":'^*?i^ ^^^i:^>^«/is ^^ ^f^ n^W^^^'^'^.S^^ ^'^.^^ '.-rQ r.?^^/'..^^' r^^?"'*-*"/^'"^ ,^/i/^^ -/i/i/^/^^' ^A^^A.'•o^ r<- -^/' ..ri,,^^^--'^''^'^:-:^ """^^^ !m^yr(^ TOlArjgtf.-^JiM-FT^l ^^^^(^^'^ .r^^Kf^^^ ^-^.A^'^|-.- U;•..^r:^Jlr;C; "■: ,-:.«fi#^' ...<^':^>^^^*^^ ^^^^ /!5^5i?5^5fiîfC ?>': 'Cfn^^m-^ ^^^^^^ ^IHiif^S «^SMH^^^ liaPaybh^ .ù.âm^^l '^^mmm^ ■ • ^^^^^«.. .m^^^im^f^m' «^/^v;^or>^, :r^Z^'^ ■i«êfi!^S«r '^f^f^f^y d ^'^'^î^fr^, •'^^ Xfp-V^}^A%'Kk'^ ::-4c;p8??^^^ /^^'^^:2«Af/8«p ' Digitized by the Internet Archive in 2009 witii funding from University of Ottawa Iittp://www.arcliive.org/details/etudessurlago02leco ETUDES U GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE, ET EN PARTICULIER SUR LA VÉGÉTATION PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. CLERI>10]VT-FERKAI«D , IJimiMERlE DE THIBAUD-LANDRIOT FRÈRES. ETUDES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE ET EN PARTICULIER SUR LA VÉGÉTA» DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRAIE i Heivri E.ECOQ, Professeur fl'Histoire naturelle de la ville do Cleri»ont. 67. — Liste des plan- tes des eaux non salées et des terrains humides non salifères , p. 74. — Liste des plantes des ter- rains salifères, p. 80. Chap. XVIIl. Du sol considéré au point de vue de sa composi- tion physique p. 8*2 Espèces éliminées pour des causes diverses , p. 91. — Plantes des sols rocheux, p. 99. — Plantes des sols rocailleux, p. 101. — Plantes des sols graveleux , p. 104. — Plantes des sols sablon- neux, p. 107. — Plantes des sols détritiques , p. 110. — Plantes des sols marneuA , p. 114. Chap. XIX. Considérations générales sur le sol. .. . p. 118 Chap. XX. Le raidi de l'Espagne p. 147 Région chaude du royaume de Grenade, p. 149. — Région montagneuse du royaume de Grenade, p. 167. — Région alpine du royaume de Gre- nade , p. 185. — Région nivale du royaume de Grenade ,p. 202. \J CONTENU Chap. XXI. Végétation de la Laponie p. 212 Région sylvatique ou région des pins et des sapins , p. 214. — Région subalpine ou des bou- leaux , p. 224. — Région alpine comprenant la partie supérieure et non boisée des montagnes , p. 230. — Laponie occidentale ou versant nor- wégien , p. 236. — Laponie russe , p. 246. — Considérations générales sur la végétation de la Laponie , p. 249. Chap. XXIL Des proportions relatives des groupes naturels des végétaux comparés à l'ensemble des flores du plateau central de la France , du midi de l'Espa- gne et de la Laponie p. 254 Dispersion et proportion des familles , p. 254. Comparaison du nombre des espèces à l'étendue de la contrée et au nombre des genres ,p. 287. — De la diffusion géographique des espèces dans les trois contrées , comparaison des différences d'organisation avec la puissance expansive, p. 293. Chap. XXIII. Du sol dans ses rapports avec l'eau, et de la vé- gétation aquatique p. 305 Du sol dans ses rapports avec l'eau , p. 305- — De la proportion et de la dispersion des végé- taux aquatiques , p. 319. Chap. XXIV. De l'altitude et des zones de végétation, p. 329 Des écarts en altitude et de leurs causes , p. 331. — Des zones de végétation et de leur ordre de superposition , p. 336 ; montagnes du royaume de Grenade , p. 349 ; Pyrénées,/). 352; Caucase, p. 353; mont Ventoux , p. 354; Alpes, p. 355; montagnes du centre de la France, p. 368; Vos- ges, p. 369; Ardennes , p. 371; Carpathes, p. 372 ; montagnes d'Angleterre et d'Ecosse , p. 376 ; montagnes de Laponie , p. 381. — Des caractères que présente la végétation des montagnes, pro- DU SECOND VOLUME. vij portion des familles en altitude , p. 382. — Ana- logie entre l'altitude et la latitude , proportion relative des genres et des espèces, />. 405. — Des modifications produites par l'altitude, p. 410. — Des limites extrêmes d'altitude , p. 419. Chap. XXV. Phénomènes de durée et de persistance. — De l'individualité dans les êtres vivants. ... p. 424 Chap. XXVI. Phénomènes de durée et de permanence. — Du groupement des individus. — Coup d'œil sur l'ensemble des végétaux ligneux , ou les arbres et les forêts p, 4,57 Forêts de la zone torride , p. 458. — Forêts de la zone tempérée, ;>. 473. — Forêts de la partie boréale de la zone tempérée et de la zone gla- ciale , p. 484. -- De la longévité des végétaux, p. 492. — Des plantes aggrégées relativement au sol et à l'atmosphère , p. 500. Le volume que nous publions aujourd'hui ne contient encore qu'une partie de nos observations sur la géographie botanique de l'Europe. La distribution des végétaux sur la terre , touche à un si grand nombre de questions différentes, que, malgré nous, notre cadre s'est agrandi, et que nous n'avons pu restreindre notre travail dans de moindres pro- portions. Le sommaire qui précède ces lignes donne une idée des matières contenues dans ce volume. Le troisième , qui paraîtra dans le courant de l'hiver prochain , renfermera des études sur les phénomènes de durée et sur les phénomènes périodiques, quelques observations sur les plantes volubiles, parasites, etc., des considérations sur la coloration des végé- taux, et des recherches sur les associations et le parallélisme des espèces. Tout ce qui est relatif à la migration et à la colonisation des plantes ne pourra paraître que dans le quatrième volume. Clermont-Ferrand , le 31 mai 1854. H. LEGOQ. Cl ^ ^ <û ^ ca «îs ^ ^o ■a «y 1 ' : ■ i 1 1 1 1 va.- ■ vjr t-a- t^- 1 1 1 1 1 lUll Jj-jlll 1 1 1 i 1 ■.. 1,, -V^ i- '■:■: - Sjjl WBm, m ^^ 1^ in I - 1 i 1 1 ÉTUDES GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE ET EN PARTICLILIER SUR CELLE DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. CHAPITRE XVI. VÉGÉTATION DE LA RÉGION AQUATIQUE. § 1. LISTE GÉNÉRAXiS DES PIiASSïTES BE S.A RÉGIOK AQUATIQUE. RANUNCULACE.E. Mjosurus miiiimus , Lin. Ranunculus hederaceus , Lin. R. Lenormandi , Schutlz. R. confusus , Godr.et Gren. R. aquatilis, Lin. R. trychophyllus, Chaix. R. fluitans, Lam. R. aconitifolius , Lin. R. flammula, Lin. R. repens , Lin. R. philonotis , Ehrh. R. sceleratus , Lin. Caltha palustris. Lin. NYMPHEACEiE. Nymphœa alba , Lin. Nuphar luteum , Smith. N. pumilum, Smith. Crucifère. Nasturtium officinale, R. Brown. N. amphi- bium, R. Brown. N. sylvestre , R. Brown. N. palustre , R. Brown. N. pyrenaicuin, JR. Brown. Arabis Turrita, Lin. Var. puberula. Cardamine Impatiens, Lin. C. sylvatica, Link. C. pratensis. Lin. C. aniara , Vin. Hesperis matronalis , Lin. II 1 4 RÉGION AQUATIQUE. raxacum palustre, Dec. Mulgedium alpinum, Lessmg. Cré- pis paludosa, Mœnch. CAMPANULACE.E. Walilenbergia hederacea, Rchh. VACCiNiEif:. Vaccinium uliginosum, Lin. V. Osycoccos , Lin. Ericine^. Andromeda poliifolia. Lin. Gentiake.e. Menyanthes trifoliata, Lin. Limnanthemum nymphoïdes, LmA:. Swertia perennis , Lin. Gentiana pneu- monanthe, Lin. Erythrapa pulchella,. Fries. Boragixe.e. Asperugo procumbens. Lin. Symphitum of- ficinale, Lin. Myosotis palustris, Withering. M. caespitosa, Schullz. SoLANEiE. Solanum Dulcamara, Lin. Verbasce^. Scrophularia Balbisii , Liornem. Anthirrhine.e. Gratiola officinalis, Lin. Veronica scu- tellata , Lin. V. Anagallis, Lin. V. Beccabunga, Lin. V. serpyllifolia. Lin. Lindernia pyxidaria, AU. Limosella aqua- tica , Lin. Oroba>'Che.e. Lathrœa clandestina , Lin. L. Squama- ria. Lin. Rhinanthace^. Pedicularis sylvatica, Lin. P. palustris, Lin. Labiat.e. Mcntha rotundifolia , Lin. M. sylvestris, Lm. M. aquatica, Lin. M. sativa, Lin. M. gentilis. Lin. M.ar- vensis , Lin. Pulegium vulgare , Mill. Lycopus europaeus. Lin. Stachys ambigua, Smith. S. palustris , Lin. Scutellaria galericulata, Lj>«. S. rainor, Lin. Teucrium Scordium, Lin. Lentibularie.e. Pinguicula vulgaris, Lin. P. loiigifolia, Ram. Utricularia vulgaris. Lin. U. minor. Lin. Primulace^. Lysimachia vulgaris, Lin. L. Nummularia, Lin. Anagallis tenella , Lin. Hottonia palustris , Lin. Sanio- lus Valerandi, Lin. Glaux maritima, Lin. LISTE GÉNÉRALE DES PLANTES. 5 Plantagine^. Littorella lacustris, Lin. Plantago major, Lin. var. minima. P. maritima , LiVi . CHENOPODEyE. Sulsola Kali , Lin. Blitum virgatum, Lin. B. rubrum , Rchb. B. glaucum , Koch. Beta vulgaris, Lin. var. maritima , Koch. Atriplex latifolia, W^ahl. A. rosea, Lin. var, alba , Dec. PoLYGONEvE. Rumex maritimus, Lin. R. ronglomeratus , Murr, R. sanguineus, JLm. R. pulcher, Lm. R. obtusifo- lius. Lin. R. pratensis , Mert. et Koch. R. crispus , Lin. R. aquaticus , Lin. Polygonum Bistorta , Lin. P. amphi- bium , Lin. P. lapathifolium , Lin. P. Persicaria , Lin. P. mite , Sckrank. P. Hydropiper, Lin. P. minus, Huds. P. Bellardi. AU. Eupiiorbiace.*:. Euphorbia platyphylla , Lin. E. procera, Bieb. var. trichocarpa , Lioch. E. portlandica , Lin. SALiciNEiE. Salix pentandra. Lin. S. fragilis , Lin. S. alba , Lin S. amygdalina, Lin. S. purpurea. Lin. S. rubra, Huds. S. viminalis, Lin. S. incana , Schrank. S. cinerea, Lin. S. caprea, Lm. S. aurita , LJn. S. pbylicifolia , Lin., S. repens, Lw. S. lappoimm, Lin. Populus alba. Lin. P. Tremula, Lin. P. nigra , Lin. P. fastigiata , Pair. Betuline^. Betula pubescens, Ehrh. Ahius glutinosa, Gœrtn. Alismace^. Alisma ranunculoïdes , Lin. A. Plantago, Lin. A. natans. Lin. Damasonium stellatum , Deîarhre. Sagittaria sagittaefolia, Lin. BuTOMEyE. Butomus umbellatus , Lin. Juncagine^. Scbeuchzeria palustris , Lin. Triglochin maritimum, Lin. T. palustre. Lin. Potame^. Potamogeton natans, Lin. P. rufescens, Schrad. P. heterophyllum , Schreb. P. lucens , Lin. P. perfoliatum , Lin. P. crispum. Lin. P. densum , Lin, P. 6 RÉGION AQUATIQUE. pusillum , Lin. P. monogynum , Gaij. P. pectinatum, Lin. Zanic'hellia paluslris, Lin. Z. pedicellata , Fries. Lemnace^. Lemna trisulca, Lin. L. polyrrhiza. Lin. L. minor, LJn. L. gibba , Lin. Typiiace^. Typlia lalifolia, Lin. Sparganiumramosum, Uuds. S.simplex, lluds. Orchide.e. Orchis laxillora , Lam. 0. palustris , Jacq. O. latifolia, Lin. O. incarnata, Lin. O. maculata. Lin. Epipactis palustris, Crantz. Iride.e. Iris pseudo-acorus , Lin. LiLiACE/E. Anthericum planifolium, Lin. Allium suaveo- lens, Jacq. Narthecium ossifragum , Huds. JuNCACE^. Juncus conglomeratus, Lin. J. effusus, Lin. J. glaucus , Ehrh. J. filiformis , Lin. J. squarrosus, Lin. J. compressus, Jacq. J. Gerardi , Lois. J. Tenageia , Ehrh. J. Bufonius,X,m. J. pygmœus, Thuill. J. supinus, Mœnch. 3. alpinus , Vill. J. \ampocar^\is, Ehrh. J. sylvaticus , Reichard. 3. obtusiflorus , Ehrh. Luzula glabrata , Desv. Cyperace.e. Cyperus llavescens, Lin. C. fuscus, Lin. C. longus, Lin. Schcenus nigricans, Lin. Cladium Maris- cus , R. Brown. Rhynchospora alba, Vahl. Heleocharis palustris, R. Brown. II. uniglumis , Rchb. H. acicularis , R. Brown. Scirpus csespitosus, Lin. S. Baeotryon , Lin. S. fluitans. Lin. S. setaceus, Lin. S. supinus, Lin. S. ia- custris. Lin. S. Tabernaemontani , Gmel. S. Holoschsenus , Lin. S. maritimus. Lin. S. sylvaticus, Lin. S. Michelianus, Lin. S. compressus, Pers. Eriophorum alpinum , Lin. E. vaginatum , Lin. E. latifoliura , Hopp. E. angustifolium , Roth. E. gracile, Koch. Carex Davaiiiana, Smith. C. pu- licaris. Lin. C. pauciflora, Light. C. chordorrhiza , Ehrh. C. divisa, Jf/^wds. C. disticha, ifwds. C. vulpina, LJn. C. muricata, Lin. C. divulsa, Good. C. teretiuscula , Good. LISTE GÉNÉKALE DES l'I.ANTES. 7 C. paniculata , Lin. C. stellulata , Good. C. lejtorina , Lin. C. clongata , Lin. C. cancsreiis , Lin. C.vulgaris, Fries. C. acuta, Lin. C. limosa, Lin. C. tomentosa, Lin. C. pnni- cea , Lin. C. glauca , Scop. C. maxima , Scop. C. palles- cens, Lin. C. Ilava, Lm. C. distans, Lin. C. pseudo-Cy- perus , Lin. C. ampullacca , Good. C. vesicaria , Zm. C. paludosa, Good. C. riparia, Owr/. C. filiformis, Lin. C. hirla , Lin. GRAMiNEyt:. Panicum crus-galli , Lin. Setaria glauca , P. de JJeauv. Phalaris aruiidiiiacea , Lin. Alopecurus pra- tensis, Lin. A. geniculalus. Lin. A. fulvus, Smilh. Plileum pratense, Lin. Leersiaoryzoïdes, Sivarlz. Volyipogon mons- peliensis, Desf. Agrostis stolonifera, Lin. var. glaucesccns. Phragmites communis , Trin. ArundoDonax, Lin. Glvce- ria aqualica , Wahl. G. iluitaris, R. Broivn. G. distans, Wahl. G. airoides, Rchh. Molinia cœrulea , Mœnch. Gau- dinia fragilis, P. de Beauv. Hordeum secalinum , Schreh. EquisetacevE. Equisetum arvense , Lin. E. sylvaticum , Lin. E. palustre , Lin. E. limosum , Lin. E. variegatum , Schied. MAusiLEACEif;. Pilularia globulifera , LJn. Marsilea qua- drifolia , Lin. Isoetes lacustris , Lin. LycopodiacEvE. Lycopodium inundatum , Lin. Selagi- nella spinulosa , Al. Braiin. FiLiCES. Osmunda regalis, Lin. Ophioglossum vulgatum, Lin. Cystopteris fragilis. Bernh. C. regia, Près/. Scolopen- drium officinarum , Swartz. Charace^. Chara hispida , Lin. C. fœtida , Al. Brann. C. fragilis , Desv. C. crinita , Wallr. Nitella coronata, Lee. et Lamt. N. Syncarpa , Coss. et Germ. N. translucens , Coss. et Germ. N. Brongniarliana, Coss. et Germ. N. gra- cilis , Agardh. 8 RÉGION AQUATIQUE. § 2. ASSOCIATION DES EAUX COURANTES. Après avoir décrit séparément les tableaux que nous of- fre la végétation dans les régions du midi , de la plaine et de la montagne, nous devons réunir ici, comme formant en quelque sorte un groupe particulier, tout ce qui est relatif aux plantes aquatiques ou à la région des eaux. L'influence de cet élément sur la distribution géographique des espèces est telle , qu'elle l'emporte souvent sur la latitude et sur l'élévation , et quoique nous puissions citer des différences réelles dans la composition de nos associations, selon qu'elles appartiennent à la plaine ou à la montagne , au nord ou au midi , il n'en existe pas moins une grande uniformité dans l'ensemble de la végétation aquatique. C'est le plus ordinairement dans les montagnes que nais- sent les sources qui donnent issue aux eaux pluviales infd- trées dans le sol, et aux vapeurs condensées que les sommets élevés et refroidis ont absorbées dans l'atmosphère. Ces eaux s'écoulent et forment des ruisseaux plus ou moins rapides ; ils se réunissent et constituent des rivières qui descendent dans les plaines, d'oii après de longs détours elles gagnent la Méditerranée ou l'Océan. Tantôt ces cours d'eau marchent avec rapidité sur un plan incliné, tantôt arrêtés par la pres- que horizontalité du sol, ils promènent majestueusement des eaux calmes et profondes. Ailleurs les ruisseaux ou les rivières sont complètement ou presque entièrement arrêtés ; leurs eaux séjournent dans des bassins où elles se réunissent pour former des lacs, ou bien elles s'épanchent sur une vaste surface oii cesse leur écoulement, et les marais y trouvent leur origine. Enfin , s'élançant des points plus élevés pour se précipiter d'étage EAUX COURANTES. 9 en étage, elles donnent naissance à ces magnifiques cascades qui décomposent en arc-en-ciel la lumière du soleil , et qui couvrent de rosée éternelle les roches qui prêtent leur appui à leurs eaux écumantes. La nature a destiné des plantes à suivre toutes les phases de l'eau qui jaillit , qui dort ou qui s'écoule. Flore, en quittant la source pour suivre le ruisseau , a détaché partout des fleurs de sa couronne , et c'est en unissant ses efforts à ceux des nayades qu'elle a su composer ses plus frais et ses plus riches tableaux. A peine l'eau commence-t-elle à s'écouler, que des espèces d'un vert admirable y fixent leur séjour. Les calli- triches y conservent une verdure que l'hiver ne vient point altérer, et que le froid ne peut affaiblir. On voit les longues tiges du CallUriche vernalis . Kiitz., et de sa variété slel- lala, Rchb. , onduler au gré des courants , avec le C. pla- hjcarpa, Kiitz. , dont la teinte verte est si vive. Le C. stag- nalis y Scop., exige des courants moins rapides, comme le C . plalijcarpa , Kiitz. , var. staynalis , Rchb., et le C. vernalis, Kiitz., var. terrestris , consent même à vivre sur la terre, pourvu qu'elle ait été inondée en hiver; les callitri- ches sont les plantes toujours vertes des fontaines , et elles partagent le séjour des sources et des ruisseaux les plus hm- pides avec quelques renoncules. C'est surtout le Rammculus fluitans , Lam., que l'on rencontre dans les mêmes condi- tions. Ses longues tiges traînantes sont constamment agitées; c'est à peine si quelques-unes de ses fleurs blanches peu- vent monter et s'épanouir à la surface. On y trouve aussi le R. Lenormandi , Schutz., le R. aqualiUs , Lin., et surtout sa variété Jiomoiophyllus , commune dans les courants des montagnes, tandis que le R. trichophyllus , Chaix, attend que le cours soit déjà ralenti , et sa variété terrestris se con- 10 RÉtilOiN AQUATIQUE. tente aussi , comme la variété du Callitriche vernalis , des bords des fossés couverts par l'eau en hiver et émergés pen- dant l'été. Les Potamogelon se mêlent rarement aux es- pèces précédentes. On trouve cependant le P. densum , Lin. , dans les eaux courantes ; on voit sa variété angus- lifolium, Koch., végéter dans l'eau de source , mais sa va- riété lancifoUum , Koch. , préfère les eaux dormantes; le P. crispum, Lin., est abondant dans tous les ruisseaux. Il n'existe toutefois dans les eaux vives qu'un très-petit nombre d'espèces submergées, et pour ainsi dire aucune qui soit nageante ; mais en revanche on trouve autour des fontaines et sur le bord des filets qui s'en échappent, une loule d'espèces plus fraîches les unes que les autres. On rencontre de larges tapis de Rammculus hederacens , Lin. On voit les jolies cimes roses du Sedum villosum, Lin. , qui , loin de croître sur les rochers arides comme les autres plantes du même genre, cherche les lieux les plus humides et les mieux arrosés. Les Monlia rivularis, Gmel. et M. minor , Gmel. , cachent souvent la source sous leurs épais gazons. Dès le printemps on aperçoit les groupes du Clirysosple- nium oppositifoUum , Lin., suspendus aux rochers arrosés; et dans les parcelles de gravier enclavées par les méandres du ruisseau qui sort de la source, vient s'épanouir \eC.alter- nifolium. Lin. , dont les bractées dorées supportent des tleurs de même couleur, ou des capsules élégamment chargées de ses graines. De charmants contrastes naissent dans ces lieux toujours humides ; le Géranium Robertianum, Lin. , et sa var. purpureum y balancent leur feuillage incisé et leurs tleurs purpurines près du Myosotis palustris , Withering. , tandis <|ue les deux variétés slrigulosa et montana de cette élégante borraginée préfèrent les marais. Les Cardamine i<:aux coluantes. 1 1 Impatiens, Lin., C. sylvatica, Liiik., et C. amara , Lin., font aussi partie de cette végétation printanière à laquelle s'ajoute un peu plus tard le Circ. Une autre série très-importante est celle des plantes indifférentes qui acceptent indistinctement tous les sols, et souvent toutes les stations , comme des habitations très-dif- férentes. Ce sont des espèces extrêmement gênantes dans le travail dont nous nous occupons , et nous gommes forcé d'user largement de notre droit d'élimination , si nous vou- lons épurer notre liste et arriver à des éléments dont les pro- priétés soient nettement définies. Cette sixième série est longue et se compose principalement d'espèces communes à nos trois régions des plaines , du midi et des montagnes , de plantes qui ne sont arrêtées dans leur dispersion , ni par le climat, ni par l'altitude, et à plus forte raison par des causes moins efficaces, telles que les caractères chimiques et physiques du sol sous-jacent. Il peut également se trouver dans cette liste des espèces qui dans d'autres contrées sont fixées sur des terrains définis, mais nous répétons encore que nous parlons du plateau cen- tral de la France, sans préjuger ce que l'on pourra recon- naître ailleurs, et sans même tenir compte d'observations opposées que nous avons pu faire sur quelques points de l'Europe. § 1. ESPÈCES ÉIiiraiNÉES. Première liste (^élimination. — Plantes évidemment cultivées. A. Indifférentes à la composition du sol. Brassica oleracea (1), B. campestris, B. Râpa. vEsculus Hippocastanum. Vitis vinifera. Cicer arietinum. Vicia Faba, (1) Toutes les espèces du plateau central de la France ayant déjà figuré dans les listes précédentes accompagnées du nom des auteurs qui les oni établies, nous avons cru devoir supprimer, dans ces nouvelles séries, ces indications déjà données, afin de pouvoir abréger autant que possible la longueur de ces listes. La table générale qui terminera l'ouvrage suffira d'ailleurs pour lever les doutes que l'on pourrait conserver. 54 ACTION CHIMIQUE DU SOL. V. sativa. Pisum sativum. Persica vulgaris. Amjgdalus com- munis. Armeniaca vulgaris. Prunus cerasifera , P. domes- tica. Sorbus doraestica. Philadelphus roronarius. Olea eu- ropaea. Syringa vulgaris. Borago orficinalis. Lycium barba- rum. Solanum tuberosum. Datura Stramonium. Spinacia inermis, S. spinosa. Atriplex hortensis. Cannabis sativa. Morus alba. Salix viminalis. Populus fastigiata. Larix euro- paea. Allium sativum, A. Porrum, A. Ascalonicum, A. Cepa. Zea 31ays. Panicum miliaceum. Avena sativa , A. orientalis. Hordeum hexastichon. B. Préférant les terrains siliceux. Linum usitatissimum. Trifolium incarnatum. Robinia pseudo-Acacia. Lathyrus sativus. Ervuin Lens. OEnothera biennis. Polygonum Fagopyrum, P. tataricura. Castanea vulgaris. Pinus Pinaster. Avena strigosa. Secale céréale. C. Préférant les terrains calcaires. Rubia tinctorum. Juglans regia. Hordeum vulgare. Tri- ticum vulgare , T. turgidura. Seconde liste d'élimination. — Piaules cultivées ou probablement intro- duites par les cultures. A. Indifférentes à la nature du soi. Papaver Rhœas. Camelina sativa. Miagrum perfoliatum. Medicago sativa. Trifolium pratense. Lathyrus Nissolia, L. hirsutus. Cerasus Mahaleb. Rosa lutea. Cerasus vulgaris. Cydonia vulgaris. Pyrus Malus. PunicaGranatum. Semper- vivum tectorum. Cirsium arvense. Sonchus oleraceus, S. arvensis. Mercurialis annua. Setaria viridis. Ficus Carica. Ulmus campestris. Populus alba, P. nigra. Juniperus Sa- bina. Avena fatua. Lolium temulentum. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 55 B. Préférant le sol siliceux. Camelina dentata. Bunias Erucago. Calepina Corvini. Raphanus Raplianistrum. Agrostemma Githago. Trifolium pratense. Portulaca oleracea. Erigeron canadensis. Centau- rea Cyanus. Valcrianella dentata. Litliospermum arvense. Humulus Lupulus. Asparagus officinalis. Panicum sangui- nale. Setaria verticillata. Apera spica venti. C. préféranl les sols calcaires. Adonis autumnalis, A. aestivalis, A. (lammea. Ranuncu- lus arvensis. Nigella damascena. Delphinium Ajacis , D. Consolida. Fumaria parviflora. Erysimum orientale. Iberis amara. Neslia paniculata. Saponaria vaccaria. Spartium jun- ceum. Onobrychis sativa. Vicia purpurascens. Lathyrus Gi- cera. Ecballion Elaterium. Scandix pccten Veneris. Valcria- nella olitoria. Galendula arvensis. Specularia Spéculum , S. hybrida. Melampyrum arvense. Euphorbia Lathyris. Troisième liste dC élimination. — Plantes croissant sur les murailles et pouvant implanter leurs racines dans des mortiers calcaires ou des fis- sures de pierres siliceuses. Cheiranthus Gheiri. Arabis hirsuta. Dianthus Gariophyl- lus. Alsine rostrata. Géranium pusillum , G. rotundifolium , G. molle, G, lucidum, G. Robertianum. Saxifraga tridacty- lites. Centranthus ruber. Gnaphalium luteo-album. Heli- chrysum Stœchas. Hierachium murorum , H. ochroleucum. Campanula Erinus. Echium vulgare. Antirrhinum majus. Linaria Cymbalaria. Poa compressa. Broraus tectorum. Cetherach officinarum. Graramitis leptophylla. Polypodium vulgare. Asplenium Halleri, A. Adianthum nigrum, A. Tri- chomanes, A. Ruta muraria. 56 ACTION CHIMIQUE DU SOL. Quatrième liste d'élimination. — Plantes parasites. Viscum album. Monotropa Hypopitys. Cuscuta europaea, C. epithymum, C. epilinum. Orobanche cruenta, 0. Rapum, 0. procera , O. epithymum , O. Galii , O. amethystea , 0. minor, 0. Hederae, 0. cœrulescens, 0. caerulea, O. arenaria, O. ramosa. Lathraea Squamaria. L. Clandestina. Listera cor- data. Neottia nidus avis. Peut-être pourrions-nous ajouter à cette liste les diffé- rentes espèces des genres Tliesiiim et Melampyrum. Cinquième liste d'élimination. — Plantes trop rares ou trop peu observées pour qu'elles puissent être rigoureusement classées. Myosurusminimus. Helleborus viridis. Paeoniaperegrina. Helianthemum umbellatum. Reseda Jacquini. Dianthus atrorubens. Lychnis coronaria. Hypericum hyssopifolium. Trifolium parviflorum , T. patens. Spiraea salicifolia. Rosa fœtida. Crataegus pyracantha. Buplevrum affine. Galatella rigida. Bidens bipinnata. Anthémis altissima, A. peregrina. Senecio lividus. Eehinops sphœrocephalus. Carduus pycno- cephalus. Lobelia urens. Campanula Médium. Cynanchum nigrum. Polemonium cœruleum. Echium pyrenaicum. llyos- ciamus albus. Ramondia pyrenaica. Rumex maritimus , R. maximus, R. intermedius. Arum italicum. Serapias pseudo- cordigera, S. lingua. Goodiera repens. Gladiolus communis. Carex gynoraane. Sixième liste d'élimination. — Plantes spontanées qui paraissent indiffé- rentes à la nature chimique du sol. RANUNCCLACEiE. Clematis flammula, C. Vitalba. Thalic- trum minus. Anémone Pulsatilla , A. montana, A. nemo- rosa. Ranunculus Ficaria , R. monspeliacus, R. acris , R. bulbosus. Helleborus fœtidus. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 57 Papaverace^e. Papaver Argemone. FuMARiACEvE. Fumaria officinalis, F. Vaillantii. Crucifères. Barbarca vulgaris. Turritis glabra. Arabis Turrita. Cardaminc hirsuta. Sisymbrium officinale, S. Al- liaria , S. Thalianum. Sinapis arverisis. Diplotaxis muralis , D. viminea. Alyssum alpestre, var. majus, A. calycinum. Draba muralis, D. verna. Thlaspi arvense. Iberis Prostii. Lepidium campeslre. Rapistrum rugosum. CiSTiNEJî. Cistusalbidus, C. salvifolius. ViOLARiES. Viola hirta, V.odorata, V. agrestis. Cariophylles. Dianthus prolifer, D. yirgineus. Sapo- naria officinalis, S. ocymoides. Cucubalus bacciferus. Silène inllata , S. gallica, S. pratensis , S. Otites. Sagina apetala, S. patula. 3Iaehringia muscosa. Arenaria serpyllifolia. Ho- losteum umbellatum. Stellaria Holostea. Cerastium triviale, C. arvense. Malvaceje. Malva sylvestris. HypERiciNEiE. Androsaemum officinale. Hypericum mon- tanum. AcERiNES. Acer platanoïdes, A. campestre , A. mons- pessulanum. Geraniaces. Géranium nodosum , G. pyrenaicura , G. dissectum, G. columbinum. OxALiDEiE. Oxalis corniculata. CelastrinevE. Evonymus europseus. RHAMNEiE. Rhamnus catharticus, R. Frangula. Papilionaces. Ononis repens. Anthyllis Vulneraria. Medicago Lupulina, M. maculata, M. minima, M. denticu- lata. Melilotus officinalis. Trifolium médium , T. alpestre , T. repens, T. procumbens. Dorycnium suffruticosum. Lotus corniculatus, L. tenuifolius. Psoralea bituminosa. Astragalus glyciphyllos. Ornithopus compressus. Vicia Cracca , V. ono- 58 ACTION CHIMIQUE DU SOL. brychioides , V. sepiura. Ervuni hirsutum, E. gracile. La- thyrus pratensis. Amygdale^e. Prunus spinosa , P. fruticans, P. insititia. Cerasusavium. RosACE.E. Geum urbanum, G. sylvaticum. Rubus dume- torum, R. tomenlosus, R. thyrsoideus. Fragaria vesca, F. col- lina. Potentiila recta, P. verna. Agrimonia Eupatoria. Rosa pimpinellifolia , R.canina, R. mbiginosa. Alchemilla vulga- ris. Poterium Sanguisorba. Cotoneaster vulgaris. Pyrus com- munis. Aronia rotundifoiia. Onograrie^. Epilobium montanum. CucuRBiTACE^. Rryoïiia dioica. Scleraxthe^. Scleranthus perennis. Crassulace^. Sedum album, S. acre, S. rellexum. Ombellifere^î;. yEgopodiura Podagraria. Herarleum si- biricum, H. Sphondylium. Tordylium maximum. Torilis Anthriscus , T. helvetica, T. nodosa. Anthriscus sylvestris , A. Cerefolium. Cheerophyllum temulum. Araliace^. Hedera Hélix. Corner. Cornus sanguinea. CAPRiFOLiACEiE. Adoxa Moschatellina. Sambucus nigra, Viburnum Lantana, V. Opulus. Lonicera Xylosteum. Stellat^. Sherardia arvensis. Asperula arvensis. Ga- lium cruciatum, G. Aparine, G. verum, G. Mollugo, G. ru- brum. ValerianEjE. Valeriana officinalis. DiPSACEiE. Dipsacus sylvestris. Scabiosa Columbaria. Syna>there^. Tussilage Farfara. Bellis perennis. Eri- geron acris. Inula Conyza , I. montana. Filago germanica. Artemisia vulgaris. Tanacetum vulgare. Achillea Millefo- lium. Anthémis arvensis, A. Cotula. Matricaria Chamo- milla. Chrysanthemum Leucanthemum , C. montanum, C. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 59 Parthenium. Senecio Jacoba!a. Cirsium laiiceolatum , C. acaule. Carduus tenuiflorus. Onopordum Acanlhium. Car- lina acanthif'olia, C. vulgaris. Ccntaurea Jacea. C. pectinata, C.maculosa, C.solstitialis, C. Cakitrapa. Crupifia vulgaris. Lapsana communis. ïhrincia liirta. Leontodoii autumnalc , L. Villarsii. Picris liieracioidcs. Tragopogon pratensis. Scor- zonera glastifolia, var. asphodeloides. Hypocliaerisradicata. Taraxacum dens-leonis. Cliondrilla juncea. Lactuca muralis, L. perennis. Sonchus asper. Barkausia taraxacifolia. Crépis bieniîis , C. virens. Hieracium Pilosella, H. Auricula , H. vulgatum, H. amplexicaule. Andryala sinuata. Campanulace^e. Phyteuma orbiculare. Campanula ro- tundifolia, C. rapunculoides, C. Rapunculus. Ericlne/E. Arctostaphylos uva ursi. Oleace.e. Phillyrea latifolia, P. média, P. angustilolia. Ligustrum vulgare. Fraxinus excelsior. AsCLEPiADE^. Cynanchutn Vincetoxicura. Apocyne^. Vinca minor. Gentiane^e. Gentiana cruciata. Erythraea Centaurium. CoNvoLVULACEiE. Convolvulus sepium, C. arvensis. BoRRAGiNE/E. Lycopsis arvensis. Symphitum tuberosum. Pulmonaria angustifolia. Lithospermumpurpureo-cfleruleum. Myosotis sylvatica, M. intermedia. Verbasce.e. Verbascum lloccosum , V. Lychnitis , V. Lychnitidi-floccosum. Scrophularia nodosa. ANTiRRHiNEiE. Digitalis lutea. Linaria Elatine, L. Pelis- seriana , L. arvensis , L. vulgaris. Veronica Chamœdris, V. prostrata, V. Teucrium , V. spicata, V. arvensis, V. triphyl- los, V. agrestis, V. polita, V. hederifolia, Rhinanthace^. Melampyrum nemorosura. Pedicularis comosa. Rhinanthus minor, R. major. Euphrasia serotina. Labiat^. Lavandula Spica. Salvia glutinosa, S. pratensis. 60 ACTION CHIMIQUE DU SOL. Origanum vulgare. Thymus vulgaris. Salureia hortensis. Calamintha Acinos. Clinopodium vulgare. Glechoma hede- racea. Melittis melissophyllum. Lamium amplexicaule, L. incisum, L. maculatum , L. album. Galeobdolon luteum. Galeopsis Tetrahit. Stachys alpina, S. sylvatica, S. arvensis, S. recta. Betonica officinalis. Marrubium vulgare. Ballota nigra. Leonurus Cardiaca. Prunella vulgaris, P. grandiflora, P. alba. Ajuga reptans, A. genevensis. Teucrium Scorodo- nia, T. Chamaedrys. Verbenace^. Verbena officinalis. PRiMULACEiE. Auagallis arvensis, A. caerulea. Centuncu- lus minimus. Primula officinalis, P. elatior, P. variabilis, P. acaulis. PLANTAGiNEiE. Plautago média, P. lanceolata, P. serpen- tina. PoLYGONEyE. Rumex Acetosa. Polygonum Convolvulus, P. dumetorum. Thy-viele^. Stellera Passerina. RiPHORBiACEiE. Buxus sempcrvireus. Euphorbia helios- copia, E. stricta, E. verrucosa, E. amygdaloides, E. Chara- cias, E. cyparissias. Mercurialis perennis. Urtice^. Celtis australis. CupuLiFERJE. Quercus Ilex. Carpinus Betulus. CoMFERiE. Juniperus Oxycedrus. Orchidée. Orchis fusca, 0. Morio, 0. mascula. Limo- dorum abortivum. Cephalanthera pallens. G, rubra. Epipac- tis latifolia, E. rubiginosa. Listera ovata. Spiranthes autum- nalis. iRiDEiE. Iris germanica, ï. fœtidissima. Narcisse^e. Galanthus nivalis. AsPARAGiNE^. Convallaria Polygonatum. Smilax aspera. Ruscus aculeatus. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS CALCAIHES. 61 LiLiACE^. Tulipa sylvestris. Asphodolus alhus. Anlhcri- cum Liliago. Gagea lutea. Scilla autumnalis. Muscari co- mosum. Allium fallax, A. sphœrocephalum, A. vincale, A. oleraceum, A. intermedium. CoLCHiCACE^. Colcliicum autumnale. JuNCACE.E. Luzula Forsteri, L. pilosa. CvPERACE^. Carex Schreberi , C. remota, C. montana , C. praecox, C. humilis, C. sylvalica. GraminEtE. Andropogon Ischaemum. Tragus racemosus. Alopccurus agrestis. Phleuin asperum. Cynodon Dactylon. Apera interrupta. Gastridium lendigerum. Kœleria Phlcoi- des. Holcuslanatus. Avena amethystina , A. pubescens, A. pratensis, A. flavescens. Briza maxima, B. média, B. minor. Eragrostis poaeoides. Poa trivialis , P. pratensis. Dactylis glomerata. Cynosurus cristatus, C. echinatus. Festuca ri- gida, F. duriuscula, F. heterophylia, F. gigantea, F. arun- dinacea , F. elatior. Bromus secalinus , B. racemosus, B. mollis, B. arvensis, B. asper, B. sterilis. Triticum repens , T. caninum. Lolium perenne, L. multidorum. iî^gilops ovata, M. triuncialis. Equisetace^. Equisetum ramosum. FiLiCES. Ophioglossum vulgatum. Polystichiim Filix-mas. Asplenium septentrionale. Cheilanthes odora. §2. IiISTS DES FIiAMTES QUI PBÉFÈîlEiaT IcES TERHAINS CALCAIRES. Ranunculace^. Thalictrum aquilegifolium, T. sylvaticum, T. saxatile , T. minus, var. glandulosum , ï. majus. Ane- moneHepatica. Adonis vernalis. Ranunculus gramineus, R. chaerophyllos, R. parviflorus. BERBERiDEiE. Bcrbcris vulgaris. 62 ACTION CHIMIQUE DU SOL. PapaveracEjE. Papaver hybridum, P. dubium. Glaucium luteum, G. corniculatum. Crucifères. Arabis brassicaeformis , A. auriculata, A. rauralis. Sisymbrium Columnœ. Sinapis alba. Erucastrum incanum. Brassica nigra. Diplotaxis erucoides, D. tenuifolia, D. sativa. Alyssum spinosum, A. macrocarpum. Draba ai- zoides. Cochlearia saxatiiis. Camelina microcarpa. Thlaspi perfoliatum, T. prsecox. Iberis pinnata. Biscutella saxatiiis. Lepidium hirtum. Hutchinsia petrœa. Capsella procumbens. TEtbionema saxatile. Isatis tinctoria, var. carapestris. CistinetE. Heliantheraum Fumana, H. procumbens, H. italicum, H. vineale. H. salicifolium, H. apenninum. Resedaces. Reseda Phyteuma, R. lutea. PolygaletE. Polygala comosa, P. calcarea. Silènes. Silène italica. Alsines. Buffonia macrosperma. Alsine rostrata, A. Jac- quini, A. tenuifolia. Arenaria aggregata, A. ligericina. Ce- rastium glomeratum, G. arvense, var. umbrosum. LixNES. Linum maritimum , L. strictum, L. flavum , L. salsoloïdes, L. tenuifolium , L. narbonense , L. aus- triacum. Malvaces. Malva Alcea , M. fastigiata. Althaea canna- bina. A. hirsuta. Hypericines. Hypericum tomentosum. Acerinete. Acer opulifolium. Geraniaces. Géranium pratense. RutacetE. Ruta graveolens, R. angustifolia. CoRiARiEs. Coriaria myrtifolia. Rhamnes. Paliurus acuieatus. Rbamnus infectorius, R. alpinus, R. Alaternus. Terebinthaces. Pistachia Terebinthus. Rhus Cotinus. Papilionaces. Genista Scorpius. Cytisus sessilifolius. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS CALCAIRES. 63 Gcnista liispanica. Ononis spinosa, O. Columna;, O. minu- lissima , O. striata, O. rolutulifolia. Antliyllis Vulneraria, var. rubrillora. A, montana. Medicago falcata , M. orbicu- laris, M. Gcrardi, M. apinilata. Trigonella monspoliaca. Tri- folium rubens , T. resupinalum , T. stcllatum. lîonjeania hirsuta. Colutea arborescens. Astragalus piirpurens, A. hamosus, A. monspessulanus. Scorpiurus subvillosa. Coro- nilla Emcrus, C. minima, G. scorpioïdes, C. varia. Hippo- crepis comosa, H. unisiliquosa. Oiiobrychis supina. Vicia tenuifolia, V. serralifolia, V. h}brida, V. pcregrina.Latby- rus Aphaca, L. sphœricus, L. setifolius, L. tuberosus, L. la- tifolius. Orobus vernus, 0. albus. llosACE.f:. Spirœa Filipendula. Rubus cœsius, R. colli- nus. Potentilla caulescens. Rosa sepium , R. arvensis,R. sempervirens. SanguisorbevE. Poterium Sanguisorba , var. micro- phyllum. PoMACE^. Cratœgus monogyna. Cotoneastertomentosa. Pyrus amygdaliformis. Paronychie^. Herniaria iticana. Crassulace/e. Sedum anopetalum , S. altissimum. SaxifragEtE. Saxifraga pubescens. Umbellifere/e. Trinia vulgaris. Ptycbotis heterophylla. Falcaria Rivini. Ammi majus. Garum bulbocastanum. Pim- pinella Saxifraga. Buplevrum junceum, B. arislatum , B. falcatum, B. rigidum , B. ranunculoides , var. caricinum, B. protractum, B. rotundifolium, B. fruticosum. Fœnicu- lum officinale. Seseli Gouani, S. montanum, S. tortuosum. Athamanta cretensis. Peucedanum Gervaria , P. alsaticutn. Pastinaca sativa. Laserpitium Nestleri , L. gallicum , L. Siler. Orlaya grandiflora. Daucus Garota. Gaucalis daucoï- des, C. leptophylla. Turgenia latifolia. 64 ACTION CHIMIQUE DU SOL. CoRNEyE. Cornus mas. Caprifoltace.ï:. Sambucus Ebulus. Viburnum Tinus. Lonicera implexa , L. etrusca. RuBiACE^. Asperula galioïdes. Rubia peregrina. Galium tricorne. G. lucidum. Vaillantia muralis. Valérianes. Valeriana tuberosa. Centranthus Calci- trapa , C. angustifolius. Valerianella carinata , V. auricula, V. membranacea , R. coronata. DiPSACE.E. Gephalaria leucantha. Knautia hybrida , K. arvensis. Synantheres. Linosyris vulgaris. Aster alpinus , A. Amellus. Micropus erectus. Pallenis spinosa. Phagnalon sor- didum. Inula squarrosa , I. bifrons. Jasiona tuberosa. Arte- misia camphorata, A. campestris. Achillea Ageratum , A. tomentosa, A. nobilis. Chrysanthemum pallens, C. grami- nifolium , C. corymbosum. Senecio erucaefolius , S. lanatus. EchinopsRitro. Cirsium ferox , C. bulbosum. Silybum Ma- rianum. Garduus crispus. Carlina corymbosa. Serratula nu- dicaulis. Leuzea conifera. Carduncellus mitissimus. Ken- trophillum lanatum. Centaurea araara , C. Scabiosa, C. col- lina , C. paniculata , C. aspera. Microlonchus salmanticus, Xeranthemum inapertura , X. cylindraceum. Scolymus his- panicus. Rhagadiolusstellatus, R. edulis. Gatananche cœru- lea , liGontodon crispum. Picris hispidissima. Helminthia echioides. Urospermum Dalechampii , U. picroïdes. Trago- pogon porrifolius , T. major , T. crocifolius. Scorzonera purpurea. Podospermum laciniatum , P. calcitrapifolium , Taraxacum Isevigatum , var. erythrospermum. Ghondrilla latifolia. Phaenixopus ramosissima. Lactuca virosa , L. Sca- riola, L. saligna. Picridium vulgare. Pterotheca nemausen- sis. Rarkausia albida , B. fœtida. Grepis pulchra. Hieracium saxatile. PLANTES PllÉFÉUANT LES TERRAINS CALCAIRES. 65 AmrrosiacE;E. Xanthium Slrumarium, X. spinosum. Campanulace^e. Campanula glomerata, var. cervicarioi- des, C. speciosa. Jasmine/e. Jasminurn fruticans. Asclepiade^. Cynanchum Vincctoxicum. Apocyne^. Vinca major. Gentianes. Clilora perfoliata. Gentiana ciliata. ConvolvulacEvE. Convolvulus Cantabrica, C. lineatus. Boragine^. Heliotropium europfcum. Echinospcrmum Lappula. Gynoglossum pictum, C. cheirifoliiim. Anchusa italica. Onosma echioides. Lithospermum fruticosum. Solane^. Physalis Aikekengi. VERBASCEiE. Verbascum phlomoides, V. sinuatum , V. mayale. Scrophularia canina. ANTiRRUiNEiE. Linaria spuria, L. origanifolia, L. supina, L. chalepensis. Erinusalpinus. Veronica praecox. Labiat^. Lavandula vera. Salvia officinalis , S. œthio- pis, S. Sdarea, S. Verbenaca. Satureia montana. Calamin- tha Nepeta. Melissa officinaHs. ITyssopus officinalis. Stacbys germanica, S. Heraclea, S. annua. Sideritisromana. Phlo- mis Lychnitis, P. herba-venti. Prunella hyssopifolia. Ajuga Chamœpitys. Teucrium Botrys, T. flavum, T. Polium , T. montanum. Primulace^. Coris monspeliensis. Lysimachia Linum stellatum. Androsace maxima. Cyclamen repandum. Globulari^. Globularia vulgaris. PLUMBAGiNEiE Plumbago europœa. PlantaginejE. Plantago Psyllium, P. Cynops. CHENOPODEiE. Polycnemum majus. PoLYGONEiE. Rumex scutatus , var. giaucus. THYMELEiE. Daphne Cneorum , D. alpina. SANTALACEiE. Thesium humifusum. 66 ACTION CHIMIQUE DU SOL. Aristolochie^. Aristolochia rotunda , A. Pistolochia , A. Clematitis. EcPHORBiACEiE. Euphorbia Chamaesyce , E. Duvalii, E. suffruticulosa , E. Gerardiana, E. nicaeensis, E. serrata, E. segetalis , E. falcata , E. exigua. Urtice^. Urtica pilulifera. CcpcLiFEiLE. Quercus pubescens, Q. coccifera. Carpinus Betulus, var. rubrifolia. SALiciNE.f:. Salix Seringeana. Orchide.e. Orchis galeata. Himantoglossum hircinum. Ophrysmuscifera, O. apifera, 0. arachnites, O. aranifera, O. pseudo-speculum. Aceras antropophora. Iride.ï:. Gladiolus segetûm. Iris olbiensis. Amaryllide^. Narcissus juncifolius. AsPARAGiNEiE. Asparagus tenuifolius, A. acutilolius. Liliace^. Anthericum ramosum. Ornithogalum pyrenai- cum, O. umbellatum. Gagea arvensis. Muscari botryoides, M. racemosum. AUium ro«eum , A. multiflorum, A. Ilavum. Commelinace^. Aphyllanthes monspeliensis. Cyperace^. Carex gynobasis , G. nitida , G. tenuis , G. hordeistichos. Gramine^. Andropogon Grillus. Phleum arenarium. Agrostis verticillata , A. setacea. Piptatherum paradoxum. Stipa pennata. LasiagrostisGalamagrostis. Sesleria caerulea. Kœleria valesiaca. Aira raedia. Avena sterilis, A. pratensis , var. bromoides- Melica ciliata, M. ramosa. Poa dura, P. alpina^ var. badensis. Molinia serotina. Dactylis glomerata, var. abbreviata. Fesluca duriuscula, var. mutica. Brachypo- dium pinnatum, B. ramosum. Bromus squarrosus, B. ma- dritensis. Triticum repens, var. glaucum. FiLiCES. Polypodium calcareum. Adianthum capillus Ve- neris. PLANTES PRÉFÉUANT LES TEKUAINS SILICEUX. 67 § 3. LISTE DES PLANTES QUI PRÉFÈRENT LES TERRAINS SILICEUX ET FELKSFATHIQUES. Ranunculacea:. Anémone vernalis , A. alpina , A. ra- nunculoides. Ranunculus platanifolius , R. acris. var. multi- fidus , R. auricomus , R. nemorosus. Trollius curopœus. Isopyrum thalictroides. Aquilegia vulgaris. Aconitum Naj)el- lus, A. Lycoctonum. Acteea spicata. Papaverace^. Meconopsis cambrica. Papaver dubium var. lœvicatura, FuMARiACE^. Corydalis solida, C. claviculata. Fumaria Bastardi. CRUCiFERyE. Barbarea intermedia , B. praecox. Arabis alpina, A. cebennensis, A. Gerardi. Cardamine resedil'olia. Dentaria digitata , D. pinnata. Braya pinnatifida. Sinapis Cheiranthus. Thlaspi virgatura,T. alpestre. Teesdalia nudi- caulis. Biscutella lœvigata. Lepidium Smithii. CiSTiNEJE. Cistus Pouzolzii. C. laurifolius. Helianthe- mum alyssoïdes, H. guttatum, H. vulgare. ViOLARiE^. Viola sylvestris, V. riviniana , V. canina , V. biflora , V. segetalis , V. gracilescens , V. Sagoti , V. vi- variensis, V. sudetica. Resedace^. Astrocarpus sesamoïdes. PoLYGALEiE. Polygala vulgaris, P. depressa. Caryophylle^. Gypsophyla muralis. Dianthus Armeria, D. carthusianorum , D. Seguieri , D. deltoïdes, D. hirtus, D, csesius, D. monspessulano-Seguieri , D. monspessula- nus,D. superbus. Silène conira , S. ciliata, S. Armeria, S. inaperta , S. Saxifraga, S. rupestris, S. diurna, S. nu- tans. Lychnis Viscaria. Sagina procumbens , S. saxatilis, S. subulata. Spergula arvensis, S. pentandra. Lepigonum ru- 68 ACTION CHIMIQUE DU SOL. brum. Alsine verna , A. tenuifolia. Mœrhingia trinervia. Arenaria hispida , A. montana. Stellaria nemorum , S. gra- minea. Mœnckia erecta. Gerastium bracliypetalum, C. semi- decandrum , C. glutinosum, C. arvense, var. strictum , C. alpinum. LiNE^. Radiola linoïdes. Linum catharticum, L. galli- cum , L. angustifolium. Malvace^. Mal va moschata. TiLiACE^. Tilia grandifolia , T. parvifolia. Hypericine^. Hypericum humifusum , H. perfora tum, H. quadrangulum , H. tetrapterum , ïï.pulchrum, H. hir- sutum , H. linearifolium. AcERiNE^. Acer pseudo-Platanus. Geraniace^. Géranium sylvaticum, G. sanguineum. OxALiDE^. Oxalis acetosella, 0. stricta. ZygophyllEtE. Tribulus terrestris. Papilionace^. Ulex europaeus, U. nanus. Sarothamnus vulgaris. Genista pilosa, G. prostrata, G. tinctoria, G. De- larbrei, G. purgans, G. anglica, G. germanica. Cytisus saxa- tilis. Adeiiocarpus parvifolius, A. cebennensis. Trifolium ochroleucum, T. angustifolium , T. incarnatum, var. Moli- neri, T. pratense, var. microphyllum et var. nivale, T. hir- tum, T. repens, var. prostratum, T, arvense, T.Boceonii, T. striatum, T. scabrum , T. subterraneum , T. alpinum , T. montanum, T. glomeratum, T. pallescens , T.nigres- cens, T. hybridum , T. elegans, T. spadiceum, T. badium, T. aureum, T. agrarium. Lotus angustissimus , L. cornicu- latus, var. rubritlorus. Ornithopus perpusillus, Lupinus an- gustifolius. Vicia Orobus, V. lutea, V. angustifolia , V. la- thyroides. Ervum tetraspermum, E. monanthos, E.Ervilia. Lathyrus angulatus, L. pratensis, var. montanus, L. sylves- tris. Orobus tuberosus, O. niger. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS SILICEUX. 69 Rosace;e. CerasusPadus. Geum montanum, Rubussaxa- tilis, R. Godronii, R. tomcntosus, var. glabratus, R. glan- dulosus, R.discolor, R. hirtus, R. fruticosus, R. fastigiatus, R. idœus. Fragaria clatior. Potcntilla rupestris, P. hirta, P. argcntea, P. aurea, P. fragariastrum. Agrimonia odorata, Rosa alpina, R. rubrifolia, R.colliiia, R. arvensis, var. re- pens , R. tomentosa , R. pomifcra , R. pimpinellifolia, var. mitissima. Alchemilla alpina, A. vulgaris, var. hybrida, A. arvensis. Poterium Sanguisorba , var. proliferum. Sanguis- orba officinalis. Crataegus Oxyacantha. Mespilus germanica. Pyrus salvifolia. Sorbus Aucuparia, S. hybrida, S. Aria, S. torminalis, S. Charnsemespilus. Onagrarie^. Epilobium angustifolium. Circsea interme- dia, C. alpina. Paronichie^e. Corrigiola littoralis. Herniaria glabra, H. hirsuta. Illecebrum verticillatum. Paronychia cymosa, P. polygonifolia. Polycarpum tetraphyllum. ScLERANTHEiE. Sclcranthus annuus. CrassulacetE. Sedum maximum, S. Telephium, S. Fa- baria, S. Anacampseros, S. Cepœa, S. rubens, S. hirsutum, S. dasyphyllum, S. brevifolium, S. annuum, S. repens, S. amplexicaule, S. elegans. Sempervivum arvernense, S. arach- noideum. Umbilicus pendulinus. GrossulariejE. Ribes alpinum, R. petraeum. Saxifrages. Saxifraga Aizoon , S. bryoides, S. Clusii, S. cuneifolia, S. exarata, S. pedatifida , S. hypnoides , S^ granulata. Umbelliferes. Sanicula europaea. Astrantia major. Ca- rum Carvi. Conopodium denudatum. Pimpinella magna , P. Saxifraga, var. poteriiiblia. Buplevrum longifolium. OEnanthe peucedanifolia. iEthusa cynapium, var. elata. Seseli coloratum. Libanotis montana. Meum athaiiianticum, 70 ACTION CHIMIQUE DU SOL. M. Mutellina. Angelica sylvestris, A. pyrenœa. Peucedanum parisiense, P. Oreoselinum. Imperatoria Ostrutium. Hera- cleum Sphondylium, var. elatius. Laserpitium asperum, L. Siler , var. asperum. ChaBrophjllura aureura. Anthriscus sylvestris, var. tenuifolia. Myrrhis odorata. CAPRiFOLiACEiE. Sambucus racemosa. Lonicera Pericly- menum, L. nigra, L. aljiigena. Stellat^. Asperulacynanchica, A. odorata. Crucianella angustifolia. Galiura anglicum, G. divaricatum, G. boréale, G. approximatum, G. erectum, G. saxatile, G. sylvestre, G. rotundifolium. Valeriane.e. Valeriana tripteris. DiPSACEiE. Knautia sylvatica, K. longifolia. Succisa pra- tensis. Scabiosa lucida. Synanthere/e. Erigeron alpinus. Solidago virga aurea. Inula salicina, I. graveolens. Filago arvensis , F. minima. Logfia gallica. Gnaphalium sylvaticum,G. norwegicum, G. supinum, G. dioicum. Helichrysum angustifoliura. Achillea ptarmica. Anthémis nobilis , A. montana. Chrysanthemum cebennense, G. inodorum, C. Leucanthemum , var. pinnati- fidum, Doronicum Pardalianches , D. austriacum. Arnica montana. Cineraria spathulaefolia. Senecio viscosus, S. sylva- ticus, S. gallicus, S. artemisiaefolius, S. leucophyllus, S. Ca- caliaster, S. Fuchsii, S. Doronicum. Cirsium eriophorum, C. erisithales, C. anglicum. Carduus Personata, C. vivarien- sis, C. nutans. Carlina Cynara, C. nebrodensis. Staehe- lina dubia. Serratula tinctoria. Centaurea nigra, C. jacea , var. pratensis, C . montana . Arnoseris pusilla . Tolpis barbata . Leontodon pyrenaicum, L. hastile. Picris crepoides. Hypo- chœrisglabra, H.maculata. Taraxacumlaevigatum. Prenan- thes purpurea. Mulgedium Plumieri. Crépis succisaefolia , C. grandillora, C. virens , var. agrestis. Hieracium auran- PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS SILICEUX. 71 tiacum, H. longifolium , H. Mougeoti, H. spicalum, H. bo- réale, H. rigidum, 11. Pilosella, var. pilosissimum, H. um- bellatum. Andryala integrifolia. AmbrosiacEjî:. XaFilliium macrocarpum. Campanclace^. Jasione montana , J. perennis , J, hu- milis. Phyteuma liemisj)ha'ricum, P. persicifolium , P. s[)i- catum , P. Halleri. Campanula linifolia , C. rotundifolia, var. montana, C. rhomboidalis, C.Trachelium, C. latifolia , C. patula , C. persiciiolia , C. Cervicaria , C. glomerata. Vacciner. Vaccinium Myrtillus, V. Vitis idœa. Arbutus Unedo. Ericine.e. Calluna vulgaris. Erica Tetralix, E. cinerea, E. arborea , E. scoparia. Pyrolace/e. Pyrola rotundifolia, P. minor, P. secunda, P. chlorantha , P. unillora. Aquifoliace/e. Ilex Aquifolius. Gentiane^e. Gentiana lutea, G. verna , G. campestris. Cicendia filiformis, C. pusilla. BoRAGiNE^. Pulmonaria azurea. Lithospermum officinale. Myosotis hispida, M. versicolor, M. stricta , M. sylvatica , var. rigida. SoLANEjE. Atropa Belladona. Verbasce^. Verbascum Schraderi, V. thapsiforme, V. nigrum, V. Chaixii, V. Blattaria , V. Blattarioides , V. Thapso-Lyclinitis , V. Thapso-floccosum , V. Thapso- nigrum, V. nigro-floccosum. ANTiiiRRHiNEyE. Digilalis purpurea , D. grandiflora, D. purpureo-lutea. Antirrhinum Orontium, A. Asarina. Linaria minor, L. striata. Anarrhinum bellidifolium. Veronica mon- tana , V. officinalis, V. alpina , V. acinifolia, V. verna. Me- lampyrumcristatum, M. pratensc, M. sylvaticum.Pedicularis 72 ACTION CHIMIQUE DU SOL. foliosa, P. verticillata. Rhinanthus Aleclorolophus , R. mi- nor, var. angustifolius. Bartsia alpina. Euphrasia minima , E. officinalis, E. Odontites, E. lutea. Labiat^. Lavandula Stœchas. Thymus Serpyllum. Cala- mintha grandidora, C. officinalis, C. mentaefolia. Galeopsis Ladanura, G. ochroleuca. Ajuga pyramidalis , A. reptans, var. alpina. Lysimachie^. Lysimachia nemorum. Androsace carnea. Soldanella alpina. Statice^. Statice plantaginea. Plantagine^. Plantago alpina, P. Coronopus, P. ser- pentina, var. minima, P. arenaria. Amaranthace^e. Amaranthus prostratus. Polychnemum arvense. ChenopodEjE. Ghenopodium Botrys. Polygones. Rumex alpinus, R. arifolius , R. acetosella , R. scutatus. Polygonum viviparum. TnYMELEiE. Daphne Gnidium , D. Mezereum , D. Lau- reola. Thesium pratense, T. alpinum. AiusTOLOCHiE^. Asarum europaeum. Empêtrer. Empetrum nigrum. EuPHORBiACE^. Croton tinctorium. Euphorbia hyberna, E. dulcis. Buxus sempervirens, var. arborescens. Urtice.*:. Ulmus raontana, U. effusa. Amentace^. Fagus sylvatica. Quercus sessiliflora , Q. pedunculata, Corylus Avellana. Salix herbacea. Betula alba, B. pubescens. CoNiFERiE. Juniperus nana , J. communis. Pinus sylves- tris, P. pyrenaica. Abiespectinata. Aroide^. Arum maculatum. ORcniDEiE. Orchis ustulata , O. coriophora , 0. globosa , PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS SILICEUX. 73 0. sambuciiia, O. maculala. Gymnadenia conopsea, G. al- bida. Cœloglossum viride. Plataiitherachloranlha, P.bifolia. Nigritella angustifolia. Cephalanthera ensifolia. Spiranthes aestivalis. Iride^. Crocus vernus. NarcissEuE. Narcissus pseudo-Narcissus, N. poeticus. AsPARAGiNEiE. Streptopus amplcxifolius. Paris quadrifolia. Convallaria verticillata, C. multillora , C maialis. Maianthe- mum biiolium. Tamus communis. LiLiACEiE. Lilium Martagon. Erythronium dens canis. Paradisia Liliastrum. Scilla verna , S. bifolia , S. Lilio-Hya- cinthus. Endymion nutans. Allium victoriale , A. interme- dium , var. bulbiferum , A. ursinum , A. paniculatum , A. Schœnoprasum. CoLcniCACE-aE.Veratrum album. Jdnce^. Juncus capitatus. Luzulamaxima, L. nivea, L. campestris, L. multidora, L. sudctica, L. spicata. Cyperace^e. Carex pilulifera , C. eri(;etorum , C. polyr- rhiza, C. digitata. Gramine^. Panicum glabrum , P. ciliarc. Anthoxanthum odoratum. A. Puelii. Crypsis alopecuroides. Phleum Boeh- meri, P. alpinum. Chamagrostis minima. Agrostis stoloni- fera , A. vulgaris , A. canina , A. rupestris. Calamagrostis Epigeios, C. sylvatica. Milium effusum. Kœleria cristata. Holcus mollis. Aira cœspitosa , A. ilexuosa. Corynephorus canescens, C. articulatus. Arrhenatherum elatius. Avena versicolor , A. montana , A. tenuis , A. caryophyllea , A. praecox. Triodia decumbens. Melica unidora . Eragrostis me- gastachya , E. pilosa. Poa alpina, P. compressa, var. elatior, P. nemoralis, P. sudetica. Festuca tenuiflora,F. Lachenalii, F. pseudomyuros , F. sciuroides, F. myuros, F. ovina , F. duriuscula, F. nigrescens, F. rubra, F. rheetica, F. spadicea. 74 ACTION CHIMIQUE DU SOL. F.sylvatica. Brachypodium sylvaticum. Bromus erectus. Psi- lurus nardoides. Nardus stricta. EguisETACEiE. Equisetum Telmatheia, E. hiemale. Lycopodiace^. Lycopodium Selago, L. alpinum, L. cla- vatum. FiLiCES. Botrychium Lunaria , B. rutœfolium. Polypo- dium Phegopteris, P. Dryopteris. Aspidium aculeatum. Po- lystichum Oreopteris, P. spinulosum. Asplenium Filix-femina, A. Halleri, A. Adianthum-nigrum , A. Breynii. Blechnum spicant. Pteris aquilina. Allosorus crispus. Notholaena Ma- rantœ. § A. I.ISTE D£S PLANTES DES EAUX NON SALÉES ET DES TERRAINS HUMIDES NON SALIFÈRES. A. Indifférentes à la nature du sol. RanunculacEvE. Ranunculus aquatilis , R. fluitans , R. Ilammula, R. repens , R. philonotis. Nympheace^. Nymphéa alba. Nuphar luteum. Crucifère. Nasturtiuni officinale , N. amphibium , N. sylvestre, N. palustre. Gardamine Impatiens, G. sylvatica, G. pratensis. Sisymbrium asperura. SiLENEiE. Lychnis flos-curuli. Alsine^. Malachium aquaticum. Geraniace^. Géranium phaeum. Papilionace^. Trifolium fragiferum. Tetragonolobus si- liquosus. Rosaces. Potentilla supina, P. anserina, P. reptans. Onagrarie^e. Epilobium hirsutum , E. parviflorum , E. tetragonum. Isnardia palustris. Gircœa lutetiana. Halorage^e. Myriophyllum verticillatum, M. spicatum. PLANTES DES EAUX NON SALÉES. 75 Callitrichine.e. Callitriche stagnalis, C. platycarpa, C. vcrnalis. Lytiiuarie.e. Lythrum Salicaria. Umbellifeke/e. Hydrocotyle vulgaris. Bcrula angusti- folia, OEnanthe fistulosa, OE. pimpinelloïdes, OE. Phellan- drium. Silaus pratensis. Stellat^. Galium uliginosum, G. palustre. DiPSACE^.. Dipsacus pilosus. SvNANTiiEREyE. Eupatorium cannabinum. Pulicaria vul- garis. Bidens tripartita. Gnaphalium uliginosum. Cirsium palustre. Gentiane.e. Limnanthemum nymphoïdes. Erythraea pul- chella. BoRAGiNE^. Symphitum officinale. Myosotis palustris. SoLANEyE. Solanum Dulcamara. Verbasce^. Scrophularia Balbisii. Anthirrhine^. Gratiola offîcinalis. Veronica Anagallis, V. Beccabunga. Rhinanthace^. Pedicularis sylvatica. Labiat^. Mentha rotundifolia , M. sylvestris, M. aqua- tica. Pulegium vulgare. Lycopus europseus. Scutellaria ga- lericulata. PrlmulacEjE. Lysimachia vulgaris, L. Nummularia. Plantagine^. Plantago major. P0LYGONE.E. Rumex conglomeratus^ R. sanguineus, R. pulcher, R. obtusifolius , R. pratensis, R. crispus, R. Hy- drolapatum- Polygonum amphibium , P. lapatifolium , P. Persicaria, P. mite, P. Hydropiper, Euphorbiace^. Euphorbia platyphylla. Salicine^. Salix rubra , S. incana , S. cinerea , S. ca- prea. Betuline^. AInus glutinosa. 76 ACTION CHIMIQUE DU SOL. AusMACEyE. Alisma Plantage, A. ranunculoides. Dama- sonium stellatum. Sagittaria sagittaefolia. PoTAMEyE. Potamogeton natans, P. lucens, P. perfolia- tum, P. crispum, P. densum. Leimnace^e. Lemna trisulca, L. polyrrhiza, L. miiior, L. gibba. Typhace^. Typha latifolia. Sparganium ramosum. Orchide/E. Epipactis palustris. iRiDEiE. Iris pseudo-Acorus. LiLiACE^. Anthericum planifolium. Allium suaveolens. JuNCACE^. Juncus conglomeratus, J. effusus, J. glaucus. J. obtusillorus. Cyperace-«. Cyperus fuscus , C. longus. Heleocharis uniglumis. Scirpus setaceus, S. lacustris, S. Tabernœmon- tani, S. sylvaticus. Carex Davalliana, G. disticha , C. vul- pina, C. muricata, C. divulsa, C. teretiuscula, G. paniculata, C- vulgaris, G., acuta, G. tomentosa, G. panicea, C. glauca, C. maxima, G. paludosa. Gramine.e. Panicum crus-galli. Phalaris arundinacea. Alopecurus pratensis, A. geniculatus, A. fulvus. Phleum pratense. Leersia oryzoides. Phragmites communis. Arundo Donax. Glyceria fluitaiis, G. airoides. Equisetace^. Equisetum arvense , E. palustre, E. U- mosum. FiLiCES. Scolopendrium officinarum. B. Plantes qui préfèrent les terrains siliceux. RanunculacEjE. Ranunculushederaceus, R. Lenormandi, R. aconitifolius. Galtha palustris. NympheacEjE. Nuphar pumillum. Grucifer^. Nasturtium pyrenaicuni. Gardamine amara. Hesperis matronalis. Lunaria rediviva. PLANTES DES EAUX NON SALÉES. 77 VioLARiE^. Viola palustris, V. epipsila. DiiosERACE^. Drosera rotundifolia , I), inlermedia. Par- nassia palustris. Alsine^. Stellaria média, var. major, S. uliginosa. Elatine/i:. Elatine hcxandra, E. major, E. alsinastrum. Hyperice^. Elodes palustris. Balsamines. Impatiens noli tangere. Papilionaces. Melilotus macrorhiza , M. alba. Lotus uliginosus. Rosaces. Spiraea Ulmaria. Geum rivale. Comarum pa- lustre. Potentilla Tormentilla. Onagraries. Epilobium Dodonfei , E. lanceolatum, E. palustre , E. virgatum , E. roseum , E. trigonum , E. origa- nifolium. Trapa natans. Halorages. Myriophyllum alterniflorum. Callitrichines. Callitriche autumnalis. Lythraries. Lythrum hyssopifolium , L. thymifolium. Peplis portula. Portulaces. Montia minor, M. rivularis. Crassulaces. Sedum villosum. Saxifrages. Saxifraga stellaris, S. rotundifolia. Chry- sosplenium alternifolium, G. oppositifolium. Umbelliferes. Cicuta virosa. Helosciadium inundatum. Carum verticillatum. Chaerophyllum hirsutum. Meloposper- mum cicutarium. Stellats. Galium palustre, var. débile. Valérianes. Valeriana dioica. Synantheres. Adenostyles albifrons. Petasites vulgaris, P. albus. Bidens cernua. Ligularia sibirica. Senecio errati- cus. Circium palustri-erisythales , G. rivulare. Scorzonera humilis. Mulgedium alpinum. Crépis paludosa. Gampanulaces. Wahlenbergia bederacea. 78 ACTION CHIMIQUE DU SOL. VACCiNiEiE. Vaccinium uliginosum, V. Oxycoccos. An- dromeda polifolia. Gentianes. Menyanthestrifoliata. Swertiaperennis.Gen- tiana Pneumonanthe. BoRAGEVE^E. Myosotis palustris. var. strigulosa. Antirrhine^e. Veronica scutellata, V. serpyllifolia. Lin- dernia pyxidaria. Limosella aquatica. RniNANTiiACE^E. Pedicularis palustris. Labiat^. Mentha sativa, M. gentilis, M. arvensis. Sta- chys ambigua. Scutellaria miner. Lentibularie^e. Pinguicula vulgaris. Utricularia vulgaris, U. minor. Primulace^. Anagallis t'enella. Hottonia palustris. Plantagine^. Littorella lacustris. ChenopodetE. Blitum rubrum. P0LYG0NE.E. Polygonum Bistorta , P. minus. EuPHORBiACEyE. Euphorbia procera. SALiciNEiE. Salix pentandra , S. fragilis, S. amygdalina, S. purpurea, S. caprea , S. aurita, S. phylicifolia , S. re- pens , S. lapponura. Populus Tremula. Alismace^. Alisma natans. JuNCAGiNE^. Scheuchzeria palustris. PoTAME;E. Potamogeton rufescens, P. heterophyllum , P. pusillum. Typhace^. Sparganium simplex. Orchidée. Orchis laxiflora , O. latifolia, O. incarnata. LiLiACEiE. Narthecium ossifragum. JuNCACEiE. Juncus filiformis, J. squarrosus, J. Tenageia, J. Bufonius , J, pygmaeus , J. supinus, J. alpinus, J. lam- pocarpus , J. sylvaticus. Luzula glabrata. Cyperace^. Cyperus llavescens , Rhyn(;hospora alba. Heleocharis palustris, H. acicularis. Scirpus caespitosus , PLANTES DES EACX NON SALÉES. 79 S. Baeotryon , S. (luitans , S. supinus , S. Miclielianus, S. compressas. Eriophorum alpinum , E. vaginatum , E. lali- folium , E. angustifolium , E. gracile. Carex pulicaris, C. paucillora, C. chordorrhiza , C. stellulata , C. leporina , C. elongata, C. canesccns, C. limosa, C. pallcscens, C. llava , C. pseudo-Cyperus, C. ampullacea , G. vesicaria, C. fdi- formis. Gramine^. Setaria glauca. Molinia cn^rulca. Equisetace^. Equisetiim sylvalicum , E. varicgatum. MarsileacetE. Pilularia globuliCera. Marsilea (juadrilolia. Isoëtcs lacustris. LycopodiacevE. Lycopodium inundatum. Selaginella spi- nulosa. FiLiCES. Osmunda regalis. Cystopteris regia , C. fragilis. Charace/E. Cliara fragilis. Nitella coronata, N. syncarpa, N. translucens, N. Brongniartiana , N. gracilis. C. Plantes qui préfèrent les terrains calcaires. Rancnculace^. Ranunculus trichopliyllus , R. scele- ratus. Crucifère. Alyssum maritimum. MALVACE.E. Althœa officinalis. HiPPURiDE/E. Hippuris vulgaris. Ceratophyllejî. Ceratophyllum submersum , C. de- mersum. Umbellifere^. Helosciadium nodiflorum. OEnanthe Lachenalii. Dipsace^. Dipsacus laciniatus. Synanthere/e. Inula Ilelenium,!. britannica. Pulica- ria dysenterica. Taraxacum palustre. BoRAGiNEiE. Myosotis caespitosa. Labiat^. Stachys palustris. Teucrium Scordium. 80 ACTION CHIMIQUE DU SOL. Lentibularie^. Pinguicula longifolia. PRiMCLACEiE. Samolus Valcrandi. PoLYGONE/Ë. Rumex aquaticus. BuTOME^. Butomus umbellatus. PoTAME^. Potamogeton pusillum , var. major, P. mo- nogynum, P. pectinatum. Zanichellia palustris. ORCHiDEiE. Orchis palustris. JuNCACEiE. Juncus comprcssus. CyperacejE, Schœnus nigricans. Cladium Mariscus.Scir- pus Holoschœnus , S. maritimus. Carex riparia , C. hirta. GRAMiNEiE. Glyceria aquatica. Hordeum secalinum. CHARACEiE. Chara hispida. § 5. LISTE DES PLANTES DES TERRAINS SALIFÈRES, La plupart indiffércnles à la nature du sol , pourvu qu'il renferme quelques sels solublcs ou des émanations des animaux. A. Plantes des décombres des rues et des lieux habités. Papaverace/e. Chelidoiiium majus. Crucifère. Sisymbrium Irio , S. Sophia. Lepidium gra- minifoliiim. Capsella bursa pastoris. Senebiera Coronopus. Resedace^. Reseda luteola. Alsine^. Stellaria média. Malvace^. Malva rotundifolia. GERANIACE.E. Erodium cicutarium , E. Ciconium. Grossularie^. Ribes uva-crispa. UiviBELLiFEREiE . Eryngium campestre.iEthusa cynapium. Anthriscus vulgaris, A. sylvestris. Conium maculatum. Synanthere^. Artemisia Absinthium. Senecio vulgaris. Lappa minor, L. major, L. tomentosa. Cichorium Intybus. BoRAGiNEiE. Cynoglossum officinale. PLANTES DES TERRAINS SALIFÈRES. 81 SoLANEvE. Solanum villosum , S. miniatum. S. nigrum. H'yoscyamus niger. Lariat^. Nepeta Cataria. Lamium purpureum. Amaranthaceve. Amaranthus Blitum , A. retroflexus, A, sylvestris. Chenopode.e. Chenopodium hybridum, C. urbicum, C. murale, C. album , C. polyspermum , C. vulvaria. Blitum bonus Henricus. Atriplex patula. Polygones. Polygonum aviculare. EuPHORBiACE^. Euphorbia Peplus. Urticeje. Urtica urens , U. dioica. Parietaria erecta, P. diffusa. Gramine^e. Poa annua , P. bulbosa. Hordeum mu- rinum. B. Plantes des terrains salés , ou directement arrosés par des eaux minérales. Ranunculace^e. Ranunculus confusus. Crucifère. Arabis Turrita , var. puberula. Sisymbrium polyceratium. Lepidlum Draba. L. ruderale, L. latifolium. Alsine^e. Lepigonum marginatum. Papilionace^. Melilotus parviflora. Trifolium mariti- mum. Lotus tenuifolius, var. crassifolius. Umbellifere^. Apium graveolens. Buplevrum tenuissi- mum. StellaTjE. Galium verum, var. nanum. BoRRAGiNE^. Asperugo procumbens. Primulace^. Glaux maritima. Plantagine^. Plantago maritima. Chenopode^. Salsola Kali. Blitum virgatum, B. glau- cum.Betavulgaris, var. maritima. Atriplexlatifolia, A. rosea, var. alba. n 6 8â SOL PHYSIQUE. P0LYGONE.E. Polygonum Bellardi. EcPHORBiACEiE. Euphorbia portiandica. JiNCAGiNE^. Triglochin maritimum , T. palustre. Zani- chellia pedicellata. Jlncace.*. Juncus Gerardi. Cyperace^. Carex divisa, G. distans. Scirpus maritimus, var. compactas. Gramine^. Polypogon monspeliensis. Glyceria distans. Agrostis stolonifera , var. glaucescens. Gaudinia fragilis. CHARACEiE. Chara fœtida, C. crinita. CHAPITRE XVIII. DU SOL CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE SA COMPOSITION PHYSIQUE. Après avoir examiné le sol sous le rapport de sa compo- sition chimique , nous devons étudier maintenant sa consti- tution physique. M. Thurmann , dans son ouvrage de phytostatique , a comme on le sait, accordé une grande influence à l'élat méca- nique du sol, et il a considéré la composition chimique comme très-accessoire et comme n'ayant qu'une importance très- secondaire. Nous avons dû examiner sérieusement ce côté de la question, et nous devons avouer que nous avons éprouvé de grandes difficultés à grouper nos plantes selon l'état phy- sique du sol , sans avoir égard à la composition chimique. Malgré nous , nous étions ramené à tenir compte des éléments chimiques , et quand nous parvenions à nous déga- DE SA COMPOSITION. 83 ger entièrement de ces influences , nos listes se trouvaient presque les mêmes encore , attendu que la composition chi- mique d'un terrain entre pour beaucoup dans la manière dont il se disgrége ou se décompose , et il semble même (|uel- quefois dans les listes de M. Thurmann , qu'il a suivi tout autant l'élément chimique que l'état mécanique du sol. Nous ayons voulu, pour mieux apprécier cette grave ques- tion qui touche de si près aux intérêts de l'agriculture , faire des listes comparatives, et comme dans le chapitre précédent nous n'avons tenu aucun compte du mode d'aggrégation des terrains , ici nous laisserons entièrement de côté ce qui tient à la nature propre du sol. Les difficultés que nous avons signalées en premier Heu se reproduisent ici plus grandes. Nous sommes forcé de ré- clamer plus de latitude encore pour nos groupements , pour nos listes d'élimination. Nous demandons qu'on n'y voie que des moyennes et rien d'absolu, et que l'on n'étende pas nos observations en dehors de nos limites. La plus grande difficulté qui se présente , est de distin- guer, comme le fait M. Thurmann , la roche sous-jacente du sol productif. Ainsi un calcaire compacte peut faire la base d'un terrain , et se trouver recouvert par un sol meu- ble et siliceux. Il est difficile pourtant d'admettre qu'un sol productif quelconque, reposant sur une roche, ne participera pas de la nature de cette roche ; souvent même il arrive que la terre végétale proprement dite est en grande partie for- mée des débris delà roche sur laquelle elle repose, en sorte qu'il devient extrêmement difficile d'apprécier l'état parti- cuher du sol occupé par les racines. Au point de vue chimique, la chose est plus facile. La roche sous-jacente donne nécessairement ses éléments à la terre qui la recouvre. Celle-ci se compose d'un mélange dans 84 SOL PHYSIQUE. lequel les éléments calcaires , siliceux , feldspathiques ou salifères , entrent dans des proportions tout à fait différen- tes , et l'on peut presque prévoir que la terre sera d'autant plus productive, et admettra un nombre d'espèces d'autant plus grand , que ces éléments y seront tous représentés , et mélangés d'eau et de débris organiques. L'état d'aggrégation ou état mécanique ne peut manquer non plus d'agir sur le plus ou le moins de fertilité du sol pro- ductif. Les dilïérences d'organisation que présentent les ra- cines , et les habitudes diverses des végétaux , nous font fa- cilement prévoir que certaines espèces se développeront sur le sol productif, avec d'autant plus de facilité, que ce sol sera plus ou moins perméable à leurs racines, et qu'il leur fournira en plus grande abondance les principes dont la plante a besoin pour se développer. Reste à savoir dans cette prédilection quelle est la part qu'il faudra accorder à l'élément chimique , et celle qui re- viendra à l'état mécanique du terrain. On voit que le pro- blème est complexe , et qu'il sera difficile de démêler les ac- tions partielles dont chaque fait se trouve entouré. Nous ne pouvons donc pas , tout en appréciant les travaux de M. Thurmann , accueillir ses conclusions sans réserves; mais il aura du moins donné l'impulsion sur un point trop négligé jusqu'ici , et dont nous ne pouvons nier l'iniluence, l'état physique du sol. Si nous nous reportons un instant à la création pre- mière du sol productif, nous nous ferons une idée assez nette de la formation du sol que nous aurons d'ailleurs occasion d'examiner dans d'autres circonstances. Admettons un ins- tant que la terre végétale n'existe pas et que les roches sont à nu. Un certain nombre de plantes, car nous supposons la vé- gétation actuelle déjà existante , se développera sur ces ro DE SA COMPOSITION. 85 çhers; des Sedmn, des Saxifraga, des Umbilicus y végéte- ront, et malgré l'élément chimique différent que pourront pro- duire des calcaires, des granits ou des basaltes, nous ne verrons aucune des espèces qui demandent pour vivre un sol meuble composé de menus débris. Il faut donc accepter la composition mécanique comme nécessaire, indispensable à la production de certaines espèces , et ne pas se contenter seule- ment de l'élément chimique qui est ici tout à fait impuissant. Laissons encore le globe dans le même état; l'eau s'y trouve répandue, et déjà des végétaux s'en sont emparés , ils flottent ou ils nagent. L'eau agit-elle ici chimiquement, ou bien comme terrain meuble, permettant aux racines de la pénétrer, et remplissant alors les fonctions d'un terrain extrêmement sablonneux? On ne peut nier que l'eau puisse remplir à la fois ces deux conditions. Mais , en l'absence du sol productif, voilà des plantes des terrains les plus compactes et des espèces des terrains meubles. La nature ne compte pas avec le temps, et rien sur la terre n'est éternel ; les roches , quelque dures qu'elles soient, ne résistent pas à l'action des siècles ; elles s'usent , se décompo- sent et se disgrégent, de là deux sortes d'éléments qui restent à leur surface, et composent un sol plus ou moins profond, les éléments chimiques inhérents à la composition de la roche, et les éléments physiques dépendant entièrement de son mode de disgrégation. Abandonnons les principes chimiques de ces roches , et étudions la manière dont elles se disgrégent, en passant de l'état compactée l'état disgrégé. Nous n'adopterons pas les dénominations de M. Thurmann , ces deux expressions an- ciennes et consacrées nous suffisent , compacte équivaut à peu près à dysgéogène de M. Thurmann , et disgrégé à sa àénommdit\on à' eiigéogène. 86 SOL PHYSIQUE. On conçoit que l'on puisse rencontrer tous les intermé- diaires possibles entre les sols les plus compactes, comme cer- tains basaltes et trachytes, la plupart des porphyres, des cal- caires jurassiques, et les plus disgrégés comme les sables, les pouzzolanes des volcans , et l'eau elle-même qui termine la série et qui constitue certainement le sol le plus meuble et le plus perméable. Nous aurons aussi à expliquer quelques dénominations relatives aux états intermédiaires de disgrégation du sol , et pour cela nous avons besoin d'étudier avec soin le mode de décomposition appartenant aux diverses espèces minérales. Certaines roches se décomposent à peine, comme les por- phyres, les trachytes, les basaltes, les calcaires très-compactes et jurassiques, lesamphibolites, lesdiorites et même certains granits; cependant ces mêmes roches, quand la décompo- sition les atteint , donnent naissance à des particules assez fines, car elles s'altèrent lentement, et le résultat de leur décomposition ne se remarque que si elles sont disposées en plateaux ou si elles occupent une certaine étendue. Quand, au contraire , elles forment des escarpements ou des pics , l'eau entraîne les parcelles provenant de leur décomposition, et la roche reste nue. Cet état sera pour nous le sol com- pacte conservé , et nous le désignons sous le nom de sol rocheux. Ces mêmes roches , auxquelles nous ajouterons des mica- schistes plus ou moins quartzeux et les pépérites basalti- ques, subissent , surtout dans les Heux oii elles offrent des pentes peu escarpées , des morcellements qui ont différentes causes, et l'on trouve à leur pied des amas de débris assez vo- lumineux , où croissent en général les espèces des sols ro- cheux , et de plus un bon nombre d'autres qui commencent à chercher un terrain moins compacte, mais qui s'accommo- DE SA COMPOSITION. 87 dent encore de ces amas fragmentaires. Ce sont pour nous les plantes des sols rocailleux. Les granits et les micaschistes , les roches] volcaniques modernes plus ou moins scoriacées, se décomposent généra- lement en plus petits fragments , en graviers plus ou moins gros, et forment un sol très-perméable à l'eau et que des racines un peu fortes pénètrent aussi très-facilement. Un grand nombre de plantes se plaisent sur ces terrains divisés, que nous appelons sols graveleux. Les mêmes terrains continuant à se décomposer, les grès commençant à s'altérer, les sables et les pouzzolanes volcani- ques entraînés par les eaux à des distances plus ou moins éloignées de leur origine, forment un sol plus meuble encore, excessivement perméable à l'eau , et oiî croissent de préfé- rence les espèces à racines tendres ou chevelues. Sans atta- cher d'idée chimique à sa dénomination , nous le désignons sous le nom de sol sablonneux. La décomposition des terrains n'a pas toujours lieu par fragments plus ou moins gros, qui se détachent de la masse mécaniquement; il y a aussi des décompositions chimiques, qui s'opèrent sur les granits très-feldspathiques, surlestra- chv tes , sur les basaltes et sur presque toutes les roches vol- caniques et primitives. Les fragments résultant de cette décomposition sont presque imperceptibles, et ils donnent naissance à des terrains analogues aux sols sablonneux, mais plus compactes, à cause de la finesse des parcelles qui les composent. Ce sont surtout, comme nous l'avons déjà dit, les vastes plateaux peu inclinés , conservant tous les débris qui se détachent de la roche sous-jacente, qui présentent ces caractères. Ils sont fréquents dans notre circonscription. La décomposition des végétaux qui les couvrent en abondance les rend très-riches en humus , qui , en se mélangeant aux 88 SOL PHYSIQUE. autres parties du sol , lui donne un caractère particulier. Comme cette terre végétale est entièrement formée de dé- tritus de roches et de plantes , nous l'appelons sol dé- tritique. Enfin, quand les roches se décomposent en particules très- fines , comme la plupart des calcaires et certaines roches feldspathiques , dont les détritus , entraînés par les eaux, vont former, un peu plus loin, de petites couches d'argiles, quand toutes ces parties réunies forment une terre compacte par sa finesse , moins perméable aux racines , se laissant difficile- ment pénétrer par l'eau, mais la retenant avec force, nous lui donnons l'épithète de sol marneux. Nous avons choisi à dessein cette expression , pour éloigner toute idée chimique, car la marne, comme l'argile, peut être calcaire, siHceuse ou alumineuse. Il n'est aucune espèce de terre dont la com- position chimique soit plus variable. La seule idée que nous attachions à ce mot est celle d'un terrain plus ou moins compacte par la finesse et l'adhérence des parties dont il est composé. En adoptant ces dénominations très-claires et très-sim- ples pour la distinction des sols physiques , nous sommes loin de leur attribuer à toutes la même importance. Ainsi, les sols rocheux et rocailleux pourraient , à la rigueur , être réunis en une seule dénomination. Les sols graveleux et sablonneux diffèrent peu et n'indiquent que des modifica- tions légères du grand réceptacle des racines. Le sol détri- tique tend à se confondre, d'un côté avec le sol sablonneux, de l'autre avec le sol marneux ; cependant il en est distinct, et, s'il fallait séparer en deux la réunion très-naturelle des végétaux qui le recouvrent , deux tiers environ devraient se rapporter au sol sablonneux et un tiers seulement au sol marneux. La présence de l'eau et des débris organiques, en DE SA COMPOSITION. 89 proportion très-variable sur ce sol , le rend propre à la station d'un grand nombre de plantes , et c'est certainement la division la mieux caractérisée de celles que nous avons adoptées. Le sol marneux appartient principalement aux plateaux calcaires des causses , aux calcaires tertiaires de la Limagne, d'Aurillac et du Puy, à certains pépérites basaltiques , aux argiles sableuses et à quelques terrains d'alluvions. C'est le moins perméable , et, bien qu'il soit formé par l'état le plus avancé de la décomposition séculaire des roches , c'est celui qui se rapproche le plus du sol rocheux ou essentiellement compacte. Ainsi , les deux extrêmes se touchent , et la série de nos terrains , que l'on pourrait , au besoin , réduire à trois ou à quatre , forme un cercle que nous pourrions fermer en rap- prochant du sol compacte les espèces qui végètent sur le sol marneux. Nous aurions alors : Sol rocheux , Sol graveleux , Sol rocailleux , Sol sablonneux , Sol marneux , Sol détritique. Adroite, la série serait celle des sols compactes , à gau- che celle des terrains disgrégés, et en bas celle qui est la plus intermédiaire entre les deux. Deux de ces séries partiraient du sol primitif et non dé- composé , et divergeraient , selon le mode de disgrégation des roches. Le rôle de l'eau est trop important pour que nous ne nous y arrêtions pas un instant. Peut-être même, en partant d'un autre ordre d'idées , aurions-nous pu arriver à un résultat 90 SOL PHYSIQUE. presque semblable , en recherchant le plus ou le moins de perméabilité des terrains , et passer de l'eau pure au sol sa- blonneux , au sol graveleux , et ainsi de suite , jusqu'aux roches compactes et au sol marneux. Nous avons préféré nous en tenir au mode d'aggrégation du sol lui-même. En considérant l'action de l'eau , nous voyons en effet que tantôt elle est essentielle , et tantôt seulement secon- daire. Ainsi, il existe des plantes aquatiques ou presque entière- ment aquatiques qui croissent bien toujours où l'eau existe, mais à condition d'y trouver certains sols. Or, nous avons rapporté ces plantes aquatiques dominées par le sol à cha- cune des divisions qu'elles préfèrent. D'autres espèces aquatiques, et souvent même des espèces presque terrestres, s'accommodent de tous les états de dis- grégation du sol , pourvu que ce sol soit couvert, imbibé ou seulement humecté d'eau. Nous avons dû les réunir comme indifférentes à la composition physique de la terre végétale, puisqu'elles sont sous la dépendance immédiate de l'eau. Cette considération , jointe à plusieurs autres , nous ont déterminé , comme nous l'avons fait au point de vue chi- mique , à dresser un certain nombre de listes d'élimi- nation. 1°. Nous avons séparé les espèces cultivées ou introduites par la culture ; 2». Les espèces parasites ; 3°. Les espèces trop rares ou sur lesquelles nous n'avons pas de renseignements suffisants ; 4", Les plantes considérées comme indifférentes relative- ment à l'état physique du sol ; 5°. Les espèces éliminées à cause de l'influence de l'eau, qui les rend indifférentes à l'état physique du sol. ESPECES ÉLIMINÉES. 91 § 1. ESPÈCES ÉLIMINÉES FOUR. DES CAUSES DIVERSES. Première liste. — Espèces cultivées ou introduites par la culture. Seconde liste. — Espèces parasites. Ces deux listes sont les mômes que celles qui ont été données dans le chapitre précédent , où il est question de la composition chimique du sol. Troisième liste. — Espèces éliminées de la comparaison à cause de leur rareté ou du manque d'observations suffisantes. Myosurusminimus. Helleborus viridis. Pœonia peregrina. Alyssum alpestre, var.majus, A. maritimum. Cistus Pou- zolzii. Reseda Jacquini , R. gracilis. Dianthus atro-rubens. Lychnis Coronaria. Hypericum hyssopifolium. Acer opuii- lium. Trifolium parvillorum , T. patens. Spiraea salicifolia. Potentilla recta. Rosa cinnamomea, R. fœtida. Sedum Ana- campseros. Buplevrum affine. Knautia hybrida. Galatella rigida. Bidens bipinnata. Senecio lividus. Echinops sphaero- cephalus. Carduus picnocephalus. Microlonohus salmanticus. Lobelia urens. Campanula Médium. Polemonium caeruleum. Echium pyrenaicum. Ramondia pyrenaica. Ruraex mari- timus , R. maximus, R. intermedius. Urtica pilulifera. Arum italicum. Gladiolus communis. Juncus Gerardi. Carex gynomane, C. nitida. Bromus tectorum. Lycopodium alpinum. Quatrième liste. — Espèces éliminées pour cause d'indifférence relative- ment à l'état physique du sol. RANDiNCCLACE^E. Clematis Vitalba. Anémone Pulsatiila, Ranunculus Ficaria. R. chaerophyllos, R. acris, R. bulbosus, R. parviflorus. 92 SOI. PHYSIQUE. Berberide^. Berberis vulgaris. Papaverace^. Papaver Argemone. Glaucium luteum. Chelidonium majus. FuMARiACE/E. Fumaria officinalis , F. Vaillantii. Crucifère. Arabis brassicœformis, A. hirsuta. Carda- mine hirsuta. Sisymbrium officinale, S. polyceratium, S. Irio, S. Sophia. S. Alliaria. Alyssum calycinum. Draba muralis, D. verna. Lepidium latifolium. Capsella bursa-pastoris. ViOLARiE.E. Viola hirta, V. odorata, V. agrestis. Resedace^. Reseda luteola. Silènes. Dianthus carthusianorum, D. superbus. Sapo- naria officinalis, S. ocymoides. Cucubalus bacciferus. Silène inflata, S. pratensis, S. diurna. Alsine^. Lepigonum marginatum. Mœhringia trinervia. Stellaria média. Cerastium glomeratum, C. brachypetalum,, C. arvense. LiNE.E. Linum catharticum. Malvace^e. Malva Alcaea, M. fastigiata. TiLiACE^. Tilia grandifolia, T. parvifolia. Hyperice^. Hypericum tetrapterum , H. hirsutura. AcERACEiE. Acer platanoides , A. campestre. Geraniace^. Géranium pusillum , G. columbinum, G. molle, G. Robertianum. CELASTRiNEiE. Evonymus europseus. Rhamne^e. Rhamnus catharticus, R. Frangula. Papilioxace^e. Ononisrepens. Anthyllis Vulneraria. Me- dicago lupulina, M. minima, M. denticulata. Trifolium ma- ritimum, T. repens, T. procumbens. Dorycnium suffrulico- sum. Lotus corniculatus, L. tenuifolius. Psoralea bituminosa. Astragalus glyciphyllos. Vicia cracca , V. onobrychioides. Ervum hirsutum. Lathyrus pratensis. RosACEiE. Prunus spinosa. Cerasus avium. Geum urba- ESPÈCES ÉLTSIINÉES. 93 num. Fragaria vesca, F. elatior, F. collina. Potentilla hirta. Agrimonia Eupatoria. Rosa canina. R. rubiginosa , R. ar- vensis. Crataegus Oxyacantha, C. monogyria. Pyrus commu- nis. ONAGRARiEyE. Epilobium angustifolium , E. montanum. Callitrichine^. Callitriche stagnalis, C. platycarpa. CrassulacejE. Sedum album , S. acre. Grossularie^. Ribes uva-crispa. Saxifrages. Saxifraga tridactylites. Umbelliferes. Sanicula europaea. Ammi majus. JEgo- podium Podagraria. Carum Carvi. Angelica sylvestris. Pas- tinaca sativa. Heracleum sibiricum , H. Sphondylium. Dau- cus Carota. Torilis Anthriscus , T. helvetica , T. nodosa. Antbriscus sylvestris, A. Cerefolium, A. vulgaris. Chaero- phyllum Temulum. Araliace.*:. Hedera Hélix. CoRNE.E. Cornus sanguinea. "O" CAPRiFOLiACEyE. Adoxa Moschatellina. Sambucus nigra. Viburnm Opuius. Lonicera Xylosteum. SïELLATiE. Sherardia arvensis. Crucianella angustifolia. Galium cruciatum, G. Aparine , G. verum, G. Moilugo, G. sylvestre. DiPSACEyE. Dipsacus sylvestris. Knautia arvensis. Synantheres. Tussilage Farfara. Bellis perennis. Eri- geron acris. Filago germanica. Gnaphalium luteo-album. Arthemisia campestris, A. vulgaris. Tanacetum vulgare. Achillea Millefolium. Chrisanthemum Leuchaiithemura. Se- necio vulgaris, S. Jacobaea. Cirsium lanceolatum. Carduus tenuillorus, C. crispus, C. nutans. Lappa minor, L. major, L. tomentosa. Carlina vulgaris. Centaurea Jacea , C. Sca- biosa , C. maculosa , C. caleitrapa. Lapsana communis. Ci- chorium Intybus. Leontodon autumnale, L. Villarsii. Picris 94 SOL PHYSIQUE. hieracioïdes. Tragopogon pratensis. Hypochaeris radicata. Taraxacura dens-leonis. Sonchus asper. Barkausia taraiaci- folia. Crépis biennis , C. virens. Hieracium Pilosella, H. murorum , H. umbellatum. Campanulace.e. Campanula rotundifolia , C. rapuncu- loïdes, C. Trachelium , C. Rapunculus. ERiCACEiE. Calluna vulgaris. ÛLEACEiE. Lygustrum vulgare. OpocYNEiE. Vinca minor. Gentiake^. Gentiana cruciata. Erythraea Gentaurium. CoNVOLVCLACEiE . Convolvulus sepium. B0RAGINE.E. Cynoglossum officinale. Lycopsis arvensis. Symphitum tuberosum. Echium vulgare. Lithospermum pur- pureo-caeruleum , L. officinale. Myosotis intermedia, M. hispida , M. versicolor. SoLANE/E. Solanum villosum , S. miniatura , S. nigrum. Hyoscyamus niger. VERBASCE.f;. Verbascum Schraderi, V. sinualum, V. ni- grum. Scrophularia nodosa. Antirrhine^. Gratiola offîcinalis. Veronica officinalis, V. Chamaedrys, V. prostrata, V. Teucrium, V. spicata, V. arvensis, V. triphyllos, V. agrestis, V.polita, V. hederifolia. Rhinanthace^. Euphrasia serotina. Labiat^. Lavandula Spica. Salvia pratensis. Origanum vulgare. Thymus Serpyllum. Satureia hortensis. Clinopodiura vulgare. Nepeta Cataria. Lamium amplexicaule., L. incisum, L. purpureum, L. maculatum, L. album. Galeopsis Tetrahit. Stachys arvensis. Marrubium vulgare. Ballota nigra. Leonu- rusCardiaca. Prunella vulgaris, P. alba. Ajuga reptans. VerbenacevE. Verbena offîcinalis. Primulace^ . Anagallis arvensis , A . caerulea . Primula offi- cinalis , P. elatior, P. variabilis , P. acaulis. Glaux maritime. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 95 Plantagine^e. Plantago major, P. média, P, lanceolata, P. maritima , P. serpentina. AMARANTIIACE.E. Amaranthus sylvcstHs , A. retroflexus, A. Blitum. CiienopodejE. Salsola Kali. Chenopodium hybridum, C. urbicum , C. murale , C. album, C. polyspermum , C. vul- varia. Blitum virgatum , B. bonus Henricus , B. glaucum. Beta vulgaris , var. maritima. Atriplex patula , A. latifolia, A. rosea, var. alba. PolygonejE. Rumex acetosa. Polygonum aviculare, P. dumetorum. EuPHORBiACE^. Euphorbia helioscopia , E. stricta , E. cyparissias , E. portiandica , E. Peplus. Urtice^. Urtica urens, U. dioica. Parietaria erecta , P. diffusa. Ulmus montana , U. effusa. AMENTACEiE. Qucrcus coccifera. Corylus Avellana. Car- pinus Betulus. Salix Caprea. Populus Tremula. JuNCAGiNE^. Triglochin maritimum , T. palustre. Aroide.e. Arum maculatum. ÛRCHiDEiE. Orchis Morio, 0. maculata. Limodorum abor- tivum. Epipactis latifolia. Goodiera repens. Amaryllide^. Galanthus nivalis. DioscoRE^. Tamus rommunis. LiLiACE^. Tulipa sylvestris. Asphodelus albus. Scillaau- tumnalis. Muscari comosum. Allium oleraceum , A. inter- medium. CoLCHiCACE^. Colchicum autumnale. JuNCACEiE. Juncus sylvaticus , J. obtusiflorus. Luzula pilosa , L. campestris. Cyperace^. Carex divisa, C. praecox , C. distans, C. sylvaticac Graminejî. Andropogon ïschccmum. Anthoxanthum 96 SOL PHYSIQUE. odoratum. Gastridium lendigerum. Holcusianatus. Agrostis stolonifera, var. glaucescens. Arrhenatherum elatius. Avena sterilis , A. pubescens, A. flavescens. Briza maxima , B. média. Poaannua, P. nemoralis , P. trivialis , P. praten- sis. Glyceria distans. Dactyiis glomerata. Cynosurus crista- tus. Festuca duriuscula , F. rubra, F. gigantea , F. elatior. Brachypodium sylvaticum , B. pinnatum. Bromus mollis, B. asper, B. erectus. Triticum repens , T. caninum. Hordeum murinum. Lolium perenne. iEgilops ovata, JE. triuncialis. Lycopodiace^. Lycopodium Selago. FiLiCES. Polypodium vulgare. PolystichumFilix-mas. As- plenium Filix-femina , A. Trichomanes, A. Ruta-muraria. Cinquième liste. — Espèces éliminées à cause de Vinfluence de Veau qui les rend indifférentes aux sols. Rancnculace.c Ranunculus confusus, R. aquatilis, R. trichophyllus , R. fluitans , R. flammula , R. repens, R. philonotis. Nympheace^. Nymphaea alba. Nuphar luteum. Crucifère. Nasturtium officinale, N. amphibium, N. sylvestre, N. palustre, N. pyrenaicum. Cardamine sylvatica, C. Impatiens, G. pratensis, G. amara. Sisymbrium asperum. Droserace.e. Drosera rotundifolia , D. intermedia. SiLENEiE. Lychnis flos-cuculi. AlsinevE. Stellaria uliginosa. Malachium aquaticum. Geraniace.e. Géranium phaeum. Papilionace^. Tetragonolobus siliquosus. Rosaces. SpiraeaUlmaria. Potentillasupina, P. anserina, P. reptans. Onagrarie^. Epilobium hirsutum , E. parviflorum, E. tetragonum. Isnardia palustris. Gircœa lutetiana. Trapa na- tans. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 97 HaloragEvE. Myriophyllum verticillatum, M. spicatum , M. alterniflorum. Ceratophylle^. Ceratophylluin submersum, C. demer- sum. Lythrarie^. Lythrum Salicaria. Saxifrages. Chrysosplenium oppositifolium. UmbellifertE. Hydrocotyle vulgaris. Helosciadium no- diflorum. Berula angustifolia. OEnanthe fistulosa , OE. La- chenalii, OE. pimpinelloides, OE. Phellandrium. Silaus pra- tensis. STELLATiE. Galiuni uliginosum, G. palustre. DiPSACEs. Dipsacus pilosus. SYNANTHEREiE. Eupatorium cannabinum. Petasites vul- garis. Pulicaria vulgaris, P. dyssenterica. Bidens tripartita. Gnaphalium uliginosum. Senecio erraticus. Campanulaces. Wahlenbergia hederacea. Gentianeje. Limnanthemum nymphoïdes. Erythraea pul- chella. BoRAGiNEiE. Symphitum officinale. Myosotis palustris. SoLANEs. Solanum Dulcamara. Verbasces. ScrophulariaBalbisii. ANTHiRRHiNEiE. Veronica Anagallis , V. Beccabunga. Lindcrnia pyxidaria. Labiats. Mentha rotundifolia , M. sylvestris, M. aqua- tica, M. sativa, M. gentilis. M. arvensis. Pulegium vulgare. Lycopus europseus. Stachys ambigua. S. palustris. Lentibularie^. Pinguicula longifolia. Utricularia vul- garis, U. rainor. PrtmulacEjE. Lysimachia vulgaris , L. Nummularia. Anagallis tenella. Hottonia palustris. CHENOPODEiE. Blitum rubrum. Polygones. Rumex conglomeratus, R. sanguineus, R. 98 SOL PHYSIQUE. pulcher, R. obtusifolius, R. pratensis, R. crispus, R. aqua- ticus. Polygonum amphibium , P. lapathifolium, P. Persi- caria, P. Hydropiper, P. minus. Euphordiace.ï:. Euphorbia platvphylla. Amentace.e. Salix fragilis, S. amygdalina , S. rubra, S. incana, S. cinerea. Alismace/E. Alisma Plantago, A, ranunculoides. Dama- sonium stellatum. PoTAME.E. Potamogetonnatans, P. rufescens, P. hete- rophyllum , P. lucens, P. perfoliatum, P. crispum, P. den- sum , P. pusillum, P. monogynum , P. peclinatum. Zani- chellia palustris, Z. pedicellata. Lemnace.ï:. Lemna trisulca, L. polyrrhiza, L. minor, L. gibba. Typhace.e. Typha latifolia. Sparganium ramosum. Iride.e. Iris pseudo-Acorus. LiLiACE.E. Anthericum planifoHura. Allium suaveolens. JuNCACE/E. Juncus conglomeratus , J. effusus , J. glau- cus , J. filiformis, J. compressas, J. bufonius , J. lampo- carpus. Cyperace.e. Cyperus longus. Schœnus nigricans. He- leocharis palustris. ScirpusBaeotryon, S.lluitans,S. setaceus, S.supinus, S. lacustris, S.Tabernaemontani, S.Michelianus. S. compressus. Carex Davalliana, C. disticha , C. vulpina, C. muricata , C. divulsa, C. elongata, C. canescens, C. vul- garis, C. tomentosa, C. panicea, C. glauca, C. maxima, C. pallescens, G. flava, C. paludosa, C. riparia, C. hirta. Gramine^. Phalaris arundinacea. Phleum pratense. Leersia oryzoides. Phragmites comraunis. Arundo Donax. Glyceria aquatica, G. fluitaus, G. airoides. Equisetace/E. Equisetum arvense , E. palustre, E. li- mosum. PLANTES DES SOLS ROCHEUX. 99 FiLiCES. Cystopteris fragilis, C. regia. Scolopendrium of- ficinarum. CHARACEiE. Chara hispida , C. fœtida, C. fragilis, C. cri- nita. Nitella coronata, N. syncarpa, N. translucens, N. Bron- gniartiana, N. gracilis. § 2. FI.A1TTES D£S SOX.S ROCHEUX. Crucifère. Cheiranthus Cheiri. Arabis auriculata, A. alpina, A. Gerardi, A. muralis, A. cebennensis, A. Turrita. Erucastrum incanum. Alissum spinosum, A. macrocarpura. Draba aizoides. Cochlearia saxatilis. Biscutella laevigata, B. saxatilis. Capsella procumbens. TEthionema saxatile. VioLARiE.^. Viola bidora. Silènes. Dianthus hirtus, D. Caryophyllus , D. caesius. Silène Saxifraga. Alsineje. Alsine rostrata. Arenaria hispida, A. mon- tana. Hypericine^. Androsaemum officinale. Hypericura li- nearifolium. Rhamne^. Rharanus alpinus, R. infectorius, R. Alaternus. Geraniace^. Géranium lucidum. Papilionace^. Genista prostrata, G. pilosa, G. purgans. Lotus angustissimus. Coronilla Emerus. Rosaces. Potentilla rupestris, P. verna, P. caulescens. Rosa pimpinellifolia var. mitissima. Alchemilla alpina. Aro- nia rotundifolia. Sorbus Chamemaespilus. Crassulace^e. Sedum maximum, S. Telephium, S. hir- sutum , S. dasyphyllum , S. brevifolium , S. annuum , S. repens, S. anopetalum. Serapervivum arvernense, S. arach- noideum. Umbilicus pendulinus. Saxifrages. Saxifraga A izoon , S. bryoides, S. Giusii, 100 SOL PHYSIQUE. S. cuneifolia, S. exarata, S. pubescens , S. pedatifida , S. hypnoides. UmbelliferjE. Seseli coloratum. Athamanta cretensis. Caprifoliace^. Viburnum ïinus. Stellat.e. Vaillanlia muralis. ValeriaisEvE. Valeriana tripteris. Centranthus angusti- folius, G. ruber. Synantiiere.e. Phagnalon sordidum. Inula montana. Anlhemis montana. Chrysanthemum montanum, G. ceben- nense. Senecioleucophyllus, S. lanatus. Ceritaurea pectinata. Phœnixopus ramosissimus. Lactuca perennis. Hieracium saxatile, H. Mougeoti, H. amplexicaule , H. ocbroleucum. GampanclacejE. Jasione humilis. Campanula Erinus. Ericine^. Arbutus Unedo. SoLANE^. Hyosciaraus albus. Anthirrhine^. Antirrhinum majus, A. Azarina. Lina- ria Cyrabalaria, L. origanifolia. Erinus alpinus. Labiat.e. Satureia montana. Hyssopus officinalis. Teu- crium flavum. Plantagine^. Plantago serpentina, var. minima. THYMELEyE. Daphnc Cneorum, D. alpina. EmpetrEvE. Empetrum nigrum. GeltidEjE. Geltis australis. Gomfer.ï;. Juniperus nana. Iride^, Iris germanica, I. olbiensis. LiLiACEiE. Allium fallax. Gramine.e. Polypogon monspeliense. Agrostis setacea. Melica ramosa. Molinia serotina. Festuca rigida. FiLiCES. Geterach offîcinarum. Asplenium Halleri, A. Adianthum nigrum, A. Breynii , A. septentrionale. Adian- thum capillus Veneris. Cheilanthes odora. Notholœna ma- rantse. PLANTES DES SOLS KOCAILLEUX. 101 § 3. FI.ANTES DES SOLS ROCAILi:.EUX. Ranunculace^. Clematis flammula. Thalictrum sylvati- cum , T. saxatile , T. minus. Anémone Hepatica. Adonis vernalis. Ranunculus gramineus. Helleborus fœtidus. Aco- nitum Napellus, A. lycoctonum. Papaveraceje. Meconopsis cambrica, FuMARiACEvE. Corydalis claviculata. Crucifère. Cardamine resedifolia. Eruca sativa. Isatis tinctoria. CiSTiNE^. Cistus albidus , G. salvifolius, C. laurifolius. Helianthemum umbellatum, H. alyssoides, H. Fumana, H. procumbens, H. italicum, H. vineale, H. apenninum. ViOLARiE^. Viola Sagoti. Resedace^. Reseda lutea. Astrocarpus sesamoïdes. PoLYGALE^. Polygala calcarea. Silènes. Dianthus virgineus. Silène ciliata, S. rupestris, S. italica, S. Otites. Alsine^. Buffonia macrosperma. Sagina patula, S. saxa- tilis. Alsine Jacquini. Arenariaaggregata, A. ligericina. LiNE^. Linum gallicum, L. llavum , L. salsoloides, L. tenuifolium, L. narbonnense, L. austriacum. Acerace^. Acer monspessulanus. Geramace^. Géranium sanguineum. RuTACE^. Ruta graveolens, R. angustifolia. CgriariEjE. Coriaria myrtifolia. Rhamne^. Paliurus aculeatus. Terebinthace^. Pistachia Terebinthus. Rhus Cotinus. PapilionacevE. Genista Scorpius, G. hispanica. Cytisus sessilifolius, Ononis Columnae, O. minutissima , 0. striata, O. fruticosa. Anthyllis montana. Trifolium rubans, T. Boc- 102 SOL PHYSIQUE. coni, T. pallescens. Colutea arborescens. Astragalus pur- pureus, A. hamosus, A. monspessulanus. Coronilla minima. Hippocrepis comosa , H. unisiliquosa. Onobrychis supina. Lathyrus sylvestris. Orobus vernus , O.albus. RosACEiT. Spirœa Filipendula. Rubus saxatilis, R. cœsius, R. discolor, R. tomentosus, R. collinus, R. thyrsoideus, R. idaeus. Agrimonia odorata. Rosa pimpinellifolia, R. collina, R. sempervirens. Poterium Sanguisorba. Crateegus pyracan- tha. Cotoneaster vulgaris , C. tomentosa. Pyrus amygdali- formis. Paronychie^. Herniaria incana. Crassulace^. Seduni Fabaria, S. reflexum , S. altissi- mum, S. elegans, GuossuLARiEyE. Ribes alpinum, R. petrœum. Umbellifer^. Ptychotis heterophylla. Buplevrum aris- tatum , B. (alcatum , B. rigidum , B. ranunculoides var. caricinum , B. frulicosum. Fœniculum officinale. Seseli Gouani, S. tortuosum. Peucedanum Cervaria , P. Oreose- linum , P. alsaticum. Tordylium maximum. Laserpitium Nestleri, L. Siler, L. gallicum. Caprifoltace^. Sambucus racemosa. Lonicera implexa, L. etrusca,L. nigra, L. alpigena. Stellat^i:. Rubia peregrina. Asperula galioides. Galium divaricatum, G. lucidum, G. rubrum. Valérianes. Centranthus Calcitrapa. DiPSACES. Cephalaria leucantha. SynaktherEtE. Lynosiris vulgaris. Aster alpinus , A. Amellus. Erigeron alpinus. Inula squarrosa. Helichrysum angustifolium. Artemisia Absinthium , A. camphorata. Achillea tomentosa. Chrysanthemum pallens, C. graminifo- lium. EchinopsRitro. Carduus vivariensis. Carlina acanlhi- folia, C. corymbosa. Serratula nudicaulis. Garduncellus mi- PLANTES DES SOLS ROCAILLEUX. 103 tissimus. Scolymus hispanicus. Catananche cserulea. Scor- zonera glastifolia var. asphodeloides , S. purpurea. Chon- drilla latifolia. LactucaScariola. Barkhausiaalbida. Andryala sinuata. Campanulace^. Campanula rhomboidalis, C. speciosa. ERiciNFyE. Arctostaphylos Uva ursi. Erica arborea,E. scoparia. Pyrolace^. Pyrola chlorantha. ÀQUiFOLiACEiE. licx AquifoMum. Oleace/E. Phillyrea latifolia , P. média, P. angustifolia. Fraxinus excelsior. AscLEPiADEyE. Cynanchum Vincetoxicum, C. nigrum. Gentlvne/E. Chlora perfoliata. Gentiana ciliata. CoNVOLVULACEvE. Convolvulus Cantabrica, C. lineatus. BoRAGiNEiE. Cynoglossum cheirifolium. Lithospermum fruticosum. Verbasce^. Verbascum mayale. Antirrhine^. Digitalis grandiflora. Linaria supina. Labiat^. Lavandula vera. Salvia officinalis. Thymus vul- garis. Calamintha menthœfolia, C. Nepeta. Melissa officina- lis. Stachys recta. Sideritis romana. Phlomis Lychnitis , P. herba-venti. Ajuga Chamaepytis. Teucrium Scorodonia , T. Chamaedrys , T. Polium , T. montanum. PrimulacEjE. Coris monspeliensis. Lysimachia Linum stellatum. Plumbagine^. Plumbago europaea. Polygones. Rumex scutatus. Aristolochie^. Aristolochia Pistolochia. EuPHORBiACE^. Buxussempervirens. EuphorbiaDuvalii. E. suffruticulosa, E. Gerardiana,E. Characias, E. nicaeensis. Amentace^, Quercus Ilex. Salix Seringeana. Betula pubescens. 104 SOL PHYSIQUE. CoMFER^. Pinus sylvestris. Abies pectinata. Juniperus communis, J. Oxycedrus. Amaryllide-E. Narcissus juncifolius. AsPARAGiNE.E. Streptopus amplexifolius. Smilax aspera. Ruscus aculeatus. LiLiACE^. Anthericum Liliago , A. ramosum. Allium fla\um , A. Schaenoprasum. JuNCACE^. Aphyllanthes monspeliensis. Gramuse.e. AndropogonGrillus.Piptatherumparadoxum. Stipa pennata. Lasiagrostis Calamagrostis. Sesleria caerulea. Kœleria valesiaca. Aira média. Avenaamethystina, A. mon- tana. 31elica ciliata. Briza minor. Brachypodium ramosum. Bromus squarrosus. FiLiCES.GrammitisLeptophylla.PolypodiumPhegopteris, P. Dryopteris, P. calcareum. Polystichum Oreopteris. Allo- sorus crispus. § A. PLANTES DES SOLS GRAVELEUX. Rancnculace^. Ranunculus monspeliacus. FuMARiACEiE. Corydalis solida. Fumaria Bastardi. Crucifère. Barbarea intermedia. Turritis glabra. Hes- peris matronalis. Sinapis arvensis, S. Cheiranthus. Diplo- taxis viminea. Lunaria rediviva. Iberis Prostii. Lepidium Smithii,L. graminifolium. Rapistrumrugosum. CiSTiNEiE. Helianthemum guttatum. ViOLARiE^. Viola sylvestris , V. Riviniana, V. canina. PoLYGALEiE. Polvgala vulgaris. Silènes. Dianthus Armeria, D. Seguieri, D. deltoides, D. monspessulano-Seguieri , D. monspessulanus. Silène Armeria , S. inaperta, S. nutans. Alsine^. Arenaria serpyllifolia. Holosteumumbellatura. Stellaria Holostea , S. graminea. Cerastium triviale. PLANTES DES SOLS GRAVELEUX. 105 Malvace^. Malva moschata , M. sylvestris, M. lotuiidi- folia . Hypericine^. Hypericum humifusum , H. perforatum, H. pulchrum. Elodes palustris. AcERiiSEiE. Acer pseudo-Plalanus. Geraniace^. Géranium rotundifolium , G. dissectum. Erodium cicutarium. Balsamines. Impatiens noli tangere. OxALiDEvE. Oxalis stricta. Papilionaces. Ulex europaeus , U. nanus. Sarothamnus vulgaris. Genista tinctoria , G. anglica , G. germanica. Ade- nocarpus parvifolius, A. cebennensis. Ononis spinosa. Medi- cagomaculata. Melilotusofficinalis. Trifolium ochroleucum, T. incarnatum var. Molineri , T. angustifolium , T. hirtum, T. glomeratum, T. hybridum , T. aureum. Vicia sepium , V. lutea. Ervum tetraspermum , E. gracile, E. Ervilia. Lathyrus angulatus. Orobus tuberosus. Rosaces. Cerasus Padus. Geum sylvaticum. Rubus du- metorum, R. Godroni, R. fruticosus. Potentilla argentea , P. verna var. major. Rosa canina var. andegavensis. Mes- pilus germanica. Pyrus salvifolia. Sorbus torminalis. Onagraries. Epilobium lanceolatum, E. origanifolium. Callitrichine/e. Callitrichevernalis, C. autumnalis. Paronychies. Paronychia polygonifolia. Crassulaces. Sedum amplexicaule. Saxifrages. Saxifraga granulata, S. rotundifolia. Umbellifers. Eryngium campestre. Heliosciadum inun- datum.OEnanthe peucedanifolia. iEthusa cynapium.Meum athamanticum. Peucedanum parisiense. Chserophyllum hir- sutum. Melopospermum cicutarium. Caprifoliaces. Viburnum Lantana. Lonicera Pericly- menum. 106 SOL PHYSIQUE. STELLATiE. Galium approximatum , G. erectum. DiPSACE,*;. Scabiosa Columbaria. Synanthere/e. Solidago virga aurea. Bidens cernua. Helichrysum Stœchas. Achillea Ptarmica. Anthémis Cotula, A, nobilis. Matricaria Charaomilla. Chrysanthemum Par- thenium , C. inodorum. Senecio artemisiaefolius. Girsium eriophorum ,C. anglicum. Stœehelina dubia. Centaurea ni- gra. Crupina vulgaris. Arnoseris pusilla. Tolpis barbata. Leontodon hastile. Hypochœris glabra. Taraxacum laeviga- tum. Lactuca virosa. Hieracium vulgatum, H. boréale, H. rigidum. Andryala integrifolia. Ambrosiace^. Xanthium spinosum. Campanulace/E. Phyteuma spicatum. Campanula persi- cifolia, C. Cervicaria, C. glomerata. ERiCACEiE. Erica cinerea. PYROLACEiE. Pyrola rotundifolia , P. uniflora. Verbasce.e. Verbascum Lychnitis , V. Thapso-flocco- sum, V. Lychnitidi-floccosum. Antirrhine^. Digitalis purpurea , D. purpureo-Iutea , D. lutea. Linaria Pelisseriana , L. arvensis, L. vulgaris. Anarrhinum bellidifolium.Veronica serpyllifolia,V. acinifolia. Rhinanthace.e. Melampyrum cristatum , M. pratense. Rhinanthus minor, R. major, R. Alectorolophus. Euphra- sia officinalis , E. Odontites , E. lutea. Labiat^. Lavandula Stœchas. Calamintha Acinos, C. officinalis. Melittis Melissophyllum. Galeopsis Ladanum, G. ochroleuca. Betonica officinalis. Plumbagine^. Statice plantaginea. Polygones. Ruraex Acetosella. Polygonum mite, P. Convolvulus. Thymele^. Daphne Gnidium. EuphorbiacEjE. Buxus sempervirensvar.arborescens. PLANTES DES SOLS SABLONNEUX. 107 Amentace^e. Quercus sessilillora , Q. pedunculata. Salix purpurea. Betula alba. AInus glutinosa. Conifères. Pinus pyrenaica. Alismace^. Sagittaria sagittœfolia. Typuace^. Sparganium simplex. OucHiDEyE. Orchis ustulata, 0. coriophora. Gymnadenia conopsea. Spiranthes œstivalis. Iride^. Iris fœtidissima. LiLiACEiE. Scilla verna. Allium vineale. JuNCACEyf:. Juncus pygniceus , J. supinus. Luzula gla- brata , L.multiflora. CYPERACEiE. Carex Schreberi , C. pilulifera, C. ericeto- rum, C. digitata, C. pseudo-Cyperus. Gramine^e. Anthoxantlîum Puelii. Alopecurus agrestis. Aperainterrupta.Kœleriacristata.AiracaespitosajA.flexuosa. Holcus mollis. Avena pratensis. Triodia decumbens. Poa bulbosa. Cynosurus echinatus. Festuca tenuiflora , F. La- chenalii , F. sciuroides, F. myuros , F. ovina. F. arundi- nacea. Bromus secalinus , B. racemosus , B. sterilis , B. ma- dritensis. Gaudinia fragilis. Lolium multillorum. Psilurus nardoides. Equisetace^e. Equisetum ramosum , E. hiemale. Filices. Polystichum spinulosum. Pteris aquilina. § 5. PLANTES DES SOLS SABLONNEUX. RANUNCULACEiE. Ranunculus hederaceus , R. Lenor- mandi , R. acris var. multifidus. Papaveraceje. Papaver dubium. Crucifère. Barbarea vulgaris , B. praecox, Sisymbrium Thalianum. Brassica nigra. Sinapis Cheiranthus var. chei- rantbidora. Diplotaxis muralis. Teesdalia nudicaulis. 108 SOL PHYSIQUE. ViOLARiE^. Viola segetalis , V. gracilescens , V. viva- riensis. SiLENE^E. Gypsophila muralis. Dianthus prolifer, Silène conica , S. gallica. Alslxe^. Sagina apetala , S. procumbens, S. subulata. Spergula arvensis , S. pentandra. Lepigonum rubrum. Al- sine tenuifolia . var. viscidula, Mœnchia erecta. Cerastium semidecandrum, C. glutinosum. Elatine^e. Elatine hexandra, E. major, E. Alsinastrum. LiNE^. Radiola linoides. Linum angustifolium. OxALiDEiE. Oxalis corniculata. Zygophylle^. Tribulus terrestris. Papilionace^. Lupinus angustifolius. Medicago minima var. elongata, M. apiculata. Melilotus raacrorhiza, M. alba. Trifolium arvense , T. striatum , T. scabrum , T. subterra- neum , T. repens var. prostratum , T. nigrescens , T. ele- gans , T. agrarium. Ornithopus compressus , 0. perpusillus. Vicia tenuifolia , V. angustifolia , V. lathyroides. Ervum monanlhos. Lathyrus sphaericus, L. setifolius. RosACEiE. Potentilla fragariastrum. Alchemilla arvensis. Onagrarie.e. Epilobium Dodonaei. Lythrarie.e Lythrum hyssopifolium , L. thymifolium. PeplisPortula. PoRTULACE^. Montia minor, M. rivularis. PAR0NYCH1E.E . Corrigiola littoralis. Herniaria glabra , H. hirsuta. Ulecebrum verticillatum. Paronychia cymosa. Polycarpon tetraphyllum. ScLERANTHEiE. Sclcranthus perennis , S. annuus. CRASSULACEiE. Scdum cepaea, S. rubens, S. villosum. Umrellifer^. Pimpinella Saxifraga. var. poteriifolia. Saxifrages. Saxifraga stellaris. Chrysosplenium alter- nifolium. PLANTES DES SOLS SABLONNEUX. 109 Stellat^. Asperula cynanchica. Galium anglicum, G. boréale, G. sylvestre var. montanum. Synantherete. Inula graveolcns. Filago arvensis, F. mi- iiima. Logfiagallica. Gnaphalium dioicum. Anthémis altis- sima , A. peregrina, A. arvensis. Senecio viscosus, S. syl- vaticus , S. gallicus. Centaurea nnacnlosa var. macroce- phala, G. aspera. Thrincia hirta. Crépis virens var. agrestis. Hieracium Auricula. AMimosiACEiE. Xanthium macrocarpum. Campanulace^. Jasione montana, J. perennis. Canipa- nula patula. Gentianes. Cicendia filiformis, C. pusilla. BoRAGiNE^. Myosotis stricta. VerbascE/E. Verbascum thapsiforme, V. phlomoides, V. floccosum, V. Chaixi, V. Thapso-Lychnitis, V. Thapso- nigrum, V. nigro-floccosum. Scrophulariacanina. Antirrhine^. Antirrhinum Orontium. Linaria Elatine , L. minor. Veronica verna. Limosella aquatica. Labiat^e. Prunella grandidora. Ajuga genevensis. Plantagine^. Littorella lacustris. Plantago major var. intermedia , P. Coronopus , P. Psyllium , P. arenaria. P. Cynops. Amaranthace^. Amaranthus prostratus. Chenopode^. Polychnemum arvense, P. majus. Cheno- podium Botrys. EuPHORBiACE^. Croton tinctorium. Orchidée. Serapias pseudo-cordigera , S. lingua. LiLiACE^. Ornithogalum umbellatum. JuNCACE^. Juncus Tenageia, J. capitatus. CvPERACEiE. Cyperus flavescens , C. fuscus. Heleocha- ris uniglumis, H. acicularis. Gramine^. Tragus racemosiis. Panicum ciliare, P. glau- 110 SOL PHYSIQUE. cum , P. Crus-galli. Selaria glauca. Crypsis alopecuroides. Phleum Bœhmeri , P. asperum. Chamagrostis rainima. Cynodon dactylon. Agrostis stolonifera, A. vulgaris, A. canina. Calamagrostis Epigeios. Kœleria phleoides. Cory- nephorus canescens, C. articulatus. Avena tenuis, A. ca- ryophyllea, A. praecox. Eragrostis Megastachya, E. poaeoi- des, E. pilosa. Poa compressa. Festuca pseudo-myuros , F. duriuscula var. glauca. Bromus arvensis. Equisetace^. Equisetum variegatum. MARSiLEACiLa;. PilulaHa globulifera. § 6. FIiANTES D£S SOI.S DÉTBITIQUES. Ranuncîjlace^. Anémone vernalis, A. montana, A. alpina , A. ranunculoides. Ranunculus platanifolius , R. aconitifolius, R. auricomus , R. nemorosus. Caltha palustris. Trollius europaeus. ïsopyrum thalictroïdes. Aquilegia vul- garis. Actaea spicata. Nympheace^. Nuphar pumilum. CRUCIFER.E. Dentaria digitata , D. pinnata. Braya pin- natifida. Sinapis Cheiranthus var. montana. Thlaspi virga- tum , T. alpestre. CiSTiNE^t Heliantheraum vulgare. ViOLARiE^. Viola palustris , V. epipsila , V. canina var. lucorum, V. sudetica. Droserace^. Parnassia palustris. PoLYGALE^. Polygala vulgaris var. alpestris. SilenEjî:. Lychnis Viscaria. ALS1NE.E. Alsine verna. Mœrhingia muscosa. Stellaria nemorum. Cerastium alpinum , C. arvense var. strictum. Hypericine^. Hypericum quadrangulum, H. montanum. GeraniacE/E. Géranium nodosum , G. sylvaticum. PLANTES DES SOLS DÉTRITIQUES. 111 OxALiDEiE. Oxalis Acetosella. Papilionace^. Genista Delarbrei. Cytisus sagittalis. Tri- folium pratense, var microphyllum , Id. var. nivale, T. médium , T. alpestre , T. alpinum , T. monlanum , T. spa- diceum, T. badium. Lotus uliginosus. Vicia Orobus. Oro- bus niger. Rosaces. Geum rivale, G. montanum. Rubus glandu- losus , R. hirtus, R. fastigiatus. Comarum palustre. Poten- tilla Tormentilla , P. aurea. Rosa alpina , R. rubrifolia, R. tomentosa , R. pomifera. Alchemilla vulgaris. Sanguisorba officinalis. Sorbus Aucuparia , S. hybrida, S. Aria. Onagrarie^. Epilobium palustre, E. virgatum , E. ro- seum , E. trigonum. Circea intermedia , C. alpina. Saxifrages. Saxifraga granulata var. penduliflora. UmbelliferjE. Astrantia major. Cicuta virosa. Carum verticillatum. Conopodium denudatum. Pimpinella magna. Buplevrum longifolium. Libanotis montana. Meum mutel- lina. Angelica pyrenœa. Imperatoria Ostrutium. Laserpi- tium asperura. Anthriscus sylvestris var. tenuifolia. Chae- rophyllum aureum. Myrrhis odorata. StellatjE. Asperula odorata. Galium rotundifolium. G. saxatile. Valeriane.e. Valeriana officinalis, V. dioica. Dipsaces. Knautia sylvatica, K. longifolia. Succisa pra- tensis. Scabiosa lucida. Synanthere^. Adenostyies albifrons. Petasites albus. Gnaphalium sylvaticum, G. norwegicum, G. supinum. Chry- santhemum Leucanthemum var. pinnatifidum. Doronicum Pardalianches , D. austriacum. Arnica montana. Cineraria spatulaefolia. Ligularia sibirica. Senecio Cacaliaster, S. Fuchsii, S. Doronicum. Cirsium palustre, C. palustri-erisi- thales, C. Erisithales , C. rivulare. Carduus Personata. Car- 112 SOL PHYSIQUE. lina Cynara, C. nebrodensis. Serratula tinctoria. Centau- rea montana. Leontodon pyrenaicum , L. hastile var. al- pinum. Picris crepoides. Scorzonera humilis. Hypochœris maculata. Prenanthes purpurea. Lactuca muralis. Mulge- dium alpinum , M. Plumieri. Crépis paludosa , C. succisae- folia, C. grandillora. Hieracium aurantiacum , H. longifo- lium , H. spicatum , H. boréale var. lanceolatum. CAMPANULACE.E.Phyteumahemisphaericum, P.orbiculare, P. persicaefolium, P. Halleri. Campanula linifolia, C. lati- folia. VaccimEjE. Vaccinium Myrtillus, V. uliginosum, V. Vitis iaea, V. Oxicoccos. EricacejE. Andromeda poliifolia. Erica Tetralix. PvROLACEiE. Pyrola minor, P. secunda, GENTiANEiE. Menyanthes trifoliata. Swertia perennis. Gentiana lulea, G. Pneumonanthe, G. verna, G. campestris. BoRAGiXE.E. Pulmonaria angustifolia, P. azurea. Myosotis sylvatica. Solane^. Atropa Belladona. Antirrhine^. Linaria striata. Veronica scutellata , V. montana, V. alpina. Rhixamhace.e. Melampyrum sylvaticum. Pedicularis sylvatica, P. palustris, P. comosa, P. foliosa, P. verticillata. Bartsia alpina. Euphrasia minima. Lariat^. Thymus serpyllum var. citriodorus. Calamin- tha grandiflora. Galeobdolon luteum. Stachys alpina, S. syl- vatica. Scutellaria galericulata , S. minor. Ajuga reptans var. alpina , A. pyramidalis. LentibllariEvE. Pinguicula vulgaris. PRiMLLACEiE. Lysimachia nemorum. Androsace carnea. Soldanella alpina. Plantagine-e. Plantago alpina. PLANTES DES SOLS DÉTRITIQUES. 113 PoLYGONEiE. Rumcx alpiiius , K. «rifolius. Polygonum Bistorta , P. viviparum. TiiYMELEyi:. Daphne Mczercum , D. Laureola. SantalacetE. Thcsium pratcnsc, T. alpinum. Aristolochie^. Azarum europœum. EuPHOUBiACE^. Euphorbia hyberna, E. procera. Mercu- rialis perennis. Amentace/e. Fagus sylvatica. Salix pentendra, S. aurita, S. phylicifolia, S. repens, S. lapponum, S. herbacea. Alismace^e. Alisma natans. JuNCAGiNE^. Scheuchzeria palustris. Orchidée. Orchis globosa , O. mascula , O. sambucina, 0. latifolia, O.incarnata. Gymnadenia albida. Cœloglossum viride. Platanthera bifolia, P. chlorantha. Nigritella angus- tifolia. Ophrys muscifera. Cephalanthera ensifolia. Epipactis rubiginosa , E. palustris. Listera ovata. Spiranthes autum- nalis. Iride^. Crocus vernus. AmaryllidEvE. Narcissus pseudo-Narcissus, N. poeticus. Asparagine^. Paris quadrifolia. Convallaria verticillata, C. Polygonatum , C. multiflora , C. maialis. Maianthemum bifolium. LiLiACEiE. Lilium Martagon. Erythronium dens canis. Paradisia Liliastrum. Gagea lutea. Scilia bifolia , S. Lilio- Hyacinthus. Endymion nutans. Allium victoriale , A. ur- sinum , A. paniculatum. Narthecium ossifragum. CoLCHiCACE^. Veratriim album. JuNCACEvE. Juncus squarrosus, J. supinus var. repens, J. alpinus. Luzula Forsteri, L. raaxima, L. nivea, L. multiflora var. nigricans, L. sudetica, L. spicata. Cyperaceje. Rhynchospora alba. Scirpus caespitosus, S. sylvaticus. Eriophorum alpinum , E. vaginatum , E. iatifo- II 8 114 SOL PHYSIQUE. lium , E. angustifolium , E. gracile. Carex pulicaris , C. paucidora, C. cliordorrhiza, C. teretiuscula , C. paniculata, C. reraota, C. stellutata, C. leporina, C. acuta, C. limosa, C. montana, C. polyrrhiza, C. ampuUacea, C. vesicaria, C. filiformis. Gramine.e. Alopecurus pratensis, A.geniculatus. Phleum alpinum. Agrostis rupestris. Calamagrostissylvatica. Miliura effusum. Avena versicolor. Melica unillora. Poa alpina , P. sudetica. Molinia cserulea. Festuca heterophylla, F. nigres- cens, F. rheetica, F. spadicea, F. sylvatica. Nardus stricta. Equisetace^. Equisetum Telmateia, E. sylvaticum. Marsileace^. Marsilea quadrifolia. Isoetes lacustris. LvcopoDiACEiE. Lycopodium inundatum, L. clavatum. Selaginella spinulosa. FiLiCES. Botrychium Lunaria , B. rutcefolium. Osmunda regalis. Aspidium aculeatum. Folystichum spinulosum, \ar. tanacetifolium. Blechnum spicant. § 7. PLANTES DES SOLS MARNEUX. Ranunculace.e. Thalictrum aquilegifolium , T. majus. Ranunculus sceleratiis. Papaverace^. Papaver hybridum, P. dubium. Glaucium corniculatum. Crucifère. Sisymbrium Columnse. Sinapis alba. Uiplo- taxis erucoides, D. tenuifolia. Camelinamicrocarpa. Thlaspi arvense, T. perfoliatum , T. praecox. Iberis pinnata. Lepi- diura Draba. L. campestre, L. ruderale. Hutchinsia petrœa. Senebiera Coronopus. CiSTiNE^. Helianthemum salicifolium. ResedacevE. Reseda pliyteuma. Polygale^. Polygala coniosa, P. depressa. PLANTES DES SOI.S MARNEUX. 115 Alsine^. Alsine tenuifolia. LiNEiE. Linum maritimiim , L. slrictum. Malvacete. AlthtTea officinalis, A. cannabina, A. hirsuta. Hyperictne^. Hypericum tomenlosum. Geraniace^. Géranium pratense, G. pyrenaicum. Ero- dium ciconium. P API LION ace/e. Ononis Natrix, 0. rotundifolia. Medicago falcata, M. orbicularis, M. Gerardi. Trigonclla monspeliaca Melilotus parvidora. Trifolium slellatum , T. fragiferum, T resupinatum. Bonjeania hirsuta. Scorpiurus subvillosa. Co- ronilla scorpioides, G. varia. Vicia serratifolia, V. liybrida, V. peregrina. Lathyrus Aphaca, L. tuberosus, L. latifolius Rosaces. Prunus fruticans, P. insititia. Rosa sepium. HiPPURiDEyE. Hippuris vulgans. CucurbitacejE. Bryonia dioica. Umbellifer^. Apium graveolens. Tnnia vulgaris. Fal- caria Rivini. Carum Bulbocastanum. Pimpinella Saxifrage. Buplevrum tenuissimum, B. junceum , B. protractum , B. rotundifolium. Seseli montanum. Orlaya grandiflora. Cau- calis daucoides , C. leptophylla. Turgenia latifolia. Conium maculatum. Corner. Cornus mas. Caprifoliace^. Sambucus Ebulus. Stellat^e. Asperula arvensis, A. galioides, Yar. elatiori Galium tricorne. ValerianEvE. Valenana tuberosa. Valerianella carinata, V. auricula, V. membranacea, V. coronata. DiPSACE^. Dipsacus laciniatus. SynantherEtE. Micropus erectus. Pallenis spinosa. Inula Helenium, I. salicina, l, Conyza, I. bifrons, l. britannica. Jasonia tuberosa. Achillea Ageratum, A. nobilis. Chrysan- themum corymbosum. Senecio eruca^folius. Cirsium feroi , 116 SOL PHYSIQUE. G. bulbosum, G. acaule. Silybum marianum. Onopordum Acanthium. Leuzea conifera. Kentrophyllum laiiatum. Gen- taurea amara, C. collina, G. paniculata, G. solstitialis. Xe- ranthemum inapertum, X. cylindraceum. Rhagadiolus stel- latus , R. edulis. Leontodon crispum. Picris hispidissima. Helminthia echioides. Urospermum Dalechampi , U. picroi- des. Tragopogon porrifolius, T. major, T. rrocifolius. Podos- permum laciniatum, P. calcitrapifolium. Taraxacum palustre. Ghondrilla juncea. Lactuca saligna. Picridium vulgare. Pte- rotheca nemausensis. Barkhausia fœtida. Grepis pulchra. AmbrosiacE/E. Xanthium Strumarium. Jasmine^. Jasminum fruticans. ÂPOCiNE.*:. Vinca major. GoNVOLVULACEiE. Gonvolvulus arvensis. BoRAGiNE^. Heliotropiumeuropaeum. Asperugo procum- bens. Echinospermum Lappula. Gynoglossum pictum. An- chusa italica. Onosma echioides. Myosotis caespitosa. SoLANE^. Physalis Alkekengi. VERBACEiE. Verbascum blattarioides, V. Blattaria. Antirrhine^. Linaria spuria, L. chalepensis, Veronica praecox. Rhinanthace^ï;. Melampyrum nemorosum. Labiat^. Salvia aethiopis, S. glutinosa , S. Sclarea, S. Verbenaca. Stachys germanica, S. Heraclea, S. annua. Pru- nella hyssopifolia. Teucrium Botrys, T. Scordium. Primclace.e. Gentunculus minimus. Androsacemaxima. Gyclamen repandum. Samolus Valerandi. GLOBCLARIE.E. Globularia vulgaris. P0LYGONE.E. Rumex scutatus var. glaucus. Polygonum Bellardi. THYMELE.E. Stcllcra Passerina. SANTALACEiE. Thesium humifusum. PLANTES DES SOLS MAUNEUX. 117 ARisïOLOCiiiEyE. Aristolocllia roturida , A. Clematitis. Edphorbiace^. Euphorbia Chamœsice, E. dulcis, E. verrucosa, E. amygdaloides, E, serrata, E. segetalis, E. fal- cata, E. exigua. Amentace^. Quercus pubescens. BuTOME^. Butomus umbellatus. Orchidée. Orchis fusca , 0. galeata , O. laxiflora , 0. palustris. Himanthoglossum hircinum. Ophrys apifera , O. arachnites , O. aranifera , O. pseudo-specuIum. Aceras antropophora. Cephalantera pallens, C. rubra. Iride^e. Gladiolus segetum. AsparaginEjE. Asparagus tenuifolius, A. acutifolius. LiliacetE. Ornithogalum pyrenaicum. Gagea arvensis. Muscari botryoides , M. racemosum. Allium roseum , A. multiflorum , A. sphaerocephalum. Cyperace^e. Cladium Mariscus. Scirpus Holoschaenus , S. maritimus. Carex humilis , C. gynobasis, C. tenuis, C. hordeistichos. Gramineje. Alopecurus fulvus. Phleum arenarium. Agros- tis verticillata. Avena pratensis var. bromoides. Poa dura, P. alpina var. badensis. Dactylis glomerata var. abbreviata. Festuca duriuscula var. mutica. Brachypodium pinnatum var. caespitosum . Triticum repens var. glaucum. Hordeum secalinum. FiLiCES. Ophioglossum vulgatum. 118 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES CHAPITRE XIX. CONSIDERATIONS GENERALES SUR LE SOL Nous avons éliminé, dans les séries précédentes, un grand nombre d'espèces que nous avons réunies sous le titre d'in- différentes , parce que nous les rencontrons sur toutes les natures de terrains. Cependant, en donnant plus d'attention à ces plantes , on reconnaît qu'elles ont toutes une préfé- rence , et l'on pourrait , à la rigueur, les faire rentrer dans des listes de prédilection. Nous nous sommes gardé de le faire , car il reste encore un si grand nombre de végétaux dans nos séries, qu'il est presque impossible d'en saisir l'en- semble; aussi M. Thurmann , dont nous n'hésitons pas à suivre l'exemple , après avoir donné , dans son beau travail de phytostatique végétale, des listes des espèces indifférentes et de celles qui préfèrent telle composition physique du sol , a construit des groupes beaucoup moins nombreux , comprenant les espèces qui contribuent plus particulièrement à la physionomie du pays. Il les désigne sous le nom de caractéristiques. « C'est à celles-là surtout, dit notre savant » collègue , qu'il faut avoir recours , comme le géologue a » recours à certaines espèces pour étabHr le type paléon- /) thologique d'un terrain; ce sont celles-là qui, au milieu » d'une masse de détails dont l'ensemble serait insaisissa- » ble , mellroiU en relief les traits généraux faciles à saisir SUR LE SOL. 119 » et éminemment comparatifs d'une contrée à une au- » tre (1). » Nous acceptons entièrement les idées de M. Thurmann à cet égard , et nous nous efforcerons de composer, comme lui , des caractéristiques qui donneront une idée nette de nos différentes espèces de végétation. Pour le moment , faisons abstraction de la nature du sol , et examinons seulement les espèces que M. Thurmann ap- pelle contraslanles f c'est-à-dire qui ne se trouvent ^owr ainsi dire jamais ensemble , et qui sont le plus propres à caractériser des contrées distinctes. C'est en réduisant , comme l'a fait M. Thurmann , le nombre des éléments , que l'on peut parvenir à établir des comparaisons sérieuses, et en conservant , autant que possi- ble , les mêmes caractéristiques que nos devanciers , quand elles jouent le môme rôle. M. Thurmann établit , pour toute sa contrée, deux listes d'espèces contrastantes , composées chacune de 50 espèces seulement. Ces hstes sont faites de telle manière, que si les plantes de l'une d'elles sont abondant es , répandues ou dominantes dans une région , les espèces de la série opposée y sont rares , dispersées ou nulles , et réciproquement. Nous n'avons pas ici à discuter, pour la préparation de ces listes, l'influence chimique ou physique du sol ; il nous suffit qu'elles soient contrastantes , dans le sens que nous venons d'indiquer. Nous allons d'abord reproduire les deux séries de M. Thurmann, en laissant chacune d'elles sous la direction d'une espèce dominante. Pour mieux faire apprécier les ana- logies, nous conserverons, en les imprimant en italiques , les espèces de M. Thurmann qui restent également contrastantes {\) Thurmann, Essai de phyloslalique , l. 1 , p. 29. 120 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES et qui remplissent le même rôle dans notre contrée , et , pour rendre ces listes plus faciles à comparer, nous conti- nuerons de suivre la synonymie du catalogue que nous avons publié avec M. Lamotte, puisque déjà nous l'avons employée dans tout le cours de cet ouvrage. Groupe de M. T/iurmann , dirigé par TOrobus Uiberosus. Orobn$ tuberosKS , — Cerasus Paclus, — Betula alba , — Sarothamnus vuhjaris, — Quercus sessilidora , — Al- nus glutinosa, — Luzi^la albida, — Carex brizoides , — Calluna vidgaris , — Aira flexuosa, — Hieracium horeale, — Ononis spinosa , — Jasione montana , — Hypericum puîchriim, — Stellaria Holostea, — ^ Gahopsis ochroïeuca, Eringium campestre , — Centaurea Calcitrapa , — Trifo- lium fragiferum, — Verbascum Blattaria, — Luzida mul- tiflora, — Filago minima, — Aira cœspitosa, — Alopécie- ruspratensis, — Triodia decumbens, — Rumex AceloseUa, — Arnoseris minima, — Montia fontana , — Nardus stricta, — Scleranthm perennis, — Pulicaria vulgaris, — Trifolimn agrarium , — Hypericum humifusum , — Se- necio sylvaticus, — Senecio aquaticus, — Verbascum floc- cosum , — Lepigonum rubrum , — Lolus tdiginosus , — Vaccinium MyrtiUus , — Juncus squarrosiis , — Sedum anmmm, — Silène rupestris, — Meum athamanlicum, — Digitalis purpurea, — Arnica montana, — Galium saxa- tile , — Calamagrostis syhalica , — Saxifraga stellaris , Carex frigida, — Asplenium septentrionale. De cette liste d'espèces caractéristiques pour la contrée de M. Thurmann, les espèces suivantes manquent dans notre flore : Luzula albida, — Carex brizoides , — Senecio aqua- ticus, — Carex frigida. SUR LE SOL. 121 Groupe de M. Thurmann, dirigil pui' /'Orobiis vcrnus. Orobus vcrnus, — Cerasus Mahalcb, — Fagus sylvatica, — Prunella graiidillora, — Prunella alba, — Jlellehorus fœ- tidus, — Cynanchum Vinceloxicum , — Anacamptis pyra- midalis, — Euphorbia amygdaloides, — Buplevrum falca- tum, — Melittis mcbssophyllum , — Veronica prostrata , — Melica ciliala , — Biixus sempervireîis, — Euphorhia ver- rucosa, — Coronilla Emerus, — Âro?iia rolundifolia, — Carex alba, — Cularnintha officinalis, — Anlhericum ramo- sum, — Dapbne Laureola, — Cytisus Laburnum, — Sesleria cœrulea, — Querciis jmbescens, — Teucrium Chamœdris, — Verbascum Lychnitis , — Trifolium riibens , — Géranium sangumeuni, — Rosa rubiginosa, — Mercurialis perennis, — Asarum europaeum , — Orchis militaris, — Ophrys arach- nites, — Cephalanthera rubra , — Convallaria Polygona- tum , — Carex humilis , — Carex gynobasis , — Festuca glauca , — Dianthus sylvestris , — Carex montana , — Rhamnus alpinus , — Carduus delloratus , — Mœhringia muscosa, — Draba aizoides, — Arabis alpina, — Saxi- fraga Aizoon , — Coronilla vaginalis , — Bellidiastrum Michelii , — ■ Lonicera alpigena , — Libanotis montana. De cette liste d'espèces caractéristiques pour la contrée de M, Thurmann, les espèces suivantes manquent dans notre flore : Anacamptis pyramidalis , — Carex alba , — Cytisus Laburnum , — Orchis militaris , — Dianthus sylvestris , — Carduus delloratus, — Coronilla vaginahs, — Bellidiastrum Michelii. Lorsque l'on compare ces deux séries d'espèces contras- tantes, on remarque que nous adoptons ici, comme jouant le même rôle sur le plateau central , la première de ces listes presque entière, mais nous sommes loin de pouvoir agir de 122 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES même relativement à la seconde ; car si dans la première nous accueillons 41 espèces sur 50, nous n'en prenons dans la seconde que 22 sur ce même chiffre de 50. Ces différences tiennent à plusieurs causes ; pour la pre- mière liste, l'analogie des espèces est due à la presque iden- tité du sol d'une partie du plateau central avec celui des Vosges et des contrées disgrégées de M. Thurmann. Dans la seconde, la diversité doit être imputée à la différence de latitude et d'élévation entre nos terrains compactes et calcaires et la chaîne du Jura. Un autre point très-important est la présence de terrains volcaniques , que nous pourrions appeler neutres , et sur lesquels les plantes caractéristiques des deux séries de M. Thurmann vivent souvent ensemble et croissent avec une grande vigueur. Pour rendre ces différences plus sensibles , reprenons les caractéristiques de M. Thurmann, et examinons séparément celles qui ne peuvent s'adapter à notre sol. Première série de la contrée de M. Thurmann , 50 espèces , 41 d'adoptées , 4 ne croissent pas dans notre contrée ; restent don:- seulement 5 espèces qui ne jouent pas ici le rôle que leur assigne ce savant botaniste. Qiœrcus sessiUflora. — Il croît ici indistinctement sur tous les terrains; il préfère, il est vrai, ceux qui sontdisgré- gés et siliceux , mais comme il est moins répandu que le Q. pediinculata , nous préTcrons introduire ce dernier dans notre liste caractéristique. Nous ne sommes donc pas en dissidence avec M. Thurmann. Ononis spinosa. — Végète presque toujours dans nos terrains calcaires, et très-rarement sur nos terrains primitifs; mais si nous avons classé cette plante parmi celles qui re- cherchent les calcaires , nous lui avons assigné, au point de SUR LE SOI.. 123 vue de la constitution physique des terrains, un sol graveleux. Elle préfère surtout les sables mêlés de calcaire. Eryngium campeslre. — Espèce indifférente, nullement contrastante, et croissant très-souvent avec plusieurs des es- pèces de la liste suivante. Elle ne peut , en aucune manière , remplir ici le même rôle que lui attribue M. Thurmann. Cenlaurea Calcitrapa. — Absolument indifférent , et paraissant rechercher, comme le précédent , [)lutôt le voisi- nage des lieux habités ou fréquentés que la nature géolo- gique du sol. Trifollum fragiferum. — Ne se trouve guère ici que sur les sols marneux , avec les joncs , et assez indifférent pourvu que le sol soit frais. C'est à peine s'il y a une différence sensible entre la liste des plantes caractéristiques que nous pouvons choisir et celle de M. Thurmann. Nous pourrions même dire que la différence est nulle , car ces faibles dissidences tiennent pro- bablement à une différence d'appréciation des faits entre M. Thurmann et nous , et ceux qui se sont occupés de ce genre d'études savent combien il est difficile d'asseoir son opinion et d'avoir une idée parfaitement arrêtée sur les préférences des espèces relativement au sol. Deuxième série de M. Thurmann , 50 espèces, 22 d'a- doptées , 8 ne croissent pas dans notre contrée ; restent donc 20 espèces qui ne jouent pas ici le rôle que leur assi- gne M. Thurmann. Orobus verniis. — Manque presque entièrement dans notre contrée, et sa rareté seule nous empêche de l'adopter dans cette série. Cerasus Mahaleb. — Très-rare , peut-être môme non spontanée. Même observation que ci-dessus. Fagus sylvatica. — Très-indifférent, et formant de belles 124 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES forêts sur les basaltes et les trachjtes les plus compactes, et sur les scories et les granits , préférant pourtant les sols compactes. Nous le trouvons souvent associé à VOrohus iu- berosus, l'espèce la plus contrastante, selon M. Thurmanu, à VAira flexuosa , au Senecio sylvaticus , et même au Calluna vulgaris et au Sarolhamnus vulgaris. PruneUa gramUflora. — Espèce de nos terrains volca- niques scoriacés, souvent associée à une partie des espèces de la première série de M. Thurmann. PruneUa alba. — Indifférent. Même station et même rôle que la précédente. Melittis melissophylhim. — Commun dans les bois , sur les granits disgrégés , souvent dans les mêmes localités que VOrobus tuberosus, et ne pouvant être considéré ici comme une espèce contrastante. Veronica proslrala. — Trop rare pour que nous puis- sions l'admettre comme caractéristique, mais remplissant les conditions exigées par M. Thurmann. Calamintha officinalis. — Croissant presque indistinc- tement avec les plantes de la première liste et avec celles de la seconde. Il n'a pas pour nous de position assez bien déterminée pour devenir caractéristique. Daphne Laureola. — Dans les bois de hêtre, sur les laves et les scories volcaniques , avec le Daphne Mezereum, VOro- bus luberosus. Croissant sur un terrain presque neutre , où beaucoup de plantes des deux listes contrastantes sont mélan- gées, nous ne pouvons le considérer comme caractéristique. Verbascum Lychnitis. — Cette espèce préfère ici les ter- rains secs et sablonneux, les bruyères, aux autres stations, et doit être rejetée de notre liste. Rosa rubiginosa. — Commun partout , sans caractère de prédilection. SDK LE SOL. 125 Mercurialis perennis. — Existant sur les terrains com- pactes et disgrégés, sur les sols siliceux, calcaires ou volca- niques. Indifférent. Azarum eurojiœum. — Trop rare pour nous occuper et pour entrer dans une liste de plantes caractéristiques. Convallaria Polygonalum. — Indifférent et peu con- trastant , acceptant indistinctement tous les sols. Festuca glauca. — Jouant ici un rôle opposé à celui qui lui est assigné dans le Jura. Carex montana. — Cette espèce se mélange souvent ici , sur les granits disgrégés et sur les terrains volcaniques , avec les espèces de la première liste , ce qui nous empêche de l'admettre dans les espèces contrastantes ; mais sur les calcaires jurassiques du Gard et de la Lozère , elle devient commune et contraste parfaitement , comme l'indique M. Thurmann. Saxifraga Aizoon. — Sur les rochers volcaniques. Toutes ces espèces de nos terrains volcanisés ne peuvent être con- trastantes. Nous avons vu le Saxifraga Aizoon au milieu de touffes de Calluna vulgaris et à'Aira flexuosa. Lonicera alpigena. — Même observation que pour l'es- pèce précédente. Libanotis montana. — Dans les mêmes conditions que les précédents , sur des sols volcaniques plus ou moins disgrégés. Ces observations démontrent clairement ce que déjà nous avions reconnu, qu'il y a réellement contraste entre les sols siliceux et calcaires , qui sont en même temps disgrégés et compactes, et que ce contraste est d'autant mieux marqué, que ces terrains sont plus différents en même temps, dans le même sens, et sous le rapport chimique et sous le rapport physique. 126 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Que le sol volcanique fait , en quelque sorte , le passage entre ces deux espèces de terrains, et que son tapis végétal est formé par la réunion d'espèces ordinairement contras- tantes , qui consentent à oublier leur antipathie en consi- dération des concessions que ce terrain semble faire à chacun des deux partis. Nous rendrons ceci évident en formant trois listes d'es- pèces caractéristiques, composées, comme celles de M. Thur- mann , de 50 plantes chacune , choisies parmi les plus communes, et qui nous donneront une idée de la végétation de notre région dans ses rapports avec le sol. Première liste. — Espèces des sols siliceux et disgre'gés. Orohus tuberosiis, — Cerasus Padus, — Betula alba , — Sarolhamnus vulgaris, — Quercus pediinculala, — Al- nus glutinosa, — Calluna vulgaris, — Aira flexuosa , — Saxifraga gramdata, — Senecio artemisiœfoUus, — Hie- racium boréale , — Jasione moniana , — Hypericum pul- chrum , — Stellaria Holostea , — Galeopsis ochroleuca , — Anthoxanthum Puelii , — Arnoseris minima , — Ver- bascum Blattaria, — Filago minima, — Aira cœspitosa, — Alopecurus pratensis, — Triodia decumbens , — Rumex Acetosella, — Monlia fontana , — Scleranthns perennis, — Pulicaria vulgaris , — Trifolium agrarium, — Hype- ricum humifusum , — Senecio sylvaticus, — l'erbascum floccosum. Erica arborea , — Arbulus Unedo, — Castanea vulga- ris , — Andryala integrifoUa , — Festuca tenuiflora, — Erica scoparia, — Ranunculus monspessulanus, — Poten- tilla rupestris , — Lavandula Stœchas , — Euphrasia lutea. Luzula multiflora , — iS ardus stricla , — Lotus uligi- SUR LE SOL. 127 nosns , — Vaccinium Myrlillus , — Juncus squarrosus , — Pinus sylveslris , — Saxifraga siellaris , — Meum alhamanticum , — Digilalis piirpiirea , — Arnica mon- tana. Sans être exclusivement attachées à nos trois régions, ces espèces sont réunies de manière à représenter plus spécia- lement : les 30 premières, la région des plaines et lefond de la végétation; les 10 suivantes, la région méridionale; les 10 dernières , la région montagneuse. Seconde liste. — Espèces des sols calcaires et compactes , et des sols basaltiques. Medicago falcala , — Aslragalus mons'pessulanua , — Coronilla minima , — Ilypocrepis comosa , — Hellehorus fœtidus , — Euphorbia Amygdaloides , — Buplevrum fal- catum, — Melica ciliala, — Buœus sempervirens , — Eu- phorbia verrucosa , — Sesleria cœrulea , — Quercus pu- bescens, — Teucrium Chamœdris, — Trifolium rubens, — Géranium sanguineum , — Ophrys arachnites , — Ceplia- lanthera rubra, — Carex humilis, — Carex gynobasis, — Mœhringia muscosa , — Fœniculum officinale , ' — Pasli- naca saliva, — Turgenia latifolia , — Gagea arvensis, — Convohndus Canlabrica, — Rumex sculalus, var. glaucus, — Senecio erucœfolius, — Lynosiris vulgaris, — Euphor- bia falcala, — Euphorbia exigua, — Peucedanum alsali- cum, — Podospermum laciniatum, — Phy salis Alkekengi, Cynanchum Vincetoxicum, — Himantoglossuni hircinum, — Aceras anlropophora , — Tragopogon crocifolium, — Anémone Hepatica, — Daphne Cneorum, — Orobus albus. Genista Scorpius, — Coronilla Emerus, — Andropogon Grillus , — Salvia œthiopis , — Satureia monlana , — Adonis vernalis , — Helianthemum Fumana, — Rula an- 128 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES guslifoUa, — Teiicrium montanum, — Lysimachia Linum- stellalum. Les 10 dernières espèces sont plus spéciales à notre ré- gion méridionale. Les grandes hauteurs nous manquent en terrains calcaires et compactes, et les basaltes, qui atteignent une grande élévation , au lieu de nous offrir, comme ceux des pics et des plateaux de la Limagne : Buxus sempervi- rens, Cynanchum Vincetoxicum , Helleborns fœlidus , etc., nous montrent absolument cette végétation mixte dont nous allons donner une liste appartenant aux sols détritiques et volcaniques. Troisième liste. — Espèce des sols détritiques et volcaniques. Gentiana lutea, — Trollius européens, — Narcissns poeti- cus, — Narcissus pseudo-Narcissus, — Géranium syhali- cum, — Ranu7icuhis nemorosus, — Conopodium denudatum, — Circea alpina, — Milium effusum, — Avenaversicolor, — Poa alpina, — Festuca spadicea , — Botrychium Luna- ria, — Géranium sylvaticum , — Prunella grandi flora, — Lilium Marlagon, — Verairum aJhum, — Ilex Aqui- foîium , — Blechnum spicant , — Poa sudetica , — Erio- phorum vaginatum, — Luzula sudetica , — Juncus squar- rosus, — Maianthemum hifolium, — Centaurea montana, — Crépis grandiflora , — Scilla LUio-Hyacinthus , — Dentaria pinnata , — Anémone alpina , — Trifolium al- pinum, — Lycopodium Selago , — Orchis sambucitia, — Anémone montana, — Anémone nemorosa, — Primula elatior , — Salix pentandra , — Salix Lapponum , — Helianthemum vulgare , — Viola sudetica , — Cerastium alpinum, — Oxalis Acetosella, — Lotus uliginosus, — Rubus saxatilis , — Potenlilla Tormentilla , — Sorbus Aucupa- ria , — Astrantia major , — Pimpinella magna, — Aspe- SUR LK SOL. 129 ruîa odorata , — Valeriana officinalis , — Gnaphalium nonvegicum, — Doronicum amlriaciim, — MuUjedium alpinum , — Senecio Cacaliaslcr , — Fagiis sylvalica , — Prcnanlhes purpurea , — Phyleuma spicala , — Campa- nula linifoUa , — Pyrola minor , — Geniiana campes- tris , — Geniiana verna. Nous avons composé cette liste de 60 espèces , mais nous sommes bien loin d'y avoir placé toutes les plantes caracté- ristiques de ce terrain. Toutes ces espèces appartiennent à notre région monta- gneuse , en sorte que l'altitude doit avoir autant d'inlluence que le sol dans cette réunion. Il y a toutefois une remarque assez curieuse à faire relativement à ces terrains détritiques et volcaniques , c'est que les réunions d'espèces offrent le plus souvent les mêmes éléments , soit que l'on parcoure des nappes de trachytes, des plateaux de basaltes, des cônes de scories ou des plaines couvertes de pouzzolanes. C'est moins le sol qui fait naître les différences que le mode d'ar- rosement, l'altitude et l'ombrage des forêts. Maintenant, pouvons-nous résoudre, de la même manière que M. Thurmann l'a proposé, la question de priorité entre l'influence due à la composition chimique du terrain ou à sa constitution physique. Le savant géologue que nous citons penche fortement, comme on le sait , pour l'action du sol physique et pour le peu d'importance du sol chimique. Au premier abord , habitué à considérer la nature chi- mique des terrains , on est disposé à rejeter immédiatement les conclusions de l'essai de phytostatique; mais si l'on con- sidère que M. Thurmann est à la fois un géologue du plus grand mérite , un botaniste instruit , un homme dont les études sérieuses ont porté sur toutes les sciences physiques , II 9 130 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES et qui s'est livré à des recherches immenses et difficiles pour la publication de son livre , on s'arrêtera devant un tra- vail aussi important , et on cherchera de bonne foi la vérité. Comme nous l'avons dit au commencement du dix-sep- tième chapitre de cet ouvrage , les racines ayant deux fonc- tions à remplir, la nutrition de la plante et sa fixation dans le sol, il est certain que l'état d'aggrégation du terrain et sa composition doivent avoir une part quelconque , peut-être inégale , sur le développement des végétaux. Dans tous les cas, cette part est très-difficile à faire , par cette raison que nous avons déjà énoncée, que les sols siliceux et feldspathi- ques, sont le plus ordinairement disgrégés , et que les sols calcaires sont généralement compactes. Nous devons donc, dans cet examen , chercher si les mêmes espèces qui vivent sur un terrain compacte et calcaire se montrent également sur un sol compacte sans calcaire. Cet examen, nous pou- vons le faire ici pour quelques espèces. II serait inutile pour des plantes rares ; les faits de géographie botanique ne peu- vent être appuyés que sur des végétaux très-répandus. Si l'on agissait autrement , on serait exposé à prendre l'excep- tion pour la règle. Examinons le buis , Buxus sempervirens . Il est loin, dans notre circonscription , d'être aussi commun que dans le Jura. Nous le trouvons dans les mêmes conditions sur les causses ou calcaires jurassiques compactes. Dans le centre de l'Au- vergne , dans la Limagne calcaire, le buis manque ; mais si au milieu de cette plaine de calcaire marneux il s'élève des îles ou montagnes couronnées de basaltes compactes, le buis reparaît et acquiert un grand développement. Il disparaît sur la majeure partie du plateau granitique; mais si le sol passe du granit au porphyre, ou si les granits , en conservant leur sua LE SOL. 131 caractères minéralogiqucs, ne se disgrégent pas et restent in- tacts comme le porpliyrc , le huis abonde et signale ainsi sa prédilection pour l'état d'aggrégation compacte. Ce lait, (jui paratt concluant, ne l'est cependant pas tout à fait. Occupons-nous du Sarolhamnus vulgaris, le genêt or- dinaire. Nous le trouvons sur tous les sols disgrégés graniti- ques et volcaniques; il s'y multiplie à l'infini ; il Inities ter- rains calcaires, mais il ne craint pas les terrains com|)actes. Nous avons vu souvent le genêt et le buis associés , crois- sant pêle-mêle sans distinction , seulement il est vrai sur les porphyres et les granits compactes ; le buis allait y chercher le genêt, mais quand le buis végète sur les calcaires ou sur les basaltes , le genêt se garde bien de l'approcher ; il le fuit au contraire. Le Digilalis purptirea, se comporte comme le genêt. Cette plante vit avec le buis , tant que celui-ci occupe des terrains primitifs ; elle vient le trouver encore sur les ba- saltes , mais elle ne se hasarde pas sur un terrain calcaire. Nous avons vu le buis végéter dans les sables du Gardon, sur un point où cette rivière n'avait pu recevoir encore l'élé- ment calcaire des causses , et nous l'avons trouvé aussi sur les schistes micacés de la Lozère. Le noyer affectionne les terrains calcaires de la Limagne, et végète faiblement sur le sol granitique; mais àChàteauneuf, sur les porphyres et sur les granits très-compactes, dans la chaîne du Forez , sur des terrains également porphyriques , le noyer se développe avec la plus grande vigueur. Le châtaignier refuse obstinément les terrains calcaires , et prospère comme on le sait admirablement sur tous les sols de granit et de micaschiste disgrégés. Si le noyer choisit un terrain compacte, le châtaignier un sol disgrégé, pourquoi végètent-ils bien tous deux sur la lave compacte ? Pourquoi 132 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES le buis ne vient-il pas accompagner le noyer dans les champs de calcaire marneux de la Limagne , tandis que ce dernier , planté près du buis sur les plateaux basaltiques , s'y trouve dans de bonnes conditions ? Nous avons vu plusieurs fois avec le buis les : SleUaria holostea , Sorbus Aria,Belula alba, Acer campestre. En descendant du Mont-Cenis à Suze, à une élévation d'environ 500 mètres au-dessus de cette ville , nous avons rencontré un mélange de noyers et de châtaigniers ; cette as- sociation était-elle due au métamorphisme de la roche primi- tivement calcaire, contenant encore cet élément , mais toute pénétrée de mica, et même pour ainsi dire transformée en micaschiste? Comment démêler dans ces diverses circonstan- ces la part d'influence qui revient à chacune des causes qui sont en jeu ? VHelleborus fœfidus est une des espèces les plus carac- téristiques des calcaires de la Limagne. On le trouve partout, sur le bord des champs et des chemins, et il descend même jusque sur les sables de l'Allier, qui sont imprégnés de cal- caire. Il disparaît entièrement des vastes terrains d'alluvions, sur lesquels croissent: Juniperus commiuus, Gcnisla anglica, Calhinavulgaris, et seretrou\e sur les porphyres de la chaîne du Forez. Sa principale station est sur les basaltes, au mi- lieu des buis, sur les courants de lave , sur les causses de calcaire jurassique de la Lozère ; mais il végète aussi sur les granits et les micaschistes , et sur les conglomérats ponceux des trachytes. Nous pourrions poursuivre très-loin ces considérations d'affection ou d'indifférence ; ce sont des faits isolés qui trouveront leur place quand nous passerons en revue les fa- milles et leurs espèces importantes. Jusqu'ici, tout en re- connaissant l'action du sol au point de vue physique , nous SUR LE SOL. 133 ne voyons rien qui puisse lui faire accorder une prééminence aussi marquée que le désire M. Tluirmann. M. A. de Brebisson, dans sa notice sur la végétation de la Basse-Normandie , attache aussi , comme M. Thurmann , une grande importance à la constitution physique du sol. « La nature chimique du terrain, dit ce savant observateur, indue souvent moins sur la végétation (jue la consistance du sol, l'humidité ou la sécheresse d'une localité étant presque toujours une conséquence de la nature physique de sa surface. » M. de Brebisson avait d'abord divisé les espèces des environs de Falaise , en végétaux siliceux et végétaux cal- caires, et avait établi, comme nous, un groupe spécial pour les indifférentes , qu'il appelait mixies , parce qu'elles peu- vent croître indistinctement sur les deux sols précédents , mais il a remarqué ensuite que plusieurs espèces des terrains siHceux croissent aussi sur le calcaire marbre ou compacte , et il a classé ces plantes en espèces des terrains primor- diaux et espèces des terrains secondaires. Cette classifica- tion a le grand désavantage de ne rien exprimer de précis sur la nature chimique ni sur la constitution physique du sol. Il donne cependant la liste des espèces des deux localités placées dans des circonstances toutes semblables , mais différentes physiquement et chimiquement par la nature du sol. Le premier est calcaire ; ce sont les pelouses des monts d'Eraines. On y trouve les Orchis pyramidalis , Lin., 0. ustulafa, Lin., 0. /uVcma, Crantz., Ophrys myodes,iacq,, 0. aranifcra, Smith. , 0. api fera, Smith., EuphorUaEsida, Lin. , E. cyparissias , Lin., E. Gerardiana , Jacq., Ané- mone Pulsatilla, Lin., Coronilla minima. Lin., Globularia vulgaris , Lin., Thalictrum minus , Lin., Phyteuma orbi- 134 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES cw/am, Lin., Sesleria cœrulea, Arà., Buplevrum falca- tum, Lin. Le second est primitif; c'est le mont Margantin , situé au milieu du Bocage. On y remarque : Erica ciUaris, Lin., E. cinerea, Lin., E. Telralix, Lin., Callunavulgaris,SQ[\û)., parsemés de Lohelia itrens, Lin., de Sedum réflexion. Lin., S. anglicum y Fluds. , TrifoUum subterratieum , L'in . , T. striatum , Lin., et surtout des touffes du Digilalis imrpu- rea , Lin. Cette colline est moins riche en espèces que la première, mais, en revanche, la végétation qui entoure sa base est beaucoup plus vigoureuse. M. de Brebisson ajoute encore que les champs et les lieux cultivés des terrains primordiaux n'ont presque pas de plantes qui leur soient particulières, tandis que les moissons de la plaine sont remplies d'espèces qui caractérisent les terrains secondaires. Quant à nous , nous attribuons à l'action chimique une part plus grande que celle qui lui est accordée par M. Thur- mann. Il serait difficile , quand on a étudié l'influence des cal- caires et des matières salines sur la végétation , de nier l'ac- tion chimique de ces matières et l'analogie qu'elles ont en- tr'elles. Souvent des plantes des calcaires vont se retrouver dans des terrains siliceux , si ces terrains reçoivent , de près ou de loin , des matières saHnes ou des arroseraents calca- rifères. Sur le plateau central de la France , nous trouvons habi- tuellement sur les calcaires : Cynanchiim Vîncetoxicum , Silène otites, Kœleria cristala, Salvia verhenaca, Samolus Valerandi, Thesium hiimifiisum. Ces plantes vivent le plus ordinairement dans des sols compactes et rarement divisés. Si nous les cherchons dans StU LE SOL. 135 l'ouest, dans la Loirc-lnrérieure, nous retrouvons les m(^mes espèces, avec M. Lloyd , dans les sables maritimes seule- ment, dans un sol meuble, mais constamment humecté par les eaux marines ou les vapeurs salées que les vents d'ouest amènent continuellement sur les côtes. On ne peut pas ici attribuer des stations si différentes à la constitution physique du sol, car d'un côté terrain com- pacte, de l'autre sol ameubli et divisé , et cependant espèces identiques. Si, au contraire , nous étudions la composition chimique , nous trouvons la plus grande analogie : d'un côté des sels solubles, de l'autre des calcaires provenant des dépôts de sources minérales et contenant même très-souvent, comme témoignage de leur ancienne origine , des sels qui viennent eflleurir à leur surface. Fréquemment nous avons trouvé, dans la Limagne d'Auvergne , de ces marnes calcaires im- prégnées de natron , et , malgré la compacité des terrains , nous y avons rencontré les espèces que M. Lloyd signale, et que nous avons vues nous-même dans des sols parfaitement ameublis. L'importance chimique du sol est telle , que nous avons trouvé sur des calcaires compactes , mais d'origine récente et baignés encore par des eaux minérales, \e Melilotus par- viflora, Desf., que M. Lloyd a retrouvé à Nantes dans les sables ou sur les roches maritimes. Ailleurs, aux environs d'Anduze, oii les calcaires plus an- ciens proviennent également de dépôts chimiques , sur des points où des roches dolomitiques sont en pleine décompo- sition , nous avons vu , en pleine vigueur et en abondance , le Salsola Kali, le Iribuhis terreslris, V Ewphorbia portlan- dica y qui sautent ensuite un espace immense , et qui vien- nent végéter dans les sables de l'Océan. 136 considératiojNS générales Partout où les sources minérales font irruption sur le pla- teau central , nous rencontrons les végétaux des lieux salés, à d'énormes |distances des bords de la mer, et trompés sur leur patrie par l'action chimique et stimulante des matières salines. Ce sont surtout les terrains calcaires qui paraissent avoir la plus grande influence sur le tapis végétal. Ainsi , dans les monts Carpalhes , Wahlenberg a compté 43 espèces qui n'a|)partiennent qu'au sol calcaire. M. de Martius , qui a publié de si importants travaux sur la végétation de l'Amé- rique , a remarqué aussi de très-grandes différences selon la nature du sol. Dans les environs du fleuve San-Francisco , où commence le calcaire , il a vu la végétation prendre un caractère tout spécial et remarquable par la prédominance de certaines formes , telles que des térébinthacées , des no- palées , des malvacées , des solanées , des mimosées et des cassiées. Les changements produits par la nature et la structure du sol sont évidents dans des contrées soumises aux mômes in- fluences climatologiques , mais souvent aussi on voit de nombreuses exceptions et des faits tout opposés quand on étudie la végétation sur de grands espaces. Parmi les 43 espèces que Wahlenberg n'a rencontré que sur les calcaires, dans les Garpathes, il en est 22 qu'il a retrouvées sur les gra- nits, dans la Suisse et dans la Laponie. Au reste , on ne peut pas considérer cette prédilection des espèces pour tel ou tel terrain comme une chose abso- lue , mais on voit que les individus sont plus nombreux et plus vigoureux quand ils atteignent le sol qui leur convient. On pourrait, au besoin , partager les plantes , sous ce rap- port, en trois classes distinctes, comme l'a fait M. Unger pour celles d'une partie du Tyrol. SUR LE SOL. 137 Dans la première, il place celles qui ne se trouvent jamais que sur un même terrain. Dans la seconde , il réunit celles qui se rencontrent plutôt sur un terrain que sur l'autre. La troisième se compose des espèces qui vivent indistinc- tement sur tous les sols. Cette dernière classe s'agrandit d'autant plus que l'on étudie et que l'on compare une plus vaste étendue de terrain, tandis que, si l'on considère seulement un point très-limité dont le sol est varié, on remarque des stations et des préfé- rences très-marquées. L'examen attentif des cultures tendrait surtout à donner de la prépondérance à l'action chimique. Il est rare que les engrais et surtout les amendements soient répandus sur le sol en assez grande quantité pour en modifier l'état d'aggré- gation , et cependant , selon la nature chimique de la subs- tance projetée sur le champ , son aspect est changé , soit par la force et la vigueur que prennent immédiatement les plantes cultivées , soit par l'apparition simultanée d'espèces sauvages qui n'existaient qu'en germes ou qui, faibles et ra- bougries, luttaient inutilement contre des plantes plus vigou- reuses. Les engrais liquides répandus sur le sol, et qui ne touchent en rien à son état physique , changent immédiatement sa végétation. Les terres de bruyère, riches en humus, et souvent dési- gnées sous le nom de (erres amères, sont éminemment pro- pres à la végétation de certaines plantes, comme les bruyères, les joncs, et impropres à la plupart des céréales. Cette pro- priété serait due, selon M. de Romanet, à la proportion assez considérable d'acides bruns , amers ou astringents , dont l'effet antiseptique serait de conserver presque indé- 138 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES finiment les engrais et tous les débris de végétaux. Ils s'ac- cumulent donc constamment et ne peuvent s'assimiler. Mais que l'on ajoute à ces terres de la chaux , de la marne , des noirs animalisés et ammoniacaux , les acides bruns sont en partie neutralisés, et bientôt une végétation toute diffé- rente s'y établit (1). Ici l'action est encore et très-positivement chimique. Ainsi , sans nier la part que peut avoir l'état physique du sol, nous ne pouvons, comme M. Thurmann, lui accorder la prééminence. Il existe , dans l'étude du sol , des considérations très- complexes. Ainsi, l'on sait très-bien que la conductibilité des roches pour le calorique est très-différente. On sait encore que , indépendamment de ces différences de conductibilité dues à la nature chimique ou à l'état physique des terrains, il y a encore l'influence bien marquée de la couleur. Déjà nous avons indiqué des chiffres de comparaison pour des sols diversement colorés, mais M. Thurmann a fait, à ce point de vue, de nouvelles expériences qui donnent les écarts de température ou d'échauffement déterminés par la cou- leur. En prenant pour point de comparaison et pour 0 l'ar- doise, il trouve entre cette roche et une craie à nérinées très- blanche une différence de — 7,59 pour la craie. Dans la nature, ce phénomène se complique, et les écarts que nous observons ici , dans des expériences en petit et sur des roches sèches , sont presque toujours compensées ou altérées par des phénomènes de porosité, d'hygroscopicité et d'évaporation. En sorte que la quantité de calorique que la présence de l'eau peut faire passer, par l'évaporation, à l'é- tat de chaleur latente , est souvent plus considérable que (1) Comple-renda de l'Académie des sciences, l. 54, p. 202. SIJK LE SOL. 139 celle qu'une couleur plus foncée ou une plus grande con- ductibilité lui permettent d'acquérir en excès. Un fait certain, c'est que nos espèces les plus méridionales s'avancent davantage vers le nord sur les calcaires hlanchû- trcs des causses , sur les marnes blanches de la Limaji;ne , que sur les granits et les basaltes colorés. Il y a encore, dans le mode d'arrangement et de dispo- sition des masses minérales, des considérations presque in- dépendantes de leur nature chimique et de leur structure physique. Telles sont les formes particulières des surfaces des rochers. Quelques exemples suffiront pour faire comprendre notre pensée. Si nous examinons des montagnes de granit ou de por- phyre, en dômes arrondis, nous remarquerons bientôt que leur surface est uniforme et présente peu de fissures et peu d'aspérités. Toutes les espèces y trouveront des conditions analogues. Si , au contraire , nous observons des crêtes de gneiss ou de micaschiste à couches redressées ou contournées , il s'y trouvera des fissures nombreuses , des lignes de fractures , des inégalités qui changeront complètement les circonstances d'arrosement, d'exposition et d'abri, sans que la nature de la roche y entre pour rien. Les mômes contrastes se présenteront si nous comparons des plaines calcaires horizontales ou des causses disloquées, dont les couches brisées sont presque toujours disposées en gradins ou en escaliers. Les basaltes, les phonolites, les trachytes, parla disposi- tion plus ou moins régulière de leurs prismes , nous présen- teront des exemples du môme genre. Ces dispositions particulières des roches font qu'un môme espace de terrain peut présenter une surface bien plus éten- 140 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES due qu'un espace semblable d'un terrain différent. C'est encore à ces modes variés de structure en grand ou de dislocation que l'on observe dans les couches, qu'il faut attri- buer la disposition, par lignes et par séries , de diverses es- pèces qui ne font que suivre des fractures préexistantes. Lorsque , dans une contrée , les mêmes accidents du sol se reproduisent à certaines distances , on voit les mêmes es- pèces occuper de nouveau les mêmes dispositions, et établir ainsi une sorte de retour ou de périodicité déterminée par des causes identiques. Si, au contraire, quelques plantes se trouvent accidentel- lement dans une contrée, sur un point limité, on peut pré- voir d'avance qu'il existe sur ce point même une cause géo- logique qui ne se reproduit pas ailleurs, un affleurement ou une dislocation particulière. M. Thurmann a fait remarquer que les contrées dont le sol est désaggrégé offrent une flore plus riche que celle dont le sol est compacte. « Et cela se conçoit, dit-il , puisque les premières admet- tent, au moins comme cas particuliers, dans leurs stations sèches, toutes les espèces des secondes, tandis que ces der- nières offrent beaucoup moins de chances à l'admission des plantes des premières. Il en résulte évidemment , sur une même surface de terrain eugéogène (désaggrégé), la possi- bilité et presque toujours le fait d'un plus grand nombre de formes végétales que sur une superficie pareille de roches dysgéogènes (compactes) (1). » Il cite aussi des faits très-intéressants sur la puissance d'ab- sorption ou plutôt sur l'espèce de discernement que présentent certaines plantes pour choisir leurs éléments chimiques : (1) Thurmann, Essai de phytoslalique , t. 1 , p. 292. SCR LE SOL. 141 « Le Saxifraga Aizoon recueilli sur les granits du Gothard n'a pas les feuilles bordées de concrétions moins calcaires (vivement effervescentes avec les acides) que celui qui croît dans le Jura. Les Phragmiles , les Equisclum des hautes tourbières du Jura fournissent un tiers et jusqu'à la moitié de leur poids de silice, c'est-à-dire autant que les es- pèces prises dans les contrées stagnales les plus siliceuses de la plaine du llliin. » M. Thurmann , en poursuivant le même ordre de faits, ajoute : « La nature mécanique et bygroscopique des ter- rains géologiques se fait sentir, non-seulement dans l'état pathologique des individus de même espèce, dans les gasté- ropodes terrestres (ce qui est hors de doute) , mais encore dans la présence ou l'absence d'espèces différentes, fait en- tièrement analogue à ce que nous voyons pour les végétaux. Cependant on n'a jamais, que je sache , continue M. Thur- mann , songé à mettre en question l'unité de composition chimique des produits organiques animaux, parce qu'ils se se- raient développés sur des sols chimiquement différents. Ainsi, les os des mammifères, le test des mollusques, le corps pier- reux des polypiers, ne sont pas moins calcaires sur le conti- nent cristallin norwégien, où domine l'élément siliceux, que sur le sol jurassique , oîi domine l'élément calcaire ; la co- quille de Vllelix sylvalica du grès vosgien ne diffère en rien chimiquement de celle des rochers del'Albe (1). » Nous ne sommes pas, à cet égard, tout à fait de l'avis de M. Thurmann; nous avons trouvé de telles différences dans le test de certains mollusques, selon les stations où nous les avions recueillis, qu'il était difficile de les rapporter à la même espèce. Ainsi, V Hélix arbuslorum , que l'on rencon- (1) Essai dephylostalique, t. 1, p. 3S3. 142 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES tre sur les trachytes du mont Dore , est entièrement diffé- rent de celui qui est si commun dans les prairies calcaires qui avoisinent le lac de Nantua. Les Hélix horlensis et ?ie- moralis qui habitent le domite du [juy de Dôme paraissent être des espèces tout à fait séparées de celles dont la coquille prend un si grand développement sur les marbres d'Es- quiery , dans les Pyrénées. Ceux de ces mollusques qui vi- vent sur les roches volcaniques de l'Auvergne ont des co- quilles transparentes , légères , cédant sous la pression du doigt, formées par de la gélatine, et manquant presque en- tièrement de l'élément calcaire, ce qui les empêche de pren- dre leur développement ordinaire. I! est facile de distinguer, à la première vue , les hélices qui vivent sur les sols privés de calcaires. Cette remarque ne s'applique pas seulement aux localités que nous avons ci- tées , mais on peut la faire sur les espèces des Vosges , de la Scandinavie, de Terre-Neuve, etc. ; et si ces mêmes in- dividus , à coquilles presque entièrement gélatineuses , sont transportés jeunes dans des localités où le calcaire abonde , on les voit bientôt absorber cet élément pour consolider leur test et lui ôter sa transparence. Des Hélix arbustorum à coquilles minces et transparentes , recueillis sur les sommets trachytiques du mont Dore , transportés dans notre jar- din , sur un sol très-calcarifère , formèrent en peu de temps un péristôme épais , et la coquille fut tapissée un mois après, à l'intérieur, d'une couche laiteuse et calcaire qui la rendait opaque. Linné, en se basant sur des individus pro- venant de sols différents, avait fait plusieurs espèces aux dé- pens de V Hélix arbustorum. Son Hélix gothica , que nous retrouvons au mont Dore, n'est qu'un //. arbustorum à gé- latine colorée en brun, et presque entièrement privée de cal- caire. La présence ou l'absence de cet élément, qui ne peut SUR LE SOL. 143 agir ici que chimiquement, a donc une action très-impor- tante et très-positive. M. Tlmrmunn résume ainsi les principales différences entre les plantes des sols eugéogènes (désaggrégés) et celle des sols dysgéogènes (compactes) de sa contrée. Elles sont exprimées par les traits suivants , propres aux premiers de ces sols, les seconds en offrant la négation ou l'opposition : 1°. Une plus grande diversité d'espèces, une plus facile mobilisation, une aire plus développée pour les espèces so- ciales, une plus large dispersion des espèces communes, une moindre abondance des saxicoles ; 2°. Un caractère plus froid, plus boréal, plus humide , ou une plus grande extension vers le nord ; 3°. Une prédominance particulière des familles infé- rieures ; 4°. Une prédominance marquée des plantes à racines profondes et divisées ; S**. Une supériorité générale de taille, excepté pour cer- tains végétaux ligneux ; 6°. Une prédominance notable des espèces où domine le développement des feuilles caulinaires aux dépens des radi- cales ; 7°. Un développement plus vertical de l'axe des formes ; 8°. Une plus grande ampleur de ramification ; 9°. Un plus grand développement herbacé, mais un moin- dre développement ligneux et une moindre longévité chez certaines espèces arborescentes. « Tous ces caractères dérivant, dit M. Thurmann, de la seule combinaison des facteurs eau, chaleur, lumière et sol, ce dernier , par sa puissance et son aggrégation , détermi- nant certaines fonctions des trois premiers , tous caractères 144- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES entièrement étrangers à la composition chimique du détritus minéral emprunté aux roches sous-jacentes. » Nous avons rapporté les propres expressions de M. Thur- mann , et , après avoir étudié attentivement notre contrée , nous devons admettre comme lui, et d'une manière générale, les faits qu'il vient d'éuoncer, rt qu'il a su démêler avec la sagacité d'un observateur profondément instruit, et avec le discernement d'un homme qui a puisé la science dans la nature même. Nous ne pouvons , malgré cela , éliminer , comme lui, les éléments chimiques d'une manière absolue. Nous avons vu souvent , dans nos vallées schisteuses de la Lozère, les plantes des calcaires descendre sur les micaschis- tes et y prospérer, quand l'eau pluviale, lavant les plateaux, leur apportait l'élément calcaire sur un sol disgrégé. Tous les botanistes ont remarqué l'indifférence au sol physique des plantes domestiques , des chénopodées et de toutes les es- pèces qu'un fdet d'eau saline fait végéter partout. Il suffit de se rappeler l'action du plâtre sur les légumineuses , de la chaux sur les terres de bruvère , l'apparition soudaine de certaines espèces sous l'influence d'amendements dispersés avec parcimonie; il suffit enfin d'étudier un instant toutes les pratiques agricoles, pour reconnaître à l'action chimique une intervention puiss&nte , que souvent , il est vrai , il est bien difficile de séparer de l'action du sol physique. Nous avons voulu consigner ici ces observations de M. Thurmann , d'abord pour donner une idée de ses cons- ciencieuses recherches , et ensuite parce que notre contrée ne se prête pas aussi bien à des comparaisons analogues. Nous avons , dans l'ensemble de nos terrains compactes et de nos sols désaggrégés, des différences de latitude qui, sans être très-grandes , peuvent nuire à l'exactitude de nos com- paraisons. SUR LK SOI.. 145 Nous avons , d'un autre cMé , nos terrains volcaniques , que déjà nous avons appelés terrains neutres , sur les- quels l'état pliysi(jue ne paraît pas toujours déterminer des changements très-notables dans le taj)is végétal. A altitude égale , leur végétation se ressemble , et cependant il y a , dans leur structure et dans leur mode de disgrégation , de très-grandes différences. Il est vrai que notre sol volcanique doit en partie à la couche épaisse d'humus dont il est recouvert, sa végétation plus particulière aux terrains disgrégés qu'à ceux qui sont compactes. Cet humus abondant est toujours l'indice d'un sol meuble et perméable. M. Thurmann cite , à ce sujet , une note de M. de Czerniaïew, insérée dans le Bullelin des Naturalistes de Moscou. Elle est relative aux forêts de l'Ukraine , où l'humus atteint de 3 a 5 mètres de puissance , et développe des espèces dont la taille est , en hauteur et en largeur, le double et le triple de ce qu'elle est dans les sta- tions ordinaires. « On y voit, dit-il, des Cephalaria de trois mètres, des Delphinium de deux mètres, et certains cham- pignons d'un mètre de diamètre, que l'on prendrait de loin pour des hommes accroupis , pelotonnés et cherchant à se cacher. » Les zones d'altitude , sur lesquelles nous reviendrons plus loin, ne peuvent être rigoureusement comparées que si leur sol est identique ou du moins analogue ; mais il existe, pour le sol, deux sortes d'analogies : la ressemblance chimique et la ressemblance physique. Nous admettons volontiers une large part d'influence à l'état d'aggrégation du sol, mais nous ne pouvons pas abandonner l'action chimique. Nous remarquons, sur nos terrains volcaniques à hauteurs égales, sous le même climat, une végétation analogue sur les som- mets de nos cônes scoriacés , sur les sommets de nos mon- II 10 146 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE SOL. tagnes de domite ou trachytes terreux et perméables, sur nos plateaux trachvtiques compactes et porphyroïdes, et en- fin sur nos pics basaltiques. En un mot, le tapis végétal qui recouvre ces différentes roches sous-jacentesest sensiblement le même vers l'altitude de 1,200 à 1,500 mètres. Or, il est évident que la nature physique du sol est différente, et il est constant que toutes ces roches contiennent du feldspath ou silicates d'alumine, de potasse ou de soude. Nous ne voudrions pas donner une importance exagérée à l'influence chimique , mais nous pensons qu'on doit lui ré- server une part au moins égale à celle de l'action physique , et cela, malgré les nombreuses exceptions qui se présentent dans l'appréciation , attendu que ces exceptions sont tout aussi fréquentes quand on fait des recherches relatives à l'in- fluence physique. Nous sommes donc très-disposé à accepter la conclusion de M. Thurmann sur la valeur du sol dans la dispersion des espèces , en ajoutant un seul mot à ses propres expres- sions : « Les principaux facteurs de l'état de la végétation et de la flore, c'est-à-dire de la dispersion des espèces, sont : le climat , dépendant particulièrement de la latitude et de V altitude ; puis , à climat égal , les propriétés mécaniques » et chimiques « des roches sous-jacentes , avec les consé- quences qui en résultent relativement à lliygroscopicité , la puissance et la division des sols, » et à l'assimilation. VÉGÉTATION DU MIDI DE l'eSPAGNE. 147 CHAPITRE XX. LE MIDI DE l'eSPAGNE (1). Les comparaisons que nous allons essayer d'étal)lir entre le plateau central de la France et le midi de l'Espagne , reposent entièrement sur les recherches de M. Edmond Boissier. La partie de ce royaume dont il a donné la des- cription botanique , forme la pointe la plus méridionale de l'Europe. Elle s'étend de l'ouest à l'est, des environs de Gibraltar jusqu'à ceux de Berja et d'Adra ; elle est circons- crite à peu près entre 36*^ et 37"4' de latitude septentrionale , et 5° et 8° de longitude occidentale de Paris. Sa longueur est d'environ 50 lieues , mais aucun point où M. Boissier a pénétré, n'est éloigné de la mer de plus de 10 ou 15 lieues. « C'est donc , dit-il , une lisière essentiellement maritime , mais qui , à cause de sa grande hauteur verticale de près de 3,700 mètres, offre une très-grande variété d'exposi- tions, et par conséquent une végétation très-riche et très- variée à des altitudes diverses. » Ce point étudié avec tout le soin apporté par M. Boissier, (1) Dans les listes que nous donnons ici, el que nous empruntons à M. Boissier , ainsi que dans le corps même du chapitre , nous avons imprimé en italique les noms des espèces qui se trouvent en même temps dans la circonscription de M. Boissier et dans la nôIre. Quand ces listes sont formées d'espèces qui appartiennent toutes au plateau central de la France, nous avons imprimé en italique les noms des plantes qui croissent aussi en Laponie, el qui offrent ainsi une aire d'extension très-développée. 148 LE MIDI DE l'eSPAGNE. est donc extrêmement intéressant par sa latitude et par les zones diverses de sa végétation superposée. Il le devient plus encore par les rapports que nous pouvons établir entre la flore bien connue de la Laponie , et par le point de vue com- paratif sous lequel nous avons aussi envisagé le plateau cen- tral de la France. Ainsi , dans ces trois contrées situées aux deux extrémités de l'Europe et au milieu de la France, nous trouvons éga- lement des zones diverses d'altitude qui nous permettent d'établir de curieux rapprochements. Sur une hauteur verticale de près de 3,700 mètres, les zones de végétation doivent nécessairement exister , mais M. Boissier , comme M. Anderson pour la Laponie , comme nous-même l'avons remarqué aussi sur le plateau central , trouve que les zones sont difficiles à déterminer. Elles sont dérangées par le mélange des espèces, par l'exposition , et par une multitude d'autres causes parmi lesquelles l'in- fluence du Httoral maritime est une des principales. Malgré cette indécision délimites, M. Boissier a distin- gué dans la distribution des espèces quatre régions prin- cipales : 1**. La région chaude ou maritime , qui s'élève sur le re- vers méridional des montagnes , jusqu'à environ 700 mètres ; 2°. La région montagneuse ou des plateaux qui , de la limite supérieure de la précédente, s'élève selon l'exposi- tion jusqu'à 1,500 ou 1,650 mètres; c'est la moins dis- tincte de toutes, et elle pourrait être considérée comme une transition à la région supérieure ; 3°. La région alpine qui s'étend de l,500mètresà 2,600 ; 4°. La région nivale qui de 2,600 mètres s'élève jus- qu'aux plus hautes sommités. L'ensemble de cette végétation a donné à M. Boissier un RÉGION CHAUDE. 149 total de 1,900 espèces phanérogames auquel il y aura sans doute encore à ajouter; nombre qui se rapproche beaucoup de celui de notre flore du plateau central , et qui indique pour cette partie de l'Europe une richesse due à la fois à sa position méridionale et aux zones d'altitude déterminées par ses montagnes. Nous verrons dans un tableau comparatif comment ces 1,900 espèces sont réparties dans les familles, et nous pour- rons d'un coup-d'œil en comparer la proportion à celles de la Laponie et à celles du plateau central. § 1. RÉGION CHAUDE DU ROYAUME DE GRENADE. Une immense différence de température existe entre le cli- mat de cette région et celui de la Laponie et même entre celui du plateau central. « Ici la neige ne tombe jamais , ou reste à peine sur le terrain. Les pluies tombent réguHèrement en automne et en abondance pendant les mois d'octobre et de novembre , puis s'interrompent pour recommencer en février et mars , mais d'une manière moins abondante et moins ré- gulière ; quelquefois , mais plus rarement , elles régnent en- core en avril. » « A partir du mois d'avril jusqu'à la fin de septembre, la sécheresse est presque continue , le ciel est constamment pur et sans nuages , et si quelquefois les sommités des chaînes cotières se couvrent de nuées, les ondées d'orage qui y tom- bent se font à peine sentir sur les dernières limites de la ré- gion , et le Httoral, ainsi que les dernières pentes n'en re- çoivent pas une seule goutte. » M. Boissier, faute d'observations météorologiques préci- ses sur la température , se fonde sur celles qui ont été faites à Malaga, sans toutefois leur accorder une confiance entière. 150 LE MIDI DE l'eSPAGNE. On pourrait peut-être admettre comme température moyenne de l'année celle de Gilbraltar qui est de 17,9. Cette tem- pérature offre, du reste, peu de variations , car les tableaux de Malilmann y donnent pour l'hiver 13,8, pour le prin- temps 17,3 , pour l'été 22,7 , et pour l'automne 17,8. Ces résultats sont la moyenne de deux années seulement , en sorte que l'on manque de notions précises sur le climat du midi de l'Espagne. « Les mois les plus chauds de l'année, dit M. Edmond Boissier, sont juillet et août, les plus froids janvier et février. Le décroissement le plus rapide de la chaleur a lieu entre les mois d'octobre et de novembre, à l'époque des pluies d'automne , et l'accroissement le plus rapide d'avril en juin. » « Cette répartition de la chaleur et des pluies donne une physionomie toute particulière à la végétation de la région chaude. Elle se réveille en octobre ou novembre aux pre- mières pluies par l'apparition des lihacées ; un peu plus tard, une foule de plantes annuelles naissent et fleurissent pen- dant tout l'hiver dans les lieux cultivés et les sables : c'est le véritable printemps de cette contrée. L'apogée de la végé- tation et de la floraison est au mois d'avril , et surtout de mai ; en juin les plantes annuelles sont déjà brûlées par le soleil et disparaissent. La fin de ce même mois et celui de juillet sont la saison où fleurissent les plantes vivaces, en particu- lier des composées , ombellifères et labiées; enfin , l'époque où. la végétation est le plus en repos , est la fin du mois d'août et celui de septembre; quelques plantes tardives telles que l'Atractylis gummifera, la Mandragore et deux ou trois lihacées se montrent seules alors en fleurs. Cette région chaude est surtout caractérisée par le Chamaerops humilis, qui enlève d'immenses espaces à l'agriculture. » RÉGION CHAUDE. 151 « Les plantes spontanées le plus caractéristiques de cette région sont l'Aristolochia bœtica dans les haies, le ricin, le Thymus capitatus sur les collines ; au bord des haies, le Phlo- mis purpurea , lîallota hirsuta , Physalis somnifcra , Witha- nia frutesccns , Kerilroplijlium arborescens, chardon gigan- tesque à tiges vivaccs de 8 à 10 pieds do haut, le Molu- cella spinosa ; dans le lit des torrents , le laurier rose ; dans les sables maritimes, l'Aloë perfoliata. Les arbres sont très- rares dans la partie inférieure de cette région ; si l'on fait abstraction des espèces cultivées, on ne peut guère citer que le peuplier blanc , qui forme des bosquets le long des riviè- res ; ce n'est qu'en s'élevant dans la partie supérieure de cette région qu'on commence à trouver en pieds plus ou moins clairsemés les chênes de diverses espèces bien plus abondants dans le bas de la région montagneuse. » La température élevée de cette région , et la distribution des pluies étabhssent, dans le développement successif des végétaux , de grandes différences avec ce que nous observons sur le plateau central. Ici même, dans la partie la plus chaude de notre région méridionale , la plupart des liliacées qui marquent aussi le réveil de la nature n'a lieu qu'au prin- temps , après les pluies chaudes qui presque toujours l'ac- compagnent. La floraison du Colchiciim autumnale , du Scilla aiUumnalis sont réellement des floraisons tardives , tandis que les liliacées qui dans le midi de l'Espagne s'épa- nouissent en octobre et en novembre représentent notre vé- gétation printanière du plateau central, la floraison vernale des hliacées sibériennes , et l'apparition tardive de quelques espèces de la Laponie. Les plantes annuelles , dont les graines ensevelies sous la neige ne germent sur notre plateau central que vers le milieu du printemps, ont à cette époque accomph au sud de l'Es- 152 LE MIDI DE l'eSPAGNE. pagne toutes les phases de leur développement. L'automne est leur printemps, l'hiver est leur été, et le nombre de ces plantes qui fleurissent et ne fructifient qu'une fois dimi- nue constamment de cette extrémité de l'Europe à l'autre, où les plantes vivaces sont les seules qui puissent résister à la rigueur du climat. Du cap nord à Gibraltar ou à Grenade , les rapports sont complètement rompus, et si la nature a décoré ce long tra- jet des richesses de la création, elle a voulu donnera cha- que pays ses espèces et sa physionomie particulière. En rangeant dans l'ordre de leur importance , sous le rapport du nombre des espèces et des individus, les diffé- rentes stations de plantes que présente la région chaude, M. Boissier, obtient la série suivante : 1*^. En première ligne les maquis, buissons ou bois bas qui occupent la plus grande partie des collines et des terrains en pente. Ils existent également en Corse, et dans toute la région méditerranéenne. Ils ont quelques rapports avec la station des haies et des buissons de notre région méridio- nale , oîi les cistes peuvent même se montrer, et cette asso- ciation vient s'éteindre à la limite australe de notre flore du plateau central. En Espagne, outre les cistes, on y rencon- tre surtout le Chamaerops humilis, le lentisque , le Rhamnus lycioides, des PhyUyrea, beaucoup de genistées, et quelques chênes nains ; dans la même station sont comprises de nom- breuses plantes herbacées et graminées, qui vivent à l'ombre de ces arbustes pendant les mois d'hiver et de printemps , surtout dans les localités oii le sol est sablonneux, ainsi que des plantes vivaces en moins grand nombre et qui fleuris- sent plus tard; 2°. Terrains sablonneux et nus, le plus souvent mariti- mes, et d'autant plus riches en espèces, que le sable est plus RÉGION CHAUDE. 153 fin et forme des dunes mobiles. Nous n'avons sur le plateau central aucune station analogue , mais on trouve des ana- logies marquées avec toutes les dunes du littoral de la Mé- diterranée et môme de l'Océan jusqu'à une latitude bien plus élevée ; 3°. Collines arides dépourvues de taillis , mais couvertes de touffes de quelques sous-arbrisseaux, surtout de Thymus capitatus, ailleurs et moins abondants, du Lavandula mul- tifida , Teucrium Polium , etc.; dans d'autres endroits ces plantes sont remplacées par les touffes coriaces d'une grami- née, le Macrochloa tenacissima. Un grand nombre d'autres plantes vivaces habitent cette même station. C'est encore dans notre région méridionale qu'il faut chercher une station correspondante. Celle des causses s'en rapproche évidemment par des espèces identiques telles que le Teucrium Polium, et par des plantes parallèles ; le Thymus vulgaris y remplace le Thymus capilatus, le Lavandula Spica y tient lieu du L. multifida ; bien d'autres espèces y sont aussi représentées. 4°. Terrains cultivés qui peuvent se subdiviser en terres sablonneuses et légères dont la végétation est vernale, et gros- ses terres , dont les jachères nourrissent de grosses plantes à floraison tardive , telles que la mandragore , des chardons, Phlomis herba venti , Teucrium spinosum, Tanacetum an- nuum, etc. Nos champs cultivés , nos jachères , les berges de nos chemins nourrissent une végétation analogue , qui dans notre région méridionale a de grands rapports avec celle-ci. 5°. Rochers, dont les plantes les plus caractéristiques sont : Putoria calabrica , Lapiedra Martinezii , Umbilicus hispi- dus, OEleoselium Lagascae, Buplevrumgibraltaricum, Satu- reia obovata , Linaria villosa , etc. Nos rochers nourrissent 154 LE MIDI DE l'eSPAGNE. aussi des plantes parallèles , comme Satureia montana , UmbUicm peiidulinus, etc. Mais la grande chaleur que reçoi- vent ces lieux dans le midi de l'Espagne , doit établir de très-grandes différences dans les deux végétations. 6». Haies cV Agave et de Cactus. Espèces introduites qui donnent à la végétation un caractère africain , et forment une station qui n'a aucune analogie avec celles de nos haies et de nos buissons. 7°. Enfin , terrains humides et marécageux, rares et peu étendus. Les stations analogues sont rares aussi sur le pla- teau central dans les régions les plus chaudes. Nombre et durée des espèces de la région chaude. Le nombre des espèces indiquées par M. Boissier, comme faisant partie de la région méridionale, est de 1,070, ce qui fait plus de la moitié de celles de sa flore ; mais ce nom- bre doit être un peu trop grand à cause des plantes cultivées ou introduites qui y sont comprises. Plusieurs de ces espèces remontent dans la région mon- tagneuse , d'autres dans la région alpine , et quelques-unes même dans la région nivale. On conçoit en effet que celles qui trouvent dans la plaine leur limite australe puissent re- monter facilement dans les montagnes. Voici la liste des plantes qui arrivent jusque dans la ré- gion alpine, et où celles qui atteignent même la région nivale sont marquées d'un astérisque. Ranunculus Chœrophillos. * Biscutella saxatilis. Polygala saxatilis. Arenaria serpyllifolia. Radiola linoides. * Ceras- tium Boissieri. Sedumglanduliferum. Umbilicushispidus. Pu- toria calabrica. Anthémis arvensis. Filago germanica. Cam- panula Lœflingii. Cuscuta epithymum. Linaria villosa,*L. RÉGION CHAUDE. 155 supina, L. tristis. Lamium amplexicaule. Agrostisalba. * Dac- tylis hispanica. Les plantes de cette région se divisent en plantes annuelles 542, plantes vivaces 482 et plantes bisannuelles 46. Parmi les 482 espèces vivaces do cette région M. Boissier compte 19 arbres; mais comme il énumère ceux qui sont cultivés et qu'il compte deux fois le Quercus Ilex , il en résulte que le nombre des arbres se réduit aux espèces sui- vantes. Arbres de la région chaude. Ceratonia siliqua. Punica Granatum. Ficus Carica. Celtis australis. Quercus Ilex. Q. Ballota , Q. lusitanica. Populus alba. C'est-à-dire à 8 en considérant comme spontané le Cera- tonia siliqua et le Punica Granatum. Arbrisseaux de la région chaude. Clematis flammida. * Gistus ladaniferus. Helianthemum atriplicifolium, * H. halimifolium. Zizyphus Lotus, Coriaria myrthifolia. Celastrus Europœus. * lihamnus Alaternus, * R. lycioides. **Pistacia Lentiscus, P. Terei/nf/a^s. Bbus Coriaria. ** Vitis vinifera. Anagyris fœtida. Gcnista linifolia , **G. um- bellata , * G. hirsute. * Rétama monosperma , ** R. sphœro- carpa. * Spartium junceum. Calycotome lanigera. Cytisus tri- florus. * Sarotbamnus affinis, S. Bœticus, S. Malacitanus. * Ulex bœticus. Adenocarpus telonensis. * Rubus fruticosus. * Rosa sempervirens. * Tamarix africana , T. gallica. Myrtus communis. Lonicera Periclymenum , * L. canescens, L. im- plexa. * Kentrophyllum arborescens. Arbutiis Unedo. Erica arborea. Phillyrea angusti folia, P. /a/î/b/ Leur distribution en familles donne les résultats sui- vants : Légumineuses 21 ; caprifoliacées 5 ; rosacées 4- ; cisti- nées 4 ; renonculacées , tbymélées , amentacées et conifères, chacune 2 ; rhamnées , térébinthacées , malvacées , arapé- RÉGION MONTAGNFXSE. 175 liclées, ombellifères, araliacées, rliodoracées , jasminées, lal)iées , euphorbiacées , chénopodées , chacune 1 . Cette sé- rie n'est pas très-différente de celle que présente la même catégorie dans la région chaude. » Sous-arbrisseaux de la région montagneuse. Lepidium subulatum. * Cistus albidus , * C. salvifolius , * C. monspcliensis. Ileiiantliemum umhellafum, * 11. origanifolium, *' H. squamatum , * 11. glaucum , * 11. hirtum. Viola arbo- rcscens. * Frankenia thymifolia , F. corymbosa. * Linum suf- fruticosum. Rhamnus oleoides, R.velutinus. Genista biflora, G. tridentata. lilex Boivini. ' Ononis crassifolia , O. speciosa. Astragalus tumidus. Dorxjcnium suffruticosum. lierniaria po- lygonoides, H. fruticosa. lîuplevrum gibraltaricum. Putoria calabrica. * Jasonia glutinosa. Santolina canescens , ** S. ros- marinifolia. Viburnum Tinus.Lonicera cfrusca, L. splendida. Rhododendron Ponticum. * Jasminumfruticans. *Rosmarinus officinalis. ** Daphne Gnidium. *Osyris alba. Baxus balearica. Salix purpurea , S. alba. Atriplex Halimus. Juniperus Oxy- cedrus. J. phœnicea. On remarque déjà, dans ces listes, des espèces assez nom- breuses communes au royaume de Grenade et au plateau central de la France. C'est surtout comme nous l'avons déjà dit avec notre région méridionale que les rapports existent. Après ridentité viennent de nombreuses espèces parallèles. A peines ces listes contiennent-elles quelques genres étran- gers à notre tlore. « Les sous-arbrisseaux sont ici plus nombreux que les ar- brisseaux, ce qui tient à la prédominance des Tom illares sur les Maquis. 16 seulement de ces sous-arbrisseaux se trou- vent aussi dans la région chaude. Voici l'ordre d'importance de leurs familles : Labiées 13 ; composées 12; cistinées 7; 176 LE MIDI DE l'Espagne. légumineuses 7 ; éricacées et chénopodées chacune 4 ; thy- mélées 3 ; frankeniacées, rhamnées , paronvcliiées, scrophu- larinées, asparagées chacune 2 ; crucifères, violariées, ombel- lifères , rubiacées , solanées , boraginées , plombaginées , amentacées , chacune 1. Cette série diffère éminemment de celle de la même classe de la région chaude, par la présence des composées suffrutescentes et par l'absence du genre As- paragus. » Distribution gûorjraphique des espèces de la région montagneuse. M. Boissier, comparant les espèces de cette région à celles des contrées voisines, les partage en cmq classes. 1°. « Plantes qui en Europe sont spéciales à la Péninsule. Cette liste, quenousne reproduisonspas, contient 191 espè- ces sur lesquelles 96 n'ont encore été trouvées que dans le royaume de Grenade ou sur ses confins. » 2°. « Plantes communes à la région montagneuse du royaume de Grenade , et à quelques points de la France méridionale, mais qui ne s'étendent pas plus a l'est. » Cistus populifolius , C. laurifolius , C. ladanifolius. He- lianthemum intermedium, H. hirtum. Viola suberosa. Poly- gala saxatilis. Llex provincialis. Genista ramosissima. Astra- galusGlaux, A. narbonensis. Corrigiola telepbiifolia. Scandix hispanica. Buplevrum rigidum. Thapsia villosa. Santolina squarrosa. Cirsium echinatum. Lactuca tenerrima. Barkau- sia alhida. Cijnanchum nigrum. Lithospermum prostratum. Sideritis hirsuta. Teucrium massiliense. Lysimachia Epheme- rum. Coris monspeliensis. Passerina tinctoria. Mercurialis lomentosa. AslrocarpusClusii. Narcissus bulbocodium, N. Jun- quilla. Lropetalum serotinum. Aphyllanthes monspeliensis' Cette liste contient 32 espèces parmi lesquelles plusieurs font partie de notre flore , mais seulement encore de notre région méridionale. RÉGION MONTAGNEUSE. 177 « Ces deux listes réunies font près de 220 espèces qu'on peut regarder comme espagnoles. Ainsi ici les plantes endé- miques sont |)lus du tiers du nombre total , tandis que dans la région précédente elles ne feraient qu'un cinquième. » 3". « Plantes communes à la région montagneuse du royaume de Grenade et à l'Europe centrale. Ces plantes sont au nombre de 260 ou près du tiers du nombre total , au lieu d'un cinquième comme dans la région précédente. Cet accroissement de proportion indique déjà de bien grands rapports avec ces contrées. » M. Boissier ne doune pas la liste de ces 260 espèces , nous la reproduisons par familles d'après son énumération, en indiquant seulement les plantes qui font partie de notre flore , et en imprimant en italique celles qui atteignent la Laponie , et que l'on peut alors considérer comme propres à l'Europe entière. Liste des plantes de la région montagneuse du royaume de Grenade, qui croissent aussi sur le plateau central de la France. ClematisVitalba, G. flammula. Anémone Hepatica. Ranun- culus gramineus , R. Ghœrophyllos , R. acris, R. parviflorus. Nigella damasccna. Papaver Rhœas, P. Argemone. Fumaria officinalis , F. Yaillantii , F. parviflora. Arabis hirsuta. Gar- damine hirsuta , G. sylvatica. Barbarea prœcox. Nasturtium officinale. Sisymbrium Golumnae, S. Thalianum , S. Alliaria. Erucastrum incanum. Eruca sativa. Alyssum calycinum. Ga- melinasativa. Lepidium campestre. Biscutella saxatilis. Gistus albidus, G. salvifolius, G. laurifolius. Helianthemum umbel- latum, II. salicifolium , H. Fumana, H. apenninum. Viola sylvestris, F. tricolor. Reseda lutea, R. luteola. Dianthus prolifer. Saponaria Vaccaria. Silène pratensis. Agrostemma Gilhago. Alsine tenuifolia. Arenaria serpyllifolia , A. mon- tana. Mœhringia trinervia. Stellaria média. Cerastium vul- II 12 178 LE MIDI DE l'eSPAGNE. gatum. Linum narbonense. Mal va sylvestris. Altbaea canna- bina , A. officinalis, A. hirsuta. Hypericum perforatum , H. tomentosum , H. hyssopifolium. Vitis vinifera. Géranium py- renaïcum, G. Robcrtiamim , G. lucidum. hrodium cicularium. Ilcx Aquifolium. Rbaninus Alaternus. Pistachia Terebinthus. Spartium junceum. Ononis spinosa, O. minutissima , 0. Go- lumnae. AnthylUs Vulneraria. Medicago lupulina, M. sativa, Melilotus leucanlha, M. parviflora. Trifolium striatum , T. scabrurn , T. ochroleucum. Dorycnium suffrulicosum. Lotus corniculatus. Golutea arborescens. Astragalus hamosus. Hip- pocrepis comosa. Vicia onobrichioïdes. Vicia lutea. Ervum Ervilia.Lathyrus sylvestris, L. pralensis. Pisum arvense. Pru- nus domestica. Spirœa Filipendula. Geum rivale, G. urbanum, G. syhaticum. Rubus fruticosus. Potentilla reptans, P. hirta, P. rupestris. Agrimonia Eupatoria. Rosa canina. Grataegus monogyna , G. Oxyacantha. Epilobium angustifolium , E. hir- sutum , E. montanum. Myriophylhnn alterniflorum. Rryonia dioica. Herniaria incana. Tillœa muscosa. Umbilicus pendu- linus. Sedum rubens , S. album, S. acre , S. amplexicaule, S. altissimum. Saxifraga granulata. Eryngium campestre. Helosciadium nodiflorum. Buplevrum rigidum, B. fruticosum. Feruia communis. Daucus Garota. Turgenia latifolia. Scandix peclen Veneris. Anthriscus sylvestris, A. vulgaris. Hedera Hélix. Sambucus Ebulus, S. nigra. Lonicera etrusca. Grucia- nella angustifolia. Rubia tinctorum, R. peregrina. Galium erec- tum, G.verum,G. iricorne,G. Aparine,G.anglicum.Valeriaria tuberosa. Gepbalaria leucantha. Knautia arvensis, K. syl vatica. Scabiosa Golumbaria.Eupatorium cannabinum. Erigeron acre. Inula montana.Pulicaria dysenterica. Xanthium Strumarium. Anthémis arvensis, A. nobilis, A. Gotula. Achillea Ageratum. Ghrysanthemum Parthenium. Artemisa campestris, A. Ab- sinthium. Filago germanica. Senecio vulgaris , S. gallicus, S. erraticus, S. Doronicum. Xeranthemum inapertum. Gar- lina corymbosa. Microlonchus salmanticus. Gentaurea Galci- trapa. Garduus nutans. Lappa major. Leuzea conifera. Gâta- RÉGION MONTAGNEUSE. 179 nanche cœrulea. Lapsana commums. Ilypocliœris glabra. Thrincia hispida. IJrospermurn picroidcs. Picris hioracioides. Hi;Iminlliia echioides. Lartuca Scariola. Chondrilla juncea. Barkausia albida , B. taraxacifolia. Crépis pulclira , C. virens. Pliaenixopus rariiosissima. Jasione montana. Carn|)anula Ra- punculus. Spccularia h} brida. Erica scoparia. Jasininurn fru- ticans. Cynanchum nigrum. Chlora perfoliata. Erythrœa Cen- taurium , E. pulcbella. Convolvulus lineatus, C. sepium. Gus- cuta epithymum. Lithospcrmum officinale, L. fruticosum. Myosotis arvensrs. Asperugo procumbens. Solanum nigrum , S. Dulcamara. Verbascum Schraderi. Linaria origanifolia , L. supina. Digitalis purpurea. Veronica Anagallis , V. Becca- bunga , Y. verna. Euphrasia serotina. Orobanche minor, O. ramosa. Lavandula Stœcbas, L. Spica. Mentha sylvestris, M. rotundifolia. Pulegium vulgare. Lycopus europaeus. Salvia Sclarea, S. Verbenaca. Thymus Serpijllum. MeUssa Galamin- tha , M. officinalis. Clinopodium vulgare. Prunella vulgaris, P. laciniata. Nepeta Cataria. Glechoma hederacea. Lamium amplexicaule. Sideritis romana. Marrubium vulgare. Ballota nigra. PhlomisLychnitis, P. berba-venti.Teucrium Po!ium,T. Chamœpitys. Verbena officinalis. Lysimachia Linum stellatum. Anagallis arvensis. Coris monspeliensis. Plumbago europaea. Plantago média , P. Cynops. Amaranthus sylvestris. Chenopo- dium Vulvaria, C. album, C. urbicum, G. murale. Blitum glau- cum. Atriplex rosea. Rumex conglomeratus, R. pulcher, R. crispus, R. scutalus, R. Acetosa, R. Acetosella. Passerina an- nua, Dapbne Gnidium , D. Laureola. Thesium humifusum. Euphorbia Ghamœsyce, E. verrucosa , E. Gharacias, E. nicœen- sis, E. fa 1 cala , E. exigua, E. segelalis. Urtica pilulifera, U. urenSjU.dioica.FicusGarica.Ulmuscampestris.Gastanea vesca. Quercus Ilex, Q. coccifera. Salix purpurea, S. alba. Populus nigra. Juniperus Oxycedrus. Alisma Plantago , A. ranuncu- loides. Arum italicum. Orchis latifolia , O. mascula, 0. laxi- flora , O. coriophora, O. fusca. Himantboglossum hircinum. Acerasantropophora. Platanthera bifolia. Opbrys apifera. Se- 180 LE MIDI DE l'eSPAGNE. rapias lingua. Limodorum abortivum. Epipactis latifolia. Gla- diolus segetum. Iris fœtidissinia. Ruscusaculeatus. Tulipa syl- vestris.T. Celsiana. Ornithogalum umbellatum. Scilla nutans. Allium splKProci'phalum. Muscari comosum , M, racemosum. Asphodelus albus. Aphyllantbes monspeliensis. Juncus glau- cus, J. capitatus, /. alpinus, J. bufonius. Schœnus nigricans. Scirpus Holoschœnus. Carex vulpina, C. glauca, C. maxima, C. distans. Holcus lanatus. Agroslis verticillala , A. interrupta, Cynodon dactylon. Avena caryopbyllea, A. pratensis. Arrhe- natherum elatius. Poa anima , P. bulbosa. Glyceria fluitans. Briza média, B. minor. Melica ramosa. Dactylis f/Iomeraïa. Cynosurus ecbinatus. Festuca tenuiflora, F, myurus, F. spa- dicea. Bromus mollis , B. tectorum. Brachypodium sylvati- cum, B. ramosum. Tridcumrepens. Cbeilantbes odora, No- tholœna Maranthœ. Scolopendrium officinale. Adianthum capillus Veneris. Pteris aquilina. Asplenium Trichomanes, A. Adianthum nigrum. Polypodium vulgare. Ainsi , sur 698 espèces de la région montagneuse , 339 se rencontrent sur le plateau central de la France ou vien- nent au moins toucher son bord méridional , ce qui établit à peu près la proportion 1 : 2 Tandis que, pour la région chaude, un tiers seulement des espèces, au lieu de la moitié, est identique aux nôtres. Le nombre indiqué par M. Boissier se décompose en 597 dycotylédones et 101 monocotylédones. Les dycotylédones communes au plateau central sont au nombre de 272 , ce qui donne , comparativement au chiffre de 597, le rapport 1 : 2,02 Les monocotylédones communes au plateau central sont au nombre de 67, ce qui donne, comparativement au chiffre de 102, le rapport 1 : 1,50 On voit clairement ici la tendance des monocotylédones à l'extension géographique. RÉGION MONTAGNEUSE. 181 Dans les 698 espèces de la région montagneuse, 202 sont annuelles, et 99 d'entr'elles se trouvent sur le plateau central. Le rapport est ^ 1 : 2 465 sont vivaces dans cette région de la flore du royaume de Grenade, et 210 d'entr'elles se trouvent dans notre cir- conscription, ce qui donne la proportion 1 : 2,21 Il y a toujours un peu plus de tendance à l'extension de la part des plantes annuelles, et ce caractère nous paraîtrait bien plus évident s'il n'était pas compensé ici par l'expan- sion plus grande des monocotylédones , qui la plupart sont vivaces. Presque toutes les bisannuelles indiquées par M. Boissier existent aussi sur le plateau central. 4°. Plantes communes à la région montagneuse du royaume de Grenade et à la France méridionale. Elles sont au nombre de 230, ou 2/3 du nombre total. M. Boissier ne donne pas non plus cette liste ; nous avons recherché les espèces de notre flore , et nous les avons con- fondues avec celles de la liste précédente. 5". Plantes communes à la région montagneuse et à quel- ques parties d'Italie ou de Grèce et qui ne se trouvent pas en France. Cette liste est de 28 espèces. Nous ne la donnons pas. Nous remarquons seulement que le Senecio erraticus, Bert., compris par M. Boissier dans cette liste, appartient non-seu- lement au midi, mais à la France cenljjale. « Ces deux dernières listes de M. Boissier (et non les nô- tres telles que nous les donnons) représentent, dans la région montagneuse , la végétation méditerranéenne , et montrent combien elle s'est déjà effacée, puisque ces 258 espèces, qui d'aiUeurs ne se trouvent toutes réunies dans aucun pays médi- terranéen, ne font guère plus de 1[3 des espèces de cette région , tandis que, dans la région précédente , la même ca- tégorie en formait les 2(3 . » 182 MIDI DE l'eSPAGNE. Il est probable, comme le pense M. Boissier, que les rap- ports existant entre cette région et la Barbarie seront plus intimes quand on connaîtra mieux la partie correspondante de cette partie de l'Afrique. Il est probable que la liste des plantes non communes à la même région de ces deux con- trées , liste qui sera probablement assez restreinte , se com- posera surtout de plantes de l'Europe centrale ayant l'Es- pagne pour limite australe. M. Boissier termine ses remarques sur la dispersion des espèces de sa région montagneuse par deux courtes listes. La première , représentant des plantes appartenant à la flore de l'Europe occidentale , comprend : Sisymbrtum asperum. Helianthemum umbellatum. Arena- riamontana. Geum sylvaticum.Myriophyllum alterniflorum. Helosciadium repens. Scilla campanulata. Lithospermum pros- tratum. La seconde mentionne des plantes qui ne se trouvent, en Europe, que dans la Péninsule, mais vivant aussi dans quel- que partie de l'Orient. Peganum Harmala. Alyssum atlanticum, A.serpyllifolium. Cistus laurifolius. Astragalus tumidus. Minuartia monlana. Scandix pinnalifida. Salvia phlomoides. Eurotia ceratoides. La première de ces listes contient un bon nombre de plantes atteignant aussi le plateau central de la France. La seconde n'en contient qu'une , le Cistus laurifolius , que nous considérons comme occidentale , et qui se trouve , sans doute par erreur, dans cette liste de M. Boissier, car plus haut, page 209, il la cite comme ne s'étendant pas à l'est. Proportion relative des familles de la région montagnettse. Les dvcotvlédones , au nombre de 597, sont , au total, RÉGION MONTAGNEUSE. 183 des plantes de cette région, comme 1 : 1,1 G Les monocotylédones au nombre de 93. . . 1 : 7,i0 Fougères ,8 1 : 74 » La faible proportion des monocotylédones est ici très- frappante , et , quoiqu'elle soit peut-être un peu exagérée , parce que M. Boissier, n'ayant pas visité cette zone au prin- temps, n'y a pas sans doute recueilli toutes les liliacées; elle doit cependant rester toujours très-tranchée, à cause du manque de terrains humides , qui restreint le nombre des cy- péracées, et du peu d'étendue des terrains sablonneux, si favorables aux graminées annuelles. Les plantes de cette ré- gion se distribuent sous 65 familles , ce qui donne en moyenne 10,7 espèces par famille, ou 1[4 de moins que dans la région chaude. Voici les principales familles , dans l'ordre de leur importance. » Synanthérées. . . . 97 Renonculacées. . . 13 Légumineuses. . . 50 Rosacées 13 Labiées 44 Boraginées 11 Crucifères 41 Chénopodées . . . . 11 Ombellifères. ... 40 Crassulacées . ... 10 Graminées 36 Amentacées 10 Scrophularinées. . 27 Euphorbiacées. . . 9 Cistinées 23 Résédacées 8 Caryophyllées ... 21 Fougères 8 Liliacées 18 Campanulacées. . . 7 Orchidées 17 Cypéracées 7 Rubiacées 17 « Les 8 premières familles dépassent ensemble la moitié du nombre des espèces. » « Cette série est différente , à plusieurs égards , de celles données pour la région chaude ; elle se rapproche un peu 184 LE MIDI DE l'eSPAGNE. plus de celles qu'offrent les flores de l'Europe centrale , et encore bien davantage de la partie centrale de la Péninsule. Les composées sont ici non-seulement au premier rang, comme dans la plupart des flores , mais elles forment le 7® du nombre des espèces. C'est la plus forte proportion que l'on trouve dans une flore européenne. » « Les légumineuses n'entrent ici que pour 1[13; c'est beaucoup moins que dans les flores méditerranéennes , un peu moins qu'en Castille, un peu plus que dans les flores de l'Europe centrale. » « Les labiées forment 1[15 des espèces , proportion très- forte , qui n'est surpassée en Europe que dans quelques par- ties de la Grèce. » « La proportion des ombellifères , 1)17, est aussi très- caractéristique pour notre région, et surpasse toutes les autres contrées de l'Europe, même l'Espagne centrale, oiî cette fa- mille entre pour lil9. » 0 Les crucifères, très-caractéristiques aussi pour cette ré- gion, oii elles forment plus de lil7, dépassent en proportion les autres pays de l'Europe , la Castille exceptée et les con- trées situées à l'extrême nord. » « Les scrophularinées s'élèvent à la très-forte proportion de 1|25, et c'est encore un trait de rapprochement avec les Castilles, où elles forment 1[23. » « Les cistinées atteignent ici à la proportion de 1[30, bien plus forte encore que dans la région précédente, et qui n'est probablement égale dans aucune autre contrée. » « Enfin, parmi les autres familles, nous remarquerons la faible proportion des graminées, l'augmentation des rosacées et des orchidées, et la forte proportion de la petite famille des résédacées. » RÉGION ALPINE. 185 § 3. RÉGION ALPINE DU ROTAUME DE GRENADE. « Cette zone se compose de pentes plus ou moins raides , et ne contient aucune plaine de quelque étendue, mais seu- lement de petits plateaux à la sommité des montagnes ou quelques replats sur leurs ilancs. » « Vers les limites inférieures de cette région, la neige per- siste au moins quatre mois sur le sol ; à mesure qu'on s'é- lève, la durée va en augmentant jusqu'à la partie supérieure de la zone , qui se couvre déjà , à la fin de septembre , d'une neige qui ne fond que peu à peu, et dont on voit encore, au commencement de juin, des flaques dans les dépressions du terrain. Au printemps et pendant l'été , la température est toujours rafraîchie dans cette saison par la brise et les vents ; la chaleur ne s'y élève jamais au-dessus de 25" c, et reste le plus souvent au-dessous de cette limite ; des brouillards, accompagnés de pluies d'orage , y entretiennent la verdure pendant le printemps et l'été, et le terrain y est rafraîchi et fertilisé, surtout dans la Sierra Nevada , par de nombreuses sources tirant leur origine des neiges supérieures. » » On y remarque , sous le rapport de la variété de la vé- gétation , une assez grande différence entre les pentes tour- nées au midi et celles qui regardent le nord ; sur les dernières, la physionomie alpine est, en général , plus marquée ; il y a davantage d'espèces, tandis que les pentes méridionales sont souvent plus sèches, et que des plantes sociales de la région montagneuse, telles que le Genista aspalathoides, les grami- nées coriaces , y remontent plus haut et y occupent plus de place. » » Cette région est la région pastorale par excellence ; ce n'est pas qu'on y trouve des pâturages gras , analogues à 186 LE MIDI DE l'eSPAGNE. ceux de l'Europe centrale : on n'y voit de gazon proprement dit que dans le fond des vallons , au bord des ruisseaux , dans les endroits humides des pentes et sur les limites su- périeures aux Borregniles, couverts de pelouses verdoyantes; mais les flancs des montagnes, quoique couverts de buissons ou de sous-arbrisseaux épineux, nourrissent assez de plantes propres à la nourriture des troupeaux. Les cultures se com- posent de seigles et de pommes de terre , quelquefois de maïs cultivé comme fourrage. La moisson, dans ces lieux élevés, ne se fait qu'à la fin d'août ou au commencement de septembre. A l'exception de quelques pieds de cerisiers dans les vallons , les arbres fruitiers ne remontent point dans cette région. » On voit que cette zone d élévation, par sa température, son aspect et ses cultures , se rapproche beaucoup de notre région montagneuse du plateau central , dont la limite su- périeure est environ à 1,800 mètres , tandis qu'ici cette H- mite supérieure est à 2,650. Cependant, comme les détails que nous allons reproduire le prouvent , cette région alpine parait encore plus méridionale que notre région monta- gneuse. Voici, d'après M. Boissier, les principales stations de cette zone de végétation : » 1°. Buissons ou taillis formés dans le bas delà zone par le Sarotliamnus vidgaris , Genista ramosissima , Quercus Toza ; plus haut , par le Genista aspalathoides ; près des habitations et des cultures, par le Rosa canina, et le Ber- beris vuîgaris, qui croît en épais haillers, sous lesquels vi- vent quantité de plantes délicates. » » 2°. Bois clairsemés de Pinus syJvestrisdeQ à 10 mètres de hauteur. Ils sont peu étendus et occupent une zone étroite entre 1,650 et 2, 150 mètres. Cet arbre est remplacé dans RÉGION ALPINE. 187 quelques lieux par le Quercus alpestris et l'Abies Pinsapo, mêlés de quelques pieds d'ifs qui remontent jusqu'à 2,000 mètres. Dans la Sierra Tejeda , quelques pieds d'if, de sor- bier^ d'érable, sont les seuls restes des forêts qui jadis, dit- on, couvraient une partie de la montagne.» 3*». u Bosquets formés d'arbres ou très-grands arbrisseaux dans les terrains gras et arrosés des pentes , au fond des vallons de la Sierra-Nevada ; ils occupent une zone très- étroite et comprise entre 1,650 et 2,060 mètres; ils se com- posent spécialement des espèces suivantes : Sorbus Aria, Cratœgus granatensis , Lonicera arborea, Cotoneaster gra- natensis , Adenocarpus decorticans, Fraxinus angustifolia , Salix caprea, Acer opulifoUum. Chacun de ces arbres n'est représenté que par un petit nombre de pieds; on voit, par de vieux troncs, qu'ils furent bien plus nombreux autrefois, et ils finiront par disparaître en entier , les bergers qui manquent de combustible les coupant sans discernement. » 4°. « Sous-arbrisseaux épineux très-bas , croissant sur les pentes sèches, et formant des tapis compactes et serrés, parmi lesquels il est souvent pénible de se frayer un passage, à cause des épines endurcies qui percent les chaussures. Cette végétation très-particulière se trouve surtout dans les parties calcaires et inférieures de la région ; elle se compose surtout des espèces suivantes : Erinacea hispanica , Genista horrida, Astragalus creticus, Vella spinosa , AJyssum spinosum. Sur le terrain primitif et plus haut ces espèces sont remplacées par les Juniperus Sabina, et J. nana , aux rameaux appli- qués contre le sol, et qui, avec le Genista aspalathoides, sont le seul bois de chauffage des bergers dans les parties supé- rieures. » 5°. « Pentes arides couvertes de graminées coriaces , souvent associées aux genévriers, et dont les plus abondantes 188 LE MIDI DE L'ESPAGNE.. et les plus caractéristiques sont : Avena filifolia , Festuca granatensis , Festuca duriuscida , var. indigesta , Agrostis nevadensis. » 6°. « Pelouses très-peu étendues dans les valions ,, for- mées de graminées et cypéracées du centre de l'Europe. » 7". « Lieux arides et rochers , nourrissant une végétation très-variée dans la formation calcaire , beaucoup plus mo- notone sur le schiste. » 8°. ft Bords des sources, lieux humides. On y trouve associés au gazon et à des tapis de mousse , des Epilobes , des CareXf des Aconits, des Rumex, le Cochlearia glastifo- lia , et d'autres plantes appartenant pour la plupart à la même station dans l'Europe centrale. » 9". « Cultures et places remuées et sablonneuses. On y trouve surtout des espèces annuelles et en majorité com- munes à l'Europe centrale. » Ces indications de stations nous montrent d'assez grandes dissemblances avec notre région montagneuse. Ces diffé- rences paraissent dues en grande partie à l'absence de l'eau, car dans les lieux humides la végétation ressemble infiniment à celle de nos montagnes. Nombre et distribution des espèces dans la région alpine. — Leur durée. « Le nombre des espèces de la région alpine est de 422, ou à la flore totale comme 1:4,5. Cent ou près du quart de ces plantes se retrouvent dans la région montagneuse. Ce ne sont pas des plantes alpines qui descendent, mais des plantes des régions plus chaudes qui remontent à la faveur des expositions et des hivers, qui , quoique neigeux, sontcom- parativement bien moins rigoureux que dans l'Europe cen- trale. On compte une quarantaine d'espèces de cette région qui remontent dans la suivante; celles d'entr 'elles, marquées RÉGION ALPINE. 189 d'un astérisque, ne remontent que dans la partie inférieure de la région nivale. » A conitum Lycoctonum, A lyssumspinosum, Drahahispanica, Sinapis Chciranthus , Silène rupestris , S. Boryi , Arenaria pungens, Cerastium Boissicri, Lotus corniculatus , Saxifraga stellaris, Ligusticum pyreneum,*6rrt/î2/msiiy/r(?.s/rf, * Erigeron alpinum , Solidago rrrgaurca , Pyrethruni radicans, Senecio Duriœi, * S. linifolius, * S. Boissieri, S. Tournefortii, Leontodon antumnalîs, Crépis oporinoidos, *CampanuIa Herminii , * Gen- tiana Pneumonunthe , * Echiuni flavum , Digifalis purpurea, Linaria origanifolia, L. supina,*\Qron'u:a ropcns, Scuteliaria alpina , Sideritis scordioides , * Teucrium capitatum , Reseda complicata, * Junipems Sahina, J. nana, Gagea polymorpha, Phleum pratense , Agrostis nevadensis , Festuca duriuscula, Dactylis hispanica, Cystopteris fragilh. « Sous le rapport de la durée les plantes de la région al- pine se divisent en : Espèces annuelles 78, ou au nombre total comme 1 : 5,4- Espèces vivaces 333 1:1,2 Bisannuelles 11 1 : 42 « Cette proportion plus faible de plantes annuelles se rap- proche de celles des régions plus septentrionales de l'Eu- rope. Ces plantes, à l'exception d'un très-petit nombre qui sont aquatiques ou de lieux humides, habitent toutes dans cette région un sol sablonneux , là où l'on a mis le feu aux buissons pour améliorer les pâturages , dans les cultures et autour des lieux habités , où encore sur les montagnes côtiè- res , autour des trous à neige , là où le terrain est remué ; la plupart sont des plantes de l'Europe centrale, les suivan- tes seules sont particulières à la Péninsule , et une ou deux aux montagnes d'Italie. » 190 LE MIDI DE l'eSPAGNE. M. Boissier donne ici une liste de 15 plantes annuelles que nous ne reproduisons pas. o Parmi les espèces vivaces de cette région , on compte 14 arbres , en rangeant dans cette catégorie : Adenocarpus , decorticans et Gotoneaster granatensis qui atteignent 5 à 7 mètres de hauteur ; seulement 9 arbrisseaux et 35 sous- arbrisseaux. Les arbres offrent ceci de particulier que 8 d'en- tr'eux sfint particuliers à la Péninsule, et surtout au royaume de Grenade. Ils appartiennent aux familles suivantes : » « Rosacées 4 ; amentacées 3 ; conifères 3 ; légumineuses 1 ; acérinées 1 ; caprifoliacées 1 ; oleinées 1. Les arbrisseaux sont moins nombreux , s'arrêtent à une ou deux exceptions près à la partie inférieure de la région , et parmi eux le seul Prunus Ramburei est spécial à l'Espagne; ils appartiennent aux familles suivantes ; rosacées 3 ; légumineuses 3 ; cisti- nées 1 ; berberidées 1 ; conilères 1 . » « Les sous-arbrisseaux ont près des deux tiers de leurs espèces spéciales à la Péninsule ; quelques autres , tels que Rosa viscosa, Daphne oleoides, viennent représenter la ré- gion alpine de l'Italie et de l'orient ; un autre Lithospermum prostratum , l'Europe occidentale. Ils se classent ainsi : Labiées 9 ; légumineuses 5 ; thymélées 4 ; rhamnées 3 ; crucifères , rosacées et conifères , chacune 2 ; cistinées , ombeUifères, rubiacées, composées, ericacées, boraginées, scrophularinées, résédacées, chacune 1. Gette apparition de crucifères et résédacées sous - frutescentes est caractéristi- que pour cette région ; ainsi que celle des astragales épineux, derniers représentants de cette tribu si abondante dans la région montagneuse et alpine de la Perse et de l'Asie mi- neure , et qui, quoique infiniment diminuée , s'étend , par les montagnes du midi de l'Europe , jusqu'ici. Deux classes d'astérisques indiquent, dans les tableaux suivants, les espè- ces communes et celles très-répandues. » RÉGION ALPINE. 101 Arbres de la région alpine. Acer opulifolium. Cerasus avium. Sorhus Aria. Crataegus granatensis. Cotoneastcrgranatensis. Adcnorarpusdocorticans. Lonicora arborea. Fraxinus angustifolia/Quercus Toza/Q. al- pestris. Salix caprea, *Abies Pinsapo. *Pinus sylvestris. Taxus baccata. Arbrisseaux de la région alpine. ** Berheris vulgaris. *C'istus laimfoiius. **Genista aspala- thoidcs , G. ramosissima. * Sarothamnus vulgaris. Prunus Ramburei.* Basa vanina. Amelanchier rw/^ar/s. Juniperus phœnicea. Sous-arbrisseaux de la région alpine. Alyssum spinosum. Vella spinosa. Heliaiitbemum glaucum. Rhamnus infectorius, R. pumilus, R, Alaternus.Gen'islà bor- rida. Onouis dumosa. Erinacea hispanica. Astragalus nevaden- sis, A. creticus. Cerasus prostrata. Rosa viscosa. Ruplevrum spinosum. Putoria calabrica. Santolina canescens. Arcfosta- phylos Uvaursi. Lithospermum prostratum. Digifalisobscura. Lavandula lanata. Salvia hispanorum. Thymus IVlastichina , T. hirtus, T. granatensis, T. longiflorus, T. membranaceus. Satureia montana. Pblomis crinita. Passerina nitida, P. Tar- ton raria. Dapbne oleoides , D. Laurcola. Reseda complicata. Juniperus Sabina, J. nana. Nous trouvons dans ces espèces arborescentes bon nom- bre de plantes de notre tlore , mais la distribution en est en- tièrement différente. Ainsi VAcer opulifolius , le Cisliis laurifolius, le Satu- reia monlana, leRhammis Alaternus, \e Juniperus Sabina, appartiennent à notre région méridionale , et n'atteignent même pas nos plaines tempérées, tandis que V Arctostaphylos Uva ursiy le Juniperus nana, le Daphne Laureola sont aussi 192 LE MIDI DE l'eSPAGNE. pour nous des plantes de montagnes, séparées des précéden- tes par une zone de 600 à 1,000 mètres. Le SaroiJimnmis vulgaris , plante de nos plaines et de nos basses montagnes , est bien loin de s'élever aussi haut. Cette région alpine du royaume de Grenade est certai- nement plus méridionale encore que nos plaines et nos mon- tagnes , malgré sa grande élévation. Nombre des espèces et rupporls des familles de la région alpine. M. Boissier indique dans cette région 358 dycotylédones ou au nombre total comme 1 : 1,17 54 monocotylédones ou 1 : 7,8 10 fougères ou 1 : 42 « La proportion des monocotylédones , est presqu'encore plus faible que dans la région montagneuse , à cause de la très-petite quantité d'orchidées et de liliacées ; cependant les joncées, cypéracéeset graminées, y sont proportionnelle- ment ou absolument plus riches en espèces , et les dernières représentées par beaucoup d'individus y jouent un rôle im- portant dans la végétation. Les plantes de cette région se distribuent en 52 familles , ce qui donne une moyenne de 8,10 espèces par famille , ou moins que dans la région précédente ; voici la liste de ces familles dans leur ordre d'importance et leur proportion. » Synanthérées .... 55 Rosacées 16 Légumineuses ... 29 Boraginées 12 Graminées 29 Renonculacées ... 11 Crucifères 29 Crassulacées .... 10 Labiées 27 Rubiacées 10 Caryophyllées . .. 25 Fougères 10 Scrophularinées . . 24 Cypéracées 9 Ombellifères . . . . 20 Joncées 8 REGION ALPINE. Cistinées. . . Géraniacées Saxifragées . 7 7 Ci Campanulacées . . 6 Thymélées 6 Conifères 5 Liliacées 5 Violariées 4 Paronychiées . ... 4 Polygalées 3 Hypéricinées .... 3 Rhamnées 3 Dipsacées 3 Résédacées 3 Amentacées 3 Linées 2 Malvacées 2 Onagrariées 2 Portulacées , . . Convolvulacéos. l'rimulacées . . . Plumbaginées Eupliorbiacées. . Berbéridées .... Fumariacées . . . Acérinées Caprifoliacées. . . Valérianées .... Éricacées Oleinées Gentianées . . „ . 193 2 2 2 2 2 Plantaginées . . . Polygonées . . . Orchidées .... Iridées Golchicacées . . « Les sept premières de ces familles ensemble, dépassent la moitié du nombre total des espèces. Quant à la série des familles , elle se rapproche assez de celle que nous avons trouvée pour la région montagneuse , tout en différant par plusieurs traits. Ainsi le caractère alpin s'y dessine davan- tage : les caryophyllées , par exemple, y sont pour 1/16, tandis que dans la région chaude elles feraient 1/29, et dans la montagneuse 1/33. En Laponie elles font 1/16, et dans la flore alpine d'Allemagne 1/14. » « Les composées y font plus de 1/7, c'est autant que dans la région précédente ; on retrouve une proportion presque plus forte, c'est-à-dire, un peu moins de 1/6 dans les flores alpines de l'Europe centrale. » « Les légumineuses qui ne sont plus que de 1/15 ont dimi- n 13 194 LE MIDI DE l'eSPAGNE. nué, c'est encore un trait de ressemblance avec les flores alpines du centre de l'Europe où elles ne forment que 1/20. » « Les rosacées plus nombreuses, absolument parlant, que dans la région montagneuse et presque triples que dans la chaude , y forment le 1/22 de la végétation. Dans les Alpes de l'Europe centrale, elles forment le 1/32, et en Lapo- nie 1/17 de la végétation. » » Les graminées ont aussi une proportion analogue à celle qu'on remarque dans les flores alpines du centre et inférieure à celle du nord de l'Europe. » » Enfin l'accroissement des violariées , des renoncula- cées, crassulacées , saxifragées , rubiacées , campanulacées dans cette région , crée de nouveaux rapports entr'elle et les autres flores alpines européennes. » « Elle s'en distingue d'autre part par les traits suivants : d'abord la forte proportion des labiées, égale à celle de la région montagneuse et surpassant celle de la région chaude ; elle est de 1/15, tandis que dans les flores alpines du centre et du nord de l'Europe , elle ne joue qu'un rôle très-insigni- fiant. » « Les scrophularinées sont aussi très-caractéristiques par leur proportion qui est de 1/17 : c'est plus que dans les régions précédentes et que dans le centre de l'Espagne ; dans les Alpes du centre de l'Europe, elles ne font que 1/26, et dans celles de Laponie que 1/20. » « Les crucifères atteignent cette forte proportion de 1/15 que nous n'avons retrouvée qu'en Castille, et s'éloignent de leurs proportions dans les Alpes du centre et du nord de l'Europe où elles ne font que 1/20. » « Enfin, les cistinées , les thymélées, résédacées, convol- vulacées et géraniacées, surtout celles à souche ligneuse, donnent à cette région , ou par leur existence , ou par leur RÉGION ALPINE. 195 forte proportion , un caractère que l'on no retrouve pas dans les flores alpines du centre et du nord de l'Europe. » Distribution géographique des espèces de la région alpine. En considérant les plantes de la région alpine au point de vue géographique, M. Boissier donne les (Catégories sui- vantes : 1°. « Plantes qui en Europe sont spéciales à la péninsule , une ou deux, habitant les montagnes de la Grèce orientale, seules exceptées. » Nous ne reproduirons pas cette liste qui contient 139 espèces. 2°. « Plantes communes à la région alpine du royaume de Grenade et à quelques points du midi de la France , particu- lièrement aux Pyrénées , mais qui ne s'avancent pas plus à l'est. » Lepidium heterophyllum. Alyssum spinosum. Iberis nana. Brassica humilis. Cistus laurifolius. Polygala saxatilis. Dian- thus brachianthus. Arenaria modcsla. Malva Tournefortiana. Ononis cenisia. Erinacea hispanica. Genista horrida, G. ramo- sissima. Vicia pyrenaica. Gnim sylvaticum. Potentilla sub- acaulis. Corrigiola telephiilblia. Sedum hrevifolium. Eryn^mm Bourgati. Ligusticum pyreneum. Gaya pyrenaica. Cachrys lae- vigata. Galium verticillatum. Jasonia tuberosa. Achillea odo- rata. Senecio Tournefortii. Carduncellus monspeliensis. Ono- pordon acaule. Cirsium crinitum. Barkhausia albida. Hiera- cium saxatile. Lithospermum prostratum. Linaria origani- folia. Yeronica Ponœ. Teucrium pyrenaicum. Astrocarpus Clusii. Quercus Toza. Merendera Bulbocodium. Luzula pedi- formis. Avena montana. Cette liste contient déjà quelques plantes de notre flore, et dont l'origine est très-probablement austro-occidentale . Elle renferme 40 espèces, qui , jointes aux 139 de la série pré- 196 LE MIDI DE l'eSPAGNE. cédente, font un total de 179 espèces endémiques en Europe à la Péninsule, ouïes 3|7 du nombre total , proportion plus forte encore que dans la région montagneuse. Parmi ces 179 espèces , 70 , ou les 2|5 , sont communes au royaume de Grefiade et à d'autres contrées de l'Europe, surtout au Gua- darrama, quelques-unes au royaume de Valence. 3°. « Plantes occidentales ou communes à l'ouest de l'Eu- rope et à la région alpine. » Cette très-petite liste aurait pu être réunie à la précédente. M. Boissier l'en sépare, pour distinguer les plantes qui ne dépassent guère les Pyrénées de celles qui s'étendent le long des côtes occidentales de l'Océan , et plusieurs jusqu'en Angleterre. Sisxjmhrhnn asperum , Viola demetria. Ranunculus liede- raceus. Carum vei'ticillatum. Crocus nudiflorus. Carex lœvi- gata. Comme dans la liste précédente , plusieurs espèces de celles-ci arrivent jusque dans nos contrées et les dépassent même vers le nord. (. 4". Plantes communes à la région alpine du royaume de Grenade et à l'Europe centrale, à la flore d'Allemagne, par exemple, ou même, à l'exception de deux ou trois espèces seulement, à celle plus restreinte de la Suisse. Ces plantes , dont voici la liste, sont au nombre de 179, ou à peu près les 2|5 du nombre total, proportion encore plus forte que pour la région montagneuse, oii elles ne formeront que 1|3. Parmi ces plantes, celles pointées d'un astérisque, ou 1|3 d'entre elles, sont aussi, en Suisse et en Allemagne, des plantes de la flore alpine; les deux autres tiers sont, dans ces pays, des plantes de plaine , s'élevant , il est vrai , souvent dans les montagnes. » * Ihalictrum minus . Anémone Hepatica. Banunculus bul- RÉGION ALPINE. 197 bosus , R. acris. Helleborus fœtidus. * Aconitum Lxjcoclo- num, * A. Napellus. Aquilegia vulgaris. Berberis rulgaris. * Nasturtium pijrenaicum. * Arabis auriculala, * A. saxati- lis. Sisymbrium Thalianum. * Alxjssum alpestre , *A. monta- num. A. calycinum. * AUhionema saxatile. Draba verna. * Cochlearia saxalilis. Thlaspi arvense , T. perfoliatum. Capsella bursa pastoris. Hulchinsia pelrœa. Iberis pinnata. * Biscutella saxalilis. Erysimum canescens. 5/wa/)îs Cheiran- thos. * Helianlhemum canum , //. Fumana. Viola hirta , V. tricolor. Poty gala vulgaris. * Saponaria Ocymoides.* Si- lène Saxifraga , * S. rupestris , S. diurna. * Sagina procum- bens. * Spergula saginoides. Mochringia trinervia. *Arenaria grandiflora, A. serpyllifolia. * Stellaria uliginosa. Spergula segetalis. Lepigonum rubrum. Alsine tenuifolia. Badiola linoides. Malva rotundifolia. Acer opulifolium. Hyperi- cum tetrapterum. Géranium pyrenaicum , * G. divaricatum , G.lucidum. Erodium ci'fM^armm. *Rhamnuspumilus.Ci/^isMS sagitlalis. Sarothamnus vulgaris. Trifoliuin ochroleucum,T. filiforme. Ononis Columnœ. Lotus corniculatus , L. major. " Astragalus depressus. Hippocrepis comosa. Cerasus avimn. * Geum rivale. Rosa canina. Sorbus Aria. * Ametanchier vul- garis. * Epilobium palustre, " E. origanifolium. Montia fon- tana. Telepliium \n\^QrdX\. Scier anthus annwMS. Sedum cœspi- tosum, * S. inllosum, S. acre, S. album, S. reflexiim. * Sem- pervivum tectorum. * Saxifraga stellaris. Eryngium campes- tre. Buplevrum aristatum. Palimbia Ghabrœi. Chœrophyllum hirsutum. * Galium sylvestre, G. erectum , "G. anglicum, G. litigiosum. * Centranthus angustifolius. * Erigeron al- pinum. Solidago virgaurea. Inula montana. Anthémis montana. \rtemisia Absinthium, A. campestris. Filago Ger- manica. Senecio aquaticus. Onopordon Acanthium. Cirsium acaule. * Serratulaniidicaulis. Arnoseris pusilla. Leontodon autumnalis. Taraxacum dens leonis. " Hieracium Pilosella, H. amplexicaule . Campanula rotundifolia. * Arctostaphylos Uva-ursi. Gentiana Pneumonanthe . Cuscuta Epithymum . As- 198 LE xMlDl DE l'eSPAGNE. perugo procumbens. Myosotis sylcalica , M. hispida , M. stricta. Onosmaechioides. Digitalis purpurea. Linariaminor. * Erinus alpinus. Veronica verna , V. prœcox. * Pedicularis verticillala , P. comosa. *Euphrasia alpina, Thxjmus Serpyl- lum. *Melissa alpina. * Scutellaria alpina. *Sideritis scordioi- des. Lamium amplexicaule. Primula offîcinalis. Androsace maxima. Rumer Acetosa. Daphne Laureola. Salix caprea. Taxus baccata. "Juniperus Sabina. "J. nana. Pinus sylvestris. Listera ovata. .Convallaria polygonatum. * Allium Schœno- prasum. Muscari racemosum. Juncus Tenageya, J. capitafus, J. effusus , J. glaucus , * J. alpinus, J. ohtusiflorus, Luzula eampestris. Scirpus setaceus. Carex glauca, C. distans, C. leporina, C. muricata, C. steUulala, G. fulva. Phleum pra- tense. Holcus lanatus. Stipa pennala. Agrostis alba. Apera interrupta. Airajlexuosa. Avena flavescens. Sesleria cœrulea. Poa nemoralis , P. bulbosa. Molinia cœrulea. Kœleria se- tacea. Festuca duriuscula , F. Lachenalii. Promus squarro- sus. Polypodium vulgare. Polystichum Filix-mas. Athyrium jilix fœmina. Aspidium aculeatum. * Cystopteris fragilis. Asplenium Trichomanes , A. Ruta muraria. Pteris aquilina. Aspidium viride. « 5". Plantes communes à la région alpine du royaume de Grenade et à la fois au midi de la France et à quelqu'autre partie du midi de l'Europe, surtout dans les montagnes.» Ranunculus Chœ7^ophyllos.Cera?>tium Boissieri. Lmwm nar- bonense. Hypericum hyssopifolium. Rhamnus infeclorius , R. Alaternus. Genista aspbalathoides. Astragalus vesicarius, A. monspessulanus. Ononis eenisia. Potenfilla hirta. Sedum amplexicaule , Pimpinella Tragium , Laserpitium gallicum , Galatella punctata. Arfemisia campfiorata. Doronicum scor- pioides. Xeranthetnuminapertum. Carduusnigrescens. Jurinea humilis. Podospermum laciniatum. Tragopogon crocifolium. Crépis pulchra. Phœnixopus ramosissima. Alkana tinctoria. RÉGION ALPINE. l99 Linaria supina. Satureia montana. Hyssopus offîcinalis. Ne- peta Nepetella. Teucrium capilatum. Plantago serpentina. Passerina Tartonraira. Tliesium humifusum. Eu[)horljia Esula, E. Nicœensis. Piptathcrum paradoxum. Avcna l)roinoides. Cette liste contient 37 espèces , dont un certain nombre appartient encore à notre llore. « 6°. Plantes communes à la région alpine et aux mon- tagnes de l'Italie méridionale ou de la Corse, mais ne se trou- vant pas dans le midi de la France.» Cette petite liste est de 23 espèces, parmi lesquelles nous trouvons le Sedum amplexicaule y qui existe dans la circons- cription de notre flore. « Ces deux dernières listes réunies, montant à 60 espèces, ou au septième du nombre total , représentent les rapports de la végétation de notre région avec celle de la région mé- diterranéenne de l'Europe dans les montagnes ; on voit ici ces rapports s'atténuer toujours davantage à mesure qu'on s'élève. » « Comme on le voit, les contrées avec lesquelles cette ré- gion a le plus de rapports par sa végétation sont les diffé- rents systèmes de montagnes et de pays élevés du centre de la Péninsule , surtout les chaînes des Castilles et les Pyré- nées. Les plantes de notre région communes à ces deux pays comprennent les 2[5 du premier tableau, tout le second, le troisième et le quatrième, avec beaucoup des espèces des deux derniers ; elles font donc plus des 3|4 du nombre total des espèces. » M. Boissier donne encore deux petites séries d'espèces. Dans la première, il indique des plantes de la région alpine du royaume de Grenade, observées par Desfontaines ou Bové dans le Petit- Atlas. Cette liste est de 17 espèces, dont une seule, \e Centranthus angiistifolius , appartient à notre flore. 200 LE MIDI DE L 'ESPAGNE. La seconde est une liste de 1 1 espèces , à la fois orien- tales et espagnoles , dont aucune ne fait partie de notre cir- conscription. Nous terminons cette étude delà région alpine du royaume de Grenade par la liste générale des espèces communes à cette région et au plateau central de la France. Liste des plantes de la rcgion alpine du roxjuume de Grenade, qui croissent sur le plateau central de la France. Thalictrum minus. Ranunculus hederaceus, R. Chgerophyl- los, R. acris , R. bulbosus. Helleborus fœtidus. Aquilegia vulgaris. Aconitum Napellus , A . Lycoctonum. Arabis auricu- lata. Cardamine birsuta. Nasturtium pyrenaicum. Sisymbrium asperum , S. Thalianum. Sinapis Cheiranthos. Alyssum caly- cinum, A. spinosum. Draba verna. Cocblearia saxatilis. Hut- chinsia petrœa. ^^tbionema saxatile. Thlaspi arvense , T. perfoliatum. Iberis pinnata. Biscutella saxatilis. Cislus lauri- folius. Heliantbemum Fumana. Viola hirta, F. tricolor. Poly- gala vulgaris. Saponaria ocymoides. Silène Saxifraga , 5. ru- pestris. Sagina procumbens , S. saxatilis. Alsine tenuifolia. Arenaria serpxjllifolia. Stellaria média. Linum narbonense. Malva rotundifolia. Acer opulifolium. Géranium pyrenaicum, G. lucidum. Erodium cicutarium. Rhamnus Alaternus, R. in- fectorius. Sarolbainnus vulgaris. Gytisus sagittalis. Ononis spinosa , O. Columnae. Trifolium ochroleucum , T. repens. Lotus co}-7iiculatus , L. major. Astragalus monspessulanus. Cerasus avium. Geum sylvaticum. Potentilla birta. Rosa ca- nina. SorbusAria. Amelanchier vulgaris. Epilobium palustre, E. origanifolium. Monlia fontana. Herniaria incana. Scle- rantbus annuus. Sedum villosum, S. brevifoliuni, S. album, S. acre, S. amplexicaulo, S. reflexum. Sempervivum tecto- rum. Saxifraga stellaris , S. granulata. Eryngium campestre. Carum verticillatum. Buplevrum aristatum, B. rotundifolium. Laserpitium gallicum. Scandix pecten Veneris.Chaeropbyllum hirsutum. Hedera Hélix. Galium erectum, G. sylvestre, G. RÉGION ALPINE. 201 verum , G. Aparine, G. anglicum. Centranthus angustifolius. Cephalaria leucantha. Erigeron alpinum. Solidago virga au- rea. Inula montana. Jasonia liiberosa. Anthémis arvensis. Artemisia campestris. A. camphorata, A. Absinthium, Filago germanica. F. arvensis. Xeranthemum inapertum. Cenlaurea amara , G. montana. Onopordon Acanthium. Girsium acaule. Leuzea conifcra. Arnoseris pusilla. Leontodon autumnale. Podospermum laciniatum. Tragopogon crocifolium. Taraxa- cum lœvigatum. Barkausia albida. Crépis pulchra. Phœnixopus ramosissimus. Hieracium Pilosella, H. saxatile, H. amplexi- caule. Campanula rotundifolia. Arctoslaphylos Uva ursi. Gentiana Pneumonanthe. Guscuta Epithymum.Onosma echioi- des. Myosotis sijlvatica , M. hispida , il/, slricta. Àspcrugo procumbens. Linaria origanifolia, L. minor, L. supina. Digitalis purpurea. Erinus alpinus. Veronica Beccabunga , V. verna. Euphrasia minima. Pcdicularis comosa , P. verticillata. Thy- mus Serpyllum. Satureia montana. Hyssopus officinalis. Lamium amplexicaule. Goris monspeliensis, Androsace maxi- ma. Primula officinalis. Plantage média, P. serpenti na. iî^mea: Acetosa, R. Acetosella. Daphne Laureola. Thesium humifu- sum. Euphorl)ia verrucosa , E. nicœensis , E. segetalis. Salix caprœa. Juniperus nana , J. Oxycedrus , J. Sabina. Pinus sylvestris. Orch\s coriopbora. Listera ovata. Gonvallaria Poly- gonatum. Allium sphœrocephalum , A. Schœnoprasum. Mus- cari racemosum. Juncus effusus, J. capitatus, J. obtusiflorus, J. Tenageia, J. bufonius. Luzula campestris. Scirpus setaceus, Garex muricata , C. steUulata, C. leporina, G. gynobasis , G. glauca, C. distans. Phleum pratense. Ilolcus lanatus. Pipta- tberum paradoxum. Stipa pennata. Apera inlerrupta. Aira flexuosa. Avena sedennensis , A. flavescens , A. pratensis. Sesleria cœrulea. Poa annua, P. nemoralis. Molinia cœrulea. Festuca Lacbenalii, F. duriuscula. Bromus mollis, B. squar- rosus, B. tectorum. Pteris aquilina. Asplenium Ruta-mu- raria. Polypodium vulgare. Aspidium aculeatum , A. Vilix- mas. Cystopteris fragilis. Athyriwn Filix-femina. LE MIDI DE L ESPAGNE. Ainsi , sur 422 espèces de la région alpine du royaume de Grenade , 201 se rencontrent sur le plateau central de la France , ce qui établit la proportion 1 : 2,1 Le nombre donné par M. Boissier se décompose en 358 dicotylédones et 64 monocotylédones. Les dycotylédones communes au plateau central sont au nombre de 158 , ce qui donne , comparativement au chiffre de 358 , le rapport 1 : 2,26 Les monocotylédones communes au plateau central sont au nombre de 43, ce qui donne, comparativement au chiffre de 64 , le rapport 1 : 1 ,49 On reconnaît de plus en plus , à mesure que l'élévation compense la latitude , la faculté des monocotylédones à se répandre au loin. Dans les 422 espèces de la région alpine , 78 sont an- nuelles; 50 d'entr'elles se trouvent sur le plateau central : c'est donc la proportion 1 : 1 ,56 333 sontvivaces, et sur ce nombre 140 seulement nous appartiennent en commun ; c'est le rapport. . 1 : 2,38 Il y a donc bien plus de tendance a l'extension des plantes annuelles qu'à celle des espèces vivaces. Le nombre des espèces bisannuelles de la région alpine est de 11. Il est exactement le même dans notre liste. Les végétaux bisannuels, si ces indications se soutenaient dans d'autres circonstances, jouiraient donc de la faculté de se disperser plus facilement que les autres. § 4- RÉGION NIVALE DU EVOTAUME DE GRENADE. « Cette région comprend toutes les parties supérieures de la Sierra Nevada, à partir de 2,700 mètres , et n'existe, par conséquent, que dans la partie occidentale de la chaîne, RÉGION NIVALE. 203 la seule qui dépasse cette hauteur. A une pareille altitude , on commence à trouver, dans les Alpes, les neiges éternelles; ici, rien de pareil : les points culminants, eux-mêmes élevés de 3,000 à 3,800 mètres, en sont dépourvus au milieu de l'été. La neige caractérise cependant cette région, mais seu- lement sous forme de taches ou d'amas accumulés dans les bas-fonds et plis du terrain. » « Dès la fin de septembre, toute la région se couvre d'une neige nouvelle, qui ne commence à disparaître partiellement qu'en juin , et la recouvre donc entièrement pendant huit mois. Le sol est partout arrosé par les fdtrations de la neige fondante et les petits ruisseaux qui en découlent. De nom- breux orages rafraîchissent la terre pendant tout l'été et surtout en août ; ils sont ordinairement accompagnés de ton- nerre et très-souvent de grêle qui blanchit pour quelques heures telle ou telle partie des sommités. La température y est très-inégale pendant la belle saison ; par un beau temps, le thermomètre monte souvent à 22° au milieu du jour, même sur les sommités , tandis qu'un ciel nuageux ou un orage peut le faire descendre en quelques heures à -t- 3 ou 4. » M. Boissier n'a pas remarqué, dans cette région, de dif- férence d'altitude pour les mômes espèces, d'après le revers oiî elles croissent ; la végétation y est cependant , en gé- néral , plus variée sur le versant septentrional , ce qui tient surtout à ce que les grands escarpements se trouvent de ce côté, et qu'il y a, par conséquent, des expositions plus va- riées et plus favorables aux plantes qu'au midi. Ces caractères de climat et d'altitude conviennent très- bien aux pelouses supérieures de notre région montagneuse, oii les plantes ligneuses manquent tout à fait, comme ici. Elles restent à peu près le même temps ensevelies sous la 204 LE MIDI DE l'eSPAGISE. neige , et , quoique notre point le plus élevé n'atteigne pas 1,900 mètres, nous trouvons aussi de grandes analogies dans la végétation par l'identité ou le parallélisme des es- pèces. M. Boissier distingue, dans cette dernière région de sa flore, 6 stations principales : « 1". Pelouses occupant toute l'étendue des petits pla- teaux situés à l'origine des vallées et au bas des escarpe- ments; ces pelouses sont formées d'une herbe courte, fine et serrée, oii le Nardus stricta , Agrostis nevadensis, Festuca Halleri et des formes du Festuca duriuscula jouent le prin- cipal rôle. On y voit croître aussi Leontodon autumnale et L. microcephalum ; et, dans les places un peu humides, Ranunculus angustifolius et R. acetosellifolius , Campanula Herminii , Parnassia paîustris , Sedum rivulare , Gentiana alpina , G. Pneumonanlhe. » 2^*. Pentes sèches et croupes stériles, sans gazon con- tinu, mais où croissent, par individus isolés, des espèces assez variées, telles que :Lepidiumstylatum,5i7enerM^esf m, Arenaria tetraquetra , Potentilla nevadensis , Herniaria al- pina , Galium pvrenaicum, Pyrethrum radicans, x\rtemisia granatensis, Plantago nivalis. Thymus serpylloides, Sideritis scordioides, Aretia Vitalliana. Trisetum glaciale, etc. » 3°. Éboulis encombrés de quartiers de rochers situés au pied des escarpements et là oiî le terrain est plus gras et plus abondant. On y trouve des plantes de plus haute taille, telles que Eryngium glaciale, Reseda complicata, Senecio Tour- nefortii, Carduus carlinoides, Digitalis purpurea. » 4°. Éboulis supérieurs, sablonneux et parsemés de dé- bris schisteux très-analogues, pour la végétation, à ceux du n" 1 , avec lesquels ils se confondent , mais plus mobiles. On y voit croître, toujours par touffes : Papaver pvrenaicum, RÉGION NIVALE. 205 Ptilotrichum purpureum, Artemisia granatensis, Biscutella saxalilis, variété glacialis, Erigcron frigidum, Trisctum gla- ciale, Fesluca pseudo-Eskia, F. Clemcntci, Luzula apicata; et dans les places couvertes de pierres roulantes : Viola ne- vadensis, Sinapis Cheiranthos , Holcus cœspitosus. » 5". Pentes des rochers, oii l'on trouve surtout : Arabis Borgi , Androsace imbricata , Draba hispanica , Saxifraga mixta , qui toutes cherchent à s'abriter le plus possible dans les anfractuosités du roc. » 6". Moraines du glacier de Veleta, formées d'un sable schisteux fin, et arrosées par la fonte des glaces. On y trouve : Linaria origanifoUa variété, Artemisia granatensis, Draba frigida, Stellaria cerastoides , Cerastium alpinum, Arabis alpina, Poa laxa, etc. » On comprend que ces stations ne sont pas très-tran- chées et se fondent par des intermédiaires. » Distribution géographique des espèces de la région nivale. M. Boissier divise les espèces de la région nivale en plu- sieurs catégories : 1». Plantes européennes spéciales à la Péninsule. Cette série est de 34 espèces. 2°. Plantes européennes spéciales à la région nivale et à quelques points des Pyrénées , mais qui ne se trouvent pas plus au nord ou plus à l'est. Cette liste est de 13 plantes. Ces deux listes réunies donnent 47 espèces endémiques à l'Espagne , ou 10[24 du nombre total de la région ni- vale, proportion un peu plus faible que dans la précédente. 3°. Plantes communes à la région nivale et à quelques Alpes du midi de l'Europe ; elles ne comprennent que les sui- vantes : Alyssum diffusum , Arenaria australis, Thymus an- gustifolius, à la fois aux Pyrénées et à l'Italie ; Linaria ori- 206 LE MIDI DE l'eSPAGNE. ganifoHa, aux Pyrénées et en Grèce (et nous ajouterons à la Lozère) ; Veronica repens, en Corse, et Cerastium Boissieri , en Sardaigne. 4°. Plantes communes à la région nivale et aux Alpes. * Ranunculus glacialis. * Aconitum Lycoctonum. Papaver pyrenaicum. * Arabis alpina. Cardamine resedifolia. Draba frigida. Sinapis Cheiranthos. * Viola palustris. * Parnassia palustris. * Silène rupestris. * Sagina saxatilis. * Steilaria cerastoides. * Cerastium alpinum. * Trifolium pratense , T. glareosum. * Lotus corniculatus. * Sibbaldia procumbens. ' Alchemilla vulgaris , * A. alpina. * Epilobium origani- folium. Herniaria alpina. Paronychia polggonifolia.* Sedum annuum. * Saxifraga opposilifolia , * 5. stellaris. * Galium sylvestre. * Erigeron alpinum. * Solidago virgaurea. * Gna- phalium dioicum , * G. supinum. * Leontodon autumnale. * Vaccinium uliginosum. Gentiana alpina , G. verna , * G. Pneumonanthe , * G. glacialis. Digitalis purpurea. Linaria supina. * Yeronica saxatilis, *V. alpina. Euphrasia minima. Scutellaria alpina, Sideritis scordioides. Pinguicula leptoceras. Androsace imbricala. Aretia Vitalliana. *Polygonum aviculare. * Salix hastata. Jiiniperus Sabina , J.nana. * Luzula spi- cata. * Carex capillaris , * G. lagopina , * G. flava. * Phleum pratense. * Poa laxa , * P. alpina. Festuca Halleri , * F. du- riuscula. * Nai'dus stricta. * Aspidium Lonchitis. * Cystopteris Fragilis. * Asplenium septentrionale. *Allosorus crispus. » On voit que cette catégorie forme plus de la moitié du chiffre total , et ce rapport avec les montagnes de l'Europe centrale et septentrionale ne doit pas étonner avec des con- ditions climatologiques que l'altitude a rendues à peu près les mêmes. Parmi ces plantes alpines, un petit nombre seu- lement, Sinapis Cheiranthos , Parnassia palustris, Trifo- lium pratense , Lotus corniculatus, Solidago virgaurea, Leontodon autumnale, Digitalis purpurea y Sideritis scor- RÉGION NIVALE. 207 dioidcs, Polygonum aviculare, Carex flava, Phleum pra- tense , Fesluca (lurînscula, sont, en France et en Suisse, des plantes du pied des montagnes ou des plaines, et presque toutes celles-là se présentent , dans la Sierra Nevada , sous des formes qui permettent de les regarder au moins comme des variétés. Dans le tableau précédent, les espèces marquées d'un astérisque, ou les deux tiers, se retrouvent dans les Alpesde Suède ou de Laponie; elles lornient les 10|24 du nombre total des espèces de la région. Enfin, la- totalité de ces espèces alpines se retrouve aux Pyrénées , ce qu'il était facile de prévoir à priori, cette dernière chaîne se trouvant, pour ainsi dire, sur le chemin de la Sierra Nevada aux Alpes. Deux plantes seulement, Trifolium glareosum et Carex lago- pina, font exception , et n'ont point , jusqu'ici, été trouvées aux Pyrénées ; mais la considération précédente a tant de force à nos yeux, dit M. Boissier, que je ne doute point qu'on finisse par les y rencontrer aussi. » » En réunissant les catégories 2 et 4 avec 4 espèces de la 3^ on trouve ainsi 80 espèces , ou les 2(3 du nombre total , communes à la région supérieure de la sierra Nevada et à celle des Pyrénées, résultat intéressant, si on réfléchit à la distance en latitude qui sépare ces montagnes, et à l'absence de toute chaîne intermédiaire d'égale hauteur. » Bon nombre d'espèces de la 4'' catégorie se trouvent aussi dans notre région montagneuse, et habitent indistinctement le royaume de Grenade, les Pyrénées, la Laponie et le plateau central , étendant leur aire d'extension à tous les sommets qui présentent, suivant leur latitude, un climat suffisamment refroidi. Ces plantes sont très-intéressantes à cause de leurs migrations , qui ont eu Heu de sommet à sommet , à de grandes distances , sans s'arrêter sur les vastes plaines qui séparent les montagnes. 11 semble qu'elles aient voyagé dans 208 LE MIDI DE l'eSPAGNE. les airs, en se reposant sur les étapes élevées qu'elles ren- contraient sur leur route. Nos montagnes du plateau central paraissent avoir été une des lignes qui ont servi de passage entre les Alpes et les Pyrénées ; mais elles sont bien plus liées à cette dernière chaîne qu'à celle qui sépare la France de l'Italie. Durée des espèces de la région nivale. « Le nombre des espèces de la région nivale est seulement de 117, ou à la flore totale comme 1 : 13 » Cet appauvrissement ne tient pas seulement à l'altitude, mais à l'étendue très-petite qu'occupe cette région, comparée aux précédentes. Une quarantaine de ces espèces se retrou- vent dans la région alpine , mais n'y descendent pas très- bas, quelques-unes seules exceptées, de même qu'elles n'at- teignent , en général , que la partie inférieure de la région nivale. » On n'y compte que 4 espèces annuelles : Umbilicus sedoides, Euphrasia minima, Gentiana glacialis, Polygonum aviculare, var. Et trois bisannuelles : Senecio Duriœi, Digitalis purpurea, Echium flavum. Parmi les 109 espèces vivaces, 6 à peine méritent le nom de sous-arbrisseaux ; ce sont : Alyssum spinosum, Vaccinium uliginosum , Salix bastata, Juniperus Sabina, J. nana, Reseda complicata. « Le premier et le troisième infiniment rares; le second et le dernier s'y présentent sous une forme herbacée; enfin, les deux genévriers s'arrêtent dans le bas, en sorte que l'on peut considérer cette région comme caractérisée par le manque d'arbrisseaux et de sous-arbrisseaux. » RÉGION NIVALE. 209 Nombre des espèces et proportions des familles de la région nivale. Le nombre des plantes de cette région est, comme on l'a vu, de 117. On peut les diviser ainsi : Dycotylédones, 97, ou au total comme. ... 1 : 1,20 Monocotylédones, 16, ou 1 : 7,3 Fougères, 4. . . 1 : 29 » Cette proportion si remarquablement faible des mono- cotylédones, comparée à celle des flores alpines du centre et du nord de l'Europe, tient au petit nombre relatif des cypé- racées et joncées, mais elle ne doime pas une idée exacte du rôle que joue cette classe de plantes dans la physionomie de cette région , oii les graminées tiennent une place très- importante , y étant presque toutes très-nombreuses en in- dividus. Ces 117 espèces se distribuent dans 34 familles, ce qui donne une moyenne de 3,4 espèces par famille , infini- ment plus faible que dans la région alpine. » Voici ces familles : Synanthérées. . . . 16 Cypéracées 3 Graminées 11 Violariées 2 Crucifères 11 Paronychiées. . . . Caryophyllées. . . 8 Rubiacées Scrophularinées. . 8 Gampanulacées . . Renonculacées. . . 5 Primulacées Gentianées 5 Conifères Légumineuses. . . 4 Papavéracées. . . . Rosacées 4 Droséracées Ombellifères. . . . 4 Onagrariées Labiées 4 Vacciniées Fougères 4 Boraginées Crassulacées .... 3 Lentibulariées . . . Saxifragées 3 Plumbaginées . . . II i4 210 LE MIDI DE L 'ESPAGNE. Plaotaginées. ... 1 Amentacées. . . . , 1 Polygonées 1 Liliacées 1 Résédacées 1 Joncées 1 « Les 6 premières familles , prises ensemble , font la moitié du nombre total ; cette série se rapproche toujours plus de celles qu'offrent les llores alpines de l'Europe, et s'é- loigne , par conséquent , un peu de celle de la région précé- dente par l'exclusion des cistinées , la faible proportion des labiées, etc. Voici les principaux caractères qu'elle pré- sente. » » Les composées, en très-forte proportion, 1|7 du nom- bre total, à peu près comme dans les flores alpines du centre de l'Europe. » » Les graminées sont 1|10, proportion plus forte que dans les Alpes _, et à peu près égale à celle des montagnes de Laponie. » » Les crucifères sont 1|10; c'est une proportion très- forte et le trait le plus caractéristique de notre région. Dans les flores alpines du nord et du centre , oii elles sont cepen- dant si nombreuses , on ne trouve , pour cette famille , que 1[20. » » Les scrophularinées ne sont pas moins caractéristiques par leur proportion de 1[14, bien plus forte que dans les ré- gions précédentes. Dans les Alpes, elles ne sont que de Ijâô ; en Laponie, 1[20, On ne trouve nulle part d'aussi fortes proportions pour cette famille et pour la précédente. » » Lesrenonculacées, gentianées, saxifragées, quoique peu nombreuses absolument parlant , ont repris ici une propor- tion très-analogue à celle des flores alpines , tandis que les cypéracées, joncées et amentacées y sont infiniment peu nom- breuses. Cette pauvreté relative en espèces de ces trois der- RÉGION NIVALE. 2ll nières familles est un caractère commun aux Alpes du midi, comparées à celles du centre et du nord de l'Europe, » » Enfin, la présence des résédacées, quoique représentées seulement par une espèce, est très-caractéristique pour une région élevée. » Il est très-curieux de voir de même, au sommet de notre région montagneuse , sur les dernières pentes du pic de Sancy, une résédacée, Astrocarpus sesamoides, exactement dans la même position, et occuper une place parallèle à celle duReseda complicata. Nous terminons encore ce paragraphe par une liste des plantes de la région nivale qui habitent aussi le plateau cen- tral de la France , et dans laquelle nous avons imprimé en italique les noms des espèces qui croissent également en Laponie. Liste générale des plantes de la région nivale qui croissent aussi sur le plateau central de la France. Aconitum Lycoctonnm. Arabis alpitia. Cardamine resedi- folia. BrassicaCheiranthos. Alyssuni spinosum. Biscutella saxa- tilis. Viola palustris. Parnassia palustris. Silène rupestris. Cerastium alpinum. Trifolium pratense. Lotus corniculatus. Alchemilla vulgaris, A. alpina. Epilobium origanifoliwn. Paronychia polygonifolia. Sedum amplexicaule , S. annuum. Centranthus angustifolius. Erigeron alpinum. Solidago virga aurea. Gnaphalium supinum , G. dioicum. Cirsium acaule. Leontodon autumnale. Taraxacum laevigatum. Vaccinium uliginosum. Gentiana verna, G. Pneumonanthe. Myosotis hispida. Linaria origanifolia. Uigitalis purpurea. Veronica al- pina. Euphrasia minima. Plantago serpentina. Polygonum aviculare. Juniperus nana, J. Sabina. Luzula spicata. Carex flava. Phleum pratense. Poa annua , P. alpina. Dactylis glomerata. Nardus stricta. Allosorus crispus. Asplenium sep- tentrionale. Aspidium fragile. 212 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. Sur 117 espèces de la région nivale, 48 se retrou- vent dans notre circonscription , ce qui donne le rap- port 1 : 2,04 Le nombre indiqué par M. Boissier se décompose en dy- cotylédones, 97, et monocotylédones, 20. Les dvcotylédones communes au plateau central sont au nombre de 38 , ce qui donne , relativement au chiffre 97, le rapport 1 : 2,55 Les monocotylédones communes au plateau central sont au nombre de 10 seulement, ce qui donne, comparativement au chiffre de 20, le rapport exact 1:2 Ici encore , les monocotylédones sont plus cosmopolites que les dycotylédones. Dans les 117 espèces de la région nivale, 4 sont annuelles, 3 bisannuelles et 109 sont vivaces. Les 4 espèces annuelles se retrouvent toutes dans notre flore. Parmi les 109 vivaces, 41 existent sur le plateau central, ce qui donne le rapport 1 : 2,66 Tous ces résultats confirment la plus grande facilité d'ex- tension des monocotylédones et des plantes annuelles. CHAPITRE XXI. VEGETATION DE LA LAPONIE. Cette partie de l'Europe a été depuis longtemps le but des explorations de nombreux botanistes ; mais Wahlenberg est, sans contredit, celui qui a publié, sur cette intéressante VÉGÉTATION DR LA LAPONIE. 213 contrée, les travaux les plus remarquables. Tous les ouvrages de ce grand homme '^ont em|»r(;inls de son génie observateur. Il a touché à tous les points de la science , et n'a rien omis surtout de ce qui tient à la géographie botanique qui , alors , au commencement de ce siècle, n'était indiquée encore que par les travaux de M. de Ilumboldt et par les siens. Wahlen- berg sentait jusqu'au côté artistique de la science des végé- taux, et ses descriptions, toujours élégantes et vraies, sont des tableaux riants des contrées sévères qu'il avait sous les yeux, et dont les beautés apparaissent pendant un été de courte durée. Depuis cette époque , la Laponie a été encore l'objet de recherches assidues, et M. Anderson, empruntant à Wahlen- berg les traits principaux de sa llore , a complété son travail , et nous a_donné, de la géographie botanique de cette contrée, un exposé fidèle , dans lequel nous puiserons en partie ce que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs. Sous le rapport purement géographique , M. Anderson , comme ses prédécesseurs , divise la Laponie en trois grandes parties : La Laponie suédoise qui a 1,032 milles carrés. La Laponie norwégienne qui en présente 539. La Laponie russe dont l'étendue n'est pas bien déter- minée. La première , ou Laponie suédoise , est divisée en quatre provinces ou diocèses : 1°. la province Umèenne qui est la plus australe ; 2°. la province Piléenne qui vient après; 3°. la province Lulémne qui est plus septentrionale; 4". enfin la province Tornéenne qui est la plus arctique. La Laponie norwégienne est divisée en : 1". Nortland, 2°. Finmark occidental; 3**. Finmark oriental. La Laponie russe est la péninsule qui s'étend des li- 214 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. mites de la Norwège et de la Suède orientale jusqu'à la mer Blanche. Après cet exposé, M. Anderson partage la Laponie sué- doise en trois régions végétales qui n'ont presque plus de rapport avec la division géographique, mais qui ont pour base les diverses zones d'altitude de la contrée. 1**. Région sylvatique ( de 0 à 400 mètres.) A. Inférieure. Principalement némorale. B. Supérieure. Principalement montueuse et découverte. C. Subsylvatique . Principalement littorale. 2°. Région subalpine (de 400 à 600 mètres.) A. Inférieure. Principalement rocheuse , région du Be- lula puhescens . B. Supérieure. Champs découverts, région du Betula nana. 3". Région alpine (de 600 à 1400 mètres.) A. Alpine proprement dite : Région des saules et des champs nus. B. Neigeuse. Région des champs parsemés de neige. C. Glaciale. Région des derniers sommets des mon- tagnes. § 1. 1». RÉGION SY-LVATIQUE , OU RÉGION DES FINS ET DES SAPINS. A. Zone inférieure où les pins et les sapins composent ensemble des forêts continues. De grandes forêts couvrent toute cette région , où l'on trouve aussi de vastes marais , et , çà et là, quelques basses collines. RÉGION SYLVATIQUE. 215 De grandes rivières la traversent et une infinité de petits lacs sont dispersés dans la plaine. Le sol est sablonneux, rare- ment argileux et dépourvu de fdons métallilères ; la tempé- rature moyenne de l'année varie selon les localités entre 2,6 et 2,3 centigrades, d'après les observations de Wablen- berg. La végétation de ces forêts et de ces marais n'a rien de remarquable , si ce n'est l'abondance des Carex. Presque toutes les plantes qui s'y rencontrent appartiennent à des contrées plus australes. On ne trouve que 22 plantes de montagnes qui descendent dans ces tristes localités. Ce sont les suivantes (1) : Saussurea alpina. Mulgedium alpinum. Hieracium boréale, H. prenanthoides. Crépis paludosa. Cornus suecica. Ranun- culus lapponicus. Aconitum Lijcoctonum. Viscaria alpina. Ru- bus arcticus. Astragalus alpinus. Salix glauca, 5. lapponum, S. grandifolia , S. depressa , S. phiHcifolia. Tofielda borealis. Juncus stygius. Scirpus cœspitosus. Carex vitilis. Calamagros- tis lapponica. Equisetum scirpoides. On voit que bon nombre de ces plantes des Alpes lapones appartiennent à notre flore, et que plusieurs d'entr'elles se trouvent aussi dans les Alpes suisses. M. Anderson considère ces 22 espèces comme émigrées de leur propre région pour descendre dans celle qu'il place la première. Voici main- tenant les plantes qui composent la végétation particulière à la partie inférieure de la région sylvatique , et qu'il con- (1) Dans les listes suivantes, ainsi que dans tout le cours de ce chapitre, les noms des espèces qui se trouvent en même temps sur le plateau central et dans la Laponie, sont imprimés en italique, afin que l'on puisse voir d'un coup d'œil les rapports de végétation qui existent entre les deux contrées. 216 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. sidère comme des plantes australes qui se seraient avan- cées dans les plaines de la Laponie. 1°. Plantes communes à toutes les parties de la Laponie : Gnaphah'um syhaficum. Mentha arvensis. Lysitnachia vulgaris , L. thyrsillora. Ranunculus auricomus. Thalictrum rariflorum, Chelidonium majns. Latbyrus palustris. Polygo- num lapatlufoliiim. Salix aurita , S. nigricans-prunifolia. Califriche autumnaiis. Calla palustris. Carex livida, C. acuta. Phleum pratense. JSardus stricta. 2°. Les espèces suivantes, plus australes, restent en dehors du versant septentrional de la Laponie Uméenne : Bidens triparti ta. Chrysanthemitm Leucanthemum. Tana- cetum vulyare. Cirsiiim arvense. Sonchus oleraceus. Uiera- cium Auricula , H. piloseUa. Hypochœris maculata. Vibur- num opulus. Galium triflorum. Lycopsis arvensis. Myosotis palustris var. strigulosa. Mentha arvensis var. Lapponica. Calamintha Acinos. Âjuga pyramidalis. Plantage média. Rhamnus Frangula. Sium latifolium. Peucedanum palustre. Banunculus sceleratus. Anémone nemorosa. Fumaria offîci- nalis. Sysimbrium Sophia. Viola sylvesfris. Peplis portula. Spirœa Filipendula. Vicia hirsuta, V. angustifolia. Platan- thera bifolia. Cypripedium calceolus. Convallaria maïalis. Alisma Plantago. Potamogeton carvifolius. Juncus effusus. Rhyncospora alba. Scirpus ucicularis. Carex brevirostris , C. digitata, C. glauca, C.pallescens , C. stellulata. Loliumpe- renne. Bromus secalinus. Avena sativa. 3°. Dans les provinces Uméenne et Pitéenne seulement on a observé jusqu'à présent : Hieracium umbellatum. Artemiisa vulgaris. Myosotis stricta. Lithospermum arvense. Gentiana amarella-lingulata. IJtricularia vulgaris , U. minor. Potentilla argentea. Salix cinerea. Scirpus lacustris. Carex teretiuscula. RÉGION SYLVATIQUE. 217 4". Dans les provinces Uméenne, Pitéenne et Luléenne, se trouve : Nymphœa alha. 5". Dans des points circonscrits des provinces Uméenne, Luléenne et Tornéenne , croît : Calypso borealis. 6°. Et enfin, dans la Laponie Tornéenne et Keméenne, on rencontre : Thalictrum kemense. Un grand nombre de ces espèces appartiennent , comme on le voit, à la flore du plateau central , et sont originaires du centre de l'Europe ou de l'Asie. Leurs migrations les ont fait pénétrer d'un côté jusqu'au cœur de la Laponie, et de l'autre , jusque sur les limites de la grande région du centre de l'Europe, où plusieurs d'entr'elles, arrivées sur le plateau central de la France , s'arrêtent sans entrer dans la région méditerranéenne. B, Zone supérieure où le sapin constitue la majeure partie des forêts. La limite supérieure de cette région est difficile à déter- miner, car plusieurs parties de la Laponie , et surtout de la province Tornéenne , sont planes, dénuées de montagnes un peu élevées , mais doucement et également inclinées vers la mer , à tel point que plusieurs de ses parties s'élèvent seu- lement de 300 à 350 mètres. Les provinces Luléenne et Uméenne sont au contraire sillonnées de longues et profondes vallées qui s'étendent jusqu'au pied des Alpes qui les sur- 218 VÉGÉTATIONS DE LA LARONIE. montent. La température de l'été atteint dans ces vallées encaissées et exposées aux rayons solaires un degré d'élé- vation considérable. Le sapin s'y élève beaucoup plus que le pin. Dans ces parties de la Laponie la limite de cette zone supérieure doit être déterminée par la ligne où, dans les lieux découverts , le sapin cesse de croître. Ce qui donne pour cette zone environ 350 mètres au-dessus du niveau de la mer , ou 1,000 mètres au-dessous des cimes neigeuses des Alpes Scandinaves. Cette région est aussi , surtout dans les deux provinces laponnes qui sont en plaines , couverte d'épaisses forêts et de marais stériles. Aussi la végétation dont l'origine est pour ainsi dire australe ne ressemble pas à celle que nous venons d'exprimer dans la zone précédente. Les montagnes assez nombreuses ne forment pas de chaînes continues , mais dis- persées çà et là elles élèvent encore leurs sommets dénudés jusqu'à 100 mètres au-dessus de la limite supérieure des arbres. Dans ces montagnes on commence à trouver les premières plantes véritablement alpines. Ces terrains nus qui s'étendent de plus en plus à mesure que sur les pentes les forêts s'étei- gnent, sont couverts d'une végétation toute différente de celle des bois et des marais. Elle est caractérisée par l'abondance des éricinées et des saules alpins. Le sol sablonneux est formé de gneiss et de granit , dont la décomposition doit produire ces terrains perméables si favorables à certaines espèces. La température de la terre est , selon Wahlenberg de 2° centigr. On trouve dans cette région les dernières cultures du seigle. Les espèces suivantes , déjà plus ou moins fréquentes dans la zone précédente, atteignent la limite supérieure de celle-ci. RÉGION SYLVATIQUE. 219 1®. Dans la Laponie Uméenne seulement : Thalictrum flavum. Pimpinella Saxifraga. Vicia Cracca. Lamium amplexicaule. 2°. Dans toutes les provinces de la Laponie : Cirsium palustre. Hieracium rigidum. Gaiium Aparine. Limosella aquatica, id. var. borealis. Nasturlium palustre. Viola canina. Cerastiumviscosum . E latine Ihjdropiper. Chry- sosplenium altcrnifolium. Polygonumamphibium. Rumexdo- mesticus var. aquaticus. Carex leporina. On rencontre aussi, surtout dans les montagnes dont nous avons fait mention , les plantes alpines suivantes. 1°. Provenant de la région subsylvatique : Pinguicula villosa. Primula farinosa-scotica. Sagina saxa- tilis. Epilobium alpinum. kl. var. minus. Salix canescens, S. laurina , S. versifolia var. neglecta, S. myrloides, S. myr- tilloides. Potamogeton nigrescens. Carex globularis, G. heleo- nastes. Calamagrostis Halleriana. Poa alpina. 2°. Descendant de la région subalpine : Gnaphaliumnorwegicum.Vetasxies frigida. Bartzia alpina. Viola montana. Salix lapponum , S. leucophylla. Phleum al- pinum. 3°. Enfin, descendant de la région alpine : Gnaphalium supiniim. Diapensialapponica. Pedicularis lap- ponica. Primula stricta. Thalictrum alpinum. Silène rupestris. Cerastium alpinum , G. glabratum , C. lanatum. Saxifraga aizoides. Arctostaphylos alpina. Azalea procumbens. Phyl- lodoce cierulea. Juniperus nana. Juncus trilidus. Eriophorum capitatum. Carex rigida, id. var. interalpina, C. alpina, C. capitata. Aira flexuosa var. montana. 220 VÉGÉTATION DE LA LAPOME. Cette liste nous donne déjà une assez grdnde quantité de plantes essentiellement propres à la Laponie , et qui ne peuvent pas , comme les précédentes , y être arrivées par émigration du centre de l'Europe ou de l'Asie. Une bonne partie de ces plantes , descendues de régions plus élevées et plus froides, forment le fond d'une végétation locale et spéciale que nous retrouverons plus haut mieux caractérisée. Une partie de ces espèces habite aussi les Alpes où peut-être elles ont été transportées. Quant à celles qui se retrouvent sur nos hautes montagnes , elles sont arrivées sans doute sur le plateau central , soit par les Alpes, soit de la Laponie ; car selon toute apparence elles existaient déjà dans ces localités , au moins en Laponie , quand les derniers soulèvements ont fait atteindre à nos montagnes volcaniques une élévation suffisante pour que ces plantes puissent y re- trouver leurs conditions d'existence. C. Zone suhsijhalique s' étendant jusqu'où régnent les forêts, principalement celles du Pinus sylvestris. La Hmite supérieure de cette zone . remarquable par ses forêts oij domine le pin sylvestre , est aussi très-difficile à déterminer, à cause de l'ascension des sapins dans les vallées chaudes et étroites, tandis que dans toutes les parties de la Laponie, c'est le pin qui atteint la plus grande élévation. Il s'étend aussi très au nord, et se trouve près d'Enontekis par 68° 30'; la zone caractérisée par \e pin sylvestre monte à près de 450 mètres au-dessus du niveau de la mer, ou, ce qui est la même chose , il descend à 900 ou 950 mètres au-dessous des sommets neigeux. On voit encore dans cette zone des forêts assez épaisses, mais la stature des arbres indique déjà une diminution de RÉGION SVLVATIQCE. 221 vigueur et le voisinage de la région alpine. A mesure qu'on s'élève elles deviennent plus clairsemées , le froid en con- tracte les arbres. Ils se réfugient ou sur les bords des marais ou dans les lieux abrités , et finissent par succomber à la rigueur du climat. Les marais sont moins nombreux et moins étendus que dans la zone précédente, mais c'est la région des lacs. Aussi on trouve sur leurs bords une élégante végétation princi- palement composée d'arbrisseaux serrés les uns contre les autres, où les saules surtout forment de fraîches bordures et se mêlent à de belles espèces aquatiques. C'est la zone lit- torale de cette région. Les cultures cessent à cette élévation , et c'est à peine si quelques champs d'orge et de pommes de terre échappent , dans des années privilégiées, aux froids des automnes prématurés. La température moyenne du sol près Enontekis dans la Laponie Tornéenne par 68" 30' est de -t- 1,4 c, et à Risnas dans la Laponie Uméenne de -t- 1,8 c., tandis que la tempé- rature de l'air est dans le même lieu à Enontekis de : Température moyenne de l'année — 2° 8, de février — 18. de juillet -+- 15,3. Cette différence en plus dans la température du sol com- parée à celle de l'atmosphère, explique comment dans une région aussi froide, on peut encore obtenir quelques cultures ; elle explique aussi la présence et même la vigueur d'une végétation abondante qui trouve, dans la chaleur de l'été, la possibilité d'un prompt développement, et dans les neiges de l'hiver un abri pour les racines et pour les bourgeons engourdis. Le climat de la Sibérie paraît soumis aux mêmes vicissitudes que celui de la Laponie , et la végétation de 222 VÉGÉTATION DÉ LA LAPOME. ces deux contrées offre aussi beaucoup d'analogies. Le climat de la Norwège se rapproche davantage de celui de l'Islande. La connaissance du climat de la Laponie, due aux obser- vations de Wahlenberg à Enontekis , nous permet de con- signer ici quelques-uns des phénomènes périodiques de cette végétation arctique. Ainsi , dès le milieu de septembre les feuilles de presque tous les bouleaux jaunissent et tombent. Au commencement d'octobre les lacs peu étendus se couvrent de glace, la terre se congèle , et bientôt un voile de neia^e la couvre. Des pluies tombent avec plus ou moins d'abondance, la neige fond, mais il en descend de nouvelle qui persiste pendant tout l'hiver. Le froid tarit les rivières , l'eau s'arrête et les ruisseaux ne recommencent à couler que vers le milieu du mois de mai. A la fin de ce mois le trouble règne dans l'atmosphère et surtout dans la température; le dégel est arrivé , et les cours d'eau coulent chargés de glaces et de neiges fondues qui , pendant sept mois et demi , avaient couvert la terre et les eaux. Le printemps paraît, mais les cultivateurs attendent que les rivières qui descendent des montagnes , grossies par la fonte des neiges , aient écoulé leurs eaux tumultueuses. Cette époque , qui précède la fin du mois de juin, est toujours accompagnée de vents froids qui compriment encore la végétation. Enfin le bouleau verdit et l'été est arrivé. La végétation de cette zone n'a rien de bien particulier. Nous y trouvons des plantes alpines que déjà nous avons citées dans la zone inférieure, et jusqu'à sa limite supérieure nous voyons encore des plantes australes qui tentent l'as- cension. RÉGION SYLVATIQLE. 223 Telles sont : 1°. dans toute la région. Chrysanthemum inodorum. Gaiium boréale , G. palustre. Myosotis palustris, M. stricta. Veronica scutellata, V. villosa. Pedicularis palustris , Id var. borcalis. Prunella vulgarts. Plantago lanccolata. Nuphar intcrmedium , N. pumilum. lîanunculus flammula. Batrachium heterophyllum. Sinapis arvensis. Cardamine amara. Turritis ylahra. Suijularia aqua- tica. Oxalis Acetosella. Drosera rotundifolia , D. loiigifolia, D. intermedia. Rubus idœus. Potentilla anserina, P. Tor- menr///a.SaxifragaHirculus. Trifoliumpratcnse. Pyrola uni- flora, P. rotundifolia , P. sccunda. Pinus sylvestris. Abies excelsa. Junipcrus communis. Goodiera repens. Matant/te— mum bifolium. Scheuchzeria palustris. Potannogeton grami- neus, P, prfelongus. Sparganium natans. Eriophorum gra- cile. Phragmites communis. Calamagrostis Epigeios, C. lan- ceolata. Phalaris arundinacea. 2°. Dans la Laponie Uraéenne seulement se trouvent : Senecio vulgaris. Gaiium uliginosum. Scutellaria galeri- culata. Lemna trisulca. Avenapubescens. Equisetum hiemale. 3°. Dans les Laponies Uméenne et Pitéenne : Mentha arvensis. Viola tricolor. Juncus haïtiens. 4°. Enfin , dans les Laponies Tornéenne et Luléenne : Batrachium confervoides. Potamogeton sparganifolius. En dehors de cette région , on n'a pas retrouvé : Ranunculus hyperhoreus. Salix glauca var. myrsinites. Carextenuiflora. Calamagrostis Epigeios mm. riparia.^l/opg- curus pratensis var. alpestris. De la région subalpine , descendent , 1°. dans toutes les parties de la Laponie : Myosotis sylvatica var. alpestris. Veronica alpina. 224 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. 2°. Dans les Laponies Pitéenne et Luléenne : Erigeron elongatus. 3°. Dans les Laponies Luléenne et Tornéenne : Luzula parviflora. 4°. Dans la Laponie Tornéenne seulement : Mulgedium sibiricum. De la région alpine descendent : Archangelica officinalis. Viola hiflora. Oxyria digyna. Salix myrsinites. Calamagrostis phragmitoides. Agrostis rubra. En résumé , la flore de cette région entière , qui comprend les plaines et les basses montagnes de la Laponie , contient un très-grand nombre de plantes plus australes dont l'exten- sion géographique atteint en Laponie sa limite la plus sep- tentrionale. Ce sont en général des plantes à constitution robuste qui peuvent s'écarter beaucoup de leur centre d'ori- gine et voyager ainsi à de grandes distances. Mais on voit qu'il existe au milieu de ces colonies de véritables plantes indigènes ou au moins venues de contrées également froides, qui ont pu échanger avec cette région arctique une partie de leurs propres espèces. §. 2. RÉGION SUBALPINE OU DES BOULEAUX. En exposant sa division de la Laponie en trois régions , M. Anderson subdivise celle-ci en deux zones , l'une infé- rieure et l'autre supérieure. Mais tout en admettant en théorie ces deux zones superposées , il ne les maintient pas dans la pratique. La première ou la plus basse comprendrait les terrains élevés couverts des forêts verdoyantes du Betida RÉGION SUBALPINE. 225 pubcscens, Ehrli. , et la supérieure offrirait le Betula nana en buissons rameux et rampants. Mais la limite de ces deux zones est très-dilïicile à exprimer, et elle l'est d'autant plus « que le Belula pubescens, en s'élevant sur les pentes des hautes montagnes, se rabougrit , se ramifie, et devient telle- ment semblable au Belula nana ((u'il est presque impossible de les distinguer, et- souvent ils croissent ensemble. » La limite inférieure de cette région est elle-même très- difficile à connaître à cause de l'ascension des pins ; mais elle l'est moins cependant que la lisière supérieure. On ne déter- mine bien ces limites que dans les lieux couverts de bou- leaux. Ces arbres montent à 730 mètres au-dessus du ni- veau de la mer, et jusqu'à 120 mètres au-dessus des pins. Ils forment des taillis épais , mais ils diminuent bientôt de hauteur, et puis ils manquent tout à fait. Souvent pourtant, dans les vallées, ils arrivent jusque sur les cols les plus éle- vés. Ainsi sur le Sulitelma ils atteignent la limite des neiges éternelles. La température du sol est de -f- 1°,2 centigrade. La végétation alpine de cette région paraît assez diffé- rente, par ses espèces et l'abondance des individus, de celles que nous avons déjà mentionnées. La variété des stations y détermine l'apparition d'un plus grand nombre d'espèces. Les rivières et les ruisseaux qui descendent des montagnes nourrissent les dernières plantes aquatiques , telles que des llqjpuris, MyriophijUum, Polamogcton , espèces flasques, allongées, de formes très-variables, et forcées de résister soit à des eaux torrentielles, soit à des glaces qui les enveloppent en totalité. Dans les bois qui décorent les pentes escarpées des montagnes , on trouve une végétation qui ne le cède en rien par sa vigueur et son développement à celle que l'on rencontre dans des contrées bien plus méridionales. II 15 226 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. Cette force de la vie sous un tel climat n'est pas due seu- lement , dit M. Anderson, à la grande chaleur d'un été très- court , mais aussi à l'abondance des eaux courantes et à une masse considérable d'humus formé par les particules organiques que des vents violents déposent constamment sur ces plateaux. Il est remarquable que cette région nourrit à la fois, et des plantes australes, et des plantes alpines inti- mement mélangées. En effet, la chaleur des vallées permet aux premières de s'élever à une certaine hauteur , tandis que les ruisseaux et les éboulcments amènent dans une zone moyenne les espèces qui habitent les sommets plus élevés. Il en résulte que cette région couverte de plantes émigrées dont les unes arrivent en montant et dont les autres des- cendent , est cependant extrêmement riche , et plus fertile sans doute que si les espèces y avaient puisé leur origine. Ici, comme sur le plateau central, le point de jonction de deux régions est plus riche que chacune d'elles prise isolément. Les espèces suivantes , toutes australes , se trouvent à la fois dans les régions déjà décrites et jusqu'à la limite supé- rieure de celle-ci : Achillea Millefolium. Gnapixalnim dioYcum, id. var. alpi- cola. Erigeron acris. Tussilago Farfara. Carduus crispus. Crépis tectorum. Hieracium vulgatum , H. miirorum, H. syl- vaticum. Tai-axacum officinale. Valeriana officinalis. Galium trifidum. Linnaea borealis. Asperugo procumbens. Galeopsis versicolor. G. Tetrakit. Memjanlhes trifoliata. Veronica offi- cinalis, V. serpxjllifolia. Euphrasia officinalis, id. var. al- pestris. Bhinanthus minor. Melampyrum sxjhaticum, M. pratense, id. var. alpinum. Utricularia intermedia. Anthris- cus sxjlvestris. Cicuta virosa. Carum Carvi. Ranunculus re- pens, R. reptans. Actœa spicata. Brassica campestris. Erysi- mum alpinum. Cardamine pratensis. Barbarea stricta. Cap- UÉGION SUBALPINE. 227 sella bursa pastoris. Thlaspt arvense. Géranium sylvaticum , id, var. alpestre. Parnassia palusfris, id. var. tenuis. Silène inflata, S. diurna , id. var. carnea. Slellaria ncmoriim , S. média, S. longifolia, 5. \ herbacea, y forment des forêts en miniature. Ces petits saules croissent dans les lieux dénudés ou bien entre les pierres éboulées. La neige ne dis- paraît jamais totalement de cette zone , et les lieux qui en sont momentanément dépour\us sont arrosés pamne mul- titude de filets d'eau froide qui s'échappent des glaciers supérieurs. On pourrait appeler cette zone celle des neiges, 234 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. car ces lieux si rapprochés des sommets en conservent tou- jours sur leurs pentes. On ne peut du reste étudier cette zone jusqu'à cette hau- teur , car peu de sommets l'atteignent , et quand ils y par- viennent , les glaciers qui s'en échappent et en descendent s'opposent à l'occupation de ces terrains par la végétation. Ces plateaux élevés présentent , 1°. Dans toute la Laponie : Pinguiculaalpina. Saxifraga rivularis. Carex microglochin. 2°. Dans les provinces Tornéenne, Luléenne et Pitéenne : Arnica alpina. Campanula uniflora. Pedicularis flammea , P. hirsuta. Draba alpina. Oxytropis Lapponica. Andromeda te- tragona. Salix arbuscula. 3°. Dans les provinces Tornéenne et Luléenne : Antennaria carpathica. Wahlbergella apetala. Salix polaris. Eriophorum nisseolum. Carex rarillora. 4°. Dans les provinces Luléenne et Pitéenne : Draba Wahlenbergii. Carex pedata. 5°. Dans la province Luléenne : Cerastium latifoiium. Astragalus oroboides. Kœnigia islan- dica. Carex Epigeios, C. bicolor , C. elytroides, C. rufina. 6". Dans la Laponie Tornéenne seulement : Carex fuliginosa, C. limula. Sur les pentes situées immédiatement au-dessous des nei- ges et dans les précipices qui en sont voisins on rencontre les espèces suivantes mêlées aux Ranunculus glacialis , R. nivalis , R. pygmœus, Dryas octopetala , Cardaminc belli- VERSANT NOUWËGIEN. S35 difolia, Drabanivalis, Luzula arcuata, qui atteignent comme on le voit une grande hauteur : 1". Dans la province Tornéenne seulement : Alsine rubella , A. hirta. 2°. Dans la province Luléenne seulement : Arenaria humifusa. Alsine stricta. Salix myrsinites-procum- bens. Betula alpestris. Luzula hyperborea. Carex nardina. 3®. Dans les provinces Luléenne et Tornéenne : Rhododendrum Lapponicum. 4°. Dans les provinces Luléenne et Pitéenne : Gentianatenella. Cobresia scirpina. 5°. Dans les provinces Tornéenne, Luléenne et Pitéenne. Salix arbuscula var. vaccinifolia. Chamaeorchis alpina. 6°. Dans les provinces Luléenne, Uméenne et Pitéenne. Catabrosa algida. 3°. LIGNE DE FAITE ET SOMMETS PRESQUE TOUJOURS COUVERTS DE NEIGE. M. Anderson termine l'exposé qu'il a fait de la distribu- tion des plantes de la Laponie, en citant les principaux sommets de la chaîne Scandinave comme formant une der- nière zone que la végétation ne peut atteindre , à cause de la neige qui les recouvre presque toujours. Des glaciers en descendent , et sur leurs morraines dégelées par le soleil se trouvent les premières, ou si l'on veut, les dernières plan- tes de la Laponie , telles que Ranunculus glacialis , Saxi- fraga cernua, S. rivularis, etc. 236 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. M. Anderson pense que les différences de végétation qu'il a signalées dans les diverses zones et régions de la Laponie, ne sont pas dues seulement aux diversités de l'altitude et de la température , mais il réserve pour un autre moment l'exposé de ses vues sur ce sujet intéressant. Quand nous comparons la flore de cette dernière région à celle que nous avons observée sur les points les plus élevés du plateau central de la France , nous y trouvons de gran- des différences qui tiennent peut-être au peu d'élévation de nos montagnes relativement à la latitude des Alpes de La- ponie. Les montagnes élevées de la Suisse nourrissent une par- tie des plantes de cette région alpine de la Laponie. Quel- ques-unes peut-être ont émigré de l'Islande , et l'Amérique arctique peut aussi avoir fourni quelques espèces à cette flore des régions glacées de l'Europe. En comparant les points les plus élevés du Cantal et du Mont-Dore à cette région alpine de la Laponie , nous trou- vons pourtant encore des espèces identiques , nous sommes frappés de l'analogie qui existe dans leur disposition relative sur le sol , et nous y reconnaissons de nombreuses espèces parallèles. §4. LAFOBJIE OCCIDENTAÎ.E OU VERSANT NORVÉGIEN. Cette partie s'étend du 65° au 71° de latitude, et com- prend le Nortland et le Finmark tant occidental qu'oriental. Elle est très-étroite , et souvent il n'existe qu'une zone resserrée entre le rivage et la ligne de faîte des plateaux. Le littoral est bordé par des fiords qui s'avancent dans l'inté- rieur des terres jusqu'aux pieds des montagnes. Ils décou- pent les bords de cette pittoresque contrée , et sont souvent VEUSANT NORWKGIEN. 237 séparés par de hautes montagnes qui rendent le pays diffi- cile à parcourir et ne permettent pas la détermination ri- goureuse des diverses zones de la végétation. Il est vrai que d'un autre côté cette disposition du terrain permet de saisir d'un cou[) d'd'il l'ensemble de la disposition des plantes d'après les iniluences de l'altitude et du climat. La Laponie norwégiennc comparée à la Laponie suédoise, offre des différences assez nombreuses et assez marquées. L'iniluence de son climat maritime, et sa situation relative- ment aux îles et aux contrées polaires , établissent entre ces régions des rapports analogues à ceux que nous avons vus exister entre la Laponie suédoise et la Sibérie. Aussi doit-on admettre dans la Laponie norwégienne une région maritime , qui manque tout à fait dans la Laponie suédoise , et qui a ses espèces particulières. Le contact avec l'Océan rend le climat |)lus égal. Les étés y sont moins chauds , et les hivers moins froids que sur le versant suédois, aussi à latitude égale les températures sont très-différentes des deux côtés de la chaîne Scandinave. On peut en juger par le tableau suivant : Nidarosiai'. Ile Magcroii. Température moyenne de l'année. -4- 4,4 -f-0,1 — — de janvier. — 6,9 — 5,5 — — de juillet. .-+- 18,3 -f- 4,5 Il n'y a donc rien d'étonnant avec ces différences de tem- pérature que des plantes australes inconnues dans la Lapo- nie suédoise puissent s'avancer sur le versant norwégien. Aussi les espèces suivantes manquant du côté de la Baltique s'avancent : 1°. Jusques à Loffoden : Ranunculus polyanthemos. Ihjpcricmn qiiadrangulum. Tnfolium médium. Juncus conglomcratus. Luzula maœima. 238 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. 2". Jusques en Nortlandet à Altensen par 69*^ 45° : Knautia arvensis. Succisa pratensù. Campanula latifolia. Slachys sylvalica , S. palustris. Origanum vulgare. Lina- ria viilgaris. Scrophularia nodosa. Littorella lacustris. Ané- mone ranunculoides. Ranunculus Ficaria. Viola persici- folia. Polggala vulgai'is. Uijpericum perforalum. Linum catharticum. Géranium Robertianum. Mœhringia trinervia. Ribes alpinum. Sajcifraga tridactxjlites. Rosa canina, R. to- mentosa. Geum urbanum. Vicia sylvatica. Euphorbia Helios- copia. Salix repens. Corxjlus Âvellana. Orchis sambucina. Listera ovata. Epipactis rubiginosa. Allium oleraceum. Nar- thecium ossifragum. Straliotes aloides. Alopecurus nigricans. 3°. Jusqu'à la ville de Tronsoë ou au Finmark austral : Taraxacum palustre. Glechoma hederacea. Gentiana cam- pestris. Adoxa Mosrhatellina. Corydalis fabacea. T7o/a fn'co- lor, V. arenaria. Lyhnis flos-cuculi. Stellaria uliginosa. Vi- cia sepium. Lathyrus pratensis. Lotus corniculatus. Pyrola rotundifolia. Rumex hydrolapathum. Convallaria verticillata Carex pulicaris. Dactylis glomerata. 4". Disséminées jusqu'au fleuve Alten : Hieracium Lawsonii. Chrysanthemum segetum. Veronica Chamœdris. Raphanus Raphanistrum. Neslia paniculata, Camelina fœtida, Draba incana. Viola palustris. Lythrum Salicaria. Polygonum Persicaria. Orchis cruenta. Hermi- nium monorchis. Epipactis latifolia. Scirpus pauciflorus. Eriophorum latifolium. Catabrosa subtilis. 5°. Jusqu'au fleuve Tanen et au Varangerfiord : Sonchus arvensis. Thymus Serpyllum.\eTomca longifolia. Sedum acre. Glyceria distans, id. var, pulvinata, G. airoides. Les plantes qui ne dépassent pas les parties les plus aus- VERSANT NORWÉGIEN. 239 traies de la Laponie suédoise , s'avancent bien plus loin sur le versant opposé, plusieurs même atteignent le cap Nord, telles sont : Veronica officinalis , Jimcus squarrosiis , Ajuga pyramidalù. Vicia Cracca, Ilieraciiim paludosum^ Crépis tectorum , Artemisia vulgaris , Erigeron acris , 5^- necio vulgaris. Cette richesse de la llore norM'égienne ne nous étonnera plus quand nous saurons que toutes les plantes de la Lapo- nie suédoise existent aussi sur le versant norwégien à l'ex- ception des suivantes : Nuphar intermediurn. Salix vcrsifolia. Potamogeton nigres- cens, P. sparganilolius. Garex microstachya , C. tenuiflora, C. bicolor, C. hyperborea , C. laxa, G. lœvirostris. Avena agrostidea. Poa cenisia. Quant à ce qui concerne la division par régions de la La- ponie norwégienne , nous avons déjà dit qu'elle était très- difficile. Cependant nous suivrons celle qui a été proposée par Lund, et nous partagerons la contrée en quatre régions sous les titres de 1°. maritime; 2". sous- sylvali que ; 3". subal- pine , et 4®. alpine; mais comme à l'exception de la mari- time , ces zones de végétation ont beaucoup de rapport avec celles que nous avons déjà examinées, nous nous contente- rons de signaler les espèces qui donnent à la flore de ce versant une physionomie particulière, ou qui lui sont essen- tiellement propres. Avant d'étudier avec plus de détail chacune de ces divi- sions , nous devons remarquer l'uniformité de végétation de cette grande région , désignée par le professeur Schouw , sous le nom de région des crucifères et des ombellifères. Nous voyons ici ces plantes qui forment le tapis végétal de la France, de toute l'Allemagne , de la presque totalité de 240 VÉGÉTATION DE LA LAPOME. l'Europe s'avancer en Norwège le long des côtes et attein- dre presque l'extrémité septentrionale du continent. Ainsi , des espèces qui ont leur limite australe sur le pla- teau central de la France , au point où la région tempérée touche à la zone méditerranéenne , s'étendent dans une di- rection opposée jusque sur les rivages glacés de la Norwège, prêtes à s'embarquer pour le Spitzberg, l'Islande ou l'Améri- que du Nord. 11 ne reste donc aucun doute que le même centre d'où sont parties la plupart de nos espèces du plateau central n'ait envoyé aussi ses colonies sur le littoral de la Norwège. Il n'existe, dans la liste que nous venons de donner, qu'un certain nombre d'espèces étrangères à notre flore , mais en examinant avec soin cette curieuse végétation , on voit que bon nombre de plantes sibériennes arrivées en Suède ont franchi le faîte glacé des Alpes Scandinaves pour pénétrer en Norwège, ou plutôt les ont contournées par le Danemarck, et se sont propagées de proche en proche jusque sur les ri- vages les plus septentrionaux. Peut-être aussi ont-elles tra- versé plus directement la Laponie russe ou la Finlande. On remarque dans cette végétation norw égienne la proximité du continent américain , et surtout celle de l'Islande, et déjà, malgré la distance , un échange s'est opéré entre les deux pays; des plantes américaines ou islandaises ont débarqué sur les côtes de la Norwège, et une émigration plus consi- dérable en est partie pour l'Islande et le Nouveau-Monde. 1''. RÉGION iMARIlIME. Elle comprend les rivages de la Norwège jusqu'au cap le plus septentrional. Mais cette bande est loin d'être continue, elle est divisée par des fiords plus ou moins profonds qui la rendent d'une grande irrégularité. La salure des eaux mari- VKRSANT NOUVVIÎGIEN. 241 nés y détermine une végétation vigoureuse , et In préscnre d'espèces que l'on chercherait en vain sur le versant suédois. Telles sont : AstcrTripolium. Stenhammaria maritima.(iontianaserrata, G. involucrata. Glau.r maritima. Primula linmarkica. Plan- tago marilima. Armoria elongata. Archangelica littoralis. Haloscias scoticum. Cakile maritima. Imlis tinctoria. Co- chlearia officinalis, C. arctica , C, anglica , id. var. fe- nestrata. Silène maritima. Dianthus superbus. Stellaria crassifolia, S. humifusa. Arenaria ciliata, A. norwegica. Ha- lianthus peploides, II. oblongifolius. Lepigonum margina- tum. Hippuris vulgaris var. maritimus. Lathyrus mariti- mus, L. velutinus. Ilippophae rhamnoides. Myrica gale. A tri- plex hastata. Chara foliolala. Allium sibiricum. Juncm Ge- rardi. Potamogeton pectinalus. Zostera marina. Blysmus ru- fus. Carex-stygia, G. maritima, G .salina-cuspidata, id var. mu- tica,G. subspathacea,id.var. nardifolia,C. glareosa, G. norwe- gica, id. var. incurva, id. var. arctica. Elymusarenarius. Gala- magrostis strigosa. Cette région maritime n'a qu'un petit nombre d'espèces communes au plateau central de la France, et c'est certaine- ment la partie de la Norwége qui s'en éloigne le plus. Il faudrait cependant, pour établir une comparaison réelle, ajouter à cette liste les plantes ou au moins une partie des plantes qui, dans la Laponie suédoise, habitent la région sylva- tique, et dont les noms n'ont pas été répétés dans cette série. 2°. RÉGION SOUS-SYLVATIQUE Comprenant les lieux occupés par le pin sylvestre. Quoique beaucoup de plantes australes puissent , comme nous l'avons déjà vu , atteindre en Norwège des limites sep- II . 16 242 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. teiitrionales bien plus avancées que dans la Laponie suédoise, où elles sont arrêtées par l'ùpreté du climat , le sapin fait ex- ception à cette règle. Il ne dépasse pas en Norwège le 67" parallèle, tandis qu'il monte bien plus vers le nord en Suède, et peut même croître aussi en altitude jusqu'à près de 500 mètres. Cette différence est due sans aucun doute à l'été moins chaud de la Norwège et aux vents de mer qui sont nuisibles à cet arbre essentiellement continental. Le pin, au contraire, atteint 70°. A cette élévation il forme encore quelques forêts étendues ou des bouquets épars dans les val- lées étroites et profondes. Ces vallées sont remplies d'une fraîche végétation où l'on retrouve les plantes australes que nous avons déjà énumérées et qui se sont avancées jusqu'ici. On y rencontre aussi presque toutes celles qui , sous la même zone d'altitude, vivent dans la Laponie suédoise. Les suivantes pourtant sont propres à cette région Nor\\égienne : Erigeron rigidus, E. politus. Conioselinum tataricum. Pa- paver nudicaule. Draba incana. Oxytropis campestris, O. sor- dida. Salix finmarkica. Platantheraohtusata. Aucune de ces espèces n'entre dans la composition de la nore du plateau central. 3°. RÉGION SUBALPINE OU RÉGION DES BOULEAUX. Comme sur le versant opposé , cette région des bouleaux succède à celle des pins. Dans la région d'Alten les bouleaux atteignent très-souvent 330 mètres d'altitude, et dans les vallées abritées ils montent jusqu'à 500 mètres ; mais ils cessent sur les pentes australes des montagnes, tandis qu'en Suède , malgré i'âpreté du climat , ils végètent avec une grande vigueur. VEKSANT NORVÉGIEN. 243 Toutefois l'élévation du bouleau diminue en allant vers le nord. Dans la j)artie australe du Finmarck il ne défiasse pas 400 mètres au-dessus du niveau de la mer ; à Jlammer- fest il «itteint seulement 240 mètres ; à 70" de latitude, où le pin ne peut plus végéter, il ne dépasse pas 120 mètres , et enfin au cap Nord , oii la température de l'été est de 1 2 c. , il manque complètement. Dans cette région on rencontre presque toutes les plantes subalpines en assez grande quantité, telles que : Archangel- lica officinalis. Viola montana , Mulgedium alpinum et M. sibiricum , Pbyllodoce cœrulea , Salices , Carex atrata , Calamagrostis phragmitoides , etc. Dans les lieux où les bouleaux descendent jusque sur le bord de la mer , on rencontre des plantes à feuilles charnues , comme le Rhodiola rosea , le Primula stricta , des Draba et quelques espèces qui , soumises aux influences maritimes , changent d'aspect et deviennent presque marines. Après les espèces que nous avons déjà citées comme com- munes à la Scandinavie et à la Laponie, quelques-unes sont propres à cette région : Thalictrum kemense. Arenaria lateriflora. Chrysosplenium alternifoUum \ax. tetrandrum. Salix punctata , 5. herbacea var. fruticosa. Veratrum album var. lobelianum. Triticum vio- laceum. Catabrosa latifolia. Trois espèces, parmi ces plantes, appartiennent au pla- teau central, mais il est curieux de voir sur elles l'influence du climat : le Chrysosplenium aliernifolium , le Salix her- bacea et le Veratrum album sont pour nous trois plantes de montagne qui se représentent en Norwège, mais comme va- riétés très-distinctes et qui, par la suite sans doute , devien- 244 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. dront de bonnes espèces , et qui , partant alors de ce nouveau centre où elles auront été créées , et devenues immuables par une longue habitude, se répandront peut-être dans les con- trées voisines. 4°. RÉGION ALPINE. C'est la plus étendue. Elle est formée de nombreux sommets, et de larges plateaux qui les réunissent. La ligne du faîte atteint près de Tromsoë ses points les plus élevés, puis elle s'abaisse vers la mer glaciale oii les sommets vont à peine à la limite des neiges éternelles. Sous ce climat maritime , les nuages s'accumulent sur tous les points élevés , les pluies sont fréquentes , la neige est abondante en hiver , mais elle fond partiellement en été. L'eau froide qui s'en échappe se congèle bientôt avec la neige qui ne s'est pas fondue , et il en résulte une multitude de petits glaciers ou de simples plaques congelées dispersées sur le sol. Ces glaciers et ces champs de neige en couvrant la majeure partie du sol, s'opposent matériellement à toute végétation; aussi les arbustes alpins comme les Erica et les Diapensia , ne sont ni fréquents ni vigoureux , tandis que l'on trouve en- core avec assez d'abondance les plantes à feuilles charnues qui sont alimentées par les eaux glacées, et qui se développent en abondance. Telles sont : Rhodiola rosea , Ranunculus nivalis, R. glacialis, etc. Un peu plus bas la flore s'embellit, on trouve plusieurs plantes alpines , et, outre celles que nous avons déjà énumérées en parlant du versant suédois, no us citerons : Wahlbergella affinis. Saxifraga Aizoon, S. aizoides var. VEBSANT NORWÉGIEN. 245 aurantia. Sedum villosum. Salix liastata var. hyperborea. Cobrezia caricina. Quant à la zone suédoise parallèle, principalement carac- térisée par les saules, cette zone correspondante de la Nor- wège a bien peu de chose à lui envier. Non-seulement on y trouve les Salix lanata etglauca, mais encore les Salix ovata et myrsinites , et cette zone possède , en outre , les autres plantes de la Laponie suédoise. Cette région atteint 360 mètres vers le fleuve Tanen , tandis que , près de l'île Mageroë , elle ne s'élève qu'à 160 mètres. On distingue encore une chaîne de montagnes presque sé- parée des autres, et désignée sous le nom d'Alpes-Mariti- mes, dont les sommets dépassent , pour la plupart , les li- mites des neiges éternelles. A cette chaîne appartiennent des contreforts qui partent comme des bras de la grande chaîne Scandinave, descendant brusquement dans la mer, et les îles montagneuses de VVagoë, Hindoë, Senjen, Hva- loë, Soroë, Mageroë, qui forment une ceinture avancée au- tour de la Norwège. Soumises à des vents d'une extrême vio- lence , ces îles dénudées , sans arbres, nourrissent à peine quelques rares genévriers et quelques andromèdes , tandis que les Saxifraga , et surtout le S. oppositifolia , y végètent avec force , ainsi que quelques plantes à feuilles succulentes. Les seules qui leur soient particulières sont : Ranunculus sulphureus. Saxifraga hijpnoides. Quelques-unes de ces plantes, particulières à la Norwège, embellissent aussi le plateau central de la France. Le Sedum villosum, le Saxifraga hypnoides, le Saxifraga Aizoon , y sont assez abondants pour qu'on puisse aussi les croire dans leur véritable patrie. 246 VÉGÉTATION DE LA LAPOME. § 5. I.APOMIE RUSSE. La végétation de cette partie de l'Europe septentrionale ressemble beaucoup à celle des autres parties de la Laponie , mais elle offre cependant quelques traits particuliers que l'on parvient à saisir, après une étude attentive des listes publiées par Fries dans le Siimma vegetabilium Scandina- vice, et par Ledebour dans la Flora rossica. Le climat de la Finlande est assez bien connu par de nombreuses observations faites à Uleaborg, par 65°, 1' 30" de latitude nord. Il est vrai que cette ville étant située sur le bord de la mer, la température y est bien plus uniforme que dans l'intérieur des terres , quoique la Baltique soit loin d'avoir sur le climat l'influence du grand Océan. Sous ce ciel du nord , il y a des exemples de grains semés et moissonnés dans l'espace de six semaines. D'après les observations de Julin, pharmacien à Uleaborg, a moyenne annuelle de la pluie qui tombe, estimée en cen- timètres, est de 36,8 C'est-à-dire : Pour la saison d'hiver 16,7 — le printemps 5,4 — l'été 13,7 — l'automne 1,3 La moyenne température des quatre saisons en 12 an- nées : Hiver — 10 Printemps -+- 6 Été H- 15 Automne -i- 6 M. Julin cite des années où le thermomètre, dans les plus LAPONIE RUSSE. 247 grandes clialeurs , est monté à -i- 30 ( 1789-1796) , et môme à 31 (1798), tandis que, dans d'autres, le maximum n'a pas dépasse 20 (1780, 1781, 1783) ; il n'a atteint que 17 en 1784. Par contre, il est descendu à — 37 dans l'hi- ver de 1782, et à— 40 dans ceux de 1781 et 1799. Voici maintenant quelques détails de cjimatologie qui sont encore dus au même observateur, et qui sont extraits du Voyage iVAcerhi, t. 3, p. 185 : A Utzjoski , près d'Uleaborg, en 1795 et 1797 : Premières pluies, le 30 avril 1795 et le 5 mai 1797. Fonte de la glace sur la rivière Tana , 3 juin 1795 et 5 juin 1797. Disparition de toute la glace sur les lacs, le 28 juin 1797. Commencement di's gelées de nuit, 15 juillet 1797. Les rivières se gèlent le 12 octobre 1795 et le 18 octo- bre 1797. Les campagnes sont couvertes de neige le 3 novembre 1797. Le soleil est sous l'horizon le 20 novembre 1795 , le 18 novembre 1797. La moitié du disque du soleil au-dessus de l'horizon le 21 janvier 1795 et 1797. Nous regrettons ici, avec M. Anderson, qu'il n'ait pu nous donner, sur cette terre septentrionale, les détails si pleins d'intérêt que nous venons de rapporter sur les autres parties de la Laponie. Il ne peut, nous dit-il, connaître quelles sont les espèces qui sont communes à la Suède et à la Norwège , ni citer toutes celles qui sont propres à cette troisième La- ponie. Toutefois, en s'aidant des ouvrages qu'il a pu se pro- curer, il peut encore nous indiquer que plusieurs plantes si- bériennes y sont arrivées sans avoir pu pénétrer dans les au- tres parties qu'il a décrites et visitées avec soin. 248 VÉGÉTATION DE LX LAPONIE. Dans relte contrée , découpée par des lleuves , des lacs et des marais, chargée de quelques montagnes, il est presque impossible de déterminer des régions botaniques , et les plantes australes paraissent intimement mêlées aux espèces arctiques. Ainsi, jusqu'à la ville de Kola, on trouve les plantes aus- trales suivantes , inconnues dans les deux autres Laponies : Ribes nigrum. Cotoneaster vulgaris. Orobus vernus. Hera- deumsibiricum. Salix amygdalina. Gnaphalium uliginosum. Schenodorus inermis. Malgré la position de Kola sur une plage aussi septentrio- nale de cette péninsule, on y retrouve : Viola tricolor, V. ca- nina , V. palusiris , Silène milans, Sedum acre , Ruhus idœus , Fragaria vesca, Lathyrus pratensis , et plusieurs autres qui n'habitent que les parties les plus australes des autres Laponies. Maintenant, voici des espèces qui appartiennent en pro- pre à la Laponie russe, et qui manquent dans les autres : Chrysanthemum arcticum. Pyrethrum bipinnatum. Ligu- laria sibirica. Cineraria alpina var. aurantiaca. Senecio ne- morensis. Aster sibiricus. Leontodon kerotinum. Loniceracœ- rulea. Myosotis sparsillora. Silène tatarica. Rosa carelica. Sanguisorba polygama. Potentilla multifida var. lapponica. Hedysarum obscurum. Andromeda calyculata. Casteleja pal- lida. Salix amygdalina , S. ericetorum var. membranacea, S. polaris var. myrsinites. Carex halophyla, id. var. acu- tangula, C. spiculosa , C. reducta. Juncus castaneus. Pedicu- laris rerticillata. Chii'rophyllum bulbosum. Cenolophium Fischeri. Ranunculus Pallasii. Caltha pa/ws^r/svar. radicans. Actœa spicata var. rubra. Parmi ces espèces de la Laponie russe et la plupart d'ori- gine sibérienne, plusieurs sont arrivées jusqu'à nous, et trou- CONSIDÉRATIONS GENÉKAI.ES. 249 vent aussi dans notre contrée la limite de leur e\|)ansion australe, tandis que d'autres, atlci<;nant les Pyrénées et tra- versant même quelcjues parties de rh]s|)afj;nc, viennent s'ar- rêter sur les montagnes méridionales de la jjém'nsule, en compensant toujours , par une altitude suffisante , le terrain (ju'elles gagnent en expansion australe. §6. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRAI.ES SUR I.A VÉGÉTATION BE X.A I.AFOI^IE. Nous emprunterons encore à M. Anderson quelques gé- néralités qu'il a consignées en tète de son travail , mais que nous croyons plus convenable de placer ici , d'après le plan que nous nous sommes tracé pour le nôtre. « On a toujours été surpris , dit M. Anderson , de la ri- chesse de la llore de la Laponie , d'une contrée située sous un climat si rigoureux , et tous ceux qui se sont occupés de géographie botanique ont pris cette terre comme point de comparaison. C'est qu'en effet la Laponie, située à l'extré- mité nord de l'Europe , est admirablement placée pour les études de ce genre. La partie sud de la grande presqu'île Scandinave la met en communication avec la majeure partie de l'Europe; les rivages occidentaux de la Norwège la rap- prochent de l'Islande , du Groenland , de l'Amérique bo- réale, et sa jonction avec la Russie , et par suite avec la Si- bérie, placent la Laponie au contact de trois continents, dont elle peut recevoir les émigrants ou envoyer ses représen- tants. » Si cette situation explique sa richesse et l'intérêt que peut offrir l'étude de la dispersion de ses espèces, elle a en- core pour nous, habitants de l'Europe australe, un très- grand avantage : c'est d'être la terre la plus reculée vers le 250 VÉGÉTATION DE LA LAPO.ME. nord avec laquelle nous puissions échanger nos comparaisons. Placée de 15 à 25 degrés de latitude au nord du plateau central, où nous avons établi notre point de départ, l'étude de la distribution des plantes sous des influences si différen- tes, et à une si grande distance, nous donne, pour ainsi dire, celle de tous les lieux intermédiaires. Il ne faudrait pas cependant se faire une idée exagérée du climat de la Laponie , car, sous le cercle polaire et dans les parties septentrionales de ce pays., sous la latitude de 68° et au delà , dans des lieux où la limite des neiges éternelles descend jusqu'à 1,100 mètres, le ciel est aussi pur et l'at- mosphère aussi tranquille , depuis le mois de juin jusqu'à l'équinoxe d'automne, que dans les belles régions de la zone torride avant le commencement de la saison des pluies. L'abondance des cousins et le bourdonnement des abeilles qui voltigent autour des chatons dorés du Salix lanata an- noncent la tiédeur du climat et la persistance des beaux jours. La présence presque continuelle des rayons solaires compense leur obliquité ; les eaux de neige qui descendent constamment des montagnes entretiennent des marais per- manents, où les plantes jouissent d'une grande vigueur. Ces Heux, couverts d'une végétation luxuriante, sont entourés de plaines desséchées pendant l'été, sur lesquelles desCéno- mice jaunâtres , répandus à profusion , se brisent sous les pieds du voyageur. L'air est sec , les pluies sont rares. Le tonnerre ne se fait presque jamais entendre , et la neige ne descend guère ranimer cette végétation cryptogamique avant le mois de septembre. Nous avons reconnu, pour toute la Laponie, 712 plantes phanérogames, distribuées en 299 genres. Considérées au point de vue géographique, M. Anderson les partage en trois classes : 1". les espèces véritablement CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 251 alpines qui se retrouvent aussi dans les régions montagneuses du reste de l'Europe, comme en Suisse , en Ecosse; 2**. les espèces véritablement arctiques qui paraissent |)ro[)res aux régions septentrionales ; 3". les espèces australes communes à diverses parties de la Laponie et de la Scandinavie, comme à presque toutes les autres parties de l'Europe. Voici les listes de ces deux premières catégories : 1". PLANTES VÉRITABLEMENT ALPINES. A. Croissant aussi dans les Alpes suisses cl inenlionmk's dans la flore de Koeh. Gnaphalium norwegicmn , G. supinum. Antennaria carpa- thica. Erigeron alpinus, E. unillorus. Saussurea alpina. J/«//- gedium alpinum, Hieracium cydonaefolium , H. prœnanthoi- des, H. alpinum. Myosotis sylvatica. Echinospermum de- flexum. Polemonium cœrulcum. Gentiana nivalis, G. tenella. Bartsia alpina. Pedicularis sceptrum Garolinum. Veronica alpina, V. saxatilis. Pinguicula alpina. Archangelica offici- nalis. Thalictrum alpinum. Ranunculus glacialis. Aconilum lycoctonum. Braya alpina. Arahis alpina. Draba Wablen- bergii. Viola hiflora. Silène acaulis. Viscaria alpina. Ceras- tium alpinum, G. latifolium , G. trigynum. Alsinc stricta, A. biflora. Saxifraga Gotylcdon, S. Aizoon, S. nivalis, S. stella- ris, S. oppositifolia, S. aizoides, S. Hirculus, S. cœspitosa, S. Injpnoides , S. cernua , S. adscendens , S. tridactxjlites. Rho- diola rosea. Sedum villosum. Epilohium origanifolium , E. alpinum. Alchemilla alpina. Potentilla nivea. Sibbaldia pro- cumbens. Dryas octopetala. Phaca frigida. Oxytropis lapponica. Aslragalus alpinus , A. oroboides. Arctostapbylos alpina. Azalea piocumbens. Oxyria digyna. Salix lanata , S. phylici- folia, S. depressa, S. myrtilloides, S. glauca , S. myrsinites, S. arbuscula, S. ovata , S. reticulata , S. retusa , S. herbacea. Betula nana. Alnus barbata. Ghamœorcbis alpina. Veralrum 252 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. album. Tofieldia borealis. Juncus arcticus, J. trilidus, J. tri- glumis. Luzula glabrata , L. spicafa. Scirpus cœspitosus , S. alpinus. Carex fuIiginosa,C. sparsiflora, C. ustulata, G. atrata, C. alpina, C. bicolor, C. vitilis, C. heleonastes, C. lagopina , C. incurva , G. capitala , G. rupestris , G. microglochin. Gobresia caricina , G. scirpina. Poa cenisia , P. sudetica, P. cœsia, P. laxa , P. alpina. Trisetum subspicatum, Agrostis rupestris. Phleum alpinum. B. A cette liste il faut ajouter la suivante, composée de 16 espèces habitant les montagnes de l'Ecosse. Primula scotica. Draba rupestris. Gardamine bellidifolia. Arenaria norwegica, A. ciliata. Alsine rubella. Sagina saxa- tilis, Saxifraga rivularis. Rubus arcticus. Phyllodoce caerulea. Salix lanata. Luzula arcuata. Garex saxatilis, G. rariflora. Ga- lamagrostis lapponica. Aira alpina. 2°. PLANTES VÉRITABLEMENT ARCTIQUES. Arnica alpina. Anlennaria alpina. Erigeron elongatus, E. politus, E. rigidus. Petasitesfrigida.Mulgediumsibiricum.Ga- lium triflorum. Gampanula uniflora. Diapensia lapponica. Gen- tiana serrata, G. involucrata. Pedicularis flammea, P. hirsuta, P. lapponica. Pinguiculavillosa. Primula stricta, P.finmarkica. Nupbar intermedium. Ranunculus sulfureus , R. nivalis, R. pygmœus, R. lapponicus,R. hyperboreus. Ratrachium confer- \oides. Thalictrum keniense, T. rariflorum. Papaver alpinum, P. nudicaule. Draba birla, D. trichella, D. nivalis, D. alpina. Viola umbrosa, V. montana. Wablbergella apetala, W. affinis. Stellaria alpestris, S. borealis, S. humiiusa. Arenaria lateri- flora, A. ciliata , A. humifusa. Epilobium Jineare. Rubus cas- toreus. Oxytropiscampestris, 0. sordida. Andromeda hypiioi- des, A. tetragona. Rhododendrum lapponicum. Kœnigia islan- dica. Salix canescens, S. punctata, S. versifolia, S. versifolia- myrtoides, S. fînmarkica, S. polaris. Retula alpestris. Equise- CONSIDÉRATIOIVS GÉNÉRALES. 253 tum scirpoides. Platanthoniohtusata.Calypso boroalis. Juncus biglumis. Luzula parvillora, L. liyiterborca. Potamogctoii spar- ganilblius , P. nigrescens. Kriophoruin russoolum. Carcx la^vi- rostris, C. rolunclata, C. pedata, G. globularis , C. stygia, C. laxa, C. maritima , (]. limula, C. salina , C. sul)spathacoa, C. hyperhoroa, C. Kpigoios, C. ienuillora,C. tencUa, G. fcstiva, C. arctica , C. parallcla, G. gynocrates, C. nardina. Triticum violaroum. Gatabrosa latifolia , G. algida. Trisotum agrosti- deurn. Yahlodca atropurpurea. Galamagrostis pliragmitoides, G. strigosa. Agrostis rubra, Alopecurus pratensisvar. alpestris. Hierochloa alpina, II. australis. Si à ces 97 espèces nous ajoutons les 27 que nous avons indiquées comme propres à la Laponie russe seulement, nous aurons un total de 124 espèces lapones qui peuvent aussi se rencontrer bors de ce vaste territoire dans d'autres con- trées septentrionales. En effet, parmi cette liste se trouvent des plantes sibériennes , américaines , islandaises et d'autres probablement pyrénéennes. Toutefois M. Anderson fait une réserve pour les 1 9 espèces suivantes , dont un grand nombre ( plurima^) , dit-il encore , paraissent particulières à la La- ponie. Ce sont : Pinguicula villosa. Thalictrum Kemense, T. rariflorum. Draba trichella. Stellaria alpestris. Salix canescens, S. punc- tata, S. versifolia, S. linmarkica. Potamogeton sparganifolius, P. nigrescens. Garex stygia , G. spiculosa , G. limula, G. halo- phyla , G. Epigeios , G. parallela. Trisetum agrostideum. Gala- magrostris pliragmitoides. 3^. PLANTES AUSTRALES. Ce^ sont toutes celles qui ne sont pas comprises dans ces deux catégories. Nous n'en donnerons pas la liste qui serait 254 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. celle de la plupart de nos plantes du plateau centrai et même des espèces les plus répandues. Nous exposerons dans le chapitre suivant la richesse com- parative des diverses familles de végétaux qui forment les flores du plateau central , de la Laponie et du midi de l'Es- pagne, afin de donner une idée précise de l'augmentation ou de la diminution des principales formes végétales sur toute l'étendue de l'Europe. CHAPITRE XXII. DES PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES NATURELS DES VÉGÉTAUX , COMPARÉS A l'eNSEMRLE DES FLORES DU PLA- TEAU CENTRAL , DU MIDI DE l'eSPAGNE ET DE LA LAPONIE. § 1. DISPERSION ET PROPORTION DES FAMILLES. Nous avons voulu réunir dans ce chapitre l'ensemble des données que nous avons pu recueillir sur la proportion des espèces dans les trois contrées que nous avons choisies comme termes de comparaison. Ces chiffres, appliqués à une contrée, mettent parfaitement en relief la valeur relative de chaque groupe naturel, et leur comparaison dans des flores différentes est le meilleur moyen d'arriver à connaître les inlluences diverses qui éloignent cer- taines familles et qui donnent à d'autres leur plus grand développement. Il serait impossible de suivre un si grand nombre de vé- gétaux dans toutes les phases de leur existence , et de re- DISPERSION DES FAMILLES. 255 chcrrlicr les causes de leur dispersion et de leur association, sans y établir d'abord une classiliraliot» (jui puisse nous per- mettre de reconnaître les rapports numériques , les contras- tes ou les ressemblances de ces nombreuses tribus. Les familles naturelles ont, sous ce rapport, un si grand avantage, que l'on peut dire, avec raison, qu'elles ont fondé la géograpbie botani(|ue. Sans elles, cette science était im- possible ; aucune méthode artificielle ne pouvait y conduire, car, dans les systèmes, les rapports sont très-souvent brisés, et les contrastes les plus frappants viennent quelquefois rom- pre et séparer les affinités les plus naturelles. Les familles, au contraire , constituent des groupes dont toutes les espèces ont ordinairement un port analogue et des caractères qui paraissent dépendre des conditions exté- rieures, bien que très-souvent ces caractères appartiennent réellement à la création primitive. Ainsi certaines familles, comme certains genres, se trou- vent dans des contrées circonscrites, dans des régions bota- niques particulières, et ne se rencontrent pas dans d'autres. Il est donc essentiel de ranger tous les végétaux d'une contrée en groupes distincts et aussi naturels que possible , afin de pouvoir ensuite les comparer entre eux ou avec ceux d'autres pays. Or, il est peu de botanistes qui ne soient assez familia- risés avec l'aspect extérieur des plantes pour ne pas les rap- porter immédiatement à leurs familles naturelles, et pour ne pas se faire une idée juste du port et de l'aspect de la végéta- tion sur la simple énonciation d'un groupe naturel. Il n'est pas indispensable cependant de réserver aux grou- pes qui forment la Ilore d'une région les limites des familles telles que les classificateurs les ont fixées. Il est souvent plus commode de réunir sous une dénomination générale un cer- 256 PROPORTIONS RELATIVES DES GROLPES. tain nombre de familles réellement distinctes par leurs carac- tères organograpliiques , mais rapprochées par leur port, leur aspect ou leurs habitudes. C'est ainsi que l'on ne peut guère séparer les sijnanthérées ; que l'on peut , à l'exemple de M. de Humboldt , constituer le groupe des gJumacées, en réunissant les joncacées, cypéracées et graminées ; que l'on peut également placer les narcissées avec les îiliacées ; ne faire qu'une seule phalange des rhinanthacées , verbascées , antirrhinées et orohanchées, etc. Ces réunions simplifient les études de géographie bota- nique, quand elles ont lieu sur un terrain circonscrit comme le nôtre , tandis qu'elles ont souvent de l'inconvénient lors- que Ton veut établir des comparaisons sur une grande échelle et dans des contrées éloignées, où l'on voit quelquefois cer- taines formes en remplacer d'autres dans les mêmes con- ditions. On pourrait reprocher à l'élude de ces rapports numéri- ques l'inconvénient d'être toujours un peu inexacts, car la découverte de quelques espèces dans une localité amène né- cessairement un changement dans le chiffre qui représente la valeur proportionnelle de chaque groupe. Mais il faut re- marquer que ces changements apportés par le progrès peuvent avoir lieu dans les diverses régions que l'on compare, et que, dans l'ensemble, ces petites causes d'erreur peuvent se neu- traliser. Ensuite elles affectent peu les rapports, qui restent sensiblement les mêmes. On peut donc considérer comme vraies les proportions que nous allons rechercher, surtout quand elles s'appliquent à des pays aussi soigneusement étu- diés que les trois points de l'Europe que nous voulons com- parer. Toutefois, les rapports numériques dont nous parlons ont souvent bien plus d'importance pour la flore que pour le DISPERSION DES FAMILLES. 257 tapis végétal. Telle famille qui sera à peine représentée par un chiffre de deux ou trois espèces pourra , par la multitude de ses individus, concourir à doiuier au paysage une physio- nomie toute particulière. Cela est vrai surtout pour les grandes espèces, pour les arbres. Aussi, après avoir comparé lechiffre proportionnel des espèces, nous devrons, par la suite, au moins pour le plateau central , dont les détails de végé- tation nous sont connus, passer en revue les genres et les es- pèces qui , par leur nombre et leur apparence , contribuent à l'aspect de la contrée et en décorent des parties différentes. C'est ainsi que les familles des conifères , nymphéacées, papavcracées , vacciniécs , éricinées, aqui foliacées, droséra- cées, convolvulacées, etc., qui ne figurent que pour une fai- ble proportion dans les chiffres du plateau central de la France, ont cependant une grande valeur d'apparence dans les associations végétales de cette contrée. 'O^ Liste des familles naturelles qui ont des représentants spontanés en Europe , avec l'indication du nombre des espèces contenues dans chacune d'elles, sur trois points si- tués aux deux extrémités et au centre de ce continent. I. THALAMIFLORES. Mididel'Esp. Plateau central. Laponie. Renonculacéès 38 54 29 Berbéridées 1 Nymphéacées 0 Papavéracées 10 Fumariacées 10 Crucifères 108 Capparidées 2 Cistinées 38 1 0 3 3 8 2 6 2 90 34 0 0 14 G II 17 258 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Midi de l'Esp. Plateau central. Laponie. Violariées 9 9 7 Résédacées 10 5 0 Droséracées 1 3 3 Polygalées 5 4 1 Frankeniacées 5 0 0 Silénacées 41 35 12 Alsinacées 32 36 27 Linacées 8 12 1 Elatinées 0 3 1 Malvacées 14 7 0 Tiliacées 0 2 0 Acéracées 1 5 0 Hypéricinées 10 12 2 Ampélidées 1 1 0 Géraniacées 21 15 3 Balsaminées 0 1 0 Oxalidées 1 3 1 Méliacées 0 0 0 Hespéridées 0 0 0 Zygophy liées 3 1 0 Rutacées 4 2 0 Coriariées 1 1 0 374 333 128 Célastrinées. . . Rhamnées. . . , Térébinthacées. Légumineuses . Amygdalées . . , II. CALICIFLORES. 1 1 6 2 130 8 0 7 1 4 0 198 19 4 2 DISPERSION DKS FAMILLES. 259 Midi de l'Esp. Plateau central. Laponic. Rosacées. ... 17 50 20 Sanguisorbées 5 5 3 Pomacécs 6 17 2 Granatécs 1 1 0 Onagrariées 7 17 7 Haloragées 2 3 1 Hyppuridées 0 i 1 Callitrichinées 0 3 2 Cératophyllées 0 2 0 Lythrariées 2 3 2 Tamariscinées 2 0 1 Myrtacées 1 0 0 Cucurhitacées 3 2 0 Portulacées 2 2 1 Paronychiées 20 10 0 Ficoides 1 0 0 Crassulacées 18 22 4 Grossulariées 0 3 3 Saxifragées 10 14 13 Ombellifères 95 81 15 Araliacées 1 1 1 Loranthacées 1 1 0 Cornées 0 2 1 Çaprifoliacées 9 13 2 Rubiacées 37 26 6 Valérianées 7 13 1 Dipsacées 17 10 2 Corymbifères 93 87 29 Cynarocephales 78 53 5 Chicoracées 67 76 25 260 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Mididel'Esp. Plateau centra'. Laponie. Ambrosiacées 2 3 0 Lobéliacées 0 1 0 Campanulacées 16 25 3 Vacciniées 1 4 4 Ericinées 9 8 11 Pyrolacées 0 5 4 Monotropées 0 1 0 744 712 191 III. COROLLIFLORES. Aquifoliacées 1 1 0 Oléacinées 3 4 0 Jasminées 1 0 0 Asclépiadées 6 4 0 Gentianées 13 14 6 Polémoniacées 0 1 2 Convolvulacées 12 7 0 Boraginées 37 27 11 Solanées 10 8 0 Verbascées 11 20 1 Antirrhinées 24 42 .9 Orobanchées 6 14 0 Hhinanthacées 17 19 11^ Labiées 98 75 11 Acanthacées 1 0 0 Verbenacées 3 1 G Lentibulariées 1 4 6 Primularées 12 20 7 Globulariées 1 1 0 DISPERSION DES FAMILLES. 261 Mididel'Esp. Plateau central. Laponic. Plumbaginées 12 2 1 Plantaginées 14 11 5 283 275 70 IV. MONOCIILAMYDÉES. Amaranthacées. Chénopodées . . Polygonées. . . Laurinées Thymélées. . . . Santalacées. . . Elaeagnées. . . . Aristolochiées. . Citynées Empêtrées. . . . Euphorbiacées.. Urticées Cupulifères. . . . Salicinées Bétulinées. . . . Mirycées Conifères 136 142 60 V. MONOCOTYLÉDONES. Hydrocharidées 0 0 1 Alismacées 2 5 1 5 4 0 32 19 5 17 30 11 0 0 0 11 6 1 4 3 0 1 0 0 3 4 0 1 0 0 0 1 1 23 26 1 9 11 2 11 9 1 7 19 27 0 3 6 0 0 1 12 7 4 262 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Mididel'Esp. Plateau central Laponie. Butomées 0 1 0 Juncaginées 1 3 3 Potamées 6 12 10 Lemnacées 0 4 1 Typhacées 2 3 1 Palmiers 1 0 0 Aroidées 3 2 1 Orchidées 29 41 18 Iridées 10 7 0 Amaryllidées 10 4 0 Dioscorées 1 1 0 Asparaginées 5 12 4 Liliacées 27 33 4 Colchicacées 2 2 1 Commélinacées 1 1 0 Joncacées 14 25 26 Cypéracées 32 73 90 Graminées 151 138 63 Marsiléacées . Lycopodiacées , Equisétacées. . Fougères. . . . Characées. . . 297 367 224 VI . MONOCOTYLÉDONES CRYPTOGAMES. 0 3 1 0 5 6 1 8 7 24 30 23 1 9 2 _^__ ___,^_ 26 55 39 DISPERSION DES FAMILLES. 263 RÉCAPITULATION. Mididel'Esp. Plateau central. Laponie, Thalamiflores. 374 333 128 Caliciflores. 744 712 191 Corollillores 283 275 70 Monochlamydées. ... 136 142 60 Monocotylédones. ... 297 367 224 Monocolyl. cryptog. . . 26 55 39 Total des dycotilédones. 1537 1462 449 — des monocotylédones. 323 422 263 Total général de la ttore 1860 1884 712 Rapport de chaque famille au total dans les trois contrées. Le signe < (plus grand) indique une proportion crois- sante en allant du midi au nord de l'Europe ; le signe > (plus petit) une proportion décroissante, en suivant la même direction ; le signe = (égal) une proportion sensiblement uniforme dans les trois contrées. Les familles sans impor- tance ne sont précédées d'aucun signe. Le chiffre 1 indique que le groupe ne comprend qu'une seule espèce. Royaume de Grenade. Plateau central. Laponie. Renonculacées... < 1 : 49 1 : 35 1 : 24 Berbéridées .... l 1 0 Nymphéacées. . . Papavéracées . . . Fumariacées. . . . > 1 ; > 1 0 ; 187 : 187 1 : 1 1 ; 627 : 235 : 313 1 1 1 : 237 : 355 : 355 Crucifères > 1 : 17 1 : 21 1 : 21 264 PROPORTIONS IIKL Royaume de Gr Capparidées. . . Cistinées Violariécs Résédacées. . . . Droséracées . . . Polygalées .... Frankéniacées. . Silénacées Alsinacées. ... Elatinées Linées Malvacées .... Tiliacées Hypéricinées. . Acéracées .... Ampélidées. . . Géraniacées. . . Balsaminées. . . Oxalidées Méliacées ..... Hespéridées . . . Zygophy liées... Rutacées Coriariées Célastrinées. . . Rhamnées. . . . Térébinlhacées . > < > < > > < > > > 1 > 1 1 > 1 Thalamiflores . == 1 > 1 > 1 Lécumineuses. . . > 1 AïlVES enado. 937 49 208 186 1 375 375 45 58 0 238 138 0 187 1 1 89 0 1 0 0 624 468 1 1 268 468 9,5 DES GROUPES. l'iateaii central. 0 134 209 376 627 470 0 54 52 627 157 267 941 157 376 1 125 1 627 0 0 1 941 1 1 313 941 14,5 Laponie. 0 0 : 101 0 : 237 1 0 : 59 : 26 1 1 0 0 : 355 0 0 : 237 0 1 0 0 0 0 0 1 : 5,6 1 : 5,5 1 : 37 Amygdalées = 1 : 468 1 : 235 1 : 355 DISPEUSIO? i DES FAMILLES. 265 Royaume de G renâcle. l'iatca 1 central. Laponie. Rosacées < 1 : 111 1 : 38 1 : 35 Sanguisorbées. . < 1 : 375 1 : 376 1 : 237 Pomacées — 1 : 312 1 : 111 1 : 355 Granatées 1 1 0 Onagrariées. . . ■< 1 : 268 1 111 1 : 101 Ilaloragécs. . . . 1 : 937 1 627 1 Hippuridées. . . 0 1 1 Callitrichinées. .. 0 1 627 1 : 355 Cératoph) liées. . 0 1 941 0 Lythrariées. . . . <^ 1 : 937 1 627 1 : 355 Tamariscinées. . 1 : 937 0 1 Myrtacées 1 0 0 Ciicurbitacées . . , > 1 : 024 1 : 941 0 Portulacées. . . >. 1 : 937 1 941 1 Paronychiées. . . > 1 : 93 1 235 0 Ficoides 1 0 0 Crassulacées. . . = 1 : 104 1 : 86 1 : 178 Grossulariées . . . < 0 1 : 627 1 : 237 Saxifragées. . . . < 1 : 187 1 : 134 1 : 55 Ombellifères. . . > 1 : 20 1 : 23 1 : 47 Araliacées. . . . 1 1 : 941 1 Cornées 0 1 : 941 1 Caprifoliacées. . > 1 : 208 1 157 1 : 355 Loranthacées . . 1 1 0 Rubiacées. . . . . > 1 : 49 1 : 72 1 : 118 Valérianées. . . 1 : 268 1 : 145 1 Dipsacées .... > 1 : 111 1 188 1 : 355 Corymbifères , . . > 1 : 20 1 : 21,6 1 : 24 Cynarocéphales. . > 1 : 24 1 : 35,5 1 : 142 Chicoracées. . . = 1 : 28 1 24,7 1 : 28 Synanth. réunie. 5. > 1 8 1 : 8,7 1 : 12 266 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Royaume de Grenade. Plateau central. Ambrosiacées. . . > 1 : 937 1 : 627 Lobéliacées. ... 0 1 Campanulacées. . = 1 : 117 1 : 75 Vacciniées < 1 1 : 470 Ericinées < 1 : 208 1 : 235 Pyrolacées < 0 1 : 376 Monotropées. ... 0 1 Caliciflores . . . > 1 : 2,5 1 : 2,65 Aqui foliacées. . . 1 1 Oléacinées > 1 : 624 1 : 470 Jasminées 1 0 Apocynéesetascl. > 1 : 312 1 : 470 Gentianées < 1 : 144 1 : 134 Polémoniacées. . 0 1 Convolvulacées. . > 1 : 1 56 1 : 267 Boraginées . . . . > 1 : 49 1 : 70 Solanées > 1 : 187 1 : 235 Verbascées 1 : 170 1 : 94 Antirrhinées . . . == 1 : 78 1 : 45 Orobanchées. .. 1 : 312 1 : 134 Rhinanthacées . . < 1 : 111 1 : 99 Personn. réunies. = 1 : 32 1 : 20 Labiées > 1 : 19 1 : 25 Acanthacées. ... 1 0 Verbénacées. ... > 1 : 624 1 Lentibulariées . . < il: 470 Primulacées. . .. r= 1 : 156 1 : 94 Globulariées. ... 1 1 Plumbaginées. . . > 1 : 156 1 : 941 Plantaginées... . = 1 : 138 1 : 171 Laponie. 0 0 1 ; ; 237 1 ; : 178 1 : 65 1 : 178 0 1 : 3,74 0 0 0 0 1 : 118 1 : 355 0 1 : 65 0 1 1 : 79 0 1 : 65 1 : 34 1 : 65 0 0 1 : 118 1 : 101 0 1 1 : 142 DISPERSION DES FAMILLES. 267 Royaume de Grenade!. l'iatoau central. Laponie. CoROLLiFLORES. . > 1 : 6,6 1 : 6,8 1 : 10,1 Amaranthacées. . > 1 : 375 1 : 470 0 Chénopodées.... > 1 : 60 1 : 99 1 : 142 Polygonées. . .. = 1 : 111 1 : 63 1 : 65 Laurinées 0 0 0 Thymélées > 1 : 170 1:313 1 Santalacées > 1 : 468 1 : 627 0 Eléagnées 1 0 0 Aristolochiées. . . > 1 : 624 1 : 470 0 Citynées 1 0 0 Empêtrées 0 11 Euphorbiacées. . > 1 : 81 1 : 72 1 Urticées = 1 : 208 1 : 171 1 : 355 Cupulifères. . . . > 1 : 170 1 : 209 1 Salicinées < 1 : 268 1 : 99 1 : 26 Bétulinées < 0 1 : 627 1 : 118 Amentacéesréun. < 1 : 104 1 : 61 1 : 21 Conifères =z 1 : 156 1 : 267 1 : 178 Miricées 0 0 1 MoNocHLAMYD... < 1 : 13,7 1 : 13 1 : 11,8 Dycotyl. RÉUN. . > 1 : 1,22 1 : 1,28 1:1,58 Hydrocharidées. . 0 0 1 Alismacées 1 : 937 1 : 376 1 Butomées 0 1 0 Juncaginées.... < 1 1 : 627 1 : 237 Potamées < 1 : 312 1 : 157 1 : 71 Lemnacées 0 1 : 470 1 Typhacées 1 : 937 1 : 627 1 Palmiers 1 0 0 268 PROPORTIONS RELATIVES Royaume de Grenade- DES GROUPES. Plateau central. Aroidées > 1 Orchidées < 1 Iridées > 1 Araaryllidées. . . > 1 Dioscorées Asparaginées . . . == 1 Liliacées 1 Colchicacées. . • . > 1 Commélinacées. . Joncacées < 1 Cypéracées < 1 Graminées < 1 Ghanacées réim. < 1 Equisétacées. . . . Marsiléacées. . . Lycopodiacées . . Fougères Characées < < < 1 624 64 187 187 1 375 69 937 1 138 58 12,5 9,5 1 0 0 78 1 941 46 267 470 1 157 57 941 1 75 26 13,6 8 235 627 376 63 209 Laponie. 1 : 39 0 0 0 : 178 178 1 0 27 8 11 4 101 1 118 31 355 MoNOCOT. RÉUN.. < 1 : 5,8 1 : 4,4 1 : 2,7 En examinant avec attention les tableaux que nous avons donnés du nombre et de la proportion des espèces, sur les trois points de l'Europe que nous avons choisis , on remarque de très-grandes différences dans les familles et dans les classes. Nous allons jeter un coup d'oeil sur ces oppositions , et chercher à démêler dans cette apparente confusion quelques principes ou quelques lois de la géogra- phie botanique. Nous partagerons d'abord les espèces de ces flores en cinq grandes séries ou classes. Les thalami flores, les caliciflores , les corolli flores , les monochlamydées , et les monocolylédones . DISPERSION DES FAMILLES. 269 1 . THALAMIFLORES. La majeure partie des familles qui composent cette classe diminuent en nombre d'espèces à mesure que l'on va vers le nord. Dans cette catégorie se trouvent \es papavéracées ^ fumariacées , crucifères , cistinées , résédacées , polygalées, frankéniacées , silénacées, linées , mahacées, géraniacées , rutacées. Quelques-unes , comme les tiliacées , acéracées , hypéri- cinées, semblent atteindre, en Europe, leur maximum d'es- pèces dans le centre de ce continent. Les familles suivantes sont en voie d'accroissement vers le pôle : renonculacées , violariées , alsinacées , droséracées. La famille des crucifères est exactement dans les mêmes rapports pour les deux flores de la Laponie et du plateau central. Sa proportion augmente dans le midi de l'Espagne, soit à cause de la prépondérance des plantes annuelles qui en font partie , soit à cause des montagnes élevées qui leur donnent asile. En somme, et par suite de compensations entre les familles, le nombre des thalamillores reste sensiblement le même rela- tivement au nombre total des espèces. Le rapport pour la Laponie est exactement le même que pour le midi de l'Es- pagne. Il est un peu plus faible pour le plateau central. 2. CALICIFLORES. Comme cela a lieu pour les thalamiflores , nous voyons la plupart des familles des caliciflores et surtout celles qui sont les plus nombreuses en espèces, diminuer en nombre en allant du sud au nord, telles sont : les rhamnées, téré- binthacées , légumineuses , cucurbitacées , portuîacées , pa- 270 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. ronychiées , ombellifères , rubiacées ou étoilées , dipsacées , synanthérées. Les familles suivantes atteignent leur maximum au centre: amygdalées , pomacées, crassuîacées , caprifoUacées , cam- pamdacées. Leur nombre diminue dans le royaume de Gre- nade et en Laponie. Au contraire, celles que nous allons citer se montrent plus riches en espèces ( toujours relativement au nombre total existant), dans la Laponie que dans les deux autres contrées : rosacées , sanguisorbées , onagrariées , lythra- rices , grossidariées , saxifragées , vaccirdées , éricinées , pyrolacées. La grande famille des synanthérées décomposée en trois groupes, nous montre que les corymbifères vont lentement en décroissant vers le nord , que les cynarocéphales diminuent très-rapidement dans le même sens. Elles sont pour l'Europe les plus méridionales des synanthérées. Les chicoracées se maintiennent à peu près dans la même proportion. Leur rapport au total est le même 1 : 28 dans le royaume de Gre- nade et en Laponie; il augmente un peu 1 : 24 sur le plateau central, et cela probablement parce que le genre Hieracimn, difficile à étudier et souvent à rencontrer à cause de la florai- son tardive des espèces , a pu être recueilli avec plus de loisir. Ainsi la proportion de toutes les caliciflores réunies reste à peu près la même pour le midi de l'Espagne et pour le plateau central ; mais elle s'affaiblit considérablement en Laponie. 3. COROLLIFLORES. Parmi les familles de cette classe qui peuvent nous offrir quelques résultats , nous remarquons que les suivantes con- DISPERSION DES FAMILLES. 271 tiennent moins d'espèces à mesure qu'elles approchent du nord : apocynces et aficlepiadccs réunies, convolindacées , boraginées, solanées , labiées. Plusieurs d'entr'elles se montrent sur le plateau central avec une certaine prépondérance. Ce sont les verbascées , antirrhinées , orohanchées , prinmlacées. D'autres deviennent plus nombreuses en espèces en allant vers le nord , telles que : gentianées , rhinanlhacées , len- iibulariées. En général les corollidores perdent de leur importance numérique du sud au nord. Il y a presque parité dans leur proportion entre le plateau central et le midi de l'Espagne, mais en Laponie le rapport au total diminue dans une pro- gression rapide. 4. MONOCHLAMYDÉES. Nous trouvons dans cette classe plusieurs familles qui s'affaiblissent ou qui s'éteignent vers le nord , telles sont : les amaranthacées , chénopodées , ihymélêes , santalacées , cupidifères. Les polygonées , les euphorbiacées et les nrticées sont plus nombreuses sur le plateau central que dans le midi de l'Espagne et la Laponie. Les conifères atteignent au con- traire leur minorité sur notre territoire et se relèvent en Es- pagne et en Laponie. Les salicinées et les bétulinées augmentent fortement dans les régions septentrionales. En somme , les monochlamydées , à l'inverse des classes précédentes , deviennent de plus en plus prépondérantes à mesure que l'on s'éloigne du midi. 272 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. 5. MONOCOTYLÉDOXES. Un petit nombre de familles seulement, dans cette grande division du règne végétal , sont plus riches au midi que dans le nord de l'Europe. Nous pouvons citer, comme présentant ce caractère , les iridées , amarillydées , aroidêes ; mais au contraire les suivantes admettent un plus grand nombre d'es- pèces dans la Laponie : potamées, orchidées, jimcacées , cypéracées , graminées, fougères. Les asparaginées sont plus nombreuses sur le plateau cen- trai que dans les deux autres contrées , il en est de même des liliacées, ce qui tient sans doute, comme le fait observer M. Boissier, à ce qu'un certain nombre de plantes de cette famille ont échappé à ses investigations. Les liliacées sui- vraient alors la marche des iridées et des amaryllidées qui appartiennent plus spécialement aux pays chauds. Les monocotylédones suivent donc la même loi d'accrois- sement vers le nord que les monoclamydées, mais d'une manière plus tranchée , c'est-à-dire que la progression des monocotylédones en allant vers le nord est très-forte et très- rapide. Si donc nous classions les groupes de familles dans l'ordre géographique de leur décroissance , en partant du midi pour aller vers le nord , nous aurions : 1°. caliciflores , 2°. corol- li flores. S*', thalamiflores, 4°. monochlamydées , 5°. mo- nocotylédojies. Si au lieu de suivre pour l'arrangement de nos familles l'ordre généralement adopté , nous nous reportons à la dis- position méthodique de Jussieu , telle qu'elle était suivie au commencement de ce siècle , nous aurons le tableau suivant : DISPERSION DES FAMILLES. 273 Liste ou total des plantes des trois contrées réunies par groupes d'après l'arrangement primitif de Jussieu. Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie. Acotylédones fougères . 2G ] : 72 55 54 59 18 Monocolyl. hypogyncs. 190 i 9,5 255 8 167 4,2 — périgynes, . 7A i : 2S 94 20 59 18 — épigynes.. . 29 1 65 41 46 19 57 Apétales épigynes 4 1 468 4 470 0 — périgynes . 68 1 29 58 54 17 42 — hypogynes.. , 51 1 60 17 : 110 6 118 Monopét. liypogyncs. . . . 257 1 : 7,2 262 : 7,2 64 H — périgynes. . . . 26 1 72 44 45 22 52 — épig. synanlh. . 258 1 : 7,9 216 : 8,7 59 12 — — disjointes . 61 1 : 51 62 : 50 11 65 Polypélales épigynes.. . . 96 1 19 85 22 16 44 — hypogynes . . Ô7A 1 5 555 : 5,5 128 5,3 — périgynes. . . 522 1 5,8 298 6,5 82 8,7 Irrégulières unisexuées. . 62 1 : 51 76 : 25 42 : 17 L'examen de ce tableau nous montre que les classes sui- vantes vont en s'affaiblissant vers le nord : toutes les apé^ taies y les monopétales hypogynes et épigynes , les polypé- tales épigynes ei périgynes. Les polypélales hypogynes , correspondant aux thalami- flores, restent en nombre sensiblement égal dans les trois contrées. Les classes suivantes acquièrent de la prépondérance en allant du sud au nord : fougères, toutes les monocotylédoneSj les monopétales périgynes et les unisexuées. Si maintenant nous réunissons les classes d'après la con- sidération de la soudure des pétales ou de leur absence, nous avons le petit tableau ci-après : II 18 Plateau central. Laponie. 53 1 54 39 1 : 18 367 1 8,1 224 1 : 3,2 79 i 24 23 1 : 31 384 1 3,2 156 1 : 4,5 714 1 2,6 226 1 : 3,1 76 1 2S 42 1 : 17 274 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Roy. de Grenade. Fougères, etc 26 1 : 72 Monocotylédones.- 297 1 : 6,3 Apétales 100 1 : 19 Monopétales 582 1 : 3,2 Polypélales 792 1 : 2,4 Unisexuées 62 1 : 31 Ce tableau confirme ce que nous avons dit un peu plus haut. Il nous montre cependant que si le nombre des plantes à corolles monopétales et polypétales va en diminuant vers le pôle , cela paraît dû à la proportion considérable de mono- cotylédones qui viennent faire partie du total de la flore ; car si nous comparons ces différentes classes de végétaux au total, abstraction faite des monocotylédones, voici les nou- veaux résultats auxquels nous parvenons : Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie. Apétales 100 1 : 15,3 79 1 : 18,4 23 1 : 19,4 Monopétales 582 1 : 2,64 584 1 : 2,5 156 1 : 2,9 Polypélales 792 1 : 2,15 714 1 : 2 226 1 : 2 Unisexuées 62 1 : 24,8 76 1 : 19 42 1 : 10,7 On voit que les rapports sont un peu changés , et que les polypétales , au lieu de se maintenir en égale propor- tion dans les trois contrées , comme précédemment , vont , au contraire , en augmentant un peu vers le nord , ce qui leur conserve leur rang géographique inférieur aux mono- pétales. Mais il est une autre considération très-curieuse au point de vue de la dispersion géographique, c'est l'examen des proportions relatives des épigynes, périgynes et hypogynes. Voici le tableau de leur nombre et de leurs rapports : DISPERSION DES FAMILLES. 275 Roy. de Grenade. IMaleau central. Laponie. Epigynes 428 1 : Â/i 400 1.: 4,0 lOii 1 : 0,7 Ilypogynes 858 1 : 2,2 847 1 : 2,2 30!) 1 : 2 Périgyncs 487 1 : 5,9 494 1 : 3,8 100 1 : 4,4 Le résultat en est très-remarquable. On y voit clairement la diminution des epigynes et des périgynes vers le nord de l'Europe, et l'égalité parfaite des hypogynes. Mais séparons encore les monocotylédones , qui peuvent masquer quelques rapports, et construisons le môme tableau avec les dycotylédones seules ; nous aurons : Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie. Epigynes 300 4 : 5,3 282 1 : 5,2 70 ^ : 0,4 Hypogynes 002 1 : 2,3 012 1 : 2,3 198 1 : 2,3 Périgynes 413 1 : 3,7 400 1 : 3,7 121 1 : 3,7 Ce tableau nous offre une égalité complète entre les pé- rigynes et les hypogynes dycotylédones , et une diminution très-marquée des epigynes dycotylédones dans le nord de l'Europe. M. de Humboldt avait déjà dit que la plupart des mono- cotylédones à étamines epigynes et même périgynes recher- chent les climats chauds ; telles sont les palmiers , les bro- méliacées, les musacées, les cannées, qui sortent à peine de la zone torride , tandis que celles à étamines hypogynes , comme les graminées et les cypéracées, supportent avec ré- signation le froid des régions polaires. Enfin, pour savoir si cette diminution plus forte des co- rolliflores vers le nord de l'Europe n'était pas due à un ar- rangement artificiel des familles , nous les avons disposées d'une autre manière , en suivant l'ordre adopté par Fries dans le Summa vegetabilium Scandinaviœ , ordre qui dif- fère essentiellement de celui que de Candolle a choisi pour 276 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. le prodrome, et du groupement antérieur du Gênera plan- tarum de Jussieu. Voici ce groupement des familles, d'après le Summa de Pries : COROLLIFLORES. Seminiflorœ. r. de Cren. riat. centr. Laponie, Synanthérées 238 216 59 Dipsacées 17 10 2 Ambrosiacécs 2 3 0 Valérianées 7 13 1 Rubiacées 37 26 6 Loranthacées 110 Caprifoliacées 9 12 2 311 281 70 Annuliflorœ. Campanulacées 16 25 3 Lobéliacées 0 1 0 Convolvulacées 12 7 0 Boraginées 37 27 11 Labiées 98 75 11 Ményantbées .. 0 1 1 Polémoniacées 0 12 163 137 28 Tubiflorœ. Oléinées 3 4 0 Jasminées 1 0 0 Verbénacées 3 1 0 Asclépiadées 6 4 0 Gentianées 13 13 5 Solanées 10 8 0 Personnées 58 95 21 DISPERSION DES EAMILLES. 277 Tubiflorœ (Suite.) Lentibulariées Primularées Acantliacées Globulariées Plantaginées Plumbaginécs , 135 162 45 Total (les Corollillores. . . 609 580 143 TIIALAMIFLORES. Disciflorœ. 1 4 6 12 20 7 1 0 0 1 1 0 14 11 5 12 2 1 Frangulacées et célastr. 8 Térébintacées 4 Aquifoliacées 1 Araliacées 1 Ombellifères 95 Adoxées 0 Acérinées 1 Résédacées 10 7 1 2 0 1 0 2 1 81 15 1 0 5 0 120 104 17 Serliflorœ. Nymphéacées 0 Renonculacées 38 Berbéridées 1 Papavéracées 10 Fumariacées 10 Crucifères 108 Polygalées 5 3 3 54 29 1 0 8 2 6 2 90 34 4 1 172 166 71 278 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Columniflorœ. Tiliacées 0 2 0 Malvacées 14 7 0 Géraniacées 21 15 3 Oxalidées 1 3 1 Balsaminées 0 1 0 Hypéricinées 10 12 2 Ampélidées 1 1 0 Cistinées 38 14 0 Capparidées 2 0 0 Violariées 9 9 7 Droséracées 1 3 3 Silénacées 41 35 12 Alsinacées 32 36 27 Frankéniacées 5 0 0 Linacées 8 12 1 Elatinées 0 3 1 Zygophyllées 3 1 0 Rutacées 4 2 0 Goriariées 1 1 0 191 157 57 Total des Thalamiflores. 483 427 445 CALICIFLORES. Vauciflwœ. Gucurbitacées. 3 2 0 Grossulariées . . 0 3 3 Saxifragées. . . . 10 14 22 13 Grassulacées. . . 18 4 Lythrariées. . , 2 3 2 Onagrariées. . . 7 17 7 DISPERSION DES FAMILLES. 279 Fauciflorœ. (Suite.) Haloragées Hyppuridées Ficoides Granatées Myrtacées Rosiflorœ. Pomacées Rosacées Drupacées Papilionacées Centiflorœ. Ericinées Vacciniées Pyrolacées Empêtrées Monotropées Euphorbiacées Tamariscinées Portulacées Sclérantj;iées Paronychiées Polygonées 74 87 34 Total des Calicinores ... 349 363 112 2 3 1 0 1 1 i 0 0 1 1 0 1 0 0 45 66 32 6 17 2 22 55 23 4 8 2 198 130 19 230 210 46 9 8 11 1 4 4 0 5 4 0 1 1 0 1 0 23 26 1 2 0 1 2 2 1 1 ' 2 0 19 8 0 17 30 11 4 0 0 0 3 0 6 1 0 0 11 2 4 0 19 5 ^^ 280 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. INCOMPLÈTES. Bracteiflorœ. Aristolochiées 3 Citynées 1 Santalacées 4 Thymélées 11 Elaeagnées 1 Urticées 9 Amaranthacées 5 Chénopodées 32 66 38 Juliflorœ. Cupulifères , Salicinées Bétulinées Mirycées Conifères , Equisétacées 31 46 46 Nudiflorœ. Callitrichinées.'s 0 3 2 Cératophyllées 0 2 0 Characées ..' 1 9 2 11 9 1 7 19 27 0 3 6 0 0 1 12 7 4 1 8 7 1 14 4 Total des Incomplètes ... 98 98 58 DISPERSION DES FAMILLES. 281 MONOCOT YLÉDONES . Fructiflorœ. Orchidées 29 Iridées 10 Amaryllidées 10 Hydrocliaridées 0 Nayadées. 0 49 Liliiflorœ. Liliacées 27 Colchicacées 2 Alismacées 2 Butomées 0 Juncaginées 1 Joncacées 14 Dioscorées commelin. . 2 Asparaginées 5 53 Spadiciflorœ. Aroidées 3 Potaraées 6 Typhacées 2 Cypéracées 32 Palmiers 1 U Glumiflorœ. Graminées 151 Total général des Monoc . 297 41 18 7 0 4 0 0 1 4 1 56 30 33 4 2 1 5 1 1 0 3 3 25 26 2 0 12 4 83 39 2 1 12 10 3 1 73 90 0 0 90 138 347 102 63 231 282 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. HÉTÉRONÉMÉES. Fougères. Polypodiacées ) ^^ ^^ ^^ Ophioglossées j Lycopodiacées 0 5 6 Marsiléacées 0 3 2 Total des Hétéronèmes. . 24 38 31 Voici maintenant les résultats que nous obtenons avec ce nouvel arrangement des groupes naturels. Chacune des grandes classes des dycotylédones est, dans chaque contrée , dans le rapport suivant au total de tous les végétaux , tant dycotylédons que monocotylédons : Royaume de Grenade. Plateau central. Laponie. CoroUiflores . . 1 : 3,05 1 : 3,24 1 : 5 Thalamiflores . 1 : 3,85 1 : 4,41 1 : 4,90 CahciOores. . . 1 ; ; 5,33 1 : 5,39 1 ; : 6,34 Incomplètes. . 1 : 19 1 : 19,2 1 : 12,3 On reconnaît immédiatement que les plantes pétalées di- minuent, relativement à la masse totale, du midi au nord de l'Europe , et que cette diminution est plus rapide en ce qui concerne les coroUiQores, un peu plus tranchée aussi pour les caliciflores, et quoique, d'après ce dernier mode de grou- pement, les thalamiflores décroissent aussi vers le nord, cette nouvelle combinaison nous donne encore : corolli flores, ca- liciflores et thalamiflores. Il est facile de remarquer que dans la hste que nous avons présentée des familles européennes , il en est un grand nom- bre qui n'appartiennent pas à cette partie du monde , ni DISPERSION DES FAMILLES. 283 même à aucune des zones froides et tempérées du globe. On reconnaît des familles dont le centre de création existe sous les tropiques, mais qui envoient au loin quelques-unes de leurs espèces qu'elles choisissent dans les genres les plus robustes , comme pour donner partout un avis de leur exis- tence. Ces familles originaires de la zone tropicale ou de l'hémis- phère austral , n'ont presque pas d'importance dans le tapis végétal de l'Europe. Quelques-unes pourtant , par le grand nombre d'individus qui composent l'espèce ou le genre égaré, impriment au pays une physionomie particulière. Nous citerons parmi ces groupes extra-européens, les Berbé- ridées, Capparidêes, Polygalées, AmpélidéeSy Balsaminées^ Mélîacées , Hespéridées , Zygophyllces , Rutacées , Célas- irinées , Térèbinlhacées, Myrtacées , Cucurbilacées , Ficoi- dées , Portulacées , Araliacées , Loranlhacées , Lobèlia- cées, Jasminées , Oléinées, Apocynées , Asclépiadées , Acan- thacées , Verbénacées , Laurinées , Santalacées, Eleagnées, et parmi les monocotylédones les Palmiers , les Dioscorées , les Commélinées. D'autres , quoique assez répandues en Europe , ne sont pourtant pas des groupes européens, mais des familles étran- gères qui sont un peu mieux représentées. Telles sont les : Malvacées , Grossulariées , Crassulacées, Rubiacées , Con- volvulacées , Solanées , Boraginées , Thymélées , Arislolo- chiées , et dans les monocotylédones les : Aroidées , Orchi- dées, IridéeSy Amaryllidées , et même les Fougères. En revanche, il existe de grandes familles extra-tropicales qui appartiennent non spécialement à l'Europe , mais aux zones tempérées et froides , et qui entrent pour une grande proportion dans les flores de ces contrées. De ce nombre sont les Renonculacées , Crucifères , Alsi- 284 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. nacées , Rosacées en général , Saœifragées , Ombellifères , GenlianéeSy Labiées, Rhinantliacées , Chicoracées, Primu- lacées, Ericinées, Amentacées , Conifères, et dans les mo- nocot) lédones les Joncées , les Cypéracées. Enfin certains groupes de végétaux sont disséminés sur la majeure partie de la terre , tout en se retirant des régions trop froides , tels sont les Légumineuses, les Corymbifères, les Cynarocéphales , les Antirrhinées, les Chénopodées , les Euphorbiacées, et parmi les monocotylédones les Liliacées, les Graminées. M. de Humboldt a fait remarquer, depuis bien longtemps, ces curieux rapports des groupes et des températures que nos chiffres viennent confirmer en Europe. Dans les régions équinoxiales les Labiées, les Graminées, et surtout les Joncées et les Cypéracées diminuent relati- vement à la masse totale des phanérogames ; les Crucifères et les Ombellifères , manquent presque entièrement. Au contraire , les Légumineuses , les Malvacées et les Euphor- biacées prennent un développement considérable ; puis ap- paraissent des familles inconnues aux autres régions, comme les Protéacées , les Diosmées , les Casuarinées , Dillenia- cées, etc. Plusieurs des familles qui habitent par prédilection la zone torride, appartiennent exclusivement au nouveau continent, ou bien on y rencontre au moins la majorité de leurs espè- ces , telles sont les Pipéracées , Bignoniacées , Urticées , Térébinthacées , Mélastomacées, Capparidées, Passiflorées, Solanées , Boraginées , Rubiacées , Lobéliacées , Convol- vulacées , Laurinées , etc. Certaines familles disparaissent ou s'effacent de plus en plus à mesure que l'on s'approche des pôles , telles sont les Malvacées , les Euphorbiacées , les Synanlhérées , les Ru- DISPERSION DES FAMILLES. 285 biacées, tandis qu'au contraire on voit augmenter le chiffre des JoncéeSy des Ojpèracèes, des Graminées, des Ericacées , des Rhododendrées , des Caryophyllées [Ahinacées seule- ment), àes Amentacces et des Conifères, non par le nombre absolu des espèces, dit M. de Ilumboldt, mais par leur proportion relativement à l'ensemble des phanérof^ames. Toutefois il faut encore remarquer que des tribus entières de familles développées dans les contrées froides , ne quittent pas les pays chauds. Ainsi la Laponie ne possède aucune graminée des tribus des Andropogynées ni des Panicées et aucune Cypéracée à écailles distiques comme les Cyperus. Ces organisations particulières appartiennent aux pays chauds. En général les Glumacées vont en augmentant de nombre de l'équateur aux pôles , et des plaines au sommet des mon- tagnes. Toutefois cette progression n'est pas uniforme. Elle est moins grande de l'équateur aux zones tempérées que de celles-ci aux régions polaires, au moins pour notre hémis- phère. En Laponie , il y a trois fois plus de Glumacées que de Synanthérées. Dans les parties tempérées de l'Europe , les deux groupes sont en nombres sensiblement égaux ; dans l'Amérique septentrionale , au contraire , depuis le 32" jus- qu'au 45*^, les Synanthérées surpassent d'un quart les Glu- macées , et la prépondérance des premières se manifeste bien davantage sous l'équateur. Ces deux grou|)es sont ordinairement ceux qui frappent le plus par l'abondance de leurs espèces. Après eux viennent les familles suivantes : Sous la zone glaciale , Caryophyllées , {Ahinacées seulement), Amentacées, Ericinées; sous la zone tempérée : Légumineuses , Crucifères , et Labiées ; sous la zone torride : Légumineuses , Rubiacées et Malvacées. Si maintenant nous examinons les proportions relatives des trois familles qui forment le groupe des Glumacées y nous 286 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. trouverons que les Graminées, les Cijpéracées et les Joncées sont entr'elles sous l'équateur, à peu près comme 25, 7, 1 ; dans la zone tempérée de l'ancien continent, comme 7, 5, 1 ; et sous le cercle polaire comme 2 2|5, 2 3(5, 1 ; dans la Laponie seule le nombre des Cypéracées égale celui des Graminées, mais à partir de là, depuis la zone tempérée jusqu'à la zone torride, les Cypéracées et les Joncées vont en diminuant plus que les Graminées, au point que sous l'é- quateur les Joncées ont presqu'entièrement disparu (1). M. de Humboldt dit que les Gïumacées , les Sijnanthé- rées et les Légumineuses réunies font à peu près pour l'en- semble du globe le tiers de sa population végétale. Il était curieux de vérifier si , par suite de compensations opérées dans nos trois contrées entre les Gïumacées (com- prenant les Joncées , Cypéracées et Graminées) , les Synan- ihérées (comprenant les Corymbiféres , les Cynarocéphales et les Chicoracées) et les Légumineuses , nous arriverions à ce même résultat. V^oici les chiffres de ces familles réunies , et le rapport au total de chaque flore. Royaume de Grenade 633 1 : 2,98 Plateau central 582 1 : 3,23 Laponie 257 1 : 2,76 Ces familles forment un peu plus du tiers du total dans le royaume de Grenade , un peu plus encore en Laponie, un peu moins sur le plateau central. Et si nous additionnons ces chiffres pour obtenir une moyenne relative à l'Europe entière , nous arrivons exacte- ment à la confirmation de la loi étabhe par M. de Humboldt, nous avons le rapport 1:3. (1) Humboldt, De dislribut. geograph. plantarinn, p. 200, DU NOMBRE DES ESPÈCES. 287 §2. COMPARAISON OU KTOMBRE DES ESPÈCES A L'É- TENDUE DE LA CONTRÉE , ET AU NOMBRE DES GENRES. « Le nombre des espèces comparé à l'étendue de la con- trée va constamment en diminuant de l'équateur au pôle, et relativement aux parallèles de 0",45 et 68 , on trouve les proportions exprimées par les nombres 12, 4, 1 . La tempé- rature moyenne de l'année est presqu'en rapport avec ces chiffres , qui sont, aussi dans le même sens, une progression décroissante ; elle est de 27 , 5 ; 13° ; 0°,2 et la moyenne d'été de 28°, 21, 12°. Ainsi la force productrice, en rapport avec la chaleur, s'affaiblit à mesure que l'on approche des pôles (1). » Ce résultat nous l'obtenons encore en comparant l'éten- due respective des trois contrées que nous étudions , et le nombre total des plantes phanérogames que l'on y a recueil- lies. La surface explorée par M. Boissier est moins étendue que celle de notre dore, et le nombre des espèces est exac- tement le même. La Laponie est infiniment plus grande que le plateau central , et elle ne contient pas la moitié des es- pèces que nous avons recueilHes dans notre circonscription. Pour obtenir en nombres ronds les 1,800 à 2,000 espèces reconnues dans le royaume de Grenade ou dans notre con- trée, il aurait fallu établir la comparaison sur la Scandinavie entière, dont l'étendue est immense. M. de Humboldta fait remarquer depuis longtemps, que le nombre des genres relativement aux espèces , va en aug- mentant de l'équateur aux pôles ou de la plaine au sommet des montagnes, c'est-à-dire que, sous l'équateur et dans la (1) Humboldl, De distrib. geograph. plantarim, p. 21. 288 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. plaine , chaque genre renferme un nombre d'espèces plus grand que dans les régions froides ou sur le sommet des montagnes. Les proportions qui existent ne peuvent être très-rigourcusement exprimées , car les genres peuvent être établis arbitrairement ; ils peuvent être, et ils sont, en effet, très-souvent divisés au delà de leurs coupes naturelles. Quoi qu'il en soit, le décroissement du nombre des espè- ces par genre, ou plutôt l'augmentation proportionnelle des genres est tellement appréciable, que M. de Ilumboldt cite pour la France le rapport de 1 : 5, 7 , et pour la Laponie celui de 1 : 2 , 3 . Cela tient surtout, dit M. de Humboldt, à ce que les genres des contrées plus chaudes envoient souvent au loin une ou plusieurs de leurs espèces qui s'étendent et se colo- nisent. Le nombre des genres se trouve ainsi augmenté , comme il l'est nécessairement quand au lieu de recueillir la flore d'une contrée étendue on se borne à celle d'un pays restreint et limité. Il est très-intéressant de suivre la nature dans les faits qui pour nous semblent des anomalies , et qui sans doute sont des mystères pour notre ignorance. Ainsi M. Thurmann nous a déjà fait remarquer qu'il existait très-souvent dans le même genre des espèces contrastantes relativement au sol. Il a cité VOrobus vernus des stations sèches et des terrains compactes , et en opposition VOrohns tuberosus des sols meubles et frais. Nous avons indiqué le Saro- thamnus vulgaris des terrains siliceux , et le Genista Scorpius des stations calcaires ; nous ne rappellerons pas les nombreux exemples qui se présentent à chaque instant dans ces contrastes. Les oppositions sont encore plus tranchées dans la préférence des climats ; le même genre a souvent des espèces de la plaine et d'autres de la monta- DU NOMIUIE DES ESPÈCES. 280 gne, des formes des pays cliuiids et des types destinés à ré- sister au froid , tous exécutés sur !o mémo plan, sur le même modèle , et offrant seulement des piniicularités de structure en rapport avec les milieux dans lesquels ils doivent vivre. Presque toujours , si les espèces d'un genre sont nom- breuses , elles affectionnent certaines contrées , et s'y éta- blissent , mais elles envoient une ou plusieurs de ces espè- ces dans des climats lointains , comme pour chercher à en- vahir de nouvelles contrées, et à agrandir la puissance de leur tribu. Les genres équatoriaux envoient vers les pôles ; les genres polaires essaient de marcher vers l'équateur; ceux des plaines ont parfois un représentant jusque vers les limites des neiges éternelles qui couronnent les montagnes , et les familles montagnardes ne dédaignent pas d'envoyer quelques-uns de leurs colons profiter du climat plus doux des régions nivelées. Il suffira de jeter les yeux sur le* tableau que nous donnons un peu plus loin des espèces contrastantes de la plaine et de la montagne, pour se convaincre de la vérité et des nombreuses applications du principe que nous venons d'énoncer. Il suffit de se rappeler la présence dans notre contrée de certains genres monotypes relativement à nous , pour y re- connaître les représentants égarés de genres nombreux dans d'autres localités. VHedera Hélix , le Berberis vnlgaris , le Solidago virga aurea, et une foule d'autres espèces se trouvent dans cette singulière situation. Les deux premières espèces ont certainement le berceau de leur famille dans l'hémisphère austral , et la troisième dans l'Amérique du nord. Les animaux nous présentent les mêmes phénomènes de dispersion. Les mastodontes représentaient, vers le pôle II 19 290 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. nord, les pachydermes de Téquateur ; nos courlis remplacent les ibis, et des genres nombreux, comme les hélix, ont des espèces pour toutes les parties du monde. Il nous est facile de vérifier , pour nos trois contrées , les rapports des genres aux espèces, en faisant remarquer ce- pendant que depuis la publication (en 1817) du remarquable ouvrage De dislributione geographica plantarum , le nom- bre des genres a été augmenté au delà de la proportion des espèces nouvelles découvertes. Le tableau suivant va nous donner ces proportions : Roy. de Gren. Nombre des genres 632 — Nombre des espèces 1874 — Rapport des genres aux espèces. 1 : 2,96 Plat, central. Nombre des genres 638 — Nombre des espèces 1882 — Rapport des genres aux espèces. 1 : 2,95 Laponie. Nombre des genres 299 — Nombre des espèces 712 — Rapport des genres aux espèces. 1 : 2,38 Ainsi , malgré les coupures nombreuses opérées dans les anciens genres pour en créer de nouveaux , le rapport indi- qué par M. de Humboldt pour la Laponie se maintient exact; mais nous trouvons, pour le midi de l'Espagne et pour le plateau central, une différence très-grande avec le résultat qu'il a indiqué. Au lieu de 1 : 5,7 qu'il indique pour la France, nous sommes au-dessous de 1 : 3, diffé- rence de près de moitié. Mais si nous cherchons les causes de cette anomalie, nous les trouvons facilement, et l'excep- tion , comme cela arrive souvent , vient confirmer la loi ex- primée. Le royaume de Grenade offre des montagnes très-élevées, UU NOMBRE DES ESPÈCES. 291 et l'on sait que la végétation de ces îles atmosphériques a des rapports mar(|ués avec celle des véritaLIes îles marines. Les espèces de chaque genre , dans les montagnes comme dans les îles, ne sont pas nombreuses ordinairement, mais un grand nombre de genres y ont des représentants. l)'un autre côté, le royaume de Grenade offre un littoral voisin de l'Afrique , qui a dû recevoir aussi des émigrants , et de plus il présente des zones variées d'altitude, qui peuvent ser- vir d'habitation à des plantes de régions très-différentes. Il fallait donc s'attendre à voir un grand nombre de formes représentées dans cette contrée restreinte , et d'ailleurs le nombre des genres, comparé à celui des espèces, est toujours d'autant plus grand que le pays étudié a moins de surface. Le plateau central , plus étendu que la circonscription adoptée par M. Boissier, nous offre exactement les mêmes rapports des genres aux espèces, et cela par les mêmes causes. Cependant , nos montagnes sont moins élevées , mais elles sont sous une plus haute latitude , qui compense en partie ce qui leur manque en altitude* 11 existe, du reste, un autre motif pour l'augmentation numérique des genres : c'est la position du plateau central en un point oii deux régions vé- gétales viennent se rencontrer. Une foule d'espèces du pour- tour de la Méditerranée atteignent leur limite d'extension nord, et se rencontrent avec celles qui, parties de régions plus septentrionales , trouvent aussi sur le plateau central la li- mite extrême des conditions qui permettent leur migration vers le sud. Ces faits, qui semblent d'abord exceptionnels, viennent donc confirmer cette idée que les genres ont un foyer géo- graphique d'où rayonnent des espèces extensibles qui vont les représenter au loin, et jusqu'aux dernières limites où leur existence est possible. 292 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. En séparant les dycotylédonesdes monocotylédones, nous obtenons, dans nos trois contrées, les rapports suivants : Royaume de Grenade. Nombre de genres dycotylédons 497 Nombre d'espèces dycotylédones 1537 Rapport 1 : 3,09 Plateau central. Nombre de genres dycotylédons 496 Nombre d'espèces dycotylédones 1460 Rapport 1 : 2,94 Laponie. Nombre de genres dycotylédons 222 Nombre d'espèces dycotylédones 448 Rapport 1 : 2,01 Voici maintenant les rapports des genres aux espèces dans les monocotylédones : Royaume de Grenade. Nombre de genres monocotvlédons. . . . 135 Nombre d'espèces monocotylédones. . . . 323 Rapport 1 : 2,39 Plateau central. Nombre de genres monocotylédons 142 Nombre d'espèces monocotylédones, . . . 422 Rapport 1:3 DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DBS ESPÈCES- 293 Laponie. Nombre de genres monoeotylédons . . . . 77 Nombre d'espèces monocotylédones . .. 263 Rapport 1 : 3,41 Ces tableaux nous indiquent une marche régulière et inverse dans les rapports numériques des genres aux espèces, selon que nous prenons les dycotylédones ou les monocoty- lédones. Ces dernières vont en proportion croissante en nombre d'espèces par chaque genre, en allant au nord. Les dycotylédones se comportent d'une manière opposée, et le nombre d'espèces par genre s'accroît du nord au midi , ce qui tendrait à faire rechercher dans les régions Iroides les centres géographiques de plusieurs genres monocotylé- dons. § 3. DE TA DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES DANS I.ES TROIS CONTRÉES. — COMPARAISON DES DIFFÉRENCES D'ORGANISATION AVEC I.A PUIS- SANCE EXPANSIVE. Comme nous aurons a nous occuper par la suite de ces centres de création et des migrations qui en sont parties, il n'est pas sans intérêt de chercher à connaître, dès à présent, la puissance expansive de certaines espèces , et à cet effet nous avons dressé la liste suivante. La première colonne in- dique dans chaque famille le iwmbre des espèces communes au plateau central de la France et au. midi de l'Espagne ; ses chiffres sont donc l'expression de la tendance des espèces vers le sud. La seconde colonne exprime le nombre des es- pèces qui vivent à la fois sur le plateau central et dans la Laponie; ce nombre représente la tendance des espèces 294 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. vers le nord. Enfin la troisième colonne renferme le chiflre des espèces communes aux trois contrées, de celles qui ont une assez grande tendance à la diffusion pour aller d'une extrémité de l'Europe à l'autre. Liste des familles naturelles qui ont des représentants spon~ tanés dans le royaume de Grenade, sur le plateau central et dans la Laponie. Nombre des espèces communes à ces Irais contrées , en les comparant deux à deux ou en les prenant toutes trois à la fois. I. THALAMIFLORES. Renonculacées. . . . Berbéridées Papavéracées Nymphéacées Fumariacées Crucifères Capparidées Cistinées Violariées Résédacées Droséracées Polygalées Frankéniacées. . . . Silénées Alsinées Linées Elatinées. . Malvacées rlat. central et roy. deGren. 18 0 5 0 3 40 0 9 5 3 1 1 0 13 13 5 0 5 Plat, central Communes et Laponie. aux 5 contrées. 17 0 1 2 1 15 0 0 6 0 2 1 Q 6 12 1 1 0 2 0 0 0 1 7 0 0 3 0 1 0 0 2 8 0 0 0 DIFFUSION GFOGKAPIllQUE DES ESPÈCES. 295 Tiliacécs... . ITypéricinées. Acérinées. . . Ampélidées . Géraniacées. Balsamiiiées. Oxalidées. . . Méliacées. . . Hespéridées . Zygophyllées, Rutacées . . . Coriariées. . . Plat, ccnlial Tlal. central Communes cl roy. (le Gren. et Laponic. aux 3 contrées. 0 3 1 1 9 0 1 0 0 1 1 1 139 IL CALICIFLORES. Célastrinées 0 Rhamnées 2 Térébinthacées. ... 1 Légumineuses 65 Amygdalées 2 Rosacées 11 Sanguisorbées 2 Pomacées 4 Granatées 1 Onagrariées 7 Haloragées. ...... 2 Hippuridées 0 Callitrichinées 0 Cératophyllées .... 0 0 2 0 0 3 1 2 0 0 0 0 0 73 0 1 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 27 0 0 1 0 0 0 9 6 2 0 12 3 2 â 2 0 0 0 5 4 2 1 1 0 3 0 0 0 296 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Plat, central etroy. deGren. Lythrariées 1 Tamariscinées 0 Myrtacées 0 Cucurbitacées . ... 2 Portulacées 2 Paronychiées 4 Scléranthées 1 Ficoïdes 0 Crassulacées 12 Grossulariées 0 Saxifragées 2 Ombellifères 26 Araliacées. . . . ^ . . 1 Caprifoliacées 6 Loranthacées 0 Rubiacées 14- Valérianées 3 Dipsacées 5 Coryrabifères 34 Cynarocéphales .... 18 Chicoracées 31 Ambrosiacées 2 Lobéliacées 0 Campanulacées,. . . 5 Vacciniées 1 Ericinées 5 Pyrolacées 0 Monotropées 0 Total 272 110 35 Plat, central Communes etLaponie. aux 3 contrées. 0 0 0 0 0 0 0 0 1 l 0 0 0 0 0 0 3 3 0 0 3 1 6 1 1 0 1 0 0 0 4 1 1 0 2 1 18 4 3 0 16 3 0 0 0 0 2 1 4 1 3 2 3 0 0 0 DIFFUSION GÉOGIIAPHIQUE DES ESPÈCES. 297 m. COUOLLIFLOllES. Plat, central et roy. de Gren. Aquifoliacées 1 Oléacécs 2 Jasmiiiées 1 Apocynéeset asclép. 1 Gentianées 5 Polemoniacées. ... 0 Convolvulacées. ... 4 Boraginées 13 Solanées 4 Verbascées 3 Antirrhinées 12 Orobanchées 3 Rhinanthacées .... 4 Per sonnées réunies. 0 Labiées 32 Acanthacées 0 Verbenacées 1 Lentibulariées 0 Pfimulacées 7 Globulariées 0 Plumbaginées 1 Plantaginées 6 Plat, central Communes etLaponie. aux 3 contrées. 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 1 0 0 0 8 3 0 0 1 0 7 1 0 0 7 1 0 0 10 3 0 0 0 0 2 0 2 0 0 0 0 0 5 2 Totaux .... 100 45 10 IV. MONOCHLAMYDÉES. Amaranthacées. ... 3 Chéiiopodées ..... 9 298 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES Plat, central el roy. de Gren. Polygonées 10 Laurinées 0 Thymélées 3 Santalacées 1 Eléagnées 0 Aristolochiées 1 Cytinées 0 Empêtrées 0 Euphorbiacées. ... 9 Urticées 7 Cupulifères 3 Salicinées 5 Bétulinées 0 Miricées 0 Conifères 4 Totaux. ... 55 29 10 V. MOXOCOTVLÉDONES. Plat, central Communes elLaponie. aux 5 contrées. 9 4 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 2 2 1 0 9 1 1 0 0 0 2 1 Hydrocharidées . . . 0 0 0 Alismacées 2 1 1 Butomées 0 0 0 Juncaginées 0 3 0 Potamées 2 5 2 Lemnacées 0 1 0 Typhacées 0 0 0 Palmiers 0 0 0 Aroidées 1 0 0 Orchidées 10 11 2 Iridées 3 0 0 DIFFUSION GÉOGUAl'IIIQUE DES ESPÈCES. 299 Plat, rentrai Plat, central Communes et I oy. (le Gren. et Laponie. aux 3 contrées. Amaryllidées 0 0 0 Dioscorées 1 0 0 Asparaginées 5 4 0 Liliacées 9 1 0 Colchicacées 0 1 0 Commélinécs 1 0 0 Juncées 10 14 5 Cypéracées 18 32 3 Graminées 64 30 14 Totaux 126 103 27 VI. MONOCOTYLÉDONES CRYPTOGAMES. Equisétacées 1 5 1 Marsiléacées 0 1 0 Lycopodiacées. ... 0 4 0 Fougères 17 14 7 Characées 1 1 0 FoTAUx des dycotyléd. — des monocotyl. 19 566 145 25 FoTAux généraux. .. . 711 257 128 385 8 90 35 127 Il est bien vrai que cette diffusion de certaines espèces 5ur un si grand espace , est due en grande partie à des montagnes élevées qui existent à l'extrémité méridionale de l'Europe , et que les espèces qui peuvent se retrouver à l'aussi grandes distances , sont des plantes du nord qui re- 300 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. trouvent plus au sud les conditions d'un climat analogue à celui de leur patrie. Cependant en donnant des listes des plantes de la Laponie , nous avons vu que bon nombre d'en- tre elles ne quittaient pas les contrées boréales , qu'elles y restaient confinées , et que les espèces à constitution robuste et flexible à la fois , pouvaient seules parcourir les hautes montagnes du centre de l'Europe ; la comparaison que nous venons de faire nous permettra donc de tirer quelques con- séquences relatives à la tendance à la diffusion que présentent nos espèces. Nous avons adopté pour le plateau central le chiffre de 1,882 , comme celui qui représente à peu près exactement notre flore. Sur ce nombre, 711 se retrouvent dans le royaume de Grenade , et 385 en Laponie ; 127 seulement sont communes à la fois au centre et à ces deux extrémités de l'Europe. Les plantes qui s'expatrient vers le midi sont donc à notre total dans le rapport de 1 : 2,64, celles qui s'étendent vers l'extrémité nord de l'Europe sont comme 1 : 4,9 et celles qui ont assez de puissance expansive pour atteindre à la fois et le midi de l'Espagne et le nord de la Scandinavie, sont seulement dans la proportion de 1 : 15. Il y a, comme on le voit, décroissance rapide de l'exten- sion vers le nord. Toutefois les proportions cessent d'être les mêmes quand on compare séparément les monocotylédones et les dycotylédones. Sur 1,460 dycotylédones qui habitent le plateau central, 566 atteignent le royaume de Grenade, rapport 1 : 2,60, un peu plus grand que pour l'ensemble. 257 arrivent en Laponie ou en viennent, rapport 1 : 5,68 , plus petit que pour l'ensemble ; enfin les espèces dycotylédones qui sont communesaux trois contrées, sont dans le rapport de 1 : 15,9 DIFFUSION GÉOGRAPinoUE DES ESPÈCES. 301 qui diffère à peine de celui <|ui est donné pjir les deux grandes divisions réunies. Si nous prenons les monoeolylédoncs , voici les propor- tions que nous obtenons : 422 monocotylédones ont été re- cueillies sur le plateau central ; 145 se trouvent dans le royaume de Grenade, rapport 1 : 2,91; un peu plus petit que pour rensemblc ; 128 se rencontrent en Laponie , rap- port 1 : 3,29, plus grand que dans les comparaisons précé- dentes , et enfin 92 sont communes aux trois régions, rap- port 1 : 4,58, infiniment supérieur aux autres, et (jui nous indique de la part des monocotylédones une tendance à la diflusion bien plus grande que dans les dycotylédones. Ce fait était aussi facile à prévoir, car ces espèces généralement plus septentrionales peuvent retrouver dans le midi des com- pensations dues à l'altitude , tandis que les espèces méridio- nales n'ont dans le nord aucun moyen de rencontrer la tem- pérature du climat qu'elles abandonnent. Mais indépendamment de cette cause due au climat, on a reconnu que les monocotylédones, et nous le verrons encore par la suite, ont une puissance d'expansion géographique plus grande que les dycotylédones. Ce résultat qui ressort de la comparaison de nos trois régions européennes , se soutient dans les pays les plus éloignés. Sur 45 espèces que M, R. Brown regarde comme appar- tenant en commun à l'Europe et à la Nouvelle-Hollande , il y en a près de moitié qui appartiennent aux monocotylé- dones, et si on compare la proportion de ces plantes vaga- bondes à l'ensemble des monocotylédones et des dycotylé- dones connues , on trouve les rapports 1 : 28 pour les mo- nocotylédones, et 1 : 193 pour les dycotylédones. La même règle se confirme encore si l'on compare les productions de la zone torride dans l'ancien et dans le nou- 302 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. veau monde, M. de Humboldt cite les espèces suivantes comme se trouvant sur les deux continents. Parmi les Cypé- racées : Cyperus mucronatus , C. compressus , C. Ihjdra. Scir- piis capitatus, S. acicularis, S. triqueler. Fuirena umbel- lala. AhUdgardia monostachya. Fimbristilis dichotoina. HypœUptum argenteum. Parmi les graminées : Paniciim myiirus. Setaria glauca. Poa megaslachya, P. Eragroslis. Lappago racemosa. Fes- luca myia^m. Microchloa setacea. Andropogon Allionii. A. avenaceus. Dactyloclenium œgyptiacum. Lesjoncées sont à peine représentées sous la zone torride , mais si on remarque, dit M. de Humboldt , que le nombre des cypéracées équinoxiales américaines est seulement de 68 , on sera étonné que 10 d'entr'elles ou le septième soient communes aux deux continents. En ajoutant aux espèces que nous avons citées un petit nombre d'aroidées et quelques potamées , on aura le tableau à peu près complet des espè- ces identiques. Parmi les monocotylédones cryptogames, M. de Hum- boldt ne cite avec certitude que le Marsilea quadrifolia et le Salvinia natans qui croissent simultanément sous la zone torride dans les deux continents. Les dycotylédones au contraire sont très-distinctes dans les deux mondes. M. de Humboldt n'indique que quelques arbris- seaux maritimes comme le Rizophora Mangle, VAvicennia tomentosa qui appartiennent à la fois aux deux continents ; toutes les autres sont différentes, en séparant toutefois quel- ques plantes colonisées , comme le Planlago major , le Verbena officinalis , le Centhranlhus ruber , etc. On ren- contre cependant dans les hautes montagnes des Andes une végétation qui rappelle en partie celle de l'Europe. On y DIFFUSION GÉOGRAPniOUE DES ESPÈCES. 303 voit (les Alchemilla, Valeriana , liosa, Pianlmio, SloUa- ria, Arcnaria, Daucus, Eringium, Ranunculm, Mespilus, Taxus et Quercus ; mais les espèces dilTèrent, non-seule- ment de celles qui sont européennes ou sibériennes , mais encore de celles qui, sur le môme continent, habitent le Ca- nada ou la Pensylvanie. La dispersion et l'expansion des plantes monocotylédones seraient donc soumises à des lois différentes de celles qui régissent la dispersion des dycotylé- dones. Reprenons maintenant la grande classe des dycotylédo- nes, et partageons-la d'après l'étude des insertions des éta- mines et de la corolle en quatre divisions généralement admises aujourd'hui. Nous avons le tableau suivant : Niimlire tolsl Communes au plat . central Communes au (ilal. rouirai Communes sur le plateau central. et au roj. de Grenaile. et a la Laponie. aui ^ eontrecs. Thalamiflores. 333 139 73 27 Calicillores. . . 710 272 110 35 Corollillores. . 275 100 45 10 Monochlam... 142 55 29 10 Voici les rapports obtenus en comparant au total des es- pèces de chacune de ces divisions sur le plateau central de la France , le nombre des espèces communes à l'une ou à l'au- tre des deux extrémités de l'Europe. Les thalamiflores du plateau central qui se trouvent aussi dans le royaume de Grenade, sont au total des thalamiflores dans le rapport de 1 : 2,47 Celles qui atteignent la Laponie 1 : 4,56 Celles qui sont communes aux trois contrées. 1 : 12,3 Les caliciflores du plateau central qui se trouvent aussi dans le royaume de Grenade , sont au total des caHciflores dans le rapport de 1 : 2,60 304 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Celles qui atteignent la Laponie 1 : 6,45 Celles qui sont communes aux trois contrées. 1 : 20,2 Les corollillores du plateau central qui se trouvent aussi dans le midi de l'Espagne, sont au total des corolliflores dans le rapport de 1 : 2,75 Celles qui atteignent la Laponie 1 :6,11 Celles qui sont communes aux trois contrées. 1 : 27,5 Les monochlamydées du plateau central qui se trouvent aussi dans le royaume de Grenade sont nu total des mono- chlamydées dans le rapport de 1 : 2,54 Celles qui atteignent la Laponie 1 : 4,9 Celles qui sont communes au trois contrées. 1 : 14,2 Ces chiffres nous montrent une plus grande tendance à la diffusion vers le nord dans les thalamiflores et dans les monochlamydées, que dans les caliciflores et les corolliflores, et si nous prenions pour un signe de perfectibilité la limita- tion plus restreinte des espèces et leur localisation , si nous suivions la direction vers laquelle nous portent les études paléontologiques, et qui nous fait considérer l'extension des espèces comme d'autant plus grande , que ces espèces ap- partiennent à des terrains plus anciens , nous placerions ces grandes divisions des dycotvlédones dans l'ordre suivant : corolliflores , caliciflores et thalamiflores , ordre précisé- ment inverse de celui qui est le plus généralement adopté. Nous pourrions étendre beaucoup plus loin nos recherches sur la végétation de ces trois contrées , et nos comparaisons entre les espèces qui en constituent les flores , mais nous aurons dans le cours de cet ouvrage l'occasion fréquente de revenir sur les analogies et sur les différences de ces végéta- tions particulières. Nous terminerons par une seule observation. Dans les rapports que nous venons d'établir , nous avons comparé nos DU SOL. 305 trois contrées tout cntif^reson réunissant les régions diverses qui les composent , et malf^ré cela , nous avons obtenu des résultats nets et tranchés. On comprend facilement que ces résultats eussent été dégagés de l'ensemble d'une manière bien plus nette encore , si nous avions éliminé du midi de l'Espagne les régions alpine et nivale de M. lioissier, et du plateau central , notre région montagneuse. Les comparai- sons alors seraient restées le fait seul de la latitude, sans que les différences d'altitude aient pu intervenir comme compen- sations. CHAPITRE XXIII. DU SOL DANS SES RAPPORTS AVEC l'eAU ET DE LA VÉGÉTATION AQUATIQUE. § 1. DU SOI. DANS SES HAFPOBTS AVEC I.'EAU. L'eau a une si grande importance dans toutes les ques- tions de géographie botanique , que nous avons dû lui con- sacrer un chapitre spécial , quoique déjà , dans nos généra- lités, nous ayons étudié en détail son influence sur la diffu- sion des espèces. La constitution géologique du sol peut apporter de grandes modifications à l'état hygroscopique des terrains. Les parties qui ne se disgrègent pas restent presque toujours complète- ment imperméables. Ainsi , les causses formées de calcaire jurassique compacte , sont fendillées de telle manière , que l'eau pénètre immédiatement dans les fractures et descend II 20 306 DU SOL. jusqu'à ce que, arrêtée par une couche impénétrable, elle la suive et vienne sortir au jour à une distance plus ou moins grande du point où elle a été engouffrée. Il résulte de l'im- perméabilité de la roche elle-même et de la facilité d'écou- lement qu'elle présente au liquide , une sécheresse presque constante, qui éloigne certaines espèces de végétaux , et qui favorise beaucoup le développement des autres. Les granits sont bien aussi imperméables que les cal- caires jurassiques, mais ils se décomposent avec facilité, et les interstices des grandes masses sont remplies par un sol graveleux ou sablonneux, qui peut également absorber l'eau, mais qui la retient souvent , parce que les fentes de la roche s'arrêtent à une petite profondeur. Les porphyres sont le plus ordinairement compactes et ne se décomposent pas ; ils ne s'imbibent pas et ne laissent pas infiltrer l'eau ; ils sont lavés sans être imprégnés. Les basaltes se comportent généralement comme les cal- caires jurassiques ; ce sont des masses imperméables en elles-mêmes , mais divisées par un grand nombre de fentes souvent parallèles , à travers lesquelles le liquide s'écoule très-facilement. Aussi voit-on toujours sur le bord des pla- teaux basaltiques, comme à l'extrémité des courants de lave, ainsi que dans les profondes cassures des causses, des sour- ces abondantes, dont les eaux pures longtemps prisonniè- res, s'échappent à grands flots. Les sables, les graviers , les cendres, les scories et les pouzzolanes volcaniques constituent des terrains poreux , dans lesquels l'eau s'infiltre aussi sans obstacles , et qui l'abandonnent dès qu'ils l'ont reçue, après en avoir été complètement saturés. Mais comme les ex^trêmes se touchent, quand la disgréga- tion du sol atteint ses dernières limites, lorsque les particules des roches primitives ou secondaires se transforment en SES RAPPORTS AVEC i/eAU. 307 marnes et en argiles, l'impcrménhililé reparaît avec d'autres caractères, c'est-à-dire (jue l'eau est lentement ahsorhée, fortement reterme , et le sol se rapproche alors des terrains compactes que nous avons cités en premier lieu. L'état physique du sol , le mode d'aggrégation qui réunit ses parties, présente donc à l'eau de grandes différences de capacité, et cet état variable d'aggrégation doit déterminer des conditions particulières pour l'extension des racines , comme il en offre de différentes dans la quantité d'eau que ces organes peuvent y puiser. Nous voyons ici que l'action exercée par l'état physique du sol sur la végétation est due en grande partie à la manière dont il conserve ou dont il absorbe les eaux d'arrosement. Nous avons déjà reconnu que, par suite de la faculté que pos- sède le sol de retenir l'eau plus ou moins fortement ou de l'a- bandonner facilement aux rayons solaires qui la transforment en vapeurs, il pouvait y avoir, entre des terrains de compacité inégale , de grandes différences de température. M. Thurmann , par des considérations très-intéressantes dont nous n'avons pas à nous occuper ici , divise toutes les plantes, relativement à leur préférence pour les sols humides ou les sols secs, en deux séries : les hygrophyles , qui aiment l'eau; les xerophyles, qui recherchent les terrains secs. Les hygrophyles renferment toutes les plantes aquatiques et la plupart des espèces terrestres citées dans nos listes de plantes des terrains siliceux ou des terrains sablonneux et gra- veleux, et une grande partie de celles du sol détritique. Les xerophyles contiennent particulièrement nos espèces des terrains calcaires et celles des sols rocheux. Nous ne donnerons pas de listes particulières de ces deux catégories d'espèces, car, s'il est facile de distinguer les ex- 308 DU SOL. trômes , il est plus facile encore de confondre les intermé- diaires. Déjà nous avons reconnu que les plantes aquatiques avaient une aire d'extension plus grande que les autres es- pèces, mais en poursuivant cet examen sur les végétaux xé- rophyles, nous arrivons aussi à reconnaître, comme M. Thur- mann , que les plantes qui peuvent le mieux caractériser le climat sont celles qui sont le plus indépendantes du sol , et par conséquent celles qui affectionnent les stations sèches. Ce résultat pouvait être prévu, car dès que plusieurs causes déterminent la station , si quelques-unes de ces causes sont éliminées , celles qui restent efficaces augmentent certaine- ment d'intensité. C'est uniquement à la présence et à la permanence de l'eau dans des terrains spongieux ou fortement divisés qu'il faut attribuer ces associations de végétaux qui s'étendent sur de si grands espaces dans les régions polaires et môme à des latitudes beaucoup moins élevées. M. Lesquereux , qui a publié des mémoires d'un grand intérêt sur la formation de la tourbe et sur les plantes qui lui donnent naissance , divise les tourbières en deux séries. Les unes sont submergées et les autres émergées , c'est-à- dire que , dans les unes , les plantes vivent dans l'eau môme , tandis que dans les autres elles végètent en touffes placées au-dessus de la surface du liquide. En parlant de la région aquatique , nous avons indiqué les différences et donné les tableaux de ces associations. M. Lesquereux fait remarquer que les plantes monocoty- lédones sont dominantes dans les deux sortes de marais , et à peu près les mêmes dans chacune des stations , mais que les dycotylédones y sont très-différentes. Les mêmes obser- vations s'appliquent à nos tourbières , comme à celles de SES RAPPOUTS AVEC l'eAU. 309 toute l'Europe , de l'Asie et de l'Amérique du Nord. C'est parmi ces plantes aquatiques que se retrouve encore cette monotonie des anciens temps géologiques, qui indiquait alors l'uniformité des conditions d'existence pour les plantes qui ornaient déjà la terre. M. Lesquercux a suivi avec beaucoup de soin , dans le nord de l'Europe , la formation de ces couches modernes de combustible , formation qui jette un grand jour aussi sur le dépôt des houilles. « Le sol de l'île de Seeland , dit-il , est ondulé et coupé par plusieurs lacs , golfes et bassins comblés par la tourbe. Les dépôts de bois souterrains de ces contrées sont des fo- rêts formées par les mêmes espèces d'arbres, superposées et enfouies sous la tourbe , qui se présente presque partout dans l'alternance de leurs assises. » « Au fond , sur une couche de tourbe de 3 à 4 pieds d'é- paisseur, sont des pins, dont les troncs, parfaitement con- servés , ont 6 à 10 pouces de diamètre , et sont couchés de manière à tourner leurs racines sur les bords du bassin et leurs cimes vers le centre. Au-dessus gît un second banc de tourbe noire , de la même épaisseur que le premier , sur la- quelle est couchée une forêt de bouleaux blancs. Sur les bouleaux on voit 6 pieds d'une tourbe dense, couverte d'une couche moins terreuse, où gisent d'énormes troncs de chêne ayants à 3 pieds de diamètre, et dont le bois est parfaite- ment conservé. Sur les chênes on trouve encore 5 à 6 pieds de tourbe fibreuse et récente , formée par les Sphagniim ; quelquefois même une quatrième forêt , composée de hêtres ou vivants ou couchés , déjà envahis par les mousses tour- beuses. » « Il faut supposer que , dans l'origine, ces bassins tour- beux , qui ne sont jamais d'une grande étendue, étaient de 310 DU SOL. petits lacs, comme on en voit encore dans tout le Seeland ; la végétation s'y est établie à la surface ; une fois la voûte con- solidée, les pins s'y sont semés et y ont vécu jusqu'à ce que leur poids ait amené leur enfoncement. Alors la tourbe a pris un nouvel accroissement , et , lorsque la couche est de- venue plus épaisse , les bouleaux ont fait leur apparition. La tourbe a continué de s'élever pendant leur croissance ; ce qui le prouve , c'est qu'on a trouvé plusieurs troncs de ces arbres empâtés dans la tourbe, et dans une position verticale. Lorsque la surface du marais, arrivée au niveau de la plaine environnante , a commencé à se dessécher, les chênes alors s'y sont semés , ils ont grandi sur ce sol jusqu'à ce que leur poids, produisant une nouvelle dépression, ils aient été ren- versés. L'humidité a reparu à la surface, et dès lors la tourbe s'est élevée par les Spliagnum , et a couvert les squelettes de ces grands végétaux (1). » « La porosité et la capillarité des Spliagnum jouent un grand rôle dans la formation de la tourbe ; les tiges de cette plante s'imbibent d'une très-grande quantité d'eau , ce qui explique comment , dans certaines pentes et dans certaines localités où il y a peu d'eau, mais beaucoup de brouillards , il peut se développer de la tourbe. Cette formation a lieu sur toute espèce de terrains. » « Les plantes qui entrent le plus abondamment dans la constitution des tourbes sont les Spliagnum , particulière- ment le S. cnspidatiim, 35 espèces de mousses, surtout les innombrables formes de Vllypnum fluitans, le Dicranum Scliradcrt , quelques conferves. En fait d'arbres, on y trouve des pins, Pinus Purailio , Haenk., Betula alba, B. pubes- cens, B. nana; des cypéracées, des joncées ; V Eriopîiorum. (1) Bibliolh. univers, de Genève, l. 4-, suppl. , p. 202. SES RAPPORTS AVEC l'eAU. 31 1 vàginatum, qui est le plus »abondant, un grand nombre de carex, etc. » M. Lesquercux a essayé de tracer un exposé géof^raphi- que des marais tourbeux , d'oii it résulte que dans l'hémis- phère nord , la tourbe ne se développe pas au sud du 45° ou 46*^ degré de latitude , et que, dans l'hémisphère sud , elle est très-développée vers le 52*^ degré dans les îles Malouines ; c'est aussi la latitude de l'Irlande. La température la plus favorable au développe.ment de la tourbe est de -f- 6 à -h- 8° centigrades (1). Dans tout le nord de l'Europe , la tourbe est produite en abondance , comme l'indique M. Lesquereux pour l'île de Seeland ; on trouve encore de nos jours des marais où l'on peut suivre, sur des points différents plus ou moins éloignés, les phases séculaires décrites par M. Lesquereux. La vaste forêt des Ardennes m'a offert souvent , dans ses fagnes , le spectacle de ces végétaux arborescents, qui peu à peu s'en- fonçaient , par leur propre poids , dans un sol mouvant et spongieux. Sur le plateau central , ce sont encore les mêmes phéno- mènes quand on atteint la région montagneuse. On y trouve des lacs dont nous avons décrit la curieuse végétation. Plu- sieurs de ces amas d'eau, tels que les lacs de Chambedaze et ceux de l'Aubracse rétrécissent tous les jours, par suite de l'envahissement du tapis végétal , qui tend à couvrir leur surface. Quelques-uns même , comme la narse d'Espinasse, ont disparu sous une couche continue de racines entrelacées et de plantes aquatiques. Ailleurs , comme au lac de l'Esclauze , des îles d'abord (1) Bibliolh. univers, de Genève, t. 6, siippl., p. JS6. 312 DU SOL. ilottantes, et maintenant, pour la plupart fixées, portent des arbres que la tourbe et les Sphaynum envahissent. Une forêt de bouleaux , croissant avec vigueur dans le cratère du grand volcan de Barre, dans la Haute-Loire, prépare la couche de combustible sur laquelle des hêtres déjà pressés sur les bords viendront , par la suite , prendre pos- session à leur tour. L'Islande a aussi ses lacs marécageux , dont la tourbe et les plantes a(|uatiques cachent les bords. Ils sont communs dans la lande de Sœlvemaends, entre Rutefiord et le district de Dale ; mais on ne peut y aborder sans courir des dangers, parce que le sol n'est en partie couvert que d'une croûte de terre très-mince, qui s'y est formée à la longue. Si un homme ou un animal vient à s'y enfoncer, il disparaît sur-le-champ, la croûte se rejoignant aussitôt (1). Ces fondrières , tout à fait semblables à celles du plateau central , sont aussi couvertes de végétaux qui sont souvent les mêmes. C'est ainsi qu'en Islande le trèfle d'eau, Memjan- ihes trifoUala, sert de guide aux voyageurs. Partout où il est abondant , ses racines s'entrelacent dans le sol , et l'on peut hardiment passer sur les lieux où il croît , on ne craint pas d'enfoncer dans la couche molle des terrains qu'il affermit. M. Thurmann est arrivé aux mêmes résultats que nous dans ses observations sur la perméabilité des terrains. « Un des caractères essentiels des sols engéogènes (disgrégés) , dit-il , c'est d'être à la fois plus puissants , plus profonds , plus divisés , plus meubles et plus humides que les dysgéo- gènes (compactes). A tous égards , les sols aquatiques pro- prement dits offrent des caractères tout à fait analogues, et (1) Voyage en Islande . t. "2, p. 52p. SES RAPPORTS AVEC l'eaU. 313 les plantes qui les habitent sont évidemment des hyfçrophyles par excellence (1). » Aussi M. Thurmann remarque-l-il, comme nous, que les monocotylédones et les dicotylédones mouochlamidées se trouvent en proportion bien plus considérable soit dans les eaux soit dans les sols désagrégés , tandis que les autres plantes , probablement |)lus parfaites et de création posté- rieure , les dycotylédones corollillores , calicillores et thala- millores , sont au contraire en plus forte proportion sur les terrains compactes et secs. M. Thurmann poursuit sa comparaison et fait remarquer que si , au lieu de classer les dycotylédones en commenç^'ant par les polypétales , on rapprochait au contraire ces polypé- tales des monochlamydées, et qu'on commençât la série par les monopétales, en classant les plantes dans l'ordre suivant : monocotylédones, dycotylédones monochlamydées , dycoty- lédones thalami flores, dycot. calyciflores, dycot. corolli flo- res, on verrait les espèces hygrophyles ou aquatiques diminuer constamment en nombre , en montant la série de ces classes. On se rappelle que nous avons fait une remarque sem- blable en parlant de la distribution des grandes classes de végétaux relativement à la latitude. Cette seule observation de la tendance plus ou moins marquée de certains groupes pour les sols humides semble indiquer le rang particulier que chacun de ces groupes doit occuper dans une série linéaire. Sous ce rapport , les bota- nistes du nord nous paraissent avoir suivi un ordre plus ra- tionnel, dans l'arrangement des familles, en commençant par les corollillores , telles que les synanthérées , les campanula- cées, etc. (1) Tluirniann, l. 1, p. 297. 314 DU SOL. Ces faits viennent confirmer, d'une manière évidente, cette règle générale : que les êtres vivants aquatiques , à quelque classe qu'ils appartiennent , sont moins parfaits ou d'origine plus ancienne que les êtres terrestres. Les faits géologiques viennent aussi appuyer ces observa- tions ; on voit a{)paraître successivement les monocotylédo- nes y les dycotylédones monochlamydées , puis les polypê- tales et enfin les monopélales arrivent les dernières. Or, si l'on se reporte par la pensée aux anciennes époques géolo- giques, on reconnaît facilement que l'eau était plus abon- dante et surtout plus permanente qu'elle ne l'est aujour- d'hui , et que par cette raison aussi les espèces aquatiques devaient dominer. En effet, l'action des milieux sur les êtres organisés y dé- termine des différences très-notables que nous avons déjà appréciées en nous occupant des modifications de l'espèce. Pour les plantes, ces milieux sont au nombre de trois princi- paux, le sol , l'eau et l'air atmosphérique. C'est dans l'eau que nous rencontrons les animaux les plus volumineux , et si dans certains genres il existe à la fois des espèces terres- tre et des espèces aquatiques , ces dernières sont générale- ment plus volumineuses que les autres. C'est dans les eaux marines que vivent aujourd'hui les plus grandes espèces végétales , ces immenses fucus qui at- teignent jusqu'à 200 mètres de longueur ; et lorsque dans un même genre nous plaçons en parallèle les êtres qui vi- vent dans l'élément liquide , et ceux qui croissent dans l'air, comme les renoncules, les Scirpiis, les Juncus, nous trouvons aussi des dimensions bien plus grandes aux plantes aquati- ques , dont le tissu mou et la continuité de végétation favo- risent singulièrement l'accroissement. Il semble aussi que l'influence de l'eau peut agir sur les SES RAPPORTS AVEC l'eAU. 315 formes. Nous trouvons beaucoup de plantes aquatiques à feuilles cylindriques ou triangulaires. La famille des joncs a l'une de ses sections entièrement aquatique et à feuilles cy- lindriques remplies de moelle ; l'autre, celle des Luzula, a les feuilles planes, et végète loin des eaux sur les pelouses sèches et aérées. Les Scirpus sont certainement les plantes qui ai- ment le plus l'eau dans la famille des cypéracées; leurs tiges sont semblables à celles des joncs. Les Carex ont les leurs triangulaires, et de même que les Scirpus les plus aqua- tiques sont les plus grands ; les Carex qui vivent le pied dans l'eau sont bien plus développés que les espèces égarées sur les pelouses ou disséminées dans les bois. Les [)oils manquent dans les plantes aquatiques , et pa- raissent à profusion sur les espèces qui s'élèvent dans les montagnes et vivent dans les lieux secs et les climats brûlants. Les milieux terrestres opposent plus de résistance au dé- veloppement que l'eau, qui est le terrain meuble par excel- lence ; cependant il est un nombre infini de plantes qui vi- vent sous terre, s'y étendent en immenses réseaux composés comme les cimes des arbres par la soudure de nombreux in- dividus. Ces plantes, à tiges souterraines, plus fréquentes dans les régions froides et tempérées que sous la zone tropicale , élè- vent, à moins d'être parasites, leurs feuilles au-dessus du sol, et viennent aussi, comme les plantes aquatiques, sou- mettre à l'air éclairé des rayons solaires les organes destinés à accomplir leur reproduction. Ces plantes composées peuvent être immenses , surtout si elles se ramifient dans des terrains humectés et perméa- bles , mais cachés à nos yeux , c'est à peine si nous devi- nons l'étendue de ces végétaux agrégés sur l'étude des- quels nous reviendrons plus loin avec détails. 316 DD SOL. Un grand nombre de plantes aquatiques peuvent aussi devenir terrestres , pourvu que le sol conserve assez d'humi- dité. C'est ce que l'on voit souvent sur le bord des étangs et des fossés. Le Ranvnciihis aquatilis, le Marsilea quadri- folia , le Pilularia vulgaris , se développent parfaitement hors de l'eau , et dès lors on voit ces espèces multiplier à l'infini leurs moyens de reproduction. Ces plantes se cou- vrent de fleurs et de fructifications exactement comme les plantes terrestres que l'on prive d'arrosement pendant quel- que temps , et qui s'empressent ensuite de donner leurs fleurs. L'humidité développe les organes de la végétation, leur donne la force ; la sécheresse agit en sens contraire et semble favoriser l'apparition et le nombre des fleurs. Il y a en quelque sorte balancement entre les organes de la vie et ceux de la reproduction. Il en résulte que dans les terrains secs et les plus dépour- vus d'humidité , il y a prédominance des fleurs aux dépens du feuillage, tandis que l'inverse a lieu dans les sols humi- des ou imbibés d'eau. Il est curieux aussi de voir la lumière agir dans le même sens que la sécheresse, et l'ombre pro- duire le même effet que l'humidité. C'est ce que l'on remar- que parfaitement dans les plantes qui croissent à découvert, et sur les hautes montagnes relativement à celles qui végè- tent dans les lieux bas et ombragés. Beaucoup de plantes de montagnes ont des fleurs grandes, colorées, apparentes ; la plupart des espèces aquatiques ont des fleurs verdâtres sans éclat, et un feuillage très-développé. Les débris de l'ancienne végétation des houilles nous mon- trent cette prépondérance des plantes feuillées à une époque cil la terre était pour ainsi dire inondée , et oii les plantes dispersées sur des îlots recevaient de toutes parts l'influence des eaux et de l'humidité de l'atmosphère. SES RAPPORTS AVEC l'eAU. 317 S'il arrive au contraire qu'une esprce terroslre soit acci- dentellement immergée, nous observons immédiatement des phénomènes opposés à ceux que nous venons de décrire pour les plantes aquatiques qui sont abandonnées par les eaux. Les végétaux inondés ne fleurissent j)lus ou fleurissent mal, leurs tiges et leurs rameaux s'allongent, leurs feuilles s'écar- tent et la plante ne se reproduit ordinairement que par gem- mes. On voit fréquemment des exemples de cette stérilité produite par l'immersion. Le Litlorella lacustris reste stérile sous l'eau, et fleurit en abondance sur le bord des étangs ; le Fonlinalis aidipyrclhica et la plupart des mousses cons- tamment submergées restent sans fructification. On rencon- tre aussi des Galium, des Polygonum , et une foule d'autres espèces qui se développent et s'allongent au fond de l'eau. M. Tenore cite un Callha palustris entièrement aquatique qui croît dans les étangs de la Calabre ultérieure, et qui s'é- tend beaucoup sous l'eau; ses feuilles sont presque orbiculai- res et régulièrement dentées, ses rameaux uniflores et rare- ment billores. Déjà Dodoneus avait remarqué cette variété, et Ta môme figurée (Dod. PempL h-, lib. 5, cap. 2i,p. 588, fig. 2). Enfin l'eau peut agir encore , comme nous l'avons dit, par les sels qu'elle tient en dissolution , et aussi par sa chaleur. On rencontre sur le plateau central une verdure presque continuelle sur le bord des fontaines minérales , et nous avons vu des Ranimcidus , des Zanichellia fleurir pendant tout l'hiver sous l'influence de leur température. Près des eaux thermales , si communes et si abondantes en Islande , règne une verdure pour ainsi dire perpétuelle , qui contraste singulièrement avec l'état presque toujours sté- rile ou désolé du pays ; mais à l'époque de la floraison , 318 DU SOL. chose remarquable , ces mêmes plantes ne sont pas plus avancées que celles des plaines et des collines voisines. Elles semblent, les unes et les autres, attendre de la présence seule du soleil la faculté d'étaler leurs pétales et de fructifier (1). L'eau est donc une véritable puissance pour le règne vé- gétal, et si aujourd'hui elle a conservé tant d'importance, elle jouait autrefois un rôle bien plus remarquable encore. Enfin, il était très-intéressant de savoir si l'action du sel sur la végétation spontanée avait une induence géographi- que sur la végétation et sur la dispersion des espèces. Il fallait, pour obtenir un résultat, opérer sur une échelle assez vaste, et dans de bonnes conditions. Nous avons trouvé ces données dans l'ouvrage de M. Moritz Willkom (2). II a étudié , sous ce point de vue , toute l'Espagne, contrée en- tourée d'eaux marines, comme le sont toutes lespéninsules, et il a trouvé que les espèces qui recherchent les terrains salés sont au nombre de 369 , dont 305 dycotylédones et 64 monocotylédones. Il n'y a aucun intérêt à comparer ces chiffres au total de la végétation de l'Espagne , mais à voir si la proportion re- lative des monocotylédones et des dycotylédones est influen- cée par la présence des eaux ou de l'atmosphère maritime. Pour le royaume de Grenade, les dycotylédones sont au total comme 1 : 1,22, et les monocotylédones comme 1 : 5,8» Pour les espèces maritimes de l'Espagne, le rapport des dyco- tylédones au total est de 1 : 1 ,21 , et celui des monocotylé- dones 1 : 5,8> proportions exactement égales, et qui n'in- diquent aucune influence de la part des eaux salines. (1) E. Robert, Voyage en Islande, p. 352. (2) Willkom die slrand-und steppengebiete der iberischen lialbinsel und deren vegelalion. Leipzig, 1852. VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 319 M. Willkom a dressé aussi une liste des espèces qui, sans être exclusivement maritimes ou lialophyles, croissent cepen- dant accidentellement sur le bord de la mer et dans les lieux salés de la péninsule ibérique. Cette série contient 314 espèces, dont 273 dycotylédones et 41 monocotyié- dones, ce qui donne la proportion au total de 1 : 1,15 pour les dycotylédones, etde 1 : 7,65 pour les monocotylédones, ce qui indique pour ces plantes une diminution marquée dans les monocotylédones. § 2. DE LA PROPORTION DE I.A DISPERSION DES VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 11 est très-difficile de séparer nettement les plantes aqua- tiques des plantes terrestres. Si nous donnons à ce titre d'a- quatique toute son extension , nous rentrerons dans la série que nous avons publiée dans un de nos chapitres précédents. Si, au contraire , nous considérons comme telles les espèces qui vivent absolument dans l'eau, le nombre en sera très- restreint. La liste générale que nous avons faite des plantes de notre région aquatique s'élève à 367 espèces ; pour l'é- tablir , nous avons considéré les espèces comme dominées dans leur végétation par l'influence de l'eau, et comme pres- qu'indépendantes du sol et du climat, nous ne pouvons sui- vre les mêmes idées pour former une liste de plantes vérita- blement aquatiques. Nous sommes obligé de la borner aux plantes qui vivent absolument dans l'eau, nageantes ou sub- mergées, qui fleurissent sous l'eau ou qui amènent seulement leurs fleurs à la surface. Nous ne pouvions admettre dans cette catégorie les plan- tes qui sont en partie baignées, mais qui s'élèvent au-des- sus des eaux, car nous n'aurions pu trouver une limite pour 320 DU SOL. nous arriHer. Ainsi les Typha, \es Spargamiim , une partie des Scirpus y les joncs croissent le pied dans l'eau; VIris pseudo-Acorus vit dans les ruisseaux, le Larhrea aquatica pullule au-dessus des eaux vives , les Carex , les saules re- cherchent les lieux humides, mais ne vé^i^ètent pas ordinai- rement dans l'eau. Nous sommes donc forcés de nous arrê- ter à la liste suivante, qui ne renferme que les plantes essen- tiellement aquatiques. Nous avons même retranché de cette hste et des comparaisons que nous établirons par la suite, la famille des characées. Ce sont , il est vrai , des plantes tout à fait aquatiques et entièrement submergées, mais elles ont été négligées ou confondues dans un grand nombre de flores , et leur admission nous conduirait dès lors à de fausses données sur les rapports et la dispersion des végé- taux qui habitent les eaux. Liste des espèces aquatiques qui croissent sur le plateau central de la France. Dycotylédones aquatiques. Ranunculus confusus , R. aquatilis, R. trichophyllus , R. fluitans. Nuphar pumi- lum, N. luteum. Nymphaca alba. Elatine hexandra, E. ma- jor, E. alsinastrum. Isnardia palustris. Trapa natans. My- riophyllum verticillatum , M. spicatum , M. alterniflorum. Hippuris vulgaris. Calhtriche stagnahs, C. platycarpa, C. vernalis, C. autumnalis. Ceratophyllum submersum, C. de- mersum. Hydrocotyle vulgaris. llelosciadium inundatum. Limnanthemum nyniphoïdes. Utricularia vulgaris, U. minor. Hottonia palustris. Polygonum amphibium. MoNocoTYLÉDOJiES. Alisma natans. Potamogeton , na- tans, P. rufescens, P. heterophyllum, P. lucens, P. perfo- liatum, P. crispum , P. densum, P. pusillum , P. monogy- num, P. pectinatum. Zanichellia palustris , Z. pedicellata. VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 321 Lemna trisuica, L. polyrrhiza, L. minor, L. f^nhha. Scirpus lluitans. Glyceria lluilans. Marsilea quadril'olia. Isoetes la- custris. Cette liste n'est pas étendue, elle est réduite à 29 dyco- tyiédoneset à 21 monocotylédones, en tout 50 espèces réel- lement aquatiques. Si maintenant nous prenons quelques llores européennes, que nous recherchions le nombre des plantes aquatiques (nageantes ou submergées), et que nous comparions ce nom- bre au chiffre total de chacune de ces llores, nous obtenons les rapports suivants, en allant du midi vers le nord. Les premiers chiffres indiquent la latitude nord. 36° à 37° Royaume de Grenade. 10 37 à 38. Sicile 42 37 à 42. Portugal 24 44 à 47. Plateau central 50 50 à 56. Allemagne (Koch). . . 85 50 à 58. Angleterre , . . . 54 57 à 58. Hébrides 20 59 Orcades 21 60 à 61. Shetland 12 62 Feroë 14 64 à 66. Islande 22 65 à 70. Laponie 28 71 Mageroë 2 79 à 80. Spitzberg 0 » » Ce tableau nous montre la prédominance des plantes aquatiques dans le milieu de l'Europe, c'est-à-dire du 45® au 65^ degré de latitude , et notamment dans les contrées où il existe des lacs et de nombreux cours d'eau. L'Islande, l'Angleterre, la Laponie, les petits archipels de n 21 1860 : 186 2574 : 61 1522 : 63 1882 : 37 3311 : 39 1382 : 26 317 : 16 358 17 300 25 297 : 21 410 : 20 712 25 192 96 322 LE SOL. la mer du Nord , nous indiquent une forte proportion des espèces aquatiques , proportion qu'elles doivent à leur climat et aussi à leur situation maritime , car plusieurs des plantes qui nous occupent ne se développent que dans les eaux ma- rines, et ont une aire d'extension très-large dans un élément dont la température est bien moins variable que celle de l'air atmosphérique. L'Allemagne et le plateau central de la France commen- cent à se rapprocher des régions méridionales ; la proportion n'est plus que IjSO et lj37. Cette proportion devient bien plus faible en Portugal et en Sicile , malgré la présence de rivages maritimes étendus , et enfin elle s'affaiblit encore à la pointe méridionale de l'Europe, puisqu'elle est réduite à 1|186 dans le royaume de Grenade. Les flores africaines de l'Atlas, de la Nigritie, de l'Abys- sinie, des îles du Cap-Vert, de Madère, offrent à peine quel- ques espèces aquatiques. Le froid produit le môme effet que la chaleur. On ne trouve , dans la flore du Spitzberg et dans celle du Groen- land , aucune plante véritablement aquatique. Vllippuris vidgaris est bien indiqué dans la dernière de ces contrées, mais ce n'est pas encore une plante nageante à la manière des espèces absolument aquatiques. L'île Melville n'a pas non plus de plantes nageantes, et il en est de même de toutes les contrées très-arctiques, où la solidification de l'eau s'oppose à ce qu'elle soit un milieu habitable comme dans les zones tempérées. Dans le tableau suivant, au lieu de comparer, comme nous l'avons fait , l'ensemble des plantes aquatiques au total de chaque flore, nous établissons les rapports entre les monoco- tylédones et les dycotylédones qui habitent les eaux et l'en- semble des espèces de chacune de ces deux grandes classes. VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 323 En voici les résultats : Royaume de Grenade. Dyc. arj. 3 1537 1 : .512 Mon.aq. 7 328 1 : 47 Sicile Dyc. aq. 20 1091 1 : 100 Mon.aq. 22 683 1 : 26 Portugal. . . ." Dyc. aq. 11 1205 1 : 109 Mon.aq. 13 317 1 : 24 Plateau central Dyc. aq. 29 1460 1 : 49 Mon.aq. 21 422 1 : 20 Allemagne Dyc. aq. 39 2559 1 : 66 Mon.aq. 46 752 1 : 16 Angleterre .... Dyc. aq. 23 985 1 : 43 Mon.aq. 31 397 1 : 13 Hébrides Dyc. aq. 12 212 1 : 18 Mon.aq. 8 105 1 : 13 Orcades. Dyc. aq. 7 237 1 : 34 Mon.aq. 14 121 1:9 Shetland Dyc. aq. 6 193 1 : 32 Mon.aq. 6 107 1 : 18 Feroë Dyc. aq. 4 196 1 : 48 Mon.aq. 10 101 1 : 10 Islande.. Dyc. aq. 10 263 1 : 26 Mon.aq. 12 147 1 : 12 Laponie. Dyc. aq. 16 448 1 : 28 Mon.aq. 12 263 1 : 22 Mageroë Dyc. aq. 1 134 1 : 134 Mon.aq. 1 58 1 : 58 Spitzberg » » » Il est facile de voir au premier coup d'œil, par l'examen de ces chiffres, que la proportion des aquatiques monocoty- lédones dépasse presque toujours de plus des deux tiers celle des aquatiques dycotylédones. 324 LE SOL. Comme on ne peut douter que les premières plantes comme les premiers animaux n'aient été des espèces aquatiques, nous aurions déjà, dans le seul fait de la prédominance des mono- cotylédones , un indice de leur antériorité. Les végétaux fos- siles nous donnent les mêmes indications ; presque tous appar- tiennent à la grande division des monocotylédones, et surfout des monocotylédones cryptogames, qui semblent encore avoir précédé les autres. Ce n'est que dans les couches plus ré- centes et plus rapprochées de notre époque que l'on voit paraître les véritables dycotylédones ; elles sont peu nom- breuses et peu variées. C'est à l'époque actuelle seule- ment que ces plantes ont pris un grand développement y et que les formes les plus diversifiées se sont montrées sur la terre. Plusieurs dycotylédones sont aquatiques et ont conservé les habitudes des monocotylédones. Ainsi, dans ces temps reculés de la végétation primitive, les monocotylédones dominaient sur la terre , et n'étaient sans doute pas aussi variées qu'elles le sont aujourd'hui ; mais si leurs espèces étaient moins nombreuses, les individus étaient tellement répandus qu'ils couvraient des espaces immenses , et , de nos jours encore , les plantes aquatiques sont presque toutes des plantes sociales. Elles vivent serrées les unes contre les autres, occupant parfois à elles seules des bassins , des fossés tout entiers , ou cachant par leur nombre le bord des lacs ou le fond des prairies marécageuses. Ces plantes sont répandues sur toute la terre ; leur aire d'extension est en général plus développée, plus étendue que celle des plantes terrestres, et les monocotylédones parais- sent se plier plus facilement aux modifications que leur im- priment les climats et les terrains. Les premiers êtres créés , végétaux et animaux , avaient VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 325 une expansion géographique bien plus éterrdue , puisque les mômes conditions se rencontraient sur de plus grandes sur- faces. L'^au présentait, à d'immenses distances, la même température et les mêmes éléments. Les mollusques, comme les végétaux, se retrouvent identiques sous des latitudes di- verses, quand ils restent plongés dans l'eau, et qu'ils y ont leur station habituelle. Nous ne pouvons douter que les mêmes espèces de plantes aquatiques n'aient été répandues sur une grande partie de la terre. Aujourd'hui encore ce sont les espèces les plus cos- mopolites, et il existe, parmi les monocotylédoaes, un groupe immense, celui des glumacées (composé des graminées, des cypéracées et des joncées) , qui , dans tous les pays , offre la même physionomie, le même aspect, et dont un certain nombre d'espèces sont identiques sur les divers points de la terre. Pour nous , les plantes aquatiques , la plupart monocoty- lédones, ont précédé les plantes terrestres et la grande créa- tion des espèces dycotylédones , que nous regardons comme plus parfaites. De même, dans les mollusques , les bivalves , tous aqua- tiques, et les univalves à branchies, ont devancé les gasté- ropodes terrestres , qui sont les plus parfaits , et qui se rap- pelant , pour la plupart , leur ancienne origine , ne quittent pas le bord des eaux ou ne se montrent que dans les temps de pluie. D'après M. le professeur Goppert, de Breslaw, le nombre des plantes fossiles actuellement connues est de 1792. A moins d'admettre des déterminations très-douteuses et de compter les feuilles, les liges et les fruits d'une même espèce pour autant de plantes différentes, on ne peut guère dépas- ser ce chiffre. Or, sur ce nombre, 819, c'est-à-dire la moitié, 326 LE SOL. appartiennent aux terrains houillers , et représentent une flore presque entièrement monocotylédone et probablement aquatique. Il y avait sans doute, dans le tapis végétal de celte époque reculée, des espèces submergées et nageantes, comme celles dont nous venons de nous occuper ; mais il devait y avoir aussi un grand nombre de végétaux aquatiques émergés, vivant le pied dans l'eau. Ainsi , à mesure que nous reculons dans les temps géolo- giques , nous vovons augmenter la prééminence des plantes aquatiques , et l'inverse a lieu nécessairement quand nous revenons, au contraire, vers l'époque actuelle. Les modifications qui s'opèrent de nos jours, selon M. de Fraas et M. Tburmann , « paraissent avoir lieu encore dans le même sens, car l'aire des végétaux à station humide tend à se réduire , tandis que celle des plantes des lieux secs pa- raît prendre de l'extension (1). Ces faits concordent parfaitement avec tout ce que nous savons sur l'ancien état de notre planète , et notamment avec l'ancienne élévation de température qui nous est dé- montrée par tous les faits de la géologie. Des pluies plus abondantes, une évaporation plus active, des cours d'eau plus étendus , moins de terres émergées , toutes ces condi- tions nous ramènent à une plus grande proportion des es- pèces aquatiques et à un plus grand développement de leurs individus et à leur multiplication excessive. Au point de vue de la dispersion et de la migration , les plantes aquatiques nous conduisent aussi à des résultats inté- ressants. Le plateau central de la France nous a offert 50 es- pèces aquatiques. Voici le nombre des espèces identiques (I) Tluirmaiin . Essai lio i)liylostnli(|uc, l. 1 , p. IfJô. VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 327 à celles du plateau central dans les différentes llores com- parées : Royaume de Grenade. . sur 10 il y a identiq. 6 Sicile 42 — 26 Portugal 24 — 20 Plateau central 50 — » Allemagne 85 — 45 Angleterre 54 — 38 Hébrides 20 — 16 Orcades 21 — 15 Shetland 12 — 10 Feroë 14 — 12 Islande 22 — 18 Laponie 28 — 20 Mageroë 2 — 2 Il y a presque toujours les 3|4 des espèces qui sont iden- tiques aux nôtres dans ces différentes tlores , et au moins la moitié pour les llores les plus différentes de celles du plateau central, résultat qui est loin d'être atteint quand on compare l'ensemble de la végétation et non les seules espèces aqua- tiques. En poursuivant nos recherches à ce même point de vue, mais en séparant les monocotylédones et les dycotylédones, nous avons le tableau ci-dessous. Djcot. Dycot. ident. Monoc. Mon. idenl. Grenade 3 3 7 3 Sicile 20 14 22 12 Portugal 11 11 13 9 Plateau central. . . 29 » 21 » Allemagne 39 26 46 19 Angleterre 23 21 31 17 328 LE SOL. Dycot. Dycot. idenl. Monoc. Mon. ident. Hébrides 12 12 8 4 Orcades 7 7 14 8 Shetland 6 6 6 4 Feroë 4 4 10 8 Islande 10 9 12 9 Laponie 16 13 12 7 Mageroë 1 1 1 1 Il ressort de ce dernier tableau un fait qui paraît en contra- diction avec ce que nous savons de la dispersion plus large des monocotylédones. Ici, au contraire , nous trouvons les dycotylédones aquatiques à peu près identiques dans toute l'Europe , tandis que les monocotylédones aquatiques sont plus variées et se montrent plus différentes dans chacune des flores. Souvent il n'y a dans ces flores que la moitié des es- pèces identiques. Cette anomalie s'explique par l'augmenta- tion croissante des monocotylédones vers le Dord , par l'ap- parition de nouvelles espèces qui n'habitent pas le plateau central , tandis que les dycotylédones aquatiques sont , dans cette grande classe , les espèces qui résistent le plus , qui ont la plus large expansion , et qui figurent encore , tandis que le nombre absolu des dycotylédones va en s'affaibtissant rapidement vers le nord. Les faits cités par M. Lesquereux paraissent aussi en op- position avec nos observations , puisqu'il dit que dans les di- verses espèces de marais , les monocotylédones sont les mêmes et les dycotylédones sont différentes. Il faut noter que M. Lesquereux compare deux stations et non deux con- trées, et ensuite qu'il admet dans ses listes toutes les plantes aquatiques , alors que nous n'employons que celles qui sont nageantes ou submergées. DE i/ai.titude. 329 CHAPITRE XXIV. DE L ALTITUDE ET DES ZONES DE VEGETATION. Si la terre n'offrait aucune espèce d'inégalité et si les continents étaient tous également élevés au-dessus de la surface des eaux, les espèces végétales formeraient sans doute , dans leur arrangement sur le globe , des zones cor- respondantes aux lignes d'égale température ; l'ordre géo- graphique ne serait pas interverti, et les phénomènes de dis- persion ne souffriraient aucune espèce d'exception. 11 n'en est pas ainsi ; le globe terrestre a subi , après sa consohdation extérieure , de violentes commotions, et si de grandes plaines existent encore , à peine soulevées au-des- sus des flots de l'Océan, d'autres portions de la terre ont été élevées , par suite de ces révolutions , bien au-dessus des parties planes qui entourent leur base. Les montagnes res- semblent à des îles au milieu de l'atmosphère, et les plantes sont disposées sur leurs lianes en ceintures superposées, comme elles le sont en zones successives selon la diversité des latitudes. En nous occupant des généralités, nous avons indiqué les inlluences diverses qui agissent dans cette distribution; ici, nous devons rechercher les effets de ces causes, et montrer les espèces placées dans l'ordre d'altitude que la nature a assigné à leur constitution. On est toujours étonné , quand on s'élève dans les mon- tagnes, de la vigueur, du nombre et de la beauté des végé- 330 DE l'altitude. taux que l'on rencontre. Les plantes communes elles-mêmes y prennent un air de santé et de fraîcheur qui contraste avec ces mêmes espèces qui vivent dans les zones inférieures. Chacune d'elles a son point d'élévation oii elle prospère, puis au-dessus elle perd de son éclat , elle se rabougrit et disparaît tout à fait. Le climat opère dans ces heux un triage très-curieux entre les espèces de la plaine et celles qu'une constitution plus robuste défend contre ses rigueurs. Celles- ci sont les seules qui s'élèvent, et le plus ordinairement cette organisation , qui résiste aux longs hivers des montagnes , succomberait aux chaleurs de la plaine. Aussi ces deux vé- gétations sont entièrement diflérentes et se mêlent seule- ment sur leur lisière. Ce qui frappe encore dans les montagnes , c'est la locali- sation de certaines espèces dont l'aire d'extension semble li- mitée ou à quelque sommet ou à un espace circonscrit. Dans les plaines d'une même contrée , un tissu de plantes com- munes s'étend sur les campagnes ; mais , si on s'élève , on voit bientôt quelques espèces plus rares paraître au milieu des autres. Quelques-unes de ces plantes vulgaires s'arrê- tent dans leur ascension, tandis que d'autres, plus flexibles, arrivent jusqu'aux points les plus hauts. Mais , en général, chaque espèce est confinée dans une étroite circonscription, et ne dépasse pas les barrières qui lui ont été posées. L'alti- tude, en un mot, présente généralement les mêmes effets que la latitude, mais tout y est concentré, resserré. On em- brasse d'un coup d'oeil, sur les montagnes, des faits de géo- graphie botanique que l'on retrouve en voyageant sous des cHmats divers, mais dont l'étendue des terrains ne permet pas de saisir l'ensemble. Une courte échelle verticale ras- semble les phénomènes dispersés sur un hémisphère, et réunit tous les climats. Ces faits n'avaient pas échappé à CAUSES DES ÉCARTS. 331 Tournefort. Au pied du mont Anirat , il avait laissé les plantes de l'Arménie; un peu plus haut, il trouvait celles de l'Italie et delà France; au-dessus, celles de la Suède, et enfin celles de la Laponie. § 1. DES ÉCA.RTS EN AI.TITUDE ET DE X.EURS CAUSES. L'écart d'une espèce en altitude, c'est-à-dire le nombre de mètres qui exprime la différence entre le point le plus bas oii on la trouve et sa station la plus élevée, est extrême- ment variable. Il est presque toujours en rapport avec l'ex- pansion géographique dont cette espèce est susceptible. Pour quelques plantes , cet écart peut s'élever à 3,000 mètres. La bruyère commune et le pissenlit ont été ren- contrés sur le bord de la mer et sur le sommet de monta- gnes de 3,000 mètres. Ce sont aussi des végétaux dont l'aire d'extension est immense , et si celle du dernier est infiniment plus grande que l'autre , cela tient sans doute à la conformation de ses graines , qui peuvent être entraî- nées très-loin par les vents , et aussi à cette espèce de do- mesticité qu'il a acquise en suivant l'homme dans toutes ses migrations. La France seule , d'après de CandoUe, possède 500 es- pèces qui s'accommodent également du climat de la plaine et de celui des montagnes. Ainsi on rencontre , depuis les bords de la mer juscju'à la limite des neiges éternelles , les espèces suivantes : Calhma vulgaris, Erica Telralix, Nar- dus stricta, Carex juncifolia, C. pauciflora, Luzula spicata, Juncus articulatus, Fritillaria Meleagris, Orchis pallens, Ju- niperus communis, Hippophae rhamnoides, Daphne Cneo- rum, Polygonum aviculare , Statice Armeria, Pedicularis paluslris , Gentiana nivalis, G.verna, Tussilago farfara, 332 DE l'altitude. Polentilla verna, Anthyllis vulneraria , TrifoUum pra- lense , Lotus cornicidatus , Brassica Cheiranthus , Silène Saxifraga, Helianthemum roseum , Thymus SerpyUum , Myosotis perennis. Nous avons mis en italique , dans cette liste , les espèces qui croissent clans notre circonscription , mais plusieurs d'en- tr'elles ne se trouvent pas indistinctement pour nous dans la plaine et dans la montagne. Nous ne rencontrons que dans les hautes régions : Carex pauciflora, Luzula spicata , Gentiana verna. Nous ne voyons jamais à une très-grande élévation : Erica Telralix , Daphne Cneorum, PoJygonum aviculare, Anthyllis vulneraria. L'écart de 2,000 mètres n'est pas extrêmement rare et annonce même des végétaux qui ont une grande tendance à l'expansion géographique. La plupart des espèces aquati- ques se trouvent dans cette catégorie. Presque indépen- dantes du sol, elles le sont également de l'altitude et se rencontrent partout. Le milieu dans lequel elles vivent mas- que l'iniluence des causes environnantes, et nous retrouvons, pour ces espèces, des aires immenses de dispersion, comme les géologues remarquent, dans l'expansion des mollusques conservés dans les couches terrestres , une uniformité qui s'étendait sur de grandes surfaces. Quant à l'écart de 1,000 mètres , il est peu d'espèces qui ne l'atteignent, malgré son étendue; mais cela tient à des causes toutes particulières , et en général à des causes géographiques , c'est-à-dire que cette différence de station n'a souvent lieu que pour des végétaux de localités différen- tes. Ainsi, une espèce qui descendra à 1,000 mètres dans les Vosges, et qui ne dépassera pas 1,500 mètres dans cette même chaîne de montagnes, atteindra 2,000 mètres dans les Alpes. Telle autre que l'on trouvera presque en plaine CAUSES DES ÉCARTS. ',V.V.\ en Auvergne , montera ;\ 1,500 ou 2,000 mètres dans les Pyrénées. Il est évident que , dans ces exemples , le climat déterminé par la position géogra[)lii(jue, l'exposition, la pré- sence des neiges éternelles , etc. , viennent modifier l'effet pur et simple de l'altitude. Dans un môme lieu, l'écart est rarement aussi grand et la zone d'expansion en altitude est ordinairement plus res- serrée. Il ne faudrait pas cependant exiger des limites pré- cises pour point d'arrêt , surtout dans la partie inférieure ^ 011 les graines , les bulbes et les racines tendent constam- ment à descendre , entraînées par les eaux qui s'écoulent ou par les terres qui s'éboulent. On voit aussi les plantes dé-- passer la limite supérieure, en se glissant dans les fentes des rochers^ en s'abritant dans de petites vallées bien exposées ou dans les creux que laissent les roches accumulées. On ne peut donc admettre que des limites moyennes, sur lesquelles il reste encore un peu d'indécision. Nous avons toutefois des espèces dont les zones sont très-étroites, soit parce que réellement elles affectionnent une station très-rétrécie , soit parce que , ne trouvant leurs conditions d'existence que très- près des sommets, l'élévation de ceux-ci leur manque pour continuer leur ascension. Les travaux de M. de Humboldt et de de Candolle sur la géographie botanique ont nettement démontré que le degré de rareté de l'air atmosphérique , quand on le considère , abstraction faite du climat, de l'exposition, etc., n'a pas d'action directe sur la station des plantes en altitude. M. de Humboldt a reconnu depuis longtemps que les limites d'altitude des végétaux ont d'autant plus de précision qu'on approche davantage de l'équateur. En effet , comme c'est principalement la température et non la densité de l'air qui détermine la station sur un plan progressivement '334 DE l'altitude. élevé, la température constante et la régularité des influen- ces météorologiques que l'on observe sous l'équateur, doi- vent exercer leur action sur ces espèces, d'une manière plus rigoureuse que sous d'autres climats. Quand la latitude est faible, l'altitude prend de l'importance. On sait que près des pôles et dans les parties froides des deux hémisphères, l'aire d'extension des espèces est extrêmement grande , et que , pouvant supporter des températures très-froides , on voit indistinctement plusieurs d'entr'elles sur le bord de la mer et sur les sommets élevés de ces contrées. Il y avait donc quelque intérêt à rechercher l'influence de l'élévation sous la latitude de 44 à 45 degrés, qui est presque exactement intermédiaire entre le pôle et l'é- quateur. Sous l'équateur, où les conditions de climat sont sensi- blement égales et ne changent jamais , chaque espèce a sa zone, dont elle ne s'écarte pas, et l'on ne voit pas une plante de la plaine s'aventurer dans les montagnes. Mais dans nos régions tempérées, comme dans celles du nord , où la tem- pérature éprouve de nombreuses fluctuations par la succes- sion des saisons, nn grand nombre d'espèces deviennent presque indifférentes à l'altitude. La présence de l'eau est encore une des causes qui dé- rangent la régularité des zones d'altitude chaque fois que la nature du terrain lui permet de s'imbiber ; plus les terrains peuvent être mouillés , plus ils sont sablonneux, moins sont déterminées les limites d'extension en altitude , et sous ce rapport , la constitution physique du sol , qui n'est , pour ainsi dire, autre chose que l'expression de sa porosité, joue un rôle très-important. Il y a cependant des espèces qui tiennent d'une manière rigoureuse à la hauteur absolue ; M. Thurmann cite , parmi CAUSES DES ÉCARTS. 335 les espèces aquatiques, VJIydrocharis morsus ranœ, (jui ne; paraît jamais dans les montagnes, et V Eriophorum alpinum, qui ne suit jamais le sol mouillé dans les plaines. Les zones d'altitude sont encore modifiées par l'influence de l'eau solidifiée. De grands fleuves glacés remplissent quelquefois les vallées des montagnes , et les plantes habi- tuées à vivre près des neiges éternelles descendent avec eux dans des régions plus tempérées. Elles habitent l'atmosphère glacée qui les entoure. Ainsi , un tapis de fleurs marque aux mers de glace un rivage qu'elles ne peuvent franchir. Enfin , l'accidentation du sol est aussi la cause de nom- breux écarts ; elle favorise , en général , la présence des espèces montagneuses et alpestres. « Il en résulte , dit M. Thurmann , que dans ces sortes de cas elles descendent souvent bien au-dessous de leurs niveaux habituels. Les ra- vins qui déchirent les flancs d'une chaîne, les gorges rocheu- ses qui les traversent, les cirques qui en accidentent l'inté- rieur, les profondes et étroites vallées d'érosion (jui les di- visent , échappent presque entièrement aux modifications apportées, souvent jusque sur les sommités , par la culture, l'habitation, les aménagements forestiers et la pAlure. En outre , ces sortes de locaHtés à reliefs brusques ou à faces multipliées réunissent des expositions et des stations très- diverses : ici apriques , exposées ou battues par les vents , à la manière des régions supérieures : là occupées par de lon- gues npiges protectrices des végétaux alpestres. En troisième lieu , elles traversent le plus souvent des chaînes atteignant des niveaux assez élevés et nourrissant elles-mêmes des es- pèces subalpines qui forment un centre de dispersion et de renouvellement le long et au pied des abruptes qu'elles do- minent. En outre , elles sont le plus souvent arrosées de 336 DES ZONES DE VÉGÉTATION. nombreuses sources ou filets d'eau apportant, des régions supérieures d'où elles descendent , une température plus froide que cela n'aurait lieu s'ils se développaient aux alti-^ tudes où ils viennent sourdre (1). » Il n'est aucun pays de montagnes où l'on ne puisse re- marquer les faits signalés par le savant observateur que nous venons de citer. Nos terrains volcaniques, brisés et disloqués par de violentes commotions, nous en montrent de fréquents exemples dans les groupes du mont Dore, du Cantal et du Mezenc. § 2. DES ZONES DE VÉGÉTATION ET DE I.EUR OBDRE DE SUPERPOSITION. On ne doit accepter les limites des zones d'altitude que comme des moyennes autour desquelles oscillent encore de nombreux écarts ; mais elles n'en sont pas moins tranchées sur toutes les montagnes , et nous offrent à la fois des règles générales dont nous allons essayer de saisir l'ensemble , des exceptions et des anomalies dont nous tâcherons de recon- naître les détails. En profitant des immenses matériaux recueillis par M. de Humboldt dans ses recherches sur les chaînes de montagnes et sur la climatologie comparée , nous pouvons offrir ici le tableau de la limite inférieure des neiges éternelles , limite qui a une si grande influence sur la distribution des végé- taux. Voici l'indication de cette ligne partout où elle a été ob- servée, en partant du pôle nord et en se dirigeant vers l'ex- trémité opposée de la terre , et exprimée en mètres : (1) Thurmann, Essai de phytostalique, l. l , p. 175. OUKUF, DE SUPIÎIU'OSITION. 337 Latitude N. 71'*, 15'. Tahvig ;\ JVIagcroë, côlos de Lapo- nle . : 720 — 70". Luica ctSiiIilelma, dans l'inté- rieur de la Laj)onie 1072 — 67° à 67«, 1 5', à Foigesonden , Snë- hattan, dans le Dooreficld 12C6 — G0"à02MansrintéricurdelaNor\vège lôGO — Clî" à 05" montagnes de l'Islande. . O.'ÎO — 60", 55' cliaîne d'Aldan, en Sibérie. 1.36i — 59",40' Oural septentrional . . 1-560 — 56", 40' Kamtchatka , volcan de Che- vreluch 1600 53", 44' Ounalaska , une des îles Aléouticnnes 1070 — 49", 15' à 51« chaîne de l'Altaï 2144 — 49" Garpathes, à 2600, sans neiges. — 45" à 46" Alpes 2708 ■ — 43°,2r Elbrouz, sommet du Caucase 3235 — 42", 30' à 43" Pyrénées 2728 — 39",42' Ararat 4318 — 38",33' mont Argée, Asie-Mineure. 3262 — 37", 30' montagne de Bolor, vers les sources de l'Oxus, en Perse 5185 — 37",30'Etna 2905 — 37", 10' Sierra-Nevada, leur sommet (sans neige) 3700 — 31" Himalaya, pente septentrionale. 5067 — 30", 45' Himalaya, pente méridion. . 3956 — 19" à 19",15' Mexique 4500 — 13",10' Abyssinie 4287 — 8", 5' Sierra-Nevada-de-Merida, Amé- rique méridionale 4550 II 22 338 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Latitude N. 4°, 46' volcan de Tolima , Amérique méridionale 4670 — 2°, 18' volcan de Puraré , Amérique méridionale 4688 Equateur. Quito 4824 Latitude S. 0" à 1°,30' Andes de Quito 4814 — 14%30' à 18'' Chili, Cordillière orien- tale 4853 — Chili, Cordillière occidentale 5646 — 33° Chili , Portillo et volcan de Peu- quesnes 4483 — 41° à 44« Chili , Andes du littoral . . 1 832 — 53» à 54° détroit de Magellan 1 130 Ce tableau nous montre de grandes inégalités dans la li- mite inférieure des neiges. Si leur élévation était en rapport avec la latitude , nous devrions obtenir une hauteur tou- jours croissante en allant du pôle à l'équateur, mais il s'en faut que cette lisière glacée suive un ordre régulier dans son relèvement successif. Lorsqu'on applique à cette zone de neige les températures moyennes des années ou celles des étés, comme l'a fait M. de Humboldt , on n'arrive pas non plus à des résultats réguliers. Il faut donc chercher ailleurs que dans les conditions de température les inégalités que nous présente ce phénomène. C'est ainsi que nous voyons, sous l'équateur môme , les neiges descendre jusqu'à 4824 mètres, tandis qu'au Chili , par 14° à 18° de latitude sud , elles se tiennent à 4853 sur la Cordillière orientale , et re- montent à 5646 sur le versant occidental. Dans la grande chaîne de l'Himalaya , celte limite monte , du côté de l'Inde , à 3956 mètres , et du côté du Thibet , ou sur le versant septentrional , à 5067. Ainsi , malgré la latitude de 30° à 31°, des pAturages existent encore à une éleva- OIIDUF, PE SIIPEIU'OSITION. 339 lion où , sous 1 oqualeur nirmo , il n'y a plus de tniros de végétation. Un fait analogue se montre sur deuv rliaînes européennes situées à peu près, et Ton pourrait dire presque exactement, sous la même latitude de 42" N., le Gaueasc et les Pyrénées. Dans ees dernières, les neiges descendent plus bas que ne l'indique le calcul basé sur la position géograplii{|ue. Dans le Caucase , elles se tiennent au-dessus. L'écart entre les deux cbaînes va jusqu'à 640 mètres. Un écart bien plus considérable encore nous est indiqué par le tableau pour la chaîne du Bolor et l'Etna , tous deux situés par 37<',30' de latitude nord, et où la différence est de 2180 mètres. Les Carpathes , qui s'élèvent cependant jusqu'à 2600 mètres sous la latitude de 49®, échappent aux neiges éternelles. Mais si nous comparons des points situés sur des côtes, dans des îles ou dans l'intérieur des continents, nous remarquerons encore de plus grandes anomalies. Dans l'intérieur de la Norwège, la ligne des neiges se relève à 1560 mètres par 60" à 62"; tandis qu'en Islande, par 63° à 65", elle s'abaisse à 860. M. de Ilumboldt fait remarquer le contraste de la li- mite des neiges perpétuelles aux deux côtes opposées de la mer de Behring; les neiges d'Ounalaska montent à 1070 mètres , tandis que celles du volcan de Chevreluch, au Kamt- chatka se relèvent à 1600. Les oppositions sont peut-être plus grandes encore quand on compare des limites dans les deux hémisphères. On a , il est vrai , peu de mesures précises pour les montagnes des terres australes. Nous avons cité celles du Chili , où la neige se tient plus haut , à latitude égale , que sous l'équateur même et sous les basses latitudes de l'hémisphère nord ; mais quand on approche du pôle sud , les différences sont inverses, et la neige arrive beaucoup plus bas que dans l'hé- 340 DES ZONES DE VÉGÉTATION. misphère opposé. Au détroit de Magellan , elle se tient à 1130 mètres entre 53° à 54" de latitude sud , comme à Ou- nalaska, sous la même latitude nord. Mais, dans l'inté- rieur de la Scandinavie , il faut , pour retrouver cette limite de 1130, remonter jusqu'au 67", c'est-à-dire à 14° plus haut, pour avoir le chiffre à peu près correspondant , mais encore plus élevé de 1266 mètres. Ces observations nous prouvent que la limite inférieure des neiges perpétuelles est peu dépendante de la tempéra- ture de l'été, et par conséquent de la fusion des neiges ; elle est subordonnée , comme nous l'avons prouvé ailleurs en parlant de l'extension des glaciers, à l'alimentation annuelle, bien plus qu'à la température , qui peut déterminer la fu- sion. Or, l'équilibre qui doit s'établir entre la quantité de neige tombée et la quantité fondue est indiqué sur les mou'- tagnes par une ligne qui oscille en hauteur, selon la propor- tion de neige qui s'y est accumulée. Si , dans les hivers , la couche de neige qui descend sur une chaîne de montagnes est très-épaisse , la limite estivale se trouvera plus bas, et quoiqu'il faille de toute nécessité faire entrer la température de l'été comme une des causes qui contribuent à étabhr cette ligne, on ne peut la considérer comme la principale, la ques- tion de fusion étant toujours subordonnée à l'alimentation. Nous voyons, eu effet, les limites des neiges s'abaisser dans les îles et sur les rivages. Peut-être aussi la masse des mon- tagnes , la largeur de leurs plateaux , l'élévation de leurs sommets, ont-ils une influence directe sur les phénomènes d'alimentation et de fusion. Quelles que soient les causes qui modifient la ligne dont nous venons d'indiquer les inégalités, c'est à partir de cette limite , et en descendant, que l'on doit tracer les zones de végétation. Celles de ces zones qui sont à une certaine dis- ORDRE DE SCPEIl POSITION. 341 larico des neiges sont beaucoup plus iiillucncées par leur nipprocliemcut (jue par leur hauteur absolue au-dessus du niveau de la mer. Kn somme, l'étendue des neiges perpétuelles (jui , du sommet des montagnes, descendent sur leurs lianes comme un manteau plus ou moins allongé, est une question d'udo- métrie , d'évaporalion , et par suite de température ou de vents régnants. Depuis que l'on a fait sur ce sujet des observations pré- cises, il ne s'est pas écoulé assez de temps pour que l'on ait pu reconnaître le moindre changement séculaire dans les Hmites des neiges , mais tout nous porte à croire qu'à l'é- poque où les glaciers avaient une si grande extension, à une époque où par conséquent l'évaporation était plus active et lii température plus élevée que de nos jours , la couche de neige des montagnes était plus épaisse et descendait plus bas. Les zones de végétation ont donc pu , dans un temps très-rapproché , être fortement modifiées en altitude par l'extension des neiges. Elles ont pu l'être aussi , pendant les périodes géologiques antérieures , par des différences de ni- veau dans la surface des mers, qui constituent le support mo- bile sur lequel l'atmosphère est placée. Cette ligne , qui marque dans ces diverses situations les limites que les saisons peuvent atteindre et celles où l'hiver règne sans combats , indique partout un horizon où la vie vient s'éteindre. Et cependant, que de luttes ont lieu encore dans ces contrées glacées, entre la mort et la vie ! Des ani- maux s'égarent sur les glaces polaires, des oiseaux planent au-dessus de ces déserts de neige et de ces affreuses soli- tudes , où l'insecte, entraîné par un courant mortel , tombe bientôt sans puissance et sans vie. Au delà de ces barrières que le printemps ne peut fran- 34-2 DES ZONES DE VÉGÉTATION. chir, on trouve pourtant encore quelques oasis. Une pente tro|) raide pour que la neige puisse s'j arrêter, un rocher abrité du nord et recueillant les rayons du soleil , et sur ces points perdus dans l'immensité des champs de neige, on voit des touffes verdoyantes et serrées de Silène acaulis, dont les fleurs roses, à demi.-cachées dans les feuilles , s'ouvientun instant , indécises du sort qui les attend. Là aussi se mon- trent quelques touffes de ce charmant mvosotis abrité par le manteau gris et velu de ses feuilles, et dont la grande fleur bleue lutte d'azur avec le ciel. A part ces exceptions peu nombreuses, la Hmite des nei- ges éternelles , dans les montagnes , est la lisière d'où l'on doit compter le départ ou l'arrivée de la végétation ; c'est le zéro géographique de la vie. Là existe une ligne sinueuse qui est le théâtre d'une guerre continuelle entre l'été qui veut fondre la neige, quel- ques plantes qui suivent rapidement ses conquêtes, et l'hiver, qui défend les hauteurs oii il a le droit de régner sans con- trainte. Mais les filets d'eau qui descendent, qui glissent sur les rochers , et qui viennent imbiber le terrain , appellent les mousses veloutées , qui s'empressent d'habiter un séjour où elles rencontrent leurs meilleures conditions d'existence. Des lichens lépreux attaquent les rochers mis à nu, les cou- vrent de leurs dessins bizarres, et fructifient dans l'atmos- phère glacée où commence leur vie et où ils fixent indéfini- ment leur habitation. D'autres, en gazons serrés et ramifiés, présentant les for- mes si variées des nombreuses espèces de Cenomice (1), (1) Dans tout ce chapitre, comme dans plusieurs autres, nous avons imprimé en iialiquc , les noms des espèces qui habilenl aussi le plateau central, qui est toujours notre point de repère. ORDRE DE SUPERPOSITION. 343 vivent sur la terre qu'ils protègent, sans lui demander cette belle nuance de verdure que la nature a si libéralement ac- cordée aux productions végétales. Au-dessous de cette zone, on trouve les gracieuses asso- ciations des plantes véritablement montagnardes , de ces espèces éthérées qui vivent loin de nous et conservent toute leur indépendance. Robustes , aguerries , se contentant de peu , ces plantes se présentent les premières à la lutte des saisons , et sortent de la neige qui les couvrait encore, char- gées de boutons fermés que le premier rayon du soleil va fciire ouvrir. C'est la zone la plus élevée de nos montagnes, qui , dans notre contrée, n'atteignent pas jusqu'aux neiges éternelles ; ce sont les pelouses lleuries qu'un été trop court vient visiter. Dans ces lieux élevés , toutes les phases de la vie sont parcourues avec rapidité ; les saisons qui en règlent les épo- <|ues y sont presque éphémères; l'air est doucement agité , et ses larges vagues viennent frapper les plantes ; les mé- téores se succèdent , et les longues journées d'été sont le signal du réveil d'une foule d'espèces que la neige abritait du froid. C'est laque le SoldancUa a/jy ma offre ses Heurs légè- res près des corolles azurées du Gentiana verna; c'est là que le Dianthiis cœsitis montre ses gazons parfumés, ([ueV Ané- mone alpina étale ses fleurs blanches ou soufrées. UAndro- sace carnea arrive sur nos plus hautes sommités, oii V Ané- mone vernalis se réfugie , et oii le Poa alpina réunit ses panicules souvent vivipares. Dès qu'on arrive à cette élévation les plantes se serrent les unes contre les autres , et forment des tapis d'un gazon court et velouté, que l'on retrouve dans les Andes comme dans les Alpes , et dans l'Himalaya comme sur nos crêtes du plateau central. 344 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Souvent aussi dans les lieux très-élevés une même touffe de plantes devient énorme et semble acquérir en diamètre, en serrant ses rameaux , ce qui lui manque en hauteur. On voit fréquemment cette disposition dans les Alpes, et nous commençons aussi à l'apercevoir dans nos montagnes où les Juniperus nana , Empelrum nigrum , Dianthus cœsîus^ et de charmantes Saxifrages se réunissent en touffes ou en gazons , et se serrent pour lutter contre les vents et le froid des montagnes. Nous sommes loin cependant de voir ce phénomène aussi développé que dans les Cordillières. C'est une végétation de ce genre que M. d'Orbigny rencontrait dans ces montagnes à une hauteur presque aussi grande que le sommet du Mont- Blanc. « Il n'y a plus d'arbres ni même d'arbustes ; on n'y voit » avec quelques rares graminées que des plantes vivant en » famille et d'un aspect des plus singuliers. Aucune ne s'é- » lève , toutes croissent sur les rochers , forment une masse » compacte, arrondie souvent de quelques mètres de dia- » mètre , d'un beau vert, mais dont les rameaux sont tel- » lement serrés en gazon , que la hache , pour ainsi dire , » peut seule les entamer. Telles sont d'après M. Meyer le Selinum acaule, les Fragosa et le Verbena minima. « Chaque masse représente une seule plante pourvue » d'une seule racine, et qui, dans plusieurs siècles, n'a peut » être pas acquis plus d'un demi-mètre de hauteur. On se » sert de ces souches comme tourbe , quand elles sont » sèches (1). » Au-dessous de ces plantes herbacées commencent les ar- (1) D'Orbigny. Voy., i. 2, ]). 57fl. ORDRE DE SUPERPOSITION. 345 brisseaux , c'est-à-dire les piaules dont l'existence cesse d'être souterraine, et qui aventurent leurs rameaux dans ratniosplière. La distance (|ui sépare ces espèces arbores- centes de la limite des neif^es n'est pas la môme dans tous les climats. En Europe , la zone élevée des montagnes est souvent caractérisée par un arbrisseau des j)lus reniar(|uables qui appartient spécialement à ce continent. C'est le Kliodo- dendrum ferrugineum, si commun dans les Alpes et dans les Pyrénées , et qui manque à nos montagnes du plateau cen- tral. Il occupe une large bande de 800 mètres d'étendue , commençant à 1,600 et s'arrêtant à !2,iOO. De magnifi- ques tleurs rouges qui se succèdent selon l'élévation indi- quent partout sa présence. Il vit en société, mais avec toute l'indépendance d'une espèce non civilisée. Il refuse de venir prendre dans nos jardins un rang mérité près d'espèces étran- gères. A part le Juniperus nana et quelques Salix , le Ulio- dodendrum marque la limite extrême de la végétation arbo- rescente. Plus bas encore l'apparition des arbres indique un cli- mat moins rigoureux, une vie plus aérienne, plus en rap- port avec l'atmosphère. De larges ceintures d'arbres résineux entourent les montagnes et séparent les zones alpestres des régions basses, oii naissent alors à profusion les plantes qui appartiennent à la contrée oi\ s'élèvent les montagnes. La cause principale dont l'action se fait sentir dans la distribution des zones de végétation, est évidemment la tem- pérature. En effet, une certaine chaleur est indispensable pour amener les fruits à leur maturité, et pour que la plante puisse se reproduire par ses graines. C'est surtout à cette considération que nous avons eu égard dans la distribution ou plutôt dans la délimination de nos zones d'altitude. La 346 DES ZONES DE VÉGÉTATION. véritable zone d'une espèce est celle dans laquelle ses fruits peuvent mûrir, et où la reproduction par graines est assurée au moins à certains retours périodiques. C'est ainsi que nos arbres forestiers, comme nos plantes montagnardes, sont loin de fructifier tous les ans. Ce n'est pas une année sur six que les mômes chênes produisent des fruits sur le plateau cen- tral. Cet arbre est un de ceux qui se trouvent dans les plus mauvaises conditions de fructification. Les gelées, quand elles épargnent ceux qui sont situés à la limite inférieure de la zone , détruisent les Heurs de ceux qui habitent à une plus grande élévation. Le hêtre donne à peine, dans les meilleures conditions, une récolte tous les quatre ans, tandis que d'au- tres espèces fleurissant plus tard , comme le Sorbus Aucii- paria, amènent tous les ans leurs fruits à maturité sans être dérangés par les vicissitudes du printemps. L'automne vient en sens contraire agir d'une manière aussi funeste , et des fruits formés qui ont surmonté toutes les chances fâcheuses d'un [irintemps rigoureux sont atteints par un automne an- ticipé qui les empêche de mûrir. Un fait qui n'échappe pas aux observations, c'est que les plantes des régions les plus élevées, comme celles des con- trées très-boréales , sont moins exposées à ces incertitudes des climats. Elles s'éveillent plus tard, végètent plus vite, et il est rare quand le dégel se prononce dans ces localités, qu'il y ait des retours de gelée comme dans les zones moyennes en altitude et en latitude. Mais il arrive alors que les fruits qui se sont formés sous de bonnes conditions au printemps, ne peuvent terminer leur maturité avant l'hiver. C'est ce qui arrive souvent en Is- lande pour le Sorbus Aucuparia , et ce que l'on observe en- core dans la même contrée pour le Vaccinium MijrlUlus, le Juniperus nana, le Ribes Uva-crispa , végétaux que l'on ORDRE DE SUPERPOSITION. 347 trouve au nord de la limite où leurs fruits .peuvent mûrir , et qui ne dépassent ainsi la lii^nc dans latjnelle ils sont circonscrits par le climat (ju'au moyen des migrations des oiseaux qui se nourrissent de leurs baies succulentes. Toutes les plantes tendent donc à s'étendre en deçà et au delà de la région d'altitude dans laquelle elles trouvent les meilleures conditions; elles cherchent surtout à s'élever, tandis que des causes accidentelles les forcent au contraire à descendre ; mais en atteignant des niveaux supérieurs, les ar- bres restent à l'état de buissons, ils ne donnent plus de fruits, et les plantes herbacées ne peuvent non plus soutenir la lutte que par l'extension de leurs drageons souterrains et par la génération gemmipare dont elles sont douées presque toutes à un haut degré. Comme nous l'avons dit aussi , la chaleur n'est pas la seule cause qui influence les plantes à diverses altitudes. Il faut tenir compte de l'intensité de la lumière qui, par un ciel pur, vient frapper les végétaux et leur communique une vigueur particulière. La lumière semble aussi augmenter la puissance de la chaleur, et des plantes qui dans les plaines et sur les bords de la mer jouissent d'une température plus douce , ne se développent pas , et ne mûrissent pas leurs fruits comme dans les montagnes, parce qu'elles manquent de cette espèce de vitalité qu'un pouvoir éclairant semble communiquer à la chaleur. Après ces généralités sur les zones de végétation dans les montagnes, nous allons entrer dans quelques détails sur les principales chahies de l'Europe pour faire ressortir les diffé- rences et les analogies qu'elles présentent. Nous avons cru utile de présenter graphiquement , en un tableau réduit, les grandes régions montagneuses européennes , de montrer un ensemble et de faire sentir quelques, différences que l'œil 348 DES ZONES DE VÉGÉTATION. saisit à l'instant sur un dessin figuré. Que l'on se persuade bien que rien n'est aussi tranché dans la nature que dans ce tableau. Les espèces oscillent au-dessus et au-dessous des zones colorées dans lesquelles, pour plus de simplicité, nous les supposons enfermées , et trouvent des motifs d'écarts dans les causes nombreuses et complexes que nous avons citées. Nous aurions pu dans ce tableau augmenter de beaucoup le nombre des zones; c'eut été y apporter de la confusion. Nous nous sommes contenté d'indiquer cinq grandes divi- sions qui sont, en allant de haut en bas : 1". la zone des neiges persistantes ; 2°. la zone nivale occupée par les espè- ces les plus montagnardes; 3°. la zone alpine comprenant les pâturages élevés, la majeure partie des plantes herbacées des montagnes, et un certain nombre d'arbustes et d'arbris- seaux ; 4°. la zone subalpine dans laquelle on rencontre presque toujours les arbres verts à feuilles persistantes et ré- sineuses ; 5°. enfin la zone montagneuse principalement caractérisée pour des arbres feuilles d'espèces différentes. Au premier abord il paraîtrait plus naturel d'imposer à chacune de ces zones le nom d'une espèce sociale et domi- nante, et surtout d'un arbre qui donnerait par sa présence ou son absence un moyen facile de constater des limites. Ce mode de désignation peut convenir pour une môme contrée, pour une môme chaîne de montagnes , mais il a l'inconvé- nient de rendre la comparaison très-difficile entre des contrées situées sous des latitudes ou des longitudes différentes. Nous avons préféré adopter les épithètes de nivale, alpine, subal- pine et montagneuse, comme titres de zones dans lesquelles nous tikherons de faire entrer les plantes caractéristiques des principales montagnes de l'Europe. Nous devons main- tenant examiner séparément et dans l'ordre de leur latitude, ()IU»l ORDRE DE SUPERPOSITION. 351 qui se trouvent i^ l'altitude de 2,400 mètres. I.ù , entre 2,400 et 2,500 mètres finit la région nivale et commence la région alpine. liéfjion alpine. — Celle-ci est moins large. I*]lle descend vers 2,200 mètres , n'ayant guère , par conséquent , que 200 à 300 mètres de développement. C'est dans cette zone que paraissent un certain nombre de plantes alpines et que croissent [)rinci|)alemcnt les Jtinipcrm cominunis ou peut- être J. nana , qui mar(|uent les dernières limites des végé- taux arborescents. Toutefois , les genévriers sont encore communs au-dessous et descendent même beaucoup plus bas , mais ils ne sont plus dans leur région naturelle et ont été entraînés par les torrents. Région subalpine. — Les espèces que nous venons de mentionner appartiennent à la zone de l'Ktna connue sous le nom de région découverte , et au-dessous , à partir de 2,200 mètres, commence la région subalpine , qui descend à 1,800 mètres , à peu près à la hauteur de nos sommets les plus élevés du plateau central. Là se trouvent les arbres verts, représentés par le Pinus sylvestris , qui peut aussi monter plus haut, et qui n'apparaît sur l'Etna qu'au-des- sus de la limite où cesse le sapin dans nos contrées. Le Betula alha y atteint la même hauteur que le Pinm sylves- tris , tandis que , dans les Alpes septentrionales , il reste beaucoup au-dessous, lorsque dans les Pyrénées il se montre à peine, et qu'en Laponie , au contraire, il arrive jusipi'à la lisière des neiges éternelles. Enfin, le chêne, (Juercus liobur, vient aussi à cette élévation , bien que le milieu dans lequel il végète habituellement sur l'Etna soit inférieur à cette zone Région montagneuse. — Au-dessous de 1 ,800 mètres se trouve principalement la région montagneuse ou némorale , 352 DES ZONES DE VÉGÉTATION. dans laquelle on rencontre d'abord le hêtre, Fagns sylva- fica , les chênes , Quercus Robur et Q. Ilex , puis les châtaigniers et la majeure partie des cultures , et enfin la plaine et les espèces niéridionales de la Sicile. Il n'y a rien de précis non plus dans ces limites. Plusieurs de ces végétaux se mélani^ent, et il existe d'ailleurs des diffé- rences considérables sur les deux versants nord et occidental, sud et oriental de cette montagne. On peut trouver des détails plus circonstanciés sur la vé- iiétation de l'Etna dans un mémoire intitulé : Cenno sulla vegelazione di aJcune piante a varie aJlezze del cono delV Etna , del socio Carlo Gemellaro ; aUi delV Academia Gioenia di scienze naturali di Catania, 1 4 septembre 1 827 . 3". Pyrénées, latitude 42°, 30' à 43. — Région nivale. — Les Pvrénées constituent une vaste chaîne des plus in- téressantes , dans laquelle la limite des neiges éternelles marque à 2,728 mètres la partie supérieure de la région nivale. Au-dessus de cette limite, et par conséquent sur les points dénudés enclavés dans les neiges persistantes, on voit çà et là, comme dans toutes les hautes montagnes, des plan- tes qui fleurissent au miheu des frimas. Telles sont Saxi- fraga oppositifolia , S. groënlendica , S. androsacea , Gen- tiana acaulis , Ranunculus glacialis. En dessous de la limite des neiges perpétuelles, de 2,728 à 2450 mètres, sur une zone d'environ 250 mètres de lar- geur qui constitue la région nivale , croissent une foule de belles espèces, dont les plus alpines sont : Ranunculus par- nassifolius, R. glacialis, R. nivalis , Aretia alpina , Silène acaulis, Androsace ciliata, Saxifraga petraea, S. muscoides, Artemisia rupestris, etc. Le Salix herhacea parvient aussi dans cette région élevée, avec quelques-uns de ses congé- nères. ORDRE DE SUPERPOSITION. 353 Région alpine. — A 2,450 mètres on commcnre h trou- ver la végétation arborescente , beaucoup plus haut «pie dans d'autres montagnes, et celte région alpine, qui des- cend à 2,000 mètres, est couverte du Pinus uncinata et du P. sylvestris, var. ruhra, arbre (|ui atteint ici une élévation considérable , et qui , dans la plupart des autres contrées montagneuses, reste constamment au-dessous du sapin. Région subalpine. — De 2,000 à 1 ,450 mètres se trouve la région subalpine, dans laquelle les pins pénètrent encore, mais cette zone est principalement occupée par le ïaxus bac- cata et surtout par VAhies peclinata , qui y forme de belles forêts, tandis que l'Abies excelsa , (|ui, dans les Alpes, est l'arbre qui s'élève le plus haut , semble manquer tout à fait dans les Pyrénées. Les Rhododendrum habitent aussi en entier cette zone subalpine; ils ne descendent pas au-dessous, mais la dépassent en hauteur, au point d'envahir encore la région alpine et même de pénétrer dans la région nivale. Le bouleau , Betula alba , assez rare dans les Pyrénées, se montre quelquefois dans cette même zone, et ne la dépasse pas. Région montagneuse . — A 1,450 mètres commence la région montagneuse, qui descend jusque dans la plaine, * • où Ton voit prospérer le Quercus pedunculala et la plupart des arbres du centre de la France. 4°. Caucase, lat. 40° à 44". — Région nivale, r- Le Caucase, placé entre l'Europe et l'Asie, a l'un de ses som- mets qui s'élève à 5,009 mètres. La limite inférieure des neiges y est à 3,235 mètres, en sorte que la région nivale, qui descend à 2,680, occupe la largeur de 550 mètres. Ce grand espace est pourvu de nombreuses espèces monta- gnardes. Voici la liste de celles qui sont citées par Parrr' et reproduites par M. de Humboldt comme habitant la zone qui II 23 354 DES ZONES DE VÉGÉTATION. sépare les derniers Rhododendriim caucasicum de la limite inférieure des neiges éternelles, et appartiennent par consé- quent à la région nivale : Leontodon nivale, Bunium acaule, Saxifraga (jranulata , Arenaria Ijchnidea , A. austriaca , Saxifraga cœspitosa, S. filamentosa. Anthémis Iludolphiana, Potentillagrandiflora, Bunium peucedanoides, Aira humilis, Carex atrofusca , Polypogon vaginatus , Alchemilla pubes- cens, Campanula rupestris. Aster al pinus, Veronica gentia- noides, Erigeron unillorum , Cerastium alpinum , Hyperi- cum hyssopifolium , Anthémis caucasica , Ranunculus cau- casicus, Centaurea ochroleuca, Gentiana septemfîda, Sca- biosa caucasica , Cerastium frigidum , Swerlia perennis , Primula longifolia, Ajuga orienlnlis, Rumcx alpinus, Scro- phularia anthemifolia, Rhododendrum caucasicum, 6 de ces espèces seulement habitent aussi nos monta- gnes de l'Auvergne, et sur la liste totale, comprenant 32 espèces, il n'y a que 3 monocotylédones. Région alpine. — De 2,680 à 1,800 mètres. La région alpine s'étend, comme on. le voit, sur un espace considéra- ble. Elle est habitée d'abord par le Rhododendrum cauca- sicum , qui trouve sa limite supérieure à 2,600 mètres, par le Sorbus Aucuparia et le Salix caprœa, qui ont la leur à 2,400, par le Betula alha et l'Azalea pontica, qui vivent jusqu'à 2,000 mètres. Région subalpine. — Au-dessous, la région subalpine, commençant à 1,800 mètres, descend à 900, et constitue la zone du Pinus sylveslris, qui y forme des forêts. Région montagneuse. — Enfin, plus bas encore , de 900 mètres à la plaine , la région montagneuse est habitée par des chênes et d'autres arbres qui trouvent, à 900 mètres, leur point d'arrêt en altitude. Mont Ventoux, latitude 44". ~ Région alpine. — Le ORDllE DE SUPERPOSITION. 355 mont Venteux , dont le sommet atteint 1 ,009 mètres, n'est pas assez élevé pour que les neiges y persistent ni pour offrir une région nivale. Son sommet est donc oecupé par les j)lantes alpines , qui descendent à la rencontre du Pinus uii- cinata et de l'Abies excelsa. Région subalpine. — Ces derniers ont leur limite supé- rieure à 1,710 mètres en moyenne, et descendent à 1 ,550, toujours en moyenne, car sur le Ventoux les deux versants offrent, comme l'Etna et toutes les montagnes isolées, de très-grandes différences dues à l'exposition. La zone de ces arbres verts y forme la région subalpine. Région montagneuse. — Au-dessous se trouvent les hê- tres, dans la région montagneuse, et une large zone carac- térisée par des Lavandula , des Thymus et une foule de labiées. Les observations de llequien et de M. Martins ont fait connaître en détail la végétation du mont Ventoux et l'ordre de succession en altitude des espèces qui en décorent les pentes. 5**. Alpes , latitude 45° à 46°. — Les Alpes ont une importance très-grande dans l'étude de la flore des monta- gnes et de l'influence de l'altitude. Si le Mont-Blanc le cède en hauteur au sommet le plus élevé du Caucase, l'ensemble de la chaîne se développe sur une plus vaste étendue , et aucune contrée montagneuse n'a été étudiée avec plus de soin et plus de persévérance. Guidé par les travaux de de Candolle, de M. de Humboldt et surtout par ceux de Wah- lenberg (1), nous pouvons présenter, sur cette vaste chaîne, des détails précis , et résumer en même temps la différence de leur végétation avec celle des régions septentrionales , (1) De climale et vegetatione Helvetiœ. 356 DES ZONES DE VÉGÉTATION. différence que Wahlenberg a fait ressortir avec toute la puissance de son génie observateur. Région nivale. — La limite des neiges perpétuelles se trouve , dans les Alpes , à 2,708 mètres. De là , jusqu'au sommet du Mont-Blanc, à 4,810 mètres , existe une large ceinture de 2,100 mètres entièrement occupée par de vastes champs d neige, d'où s'élèvent des pics décharnés, de puis- santes aiguilles , dont le temps détache continuellement les fragments. Des mers de glace laissent descendre leurs flots congelés dans de profondes vallées, où la végétation acquiert tout son éclat , mais la zone des frimas , (jui occupe toute la partie supérieure des Alpes, nous offre l'image de la plus af- freuse stérilité. Cependant, sur quelques rochers trop inclinés pour que la neige s'y accumule, sur des oasis circonscrites, qui ont le privilège de se dépouiller de frimas pendant les fortes chaleurs , on aperçoit encore des fleurs qui se hâtent de jouir d'une liberté souvent réduite à quelques jours. Le séjour prolongé des neiges paraît favorable à cer- taines plantes. On a reconnu que le Silène acaulis, l'Aretia alpina, et plusieurs autres espèces, peuvent s'élever à plu- sieurs centaines de mètres au-dessus de cette limite inférieure des neiges. Au sommet du Rofsbodenstock, et à plus de 150™ au-dessus de la limite des neiges , Wahlenberg a compté environ 28 phanéroganes , dont deux sous- frutescentes, VEmpetnim nigrum et le Vaccinium uliginosum. Il y a plus, t'est qu'en Suisse, plusieurs plantes ont leur station habituelle au-dessus de cette limite ; telles sont l'Aretia alpina, l'Aira subspicata, le Cerastium latifolium. Plusieurs autres espèces d'une grande beauté habitent à peine au-dessous de cette ligne glacée; telles sont : Geum reptans, Achillgea nana, Iberis rotundifolia , Chrysanthemum alpinum , Anthericum serolinum , Uanunculus pyrenaeus. Enfin , plusieurs arrivent ORDRE DE SIIPERPOSITION. 337 jusque sur les sommets qui dépassent la partie inférieure des neiges ; telles sont : Alchcmilla |)entapliylla , l*hi/lcuma hemisp/uvrira , etc. Il résulte de ces observations (lu'indépendamment de la température, la végétation des sommets est infiniment plus variée en Suisse qu'en Laponie. En réunissant les espèces qui s'élèvent le plus et qui se trouvent au-dessus de la limite inférieure des neiges perpé- tuelles, nous avons la liste suivante : Saxifraga oppositifolia, Cherleria sedoides , Gentiana prostrata var., G. verna. Si- lène acaulis , Aretia helvetica , Chrysanthemum alpitium , Saxifraga muscoides , Draba aizoides , Arnica scorpioides var., Lepidium alpinum, Iberis rotundifolia, Pedicularis ros- trata, Saxifraga brijoides, Salix herbacea, Bartzia alpina, Avena versicolor, Carex curvula, Empelriim nigrum, Vac- cinium uliginosum , Aira subspicata, Cerastium latifolium, Alchemilla pentaphylla , Phyteuma hemisphœrica , Geum reptans , Achillijea nana , Uanunculus pyrenœus , Myosotis nana. Dans cette liste de 28 espèces, 8 se trouvent aussi sur nos montagnes, et cela se comprend, car des espèces assez flexi- bles pour dépasser en altitude la ligne des neiges éternelles, doivent être douées d'une grande puissance expansive. 3 es- pèces seulement sont monocotylédones. La région nivale proprement dite , qui commence à 2,700 mètres , descend à 2,300. La neige n'y fond qu'en partie ; il en reste çà et là des taches plus ou moins éten- dues éparses sur le sol. Cette région est un peu indécise et difficile à préciser. Quelques plantes servent à cette déter- mination ; riberis rotundifolia, le Chrysanthemum alpinum, le Senecio Doronicum , le Cherleria sedoides , ne se présen- tent que dans des lieux assez élevés pour conserver de la 358 DES ZONES DE VÉGÉTATION. neige. En Laponie, dans les mêmes conditions, croissent : Ranunculus nivalis, Draba alpina, Saxifraga nivalis, qui toutes trois manquent en Suisse, et ne peuvent, par consé- quent , servir à établir des comparaisons. Outre les espèces que nous avons citées comme pouvant exister au-dessus de la limite des neiges persistantes , nous pouvons ajouter, comme habitant la zone nivale, les plantes suivantes : Phellandrium Mutellina , Soldanella alpina ^ Alchemilla pentaphylla, Ranunculus glacialis, Stellaria ce- rastioides, Avena airoides, Carex nigra , Senecio abrotani- folius, Artemisia glacialis, Rumex digynus, Azalea procum- bens, Festuca pumila, Juncus trifidus, Orchis nigra^ Ophrys alpina , Veronica alpina , Primula villosa , Campanula bar- bata, Trifolium aipinum, Tussilago alpina, Draba tomen- tosa, Leontodon aipinum, Linaria alpina, Sesleriacœrulea, Arenaria saxatilis , Erigeron unillorum , Senecio incanus, Ranunculus alpestris , Phaca frigida , Potentilla aurea , Geum reptuns, Poa disticha, Arenaria polygonoides, Phaca montana, Veronica aphylla, Saxifraga aizoon,S. androsa- cea , Pohjgonum viviparum , Salix retusa , S. reticulata , Helianthemum alpestre, Pedicularis verticillata , Gentiana acaulis , Rhododendrum ferrugineum , Anthericum sero- tinum. En ajoutant ces 45 espèces aux 28 que nous avons déjà citées , nous obtenons 73 espèces qui végètent entre la li- mite inférieure des neiges persistantes et la limite supérieure du Rhododendrum ferrugineum. 12 de ces espèces sur 73 sont monocotylédones , et 17 se rencontrent sur le plateau central. Région alpine. — La région alpine s'étend de 2,300 mètres à 1,800, des dernières plaques de neige à la limite supérieure des arbres. Elle offre ces charmantes pe- ORDRE DE SUPERPOSITION. 359 louses couvertes de plantes si belles et si variées , et , en La- ponie comme en Suisse , c'est une des plus riches pour le botaniste. Des arbustes et des arbrisseaux atteif^nent sa j)artie inférieure. C'est principalement l'Alnus viridis (jui se montre, en Suisse, dans une situation analogue à celle qui, en Laj)onie, est occupée par les Salix lanata et glauca. C'est aussi la véritable station des Hhododendrum , dont les admirables Heurs viennent se mêler au bleu des cam- paimles et des gentianes , aux épis purpurins des pédiculai- res, aux Heurs blanches des Dryas et aux corolles dorées des potentilles. Ilégion subalpine. — Cette région où commencent les arbres , s'étend de 1,800 mètres à 1,100 , et cette vaste ceinture est occupée dans l'ordre suivant : les sapins d'abord, en dessous les pins, les bouleaux quand ils existent, et enfin les hêtres. La limite supérieure des sapins est à 1,800 mè- tres, celle des pins à 1,500, des bouleaux à 1,400, et celle des hêtres à 1,300 mètres. On voit que la limite supérieure des arbres est plus éloi- gnée de celle des neiges éternelles dans les montagnes des Alpes que dans celles de la Laponie. Aussi la zone des pâtu- rages alpins est bien plus rélrécie dans cette dernière con- trée que dans la précédente. En Laponie cette limite est à peine distante de 600 mètres, tandis qu'en Suisse elle s'éloi- gne de 900 mètres. Au reste, les arbres qui montent jus- qu'à la dernière limite dans les Alpes sont tellement dif- férents de ceux qui l'atteignent en Laponie , que la compa- raison devient très-difficile. En descendant des sommets nei- geux de la Laponie, on rencontre de fraîches forêts de bou- leaux, dont le feuillage d'un vert gai et les flexibles rameaux sont balancés par les brises d'un été qui remplace le prin- temps. De nombreux insectes voltigent dans ces bois , et h 360 DES ZONES DE VÉGÉTATION. nature entière, excitée par un jour sans fin et par une lumière persistante, montre partout le mouvement etia vie. Si, au con- traire, nous descendons des sommets glacés de l'Helvétie, les premières forêts que nous rencontrons sont de noirs sapins, dont les sombres pyramides enclavent de hautes et fertiles prairies, où les troupeaux restent exposés pendant les longues nuits du printemps à tous les écarts d'une saison qui lutte contre une autre, et qui n'a pas encore conquis le droit de régner sans partage. Ces régions pastorales et sylvestres ne sont pas animées comme en Laponie par la présence et le bourdonnement continuel de nombreux diptères et d'abeilles multipliées. La nature offre ici plus de force et plus de sévé- rité. Il est facile de voir que la limite supérieure des sapins, en Suisse, ne peut être mise en parallèle avec celle des bouleaux en Laponie. Cette zone de bouleaux si tranchée dans cette dernière contrée est presque supprimée dans la Suisse septen- trionale, et l'on ne peut véritablement comparer la zone de sapins qui se trouvent à des altitudes si différentes dans ces deux pays. Elles ne sont pas d'ailleurs concordantes. La limite supérieure des sapins en Suisse, n'est pas beaucoup plus éloignée des premières plaques de neige persistante, que ne le sont les premiers bouleaux de cette même limite dans la Laponie. Ainsi si nous supposions au-dessus de la zone des sapins suisses, les zones entières des bouleaux et des pins sylvestres de la Laponie qui font ensemble à peu près 300 mètres, alors cette région des bouleaux envahirait en Suisse la zone alpine toute entière. Le reste de la végétation et les cultures sont aussi très-différentes en Suisse et en Laponie pour la région des sapins. Dans cette dernière contrée cette zone est presque dépourvue de plantes alpines , tandis qu'en Suisse elle en offre un grand nombre ; c'est au point que ORDRE DE SUPERPOSITION. 361 dans la région nivale encore plus élevée que celle-ci , Wah- lenberg , n'a trouvé, en Lapotiie, que 19 espèces entre la limite inférieure des neiges et la limite supérieure du rho- dodendrum, c'est-à-dire une vingt-cin(|uième du total, tan- dis qu'eu Suisse ce nombre s'élève à 131 ou au dixième de l'ensemble des plianérogames propres à cette dernière con- trée , de sorte que si l'on compare la végétation de la La- ponie et celle de la Suisse relativement à ces nombres, on trouve qu'en Suisse , en plaine, le nombre des espèces est double de celui de Laponie, et qu'à une grande élévation il est sept fois plus grand (1). Parmi les espèces de la région subalpine nous distinguons surtout : Dryas octopetala, Saxifraga o|)positifolia, Erigcron alpinum, Lycopodium alpinum, Pla)ila(jo alpina, Solda- nella alpina, Gentiana acaulis, etc., qui indiquent d'une manière certaine une zone déjà très-élevée. La limite des Sapins, en Suisse, équivaut donc à la limite des bouleaux en Laponie, de sorte que si on désignait ces zones par le nom des arbres qui y végètent, on s'exposerait, dans la comparai- son de lieux éloignés , à en tirer de fausses conséquences. Aussi comme sur toute la terre il existe des montagnes dont les sommets sont dépourvus de végétaux ligneux, nous avons donné le nom de région subalpine à la zone où commencent les arbres, zone ordinairement occupée par une seule espèce dans chaque chaîne ou dans chaque groupe , mais souvent par des espèces très-différentes dans chaque localité un peu éloignée. Ily a bien parfois quelques difficultés pour déterminer la situation exacte de certains arbres en quelque sorte erra- tiques qui ne paraissent pas occuper une zone bien détermi- (1) Humboldl, de disirib. geog. plantarum., p. 148. 362 DES ZONES DE VÉGÉTATION. née, et qui manquent de limites rcconnaissables. Tel est le Larix europaea, et peut-être, dit Wahlenberg, le Pinuscem- bra dans la Suisse australe, qui souvent montent encore au- dessus des sapins, mais qui manquent de limites certaines en hauteur. Il semble donc, continue Wahlenberg, que l'on puisse considérer le sapin dans l'Europe moyenne et aus- trale , et le bouleau dans l'Europe septentrionale comme indiquant la limite supérieure des arbres, et cela quoique le mélèze aussi en Sibérie s'élève parfois plus haut que tous les autres. On aurait donc dans l'étude de ces arbres une sorte d'horizon auquel on pourrait comparer les mesures et les déterminations. C'est aux sapins , même rabougris , mais non aux arbrisseaux rampants qui se trouvent au-dessus, que l'on doit rapporter la Hmite supérieure de la végétation ar- borescente. Il existe toutefois de nombreuses exceptions à cette règle posée par Wahlenberg , car dans la Suisse méridionale , au Simplon par exemple , cet ordre de superposition des arbres , exact pour le nord de l'Helvétie, se trouve interverti. Le Pinus syhestris est l'arbre le moins élevé , l'Abies excelsa lui succède. Au-dessus vient le Larix europaea en belles fo- rêts, non erratiques, et en même temps le Betida alba pres- que exclu d'autres parties des Alpes. La région subalpine qui sétend en Suisse entre les limi- tes supérieure des sapins et inférieure du hêtre, est partagée en deux par la limite supérieure de VÂbies pectinata, et con- corde assez bien avec la limite supérieure du Pinus syhes- tris en Laponie. Sur quelques points de la Suisse, comme au Pilât , le Pinus syjvestris monte même en abondance avec le sapin , jusqu'à la limite supérieure de ce dernier , qui atteint 1,500 mètres. En descendant des ténébrenses forêts de sapins de la ORDRE DE SUPERPOSITION. 363 Suisse, avant de rencontrer ni chûlets ni cases pastorales, et à |)lus forte raison des champs cultivés , on entre sous les beaux ombrages du Fagus sylvalira, et là on remarque encore le peu de concordance qui existe dans les limites su|)érieures de chaque espèce entre les Alpes de la Laponie et celles de i'Helvétie. Le hêtre, dans cette dernière contrée, sépare la région pastorale de la zone des cultures et des vergers, tan- dis qu'en Suède le hêtre s'accorde avec les noyers , se mêle aux pommiers, et reste au milieu des moissons et des champs cultivés. Il n'y a donc aucun rapport entre les limites des hêtres en Suisse et en Laponie , ce qui a déterminé Wah- lenberg à supprimer tout à fait cette dénomination de région des hêtres, comme pouvant induire en erreur. Il est vraiment curieux de voir, en France, même au nord de Paris , le hêtre se comporter exactement comme dans la Suède, et nullement comme dans la Suisse. La limite supé- rieure du hêtre, conclue d'observations faites sur ceux de ces arbres qui, sur un sol non accidenté, atteignent la plus grande élévation, et d'après des mesures prises sur divers points du Righi et de la Transylvanie, est de 1 ,300 mètres. Région montagneuse. — A 1,100 mètres, au-dessous des hêtres, commence dans les Alpes la région montagneuse principalement caractérisée par le Quercus sessiliflora; dès qu'on y arrive on voit : Corylus Avellana, Cerasus avium, Quercus Robur, Ulmus campestris, Tilia parvifolia, et un peu plus bas les poiriers cultivés , arbres qui se montrent graduellement à peu près dans le même ordre en Suisse et en Laponie. De sorte qu'ici, pour la |)remière fois, nous ren- controns , entre les deux pays , similitude de végétation et concordance de superposition dans les zones d'altitude, ce qui nous prouve aussi que le hêtre, dans les montagnes de la Suisse, atteint une élévation exagérée. Cette région monta- 364 DES ZONES DE VÉGÉTATION. gneuse comprend donc des forêts d'arbres feuilles d'espèces différentes, et donne , comme la Suède centrale , des fruits variés et abondants. Il y manque cependant VAlmis gluli- nosa qui, comme le Betula alba et l'Alnus incana n'atteint pas dans nos Alpes une aussi grande altitude qu'en Suède. La partie inférieure de cette région est, d'après Wahlenberg, celle où croît le Jiiglans regia ; elle correspond aux plaines de la Suède méridionale. Enfin , la plaine Suisse est marquée par la culture de la vigne , qui pourtant dans quelques cas exceptionnels monte dans des localités abritées jusqu'à 500 mètres. Comparaison entre la végétation de la Suisse septentrio- nale et de la Laponie. — Wahlenberg , dans son ouvrage de Climateet végétal. helvet.,ai cherché à résumer les diffé- rences observées par lui dans ces deux contrées, et à recon- naître s'il existe une compensation exacte entre le climat donné par l'altitude et celui qui résulte de la seule position géographique. Or, comme il est impossible de comparer les limites d'altitude de chaque espèce dans des contrées diffé- rentes, il faut, pour obtenir des faits comparables, s'occuper de la masse de la végétation. Il convient donc de noter d'abord les limites supérieures et de descendre ensuite aux inférieures. La Hmite des neiges éternelles paraît être celle qu'il est le plus facile de déterminer, et cependant elle varie déjà, dans chaque chaîne , d'une manière indépendante de la latitude. Dans les contrées boréales, et surtout en Laponie, il arrive que les vents sont si violents et si persistants, que les neiges sont enlevées des sommets qui restent nus malgré leur grande élévation. En Suisse , au contraire , les hivers sont tranquilles , mais les étés sont souvent troublés par des vents orageux. ORDRE DE SUPERPOSITION. 365 En Laponie la chaleur des étés est ordinairement suffi- sante pour fondre en partie la neige des zones très-élevées , sans que cette température soit assez forte pour permettre le développement des phanérogames; aussi, comme nous l'avons déjà vu, c'est à peine si l'on trouve quelques espèces sur les zones élevées abandonnées par la neige. Celles qui sont dis- séminées çà et là sont principalement le Saxifraga opposi- tifolia , et le Ranunculus glacialis. Cette cause fait aussi qu'en Laponie . les arbrisseaux alpins , tels que les saules herbacés ou rampants, arrivent très- près des neiges, tandis qu'en Suisse la chaleur estivale, moins forte ou moins pro- longée qu'en Laponie, ne fond pas la neige avec autant de rapidité, et la nouvelle a le temps de venir recouvrir l'an- cienne. Il paraîtrait que ce séjour plus prolongé des neiges serait favorable à la végétation , et plusieurs espèces profitant des points ou celle-ci disparaît , peuvent s'élever bien au-dessus de la hmite inférieure de sa persistance. Nous avons donné la liste de ces végétaux qui croissent au-dessus de la limite inférieure des neiges éternelles , et qui semblent ne devoir être arrêtés en altitude que par des obstacles matériels. Il nous reste maintenant à démontrer, d'après Wahlenberg, que les plantes des montagnes ne se rencontrent pas dans le môme ordre en Suisse et en Lapo- nie. Nous allons essayer d'indiquer ces différences dans les listes suivantes : 1". Plantes qui croissent plus particulièrement en Lapo- nie. Elles peuvent être rangées sous deux divisions : A. Plantes qui, en Laponie, montent plus dans les mon- tagnes qu'elles ne s'élèvent en Suisse. Ce sont: plusieurs ar- bres feuilles, à rameaux grêles ou débiles et munis de semen- ces fines, appartenant principalement aux amentacées. Le 366 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Betiila alba ^\[^{ , en Laponie , s'élève très-haut dans les montagnes , ne se trouve un peu abondamment en Suisse qu'en dehors de la limite supérieure du cerisier , ou bien il reste à l'étatd'arbre peu développé. L'Alnus incana ne monte pas non plus aussi haut en Suisse, car il n'entre pas dans la région subalpine , mais il descend plus bas. h'Alnus gluti- nosa qui, en Suède, dépasse le cerisier, cesse dans les Alpes septentrionales avec le noyer. Le Betula nana qui, en Lapo- nie, couvre pour ainsi dire la terre entre les champs de neige partiels , vient se cacher dans les marais bas de la Suisse. Le Populus Tremula reste presque à l'état de buissons dans la même contrée , et n'atteint que de faibles altitudes. Enfin les espèces que nous venons de citer, et qui, en Suède et en Laponie , sont surtout remarquables par leur vigueur et leur profusion , vivent éparses et trop rares en Suisse pour qu'il soit facile de déterminer leurs hmites. Aussi on ne peut pas dire que le cHmat de la Suisse soit indistinctement plus fa- vorable à tous les végétaux que celui des contrées les plus septentrionales de l'Europe, et d'ailleurs de grandes et belles espèces, telles que VEpilobium spicatum, se développent en abondance dans le nord. Bon nombre de plantes marécageu- ses qui , en Laponie , atteignent les montagnes élevées, ne se retrouvent en Suisse que dans les marais de la plaine ou dans des régions peu élevées. Telles sont : Comarum palus- tre, Vacciniiim Oxycoccos, Carex dioica , C. chordorrhiza Sparganium natans , Lysimachia thyrsiflora , Rhincospora alba, Andromeda polifolia, etc. ; d'autres, abondamment répandues dans le Nord, ne croissent pas dans la Suisse sep- tentrionale. De ce nombre sont : Ledum palustre , Myrica gale, Calla palustris , etc., et, cependant, dit Wahlen- berg, ce ne sont pas les marais qui manquent en Suisse. Il en est môme qui présentent absolument les mêmes condi- ORDRK I>E SUPERPOSITION. 367 tions que roux Ho la Lnponio , ot c'est on vain que l'on y cherelio un bon nombre de planlcs boréales. B. Piaules (jui , m Laponie , descendent plus bas que dans les Alpes, el occupent un plus grand espace qu'en Hel- vélie. Cette catégorie comprend surtout plusieurs espèces de saules très-communs en Laponie , et qui n'occupent en Suisse que des espaces restreints, ainsi le Salix glauca, rare et peu développé n'iiabite que des sommets élevés ; le S. has- tata reste confiné dans la région subalpine , et y végète mi- sérablement; les S. arbu^cula et S. limosa n'habitent même pas hs Alpes septentrionales, il faut lescliercher sur les som- mets élevés de la Savoie. Le S. herhacea est une espèce dos plus hautes montagnes. UEmpetrum nigrum , descend en Suède au-dessous du noyer, et reste en Suisse sur la lisière des neiges persistantes. Il en est de même de l'Azalea pro- cumbens, du Serratula alpina, du Pohjgonum viviparum , du Ranunculus glacialis qui descendent à peine des zones élevées de la Suisse. Si maintenant nous recherchons les espèces qui trouvent au contraire de meilleures conditions en Suisse , nous les partageons en : A. Plantes qui, dans les Alpes , s'élèvent plus haut que dans les régions boréales , telles que : 1". Arbres verts et ar- brisseaux divers. Abies excelsa , A. pectinata , Cratœgus Aria, Acer pseudo-Plalanus , Sambucus racemosa, Fagus sylvatica, Ilex Aquifolium , Ruhus frulicosus , Viburnum Lantana, Daphne Mezereum, Pohjgala chamœbuxus, He- lianthemum vulgare, H. œlandicum ; 2". Plantes des prai- ries champêtres et des sols secs : Anthijllis Vulneraria, Thy- mus Serpyllum , Salvia pratensis , Galium Mollugo ; des graminées, telles que : Sesleria cœrulea, Nardus stricta, etc., et Orchis uslulata, 0. mascula, Carex sylvalica, 368 DES ZONES DE VÉGÉTATION. C. prœcox, Valeriana dioica, Primula elatior, Silène nu- tans, Cirsium acaule, Tlialiclrum aquilegifoUum, Campa- nula fjlomerata , Orobanche communis , Crocus vernus , Colchicum autumnale, et plusieurs autres. B. Plantes qui, tout en habitant les sommets, descendent et s'étendent davantage qu'en Laponie , préférant très- positivement le climat de la Suisse. De ce nombre sont : Drias octopelala, Saxifraga oppositifolia, Pinguicula alpina , espèces qui, en Laponie, quittent rarement la région nivale , et qui en Suisse se trouvent partout , jusque dans la région subalpine. VAlchemilla alpina descend aussi jusque dans la région des hêtres , et le Saxifraga aizoides vient même à rencontrer la limite supérieure du noyer. 6°. Montagnes du centre , latitude 45°. — Région al- pine. — Les montagnes du plateau central ne peuvent nous offrir, comme leMont-Ventoux, que des régions peu élevées. Les neiges y tombent en abondance en hiver , mais comme le point le plus haut du Mont-Dore n'est que de 1,888 mètres , il en résulte que ces neiges fondent entièrement en été, et laissent à découvert une région alpine qui s'étend de 1 ,800 à 1 ,500 mètres ; sur cette zone de 300 mètres crois- sent nos plantes les plus alpines. Nous avons donné leur no- menclature en parlant de l'ensemble de notre région monta- gneuse, et nous aurons occasion de présenter encore un peu plus loin la liste complète de celles qui habitent cette zone élevée. Un fait remarquable dans la végétation de cette ré- gion alpine , c'est l'absence totale des Rhododendrum ; la hauteur est plus que suffisante pour les admettre, mais, comme le pense Ramond , ils n'ont pas sans doute de som- mets assez hauts pour les proléger. Les Rhododendrum manquent en Corse comme en Auvergne. II arrive dans ces contrées ce qui a lieu à l'île de Palma aux Canaries. OKDUE i)F siii»Eiu>osrnoN. 369 Les montagnes de cette île atleifj;iietil rallilude rnk'essîiire pour que le Cytisus nubigenus |)uisse s'y dévelo[)|)er comme sur le pic de Ténéril'Ce où il est ahondaiit, et cependant il ne s'y montre pas. La configuration du sol et peut-être sa na- ture ont assez d'inlluence pour s'opposer à son appari- tion (1). Région subalpine. — A 1,500 mètres commence la ré- gion subalpine qui marque à peu près la limite supérieure de la végétation arborescente. C'est VAbies peclinata qui s'é- lève le plus haut. 11 constitue de très-belles forôts au-dessus desquelles on trouve encore dans la région alpine IdJimipc- rus nana, le Sorbiis Chamœmespilim et le Sorbiis Aria dis- séminés. La partie inférieure de la zone subalpine nous mon- tre de magnifiques forêts de hêtres , de bouleaux, et enfin le Pinus sylveslris qui occupe ici le dernier rang, tandis qu'il monte au premier dans les Pyrénées ; la région subalpine descend jusque près de 700 mètres. Région montagneuse. — La région montagneuse com- mence alors et montre les chênes, les châtaigniers, les cul- tures et les vergers. Elle se confond avec la plaine qui , à Clermont , reste élevée de 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Si l'on voulait obtenir des zones de hauteur bien détermi- nées sur le plateau central , on pourrait se servir des plantes cultivées. L'ohvier , le mûrier, le châtaignier, le noyer , la vigne, les arbres fruitiers, le blé, le seigle, le hn, les pom- mes de terre, indiquent selon l'exposition autant de bandes plus ou moins larges dont les productions varient comme la température. 7". Vosges, latitude moyenne 48°. — Région alpine. — (1) Webb el Berthelot, t. 3, p. 25. II 24 370 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Les Vosges ne dépassent pas 1,429 mètres, les sommets de leurs ballons restent en dessous du puy de Dôme, et c'est à peine si la région alpine se troupe représentée par quel- ques pelouses élevées qui forment le sommet des dômes ou ballons, et près desquels les forêts qui en couvrent les pentes viennent se terminer en buissons de hêtres nains et ra- bougris. Région mhalpine. — Elle est très-développée, elle s'é- tend de 1,400 à 700 mètres. Les arbres résineux y sont dominants : « Les parties les plus basses des montagnes sont occu- pées par le Pinus sylveslris entremêlé de Betula alba , au- quel succède, à mesure que le sol s'exhausse, VAbies pecti- nata [Pinus picea. Lin.), et dans les régions plus élevées encore VAbies excelsa {Pinus abies , Lin.); mais ces trois essences se marient quelquefois , et dans l'intérieur des vallées, sur leurs flancs surtout, des hêtres et des frênes d'une haute taille s'unissent aux arbres résineux; VAcer pseudo- Plalanus vient aussi varier cette magique verdure , et il finit par s'emparer avec le hêtre des régions les plus élevées. Dans ces dernières locahtés, ces deux arbres battus des vents, écrasés sous le poids des neiges des longs et rigoureux hivers restent petits et rabougris (1). » « Toutefois ces arbres, dit M. Mougeot, en continuant ses fidèles et gracieuses descriptions de la zone subalpine des Vosges, ne repoussent pas de leur société les essences d'ar- bres plus humbles , ils les abritent même. C'est ainsi que l'on trouve dans ces forêts le Sorbus Aria, le Sorbus Aucu- paria, VUlmus campestris, le Carpinus Betulus , le Salix (1) Mougeol, Considéralions générales sur la végétation spontanée du département des Vosges , p. G. OKDKF: 1)F SUPEUPOSITION. 371 caprea,\e Populus Trcmula, le lieiula alha, VAlnmgluli- tiosa. » « Toutes les places sont occupées , et si les besoins de l'homme ne le pressaient sans cesse d'abattre ces arbres, les l'orôts redeviendraient aussi impénétrables qu'elles l'étaient autrefois , tant la force végétative conserve sa puissance ori- ginelle dans une chaîne de montagnes si riche en terre végé- tale, si abondamment pourvue de sources et de cours d'eau, et offrant les expositions les plus favorables à chaque essence d'arbres. » Le tapis végétal abrité dans les Vosges par la végétation arborescente que nous venons de signaler, est absolument le mêmeque celui qui orne la région subalpine du plateau cen- tral, et nous ferons seulement remarquer que dans les Vosges ce n'est pas VAbies pectinata, comme en Auvergne, qui arrive à h limite des arbres , mais le hêtre et le sycomore , faits qui prouvent encore, comme l'a dit Wahlenberg , que les comparaisons d'espèces sont difficiles , et que le climat n'est pas la cause unique qui détermine les zones d'altitude. Région montagneuse. — Cette région qui se confond avec la plaine n'a plus d'arbres verts. Elle offre en grand nombre les Querciis sessiliflora et Q. pedunculala, encore le Fa- gus sylvatica , le Salix caprea , le Prunus Padus, le P. Mahaleb, le Tilia parvifolia , le Cerasus avium , VAcer campestre, etc. 8". Ardennes , latitude moyenne 49°. — Région monta- gneuse.— Les montagnes des Ardennes qui figurent sur notre tableau , sont trop basses pour qu'on puisse y distinguer plu- sieurs zones de végétation. C'est à peine si les plus hautes atteignent la région subalpine. Elles ne constituent donc que la seule région montagneuse qui se confond avec la plaine, et dans laquelle on rencontre mélangés la plupart des 372 DES ZONES DE VÉGÉTATION. arbres (jui , dans les chaînes plus élevées , orcupent cha- cune un niveau distinct. Leschônes, les hêtres, les bouleaux, les trembles , mais les hêtres surtout, forment la base de la végétation arborescente. De grands marais couverts de Spha- gmim, au milieu desquels croissent des saules buissonneux , établissent quelques rapports entre cette contrée et la La- ponie. 9^*. Carpathes , latitude moyenne 50°. — Région ni- vale. — Les Carpathes forment une vaste chaîne de monta- gnes, dont la végétation a bien plus de rapports avec celle des Alpes qu'avec celle des régions septentrionales de l'Eu- rope. Wahlenberg nous a laissé une appréciation très- exacte des associations végétales de cette contrée monta- gneuse. Les neiges persistantes n'existent pas dans les Carpathes, dont le sommet est pourtant à 2,700 mètres , et souvent même celles qui tombent en hiver disparaissent de bonne heure ; singulier contraste avec les belles montagnes de THelvétie , où les champs de neige sont éternels , et dont les fleuves glacés descendent jusqu'au milieu des campagnes et des pelouses lleuries. Les hautes régions des Carpathes sont caractérisées par la pauvreté de leur végétation et par la distance considéra- ble qui sépare la limite supérieure des espèces arborescentes des sommets oii devraient commencer les neiges éter- nelles, La région nivale commence donc au sommet des pics , et descend à 2,200 mètres, occupant une zone de 500 mètres de largeur. La partie supérieure de cette zone est extrêmement triste et plus pauvre en plantes que toutes les autres chaînes aussi élevées, et aussi moins pourvue de neiges persistantes. La terre manque totalement, et tout ce qui n'est pas roche «)|{nKK DE SUPEIIPOSITION. 373 en place et abrupte, est couvert de blocs et de débris amon- celés. Quoique les roches soient formées d'un granit blanc, elles sont tellement couvertes de lichens noirs, qu'elles en ont pris la couleur. Ces sommets dépourvus de neige et de toute verdure se présentent sous forme de cônes rembru- nis sur les côtés desquels les eaux pluviales ou accidentelle- ment torrentielles ont laissé des traces blanches de dénu- dation. Sur le sommet du Krivani , Wahlenberg a rencontré seu- lement dix espèces de plantes phanérogames , dont les Chry- santhemum alpinum , Campanula alpina , Arnica Doroni- cum, Primula minima, Geum monlamim , et Senecio abro- tanifolius, sont les j)lus remarquables. Ce sommet est pour- tant un des plus doux des Garpathes. Sur toute la surface su- périeure du Lomnitzensi il n'existe que le Gentiana frigida, le Saxifraga hryoides , le Ranunculus glacialis et le Poa disticha , encore ces espèces y sont-elles représentées par un très-petit nombre d'individus , tandis qu'en Suisse les sommets même plus élevés nourrissent un bien plus grand nombre de végétaux. Région alpine . — La limite supérieure est à 2,200 mè- tres ; elle descend jusqu'à la limite supérieure du Pinus Mugho, à 1,800 mètres. Elle offre donc une zone de 400 mètres de largeur. Les espèces que nous retrouverons plus bas, protégées par les pins, n'existent pas à cette élévation, où elles seraient abandonnées à toute l'influence des saisons. Gette zone infertile et sèche rappelle à l'esprit quelques par- lies sauvages et stériles de la Laponie. Mais, en comparant avec soin ces deux contrées , on ne trouve presque aucune ressemblance entre les montagnes des Garpathes et les Alpes de Laponie , car, dans ce dernier pays , la région subalpine offre en abondance les Erica, les Andromeda, le» Azalea, les 374 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Diapenzia , qui couvrent la terre par la multitude des indi- vidus , tandis que ces plantes manquent dans les Carpathes. Cette zone élevée qui nous occupe en ce moment dans ces montagnes, se montre extrêmement stérile, en grande partie couverte de blocs de pierre amoncelés, et s'il existe un peu de terre, elle est couverte de Poa disticlia, graminée dure et raide , et du Senecio abrotanifolius. Çà et là se trouvent pourtant dispersées quelques plantes basses, à fleurs grandes et remarquables , telles que : Arnica Doronicum , Primula minima, Campanula alpina, Gentiana frigida , Dianthus al- pinus et surtout une espèce des plus singulières, le Serratula pygmea , plante si courte et si spongieuse , qu'elle semble créée exprès pour vivre sur les sommets stériles. La distance qui sépare la limite supérieure du Pinus Mugho de la neige est d'environ 800 mètres, et la partie inférieure de cette zone est couverte de la végétation dont nous venons de parler, à laquelle viennent se mélanger VEmpetrum ni- grum, le Vaccinium uliginosum et le Salix retusa. Région subalpine. — C'est, comme dans la plupart des montagnes, celle où l'on commence à rencontrer des arbres, et presque toujours des arbres verts. Elle s'étend ici de 1,800 mètres à 1,200. Sa partie supérieure, caractérisée par le Pinus Mugho, est très-naturelle et bien plus facile à déterminer que la région de même dénomination dans les Alpes et dans la Laponie, où des arbrisseaux disséminés , tels que Salix glauca, Alnus viridis, n'indiquent jamais, d'une ma- nière précise, la limite supérieure où ils s'arrêtent, et forcent d'étendre cette région jusque sur le bord des neiges per- manentes. Dans les Carpathes, au contraire, le Pinus Mugho se rencontrant partout, donne un excellent moyen de dé- terminer rigoureusement la limite de cette région. Cette zone offre encore un bon nombre de belles espèces, abritées ^UnUE DE SlII»EIU>OSITION. 375 sur les pentes par le Pinus Mugho ; telles sont Doronicum auslriacum, CortJmsa Martliioli , Cincraria crispa, lïypo- cliœris lielvelica , Swcrlia yercnnis , Polyijouani JJislorla, et plusieurs autres plantes qui , à la faveur d'un abri , mon- tent plus haut dans les Carpalhes que dans rilelvélie. Mais dans les lieux stériles et privés du pin protecteur, c'est à peine si l'on trouve quelques pelouses sèches formées par le Poa disticha, et décorées ça et là de Campanula alpiiia, de Senecio abrotanifolius , etc. La limite supérieure du Pinus Mugho , où cet arbre est réduit à l'état de buissons rabou- gris, atteint l'élévation de 1,800 mètres, et le sol en est entièrement couvert. Quelques rares buissons montent pour- tant un peu plus haut, rampent au milieu des pierres et ar- rivent jusqu'à 2,000 mètres. La partie inférieure de cette région subalpine offre de belles forêts de sapins qui forment une zone placée entre la limite inférieure du Pinus Mugho et la ligne supérieure des hêtres. On y trouve encore : Acer pseudo-Platanus , Sambucus racemosa , Veronica aphylla , Ranunculus alpestris , Carex firma. Un peu plus haut, dans cette même région , l'aspect du pays se trouve entièrement changé, et au lieu des beaux et fertiles pâturages que la Suisse présente à cette élévation, on ne trouve, dans les Carpathes, que le triste et ennuyeux Pinus Mugho, qui , dès 1 ,350 mètres , commence à couvrir le sol avec des sapins qui ne s'élèvent pas au-dessus de 1,500 mètres, si ce n'est sur quelques points exceptionnels dans les vallées abritées , oii l'on en trouve encore un peu plus haut. Il est remarquable que, dans la Suisse septentrionale , le sapin monte partout à 1,800 mètres au-dessus du niveau de la mer, ou 300 mètres plus haut que dans les Carpathes, de- 376 DES ZONES DE VÉGÉTATION. sorte que la zone des sapins , qui s'étend , en Suisse , sur une largeur de près de 500 mètres, n'en a que 210 dans les Carpathes. Région montagneuse. ~ A 1,200 mètres commence, avec les hêtres , la région montagneuse , qui s'abaisse et va rejoindre la plaine. Elle est plus riche et plus belle que la ré- gion qui lui correspond en Suisse. Il y manque cependant des arbres et des arbrisseaux toujours verts, tels que : Ilex Aquifolius , lledera IJelix , Liguslrum vuJgare , Polygala Chamaebuxus, mais cette absence est compensée par l'abon- dance d'une foule de belles espèces , telles que : Senecio umbrosus , Dentaria enneaphylla, Symphytum tuberosum, Asarum europœum, Astrantia Epipactis , etc., et par la beauté des Heurs de plantes remarquables , comme Lilium Martagon , Géranium phœuin, Cortusa Matthioli, Lonicera nigra , etc. Quand les forêts cessent, les pelouses et les prairies mon- trent un grand luxe de graminées, parmi lesquelles on dis- tingue surtout Poa sudelica et Avena planiculmis. Le Conjhis Avellana et l'Alnus incana conservent, au- dessus des hêtres, à peu près la même distance qu'en Suisse. Enfin, la base de la région montagneuse, qui se confond avec la plaine , renferme les cultures et surtout les arbres fruitiers. Elle s'élève aussi haut et peut-être plus haut qu'en Suisse. Dans cette région basse abondent, dit Wahlenberg, Genista tincloria, Dianthus carlhusianorum, Coronilla va- ria^, etc., qui, s'ils ne manquent pas complètement dans la Suisse septentrionale, y sont du moins extrêmement rares. 10". Montagnes d'Angletekue et d'Ecosse, latitude moyenne 55". — Région nivale. — Ces montagnes ne figu- rent pas sur notre tableau déjà très-compliqué ; leur situa- tion reculée , pour celles de l'Ecosse surtout , donne à leur ORDRE DE SUPERPOSITION 377 végétation quelques rapports avec celle de la Laponie. Leur élévation atteint à ()eu près 1,450 mètres, c'est-à-dire la hauteur du puy de Dôme, et la neige (jui , |)endant l'hiver, les couvre d'une couche épaisse , fond entièrement pendant l'été. Sous cette latitude, la région nivale existe, malgré le peu d'élévation. \]n petit nombre d'espèces, dit M. Watson, sont particulières à cette région , qu'il désigne sous le nom d'alpine, mais qui , comparativement aux zones que nous avons étabhes pour les autres montagnes , doit prendre le nom de nivale. Ces espèces sont : Draba rupestris, Saxifraga cernua, S. rivularis , Luzula arcuata, Stellaria cerastoides, Arenaria rubella. Les autres, communément appelées al- pines, descendent plus ou moins dans les régions inférieures. Les sommets sont parfois couverts dte Luzula spicata. Silène acaulis, Carex rigida, Fesluca ovina, qui, à cette élévation, devient vivipare, Salix herbacea, et, parmi ces espèces, on trouve encore Saxifraga stellaris, Gnaphalium supinum, Statice Armeria, Juncus trifidus, Akhemilla alpina , Sib- baldia procumbeus. Le Leonlodon palustre, le Rumex ace- losa, arrivent à une grande élévation, mais ils ne fleurissent que jusqu'à la limite du Vaccinium Mijrlillus. Ce dernier et VEmpetrumnigrum sont ordinairement couchés, déprimés, et, comme le Salix herbacea, ne redressent leurs rameaux qu'à quelques pouces au-dessus du sol. Toutes les plantes qui atteignent cette région présentent ce caractère. On le remarque sur les Sibbaldia procumbens , Gnaphalium su- pinum. Silène acauhs, Saxifraga oppositifolia, qui s'élèvent au plus à un pouce au-dessus de la terre. Les Saxifraga slellaris, Aira alpina, Luzula spicata , Polygomim vivipa- rum , Juncus triglumis , Akhemilla alpina, sont réduits à la moitié et même au quart de leur grandeur naturelle. 378 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Cette misère du tapis végétal se fait aussi sentir sur le nom- bre des individus ; c'est à peine s'ils couvrent la terre, et ils restent en touffes isolées et distinctes. Cette végétation de la région nivale des montagnes de l'Ecosse a déjà de grands rapports avec celle du nord de l'Europe. Région alpine. — Elle est arrosée , dans les montagnes écossaises , comme celle de la Laponie , par de nombreux ruisseaux, et, offrant d'ailleurs de nombreux accidents de terrain , elle présente une flore riche et variée, qui se com- pose non-seulement de plantes propres à la région elle- même, mais des espèces supérieures qui descendent et des inférieures qui montent. Ainsi , on y trouve : Gnaphalium siipinum , Carex rigida , Cerastium alpinum , Azalea pro- cumbens, Silène acaulis, Juncus castaneus, Hieracium alpi- num, Juncus trifidus, Salix herhacea, Sibbaldia procum- bens, Cherleria sedoidcs, Juncus biglumis, Cerastium lati- folium , Veronica alpina et Phleum alpinum. Quelques espèces s'abritent dans les fentes des rochers, et se rencon- trent exceptionnellement, quoique croissant avec une grande vigueur; telles sont Myosotis sylvatica, Saxifraga nivalis. D'autres, a[«partenant à la plaine pour l'Ecosse et l'Angle- terre, montent jusque dans cette région, protégées par les rochers qui leur servent d'abri. Nous pouvons citer : Car- damine pralensis , Trollius européens , Pijrola rolundifo- lia, etc. On trouve aussi VUrtica dtoîica dans de semblables situations. Plusieurs arbres et arbrisseaux trouvent ici leur limite supérieure, et de ce nombre sont, d'après M. Watson : Sorhus Aucuparia, Betula alha, B. nana, Pinus sylvestris, Junipe7~us communis, Erica Tetralix, E. cinerea, Arbutus Lva-ursi , et plusieurs espèces de saules. On voit encore ici l'analogie qui existe avec la Laponie, oii les espèces arbo- ORDRE DE SUPERPOSITION. 379 rescentes montent relativement |)lus près des sommets et se mélangent aux plantes les plus alpines. Région subalpine. — Elle est désignée par M. Watson sous le nom de région moyenne ; elle commence immédiate- ment au-dessus des cultures et au-dessus des arbres de la famille des cupulifèrcs. On y trouve le Silène af aulis , (jui y descend avec les débris des rochers entraînés par les torrents. L'Epilobium alpinum est une espèce qui appartient plus par- ticulièrement à cette zone. On y rencontre aussi le Betula nana et l'Arabis petraea. Mais ce qui caractérise surtout cette région , c'est l'absence subite du Pleris aquiUna , qui at- teint le sommet des montagnes élevées , et celle du Salix herbacea et de l'Azalea procumbens , qui existent cepen- dant dans la région supérieure, sans pénétrer dans celle-ci. D'autres , qui habitent cette région , viennent certainement de plus bas , telles que le Géranium sylvaticum , le Senecio Jacobœa. Le Rubus Chamœmorus et le Cornus suecica com- mencent à devenir abondants. Le Juncus triglumis et le Tofielda palustris se rencontrent fréquemment , le Trien- talis europaea, qui, dans les Ardennes, se trouve sur la li- sière ou sous l'ombrage des bois , vient ici sur le bord des pâturages , et le Linnea borealis abandonne les forêts pour végéter dans les marais. Région montagneuse. — Elle est caractérisée par la pré- sence de diverses espèces , telles que : Arbutus Uva-ursi , Vaccinium Vitis idea, Poiygonmn vivifarum, Linnœa bo- realis, Trientalis europaea, Cornus suecica, Corallorhiza in- nata, Sedum villosum, Oxytropis uralensis, Galium boréale. Listera cordala. Quelques-unes de ces plantes essentielle- ment montagnardes descendent cependant jusque dans la plaine , où elles indiquent toujours la proximité des monta- gnes. Celles qui sont plus spécialement subalpines sont : 380 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Saxifraga aizoides, S. slellaris, Epilobium origanifolium, Alchemilla alpina, Oxyria reniformis. Au reste, cette ré- gion est mal déterminée. La hauteur à laquelle certaines espèces cessent de croître est rarement rigoureuse ; leur présence ou leur absence tient plus à la nature des stations et à leur proximité des côtes maritimes qu'à leur élévation absolue. En s'éloignant des lieux accidentés, et en restant dans des localités découvertes , où les exceptions sont plus rares, on trouve que le Saxifraga aizoides est une des espèces qui se rencontrent des premières après avoir quitté la plaine, et sur la ligne commune où les deux régions se confondent ; le Saxifraga slellaris lui succède en montant ; il est accompa- gné de V Alchemilla alpina et de V Epilohiwn origanifo- lium. Le Thalictrum aipinum et le Carex capillaris se trou- vent un peu plus haut. Au-dessus encore viennent: Tofiel- dia palustris, Juncus triglumis , Luzula spicata, et Oxyria reniformis , mais cette dernière plante descend très-bas le long des torrents et dans les ravins. Le Saxilraga oppositi- folia, le Dryas octopetala, le Draba incana et Sesleria cœru- lea commencent quelquefois au-dessus, quelquefois au mi- lieu des espèces citées plus haut , à l'exception cependant du Sesleria cœruleaqm, dans le nord du Suterland, descend jusque sur le rivage. Les cypéracées et les ericinéesse mon- trent en abondance sur les terrains incultes, et prennent la place des graminées et des légumineuses. Les chênes , les hêtres et les frênes se mêlent aux bouleaux et aux sapins pour constituer des forêts. Le Sorbiis Aucuparia et le Popn- liis 7>Y»nB SUPERPOSITION. 383 m(Hres. Les fougKRPOS1T10N. 385 VAclœa spicata, V Anémone ranunculoidesi, qui font partie de la llore des Alpes et des Pyrénées , et qui cependant habi- tent aussi la plaine dans une partie de la France. Nous n'y avons pas admis Y Anlhoxanlhum, odoralum, le Tciraxacum dens leonis qui sont des espèces des contrées planes , et que leur nature llexible conduit jusqu'aux plus hauts sommets. Nous avons trouvé dans l'ouvrage de M. Boissier la série des espèces de ses deux régions alpine et nivale , et nous avons pu constituer aussi la llore montagnarde du royaume de Grenade. Enfin , nos longues recherches sur le plateau central de la France nous ont donné un quatrième terme de compa- raison. Ce sont ces résultats que nous exposons dans le ta- bleau suivant : THALAMIFLORES. Alpes. Pyrénées. MidideTEsp. PI. cent. Renonculacées . . . . 42 45 14 19 Berbéridées 2 1 1 » Fumariacées 1 1 1 1 Papavéracées ..... 2 2 1 1 Crucifères 65 50 36 23 Cistinées 3 4 7 1 Violariées 13 9 5 6 Résédacées w 2 2 1 Polygalées 3 3 2 1 Droséracées 4 4 13 Silénées 24 13 8 9 Alsinées 30 22 18 10 Linées 3 2 12 Malvacées » » 2 » Hypéricinées 7 7 2 3 II 25 386 DES ZONES BE VÉGÉTATION. Alpes. Pyrénées. Mididel'Esp. PLeenf, Acérinées » » 1 » Géraniacées 7 8 7 5 Oxalidées 1 1 » 1 Balsaminées 1 1 » 1 Tiliacées 1 2 » 2 209 177 109 89 CALICIFLORES. Rhamnées 3 3 2 2 Légumineuses .... 55 57 34 27 Amygdalées 2 1 3 1 Rosacées 39 40 9 23 Sanguisorbées 4 4 2 3 Pomacées 8 7 4 8 Onagrariées 10 10 2 9 Paronychiées 3 3 8 1 Portulacées 2 1 1 1 Tamariscinées 1 1 » » Crassulacées 13 14 13 10 Grossulariées 2 2 » 2 Saxifragées 36 48 7 12 Ombellifères 37 39 23 22 Araliacées » » 1 » Caprifoliacées 6 6 2 4 Rubiacées. ...... 14 15 13 6 Valérianées 7 7 3 4 Dipsacées 5 4 4 3 Corymbifères 67 50 31 21 Cynarocéphales 29 25 17 9 Chicoracées 42 34 19 19 OUDRE DE SUPERPOSITION. 387 Aljics. Pyrt'iiées. MididriTEsp. PI. cent. Campanulacées 29 26 6 14 Empêtrées 1 1 » 1 Vacciniées 4 4 1 4 Ericacées 7 10 1 4 Pyrolacées 5 4 » 5 Monotropées 1 1 » 1 442 421 206 214 COROLLIFLORES Aquifoliacées 1 Geotianées 22 Convolvulacées .... » Solanées 1 Boraginées 6 Scroplmlariées .... 1 Antirrhinées 17 Rhinanthacées. ... 26 Labiées 19 Lentibulariées 7 Primulacées 31 Globulariées 2 Plumbaginées 2 Plantaginées 4 139 135 1 » 1 18 5 8 » 1 » 1 » 1 5 10 2 4 2 2 20 21 9 17 6 11 26 25 8 6 1 2 29 6 6 2 » » 2 3 1 4 3 1 83 52 MONOCHLAMYDEES. Polygonées 8 9 Thymélées 4 6 Chénopodées 1 1 388 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Alpes. Pyrénées. Mididel'Esp. Pi.cenî. Eléagnées.. ...... 1 » » » Santalacées 2 2 1 2 Aristolochiées 1 1 » 1 Euphorbiacées . ... 2 4 4 4 Urticées 1 1 » 1 Cupulifères 2 2 2 2 Salicinées 27 18 2 9 Bétulinées 5 4 » 2 Conifères 10 7 7 5 64 55 17 as MONOCOTVLEDOXES. Aroidées. . . . Orchidées. . . Iridées Liliacées. . . . Asparaginées. Amaryllidées. Colchicacées. . Juncaginées. . Typhacées . . . Joncacées. . . . Cypéracées. . . Graminées. . . Fougères .... Lycopodiacées, Marsiléacées . . Equisétacées. . 1 1 » 1 19 18 3 12 2 4 2 1 16 25 7 15 6 6 1 6 1 1 » » 3 3 1 1 3 3 » 1 1 1 )) » 16 18 7 11 51 39 13 20 50 41 38 20 17 17 12 11 6 6 » 5 1 1 » 1 1 1 » 1 194 185 84 106 ORDRE DE SUPERPOSITION. 389 Récapitulation. Alpes. Pyrénées. Midi de l'Esp. PI. cent Thalamiilores. . . ... 209 177 109 89 Calicillores 442 421 206 214 Corollillores. . . . 139 135 55 83 17 52 Monochlamydées . 64 38 Dycotylédones. . . . 854 788 415 393 Monocotylédones. . 194 185 84 106 1048 973 499 499 Nous n'établirons pas les proportions rigoureuses de chacune de ces familles au total de la llore de ces quatre contrées montagneuses ; nous nous bornerons à mettre eu regard , dans le tableau suivant , celles des cinq grandes classes de végétaux que nous avons souvent comparés. Ainsi, chaque classe est au total de la flore pour chaque contrée , dans les rapports suivants : Alpes. Thalamiflores. 1 : 5 Pyr énées. Midi c : 5,5 1 le l'Esp. : 4,3 Plat . centr. . 5,5 Caliciflores . . 1 : 2,4 Corolliflores. . 1 : 7,5 : 2,3 1 7,2 1 : 2,4 6 : 2,3 9,6 Monochlamyd 1 : 16,2 Dycotyléd. . 1 : 1,2 4 18 1 1,2 1 : 30 1,2 13 1,2 MoNOCOTYL. . 1 : 5,4 5,3 1 6 4,6 Essayons maintenant de tirer quelques conclusions de ces tableaux. Les famillesdominantesdans les flores des montagnes sont : les renonculacées, les crucifères, les violariées, les ahinées, ies légumineuses^ les rosacées, les saxi frayées y les ombelli' 390 DES ZONES DE VÉGÉTATION. fères, les synanlhérées , les campanulacées , les éricacées, gentianées , rhinanlhacées , primulacées , salicinées , coni- fères; et parmi les monocotylédones : \es orchidées, juncées, cypéracéeSy graminées et fougères. On trouve, comme on le voit, les plus grands rapports avec les flores du nord ; comme dans celles-ci , des familles entières s'elfacent ou ne sont plus représentées que par des espèces isolées. Ce ne sont donc pas les ressemblances et les analogies entre la végéta- tion des montagnes et celle des régions septentrionales que nous devons rechercher, ce sont leurs différences , si elles existent. Il nous suffira , pour les reconnaître, d'étudier les grandes classes de végétaux , et de nous reporter un instatit au tableau de la page précédente. Le trait le plus frappant est la diminution progressive des monocotylédones. Leur proportion , pour la France , est à peu près de 1 : 4 , et, dans les Alpes et les Pyrénées , elles ne sont plus que 1 : 5,4 et 1 : 5,3. Dans le royaume de Grenade, elles sont 1 : 5,8 , et, si l'on prend seulement les espèces des zones alpine et nivale de M. Boissier, elles ne sont que de 1 : 6. Sur le plateau central, leur proportion dans les montagnes est à peine différente de celle des plaines, ce qui tient au peu d'élévation de nos sommets. La propor- tion 1 : 4,4 pour l'ensemble devient seulement 1 : 4,6 pour notre région montagneuse. Les thalamiflores conservent à peu près leur proportion en altitude comme en latitude. Les calici flores tendraient à augmenter par l'élévation ; les résultats sont un peu plus forts pour le royaume de Grenade et pour le plateau central qu'ils ne le sont dans la plaine. Cette classe , au contraire , s'affaiblit en s'avançant vers les pôles. Les coroUi flores conservent leur proportion pour les mon- ORDRE DE SUPERPOSITION. 391 tagnes de Grenade, mais elles s'alfaiblissent dans les Alpes, dans les Pyrénées et surtout sur le plateau central , où elles forment à peu près 1 : 7, tandis que , dans la région mon- tagneuse, elles ne sont plus que 1 : 9,6, à peu près la môme proportion qu'en Laponie, oii elles sont 1 : 10,1. Les monochlamydées suivent , dans les montagnes , la même marche qu'en avançant vers le nord ; elles perdent des chénopodées, des eiiphorbiacées, des urticées, etc., mais elles gagnent des amenlacées et des conifères. En résumé, il existe de très-grandes ressemblances entre les flores des montagnes et la végétation des régions septen- trionales de notre hémisphère. Pour rendre ces résultats plus sensibles ou pour faire jaillir d'autres considérations , nous avons cru nécessaire de dresser d'autres listes ou de constituer d'autres flores , en- tièrement dégagées des influences de la plaine sur l'altitude, c'est-à-dire que nous avons cherché à obtenir des flores de sommets élevés. Ces nouvelles hstes , que nous nous sommes efforcé de rendre aussi exactes que possible, ne renferment que les es- pèces qui, sous le cHmat de la France , ne descendent pas ordinairement au-dessous de 1 ,450 à 1 ,500 mètres, ce qui, pour le plateau central , nous donne la hauteur du sommet du puy de Dôme. Cette Hmite inférieure ne peut être ab- solue ; nous avons suffisamment indiqué les causes nom- breuses des écarts accidentels. Elle ne peut aussi être prise en considération que pour la situation particulière de chaque chaîne ou de chaque groupe de montagnes. Ainsi , telle es- pèce qui , dans les Pyrénées par exemple, ne descend pas au-dessous de 1,500 mètres, pourra vivre à 500 mètres, à 100 et même à 0 dans le nord de la France , ou en Alle- magne , ou en Laponie. 392 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Pour le midi de l'Espagne, nous avons élevé de beaucoup notre limite inférieure, et nous l'avons portée , vu la lati- tude, à 2,500 mètres, réservant seulement, pour cette flore alpine, la région nivale de M. Boissier. Voilà les chiffres obtenus pour chacune de ces flores. Liste des plantes des sommets élevés des Alpes , des Pyré- nées , du midi de V Espagne et du plateau central.] Renonculacées . . . . Papavéracées . Crucifères. . . Cistinées. . . . Violariées. . . , Résédacées.. , Droséracées. , Silénées. . . . Alsinées . . . Hypéricinées . Géraniacées . THALAMIFLORES. Alpes. Pyrénées. Mididel'Esp. PI. cent. 14 14 4 2 2 1 1 » 26 18 10 6 1 1 » » 6 5 2 2 » 1 1 1 » » 1 » 8 5 10 3 3 9, 11 2 1 1 » » » 2 1 » 69 44 26 15 CALICIFLORES • Rhamnées. . . . . . . » » 1 » Légumineuses. . 14 15 3 4 Rosacées , 10 12 3 3 Onagrariées. . . 2 2 1 2 Paronychiées... 1 1 2 1 ORDRE DE SUPERPOSITION'. 393 Alpes. Pyrénées. Mididel'Esp. PI. cent. Crassulacécs 6 6 3 3 Saxifragées 26 32 2 5 Ombellifères 6 8 5 2 Capril'oliacées 2 2 » 2 Rubiacées 4 5 1 1 Valérianées 2 1 1 » Dipsacées » » » 1 Corymbifères 33 18 10 8 Cynarocéphales .... 3 6 3 » Chicoracées 10 7 5 7 Campanulacées. ... 11 9 2 4 Empêtrées 1 1 » 1 Vacciniées » » 1 » Ericacées. ....... 3 3 » » COROLLIFLORES. Gentianées 11 Boraginées 1 Scrophulariées .... » Antirrhinées 7 Rhinanthacées .... 19 Labiées ......... 3 Lentibulariées . ... 2 Primulacées 24 Globulariées » Plumbaginées » Plantaginées 2 134 129 43 43 » » » » » 1 7 6 1 9 2 5 5 2 » 2 1 1 22 2 2 1 n 1 » ï » 2 2 1 70 57 21 14 394 DES ZONES DE VEGETATION. MONOCHLAMIDEES. Alpes. Pyrénées. MidideTEsp. PI. cent. Polygonées , Thymélées. Salicinées. . Bétulinées . Conifères. . Total des dycotylédones 290 246 94 4 4 1 2 )) » » 1 8 7 1 4 2 2 » » 3 2 2 1 17 16 4 8 80 MONOCOT YLEDONES . Orchidées 4 4 Iridées 1 2 Liliacées . 3 3 Asparaginées 1 1 Colchicacées 3 2 Juncaginées 2 2 Joncacées 8 8 Cypéracées 19 13 Graminées 14 13 Fougères 3 3 Lycopodiacées .... 2 2 Total des monocotyl. . 50 53 Total général... 340 299 » 4 » 1 » 1 » 1 » » » » 1 3 2 3 10 6 5 3 » 2 18 24 112 104 lie tableau suivant nous offre les proportions des grandes, classes. ORDRE DE SUPERPOSITION. SOMMETS ÉLEVÉS. 3y.> Thalamiflores. Caliciflores.. . Corolliflores. . Monochlamyd Alpes. 1 : 5 1 : 2,5 1 : 4,8 1 : 20 1 : 1,2 1 : 6,8 Pyrénées. 1 : 6,8 1 : 2,3 1 ; 5,2 1 : 19 Midi dcl'Esp. 1 : 4,3 1 : 2,6 1 : 5,3 1 : 28 Pi al. 1 1 ; 1 ; 1 rentr. : 7 : 2,4 : 7,4 : 13 Dycotyléd . . . Monocotyléd . 1 : 1,2 1 : 5,6 1 : 2 1 : 6,2 1 1 : 3 : 4,3 La proportion des dycotylédones au total reste la même que dans les flores moins montagnardes , excepté sur le plateau central , où elle diminue. Les monocotylédones s'affaiblissent encore un peu avec l'élévation ; le plateau central seul fait exception , mais ses sommets ne s'élèvent pas assez haut et sa flore n'admet pas un nombre assez grand d'espèces alpines pour que cette légère exception détruise la loi de diminution des monocotylédones avec l'altitude, phénomène inverse à celui qui se manifeste en latitude , oii , au contraire , elles vont en augmentant. Au reste, si les chiffres n'indiquent pas clairement ce ré- sultat pour nos montagnes , l'observation le démontre. On remarque déjà qu'un certain nombre de monocotylédones très-communes dans les régions du nord n'atteignent pas une grande élévation sur le plateau central. Ainsi , les Car ex y qui , en Laponie, sont excessivement nombreux en espèces et en individus , disparaissent presque complètement à une grande élévation. Nous n'en retrouvons que très-peu vers 1 ,400 à 1 ,500 mètres, quoique le sol et la station offrent les mêmes caractères. Les Eriophorum et môme VE. alpinum , ne s'élèvent 396 DES ZONES DE VÉGÉTATION. pas très-haut. Les Juncus cèdent la place aux Luzula, et cela malgré la station, qui, à l'altitude près, est souvent la même que dans la plaine. Nous pouvons rendre ce résultat plus sensible en compa- rant les proportions de ces deux grandes classes de végétaux dans nos flores alpines à celles des flores du nord. Ainsi, les monocotylédones sont au total des plantes de chaque flore des régions suivantes , en suivant la diminution d'alti- tude des chaînes ou groupes , dans la proportion de : Flore des Alpes élevées 1 : 6,8 — des montagnes de Grenade 1 : 6,2 — des Pyrénées élevées 1 : 5,6 — du plateau central 1 : 4,3 Diminution graduée extrêmement remarquable. Et pour les flores septentrionales , en allant , au contraire , du sud au nord : Latitude 44" à 47°. Ensemble du plat, central — 50° à 56°. Allemagne. 50° à 58°. Angleterre, 57° à 58°. 59° Hébrides, Orcades. — 60° à 61°. Shetland, 62° Feroë 64° à 66°. Islande 65° à 70°. Laponie (maximum) .... 67°,30' à 68°,28'. Iles Loffoden. . . 70° Altenfiord 70°, 40' Hammerlcst 71° Mageroë 71°, 10' Cap-Nord 79° à 80°. Spitzberg 4,4 4,4 3,5 3 3 2,8 3 2,8 2,7 2,8 3,4 3,4 3,5 4,8 6,4 ORDRE DE SUPERPOSITION. 397 Ces résultais sont concluants; la latitude agit évidemment en sens inverse de l'altitude ; on voit le nombre des mono- cotylédones augmenter à mesure que l'on avance vers le nord, et ce nombre atteint son maximum en Islande et en Laponie, mais au delà de la latitude , déjà très-boréale de ces deux contrées , la masse des monocotylédones va au contraire en diminuant , comme sur les sommets des montagnes, et il est extrêmement remarquable de retrouver sur les points élevés du royaume de Grenade la même proportion entre les deux grandes classes de végétaux , que celle qui existe au Spitz- berg, à la distance énorme de 44 degrés de latitude. Déjà cette diminution des monocotylédones se fait sentir du 70 au 71°, à Mageroë, où la proportion qui était de i : 2,7 en Laponie devient 1 : 3,5 , tandis qu'au Spitzberg cette pro- portion est de 1 : G, 4. A l'île Melville le rapport est aussi 1 : 3,3, au Groenland 1 : 3,5. Dans la flore de llookcr, pour les parties nord de l'Amérique, la proportion devient 1 : 4,1. Si , au lieu de prendre la flore de l'Amérique boréale de M. Hooker, on réunit les espèces indiquées par J. Richard- son et R. Brown dans leurs appendices botaniques au pre- mier voyage de Franklin au pôle nord, et que l'on sépare les plantes qui habitent seulement les terres américaines situées entre les 64 et 69" de latitude , on obtient entre les deux grandes divisions du règne végétal le rapport 1 : 4,5. C'est à dire que les monocotylédones sont moins nombreuses que dans la flore de Hooker, qui comprend des régions moins bo- réales. Au reste, on voit qu'à latitude égale, au delà du cer- cle polaire, la proportion des monocotylédones ne paraît pas diminuer d'une manière uniforme dans ces deux continents, et que le nord de l'Amérique accuse un climat plus boréal que celui qui existe en Europe sous les mêmes parallèles. Il 398 DES ZONES DE VÉGÉTATION. suffit pour cela d'une seule comparaison , celle des flores de Laponie et de l'Amérique boréale. Les rapports sont 1 : 2,7 pour la Laponie, 1 : 4,1 pour l'Amérique. Il était intéressant de rechercher si en Asie, et toujours au delà ou aux environs du cercle polaire, cette loi singulière de la diminution progressive des monocotylédones se soute- nait comme en Europe et en Amérique. Voici le tableau de quelques rapports dont les matériaux nous ont été fournis par la grande flore de Ledebour. Pays des Tschuktskis , au nord et au-dessus du Kamts- chatka , et dont une moitié au delà du cercle polaire 1 : 9,6 Sibérie arctique 1 : 5,6 Kamtschatka 1 : 4,5 lies de l'Océan oriental 1 : 3,3 Ces dernières sont en deçà du cercle polaire. Le nord de l'Asie présente donc le même caractère que les deux autres continents , dont les extrémités approchent aussi du pôle nord , et ces faits sont tellement concluants , que l'on peut considérer comme une loi bien établie Vaug- mentation pt'ogressive du nombre absolu des monocotylé- dones en allant de Véquateur vers le cercle polaire , et au delà de cette latitude la diminution progressive de ces mêmes monocotylédones , comme cela a lieu sur les monta- gnes élevées. La même loi s'apphque , pour l'Europe au moins , et comme nous l'avons déjà fait remarquer, aux espèces aqua- tiques, et pour l'altitude et pour la latitude. Au delà du cercle polaire l'analogie entre les latitudes et les altitudes élevées se transforme pour ainsi dire en identité. Nous savons peu de chose sur la distribution géographi- que des végétaux dans l'Hémisphère austral , et nous ne ORDRE DE SUPERPOSITION. 399 pouvons en aucune manière vérifier les observations que nous venons de faire sur la partie du globe terrestre où nous som- mes placés. Il n'existe pas de terres, ou du moins de terres connues vers le pôle sud. Les régions les plus australes sur lesquelles nous ayons des renseignements, sont les Maloui- nes , la Nouvelle-Zélande et quelques îles un peu plus rap- prochées du cercle polaire. A la Nouvelle-Zélande les monocotylédones sont au total de la flore comme 1 : 2,8 Aux Malouines 1 : 2,6 En comprenant avec les Malouines , Fuegia , quelques parties de la côte sud-ouest de la Patagonie , la terre de Palmer et les groupes voisins , tels que les Sheetland du sud , la Géorgie du sud, l'île de Tristan d'Acuhna, et la terre de Kerguelen , toutes régions qui sont encore à une assez grande distance du cercle polaire , on obtient la proportion de..... 1 : 3,1 et pour les archipels des Campbell et des îles de Lord-Au- ckland plus voisins du cercle polaire, celle de 1 : 2,1 , une des plus fortes proportions connues dans le nombre monocotylédones. Ces diverses localités, et notamment la Nouvelle-Zélande et les Malouines , se rapprochent beaucoup des proportions qui existent en Laponie , quoique situées sous des latitudes bien plus basses. Il nous est donc impossible de poursuivre nos comparaisons en altitude et en latitude jusque dans l'hé- misphère sud. Ce fait admis de la diminution numérique des espèces monocotylédones sur les sommets élevés et au delà du cercle polaire, ne prouve pas que ces plantes s'effacent de ces con- trées, et soient remplacées par des dycotylédones ; il semble au contraire qu'à mesure que la proportion des espèces dimi- 400 DES ZONES DE VÉGÉTATION. nue , le nombre des individus augmente. Ce sont les espèces les plus sociales qui résistent, et ce sont elles qui impriment aux régions oii elles se développent cette uniformité et cette monotonie désespérante des grandes plaines du nord. Parmi les dycotylédones nous voyons les Thalami flores se maintenir à peu près dans les mêmes proportions sur les sommets des Alpes et des montagnes du royaume de Gre- nade ; mais elles diminuent sensiblement dans les Pyrénées élevées, et plus encore sur le plateau central. Les CaJiciflores ne changent pas de proportions dans les llores des hauts sommets. Elles restent ce qu'elles étaient dans les listes comprenant les flores générales des montagnes. Les CoroIIi flores offrent des anomalies très-singulières ; leur proportion augmente beaucoup sur les sommets, elle de- vient plus considérable sans exception sur les quatre points que nous avons observés , résultat encore inverse de celui qu'on obtient en s'élevant en latitude , inverse aussi de celui que nous avons exprimé un peu plus haut en nous occupant des flores des montagnes, et non des sommets élevés. Les MonochJamydées restent sensiblement dans les mêmes rapports que pour les flores moins montagnardes qije nous avons examinées un peu plus haut. Cet accroissement des Corolhflores sur les sommets des montagnes, coïncidant avec ladiminution des monocotylédo- nes, caractère qui appartient aux régions méridionales, nous a fait penser à comparer aussi les rapports des corolliflores dans des contrées très-boréales, afin de savoir si le chiffre des espèces qui appartient à cette classe des dycotylédones irait aussi en se relevant comme sur les montagnes. Voici nos résultats. Les Corolliflores sont au total de la flore dans les propor- tions suivantes : Lat. ORDRE DE SUPERPOSITION. ^¥ à 47** Ensemble du plat, rentrai. 1 50 à 56. Allcnmagne 1 50 à 58. Angleterre 1 57 à 58. Hébrides 1 401 6,8 6,6 7,2 6,2 7 7,1 8,5 9,1 10,1 10 9,7 13,1 13,7 14 70 67 10,7 10,5 59 Orcades 1 60 à 61. Shetland 1 62 Feroë 1 64 à 66. Islande 1 65 à 70. Laponie 1 67 30' à 68» 28'. Iles Loffoden 1 70 Altenfiord 1 70 à 40. Ilamerfest 1 71 Mageroë 1 71 à 10'. Cap nord 1 79 à 80. Spitzberg 1 Ile Melville 1 Groenland 1 Amérique arctique 1 Les plantes à corolle monopétale vont donc toujours en déclinant vers les régions polaires , et non en augmentant comme sur le sommet des montagnes. Elles suivent le même décroissement dans le nord de l'Amérique et dans les deux points les plus rapprochés du pôle oii les botanistes ont péné- tré ; à l'île Melville en Amérique et au Spitzberg en Europe, il ne reste plus pour chacune de ces contrées qu'une seule corolliflore. Quelles sont donc les causes évidemment étrangères à la température qui produisent de tels résultats? Nous devons maintenant nous occuper de rechercher quel est le degré d'analogie qui existe entre la flore de notre ré- gion montagneuse et celles des Alpes et des Pyrénées, entre lesquelles nous sommes placés , et quels rapports elle peut II 26 402 DES ZONES DE VEGETATION. avoir avec la végétation du sommet des montagnes de Gre- nade et celle de la Laponie. Les chiffres vont nous guider dans ces recherches. Il est bien entendu que nous ne pre- nons ici que la flore des sommets élevés. Celle de notre ré- gion montagneuse composée des espèces qui ne descendent guère au-dessous de 1,400 à 1,500 mètres est formée des espèces suivantes : Liste des espèces du plateau central de la France qui ne descendent pas habituellement au-dessous de 1,400 à 1^500 mètres. La lettre A indique les espèces qui habitent aussi les Al- pes , la lettre P les Pyrénées , la lettre G le royaume de Grenade , la lettre L la Laponie, Anémone vernalis, A. P. L. — alpina , A. P. Braya pinnatifida , A. P. Cardamineresedifolia, A. P. G. Brassica montana, A. P. G. Thlaspi alpestre, A. P. Arabis cebennensis. — alpina , A. P. G. L. Viola sudetica , A. P. — biOora, A. P. L. — palustris, A. P. G. L. Astrocarpus sesamoïdes, P. Silène ciliata , P. — rupestris, A. P. G. L. Diantbus cœsius , A. Alsine verna, A. P. Gerastium lanatum , P. — alpinum , A. P. G. L. Trifolium alpinum, A. P. — spadiceum, A. P. — badium , A. P. — pallescens, A. P. G. ? Genista Delarbrei , P. — purgans , P. SorbusChamœmespilus, A. P. Geum montanum, A. P. Alchemilla alpina, A. P. G. L. Circaea alpina, A. P. L. Epilobium trigonum , A. — origanifolium, A, P.G. L. Sedum annuum, A. P. G. — repens , A. P. — brevifolium , A. P. G. Saxifraga exarata , A. P. — stellaris, A. P.G.L. — Aizoon , A. P. L. OUDRK I)K STIPF.IIPOSITION. 403 Saxifraga rotundil'olia. , A. P. — hryoides, A. P. Buplevrum longifolium , A. Meum Mutcllina, A. P. — athamanticum , A. P. Angelica pyrenaica , P. Lonicera alpigena, A. P. Gâlium saxatile, A. P. Doronicum austriacum , P. Adenoslyles albifrons , A. P. Senecioleucophyllus , P. — Doronicum, A. P. G. Erigeron alpinum, A.P.G.L. Gnaphalium supinum, A .P. L. — norwegicum, P. L. Petasites alba , A. Cirsium rivulare, A. P. Leontodon pyrenaicum, A. P. Hieracium aurantiacum , A. — longifolium , A. P. Crépis grandiflora , A. P. — succisœfolia . P. Sonchus alpinus, A. P. L. Jasione perennis , P. Campanula linifolia, A. P. Phyleuma Halleri, A. P. — hemisphericum, A. P. Empetrum nigrum , A. P. L. Arbutus Ura-ursi, A. P. G. L. Gentiana verna, A. P. G. — angulosa , A. P. Swertia perennis , A. P. Ramondia pyrenaica , P. Hartziaaipina, A. P. L. Pcdicularis comosa , A. P. G. — foliosa , A. P. — verticillata, A.P.G.L. Euphrasia minima , A. P. G. Pinguicula grandillora , A. P. Androsace carnea , A. P. Soldanella alpina, A. P. Plantago alpina, A. P. Rumex alpinus, A. P. Salix herbacea, A. P. L. — lapponum , P. ? L. — repens , A. P. — phylicifolia , A. P. L. Juniperus nana , A. P. G. L. Listera cordata, A. P. L. Orchis globosa, A. P. — albida, A. P. L. Crocus vernus, A. P. AUium victoriale, A. P. Streptopusamplexifolius, A. P. Luzula spicata , A. P. G. L. — glabrata , P. L. Juncus alpinus, A. P. G. L. Carcx pauciflora, A.L. — fiiiformis, A. P. L. Eriophorum alpinum, A. L. Festuca rhœtica , A. P. — spadicea, A. P. G. Poa alpina, A. P. G. L. Agrostis rupestris, A. P.L. Phleum alpinum , A. P. L. Allosorus crispus , A. P. G. L. Veronica alpina, A. P. G. L. Lycopodium Selago, A. P.L. 404 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Ces 104 espèces représentent notre flore la plus alpine, et sur ce nombre : 1 6 sont communes aux quatre contrées comparées ; 82 — aux Alpes et aux Pyrénées ; 7 — aux Alpes et non aux Pyrénées ; 14 — aux Pyrénées et non aux Alpes ; 0 — au royaume de Grenade seulement ; 0 — à la Laponie seulement ; 1 — au plateau central seulement ; 10 — aux Alpes ou aux Pyrénées et au roy. de Gren.; 21 — aux Alpes ou aux Pyrénées et à la Laponie, On doit conclure de cet examen que la flore alpine du pla- teau central ne lui appartient pas, mais se compose, à l'ex- ception de VArabis cebennensis , de plantes colonisées ; que les plus grands rapports existent avec les flores des Alpes et des Pyrénées, puisque 82 espèces sur 104 se trouvent aussi dans l'une ou dans l'autre de ces deux chaînes ; Que l'analogie avec les Pyrénées est plus grande qu'avec les Alpes, puisque 14 espèces du plateau central vivent dans les Pyrénées sans se trouver dans les Alpes, et qu'il y a seu- lement 7 espèces de notre flore qui existent dans les Alpes à l'exclusion des Pyrénées ; Que les rapports avec la Laponie sont aussi très-intimes , puisque 21 espèces sont communes à la fois aux Alpes ou aux Pyrénées et à la Laponie, et puisqu'il faut ajouter à ces espèces 16 autres, communes à toutes les contrées compa- rées, ce qui porte à 37 sur 104 le nombre des espèces qui vivent à la fois et en Laponie et dans les parties les plus éle- vées du plateau central ; que l'analogie existe aussi , mais à un moindre degré pour les montagnes du midi de l'Espagne, ALTITUDE ET LATITUDE. 405 puisqu'elle est représentée par 26 espèces communes, dont 16 appartiennent aux quatre contrées. § 4. ANALOGIE ENTRE L'AIiTITUDE ET I.A LATITUDE. — PROPORTION RELATIVE DES GENRES ET DES ES- PÈCES. Nous savons que , sous les différentes latitudes , quand des montagnes atteignent une certaine élévation , elles sont alors couvertes de neiges qui ne fondent jamais, et que leurs sommets restent plongés dans un hiver éternel. La limite de ces neiges permanentes est dans un état presque continuel d'oscillation et varie moins cependant par l'inégalité de tem- pérature dés étés qui la font reculer, que par la dispropor- tion des chutes de neige hivernale qui lui permettent de s'étendre. On peut, malgré cela, lui assigner une hauteur moyenne , qui varie dans chaque lieu , selon son exposition et selon sa latitude. Cette limite extrême , oii vient expirer la végétation con- tinue, est analogue à celle qui existe au delà du cercle po- laire, où les frimas opposent aussi au règne végétal une bar- rière entièrement infranchissable pour lui. L'identité ne peut cependant pas exister entre ces deux situations extrêmes. D'un côté, le raccourcissement de la colonne atmosphérique , qui appuie sur les montagnes ; de l'autre , l'obliquité des rayons solaires et leur long séjour sur les terres polaires , déterminent plus de ressemblance que d'analogie. Des associations analogues nous montrent les mêmes ef- fets et les mêmes contrastes dans les deux localités, mais les espèces qui les composent sont presque toujours différentes. Les mêmes traits caractéristiques de la dispersion se re- 4^06 ALTITUDE ET LATITUDE. trouvent dans les régions polaires et dans relies qui leur correspondent par l'altitude. Si les espèces ne sont pas identiques à de très-grandes distances , les genres ou au moins les familles se présentent avec toutes leurs analogies. Ainsi, dans les Andes du Pérou, au-dessus de Quito, \es labiées, hsrubîacées, \es malvacées , les eiipliorbiacées manquent près de la limite des neiges éternelles, comme l'a dit le premier M. de Humboldt, exac- tement comme ces mêmes familles disparaissent vers le cer- cle polaire. Au contraire, les graminées, les éricacées àey'ien- nent abondantes dans ces montagnes du Pérou, comme elles le sont dans les parties les plus froides de l'Islande et de la Laponie. Cette règle cependant subit des exceptions sous la zone torride, car si les familles absentes des pôles le sont aussi des Andes équatoriales , il n'en est pas de même des synanthérées, qui, rares aune haute latitude, sont, au con- traire , abondantes dans les parties élevées des montagnes de la zone torride, tandis que les fougères, qui, vers le pôle, supportent les froids les plus rigoureux, existent à peine dans les Andes au-dessus de 3,600 mètres (1). M. Thurmann fait remarquer qu'aux niveaux élevés, les endogènes phanérogames ont un développement relative- ment moindre que dans les contrées basses , ce qui donne- rait pour l'altitude un nombre inverse à celui de la latitude , c'est-à-dire que les monocotjlédones diminueraient en pro- portion à mesure qu'on s'élève, tandis qu'elles augmentent en allant vers les pôles. Les recherches que nous avons exposées dans le paragra- phe précédent confirment ces remarques de M. Thurmann. Le même savant se demande « si ce fait curieux de dis- (l) Humboldt, de distribut, geogr. plantarutn , p. 144. PROPORTION DES GENRES. 407 proportion entre les deux classes , déterminé par les diffé- rences de niveaux, ne serait pas dû en partie au moindre rôle des sols désagrégés et aquatiques, et de l'extrême di- minution dans la quantité et la puissance des humus et des sables , par suite de la grande extension qu'y prennent les masses rocheuses à fortes inchnaisons (1). » Les graminées et les cypéracées , qui s'avancent si loin vers les pôles, ne sont pas les plantes qui occupent les der- niers gradins des montagnes. Au-dessus d'elles , dans les Alpes, se trouvent encore des Arenaria, des Silène, des Are- tia en gazons courts, serrés et rabougris. M. Thurmann fait encore observer que cette disproportion des deux grandes classes de végétaux , c'est-à-dire l'aug- mentation àe certaines familles de monocotylédones, telles que les graminées , les cypéracées , en allant vers le pôle de notre hémisphère boréal , tient peut-être à la nature dis- grégée du sol, plutôt qu'à toute autre cause. « Lorsqu'on se rappelle, dit-il, que le continent Scandinave, qui a fourni une des bases de comparaison , est particulièrement formé de roches cristallines engéogènes (disgrégées) , qui, toutes choses égales, donneraient lieu à un chiffre plus élevé d'en- dogènes phanérogames que l'Allemagne et la France, où les roches dysgéogènes (compactes) offrent un plus grand dé- veloppement, on sent que cette considération ne saurait être négligée dans le calcul (1). » On doit tenir compte, en géographie botanique, de toutes les influences, mais le fait de l'augmentation numérique des monocotylédones vers les régions polaires doit tenir à une cause plus générale que l'état physique du sol. Le nombre des espèces , relativement à celui des genres, (1) Thurmann , Essai de phyloslalique, p. 300. 408 ALTITODE ET LATITUDE. va, comme on le sait, en diminuant de l'équaleur au pôle. Nous avons voulu vérifier si, de la base au sommet des mon- tagnes, cette loi conservait sa puissance et ajoutait une ana- logie de plus entre l'élévation de la latitude et le degré d'altitude. Voici nos résultats pour les quatre contrées dont nous avons étudié la végétation montagnarde : Espèces. Genres. Rapports. Alpes 1048 312 1 : 3,35 Pyrénées 973 313 1 : 3,10 Royaume de Grenade. . .. 499 243 1 : 2,05 Plateau central 499 235 1 : 2,12 Laponie entière 712 299 1 : 2,38 On voit combien ces proportions se rapprochent de celles de la Laponie, et si la diminution du nombre des espèces, relativement au nombre de genres, est moins apparente dans les Alpes et dans les Pyrénées que pour le plateau central et le midi de l'Espagne , cela tient à ce que ces deux der- nières contrées offrent bien moins d'étendue géographique que les deux grandes chaînes de montagnes citées en pre- mier Heu. Dans chacune de ces contrées, sans exception , le Dombre relatif des espèces a diminué avec l'altitude. Le tableau suivant va nous montrer s'il existe une diffé- rence pour les mêmes rapports entre les monocotylédoues et ks dycotylédones. Espèces. Genres.. Rapports. Alpes. -Dycotyl.. 854 252 1 : 3,39 Monocot.. 194 60 1 : 3,23 Pyrénées. -Dycotyl.. 788 249 1 : 3,16 Monocot.. 185 64 1 : 2,9 s. 409 ïenres. Rapports. 200 1 : 2,07 43 1 : 1,95 185 1 : 2,12 50 1 : 2,12 PORPORTION DES GENRES. Espèces. R. de Grenade. — Djcotyl. . 415 Monocot.. 84 Plateau central. — Dycotyl . . 393 Monocot.. 106 Laponie. — Dycotyl.. 448 222 1 : 2,01 Monocot.. 263 77 1 : 3,41 Quoique les différences soient peu sensibles , on remar- que pourtant que chaque genre monocotylédon contient un peu moins d'espèces à mesure qu'on s'élève , résultat inverse de celui qu'on obtient en allant du sud au nord , comme on peut le voir en se reportant à la page 293. Enfin, si nous séparons les flqres des sommets élevés dont nous avons donné les éléments un peu plus haut, nous en construisons le tableau suivant : Sommets élevés. Espèces. Alpes 340 Pyrénées 299 Royaume de Grenade. . 112 Plateau central 104 Laponie entière 712 Ici, l'influence de l'élévation est extrêmement marquée ^ et la diminution d'étendue des terrains sur lesquels sont disséminées ces flores partielles ajoute encore aux effets de l'altitude, à tel point que, pour les sommets des monta- gnes du royaume de Grenade et du plateau central, chaque genre ne renferme plus que 1 ,45, un peu moins d'une espèce et demie , tandis qu'en Laponie , chaque genre en a 2,38. Nous terminerons notre examen en construisant le même tableau et séparant les deux grandes classes de végétaux. Genres. Rapports. 126 1 2,7 140 1 : 2,13 77 1 1,45 71 1 : 1,46 299 1 2,38 410 ALTITUDE. Sommets élevés. Espèces. Genres. Rapports. Alpes. — Dycotyl.. 290 101 1 2,87 Monocot.. 50 25 1 2 Pyrénées. — Dycotyl.. 246 114 1 2,15 Monocot.. 53 26 1 2 R. de Grenade. — Dycotyl . . 94 67 1 1,25 Monocot.. 18 10 1 1,8 Plateau central. — Dycotyl. . 80 56 1 1,43 Monocot.. 24 15 1 1,6 Laponie. — Dycotyl.. 448 222 1 : 2,01 Monocot.. 263 77 1 : 3,41 Les sommets élevés des Alpes et des Pyrénées nous don- nent encore un léger abaissement dans le chiffre qui repré- sente le rapport de l'espèce au genre. Le royaume de Gre- nade et le plateau central nous montrent, au contraire, une légère élévation de ce chiffre, qui ne peut détruire nos con- clusions précédentes. § 5. DES MODIFICATIONS PRODUITES PAR L'ALTITUDE. L'altitude imprime aussi aux végétaux , d'une manière générale, des caractères opposés à ceux qui se développent dans les plaines et dans les régions basses. Les feuilles sont plus velues , plus découpées, les Heurs sont plus grandes et plus colorées , et si l'élévation est considérable , l'albinisme ?e montre fréquent , phénomène curieux qui appartient aussi bien aux plantes montagnardes qu'aux mammifères et aux oiseaux , etijue l'on retrouve encore dans la coloration des ailes des lépidoptères , et notamment dans les satyres des montagnes et des régions polaires, qui perdent leur couleur foncée, et n'ont plus alors que des ailes demi-transparentes ou blanchies. MODIFICATIONS. 41 1 L'iiltilude a aussi une grande influence sur la forme de l'espèce, et nous pensons môme qu'elle peut la modifier et la transformer en variétés , qui acquièrent ensuite l'habitude ou la stabilité , et deviennent de véritables espèces. Nous trouvons dans l'ouvrage de M. Thurmann une liste d'espèces modifiées ou correspondantes dressée par M. Heer, et que nous reproduisons. Les plantes suivantes des régions inférieures se modifient comme il suit dans les régions supérieures du Glaris méri- dional : La première colonne indique la forme de la plaine , la seconde celle de la montagne ; lorsque cette dernière est une simple variété de l'espèce que nous lui opposons dans la montagne , nous répétons seulement l'initiale du genre et celle de l'espèce avant de désigner le nom de la variété. Agroslis alba , Lin. Aira caespitosa, Lin. — flexuosa , Lin. Briza média, Lin. Poa nemoralis, Lin. — annua, Lin. Anthoxanthum odorat.. Lin. Carex caespitosa, Lin. — ornithopoda, Willd. — digitata, Lin. — pallescens, Lin. Tofieldia calyculata , Lin. Bellis perennis, Lin. Chrysanthemumleucant., L. Rhinanthus minor, Ehrh. Galium sylvestre , Poil. Ranunculus bulbosus, Lin. A. a. colorata, Heer. A. c. alpina , Gaud. A. f. alpina, Schz. B. m. minor, Schz. P. n. montana , Gaud. P. a. varia, Gaud. A. o. grandi florum, Heer. C. c. alpina, Gaud. C. o. alpina, Gaud. C. d. alpina , Heer. C. p. nana , Heer. T. c. glacialis , Gaud. B. p. alpina, Heer. C. l. montanum , W. B. m. alpina, Gaud. G. s. alpestre , Gaud. R. b.alpinus, Heer. 412 ALTITUDE. Silène inflata, Lin. z=z S. t. alpina, Lam. Alchemilla vulgaris, Lin. =z A. v. subsericea, Sm. Anthyllis vulneraria, Lin. ^^ A. v. sericea^ Heer. Les plantes suivantes, montagneuses ou alpestres, se mo- difient comme il suit dans les régions alpine , subnivale et nivale. Avena versicolor, Lin. z=: A. v. grandi flora, Sm. Agrostis rupestris , Ail. = A. alpina, Willd. Poa alpina , Lin, zrz P. a. frigida, Gaud. Carex atrata , Lin. z=z C.nigra, Hoppe. Doronicum Bellidiastrum,L. ■=■ D. b. nanum, Bcer, Arnica scorpioides. Lin. m: A. glacialis, Jacq. Cirsium spinosissimum, Lin. =: C. s. acaule, Heer. Hieracium villosum , Lin. nz: H. subnivale, Heer. Phyteuma hemisphaeric, L. :=: P. h. setaceum, Heer. Androsace ohtusifolia, Lin. :=: A. aretioides , Gaud. Primula Gandolliana, Rchb. rrr P. integrifolia , M. K. Euphrasiasalisburg., Funck. nr E. alpina, Lam. Myosotis alpestris, Ehrh. =r M. exscapa, DC. Gentiana campestris, Lin. r= G. c. uni flora, Heg. Chœrophyllum hirsut., Lin. =1: C. pumilum, Heer. Anémone alpina, Lin. ::= A. apiifolia , Willd. Ranunculus tenuifol. , Schl. zrz R. tenellus , Thom. Cerastium latifolium, Lin. r=: C. subacaule , Heg. Silène rupestris, Lin. nz S. r. pumila , Heer. — acaulis. Lin. z=z S. exscapa, AH. Saxifraga muscoides , Wulf. r=: S. capitata , Heg. « M. Unger a vu ces sortes de faits de la même manière dans les Alpes du Tyrol ; pour lui les Polygala alpestris, Rcbb., Rhinanthus alpestris, Wahl., Solidago alpestris y W. K. , Myosotis alpestris, Schm . , Luzula sudeticaiWiWâ . , Juniperus nana, etc., ne sont que des modifications d'al- MODIFICATIONS. 413 titude des types respectifs bien connus des régions infé- rieures, et que chacun pourra remplacer ici. On doit des remarques semblables à plusieurs autrOs observateurs. » M. Thurmann donne aussi une liste des modifications qu'éprouvent par l'altitude les espèces de sa contrée. Nous avons cru utile d'établir les mêmes comparaisons pour nos plantes. Nous avons inscrit d'abord le type et en face la variété , le type modifié ou l'espèce correspondante dans les zones élevées. Plusieurs des formes que nous citons dans cette dernière zone sont pour nous de véritables espèces , mais dérivées , selon toute apparence, du type correspondant, et désarticu- lées plus ou moins complètement de ce type par l'habitude, comme nous l'avons exposé en parlant des modifications de l'espèce. Ici se présente une question qui peut paraître très-difficile à résoudre ; c'est de savoir si la première colonne de notre tableau contient réellement les types et la seconde les mo- difications, ou bien si c'est l'inverse qui a lieu. Les considérations géologiques qui nous font voir notre planète soumise à un refroidissement lent et successif doi- vent nous faire pencher pour la première hypothèse. Ce- pendant il est bien difficile de savoir si , dans les contrées montagneuses, les espèces sont nées d'abord dans la plaine et se sont successivement dispersées en altitude. C'est ce qui arrive évidemment pour les îles naissantes et pour cette grande formation d'îlots madréporiques qui tendent à s'éle- ver au-dessus des flots dans les parages de l'Océanie. Ce- pendant M. Gaudichaud pense que la végétation des îles montueuses de l'Océan-Pacique s'est d'abord développée dans la zone des nuages, pour s'étendre ensuite au-dessous et au-dessus (Partie botanique du Voyage autour du monde 414 ALTITUDE. de l'Uranie, p. 102). Ce serait alors à l'humidité, et non à une cause d'altitude , que serait attribué le développement de la végétation. M. Boissier fait aussi, sur ce même sujet, une remarque intéressante. « Pour trouver la plus forte proportion de plantes en- démiques à l'Espagne et au royaume de Grenade, il faut, dit-il, s'élever vers la zone située à peu près à la moitié de l'altitude, et également éloignée de la végétation méditer- ranéenne du bas et de la végétation à physionomie alpine du haut. C'est un résultat intéressant, et|qu'on retrouvera probablement pour toutes les flores de l'Europe méridionale. M. Hochstelter l'a constaté dans l'archipel des Açores , et M. Webb aux Canaries. » Nous qui n'avons, pour ainsi dire , aucune plante endé- mique à notre contrée , nous observons cependant que c'est aussi à une altitude moyenne que nous trouvons le plus de richesses, mais cela tient, sans aucun doute, à la possibilité pour les plantes de la plaine de monter un peu sur les mon- tagnes, et pour les plantes des sommets de pouvoir vivre en- core sur des pentes intermédiaires. Dans les contrées qui ont des plantes endémiques, la même règle doit s'observer, et elles doivent atteindre leur maximum dans les mêmes conditions. Quelle que soit la théorie que l'on adopte à cet égard , nous allons essayer de comparer, pour le plateau central , lei formes de la plaine et celles qui leur sont correspon- dantes ou parallèles dans la région montagneuse , sans atta- cher de valeur à cette expression de forme végétale que nous considérons tantôt comme espèce , tantôt comme variété ou même comme simple modification de port et d'espèce. MODIFICATIONS. 415 Tableau des formes-types el des formes correspondantes en altitude pour le plateau central de la France. Ranunculus trichoph. Chaix. — auricomus, Lin. — acris, Lin. — nemorosus, DC. Caltha palustris , Lin. Aquilegia vulgaris, Lin. Nuphar luteum , Smith. Papaver L^^coqii, Lamt. Sinapis cheiranthus, Koch. Bisculella lœvigata , Lin. Polygala vulgaris, Lin. Sagina procumbens, Lin. Stellaria holostea , Lin. Cerastium glomerat., ïhuill. — arvense , Lin. Hypericum tetrapter., Fries. Géranium pratense, Lin. Oxalis corniculata. Genista pilosa. Lin. — tinctoria, Lin. Trifolium pratense, Lin. — ochroleucum , Lin. Lotus corniculatus , Lin. Cerasus Mahaleb, Mill. Geum urlianum, Lin. Rubuscœsius, Lin. Potentilla verna , Lin. Rosa canina, Lin. — rubiginosa, Lin. — cinnamomea, Lin. Alchemilla vulgaris, Lin. li. aquatilis homoïophyllus. R- a. (jrandiflorus. R. Steveni, Andrz. R. n. elatior. C. p. miner. A. V. platysepala. N. pumilum. P. dubium, Lin. S. c. montana. B. l. montana. P. V. alpestris. S. saxalilis, Wimn. S. nemorum , Lin. C. alpinum , Lin. C. a. strie lum. H. quadrangulum , Lin. G. sylvaticum, Lin. O. acetosella, Lin. G. prostrata, Lam. G. Delarbrei, Lee. et Lamt. T. p. nivale. T. o. longifoliwn. L. c. alpestris. C. Padus , DC. G. montanum , Lin. R. saxatilis , Lin. P. aurea , Lin. R. rubrifolia, Vill. R. pomifera, LLerrm. R. alpina. Lin. A. alpina. 4-16 ALTlTUDt. Sorbus torminalis , Grantz. rr S. Aucuparia, Crantz^ Circea lutetiana, Ehr. Sedum Telephium, Lin. — acre, Lin. Ribes alpinum , Lin. Saxifraga granulata, Lin. Buplevrum falcatum , Lin. Heracleum sphondylium, L. Sambucus nigra , Lin. Lonicera etrusca , Sant. — Xylosteon, Lin. Galium palustre, Lin. — elatum , Th. — sylvestre. Poil. Valeriana officinalis , Lin. Knautia arvensis, Coult. Scabiosa cokimbaria , Lin. Petasitesvulgaris, Desf. Aster amellus, Lin. Erigeron acris, Lin. Gnaphalium sylvaticum,Lin. Chrysanthemum leucantb.L. Serratula tinctoria. Lin. Centaurea Cyanus, Lin. Leontodon autumnale. Lin. Picris hieracioides , Lin. Crépis paludosa , Mœnch. Hieracium vulgatum , Kocb. — boréale , Fries. Jasione montana , Lin. Pbyteuma spicatum , Lin. Campanula rotundifolia , L. — Trachelium , Lin. — patula , Lin. — persicifolia. Lin. =::= C. intermedia , Ehrh. r= 5. Fabaria, Koch. tzz S. annuum, Lin. rr: /?. petrœum , Wulf. =: S. g. penduliflora. rr: B. longifolium. Lin. zzz H. sibiricum,Lec.et Latnt. :=z S. racemosa , Lin. z=. L. Periclymenum , Lin. •z=. L. nigra , Lin. rrr G. saxatile , LÂn. zr: G. approximatum , Gr. :=. G. s. supinum. zz V. tripteris, Lin. ^r K. longifolia, Koch. z=z S. lucîda , Vill. :=z P. albus, Gcertn. :=z A.alpinuSy Lin. zzz E. alpinus , Lin. r=: G. norwegicum , Gunner. := C. l. pinnatifidum. :=: S. coronata , DC. rz: C. montana, Lin. :=■ L. pyrenaicum, Gouan. z=z P. crepoides. Saut. :=. C. succisœfolia , Tausch. :=: H. Mougeotii , Froel. =r: H. b. lanceolatum. zzz J. perennis , Lam. = P.Halleri,All. := C. r. montana. z=z C. latifolia , Lin. =rr C. p. grandi /! or a. z^ C. p. macrantha. Gontiana cruciata , Lin. Pulmonaria angustilolia , K. Myosotis palustris, Wilth. — sylvatica , Lin. Veronica Ghamœdris, Lin. — serpyllifolia, Lin. Melampyrum arvense, Lin. — pratense, Lin. Pedicularis sylvatica , Lin. Euphrasia officinalis, Lin. Thymus serpyllum, Lin. Prunella vulgaris, Lin. Ajuga reptans, Lin. — genevensis, Lin. Androsace maxima , Lin. Plantago maritima , Lin. Rumex aquaticus, Lin. — scutatus,L. var. glaucus. — Acetosa, Lin. Polygonum Bistorta, Lin. Daphne Gnidium , Lin. Thesium humifusum , DC. Euphorbia amygdaloides , L. Mercurialis annua , Lin. Ulmus campestris , Lin. Salix capraea , Lin. — amygdalina , Lin. — cinerea, Lin. — aurita , Lin. Betulaalba, Lin. Janiperus communis , Lin. Alisntîa Plantago, Lin. Potamogeton lucens , Lin. — natans, Lin. Orchis laxiflora, Lin. II MODIFICATIONS. 417 = G. Pneumonanthe , Lin. =: P. azurea, Bess. =: M. p. montana. =: M. s. rigida. = F. montana. Lin, z=z V. alpina , Lin. rz: M. cristatum, Lin. z=. M. sylvaticum , Lin. =. P. verticillata , Lin. ■zrz E. o. alpestris. =: T. s. montanus. = P. grandi flora, Lin. :=^ A. r. alpina. r= A . pyramidalis , Lin, zzz A . carnea , Lin . = P. alpina. Lin. =r R. alpinuSy Lin. :=z R. scutatus , Lin. :=. R. arifolius y AU. z=z P. viviparum, Lin. =. D. Mezereum, Lin. =: T. alpinum. Lin. zr E. hy berna y Lin. z=. M. perennis , Lin. z=. U. montana , Smith, z:: S. c. tomentosa. rr S. pentendra , Lin. :=z S. c. rufinervis. =z S. lapponum, Lin. =: B. pubescens , Erhr» rr /. nana, Willd. z=. A. natans, Lin. z=. P. rufescens, Schrad, zzz P. heterophyllum. rz 0. sambucina . Lin. 27 418 altitudï:. Gymriadeniaconopsea,R.Br. =: G. alhida, Bich. Listera ovata, R. Brown. ^ L. cordata , B. Brown. Narcissus poelicus, Lin. zr N. pseudo-Narcissus, Lin. Convallaria Polygonatum, L. ^ C. rerficillata , Lin. zr G. lutea, Schult. z=. A . iirsinum , Lin. Gagea arvensis, Schult. Allium oleraceum , Lin. — sphaerocephalum , Lin. Colchicum autumnale , Lin. Juncus glaucus, Ehrh. — capitatus, Weigel. — supinus, Mœnch. — lampocarpus, Ehrh. Luzula campestris. Lin. — pilosa, Willd. Scirpus Bseolryon , Lin. Eriophorum latifoiium. Hop Carex pulicaris. Lin. — divisa, Huds. — divulsa , Good. — ericetorum, Poil. — prœcox , Lin. — hirta , Lin. Phleum pratense , Lin. Agrostis vulgaris, With. Aira caespitosa, Lin. Avena pratensis. Lin. — tenuis, Mœnch. Poa bulbosa, Lin. — pratensis, Lin. Festuca ovina , Lin. — heterophylla , Lam. — rubra , Lin. — duriuscula. Lin. EquisetumTelmatheya, Ehr. z=. A. vicioriale , Lin. =r C. a. vernale. =z J. filiformis , Lirt. rr J. alpinus , VilL z= /. s. nif/ritellus. z= J. l. a [fini s. rr L. multiflora , Lin. =■ L. glabrata, Desv. :zz S. cœspitosus , Lin. z=. E. alpinum , Lin. z=. C. pauciflora , Light. zz: C. chordorrhiza , Ehrh. rr C. paniculata. Lin. zz: C. monfana, Lin. z= C. polyrrhiza , Wallr. =■ C. filiformis , Lin. zz: P. alpinum. Lin. = A. rupeslris, AU. zr. A. flexuosa. Lin. =z A . versicolor, Vill. =: A. monfana, Vill. =1 P. alpina, Lin. =z P. sudefica, Ifœnch. zz F. 0. alpina. = F. îiigrescens, Lin. zz. F. r. montana. zz F. rhœtica , Sut. zz. E. sijlvaticum. Lin. Lycopodium clavalum , Lin. n. L. Selago, Lin. LIMITFS FXTRÊMF.S. 410 Polypodium vulgare , Lin. ::;:= P. Drynpferr's , Lin. P()lystichumFilix-n)as,l{otli. m P. Orcopfcris , DC. — spinulosum , DC. ::r /*. s. lanacetifolium. Quelquefois on trouve toutes les modifications possibles entre ces formes ; dans d'autres circonstances on ne voit aucune transition. Ces formes des montagnes sont très-nombreuses ; chaque plante qui peut s'élever à une certaine hauteur éprouve sa modification. De là les nombreuses épithètes : moniana, alpitia, pyrenaica, alpestris, etc. En s'avançant vers les régions polaires , on voit aussi les espèces se modifier de la même manière , et devenir |)lus aptes à prendre des formes nouvelles , que les botanistes reconnaissent aux épithètes de lapponica, nivalis, borealis, arclica, seplentrionalis, frigida, etc. § 6. DES I.IMITES EXTRÊMES D'ALTITUDE. Quand on s'est élevé sur de hautes montagnes et qu'on a remarqué, sur la lisière des neiges persistantes, des plan- tes qui luttent avec vigueur contre cet obstacle , quand on a vu ces mêmes plantes reparaître au-dessus de cette bar- rière glacée et couvrir de fleurs les moindres espaces aban- donnés par la neige , on se demande s'il existe réellement un terme à la station élevée de plusieurs végétaux. Ce terme se trouve sans doute, mais nous ne le connaissons pas. Nous avons noté, dans un des paragraphes précédents, plusieurs espèces qui , dans les Alpes et dans les Pyrénées , s'élèvent au-dessus de la hmite des neiges. Ce sont, pour ainsi dire, des exceptions. Nous avons aussi mentionné les plantes qui , dans les di- verses chaînes de montagnes, occupent les stations les plus 420 ALTITUDE. élevées. Ainsi, sur l'Etna, sur les Alpes, au pic du Midi dans les Pyrénées, sur le sommet des montagnes de l'Andalousie, nous avons vu des espèces s'élever à des hauteurs variables, suivant la latitude, et monter, sur plusieurs points, jusqu'à 3,000 et 3,200 mètres. Chaque fois que la limite de la neige s'élève, les plantes la suivent. M. Boissier a herborisé sur les points qui dominent le col de Veleta, à 3,600 mè- tres. Les végétaux montent, sur le Caucase à 3,200 mètres, sous une latitude moins méridionale que le midi de l'Espa- gne. Les dernières plantes de l'Etna ne sont arrêtées que par des obstacles matériels. Partout oîi les botanistes ont pu atteindre des lieux dépourvus de neige , ils ont trouvé un tapis végétal formé par une llore plus ou moins riche. M. LéonDufour a vu sur le sommet du pic d'Anie, dans les Pyrénées , à la hauteur de 2,600 mètres environ : Draba aizoides , Petrocallis pyrenaica , Iberis spathulata , Galium pumilum , Saxifraga moschata , Potentilla nivalis, FTutchinsia alpina. Silène acaulis, Cerastium alpinum, An- drosace hirtella, Plantago alpina, en tout 1 1 phanérogames, toutes dycotylédones (1). M. Parlatore a donné aussi la petite llore du sommet du Crammont,à2,763 mètres ; il a recueilli : Silène acaulis, L., S. rupestris, L., Cerastium latifolium, L. (du côté du nord); Oxytropis parviparussœ , Parlatore (esj)èce nouvelle voisine du Lapponica), Sedum atratum, L., Gaya simplex, Gaud., Artemisia spicata, VVulf., Erigeron unillorum , L., Garex sempervirens, Vill., Festuca pumila. Vill., Poaaipina, L., et 4 lichens (2). (1) Actes (le la soc. linnéenne de Bordeaux, t. 8, p. 89. (2) Parlatore, viaggio alla catena del monte Bianco. — Bibl. iiniv. des Sciences, 4": série, n° CO, p. 354, biill. scienlif. LIMITES EXTRÊMES. 421 La BaumcIIe a cueilli, sur le Vignemal , à 3,000 mètres de hauteur : Poa alpina, L. Avena sempervirens , Vill. Fes- tuca ruhra, L.,var. glauca minima. Planlago alpina, L. Sta- tice armeria, L. Thymus serpyllum, L.Campanula CcTcspitosa, Vill. Campanula rotundifolia, L., var. alpina linifolia. Phy- teuma hemisphœrica, L. Hieracium prunelKnefolium, Gouan. Chrysanthemum alpinum, L. Erigeron alpinum , L.Galium pyrenaicum , Gouan. Silène rupeslris, L. Silène acaulis, L. Arenaria ciliata, L. Lepidium alpinum, L. Saxifraga hryoi- deSy L. S. csespitosa, L., var. minor subintegrifolia , Géra- nium cinereum , Cav. Polypodium Lonchytis, L. (1). Enfin , pour ne pas multiplier à l'infini ces exemples de stations extraordinaires , nous terminerons ce paragraphe en citant l'ascension du mont Argée , par l'un des plus in- trépides naturalistes de notre époque, bien que cette mon- tagne appartienne à l'Asie-Mineure. » En gravissant le flanc abrupte du cône central qui repose immédiatement sur le plateau (Yaïla) supérieur, on voit une assez belle végétation s'élever jusqu'à l'altitude de 3,005 mètres. Sur cet espace, c'est-à-dire entre 2,463 et 3,005 mètres, j'observai : Jurinea depressa, Mey., var. sul- phurea; Astragalus nummularius, Lam., A. chianophilus , ainsi que deux autres espèces d'Astragalus , un Cotylédon , un Evax , et un Arenaria , qui n'ont pu être déterminés, Sibbaldia parvifolia, Willd., Polygonum alpinum , L., Cys- topteris fragilis, Brnh., Myosotis palusiris , Silène argea, N. Sp., Sedum olympicum, Boiss., Veronica fruticulosa, L., Alopecurus vaginatus , Poil., Alsine recurva , Solidago virga aurea, Podospermum intermedium, etc. Parmi ces (1) Plantes cueillies sur le Vignemal, à SjOOOm de hauteur, par La Baumelle. Ramond , Voy. au Mont perdu , p. 272. 4-22 ALTITUDE. plantes, Silène argea, Alsine recurva, Solidago virga aurea^ Podospermum intermedium , s'élèvent au-dessus de l'alti- tude de 3,005 mètres , car je les ai retrouvés dans les fis- sures des rochers abruptes qui percent à travers le talus in- cliné du cône central, et s'étendent jusqu'à la région la plus élevée, dont l'altitude est de 3,841 mètres. Sur ce talus complètement nu, sillonné de bandes de neige et recouvert de cendres et de rapilli mouvants, les quatre dernières plan- tes que je viens de citer se trouvent associées aux Euphorbia nicœensis , Ail., Scrophularia olympica , Boiss., Pyrethrum Kotschii, Boiss., et quelques Chamaemelum , Saxifraga et Erigeron qui n'ont pu être déterminés ; ainsi, sans compter ces derniers , les 7 espèces citées plus haut constituent les représentants des régions les plus élevées du montÂrgée, puisqu'elles atteignent toutes i'altitude de 3,841 mètres. Il est asser. intéressant d'observer , dans ce nombre , I'^m- fhorbia nicœensù, et le SoUdago virga aurea, que je suis dans le cas de voir si fréquenr.ment dans mon jardin , situé dans la campagne de Nice. Ces plantes , dont le développe- ment dans le sens horizontal est si vaste, ont donc, dans le sens vertical, une extension de 3,841 mètres, et ileurissent indifféremment à la proximité des neiges éternelles et à côté du dattier, de l'Opuntia et de l'agave (1). » Si nous poursuivions cet examen sur les montagnes situées hors de l'Europe , nous verrions sous l'équateur, dans les Andes de Quito, des plantes arriver bien plus haut encore que celles dont nous avons parlé. Quelques espèces attei- gnent 5,000 mètres dans les montagnes du Chili , par 14* de latitude. Mais il paraît que la température ou le climat a {{) Noie sur la végétation du mont Argée (Cappadoce), par M. P. de Tchihalchefif. Compte rend, des séances de l'ac. des se. , 1854, p. 126, LIMITES EXTRÊMES. 423 moins d'influence sur cette végétation élevée que la masse des montagnes et leur altitude absolue, caria végétation pha- nérogame monte encore plus haut dans l'Himalaya , par 31° à 33 de latitude, que dans toute autre contrée. Les plantes ne s'y arrêtent qu'à 5,400 mètres (1), ce qui prouve, comme on a pu le pressentir en étudiant les zones de superposition , que les stations des espèces sont plus dépendantes de la dis- tance des neiges éternelles que de la hauteur absolue au- dessus du niveau de la mer. La nature, dans son inépuisable fécondité, a créé des vé- gétaux qui s'adaptent à toutes les stations et à toutes les hauteurs ; non-seulement ils descendent des cimes glacées de l'Himalaya dans les plaines , et des rochers battus par les hautes vagues de l'air jusque dans les marais de nos campa- gnes , mais d'autres espèces , nées pour les ténèbres , pénè- trent dans l'intérieur du sol , y vivent à l'abri du jour, et se multiplient dans l'ombre. « Elles paraissent, dit M. de Humboldt, indépendantes de la latitude et du climat. Végétant dans une obscurité profonde et perpétuelle, elles tapissent les parois des grottes souterraines et la charpente qui soutient les travaux des mi- neurs. J'ai reconnu les mêmes espèces (Boletus ceratophora. Lichen verticillatus , Boletus botrytes, Gymnoderma sinua- ta , Byssus speciosa ) dans les mines de l'Allemagne , d'An- gleterre et de l'Italie , comme dans celles de la Nouvelle- Grenade et du Mexique, et, dans l'hémisphère austral, dans celles de Hualgayoc au Pérou (2). » L'Océan lui-même a sa flore , et jusqu'à 300 mètres de profondeur, dans ses retraites inaccessibles à l'insatiable cu- (1) .Tacquemont Journal , t. 2, p. 298. (2) Ilumboldl, Géographie des plantes, p. 38. 424- PHÉNOMÈNES DE DURÉE. riosité des hommes, des algues brillantes et colorées balan- cent au gré des flots leurs frondes découpées, comme les ra- meaux des arbres s'inclinent et se relèvent sous l'impulsion des brises et des tempêtes. CHAPITRE XXV. PHÉNOMÈNES DE DURÉE ET DE PERSISTANCE. DE l'uVOIVI- DUALITÉ DANS LES ÊTRES VIVANTS. La grande et importante question de la durée ou de la vie des êtres et de l'influence des saisons sur les diverses phases de leur existence , question que nous allons aborder, en soulève une autre qui offre tout autant d'intérêt, mais qui doit avoir la priorité sur celle qui nous occupe : c'est la dé- termination de r individualité. En effet , le premier point à éclaircir pour déterminer l'étendue de la vie d'un être , c'est de l'isoler, c'est de ne pas le confondre avec son père, avec son fils, avec sa famille ascendante ou dérivée. Cette séparation présente quelques difficultés, car, comme nous le verrons tout à l'heure, si ce cas d'isolement naturel de l'individu est l'état ordinaire et normal dans les animaux, il n'en est pas de même dans les végétaux. Nous voyons parfaitement qu'un mammifère, un oiseau, un reptile sont des êtres distincts, indépendants les uns des autres dans leur espèce. En arrivant aux insectes et aux mollusques, la vie est en- core isolée, mais déjà de nombreux individus, quoiqu'indé- INDIVIDUALITÉ. 425 pendants, tendent à se rapprocher, à se réunir, et ils vivent en commun. Quand nous descendons l'éclielle organique du règne animal , nous trouvons dans la classe des vers et dans le grand embranchement des zoophytes , de nombreuses es- pèces qui vivent aggrégées, sous les conditions les plus inté- ressantes à étudier. Nous voyons les polypiers saxigènes ac- cumuler leurs générations au point de construire des archipels par leurs travaux incessants , et dans notre corps même , comme dans celui des animaux , des vers se réunissent et vivent en état d'aggrégation , n'ayant quelquefois qu'une seule bouche pour nourrir plusieurs centaines d'individus. Nous devons cependant reconnaître que , dans l'immense majorité des animaux, l'aggrégation est l'exception, tandis que, dans le règne végétal , qui fait l'objet de nos études , l'isolement de l'individu, si toutefois il existe réellement, est au contraire le cas exceptionnel. Les plantes doivent être considérées aussi comme des groupes d'individus ; si l'embryon renfermé dans la graine est unique, il ne tarde pas à se comphquer par l'apparition de nouveaux germes, dont les uns se développent dans le cours de la saison, tandis que les autres apparaissent succes- sivement au commencement de chaque année. Les bourgeons, qu'ils appartiennent à l'une ou à l'autre des deux grandes séries du règne végétal , croissent tous de même, de l'intérieur à l'extérieur; ce sont des embryons nouveaux , déroulables sans fécondation et formant autant d'individus séparés. Ce qu'on appelle vulgairement une plante même annuelle n'est donc qu'une répétition indéfinie d'individus naissant les uns des autres, et sortant d'abord d'un seul, qui est l'em- bryon enfermé dans la graine. 426 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Ces individus restent rarement isolés et plus souvent ils se soudent et se combinent de différentes manières pour fleurir et fructifier ensemble ou successivement , de telle manière que les phénomènes de durée et les diverses époques ou phases de la vie ne peuvent jamais être déterminés d'une manière rigoureuse. On le prévoit d'avance, il y a liaison intime entre les deux règnes pour la recherche de l'individualité , puisque ce que nous appelons les derniers animaux se groupent et se réunissent comme les plantes. Il y a de plus liaison intime entre cette question de V individualité et celle de la généra- lion par gemme ou bourgeon, qui appartient, en général, à tous les elres aggrégés, et quoique ces deux études puissent être distinctes, il y a certainement pour nous avantage et clarté à les réunir. La vie des plantes n'a donc pas encore été envisagée sous son véritable point de vue. La propriété que possèdent les végétaux de se souder et de vivre réunis a été la cause de diverses erreurs dans l'appréciation véritable de la durée de leur existence. Les saisons viennent aussi troubler la suc- cession des êtres ou apporter des habitudes qui peut-être n'existaient pas dans le plan primitif de la nature. On désigne les plantes, relativement à leur durée, en an- miellés, bisannuelles , vivaces et ligneuses. Ces dénomina- tions sont commodes pour l'usage , et nous continuerons à nous en servir, sauf à examiner quelles peuvent être leur va- leur et leur importance. De Candolle qui porta , dans toutes les parties de la botanique son admirable esprit de clarté et de précision , reconnut immédiatement combien ces termes exprimaient peu, au point de vue philosophique, la durée des végétaux, et il leur substitua celui de monocarpiens, qui fructifient une INDIVIDUALITÉ. 427 seule fois , et celui de polycarpims , qui fructifient plu- sieurs fois. Ce phénomène de la vie était alors considéré re- lativement à la reproduction, et il ne l'était plus par rapport à sa durée absolue. C'est qu'en effet la jtériodede vieou (Je développement chez les plantes est entièrement subordonnée à la reproduction et modifiée par les saisons. On connaît des plantes qui vivent quelques jours, d'au- tres quelques mois ; il existe des espèces annuelles , hisan- nuelles, trisannuelles et multiannuelles , mais tous les végé- taux sans exception sont monocarpiens. Le signe le plus évident de la perfection dans le règne organique est la persistance des organes et la durée de leurs fonctions. Aussi voyons-nous , dans les classes élevées du règne animal, les organes naître avec l'individu et l'accom- pagner pendant toute son existence. Quelques parties de cet individu peuvent se renouveler, comme les dents , mais pendant la jeunesse seulement. Une fois l'âge adulte arrivé et la stabilité acquise , on ne voit plus que permanence et durée jusqu'à la mort. Les mêmes viscères concourent aux mêmes fonctions ; les sens restent munis des mêmes appareils pour nous mettre en contact avec le monde extérieur, et la génération s'opère constamment dans les mômes conditions. A peine descendons-nous aux quadrupèdes et aux oiseaux, que déjà nous voyons des mues régulières et la mutation complète , dans une saison , de tous les appendices de la peau. Dans les reptiles, c'est la peau elle-même qui se dé- tache et se renouvelle , et les extrémités inférieures de la colonne vertébrale, brisées accidentellement, sont bientôt remplacées chez plusieurs d'entr'eux. Les crustacées , les araclinides nous présentent des or- ganes appendiculaires , comme leurs pattes , qui repoussent avec facihté, et l'on voit déjà que la vie, loin d'être concen- 428 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. trée dans un seul centre, a plus de tendance à s'écarter, et se trouve plus disséminée dans l'animal tout entier. Les mollusques commencent à nous montrer des change- ments notables dans leurs parties les plus essentielles ; ils deviennent hermaphrodites , et , dans les hélices , une partie de l'organe mâle, le dard , est perdu à chaque accouplement. Il y a même, dans ce genre, des espèces annuelles qui ne se reproduisent qu'une fois , qui ne vivent que pendant une saison d'été, et qui, par conséquent, n'utilisent qu'une seule (ois leurs organes générateurs. La longue série des insectes à métamorphoses n'engen- drent qu'une fois, au moins pour la plupart et pour les fe- melles. Ils sont monocarpiens , comme les plantes , et cette seule observation de la présence d'organes de la génération qui ne servent qu'une seule fois suffirait pour faire classer les insectes au-dessous des mollusques. Mais quand nous abordons les classes inférieures des ani- maux , nous remarquons que non-seulement les organes se reproduisent , qu'ils sont parfois périodiquement remplacés, mais encore nous trouvons un phénomène nouveau , totale- ment inconnu dans les classes précédentes , la reproduction de tous les organes en même temps, le bourgeonnement, la multiplication par gemmes non fécondés , par la seule sé- paration des individus. Dans ces mêmes classes où la multiplication par gemmes devient possible, il était naturel de voir les parties provenant de la souche ou de l'animal-mère se grouper autour d'elle, et donner naissance à des êtres complexes, Hés encore par quel- ques-unes de leurs parties, quoique ayant une existence in- dépendante , et les polypiers saxigènes nous montrent tous les jours ces immenses groupements qui élèvent des îles au milieu des mers. INDIVIDUALITÉ. 420 Il existe donc une loi qui établit un rapport direct entre la permanence, la spécialisai ion, , la fixilé des organes et la perfecliun organique, et si nous établissions sous ce rapport une classification zoologique, nous pourrions sans doute rec- tifier encore la position de quelques ordres, et ramener quel- ques groupes à une prééminence aujourd'hui contestée. On serait frappé des rapprochements (jui existeraient entre une classification basée sur ces considérations, et celles que l'on obtiendrait en suivant, comme l'ont fait M. Agassiz et d'au- tres zoologistes, le développement embryonnaire. A chaque instant nous sommes forcé de faire de petites excursions dans le domaine d'une science qui n'a pu, à notre grand regret, être le but de nos études , et nous sommes persuadé que l'examen attentif des animaux sans vertèbres offrira encore des faits nouveaux , quand cet examen aura lieu au point de vue de \' apparition des organes pério- diques. Nous espérons aussi qu'on nous pardonnera les détails dans lesquels nous allons entrer, et qui sont d'ailleurs néces- saires à l'intelligence du chapitre actuel de nos études. Si on nous reprochait sérieusement de nous être livré à des considé- rations aussi générales dans un travail appliqué à une localité restreinte , nous pourrions répondre qu'en cela nous avons suivi l'exemple d'un des savants les plus distingués de notre époque , M. Van Beneden , qui précisément a jeté le plus grand jour sur l'aggrégation des individus, en s'occupant de la faune du littoral de la Belgique. Nous demandons même à M. Van Beneden la permission de rapporter un peu plus loin ses conclusions, admirables de netteté et de clarté, et nous essaierons de mettre en paral- lèle nos propres observations sur l'individualité et l'aggréga- tion des végétaux. 430 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Nous ne trouvons, dans le règne végétal, que des espèces monocarpiennes , et si nous voulioris essayer une classifica- tion parallèle à celle des animaux, la ligne animale ne pour- rait s'approcher du commencement de la série végétale qu'à partir des êtres dont les organes ne servent qu'i^e seule fois, c'est-à-dire des insectes à métamorphoses. La plupart des organes des plantes ne sont aussi utilisés qu'une seule fois; on n'a jamais vu une étamine verser du pollen à deux reprises différentes et éloignées , un ovaire ré- pandre ses graines et pouvoir être fécondé de nouveau. Dès que les organes de la génération ont accompli leurs fonctions, ils se flétrissent et tombent avec les appendices plus ou moins brillants qui les ont accompagnés. Les organes de la nutrition eux-mêmes, ceux qui servent en même temps à la respiration et à l'exhalation , les feuilles disparaissent aussi après un laps de temps très-court. Tout est renouvelé chaque année dans nos climats septentrionaux , et plus fréquem- ment dans les régions oiî la végétation est continue. Dès qu'il ne reste plus un seul organe de ceux qui ont rempli les fonctions précédentes, on doit conclure que ce n'est plus le même individu , mais un gemme ou bourgeon de cet individu préexistant qui reste soudé à tous les antécé- dents, et dont une portion , une base organique, mais vi- vante, persiste pour réunir et grouper l'ensemble des bour- geons. La graine est un être séparé et enfermé dans une en- veloppe d'une seule pièce et sans issue. La plante est forcée de la briser pour en sortir. Le bourgeon n'est que la conti- nuation, non d'un individu, mais d'une série d'individus qui sont enfermés dans des enveloppes superposées qui s'écartent d'elles-mêmes à l'époque voulue, ou du moins qui sont ou- vertes sans fractures. INDIVIDUALITÉ. 431 Le tubercule, qui ne tient pas comme le bourgeon à la moelle nourricière d'une jeune branche, possède ordinaire- ment un dépôt de iï^cule pour l'alimenter. La greffe transplante à volonté un bourgeon sur un autre support ; des milliers de bourgeons périssent sans que les autres s'en ressentent , et chaque gemme ne donne du fruit qu'une fois. Les plantes sont motiocarpiennes et (jroupêes. Il semble au premier abord qu'il existe dans les arbres quelques exceptions à cette loi de périodicité et de remplace- ment des organes. C 'est ainsi que dans les conifères, on remar- que souvent des feuilles toujours vertes qui persistent pendant cinq et six ans ; mais il faut remarquer que ces feuilles , dont le rôle physiologique est entièrement terminé, ne sont plus accompagnées de fleurs. Ces dernières ne se sont mon- trées qu'une seule fois , et les feuilles persistantes sont restées plus longtemps. Leur durée n'a du reste rien de limité. Celles des agaves croissent et végètent pendant dix, quinze années et plus, jusqu'à ce que la plante monocarpienne ait donné des fruits. Ces feuilles qui persistent plusieurs années après avoir ac- compli leurs fonctions et terminé leur vie active, sont comme ces couches ligneuses inutiles , mortes et même en partie dé- composées , qu'un arbre ou aggrégation végétale est obligé de conserver sans pouvoir s'en séparer. La même chose a lieu dans les mollusques , dans les céphalopodes à coquilles cloi- sonnées, forcés de traîner avec eux la série de logements qu'ils ont successivement abandonnés pour cause d'étroitesse. On voit aussi le tronc de certains arbres, comme le Cercis siliquastriim , le Theobroma Cacao, les Gusiavia, des Cyno- melra laisser échapper des bouquets de fleurs du vieux bois. L' Omphalocarpon proceruni , singulier arbre de l'Afrique, découvert dans le Bénin par P. de Beauvois , présente le 432 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. même phénomène. Cela prouve seulement que la faculté de bourgeonner se conserve plus longtemps dans ces plantes que dans les autres, et d'ailleurs ces gemmes latéraux sortent toujours d'un bois nouveau. La facilité du bourgeonnement et l'aggrégation d'un grand nombre d'individus n'est donc pas un signe de perfection chez les plantes pas plus que chez les animaux. Le volume, la beauté ont pu faire considérer les arbres comme le dernier terme de la végétation ; le raisonnement dit tout le contraire, et l'analogie confirme le raisonnement. La magnificence des conifères et des amentacées ne peut empêcher ces arbres d'avoir des rapports assez directs avec les cryptogames Yas- culaires ; leur ordre d'apparition sur la terre appuie ces rapprochements, et le Capsella bursa pasloris, le plus com- mun et l'un des plus fugaces des végétaux connus , peut être plus perfectionné que le plus grand des chênes. Personne ne conteste la supériorité du plus petit insecte sur le plus grand amas de madrépores. L'organisation des tiges , c'est-à-dire de la partie com- mune aux nombreux individus qui constituent l'aggrégat végétal, lorsqu'elle sera mieux connue , tendra à rapprocher des familles aujourd'hui classées à de grandes distances, et séparées dans les deux divisions générales de monocotylé- dones et dycotylédones. Les plantes vivaces ne diffèrent des arbres qu'en ce que leurs bourgeons partent du sol au Heu de naître dans l'air sur des tiges persistantes. C'est nous indiquer déjà qu'elles peuvent être abritées , et que l'iniluence des saisons , que nous examinerons plus loin , est bien moins grande que sur les arbres eux-mêmes. C'est nous faire pressentir tout de suite que ces arbres doivent être plus nombreux dans les pays chauds , et les plantes vivaces dans les pays froids. INDIVIDUALITÉ. 433 Les gemmes naissent donc au pied de la tige qui vient de frurtificr, ou môme au bas de rotte t'\^o vieillie qui périt et se dessèche entièrement. Ce sont encore des plantes monocar- piennes , puiscjue chaque année ce sont de nouvelles pousses qui fructifient. Les anciennes souches persistent quelquefois longtemps, et relient tous les individus comme le fait la tige des vieux arbres ; cependant le sol, plus humide que l'air, favorise leur décomposition , elles disparaissent plus tôt , et l'on voit souvent les vieilles touffes vides dans le milieu, dans le point même où le premier sujet avait vécu , en sorte que ces plantes s'étendent en divergeant par l'expansion de bourgeons latéraux. On donne le nom de cercles magiques à cette extension ir- radiante de nombreuses espèces, qui offrent, en effet, quel- que chose de très-remarquable dans les contours des ter- rains envahis. Presque tous les végétaux , n'étant que des grégations d'individus, ont une tendance à s'éloigner de leur centre primitif. Les plantes annuelles sont rarement disposées en cercles. Un individu donne ses graines qui , l'année sui- vante, se développent irrégulièrement autour de lui , et l'on rencontre çà et là des groupes qui ont peu de régularité. Il arrive cependant, si la plante est gourmande, qu'elle épuise son terrain, et l'on reconnaît alors distinctement que les in- dividus qui occupent le centre sont moins vigoureux que ceux qui se développent sur les bords. Il arrive ici pour des végétaux entiers ce qui a lieu pour les ombellifères et les sy- nanthérées dont les fleurs extérieures, moins gênées, acquiè- rent un plus grand développement. Pour les hchens on fait la même observation. De magni- fiques rosaces de Parmelia, de Collema, etc., se détruisent dans le centre , avancent vers les bords , et nous montrent cette végétation centrifuge qui tend toujours à irradier. Le H 28 434 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. même effet est produit par les mousses qui s'étendent, et dont le centre des coussins se détruit. Les plus beaux cercles que nous ayons vus , sur de vastes bruyères, appartenaient au Lycopodium davatum.Ces cercles atteignaient jusqu'à 25 mètres de diamètre et produisaient l'effet le plus original. Ils se trouvaient sur les bruyères de Bourg-Lastic , Puy-de-Dôme , sur les limites de la Corrèze. Dans les bois, dans les prairies, on rencontre à chaque ins- tant ces cercles magiques formés par diverses espèces d'aga- rics , de Lycoperdon , de clavaires , etc. Rien de plus commun, dans les plantes vivaces, que ces individus allignés, et plus souvent formant une courbe fermée qui provientde la destruction du centre et de l'envahissement des bords. Ce genre d'extension naturel à tous les végétaux leur assurerait une aire d'expansion géométrique sans les obstacles qu'ils rencontrent, et surtout sans les plantes déjà vigoureuses qui résistent à l'envahissement. Mais quand ces obstacles n'existent pas , l'extension fait parfois des pro- grès effrayants , comme on le voit dans les plantes sauvages ou cultivées attaquées sous le sol par des rhizoctones ou à l'air libre par les cuscutes ou d'autres espèces parasites. Les bulbes sont encore des plantes vivaces composées. Le même bulbe , quand une fois il a commencé de lleurir, peut durer plusieurs années , mais par le développement successif des germes placés entre ses écailles. C'est un bour- geon qui persiste en donnant naissance périodiquement à des individus monocarpiens dont la durée d'existence est sou- vent très-limitée ; et pendant qu'un bulbe produit à l'inté- rieur des bourgeons fructifères , il développe autour de lui et à l'extérieur d'autres germes qui peuvent rester longtemps sans fructifier, et qui, dès qu'ils ont commencé, se compor- tent comme le type dont ils sont sortis. INDIVIDUALITÉ. 435 Quant aux rhyzomcs, qui ont la plus grande analogie avec les bulbes, ce sont des tiges souterraines, bien abritées, avec des bourgeons plus ou moins écailleux , et rentrant tout à fait dans la catégorie des plantes vivaces. Leurs pousses sont également monocarpiennes. Il est très-difficile d'établir une limite entre ce que l'on nomme les plantes vivaces et ce qu'on appelle les hiaannuelles ou trisannuelles. Cette séparation n'existe pas , et c'est à peine si l'on a étudié ces plantes sous ce rapport. On a con- fondu les plantes vivaces, dont les bourgeons se développent en deux ans , et les véritables bisannuelles ou multiannuel- les, qui prennent un temps plus ou moins long pour accom- plir toutes les phases de leur existence , mais qui ne bour- geonnent pas. Ainsi , on considère certains Verhascum comme bisan- nuels , et pourtant , avant de périr, il se forme autour de la racine des bourgeons qui en font une plante vivace. II en est de même du Digitalis purpurea , dont chaque pousse met deux ans à se développer, et qui cependant émet assez de rejetons pour se multiplier indéfiniment. L'Agave ameri- cana, que l'on ne regarde pas non plus comme persistant, ne laisse jamais sortir son candélabre florifère sans l'avoir en- touré de jeunes bourgeons tout développés. Tout ce que nous avons vu jusqu'ici ne peut donc former physiologiquement qu'une seule classe de plantes que l'on pourrait appeler persistantes ou gemmifères. Il nous reste une division moins nombreuse, dont la vie peut être plus ou moins longue , mais dont la reproduction s'opère d'une seule manière, comme dans les animaux plus parfaits , par les graines , qui sont les œufs du végétal. Le Daiicus Carota produit ses fleurs la seconde année et périt sans drageonner ; le Brassica oleracea, le Brassica napm, 436 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. et beaucoup d'autres espèces, mettent deux années pour ac- complir toutes les phases de leur vie, et ne laissent derrière eux aucun descendant par bourgeons. Grand nombre de synanthérées vivent deux et trois ans, fleurissent , fructifient et périssent intégralement. Ce que nous appelons plantes annuelles se trouve dans le même cas ; elles donnent des graines dans la même saison ; mais chaque rameau qui naît sur la plante n'est autre chose qu'un bourgeon qui se développe rapidement, et qui souvent rattrape et quelquefois devance la plante-mère. Il est beau- coup plus naturel de considérer les pousses latérales comme des bourgeons que de les regarder comme les appendices d'un seul individu, car, dans un même genre, nous trouvons des plantes annuelles, vivaces et ligneuses, qui, dans la pre- mière hypothèse, se trouveraient séparées par un phénomène physiologique de la plus haute importance , la reproduction ou la non reproduction par bourgeons. Il est donc plus con- forme à la raison d'admettre dans toutes les plantes ces deux modes de propagation. Toutefois , la division que nous avons établie en plantes persistantes et plantes fugaces existe dans son entier, car la première nous offre des plantes à gemmation indéfinie , pou- vant se reproduire constamment, et toujours par bourgeons, se reproduisant même ainsi depuis des siècles dans des lieux 011 la saison ne permet jamais aux graines de mûrir ; enfin, des plantes dont l'individualité , représentée par la succes- sion des gemmes, est, pour ainsi dire, éternelle, et ne meurt qu'accidentellement. La seconde section ne nous présente que des plantes dont la gemmation est définie , dont chaque bourgeon ne peut en produire d'autres que pendant un temps limité et géné- ralement indépendant des saisons, ne pouvant, par consé- INDIVIDUALITÉ. 437 quenl, continuer h se reproduire par bourgeons, et ne pou- vant subsister que dans les lieux oîi leurs graines peuvent mûrir. L'individualité de ces plantes est bornée à l'apparition d'un nombre de gemmes déterminé par une période de temps restreinte. La plante est assujettie à une mort naturelle. Tel nous paraît être l'ordre établi dans la nature pour la durée des végétaux. Nous verrons plus loin quelles modifi- cations les saisons peuvent y apporter sous divers climats. Continuons à examiner l'individu dans le règne végétal, son mode de groupement , ses moyens d'aggrégation et ses rapports avec l'individu animal. L'analogie des végétaux avec les polypiers aggrégés n'est pas , du reste , la seule que l'on puisse invoquer. On est frappé d'étonnement quand on songe qu'il existe aussi dans les helminthes , et dans ceux même qui habitent nos intestins, des êtres groupés dans des conditions analogues à celles des bourgeons qui constituent les arbres. Les belles recherches de M. Van Beneden ont démontré, dans chaque anneau du tœnia, des appareils hermaphrodites de la géné- ration parfaitement indépendants les uns des autres, comme le sont les organes floraux d'un arbre dans chacun des bou- tons qui les renferment. On peut considérer ces vers comme formés par des séries de bourgeons placés bout à bout , au lieu d'être disséminés sur des embranchements, et la tête chargée de procurer de la nourriture à ces nombreux an- neaux , comme la racine qui doit pourvoir aux besoins de tous les individus qui forment un végétal aggrégé. Ainsi , dans ces vers comme dans les plantes , comme dans les abeilles , il semble que des êtres particuliers soient destinés à des fonctions spéciales, qui sont interdites aux autres. L'observation des arbres nous conduit surtout à cette génération alternante , sur laquelle M. Steentrup a appelé 438 PHÉNOMÈNES DE DUREE. l'attention des zoologistes, et qui consiste en ce qu'un ani- mal, au lieu de donner naissance à un animal semblable à lui, en produit un qui ne lui ressemble pas à aucune époque de son existence, et qui, à son tour, donnera naissance à des êtres semblables au parent primitif. Cette génération alter- nante, commune dans la classe des helminthes, existe dans la plupart des végétaux. La graine ne donne pas directement une fleur et un fruit , mais un être qui lui-même pourra produire des gemmes fertiles par génération. Dans le règne végétal , plus que dans la série animale , ces reproductions gemmipares pourront fournir de longues séries. La nature, comme on le voit, pour mieux assurer la re- production des espèces auxquelles elle n'a pas donné l'ins- tinct de la conservation , leur a accordé deux modes pour se reproduire , la formation de gemmes ou de bourgeons , qui se développent sans génération, et la reproduction ordi- naire au moyen d'organes particuliers; autrement dit, pres- que toutes les plantes et un certain nombre d'animaux de la classe des vers et, de l'embranchement des zoophytes jouis- sent de la propriété de se multiplier par des œufs fécondés ou non fécondés. Ils possèdent , comme nous l'avons dit , deux espèces de reproductions. Déjà aussi nous avons signalé l'alternance de ces deux modes; il nous reste maintenant à comparer les diverses espèces de générations alternantes dans les deux règnes, et à faire ressortir les modes plus nom- breux observés dans le règne végétal. Nous prendrons pour guide la classification indiquée par M. Van Beneden (1). (i) Bulletin de l'académie royale de Belgique, i. xx, p. 10. Tout en prenant pour point de comparaison les travaux de M. Van Beneden, sur l'individualilé et les généralions gemmipare et alternante, nous n'ignorons pas que ces intéressantes doctrines ont été soutenues et profondément étudiées par un grand nombre de savants , surtout en Aile- INDIVIDUALITÉ. 439 w Le fond du phénomène de la génération allernante, dit ce savant, se trouve dans le double mode de reproduc- tion par sexes et par aganiie. n Un animal reste plus ou moins longtemps dans l'œuf que l'autre; il y devicnt'un peu plus ou un peu moins com- plet. C'est ainsi qu'en naissant l'organisation est tantôt plus tantôt moins achevée. » C'est aussi une erreur de croire à l'existence d'animaux sans métamorphoses , puisque tous doivent en subir, les uns avant, les autres après l'éclosion. n Quoique ces Hgnes de M. Van Benedcn s'appliquent au règne animal , elles s'adaptent entièrement aussi au règne végétal , et, pour rendre aussi plus claires et plus palpables les rapports que nous allons établir, nous suivrons encore le savant zoologiste dans sa classification des générations alter- nantes et dans sa comparaison fictive. « Une grenouille pond des œufs; ces œufs éclosent, et le jeune animal qui en résulte ressemble à un poisson : c'est le têtard. Je suppose que le têtard montre, dans une partie de son corps, des bourgeons, Qt que ces bourgeons devien- nent des grenouilles. Le têtard, épuisé par la formation des bourgeons, périt avant de prendre la forme d'une grenouille, tandis que les bourgeons deviennent grenouilles sans prendre la forme de têtard. magne ; mais la direction de nos éludes ne nous a pas permis de suivre ces remarquables publications avectoulel'allention qu'elles exigent. D'un autre côté, le litre de notre ouvrage, en nous donnant une certaine latitude dans nos écarts , nous renferme cependant dans des limites que nous avons peine à ne pas franchir. Nous nous contenterons d'indiquer aux personnes qui voudraient pousser plus loin que nous l'examen de ces belles questions philosophiques , les œuvres de Blumenbach , Steenslrup , Cari Vogt , Siebold et Kolliker, Pineau , J. Millier, Bischoff, Slein, Sars, Dujardin, Desor, etc. 4-40 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » Le têtard meurt ainsi agame ou sans sexe avant l'épcn que de la formation des organes génitaux; la grenouille, au contraire, devient adulte et complète, avec tous les attri- buts du sexe auquel elle appartient. » Le têtard provient d'un œuf; il est ovigène et naît comme les animaux supérieurs. La grenouille sort d'un bour- geon ; elle est phytogène ; seule elle ressemble , par la pré- sence des organes sexuels, aux animaux supérieurs. » La grenouille est donc une mère qui donne naissance à une fille , le têtard ; cette fille , encore très-jeune , donne naissance à des bourgeons qui sont destinés à devenir des grenouilles , et cette fille meurt avant l'époque où les organes génitaux apparaissent. Ces grenouilles pondent de nouveau des œufs , et les mêmes phénomènes se repro- duisent. » La fdie ou têtard fictif ne ressemble donc pas à sa mère à aucune époque de sa vie , comme la grenouille ne ressemble pas à la sienne ; la ressemblance a donc lieu entre la mère et sa petite-fille, qu'elle provienne d'œufs ou de bourgeons, et il y a alternance dans la forme du corps comme dans le mode de reproduction. » Voilà, dit M. Van Beneden , le phénomène de la génération aîlernante dans toute sa simplicité, tel qu'il est entendu par M. Steenstrup, » Les faits se passent-ils généralement ainsi? Évidem- ment non; la génération alternante est presque l'exception. Le têtard lui-même continue souvent son évolution , et comme nous le verrons plus loin , au lieu de périr, il devient adulte et en tout semblable à celui auquel il donne nais- sance par bourgeons, » Dans ce dernier cas, les mêmes phénomènes se produi- sent comme dans le premier exemple ; mais le têtard con- INDIVIDUALITÉ. 4il tinue son évolution , et il ne peut y avoir génération alter- nante au point de vue de M. Steenstrup. » M. Van Beneden voulant comprendre dans son exposé suc- cinct l'ensemble des phénomènes de la reproduction des ani- maux inférieurs qui a, comme nous l'avons déjà dit , les plus grands rapports avec celle des végétaux , rappelle : « Que les êtres organisés se reproduisent de deux manières, par sexes ou par division : les uns sont sexuels et produisent des œufs et une liqueur fécondante , les autres sont neutres ou agames , c'est-à-dire sans sexes. » Les animaux supérieurs veillent tous plus ou moins à la conservation de leur progéniture , et portent des organes génitaux pour la conservation de l'espèce ; les animaux des rangs inférieurs, dont l'existence est en général si fra- gile, et dont la conservation n'est assurée qu'aux prix d'une prodigieuse fécondité , réunissent souvent à la reproduction sexuelle ordinaire une reproduction agame ; les milliers d'œufs qu'ils pondent ne suffisent pas pour éviter les nom- breux dangers qu'ils courent constamment depuis le mo- ment de leur éclosion. » Les premiers qui ne se reproduisent que par œufs , M. Van Beneden les désigne sous le nom de monogènèses ; les autres qui se reproduisent par œufs et par gemmes, il les nommes digénèses. Il ne peut être question ici que des derniers. Comme dans les plantes la monogénésie est une rare ex- ception, nous ne nous occuperons aussi que des digénèses, M. Van Beneden admet , dans le développement des animaux digénèses, trois phases qu'il désigne par des noms particuliers. L'embryon au sortir de l'œuf constitue la première de ces phases ; il est agame , mais il possède la faculté de pro* 442 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. (luire par le bourgeonnement des parties nouvelles. Cet état particulier, désigné par divers auteurs sous le nom de larve, a reçu le nom de scolex ; il est facile de voir qu'il correspond dans le règne végétal à la graine éclose , à la jeune plante dégagée des enveloppes de l'œuf séminal, mais privée d'or- ganes de la génération. Le scolex ou la larve peut donc, dans la plante comme dans les animaux, produire par bourgeon- nement de nouvelles parties. Quand le scolex a produit , par bourgeonnement , des segments dans les vers, des bourgeons ou des branches dans les végétaux , et cela en nombre indéterminé , il prend le nom de strobila. Un chêne, un sapin, ramifiés par l'exten- sion des bourgeons , mais n'ayant pas encore montré d'or- ganes de la génération, correspondent au strobila de M. Van Beneden. Enfin , quand les segments de l'animal formant le stro- bila ont acquis des organes génitaux , ce qui constitue l'état adulte et définitif, M. Van Beneden les appelle pro- gîottis. M. Steenstrup avait donné à ces trois états les noms de nourrice , génération préparatoire et génération mère ou primitive. M. Van Beneden réunit dans les cinq catégories suivantes les divers faits observés dans le cours du développement des animaux digénèses. « 1°. Les scolex vivent dans les mêmes conditions que les proglottis ; qu'ils proviennent d'œufs ou de gemmes , la forme du corps est la même , et ils parcourent les mêmes phases; exemple : Nais proboscidea, Syllis proliféra , Mi- crostome, Filograna, Myrianidal etc. » Tous les individus d'une espèce sont semblables , peu importe leur origine ; ils sont soumis à une reproductioa INDIVIDUALITÉ. 443 agame , quand ils ne sont encore qu'à l'état de larve, et au lieu de périr , la larve elle-même devient proglottis ou adulte , comme sa progéniture. C'est le cas de digénèse le plus simple. » Si nous rapportons ce premier mode de développe- ment à l'exemple cité plus haut de la grenouille , c'est le têtard qui pousse des bourgeons d'où sortiront de nouveaux têtards semblables à leur mère ; les uns et les autres devien- dront sexuels. C'est l'espèce à double reproduction, lescolex et le proglottis , prenant la même forme et parcourant les mêmes phases. » Les végétaux nous offrent fréquemment ces deux modes de reproduction. Nous l'observons surtout dans ceux dont les bourgeons souterrains peuvent vivre plusieurs années. La plupart des plantes bulbeuses se trouvent dans cette caté- gorie. Souvent, avant d'être sexuées, ces espèces donnent naissance à des cayeux libres comme le lys , la jacinthe , ou à des cayeux intérieurs , et qui sortent bientôt de leurs membranes comme les aulx , les colchiques. Ces bourgeons grandissent et se développent pendant plusieurs années , et finissent tous par fleurir et fructifier comme la plante mère. Les Orchis , munis d'un tubercule qui doit aussi arriver à l'état parfait , appartiennent à la même série. Une grande quantité de plantes vivaces produisent aussi dès leur naissance des gemmes qui fleurissent en même temps qu'elles, prennent les mêmes formes, et sont toujours identiques. Les plantes annuelles, avant d'être arrivées à leur florai- son , et par conséquent encore à l'état de strobila , produi- sent de nombreuses ramifications qui sont autant de nou- veaux individus greffés sur la mère , et chaque rameau se termine, comme le bourgeon primitif, par une fleur qui est la 444 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. même pour tous , et qui ramène l'égalité chez les individus nés par les deux modes de générations. « 2". Les scolex , dans leur jeune ège, vivent dans des conditions différentes des proglottis ; les uns et les autres prennent des sexes ; à l'état adulte ils sont tous semblables ; mais ils parcourent des phases différentes dans leur jeune âge ; les ovigènes portent des organes de locomotion , des cils ou des nageoires, parce qu'ils doivent chercher un gîte ; les phytogènes sont privés des organes de locomotion, et n'ont qu'à se développer et enrichir la colonie. Les scolex , quoi- qu'ovigènes , deviennent eux-mêmes proglottis comme les les phytogènes. » Les ascidées simples et sociales (Clavelina) , ainsi que les bryozoaires , appartiennent à cette seconde catégorie. » En comparant ce second mode de développement à celui de la grenouille fictive, le têtard, au lieu de périr, de- vient grenouille, et tout en ayant donné des bourgeons dans son premier état de têtard, continue adonner des bourgeons même quand il est devenu grenouille , et qu'il porte des or- ganes sexuels. » Dans la première catégorie, l'embryon phytogène res- semble à l'ovigène ; dans le cas actuel , l'ovigène porte des cils ou des nageoires dont le phytogène est privé. » Il existe dans le règne végétal des espèces que l'on peut comparer à celles que cite M. Van Beneden , dans le règne animal, et comme dans les plantes les organes de l'individu ne peuvent servir qu'une seule fois, la comparaison n'est pas parfaite. Nous citerons cependant des liliacées comme cer- tains Allium, Crinum, etc., qui produisent en même temps et sous les mêmes enveloppes des fleurs et des bourgeons , d'autres qui , tout en étant sexuées , laissent tomber de leurs aisselles des bulbilles qui ont les mêmes propriétés que les INDIVIDUALITÉ. 445 graines, et qui enfin emploient simultan<''ment les deux mo- des de reproduction , comme le Lilium bulbiferum , le Den- iaria hulhifcra , etc. Dans les hautes montagnes oii les graines ne peuvent pas toujours mûrir faute d'une température suffisamment éle- vée, bon nombre de plantes deviennent vivipares , et don- nent des bourgeons au lieu de graines. Le Poa alpina , les Carex muricala, C. pilulifera, C. vuJpina, C. divuha se présentent assez souvent sous cet état particulier, que Ben- tham a signalé aussi sur les mêmes espèces dans les Pyré- nées. On trouve dans les mêmes conditions les Festuca ovina, et F. duriuscula. Le Pohjgonum viviparum, dans les mon- tagnes et dans la Laponie, porte à la fois des fleurs et des bulbilles. Ces derniers , qui représentent la reproduction gemmipare, poussent comme ceux des AUium avant d'avoir abandonné la plante, et l'on voit le même phénomène se produire encore dans le Poa bulbosa , dont les panicules verdoyantes renferment des bulbes en végétation. « 3°. Les scolex et les progloUis vivent dans des condi- tions différentes à tout âge , et il n'y a pas de ressemblance entre eux ; les scolex ne deviennent pas proglottis et meu- rent agames sous leur première forme. L'embryon phytogène est différent de l'embryon ovigène dès les premiers moments de son apparition. » Les ascidées composées (botrylles), les saîpa, les vers cestoides en général , quelques trematodes , fournissent des exemples de cette troisième catégorie. » C'est le cas que nous avons cité plus haut du têtard , qui périt agame , tandis que la grenouille, née par gemmes, devient seule adulte et ne passe pas par la forme du têtard. Le premier est exclusivement gemmipare , le second ovi- pare. 446 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » C'est cette troisième catégorie qui nous fournit les animaux à génération alternante, selon M. Steenstrup. » Cette génération , réellement alternante, est fréquente dans les végétaux, et l'on pourrait la trouver dans un grand nombre de plantes bisannuelles dont les graines produisent des aggrégations par agamie , et les individus nés ainsi en procréent d'autres qui sont sexués. Il y a là alternance con- tinue dans le sens de M. Steenstrup. Il s'en faut cependant que toutes les plantes que nous appelons bisannuelles se trouvent dans ce cas ; il en est qui, étant pourtant à végéta- tion discontinue , c'est-à-dire arrêtées par les saisons , re- prennent ensuite le cours de leur vie momentanément sus- pendue, en poursuivant le développement des mêmes bour- geons ou des mêmes individus. Ainsi, l'oignon ordinaire, le poireau mettent réellement deux années pour accomplir, avec le même bourgeon , toutes les phases de leur végéta- tion , et n'appartiennent pas à la génération alternante. Ce mode de reproduction se manifeste d'une manière frappante dans la plupart des arbres et notamment dans les arbres fruitiers ; mais cet état régulier d'alternance ne com- mence qu'à un certain âge de l'arbre ou de l'aggrégation , après qu'elle a passé par une autre phase que nous décrirons un peu plus loin. L'arbre donne des bourgeons agames , qui produisent du bois et des feuilles , et ceux-ci donnent naissance à d'autres phytons qui fleurissent et répandent des graines. Ces der- niers produisent de nouveau des bourgeons non florifères par agamie , et ainsi de suite alternativement. C'est ce qui fait que la plupart des arbres ne donnent pas de fruits tous les ans ou du moins ne les donnent pas en quantité égale. Il y a même, sur les grands arbres, des branches qui suivent ré- gulièrement ce mode alterne de production ; mais comme INDIVIDUALITÉ. 447 ces branches sont associées à d'autres qui alternent aussi, et à époques ou années différentes, on ne s'aperçoit pas de l'al- ternance générale. On reconnaît pourtant que , dans ces derniers exemples que nous citons , dans la production alternative de bour- geons foliaires et florifères, la comparaison avec la classe établie par M. Van Beneden n'est pas exacte, car, non- seulement il est nécessaire que l'arbre ait passé auparavant par un autre état , mais encore ses bourgeons à fleurs ré- pandent des graines dont nous ne tenons aucun compte. « 4°. Les scolex vivent toujours dans des conditions différentes des proglottis, et la forme du corps ne se ressem- ble pas; il y a plus, les scolex eux-mêmes ne vivent pas tous dans les mêmes conditions, et des générations de scolex aga- mes se succèdent par voie gemmipare, sans avoir de ressem- blance entre elles. » Les monoslomes et les distomes , la Médusa mirita et d'autres espèces nous montrent cet exemple remarquable de digénèse, qui rentre aussi dans la génération alternante de M. Steenstrup. » Le scolex ovigène est cilié et nage librement, pour dé- poser sa progéniture dans le corps d'un mollusque ou d'un autre animal. Cette progéniture , qui est agame comme la première, est sans cils, et sa forme est toute différente : c'est un scolex au second degré, un deuto-scolex. Celui-ci peut, à son tour, engendrer par agamie une forme semblable, ou bien une forme nouvelle , qui est alors le proglottis. Ce jeune proglottis [Cercaria) porte une queue, comme le pre- mier scolex sorti de l'œuf porte des cils ; il doit , comme le premier aussi, chercher son gîte pour continuer son évolution et changer de forme, sa queue étant devenue inutile dans le milieu étroit où il est destiné à finir son existence. 448 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » Voilà donc un exemple d'une fille qui ne ressemble pas sa mère; elle doit vivre dans un autre milieu. La petite- fille, destinée à vivre dans d'autres conditions encore que la mère et la grand'mère, affecte encore une forme nouvelle, de manière que trois générations se succèdent sans se res- sembler. » Pour rapporter ces faits à l'exemple cité plus haut, c'est le têtard qui naît couvert de cils vibratiles avant que sa queue ne soit développée ; il nage librement par le secours de ses cils. Dans ses flancs naît une autre forme, toute dif- férente, immobile, sans queue et sans cils ; elle est destinée à engendrer une nouvelle progéniture , dont la forme res- semble à celle des têtards, qui nagent à l'aide de leurs queues. Il y a donc deux générations et quelquefois davantage qui vivent immobiles sur le corps oîi elles ont été déposées, et deux autres qui se meuvent par des cils ou des nageoires pour chercher leur sol ou l'animal sur lequel ils doivent vi- vre. Ces générations sont toutes agames , sauf la dernière. Enfin, les individus de la dernière génération, nés par gem- mes, deviennent adultes et complets : ce sont les grenouilles fictives. La reproduction agame a lieu, pour continuer la comparaison avec l'exemple delà grenouille, avant que celle- ci ait pris la forme de têtard , et cette dernière forme, née par gemme, subit, comme dans la grenouille, des métamor- phoses complètes. Le têtard perd sa queue en devenant gre- nouille , comme le cercaire perd la sienne en devenant distome. » Nous n'avons rien, dans le règne végétal, que nous puis- sions comparer à ces métamorphoses et à ces générations suc- cessives. On le conçoit , puisque les plantes sont privées de mouvement et ne peuvent passer , comme les vers intesti- naux, d'un corps dans un autre. Nous avons cru cependant INDIVIDUALITÉ. 449 devoir rapporter cette division de M. VanBencdcn, d'abord pour ne pas nnorcclcr son intéressant travail, et ensuite pour (loiuier une idée de l'inlluence des milieux sur les espèces, et compléter ce que nous avons dit aux généralités sur les métamorphoses et les modifications des êtres. « 5°. Les scolex ovigènes engendrent, par agamie, des scolex semblables à eux. Cette nouvelle génération produit encore, par agamie , une autre génération com|)Osée d'indi- vidus ayant la même forme. Plusieurs générations , organi- sées de même, se succèdent ainsi, jusqu'à ce qu'enfin il apparaisse une génération de proglottis ou d'individus adultes à sexe. » Les pucerons et d'autres articulés se trouvent dans cette catégorie. » C'est le têtard ovigène qui engendre, par voie gemmi- pare, un autre têtard, qui en produit un, à son tour, de la même forme, et ainsi de suite pendant plusieurs générations ; mais, quand la production agame est épuisée, il naît par voie agame, des grenouilles. » C'est pour la majeure partie des plantes , le cas le plus ordinaire ; tous les arbres nous montrent ce mode de géné- ration. Ainsi, un gland, un pépin de poirier, se trouvent dans les conditions convenables pour germer ; il en résulte un in- dividu complètement dépourvu d'organes de la génération , mais , par agamie , il donne des bourgeons qui passent l'hi- ver engourdis , qui se réveillent au printemps , comme la graine qui l'année précédente a donné naissance au premier bourgeon. Pendant longtemps ces bourgeons ou individus nés les uns des autres jpar agamie , groupés les uns sur les autres 'par aggrégalion , se succèdent en nombre indéfini, augmentant , sauf les accidents , plus vite qu'en proportion II 29 450 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. géométrique ; enfin , au bout d'un nombre d'années qui varie selon l'espèce, selon le climat, selon les circonstances, les êtres nés par agamie deviennent sexués, l'arbre fleurit et porte des graines. C'est exactement, à l'aggrégation près, l'exemple des pu- cerons. Mais une fois que le groupe d'individus a acquis assez d'années ou, ce qui revient au même, assez de force et assez de puissance , des êtres sexués sont engendrés tous les ans, ou bien l'aggrégat est soumis à la véritable génération al- ternante dont nous avons parlé plus haut. Un fait très-remarquable, c'est que les circonstances ex- térieures influent singulièrement sur la durée du temps ab- solu de l'agamie. Un chêne est quelquefois vingt ans, qua- rante ans, avant de produire des êtres sexués. Certains ar- bres verts mettent plus de temps encore, ou bien, quoique monoïques, ils ne montrent d'abord qu'un sexe. Les arbres des forêts tropicales attendent quelquefois un grand nombre d'années avant de produire par agamie des bourgeons séminifères, et , quand ils ont commencé à mon- trer des individus sexués , ils interrompent tout à coup et pour longtemps cette génération sexuée. Les arbres fruitiers obtenus par semis restent longtemps sans fleurir, mais qu'un bourgeon ou individu détaché soit transporté sur un autre aggrégat en rapport de structure avec lui, l'individu agame et né d'agamie ou phytogène s'empres- sera de produire des êtres sexués. Une plante transplantée ou changée de condition se mettra à fruit tout à coup. Quand la vigueur est trop grande, l'aggrégat végétal a la plus grande tendance à se reproduire par agamie ; si , au contraire, il y a souffrance ou disette, immédiatement la re- INDIVIDUALITÉ. 451 production sexuée se présente. Chez les plantes , comme dans le p;enre humain , la misère est la cause principale de la multiplication. Les hybrides végétaux, prétendus stériles, ne le sont que par la tendance qu'ont les aggrégats à se multiplier par agamic. Les individus nés par agamie en donnent de sexués, mais ceux-ci, pourvus de Heurs, ne donnent pas de graines, et ces êtres llorifères et stériles tiennent, pour ainsi dire, le milieu entre les individus agames et ceux qui sont sexués. Si on affaiblit l'aggrégat en le mutilant , en le faisant souffrir, en lui enlevant une bonne partie de ses membres , qui tous s'occupent à fortifier le tronc commun, les êtres agames qui survivent, comme s'ils prévoyaient la mort violente du groupe entier, s'empressent de procréer des êtres sexués, dont cette fois les graines mûrissent. Ceci, au premier abord , paraît l'inverse de ce qui a lieu pour les abeilles qui vivent en société , et qui , à volonté et par un surcroît ou un changement de local et d'alimentation, changent des individus stériles en animaux sexués. On lit dans la thèse de M. J.-P. Kremer, sur la sexualité et l'hybridité des plantes : « D'après les observations de Gœrtner, Knight et Wieg- man , les hybrides , quand ils se reproduisent par graines, retournent au type maternel au bout de quelques générations. ;) Enfin , on remarque que les plantes hybrides présen- tent généralement un plus grand développement que les espèces d'oii elles proviennent. Cela vient sans doute de ce que la sève n'ayant point à nourrir de graines, et se distri- buant entièrement dans les organes de la végétation , ceux- ci n'éprouvent pas sitôt un temps d'arrêt. » M. Kremer ne prendrait-il pas ici l'effet pour la cause? Si les hybrides ne grainent pas , cela tient à ce que la sève 452 PDÉNOMÈNES DE DURÉE. se portant sur les organes de la végétation , arrête le déve- loppement des germes dans les organes de la reproduction , puisque nous venons de voir les hybrides devenir fertiles par l'affaiblissement. Maintenant , quant à ce phénomène curieux observé par M. Steentrup et par M. Van Beneden sur un certain nombre d'animaux de la classe des helminthes, que les individus pro- venant des mêmes parents peuvent se présenter sous des formes tout à fait différentes, c'est un fait commun dans le règne végétal. Jamais l'individu qui sort d'un bourgeon florifère ne ressemblera à celui dont l'origine appartient à un bourgeon stérile , et cette différence est quelquefois si grande, comme dans la famille des équisétacées , oiî l'on trouve en abondance des êtres stériles , qu'il y a difficulté à rapporter les deux états à l'espèce dont ils dérivent. « Tous les faits de digénèse , dit M. Van Beneden en parlant des animaux, trouveront convenablement leur place dans une de ces catégories ; du moins jusqu'à présent on ne connaît aucun fait qui ne puisse y être rapporté. Mais, à côté de ces faits se trouvent quelques phénomènes de reproduc- tion observés sur des animaux inférieurs qui ne se rattachent pas aux phénomènes précédents. » Nous crojons que l'observation des faits est loin d'être épuisée dans cette voie curieuse d'investigation, même dans le règne animal ; mais une foule de nouvelles séries devront être établies pour les modes divers de génération dans le règne végétal. Entraînés déjà trop loin par la nature de cet ouvrage , par l'intérêt de notre sujet, nous ne chercherons pas à réunir et à discuter tous ces faits de génération alter- nante , successive , interrompue , modifiée de la manière la plus intéressante par les lois qui président au groupement plus ou moins constant des aggrégats. INDIVIDUALITÉ. 453 Nous rappellerons seulement qu'il existe des plantes, comme les pêchers, les abricotiers, etc., où les individus sexués sont dépourvus de (euillcs , et où le développement de cesdeux sortesde hourfj;eons n'a pas lieuen même temps. Nous signalerons ces anomalies d'individus tous mâles et isolés , comme dans le noisetier, tandis que les femelles, nées égale- ment par agamie, sont annexées à des feuilles dont l'aisselle donnera naissance à de nouveaux bourgeons. Toutes ces com- binaisons sont sans nombre dans le règne végétal , et celles qui existent sous terre, hors de notre vue, dans les rhizomes et les tiges souterraines des plantes vivaces, exigeraient, pour être connues, la vie entière d'un observateur assidu. Ces racines aériennes de plusieurs arbres des pajs chauds qui se transforment dès qu'elles touchent le sol , en chan- geant de milieu; ces tiges descendantes, distinctes et pour- vues d'écorce des MelaJeuca , indiquent encore de nouveaux modes de reproduction agame, qui ont sans doute aussi leur analogie dans le règne animal. Ainsi, les phénomènes de durée dans les végétaux se trou- vent compliqués de ceux d'aggrégation, et tout nous ramène à ne voir dans les plantes que des individus annuels , en attachant à ce mot un sens qui n'implique pas la durée né- cessaire d'une saison , mais seulement le temps employé à la vie des organes de chaque bourgeon ovigène ou phyto- gène. Nous pourrions même aller plus loin , car de ce qu'une plante est annuelle, dans l'acception ordinaire du mot, nous ne pouvons pas en conclure qu'elle est isolée et (ju'elle est formée par le seul individu sorti de la graine. Dans presque tous les cas il y a, dès la naissance , formation de bourgeons et reproduction par gemmes. Seulement, dans les plantes annuelles dont la végétation s'opère d'une manière conti- 454 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. nue, la création d'individus nouveaux par gemmation n'est pas aussi distincte que celle qui est séparée par les époques périodiques des saisons. Mais lorsqu'un bourgeon se déve- loppe , même au retour du printemps , comme cela se pré- sente pour tous les arbres de nos climats, ce bourgeon lui- même ne peut pas être considéré comme un individu isolé ; il est bientôt le centre d'un groupe nouveau, qui a ce bour- geon pour origine, et qui en produit encore par gemmation plusieurs autres, avant de donner naissance à de véritables générations par sexe. De même que dans la classe des hel- minthes et surtout dans celle des zoophytes , les animaux se groupent de manière à former des figures distinctes, souvent régulières et constantes , de même nous voyons les gemmes d'une plante annuelle ou d'un même bourgeon vernal se disposer de certaine manière et produire alors des apparences que nous nommons feuilles géminées, alternes, opposées^ verticillées, etc., et grouper en même temps leurs fleurs en forme à'ombelles, de conjmbes, d'épis, de panicules, de ca- lathides , etc. Rarement un bourgeon émané d'un arbre ou d'une plante annuelle ne donne qu'une seule flaur, comme le Cornus suecica, le Paris quadrifolia, le Drosera uniflora. Il arrive aussi , dans ces groupements particuliers des fleurs, que nous désignons sous le nom à' inflorescence, que les fonctions sont partagées et que les aggrégations sont formées d'individus qui concourent au même but, et dont les fonc- tions sont distinctes. C'est ainsi que dans la même calathide, et rangés dans un ordre constant , on trouve à la fois des fleurons mâles et des fleurons femelles; ailleurs ce sont des fleurons hermaphrodites ou des fleurons stériles, plus grands, plus développés , ornant l'ensemble d'élégantes couronnes dont les fonctions nous sont inconnues. Dans les Viburnum, INDIVIDUALITÉ. 455 de larges fleurs sans organes sexuels entourent celles du centre , qui sont fertiles. Dans cette association, comme dans celles que forment les abeilles , les ôtres destinés à la génération sont placés dans le centre et protégés par les autres. Singulières conditions que celles qui régissent ces associations florales ; il semble que certains individus aient cédé à d'autres leur corolle et leur aient accordé la partie ornementale de la fleur, à condi- tion de les entourer d'une cour brillante et protectrice pour les hautes destinées qu'ils sont appelés à remplir. Ainsi se présentent les calathides des centaurées , les corymbes des Viburnum et des Hydrangea. Un autre fait remarquable de l'association, ou plus exac- tement de l'aggrégation des individus , est le groupement distinct des mâles et des femefles dans plusieurs végétaux. Pourquoi, par exemple, dans les Salix et dans les Popidus, tous les gemmes d'un même aggrégat sont-ils toujours des mâles ou toujours des femelles? et cette tendance est même portée si loin dans les plantes dioïques , que non-seulement ces aggrégats unisexués se réunissent en société , mais que quelquefois des contrées entières n'offrent qu'un seul sexe sur de vastes étendues. C'est ainsi qu'une plante herbacée aquatique , appelée Anacharis Alsinastrum , Bab., originaire de l'Amérique septentrionale , et tout à coup transportée et naturalisée en Angleterre, au point de gêner la navigation, n'a jamais offert que des individus femelles. Le mâle n'existe pas en Europe, et cette espèce nous montre un des exemples les plus curieux de la multiplication par bourgeons et de l'aggrégation vé- gétale. Dans d'autres espèces l'aggrégation est formée d'indivi- dus également unisexués, mais les deux sexes, comme dans 456 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. les Corylus, les Pinus, les Abies, s'unissent d'une manière régulière dans le mêmes groupe. L'arrangement des êtres mules, relativement aux femelles, est toujours le même et se montre d'une manière presqu'aussi invariable que celui des étamines relativement au pistil dans les fleurs hermaphro- dites. Enfin , sur ces mêmes aggrégats à sexes séparés ou dis- tincts, on voit souvent aussi des êtres se présenter au milieu des unisexués avec le caractère de l'hermaphroditisme. Que peut être alors un être hermaphrodite, si ce n'est la soudure ou plutôt la pénétration intime de deux individus? Le mâle et la femelle, intimement unis, confondus dans les plantes hermaphrodites, peuvent-ils être considérés vérita- blement comme une seule création ? Dans les animaux nous ne trouvons l'hermaphroditisme que dans les classes les plus inférieures, et encore le plus ordinairement l'hermaphrodite est impuissant s'il n'a pas le concours d'un autre individu. La présence des organes mâles et des organes femelles, sous une même enveloppe et placés de telle manière que la fécon- dation soit assurée comme dans les anneaux du Tœnia et la plupart des fleurs hermaphordites , n'imphque-t-elle pas la soudure intime de deux individus. Les organes des animaux hermaphrodites un peu compliqués, comme les huîtres, les anodontes, les Uuio, si toutefois ces êtres sont réellement hermaphrodites, ne laisseraient-ils pas soupçonner quelques traces de ces soudures naturelles , de ces fusions d'organes que l'on pourrait expliquer par la loi du balancement si fé- conde en application , dont le génie de Geoffroy - Saint- Hilaire a doté la philosophie , ou par l'étude profonde des soudures et des avortements sur laqueHe l'illustre deCandol'e a fixé le premier l'attention des botanistes ? Ces idées nous conduiraient bien loin si nous voulions les INDIVIDUALITÉ. 457 adopter, et si surtout nous voulions les développer à ce point devue.Si, partant de lu Heur si simpled'un callitriche composée d'une étamine et d'un pistil, nous cherchions, en la considé- rant comme formée elle-même de deux individus, à ne voir dans toutes les classes du système de Linné que les élé- gantes associations d'êtres unisexués , groupés d'après des lois de symétrie et de subordination ; si , regardant tous les végétaux comme des aggrégats d'individus , nous accordions à chacun de ces êtres des fonctions spéciales dans l'ensemble des groupes, une origine commune et des formes différentes, nous arriverions à des conséquences qui sortiraient tout à fait du cadre actuel que nous nous sommes tracé. Que l'on nous pardonne même ces remarques au sujet de l'individua- lité dans les plantes ; l'examen de la durée et de l'influence des causes extérieures sur le développement des végétaux demandait quelques considérations préliminaires. CHAPITRE XXVI. PHÉNOMÈNES DE DURÉE ET DE PERMANENCE. DU GROUPE- MENT DES INDIVIDUS. COUP-d'oEIL SUR l'eNSEMBLE DES VÉGÉTAUX LIGNEUX, OU LES ARBRES ET LES FORETS. La nature, comme nous venons de le voir dans le chapi- tre précédent , ne s'est pas contentée de donner des formes particulières à chacun des êtres qu'elle a créés , elle a pour ainsi dire multiplié leur aspect à l'infini , en associant de la manière la plus élégante de nombreux individus de la même espèce. C'est ainsi qu'elle a donné naissance à ces masses 458 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. prodigieuses de Polypiers , dont les générations accumulées se développent au contact des vagues onduleusesde l'Océan ; c'est ainsi qu'en réunissant les gemmes des végétaux , elle a pu, sans générations sexuées, composer ces arbres majestueux qui forment les forêts, ces arbrisseaux plus humbles qui s'a- britent sous leurs voûtes séculaires , et ces plantes souterrai- nes, aux rhizomes ramifiés, qui jusqu'aux glaces polaires, nous montrent la vie et l'inépuisable variété de la création. Qu'il nous soit permis, avant d'arriver aux détails pleins d'intérêt que ces plantes soudées vont nous offrir sous le rapport de leur durée , de jeter un regard curieux sur ce magnifique ensemble, et d'admirer quelques-uns de ces riants tableaux que la nature étale avec tant de beauté sur la terre. Les arbres, sans contredit, sont le plus bel ornement des campagnes , et lorsque , vivant en société nombreuse, ils se rassemblent et composent les forêts , ce sont eux alors qui dominent le paysage et lui impriment un cachet particulier qui varie suivant les climats. L'entrée d'une belle forêt est comme les abords d'un nouveau monde , son aspect nous ramène à l'âge d'or ; nous oublions un instant, sous son ma- jestueux ombrage, et les peines du cœur et les misères de la vie. Notre orgueil se tait devant la majesté du lieu , et de douces rêveries nous conduisent au hasard sous ces voûtes feuillées qui nous inspirent. § 1. FORÊTS DE LA ZONE TOBRIDE. Les familles végétales ont presque toutes des espèces ligneuses dont les dimensions varient suivant les climats , et dont le nombre augmente en approchant de l'équateur. La zone torride est celle où la végétation arborescente FORÊTS DE LA ZONE ÏORRIDE. 450 déploie toutes ses beautés. De nombreuses familles , incon- nues sous nos zones tempérées, s'y montrent avec leurs formes particulières , et luttent de vigueur en combattant sur un sol qui peut à peine les nourrir. Chacune défend sa vie et cherche à s'élancer au-dessus des autres. La nature, dans les forêts vierges qui forment l'éclatante ceinture de la terre, a conservé sa majesté primitive. Les arbres d'espèces différentes y sont pressés les uns contre les autres ; leurs branches sont enlacées , et les Hanes qui s'é- lancent d'une cime sur une autre , constituent des voûtes de verdure que les rayons du soleil ne peuvent traverser. L'eau ruisselle partout sur les troncs des vieux arbres, et ils se cou- vrent de fleurs étrangères qui ne leur demandent qu'un ap- pui et l'abri de leur ombrage. Ceux qui ont parcouru les riches contrées de la zone tor- ride, où la végétation déploie son luxe et sa majesté, n'ou- bHeront jamais ces impressions profondes dont le souvenir s'est gravé dans leur âme émue en traits ineffaçables. Sous un chmat qui n'est modifié que par des alternatives de .pluie et de sécheresse, chaque saison a sa flore. Le vent des hivers , qui chez nous détache les feuilles jaunies par l'au- tomne et les dépose sur les fleurs mourantes des prairies, ne produit ici qu'un contraste. Il n'y a pas d'interruption entre la mort et le réveil de la nature ; quand les foHoles des lé- gumineuses se détachent , quand de nombreuses rubiacées, des térébindiacées et d'autres familles arborescentes se dé- pouillent de leur feuillage , une foule d'arbrisseaux ver- doyants épanouissent leurs fleurs , et le printemps d'une an- née succède sans transition à l'automne d'une autre. Ce qui contribue le plus à changer le paysage et à donner aux con- trées tropicales leur air étranger et majestueux , c'est la pré- dominance des arbres sur les plantes herbacées , c'est la 460 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. variété de ces espèces arborescentes, leur volume prodigieux, leur immense développement et leurs lleurs magniflques. Ce sont ces espèces volubiles , si flexibles et si longues qui ser- pentent autour des troncs et s'enlacent dans leurs branches gigantesques. Ces plantes qui appartiennent souvent aux asclepiadées et aux bignoniacées donnent aux forêts tropicales un air de désordre et de confusion qui en fait la beauté. Elle réunis- sent en une seule masse de verdure tous les arbres d'une grande étendue, mêlent leurs fleurs à leur feuillage, enla- cent le stipe élancé du palmier comme le tronc rameux de l'anacarde , et courent en festons vivants et en guirlandes fleuries sur les cimes les plus élevées. Souvent même elles donnent à une souche décomposée, l'apparence de la fraî- cheur et de la vie. Les arbres sont presque étouffés sous les aroides et les orchidées parasites ; d'énormes figuiers , de faux acajous (Anacardium) sont littéralement couverts d'élégants Den- drobium, de vanilles grimpantes, de Cymbidiiim , ou des larges feuilles vertes de monstrueux Pothos. La vie sem- ble renaître sur de vieux troncs épuisés , et l'on voit les Guslavia et le Theobroma qui nous fournit le cacao, pro- duire encore des fleurs qui sortent de leur vieille écorce, offrant à la fois fraîcheur et décrépitude. Il semble que sous l'action d'une douce température, la vieillesse se réveille et veuille encore donner des gages de sa postérité , aux générations sans nombre auxquelles elle a servi et de souche et d'appui. Les passiflores aux corolles de pourpre et d'azur descen- dent en festons sur ces colonnes fleuries, au-dessus desquelles les Banisleria ont suspendu leurs grappes dorées. Un aspect inconnu sous notre ciel est dû à la prédorai- FORKTS DK LA ZONE TORRTDE. 461 nance des feuilles ailées de la jurande famille des légumi- neuses. Les nombreuses folioles , symétricjuemerit rangées, des mimosées, des Acacia, des Ahrus, des Gledilzia dorment au feuillage une légèreté que nous ne connaissons pas. Le soir toutes ces folioles s'abaissent ou changent de position , les forêts s'endorment, et le réveil du matin frappe plus en- core le voyageur que le sommeil du soir qui lui montre la nature fatiguée de lumière et de vie , se reposant pendant la fraîcheur des nuits. Les saisons, comme nous l'avons déjà dit, ne sont pas séparées sous les tropiques par une longue période de repos et d'inertie, mais la zone équatoriale a aussi son printemps; c'est alors que se déploient ces jeunes feuilles ailées qui savent se reposer et dormir pendant les premiers âges de leur vie; c'est alors que la verdure des bois prend pour un instant ces nuances de haîcheur qui donnent tant de charme à nos printemps; mais de grandes différences existent à cet égard dans les diverses parties du monde. Dans nos zones tempérées nous suivons graduellement le bleuissement du vert depuis le moment où le bourgeon s'entr'ouvre et laisse sortir ses feuilles encore jaunies, jusqu'à l'époque où le bleu l'abandonne et lui laisse la livrée ternie des hivers. Sous les tropiques, quelques familles seulement nous per- mettent de suivre, dans les variations de leur verdure , la succession de ces nuances auxquelles nos forêts nous ont habitués. La plupart des végétaux ligneux ont des feuilles coriaces, dures et persistantes , d'un vert brun et foncé, qui n'a jamais la fraîcheur que présente le réveil de la nature après un long repos. C'est sous ce sombre aspect que se pré- sentent la plupart des gutlifères , des laurinées , des sapolil- lées , etc., si répandues dans l'Amérique équinoxiale. 462 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Dans les zones élevées des Andes, dans les lieux appelés paramos par les naturels , on ne voit pas non plus , comme dans nos montagnes , une verdure nouvellement éclose ; on n'y trouve que des arbres rabougris et étendus en forme d'éventail. Leurs feuilles sont persistantes et conservent éternellement leur verdure. On y voit les Escallonia Tuber, E. myrtilloides , des Freziera, le Myrlus microphylla et d'autres espèces à feuilles coriaces et luisantes comme celles de nos lauriers. La nature, changeant les conditions sur un espace res- treint, varie à son gré ses productions. Mais si l'eau, sous le ciel brûlant de la région équatoriale, vient ajouter sa puis- sance à celle du climat , la vie n'a, pour ainsi dire, plus de limites. C'est ainsi que les cataractes d'Aturès, dans l'Amé- rique du Sud, sont entourées d'immenses forêts dont la fraîcheur est entretenue par l'eau réduite en poussière que l'air échauffé dissout immédiatement. Elles sont principalement formées de ces lauriers au luisant feuillage, parmi lesquels on distingue les Ocotea cymharum et lineata, d'élégantes mimoséeset de monstrueux Ficus. Leurs troncs nourrissent des plantes presque aériennes, qui restent suspendues à leurs rameaux ; le Cymbidium violaceum y montre ses gracieuses corolles , VHabenaria angustifolia y forme ses gazons de verdure; les fleurs jaunes des Bannisteria se mélangent aux bouquets bleus des grimpantes bignoniacées près des Po- thos aux formes massives et parmi des Arum et des Pepe- romia. Au milieu de ces parterres suspendus on voit pendre une mousse verdoyante , le Grimmia fontinaloides , décou- vert par M. de Humboldt sur les arbres les plus élevés , et rappelant les régions européennes au centre de la zone torride. Les plantes, avides d'humidité sous ce ciel brûlant, vien- nent se grouper à l'envi sous la douce rosée des cataractes ; FORÊTS DE LA ZONE lORRlDE. 463 les Helicoma et d'autres scilaminées , ces formes si parti- culières aux pays chauds, se réunissent en groupes auprès des chaumes élancés des bambousiers, et trois palmiers distincts, connus sous les noms de Miirichi , de Jagua et de Vadyiais forment çà et là des bosquets séparés , offrant chacun leur port particulier. « Le dernier, dit M. de Ilumboldt, a des pal- mes qui surmontent des troncs de 80 à 100 pieds de haut; ce sont de véritables panaches du vert le plus tendre et le plus frais. Ils forment une seconde forêt sur la première, oii dominent les îles qui divisent le lleuve en nombreux torrents; ils se détachent sur l'azur du ciel , et reçoivent la vapeur des eaux. » Dans ces heureuses contrées où l'homme est effacé par la nature sauvage, le calme de l'atmosphère contraste avec le tumulte des eaux. L'air n'est jamais agité, le feuillage est immobile ; on n'entend pas ce léger bruissement des feuilles qui , pendant les chaleurs de nos étés , nous prévient de la brise après laquelle nous soupirons. Si la branche (lexible d'un Bignonia se balance, si la feuille d'un palmier s'incline et se relève avec lenteur, c'est une chute rapide du lleuve qui chasse l'air avec violence et lui donne indirectement l'im- pulsion. « Les eaux murmurantes ont , dans les longues saisons des pluies, entassé des îles de terre végétale parées de Drosera, de Mimosa, au feuillage d'un blanc argenté, et d'une multi- tude de plantes ; elles forment des lits de fleurs au milieu des roches rmes ; elles rappellent à l'Européen ces blocs de granit solitaires et couverts de fleurs que les habitants des Alpes appellent courtils , et qui percent les glaciers de la Savoie (1). » {\) Ilumboldl, Tableaux de la nature, t. 1, p. 247. 464 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Les rochers les plus arides se couvrent bientôt d'espèces arborescentes, sous l'influence de l'eau. Autour des rocs pe- lés des cataractes de l'Orénoque, les pluies, qui sous la zone équatoriale sont si abondantes et parfois de si longue durée, donnent à la végétation la fraîcheur des zones tempérées ; la nature en est partout embellie. « Les arbres poussent de nouvelles branches , se parent d'une verdure plus tendre et se couvrent de fleurs ; les plan- tes herbacées, au sein des plaines, émaillent le sol de mille couleurs des plus vives. Sous Tombrage des forêts, les fou- gères et les lycopodiacées étendent leurs rameaux pennés , aux formes élégantes. Les fleurs, les feuilles sont courtisées par des milliers d'insectes aux teintes métalhques , rivalisant d'éclat avec les papillons aux ailes diaprées. Ceux-ci par- courent avec lenteur la sombre voûte des forêts , ceux-là les campagnes découvertes, également peuplées d'oiseaux ; les uns chantent, les autres étalent leur riche parure. Tout in- téresse, tout fixe l'attention, et la nature entière paraît ani- mée. On est surpris tour à tour par le bourdonnement de l'oiseau mouche, par des myriades de papillons jaunes réunis dans les sentiers, par le chant triste et monotone du cou- roucou, perché sur les parties les plus solitaires de la forêt, ou par les troupes bruyantes des tangaras et des troupiales, dont la cime des arbres est peuplée. Il n'est pas jusqu'à l'in- certitude du temps qui n'offre quelque charme (1). » Dans les plaines de l'Inde^ la saison des pluies vient ra- nimer la terre , comme dans les forêts de l'Amérique. Les dômes impénétrables du figuier sacré sont dominés par les cimes aériennes des cocotiers, et les mimoses aux feuilles lé- gères, entourent de leurs groupes innombrables ces bosquets H) D'Orbigny, Voyages, l. 2, p. 544. FORKTS 1)K LA /ONK TOUIUDI'. 465 élégants. Des masses de hambous s'élancent le long des lleu- ves, et après les averses, pendant que l'eau glisse encore sur leurs feuilles allongées , des insectes phosphorescents, bril- lants comme des étincelles , éclairent la douceur des nuits. (Calcutta). L'Abrus precalorius ouvre ses fruits desséchés et montre, comme notre Iris fœtidissîma, de brillantes séries de grai- nes écarlates ; des fougères grimpantes se joignent aux singuliers Epidendrmn et se mêlent à de charmants Bauhi- niak Heurs roses, tandis que les liuellia cherchent l'ombre pour y montrer les teintes délicates de leurs (leurs. Près de là, une nappe d'eau est couverte des feuilles élargies et des belles ileurs du Aelumbium speciosum. D'im- menses bambous s'élèvent à 10 mètres de hauteur et lais- sent pendre sur les eaux leurs feuilles tombantes et immobiles dans le calme de l'atmosphère. Ils remplacent ces roseaux si minces et si mobiles qui se balancent sur les rivières de nos contrées. Au milieu de ces richesses , le voyageur éprouve de vifs regrets. Ces beaux arbres , dont les troncs séculaires sou- tiennent les dômes feuilles, sont souvent dépourvus de leurs fleurs, et même privés de leurs fruits, et le botaniste in- décis hésite à nommer le groupe naturel qui doit contenir le végétal dont il admire les formes et les proportions. A part les parasites aux fleurs éclatantes et parfois au feuillage co- loré, on est frappé du petit nombre de végétaux fleuris que renferment les forets vierges. Ce qui étonne celui qui parcourt ces grands centres de créations végétales, c'est la multitude de plantes sarmen- teuses , volubiles et grimpantes qu'il aperçoit de tous côtés, et qui parfois rendent sa marche impossible ; c'est le nom- bre des plantes parasites et aériennes qui cachent partout la u 30 466 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. mort et la vieillesse sous la fraîcheur d'un feuillage étranger et sous les vives couleurs de fleurs parfumées ; c'est la pro- portion remarquable de végétaux armés, de ces plantes mu- nies d'aiguillons, de poils piquants ou de dangereuses épines ; c'est l'ensemble de cette végétation qui semble fuir la terre et qui cache le bleu du ciel. Si ces contrastes éveillent à la fois sa curiosité et son ad- miration , une émotion plus profonde s'empare de ses sens quand il cherche à démêler la diversité des formes végétales qui décorent la terre. Presque toutes les familles s'y mon- trent sous la forme arborescente , et le voyageur qui pour- rait parcourir la zone tropicale africaine, encore si peu con- nue, l'Amérique équinoxiale, la partie chaude de la Nouvelle- Hollande, les grandes îles de l'Asie équatoriale et les vastes régions des Indes , verrait le règne végétal se montrer dans toute sa diversité, et des plantes ligneuses représenter, dans l'une ou l'autre de ces contrées, les formes herbacées aux- quelles ses yeux sont habitués. [| est toutefois de ces types qui dépassent à peine les tro- piques, et qui dominent tellement les autres formes, qu'elles commandent même l'admiration des personnes qui sont étrangères à l'étude de la nature. Tels sont les palmiers ; ils occupent toute la zone torride dans les plaines, et jusqu'à la hauteur de 1 ,000 mètres sous une température moyenne de 19° à 28°, dont le minimum ne descend pas, pendant les nuits d'hiver, au-dessous de 15°. Un petit nombre d'espèces s'élève , dans les Andes, jusqu'à 2,600 mètres. Cette belle famille envoie pourtant quel- ques espèces en dehors des tropiques. De ce nombre est le Phœnix dactylifera , le Chamœrops humilis , le C. Pal- metto, VAreca Novœ-Zelandiœ, et les palmiers récemment découverts dans l'Himalaya. Ces plantes supportent des tem- FORKTS DE Î.A ZONE TORRIDE. 467 pératures moyennes de 10" à 17", et lial)itent des contrées où la neige peut quelquefois couvrir le sol pendant plusieurs jours. Ce n'est cependant que dans les parties les plus chaudes du monde que cette belle famille acquiert tout son déve- loppement. Un palmier, remarquable par sa beauté , imprime aux paysages de la Havane un aspect particulier; c'est VOreo- doxa regia , Humb. et Bonj)l., qui paraît formé de deux colonnes superposées, et sa magnificence lui a fait donner le nom de Palma real. Il s'élève jusqu'à 26 mètres , et son stipe , un peu renflé au milieu et blanchâtre à la base, se charge de couleurs au sommet , et devient d'un vert tendre dû au rapprochement et à la dilatation des pétioles de ses feuilles. Celles-ci, d'un vert panaché, s'élancent droit vers le ciel, puis se courbent gracieusement au sommet. C'est un Maurilia qui couvre le delta de l'Orénoque , et fournit aux habitants leur sagou et leurs tissus. C'est un palmier des marécages qui remonte jusqu'aux sources de ce fleuve. « Dans le temps des inondations^ dit M. de Humboldt, » ces bouquets de Mauriiia à feuilles en éventail , offrent » l'aspect d'une forêt qui sort du sein des esux. Le naviga- » teur en traversant de nuit les canaux du delta de l'Oréno- » que, voit avec surprise de grands feux éclairer la cime des » palmiers. Ce sont les habitations des Guaraons sus- » pendus au tronc des arbres. Ces peuples tendent des » nattes en l'air , les remplissent de terre , et allument sur » une couche humide de glaise , le feu nécessaire pour les » besoins de leur ménage. Depuis des siècles ils doivent leur » liberté et leur indépendance politique au sol mouvant et » fangeux qu'ils parcourent dans le temps de sécheresse , 468 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » et sur lequel eux seuls savent marcher en sûreté , à leur » isolement dans le delta de l'Orénoque , à leur séjour sur )) les arbres. » Ce palmier ne procure pas seulement à ces peuples » une habitation sûre pendant les grandes crues de l'Oré- )) noque , mais il leur offre aussi dans ses fruits écailleux, » dans sa moelle farineuse , dans son suc abondant en ma- » tière sucrée , enfin dans les fibres de ses pétioles , des » aliments , du vin et du fil propre à faire des cordes et à » tresser des hamacs. Ces habitudes des Indiens du delta de )) l'Orénoque se retrouvaient jadis dans le golfe de Darien » (Uraba) y et dans la plupart des terrains inondés, entre » le Guarapiche et les bouches de l'Amazone. Il est curieux » de voir, au plus bas degré de la civilisation humaine, » l'existence de toute une peuplade dépendre d'une seule » espèce de palmier , semblable à ces insectes qui ne se » nourrissent que d'une même fleur, d'une mêmepartie d'un » végétal (1). » Ce groupement de nombreux individus dont la réunion constitue les arbres , l'arrangement symétrique des êtres qui se réunissent ainsi d'après certaines lois de symétrie , est d'autant plus intéressant à étudier, que les arbres donnent leur caractère au paysage par leur port et par leur feuillage, bien plus que par leurs lleurs. A l'exception de quelques plan- tes sociales, telles que les genêts et les bruyères, dont les fleurs excessivement multipliées couvrent momentanément les rameaux , la robe des campagnes est le vert sous ces nuances diverses; il n'est pas étonnant qu'un arbre à feuil- les colorées, un palmier surtout, modifie le paysage de la contrée où il végète. Tel est le Maurilia aculeala rencontré (1) lliimbokll, Voy. nux rég. éqiiinoxiales, t. 8, p. Ô63. FORÊTS DE LA ZOINE TORRIDE. 409 par M. de Ilumbold t sur les bords du Tenis, l'un des affluents de rOrénoque. Ses feuilles portées sur un slipe hérissé d'é- pines , sont en forme d'éventails inclinés vers la terre. Cha- cune d'elles offre vers son centre, par l'effet d'une maladie du parenchyme, des cercles concentriques alternativement jaunes et bleus. Le jaune domine vers le centre.» Nous fûmes /) singulièrement frappés de cet aspect. Ces feuilles colo- » rées comme la queue du paon, sont portées par des troncs » courts et extrêmement épais. Ce palmier est distribué par ') groupes de douze à quinze troncs qui sont rapprochés » comme s'ils naissaient des mêmes racines. Par leur port^ » par la forme et la rareté de leurs feuilles, ces arbres res- » semblent aux lataniers et aux Chamœrops de l'ancien » continent. » Ajoutez à ces faisceaux colorés les stipes élancés du pal- mier Pirijao , dont les régimes semblent porter des pêches colorées, et vous aurez une idée des effets grandioses de ces terres équinoxiales habitées par les princes du règne végétal.. Parmi les palmiers aux larges feuilles se présentent les lataniers , dont l'aspect est si pittoresque. Le Latania bor- bonica, le type de ce beau genre, habite les îles de l'Océan indien, entre Madagascar et l'archipel de la Sonde ; le cu- rieux L. sinensis s'étend sur les côtes sablonneuses et mari- times de la Chine ; rien de plus singulier que ses feuilles dis- posées en faisceaux, pétiolées, palmées ou demi-ailées. Les jeunes sont plissées en éventail , les autres s'ouvrent, s'éten- dent, et munies de longues pointes , elles figurent des soleils rayonnants. Les Areca aux tiges élancées déploient leurs panaches. Les ^reca rubra, A. lutescens, A. sapida, A. Cathecu, A. javanica, forment desgroupes ou des bosquets sur les rivages des Indes ou sur les îles asiatiques qui avoisinent l'Océanien. 470 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Les Cocos campestris, C. oleracea, C. flexuosa, Cplu- mosa étalent leurs cimes aériennes sous le ciel azuré du Bré- sil ; le Ceroxylon andicola monte sur les Cordilières à de grandes hauteurs, oii son stipe couvert de cire peut attein- dre jusqu'à 60 mètres d'élévation. Dans l'île de Ceylan et sur la côte du Malabar, croît le Coryplia iimbraculifera , le plus bel arbre peut-être de cette admirable famille, si toutefois on peut nommer ainsi un végétal dont l'existence est aussi limitée. Il offre d'immenses parasols impénétrables aux rayons du soleil des tropiques, et se couronne d'une guirlande de fleurs auxquelles succè- dent des fruits qui emploient plus d'une année pour acqué- rir leur maturité ; singulière production de la nature , qui chaque année, sous le climat le plus chaud du monde, pro- duit une élégante couronne de vastes parasols, et qui, semblable aux agaves de l'Amérique, s'éteint pour toujours dès que ses fleurs viennent à éclore, et que ses fruits ont as- suré de futures générations. Les Chamœdorea, d'une plus humble stature, étalent au Brésil et au Pérou leur verdoyant feuillage , les grappes dorées de leurs fleurs , et leurs fruits bleus. Près des palmiers se trouvent les formes étrangères des Pandanus, avec leurs feuilles fasciculées, bordées d'épines rouges et transparentes, et leurs faisceaux de racines élevées au-dessus du sol ; ils se multiplient à l'infini aux Indes et à Madagascar. Les Typhacées, qui dans nos contrées sont des plantes aquatiques et herbacées , rappellent encore ici la beauté des palmiers. Les Phytelephas aux lourdes semences d'ivoire, y for- ment des arbres dont le port est celui des Pandanus, famille étrangère aux contrées tempérées. FOUETS DE LA ZONE TOURIDE, 471 Les Aloes , les Yucca , les Alelris , les Dracœna , nous étonnent par le volume de leurs feuilles ou les dimensions de leurs tiges. De grands Dracœna , dont plusieurs offrent un feuillage étincelant de couleur , nous donnent une idée de la végétation des Indes et des îles africaines , tandis que les Yucca sont pour la plupart originaires de l'Amé- rique du sud. La véritable patrie des aroides est aussi la zone équi- noxiale du nouveau monde. L'abondance des pluies et l'ombre ténébreuse des vastes forêts y développent une grande quantité de Pothos et de Caladium qui acquièrent des proportions gigantesques , tandis que les genres Arum, Calla, Pislia, etc., appartien- nent principalement à la zone tempérée, entre 30 et 4-5 degrés. L'élégante famille des fougères abonde en végétaux li- gneux , qui loin de cacher sous la terre des rhizomes ram- pants comme le font les espèces des zones tempérées , élè- vent des stipes élancés , et se couronnent comme les pal- miers de feuilles découpées et symétriquement disposées ; d'autres plus humbles s'abritent sous ces frondes immenses, et se mêlent aux Tillandsia , aux Puya et à quelques au- tres broméliacées y faisant ainsi le complément des forêts vierges. Les formes qui nous paraissent les plus extraordinaires dans cette végétation arborescente des pays chauds , appar- tiennent comme on le voit aux plantes monocotylédones. En effet, et sans que nous en connaissions la cause, à me- sure que nous nous éloignons des tropiques , les espèces de cette grande classe de végétaux augmentent en nombre et diminuent de grandeur. Mais il existe aussi parmi les dycotylédones des formes 172 PHÉNOMÈNES DE DUKÉE. particulières aux régions chaudes du globe. Les C^cas et les Zamia sont disséminés sur la terre , les uns originaires des Indes , des 3Ioluques et de Madagascar, les autres de l'Amérique australe. Ce sont les représentants de ces nom- breuses espèces qui, dans la période des terrains jurassiques, imprimaient au paysage leur singulière physionomie, comme les fougères arborescentes et de gigantesques lycopodiacées nous reportent à ces forets primitives que les siècles ont en- sevelies. Nous n'avons rien de comparable aux monstrueux Adan- sonia de l'Afrique équatoriale , rien qui rappelle même les bombacées dont il fait partie. Le mode de végétation des Ficus , et surtout de ces énor- mes figuiers des pagodes nous transporte immédiatement dans les contrées chaudes de l'Asie. Les euphorbes char- nues et arborescentes nous conduisent dans les îles africai- nes, tandis que les Eriodendrum , les Terminalia , les Ca~ lophyllum, les Cecropia, les Sloanea, véritables géants des forêts vierges, nous ramènent encore sur le continent amé- ricain. Les myrtacéeSy qui dans l'Europe australe sont à peine représentées par un arbrisseau, iorment à la Nouvelle-Hol- lande des forêts étendues. Là se présentent aussi ces étranges Casuarina qui s'avan- cent jusque dans l'Asie méridionale , bien différents de nos Ephedra , de notre Polygonum equiseliforme , et de nos presles herbacées. Les Bancksia, les Diandra si nombreux ea espèces sont encore de singulières productions du monde austral de la Nouvelle-Hollande , où se trouvent , parmi les Eucalyptus les plus gigantesques végétaux, et où leurs feuil- les grises et coriaces se présentent verticalement aux rayons du soleil. FORÊTS DE LA /ONK TEMPÉRKi:. 473 Les Aral ia , disséminijs sur diverses [)arties du i^Iohe , montrent aux yeux étonnés des J*^uropéens leurs (ormes par- ticulières si différentes de celles des autres végétaux. L'A. inacrophylla rappelle les larges feuilles du ricin, VA. lanirjera également palmé a des feuilles presque grasses et charnues, celles delM. reliciilala sont dentelées, à limbe réticulé, et d'autres Aralia à longues feuilles rembrunies font encore partie des associations bizarres que nous montrent les terres de rOcéanie. Les conifères, plus spéciales aux zones tempérées, ont pour- tant des représentants dans les parties chaudes de la terre. Le Brésil, le Chili, la Nouvelle-Hollande ont leurs espèces particulières, dont les rameaux verticillés, couverts de feuilles persistantes et régulières s'élèvent majestueusement vers le ciel, ou s'abaissent doucement vers la terre. Quelques conifères aux feuilles dures et rougeâtres offrent un effet de la végétation de la Nouvelle-Zélande. Mais nous sortons ici de la zone torride, et si nous avons choisi presqu'au hasard au milieu de tant de formes étrangè- res, quelques-unes de celles qui frappent le plus nos yeux, c'est pour donner une idée de la variété qui existe dans l'association des végétaux complexes , et des lois remarqua- bles qui président à cette symétrie préméditée. § 2. FORÊTS DE I.A ZONE TEMPÉRÉS. Sous la zone tempérée , comme sous les tropiques , les forêts ne présentent toutes leurs beautés que sur les terres vierges et fertiles dont l'homme n'a pas encore violé la so- htude. Là seulement les arbres acquièrent leur grandeur et leur majesté; là le luxe d'un vigoureux feuillage contraste avec les vieux troncs que les siècles ont vaincus, et sur les- 474 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. quels la mousse vient promptement cacher les ruines de la nature. Le lierre court en festons sur ces amas confus , et des fleurs brillantes , fuyant l'air vif des campagnes, éclosent sous leur ombre ténébreuse, et associent leur beauté au feuil- lage qui renaît tous les ans. Retraites parfois inaccessibles , les forêts sont l'asile des animaux de la création , quelquefois même du proscrit que le malheur poursuit. Le dôme feuille des arbres devient le domicile des oiseaux , et le vieux tronc qui résiste à la vio- lence de l'ouragan, permet au zéphyr d'agiter son feuillage et d'incliner ses rameaux. Nos forêts absorbent l'humidité de la terre , elles appellent la rosée des deux , elles puisent dans l'atmosphère les éléments de leur existence , et ren- dent au centuple ce qu'elles empruntent au sol qui semble les nourrir. Quelques forêts étabHssent un passage insensible entre celles de nos climats et celles des régions les plus chaudes de la terre. Ce sont celles qui , situées en dehors des tropi- ques , appartiennent encore à des contrées assez chaudes pour que l'hiver ne s'y fasse pas sentir. Telles sont les forêts des Canaries , si bien décrites par M. Berthelot. « Dans ces climats oii tout concourt à exciter l'élabora- tion de la sève , une autre économie régit la marche de la végétation ; des arbres toujours verts, une croissance con- tinue , un développement rapide , sont les conséquences de cette énergie vitale qui se déploie dans toute sa plénitude. Les variations des saisons étant moins brusques, et les inter- mittences de la végétation presque inappréciables, les arbres passent sans interruption par les différentes phases de la vie, et leurs rameaux se chargent à la fois de fruits, de fleurs et de nouveaux bourgeons. Les nuages que les vents alizés chassent incessamment devant eux s'amoncellent au-dessus FORÊTS DE LA ZONK TKMPKUKE. 475 des forêts et les imbibent de vapeurs. Cette rosée salutaire, en s'infdtrant dans les couches crevassées du sol , alimente les sources qui percent de toutes parts ; elle se répand en perles brillantes sur les feuilles ; on la voit filtrer goutte à goutte des rochers couverts de capillaires. De là cet échange continuel des émanations de la terre et de l'atmosphère, ces eaux limpides qui s'échappent en petits ruisseaux des grot- tes tapissées de mousses. Et si à ces bienfaits de la nature, à cette chaleur du jour tempérée par les brises de l'Océan , se joint encore la sérénité des nuits, la tranquillité dont on jouit sous ces beaux ombrages, et cet air vivifiant qui pénètre les végétaux et qu'on respire avec tant de délices , on pourra alors se faire une idée de la physionomie de cette région. » Par leur caractère atlantique , les forêts canariennes n'ont presque plus rien de commun avec celles de nos cli- mats; elles offrent, en général, des points de vue très-va- riés, et se groupent delà manière la plus pittoresque sur les pentes des montagnes , garnissant le fond des ravins et les anfractuosités de leurs berges. On erre longtemps sous ces massifs de verdure et parmi ces tribus d'arbres et de plantes qui se pressent et se confondent. Ces forêts, placées sur les confins de la zone tempérée , ont déjà de grandes analogies avec celles des contrées les plus chaudes des deux hémisphè- res. Les lauriers y croissent en masse , comme aux Antilles et dans quelques îles de l'archipel d'Asie. Ils abondent par- tout et forment quatre espèces distinctes , auxquelles vien- nent s'unir d'autres arbres de haute futaie et plusieurs beaux arbustes: V Ardisia excelsa , le Myrica Paya, VErica ar- borea , le Rhamnus glandulosus , le Vis?tea moccanera , le Viburnum rugosum , le Cerasus Hixa, le Boehmeria rubra et VOlea excelsa ; mais les laurinées dominent toujours et forment le type de cette région. 476 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » Le principal caractère de ces forêts canariennes est la présence d'arbres toujours verts et le mélange des espèces appartenant à des genres divers. Dans ce climat de transi- tion, on peut déjà observer le passage de la végétation de la zone tempérée à la zone tropicale. La multiplicité des gen- res et le pêle-mêle des espèces étonnent le botaniste qui parcourt pour la première fois cette région verdoyante et ra- fraîchie (à cette hauteur) par les bruines qui se forment dans son atmosphère ; mais en même temps la similitude de for- mes organiques vient lui rappeler encore l'uniformité des forêts européennes. En effet, si l'on en excepte deux ou trois espèces , toutes les autres présentent à peu près la même structure dans le port, comme dans les parties foliacées. Ce sont, en général, des feuilles d'un vert foncé et luisant, lisses, fortes, entières, lancéolées ou fort peu découpées sur leurs bords. Presque tous les arbres portent des fruits à drupe ; leurs fleurs sont peu apparentes, mais quelques-unes répandent une odeur pénétrante , qui se rapproche déjà du parfum musqué des forêts du Nouveau-Monde (1). » Ailleurs , les forêts semblent se rapprocher davantage des nôtres. Celle d'Agua-Garcia offre, selon M. Berthelot, d'admirables fourrés. « Au milieu de cette atmosphère de ro- sée qui pénètre les plantes, la sève coule à pleins bords ; l'on dirait que la nature a voulu réunir dans ces lieux tous les éléments de production et de vie ; ce ne sont partout que des tapis de polytrics, d'hypnées, de trichomanes, de vieux troncs recouverts de lierre, Hedera canadensis, de Duvallia cana- riensis , d'Asplenium pahnatum. Favorisés par la rapide décomposition des substances végétales et par les principes fécondants qui en émanent , les bolets, les agarics, les cla- (l) Berlhelol, Géogr. bol. des Canaries, t. 5, p. 170. FORÊTS DE LA ZONE TEMl'ÉllÉE. 477 vaires, les byssus, mêlés aux lichens, aux mousses, aux jun- germanes et aux lyropodes, naissent à l'envidu sein de cette terre imbibée d'humus. » Mais rien n'est plus remarquable , dans toutes les forêts des Canaries , que les arbres groupés dans le fond de la Caldera de Palma. « Surpris d'abord du péle-méle de la végétation dans ce vaste cratère, nous ne le fûmes pas moins à l'aspect d'un Pis- tacia allantica , dont le tronc avait plus de 7 pieds de dia- mètre, et d'un Juniperus Cedro aussi étonnant par les di- mensions de sa base que par l'élévation extraordinaire de sa tige. Parmi les pins , qui croissent confondus avec les lau- riers, les fayas, les bruyères et les autres arbres, il y en eut un surtout qui lit plus particulièrement notre admiration. Il avait pris racine sur les bords du torrent qui traverse la Caldera ; ses branches robustes s'étalaient en larges rameaux et ombrageaient un immense espace ; les plus basses étaient recourbées jusqu'à terre, et formaient une voûte de verdure qui eût pu abriter tout un troupeau. Cet arbre si imposant était peut-être contemporain des dernières révolutions qui avaient bouleversé ses alentours. Ce fut au pied de son tronc colossal que nous nous établîmes pour passer la nuit. De là, nous découvrions la plus grande partie de l'enceinte ; en face s'élevaient des pics menaçants , des rochers entassés , des montagnes sur d'autres montagnes ; des groupes de végé- taux composés d'espèces disparates, garnissaient toutes les berges et couronnaient les masses de basalte dont nous étions entourés , tandis qu'au-dessus régnait l'aridité la plus af- freuse. Nous voyons là, pour la première fois, les dattiers à côté des pins , et les plantes du littoral mêlées à celles de la haute région. Nous devons en convenir, malgré ce que nous avons déjà dit de ces lieux et de leur aspect sauvage , on 478 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. n'aura encore qu'une bien faible idée de l'impression qu'ils nous causèrent. Par son caractère grandiose , la végétation de la Caldera porte avec elle le cachet d'une nature indé- pendante et forte de sa liberté; ses principales beautés con- sistent dans le gigantesque de ses formes, dans la bizarre dissémination de ses produits , et plus encore dans les con- trastes qui résultent de ce désordre de création (1). » Nous n'avons pas , dans nos contrées tempérées , cette multitude de végétaux arborescents qui dominent sous la zone torride et jusque dans la partie chaude de notre zone tempérée. Quelques familles seulement produisent les arbres qui forment nos bois ; les amentacées , les acéracées, les ro- sacées, un petit nombre de rhmnnéeset de cêlastrinées, quel- ques tiliacées, oléacées et aqui foliacées, des éricacées et des conifères , voilà les groupes qui figurent dans les associations ligneuses, et parmi eux les amentacées et les conifères sont les seuls qui aient de l'importance dans la composition des futaies. Nous ne reviendrons pas sur les tableaux de la végétation de ces forets européennes; nous avons décrit en détail celles du plateau central de la France , et les autres ne présentent que des différences insignifiantes. Il est remarquable que dans ces forêts européennes cha- cune d'elles ne soit formée que d'un petit nombre d'arbres , quelquefois môme d'un seul, dont les individus sont multi- pliés à l'infini. Quelques parties de la zone torride offrent le même phénomène ; il n'a pas échappé à M. d'Orbigny : il cite, en Amérique, d'immenses forêts, telles que le Monte- Grande , près Santa-Cruz , qui sont composées , comme les nôtres , par un très-petit nombre d'espèces excessivement (i)Berlhelol, local, citée, t. 3, p. lia. FORÊTS DE LA ZONE TEMPÉRÉE. 479 répandues. Ce sont des plantes sociales par excellence, cou- vrant jusqu'à plusieurs centaines de lieues. La variété ne se montre que si le terrain n'est pas uniforme et si les condi- tions d'existence sont elles-mêmes variées. Ces forêts con- tiennent aussi un petit nombre d'espèces d'animaux. « Il » faut , dit M. d'Orbigny , pour qu'une forêt soit animée , » qu'on voie s'y succéder fréquemment des plaines , des » cours d'eau ou de fortes inégalités de terrain (1). » Cette monotonie , qui est l'exception pour la zone équa- toriale, est le caractère dominant des forêts européennes. On a vu le petit nombre d'espèces qui se développent sous les futaies du plateau central. Nous avons parcouru des espaces considérables en Belgique, dans la vaste forêt des Ardennes, sans trouver autre chose que des groupes de Trientalis eu- ropœa , d'Asperula odorat a , à' Anémone nemorosa , et de quelques autres espèces. Nous avons vu , en Danemark, des bois de hêtres sous lesquels il n'existe que des luzules et une ou deux espèces de Rubus. M. Lloyd signale , aux en- virons de Nantes, d'immenses forêts monotones , oii, après plusieurs lieues de marche , on parvient à trouver quelques pieds de : Lysimachia nemormn, Ândrosœmum officinale, Asperula odorata, Convallaria maialis, Veronica monlana. Les arbres eux-mêmes semblent se trier, et nous avons en Europe des forêts de chênes à feuilles caduques , de chênes à feuilles persistantes, de hêtres, de bouleaux, de sapins, de pins, de mélèze , et quoique chacune de ces espèces en ad- mette d'autres avec elle , il arrive souvent que les arbres to- lérés restent sur la lisière ou garnissent les clairières, et dé- cèlent enfin , par leur manière d'être , un état de subordina- tion que l'on ne peut contester. (1) Voyage, l. 2, p. 584. 480 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Envisagées sous le rapport des caractères qu'elles donnent au paysage, les forêts des zones tempérées peuvent se par- tager en deux classes, celles qui sont formées d'essences à feuilles caduques et celles qui résultent de l'association des conifères. Les premières ont un aspect plus riant et moins mono- tone que les secondes; l'aspect de chaque espèce d'arbre est différent : ils impriment, en hiver comme en été, un cachet tout particulier au paysage. Leur port et leur élégance sont extrêmement variables. En général, ceux dont les branches, par suite de la disposition des feuilles et des bourgeons, sont constamment opposées , offrent une régularité qui ne plaît pas autant que l'espèce d'abandon et de négligence appa- rents que l'on retrouve dans les autres. La position des bourgeons , leur avortement ou leur dé- veloppement relatifs , sont les causes de ces aspects si divers que nous offre la cime des arbres quand ils sont dépouillés de leurs feuilles. Comme chaque feuille produit un bourgeon à son aisselle, et que chaque bourgeon est l'origine d'une branche, il sem- blerait que le nombre des rameaux doit s'accroître chaque année en progression géométrique. Il est pourtant très-rare qu'il en soit ainsi , parce que de nombreux bourgeons avor- tent , et quelquefois avec une telle constance , qu'ils offrent des caractères certains pour reconnaître les espèces ou au moins les genres d'arbres auxquels ils appartiennent. 11 est extrêmement curieux d'étudier, sous ce point de vue, ces grandes associations arborescentes d'individus, et de recher- cher les lois suivant lesquelles ils se réunissent , s'associent ou se combattent. Il en est où tout paraît également partagé. Dans les or- mes, les Celds, les Planera, l'ordre remarquable qui règne FOUETS DK I.A ZONE TEMPÉUÉE. 481 dans rarrangement des feuilles, et par conséquent dans la disposition des bourgeons , leur permet à tous de se déve- lopper, et l'augmentation annuelle des rameaux devient plus grande qu'une progression géométrique. Ainsi, la cime d'un orme est très-légère, couverte d'une multitude de rami- fications déliées , qui rendent ces arbres très-élégants. Il n'en est pas de même du chêne , où les jeunes pousses ne peuvent pas toutes se développer, et où l'on trouve des avor- tements constants. Aussi les branches des chênes sont tor- tueuses, irrégulières, ne se prolongent pas d'un seul jet par l'allongement du bourgeon terminal , parce que les bour- geons latéraux font très-souvent périr de faim le germe qui existe au sommet de la branche , et comme souvent aussi, même après l'apparition des feuilles, des jeunes pousses res- tent rabougries, il en est quelques-unes seulement qui s'ac- croissent et qui fructifient. En considérant toujours les ar- bres comme des aggrégations d'individus, on voit que dans les chênes un grand nombre d'entr'eux ne se reproduisent pas, et meurent après avoir langui pendant quelques mois. Il y a bien longtemps que l'illustre de Candolle a fait re- marquer la différence qui existe entre les feuilles adhérentes qui persistent et celles qui sont articulées et qui tombent. Le paysage d'hiver doit à cette simple circonstance une phy- sionomie toute particulière, comme celui d'automne doit une partie de son charme aux divers modes de coloration des organes foliacés. Les forêts à' amentacées , que nous opposons en ce mo- ment à celles de conifères , nous montrent , dans quelques- unes de leurs espèces , une floraison précoce qui devance l'épanouissement des feuilles et change l'aspect des lieux. Les peupliers , les saules , les aulnes , les noisetiers fleuris- sent avant l'apparition de leurs feuilles , donnant ainsi aux II 31 482 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. forêts un aspect particulier qui signale l'arrivée du printemps et prélude à l'ouverture des bourgeons des chênes et des hêtres, qui fleurissent dès que leurs jeunes feuilles se sont étendues. Alors pendant quelque temps la campagne entière se mon- tre d'un vert pur et uniforme , le feuillage des arbres perd sa nuance jaune des jours précédents. L'herbe des prairies devance toujours les feuilles pour se colorer en vert. Le bleu y pénètre plus tôt; mais comme les feuilles de la plupart des arbres prennent ensuite plus de bleu, et que la teinte foncée de leur verdure dépasse celle du gazon, il arrive un point oii il y a harmonie et sorte d'unisson entre les teintes vertes. Ce n'est pas l'époque de la plus belle parure des campagnes, mais c'est le moment de leur plus grande fraîcheur. Les forêts d'arbres verts ont un caractère bien différent de celles qui sont formées par des arbres à feuilles cadu- ques. Tantôt ce sont des chênes verts, des lauriers, des myrthes, des Phyllirea , des Arbutus ou des arbrisseaux à feuilles pointues et persistantes ; tels sont les bois du midi de l'Eu- rope, si toutefois on peut appeler ainsi des réunions si diffé- rentes de nos sombres forêts de sapins. Tantôt ce sont des pins qui se réunissent en grand nom- bre, qui s'associent à des Erica, à des Genista, et couvrent des landes ou de vastes terrains sablonneux. Enfin, ce sont les sapins, dont trois espèces semblent des- tinées à trois régions européennes , VAbies Pinsapo pour la pointe australe de ce continent, VAbies excelsa pour le nord et Y Abies peclinata ^oMi le centre. Ces arbres forment de véritables et sombres forêts , dont les lisières seules sont garnies d'autres arbres. h'Abies pectinata couvre de grandes étendues de terrains FORKTS DK I.A ZONE TEMPÉRÉE. 483 dans le centre de la France, et des plantes aujourd'hui civi- lisées, qui semblent suivre l'homme dans ses cultures et dans ses migrations, trouvent sous leur ahri leur station orifji- naire. Le guy , si commun sur nos pommiers , est parasite sur cet arbre résineux, et l'abandonne j)Our envahir nos ver- gers ; le Rumex alpinus s'est échappé de leurs clairières pour se développer outre mesure autour des chAlets et des cabanes des pâtres. Le sapin est avec le hêtre l'arbre le plus fertilisant, celui qui, par la chute de ses feuilles, produit la plus grande quantité de terreau noir ou d'humus. Il s'en faut que les chênes , les bouleaux et môme le mélèze, qui perd ses feuil- les tous les ans, améliorent le terrain autant que les deux espèces que nous venons de citer. Cette production de ter- reau a une très-grande influence sur la végétation némorale, aussi trouve-t-on dans les bois de hêtre et de sapin des plantes qui ne croissent pas dans les autres forêts. C'est sur cet humus des forêts que naissent tous les ans pendant l'automne ces légions de champignons si curieux par leur nombre et leurs formes variées. La décomposition des feuilles résineuses constitue pour eux un sol perméable dans lequel s'étend leur Mycélium , et au-dessus duquel paraissent tour à tour les chapeaux colorés des agarics , les volumineux bolets, les gracieuses pezizes , les Clavaria aux fines découpures , et cette foule de Fungus aux mille cou- leurs , qui dénotent la facilité avec laquelle la nature se joue des formes qu'elle sait créer et anéantir en peu d'instants. De larges tapis de mousse formés surtout d'Hypnum aux tiges enlacées s'étendent en gazon continu sous l'om- brage des bois ; les vieux troncs sont cachés sous de fines jungermannes ou envahis par les rhizomes traçants et les feuilles ternées de VOxalis Acetosella, 484 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. L'humidité qui règne dans ces forêts ténébreuses per- met le développement de lichens multipliés qui se couvrent de fructifications. Des Lobaria , des Sticta, des Parmelia cachent la vieille écorce des sapins, de charmants Stereocau- lon croissent à leur pied, et de longs Usnea, des Cornicu- laria, semblables à des barbes grises , pendent de toutes les branches et s'attachent même aux feuilles adhérentes qui ont vieilli. Dans les hautes montagnes où les forêts ne peuvent pas atteindre les zones supérieures, les sapins abandonnent aux mélèzes, auv bouleaux et aux genévriers , les derniers gra- dins de la végétation. Souvent des ceintures de Rhododen- drum les surmontent encore ; et qui n'a pas été frappé d'ad- miration en parcourant les Alpes et les Pyrénées, de rencon- trer ces larges bandes d'arbrisseaux aux ileurs carminées. Enfin des saules rampants comme ceux qui osent s'approcher des glaces polaires , terminent sous les zones tempérées la végétation arborescente des montagnes. § 3. FOBÊTS DE I.A PARTIE BORE AXE DE I,A ZONE TEUFEBÉE ET DE X.A ZONE GI.ACIAI.E. Les forêts qui recouvrent des parties plus ou moins éten- dues du centre de l'Europe, s'étendent encore dans sa partie septentrionale, et elles envahiraient la zone glaciale entière si la rigueur du climat ne s'opposait pas au développement de la végétation arborescente. Déjà nous avons remarqué qu'un certain nombre de plan- tes ligneuses restent confinées dans le midi de l'Europe, autour de la Méditerranée, et de ce nombre sont des pins, les chênes verts, le myrte, l'arbousier, le Celtis, le Cha- mcerops et beaucoup d'autres espèces encore. FORÊTS DE LA ZONE BORÉALE. 485 A mesure que l'on avance vers le nord , d'autres espèces atteignent leurs limites d'extension septentrionale, et les forôts sont privées successivement du Carpinus , du peuplier blanc , de VAbies peclinata , des hôtres , des érables, des tilleuls et des frênes , de l'orme et des chênes. Au delà vit encore le mélèse, VAbies excelsa, le Pinus sylveslris ; et les dernières plantes ligneuses sont des bouleaux , des genévriers , des saules rampants et l'élégant sorbier des oiseleurs. Ceux de ces arbres qui résistent au climat s'associent comme dans le centre de l'Europe , et composent des forêts d'autant plus étendues, que la civilisation moins développée ne s'oppose pas à leur extension envahissante. Des espèces herbacées, dont le nombre diminue à mesure que l'on avance vers le nord, vivent au milieu de ces arbres et y cherchent un abri. Tant que la latitude n'a pas arrêté l'expansion géographi- que des chênes et des hêtres, rien dans l'aspect de ces asso- ciations arborescentes ne diffère des bois que nous connais- sons. Au delà même de cette Hmite, oii le chêne pédoncule, plus robuste que l'autre , vient s'arrêter , il existe encore d'immenses étendues couvertes de bois. Des sapins d'une hauteur prodigieuse se rapprochent et confondent leurs branches allongées qui viennent toucher la terre ; les pins s'y mêlent, et tantôt libres et élancés, tantôt gênés et ra- bougris, tout couverts de nombreux lichens , ils obstruent la forêt et la rendent impénétrable. Des Cenomice blanchâ- tres allongés et rameux forment sur le sol un tapis d'une grande épaisseur qui plie et cède mollement sous les pieds du voyageur quand la pluie vient ramollir son tissu , et qui se brise en pétillant si la sécheresse en a raidi les fibres. De larges coussins de mousse, de Sphagnum, de Dicranum ou à'Hypnum enlacés, occupent d'autres cantons et cachent de 4-86 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. profonds et vastes marécages. Immenses et majestueuses so- litudes qui frappent votre âme; on contemple avec admira- tion dans ces forêts d'arbres verts cette silencieuse fierté, ce deuil éternel des géants de la terre, que le temps seul abat sur le sol, et cou\re bientôt de mousses envahissantes, voile funéraire mais brillant de ces grands cadavres de la végéta- tion. La nature y cache encore ses ravages sous l'aspect de la vie. Elle aime à répéter à de grandes distances, peut-être môme sur des corps célestes que nous ne connaîtrons jamais, ses grands tableaux de la végétation du monde. Si le voya- geur admis par exception dans ces vastes soHtudes du nord, y rencontre un cours d'eau traçant sa marche sinueuse, il y verra que ce n'est pas seulement sous les tropiques que les rivières s'écoulent sous des berceaux de verdure. La rivière Muonio en Laponie coule sur plusieurs points dans un canal étroit, où l'on voit les saules et les arbustes dont ses deux rives sont couvertes, se courber, s'attirer par une sorte de sympathie , et former de leurs branches enlacées un ber- ceau que la main de l'art semble avoir arrondi , et dont la fraîche obscurité arrête les rayons du soleil d'été. Au delà de ces forêts d'arbres verts qui vivent protégées par la résine dont toutes leurs parties sont imprégnées , on trouve encore des landes sans fm parsemées de genévriers ; mais l'arbre qui donne à ces tristes contrées un reste de vie, est le bouleau qui pendant l'hiver lutte de blancheur par son écorce, avec le givre attaché à ses rameaux , et qui pendant l'été des régions polaires, montre le vert tendre de ses feuil- les au-dessus des nappes de neige étendues sur le sol. Cet arbre résiste avec constance aux vicissitudes du climat; il s'élève, se courbe, s'incline, il rampe sur le sol, s'abrite sous les pierres ; il s'attache à la vie et ne veut pas périr. Ses rameaux pendants et mobiles balancent leur feuillage FORÊTS DE LA ZONE BORÉALE. 4^87 SOUS l'impulsion du vent du nord, et ses graines qui ne mû- rissent pas toujours, descendent avec les neiges de l'automne ou restent fixées sur les branches jusqu'au dégel que ramène le printemps. Tantôt il se mélange au Pinus sylveslris qui arrive aux dernières limites de son aire d'extension , tantôt il vit seul et compose de gracieux bosquets. Les buissons lleuris du Rhododendrum lapponicum qui décorent les Alpes d'une partie plus méridionale de la La- ponie, se sont arrêtés depuis longtemps, mais un arbre élé- gant vit encore dans ces solitudes glacées. Le Sorbus Au- cuparia se montre dispersé, conservant longtemps ses feuilles chaudement enveloppées sous les tuniques de son bourgeon. Il ouvre au commencement de l'été ses grappes de corolles blanches et rosacées. Les insectes qui viennent aussi d'é- clore arrivent en foule sur ces corymbes neigeux , et ne ces- sent de bourdonner sur les chatons dorés et odorants du Salix lanata. Les campagnes glacées du nord sont alors dans toute leur splendeur ; le soleil constamment sur l'ho- rizon , active l'évolution de tous les germes et de tous les bourgeons ; non-seulement le Salix lanata , le plus beau de tous les saules, montre ses innombrables chatons dressés sur le sommet de ses rameaux , mais il ouvre déjà les bour- geons d'où sortent ses feuilles argentées qui contrastent par leur éclat soyeux avec le jaune pur de ses étamines. Quel- ques satyres aux ailes demi-transparentes viennent aussi vol- tiger sur ces parterres momentanés. Le nord de l'Europe , au delà du cercle polaire , est la patrie des saules ; ceux-ci , rampants et presque herbacés , constituent des pelouses ou des buissons, se mêlent au Be- iula nana qui remplace le li. alba et le B. pubescens, au Jimijperus nana représentant polaire ou alpin du /. commu- 488 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. nis , et à quelques Vacciniées, et la plupart de ces arbris- seaux rampants ou rabougris atteignent le cap nord. L'Islande , jetée comme un point de repos entre les extré- mités nord de deux grands continents , est presque dépour- vue de végétation arborescente. Le Jimiperus nana est le seul conifère que l'on y rencontre; il n'y atteint en ram- pant que 18 à 20 pouces de longueur ; cet arbuste ne croît guère qu'au milieu des accidents de terrain ou des aspéri- tés qu'offrent les coulées de lave (1). Les bouleaux y végètent comme en Laponie , mais avec moins de vigueur ; le sorbier est l'arbre le plus élevé qu'on y remarque, mais il cesse avant d'atteindre la pointe septen- trionale de l'île. Les saules sont de tous les végétaux arborescents ceux qui s'étendent le plus. Différentes espèces vivent en Islande. Le Salix caprea croît simultanément avec le bouleau, mais se trouve partout dans les montagnes à une plus grande élévation. Il croît aussi dans les vallées et sur le bord des rivières, et donne souvent au terrain sur lequel il se trouve l'aspect de champs déjeune luzerne ; d'autres espèces, pour ainsi dire indéterminables, situées dans des lieux voisins des neiges perpétuelles , sans apparence de feuilles, rampantes et noirâtres comme la roche qu'elles recouvrent , seraient prises plutôt pour des paquets de radicelles que pour de véritables arbustes (2). « En général, dit M.E.Robert, sauf quelques rares excep- tions , les plantes herbacées , aussi bien que les arbustes , n'acquièrent en Islande que de très-petites dimensions ; (1) Robert , Voyage en Islande , p. 558. (2) Id. , p. 540. FORÊTS DE LA ZONE BOUÉALE. 489 beaucoup des premières ne dépassent pas un pouce de hau- teur, c'est à peine si l'on peut les saisir avec les doigts. Ce- pendant, dans le fond des cratères éteints, sur leurs parois internes, au milieu des coulées de lave, et notamment dans les fentes et les excavations qui s'y sont formées, plusieurs plantes prennent, dans ces espèces de serres chaudes, rela- tivement à la condition atmosphérique et générale de l'île , un développement comparable à celui que des plantes sem- blables sont susceptibles d'acquérir dans nos campagnes, preuve non moins évidente du grand rôle que jouent les vents en Islande. Ce sont principalement les fougères Polysdchum Filix-mas et Âsplenium Filix-fœmina , le Varh quadrifoUa , le Géranium pratense qui m'ont offert ces exemples. Dans le fond du cratère de Stadahraun , l'Arbutus était en pleine Heur, tandis qu'il épanouissait à peine ses boutons au pied du môme volcan , et cependant, dans le premier cas , il recevait à peine, ou même pas du tout les rayons solaires (1). ») Enfin , au delà même du cap Nord et de l'Islande , sur l'île inhospitalière du Spitzberg , des arbustes rampants , tels que le Salix polar is , VEmpetrum nigrum , etc., vi- vent engourdis sous des neiges persistantes sans pouvoir développer tous les ans leurs bourgeons et leurs fleurs , et n'amenant qu'à de longs et de rares intervalles leurs fruits à une complète maturité. Le nord de l'Asie , l'extrémité boréale de l'Amérique , l'île Melville offrent un tapis végétal en tout semblable à celui qui couvre les régions septentrionales de l'Europe. Si les espèces de leur flore sont quelquefois différentes, leurs as- sociations, leur port , leurs caractères saillants sont absolu- (i) £. Robert, Voy. en Islande, p. 350. 490 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. ment les mêmes. Toute la végétation est dominée par le climat ; elle se plie à ses caprices , s'accoutume à sa ri- gueur, et cherche à cacher la nudité de la terre sans oser s'élancer dans une atmosphère ennemie. Nous l'avons dit souvent, les mêmes tableaux se repro- duisent à de grandes distances. Que l'on traverse les deux zones tempérées et la ceinture brillante des régions tropi- cales pour arriver dans le sud de l'hémisphère austral , on sera frappé de la ressemblance de ces lieux désolés. Mais à peine si quelques îles se montrent au-dessus de l'Océan, et à latitude égale les espèces arborescentes y sont infiniment plus rares que dans l'hémisphère septentrional. Les Malouines situées seulement par 52° de latitude sud, n'ont que six espèces ligneuses , et encore ce sont des plan- tes qui s'élèvent à peine, et qui rampent sur la terre comme les saules du Spitzberg , et cependant la température des- cend rarement au-dessous de 0, elle atteint souvent -f- 15°; le Chiliotrichiim amelloidum, le Veronîca decussata, VEm- petrum rubrum , le Pernetlia empelrifolia, le Baccharis tridentata, et le Myrtus Nummularia , constituent les forêts en miniature de ces tristes contrées ; c'est à peine si ces es- pèces ligneuses se distinguent du Festuca erecta et des Arundo anlarclica etpilosa, graminées vivaces qui se mê- lent aux six espèces que nous venons de citer , et qui for- ment partout un tapis court et serré sur lequel les ouragans qui soufllent avec continuité sont sans prise et sans action. Ainsi cessent les arbres à latitude inégale vers les deux pôles de la terre ; mais si la végétation arborescente s'efface des terres antarctiques , elle paraît remplacée par des asso- ciations marines qui, plongées dans un milieu tempéré, ac- quièrent un développement extraordinaire. On savait que les algues atteignent d'immenses proportions, et que quel- FORÊTS DE LA ZONE BOnÉAI.E. 491 ques-unes d'entr'elles , ressemblant pour l'étendue aux lianes des tropiques, ont plus de 200 mètres de longueur; maison ignorait, avant le voyage de M. Dalton Ilooker, que des plantes marines semblables à des arbres , végétaient en groupes immenses dans une partie si reculée de l'hémis- phère austral. En parlant des grandes espèces d'algues, entr'autres des Lessonia fuscescem et L. ovata, M. Hooker dit que ce sont de véritables arbres submergés , dont le tronc a cinq à dix pieds de longueur, avec la grosseur de la cuisse , dont les branches sont dichotômes , et portent des feuilles pendantes, linéaires, de un à trois pieds de longueur. « Pour un naturaliste, dit-il , c'est un vrai plaisir de passer en bateau , par un temps calme , au-dessus de ces forêts marines. On voit alors , dans les régions antarctiques au sein de la mer , une scène aussi mouvante que sur les bancs de coraux sous les tropiques. Les feuilles sont couvertes de Sertularia et de mollusques ou de croûtes de Flustra ; les troncs portent des algues parasites, des Chilon, des patelles et autres coquillages ; entre les racines fourmillent des milliers de crustacés et d'animaux rayonnants, tandis que diverses espèces de poissons jouent entre les branches et les feuilles. » L'analogie entre le mode de croissance de ces algues et celle des arbres exogènes est incomplète mais frappante. Dans les deux cas , le tronc grossit par des couches qui se super- posent extérieurement, entre une écorce et un axe central, d'un tissu différent de la masse générale du tronc. Ici, ce- pendant, il n'y a pas de traces de rayons médullaires, et les couches sont formées uniquement de cellules , mais l'axe central comme la moelle , une fois formé se modifie bien peu (1). » (1) Dallon Hooker, Bolany of antarclic voyage. 492 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. § 4. DE X.A LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. Puisque nous avons considéré les arbres et la plupart des végétaux comme des aggrégats d'individus , et non comme des êtres distincts et séparés, nous ne pouvons, tout en admettant la naissance et la mort de chacun de ces êtres, reconnaître également que l'aggrégat lui-même peut mourir de vieillesse. Cette remarque, faite par de Candolle , est au- jourd'hui complètement confirmée. Il y a sur un arbre au- tant d'individualités qu'il y a de bourgeons, ce sont autant de plantes annuelles qui n'emploient leurs organes qu'une fois, et qui les perdent ensuite. Ces aggrégats n'ont donc aucun terme à leur existence , ils ne peuvent périr que de mort violente, et si le tronc qui réunit tous ces êtres avait la solidité et l'inaltérabilité de ces énormes bases calcaires qui soutiennent des millions de polypiers , un arbre serait aussi indestructible qu'un écueil de la mer du sud. Il y a donc des végétaux aggrégés, qui peuvent par cette cause , vivre indéfiniment en accroissant le tronc commun si ce sont des arbres , et étendant leurs tiges ou rhizomes souterrains si ce sont des espèces non arborescentes. Malgré les accidents qui peuvent atteindre et détruire les troncs ligneux, il existe sur la terre des arbres qui ont cer- tainement plusieurs milliers d'années. Il n'est personne qui n'ait entendu parler du fameux châtaignier de l'Etna , qui aurait , selon Houel, un diamètre de près de 17 mètres. Les pins acquièrent dans les Alpes d'énormes proportions quand ils sont isolés. On désigne ces arbres extraordinaires sous le nom allemand de Welterschirm, abrite-orage, parce qu'ils peuvent abriter un troupeau tout entier. LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. 493 « Viera, dans ses Nolicias , fait mention d'un pin énorme fPinus canariensisj qu'on vénérait à Canaria dans le dis- trict de Teror. Cet arbre avait environ 30 |)ieds de circon- férence à la base ; il était adossé comme une tourelle à la chapelle de la vierge del Pino ; une de ses branches avait servi d'arc-boutant pour y suspendre le beffroi ; mais des ébranlements trop réitérés accélérèrent la ruine de ce clo- cher de singulière nature, et le 3 avril 1G84, le Pinosanlo, en s'abîmant sous son propre poids , faillit écraser dans sa chute l'éditlce qu'il dominait (1). » Pennant cite, en Ecosse , l'if de Fortingale qui a 66 pieds de circonférence. Les ifs du comté de Surrej, qui existaient déjà à ce qu'on croit du temps de César , ont 2 mètres de diamètre. Labillardière a mesuré sur le Liban , des cèdres de 9 mètres de circonférence. Il existe dans tous les pays oii l'homme n'a pas encore pénétré , mais surtout dans les régions équinoxiales, des vé- gétaux séculaires dont l'origine remonte à la date éloignée des dernières révolutions du globe , et qui ne montrent en- core aucun signe de décrépitude. « LeCorypha lectorum, palmier des savanes de l'Améri- que méridionale peut vivre pendant des siècles. 20 à 30 ans d'existence n'occasionnent aucune différence sur son stipe, aucun accroissement sensible. Les habitants de ces plaines attribuent à ces palmiers , dont le tronc ne dépasse pas 10 pouces de diamètre à la base , et acquiert la dureté du 1er, trois à quatre cents ans d'existence (2). » Rumphe cite des figuiers du Malabar qui ont 16 à 17 mè- tres de circonférence. Les Ceibas de la côte occidentale (l)Berlhelot, t. 3, p. 150. (2) Ilumboldl, Voy. aux rég. équinox. , l. 6, p. 89. 494 PHÉNOMÈNES DE DURÉE, de l'Afrique sont si épais et si élevés , que les indigènes en font des pirogues d'une seule pièce de 3 à 4 mètres de large sur 18 à 20 mètres de long. M. de Humboldt cite sur la rive orientale de l'Orénoque, près du petit rocher de Kemarumo, au milieu de plantations indiennes, un tronc gigantesque de fromager, Bombax Ceiba qui avait près de 120 pieds de hauteur, et 14 à 15 pieds de diamètre (1). L'illustre voyageur en a vu plusieurs autres dans les Cor^ dillières septentrionales qui avaient jusqu'à 16 pieds de dia- mètre (2). Enfin il rappelle encore le fameux Zamang ou Mimosa del Gayre, que l'on voit près du village de Turmero dans l'Amérique méridionale. L'énorme étendue de ses branches forme une cime hémisphérique de 576 pieds de circonférence. Il est couvert de plantes parasites, et l'on as- sure dans le pays que les premiers conquérants de l'Améri- que le trouvèrent à peu près dans le même état où il est aujourd'hui, ce qui porterait son ège à un grand nombre de siècles (3). » A Sœurhpi , village fort misérable entre Calcuta et Dehii, Jacquemont cite un tamarin de 10 mètres de circonfé- rence (4) . Près du hameau deNinosa, au Japon , on voit le fameux camphrier dont Kœmpfer parla en 1691. Mesuré depuis par M. de Siebold , sa circonférence est de 16 mètres 884 millimètres , ce qui donne un diamètre de 5 mètres 374 millimètres , et une aire de 22 mètres 675 millimètres car- rées. Cet arbre gigantesque, dit M. de Siebold, était déjà {{) Humboldt, Voy. aux rég. équinox., t. 7, p. 287. (2)/d.,l. 8, p. 199. (3)/d., t. 5, p. 141. (4) Journal , t. 1 , p. 275 LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. 495 creux du temps de Kœmpfer, mais il porte une immense couronne couverte de la plus épaisse verdure. C'est l'arbre qui produit le camphre au Japon. Comme tous les monu- ments très-anciens, on lui accorde une origine extraordi- naire. Ce serait lebûton fiché en terre du philosophe Kobo- dosaï fort honoré dans cet empire. Sans adopter cette croyance, M. de Siebold pense que ce camphrier existe au moins depuis l'époque où vécut ce sage, né en 774, puis- qu'il y a plus de 135 ans l'arbre était aussi grand et aussi creux qu'aujourd'hui. Il existe encore au Japon un Ginko hiloba qui a dix pieds de diamètre, et M. de Siebold cite des Cupressiis japonica de plus de cinq pieds d'épaisseur (1). Dans les forêts vierges de Guatemala , on rencontre des arbres énormes. L' Eriodendrum anfractuosum est le plus volumineux, puis viennent de gigantesques Ficus, des Calo- phyllum, des TerminaUay des Sloanea, le Cecropia peltala, YAcromia sclerocarpa. Ailleurs ce sont d'énormes Cœsal- pinia y des Hymenea, véritables monuments de la nature, dont l'origine remonte à un grand nombre de siècles. On connaît les prodigieux baobab, Adansonia digitala, et les calculs d'Adanson qui a trouvé ces arbres au Sénégal, et dans les îles de l'Afrique tropicale. Cet arbre croît dans les terrains sablonneux, et son tronc acquiert un diamètre de 8 à 10 mètres, tandis que sa hauteur verticale du tronc ne dépasse pas 3 à 4 mètres. Mais il se couronne de bran- ches énormes, longues de 20 mètres, inclinées vers la terre, et formant par leur ensemble une véritable forêt , résultat du groupement d'individus nés par bourgeons d'une graine primitive. (1) Voy. au Japon, l. 1 , p, 200. 496 PHÉNOMÈNES DE DUREE. En donnant à ces vieux arbres la longue existence de 5 à 6,000 ans, Adanson n'avance rien que de probable et de conforme à la raison et à ses calculs. Ce n'est plus ici un individu, c'est un monde dont la fin ne peut être prévue. Tout récemment encore M. Lobb a trouvé en Californie un arbre de dimension extraordinaire, que déjà Endlicher avait nommé Séquoia gîganlea, et que depuis M. Lindley a désigné sous le nom de Wellinglonia gigantea, genre nou- veau de cette curieuse famille des conifères, où se trouvent si souvent ces géants du règne végétal. M. Lobb a mesuré un de ces arbres abattus, dont la hauteur était de 91 mè- tres, et le diamètre de 8^,86, y compris l'épaisseur de l'é- corce à 1™,52 au-dessus du sol. Les branches de l'arbre sont cylindriques, un peu pendantes, et rappellent pour l'aspect, celles d'un cyprès ou d'un genévrier. (' Ainsi voilà un arbre, dit M. Lindley , dont l'enfance remonte à l'époque oii Samson assommait les Philistins, oii Paris courait les mers avec la belle Hélène , et oii le pieux Enée emportait le père Anchise sur ses filiales épaules ; hy- pothèse qui ne semble rien avoir d'exagéré, puisqu'il est à peu près démontré que le diamètre de l'arbre ne s'accroît que de 0™,05 dans l'espace de 20 ans (1). » Quel serait donc l'être vivant qui aurait pu traverser tant de siècles, assister à tant d'événements et conserver ses mômes organes? Cette longévité n'appartient qu'à l'espèce et non à l'individu ; elle ajoute encore aux preuves nom- breuses de l'état d'aggrégation que nous avons indiqué comme l'état normal de la plupart des végétaux et d'un grand nombre d'animaux inférieurs. (1) Flore des serres el des jardins de l'Europe, publiée par Van-Houtte , t. 9, p. 94. LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. 407 La chaleur du climat n'est pas indispensable pour (jue les végétaux arborescents arrivent à un i^raïul (iéveloppennent et parviennent à une longue existence ; si des Laurinées et VAmyris aUissima atteignent jusqu'à 120 pieds de hauteur dans la forêt de Pimichin sur les bords du Tenis dans l'A- mérique méridionale , le même continent nous offre dans l'hémisphère opposé , et par 57° de latitude, le Piims cana- densis, dont la (lèche s'élance à 150 pieds de hauteur pen- dant que le tronc atteint à sa base plus de six pieds de dia- mètre. Tout nous porte même à croire que les cryptogames ma- ritimes ne sont aussi que de nombreuses aggrégations d'ê- tres distincts. Nous avons cité les forêts sous-marines des îles Maloui- nes , nous pourrions y ajouter de nombreux exemples. Perron a souvent rencontré dans les divers parages de l'Océa- nie d'immenses Fucus giganleus. « C'est, dit-il, le plus grand sans doute de tous les végé^ taux pélagiens, puisque nous en avons mesuré quelques-uns qui n'avaient pas moins de 250 à 300 pieds de longueur. Pour élever ces tiges immenses à la surface des eaux , et pour les y soutenir, la nature emploie un moyen aussi simple qu'efficace; de distance en distance, chaque tige produit une feuille assez large, dentelée sur ses bords, gaufrée dans toute son étendue , et dont le pétiole porte, tout près de son insertion à la tige , une espèce de grosse vésicule pyriforme de la longueur de 2 ou 3 pouces , sur un diamètre de près d'un pouce dans sa partie moyenne et plus renflée. Toutes ces vésicules sont remplies d'air comme autant de petits ballons qui forcent les tiges à s'élever à la surface des mers , et qui maintiennent les feuilles épanouies sur les flots. Quelques-unes de ces feuilles ont des dimensions II 32 498 PHÉNOMÈNES DE DCREE. très-grandes, et j'en ai mesuré plusieurs de 10 à 12 pieds de long (1). » Nous ne rapporterons pas tous les exemples de longévité publiés par de Candolle dans son organographie végétale ; nous nous contenterons de rappeler qu'il cite un orme de 335 ans, un Cheiroslhemum de 400, un lierre de 450, un mélèze de 576, des tilleuls de 1,075 à 1,147, un cyprès de 350, un platane d'Orient de 720. un oranger de 630, un cèdre du Liban de 800, un olivier de 700, des chênes de 810, 1,080 et 1,500, des ifs de 1,214, 1,458, 2,588, 2,880, un baobab de 5250 ans, un Taxodium de 4,000 à 6,000 ans. Tous ces arbres , auxquels nous pourrions encore ajouter le dragonier d'Orotava , l'olivier monstrueux de Nice , les Cellis de la Provence et les vieux tilleuls disséminés sur le plateau central, sont des monuments vivants qui ont traversé bien des siècles, et qui élèvent au fond de l'atmosphère des agglomérations d'êtres vivant exactement comme les poly- piers saxigènes dans les bas-fonds de la mer où la lumière peut encore pénétrer. Qu'on me permette de terminer ces curieuses observa- tions sur la durée des plantes en citant encore une page de l'illustre botaniste de Genève. Après avoir considéré les rhizomes verticaux comme de vieilles souches dont l'âge peut à peine être calculé, il ajoute : « Ce que je viens de dire des rhizomes verticaux n'est-il pas bien plus plausible des rhizomes horizontaux qui ram- pent sous terre, soit qu'ils s'allongent en tous sens, comme ceux du chiendent, des Carex et de VArundo arenaria, soit que, comme ceux de plusieurs aulx , des fougères , des (l) Péron. Voy. aux Terres australes, l. 2, p. 116. LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. 499 Nymphéa, ils s'allongent et poussent chaque ann(';cdes feuil- les par une de leurs extrémités et se dessèchent ou se dé- truisent par l'autre. Qui oserait aflirmcr que ces rhizomes ne soient quelquefois beaucoup plus vieuv qu'ils ne le parais- sent et qu'on est habitué à le croire ? Voyez la profondeur extraordinaire des prèles, leur permanence dans les mêmes lieux, la lenteur de leur accroissement , et vous serez amené à croire, avec M. Vaucher, que leur ancienneté est consi- dérable. Voyez ces graminées à racines serrées ou traçantes qui tallent sans cesse, et qui forment ces steppes compactes de l'Amérique et de l'Asie; ne sait-on pas que ces humbles gramens étouffent les arbres qui s'en trouvent enlacés? Y a-t-il possibilité que de jeunes pieds venus de graines se dé- veloppent dans ce tissu continu? Et n'est-il pas plus vrai- semblable que ces prairies naturelles et permanentes sont composées de souches d'une grande anti(juité , et que leur nature siliceuse abrite contre l'humidité. » Je descendrai même à des végétaux plus humbles en- core pour chercher des exemples de longévité. M. Vaucher a suivi pendant 40 ans un même lichen, sans l'avoir vu pé- rir ni beaucoup grandir. Que sais-je! peut-être parmi ces taches qui couvrent certains rochers, il en est dont l'exis- tence remonte jusqu'au moment oîi ce rocher a été mis à nu, peut-être jusqu'à celui de l'un des cataclysmes qui ont soulevé nos montagnes ; peut-être ce tapis de mousse sans cesse inondé qui décore le fond de quelques rivières est-il là sans cesse renaissant de lui-même, sans fécondation , de- puis que le lit de cette rivière est fixé. Qui me dira combien il a fallu d'années pour former cette masse pesante, com- pacte et grosse comme la tête, que les Napolitains appellent pietra fungaia (pierre à champignons), et qu'on sait au- 500 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. jourd'hui être le tubercule radical d'une espèce de bolet {Bo- letus tuberaster)! » Ainsi partout , dans toutes les classes , nous trouvons des êtres dont la durée est inconnue et défie l'œil de l'ob- servateur ( 1 ) . » § 5. DES PLANTES AGGRÉGEES BELATIVEMENZ AU SOIi ET A L'ATMOSPHÈRE. Les plantes qui par leur réunion composent les groupes que nous avons décrits sous le nom de forêts et d'associa- tions végétales , forcées de vivre ensemble sur une surface restreinte , sont souvent disposées entr'elles de manière à occuper le moins de place possible sur le terrain. La hauteur différente des tiges et les directions variées qu'elles affec- tent sont les moyens que la nature emploie pour arriver à son but. Le sol est occupé à des niveaux différents. D'abord de grands arbres , dont les cimes supportées par des troncs élancés . forment les voûtes élevées des forêts ; des espèces grimpantes, des végétaux parasites cachent les troncs vieillis sous la multitude de leurs individus. Des orchidées bril- lantes dans les pays chauds, des mousses et des hchens dans le nord , partout la moindre place est occupée. Des arbres moins élevés se développent sous leur ombrage et forment un taillis qui lui-même protège de grandes plantes vivaces ; d'autres plus petites rampent sur le sol ; enfin, des mousses et des champignons , pres(|ue collés sur la terre , profitent encore des écarts que laissent les autres végétaux. De même (1) De CandoUe , Physiol. végét. , t. 2 , p. 1018. PLANTES AGGUÉGÉES. 501 dans les prairies, les liautes graminées, les grandes légu- mineuses , les plantes moins élevées, les trèfles rampants et les graminées trarantes, établissent plusieurs couclies super- posées, cl forcent ainsi le sol à nourrir un plus grand nombre de plantes, en les étageant comme on les arrange dans une serre ou comme elles le sont naturellement dans les bois. Cette disposition étagée existe sur toute la terre, mais elle est surtout remarquable dans les contrées chaudes, où l'exis- tence des végétaux est presque entièrement aérienne. M. d'Orbigny nous a donné une description remarquable de ces zones superposées dans l'Amérique équinoxiale : « Les forets vierges du Brésil, si bien représentées par » un de nos fameux peintres , ne ressemblent en rien aux » lieux oîi je me trouvais ( forêts du pays des Yuracarès , » dans l'Amérique méridionale). On dirait que , sous une » température chaude et constamment humide, la nature, » au pied des derniers contreforts des Cordillières , a pris » un développement auquel on ne peut rien comparer. » Aussi étais-je à chaque pas en extase devant les quatre » étages distincts de cette magnifique végétation. Des ar- » bres de 80 à 100 mètres d'élévation forment une voûte » perpétuelle d'une verdure que parent souvent les teintes » les plus vives, soit les magnifiques fleurs rouges dont » quelques arbres sont entièrement couverts , soit les fleurs » de la liane, dont les branches tombent en chevelure jus- » qu'à terre, en formant des berceaux. C'est là que de » nombreuses espèces de figuiers, de mûriers, de noyers, » se mêlent avec une immense quantité d'arbres aux feuil- » les généralement entières , représentant chacun , par les » plantes parasites dont il est couvert, un véritable jardin » de botanique. h Au-dessous de ce premier étage , et comme protégés 502 PHÉNOMÈNES DE DDRÉE. » par lui, s'élèvent de 20 à 30 mètres les troncs grêles et » droits des palmiers, au feuillage si varié dans ses formes » et SI utile à l'homme sauvage. Ici les panaches pennés des » Vinas et des Aciinas [Iriartea Orbignyana , Martius) , » ou les touffes des autres espèces (Iriartea phœocarpa , » Marte), qui donnent de nombreuses grappes de Heurs ou » de fruits , incessamment courtisées par les oiseaux mou- » ches les plus magnifiques. » Plus bas encore, à 3 à 4 mètres au-dessus du sol, crois- » sent d'autres palmiers , bien plus grêles que les premiers » [Chainœdorea gracilis), et que renverserait le moindre )) souftle de vent ; mais les aquilons ne peuvent jamais agi- », ter que la cime des géants de la végétation , qui laissent » à peine arriver jusqu'à terre quelques rayons du soleil. » Il n'est pas jusqu'à ce sol même qui ne soit orné des » plantes les plus variées, mélange de fougères élégantes » aux feuilles découpées, de petits palmiers aux feuilles en- » tières {Geonoma macroslachya), et surtout de lycopodes » d'une légèreté extraordinaire. » Sous cet ombrage perpétuel, rien n'arrête ; on peut en » parcourir tous les points sans redouter les épines ni les » fourrés. Qui pourrait peindre cet admirable spectacle et » les jouissances qu'il fait éprouver? Le voyageur émer- » veillé se sent transporté , son imagination s'exalte ; mais » s'il rentre en lui-même, s'il se mesure à l'échelle d'une » création si imposante, qu'il se trouve petit ! combien son » orgueil est humilié par la conscience de sa faiblesse , en » présence de tant de grandeur ! » Je ne trouvais pas les journées assez longues pour mes » recherches d'histoire naturelle, attiré que j'étais par tant » d'objets nouveaux. Tantôt je recueillais des plantes ou je » dessinais les diver*^es espèces de palmiers ; tantôt je par- PLANTES AGGUÉGÉES. 503 » courais ces voûtes sombres en poursuivant les troupes » brillantes de tangaras voltigeant sur les ileurs des pal- » miers, les toucans criards, si recliercbés des Indiens, ou » les nombreux caciques ; mais j'étais toujours obligé d'at- » tendre que ces oiseaux descendissent sur la seconde zone » de végétation , mes armes à feu ne pouvant atteindre la » cime des arbres. Jamais, je crois, je n'avais été ])lus heu- » reux de ma position , et pourtant je devais l'abandonner » pour songer à remonter la Cordillière (1). » Au-dessous du sol, les racines offrent exactement les mê- mes dispositions , sans qu'il y ait pour cela rapport obligé entre leur étendue et celle des tiges, car souvent les plantes les plus élevées correspondent aux racines les plus petites; mais on est surpris de voir la quantité de racines logée dans un si petit espace. On ne se lasse pas d'admirer les formes, les divisions, la consistance, la direction diverse de toutes ces racines. Les unes, indéfiniment divisées, restent à la surface du sol et s'y étalent ; d'autres , moins clievelues , forment de petites touffes qui ne s'éloignent pas de la base de la tige. 11 en est qui , peu rameuses , descendent tout à coup , sans s'arrêter à la surface , tandis que d'autres émettent de lon- gues ramifications qui s'étendent dans tous les sens , dans toutes les directions. Toutes sont indépendantes les unes des autres , toutes sont occupées à puiser leur nourriture dans le même sol. Elles vivent en égoïstes, ne s'inquiètent pas des autres, qui souvent les gênent, et luttent avec elles. Sous le sol comme sur la terre, la raison du plus fort est souvent la meilleure. Les plantes aggrégées, parmi lesquelles nous comprenons les espèces arborescentes et vivaces, sont donc disposées de (1) D'orLigny, Voyage, t, 5, p. lliG. 504 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. telle manière sur la terre , que les unes se superposent dans l'air et quelquefois dans l'eau, et les autres dans l'inté- rieur du sol. On peut même , au point de vue du milieu de développement, partager une plante aggrégée en deux par- ties , l'une inférieure , vivant dans le sol , l'autre supé- rieure, plongée dans l'air atmosphérique et quelquefois dans l'eau. Dans quelques espèces, la partie plongée dans la terre ac- quiert un très-grand développement; dans la plupart, ce sont les organes aériens qui s'étendent davantage. Si le sol était transparent comme l'atmosphère, nous ver- rions, dans l'enlacement des racines et {les tiges souterrai- nes, dans le bourgeonnement des tubercules et la formation des turions , des phénomènes analogues à ceux que nous observons dans la partie aérienne de nos forets et de nos taillis. Le milieu plus ou moins compacte dans lequel s'éten- dent les organes inférieurs les modifie, change leur forme et leur donne des caractères particuliers. La végétation souterraine est à peine connue. Il y a des familles entières de végétaux qui vivent sous terre , cbmme les taupes. Le magnifique travail de MM. Tulasne nous a montré une multitude de plantes curieuses qui passent leur vie dans l'intérieur du sol. La plupart de nos champignons , de nos agarics, de nos bolets , sont entièrement hypogés , et ce que nous considé- rons comme la plante elle-même n'est autre chose que la fructification qui s'élève d'un mycélium souterrain, et qui vient mijrir dans l'air atmosphérique chargé du transport des séminules. Ces espèces se comportent dans le sol comme les plantes aquatiques qui envoient leurs fleurs s'épanouir à la surface des eaux. La majeure partie des plantes monocotylédones ont aussi PLANTES AGGUÉGÉES. 505 une existence toute souterraine. D'immenses rhizomes courent à des profondeurs diverses , se ramifient et rej)roduiscnt la plante sans le secours des sexes. D'innombrables f^énérations se succèdent loin du jour, et souvent des germes restent plu- sieurs années ensevelis sans donner signe de vie. Les carex, les joncs, les fougères ont une existence presque souterraine et ne laissent sortir que les extrémités fructifères de leurs feuilles et de leurs rameaux. Ce n'est pas toujours le froid qui force les monocotylédo- nes à ramper sous la terre ; ces plantes peuvent , selon les circonstances et en raison de leur flexibilité, s'accommoder de milieux différents. Aucune espèce , sous ce rapport , ne nous offre un exemple plus remarpuable que le Chamœrops humilis. Commun dans toute l'Algérie, et presque toujours sans tige, il ressemble à une plante herbacée. En effet, il est forcé de vivre sous la terre dans un état constamment ra- bougri. On brûle les campagnes, on l'incendie tous les ans; il se résigne , et son tronc transformé en rhizome reste ca- ché dans la terre. Mais si , sur quelques points, le sol est respecté , comme autour des tombeaux , le palmier sort de terre, son stipe s'allonge, et il reprend l'existence aérienne qui appartient à son espèce et au climat qu'elle habite. La sécheresse et une forte chaleur peuvent donc produire le même effet que le froid. La plupart des bambous de l'A- mérique équinoxiale se propagent, comme nos Equisetum , par des rhizomes souterrains. Une seule plante peut, au bout de quelques années, couvrir de grands espaces , et bien ra- rement un épi fructifère vient terminer leurs hautes tiges inclinées. Aussi ces plantes sont éminemment sociales , car c'est presque toujours un petit nombre de pieds qui sont l'origine des vastes réunions qu'ils présentent. Mutis a her- borisé pendant vingt ans dans des pays où le Bambusa gua- 506 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. dua formelles forets marécageuses de plusieurs lieues d'é- tendue, sans jamais avoir pu s'en procurer la Heur. Le Bam- husa Jatifolia est aussi une espèce des plus sociales, et pro- pre aux bassins du Haut-Orénoque et de l'Amazone. Mais ce bambou ne se reproduit aussi que par gemmes. M. de Humboldt, pendant son long et fructueux voyage , ne les a vus en Heurs que deux fois, une fois sur les bords du Cas- siquiare et une autre fois près la ville de Muerto , dans la province de Popayan. Ils atteignaient alors 50 à 60 pieds de haut. Dans les Indes-Orientales, au contraire, les bam- bous produisent des graines en abondance ; elles sont même comestibles comme celles de la plupart des graminées. Un nombre immense de dycotylédones vivaces peuvent être considérées comme des arbres enfouis, dont le tronc et les rameaux , au lieu de se dresser dans l'air, se cachent et s'abritent dans la terre , où leurs individus s'aggrégent et s'accumulent comme ceux des arbres aériens qui composent les forêts. La tendance à l'habitation souterraine est d'autant plus marquée que le climat est plus froid ; le développement aé- rien est d'autant plus considérable que le climat est plus doux , la température plus élevée, plus uniforme. Il suffit de jeter les yeux sur la végétation des tropiques et sur celle des pôles pour apercevoir ce contraste des deux flores souterraine et atmosphérique. Dans les profondes forêts des tropiques , des stipes élancés portent dans l'air les majestueuses couronnes des palmiers, et étalent les plus grandes feuilles connues. Les fougères ne cachent pas dans l'humus des tiges que le froid ne peut plus atteindre ; elles les redressent, et des frondes immenses et découpées se balancent au gré du souffle at- tiédi qui favorise leur élégante évolution. Les orchidées PLANTES Ar.GKKGKES. 507 abandonnent la terre, ne lui confiant ni leurs racines ni leurs bourgeons ; elles vivent dans l'air, collées sur les vieux troncs des arbres ou suspendues sous les voûtes des for^^'ts aux bran- ches élevées, dont l'enlacement forme au-dessus d'elles des berceaux de verdure. Les lianes nous montrent aussi une végétation tout extérieure ; elles se disputent une place dans l'atmosphère, comme les racines, dans les pays froids, s'entre-croisent sous la terre et y confondent leurs puissantes ramifications. Une foule de parasites s'implantent dans les tiges et dans les rameaux des arbres, dédaignant le sol, dont l'abri leur devient inutile. Les graminées, au lieu de s'étendre en rhi- zomes multipliés, s'élèvent en gracieux panaches, et les joncs aux puissantes racines s'effacent de ces contrées où le printemps est éternel. Mais si l'on s'avance vers le nord ou vers les pôles, les formes aériennes des végétaux disparaissent peu à peu ; les organes souterrains deviennent dominants ; les racines puis- santes pénètrent profondément et se garantissent ainsi du froid qui les menace ; les tiges elles-mêmes vivent sous l'hu- mus et dans le sol ameubli , qui s'interpose entre leurs tissus et la gelée qui pourrait les atteindre. Les bourgeons , ensevelis sous la terre , n'en sortent que si le printemps ou l'été les appellent. Les plantes volubiles deviennent de plus en plus rares et disparaissent tout à fait. Les parasites aé- riennes n'existent plus , et celles de ces plantes qui persis- tent encore restent fixées sur des racines, et jamais sur des rameaux. Plus près des pôles , c'est à peine si les végétaux osent sortir de terre et confier pour quelques instants , à un été passager et trompeur, l'extrémité des branches qui doivent porter leurs Heurs. C'est ainsi que se présente la végétation 508 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. uniforme de Terre-Neuve , de l'Islande, de la Laponie, des Malouines , de ces contrées polaires où les plantes ne peu- vent pas toujours mûrir leurs graines, où la reproduction par sexe est l'exception , et où la vie souterraine acquiert toute sa puissance. La même espèce qui , dans les pays chauds ou tempérés, se montre avec des rameaux étendus et un feuillage développé , reste petite et rabougrie sous l'impression du froid; la vie se concentre dans les racines , la reproduction s'opère par bourgeons, la plante devient so- ciale, et la multitude des individus auxquels leur constitution robuste permet de supporter la rudesse du climat compense le nombre des espèces réduit par les mêmes causes. Une végétation monotone couvre ces tristes contrées ; aucun arbre ne fait saillie et ne vient diversifier des pelouses d'une immense étendue. La plupart des herbes et des sous- arbrisseaux sont munis de puissantes racines qui s'enlacent et semblent lutter ensemble contre les tempêtes et les vents continuels. Le sol est , pour ainsi dire , formé des débris de cette végétation souterraine ; les tiges, qui n'osent s'élever, les feuilles petites et nombreuses de la plupart de ces espèces polaires, se détachent et se décomposent en produisant un sol tourbeux et élastique que la neige abrite encore pendant de longs hivers. Ainsi le contraste de la végétation est complet ; les es- pèces se sont conformées aux milieux dans lesquels elles ont dû se développer : nombreuses, dispersées, feuillées, grim- pantes, aériennes sous un ciel pur et dans une atmosphère attiédie; limitées pour le nombre, sociales, rabougries, couchées, souterraines dans les lieux où l'àpreté du climat les oblige de chercher un asile contre la rigueur des sai- sons. Placés entre les deux extrêmes sous la zone tempérée PLANTES AGGRÉGÉES. 509 que nous habitons, nous voyons à la fois les arbres dévelop- per leur feuillage et épanouir dans l'air leurs rameaux llori- fères ; nous voyons les campagnes se couvrir chacjue année d'une parure nouvelle , en conservant, pendant les mauvais jours , des germes ensevelis , engourdis par le froid , mais hors de ses atteintes, et qui , chaudement enveloppés, at- tendent le signal du réveil et le printemps ([ui doit les faire éclore. Nous nous sommes étendu, trop longuement peut-être, sur l'aspect des forets, sur la variété infinie des plantes li- gneuses qui les composent dans les différentes zones de la terre, et sur l'impression profonde que laisse leur image dans le souvenir de ceux qui ne peuvent les voir sans émo- tion. Qu'on veuille bien se rappeler encore que ces formes si remarquables des arbres, que leurs troncs parfois si volu- mineux et leurs branches si élégamment étagées, sont dus à à la réunion et au groupement de nombreux individus, êtres distincts qui s'associent pour vivre, pour se défendre et ré- sister, qui mettent en commun leur vie et leurs amours, et dont les destinées sont souvent solidaires. Des lois particulières , qui échappent encore à notre insa- tiable curiosité, président à ces réunions constantes et invo- lontaires que constitue chacun des arbres des forêts de la terre, de ces forêts qui s'élèvent librement dans l'atmos- phère, aussi bien que de celles qui restent plongées sous les eaux ou, selon la rigueur du climat, ensevelies sous la cou- che extérieure de la terre végétale. Les polypiers, que les mers recèlent par milliers, et dont les formes rayonnantes ou superposées ont depuis si long- temps charmé nos regards et captivé notre attention, offrent certainement moins d'intérêt que ces plantes composées que nous appelons des arbres. Les premiers , vivant au sein 510 PHÉXOMÈXES DE D URÉE des mers , soumis à une température uniforme et soutenus dans un milieu d'une densité considérable, parcourent pai- siblement les phases de leur vie , et donnent aux travaux qu'ils exécutent en commun une admirable régularité , que l'oscillation des vagues vient à peine altérer. Les arbres, exposés aux intempéries des saisons , luttant souvent contre les tempêtes, et, devant subir toutes les chan- ces d'une vie agitée , semblent doués d'instinct et de ré- flexion. Les nombreux individus dont ils se composent , les bourgeons qui chaque année restent fixés au tronc commun, sont couverts d'écaillés si le climat l'exige , entourés de chaudes fourrures pour résister à l'hiver, ou cachés dans la terre si leurs propres vêtements deviennent insuffisants. Ils se groupent dételle manière que chacun puisse recevoir l'in- fluence de l'atmosphère; ils attendent l'instant précis oiiles feuilles si habilement ployées doivent s'étendre et végéter. Les individus mâles n'apparaissent qu'à l'époque où les fe- melles pourront accepter leurs amours, et d'autres, privés de sexe, tra\ ailleurs infatigables , apportent à la souche com- mune les aliments qu'ils s'efforcent de puiser dans le milieu qu'ils habitent. Que seraient les plantes si Dieu ne leur avait pas donné cette faculté d'association qui appartient aussi aux dernières classes des animaux ! A peine apparentes à nos yeux, petites et isolées comme les insectes, couvrant la terre d'un tapis court et serré, le globe serait resté sans forêts et sans ombrages, les êtres délicats sans abri et sans protection. La sagesse divine se révèle partout, et les limites de sa puissance se reculent à chaque pas que nous faisons dans le sanctuaire de la vérité. FIN DU TOME SECOND. Clermont, inipr. de Thibaud-Landriot frères. ^ / THE LIBRARY UNIVERSITY OF CALIFORNIA Santa Barbara THIS BOOK IS DUE ON THE LAST DATE STAMPED BELOW. -&;::AeA^;:r'^:r^/^nAf\k.::^.^.àaâài^. O^R^cmTMsHi^E^^ .,^^'^:'?«^»A3 ï;^;,<^^^«"=r~î'?Cf5!v,Q, M,A^n«^©wle«<^|^'^n'^'^'^JP'::^-'^"■ ':;;:?r,r,nft;:; mff ,^^^À.;i. .'::^^^?^?.^>- ;■-'~^,A^^2£^2^'^:;Sc^--■''■^^^^'^M^^ " ^;^^'^^t^"^'^'^'^-'