes et de Larche (Basses-Alpes), où elle fut prise en juillet 1807; d'Angoulême; de Beauchêne et de Neuillé (de Graslin, en août); du Simplon où je l’ai prise du 18 au 23 juillet 1002, me trouvant en compagnie de feu mon ami Emile Favre, chanoine du Grand Saint-Bernard; du Jura bernois; de Chantilly (ancienne collection Guenée; avec la mention des noms de Pierret, Lemée, Roinville et Guenée qui y capturèrent A/con ensemble). Le 5 d’A/con est, en dessus, d’un bleu grisâtre un peu violacé, d'un aspect pâle, avec une bordure noirâtre et une frange blanche, sans autre tache que le croissant cellulaire aux supérieures. Encore ce trait discoïdal est-il parfois à peine visible. La Q est ordinai- rement d'un brun noirâtre, avec un semis d’atomes bleus près de la base des supérieures et une série très visible de macules noires, sagittées, intranervurales, traversant le milieu des ailes, au delà de l’espace cellulaire, depuis le voisinage du bord costal des supé- rieures et s'étendant sur les inférieures. On perçoit aussi sur cer- tains exemplaires une seconde série maculaire, intranervurale, entre la série médiane et le bord terminal des ailes. Il y a des Q dépourvues de toute teinte bleue sur le dessus des ailes: elles paraissent entièrement brunes ou grises. En dessous, le fond des ailes est brun clair avec les points noirs ordinaires cerclés d’ocre clair. Alcon a été décrite comme suit, par Joh. Christ. Fabricius, dans Mantissa Insectorum; Hafniae; 1787; p. 72 : « Alis integerrimis coeruleis : margine fusco, subtus fusco cinereis : punctis numerosis 22 338 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ocellaribus. — Pa. Alcon, Wien. Verz. 182. 4. — Pagilio Arcus (szc) Esper. pap. tab. 34. fig. 4. 5. Habitat in Austria. Mus. Dom. Schieffermyller. Statura P. Arzon. Mas alis omnino coeruleis mar- gine tantum nigricante cilusque albis. Faemina obscurior punctis obsoletis obscurioribus. Subtus omnes fusco cinereae punctis atris numerosis annulo pallido cinctis. » Huebner a donné sous les n° 263, 264, 265 des figures médiocres, mais reconnaissables; 1l a représenté la forme de © entièrement noire. Boisduval, dans l’/coxes, a figuré Alcon sous les n° 12 et 3 de la PI 13. A/con ©, selon Boisduval, a le milieu des ailes teinté de bleu. À la page 82 de l’/cones, Boisduval donne les ren- seignements que je transcris comme suit : « A/con se trouve à la fin de juin et au commencement de juillet dans les clairières des bois, sur les bruyères et dans les prairies sous-alpines. Il est plus répandu en France que l'Euphemus. Aux environs de Paris, il est assez commun dans les forêts de Saint-Germain et de Sénart. M. Pierret fils, qui joint à un grand zèle des connaissances posi- tives en Entomologie, l’a trouvé abondamment dans un petit bois entre Luzarche et Chantilly ». Duponchel a figuré sous les n° 1, 2 et 3 de la PI. L du Supplément le , en dessus et en dessous, et la Q, avec le milieu des ailes teinté de bleu, en dessus. Ainsi que je l’ai déjà rapporté au cours de la notice concernant Euphemus, Duponchel a écrit des observations très exactes sur Euphemus et Alcon comparées, aux pages 85-88 du Szpplément. Il termine ainsi son article : « Il n’est pas à notre connaissance que l’Euphemus ait jamais été pris aux environs de Paris : tous ceux qui existent dans les collections de Paris viennent d’Alle- magne et de l'Est de la France. Quant à l’Acon, M. Pierret fils, jeune entomophile plein d’ardeur, que nous aurons souvent occasion de citer, l’a trouvé abondamment dans les premiers jours de Juillet, entre Luzarche et Chantilly, dans une clairière humide et boisée au bas d’une montagne; mais la plupart des mâles qu’il a recueillis étaient fanés, d’où il pense que pour avoir ce Polyommate en bon état, il faudrait le chercher huit jours plus tôt, c’est-à-dire vers le 26 ou 27 juin. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 330 La localité dans laquelle il volait, et dont il ne s’écartait pas, n'avait pas plus d'un demi-arpent d’étendue. M. Pierret soupçonne qu’il était attiré par la plante dont la chenille se nourrit. Du reste, il l'a vu rarement se reposer : il voltige comme l’Argzolus autour des arbustes et des buissons. Son vol est lourd et ressemble à celui de l’Hespérie miroir. » Ces observations ont été imprimées en 1832, la même année où a paru l’/cones de Boisduval, publication qui avait pour but de concurrencer le Supplément de Duponchel. La rivalité entre Duponchel et Boisduval avait pris un caractère d’aigreur dont l'Avis de l'Auteur, dans l’/cones, signé : « Le Docteur Boisduval, rue Mouffetard, n° 76 », porte l'empreinte. Quoi qu'il en soit, les observations de Duponchel confirment et développent celles données par Boisduval. J'ignore si la Zycæna Alcon se trouve encore entre Luzarche et Chantilly, ainsi que dans les bois de Sénart et de Saint-Germain. En Bretagne, A/con vole au mois d'août; un Œ' pris au bois de Cicé, près Rennes, porte la date du 10 août 1884. Tous les exemplaires pris dans la Sarthe et faisant partie de l’ancienne collection de Graslin, au nombre de 7, portent la date des 3 et 19 août. L'année n’est pas indiquée. À Pipriac, 3 échantillons ont été pris en août 1909. Chez nous, la Q est uni- colore, grise. À Angoulême, on trouve les deux formes ©, l'uni- colore et celle qui présente une pulvérulence bleue. Il en est de même dans les Basses-Alpes. Je n'ai jamais vu A/con, Euphemus, ni £rebus dans quelque partie des Pyrénées. Mon ami Rondou cite Alcon du Mont-Cagire, dans la Haute-Garonne, mais d’après le catalogue de von Caradja. On connaît mon scepticisme à l'égard des assertions qui sont imprimées dans les catalogues locaux, et notamment dans celui de la Haute-Garonne dont j'ai eu déjà occasion de m'occuper. Lycæna Argiolus, Linné. Une des Espèces qui sont répandues sur une plus grande étendue de l'Europe, de l'Asie, sinon même de l'Amérique du 340 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Nord. On trouve A7giolus en Irlande et au Japon, en Scandinavie et en Algérie, et dans l’espace compris entre ces contrées extrêmes. C’est un papillon d’un bleu tendre et délicat en dessus, d’un blanc bleuâtre en dessous. En France, il éclôt deux fois par an : en avril et mai d’abord, puis en Juillet et août. On le voit voltiger aussi bien dans les Jardins, autour des buissons que forment les divers arbustes, que dans les haïes, en bordure des champs. La Q diffère du d' parce qu'elle a les ailes, en dessus, plus ou moins largement bordées de noirâtre. Au printemps, elle est, en Bretagne, moins obscure qu'en été. En dessous, Argiolus varie pour le développement ou l’atté- nuation de la ponctuation noire qui est généralement très fine. J'ai fait figurer sous le n° 24 de la PI 3 de la XX® livraison des Etudes d'Entomologie une belle Aberration © subtus-radiata que J'ai prise à la forêt de Rennes, au mois d’avril. Inversement à cette Ab. radiata, on trouve des exemplaires à peu près dépourvus de toute ponctuation noire, en dessous. Linné a décrit Argiolus, dans le Systema Nature, édit. X, 1770, comme suit : « Alis ecaudatis : supra caeruleis margine nigris; subtus caerulescentibus punctis nigris dispersis. Habitat in Europa. Praecedenti (Argus) similis, sed minor; subtus puncta pauciora dissita absque ocellis nigris. » On remarque partout des exemplaires de taille très différente. Je possède une paire d’Argiolus très petits, venant de Dalécarlie (ex coll. Boisduval); mais je ne puis savoir si dans ce pays-là Argiolus est toujours aussi petit. Je vois en effet des Argzolus pris à Akbès, à l’île Askold, en Angleterre, à Rennes, dans les Pyrénées, en Corse, en Sicile, dans le Djurjura, à Alger, etc., et Je constate dans chaque localité une grande inégalité de taille. Les Q ont généralement le bord des ailes inférieures, en dessus, marqué, dans chaque espace intranervural, par un ocelle blanchâtre centralement ponctué de noirâtre. Argiolus est une espèce très commune et qui fait l'agrément des jardins, en animant les bosquets de son vol, à partir des premiers beaux jours du printemps. Souvent on voit plusieurs A7giolus voltigeant ensemble, puis se reposant sur les feuilles et reprenant bientôt leur vol, tant que brillent les rayons LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 341 du soleil, et sans s'éloigner des lieux où ils sont nés. D’après George Wheeler, la chenille vit sur le lierre, sur le houx et sur le Rhamnus frangula où bourdaine, arbrisseau à feuilles caduques, croissant dans les haies et les bois de presque toute l’Europe et de l'Asie occidentale. Argiolus ne s'élève pas dans les montagnes à une grande altitude. Du moins je ne l’ai jamais vu dans la région dite alpine, ni dans les Alpes, ni dans les Pyrénées. Relations des LYCÉNIDES et des FOURMIS En terminant l'étude des Zycénides de l'Europe occidentale et de l'Algérie, je crois intéressant pour mes Lecteurs de leur offrir la traduction en français d’un article de M. Viehmcyer, de Dresde, dont j'ai eu connaissance par un Sonder-Abdruck aus dem XXIV lahrgang (1907) des « ÆEntomologischen Wochen- blattes » (Insekten-Boerse) que m'a très complaisamment envoyé l'auteur. J'ai ajouté aux noms d’Espèce imprimés dans l’article de M. Viehmeyer, ceux que lui-même avait eu l’obligeance d'ajouter à la main, dans la copie qu'il voulut bien m'adresser. On remar- quera qu'aux Zycénides s'ajoutent des Ærycimides. M. Charles Janet a fait paraître en 1897, sous le titre de : Etudes sur les fourmis, etc. (note 14), une revision des Kapports des animaux myrmécophiles avec Les fourmis, du moins pour ce qu'il lui a été possible d’en connaître. On trouvera résumée, à la fin de l’article de M. Viehmeyer, dont l'excellente traduction est due à M. Baumann, professeur au Lycée de Rennes, la notice savante et documentée de M. Charles Janet sur les rapports des Zycenide et des fourmis. Je saisis avec empressement l’occasion qui m'est offerte d’ex- primer ici à M. Baumann ma plus vive gratitude pour le nouveau service qu'il a bien voulu rendre à l’Entomologie, avec tant d’obligeance et de compétence. Déjà, il avait bien voulu traduire 342 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE avec une maitrise à laquelle on ne saurait rendre un hommage assez mérité, les savantes Observations du D’ Prof. Max Standfuss, de Zurich, sur les mutations d'A glia Tau. Je devrai à M. Baumann de pouvoir fournir aux Entomologistes français des renseignements très curieux sur une question encore neuve et susceptible de donner, quelque jour, sur l’histoire des fourmis et des papillons, les résultats les plus inattendus. Les vérités les plus surprenantes peuvent nous être révélées plus tard par quelque observateur à la fois très patient et très heureux, et il en résultera un nouveau faisceau d'observations qui rendra l'étude de l’Entomologie toujours plus intéressante et plus chère. I. — REMARQUES PRÉLIMINAIRES SUR LA MYRMÉCOPHILIE DES CHENILLES DE LYCÉNIDES Par H. VIEHMEYER, Dresden — A. 16. Traduit de l'allemand par M. BAUMANN, Professeur au Lycée de Rennes. C’est un fait plus ou moins connu, que certaines chenilles de Lycénides portent sur le troisième avant-dernier segment du corps une fente transversale, par où elles sécrètent un suc que les fourmis affectionnent comme nourriture. C’est pourquoi celles-ci recherchent les chenilles sur leurs plantes nourricières, et, comme elles font pour les pucerons, les caressent de leurs antennes pour provoquer des sécrétions. À ces chenilles les fourmis, en revanche, offriraient une certaine protection contre leurs divers ennemis et fourniraient dans leurs nids, aux chenilles adultes, un milieu favorable à la chrysalidation. En dehors de cette fente sur le 11° segment, les chenilles en question possèdent encore sur le 12° segment, 2 petits tubes caractéristiques, à la fois extensibles et rétractiles, portant à leur extrémité une fine touffe de poils. Sur le rôle de ces organes on ne sait encore rien de certain; on les considère comme des organes défensifs ou des moyens de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 343 séduction, peut-être aussi comme des préservatifs contre l’impor- tunité de certaines fourmis. Pour Thomann, fente et tubes sont des organes d'adaptation, en vue de la visite des fourmis. En ce qui concerne la fente, la preuve est faite Faut-1l également considérer les tubes comme des organes d'adaptation? Pour cela il faudrait savoir s'ils n'existent qu'en corrélation avec la fente. Or, d’après certaines indications bibliographiques, ceci ne semble pas être le cas. Dans quelle mesure ces indications sont-elles exactes ? Il est impossible à cette heure de l’établir. Quoi qu'il en soit, les deux organes en discussion sont assez petits, pour qu’à bien des observateurs ils aient passé complètement inaperçus ou aient partiellement échappé. Tous les sujets par moi observés ont ou constamment présenté les deux caractères, ou n’ont présenté ni l’un ni l’autre; chez quelques chenilles seulement du genre Thecla je n'ai pu arriver à aucune certitude. Les chenilles soufflées semblaient avoir une fente, mais point de tentacules. Pour se prononcer, il faudra attendre les résultats des recherches sur des chenilles vivantes ou conservées dans l’alcool. Erronée, à coup sûr, est l'opinion de Brant et d'autres, qui prétendent voir dans la fente et les tubes, des caractères de différenciation de certains groupes de chenilles de cette famille, par exemple, des TXeclidi et des Zycænidi. Un coup d'œil sur la bibliographie montre que ces caractères apparaissent dans les groupes les plus différents des Zycénides; le plus fréquemment, sans contredit, dans le groupe Zycæna. Mais on ne peut pas dire, en appliquant cette formule au genre tout entier : les chenilles des Zycænidr où seulement les chenilles du genre Zycæna sont toutes myrméco- philes; car, même dans ce genre, à côté d’un grand nombre de chenilles incontestablement munies d'organes d'adaptation myr- mécophiles, nous en trouvons aussi chez lesquelles ces caractères font défaut. La bibliographie fournit plusieurs indications à ce sujet. Quel crédit méritent-elles? Il est impossible de se pro- noncer. Pour me borner à mes observations personnelles, je n’en veux citer, comme preuve, qu'une chenille du genre Zycæna Lyc. optilete, Knoch. C’est en examinant la collection de chenilles 344. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE de feu D' ©. Staudinger (*) que j'ai fait cette découverte. Sur 13 espèces du genre, J'ai pu, de manière indubitable, déterminer la présence de la fente et des tubes. Chez les individus adultes et bien soufflés, on peut les reconnaître d’une manière relativement facile et même à la simple loupe. La fente avec ses deux lèvres se boursoufle ordinairement en forme de cône ou de durillons; il n’est pas rare de voir les tubes allongés, et même les petites touffes de poils sont parfois éventaillées. Lorsque les sujets ne sont pas soufflés à plein, il y faut déjà regarder de très près. Les tubes non déployés apparaissent alors habituellement sous forme de petites taches rondes claires, un peu en dehors et en arrière de la dernière paire de stigmates. Mais la chose devient tout à fait contestable lorsque les segments postérieurs de l'abdomen, comme cela peut arriver facilement, sont ou écrasés ou recroquevillés. Même chez des individus conservés dans l’alcool les deux carac- tères se peuvent aisément déterminer. Comme nous l'avons dit, Zyc. optilete fut l'unique espèce du Genre chez laquelle ces caractères étaient absents. Il m’en coûta énormément de ne pas croire à une erreur, à une confusion; mais le type de chenilles, le grand nombre d'exemplaires (15, et tous soufflés dans la perfection), le nom du collectionneur, la scrupu- leuse conscience du défunt propriétaire, tout cela devait finir par me convaincre d'un fait qui, à le considérer de près, n’est pas pour surprendre. Les pucerons n’offrent-ils pas à cet égard des particularités analogues ? Fente et tubes n’appartiennent donc pas à tous les individus sans exception d’un Genre. D'où deux conséquences : d’abord, :il faudra examiner toutes les espèces de chenilles de la famille des Lycénides à ce point de vue; en second lieu, ce n’est pas seulement la présence positive, c’est-à-dire la constatation de l'existence, (*) M. A. Bang-Haas, Blasewitz près Dresden, propriétaire de la firme Dr ©. Staudinger et A. Bang-Haas, m'a aimablement autorisé à examiner la collection et à mettre à profit la riche bibliothèque. Je lui en exprime ma plus sincère reconnaissance, — H, Viehmevyer, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 345 mais aussi l’absence de ces organes qui a sa très grande impor- tance. Etant donnée la richesse en espèces de la famille des Lycénides d'une part, et la manière de vivre extrêmement cachée de leurs chenilles d'autre part, le premier champ d’investigations est nécessairement très restreint. Dans la collection Staudinger, j'ai pu examiner 45 chenilles de Zycénides, appartenant toutes à la faune paléarctique, et, si j'en juge par une longue expérience personnelle, il me faut reconnaitre que J'ai eu sous les yeux l’une des plus grandes collections de chenilles, si ce n'est la plus grande. La collection bien moindre que M. J. Griebel, professeur au Gymnase, à Spire (*), a eu l’amabilité de m'envoyer aux fins d'examen, contenait cependant encore 6 autres espèces, qui ne figuraient pas dans la première collection. Au total, et en comptant toutes les espèces indiquées dans la bibliographie, on arrive alors à environ 85 exemplaires, nombre insignifiant, vu la richesse en Espèces, de la famille. On voit par là combien précieux serait tout apport nouveau, l'accroissement ne füût-1l que d'une seule espèce. C’est, particulièrement, pour les espèces extra-européennes que nous en sommes réduits presque exclusivement aux indications bibliographiques. Or, c’est ici précisément qu'il importerait d’avoir des sujets de comparaison. Peuvent à présent être considérées comme indubitablement myrmécophiles les espèces suivantes (**) : LYCÆNIDÆ. Thecla Tengstræmi, Ersch.! Rapala Schistacea, Moore. Lycena Admetus, Esper! — Amanda, Schn.! EE —— — — — " ———"— ————…—" ——— (*) A M. Griebel, j’exprime ici pour son amabilité ma profonde gratitude. #) Ce tableau des espèces, je le dois à l’obligeance de M. le Prof. Dr Cour- voisier, Bâle. Il a pour base ses études sur la nervation des ailes de cette famille. — Chez les espèces marquées d’un ! j'ai pu en partie constater, en partie contrôler l'existence de la fente et des tubes. — H. Viehmeyer. 340 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lycæna Arcas, Rott.! Argyrognomon, Bergstr.! var. Ægidion, Meissn. Argus, Linné (Æ gon, Schiff) ! Arion, Linné. Astrarche, Bergstr. Baton, Bergstr.! Bellargus, Rott.! Corydon, Poda.! Cyllarus, Rott.! Damon, Schiff ! Escheri, Huebner ! Eumedon, Esper! H ylas, Esper (Dorylas, Huebner\. Icarus, Rott.! Jolas, Ochs.! Melanops, Bdv.! Melissa, Edw. Minimum, Fuessl.! Anna, Edvw.! Sepiolus, Bdv.! Orion, Pallas! Scudderi, Edw.! Sebrus, Bdv.! Zasera Lysimon, Huebner. Cyaniris Argiolus, Linné! Pseudargiolus, Bdv.-Lec. Chilades Lajus, Cramer. Trochilus, Fr. Lycænesthes Emolus, Godart. Catochrysops Cnejus, Fabr.! Pandava, Horsfñeld. Polyommatus Baæticus, Linné! T'arucus Parsimon, Fabr. T'heophrastus, Fabr. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 347 D —— — Lampides Ælianus, Fabr. —- Telicanus, Lang! Everes Comyntas, Godart. Aphnœeus Vulcanus, Fabr. Jalmenus Evagoras, Donovan. — Ictinus, Hewitson. Ogyris Genoveva, Hewitson. Gerydus Symethus, Cramer. Amblypodia Meander, Bdv. Phasis Aranda, Wallengren ? — Thyra, Godart? ERYCINIDÆ. Nymphidium Molpe, Huebner. Theope Eudocia, Doubleday-Hewitson. — Foliorum, Bates. Il existe, en outre, encore un petit nombre de chenilles à propos desquelles la question ne peut être tranchée à présent, parce qu'on n'a pu encore déterminer avec certitude si elles possèdent les organes en question, ou parce que les indications bibliographiques étaient contradictoires. De la plupart des chenilles citées on ne sait rien de certain, si ce n’est qu'elles vivent en symbiose avec les fourmis. De quelles espèces de fourmis s'agit-il ici? Dans la presque totalité des cas on l’ignore. À de Nicéville seul nous devons à cet égard des indications plus étendues. Tout collec- tionneur de papillons qui ramasse des chenilles de Z ycénides ne devrait pas manquer en même temps de surveiller quelles sont les fourmis qui les fréquentent, d'observer de quelle manière s'opère cette fréquentation, de prélever et de conserver un certain nombre de ces fourmis dans l'alcool, et de publier, si l’occasion s'en présente, les noms rigoureusement déterminés des deux sym- 348 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE biotes. Il ne suffit absolument pas de dire : « fréquentée par une petite fourmi Jaune », ou encore : « en compagnie des fourmis noires ordinaires ». Le plus souvent, il n’est pas nécessaire de chercher bien loin les fourmis, car il n’est point rare de trouver la fourmilière au pied de la plante nourricière. En fouillant ces fourmilières, on acquiert aussi parfois la preuve de la vie en commun de chenilles et de fourmis. Chez toute une série de che- nilles d'Argus, en effet, la transformation en chrysalide, semble- t-1l, s'opère dans le nid de leurs visiteuses. Peut-être l’hivernage de certaines espèces a-t-1l lieu également au même endroit; mais on n’a point, jusqu’à présent, fait d'observations à ce sujet. C’est principalement le point de savoir dans quelle mesure existe effectivement la prétendue protection des fourmis, qui serait éclairci par des recherches de ce genre. I1 faudrait aussi consacrer une attention particulière à la manière dont se comportent les fourmis vis-à-vis des papillons éclos dans leurs nids. Nous man- quons, d’ailleurs, de recherches systématiques sur l'attitude des espèces de fourmis vis-à-vis de telles et telles chenilles qu’elles ne fréquentent pas de façon normale, sur « les relations inter- nationales » des chenilles de Zycénides, pour établir si l’amitié des fourmis et des chenilles se limite à des espèces mutualistes tout à fait déterminées, ou si cette amitié, comme c’est le cas chez les pucerons et les cochenilles, a un caractère plus international. Jusqu'à présent, les indications phylogéniques sur les organes d'adaptation myrmécophiles font presque complètement défaut, et 1l n'existe ni examen anatomique de ces organes, ni analyse chimique de la gouttelette du suc sécrété. La solution de bon nombre de ces énigmes est amorcée; malheu- reusement la plupart des recherches échouent faute de matériaux nécessaires. C’est pourquoi je prends la liberté d’invoquer le concours aimable de tous ceux en état de me rendre service. Ce concours pourrait s'effectuer : 1° Par l'envoi de chenilles de Z ycénides, rigoureusement déter- minées (soufflées ou conservées dans l'alcool, formol, etc.), et, particulièrement, par l'envoi de sujets exotiques; LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 349 2° Par l'envoi de fourmis observées en compagnie de chenilles ou de chrysalides, ou par la communication des noms rigoureu- / Q LA sement déterminés ; 3° Par la communication d’autres observations et recherches personnelles, jusqu'ici inédites, et rentrant dans le cadre de cette étude. II. — LISTE DES ANIMAUX AVANT DES RAPPORTS AVEC LES FOURMIS LYCÆNIDÆ (Extrait de l'étude de M. Charles JANET; Limoges, Ve Ducourtieux, 1897, p. 29, 30 et 31.) « Guenée a observé des organes spéciaux qui se trouvent sur les 10° et 11° anneaux postcéphaliques des chenilles de Zycænide. Il décrit les parties extérieures de ces organes chez le Zycæna bætica dont la chenille passe sa vie entière dans les siliques du Colutea arborescens (Baguenaudier), dont elle ne mange que les graines. Scudder a examiné ces organes sur les chenilles d’une Zycænide américaine, le Cyaniris Pseudargiolus. Organe évaginable du 10° anneau postcéphalique. — Sur le milieu de la région dorsale du 10° anneau postcéphalique se trouve, suivant Guenée, une ouverture impaire, transverse, bordée d'un bourrelet saillant autour duquel les granulations qui couvrent tout le corps de la chenille s'accumulent particulie- rement. Par cette sorte de boutonnière, sort, à la volonté de la chenille, une espèce de vésicule hémisphérique, transparente, qui donne passage à une sérosité, assez abondante pour former une grosse gouttelette, laquelle se reproduit quand on l’a enlevée. La chenille ne sécrète cette sérosité que quand elle est inquiétée. 350 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Scudder pense que cet organe doit exister chez toutes les che- milles des genres 7'Lecla, Ballus (*) et Lycæna. Organes évaginables du 11° anneau postcéphalique. — Sur le 11° anneau postcéphalique, anneau qui porte la dernière paire de stigmates, se trouve un autre organe qui, lui, est pair. Cet organe apparaît extérieurement sous forme de deux petits orifices situés du côté anal et ventral des stigmates et peu éloignés d'eux. Ces orifices ont, à peu près, la même dimension que les stigmates, près desquels ils se trouvent, et leur ressemblent passablement. Par chacun de ces orifices sort, lorsque l’animal est inquiété, un petit appendice évaginable dont l'extrémité est garnie de petites pointes charnues, elles-mêmes hérissées. La chenille possède la faculté de faire sortir ces organes à volonté, soit isolément, soit simultanément. Elle les dévagine alors comme les chenilles des Papilio Machaon le font pour les osmatéries rougeûtres, bifur- quées de leur prothorax. Scudder a observé ces organes pairs chez la chenille du Cyanaris Pseudargiolus. Chacun d’eux consiste en une caroncule extensible, cylindrique, portant à son extrémité un groupe de soies qui, d'abord disposées parallèlement les unes aux autres, en un faisceau, prennent la forme d’un bouquet divergeant lorsque l'organe est en complète extension. Visites des fourmis aux chenilles de Lycænide. — La chenille de Zycæna Argus que l’on trouve en mai et juin, par exemple sur les Aelilotus et les Lotus, cachée tout à fait au bas de la plante près du sol, est fréquemment entourée d’un groupe d’une dizaine de fourmis (Freyer). Mac-Cook (74e Mound-making ants of the Alleghanies, 1877) a observé près de Philadelphie une formica subsericea qui, sur le Cimicifuga racemosa, caressait avec ses antennes les derniers anneaux d’une chenille de Zycénide, à la façon dont les fourmis (*) Il n’y a pas de genre PBa/lus; c’est probablement 7'Aestor que l’auteur a voulu dire. (Ch. Obthr.) LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 351 caressent les Aphidiens pour obtenir le rejet d’excréments sucrés. La fourmi interrompit plusieurs fois ses caresses pour circuler sur la plante, mais elle ne tardait pas à revenir et recommençait ses sollicitations. Mac-Cook a constaté que la fourmi appliquait ses organes buccaux sur la chenille; mais 1l ne vit pas de sécrétion hquide ». M. Janet cite les témoignages d'Edwards, Moore, Doherty, Nicéville, confirmant l'observation des rapports entre les fourmis et les chenilles de Zycémides. Il ajoute que d’après Rogenhofer, la chenille de la Zycæna H ylas (Dorylas) se trouve presque tou- Jours en compagnie des fourmis sur l'An/kyllis vulneraria. € Enfin Aurvillius a publié une note sur la présence des nymphes de Zycæna Argus dans les nids de Zasius niger; mais les rapports des Zycænidæe avec les fourmis seraient de même catégorie que ceux des ApAide et ne constitueraient pas un véri- table cas de myrmécophilie. La présence des nymphes de Lycæna Argus dans les nids de Lasius niger s'expliquerait par ce fait que les chenilles de Zycæna Argus font leur chrysalide dans la terre, près des plantes qui les ont nourries, et que les Lasius niger, espèce extraordinairement commune, peuvent être attirées vers ces mêmes plantes, précisément par la présence de ces chenilles. » Guenée a décrit, avec figures à l’appui de sa description, dans les Axnales Soc. ent. France, 1867, l'organisation spéciale des 10° et 11° anneaux postcéphaliques dans la chemille de Zycæœna bætica. C'est probablement à Guenée que revient l'honneur d’avoir, le premier, découvert cet organe curieux de la Zycæna betica et de l’avoir révélé au monde entomologique. Mais Guenée se garde, dans son article, d'émettre la moindre hypothèse sur l'usage pra- tique de l'organe en question; il se borne à en constater l’existence et à en étudier la structure, ouvrage qu'il semble d’ailleurs avoir parfaitement accompli. 352 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ”Heteropterus Morpheus, Pallas. Hespéride plus connue dans les collections françaises sous le nom de S/eropes Aracynthus, que Boisduval avait adopté dans le Genera & Index methodicus 1840. Le © a été bien figuré par Huebner, avec le nom de Szeropes, sous les n° 473 et 474. La Morpheus (Aracynthus), dont le nom vulgaire français est le Miroir, éclôt une seule fois par an, vers la saint Jean; elle vole jusqu’à la fin de juillet et dure plus ou moins longtemps, suivant les lieux et la température; elle manque en Angleterre et en Algérie. L’ÆHespérie Miroir est commune à la forêt de Rennes, à la forêt de Paimpont, et on la trouve même dans les petits bois, le long des fossés herbus et humides, à Mesneuf, dans la commune de Bourgbarré, près Rennes. On rencontre parfois des Aberrations intéressantes pour les taches ovales du dessous des ailes infé- rieures, tantôt élargies ou rétrécies, quelquefois remplies par le développement de la couleur noire du cercle qui les entoure. J'ai capturé l'es périe Miroir dans les marais de la forêt de Livernant, en Charente, en même temps que Cœnonympha Œdippus. Je Vai prise aussi à Biarritz. Je possède des exemplaires de Hongrie qui semblent peu différents de ceux de Bretagne. Le € éclôt plusieurs jours avant l’apparition de la Q et j'ai remarqué plusieurs fois que la plupart des O' étaient usés par le vol au moment où les Q étaient dans toute leur fraicheur. L’Hespérie Miroir a un vol très particulier, sautillant et par bonds. Elle se plaît dans les clairières herbues des forêts et elle aime à se reposer sur les tiges d’herbe et les fleurs de composées. Elle voltige depuis O heures du matin jusqu’à la fin de l’après- midi. Il me semble que l’Espèce est moins abondante à la forêt de Rennes, maintenant, qu'elle n'était 1l y a une cinquantaine d'années. Cependant J'en ai encore vu des exemplaires assez nombreux en 1800, 1005, 1006 et 1900, d’après les documents que me présente ma collection. Mon frère l’a prise à Chantilly, en 1903, et M. P. Boulé l’a rencontrée dans la Loire-Inférieure, à la forêt du Cellier, au commencement d’août 1007. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 353 Carterocephalus Palæmon, Pallas. De même que Æeteropterus Morpheus, Pallas, est pius commu- nément appeiée Szeropes Aracynthus par les Entomologistes de France, de même Carterocephalus Palæmon, Pallas, est plus sou- vent désignée chez nous par le nom de Paniscus, Fabr., adopté par Boisduval, dans le Genera & Index, 1840. Huebner a représenté l'Éspèce avec le nom de Érontes, sous les n*® 475 et 476. Le nom vulgaire français de Palæmon (paniscus) est l’£chiquier. Le P. Engramelle dit que l'Espèce est très rare; que cependant M. Gigot d'Orcy en a trouvé une très grande quantité à la fois, dans la forêt de Sénart, près Paris. Engramelle ajoute ce qui suit : « Ce papillon ne paraît qu'une fois l’année, au mois de mai, dans les bois; mais nous en avons trouvé dans les mois d’août et de septembre une variété qui est représentée en dessus, figure 96 c. Ses couleurs sont les mêmes que celles de l'espèce. Les taches de ses ailes supérieures sont disposées à peu près de même, mais celles du milieu des ailes supérieures sont plus allongées, et 1l n’y en a point au bord. Son dessous, fig. 06 4, a le fond des ailes supérieures plus terne, et celui des ailes inférieures moins couvert de brun. » Esper figure Paniscus sous le n° 2 de la Tab. XXVIIT ; le même auteur figure une très belle Aberration O', dont l'aile supérieure est entièrement noire, sous le n° 5 de la Tab. XCV. Ce remarquable échantillon faisait partie de la fameuse col- lection Gerning, avec laquelle 1l semble que bien peu de collec- tions actuelles pourraient rivaliser. J'ai vu une très curieuse Aberration de Palemon (paniscus) entre les mains d’un Jeune amateur de Genève, qui en fit l’exhibition devant les membres de la Société lépidoptérologique de cette savante Cité, le soir du 12 novembre 1908, où J'avais le plaisir d’assister à une réunion de l’honorable Société lépidoptérologique. Je n'ai encore vu paraître ni la description, ni la figure de cette Aberration. Elle me semble pourtant bien digne d’être publiée. Freyer figure sous 23 354 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE le n° 1 de la Tab. 513 une belle Aberration de Pamiscus, prise à Vienne. L'Echiquier se trouve en Angleterre; je possède une série d'exemplaires portant l'étiquette : Northampton, et ayant fait partie de la collection Howard Vaughan. L’Espèce est commune à la forêt de Rennes où elle vole en mai; jamais je ne l'ai vue paraître de nouveau en été. Elle aime à se reposer sur les fleurs, dans les allées sylvatiques, sur les composées, les graminées et notamment sur la Bugle (Ajzga reptans, Linné), plante vivace de la famille des Labiées, à fleurs d’un bleu violacé. L’Æchiquier se trouve dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye; je l'ai prise à la fin de juin 1898 dans l’Oberland bernois et à Chamounix (Haute-Savoie), au commencement de juillet 1802. Mon frère l’a capturée à Ozoir-la-Ferrière et à Chantilly, en mai. Il y avait dans la collection Kuwert des Palemon (paniscus) de Hongrie et du Harz. M. Elwes m'a donné un G' semblable à ceux d'Europe, rapporté de Laggan Alberta, où il fut recueilli en juillet 1803. La collection Boisduval possédait aussi l’'Espèce de l'Amérique du Nord. A l’île Askold et en Sibérie, il y a une race plus obscure appelée Brontiades par Staudinger, 2# litt. C'est sans doute Îla même que albigutta, Christ. L'Æchiquier varie passablement à Rennes, pour la couleur plus ou moins foncée des taches jaunes, en dessus; l'extension par confluence, et inversement le rétrécissement desdites taches jaunes; l'accentuation ou la suppression de la bordure submarginale des petits points jaunes intranervuraux, aussi bien aux ailes supé- rieures qu'aux ailes inférieures, en dessus; mais je n'ai Jamais été assez heureux pour rencontrer des Aberrations notables, comme celle figurée par Esper, ou pour trouver les autres variations qu'on pressent et qui doivent nécessairement se présenter, par exemple par confluence et confusion de toutes les taches jaunes en dessus, des ocelles jaune nankin en dessous, etc. Silvius, Knoch, très bien figurée sous les n° 1 et 2 de la Tab. V du vol. I de Beitraege, est une espèce différente de Palemon (paniscus). C’est une Hespérie très jolie, spéciale à la Germanie, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 355 à la Scandinavie et à la Russie d'Europe, d'Asie. Elle n’a jamais été trouvée dans aucune localité de l'Europe occidentale. Il y a au Thibet et dans les parties de la Chine qui en avoi- sinent la frontière orientale, quelques très jolies espèces de Carte- rocephalus; mais bien que plusieurs espèces européennes de Lépidoptères se rencontrent au Thibet, je ne crois pas que Palæmon (paniscus) y ait été jusqu'ici rencontré. Wheeler dit que la chenille vit sur les plantains et les gazons; mais Je ne l'ai jamais vue en nature. Hesperia Lineola, Ochsenhermer. Boisduval, dans l’Zcones, a figuré la Q, en dessus, sous le n° 4 de la PI. 47, et sous le n° 5, il a figuré le dessous. Il décrit l'Espèce, dans sa diagnose latine, à la page 243, comme suit : « Alis divaricatis fulvis concoloribus, feminae immaculatis, maris lineola nigra tenui; antennarum clava subtus apice nigerrima; fimbria albida ». J'ai publié une bonne figure du Œ dans la 1 livraison des Ætudes d'Entomologie (Algérie; PI. 3; lg. 3); mais la forme algérienne est peut-être un peu différente de celle de l’Europe, et Staudinger lui a donné le nom de semicolon. Cet auteur caractérise la race algérienne de Zineola comme suit, dans le Catalog 1901 : « dilutior, androconiis distinctioribus. » Les ailes, en dessus, sont en effet d’une nuance moins obscure, plus dorée, avec la bordure marginale noire plus étroite. Chez les d' en bon état de conservation, on distingue aisément sur les ailes supérieures un point noir nettement séparé du trait noir qui recouvre une partie de la nervure médiane. Ce point noir se trouve placé immédiatement à la base de ce trait nervural médian, c’est-à-dire près de la base de la dernière nervule, au- dessus de la nervure sous-médiane. Le dessous des antennes est blanc jaunâtre avec la massue noire. L’Æesperia lineola éclôt une seule fois par an, en juillet; elle se rencontre en Angleterre; à Béville (Manche); en Bretagne, notamment sur les falaises de 350 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Cancale et à Monterfil; à Larche, à Allos, à Digne, à Entrevaux, dans les Basses-Alpes; à Chamounix; à Zermatt; au Mont- Genèvre et à la Grave (Hautes-Alpes); à Puget-Thémiers, à Levens (Alpes-Maritimes); à Madrid; en Sicile; au Fort-Naryne, dans le Turkestan oriental; à Lambèse (Algérie); à Broussa (Asie-Mineure); à Irkust. J'ai fait figurer sous le n° 243 de la PL XXXVII du présent ouvrage une © albinisante par la couleur plus claire du fond des ailes; Je l'appelle ardens. La race de Chamounix est plus noircie sur le bord des ailes que la race des plaines. C’est sans doute cette forme des mon- tagnes qui est désignée par le nom de Zudovicie. Duponchel n'a pas figuré le G' de Lineola. Sous le n° 1 de la PI XLI du Su- plément, il a figuré les ailes de la Q; le n° 2 est également une Q; mais j'ignore si c'est bien de Zineola. La fig. 3 représente bien le dessous de Zineola, mais sans qu’il soit possible de préciser le sexe. Hesperia Thaumas, Esper. Voisine de Zineola; mais généralement plus grande. Très commune en Angleterre; aux environs de Rennes et de Cancale; en Savoie; dans les Basses-Alpes; les Hautes-Pyrénées; les Pyrénées-Orientales; l'Isère; les Alpes-Maritimes; à Lardy (Seine-et-Oise): en Poitou; aux environs de Châteaudun, où Guenée a élevé la chenille; en Corse; en Grèce; au Djurjura (Algérie); en Italie (Florence); en Espagne; à Akbès et Broussa, en Asie-Mineure. L'éclosion se fait une seule fois par an, en juin et juillet. Esper représente l’Æesperia T'haumas sous les figures 2 et 3 de la Tab. XXXVI. Engramelle figure, avec le nom de lPA7denr, sous les n° 05 a bis et 05 b bis de la PI. LXXIV, une Aberration Q blanche, en dessus et en dessous, qui faisait partie de la collection Gerning. L'Ardent paraît être, dans son genre, une Aberration LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 257 analogue à celle de Zineola, figurée sous le n° 243 du présent ouvrage, que J'appelle également ardens, mais encore plus accen- tuée, me semble-t-il. Je possède une Aberration albinisante de T'haumas; c'est un O' que je fais figurer sous le n° 242 de Ja PI. XXXVII de ce livre; mais l’albinisme respecte la teinte fauve doré et n’atteint que les parties normalement noires. C'est l'inverse de l’Ardent. Je possède une © très curieuse, prise au Bois de Boulogne; elle se trouvait dans la collection Bellier. Cette Q est, en dessus, d’un brun très obscur, plus foncé que la teinte du fond des ailes des exemplaires ordinaires. Le & de Thaumas porte sur les ailes supérieures un trait noir plus épais que chez le G' de Lineola; ce trait noir n'est pas sou- ligné chez 7'aumas par un point séparé, comme chez Zineola. En dessous, la massue des antennes n’est pas noire comme dans Lineola; mais entièrement jaunâtre dans T’kaumas. La chrysalide repose dans une feuille enroulée. L'Espèce vole dans les allées des bois et le long des champs, dans les sentiers où l'herbe est drue et un peu haute. La forme d'Algérie et d’Asie-Mineure est de couleur plus claire que celle de France et d'Angleterre. La frange paraît être moins blanche chez T#aumas que chez Lineola. Dans la première édition (1776) du Systematisches Verseichniss der Schmetterlinge der Wienergegend, les Thérésiens, à la page 160, appellent Zirea, Mueller, l’Æesperia Thaumas, selon Esper, dont l’ancien nom vulgaire français, reproduit par Engra- melle, était la bande noire, selon Geoffroy. D’après les Thérésiens, la chenille vit sur une graminée du genre Aÿa, à laquelle ils donnent le nom spécifique de #ontana. I] n’y a pas d’Ara mon- tana dans la Flore de l’abbé H. Coste, mais une Avena montana, graminée croissant dans les pelouses rocailleuses des montagnes. Probablement la chenille de l’'Æesperia Thaumas vit sur plusieurs espèces de graminées dont elle s’accommode également bien. D’après mon expérience, les Hesperia Thaumas et Lineola ne s'élèvent pas à une très grande altitude; Zineola, dans le Valais, voltigerait cependant plus haut que T'aumas et arriverait bien à 358 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE près de 2,000 mètres. Huebner a bien figuré les deux sexes de l’'Æesperia T'haumas, avec le nom de ZLinea, sous les n°° 485, 486 et 487. Hesperia Hamza, Obthr. J'ai fait figurer cette nouvelle espèce sous les n® 24, 26 et 2c de la PI IIT de la 1° livraison des Æudes d'Entomologie (1876). L’Espèce est décrite à la page 29 de l’ouvrage en question. L’Æesperia Hamza n'est pas rare dans la province d'Oran, aux environs de Sebdou, de Nemours, de Magenta, Méchéria, Géry- ville; je la possède également de Tanger et de Constantine. Dans le Sud, on la prend dès le mois de mars; à Sebdou, l’Æesperia Hamza vole en mai et juin. Le G' est toujours plus foncé que la Q. Je n'ai pas reçu de variété méritant d’être signalée. L’Æesperia Hamza paraît être une espèce assez fixe; c’est une spécialité de la Barbarie. Hesperia Acteon, von Rottemburg. Décrite par S. A. von Rottemburg aux pages 30 et 31 de Anmerkungen zu den Hufnagelischen Tabellen der Schmetterlinge (Der Naturforscher; Sechstes Stück; Halle; 1775). L'auteur com- mence par dire que ce papillon a beaucoup de ressemblance avec Thaumas, Hufnagel, ou Sylvestris, Poda; il ajoute qu'il ne la jamais pris lui-même, mais qu'il en a reçu récemment deux exem- plaires d’un ami de Landsberg-sur-la-Warthe. Esper a figuré une Q bien pâle sous le n° 4 de la Tab. XXXVI, et Huebner a médiocrement figuré les deux sexes sous les n° 488, 489 et 490. L'Hesperia Acteon se trouve en Angleterre; en Bretagne, où elle n’est pas rare aussi bien aux environs de Rennes que sur les falaises de Cancale, en juillet et au commencement d'août; dans la Sarthe (de Graslin); dans les Pyrénées-Orientales, où je l'ai prise à Port-Vendres et à Vernet-les-Bains, en juin et juillet; dans les Alpes-Maritimes, où je l'ai trouvée à la fin de juin; à Charroux LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 359 (Vienne); aux environs de Digne; à Aix-les-Bains (Savoie); au vallon de Saint-Pons (Bouches-du-Rhône); dans le val du Fier (Haute-Savoie); en Sicile; à Bordighera, Florence et Pompei (Italie); à Uclès, Bilbao et Grenade (Espagne); à Beyrouth; à Tanger, Lambèse, Oran, Sebdou, Alger, Bône (Côte de Barbarie). L’Espèce n’a qu’une éclosion par an; mais, suivant les latitudes, elle éclôt au commencement de juin, en juillet et même au commencement d'août. La race de Beyrouth semble plus grande et plus claire que les autres. Il y a des G' qui ont, comme les ©, au delà de l’espace cellulaire des ailes supérieures, une série de petites taches contiguës d’un jaune d’ocre plus clair que la teinte du fond et décrivant un arc; de plus, on aperçoit une tache également plus claire, occupant la plus grande partie de l’espace cellulaire. D’autres © sont d’un ton plus uniformément obscur. L’Æesperia Acteon paraît plus localisée et moins abondante que T'haumas; celle-ci semble être en France la plus répandue et la plus commune du genre Æesperia. Le nom d’Acteon est mytho- logique. Actéon était fils d’Aristée et d’Autonoé, fille de Cadmus. Il était grand chasseur. Un jour, il surprit Diane qui se baignait avec ses nymphes. La déesse indignée lui jeta de l’eau au visage, le métamorphosa en cerf et ses propres chiens le dévorèrent. Ce malheureux prince fut pourtant reconnu après sa mort pour un héros, par les Orchoméniens, qui élevèrent des monuments en son honneur. — Actéon désigne encore un des chevaux qui condui- saient le char du Soleil, dans la chute de Phaéton (Dricionn. Fable, par Fr. Noël; Paris; An XIII-1805). Augiades Sylvanus, Esper. Extrêmement répandue en Angleterre, dans toute la France, la Sicile, l’Asie-Mineure. J'ai trouvé Sylvanus partout où j'ai chassé en France et je ne crois pas utile de donner la nomenclature des localités d’où je possède authentiquement l’Espèce. Huebner a 360 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE représenté les deux sexes de Sylvanus, sous les n° 482, 483 et 484. Esper avait fait figurer seulement la Q, sous le n° 1 de la Tab. XXXVI. L’Æesperia Sylvanus présente une variété que le comte Tlurati a décrite et figurée comme espèce distincte, avec le nom d'Awgiades faunus, dans Naturalista Siciliano; XVIII: Tav. Vi he'erlo et l'av MTS Re: Cette Aberration faunus, dont je publie la figure sous le n° 239 de la PI. XXXVII du présent ouvrage, diffère du type parce que les taches plus claires des ailes inférieures, principalement accen- tuées sur le dessous des ailes, mais bien apparentes aussi en dessus, sont allongées, remplissent entièrement les espaces intra- nervuraux depuis l’espace cellulaire jusque plus ou moins près du bord marginal et forment par leur confluence une grosse et large tache plus claire que les bords, ainsi que cela a lieu dans l’Aber- ration de Comma que j'ai fait figurer sous le n° 85 de la PI 6 de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie. Je possède huit exemplaires de l’'Ab. faunus, tous Œ, que nous avons pris par hasard, c’est-à-dire sans les chercher spécialement, dans les Pyré- nées-Orientales, aux environs de Digne, dans l'Isère, à Rennes et à Moidrey (Manche), en face du Mont Saint-Michel. Ma collection contient en outre plusieurs exemplaires semblant former la transition entre l’Ab. faunus et le type. J'ai acquis, de Meek, une curieuse Aberration anglaise, dont les ailes inférieures sont d'un jaune d’or uni, sans parties plus claires, ni plus foncées, tant en dessus qu'en dessous. Les ailes supérieures ont aussi le fond plus clair. C’est un sujet remarquablement albinisant. L’'Espèce éclôt une seule fois par an, en juin et juillet. Elle est extrêmement abondante dans les allées des bois et sur la lisière des champs. Augiades Comma, Linné. Décrite comme suit par Linné, dans Sys/ema Nature, Edit. X; 1760; p. 484 : « Comma, 162. P. P. alis integerrimis divaricatis LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 361 fulvis : punctis albis lineolaque nigra. /#. Sec. 793. Habitat im Europa. » Si je me reporte à la l'auna suecica, Editio altera, auctior: Stockholmiae 1761; je lis à la page 285, sous le n° 1080, en outre de la diagnose du Systema Nature qui y est reproduite comme elle est rapportée ci-dessus, les renseignements complé- mentaires suivants : « Papilio alis erectis ovatis integerrimis testaceo-griseis, tesserulis albis linea nigra sub superioribus. Habitat in Pratis. Descr. Alae primores concolores, flavae, apice fuscescentes maculis pallidis : litura nigra linearis margine nuda subargentea in medio paginae superioris. Secundariae supra flavae, pallidius maculatae margine fuscescentes. Subtus griseae maculis albidis quadratis. » Comma est donc l’une des 52 espèces de Lépidoptères diurnes recensées dans la Ælora suecica, édit. 1761. Je prie le Lecteur de vouloir bien se reporter à ce que J'ai déjà écrit sur Comma dans la XX° livraison des Etudes d'Entomologie, aux pages 38 et 30. J'ai fait figurer sous les n° 85 et 86 de la PI. VI de l'ouvrage précité, deux Aberrations G' se produisant en sens inverse; c’est-à-dire : 1° L’Aberration chez laquelle les taches blanches du dessous des ailes inférieures confluent en une seule large tache blanche, centralement teintée d’un peu de jaunâtre; cette Aberration est pour Comma ce que V'Ab. Faunus, Turati, est pour Sy/vanus. Mon frère a capturé à Gavarnie (Hautes-Pyrénées), le 23 août 1908, un second semblable à celui qui a été figuré sous le n° 85 et qui provient de Sologne; j'ai désigné cette Aberration sous le nom de Faunula. 2 L’Aberration presqu’entièrement obscure sur le dessous des ailes inférieures, prise à Cauterets, et que j'ai appelée Guernisact. Sous les n° 240 et 241 de la PI. XXXVIT du présent ouvrage, j'ai fait figurer deux Aberrations : 1° Dupuyi (240), , remar- quable par l'absence partielle des taches blanches ordinaires sur le dessous des ailes inférieures; 2° albescens (241), G, analogue pour la direction de l’albinisme à la 7T'zaumas (242); L'Augiades Comma est une des espèces qui habitent une plus grande étendue de la terre palaé- et néoarctique et qui s'accom- 362 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE modent de toutes les altitudes; elle se reproduit en effet avec autant de continuité en Laponie qu'en Algérie, où Comma se rencontre, malgré l'affirmation contraire de Staudinger et Rebel (Catalog 1001); on trouve Comma en Europe, en Asie, dans l'Amérique du Nord, au bord de la mer comme dans les hautes montagnes; elle présente des variations locales ou formes géo- graphiques; mais elle offre aussi, dans les diverses localités qu’elle fréquente, d’intéressantes variations ou Aberrations individuelles. Une des stations où j'ai été à même d'observer Comma en plus grand nombre d'exemplaires à la fois est la dune dite de Miel-Pot et de la Guimarais, entre Saint-Malo et Cancale (Ille-et-Vilaine). Cette dune est exposée au Nord; la mer près de la plage est rocheuse, et devant la côte sablonneuse, on voit s'élever du sein des flots les énormes rocs dits : Grand et Petit Chevreuil; ces rochers ne sont point nus, mais au contraire couverts de végétation. On peut accéder au Petit Chevreuil, à pied sec, pendant que la mer est basse. Le Grand Chevreuil est toujours entouré d’eau. Ces rochers ressemblent, au mois de mai, à un véritable parterre de fleurs qui forment un assemblage tricolore; les fleurs blanches d'une Caryophillée forment des massifs entre les fleurs bleues de la Liliacée : Endymion nutans, la vulgaire Jacinthe, et les fleurs roses de Ja Plombaginée : Armeria maritima, communément appelée : jonc marin. Dès que le sable est à l'abri du flux jour- nalier des flots salés, une abondance de carex et d’ÆEryngtum maritimum pousse sur les flancs et la crête du talus qui forme comme la bordure de la dune, du côté de la mer. Un peu plus à l’intérieur, le sol très mouvementé, est gazonné et tapissé de plants de la rose pimprenelle, arbrisseau nain et à souche lon- guement traçante dont les fleurs blanches, grandes et solitaires, si nombreuses et si éclatantes en juin, sont remplacées, lorsqu’éclôt l'Augiades Comma, par de gros fruits d’un rouge noirâtre. Çà et là, au pied des relèvements rocheux de la dune, on aperçoit des massifs de fougères, et sur la hauteur, se trouve un abri formé par un bois d’'érables et de peupliers dont le vent marin tourmente la bordure, mais dont le milieu est assez épais et fournit une LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 363 Re RER végétation relativement vigoureuse. C’est dans ce site que l'Ay- giades Comma voltige en grand nombre du 12 au 18 août; elle se pose sur les fleurs de composées et préférablement à terre, et 11 est aisé d’en faire une abondante récolte. La chasse en est d'autant plus intéressante qu'à cet endroit, l'Awgiades Comma est très fertile en variétés. Il m'est arrivé, certains jours, de recueillir une quantité assez considérable d'échantillons d’une parfaite fraîcheur. En dessus, ils sont plus ou moins clairs ou foncés, cependant jamais d’un fauve aussi doré qu'au Taurus, ni jamais aussi obscurs qu’en Sibérie ou en Savoie. En dessous, les taches blanches normales sont tantôt petites, tantôt plus grosses, quelquefois d’un jaune seulement un peu plus pâle que la couleur du fond. Certains individus ont l’apex des supérieures et le fond des inférieures crisâtre en dessous; d’autres — et c’est le plus grand nombre — ont ces parties des ailes d’un jaune verdâtre. Rarement, les taches blanches des ailes inférieures, en dessous, sont surmontées de traits noirâtres qui les font vivement ressortir sur le fond verdâtre clair des ailes. D’après une longue série de Comma d'Angleterre que j'ai sous les yeux, la forme de cette Espèce en Grande- Bretagne ne diffère guère de la forme normale du département d'Ille-et-Vilaine. Les plus grands exemplaires de Comma que Je possède viennent du Fort-Naryne, en Turkestan. La chenille gri- sâtre, avec la tête noire, n'était pas rare en 1864 et 1866 sur Île plateau du Ryffel, en Valais. Pamphila borbonica, Boisduval. M. Eugène Holl, adjoint de 1"° classe du Génie en retraite, à Hussein-Dey (département d'Alger), a découvert à Hussein-Dey, où elle vole à la fin du mois d'octobre, une intéressante forme de la Pamphila borbonica, Boisduval. Cette trouvaille imprévue et insoupçonnée enrichit d’une unité spécifique très intéressante le Catalogue des Lépidoptères d'Algérie. La Pamphila borbonica fut initialement décrite par Boisduval, à la page 65 de la Faune entomologique de Madagascar, Bourbon 364 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE et Maurice, Paris, 1833, et figurée sous les n* 5 et 6 de la PI. o du même ouvrage. Comparant aux peintures originales que je possède, signées par E. Blanchard, les figures gravées et coloriées d’après ces modèles, je trouve l'exécution de la gravure et du coloriage un peu gros- sière et Je crois devoir en prévenir le Lecteur. Des figures meil- leures de Pamphila borbonica ont paru dans l'Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, par Grandidier; Paris, 1887. Les Lépidoptères forment le XVIII® volume de cette Æis/oire de Madagascar. La Pamphila borbonica y est décrite à la page 360 et figurée sous les n* 5 et 6, 6a de la PI. 55. La Pamphila bor- bonica de Hussein-Dey diffère seulement de la même espèce de Madagascar, Bourbon et Sierra-Leone dont j'ai sous les yeux de nombreux et très beaux exemplaires, ainsi que les types même de l’'Espèce (22 coll. Boisduval), par la taille un peu plus petite et la réduction des trois points blancs cerclés de noir qui se remarquent sur le dessous des ailes inférieures. Comme chez borbonica type, la borbonica-Holli, Obthr. est, en dessus, d’un brun noirâtre très obscur. Les ailes supérieures sont allongées et les inférieures ont le bord externe sinué avec l’angle anal un peu proéminent. Aux supérieures, en dessus, il y a d’abord près de l’angle apical et presque contigus au bord costal, trois tout petits points transparents, serrés les uns contre les autres et formant une petite série maculaire droite. On les perçoit de même en dessous, aussi bien que trois autres taches transparentes, sépa- rées les unes des autres, et de forme presque carrée; celle du milieu étant plus grosse que les deux autres. Enfin, pour achever la série qui forme une ligne maculaire oblique, on voit une tache Jaune opaque. Les ailes inférieures, en dessus, sont immaculées. Le dessous des ailes est d’un jaune olivâtre, avec la base des supérieures largement lavée de noir mat. Sur les inférieures, on distingue les traces des trois points blancs cerclés de noir qui sont beaucoup plus gros et plus accentués dans la forme type de Madagascar et Bourbon. Les deux sexes ont les ailes semblables. Il semble que la pulvérulence jaune olivâtre du dessous des ailes LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 365 inférieures est très fugace; car elle ne persiste pas longtemps et on ne la trouve que dans les exemplaires frais. Chez ceux qui ont un peu volé, la teinte jaunâtre a disparu et 1l ne reste que le fond des ailes d’un gris noirâtre uniforme. Pamphila Lefebvrii, Rambur, et Pamphila Nostrodamus, Fabricius et Herrich-Schaefter. Voici comment Fabriaus décrit VNostrodamus, nom qui, après lui, a presque toujours été transformé en WNostradamus : « Alis divaricatis, fuscis; anticis supra fascia maculari albida; posticis subtus cinereis : habitat in Barbaria. » Les deux Æesperies : Lefebvru et Nostrodamus constituent certainement deux unités spécifiques distinctes; pourtant, dans le Catalog 1901, Staudinger et Rebel gardent un silence absolu sur l’'Æesperia Lefebvru. Dussé-je une fois de plus contrister les dévots du Catalog 1901, le souci de la vérité entomologique, seule considération à envisager, m'oblige à apporter de nouveau une rectification, sous forme d’addition d’une unité spécifique, à un ouvrage qui semble malheureusement rédigé à la légère, sans étude suffisante de la bibliographie et même avec un parti-pris facile à percevoir en maintes circonstances. Pourtant combien d'Entomo- logistes pleins de confiance dans la perfection de l’œuvre et la science infailhble des auteurs, sont tout disposés à accepter, sans contrôle, toutes les assertions contenues dans le Catalog ! Ne me trouvant retenu par aucun respect fétichiste envers le Catalog allemand, je signale les fautes lorsque je les trouve, et j'invite mes contradicteurs, s'il y en a, à faire valoir leurs raisons. Donc Lefebvrii, omise dans le Catalog Staudinger et Rebel, 1001, est une espèce bien valable et distincte de sa congénère Nostrodamus, n° 680 du Catalog précité. C'est Rambur qui a distingué Zefeburu, et j'invite le Lecteur à se reporter aux pages 00 et 01 du Catalogue systématique des Lépidoptères de l'Andalousie, Paris, 1858. 366 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Nostrodamus © est hgurée par Herrich-Schaeffer sous les n° 35 et 30 des Æesperides Europ, Tab. 6, et la légende porte bien Nostradamus. C'est une espèce à laquelle Rambur (Loc. cit, p. 80, 90 et 91) consacre aussi une description détaillée. Rambur cite avec raison les figures données par Duponchel dans le Supplément (PI XLI, fig. 4, 5 et 6), avec le nom de Wostradamus, comme se rapportant à Lefebvru. Il désigne encore les figures 458, 450 et 460 données par Huebner, avec le nom de pygmaæus, comme représentant Lefebvru. Je pense que c’est en effet très probable. Ésper, sous le n° 3 de la Tab. XCIX, a également figuré, je crois, Lefebvri , avec le nom de Pigmaæus. Freyer, sous les n° 2 et 3 de la Tab. 513, a vraisemblablement représenté, avec un coloriage qui manque de finesse, la Wostrodamus qu'il appelle Pumilio. Dans les Proceedings of the Zoological Society, 1874, Moore a sans doute représenté le © de Wostrodamus, avec le nom de Karsana. Boisduval, dans l’Zcones, a figuré Lefebvru, sous le n° 3 de la PI. 47, avec le nom de Nostradamus. De tout ceci, il résulte que d’une part l’Æespérie distinguée par Rambur avec le nom de Zefeburs a été figurée par Esper comme Pigmæus; par Huebner, comme Pygmeus,; par Duponchel et par Boisduval, comme Vostradamus, et que d’autre part Vostrodamus, secundum Fabricius, a été figurée par Herrich-Schaeffer comme Nostradamus, par Freyer, comme Pumilio; par Moore, comme Karsana. La Pamphila Lefebvrz, Rambur, est un peu plus petite que Nostrodamus,; les ailes supérieures de Nostrodamus ont l’apex allongé, tandis que les mêmes ailes, chez Zefebvrä, sont plus courtes et ont le sommet moins proéminent. La couleur du fond des ailes est sensiblement plus foncée dans Zefebvrii que dans Nostrodamus, aussi bien en dessus qu’en dessous et pour les deux sexes. En dessus, Lefebvru est d’un brun noirâtre; VMostrodamus est d’un brun un peu fauve; en dessous, Lefebvri est d’un brun noirâtre, uniforme, sauf chez le G' qui a la première moitié des ailes supérieures plus foncée; VNostrodamus est plus pâle et la Q surtout paraît d’un gris presque blanchâtre; certains exemplaires LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 307 ont le bord anal des ailes inférieures à peu près blanc. La frange est plus brune chez Lefebvru. Les ©, chez ZLefebvru, ont, en dessus, les taches des ailes supérieures d’un jaune ochracé clair; ces taches sont blanchâtres et plus grandes dans Wostrodamus. Aux ailes supérieures du ©, en dessous, les points blanchâtres, non visibles en dessus, paraissent différemment placés dans les deux espèces, et aux ailes inférieures, Lefebvri G' présente cinq à six points formant une ligne courbe; ces points sont mieux indiqués chez la Q et ils sont parfois surmontés d’atomes noirâtres. Nostrodamus se tient volontiers sur la poussière des chemins, dont elle a la couleur, et dans le lit desséché des torrents. Suivant Bellier, qui a pris Lefebvrü, en Sicile, « aux heures où la chaleur a le plus d'intensité, on la rencontre immobile sur les sentiers poudreux ou sur quelque pierre brûlante. Rarement elle se pose sur les végétaux qui sont à sa portée. Son vol est très rapide; elle rase constamment la terre, de sorte qu'on la perd facilement de vue; mais quand on l’a manquée, elle revient presque toujours se poser à la place même d'où elle était partie ». Elle parait en Sicile depuis le mois d'avril jusqu'à la fin d'août, toujours rarement et presque isolément. M. Holl a pris les deux espèces : Lefebvri et Nostrodamus, aux environs d'Alger, en juin, sep- tembre et octobre. Cet habile chasseur pense comme moi que Lefebvri et Nostrodamus sont deux espèces très distinctes. Je possède Wos/rodamus des localités suivantes : Dalmatie; Barcelone; Grenade (de Graslin, juin et septembre); Solfatare, près Naples; Hussein-Dey, Maison-Carrée (Holl, août et sep- tembre) ; Sidi-Okba, Biskra (R. Oberthür; J. Merkl, mai); Sebdou (D' Codet et Powell, en août). Et Zefebvru de Sicile (Bellier); de Hussein-Dey (Holl, octobre); de Collo (D' Seriziat); de Menton (Alpes-Maritimes), où Decoster en a capturé plusieurs exemplaires des deux sexes, et de Formia (Prov. de Caserta) dans l'Italie méridionale, d'où me l'a envoyée M. Orazio Querci. Le nom de Zefebvri est évidemment postérieur à Pigmeus, Esper, et à Pygmæus, Huebner, et il y aurait sans doute lieu, à 3068 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE cause de la loi de priorité, de rétablir le nom le plus ancien : Pigmaæus, au lieu du nom plus récent : Lefebvru, Rambur. Cependant, bien que les figures données par Esper et Huebner semblent bien se rapporter à Lefebvru, 11 est incontestable que c'est Rambur, en créant cette Lefebvru, qui a été le véritable auteur de la distinction entre deux Espèces jusqu'alors mélangées et maintenant encore confondues, grâce à Staudinger et Rebel, qui n'ont pas su ou voulu prendre le temps de les discerner. En adoptant le nom de Zefebvra donné par Rambur, je suis donc sûr de désigner très exactement au moins avec ce nom, l’Espèce qui n’est pas actuellement reconnue par tout le monde, comme distincte de VNostrodamus. C’est cela qui a dicté ma résolution. Boisduval, dans le Genera et Index methodicus, 1840, avait bien senti qu'il y avait deux espèces distinctes et 1l avait inscrit à la page 35, sous le n° 286, une Æesperia Ætna, de Sicile, à laquelle 1l avait donné comme synonyme la Nostradamus, Bois- duval (/cones). Il plaçait sous le n° 287 Nostradamus, Fabr.; mais 1l établissait ensuite pour Vostrodamus, Fabr., une syno- nymie fautive. Carcharodus Alceæ, Esper. Figurée sous le n° 3 de la Tab. LI et décrite aux pages 4, 5 et 6 du vol. II de l'ouvrage : £uropæisch. Schmetterlinge. Le nom vulgaire allemand donné par Esper est : Der Falter der Garten- malve. L’Alceæ éclôt chez nous deux fois par an : au premier printemps et à la fin de l'été. Nous ne voyons jamais le papillon très abondant. Il fréquente volontiers les jardins et c’est ainsi que J'en récolte chaque année quelques exemplaires dans les allées ou sur les pelouses, à Cancale et à Rennes. Je possède AZceæ de Saint-Pons (Bouches-du-Rhône); de Florac (Lozère); de Char- roux (Vienne); de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales); de Digne; des Alpes-Maritimes; de Châteaudun (Eure-et-Loir), où LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 369 Guenée l’a élevé de la chenille; de Saint-Germain-en-Laye (Seine- et-Oise); de Hyères (Var); de Corse; de Brindisi, en mai; de Sicile; de Grèce; de la vallée de Ronda (Andalousie), en juin; d'Algérie : Alger; Biskra, en mai; Magenta, en juin; Géryville, en mai; Lambèse, en avril et juin; Sebdou, en mai; Khenchela, en juin; de Tanger, au Maroc; de Larnaca, dans l’île de Chypre; de Broussa et de Tokat, en Asie-Mineure; de Beyrouth et d'Akbès, en Syrie; du Fort-Naryne, dans le Turkestan oriental, et Siao- Lou, aux frontières occidentales de la Chine, tout près du Thibet oriental. En Syrie, Alceæ donne la variété australis qui est généralement petite et d’un brun roussàtre et un peu jaunâtre. L'Espèce varie un peu pour la taille et pour la couleur plus ou moins claire ou foncée du fond des ailes, aussi bien en dessus qu'en dessous. Les dessins bruns du dessous sont plus ou moins visibles sur le fond des ailes et les taches transparentes des ailes supérieures, ainsi que les taches blanc jaunâtre des ailes inférieures, sont plus ou moins développées, en dessus, comme en dessous. J'ai toujours pensé qu'Alceæ se trouverait quelque jour en Angleterre. En effet, c’est une espèce qui semble voyageuse et qui aime à errer assez loin de son point d’origine. Tous les ans, Je vois des exemplaires voltigeant isolément dans mon jardin à Cancale, et je suis amené à penser qu'une Espèce petite, mais d'apparence relativement robuste, répandue depuis le Sahara algérien jusqu'aux bords de la Manche, pourrait bien se rencontrer sur les côtes du Sud de l'Angleterre, où croissent quelques-unes des espèces de Malva : notamment woschata, sylvestris et rotun- difolia, sur lesquelles peut vivre la chemille qui est grise, finement poilue, avec la tête noire. La chrysalide se fait dans une feuille de mauve enroulée. Huebner a figuré la Q avec le nom de walve, sous les n° 450 et 451, et la chenille ainsi que la chrysalide sous les n° 1 à et à de la collection des Zarve (Pagiliones, Il; Gens, E, a). 24 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE (2) DS! © 5 Carcharodus lavateræ, Esper; 2 Carcharodus altheæ, Huebner; et Carcharodus bæticus, Rambur. Si l’on considère une paire bien caractérisée et normale de ces trois Carcharodus, c'est-à-dire si l’on compare lavatere, des envi- rons de Digne, à A/fheæ, de Paris ou de Rennes, et à bæticus, d'Espagne ou de Martigny (Valais), on aura la conviction que lavatere, altheæ et bæticus représentent des unités spécifiques bien distinctes; mais si, au lieu d'envisager un petit nombre seu- lement d'exemplaires appartenant à des formes bien caractérisées de lavatere, altheæ et bæticus, on étudie un matériel plus impor- tant composé d'échantillons provenant des localités les plus diverses, on est obligé de constater que des liens très intimes existent entre /avatere, altheæ et beticus; ces liens sont établis par des exemplaires de transition que je me considère comme personnellement incapable de rapporter avec certitude à l'une plutôt qu'à l’autre des unités précitées. Je ne connais, Je dois l'avouer, ni les œufs, ni les larves, ni l'anatomie des genitalia; Je juge donc d’après les seuls caractères extérieurs; mais je ne puis cacher l'impression que je ressens d’après ce que Je vois, et croyant que le plus élémentaire souci de la probité scientifique me fait un devoir d'exposer simplement ce que je présume être la vérité, au risque de grandement étonner mes lecteurs, je me trouve amené à penser et à dire que lavatere, altheæ et beticus sont trois termes d’une seule et même unité spécifique. Bæticus forme le passage et le lien entre lavatere et altheæ. Je livre cette opinion aux critiques et aux recherches ultérieures; il est possible que létude plus approfondie des premiers états et des caractères anatomiques démontre qu'il y a réellement deux, trois ou peut-être même quatre Espèces, tandis que je me sens porté à n’en admettre qu'une seule. Je m'inclinerai bien entendu devant la vérité qui me sera démontrée; mais j'espère que certains Entomologistes se trouve- ront incités par l'intérêt de cette énigme à essayer de soulever le LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 371 voile qui nous cache encore un des secrets de la Nature. Je souhaite vivement que le travail d’où procédera la lumière soit publié le plus tôt possible. En attendant, je traite l'histoire de chaque Carcharodus comme si les trois : lavatere, Altheæ et bæticus étaient spécifiquement distincts; mais J'exposerai au cours de chaque notice comment il me semble que le passage s'établit de l’une à l’autre des trois Formes, ou peut-être Espèces distinctes de Carcharodus; Alceæ restant en dehors et paraissant une Espèce nettement différente des autres. io Carcharodus lavateræ, Esper. Assez grossièrement figuré par Esper, sous le n° 4 de la Tab. LXXXII, avec le nom mal orthographié de Zavathere, et décrite d’après des exemplaires venant de France et de Suisse, qui furent communiqués à Esper par Gerning. Esper dit qu'on n’a pas encore découvert l'Espèce dans ses environs, c'est-à-dire autour d'Erlangen. Huebner a donné une meilleure figure de la © sous les n® 454 et 455 et avec le même nom fautif de Lavarheræ. Godart a représenté l’'Hespérie de la Lavatère, avec un dessin exact, mais un coloris très sombre, sous les n°* 7 et 8 de la PI XXVIITI du Vol. II de l’AÆistoire naturelle des Papillons de France. « Lava- tère, dit Godart (p. 232, vol. IL), est un genre de plantes de la famille des #alvacées, dédié à Lavater, médecin et botaniste suisse. » Le Carcharodus lavateræ est une espèce assez vive, d’allures souvent rapides, éclosant depuis le commencement du printemps jusqu'au milieu de l'été, habitant l'Algérie, l'Espagne et les régions subalpines de la France; il s'élève assez haut dans les montagnes, puisqu'il dépasse dans les Hautes-Pyrénées le village de Gavarnie et dans les Alpes celui de La Grave. Il n’est point rare de voir, au mois de juillet, quelque lavateræ voltiger, avec les Syrichthus et les Lycæna, sur les chemins boueux ou sur les S 2 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE fumiers frais et les parties humides des sentiers dans les Hautes- Pyrénées, dans les Alpes et dans les Cévennes. On distingue facilement lavateræe des autres Lépidoptères qui l'accompagnent à sa couleur générale blanc verdâtre. Ma collection contient des lavaleræ capturés dans les localités suivantes : Cauterets et Gavarnie (Hautes-Pyrénées), en juillet; La Grave (Hautes-Alpes), en juillet; Aix-les-Bains (Savoie), en juin; Vizille (Isère), en juin; Florac (Lozère), en juillet; route du Simplon, à partir du Refuge n° 2, en montant vers Bérizal et Zermatt (Valais), en juillet; Digne, en mai et juin; Samt-Pons (Bouches-du-Rhône), en mai; La Montgie (Puy-de-Dôme); Bourg-d'Oysans, Montpellier et Vernajaz (collection Guenée); Bordighera, en mai; Nice, en juin; Hongrie (collection Kuwert); Naples (collection Bellier); Grenade (Andalousie), en mai (col- lection de Graslin); Algérie : Sebdou, en juin; Lambèse, en juin; Méchéria, à la fin de mars; Sicile (collection Bellier);, Akbès et Bérut-Dagh (Taurus), en juillet. La chenille, suivant Guenée, a été décrite par Hornig. Elle vit à la fin d'avril, à la manière de Malvarum (Alceæ), sur le Szachys recta, plante vivace de la famille des Labiées, à feuilles poilues et vertes sur les deux faces, et à fleurs d’un blanc jaunâtre, qui croit sur les coteaux calcaires de l’Europe centrale et méridionale. La larve en question est d’un gris bleuâtre, avec la stigmatale jaune et la tête noire. Les exemplaires de Sicile, d'Espagne et d'Algérie ont généra- lement le dessus des ailes d’une couleur plus foncée que ceux des Pyrénées, des Cévennes et des Alpes. Les © surtout sont tachetées de brun roussâtre, ce qui leur donne un aspect plus obscur. En dessous, les ailes inférieures ne sont pas toujours d’un blanc Jjau- nâtre ou verdâtre uni; mais les mêmes maculatures que dans bæticus commencent à apparaître. En Sicile, la transition de lavatere à beticus est parfaite. Il en est de même en Syrie. D'ailleurs les bæzicus d'Algérie et d'Espagne sont eux-mêmes de nuance plus claire que ceux de Martigny en Valais et ainsi se présente un /ransitus egregius entre lavatere et bæticus. J'ai sous LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 373 les yeux exactement 119 exemplaires de lavatere rangés dans la même boîte, par localité, à côté de 05 bæticus. Je considère que sur cette quantité une douzaine d'exemplaires sont fort embarras- sants et aussi bien référables à lavateræe qu'à beticus. Les lavatere de France, de Suisse et de Hongrie sont hors de cause, comme les éæticus de France et du Valais; mais Je ne vois aucune possibilité de faire, au moyen de quelque caractère différentiel extérieur tiré de l'insecte parfait qui puisse donner satisfaction, l'attribution à lavatere plutôt qu'à beæticus de certains individus algériens, syriens et siciliens. Je ferai observer que jamais nous n'avons observé lavatere dans les Pyrénées-Orientales, n1 dans les plaines de l'Ouest de la France. Zavatere, sans être rare, n'est pas très abondante généralement et on la capture le plus souvent par échantillons isolés; cependant, depuis le temps que nous chassons dans les Pyrénées-Orientales, si lavateræ y existait, Je crois que nous l'y aurions rencontrée. 20 Carcharodus bæticus, Rambur. La © est figurée dans la Faune entomologique de l'Andalouste, sous les n° 3 et 4 de la PI. 12, et l'Espèce est décrite aux pages 8o, 81 et 82 du Catalogue systématique des Lépidopières de l'Andalousie. Je ne puis qu'inviter le Lecteur à se reporter à cette description publiée en 1858 et à la figure qui date de 1830. Cette figure est du reste bien exécutée. Rambur commence sa description par ces mots : « Nous n'avons pas à prouver lauthenticité de cette espèce, elle est évidente; nous sommes donc surpris que M. H. Schaeffer l'ait méconnue dans ses suppléments à Huebner. » Pour parler ainsi, Rambur ne devait pas avoir étudié attentivement les affinités de bæticus et de lavateræ, d'une part, et de bæñicus et d'Al/fheæ, d'autre part. Herrich-Schaeffer a figuré bæficus, sous les n° 14 et 15, avec le nom de #alvarum var. marrubü, et c’est contre ce rattachement de marrubii à malvarum comme variété, que Rambur croit devoir 3/74 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE protester. Pour apprécier la raison d’être de ce nom : #arrubü, il faut savoir que ce nom avait d’abord été donné par Rambur à bæticus, mais #n litteris seulement. Rambur avait découvert bæficus à Montpellier, en 1827, et il avait répandu sa nouvelle Æespérie dans les collections de son temps, en l'appelant : warrubi. C’est ainsi que dans les collections Boisduval, Guenée, de Graslin, Bellier, bæricus a toujours été étiqueté : #arrubü, Rambur. C’est après son voyage d’Espagne que Rambur, en figurant bæficus, abandonna le nom ?x litteris de marrubü. La chenille vit à Grenade sur le #arrubium hispanicum dont elle lie les feuilles pour se renfermer. On trouve dans l’Europe centrale deux espèces de wearrubium : vulgare et peregrinum, plantes de la famille des Labiées, dont se nourrit, je pense, la chenille de bæticus en Suisse et dans le midi de la France. Guenée avait dans sa collection 3 exemplaires de #arrubi qu'il dit tenir de Rambur lui-même. Voici le relevé des documents dont je me trouve disposer actuellement : 7 warrubu, dont 2 de Marseille (coll. Bellier); 4 de Grenade, pris en mai (coll. de Graslin); 4 sans localité (coll. Boisduval); 3 d'Andalousie, donnés par Rambur, et 1 de Cata- logne (coll. Guenée); 2 © prises au Pardo, près Madrid, par moi-même, en avril 1867; 1 Q capturée à la Sierra-Nevada, côté de Lanjaron, en juillet 1870, par mon frère; 6 des Pyrénées- Orientales, récoltées en mai et en juillet; 1 de Sicile coll. Bel- lier); 20 de Martigny (Valais), élevés de la chenille par Arnold Wullschlegel, qui a obtenu l’éclosion en juillet; 1 de Khenchela, pris en mai; 4 de Lambèze, pris en avril et juin; 14 d'El-Kantara, dans la province de Constantine, recueillis par mon frère en mai 1875; 2 de Magenta (1* Lahaye, juin 1886); 12 de Sebdou (L' Lahaye, D' Codet et Harold Powell, mai et juin); 7 de Beruth-Dagh, au Taurus (Delagrange, juillet 1800); 6 d’Akbès, en Syrie. Je compare entre eux les lavatere et les bæticus (marrubti) des mêmes localités, c'est-à-dire du Valais, d'Espagne, de Sicile, d'Algérie. Je constate que les lavateræ et les bæticus sont très LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 375 RE distincts, au Valais, et ne peuvent être confondus. Mais si J'essaie de séparer les lavatere et les bæticus de Syrie, je n'y puis par- venir: certains inclinent plus vers lavateræ, d’autres paraissent être plutôt des bæicus; toutefois, il est impossible de les distinguer spécifiquement les uns des autres, et non seulement ces exemplaires, constituent entre eux une transition parfaite, mais encore ils forment entre les vrais lavatere et les véritables bæ/icus un passage insensible et par conséquent excellent. 3° Carcharodus altheæ, Huebner. La © est bien figurée par Huebner, sous les n° 452 et 453, et le d est représenté très fidèlement par Godart, sous les n°* 5 et (6 de la PL XXVIII du tome II de l’Aistoire naturelle des Papillons de France. L'Hespérie de la Guimauve, ainsi que l'appelle Godart, est décrite aux pages 230 et 231. Je possède alfheæ, au nombre de 83 exemplaires, des localités suivantes : Vernet-les- Bains, en mai et juin, puis en Juillet; Cauterets, en juillet; Saint- Pons (Bouches-du-Rhône), en juin; Uriage (Isère), en juin alea Grave et le Lautaret (Hautes-Alpes), en juillet; Basses-Alpes; Saint-Martin-d'Entraunes (Alpes-Maritimes), en juillet; Auzay (Vendée), à Ja fin d'août; Rennes, dans mon jardin, en sep- tembre; environs de Paris et Sicile (collection Bellier); Chartres, Bourg-d'Oysans, Vernet (coll. Guenée); Vernet et « reçu de Pierret » (coll. de Graslin); sans localité, dans la coll. Boisduval; vallée de Ronda, en Andalousie, au mois de juin; Broussa, en Asie-Mineure. On remarquera qu’altheæ habite au Vernet avec beticus,; à Cauterets, où lavatere se trouve également; dans les Alpes- Maritimes, où vit lavatere,; en Andalousie où se rencontrent lavatere et beticus; à La Grave, où lavateræ vole à la même époque; en Sicile, où lavateræ et bæticus ont été pareillement récoltés. Althee est seul, c'est-à-dire sans lavatere, ni bæticus, à Paris, à Rennes, en Vendée, à Chartres. Ainsi que Je l’expose ci-dessus, 376 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dans la notice consacrée à lavatere, celle-ci n’a jamais été observée par nous dans les Pyrénées-Orientales; pourtant Zavatere se trouve en Catalogne, à Montpellier, dans les Hautes-Pyrénées, c'est-à-dire tout autour du Roussillon et de la Cerdagne; cepen- dant, si lavatere manque dans les Pyrénées-Orientales, a/tkeæ est assez fréquente au printemps et en été, aux environs de Vernet; bæticus y est plus rare; mais ce sont les al/heæ des Pyrénées- Orientales qui se relient, par une transition parfaite, aux bæricus de la même région. Chez bæricus, les dessins olivâtres du dessous des ailes inférieures sont plus fins; ces dessins forment comme 4 bandes principales descendant du bord costal vers le bord anal, parallèlement au bord externe et séparées les unes des autres, par des espaces blanchâtres, tandis que chez altheæ, les dessins en question sont moins nets, plus confus et surtout les deux dernières bandes confluent au voisinage du bord extérieur, de telle sorte qu'on voit chez al/heæ une sorte de rayonnement figurant comme les doigts d’une main étendue dont l'extrémité aboutit au bord terminal; mais il y a des passages entre les formes extrêmes et ces transitions sont telles qu’on ne peut véritablement faire aucune coupure, mn établir aucune séparation entre al/heæ très caractérisé et éæñcus. D'un autre côté, j'invite les Entomologistes que la question intéresse à piquer sur le bord d’une planche d’agave une série d'exemplaires de lavatere et d’althee et à regarder les papillons dont tous les dessins et toutes les taches transparaissent alors parfaitement, en les plaçant devant la lumière d’une lampe électrique. On constatera la parfaite similitude de toutes les taches et dessins de lavateræ et d'altheæ. Lavatere est la forme albine et altheæ la forme mélanienne d’une même unité spécifique. Telle est ma conclusion, sauf à connaître ce que l'étude des premiers états et des genitalia pourra révéler. Je publierai sans doute dans la V® livraison des Etudes de Lépidoptérologie comparée une Planche explicative des transitions de lavatere, beticus et altheæ. Si je publiais cette instructive Iconographie dans la IV® livraison, je retarderais la publication de l'ouvrage plus qu’il ne convient, SN LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 7 —— rm Syrichthus Proto, Esper. Ne paraît pas rare en Algérie, en Espagne, en Syrie; moins abondante en Provence. M. Harold Powell a élevé la chenille de Proto à Sebdou et les papillons provenant de cette éducation sont éclos en septembre 1907. La chenille de Proto vit sur les PAlomis, plantes de la famille des Labiées, croissant dans les lieux stériles, secs et rocailleux du Midi de la France, de l'Espagne et de l'Algérie. Je crois que dans les environs de Sebdou, Pro1o mange les feuilles de la P#Alomis Lychnitis, sous-arbrisseau d’un aspect cotonneux blanchâtre, à fleurs jaunes. Les feuilles sont pubescentes en dessus, blanches tomenteuses en dessous, fortement nervées-réticulées, comme le dit très bien l'abbé Coste (Flore illustrée France, vol. III, p. 123). La chrysalide repose entre les feuilles, à l'extrémité des tiges, et elle est couverte d’une poussière blanche. M. H. Powell m'a envoyé des chrysalides, avec la plante dans laquelle elles se sont formées. Proto est une espèce très variable pour le dessous des ailes inférieures; tantôt les taches qui les décorent ressortent en ocre jaune pâle sur le fond blanchâtre des ailes, tantôt en rouge brique; ces taches sont de dimension variable. Le dessus des ailes est lui- même très variable; les taches blanches ordinaires sont parfois ochracées, et il semble que tout un lavis jaunâtre soit répandu sur toute la surface des ailes; de plus, les taches peuvent être réduites ou élargies. Proto se trouve en France aux environs de Marseille et de Montpellier; l’'Espèce est répandue en Syrie (Akbès et Berut-Dagh, au Taurus); en Espagne (Grenade, Sierra-Nevada, vallée de Ronda, Cordoue, en juillet; Carthagène, en Jjum; Madrid, d’où me l’envoyait jadis feu Aurelio Vazquez, habile chasseur, décédé le 5 janvier de cette année 1910, à Guadalajara) ; en Algérie (Vakouren, en juillet 1007; Djurjura, en juillet 1884; Alger, chemin des Aqueducs, en juin 1883; Sebdou, Terny et 378 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Sidi-Vahia, en juin, juillet, septembre et octobre 1907; Tala-rana- Maillot, en juin 1900). Esper a grossièrement figuré, sous les n° 5 et 6 de la Tab. CXXIII, le Proto, primitivement décrit par Ochsenheimer, d’après un exemplaire du Portugal; Boisduval, dans l’/cones, n'a pas donné une excellente représentation de Proto; cependant l'Espèce est reconnaissable sous les n° 4 et 5 de la PI. 46; Duponchel n’a guère mieux réussi à figurer Proto sous les n° 7 et 8 de la PI XLII du Supplément. Aux pages 262 et 263, Duponchel décrit Proto et donne, d’après Rambur, qui, le premier, avait trouvé la chenille aux environs de Montpellier, une histoire des premiers états concordant parfaitement avec les observations de M. Harold Powell. La chenille relie, avec des fils de soie, les feuilles du sommet de la P/Ælomis Lychnitis, et forme avec ces feuilles agglomérées un abri au milieu duquel elle se tient cachée, rongeant surtout l'extrémité de la jeune tige. C'est dans ces feuilles liées entre elles que la chenille opère sa transformation en chrysalide. Frever, sous le n° 5 de la Tab. 361, semble figurer avec le nom de Proto le dessous de Carcharodus bæticus et le dessus d’un Syrichthus qui est peut-être Proto. Les meilleures figures de Proto sont probablement celles de lIconographie de Huebner (n° 918, 010, 9020 et 921). Elles ne sont cependant pas la perfection. Quant à celles de Lang (figures 4 de la PI. LXXVIII), elles sont tout à fait mauvaises. La chromolitho- graphie économiquement pratiquée sur des dessins à la plume et au crayon n'arrive généralement pas à la finesse nécessaire pour représenter convenablement des Syrichthus. Le Rév. Henry- Charles Lang, auteur de l'ouvrage 7’%e Butterflies of Europe, « Vicar of All Saints Church », est mort le 20 décembre 1900, à l’âge de 59 ans. Sa collection de Lépidoptères paléarctiques avait été vendue, peu de temps avant sa mort, aux enchères publiques. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 379 EE _— ————— " — — — — .…" — ——"——.…—""—————————————…—…—….’…’.…_ ’_—…_—_ - Syrichthus Mohammed, Obthr. (54 Je possède 12 exemplaires que je compare à 05 Proto, près desquels ils se trouvent alignés dans la même boîte. Ce qui me fait considérer Mohammed comme une Espèce à part et différente de Proto, c'est le dessous des ailes inférieures. Chez Mohammed, les taches blanches du dessous des ailes inférieures sont porce- lanées, tandis qu’elles sont mates chez Proto. Les ailes de Mohammed, en dessus, ont les taches blanches plus divisées; ces taches sont alignées moins droit sur les ailes inférieures; de plus, le contour des mêmes ailes inférieures, chez Mohammed, est plus dentelé et profondément sinué, avec prolongement aigu des ner- vures sur la frange des quatre ailes qui est plus longue chez Mohammed. J'ai publié de bonnes figures de Mohammed dans la XII° livraison des £tudes d'Entomologie, sous les n* 23 a et 23 d de la PL V. Je prie le Lecteur de vouloir bien s’y reporter. Je me demande pourquoi feu Staudinger prenait plaisir à affubler les noms propres d’un génitif; il a satisfait sa manie, en rectifiant Mohammed en Mohammedi. Mohammed est un nominatif qui ne comporte nullement la même déclinaison latine que le mot Dominus. Pour être conséquent avec lui-même, Staudinger aurait dû pourvoir d’une désinence indiquant le génitif tous les noms propres que Linné et les autres Auteurs ont employés au nomi- natif : Arion, Euphemus, Arcas, Cyllarus, Damon, Priamus, Hector, Æneas, Polymnestor, Apollo, Machaon, Podalirius, etc, etc. On objectera que Mohammed est un mot barbare; mais je demanderais si les noms suivants appliqués à des Æespéries américaines ne sont pas plus barbares encore : Iowa, Scudder; Delaware, Edwards: Hobomok, Harris; Ottoe, Edwards; Huron, Edwards: Orono, Scudder; Egeremet, Scudder ; Mystic, Scudder; Metacomet, Harris: Panoquin, Scudder, etc. etc. J'ai donné à un Syrichthus d'Algérie qui m’a paru nouveau le nom de Mohammed, comme j'ai donné à un autre le nom d’Ali, et ces noms resteront tels quels. Pourquoi Staudinger, tant qu'il y était, n'a-t-1l pas orné 380 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE d’une désinence latine le nom arabe A/3 et formé le génitif A/, qu'il aurait fait dériver du nominatif As? Cela aurait bien valu Mohammedus, Mohammedi, etc. Mohammed (et non Moham- medi) a été pris à Sebdou, en mai et en octobre 1007; à Jambèse, en mai et en août; à Constantine, d’où feu Olivier m'a envoyé des exemplaires superbes. Le dessous des ailes inférieures varie pour l'interruption (fig. 23 a) ou la continuité sans interruption (fig. 23 &) de la bande blanchâtre médiane; mais ce genre de variation est commun à presque toutes les Espèces de Syrichthus. Syrichthns leuzeæ, Obthr. Figurée sous le n° 10:de la PI. IIT de la VIlhivraison des Etudes d'Entomologie et décrite à la page 60 du même ouvrage. Je ne puis qu'inviter le Lecteur à se reporter à ce que J'ai précé- demment écrit, relativement à Zeuzeæ. L'Espèce est très tranchée et ne peut être confondue avec aucune autre. Elle paraît rare. J'en possède en tout 6 exemplaires : le type, de Mascara (coll. Bois- duval); 1 © prise à Sebdou par le D' Codet; 3 G' capturés à Sebdou en mai 1007 par Harold Powell; 1 G pris par J. Merkl, dans le Djurjura, en juillet 1884. Le nom de ZLeuzeæ donné par Boisduval et que j'ai maintenu, dédié à Deleuze, naturaliste français, désigne une plante de la famille des Composées, à fleurs purpurines, appelée Leuzea cont- fera, D. C. Le genre Leuzea, très voisin du genre Centaurea, contient dans la Flore de H. Coste une seule Espèce qui croît sur les coteaux pierreux et les garrigues de la France méridionale, de l'Espagne, de l'Italie et de l'Algérie. Je ne crois pas que Boisduval ait connu la plante dont a pu se nourrir la chenille de son Syrichthus Leuzeæ,; mais par analogie avec les plantes sur lesquelles vivent ordinairement les Syrzchthus, Boisduval s’est servi du nom d’une Centaurée, préjugeant ainsi un état de choses qu'il ne connaissait probablement point. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 381 Syrichthus Sidæ, Esper. Une des Espèces les plus faciles à distinguer dans le genre Syrichthus, à cause du dessous des ailes inférieures orné de deux larges bandes jaune d'or. J'ai pris Sz/æe, en mai 1895, dans l'Esterel, près Cannes, en compagnie de feu mon ami Alexandre Constant. J'ai trouvé Szdæ à Florence, en juin 1907. M. H. Powell m'a envoyé des exemplaires récoltés dans la forêt du Dom (Var), en mai 1906, et au mont Pacanaglia (Alpes-Maritimes), en juin 1906. M. Gédéon Foulquier a recueilli Sz/æ dans le vallon de Saint-Pons (Bouches-du-Rhône), en juin; feu mon ami Emmanuel Martin avait rapporté d'Hyères (Var) des exemplaires nombreux et très beaux de Szde. M. Orazio Querci a trouvé Szdæ à Forma, dans la province de Caserta (Italie méridionale). Je possède l'espèce d’Akbès, de Tokat et de Broussa (Asie-Mineure); de Constantinople et de Russie méridionale. Huebner à donné, sous le n° 468, des figures meilleures que celle publiée par Esper sous le n° 3 de la Tab. XC. La Sida Abutilon, Linné (Abztuion Avicennæ, Gaertn.), est une Malvacée qui pousse sur le bord des champs et des fossés humides dans l’Europe méridionale et donne des fleurs jaunes. Szdæ a été découvert par le Hofrath Boeber, aux environs du Volga. = Syrichthus Carthami, Huebner. Encore une Espèce généralement facile à distinguer des autres par les deux faces de ses ailes inférieures, mais qui n'a Jamais encore été l’objet d’une excellente figuration. Je trouve cependant que les n° 720 et 723 de Huebner représentent assez bien Car- thami; mais les n° 721 et 722, quoique figurés avec le même nom de Carthami, ne me semblent pas pouvoir être considérés comme représentant cette Espèce. Rambur, dans la Faune de l'A ndalouste, 1830, a représenté Carthami sous le n° 8 de la PI. 8; mais cette figure, peinte par lui-même, est mal réussie. La figure donnée par 382 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Freyer sous le n° 3 de la Tab. 340 n'est pas très satisfaisante; celle du Supplément, par Duponchel (PL XLII fig. 3 et 4), ne me semble pas représenter le vrai Carthanu. Lang, sous les n° 9 de la PI LXXVIII, n’a rien fait qui fût bien reconnaissable. Dès lors c'est encore aux n° 720 et 723 de Huebner qu'il convient de se reporter pour identiñer l’Espèce. Car/ham est cependant très variable, et bien qu'il soit relativement facile à discerner par son faciès un peu spécial, il faut apporter une grande attention dans l'examen des exemplaires pour ne commettre aucune faute de classification. Le nom de Carthami vient d’un Genre de plantes de la famille des Composées qui comprenait autrefois les Espèces : /anatus, Linné, à fleurs jaunes, et Cæruleus, Linné, à fleurs bleues. Dans le vol. IT de la Flore descriptive et illustrée de la France, par l'abbé Coste, le Genre Carthamus (page 398) a fait place au Genre Centrophyllum. Les Carthamus où Centrophyllum sont des plantes à feuilles pubescentes et épineuses, croissant dans les lieux incultes, au bord des chemins, dans les terrains calcaires; cæruleus est plus spécialement méridional que lanatus. J'ai réuni près de 250 exemplaires de Syrichthus Carthami venant des localités suivantes : Samoussy (Aisne), juin 1909; Mende et Florac (Lozère), juillet; Gavarnie et Cauterets (Htes-Pyrénées), juillet; Angoulême, juin; Alpes-Maritimes, Isère et Basses-Alpes, juillet; Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), mai, juin, juillet; Vichy; Paris; Châteaudun; Mont-Dore, en Auvergne; le Lioran et Gar- rabit (Cantal), juillet; Cassel (Allemagne); Hongrie; Valais; Madrid; Sierra-Nevada; Sierra-de-Alfakar (Espagne); Sarepta (Russie méridionale). Je n'ai jamais vu Carthami en Bretagne. Il n’a pas été trouvé en Angleterre, ni en Algérie. Dans le Valais (Viège; route du Simplon, depuis Brigue), on trouve la forme Valesiaca, Ruehl, caractérisée par la réduction des taches blanches sur les ailes inférieures et le fond plus noir des ailes; mais tous les exemplaires du Valais n’appartiennent pas à la variété Valesiaca. En Russie méridionale, à Sarepta, la variété Mæschleri, Herrich-Schaeffer (fig. 37 et 38 de la Tab. V Æesperides Europ.), LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 383 semble remplacer le type. Les figures d'Herrich-Schaeffer sont très bonnes; mais il semble que les points orangés représentés sur le dessus des ailes inférieures (fig. 37) ne se montrent que rarement; car sur 15 individus de Sarepta contenus dans ma collection, 2 seulement présentent ces taches d’un fauve orangé clair situées entre les deux lignes de taches blanches des ailes inférieures. J'ai pris à Uriage (Isère), en juin 1895, la même variété Maæschleri dont les quatre ailes plus largement saupou- drées de blanchâtre, ont, en outre, les taches blanches plus déve- loppées, aux ailes inférieures notamment. Valesiaca et WMeschler sont les termes extrêmes de la variation, par albinisme d’un côté et mélanisme de l’autre, de Carthami. Mon frère a pris à Samoussy, le 13 juin 1900, une jolie Aberration de Cartamt ®, que j'appelle véfatus, chez laquelle la série extracellulaire et coudée des taches blanches des ailes supérieures, en dessus, est composée de macules extraordinairement grosses, formant une bande continue de taches étroitement contiguës et que divisent seulement, mais très finement, les nervures noires. Le dessous des ailes inférieures est également un peu aberrant. Rambur publie aux pages 65, 66, 67 et 68 du Catalogue systé- matique des Lépidopières de l'Andalousie, une description très détaillée de Carthami et je lis, au cours de cette description, les lignes suivantes : « Les individus recueillis dans la Sierra-Nevada diffèrent un peu de ceux de France, surtout par le dessous des ailes inférieures, dont le bord externe présente une nuance d’un roussâtre obscur, mais ne s'unissant pas complètement avec le dessin des ailes comme chez l’Alveus,; la tache de la massue des antennes est obscure ou noirâtre. Ils se rapprochent beaucoup de la variété de l’Alveus de la même localité, mais ils s’en distinguent nettement d’après les caractères énoncés, et surtout par les diffé- rences très grandes des parties génitales ». Mon frère a pris, en juillet 1870, 5 exemplaires de Carthami dans la Sierra-Nevada, côté de Lanjaron; je possède aussi l’exemplaire Q de 7Atere Andalusiens, étiqueté à tort Cynaræe. Dans Îles collections de Graslin et Boisduval, il y avait aussi des Carthami d'Andalousie. 384 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE J'estime donc, d’après ces documents, que Rambur a fait une observation exacte à l'égard de Carthami andalous; aussi je distingue le Carthami de la Sierra-Nevada par le nom de Meva- densis qui lui convient autant que celui de Valesiacus est appro- prié à certains Carthami valaisans et celui de Mæschler: aux Carthami de Sarepta et à certains individus de France. Dans le but de bien fixer la nomenclature des Syrichthus, je fais figurer sur la PI. LV un C'et une Q Carthami pris à Angou- lème, par mon frère, les 4 et 5 juin 1906 (n° 475 et 478), une © Carthami-nevadensis (n° 474), prise en Juillet 1870, également par mon frère, dans la Sierra-Nevada; une © Carthami-Valesiacus (n° 476), capturée par moi-même à Viège en Valais, en juillet, et enfin le Œ Ab. : vittatus (n° 477), pris à Samoussy (Aisne), ainsi que Je le dis plus haut, le 13 juin 1900. Syrichthus Sao, Huebner. Les figures données par Huebner sous les n° 471 et 472 sont reconnaissables parce que l’Espèce est relativement très tranchée; mais elles sont loin de pouvoir compter parmi les meilleures de l'Iconographie de Huebner. __ Sao manque en Angleterre. Je ne l’ai jamais trouvé en Bre- tagne. Il n’est point rare dans les localités suivantes d’où Je le possède authentiquement, et sans doute dans bien d’autres où Je n’ai pas eu l’occasion de le rechercher : Vernet-les-Bains (Pyrénées- Orientales), en mai, juillet et août; Villeneuve-de-Blaye (Gironde); Cauterets et Gavarnie (Hautes-Pyrénées), en juillet; Basses- Alpes; Alpes-Maritimes; Bouches-du-Rhône; Charente; Lozère; Savoie; Var; Gers; forêt de Carnelles (Seine-et-Oise); Isère; Hongrie; Valais; Schwalbach; Castille; Andalousie, où nous l'avons pris en mai et en Juillet. Sao varie beaucoup pour le dessous des ailes inférieures, géné- ralement rouge, mais pouvant être ocre jaune, et présenter un LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 385 développement plus ou moins grand des taches blanches. D'ail- leurs, sur le dessus des ailes dont le fond est d’un brun noir un peu bronzé, les taches blanches varient beaucoup pour leur degré d’accentuation. J'ai réuni plus de 200 individus de France. J'ai obtenu quelques intéressantes variations ; mais tous les exemplaires sont faciles à identifier et il n'y a aucune difficulté pour leur détermination. On trouve en Corse une petite race géographique à taches des ailes supérieures toujours jaunes, au lieu d’être blanches comme sur le continent européen. Cette race a été longtemps considérée comme Espèce distincte, ainsi que Z'igelius et Corinna. En fait, au sens qui est attribué actuellement au mot Æspèce, le Syrichthus T'herapne, Rambur, de l'ile de Corse, peut être considéré par bien des Entomologistes comme étant Espèce valable. Il en est de même de la race algérienne et marocaine que J'ai appelée AZ et dont il y a deux formes, l’une à taches blanches et l’autre à taches jaunes, et de taille plus petite, que je désigne sous le nom de Therapnoides (PI. LIV; fig. n° 448). Le Syrichthus Al a été trouvé à Lambèse, à Sebdou, à Constantine, en mai, 7 Lerapnoides vole en juillet et août à Khenchela, à Sebdou et à Zebch, près Sebdou. Il m'a été aussi envoyé de Tumisie par M. Faroult, et mon frère l’a pris en juin à Tetuan. Chez 7'erapnoides, le dessous des ailes inférieures est généra- lement moins chargé de rouge brique et les taches du dessus sont d’un jaune moins foncé que dans Z'.erapne, de Corse. Ce dernier a aussi le fond des ailes plutôt brun que noir, ce qui est le contraire chez 7’ herapnoïdes. Je crois que 7'Lerapnoïdes est la forme estivale et Az la forme vernale de la race algérienne de Sao. Dans aucune partie de la Barbarie, on n’a trouvé jusqu'ici la forme européenne de Sao. La chenille vit sur le framboisier, la potentille et le fraisier sauvage. Herrich-Schaeffer a donné de 7 Lerapne, sous les n° 16 et 17 de la Tab. 3 des Æesperides Europ., une représentation inexacte, au moins quant à la couleur des taches du dessus des ailes. Dans 29 386 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE l’'exemplaire de ma bibliothèque, les taches en question sont restées blanches, tandis qu’elles devraient être d’un jaune accentué. La figure donnée par Duponchel, sous les n° 9 et 10 de la PI. XLII du Supplément, pêche par l'excès opposé. Sytrichthus Fritillum, Huebner. Le Æritillum figuré par Huebner, sous les n°° 464 et 465, paraït être une Espèce fort peu connue. Car, 1l y a peu de temps encore, M. le docteur Reverdin, professeur à l'Université et président de la Société lépidoptérologique de Genève, s'intéressant à la question des Syrichthus, demandait en vain qu’on le mit à même de faire la connaissance en nature de }ritiilum; il ne pouvait trouver de correspondant qui fût à même de lui envoyer l’Espèce Je crois avoir été seul assez heureux pour le satisfaire, et me trouvant à Vernet-les-Bains, au printemps de 1900, je capturai à son intention quelques exemplaires qu'il put recevoir frais. Je sais que le D' Reverdin s'est livré à une savante étude comparative des genitalia de Fritillum et je partagerai bientôt, je l'espère, avec beaucoup d’autres Lépidoptéristes, le plaisir de lire le résultat des observations, toujours si consciencieusement réalisées et exposées d’une façon si instructive par l'honorable Président. Le Syrichthus Fritillum n'est pas une espèce commune, quoi qu'en dise Rambur qui, aux pages 74, 75 et 76 du Catalogue systématique des Lépidoptères de l'Andaloustie, décrit Fritillum très en détail, après avoir, quelques années plus tôt, figuré le dessous des ailes, sous le n° 14 de la PL 8 de la Faune de l'Andalouste. La question n’est du reste pas très simple à résoudre; car on trouve dans les Pyrénées-Orientales deux Espèces de Syrzchthus, l'une assez rapprochée de walvæ (Alveolus), que j'ai appelée fritillans, et l'autre beaucoup plus éloignée. Cette dernière est relativement grande, comme celle dont Huebner donne la repré- sentation; en dessus, la Q est obscure, toujours comme # ritillum, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 387 fig. 464, de Huebner; en dessous, le fond des ailes supérieures est noirâtre et les ailes inférieures sont rouges, avec de faibles éclaircies blanches. Le Syrichthus qui répond à ce signalement se rencontre, tou- jours par exemplaires isolés, au printemps, puis en été, depuis Villefranche-de-Conflent jusqu'un peu au-dessus du village de Casteil. Il a le vol rapide; on le voit sur les chemins; 1l aime à se reposer un moment sur la terre humide; il affectionne aussi les réserves de fumier déposées dans les jardins et les champs. Je ne crois pas qu'il s'élève très haut dans la montagne. Fritillum est donc rare; car mon frère et moi, dans toutes les chasses que nous avons faites depuis tant d'années aux environs de Vernet-les-Bains, nous n’avons guère réussi à en capturer plus de 35 exemplaires, dont 27, en excellent état de conservation et de fraîcheur, sont encore dans ma collection. Æ72/1llum éclôt une première fois au mois de mai, une seconde fois en Juillet et août. Il paraît être bien plus abondant en été qu’au printemps. Fritillum est généralement plus grand que #alve ; il a un faciès très différent. Les taches blanches des ailes supérieures, en dessus, sont chez le Œ plus grosses que dans #alvæ; mais elles n'ont pas de tendance à s’élargir comme dans walve-Taras et celles des inférieures sont fréquemment très atténuées, surtout chez les ©. Le dessous des ailes supérieures a le milieu noirâtre; la côte et le bord extérieur sont de couleur blanchâtre ou ocre rouge. Le dessous des inférieures est d’un rouge brique, avec les dessins blancs ou Jaunâtres assez réduits, surtout le long du bord externe des ailes de la ©. Le bord abdominal est blanchâtre ou rou- geatre dans 25 exemplaires, mais grisâtre chez 2 ©, notamment chez celui que je fais figurer sous le n° 455 de la PL LIV, en même temps que 6 autres spécimens, afin de donner une idée très exacte et complète de l’Espèce. La série médiane des taches blanches, interrompue dans la figure 465 de Huebner, non interrompue dans la figure 14 de Rambur, est, d’après la description de Rambur et selon mes observations personnelles, presque toujours continue chez /'r##11- 388 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE lum de Vernet, ainsi qu’on peut le constater chez 4 des Fr2/llum dont je fais représenter le dessous dans le présent ouvrage. La série des taches médianes du dessous des ailes inférieures n'est interrompue, conformément à la figure 465 donnée par Huebner, que chez le G' représenté sous le n° 455 dans le présent ouvrage. Il paraît que les parties génitales de Æ724llum sont très différentes des autres espèces de Syrichthus. Rambur en donne l'explication à la page 75 du Catalogue systématique. Jamais je n’ai vu de Syrichthus Fritillum en dehors des exem- plaires pris par mon frère et par moi dans les Pyrénées. Ni lui, ni moi, nous n'avons trouvé l’Espèce en Andalousie, comme cela est arrivé à Rambur, ni dans aucune autre partie du Midi de la France que nous ayons visitée en outre des Pyrénées. Les collec- tions françaises Boisduval, Guenée, de Graslin, Bellier de la Chavignerie que je possède, ne renfermaient pas Ære1llum. La collection allemande Kuvert, que je possède également, ne con- tenait point cette Espèce. Je me demande pourquoi Rambur a teinté avec la même couleur brune qui recouvre le fond des ailes, tout le bord anal de l'aile inférieure de lritillum qu'il figure sous le n° 14 de la PI. 8, alors que le même Rambur, à la page 77 du Catalogue systématique, dit que Alveolus est distingué de Fritillum « par la couleur, en grande partie noirâtre, du bord abdominal », ce qui indique évi- demment que, d’après l'observation de Rambur, le bord abdominal de Fririllum ne peut être noirâtre comme celui d’'Alveolus (malve), dont il est, pour ce détail, différent. Sur la PI. LIV du présent ouvrage, j'ai fait figurer, du n° 440 au n° 455 inclus, 7 Fritillum, tous pris dans les Pyrénées-Orien- tales, aux environs de Vernet-les-Bains. Les n° 440 et 450 repré- sentent le G' et la ©, en dessus, d’après des exemplaires pris en juillet et août; les n° 451 et 452 représentent le O' et la ©, en dessous, également d’après des spécimens pris en été; les n°° 453, 454 et 455 sont la figuration, en dessous, d'individus graduel- lement plus clairs, de façon à donner une idée complète de l’aire de variation dans laquelle se meut l’Espèce : Fr2411lum, du moins LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 380 pour ce que je connais. Les n°° 453 et 454 ont été récoltés en été; le n° 455 a été capturé par moi-même au printemps 1000. Je n'ai pas hésité à faire figurer ce C' 455; il a, comme Je le dis plus haut, le bord anal des ailes inférieures gris et non blan- châtre, ainsi que les autres /r4#1llum; je crois cependant que c’est un /‘rohillum; mais je ne me dissimule nullement que cet exem- plaire peut paraître discutable, surtout comparé aux walvæ-fritil- lans, c'est-à-dire ayant le dessous des ailes inférieures rouge, figurés sous les n° 461 et 462, de Vernet-les-Bains. [Il eût été simple de supprimer la figuration de ce spécimen 455 intermédiaire et embarrassant; la discussion eût gagné en clarté et l’unité spéci- fique de Æritillum eût été mise en lumière, sans contestation possible. Mais pour moi, il y a un intérêt suprême qui m'est plus cher que tout : la vérité Dès lors, confiant dans le talent de M. J. Culot pour rendre exactement la figuration des papillons que je lui remets, je n'hésite pas à exposer à mes chers confrères en Entomologie la question telle que je la vois, avec ses incerti- tudes et ses Zoutances. Il est bon de ne pas perdre de vue que ce Fritillum 455 a été récolté en mai, tandis que tous les autres ont été recueillis en août. Je possède un seul autre Æritillum de l'éclosion de printemps. Je l’ai pris en mai ou au commencement de juin de 1900. Il est pareil à l’exemplaire 455, c’est-à-dire qu'il a le bord anal des ailes inférieures gris en dessous, et non blanchâtre; mais 1] n’a pas la bande médiane maculaire blanche interrompue, comme cela se remarque dans le n° 455; sous ce rapport, 1l est semblable au n° 454 C'est pourtant bien un Fritillum; le dessus de ses ailes avec les taches blanches des supérieures plus grosses que chez walvæ et les inférieures bien pareilles au n° 449, c’est-à-dire avec une partie plus noire que le fond, au delà de la tache blanche discoïdale (ce qui a lieu aussi chez le n° 455), plaident pour l'attribution de ce spécimen vernal à Fritillum plutôt qu'a walvæe (Alveolus). Alors la race vernale et la race estivale de Fritillum différeraient par la couleur du bord anal des ailes inférieures, en dessous. Je regrette de n'avoir pas pu réunir une documentation plus abondante. Cela tient à la 300 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE rareté de }ritillum et aussi à la vivacité de son vol. On laisse échapper un certain nombre d'exemplaires qui disparaissent presque aussitôt qu’on les a aperçus. Il y a du reste longtemps que J'ai remarqué à Vernet-les-Bains ce Syrichthus spécial, et j'ai recherché les Syrickthus, avec la plus grande attention, partout où J'ai chassé, capturant toujours le plus grand nombre d'individus que je pouvais, et ne perdant pas la préoccupation de Fritillum. Je ne l'ai pas en vain recherché dans les Hautes-Pyrénées, où j'espérais bien le rencontrer; mais je n'ai réussi à y prendre qu’un seul exemplaire, un peu usé par le vol, aux environs de Cauterets, en Juillet 1005. , _Syrichthus malvæ, Linné. Je fais figurer 14 exemplaires sous les n°* 456 à 460 inclus de la PI LIV de ce livre, afin de faciliter la connaissance de l'Espèce et de ses variétés. Linné, dans le Systema Nature, Edit. X, 1760, décrit malve comme suit : « P. P. alis denticulatis nigris albo maculatis. » Il cite entre autres, à l'appui de sa description, la figure 7 donnée par Roesel (Cassis 11 Papilionum diurnorum; Tab. X; Vol. D). Le dessus seulement est représenté, par Roesel, plus grand que nature; mais à part cette circonstance, le papillon paraît exac- tement dessiné et spécifiquement reconnaissable. Barrett, sur la PL. 37 de son ouvrage : 74e Lepidoptera of the British Islands, donne plusieurs figures du Syrichthus malve qu'il appelle Alveolus, nom avec lequel Huebner le figure sous les n° 466 et 467 de son Iconographie. Barrett ne représente pas le dessous de la forme normale anglaise, mais seulement le dessous d’une Aberration plus claire, sous la figure 1 4. Le dessous de la © figurée par Huebner, sous le n° 467, représente un individu exceptionnellement grand, avec le fond des ailes inférieures d’un brun obscur. Rambur, sous le n° 15 de la PI 8 de la Faune de l’'Andalousie, 1830, donne la figure du dessous LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 301 d'Alveolus, avec le fond des ailes inférieures brun notrâtre, non rougeâtre; la description d’A/veolus, imprimée aux pages 7O1eti77 du Catal. systématique, 1858, mentionne : « le dessous des ailes inférieures variable pour la couleur du fond qui est toujours assez foncée et même noirâtre, mais ordinairement d’un brun olivâtre, un peu jaunâtre, sur lequel tranchent les taches, lignes et points blancs jaunâtres et toujours d’une manière assez vive ». De son côté, Barrett définit la couleur du dessous des ailes infé- rieures d’Alveolus, à la page 268 du Vol. I, comme suit : « Of hind wings dark ochreous tinged with grey or clouded with olive-grey; with spots as on the upper side, but much larger; and with two or three additional small spots near the base ». Freyer, sous les n° 2 et 3 de la Tab. 361, figure Alveolus avec sa variété Taras que Huebner représente également sous le n° 507. J'en parlerai bientôt. Je signale pour le moment le dessous des ailes inférieures d'Alveolus, selon Freyer (Tab. 361; fig. 2), représenté d’un gris olivâtre. Dans la description, je lis (p. 127) « Die Unterseite ist graugelb mit veissen Flecken und Punkten und sehr hellen weissgelben Adern auf den Hinterfluegeln. » Dans Berliner ent. Zeits. 1886, Bd. XXX, Johannes Schilde, de Bautzen, a fait paraître un article intitulé : Berrachtungen ueber die Variabilitaet in der Schmetterlings-Gattung Pyrgus. Plusieurs figures en noir ont paru sur la Taf. IT et Îa Notice occupe les pages 30 à 62. Schilde figure d’une manière très agrandie, sous les n°® 8 et 10, une paire d’ailes en dessus et en dessous de malve, et sous les n° 7 et Oo, les ailes en dessus et en dessous de l’Aberration T'aras. Les figures semblent bonnes et doivent rendre assez exactement les papillons pris pour modèle. Le Syrichthus malvæ est une espèce de plaine et de montagne; en Bretagne, il éclôt en mai, et il n’est pas rare dans les allées des bois, les landes, les pâtures et les jachères où il y a de l’herbe rase; je ne l’ai jamais trouvé en août. On dit cependant qu'il a parfois une seconde éclosion estivale, en Angleterre; mais J'ai 302 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE lieu de croire que cette seconde éclosion y est fort peu abondante; en tout cas, en Bretagne, elle est nulle. Autrement, je l’y aurais certainement constatée. J'ai pris #alvæ en juin, dans les parties élevées des Alpes-Maritimes et de l’Isère où je l'ai rencontré à plus de 2,000 mètres d’altitude. Dans les Hautes-Pyrénées, je l’ai recueilli à la fin de juin et au commencement de juillet; dans les Pyrénées-Orientales, nous avons trouvé #alvæ au printemps et en été. J'ai observé des variations locales intéressantes; mais je crois d’abord utile de donner la nomenclature des localités d’où pro- viennent authentiquement les Syrichthus malvæe de ma collection : Angleterre (collection Prest, d’Vork); Paris (coll Bellier); Rennes, en mai; Ryffelalp, en juillet; Besançon; Chamounix, en juillet; Aix-les-Bains et Mont-Revard, en juin; Lectoure (Gers), au printemps; forêt du Dom (Var), en mai; Uriage (Isère), en juin; Alpes-Maritimes, dans les hauteurs de Saint-Martin-de- Vésubie, en juin; Fusio (Tessin), en juillet; Lautaret (Hautes- Alpes), en juillet; Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), en mai et Juin, puis en juillet et août; Cauterets (Hautes-Pyrénées), en juillet; Biarritz, en juillet; Digne, en mars, avril et mai; lande de Caden (Morbihan), en mai; Grèce; Sicile (Bellier); Kassel (coll. Kuwert); Fort-Naryne (Turkestan oriental); Tokat (Asie- Mineure); lac de Come (Italie), en juin; La Granja (Espagne centrale), en juin; Zumarraga et Alsasua (Espagne du Nord), en juin; Moscou (Russie centrale), au mois de mai. En Angleterre, en Bretagne, à Paris, le dessous des ailes infé- rieures est teinté de brun un peu olivâtre, sur lequel ressortent vivement non seulement les taches et points blancs, mais encore les nervures qui sont plus claires. Les exemplaires de la lande de Caden, figurés sous les n°% 466 et 467, représentent la forme normale anglaise et française. Le n° 465 est la figuration d’un © que J'ai pris au Mont-Revard, en Savoie, au printemps 1006, et le n° 464 donne l’image d’une Aberration d' que j'ai prise à Cauterets, à la fin de juin 1800, et qui, par son semis de points blancs, le long du bord externe des ailes inférieures, en dessus, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 303 rappelle l’Aberration de Side figurée par Herrich-Schaeffer, sous le n° 31 de la Tab. 6 des Æesperides Eurog. Une race différente est celle d'Alsasua (O, en dessus, n° 458, et O, en dessous, n° 459). Cette race d’Alsasua, comme celle de Cauterets (Q, en dessous, n° 460), diffère de la race de l’Angle- terre et du Nord de la France par la couleur plus rougeâtre du dessous des ailes inférieures et le développement de la couleur brune au détriment des taches blanches, particularité qui se remarque sur le n° 465 du Mont-Revard, mais sans que la couleur du fond des ailes de ce dernier incline vers le rougeâtre, ainsi que cela a lieu chez les n° 458, 459 et 460. La race de Vernet- les-Bains, dont j'ai déjà parlé dans la notice relative à Fritillum, a quelquefois le dessous des ailes plus rouge encore, et cette couleur rouge, moins envahissante, laisse les parties blanches plus larges que dans la forme d’Alsasua et de Cauterets. Les n°* 461, 462 et 463 représentent, en dessous et en dessus, le Syrichthus malve-fritillans de Vernet-les-Bains où il vole ordinairement au printemps, depuis le mois de mai jusqu'aux premiers Jours de juin; mais #alve a aussi à Vernet-les-Bains une éclosion d'été, et contrairement à ce que j'ai observé à Rennes où jamais je n’ai vu zalve en juillet et août, nous l’avons maintes fois capturé en été dans les Pyrénées-Orientales. Cette forme #ririllans, à dessous des ailes inférieures rouge, de Vernet-les-Bains, est facile à confondre avec certains exemplaires de Fritillum; en effet, il y a vraiment peu de différence entre le dessous des ailes de #alve ©, n° 462, que j'ai prise au cours de mes chasses depuis la fin de mai jusqu’au commencement de juin 1000, et le n° 454 qui est un Æritillum G' capturé par mon frère à Vernet, en juillet 1894. Mais le n° 454 a le bord anal des ailes inférieures blanchâtre, et chez le n° 462, cette partie des ailes est couverte d’un semis d’atomes noirs qui lui donnent un aspect cris foncé. Les #alve, à Vernet-les-Bains, ne sont pas très communs; nous en avons pris en tout une trentaine d'exemplaires; pas un n’inclme vers l'Ab. Z'aras; quelques-uns sont analogues aux n° 458, 459 304 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE et 460, et il y en a d’autres en très petit nombre, comme les n® 461 et 462. La Q malve n° 463 de Vernet-les-Bains, repré- sentée en dessus, a le dessous un peu moins rouge que les #alvæ- fritillans 461 et 462 qui sont très caractérisés. En Grèce, le dessous est gris ohvâtre et les taches blanches sont très réduites: la taille est plus grande. J'ai fait représenter une grande © en dessus, sous le n° 468, et sous le n° 460 un € en dessous de cette forme £LT@CA. L’Aberration T'aras n’est pas très rare dans certaines localités; nous la trouvons assez fréquemment à Rennes; le n° 456 a été pris par nous à Mesneuf, en Bourgbarré, près Rennes, en mai 1882, et le n° 457, intermedia, vient aussi des environs de Rennes où nous l’avons capturé au printemps de 1006. Par ailleurs, ma collection contient 6 intermedia de Rennes, 2 d'Angleterre et 19 Ab. Taras de Rennes, d'Angleterre, de Besançon, de Sologne, du Mont-Revard, en Savoie, de la lande de Caden et de Châteaudun. Cette Aberration 7'aras a d’abord été nommée et figurée par Bergstraesser sous les n° 5 et 6 de la Tab. o1 de Nomenclatur und Beschreibung der Insecten in der Grafschaft Hanau-Miünzenbers, etc. L’Aberration Zaras n'est pas seulement remarquable par le dessus de ses ailes; le dessous des inférieures est lui-même très intéressant à cause de la confluence envahissante de la couleur brune du fond. De toute cette étude, il résulte qu'à Vernet-les-Bains on trouve des Fritillum très distincts et très caractérisés, tels les n° 451, 452, 453 de la PI. LIV ; d’autres qui sont ambigus, tel le n° 455, et des #alve-fritillans ayant un air de Fritillum, surtout à cause de la couleur rouge du dessous des ailes inférieures; mais ces malvæ-fritillans se lient si intimement à d’autres malve indis- cutables qu’il ne semble pas possible de les coasidérer autrement que comme une variété de coloration de #alve. Je pense que le Syrichthus appelé par moi Fritillum est bien conforme spécifiquement au #ri#illum de Rambur, venant d’An- | 7 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 305 dalousie et de France méridionale; mais le Æritillum de Rambur est-il le même que le Frifillum de Huebner et dès lors ce que Je considère comme Ær1#illum, Huebner (n° 440, 450, 451, 452, 453, 454, 435 de la PI LIV), est-ce exactement identiñé? J'ignore d’ailleurs la patrie du Fritillum, nommé et représenté par Huebner, ce qui serait très essentiel pour bien l’apprécier, et Je sais que les avis sont très partagés sur ce que peut être Ær1/lum. Ainsi Johannes Schilde écrit (Berliner Entom. Zeitschrift, KXX, 1886, p. 30) : « Was Hr. Pf. Fuchs mir davon ueberliess war P. Fritillum, fast genau in der Form wie H. Sch. Fig. 33, 34. Cirsii abbildet. » J'ai sous les yeux les fig. 33 et 34 dans lesquelles Herrich-Schaeffer (Wesperides Europ., Tab. 6) représente Corsu, avec les dessins du dessous des ailes brun et non rouge, la ligne médiane blanche continue et non interrompue comme dans la fig. 465 de Huebner. Je compare les figures initiales 464, 465 de Huebner aux figures 33 et 34 d'Herrich-Schaeffer. Il est vrai que Huebner représente la © et Herrich-Schaeffer représente le ©; mais, à mon sens, la tache blanche près la base des ailes infé- rieures, en dessous, chez Cirsii 34, suffit à rendre impossible toute identification spécifique avec Fritillum, Huebner, 465, qui, au lieu d’une tache blanche longue, séparée de la base par un espace brun, montre tout près de la base, dans chaque espace intranervural, des taches blanches en forme de larme. Il n’y a aucune similitude entre les ailes inférieures de ces deux papillons. Or le Pfarrer Fuchs et Schilde étaient presque des spécialistes pour l'étude des Hespé- rides d'Europe. Dans ces conditions, l'accord relatif à Æritillum n'est pas encore fait. Quoi qu’il en soit, je me suis efforcé de mettre sous les yeux du Lecteur toutes les pièces de la procédure. Il pourra consulter les Auteurs que j'ai cités, examiner aussi les figures que je publie, et surtout étudier le grand livre de la Nature. Il est toujours ouvert et à la disposition de tout le monde. Chaque année, Æritillum naît de nouveau à Vernet-les-Bains, et sans doute dans bien d’autres lieux que je ne soupçonne pas. J'ai dit le peu que je sais. À d’autres d'ajouter à nos connaissances des faits nouveaux et d'élever comparativement, si possible, une ponte de 396 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ce que j'appelle Fritillum et de malve, à ailes inférieures rouges, en dessous, que J'ai distingué sous le nom de Ær#1llans. Je me flatte tout au moins — et c’est à l’honneur de M. Culot — que les figures du présent ouvrage seront trouvées assez exactes pour qu'il soit toujours aisé de savoir avec certitude et précision sur quels papillons j'ai disserté. La chenille du Syrichthus malvæ vit sur le framboisier (Lubus dœus), le fraisier des bois (Fragaria vesca), plante sur laquelle nous l'avons élevée, la Æragaria sterilis et la quintefeuille (Poten- tlla reptans), toutes de la famille des Rosacées. J'ai fait figurer sous le n° 238 de la PI XXXVII de cet ouvrage une curieuse Aberration albine chez laquelle le fond des ailes et le corps sont d’un gris très pâle, au lieu d’être d’un brun noirâtre foncé. Cette Aberration peut atteindre toutes les Espèces de Syrichthus. Syrichthus cacaliæ, Rambur. Figuré par Rambur sous les n° 6 et 7 de la PI. 8 de la Faune de l’'Andalouste, 1830, et décrit par le même auteur, avec le nom de Scelotrix cacalie, à la page 77 du Catal. systématique des Lépid. de l'Andalousie, 1858. C'est bien cacalie que Boisduval a figuré dans l’/cones, avec le nom d’Alveus, sous les n° 1, 2 et 3 de la PI. 46. Herrich-Schaeffer a donné d'excellentes figures de cacaliæ sous les n°% 23, 24 et 25 de la Tab. 4 des Æesperides Europ. C'est une Espèce très reconnaissable par sa teinte semblant grisâtre, à cause de sa villosité plus accentuée que chez les autres espèces; par la réduction de la taille des taches blanches aux ailes supérieures, en dessus; par l'absence totale de taches blanches sur le dessus des ailes inférieures, et par les dessins des ailes, en dessous, qui sont pâles, un peu nébuleux, comme dit Rambur, sur un fond gris, aux supérieures, et d’un ocre verdâtre, sur le fond blanc des inférieures. La Cacalia alpina est une plante vivace de la famille des Composées, à feuilles un peu LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 307 épaisses, vertes et glabres, profondément et régulièrement den- tées, ayant des capitules de fleurs purpurines en corymbe terminal (Abbé Coste, Ælore France, I, p. 285). C'est une plante qui croît dans les rochers des montagnes. J'ignore si la chenille de Syrichthus cacaliæ vit sur la plante à laquelle le Lépidoptère doit son nom. J'ai capturé fréquemment le Syrichthus cacalie sur les pelouses de Ryffelalp où 1l vole en juillet et aime à se reposer sur les fleurs de Szene acaulis. M. Harold Powell l’a trouvé au lac d’Allos, du 21 au 27 juillet 1906; au Mont-Pelat, le 27 juillet 1906, dans les Basses-Alpes. Bellier l’avait pris à Larche. Le Get la Q ont les ailes semblables. En France, il n’est pas à ma connaissance que le Syrichthus cacalie ait été trouvé jusqu'ici ailleurs que dans les hautes mon- tagnes des Alpes. Je n'ai jamais vu un seul exemplaire de cacaliæ provenant authentiquement des Pyrénées. Je suis obligé, dans le présent ouvrage, de tenir compte des erreurs de déter- mination faciles à commettre, surtout lorsqu'il s’agit d'espèces souvent litigieuses et susceptibles d’être confondues entre elles; l'expérience m'ayant appris qu'il était très dangereux de s'en rapporter à la plupart des catalogues locaux. Je ne suspecte cependant la bonne foi de personne et je prie mes Lecteurs de vouloir bien observer que, tenant essentiellement à écrire des observations exactes, je me borne, dans le présent ouvrage, à ne citer que les faits dont je me trouve absolument certain. Je ne prétends donc ni nier, ni même mettre en doute les assertions et les affirmations diverses émanant de plusieurs Ento- mologistes qui ont relaté des faits que j'ignore. Mais je tiens à faire une œuvre vraie, en vue de préparer l'établissement d'une Faune lépidoptérologique française et algérienne plus complète et réellement exacte; alors je m’abstiens de parler de ce que je ne connais pas. C'est ainsi que l’un des plus habiles et ardents chasseurs de Papillons de l'époque contemporaine, M"° de la Bâtie Nicholl, m'a écrit qu’elle avait trouvé le Syrichthus Andromede dans les ES LENS (a > à 308 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Hautes-Pyrénées. En ce qui me concerne, je n'ai jamais vu d'exemplaires pyrénéens; J'ai pris l’'Espèce dans l’Oberland ber- nois, à la fin de juin 1808; mais Je ne crois même pas qu'on l'ait authentiquement rencontrée jusqu'ici dans les Alpes françaises. Il ne s’en suit pourtant nullement que le Syrichthus Andromede ne puisse pas être une Espèce pyrénéenne, ainsi que M”*° de la Bâtie Nicholl en parait convaincue. Quoi qu'il en soit, je m'abs- tiens de disserter sur l'Espèce en question, me trouvant privé des documents nécessaires pour apprécier les caractères de la race pyrénéenne et dès lors impuissant à émettre une opinion quel- conque à son endroit. Syrichthus serratulæ, Rambur. Les Serratula ou Sarrettes (du latin : serra, scie, par allusion aux dentelures des feuilles) sont des plantes de la famille des Composées, dont l’abbé H. Coste relate trois Espèces dans la Flore descriptive et illustrée de la France : tinctoria, à aigrette roussâtre et à fleurs purpurines, répandue dans les prés, les bois, les landes de toute la France et donnant, dans les montagnes, une variété monticola; heterophylla, plante vivace à fleurs purpurines, croissant dans les prairies des Hautes-Alpes et des Alpes-Mari- times; #xdicaulis, dont la fleur ressemble à celle d’Leterophylla, répandue dans les prairies des montagnes. C'est ce genre de plantes que Rambur a envisagé pour distinguer, par le nom que lui ont donné les Botanistes, le Syrichthus qu'il a figuré sous le n° Oo de la PI. 8 de la Faune de l'Andaloustie, 1830. Cependant, d’après Wheeler, dans l'ouvrage qu'il a publié à Londres, en 1903, et qui paraît bien documenté, intitulé : 7 Ze Butterflies of Switzerland and the Alps of Central Europe, le Syrichthus serratule, Rambur, vivrait à l’état de chenille sur Azra montana et Potentilla frigida, de même qu'Alveus, selon Emile Favre. Les Azra (du grec : aira, ivraie) sont des Graminées; la montana, placée par H. Coste dans le genre Avewa, est une plante LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 399 vivace qui est répandue sur les pelouses rocalleuses des hautes montagnes, dans les Alpes, les Cévennes, l'Auvergne, les Pyrénées. Les Pontentilla sont des Rosacées et la frigida est une plante vivace, d’un vert sombre, très velue, un peu visqueuse, a petites fleurs jaunes, croissant dans les pâturages rocheux des hautes montagnes. | Comme la forme type de serratulæ n'habite pas seulement à de grandes altitudes, mais, d’après les documents de ma collection, se trouve aussi dans des parties peu élevées et même dans des plaines, ainsi : à Lectoure (Gers), à Charroux (Vienne), en Vendée, à Cauterets et à Gavarnie, à Vernet-les-Bains, à Aix (Savoie), à Lanslebourg (Haute-Savoie), dans les Alpes-Mari- times, à Larche, au lac d’Allos et à la prairie du Mont-Pelat (Basses-Alpes), au col du Mont-Genèvre et au Lautaret (Hautes- Alpes), dans la vallée de Zermatt, au Mont-Dore, au Lioran, à la Bourboule (Auvergne), de Vittoria au Mont Gorbea, dans la Sierra-Nevada, en Allemagne, il est certain que si la chenille s'accommode d'Aira montana et de Potentilla frigida dans les hautes montagnes, elle doit se nourrir d’autres plantes dans les régions plus basses qu’elle fréquente également. La description détaillée de serratulæ est imprimée aux pages 71 et 72 du Catal. systématique des Lépid. de l'Andalouste, 1858. Herrich-Schaeffer en a publié d'excellentes figures sous les n° 18, 10, 20, 21 et 22 de la Tab. 4 des Æesperides Europ. Schilde à figuré le dessous de l'aile inférieure de serratule sous les n° 5 et 6 de la PL II du Bd. XXX de Berliner entom. Zeitschrift, 1886. L'Espèce, comme on l'a vu dans le relevé des localités d'où proviennent les exemplaires de ma collection, est répandue en France, surtout au sud de la Loire; elle n’a encore été trouvée n1 en Bretagne, ni en Angleterre. Elle est facile à reconnaitre, étant de taille moyenne, peu largement ponctuée de blanc en dessus; les ailes inférieures sont d’une teinte olivâtre plus où moins jaunâtre ou verdâtre, traversées par 3 séries maculaires blanches : d’abord près de la base; puis au travers du milieu; enfin, d’une manière plus indécise, le long du bord externe. Les nervures noires 400 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE sont très apparentes, lorsqu'elles traversent l’espace plus clair médian, sur le dessus des ailes inférieures. Guenée dit que serratulæ est la plus commune des espèces de Syrzchthus; elle est, dit-il, très abondante dans toutes les montagnes secondaires, mais plus rare dans les plaines, remontant cependant jusqu'aux environs de Paris. Guenée ajoute dans la notice autrefois collée sur la paroi de la boîte vitrée contenant sa série de serratulæ et maintenant piquée à l'épingle d’un des exemplaires, les observa- tions que je transcris comme suit : « On distingue serratuleæ d’'Alveus, le seul avec lequel on le puisse confondre, en ce qu'il est plus petit ; que les taches blanches du dessous sont très arrêtées, séparées, celles entre 1 et 4 arrondies; que la massue des antennes est d’un rouge brun foncé; que la gouttière est entièrement grise. Il est probable que c’est le plain-chant d'Engramelle; mais rien de sür. » Dans les collections Boisduval, Guenée, Bellier, de Graslin, Kuvwert, les mêmes Syrizchthus sont appelés serratule,; VY'Éspèce ne semble donc pas donner lieu à grande confusion, grace sans doute aux excellentes figures publiées par Herrich-Schaeffer. Boisduval et de Graslin possédaient chacun un exemplaire pourvu d’une étiquette paraissant écrite par Rambur lui-même. L’exemplaire de la coll. Boisduval a la bande maculaire médiane des ailes infé- rieures, en dessous, non interrompue, tandis que dans la figure 9 de la PI 8 de la Faune de l'Andalousie, 1839, la bande médiane en question est représentée interrompue. La description imprimée aux pages 71 et 72 du Catalogue systématique, 1858, mentionne également l'interruption des bandes, mais en apparence plutôt qu'en réalité. Je lis en effet ce qui suit : « Ces taches, plus ou moins grandes, forment parfois comme des bandes interrompues; il y en a trois avant la base, toujours enve- loppées par la couleur du fond : celles du milieu forment une bande interrompue, dont la moitié antérieure très large, est divisée par les nervures en cinq taches, dont l’antérieure très étroite, plus longue, mais pouvant disparaître, la troisième souvent plus petite et plus courte, les deux autres réunies, peu ou pas échancrées ral LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 4OI postérieurement ; puis viennent deux petites, dont la première plus reculée et la seconde pouvant manquer; enfin, une dernière tou- chant le bord abdominal qui est plus ou moins brunâtre. » Rambur dit que « celles du milieu forment une bande inter- rompue », mais il cite une nomenclature de taches qui occupent tous les espaces intranervuraux; il y a donc réellement une série non interrompue de taches pour occuper tous ces espaces et la description contient ainsi une contradiction. La vérité, c'est que tantôt la ligne maculaire médiane est interrompue par l’oblité- ration des petites taches blanches intranervurales qui sont entre la grosse tache du milieu et celle qui est plus près du bord anal, et que tantôt la ligne médiane se continue sans interruption, par l’accentuation plus prononcée de toute la série des taches blanches. On prend à Charroux (Vienne) et dans la forêt de Vouvant, en Vendée, une très belle race de serratule, plus grande que les autres races françaises, et égalant presque, par la taille, la variété major, Stgr., de Syrie. Je suis redevable à M. Daniel Lucas de 3 exemplaires C' qu'il a pris en mai 1003, dans cette forêt ven- déenne, très pittoresque et rendue célèbre par l’oratoire rustique qui subsiste encore du bienheureux Grignon de Montfort, person- nage d’une haute sainteté, Breton d’origine, et qui évangélisa au commencement du XVIII° siècle, les campagnes de la Vendée. En Grèce et à Amasia, serratulæ présente aussi une race plus grande que dans les montagnes de l’Auvergne, des Pyrénées et des Alpes. Je fais figurer dans le présent ouvrage, sous les n* 480-483 de la PI. IV, serratulæ O', de la forêt de Vouvant (n° 480); serratulæ ©, de Charroux (Vienne) (n° 481); serra- tule G, plus petite race, de Cauterets (n° 482), et serratule- major S, d'Akbès (n° 483). Freyer figure avec le nom de cæcus, sous les n° 3 et 4 de la Tab. 403 de Neuere Beitraege zur Schmetterlingskunde, un Syrichthus que Staudinger et Rebel, dans leur Catalog 1001, rattachent, comme variété, à serratule. Freyer dit que les exem- plaires dont il donne la figure ont été pris par le D* Nickerl, dans les Alpes du Tyrol, en juillet. Malheureusement, les figures 26 402 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE publiées par Freyer sont grossièrement exécutées; dans un genre aussi ambigu que celui des Syrichthus, une figuration exception- nellement fine et soignée est pourtant indispensable pour la certi- tude de l'identification spécifique. Dès lors, 1l me paraît impossible de savoir exactement à quoi référer le cæcus de Freyer; à serratuleæ ou à carlinæ ? Toutes les conjectures sont permises et finalement le nom de cæcus ne répond à aucune désignation précise. Ma collection contient plus de 300 serratulæ. Aucun spécimen ne me parait d’une détermination douteuse et Je crois que serratulæ est une Espèce bien distincte et bien tranchée. Syrichthus Alveus, Huebner. A-t-on affaire à une Espèce polymorphe, très variable non seulement selon les lieux, mais encore dans le même lieu ? Ou bien Alveus, Carline, Cirsu, Onopordi sont-ils des Espèces distinctes, liées entre elles par des exemplaires transitionnels quelquefois difficiles à identifier et à rapporter exactement à l’une plutôt qu'à l’autre des Espèces, Variétés ou Races? Voilà une question sur laquelle l’accord n'est pas encore près de se faire; “les “deux Opinions opposées me paraissant également défendables et raison- nablement soutenables dans l'état actuel de nos connaissances. Il n'y à rien d'assez indicatif, dans un sens ou dans l’autre, pour donner à l’une des opinions une raison qui soit décisive et qui la fasse prévaloir. Cependant, si on envisage non pas les exemplaires extrêmes, mais ceux qui représentent la moyenne de chaque unité d'Espèce ou de Race, on constate sans peine des différences cons- tantes et importantes qui permettent généralement de classer les Espèces ou Races, sans les mélanger, pour peu qu'on y apporte l'attention suffisante. Dès lors, en m'aidant d'une figuration copieuse et soignée, sans laquelle je considérerais toute argumen- tation comme plutôt nuisible qu'utile, je compte donner une idée exacte de la faune française des Syrichthus du groupe d’Alveus, conformément à la documentation dont je dispose et aux éléments LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 403 d'information contenus dans les ouvrages que J'ai consultés. Ce qui manque, c'est la connaissance comparative des premiers états. Là se trouve la clef du mystère, et tant que nous ne la posséderons pas, nous manquerons de la base indispensable. Je pense cependant que des figures des papillons, en quantité suffisante, bien exécutées, avec des indications de localité très précises, peuvent apporter un peu d’ordre dans le classement et la nomenclature des Syrichthus, améliorer la situation présente pleine de confusion, inciter les Entomologistes à la recherche et à l'étude des Syrichthus en question et préparer la mise au point de l'Histoire naturelle de ce groupe de Lépidoptères. J'étudie donc chaque Espèce (ou Race?) séparément et comme suit : 1° Alveus, Huebner (G' 461; Q 462; dessous 463); Rambur (Faune Andal., PL 8, lg. 3); Ce Syrichthus assez commun habite en France, d'après ce que je sais, les environs de Herblay (Seine-et-Oise), d’Angoulème, de Cauterets et de Gavarnie (Hautes-Pyrénées), de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), les Basses-Alpes, le Var, les Bouches-du- Rhône, les Alpes-Maritimes. A/veus se trouve aussi à Alsasua, en juin ; à Florence, en juin; en Norvège (coll. Boisduval); dans la vallée de Zermatt et dans la Sierra-Nevada. Alveus présente sur le dessus des ailes inférieures une éclaircie correspondant par transparence aux parties blanches du dessous des mêmes ailes. L'Espèce est robuste, relativement assez grande dans les Pyrénées; plus petite à Florence; de taille encore plus réduite en Norvège. Le dessous des ailes inférieures est mélangé de blanc assez pur et d’ocre jaune; la bande maculaire blanche centrale est tantôt interrompue et tantôt continue; les bords des ailes supérieures, en dessous, sont blanchâtres; seule, la parte médiane des ailes supérieures est plus ou moins noirâtre. Rambur décrit en détail A/veus aux pages 60, 70 et 71 du Catalogue systématique. Cet auteur fait connaître qu'il possède un individu de la Norvège, venu sans doute de Dowre, en même temps que les 4 spécimens qui existent encore de la collection Boisduval. 404 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Il y a fréquemment dans les Basses-Alpes, notamment aux environs de Larche, et parfois dans les Pyrénées-Orientales, une variété d’Alveus chez laquelle les bandes ocre jaune des ailes inférieures, en dessous, sont très réduites d'épaisseur. J'ai appelé cette variété, qui est constante, Bellier:, en souvenir de l'Entomo- logiste qui possédait l’un des exemplaires que je fais figurer dans le présent ouvrage et qui vient de Larche. Le Carthami, Duponchel (Szppl., PI. XLIT, fig. 3 et 4), appelé plus correctement Alveus dans le texte (pages 250 et 260), figuré et décrit d’après un exemplaire envoyé jadis à Duponchel par le comte de Saporta, présente, sur le dessus, des taches noires res- sortant vigoureusement sur le fond gris jaunâtre des ailes; c’est une forme de Provence que je distingue sous le nom de l‘oulquier:. Plusieurs exemplaires de cette variété ont été pris à Saint-Pons et à Saint-Zacharie, non loin de Marseille, par M. Gédéon Foulquier, à l’obligeance de qui j'en suis redevable. D’autres échantillons semblables ont été capturés à Digne. A Lambèse, dans la province de Constantine, en Juin et en août, on trouve une race très intéressante d’Alveus, ressemblant, par le dessous de ses ailes inférieures, à C'ynare; j'ai désigné cette race géographique sous le nom de umida. Je fais figurer Alveus-numida sous les n°* 484, 485 et 486 de la PI LV du présent ouvrage; sur la PI. LVI se trouvent repré- sentés les Syrichthus Alveus, comme suit : n° 487, Alveus-Foul- quieri Œ (Entrevaux à Mont-Gourdon, Basses-Alpes; juillet 1906; H. Powell); n° 488, Alveus-Foulquieri © (Saint-Zacharie, Var; 10 août 1000; Gédéon Foulquier); n° 480, Alveus-Foulquieri S, passage à Pellierr (Bouches-du-Rhône; G. Foulquier; 1905); n° 400, Alveus-Bellieri S (Larche; coll. Bellier); n° 491, Alveus- Bellier: © (Zermatt à Ryffelalp, Valais; fin Juillet 1902); n° 492, Alveus CG forme type (Cauterets;, fin Juillet 1905); n° 493, Alveus © forme type (Vernet-les-Bains ; été 1895); n°* 494 et 495, Alveus-ballotæ (Dowre, Norvège; de la collection Boisduval). Je maintiens le nom de ballotæ donné par Boisduval dans sa k \k y N LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 405 collection mais non encore publié. Les Ballota sont des plantes de la famille des Labiées, à odeur repoussante, dont 25 espèces environ habitent l'Europe et l’Asie tempérées, l'Afrique boréale et australe. Il y a en France deux Espèces, dont l’une : #2g7a, à odeur fétide, porte le nom vulgaire de : marrube noir. Les taches du dessous des ailes inférieures, chez Alveus et ses variétés : #umida, Foulquieri, Bellieri, ballotæ sont toujours d’un jaune ocreux, d’une nuance plus ou moins jaune ou brunâtre, mais n'ayant nulle tendance à la teinte rouge. L'Espèce est assez com- mune, surtout dans les basses montagnes; elle vole d’abord à la fin du printemps, puis en juillet et août. Elle aime à se reposer sur les fleurs, sur le sol humide, et elle voltige volontiers autour des fumiers. Dans les Hautes-Pyrénées, elle n’éclôt qu'une fois par an, en été; elle n’est pas rare à Cauterets et à Gavarnie. Je possède un G' albinos de Vernet-les-Bains. Il a le dessus des ailes cris, dans le genre du Syrichthus malve que j'ai fait figurer sous le n° 238 de la PL XXXVII Les © possèdent un épi de poils noirâtres, formant comme un pinceau, à la première articulation de la troisième paire de pattes; ce pinceau est figuré sous la lettre Z de la PI. 8 de la Faune de l'Andalousie et on le voit sur le n° 480 de la PI. LVI du présent ouvrage. À Zermatt et jusqu’à Ryffelalp, mais pas beaucoup au-dessus, se trouve une race particulière et ambiguë que Je représente avec le nom de Ryffelensis, sous les n° 470 et 471 de la PI. LIV. J'en possède un certain nombre d'exemplaires que j'ai pris en Juillet et au commencement d'août des années 1864, 1866, 1898 et 1902. Sur le dessus des ailes supérieures, la maculature blanche est très réduite et le fond des ailes du & est couvert d’une pulvérulence jaunâtre un peu comme chez cacaliæ, avec lequel on ne peut cependant le confondre, quoi qu’il lui ressemble; notamment il est toujours d’un aspect plus foncé; le dessous de ses ailes est disposé comme chez Alveus dont il est peut-être la forme monta- gnarde depuis Zermatt jusqu'à Ryffelalp. La différence est cependant bien grande entre Ryffelensis et Foulquierr, s'il est vrai qu'ils appartiennent à la même unité spécifique. On ne doit pas 406 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE perdre de vue qu’on trouve aux mêmes lieux, dans la même mon- tagne, l’Alveus Bellieri. D'autre part, on rencontre depuis Zermatt jusqu'aux hauteurs de Ryffelalp des Syrichthus qui constituent une excellente tran- sition entre Xyffelensis et carline des Alpes françaises. J’ai sous les yeux une quinzaine de *yffelensis bien caractérisés et nette- ment séparables; mais d’autres sont plus incertains; ils inclinent vers carline,; enfin le plus grand nombre des Syrichthus des montagnes qui entourent le village de Zermatt et que je possède dans ma collection sont tout à fait conformes aux carline des Alpes françaises. J'ai indiqué un peu plus haut l’analogie d'aspect des Syrichthus Ryffelensis et cacalie. Ce Syrichthus Ryffelensis forme donc un passage ou une liaison entre plusieurs unités très différentes, et il ajoute une difficulté de plus à l'établissement de la nomenclature et de la classification des Syrichthus. J'ai connu un Entomologiste de grande réputation, fort respec- table d’ailleurs, avec qui j'entretenais des relations excellentes. Un jour, nous promenant ensemble, je lui demandais ce que, dans ses travaux descriptifs et dans la classification des Espèces, telle qu'elle était établie dans ses Monographies, il faisait de tous les exemplaires douteux ou embarrassants qu'on rencontre si fré- quemment dans certains groupes de Coléoptères, spécialité de mon interlocuteur. On ne sait en effet pas aisément à quelle Espèce les rapporter exactement, tant 1ls semblent également et intimement alliés à plusieurs Espèces ou prétendues Espèces différentes. Dans certains cas, il semble que la même Espèce produise des variations dans des sens différents, de telle façon que l'expression extrême de ces variations, qu'on pourrait qualifier d’opposées, donne des échantillons très dissemblables, difficiles, dans l’état actuel de la Science, à rattacher exactement à une souche d’où l'on puisse avoir quelque présomption fondée qu'ils dérivent réellement. Peut-être aussi y a-t-1] beaucoup plus d'Espèces qu’on LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 407 ne le croit? les Espèces en question étant séparées les unes des autres par des caractères très réels, mais très subtils et d’une appréciation malaisée pour nous. En tout cas, l'esprit de l’obser- vateur reste 1rrésolu et ne perçoit rien d'assez important et d'assez stable pour fixer son opinion, d'une manière qui le satisfasse. La réponse, que je n'ai point oubliée, fut la suivante : « Jai en effet rencontré bien souvent ces exemplaires ambigus, embarras- sants, et dont le classement plein d'incertitude laisse la porte ouverte à tous les doutes. Comme ces sujets m'ont paru très gênants, J'ai cru devoir les supprimer, pour plus de clarté et de simplification, et dès lors je n'ai pas eu à en tenir compte. » J'avoue que l’aveu sincère de la mise en pratique d’une pareille théorie me causa un profond étonnement; car est-il rien de plus contraire à la Science que cette manière de redresser la Nature! Je suis loin, pour ma part, de partager un semblable parti-pris consistant à mettre de côté les exemplaires qui viennent comme à plaisir embrouiller une question. Je voudrais bien produire dans les questions litigieuses une vision nette et claire; mais pas au détriment de la réalité. Aussi, comme Je l'explique déja plus haut, à propos de /‘rifillum, est-ce en parfaite connaissance de cause que je mets sous les yeux de mes Lecteurs les sujets qui créent des embarras, au lieu de donner la simplification désirée. Je dis ce que Je sais, en regrettant de ne pas disposer moi-même d'une lumière plus éclatante et plus sûre pour en faire profiter les autres; mais Je ne cache rien de ce que je connais. Il y a des faits contra- dictoires qu’on ne peut nier; par exemple, en Algérie, on trouve le Syrichthus Alveus-numida. et le Syrichthus Onopordi. Si Onopordi est seulement une forme d’'Alveus, comment expliquer la coexistence, dans le même pays, de ces deux formes si diffé- rentes, alors qu'en Algérie, tout au moins, aucune transition ne les relie l’une à l’autre. D'autre part, on trouve à Angoulême, c'est- à-dire au même lieu, Alveus-type et cirsu; à Zermatt, on trouve Onopordi-conise, Ryffelensis et Alveus. Si Alveus-numida et Onopordi, si Alveus et cirsu, si Onopordi-conize, Ryffelensis et Alveus étaient simplement des formes d’une même unité spéci- » ? 408 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE fique, on trouverait sans doute au même lieu tous les passages qui relient les formes entre elles: mais ces passages, c’est dans d’autres lieux qu’on les rencontre. J’appelle donc sur ce côté de la question l'attention des Entomologistes. IT peut se faire que certaines formes considérées généralement aujourd’hui comme des variétés d’Alveus le soient réellement et que d’autres ne le soient pas. Par exemple carlinæ peut être une variété d’Alveus et onopordi une Espèce à part? Mais je déclare ne pouvoir formuler encore aucune opinion fondée à cet égard et je pense que je dois me borner à un simple exposé de tous les faits que je suis arrivé à connaître, laissant à d’autres ou remettant à plus tard le soin et le moyen de conclure. 2° Carlinæ, Rambur. Le dessous est figuré sous le n° 11 de la PI. 8 de la Faune de l’'Andalousie et décrit en note, à la page 72 du Catalogue systématique. Carline est assez variable; tantôt le dessus des ailes inférieures du © reste presque dépourvu d’éclaircies (n° 400); tantôt il est moins obscur (n° 406), par le fait que les parties blanches du dessous transparaissent en dessus. Aux ailes inférieures, en des- sous, les macules sont : ou bien de couleur rouge brique (n*% 500 et 501), ou bien de teinte brun olive (n° 407 et 408). Ces taches rouge brique où brun olive du dessous des ailes inférieures sont très nettement détachées sur le fond blanc; cependant elles gardent un aspect plus flou, avec les contours semblant moins arrêtés que chez Alveus. Cela tient en partie à une villosité plus épaisse et plus longue dont il semble que les ailes sont couvertes; les bandes maculaires rougeâtres ou brun olive du dessous des inférieures sont plus larges et plus confluentes que chez Alveus; le bord anal est d’un gris noirâtre chez carlinæ et non blanchâtre comme dans A/veus, Les traits noirs qui coupent les franges sont aussi plus épais que chez Alveus; l'extrémité abdominale des © LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 409 est garnie de poils blonds formant un éventail, ainsi qu'on peut le voir dans le n° 500. Carlinæ habite les Alpes; je l'ai pris au col du Mont-Genèvre, à La Grave et au Lautaret (Hautes-Alpes), en juillet 1006; au Mont-Revard, au-dessus d’Aix-en-Savoie, en août 1002 et en juillet 1006. Bellier l’a pris à Larche (Basses- Alpes); Harold Powell l’a rencontré à la forêt d’Entraunes, du 7 au 9 août 1006, et dans la prairie du Mont-Pelat, le 1° août 1006. Le D" Siepi me l’a envoyé du Monetier-de-Briançon (Hautes- Alpes), Coulet l’a capturé aux environs de Digne, en mai et en août 1807. Les figures n° 406 et 407 représentent deux Œ pris à La Grave du 21 au 28 juillet 1006; la fig. 408 est faite d’après un © pris au mont Revard au commencement d’août 1002; le n° 409 est la figure d’un Œ pris à Larche par Bellier; en dessous, il a les taches des aïles inférieures de couleur rougeâtre comme le n° 500 éga- lement capturé à Larche, par Augustin Coulet, en août 1806; la © des Basses-Alpes est représentée sous le n° 501. Tous ces Syrichthus appartiennent bien à la même unité carline, dont le type, figuré par Rambur, a les taches du dessous des ailes inférieures de couleur rougeâtre; j'ai appelé olivacea la forme à couleur brun olive, comme les n°* 407 et 408. Les Carlina sont des sortes de chardons de la famille des Composées. Elles poussent généralement dans les lieux incultes, secs et rocailleux. La Carlina vulgaris croît dans toute la France; les autres Carlina sont plutôt répandues dans la région méditer- ranéenne et dans les montagnes du Centre et de l'Est de la France. 3° Cirsii, Rambur. La chenille, d’après Emile Favre, vit sur Poly gala chamæbuxus, qui est une plante vivace de la famille des Polygalées, à souche ligneuse, rampante, et à fleurs roses ou jaunâtres, croissant dans les bois et parmi les herbes, au milieu des sites rocheux des mon- 410 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE tagnes. Comme le Syrichthus Cirsu habite en France non seu- lement les environs de Digne, mais encore ceux de Paris, d’An- goulême, de Dompierre-sur-Mer, c’est-à-dire aussi des localités de plaine, la chenille vit nécessairement sur d’autres plantes que celle indiquée dans la Faune des Macrolépidoptères du Valais. Rambur a figuré le dessous de Czrsù sous le n° 12 de la PI 8 de la Faune de l'A ndalouste, et il l’a décrit en note aux pages 73 et 74 du Catalogue systématique. Cirsi a les dessins et les taches du dessous des ailes inférieures d’un rouge rouillé un peu vineux. Les taches sont nettement limitées, les contours étant très arrêtés. En dessus, les taches blanches des supérieures sont assez larges, et sur les ailes inférieures, les parties claires par transparence des espaces blancs du dessous, sont indiquées en blanc jaunâtre bien plus accentué que chez aucun des autres Syrichthus du groupe d'A lveus. Je fais figurer sous les n° 502, 503 et 504 Csrsu Onet © d'Angoulême; sous le n° 505, Cérsi G de Sicile, et sous les n* 506 et 507, Cirsii Cet O des environs de Digne et de Belesta (Arièce). Le n° 508 représente un C#rsa, de Digne, variété ayant les dessins et taches du dessous des ailes inférieures de couleur brune, sans vestige de rouge, un peu comme dans la figure 34 de Cirsii publiée par Herrich-Schaeffer, sur la Tab. 6 des Æespenides Europ. J'ai désigné cette variété sous le nom d'Æerrichu, elle est plus fréquente à Digne que la forme typique, à ailes inférieures rouges en dessous, de C?7521. Les collections Boisduval et Bellier possédaient une série de Cirsu pris à Paris. L'un des exemplaires de Boisduval est pourvu d’une étiquette semblant écrite par Rambur. Bellier avait pris Cirsii en Sicile; le type, dans cette île, paraît être de moins grande taille qu'en France et avoir les parties claires (blanches et jau- nâtres) du dessus des ailes rétrécies et relativement peu accentuées. Harold Powell a trouvé Czrsü-Herrichii à Méounes (Var), en septembre, et à Entraunes (Basses-Alpes), en août. V. Cotte a pris Cirsii à Digne, en août 1806. Nous avons rencontré Cz#s1 en sep- tembre, à Angoulême, et P. Boulé l’a capturé, à la fin d’août, à LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE AIT Dompierre (Charente-Inférieure). La collection Kuwert contenait des Cirsi étiquetés Schwalbach et Rhein. Csz ne doit pas être rare dans les Charentes. H. Powell a trouvé, en septembre 1900, un exemplaire Q à Bélesta (Ariège). Le dessous de l'abdomen est blanc; mais chez la Q; les côtés en sont teintés de rose. C2rs22 est un des plus jolis Syrichthus. Il est bien différent de carline et facile à distinguer des autres Variétés d’Alveus, ou Espèces alliées. Je n'ai jamais trouvé Cérsi en Bretagne, et je suis porté à croire que l’Æesperia Cirsü, Rambur, signalée par M. le P. de Joannis, comme faisant partie de la faune morbihannaise, est le Syrzchthus que j'appelle armoricanus et auquel je consacre la notice suivante. 4° Armoricanus, Obthr. Eclôt deux fois par an : d’abord en mai et juin, puis en août et au commencement de septembre; se trouve aux environs de Rennes dans les prés et les pâtures. À l’arrière-saison, il aime à se poser sur les fleurs de Composées et n’est pas très rare sur les pelouses des parcs et des grands jardins. Il habite aussi les dunes de Miel-Pot et de la Guimarais, entre Saint-Malo et Cancale, et les clairières entre Plouharnel et Kerostin (Morbihan). Il descend le long des côtes de l'Océan, se trouve en Vendée et jusqu'à Dompierre-sur-Mer (Charente-Inférieure), et peut-être plus au Sud. C'est un Syrichthus de petite taille, plus voisin de Carlinæ que de Cirsü, ayant les parties claires du dessus des ailes moins accen- tuées que chez Cirsi, mais plus prononcées que dans Carline, et sur un fond plutôt brun bronzé que noir. Les taches du dessous des ailes inférieures varient comme chez Carline, depuis la teinte brun roux ou même rougeâtre jusqu'à la couleur ocre jaunâtre ou verdâtre. La tendance au rougeâtre se remarque sur les bords de la mer et vers le Sud: la tendance au verdâtre est plus accentuée à Rennes qu'ailleurs. Il y a longtemps que j'observe ce Syrichthus. J'ai lieu de penser qu’il est surtout répandu en Bretagne, où il est d'ailleurs, avec 412 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE malve, le seul Syrichihus que j'aie jamais vu. Je sais que Guenée l'avait capturé à Châteaudun et j'ai trouvé dans sa collection trois échantillons mis à part avec la note que je transcris comme suit : « Caractères : taille moyenne, taches blanches bien marquées; la cellulaire des inférieures grise, mais bien visible, ainsi que les points qui la suivent; l’angle anal des inférieures prolongé; les dessins du dessous très nets, un peu semblables à Alveus,; les nervures des inférieures d’un jaune olivâtre ou carné; toujours plus petit que l’Alveus. » Je crois qu'armoricanus est le Fritillaire, Godart (PI KXVITT; fig. 1 et 2). La disposition de la ligne maculaire extracellulaire des ailes supérieures en dessous, d’une accentuation évidemment exagérée dans la figure 2 publiée par Godart, n’en est pas moins très indicative. Je remarque en effet dans quelques exemplaires du Syrichthus armoricanus que J'ai devant moi, la même direction linéaire suivie pour l’ensemble des macules extracellulaires. Dans le texte (vol. II, p. 223-226), Godart semble émettre des idées synonymiques assez confuses. Je fais figurer sous les n° 509 et 510 de la PI LVII armoricanus de Rennes (printemps 1907); sous les n° $11 et 512, le même Syrichthus des dunes de la Guimarais (août 1884); sous les n°* 513 et 514, la forme provenant des dunes entre Plouharnel et Kerostin (commencement de juin 1909); sous les n° 515 et 516, une paire prise à Dompierre-sur-Mer, par P. Boulé, du 8 au 15 juin 1000; enfin, sous le n° 517, un C faisant partie des captures que nous fimes en Vendée, mon frère et moi, à la fin d’août 1007. Je rapporte à l’armoricanus, comme variété géographique que j'appelle : ÆFabressei, les Syrichthus pris à Sierra-Alta, par P. Fabresse, en août 1007. Il me semble que Fabressez est une forme agrandie et exagérée dans ses caractères du Syrichthus armoricanus. Les n° 510 et 520 représentent Fabressei, et le n° 518 donne la figuration de la même race Fabresser, d’après un exem- plaire que je pris à Florac (Lozère), en juillet 1863. Ces Fabresset forment une transition vers Oropordi du Sud de l'Espagne et d'Algérie, et le Syrichthus Œ, de Vernet-les-Bains, figuré sous le LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 413 n° 528, représente un des termes consécutifs de cette transition ; j'ai donné le nom d'armoricanus, bien que le Syrichthus auquel il est appliqué se trouve ailleurs que dans l’ancienne Armorique; mais parce qu'en Bretagne la forme dite : armoricanus existe seule et sans mélange avec aucune autre; ce qui n'est pas le cas dans les autres pays où il y a des transitions quelquefois bien difficiles à attribuer à une race plutôt qu'à une autre. Q, 5° Onopordi, Rambur. Figuré sous le n° 13 de la PI. 8 de la Faune de l’'Andalouste. Extrêmement commun en Algérie d’où j'en ai reçu des centaines d'exemplaires, Onopordi vole à Lambèse, à Sebdou, à El-Biar, à Hussein-Dey, c’est-à-dire dans les trois provinces, depuis avril jusqu’à septembre. Je fais figurer sous les n° 524, 525, 526 et 527 la race algérienne d'Oropordi. Il habite aussi l'Espagne, les Pyrénées-Orientales, d'où proviennent les n° 528 et 520, et diverses parties du Languedoc et de la Provence. Dans les plaines cal- caires du Centre de la France et dans les montagnes de la Savoie et du Valais, Onopordi donne la race que Guenée a décrite dans les Petites Nouvelles entomologiques, sous le nom de cony:e, d’après des exemplaires qu'il avait trouvés en Savoie. Lorsque je devins acquéreur de la collection Guenée, il restait six exemplaires de conyzæ dans sa boîte. Sur la demande de feu Staudinger, je lui communiquai deux de ces conyze, afin de lui permettre d'apprécier la valeur de l’'Espèce pour son Catalog 1901, établi en collaboration de H. Rebel. Jamais ces deux conyzæ n'ont repris le chemin de Rennes. Je possède donc encore quatre spécimens de conyze. Deux servent de modèle pour la figuration des n% 530 et 531 de la PL LVII; deux autres ont été étudiées au point de vue de leurs genitalia, par M. le Prof. D' Reverdin, et leur abdomen a été sacrifié aux nécessités scientifiques. Conyzæ présente quelque analogie de couleur et de disposition de taches avec centaureæ : une exacte iconographie permettra de se rendre compte de ce qu'est réellement le Syrichthus contze, 414 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE auquel feu Guenée crut, bien à tort, devoir faire les honneurs d'une spécification; ce n'est bien qu'une forme d’Onopordi. M. Reverdin et M. Blachier se proposent de rechercher conyze là même où 1l fut découvert, au lieu dit, je crois, la Charnée, et de compléter, au moyen de la documentation qu'ils espèrent obtenir, l’histoire de ce Syrichthus; mais je crois que conyzæ n'est pas une grande rareté; il doit se rencontrer dans toute la partie méridionale de la Suisse; je l’ai pris dans la vallée de Zermatt et je fais figurer sous le n° 523 un conyzæ de cette localité. Le Genre conyza, qui tire son nom d’un mot grec qui veut dire : gale, par allusion à une prétendue propriété des plantes de ce genre, appartient à la famille des Composées. L’abbé Coste cite deux Espèces, dans la #/ore française : ambigua et Naudini, cette dernière paraît spéciale aux Pyrénées-Orientales; l’autre : ambigua, habite les lieux incultes, les sables des rivières dans le Midi de la France; elle remonte jusqu'à Bordeaux; c'est une plante annuelle, d’un vert cendré, à fleurs blanches ou fauves. Guenée n’a point connu la chenille du Syrichthus qu'il a appelé Conyze et il a choisi le nom d’une plante de la famille des Composées, sans savoir même si la chenille de son Syrzchthus s'en accommoderait, imitant en cela l'exemple de Rambur, auteur de Syrichthus cacalie, etc. Le Syrichthus Onopordi-conyzæ se rencontre aussi dans les plaines calcaires du Poitou et les n° 521 et 522 ont été capturés par mon frère à Charroux (Vienne), en mai 1882. Les Onopordum, comme les Conyza, sont des Composées. On les appelle vulgairement pe/ d'âne; ce sont des chardons épineux dont les Botanistes connaissent un certain nombre d’Espèces. On trouve des Onopordum dans toute la France, mais surtout dans le Midi. Les Syrichthus Onopordi forment en Algérie une race assez spéciale par la netteté du contour des taches des ailes inférieures, en dessous. Dans le Midi de la France, à Nîmes, à Celles-les-Bains LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 415 (Ardèche), à Digne, dans les Alpes-Maritimes, le Var, les Bouches- du-Rhône, le Gers, les Pyrénées-Orientales, on trouve des Onopordi de la race méridionale formant une transition entre Onopordi et armoricanus, d'un côté, et entre Onopordi et conyze, de l’autre. Il semble, d’après les taches du dessous des ailes infé- rieures, que conyzæ ferait plutôt partie de la même unité que l'Onopordi algérien, tandis que la forme du Languedoc, de la Provence et du Roussillon se rapprocherait d’armoricanus. Ma collection contient plus de 1,000 exemplaires du Syrichthus Alveus et des Races, Variétés ou Espèces alliées. Si j'avais moins de documents, je serais peut-être mieux fixé sur la valeur relative de toutes ces formes; mais je suis plutôt disposé à m'orienter dans l’autre sens. Je tâcherai de réunir une quantité plus consi- dérable de documents provenant des provenances les plus diverses, et notamment de celles d’où je n'ai encore obtenu aucuns sujets d'étude. J'espère plus tard reprendre la question; cependant Je me plais à penser que les figures publiées sur les Planches LIV, LV, LVI et LVII du présent ouvrage resteront, par leur exac- titude, une base toujours utile à consulter. En résumé, les Syrichthus Alveus, carline, cirsu, armoricanus, onopordi, envisagés dans leurs formes typiques, pourraient sem- bler représenter, chacun, une unité spécifique distincte; maus, considérés avec les exemplaires de transition que fournit chaque unité, ils paraissent spécifiquement inséparables les uns des autres, si grandes que soient les différences qui caractérisent chaque forme typique, comparativement aux autres formes. Charles Barrett a figuré sous le n° 2 de la PI. 37 un Syrichthus Alveus, de la collection du Rev. T. H. Marsh, pris en Norfolk (p. 272, 273, 274). Malheureusement Barrett n’a représenté que le dessus des ailes. Mais tout porte à croire que l’Alveus anglais « captured in a narrow valley at the edge of a wood in Norfolk by the Rev. T. H. Marsh, at the end of May or beginning of June, in one season only, in or about the year 1860 », pouvait se rapporter à l'armoricanus. 416 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Thanaos Tages, Linné. Décrit par Linné, dans le Systema Nature, Edit. X; 1760), comme suit: « Z'ages. 168. P. P. (Papilio-Plebeius), alis denti- culatis divaricatis fuscis obsolete albopunctatis. Habitat in Eu- ropa. Sinulis P. Malve, sed magis fuscus. » Le T'hanaos Tages est une Hespérie très commune, qui habite l'Angleterre, mais non l’Algérie. Je l’ai observé dans toutes les parties de la France où J'ai recherché des Lépidoptères. On voit Tages éclore abondamment en avril et mai, dans les plaines de France; elle paraît en juin et juillet dans les montagnes jusqu'à une altitude de 1,800 mètres. Charles Barrett dit qu'il y a dans le Sud de l’Angleterre une seconde éclosion de Z'ages, en août. Je n'ai pas trouvé 7 ages en Bretagne, au mois d'août; bien qu'il y soit abondant au printemps; mais Je l'ai pris à Vernet-les-Bains, en août; non pas dans la haute montagne, mais à une altitude relativement faible, près du village. 7'ages est une Espèce très variable, tantôt d’un brun grisâtre avec des dessins un peu plus foncés, un semis d’atomes blanchâtres et des petits points blancs; le tout ressortant d’une façon peu apparente sur le fond des ailes; tantôt beaucoup moins unicolore, ayant le fond des ailes presque gris, une série marginale de points blancs en grains de collier, très nettement indiquée, et toutes les autres taches brunes et blan- châtres très distinctes et très apparentes. Cette forme, assez voisine de Popovianus, d'Asie centrale et boréale, est le contraire de la forme wricolor, de Syrie. La variété Cervantes, de Graslin, se trouve en Andalousie et à Valladolid, dans le Nord de l'Espagne. Elle vole en mai et juin. Dans la position du repos, ce que les Anglais appellent s/eeping posture, le Thanaos Tages a les ailes rabattues comme une Noctuelle. Charles Barrett figure, sous le n° 2c de la PI. 40, T'ages endormi sur le côté d’une fleur de graminée. 7 ages a un vol assez rapide; mais 1l se repose souvent sur les fleurs, dans les allées des bois, dans les pâtures, au bord des routes et dans les prairies. Je n’ai pas vu d’Aberration notable LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 417 de Z'ages; mais il existe certainement des exemplaires chez les- quels les taches brunes submarginales des ailes supérieures, en dessus, forment des traits allongés venant confluer avec la rangée maculaire médiane et même basilaire, et où la rangée extracellu- laire de petites taches blanches, aux inférieures, se rejoint d’un côté à la série moniliforme marginale, de façon à former de longs traits blanchâtres, et, de l’autre côté, s'étend vers le trait blanc cellulaire. Jusqu'ici J'ai recherché, sans succès, des Aberrations, suivant les directions que j'indique ci-dessus. J'espère que des Entomologistes plus heureux pourront vérifier l’exactitude de mes prévisions, relativement aux Aberrations qui sont susceptibles d'atteindre le Z'anaos Tages. 27 II. — HETEROCERA I. — ZYGÆNIDÆ Déjà il a été beaucoup écrit sur les papillons du Genre Zygœna. Un grand nombre d'espèces ont été décrites et figurées par les Auteurs qui, depuis le XVIII siècle, ont fait paraître des ouvrages sur les Lépidoptères. Je ne crois pas devoir répéter au sujet des Zygæna les géné- ralités qu’il est aisé de trouver exposées dans divers livres d'Entomologie. Je me bornerai à une étude critique des Espèces du Genre Zygæna, comme je l'ai fait ci-dessus pour les X/0pa- Locera, et à la description de plusieurs variétés ou formes qui m'ont paru inédites. Le D' Ad. Seitz, dans l'ouvrage : Les Macrolépidoptères du Globe, prétend que les Zygæna sont des Papillons frotégés. Il dit : « Comme les autres Zygénides, ils ont le corps saturé d'un liquide huileux jaune, âcre, les rendant incomestibles et les défendant ainsi contre leurs ennemis, non seulement parmi les vertébrés, mais même parmi les insectes meurtriers, par exemple les Asilides. Comme tous les insectes bénéficiant ainsi d'une protection interne, 1ls ont la vie excessivement dure, etc... » J'ignore jusqu’à quel point certains groupes de Lépidoptères peuvent jouir d’une réelle et efficace protection. Je suis porté à croire qu’il y a, dans la théorie des Espèces protégées, une grande 420 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE part à faire à l'illusion, et J'ai exposé dans la XX° livraison des Etudes d'Entomologie comment une espèce sécrétant, elle aussi, un liquide huileux et odorant, la Callimorpha Hera, a été dévorée devant moi par une hirondelle. Je puis, à propos de Zygæna, relater le fait suivant : pendant l’année 1008, au commencement de juillet, nous nous trouvions dans les Hautes-Pyrénées. Lors d'une excursion au-dessus de Cauterets, vers le Lac-Bleu, la Zygœna anthyllidis fut observée extrêmement abondante sur des gazons, au milieu de pentes pierreuses. Ce jour-là, les Zygæna anthyllidis étaient très fraîches et ne paraissaient point avoir d’ennemis. Mais le lendemain, le temps se trouvant encore favo- rable, la matinée fut employée de nouveau à la chasse aux anthyllidis, et à la même place où elles étaient la veille en si grand nombre. La situation se trouva alors tout à fait changée. Des petits oiseaux, et surtout des corneilles qui n'avaient pas été vues la veille, étaient arrivés en grande quantité et, faisant la chasse aux an/hyllidis, qui était la seule espèce de papillon abon- dante en cette localité, au-dessous du Lac-Bleu, ces oiseaux avaient déja singulièrement raréñé la Zygæna. De plus, j'ai fréquemment observé dans l'avenue de la Hublée, près Rennes, où je récoltais jadis en grand nombre la Zygæna palustris, d'une part les poules d’une maison voisine me faire la concurrence, et, d'autre part, les fourmis attaquer les Zygæna qui se trouvaient posées sur les tiges d’herbe. Les fourmis saisissaient les papillons par les antennes. Je possède dans ma collection deux exemplaires de la Z. palus- tris-sexmaculala, capturés par moi-même au moment où ces papillons étaient aux prises avec une fourmi qui était accrochée à une de leurs antennes. L'’extrémité de l'antenne de ces deux Zygæna se trouva coupée par les fourmis. Les poules sont très friandes des Lépidoptères. Non seulement, comme je le dis plus haut, je les ai vues chercher les Zygæna palustris dans l'avenue de la Hublée et en faire une grande consommation; mais j'ai observé, dans la cour de l'auberge installée près des ruines de la Chartreuse de Prémolles (Isère), les volailles LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 421 de l'établissement essayant de capturer des Zimenitis populi qu venaient pour se reposer sur le sol de la cour humide et parsemé de matières diverses en décomposition. C'était un spectacle curieux offert par le papillon qui, cédant à l'attrait des matières odorantes, y revenait sans cesse, malgré le danger quil courait de la part des poules. Celles-ci se précipitaient sur lui dès qu'il s’approchait de la terre pour se reposer. De ces observations, je crois qu’il faut conclure que la protection dont seraient favorisées les Zygæna en général laisse quelque peu À désirer, surtout si l’on considère le parasitisme des Diptères et des Hyménoptères beaucoup plus meurtrier pour les Lépidopteres que l'appétit des Vertébrés. I1 suffit en effet de récolter les coques contenant les chrysalides des Zygæna pour constater de quelle quantité et de quelle variété de parasites invertébrés les Zy.gæna ont à souffrir. Rien n’est plus aisé, comme chacun le sait, que de recueillir les coques formées par les chenilles de Zygæna, au moment où elles se chrysalident : ces coques se trouvent attachées à des brins d'herbe, à des tiges de bruyère, à des feuilles d'erpngium, etc, etc. De ces coques, placées dans des boîtes d'éclosion, sortent soit des papillons, soit des mouches. Chaque espèce est parasitée par un nombre plus où moins grand d'espèces de Diptères et d'Hyménoptères. A Dom- pierre-sur-Mer (Charente-Inférieure), M. Vigé a obtenu 3 espèces différentes d'Hyménoptères et une espèce de Diptères qui sont sorties des chrysalides de la Zygæna hippocrepidis-occidentalis; moi-même, j'ai obtenu des coques de la même Zygæa, ramassées à Auzay (Vendée), dans la charmante « vallée des Adons », chez mes aimables hôtes M. le colonel Sabouraud et M. D. Lucas, une espèce d'Hyménoptère tout à fait différente de celles trouvées à Dompierre, mais aucune des espèces de Dompierre. Les espèces de parasites sont donc variées pour la même espèce de Zygæna, suivant les lieux et à une bien courte distance. Dès lors, comment peut-on prétendre que les Zygæna « bénéficient d'une protection interne », et quelle fantaisie que cette prétendue protection, alors que la plus simple expérience démontre l'effroyable hécatombe 422 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE résultant pour les Zygæna du parasitisme des Hyménoptères et des Diptères. Ce que les oiseaux consomment de papillons n’est rien, comparativement à la destruction occasionnée par les mouches diverses, parasites des chenilles. C’est une vérité connue de tous. Quoi qu'il en soit, les Zygæna se trouvent souvent en assez grande abondance dans les lieux qu'elles habitent, et comme elles sont susceptibles de nombreuses variations, elles constituent pour le chasseur-entomologiste un agrément auquel je suis pour ma part très sensible. De plus, certains exemplaires sont fort ambigus et difficiles à rapporter avec certitude à une espèce bien définie. En outre, les hybridations naturelles paraissent plus fréquentes chez les Zygæna que dans d’autres groupes de Lépidoptères. Toutes ces circonstances contribuent à rendre très intéressante l'étude des Zygæna. Ma collection contient environ 20,000 exem- plaires classés. C’est avec ces documents que je publie les obser- vations suivantes : Zygæna rubicundus, Huebner, 137. La figure donnée par Huebner ne cadre, comme couleur des ailes supérieures, avec aucun des exemplaires que j'ai vus. Freyer (Neuere Beitre ge, UT, p. 13) ne semble pas être lui-même satisfait de la figure publiée par Huebner, quoiqu'il n’y ait, d’après son opinion, aucun doute sur l'identification de l'espèce. « Es ist kein Zweifel, dass sie Hübners Sp. rubicundus ist, obgleich das Hübner'sche Bild nach einem sehr verloschenen Exemplare gefertigt worden zu seyn scheint und deshalb blaesser und heller als meine nach einem frischern Exemplar gefertigte Abbildung ist. » Mais la figure 3 de la planche 200 des Neuere Beitrege est encore bien inférieure à celle de l'ouvrage de Huebner. La critique de Freyer, pour être vraie, est cependant déplacée, puisqu'il n’a pas su faire même aussi bien. Boisduval a figuré la Zygœna rubicundus sous le nom d’erythrus, d'abord dans l'Essai sur une Monographie des Zygé- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 42 e2) nides (PI. 1, fig. 6); puis dans l’/cones historique (PI. 52, fig. 1). Duponchel la représente également sous le nom d’ery/hrus (Suppl. Crépusc., PL IV, fig. 1). Enfin, tout récemment, M. Renato Perlimi, dans son travail intitulé : orme di Lepidotteri esclusivamente italiane, donne une bonne reproduction en couleurs de la Zygæna rubicundus d’après les procédés chromophototypiques (Tav. IT, fig. 10). La Zygœna rubicundus est en effet exclusivement ita- lienne, et pour cette espèce, M. Perlini est d'accord avec le titre de son ouvrage. J'ai reçu la Zygæena rubicundus de Cerchio (Abruzzes), où elle a été recueillie par M. G. Leoni; de Monte-Castello, où M. Fr. Zickert l’a capturée par une altitude d’environ 600 mètres, à la fin de juin 1907, et de Polleca, sur les monts Aurunci, où M. Orazio Querci a récolté de superbes exemplaires en Juin 1000, également par 600 mètres d'altitude. Duponchel dit que erythrus (rectè rubicundus) a été prise en Sicile, près de Randazzo, par À. Lefebvre. I] paraît que l'espèce n'a pas été retrouvée en Sicile depuis cette époque. Dans Berlin. entom. Zeitschrift (Band LIT, 1008), M. Clemens Dziurzynski, de Vienne, auteur d’un travail intitulé : Die pale- arktischen Arten der Gattung Zvgaæna, donne pour patrie à rubicundus, en outre de l'Italie, « mittel-und süd-Frankreich ». Jamais rubicundus n'a été rencontrée dans le centre, n1 dans le midi de la France. Le specimen typicum erythrus de Boisduval existe encore dans sa collection; mais Boisduval avait remplacé l'étiquette ery#hrus par celle plus exacte de 7ubicundus. Zygæna Erythrus, Huebner, 87. C'est bien l'Erythrus, de Provence, qui a été décrite et figurée sous le nom de Saportæ par Boisduval (Zcones, PI. 52, lg. 2 et 3, pages 38 et 39) et par Duponchel (Suppl. Crépusc., PI IV, 10202) pages 34-37). Mais il convient de lire ce que Duponchel écrit à 424 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE la page 147 du Szpplément, relativement à l'erreur de détermi- nation dont 1l s'était fort bien rendu compte. La Zygœna Erythrus vole depuis la fin de juin jusqu’à la fin de juillet a Gen Sicile, a généralement le fond des ailes supérieures d’un gris plus ou moins jaunâtre et plus clair que dans les autres localités. Cependant une © prise à Rome, près la Via Appia, présente le même caractère. Ma collection contient la Zygæna Erythrus des localités sui- vantes : Rome (R. Obthr.); Cerchio, dans les Abruzzes (G. Leoni) ; Monte-Castello (Zickert); localités diverses dans la province d'Avellino (Fabresse); Bordighera (H. Powell); Palerme (Bel- lier); Col de Castillon, dans les Alpes-Maritimes (Decoster); Hyères, dans le Var (Emm. Martin et H. Powell); environs de Saint-Zacharie, de Marseille et d'Aix (Gédéon Foulquier); bords du Drac, près Grenoble (Guenée); La Penne (8 juillet 1906; DASiept): La chenille de la Zygœna Erythrus vit sur l'Eryngium cam- pestre; elle mange aussi le serpolet; la coque est luisante et d’un blanc grisâtre. Plusieurs espèces de Diptères-Tachinaires sont parasites de la Z Æyythrus. Je regrette de n'avoir pu en obtenir la détermination spécifique. Le papillon varie beaucoup pour la taille. À Grenoble et à Marseille, on trouve des individus souvent très petits. Ab. citrina, Obthr. Il y avait un exemplaire de cette variété, sans indication de localité, dans la coll. Kuwert, maintenant jointe à la mienne. Il est aisé de distinguer Æyythrus de purpuralis (Minos) par le caractère suivant : chez Æyythrus, l'espace costal basilaire infé- rieur des ailes supérieures est toujours rouge, tandis qu'il est bleuâtre chez purpuralis. T1 s'agit de l’espace compris entre la nervure sous-médiane et le bord interne des ailes supérieures. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 425 M. Fritz Zickert, de Naples, a décrit dans Eng. Zeits., n° 20, Guben, 1005, une Ab. /rpina, d'Erythrus, provenant de Paternopoli (Avellino). Je ne connais pas cette Aberration où du moins Je n'ai pas réussi à la reconnaître d’après la description. Zygæna purpuralis, Bruennich. Charles Barrett a figuré la Zygœna purpuralis avec le nom de Minos, à l'état de larve et d’imago, sous les n* 4, 4a et 40 de la PL 8 du Vol. II de The Lepidoptera of the British Islands. L'Espèce se trouve en Grande-Bretagne, où elle fut pour la pre- mière fois rencontrée, en 1853, dans les endroits incultes et cal- caires du comté de Galway (Irlande occidentale), principalement près de la côte. Plus tard, elle fut trouvée dans d’autres places de l'Irlande. En Ecosse, la Zygæna Minos a été capturée dans les environs de Loch-Etive, dans l’Argyleshire et sur la côte de Forfarshire. Au Pays de Galles, elle fut récoltée près d’Abersoch, sur les bords de la baie de Cardigan, où on la remarqua abon- dante, dit Barrett, en 1887 et en 1880. Ma collection contient un grand nombre d'exemplaires irlandais, écossais et gallois. Ils diffèrent de ceux du continent par une taille un peu plus petite et la couleur plus claire des parties bleu d'acier des ailes supérieures. Le corps est très velu, comme dans nos montagnes. C’est la forme xwbigena, Birchall. La chenille, dans les Hes Britanniques, vit sur le 7’ 2ymus serpyllum, en avril et mai. D’après Barrett, elle se nourrit, en outre, des plantes suivantes : Polygala vulgaris, Pimpinella saxifraga, Beronica ofhcinals, Trifolium et Genista tinctorta. En France, la Zyg. purpuralis est surtout une espèce de mon- tagnes; mais on la trouve aussi dans les plaines, notamment à Brosville et à Pont-de-l'Arche, en Normandie (I. Dupont); aux environs de Paris (Bellier); à Chartres (Guenée). La race des plaines de la Beauce est caractérisée par une villosité abdominale très faible, par la tache rouge du milieu des ailes supérieures 426 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE échancrée postérieurement et ne s’avançant pas, du côté, interne, plus loin que la tache costale. Ce caractère est curieux : de la base des ailes supérieures partent en éventail une tache rouge costale courte et une tache rouge longue, celle-ci occupant l’espace compris entre les nervures médiane et sous-médiane. La tache rouge qui se trouve plus allongée que les deux autres, dans l'espace cellulaire, n’est pas jointe par son pédoncule aux deux taches qui partent de la base, et cette tache longue se trouve, à sa naissance, bien plus séparée des autres taches, par un espace bleuâtre de la couleur du fond, que dans les autres races de purpuralis. De plus, les ailes inférieures rouges sont très finement lisérées d’indigo. Dans la var. tyrolienne znferrupta, Stgr., se trouve accentué le caractère distinctif de la race chartraine. Pur puralis est commune à Boujailles (Doubs) ; à Fusio (Tessin) ; à Stuttgart; sur la route du Simplon et dans la vallée de Zermatt (Valais); à Innsbruck (Tyrol); à Cerchio (Abruzzes); en Pié- mont, notamment à Grissolo; au Lautaret (Hautes-Alpes); à Eclepans (Suisse); à Ax (Ariège); à Gavarnie et à Cauterets (Hautes-Pyrénées) ; à Digne, Entrevaux et Allos (Basses-Alpes); à Aix-les-Bains et Lanslebourg (Savoie), à ChamouniX (Haute- Savoie); à la Chartreuse de Prémolles (Isère); dans les Alpes- Maritimes (Moulinet, Vallée du Roubion). Elle existe aussi à Panticosa (Espagne); en Grèce; dans quelques parties des Pyrénées-Orientales, notamment à la vallée d'Eyna, mais où elle m'a paru rare; à Stettin, en Prusse; en Autriche. Habitant des localités si différentes, notamment par l'altitude, il est aisé de croire que la Zygæna purpuralis présente des formes également différentes selon les lieux. C'est ainsi que dans les parties sèches des pelouses du Lautaret, pwrpuralis est de taille relativement petite et d'aspect plus transparent, tandis que dans les Alpes-Maritimes, pur puralis est grande, d’un rouge vif et d’un faciès opaque. On pourrait distinguer ces races par des noms; mais elles sont liées entre elles par des transitions si intimes et, au même lieu, on trouve parfois des individus si dissemblables, que je juge tout à fait inutile de surcharger la nomenclature. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 427 Pluto, Bdv. (Zcones, PI. 52, fig. 4), est une purpuralis analogue à la race des Alpes-Maritimes et du Piémont; Winos (lcones, PI 52, fig. 5) représente la forme de Franche-Comté; malheu- reusement Boisduval n’a pourvu d'aucune indication de localité les Zygæna Minos de sa collection. Je possède des Zygæna éti- quetés : Mont-Rose et Piémont, Feisthamel; mais il est impossible de savoir s'ils sont des Pluto, selon Boisduval; car cet auteur paraît très hésitant. Voici, en effet, comment Boisduval termine la notice qu'il a écrite sur Pluto : « M. le colonel Feisthamel a pris à Domo d’Ossola et au Mont-Rose une grande quantité de Zygæna parmi lesquels se trouvent plusieurs individus que Je crois appartenir à cette espèce (Pluto); mais ils sont tellement intermédiaires entre elles, Wiros et Saporte, qu'à moins de les avoir élevés de la chenille, il est presque impossible de dire s'ils sont plutôt des variétés de l’une que de l’autre. Il se pourrait même que quelques-uns ne fussent que des hybrides ». Je crois devoir observer que jamais le colonel Feisthamel n’a pu prendre une Zygœna sur le Mont-Rose, massif de neige et de glace sur lequel aucun papillon ne peut séjourner. Le colonel Feisthamel, établi à Domo d'Ossola, a pu chasser sur des montagnes très éloignées du Mont-Rose, mais d’où on pouvait en apercevoir les cimes. Il me semble que c’est ainsi qu'il faut entendre l'expression : Mont-Rose, employée par Boisduval. Je n'ai jamais vu parpuralis dans les Charentes. L'Espèce ne se trouve ni en Bretagne, n1 en Algérie. L'Ab. /utescens existe pour purpuralis (Minos) comme pour toutes les Zygæna; mais je ne l’ai encore Jamais vue. Zygæna gallica, Obthr. J'ai décrit dans le Bulletin Soc. ent. France, 1808, p. 21, cette forme française de la Zygæna Corycia, d'après un certain nombre d'exemplaires pris à Digne, en juin 1897. Pour rendre cette description valable, j'ai fait figurer gallica sous le n° 173 de la PL XXXVIII du Vol. III des Etudes de Lépidoptérologie 428 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE comparée. Gallica est d’un aspect frêle et d’une contexture déli- cate; elle doit être très rapidement déflorée par le vol. Je n’ai vu aucun nouvel exemplaire depuis ceux que J'avais reçus, il y a douze ans, lorsque J'employai les chasseurs de Digne, durant toute la saison. Peut-être gallica est-elle très localisée aux environs de Digne? Augustin Coulet avait pris un premier exemplaire en 1806; c'est le seul que J'ai vu en dehors de la série capturée en 1807. Comme c'est une Zygæna de peu d'apparence, il est possible qu'elle n'ait pas retenu l'attention des chasseurs et qu’ils n’aient pas pris soin de noter le lieu où ils l’avaient rencontrée. Mais l'intérêt offert par cette forme française d’une Espèce orientale n'échappera à personne; jusqu'à présent la Zysgæna gallica n'a été observée en France qu'aux environs de Digne. Il est possible qu'elle habite quelque partie des Alpes-Maritimes ou de Vaucluse, et 1] me paraît utile de la signaler à l'attention des Entomologistes qui chassent dans le Sud-Est de la France. Zygæna Cynaræ, Esper. Esper a publié avec le nom de cynare, sous les n°° 2, 3 et 4 de la Tab. XXXWVII, la figure d’une espèce de Zygæna dont le type n'a pas été trouvé en France jusqu'ici. Les exemplaires qu'il a représentés avaient été trouvés par le Haushofmeister Rummel, pendant son séjour à Lemberg, en Gallicie, dans un bois de chênes, de noisetiers et de hêtres, près d'un lieu désigné sous le nom de Winiky. L’abdomen de Cynaræ est fortement annelé de rouge; le fond des ailes est d’un bleu verdâtre assez clair et les parties rouges sont d’un vermillon vif. Feu Millière avait ren- contré dans les Alpes-Maritimes une forme géographique de Cynaræ, généralement dépourvue d’anneau abdominal rouge, aux ailes d’une couleur plus sombre, les parties bleues étant d’une teinte ardoisée, et les parties rouges étant elles-mêmes d’un carmin vif, mais un peu vineux. [l m'avait donné quelques exem- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 429 plaires qui portent encore l'étiquette écrite de sa main, à l'encre rouge, et ainsi lhibellée : « dahurica, Cannes. » Le même Millière avait envoyé 5 exemplaires de la Zyzgæna en question à son ami Guenée, dans la collection de qui je les ai retrouvées, semblablement dénommées. Je ne crois pas que cette Zygæna ait été de nouveau observée à Cannes. Il est vrai que depuis le temps où vivait Millière, le pays de Cannes a été bien transformé par des constructions diverses et des jardins qui ont pris des places jadis occupées par des plantes sauvages. Mais si cette Zygæœna dahurica (selon Millière) n'a pas continué à être capturée aux environs de Cannes, du moins à ma connaissance, elle a été prise en certaine quantité à Bordighera, par MM. Harold Powell, Decoster et Balestre. C’est ainsi que j'ai sous les yeux plus de 100 individus recueillis à Bordighera, presque tous, depuis le 15 jusqu'au 20 juin, pendant les années 1906 et 1907. La coque est d’un gris jaunâtre brillant, en forme de bateau assez profond, dont les extrémités ne sont point prolongées, mais obtuses ; on la trouve collée sur les tiges de graminées. Millière avait référé la Zygæna trouvée par lui à Cannes à Dahurica, Boisduval (/cones, PI. 54, fig. 7), et Duponchel (Zyg. Supplém., PL XII fig. 3). C'est d’ailleurs exactement le même papillon que Boisduval et Duponchel ont figuré; Duponchel dit en effet (p. 135) que l'individu figuré lui a été communiqué par M. Boisduval. Je dois observer ici qu'il y a, dans l'ouvrage de Duponchel, une transposition des chiffres 2 et 3 sur la PI XII Emdansile texte Cestile n°3 (non le n22)/de la Pl XIT qui est effectivement dakurica. Cette Zygæna dahurica ‘existe encore dans l’ancienne collection Boisduval; la figure donnée par Duponchel est plus exacte que celle donnée par Boisduval; mais le papillon est unique; c’est un ©, et sa référence à C'ynaræ est, pour moi, incertaine. Je crois que Guenée, dont la collection contenait une Q étiquetée dakurica, malheureusement sans indication de provenance, mais en effet assez conforme aux Zygæna prises par Millière et à celles récoltées à Bordighera, a communiqué à Millière le nom que celui-ci avait 430 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE adopté; Je ne doute point que Guenée n'ait été de très bonne foi en identihiant sa © au dahurica O' de Boisduval. Mais ayant devant moi les deux papillons, le G' dahurica, Bdv., et la Q dahurica, secund. Guenée, j'ai la conviction que l'identification de dahurica Boisduval et Duponchel à la forme de Cynaræ de la Riviera est tout ce qu'il y a de plus contestable, parce que la forme des ailes supérieures est notamment tout autre. Dès lors, 1l faut, à mon avis, abandonner la dénomination dahurica pour la forme Cynaræ de la Côte d'Azur française et italienne. J'ai écrit toute cette dissertation en vue de renseigner les Entomologistes, assez nombreux encore, à qui Millière montrait sa collection et communiquait des dénominations que je sais du reste conservées telles quelles dans plusieurs collections françaises et étrangères. De son côté, Herrich-Schaeffer a figuré avec le nom de dakurica, sous le n° 68, une Zygæna à abdomen marqué de rouge, de teinte un peu moins sombre que les Cyxare de Cannes et de Bordighera, « Welche vollkommen zur Abbildung und Beschreibung von Boisduvals Dahurica aus Sibirien passt »; mais à la page 35 du texte, on lit qu'Herrich-Schaeffer adopte plutôt le nom de geste, sous lequel 1l avait reçu de MM. v. Weissenborn et Heydenreich les deux sexes de l’Espèce, et notamment la © figurée sous le n°06: Malheureusement, j'ai été inhabile à trouver dans Hernich- Schaeffer l'indication de la localité d’où provient sa gemistæ (p. 35) — dahurica (fig. 68). En tout cas, cette gewistæ-dahurica, H.-S, n’est pas exactement conforme à la Zygæna cynare de Bordighera et de Cannes (olim) dont voici la description caractéristique : ailes supérieures larges (tandis qu’elles sont étroites dans dahurica, Boisduval), en dessus, d'un bleu ardoisé sombre, mais peu opaque, avec 2 taches basilaires et 3 taches punctiformes nettement sépa- rées, assez arrondies, d’un rouge carmin vif, mais un peu vineux et sans aucune tendance à la teinte vermillon; ailes inférieures, en dessus, assez largement bordées de bleu ardoisé pâle et trans- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 431 parent, ayant le centre d'un rouge carmin, non opaque, quoique de nuance assez vive dans les exemplaires frais. Corps et abdomen d'un bleu d’acier très sombre, sans anneau rouge chez le G, géné- ralement marqué de rouge sur les côtés ou même finement annelé de carmin chez la ©. Dessous des ailes, comme le dessus, mais plus pâle, surtout pour le fond bleu ardoisé qui est luisant, parait dépourvu d'écailles et ne semble coloré que par la transparence des écailles du dessus. Les franges sont fines et d’un brun noirâtre. Ce n'est peut-être pas absolument la forme appelée 7'wratii par Standfuss; mais il me semble que les Zygæna de Bordighera sont cependant plus voisines de cette 7 wratu que de toute autre forme. C’est donc présentement sous ce vocable qu’elles peuvent être plus exactement désignées. Je compte faire figurer les deux sexes de la Zygœna Cynaræe-Turatn dans le V° volume des Etudes de Lépidoptérologie comparée, a représentation n'en ayant encore paru nulle part. On n'a trouvé Cynaræ jusqu'ici m1 en Angleterre, n1 dans d’autres parties de la France que les Alpes-Maritimes, ni en Espagne, ni en Algérie. C'ynaræ paraît être une Espèce de l’Europe orientale qui, vers l'Ouest, ne dépasse pas les Alpes. Elle se trouve dans la Russie méridionale avec le nom de centaureæ, en Hongrie, en Gallicie, en Dalmatie (Zara), en Allemagne méridionale, en Piémont. Zygæna scabiosæ, von Scheven. En France, scabiosæ est une espèce de basse montagne; elle habite les Cévennes, les Pyrénées et les Alpes. En dehors de la France, scabiosæ se rencontre en Italie, en Sicile, en Espagne, en Allemagne, en Suisse, en Scandinavie, en Sibérie. Elle manque actuellement en Angleterre, où 1l est possible qu’elle ait jadis existé, et en Algérie. Dans la dixième partie du journal Der Naturforscher, publié à Halle, en 1877, le Pasteur von Scheven a fait insérer, sous le 432 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE titre de: Beytraege zur Naturgeschichte der Insekten (Erstes Stueck), un article où, de la page 88 à la page 101, ledit Pasteur fait part d'observations qui m'ont semblé très judicieuses sur les Lépidoptères. À la page 07, von Scheven dénomme le Spznx scabiosæ comme suit : « 7—Sp. Scabiosæ. So nenne ich denje- nigen, welcher drey lange rothe Flecken auf den Oberfluegeln hat ». C'est-à-dire en français : « Je nomme ainsi celui qui a trois longues taches rouges sur les ailes supérieures. » Cette simple phrase fixe la question. La Zygæna scabiosæ, avec 3 longues taches rouges sur les ailes supérieures, c’est la forme normale de l'Allemagne et des Pyrénées; mais ce n’est pas la forme qu'on trouve ordinairement dans les Cévennes, les Alpes françaises et italiennes où les 3 longues taches rouges, généralement divisées par une interruption qui atteint la médiane, ou la sous-médiane, ou même les deux, présentent plutôt 5 taches courtes que 3 longues. La Zygœna Scabiose est en effet une Espèce fort variable sur laquelle Calberla a écrit dans le Vol. VIII de l’/715, sous le titre : Ueber einige transalpine Zygœnen (pages 203 à 213), de copieuses observations. Il les a résumées en une sorte de Tableau où :1l s'efforce de mettre les choses au point, pour l’époque (1895) où il l’a établi; ce tableau est dressé seulement en ce qui concerne les races sudalpines et italiennes; nullement en ce qui regarde les races françaises à l'étude desquelles je vais procéder plus loin. Esper a figuré scabiose, assez grossièrement, sous les n° 3 a et 30 de la Tab. XXIV; Huebner a représenté scabiosæ sous les n° 6 et 86; Boisduval, sous les n°* 1 et 2 de la PI. 53 de l’Zcones; Duponchel, sous les n°” 5 a et 5 de la PI. IV du Supplément. Herrich-Schaeffer, sous le n° 3, avec le nom de Orion; sous les n° 7,0, 10, 11, avec le nom de 7 riptolemus, sous les n° 48 et 49, avec le nom de Celeus; et sous le n° 03, avec le nom de P/uto. De son côté, le très distingué et très respectable botaniste et entomologiste de Bâle, docteur H. Christ, a publié dans Mirthei- lungen der Schweizer. entomolog. Gesellschaft (Decemb. 1880), une intéressante étude intitulée : Die Zygænen unserer Südalpen, qu’il a accompagnée d’une Planche où il représente, sous les n° 1 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 433 à 5, des scabiosæ provenant d'Andlau (Alsace), du pays de Bade, de Moravie et de Hongrie, et sous les n° 6 à 10, des 77iptolemus capturées à Perrero, en Piémont; 7zp1olemus étant considérée comme une forme sudalpine de scabiosæ reliée à celle-ci par d'insensibles transitions. Bien que je possède dans ma collection plus de 700 exemplaires de la Zygæna scabiosæ de provenances très diverses, Je sens que mon matériel comporte encore bien des lacunes, notamment en ce qui concerne l'Allemagne. Mais Je m'efforcerai, pour l’Europe occidentale tout au moins, d'analyser exactement les races locales que je suis parvenu à connaître. 1° Hautes-Pyrénées. —— Scabiosæ n'est pas très rare tout auprès de la ville de Cauterets, le long du chemin qui, descendant des bains de la Raillère, passe un peu au-dessus de la maison hospitalière. C’est une Espèce un peu molle, facilement défraichie, qui se plait dans les pelouses entourées de bois et dans les allées sylvatiques et ombragées où il est facile de la capturer posée sur les fleurs. Vers 11 heures du matin, lorsque le soleil est ardent, elle vole rapidement au-dessus des prés, dans les vallées boisées, ou sur les flancs de la montagne calcaire appelée : Péguère. Autrement elle paraît moins active. Sa coque est d’un blanc gri- sâtre argenté et luisant; elle est un peu allongée et on la trouve fréquemment fixée sur les brins de bruyère où il est aisé de la récolter, tout le long des chemins qui sont tracés entre les bains de la Raillère et la ville de Cauterets. La forme ordinaire, dans les Hautes-Pyrénées, est celle que Boisduval a représentée sous le n° 1 de la PI. 53 de l’Zcones; c’est-à-dire la forme qui présente sur les ailes supérieures trois taches allongées, rouges : 1° la costale, qui est la plus courte; 2° la médiane, longue et se dilatant vers son extrémité, 3° la sous-médiane, longue aussi et légèrement courbée en arc de cercle; chacune de ces trois taches, dans la majorité des exemplaires, est continue, sans séparation; mais on trouve quelquefois des individus chez lesquels la tache médiane est amincie, terminée par un bouton généralement réuni au moyen d'un mince trait rouge à son pédoncule. Il arrive parfois, mais 28 434 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE rarement, que les deux extrémités des taches rouges médiane et sousmédiane sont nettement détachées de leur base. Boisduval a figuré sous le n° 2 de la PI. 53 de l’/cones, une Q ayant la tache médiane cellulaire divisée en deux parties. Cette division partielle ou totale est plus fréquente chez la Q que chez le G, dans les races où normalement les trois taches longues sont entières. 2° Pyrénées - Orientales. -_ [a scabiosæ des Pyrénées- Orientales ne diffère presque point de celle des Hautes-Pyrénées. Les exemplaires avec les trois taches rouges non interrompues constituent la règle. La scabiosæ ne vole pas au Vernet même, mais à une altitude un peu plus grande. Pour la trouver, 1l faut aller plus haut que le village de Casteil; on aperçoit les premières Zygæna scabiosæ dans le ravin frais et boisé, au revers de la montagne de Saint-Martin-du-Canigou, et en s’élevant dans la haute vallée du Cady, jusqu’à la forêt de Randaiï et à la prairie alpestre de Mariailles. Dans les Pyrénées, le fond des ailes de scabiosæ d'est plus opaque, tandis que celui de la © est plus clair et plus transparent. Chez les individus bien frais, les teintes rouge et gris indigo sont assez vives; les antennes du O° sont longues et paraissent flasques ; l'abdomen noir paraît un peu velu, tandis que la © a les antennes très fines, un peu plus courtes et l'abdomen presque sans villosité. Je n'ai jamais vu un exemplaire pyrénéen ou autre de Zygæna scabiosæ ayant l'abdomen annelé de rouge; dans les Pyrénées, je n'ai constaté aucune tendance à l’'envahissement des ailes inférieures rouges par la teinte indigo clair de la bordure. La taille des scabiosæ pyrénéennes est relati- vement grande. J'ai fait figurer sous le n° 140 de la PI. VIII des Etudes d'Entomologie une Zygena qui, par ses antennes longues et une teinte rouge diffuse sur le dessus de ses ailes supérieures, pourrait être considérée comme un produit hybride de scabiosæ et de loxicere, à moins que ce ne soit de dyba. Cependant nous n'avons à cet égard aucune certitude; c'est une simple impression dont J'ai fait part; rien de plus. M. H. Powell, chassant pour moi, en 1900, dans les Pyrénées- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 435 Orientales, a capturé 106 Zygæna scabiosæ, d’une parfaite frai- cheur, pendant le mois de Juillet et le commencement d'août, en la haute vallée de Cady, à Randaï et Mariailles, entre 900 et 1,700 mètres d'altitude. Parmi ces 106 exemplaires, 1l y en a 103 avec les ailes allongées; les 3 taches rouges des supérieures, en dessus, sont longues, plus ou moins épaisses, continues et non divisées; mais deux GO‘ et une © capturés avec les 103 autres exemplaires ont les ailes plus courtes; la teinte rouge est un peu moins vive; un O'et la Q ont la tache médiane nettement divisée en deux parties; l’autre O' a les taches médiane et sousmédiane divisées, de façon à montrer 5 taches, comme Xoweo, de Sicile, ou Veapolitana, de la province d’Avellino. Ces deux C' et cette ©, bien authentiquement pyrénéens, seraient tout à fait à leur place avec les formes sudalpines. Ceci est une preuve de l’unité de l'Espèce scabiosæ pyrénéenne, provençale et italienne, et la démonstration que dans une même unité spécifique, une race locale normale, différente d’une autre, peut toujours paraître chez cette autre à l’état aberrant. Du reste, la scabzosæ des Cévennes confirme cette proposition. . 3° Cévennes. — M. Dayrem a recueilh, en juin et Juillet 1908, 29 exemplaires de scabiosæ qu’il a trouvés aux environs de Florac (Lozère). Sur ces 29 individus, 5 O' sont avec 3 longues taches rouges non interrompues sur les ailes supérieures; mais chez ces 5 ©, la tache médiane, amincie en son centre, se termine par une sorte de bouton, comme dans les figures 4 et 8 du travail déjà cité du D’ Christ: Die Z'ygœner unserer Suedalpen. Chez les 24 autres échantillons des deux sexes, la tache longue sous- médiane reste continue; mais la tache médiane est divisée en deux parties : 1° un petit triangle rouge à la naissance de la cellule, 2° une tache rouge arrondie, semblant parfois plus foncée au centre que sur ses bords, à l'extrémité de l’espace cellulaire. Telles sont les figures 5, 9 et 10 données par le D' Christ. Ces Zygæna scabiosæ de Florac sont donc en grande majorité des 7 71p{0- lemus ; elles ne sont cependant pas, dans leur ensemble, semblables 430 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE aux /'riplolemus des Alpes provençales, en ce sens que la teinte rouge est un peu plus vermillon dans la Lozère et que les ailes inférieures y sont moins largement bordées d’indigo. De plus, sur les ailes supérieures, les parties rouges sont généralement plus larges, ce qui modifie légèrement l'aspect. Il y a donc entre les scabiosæ des Pyrénées une analogie plus grande avec les formes d'Allemagne : Brunswick, Thuringe, Wurtemberg, et même de certaines parties du Piémont, notamment de Grissolo, qu'entre les mêmes scabtosæ pyrénéennes et les sca- biosæ provençales, ainsi que l'étude des races de la région sud- orientale de la France le démontre aisément. 4° Basses-Alpes, Var et Alpes-Maritimes. — Plusieurs races ont été capturées dans la région de Digne, Entrevaux, Puget-Théniers, Mont-Gourdon-Garamagne, Cascade de Neigeas en la vallée du Var, Venanson, Bonson, Sainte-Baume, Le Lauzet, Enchastrayes, Vallée de Roubion, La Turbie, Moulinet, Vence, Levens et Madone de Fenestre, Castillon, Tourette-sur-le-Loup, toutes localités sur lesquelles les chasseurs de Digne, M. Gieseking, M. Harold Powell, M. Gédéon Foulquier et M. Decoster, m'ont assez largement documenté. Ces races provençales se relient aux formes italiennes et, si l’on trouve parmi elles quelques exemplaires conformes à la race ordi- naire pyrénéenne, ainsi que cela a lieu à Digne, le plus souvent on constate dans le Sud-Est de la France l'existence de races de scabiosæ bien différentes de celles de la région montagneuse des Pyrénées-Orientales et des Hautes-Pyrénées. Je crois que la forme la plus répandue dans les Alpes de Provence est celle que Herrich-Schaeffer a figurée avec le nom de Z'riptolemus, sous les n* 7 et 11 de la Tab. IT des Zygænides Europ., après que Freyer avait donné lui-même, sous les n° 1 et 2 de la Tab. 164 des Neuere Beitrege zur Schmetterlingskunde (Vol. Il), la figure de la même Zygæna Triptolemus, qui ne me LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 437 semble cependant avoir aucun rapport spécifique avec la 771pt0- Lemus de Huebner (n° 06 et 97). Chez Triptolemus , H.-S. 7, la tache rouge médiane des ailes supérieures est divisée en deux points rouges, éloignés l’un de l’autre, l’un restant à la base de l’espace cellulaire, l’autre, de forme arrondie, à l'extrémité. La tache rouge submédiane reste formée par un trait long un peu aminci à son centre, par rapport à la dilatation de ses extrémités. Orion, H.-S., figuré sous le n° 3 de la Tab. I des Zygænides Europ., ressemble beaucoup à Zriptolemus n° 7. Orion a la bordure bleue des ailes inférieures un peu plus large et l’amincissement du milieu de la tache rouge sousmédiane un peu plus prononcé; mais ces insignifantes différences, plus ou moins sensibles d’ail- leurs selon le coloriage des Planches, sont individuelles et ne justifient pas un nom distinctif. Pluto, H.-S., représentée sous le n° 03 de la Tab. 13 des Zygenides Europ. est une petite forme qu'on rencontre dans Îles Alpes-Maritimes et qui diffère de scabiosæ des Pyrénées, à 3 longues taches rouges, par sa contexture plus grêle et la forme de ses ailes plus rétrécie. Pluto, H.-S., 03, présente en effet 3 taches rouges sur les ailes supérieures, et non 4, comme Triptolemus- Orion, où 5, comme Romeo; je possède des exemplaires tout à fait semblables au n° 03 de Herrich-Schaeffer, lequel n° 93 parait absolument différent du n° 107 portant cependant le même nom de Pluto. La synonymie des Zygæna est bien difficile à établir, puisque le même nom donné par le même auteur s'applique à des unités si différentes et qu’une foule de confusions, jadis commises, sont impossibles à redresser aujourd'hui, puisque la provenance des papillons figurés reste généralement ignorée. Cependant les noms de Zriptolemus, Freyer, Tab. 164; fig. 1 et 2, et HS. 7 et 11 (Orion, H.-S, 3) me paraissent devoir très exactement désigner la race ordinaire de la Zygœna scabiose des Alpes de Provence; le nom de Pluto, H.-S., 03 (nec 107) s'ap- plique, comme je l’expose ci-dessus, à une variété de Triptolemus 438 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE qu'on rencontre dans les Alpes-Maritimes. On trouve aussi dans les Alpes-Maritimes une autre variété de scabiosæ chez laquelle les taches rouges des ailes supérieures sont divisées comme chez Romeo, de Sicile, et Neapolitana, de l'Italie méridionale, c’est- à-dire de façon à former $ taches distinctes. Ces exemplaires semblent exactement référables à Triptolemus, Freyer (Tab. 14, fig. 4), des Alpes du Tyrol. Il ne faut pas. confondre cette forme de 77iptolemus avec la Triptolemus du même auteur (Tab. 164; fig. 1 et 2), dont J'ai fait mention plus haut. s° Sicile. -— Dans cette île, on trouve Romeo, Lefbv., figurée par Duponchel (Supplément; Zygénides; PI. XII, fig. 1), et dont je possède, d’après la note écrite par Guenée, l’exemplaire même qui a servi de type à Duponchel. Au sujet de Romeo, Duponchel dit (p. 132) : « M. Alexandre Lefebvre a trouvé cette Zygène à Randazzo, en Sicile, au pied nord de l’Etna, en juin 1824, et il l’a dédiée à M”*° la baronne Romeo, dont il a reçu le plus obligeant accueil à Randazzo même. » Romeo est donc, comme Goante, comme Orleans, un nom de personne. Pourquoi Staudinger et Rebel, qui se sont donné tant de peine pour faire accepter Oyleansi, au lieu d'Oyleans, nom que J'ai donné à un magnifique Parnassius du Thibet, n’ont-1ls pas ajouté un i au nom de M" Romeo? Romeot eût été une Jolie consonance; trois voyelles différentes de suite, n'est-ce pas un record d’euphonie ? Romeo a les taches, rouges, en dessus, divisées en 5 parties, sur les ailes supérieures, comme 77iptolemus, Freyer (Tab. 14; fig. 4); elle a les taches rouges en question d’une teinte un peu vermillon, au lieu de la couleur carmin vineux que présentent les autres races françaises et italiennes de scabiosæe. Aux ailes supé- rieures, en dessous, les taches si nettement divisées en dessus, tendent parfois à confluer, surtout chez les G. Romeo se rapproche LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 430 beaucoup de Vevadensis. Celeus, Herrich-Schaeffer, n° 40, est sans doute assimilable à Vomeo. 6° Neapolitana, Calberla. — Figurée par Renato Perlini (comme ©, alors que le spécimen représenté est certainement un d'), sous le n° 15 de la Tav. IV de l'ouvrage intitulé : Forme di Lepidotteri esclusivamente italiane. La Zygena Neapolitana à les taches rouges des ailes supérieures, en dessus, divisées en 5 parties; de plus, elles sont généralement réduites; leur teinte n’est pas très vive; les ailes inférieures sont largement bordées de bleu indigo:; l’aspect général est assez sombre, autant à cause du rétrécissement et du peu d'éclat des parties rouges que du ton noirâtre du bleu. J'ai, sous les yeux, un grand nombre d’'exem- plaires récoltés par M. Zickert au Mont S. Angelo (900 mètres), le 1° juillet 1007; au Monte-Castello (400 à 600 mètres), les 20 et 21 juin 1007, et à Bagnoli Irpino, le 25 juin 1007. Les ailes inférieures peuvent devenir entièrement envahies par la teinte sombre de la bordure, plus noirâtre que bleue; c’est alors VAb. Æoffmanni, Zickert, figurée sous le n° 12 de la Tav. III de l'ouvrage précité de Renato Perlini. Je possède 15 exemplaires de cette Ab. Æoffmanni, que m'a envoyés M. Zickert. Il les avait récoltés au Monte-Castello, dans la province d’Avellino, avec les Neapolitana, les 20 et 21 juin 1907. Parmi ces 15 Æoffmann, se trouve l’exagération nigerrima, Zickert, décrite dans Ærx/om. Zeits., n° 20; Guben, 1005. M. Zickert a trouvé au Monte-Castello (Avellino) l'Ab. à taches jaunes #aveola, de la Zygæna Scabiosæ-Neapolitana. On trouve dans les Alpes de Provence des exemplaires de Triptolemus conformes à Neapolitana; mais si on range tous les exemplaires de chaque localité ensemble, on constate que l'aspect général de la race est différent pour les scabiosæ provenant de l'Italie méridionale comparativement à celles qui ont été récoltées dans le Var et les Alpes-Maritimes. M. H. Powell a pris au col de Bartagne, dans la montagne de la Sainte-Baume, une scabtoseæ cadrant parfaitement avec Neapolitana; ce qui constitue un fait 440 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE analogue à celui que J'ai constaté pour la scabiosæ des Pyrénées- Orientales, c’est-à-dire l'existence, à titre d’Aberration plus ou moins rare dans une localité, d'exemplaires différents de la forme normale de cette localité et semblables à la forme qui est normale dans d’autres localités. 7° Nevadensis, Rambur. — Figurée sous le n° 10 de la PI. I du Catal. systémat. des Lépid. de l'Andalousie; ne paraît pas rare à la Granja où mon frère l’a prise au mois de juin; à la Sierra-de-Alfakar (juillet 1870) et à la Sierra-Nevada. Feu de Graslin avait capturé plusieurs exemplaires, dans les montagnes de Grenade, en même temps que le D' Rambur y capturait les types de sa Wevadensis. M. Chapman a trouvé WNevadensis à Casayo. Je pense que la Dalmatina, Boisduval (/cones, PI. 54, fig. 2), dont je crois avoir le type sous les yeux, est la même Zygæna que Wevadensis. Dans ce cas, le nom de Dalmatina serait plus ancien. Mais il me paraît impossible de savoir si le papillon de la collection Boisduval provient réellement de Raguse, ainsi qu'il est dit à la page 45 de l’/cones (Vol. IT). Rambur a, pour Bois- duval, une phrase bien sévère dans la note de la page 166 du Catal. systemat. de l'Andalousie; 11 se trompe d’ailleurs en disant que Boisduval n’a figuré qu'une Punctum. M. Abeille, de Marseille, donne des renseignements intéressants sur les premiers états de la scabiosæ provençale, dans le n° 1 des Mémoires de la Société linnéenne de Provence, paru en décembre 1900. La chenille, dit-il, vit sur le Zathyrus pratensis, plante de la famille des Papilionacées, répandue dans les prés et les bois de toute la France, très abondante dans la région de la Sainte- Baume, et aussi sur l’Azppocrepis comosa, qui est également une Papilionacée. M. Abeille a élevé la chenille de scabiosæ,; mais il n'en a pas obtenu les parasites. Il attribue le manque de parasites de la chenille au soin extrême avec lequel elle se cache pendant le jour. Je crois pourtant bien avoir obtenu à Cauterets des para- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 441 sites sortis des chrysalides de scabiosæ qui étaient des Diptères; mais j'ai eu le tort de ne pas les conserver. Les Scabiosa sont des plantes de la famille des Dipsacées; le genre scabiosa tire son nom du mot latin scabies, qui signifie gale, par allusion à de prétendues propriétés médicales de la plante; il contient un grand nombre d'Espèces. On en compte environ 80 dans la Flore européenne. Les Zygœæna, en général, se reposent sur les Scabieuses, comme sur les Ombellifères et les Composées; mais leurs chenilles ne se nourrissent point de la scabieuse et von Scheven aurait pu mieux choisir le nom qu’il a attribué à la Zygœæna « welche drey lange rothe Flecken hat. » J'ai pris à Cauterets, en juillet 1908, un bizarre exemplaire de scabiose. Les ailes inférieures sont complètement hyalines, c'est- à-dire dépourvues d’écailles rouges, sauf le long du bord anal. Le liséré marginal indigo est resté normal. Les supérieures sont un peu plus pâles que chez les exemplaires normaux. Cette Aber- ration hyaline atteint un ' de grande taille et de beau dévelop- pement. Zygæna Zuleïma, Pierret. Feu Pierret a décrit et figuré dans les Annales de la Société entomologique de France, 1837 (pages 22 et 23 et PI. 1, fig. 8), avec le nom de Z#leima, une petite Zygæna spéciale à l'Algérie qui éclôt de très bonne heure, c'est-à-dire dès le mois de mars, aux environs d'Alger: tandis qu'à Lambèse, la même Espèce vole en mai et juin. Je la connais des localités algériennes suivantes : environs d'Alger, du Tarf, de Lambèse et d'Oran. Pierret dit, en la décrivant, que Zw/eima a été prise aux environs de Bône et que M. Doué l’a reçue d'Oran. Zxleima est une petite Zygæna, à nuances ternes. Le corps est tout noir, sans anneau rouge; le fond des ailes supérieures est d’un gris ardoisé pâle, avec 3 taches rouges longues, comme chez Scabiose, mais avec 442 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE cette différence qu’elles sont, toutes proportions gardées, infiniment plus fines, et que la tache longue médiane se prolonge par un point rouge qui semble suspendu à son extrémité inférieure, et qui se trouve dès lors presque en contact avec le bord extérieur des ailes. Celles-ci sont finement lisérées de noirâtre, aussi bien le long du bord costal que du bord externe. Ce n’est pas une Zygæna bien commune. Lucas l’a figurée avec le nom de /#dicra, sous le n° 1 de la PI 3 des Lépidoptères, dans l’Aflas de l'Exploration scientifique de l'Algérie. J'ai publié moi-même la figure de la Zygœna Zuleima sous le n° 81 de la PI. 8, dans la XIIT° livraison des Etudes d'Entomologie. Zygæna Corsica, Boisduval. La première description de la Zygæna corsica à paru dans l'Essai sur une Monographie des Zygénides, suiv: du Tableau méthodique des Lépidoptères d'Europe, que Boisduval fit paraitre, en 1820, au début de sa brillante carrière entomologique. Ce furent Latreille et Bosc qui rédigèrent le Rapport sur le manuscrit de Boisduval, lequel manuscrit avait été présenté à l’Académie des Sciences, le 10 septembre 1827. Latreille et Bosc concluent dans les termes suivants : « Quoique M. Boisduval n'ait donné à son ouvrage que le titre modeste, Æssai d'une Monographic…., vous avez cependant pu vous convaincre par cette analyse que, tant par l'observation des habitudes des insectes dont il traite, que pour les signalements et la synonymie des espèces, il a fait tout ce qu'on pouvait attendre d’un bon naturaliste, dans l’état actuel de la Science. Peu de Monographies peuvent être comparées à celle-ci, et vos commissaires sont d’avis qu’elle mérite de trouver place dans les mémoires des savans étrangers dont l’Académie ordonne l'impression. — Paris, ce 1* octobre 1827. » L'ouvrage de Boisduval est d’un débutant, assurément riche de promesses; mais combien les Planches sont loin de valoir -celles que publièrent tant d'anciens maîtres, avant la Révolution ! LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 443 +2 La Zygæna corsica figurée sous le n° 2 de la PI. $ ne ressemble nullement à la réalité naturelle; la description est imprimée aux pages 81 et 82; elle a le tort de ne pas mettre en lumière l’un des caractères saillants sur la généralité des exemplaires de Corse, qui est la couleur grisâtre du dessus des ailes supérieures. Rambur, dans les Annales de la Société ent. de France, 1832, donne, sous les n* 5 et 6 de la PI. VII, de meilleures figures de la Zygæna corsica, dont la description est imprimée sur les pages 267, 268 et 269, au cours d’un intéressant mémoire ayant pour titre : Catalogue des Lépidoptères de l'ile de Corse. Rambur fait précéder les descriptions des espèces de papillons qu'il avait découvertes en Corse, par un aperçu très intéressant et très ins- tructif sur la configuration et la flore de cette île. Relativement à la Zygæna corsica, Rambur fait connaître à la page 254 de cet Avant-Propos que les lieux schisteux fournissent la Santolina incana, qui sert de nourriture à la chenille de cette Espèce; et plus Join, à la page 258, il ajoute que la nature, en Corse, se montre plus bizarre à l'égard du genre Zygæna qu'elle exclut complè- tement, à l'exception toutefois d’une espèce toute caractéristique et particulière aux terrains schisteux, la Z. Corsica; les Procris semblant étrangers à l’île. | Boisduval, dans l’/cones (1834), a donné une nouvelle, mais, cette fois, bonne figure de la Z. Corsica, sous le n° Oo de la PIE et dans sa description (p. 58), il n’a pas manqué d'appeler l'attention sur les ailes supérieures qui sont d’un bleu un peu vio- lâtre, fortement lavées de blanc jaunâtre, ou blanchâtres avec le bord de l'extrémité et de la côte bleus. Duponchel, de son côté, a bien figuré la Zygeæra Corsica sous le n° 7 de la PI VII du Supplément-Zygénides et la description se trouve imprimée sur les pages 87 à 80. La Zygœna Corsica éclôt au commencement de Juin; elle vole rapidement en plein soleil et va se reposer, à l'approche de la nuit, sur les tiges sèches des bruyères ou sur celles de la Santolina In Cana. 444 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Les Santolina sont des Composées dont le nom est une alté- ration de Sanctolina, c'est-à-dire plante sainte, à cause de ses vertus médicinales. La Santolina incana est une Espèce polymorphe qui s'appelle aussi Chamecyparissus,; elle a les tiges et les feuilles couvertes d'un épais tomentum blanc; elle se trouve répandue sur les coteaux arides de la région méditerranéenne (Ælore descriptive et ulustrée de la France, par l'abbé Coste; IT, p. 340). La coque de Z. Corsica est d'un blanc argenté luisant ou d’un gris Jaunâtre; elle est fixée aux tiges; la chenille est brune avec des points latéraux blanc jaunâtre, des incisions et une ligne dorsale blanc grisâtre. Je possède de beaux exemplaires de la Zygæna Corsica pris à Bastia par feu Bellier, et à Sassari, en Sar- daigne, par feu Damry, en 1806. La race de Sardaigne paraît avoir les ailes supérieures, en dessus, plus sombres et moins blan- châtres que la race de Corse. La collection de Graslin contenait des échantillons pris par Rambur. Guenée était d'avis que la Zygœna Corsica avait des rapports avec À ctllee, à l’état parfait, et avec Æxulans, à l’état de chenille. Aucun des 75 individus contenus dans ma collection n’a les taches rouges des ailes supé- rieures confluentes ; les 3 extrabasilaires forment des points isolés d’un rouge vif, placées en trépied : 2 en dessus, 1 en dessous. Les Aberrations par confluence semblent donc très rares; mais elles doivent se rencontrer cependant, conformément à la loi de variation du Genre Zygœna. Zygæna Loyselis, Obthr. J'ai fait figurer la belle Zygæna Loyselis, espèce bien distincte de Favonia, autant qu'ÆAzlaris est distincte de Fausta, sous le n° 4 de la PI III de la 1° livraison des Æzudes d'Entomologie; la description se trouve imprimée aux pages 34 et 35 de cet ouvrage. Dans la XITI° livraison des Ætudes d'Entomologie, parue en 1800, J'ai consacré une partie importante de la figuration aux Lépidop- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 445 tères algériens; c'est ainsi que les figures 76, 77 et 78 de la PI 8 reproduisent avec une exactitude parfaite la race oranaise de Loyselis, d'après des exemplaires pris à Géryville, par le lieu- tenant Lahaye, en mai 1886, tandis que les n°* 79 et 80 représentent la forme de Lambèse. J'ai déjà plusieurs fois parlé de la Zygæna Loyselis et je prie le lecteur de vouloir bien se reporter aux Æ/udes d'Entomologie, pour y trouver la documentation sur l’Espèce en question. L'ouvrage de Seitz : Les Macrolépidoptères du Globe, mentionne la Zygæna Loyselis au milieu des variétés de /'avonia, comme si Loyselis était elle-même une des variations de /’avonia. Ainsi que je l’expose ci-dessus, Zoyselis et Favonia sont deux Espèces différentes de Zygæna et elles ne peuvent être confondues sans erreur. M. Powell a capturé Loyselis à Sebdou, en mai 1907, et à Khenchela, en mai 1908; M. Dayrem a récolté la même Zygæna à Lambèse en mai 1907. Sur 87 exemplaires de Loyselis qui sont rangés dans ma col- lection, un seul G' de Lambèse est dépourvu de l'anneau abdominal rouge; on n'aperçoit plus que très peu de vestiges de rouge sur les côtés de l'abdomen de cet individu; mais chez les autres, l'anneau abdominal rouge n’est pas toujours complet, dans l'Est de l'Algérie surtout, où la couleur rouge des ailes est moins vive et moins opaque, la tendance à l'interruption de l'anneau rouge sur le dessous de l'abdomen est assez générale. J'ai fait figurer sous le n° 77 de la PI 8 de la XIII livraison des Etudes d'Entomologie un bien bel exemplaire d'avec les taches rouges des ailes supérieures très brillantes et très déve- loppées. Le collier et les épaulettes sont toujours rouges ou roses chez Loyselis, toujours blanchâtres chez Favonia. Zygæna Favonia, Freyer. Encore une spécialité algérienne que Freyer a indiquée comme du pays des Turcs, vraisemblablement d’après les échantillons recueillis dans la régence d'Alger, par le D' Moritz Wagner, ainsi 446 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE que Je l’ai déjà fait connaitre dans le présent ouvrage, à propos de Cœnonympha Arcanioides (p. 22 et 23). Moritz Wagner désigne certainement Æavomia sous le nom erroné de Sarpedon, à la page 205 de la 3° partie de son ouvrage intitulé : Xezsen in der Regentschaft Algier, in den lahren 1836, 1837 und 1838, et paru a Leipzig en 1841. D'ailleurs les déterminations de Zépidoptères sont très fré- quemment fausses dans l’article qui est consacré aux Papillons, sous le titre : Ueber die Schmetterlinge der Regentschaft Algier mit besonderer Beruecksichtigung 1hrer geographiscen Verbreitung (p. 195-210). L’iconographe Huebner avait déjà figuré l'avonta, avant tout autre auteur, avec le nom de Sarpedon, sous le n° 171. La Zygœna Favonia a été l’objet d'observations assez détaillées dans la XIII° livraison des Etudes d'Entomologie, aux pages 20 et 21. Les figures 74, 75, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88 et 89 de la PI. 8 sont consacrées à la représentation des variétés de l'Espèce; c'est-à-dire que 10 exemplaires de la Zygæna Favonia ayant déjà été figurés par mes soins et avec l'exactitude la plus consciencieuse de la part de Dallongeville, il ne me semble pas qu'une docu- mentation illustrée supplémentaire soit désormais bien utile. M. H. Powell a cependant pris à Khenchela, le 15 Juin 1908, un exemplaire de Favonia que j'ai appelé Powellz et chez lequel les parties normales rouges sont devenues d’un jaune citron pâle. L'exemplaire lavonia-Powell: est très frais; il est figuré sous le n° 175 de la PI XXIX dans le 3° volume de Lépidoptérologie comparée, à côté d’un autre O' lavonia ayant la couleur rouge normale représentée sous le n° 174, pour comparaison. Je dois dire que le coloriage de tous les exemplaires de la PI XXIX n'a pas été également bien réussi et je regrette d’avoir à faire observer que le coloriage de cette Planche, notamment en ce qui concerne Favonia, eût gagné à être plus soigné. Le n° 174 a été capturé sur le chemin du col des Arzaïls, près Sebdou, par H. Powell, le 20 juin 1907, ainsi qu'il est imprimé dans la légende explicative des Planches. Ma collection contient environ 600 exemplaires étalés de Zygæna Favonia provenant des localités suivantes : Aïn-Draham, en LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 447 Tunisie (Faroult); Alger (R. P. Guillemé); Bône (Merkl); Boghari (Raffray); Constantine et Teniet-el-Haad (D' Charles-Henri Martin); Lambèse (Bleuse et Dayrem); Khenchela (H. Powell); Draria, dans la province d'Alger (Holl); Géryville, Magenta (L' Lahaye); Sebdou (DACodet Er Powell Nedroma; Sidi- bel-Abbès ; Tanger. La coque est finement chagrinée, d’un gris argenté luisant, quelquefois avec une légère teinte jaunâtre; elle a la forme d'une carène plus ou moins allongée et profonde. La Zygæna Favonia présente quelques variations : V/717a, avec les 4 ailes entièrement transparentes, et les taches rouges de la base et de l'extrémité seules maintenues sur le fond hyalin; Staudingeri, avec un seul anneau abdominal rouge; 7 hevestis, plus grande, avec les taches rouges des supérieures très dilatées. La Zygœna Favonia vole en Tunisie, en Algérie et au Maroc, pendant les mois de mai et de juin; un peu plus tôt ou plus tard suivant les localités et la température de l’année. Elle parait remplacer Sarpedon sur les côtes barbaresques. J'ai reçu une seule fois de Bône quelques exemplaires de la Zygæna Sarpedon, mais par intermédiaire, non pas directement; dès lors je ne trouve pas assez d'authenticité dans la provenance pour en faire état. Zygæna Sarpedon, Huebner; Zygæna Contaminei, Boisduval; Zygæna Punctum, Ochs. Je crois que les Zygæœna Sarpedon (*), Contaminer et Punctum sont les termes différents d’une même unité spécifique; Sarpedon représentant l’Espèce en France et en Espagne; Contaminer, race spéciale des Hautes-Pyrénées, Punctum, forme italienne, dalmate, (*) Le nom de Sarpedon a été emprunté à la Fable. Sarpedon était fils de Jupiter et d'Europe et frère de Minos et de Rhadamanthe. Il mena une colonie de Crétois dans l’Asie-Mineure. 448 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE hongroise, en un mot race orientale comparativement à la Sarpedon de France et d'Espagne. Mais la confusion est très grande pour la dénomination des diverses races de la Zygæna Sarpedon. La forme la plus répandue est celle qui a les ailes inférieures rouges, tandis que la variété qui a le fond des ailes inférieures bleues est beaucoup plus rare et même manque tout à fait dans un certain nombre de localités. Pourtant c’est la Sarpedon à ailes inférieures bleuâtres qui a été connue et décrite la première, et c'est à cette forme plus rare qu'il convient d'appliquer le nom de Sarpedon, pour raison de priorité. Je compte passer en revue successivement les diverses variétés, races et formes des Zygœna Sarpedon, Contaminei et Punctum. J'en ai fait une étude attentive, en m'appuyant sur des documents relativement importants et provenant d’un grand nombre de localités. Je serai heureux si je réussis à établir clairement la situation, telle qu’elle résulte réellement, d’une part, des travaux déjà publiés depuis la fin du XVIII siècle, et, d'autre part, des renseignements fournis par la Nature elle-même. 1° Sarpedon, Huebner (Beitreg., Taf. 1; C; II Band, IV Theïl et Samml., fig. O0). Graalis; minuta; sudiaphana; alis posticis cerulescentibus; annello abdomin. unico rubro. Sarpedon, avec l'ensemble des ailes transparent, un simple anneau abdominal rouge et le fond des ailes inférieures bleuâtre ponctué de rougeâtre, a été sommairement décrite par Jacob Huebner, dans l’ouvrage publié à Augsbourg, en 1790, sous le titre de Beitrege zur Geschichte der Schmetterlinge; elle se trouve bien figurée sous la lettre C de la Taf. I du IT Band (IV Theil) de l'ouvrage en question. D'après Huebner, le papillon figuré par lui se rencontrerait en Italie et faisait partie de la célèbre collection Gerning, à Francfort. Je crois que Sarpedon, en Italie, n’habite que les parties les plus voisines des Alpes françaises. Huebner a figuré de nouveau la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 449 même forme à ailes inférieures bleuâtres et avec le même nom de Sarpedon, sous le n° 9 de sa grande Iconographie, dans la partie consacrée aux Sphinges. Je possède une douzaine d'exemplaires cadrant très bien avec les figures données par Huebner, et notamment quelques-uns chez lesquels les taches des ailes supé- rieures sont bien séparées. Tous proviennent de Provence; ils ont été pris à Saint-Pons, par M. Gédéon Foulquier; au col de Bar- tagne, dans la montagne de la Sainte-Baume, par M. Siépi; à Hyères, par M. H. Powell, et dans les environs de Digne, par les chasseurs Cotte et Coulet. La Sarpedon varie un peu; l’anneau rouge abdominal peut être double et inversement presque nul; les ailes inférieures peuvent paraitre plus ou moins diaphanes et les taches rouges des ailes peuvent confluer ou rester séparées comme dans la figure o de Huebner. 2° Trimaculata, Esper (Æ£wrop. Schmett. IL Theil; Tab. XL ; Ho 01) Major, robustior, magis opaca; minus precedenti diaphana; alis cærulescentibus, anticis 3 maculis rubris; posticis 2 (S); annell. abdominal. duplo rudro. Sarpedon var. de Graslin (Awsal. Soc. ent. France; 1863: PISE then), Annello rubro abdomin. minimo incomplet. Vernetensis, Obthr. (Erud. Ent. VIII, p. 28); érimaculata, Obthr (Etxd Ent. XX; pl. VIII: Ho #140). Ce qui est assez curieux, c’est que peu d'années plus tard, au lieu de représenter cette fois la forme la plus commune, c’est-à-dire celle qui a les ailes inférieures rouges, Esper, tout comme venait de le faire Jacob Huebner, a figuré, sous les n° 7 et 8 de la Tab. XL, avec le nom de /rimaculata, une Sarpedon moins dia- phane, à ailes inférieures également bleues et à double anneau 29 450 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE abdominal rouge. De Graslin a représenté dans les Axx. Soc. ent. France, 1863, sous le n° 1 de la PI. 8, une Sarpedon, de Vernet- les-Bains, qu'il a simplement désignée comme variété à ailes infé- rieures bleues et à anneau abdominal très atténué. De mon côté, j'ai fait figurer sous le n° 143 de la PI. 8 de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie cette même Zygœna Sarpedon, dont le fond des ailes inférieures est bleu; je lui avais donné à tort le nom de Vernetensis, dans la VIIT° livraison des Etudes d'Ento- mologie, p. 28. J'ai reconnu plus tard mon erreur et Je l'ai confessée à la page 47 de la XX° livraison des Eudes d'Entomologie. Le nom de V’ernetensis, Obthr., tombe en synonymie devant le nom de /7imaculata, Esper, plus ancien d’un siècle. Cela n'empêche pas que Staudinger et Rebel, dans leur Catalog 1901, ont admis comme valable le nom erroné de l’erne- tensis, qu'ils ont cependant défiguré en Vermetensis. Si ces auteurs avaient pris la peine de regarder les figures et de parcourir les textes, 1ls auraient joint Vernetensis à leur citation de la fig. 143 de la XX° livraison des Æ/udes d'Entomologie. Ce qu'ils ont publié dans leur Catalog pour Sarpedon est donc fautif, et malheureusement, au lieu d’éclaircir la difficulté, Staudinger et Rebel ont davantage embrouillé la question. De plus, bien que le mot Vermetensis n'ait aucun sens, tous les auteurs qui ont écrit sur les Zygæna depuis 1901, au lieu de recourir à la source, c'est-à-dire à la VIII® livraison des Etudes d'Entomologie consacrée aux Lépidoptères des Pyrénées, et où J'établis, à tort, Je le répète, la variété Vernetensis de Sarpedon, ont aveuglément copié les fautes, y compris celle d'impression du Catalog 1901. C'est ainsi que Adalb. Seitz, qui publie un ouvrage que son bas prix rend populaire, a adopté à tort le terme erroné V’ermetensis, sans prendre la peine d’en rectifier même l'orthographe. C'est bien d'essayer d’aller vite; c'est mieux d'aller correctement. M. Abeille, dans ses intéressantes études sur les Zygæna de Marseille et de la Sainte-Baume, déclare qu'il possède lAb. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 451 Vermetensis. O puissance fétichiste de certains Catalog! Ils ont beau être cousus de grossières erreurs, tout le monde est d'accord le] pour les croire infaillibles. T'rimaculata est plus grande et d’aspect plus robuste que Sarpedon. Rarement les exemplaires ont l'anneau rouge abdominal double; le plus souvent, l’anneau rouge abdominal tend à s’at- ténuer et même à s’oblitérer. J'ai réuni environ 75 exemplaires de T'rimaculata. Ns ont été pris à Vernet-les-Bains (P yrénées-Orien- tales) ; dans les Alpes-Maritimes, notamment à Castillon, Escarène et Levens ; aux environs de Digne, et dans le vallon de Saint-Pons, où érimaculata vole avec Sarpedon. La forme varie pour l'intensité et le développement de la teinte bleue sur les ailes inférieures, pour la confluence ou la séparation des taches rouges. Il y a une grande affinité entre Sarpedon, Huebner, et #r2maculata, Esper; il n’est pas très rare de trouver des exemplaires transitionnels qui lient intimement les deux races dont les individus, parfaitement conformes aux types des auteurs qui les ont figurés et décrits, sont cependant assez différents entre eux. Les noms de Sarpedon, Huebner, et 7'7imaculata, Esper, con- viennent donc exclusivement aux exemplaires dont le fond des ailes inférieures est bleu. Cette variation n’a été observée jusqu'ici mi dans l'Ouest de la France, ni en Espagne. Jamais on ne l’a rencontrée chez Punctum. Elle atteint, d’après nos connaissances actuelles, seulement les Zygæena Sarpedon des parties méridionales de la France : Roussillon, Provence et Nice, et ne paraît pas affecter les papillons des autres localités où se trouve également Espèce. Jusqu'ici, Je n'ai cité que les figures des auteurs : Huebner, Esper, de Graslin et moi-même ayant représenté la Zygæna Sarpedon à ailes inférieures bleues. 452 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Il va être maintenant question de l’autre forme, celle dont le fond des ailes inférieures est rouge. Mais je dois préalablement signaler une forme quasi-intermédiaire, difficile à identifier exac- tement à l'époque actuelle, faute de bonnes figures et de types authentiques. C’est celle qui a été figurée par Boisduval, tant avec le nom de Sarpedon qu'avec le nom de Balearica, dans l’Æssar sur une Monographie des Z'ygémides paru en 1820. La Sarpedon, dont Boisduval représente le G' et la ©, sous les n° 7 et 8 de la PI. 2, est assez voisine, me semble-t-1l, de la Sar- pedon initialement décrite et figurée par Huebner; cependant la Sarpedon de Boisduval a les ailes inférieures beaucoup moins bleues. La Balearica, figurée sous le n° 5 de la même PI. 2, aussi bien que la Sarpedon figurée et décrite par Boisduval, dans son Essai, sont des formes transitionnelles et indécises; toutes les deux sont indiquées par Boisduval, avec les ailes antérieures : subdiapharnis. Chez Balearica, les ailes inférieures sont dites : « subdiaphanis rubris, limbo lato cyaneo »; chez Sarpedon, la diagnose latine est ainsi rédigée pour les ailes inférieures : « postiais diaphanis rubris, dilutioribus, margine latiori, sinuato, plumbeo ». [Il y a donc bien peu de différence entre les deux : Sarpedon et Balearica. Dans la collection Boisduval, 1l y a des Sarpedon, sans indication de localité, anciennes, mais bien con- servées. Les figures de l’Æssai sont très grossières; il est difficile de dire si elles se rapportent, où non, à quelqu'un des exemplaires de la collection Boisduval existant encore; cependant il me paraît bien peu probable que les exemplaires de Balearica et Sarpedon figurés dans l’Essai de Boisduval aient été conservés par lui. Autrefois on se souciait trop peu de conserver les specimina typica. Ainsi que je l’ai rapporté au sujet de la Psyche bicolorella, on remplaçait volontiers un vieux type par un exemplaire plus frais, sans même faire attention aux différences pouvant exister entre le vieil exemplaire et le nouveau. D'autre part, comme cer- taines Planches laissent beaucoup à désirer (ainsi celles de l’Æssaz chez lesquelles la nervulation n'a été l'objet d'aucune attention), il devient parfois bien difficile d'identifier exactement une race LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 453 ou une forme, d'autant plus que trop rarement la provenance du spécimen figuré se trouve indiquée. Boisduval laisse ignorer d'où viennent les exemplaires de Sarpedon et Balearica figurés dans RESSaz: Dans l’/cones, Boisduval figure sous le n° 1 de la PI. 54, avec le nom de Palearica, une Zygœna Sarpedon que, cette fois, 1] indique comme venant de Cadix, communiquée par M. Pierret. « Les ailes inférieures sont rouges, dit Boisduval, avec le liséré bleu encore plus étroit que dans punctum ». Après avoir décrit cette nouvelle Balearica (1834), Boisduval fait loyalement le procès de la figure publiée par lui-même dans lÆssat (1820). « La figure que nous en avons donnée dans notre Monographie, dit-il, est mauvaise et inexacte; la bordure des ailes a été trop largement gravée et le point discoïdal n’a pas été indiqué. » Dès lors, il y aurait peu d'importance à attacher à la figuration publiée par Boisduval dans l’Essai sur une Monographie des Zygénides. Je renonce donc à en faire état, pour rester dans des données plus certaines et ne rien établir de douteux et peut-être de faux, imitant en cela Rambur à la page 168, en note, du Catalogue systématique des Lépidoptères de l'Andalouste. Duponchel a figuré sous le n° 3 de la PI 5 du Supplément; Zygénides (1835), avec le nom de Balearica, une Zygæna parais- sant être la même que celle figurée par Boisduval dans l’/cones. Rambur a représenté Sarpedon à ailes rouges, sous le n° 8 de la PL 12 de la Faune de l'Andalousie (1830), et a décrit dans Île Catalogue systématique qui porte la date de 1858, en lui donnant le nom d’Aispanira, la forme à ailes diaphanes et peu colorées qui se trouve plus spécialement en Espagne. Enfin Herrich-Schaeffer a produit la meilleure figure de la Sarpedon robuste et à ailes inférieures rouges, telle que nous la trouvons le plus ordinairement dans les Pyrénées-Orientales, sous le n° 51 de la Tab. 7 des Zygeænides Europ. Le même auteur a représenté avec le nom de balearica, la forme plus pâle, sous je Heidela Tab 454 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Je vais tâcher d'identifier exactement ces diverses descriptions et les figures qui s’y rapportent, laissant seulement de côté, ainsi que Je l’expose plus haut avec les raisons déterminantes, ce que Boisduval a publié dans l’Essai de 1820. 3° Hispanica, Rambur (Car. Syst. Andal. p. 167, 168). Maxime diaphana; pallidior; anticis punctis rubris tribus mi- nutlis; posticis roseis, ad basim hyalinis. Rambur a établi le nom de Wispanica pour la variété de Sar- pedon venant d'Andalousie et de Castille, si pâle que les papillons sont à moitié transparents, avec les taches rouges pâlies et très diminuées, pâleur qui ne tient pas seulement, dit Rambur, à ce que les écailles sont moins nombreuses, mais à ce qu’elles sont moins colorées; dans cet état, les deux segments rouges de l’abdomen sont toujours bien visibles. Rambur ajoute que l’Æispanica est très répandue dans toute l’Andalousie, surtout sur le littoral, — ce qui n’est pas mon avis, — pendant les mois de mai et juin; la chenille qu'il a souvent ren- contrée, dit-1l, vit sur les Æryngium campestre et maritimum, et d’après ses descriptions, elle ne présente aucune différence d’avec celle de la Sarpedon de Touraine. La chenille de Sarpedon vit en effet sur les Zryrgium, plantes de la famille des Ombellifères, communément appelées : panicaut et chardon-roulant, dont les espèces sont répandues sur les sables maritimes des côtes de la Manche, de l'Océan et de la Méditer- ranée, dans les terrains arides et surtout calcaires, parmi les éboulis de rochers, et au milieu des hauts pâturages des Alpes et des Pyrénées. Le mot Æyyngium vient du grec ÆErygma, qui veut dire : éructation, par allusion à de prétendues propriétés médicinales. La Æispanica, Rambur, vole communément à J'Escorial, en juillet; j'en possède 28 exemplaires pris dans cette localité les 29 et 30 juillet 1870. J'ai reçu Æispanica de feu Aurelio Vasquez, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 455 qui la capturait près de Madrid. De plus, ma collection contient des exemplaires pris à la Sierra-de-Alfakar; à la Sierra-Nevada, du côté de Huejar; à Grenade (dont une paire rapportée par Rambur); à Villaviciosa-de-Odon (Castille); donc très loin du littoral. Ce n’est pas Æispanica, c'est Balearica qui se trouve sur les côtes de l'Espagne. La AHispanica offre parfois une particularité signalée par Rambur, c’est que la tache externe des supérieures est plus dilatée que chez la Sarpedon et tendant à produire une tache supplé- mentaire. J'ai un @ de la Sierra-de-Alfakar et une © de Villa- viciosa-de-Odon qui présentent cette dilatation de laquelle résulte une tache supplémentaire inférieurement contiguë à la tache normale. Exceptionnellement la forme diaphane Aispanica, mais privée de la tache supplémentaire, se rencontre dans les Pyrénées- Orientales, où 4 d' ont été recueillis en juillet 1886 et en juillet 1805. 2 de ces exemplaires ont l'abdomen presque entièrement dépourvu d'annulation rouge. Dans la Charente-Inférieure (Dom- pierre-sur-Mer) et en Provence (Vallon de Saint-Pons), on trouve des individus tout à fait référables à Æispanica, mais à titre aberrant et non normal. 4° Balearica, Boisduval (/cones, PI. 54, fig. T). Sarpedon, var. Obthr. (Anales Soc. Hist. Nat. Esp., 1875, Pl. 7) Annello abdomin. rubro: macula rubra externa anticarum bilo- bata; nec diaphana; macula rubra minima ad originem cellule. C'est la forme qu’on trouve sur les côtes de l'Espagne, notam- ment à Carthagène, et que Boisduval a décrite d'après un individu de Cadix, communiqué par M. Pierret. Mon frère a pris à Car- thagène 3 exemplaires dont l’un, que jadis J'ai offert à feu mon ami J. Fallou, doit encore figurer dans sa collection déposée au Muséum national, à Paris. 456 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE La Balearica, Bdv. (/cones), est d'un rouge vermillon, non carminé; les ailes ne sont pas diaphanes; la coloration générale est opaque; la tache rouge externe est inférieurement accompagnée d'une petite tache supplémentaire qui lui est contiguëé; il y a un point rouge dans l’espace cellulaire, à l’origine de la fourche que forment les nervules; la tache rouge inférieure conflue avec la tache basilaire et remplit avec elle l’espace intranervural; l'anneau rouge abdominal est double ou simple; la bordure bleue des ailes inférieures est étroite et non développée; je crois qu’on peut rap- porter à la Balearica figurée par Boisduval, celle représentée par Rambur (faune de l'Andalousie, PI. 12, fig. 8), dont la tache rouge externe est bilobée, et la Balcarica représentée par Duponchel (CS232%7%, Pl Ve); 5° Dalmatina, Boisduval (Zcones, PI. 54, fig. 2); Duponchel (Supplém. Zyg, PI V, fig. 2). Precedenti similis; sed abdomine toto nigro, absque annello rubro, differt. Ne diffère de Balearica, Boisduval (Zcones, PI. 54, fig. 1), que par son abdomen tout noir et dépourvu d’anneau rouge. C'est cette Dalmatina que Staudinger a appelée Contamineoides dans les éditions IT et III de son Catalog. Mais le nom Dalmatina est bien plus ancien et 1l n'existe aucune raison d'en faire fi, d'autant plus qu'il est éclairé par des figures bien exécutées. Herrich-Schaeffer a représenté Dalmatina sous les n* 59 et 60 de Ja Tab. 8 des Zygænides Europ. Je possède 11 Dalmatina prises en Sicile. Dalmatina a probablement pour synonyme, outre Contamineoides, \a Zygœna Ledereri, Rambur, décrite dans le Catal. Syst. Andal., aux pages 160 et 170, et mal figurée sous le n° 0 de la PI. 1. Le nom Contaminecides Stgr. n’a pas plus raison de subsister que le nom Vernetensis, Obthr. Ces deux noms tombent en synonymie et doivent être supprimés de la Nomen- clature entomologique. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 457 6 Carmencita, Obthr. Sarpedon, Herrich-Schaeffer (Zygænides Europ, Tab. 7, fig. 51). Posticis rubris, limbo cæruleo nec lato; anticis 3 maculis rubris intensius pictis; macula externa tinteriore rubra frequenter ad basalem maculam rubram confluente; thorace plus minusve albes- centi,; abdomine rarius nigro toto; sæpe abdomine rubro annellato aut biannellato. Herrich-Schaeffer à publié une bonne représentation de la forme la plus ordinaire en France de la Zygœna Sarpedon. L'aspect est robuste; la taille relativement assez grande; les couleurs ne sont point diaphanes, mais opaques; le fond des ailes supérieures est d’un bleu verdêtre foncé; l’espace basilaire est tout entier maculé de rouge carminé, finement divisé en trois parties, par les nervures; les deux taches rouges des ailes supérieures, l'extracellulaire et l’infracellulaire sont grosses, assez nettes; les ailes inférieures sont rouge carmin vif, avec le trait dépourvu d’écailles qui part de la base, bien apparent; la bordure des ailes inférieures n’est pas très large et de la même teinte bleu verdâtre que les supérieures; l’avant-dernier anneau abdominal du ' est rouge; mais on peut trouver les formes inverses, c'est-à-dire avec double anneau rouge et sans aucun anneau rouge; le thorax peut être noir ou bien offrir une pilosité grisätre plus ou moins impor- tante. C'est cette forme qui, en France, représenterait micux l’Espèce. On la trouve surtout dans les Pyrénées-Orientales, d’où ma collection contient environ 350 exemplaires. La Carmencita (Sarpedon, H.-S. 51) se trouve en outre, à ma connaissance, aux Sables-d'Olonne (Vendée); à Sarzeau (Mor- bihan); au Pouliguen (Loire-Inférieure); à Castillon, Escarène, Borson et Levens (Alpes-Maritimes) ; dans les Bouches-du-Rhône et les Basses-Alpes, en mélange avec d’autres formes; à Albarracin (Espagne); à Dompierre-sur-Mer (Charente-Inférieure). 458 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Dans la Lozère, l'Aveyron et l’Orléanais, 1l y a une autre forme, aux ailes plus élancées, présentant quelquefois une curieuse dispo- sition de variation. Il s’agit de la réunion de la bande rouge inférieure au point rouge supérieur. La tache basilaire rouge conflue avec la tache rouge inférieure, forme une tache allongée unique, et de là remonte, en décrivant une légère courbe, à la rencontre de la tache externe supérieure. D’autres Entomologistes n'hésiteraient peut-être pas à donner le nom d’elongala à cette forme plus allongée; mais elle rentre effectivement dans la caté- gorie des Carmencita. En surchargeant la nomenclature de déno- minations nouvelles pour des variations d’une importance très secondaire, ainsi qu'aime à le faire Fruhstorfer, il me semble qu'on fait naître plutôt du trouble qu’un supplément de lumière. Je dois citer une Aberration jaune remarquable : Ab. flava, Obthr. {Etud. Ent., XX ; PI. VIII, fig. 142); Millière (Mconosr A Po EE 0) p 170) Maculis anticarum alarum posticisque alis flavis pro rubris. Vernet-les-Bains (Obthr.); ex coll. Donzel, sans indication de patrie (Millière). La Balearica, Herrich-Schaeffer (Zygœnides Europ, Tab. I, n° 2), me paraît pouvoir rentrer dans le cadre de Carmencifa, comme petite forme, présentant l’Aberration par confluence de la tache rouge externe inférieure avec la tache rouge basilaire. Cette Balearica, H.-S., 2, ne semble pas pouvoir être assimilée à la Balearica, Bdv. (JZcones). 7° Contaminei, Boisduval (Zcones; PI. 53, fig. 4 et 5); Herrich- Schaeffer (Zygænides Europ., Tab. I, fig. 1). Alis anticis subdiaphanis, macula rubra inferiore ad maculam basalem confluente, propterea elongata, exteriore minuta; posticis rubns, limbo nigro-cerulescenti, nec lato; abdomine nigro, absque annello. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 459 C'est la forme spéciale de Sarpedon dans les montagnes des Hautes-Pyrénées. Contaminei varie très peu. Il est extraordinaire de constater, comparativement à la variabilité de l'Espèce d’où elle dérive, la fixité de cette race qui paraît confinée dans les Hautes- Pyrénées, vers l'altitude d’au moins 1,700 mètres. Je l’ai prise dans la vallée de Cambasque et sur les pentes au-dessus et autour du lac de Gaube; M. Rondou la recueille assez abondamment, cer- taines années, dans la vallée du Cambieil, à la montagne de Saugué et à la côte de Pouyaspé (Catal. raisonné des Lépid. des Pyrénées, 1003). II m’a semblé que Contaminei avait des années d’abondance et qu’elle était presque nulle certaines autres années. Boisduval a décrit la Zygœna Contaminei dans l’/cones, à la page 48, et a fait représenter le G' et la © sous les n°” 4 et 5 de la PI 53. Duponchel en a publié une figure très peu exacte, sous le n° 2 de la PI V du Supplément-Zygénides. Je ne crois même pas qu’elle s'applique à la vraie Contaminei. Les parties rouges des ailes supérieures sont trop développées et d’une couleur trop vermillon. La Zygœna Contaminei fut découverte dans les environs de Barèges (Hautes-Pyrénées), par M. le capitaine de Contamine, du régiment des Lanciers de Nemours, qui tenait alors garnison à Tarbes. La chenille de Contaminei vit sur l'Eryngium Bourgati, plante vivace, bleuâtre, très épineuse, ayant des feuilles coriaces et des fleurs bleues. Cette Ombellifère est décrite et figurée à la page 156 du Vol. IT de la Flore descriptive et illustrée de France, par l'abbé H. Coste, chanoine honoraire de Rodez, l’un de nos plus savants botanistes français. 8° Punctum, Ochs.-Boisduval (Zcones, PI. 53, fig. 3). Abdomine toto nigro; maculis rubris extensis, confluentibus; macula rubra parva ad furcam, inter ramos subcostal. et med. La Z. Punctum est extrêmement commune dans la partie cen- trale et méridionale de l'Italie. M. Fabresse l’a capturée en grande 460 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE quantité à Paternopoli et dans diverses localités de la province d'Avellino. M. G. Leoni l’a récoltée aux environs de Cerchio, dans les Abruzzes, et M. Zickert l’a recueillie, à la fin de juin 1907, au Monte-Castello, par une altitude d'environ 600 mètres, et à Bagnoli Irpino. Il est impossible de séparer spécifiquement Punctum de Sar- pedon; 1l y a des exemplaires de Sarpedon à Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), rigoureusement identiques à des Panctum de Cerchio, et des Punctum tout à fait pareilles aux Sarpedon (Carmencita) de la Loire-Inférieure et des Bouches-du-Rhône. Seulement en Italie, l'abdomen de Punctum est toujours tout noir (du moins d’après ce que je connais), tandis qu'en France, l’ab- domen n’est noir qu’exceptionnellement. J'ai mis dans ma collection, auprès l’un de l’autre, un O' de Cerchio, un © du Pouliguen et un G' des Bouches-du-Rhône. Tous les trois montrent une petite tache rouge, située dans la fourche, à l’origine des nervules sous-costale et médiane, et pré- sentant une parfaite similitude des autres taches rouges sur les ailes supérieures. Les ailes inférieures sont absolument pareilles dans les trois exemplaires. L’abdomen de Punctum provenant de Cerchio est tout noir; l'abdomen de Sarpedon-Carmencita capturé au Pouliguen, le 10 juillet 1004, et dans les Bouches-du-Rhône, est doublement annelé de rouge. Mais il convient de dire que le © Punctum comparé aux Sarpedon-Carmencita est légèrement aberrant par rapport aux autres Zygæna Punctum italiennes. De même le © Sarpedon- Carmencita, de Vernet-les-Bains, qui, à part un peu de rouge sur le dessus et sur les côtés de l'abdomen, est un véritable Pynctum, bien conforme à la forme italienne de Punctum la plus répandue, est un sujet aberrant, comparativement à la masse des Sarpedon- Carmencita, de Vernet-les-Bains, que représente très bien la figure 51 de Sarpedon publiée par Herrich-Schaeffer. J'ai placé dans ma collection, comme je l’ai fait pour l’autre exemple cité plus haut, le G de Vernet et un G' de Cerchio, tout près l’un de l’autre. Celui de Vernet provient certainement de Vernet; il n'y a LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 461 pas de doute possible; 1l à été authentiquement recueilli à Vernet, pendant l'été 1806. A part la tache rouge abdominale et la couleur des pattes un peu plus foncée dans l’exemplaire de Vernet, il n'y a pas de différence appréciable entre les deux O' : celui des Pyrénées-Orientales et celui des Abruzzes. Je suis convaincu d’être tout à fait dans le vrai en réunissant spécifiquement Punctum à Sarpedon. D'ailleurs les chenilles et les coques dans lesquelles s’enferment les chrysalides paraissent semblables. Voilà donc à quelles constatations servent les longues séries d'exemplaires classées dans les collections. Mais combien nous connaissons peu la faune européenne des Lépidoptères! Il serait cependant grand temps de recueillir les documents utiles avant toutes les destructions de la flore et de la faune dont nous sommes les témoins, et qui sont constamment effectuées partout en Europe, sous prétexte de nécessités industrielles. Zygæna Achilleæ, Esper. Les premières figures de la Zygena Achilleæ sont dues à Eugenius Johann Christoph Esper qui, dans la deuxième partie de son ouvrage intitulé : Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur mit Beschreibungen, publié à Erlangen, en 1770, a représenté, sous les n°” 1 a et 1 à de la Tab. XXV, l’'Espèce qu'il décrit à la page 180, d’après des exemplaires trouvés en Franconie. Esper commence ses observations en ces termes : « Der Sphinx À chilleæ ist eme ganz neue Entdeckung in unserm Franken. Wir haben sie den Bemuehungen des Herrn Kammerrath Jung zu Uffenherm zu danken ». C’est donc la forme géographique de Franconie qui est le type de l'espèce. En France, la Zygœna Ackilleæe, dont la chenille ne vit nul- lement sur l’Achillea millefoliim, pas plus que sur toute autre Espèce du genre A c/zllea, plantes de la famille des Composées, mais bien sur les Coronilla, les Astragalus, le Lotus corniculatus, les Z'rifolium, V'Hippocrepis comosa, appartenant toutes à la 462 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE famille des Papilionacées, est répandue dans les plaines calcaires et les basses montagnes. Elle ne s'élève pas à une grande altitude et Je ne l’ai jamais vue à plus de 1,500 mètres. Elle ne se trouve ni en Angleterre, ni en Algérie. La Zygenra Achilleæe éclôt en mai et juin en Toscane, dans les Charentes et aux environs de Paris, de Digne et dans les Alpes- Maritimes, tandis qu'à Cauterets et dans les Alpes, elle vole un peu plus tard, à partir de la fin de juin et Jusque vers le 25 juillet. En France, la forme qui peut être considérée comme la plus voisine de celle de Franconie paraît être celle de la Franche-Ccmté et de la Savoie, à laquelle se relie la race parisienne. Je regrette de ne pas bien connaître, c’est-à-dire avec de longues séries d’exem- plaires classés par localités bien définies, les races allemandes, probablement différentes, suivant les régions, de la Zygæna Ac/ulleæ. Je crois d’ailleurs que les Zygæna allemandes n'ont Jamais été jusqu'ici l’objet d'aucune étude comparative établie sur des documents un peu importants; mais comme c’est la faune française qui m'occupe principalement dans le présent ouvrage, ce sont par conséquent les diverses expressions et manifestations de la Zygæna Achilleæ en France et dans les contrées limitrophes, notamment en Suisse et en Italie, à l'étude desquelles je vais procéder. 1° Forme type de Paris; Doubs; Savoie; Gers; Vallée du Rhône; et 2° Région Charentaise et Girondine (yzrzacea, Obthr.). La forme des plaines de la France centrale est sans doute celle que Duponchel a décrite et figurée dans le Szpplément-Zygénides; PI. IV; Q fig. 6a; C' fig. 6 6. Le Ca le fond des ailes supérieures d'un bleu d’acier quelquefois un peu verdâtre, avec les taches d’un rouge vermillon plus ou moins carminé. Quelquefois le fond des ailes supérieures, surtout près du bord interne, est grisâtre; mais d’une manière moins accentuée que chez la ©, dont le fond des ailes est presque toujours entièrement grisâtre. Les taches LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 463 rouges sont généralement au nombre de 5 : 2 à la base, à peme séparées l’une de l’autre par la nervure qui est comme la racine d’où partent les nervules costale et médiane; la 3° occupe la nais- sance de la fourche, entre les nervules costale et médiane; cette 3° tache est souvent liée par confluence à la tache basilaire costale qui se prolonge jusqu’à elle. La 4° tache externe inférieure est située au-dessous de la nervule médiane et au-dessus de la sous- médiane. La 5°, qui est relativement très grosse, est formée par la réunion de deux taches qui peuvent se séparer dans certains cas et s'isoler l’une de l’autre; elle est située au delà de l’espace cellulaire. Il y a un double collier blanc; le corps est d’un noir bleuâtre; en France, je n'ai jamais vu d'exemplaires chez qui l’abdomen soit annelé de rouge. L'Espèce est très commune en mai et juin à Dompierre-sur-Mer, à Angoulême, à Villeneuve-de-Blaye (Gironde). Quelquefois les taches rouges des ailes supérieures, même chez le ©, paraissent légèrement entourées de blanchâtre. Fréquemment les taches rouges confluent de façon à former comme une unique tache rouge plus développée encore que chez purpuralis (Minos) et présentant un aspect analogue. Toutes les transitions existent entre les exem- plaires chez lesquels les taches rouges sont plus isolées les unes des autres et ceux où elles sont d’une confluence plus développée. C'est la race des Charentes, dont les taches rouges sont de la nuance la plus vermillon et dont les © sont généralement d’un gris verdâtre plus clair et se rapportant mieux à la figure 6a de la PI. IV du Supplément de Duponchel. Les À cAtlleæ des environs de Paris (forêt de Carnelles; 35 exemplaires pris le 20 mai 1909) sont d’une teinte plus pâle, moins vive et d’un aspect plus assombri. Je compare environ 800 exemplaires des Charentes et de la Gironde à ceux des environs de Maintenon, de Bondy, de Vichy, de Besançon, d’Aix-les-Bains et de diverses localités autour de Paris, et je constate que nulle part ailleurs que dans les plaines calcaires de l'Ouest de la France, la forme de la Zyzœna Achilleæ n’atteint un égal degré de vivacité dans les couleurs et de déve- 404 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE loppement des parties rouges aux ailes supérieures. Je donne à cette race le nom de wzn1acea. Me basant sur les figures publiées par Esper, et en attendant cependant d'être mieux informé au moyen d’une comparaison qui serait établie avec de nombreux exemplaires d’Aczilleæ, provenant de Franconie, il me semble qu'il est raisonnable de considérer comme appartenant à la forme type de l’Espèce Ac/zllee, les formes géographiques françaises répandues dans la région pari- sienne, le Doubs et les basses montagnes de Savoie, les environs de Lectoure (Gers), ainsi que celles habitant en Suisse la vallée du Rhône. LI Ab. flava, Herrich-Schaeffer (fig. n°* 64, 65, 66 et 67); Obthr. (Etudes d'Entomol., XX: liv., PL 8, fig. 140). Ainsi que Je le rapporte à la page 43 de la XX° livraison des Etudes d'Ent, je possède 7 exemplaires de l’Ab. #ava, pris autrefois dans la forêt de Bondy, près Paris, par un garde qui s'était fait une spécialité de la recherche de cette Aberration. La localité a changé de face et j'ai entendu dire que ce serait bien en vain qu'on rechercherait aujourd’hui sur le territoire de Bondy les papillons que nos devanciers y rencontraient jadis. 3° Hautes-Pyrénées (1545, Obthr.). Aux environs de Cauterets, sur les fleurs, le long du chemin qui descend des bains de la Raiïllère vers la ville, on rencontre une race d'Aczilleæ à laquelle j'ai donné le nom de #r2s45, qui désigne l'aspect sombre du papillon. Le fond des ailes supérieures est d’une teinte verdâtre ou bleuâtre un peu bronzée; les taches rouges des supérieures et le fond des inférieures sont d’une nuance car- minée qui manque de vivacité; l'aspect général est assez terne. Ordinairement, chez Aczilleæ tristis, les taches rouges sont de dimension moyenne; assez souvent la tache basilaire inférieure et l’externe inférieure comprises entre les nervules médiane et sous- médiane confluent. J'ai trouvé, une fois, l’Ab. brunnea, chez LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 465 laquelle les parties normalement rouges sont remplacées par ure couleur café au lait. Cette Ab. érunnea, Obthr., est relatée à la page 160, dans le Catalogue des Lépid. des Pyrénées, 1003, par Rondou; mais une faute a été commise dans le texte où 1l est dit : « Tout ce qui est rouge dans le type est ver dans cette Aber- ration ». C'est brun qu'il aurait fallu imprimer, au lieu de vert. Mon frère a capturé à Cauterets un exemplaire que J'ai fait figurer sous le n° 125 de la PL 7 de la XX livraison des Ezudes d'Entomologie; il est placé, sur la Planche ?, entre le n° 124 qui représente une Zygæna purpuralis (Minos) normale, de Cauterets, et une Aczilleæ-tristis, hgurée sous le n° 126. Ce n° 125 est parfai- tement intermédiaire entre les n° 124 (purpuralis) et 126 (Acil- leæ-tristis). Est-ce un hybride naturel de purpuralis et Achillee ? Achilleæ s'accouple volontiers avec d’autres Espèces de Zygæna, telles que purpuralis et flipendule,; et maintes fois ces unions hybrides ont été observées d’une façon indubitable; je déclare, en présence du papillon que j'ai sous les yeux, ne savoir à laquelle des deux Espèces : purpuralis et Ackillee, il vaudrait mieux le rapporter, et je le considère comme étant probablement lhybride naturel issu de l’accouplement de purpuralis et d’'Achilleæ; mais je ne possède aucune preuve et Je n'exprime qu'une opimon. Achilleæ-tristis donne parfois l’'Ab. /anthina Boisduval, à 5 ou 6 taches rouges, réduites et bien séparées, aux ailes supérieures. Il sera plus loin amplement question de cette Ab. /anthina. Aux environs d’Innsbruck, au Tyrol, AcÆzlleæ donne une forme aux couleurs éteintes, voisine de /154i5s de Cauterets. Ce qui est curieux, c'est que la forme d’Aczrlleæ prise par M. Dayrem, à Lectoure (Gers), et dont j'ai devant moi un grand nombre d'exemplaires, n’a aucune conformité ni avec la race charentaise et girondine #z2macea, ni avec la race pyrénéenne tristis. Dans le Gers, la forme d’Aczilleæ, avec les taches d’un rouge carmin vineux assez vif, non pas terne comme chez #725415, et ne tendant pas au vermillon comme dans les Charentes, res- semble plutôt à la race de Suisse, de Franche-Comté et de Savoie qui me semble référable à la forme de Franconie, primitivement 30 466 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE décrite et figurée par Esper, ainsi que je l’expose ci-dessus. Il est cependant bizarre de constater que, malgré sa position géogra- phique entre les régions girondine et pyrénéenne, le Gers, en ce qui concerne la forme de Zygæna Achilleæ, se rattache plutôt à la région orientale. 4° Basses-Alpes et Isère (4/pina, Obthr.). Je désigne cette ferme avec le nom de alpina. I] me semble que c’est celle dont Boisduval a donné la figure dans l’/cones, sous les n° 6 et 7 de la PI. 53, et qu'il y a décrites aux pages 49 et 50. A clulleæ-alpina est caractérisée par la couleur rouge carmin et non vermillon, aussi bien des taches aux ailes supérieures que des ailes inférieures. La confluence des taches rouges, à partir de la base des ailes supérieures, est fréquente, ce qui ne se remarque généralement point chez Wagneri-Achilleoides et chez Tripto- Lemus, dont il sera question plus loin. Aux environs de Digne et d'Uriage, où AcAilleæe vole abondamment en mai, se trouvent en effet assez souvent des exemplaires pourvus d’une confluence conforme à celle que représente la figure 6 de l’Zcones. Les Q ont ordinairement le fond des ailes d’un gris verdâtre. Le double collier blanc existe. La forme de Digne que j'ai appelée A/pina est spéciale; J'en ai environ 300 exemplaires sous les yeux, et ces papillons présentent dans leur ensemble un aspect bien particulier, comparativement à ceux des autres localités. Mais il est toujours utile d'observer que partout on peut trouver, au milieu des exem- plaires appartenant à la forme normale du lieu, des individus qui, par aberration plus ou moins fréquente, se rapportent mieux à ceux qui constituent la forme normale ailleurs. J'ai fait cette observation pour Sarpedon et Punctum; elle semble également justifiée dans le cas des diverses races locales d’A ckillee. En examinant une colonne de plus de 20 Zygæna À chlleæ- alpina à taches confluentes, et dont la confluence évolue confor- mément à la figure 6 de la PI 53 de l’/cones, je remarque quelques LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 467 exemplaires chez lesquels cette confluence des taches rouges aux ailes supérieures est si développée que ces papillons ressemblent tout à fait à la Zygœna purpuralis (Minos); cependant ils ne parviennent pas, sous ce rapport, au même degré que ceux des Charentes. Inversement je remarque la tendance des Ac/illeeæ, dans les localités élevées des Basses-Alpes, à devenir conformes à la /anthina, Boisduval (/Zcones, PI. 53, fig. 8). Chez Janthina, le fond des ailes supérieures est d’un bleu verdâtre un peu bronzé, comme le dit Boisduval dans sa description; les taches rouges sont petites. La première /ax/lina décrite par Boisduval dans PÆssaz et figurée sous le n° 7 de la PL 8, n’a réellement que 5 taches rouges aux ailes supérieures, savoir : 2 petites basilaires ; la 3° arrondie et petite également, située dans la fourche, à la naissance de la cellule; la 4° inférieure externe, ronde et pas bien étendue; la 5° extracellulaire petite et simplement suivie inférieu- rement d’un prolongement linéaire très faible. Je ne possède, venant des Basses-Alpes, en outre du specimen typicum Borsdu- valianum, qu'un autre O' semblable, également à 5 taches. Bois- duval avait pris /anthina à Bourg-d'Oysans, dans l'Isère. C'est un papillen très vieux, mais encore bien conservé. La Zygæna Vice, Huebner, fig. 11, paraît être une /anthina dont le fond des ailes supérieures est plus clair. Ma collection contient une /anthina piémontaise se rapprochant un peu de Vzciæ, mais cependant plutôt référable à /anthina. D'ailleurs je reparlerai de Janthina à propos de la forme florentine d’A c/llee. 5° Italie centrale {7 7:p/olemus, Huebner). En Toscane, la Zygœna Achilleæe donne la forme 7'riptolemus Huebner (n°* 06 et 07), et l’Ab. /anthina, Boisduval (essai Mono gr. sen, Pl OVITT ho. 7 et Zcones, PL 53, fo: 8). Le fond des ailes supérieures, dans la forme florentine normale, est d’un bleu d’acier parfois légèrement verdâtre; les taches rouges sont carminées ; la basilaire costale est relativement longue ; on voit une tache rouge assez grande, à la naissance de la fourche, 468 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE entre les nervules costale et médiane, et une autre assez grosse tache rouge au delà de l’espace cellulaire; cette tache est composée de deux taches confluentes; enfin à la base, entre les nervules médiane et sousmédiane, il y a une tache rouge assez grosse, mais s'arrêtant court et ne semblant pas tendre à confluer avec la tache rouge externe qui est située un peu plus loin. La Zriptolemus, bien représentée par Huebner, est la race qui est très commune aux environs de Florence, à la fin de mai et au commencement de juin. Certaines Q ont un soupçon d’entourage blanc autour des taches rouges de leurs ailes supérieures. Quelques Q ont le fond des ailes supérieures d’un gris verdâtre clair. Il y a des exemplaires G' dont les taches rouges des ailes supé- rieures sont très réduites; la grosse tache rouge supérieure externe ordinaire est alors remplacée par deux petits points rouges séparés l’un de l’autre, ou même par un seul; le point inférieur ayant disparu. Ces exemplaires sont conformes à l’Ab. /anthina, décrite et figurée par Boisduval, premièrement dans l’Essas sur une Mono- graphie des Z'ygénides, 1820, p. 45, 46, et PI. VIII fig. 7, d’après un exemplaire à 5 taches aux ailes supérieures recueilli à Bourg- d'Oisans (Isère), par Boisduval lui-même; secondement dans l’/cones, 1834, p. 51 et PI. 53, lg. 8, d’après un individu à 6 petites taches toutes séparées, les unes des autres, sauf les basilaires. Le fond bleu des ailes et la teinte rouge diffèrent un peu d’A czil- leoides; autrement Ackilleoides et surtout Wagneri présentent le même caractère que /anthina, relativement à la réduction du nombre et de la grosseur des taches rouges des ailes supérieures. Le double collier blanc est généralement bien marqué. Sur près de 109 exemplaires que J'ai pris à Florence, en juin 1907, un seul O' a les 2 taches rouges comprises entre les nervules médiane et sous-médiane, confluentes. Mais on remarquera la confluence très fréquente de la tache rouge costale basilaire des ailes supérieures et de la tache rouge qui est à la naissance de la fourche formée par les nervules costale et médiane. Cette con- fluence n'existe pas dans tous les exemplaires de Florence; mais LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 469 chez de nombreux individus de cette localité, la confluence se remarque bien conforme à ce qui est représenté sur les figures n° 06 et n° 07 de l'ouvrage de Huebner. A Florence, Achilleæ-Triptolemus est très abondante dans un petit bois de chênes qui se trouve à mi-côte, en face de la Poudrière. Elle habite avec sa congénère Oxytropis; mais elle est plus abon- damment représentée que celle-ci. Le matin, elle se tient posée sur les brins d'herbe et il est aisé d’en faire une ample récolte. 6° Alpes-Maritimes (Ac/zlleoudes, Wagner, et Wagneri, Millière). La Zygæna Wagneri fut décrite et figurée par feu Millière, dans les Annales de la Société entomologique de France, 1886, aux pages 6, 7 et 8, et sur la PI. I; les figures 3 et 4 représentant la larve; la figure $ donnant la coque et les figures 6 et 7 étant consacrées à l’imago. Je suis très étonné de lire dans l'ouvrage du D" Adalbert Seitz : Les Macrolépidopières du Globe, à la page 21 de la traduction française, à propos de la Zygœna Wagneri, ce qui suit : « Cette espèce ne se rattache directement à aucun autre groupe ». Evidemment le D' Adalbert Seitz ne s'est pas donné la peine d'étudier attentivement la question. Sans cela, il eût aisément reconnu que Wagneri est une simple modification locale d’A cZl- leæ; les premiers états sont tout à fait analogues et les transitions, notamment celles que fournit Acæilleoides, sont telles qu'aucune séparation spécifique entre Wagneri et Achilleæ ne peut paraître raisonnablement possible. Wagneri et Achilleoides habitent dans les Alpes-Maritimes. A chilleoides se rencontre jusqu'à Bordighera vers l'Est, du moins d’après ce que je connais. J'ai sous les yeux plusieurs centaines d'Achilleoides et de Wagneri, au moins 850 en tout des deux formes: je dispose en outre d'environ 1,500 AcAilleæ de localités diverses ; c’est donc appuyé sur ces documents que je poursuis la 470 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE présente étude dont les conclusions ne sont pas d'accord, en ce qui concerne Wagneri, avec l'opinion des auteurs allemands. Wagneri pure est caractérisée par son aspect sombre; le fond des ailes supérieures est noir ardoisé, avec les taches rouges d’un ton carminé vineux qui ne ressort pas vivement sur le fond, à moins que les taches rouges en question ne soient cerclées de blanchâtre. Les ailes inférieures sont d’un rouge carmin plus ou moins largement bordées de noir ardoisé. On perçoit assez net- tement un double collier blanc. Généralement les ailes supérieures de Wagneri présentent, en outre des taches rouges basilaires, trois petites taches rouges assez arrondies, placées comme les trois points d’un triangle dont deux sont en haut et un est en bas. Le premier point rouge, en haut, se trouve dans la fourche, à l’origine des nervules souscostale et médiane; le second, en haut, est au delà de l’espace cellulaire; il est quelquefois accompagné d’une tache inférieure contiguë; le troisième, en bas, est presque juxtaposé au-dessous de la rervule médiane. /anthina, Bdv., se comporte exactement de cette manière; mais, ainsi qu'il est dit ci-dessus, Janthina est référable à une autre race locale d’A czillee. Dans sa description, Millière appelle sxbcærulea la variation bleu ardoisé. Caractérisée, d’après les individus qu'il m'a jadis envoyés, étiquetés de sa main, par l'élargissement de la bordure bleu d’ardoise des ailes inférieures, au détriment du fond rouge des mêmes ailes. Dès lors, M. Clemens Dziurzinski, un spécialiste viennois pour les Zygæna, aurait pu se dispenser d'inventer le nom #2p9ra, en vue de désigner les exemplaires chez lesquels Île noir a presque envahi le rouge des ailes postérieures, puisque Millière avait pourvu, au moyen de l’appellation svbcærulea, à la caractéristique de cette variation (Voir Awnales Soc. ent. France, 1886, p. 7, en note). Cependant je dois reconnaître que l'esprit imprécis de feu mon ami Millière se retrouve dans les termes insuffisamment explicites de sa description. Il a fallu que j'aie en ma possession des co-types de swbcærulea pour savoir exactement à quelle variation leur nom s’appliquait exactement, et cette cir- constance est une sérieuse excuse du doublon synonymique commis LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 471 par M. Driurzinski. D'ailleurs c'est dans le sens de la suppression ou de l’oblitération tout au moins partielle des parties rouges que semble se diriger la variation chez Wagneri, exactement à l'inverse de ce qui se passe chez winiacea. En effet, des trois taches rouges placées normalement sur les ailes supérieures comme un trépied, il peut manquer l’une ou l’autre. C’est ainsi que la Q figurée par Millière sous le n° 6 de la PI. 1 des Annales Soc. ent. France, 1886, est privée de la tache extracellulaire, et le © représenté sous le n° > manque du point rouge de la base de l’espace cellulaire. Examinant les exemplaires de ma collection, je constate les variations essentielles suivantes : 1° Subcærulea, Millière (zigra, Dziurzinski) ; les ailes inférieures sont largement envahies par la bordure bleu d’ardoise. 2 Les macules rouges sont entourées de blanc, aux ailes supé- rieures, très rarement chez le &, plus fréquemment chez la Q; certaines taches peuvent même devenir presque totalement blanches. 3° Giesekingi, Wagner. La tache rouge à la base de la fourche cellulaire des ailes supérieures, entre les nervules médiane et sous- costale, est absente (fig. 7; Millière). Je possède plus de 20 ©, mais aucune © de cette variation. 4° La tache rouge inférieure du trépied manque; ma collection contient plusieurs Get une Q de cette variation. 5° La tache rouge externe extracellulaire des ailes supérieures fait défaut (fig. 6; Millière). Je ne possède pas d'exemplaire de cette variation. 6° Quadrimaculata; inversement à la variation par défaut, pré- citée sous le n° 5, la tache rouge externe extracellulaire est bilobée, en ce sens qu’elle est pourvue inférieurement d’une tache supplé- mentaire qui lui reste généralement contiguëé. Cette variation est très fréquente et toutes les gradations du développement de cette tache supplémentaire existent. Quant à A cAlleoides, elle est la transition entre Wagner: pure et Achillee. La couleur rouge carmin est plus vive chez Acil- leoides et un peu mélangée de vermillon; les Q ont le fond des ailes supérieures grisâtre, la côte et le bord externe restant d'un 472 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE bleu indigo noirâtre. La confluence entre les taches rouges des ailes supérieures est extrêmement rare. Les taches en question sont généralement petites. On ne peut confondre À chälleoides et tristis; tristis est dans son ensemble moins grande et moins robuste; le fond de ses ailes supérieures est plutôt verdâtre, tandis qu’il tend généralement au bleuâtre chez Ackilleoides; la teinte du rouge chez /ristis est plus éteinte. D’un autre côté, on distingue aisément A clalleoides d'Alpina qui a les taches rouges plus grandes et de couleur plus vermillonnée. Ce sont les races de Puget-Théniers; du Mont Gourdon; de la vallée du Roubion; de la Cascade de Neigeas, en la vallée du Var; de Saint-Martin-de-Vésubie, qui établissent une insensible transition entre Achtlleoides et Alpina. Dans la vallée du Paillon, sur les montagnes entre le Laghet et les moulins Gaetti, à Vence, au Mont-Castel-de-Brans, à Tourette- sur-Loup, on trouve Achilleoides inclinant vers Wagneri; quant à Wagneri pure, c’est au col d’Eze, à la Turbie, au Mont Paca- naglia qu'il faut surtout la rechercher. Si l’on place à côté les uns des autres les exemplaires charentais et niçois d'Aczilleæ, c'est-à-dire les formes w#zmtacea et Wagneri, les plus accentuées, chacune dans son sens, on trouve assurément une différence énorme entre les deux races; mais si l’on envisage la série des transitions offertes par AcAilleoides, Alpina et A chilleæ type, on acquiert la même conviction d'unité spécifique qui se dégage de l'examen des diverses formes de Sarpedon et Punctum, de Scabiose et Neapolitana. Y1 se fait une modification assez profonde dans la même unité spécifique du genre Zygæna, entre les représentants de cette même unité, selon qu'ils vivent à l'Est ou à l'Ouest, c’est-à-dire dans la péninsule italienne, au delà des Alpes, ou du côté de l'Océan et dans les montagnes pyré- néennes; mais rien d’absolu nulle part; en tous lieux, on peut rencontrer à l’état d'Aberration, ce qui caractérise ailleurs la race normale. Nous ferons des constatations analogues pour 77ans- alpina-Hippocrepidis Meliloti-Charon, et c’est l'étude de ces variations géographiques quelquefois si accentuées et relativement si constantes qui ajoute tant d'intérêt aux observations que suscite LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 47 2) le genre Zygœna. De plus, quel ensemble de Lois homogènes s'applique à ce genre Zygæna, pour la modification des couleurs, l'oblitération ou la confluence de certaines taches! Enfin quelle influence mystérieuse, dont les causes restent inconnues, produit la teinte vermillon sur Ackilleæ et Hippocrepidis dans les Cha- rentes, tandis que dans les Alpes-Maritimes, c’est une couleur carminée foncée qui remplace pour les parties rouges des ailes la tendance miniacée si remarquable dans les plaines calcaires de l'Ouest de la France! Nous n'avons jamais trouvé Acilleæ dans les Pyrénées- Orientales. Je possède quelques exemplaires d’Ackilleæ recueillis dans les Abruzzes. D’après les échantillons que renferme ma collection, les Abruzzes donneraient une race assez spéciale d’Ackilleæ, mais Je préfère n’en pas parler davantage, dans la crainte de commettre quelque erreur d'appréciation. En l'état actuel de la Science, je pense qu’une centaine d'exemplaires est indispensable pour apprécier une forme locale comparativement aux autres. M. Orazio Querci m'a gracieusement offert une belle Aberration confluens d'A chilleæ, prise à Polleca, dans les monts Aurunci, par 600 mètres d'altitude, en juin 1900. Cet exemplaire est remarquable par la couleur grisâtre de ses ailes supérieures, la réduction consi- dérable du point rouge cellulaire et la confluence en un gros trait rouge de la tache basilaire et de la tache externe inférieure. Evidemment la race d'Acxilleæ dans la partie de l’Italie qui est plus méridionale que la Toscane est spéciale et nécessite une étude qui sera très intéressante. J'espère y pourvoir au moyen d'une documentation suffisamment importante et que je m’efforcerai de réunir sans délai. M. CI Dziurzinski m'a envoyé quelques individus étiquetés Ab. cingulata, pris à Moedling, présentant une faible rougeur sur un anneau abdominal. En France, dans aucune localité, ainsi que je l'ai déjà fait connaître, je n'ai vu un seul exemplaire de 474 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Zygæna Achilleæ tendant à avoir l'abdomen annelé de rouge; mais M. Abeille, dans les Mémoires de la Société linnéenne de Provence, 1900, p. 12, fait connaître qu'il a pris un seul exemplaire de l'Ab. cingulata, le 2 juin 1908, sous le rocher de Bartagne, dans la montagne de la Sainte-Baume (Var). « Le papillon, dit-il, porte sur le dessus de l'abdomen un anneau rouge très foncé et nettement interrompu sous le ventre » En Provence, Aczilleæ éclôt deux fois par an, en mai, puis en juillet et août, d’après les observations de M. Abeille. Zygæna Anthyllidis, Boisduval. Boisduval, le premier, a décrit et figuré la Zygœna appelée par lui Anthyllidis, aux pages 78 et 70 et sous le n° 8 de la PI. IV de l'EÆssai sur une Monographie des Zygénides, d'après deux individus qui lui avaient été indiqués, à tort, comme capturés dans l'Espagne méridionale. L'Espèce est de nouveau figurée sous le n° 7 de la PI 55 de l’/cones; mais dans ce dernier ouvrage, Boisduval dit que la Zygœna Anthyllidis se trouve en Espagne et dans les Pyrénées, aux environs de Barèges. On peut en effet rencontrer A%/kyllidis dans les Pyrénées espagnoles, au proche voisinage du département des Hautes-Pyrénées, mais jamais elle n’a été capturée dans l'Espagne méridionale, ainsi que Boisduval l’avait d’abord pré- tendu, s'étant trouvé induit en erreur par de fausses indications. J'ai fait moi-même figurer la Zygæra Anthyllidis, à l’état de chenille, coque et imago, sous les n° 14, 15, 16 et 17 dela PL de la VIII° livraison des Ætudes d’Entomologie. Je prie le lecteur de se reporter à la page 30 de cette VIII® livraison où je donne quelques renseignements sur la manière de vivre de l’Espèce. En donnant le nom d’'Anfhyllidis, Boisduval eut en vue cer- taines plantes de la famille des Papilionacées, composant le genre Anthyllis. Ce mot Anthyllis est formé des deux mots grecs : anthos fleur et ioulos duvet. Ce sont des plantes velues soyeuses, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 47 | Ur comme le dit l’abbé Coste, à la page 316 du vol. I de la /‘Zlore descriptive et illustrée de la France. L'Anthyllis vulneraria paraît être la plus connue des Espèces du Genre; elle est vulnéraire et résolutive et entre dans la composition du thé suisse. La Zygœna Anthyllidis est une Espèce des grandes hauteurs pyrénéennes ; elle n’a Jamais été trouvée par nous ailleurs que dans les Hautes-Pyrénées, par une altitude d’au moins 1,700 à 1,800 mètres, et elle s'élève au delà de 2,000 mètres. Elle a aussi été rencontrée dans les montagnes du Caucase, où elle donne une forme différente de celle des Pyrénées. J'en ai capturé de très nombreux exemplaires, au mois de Juillet, lors des séjours que je fis à Cauterets. Dans le nombre des individus, 1l se trouve des Aberrations assez intéressantes; mais Je n'ai Jamais pris Aw/#yllidis jaune. Lorsque Staudinger et Rebel firent imprimer dans leur Catalog 1001, à l’article 4340 : Anthyllidis, la mention : Ab. f#ava, Obthr. (Etudes d'Ent., XX, PL 8, fig. 141), ils rapportèrent à tort à Anthyllidis ce qui s'applique réellement à exwlans. Tout naturel- lement, le D' Adalbert Seitz, négligeant de recourir aux sources, s’abstenant de toute vérification et, malgré les erreurs dont cet ouvrage est rempli, adoptant toutes les assertions du Cafalog, comme étant l'expression infaillible d’une vérité incontestable et qu'il serait sans doute bien téméraire même de contrôler, a repro- duit servilement, à la page 22 de l'édition française (Zygæna), la faute commise par Staudinger et Rebel. Le collier est d’un jaune décidé; l'abdomen est généralement annelé de rouge; mais l'anneau rouge fait parfois défaut, et l’on trouve tous les degrés depuis l’abdomen entièrement noir jusqu'à l’annellation rouge vive et nette; mais l’anneau existe sur un seul segment abdominal; pas sur deux. Les parties rouges des ailes et de l’abdomen sont plus ou moins claires ou foncées; les exem- plaires même frais peuvent paraître d’un rose pâle, au lieu d’être d’un rouge vif. Je crois que ceux qui, éclos, la veille, passent la nuit, exposés au froid de la montagne et à l’humidité ambiante, subissent une décoloration considérable. Le fond des ailes supé- 476 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE rieures est bleu ou verdâtre; les taches rouges des mêmes ailes sont plus ou moins soulignées et surmontées de jaune; elles restent généralement séparées et confluent très rarement entre elles. Cependant la tache basilaire costale supérieure est fréquemment jointe à la première tache rouge cellulaire et les deux taches externes sont souvent contiguës; mais la réunion des quatre taches rouges des ailes supérieures en une seule macule, cependant con- forme à la loi de variation chez les Zygæna, est bien exception- nelle, puisque sur plus de 400 exemplaires alignés dans ma collection, sans parler des autres que J'ai vus et pris et qui n’y figurent pas, il n'existe pas un seul individu offrant cette confluence que J'ai pourtant constatée plusieurs fois dans l’Espèce voisine Exulans. Si, par un beau temps de juillet, quittant Cauterets de grand matin pour aller récolter la Zygœna Anthyllidis vers les Oulettes du Vignemale, au delà du lac de Gaube, on s'engage, après avoir dépassé l'établissement des bains de la Raillère, dans la belle route tracée au milieu de la forêt de hêtres et de sapins qui conduit au Pont d'Espagne, il n’y a guère pour l’'Entomologiste de papillons à prendre, en dehors des Noctuelles et des Phalènes reposées sur les rochers de granit, tout le long du chemin. C'est pourtant un plaisir délicieux, avant que les rayons du soleil ne soient venus rendre la montée un peu plus laborieuse, de côtoyer, dans la fraîcheur matinale, le torrent dont les eaux, merveilleuses de limpidité, forment de si admirables cascades. Les pêcheurs de truites fréquentent constamment les bords escarpés du torrent. On les voit, agiles, sautant sur les roches autour desquelles bouillonnent les eaux tumultueuses, cherchant l’occasion de saisir leur proie. Avec quelle violence les ondes écumantes se précipitent dans la pente qui les entraine, tandis que çà et là, trouvant à se reposer de leur course rapide dans un lit plus plan, leur masse paraît d’un azur si profond, si clair et si pur. D’énormes blocs de rochers semblant éboulés des hautes LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 477 crêtes se sont arrêtés comme suspendus sur les flancs de la mon- tagne, ou bien, emportés par leur poids, 1ls ont renversé tous les obstacles et ont roulé jusqu'au fond de la vallée. Des massifs de sapins étendent leurs branches d’un vert foncé sur lequel se détachent agréablement les jeunes pousses d’un vert encore si tendre. Les À Dies pectinata et excelsa, arbres qui vivent longtemps, ainsi que l'indique leur nom dérivé du grec : ab1os, élèvent vers le ciel la flèche qui couronne leur pyramide, et mélangent leur feuillage à celui des bouleaux, des sorbiers, des framboisiers et des sureaux. Arrivés auprès du Pont d'Espagne où viennent confluer les eaux du lac de Gaube et de la vallée de Marcadau, il faut produire un sérieux effort pour gravir les sentiers mal entretenus, encombrés de pierres et traversés de racines, que certains touristes, coutumiers des Hautes-Pyrénées, connaissent sous les noms familiers de crève-cœur et de coupe-Jarret. Si le soleil n’a pas encore atteint les cimes du côté de Lutour, l'ascension est plus facile et l’on est récompensé, par une économie de fatigue, d’avoir été matineux. Les pins ont remplacé les sapins. Le tronc écailleux et gercé, mais d’une agréable couleur rosée, du Pinus sylvestris, s'élève, souvent dégarni de branches jusqu'à sa couronne, concurremment avec la tige gris noirâtre du Pzus montana; leurs cônes desséchés jonchent le sol et les émanations balsamiques de leur résine parfument l’atmosphère. Les premières touffes de ÀAododendron présentent leurs fleurs d’un rose carminé et la gracieuse Rosa alpina, dans les sites où elle échappe à l'at- teinte des promeneurs, élance ses longues branches flexibles à l'extrémité desquelles s'épanouit sa fleur pourprée dont le parfum est si doux. Enfin on aperçoit la nappe azurée du lac de Gaube, dont les eaux s'étendent tranquilles et à peine irisées par un zéphyr léger. On peut traverser le lac en bateau et aborder assez promptement à la rive prochaine, ou bien suivre le chemin que parcourent les chevaux et les mulets sur le flanc de la montagne, à droite du 478 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE lac de Gaube, C’est le long de ce chemin que vole la Zycæna Orbitulus-Oberthuri, et sur la pente pierreuse, au-dessus du sentier, que se trouve la Zygæna Contaminet; mais Anthyllidis ne com- mence à paraître que plus loin encore. À l'extrémité du lac, on rencontre une prairie assez plane d'herbe rase, parsemée de pins et d'énormes rochers, dont J'ai déjà fait mention au cours de ces Æ/udes. On y peut apercevoir les Lycæna T'ithonus (Eros) et Escheri-Rondoui, ainsi que la Cieogene Pele- lerarta. Mais il faut continuer la route, gravir encore ure pente très raide, traverser un pâturage partiellement marécageux et suivre sans relâche le sentier tracé au fond de la montagne; cette fois, 1l est à gauche du torrent, dont les eaux mugissantes roulent et se pressent, pour se précipiter plus bas dans le lac dont on domine déjà la surface d'un bleu si pur. Sur le côté gauche de la montagne que traverse la route mule- tière, des touffes de XAododendron ferrugineum se développent au milieu des pierres éparses. Leurs fleurs d’un rose si vif sont épanouies. On s'arrête; car c'est là qu'on peut commencer à voir voltiger la Zygena Anthyllidis. D'ailleurs les rayons du soleil se sont élevés au-dessus des crêtes, du côté de l'Orient. Brillant dans un Ciel que n’encombrent pas encore les nuages, ils ne tardent pas a dessécher la rosée du matin et à réchauffer la vallée. La Zygæna Anthyllidis S'anime alors; le papillon semble une grosse mouche de la couleur même des fleurs de XLododendron. Les G' volent autour des buissons, passent et repassent, descendant et remontant la pente pierreuse et fleurie. On distingue de loin, sur les pierres, les coques qui recouvrent les chrysalides; elles sont blanches et luisantes comme de la porcelaine; au milieu du gazon fin qui pousse entre les pierres écroulées d'en haut avec les avalanches, la chenille peu active est facile à découvrir, grâce à ses couleurs tranchantes, jaune et noire. Parmi les Graminées, les An/2ylls, les Szlene acaulis et diverses Papilionacées rases, autour des buis- sons peu élevés de génévrier, la Zygæna Anthyllidis ©, plus rare que le Œ, mais généralement plus variée de couleur, se traîne assez lourdement et ne cherche guère à voltiger. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 479 Pour peu que la matinée reste ensoleillée et que les nuages tardent à paraître, la récolte de la Zygæna Anthyllidis peut être extrêmement abondante. L'Espèce, dans certaines années et à certains jours, n'est point rare, et lorsqu'on est parvenu à l'altitude au-dessous de laquelle toute recherche la concernant serait vaine, il est aisé d’en faire une ample provision. Mais donnons à notre excursion un but plus éloigné; marchons vers le pied du Vignemale, en suivant toujours les bords du torrent. Nous ne cesserons pas de rencontrer la Zygæna Anthyl- lidis; elle sera partout en nombre plus ou moins grand, les Œ voltigeant au soleil et les Q ordinairement peu mobiles et posées sur le gazon. Quand vient l'heure de midi, on s'arrête pourtant, et le repas étendu sur l'herbe, au milieu des plantes alpestres, st vivement colorées, primevères et silènes, dans le magnifique décor de la haute vallée que ferme la masse imposante du Vignemale, sollicite une trêve et invite les Entomologistes à cesser momentanément leur fructueuse récolte. Souvent, hélas! au milieu du jour, dans les hauteurs pyré- néennes, les nuages s'élèvent de toutes parts et obligent à une prompte retraite; mais j'ai connu des journées superbes pendant lesquelles le ciel, sans orage, restait serein. C’est ainsi qu'en 1005, favorisés par un temps magnifique, nous avons poussé Jusqu'au pied de la haute montagne toute formée de pierres éboulées, dont le sommet se trouve couronné par un refuge hospitalier, en face et tout près du Vignemale. Les châlets du comte Russell sont à côté de ce refuge où l’on peut obtenir un frugal souper et un abri pour la nuit. C'est à mi-route de Cauterets à Gavarnie. On est là au milieu de la plus belle faune lépidoptérologique pyrénéenne. Cependant la Zygæna Anthyllidis ne se trouve plus à cette altitude; du moins Je ne l'y ai point vue, tandis qu’elle était si abondante au pied même de la montagne de pierres dont l'ascension est vraiment dure, surtout quand on marche depuis le matin. 480 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Ce n’est pas sans émotion que je rappelle ces souvenirs de jours qui furent si beaux et si tôt finis. Le comte Russell n’est plus; mais le monument qu'il a laissé de sa prédilection pour le Vignemale et de sa sollicitude s1 bienveillante envers les amateurs des sommets pyrénéens, lui survit. Le comte Russell était une noble et sympathique figure; sa mémoire a droit au respect et à la reconnaissance des hommes. Malheureusement il ne fut m Botaniste, ni Entomologiste, ni Géologue; je l’ai toujours regretté pour lui et pour nous. Il savait décrire les paysages montagnards avec une exactitude incomparable; aussi les ouvrages dans lesquels il a relaté le souvenir de ses longs voyages et de ses ascensions souvent téméraires, sont-ils empreints d'une bonhomie et d'une sincérité dont je goûterai toujours le charme séduisant et le puis- sant attrait. La vie terrestre du comte Russell est maintenant finie, comme sera sans doute bientôt la nôtre; car l’âge est inexorable. Mais que sont donc les joies de la terre, même les plus pures, celles que nous vaut l'étude de la Nature, à côté du bonheur céleste, lorsque nous pourrons, s'il plaît à Dieu, dégagés et puriñés de toutes les misères d’ici-bas, admirer ses œuvres non point dans une obscurité incertaine, mais au sein de la clarté et de la vérité éternelles ! Zygæna Exulans, von Hohenwarth et Jos. Reiner. Esper a figuré la Zygœna Exulans, sous les n°* 1 et 2 de la PI XLI de son Volume Il, d’après des exemplaires originaux qui lui furent communiqués par celui qui découvrit l'Espèce, c'est-à-dire par le Domdechanten Freyherr von Hohenwarth « zu Ende Julius auf den hoechsten Alpengipfeln des Eisgebuerges am Glockner, auf der sogenannten Pasterze in Obercaernthen »; ce qui signifie en français : « par le Doyen de Cathédrale Baron de Hohenwarth, à la fin de juillet, sur les plus hautes cimes alpestres de la montagne de glace, au Glockner, sur le lieu dit Pasterze, en Haute-Carinthie. » LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 481 Depuis la fin du XVII[* siècle, époque où l’on commença à connaître la Zygœna Exulans, de nombreuses stations nouvelles furent reconnues comme habitées par l’Espèce en question, aussi bien en Ecosse qu’en Laponie, dans les Pyrénées et dans les Alpes. En ce qui me concerne, je n'ai Jamais observé Æxwlans à une altitude moindre de 2,000 mètres et Je l’ai vue voler jusqu'à près de 2,800 mètres; mais M. Rondou signale Æxzlans au-dessus de 1,000 mètres Jusqu'à 2,500. Exulans a été capturée, paraît-il, au Gran-Sasso, en Italie. Je ne connais pas la forme qui provient de cette localité. Je ne crois pas qu'on ait trouvé Æxwlans dans la Sierra-Nevada d'Andalousie, où je crois possible qu’elle existe. La forme écossaise, dont J'ai sous les yeux une assez grande série d'exemplaires pris par Ried, ou bien ayant fait partie d’an- ciennes collections anglaises que j'ai pu acquérir, a un aspect très diaphane et quelquefois un peu ochracé, de telle sorte que le nom de subochracea que lui a donné White se trouve fréquemment justifié. Charles Barrett a figuré l’Exylans d'Ecosse sous les figures 5, 5 a, 5 d (larve) de la PI. 58 de son ouvrage : Te Lepid. of the British Islands. Barrett fait connaître qu'Æxwlans a été originairement prise dans les montagnes à Braemar, Aberdeenshire, en 1871, à une élévation d'environ 2 à 3,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, par le D' Buchanan White et par le Prof. Traill. Les plantes suivantes sont indiquées par Barrett comme pouvant servir à la nourriture de la chenille d'exulans : Azalea procumbens; Cherlera sedoides,; Silene acaulis; Trifolium alpinum, repens, pratense,; Lotus corniculatus; Geum montanum, Sibbaldia pro- cumbens; Alchemilla alpina; les Erica; les Vaccinium. Le docteur White dit qu'il a élevé les larves sur : Polygonum aviculare et Triicum repens, plantes qui ne se trouvent pas dans les localités natives d’'Æxuwlans. En Laponie, il est à ma connaissance que Æxulans fut capturée dans la province de Finmarken par feu Staudinger, et pendant l'été 1908, à Kvickjock, au Mont Sutilelma (Lulea-Lappmarken), par Wilhelm Man. Les exemplaires de Laponie, considérés comme 31 482 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE plus diaphanes que ceux des Alpes et des Pyrénées, ont reçu le nom de l’anadis. I]1s ont en effet un facies très luisant et un peu spécial; notamment il ne semble pas que l’anadis tende à avoir les nervules accentuées par une couleur jaune, ainsi que cela se remarque chez Æxulans des hauts sommets alpestres. En France, Æxulans a été rencontrée dans les Pyrénées-Orien- tales, à la Croix de la Roquette (Pla Guilhelm), les 20 et 21 juillet et 3 août 1900, par H. Powell, et sur l’arête Nord du Camigou, les 31 juillet et 1° août 1900, par le même chasseur. L’Espèce était abondante. Elle a fourni deux Q dont les taches rouges des ailes supérieures sont tout à fait confluentes et forment une grande macule d’un rose carminé, seulement interrompue par les nervules. Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, les © Exulans ont fréquemment les taches rouges entourées d'un très mince liséré jaune doré; les exemplaires sont de taille moyenne; ils ont tou- jours l'abdomen noir, sans anneau rouge. Mon frère a trouvé Exulans au sommet du Nethou et nous l'avons rencontrée dans quelques hautes montagnes, au-dessus de Cauterets, mais seulement par exemplaires isolés. Feu de Graslin avait capturé Exulans sur les hautes crêtes du Cambrès d'Ase. Elle est aussi dans la vallée d'Eyna. Je possède un © des Pyrénées-Orientales chez qui les parties normalement rouge carmin des ailes sont devenues oran- gées. Cet exemplaire fait la transition entre la forme rouge et l’Ab. flava que j'ai fait figurer sous le n° 141 de la PI 8 de la XX® livraison des Etudes d'Entomologie, d'après un O' pris au Lautaret par feu mon ami Emmanuel Martin. C’est une Aberration très belle et d’un jaune bien décidé. Je la crois extrêmement rare. La Zygœena Exulans est commune dans les Alpes : à Enchas- trayes; à Larche; à Chamounix; au lac d’Allos; au mont Pelat ; au Galibier et au Lautaret; entre Ryffelberg et Ryffelalp, mais plus près de Ryffelberg ; au Simplon, d’où je possède une magni- fique Ab. confluens, d'un rose carminé très vif; ce papillon faisait partie de l'ancienne collection Guenée. Au Simplon, les nervules des ailes supérieures tendent plus particulièrement à être d'un LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 483 jaune brillant, de façon à former comme un enlacement de lignes dorées très fines autour des taches rouges. Le fond des ailes supérieures est bleu ou vert bronzé. Il y a dans les Alpes des exemplaires dont la taille est extrêmement réduite; d’autres qui ont au contraire de plus grandes dimensions. La Zygæna Exulans vit habituellement par colonies de nombreux exemplaires, çà et là, sur les hautes montagnes. Au Lautaret, il y avait, en Juillet 1006, une bonne localité pour Æxwlans, sur un petit plateau auquel on parvient après une légère ascension; ce plateau est adossé à de grands rochers, au sud-est de l'Hôtel Bonabel. Quelques touffes de Rhododendrons poussaient en cet endroit. Sur tout le plateau, aussi bien qu’en remontant les pentes qui y aboutissent, les Zygœna Exulans se trouvaient en nombre parfois considérable et les © offraient de jolies variations par coloration jaune des nervules des ailes supérieures. Un peu plus bas, de l’autre côté de la route que parcourent les voitures qui vont et viennent entre la Grave et le Galibier ou vers le Monetier-de- Briançon, il y avait sur une éminence sèche et chaude une colonie également nombreuse de Zygæna purpuralis (Minos); ce furent les deux seules Espèces de Zygæna observées par moi sur le plateau fleuri du Lautaret, au mois de juillet 1906. La larve d'Exulans est grosse, de couleur noirâtre, avec des points latéraux jaunâtres et quelques touffes de poils courts et noirs; la coque est blanche, luisante, un peu chagrinée, de forme ovalaire, comme un canot. On en trouve quelquefois plusieurs agglutinées sur la même branche et s'étant formées les unes sur les autres. Je n'ai jamais vu d'Æxrwlans avec la 4° tache rouge aux ailes supérieures. Pour compter les taches des Zygæna, il y a deux méthodes, suivant qu'on comprend, ou non, dans le compte les taches rouges basilaires ordinaires. Avec les taches basilaires, généralement au nombre de deux et séparées par la nervure, il y a $ ou 6 taches sur les ailes supé- rieures; sans les taches basilaires, il reste seulement 3. ou 4 taches 484 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE externes. Dans la circonstance présente, je fais abstraction des taches basilaires; j'envisage donc seulement les taches externes ordinaires et Je constate qu'il y en a toujours 3, Jamais 4, du moins d’après ce que Je connais, chez Æxulans. J'ai sous les yeux plus de 1,000 exemplaires. Mais il peut se faire qu’on trouve, çà ou là, une variation à 4 taches. C’est dans l’ordre et il y a sur l'aile de la place où loger la 4° tache; ne serait-ce que juxtaposée à la 3° tache externe, c’est-à-dire collée à celle qui est le plus près du bord extérieur des ailes supérieures. Anthyllidis, au contraire, montre toujours la 4° tache rouge ultime qui manque chez Exulans. Les Zygæna Anthyllidis et Exulans sont les deux Espèces du Genre qui atteignent les plus hautes altitudes; la plupart des autres Espèces de Zygæna habitent les lieux moins élevés dans les mon- tagnes et se plaisent même dans les plaines et sur le bord de la mer. Zygæna Meliloti, Esper. Staudinger et Rebel indiquent, dans leur Catalog 1901, que Meliloti a été décrite et figurée par Esper, sous les n°* 1 à 8 de la Tab. XXXVIIL Hélas! je constate encore une erreur. La Tab. XXKXVIIT contient exclusivement les figures de Æippophaës et Tineiformis. C'est la Tab. XXXIX (Cont. XIV) du Tom. II qui contient effectivement la figuration de Meliloti; Imago (fig. 1, 2 et 3); larve (fig. 4, 5); folliculus (fig. 6); chrysalides (fig. 7 et 8). Dans le texte (p. 10 de Zweiter Abschnitt), Esper fait imprimer : Meliloti; mais sur la Tab. XXXIX, le graveur a écrit : Melilotha, ce qui est fautif. Esper, sur la Tab. XXXIX, attribue à la coque le nom de folliculus; dans le texte, il appelle la coque : Gehaeuse, mot qui veut dire : boîte, coquille, enveloppe. L’Espèce Weliloti était abondante (zahlreich) dans les environs du lieu où résidait Esper (in unsern Gegenden), sans doute la ville d'Erlangen, en 1770. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 485 Meliloti ne paraît pas avoir été rare Jusqu'ici en Angleterre. Je possède en effet 82 exemplaires anglais portant les étiquettes suivantes : Brockenhurst, 1801; Canterbury, 1803; Lyndhurst, 1874; New-Forest; ils faisaient partie des anciennes collections Maddison, Sheppard, Howard-Vaughan, Tugwell, Claxton, Battershell-Gill. Charles Barrett a figuré {/ellotr sous les n° 1, WAR mncatanve).de la Pl60 Il dit que la chenille vit sur Lotus corniculatus et autres basses légumineuses (and others low growing leguminous plants). Sui- vant Barrett, Meliloti habite des places marécageuses (marshy spots) à New-Forest, Hants; on rapporte, dit-il, qu'elle a été prise, il y a plusieurs années, dans la forêt de Tilgate, Sussex. Barrett ne connaît pas d’autre localité britannique pour l'Espèce. En France, du côté occidental, je ne connais qu’une seule loca- lité pour la Zygœna Meliloti; c'est à Cauterets, sur la montagne du Péguère: mais la Melilofi n'y est point commune et je n'ai pu recueillir qu'un petit nombre d'échantillons. Ma collection ne contient que dix exemplaires récoltés tout auprès de Cauterets. Ils sont du reste à Cauterets, semblables à ceux que je connais d'Angleterre, de Prusse, de Wiesbaden, de Kritzendorf et de Zer- matt. La collection de Graslin contenait un exemplaire de la Zygæna Meliloti portant l’étiquette : Nancy. L'Espèce existerait donc aussi en Lorraine; mais un seul individu ne me permet pas d'apprécier la forme ordinaire d’une contrée. En Angleterre, aux environs de Vienne, dans l'Allemagne du Nord et dans les Hautes-Pyrénées, Weliloti a les ailes supérieures allongées, d’un gris bleuâtre ou verdâtre bronzé, un peu pâle, avec les taches rouges d’une teinte carminée, généralement peu brillantes. La bordure grise indigo des ailes inférieures est peu large et assez régulière; le fond des ailes inférieures n’est pas d'un rouge carminé très vif. Quelquefois la tache basilaire inférieure et la tache externe inférieure confluent. Abstraction faite des taches rouges basilaires, la Zygœna Mclioti, Esper, n’a que trois taches 480 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE aux ailes supérieures et non quatre; de plus elle a l'abdomen tout noir, sans anneau rouge. Herrich-Schaeffer figure cependant sous les n°* 86 et 87 de la Tab. 12 des Zygænides Europ. une variété de Melilott ayant l'abdomen annelé de rouge, ce qui paraît d’ailleurs conforme à la règle de variation des Zygæna. Contrairement à l’assertion du Catalog Staudinger et Rebel 1001, je ne crois pas que Séentz, Freyer (Neuere Barrage; Tab. 278; fig. 4) puisse être identifiée à Meliloti var. Herr. Schaeff. 86 et 87; la bordure indigo des ailes inférieures, telle qu'elle est représentée sur la fig. 4 de la Tab. 278 de Freyer, s'oppose, sui- vant moi, à cette identification. S/entzu, Freyer, est référable à la forme Caron, non à la forme typique Melo. Je ne connais pas en nature la forme de Welilori dont l'abdomen est annelé de rouge et qui est figurée par Herrich-Schaeffer, sous les n°" 86 et 87. Meliloti affecte dans les Alpes-Maritimes, le Piémont, le sud de l'Italie, le Tyrol, une forme différente de la forme primitivement décrite et figurée par Esper. Huebner a figuré cette forme alpine et transalpine sous le n° 21 de la PI. Lepidoptera 1; Sphinges 1; avec le nom de Caron. De même que Weliloti, Charon, Huebner (21) a l’abdomen tout noir et les ailes élancées; mais CLaron porte quatre taches rouges au lieu de trois (les taches basilaires non comprises) sur les ailes supérieures dont le fond est d’une nuance bleue bien plus foncée que chez Meliloti; la couleur rouge des taches des ailes supérieures et des ailes inférieures est bien plus vive chez Charon; la bordure indigo des ailes inférieures n’est pas de largeur régulière, mais épaissie le long du bord anal et à l'extrémté apicale; la bordure devient plus étroite seulement vers le milieu du bord terminal. Herrich-Schaeffer a figuré cette Caron sous les n°* 69 et 70 de la Tab. o des Zygénides Europ. Au sujet de ces figures, 1l est assez intéressant de constater que le n° 70 est représenté avec quatre taches rouges sur le côté gauche des ailes supérieures et trois seulement sur le côté droit. L'’anneau abdominal rouge existe chez LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 487 la forme de Caron représentée sous le n° 23 de la Tab. 3 des Zygænides Europ. par Herrich-Schaeffer. Caron type et Welilot: type ont, toutes les deux, comme je l'ai déjà dit, l'abdomen entiè- rement noir et dépourvu de tout anneau rouge. Herrich-Schaeïfer donne à Caron, dont l'abdomen est annelé de rouge, ie nom de Stentzii qui fait confusion avec Szentziü, Freyer, en ce sens que la Zygœna Stentzii, H.S. (23) a 4 taches rouges aux ailes supérieures, tandis que la Séentzi, Freyer (278, 4) a seulement 3 taches rouges. Du reste les CAaron perdent quelquefois leur 4° tache rouge; j'ai sous les yeux des exemplaires des Alpes-Maritimes qui pré- sentent d’insensibles transitions entre la forme à 4 taches et celle à 3 taches et il faut tenir compte de cette circonstance. En somme, dans la forme CÆaron, le plus grand nombre des exemplaires pré- sente 4 taches, mais non l’universalité des individus. Duponchel a figuré sous le n° 7 de la PI. V du Supplém. Zygé- rides, la Meliloti © semblant bien conforme à la race type nommée par Esper. Je pense que Zzglossi, Duponchel (Sp. Zygénides, PI. XII, fig. 4), est une WMeliloti G'; je partage à cet égard l'opi- nion émise par le D' Boisduvai (/cones, IT, p. 56). Je ne sais pas à quoi rapporter exactement la Zygæna loi, Huebner (32); Je doute beaucoup que /o/i puisse être exactement identifié à Caron. Je crois que la figure 32 de Huebner est de celles dont, pour cause d'incertitude (incertæ sedis), 1l n’y a pas à tenir compte. La Charon, Huebner (21), d’après les documents que je possède, se rencontre dans les Alpes-Maritimes (Moulinet, col de la Madone de Fenestre); dans les Basses-Alpes et les Alpes-Mari- times (Mont-Gourdon, Entrevaux); en Piémont, à la Certosa di Pesio : au Monte-Generoso: au Val-Maggia, comme aussi au Monte- Castello, dans le sud de l'Italie; la variété chez laquelle l'abdomen est annelé de rouge, se trouve dans le Tyrol méridional; de plus, en Ligurie, il existe une race dont les ailes inférieures sont plus ou moins envahies par la teinte indigo de la bordure. Cette variété sombre, analogue à celle dont sont affectées d’autres espèces de Zygena, a les ailes supérieures d'un vert bronzé foncé et luisant et présente plutôt 3 taches rouges que 4, sur les mêmes ailes supé- 488 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE rieures. C’est l’Ab. z/alica, Caradja. On trouve au Moulinet des individus qui s’en rapprochent et forment le passage entre : 1° la forme à ailes inférieures rouges bordées d’indigo et à 4 taches rouges sur les ailes supérieures qui est la Caron, Huebner; et 2° la forme à 3 taches rouges sur les supérieures et à ailes inférieures où 1l reste une simple tache rouge centrale peu développée, et qui est l’z/alica. | Aux environs de Chamouny, feu Prévost, de Genève, avait jadis capturé une race de Caron qui est représentée dans la collection Guenée, mais qui ne me semble pas avoir été retrouvée depuis bien longtemps; les ailes supérieures sont marquées de 3 taches rouges petites et semblables à celles d’zalica; mais les ailes inférieures sont restées rouges avec une bordure indigo qui n’est pas plus large que celle de Caron, typique. Je pense que c’est la Zygæna pennina, décrite par Rambur, à la page 160 du Catalogue systém. des Léfhid. de l'Andalouste. L’Aberration à taches entièrement confluentes, appelée confusa par Staudinger, se trouve en Angleterre; la figure 1 à de la PI. 50 de Barrett représente une Q confusa qui lui fut communiquée par M. S. Webb. La fig. 1 à de la même PI. 59 établit la transition entre l’Ab. confusa et le type Meliloti. Les deux taches rouges extérieures de Caron peuvent être réunies et confluer de façon à présenter une sorte de cœur, non seulement dans la forme sicilienne, mais à titre accidentel dans les Alpes-Maritimes et dans l'Italie méridionale, au Monte-Cas- tello. La Zygæna Meliloti et sa var. Charon sont des papillons un peu grêles et cependant, d’après ce que J'ai vu, très actifs et doués d’un vol très rapide et soutenu, lorsque brille le soleil. Ils ne sont nulle part extrêmement abondants et paraissent rester très localisés. Meliloti ressemble à Trifolu, Lonicere, Filipendule, etc.; mais elle est beaucoup plus petite et plus délicate d’aspect. La collection Guenée contenait un exemplaire portant l'étiquette : Lyon. Je n'ai jamais vu d’autres Melilofi provenant de la région lyonnaise. Je suis porté à croire que Guenée était redevable de cet exemplaire LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 480 à son ami Millière, qui habitait Lyon, avant d'aller se fixer à Cannes. Zygæna Trifolii, Esper. Je commence l'étude d’une série d'Espèces de Zygæena mal connues, souvent confondues entre elles, et dont la distinction spé- cifique n’est pas, en effet, toujours facile à établir, du moins pour certains exemplaires peu caractérisés dans un sens ou dans un autre et restant, malgré tout, litigieux, parce que les races où formes pourtant bien définies et bien distinctes dans leur ensemble, sont reliées les unes aux autres, par des exemplaires et même par d’autres races ou formes locales établissant d’insensibles, mais incontestables transitions. Il s’agit des Zygæena Trifoli, Serisiati, Lonicere, Angelice, Filipendule, Stæchadis, Dubia, Medicaginis. Je me suis depuis longtemps appliqué à leur étude et j'ai réuni à leur sujet des documents en très grand nombre; mais l’abon- dance de la documentation, si elle est nécessaire en vue des obser- vations poursuivies avec sincérité et ayant pour unique but l’obten- tion de la vérité recherchée sans aucun parti pris préalable, n’est pas exempte d’inconvénient ; car elle apporte forcément avec elle des éléments de transition essentiellement troublants et qui aug- mentent singulièrement la difficulté. Les exemplaires dont les caractères sont indécis, éloignent, bien plutôt qu'ils ne rapprochent, la vision claire et nette des distinctions réelles de Forme, de Variété et même d’Espèce que tous les Entomologistes désireraient pourtant percevoir avec cette précision qui est seule susceptible de donner à l’esprit qui observe et apprécie, une légitime satisfaction. On peut bien compter que Je n’agirai cependant pas à l'instar de cet éminent Coléoptériste dont j'ai déjà rappelé le souvenir et qui détruisait purement et simplement les échantillons embarras- sants, ne gardant que les exemplaires qui présentaient des carac- tères tangibles et tranchés. Je tiendrai, au contraire, exactement compte de tout ce que je suis parvenu à connaître; mais Je Jugerai 490 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE une Race, une Forme, une Variété, une Espéce, d’après un ensemble d'individus suffisamment nombreux pour que je puisse être certain de ne pas disserter sur des exceptions. Dans les questions délicates et difficiles comme celles de cer- taines Espèces de Zygœna, voisines les unes des autres, mais semblant pourtant spécifiquement distinctes, 1l est en effet indis- pensable d'envisager un ensemble important d'exemplaires de la même localité, pour en concevoir une opinion ayant chance d’être vraie. La Zygena Trifolii a d'abord été nommée par Esper qui, sous les n°" 4 et 5 de la Tab. XXXIV du Tome II, figure l'Ab. confluens (Ag. 4) et la forme normale (fig. 5) de 7 r1folu. Les figures d’Esper sont grossières; cependant elles peuvent paraitre suffisamment reconnaissables. Esper nous apprend que l’Espèce a d’abord été découverte par lui-même aux environs de Francfort-sur-le-Mein. Huebner a figuré 7'7:folu sous les n°* 134 et 135; il a appelé Orobz une variété représentée sous le n° 133, ayant un petit point rouge entre la tache rouge cellulaire et la tache externe supérieure. Le même Huebner, sous le n° 138, a représenté avec le nom de G/1- cirrhisæ, une Aberration dont les taches rouges sont partiellement confluentes. Je ne sais pas bien si le papillon figuré par Huebner sous le n° 70, avec le nom de 7 r2folx, représente réellement 7 72folu. Boisduval a très mal figuré 77ifolu sous le n° 7 de la PI. 3 de l'Essai sur une Moncgr. des Zygénides. La figure 8 de la PI. 54 dans l’/cones du même Auteur est moins défectueuse, sans tou- tefois donner ample satisfaction; mais l'Observation imprimée à la page 60 est judicieuse et me paraît conforme à la réalité des faits. Duponchel a figuré 7'rifolii sous le n° ; de la PI VI du Suppl. Zygénides sous le n° 1 de la PI VIII du même ouvrage. Cette dernière figure est à retenir. La description imprimée aux pages 71 et 72 est exacte. Freyer a donné une représentation grossière de /7ifola, avec exagération des dimensions de l’ab- domen, sous le n° 4 de la Tab. 200; il a figuré Glycirrhiza (sic) sous le n° 3 de la Tab. 164. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE AOT J'ai publié moi-même dans la XX° livraison des Etudes d'Ento- mologie, quatre figures de Z71fol sur la PI. 8 et comme suit : 1° n° 150, Z 71folu, de Vernet-les-Bains; 2° n° 151, Trifolu-palustris- sexmaculata, de Rennes; 3° n° 152, l'Ab. confluens de la même Trifolii-palustris-sexmaculata; 4 n° 153, l’Aberration Confluens de la Z'rifolu-palustris normale, c’est-à-dire à 5 taches (y compris les 2 taches basilaires) et non à 6 taches. Je prie le Lecteur de se reporter à ce que J'ai écrit au sujet de 7 ifolu, de sa race Palustris, de l'Ab. sexmaculata, de l'Ab. confluens et des formes anglaises de Zrifolu, dans le même ouvrage, aux pages 43, 45, 48, 49, FO, ST. Enfin dans le III° Volume des Ætudes de Lépidoptérologie comparée, jai fait figurer sur la PI XXVIII, 6 nouveaux exem- plaires de Trifoli : n° 163, Trifolu-lutescens, Cockerell, Ab. coz- fluens, Tutt, d'Emsworth (Angleterre) capturé par Christy, en 1803 ; n° 164, Z'rifolu-obscura, Tutt, d'Angleterre; n° 165, Palustris, de Rennes; n° 166 et n° 167 Palustris-confluens Cet Q, de Rennes; n° 167, Z'rifolu, Dup. de Hyères (Var). Le relevé de toute cette Iconographie générale relative à 7'r1folu, étant fait, je passe à l'examen des races locales de 7 1f0ol, Espèce polymorphe, répandue depuis l'Angleterre à la Barbarie. 1 Australis, Lederer; 7 74folz, var. Rambur. Andalousie; certaines parties de l'Algérie. En commençant par le Sud, la première race de 7 r2fol qu'on peut observer est celle qui habite l’Andalousie, les environs de Géryville et d'Alger. Je crois que c’est la forme que Lederer a désignée sous le nom d’Aws/ralis. Mais je regrette de n'avoir pu lire la description originale de Lederer. Je n'ai pu me la procurer et Je crois devoir en faire la déclaration. Quoi qu'il en soit, 1l s’agit de la Zygæna considérée par Rambur comme une variété locale andalouse de 771fol et décrite par cet Auteur, aux pages 177 et 178 du Catalogue Systématique des 492 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lépidopt. de l'Andalousie. D'ailleurs la description n'existe pas seule et dépourvue de figure; mais nous devons une juste gratitude à Rambur qui, dans le Cat. Systém. des Lépidopt. de l'Andalouste, a copieusement représenté sous les n° 5, 6, 7 et 8 de la PL 1, la Trifolu de l’'Andalousie. La fig. $ semble être la figuration de l’Ab. cærulescens, Obthr, dont les ailes inférieures sont presque entièrement envahies par la couleur bleu foncé de la bordure. Cependant, dans le texte (p. 175), Rambur rattache la figure 5 à S/æchadis, comme représentant la race type de Sæchadis ? Je possède un grand nombre d'exemplaires recueillis à Grenade (de Graslin, mai et juillet); Sierra-de-Alfakar et Sierra-Nevada, du côté de Lanjaron (R. Obthr., juillet 1879); Barcelone (coll. Bellier); Géryville (1° lahaye, mai 1886), Husseim-Dey et Maison-Carrée (Holl, 1908); Lambèse, mai 1875, mai 1884, juin 1885, mai 1906 et août 1885); Puebla de D. Fabrique, près Grenade (1900, Escalera). La taille d'Australis est plutôt petite, le fond des ailes supé- rieures est d’une coloration verdâtre bronzé, non transparent, avec une tache basilaire rouge carmin, coupée en deux par la nervule et ne descendant pas jusqu’au bord interne. Dans le milieu de l'espace cellulaire, il y a une petite tache rouge carmin souvent inférieurement contiguë à une tache plus grosse, avec laquelle la première tache forme, dans ce cas, comme une seule et unique tache qui serait simplement coupée par la nervule médiane. Quelquefois aussi les deux taches rouges (celle qui est dans l’espace cellulaire et celle qui est au-dessous), sont nettement séparées l’une de l’autre et forment deux petites macules arrondies bien distinctes. Enfin, il y a une tache externe rouge carmin, plus grosse, arrondie, au delà de l’espace cellulaire, de sorte que chez Awstralis, abstraction faite des taches basilaires, on constate 3 taches rouges sur les ailes supérieures. Ces taches sont d’un carmin un peu vineux, mais vif. Les ailes inférieures sont d’un rose carminé moins foncé que les taches des supérieures; elles sont entourées d’une bordure bleu D LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 493 d'acier assez large et régulière. Il convient. de remarquer les deux teintes; vert bronzé du fond des supérieures et bleu d’acier du bord des inférieures, chez le même individu. Je n'ai jamais vu d’Aberration andalouse ou algérienne à 4 taches rouges aux supérieures, n1 d'autre confluence que celle des deux taches rouges médianes. À la Sierra-de-Alfakar, l’envahissement des ailes inférieures par la teinte bleue de la bordure, produit la variété cærulescens figurée, sans nom spécial, par Rambur, sous le n° 5 de la PI. 1 et rapportée à tort, il me semble, par cet auteur, à Stæchadis. Mon frère a pris le même jour, en juillet 1870, au même lieu, c'est-à-dire dans les montagnes incultes et sauvages qui s'élèvent du côté oriental de la petite ville d'Alfakar, un peu plus loin que la fontaine d’eau gazeuse, et d’où l’on jouit vers le Sud, d’une vue si belle sur la Sierra-Nevada, $ © cærulescens, 2 O in- termédiaires, 1 Cet 3 Q à ailes inférieures rouges, simplement assez largement bordées de bleu d'acier. La forme cærulescens ne paraît donc pas rare en cette localité ; Je ne l’ai Jamais vue, venant d’autre part que de cette Sierra-de- Alfakar. Je possède de Lambèse, où elles furent capturées par Merkl, en juin 1884, deux Ab. © aurorina, caractérisées par la couleur d'un rose orangé qui remplace la teinte rouge normale, en dessus comme en dessous, sur les ailes inférieures et aux taches des supé- rieures. Je dois faire observer que les races andalouse et algérienne occi- dentale diffèrent un peu l’une et l’autre de la race algérienne orientale. La race de Géryville, c’est-à-dire oranaise du sud, ressemble plus à la forme andalouse; la race de Hussein-Dey est également référable à l'Azs/ralis d'Andalousie. La race de Lambèse paraît encore une forme d'Aws/ralis. Mais à Khenchela, la race est plus grande, avec les taches rouges plus grosses et la forme des ailes plus élancée. Comme à Hammam-Rhira, c’est plutôt la forme Syracusiæ, de Sicile, à fond des ailes supérieures bleu d’acier 494 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE plutôt que vert bronzé et à abdomen très allongé. Cependant cer- tains exemplaires de Lambèse et de Hammam-Rhira, mis côte à côte, ne semblent pas disparates. La différence est plus sensible entre les individus de la Sierra-de-Alfakar et ceux de Syracuse. 2° Syracusiæ, Zeller. Sicile. La forme de Sicile figurée par Freyer, dans les Neuere Beitrege, sous les n° 3 et 4 de la Tab. 506, comme Syracusia (non Sjracusiæ) sur la Planche, et Syracusii dans le texte, d’après une paire fraîche rapportée de Sicile par Zeller et communiquée à Freyer par Rendant Metzner, de Francfort-sur-l'Oder, est tout à fait diffé- rente de la forme andalouse et ne peut être confondue avec Australis, ainsi que cela se fait généralement. La longueur déme- surée de l'abdomen, comme l’a représenté très correctement Freyer, l'aspect plus robuste, la teinte indigo du fond des ailes supérieures et du bord des inférieures, la bordure indigo régulière et moins large des ailes inférieures, la longueur plus grande des antennes dont l'extrémité paraît plus pointue, les taches rouges plus petites et d'une couleur plus miniacée constituent un ensemble de diffé- rences tout à fait suffisant pour séparer Syracusiæ, Zeller, d’Aus- tralis, Lederer. Je possède une série de Syracusiæ rapportée de Sicile par Bellier. Ainsi que je l’exposais à la fin de la notice relative à Aus/rals, la race de Hammaim-Rhira, dont M. Dayrem a recueilli 19 exem- plaires en mai 1900, est assimilable à Syracusiæ plutôt qu'à Aws- tralis. Il en est de même de la race d'Ain-Draham, en Tunisie et aussi de la race de Khenchela (Province de Constantine) dont M. Harold Powell captura 27 échantillons en mai 1908; mais ce qui est plus curieux, c’est que la race de l’Escorial (fin juillet 1879) est bien plutôt conforme à Syracusiæ qu'à sa voisine Aws/ralis. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 495 3° Duponcheliana, Obthr. Pyrénées-Orientales. Assez conforme à la 7 r2fol Var. figurée par Duponchel, sous le n° 1 de la PI. VIII du Supplément Z'ygén. et représentée par moi, sous le n° 150 de la PI. 8 de la XX° livraison des Æ/udes d'Entomologie. Duponcheliana donne deux fois par an ; elle vole aux mois de mai et de septembre dans les prairies très arrosées, à l'altitude voisine de celle des villages de Casteil et de Vernet- les-Bains, le long de la route qui conduit à Casteil et dans la vallée de Saint-Vincent. C’est une Zygæna de taille relativement petite ou moyenne, d'aspect général terne, pas très opaque et peu brillant. Le fond des ailes supérieures est indigo pâle; les taches rouges et les ailes inférieures sont de nuance rose carminé; les taches des ailes supérieures confluent parfois dans toute leur lon- gueur, mais surtout entre la tache cellulaire et la tache externe, c'est-à-dire conformément à la confluence que représente la fig. 138 de Huebner (G/ycirrhizæ). Cependant il n'y a aucun rapport de taille et surtout de coloration entre cette Glycerrhizæ de Huebner et la confluens, selon la disposition Glycirrhizæ, des Pyrénées- Orientales. Je possède environ 130 exemplaires de la Duponcheliana, pris à Vernet-les-Bains. C'est une forme dont l’aspect est bien homo- gène. Je crois qu'on peut lui rapporter la 7 7i7olz d'Elne, du Canet et de Banyuls, c'est-à-dire du littoral des Pyrénées-Orientales, mais comme ma collection ne contient qu’un trop petit nombre d'échantillons des localités voisines de la Méditerranée, dans les Pyrénées-Orientales, je ne crois pas pouvoir affirmer que la race y est semblable à celle de Vernet-les-Bains. La coque est allongée et Jaune. Le dessous des ailes reproduit le dessus, mais encore en plus pâle. J'ai reçu de Digne une paire seulement du 771folu, cette paire de Digne ressemble beaucoup à la 771/oli1 (sans indi- cation de localité), de la collect. Boisduval, qui est intermédiaire entre Duponcheliana de Vernet-les-Bains et Olbzana d'Hyères (Var). 496 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 4° Olbiana, Obthr. Hyères. C'est la forme qui est représentée sous le n° 168 de la PI. XXVIIT du Vol. III de la Lépidoptérologie comparée. Ma collection con- tient environ 75 exemplaires pris au Ceinturon, près Hyères (Var), par M. Harold Powell, le 21 mai 1906. Les deux sexes sont diffe- rents. Le O' est d’aspect robuste, à ailes bleu Indigo, avec un reflet d'acier brillant; les taches ordinaires des ailes supérieures sont petites et d'un rose carminé vif; les ailes inférieures sont rose carmin, largement et nettement entourées d’une bordure indigo semblant moins luisante que le fond des ailes supérieures. Les antennes sont noires, longues, épaisses ; le thorax et l’abdomen sont d’un noir bleu et d’une contexture épaisse. La Q a les ailes ailon- gées ; elle paraît plus molle que le G' et a une ressemblance avec Loniceræ. Elle est de couleurs moins vives que ie ©, mais ls taches rouges des ailes supérieures sont plus larges. Olbiana diffère de Duponcheliana par sa taille généralement plus grande, son aspect plus fort, son corps plus large et ses couleurs plus foncées et plus vives. Duponcheliana fait l'effet d’une race pâle et chétive, tandis qu'Ulbiana est sensiblement plus ample et paraît plus vi- goureuse. Je n'ai vu aucun exemplaire d'Ofbiana dont les taches des ailes supérieures tendent à confluer. La coque d’O/biana est blanche, jaune ou chamois clair, luisante comme de la porcelaine, assez lisse, peu ridée. J'ai pris, en Juin 1805, dans les prairies au-dessus d'Uriage (Isère), 4 O' et 1 Q d'une forme de T'rifolu tout à fait intermé- diaire entre Olbiana et Duponcheliana. Elle ressemble beaucoup à Olbiana, mais est moins robuste et moins vivement colorée. Je possède de la Sainte-Baume un seul ©, de petite taille, ayant les taches rouges des ailes supérieures extrêmement réduites et la bordure indigo des ailes inférieures moins large. Je signale cet exemplaire aux Entomologistes de Marseille comme pouvant être l'indication d’une race de 7 71fol2 distincte et encore inconnue qu'il faudrait rechercher dans les prés sylvatiques de la Sainte-Baume. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 497 M. H. Powell a pris une © Olbiana d’une couleur rose orangé pâle, mais ayant un aspect très brillant. Cet exemplaire aberrant est très grand et d’une remarquable fraicheur. À titre exceptionnel et aberrant on peut trouver O/biana en Angleterre, car ma collection contient un © portant l'étiquette Hailsham (6—1892) ayant fait partie de la collection Tugwell qui fut vendue à la salle Stevens, le 10 décembre 1895, et ayant tout à fait l'aspect de la race O/brana. s’ Trifolii, Esper (Tom. II, Tab. XXXIV; fig. 4, 5). 11 me semble que la 7 7:fol de Lectoure (Gers) (mai, juin 1906) dont M. Dayrem m'a envoyé une série de plus de 100 exemplaires; d'Angoulême (4-5 mai 1006), et de beaucoup d’autres localités que j'énumérerai plus loin, peut recevoir le nom de 7 r:folu, Esper. La taille est plus ou moins grande; les ailes ont la forme un peu élancée; l'aspect est moins robuste que dans Olbiana; le fond des ailes supérieures est d'un bleu indigo, tournant parfois au verdâtre, mais pourvu d'un reflet d'acier luisant; les taches des supérieures sont d’un rouge carmin un peu miniacé très vif, ainsi que les ailes inférieures dont la bordure indigo est nette, mais bien moins large que dans Olbiana. A Lectoure, on trouve l’'Ab. Glycirrhisæ, Huebner, et l’Ab. confiuens, totale, quelquefois très accentuée et d’une remarquable étendue. La forme d'Angoulême ne paraît pas différer de celle de Lectoure. Au sujet de la Zr:folu de Lectoure, qui est de taille assez grande, il me paraît intéressant de rapporter que feu Jules Fallou, il y a une quarantaine d'années, étant allé rendre visite à un de ses amis, à Auch, c'est-à-dire dans une ville située tout près de Lectoure, trouva aux environs d'Auch, en grande quantité, une race de 7 71folii exceptionnellement petite et dont J'ai sous les yeux une paire donnée autrefois à Guenée par Jules Fallou. Je me souviens de m'être jadis entretenu de cette Zygæna Trifolu 32 498 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE d'Auch, dont la taille est presque de moitié inférieure à celle de la / rfolu de Lectoure, avec Guenée et Fallou. Celui-ci nous assura que tous les exemplaires vus par lui, étaient de dimension également réduite; telle est la paire que je possède et que J'ai sous les yeux. Cette constatation est intéressante, en ce sens qu’elle indique combien les races peuvent être localisées et comme, dans une localité séparée d'une autre par une petite distance, on peut trouver une forme différente d’une autre forme, en ce qui concerne la Zygæna Î'rifolu. Guenée avait donné dans sa collection le nom de pusilla à cette forme minuscule de 7 7:fola, que je n’ai jamais vue capturée dans une autre localité que les environs d’Auch. M. Dayrem a pris à Lectoure 2 S Zrifolu de l'Ab. sexmaculata, c'est-à-dire présen- tant à l'extrémité de la 5° tache qui est l’externe supérieure, une sorte de petite tache satellite, contiguë à la 5°, de plus petite dimen- sion que celle-ci, mais très nettement indiquée. J'ai signalé cette Ab. sexmaculata pour la forme palustris; je ne l’ai jamais observée pour /71fol2 que dans la forme de Lectoure et dans celle de Rennes. Je crois que l’on peut rapporter à Z'r1folu, Esper, c'est-à- dire à la forme de l’Espèce considérée comme type, les formes provenant des localités suivantes, du moins d’après les documents que Je connais : Sandburn, Freshwater, Lyndhurst, Dower en An- gleterre; Béville et Cherbourg (Guenée, 9/im et Vuillet, 1009); 24 exemplaires de taille moyenne, plutôt petite; ailes d’un noir indigo très foncé, avec un reflet d'acier un peu verdâtre, taches rouges petites, d’une couleur carminée très vive, ne présentant aucune confluence. — Samoussy, dans l’Aisne (Powell, iuin 1909); forme colorée à peu près comme à Cherbourg, mais sur O exem- plaires, 4 ont les taches rouges élargies et plus ou moins confluentes. —— Pont-de-l'Arche (L. Dupont, 1908), 17 exemplaires, forme colorée comme à Cherbourg; même taille; taches des ailes supé- rieures conformes à celles de Samoussy; c'est-à-dire plus grosses qu'à Cherbourg. — Allemagne (ex Staudinger); Berlin (ex coll. À. Kuwert); Limoges, Saint-Germain-en-Laye, Biarritz (D* Ober- thür, juillet 1805); coloration rouge d’une vivacité extraordinaire — et Nay, dans les Basses-Pyrénées (P. Chrétien, mai 1906); LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 499 Besançon (Jeunet); Jura; Forêt-de-Lorges, dans les Côtes-du- Nord (26 juin 1881); Chartres (Guenée); Iles Chausey, à l’ouest de Granville, dans la Manche (août 1883); Huelgoat, dans le Finistère (10 Juillet 1900); Quiberon, dans le Morbihan (juillet 1879); Bagnoles-de-l’Orne (juin 1904) ; Cancale (été 1800); Bourg- des-Comptes; Forêt de Rennes; Monterhl; çà et là aux environs de Rennes, en juin; Larche, dans les Basses-Alpes; Dompierre- sur-Mer, dans la Charente-Inférieure; Forêt de Vouvant et la Ba- raudière, en Vendée. En Angleterre, la Zygæna 1rifolu fournit des variétés du plus haut intérêt, notamment celle que Tutt a appelée obscura à la page 497 du premier volume de son ouvrage intitulé : À Natural History of the british Lepidoptera, d'après un exemplaire qu'il n'a sans doute Jamais vu, mais que J'avais mentionné dans la XX° livraison des Æzudes d'Entomologie. J'ai fait figurer cette Ab. obscura sous le n° 164 de la PI XXVIII du Vol. III des Etudes de Lépidoptérologie comparée. Ce spécimen faisait partie de la coll. Battershell-Gili qui fut vendue à ja salle Stevens, dernier rendez-vous de la plupart des collections anglaises de Lépidop- tères, les 12 et 13 avril 1886. Une autre variété très remarquable est la /y/escens Cockerell, signalée par Tutt (loc. cit, p. 487). J'ai fait figurer, sous le n° 163 de la PI. XXVIÏII du Vol. III, un exemplaire qui est à la fois lutescens et confluens, pris par Christy, à Emsworth, en 1893. Ma collection contient 4 Ab. lufescens prises par Christy; 2 © portent l'étiquette Emsworth et faisaient partie de la coll. Tugwell ; 2 autres C' sont étiquetés Watergate, 1893; Wim Christy, et appar- tenaient à la collection Maddison qui fut vendue à la salle Stevens les 23 et 24 février 1000. Voici ce que dit Tutt au sujet de l’Ab. Zutescens : « Cockerell, in naming this aberration, simply gives the reference « ÆEx/om. 1878, p. 102. » Turning to his, we read that Wellman « exhibited some yellow forms of Zygæna trifolu, reared from larvae. » Bond- Smith describes certain Gamlingay specimens (probably #alustris), caught July 16", 1891, and bred later, as being of-a « beatiful 500 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE lemon-yellow, showing no trace whatever of red. » This aberra- tion has been recorded from Malpas, in Cheshire (Walker), Emsworth, where 100 were obtained in May 1803, and 11 in 1804 (Christy), Upton St. Leonards (Higgs), Chattenden (Tutt). » Je n'ai jamais vu d'exemplaires français de l’Ab. /utescens de T'rif ola. On trouve aussi en Angleterre des exemplaires à taches con- fluentes et à ailes d’un rose orangé, au lieu d’être rouge carmin. Il semblerait que le traitement des chrysalides par la chaleur produirait le développement sur les ailes supérieures de la pig- mentation rouge. J'ai reçu en 1007, de M. Hans Burgeff, de léna, des 7 r:folu écloses de chrysalides qui avaient subi une température de + 49°. L’une d'elles a les ailes supérieures envahies par la couleur rouge dans le genre de l’Ab. /#cendium de Zonicere figurée sous le n° 105 de la PI. XXII du Vol. III de la Lépidopté- rologie comparée. 6 Palustris, Obthr. C'est la plus grande forme connue de 7 r1folx,; en même temps, c'est la plus vivement colorée et la plus fertile en exemplaires aber- rants par confluence. J'ai déjà fait figurer dans la XX° livraison des Ætudes d'Extomologie, sur la PI. 8, Palustris-sexmaculata, sous les n° 151 et 152 et Palustris-confluens sous le n° 153; mais si la gravure du trait faite par Dallongeville est excellente, le coloriage est très médiocre et je dois déclarer que la teinte du rouge dans le coloriage est tout à fait différente de la réalité. Le rouge est superbe chez Palustris de Rennes; il est d’un carmin vif, égayé par une pointe de minium dont l’œ1l perçoit l’agréable effet, tandis que rien n’est plus terne et au-dessous de la vérité que le coloriage de la PI. 8, dans la XX° livraison des Æzudes d'Entomologie. À cause de cette défectuosité que je confesse, J'ai fait figurer de nouveau la Zygæna Trifolu-Palustris, sous les n° 165, 166 et 167 de la PI XXVIII du Vol. IIT des Z7udes de Lépidoptérologie CO mparée. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE SOI La coloration rouge y est meilleure, mais encore tout à fait in- suffisante, et elle est bien loin de rendre cet éclat chaud et brillant que je constate dans la Nature. Il faut croire que la coloration rendant exactement la réalité, est bien difficile à produire. J'en exprime tous mes sincères regrets. C'est pourtant une bien curieuse mutation de Trifclu, celle que j'ai appelée Palustris. Les Entomoiogistes anglais l'avaient cons- tatée dans leur île, comme moi-même je l’avais observée aux en- virons de Rennes et ils s’apprêtaient à la désigner sous un nom, probablement celui de 77ifolii-major, lorsqu'ils furent devancés par la publication de la XX° livraison des Æ/udes d'Entomologie. D'ailleurs la priorité du nom Palustris n'est point contestée et Tutt (p. 480, vol. I), après avoir constaté qu'il y a deux formes ou sous-espèces, se rencontrant en Angleterre et jusque-là pourvues du même nom de 7 r1fola, n'hésite pas à dire que les deux races ont été séparées récemment (Æ#4. Record, IX, p. 88) comme Trifoli-minor et T'rifolii-major, mais qu'il n’y a pas de deute que Palustris d'Oberthür est le plus ancien nom donné à la dernière forme (#1folu-major). Si on place une série bien choisie de Palustris, capturées aux environs de Rennes, à côté d’une colonne de Duponcheliana, Ol- biana, Australis, Syracusiæ, on reconnaît une telle dissemblance de taille, de couleur et d'aspect, que l’on peut à bon droit citer bien des Espèces distinctes, comme ne présentant pas un faciès aussi divergent. Mais si on envisage la forme 7 7ifolu type et une série de Palustris, dans laquelle les exemplaires n'auraient pas été sélec- tionnés soigneusement, je reconnais qu'on trouverait des exem- plaires à peu près équivalents dans la comparaison des deux races. Cependant, à cause du grand nombre d'exemplaires de Palustris bien caractérisés qu'on peut recueillir au même lieu, la grande Palustris impose véritablement son qualificatif #ajor comparative- ment à la normale 7 rfolu. Aux environs de Rennes, 7 7folu et Palustris ne se trouvent pas nécessairement ensemble, mais elles ne s’excluent pas absolument; il y a longtemps que Jj'étudie la question. Je ne me souviens pas d'avoir rencontré la vraie Palustris 502 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE à la forêt de Rennes où j'ai toujours trouvé 7 71foli1 presque #1nor. Dans les prés et les bords des chemins humides et herbus de Monterfil, c'est 7'rifolii normale que l’on trouve et non pas Palus- tris; mais sur les berges du canal d’Ille-et-Rance, vers Saint- Grégoire, un peu au nord de Rennes et dans l’allée de châtaigniers de la Hublée, à 4 kilomètres est de la ville de Rennes, c’est Palustris caractérisée, presque sans mélange de 77folii normale avec ses variétés conjlucns et sexmaculata, aue l’on a pu observer. Je dois faire connaître cependant qu’à la Hublée, Palustris est détruite depuis quelques années; je crois que cette disparition de la Zygæna est due à la coupe de l'herbe et au pacage des bestiaux. Sur les berges du canal d’Ille-et-Rance, Palustris existait encore en abondance l’an dernier. À la fin de mai, ou vers le commencement de juin, suivant les années, Palustris éclôt ici ou là, aux environs de Rennes, ne sem- blant pas se maintenir avec une continuité bien prolongée, au même lieu, mais disparaissant ici et apparaissant soudain ailleurs, à une place où on l'aurait peut-être auparavant inutilement re- cherchée. J'ai rangé dans ma collection plusieurs centaines de Palustris récoltés aux environs de Rennes. Depuis mai 1806, époque de la publication de la XKX° livraison des Æzudes d'Entomologie, qui contient aux pages 45, 48 et 40, la description initiale de Palustris, j'ai été amené à faire un certain nombre d’intéressantes observa- tions. J'ai acquis de nouvelles Palustris où Trifolii-major d'An- gleterre, et je me suis efforcé de me documenter toujours davantage sur la question de 7'rifol. Je suis donc plus renseigné aujourd’hui qu'il y à 14 ans. En Angleterre (Ile de Wight), ex collection Maddison, et à Rennes, la forme Palustris me paraît presque équivalente; cepen- dant pour la taille et la vivacité de la couleur rouge, c’est à Rennes que J'ai constaté les exemplaires les mieux partagés. On trouve à Rennes des 7rifolii conformes aux échantillons de Lectoure, Biarritz et Angoulême; mais la réciproque n’est pas vraie, du moins d’après ce que je connais, et c’est à Rennes seulement que J'ai LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 503 —— — observé en abondance ces Zygæna qui sont alors l’expression la plus accentuée de Palustris, c'est-à-dire dont la taille et la vivacité de la couleur rouge sont supérieures à tout ce qui se présente sous ce rapport dans toutes les autres races. La proportion des individus confluens est très grande chez Pa- Lustris de Rennes et aussi de l'Ile de Wight. Du 15 au 20 juin 1906, du 18 au 24 juin 1907, sur les berges du canal d'Ille-et- Rance, au territoire de Saint-Grégoire, près Rennes, le nombre des Ab. confluens était tel qu'on pouvait en récolter une centaine d'échantillons en deux ou trois chasses; d’autre part, on pouvait capturer des variations remarquables. C'est ainsi que 4 var. sex- maculata furent recueillies en 1906 et que 6 var. sexmaculata furent capturées en 1G07; parmi ces 6 dernières, se trouve une © Sex71a- culata qui a tellement l'aspect d’une f/ipendule, à cause du déve- loppement de sa sixième tache rouge, que j'ai cru devoir la pourvoir, peu de temps après sa capture, de l'étiquette suivante que je transcris textuellement et qui exprime bien mon opinion : « Cette Zygena d'aspect différent de 7ijolü-palustris et rappelant F#pendule a été prise, seule de sa forme, avec un nombre considérable de Trifolii-palustris. Je la considère comme un exemplaire aberrant de Trifolii-palustris, non comme #lipendule qui éclôt fin juillet en Bretagne et non en Juin. » Les Entomologistes dont les documents se trouvent maintenant réunis aux miens, sont morts depuis plus ou moins longtemps et ils ont emporté dans la tombe le secret d'observations qu'il nous eût été bien utile de connaître aujourd’hui. En effet, si nos devan- ciers avaient pris soin d'écrire le renseignement nécessaire, au moment opportun, et s'ils l'avaient fixé à l'épingle du papillon qui en était l’objet, nous aurions actuellement des certitudes, au lieu des doutes que nous cherchons à éclaircir, trop souvent en vain. Quant à moi, qui écris aujourd’hui ces lignes, en attendant qu'à mon tour je sois nécessairement frappé par l’inévitable mort, ins- truit par l'expérience, je me suis efforcé de munir de toutes les indications capables de bien renseigner mes successeurs, les docu- ments si laborieusement amassés dans ma collection. 504 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE J'espère que cette précaution sera utile à la Science. Elle per- mettra de rectifier les erreurs que J'aurai pu commettre, comme aussi de confirmer les assertions dont la vérité paraîtra suffisam- ment démontrée. Dans l'intérêt de la Science, j'engage tous les Entomologistes à pourvoir les exemplaires qu’ils récoltent, de tous les renseignements susceptibles d’être utiles à leurs successeurs. La vie et la production laborieuse de chaque homme ici-bas sont bien courtes; mais c'est dommage, faute d’une étiquette écrite en temps utile, de priver ceux qui, dans l'avenir, s'intéresseront à ce qui nous intéresse au- jourd’hui, d’une documentation qui pourrait être plus tard très instructive, si elle était complétée maintenant par les indications nécessaires. En outre d'exemplaires très frais, mais albinisants et chez lesquels la couleur rouge a été remplacée par une teinte rose orange plus où moins pâle, M. P. Boulé trouva éclosant et posée sur un brin d’herbe, une admirable Aberration chez laquelle les parties rouges sont remplacées par une teinte d’un noir de suie. J’ai décrit cette Aberration avec le nom de xigricans, dans le Bulletin Soc. ent. France, 1907, p. 220. Je prie le Lecteur de se reporter à ce que J'ai écrit à ce sujet dans le Bulletin précité. J'aurais dû faire figurer cette pièce hors ligne, mais J'avoue que Jai reculé devant les dangers auxquels sont exposés tous les pa- pillons soumis à la figuration. Le dessinateur, le graveur, le colo- riste ont beau être soigneux et attentifs pour la conservation des spécimens qui leur sont confiés, les dommages arrivent toujours en proportion plus où moins grande, mais ils sont inévitables et j'aurais déploré qu’un accident, toujours possible, vint abîmer un Lépidoptère aussi rare et dont la conservation est Jusqu'ici restée parfaite. Toujours est-il qu'il est bien bizarre de constater la présence de la grande Palustris à l'ile de Wight, tandis qu'à Cherbourg on trouve 77ifolii plutôt #en0r et d'observer qu'aux environs immé- diats de Rennes, ladite Palustris, du moins d’après ce que nous connaissons aujourd'hui, atteint son maximum d’ampleur et de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 505 — vivacité dans la coloration. Rien ne peut m'expliquer pourquoi Palustris abonde sur les berges du canal à Saint-Grégoire, alors qu’à une très petite distance de là, à la Forêt de Rennes, Trifolii vit isolée et non pas en masse, et y donne des exemplaires sensi- blement plus petits. J'ai la conscience d’exposer aussi exactement que possible ce que j'ai été à même d’observer jusqu'ici, relativement à 771fol1i et à sa forme Palustris comparées. Je compte du reste continuer à étudier cette question, me demandant notamment si certaines années ne seraient pas plus favorables que d’autres au développement de la forme Palustris. Pour que Palustris se manifeste aux environs de Rennes et dans certaines régions de l'Angleterre, il faut que Trifolii d'où émane Palustris et dont celle-ci n’est qu'une mutation agrandie, amplifiée, magnified, comme on dirait de l’autre côté du Détroit, trouve des conditions locales et des circonstances spéciales, restées inconnues de nous, mais qui sont nécessaires au dévelop- pement de 7 7ifolu, sous la forme Palustris. N’est-1l pas intéressant de constater la présence simultanée de Trifolii-minor et de Trifolii- major où Palustris, dans le même pays, en des lieux séparés par une très faible distance ? On ignorera évidemment toujours si Palustris s'est graduelle- ment développée à Rennes, ou bien si elle y a existé dès le com- mencement de l'apparition de l'Espèce. Le passé nous reste enve- loppé d’un impénétrable mystère; mais l'avenir s'ouvre devant nous, puisque nos études pourront être continuées par des succes- seurs. Il sera fort instructif pour eux de constater plus tard si la Zygœna Trifoli, aux environs de Rennes et en Angleterre a maintenu sa mutation Palustris et dans quelles conditions. Pour ces observations, les faits que nous établissons à l’époque présente et les documents que nous réunissons, seront la base indispensable à toutes les études futures et l’origine des conclusions qui en advien- dront. Nous n’entrerons vraisemblablement pas dans la 7erre promise de la vérité scientifique; mais nous pouvons sincèrement nous figurer que nos travaux en faciliteront l’accès aux générations qui succéderont à la nôtre. 500 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 7° Seriziati, Obthr. J'ai fait figurer la Zygœna Seriziati dans la IIT° livraison des Etudes d'Entomologie, sous le n° 7 de la PI. V. J'avais déjà décrit Seriziati aux pages 33 et 34 de la livraison I, d’après des exem- plaires recueillis à Collo par le Docteur Seriziat. Plus tard, dans la XIIT° livraison, j'ai fait figurer la même Zygæna Seriziali sous les n° 71, 72 et 73 de la PI. VIIL. J'ai donc fourni une documen- tation illustrée relativement très abondante et à laquelle j'invite le Lecteur à se reporter. Serisiati habite généralement non loin du littoral algérien, à Collo, Philippeville, Bône; on l’a prise aussi à Vakouren, Aïn-Seur, Lalla-Khedidja. Elle éclôt en mai, juin et juillet, suivant l'altitude des localités et suivant la température. Il y a 3 formes distinctes : 1° celle qui a les ailes inférieures rouges bordées de bleu indigo; 2° celle qui a les mêmes ailes entièrement indigo, sauf un seul point rouge médian; 3° l’intermédiaire entre la forme à ailes inférieures rouges et celle à ailes inférieures bleues. En outre des taches basilaires rouges, la Zygœna Seriziati a trois taches rouges aux ailes supérieures. Le fond de celles-ci est d’un bleu d'acier luisant et la nuance des taches rouges est d’un carmin très vif. Les deux taches rouges médianes sont parfois confluentes et parfois séparées l’une de l’autre; Seriziati est habituellement de taille moyenne, mais on trouve quelquefois des exemplaires très petits. Si Seriziati est une race de Trifolii, comme Syracusiæe et Australis qu'on trouve également en Algérie et avec lesquelles Seriziati a très peu de ressemblance, il est difficile d'expliquer comment, à une si petite distance relative, trois formes aussi dis- tinctes appartenant à une même unité spécifique, peuvent exister. Le Zygaeniste viennois Clemens Dziurzinski s'est fait, paraît-1l, un devoir de décorer du nom de #igra la forme de Serzstali dont les ailes inférieures sont bleues avec une petite tache rouge centrale. Cette forme n’est pourtant nullement noire. Je la regarde en ce moment même; je vois du rouge carmin vif, du bleu indigo un peu plus mat aux ailes inférieures, un peu plus brillant aux supé- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 507 rieures, mais je ne parviens pas à trouver trace de noir. Peut-être le spécialiste viennois se trouvait-il hanté de noires visions, le jour où il a comblé la lacune laissée par moi dans la dénomination de la Zygæna? Je ne trouve que cette raison pour expliquer le mot : -: £ \ FT? nigra qui ne répond nullement à la réalité. Zygæna Loniceræ, von Scheven. Il y a deux races généralement assez distinctes : celle qui habite les montagnes des Alpes et des Pyrénées où elle vit à une altitude d'environ 800 à 1,700 mètres et l’autre qui se trouve en Angleterre et çà et là, dans les plaines du Nord de la France et en Germanie. La première est assez molle, d'assez grande taille; elle a les ailes allongées; le fond des ailes supérieures est bleu d'acier ou d’un verdâtre luisant; les ailes supérieures, en outre des deux taches rouges basilaires, sont ornées non de quatre, mais de trois taches; ce total de cinq taches est caractéristique de l'Espèce. En effet, von Scheven, dans Der Naturforscher, Zehntes Stueck, p. 77, dit en Parlant de Loniceræ : « Dieser unterscheidet sich von dem vorigen (Æiipendule) blos dadurch, dass er nur 5 rothe Flecken hat. » Les 5 taches, y compris les 2 taches basilaires, sont d'un rose carminé, comme les ailes inférieures qui sont peu largement bordées d’indigo. L'aspect général n'est nullement transparent, mais les couleurs ne sont guère éclatantes ni foncées. Les antennes sont longues, un peu renflées avant l'extrémité et terminées en pointe; le dessous des ailes est plus pâle que le dessus; le fond des supérieures, tout comme chez 7 rijola,est dépourvu du lavis rouge appelé Nebelstreif en allemand et qu’on remarque chez la 7'ransalpina française et la Filipendule. Les taches rouges restent tout aussi bien séparées en dessous qu'en dessus. Huebner à donné, sous le n° 160, une figure de la forme des montagnes que je considère comme très satisfai- sante, 508 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE La forme des plaines a été figurée par Esper, d’après des exem- plaires pris en Allemagne sous les n° 1 a et 1 à de la Tab. XXIV. Telle est, à peu de chose près, la Lonicere de la forêt de Com- piègne, dans l'Oise, et aussi celle d'Angleterre. La race des plaines ou du moins des régions de basse altitude, en Allemagne, dans le Nord de la France et en Angleterre, comparée à celle des Alpes et des Pyrénées, est moins grande; elle a les ailes moins allongées; les 3 taches rouges extrabasilaires sont généralement peu déve- loppées et les deux taches médianes sont, le plus souvent, nettement séparées l’une de l’autre, très rarement juxtaposées. La couleur rouge est d’un carmin plus vif que dans la race des montagnes; le faciès est plus trapu et l'apparence moins molle. Chez la race des montagnes, l’Aberration par confluence des taches rouges est fort rare; mais lorsqu'elle se présente, elle se produit tout autrement que dans la race anglaise et française du Nord. Les Aberrations par confluence, en Angleterre et à Compiègne, sont remarquablement semblables entre elles et tout autrement formées que chez Trifol; ce qui est un caractère dont il faut tenir compte. J'ai sous les yeux 4 Aberrations par confluence, du Nord de la France et 10 d'Angleterre; sans doute elles répondent à l'Ab. Bercei, Maurice Sand. Ce qui donne un caractère particulier à ces 14 échantillons aberrants par confluence, c’est que la réunion des taches ordinaires forme une sorte de triangle dont le sommet se trouve à la naissance des ailes, tandis que la base de cette unique tache rouge triangulaire est arrêtée par une ligne assez droite et inclinée presque à 45 degrés, à peu près parallèlement au bord ter- minal. Je publierai la figure de cette Aberration confluente dite : Bercet. Je me suis trompé en donnant le nom de Dubia à la Zygena que j'ai fait figurer sous le n° 147 de la PI. 8 de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie. C'est Lonicere que j'aurais dû la dé- nommer et non pas Dubia, ainsi que je l’ai fait à tort. Cette Zygæena n° 147 montre un commencement de la confluence qui se produit dans la forme Zoniceræ des montagnes. De nouvelles observations LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 509 faites depuis 1806, sur la faune lépidoptérologique des Pyrénées m'ont démontré que des erreurs d'appréciation existent dans ce que j'ai écrit aux pages 49 et 50 de la XX livraison, relativement à Dubia considérée comparativement à Zomiccræ. Mon opinion ac- tuelle, c'est que Lonicere et Dubia ne se trouvent pas ensemble à Cauterets où Lonicere existe non avec Dubia, mais avec }ilt- pendule, tandis que Zoricere, Dubia et Fulipendulæ se rencontrent toutes les trois à Vernet-les-Bains. Loniceræ, aux environs de Vernet, habite plus haut, entre 1,000 et 1,700 mètres, tandis que Dubia se rencontre plus bas. Les deux Zygœna (Lomiceræ et Dubia) se mêlent seulement à la frontière de leur habitat, c'est-à-dire notamment dans le ravin de Cady, au delà du village de Casteil. Dzbza peut avoir trois ou quatre taches rouges en dehors des macules basilaires. Zonicere n’a jamais que trois taches en outre des deux basilaires, ainsi que von Scheven l’a observé et décrit. Dubia a le fond des ailes d'une teinte très vive verdâtre bronzé luisant et ses taches carmin sont bien plus foncées et richement colorées que chez Zorcere. Il y a cependant des Dubia à trois taches, moins foncées de couleur et quelquefois difficiles à identifier exactement; le nom de Dubia convient parfaitement dans la circonstance à ces échantillons énig- matiques, en exprimant l'idée d'incertitude où reste l’observateur, quant à la détermination spécifique à donner. La ZLoniceræ d'Angleterre et de Compiègne ne peut pas res- sembler à Dubia avec laquelle elle ne cohabite pas; mais c'est avec Zrifoli qu'il est plus aisé de la confondre. Les Auteurs anglais se sont bien rendu compte de cette ambiguïté et l’un des écrivains entomologiques anglais les plus appréciés, Charles Barrett, déclare simplement que, s'il a décrit les deux espèces Zygæna 1r1- folii et Loniceræ, c'est par respect pour ce qui est universellement admis. Il semble résulter des paroles de Barrett que lui-même n'aurait pas pris l'initiative de la séparation des deux espèces Lonicere et T'rifoli, mais que ne veulant pas s'élever contre l’opi- nion générale, qui accepte la séparation des deux espèces, 1l s'y conforme, toutefois sans conviction. 510 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Voici d’ailleurs la copie du texte de Barrett auquel je fais al- lusion. 11 est imprimé à la page 132 du vol. IT. « 1 have described these last two species — Z. loniceræ and Z. trifolii — as distinct, in deference to the universal adnussion of them as separate species, both at home and abroad, but they are exceendingly difficult to separate in the perfect state, since all their distinguishing characters, even to the form of the antennae, and of the marginal stripe on the hind wings, vary so as almost to merge one into the other... » Charles Barrett figure Loniceræ anglaise sous les n° 3, 34, 3 6, 3 c, 3 d de la PI. 59 du Vol. IL. On remarquera la taille extrêmement réduite des Aberrations par confluence, figurées sous les n° 34 et 3 6. La fig. 3 4 représente assez bien l’Ab. Bercet, mais outre que la taille du sujet est trop petite, la couleur rose est trop pâle pour bien représenter l’Ab. Bercei telle que je la connais. Donc les Entomologistes anglais trouvent parfois difficile d éta- blir la distinction spécifique entre leur Zoniceræ et leur 7 r1/olu. Je crois cependant que Louiceræ et L'rifolii sont deux Espèces bien différentes, mais je reconnais que / r2folu présente des races locales susceptibles de causer quelque trouble. M'étant toujours vivement intéressé à la faune anglaise des Lépi- doptères, j'ai acquis, lors de la vente publique de certaines collec- tions de papillons anglais, effectuée à la salle Stevens, à Londres, les lots entiers du genre Zyzæna de plusieurs collections impor- tantes, telles que Howard-Vaughan, Prest d'York, Battershell-Gaill, Tugwell, Sheppard, William Claxton; Je me trouve donc pourvu d'une documentation assez copieuse sur le fait particulier qui m'occupe présentement et qui se résume à ceci : 1° Les Zygæra Loniceræ anglaises constituent-elles réellement une unité spécifi- quement distincte de Z'rifolu? 2° S'il en est ainsi, les Z. Lonicere anglaises et leurs similaires du continent sont-elles assez différentes des Loniceræ des montagnes des Alpes et des Pyrénées, pour que celles-ci soient distinguées au moyen d’une dénomination spéciale ? Comparant les Zoriceræe anglaises aux Zoniceræ authentiques de Cauterets et du Valais, je trouve en effet que les Zomcere LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE sil anglaises sont de taille plus petite, ont la forme des ailes moins élancée et sont colorées en carmin plus foncé. Donc elles sont différentes de la race continentale des montagnes; mais 1l n'est pas douteux que les Zonicere anglaises se rapprochent de 7 r1folu et cette ressemblance entre Zoniceræ anglaise et Z71:folx est telle qu’elle a donné lieu en Angleterre à des confusions, dont Je suis en mesure de rapporter un exemple fourni par la collection Claxton. J'ai sous les yeux 9 7'rfoli de cette collection Claxton, étiquetées comme suit : Bude et Hartley-\Wintnev-Hants, et o Lontcere éti- quetées S. Wales. L'effet que me produit la comparaison de ces pré- tendus Loricere du sud du Pays de Galles, c’est qu'elles ne ressem- blent en rien à nos Zoniceræ, non seulement des montagnes, mais des plaines continentales: elles ont l'apex des ailes supérieures beaucoup plus arrondi, les couleurs rouges plus vives, les taches rouges des supérieures beaucoup plus petites, la bordure indigo des ailes inférieures plus large. Il est vrai que les antennes sont assez longues et terminées en façon de pointe; mais mon impression, c'est que les Zoniceræ de la collection Carton ne sont pas des Loniceræ; je les déterminerais /7ifolu, en faisant cette réserve qu’elles appartiennent à une race locale particulière et non con- forme à celle de 7 7:/ol1 de Bude et de Hartley-Wintney-Hants. Mais ceci peut bien passer pour un fait particulier à la collection Claxton, car je reconnais que les Zoniceræ des anciennes collections Prest, Howard-Vaughan, Tugwell, Sheppard, Battershell-G1ll pa- raissent être bien exactement des Zoriceræ assez distinctes de 7 7z- folii par leur aspect général et conformes à celles de la forêt de Compiègne, au nord de Paris. D’alleurs, à part Charles Barrett qui avait exprimé son sentiment personnel avec une sincérité par- faite, mais qui n'avait pas osé rompre avec les idées reçues, Je crois que très généralement en Angleterre, on considère 7 r1folu et Lont- ceræ comme deux Espèces bien valablement et authentiquement distinctes. Tutt, dans le premier volume de À Natural History of the british Lepidoptera, traite aux pages 466-480 de la Zygæna (Anthrocera) Lonicere et 11 n'émet aucun doute sur la validité de l'Espèce. 512 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Les Entomologistes du monde entier reconnaissent qu'il y a en Angleterre une pléiade de Lépidoptéristes pleins de savoir, d'expé- rience et de probité scientifique. Les Anglais professent pour la faune de leurs îles une prédilection qu'on pourrait trouver un peu trop exclusive, parce que jusqu'ici ils ne se sont pas assez intéressés à la faune comparative des papillons du Continent. Mais les Ento- mologistes britanniques s’attachent avec un zèle si persévérant, une activité si féconde et une sincérité si honorable à la connaissance exacte des Espèces de Lépidoptères vivant actuellement dans les îles du Royaume-Uni que leurs efforts, en vue d'obtenir la posses- sion de la vérité dans la question spéciale de la distinction spéci- fique de la Zygæna Lonicere, n’ont pu finalement manquer d’être couronnés de succès. L'ouvrage de Barrett porte ia date de 1895, mais comme l'ouvrage de Tutt, plus récent (1809) l’admet sans hésitation, je crois qu'il faut également admettre la validité de l'Espèce Zoniceræ, la considérer comme distincte de Zrfau et placer, sous le même vocable : Zonicere, la race des plaines de la Germanie, du Nord de la France et de l'Angleterre; toutefois, Je propose de généraliser le nom de Major, Frey et de l’attribuer à une série de Zoniceræ alpines et pyrénéennes. Ce nom, d’abord destiné aux échantillons de taille exceptionnellement grande, convient à un bon nombre des Zoniceræ alpines et pyrénéennes, envisagées comparativement aux Zonicere anglaises, françaises du nord et allemandes. On peut référer celles-ci à la figure donnée par Esper, en 1770. Tutt passe en revue les Aberrations de Zomicere, dans le premier volume de son ouvrage : À Natural History of the british Lepi- doptera; il dit à la page 460, en parlant de Zomiceræ-confluens, que: « several others are in British collections labelled « Coventry », but we know nothing of the captor of these. » Je suis heureux de pouvoir renseigner M. Tutt d’après les spécimens de la collection Tugwell. 3 échantillons de Zcrceræ-confluens de cette collection sont étiquetés ainsi : « Coventry-Nicholls » et 3 autres : « Coventry- Henry-Doubleday. » LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 513 M. Tutt me pardonnera d'exprimer une opinion tout à fait diffé- rente de la sienne, lorsqu'il attribue la figure 165 de Huebner, appelée À chlleæ par cet Auteur, à Lonicere, comme Ab. confluens. L'Achillee 165 de Huebner représente certainement une /7an- salpina-Hippocrepidis, Ab. confluens, presque Multosa. Je possède, venant d'Angleterre, des types de l'Ab. Æboracæ, Prest. Je les ai achetés dans les ventes publiques où les exemplaires de la collection Prest, d'York, se trouvaient mis aux enchères. Je crois, comme M. Tutt, que leur albinisme est de nature pathologique. Ma collection contient un exemplaire analogue de Chemnitz appar- tenant à la vraie Zoniceræ et des exemplaires des Alpes et des Pyrénées tout à fait référables à Zborace. Ce sont des sujets patho- logiquement décolorés. Il y avait dans la collection Tugwell deux Aberrations de Lonicere, chez lesquelles la couleur rouge normale est remplacée par une teinte orange. Cette Aberration existe sem- blable dans un O' de Loniceræ-major pris à Martigny (Valais), en juillet 1006, par Arnold Wullschlegel. C’est, je pense, l’Ab. /utescens, Hewett « In some examples the red tends to be orange » (Tutt. Vol. I, p. 467). J'ai fait figurer avec le nom de fava, sous le n° 148 de la PL 8, de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie, une Aberration de Lonicere, à taches et à ailes inférieures jaune clair, provenant des Cévennes (collection Bellier). Je possède un semblable exem- plaire de Silésie; le nom Yava étant postérieur à celui de cz/rina, Speyer, c'est céfrina qui doit être maintenu, tandis que le nom f/ava donné par moi tombe en synonymie. Une Aberration superbe de Zoniceræ-major est celle dont j'ai publié la figure sous le n° 105 de la PL XXII du Vol. III des Etudes de Lépidoptérologie comparée, avec le nom d’/ncendium, d’après un exemplaire pris à Plan-Cerisier, près Martigny (Valais), en juin 1007, par Arnold Wullschlegel. Je possède un second exemplaire, mais de taille moins grande, également capturé en Valais et trois autres individus aberrants curieusement transi- tionnels entre la forme normale et l'Ab. /xcendium, venant de la 33 i4 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE vallée du Roubion (Alpes-Maritimes), de Digne et de Saint-Dizier (Haute-Marne). Il est très intéressant de constater que dans les Alpes françaises, a Larche, à Enchastrayes, à Allos, à Digne, à Venanson, se trouve le mélange de la forme normale de Lonicere et de la forme ##a3or. À Larche, les Zoniceræ sont généralement de petite taille et de couleur très pale; elles ne sont pas supérieures aux Zoniceræ an- glaises par la grandeur, mais très inférieures pour la vivacité des couleurs. On pourrait assez justement donner à la race de Larche un nom particulier. Je n'ai pu réunir Jusqu'ici plus de 8 exemplaires aberrants par confluence de la Zoxicere des Pyrénées. La confluence se fait entre les trois taches rouges externes, à l’exclusion des taches rouges basi- laires qui restent séparées des taches rouges externes; celles-ci confluent entre elles par le grossissement de la tache inférieure et par l’allongement de la tache externe la plus avancée vers le bord terminal, au moyen d'un trait plus ou moins épais qui la relie à la tache cellulaire. La coque est jaune; il est aisé de la récolter à Cauterets et dans maintes autres localités, sur les brins d’herbe et de bruyère. La chenille verte, maculée de noir, présentant des touffes de poils noirs, courts, est très fréquemment parasitée. Ma collection contient une Aberration bien curieuse provenant d’une ancienne collection lyonnaise; l’aile supérieure droite est normale et sur l’aile gauche une longue barre rouge unit la tache externe supérieure à la tache basilaire, en absorbant la tache cellu- laire, tandis que les deux taches inférieures, l’externe et la basilaire, restent normales et séparées l’une de l’autre. La Zygæna Lonicere commence à éclore en juin et au commen- cement de Juillet; elle peut durer jusqu'en août. Elle est surtout commune dans les montagnes des Pyrénées et dans toutes les Alpes. Elle est moins abondante dans la région forestière du Nord de la France où Je la crois très localisée en quelques prairies sylvatiques. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 515 Je crois intéressant de relever sur ma collection les localités suivantes pour la Zygæena Lonicere. Gourdon, dans le Lot (juillet 1906, R. Obthr.); Mont-Genèvre, dans les Hautes-Alpes (18 juillet 1906); Stuttgart (Ad. Peter, 1907); Aix-les-Bains, en Savoie (juin, juillet 1906) ; Saint-Martin- d'Entraunes, dans les Alpes-Maritimes (20 juillet 1906, H. Powell) forme grande et sombre; Cauterets, dans Îles Hautes-Pyrénées, en juillet; très variable pour l'intensité de la couleur rouge; Hongrie ; Zermatt ; Stelvio; Stresa; Larche, Allos, Enchastrayes, Digne, Le Lauzet, dans les Basses-Alpes; Dalnis, Vallée du Roubion, Madone de Fenestre, Lantosque, Venanson, dans les Alpes-Maritimes. Au-dessus de Vernet-les-Bains, depuis 1,000 à 1,700 mètres; Monte- Generoso; Gavarnie, dans les Hautes-Pyrénées, Martigny, en Valais; Fusio, en Tessin; Berlin; Jura; Angleterre; Nord de la France. La Zygœna Lonicere manque dans l'Ouest de la France et en Algérie. Au début de la notice concernant la Zygæna Lomicere, j'ai fait mention du Pastor von Scheven qui, dans le journal : Der Natur- forscher (Zehntes Stueck), publié à Halle, chez Johann Jacob Gebauer, en 1777, décrit à la page 07, le Sphinx Lonicere, en s'appuyant sur les figures VI et VII de la Tabula XVI de l'ouvrage de Schaeffer, intitulé Zcones. Le même Pastor von Scheven avait donné le nom de Zygæna Scabiose à l'Espèce représentée sur les figures IV et V de la Tab. XVI du même ouvrage. Cette circons- tance m’amène à donner quelques détails sur l’Iconographie de Schaeffer, dont la Præfatio est datée de Ratisbonne, calendes d'août 1766. Jacobus Christianus Schaeffer, dont Guenée parle très sommai- rement, mais en termes trop sévères, à la page LV des Généralités du Tome V (Noctuélites, Tome I) du Species général des Lépr- doptères (Paris, Roret, 1852), était possesseur des titres suivants que je copie au bas de son portrait supérieurement exécuté par le 516 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE graveur viennois I. Iac. Haïd. « S. Theol. et Philos. Doct. Eccles. Evang. Ratisb. Minist.; — Seremiss. ac potentiss. Regis Daniæ Norwegiæ a consilus; — Gymnasi academici Alton. Profess. Philos. Honor.; — Academ. Imp. Natur. Curios. Petropol. Lond. Berol. Upsal. Robor. Monac. et Manhem; — Soc. litt. dvisb. Hist. Goett. Phys. Bot. Florent. Oec. Cell. Bern. Lusat. ac plvr. Tevton. Sodalis Academiæ parisiensis ab Epistolarum commercio. » « Natus Qverfvrti D. XXXI. Mai. A. MDCCXVIIL. Ord. Sacr. ads DAV" AMDCCET Jean-Christian Schaeffer est représenté dans son portrait, debout, jusqu’à mi-corps, la main gauche appuyée sur un livre qui paraît être son /cones; l’autre main montre la bibliothèque dont une partie se trouve dégagée, tandis qu'un épais rideau couvre le reste et sert de fond au tableau. Sur cette draperie fort bien traitée à la manière noire, par le graveur Haid, se détache bien en lumière la physio- nomie assez replète de Schaeffer. L'air est grave, comme il convient pour un personnage appelé aux conseils du très puissant roi de Danemark et de Norvège; mais l’ensemble est légèrement sou- riant aussi. N'est-ce pas en effet justice que sur le visage se reflète le sentiment de satisfaction si légitime qui résulte tout naturelle- ment de la conscience de tant de mérites accumulés en une même personne ? Une perruque blanche encadre le front et les Joues et une large collerette ou fraise, finement tuyautée, raide et ronde comme un énorme gâteau blanc, entoure le cou et sépare la tête du corps que revêt une ample robe noire semblant faite de forte étoffe. Le grand titre de l'ouvrage vient sur un feuillet consécutif au portrait. Il est ainsi conçu : D. lacobi Christiani Schaefferi Icones Insectorum circa Ratisbonam indigenorum coloribus naturam refe- rentibus expresse. Volvm. 1, Pars 1; puis se trouve la traduction allemande de ce titre latin et la signature de l’Imprimeur « Regens- burg, gedruckt bey Heinrich Gottfried Zunkel. » Le livre a belle apparence; le papier est beau et n’est point mé- nagé. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 517 Sur un feuillet suivant, est imprimée la dédicace en latin au roi Christian VIL. Je la transcris textuellement : SERENISSIMO POTENTISSIMOQUE REGI AC DOMINO DOMINO CÉHRISTIANO VII DANIÆ NORVEGIÆ VANDALORUM GOTHORUM REGI DucI SLESVICI HOLSATIÆ STORMARIÆ AC DITHMARSIÆ COMITI OLDENBVRGI ET DELMENHORSTII CETAICRRAICENR REGI AC DOMINO SUO CLEMENTISSIMO Sy D UD} JACOBUS CHRISTIANUS SCHAEFFER D Ce n’est pas fini; en tournant le feuillet on voit un cartouche finement gravé sur cuivre, signé : Maag, de Ratisbonne, représen- tant une sorte de monument funéraire surmonté d’un phénix, oiseau renaissant toujours de ses cendres, tenant ses ailes étendues au milieu du feu. Sept médaillons contiennent les initiales des rois de Danemark et de Norvège précédemment décédés : C. I; C. IT; C'IV; C. VI: F. IV: F. V; C. VIL et, au-dessous, on lit ces mots gravés sur le socle : « Maiorum Avorum Parentum Felicitas Pietas Pacis artiumque Amor laeta unione in Christiano VIT reviviscentes perstent splendeant perennent ! » Enfin une nouvelle louange latine en 32 lignes de texte, dont 24 au verso du feuillet, achève l'hom- mage rendu par le savant Schaeffer au Roi qui l’a appelé à parti- ciper à ses conseils; cependant que par un bizarre assemblage de christianisme et de paganisme, ainsi que c'était devenu la mode au temps de la Renaissance, quatre figures allégoriques, debout, près du monument, représentent l’hétéroclite mélange du Symbole de la Croix avec les réminiscences de la Fable et les attributs des 518 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Dieux de l'Olympe. C’est ainsi que du côté gauche une femme ayant la tête entourée d'un voile quasi monastique, portant à la main la Croix du Rédempteur et représentant par conséquent la religion chrétienne, fait société avec la nymphe Pomone tenant dans ses mains les cornes d’abondance remplies de fleurs et de fruits. De l’autre côté du monument, une Victoire, telle que les Grecs représentent la fille du Styx et de Pallante, montre d’une main une palme et de l’autre une couronne de laurier; elle est accompagnée de Minerve, fille de Jupiter, déesse de la sagesse, de la guerre, des sciences et des arts, la tête casquée, une pique dans la main droite, l'égide sur la poitrine, s'appuyant de la main gauche sur son bouclier. Telle était l'ornementation des Livres, édités avec luxe, vers le milieu du XVIII siècle. Le papier, d'excellente qualité, n’a souffert du temps aucun dommage; l'impression est très bonne; le coloriage n'a pas subi d’altérations. L'auteur a représenté des insectes de tous les ordres d’après les peintures de Loiïbel de Ratisbonne et les gravures de Trautner de Nuremberg. Tous les insectes sont coloriés à la main. En face de la Planche ou Tabula, on peut lire une description sommaire de chaque insecte, papillon, mouche, coléoptère, punaise, araignée, mais sans nom distinctif d'Espèce. Guenée trouve les figures aussi mal coloriées que grossièrement gravées; Je ne partage nullement cette manière de voir. Sans doute il y a des Planches moins bonnes et des Planches meilleures, mais la plupart des insectes figurés me semblent très reconnaissables. La Zygæna Scabiose, von Scheven, est représentée sous les n* IV et V de la Tab. XVI et la description, imprimée en face, est conçue comme suit : « Sphinx alis integris cauda simplici secunda. —— Zweyter Daemmerungsfalter mit ganzen Fluegeln und einfachem Schwanze. » Quant à la Zygœna Lonicere, von Scheven, qu: est figurée sous les n* VI et VII de la même Tab. XVI, la description est ainsi rédigée : « Sphinx alis integris cauda simplici tertia — LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 519 Dritter Daemmerungsfalter mit ganzen Fluegeln und einfachem Schwanze. » Le n° 1 de la Tab. XVI représente le Macro glossa Bombyliformis (Hemaris fuciformis), et les n° 2 et 3, le WMacroglossa Stellatarum ; tous les deux qualifiés de Sphinx par Schaeffer, ainsi que les Zygœna Scabiose et Lonicere qui furent définitivement pourvues d’un nom spécifique et sans beaucoup d'efforts d’ailleurs, par von Scheven, en 1777. Ce dernier Auteur identifie à son Æphialtes comme en étant l’autre sexe, la Zygœenu Peucedani figurée par Schaeffer sous le n° 1 de la Tab. LXXI, et par Roesel sous la HemO0 de latab MIT du Vol Von Scheven figure lui-même très bien Æphzaltes, sous le n° 7 de la Tab. II, dans l'ouvrage : Der Naturforscher, Zehntes Stueck, 1777, et j'aurai l’occasion de revenir sur ces travaux iconogra- phiques des Anciens, lorsque j'écrirai la notice relative à Æphsaltes. Mais il me semble intéressant, à propos de la Zygæna Lonicere, de parler d’un autre ouvrage, également ancien, mais de format et d'aspect bien moins riche et moins soigné que l’/cones de Schaeffer. Il est vrai que l’Auteur Fuessly, modeste naturaliste, ne semblait pas faire partie des conseils d’un Roi. Il s’agit du Magazin fuer die Licbhaber der Entomologie, publié à Zurich et à Winterthur, en 1778, par Johann Caspar Fuessly. Ce sont des articles détachés sur des sujets variés et notamment des sortes de revisions critiques de travaux entomologiques déjà parus. Sous le titre IL : Systemaiisches Verzeichniss der Schmetterlinge der Wie- nergegend, etc, l'Auteur se livre à une sorte de compte rendu critique de l'ouvrage en question et s'occupe plus spécialement de la famille des Spzingide. Si le Magasin est imprimé sans luxe, par contre un petit nombre d'excellentes Planches s'y trouve annexé: la Tab. I notamment contient en outre de la figure de 3 Sesia, de la Thyris fenestrina et de la Syntomis Phegea, la repré- sentation excellente des Espèces du Genre Zygæna désignées par Fuessly, comme suit : Fig. F, Ephialtes, Linné; Fig. G, Carnto- lica, Linné; Fig. H, Fausta, Linné; Fig. 1, Lonicere, d’après la description de la page 125 copiée dans von Scheven et la figure 520 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE citée de Schaeffer; Zcones, Tab. 16, fig. 6, 7; Fig. 2, Filipendule, Ï inné et Fabricius; Roesel I. Tab. 57, fig. 5, 7; Fig. 3, quarta, Schaeffer, Zcones. Tab. 60; fig. 4, décrite p. 126, n° 3 (*); Fig. 4, encore Zoniceræ (**) (so nennt Hr. Pastor von Scheven diesen Schwaermer ; Schaeffer hat selbigen /con. Tab. 16; fig. 6, 7, abge- bildet); Fig. 5, Sphinx Pythia, Fabr. — Scabiosæ (p. 125, n° 7 et 127, n° 5), Schaeffer (/cones, Tab. 16, fig. 4, 5) (***), n° 6, Sphinx Pythia, das Weibchen? (Q) (****). La vérité c’est que le n° 1 représente très bien Loniceræ; le n° 2 est Fulipendule; le n° 3 est probablement 7'ansalpina; mais la Zygæna est figurée en mouche, comme le n° 2 et il est impossible de rien préciser; le n° 4 est AcAilleæ; le n° 5 est Scabiose et le n° 6 est Purpuralis (Piloselle). On doit reconnaître que les figures sont très bien exécutées, mais Fuessly n’a pu réussir à voir clair dans la distinction des Espèces. Il croit que d’insensibles passages lient Lonicere à Scabiose et à Purpuralis. « Welch ein sanfter Ueber- gang von Sp. Lonicere zu Sph. Pythia, Fig. 5 (Scabiosæ); und von diesem zu Sp4. Pythia, Fig. 6 (Purpuralis)! » La moralité se trouve résumée à la fin de l’article par ces mots que malheureusement nous avons trop souvent l’occasion de répéter nous-mêmes : « Quantum est, quod nescimus. » Combien notre ignorance est immense ! Le grand Linné, dont le génie synthétique fit réaliser de si grands progrès aux Sciences Naturelles, n'a-t-il pas, comme Fuessly, terminé l’un des volumes du Systema Naturæ par cet humble aveu que j'ai déjà transcrit à la page 377 du volume III des Etudes de Lépidoptérologie comparée : « Ea que scimus sunt pars mImImMmaA eorum que 12n07amus! » (*) Je suis porté à croire que la Fig. 3 de Fuessly représente Transa/pina « noch kleiner, wird auf den Bergen angetroffen ». (**) Il y a évidemment confusion avec le n° 1; car ce n° 4 représente sans aucun doute la Zygena Achillee. (*##) C’est la Zygæena Scabiosæ, sans contestation possible. (###) Ce n’est point la © de Scabiose ; mais bien la Zygæna purfuralis qui a pour synonymes Pz/oselle et Minos, o". LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE s21 Le travail que je poursuis actuellement sur le Genre Z7gæna me démontre amplement combien il est difficile de voir clair dans la séparation spécifique de ces Papillons. Ainsi que Je l’ai déjà exposé au début de la notice consacrée à 771foln, je me trouve impuissant à délimiter certaines Espèces d’une façon qui me satis- fasse. On perçoit aisément une diversité d’Espèces dont les indi- vidus, assez nettement caractérisés, sont très nombreux; on constate l'existence d’une grande quantité d'exemplaires intimement liés les uns aux autres, par un même ensemble de particularités, d’où résulte une homogénéité spécifique paraissant bien réelle. Pour chaque unité dont ils possèdent les caractères spéciaux, ils consti- tuent un groupement distinct et ne pouvant être confondu avec les autres groupements qui se trouvent, chacun pour ce qui le concerne, dans des conditions analogues. C'est ainsi qu'il est aisé de sélec- tionner une masse d'exemplaires des 4 Espèces : 7 74fola, Lonicere, Filipendule, Stæchadis, de telle façon que l’on se trouve en pré- sence de 4 groupes qui sont chacun parfaitement homogènes. Les in- dividus qui, par leur réunion, constituent lesdits groupes, ne peuvent donner lieu, quant à leur collocation dans leurs unités spécifiques respectives, à aucun sentiment de doute, d'incertitude et de confu- sion. Mais après une telle sélection faite, il reste tous les échantillons intermédiaires qui viennent apporter au classificateur comme un ironique défi. Ou bien, c'est une race locale qui est ambiguë dans son ensemble et qu'on est embarrassé pour rattacher exactement à l'unité spécifique d’où elle dérive: ou encore, ce sont des individus çà et là aberrants et troublant, par l’aspect anormal de la variation dont ils se trouvent atteints, l'ordonnance générale des caractères qu'on serait pourtant tenté d'admettre comme une base régulière pour l’Espèce. Par exemple on sélectionnera facilement des Zow1- cere, des Filipendule et des Dubia, toutes de la même provenance, soit de Vernet-les-Bains; elles sembleront très nettement distinctes les unes des autres et ne prêteront pas à confusion; mais lorsqu'on essaiera de classer dans l’une ou l’autre de ces trois unités, les Dybia de taille très inégale, à 5 ou à 6 taches rouges, plus ou moins vive- ment colorées, dont les taches rouges seront plus ou moins grosses, 522 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ayant la bordure indigo des ailes inférieures plus ou moins large, les hésitations commenceront et il sera impossible de donner à ces échantillons transitionnels une attribution spécifique dont la rec- titude paraisse certaine. Quelques individus inclineront vers Loui- ceræ, d'autres vers Fipendule, créant ainsi un enchaînement ten- dant à lier les trois espèces entre elles, ce dont mon esprit se refuse cependant à admettre toutes les conséquences. Je ne suis pas parvenu à dissiper le brouillard pour moi-même et par conséquent pour les autres; mais Je sens bien que quiconque aurait à sa disposition les documents que J'ai devant moi, éprou- verait le même trouble et la même impuissance. Il y a des Espèces très tranchées dans le genre Zygæna et il ne s'agit nullement de celles qui sont faciles à distinguer par des caractères nettement tan- gibles et constants; ce qui est en cause, c'est tout le groupe des Zy- gæna connues sous les noms de 7 r1folu, Lonicere, Angelice, Fili- pendule, Stæchadis, Dubia, fertiles en variations géographiques, offrant pour la même Espèce des races locales très distinctes, pré- sentant cependant chacune un ensemble considérable d'exemplaires homogènes et bien spécifiquement différents, cependant ces Espèces fournissent par ailleurs une telle abondance de sujets insuffisam- ment caractérisés que, s’il est facile d'établir pour chaque Espèce une sélection d'échantillons représentant sans contestation possible le type de l’Espèce à laquelle ils appartiennent, 1l est trop malaisé — pour moi du moins — de savoir à quel type spécifique 1l convient de rattacher la foule des exemplaires dont l'aspect général est indécis. J'ai observé, pendant bien des années, les Zygœna dans la Nature; J'ai capturé moi-même un nombre considérable d’exem- plaires dans beaucoup de pays; j'ai tenu note des particularités diverses que je constatais chez les animaux vivants et à leurs diffé- rents états. Je cenfesse l'ignorance dans laquelle je suis resté vis-à- vis de certaines questions. Puissé-je tout au moins par une figuration assez abondante et parfaitement réussie, — ce qui, pour les Z7ygæna, notamment au point de vue de coloriage, est très difficile à obtenir, — préparer la connaissance précise et certaine d’un nombre assez LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 52 2) grand de Formes, Variétés et Espèces, pour que cette documen- tation iconographique constitue une base ne prêtant n1 à confusion ni à équivoque. Assez d’autres déjà et non des moins qualifiés, ont plutôt con- tribué à augmenter les difficultés qu'à les aplanir; mais tous, jusqu'ici, ont senti combien la question est épineuse et, ce qui n'est guère encourageant, les ambiguités se sont aggravées en proportion de l'augmentation de la documentation qu’on possède et du déve- loppement des observations auxquelles on procède ad naturam. On sait aussi que les Zygæna d'Espèce différente s'accouplent volontiers entre elles; tous les chasseurs Entomologistes ont saisi par les antennes des paires de Zygæœna spécifiquement distinctes et pourtant solidement attachées l’une à l’autre. On a obtenu des pontes résultant des accouplements hybrides qui se sont réalisés dans la Nature; des petites chenilles sont nées et sans doute ces chenilles étant parvenues à leur complet développement, des pa- pillons hybrides naturels, issus de la copulation de deux Espèces distinctes de Zygæna, sont éclos et ont pu être capturés dans la Nature; mais l’hybridation ne suffit pas à expliquer les faits si nombreux de transition entre différentes Espèces dont nous sommes les témoins. Il y a une cause encore mystérieuse d’où résulte la situation que j'ai cru devoir exposer telle que je la conçois actuel- lement. À Rennes, il y a deux Espèces de Zygæna seulement : 7 r1fol et sa forme Palustris d'une part, Fälipendulæ d'autre part. Ces deux Espèces ne diffèrent guère dans leurs chenilles, ni dans la coque qui enveloppe leurs chrysalides, mais elles ont des mœurs, des habitats et une époque d'apparition spéciaux. Aux environs de Rennes, 7 7ifolu vit dans les prés et éclôt depuis la fin de mai jusqu’à la Saint-Jean; Fipendule vit dans les forêts et les lieux secs et éclôt depuis la mi-Juillet jusqu'aux premiers jours d'août. 771folt, dans son Ab. confluens, présente une toute autre physionomie que F1pendulæe dans l’Ab. confluens à laquelle elle est également, mais plus rarement sujette. En effet, l’Ab, ne 524 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE se produit pas d’après la même règle chez les deux Espèces. 7 71/ol2 a 5 taches rouges aux ailes supérieures; Fi/1pendule en a toujours 6, mais J'ai pris des 7 7ifolu qui, par aberration, ont 6 taches comme Filipendule et je possède même une 7 r1folu-sexmaculata Q au- thentique qui présente tout à fait le faciès de Flipendule; cepen- dant, si Je me rends de Rennes au bord de la mer de la Manche, ce qui n'est pas bien loin, je vois sur la côte 7 7:folu dont l’éclosion est plus tardive qu'à Rennes, par conséquent se rapprochant de la date d'apparition de }#/1pendule. En outre, au bord de la Manche, Trifolii change de forme; elle est de moins grande taille qu'à Rennes et elle s'éloigne beaucoup de Palustris, tandis que #11- pendulæ, extrêmement abondante sur certaines dunes, affecte une manière de vivre tout autre que dans les forêts de l’intérieur du Département d’Ille-et-Vilaine et devient de taille plus grande qu’à Rennes, contrastant ainsi avec /7ifolu qui, sur la côte, devient plus petite. Dans ma conviction, Z7ifolü et Filipendulæ sont, dans l'Ille-et-Vilaine, deux unités spécifiques distinctes, mais ne se trouvent-elles pas reliées au moyen de certaines Zoniceræ qui, elles- mêmes, en d’autres lieux, se rejoignent par des Azgelice et des Dubia à des Filipendulæ? Des causes inconnues produisent des effets très différents pour chaque Espèce. À Rennes, ainsi que Je l’expose plus haut, 7rifolit est plus grande que sur le littoral, tandis qu'inversement F#/ipendule est plus grande sur le littoral de la Manche que dans les bois des environs de Rennes. À Larche, Loniceræe est petite et peu colorée; dans le Valais, elle est grande et ses teintes sont bien plus vives. À Vernet-les-Bains, tous les passages existent, insensibles et incontestables, entre Drôza et Lonicere et à Cauterets entre Zoricere et Filipendule. Le grand livre de la Nature est ouvert devant nous; l'intelligence en est parfois difficile, mais il me semble que l'intérêt croît avec la difficulté. Aussi je compte bien, lorsque les ardents rayons du soleil de l'été réchaufferont de nouveau la terre de France, conti- nuer mes investigations entomologiques, s'il plaît à Dieu de m'en laisser la faculté, et m’appliquer avec plus d'attention que jamais à l'étude des Zygæna incertæ sedis. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 525 Zygæna Angelicæ, secundum Boisduval (/cones, PI. 53, Hg. 0). Boisduval figure dans l’/cones et décrit à la page 65 dudit ou- vrage, avec le nom de Angelice, une Zygæna des Alpes françaises, de taille plutôt moyenne ou même petite, remarquable par la teinte d’un carmin très vif des taches qui ressortent, aux ailes supérieures, sur un fond bleu d’acier ou vert bronzé très riche et très brillant. Les ailes inférieures sont aussi d'un carmin vif. Aux ailes supé- rieures, les taches carmin sont tantôt au nombre de 3 et tantôt au nombre de 4, si l’on ne fait pas état des deux taches basilaires invariables. Dans le cas où l’on tient compte des deux taches basilaires en question, il faut dire que les taches rouges des ailes supérieures varient du nombre de 5 au nombre de 6. Dans la cir- constance, je fais abstraction des taches basilaires. En dessous, on remarque chez certains individus, sur les ailes supérieures, le lavis rougeâtre que les Entomologistes allemands appellent VNebelstreif. Ce lavis d’un rose carminé s'étend plus ou moins largement au voisinage des taches rouges qui transparaissent du dessus; mais le Nebelstreif n’est pas absolument constant et fait quelquefois défaut. Boisduval dit avoir remarqué que « les antennes sont d’un bleu noir avec la pointe un peu roussâtre ou jaunâtre. » Cet auteur observe aussi que « le dessous des ailes supérieures est à peu près comme dans Æippocrepidis, avec la frange d’un bleu à reflet rous- sâtre. » Je ne conteste pas la couleur roussâtre ou Jaunâtre sur la pointe des antennes et le reflet roussâtre sur la frange bleue; mais je trouve ces caractères difhciles à percevoir exactement. Ils sont peut-être un peu fugitifs et plus ou moins accentués selon Îles individus. Boisduval n'est d’ailleurs pas sûr que cette Zygæna soit la véritable Angelice d'Allemagne et si elle ne l'était pas, 1l propo- serait pour elle le nom d’A/prna. Il est certain qu’on trouve assez abondamment aux environs de Digne, en juillet, une Zygæna ambigué, à 3 ou 4 taches rouges (non 526 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE compris les 2 taches de la base), ressemblant, pour la forme qui a 4 taches, à une petite #z/1pendulæ et, pour la forme qui a 3 taches, à une petite Dzbia où même à Zoniceræ. Tous les passages existent entre la forme à 3 et la forme à 4 taches et 1l est très intéressant de constater l'insensible gradation de la 4° tache rouge qui se fait deviner en dessus par quelques atomes rouges, chez certains exem- plaires et finalement arrive chez d’autres, à un développement très complet, tout à fait comme dans }#ipendule. En dessous, la 4° tache est apparente dans des cas où elle est invisible en dessus. Cette Zygæna ressemble donc d’une part non seulement à #2/1- pendule, mais encore d'autre part à Zomiceræe et à Dubia. Les chasseurs de Digne m'ont envoyé environ 350 exemplaires, pas un n’a les taches rouges des supérieures confluentes. Chez deux ©, les ailes inférieures sont un peu envahies par la couleur indigo qui forme la bordure terminale et chez quelques O* la bordure indigo est élargie. 11 semble que certains petits individus à 3 taches rouges très vives, très nettes, arrondies, d’un carmin mat, se déta- chant sur le fond vert brillant des ailes supérieures, pourraient être considérés comme une race référable à l’allemande A »gelice ; mais dans la quantité des autres exemplaires, il y en a qui, suivant le nombre de leurs taches rouges, leur taille, le fond plus ou moins bleu ou vert brillant du fond de leurs ailes supérieures sont si voisins de Filipenduleæ, mème de Loniceræ, surtout de Medicaginis ou de Dubia que toutes les hypothèses se posent à l'esprit quant à la qualification spécifique qu'il convient d’attribuer à cette Zygæna et quant à ses limites exactes vis-à-vis des Espèces précitées. Il me semble donc que la Zygæna de Digne est certainement conforme à l’'Angelicæ-alpina décrite par Boisduval dans l’/cones, mais je déclare de nouveau ne pouvoir trouver aucune raison qu! me satisfasse, relativement à la délimitation spécifique de cette Angelice-alpina. Les individus transitionnels entre la forme tri- et quadri-maculée empêchent de séparer les échantillons à 3 taches de ceux à 4 taches. Je ne suis pas satisfait de considérer À rgeliceæ- alpina comme une Espèce spéciale et cependant Je ne trouve pas de raison probante de réunir Angelicæ-alpina à quelqu'autre LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 527 Espèce. Bien qu'il n'y ait pas de barrière sérieuse entre les Azge- lice-alpina à 4 taches et Filipendulæ, Va réunion spécifique me répugne à cause de la forme à 3 taches spécifiquement égale à celle à 4 taches, mais non référable à Æz1pendule. D'autre part, le Nebelstreif sur le dessous des ailes supérieures et la tendance d'une 4° tache à paraître en dessous, même lorsqu'il n'y a que 3 taches visibles en dessus, ne permettent pas la jonction à Zont- ceræ. L'aspect est tout autre que celui de 7r1folu. Il reste S/æ- chadis-Medicaginis; les variétés très rares qui ont les ailes infé- rieures envahies par la teinte indigo de la bordure, ou même ceux qui ont la bordure indigo très élargie, pourraient cadrer avec Stæchadis; mais la masse des autres est-elle référable à Duéza, dont elle constituerait une race #1n0r7 et inferior, comparativement à celle des Pyrénées-Orientales? C'est peut-être là que réside la vérité? Cependant je ne puis l’affirmer et dès lors J'avoue mon impuissance à donner la lumière sur une question que Jj'étudie depuis longtemps, sans réussir à trouver le trait de lumière qui donnerait la clef de l'énigme. Je suis convaincu d’avoir devant moi, en écrivant ces lignes, la Zygæna Angelice-alpina, secundum Boisduval; mais Je n'en puis dire davantage et je reste dans l'incertitude d’où Boisduval n’est pas lui-même sorti. Cependant j'incline vers le rattachement d'Angelice-alpina à Dubia. Quant à l’'Angelice, secundum Duponchel (Supplément, Zigé- nides (sic), PI VI, fig. 2), elle n’a aucun rapport spécifique avec l’'Angelicæ, secundum Boisduval. Je crois que l’Angelice, secun- dum Duponchel, est une 7’ ransalpina. Zygæna Stœchadis, Bork. Voici le texte de la description donnée par Borkausen dans Rheinisches Magazin fuer Naturkunde : « Sphinx Stæchadis; als omnibus viridi cœrulescentibus, superioribus maculis sex rubris, 528 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE inferioribus duabus tribusve lituraque baseos rubicunda; collari maris albo. Hübners Beytr. 2 B. 3 Th. Fig. o. Sphinx Lavandule. Nach Herrn Hübners Bemerkung ist dieser Schwärmer in Lan- guedoc und in Piemont einheimisch. Ausser der grôssern Anzahl der Flecken soll er sich von der Esperschen Sp4. Lavandulæ noch durch den Mangel der Schwarzen Einfassung der Flecken unter- scheiden. Nur das Maennchen soll ein weisses Halsband haben. Ich sah ihn noch nicht in Natur, und seine Geschichte ist noch zu wenig aufgeklärt, als dass man mit Zuverlässigkeit entscheiden kônnte, ob er wirklich von der Sp. Lavandulæe Esperi unterschie- den sey. » Je donne la traduction littérale comme suit : « D'après la remarque de M. Huebner, ce papillon est indigène (chez lui) en Languedoc et en Piémont. En outre du plus grand nombre de taches, il doit se distinguer encore du Sp4. Lavandulæe d'Esper par le manque de la bordure noire des taches. Seul le Œ doit avoir un collier blanc. Je ne l’a pas encore vu en nature et son histoire est encore trop peu tirée au clair pour qu'on puisse avec certitude décider s'il est véritablement différent du Sp#. lLavandule d'Esper ». Telle est donc la déclaration de Borkausen. Il n'a pas vu en nature le papillon qu'il appelle cependant S/æchadis. Il reconnaît que son histoire reste obscure; 1l prétend que, seul, le S' a le collier blanc; ce qui est faux, puisque le O' aussi bien que la Q ont le collier noir; 1l rapporte, d’après Huebner, que l’'Espèce se trouve en Languedoc, ce qui est également inexact. Borkausen fait évi- demment une confusion partielle de Lavandulæ et de Stæchadis. Il pressent cependant que le papillon figuré par Huebner sous là lettre O de la Taf. III du Band IT de Bei/rege est autre chose que Lavandule; mais, à cause de la confusion que Borkausen commet relativement au , c'est à la Q seule que peut s'appliquer la dis- tinction des caractères qu'il établit d'après la figure donnée par Huebner : six taches rouges non entourées de noir aux ailes supé- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 529 rieures; deux ou trois éclaircies rouges aux inférieures, pas de collier blanc, sauf pour le O' qui reste évidemment un Lavandule. Dans la circonstance, Borkausen a fait preuve d'une prévision fort avisée; on ne saurait le contester et Je lui rends justice; cependant il n'a pas vu le papillon en nature; il se trompe pour le &, et à cause de tout cela, comme la base de nomenclature parait fragile, précaire et incomplète! D'autant plus que S/æchadis n'est point une Espèce facile à distinguer, présentant des caractères certains et ne laissant prise à aucune contestation. C'est au contraire une Espèce litigieuse dont les mutations donnent lieu à maintes confusions! J'ai écrit à son sujet, mais en lui donnant le nom de Medicuginis, Duponchel (Suppl, PL VI, fig. 6), une notice qui a paru dans le Bulletin Soc. ent. France, 1808, p. 22. Je prie le Lecteur de vouloir bien sy reporter. Tout d'abord S/æchadis a été confondue avec certaines formes de 7 ransalpina qui est cependant une Espèce tout à fait distincte. Les 4 Zygœna figurées par Freyer, avec le nom de Stæchadis, sous les n° 1, 2, 3 et 4 de la Tab. 368, sont évidemment des formes italiennes de Z'ransalpina et nullement des S/æchadis, ainsi que Staudinger et Rebel l'ont pourtant rapporté, mais à tort, dans leur Catalog 1901. Ces auteurs n’ont probablement regardé que le nom : S/æchadis, employé par Freyer, dans le Tom. IV de Neuere Beitrege, publié à Augsbourg, en 1842, et ils n'ont même pas jeté les yeux sur les figures qui ne laissent absolument aucun doute. Freyer, à la page 130, dit que ses Zygæna prétendues Stæchadis volent dans le sud de la Suisse et le sud de la France; il aurait dû faire imprimer dans le sud de l'Italie; c'eût été plus correct. Mais en fait de Géographie, Freyer, comme Je l'ai déjà fait observer précédemment, avait des idées qu'on peut qualiher de très larges. Il est bien évident aussi que les S/æchadis figurées par Herrich- Schaeffer sous les n°* 35, 36, 37, 38, de la Tab. V des Zygæmdes Europ. sont des T'ransalpina italiennes, absolument comme l’Ab. Xanthographa, figurée sous le n° 40 de la même Tab. 5 des Zy- gænides Euro. 34 530 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Il y a eu des confusions multiples relativement à S/æchadis et à Z'ransalpina, et 11 convient, à cause de cela, d'être très circonspect dans l'établissement de la synonymie respective de ces deux Espèces de Zygæna. Mais 1l s'agit présentement de la S/æchadis, selon Borkausen, dont le point initial se trouve dans la description écrite d'après la figure donnée par Huebner. Il est en effet possible que Lavandule, Huebner (Bettrege sur Geschichte der Schmetter- linge; Il Band; IIT Theil;, III Tafel; n° o), soit une S/æchadis, parce qu'elle n'a pas de collier blanc, comme Huebner le fait du reste remarquer à la page 69; mais le faciès est bien plutôt celui d'une Zavandule à qui on aurait recollé une tête dépourvue de collier blanc, que d'une véritable S/æchadis. Le souci de la vérité empêche donc de tenir sérieusement compte, au sujet de S/æchadis, de la figure ci-dessus analysée, publiée par Huebner, et dès lors l'argumentation de Borkausen pêche par plusieurs points. Cependant les 6 taches rouges existent aux ailes supérieures; la valeur de ce caractère est incontestable; mais le papillon, je le répète, parait être le produit d’un raccommodage effectué avec des pièces hétéroclites, et cette circonstance semble de nature à atténuer la confiance dans la figure qui est en question et sur laquelle repose la création même de l’Espèce : S/æchadis. Néanmoins, on parait actuellement d'accord pour désigner sous le nom de S/æchadis une Zygæna sans collier blanc, pouvant avoir 6 taches rouges non cerclées de nojr aux supérieures et présentant les ailes inférieures souvent envahies par la couleur indigo. J'ai donc accepté comme valable ce nom de S/æchadis, bien qu'il y ait eu postérieurement une autre application du même nom de S/æcha- dis, fait à une toute autre unité spécifique, et que le nom de Medicaginis serait probablement plus exactement approprié. Cepen- dant, ces observations étant faites, je continue, comme suit, l'examen des divers travaux des Iconographes au sujet de la Zygæna qui nous occupe. Une autre Lavandule, sans collier blanc, représentée par Huebner, sous le n° 24 de la Planche : Lepidoptera I; Sphinges I, ne peut pas davantage donner lieu à une identification spécifique exacte LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 531 et 1l n'y a pas à faire état de cette figure douteuse, d'autant plus que l'individu qui a servi de modèle parait avoir eu les antennes recollées par une main maladroite, ce qui laisse supposer quel- qu'artifice, de façon à enlever toute garantie d'identification. Mais sur la même Planche, Huebner a figuré sous le n° 20, avec le nom de Medicaginis, une Stæchadis-sexmaculata, à ailes inférieures rouges, assez largement bordées d’indigo. On trouve à la Certosa di Pesio, en Piémont, des Zygæna Stæchadis-sexmaculata, dont le fond des ailes supérieures est d’un vert bronzé luisant et vive- ment coloré, avec six taches d’un carmin mat très pur et très vif; les inférieures sont carminées avec une large bordure bleu indigo. Ces Zygæna semblent référables à la figure 20 donnée par Huebner; toutefois, 1l convient d'observer que la ligne indigo formant la bordure des ailes inférieures est rarement dans la Nature aussi régulièrement parallèle au bord terminal, pour tout son parcours, que cela est indiqué dans la figure 20 précitée. Dès lors, ce n'est pas encore avec une certitude complète qu'on peut rapporter cette Wedicaginis de Huebner à l'Espèce que nous appe- lons S/æchadis. Feu mon ami Millière, excellent homme, et dont J'ai gardé un bien affectueux souvenir, était malheureusement mieux pourvu de bonne volonté que de capacité pour écrire des ouvrages entomo- logiques; 1] a consacré les pages 60 à 63 du Vol. IIT de son Iconographie à l'histoire de la Zygæna Stæchadis. Il à commencé par copier quelque part la synonymie (p. 60) sans chercher à en faire le moindre contrôle, et 1l a intercalé des citations qui se rapportent à Z'ansalpina et non à S/æchadis; d'ailleurs 1l me paraît bien probable qu'il confondait les deux Espèces en une seule; puis 1l a décrit la chenille que lui avait envoyée Himmi- ghofen, de Barcelone; il dit l'avoir élevée sur le Dorycnium suf- fruticosum, plante de la famille des Papilionacées, très rameuse, à feuilles soyeuses, formant de petits buissons, très répandue dans les lieux secs et arides du midi de la France et que beaucoup de Lépidoptères affectionnent. Millière ajoute qu'il trouvait à s'ap- provisionner de cette plante au Jardin botanique de Lyon. Mal p32 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE heureusement Millière a dû faire une confusion quelconque et qui infirme singulièrement la valeur de sa description; car avec la sincérité qui le caractérisait et qui est tout à son honneur, Millière a fait imprimer à la page 464 des Addenda et Corrigenda, V'obser- vation suivante : « Z7g. Stœchadis, Bor. — Ic., III, p. 60. — Par suite de certaines communications obtenues postérieurement, J'ai dû penser que la chenille de cette Zygène n'est peut-être pas au- thentiquement la S/æchadis. » Quoi qu'il en soit, les papillons figurés sous les n°* 4, 5 et 6 représentent assez bien la S/æchadis, de Barcelone. Millière a tort de dire (p. 62), que Freyer, dans son /conographie, à la Tab. 363 (s2c pour 368), donne quatre figures de la S/æchadis vraie, puisque, comme je l'ai exposé plus haut, ledit Freyer repré- sente sur la Tab. 368 (non 363), 4 7 ransalpina. Millière a cru devoir faire remarquer encore que la « Zygæna Stæchadis, de Duponchel (Supplément, Zygénides, PI. VIT, fig. 2), n'est pas cette Espèce, mais plutôt la variété de Medicagims de cet Auteur {VI, fig. 6). » — En réalité, la S/æchadis secundum Duponchel (PI VII, fig. 2), est une variété de KAadamanthus et non une variété de sa Medicaginis (VI, fig. 6). — Müillière ajoute que « M. Boisduval ayant voulu rectifier cette erreur, donna dans son Iconographie (rectiès /cones), PI. 55, fig. 4, le nom de S/æ- chadis à une Zigène (sic) qui n’est pas davantage la vraie Stæ- chadis. » Millière ne savait donc pas que Boisduval ayant fait paraître son /cones en 1834, tandis que Duponchel a fait paraître en 1835 le second volume de son Supplément à l'Histoire naturelle des Papillons de France, n'avait pas lieu de rectifier dans son /cones une erreur qui n'avait pas encore vu le Jour. Pour apprécier la question que Millière ne s'est pas donné la peine d'étudier et qu'il a dénaturée, il convient de lire d’abord ce que Boisduval écrit à la page 71 de l’/cones; alors il sera aisé de se rendre compte du motif pour lequel Boisduval a donné à une variété de RAadamanthus le nom de S/æchadis; c'est que, dit Boisduval « la Zygæna publiée sous le nom de S/æchadis par LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 533 les Auteurs n'étant point une Espèce, mais une simple variété de Medicaginis, j'ai transporté à celle que je décris ici et qui est nouvelle, le nom de S/æchadis, en raison de son affinité avec Lavandule. » Pour Boisduval, en effet, la S/æc/adis de Borkausen et Ochsen- heimer serait la variété à ailes envahies par la teinte bleue, de la Medicaginis qui est figurée dans l’Zcones sous le n° 10 de la PI. 55, dont les ailes inférieures sont rouges, bordées de bleu indigo et que Boisduval considère comme la forme type de l’Espèce, S/æ- chadis à ailes bleues: n'étant que la variété. Mais Boisduval n’a point distingué les deux espèces différentes : Transalpina et Stæchadis. I] les a confondues et il commet la faute de vouloir attribuer S/æchadis comme variété à l’Espèce-type Medicaginis qui, dans la circonstance, est une 7ransalpina et avec laquelle Stæchadis ne peut avoir aucun rapport spécifique. Cependant, à la page 64 de l’/cones, Boisduval publie l'observation suivante : € La S/æchadis des Auteurs est une belle variété piémontaise qui, à l'exception du collier blanc, ressemble extrêmement à Zavan- dulæ. Chez elle, la bordure envahit presque toute la surface des ailes inférieures; la base et quelquefois un petit espace entre le milieu et l’angle interne sont les seules parties qui restent rouge. La sixième des taches des ailes supérieures disparaît aussi quel- quefois, au moins en dessus. On trouve du reste tous les passages entre cette variété et les individus dont la bande est la moins large. » Ceci est exact et Boisduval n’a pas péché par ignorance en écrivant ainsi; mais il faut reconnaître qu’au lieu d'appliquer le nom de S/æchadis à une variété de Rhadamanthus dont les ailes inférieures normalement rouges sont envahies par la teinte bleue, il eût mieux fait de choisir une autre désignation afin d'éviter un supplément de confusion dans la Nomenclature. D'autre part il est utile de lire à la page 70 du Supplément les observations formulées par Duponchel, à propos de la Zygæna Stæchadis, Boisduval (Zcones, PI. 55, fig. 4). Voici la Note de Duponchel, répondant à celle de Boisduval : « La S/æchadis dont il est ici question est différente de celle de 534 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Borkhausen et d'Ochsenheimer, laquelle, suivant M. Boisduval, n'est qu'une variété de la Medicaginis. Cependant, Je crois que celle à laquelle 1ls ont donné le nom de Séæchadis est plutôt une variété de la Zavandulæ (*), puisque Ochsenheimer cite la figure de Huebner qui représente cette dernière, à l'appui de sa descrip- tion. Quoi qu'il en soit, la S/æckadis de M. Boisduval n’a rien de commun avec l’une ou l’autre de ces deux variétés, et si elle se rapproche d’une autre Zvgène, c’est de la Rhadamanthus, comme nous l’avons dit au commencement de son article. Au reste, nous ne sommes pas bien convaincu que ce soit une espèce distincte de cette dernière et nous serions plutôt porté à croire que ce n’en est qu’une variété locale. » Herrich-Schaeffer a bien figuré S/æchadis-quinquemaculata, à ailes inférieures rouges largement bordées d’indigo, sous le n° 45 de la Tab. 6 des Zygænides Euroÿ. Boisduyal a représenté S/æchadis dans l’Essai sur une Mono- (*) Duponchel se trompe; il aurait dû dire pour être correct, non pas « une variété de la Zavandulæ » ce qui est inadmissible; mais « une espèce d’aspect analogue à la Zavandulæ dont, entre autres caractères distinctifs, elle diffère par l’absence du collier blanc ». Tout le reste de la note de Duponchel paraît exact. Seulement Millière a commis une grossière erreur de chronologie que j'ai relevée ci-dessus et qui démontre avec quelle légèreté les Auteurs étudient trop souvent les questions dont ils traitent. Ce manque d’attention n’est du reste pas personnel à Millière. D’autres — et des plus qualifiés — furent coutumiers du même défaut : ainsi Staudinger et Rebel. Il est donc nécessaire, si l’on tient à se rapprocher le plus près possible de la vérité, de tenir compte de ces fai- blesses. Ærrare humanum est ! Pour permettre d'apprécier la valeur de cette critique et de juger la fragilité des bases sur lesquelles se trouve établie la nomenclature entomologique, je signalerai la présence dans la collection Bois- duval, d’une Zygena Achilleæ-Wagneri méconnue et classée parmi les Stæchadis ! Qui sait si Boiduval qui a considéré cette Wagneri, à cause de ses ailes infé- rieures envahies par le bleu, comme une S/æchadis, et qui l’a mélangée aux Stæchadis, Medicaginis et Transalpina, ne l’a pas eue en vue, dans l’une quel- conque de ses dissertations ? On conçoit par cet exemple dont je garantis l'authenticité, à quelles erreurs se sont laissé entraîner les Anciens. Du reste l’illustre Linné n’a-t-il pas, ainsi que je le rapporte à la page 131 du présent volume, confondu CAryseis-Eurydice avec Virgaureæ d et Phlæas avec Virgau- reæ Q, en identifiant mal à propos Vrrgaureæ d et Q, par une application erronée de figures données par Roesel ? C’est un enseignement dont les Entomo- logistes doivent profiter pour regarder de bien près aux déterminations, aux identifications et aux synonymies qu’ils admettent. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 53 UR graphie des Zygénides, 1820, sous le n° 3 de la PI. 5, avec la dia- gnose suivante : « Alis omnibus concoloribus, cyaneis, micantibus ; anticis maculis sex (vel quinque) sanguineis, nigro subcinctis; posticis puncto rubro basique rubro radiata; collari concolore. » Les antennes figurées sous le n° 3 de la PI. 5 sont des antennes d'emprunt; dans la Nature, chez S/æchadis, elles sont terminées en pointe et non obtuses. Dans le même ouvrage, le même Auteur a figuré Sæchadis sous le n° 5 de la PI. 4, avec le nom de Medi- caginis; mais cette fois, les antennes paraissent plus conformes à la réalité naturelle. Quant à Duponchel, il a représenté S/æchadis avec le nom de Medicaginis sous le n° 6 de la PI. VI du Szpplé- ment-Zigénides (sic); mais à son tour Duponchel confond Szæ- chadis et Transalpina, en appliquant le même nom de Medicaginis à deux exemplaires qui appartiennent à deux unités spécifiques différentes : le n° 5 de la PI. VI appelé Medicaginis par Du- ponchel étant référable à Transalpina, et le n° 6 de la PI. VT éga- lement désigné sous le nom de Medicaginis étant référable à Siæchadis. Il est possible que l’acteur du Théâtre impérial royal de la cour de Vienne, Ferdinand Ochsenheimer, ait bien eu en vue la vraie Zygæna Stæchadis qu'il décrit d’ailleurs sous ce nom, mais sans la figurer, pas plus qu'aucune autre d’ailleurs, à la page 83 de son Zuweyter Band. Y\ définit ainsi la diagnose latine: « Alis omnibus cyaneis, anticis maculis quinque (sex) rubris; posticis disco litu- raque apici rubris. » Ochsenheimer ajoute, dans la description allemande, que les antennes sont longues, minces, avec les pointes brunâtres. La tête, le dos, le dessous du corps et les pattes sont concolores bleu noir; le collier blanc manque tout à fait. « Die Fuehler lang, duenn, mit bræunlichen Spitzen-Kopf, Ruecken, Hinterleib und Fuesse sind einfaerbig schwarzblau, der weisse Halsring fehlt gaenzlich. » Les antennes sont longues, c'est vrai, mais elles ne sont minces que relativement. La Zygæna Stæchadis est chez elle (zu Hause), dit Ochsenheimer, en Piémont et dans le Sud de la France. Ce dernier renseignement est un 536 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE argument très intéressant et qui a une valeur. Mais bien que Ochsenheimer décrive Transalpina (p. 60) et Medicaginis (p. 61), on peut toujours redouter qu'une confusion ait été commise et craindre d'admettre pour vrai ce qui est erroné. Dans l’Espèce que j'appelle S/æchadis, pour me conformer à l'usage établi chez la plupart des Entomologistes contemporains, je distingue plusieurs races géographiques comme suit : 1° Stœchadis et Medicaginis, Alpes-Maritimes et Italie. En Toscane, en Piémont et dans la région peu éloignée du Httoral des Alpes-Maritimes, notamment aux environs de Nice, au Moulinet, au mont Pacanaglia, à la Turbie, sur les bords du Var, à Vintimille, à Nervia, à la Certosa di Pesio, dans les Abruzzes et dans la campagne de Florence, on trouve en mai et juin, puis en août, une Z’ygæna d'apparence robuste, avec le thorax épais, les antennes longues, terminées en pointe mais fortement renflées vers leur extrémité, ayant le corps d’un noir bleuâtre. En dessus, les ailes qui sont assez allongées ont le fond des supérieures d'un bleu ou d’un vert riche et brillant, avec $ taches d’un rouge carmin mat et très vif. Quelquefois, mais rarement, au lieu de % taches on en voit 6. La forme à 6 taches est plus fréquente à la Certosa di Pesio que dans le département des Alpes-Maritimes. Les ailes inférieures sont d’un rouge carmin vif et pur, entourées d'une bordure bleu indigo qui, tantôt se trouve limitée à un épais liséré suivant le bord terminal, et tantôt envahit plus ou mains largement la sur- face des ailes inférieures. Le dessous est la reproduction atténuée du dessus, au point de vue de l'éclat de la coloration. Ma collection contient un millier d'exemplaires parmi lesquels un seul Œ appar- tient à l’Ab. f#ava; il a été pris au Var, près Nice, par Victor Cotte, en mai 1807. Le Nebelstreif paraît très rare sur le dessous des supérieures; mais on remarque quelquefois sur le dessous des supérieures une 6° tache rouge qui ne paraît pas visible en dessus. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 53 NY Je possède un seul exemplaire pris à Castillon, le 28 juin 1906, qui présente une confluence des deux taches rouges médianes et une tendance à se Joindre à la dernière tache externe. Certains échantillons à 6 taches rouges et à ailes inférieures faiblement bordées de bleu indigo, ressemblent à F#/ipendule; d’autres à 5 taches rouges moins vivement colorées, d'apparence plus molles, avec les antennes plus longues et plus amincies ressemblent à Zoniceræ,; mais il y a une masse très caractérisée, notamment celle dont les ailes inférieures sont envahies par le bleu. Je distingue par le nom de Wedicaginis, Duponchel, la race à ailes inférieures rouges de S/æchadis des Alpes-Maritimes; j'ai fait figurer sous ce nom de Medicaginis, dans le Volume III des Etudes des Lépidoptérologie comparée, quelques échantillons dont Je rappelle la référence, mais en rectifiant la nomenclature, confor- mément aux conclusions de la présente étude : PI XXVIII, n° 157, ©, Stæchadis, Ochs. « Die Hinterfluegel sind dunkelschwarzblau, in der Mitte mehr oder weniger hochroth gefaerbt » Ochsenheimer ; Szœ- chadis, p. 83. — « Les ailes inférieures sont d’un noir bleu obscur, dans le milieu plus ou moins colorées de rouge vif. » Le n° 157 représente bien S/æchadis, conforme à la des- cription d’Ochsenheimer; l’exemplaire figuré vient du mont Pacanaglia. . N° 159 ©, Stæchadis, Ochs.; très obscure; individu chez lequel l'éclat de la teinte rouge est très atténué; de Nice. N° 158 ©, Medicaginis-quinquemaculata, Duponchel (Suppl. PI. VT; fig. 6), à ailes inférieures rouges, largement bordées de bleu indigo; du mont Pacanaglia. N° 160 ©, Medicaginis-sexmaculata; transition à dubia; à ailes inférieures plus rouges et moins largement bordées de bleu indigo; du Moulinet (Alpes-Maritimes). N° 161 ©, Medicaginis-sexmaculata, intermédiaire entre les n° 158 et 160; de la Certosa di Pesio. 538 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE J'avais déjà fait figurer sous le n° 110 de la PI 7 de la XX° livraison des Etudes d'Entomclogie, un S Stæchadis, forma Medicagins-quinquemaculata, du Piémont. La chemille est d’un vert jaunâtre avec des taches noires plus ou moins grosses; la coque est en forme de bateau, luisante, assez hsse, jaune ou blanchâtre. 2° Dubia, Pyrénées-Orientales. En France, nous appelons Dubia — (j'avoue que je ne sais guère comment on peut justiier l'exactitude de cette désignation) -— la forme de S/æchadis de Vernet-les-Bains. Staudinger, sans avoir en vue la forme particulière des Pyrénées-Orientales, mit au Jour ce nom qui, malgré sa brièveté, est très significatif, — et c’est là son mérite, — dans la première Edition de son Catalog der Lepi- dopteren Europas und der angrensenden Laender qu parut en septembre 1861. Cette première Edition est bien peu volumineuse, comparée à la troisième qui vit le jour 40 années plus tard. Tou- jours est-il que Dubia figure sous le n° 145, à la page 21 de l'Edition 1861. Le mot Dzbia est précédé d’un point d'interro- gation qui complète l’idée dont 11 émane. ? Dybia comprend donc : Medicaginis, Bdv., Essai (PL 4, fig. 5). Charon, Bdv., Essai (PI 4, fig. 4;. Charon, Bdv., Icones (PI. 54, fig. 7, rectiüs 9). Charon, Duponchel (Supplément, Zyg, PI VIII fig. 1 Os). Stæchadis, Herrich-Schaeffer (fig. 45). C'est-à-dire tout un ensemble de Zygæna différentes entre elles et que Staudinger, ne sachant comment classer, a réuni sous un même vocable qui exprime son hésitation à les cataloguer dans un ordre satisfaisant, Le mot Dwbia comporte avec lui un aveu d’im- puissance à débrouiller une inextricable confusion. Evidemment toute cette synonymie est bien contestable. I] est fort probable que si l’on voyait, au lieu des figures imparfaitement gravées et colo- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 530 riées, les papillons mêmes qui servirent de modèle et si ces papillons étaient pourvus de l’exacte désignation de la localité d’où ils proviennent, on trouverait que l'assemblage est bien bizarre et très peu d'accord avec l'indication qui résulterait de la réalité des faits. La troisième Edition du Catalog, en 1001, a maintenu le nom de Dubia, comme variété de S/æchadis et s’est enrichie de citations nouvelles non prévues en 18671, et notamment de la diagnose sui- vante : « Var. major, al. ant. macul 5 vel 6, al. post. rubris, tantum late nigro-marginatis, in transit. ad spec. sequet. v. “ e ”? » L’Espèce subséquente à laquelle Dybia fait transition, c'est F/1- pendule; la description cependant peut convenir au papillon que nous appelons Dub; pourtant le mot : wajor est forcé, de même les mots : /antum late nigro marginatis manquent d’exactitude en ce qui concerne notre Dybia. En effet, la forme des Pyrénées- Orientales n’est pas plus grande que la S/æchadis italienne et niçoise, donc elle n’est pas #ajor, comparativement à celle-ci; elle est même d'aspect moins robuste; quant à la bordure des ailes inférieures, elle est rarement bien large. Mais en France, mes vieux amis Guenée, Fallou, Martin, Lafaurv, avaient adopté le nom de Dubia, Stgr. (Catalog, 1861), et peu après l'apparition dudit Catalog, pour désigner la S/æchadis de Vernet-les-Bains; aussi ce nom est-1l généralement admis maintenant chez nous pour cette forme de Zygæna dont nous avons répandu dans diverses collec- tions d'Europe de nombreux échantillons étiquetés par nous Drbia et provenant tous des Pyrénées-Orientales. Donc j'ai conservé le nom Dybta, mais pour bien indiquer ce que J'entends par Dubia, j'ai fait représenter trois exemplaires de la Zygæna en question, au moyen des figures 160 et 171 de la PI XXVIII des Æfudes de Lépidoptérologie comparée, pour Dubia-quinquemaculata et de la figure 170, pour Drubia-sexma- culata. Cette Zygæna m'est très familière et j'en possède un nombre considérable d'exemplaires. Certains individus de Dubia, ou pré- tendus tels, à 5 taches rouges, inclinent vers Zonicere,; d’autres, a 6 taches, sont bien voisins de F#ipendulæ; cependant le plus grand nombre des individus capturés dans le voisinage de Vernet- 540 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE les-Bains et à une altitude à peu près égale à celle des villages mêmes de Vernet et de Casteil, ou légèrement supérieure, conserve un faciès spécial et constitue une forme assez distinctement carac- térisée de S/æchadis-Medicaginis-Dubia. Les teintes rouge carmin et bleu ou vert luisant, sont en dessus extrêmement vives et opaques; la Zygæna est dans son ensemble un papillon très brillant et haut en couleur (Æochkgefaerbt, comme on pourrait dire en allemand, la teinte carminée étant appelée Zockrothk, par Ochsenheimer). Je crois d’ailleurs que la Dubia des Pyrénées-Orientales, telle qu’elle nous est connue, peut se définir ainsi : Suprà, alis anticis cyaneo- virescentibus, valde micantibus ; maculis quinque vel sex sanguineis minoribus; posticis rubro purpureis, margine nigro-cyaneo, paulo latiore quam apud #ipendul. et Lonicer., sed minus lato quam apud Wedicagin, Dup. Antennis elongatis, ante apicem inflatis, nigro-Cyaneis;, thorace abdomineque nigro-cyane's aut virescen- tibus; pedibus rufescentibus; infrà, alis anticis sicut suprà, sed pallhidioribus; interdum maculis rubris 6 al. antic. colore roseo- coccineo sparso jJunctis. La chenille et la chrysalide me paraissent semblables à celles des Alpes-Maritimes. Voici quelques notes prises en sute des chasses de 1900 par mon frère. Je les transcris ci-dessous; elles donnent l'impression produite par l'observation de la Nature vivante et à ce titre, ne me semblent pas dénuées d'intérêt : « Zygæœna Dubia; M. Harold Powell a récolté le 28 juillet 1900, près de Py. une série d'environ 60 exemplaires qui sont tous à 5 taches et dont le dessous des ailes supérieures n'est nullement lavé de rouge. Il y a des échantillons de taille et de coloration tres diverses. Ce sont plus spécialement et généralement des Zoniceræe. Quelques jours après, J'ai moi-même capturé au-dessous du col de Fuilla, une assez grande quantité de Zygæna Dubia où se trouvent des exemplaires à 5 et à 6 taches rouges, ayant ou n'ayant pas le lavis rouge (Webelstreif) sur le dessous des ailes supérieures. Quant à la 6° tache rouge, tantôt elle est très grosse et tantôt très réduite. Lorsque la 6° n'existe pas en dessus, on la perçoit quelquefois en dessous. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE s4i Le 6 août 1900, J'ai pris 80 spécimens dans la vallée de Saint- Vincent, entre 5 h. 1/2 et 6 h. 1/2 du soir. C’est un moment très favorable pour recueillir des Zygæna qui se mettent au repos pour la nuit, sur des tiges de graminées, sur des scabieuses, des fleurs d'origan ou encore sur les tiges de genêt. Il est rare d’en trouver dans d’autres conditions et notamment sur les fleurs de ronce que ces papillons affectionnent cependant beaucoup durant la Journée; elles ne dorment pas non plus sur les fleurs de chardon. Si l'on arrive dans une localité où 1l y a une certaine quantité de Zygena Dubia déja établies au repos pour la nuit, à $ heures du soir par exemple, et qu'un des individus s'envole, une véritable contagion de terreur s'empare du groupe; les vols deviennent presque una- nimes; toutes les Zygæna s'enfuient avec une surprenante rapidité. Mais lorsque tous les Papillons diurnes ont disparu et qu'il n'y a plus de soleil à l'horizon, les Zygæna ne jouissent plus d’au- cune activité et on peut les récolter à volonté, en les prenant par les antennes. En général, elles se posent la tête en haut contrai- rement aux Zycænde, et seulement quelquefois à plat sur les fleurs de scabieuse, mais toujours les antennes écartées, ce qui est l'inverse chez les petites Espèces : Alanis et Sarpedon par exemple, qui reposent toujours, ayant les antennes jointes et la tête en haut également. On trouve aussi bien des Q que des G' Pubia posés ainsi sur des tiges; J'ai remarqué que certains accouplements ne sont plus bien frais, ni pour le Œ n1 pour la ©, ce qui semblerait indiquer que l'accouplement des Q n’a pas lieu aussitôt après l’éclosion. On trouve les copulations dans les mêmes endroits que les exem- plaires isolés et très souvent l’un des deux exemplaires 27 copula a 5 taches, tandis que l’autre en a 6. On peut évaluer à un peu plus d’une dizaine pour cent le nombre des exemplaires à 6 taches dans la vallée de Saint-Vincent et dans la vallée de Vernet. Il est très remarquable de constater que chez Drbza les Aberra- tions sont excessivement rares, bien que les dimensions de cette espèce soient fort variables; seule, la grandeur des taches paraît varier, mais la confluence ne se rencontre que bien rarement. 542 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE J'ai observé, dans un endroit où les Ascalaphes abondaient, que ces Névroptères faisaient une chasse acharnée aux Zygæna Dubia. Il n'est pas rare de voir, en regardant en l’a, des Zygæna Dubia volant à une grande hauteur relative, c'est-à-dire au-dessus des arbres. Elles sont poursuivies de très près par les Ascalaphes qui les pourchassent sans cesse. Je n'ai cependant jamais vu d’As- calaphe capturant une Zygæna, mais J'ai vu, à quelques minutes d'intervalles, des Zygæna serrées de très près par des Ascalaphes. On peut conclure que si les Ascalaphes mettent tant de persistance à poursuivre leur proie, c’est qu'ils réussissent parfois à s’en rendre maitres. Dans ce cas, le vol est droit et très rapide, mais Je pense bien que les Ascalaphes doivent voler plus vite que les Zygæna proportionnellement plus lourdes et moins agiles; car les Asca- laphes, dans le milieu du jour surtout, ne sont pas très faciles à Saisir. Bien que les A scalaphes soient très nombreux à Vernet-les-Bains et qu'ils fassent vraisembiablement une grande consommation de papillons, 1l semble rester toujours à Vernet une égale abondance de Lépidoptères et les Ascalaphes ne paraissent pas les détruire en nombre suffisant pour les raréfher. Dans la vallée de Cady, les fleurs de ronce sont très attrayantes pour les Zygænu Dubia et rien n’est plus curieux que de voir plusieurs exemplaires de Dybia sur une même tige fleurie, passer d'une fleur à une autre, puis céder la place à une nouvelle arrivante. C'est la mème chose dans la vallée de la Maggia, entre Locarno et Bignasco, où les Zygæna que je présume être Zoniceræ abondent sur les fleurs de ronces. » La Zygæna Stæchadis-Medicaginis des Alpes-Maritimes pro- duit des exemplaires tout à fait conformes à ceux des Pyrénées- Orientales que j'appelle Dubta. Le n° 160 de la PI. XXVIII du vol. IIT de Zépid. comparée en fournit la preuve. En effet, ce n° 160, qui provient du Moulinet, ne diffère guère du n° 170 capturé à Vernet-les-Bains. Mais la réciproque n'est pas complète. La Dubia des Pyrénées-Orientales LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 543 n'a pas donné jusqu'ici, du moins à ma connaissance, la forme à ailes inférieures envahies par la couleur bleu indigo de la bor- dure, comme les n°* 157, 150 et même 158 qui proviennent tous les trois des Alpes-Maritimes. On peut donc dire avec vérité que dans les Pyrénées-Orientales et dans les Alpes-Maritimes, on trouve des individus de la Zygæna Dubia qui sont semblables entre eux, mais que dans les Alpes-Maritimes 1l se produit une évolution vers la mutation S/æchadis, par l’envahissement de la surface des ailes inférieures, au moyen de la couleur bleu indigo de la bordure qui tend à prendre un développement considérable, tandis que dans les Pyrénées-Orientales 1l y a plutôt la tendance inverse, c'est-à-dire vers le rétrécissement de la bordure bleu indigo des ailes inférieures. Les individus de Vernet-les-Bains figurés sous les n°* 169 et 170 représentent l'expression du grand développement de la bordure bleu indigo des ailes inférieures dans la forme des Pyrénées-Orientales et le n° 171 est, sous le rapport de ia bordure bleu indigo des ailes inférieures, la représentation de la forme la plus ordinaire. Cependant je possède 2 ou 3 G Dubia de Vernet- les-Bains ayant la bordure indigo un peu plus large que chez les n® 169 et 170. Ce sont des sujets rares et exceptionnels. Je dois ajouter d’ailleurs que si je n'ai pas eu connaissance jusqu'ici d’un exemplaire de Dybra des Pyrénées-Orientales, ayant les ailes inférieures envahies par la teinte bleu indigo, il ne s’en suit nullement que l'Aberration en question ne puisse pas se pro- duire aux environs de Vernet-les-Bains. Je considère même le fait comme probable, parce qu'il résulterait d'une Loi naturelle ne comportant sans doute pas d’exceptions. Cependant, on peut dire en toute vérité, qu'a Vernet-les-Bains, l'Aberration à ailes infé- rieures envahies par la teinte bleue, doit être excessivement rare, tandis qu'elle est très fréquente dans les Alpes-Maritimes. 3° Seeboldi, Obthr.; Bilbao. Sur les bords de la mer cantabrique, M. Théodore Seebold, qui se livrait jadis à un important commerce d'armement au port de 544 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Bilbao, récoltait en grande abondance une Zygæna qu'il appelait Ochsenheimer:. Je ne pense pas que ce nom-là puisse être exac- tement appliqué à cette forme géographique d’une Zygæna que je crois devoir plutôt rattacher à la S/æchadis. Elle est voisine de la Dybia des Pyrénées-Orientales; mais elle est de plus grande taille. Ses couleurs sont extrêmement vives; c'est une Zygæna à qui convient parfaitement la qualification allemande Zockgefaerbt (hautement colorée). Le fond noir à reflet verdâtre ou bleuâtre de ses ailes supérieures, en dessus, est très opaque; les taches rouges des supérieures sont au nombre de 5 ou de 6, mais l’on remarque les transitions les plus insensibles entre la forme à 5 taches et celle à 6 taches bien accusées. Ces taches sont d’un carmin mat très pur et très vif, ainsi que le fond des ailes inférieures dont la bordure indigo est peu large, surtout chez les ©. 11 me semble que Seeboldi est une race géographique spéciale à laquelle ne convient aucune des dénominations déjà attribuées aux Zygæna du groupe de S/æchadis. Je lui ai donné le nom d’un très aimable et excellent compagnon de chasse avec qui J'ai bien des fois excursionné dans les Pyrénées. Sa collection, qui était fort belle, a été donnée au Musée de Madrid. 4° Kindermanni, Obthr. Russie caucasique. Les collections Boisduval, de Graslin, Guenée, contiennent en tout 9 exemplaires d’une forme de S/æchadis qui leur furent envoyés de la Russie caucasique, par Kindermann, voyageur entomologiste. Ces papillons sont certainement spécifiquement référables à S/æ- chadis. Is diffèrent seulement par leur taille un peu plus petite de la race de Catalogne. Le fond de leurs ailes supérieures est bleu ou vert luisant, mais avec une sorte d’atténuation grisâtre dans la nuance, ce dont les exemplaires des Alpes-Maritimes sont dé- pourvus. Les taches rouges sont très petites, au nombre de 5 sur les supérieures, d’un carmin vif et pur; les ailes inférieures sont : LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 545 ou bien presqu’entièrement lavées d’indigo bleu, avec une ou deux éclaircies carminées, ou encore centralement d’un rose carminé, avec un entourage bleu indigo très large. En dessous, les taches sont, comme en dessus, sans trace de Nebelstreif et d’une coloration plus mate et plus faible qu'en dessus. C’est à cette race X2ndermanni que se rattache, sans autre diffé- rence qu'une taille un peu plus grande, la forme de Catalogne que feu Himmighoffen, récoltait aux environs de Barcelone, il y a une quarantaine d'années, et avait répandue dans les collections fran- çaises de ce temps-là. Rambur en a donné une excellente descrip- tion dans le Catal. systém. des Lépid. de l'Andalouste, p. 175. Je la transcris comme suit : « Ailes supérieures larges, d’un vert obscur parfois presque métallique, brillant, souvent chatoyant un peu en bleu, d’autres fois cuivreux, avec 5 taches rouges souvent très petites dont les deux basilaires assez courtes, des deux du milieu, la première très petite tendant à disparaître, la cinquième ronde un peu transversale, ne se dilatant Jamais, entourées de noirâtre, le plus souvent peu sensible; inférieures d’un rouge vif avec une bordure large, sinuée d’un noir bleu violâtre, envahissant souvent une grande partie de l’aile en suivant les nervures, ne laissant parfois qu'un petit point rouge en avant du sominet et un ou deux traits vers la base; dans ce cas, les taches des supé- rieures diminuant en proportion, l’on conçoit que le rouge puisse disparaître entièrement sur les deux ailes, mais d’abord aux infé- rieures; dessous différant peu, n'ayant Jamais les taches con- fluentes; franges de la couleur des ailes, luisantes, n'ayant pas de reflet roussâtre; corps de la couleur des ailes ou de leur bor- dure aux inférieures; pattes d’un noir verdâtre, un peu roussâtres à la face interne des tibias et des cuisses. Antennes à peu près comme chez la Flipendule, assez épaisses chez le mâle, avec la massue allongée, partant d'assez bas et se prolongeant en pointe avec le sommet un peu rouge obscur à la loupe. 35 846 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Elle diffère de la Medicaginis (*) en ce que le corps est toujours plus robuste et les antennes un peu plus épaisses, n'ayant Jamais de tache blanche au sommet, en ce que les ailes sont plus ai- guës, plus allongées, n’ont jamais six taches, ni en dessus, mi en dessous (**), que la tache postérieure médiane est placée moins en dehors et que le bord des franges n'est Jamais roussâtre; la bordure des inférieures, lorsqu'elle n’est pas très dilatée, est moins sinueuse. Elle a les mœurs de la 7/71:fol2 dont nous la croyons une race (***); elle habite les lieux humides, le bord des ruisseaux, les marécages. Je n'ai pas trouvé de différences sensibles quant à la chenille d'avec celle de la 77:folu; la chrysalide est souvent d'un brun roussâtre pâle; la coque, beaucoup moins jaune, est parfois couleur feuille morte, plus foncée d’un côté et plissée de la même manière. » Les figures 4, 5 et 6 de la PI. 107 de l’/conographie de Millière, publiées en 1860, peuvent être considérées comme représentant (*) Medicaginis, secundum Rambur, est Z'ansalpina, Esper. (II. XVI; f.). (**) C'est ce qui différencie la race S/æchadis-Kindermanni de la race Stæchadis-Medicaginis, Dup. (PI. VI; fig. 6); cette dernière ayant quelquefois 6 taches en dessus comme en dessous; ou ayant $ taches en dessus ayec la b® visible en dessous; et encore ayant le Webelstreif ou confluence des taches rouges en dessous. \ (**#*) Je ne suis pas d'accord avec Rambur à ce sujet. Pour moi, S/æchadis est plus rapprochée de Zoniceræ que de Zrifolii. Je pense que Rambur a confondu la 7'rifolii d'Andalousie à ailes inférieures envahies par le bleu, avec la S/æchadis de Catalogne. Ce sont pourtant deux unités très distinctes. La figure 5 de la PI. I du Catal. stystém. Andal. représente plutôt, à mon sens, la 77ifoZä bleue que la S/æchadis. Je suis convaincu que Rambur a fait une erreur par confusion. D'ailleurs était-il lui-même bien fixé ? Sur la Planche 1, les fig. 5 (à ailes inférieures bleues), 6, 7 et 8 sont des Zygæna Trifoli, var. Dans le texte, les fig. 6, 7, 8 sont seules rapportées à 77ifolii (p. 177); mais bien qu'il soit fait mention à la page 175 de la fig. $ comme représentant le type de S/æchadis, il ne me semble pas possible que cette fig. s de la PI. 1 puisse représenter « les individus de Barcelone qui sont grands et bien caractérisés », que Rambur prend comme type et qu’il décrit très bien dans les termes que j’ai cru devoir rapporter. La fig. $ de la PI. 1 représente certainement une Zygæna Trifoli d'Andalousie; la figure en question est d’ailleurs loin d’être un chef-d'œuvre; mais elle ne peut être rapportée à S/æchadis de Catalogne. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 547 d'une façon assez reconnaissable, la S/æchadis-Kindermanni, de Barcelone. On trouve quelquefois dans les Alpes-Maritimes des exemplaires de S/æchadis avant les taches rouges très légèrement entourées d’une nuance plus pâle, presque blanche. C’est une transition à la forme tyrolienne /zdicarie, Calberla, si J'en juge d’après la des- cription, car Je n’en connais pas encore de figure et je n'ai jamais vu d'exemplaires typiques de cette forme. Dans la XX° livraison des Æ£/udes d'Entomologie, publiée en mai 1806, J'ai commis des fautes par confusion entre S/æchadis et Zransalpina, Esper. Je n'avais pas encore débrouillé le malen- tendu qui existait dans les collections françaises au sujet de ces deux unités spécifiques. C'est plus tard que j'ai contribué à mettre cette question au clair, dans le Bulletin Soc. Ent. France, 1808, p. 22 et 23. L’Ab. jaune Borsduvali que J'ai figurée sous le n° 111 de la PI. 7 de la XX°® livraison des Etudes d'Entomologie, en la rapportant à tort, dans ce temps-là, à S/æckadis, se rapporte réellement à Transalpina, Esper. J'en ferai de nouveau mention en traitant de Transalpina, Esper, dans le Vol. V, avec une figuration appropriée. Il y a, en effet, comme je l'ai déjà exposé en diverses occasions, 2 Zygæna Transalpina bien distinctes : celle qu'Esper a fait connaître et qui est le type d’une Espèce très fertile en intéres- santes variétés et celle que Herrich-Schaeffer, Boisduval et Du- ponchel ont décrite et figurée et qui, dans certains cas, est la forme de S/æchadis, définie et analysée sous le nom d’OcAsenheimeri, ainsi qu'il suit : s’ Ochsenheimeri, Zeller. Sicile, Italie centrale: Montpellier. I s’agit de la Zygæna que Ferdinand Oschsenheimer a décrite en 1808, comme 7 7ansalpina, à la page 60 du Zweyter Band de l'ouvrage intitulé : Die Schmetterlinge von Europa. La description d'Ochsenheimer est conçue dans les termes suivants : « Z. atra, 548 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE alis anticis nigrocyaneis, maculis sex connatis rubris, subtus con- fluentibus; posticis rubris margine sinuato cyaneo. » ia patrie indiquée est l'Italie et le sud de la France. La 7Z'ransalpina, se- cundum Ochsenheimer, a été figurée avec le même nom de 7 7an- salpina, par Boisduval, sous le n° 3 de la PI. 4 de l’Æssa? sur une Monographie des Zygénides; par Herrich-Schaeffer sous les n® 61 et 62 de la Tab. 8 de Zygœænides Europ.; par Duponchel, sous la fig. 1 de la PI. VI du Szpplément-Zigénides (sic). Dans la Zycæna Transalpina, secundum Ochsenheimer, Bois- duval, Herrich-Schaeffer et Duponchel, les deux sexes sont très différents, ce qui est un fait rare chez les Zygœna. Le C' a été figuré par Herrich-Schaeffer; la © par Boisduval et Duponchel. Je dois faire observer que dans la figure 62 donnée par Herrich- Schaeffer, le Nebelstreif qui pourtant existe dans la Nature, — plus ou moins accentué, il est vrai, mais cependant facilement perceptible, — n'a pas été représenté sur le dessous des ailes supé- rieures. Cependant la teinte du rouge dans laquelle 1l entre une partie de vermillon, la taille et la coupe des ailes, telles qu'elles sont représentées par Herrich-Schaeffer, se rapportent aux exem- plaires que j'ai sous les yeux. Le O' ressemble beaucoup à #1/1- pendule; il a la même forme d'ailes assez étroite et allongée; 1l montre aux supérieures six taches rouges, par paires assez régu- lièrement espacées; la bordure indigo des ailes inférieures n'est pas large ; la coloration générale n’est pas très vive. La Q a les ailes beaucoup plus aliongées et proportionnellement plus larges, sa taille est ordinairement bien supérieure à celle du Duponchel a figuré une © prise par lui-même tout près de la ville de Rome. La figure qu'il publie ressemble bien aux exemplaires rapportés de Sicile par feu Bellier de la Chavignerie. La forme de Montpellier diffère de celle de Sicile seulement par sa teinte rouge un peu plus pâle et moins vermillonnée. Pour éviter la confusion pouvant résulter dans la Nomenclature de la double application du même nom de 7 ransalpina à deux unités spécifiques distinctes du même genre Zygæna, Zeller a substitué le nom d'OcAsenheiment au nom Transalpina pour la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 549 Zygæna qui nous occupe. Le nom de Z'7ansalpina a été laissé à la Zygæna décrite par Esper, sous ce vocable, en 1770, d’après un échantillon qui lui avait été envoyé de Vérone. La Zransalpina, Esper, a été figurée malheureusement très grossièrement sous la lettre f de la Tab. XVI de l'ouvrage intitulé : Der europaeischen Schmetterlinge zweyter Theil. Dans le même ouvrage, le même Esper a représenté avec le nom de F/ipenduleæ- major, mais d'une façon tout à fait grossière également, sur la figure 4 de la Tab. XLI, une Zygæna qui est peut-être une © de la Z'7ansalpina, Ochsenheimer = Ochsenheimeri, ZLeller. IT est bien difficile de dire à quelle unité spécifique il convient de rapporter Ochsenheimer:. Est-ce à Stæchadis? Est-ce à Fili- pendulæ, comme l'ont pensé Staudinger et Rebel? OcAsenheimeri serait-elle même une Espèce propre? Il est présentement difficile de répondre à ces questions, en s'appuyant sur des raisons capables de fournir quelque certitude. Les Zygœna Trifolu, Lonicere Stæchadis, Filipendule, pré- sentent des formes très caractérisées et très distinctes les unes des autres, mais ces formes se trouvent reliées entre elles par des tran- sitions parfaites, et non seulement ces transitions unissent les diverses races et variétés de l’une des Espèces, mais encore elles unissent les Espèces elles-mêmes. Dès lors nous subissons un sen- timent de trouble dû à l'ignorance où nous restons encore des caractères particuliers, constants, spéciaux qui seraient réellement le propre de chaque unité spécifique et qui en établiraient l’incon- testable distinction. Les chenilles, les coques, certains insectes parfaits se ressemblent extérieurement; ces ressemblances ne nous facilitent pas l'exacte vision des choses. La situation se trouve donc comme suit : Si l’on fait abstraction des échantillons qui établissent les transitions et si l’on se borne à n'envisager que des séries bien sélectionnées de sujets caractérisés dans le sens spécifique qui paraît propre à chacun d'eux, on obtient la conviction que l’on se trouve en présence d'unités différentes les unes des autres et que dès lors la séparation et la distinction de ces unités s'impose. Mais si l’on considère les éléments de tran- 550 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE sition qui ont tout au moins l'apparence de relier les unités entre elles d'une façon presque parfaite, l’opinion change. Deux sen- timents contraires animent donc l'esprit du Naturaliste aux prises avec l'étude de ces Zygæna; l'un tendant à la séparation des Espèces, Variétés, Races, par la constatation de caractères diffé- rentiels extérieurs tangibles ; l’autre opposé au premier et inclinant vers la réunion en une seule unité de toutes ces Espèces, Variétés ou Races, grâce aux échantillons transitionnels qui les unissent si intimement. | Je prends pour exposer plus clairement le sentiment de trouble et d'incertitude occasionné par les insensibles transitions au moyen desquelles une unité se trouve liée à une autre dans la Nature, le fait suivant que j'ai observé dans les Hautes-Pyrénées. J'ai sous les yeux 49 exemplaires de Zyzœna Lonicere pris par mon frère et par moi-même à Cauterets, entre l'Etablissement des bains de la Raïllère et la ville même de Cauterets. Pas un de ces 49 exemplaires ne détonne au milieu des autres. Ils sont parfai- tement et semblablement caractérisés ; ailes relativement allongées ; antennes longues et terminées en pointe; aspect un peu mou; couleurs légèrement transparentes; 5 taches rouges aux supérieures, tant en dessus qu'en dessous; pas de trace de Webelstreif; le des- sous exactement conforme au dessus, sans indication d'un germe de 6° tache, mais avec l’atténuation du coloris, comme si le dessous des ailes n'était pas recouvert d'écailles et était seulement coloré par la transparence du dessus. À côté se trouvent rangées quatre colonnes d'une Zygena qui pourrait bien être Fzlipendule, con- tenant environ 75 exemplaires. Ceux-ci sont également bien caractérisés : forme des ailes plus raccourcie, teintes beaucoup plus vives et plus opaques; toujours 6 taches rouges aux supé- rieures, et en dessous un Webelstreif formant comme un lavis rose dans lequel se distinguent toujours en couleur plus vive et plus arrêtée les 6 taches rouges ordinaires. Mais entre les colonnes des 49 Lonicere et des 75 Filipendulæ qui sont bien nettement carac- térisées et différentes les unes des autres, il y a la colonne des intermédiaires, au nombre de 15. Ce sont : soit des Zosicere chez LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 551 lesquelles on aperçoit, en dessus comme en dessous, des vestiges de la 6° tache rouge, qui paraît naissante, soit des ##lipendule qui sont en train de perdre cette 6° tache rouge. Ces échantillons transitionnels ont un Mebelstreif de tansition comme les autres caractères et à toute cette colonne de 15 exemplaires formant la liaison quelquefois presque parfaite entre Lonicere et Filipendule, est joint l’accouplement d’une Zoxicere G ayant 5 taches rouges aux supérieures en dessus et en dessous — mais un Webelstreif bien apparent sur les dessous des ailes supérieures, tandis que le Nebelstreif semble nul chez les Zoniceræ pures — avec une Q Filipendulæ dont les 6 taches atteignent leur maximum de dimen- sion et d'éclat. Il est vrai que dans la même boîte Je vois un Œ de Zygœna Filipendule qui fut pris accouplé avec Procris Geryon ©, en juillet 1882, au même pays de Cauterets. Les accouplements hybrides sont-ils la cause de l’apparition de ces papillons tran- sitionnels entre deux Espèces dont l’ensemble des exemplaires considérés comme de race pure, paraît bien nettement distinct ? Je ne le saurais dire. Je m’efforce de constater des faits réels et j'avoue ne savoir quelle conclusion en retirer pour rester parfai- tement véridique, ce qui est mon seul souci. Les hypothèses qui ont la prétention d'expliquer des phéno- mènes naturels, peuvent être le produit d’une imagination riche et féconde, mais il est prudent de se défier des théories, si sédui- santes qu’elles soient, lorsqu'elles ne reposent pas sur un fond de vérité bien authentiquement acquise. Aussi je me rappelle la parole de Fuessly : Quantum est, quod nescimus! et je la répète auJour- d’hui. j 6 Anceps, Obthr. Bouches-du-Rhône et Var. On trouve à Hyères, à la Sainte-Baume, à Saint-Zacharie, à Montrieux, à Saint-Pons, en juin, puis en septembre, une race extrêmement énigmatique de Zygæna. Certains exemplaires sont très petits, notamment ceux qui sont récoltés en septembre; d’autres sont de très grande taille, Les uns ont 5 taches rouges aux supé- Lise LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE rieures, comme 7 7:folu et Lonicere auxquelles ils ressemblent très bien; les autres ont 6 taches, comme Fzlipendule, dont il est difficile de les séparer; mais il y a des échantillons avec la 6° tache naissante et présentant le développement insensiblement graduel de cette 6° tache. Le fond des ailes supérieures est moins opaque et moins brillant que chez S/æchadis-Medicaginis des Alpes-Maritimes ; les ailes inférieures sont peu largement bordées d'indigo, les taches des ailes supérieures et les ailes inférieures sont d'un rose carminé assez vif, mais pas du ton carminé pur de Stæchadis; en dessous, le VNebelstreif existe, mais dans des degrés d’accentuation très divers. On pourrait classer d'une façon satisfaisante certains exem- plaires avec Flipendule, d'autres avec Zrifoli ou Lonicere; toutefois, ce dernier triage serait plus embarrassant à faire que le premier, mais, quel sort donner aux échantillons intermédiaires ? Il est évident que toutes ces Zygæna, grandes et petites, à 5 et à 6 taches rouges, ayant les couleurs plus ou moins claires ou foncées, la frange même des supérieures tantôt indigo et tantôt presque d’un gris Jaunâtre, s’accouplent ensemble, se mélangent intimement et constituent, dans les mêmes lieux où elles habitent, une seule unité de Race, de Variété ou d'Espèce. Je l'ai appelée Anceps, pour exprimer mon sentiment à son égard, au moyen de ce seul mot qui la distingue des autres races avec lesquelles je ne vois pas de similaire exactement conforme, du moins 54 j'envisage l'ensemble de ses exemplaires; car dans cent autres lieux bien éloignés de la Provence on trouve des Zonicere, des Trifolu et des l1lipendule, avec lesquelles on ne pourrait discerner aucune différence sensible entre certaines Zygæna anceps des Bouches- du-Rhône et du Var et ces diverses Zygæna. Seulement il faudrait, dans une série certainement homogène par ses origines et par ses parentés, c’est-à-dire au milieu de nombreux exemplaires de Zygæna récoltés aux mêmes lieux dans les Bouches- du-Rhône ou le Var et frayant constamment ensemble, sélec- tionner arbitrairement des sujets dont on ferait ensuite la ré- partition dans des unités distinctes. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lie Le classificateur aurait pour guide l’impression que produirait sur ses yeux chaque échantillon comparé à d’autres sujets faisant partie de groupements différents, constitués avec des spécimens capturés dans des contrées très diverses. Ces Zygæna des Bouches- du-Rhône et du Var subiraient ainsi une dissociation qui pourrait les éloigner considérablement les unes des autres et je pense que cette classification artificielle serait en désaccord avec les indi- cations fournies par la Nature elle-même. Voilà pourquoi J'ai retenu toutes ces Zygæna de Provence, bien que présentant entre elles des différences individuelles, dans la même unité de race que J'ai appelée Aceps, et telle est la raison pour laquelle je me suis abstenu de disperser et d’éparpiller toutes ces Anceps, estimant qu'il était plus conforme à la réalité de maintenir les races ou formes locales groupées géographiquement pour l’ensemble des individus qui les composent. Zygæna Filipendulæ, Linné. Linné a dénommé le Sphinx Fuipendulæ dans la X° édition du Systema Nature, mais le même Auteur, dès 1746, avait décrit l’'Espèce dans la Fauna Suecica, à une époque où la Nomencla- ture binaire n'était pas encore pratiquée et où les Papillons ne recevaient pas de désignation spécifique. Je transcris ci-dessous la première description latine de Linné; elle porte dans la Fauna Suecica, 1746, le n° 814. « Phalæena subulicornis spirilinguis; alis superioribus subcæ- ruleis : punctis sex rubris, inferioribus omnino rubris; Habitat in Filipendula, volitans de die, licet tarde. Descr. Puppa intra folliculum membranaceum flavum latitat. Phalæna mas gaudet maculis sex rubris in ala exteriore, fœmina vero macuhs quinque (*) connatis scilicet duabus baseos. — Corpus (*) Linné avait sans doute en vue Zoniceræ qu'il considérait comme la @ de Filipendule. 554 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE et artus nigra, vestita lana nigra. Antennæ antrorsum ascendentes, versus summitatem sensim latiores (non tamen clavatæ) ad apicem attenuatæ ac depressæ. Alæ superiores ex viridi-cæruleo nitentes : punctorum tribus paribus ovatis coccineis, alæ inferiores coccineæ margine cæruleo nitido. » Linné dit : « Habitat in Filipendula. » Les vieux auteurs Sulzer, Schaeffer, Roesel von Rosenhof cent répété l'indication donnée par Linné. Cependant, en France, nous ne trouvons pas la chenille de la Zygæna Filipendule sur d’autres plantes que sur des Papilionacées, telles que : 7Z7ifolium pratense, Lotus corni- culatus, Onobrychis Sativa, Anrthyllis vulneraria. J'ignore toute- fois si, en Suède, la Zygena Filipendule vit effectivement sur Ja plante à laquelle le Lépidoptère doit son nom spécifique. La Spirea Filipendula, Linné, est une plante vivace de la fanulle des Rosacées, haute de 30 à 60 centimètres, répandue dans les bois et les prés calcaires; elle porte des fleurs blanches ou rougeûtres et offre, dit l’abbé Coste, des tubercules d'un goût agréable, comes- tibles et astringents. La Zygœna Filipendule est une Espèce fort commune; elle est répandue dans les Iles britanniques, en France, en Allemagne; elle se rencontre au bord de la mer, dans les plaines et sur les mon- tagnes. Dans l'ouvrage intitulé : Die Kennseichen der Tnsekten nach Anleitung des Küônigl. Schwed. Rütters und Letbartzts Karl Linnaeus, publié à Zurich, chez Heidegger und Comp, daté de 1761, la Zygœna Filipendule est décrite et représentée par Sulzer, comme suit (p. 37 et Tab. XV, fig. o1) : « Abendvogel, die obern Fluegel tuerkisfaerbig mit sechs rechten Punkten : Die untern ganz roht (sic). Filipendule Linn. Syst. Nat.; Sphinx, 32. Wobnt auf dem rothen Steinbrech (Spiræa flipendula). » Jacobus Christianus Schaeffer, en 1766, dans les Insecta Ratis- bonensia, a figuré sous les n° IV et V de la Tab LXIX, la Zygena Filipendule; Roesel von Rosenhof, sous les n°* 2, 3, 4, 5 et 7 de la Tab. LVII (Classis IT. Papilionum Nocturnorum), a représenté la chenille, la coque, la chrysalide et le papillon, — les ailes LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 555 étendues (fig. 5) et en mouche (fig. 7), — du Sphinx Filipendula (sic), der Steinbrecher-schwaermer; die Bockhorn-Phalaene; der Rothfleck; die Zirkelmotte, tous noms vulgaires allemands de la Zygæna Filipendule (voir Insecten-Belustigung, p. 289). Jan Christiaan Sepp a consacré à la Zygœna Filipendule la Tab. XXII de Nacht-Vlinders (van't Tweede Gezin der Eerste Bende) de son bel ouvrage consacré à la description et à la figu- ration des WMederlandsche Insecten, qui fut commencé à publier à Amsterdam en 1762 (Gedrukt voor den Auteur) et qui a été où continué jusqu'à nos jours. Sepp représente l'œuf (fig. 1 et 2); la chenille (fig. 3 et 4); la coque (fig. 5 et 7); la chrysalide (fig. 6) et le papillon (fig. 8 et 0). La figuration est bonne, mais elle n'a pas la valeur exceptionnelle et qui n’a jamais été surpassée, d’un certain nombre des premières Planches. La Zygœena Filipendulæ est, je pense, l’espèce la plus ancien- nement connue du genre et, avec Peucedani qui diffère par son anneau abdominal rouge et Æp/ialtes, elle paraît avoir été la plus anciennement figurée. Parmi les modernes qui ont représenté Æ/ipendule, je citera Charles Barrett qui consacre toute la Planche 60 de son ouvrage sur les Papillons anglais, à la figuration de l’Espèce. Les n° 1 et 1 a représentent la forme normale; le n° 1 & : l'Ab. à taches et ailes inférieures noires, dite CÆrysanthemi,; les n° 1 c et 1 4 l'Ab. flava; les n° 1 e et 1 f : des Aberrations tendant au brun clair (1 e) et au rose pâle (1 f); le n° 1 g : l’Ab. à taches confluentes depuis la base jusqu’à l'extrémité de la dernière tache; le n° 1 % : l'Ab. avec 4 taches seulement, par le fait de la suppression de la tache basilaire inférieure et de la tache médiane inférieure des ailes supérieures, en dessus; le n° 1 Æ représente un échantillon singulier avec une aile inférieure supplémentaire, ayant donc 5 ailes au lieu de 4. Les n°* 1 2 et 1 7 sont consacrés à la représen- tation de la chenille et de la chrysalide. Charles Barrett a ainsi fourni une documentation illustrée très considérable de la Zygæna Filipendulæ des Yes Britanniques. 556 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE En Angleterre, la Æ#/pendulæ porte, d'après Wood (/ndex methodicus, 1845, p. 11), le nom vulgaire de 6-spotted Burnet; Wood dit que Æ#1pendulæ habite « Fields and meadows by woodsides, in Middlesex, Devonshire, S. Wales, etc.; June and July. » Cet auteur figure Flipendule sous le n° $ a + de la PI. 4 et la variété à taches et à ailes inférieures jaunes, sous le n° 6 a de la même planche, avec le nom de Æippocrepidis et le nom popu- laire anglais (exglish name) de Narrow-bordered 6-spot Burnet. Ce mot Burnet qui signifie en anglais pimprenelle, est appliqué par Wood à toutes les espèces du genre Zygæna (Anthrocera, secundum Wood). C’est un curieux ouvrage, celui de Wood (*). Le but de l’Auteur fut d’incorporer dans un volume in-octavo un catalogue illustré de tous les Lépidoptères connus comme habitant la Grande-Bre- tagne, mais 1llustré avec des figures réduites de taille, cependant gravées et coloriées avec un soin tel que chaque Espèce serait toujours parfaitement reconnaissable. Pour guider les Entomolo- gistes dans l'appréciation de la taille naturelle des divers insectes qui sont tous figurés avec la même dimension, sans égard pour leur grandeur réelle et relative, une lettre de l'alphabet et un signe sont ajoutés à chaque numéro de référence qui se trouve gravé près de chaque papillon. C'est ainsi que la lettre 4 indique un insecte grand d'un pouce un quart, et que la lettre 4, suivie du signe +, indique un pouce et demi; tel est le cas de la Zygæna Filipendule, tandis que la variété jaune ippocrepidis n'est grande que d’un pouce et un quart, etc. C'est très bizarre de voir sur la même Planche l’Acerontia Atrofos réduite à la même dimension que la Procris Statices, mais le dessin, la gravure et le coloriage sont très bons et l'ouvrage en lui-même est fort inté- ressant et contient une série de figures qui sont en effet parfai- tement reconnaissables. (*) L'exemplaire que je possède et qui faisait partie de la bibliothèque de feu Guenée, porte une dédicace signée : « Henry Doubleday December 6th 1852; To Mons. A. Guenée, from his sincere and grateful Friend. » LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 557 Les Microlépidoptères notamment sont parfaitement traités. Un supplément à l'ouvrage de Wocd fut publié par feu mon honorable ami \Vestwood, en 1854. Un auteur anglais contemporain, connu pour son talent ana- lytique et la richesse de sa documentation, J. W. Tutt, dans Île Vol. I de À Natural History of the british Lepidoptera, publié en janvier 1890, a consacré les pages 507-538 à l’histoire des Anthrocera Fiipendulæ et Hippocrepidis, Stephens; celle-c1 pa- raissant être une forme anglaise de /1pendule. Je me suis efforcé de me documenter aussi largement que pos- sible au sujet de la Zygœna Filipendulæe anglaise et ce sont les variétés britanniques de cette Espèce que je vais d’abord étudier, me référant à l'ouvrage de Tutt, mais n'étant cependant pas tou- Jours d'accord avec lui. Par exemple, Tutt dit que « Pathological leucochroism also occurs, a failure of pigment sometimes resulting in aberrations similar to Ab. grisescens, Obthr. » Je sais fort bien qu'une déco- loration peut intervenir chez Filipendulæ, comme dans Æborace, pour Loniceræ, par manque ou insuffisance pathologique du pig- ment. Mais tel n'est point le cas pour l’Ab. anglaise grisescens que j'ai fait figurer sous le n° 135 de la PI. 8 de la XX° livraison des Ætudes d'Entomologie. Cette Ab. grisescens (que M. Tuttn'a probablement jamais vue en nature) est tout à fait comparable à l'Ab. Huebneri du Polyommatus Phleas. Le fond de ses ailes a été atteint d'albinisme sans que les écailles aient été diminuées pour cela de nombre ou d'épaisseur. Les écailles se trouvent comme dans les individus normaux, sauf qu'elles sont colorées en gris argenté, au lieu d’être d’un bleu verdâtre ou d'un vert bouteille. Les antennes, sauf à la massue et à la pointe qui sont restées noires, sont devenues grises; le thorax, l'abdomen, en dessus comme en dessous, sont gris; le fond des ailes supérieures et la bordure des inférieures sont d’un gris argenté très opaque et les écailles sont très denses et très serrées. L’Ab. grisescens a conservé ses parties rouges colorées avec l'intensité ordinaire, mais un albinisme très intéressant a atteint toutes les parties qui sont 558 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE normalement d’un bleu verdâtre ou noires. Cet albinisme est fort rare; l’exemplaire que je possède provient de la collection Prest, d'York. L’albinisme inverse est celui qu, respectant les parties vertes et noires, c’est-à-dire le fond des ailes supérieures, la bor- dure des ailes inférieures, les antennes, la tête et le corps, se déve- loppe au détriment des parties rouges, qui sont changées en jaune ou en rose orangé pâle. Ma collection contient actuellement 6 /1pendule anglaises de l'Ab. 2ntermedia vel aurantia, Tutt (p. 510 et 511), venant d'Harwood et peut-être de Colchester; celles-ci de la coll. Maddi- son, les autres des collections Tugwell et Sheppard; mais jusqu'ici J'ai réuni, en outre, 21 exemplaires de l’Ab. fava, dont J'ai fait figurer un échantillon, sous le n° 133 de la PI. 8 de la XX° livrai- son des Ætudes d'Entomologie. Ces 21 Ab. flava viennent de Wortham, July 1808 (ex coll. Maddison); Cambridge (Inghsh, 1892; ex coll. Tugwell); ex coll. Shearwood, vendue le 23 nov. 1801; Gates (1872, bred; ex coll. Howard-Vaughan); Winchester (ex coll. Raynor, vendue 27 oct. 1801); Harwood (1892, ex coll. Tugwell) ; Hartlepool (ex coll. John Sang, of Darlington) ; Hud- dortfield (1877, ex coll. Battershell-Gill) ; ce nom de localité étant toutefois difficile à lire et peut-être, à cause de cela, mal transcrit; je regrette de ne pouvoir déchiffrer pour les exemplaires de la collection Goldthwait, vendue le 5 octobre 1900, l'étiquette de localité. Inversement aux Ab. 2x/ermedia, aurantia, flava, qui sont des manifestations par albinisme, on trouve chez Filipendulæe l'Ab. par mélanisme, CÆrysanthemi, chez laquelle toutes les parties rouges ont été remplacées par une teinte brun noir. J'ai fait figurer cette Aberration sous le n° 134 de la PI. VIII de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie. Cette Ab. CArysanthemi a été figurée sous le n° 1 de la PL 1 de l'ouvrage de Moritz Balthasar Bor- kausen, intitulé : Naturgeschichte der europaeischen Schmetter- linge et publié à Francfort en 1788 ou 1780, et sous le n° 1 de la Tab. XXXVII de la seconde partie de l'ouvrage d’Esper, d’après un exemplaire communiqué par l’avocat Schneider, de Stralsund. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 559 D'ailleurs, c'était le même Regierungs-Advokat Schneider qui avait fait part à Borkausen de la découverte de la Zygæna CAry- santhemi dont il avait capturé presque chaque année quelqu'exem- plaire, en compagnie du commun S/eënbrechschwacrmer où ZYy- gena Filipendule, aux environs de la ville de Séralsund. On trouve quelquefois l’'Ab. CArysanthemi aux environs de Paris, mais c'est toujours une très grande rareté. Les Ab. albinisantes avrantia et flava offrent une curieuse par- ticularité, c’est de sembler tendre à la mélanisante Chrysanthemi dont elles sont pourtant la contre-partie. En effet, quelques-uns des exemplaires appartenant à l'Ab. Java, aussi bien qu'à l'Ab. aurantia, ont les ailes rembrunies, de manière à former comme une transition à CArysanthemi. Ma collection contient un échan- tillon de Rouen et un autre d'Angleterre (ex coll. Howard- Vaughan) ayant le fond des ailes inférieures et les taches des supérieures de couleur rose semblant enfumée et deux d’Angle- terre, de la collection Sheppard, d’une teinte brun clair mélangée d'ocre jaune et semblant se rapprocher de CArysanthemt. j'ai fait figurer sous le n° 132 de la PI. VIII de la XX* livraison des Etudes d'Entomologie une Aberration confluens, dont je pos- sède o exemplaires bien semblables entre eux. L'un d'eux vient de Rouen (H. Lhotte), les 8 autres sont anglais. Ces Aberrations confluentes que de Selys-Longchamps a ap- pelées bipuncta pour les distinguer de celles où la confluence des taches rouges est générale, ont seulement la tache basilaire infé- rieure rouge et la tache médiane inférieure réunies. La confluence n’atteint pas la tache externe inférieure qui reste très nettement séparée de la tache médiane inférieure alors que celle-ci forme, à partir de la naissance des ailes, avec la tache basilaire, un long trait rouge. La tache basilaire costale supérieure ne joint ordinai- rement pas la tache médiane cellulaire, parce qu'elle ne fait pas partie du même espace intranervural. Ma collection contient un seul exemplaire anglais de l'Ab. communimacula de Sélys. Il provient de la collection William Machin et présente la confluence de la tache rouge médiane cellulaire et de la tache rouge externe 560 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE supérieure, sans que la tache basilaire et la tache médiane soient jointes ensemble. En Bretagne et en Charente, la confluence des taches rouges chez 'ilipendule se fait tout à fait autrement. Très souvent, les taches rouges se joignent par paire, notamment les deux taches rouges externes qui ne forment plus qu'une grosse macule à tendance cordiforme; c'est l’Ab. Cytisi, Huebner, mais quelquefois aussi une sorte de lavis rouge recouvre plus ou moins totalement l’espace compris entre les 3 groupes de 2 taches rouges et forme, depuis la base jusqu’à l'extrémité des 2 taches externes, une longue et large macule rouge unique, c’est la véritable Ab. confluens. Je ne parle pas des cas de décoloration pathologiques fréquents, desquels 1l résulte que sur l’une des ailes inférieures et quelquefois sur les deux, une pâleur jaunâtre, grisâtre ou même blanchâtre remplace la vive couleur rouge normale. La plus brillante race française de /’1pendule est, à ma connaissance, celle de la Charente-inférieure. Tandis qu'en Bre- tagne }lipendule éclôt depuis le 15 juillet au 10 août, à Dom- pierre-sur-Mer, on la trouve abondamment dès le mois de mai. La couleur rouge est particulièrement vive dans les Charentes et les exemplaires à taches confluentes y sont relativement nombreux. Ma collection contient une vingtaine d'individus offrant les plus intéressantes variations. Le grossissement des taches rouges amène le rapprochement ou même la jonction desdites taches; mais il y a des exemplaires dont les ailes supérieures sont tellement cou- vertes d'écailles rouges que la teinte vert bronzé du fond n'est plus guère apparente que vers l’apex et le long du bord inférieur. La symétrie n'est généralement pas parfaite entre les deux côtés des ailes supérieures, dans ces échantillons extraordinairement confluents. La coloration rouge fait l'effet d’être partie de la base et d’avoir envahi la surface des ailes supérieures par le semis pré- pondérant du pigment carminé qui recouvre tout ou partie de l'espace normalement occupé par la teinte vert bronzé du fond. Ces Zygœna Fulipendule Ab. confluens, de Dompierre-sur-Mer, sont vraiment superbes et elles constituent à peu près pour 777. pendulæ ce que l’Ab. #zl1osa du même pays fait pour A2ppocre- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 561 pidis. Il y a par année 2 éclosions de Filipendulæ dans les régions qui donnent une apparition printanière de l'Espèce, car M. H. Po- well a capturé Filipendulæ le 27 septembre 1904, à Carqueiranne (Var), et M. Dayrem en automne, à Lectoure, et dans ces deux contrées, on peut récolter des FZlipendulæ dès la fin de mai. La Zygœna Filipendulæ vole en mai et juin à Aix-en-Savoie; en mai à Angoulême; en Juillet dans les Alpes-Maritimes (Saint- Martin-d'Entraunes); en juin à Samoussy (Aisne); en Juillet dans les Alpes et en Bretagne. Dans la Charente-Inférieure, le We- belstreif est extrêmement accusé sur le dessous des ailes supérieures. Herrich-Schaeffer a figuré sous les n°* 100 et 110 de la Tab. 16 de Zygeænides Europ., le Set la © d’une Zygæna qu'il appelle Manni et qui est considérée comme la forme alpine de Fulipendule. Le coloris rouge, aussi bien que le fond des ailes vert bouteille ou bleu verdâtre, sont d'un aspect plus pâle que chez la ##2pendule des plaines. La forme de la Charente-Inférieure et de la Lozère notamment est tout à l'opposé, par l'éclat de sa teinte, de la race alpine Manni. J'ai capturé Manm, en juillet, à Zermatt et sur la route du Simplon. Le Webelstreif, sur le dessous des ailes supé- rieures, est relativement très faiblement indiqué chez Manm; déjà la forme de l'Isère (Bourg-d'Oisans, Uriage), sans être aussi accentuée que la forme du Valais, au point de vue de l’atténuation de l'éclat des couleurs, présente au même degré que la race valai- sanne, la réduction, sinon même la suppression du Webelstreif. J'ai sous les yeux des Zygæna Filipendulæ prises dans l'Isère par feu Guenée et par moi; ces papillons ont en dessous les taches rouges du dessus reproduites sur un fond bleu et presque sans qu'aucun lavis rouge vienne les Joindre ou les entourer. Il n'y a pas lieu d’attacher à l'absence ou à la présence du Webelstreif plus de valeur que ce détail n’en comporte; cependant on doit en tenir compte dans la juste mesure; au point de vue de la classification des races, c’est un caractère incontestablement intéressant. Staudinger et Rebel, dans leur Catalog 1901, ont considéré Ramburi Herr. Schaeff. et Lederer, Gurda, Lederer et Syrzaca, 36 502 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Obthr., comme trois synonymes d’une même variété de F#/1pen- dule. J'ai déjà fait remarquer à la page 46 (note) de la XX° li- vraison des Ætudes d'Entomologie que Ramburi, Herrich-Schaeffer (Weue Schmetterlinge, fig. 161 et 162) n'était pas la même espèce que la Zygena Ramburi, Lederer (Wiener entom. Monatschr., 1861, af. 1, fig. 10). En conséquence comme le même nom ne peut pas convenir à deux Espèces différentes dans le même genre, Jai donné le nom de Syriaca à la Ramburi, sec. Herrich-Schaeffer et j'ai fait figurer, à l'appui de mon observation, Syrzaca sous les n° 136, 137 et 138 de la PI. 8 de la XX° livraison des Efudes d'Entomologie; le n° 136 représente Syriaca quinquemaculata; le n° 137 figure Syriaca-sexmaculata, conforme à la figure 161 d'Herrich-Schaeffer, et le n° 138 représente l'Ab. Confluens, également figurée par Herrich-Schaeffer sous le n° 102. La Mersina, Herrich-Schaeffer (n° 163), est la même espèce que la Gurda, Lederer (Wiener entom. Monatschrift, 1861; Taf. 1, fig. 0). Mais nm Ramburi, Lederer, ni Syriaca, Obthr. (Rambuni, H. S.), ni Gurda, Lederer (Mersina, H. S.) ne paraissent être des formes ou variétés de Filipendule, ainsi que Staudinger et Rebel, dans leur Catalog 1001, l’ont fait imprimer certainement par erreur, et qu'on me permette d'exprimer toute ma pensée, par une erreur commise en parfaite connaissance de cause (*), ce qui est raisonnablement inexplicable. Je me demande non seulement comment Staudinger et Rebel (*) Une de ces erreurs énormes, commise volontairement par Staudinger et Rebel, est celle qui existe à l’art. 4175 (p. 365) du Catalog 1go1. Il s'agit de Phragmaiobia Leprieuri, Obthr., mise en synonymie de Pramatobia Breveti, Obthr. J'avais communiqué à Staudinger, sur sa demande, le type de Brevet; d'autre part, il connaissait parfaitement Zeprieuri, dont le DT Seriziat lui avait fourni des exemplaires pris à Collo. Comment est-il possible qu'un Entomolo- giste, ayant quelque expérience de la distinction des Espèces, puisse spécifique- ment réunir Æreveti et Leprieuri, même avec un point d'interrogation ? Une délicieuse cacophonie est aussi celle qui distingue le genre O7rAodia, dans le Catalog Staudinger et Rebel 1901, aux pages 208, 209 et 210. Il semble que les Auteurs du Catalog ont goûté une délectation particulière, en offrant à leurs Lecteurs, à propos du genre Orrodia, une collection d'erreurs et de confusions qui parait constituer le record dans un ouvrage où les fautes ne sont pourtant pas l’exception; hélas! LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 5063 peuvent considérer Lamburi, Gurda, Syriaca comme appartenant à une même unité, alors que des différences si constantes et si tan- gibles les séparent les unes des autres, mais encore d'après quels principes ces Auteurs érigent une Unité en Espèce séparée ou la rabaissent au simple titre de Variété. Le n° 4353 du Catalog 1001 : Lederer: Stgr. (Laphria, in texto, H. S.) est inscrit à titre d'Espèce; mais 1l suffit d’avoir des yeux pour constater que Zedereri (Laphira, H. S, fig. 108) est bien plus près de Æzipendule que Gurda, dont les ailes sont beaucoup plus allongées que Syriaca et que Ramburi. Il n'y a donc pas eu unité dans les vues et dans la conception, ni le moindre esprit de suite pour déterminer la ligne de conduite qui guidait les Auteurs du Catalog. Tout paraît livré au hasard ou bien à fantaisie du moment. Ici, une différence légère et même contestable suffit pour valoir la séparation spécifique; là, malgré les différences les plus notables et les plus certaines, la séparation spécifique n’est pas admise et l'inscription comme simple Variété est adoptée. C'est vraiment dommage qu'un travail aussi consi- dérable, qui aurait pu rendre de si grands services, ne soit que le propagateur d'un si grand nombre d'erreurs, malheureusement acceptées sans contrôle et de confiance par la plupart des Ento: mologistes ! Je pense donc qu’il y a réellement 3 Espèces de Zygæna de Syrie, à distinguer, ainsi que Je l'établis sur un tableau qui est imprimé un peu plus loin et qui définit exactement la question telle que je la comprends. Il convient même d'ajouter à ces 3 Espèces de Zyz2æna, de Syrie, une 4° espèce syrienne que J'ai appelée Rosa et que J'ai fait figurer sous les n° 106 et 107 de la PI. XXII du IIlI° Volume de la Lépidoptérologie comparée. Ces 4 Espèces de Zygæna se trouvent dans la région d’Akbès où Ch. Delagrange chassa pour nous, durant la saison 1890. Le Frère Philippe nous a aussi envoyé d'importantes collections for- mées dans cette localité très riche et sur laquelle feu le savant abbé Armand David avait, le premier, appelé l'attention des Natu- ralistes. 564 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Voici donc cemment il y a lieu, suivant mon appréciation, de définir la synonymie des Zygæna syriennes dont il vient d'être question et de les séparer spécifiquement entre elles : 1°} Syriaca, Obthr., Etud. d'Entom, XX* liv. (page 46, note). | forma Syriaca-sexmaculata, Obthr. (loc. cut, PI 8, fig. 137). Ramburi, Herrich-Schaeffer (Neue Schmett., fig. 161), nec Lederer. forma Syriaca-sexmaculata-confluens, Obthr. (loc. «tt. P18, 9. 130): Ramburi, Herrich-Schaeffer (loc. cif., fig. 102). forma Syriaca-quinguemaculata, Obthr. (loc. «it, PI. 8, fig. 136). Région d’Akbès (Ch. Delagrange, été 1890; 27 coll. Obthr., 18 spécim.); Antiochia (Lederer, sec. Herr.- SchHaeit, Loc CT, pa) 2° Ramburi, Lederer (Wiener entom. Monatschr. Bd. V, 1861 ; Taf. 1, fig. 10), nec Herrich-Schaeffer. Région d'Akbès (Ch. Delagrange, été 1800; an coll. Obthr.); Antiochia (Cotyp. ex Lederer; #7 coll. Bellier, de Graslin, Boisduval) — (2x coll. Obthr., 8 spécim.). 3°: Gurda, Lederer (Wiener entom. Monats. Bd. V., 1861; Taf. 1, fig. O, p. 152). — Mersin, sec. Lederer. Mersina, Herrich-Schaeffer (Neue Schmett., p. 32, fig. 163) — « Mersin, 7 Kleinasien, durch H. Lederer erhalten »; Herr.- Sch p.22 Région d'Akbès (Ch. Delagrange, été 1800 et Frère Philippe; in coll. Obthr., 17 spécim.). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 565 4 Rosa, Obthr. (Etud. Lépid. compar, Vol. I, PI. XXII, fig. 106, 107). Région d’Akbès (Ch. Delagrange, été 1890; 27 coll. Obthr., 15 spécim.). Syriaca, Obthr. (Ramburi, H. S. nec Lederer) est une Espèce de grande taille, d'aspect un peu lourd et robuste. Le fond des ailes supérieures et la bordure des inférieures, en dessus, est d’un noir indigo ou légèrement verdâtre, luisant; les taches rouges, au nombre de 6 ou de 5, sont de nuance carminée assez vive, ainsi que les ailes inférieures. Les antennes et le corps sont d’un noir indigo. Les pattes sont très longues avec le revers des premiers articles d’un brun jaunâtre. Il n'y a pas de Webelstreif sur Île dessous des ailes supérieures, chez 15 exemplaires; dans 2, le Nebelstreif est équivalent à celui qui est représenté sur la fig. 161 donnée par Herrich-Schaeffer; le Nebelstreif est très accentué dans l'Ab. confluens. Syriaca est sûrement une Espèce distincte de }#ipendule, la- quelle Filipenduiæ se trouve également en Syrie. J'en possède une paire récoltée à Berut-Dagh, par Ch. Delagrange, en juillet 1800. Ce sont bien, des Filipendulæe chez lesquelles dans le groupe des 2 taches rouges externes, les taches en question sont très rapprochées et confluent même, tandis que dans Syrzaca les mêmes taches sont bien plus nettement espacées. Il y a des Syriaca © dont la taille égale celle des OcAsenheimert. Ramburi, Lederer (nec Herrich-Schaeffer) et Gwrda, Lederer (Mersina, H. S.), sont remarquables par la teinte rose de leurs taches et de leurs ailes inférieures. Il en est de même chez la nou- velle Espèce que j'ai appelée Rosa, à cause de cette coloration par- ticulière. Gurda a les ailes allongées et les deux taches externes sont confluentes et forment un cœur; la bordure des ailes inférieures est sinueuse, de largeur inégale; le fond des ailes supérieures est d'une teinte indigo avec reflet d'acier, peu opaque et relativement claire. 566 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Chez ÀRamburi, Lederer, la bordure des ailes inférieures est étroite et régulière; les 2 taches externes des ailes supérieures, en confluant, ne prennent pas un aspect cordiforme. Quant à Àosa, c'est une Zygœna dont le Œ a les ailes courtes et l'abdomen proportionnellement très long. Depuis la base, jusqu’à l'extrémité de la grosse tache externe qui semble unique et non pas formée de la réunion de deux macules, c’est un lavis rose répandu sur presque toute la surface des supérieures, paraissant un peu fondu, c’est-à-dire n'étant pas nettement défini dans ses limites et contours. Une partie du bord costal, l'extrémité apicale et le bord inférieur des ailes supérieures restent seuls non envahis par la couleur rose et d’un indigo assez pâle. En dessous, l’aspect de l'aile supérieure uniformément lavée de rose est le même que l'effet de l’aile inférieure qui est semblablement colorée. Il y a un trait hyalin partant de la base, sur les ailes inférieures de Xosa. Ce trait n’a pas été ménagé par le coloriste de la PI. XXII de mon ouvrage. Chez Syriaca, Ramburi, Gurda et Rosa, V'abdomen est noir, sans trace d’anneau rouge, de même que chez 7rifolu, Lonicere, Stæchadis et Filipendulæe dont j'a1 toujours vu l’abdomen noir, sans ceinture rouge, ni tendance à produire des variétés cn gulata. La figuration donnée par Herrich-Schaeffer et par Lederer est excellente et l'identification des Espèces ne fait aucun doute. Je ne pourrais attribuer le même éloge à la figuration publiée par Seitz. Cet Auteur donne de Àamburi une détestable figure. Du reste 1l ne semble pas que ia question relative aux Espèces Syriaca, Ramburi, Gurda lui ait été connue. Zygæna Ephialtes, Linné. Espèce très anciennement connue et remarquablement poly- morphe; ainsi décrite dans le Tom. I, Pars V, de la 13° édition (aucta, reformata) de Caroli a Linné Systema Nature, publiée par les soins de Jo. Frid. Gmelin et imprimée à Leipzig, en 1788 : LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 507 « Ephialtes (*) 36. Sphinx. Zygœna. Cyanea, alis primoribus punctis sex rubris : posterioribus unico, abdomine cingulo rubro. » Cette description est suivie de l'observation qui concerne la variété B : Spinx Coronille. Wien. Schmetterl., p. 45, n° 7 et que je transcris : « Habitat in Europæ magis australis medicagine, punctis interdum albis, aut baseos alarum primorum abdominisque cingulo flavis. Larva pilosa, flavescens : capite, pedibus lineisque duabus flavis. » (Je crois que le mot : fais est un lapsus-calami commis par l’Auteur. Il aurait fallu écrire : a/ris.) Enfin la Bibliographie relative à l'Espèce est citée, telle que Je la rapporte : Fabr. Species Insectorum; Hamburgi et Kilonu, 1781 (Dans le Sp. Insectorum se trouve reproduite (p. 158) la diagnose de Linné, à laquelle Fabricius a ajouté l'observation suivante : « Variat punctis albis, baseos tamen semper aut rubra aut flava »). Wien. Schmetterl., p. 45, n° 6, Sphinx falcate. V. Scheven, Naturf, 10, t. 2, f. 7. Fuessli, Ent. Mag., t. 1, f. F. Bsper pap. 2, t 27, f3. 11 n'est pas question dans cette synonymie de l'ouvrage de Roesel qui a pourtant connu, avant les autres, l’une des formes de la Zygœena Ephialtes. En effet, Roesel a figuré sous les n°* 6 et 7 de la Tab. LVII (Classis IT Papilionum nocturnorum) dans l'Insecten-Belustigunsg, la forme d'Ephialtes à 6 taches rouges sur les ailes supérieures et à ailes inférieures rouges (Pezcedani, Esper), à laquelle Kleemann, dans la Note imprimée au bas de la page 280, donne le nom vulgaire de Rothringel; Rothguertel; Guerleltraeger,; ce qui veut dire : Petit-anneau-rouge; Ceinture-rouge; Porte-centure. Von Scheven, cité parmi la Bibliographie d'Ephialtes, Linné, (*) Ephialtes, dans la Fable, est le nom d’un Géant fameux, fils de Neptune et d’Iphimédie. Les deux frères Ephialtes et Othus sont appelés, par Homère, les Aloïdes. Fiers de leurs forces, ils entreprirent de détrôner Jupiter; mais ils furent précipités dans le Tartare. 568 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE par Gmelin, dans Der Naturforscher (Zehntes Stueck, 1777) décrit (page 95) le Spzinx Ephialtes et en donne une excellente figure, sous le n° 7 de la Tab. IT; il y a lieu de remarquer la pupillation carminée qui est indiquée par le coloriste sur les 4 taches blanches des ailes supérieures de l’Ephialtes représentée. C’est sans doute d'accord avec la description linnéenne qui a soulevé bien des objec- tions de la part de von Scheven, Fuessly et Esper. Von Scheven considère Peucedani comme pouvant être le G' d'Ephialtes, car il dit : « Das Maennlein unterscheidet sich von dem Sphinx Fili- pendule bloss durch den rothen Guertel, womit der Leib umgeben ist. » Von Scheven ajoute d’ailleurs qu'il tient le papillon figuré par Roesel sous le n° 6 de la Tab. 57, comme le O' de son Æfzialtes. Ce n’est donc pas d’hier seulement que l’unité spécifique d'Efphialtes et de Peucedani est reconnue. Mais von Scheven discute la des- cription linnéenne « alis primoribus punctis sex rubris, posterioribus unico. » [Il ne trouve pas la tache unique sur les ailes inférieures, quand il y a 6 taches rouges sur les supérieures. Gmelin ne mentionne pas Jacobus Christianus Schaeffer qui, dix ans plus tôt, en 1766, avait figuré sous le n° 1 de la Tab. LXXI, la Zygæna Peucedani désignée ainsi : « Sphinx alis integris cauda simplici guinta. Fuenfter Daemmerungsfalter mit ganzen Fluegeln und eimfachem Schwanze »; le même auteur représente sous les fig. III et IV de la Tab. CLXV, la Zygœna Efhialtes-Trigonelle, avec l’abdomen annelé de jaune et $ taches sur les ailes supérieures. Johann Caspar Fuessly a été cité par Gmelin, aussi bien que von Scheven, parmi les Auteurs qui s'étaient, à sa connaissance, occupés d'Ephialtes. Dans Magazin fuer die Licbhaber der Entomologie (Erster Band, 1778), Fuessly a effectivement figuré admirablement sous la lettre F de la Tab. 1, la Zygæna Efhialtes ©, à 6 taches aux ailes supérieures, dont les 2 basilaires rouges et les 4 autres blanches plus ou moins légèrement pupillées de carmin. De même que von Scheven, J. C. Fuessly se trouve embarrassé par les termes de la diagnose linnéenne. Fuessly expose que le Pastor von Scheven, dont la compétence en Entomologie ne fait de doute pour personne, dit dans Waturforscher, X, p. 06, que la description de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 509 Linné paraît concerner le G' d’Efhialtes. Cependant le Œ doit avoir les ailes inférieures rouges sans taches et Linné dit expres- sément que les ailes en question doivent être noires avec une tache blanche (Inferiores nigræ puncto albo). La question est traitée tout au long par Esper aux pages 148-151 de la 2° Partie. Esper cite le texte de Linné de la XII° édition du Sys/ema Nature où se trouve pour la première fois, je crois, imprimée la description d'Ephialtes. Je ne puis qu'inviter le Lecteur à se reporter à toute cette dis- cussion des anciens Auteurs, au sujet des textes linnéens. IT est très intéressant de se rendre compte d’une part, du trouble qui existait déjà dans la Nomenclature lépidoptérologique, à la fin du XVIIT* siècle et, d'autre part, de la peine que prenaient tous les Auteurs de ce temps-là, pour essayer d’élucider les textes obscurs. Je crois, pour ma part, que Linné a décrit un exemplaire de la Zygena Ephaltes, ayant les taches qui sont ordinairement blanches, exceptionnellement pointillées d'une forte pigmentation carminée. On trouve cette forme à Martignv, en Valais et j'en ai fait figurer un échantillon sous le n° 26 de la PI. IIT de la première livraison des Ætudes de Lépidoptérologie comparée. Tes figures publiées par von Scheven et par Fuessly portent la trace de cette pigmentation carminée, mais à un degré insuffisant pour justiher la constatation de 6 taches rouges aux ailes supérieures, ainsi que l’a écrit Linné. Il me semble que très probablement -— mais sans aucune certitude cependant —— [inné a possédé un exemplaire extraordinairement rouge, ce qui est fort possible, si l’on considère les individus de cette forme qu'on rencontre surtout en Valais, tandis que ni von Scheven, ni Fuüessly, ni Esper n’ont connu la variété valaisanne d’Epzialtes, à taches carminées aux supérieures et que Wullschlegel dit provenir de l’accouplement hybride de Filipendule S et Ephialtes © à taches blanches. Quoi qu’il en soit, si l’on compare les figures de Zygæna gravées à la fin du XVIII siècle, à celles qui sont publiées maintenant en chromolithographie, dans l'ouvrage : Les Macrolépidoptères du 570 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Globe, par Adalbert Seitz, ou bien dans /akresbericht des Wiener entomologischen Vereines, 1003, par Clemens Dziurzynski, on ne peut s'empêcher de reconnaître la supériorité considérable des an- ciens Iconographes sur ces modernes. Ayant déjà écrit dans le fascicule I des Æ£/udes de Lépidopté- rologie comparée (mars 1004), aux pages 43-51, une Notice détaillée sur certaines particularités de Zygœna Ephaltes et Ab. Sophie, Favre, de Martigny (Valais) dont j'ai publié 3 figures, sous les n°” 25, 20 et 27 dela Pl IIT, je ne puis quinviter le Pecteuraise reporter aux pages précitées et Je m’abstiens de répéter ici les observations que J'ai déjà exposées. Je me bornerai donc à faire connaitre les formes françaises d'Ephialtes et à établir la nomen- clature des variétés de l’Espèce, telles qu’elles me paraissent résulter de nos connaissances actuelles. I — Æphialtes, Linné. Ailes d’un noir bleuâtre; 6 taches rouges aux supérieures ; 1 tache blanche aux inférieures ; abdomen annelé de rouge carmin. Valais ? 14 { Scheveni, Obthr. Ephialtes, von Scheven (Naturforscher, 10" Stueck, 1777; Tab. 2, fig. 7, p. 05, 06). — Fuessly (Magazin, 1778; Tab. 1, fig. F). Diffère d’'Epaialtes, Linné, parce que les ailes supérieures, au lieu d’avoir 6 taches rouges, ont deux taches rouge carmin à la base, et au delà 4 taches blanches plus ou moins légèrement pupillées de rouge carmin. Schkevent est la tran- sition entre Æphialtes, Linné et Æsperi, Obthr. 10 ( Æsperi, Obthr. E phialtes, Esper (Tom. II, Tab. XVIII, fig. 3). Diffère d’'E phialtes, Linné et de Schkevem, Obthr., parce que les 4 taches externes des ailes supérieures sont d’un LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 57I blanc pur, sans pupillation carminée; les 2 taches basales et l’anneau abdominal restant d’un rouge carminé. Pont-du-Gard; Autriche. 1 Sophie, Favre (Faune Macrolépid. Valais, 1800, p. 75) ; Obthr. (Lépidoptér. comparée, Liv. 1, PI. III, fig. 25, 26, 27). Aïles supérieures avec les 2 taches basilaires d’un rouge carmin, les 4 autres blanches ou pupillées de rouge (hybride de Fiipendule Set Fphialtes (Espers, Obthr.) © secun- dum Wullschlegel; ailes imférieures avec 2 taches blanches au lieu d’une; abdomen ceinturé de rouge carmin. Martigny (Valais). 12( Medusa, Pallas (*). Falcatæe, Huebner (fig. :33). Diffère de Esperi, parce qu'au lieu de 4 taches blanches externes aux ailes supérieures, 1l n’en reste que 3. On trouve au Moulinet (Alpes-Maritimes) une très Jolie variété de Medusa, chez laquelle la tache basilaire inférieure (*) Voici le texte de la description de Pallas, telle qu’elle est imprimée dans l'Appendix — Descripliones fugitive animalium alque plantarum, annis 1768 et 1769 observatorum (Vol. I; p. 733). Edition des Voyages de Pallas, en diffé- rentes provinces de l'Empire de Russie et dans l'Asie septentrionale, traduite de Pallemand, par Gauthier de la Peyronie, Commis des Affaires Etrangères; Paris, 1788, chez Lagrange. « 67. Sphinx Medusa. Magnitudo et facies SH4. Phegce, tota atra-cærulea, nitidissima. Abdomen cingulo carmineo; alæ concolores, pri- mariæ maculis 2 orbiculatis et puncto disci albis; ocello ad basin rubro, intra circulum album, maculaque oblonga in crassiore margine rubra. Secundariæ puncto unico albo, sed exteriore margine griseæ. Habitat in Af*amanta cer- varia. » — (Afhamanta est une plante de la famille des Ombellifères). — A la page 310; 1769, 18 juin, ruisseau de Zarbaï et Markofka, Pallas parle de Medusa, dans les termes suivants : « Nous traversimes des landes élevées, sèches et arides: je n’y trouvai d’autres plantes que le mélilot jaune et la sca- bieuse d’un jaune pâle (Scabiosa ochroleuca) dont les feuilles larges et fendues étaient remarquables. Près de Markofka, on entre dans des bas-fonds variés et des forêts qui abondent en plantes. J'y trouvai le faux turbith des montagnes (Cervaria alba) qui avait plus de cinq pieds de hauteur; il a souvent une double couronne de fleurs. Elles étaient entourées d’insectes; les plus remarquables étaient le papillon Apollon et le sphinx Méduse (Spiërx Medusa); Appendix HONG 7)... 07e LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE est d’un blanc pur, alors que la tache basilaire supérieure reste d’un carmin très vif. Chez les individus bien frais, l'extrémité des antennes est blanche. Alpes-Maritimes; Pyrénées-Orientales, dans la vallée du Cady, au-dessus du village de Casteil. 1e Æmiln, Favre (Faune Macrolépid. Valais, 1800, p. 75). Diffère de Medusa, parce qu'il y a 2 taches blanches au heu d’une sur les ailes inférieures. Martigny (Valais). 1/ falcate, Obthr. (Etudes d'Entomol., XX, pl. 7, fig. 113). — nec Huebner. Diffère de Medusa, parce que les 3 taches blanches des ailes supérieures sont fortement pigmentées de rouge carmin. Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales). 18 Wadlschlegeli, Obthr. (Lépidopt. compar., Liv. III, PI XXIX, fig. 176). Entièrement d’un bleu noir; a perdu toutes les taches aux 4 ailes, sauf les 2 taches médianes blanches des supérieures qui sont de taille réduite. Valais. 14 Coronille, Esper (Tom. Il, Tab. XXXIII, fig. 2). Les taches de la base et l'anneau abdominal sont de couleur Jaune, au lieu d’être d’un rouge carmin. Les ailes supérieures ont, en outre des 2 taches basilaires jaunes, 4 taches blanches. Autriche. 17 Tngonelle, Esper (Tom. II, Tab. XX XIII, fig. 3 et 4). Diffère de Coromlle, parce qu'aux ailes supérieures il y a 3 taches blanches au lieu de 4. Autriche; Piémont. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 573 [I —— Transition entre Zphialtes, dont le fond des ailes inférieures est d'un noir bleu, et Peucedani, dont le fond des ailes infé- rieures est rouge. 24 Metzgeri, Hirschke (XIV. /ahresb. d. Wien. ent. Ver. 1903, Het nr?) Les taches des ailes supérieures sont au nombre de 5; les 2 taches basilaires sont carminées; les 3 taches externes ont le fond blanc plus ou moins fortement pigmenté de carmin; les ailes inférieures ont la base lavée de rose et une tache ronde de couleur rose carminée, vers l’angle apical; l'abdomen est annelé de carminé. Haute-Autriche, Moyenne et Basse Carinthie; d'après Hanns Hirschke, K. K. Hauptmann a. D. (loc. cit, p. 57). Je possède un d' de Gallicie (ex coll. Kuwert). 21 Aurantiaca, Hirschke (XIV. /akresb. d. Wien. ent. V’er., 1003, BARRE SE): Les ailes supérieures scnt d’un bleu noir, avec les 2 taches basilaires rose carmin et les 3 (ou 4) taches externes blanches pigmentées de rose; les ailes inférieures sont largement bordées d’indigo noir, avec un lavis rosé s'étendant depuis la base et rayonnant sur la partie antérieure de la surface des ailes. L’abdomen est annelé de rose. Hochschwab-Gebiete, selon Hanns Hirschke. Je possède une Q de la coll. Kuwert, de Berlin, sans indi- cation de localité. III. — Le fond des ailes inférieures est rouge, orange, jaune, ou même partiellement blanchâtre. Tous les passages, les plus insensibles existent du blanc jaunâtre au rouge, par le jaune, l'orange, le blanc pigmenté de rouge ou d'orange et le rouge vermillon. 3m Æacus, Esper (Tom. Il, Tab. XXXIIL, fig. 1). Les taches basilaires sont jaunes, les taches externes sont blanches ou jaunes et au nombre de 3; les ailes inférieures 574 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE sont jaunes, avec une tache ronde blanchâtre, vers l'angle apical; l'anneau abdominal est jaune. Environs de Vienne. 3* Zcterica, Lederer; Dziurzynski (XIV. /akresb. d. Wien. ent. Ver, 1903, Taf. Il, fig. 10); Æacus, Huebner (Lésd., MW; Sphinges, l; fig. 18). Les taches basilaires sont jaunes; les taches externes sont blanchâtres (Huebner) ou jaunes (Dziurzynski), mais au nombre de 4 et non de 3, comme chez Æacus, Esper; les ailes inférieures sont Jaunes, largement bordées de noir indigo, avec une simple éclaircie un peu plus pâle vers l’angle apical, au lieu d’une tache arrondie blanche, comme chez Æacus, Esper. L'anneau abdominal est jaune. Environs de Vienne. 30 Adalbert, Obthr. (/c/erica, Adalbert Seitz;, Zygœna, Pi. 6 b). Il est aisé, en comparant les 2 figures d’/cterica, selon Datursynski (loc. cit.) et selon Adalbert Seitz, de constater qu'il n'y a aucune similitude entre l’/c{erica d'après l’un et l’/cterica d’après l’autre. L’Zcterica, selon Seitz, est une variété à ailes orangées dont les ailes inférieures sont très peu largement bordées de noir indigo, tandis que cette bordure est très large dans l'/c{erica selon Dziurzynski, qui a les ailes jaunes. Tcterica, selon Seitz, a l'abdomen annelé de rouge, mais l'anneau abdominal d’/c/erica, selon Dziurzynski, est jaune. Du reste les 2 Zczerica existent dans la Nature; ma collection contient un certain nombre d'exemplaires de l’une et de l’autre et ces exemplaires sont respectivement conformes aux ñgures grossières données par les deux Auteurs, mais reconnaissables toutefois. J'ai appelé: Adalberti Y'Icterica figurée par Adalbert Seitz, dans la colonne à de la PI. 6 de Zygæna. Il est fort regret- table que M. Seitz ait travaillé à la légère et sans prendre la peine d'étudier attentivement les textes et les figures déjà LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 575 — _— publiés. Ce qu'il donne comme Æacus, dans la colonne a de la PL 6 de Zygzæna, avec 6 taches aux supérieures et des traces de coloration rouge, n'est nullement la vraie Æacus qui n’a aucun vestige de rougeûtre et qui est nettement jaune, avec 5 taches. Il suffit de se reporter à l'ouvrage d'Esper, créateur d'Æacus, pour se rendre compte de l'erreur. L’Ay- rantiaca figurée par le même Seitz, dans la colonne ? de la PL 6 de Zygœna, n’est pas davantage l’Awranriaca, de Hirschke. Là encore, il n'y a qu’à ouvrir le /akresbericht des Wiener entomologischen V'ereines, n XIV, année 1003, et de regarder la figure 11 de la Taf. II, pour se rendre compte que l’Awrantiaca, Hirschke, avec 5 taches, n'a aucune SIMI- litude avec l'Awrantiaca, selon Seitz, qui a 6 taches et dont les ailes inférieures sont rouges avec une bordure noirâtre peu large, tandis que dans lAwrantiaca, Hirschke, les ailes inférieures très largement bordées de noir indigo, présentent seulement un lavis de rose orangé répandu sur la surface des ailes, rapprochée de la base. Si les Auteurs modernes qui doivent tendre à une analyse toujours plus exacte, et qui publient des ouvrages populaires, accréditent les erreurs avec un tel sans-gêne et une pareille profusion, que deviendra la Nomenclature? Nul n'est obligé d'écrire quoi que ce soit à propos des Sciences, mais si quelqu'un entreprend de coo- pérer à l'instruction de ses contemporains, il semble que le premier de ses devoirs est de prendre la peine de recourir aux sources. Dans la circonstance, c'était facile. Les fautes sont inévitables, je le sais, et quiconque prend un rôle actif de quelque nature que ce soit, ne tarde pas à vérifier à ses dépens la vérité de la sentence : Æyrare kumanum est. Hélas ! les hommes sont sujets à l'erreur et ils ne peuvent éviter absolument de la commettre, mais au moins qu'ils s'efforcent, par tous les moyens possibles, de réduire au minimum les chances d'erreur auxquelles 1ls sont exposés. Donc, M. Adalbert Seitz a accumulé les fautes et les Entomologistes devaient en être informés, ahn de leur per- 570 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE mettre de les éviter eux-mêmes dans la détermination de leurs Zygæna. La forme A dalberti se trouve à Digne, à Meran, à Wachau; les exemplaires des Basses-Alpes sont bien pareils à ceux d'Autriche. 32 pallens, Obthr. Les ailes inférieures sont nettement rouges; aux supé- rieures il y a 5 taches; les 2 de la base sont roses; les 3 autres sont blanches, quelquefois légèrement pigmentées de rose. L’anneau abdominal est rouge. Digne; Pont-du-Gard; Florac; Vienne; Wachau. 34 pallida, Obthr. Diffère de pallens, parce qu’il y a aux supérieures 4 taches blanches ou blanc faiblement rosé, au lieu de 3. L’anneau abdominal est rouge. Wachau; Digne. 37 Athamante, Esper (Tom. II, Tab. XXXVII fig. 6). Toutes les 5 taches des ailes supérieures sont rouges, ainsi que les ailes inférieures; la bordure indigo de celles-ci est régulière et peu élargie; l'anneau abdominal est rouge. France, dans les parties calcaires du centre et du midi; Allemagne; Bohême. 35 Peucedant, Esper (Tom: II, Tab. XXV/h6°). Toutes les 6 taches des ailes supérieures sont franchement rouges, ainsi que les ailes inférieures qui sont d'un rouge assez vif avec une bordure indigo, comme chez A/kamante ; l'anneau abdominal est rouge. Esper a figuré la prétendue chenille de Peucedani sur une plante de la famille des Om- bellifères, d’après le dire de Pallas, le célèbre voyageur russe, qui raconte avoir trouvé la chenille en question sur le Peuce- danum, dans les steppes de la Russie méridionale. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 577 Voici le seul renseignement que j'ai trouvé à l'égard d’'Epialtes (mais non de la forme Peucedani), dans les Voyages de Pallas (Tome I, p. 270) : « 1769, 10 mai, Sizran; .. Ces plantes étaient pleines d'insectes, et ils se rassemblent le soir sur les boutons des fleurs de la Centaurée double. Les plus remarquables sont la Sau- terelle Nymphe à taches doubles et le papillon la Phrynée. Plu- sieurs grandes places étaient couvertes de queue-de-pourceaux (peucedanum germanicum) sur laquelle je trouvai un grand nombre de petites chenilles qui produisent le Spinx incube (Sphinx Eplaltes). » Je ne crois pas que chez nous la larve de la Zygæna Ephialtes vive sur une Ombellifère, cette chenille semble vouloir manger plutôt les plantes de la fanulle des Papilionacées et notamment la Coronilla vania, à fleurs assez grandes, panachées de blanc, de violet et de rose, formant des sortes d'ombelles sur des pédoncules qui dépassent les feuilles. La Corolla varia se trouve dans les bois et les coteaux pierreux, surtout calcaires, de presque toute la France, de l'Europe centrale et méridionale, de PAsie occidentale jusqu’à la Perse, d’après l'Abbé Coste. Du reste, la chenille figurée par Esper ne doit pas être celle d'Ephialtes, elle est blanche et ne ressemble guère à celle qui est figurée comme étant celle de Peucedani, dans la Collection [cono- graphique des Chenilles par Boisduval, Rambur et A. Graslin. La chenille d'Ephialtes-Peucedani est entièrement d’un jaune pâle tirant plus ou moins sur le vert, avec une raie longitudinale noire et deux rangées latérales de taches noires et la tête noire, comme la décrit du reste Gmelin, sauf qu'il faut lire noires, au lieu de jaunes, ainsi que je l'ai fait observer plus haut. En France, d’après ce que je connais, la Zygœæna Ephialtes a été rencontrée dans les localités suivantes et avec les formes ci-dessous désignées : Environs de Digne : Peucedant, Pallida, Pallens, Medusa, À dal- berti, Scheveni. Alpes-Maritimes (Moulinet) : Medusa et var. à tache inférieure basilaire blanche. 37 578 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Isère (Vizille) : A/zamante. Charente-[nférieure (Dompierre-sur-Mer) : A/kamante. P yrénées-Orientales (Vernet-les-Bains) : Hedusa, Falcate. Gard (Pont-du-Gard) : Pallens, Peucedant, Esper:. Allier (Vichy) : Peucedan. Lozère (Florac) : A/4amanitæe, Peucedani, Pallens. Haute-Savoie (Val du Fier) : Peucedant. Seine-et-Oise (Lardy) : Peucedani Q trouvée accouplée avec Filipendule S, Pailens. Zygæna Transalpina, Esper. Je prie le Lecteur de vouloir bien se reporter à l’article intitulé : Observations sur la Zygæena Transalpina, Esper, que J'ai fait insérer dans les Annales Soc. ent. France, 1907. Dans ce travail, j'ai établi qu'il y avait deux races distinctes de la Zransalpina, la race italienne généralement caractérisée par l'absence de lavis rougeâtre, ou Webelstreif, sur le dessous des ailes supérieures, et la race française chez laquelle, au contraire, le dessous des ailes supérieures est largement lavé de rouge. Précédemment, dans le Bulletin Soc. ent. France, 1808, j'avais distingué (p. 22 et 23) la forme transitionnelle des Alpes-Mari- times, sous le nom de #aritima. Cette année 1910, le comte Emilio Turati, l’'éminent entomo- logiste milanais, a publié sous le titre: La Zygena Transalpina, Esper, e Le sue forme italiane, un travail de 31 pages paraissant très complet et concluant à une analyse de 30 formes italiennes, toutes pourvues d'une désignation. Sans doute le comte Turati publiera une Iconographie des formes italiennes de la Zygæna Transalpina qui achèvera de donner à son étude l'autorité que lui vaut déjà la compétence et la riche documentation de son auteur. En ce qui me concerne, fidèle à ma doctrine, qui est d'éclairer toute description par une figure, après avoir décrit dans le Bulletin LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 579 (1898) et dans les Annales de la Société entomologique de France (1907), certaines formes françaises de la Zygæna Transalpina, j'ai consacré la PI. XXX des Æfudes de Lépidoptérologie comparée à la figuration des diverses races et variétés françaises de la Zygæna en question. L'explication des figures de la PI. XXX est donnée sur la référence (p. 414 et 415) du Vol. IIL. J'ai, pour le moment, peu de chose à ajouter à ce que le comte Turati, pour les races italiennes, et moi-même, pour les races fran- çaises, nous avons publié jusqu’à ce jour sur la Zygœna Transalpina. Je dois cependant rectifier une erreur que J'ai commise en attri- buant à S/æchadis, l'Ab. Boisduvali, provenant, je crois, de feu Achille Costa, de Naples, et que j'ai fait figurer sous le n° 111 de la PI VII de la XX® livraison des Ætudes d'Entomologie. Cette Ab. Borsduvali doit être référée à 7 ransalpina et non à S/æchadis. Je ne connaissais pas, en mai 1806, l’histoire de la Zygæna Transalpina, comme J'ai appris à la connaître plus tard en réu- nissant près de 3,000 exemplaires non seulement français, mais aussi italiens de cette Espèce. MM. Zickert et Fabresse m'ont notamment bien documenté sur la forme jaune Borsduvali de Transalpina et jai pu constater une fois de plus combien il était facile de se tromper, lorsqu'on dissertait sur une documentation insufhsante. J'ai donc fait une faute et J'accomplis le plus élémen- taire des devoirs en faisant l’aveu pur et simple de mon erreur. À propos du nom avec lequel il convient de désigner la forme cisalpine (diesseits der Alpen) de la Zygæna Transalpina, je crois devoir donner les indications suivantes résultant de l'étude des textes et des figures publiés par les anciens Auteurs. Il y a longtemps, en effet, qu’on a remarqué une Espèce différente de Flipendulæe, quoique lui ressemblant beaucoup. En 1770, Esper a figuré la forme de Vérone, en Italie, sous la lettre f de la Tab. XVI du Tome IL D'abord Esper avait considéré cette Zygæna comme une variété de Fiipendulæe,; mais, à la page 106, cet auteur la distingua par le nom de 7 7ansalpina, qui est le plus ancien, et qui désigne l’Espèce sans contestation possible. Il s’agit donc seulement des noms que doivent porter les formes géogra- 580 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE phiques principales. Il convient d'observer que si quelques auteurs pressentaient l'existence de plusieurs Espèces distinctes de Zygæna ressemblant à Fipendule, 1 restait cependant une hésitation et un trouble chez certains de nos prédécesseurs. Plusieurs d'entre eux continuaient à confondre Æi/1pendule et Transalpina, dont ils ne percevaient pas nettement les caractères distinctifs. Ils restaient donc irrésolus, tout en manifestant un sentiment qui indiquait d'une façon très intéressante, la recherche à laquelle ils se livraient, sans avoir pu obtenir encore pour eux-mêmes la satisfaction désirée. C'est ainsi que très probablement, dans le Magasin, publié en 1778, Fuessly, sous la fig. 3 de la Tab. I, représente la forme suisse de Transalpina sur laquelle, à la page 126, il s'exprime dans les termes suivants : « N° 3; noch kleiner, wird auf den Bergen angetroffen. Ist auf den Oberfluegeln goldgruen schimmernd, heller als die uebrigen, mit 6 groessern, eckichtern, naeher beysam- men stehenden Flecken. Die Unterfluegel haben einen sehr schmalen Saum. Die rothe Farbe sehr hell. Diese 3 Arten haben Spindel- foermige vorne zugespizte (s2c) Fuehhoerner ». A la page 130, Fuessly dit que le « Sechsfleckigter Steinbrechs- chwacrmer der bergichten Gegenden » est le Sph. quarta, Schaeffer, Icon, Tab. 69; fig. 4 ». Je déclare que je trouve absolument impos- sible de discerner si la figure pubhée par Schaeffer représente Transalpina où Filipendule. Mais le nom guarta, auquel Fuessly ne substitue aucun autre nom, n’est en somme qu'un numéro d'ordre et ne peut pas primer le nom de 7ransalpina donné par Esper, en 1770. Cependant ce nom de 7 7ansalpina qui reste pour l'Espèce désigne la race italienne sans Nebelitreif sur le dessous des ailes supérieures. Puisqu'il existe une race avec Vebelstreif, 11 y a lieu de la distinguer par un autre nom. D'ailleurs, ce sont plusieurs races avec le Vebelstreif, et non pas une seule, qui se rencontrent chez la cisalpine 7 7ansalpina. Huebner a donné le nom de Loi à la 7 ransalpina d'Augsbourg. Il a publié la figure de la chenille sous la lettre G de la Taf. IT (II Theil) de Beitraege zur Geschichte der Schmetterlinge (1700); la notice est imprimée aux pages 30, 40 et 41. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 581 Sous prétexte que Lot, dans Sys/ematisches Verseichniss der Schmetterlinge der Wienergegend (1776), pourrait bien ne pas être spécifiquement la même Zygena que Zransalpina, Borkausen inventa le nouveau nom d’'As/ragali dans Rheinisches Magasin zur Erweiterung der Naturkunde (1703). Je crois devoir donner la reproduction du texte intégral écrit par Borkausen. Cet auteur connaissait le nom de Zo/i, Huebner, qui prime dès lors évidemment celui d’As/ragali; 11 considère le n° 2 de la Tab. I du WMagazin de Fuessly, ct non le n° 3, comme repré- sentant son espèce As/ragali. Pourtant, suivant Fuessly, le n° 2 serait Filipendule, et c'est le n° 3 qui est l'espèce différente de Filipendule, c'est-à-dire Transalpina de Suisse. On voit combien toutes ces origines sont embrouillées, erronées et obscures. Quoi qu'il en soit, voici le texte de Borkausen : «€ 12.) Sphinx Astragali; alis anticis nigro cyaneis : maculis sex miniaceis; posticis rubris margine lato sinuato migro cyaneo; antennarum apicibus albis; abdomine immaculato. Fuessly, Magaz. I. Th. IL St Tab. 1; fig. 2. Élübners Bévte 20 2 00h = lañtihe(G S%30 Wo dieser Schwärmer unter dem Nahmen Sp%. Loti nach allen Ständen beschrieben und seine Raupe abgebrldet ist. Hierher gehôrt die Sphinx Transalpina Esperi. Es finden sich nemlich Stücke, welche mehr grünlich als schwarzblau sind, und bey diesen sieht man die schwärzliche Einfassung der rothen Flecken deutlich, welche bey den schwarzblauen nicht sichtbar 1st. Von der Spk. Filipendulæ unterscheidet sich dieser Schwärmer 1.) durch die mennigrothen Flecken, welche, wie bei Spk. Peucedani, leicht verschiessen und manchmal ganz weisslich werden; 2.) durch den eigenen Schnitt und den breiten Saum der Hinterflügel, als woriner der Spk. Peucedan: gleichkommt; 3.) durch die weissen Fühlhornspitzen. Von Sp. Peucedani unterscheidet er sich 1.) durch den Mangel des rothen Rings, 2.) durch den nicht parallelen Stand des zweiten und dritten Fleckenpaares, das dritte steht in viel schregerer Richtung, als das zweite, 582 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Ich besitze eine Varietät dieses Schwärmers, bey welchem alle sechs Flecken zusammenfliessen. Die Raupe dieses Schwärmers fand ich im May an As#ragalus glycyphyllos (welche Pflanze im Oestreichischen Leckritzwicke genennt wird, daher man den Schwärmer Leckritzwickenschwärmer nennen kôünnte.) Sie kam in ihrem Habitus der Raupe der Sp. Filipendule. Sie war grünlich und in jeder war ein breiter gelber Streif, über welchem eine Reihe dreyeckigter schwarzer Flecken stand. Ueber den Rücken lief eine schwärzliche ununterbrochene Linie. Die Luftlôcher waren schwarz. Die Wärschen des Kôrpers, auf welchem die Haare stehen, hatten die Farbe des Grundes, auf welchem sie standen. Das Gespinnste, das sie sich bei der Verwan- delung fertigte, war weisslichgelb, und wie das Gespinnste der Filipendule-Raupe gestaltet. Die Puppe war braun, bis auf den Hinterleib, welcher weisslich-grün und schwarz gefleckt war. Herrn Hübners Beschreibung der Raupe stimmt mit dieser überein, und beweiset also, dass dieser Schwärmer keine Varietät von Spk. Filipendule, sondern eine besondere Art ist. Herr Hübner glaubt in ihm die Spk. Loti des wiener Verzeich- nisses zu finden; allein hier irrt er allen anderen Zeugnissen nach. Herr Schrank hat in Fuesslys neuem Magazin die wahre Spk. Loti, welche auch Herr Gerning unter diesem Nahmen aus Wien erhielt, beschrieben, und auch Herr Fabrizius bezeuget dadurch, dass er die Sp. Loti Vienn. bey seiner Zygæn. Fulvia allegirt, dass diese Sph. Loti ein fünffleckigter Schwärmer sey, ob er gleich drey verschiedene Sphinxen nemlich die Loti, Lonicere und Ackillee mit eimander verwechselt. Sph. Astragali habe ich diesen Schwärmer von der Nahrungs- pflanze, dem As#ragalus glycyphylos genennt. Den Nahmen Sp. Transalpina konnte ich nicht beybehalten, weil er auch diesseits der Alpen, in Deutschland und selbst in unserer Gegend sich findet. Borkausen établit donc un nom nouveau pour la Zygæna Tran- salpina à cause de la différence de provenance; mais il ne dit rien du caractère des ailes supérieures en dessous, c'est-à-dire du lavis LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 583 rouge qui existe dans la forme suisse et allemande et qui fait défaut dans la forme italienne. Esper a figuré avec le nom de Zo, la 7'ransalpina viennoise, sous le n° 1 de la Taf. XXXV. Du côté d'Esper encore, ce nom de Loti a donc pour lui lindis- cutable priorité sur Asragali. Je reconnais cependant que plus tard le nom de Zo# fut appliqué par Huebner à deux unités spécifiques très distinctes, dans ses Illustrations. Evidemment Zofi à 6 taches, n° 32, de Huebner, n'est pas la même Espèce que Loti à 5 taches, n° 82, du même Huebner. De là découle une nouvelle source de confusion, mais postérieure à la Notice écrite par Borkausen en 1703. Cependant, pour ce qui nous concerne, à l'époque présente, la confusion commise par Huebner, dans son Iconographie, n'est pas indifférente. Définiti- vement, ce sont, à mon sens, les figures 54 et 55 données par Herrich-Schaeffer, avec le nom d'Æ2ppocrepidis, qui fixent la ques- tion, en figurant excellemment la Zygæna en cause. La pointe des antennes est blanche; le dessin et la couleur sont exacts et, en dessous (fig. 55), le Mebelstreif caractéristique de la race non italienne est parfaitement représenté. Les fig. 52 et 53, avec le même nom d'Æippocrepidis, sont également très bien exécutées; mais il y a un anneau abdominal rouge qui n'existe pas ordinai- rement chez l'Hippocrepidis d'Allemagne, des Alpes et des Pyré- nées. En outre, il reste la race spéciale des plaines calcaires de l'Ouest de la France et d’autres races encore, ainsi que je l'ai fait connaître dans les Annales de la Société entom. de France, en 1007. Zygæna Lavandulæ, Esper. Espèce bien connue et qu'il est difficile de confondre avec aucune autre. Il y a deux formes : 1° Lavandule, figurée par Esper, sous la figure 2 de la Tab. XXXIV du Tom. IT; 2° Consobrima, Germar. Herrich-Schaeffer a représenté le dessous des ailes de Lavandule 584. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE sous le n° 42 de la Tab. $ de Zygænides Europ., et de Consobrina sous le n° 43. Moi-même, dans la XX" livraison des Æ/udes d'En- tomologie, j'a donné, sous le n° 108 de la PI. 7, la figure du dessus des ailes de Consobrina, et sous le n° 100, de Zavandule. La Zygæna Consobrina, en dessus aussi bien qu'en dessous, montre la couleur rouge plus développée sur ses ailes inférieures, comparativement à Lavandule, chez qui la teinte indigo envahit l'espace que la couleur carminée recouvre dans Consobrina. Lavandule et Consobrina se distinguent des autres Espèces de Zygæna par leur collier d’un blanc pur. Les ailes supérieures sont frangées de blanc. M. Emmanuel Abeille, dans une Æ7ude sur les Zygènes des Environs de Marseille et de la Sainte-Baume, consacre une inté- ressante notice à la Zygœna Lavandule. I] passe en revue les diverses phases de la vie évolutive de l’Espèce et donne sur le parasitisme qui détruit un si grand nombre d'individus, des rensei- seignements très instructifs Quand on pense que les Zygæna comptent, selon les idées du Docteur Adalbert Seitz, parmi « les insectes bénéficiant d’une protection interne! » Que serait-ce donc si cette faveur insigne leur avait été refusée? M. Abeille nous apprend qu'il a observé aux dépens de la chenille de la Zygœna Lavandule 3 séries de parasites : 1° En Janvier, février et mars, plusieurs espèces de mouches Tachinaires, dont es larves dévorent peu à peu l'intérieur de la chenille dans laquelle elles se développent. Les larves de Tachi- naires sortent du corps de leur victime, dont elles percent la peau, et laissent la pauvre chenille entièrement vidée et cependant con- servant encore la vie pendant quelques jours; les larves des mouches se chrysalident, pour éclore 20 à 30 jours plus tard. 2° En mars et avril, ce sont encore des Tachinaires, mais ren- forcées par des Hyménoptères de la famille des Chélonides appartenant au genre RÀogas. Les Rogas vivent, à raison d'une larve par chenille, dans le corps de celle-ci. Lorsque la larve de kRogas a atteint son entier développement, la chemille meurt et se dessèche, formant une momie d’où sort, un peu plus tard, la LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 585 mouche Rogas, en brisant la partie inférieure de la momie en question. 3° En avril et mai, paraissent de nouveaux parasites, sous forme d'Hyménoptères du genre Wicrogaster. Ceux-ci vivent en grand nombre, dans l’intérieur d’une même chenille dont ils sortent, en entourant leur victime de petits cocons blancs reliés entre eux par une fine mousse de soie blanche. Quelles hécatombes et quelles luttes douloureuses! Toujours des victimes et toujours des bour- reaux, inconscients les uns et les autres, 1l est vrai. Toutefois, sans détruire l’Espèce, les parasites réduisent singulièrement le nombre des individus qui la composent et maintiennent dans des limites sensiblement égales la proportion des échantillons favorisés qui, après avoir échappé à toutes les causes de destruction, parviennent à assurer la reproduction de leur Espèce. J'ai fait figurer sous le n° 162 de la PL XXVIII du Vol. IIT de la Lépidoptérologie comparée, YAb. Step, à taches jaunes, de Lavandule. C'est sans doute l’'exemplaire dont parle M. Abeille, à la page 3 de son Æ/ude (1900), et qu'il dit avoir capturé, il y a trois ans, c’est-à-dire en 1906, au dessus du champ de la Vigne, près de la vallée de Saint-Pons. La Zygæna Lavandulæe est une des plus jolies Espèces du Genre. J'ai pris assez abondamment la forme Consobrina à Hyères, en avril 1866. Je possède Consobrina de Digne; Montpellier; Col de Bartagne; Saint-Pons, près Gémenos; environs de Marseille; Tijola (Almeria), Observatoire près Nice et La Turbie où se ren- contrent des spécimens de transition entre Consobrina et Lavan- dule. Quant à la forme Lavandulæ pure, ma collection contient de nombreux échantillons de Bordighera, Castillon, La Turbie, envi- rons de Nice, Menton, Bonson, Escarène, Levens, Cannes, Mont Pacanaglia, dans les Alpes-Maritimes; Barcelone, Grenade, Tijola (Almeria), Vittoria et Mont Gorbea, en Espagne; Collioure et Vernet-les-Bains, dans les Pyrénées-Orientales. Le dessus des ailes supérieures a le reflet plus bleu chez les exemplaires de Provence et plus vert chez ceux de Catalogne. Sans 580 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE doute cette particularité ajoutera quelque jour un nom à la nomen- clature entomologique. Pour moi, je ne juge pas une désignation spéciale assez justifiée. L'Espèce varie pour la dimension des taches rouges aux ailes supérieures. J'ai capturé un © chez qui les taches rouges sont réduites à de très petits points; j'en ai pris d’autres, au contraire, qui sont remarquables par la dimension de leurs macules rouges. La chenille vit sur le Dorycnium suffruticosum, plante de la famille des Papilionacées. Cette chenille est facile à distinguer de ses congénères, étant d’un blanc grisâtre, traversée par deux lignes latérales épaisses, brunes, qui laissent paraître sur le milieu du dos un espace longitudinal blanchâtre de la couleur du fond. Le papillon éclôt en avril et je l'ai vu voler jusqu’en juin. M. Harold Powell, chassant pour moi en 1906, a capturé, le 13 juin, entre le Laghet et les moulins Gaetti, une très belle Aber- ration de Zavandule que j'appelle Powelli. Entre les taches rouges, et tout autour desdites taches, extérieurement et intérieurement, le liséré noir mat qui entoure normalement les taches rouges des añles supérieures s’est développé de façon à occuper tout le fond des ailes. De plus, la tache rouge basilaire supérieure conflue, par un long trait costal rouge, avec la première tache rouge médiane. C'est exactement pour Lavandulæ ce qu'est l'Ab. Gueneei pour Rhada- manthus. Zygæna Rhadamanthus, Esper. Grossièrement figurée par Esper, sous les figures 1 et 2 de la Tab. XL du Tom. Il, d'après des exemplaires appartenant à Gerning qui les avait reçus des environs de Nîmes, en Languedoc. Le G' a le dessus des ailes Xellolaenzendes Gruen, c'est-à-dire, en mot à mot : clairement-brillant vert, et la © dunkles Blau, ou d'un bleu-obscur, dit Esper. La Zygœna Rhadamanthus est une de nos plus jolies Espèces, elle porte le nom du frère de Minos. Tous deux, Rhadamanthe et LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 587 Minos, étaient fils de Jupiter-Asterius, roi de Crète, et d'Europe. Tous deux furent réputés pour leur amour de la Justice et de l'équité. Aussi furent-ils mis par les Poètes au nombre des juges des Enfers. Rhadamanthe jugeait les peuples d'Asie et d'Afrique. Les Anciens, lorsqu'ils voulaient parler d’un jugement Juste, quoique sévère, ne l’appelaient-ils pas un jugement de Rhadamanthe? Voilà donc le nom de ce maïître-juge, transmis à la postérité la plus reculée, sur les ailes d’une Zygæna! J'ai donné une figuration assez abondante des variations de Rhadamanthus, sous les n° 181 à 188 de la PI. XXIX du Vol. III de la Lépidoptérologie comparée, et j'avais déjà représenté sous le n° 107 de la PI. 7 de la XX° livraison des Æ/udes d'Entomologie, la forme A/garbiensis, Christ, du Portugal, que j'avais appelée fautivement A/garvensis. Je considère comme pouvant être le type normal de lEspèce dans les Alpes-Maritimes, le n° 188, de Vence, aux ailes d’un bleu assez foncé, luisant, paraissant intermédiaire entre Lellglaensendes Gruen et dunkles Blau de la description d’'Esper, mais plus rap- proché de dunkles Blau. J'appelle grisea la forme de Digne et des montagnes entre l'Escarène et Levens, dont le dessus des ailes supérieures est d’un gris blanchâtre (fig. 187). Les individus, avec l'abdomen annelé de rouge, portent le quali- ficatif de cngulata, Lederer. J'ai fait représenter l'Ab. fara, de Tijola, à taches et à ailes inférieures jaunes. J'ai distingué par le nom de Gueneei la belle Aberration que feu Guenée a fait connaître, le premier, d'après un exemplaire qu'il avait pris à Celles-les-Bains (Ardèche), mais à laquelle il n'avait donné aucun nom. La description rédigée par Guenée et la figure ont paru dans les Annales de la Société entomologique de France, 1870 (PI. 7, fig. 12). Cette Aberration Gueneei se reproduit régulièrement. J'en possède en tout 7 échantillons dont 5 trouvés à Digne, une © capturée à Montpellier (ex coll. Bellier) et le type même de Guenée. Les 588 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE figures 185 et 186 du Vol. IIT de la Zépidoptérologie comparée représentent l’'Ab. Gzyeneei qui est caractérisée absolument comme l'Ab. Powell; de Lavandule, c'est-à-dire par l'extension extraor- dinaire des petits traits noirs, normalement placés à droite et à gauche de chacune des taches rouges des ailes supérieures, à l'exception toutefois de l'ultime externe, laquelle reste toujours libre de tout accompagnement noirâtre. Les ailes inférieures de KAadamanthus peuvent être plus ou moins envahies par la teinte bleue. Tous les passages existent entre la forme type dont les ailes inférieures sont entièrement rouges avec un mince liséré marginal indigo, et l’Ab. Kïesenwetteri, la plus accentuée dans le sens du mélanisme; tel le n° 06 de la Tab. 14 des Zygænides Europ. d'Herrich-Schaeffer. Non seulement les ailes inférieures sont entièrement indigo, mais encore la 6° tache rouge ultime externe des ailes supérieures a disparu. La transition a été appelée Sæchadis par Boisduval qui l’a figurée sous le n° 4 de la PI 55 de l’/Zcones, d'après un exemplaire provenant des envi- rons de Barcelone et que lui avait donné le colonel Feisthamel. Duponchel a fourni une excellente figure de cette Ab. intermédiaire Stæchadis, sous le n° 2 de la PI. VII du Supplément-Zygénides, toujours d’après un spécimen de Barcelone. Herrich-Schaeffer à représenté également fort bien cette même Szæchadis, sous les n°” 97 et 08 de la Tab. 14 des Zygænides Europ., avec le même nom de Xzesenwelteri qu'il donne à son n° 06. IT ne faut pas confondre les deux Zygœna Stæchadis : 1° celle de Boisduval, qui n’est qu'une forme mélanisante de Rkadaman- thus, et 2° celle de Borkausen, à laquelle se rattachent Dyubza et Medicaginis. J'ai fait moi-même représenter A2esenwetteri (H.-S. 06) sous les n*® 181 et 183 de la PI XXIX du Vol. III des Etudes de Lépr- doptérologie comparée, et Stæchadis, Boisduval, sous le n° 182. Cependant je regrette vivement que le coloriage de la PI XXIX, dans un certain nombre d'exemplaires du Vol. IIT de Zépidopt. comparée, laisse à désirer. Malheureusement, le coloriage de cette Planche a été exécuté hâtivement et sans les soins méticuleux qui LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 589 sont cependant nécessaires, surtout pour la représentation des Zygæna. Je m'excuse près de mes Lecteurs pour cette non-réussite partielle. M. Abeille a traité de l’histoire de la Zygæna Rhadamanthus, comme il l’a fait pour Lavandule, avec compétence et exactitude. La chenille de Rhadamanthus vit, comme celle de Lavanduleæ, sur le Dorycnium suffruticosum, Papilionacée qui, dans le Midi de la France, sert de nourriture et d'asile à une foule de Lépidoptères. Les chenilles des deux Espèces se ressemblent; mais les deux coques sont très distinctes; celle de LAadamanthus est ovoïde. J'ai réuni de nombreux documents relatifs à la Zygæna Rhada- manthus qui habite une partie de l'Espagne, le Midi de la France et l'Italie. Je dispose de plus de 1,200 exemplaires provenant de localités très variées; c'est avec ces matériaux que Je crois pouvoir établir la variation de l’Espèce, par localité, comme suit : 1° Portugal. — Algarbiensis, Christ (Algarvensis, Obthr.). Rela- tivement grande; 6 taches rouges aux supérieures; ailes mférieures en dessus bleu indigo, avec quelques traits carminés partant de la base et deux points rouges confluents vers l'extrémité et près du bord terminal: en dessous, plus largement lavées de carminé qu'en dessus; pas d’anneau abdominal rouge; poils du thorax épais, mélangés de blanchâtre, ainsi que les épaulettes. À été prise à Faro, par Max Korb, de Munich, en 1884. 2 Almeria et Grenade. — Cingulata, Lederer; Herrich-Schaeffer, fig. 21, 22. Généralement petite; fond des ailes supérieures d'un bleu grisâtre; taches et ailes inférieures d'un rouge assez vif; abdomen généralement annelé de rouge. C'est à Tijola, près d'AI- meria, que Martinez de la Escalera captura, en 1900, la belle Ab. flava qui est figurée sous le n° 184 de la PL XXIX. Cette Ab. fava est elle-même céngulata; mais en jaune naturel- lement. De Graslin a recueilli Rkadamanthus cingulata à Grenade, les 5 et 8 juin 1835. Rambur en fait mention dans le Catalogue systém. Andalousie. 590 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 3° Catalogne. — On trouve aux environs de Barcelone les formes ÀAadamanthus, Stæchadis et Kiesenwetteri. La Rhadaman- thus de Barcelone est petite et de couleurs vives, avec le thorax abondamment couvert d'une pilosité soyeuse blanchâtre. Pas d’an- neau abdominal rouge; fond des ailes supérieures bleu ou verdâtre, tout à fait: « Hellglaenzendes gruen oder blau ». En Catalogne, l'Ab. intermédiaire S/æchadis et l'Ab. Xzesenwetteri sont fort inté- ressantes. X7esenwetteri paraît très variable. Tous les 16 exemplaires que Je possède de Catalogne ont 6 taches rouges aux ailes supé- rieures. Le fond de celles-ci est bleu indigo, ou gris verdâtre, ou vert brillant; les ailes inférieures, en dessus, sont quelquefois entièrement indigo; mais le plus généralement avec quelques traces de rose carminé. Les taches rouges des ailes supérieures, latéra- lement bordées d’un trait noir, sont quelquefois, en haut et en bas, accompagnées d’un trait blanc, comme dans les Alpes-Maritimes. Les Q Â7esenwetteri montrent un double collier blanchâtre; chez les O, on voit simplement une pilosité soyeuse blanche, à la base des antennes et autour de la tête. Les ailes supérieures sont finement frangées de blanc jaunâtre ou de fauve pâle. La Ahadamanthus, en Catalogne, paraît varier à peu près comme dans les Alpes- Maritimes. 4° Pyrénées-Orientales. — Dans les Pyrénées-Orientales, on trouve la Zygæna Rhadamanthus, aux mois d’avril et de mai, à la Trancada d'Ambouilla, sur les fleurs de l'Onobrychis Sativa ou sainfoin, plante de la famille des Papilionacées, qui est cultivée comme fourrage. Il y en avait jadis quelques champs assez maigres situés en gradins sur la pente, du côté Sud et Sud-Est du plateau. Les Zygæna Rhadamanthus se trouvaient posées sur les fleurs roses, striées de rouge, qui s'élèvent en grappes assez longues à l'extrémité des pédoncules qui surpassent les feuilles. Le souffle du vent incli- nait ou balançait ces fleurs avec lesquelles les Zygæna confondaient presque leurs couleurs et sur lesquelles elles se cramponnaient, lorsque l’aquilon prenait de la force. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE SOI La forme de la RAadamanthus des Pyrénées-Orientales est d'aspect un peu terne; le fond des ailes supérieures est d'un gris bleuâtre; les 6 taches des mêmes ailes et les ailes inférieures sont d'un rouge mat et sans éclat; quelquefois le bord anal des infé- rieures se trouve pigmenté d'indigo; l'abdomen est noir, non annelé de rouge; le thorax est velu et mélangé de poils soyeux blan- châtres; les ailes supérieures sont finement frangées de blanc; les inférieures sont lisérées d'indigo. Dans les Pyrénées-Orientales, Je n'ai jamais vu l’Ab. Xiesenwetteri. D'ailleurs, l'Espèce paraît très localisée dans les Pyrénées-Orientales, et jamais nous n'avons trouvé Rhadamanthus que sur la montagne de la Trancada d'Am- bouilla, entre Prades et le Canigou. J'ai essayé de décrire cette localité si remarquable sous le double point de vue du paysage et de l’entomologie, aux pages 37 et 38 du présent ouvrage, dans la notice consacrée au Cœnonympha Dorus. Il y avait autrefois des champs de sainfoin près de Villefranche- de-Conflent Je les ai plusieurs fois examinés, pour trouver la Zygæna Rhadamanthus sur les fleurs; mais toujours sans succès. s° Languedoc et Provence. — La Zygæena Rhadamanthus se trouve à Mende où Jje l'ai prise en 1863, à Montpellier, aux environs d’Aix-en-Provence, à la Sainte-Baume, à Celles-les-Bains (Ardèche) et à Digne Dans aucune de ces diverses localités Je n’ai vu la forme Xesenwetter. À Celles-les-Bains et à Digne, on rencontre des exemplaires dont l'abdomen est annelé de rouge (czngulata); on trouve aussi la charmante Ab. Gyeneer, tantôt cngulata, tantôt avec l'abdomen tout noir; mais ce qui caractérise la race langue- docienne et provençale de Réadamanthus, c'est l'éclat de la couleur rouge vermillon des taches des ailes supérieures et le développement desdites taches; de plus, il y a pour la couleur du fond des ailes supérieures, en dessus, deux races bien distinctes, quoique réunies l’une à l’autre par des exemplaires de transition, celle qui est spé- ciale à cette région et aux montagnes entre Levens et l’Escarène, qui a le fond des ailes d’un gris presque blanc (forma grisea, Obthr., PL XXIX, fig. 187), et l’autre qui a le fond des ailes d’un 5902 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE bleu ou d'un vert plus ou moins conforme aux termes employés par Esper, dans sa description initiale. Les taches rouges des ailes supérieures confluent parfois, mais fort rarement complètement. Le principe de la confluence se trouve généralement dans l'allongement, le long de la côte des ailes supérieures, de la tache basilaire rouge supérieure. Cet allongement, limité à la jonction de la tache basi- laire et de la tache cellulaire, est fréquent; mais il y a loin de cette confluence partielle à la confluence étendue et gagnant toutes les taches, ce qui constitue la véritable Ab. confluens,; la macule basi- laire inférieure émet, dans ce cas, un prolongement qui la relie à la macule médiane rouge inférieure; les taches rouges s’élargissent, au détriment du fond gris ou bleuâtre qui se trouve dès lors extrè- mement rétréci entre les traits noirs devenus très rapprochés. La 0° tache rouge (externe ultime) est tantôt séparée de la 5° et tantôt elle lui est contiguë. Sur environ 350 exemplaires de ÀAadamanthus pris à Digne et rangés dans ma collection, à peine 70 appartiennent à la var. cn- gulata et ce sont surtout les spécimens de la forme grsea; celle-ci constitue près de la moitié de l'effectif total à Digne. Un seul © pris à Digne, a le fond des ailes supérieures aussi bleu que le n° 188, pris à Vence; ce seul individu, parmi tous ceux de Digne, présente sur les ailes inférieures une légère tendance à l’obscurcis- sement, par une pigmentation de couleur indigo. Cet exemplaire, conforme à ceux des Alpes-Maritimes et rencontré seul au milieu des individus de Digne où la forme normale est différente de la forme de la Riviera, prouve une fois de plus que partout où vit une Espèce, on peut trouver au milieu d’une forme locale spéciale, à titre aberrant, des spécimens très différents de la forme normale du lieu où ils sont nés, mais semblables à ceux qui constituent ailleurs une forme locale très distincte. 6° Alpes-Maritimes. — C'est vraisemblablement dans les Alpes- Maritimes que se trouvent les plus belles variations de LAada- manthus. Chassant moi-même après la mi-juin 1806, entre l’Esca- rène et Levens, puis autour de Nice, notamment à l'Observatoire LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 503 et à La Turbie, Je capturai plusieurs RXadamanthus dont les ailes supérieures me parurent d’un bleu si vif, avec des taches rouges si carminées, que Je les rapportai d’abord à Oxyfropis, à laquelle elles ressemblent en effet. Je recueillis aussi des sujets très intéressants de Xzesenwetter:; mais l'Espèce commençait à se déflorer et Je rencontrais peu d'échantillons encore frais. Cependant les années suivantes Je chargeai le chasseur Victor Cotte, de Digne, de faire une exploration entomologique au commencement de juin; enfin, avec l’aide de MM. Powell et Decoster, je parvins à réunir près de 600 exemplaires de XÀAadamanthus pris à Vence, Bonson, l'Escarène, Levens, La Turbie, Castillon, Sospel, Puget-Théniers, Mont Pacanaglia, Mont Castel-de-Brans, Vallée du Paillon, Mon- tagnes entre le Laghet et les moulins Gaetti, Col d'Eze, Tourette- sur-Loup, Bordighera, ce qui me permet d'apprécier en connaissance de cause la forme de la Riviera. Lorsqu'on place les unes à côté des autres les boites qui con- tiennent les Zygæna Rhadamanthus de Digne, des Pyrénées- Orientales, d'Espagne, des Alpes-Maritimes et d'Italie, on constate aisément : 1° Que l’Ab. mélanienne Xesenswetteri se rencontre seulement en Catalogne et dans les Alpes-Maritimes, contrée d’où le Catalog 1901, de Staudinger et Rebel, s'abstient de la signaler; 2° Que la race normale, c’est-à-dire à ailes inférieures rouges, est très différente d'aspect dans les Alpes-Maritimes, comparativement aux autres localités, à cause de la teinte bleue vive et foncée du fond des ailes supérieures, presque partout, sauf à Levens et à l'Escarène, et de la couleur carminée rose, non vermillonnée, des taches rouges des ailes supérieures et de la surface des ailes infé- rieures. Plusieurs colonnes d'Oxyrropis de Sicile, des Abruzzes, de Flo- rence sont rangées près des RAadamanthus; Oxytropis diffère moins, par son faciès, de Rhadamanthus des Alpes-Maritimes que celle-ci ne se distingue de sa pareille de Digne et de l'Escarène qui n'habite pourtant pas à une distance bien éloignée. 38 504 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Mais ceci est pour l'effet général. C’est l'impression que produit la vue d’un ensemble, sans s'occuper des détails que révélera l'ana- lyse des individus. S1 l’on procède donc à l'analyse en question, on constate une variation individuelle assez grande dans la teinte bleue qui fait le fond des ailes supérieures de la forme à ailes inférieures rouges Khadamanthus,; mais c'est dans les échantillons AZesenwetteri que la variation est surtout remarquable. Tout d’abord, il y a des RAadamanthus dont les ailes supé- rieures présentent les deux taches rouges externes, unies en forme de cœur, comme chez Oxytropis. D'autres ont les deux taches rouges ultimes bien séparées; chez le plus grand nombre, les taches rouges sont d'un rose carminé vif, avec les traits noirs latéraux bien indiqués; mais chez quelques sujets, la nervure médiane forme, depuis la base, un trait blanc qui surmonte la tache rouge médiane inférieure, souligne la tache rouge externe supérieure et s'arrête au contact de la 6° tache externe inférieure. Cette ligne blanche, sur la nervure médiane, lorsqu'elle est bien accentuée, produit un effet fort agréable. Souvent les R£adamanthus des Alpes-Maritimes ont le bord anal des ailes inférieures pigmenté d'indigo, comme à la Trancada d'Ambouilla Au milieu des RAadamanthus à ailes supérieures bleu foncé, on voit des exemplaires à fond des æles d'un gris légèrement verdâtre; mais, sauf entre Levens et l’Esca- rène, ce n'est pas la forme gisea de Digne. Quant aux ÂAZesenwetten, elles peuvent avoir le fond des ailes supérieures gris ou d’un bleu indigo très obscur, avec $ ou 6 taches rouges; mais lesdites taches rouges sont quelquefois presque entiè- rement noires, surtout les 2 ultimes. L'Ab. S/æchadis, Boisduval, qui fait le passage entre RAadamanthus et Kiesenwetteri, se pré- sente elle-même extrèmement variable non seulement pour ses ailes inférieures qui sont plus ou moins rougies, mais aussi pour les supérieures, qui se montrent tantôt claires et tantôt foncées. La nervure médiane peut ressortir en blanc depuis la base des ailes supérieures Jusqu'à la 6° tache rouge chez Xiesenwetteri, des Alpes- Maritimes, comme chez celle de Catalogne et tout aussi bien que LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 595 chez Rhadamanthus. J'a1 désigné sous le nom de 5—raculata Ja Kiesenwetteri qui a perdu la 6° tache rouge des ailes supérieures. Tels sont les n* 181 et 183 de la PL XXIX du Vol. III, et tel est aussi l’exemplaire figuré par Herrich-Schaeffer, sous le n° 00. J'ai appelé obscura la forme chez laquelle la couleur rouge des taches des ailes supérieures est envahie par le noir. Entre Levens et l'Escarène, il y a, comme Jje l'ai déjà fait observer, une forme grisea assez analogue à celle de Digne; elle affecte L£adamanthus, Stæchadis et Kiesenwetteri et les exemplaires de couleur grisâtre volent avec les individus dont les ailes supérieures ont le fond bleu foncé, conformément à la race ordinaire qui se rencontre dans les autres localités des Alpes-Maritimes. C'est seulement dans la forme grisea de l'Escarène que j'ai vu une unique Q cngulata, parmi tous les exemplaires récoltés dans le département des Alpes- Maritimes. À Digne, la variété céngulata est plus fréquente, ainsi qu'on l'a vu plus haut. La forme gisea paraît affecter un tiers environ des échantillons de RAadamanthus, Stæchadis et Kiesen- wetteri, entre l'Escarène et Levens; les deux autres tiers, dans ces montagnes chaudes et si escarpées, sont conformes à ceux qu'on voit dans la région plus rapprochée du littoral méditerranéen. On y trouve même des exemplaires bien voisins d'Oxytropis, qui me paraît être simplement une race géographique de XAadaman- thus, spéciale à l'Italie, et non point une Espèce propre. Ma col- lection contient des exemplaires italiens d'Oxy#ropis mdistinguables de certains échantillons français de RZadamanthus. 11 doit en être d'Oxytropis et de Rhadamanthus comme de Punctum et de Sar- pedon. Je traite donc la Zygæna Oxytropis, Boisduval, comme la D 22 7° race géographique de Rkadamanthus. 7° Ltalie. — Oxytropis, Boisduval. Les échantillons bien carac- térisés diffèrent de RAadamanthus par une taille plus petite, un corps moins velu et moins épais, entièrement noir, et les couleurs rouges et bleues du dessus des ailes plus vives. Oxytropis se trouve à la fin de mai et au commencement de juin en Sicile, aux environs de Florence, à Cerchio (Abruzzes), dans la 500 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE vallée du Petrella où l’a capturée M. Orazio Querci; à Rome et dans le pays napolitain. J'ai eu le plaisir de la récolter moi-même abondamment aux proches environs de Florence, dans les taillis de chènes qui s'élèvent sur les collines, en face de la Poudrière. L’Ab. confluens, Zickert, n'est pas rare à Cerchio, où l’on constate chez beaucoup d'exemplaires que toutes les taches rouges se réu- nissent en une longue et unique macule non interrompue et dont les contours restent sinueux. Zickert a obtenu quelques échantillons de l’Ab. cengulata. La figure d'Oxytropis donnée par Boisduval, dans l’£ssaz, 1820, est détestable. La figure publiée par Duponchel (Szpplément- Zygénides, PI. VIT fig. 3) est bonne; Boisduval a fourmi sous le n° 3 de la PI. 55 de l’/cones une figure meilleure que celle de l'Æssaz. Boisduval dit à la page 70 de l’/cones (Vol. Il) qu'Oxytropis « se distinguera facilement de RAadamanthus par ses ailes supé- rieures plus bleues, avec les deux taches postérieures connées, par son corselet noir, par la bande de ses ailes inférieures ». Je suis d'accord pour les ailes supérieures plus bleues, pour le corselet noir, mais pas pour les taches rouges connées. Je possède des Oxytroprs authentiques, ayant les taches rouges ultimes, — celles qu'on appelle les 5° et 6° taches, — nettement séparées l’une de l’autre, donc nullement unies et ne formant point, par leur réunion, l'angle très ouvert, dont parle Boisduval; Herrich-Schaeffer a figuré sous les n® 19 et 20 Oxyfropis, avec les 5° et 6° taches séparées. D'un autre côté, ma collection contient des RAadamanthus qui ont les 5° et 6° taches rouges unies comme Oxy/ropis les présente généralement et non séparées. Ceci n'est donc pas un caractère de distinction spécifique qu'on puisse raisonnablement invoquer. La bordure, d'un bleu noir plus large que dans Rhadamanthus, n'est pas davantage un caractère constant. Mais 1l faut reconnaître que le thorax est généralement plus noir chez Oxyéropis, bien que j'aie récolté à Florence des individus pourvus d’épaulettes blanches; la teinte bleue du fond des ailes supérieures est plus vive chez Oxytropis, ainsi que la couleur rouge; mais on conviendra que ces différences, intéressantes pour distinguer une race, n’ont pas grande LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 507 valeur spécifique. Oxytropis n'est à mes yeux que la forme italienne de RAadamanthus. Boisduval a donné à la Zygæna italienne le nom d'Oxyfroprs, qui est un genre de plantes de la famille des Papilionacées, voisin des As/ragalus, et répandu dans les rocailles et dans les pâturages des montagnes de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord. Les Oxytropis sont des plantes généralement basses dont on connaît actuellement, d'après l'abbé Coste, environ 200 Espèces. J'ignore si la Zygæna Oxytropis peut vivre sur la plante dont elle porte le nom. Je ne crois d’ailleurs pas que la chenille d'Oxytroprs soit actuellement bien connue. Je suppose qu'elle peut se nourrir de Dorycnium, comme Rhadamanthus, et de Lotus, ainsi que beau- coup de ses congénères. J'ai éprouvé un plaisir infini à récolter OUxrytropis aux environs de Florence, dans une jolie localité boisée où m'avait conduit M. Roger Verity. On sort de la ville par le Nord-Est et l’on suit un faubourg dont la route poudreuse couvre les voyageurs d'une épaisse couche de poussière. C'est le fléau des routes italiennes; aux environs de Naples, la promenade est rendue presque impos- sible par l'épaisseur de la couche poudreuse dans laquel'e il Faut se mouvoir. Cependant on finit par quitter cette route, dont Île parcours est peu agréable, pour traverser à gauche un lit de rivière desséché. Quelques champs en culture occupent la partie plane sur les bords du torrent qui est, au printemps, presque complètement privé d’eau, jusqu'au pied de collines boisées, couvertes de fleurs et d’un aspect très riant. Là, c'est la nature fraiche et aimable; le site est plaisant; il y a un peu d'eau, beaucoup d’ombrage; les papillons abondent. On trouve 3 espèces de Zygæna, au commen- cement de juin, dans les clairières de ce bois de chênes : Oxy#roprs, Achillee et Stæchadis. Tant que le soleil n'est pas très ardent, Oxytropis reste fixée sur les tiges de graminées ou sur les fleurs. On peut alors la cueillir facilement avec Acælleæ. I ma paru que Stæchadis est à Florence la plus rare des 3 Zygæna. 508 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Il y avait dans ce bois agreste une foule de Zycæna, d'Hespéries, de Phalènes. Sur les gazons secs, aux abords du bois, du côté du sud, la jolie petite Cleta pygmeæaria paraissait très nombreuse; mais sous l’ardeur des rayons solaires, la capture, vu la délicatesse et la taille exiguë du papillon, n'était pas très aisée à réaliser. Je me souviens d’avoir passé des heures bien agréables dans cette localité restée un peu sauvage, malgré son proche voisinage de la grande et magnifique cité. Les monuments, les basiliques, les palais, les musées, les promenades où les Lucioles voltigent, le soir, comme des étincelles de feu, les paysages, l’histoire même de Flo- rence sont des attraits qui évoquent toujours en moi le désir de revoir encore une fois la ville incomparable que je n'ai jamais quittée sans un vif sentiment de regret. Du moins les papillons récoltés dans la campagne de Toscane sont là, sous mes yeux, bien loin de leur pays d’origine sans doute, mais contribuant à ressus- citer sur leurs ailes délicates la vision des lieux charmants qui se trouvaient encore embellis pour moi par une compagnie qui m'est infiniment chère et par l’aimable commerce de l'amitié. Jai déjà dit que nous parcourions les environs de Florence avec le jeune Roger Verity. Cet entomologiste très distingué, dont le nom est déjà si justement connu dans le monde des Naturalistes, a réussi à produire une œuvre fort importante, écrite avec un esprit émi- nemment scientifique, toujours inspirée par un très sincère sentiment de recherche de la vérité. De plus, la nombreuse figuration qu'il a donnée, bien qu'ayant pu beaucoup gagner à être présentée d’une façon moins serrée, conserve le mérite d’une telle exactitude que la plus grande estime demeurera toujours acquise aux RAopalocera palæarctica. J'ai été heureux de concourir à la publication d’un ouvrage qui fait honneur à son auteur et nous fait espérer une longue suite d’utiles travaux. Zygæna Ignifera, Korb. Découverte à Cuenca, en Castille, par Max Korb, dans l’année 1800, et figurée deux fois : 1° par Clemens Dziurzinski, sous le LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 590 n° 16 de la Taf. II de /akresb. d. Wien. ent. Ver, 1003; 2° par Adalbert Seitz, dans l'ouvrage Les Macrolépidoptères du Globe (PI. 7, colonne A). Ces deux figurations sont malheureusement très grossièrement exécutées. /gnifera est une belle, grande et vigoureuse Zygæna. J'en possède seulement deux exemplaires que j'ai achetés à Korb; ce sont des éléments d'appréciation tout à fait insuffisants et j'attendrai à posséder une documentation un peu plus considérable pour écrire au sujet d’Zgnifera et publier de cette Espèce une figure que je tâcherai d'obtenir d'exécution supérieure à celles déjà données, afin d'en établir la connaissance sur des données vraiment exactes. Zygæna Hilaris, Ochsenheimer. Décrite en premier lieu par l'acteur Ferdinand Ochsenheimer, aux pages IOI et 102 du 2° volume de l'ouvrage Die Schmetterlinge von Europa, d'après quatre exemplaires du Portugal, dont deux existaient dans la collection Tauscher et les deux autres dans celle du comte von Hoffmansegg (*). Malheureusement, Ochsenheimer ne dit pas de quelle partie du Portugal provenaient les Zygæna qu'il a décrites. Voici quelle est la diagnose de Ochsenheimer : « Alis anticis nigro-cyaneis, maculis sex cinnaberinis confluentibus flavoque marginatis; posticis cinna- berinis, limbo sinuato nigro-cyaneo; capite humerisque pilis albis, abdomine immaculato. » Il convient d'observer qu'Ochsenheimer doit compter la macule basilaire, pourtant bien compacte, pour deux taches, suivant l'usage adopté pour les autres Zygæna. Je ne possède aucun exemplaire de Æilaris provenant du Portugal, pays où les Lépidoptères ne paraissent pas être souvent recherchés par (*) L'orthographe du nom du comte von Hoffmansegg n’est pas la même pour tous les Auteurs allemands. Certains écrivent Hoffmannsegg. Je crois que cette dernière manière est la bonne; mais, dans la circonstance, j'ai transcrit textuel- lement ce qui est imprimé dans l'ouvrage d’Ochsenheimer, 600 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE les amateurs. Mais l'Espèce, depuis sa découverte au Portugal, a été retrouvée en Espagne, dans la France méridionale et sans doute en Algérie. Dans ces diverses contrées, elle produit des formes géographiques pleines d'intérêt. Duponchel (Supplément-Zygénides) a donné, sous le n° $ de la PI. VII, une excellente figure de Æzlaris, sans dire toutefois de quelle localité provenait l’exemplaire figuré. Boisduval a moins bien réussi à représenter Æilaris; les figures qu'il a publiées dans l’Essa, 1829 (PL. 6, fig. 5), et dans l’/cones (PL 55, fig. 1}, laissent beaucoup à désirer. L'iconographe Huebner a représenté assez bien une variété de Æzlaris, sous le n° 123 de Lepidoptera 1. — Sphinges TL. Rambur, dans la Faune de l'Andalousie, figure correc- tement deux formes de Æilaris, sous les n° 5 et 6 de la PI. 12. La figure 6 s'applique à la race que j'ai appelée Æscorialensis et que J'ai moi-même fait représenter sous le n° 48 de la PI. 7 de la XII° livraison des Æ/udes d'Entomologie. Du reste, j'ai publié plusieurs figures des diverses variétés de Æilaris, notamment sous les n° 48 a, 48 b, 48 c de la même PI. 7; puis sous les n°“ 120, 130 et 131 de la XX* livraison des Æ/udes d'Entomolog; enfin sous les n° 170 et 180 de la PI XXIX du Vol. III des Etudes de Lépidoptérologie comparée. On m'excusera de rappeler que j'ai antérieurement beaucoup écrit sur les Zygæna et que J'ai fourni une figuration très consi- dérable, surtout des Zygæna algériennes, dans la XIII° livraison des Etudes d'Entomologie. Cependant je ne puis faire nouvel état de tout ce que J'ai déjà publié sur le groupe même dont fait partie la Zygæna Hilaris, ni rééditer ici les observations précédemment imprimées par mes soins. Je prie donc le Lecteur de se reporter à mes travaux contenus dans les Æ/udes d'Entomologie. Je me bor- nerai, dans la circonstance présente, à une revision des races géo- graphiques de //ilaris, conformément à la méthode par localité, que J'ai déja employée pour l'étude critique des Zygæna; mais il est bien entendu que je suppose le Lecteur en possession des renseignements déjà publiés et sur lesquels je ne reviendrai que pour corriger les erreurs dont je me reconnaîtrai coupable. C’est en LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE (cel effet un devoir de conscience auquel J'ai la ferme intention de rester fidèle. 1° Espagne Méridionale. — Hilaris, Ochs. Il s'agit de la race de Grenade et de la Sierra-Nevada, figurée par Rambur, sous le n° 5 (non 6) de la PI. 12 de la Faune de l’'Andalouste. Les /Zilaris de Grenade ressemblent à certains exemplaires de la Zygæna Algira, Duponchel. Ainsi que je le dis plus haut, Je ne connais pas la race portugaise de //2laris, qui est la forme typique Jamais, dans ma longue carrière entomologique, je n'ai même trouvé l’occasion de la voir en quelque main. Cependant, à cause du voisinage, je considère comme probable que /zlaris, d'Anda- lousie, et Æilaris, tout au moins de la partie méridionale du Por- tugal, appartiennent à une race dont les individus sont analogues. Dès lors, quoique manquant de la certitude, mais sous le bénéfice des observations ci-dessus exposées, J'applique le nom de Hzlaris- Hilaris, qui n'appartient réellement qu'à la race portugaise, à la race andalouse (Rambur, Faune Andal. PI. 12, fig. 5), considérant — au moins provisoirement — cette race comme référable au type de l’'Espèce décrite par Ochsenheimer, suivant les termes de sa diagnose latine reproduite ci-dessus. 2° Castille. — Escorialensis, Obthr. Très bien figuré: par Rambur sous le n° 6 de la PI 12 de la Faune de l'Andalousie, et représentée également par moi-même, dans la XII° livraison des Æfudes d'Entomologie (PI. VII, fig. 48). La forme Æscoralensis est très caractérisée par ses ailes non pas plus transparentes, ainsi que J'ai eu le tort de le dire à la page 23 de la XII° livraison précitée, mais par son faciès plus pâle, ce qui est dû à la confluence enva- hissante des parties rouges, lesquelles sont d’une teinte un peu rose, et non d’un rouge vermillon ou carminé vif, comme dans les autres races. Les lisérés jaunâtres, autour des réserves bleu indigo des ailes supérieures, sont amincis et d’une teinte généralement peu vive et peu tranchante. Les exemplaires que je possède ont été capturés à la fin de juillet 1870, sur les montagnes des environs de l’Escorial. 602 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 3° France méridionale. — Gallie, Obthr. Très variable et très belle. Les figures 48 a, 48 & et 48 c de la PI. VII de la XIT° liv. des Etudes d'Entomologie représentent 3 formes choisies parmi celles qu’on rencontre communément à Vernet-les-Bains (Pyrénées- Orientales). Ma collection contient un millier d'exemplaires provenant des localités suivantes : Vernet-les-Bains, Fontpédrouse, dans les Pyré- nées-Orientales; Florac (Lozère); Rumilly (Haute-Savoie); Saint- Pons, près Gémenos (Bouches-du-Rhône); Puget-Théniers, Le Moulinet, Vallée du Roubion, Venanson, Lantosque à Notre-Dame- de-Fenestre, Entrevaux, Mont Gourdon, Escarène, Levens, Allos, dans les Basses-Alpes et dans les Alpes-Maritimes; Grenoble. Ce qui est remarquable, c'est, d’une part : l'impression d’unité qui ressort de l'aspect général présenté par les diverses formes françaises de Hilaris, — en mettant à part, bien entendu, les Aber- rations notables et la race spéciale Ononidis, Millière, — et, d'autre part, ce qui paraît cependant contradictoire avec la première obser- vation : la variabilité extrême de l'Espèce, en France. On ne distingue pas les individus des Basses-Alpes de ceux des Pyrénées-Orientales; mais partout en France, où la race est géné- ralement grande et de vigoureuse apparence, on rencontre des exemplaires très petits, à côté d’une quantité d'échantillons de taille supérieure; on observe les taches rouges des ailes supérieures d'une teinte plus ou moins carminée ou vermillon, entourées d'un liséré mince ou épais, jaune paille, jaune orange ou même rouge, de façon à se confondre avec les taches rouges elles-mêmes; on constate que les taches rouges en question sont confluentes et élargies, ou bien resserrées et nettement séparées les unes des autres: mais les transitions sont tellement insensibles, les exem- plaires sont si rarement absolument semblables entre eux que le mélange de toutes ces Æilaris appartenant à la race normale fran- çaise constitue un ensemble bien homogène, malgré son extrême variabilité individuelle. Je n'ai jamais vu de Zygœna Hilanis française ou espagnole ayant l'abdomen annelé de rouge. Tous les spécimens ont l'abdomen entièrement noir; ils ont le collier, les LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 603 épaulettes, les poils du thorax d’un blanc plus où moins jaunâtre, mais jamais rouges, comme chez Æausta; le collier rouge restant l'un des caractères distinctifs de Fausta. Chez la Zygœna Hilaris-Gallie, les Aberrations sont rares; mais il y en a de bien remarquables; j'ai fait figurer sous le n° 120 de la XX° livraison des Ætudes d'Entomologie V'Ab. confluens; sous le n° 130 l’Ab. &icolor, et sous le n° 131, l’'Ab. wzzcolor. Toutes les trois viennent de Vernet-les-Bains. Je possède un second exem- plaire de l’Ab. 6icolor pris à Entrevaux et deux autres individus de l’'Ab. confluens provenant : l’un, de Vernet, comme le premier figuré, et l’autre, de Digne. Dans le 3° Vol. de Lépid. comparée, Jai donné la figure 180 d'une belle Ab. icolor, capturée au Moulinet (Alpes-Maritimes) par Decoster, et la fig. 170 de l’Ab. Foulquteri, chez laquelle toutes les parties rouges sont devenues d’un beau jaune; elle fut prise par M. Gédéon Foulquier, à Saint-Pons, près Gémenos (Bouches-du- Rhône), le 12 juillet 1003. Je suis bien reconnaissant à M. Foulquier de m'avoir gratifñié de cette pièce insigne. M. Decoster a pris au Moulinet l’'Ab. Awrantiaca, chez laquelle toutes les parties normalement rouges sont devenues d’un Jaune orangé, tandis que l'Ab. Foulquieri est d'un jaune de chrome tres franc et sans aucun vestige de rougeâtre dont on voit quelques traces près du bord costal des ailes supérieures d'avrantiaca. Ma collection contient aussi une Aberration tendant au brun, prise aux environs de Marseille (ex coll. Bellier). 4° Cannes. — Ononidis, Millière. Feu Millière avait découvert aux environs de Cannes une race qu'il avait appelée Onontdis, pour rappeler la plante Ononis mitissima, Papilionacée de la région méditerranéenne, dont se nourrit la chenille. Cette race est fort remarquable, absolument spéciale, et n'a, je crois, Jamais été retrouvée. J'en possède 4 exemplaires que Millière avait partagés par moitié entre Guenée et moi-même. Ils constituent une variété très caractérisée par le fond bleu noir des ailes supérieures, la couleur rouge carmin très foncée des taches des supérieures et des 604 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE ailes inférieures, le peu de largeur de ces taches, — ce qui laisse beaucoup d'espace au fond indigo des ailes, — la minceur ou même la nullité du liséré blanc jaunâtre autour des taches rouges, l'ab- sence presque complète de pilosité blanchâtre sur la tête, le cou et le thorax. De plus, le bord interne des ailes supérieures, est entiè- rement indigo et nullement teinté de jaunâtre ou de rougeâtre. Je possède 3 coques qui sont semblables à celles de Æzlaris. Millière décrit la Zygœna Ononidis dans le 5° fascicule de Lépidoptérologie (Mémoire présenté à la Société des Sciences naturelles, des Lettres et des Beaux-Arts de Cannes; séance du 20 mars 1870), et 1l donne de bonnes figures sous les n° 6, 7 (che- nilles), 8 (coque), 9, 10 (imago Get Q) de la PI V des Annales des Sciences Nat. de Cannes. Millière, dans le 2° Supplément au Catalogue raisonné des Lépid. des Alpes-Maritimes (sans date), indique le bois de la Présentation, à Cannes, comme localité de la Zyzœena Ononidis. À la fin de la description dans les Annales de Cannes (p. 7 et 8), Millière fait part de ses craintes, hélas! trop fondées, de ne plus Jamais revoir la Zygæna découverte par lui en 1878, « car », dit-il, « tout le monde ne sait-1l pas que certains papillons cessent de se montrer pendant 10, 15, 20 ans et plus, sans qu'il soit possible d'en définir la cause »; — puis, il informe que l'habitat de la Zyg. Onomdis lui a paru être surtout la lisière d'un bois de pins d'Alep, situé au Sud-Ouest, sur une colline de la vallée du Cannet; mais le pays de Cannes à bien changé depuis un quart de siècle et 1l est possible que les endroits sauvages où chassait Millière se trouvent aujourd’hui convertis en jardins et en villas. $° Algérie. —— Algira, Duponchel. — Duponchel, le continuateur de l'ouvrage de Godart, fut le créateur du nom A/gzra, appliqué pour la première fois à une Zygæna. On peut lire ce qui suit, à la page 86 de l’Æistoire Naturelle des Lépidoptères ou Papillons de France; Supplément; Tome IL. Paris, 1835. XXXII Zygène Algé- rienne; Zygœna Algira. Nobis. (PI. 7, fig. 6). Envergure, 10 lignes. « Cette Zygère, que nous avons reçue d'Alger, ne diffère de LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 605 l'Ailaris que parce que les taches rouges de ses premières ailes ne sont pas cerclées de jaune, en même temps que leur bord interne, au lieu d'être de cette dernière couleur, est du même rouge que les taches. Du reste, elle lui ressemble entièrement. D'après cela, nous croyons pouvoir nous dispenser d'en donner une plus ample description ». Il est évident que cette description a été écrite sans l'examen minutieux et approfondi qui devrait être de règle; 11 y a cependant une observation fort importante qui n’a pas été négligée et dont il faut tenir grand compte : c'est que le bord interne des ailes supérieures est du même rouge que les taches. Passons maintenant à l'examen de la figure 6 de la PI. 7. Cette PL VII du Supplément-Zygénides est excellente. Duménil, qui à signé comme peintre, et M'e Plée, comme graveur, ont accompli un travail louable en représentant, avec une exactitude évidente, les 7 Zygæna qui figurent sur cette Planche VIT Il semble donc que nous pouvons avoir confiance dans la figuration qui se trouve publiée dans l'ouvrage de Duponchel. Toutefois, la figure 6 de la Zygæna Algira paraît donner l'image d'un exemplaire différent de celui qui a servi à la description. Il arrive en effet assez fréquemment qu’un auteur, en possession oarde l’un des de deux exemplaires d'une Espèce jugée nouvelle, g individus pour le décrire, tandis qu'il se dessaisit de l’autre échan- tillon destiné à servir de modèle au peintre, sans avoir préalable- ment examiné assez attentivement si les deux spécimens, — celui qui servira de type au descripteur et celui qui sera copié par Île dessinateur -— sont bien semblables entre eux. Il ne suffit pourtant point d'un examen superficiel; si exercé que soit l'œil d'un Ento- mologiste, rien ne le dispense de consacrer le temps et l'attention nécessaires à une minutieuse et indispensable comparaison. Donc, la figure 6 de la PL VII indique un liséré jaunâtre très fin autour des taches rouges, alors que Duponchel déclare que « les taches rouges des premières ailes ne sont pas cerclées de jaune ». C’est une contradiction qui aurait dû être expliquée. Du reste, la figure représente une Zygæna ayant le collier et les épaulettes blanchâtres; une grosse tache rouge occupe toute la base des supé- 606 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE rieures, sauf à l'origine du bord interne, où un espace qui n’a pas été envahi par la couleur rouge est resté d’un indigo noir. Au delà de cette tache Indigo, qui est contiguë à la naissance même des ailes, la tache basilaire rouge se prolonge inférieurement au moyen d'un trait rouge épais qui aboutit à la partie inférieure de la grosse macule rouge externe. Un liséré jaunâtre d’une finesse extrême, mais très bien défini, limite extérieurement la tache basilaire rouge. Celle-ci se trouve nettement et entièrement séparée de l'unique grosse tache rouge externe, sauf inférieurement, par la jonction que forme le trait rouge longeant le bord interne. Un large espace indigo s'élève au-dessus de ce trait rouge qui longe le bord interne; la couleur indigo occupe le milieu des ailes et le bord costal entre la tache rouge basilaire et la tache rouge externe, et se relie par le bord costal à la même couleur indigo noir faisant le fond des ailes supérieures et occupant le bord terminal. Un point imdigo reste emprisonné dans la grosse macule rouge externe constituée par la confluence des taches médianes 2, 3 et 4 avec la tache ultime qui est en forme de haricot. De ces 4 taches confluentes résulte donc, dans le spécimen figuré sous le n° 6, une sorte d'ilôt rouge, centralement ponctué d’indigo noir et dont les contours sinueux sont très finement lisérés de jaunâtre. J'ai en vain cherché dans les échantillons algériens de ma collection un seul exemplaire qui fût pareil au papillon figuré sous le n° 6; je n’en ai point trouvé; la Zygæna algira figurée par Duponchel n'est représentée chez moi par aucun exemplaire simi- laire. C’est évidemment un spécimen un peu aberrant; mais le trait basilaire indigo, le bord costal indigo, la séparation nette entre la partie supérieure de la tache basilaire rouge et la grosse tache externe rouge, au moyen de la teinte indigo du fond des ailes, le collier et les épaulettes blancs font du papillon figuré par Duponchel une Zygæna bien différente de la Zygæna Algira, selon Herrich- Schaeffer, excepté en ce qui concerne le trait rouge qui longe le bord interne des ailes supérieures. En effet, Herrich-Schaeffer a représenté, avec le nom d’A/gzra, sous le n° 106 de la Tab. 15 des Zygænides Europ., la figure d'un LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 607 papillon tout à fait dissemblable de l’A/gzra, Duponchel, et la Zygæna figurée par Herrich-Schaeffer (106) a été maintes fois retrouvée conforme, tandis que celle figurée par Duponchel n'a pas été reprise, du moins à ma connaissance. Huebner, avant Herrich-Schaeffer, avait figuré avec le nom de Iilaris, sous le n° 172, la même Zygæna que Herrich-Schaeffer a représentée sous le n° 106; et sous le n° 173, Huebner avait figuré avec le même nom de Æ1laris une Zygæna que j'a figurée moi- même, mais à tort, Je me hâte de le dire, avec le nom de ex, sous le n° 63 de la XIIL° livraison des Æ/udes d'Entomologte. On peut la considérer comme une variété de l'A/gira, à cause du trait rouge caractéristique qui longe le bord interne des supérieures. J'ai d'abord publié avec le nom de /elix, une autre Zygæna algérienne, sous le n° 4 de la PI 5 de la Il‘ livraison des Æzudes d'Ento- mologie; puis, dans la XIII° livraison, J'a1 donné une figuration très abondante de la Zygæna que J'avais désignée avec le nom de Felix, cette fois avec raison, sous les n°* 57, 64, 65, 66, 07, 68, 09 et 7o de la PI. 7; j'avais aussi représenté la Zygæna Algira, selon Herrich-Schaeffer (106), sous les n° 59, 60, O1 et 62 de la même PI. 7; mais si j'ai fourni une figuration convenable d’A/gtra selon Herrich-Schaeffer, je ne puis dire que j'aie figuré l’A/gira initiale, celle qui a été nommée par Duponchel et que je ne connais point encore en nature. Staudinger, analysant les différences individuelles entre les Zygæna que j'ai appelées Felix, a donné le nom de Mauretanica à la Felix ayant le collier et les épaulettes blancs et dont l'abdomen est annelé de rouge, c'est-à-dire au n° 70 de la PI 7 de la III iv. des Ætudes d'Entomologie. Le même auteur a appelé Faustula la même /elix qui a le collier et les épaulettes blancs, avec les taches rouges des ailes supérieures largement entourées de blanchâtre, c'est-à-dire aux n° 57 et 69 de la même PI. 7 de la XIIT° livraison. Enfin le D' Adalbert Seitz, dans les Macrolépidoptères du Globe, acceptant ce qu'avaient fait ses devanciers, a publié sur la PI 7 du Genre Zygæna (colonne £), Felix O' et Q, et sur la PIRE (colonne a), Faustula et Q. et Mauretanica Set Q selon Stau- 608 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dinger, A/gtra, selon Herrich-Schaeffer (106) et il a même inventé une ex2gua qui rentre dans la forme A/gira, H.-S. (106), de même que l'A. concolor, Obthr., dont 1l a été donné une copie d’après les £tudes d'Entomologie. Mais Staudinger et Seitz n'ont, pas plus que moi-même, connu la vraie A/gzra, selon Duponchel, et il n'y a qu'à comparer les diverses figures pour se fixer sur ce point litigieux. Toutes nos A/gira ont le thorax et la tête noirs. C'est Felix qui a les épaulettes et le collier blanc; mais Æelix manque du tiait rouge qui longe le bord interne des ailes supérieures. En Algérie, il y a deux Espèces faciles à confondre : l'A/gira, H.-S. (106) et la Felix, Obthr. Je crois avoir reconnu le caractère spécifique qui les distingue l’une de l’autre. C'est le /a2/ rouge dont parle Duponchel, et qui, partant de la tache rouge basilaire, longe le bord interne auquel 1l reste contigu chez A/gira, Duponchel, chez A/gtra, H.-S. 106, chez Ailaris, Huebner (172 et 173) et dans les Etudes d'Entomologie, XILI° livraison, sur les Zygæna figurées sous les n°50, 60, 6r,:62:de la PL 7 avec le nom d'A/e72 eti0s de la même PI. 7, avec le nom fautif de }'elix. Au contraire, comme Je le dis plus haut, Felix n'a aucun trait rouge partant de la tache rouge basilaire des ailes supérieures et qui soit contigu au bord interne des ailes; chez Æelix, la tache basilaire rouge est limitée et arrêtée net par un trait extérieur blanc vertical qui se prolonge horizontalement parfois, blanc, mais non rouge, le long du bord interne des ailes supérieures. Nous nous trouvons donc présentement dans la situation sui- vante : nous 1gnorons l’A/grra, Duponchel (PI VII, fig. 6); nous appelons A/gira la Zygæna publiée avec ce nom, sous le n° 106, par Herrich-Schaeffer; mais J'ai expliqué comment l’A/gira, HS. (106) n'était pas semblable à Algira, Duponchel. Je possède quelques exemplaires pris à Sebdou, à Khenchela et à Bainen (Alger, Holl) qui ne diffèrent de Æ/zlaris européenne que parce qu'ils portent le trait rouge qui longe le bord interne des ailes supérieures; d’ailleurs Duponchel ignorait que ce trait généralement blanc ou Jaunâtre chez A/zlaris, de France, peut aussi être rouge LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 609 en France, tout comme en Algérie; J'ai sous les yeux des exem plaires probants. Mes Zygæna algériennes correspondent donc à la description très sommaire écrite par Duponchel et, d'après son texte, on peut les nommer A/gira; mais le thorax est tout noir, comme chez certaines //1laris, de France, et l'absence du collier et des épaulettes blancs ne permet pas l'identification avec l’exem- plaire figuré comme A/gira, par Duponchel. La Zygœna Algira, Herrich-Schaeffer (106), est fort variable, et les deux exemplaires figurés par Huebner sous les n°” 172 et 173, quoique très différents l’un de l’autre, appartiennent bien à la même unité spécifique. Ma collection contient 275 échantillons, parmi lesquels je vois d’insen- sibles passages entre le n° 172 et le n° 173 de Huebner; les spé- cimens conformes à la description de Duponchel (mais non à la figure donnée par cet auteur), grâce aux exemplaires transitionnels, sont référables à l’A/gira, Herrich-Schaeffer (106); mais il reste une lacune que je me déclare impuissant à combler; cette lacune résulte de mon ignorance d'un exemplaire qui soit conforme à la figure certainement très exacte de l'Algira, Duponchel. Il faut admettre aussi la vraisemblance des hybridations naturelles entre Algtra et Felix, et ces hybridations peuvent donner des papillons naturellement transitionnels entre A/gira et Felix. Provisoirement donc, et en attendant qu’on retrouve la véritable Algtra, Duponchel, je laisse le nom d'Algira à la Zygæna ainsi nommée par Herrich-Schaeffer, en reconnaissant qu'il y a des probabilités pour que le nom donné par Herrich-Schaeffer soit remplacé par une autre désignation, lorsqu'on aura retrouvé la vraie A/gtra, Duponchel; pourvu toutefois qu’il soit démontré que cette vraie A/gzra diffère spécifiquement de l’autre; car il faut admettre comme possible qu'on trouve des individus transitionnels établissant l'unité spécifique des diverses A/gira et la réunion de celle de Duponchel à celle de Herrich-Schaeffer. On ne peut encore rien préjuger de certain à cet égard. Actuellement donc, il me semble qu'on peut établir la nomenclature relative à A/zira éomme suit : 89 610 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 1° Algira, Duponchel (Supplément Zygénides, PL VIT; fig. 6. — Figur. #ec descript.). 2° | Algira, Duponchel (Supplément; Vol. Il; p. 86. — Descript. nec figur.). Hilaris, Huebner; fig. 173. \ Aigrra, Herrich-Schaeffer; fig. 100. Hilaris, Huebner; fig. 172. Alotra Obthr (CEtud. d'Ent, XIII, Pl 7; te 50, 60 167 62). Fe Obthrt(Etad" d'Ent., XI PIERRE 206) Ab. Concolor, Obthr. (Etud. d'Ent, NI; PI. 2; fig 4). Algira, Seitz (Zygæna; PL 8; col. a). Exigua, Seitz (Zygœna; PL 8; col. a). Les amateurs de dénominations nouvelles pourraient s'offrir le plaisir de donner des désignations à un certain nombre de varia- tions de la Zygæna Algira, Herrich-Schaeffer. Les n°* 172 et 173 de Æularis, Huebner, sont notamment bien différents. J'aurais pu, sans grand effort, créer quelques noms nouveaux; toutefois, J'aurais considéré cette opération comme une œuvre de mauvais goût; étant donné d’ailleurs l’état d'incertitude où nous restons sur la nature de la véritable A/gira figurée par Duponchel et les conséquences qui peuvent résulter pour la Nomenclature de la redécouverte de l'Algira, Duponchel. Algira Herrich-Schaeffer éclôt de très bonne heure, en février et mars, dans certaines localités, et on la trouve au mois de Juin et même de juillet dans d’autres circonstances. Voici l'indication des localités et des époques d'apparition pour chaque localité que Je (*) Je rapporte à A/gira, Herrich-Schaeffer (106), la Zygœna Felix figurée sous le n° 63 de la PI. 7, de la XIII® liv. des Z?ud. d'Ent., à cause du trait rouge qui part de la partie inférieure de la tache basilaire rouge et qui se pro- longe, le long du bord interne, au delà même de la tache médiane rouge infé- rieure; cependant l'aspect du papillon reste énigmatique. D'ailleurs, la variabi- lité est considérable chez A/gira, aussi bien que chez Felix; mais il m'a semblé qu'on pouvait regarder comme valable, spécifiquement, le caractère résultant de ce trait rouge, le long du bord interne des ailes supérieures; voilà pourquai Je classe le n° 63 parmi les A/gira. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE OTT relève d'après les documents que contient ma collection : Sebdou, mai 1907, H. Powell; juin 1880, D' H. Codet; Magenta, juin 1880, L' Lahaye; Khenchela, mai 1908, H. Powell; Lambèse, Dayrem, mai 1907; mai 1875, G. Allard et R. Oberthür; juin 1884, J. Merkl; juin 1885, L. Bleuse;, Phihppeville, D' Charles-Henri Martin; Batna, D' C.-H. Martin; Chemin du Col des Arzaiïls, près Sebdou, juin 1907, H. Powell; Forêt de Bainen, E. Holl, jun et juillet 1007; El-Biar, mars 1007, E. Holl; Environs d'Alger, mars 1807, E. Holl; Ravin de la Femme-Sauvage, près Alger, Ch. Obthr., mars 1868; Alger, février 1881; Méchéria, mars 1886, L' Lahaye; Aïin-Draham, en Kroumurie, V. Faroult; Alger, ex coll. Boisduval; Algérie, ex coll. Guenée. Zygæna Felix, Obthr. La Zygæna Felix ne me parait point, comme 1l est indiqué dans le Catalog 1901 de Staudinger et Rebel, être une variété de Æ/1aris. C'est plutôt A/grra qui est probablement une race de Æ/zlanis,; du moins si l’on s'en rapporte aux exemplaires assez rares qui éta- blissent la transition entre Ailaris et Algira. 11 est certain que les spécimens de parfaite transition entre Æ/ilaris et Algira, Herr.-Sch. (106) sont très peu nombreux; mais ils existent; C’est ainsi que Je suis redevable à l’obligeance de M. Holl d'une Algira G' prise à Bainen, le 30 mai 1904, et qui figurerait, sans exciter aucun sen- timent de surprise, au milieu des Æ/ilaris pur sang; mais je ne connais aucune transition satisfaisante entre Felix et Hilaris. D'ail- leurs Felix manque de la tache basilaire indigo, très petite, mais très nette, contiguë au corps, qui se remarque chez Ailaris, chez Alzgira, Duponchel, et très généralement chez Algira, H.-S. (106) et Huebner (Æ/zlaris, 172). J'ai déjà parlé de la Zygœna Felix, dans l’article consacré à Algira. La moitié des exemplaires de Felix a l'abdomen annelé de rouge, tandis qu'A/géra, comme Ailaris, a toujours l'abdomen entièrement noir, du moins d’après ce que je connais. 612 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE f'elix a généralement le double collier et les épaulettes blancs; mais certains exemplaires ont le thorax et la tête entièrement noirs; les taches rouges des ailes supérieures sont séparées ou confluentes; elles sont généralement entourées d'un mince filet blanchâtre; chez quelques exemplaires, le liséré blanchâtre est plus épais; chez d'autres, au contraire, il est presque nul. Les taches et les ailes inférieures sont ordinairement d'un ton rose carminé, quelquefois pâle, quelquefois vif. Comme j'ai essayé de l'expliquer ci-dessus, le caractère qui distingue spécifiquement la Zygœna Felix et la sépare d’A/gzra, c'est la façon dont la tache basilaire rouge est limitée, chez Felix, par un liséré blanc, un peu sinueux, descendant en direction droite et verticale, du bord costal au bord interne, et sy arrêtant généralement tout net. Un espace indigo noir sépare alors la tache basilaire des taches rouges médianes. Quelquefois cependant le liséré blanc qui borde extérieurement la tache basilaire rouge se prolonge horizontalement en une petite queue blanche, jamais rouge, le long du bord interne. Je possède }elix de Boghari, Sebdou, Lambèse, Géryville, Khen- chela, Magenta. Elle éclôt ordinairement en juin. J'en ai fourni des figures bien réussies sous le n° 4 de la PI V de la IIT° livraison des Ætudes d'Entomologie et sous les n°* 57, 64, 65, 66, 67, 68, 609 et 7o de la PI. 7 de la XIIT° livraison. J'ose dire que la figuration faite en gravure sur pierre, par Dallongeville, des diverses Zygæna, sur la PL VII de la XIII lv. des Ætudes d'Ent. est excellente, et que la nervulation, si souvent négligée dans les reproductions des figures de Zygæna, a été l’objet du soin le plus attentif. On ne pouvait produire une Iconographie plus consciencieuse et plus exacte que celle-là. Je me fais toujours un plaisir et un devoir d'en faire honneur à l’habile artiste qui l’a exécutée. La Zygæna Felix se place dans la Nomenclature à côté de Formosa qui est plus pâle, plus transparente, mais qui lui ressemble beaucoup pour la forme des taches des ailes supérieures, et notamment pour le caractère de la limitation de la tache basilaire TOSE. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 613 Staudinger a distingué les variétés Æaustula et Mauretanica, dont j'ai déjà mentionné les particularités, en dissertant à propos de la Zygœna Algira. Il serait aisé d'augmenter le nombre des dénominations, en faisant état des variations, par plus ou par moins, dans la dimension des taches rouges, leur confluence, l’im- portance des lisérés blancs, l'intensité de la couleur rouge. Je crois l'excès de cette analyse plutôt nuisible qu’utile, et il me semble que la Nomenclature n’a rien à gagner à une surcharge finalement peu justifiée. Zygæna Marcuna, Obthr. Figurée sous le n° 58 de la PI. 7 de la XITF° livraison des Æ/1des d'Entomologie. L'Espèce a été découverte à Marcouna, près Lam- bèse, par feu Staudinger, en 1887; elle a été prise par feu le D' Charles-Henri Martin à Laghouat. Lorsque nous acquimes sa collection, j'y trouvais deux exemplaires de la Z. Marcuna, d'une forme un peu différente de celle de Lambèse. Marcuna est une espèce bien facile à distinguer par le bord interne de ses ailes supérieures qui est indigo, depuis la naissance des ailes; la tache basilaire rouge ne descendant pas jusqu'à la rencontre du bord interne et s’arrêtant net, avant d'y parvenir. Zygæna Fausta, Linné. Bien représentée sous la lettre H de la Tab. I, avec le nom linnéen de Æausta, par Johann-Caspar Fuessly, en 1778, dans Magazin fuer die Liebhaber der Entomologie, et figurée de nou- veau, mais plus grossièrement, par Esper, en 1770, sous les n° 14 et 14 de la Tab. XVIII du Tom. II. Bien caractérisée par son collier toujours rouge, la Fausta parait avoir été universellement reconnue et n'a pas de synonymie, 614 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE La Zygena Fausta (Der Gluecksvogel, — ou l'oiseau du bonheur, — suivant l'expression de Sulzer, rapportée par Esper), ne se trouve m en Angleterre, ni en Algérie. Elle semble habiter en France les contrées exclusivement calcaires, éclôt deux fois par an, aux mois de mai et d'août, dans certaines localités, ainsi en Charente; mais paraît éclore seulement en août et au commen- cement de septembre dans quelques autres régions, comme à Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), où nous n'avons jamais reconnu qu'une seule génération annuelle, commençant vers le 10 août. C'est un papillon charmant, généralement abondant dans les lieux qu'il habite, se mariant volontiers à l'espèce congénère Transalpina-Hippocrepidis qui éclôt en même temps que Fausta et vit dans les mêmes endroits. Je crois qu'on a authentiquement constaté jusqu'ici une vingtaine de cas d’hybridation réelle et effective entre Aippocrepidis et Fausta. Mon frère a trouvé à Dompierre-sur-Mer, et gardé pendant plusieurs heures de suite, une paire des deux Espèces solidement accouplées. La © Hippocrepidis, après son union avec Fausta Œ, a pondu des œufs, mais il n’est pas éclos de petites chenilles, tandis que M. Harold Powell, à Vernet-les-Bains, obtint quelques larves d’une ponte hybride des mêmes Zygena qu'il avait rencontrées unies, en 1908. Malheureu- sement, toutes les petites chenilles nées de cet accouplement hybride sont mortes. J'ai relaté le fait en question à la page 30 du Vol. III des Ætndes de Lépidoptérologie comparée. Il en fut de même pour les jeunes chenilles que Guenée avait obtenues d’un accouplement hybride des Zygœena Achillee et Filipendule, trouvé par lui au pied du Mont Salève, près Genève, en juillet 1864 (Ann. Soc. ent. France, 1865; Souvenirs de Zermatt, P. 92, 93). La Zygœna Fausta se trouve aux environs de Paris, à La Ferté- Alais, à Lardy et à Beaumont (Oise); dans les Charentes; aux Pyrénées-Orientales; dans l'Isère; en Provence et dans le pays de Nice; en Espagne et dans diverses localités de Suisse et d’Alle- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 615 magne. Elle donne lieu à différentes formes géographiques et à des Aberrations très intéressantes. 1° Charente. — Fortunata, Rambur (Cat. Syst. Andal., p. 172; note). La Zygœna Fausta se plait sur les plateaux crayeux des collines charentaises, au milieu des bouquets de chênes-blancs qui forment des petits groupes séparés par de larges clairières. C'est un plaisir délicieux de rechercher ces exquises petites Zygènes dans les localités calcaires que rend très attrayantes la grande variété de la Flore naturelle. On aperçoit les Fausta voltigeant au soleil et ressemblant à des mouches de couleur rouge orange; ou bien on les découvre, les ailes fermées, posées sur les tiges d'herbes, tenant leurs grosses antennes noires droites et érigées et présentant un aspect très bigarré, tricolore, du plus agréable effet. Le 19 sep- tembre 1005, les Zygœna Fausta et Hippocrepidis étaient extrè- mement nombreuses dans les allées de la forêt de Saint-Amand- de-Boixe; il y en avait une moins grande quantité, le 10 sep- tembre 1906; mais en 1907, on pouvait en récolter beaucoup d'exemplaires le 20 août, à Dompierre-sur-Mer; le 31 août, dans la forêt de Chizé (Deux-Sèvres); le 2 septembre, à la forêt de Saint-Amand-de-Boixe et à Angoulême, ainsi que nous pûmes nous en rendre compte, au cours d’une rapide excursion. Dans la région charentaise, la Zygena Fausta n'est généralement pas de grande taille, bien qu’on y voie, mais à titre exceptionnel, des exemplaires extrêmement développés. Les échantillons normaux de la Fausta, en Charente, ont la teinte rouge des ailes d'un ver- millon un peu orangé; les taches rouges des ailes supérieures sont élégamment cerclées de blanc jaunâtre; l'abdomen est largement recouvert, mais en dessus seulement, de rouge vermillon; le dernier anneau abdominal est d’un indigo noir très vif et l'extrémité anale est jaune orangé; le double collier est de la même couleur rouge que le fond des ailes; le thorax noir, légèrement velu, est traversé latéralement par deux traits verticaux, fins, blanchôtres. Les ailes supérieures sont frangées très finement de fauve pâle; les infé- rieures sont bordées d’un étroit liséré indigo; les antennes sont 610 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Re Un =, d'un noir luisant, terminées par une massue épaisse; les pattes sont Jaunâtres. Généralement, toutes les taches rouges qui décorent les ailes supérieures sont liées entre elles par le liséré blanc jaunâtre qui les entoure. La tache externe ultime, en forme de haricot, se trouve ainsi unie à la tache extracellulaire, de façon à emprisonner une petite tache arrondie indigo noir qui paraît comme une prunelle très vive, encerclée de blanc, dans un entourage rouge. Rambur (Cat. Syst Lépid. Andalousie, p. 170; note) remarque que : « la Fausta, comme les Espèces du même groupe, pendant l’accouplement, fait sortir de dessous le bord du huitième segment deux touffes de poils nombreux, divergents, jaunâtres, et qui d'ordinaire sont réunis en deux faisceaux couchés et complètement cachés sous les bords du segment; en dessus, ils s’insèrent sur le bord du neuvième, vers la base de la pince; ils paraissent exister chez la plupart des Zygènes, mais moins prononcés ou rudimen- taires et d’une couleur obscure ». Mon ami Gabriel Dupuy, qui réside dans une localité particu- lièrement favorisée pour la richesse et la variété de la flore et de la faune entomologique, a récolté, au cours de sa carrière, un nombre considérable de papillons, et notamment de Zygœna Fausta. C'est lui qui, chassant à Angoulême avec son gendre, M. Albéric Frémont, professeur au Lycée de Nantes, a successi- vement capturé plusieurs exemplaires de l'Ab. Lugdunensis, Mil- lière, à taches et à ailes jaunes. J'ai fait figurer sous le n° 177 de la Planche XXIX, dans le Vol. III des Ætudes de Lépidoptérologie comparée, un spécimen de l'Ab. Lusgdunensis, prise le 10 septembre 1908 sur le plateau de la Tourette, localité excellente située au sud d'Angoulême, à une faible distance de la ville. Je suis redevable de cette rare Aberration à la générosité inépuisable de M. Gabriel Dupuy. Mais des Aberrations d'un intérêt encore plus grand sont celles que J'ai fait figurer sous les n° 108 et 100 de la PI XXII du même ouvrage; la Fausta-Melusina (fig. 108) capturée à Angou- lème, le 5 juin 1906, et la Fausta-Dupuyi (fig. 109) trouvée au même lieu, le 6 juin 1906. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE G17 La valeur scientifique de ces deux Aberrations est très grande. En effet, si l’on compare le n° 108 de la PI XXII, représentant une Fausta-Melusina, aux n° 119 et 120 de la même PI. XXII, figurant non plus Fausta, mais des Carmolica prises à Digne, on constate aisément qu'une même Loi de Variation a atteint de la même manière, et dans des pays différents, deux Espèces bien distinctes, mais appartenant à un même Genre. La Carniolica-Melusina, de Digne, n° 120, ne diffère guère que par son collier blanc et ses épaulettes thoraciques de la Fausta- Melusina n° 108, d'Angoulême, dont le collier rouge et la rayure du thorax caractérisent l'Espèce : Fausta. Le n° 100, Fausta-Dupuyi, avec sa tache ultime des ailes supé- rieures blanche (celle qu'on appelle : Ze haricot, à cause de sa forme), émane encore de la même Loi de Variation qui atteint la Carniolica-Dupuyi, de Digne, n° 110, présentant elle-même la tache dite : en haricot, de couleur blanche. Les n° III, 112, 113 sont des Carniolica qui forment pour la couleur du Æarcot un excellent passage entre la forme normale à haricot rouge, figurée sous les n° 115, 116, 117, 118 ét l’Aberr. Dzapuyt, n° 110. Nous sommes donc, pour le Genre Zygæna, témoin de deux preuves nouvelles de la Loi de Variation, dont j'ai déjà fait res- sortir de nombreux exemples à la page 42 de la livraison XX des Etudes d'Entomologie Ces nouveaux cas, non encore observés jusqu'ici, nous sont fournis par les Fausta-Melusina n° 108 et Fausta-Dupuyi n° 109, comparées aux Carniolica-Melusina n°° 119 et 120, et Carntolica-Dupuyi n° 110. On ne peut nier l'importance des conséquences philosophiques résultant de la constatation de faits qui démontrent irréfutable- ment l'existence de ZLoës de Variation communes à diverses Espèces, alors que ces Espèces font évidemment partie du même groupement synthétique d'Espèces, auquel nous avons donné le nom de Genre. Les Espèces sont des unités indépendantes les unes des autres, formées par la collectivité des individus dérivant des mêmes ancêtres; ce sont des spécialités qui restent toujours elles-mêmes; ainsi Fausta et Carniohica, Fausta et Hippocrepidis, malgré les 618 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE tentatives d’hybridation naturelles dont nous sommes les témoins, notamment entre Fausta et Hippocrepidis, mais qui ne parviennent pas à changer, ni à modifier en quoi que ce soit les générations successives d'aucune des Espèces, même de celles chez qui les faits d'hybridation sont plus fréquents. Cependant les Espèces diverses sont plus où moins rapprochées ou éloignées les unes des autres, par leurs caractères propres. En les observant, nous constatons chez certaines Espèces, qui sont pourtant séparées entre elles par des particularités quelquefois importantes, des caractères communs qui les rapprochent. Ces affinités, d’une part, nous invitent à une syn- thèse, tandis que, d'autre part, ces distinctions nous obligent à une analyse d’après laquelle nous classons séparativement les individus pourvus de tel caractère (par exemple le collier rouge et les traits thoraciques de Fausta), comparativement à tel autre (le collier blanc, les épaulettes courtes et pointues bordées de blanc et le thorax dépourvu de bandelettes, chez Carniolica). Les Espèces distinctes les unes des autres par des caractères constants et les Genres dans lesquels se groupent les Espèces que rapproche un ensemble de caractères communs, constituent des réalités présentement reconnues et admises par tous les Natura- listes. Le Genre existe donc et il est la preuve de l’idée synthétique initialement conçue par le Créateur. Nous avons acquis la per- ception de cette parcelle de méthode qui est contenue dans l’œuvre divine et nous sommes parvenus à la connaissance d’une vérité d'ordre tout à fait intellectuel et idéal, obtenue par le travail d'observation et de comparaison des êtres organisés auxquels se sont attachées les générations successives des Naturalistes. C’est à Linné que revient l'honneur d’avoir conçu la classification des Espèces dans des Groupements, et c’est à ce Génie que nous devons la base initiale de tous les progrès dont les réalisations successives, plus rapides dans l’espace de moins de deux siècles que dans tout l’ensemble des siècles précédents, ont pour origine le premier rayon de lumière qui nous fut révélé par le Systema Nature. Nous nous sommes donc approprié la connaissance de cette partie idéale de la Création qui est un des éléments de la classifi- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE G19 RE cation instituée par Dieu lui-même, non seulement Auteur de la vie et Créateur des Espèces, mais aussi Auteur de la Méthode classif- eatrice dont ce que nous appelons le Genre est la première expres- sion; les Genres forment ensuite les Familles; les Familles forment des ordres et ainsi de suite. Nous pouvons constituer les groupe- ments à notre gré; nos essais seront plus ou moins satisfaisants. L'essentiel, présentement, n’est pas dans l'excellence qui aurait déja pu être obtenue de la constitution des groupements entre eux et les uns par rapport aux autres. Il faudra plus où moins de temps pour réaliser la perfection dans l'établissement de la classification; d’ailleurs, on peut espérer fermement que les progrès seront l'œuvre du temps et que des intelligences bien averties profiteront elles- mêmes et feront profiter la Science d'éclairs révélateurs. Mais ce qui importe, c'est que l’Idée initiale surgit et qu'elle reçût un com- mencement d'application. Maintenant que nous possédons la per- ception de l’idée vraie de classification méthodique des êtres organisés, conçue par la Suprême Intelligence, et que nous y ajoutons celle d’une Législation d'ordre supérieur qui règle tous les détails, nous n'avons qu’à observer judicieusement et à accumuler les témoignages. Voilà donc pour quelles considérations il est si intéressant de rencontrer à Angoulême les Fausta-Melusina et les Fausta-Dupuyi, tandis qu'à Digne, on trouve les Carntolica- Melusina et les Carniolica-Dupuyi; car ces faits naturels consti- tuent des preuves nouvelles et irréfutables, corroborant l'opinion que nous avons déjà, et à différentes reprises, exprimée dans les Etudes d'Entomologie. Je trouve le plus grand intérêt des études entomologiques dans l'observation de ces faits certains et réels que nous présente la comparaison des productions de la Nature elle-même La Faune et la Flore sont offertes et livrées à notre examen et à notre réflexion; nous sommes doués d’une intelligence qui nous permet de tirer de l'étude à laquelle nous nous consacrons telles déductions qui nous paraissent légitimes et raisonnables. Je ne me lasserai donc point de publier ce que je crois être la vérité, lorsque je pense avoir réussi à en percevoir quelque parcelle. 620 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Dès lors je ne cesserai de déclarer, ainsi que je l'ai toujours fait Jusqu'ici, d’après toutes les constatations que J'ai pu réunir des faits naturels, que les êtres n’ont pas été jetés sur la terre au hasard et dans une confusion chaotique. Il semble évident qu'ils ont été classés suivant une méthode dont nous sommes loin de connaître encore toute la divine perfection, mais dont le génie de Linné, ainsi que Je lui en rends plus haut la justice, nous a révélé le principe. Cette variation si parallèlement conforme de deux Espèces différentes d'un même Genre, dans deux pays différents, nous paraît être une preuve considérable, s’ajoutant à toutes celles déjà acquises, en vue de démontrer non seulement qu'à côté de la Création matérielle des Espèces et des individus qui les composent, il y a la Création purement idéale d’une Classification méthodique d’après laquelle toutes les Espèces doivent être rangées dans l'ordre que leur attribuent leurs affinités; mais encore qu'il y a une Législation concernant tous les détails, parmi lesquels aucun ne peut, dans ces conditions, paraître infime, ni rester négligé. La réalité des Lois régissant la variation des êtres organisés prouve la réalité de l'intervention du Législateur. Sa Suprême Intelligence en a conçu l'harmonie; sa Toute-Puissance en a fixé l'application; sa Providence en maintient la durée. Les effets des Lois que nous constatons rendent témoignage de la cause ne résidant pas ailleurs que dans l’action du Très-Haut. Tous les passages existent entre les Aberrations Melusina et Dupuyi, aussi bien chez Carniolica que chez Fausta. Jusqu'à présent ma collection contient 7 exemplaires de l’'Ab. Fausta-Dupuyt, très caractérisée; ils ont été pris à Angoulême au commencement de Juin 1006, et à Dompierre-sur-Mer, le 27 mai 1900 et le 29 août 1007. Les transitions existent également entre la forme type et l'Ab. Melusina, aussi bien qu'entre la forme à ailes rouges et celle à ailes jaunes (Zugdunensis, Millière). D'ailleurs on trouve des exemplaires chez lesquels les taches rouges des ailes supérieures sont plus ou LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 621 moins rétrécies ou élargies et plus ou moins largement cerclées de blanchâtre. Parmi les échantillons qui, par leur nombre prépon- dérant, fixent la normalité de la taille et de la couleur, ainsi que nous l'avons décrite au commencement de cette notice, pour la race charentaise, il s’en trouve qui, exceptionnellement, se rapprochent des formes méridionales à cause de la grandeur des ailes, du ton carminé de la couleur rouge, de la suppression même du lséré blanchâtre qui entoure les taches rouges. Mais ceci est parfaitement conforme au fait que j'ai maintes fois signalé déja et qui se reproduit si fréquemment chez les Espèces dont la forme est variable, avec les diverses localités qu’elles habitent. L'apparition quelque part, à titre d'Aberration, d'exemplaires différents de ceux qui consti- tuent la forme géographique normale, mais qui se rapporteraient plutôt à une autre forme locale, est d’ailleurs une règle démons- trative de l'unité spécifique. Aussi est-il bien nécessaire, pour les Espèces dont les formes géographiques sont distinctes, d'étudier des séries nombreuses d'exemplaires de chaque localité. Il n’y a pas d'autre moyen pour apprécier avec quelqu’exactitude la forme normale d'une Espèce, dans un lieu, par rapport à celle provenant d'une ou de plusieurs autres localités différentes. 2° Région autour de Paris. — Feu mon ami Emmanuel Martin capturait jadis à Beaumont-sur-Oise, au Nord de Paris, vers le commencement de septembre, une race petite et peu vivement colorée de la Zygæna Fausta. W avait trouvé à Beaumont un exemplaire de l’Aberration à taches et à ailes brunes dont J'ai fait figurer l'analogue avec le nom de érunnea, sous le n° 178 de la PI XXIX du Vol. III des Ætudes de Lépidoptérologie comparée. L'échantillon représenté par mes soins a été capturé en Thuringe. Au Sud de Paris, à Lardy, on trouve à partir des premiers Jours de juillet, comme aussi à La Ferté-Alais, en août, une race de Fausta plus grande qu’à Beaumont-sur-Oise, assez variable, très analogue pour l’ensemble de ses échantillons, dont j'ai sous les yeux une nombreuse série, à la Fausta charentaise. Je crois qu'à 622 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Lardy et en Charente, la race de l’austa diffère peu de la forme de Germanie, si J'en juge par quelques exemplaires de Stuttgart et un nombre malheureusement un peu restreint d'individus ayant fait partie de la collection Kuwert, de Berlin. La localité allemande, chez les spécimens de la collection Kuwert, est indiquée, mais en abrégé, et dès lors Je ne puis saisir le nom de lieu qui est trop incomplètement écrit. Que les Entomologistes se préoccupent donc de leurs successeurs, pourtant le plus souvent inconnus d'eux! Celui qui a écrit au moyen de quelques signes ou lettres dont la signification lui était sufhsamment connue, se trouvait sans doute parfaitement fixé sur la valeur de son abréviation, et dès lors 1l ne se préoccupait pas de l'avenir. Du reste, il ne se rendait proba- blement pas compte de l'intérêt scientifique qu'un autre Entomo- logiste aurait trouvé aujourd'hui à comparer des Æausta d’une provenance allemande bien définie, avec des Æausta françaises également pourvues de toutes les indications de localité et de date de capture, qui sont si nécessaires à connaitre. Combien de fois ai-Je prié des amis dont je visitais la collection de se souvenir qu'ils édifiaient un monument pour la Science et qu'ils semaient peut-être pour d’autres qui récolteraient, s'ils en laissaient les moyens. Quel parti tirer en effet de papillons dont la provenance n'est pas net- tement indiquée? Au contraire, un Lépidoptère dont l'épingle est pourvue d'une étiquette contenant la documentation de lieu et de date de capture sera toujours utile. Il ne semble pas qu'on trouve /ausla, au mois de mai, aux environs de Paris. Je suis porté à croire que Fausta y éclôt une seule fois par an, en été. Ce serait un fait biologique intéressant à constater et sur lequel je prends la liberté d'appeler l'attention des Entomologistes parisiens, afin que nous soyons exactement fixés. Alors qu'en Charente, la double apparition annuelle, au printemps et en été, est pour Fausta et Hippocrepidis une règle bien authentiquement observée, 1l semble que dans bien d’autres régions, ausla n’a qu’une éclosion annuelle unique. Ainsi semble-t-il en être à Digne, dans les Alpes-Maritimes et les Pyrénées-Orientales. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 623 3° Digne. — La Zygena Fausta, dans les Basses-Alpes, est d'un rouge plus carminé que dans les Charentes et qu'à Lardy; de plus, le liséré blanchâtre qui entoure les taches rouges des ailes supé- rieures est très aminai. C'est à Digne que Augustin Coulet trouva la jolie Ab. /ricolor que j'ai fait figurer sous les n°* 28 et 29 de la PL III de la livr. I des Ætudes de Lépidoptérologie comparée. Je possède 7 exemplaires de cette Ab. #zcolor, tous pris à Digne, et ma collection contient un spécimen qui est #icolor du côté gauche et normal du côté droit. On obtient cette même Ab. #zcolor en traitant par la chaleur les chrysalides de la Zygæena Fausta. M. Hans Burgeff, de léna, m'a envoyé 8 échantillons de l'Ab. tricolor dont les chrysalides avaient été soumises à une température de + 49 degrés centigrades. J'avoue que J'ai peine à croire à la survie des chrysalides, lorsqu'elles ont été soumises à une pareille chaleur. Quoi qu'il en soit, si je compare les Æausta tricolor natu- relles de Digne aux #icolor artificiellement obtenues à léna, Je déclare ne trouver aucune différence entre elles. 4° Alpes-Maritimes. — Niceæ, Stgr. Race caractérisée par sa taille relativement grande, la couleur rouge vermillon vif de ses ailes, le développment des taches rouges, la réduction des lisérés blanchâtres qui sont transformés en filets extrèmement minces et quelquefois presque nuls. La variété Niceæ se trouve à Gorbio, au Moulinet et à Castillon; elle diffère assez peu de Zætca, Rambur, qui paraît être à Malaga la forme de Fausta; mais il ne faut pas croire que toutes les Fausta des Alpes-Maritimes appartiennent à la variété Niceæ. Dans la région du Var et des Alpes-Maritimes, à Sallagriffon (8 septembre 1906); à Valbelle, près Méounes (1, 2 et 3 octobre 1906); à Péone (3 septembre 1906); à Montrieux, près Méounes (17-23 septembre 1900); à Entrevaux, à Puget-Théniers, à Dalnis, à Solliès-Pont, on trouve une race de Fausia assez sem- blable à celle de Digne et tout à fait différente de celle qu'on peut récolter en juillet et août au Moulinet et à Castillon. La race de Digne fait la transition entre la forme de Faws/a charentaise et parisienne et la forme Niceæ. Celle-ci est en outre caractérisée, 624 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE comme la Bætica, par son thorax entièrement noir et généralement dépourvu des deux petites bandelettes jaunes verticales dont on constate du reste l’accentuation plus apparente sur les Fausta du Nord que sur celles du Midi. Cependant, sur les 75 Niceæ bien caractérisées que J'ai sous les yeux, l'anneau abdominal rouge me parait toujours être double ou triple, tandis que, selon Rambur, l'abdomen de Bætica ne présente jamais qu'un seul segment rouge en dessus. 5° Pyrénées-Orientales — Junceæ, Obthr. — Aux environs de Vernet-les-Bains, je n’ai jamais vu Æausta au printemps; Je crois qu'elle n'a dans les Pyrénées-Orientales qu'une seule éclosion annuelle, en été. La race y est plutôt petite; mais la couleur rouge est d’un vermillon carminé extrêmement vif. Peut-être est-1l pos- sible de trouver partout où vit la Zygæna Fausta, à titre d’excep- tion, des individus colorés d’un rouge aussi intense qu'à Vernet- les-Bains? Mais nulle part, d’après ce que je connais, la couleur normale de la race locale n'atteint ce degré de vivacité. Les taches rouges des ailes supérieures sont généralement finement cerclées de jaunâtre. Le papillon a des allures très vives, et la première fois que Je le vis, en août 1880, dans le bois que de Graslin appelait : el Pinats, je fus surpris de son activité et de la rapidité de son vol. Je pris, avec une quantité d'exemplaires remarquables par la couleur rouge carmin de leurs ailes et de leur anneau abdomunal, une Q d'un Jaune orangé tout à fait pareille aux individus à couleurs claires de la Charente; ce qui est la confirmation d'un fait que J'ai observé bien des fois et relaté au cours de ce travail. Niceæ diffère de /wnceæ par sa taille plus grande, la couleur plus vermillonnée et moins carminée des parties rouges, la réduction du liséré blanc Jaunâtre encerclant les taches rouges. 6° Andalousie. — Bætica, Rambur. — Figurée sous le n° 9 de la PI. 12 de la Faune de l'Andaloustie. Ma collection contient des indi- vidus provenant de Rambur; ce sont donc des co-types; d’ailleurs la collection de Graslin possédait plusieurs exemplaires pris, avec LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 025 les types, à Malaga, en octobre 1835. Je ne crois pas qu'on puisse considérer Pælica comme une espèce distincte de Fausta. Bætica est plus grande généralement, mais pas toujours; car J'ai sous les yeux deux © très petits; elle parait manquer des traits thoraciques blanc jaunâtre, comme d’ailleurs la Fausta-Niceæ. Je ne parviens à découvrir aucun caractère spécifique sérieux. Car la présence d’un seul segment abdominal rouge, le cinquième segment et les valves anales noires, ainsi que le fait remarquer Rambur (Car. Syst. Lép. Andal., p. 171), ne me semblent pas d'une importance suffisante pour valoir que Bætica soit érigée en Espèce séparée. Elle a été rencontrée par Rambur aux mois d'avril et de septembre, sur les collines arides, dans les environs de Malaga, tandis que la F'austa, à Marseille, dit Rambur, quoique vivant sur le même Coronilla juncea, bien que commençant à faire sa coque dès le mois de mars, ne se montre qu'à la fin d'août et en septembre; mais nous savons pertinemment que austa, dans les Charentes, éclôt au printemps CHENÉLÉ En Espagne, on trouve d’autres formes de Fausta, notamment en Catalogne et à Albarracin. Dans cette dernière localité, d’où feu l'abbé Zapater m'avait envoyé quelques exemplaires, la forme est bien différente de Bætica. C'est plutôt Faustina, selon Rambur (Faune de l'Andalousie, PI. 12, fig. 7); c'est-à-dire une espèce petite, d'un rouge orangé non carminé, comme on en trouve quel- quefois à Digne. Rambur fait connaître (Car. Syst. Andal., p. 172; note) « qu'il a reçu du célèbre entomologiste Klug un individu du Faustina, du Musée de Berlin, étiqueté de sa main, comme étant un de ceux rapportés autrefois du Portugal, par Hoffmannzegge (sic), et que nous avons fait figurer comme objet de comparaison (Faune ent. Andal., pl. 12, fig. 7. Zygœena Faustina, Ochs.). Elle ressemble extrêmement à la #aus/a, dont elle égale à peine la taille, et en diffère surtout parce que le rouge de la base des aïles supérieures est séparé des taches du milieu, sur le bord antérieur, par la conti- nuation de la bande noire qui n'est pas divisée par un prolon- gement rouge comme chez la Fausta, et par les valves anales qui 40 620 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE sont noires; l’abdomen présente trois segments rouges ». Il y a dans la collection Boisduval un échantillon absolument conforme à la figure de Æaustina, donnée par Rambur; mais Jignore de quelle localité elle provient. 7° Suisse. — Jucunda, Meissner. — Il me semble que c'est bien la forme /wcunda, dont Fuessly a donné la figure sous la lettre H de la Tab. I du Magasin fuer die Licbhaber der Entomologie, en 1778, d'après un exemplaire pris dans les prairies des montagnes, près Pfeffers, en Juillet. Pourtant Rambur croyait avoir découvert cette variété locale aux environs de Genève et 1l écrit à son sujet, dans le Catal. syst. Lépid. Andalousie, ce qui suit : « Nous avons trouvé sur le mont Salève, près de Genève (département de la Haute-Savoie) (*), une Zygène différente de la aus/a ordinaire et que nous nommons Z. Faustula. Les taches sont plus petites et moins confluentes; les deux basilaires sont en partie divisées et la seconde ne s'étend pas sur la marge postérieure; la bande de la couleur du fond qui sépare ces taches de celles du milieu n'est pas divisée par du rouge; l'abdomen est noir et n'offre que des atomes rouges en place des segments de cette couleur; elle parait en Juillet ». Dans les Annal. Soc. ent. France, 1865, p. 91-02, sous le titre de Souvenirs de Zermatt, Achille Guenée a consacré une notice assez développée à la Zygœna Jucunda qu'il appelle Genevensis, Millière. Guenée avait capturé sa Genevensis au pied du Mont Salève, à la fin de juillet 1864, lorsqu'il effectuait son retour de Zermatt. Aucune mention n'est faite par Guenée de l’article précité écrit par le D' Rambur. Guenée traite de quelques caractères de la Z. Genevensis et, à propos de l’anneau abdominal, 1l constate ce qui suit : « L'anneau abdominal rouge n'est pas non plus cons- tamment absent: il laisse, au contraire, des traces très apprécrables (*) Le Cat. syst. Lépid. Andal. porte la date 1858; mais la publication doit avoir été faite bien plus tardivement, puisque le département de la Haute-Savoie n'existait pas en 1858 et que sa création est postérieure à la guerre d'Italie qui eut lieu er 1850. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 027 chez la très grande majorité des exemplaires; seulement 1l nest Jamais complet en dessus et se réduit à des séries de poils bordant les incisions, et 1l est toujours très nettement interrompu en dessous »; puis, continuant à s'occuper de la variabilité du caractère que représente l'anneau abdomunal, 1l ajoute, en note, l'observation suivante : « C'est du reste un singulier attribut des Zygenes que cette ceinture rouge qui est alternativement présente ou absente chez les espèces les plus voisines, qui, nulle chez l'Azlaris, réduite à un segment chez la Bæñca, en occupe deux chez la f'austa Q, trois chez l'Uccitanica, quatre chez la Læta et envahit l'abdomen entier chez Ganymedes. Puis, nous la voyons se montrer furtivement chez quelques Q d'Onobrychis, tenter ‘parfois le dessus de l'abdomen chez Æormosa, quitter certains O' de Sarpedon pour disparaître chez Contaminez. Ne dirait-on pas que la Nature a voulu nous fournir un moyen tout élémentaire de séparer les espèces, puis que, se ravisant, elle l'a supprime malicieusement chez certains individus pour éprouver notre tact et nous défendre les systèmes absolus? » Feu mon ami Guenée met sur le compte de Dame Nature des malices bien noires et des combinaisons bien subtiles. Pour parler sérieusement, les distinctions spécifiques qu'on pourrait tirer de la coloration en rouge des anneaux abdominaux chez les Zygæna sont illusoires. [1 semble que presque toutes les espèces du genre Zygæna peuvent avoir, ou non, l'abdomen 7xbro-cingulatum, comme elles peuvent avoir les taches des ailes supérieures et les ailes inférieures rouges, jaunes ou brunes; comme elles peuvent avox, ou non, les taches des ailes supérieures bordées d’un liséré blanchâtre ou Jaunâtre; comme elles peuvent avoir les mêmes taches des ailes supérieures confluentes ou séparées; la couleur noir indigo du corps et du fond des ailes transformée en gris argenté; la bordure bleu indigo des ailes inférieures limitée à un fin liséré ou développée au point d’envahir toute la surface des ailes; la 0° tache ultime des supérieures présente ou disparue. Toutes ces variations se manifestent en vertu des Lois qui les règlent pour le Genre de Lépidoptères auxquelles elles sont appli- 628 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE quées et sur lesquelles nous avons cru devoir appeler ci-dessus l'attention des Naturalistes. M. Abeille a écrit des observations très intéressantes sur la vie évolutive de la Zygeæna Fausta dans les Bouches-du-Rhône et les environs de la Sainte-Baume. Il n'a constaté dans ces contrées qu'une seule génération annuelle, en été. Les chemlles de F'austa sont détruites par les parasites, en nombre considérable. Diptères, Tachinaires et Hyménoptères de la Famille des Chélonides et des Genres Rogas et Microgaster réduisent énormément le nombre des petites chenilles de Fausta. Les plantes nourricières sont : à la Sainte-Baume, l'Ornithopus perpusillus, plante de la famille des Papilionacées, tirant son nom : Pzed d'oiseau, de la forme et de la disposition de ses gousses; et dans les Bouches-du-Rhône, comme à Malaga, la Coronilla juncea, également de la famille des Papi- lionacées, sous-arbrisseau à fleurs Jaunes, répandu sur les coteaux de la Provence, en Espagne, au Portugal, en Italie et en Algérie. Le nom de Coronille, diminutif du latin Corona, indique la dispo- sition des fleurs en couronne. L'abbé Coste, dans la Flore descriptive et illustrée de la France, énumère 9 Espèces de Coronille croissant spontanément en France et 20 environ pour l'Europe, l'Asie occi- dentale et le Nord de l'Afrique. Elles sont toutes fourragères et plusieurs sont cultivées pour l’ornement des jardins. Zygæna Carniolica, Scopoli (Æx/omol., 478). Parfaitement figurée par Johann-Caspar Fuessly sous la lettre G de la Tab. I du Magasin fuer die Liecbhaber der Entomologie, en 1778. Les taches sont bien nettement séparées, entourées de blanc, d’une couleur carminée, avec l'abdomen tout noir et sans anneau rouge. C'est, dit Fuessly, le Sphinx Carniolica de Linné et Fabricius (Want. 1); le Sp. Onobrychis, du Wienerverzeichniss; le Sp. septima, de Schaeffer (/cones, Tab. 80, fig. 4 et 5). Fuessly publie (p. 114) la diagnose latine suivante : « Z7gæna Carniolica : atra, alis anticis cyaneis punctis quinque sanguineis subocellatis, posticis rubris, limbo nigro. Habitat in Austria ». LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 629 L’Espèce ne se rencontre ni en Angleterre, ni en Bretagne. Elle est répandue dans les contrées calcaires de la France, depuis la Normandie jusqu'aux Alpes-Maritimes. Elle habite l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche, la Sardaigne, les Pyrénées-Orien- tales, l'Espagne et l’Algérie; mais les variations géographiques et les races locales sont nombreuses, ainsi que les Aberrations. Je considère que Occitanica est une simple forme locale de Carniolica. Je suis cependant moins convaincu que Orana et les autres races algériennes soient spécifiquement identiques à Carniolica. Cepen- dant je les réunis dans la même unité spécifique, comme l'ont fait d’autres Entomologistes. Dans le Valais, notamment aux environs de Martigny et de Vièce, la forme normale a l'abdomen entièrement noir, le double collier blanc, le thorax mélangé de poils courts blanchâtres, les épaulettes courtes, pointues, triangulaires, bordées de blanc; les taches des ailes supérieures sont d’un rouge carminé un peu vineux, mais vif, largement cerclées de blanc. Les Aberrations par extension et envahissement de la couleur blanche des cercles qui enserrent les taches rouges ne sont pas rares. Telle est Ab. Wezleri: qui est figurée sous le n° 30 de la PI. III de la 1° livraison des Æ7udes de Lépidoptérologie comparée. On obtient l'Ab. Wezleri, comme la Fausta-Tricolor, en soumettant les chrysalides à une température de 40 degrés centigrades au-dessus de 0. Le n° 32 de la même PI. IIT est une transition entre la forme normale et l’Ab. Weïleri la plus caractérisée. M. Wullschlegel a capturé à l'air libre environ 25 exemplaires analogues à celui qui est figuré sous le n° 30; mais inversement on trouve à Martigny des Carniolica dont les taches rouges sont presque entièrement dépourvues de cercle blanc. Je possède un échantillon capturé par M. Wullschlegel qui a presque totalement perdu la tache ultime dite. en haricot, et deux autres spécimens dont le haricot rouge n’a plus que de très légers vestiges de couleur rouge. La variation dans laquelle Carniolica se meut à Martigny est donc très considérable ; les taches rouges sont très larges ou très rétrécies; l'entourage blanc des mêmes taches est lui-même très élargi ou très réduit; la 630 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE couleur rouge est parfois plus pâle et plus vermillonnée; mais sur une très grande quantité d'exemplaires, je n’en ai vu qu'un très petit nombre présentant des traces d’anneau abdominal rouge. À Aix-les-Bains, en Savoie, la Zygæna Carniolica a généralement aussi l'abdomen noir; du moins sur plus de 200 échantillons de cette localité contenus dans ma collection, je n'en compte guère qu'un sur dix offrant des vestiges plus ou moins prononcés de ceinture abdominale rouge; par ailleurs, la forme diffère peu de celle de Martigny; on constate seulement que l'entourage blanc des taches rouges est plus généralement rétréci. Au pied du Mont Salève, en Haute-Savoie, à la fin de juillet et au commencement d'août, la Zygæna Carniolica est assez com- mune et ressemble beaucoup à la forme valaisanne et aixoise. I] m'a semblé qu'au col du Mont Genèvre, du côté italien, la Zygæna Carniolica à abdomen noir, que je trouvais commençant à éclore, le 18 juillet 1906, ressemblait aux races savoisienne et valai- sanne; cependant la tendance à la perte de la tache en haricot m'a semblé intéressante; mais je n'ai pas réussi à capturer assez d’exem- plaires pour pouvoir émettre une opinion sérieuse au sujet de la forme locale des environs du village de Clavières. De Larche, localité très élevée des Basses-Alpes, j'ai reçu une soixantaine de Carniolica récoltées par Augustin Coulet, en août 1806 ; la race est petite, à abdomen généralement tout noir, offrant rarement des traces carminées. La couleur rouge est sans éclat, d’un carmin un peu vermillonné; sur la moitié des exemplaires, l’entou- rage blanc ou jaunâtre des taches des ailes supérieures est nul ou presque nul; sur l’autre moitié, il est modérément accentué. En Normandie, à Brosville et à Pont-de-l'Arche, on trouve Carniolica volant dans la seconde quinzaine de juillet; la forme ressemble à celle d’Aix-en-Savoie et de Martigny, avec une ten- dance à être de plus petite taille. Je suis redevable d’une série d'exemplaires bien choisis à l’obligeance de M. Dupont, agrégé de l'Université, à Evreux. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 631 À Lardy (Seine-et-Oise), on trouve au commencement de juillet une semblable forme de Carniolica; il en est de même dans le Loiret où la récoltait autrefois feu le marquis de Lafitole. J'ai reçu de la Roche-du-Mont, près Ornans (Doubs), et j'ai pris moi-même dans le Val du Fier et du Chéran, en Haute-Savoie, une race de Carniolica pouvant être classée avec celles du Valais, du Mont Salève, d’Aix-les-Bains, c'est-à-dire avec toutes les races précitées et celles de Lanslebourg et de Bourg-d'Oisans; toutes ces formes se rapprochant d’ailleurs de celles de Thuringe et de Berlin, et ne différant pas en réalité de l’exemplaire figuré par Fuessly. Seulement il faut tenir compte de la variabilité imdi- viduelle, relativement à l'extension et au rétrécissement des cercles blancs qui entourent les taches rouges des ailes supérieures et aux vestiges de ceinture abdominale carminée. Les races dont l'étude offre le plus d'intérêt sont celles des Alpes-Maritimes, d'Italie et surtout de Digne. C'est cette race, superbe par ses variations et l'éclat de ses cou- leurs, que je vais d’abord étudier. On peut dire qu'à Digne la Zygœna Carniolica est un véritable Protée; tantôt pareille à la race savoisienne et valaisanne, mais semblant toujours plus portée au développement de la ceinture abdominale rouge, tantôt d'un rouge vermillon orange, c'est-à-dire d’une teinte vive et gaie qui ne se remarque nulle part ailleurs, avec les taches rouges confluentes et remplissant presque toute la surface des ailes supérieures, où bien presque sans cercles blanchâtres et avec les taches rouges de taille plutôt petite et toutes séparées les unes des autres, au lieu de confluer. D'autre part, Occitanica et Carmiolica, à Digne, vivent côte à côte, et l’on trouve dans cette localité nombre d'exemplaires dont la large tache en haricot offre tous les passages les mieux gradués, depuis le blanc absolument immaculé jusqu'au rouge orangé ou carminé vif. Il y a des individus qui portent dans la tache en haricot des vestiges extrêmement faibles de pigmentation carminée ; d’autres, chez qui le semis d’atomes rouges est un peu plus accentué et ainsi de suite, jusqu’au maximum. 632 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Dans la XX° livraison des Etudes d'Entomologie, j'ai fait figurer 10 exemplaires variés de la Zygæna Carniolica, sur la PI 7, depuis le n° 114 au n° 123 inclus. La Carniolica de Digne est représentée sous les n° 118, 110, 120 et 121. Ce sont des papillons bien différents, et lorsque je considère les 300 Carniolica de Digne qui se trouvent alignées dans une même boîte, je pense qu’il y aurait matière à leur appliquer bien des dénominations, si on voulait désigner par un terme particulier chaque variété. On constate des formes à taches rouges petites, ou larges, mais séparées les unes des autres; d’autres à taches confluentes, largement cerclées soit de blanchâtre, soit de jaunâtre, ou très finement lisérées de blanc, ou encore presque sans aucun liséré; tantôt d’un rouge carmin et tantôt d’un rouge orange, avec l’abdomen montrant 1, 2 ou 3 seg- ments colorés en rouge. Tous les passages existent d’ailleurs entre ces variations diverses qui s’entrecroisent et qui se compliquent de la fusion insensible de Carniolica en Occitanica. Feu Millière m’a donné jadis quelques Zygæna Carniolica conformes à certaines Diniensis; 11 les avait prises à Grasse. Je prie le Lecteur de se reporter à la notice concernant la Zygena Fausta pour y trouver les renseignements relatifs à la variation parallèle chez les deux Espèces, c’est-à-dire la variation conforme des Fausta Dupiryi et Melusina et des Carniolica Dupuy et Melusina, de Digne. Celles-ci sont figurées sous les n° 110, 119 et 120 de la PI. XXII du Vol. III des Æ/udes de Lépidoptérologie comparée. On verra sur cette même Planche XXII les n°° 111, 112, 113 représentant des Carniolica de Digne formant la transition entre Dupuy: et Occitanica; VAb. bicolor, de Digne, presque sans liséré blanchâtre autour des taches roses plutôt que rouges; les n° 115, 116, 117 consacrés à la figuration de 3 formes bien dis- tinctes de Carniolica-diniensis. D'ailleurs, les Zygæna Carniolica représentées sur la PL XXII, depuis le n° 110 au n° 120 inclus, proviennent de Digne, à l’excep- tion du n° 118 asymétrique (aile gauche normale, aile droite Weileri) qui a été capturé à Ofen. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 633 Il doit rester de l'examen comparatif des n°* 110 à 120, défal- cation faite de 118, l'impression qu'aux environs de Digne, patrie de ces 10 exemplaires de la même Zygena Carniolica, un Fruhstorfer ayant un stock de noms nouveaux à placer, se trou- verait en face d’une occasion exceptionnellement favorable, surtout si l'on y ajoutait les n°% 118, 119, 120 et 121 de la PI 7 de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie. Dans les Alpes-Maritimes et dans certaines régions des Basses- Alpes, telles que : Berthemont-les-Bains, Entrevaux, Allos, L’Es- carène, Levens, on trouve des Zysæna Carniolica qui ressemblent beaucoup à celles de Digne. Elles sont par conséquent très diffé- rentes des Carniolica piémontaises; cependant, à Berthemont, on rencontre deux formes de Carniolica, l'une à taches d’un rouge orangé, encerclées de blanc ou de jaunâtre, l’autre à taches d’un carmin très vif, comme en Piémont, et presque entièrement privées du liséré blanc qui les enserre; mais dans les Alpes-Maritimes, on trouve aussi Occitanica qui paraît manquer en Italie La Zygœna Occitanica est commune à Vence, à la Turbie, à Tourette-sur-le- Loup, au col de Castillon, et elle offre, notamment dans la localité de Vence, l’Aberration chez laquelle la tache en haricot a tota- lement disparu. J'en possède deux exemplaires qui sont reliés par un grand nombre d'individus parfaitement transitionnels à ceux qui ont la tache en haricot extrêmement large .et développée, presque jointe aux taches voisines, c’est-à-dire à l’externe supérieure et à la médiane inférieure, lesquelles sont centralement ponctuées de rouge; mais par Aberration, cette ponctuation rouge peut aussi disparaître et je possède une © dont la tache médiane inférieure est grosse et entièrement blanche. Elle a été prise à la Turbie, au commencement de juin 1006, par H. Powell. M. Decoster a capturé à Vence, le 20 juin 1907, un Œ semblable. On remarquera aisément combien l’Occitanica chez laquelle il ne reste, en outre des taches basilaires, que les 3 taches arrondies : la cellulaire, l'extracellulaire et la médiane inférieure, et à laquelle il manque la tache ultime en haricot, est conforme à la Race italienne de Carniolica.(ou plutôt Aberration fréquente) dite : Apemina, et 634 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE dont j'ai donné une figure sous le n° 114 de la PI. 7 de la XX° livraison des Etudes d'Entomologie. Les Occitanica dépourvues de la tache en haricot et réduites par conséquent à $ taches, sur les ailes supérieures, appartiennent à la forme espagnole que Staudinger a appelée /berica; mais, comme on le voit, l'Espagne n'a pas plus la spécialité de cette variation lberica d'Occitanica, qu'elle n’a celle de X7esenwettert et Stæchadis pour Rhkadamanthus. Les Alpes-Maritimes partagent donc avec la Catalogne l'avantage de fournir ces diverses variations. Au col de Castillon, M. Decoster a pris, avec des Occitanica pures, une Occi- tanica dont la tache en haricot montre des vestiges de rouge, tran- sition qui est bien plus rare au milieu des Occitanica que parmi les Carniolica. Au Piémont, notamment à la Certosa di Pesio, la Carmiolica présente une race superbe, grande, robuste, comme l'Hedysari, Huebner (20 et 36), avec l'abdomen noir, le fond des ailes d’un vert d'acier luisant, les taches des ailes supérieures et les ailes inférieures du carmin le plus vif. Même, comme dans l’Æedysari, Huebner, 20, on trouve en Piémont des exemplaires surtout Q montrant dans la tache en haricot autant de petits grains de corail qu'il y a d'espaces intranervuraux; c'est-à-dire que dans le haricot, les nervures séparent par un trait blanc la partie rouge en autant de petites taches qu’il y a d'espaces intranervuraux. La figure 29 donnée par Huebner rend bien ce caractère de la variété Æedysari; mais en Piémont, comme ailleurs, la variabilité de Carmiolica est très grande. À côté d'échantillons très développés, il y en a de petits; de plus, tantôt les taches carminées sont encerclées de blanchâtre et tantôt elles sont dépourvues de tout entourage blanc ou jaunâtre. Dans les Abruzzes, on rencontre l'Ab. Apenina; mais J'ai reçu de Cerchio des exemplaires ornés de la tache en hancot, de sorte qu'il ne me semble pas qu'Apenina représente une race; c'est sim- plement une Aberration assez fréquente dans certaines localités. À Paternopoli, c'est Hedysari, avec des taches d’un rouge carmin vif, très grosses, généralement séparées les unes des autres et cer- LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 635 clées de blanc; mais à Paternopoli, comme ailleurs, 11 y a des exemplaires très différents de ceux qui forment la généralité de la race, soit par leur taille plus petite, soit par leurs taches rouges rétrécies. À côté d’'Æedysari très caractérisée, je vois un C chez qui la tache en haricot est très réduite et porte dans son milieu un simple petit trait rougeûtre. À Avellino, M. P. Fabresse a pris des exemplaires de Carntolica tout à fait analogues à ceux du Valais et de Savoie, de sorte qu'on peut résumer l’histoire de la dispersion des races de Carmiolica dans l’Europe occidentale comme suit : Depuis la Normandie jusqu'à la Savoie, y compris les environs de Paris, la Champagne, la Franche-Comté, le Valais, Carniolica donne une race homogène dans son aspect et ses variations ; 1l y a un changement de forme dans les Basses-Alpes et dans les Alpes- Maritimes où Carniolica et Occitanica se rencontrent; en Piémont, où Carniolica redevient seule, la race plus septentrionale s'agrandit, prend des couleurs plus vives et plus belles; ce mouvement se continue en Italie centrale et méridionale, mais en semblant plutôt s'atténuer que s’accentuer. Du côté de l'Occident, Occitanica paraît être seule dans les Pyrénées-Orientales, dans l'Aveyron et en Espagne. Elle donne à Grenade l’Ab. Albicans, figurée par Rambur, sous le n° 10 de la PI. 12 de la Faune de l'Andalousie. Cette Ab. est pour Occitanica ce que Weileri et Amœna sont pour Carniolica. De plus, la variété catalane /berica, dépourvue de la tache en forme de haricot et présentant les points rouges réduits et quelquefois privés de tout cercle blanc, est tout à fait l’analogue de l’italienne À pexina. Ma collection contient plusieurs centaines d'exemplaires de la Zygæna Occitanica des Pyrénées-Orientales; la forme y est assez stable, bien que variant par le développement, ou inversement par le rétrécissement des parties blanches qui entourent les taches rouges des ailes supérieures. En Espagne, Occitanica se trouve non seulement à Grenade et en Catalogne, mais le long de la côte de la Méditerranée et 636 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE notamment à Tijola (Almeria) où se manifeste la tendance à l’Ab. Albicans. L'exemplaire le plus curieux que je possède de tout le genre Zygæna est certainement la Zygæna Occitanica qui se trouve figurée sous le n° 123 de la PL 7 de la XX° livraison des Æ7udes d'Entomologie, et dont je parle à la page 53 du même ouvrage. Ce papillon monstrueux, qui a 3 ailes supérieures et 1 aile infé- rieure seulement, fut obtenu à Montpellier par Daube. Il faisait partie de la collection Boisduval. La chenille vit aux environs de Vernet-les-Bains sur le Doryc- num suffruticosum; le cocon est ovoïde, jaunâtre, et le papillon éclôt en été. On trouve à Aguessac (Aveyron) une forme superbe d'Occitanica; M. Dayrem en a pris dans cette localité une trentaine d’exem- plaires, en août 1008. L'un d’entre eux a la tache en haricot légèrement pigmentée de rouge; un autre a les taches rouges entourées de cercles blancs exceptionnellement larges, de sorte que les taches en question se trouvent très rapprochées et presque contiguës. Je connais, grâce à l'obligeance de M. Gédéon Foulquier, l'Occitanica des Bouches-du-Rhône; mais j'ignore encore la Car- niolica de ce département, ou plutôt de la Sainte-Baume, dont M. Abeille fait une mention détaillée et qu'il décrit comme var. Magdalene. L'étude faite par M. Abeille sur les Zygæna de Provence est fort intéressante et très instructive; Je ne puis qu’en conseiller la lecture aux Entomologistes qui affectionnent ce genre de Lépidoptères. M. Abeille a élevé presque toutes les Espèces et sa documentation au point de vue des plantes nourricières, des mœurs et du parasitisme est tout à fait hors de pair. L’Ab. Flaveola, très rare en France, est plus fréquente à Vienne d'où me l’a envoyée M. Locke. Je fais figurer sous le n° 442 de la PI. II du présent volume une Ab. Defschi, dont je suis redevable a M. Ad. Peter, de Stuttgart. Cette Ab. Derschi a été prise par M. Alois Detsch, en 1000; elle a l'abdomen tout noir, tandis que Flaveola est flavocingulata; la couleur jaune est plutôt /wfeola que LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 637 Hlaveola. Enfin les taches jaunes des ailes supérieures sont imper- ceptiblement bordées de blanc. Je ne crois pas devoir disserter sur les races orientales de Carniolica; je me borne à signaler la superbe forme de Syrie, figurée par mes soins, d'après des individus pris à Akbès, sous les n°“ 115 et 116 de la PI. 7 de la XX*° livraison des Æfudes d'Entomologie. Feu Staudinger ne possédait pas cette forme qu'il avait rapportée à tort à /'awrica, avec laquelle elle n'a pourtant aucune similitude; c'est peut-être la plus belle des races de Car- niolica, et je l'ai désignée, à cause de cela, sous le nom de prestans. En ce qui concerne les races algériennes d'Oyana, qui est peut-être une forme géographique de Carniolica, je prie le Lecteur de se reporter aux Ætudes d'Éntomologie. Dans la XIIT° livraison, J'ai fait figurer Orana sous les n°* 52, 53, 54, 55 et 56 de la PI. VII, et j'ai donné les détails explicatifs à la page 24 du même ouvrage. La var. Nedroma est figurée sous le n° 3 de la PL III de la liv. VI; enfin la var. A/lardi est représentée sous le n° 5 de Ja PAP de vi Depuis que ces publications ont été faites, J'ai reçu une quantité de 140 exemplaires très variés, pris en Juin 1908, à Khenchela, par M. H. Powell. Orana est répandue dans les trois provinces. Le docteur Henri-Charles Martin l'avait prise à Philippeville et à T'eniet. Tantôt elle a l'abdomen tout noir, tantôt annelé de rouge; tantôt les taches rouges des supérieures sont largement cerclées de blanc, tantôt l'entourage blanc est presque nul; tantôt les taches rouges en question sont grosses et tantôt petites, de sorte que la variation parait dériver exactement des mêmes lois que chez Carnolica. On a découvert en Algérie une nouvelle Espèce de Zygæna que M. l'abbé de Joanmis a décrite sous le nom de 7'keryr, dans le Bulletin Soc. ent. France, 1908. Cette Espèce n'ayant Jamais été figurée jusqu'ici, je l'ai fait représenter sous le n° 225 de la 638 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PI. XXXV de cet ouvrage, d’après un exemplaire pris à Hammam- Rhira par MM. Walter Rothschild et Karl Jordan. Je suis redevable de ce papillon à lobligeance de ces savants naturalistes. M. Dayrem a capturé un seul exemplaire de la même Zygæna T'heryi, au même lieu. Il me semble que la Zygæna T'heryi fait la transition entre le Genre Zygæna et le Genre Arichalca, Wallengren, créé pour quelques Espèces de l'Afrique tropicale. J'avais fait figurer auparavant sous le n° 172 de la PL XXVIII du Vol. III des Etudes de Lépidoptérologie comparée, une Espèce de Zygæna décrite par feu Poujade, sous le nom d’Æscalerai, mais restée non figurée jusqu'ici. Elle fut découverte en Juin 1800, par Martinez de la Escalera, en Mésopotamie. Ainsi se trouve comblée la lacune dans l’histoire de ces deux Espèces de Zygæna. Main- tenant 1l sera facile de les reconnaître et de s’en rendre compte, ce qui était bien malaisé avant que la figuration n’en fût publiée. ADDENDA & CORRIGENDA Antocharis Pechi, Ster. et Obthr. Deux dames anglaises entomologistes pleines de zèle, Miss Fountaine et Mistress de la Bâtie-Nicholl, ont capturé l'Axfhocharis Pechi, Stgr., nec Obthr. aux environs d'El-Kantara, en Algérie. Mistress de la Bâtie-Nicholl a bien voulu m'offrir 3 exemplaires de cette Jolie Espèce qui est blanche en dessus, avec l’apex des supérieures triangulairement marqué de noirâtre et une tache noi- râtre en forme de croissant à l'extrémité cellulaire. En dessous, l’apex et cette tache cellulaire sont d’un gris verdâtre; les ailes inférieures sont uniformément d'un gris verdâtre, avec un point blanc médian. Roger Verity a donné des figures très exactes de Pech, sous le n° 19 de la PI XLIX de l'ouvrage RAopalocera palæarctica. L'Anfhocharis que J'ai figuré comme Pechi, sous le n° 11 de la PI. V de la XII° livraison des Æ/udes d'Entomologie, est représenté de nouveau sous le n° 4 de la PI XXXVII de XZopalocera palæarctica, comme forme #elanochloros, Rœber, de Belia occi- dentalis. Je ne possède que l'unique exemplaire pris par Merkl, à Lambèse, et d'abord mentionné par moi, dans le Bulletin de la Société ent. France, 1884, p. LXXXV. Il y a évidemment un malentendu au sujet de l’'Axthocharis Pechi, Obthr. ec Stgr. Dans l'ouvrage Les Macrolépidoptères du Globe, par Adalbert Seitz, J. Rœber, auteur de la Partie Pzeride, décrit, à la page 53, avec le nom de Mauretanica, et reproduit d'après une copie évidemment P 040 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE prise sur la PL V de la XIT° livr. des ÆZ/udes d'Entomologie, mais non d’après nature, l’Anthocharis Pechi, Obthr.; tandis qu'il décrit, à la page 52, mais sans le figurer (du moins J'ai été inhabile à trouver la figure), le mème papillon, avec le nom de #elanochloros, du moins d’après l'opinion exprimée par Verity, à la page 176 des Rhopalocera palæarctica, de sorte que cet Awfhocharis, encore à peine connu Jusqu'ici, aurait déjà 3 noms, savoir : Peczt, Obthr.; Melanochloros, Roeber; Mauretanica, Roeber. La vérité, c'est qu'avec un seul papillon entre les mains, 1l me paraît impossible d'établir à son endroit une discussion sérieuse et de fixer définiti- vement la valeur spécifique propre de l'individu en question, ou de l'attribuer, comme variété ou forme, à quelque Espèce. Je dois attendre à posséder des documents complémentaires. Antocharis Falloui, Allard. Cette Espèce charmante, dont la chenille vit sur le Caprier (Capparis droserif olia), est, depuis le mois de janvier 1910, l’objet d'une étude et d’une recherche spéciales de la part de M. Faroult, à qui Jai demandé de me transmettre, pour en faire part à mes Lecteurs, le résultat de ses observations. Je les transcris un peu plus loin, telles que cet habile collecteur les a libellées. L’Az/#ocharis Falloui, si j'en juge par une série d'environ 125 exemplaires rangés dans ma collection, varie peu, sauf pour la taille; cependant les grosses taches longues vertes du dessous des ailes inférieures pré- sentent quelque variation dans leur disposition relative et leur confluence; de plus, elles ne sont pas parfaitement symétriques sur les deux côtés, chez le même individu. Voici donc les observations sur les Ax/kocharis dans les régions voisines du Sahara, écrites au Rocher-Rouge, près El-Outaya, sur ma demande, par M. Faroult, et arrivées à Rennes le 10 mai 1910 : « Fin décembre 1900, j'arrivai à Biskra par un temps épou- vantable, et ce n’est que dans les premiers jours de Janvier que LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE G41 J'a1 pu faire des sorties un peu intéressantes, destinées surtout à étudier la flore qui doit guider tout bon chasseur dans ses recherches entomologiques. La sécheresse persistante a contrarié considérablement la végé- tation; aussi était-1l très difficile de suivre les études faites anté- rieurement par des savants dont la bonne foi ne fait pas l'ombre d'un doute, mais qui n’ont séjourné dans cette région que pendant une période très courte et en température normale. Cette année, en général, tout est en retard; l'hiver a été long et froid ; le 4 mai, J'ai vu les montagnes de Batna, Lambèse, Khen- chela, recouvertes d’une couche de neige de 20 centimètres d'épaisseur, et le vent du Nord soufflant constamment, a produit un abaissement très sensible de la température dans toute la région de Biskra. Certaines espèces de papillons, dont l'apparition est très courte, n'ont pu être capturées et ont passé inaperçues; le même fait s’est produit en 1900, en Kroumirie; je vais en donner des exemples très précis. En 1908, année normale, je chassai à Aïn-Draham (Tunisie), du 30 mai au 15 Juin; J'ai pris: Azcéia Dido, Papilio Lotteri, Melanargia Lucasi Cigaritis Syphax, Rhodocera Cleopatra et Rhamni, volant par milliers, etc., etc. En 1900, je retournai à Aïin-Draham, fin mars, pour rester jus- qu'en octobre et suivre toutes les apparitions. Après les Saturnia Atlantica, Anthocharis Eupheno, Thaïs Rumina, etc, pour lesquelles je n'avais aucun renseignement sur les années précédentes, j'ai pris les Ayctia Dido, Papilio Lotteri, Cigaritis Syphax, etc, en juillet seulement, aux mêmes endroits exactement; soit avec un bon mois de retard; les Zygæna Alpgira avec 15 Jours; quant aux espèces très communes : ÀAodocera, Vanessa Erythromelas, Cigaritis, Melanargia, etc. elles n’ont eu qu’une apparition très courte et en très petit nombre. Les Anthocharis, notamment, paraissent à des époques très variables, selon la température d’abord, et aussi selon les localités ; c'est ainsi qu’on trouve parfois Belemia et ses variétés, en janvier 41 042 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE à Sfax, Gafsa, Gabès (Tunisie), et dans la région de Biskra (Algérie), tandis qu'à Tumis, El-Kantara, Batna, on ne la trouve qu'en avril et jusqu'en Juin; J'ai pris un seul #allou à El-Guettar, à 20 kilomètres Nord de Gafsa, le 12 mai 1808. Dans le Sud-Tunisien, Belemia vit sur presque toutes les cruci- fères: sa chenille est très facile à élever; elle a deux générations, janvier et avril; on trouve Belemia en grande quantité à Oudna, près Tunis, en avril et mai; on en voit encore cependant quelques rares exemplaires en Juin et Juillet. L'Anthocharis Charlonia se trouve dans toute la Tunisie et l'Algérie, mais à des époques bien différentes; j'ai pris Carloma à Sfax, en février; à Tunis et plus particulièrement à Kalaat-es- Senam, en avril; dans cette localité, elle paraît en si grand nombre qu’on pourrait en capturer des centaines par jour; à Biskra, on la trouve de février à juin; en Kroumirie, j'en ai pris un exemplaire très frais, le 5 juillet. Cette année, j'ai eu la bonne fortune d'élever quelques chenilles d'Anthocharis Falloui. Pendant mes chasses au Rocher-Rouge, à 4 kilomètres de la gare d'El-Outaya, à 28 kilomètres au Nord de Biskra, et où je suis actuellement campé, j'ai pu observer une Q de Æalloui déposant ses œufs sur Moricandia arvensis, sorte de Crambé comestible appelé AXroum (chou) par les Arabes. Cette plante croit par exemplaires isolés, entre les fentes des rochers, sur des rochers même, dans des endroits souvent inaccessibles. Je récoltai sur ces plantes 12 œufs, le 10 mars, dont O seulement me donnèrent de jeunes chenilles; 3 de ces jeunes chenilles périrent sans cause apparente à la 2° mue; mais j'en trouvai 3 autres un peu plus grosses sur des plantes, dans la montagne; je les mis séparément. Des 6 premières, 3 furent dévorées par les autres, et des 3 dernières 1 en dévora 2, si bien qu'ayant dû m'absenter pendant 2 jours, je ne trouvai dans les boîtes, à mon retour, que 3 chrysalides d’une part et 1 chenille de l'autre (5 avril); le 18 avril il est éclos une magnifique ©, et aujourd’hui 5 mai, J'ai encore 3 chrysalides bien vivantes. Dans leur jeune âge, les chenilles restent au même endroit où LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 643 elles sont nées; puis elles changent de feuille, ou même se mettent sur les fleurs qu'elles mangent au fur et à mesure qu’elles s'épa- nouissent. | Celles qui vivent sur les feuilles sont d’un joli vert tendre avec deux bandes latérales jaunâtres très peu apparentes; tandis que celles qui sont sur les fleurs et y vivent, sont d’un rose gai avec les bandes longitudinales bien apparentes : ce fait s'explique en ce que la couleur mauve des fleurs dont elles se nourrissent, se voit par transparence de leur peau très fine; ces couleurs disparaissent lorsqu'elles se nourrissent à nouveau de feuilles. Il est assez difficile de trouver ces chenilles, car elles prennent au repos des positions qui les font se confondre avec certaines parties de leur plante nourricière : tantôt roulées à la base de la tige florale, tantôt allongées en dessous des pétioles ou sur le bord même des feuilles et légèrement en dessous; ce n’est que par leurs excréments trahissant leur retraite qu'on peut les trouver. J'ai pu capturer cette année plus d’une centaine de Falloui; mais ce n'est pas chose facile; cette À #/%ocharis affectionne surtout les sommets des montagnes arides des environs de Biskra; c’est notamment à El-Outaya, près de la montagne de Sel, que j'en ai pris le plus grand nombre. Cette charmante espèce commence à voler le matin vers 10 heures, et seulement par beau temps; le vent paraît la déranger beaucoup; elle descend du sommet des montagnes, passant rapi- dement, allant d’une plante à l’autre sans se poser; rarement le s'arrête sur une fleur où 1l ne reste qu'une seconde; la Q vole avec une rapidité extraordinaire, ne laissant pas un petit endroit qu’elle n'explore, à la recherche des Moricandia qui doivent nourrir ses Jeunes chenilles, et sur lesquelles elle dépose ses œufs isolés au milieu d’une feuille et généralement un seul sur chaque plante. Jusqu'à midi, les Falloui descendent des sommets se dirigeant vers la plaine, puis pendant une heure environ, on n’en voit plus; ce n'est que vers 1 heure ou 1 h. 1/2 qu’elles recommencent à paraître, regagnant les sommets d’où elles étaient parties le matin; , \ » . cest à ce moment quon peut les prendre plus facilement, en se 044 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE plaçant en embuscade dans un passage entre deux gros rochers, autant que possible, ou dans une gorge. Les Calicharis Nouna sont relativement très communs au Col de Sfa, près Biskra, à El-Outaya, à El-Kantara; mais leur appa- rition n'a pas lieu à la même époque; alors qu'a Biskra la saison est très avancée, à El-Outaya, elle commence seulement, et MA DE Kantara on ne pourra les chasser que fin mai et Juin. En janvier, j'ai parcouru toutes les montagnes des environs de Biskra, à 40 kilomètres à la ronde, sans trouver aucune trace de Nouna; le 23, j'étais au Djebel-Senia, à l'Ouest du Col de Sfa et au Nord de Fontaine-Chaude; ma femme a pris un c qu paraissait éclos assez récemment. Comme il faisait un froid assez vif, j'ai cherché des chenilles sur plusieurs espèces de plantes, et j'ai eu la bonne fortune d'en trouver cinq très petites sur un gros pied de Capparis drosenif olia. Les Capparis poussent isolément dans les endroits les plus arides et les plus inaccessibles; on en trouve beaucoup sur les rochers détachés de la montagne. Les chenilles recueillies en janvier se sont élevées très facilement, comme du reste toutes celles que j'ai pu récolter par la suite; J'en ai encore actuellement une cinquantaine à l'élevage. Dans leur jeune âge, certaines chenilles (*) sont de couleur vert clair avec deux bandes longitudinales brun rouge pâle, et une ligne dorsale de même couleur, visible seulement sur les trois pre- miers anneaux et sur les deux derniers, avec une interruption au milieu; d'autres sont vert olive très foncé, avec deux bandes jJau- nâtres de chaque côté, entre lesquelles il y a deux points brun rouge sur les deux premiers anneaux; la couleur des chenilles varie entre ces deux teintes extrêmes : vert clair et vert très foncé, presque brun ; toutes sont légèrement pubescentes, surtout dans leur Jeune âge. (*} M. J. Culot a reçu la chenille et la chrysalide de VWouna envoyées par M. Faroult, Il en a fait une excellente aquarelle qui sera reproduite dans Île Volume V des Ztudes de Lépidoft. comparée. — Ch. OBTHR. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 045 Les chrysalides sont également très variables; du vert pâle au Jaune et brun foncé en passant par toutes les teintes intermédiaires ; on les trouve généralement en dessous des feuilles de Capparis, ou dans les feuilles sèches, sous la plante. Les chenilles sont cannibales; aussi, lorsqu'on les élève en captivité, doit-on les mettre séparément par grosseurs; car, sans cette précaution, les grosses mangent infailliblement les petites ; quelquefois aussi elles s’attaquent même aux chrysalides (*). Pour la première génération, la durée de la nymphose varie de 15 à 20 Jours; pour la seconde, elle n'est que de 12 à 15 jours, la température étant plus élevée. La Nouna vole de 10 heures du matin à 2 heures de l’après- midi; un peu plus tard lorsqu'il fait bien chaud; comme allow, on ne peut la prendre qu’à l’'embuscade, dans les endroits où les Capparis sont nombreux; si on la manque au coup de filet, il est inutile d'essayer de la poursuivre sans danger; la nature des montagnes où elle vole empêche matériellement toute poursuite; car c'est dans les endroits les plus escarpés qu’on peut la rencontrer en plus grand nombre. Les S, beaucoup plus nombreux que les ©, volent avec rapidité, rasant le sol, ne se posant que très rarement au milieu des pierres, et disparaissant comme par enchantement. Les Q viennent voltiger autour des Cappanris où elles ne s'arrêtent qu'un instant, pour déposer un ou deux œufs, puis elles vont à une autre plante. Les Nouna présentent une grande variété, surtout chez les ©, tant par leurs couleurs que par leurs dimensions. Au moment où J'écris ces lignes, ma femme capture en face de la tente une jolie Q qui vient voltiger autour d’un Capparis, ou Câprier. » (*) Les chenilles de Arc/ia Dido dévorent également les chrysalides de leur Espèce; nous avons vu, à Rennes, cette année, en avril, une chrysalide de Pido prête à éclore, mangée par des chenilles qu'on avait laissées dans la même cage. — CH OBTHR, 646 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Argynnis Adippe, Linné. Je suis redevable à l’obligeance de M. Holl d'une paire d'Argynnis Adippe, var. Auresiana, Fruhst, prise à Tala-Rana (Maillot, Algérie), le 12 juillet 1900. La forme de Adippe, en Algérie, paraît, d’après ces deux échantillons, différer un peu de la CAlorodippe des environs de Grenade, en Andalousie. Le dessous des ailes inférieures paraît plus varié de couleur en Algérie. Le comte Emilio Turati, dans Nuove Forme di Lepidotteri e Note Critiche (Nat. Sicil., 1000), figure Awresiana sous les n°* 5 et 6 de la Tav. I; malheureusement, en dessus seulement; car c’est le des- sous des ailes inférieures qui est surtout intéressant et caractéris- tique de la forme Awresiana. Argynnis Niobe, Linné. Ne semble pas exister dans le Finistère. Les exemplaires que J'ai reçus de ce département comme étant des Viobe sont simplement l'Ab. Cleodoxa d’Adippe. Argynnis Aphirape, Huebner. Espèce de l'Allemagne, de la Russie, de la Scandinavie et de la Sibérie qui s'avance vers l'Ouest jusqu'aux Hautes-Fagnes, en Belgique, où elle vole avec Colias Palæno et Argynnis Arsilache. Dans les Alpes de Suisse, on n'a pas trouvé Afhirape jusqu'ici. Cette Aygynnis A phirape éclôt en mai et juin; elle a été capturée abondamment au plateau de la Baraque-Michel, à la forêt de Saint-Hubert, à Hertogenwald, à Chiny, d'après les excellents et savants renseignements fournis par M. Léon Fredericq, directeur de la Classe des Sciences de l'Académie royale de Belgique, en un discours prononcé dans la séance publique de la Classe des LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 647 Sciences, à Bruxelles, le 16 décembre 1004, sous le titre : La Faune et la Flore glaciaires du Plateau de la Baraque-Michel (point culminant de l’Ardenne). Grâce à l’obligeance de M. Henry Brown, de Paris, J'ai pu participer à un intéressant envoi de Lépidoptères recueillis en 1900 dans les Hautes-Fagnes belges. Les Colias Palæno, Argynnis Aphirape et Arsilache étaient représentées dans cette collection. Argynnis Pales-Arsilache, Esper. C'est une forme de Pales, habitant les plaines dans le Nord de l'Europe et les basses montagnes du centre. J'ai omis d'en faire mention au cours de l’article consacré à la Pales, des hautes mon- tagnes, aux pages 216 et 217 du Vol. IIT des Æ/udes de Lépido- térologie comparée. Arsilache se trouve en France aux environs de Russey (Doubs), où elle a été prise par M. Hustache. M. Léon Fredericq dit avoir trouvé Aysilache à la fin de juin et au commen- cement de Juillet au Plateau de la Baraque-Michel, à la forêt de Saint-Hubert et au Plateau de la Baraque de Fraiture. Les ailes d'Arsilache sont plus larges et quelquefois plus arron- dies que chez Pales; la figure donnée par Huebner, sous les n°* 36 et 37, est assez bonne. J'ai obtenu de la Hesse et du Harz quelques très belles Aberrations par mélanisme. Polyommatus Hippothoë, Linné. À la page 145 du présent volume des Ærudes de Lépidoptérologie comparée, Jai annoncé la publication de la traduction due aux soins de M. Harold Powell, de la notice consacrée par M. Tutt, dans son célèbre ouvrage, à l’histoire rétrospective du Polyormatus Hippothoë-Dispar, en Angleterre. Diverses circonstances ont retardé la mise au point de cette traduction; mais M. Harold Powell ayant pu l’achever avant son 048 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE départ pour le Djebel-Amour (3 mai 1910), je suis heureux de faire profiter les Entomologistes français d’un complément de docu- mentation anglaise, au sujet du Polyommatus Hippothoë-Dis par. On remarquera chez M. Tutt des renseignements déja publiés par M. Barrett; mais cette seconde publication ne peut que renforcer la première. Voici donc la traduction de la Notice imprimée dans l'ouvrage de M. Tutt : « Récit historique de Chrysophanus dispar Britannique C'est un fait remarquable que les figures et la description les plus anciennes de notre insecte Britannique se trouvent dans l’ou- vrage d'Esper Sckmett. Eur. I, PI XX XVIII, fig. 1-2 (1777), p. 350 (1779). Tandis qu'il le décrit sous le nom d’Aippothoë, 11 exprime de graves doutes sur son identité spécifique avec Æippothoë, Linné. « Le dessus », dit-il, « est d'une couleur plus ardente et luisante que P. Vrrgaureæ, et sa bande marginale extérieure est beaucoup plus large; la Q possède des taches d'une régularité extraordinaire en dessus, tandis que, chez Æippothoë, le dessus est plus foncé et brun. Le dessus diffère d'une manière encore plus frappante de P. Virgaureæ et de P. Hippothoë, avec lesquels il n'a rien de commun. Les ailes de ce premier (Virgaureæ), en dessous, sont d'une même teinte Jaune; les secondes ailes avec des points simples et des taches bordées de blanc. Veuillez comparer ceci avec l'insecte figuré! Ici le dessous est gris, avec une vive teinte de bleu, et une large marge de la même couleur; les taches pupillées sont bordées de blanc, tandis que la bande marginale rouge vif suffit presque à elle seule à le distinguer. Les spécimens originaux qui ont servi de modèle pour les figures sont de la collection du conseiller Jung, à Uffenheim (Bavière). De son habitat, son époque d’éclosion, sa larve et son histoire naturelle, on ne peut rien apprendre. » LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 049 Elle fut reconnue espèce Britannique par Lewin, /nsects of Great Britain (1793), p. 84, PI XL, fig. 1-3, également sous le nom de Æippothoë. Il dit que « quelques exemplaires ont été ren- contrés sur un terrain marécageux en Huntingdonshire, et ont été ensuite envoyés à M. Seymour, du Dorsetshire, qui les a présentés à feue la duchesse douairière de Portland, et ils sont maintenant dans la collection de J. J. Swainson ». En 1708, Donovan, dans 7 Le Nat. Hist. of British Insects, VI, p. 4, pl 217, décrivit et figura l’insecte, remarquant que « notre P. Hippothoë est le plus grand et le plus rare des papillons appelés « coppers » (cuivrés); nous avons entendu dire que cet insecte a été récemment trouvé dans le Cambridgeshire. Nos exemplaires viennent d'Ecosse; la Q est plus grande que le , et ses ailes ont un plus grand nombre de taches noires ». Ce n'est que lorsque Haworth publia l'ouvrage intitulé : Lepidoptera Britannica, en 1803, que le nom Dispar fut appliqué à notre insecte britannique, qui fut décrit alors comme « une nouvelle et très belle espèce ». Cet auteur nous informe que « le papillon fréquente les marais du Cambridgeshire en Juillet, dans certaines années qui ne peuvent être déterminées », et aussi que c'est une espèce nouvelle et très belle rencontrée récemment par lui-même et ses très chers amis, W. Skrimshire et F. Skrimshire, M. D. et autrefois par le célèbre botaniste Hudson, dans le Pays de Galles. [1 ajoute que l'espèce n'a pas été prise en Ecosse, comme l'a affirmé Donovan à la suite de renseignements erronés ». Il paraîtrait que MM. Skrimshire ont vu ce papillon pour la première fois près Ely, en 1707 ou 1708, et que, sachant que ce n'était pas une espèce commune, ils sont allés ensuite avec Haworth pour le prendre. La localité d'Aberdeen pour Dispar paraît avoir été maintenue par Samouelle qui, en 1810, donne (Ænt. Usef. Comp, p. 241) les noms de trois papillons « cuivrés » (copper butterflies) comme habitant la Grande-Bretagne, en plus du petit cuivré (Rumicia Phlæas). Ce sont : (1) « Zycæna Dispar (le grand cuivré), le Papilio Hippothoë de Donovan. Habite les marais du Cambridgeshire, et a été vu près d’Aberdeen, 650 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE en Ecosse ». (2) « Lycæena Chryseis (cuivré à bords pourpres). Habite l'Europe; est extrêmement rare en Grande-Bretagne ». (3) « Lycæna virgaureæ (cuivré rare). Habite l’Europe; très localisé en Grande-Bretagne. Se trouve dans certaines parties du Huntingdonshire ». Il est à peu près certain que les noms Z. dis par et L. virgaurce ci-dessus employés se réfèrent à une seule et même espèce. En vue des remarques antérieures de Haworth, le maintien de la localité d'Aberdeen, citée d’abord par Donovan, est tout à fait inexplicable. Au sujet des remarques personnelles de Haworth qui ont été publiées, il y aura intérêt à citer une lettre par lui écrite à ce sujet au Rev. W. T. Bree, qui la communiqua à l'An. Mag. Natural History, 1834, VII, p. 522. Dans cette lettre, Haworth dit : « Quelques entomologistes firent une fois une excursion dans les marais (fens), avec le but de prendre le beau Zycæna Dispar, ou le « grand cuivré », qui, comme on le sait bien, fréquente les ter- rains bas et marécageux. Les « cuivrés » furent capturés en grand nombre. L'hiver suivant fut très pluvieux, et le terrain où les cuivrés avaient été trouvés fut complètement inondé et demeura même sous l’eau pendant un temps considérable. Les entomologistes pensèrent que l’inondation détruirait certainement les « cuivrés », et que la race serait éteinte dans cette région. L'été suivant, cepen- dant, les papillons furent trouvés de nouveau au même endroit, et aussi abondants qu'auparavant. Ensuite le terrain fut soumis à l’action du feu, et la surface entière fut brûlée en vue d’amélio- rations agricoles. Après cette opération, les « cuivrés » ne furent plus rencontrés dans cette localité ». En 1824, Curtis mentionne l'espèce (Brif. Ent., fo. XIT) sous le nom de Dispar (avec références à Haworth, Esper, Lewin et Donovan), et enregistre sa capture à Vaxley Meer; d’autre part, 1l annonce dans la deuxième édition de cet ouvrage que « ce superbe papillon a été découvert d’abord au Pays de Galles par le célèbre botaniste Hudson, et le D' Skrimshire l’a pris, il y a bien des années, dans le marais de Bardolph (Bardolph Fen), en Norfolk. Ces dernières années, il a paru en abondance énorme à Whittlesea LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE O1 Mere, en Huntingdonshire, et a été trouvé depuis le 25 juin jusqu'au 10 août. Au commencement de juillet, la chenille, la chrysalide et le papillon ont été trouvés vivants le même jour. Ce papillon est très actif et se cache en temps de vent au milieu des plus hauts roseaux. Il fréquente, pendant les belles journées, les espaces couverts de laiches et de graminées grossières qui poussent là où les roseaux ont été fauchés ». Kirby et Spence (1826) font mention de cette espèce dans leur /n{roduction to Entomology comme suit : « Les marécages aussi ont leurs insectes particuliers. Dans une région de ce genre, dans le « Isle of Ely », ce rare et beau papillon, Zycena Virgaureæ, a été pris par un membre du Trinity College de Cambridge », montrant qu'à ce moment encore, la nomenclature qui servait aux lépidoptérologistes britanniques était assez confuse. M. C. W. Dale affirme qu'après la capture des exemplaires signalés comme ayant été pris par Haworth et MM. Skrimshire, d’autres furent ensuite pris à Whittlesea Mere, en juillet 1810, par Thomas Speechly, un vieux batelier employé par son père, et plus tard par son père lui-même et MM. Standish. Il dit : « L'espèce paraît avoir été très abondante, puisque plusieurs centaines furent prises pendant les 10 années qui suivirent, par les collectionneurs de Londres, qui visitèrent les « Meres » de Vaxley et de Whittlesea, au mois de juillet, uniquement pour prendre des spécimens. En 1827, M. Haworth prit cinquante exemplaires en une seule journée, dans le Bardolph Fen, Norfolk; quelques-uns furent pris aussi à Benacre, en Suffolk » (British Butterflies, p. 47). En 1828, Stephens écrivit sur cette espèce ce qui suit : « Ce splendide insecte paraît être restreint aux comtés marécageux de Cambridge et de Norfolk, à moins qu'on n’admette le récit de sa capture dans le Pays de Galles par Hudson; mais il s’agit proba- blement ici de l'espèce suivante (Æippothoë), qui, d’ailleurs, peut être un jour reconnue synonymique avec Z. Dispar. Dans les deux premières localités, elle paraît exister en grande profusion, car plu- sieurs centaines d'exemplaires ont été capturés pendant les dix dernières années par les collectionneurs de Londres, qui ont visité les « Meres » de Whittlesea et de Yaxley pendant le mois de 652 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE juillet, dans le but unique de prendre cet insecte, qui se trouve aussi, dit-on, sur la côte de Suffolk à Benacre, mais il est possible cepen- dant que cette localité soit celle de l’insecte suivant (Æ/1ppothoë) » (Is Br CE RE MpSP); Lequel des « cuivrés » était désigné par l'/1pp0thoë de Stephens est bien douteux. En lisant la comparaison qu'il en fit avec C. dispar, on serait porté à penser comme lui qu'il s'agissait d'une aberration de cette dernière espèce, « la femelle d’A1pp0thoë différant de celle de Z. dispar par la plus petite dimension des taches du dessus des ailes antérieures, et en ayant le disque entier des ailes postérieures en dessus obscurci par des taches plus foncées, et sans les nervures fauves; les taches du dessous sont plus petites et moins nombreuses que chez Z. Dispar ». Les observations géné- rales qui suivent tendent, cependant, à nous faire conclure qu'il avait importé des spécimens continentaux d’/rppothoë (comme ceux de CAryseis et de Virgaureæ, que Stephens décrit également); car, au sujet de l’insecte décrit sous le nom d’Æ1ppothoë, 11 écrit : « La taille inférieure de l’insecte ci-dessus, aussi bien que la diffé- rence en nombre et en dimension des taches ocellées du dessous des ailes, et la couleur du dessus des ailes postérieures de la femelle, ajoutées à la circonstance que, parmi plusieurs centaines de L. Dispar prises à Whittlesea Mere, pas un seul spécimen ne corres- pondait à la définition ci-dessus, paraissent indiquer le présent insecte comme espèce à part. Le mâle que je possède était dans la collection de feu M. Beckwith, et la femelle est celle de M. Haworth, qui m'informe qu'il l'obtint, il y a bien des années, d’une vieille collection formée par un monsieur demeurant en Kent, qui ne contenait presque pas un insecte qui ne fût le produit de ce comté, et appelée en conséquence le « Kentish Cabinet », ce qui rend pro- bable, comme le suppose M. Haworth, que la vraie localité de l'insecte est le comté de Kent ». Si peu de précautions étaient prises dans ce temps pour séparer les spécimens britanniques et continen- taux qu'on est forcé de croire qu'il s’agit d’une importation, et on ne doit non plus oublier que c'était Hzppothoë et non Dispar qui fut signalée en Kent. Nous ne croyons pas pour un instant que les LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 653 spécimens de Stephens et de Haworth étaient des Æ1ppothoë de Kent. La description favorise un peu la supposition que lespèce peut être la forme rwtilus de C. Dispar; mais notre connaissance actuelle de la chose est nulle. De plus, on peut soutenir qu'il y a quelque chose à dire en faveur du maintien de ces individus sombres et plus petits comme réellement des exemplaires britanniques (mais non de Kent) de la forme 7wéilus, car M. G. Bethune-Baker déclare que cette forme a été indubitablement prise en Grande-Bretagne. Il écrit : « Je sais depuis bien des années que mon père prit le C. Dispar ordinaire et aussi la var. rwtilus à une époque entre 1825 et 1834. Mon père me dit qu'il prit lui-même ses spécimens (huit en tout). Tous, cinq Of et trois Q. sont dans ma collection. Un mâle est un Xutilus typique; un autre presque typique, mais avec des taches un peu plus grandes; tandis qu'un troisième tient le milieu entre Dispar et Rutilus; les deux derniers sont des vrais Dispar. Une des femelles est Xulus assez typique, une autre ressemble en dessus aux exemplaires plus foncés qu'on prend quelquefois sur le continent, c'est-à-dire avec des taches plus grandes sur le dessus des ailes; mais les taches du dessous sont décidément plus grandes que dans aucune de mes var. Kutilus, tandis que la troisième est Dispar vrai » (Ent. Mo. Mag., Vol. XXVIIL, p. 190), et M. Sheldon s'est depuis permis de douter (Æxr. Rec., VITE, p. 114) que les trois exemplaires dans la « collection Tugwell », catalogués comme ayant été pris dans « Say et Seal Park », fussent autres que des Rutilus du type continental normal. Vers 1833, Geyer, dans sa continuation du Sammlung Euro- paischer Schmetterlinge de Hübner, PI CXCV, fig. 006-008, donne d'excellents dessins de la forme britannique sous le nom d’A:#- pothoë. Mais le jour de l'extinction n'était pas très éloigné, car, en 1847 ou 1848, la dernière capture de cette espèce en Grande- Bretagne fut faite par M. Stretton, qui prit cinq exemplaires dans le Holme Fen. En 1880, Merrin enregistra (Ex. Kec., XI, p. 208- 200) deux exemplaires censés de Monmouthshire; mais, comme pour les fameux exemplaires de Langport (Woodland) et de 054 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Weston-super-Mare réputés avoir été pris dans le Somersetshire au commencement du XIX' siècle, et l'exemplaire signalé de Worces- tershire dans le « /llus. of Nat. Hist. of Worcestershire, p. 138 », de Hastings, on aimerait une information plus authentique. À partir de ce moment, toutes les observations ayant rapport à C. Dispar britannique ne sont que des souvenirs. Beaucoup sont intéressants. En voici un de la plume de M. Sam. Stevens : « Je me souviens bien qu’à la réunion de la British Association à Cam- bridge, en 1844 ou 1845, Je crois, J'ai été présenté par M. Vernon Wollaston, ou par le Rev. Hamlet Clark, à un nommé Rawlinson, dit « l'homme aux pâtés » (the pie-man). Il avait l'habitude d'aller pour le compte des messieurs de l'Université collectionner dans les marais (Fens), les plantes, les insectes et autres objets d'histoire naturelle en été, mais en hiver il vendait des pâtés. Rawlinson me demanda si je désirais des chenilles du grand cuivré; je lui dis que j'en prendrais quelques-unes. Deux jours plus tard, il m'en apporta une douzaine; je lui dis que j'en aurais assez avec six, et je les lui achetai au prix qu'il demandait, six pence chaque. Je les emportai chez moi, et j'obtins par éclosion cinq beaux spécimens en parfait état. À ce moment on pouvait acheter le papillon chez les naturalistes-marchands de Londres, à 1 shilling et 2 shillmgs pièce. Si seulement il avait été possible de prévoir ce qui est arrivé, J'aurais certainement pris les douze chenilles et fait une grande provision de papillons, car on en aurait pu faire une petite fortune » (Science Gossip, 1804, p. 20). Une autre réminiscence, qui, écrite par un collectionneur de profession (feu « vieux Harding », de Deal), possède un intérêt pathétique, puisqu'elle tend à abolir la fiction agréable et si rassu- rante pour nous qui consiste à penser que l’extermination de cette belle espèce n’est nullement due aux agissements directs des collec- tionneurs, mais que ce fâcheux résultat a été amené par le drainage des lieux par elle fréquentés. Voici, cependant, ce que Harding a écrit : « Il y a environ quarante ans, M. Ben]. Standish (le grand-père) apprit que Dispar, ainsi appelé alors, avait été vu dans les marais. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 655 Li obtint un dessin du papillon, colorié par son père, descendit dans les marais et le montra aux habitants, mais personne n'en savait quoi que ce soit. M. Drake, des « Checkers » (une auberge), lui dit qu'un homme qui travaillait dans les marais à couper les roseaux, y logeait, et qu'il pourrait bien en savoir quelque chose. Quand cet homme retourna de son travail, Standish lui montra le dessin et lui demanda : « Avez-vous connaissance d’un papillon comme celui-ci? — Oui, répondit l’homme, j'en ai vu aujourd'hui. — Eh bien ! dit Standish, que faut-il que je vous donne pour me conduire à l'endroit? —- Non, dit l'homme, j'ai l'intention d'en emporter une quantité à Londres ». Standish lui offrit alors cinq shillings (6 fr. 25) pour qu'il lui montrât la localité, mais l’homme refusa de la lui indiquer, même pour une promesse de deux shillings par insecte pris. Le propriétaire, cependant, indiqua à Standish l'endroit où l’homme travaillait. Il réussit à le trouver et prit une belle série de P. Hippothoë. 11 fut bientôt connu des gens des marais que ces papillons valaient deux shillings (2 fr. 50) pièce à Londres, et deux hommes vinrent de Cambridge, s'en emparèrent d'un grand nombre et les emportèrent à Londres par boîtes pleines, où ils les vendirent six pence (0 fr. 60) chaque. J'y suis retourné environ trois ans plus tard et j'ai trouvé quelques chenilles. Elles parais- saient très localisées, plus nombreuses, là où leur plante nourricière — le Water dock — était le plus abondant. Les chenilles étaient chassées par tout le monde, les jeunes et les vieux. J'en ai acheté deux douzaines à une vieille femme pour neuf pence (© fr. 00 environ). De ces chenilles j'ai obtenu par élevage de beaux spécimens que j'ai vendus un shilling chaque. M. Cole, à Holme Fen, en prit une grande quantité. La cour de sa maison était tout près de leur localité. La dernière fois que j'y étais, M. Cole me dit qu'il n'en avait pas vu une seule depuis plusieurs années. La plante nourricière y était en abondance au même endroit, mais de chenilles point. On les avait trop chassées » (Æx4., XVI, p. 130). Le fait que sa plante nourricière existait « en abondance » bien après la disparition de l'insecte et que « les chenilles avaient été trop chassées » est significatif. Les rapports des auteurs plus 656 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE récents sont, naturellement, tous extraits des publications anciennes. Même aussi récemment que 1857, Stainton énumère deux espèces de « cuivrés » britanniques à part CÆrysophanus Phlæas. Ce sont : (1) « Chrysophanus Dispar (grand cuivré), et (2) CArysophanus Chryseis (le cuivré à bordures pourpres) ». À propos def” Dr524r,alécait- «ur, 27e. Rouge cuivré brillant, avec une, ou plus d’une, tache noire sur chaque aile; marges exté- rieures noires. Dessous — aile inférieure, bleu pâle, avec des taches noires distinctes, VII-VIIT (juillet et août). Chenille verte, avec une ligne dorsale plus foncée, et une ligne plus pâle de chaque côté (Freyer). Sur Rumex hydrolapathum (great water-dock) et X. Aguaticus, NI (juin). Trouvée autrefois à Whittlesea Mere et Vaxley » (Manual, I, p. 55). Stainton cite alors M. Bond comme suit: « Vous ne vous trompez pas en supposant que j'ai une connaissance personnelle de €. Despar. Je crains beaucoup que je n'aurai plus jamais ce plaisir, car je suis convaincu que l'espèce a disparu des marais de Cambridgeshire et de Huntingdonshire. Tout ce que je puis vous dire de leurs mœurs est qu'ils étaient très actifs et timides, et ne volaient que lorsque le soleil brillait; ils se posaient toujours sur un chardon fleuri quand ils pouvaient en trouver un, s’envolant pour attaquer n'importe quel insecte qui pouvait s'aventurer dans leur voisinage, allant ensuite se poser ailleurs plutôt que de retourner au même endroit. Il était à peu près inutile de les suivre si on les manquait du premier coup de filet, car 1ls s'en allaient comme le vent, n’offrant que rarement une seconde occasion de les prendre; ils étaient, au fait, difficiles à suivre, parce que ce n'était pas commode de les garder à vue et d'éviter en même temps les endroits marécageux ». Newman (1871) ajoute entre autres choses : « Les variétés de cette espèce ne sont pas communes; chez les exemplaires que J'ai eus entre les mains, j'ai noté une uniformité de coloration remar- quable; mais M. Dale m'informe qu'il possède une femelle presque entièrement noire ». Il ajoute ensuite : « Ma connaissance de la chenille et de la chrysalide date de bien des années, de l’époque où je les ai rencontrées dans le jardin de M. Doubleday, à Epping, LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 657 où la même plante de Rumex hydrolapathum qui nourrissait les chenilles existe encore ». L'auteur actuel pense qu'il possède, grâce à la grande générosité du D' Chapman, un des derniers exemplaires élevés par M. Doubleday sur cette plante. Quant à la variabilité des dates d'éclosion, M. Newman cite les faits suivants : « Des chenilles apparurent au commencement de juin 1826; 3-5 Juillet 1833: 19 juillet 1827; août 1819; 4 août 1821 ». M. J. C. Dale fournit ces dates. Newman avait complètement abandonné l'idée que cette belle espèce ait jamais été rencontrée ailleurs que dans les comtés de Cambridgeshire et Huntingdonshire. Il dit que dans le premier comté, elle a été prise « en abondance à Whittlesea Mere (J. FE. Stephens); et n'a pas été prise dans le Cambridgeshire depuis 1845 (Thomas Brown) ». À propos de son existence dans le dernier comté, nous lisons : « Yaxley et Holme Fens. La dernière capture, composée de cinq exemplaires, fut faite par Stretton en 1847 ou en 1848; tous furent achetés par M. Harrington. J'étais à Vaxley, pendant plusieurs années consécutives après cette capture, mais Je n'ai jamais vu un autre spécimen ni entendu parler d'une capture de plus » (F. Bond). Newman ne mentionne pas le Norfolk et le Suffolk, comtés cités par nous sur le témoignage de Stephens et de M. C. W. Dale, comme fournissant des exemplaires, mais il n'y a aucune raison de douter de l'existence autrefois de l’insecte dans ces comtés. Il y a un petit incident dans l’histoire de C. Dispar que nous n'avons pu sonder. Il a son origine dans un rapport de la réunion de la South London Entomological Society du O mars 1893, où nous lisons : « Il y eut une discussion quant à l'existence de Polyommatus Dispar Haw. à Camberwell (banlieue de Londres), il y a cinquante ans, et M. Fenn et M. Tugwell notèrent tous deux des spécimens provenant probablement de Kent, avant l’année SAS (Er UReEc MIND" 121). Nous avons déjà cité ce qu'a dit Stephens d’une espèce de « grand cuivré » supposée avoir été prise en Kent, bien avant la date de son ouvrage (1828), et qu'il décrivit sous le nom d'Hippothoë. 658 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Le seul autre rapport que nous avons pu trouver ayant une portée sur cette question est un paragraphe tout récent, un peu plus détaillé que les notes de Stephens, quoique ayant évidemment trait aux mêmes spécimens, par M. C. W. Dale, qui écrit : « Il (var. Rutilus) à été rapporté comme britannique sous le nom d’/1ppothoë. À ce sujet, mon père écrivit dans Zondons Magazine pour 1834 : € M. Haworth me dit qu'ils provenaent d'une vieille collection appelée le « Kentish Cabinet », et passaient pour avoir été pris près de Faversham. Je tenais un mâle et une femelle de feu M. Latham, provenant de la collection du capitaine Lindegren, d’où sortirent, probablement, tous les spécimens supposés britanniques » (British Butterflies, p. 46). Voilà tout ce que nous trouvons en ce qui concerne les exemplaires de CArysophanus Dispar du Kent, sauf ce que nous avons déjà noté (Awfea, p. 422). Nous pouvons noter quelques-unes des impossibilités concernant certaines localités citées pour cette espèce. Nous avons déjà dit que Donovan croyait aux exemplaires écossais, tandis que Haworth rapporte que l'espèce a été prise autrefois au Pays de Galles par le célèbre botaniste Hudson. M. J. B. Hodgkinson, de Preston, annonce dans l’Ento- mologiss Weekly Intelligencer, Vol. IV, p. 10 (1858), quil vit un exemplaire « dans le Cumberland », qu'il « l’observa attentivement et le manqua malgré tout ». Ce récit en attira d’autres. Dans la même publication, p. 131, M. W. Winter, de Ranworth, dit : « Cette espèce vient d'apparaître de nouveau ici dans les marais; J'en ai vu quatre hier, mais Je les ai tous manqués ». C'était le 10 juin 1858. On note avoir vu un exemplaire dans les marais de Hackney (Entom., Vol. VI, p. 221). La réalité de ces apparitions (et de bien d’autres que je ne mentionne pas) me paraît bien douteuse. Pendant de longues années, nous avons cru volontiers que cette belle espèce nous appartenait entièrement, car il était connu de tous que les figures de Duponchel (Hist. Nat. I, XII, 3-6) et de Boisduval (Icones, I, X, 1-3), décrites sous le nom donné par Haworth, étaient - dessinées d'après des spécimens britanniques; mais quand le Catalog der Lepidopt. etc. de Staudinger, parut en 1871, on trouva que, quoique le C. Dispar fût restreint à l'Angleterre, ce n'était LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 059 qu'une forme d'une espèce bien répandue sur le continent. Cette espèce était le utilus de Verneburg (B#7r. [, p. 391), le Hippothoë de Huebner (fig. 352-4), Ochsenheimer (1, 2, 83), Godart (EL 0, sec. 5, 10 sec. 3), et Freyer (127). A cette époque, le Ruilus avait été pris en « France, Allemagne, le Sud-Est de l'Europe (citr. Graecia), Bithynie, Armémie et l'Altai ». Kirby aussi considère que le vrai type Däspar appartient uni- quement à l'Angleterre. La var. Autlus, qui existe sur le continent d'Europe, est, d’après Staudinger, plus petite, avec des taches plus petites; mais puisque les exemplaires britanniques de Paspar varient beaucoup quant à la taille, les uns n'étant certainement pas plus grands et d’autres bien plus petits que les grands Xw#lus, une autre distinction était nécessaire. Celle-ci fut fournie apparemment par M. Howard Vaughan, qui attira l'attention sur la bande orangée de la marge extérieure du dessous des secondes ailes, bien plus large chez les individus britanniques de C. Dispar que chez la var. Rutilus. Lang dit que tous les spécimens continentaux qu'il a vus « appartiennent à la variété Rwfilus et sont si distincts qu'il ne devrait exister aucune confusion entre eux et la vraie forme typique prise autrefois en Angleterre ». Il ajoute : « Le caractère le plus distinctif chez Ruflus, cepen- dant, est l’étroitesse de la bande orangée du dessous des ailes postérieures, près de la marge extérieure. J'ai examiné un grand nombre d'exemplaires de Rutilus et aussi de Dispar, dans le but d'établir quelque caractère constant qui permettrait de les différen- cier, et Je n'ai Jamais vu un spécimen de Xutilus avec la bande de la marge extérieure aussi large et aussi bien définie qu'elle l’est toujours chez Dispar. Je suis donc disposé à considérer ce caractère comme typique » (Butterflies of Europe, p. 91). Tout ceci était admirablement clair, et ceux qui avaient placé leur or en « cuivrés » britanniques respiraient librement de nouveau, car il avait été tout dernièrement affirmé qu'une forme identique à celle de la Grande- Bretagne venait d’être découverte dans les marais Pontins, près de Rome, et en Egypte (!), et c'est un fait acquis — telles sont les 42* 660 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE singularités des espèces britanniques rares (et même éteintes) — que la découverte de la même forme à l'étranger aurait été immé- diatement suivie d’une augmentation du nombre des exemplaires britanniques authentiques. La dernière agitation, cependant, dans le monde des « cuivrés », fut soulevée par M. Bethune Baker, qui affirme qu'il possède des individus de la variété Rutilus d'origine britannique indubitable, capturés 1l y a bien des années avec le Dispar ordinaire dans les Fens. Au point de vue scientifique, ceci est évidemment la chose la plus naturelle possible, car il n’y a pas de doute que toutes les formes locales d'une espèce puissent apparaîtra parfois comme aberrations accidentelles dans toutes les localités habitées par d'autres variétés de l'espèce. Mais c’est regrettable au point de vue du spéculateur, puisqu'il ne peut plus affirmer que les var. Lutilus réputées britanniques qui sont quelquefois mises en vente ne le sont réellement pas. Deux var. Rwtilus véritables furent offertes comme britanniques dans les salles de vente aux enchères, et achetées comme telles, nous le croyons du moins, le 13 avril 1806, et « pace Lang », nous ne nous sentons pas nous-mêmes capables de séparer certains Dispar d'origine anglaise indubitable de certains Aytilus indiscutablement continentaux. Les remarques de M. Bethune Baker ont déjà été citées 27 extenso. Il existe encore quelques cen- taines de C. Dispar britanniques; mais leur nombre diminue chaque année. Les accidents, et la négligence dont souffrent certaines anciennes collections, sont les deux principales causes de la dimi- nution du nombre d'exemplaires. En conséquence, le prix de C. Dispar montera toujours. En 1871, lorsque nous commencions à collectionner, aucun marchand ne cataloguait le plus beau C. Dispar plus de 15 shillings, et une somme dépassant une livre (25 francs) pour un bon spécimen était considérée exorbitante. Pendant que le nombre d'exemplaires diminuait et le nombre d'acheteurs augmentait, les prix montaient lentement et sûrement, et maintenant on peut considérer £ 5- 5 s. (131 fr. 25 c.) pour un beau mâle, et £ 5- 10 s. (137 fr. 50 c.) pour une belle femelle, comme des prix ordinaires. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 661 Pendant la vente de la collection Burney, en 1806, des mâles furent payés #4 6- 10 s. (162 fr. 50 c.) et £ 5- 15 s. chaque, tandis que des femelles montèrent à £ 6- 10 5, £ 6 et £ 5- 15. Dans la collection Fry, en 1896, 8 mâles ont produit £ 36 (900 fr.), et 6 femelles £ 30- $ s. (756 fr. 25 c.), certains exemplaires étant payés #4 6- 15 s. (168 fr. 75), £ 6-6 s. et £ G pièce; en 1806 éga- lement, une belle femelle de la collection Tugwell fut vendue £ 6, et un grand mâle £ 7- 7 s. (183 fr. 75); une Aberration Q de C. Dispar de la collection Howard-Vaughan, £ 6- 10 s. Dans la collection Briggs, vendue en 1806, les prix les plus élevés furent de Mots opourun OC, #5 (125 fr) pour une ©, tandis qu'un record fut établi par la somme de £ 8- 8 s. (210 fr.) payée pour un exemplaire exceptionnellement beau. Dans la collection Stevens, vendue en 1900, la somme de £ 71-155. (1.793 fr. 75) fut produite par 14 exemplaires; le prix le plus bas étant de £ 2 pour un GO nain; un bel exemplaire du même sexe se vendant £ 8 (200 fr.), et d’autres produisant respec- hvement £ 0,26 16S 2006, ct 40: De la collection Crowley, vendue en 1902, les plus fortes sommes payées étaient de £ 5- 10 s. pour les mâles, de £ 6 et £ 7 chaque pour les femelles. 16 spécimens de la collection Mason, vendue en 1905, réalisèrent 4 80- 6 s. (2.007 fr. 50), le maximum pour un seul exemplaire étant de £ 8 pour une belle © chez laquelle les taches basilaires des ailes supérieures étaient réunies. Si élevés que soient ces prix, ils ne sont rien à côté de ceux qu'on peut s'attendre à voir réaliser assez prochainement quand les « cuivrés » se vendront peut-être à des sommes se rapprochant de celles données pour les œufs du Great Auk (Grand Pingouin). Pour celui qui sait apprécier le côté humoristique des choses, il y a beaucoup d’amusant dans une vente de C. Dispar. On y voit le professionnel qui donnera une cinquantaine de francs pour un spécimen, même en piètre état, à condition qu'il soit intact; mais qui dédaigne l’exemplaire le plus brillant s'il lui manque une antenne. Il connaît son marché et il n'achète jamais ce dernier. Ensuite il y a l'amateur avisé, qui sait attendre, et qui suit les ventes des collections d'importance secon- 662 © LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE daire. [1 vous dira qu'il a une série de 10 ou 12 exemplaires qu'il Wa pas payés plus de £ 2 ou £ 3 chaque, et qui sont aussi beaux et en aussi parfait état que des spécimens payés environ £ 5 aux ventes des collections mieux connues et mieux annoncées. Il y a aussi le collectionneur fortuné, auquel il faut le spécimen coûte que coûte, qui écrase toute opposition. 11 peut être soutenu que tout ceci déroge à la science et que nous ne devrions pas nous occuper de ces détails. Nous ne pouvons que répondre que cette méthode est la seule possible actuellement pour collectionner le C. Dispar britannique ». Zygæna Achilleæ, Esper. On trouve dans la fin de juillet et au commencement d'août, en Italie, à Roccaraso et Palena, ainsi qu’à Partenio, une seconde éclosion d’AcAilleæ, remarquable par sa petite taille et sa couleur peu foncée. La Q a le fond des ailes supérieures grisâtre, le double collier et les courtes épaulettes blancs. J'ai désigné cette race par le nom d'alica-æstivalis. Elle est différente de toutes les autres formes d'Acilleæ que je connais. Il semble que ce soit une A chiileæ minima, aussi bien à cause de sa taille très réduite que de son aspect faiblement coloré. Zygæna Transalpina, Esper. De même que Roccaraso et Palena, en Italie, donnent une génération estivale d'AcÆillew plus petite et moins vivement colorée, ainsi, au même lieu, M. Fabresse a trouvé, à la fin de juillet et au commencement d'août 1907, une forme de 7 7ansalpina dont j'ai sous les yeux une série de plus de 20 exemplaires, très réduite de taille, par rapport aux proportions normales de l’Espèce. La Zransalpina estivale de Roccaraso et Palena est tout à fait comparable, sauf la bordure indigo des ailes inférieures qui est LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 663 plus large et l’ensemble qui se trouve plus intensivement coloré, à l’Æippocrepidis-Provincialis que M. Harold Powell recueillit du 27 au 30 septembre 1006, à Montrieux, près Méounes (Var). Mais, en dessous, les ailes supérieures de 7'7ansalpina-æstivalis de Roccaraso et Palena manquent absolument du Webelstreif, tandis que les ailes supérieures, chez Æippocrepidis-Provincialis, sont largement lavées de rouge. Zygæna Trifolii, Esper. M. Gédéon Foulquier a capturé, le 26 septembre 1900, dans la Crau (Bouches-du-Rhône), au Marais des Chanoines et du Mas- de-Capelle, une forme de Zygæna Trifolii tout à fait analogue à celle de Vernet-les-Bains. Je suis redevable de 13 exemplaires à l'obligeance de M. Gédéon Foulquier. Pas un n'a les taches des ailes supérieures confluentes. Ainsi que les ailes inférieures, les taches en question sont d’un rose carminé pâle; la bordure indigo des ailes inférieures n’est pas très large; c'est la 7r2folü-Dupon- cheliana. | y a donc dans la Crau une seconde éclosion, à la fin de l'été, de la 7 72folu. Cette seconde éclosion peut arriver aussi pour quelques rares exemplaires de Z7ifolii-Palustris, aux environs de Rennes. M. P. Boulé obtint, vers le 17 juillet 1900, des petites chenilles qui sortirent des œufs pondus dans une boîte de chasse par des Zygæna Palustris capturées en juin, aux environs de Betton et de Saint-Grégoire, sur les berges du canal d’Ille-et-Rance, près Rennes. Ces petites chenilles mangèrent, pendant une dizaine de jours, des feuilles de lotus; elles profitaient rapidement; mais elles cessèrent de manger, changèrent de peau et de couleur; au lieu d’être d’un vert Jaunâtre avec des bandes noires, elles devinrent très pâles et presque blanchâtres; dès lors elles se fixèrent çà et là sur les parois de la boîte et ne bougèrent plus, semblant prendre ainsi leurs quar- tiers d'hiver. Cependant 3 chenilles firent exception à la règle générale; elles continuèrent de manger et de grossir; enfin 2 firent 664 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE leur coque : la première vers le 4 août, la deuxième vers le 15 du même mois; l’autre mourut avant de se transformer. D'une des coques sortit, le 31 août, une superbe Zygère à taches confluentes, parfaitement conforme aux échantillons capturés à la fin du prin- temps de la même année. Il est donc possible qu’une éclosion de quelques échantillons dont les chenilles ne se seraient pas immobi- lisées vers la fin de juillet, et auraient continué à manger et à se développer, paraisse dans la Nature à la fin d'août ou au commen- cement de septembre, en Bretagne, comme dans les Pyrénées- Orientales et les Bouches-du-Rhône. EXPHIS MONDES" PLANCETES Nos 224. 226. No 227: 228. PUBLIÉES DANS LA IVe LIVRAISON des Études de Lépidoptérologie comparée PLANCHE XXXV. PariL10o Mucius d, Obthr. Siao-Lou, aux frontières de Chine et de Thibet; capturé par les chasseurs indigènes de feu Île P'Déjean tensr60$ . ZYGÆNA THERYI, J. de Joannis. (Bulletin Soc. ent. France, 1908; p. 203, 204). Hammam- Rhira (Algérie); captur. 26 mai 1908, par MM. Walter Rothschild et Karl Jordan. PÂpiLio MucIUS Q, Obthr. Leou-Fang, en Chine; captur. par le P. X. Mouton. Le Papilio Mucius est sans doute une forme nouvelle de Macilentus; c'est un Papilio rare dont, depuis 30 ans, J'ai reçu seulement un petit nombre d'exemplaires (19 Gr 20 pris à Mou-Pin, Tä-tsien-Lou, Siao-Lou et Leou-Fang. Les 2 Q© viennent de Leou-Fang; je ne connais pas la forme Q du Su-Tchuen occidental. Les d de Leou-Fang sont de plus petite taille que ceux du Su-Tchuen occidental. PLANCHE XXXVI. PAPILIO PHIDIAS C', Obthr. Annam. (Bulletin Soc. ent. France, 1906; p. 156). Ma collection contient 3 © semblables; mais la © reste inconnue. SEsIA LECERFI GO, Obthr. Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orient.). (Bulletin Soc. ent. France, 1909; p. 186). 666 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE N°S 229. PAPILIO LACEDEMON Œ, Fabr., Donovan, Godart, etc. Hué (Annam). Le type-spécimen de Zacedemon Q, Fabr., jadis dans la collection de Drury, fut le premier exemplaire qui fut connu et resta le dernier jusqu'à la nouvelle découverte qu’en fit M. Vitalis, aux environs de Hué. Ma collection contient 2 Œ reçus en janvier 1907. 230. SOMABRACHYS CHRETIENI Œ, Obthr. Zebch, près Sebdou (Algé- rie) ; septembre 1007. (Bulletin Soc. ent. France, 1908 ; p. 48). 231. SOMABRACHYS KHENCHELÆ GC, Obthr. Khenchela (Algérie); septembre 1908. La Q a été figurée sous le n° 92 de la PI. XXI, dans la III livraison des Ætudes de Lépidoptérologie comparée. PLANCHE XXXVII. N°5 232. CŒNONYMPHA ARCANIUS-INSUBRICA Œ', Raetzer. Crevola. 233. CŒNONYMPHA ARCANIUS-DUPUYI O', Obthr. Angoulême. 234. CŒNONYMPHA ARCANIUS-DUPUYI Q, Obthr. Bohême. 235. CŒNONYMPHA ARCANIUS-CŒCA Q, Obthr. Vienne. (Voir Vol. IV; pages 24-27). 236. CŒNONYMPHA PHILEA-CŒCA ©, Obthr. Suisse. (Vol. IV ; page 30). 237. POLYOMMATUS VIRGAUREÆ-CHRYZON ©, Obthr. Francfort-sur- le-Mein. (Bulletin Soc. ent. France, 1005 ; p. 56) — (Vol. JV ; p. 135). 238. SYRICHTHUS MALVÆ-ALBINA, Obthr. Autriche. (Vol. IV; page 396). 239. AUGIADES SYLVANUS-FAUNUS ©, Turati. Uriage, dans l'Isère; juin 1805. (Vol. IV; page 360). 240. AUGIADES COMMA-DUPUYI, Obthr. Angoulême. 241. AUGIADES COMMA-ALBESCENS, Obthr. Angleterre (ex collection Samuel Stevens). (Vol. IV ; page 361). 242. HESPERIA THAUMAS-ANTIARDENS, Obthr. Oberwyk. (Vol. IV; page 357). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 607 Nos 243: Nes 244. HESPERIA LINEOLA-ARDENS, Obthr. Silésie. Vol. IV; page 356). POLYOMMATUS VIRGAUREÆ-VIRGINALIS ', Obthr. Silésie. (Bulletin Soc. ent. France, 1905 ; p. 56) — (Vol. IV ; p. 135). PLANCHE XXXVIII. . POLYOMMATUS GORDIUS-DINIENSIS ©, Obthr. Digne (Augustin Coulet; 1901). . POLYOMMATUS GORDIUS-RONDOUI C', Obthr. Gèdre (Rondou; 5 août 1901). . POLYOMMATUS GORDIUS-ALBESCENS Œ', Obthr. Grisons (ex coll. Wiskott). . POLYOMMATUS GORDIUS-NEVADENSIS Œ', Obthr. Sierra-Nevada, côté de Huejar (R. Oberthür; juillet 1870). . POLYOMMATUS GORDIUS-BELLIERI ©, Obthr. Sicile, dans les montagnes (ex coll. Bellier). . POLYOMMATUS GORDIUS-BELLIERI ©, Obthr. Sicile, dans les montagnes (ex coll. Bellier). (Voir Vol. IV; p. 114). . LYCÆNA ÆGON-RADIATA ©, Obthr. Dunes entre Plouharnel et Kerostin (Morbihan); captur. par P. Boulé; 4 à 6 juin 1900. . LYCÆNA ÆGON-PLOUHARNELENSIS , Obthr. Dunes entre Plouharnel et Kerostin (Morbihan); 4 à 6 juin 1900. . LYCÆNA ÆGON-PLOUHARNELENSIS ©, Obthr. Dunes entre Plouharnel et Kerostin (Morbihan); 4 à 6 Juin 1900. . LYCÆNA ÆGoN ©, W. V. Lande au pied du Mont Saint-Michel, entre Huelgoat et Brasparts (Finistère); 10 Juillet 1900. . LYCÆNA ÆGoON ©, W. V. Lande au pied du Mont Saint-Michel (Finistère) ; 10 juillet 1900. . LYCÆNA ÆGoN ©, W. V. Forêt de Quimperlé (Finistère); capturé en 1881, par feu le Lt Mathieu. (Voir Vol. IV; p. 185, 186). . LYCÆNA ÆGON-ALPINA O, Berce. Route du Simplon (Valais); du 18 au 23 juillet 1902. . LYCÆNA ÆGON-ALPINA ©, Berce. Route du Simplon (Valais); du 18 au 23 juillet 1902. (Voir Vol. IV; p. 200). 608 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PLANCHE XXXIX. N°8 259. LYCÆNA ARGUS-NEVADENSIS O', Obthr. Sierra-Nevada (côté de Lanjaron) ; captur. juillet 1870. 260. LYCÆNA ARGUS-NEVADENSIS Q, Obthr. Sierra-de-Alfakar (An- dalousie) ; captur. juillet 1870. 261 (ne ARGUS d et Q, Linné. Montagnes au-dessus de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales) ; captur. juillet 1906. 263. LYCÆNA ARGUS O', Linné. Digne; captur. juillet 1897. 264. LYCÆNA-ARGUS ©, Linné. Digne; captur. juillet 1907. 265. LYCÆNA ARGUS ©, Linné. Digne; captur. juillet 1897. 266. LYCÆNA ARGUS ©, Linné. Enchastrayes (Basses-Alp.) ; captur. juillet 1807. 267 ) LYCÆNA ÆGON-HYPOCHIONA et Q, Rambur. Sierra-Nevada (côté de Lanjaron); captur. juillet 1870. 269. LYCÆNA ÆGON-HYPOCHIONA ©, Rambur. Vernet-les-Bains (partie chaude) ; captur. juin 1901. 270. LYCÆNA ÆGON-HYPOCHIONA Q, Rambur. Vernet-les-Bains (partie chaude); captur. été 1891. 271. LYCÆNA ÆGoON ©, W. V. Digne; captur. 1905. 272. LYCÆNA ÆGoN O, W. V. Angleterre (ex collect. Briggs). 273. LYCÆNA ÆGON ©, W. V. Epping (Angleterre); ex collection Howard-Vaughan). 274. LYCÆNA ÆGON ©, W. V. Angleterre (ex collection Howard- Vaughan). PLANCHE XL. E Nos LYCÆNA ARGUS-ARMORICANA © et ©, Obthr. Monterfil (Ille- et-Vilaine); captur. 22 Juin 1909. 277. LYCÆNA ARGUS-ARMORICANA ©, Obthr. Monterfil; captur. 2 juillet 1900. 278 ) LYCÆNA ARGUS d et ©, Linné. Cauterets (Hautes-Pyrénées) ; captur. juillet 1908. 280. LYCÆNA ARGUS-BELLIERI O, Obthr. Bastelica (Corse); captur. 7 Juillet 1905. 281. LYCÆNA ARGUS-BELLIERI Q. Corse; captur. 21 juillet 1905. 282. LYCÆNA ARGUS ©, Vienne. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 669 Nos 283 Nos Nos 5: ÉLxcæxa ÆGoN d'et Q, W. V. Rennes; captur. juillet 1909. 285. LYCÆNA ÆGON O' et ©, W. V. Falaise près la pointe du Grouin, au Nord de Cancale (Ille-et-Vilaine); captur. juillet 1900. 286 )LYCÆNA ÆGON-ALPINA ' et ©, Berce. Cauterets; captur. ou juillet 1883. 288 ) LYCÆNA ÆGoN-CoRSICA Œ et Q, Bellier. Corse; dans les 0 montagnes. 290. LYCÆNA ORBITULUS-OBERTHURI-CŒCA ©. Bords du Lac de Gaube (Hautes-Pyrénées) ; captur. juillet. PLANCHE XLI. 291. LYCÆNA ARGUS-LIGURICA Œ. Chine Nord. 292. LYCÆNA ARGUS-LIGURICA ©. Sidemi (Mandchourie); captur. par M. Jankowsky, en 1882. 203 me ARGUS-LIGURICA Œ et Q. Cernobbio (Lago di Como, Italie du Nord); captur. en juin 1907. 295. LYCÆNA ARGUS-LIGURICA Q. Vichy (Allier); ex collection de Graslin. A à ARGUS-LIGURICA Œ et Q. Uriage (Isère); captur. juin 1805. 208. LYCÆNA ICARIUS-AVIATOR ', Obthr. Tyrol (IV; p. 220). 209. LYCÆNA ICARUS-RADIATA Œ, Oppeln. 300. LYCÆNA AMPHIRROË d, Obthr. Thibet; Chasseurs thibétains de Tä-tsien-Lou; captur. été 1894. 301. LYCÆNA ARGUS-ÆGINA ©, Leech. Tä-tsien-Lou; 1903. 302. LYCÆNA TIRESIAS-MYRMIDON ©, Engramelle. Forêt de Rennes; captur. 12 Mai 1900. 303. LYCÆNA LAMASEM ©, Obthr. Thibet; captur. par les chasseurs de feu le P. Déjean, en 1805. 304. LYCÆNA ARGUS hermaphrodite. Quartier de Thauze, à Digne; captur. par Augustin Coulet, le 19 mai 1908. PLANCHE XLII. 305. LYCÆNA ARGUS-INSULARIS C', Leech. Yokohama (Japon); 1891. 306. LYCÆNA ARGUS-INSULARIS ©, Leech. Japon. 670 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE Nos 307) LYCÆNA ARGUS Œ' et ©, Linné. Larche (Basses-Alpes) ; captur. 308 par les chasseurs Coulet, en juillet 18097. 309. LYCÆNA EUMEDON-PEYERI Q, Husz. Fort-Naryne (Turkestan oriental); captur. par G. S. Akulin, en 1907 (IV ; p. 255). 310. LYCÆNA EUMEDON-MARITIMA Œ, Obthr. Forêt de Picracave (Alpes-Maritimes) ; captur. fin juin 1806 (IV ; p. 255). 311. LYCÆNA EUMEDON-SUBTUS-IMPUNCTATA Œ. Berlin. 312. LYCÆNA CALLIOPIS ©, Boisduval. Polygone de Grenoble (ex collection Boisduval). I : 5 ÉLxcæxa ÆGON-JAPONICA Œ' et Q. Japon. 315 ) LYCÆNA ÆGoON Œ' et Q, W. V. Larche (Basses-Alpes) ; captur. par les chasseurs Coulet, en juillet 1807. 317. LYCÆNA EUMEDON-SUBTUS-IMPUNCTATA ©. Berlin. 318. LYCÆNA EUMEDON-SPEYERI, Husz. Enchastrayes (Basses-Alp.) ; captur. juillet 1807. 319. LYCÆNA EUMEDON-FYLGIA ©, Spgbg. Forêt au-dessous de lPhôtel Ryffelalp (Valais); captur. juillet 1808. 320. LYCÆNA CALLIOPIS ©, Boisduval. Polygone de Grenoble (ex coll. Boisduval) ; avec le n° 312, l’un des specimina typica s ayant servi à la description initiale. PLANCHE XLIIT. N°5 321. LYCÆNA ICARUS-RADIATA OC. Berlin. 22. LYCÆNA ICARUS-IMPUNCTATA ©. Vienne. 323. LYCÆNA ICARUS-CÆCA ©. Dusseldorf. 324. LYCÆNA ICARUS-CÆRULESCENS ©. Bourg-des-Comptes (Ille-et- Vilaine); captur. par P. Boulé fils; fin mai 1907. 325. LYCÆNA ICARUS-TUTTI-IMPUNCTATA ©. Angleterre (ex collect. Briggs, vendue Salle Stevens, les 27 et 28 octobre 1896) ; déjà figurée par les procédés phototypographiques dans la Feuille des Jeunes Naturalistes, 1900, n° 21. 326. LYCÆNA ICARUS-IMPUNCTATA 9. Digne (avril 1897); Æeuille des Jeunes Naturalistes, 1900, n° 20. 27. LYCÆNA ICARUS hermaphrodite. Digne, dans le Vallon de St- Jean; Victor Cotte; 2 août 1907. (Vol. IV ; p. 240). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 671 N° 328 ) POLYOMMATUS HIPPOTHOË et Q, Linné; transition à DISPAR. 329 ) Saint-Quentin (Gronier; ex coll. Bellier). 330. POLYOMMATUS DISPAR O', Haw. Angleterre (ex coll. Boisduval ; Hope, 1820). 331. POLYOMMATUS DISPAR Q. Angleterre (ex coll. Howard-Vaughan, vendue à la Salle Stevens, les 22 et 23 avril 1890, avec la mention : « K. O. Standish’s coll. purchased 1880 »; déjà figurée par les procédés phototypographiques dans la /’euille des Jeunes Naturalistes, 1900, n° 16. 2. POLYOMMATUS XANTHE-RADIATA O. Prairics près l'étang des anciennes forges de la Vallée (Ille-et-Vilaine ; mai 1800). 333- POLYOMMATUS XANTHE-RADIATA OQ. Silésie. 334. POLYOMMATUS XANTHE-MONTERFILENSIS Œ, Obthr. Monterfil (Ille-et-Vilaine) ; printemps 1896. 35: POLYOMMATUS XANTHE-CUNEIFERA Q, Obthr. Mesneuf (Ille- et-Vilaine) ; en août. (MoirWol"IVEFptr05-110). PLANCHE XL IV: MELITÆA PARTHENIE, Godart. (Lépidoptérologie comparée; Vol. IT: pages 255-257). N°5 336. Ab. RHOIO ©, Obthr. Fond des carrières de Pince-Poches, en Cesson, près Rennes; captur. 4 juin 1880 (exagération méla- nienne de l’Ab. Ahoio Œ). 337. Ab. MOLPADIA ©, Obthr. Bourg-des-Comptes (Ille-et-Vilaine) ; captur. mai 1806. Huebner a figuré une Aberration tout à fait analogue, attribuée à Athalia, sous les signes W J, 2, de la PI. IV de la 2° partie du 2° Volume de Peitraege zur Geschichte der Schmetterlinge; Augsbourg, 1700. 338. Ab. MOLPADIA d. Cesson, près Rennes; captur. 31 mai 1886. 339. Ab. MOLPADIA Œ. Laillé, près Rennes; captur. 23 mai 1900. 340. PARTHENIE ©, légèrement différente de la forme normale. Rennes; captur. printemps 1906. 341. PARTHENIE ©. Cesson, près Rennes; captur. 29 mai 1800. 342. Ab. RHOIO ©. Bourg-des-Comptes, 1895 (exagération de l’Ab. Rhoio S). Nos LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 343. Ab. RHOIO OC. Bourg-des-Comptes ; 1892. Huebner a figuré des Aberrations analogues, avec le nom de Pyronia, sous les n°5 585, 586, 587 et 588. Les Auteurs ont rattaché généralement ces Pyronia, Huebner, à Afhalia. 344. Ab. RHOIO OC. Bourg-des-Comptes ; 1896. 345. Ab. RHOIO Q. Cesson, près Rennes; captur. mai 1889. 346. Ab. RHOIO Q. Le Monetier-de-Briançon (Haut.-Alpes) ; captur. été 1905 (exagération mélanienne de l’Ab. Xoto Q). 347. Ab. ELONGATA ©, Obthr. Aix-les-Bains (Savoie) ; captur. juillet 1905. é représentant la forme normale de l'Espèce. 347 bis. PARTHENIE O Le O' a été pris à Rennes en été 1896 et 347 ter. PARTHENIE Q la Q à Cesson, le 2 juin 1880. Les n°% 337, 338, 342, 343, 344, 345 ont déjà été figurés d’après les procédés phototypographiques, sur la Planche 1 du Bulletin de la Société ent. de France, 1900; la notice, à l'appui des figures, a été imprimée aux pages 276 et 277 du susdit Bulletin. Molpadia était sœur de Parthenie et gardait avec elle le vin de leur père Staphyle; le vin était un don nouvellement fait aux hommes. — XAoto, fille de Staphyle et de Chrysothémis, était également sœur de Parthenie; elle fut aimée d’Apollon. ELANCHE X[CV: 348 \ MELITÆA DICTYNNA-VERNETENSIS Cf et Q. Obthr. Vernet-les- 349 Bains (Pyrénées-Orientales) ; mai-juillet. N° 348 et 349, d'; 359 350 et 351, Q. (Lépid. comparée; Vol. IIT ; p. 247). _ uELrra AURELIA d'et Q, Nick. Samoussy (Aisne); juin 1909. 5 354. MELITÆA AURELIA Ab. MELANAURELIA, Obthr. Osnabrueck. (Lépid. comparée; Vol. III; p. 249). _ MELITÆA NEVADENSIS, Obthr. Sierra Nevada, côté de Lanjaron ; . juillet 1879- Nocc ets 7, OM 210 59,10) ge (Lépid. comparée; Vol. III; p. 253). 35È 359 ) MELITÆA AURELIA Œ et Q, Nick. Route du Simplon; 360 juillet 1902. (Lépid. comparée; Vol. III; p. 248). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 673 —————————————————————_—_—]——_—__————— No Nos 361. MELITÆA AURELIA Ab. MELANOPTERA, Obthr. Berlin. (Lépid. comparée; Vol. III; p. 240). PLANCHE XLVI. EREBIA LEFEBVREI, Dup. (Lépid. comparée; Vol. III; p. 200). 362. LEFEBVREI OŒ. Mont Monné, au-dessus de Cauterets; juillet 1881. 363. LEFEBVREI ©. Hautes-Pyrénées (ex collection Bellier). 364. LEFEBVREI ©. Montagnes au-dessus de Gèdre (Rondou). 365 NiICHOLLI Set Q, Obthr. Autriche, Sud Tyrol; juillet 1895. i (lépid. comparée; Vol. III; p. 304, 305). 367. LEFEBVREI-ASTUR Q, Obthr. Picos de Europa (Asturies) ; juillet 1882. 368. LEFEBVREI-INTERMEDIA ©, Obthr. Montagnes du Cambrè:-d'Ace (Pyrénées-Orientales) ; juillet 1862. Gc | e LEFEBVREI-PYRENÆA ©, Obthr. Frontière espagnole des Pyré- _ nées-Orientales. Ull de Ter; 23-25 juillet 1900. I 372. LEFEBVREI-PYRENÆA ©, Obthr. Arète Nord du Mont Canigou ; 17 août 1000. 373: LEFEBVREI-PYRENÆA ©, Obthr. Frontière espagnole des Pyré- nées-Orientales. UII de Ter; 23-25 juillet 1900. PEANCHE XEVITI. S 374. ÊREBIA GORGE-RAMONDI Œ, Pierret. Cirque de Gavarnie (Hautes-Pyrénées) ; 27 juin 1803. 375. EREBIA GORGE-RAMONDI Q, Pierret. Montagnes au-dessus de Cauterets (de Guernisac). (Lépid. comparée; Vol. III; p. 317). 370 ) ÊREBIA TYNDARUS-ARVERNENSIS Œ'et ©, Obthr. Auvergne (ex collection Bellier). (Lépid. comparée; Vol. III; p. 338). 378. EREBIA TYNDARUS-CASSIOIDES G, Ab. 2 ocelles à l’aile supé- rieure gauche ; 1 ocelle à l'aile supérieure droite. Cauterets ; juillet 1901. (Lépid. comparée; Vol. III; p. 330). 674 N° 370. N°5 386. . CŒNONYMPHA DORUS-TRIOCELLATA ©, Obthr. Albarracin; été 394. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE EREBIA GLACIALIS-DUPONCHELI ©, Obthr. Basses-Alpes ; juillet 1807. (Lépid. comparée; Vol. III; p. 304). . ÊREBIA GORGONE ©, Bdv. Hautes-Pyrénées; montagnes au- dessus de Gèdre; Rondou; 1907. . ÊREBIA GORGONE ©, Bdv. Col de Riou, entre Cauterets et Luz (Hautes-Pyrénées) ; fin juillet 1890. (Lépid. comparée; Vol. II]; p. 313). EREBIA TYNDARUS-CLEO, Huebner (382, O'; 383, 384, Q). Mont Majella (Italie) ; Fabresse; 5 et 6 août 1907. (Lépid. comparée; Vol. IIi; p. 338). . EREBIA GLACIALIS-DUPONCHELI ©, Obthr. Basses-Alpes ; juillet 1807. PLANCHE XLVIIT.: CŒNONYMPHA DORUS-AUSTAUTI Œ', Obthr. Nemours (Oranie). 1907. . CŒNONYMPHA DORUS-MICROPHTHALMA ©', Obthr. Millau (Avey- ron) ; été 1904. . CŒNONYMPHA DORUS Q, Esper. Environs de Verncet-les-Bains ; été 1908. . CŒNONYMPHA DORUS-ANDALUSICA Œ, Ribbe. Grenade (de Graslin). . CŒNONYMPHA DORUS-ANDALUSICA Q, Ribbe. Grenade; juillet 1870. . CŒNONYMPHA DORUS-ANDALUSICA Q, Ribbe (transition vers Fettigii). Sierra-de-Alfakar (Andalousie); juillet 18709. (Lépid. comparée; Nol. IV; p. 31:4381et 43): . CŒNONYMPHA PAMPHILUS-THYRSIDES ©, Stgr. et Rebel. Khen- e 8 chela ; juillet 1908. (Lépid. comparée; Vol. IV ; p. 49). CŒNONYMPHA CORINNA-LEFERVREI C', Ragusa. Sicile (pris par Lefebvre). (Lépid. comparée; Vol. IV; p. 44). . CŒNONYMPHA ŒDIPPUS-GELINI ©, Obthr. Provient de la col- lection Boisduval. (Lépidopt. comparée; Vol. III; p. 397). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 675 Nes Nos ee 0 FETTIGII-HOLLI Œ et Q, Obthr. Glacière de 307 Blida (Alger) ; mi-juillet 1908. 398 ) CŒNONYMPHA FETTIGI Cet Q, Obthr. Environs de Sebdou, . en Oranie; juillet 1907. (Lépid. comparée; Vol. IV; pages 38-44). PEANCHE) XLTX. 400. POLYCÆNA CARMELITA, Obthr. Siao-Lou. (Bulletin Soc. ent. France, 1003 ; p. 268-270) — (Lépridopt. comparée; Vol. IV ;:p. 56). 401. THECLA ILICIS-ALBOSPARSA O', Obthr. Angoulême ; capturé par Gabriel Dupuy, le 14 juin 19009. (Lépid. comparée; Vol. IV ; p. 74). 402. THECLA ESCULI-GRASLINI Œ', Obthr. Sierra-Nevada; 16 juillet 1835- (Lépid. comparée; Vol. IV ; p. 77). 403 ) THECLA ESCULI-MAURETANICA-POWELLI Œ et Q, Obthr. Khen- ee chela; juin 1908. (Lépid. comparée; p. 78). 405. THECLA ESCULI-MAURETANICA Œ', Stgr. Sebdou; juin 1907. (Lépid. comparée; p. 77). 406. POLYOMMATUS CHRYSEIS-VIOLACEA Œ, Obthr. Cauterets; juillet 1883. (Lépid. comparée; p. 130). 407. POLYOMMATUS GORDIUS-NARYNA ©, Obthr. Fort-Naryne, au Turkestan. (Lépid. comparée; p. 115). 408. THECLA SPINI-ALBOSPARSA ©. Obthr. Akbès. (Lépid. comparée; p. 60). 409 | LYCÆNA THEOPHRASTUS, Fab.; variétés diverses d'Algérie. 410 Le n° 409 représente une Q micærulescens prise à Sebdou, 411 en août 1007; les n°% 410 et 413 reproduisent l’Ab. radiata, 412 de Sebdou et de Bou-Saada ; le n° 411 Q vient de Bou-Saada ; 413 les n°% 412 et 414 viennent de Sebdou et Biskra. 414 (Lépid. comparée; p. 150, 160). 415 Me ESCHERI-HELENÆ © et Q, Obthr. Dompierre-sur-Mer 416 (Charente-Inférieure) ; juin 1900. (Lépid. comparée; Vol. IV; p. 218). Nos LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PLANCHE E AI 4 À 1 CALLOPHRYS RUBI-SUAVEOLA ©, Stgr. Akbès. 419 de Avis Œ et Q, Chapman. Amélie-les-Bains 419 bis (Pyrénées-Orientales). (Il y a une erreur de numérotage dans le texte, à la page 95 du Vol. IV; j'ai laissé imprimer à tort le n° 420, au lieu du n° 419 b?s). 420. CALLOPHRYS AVIS Q, Chapman. Aïn-Draham, en Tunisie. 421. CALLOPHRYS RUBI-FERVIDA, Stgr. Lambèse ; avril 1884. 422. CALLOPHRYS RUBI, Linné. 35 kilomètres au Nord-Est de Moscou ; 23 mai 1907. (Lépid. comparée; Vol. IV ; p. 85-05). 423. LYCÆNA TITHONUS-ITALICA Q, Obthr. Mont Majella, dans les Abruzzes (Italie centrale); août 1907. 424. LYCÆNA TITHONUS-CÆRULESCENS ©, Obthr. Larche, dans les Basses-Alpes ; août 1807. 425 ) LYCÆNA TITHONUS-EROIDES Q, H.-S. Tâ-tsien-Lou; été 1904. 426 (Lépid. comparée; Vol. IV; p. 230-235). 427 \ PHRAGMATOBIA LEPRIEURI Œ et Q, Obthr. Philippeville (Al- 428 gérie) ; avril 1800. 429 Le n° 427 O' représente la forme 7#orisca, Obthr., et le n° 428 O se rapproche beaucoup de la forme initialement décrite et figurée dans les Ætudes d'Entomologie, Liv. III, PI. 5, fig. 2. La Q (n° 420) est née à Rennes, d'une chenille envoyée par feu Olivier. 430. PHRAGMATOBIA PUDENS O', Lucas. Bône (Algérie). PLANCHE’ LT 431. SCODIONA HOLLI S', Obthr. Lavarande (Algérie) ; 19° mai 1908; dédiée à M. E. Holl, qui a découvert l’Espèce. 432. POLYPTICUS BREVIS, Obthr. Madagascar. (Bulletin Soc. ent. France, 1909, p. 233). 433. AMPHIDASIS QUERCII, Obthr. Tien-Tsuen (chasseurs indigènes de feu le PDéjean); 1901 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 677 N°5 434. AMPHIDASIS CLORINDA, Obthr. Tse-Kou (envoyé en 1895 par 435. 439. 440. 441. feu le P. Dubernard). AMPHIDASIS ERILDA, Obthr. Tse-Kou (envoyé en 1900 par feu le P. Dubernard). Ces 3 beaux Amphidasis, capturés dans la région chinoise occidentale qui se trouve évangélisée par les Missionnaires catholiques de la Mission du Thibet, paraissent extrêmement rares; ils sont spécifiquement différents de fiston emargi- naria, Leech, qui est une Espèce du même Groupe. J'ai dédié ces 3 belles Geometræ à la famille de M. Orazio Querci, entomologiste plein d’ardeur et chasseur très habile, demeu- rant à Formia, province de Caserte, en Italie. Je prie Me Clorinda Querci et M'e Erilda Querci, toutes les deux entomologistes très zélées, d'accepter avec la dédicace de ces nouvelles Espèces de Lépidoptères, l'hommage de mon pro- fond respect, et M. Orazio Querci de recevoir la cordiale expression de ma gratitude pour l’intéressante documentation dont je lui suis redevable. METROCAMPA HONORARIA-PICTAVORUM Q, Obthr. Charroux (Vienne). 2 Q semblables sont écloses en janvier 1907 de chenilles trouvées en septembre 1906. ZULEIKA PLEBEJARIA, Obthr. El Aouedje, près Sebdou; 27 et 28 août 1907. — 14 exemplaires semblables ont été capturés par M. Harold Powell; le docteur Codet avait déjà recueilli un ©, le 18 février 1881. ZULEIKA NOBILIARIA ©, Bang-Haas. Biskra. ZULEIKA NOBILIARIA O', Bang-Haas. Sud-Oranais. Je possède 1 O° du Sud-Oranais acheté à M. Bang-Haas et 2 Q de Biskra que m'a données M. Deckert. Je ne suis pas certain que le n° 438 soit la Q du n° 439; le dessous des aïles est un peu différent, comme le dessus d’ailleurs. Cependant je ne trouve pas actuellement de caractères assez nettement distinctifs pour les apprécier autrement que comme une diffé- rence sexuelle. CIDARIA MULTISTRIGA, Obthr. Constantine (prise par feu Olivier). RHEGMATOPHILA AKULINI, Obthr. Fort-Naryne; Prov. Semi- rechgensee, au Turkestan oriental ; dédiée à M. Akulin, qui a découvert plusieurs exemplaires en 1907. 43 078 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE N° 4y2. ZYGÆNA CARNIOLICA-DETSCHI, Obthr. Capturée aux environs de Stuttgart, à la fin de juillet 1909, par M. Aloïs Detsch; diffère de ÆZaveola, Esper (Tom. II; Tab.. XXXVI; fig. 1), par l’absence de l’anneau abdominal jaune; de plus, la teinte jaune est /uteola et non flaveola; enfin l'entourage blanc des taches jaunes est à peine perceptible. PEAN CHENE IMBRASIA ERTLI d, Q et larve, Rebel. (Annalen K. K. Hofmuseums, p. 67; Taf. 3 (1904). La chenille vit sur l’Afzelia Cuanzensis ou Acajou; elle est commune à Rikatla, localité située à 25 kilomètres au Nord de Lourenço-Marquez (Pasteur Henri A. Junod). PLANCHE LIII N°98 446. BUNÆA HEROUM, Obthr. Kuyambi, Ubemba (Afrique orientale). J'ai reçu 2 Q, en 1908, de M. le P. Guillemé, Missionnaire apostolique. 447. ARCTIA VILLICA-ARABUM ©, Obthr. Algérie, sur le littoral; recueillie par M. Dayrem, en 1900. Cette forme paraît constante en Algérie; je possède plu- sieurs exemplaires semblables rapportés de Yakouren ct Aïn- Seur, par feu le D Charles-Henri Martin. PLANCHE LIV N°3 448. SYRICHTHUS THERAPNOIDES ©, Obthr. Sebdou (Prov. d'Oran); août 1007. (Vol. IV; page 385). 449. SYRICHTHUS FRITILLUM Œ, Huebner. Vernet-les-Bains; prove- nant des chasses de juillet et août 1900. 450. SYRICHTHUS FRITILLUM ©, Huebner. Vernet-les-Bains ; chasses de juillet et août 1806. 451 452 | SYRICHTHUS FRITILLUM Q, Huebner. Vernet-les-Bains; pris en 1 été 1887, 1894, 1003. 454 / 455. SYRICHTHUS FRITILLUM O', Huebner. Vernet-les-Bains ; prove- nant des chasses de maï et juin 1900. (Lépid. comparée; Vol. IV; pages 386-390). LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 679 N°5 456. SYRICHTHUS MALVÆ-TARAS O', Bergstr. Mesneuf, près Rennes ; 457. 458 459 460. 461 402 403 464. 465. 466. 407. mai 1882. SYRICHTHUS MALVÆ-INTERMEDIA Q. Rennes; printemps 1906. SYRICHTHUS MALVÆ, Linné. Alsasua, dans le Nord de l’Es- pagne ; juin 1870. SYRICHTHUS MALVÆ ©, Linné. Cauterets; fin de juin 1890. SYRICHTHUS MALVÆ-FRITILLANS, Obthr. Vernet-les-Bains. SYRICHTHUS MALVÆ C', Linné. Cauterets; fin de juin 1890. SYRICHTHUS MALVÆ ©, Linné. Mont-Revard, au-dessus d’Aix- en-Savoie ; Juin 1906. SYRICHTHUS MALVÆ O', Linné. Lande de Caden (Morbihan); 10 Mal 1009. SYRICHTHUS MALVÆ, Linné. Lande de Caden; 10 mai 1900. 468 ) SYRICHTHUS MALVÆ-GRÆCA, Obthr. Grèce; ex coll. Bellier. 409 ) (Lépid. comparée; Vol. IV ; pages 300 à 396). 470 | SYRICHTHUS ALVEUS-RYFFELENSIS, Obthr. Environs de Ryffe- 471) 479: lalp, en Valais; capturés du 5 au 18 juillet 1808. (Zépid. comparée; Vol. IV ; page 405). PPANCHE EV . LYCÆNA EUPHEMUS-SANGUISORBÆ, Obthr. Angoulême. (Lépid. comparée; Vol. IV : page 333). . POLYOMMATUS CHRYSEIS-HERMATHION €, Obthr. Silésie. (Lépid. comparée; Vol. IV; page 130). . SYRICHTHUS CARTHAMI-NEVADENSIS ©, Obthr. Sierra-Nevada, côté de Lanjaron; juillet 1870. . SYRICHTHUS CARTHAMI ©, Huebner. Angoulême; juin 1906. 6. SYRICHTHUS CARTHAMI ©, Huebner. Angoulême; juin 1906. . SYRICHTHUS CARTHAMI-VITTATUS ©, Obthr. Samoussy (Aisne); 13 Juin 1900. . SYRICHTHUS CARTHAMI-VALESIACUS Q, Ruehl. Viège, dans la vallée du Rhône, en Valais; juillet. (Lépid. comparée; Vol. IV ; pages 381-384). POLYOMMATUS HIPPOTHOË ©, Linné (subtus radiata). Berlin. 680 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE en ————_——_—_—_——— N°3 480. SYRICHTHUS SERRATULÆ ©, Rambur. Forêt de Vouvant (Vendée). 481. SYRICHTHUS SERRATULÆ ©, Rambur. Charroux (Vienne). 482. SYRICHTHUS SERRATULÆ-MINOR d. Cauterets; juillet 1882. 483. SYRICHTHUS SERRATULÆ-MAJOR. Akbès; été 1890. 484 : 48e SYRICHTHUS ALVEUS-NUMIDA et Q, Obthr. Lambèse (Prov. 186 Constantine; juin). PLANCHE LVI SYRICHTHUS ALVEUS, Huebner. N°8 487. Forma FOULQUIERI , Obthr. Entrevaux à Mont-Gourdon ; juillet 1906. 488. Forma FOULQUIERI Q, Obthr. St-Zacharie (Var); 10 août 1900. 489. Forma FOULQUIERI Œ, passage à BELLIERI, Obthr. Bouches- du-Rhône ; 1905. 490. Forma BELLIERI ', Obthr. Larche; ex coll. Bellier. 401. Forma BELLIERI Q, Obthr. Ryffelalp (Valais); fin juillet 1902. 492. Forma ALVEUS-ALVEUS O', Huebner. Cauterets (fin juillet 1905). 403. Forma ALVEUS-ALVEUS ©, Hucbner. Vernet-les-Bains ; été 1895. 494 ) Forma BALLOTÆ, Boisduval (ix musæo). Dowre (Norvège). 495 Ÿ (Zépid. comparée; Vol. IV; page 404). 496 ? Forma CARLINÆ d, Rambur. La Grave (Hautes-Alpes); juillet 497 ) 1906. 408. Forma CARLINÆ ©, Rambur. Mont Revard, au-dessus d'Aix- en-Savoie; commencement d'août 1902. 499. Forma CARLINÆ C', Rambur. Larche; ex coll. Bellier. 500. Forma CARLINÆ O', Rambur. Larche; août 1806. soi. Forma CARLINÆ Q, Rambur. Basses-Alpes; ex coll. Bellier. (Lépid. comparée; Vol. IV; pages 408-409). 2 … A É Forma Cirsit Set Q@, Rambur. Angoulême ; 2 septembre 1907. 3 504. Forma CIRsit G, Rambur. Angoulême; 2 septembre 1907. 505. Forma Cirsit G, Rambur. Sicile; ex coll. Bellier. LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE O8I N°S 506. Forma CIRSII O, Rambur. Digne; été 1806. 507. Forma CIRSI ©, Rambur. Belesta (Ariège); 10 septemb. 1900. 508. Forma CIRSII-HERRICHIT O', Obthr. Entrevaux:; 12 août 1906. (Lépid. comparée; Vol. IV; pages 409-411). PLANCHE LVII SYRICHTHUS ALVEUS, Huebncr. Forma ARMORICANUS ©, Obthr. Rennes; printemps 1907. Forma ARMORICANUS Œ' et Q, Obthr. Dunes de la Guimarais, entre Cancale et Saint-Malo ; août 1884. Forma ARMORICANUS Œ, Obthr. Dunes entre Plouharnel et Kerostin (Morbihan); juin 1900. Forma ARMORICANUS Œ et ©, Obthr. Dompierre-sur-Mer (Cha- Ur Ur CR [N] 1 ee AR 0e LR 2 2 at rente-Inférieure) ; juin 1900. 517. Forma ARMORICANUS ', Obthr. Auzay (Vendée) ; fin août 1907. 518. Forma ARMORICANUS-FABRESSEI ©, Obthr. Florac (Lozère); juillet 1863. 519 He ARMORICANUS-FABRESSEI, Obthr. Sierra-Alta (Castille) ; août 1907. (Lépid. comparée; Vol. IV ; pages 411-413). 521 ue ONOPORDI-CONYZÆ O' et Q, Guenée. Charroux (Vienne) ; mai 1882. 523. Forma ONOPORDI-CONYZÆ, Guenée. Zermatt (Valais); juillet. 524. Forma ONOPORDI OC, Rambur. Lambèse ; avril 1884. 525. Forma ONOPORDI Q, Rambur. Sebdou; octobre 1907. 526. Forma ONOPORDI C', Rambur. Sebdou; mai 1907. 527. Forma ONOPORDI Q, Rambur. Zebch, près Sebdou ; août 1907. 528. Forma ONOPORDI ', Rambur. Vernet-les-Bains ; août 1880. 529. Forma ONOPORDI Q, Rambur. Vernet-les-Bains ; juillet 1909. 530 AR ONOPORDI-CONYZÆ d', Guenée (ex éypicalibus specimi- n1b.), La Charnée (Savoic), 682 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PLANCHE LVIII Nos 532 CYRTOGONE JUNODI O et Q, Obthr. Rikatla; obtenus de che- 533 nilles qui ressemblent à une larve de Saturnide et qui vivent sur un arbre appelé Watertree (Henri Junod). /unodi paraît voisine, mais distincte de Cyrtogone Cana (Stgr.). Conte (Pinarides PLACE. 8). 534. GONIMBRASIA OSIRIS, Druce (Ann. Mag., N. H. (6); XVII; p. 354; 1806). Transvaal, non loin de. Leydsdorp (H. Junod). D’après le D' Karl Jordan, Gonimbrasia Osiris auraït reçu les deux autres noms suivants : Bunæa Deborah, Weymer (Berlin. ent. Zeitsch., p. 70; 1806), et Gonimbrasia Sardane, Sonthonnax (Saturn.; PI. X; fig. 1). 535 À { TrrLocHa FICICOLA Œ' et Q, Westwood. Lourenço-Marquez; la 53 chenille, semblable à un ver à soïe, vit sur un figuier appelé : Mpama (Henri Junod). RÉPERTOIRE DES ESPÈCES DE LÉPIDOPTÈRES Mentionnées dans les JNotes pour servir à établir la Faune française et algérienne des Lépidoptères VOLUME III | PAGES PAPILIO MPACHAON ÉTÉ ee essence emeesesepee 101 HOSPITONS GENE ee. see ese= esse celerecesesers cree 103 ATERANOR ME SDER 22e memencec ons eee cree eee 104 BODATIREUS PIRE dre once cc 105 THAIS BODY EN ES CRT ee ICO RM A ELA ee ce ee ee mere ce 110 PARNASSIUS “ APOELO, LINNÉ 2... -seoceevmersserseoncevanoussres 111 DÉLIUS ESpER emecese eee ceeee- seomemeepee. 117 NN MOS NE Re eee ee roescccee 117 APORIA CRADAG ARTE bas ne messes esrrsace 120 PIERIS CALLIDICR ESper.....eccetssee cer cersceseoarseees 120 DA PÉIDICE NE 2 see etc 121 CEAUCONOMP RU =. semence ee 125 NAPI AIRE ee sa eee ere neurone teees 125 NANTES MANIERE es dm ec cote 127 RÉNPAD ICI ess see essence ose Pres 130 BRASSICAÆ MR en see eee 131 ZEGRIS ÉUPHEME, ESper.......-.-ee.ccreameome sr srorscepeessesane 122 ANTHOCHARIS EUPHENOIDES, Stgr.............................................. 135 EUPHENO: LINNé. 2e eme see crc ceceees 137 CARDAMINES MERDE ee ceaoeeebre. sers eomeesece 138 CHARTONIAS DOnzel he escorte: 143 PAGES UC DRE 2 eee -ec ee 143 BELTA GTAMEr "cesse ee css: eeoe 146 PECAR IST ee encens eo 152 PBETEMPASTESper 1. see moerereacene oem 153 PAPTOURAATIArdE ER Perret 155 684 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PAGES CATICHARTS IN OUNAMIETICAS ER ER ee RS 155 L'EUCOPHASIA" DUPONCHRPR ISERE ceee 156 SENA PIS MIRE ee ete mere ec CS COLIAS PAL ÆNO MLAINNEÉR re re eee co DE Mo uee ENS 160 PHICOMONE AS DER ce racer ere Mie eee 163 ÉLVALE ME INN OR Lens to Den LEE CURE 164 EDUS ANDRE Lt Ne a 167 RHODOCERA CR AAMNL MERDE nec 176 CLEOPATRA, LINnÉ: eee ce 177 CHARAXES TASIUS AIRE 2 nsc NO CE ES 179 APATURA IRIS MES ALL SR PER 180 TEA Suebner 5520 eee EEE 181 LIMENITIS POPULIMIINMEÉ se M A ANSE SEE 184 CAMILLA EH HebDner.. 185 DIBYETA, INTÉRESSE CC RES 186 NEPTIS EUCILCLA Fabricins. es Pr 189 VANESSA ATALANTA ®TLINNÉ.:0. RP es ee EE 189 GCARDUI, L'INNÉ...:-. de eee re 191 10; LINnÉ se scans ee nee ee 102 ANTIOPA, LINE OS RSR 193 POLVYCHLOROSLINNE RE TRI 195 URTICÆ; Linné RER RCD ER ANUS 107 CPALBUM ALINNÉ em ee M ne Eos 200 HCRAT CTAMEr.s ee ee 201 ARASCHNIA ÉEVANAS Linnés. NE 202 ARGYNNIS PANDORAS ESper... mec SE tre 203 PAPHIA, TAinné::54500, 0 EN NAT ER EREREE 204 AGLAJA, LAINNÉ,.255500 00e D Le RER 207 ADIPPE, MLINNÉ:2.L de rec ces E O T Are 209 NIOBE, (LINRÉ 0 NS AN RENE 211 ÉATHONTIA, Linné. came ee 212 ELYSA, °Godart.:4.cere RSSSR AE EEE 213 HECATE, Esper."...etheceeea re 214 INO, 'Esperi.. ntm meeumercmtdie iereetee re 214 DAPENE, SCIE eee 214 AMATHUSIA, ÉSDET 2 recceacenee S 215 DIA Linpné. tir nee on RE 216 PATES MÉUeDNneT ere en TE 216 EUPHROSYNE CIDRE. re ae EE NE 217 DELENE, ‘Huebner 5 D Re 220 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 685 PAGES MELITÆA CUNIMETA EUCDNEE. see. cemedeseso eee eee ee 222 MARURINA IN ne ccc ces enhenes ss n eee 224 DESLONDAINIT COdARE. cesse semeccce=ee-o 224 ARUIIAMIS M EUEDN ER... esse eee pcecomese ee eee 225 CONS ÉQUÉ sc. andere 231 PRTHERIE MUBDREE ee ces enceeseseceseredet 235 AGREE DO ue cree cesse 227 DNA MOINS Lee eo ERA ES 239 PICRMNN AIRES Det de er te 246 TIRE DTA NC Rennes ce sene eme nues 248 ATEPADEAS MES DER eee senc sroee. ses 249 DATON ERREUR see eee 253 PARDADNDE MG OAANEE eee seen iropen tee eme sec 255 CHIONOBAS AREDO MAUEDnORns eee se ee ceercseeeer- converse 257 SATYRUS CERCE AR ADEIC US eee nr creer oe rer coce 259 ÉDDEN A MODE ee recentrer eee 259 ÉDARMIONR SITE ee hace rence eee 261 APCNONE ES CRE eee echec tee 262 NEOMMRIS AGO cn enr semences 263 BRISEIS PIN en dr eee ice 0e 263 PRTEUR MBITS a een nn een ee cuo- eee 265 HIPPOLYTE, Esper.............................................….… 266 SEM INR ee ce Po ere their ones eur 267 AREDHUSA ESPET .-.-eresc-cec-srceemcecemeee ren caeeseetie 270 HPAUN ARS UIZE Teener eee nes encens stieln 2 ÉTAIN STAR CC ecrecetree 271 SNEVICOLA AUS EAU en dede cc herbe serres ee 271 RDC Lee 0er OC nn DRE ON UE DOS NN EE CE D7I AIDER AD ER METEDTE Re ee ces 278 ACGDRAS ES DER eee cesser pe -eacenee nets 279 CORDUPA MA DTICIUS 2. eee edit 279 PAS D RASMIÉIN NÉ 20 ee een see eee ce cet ee 281 ÉXYPERANTHUS, ÉINNÉ........... eeepc sesemsrcse 283 EREBIA PEIPHRON, RNOCRE cernes en 284 MELAMPUS, Esper ..............................sose 288 CHRISTIRRRACEZEN eee esee eee re ee ee 288 FIPAVORASCIATA VHeYNen.-...- "cha 289 NINESTRAN HUCDTER..22..e een cc ca cet ce 289 PAARIDE MÉUEDNER SE ste eee ee 201 ManTO, Esper.….…. A ne Me cree es 0201 680 ÉREBIA MELANARGIA PARARGE EPINEPHELE LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE CETO,"Huebnen 2 re ŒME MUEDDE T2 2 rires sa meurenene ee EE MEDUSAMMEADTIGIUS eco otee COTES SEVONE OCR Te uses In PR Tee M ÉEFEBVRET DUD:.:1 0e ares sospeeecoe rene cp GLACPALIS FÉSPDET une ue A0 ee tbe eee CCE ÉVTAS AGOdAT EE eue sean res rer Ne PATARICA ICDAPMAN 2000 ee FPISIVGNE MEUCDROR 2:01. centre eee D ET SCIPIO AB OIS UV ALES. eee Mn NES EE CEE FORGONE MBOISAUVALE. 2 EE RE EEE GORGE MESPDEr 2250 di eee GOANTE ME SDOn:scecteee e NE CE UE PRONOËS ESPÉT ue CE ZAPATERT 1Obthr Serre ER ee IN EORIDAS MBOISAUVA IEEE ER ZÆATHIOPS) ESDÉL ES een be ee EE PURVALE ESPER 68e pee ete mecs LIGEA Linn Éd ne es ot L'APPONAS ESDEr 5.000 CMS ete CPE EEE ŒYNDABIS,, ESDER: 52.0 ee ee ne GATDATHEAS “inner eee ACHESIS, Huebner.:25fi ra ete ee ÉUCAST; Rambur esse ON CN NT EEE TAPYGIA, Esper.....:..:....:1.0c020 eee ARGE, SUIZOT. 25200 nee ete due en CO ES PHERUSA, Boisduval in #20 ce re nee PSYCHE, "Huebnér::..1.1..5... Mec ne NES, Home NP SE MEGÆRA; LIHné 2... tone HTÉRA ME ADrICIUS. 2... ee M'ÆRA LLINNÉ 12582 En ARC ve ACHINE,"SCOPOÏLE 7100 cases ee TE PÉGERTA; EMMA ne EE EUDORA, “ÉSDEr:2.200 cesse JANIRA; Linné:.::509...0.10mete ec cree JANIROIDES;/H:-S: 5.282 Re N'URAG; GHIIANI Re EN TITHONUS; Linné:..550.0 RE ee IDA, Espérance moe LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 687 PAGES EPINEPHELE D PASIPHAE, ESDER..-:.....- er cececocecoccscsesee ete 393 GŒNONYMPHAICEDIPPUS, HAbDFICIUS-....-..444...n. cocon ses 395 BR ROMÉDRE der crrepeceese seche 309 CIGARITIS SPAS CAS MR nee deces sien rene te a 401 ATARI O DETES RE need mere: ones CS 401 PAOBRAAIDONZE EME PE mans ce de drone eee caisses 403 NTÉSSINISS A M EUCAS eee rence re ne 403 VOLUME IV CONONYMPRA PHIS ÉUCDRET. 2-2... ces see seueaes eee 15 DPHTOLDES IS COR dm scie cree cree 18 ARCANIOIDE SN BTÉRRER EE ne cs miB oc creceesese 19 ARCANTUS AIDER en enr carre eco rec peeeee 23 D'ARWINTAN ARS Eee ne en oereope ns osane sors csvese 28 PEL A PEMUCDRET. 2 1-2 cum sets aueseesoues 29 DORUS ES DER een cn nreeccsseses 31 EIDBIGI OO DIR ee ee see ee condesseee 38 CORINN A REUGDRER ee eee a peser ns ess uepeutes 44 VADCACRIABIA CRIER ee rene dec cene 45 PAMPETEUS RITES ne ae Me eme sou ere cute 46 VPHON RO emma Eb LS lan ques 49 LIBYTHEA CDS NE SD ee ee ere reste a pierres 52 NIEMEOBIUSSMEUCINA IDD de ee encens ep ssenetanserueut 54 JAMIDES IROBORIS ESP R- eee races ce resort 56 ZEPHYRUS QUERCUS INR A arr cheedesenec severe eee 57 BE RU 20 IE LR ER ne en aeees de ecc sec cee 61 THECLA SRINE REED DER Se ee eee ee 67 NIPALE UMA DReR tee. ns ee ospeeeesc eme semacees 70 DRTCLS NES DE nee ere ee ee 72 ÉSCUR ÉUCDRENE an een one oem eee 75 PIRTINEMIÉID A EE eee ee eee ce ee eee eee co 79 AGACLR MEUEDT ER eee een eee eee 83 CAP EORRRNSMRUBR INTEL. cecemeec es ete ee 85 AVIS GhADM ARE eee eee eee 85 THESTOR MAURITANICUS) DUCAS .-.2.00..0neommmmee teens 95 BARTUS AE ADI ee ane dencre eee 97 BOLYOMMATUS PHL AS AIDER ee eee cree seen Ce 98 MANEHES CAD. 0e cesse nes cmese rence ce: 105 088 POLYOMMATUS AMPHIDAMAS, Esper GORDIUS ASUIZE RARE ER EUR CHRYSEIS ABerTeStraessen en PPT VIRGAURE AA MÉINNEÉE 2 re ee ee ETPPOTHOP PIED ER RE RER AR ERA Re BA RICA AT INN EME Tres eee in Eee Eee: MELICANUS MEUEDnER Eee re Tee re PHEOPHRASIQUS MAD... ce ee COREMAS MDCNS TR rat TE IRESTAS MESDOTA res ites AC EEE ARGUS ANNE ia Mr 00 OPEN PEGON WE MR ee nc OR ER ER FDESPERICAN ER AMD UE ES EVCIDAS TTADp-.- 2 2 BSCHERI AAUEDNÉE. 2 TEE ICARIUS? ESDEL 6 ner ee TERRE NTARTINT RE AILIATA ESS RE RE TN EE re ATTARDIs ObLNT ES. rene ee CE NES DORYLAS WP NV ten cn ee tr EE Ne TDHONUS MEIUEDNETS eee EEE CEE ICARUS, von RottemDure 77/7022 AGESPIS, V2 rene her CR DRE ee ÉUMEDON, Esper:. 22 0 ee IDASSR AMPUT. ER RN e DONZELIM BOISAUV Ale Re RIPPERFIL PB OISAUVAL DOLUS;. Huebner 2222 ANR Eee DAMON, WAV rene NE Ne MELEAGER, ESper:., rase BELLARGUS, ESPET 1e ee CORVDON, ESper sr tte DS ER BAVIUS AE VETSD AND ee ORION PAL AS ne ee EE EEE ABENGERRAGUS, FPICLTEC re ee BATON, Bergstraesser ..............................,... PYRENAICA SAR OISAU VAL PRE RP ee ORBITUEUS, NÉSpEr. 6.2. Pere PHERETES ÉlueDner ee eee PO AMPHIRROË, ObTthT... Re NE Re LAMASEM, “OPDTRT, rer ere RL RO LYCÆNA LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PAGES TT LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 689 mo PAGES LYCÆNA DADIETE RNOGN:51 ere coc ce semestre ee 300 PNSIMON MERUERRET cc erreurs 301 RENTOUTES | POSE N'ÉSEPE SA CON PRENONS EEE EE Ge CN 302 SHBRUS AB OISdUVAlR. eme ee cocon eos pee see 304 SEMARGUS, On ROtTEMPDUER:. Lette 305 CPARUS von Rottembure.-7..:.t..4...%.... 0 308 NTEPAN DES BOIS UMA CES er coomeassds mes este ne 314 OPA SEE senc Ce oo 320 ARIOINPR TERME ere Loco ere ce bec dameente ina 321 PURHEMUS RÉMODNET ME Le ner caen ces ecaccect 329 ARCAS VON ROTIODIDUTPE EL eee emeneme soso ec 20 334 AIPCONMRELUEDIER- Eee een nee erec eee soegeectge 330 ARGIOLUS AB DRE RER en repenser ob 339 Relationsides Lycénides et des FOUTMIS. et... 341 ÉLETEROPPERUS MORPHEUS, PAlAS eee des dershsees ee desesseocenns 352 CARTEROCEPHALUS PALÆMON, PAaMas 222.0... 353 HESPERIA ÉINEODAMOCNRSERR RAR ee eee none re rese- see 355 DTAUMAS NES DEL center eee eee ere ceere 350 ÉTANEZ A RO D CRT eee ce ere S een r severe 358 ACREON VON AR OLLENDIDERE Se eee de derpesveces ce 358 AUGIADES SYLVANUS MISDED- eee nee mme rares note iessee 359 CON RTE Re ei Desserte 360 PAMPHILA BORBONICA MB DISAIS eee rcsebes eee ecrrerseccens ee 303 RREBVRIT AR AMDUR ere rene deeeenereesee-eececeune 365 NIOSTRODAMUS MEADTE eee dee=mec core sesueceres-ecroatsre 365 CARCHARODUS AECEZR PSP... eme memes coeecen areorseeusesmei ss 308 DEAN PR DRIRR RES DÉS e nec orcme mens se mocen eee 370 ADR MÉMeDN Eee eee seems de-eece eee 370 DA DICUS MR AID DUT ER RE Enr reu eee 370 SE MRICHDAUS A IP RODO AESPER eus smescseeescene cesser eeetes 377 NO HAMME DO D UNE Eee nn cn Neeee ee ere 379 BoD2E 2e ODA eu M certe mecs ces 380 SD D ME SRE ES 2e ne ee eee de Co 0 ee 381 CARTHAMMAEUCDNEN cree rene crc Percer eee 381 SAD ÉHÉDRED ce elec ssceeeereteee- ee c2- 0e 384 BRTIPEUM RELUEDNET..-6... 200. ocre 386 DNA DA LUE DELA 1 SR RS RARES RES PR PARA ARR x 390 CACADIR SR AMDUN eee PE en ere Le eee 300 SERRABUL A MR AMDUT 2 ner decor 398 ATVEUSMEMEDNORE Mec esse oc-core ee etc reneepeee 402 600 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE PAGES THANAOS TAGES MPAIDN ERA rence secs eesees ce eee PELLE 416 ZNGAÆNIDIE eine eee ete ce Dee te een eine eee eee ECC Eee 419 ZYGÆNA RUBICUNDUS; ÉLUCRnET.:....-.1.s2e0ecc-ce ec 422 ÉRYTHRUS, EUEDDET..:--.:--1..- cc ses ee 423 BURPURATIS AB RUENRICR eee re meer ee 425 GAPTICA MODE R e.eecmerce a eee ee 27 CYINAR A MES DÉR 2 ----erose ce enese eee 428 SCAPIOS FH IVORISCREVEN..:....- ce de 431 PURES MPIETIGT 0e ce nos recoc cesse ee AA Corsica Poisduval...:./11e0eecertc one 442 POYSELIS MODE... ue: 2e roc eee ce ee 444 FAVONTA M ETEVET.. serons ee eee a eee 445 SARPEDON HMEDNET. 2. nee 447 CONTAMENET A BOISdUVAlL.. 2-2 eee 447 PUNCTUMMOCRS nee eee ee re 447 ACHIDLEZÆ, DESDEL:2.1-e nr eee tee eee 461 ANTHYLLIDIS BOISAUVAL.......2.2.2--s-e ee eee 474 EXULANS; von HOHenWarth.. 2... 480 MELILOML FEÉSDEL. rs seoecr ec 484 MRIROLIT ESDER sec ccseocrecccospen see PC CEE 489 ÉONIGER AN VON SCREÉVER...:....- eee ee 507 ANGELICÆ DOISTUVAL... 5.20. ccocccsceescee ee 525 STŒCHADIS BOTKAUSEN..:..............e ee 527 FILIPENDUEÆ, MINT 2. .....-20. cc ee 553 SYRTACASMOPDEINEE. 2-22 -ecrsaerceces secs 564 RAMBURT MIEL: reeseece eee ec CETEE 564 GURDA Me UOTE. ete dr coca nc ec eee-ee e EEE 564 ROSAMODERT ee rec eoeembes sep ee 565 ÉPHIALTES, LInné.- 2100.20 ee ete 566 MRANSADPINA ESDET.:....-. sec eee ae 578 LAVANDULÆ, ESP... 583 RHADAMANTHUS, ESDOE..- e e 586 IGNIFERA, KOTD 002 sese etre ee eee 598 HITARIS OChSenheImer 22e ee ee 599 FER, JODIDE ee ee ererecs eee eee Ce Grr MARCUNAS OPERT ee cree eeepc ete 613 FAUSTA, LANNG 2502 nsc ces eersccoence ce CEE 613 CARNIOLICA; 1SCOPOLL 0 628 THERYI, O: oannis ER 637 ESCALERAT, POUJAdE cn ee 638 LÉPIDOPTÉROLOGIE COMPARÉE 691 ————————— ADDENDA ET CORRIGENDA PAGES ANTHOCHARIS PECHI, Ster. Et Obthr......... A cd 639 RATIO ALTATA Een cocon co steee ces cat 0 640 ARGYNNIS ADIPRRASIPINNE nn eemermmene s soccer eme 0e 646 NO DRE sr eee cocoaarsss see . 646 A PETRA PE MEAUEbNeER Er ere -reseee sueur -ereree eee 646 PATES ARSIPACHE SDET ee -ecscesnct sense eee 647 POLYOMMATUS ÉPPOTHOË-DISPAR, Haw:........1.. me... 647 ZYGÆNA RCE RS DER ee eee ere cree 654 DRANS ADP A MES DORE meer nes te eoucre ever doess 654 LR ER OT ABS DEA embase reu scies onu 655 IMP. OBERTHUR, RENNES 2 | Lépidoptérologie comparée PIL.XXXV. {mp.Oberthur. Rennes ]. Culot lithosculps.à prix épidepiérologie, Comparée, PLXXXVI. {mp. Obertlur. Rennes /. Culollithosculps.8 pinx Lépidoptérologie comparée. PI.XXXVIT. {mp.Oberthur. Rennes J. Culot ithosculps & pinx Lépidoptérologie comparée. PLXXXVI. Zap. Oberthur. Rennes ]. Culot lithostulps & pinx LR ce WP PES PRRR .— : L L sc ée Si ET 7. …. {mp Oberthir Rennes Lépidoptérologie COrmparéer J Culot lithosculps & prrrx “#l — 4 M < ” { « 4 n NN # n Eu | \ ‘ . 1 OIMpParÉe:. + ” € roiogIe e E Lépidopt PIXET -/. Culot lithosculps & pirix Împ.Oberthur. Rennes | __— é - —…— im, | + 11: 11-4:A.18.1 dé mn dede Qt QD À Fémidoprérologie comparée: PIXET ra. Oberthur, Rennes «/. Culot lithosculps & pinx Lépidoptéroliogie comparée. EL y ennIneS nn {mp.Obertlur Rennes ÎE J. Culot lithosculps & pirx PSE Zmp. Oberthur Rennes Lépidoptérologie comparée. {mp. Oberthor Rennes ] Culot Jithosculps & pinx Éégidoptérologie. comparée: berthün 2 "o? {mp Oberthur Rermes ]. Culol lithosculps & pinx Répidoptérologie comparée: {mp.Oberthar. Rennes J Ciulot lithosculps & pinx Lépidoptérologie comparée PRINT {mp. Oberthur. Rennes -/. Culot fthosculps & pinx ; Sd \ NEA parée. l L C ï Opréroliogle pid € L ‘ulot lithosculps & pinx 72 Oberthur. Rennes qe PRE Re CN ETES DUR R AIDE PERSONNE TEMENRENT DenC CUT CDR HER GERS Re Re {mp.Oberthar Rennes -/. Culot lithosculps & pinx LE s ‘ Ï 2 té n ue L “ IT A : sep 0 æ Es nu ( i en + . L - = mi | "4 ” L LS Lai. 7 LS as n s ne 7 Le ps ns nn n. “ =. L ä | | er æ mar”. RU PT TE mn! L-- E. Lépidoptérologie comparée. L es FENTE TI Tiboo en De Riot {mp. Oberthür. Rennes 1/61 fthosculps & pinx RE me ALT AV L P1 -/. Culot lithosc ulps & pinx {mp.Oberthur Rennes se ten Lépidoptérologie comparée. PASENATTS lp. Olerthür Rennes -/. Culot Hthosculps & pinx in 0 1 L Un 1 h ve MP ne l n P" nn. L .. | ‘A : | nn : | L | | 1 n Lu he (ee ; | u , L A : : L : l nl D L L 1 | . Le t . l nr 0 ñ D mn : " | ER LS : LI | (il L [l D D : : L M.” r : NN ns . d : LT e ol LR] 1 : L : n L : L 4 L ns L Û D = | ÎL … LU LD L es: nr : (OS D | : pi ide dm, Ë AE rire | Là Le D e DT LL: D 0) dt LA A : : : : D , v ' es [Rs | L , nn .. eh E 2 Êl : — pme Du US: : = LEE a | = : $ L TER L DLPR mo TULS os | | | nu | COUSS . 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