SEK RSS SNS NS 4 ER Gibson lee Là R° n° NU /F ES CIDRE =); $ a ——————"—— Pie A ren % k LA KTÉ DE L'EUROPE ET EN PARTICULIER SUR LA VÉGÉTATIOY DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE: PAR Elenrr LECOG, Professeur d'Histoire naturelle de la ville de Clermont-Ferrand. TOME TROISIÈME. LE BO e— à : À PARIS, CHEZ J.-B BAÏLLIÈRE, LIBKAIRE DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE » 19, RUE HAUTEFEUILLE. A LONDRES, cnez HI. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET. k NEW-YORK, cuez H. BAILLIÈRE, 290, BnoAD-way. A MADRID, cnez €, BAILLY-BAILLIÈRE, cALLE DEL PRINCIPE, 11. 6 © en ETUDES LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE, SUR LA VÉGÉTATION PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. CLERMONT-FERRAND, IMPRIMERIE DE THIBAUD-LANDRIOT FRÈRES. ÉTUDES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE ET EN PARTICULIER SUR LA VÉGÉTATION DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE: PAR HeEvr: LECOO, Professeur d'Histoire naturelle de la ville de Clermont-Ferrand. TOME TROISIÈME. LIBRARY NEW YORK —2 08420 © — BOTANICAL GARDEN A PARIS, CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE, 19, RUE HAUTEFEUILLE, A LONDRES, cnez H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET. A NEW-YORK, cuez H. BAILLIÈRE, 290, BRoAD-way. A MADRID, cez C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11. 185%. LA MMAATON ve Me ELU ‘M | ME ame *: VARRSRONr 4! ou MIA AR, T'AURNTE | F4 L ve APE CENT DRE “MN An nt } din MMA GE à ‘1 Fo) [re | te née, 1 be Saut fl FLE er uj | AN “ner, LV PARA: :& its. MN - CPR | k dé UN Me RARE n 34 » HA Qi AL ua & { Fe. frro4  : L . \ y . curl | CS UE rà TAN ITET ET ÿ 4 Sat 1 k £ | | CONTENU DU TROISIÈME VOLUME. Car. XXVII. De la durée des végétaux relativement à leur organisation et à leur position géographique. p. 1 Considérations générales, p. 1.— Tableau des espèces annuelles, bisannuelles, vivaces et li- gneuses du plateau central de la France, p. 5.— Examen relatif à l’ensemble des plantes, p. 11.— Examen relatif à l’ensemble des dicotylédones, p. 19. —- Examen relatif aux thalamiflores, p. 23. Examen relatif aux caliciflores, p. 27.— Examen relatif aux corolliflores, p. 29.— Examen relatif aux monochlamydées, p. 32. Car. XXVIII. De la durée des végétaux relativement à leur tendance à la dispersion. ..... ie rrste p. 36 Fleres des plantes annuelles, p. 37.— Flores des plantes bisannuelles, p. 42. — Flores des plantes vivaces, p. 43. — Flores des plantes li- gneuses, p. 46. — Végétation arborescente du plateau central de la France, p. 49. Crar. XXIX. Quelques considérations particulières sur la du- MOEHÉS MERE ARS See ne ee ee p. 56 De la durée des végétaux relativement à l’al- titude , p. 56. — De la durée relativement aux stations et à la nature du sol, p. 65. — De la du- rée des végétaux relativement à la réunion ou à la séparation des sexes, p. 73.— Sources aux- quelles ont été puisés les renseignements numé- riques des chapitres et paragraphes précédents, p. 81. ŒART Y] CONTENU Car. XXX. Des phénomènes périodiques.......... p. 90 Des phénomènes périodiques sur les individus, p. 91. — Du groupement des individus relative- ment aux phénomènes périodiques, p. 96. — Des causes influentes dans les écarts des phénomènes périodiques, p. 111. CHar. XXXI. Phénomènes périodiques. — Liste des plantes du plateau central de la France, rangées dans l’ordre moyen de leur épanouissement... p.119 Cas. XXXII. Considérations diverses sur les phénomènes péÉtiodiquess.x. ! : tic -cnctt".. p.145 Les époques des plantes, p. 145. — Phéno- mènes diurnes , p. 171.— De la floraison des es- pèces relativement à la durée, p.186.— Influence de l'humidité sur les phénomènes périodiques, p. 190. — De la léthargie ou sommeil périodique des végétaux et de leurs graines, p. 194. — Des phénomènes d’alternance, p. 206. CHar. XXXIII. Du parasitisme. ............ E SOMRE DE 1 Considérations générales sur le parasitisme, p. 219. — De la dispersion des parasites , p. 230. Cnar. XXXIV. Plantes à feuilles épaisses ou charnues. p.236 Caar. XX XV. Des plantes volubles, rampantes, etc.. p. 242 Plantes volubles, p.242.— Plantes munies de vrilles, p. 244.— Plantes attachées, p. 2#7.— Plantes enlaçantes, p. 247. — Plantes rampantes, p. 248.— Plantes nageantes, p. 251. — Distribu- tion géographique des plantes volubles, débi- les, etc., p. 251. DU TROISIÈME VOLUME. vi Caar. XXXVI. Des plantes armées et vêlues....... p.257 Plantes épineuses ou aiguillonnées , p. 257.— Des poils et des glandes, p.261. —Liste raisonnée des plantes vêtues et des plantes glauques du plateau central de la France, p. 265. — De la distribution géographique des plantes vêtues p. 285. — Des espèces vêtues relativement à leur durée, p. 288. — De l'influence du sol dans la vestiture des espèces, p. 290. — Des plantes glauques , p. 292. — De la distribution géogra- phique des plantes glauques, p. 294. — Du glau- que relativement à la durée des espèces, p. 298. — De l'influence du sol sur le glauque des plan- tes, p.299. — De quelques caractères particuliers aux végétaux, p. 300. CHar. XXXVIL. De la lumière et des couleurs..... p. 302 Des sources de la lumière , p. 302. — De l’or- gane destiné à percevoir la Inmière, p. 302. — Du trajet de la lumière de son point de départ à son point d'arrivée , p. 304. — De la décomposi- tion de la lumière et des couleurs, p. 308. — Comparaison des sons et des couleurs, p. 320. — Du contraste simultané des couleurs, p. 327. Car. XXXVIII. Considérations générales sur les couleurs DES MÉRÉ ARS een ele ia se cote p. 351 Du nombre et de la combinaison des couleurs, p. 331.— Le jaune , p. 342. — Le bleu, p. 348. — Le rouge, p. 358. — Le vert, p. 368. — Le blanc ou l’albinisme, p. 372. Cuar. XXXIX. Des panachures, p. 380. — Panachures des racines et des tiges, p. 380. — Panachures des feuilles, p. 381. — Des panachures dans les sti- pules et les bractées , p. 384. — Panachures des fleurs, p. 384.— Des panachures dans les fruits, p. 411. vi] CONTENU DU TROISIÈME VOLUME. Cnar. XL. Des couleurs changeantes. ............ p. A4 Changements de couleur dans les racines, p. 414. — Changements de couleur des tiges et des écorces, p.415.—Changements de couleur “es feuilles, p. 417. — Changements de couleur des fleurs , p. 423.— Changements de couleur dans les fruits, p. 434. — Action de la lumière dans la coloration, p. 436. — De l’ordre de mutation des couleurs, p. 441. Cnar. XLI. De la couleur des fleurs dans les espèces qui forment la flore du plateau central de la DRE NE PR p. AAT Couleurs des fleurs dans les thalamiflores , p. 448. — Couleurs des caliciflores, p. 462. — Couleurs des corolliflores, p.483. — Couleurs des des monochlamydées, p. 501. — Couleurs des monocotylédones, p. 504. ÉTUDES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE ET EN PARTICULIER SUR CELLE DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. CHAPITRE XX VII. DE LA DURÉE DES VÉGÉTAUX RELATIVEMENT A LEUR ORGA- NISATION ET A LEUR POSITION GÉOGRAPHIQUE. $ 1. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Dans les deux chapitres précédents, nous avons consi- déré les plantes au point de vue de leur aggrégation et des formes diverses que peuvent prendre ces réunions de végé- taux nés par agamie et soudés dès leur naissance. Déjà nous avons reconnu l'influence considérable qu’exercent sur eux le climat et le milieu dans lequel ils se développent ; nous avons maintenant à compléter par des chiffres et par un examen géographique.les données générales que nous avons émises. Nous allons donc diviser les plantes en annuelles, bisan- nuelles, vivaces et ligneuses, sans attacher à ces dénomi- nations de caractères absolus , puisque nous venons de voir que l’état de groupement ou d’aggrégation est seul la IE 1 4 DURÉE DES VÉGÉTAUX. bisannuelles se comportent en annuelles ou en vivaces. Ce sont donc des espèces qui doivent avoir une aire d’expansion géographique toujours étendue. En effet, dans les contrées méridionales, il arrive que les bisannuelles fleurissent la pre- mière année, ou plus souvent elles ne sont bisannuelles qu’à la manière du blé. Elles germent et lèvent peu de temps après le semis naturel. Ainsi, l'on voit, dans le midi, un second printemps pour la germination dans les mois de sep- tembre ct d'octobre. A cette époque, les pluies arrivent, et les germes de beaucoup d’espèces se développent. Ces plan- tes profitent, en hiver, des intervalles dont la température est suffisamment élevée pour s’avancer un peu, et si Le froid survient, elles restent stationnaires comme le flotteur d’un thermomètre à maxima , qui laisse reculer le mercure sans le suivre. Après plusieurs de ces petites secousses de crois- sance, le printemps arrive, et l'espèce fructifie. Presque ja- mais elle n’a employé douze mois consécutifs pour parcou- rir les phases de sa vie. On l'appelle bisannuelle, parce que son évolution s’est trouvée partagée entre deux années sé- parées par un hiver. Que cette espèce , si prompte à fructifier sous un climat méridional, se trouve transportée dans le nord, sous des con- ditions différentes de température, elle ne se pressera pas de germer comme dans le cas précédent. Ses graines ne mürissent que tard, et l'automne sans chaleur les laisse en- gourdies dans le sein de la terre. La neige les recouvre ; elles passent l’hiver ensevelies. Le printemps est tardif, et sou- vent les écarts des saisons ou l'absence d’une chaleur suffi- sante laissent la plante dans un état de stagnation dont elle ne sort quelquefois qu'après un certain nombre d’années. Ainsi, cette même espèce, presque annuelle dans certaines circonstances , peut, sous des influences contraires, devenir TABLEAU DES ESPÈCES. 5 vivace, à condition qu'elle se reproduira par gemmes ou qu’elle restera stationnaire. Ce dernier état est le plus or- dinaire et permet à ces espèces patientes de réussir ou du moins de végéter partout. Les plantes vivaces sont celles qui semblent donner cha- que année de nouvelles pousses qui partent de la racine, ou autrement dit celles dont les racines donnent naissance à des bourgeons qui reproduisent la plante par agamie. Elles ne diffèrent des espèces ligneuses que par le milieu dans le- quel les bourgeons se développent. Nous n'avons pas à revenir sur ces deux catégories de plantes groupées, nous les avons suffisamment étudiées ; nous allons maintenant rechercher les proportions qui exis- tent, dans plusieurs parties de l’Europe, entre ces diverses séries de végétaux, en prenant d’abord pour base , comme nous l'avons fait jusqu’à présent, la flore du plateau central de la France. $ 2. TABLEAU DES ESPÈCES ANNUELLES, BISAN- NUELLES, VIVACES ET LIGNEUSES DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. THALAMIFLORES. Annuelles, Bisannuelles. Vivaces. Ligneuses. Renonculacées..... 11 » 44 2 Berbéridées ......, » » » 1 Nymphæacées . .... » » s] » Papavéracées. ..... 9 l 2 » Fumariacées, . ... s) » 1 » Cruacifères. ....... 40 21 929 2 Cistméesr..…. ...,#, 2 » » 13 Violariées . ....:. 3 2 10 » Résédacées........ 1 2 3 » DURÉE DES VÉGÉTAUX. Annuelles. Bisannuelles. Vivaces, Droséracées. ...... » » s Polygalées. ....... » » 4 Bilénées.. . ia. à 7 H 23 Rtinées ie, nus à 19 1 15 Hlitinéess: ie > dim 3 » » EARÉES ue voncatéé 4 » Z Malvacées. . ...... 2 1 4 à QUE CT PEN MERS » » » | © RS LUS AMEN » » 11 Acérinées. . ...... » » » Ampéhdées. 1. » » » Géraniacées, ...... 9 » 6 Balsaminées. ...... 1 » » Dxalidéesiou sr te Î 1 Zygophyllées. ..... 1 » » RHÉACÉES 82 pie 0 » » a Coriariées. ....... » » » TOTAUX... 114 34 168 CALICIFLORES. Célastrinées. ...... » » » Rhamnées. ....... » » ) Thérébintacées. . ... » » » Papilionacées. ..... 55 6 47 Amygdalées. . .... » » » Rosacées. ....,... 1 » 22 Sanguisorbées. .... » 1 » Pomacées:. ...... » » » Cranatéesse cas » » » Onagrariées. ....,.. 1 1 15 Haloragées.. ...... » » 3 Ligneuses. » TABLEAU DES ESPÈCES. Hippuridées.. .... è Callitrichinées. .... Cératophyllées. . ... Lythrariées. . ..... Cucurhitacées...... Portulacées. ...... Paronychiées. . .... Scléranthées . . .... Crassulacées. . .... Grossulariées. . .... Saxifragées.. ..... Ombellifères. . ..... Araliacées. .. ....e Comées ts .: 0... Loranthacées. ..... Caprifoliacées. . . . .. Rubiacées. .....,: Valérianées. ...... Dipsacées......... Corymbifères. ..... Cynarocéphales. ... Chicoracées.. ..... Ambrosiacées. ..... Lobéliacées.. ..... Campanulacées. . . . Vacciniées. ....... Ericinées. ......e. Pyrolacées. ....... Monotropées. ..... ToTaux.,.. Annuelles. Bisannuelles. Vivaces. » » 1 » » 4 » » 2 3 » 1 1 » 1 S | » » X » X 1 » 1 3 2 19 » » » 1 » 13 18 17 44 » » » » » » » » » » » 2 7 { 18 y: » 6 3 3 » 27 } 54 5 2% 2%. 18 21 37 3 » » 1 » » 3 4 18 » » » » » » » » D » » {1 165 77 347 7 Ligneuses. » DURÉE DES VÉGÉTAUX. COROLLIFLORES. Annuelles. Bisannuelles. Vivaces. Aquifoliacées. ..... » » DIÉIRÉES ue. » » Jasihinées. 2... » » Asclépiadées.. ..... » » Apogmées. "#0, p » Gentianées..... tue D 2 Polémoniacées. .... » » Convolvulacées. . ... 3 » Boraginées........ 8 10 DOlARÉPRR 2. 3 1 Verbascées........ » 16 Antirrhinées . ..... 20 » Orobanchées. ..... 4 » Rhinanthacées. .... 13 3 PADIPES 21.0. 0i2 13 3 Verbénacées....... 1 » Lentibulariées. .... 4 » Primulacées. ...... 6 » Globulariées . ..... » » Plumbaginées.. .... » » Plantaginées.. ..... 2 1 TOMUXx..2.: 82 36 MoNoCHLAMYDÉES. Amaranthacées. . .. 4 » Chénopodées. ..... 18 1 Polygonées........ 10 1 Ou => è 2 D © © À ND D à = = ND ON > Y > DEN jade _ Ligneuses. TABLEAU DES ESPÈCES. Thyméléess.…. 2. 1 » Santalacées. . ..... » » Anistolochiées. . ... » » Elmpétréess. 4.200, 0» » Euphorbiacées. .... 10 1 Mrticées 4... 2 » Cupulilères®. "2. » » Sahcmées. ;...... » » Bétulinées. ....... » » Chniléres. «2: - 22 ji » : Toraux.... 45 3 MoNoCOTYLÉDONES. Alismacées. . ..... » » Butomées........ » » Juncaginées. ..... » » Potamées.:..:...: » » Lemnacées.. .... 4 » MYDAUEERe eue » » Arotdées. ....... » » Orchidées. ...... » » Iridées. .. 0 0 » » Asparaginées. . ... » » Dioscorées. ...... » » Hénin | » » Amarillydées. 6 » » Colchicacées.. .... » » Commélinées. .... » » Juncacées. ....., 4 » Cypéracées.. .... 6 » Annuelles. Bisannuelles. Vivaces. ©9 O9 en NO À Co = © 1 IN ÿ 21 66 ND € = Qt 9 Ligneuses. 10 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Annuelles. Bisannuelles. Vivaces. Ligneuses. Graminées......:. 50 9 79 » Hquisétacées. ... *» » 8 » Marsiléacées.. ..... » A 3 » Lycopodiacées. .... » » 6) » Fougères. …..s.... » » 30 » Ghäracéess. 2 , 9 » » » Loan... 79 9 302 3 Les familles qui, dans notre flore, présentent comparati- vement à leur nombre d'espèces le plus de plantes monocar- piennes, sont, parmi les dicotylédones, les : Crucifères, Alsinées, Papavéracées, Geraniacées, Lythra- riées, Portulacées, Valérianées, Dipsacées , Cynarocé- phales, Chicoracées, Borraginées, Solanées, Verbascées, Antirrhinées, Rhinanthacées , Lentibulariées, Amarantha- cées , Chenopodées. Dans ces différents groupes , le nombre des monocar- piennes dépasse celui des espèces polycarpiennes. Dans les familles suivantes les nombres sont égaux, où bien les polycarpiennes ne dépassent pas de beaucoup les autres. Malvacées, Papilionacées , Paronychiées, Ombellifères, Corymbifères, Gentianées, Convolvulacées, Polygonées, Euphorbiacées. Parmi les monocotylédones , nous remarquons les deux petits groupes des Lemnacées et des Chara, dont toutes les espèces sont annuelles, et la famille des graminées où la proportion des monocarpiennes est de 60, opposée à 80 vi- vaces. Le reste se réduit à quelques joncées et à un très- petit nombre de cypéracées. ENSEMBLE DES ESPÈCES. 11 Peut-être les Chara sont-ils de véritables plantes an- nuelles, mais nous ne pouvons avoir la même opinion sur les Lemna. I est vrai que ces plantes vivent peu et donnent de nombreuses générations dans le courant d’un été ; mais elles fructifient rarement, et par conséquent se reproduisent de bourgeons persistants, puisqu'ils passent d’une année à l’autre, comme les racines des plantes vivaces. $ 3. EXAMEN RELATIF A L'ENSEMBLE DES PLANTES. Il est très-intéressant de connaître les proportions diver- ses des plantes annuelles, bisannuelles, vivaces et ligneuses, au total de chaque flore. Pour y parvenir nous avons dressé des tableaux dans lesquels nous avons classé les contrées dans deux ordres distincts, D'abord selon les latitudes, en- suite d’après les longitudes. Voici le premier et le plus im- portant de ces tableaux, celui qui contient les contrées dis- posées du sud au nord. Dispersion des espèces dans le sens de la latitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Ouai Nigritieis sh... 41343 pri Lrodisn AusvA,S 10 à 16. Abyssinie......... 1:26, 4: 00. ds 227: 4,5, 35 à 56. Algérie.......... À :929 A: A44S, 1:02, 1:15,9 AT TO PILE ee nor once A0 MD s 00 SORA 0 7,4 36 à 57. Roy. de Grenade... 4 : 2,9 14 : 14,6 1 : 2,5 14 6,4 58 à 42. Midi de Italie... 4 : 2,4 4: 14 1: 1,8 1: 8,1 57 à 42. Portugal. ........ 2 ::29,0, 4-46 4:25; Ay: 4 6,5 44 à 47. Plateau central. ... À : 3,8 1: 11,7 1 :1,8 1: 8,4 50 à 56. Allemagne... ..... AT OA SC AREA EL AN 214072 50 à 58. Angleterre. ...... A: 4,4 14: 1444, 4: 1,6 1: 128 47 à 50. Russie méridle..., 4 : 4,5 1 : 10 41: 1,7 1 : 10 50 à 60. Russie moyenne... 1 : 5,8 1 : 10 14: 1,5 14 : 10,8 60 à 66. Russie septentrle. .. 4 : 6,3 14 : 15,5 1 : 1,4 1 : 10 65 à 70. Laponie... ....,.. 1 : 8,2 1:40 1:1,3 1: 9,4 12 DURÉE DES VÉGÉTAUX. L'examen de ce tableau vient à l’appui de ce que nous avons avancé. Les espèces annuelles ne sont pas 174 en Nigritie, elles augmentent un peu en Abyssinie où le climat est plus tempéré. Elles atteignent leur maximum de pré- pondérance entre 33° et 42°, occupant ainsi une zone de 9 à 10 degrés de largeur, dans laquelle se trouvent compris l'Algérie , la Sicile, le royaume de Grenade et le Portugal. Dans ces contrées elles forment à peine 113 du total. Le midi de l'Italie, quoique placé dans la même zone, fait ex- ception, et la flore de Tenore se comporte ou comme une flore plus méridionale, ou comme une flore plus septentrio- nale. Ilest possible que les montagnes de la Calabre, très- riches en végétaux, lui donnent ce dernier caractère. Après cela, depuis le plateau central jusqu’à la Laponie, nous voyons les plantes annuelles diminuer régulièrement jusque dans la Laponie où elles ne sont plus que 118. Les bisannuelles ne présentent pas la même certitude dans les comparaisons , à cause de la variabilité de leur du- rée réelle, et par la difficulté qu'ont éprouvée les auteurs des flores à leur assigner leur véritable durée. Il existe sans doute des espèces réellement bisannuelles classées au milieu de celles qui sont annuelles ou vivaces. Au reste, c’est encore dans les climats tempérés qu’elles atteignent leur maximum. Les vivaces vont en augmentant d’une manière presque régulière en allant du midi au nord. Elles ne forment pas 114 de la flore de Nigritie, et elles sont près de moitié de celle de Laponie. La progression vers le nord ne suit pas une régularité absolue, mais les écarts sont si peu de chose, que l’on peut considérer comme réellement gradué cet ac- croissement des espèces vivaces qui, pour se conformer au chmat, restent une partie de l’année plongées dans la terre qui protége leur existence. ENSEMBLE DES ESPÈCES. 13 Les végétaux ligneux , les plus importants par leur masse, par le nombre de leurs individus et par le pittoresque qu'ils impriment aux contrées qu'ils embellissent, suivent une marche tout à fait inverse de celle des plantes vivaces. Ils vont en décroissant vers le nord de l’Europe, mais leur di- minution est moins régulière que l'augmentation des plantes vivaces. L’Abyssinie , la Nigritie ont 113 de leur population végétale arborescente , l'Algérie 115, les contrées situées entre 33° et 42°, 1,6 ou 117, à l'exception encore du royaume de Naples, qui, par la même cause exceptionnelle dont nous avons parlé, n’en offre que 118 comme le plateau central. Au nord de cette dernière contrée, la proportion des espèces ligneuses reste à peu près constante de 1110. L’Angleterre seule n’a que 1112, et en Laponie on remarque une légère augmentation, 119, dü sans doute à la diminution numérique de l’ensemble des espèces et à la multiplicité des Salix qui atteignent leur maximum dans ces froides régions. Nous pouvons aussi étudier le même sujet sur des îles res- treintes ou de petits archipels. Ces points plus isolés que les continents et les grandes îles peuvent quelquefois nous don- ner des résultats plus nets et mieux dégagés des causes ac- cidentelles qui les modifient. Dispersion des espèces dans les îles. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 120 à 140 Iles du Cap-Vert. À : 2,6 » À SSL 2,7 284150: JCananies..:…. 4 : 197: At: 90 4 :-92,9:: % 4,1 HP DS HEDTINBS . mouse Los. Don CE cod 4 AT Ce 4 59 Orcades. 5. ..: à a 2 ie 1: RAS OR PR 60 à 61. Shetland. . .... 4 5 | OO Se RS F7 UE 2 | 62 HÉME 2-27 d'A" 00 AE AE 64 à 66. Islande... ..... ATP TON AS GPA REA, 5 TA Mageroë. ...... À : 16 1" 5868 AMEMRDAENNE, 4 79 à 80. Spitzherg...... À : 58 N'PT e Ars RES 19 14 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Ce que nous venons de dire relativement aux grandes flores de l'Europe, s'applique également aux réunions plus restreintes qui habitent les îles. Nous voyons seulement dans ces distributions moins de régularité, et cela est dù, sans au- cun doute, à la population colonisée qui couvre ces localités. Les difficultés de transport pour les végétaux , les chances plus ou moins grandes d’abordage que les îles présentent aux semences, leur position sur la route des migrations des oi- seaux, les vents régnants, et encore leur fréquentation plus ou moins renouvelée par les hommes , sont autant de causes qui doivent venir modifier les conditions du climat. Si ce- pendant on tient compte des petites irrégularités, on recon- naît encore les mêmes règles de distribution que pour les continents étendus ou les grandes îles. Voici maintenant le tableau d’un certain nombre de con- trées disposées dans le sens de la longitude, en allant de l’oc- cident vers l’orient. Nous avons conservé autant que possible dans cette disposition, une latitude moyenne qui occupe une zone de 50° à 60° environ. Nous eussions préféré une partie de la terre moins reculée vers le nord , mais le nombre de flores locales relatives à cette bande de 10 degrés dont nous pouvions disposer, nous a déterminé à l’accep- ter. Voici les points que nous pouvons comparer dans ces limites. Dispersion des espèces dans le sens des longitudes. Annuelles. ‘ Bisann. Vivaces. Ligneuses. lande 2,444 20 eu 21 19 1 SALSA SOUS Angleterre. 565 A de Æ 5 44: 1 2 LE LC AEMASR Allemagne: -5...l ANA. 5,42. 4 48 Si 102 Russie moyenne....... LR L:140 Æ : Ab A EI beriede lOural.:.. 1:26 0,004, :027 © A 2:45: ":" 9,1 Sibériealtaique. .5...404 5 6,2 sed;:47 4 :.4:55;-4 se 8,9 ENSEMBLE DES ESPÈCES. 15 Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses, Sibérie du Baïkal ...... des On A 2 MTL Ad An 4 c7,, 858 Dahouriese 4... 1408 AU RS AS ER ANS, 7,9 Sibérie orientale, ...... De 02 LV TOR ES 20,2 Kamtschatka........., 4 : 41 dust A9 ADS USE AE: 7 Iles de l'Océan oriental.. 1 : 21 A: 26404 74 Amérique du nord... ... À : 18 A, 5 22 TS ASE es ST Sous cette zone reculée, entre les parallèles de 50° et 60°, on sait que la température devient de plus en plus basse à mesure que l’on s’avance vers l’orient. Le climat insulaire et relativement égal de l'Irlande et de l'Angleterre se trans- forme en climats excessifs qui atteignent leur maximum d’âpreté au centre de l'Asie, dans les Sibéries de l’Oural, de l’Altaï et du Baïkal. Les chiffres suivent en général les indications du ther- momètre, et nous voyons les plantes annuelles diminuer en nombre vers l'orient d’une manière uniforme jusque dans la Sibérie orientale , où la proportion des espèces annuelles n’est plus que de 1110, tandis qu’elle était de plus de 115 en Irlande et en Angleterre, et de 116 dans la Russie moyenne. Cette proportion devient même 1118 dans l’Amérique du nord, et si dans le Kamtschatka elle est de 1141, et dans les îles de l'Océan oriental 1121 , cela peut tenir à une explo- ration incomplète de ces contrées à peine connues. Les bisannuelles ne présentent rien de remarquable. Les vivaces augmentent graduellement vers lorient comme elles le font du sud au nord. Les espèces ligneuses augmentent très-réellement en nombre dans le sens des longitudes ; de 112 en Angleterre, elles acquièrent 119 dans la Sibérie, et 118 dans la Dahou- rie, et même 1/7 au Kamtschatka, si toutefois, comme nous le disions tout à l'heure, on peut se fier à la flore peu €on- nue de cette grande péninsule. 16 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Il ressort cependant un résultat positif de ces chiffres, c'est que le nombre des plantes ligneuses augmente vers lorient , résultat inverse des autres que nous avons obte- nus en comparant les plantes annuelles et les plantes viva- ces, résultat contraire à celui qu'indiquerait, sous une même latitude , la diminution de la température dans les contrées orientales. Il y a donc une cause de dissémination primitive, étrangère au climat, qui produit dans cette direction géogra- phique un plus grand nombre de plantes ligneuses. Cette loi de géographie botanique paraîtrait bien plus évidente à nos yeux, si nous avions pu établir les mêmes parallèles entre des contrées situées sous des latitudes moins élevées, ou entre des régions plus étendues. Aussi, quand on compare l’Europe et l'Amérique du nord, on reconnaît im- médiatement que les chiffres qui représentent les espèces ar- borescentes dans les deux contrées, sont entièrement diffé- rents. Les chênes seuls qui habitent la partie septentrio- nale du Nouveau-Monde, sont plus nombreux que tous les grands arbres de nos forêts. Tous ces arbres ont aussi un plus grand développement que les nôtres ; ils appartiennent à des familles plus nombreuses. « Je doute, dit M. de Humboldt, que le nombre des phanéroagames soit plus grand dans la zone tempérée amé- ricaine, que dans la partie correspondante de l’ancien Con- tinent ; mais il est certain que sous la même latitude boréale, entre 36 et 50 degrés, le Nouveau-Monde l'emporte par la variété et la splendeur de sa végétation. Où trouver en Eu- rope, entre 43 et 45°, des arbres dont les fleurs aient 3 à 8 pouces de diamètre , et des feuilles longues de 1 à 2 pieds, comme plusieurs des Magnolia américains ? Sous la zone où la température moyenne est égale à celle de Paris ou de Berlin , on trouve dans le Nouveau-Monde des Liriodendron ENSEMBLE DES ESPÈCES. 1 4 tulipifera dont le tronc varie de 80 à 140 pieds ; les Pavia lutea, P. ohioensis, Cornus florida, Rhododendrum maxi- mum, tous chargés de fleurs éclatantes! Le Gleditzia tria- canthos qui rappelle, par la légèreté de son feuillage , les acacias des tropiques, s’avance jusqu’à la latitude de 41° vers le nord. Les Laurus Sassafras et L. carolinensis, les Passiflora pellata et P. 1ncarnata, le gigantesque Bignonia radicans , des Cactus, des Cassia, des Croton, atteignent et dépassent la Virginie. « La présence de la Méditerranée et les cimes glacées de plusieurs chaînes de montagnes, peuvent être un obstacle à la migration des plantes équatoriales vers le nord. En Amé- rique, au contraire, le sol s’étend en une plaine presqu’uni- forme, depuis l'équateur jusque vers les régions polaires. On y voit le Liguidambar styraciflua, qui végète sous la lati- tude de 18 à 19° sur les pentes des montagnes, se propager jusqu'à Boston et à Portsmuth, et atteindre en plaine le 43° degré. Il y a dans l’ Amérique du nord 137 espèces dont le tronc surpasse vingt pieds , et dans toute l’Europe on en compte à peine #5 (1). » Il est curieux aussi de voir la végétation tropicale s’avan- cer dans la partie orientale de l’Asie ; ainsi, au Japon, dans les îles de Kinsu et de Nipon, aux environs de Nangasaki et de Jeddo, sous les parallèles de 33 à 36°, et malgré les gelées hivernales, on est étonné de trouver dans la plaine des Bambous , le Cycas revoluta , le Mimosa arborea , le Chamoærops excelsà, le Paullinia Japonica. Des Begonia, des Epidendrum et des Limodorum , obéissent aussi à des lois qui nous sont inconnues ; nous voyons dans l’hé- misphère austral les fougères arborescentes et les Epiden- (4) Humboldt , De distrib. geogr. plantarum , p. 45. III - 18 DURÉE DES VÉGÉTAUX. drum aux fleurs ravissantes conduire la végétation tropicale jusqu’au 46 degré de latitude (1). Nous pouvons encore comparer entr’elles les contrées les plus septentrionales du globe, telles que : Dispersion des espèces dans les régions arctiques. EN EUROPE. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. EAPONIESS SE PEAR AMEN 2 AN CAO PRE die 9 4 Islande. cur rent bec dis, 7,6. ,4::-60. ed: dcl,5 Mageroees.s. ….. .. À : A6 Au AS, AAA, À :: 8,2 DUB nute es: À: 00 À. = TERRA 4 : 19 EN ASIE. Le pays des Tschuktshis. 4 : 75 15.9 ; Sibérie arctique . ...... À : 59 1, : 99 PSM BNNAE 062 EN AMÉRIQUE. L'ile Melville... .:... 4 :°67 » D 1 : 55 L'Amérique russe. . .... 1": "48 Luis DA PA ss AL 0,7 Le Groënland. ........ À ::16 » 1): 42% "4 576,8 Ces exemples nous montrent encore la grande prédo- minance des plantes vivaces dans les contrées arctiques de tout l'hémisphère boréal, l'absence presque complète des bisannuelles et la rareté des annuelles. Ils nous révèlent un fait que les rapports précédents nous avaient fait pressentir, l’augmentation des espèces arborescentes vers l’orient et peut-être même vers l'extrême nord, dues à la présence et à la multiplicité des amentacées. Cette augmentation des vé- gétaux ligneux ne paraît, au reste, appartenir qu'aux régions (4) Humboldt, De distrib. geogr. plantarum , p. A6. ENSEMBLE DES DICOTYLÉDONES. 19 continentales, car les îles ne présentent pas les mêmes pro- portions. $ 4. EXAMEN RELATIF A L'ENSEMBLE DES DICOTY- LÉDONES. Après ce résultat général , nous devons comparer cha- éune des grandes divisions du règne végétal, et rechercher si nous pouvons découvrir quelques faits particuliers de dis- tribution relatifs à la durée des plantes. Nous commencerons par les dicotylédones. Dispersion des dicotylédones dans le sens des latitudes. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Ooà 40° Nigritie.......... LRUA,5 * °» 47208700 4: : 15 10 -à 16. Abyssinie......... 108,6 4 :-687 4 MENTON NT ET 35 ‘ai 56.: Algérie..?. . 06.1. END, 412 465 AISNE AT 36 à 57. Roy.deGrenade... 1: 2,7 1 : 12 4: 2,6 1 :5,4 HO 38.6 SICR. 4h. M 4 200 AS AO" OPEN 1e 58 à 42. Midi de lItalie.... 1 : 5,8 1 : 11 VE UMS APE 16,5 31 à 42.-Portugale. "4... : 2,6 1 : 42 152244 %"0:9 4% à 47. Plateau central... 4 : 5,6 4: 9,7 4:21 1: 6,7 50 à 56. Allemagne... À : 4,8 À :, 9,7. 1 : 4,8 À : 7,9 50 à 58. Angleterre. ...... 4 : 5,6 1 : 40 1 : 19 1°:9 47 à 50. Russie méridionale. À : 5,9 1: 9,2 14:1,8 1 :9 50 à 60. Russie moyenne .. 1 : 4,9 4: Si 1:1,8 1 : 8,2 60 à 66. Russie septentrle, .. 4 : 4.6, 4 : 11 1 :14,5 1: 6,8 65 à 70. Laponie. ........ 14,9, 4:97 Lé 46 46 Ces rapports, établis entre les dicotylédones seules, nous montrent un décroissement des plantes annuelles et un accroissement proportionnel des espèces vivaces, en appro- chant du nord, ou à peu près les mêmes résultats que nous avons obtenus pour l’ensemble ; seulement le nombre des espèces annuelles devient plus grand, parce qu’en effet c'est 20 DURÉE DES VÉGÉTAUX. dans les dicotylédones que se trouvent rangées la plupart des annuelles. Les rapports des plantes ligneuses se trouvent aussi chan- gés, et leur proportion nécessairement augmentée , puisque les plantes dicotylédones renferment toutes les plantes li- gneuses de nos climats. Les flores des îles et archipels nous donnent le tableau suivant pour les rapports des dicotylédones seules : Dispersion des dicotylédones dans les îles. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 420 à 140 Iles du Cap-Vert... 4: 2,4 » Lu:16,6.:.4:: 112,5 28 à 90. Came... 4: 25 4171604227 À 3,4 57 à 58. Hébrides........ 1 :06/0 1H : 19 A: LS 10 92 59 Ondes... dir 5,9 , 1: 15 MB MAEr ES 60 à 61. Shetland. ....... 4::5,5 1: 14 ,4:%:%4,814 *: 40,4 62 Péroë.. 2. .. 2ère A 048,01 1: 21, LM ALI ELIA 64 à 66: Islande: :.. ..5:.: 1 95,9 LA : 384 FA; € T3 71 Mageroë.. . 4. A M : 14:68, À: LUE 5,9 79 à 80. Spitzherg........ 1:28 14 : SM MO ELLE Ces petites flores nous montrent clairement la diminution des espèces annuelles et bisannuelles, et l'augmentation des vivaces vers le nord, et elles nous donnent des rapports très- irréguliers pour la végétation arborescente ou ligneuse. Reprenons encore les dicotylédones isolément, pour étu- dier sur elles les effets de la longitude. Dispersion des dicotylédones dans le sens de la longitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. inde. de a 1.:53,8 14:14 À : 0 06,7 Angleterre. 2:46. .: 4h 2 "5 6er A: 10 1: A0, 47.9 Allemagne........... A SOA: 007 | AA SA" 7,0 RUSIG Moyen es... 1 004,9 ASS LT AT 1°: 852 ENSEMBLE DES DICOTYLÉDONES. 21 Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Sibérie de l'Oural..... 1: 4,6 À : 14 SAT: À 57.1 Sibérie altaïque....... FTT0,6 7 4: 44 121,6 1:74 Sibérie du Baïkal...... ‘RPC Ur LE Ge d'e A,B0°140:06,9 Dahonrie.... antoine din 84: 4,:,49 dé LB 0144 Sibérie orientale...... La vET7 07:49 A: 424: 1/:79 Kamischatka......... 4 : 50 1 : 15 1:1,4 1:5,2 Iles de l'Océan oriental. 4 : 45 4°: 49 1:1,4 1:55 Amérique du nord..... À : 14 4 : 49 dond,knpbair Il y a quelque chose de très-remarquable dans la dimi- nution rapide des plantes annuelles dans le sens de la lon- gitude, puisque sous la même latitude elles diminuent à peu près de {14 à 1116. Les dicotylédones vivaces augmen- tent un peu avec la longitude, et il en est de même des ar- bres, qui deviennent aussi plus nombreux. Il serait inutile de reproduire les mêmes tableaux uni- quement formés par des monocotylédones ; ils donneraïent seulement le complément des précédents. Les monocotylédo- nes ligneuses n’appartiennent qu'aux pays chauds ; l’Europe n’en à qu'un très-petit nombre d'espèces, et si on enlevait des monocotylédones la famille des graminées , qui contient à elle seule la presque totalité des monocarpiennes de cette grande classe de végétaux, toutes les monocotylédones rentreraient dans la série des plantes vivaces ou polycar- piennes. Si nous suivons , au delà des monocotylédones , les fa- milles des mousses , des lichens , des hépatiques et des al- gues , nous y trouverons une infinité de plantes qui vivent un grand nombre d’années, comme les phanérogames vivaces, et nous rencontrerons ce phénomène jusque dans la famille des champignons, où nous en voyons plusieurs s’accroitre , comme les arbres, par la succession de couches concen- triques. 22 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Il est vrai que, dans cette famille, de nombreuses espèces sont annuelles et même éphémères ; mais nous exagérons probablement cet état passager des champignons. Une mul- titude de ces êtres ont des mycelium souvent souterrains, difficiles à observer et vivaces ; ils produisent ordinairement chaque année des organes fructifères, qui sont les seules parties que nous connaissions , et ils peuvent ainsi rester longtemps à l'état latent ou dans un sommeil léthargique. Il paraîtrait donc que les espèces annuelles ont été en aug- mentant des acotylédones aux monocotylédones, et de celles- ci aux dicotylédones. Ce rapport , accusé par une localité circonscrite, doit être général. Les espèces monocarpiennes augmentant en nombre dans les flores , à mesure qu’elles expriment le tapis végétal de pays assez méridionaux, il serait curieux de rechercher si, dans les flores fossiles, les mêmes faits se présentent en ap- prochant de notre époque. L’analogie peut seule nous gui- der ; mais, d’après ce que nous pouvons préjuger des plantes fossiles connues , elles paraissent appartenir à des espèces vivaces plutôt qu’annuelles, à des arbres plutôt qu’à des herbes, à des endogènes plutôt qu’à des exogènes. Les îles Malouines, explorées par M. Gaudichaud et par Dumont-Durville, n’ont offert à ces botanistes que 128 espèces de plantes, en y comprenant les fougères et les lyco- podiacées. Sur ce nombre , il n’existe que 20 espèces annuelles , ce qui donne le rapport 1 : 6,4, et la majeure partie de ces espèces annuelles sont européennes. Voici la liste de ces plantes annuelles réléguées à l’ex- trémité de l'hémisphère austral. Nous ne mettons en itali- que que les espèces qui croissent aussi sur le plateau central : Poa annua, L. Festuca Bromoides, L. Rumex acelosella, THALAMIFLORES. 23 L. (Est-elle annuelle aux Malouines?) Gentiana magella- nica, Gaud. Sonchus oleraceus, L.? Gnaphalium affine , Durv. Senecio vulgaris, L. Galium trifidum, L.? Brassica malloviana, Durv. Cardamine hirsuta, L. Capsella bursa pastoris, L. Drosera uniflora, Wild. Sagina procum- bens, L.? Stellaria media, L. Cerastium vulgatum, Smith. Stellaria debilis, Durv. Montia linearifolia, Durv. Calh- triche verna, L.? (Serait-il réellement annuel?) Uruca urens, L. | Ce nombre, que nous trouvons seulement de 19, devrait être réduit à 17, attendu que le Rumex acetosella et le Callitriche verna peuvent être considérés comme vivaces, et l’on ne sait réellement si l’on doit rapporter à la flore des Malouines ces végétaux européens et cosmopolites, que l’homme y a peut-être transportés avec lui. La suppression de ces espèces réduirait presqu’à rien le nombre des plantes monocarpiennes de cette contrée australe. Une d’elles offre un phénomène très-rare dans les plantes annuelles, c’est d’être uniflore. Aucune, dans notre circons- cription ni même en France, n’est umiflore. Nous voyons, il est vrai, dans nos espèces , quelques plantes qui ne portent qu’une fleur, comme Anemone nemorosa , Paris quadri- folia, Erythronium dens canis, et plusieurs liliacées et ama- ryllidées ; mais toutes ces plantes sont vivaces : elles peu- vent se reproduire si la fleur vient à manquer. Une plante annuelle et uniflore est entièrement livrée à la maturité et à la longévité de ses graines ; la nature nous offre rarement de ces exemples d’imprudence calculée. $ 5. EXAMEN RELATIF AUX THALAMIFLORES. Déjà, en étudiant séparément les grandes divisions des 24 DURÉE DES VÉGÉTAUX. dicotylédones, nous avons pu reconnaître quelques faits cu- rieux de dispersion. Nous allons essayer encore de chercher dans les phénomènes de durée des résultats qui pourront jeter quelque jour sur les tendances de ces plantes. Dispersion des thalamiflores dans le sens des latitudes. Annuelles. Bisann, Vivaces. Ligneuses. Ooà 100 Nigritie....... ds 9 » L'ra1. yl 012 40 à 16. Abyssinie...... ds. À ‘1 DNA GS 12 33 à 36. Algérie........ 1: 0,9 L'IMRRRPS A À 70,1 36 à 37. Roy. de Grenade. 4 : :2,2 4: 44 ,1: 35 4: 6,7 ET 4683 SiCles. 51.0 4.5, 2,8, 4 SARA SR D 7. LS 57 à A2. Portugal....... dc, 2,4, À ARR AE Li: 1008 58 à 42. Midi de Fine... 4: 2,9 ‘A: 15 ACNOI 4: 91 A4 à A7. Plateau central. 4: 3 :.1 : 40 ° 4:72, 1:49 47 à 50. Russie méridie.. 4 : 3,2 41: 8,2 4: 2 4:45 50 à 56. Allemagne...... 2: 26,9 1 9,2 1 1,6 1: 23 50 à 58. Angleterre... ... 160 9,0 4": 0,8. 408 À 5-67 50 à 60. Russie moyenne. À : 3,7 1: 9,1 1 4,7 1: 22 60 à 66. Russie septentle.. 4 : 3,9 4: 7,8 1: 1,7 1 : 28 65 à 70. Laponie........ Ask Lou 5 AS EAUX » Dispersion des thalamifiores dans les îles et archipels, dans le sens des latitudes. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 490 à 140 Iles du Cap-Vert. 4 : 2,6 » 1: 9 4:92 28 à 30. Canaries........ Lisa Su 2042 5:40 dB 57 à 58. Hébrides .:...2. 1:52 ds 24 ; A: 9 » 59 Orcades. 5... AS 1: 19, 1:72 » 60 '4"617 "SHEtANd ele MONA" O2 AT » 62 Feroes.s 5. PNA Sd AS À Hs EM io 6L: à 66. Islande... ,..... 4 2104 1:82 0 Aux » 71 Magéroes.. 2, Leo 4:96 -4::44,2 » 79 à 80. Spitzberg....... 1 : 14 L': 2B7 Le 14 » Les thalamiflores annuelles suivent la loi de l’ensemble ; THALAMIFLORES. 25 elles atteignent leur maximum entre 30° et 40°. Les vivaces nous offrent aussi un accroissement régulier vers le nord. Les ligneuses ont cela de remarquable que, dans les contrées chaudes, ce sont elles qui sont prépondérantes ; tandis que l'Europe n’a presque pas de thalamiflores ligneuses , et que les régions du nord, comme la Laponie, en sont même en- tièrement dépourvues. C'est, au contraire, dans cette grande classe que vient se placer la majeure partie de la végétation arbores - cente de l'Afrique et surtout de l’Afrique tropicale , puis- que, en Nigritie, la moitié des espèces ligneuses, et, en Abyssinie, un tiers, sont des thalamiflores. On doit aussi remarquer que presque toutes ces thalamiflores ligneuses des pays chauds appartiennent à des familles extra-euro- péennes. | L'absence des thalamiflores ligneuses devient plus sen- sible encore pour les îles que pour les continents, comme l'indique le second tableau. Dispersion des thalamiflores dans le sens des longitudes. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. LE CUT CORRE ER APR Ms 2 DU As 4,59), À "AS Angleterre. = 2... AQU EE 195 AO 1-67 PIGIATUE 2 --= demaseeen À 0) À 9,2 L:v1,0. 4 ::29 Pussiemoyenné...:......c 41: 3,7 ASS ON PEERT AS 22 Sibérie de l’'Oural.......... 4: 8,40 ds Aid: AA 24d0:(25 = faliquee. 5.0 A0: "6h "£ AU 4 :, 4,4 -4:: 55 — ODA, seed 010,014, 1:1,5 1 : 48 PAROUUe 1 EN iueenn 2907 AESTAT MAS SANS E2S Sibérie orientale. . ........ A AO! 10 43 410 AA TT 5 64 Kamischatka.... 2.2... 1245 As ODA LAS 1:45 Iles de l'Océan oriental... ... 1013" 1 re PE RE » Amérique du Nord......... 12296 7 AS ADP » { 26 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Dispersion des thalamiflores dans les contrées les plus seplentrionales de l'hémisphère boréal. EN EUROPE. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. ADO... 1: 4 1 : 4814.42 » Jélande ne Re : LES TA 4: 82, ,1 : 1,4 » MABCTON HE CR... Lion rs 158070 4: 12 » Sn 5 Rte de de Et PER 1: 44 Re ue DE | » EN ASIE, Pays des Tschuktschis. . ..... » AT NE 02 » Sibérie aretique ........... À :-27 1 :49% 4: 4,1 » Ile Melville. 252.025. » » 1:1 » Amérique russe............ 4: 25 4:10 4:14 » CRUE Es eue Le GLS TA » Dans le sens des longitudes, nous voyons les thalamiflo- res annuelles et bisannuelles décroître vers lorient d’une manière très-sensible, les vivaces suivre, au contraire, un accroissement des plus réguliers, tandis que nous ne pouvons tirer aucune conséquence des proportions irréguliè- res des espèces ligneuses. Dans les contrées arctiques , les thalamiflores ligneuses disparaissent, les vivaces deviennent prépondérantes, et les annuelles sont en très-petit nombre. CALICIFLORES. 27 $ 6. EXAMEN RELATIF AUX CALICIFLORES. Dispersion des caliciflores dans le sens de la latitude. Annuelles. Ooà 100 Nigrilie,....... : RE 10 à 16. Abyssinie...... 4:53 "4,2 33 à 936. :Algérie........ L'EMROE 56 à 57. Roy. de Grenade. 1 : 2,8 2118-08. Sicilessne. 1.:: 2,5 57 à 42. Portugal........ 1:22 58 à 42. Midi de l'Italie.. 4 : 4,1 44 à 47. Plateau central.. 1 : 4,5 47 à 50. Russie méridle.. 4 : 5,9 50 à 56. Allemagne. .... 4 : 4,9 50 à 58. Angleterre . .... 1 : 4,7 50 à 60. Russie moyenne. 1 6,8 60 à 66. Russie septentrle, 1 : 7,9 65 à 70: Laponie..:....."41 : 44 Bisann. = LP Du Le Le Le nn be me be be e»-" se ae FL40 : A1 » : 40 : AG : A1 49 : 42 9,2 8,6 9,2 9,5 9,4 : 28 Vivaces. Ligneuses. n Ode pe bn er de je nn ne = Le be je . .. . .. . LE] . .. ne ON . . .. : 49 4 : 41,4 3,0,21: 2,5 DRy PR TO à 2,4 1: 6,6 29 4: 017 2,4 1 : 6 1,8 457,2 2 hu 4,6.,4 ::9,2 128 L'ENT,2 4,8: A SA Ai ol 20 1,5 497,9 1,3. 4 :.6,6 Dispersion des caliciflores dans les îles et archipels, dans le sens de la latitude. 190 à 140 Iles du Cap-Vert... 26.à:90: Canaries. : 4... 4 57 à 58. Hébrides........ D9 Orcides:s%: 60 à 61. Shetland... ...... 62 Feroë 2%. 64'à 66. Islande :. 7..:.9 71 Mageroë .:. :..... 79 à 80. Spitzberg.…...... Annuelles, A0 1: 22 A : 8,8 : er 1 : 8,6 4 :::26 4 :: A5 À : 66 » Bisann. » Vivaces Ligneuses. 20607,5 17 "2,2 1:45. L': 5,4 Le AB A3 106 DCR CORNE ER | AS ET), #.2,46 Ai: A2, Aa À: 4,5. .4 5 4 :2-4,2-4 65006 4.5 A4 rh Les caliciflores annuelles, bisannuelles et vivaces suivent à peu près le même ordre que l’ensemble des végétaux, on remarque seulement que les caliciflores ligneuses deviennent 28 DURÉE DES VÉGÉTAUX. prépondérantes relativement aux autres végétaux ligneux dans les contrées septentrionales, fait qui tient surtout à la présence des arbres rosacés qui s’avancent très-loin vers le nord. | | Les mêmes observations peuvent s'appliquer aux flores insulaires. Dispersion des caliciflores dans le sens des longitudes. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. CON RARE 1% 0 4: © 1"72 4 : 18,6 à 04 (5315 y à ER S ANMRNERS d'e AT VOIES TTl- Ml Allemagne ..... AP 4:49 "1 5 OR T T0 Russie masenne. 2... 4 : : 6,8 ‘A : ORAN HN 1 8,1 Sibérie de l’Oural..... 4 : 41 1 : 45 LEUR ro 0,9 Sibérie de l’Altaï. ..... 4 : 14 4°: 16 Ve 1.09 Sibérie du Baïkal...... 4 2:50 1 : 15 27/2071" 5 Dahourie:.527..5 2. 1 : 23 4 : A1 1AFAE CL. 52 Sibérie orientale . ..... À : 30 1 : 45 152971 5,9 Kamtschatka ......... 4 : 50 d'A 4:14 1: 42 Iles de l'Océan oriental. 1 : 28 1 : 54 Li 45 pal 4 Amérique arctique. ... À : 61 1 : 40 A2 AE OA 1,6 Dispersion des cahciflores dans les contrées les plus sep tentrionales de l'hémisphère boréal. EN EUROPE. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Laponie #23 ee. NME 41 : 28 4 :1,3 À ::. 6,6 one... BEL AE 4 : 45 4 : 40 4:15 48 17,5 Mageroës Ent ue. 4 : 66 À : 66 4:11 1:56 SDHZDETS - biere emo se à » » 4 RAA 4 : 12 EN ASIE. Pays des Tschuktschis.. » 4: 51 1": 452 1: 54 Sibérie arctique. ...... » » A :4,1 À : 40 COROLLIFLORES. EN AMÉRIQUE. Annuelles,. Bisann. Vivaces. Ile Melville.......... » » 1e | Amérique arctique. .... 4 : 61 À : 40 4 : 1,5 Groenland... ... en. 1 : 35 » 4 : 4,5 29 Ligneuses. 4 : 23 A5 6 À : 4,4 Dans le sens des longitudes , le nombre des caliciflores annuelles diminue plus rapidement vers l’orient que celui de l’ensemble de ces mêmes végétaux. Les vivaces n’offrent rien de remarquable, etlesligneuses augmentent au contraire dans une plus forte proportion dans les régions plus orientales. Dans les contrées les plus boréales il règne une très- grande irrégularité dans la distribution des caliciflores. $ 7. EXAMEN RELATIF AUX COROLLIFLORES. Dispersion des corolliflores dans le sens de la latitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ooà 100 Nigritie .. ....... 4:41 40"2"167 Abyssinie. :.:.... 4: 9,9 39 4 96. Algérie... ....... À : 5,5 : 45 : 82 : 42 56 à 57. Roy. de Grenade. . À : 5,5 : 10 HAS. Miele... 0... A :4 : 41 51 à A2. Portugal......... 1. 5,6 : 40 38 à 42. Midi de l'Italie. ... 1 : 4,5 44 à 47. Plateau central. ... À : 3,5 47 à 50.! Russie méridionale. À : 5 7,9 50 à 56. Allemagne ....... 1 741 7,8 50 à 58. Angleterre. ...... 1 : 3,5 10 50 à 60. Russie moyenne... À : 6,1 60 à 66. Russie septentle ... 4 : 5,4 65 à 70. Laponie ...,..... À : 5,6 D Ode jp de de Le de Le À de L Pr OMC OT MODS AT ON Y © SRS 1 D D De bn pan je pe næ ne be pe je be je je COMOONICOM CON CE TON OO . See Mae Ligneuses 1,8 2,4 4,6 5,8 6,4 6,8 8,4 : 45 : 20 = D bd de En de Le Le bn je be = Mn pe 30 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Dispersion des corolliflores dans les îles et archipels dans le sens de la latitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. A9%0à 440 Iles du Cap-Vert... 4 : 2,2 14:62 1:5,1 1 3 928 à 50. Canaries. .:..... VPLT LT SAS RAT Ta. 50, HÉDFOEE. PES “TOR 59 Orne are ue: 1:85 A SAT CARRE DO 60. à-61::Shellani. 2... A4 : 51: ;:14 : 44,9. 41:1470 1:45 62 250 NNPACSNERSE EN AR Ce Ar EN MX 64 à 66: Islande.......... Lr 27 MS MU T Aa 2 71 Mageroëad 2: dre 858 » 52° 25 » 79 à 80. Spitzberg A etnidio jets.» » » 4.544 » Les corolliflores annuelles sont de toutes les plantes celles qui conservent en latitude la proportion la plus réguhère , elles ne varient qu’entre 1 : 6, 1 dans la Russie moyenne, et 1 :3,3 en Algérie, en Angleterre et sur le plateau central. C’est dans ces trois contrées, certainement très-différentes sous le rapport du climat, que les corolliflores annuelles se trouvent dans la plus forte proportion ; elles se maintiennent ainsi ou à peu de chose près en Laponie, dans le royaume de Grenade, en Portugal et même en Abyssinie. Les corol- hiflores vivaces atteignent leur maximum dans les pays froids comme les autres plantes. Les ligneuses diminuent rapidement vers le nord. Les flores insulaires présentent les mêmes caractères à un degré plus marqué. Dispersion des corolliflores dans le sens des longitudes. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Irkmde + . 4.3.5... 2 OS 5t 1 : aa RON 28 Angleterre ... ........... 1: 3,3 1:10 _1:94,7 À: 58 AMémagne.f.i.:.+. .. An. OMAN A: 7,8, Lip K:1225 COROLLIFLORES. Annuelles. Bisann. Russie moyenne. .......... 4:12, 6,12,4 44 Sibérie de l’'Oural.... ... 22.047: 3,7 "475 40 Sibérie de TA use. 9,7 145" 93 Sibérie du Baïkal.......... ANA SERIES DR En e crea ds SG Sibérie orientale. . ......:.:.4 : 4,9 4: 9,9 Kamischatka:.…. .,........ 4°: 49 4 : 45 Les de l'Océan oriental... .. Jah À : 17 Amérique arctique. ........ Vo aod::1.87 31 Vivaces. Ligneuses. 4 1 4 4: A: 4 À 1 À 1 = à be pu be br : 29 Dispersion des corolliflores dans les contrées les plus septentrionales de l'hémisphère boréal. EN EUROPE. Annuelles, Bisann. LH TO OMONAUENP ER RES A Dar 24 ISIN 4 DEL Seeds ces 4 AAA À 1-22 MABERDE MS. en da one à À : 28 » SANDER 0 pe san secs da e » » EN ASIE. Pays des Tschuktschis. . .... 14 : 41 17:92 Sibérie aretiques. . 12... di 244, ia EN AMÉRIQUE. HemMelville.s es .: 4... 22%. Amérique aretique ......... érenlande. se... Vivaces. Ligneuses. 1,941, -30 122 1 1 1 1 a D} : 14,5 : À : 1,4 :.4,9 » ) ) » An: 10 Dans le sens de la longitude , les corolliflores annuelles , bisannuelles et vivaces , suivent à peu près le même ordre que l’ensemble des végétaux ; les ligneuses diminuent vers lorient en proportion plus rapide que l’ensemble. Les co- rolliflores ligneuses, sont à peine représentées dans les con- trées boréo-orientales, et l’on peut s’en convaincre mieux en- 32 DURÉÉ DES VÉGÉTAUX. core en jetant les yeux sur le dernier tableau qui donne les proportions pour les régions arctiques. $ 8. EXAMEN RELATIF AUX MONOCHLAMYDÉES. Dispersion des monochlamydées dans le sens des latitudes. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Ooà 400 Nigrilie. 2... À : 28 » 18 1:49 10 à 16, Abyssinie......... LD » À : 3,6, 1: 2 38 à196.1 Algérie... 4% À: V6,2 ANG ML SUB SE,2 36 à 37. Roy. de Grenade... 1 : 3,1 14.: 68 1: 5,7 1:92 ATARI. doc re 1: 33 1:98 1:45 1:94 37 à A2. Portugal.......... 1: SRE l.: 6,8 MIS) 58 à 42. Midi de l'Italie... 17, 95 M0: 9,5. 4% 2,5 44 à A7. "Plateau central... .. 4 : 5, ‘15 460 1% 5,4 4:27 47 à 50. Russie méridionale. 1 : 2,2 1 : 55 1:4,4 1 : 5,92 50 à 56. Allemagne ........ 1,1 5,8 ‘1 769741 55,4 1 :25 50 à 58. Angleterre. ....... 1529 1:00 34 1:20 50 à 60. Russie moyenne... 4 : 2,8 1: 91 1:41 1: 2,4 60 à 66. Russie septentrle.. .. À : 3,4 » Li 12 Mir 65 à 70. Laponie.......... Lions » 15:09 À : 1,4 Dispersion des monochlamydées dans les îles et les archi- pels, dans le sens de la latitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. A20à 140 Iles du Cap-Vert. À : 2,4 » 1:58. 4: 2% 28 à 50. Canaries....... 152,07 12 TS NAS 57 à 58. Hébrides. ..... 4 : 3,3 » ENS: 2: Dune LE 59 Orcades....... 12267 17: 198 "18 1:29 60 à 61. Shetland....... 10085 - À : 26 1.445 1: 032 62 Féroës. 20. Arte, 1879 » AMEN, 0) CARS 64 à 66. Islande........ 1: 24 » 4:4,4. 1:09 71 Mageroë....... À : 20 » 415:92,9 Li: 4,6 79 à 80. Spitzberg. .. » » d'à A :2 Les monochlamydées ne peuvent suivre la même marche que celle des classes précédentes ; la présence des chénopo- MONOCHLAMYDÉES. 33 dées et des amentacées dans cette division doit nécessaire- ment y produire des anomalies de dispersion. Les annuelles obtiennent leur maximum dans la Russie méridionale , leur minimum en Nigritie, en Abyssinie et en Laponie. La pré- sence de plantes maritimes dans ce groupe , a certainement une influence sur le nombre des plantes annuelles de l’An- gleterre et de la Russie. Les vivaces ont leur maximum sur le plateau central, en Allemagne, en Angleterre ; leur minimum en Nigritie et en Laponie, analogie assez remarquable pour une distance pres- que équivalente au quart de la circonférence terrestre. Les ligneuses atteignent leur prépondérance numérique en Laponie à cause du genre Salix, et la présence des amentacées fait aussi que l’Angleterre et le plateau central sont richement pourvus de monochlamydées ligneuses. La proportion assez forte de ces plantes en Sicile, en Por- tugal et dans le royaume de Grenade, est principalement due aux chénopodées frutescentes, tandis qu’en Nigritie et en Abyssinie, ce sont surtout les euphorbiacées qui ont de l'influence. Il n’y a rien de régulier pour leur dispersion dans les iles ; Les lois générales de distribution y sont souvent mas- quées par les colonisations accidentelles. Dispersion des monochlamydées dans le sens des longitudes. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. ATANTE se store 15: 09,D T1; MEN AISNE AE 9 a Aneléterre.…........... 105 02,9 T0 'ORNRS DA T 20 AMeniagne. ....:.. .,.. V:03,8%, 223068: 4231: 23 Russie moyenne ........ 1: 28ohban 9 5h44: 5;4 Sibérie de l’Oural....... À 5: À 1. 54100, ,47:6,35 41: 3 Sibérie de PAltaï........ ASC 1:02 RER À 52,5 Sibérie du Baïkal ....... 4: 3 Mon, à 7 UE DU QU SPRL IT 3 34 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Dahonnits. 4: déteet AN rh) 4 4,::402 A » 4 1e Sibérie orientale. . ...... 4:27 » 1 : 4 1:27 Kamtschatka .......... 1 : 52 » 1:25. 11:41 Iles de l'Océan oriental... 4 : 11 » 1% 9,8" TEL Amérique aretique...... 4: 5 » A'EMAUME Ac AS Dispersion des monochlamydées dans les contrées les plus seplentrionales de l'hémisphère boréal. EN EUROPE. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Lapohièésas ecole 5,5: 15 4:09 4 : 1,4 Islande... 20.207. El) À LE A: 44, 4, 2 Mageroë................ 1: 20 » 120 LA: 1,6 SPORE Mere ns de ne ce RD » 1,522 41% 2 EN ASIE. Pays des Tseluktshis. . . ... » » 1:97, 4:16 SIDÉTIC ARCUQUE ee... | 09 À : 32 1 4,2m L1< Eh Ile Melleville. . .- ......... » » LED le Amérique arctique... ..... 170 » A: 4 1: #,8 Groenland": 25... 00 » ADS RASE VAT ETS La dispersion des monochlamydées en longitude, montre beaucoup de variations. Elle a cependant un maximum nu- mérique qui appartient à la Sibérie de l’Oural, et qui s’ex- plique très-bien par la présence dans cette contrée de step- pes étendues, dont le sol est salé et occupé en grande partie par des chénopodées annuelles. Les vivaces n’offrent rien de particulier, elles ont au con- traire leur minunum dans cette même Sibérie de l'Oural. MONOCHLAMYDÉES. 35 Enfin, les higneuses semblent diminuer quoiqu’assez irrégu- lièrement en allant de l’ouest à l’est. Dans les régions les plus boréales de la terre, les plantes de cette classe ne présentent rien de particulier ni de régu- her dans leurs rapports relativement à la durée. 36 DURÉE DES VÉGÉTAUX. CHAPITRE XX VIII. DE LA DURÉE DES VÉGÉTAUX RELATIVEMENT À LEUR TEN- DANCE A LA DISPERSION. Nous abordons maintenant une question très-intéres- sante en ce qui touche la facilité plus ou moins grande avec laquelle les plantes se dispersent sur la terre, selon la durée de leur vie. Il nous suffira , pour la résoudre , de partir d'une contrée dont nous prendrons le recensement numérique pour point de départ, et de rechercher dans quelle proportion les es- pèces annuelles, bisannuelles, vivaces ou ligneuses , s’éten- dent autour de ce centre. Dans le chapitre précédent, nous avons résolu ou du moins tâché de résoudre l'influence de la latitude et de la longitude sur la dispersion des différentes classes de végétaux, en con- . sidérant en même temps ces plantes sous le rapport de la du- rée ou de l’aggrégation; dans celui-ci, nous allons voir si la durée de la vie des espèces a une part quelconque dans l'ex- tension de leur aire géographique. Pour parvenir à ce résultat, nous supposerons qu'il n'existe en Europe que des piantes dont la durée est la même, c’est- à-dire que nous allons comparer successivement des flores composées absolument de plantes annuelles, bisannuelles , vivaces et ligneuses, et voir quels sont parmi ces végétaux ceux qui ont le plus de tendance à la dispersion. FLORES DES PLANTES ANNUELLES. 37 L] $ 1. FLORES DES PLANTES ANNUELLES. Le nombre des plantes annuelles du plateau central de la France que nous considérons comme centre de l'Europe et comme point de repère, est de #79. Parmi les espèces annuelles, nous trouvons les nombres suivants qui représentent les identiques annuelles dans di- verses contrées. | Tableau de la dispersion des espèces identiques annuelles, comparées à la population végétale du plateau central de la France. Identiques. Total. Rapports. Oo 100 Nigritie. .. . se 6 216 À : 36 12 à 14. Iles du Cap-Vert. .... 23 102 A: 4,4 40 à 16. Abyssinie........... 59 459 A 28 à 50. Iles Canaries... ..... 159 567 1:95 Ada ah: Alrérie. 211 578 L 27 36 à 57. Royaume de Grenade.. 245 644 À : 2,6 De D AU OPEL: see yes 281 884 A: 5,1 58 à 42. Midi de l'Italie... ... 562 765 A: 2,1 37 à A2, Portugal............ 268 516: L:5 4,9 44 à 47. Plateau central. ..... » 479 » 50 à 56. Allemagne. ......... 458 692 1:45 DL A ER ITMNde. er sde 178 217 1: 4,2 50 à 58. Angleterre.......... 254 306 1: 1,2 57 4-58. Hébrides. hide 54 65 4: A4 59 Orcades 22. SU LLS 58 66 4541 O0 4 CIS ec. A6 62 A7 45 62 MÉnOe. PAUEasue 55 39 105 64 à 66. Islande... 37 54 1 : 1,4 69470. Laponie: 2-0... 77 88 . RE 7 | 11 FES CS RE 7 12 11-L4 19:à 80. Spizhete nes ne. 1 2 1: La première colonne des chiffres du tableau indique le 38 DURÉE DES VÉGÉTAUX. nombre desidentiquês annuelles dans chaque localité , c’est- à-dire le nombre d’espèces annuelles communes à la fois à cette localité et au plateau central de la France ; la seconde le nombre total des plantes annuelles de chaque flore, et enfin la troisième exprime le rapport qui existe entre ce nom- bre total et celui des identiques. Par ce moyen nous arrivons à connaître les faits de dis- persion relatifs aux plantes annuelles. Il y a toutefois encore une cause d'erreur à laquelle 1l est difficile de se soustraire, c’est l’étendue géographique de la contrée que l’on compare, dont l’extension favorise beaucoup le nombre des identi- ques ; mais, par une espèce de compensation , une contrée étendue admet des espèces qui lui sont propres, et les pro- portions se trouvent changées en sens inverse; c’est ce qui arrive par exemple pour l'Allemagne. Malgré cela nous reconnaissons dans les plantes annuelles une grande tendance à la diffusion, plus grande cependant vers le nord que vers le sud, et certainement plus grande dans les îles que dans les continents. Nous voyons en effet à peu près {14 de la population des îles du cap Vert, et près de la moitié de celle des Canaries, identiques à nos espèces , maloré les différences considérables de latitude, et nous voyons la presque totalité des espèces des petites îles du nord semblables aux nôtres, malgré le peu d’étendue et l’é- loignement des terres qu’elles constituent. Quant aux contrées rapprochées et suffisamment étendues comme l'Allemagne, l’Angleterre, ce sont les mêmes plan- tes qui sont répandues sur toute leur surface. La Sicile se présente ici comme une exception que nous ne pouvons ex- pliquer que par son climat sec et méridional. Nous avons voulu pousser jusque dans leurs détails les faits de dispersion comparés à la durée ; nous avons essayé de FLORES DES PLANTES ANNUELLES. 39 constater si l’organisation des plantes y entre pour quel- que chose et nous avons subdivisé nos plantes annuelles en séries correspondantes aux grandes divisions du règne vé- gétal. Tableau de la dispersion des espèces annuelles identiques , d'après les grandes divisions du règne végétal. Thalamifl. Caliciflor. Corolliflor. Monochlam. Oà 100 Nigritie........ l:347 À : 45 » 1 : 30 42: à 44, Tes du.Cap-Vert. 4 :..8 ,,4 : -6,:, 1:51 ;: 4: 6 10 à 16. Abyssinie ...... PP D AL 556.87 A TR 7,6 28 à 30. [les Canaries : .… 4 : 2 * 4: 2,6: 1:72 1: 2,4 35 à 56. Algérie........ A ln Re PRE 0 RO EE: BIS CP 1 36 à 37. Roy. de Grenade. À : 2,5 1:28 1:53 Ass à O1 d'Ee SIGIO ns 0e PAU CAN CAE TT: ‘0.5 38" à 42 Midi de Fltalié.. 4 279% 45-24 °141:9 V2 97 ‘4 42; Portugal... 1: AN 2 ENTRER 4 54,7 44% à 47. Plateau central... » » » » 50, à 56. Allemagne or. .04 s'°44 1: 1,8, 4:24,2 1 1,5 DAC DO Man E EMA E APPAPAREMAOA 1,4 50 à 58. Angleterre . : .….. LR AU ONE CE ONCE OPSE Ve ARR | 41,4 57 à 58. Hébrides....... | AOL. CE RUE CPE RE OR RER PC RE 1,5 59, , Orcades: Rs MAO AE A: 1 1,5 60 à 61. Shetland....... À DÉMRE 7 ARE (8-26 0 RE MERE (CRE 1,4 62 ÉÉDE NL ee + DURS Pda ind ES 4 Re À 1,6 64 à 66. Islande........ 15 COOL E DAMES LG": A 1,5 65 à 70. Laponie........ LE DAME RARE AT: 4,5 71 Mageroe #28. 17, 42,5 00e UE » 79 à 80. Spitzberg... ….. 4:02 » » » Les thalamiflores annuelles identiques n’offrent, comme on le voit, rien de particulier dans leur dispersion; leur pro- portion dansles pays tropicaux est généralement plus grande que celles des annuelles considérées d’une manière générale ; partout ailleurs elles conservent cette uniformité que nous avons déjà fait remarquer quand nous avons comparé trois points éloignés de l'Europe. 40 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Les caliciflores sont évidemment moins nombreuses que les thalamiflores annuelles dans les pays chauds, en sorte que si ces dernières cherchent à étendre leur aire dans les contrées où la température est élevée , les caliciflores annuel- les tendent au contraire à y rétrécir la leur, tandis que dans les régions froides , leur pouvoir expansif est à peu près le même que celui des thalamillores. Les corolliflores n’offrent ici rien de particulier dans leur expansion, et les monochlamydées annuelles , disséminées un peu partout, s’éloignent comme les caliciflores des pays tropicaux, et paraissent aussi avoir peu de tendance vers les îles. Nous terminons ces considérations sur les plantes annuel- les en donnant un dernier tableau comparatif des dicotylé- dones et des monocotylédones. Tableau de la dispersion des dicotylédones et monocoty- dones annuelles identiques. Dicotyléd. Monocotyléd. Ooà 100 Nigritie......... À : 44 1:92 42 à 14. Iles du Cap-Vert. 1 : 4 4 : 4 10 à 16. Abyssinie....... 1: 7,6 41:9 28 à 50. Iles Canariés.... À : 2,5 1: 2,5 53 4:96: Algérie. : ...1#"#4 5 125 4 : 2,4 36 à 37. Roy. de Grenade. À : 2,7 4 : 2,4 4:à 88 Siret 159 414.8 1: 3,2 1 : 2,8 58 à 42. Midi de l'Italie. . À : 2 1 : 2,1 57 à 42. Portugal. ....... 1: 2 À : 1,5 44 à 47. Plateau central... » » 50 à 56. Allemagne ...... e MAS Lt 15 24 51 à 55. Irlande. .., ..... A5 4,4 4 : 1,4 50 à 58. Angleterre...... Le uAs A : 1,2 57 à 58. Hébrides ....... AL LA 59 Orcades..…. -..... : HAE Le | 1°: 4,1 FLORES DES PLANTES ANNUELLES. A1 Dicotyléd. Monocotyléd. 60où 6lo Shetland......... EEE PA | À : 1,4 62 FSC, CRE À : 1,2 1:1 64 à 66. Islande. ......... 4 : 4,5 A:1 65 à. 70.:Laponie: «=... .... Es OA: AA 71 Mageroë......... 4 : 4,7 » 79 à 80. Spitzherg........ 4 : 1,2 » Ce qui frappe immédiatement dans les résultats de ce ta- bleau, c’est la presque égalité de distribution entre les dico- tylédones et les monocotylédones; les rapports n’en diffèrent en général que par de petites fractions ; mais il n’en résulte pas moins la preuve d’une tendance bien plus grande à l’expan- sion dans les monocotylédones, car si nous comparons non les rapports, mais les chiffres exprimant la totalité numéri- que des espèces, nous voyons immédiatement que le nombre des monocotylédones annuelles est très-petit, tandis que celui des dicotylédones est très-grand , et les comparaisons d'identité et de dispersion , faites sur une série limitée, ne peuvent offrir la même similitude ni des rapports aussi mul- tipliés qu'entre des listes plus nombreuses. Les plantes annuelles ont donc une aire d’extension plus étendue que les autres. Cela tient en partie à leur végétation rapide qui leur permet de parcourir en peu de temps toutes les phases de leur végétation. Or, comme dans tous les pays, les étés se ressemblent et que les hivers seuls font éprouver de très-grandes variations de température, les plantes annuelles passent la mauvaise saison à l’état de germes engourdis. Les premières pluies du printemps ou de l’été les font germer et bientôt après elles fleurissent et fructifient ; leurs graines traversent intactes les périodes de sécheresses qui s'opposent à leur développement, comme elles passent l'hiver dans les contrées froides du globe. Enfin, pouvant attendre dans chaque pays un instant favorable, il en résulte qu’elles peu- 42 DURÉE DES VÉGETAUX. vent habiter des régions plus étendues que les plantes viva- ces et arborescentes, et leur aire d'expansion est en effet plus large. $ 2. FLORES DES PLANTES BISANNUELLES. Les plantes bisannuelles ont été si peu étudiées relati- vement à leur durée , et si différemment appréciées par les divers floristes, que nous avons hésité un instant à présenter ces considérations sur les flores bisannuelles de l’Europe. Chacun apprécie un peu à sa manière la durée d’une es- pèce et l'équation personnelle qui, dans les observations astronomiques , peut laisser de petites chances à l'erreur, en accumule ici de plus considérables. Nous avons tàché de compenser ces divergences d’appré- cation , en considérant toujours chaque espèce de la même manière , et, pour compléter cette sorte de statistique pro- portionnelle entre les plantes de durée différente , nous al- lons donner aussi les rapports d'expansion des espèces bis- annuelles. Tableau de la dispersion des espèces bisannuelles identiques, comparées à la population végétale du plateau central de la France. Identiques. Total. Rapports. Co ADNbrileses SEL ERRE » 1 » 12 à 14. Iles du Cap-Vert. . .... » 1 » 10"à 16 7ABYSSIDIE- ce ee b] 24 A 725 28 à 30. Les Canaries..." 1029 50 : hé Drau96, Ales ER EE 45 415 1: 2,6 36 à 57. Royaume de Grenade... 64 129 L': 2 ANR ASD ICIIe..- 2e «ue -e-e 65 154 À : 2,4 58 à A2. Midi de lIlalie........ 102 218 1: 2,1 D a 42: Porttealhre ns ARR 67 102 À : 4,5 FLORES DES PLANTES BISANNUELLES. 43 Identiques. Total. Rapports. 44oà 470 Plateau central. ....... » 159 » 50 à 56. Allemagne... ........ 146 275 1 : 1,8 DA: à 59. JDE re. ON 50 A : 1,5 50 à 58. Angleterre. ......... . 86 96 4 : 1,01 DT ‘4245. HÉDNUES: :. 2 hs 17 18 #:S À 39 OTCATESS". men se EE 47 4 : 1,1 60 à'61. Shetland... . . . 2..." 11 15 4: 12 62 bre... 2. RUE rl 40 4 : 1,4 64 à 66. Islande... ....... See 6 7 1: 41 OA T0 FApOnIÉ... . 2. eee A 18 UE le | 71 MANUEL eelasete » 4 » 14 SU SpHzhére. 7 » I » Ces plantes suivent, comme on le voit, à peu près le même ordre de dispersion que les espèces annuelles, et presque toutes les contrées possèdent la moitié ou au moins un tiers de nos espèces bisannuelles , ce qui s'explique très- bien par la possibilité , pour les bisannuelles sous notre cli- mat , de devenir annuelles dans les pays chauds , et vivaces dans les régions froides. Nous ne poursuivrons pas l’examen de ces plantes en les disposant d’après les grandes classes ; il ne nous offrirait aucun résultat. Le tableau comparatif de la dispersion des bisannuelles dicotylédones et monocotylédones serait aussi sans intérêt, car c'est à peine s’il existe quelques bisan- nuelles monocotylédones. $ 3. FLOMES DES PLANTES VIVACES. Tableau de la dispersion des espèces identiques , vivaces, comparées à la population végétale du plateau central de la France. Identiques. Total. Rapports. Ooà 40e Nigrilié............…. ‘ 3 214 1:71 12 à 14. [les du Cap-Vert . ...… 9 70 Es rre 44 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Identiques. Total. Vivaces. 100 à 160 Abyssinie. .......... 51 625 4.: 20 28 à 50. Iles Canaries......... 85 342 A:: 4 53 à 50. Algérie. . ie es » 0 200 705 4,4. 2 56 à 57. Royaume dé RER 326 825 1: 2,5 ot: L'o8. SION an... 589 1189 | d= 6 58 à 42. Midi de lItalie....... 696 1718 A: 92 #1 0 22. Porinenl us... 866 661 41,2. 4,6 44 à 47. Plateau central... .... » 998 » 50 à 56. Allemagne. ......... 891 2029 ds. 22 LE EH AE ET": OOENANNRAERREER 470 599 OR 7 50 à 58. Angleterre. ......... 612 848 Las 145 57°à/58. Hébrides . . ...,...:. 190 297 don ac 59 DAMES cnrs 217 254 d'à 4,1 60 64-/Shetland., 1 ...,.. 185 213 1 524,1 62 VOS 170 254 1:45 GA ANG D MIS ANA. Re À ee 506 316 1: À 65 à 702 aponlett. 7.1... .. 274 544 A:42 71 Marennes. its: 87 155 Leu 19: à 80. Spitzherg.2..1.3,.. 13 70 4: 5 La dispersion générale des plantes vivaces identiques nous montre une prédominance marquée pour les îles, et ce fait tient à ce qu’un certain nombre de ces plantes ont une grande tendance à l'expansion, et en même temps à ce que les îles, n’ayant, pour ainsi dire, que des végétaux colonisés et pas d’espèces particulières , le nombre des identiques se trouve proportionnellement plus grand que sur les conti- nents. Ce nombre augmente aussi vers le nord , par la seule raison que les plantes vivaces peuvent y vivre, tandis que les plantes annuelles sont forcées de s’en éloigner à cause du climat. Cette augmentation de proportion dans les identiques est remarquable quand on compare les îles du Cap-Vert à la Nigritie , les îles Canaries à l’Abyssinie , les Orcades , les Hébrides et les archipels anglais à l'Allemagne. FLORES DES PLANTES VIVACES. 45 Tout à fait au nord , la proportion diminue , mais il faut bien admettre aussi que les distances sont pour quelque chose dans l'expansion des espèces. Tableau de la dispersion des espèces vivaces identiques , d'après les grandes divisions du règne végétal. Ooà 100 Nigritie .…....... Thalamifl. Caliciflor. » 42 à 14. Iles du Cap-Vert. 1 : 10 à 16. Abyssinie...... 1 28 à 50. Iles Canaries ... 1 : 35 à 96. Algérie......... A"; 36 à 57. Roy. de Grenade. 1 : 37 à 38. Sicile ......... Le 38 à 42. Midi de l'Italie... 1 : 57 à 42. Portugal....... 44 à 47. Plateau central.. » 50 à 56. Allemagne...... de: 51 à 85; Irlande... À : 50 à 58. Angleterre...... E 57 à 58. Hébrides....... À : 59 Ortades. .:.:.,. À: 60.à:61. Shetland... 4 : 62 HÉTRES Lt de 64 à 66. Islande. . ..…. ... À : 65 à 70. Laponie ....... 1 71 Mageroë....... 5 18e 79 à 80. Spitzherg.. ..... 4: 5 Op 2,1 2,8 9,5 5 2,5 1,7 2,5 1,3 1,4 4,4 1,2 1,5 1,7 9,1 1,9 1,7 8 meer À À 2e se je ne ce 0e en à bn Er de Là bd Le Le Pr 0 + + + … ejeise, ve 9,5 6 18 7: 5,4 2,9 5,2 9,6 1,8 ER Re à an .. .. DE .. .. .. = D À dd À D er de de en ‘en ee “de es où ++ + » » æ N 9 NO OX OI D Corolliflor. TS ex © et @ > Pr D je Là = Là s (auline nas 06 er > je jp de be be be jen le jm ve: medbeni és Gas. Te an des Dep ser e Monochlam. JR » = SI Q1 9 w = s 19 = © À de æ 19 > ES On reconnaît dans ce tableau la tendance des caliciflores vers le sud et celle des monochlamydées vers le nord. Tableau de la dispersion des dicotylédones et monocoty- lédones vivaces identiques. ooà 106 Nigritie........ 42 à 14. [les du Cap-Vert. 1 : Dicotyléd. : 44 9,9 Monocotyléd. 1: 22,6 4 56 46 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Dicotyléd. Monocotyléd. 100 à 160 Abyssinie. . .... 1 : 46 1 : 27 28 à 50. Canaries.....,. 1 : 4,6 5 95 à 56. Algérie. ....... A: 5,1 1: 2,3 96 à 57. Roy.deGrenade. 4 : 2,7 : DIRE - 4.0 08: Bite... ":..... 1 : 3,1 4 : 12,9 58 à 44. Midi de lfalie... 4 : 2,5 1 : 2,5 57 à 42. Portugal. ...... de des d': 4,8 44 à 47. Plateau central.. » » ü0 à 56. Allemagne. .... 122 A: 2,2 51 à 55. Irlande. ...... 1 : 1,2 1:15 50 à 58. Angleterre. .... 4 : ‘1,5 4: 1,9 57 à 58. Hébrides....... Me À: | 15 4,2 59 Dreades... ”.,. LE 1: 1,2 60 à 61. Shetland... ..... 1 7 A7 17722 62 HE... 4: 145 4: 1,1 64 à 66. Islande........ 1: 152 ULE 65 à 70. Laponié. ...... À : : 1,8 1 27 71 Mageroë. ...... A: 1,8 4:25 79 à 80. Spiÿsherg...... 4 : 6,2 1: 2% Les rapports de dispersion des monocotylédones sont presque partout plus grands que ceux des dicotylédones. Ce résultat est surtout sensible pour les contrées qui sont au sud du plateau central, La Laponie et l’île Mageroë of- frent une exception , due à la grande quantité de carex que nourrissent ces régions, et dont un petit nombre seulement sont identiques aux nôtres. $ 4. FLORES DES PLANTES LIGNEUSES. Tableau de la dispersion des espèces identiques ligneuses, comparées à la population végétale du plateau central de la France. Identiques. Total. Rapports. Oo à 1070. 6 Ne. » 506 » 42 à 44. Iles du Cap-Vert... » 98 » 10 à 16. Abyssinie ......#.... 2 559 A : 279 FLORES DES PLANTES LIGNEUSES. 47 Identiques. Total. Rapports, 280 à 500 Iles Canaries .. ...... 14 247 4 "A7 39 à 30: AÏSFIE... 2220... 65 286 À : 4,4 56 à 57. Royaume de Grenade... 75 294 4": 93,9 D 1-4 882 Sicile EL ET RS, 95 546 dis 58 à 42. Midi de l’Italie....... 154 581 Il 2,4 31 à 42. Portugal. .......... 96 255 A: 4 4% à 47. Plateau central. ...... » 291 » 80 à 56. Allemagne. ......... 185 325 1: 1,7 ta 55. dIriandes i 4 sat 80 405 d5:64,5 50 à 58. Angleterre. ......... 89 106 4::/,4,X HAN De MHODTIUES. … s « don ee RU 25 à RELE à 59 OFCAMESS NE 21 28 dr ASE 60 à 61. Shetland... 2. 16 19 , DEEE A | 62 LT ERNST: |: 10 14 A : 1,4 6H 4166.1Islande ss. 2. .: Ce 18 56 09" 70--Eanoiie :.". 2 ....: 10-402 77 1 RUE 71 MASeTOBS es ces en cee D 23 » 14,4:80Spitibers.. "12. 1 4 AFS Ce tableau démontre clairement que les plantes ligneuses ont moins de tendance à la dispersion vers le sud que vers le nord, et on voit, du reste, les rapports s’affaiblir à mesure que l’on s'éloigne du plateau central. Ainsi, pour la flore de Nigritie, où le nombre des plantes ligneuses est de 506, [n'y en a pas une seule qui habite le plateau central ; tan- dis que , sur 216 plantes annuelles appartenant à la même flore, il y en a 6 d’identiques. Les ligneuses identiques de l’Abyssinie sont dans le rap- port de 1 : 17; les annuelles de la même contrée dans celui del 1,1. Ces différences deviennent bien plus frappantes encore dans les îles. C’est ainsi que dans celles du Cap-Vert il n'existe aucune higneuse identique , tandis que 115 des an- nuelles sont les mêmes que celles du plateau central. Les 48 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Canaries offrent, pour les ligneuses , le rapport d'identité 1 : 17, et, pour les annuelles, celui de 1 : 2,3. Les plantes ligneuses de nos contrées ont donc fort peu de tendance à s'étendre vers le sud , et surtout vers la zone torride. Cela tient à ce que nos espèces ligneuses appartien- nent principalement aux amentacées et aux rosacées, grou- pes qui sont peu répandus dans les régions méridionales , mais qui s’avancent plus facilement vers les régions polai- res. Aussi, nous voyons les rapports d'identité augmenter vers le nord , et se tenir à peu près dans les mêmes propor- tions que les plantes d’un autre signe de durée. Tableau de la dispersion des espèces ligneuses identiques , d'après les grandes divisions du règne végétal. Thalamifl. €Caliciflor. Corolliflor. Monochlam. Ovà AO" Nigritie 7.0 [A » » » 42 à 14. Iles du Cap-Vert. » » » » 10-à,16. Abyssinie....... » 4 : 245 1 : 135 » 28 à 50. Iles Canaries .... » DUR à Hi à M D n 38 à 96! Alsénies 0 cute 76 91.36 Dr 17783015 36 à 37. Roy. de Grenade.. 41 : 4,3 1: 5,3 1:. 45 1: 47 D'1t à: 98. (SICILE: - 2-1: se 20 AS AS 1: US CÉPPAAIA SU. 56 4 42 Mio de l'itane..: 4 560 710" DL i082 2% 25 9114 AD. Portugah... 2 4.2 LS ALORS NS CI F7 5 44 à 47. Plateau central... » » » » 50 à 56. Allemagne... .... 4: 1,6 41c,4,5 dx 46 4.:.29 51 à 55. Irlande... ...... LENS A NAT 1: À 4: 42 50 à 58. Angleterre ...... NB Fe 45 Di © de ARE à EDS 57 à 58. Hébrides........ » DOME NA : 1 45 (4 59 Orcades 5... » eos 1: OMS, 60 à 61. Shetland... ..... » A2 4: 1 L:.,4,2 62 FÉTOBRA see set D DT LT: ? 12 64 à 66. Islande ......... » LEUR A: AN due 046 65 à 70. Laponie....,.... » L'une À 5: 0 2:38 71 Mageroë.:...1.. » 1: 15 » TRS 79 à 80. Spitzherg........ » AN 2 » » VÉGÉTATION ARBORESCENTE. 49 On voit que les thalamiflores ligneuses s'étendent peu, et qu’il n’en existe aucune espèce identique dès qu’on s’éloigne du plateau central, soit au sud, soit au nord. On remarque aussi que ces plantes n’ahordent pas dans les petites îles. Les caliciflores ont une aire d'extension bien plus grande que celle des autres classes ; elles suivent un ordre d’exten- sion régulier ; à mesure qu’elles s’éloignent du plateau cen- tral , le nombre des identiques diminue. Les corolliflores ligneuses se comportent comme les cali- ciflores. Les monochlamydées sont les arbres dont la distribution nous offre le plus d'intérêt. Leur proportion d'identité di- minue aussi par l’éloignement , soit au sud , soit au nord ; mais l’abaissement des rapports au sud est dù véritablement à leur absence de ces contrées, tandis que, vers le nord, cet affaiblissement a pour cause leur remplacement par des es- pèces parallèles, surtout dans la famille des salicinées. Nous ne donnerons pas, comme pour les flores précédentes, le tableau comparatif de la dispersion des dicotylédones et des monocotylédones, car c’est à peine s’il existe quelques- unes de ces dernières qui soient ligneuses, et cet examen ne nous conduirait à aucun résultat. $ 5. VÉGÉTATION ARBORESCENTE DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. Nous avons cru devoir partager en quatre séries et même en cinq le tableau de notre végétation arborescente. Dans la première, nous avons placé les grands arbres, ceux qui, sur le plateau central, peuvent attendre de gran- des dimensions, et qui, seuls ou mélangés, composent es- sentiellement les forêts. Le chiffre en est restreint. HI 4 20 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Dans la seconde, nous avons mis les arbres moins élevés et les grands arbrisseaux. Plusieurs d’entre eux pourraient, à la rigueur, entrer dans la section précédente , car ils peu- vent atteindre aussi de grandes dimensions; mais, s’ils les acquièrent en d’autres contrées, ils n’y arrivent pas dans la nôtre, et doivent rester au second rang. Ces deux premières sections réunies constituent la végétation forestière de notre circonscription. Elles sont composées ensemble de 75 espè- ces seulement. La troisième section est la plus nombreuse; elle ren- ferme, en grande partie, la végétation des haies et des brous- sailles, les genêts, les ronces, les rosiers. Aucune de ces plantes n’atteint la hauteur des arbres. La quatrième section est composée des sous-arbrisseaux, qui se rapprochent beaucoup des plantes vivaces ordinaires. A l'exception de l’Erica arborea , que nous avons laissée avec ses congénères , aucune espèce de cette section ne res- semble à un arbrisseau , et l’on devrait même les séparer des plantes véritablement ligneuses. Cependant leurs tiges persistent hors de terre, et elles font le passage des plantes vivaces aux végétaux arborescents. La cinquième section est formée de plantes débiles ou sarmenteuses , dont les tiges sont persistantes, mais dont quelques-unes se rapprochent aussi des plantes herbacées. Liste des végétaux ligneux du plateau central de la France. re section. — Arbres. Tilia grandifolia , T. parvifolia. Acer pseudo-Platanus , A. opulifolium , A. platanoides , A. campestre, A. mons- , VÉGÉTATION ARBORESCENTE. 51 pessulanum. Cerasus avium. Pyrus communis. P. salvifolia, P. Malus. Sorbus Aucuparia, S. Aria. Ilex aquifolium. Fraxi- ous excelsior. Celtis australis. Ulmus campestris, U. mon- tana, U. effusa. Fagus sylvatica. Castanea vulgaris. Quercus sessiliflora, Q. pedunculata, Q. pubescens, Q. Ilex. Carpinus Betulus. Salix pentendra, S. capræa. Populus alba, P. tre- mula, P. nigra. Betula alba. Alnus glutinosa. Pinus sylves- tris, P. pyrenaica. Abies pectinata. 2e section. — Arbres moyens. Evonymus europæus. Rhamnus catharticus, R. frangula. Pistacia Terebinthus. Rhus Cotinus. Prunus fruticans , P. cerasifera, P. insititia. Cerasus vulgaris, C. Mahaleb , C. Padus. Cratægus pyracantha, C. oxyacantha, C. monogyna. Mespilus germanica. Sorbus hybrida, S. torminalis. Punica Granatum. Cornus sanguinea, C. mas. Sambucus nigra, S. racemosa. Viburnum Opulus. Arbutus Unedo. Buxus sem- pervirens. Corylus avellana. Salix fragilis, S. amygdalina, S. purpurea, S. rubra , S. viminalis, S. Seringeana, S. in- cana, S. cinerea , S. aurita. Betula pubescens. Juniperus communis, J. Oxycedrus, J. sabina. 3e section. — Arbustes et arbrisseaux. Berberis vulgaris. Cistus Pouzolzn , C. albidus, C. salvi- folius, C. laurifolius. Coriaria myrtifolia. Paliurus aculeatus. Rhamnus infectorius, R. alpinus, R. Alaternus. Ulex euro- pæus. Spartium junceum. Sarothamnus vulgaris. Genista purgans, G. scorpius. Cytisus sessilifohus. Adenocarpus par- vifolius, A. cebennensis. Ononis fruticosa. Colutea arbo- rescens. Coronilla Emerus. Prunus spinosa. Rubus cœsius, R. dumetorum, R. Godroni, R. hirtus, R. glandulosus, R. 52 DURÉE DES VÉGÉTAUX. discolor, R. tomentosus, R. collinus , R. thyrsoideus, R. fruticosus, R. fastigiatus, R. idœus. Rosa lutea, R. pimpi- nellifolia, R. alpina, R. cinnamomea, R. rubrifolia, R. ca- nina, R. collina, R. sepium, R. fœtida, R. tomentosa, R. pomifera, R. arvensis, R. rubiginosa. Cotoneaster vulgaris, C. tomentosa. Pyrus amygdaliformis. Aronia rotundifolia. Sorbus chamæmespilus. Ribes uva crispa, R. alpinum, R. petræum. Viscum album. Viburnum Tinus, V. Lantana. Lo- nicera implexa, L. etrusca, L. Xylosteum, L. nigra, L. al- pigena. Andromeda poliüifolia. Phillyrea latifolia, P. media, P. angustifolia. Ligustrum vulgare. Jasminum fruticans. Daphne Gnidium, D. Cneorum, D. alpina, D. Mezereum, D. Laureola. Quercus coccifera. Salix repens, S. phylicifolia, S. lapponum, S. herbacea. Juniperus nana. Ephedra dista- chia. Ruscus aculeatus. 4e section. — Sous-arbrisseaux. Alyssum macrocarpum. Helianthemum umbellatum , H. alyssoides, H. procumbens, H. Fumana, H. italicum, H. vineale, H.vulgare, H. apenninum, H. lineare. Ulex nanus. Genista prostrata, G. pilosa, G. tinctoria, G. Delarbrei, G. anglica, G. hispanica, G. germanica. Cytisus sagittalis. Ononis striata. Coronilla minima. Rubus saxatilis. Phagna- lon sordidum. Helichrysum angustifolium. Sthæhelina du- bia. Salvia officinalis. Vaccinium Myrtillus, V. uliginosum , V. Vitis idœa, V. oxycoccos. Arctostaphylos uva ursi. Erica tetralix, E. cinerea, E. arborea, E. scoparia. Lithospermum fruticosum. Lavandula Stæchas, L. Spica. Thymus vulgaris, T. Serpyllum. Satureia montana. Phlomis lychnitis. Teu- crium flavum. Plantago cynops. Empetrum nigrum. Eu- phorbia characias. VÉGÉTATION ARBORESCENTE. 53 ÿe section. — Végétaux ligneux grimpants ou sarmenteux. Clematis flammula, GC. Vitalba. Vitis vinifera. Rosa sem- pervirens. Hedera helix. Lonicera Peryclimenum. Solanum Dulcamara. Asparagus acutiflorus. Smilax aspera. En prenant le total des plantes ligneuses dans le sens le plus absolu, nous trouvons qu’elles sont, au total des végé- taux phanéroganes du plateau central, comme.. 1 : 8,7 En prenant seulement les deux premières sections, c’est- à-dire les plantes essentiellement ligneuses, les arbres et les grands arbrisseaux, le rapport est réduit; il est dei RS us RON MOREL AU . £ : :26 Et en abandonnant seulement la quatrième section , dont les tiges rabougries font le passage des plantes vivaces aux espèces ligneuses, nous avons le rapport....... 1 : 11 qui représente la véritable expression de la proportion des espèces ligneuses. La plupart de ces espèces sont sociales, très-apparentes, et jouent un .très-grand rôle dans la nature, dans l’aspect et le pittoresque du paysage. : Sur ce nombre , trois espèces seulement sont monocoty- lédones et appartiennent toutes les trois à la famille des as- paraginées , la seule, dans cette grande classe du règne vé- gétal, qui donne à notre flore quelques végétaux ligneux. L’arborescence , dans les monocotylédones , appartient principalement aux pays chauds, et comme pour nous rap- peler cetle règle de distribution géographique, nos trois plan- tes conservent leurs feuilles toute l’année. Deux appartien- nent exclusivement à notre région méridionale, et une d’elles, le Ruscus aculeatus , y est bien plus abondante que dans la plaine. 54 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Les espèces arborescentes toujours vertes sont au nom- bre de 35. Sur ce nombre : 20 appartiennent à la région méridionale, 4 — à la région montagneuse, 5 — à la plaine, 2 — aux régions méridionale et de la ; plaine, 3 — à la plaine et aux montagnes, 2 — à toutes les régions. Si nous groupons nos chiffres en dédoublant ceux qui ap- partiennent à la fois à différentes régions, nous aurons : Pour la région méridionale, .. 2% Pour la région montagneuse .. 12 Pour celle de la plaine...... 8 La région méridionale est évidemment la plus riche en arbres toujours verts, et après elle vient la région monta- gneuse, qui offre aussi, mais à un moindre degré, les mêmes caractères. Presque toutes les espèces toujours vertes de la région montagneuse sort à feuilles pointues, acérées ou épineuses, et celles du midi à feuilles épaisses, coriaces et luisantes. La chaleur et le froid conduisent encore aux mêmes ré- sultats. Les palmiers, sous la zone torride , les conifères , dans les régions froides, sont les deux familles qui main- tiennent, dans des contrées si différentes, une verdure qui ne se flétrit jamais. Nous terminons par la liste des espèces arborescentes et toujours vertes du plateau central. Les lettres m. p. n., ce? suite do nom Ce la pl nte, indiquent la région à faq cle eile apparent. m. méridionale, n. nord ou mon- isgoeuse, p. plaine. VÉGÉTATION ARBORESCENTE. 55 Liste des espèces arborescentes qui conservent leurs feuilles pendant toute l’année. Rhamnus Alaternus, m.; Pistacia Terebinthus, m.; Ulex europæus, n. p.; U. nanus, n. p.; Rosa sempervirens , m.; Hedera Helix, p.m.; Viscumalbum, p.n.; ViburnumTinus, m.; Arbutus Unedo, m.; Erica tetralix, n.; E. cinerea, n. p. m.; E. arborea, m.; E. scoparia, m.; Calluna vulgaris, p. on. m.; Ilex Aquifolium, n.; Phillyrealatifolia, m.; P. media, m.; P. angustifolia, m.; Jasminum fruticans , m.; Daphne Laureola , n.; Empetrum nigrum , n.; Buxus sempervirens, m.p.; Quercus Ilex, m.; Q. coccifera, m.; Juniperus nana, n.; J.communis, p.; J. Oxycedrus, m.; J. Sabina, m.; Pi- nus sylvestris, n.; P. pyrenaica, m.; Abies pectinata , n.; Ephedra dystachia, m.; Smilax aspera, m.; Ruscus acu- leatus, p. m.; Asparagus acutifolius, m. 56 DURÉE DES VÉGÉTAUX. CHAPITRE XXIX. QUELQUES CONSIDÉRATIONS PARTICULIÈRES SUR LA DURÉE DES VÉGÉTAUX. $ 1. DE LA DURÉE DES VÉGÉTAUX RELATIVEMENT A L'ALTITUDE. Nous avons étudié l'influence de la latitude et de la lon- gitude sur la durée des espèces ; il nous reste à examiner si l'altitude présente les mêmes caractères et produit des ré- sultats analogues. A cet effet, nous avons dû suivre la même marche que dans les chapitres et paragraphes précédents, et classant en- core nos régions montagneuses du sud au nord , nous al- Jons exposer les faits que nous avons pu dégager, et recher- cher d’abord les proportions diverses des plantes annuelles, bisannuelles, vivaces et ligneuses, relativement au total de chaque flore montagnarde. Tableau des proportions , dans les montagnes, des espèces de signes différents pour la durée. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 560 à 370 Roy. de Grenade. 1 : 4,8 1 : 27 L: AG! À4::.6%# 40 à 44. Caucase....... D SUNT :. 15:12 A EDT : 9 42 à 45. Pyrénées....... ALAN : 55 VAEMENA 78 45 à 46. Alpes... .... 1 : 29 À : 50 L':OPNA ZT 057 45 Plateau central. . 4 : 26 41: 29 1:12 4: 7,2 50 Garpalbes,.:. . 4: 7 4 : 17 4 : ASÆ SA: : 40 RELATIVEMENT A L'ALTITUDE. 57 Les espèces annuelles vont en diminuant à mesure que l'on s'élève, mais elles offrent plusieurs anomalies qui ne peuvent pas toutes s'expliquer. Leur proportion, encore considérable dans les montagnes du royaume de Grenade et dans le Caucase, est due, sans aucun doute, à la latitude de ces chaînes de montagnes qui, situées sous un climat très- chaud , ont vers leurs sommets une température qui se rap- proche des régions de plaines situées sous des latitudes plus basses. Aussi les flores montagnardes du midi de l'Espagne et du Caucase ont à peu près la même proportion de plan- tes annuelles que la flore entière du plateau central. En pre- nant, pour cette dernière localité, le rapport des an- nuelles dans la région montagneuse , au lieu de 17#, nous n'avons plus que 1,26, dans les Pyrénées 1125, dans les Al- pes, 1129, diminution extrêmement rapide des annuelles en altitude dans les pays froids ou tempérés. Dans les Carpathes, en prenant Wahlenberg pour guide, et cela au 50° de latitude, nous trouvons 1/7 de plantes an- nuelles. Nous pouvons expliquer cette anomalie en remarquant que Wahlenberg a compris dans cette flore, non-seulement les sommets, mais la région entière des Carpathes, avec les plaines qui s'étendent à leur pied. Les bisannuelles, comme nous l'avons déjà dit, ne peuvent rien nous offrir de bien positif, à cause des diverses interprétations que les auteurs ont assignées à leur durée. Les vivaces donnent, comme on devait s’y attendre, un accroissement régulier, suivant l'altitude et la latitude com- binées. Les ligneuses présentent aussi un décroissement marqué, en sorte que, sauf la réduction plus rapide des annuelles en 58 DURÉE DES VÉGÉTAUX. altitude qu’en latitude , ces deux ordres de faits ont entre eux la plus grande analogie. En prenant seulement les sommets élevés, nous obtenons le petit tableau suivant : Dispersion des plantes sur les sommets élevés. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Royaume de Grenade ....... AE GRAN O0 PARA 2 A2 PYRenÉESs ea ere 0/0 1e 454 1% 71 Lili lé 416 he... s.., 1° 100 4 ,.:1 58 : MERT IN PRE RER 1 Plateau cenbral..... ...... 1 : 400, AP20004 : 1,97 1574 La proportion des plantes annuelles diminue, comme on devait s’y attendre , d’une manière rapide sur les sommets élevés, et surtout pour le plateau central, où cette flore des sommets est réduite à un petit nombre d'espèces. On conçoit que les espèces annuelles ne puissent vivre sur les hautes montagnes ; une tempête, un brouillard glacé, un tourbillon de neige peuvent mettre fin tout à coup à un été si court, détruire des fleurs à peine épanouies, et anéan- tir en un instant les espérances de la nature, qui ne permet l'apparition des fleurs que sur la promesse formelle des fruits qui doivent leur succéder. Les vivaces deviennent encore plus prépondérantes, non- seulement aux dépens des annuelles, mais encore aux dé- pens des ligneuses, qui semblent , dans ces flores monta- gnardes, être en proportion d'autant plus forte, que les montagnes sont plus septentrionales, fait qui est dù évidem- ment au groupe des amentacées, plus répandu dans le nord que dans le midi de l’Europe. Après ce résultat général, nous devons comparer chacune des grandes divisions du règne végétal , et rechercher si RELATIVEMENT À L'ALTITUDE. 59 nous pouvons trouver quelques rapports entre la dispersion en altitude et la durée des espèces. Tableau de la dispersion en altitude des plantes dicoty- lédones. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 360 à 370 Roy. de Grenade. À : 4,5 4:24 1:1,7 1: 5,4 403.4: Caucase. .. se. . y 96 "A: 43, 1,0 4 3:29 42 à 43. Pyrénées . .... 4: : 20 A5: 92, 154,5 44065 Abar-460 Alpes... 11: 2% 4 : 24 4,:.4,% «4:79 45 Plat. cent. rég.m. 1 : 22 16:95 1 4 dé" dis68 50 Carpathes...... 1: BR LE Abd Lin L: GS Les proportions de ce tableau diffèrent peu de celles que nous avons obtenues pour l'ensemble , et nous ne pouvons rien ajouter à ce que nous avons dit à cet égard. Tableau de la dispersion en altitude, sur les sommets élevés, des plantes dicotylédones. Annuelles. Bisann. Vivaces, Ligneuses, Royauwe de Grenade. ..... 4: 8 41:25 1:1,5 1:25 M NÉMRES eee mere À : 45 ds 164 À: Av: 45 Pic-du-Midi (sommet)... ... À : 15 AO AS A, A MINPNS es meurs ve ae Di AA AN ASS CARS ASS 73715 Plaleall central... 4: 76 AT AT LA A ro Les sommets élevés perdent, parmi les dicotylédones, des plantes annuelles et des plantes ligneuses ; mais si l’on con- sidère un espace très-restreint, comme le sommet du pic du Midi, on remarque, au contraire, une assez forte proportion relative de plantes annuelles , comme dans les îles, et une proportion trop forte d’espèces ligneuses, due à la diffusion 60 DURÉE DES VÉGÉTAUX. de quelques arbustes sur d'immenses étendues, et à l’espace restreint sur lequel les autres plantes peuvent se déve- lopper. Tableau de la dispersion des thalamuiflores dans Le sens de l'altitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 860 à 570 Roy.deGrenade. 41 : 5,2 * 4 : 20 1:72 1 ÿ AVAL. Couease”. : .. 4° 2,07 MO 7,5 42 à 45. Pyrénées....... 1°: AL6 AS UE AS 35 à A6. Alpes... .. :.…. 4°: 49 AMEN "EL" 1 : 2% 45 Plateau central.. 4 : 415 L'ONU?" 1 : 00 50 Carpathes.. .... A': 4 1:11 0545 141::95 Les thalamiflores annuelles sont plutôt au-dessus qu’au- dessous de la moyenne dans les montagnes , tandis que les ligneuses, au-dessus de la moyenne dans les montagnes si- tuées vers le sud, offrent une proportion rapidement décrois- sante dans les montagnes du nord. Tableau de la dispersion des thalamiflores dans le sens de l'altitude, pour les sommets élevés. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Royaume de Grenade. .._.. Ab LL: 45 A ::4,2, A5 ParÉnÉls Se ee neue 41: 26. 1 : 28 ls ALES Pic-da-Midi 5 2: UNS » 1,524 » Alpess MEURTRE 1 : 54 54 ASE Se ir 69 Plateau cenlral..:; << equçte 4: A7 al ten » Sur ces sommets, les espèces suivent encore les règles ordinaires de décroissement. Les thalamiflores ligneuses dis- paraissent presque complétement, comme vers le nord. RELATIVEMENT A L'ALTITUDE. 61 Tableau de la dispersion des caliciflores dans le sens de l’alhitude. Annuelles, Bisann. Vivaces. Ligneuses. 36 à 37° Roy. deGrenade. 4 : 6 1:15 4:47, 4 7,1 40 à 44. Caucase. ...... LCA 5 @R QUE ! : RS PRE A; OURS 7,5 42 à 45. Pyrénées. ..... À : 41 P:02: À: Lx À 624 45 à 46. Alpes......... 1 : 60 dou: 124 : 10 A5 Plateau central. 4 : 54 AS : 42,43. 1 D, 4 50 Carpathes ..... 1 : 10 LS A: LE" 4 1,7 Les caliciflores annuelles restent en proportion notable dans les montagnes du midi, et deviennent insignifiantes dans celles du nord. Aussi, les espèces des montagnes qui ne vivent qu'un an, appartiennent bien plus aux thalami- flores qu'aux caliciflores. En revanche, les lieux élevés nour- rissent proportionnellement un plus grand nombre de cali- ciflores ligneuses, ce qui est dù principalement, comme pour la latitude, à la présence de la famille des rosacées. Tableau de la dispersion des caliciflores dans le sens de l'altitude pour les sommets élevés. Annuelles, Bisann, Vivaces. Ligneuses. Royaume de Grenade...... 4 : 15 1: 2 1: 42 1:29 Pyrénées . 5227878. 0 4 : 65 "4161 1514 1": 26 | AC QU ISERE ERA 1-: 11 » À : 4,1 » J\ LCL Le CSN TRES NUE » 4 : 44 A. 24,1 1 ::49 Pau qœntriif.,t.....ù » 4: 20 À : 4,9 1:40 Les caliciflores annuelles disparaissent presque complé- tement des sommets élevés, mais les ligneuses s’y maintien- nent comme vers le nord. Les flores de ces iles aériennes sont donc presque exclu- sivement formées de végétaux vivaces et ligneux. 62 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Tableau de la dispersion des corolliflores dans le sens de l'altitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 360 à 57° Roy. de Grenade.. 1 : 4 1 : 80 1: 1,7 4 6,6 40 à 44. Caucase . ........ 4-54. 4: 20,9 ALT, Le 42 à 45. Pyrénées......... 1, 0 1:27 474,2. 152 404 46, AÏREE 2... Me D PRE 2 1:12 1: 54 45 Plateau central ... . 4 : 6,6.-4 ; 26 . 1: 15 1 : 2%, 50 Carpalhes…. .. .., 41: 42 A0 1:15 1:38 Ilest très-intéressant de remarquer que, dans le dévelop- pement numérique des corolliflores dans les montagnes, déjà indiqué plus haut, ce sont principalement les plantes an- nuelles qui contribuent à ce résultat. Les ligneuses, au con- traire, y sont , ainsi que les thalamiflores, en petit nombre. Si, comme nous le pensons, les corolliflores annuelles non aquatiques sont les dernières plantes qui aient fait leur ap- parition sur la terre, leur prépondérance dans les hautes régions ne serait-elle pas un argument en faveur de l’hypo- thèse qui suppose la végétation des montagnes établie après celle des plaines, comme la population des îles est dépen- dante de celle des continents voisins ? Tableau de la dispersion des corolliflores dans le sens de l'altitude, pour les sommets élevés. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Royaume de Grenade... ... 4 : 5,5 » À : 14,40 04 51095 PATÉRÉRS NUS: SRE Jade ASS 1: 57, AR LR Pie-du-Midi.<.., . ...... » L:dé: dAeu,2/o4 4,6 AIDES... eus it 4 : 14 A :270,, 4 5 4,4 14,529 5 4 : 1 » Malgré l'élévation, la proportion des corolliflores annuel- les reste bien au-dessus de la moyenne. RELATIVEMENT À L'ALTITUDE. 63 Tableau de la dispersion des monochlamydées dans le sens de l'altitude. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. 560 à 570 Roy. deGrenade. À : 411 » 1 2:36, 4: 1,5 AO AVE Caucase 3... . .. A5 250. A : 196, 15:38:04 y 25 42 à 45. Pyrénées... ... À : 55 » 4 = 5,844 1h 4,4 45 à 46. Alpes. ........ 1 : 64 » 4 :04,504 L': 1,1 45 Plateau central.. 4 : 58 » HAS À : 4,6 50 Carpathes..… ... 4 : 4,1 » 4: 90,1 2,1 On remarque combien il y a peu, relativement, de mo- nochlamydées vivaces, et combien aussi la proportion des annuelles diminue dans cette classe. Elles se comportent en altitude comme en latitude , et ce sont surtout les espèces ligneuses qui deviennent dominantes. Dans le nord, ce sont les amentacées , vers le sud les euphorbiacées et les chéno- podées frutescentes, qui soutiennent leur proportion, ainsi que dans les montagnes. Tableau de la dispersion des monochlamydées dans le sens de l'altitude, pour les sommets élevés. Annuelles. Bisann. Vivaces. Ligneuses. Royaume de Grenade... .... À : 4 » 1 ::4,3 » CHOC ERA ENTREE » » L85,0k: 72,24 Enc-du=- Midi... 7.5.7. » » 4 : 2 4:99 PSP RE Se » » 1 :25;206 40:04,9 Plateau central............. » » Le: 2646 Les monochlamydées annuelles ou bisannuelles dispa- raissent presque entièrement des hautes montagnes, mais la proportion des vivaces et des ligneuses reste sensiblement la même jusque sur les sommets les plus hauts. 64 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Tableau de la dispersion des monocotylédones en altitude. Annuelles. 36o à 570 Roy.de Grenade. 4 : 7, 40 à 44. Caucase... .... 1: ‘6,1 42 à 43. Pyrénées ...... » AB .à 46% Alpes... 2... 1 : 194 45 Plateau central.. » 50 Carpathes. .. ... 4 : 23 Bisann. : 79 : 60 Vivaces. 1:12 454,2 4 :1 A :1 4 :1 AE | Ligneuses. » : 450 Les monocotylédones ligneuses , très-rares en Europe, nulles vers le nord en latitude , n'existent pas non plus en altitude. Les annuelles sont aussi en très-faible proportion dans les montagnes. Tableau de la dispersion des monocotylédones en altitude, pour les sommets élevés. Annuelles. Royaume de Grenade... ...... À : Pyrénées. ... dc re ee » PIC QUE MIA A eee mec. » Alpes. : 31. RPM RUE » Plateaucentral. x . 64: » Bisann. » Les monocotylédones n’offrent plus vaces dans les hautes régions. Vivaces. 4 :1 À : 1 472 4 4A:1 45,5 4 Ligneuses. que des espèces vi- Nous aurions pu, sans doute, tirer d’autres conséquences des nombreux tableaux que nous venons de mettre sous les yeux de nos lecteurs, mais nous avons craint d’aller trop loin pour l’état actuel de la géographie botänique. En don- nant des chiffres aussi exacts que nous l’avons pu , nous avons mis les botanistes à même de dégager les inconnues qui existent certainement dans l'expression de ces rapports. RELATIVEMENT AUX STATIONS, 65 $ 2. DE LA DURÉE BELATIVEMENT AUX STATIONS ET A LA NATURE DU SOL. Si nous comparons nos plantes annuelles et bisannuelles selon les stations qu’elles préfèrent, nous avons les résultats suivants : Station complexe des champs et des bords des chemins, et des Annuelles. Bisann. Totaux. sables des rivières... ... ste tas 00 IT AIT Station des lieux humides , des eaux et de leurs bords. ....... 50 8 98 Station des coteaux calcaires et MES DAMES e e dues oo #2 0 ele so SU 12 38 Station des prairies. ......., H) 11 16 Station des rochers, ........ 12 D 17 Station des forêts. ......... 9 j 4 16 Station des haies et buissons. . 6 5 11 645 Il est facile de se convaincre , par ce tableau , que les plantes monocarpiennes appartiennent en grande majorité aux champs, aux lieux découverts, aux coteaux exposés à la chaleur, quelques-unes aux rochers et aux prairies, un petit nombre aux bois et aux bruyères. On voit, par ce simple énoncé, que ces plantes sont ra- rement sociales, ou du moins elles ne forment que de petits groupes peu étendus dans certaines localités. Leurs racines, moins vigoureuses que celles des plantes vivaces , ont de la peine à lutter contre leurs rivales , et elles s’éloignent de toutes les espèces qui vivent en société ; aussi on en trouve peu dans les prairies, dans les bruyères et dans les bois, qui sont formés par les plantes le plus éminemment sociales. TI : 66 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Elles se développent avec bien plus de liberté dans les champs cultivés, où l’homme travaille et combat pour elles en détruisant les espèces vivaces et gourmandes , en leur offrant une terre ameublie par de fréquents labours ; elles entourent ses habitations, envahissent ses jardins, ou bien elles se confinent aux bords des eaux, sur les sables humec- tés, ou çà et là dans les espaces dénudés que laissent entre elles les bruyères ou les plantes des prairies. Les forêts, si favorables au développement d’un grand nombre d'espèces, qui trouvent, sous leur feuillage, un abri protecteur et un riche terreau produit par la décomposition séculaire de leurs feuilles, ne nourrissent qu’un très-petit nombre de plantes annuelles. Obligées de parcourir en un an toutes les phases de leur végétation , depuis la germina- tion, quelquefois très-lente, jusqu’à la maturité des graines, elles craignent l'ombre et cherchent le soleil; c'est au point que, parmi les espèces sylvatiques, que nous avons comptées au nombre de 16, il y en a 8 qui croissent sous les châtai- gniers et même sur les pelouses, et qui ne sont pas, à pro- prement parler, némorales. Deux autres, le Sexecio sylva- ticus, L., et le Dianthus superbus, L., préfèrent les clai- rières ou le bord des chemins. Reste donc # plantes an- nuelles qui aiment l'ombre, et qui sont : Helampyrum syl- vaticum, L., Melampyrum nemorosum, L., Mæœhringia tri- mervia, Clairv.,et Lactuca muralis, Fries. Ces deux der- nières surtout vivent dans les endroits les plus fourrés, mais éparses çà et là, et aucune de ces quatre, à l'exception peut- être de la première, n’a d'importance dans le tapis végétal. Considérées au point de vue du sol chimique, les espèces monocarpiennes ne nous présentent qu'un seul fait sail- lant, c’est leur nombre , assez considérable dans les terrains salifères, et qui le deviendrait plus encore , si on considérait RELATIVEMENT AUX STATIONS. 67 comme habitant de tels ferrains les espèces qui naissent en quantité le long des chemins et des habitations. Voici, du reste , la distribution des 645 espèces monocarpiennes du plateau central, relativement au sol chimique : Indif. Siliceuses. Calcaires. Salifères, Aquat. | AMUEIESS T4. TTL OS 102 A1, 99 Bisannuelles. ... 65 44 42 9 4 236 182 144,56 , 27 Les espèces indifférentes s’y trouvent aussi en très-grand nombre, et en effet, ces plantes sont plus indépendantes du sol que celles dont les racines vivaces sont forcées d’y vivre pendant de longues années. Si, au lieu de considérer le sol chimiquement , nous étu- dions sa structure physique ou sa compacité, voici les résul- tats auxquels nous arrivons pour les plantes monocarpiennes du plateau central : Indif. Roch. Roc. Grav. Sabl. Détritt Marn. Annuelles. . 198 11 22 67 104 8 80 Bisannuelles. 60 DIS 18 | 30 188,10 ,40. 91 199, 15,110 Un grand nombre d’espèces paraissent ici indifférentes au sol physique et le sont en effet. Dans ce groupe se trouvent les espèces aquatiques et du bord des eaux, qui se développent toujours, pourvu qu'elles aient de l'humidité et de la chaleur. Ensuite se trouvent également indifférentes les espèces des terrains salifères, qui croissent partout , pourvu qu’elles aient l'élément chimique qui leur convient. Il est probable ensuite que notre groupe des indifférentes est trop considé- rable , à cause de la difficulté de reconnaitre la prédilection des plantes pour telle ou telle espèce de sol. Les espèces an- _68 DURÉE DES VÉGÉTAUX. nuelles se contentent de petites parcelles de terrains, dont il est très-difficile d'apprécier le degré de division. Leurs racines petites et fugaces occupent peu de place, ne persis- tent pas et trouvent parfois des terrains meubles, en couches très-minces, déposés sur ceux que nous croyons compactes. Il est évident que les sols sablonneux et graveleux , qui constituent essentiellement les terrains meubles , sont bien ceux qui conviennent le mieux aux plantes monocarpiennes, et, en réunissant leurs deux chiffres sur ces deux espèces de sols , nous arrivons à une majorité incontestable pour cette nature de terrains. Il est un autre sol qui convient admirablement aux plan- tes annuelles par sa division et par les débris organiques qu'il renferme : c’est le sol détritique, et c’est cependant celui qui . présente le moins d'espèces. Cette anomalie disparaît , si nous réfléchissons que, sur le plateau central, ce terrain dé- tritique n'appartient qu’à la région montagneuse, où, comme on sait, le nombre des plantes annuelles décroit dans une proportion remarquable. M. Boissier a fait, pour le royaume de Grenade, des ob- servations semblables aux nôtres sur l'influence des stations, sur la durée des plantes, sur la prédilection des espèces an- auelles pour certaines stations. Ainsi, il attribue l'énorme proportion des plantes annuelles de la région chaude du royaume de Grenade ( 542 annuelles, 46 bisannuelles, 482 vivaces) à la grande étendue relative des terrains sa- blonneux, soit incultes, soit cultivés. Lorsqu'on s’élève dans les montagnes de cette partie de l'Espagne, le nombre des espèces annuelles diminue rapide- ment, et à l’exception d’un très-petit nombre qui sont aqua- tiques ou des lieux humides , elles habitent toutes, dans cette région élevée, un sol sablonneux, là où l’on a RELATIVEMENT AUX STATIONS. 69 mis le feu aux buissons pour améliorer les pâturages, dans les cultures et autour des lieux habités, ou encore sur les montagnes cotières, autour des trous à neige , là où le terrain est remué ; la plupart sont des plantes de l’Europe centrale. M. Thurmann fait remarquer aussi la prédilection des espèces monocarpiennes pour les sols disgrégés, et il attribue cette préférence à ce que leurs racines sont plus verticales , plus débiles et plus fibreuses que celles des plantes vivaces , etqu’elles s’accommodent mieux de cette nature de terrains que des sols compactes et difficiles à pénétrer. En examinant les racines vivaces, M. Thurmann arrive aux mêmes résultats, ce qui était facile à prévoir. Les plan- tes à racines rampantes et vigoureuses dominent dans les sols compactes, difficiles à pénétrer ; tandis que, dans les terrains meubles et disgrégés , les espèces à racines cheve- lues sont, au contraire, bien plus fréquentes (1). Les plantes annuelles et bisannuelles de notre flore se distribuent de la manière suivante, relativement à nos trois régions : 1°. Plantes annuelles croissant dans la plaine , formant le fond de la végétation des espèces annuelles, mais se re- trouvant aussi, soit dans la région montagneuse, soit surtout dans la région méridionale. ............ 308 | 132 Id: pour les bisannuelles. . ......,.,., 194 2°, Espèces aquatiques que la présence de Peau rend indifférentes et, pour ainsi dire, communes aux trois régions : 81110 fREMUESE MURS je | PPDA ee ee La A FODONUETe « » = she ee ele 486 (4) Essai de Phytostatique, 1. 4 , p. 308. 70 DURÉE DES VÉGÉTAUX. 3°. Espèces monocarpiennes propres à la région méridionale : imuelles . 220 LA STNER 102 Bisannuelles.n 4.002, 4 DURS 2) 4°. Espèces monocarpiennes propres à la région des montagnes seulement : AUNUPLIES ; - here ede 23 Bisannueles 2 11 | Pre TorTaL général. ..... cnteno OA Ce tableau nous démontre que les plantes monocarpien- nes obtiennent , sur le plateau central, de très-bonnes con- ditions de développement. Notre région de la plaine, sans contredit la plus étendue, en nourrit une grande quantité. La région méridionale leur offre encore des chances plus favorables de développement ; car, aux #32 de la région de la plaine, on peut ajouter les 54 aquatiques et les 125 pro- pres à la région du midi, ce qui fait un total de 611. En supposant que 50 espèces environ de la plaine ou des eaux ne se retrouvent pas de l’autre côté des montagnes , sur le versant méridional du plateau central , il n’en restera pas moins 560 espèces, nombre très-considérable relativement aux espèces polycarpiennes. Quant à la région du nord, nous ne trouvons que 34 espèces annuelles ou bisannuelles ; mais elles ne sont pas des hautes montagnes, et c’est tout au plus si un nombre égal y monte, soit du versant méridional, soit plutôt de la plaine située au nord du plateau. Les lois d'augmentation de nombre vers la partie chaude des zones tempérées, et celle de diminution en altitude, re- RELATIVEMENT AUX STATIONS. 71 connue pour les plantes monocarpiennes , se vérifie ici de la manière la plus nette et la plus évidente. Il est à remarquer aussi qu'il y a très-peu de plantes an- nuelles parmi les types. réellement aquatiques , ce qui peut tenir à trois causes : | 1°. À ce que le froid ne pénétrant pas dans la vase, au fond des eaux, il ne peut être une cause de destruction pour certaines espèces que la gelée désorganise. 20, La plupart des plantes aquatiques sont monocotylé- dones, ou du moins ces dernières y sont en majorité. 3°, Nous avons remarqué que la proportion des plantes vivaces est d'autant plus grande que l’on s'éloigne davan- tage des espèces les plus parfaites, et nous avons vu ce nom- bre plus grand dans les monocotylédones et dans les acoty- lédones, en excluant de celles-ci les vrais parasites. Or, comme les premières espèces créées ont vécu dans l’eau ou sur leurs bords , il n’est pas étonnant que les végétaux cel- lulaires, et surtout les monocotylédones , qui ont précédé sur la terre l'apparition des dicotylédones, se retrouvent en- core en majorité dans les stations qu’elles ont primitivement habitées. Nous sommes donc conduits, par toutes les voies de l’in- duction et de l’analogie , à regarder les plantes annuelles comme les plus parfaites. Ce sont celles qui se reproduisent seulement par sexes, comme les animaux supérieurs. Le groupement des individus que l’on remarque dans les plantes vivaces , et qui est si apparent dans les arbres, est un signe qui les rapproche des animaux inférieurs , qui ont la pro- priété de se greffer, de vivre en commun et de se repro- duire par la section de ces masses d'individus. Nous ne pouvons disconvenir que certaines familles, comme les synanthérées, les crucifères, les ombellifères, ne doivent 72 DURÉE DES VÉGÉTAUX. être placées parmi les plus parfaites du règne végétal ; ce sont celles dans lesquelles il existe le plus de plantes mo- nocarpiennes , celles où l’on trouve le moins d’espèces li- gneuses, celles enfin dont les débris, dans les diverses cou- ches du globe, sont les plus rares et ne se rencontrent jamais dans les terrains anciens. L’inverse a lieu pour les amentacées, les conifères, les monocotylédones et les fougères; et les auteurs qui ont placé les familles arborescentes près des monocotylédones, au lieu de les considérer comme les derniers degrés de perfection de la végétation, ont agi avec discernement. Il est bien vrai que des groupes , que nous considérons comme très-parfaits et que nous plaçons en tête de nos méthodes, sont composés d'espèces vivaces et même ligneu- ses , comme par exemple les magnoliacées ; que d’autres, formés d’espèces annuelles , comme les chénopodées , sont rejetés vers les familles composées d’arbres avec lesquels leur floraison a quelque rapport. Ces faits , loin de prouver contre notre manière de voir, déposent seulement des vices de nos méthodes , nous dé- montrent l’imperfection de nos séries linéaires, qui rangent les familles des plantes les unes à la suite des autres, et nous donnent, des rapports du règne végétal, une idée aussi fausse que celle que nous pourrions avoir d’un pays, en ins- crivant les noms des lieux en une seule série, au lieu de les placer sur une carte dans la position respective que chacun d’eux doit occuper. Chaque famille, chaque groupe a ses écarts dans un sens ou dans un autre , de même que sur une carte chaque ville principale a ses environs et ses dépendances, qui déjà parti- cipent plus ou moins des mœurs et des usages des contrées limitrophes. RELATIVEMENT AUX SEXES. 73 Une famille de plantes herbacées peut avoir des tendan- ces vers les espèces ligneuses, sans que, pour cela, elle doive être rejetée à l'extrémité d’une série. Lorsqu'on a classé les végétaux en plantes herbacées et en plantes ligneuses, sur la simple apparence de leurs tiges, on a commis la faute que font encore, vis-à-vis la méthode naturelle , les ornithologistes qui réunissent tous les palmi- pèdes, parce que leurs doigts sont unis par une mem- brane, et qu'ils vont sur l’eau. En étudiant leurs mœurs, leurs habitudes , leur conformation anatomique , on verrait que ce groupe nombreux devrait, comme l’a déjà dit M. Agassiz , être réparti dans un grand nombre d’autres. $ 3. DE LA DURÉE DES VÉGÉTAUX RELATIVEMENT A LA RÉUNION OU A LA SÉPARATION DES SEXES. Nous arrivons à une autre considération très-curieuse pour les plantes annuelles, et en contradiction avec la com- paraison que nous avons déjà tenté d'établir entre la per- fection des plantes et leur durée. Considérant que les plantes sont d’autant plus parfaites qu’elles ne peuvent s’aggréger ni se reproduire de boutures, et en les assimilant aux animaux libres et non aggrégés, nous en avons conclu que les espèces monocarpiennes doi- vent être considérées comme plus parfaites. Nous trouvons l'inverse en examinant la séparation ou la réunion des sexes. | Dans les animaux , les sexes ne sont réunis que dans les classes inférieures , et dans les plantes annuelles , l'herma- phroditisme est général. Une seule espèce annuelle de notre circonscription est dioique , Hercuriahis annua, et encore 74 DURÉE DES VÉGÉTAUX nous pourrions , à la rigueur, la répudier , car jamais on ne trouve cette plante véritablement sauvage. Elle n’habite que les jardins, les champs cultivés et voisins des habitations. Déjà, en 1827, nous avions publié cette observatior de la rareté des plantes dioiques monocarpiennes, et nous étions arrivé, par l'expérience , à cette curieuse conséquence , que quelquefois les graines de ces plantes peuvent être fécon- dées, comme les femelles de pucerons, pour plusieurs géné- rations successives. Nous pourrions peut-être ajouter à la mercuriale deux espèces au moins bisannuelles , et dont la dernière même paraît vivace; ce sont : le Trinia vulgaris, Dec., et le Silene pratensis, Godr., ou Lychnis vespertina, Sibthorp. Pourquoi cette espèce d'exception relative à la dioëcie pour les espèces monocarpiennes ? Ceux qui veulent voir partout les causes finales , diront certainement que la nature avait peur de perdre les espèces, et qu’elle a réuni constamment les sexes dans ces plantes pour assurer leur fécondité. Ceux, au contraire, qui regardent la nature comme assu- jettie aux ordres primitifs et immuables de son auteur, pourront soutenir que des espèces présentant ces conditions ont pu exister en nombre plus grand , et se sont perdues faute de fécondation. Sans vouloir entrer dans cette discussion, nous signalons cette circonstance, afin que des recherches ultérieures, faites dans d’autres contrées , établissent si, comme tout porte à le croire, le fait est général. Si nous faisons le même examen pour les plantes monoï- ques et monocarpiennes en même temps, nous en trouvons un nombre proportionnel bien plus grand. RELATIVEMENT AUX SEXES. 75 Liste des plantes monocarpiennes monoïques. Ecbalion Elaterium. Xanthium Strumarium, X. macrocar- pum , X. spinosum. Amaranthus sylvestris, A. Blitum, A. retroflexus. Atriplex hortensis, A. tatarica , A. patula, A. latifolia, A. rosea. Croton tinctorium. Euphorbia chamæ- syce, E. helioscopia , E. platyphylla, E. stricta , E. sege- talis, E. Peplus, E. falcaria, E. exigua, E. Lathyris. Urtica pilulifera , U. urens. Chara hispida, C. fœtida , C. fragilis, C. crinita. Nitella coronata, N. syncarpa, N. translucens, N. Brongniartiana, N. gracilis. Voilà donc une liste de 34 espèces seulement , sur un total de 563 plantes monocarpiennes , ce qui donne la pro- portion 1 : 16,6. Mais , à la rigueur, on pourrait retrancher de cette liste les euphorbes , qui peuvent être considérées comme herma- phrodites, etles Chara, dont la floraison n’est pas parfaite- ment connue , ce qui réduirait la liste à 16 seulement , et donnerait le rapport 1 : 35 Liste des plantes polycarpiennes monoïques. Coriaria myrtifoha. Rhus Cotinus. Sanguisorba officinalis. Poterium Sanguisorba. Myriophyllum verticillatum, M. spi- catum, M. alternifolium. Callitriche stagnalis, C. platycarpa, C. vernalis, C. autumnalis. Ceratophyllum submersum, C. demersum. Fraxinus excelsior. Littorella lacustris. Buxus sempervirens. Parietaria erecta, P. diffusa, Celtis australis. Fagus sylvatica. Castanea vulgaris. Quercus sessiliflora, Q. pedunculata, Q. pubescens, Q. Ilex, Q. coccifera. Corylus Avellana. Carpinus Betulus. Betula alba, B. pubescens. Al- 76 DURÉE DES VÉGÉTAUX. nus glutinosa. Pinus sylvestris , P. pyrenaica. Abies pecti- nata. Sagittaria sagittæfolia. Zanichellia palustris, Z. pedi- cellata. Typha latifolia, T. angustifolia. Sparganium ramo- sum, S. simplex. Arum maculatum, A. italicum. Total....:...,.,930% . 43 esp. Auxquelles 1l faut ajouter : Du genre euphorbia.............. pi ©: Du genre carex........... ne S ED 2» 47 Total général... .. ....1 103 esp. Sur lesquelles : Espèces arborescentes....... Eddie » 22 Liste des espèces dioïques. Silene diurna, S. otites. Pistacia Terebinthus. Bryonia dioïca. Viscum album. Valeriana dioica. Petasites vulgaris, P. albus. Gnaphalium dioïcum. Centaurea nigra. [lex aqui- folium. Empetrum nigrum. Mercurialis perennis. Urtica dioica. Humulus Lupulus. Populus alba, P. Tremula, P. ni- gra. Juniperus nana, J.communis, J. Oxycedrus, J. Sabina. Ephedra distachya. Asparagus officinalis, A. tenuifohus , A. acutifolius. Smilax aspera. Ruscus aculeatus. Tamus communis. À RETENIR 29 esp. Il faut ajouter : SR à ni 15 Total général.......... 44 esp. Sur lesquelles : Espèces"‘arborescentes.0 7 2... ..:.022200 30 L'examen de ces listes nous démontre que la séparation des sexes est bien plus commune dans les espèces vivaces RELATIVEMENT AUX SEXES, gi ( que dans celles qui sont annuelles, et, dans les unes comme dans les autres, la monoëcie est bien plus fréquente que la dioëcie. En effet, dans les polycarpiennes , le nombre total des unisexuées est de 147 sur 1245, ce qui donne la pro- porta. 4. NON ie nest 0, AA, 5 En décomposant les espèces unisexuées en monoïques et dioïques , nous trouvons 103 des premières et #4 des se- condes, ou bien les rapports suivants : Monoïques, au total des polycarpiennes. ..... 1 : 12 Dioïques polycarpiennes, au total, id........ 1 : 28 La réunion des sexes, qui peut, sous un certain point de vue, être considérée comme une perfection pour des êtres qui ne peuvent changer de place et se porter les uns vers les autres, est donc la règle dans les plantes ; la séparation des sexes est l'exception. Une fois ceux-ci séparés , nous trou- vons une disproportion énorme entre les rapports des uni- sexuées aux hermaphrodites , selon que nous considérons les proportions dans les espèces mono ou polycarpiennes. Les premières, qui ne se reproduisent pas par gemmes , dra- geons ou séparation des individus , mais seulement par gé- nération , devaient avoir une fécondation assurée. C’est, en effet, ce qui a lieu : la dioëcie y existe à peine, et la monoëcie n’est pas fréquente. Dans les plantes vivaces , où la reproduction est assurée par d’autres moyens que les graines, nous voyons augmenter le nombre des plantes dioïques ; mais il est très-curieux de remarquer que ces espèces dioïques sont, en général, des ar- bres (30 végétaux arborescents et 14 seulement vivaces non arborescents), dont plusieurs très-élevés et munis d’une si grande quantité de pollen, que l’air en est presque saturé à l’époque de la floraison. La monoëcie, toujours moins rare que la séparation com- 78 DURÉE DES VÉGÉTAUX. plète des sexes sur des individus isolés, constitue une partie notable des végétaux polycarpiens , tandis qu'elle n'entre que pour une très-faible proportion dans les espèces an- ‘ nuelles. Ainsi, de quelque manière que l’on envisage la question, au point de vue des causes finales ou à celui des conséquences forcées d’un ordre de choses établi, on est obligé d’admettre que les végétaux assujettis à se reproduire par graines seu- lement, et à ne pouvoir fournir ces graines qu'une seule fois, sont très-rarement unillores , rarement monoïques el presque jamais dioïques, conclusion très-remarquable relati- vement à la conservation des espèces. Les plantes hermaphrodites se trouvent rassemblées dans des familles dont les étamines sont nombreuses et pres- que toujours entourées d’enveloppes florales, comme les rosacées, papavéracées, renonculacées, ou dont les étamines serrent de près le pistil, comme les synanthérées , campa- nulacées, solanées, malvacées, etc. ; ou dans celles dont les organes mâles sont enfermés avec les pistils, telles que les labiées, personnées, crucifères, caryophyllées, légumineuses; ou enfin dans les familles dont les fleurs sont placées de manière à rendre la fécondation certaine, à cause de la dis- position qui leur permet de féconder plusieurs fleurs et de recevoir, à leur tour, le pollen de toutes celles qui les envi- ronnent, comme les graminées , ombellifères , chénopo- dées, etc. La présence d’enveloppes florales très-développées eût rendu la fécondation dioïque difficile dans la plupart de ces familles. Les espèces unisexuées appartiennent, au con- traire, à des groupes dont les fleurs sont presque nues ou dont les enveloppes florales sont petites, peu apparentes, et laissent à découvert et les étamines, dont le vent doit en- RELATIVEMENT AUX SEXES. 79 lever la poussière fécondante , et les pistils, qui doivent la recueillir pendant son trajet aérien à des distances quelque- fois considérables. Telles sont les cypéracées , conifères , amentacées, euphorbiacées, urticées, etc. La séparation des sexes et les divers moyens que la nature emploie pour assurer la fécondation dans l’air ou dans l’eau, la disposition particulière des sexes sur les espèces monoï- ques , qui très-souvent sont fécondées dioïquement, pour- raient encore fournir la matière de curieux chapitres ; nous resterons dans les limites géographiques. Nous ferons remarquer un fait de distribution très-inté- ressant : c’est la localisation , dans les dioïques , des groupes mâles et des groupes femelles. Rarement les sexes sont in- timement mélangés. Nous avons vu , sur le plateau central, des espaces très-étendus où nous ne trouvions que des hou- blons mâles ; d’autres , situés à plusieurs myriamètres , qui n'offraient que des houblons femelles. Nous avons remar- qué, séparées par de plus petits intervalles, des touffes éten- dues d’Urtica dioica , des buissons de Bryonia dioica, tous mâles ou tous femelles. Les Salix pentendra du départe- ment du Puy-de-Dôme et du Cantal sont presque tous fe- melles ; les mâles sont très-rares. | On trouve, sur les pelouses des montagnes, le Gnapha- lium dioicum , réuni en groupes unisexués placés à une pe- tite distance les uns des autres. Le Tamus mâle occupe par- fois toute une portion d’un bois et la femelle en habite une autre partie. On rencontre ces mêmes faits sur des erypto- games dioïques , telles que les Polytrichium , Hnium , Bryum, etc. Selon Nolte, de Copenhague, le Stratiotes aloides, offri- rait un phènomène encore plus remarquable. Cette plante croît dans l'Europe septentrionale , depuis #8° jusqu’à 68° 80 DURÉE DES VÉGÉTAUX. de latitude , mais ce n’est que de 52° à 55°, sur une zone étroite de trois degrés, que l’on trouve les deux sexes. Au nord de cette zone, ce ne sont plus que des femelles, et au sud ce ne sont plus que des mâles. Il paraît que, dans tous les climats, les sexes sont localisés, comme dans le Salix pentendra au Mont-Dore, ce qui ne nuit pas à leur fécondation. Jacquemont a trouvé, au pied de l’'Hymalaya, le Phænix acaulis, palmier dont la tige, réduite à une souche enterrée dans le sol, n’émet que des frondes d’un mètre de hauteur cachées dans les herbes. Quoique très-abondant , il n’a vu que des individus femelles, dont les fruits étaient cependant fécondés (1). Comment se fait-il que des plantes issues de graines ne présentent qu’un seul sexe dans une localité? On conçoit que des espèces vivaces se propagent de proche en proche, et qu'alors une toufle, originairement formée par un seul individu, offre, dans tous les autres qui en dérivent par bour- geonnement, le sexe du parent primitif. C’est, en effet, ce que l’on remarque dans les plantes d’origine vivace. Mais quand les groupes sont distincts, comme les bryones, ce sont évidemment des graines qui les ont produits. Dans les plantes annuelles , comme dans la mercuriale, nous avons toujours vu les deux sexes mêlés à peu près dans les mêmes proportions. N'y aurait-il pas quelques rapports entre ces individus végétaux qui donnent ou toujours des mâles ou toujours des femelles, et ces familles où l’on voit naître ou cons- tamment des garçons ou constamment des filles? Il y a aussi, dans toutes les classes d'animaux, et notamment dans (4) Jacquemont, Journal, t. 2, p. 6. SOURCES DES RENSEIGNEMENTS. 81 les insectes, des espèces qui produisent un sexe en quantité bien plus grande que l’autre. Malgré la dioëcie et les chances contraires qu’elle semble offrir au contact réel du pollen et des stigmates , il est rare qu'une plante reste inféconde. Il y a cependant des espèces’ dioïques, et sans doute aussi des hermaphrodites, qui ne de- viendraient jamais fertiles sans le concours d’êtres étran- gers, et parmi elles on peut surtout citer les Raflesia, ces curieuses productions des climats chauds de l’Asie. Ces fleurs gigantesques et solitaires , dont les sexes séparés sont tou- jours situés très-loin les uns des autres, ne peuvent compter sur le zéphyr qui, dans les campagnes, transporte l’encens des fleurs et leurs amoureux messages. Le calme de l’at- mosphère, dans ces sombres forêts, et la nature visqueuse du pollen du Raflesia, ne permettent pas aux ondes de l’at- mosphère de déposer sur leurs larges stigmates les émana- tions fécondantes qu’elles sont impuissantes à soulever. Les insectes seuls sont chargés de ce soin. Trompés par l’odeur cadavéreuse de ces fleurs , ils descendent par myriades dans leur calice charnu, et se chargent d’un pollen visqueux, ana- logue à celui des orchidées. Ils s’envolent, appelés par une erreur nouvelle, et vont accomplir au loin des destinées qu'ils ignorent, et favoriser de fétides amours dont la nature les a rendus les innocents complices, et dont la brise a re- fusé d’être à la fois l'interprète et le messager. $ 4. SOURCES AUXQUELLES ONT ÉTÉ PUISÉS LES RENSEIGNEMENTS NUMÉRIQUES DES CHAPITRES ET PARAGRAPHES PRÉCÉDENTS. Pour donner à ce travail de chiffres, si long et si pénible pour nous , toute la sincérité que l’on est en droit d’en at- il ô 82 DUREE DES VÉGÉTAUX. tendre, nous allons indiquer brièvement les sources aux- quelles nous avons puisé. Nous avons recueilli nos renseignements sur les plantes de la Nigritie et des îles du Cap-Vert dans l'ouvrage de Hooker, sur la flore de ces contrées. La Flore d'Abyssinie, par Richard, nous a fourni la plu- part des documents dont nous nous sommes servi pour cette partie de l'Afrique. Quant à l'Algérie, nous avions cousulté d’abord la Flore atlantique, de Desfontaines ; mais nous nous sommes aperçu, après avoir fait le dépouillement avec beaucoup de soin, que Desfontaines a négligé d'indiquer les plantes communes, et surtout celles qui se trouvent également en Europe. On ne regardait pas comme utile, à cette époque , d’avoir une liste exacte des espèces d’une contrée. Les botanistes cher- chaïent les plantes nouvelles, et ne pressentaient pas les exi- gences de la géographie botanique, qui n’était pas encore née. On doit cependant savoir gré à l’auteur de la Flore at- lantique d'avoir noté Ja couleur des fleurs, bien qu'il ait souvent négligé les principaux caractères de la station. Nous asons dù prendre la liste des plantes de l’Algérie dans le Catalogue plus complet de M. Munby. Nous avons déjà dit que , pour le royaume de Grenade, nos matériaux proviennent du grand ouvrage de M. Boissier. Nous étions très-embarrassé pour la Sicile. Nous avons pu nous procurer Gussone, Flora sicula, dont la date est récente, et nous en avons extrait le long catalogue des plan- tes de cette île. Nous avons puisé dans le Silloge floræ neapolitane , de M. Tenore , notre liste des espèces du midi de Fitalie ou du royaume de Naples. Pour le Portugal, nous avons été réduit au Flora lusita- SOURCES DES RENSEIGNEMENTS. 83 nica, de Broteri , ouvrage ancien déjà , mais fait avec soin, et dont nous n’avons pas été obligé de retrancher, comme de la flore de M. Tenore , un certain nombre d'espèces que nous croyons douteuses. Les matériaux relatifs à l'Allemagne ont été puisés dans le Synopsis de Koch. La liste des plantes de l'Angleterre nous a été fournie par le Cybele britanmica, de M. Wattson. Nous y avons puisé aussi nos renseignements sur les flores insulaires des Or- cades, des Hébrides et des Shetland ; nous avons consulté également, pour ce dernier archipel, le Flora of Shetland, par M. Edmondston. L’Irlande possède seule plusieurs flores ; quoiqu’ayant réuni en une seule liste les espèces de l'Angleterre et de l’Ecosse, nous avons cru devoir en séparer l'Irlande, qui, en réalité, en est très-distincte. Nous avons puisé notre liste dans un /rish Flora, portant le millésime 1846, mais sans nom d'auteur. La liste des plantes laponnes est extraite du Summa vegelabilium Scandinaviæ, de Fries. Le Grand Ouvrage de MM. Webb et Berthelot nous a donné le catalogue des plantes des îles Canaries. Le Voyage en Scandinavie nous a été très-utile ; nous y avons trouvé la liste des plantes de l'Islande, par Vahl ; celles des Feroë, de Mageroë, par M. Martins. La publication du Flora rossica, de M. Ledebour, est un fait des plus importants pour la géographie botanique. Malgré les omissions inhérentes à un travail aussi vaste et aussi difficile , nous y trouvons la possibilité de suivre les différents caractères de la végétation du nord au sud, sur un espace de 30 degrés de latitude , et de l’est à l’ouest sur la distance environ de 200 degrés de longitude. 84 DURÉE DES VÉGÉTAUX. Il était impossible, en embrassant un si vaste espace, de ne pas être arrêté par de nombreuses difficultés, et la flore russe aura sans doute un grand nombre d’espèces à enregistrer encore, d’autres espèces à séparer et quelques-unes à réunir. Pour donner à son travail tout lintérêt dont il était susceptible, M. Ledebour à résumé , à la fin de chaque famille, la distribution géographique des espèces dans chaque partie séparée du vaste domaine dont il à embras- sé l’ensemble. Nous allons indiquer sommairement quelles sont ses divisions, et par conséquent sur quelles par- ties du territoire de l’Europe, de PAsie ou de l'Amérique s'étendent les flores partielles que nous avons extraites de son ouvrage. 1°. Russie arctique. — Elle comprend une partie de la Laponie suédoise et la majeure partie de la Laponie russe. Les terres placées dans cette circonscription sont toutes si- tuées au delà du cercle polaire. Elles renferment cette par- tie de la Laponie qui est au delà de la mer Blanche , où coule le ileuve Ponoï , la grande presqu'île de Kanin , l’île de Kalgouef et la Nouvelle-Zemble. 20, Russie septentrionale. — Elle s’étend dans la direc- tion nord-sud, depuis le cercle polaire jusqu’à la limite sep- tentrionale du chêne , c'est-à-dire la majeure partie de la Finlande, les grands lacs Ladoga et Onega, la majeure par- tie des gouvernements d’Arkhangel et de Vologda, jus- qu'aux monts Ourals. Sa limite méridionale est à peu près le 60° parallèle. 3°. Russie moyenne. — À partir de cette limite nord du 60° jusqu’à la ligne où la vigne peut végéter. Cette zone a environ 10 degrés de largeur ; elle comprend Moskou, Kasan et cet immense réseau de rivières qui se réunissent à Samara, où le Volga acquiert une grande puissance. SOURCES DES RENSEIGNEMENTS. 82 4°, Russie australe. — Depuis 50 degrés de latitude en- viron jusqu’à l'extrémité méridionale de l’empire de Russie , abstraction faite de la Crimée et des provinces du Caucase. Cette région vient toucher la mer Noire et la mer Caspienne. Elle offre les bouches du Danube et du Dnieper, celles du Kuban, qui descend du Caucase et verse ses eaux dans la mer Noire, et les ouvertures du Volga dans la Caspienne. Cette partie de l’Europe contient des steppes très-étendues, sans aucune trace de végétation arborescente. La mer d’Azof y est enclavée. 5°. La Crimée ou Tauride , presqu'île de la région pré- cédente, qui s’avance dans la mer Noire, et qui, s’allongeant vers la Circassie, rétrécit le détroit par lequel on pénètre dans la mer d’Azof. 6°. Provinces du Caucase. —C’est la partie la plus mé- ridionale de la flore de M. Ledebour. Elle commence au nord, près des bouches du Kuban, dans la mer Noire, et se prolonge jusqu’au 39° degré, jusqu’à l'embouchure du fleuve Araks dans la mer Caspienne. Cette contrée, par sa posi- tion , sa latitude , ses montagnes et l’accidentation du sol, est la plus fertile de toutes celles qui sont comprises dans la flore de Russie. Les parties de la flore indiquées jusqu'ici font partie de l’Europe ; les suivantes appartiennent à l’Asie, et vont plutôt de l’ouest à l’est que du nord au sud ; elles sont moins connues que les précédentes , et appartiennent, en général, aux régions boréales. T°. Sibérie de l'Oural. —Elle s'étend du sommet de la chaîne de l’Oural, en partant de l’ouest, jusqu’à une limite arbitraire située dans une grande plaine où coulent l'Ob et l'Yrtisch. Sa partie nord commence au golfe d’Obi , à l’em- bouchure de l’Ob , et sa partie sud se termine par des steppes 86 DURÉE DES VÉGÉTAUX, immenses, qui bordent la Caspienne et la mer d’Azof. 8°. Sibérie altaïque. — Elle s'étend à l’est de la précé- dente jusqu'au delà du fleuve Jenisséi. Elle commence, au nord, au cercle polaire, et finit, au sud , sur les groupes et les lignes de l’Altaï. C’est encore une des parties les plus riches de l'empire de Russie. 90. Sibérie du Baikal.— Située à l’est de la précédente, elle renferme toutes les contrées montagneuses qui entou- rent le grand lac Baïkal. Elle est sillonnée par une multitude de rivières ; elle commence, au nord, au cercle polaire, et se trouve limitée, au sud, par la Dahurie. 10°. Dahurie. — Contrée froide et montagneuse, quoi- que située au sud de la précédente, et s'étendant jusqu'aux frontières de la Chine. 41°. Sibérie orientale. — Située à l’est de la Sibérie du Baikal et limitée à l’orient par la mer d’Ockotsk. Elle com- mence aussi au cercle polaire , et s’étend , au sud , jusqu’à la grande chaîne du Jablonoï. Elle est traversée , dans la plus grande partie de son étendue, par la Lena et ses nom- breux affluents. 120. Le pays des Tchuktshis. — C’est la pointe orientale de l’Asie, située au nord et au-dessus du Kamtschatka, pays fort peu connu, et dont une moitié est au delà du cercle po- laire. 13°. Sibérie arctique , comprenant toute la partie de la Sibérie située au delà du cercle polaire. Cette étendue est très-vaste , mais à peine étudiée. Elle renferme de grandes contrées presque inhabitées, une grande partie du pays des Samoyèdes. Beaucoup de fleuves viennent y verser leurs eaux dans la mer Glaciale. Les grandes îles de Kotelnoe, de Fadevskoe et tout l’archipel connu sous le nom de Nou- velle-Sibérie font partie de cette région. SOURCES DES RENSEIGNEMENTS. 87 1%. Le Kamischatka.—C'est la grande presqu'île orien- tale de l'Asie, vaste région couverte de volcans, qui s'étend à peu près du nord au sud du 65° degré au 50°, et qui at- teint même, au midi, le 45°, si l’on compte comme lui ap- partenant les îles nombreuses et alignées qui ferment l'entrée de la mer de Saghalien et de la mer d'Okhotsk , et vient rejoindre la grande île Matsmaï , qui arrive presqu'au 40° degré de latitude. 15°. Les îles de l'Océan oriental. — M. Ledebour com- prend sous cette dénomination, dans sa flore de Russie, les iles de Saint-Laurentin, de Gorée et d’Otkritia, et quel- ques autres situées ou à l’entrée ou dans le détroit de Beh- ring, entre le 60€ degré et le cercle polaire , plus l'immense série des îles Aléoutiennes , qui vont au sud jusqu'au 51° degré, l’île Sitka et tout l'archipel du Prince-de-Galles, situé sur la côte américaine, entre les 60 et 55 de latitude. 16°. L'Amérique russe. — Pointe occidentale du nouveau continent , tant au delà qu’en deçà du cercle polaire , en y comprenant la presqu'ile d’Alaska, qui se prolonge jusqu'au 55 degré, et va rejoindre les Aléoutiennes. Si, sur cette vaste étendue de terrain, nous cherchons à classer les flores russes dans le sens des latitudes et des lon- gitudes, nous obtenons la série suivante , en allant du sud au nord : Caucase, — Crimée, — Russie australe, — 14. moyenne, — Id. septentrionale, — Jd. arctique. Si, au contraire , nous voulons suivre un ordre de lon- gitude, en nous écartant le moins possible en latitude, nous obtenons , en négligeant un certain nombre de flores : Russie moyenne, — Sibérie de l'Oural, — 14. de l’Altaï, — Id. du Baikal, — Id. orientale, — Kamtschatka, — Les 88 DURÉE DES VÉGÉTAUX. de l'Océan oriental, en laissant dans toute cette direction les contrées situées au delà du cercle polaire, Nous avons cherché aussi des renseignements dans le Flora boreali americana , de Hooker, mais cet ouvrage laisse à désirer sur la détermination et sur l'exactitude des comparaisons et des identités avec les plantes d'Europe. Cette flore de Hooker comprend toute l'Amérique du Nord, depuis le 45° parallèle jusqu’à l'extrémité habitable de ce continent. Celle de Ledebour, pour la partie américaine, oc- cupe, comme nous l'avons vu, un espace bien moins étendu. Nous avons pris, pour le Spitzherg , la Liste publiée en 1828 par J. Hooker, de Glascow, et nous y avons intercalé les espèces dont notre savant ami, M. Martins, qui a été deux fois au Spitzherg, a bien voulu nous transmettre les noms. Pour le Groenland, nous avons profité des Listes de Gie- seke , professeur de minéralogie à Dublin, du Mémoire de Meyer De Plantis labradoricis, et des Additions de Vahl. La petite flore de l’île Melville a été signalée en 1823 par le célèbre Robert Brown , sous le titre de Chloris mel- villiana. Nous avons pu encore compléter ces listes par quelques espèces signalées par J. Richardson etR. Brown dans leur ap- pendice botanique au premier voyage de J. Franklin au pôle nord, en 1823, appendice qui donne le catalogue des plan- tes qui croissent sur les terres polaires de l’Amérique. Nous ne nous sommes pas servi, dans les chapitres pré- cédents , de tous les matériaux que nous avons recueillis , car nous avons aussi dressé des listes des plantes du Flora antarctica de Dalton Hooker, des Plantes de la Nouvelle- Zélande, par Raoul, de la Végétation des Malouines , par Dumont-d’Urville et Gaudichaux, etc. | SOURCES DES RENSEIGNEMENTS. 89 Nous avons dit, en étudiant les flores des montagnes et les questions d’altitude, comment nous avons composé nos listes pour les Alpes, les Pyrénées, le royaume de Grenade et les sommets élevés du plateau central. Nous avons eu re- cours aussi au Ælora carpathica de Wahlenberg, ainsi qu'aux autres flores publiées par cet homme éminent sur la Suisse, la Suède et la Laponie. Dans des recherches aussi longues que celles qui ont été nécessitées par ce genre de travail, nous avons trouvé l’as- sistance la plus affectueuse et les conseils les plus utiles dans les bibliothécaires du Muséum d'histoire naturelle de Paris, MM. Desnoyers et Lemercier. Nous avons été aidé aussi avec beaucoup de zèle et de discernement par un de nos élèves , M. Eugène Gonod. Nous prions ces personnes de recevoir l'expression de notre reconnaissance. 90 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. r CHAPITRE XXX. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. Les phénomènes périodiques consistent dans le retour , à époque constante, des mêmes phases de la vie végétale et dans l’accomplissement de certaines fonctions. Ces phéno- mènes peuvent se réduire à trois : la germination et le bour- geonnement qui comprennent aussi la feuillaison et la dé- feuillaison, la floraison, la maturité et la dispersion des graines. Ces trois classes de phénomènes sont continues, et forment une série non interrompue dans la saison pendant laquelle ils s’accomplissent. À ces époques de la vie, succède une période de repos et d'inertie , une espèce de sommeil léthar- gique qui comprend le temps qui s'écoule entre la maturité de la graine et sa germination, entre la chute des feuilles et le bourgeonnement. Il y a donc dans la vie comme dans les saisons un cercle continu qui en réunit les phases diffé- rentes et en assure la succession. Indépendamment de ces retours périodiques des mêmes fonctions vitales pendant la durée d’une saison, il existe une autre classe de phénomènes qui dépendent principalement de la lumière bien plus que de la chaleur , et que l’on peut appeler phénomènes diurnes. Is comprennent le sommeil et le réveil des plantes, la nutation, l’épanouissement des fleurs météoriques, etc. Enfin, la présence ou l’absence de l’eau, la sécheresse INDIVIDUS ISOLÉS. 91 ou l’humidité ont encore une très-grande influence sur les phénomènes périodiques, et apportent souvent des pertur- bations dans la succession des époques qui dépendent plus spécialement de la température et des saisons. $ 1. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES SUR LES INDIVIDUS. De la germination et de la feuillaison. La germination est le premier mouvement de la vie. Les organes enfermés dans la graine , abrités sous plusieurs té- guments , se déroulent et sortent de leur prison dès que les circonstances extérieures et leur propre habitude permet- tent leur évolution. Les bourgeons qui ne sont autre chose que des graines non fécondées, attachées sur un tronc commun et produites par génération gemmipare, sont soumis aux mêmes in- fluences que les graines. Ils se développent en même temps à l’époque de la germination générale dans chaque contrée. Dès que cette première période de la vie des plantes s'opère, les campagnes se couvrent de verdure par la naissance pres- que simultanée de cette multitude d'individus libres ou sou- dés qui tous émettent leurs feuilles et commencent à s’ac- croître. Cette apparition des feuilles est un phénomène com- plexe et de longue durée qu’il est très-difficile de ramener à une moyenne. Pendant tout le printemps et souvent même pendant une partie de l'été, les feuilles paraissent et se succèdent de telle sorte qu’un même bourgeon comme une même graine va produire un nombre infini de ces organes dont l'âge sera différent. Nous voyons en effet sur chaque branche d’un arbre, et sur les plantes annuelles, des feuilles 92 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. de tous les âges. Ces organes ont chacun leur jeunesse et leur état adulte. D'abord jaunâtres et à peine colorés quand ils sortent de la graine ou du bourgeon , ils verdissent en prenant leur développement, et il arrive une époque où le rôle physiologique de la feuille est fini. Mais s’il est difficile de constater l'instant précis de la feuillaison des plantes , il l’est plus encore d'obtenir des résultats positifs sur la défeuil- laison ou effoliation. Les époques n’ont plus alors aucune importance. Une feuille peut être morte depuis longtemps sans tomber ; elle reste adhérente et peut même conserver plusieurs années sa couleur verte. On voit sur des conifères des feuilles de cinq et six ans, et elles sont encore vertes quand elles se détachent. Les plantes grasses se trouvent dans ce même cas. Toutes les feuilles adhérentes et non articulées ne tombent jamais d’elles-mêmes. Leur chute est accidentelle. Le temps, la pluie, le vent l’opèrent à la lon- gue, souvent en partie et par lambeaux. Quant à celles qui, fixées par leur support, peuvent se détacher à une époque voulue, comme celles de la plupart des arbres amentacés, leur séparation des branches n’a rien de régulier ni de général. On voit bien à leur couleur qu’elles sont mortes, mais souvent elles persistent pendant l'hiver entier, quelquefois elles ne se détachent qu’à l’époque où le bourgeon qui est à leur aisselle venant à grossir , fait l’effet d’un levier et désarticule l'organe desséché. Si le vent n’a pas de prise comme sur des feuilles très-petites , si la plante n’a pas de bourgeons comme les bruyères, il est impossible d'indiquer une époque de défeuillaison. Si toutes ces feuilles tombent à l’entrée de l'hiver, cela ne veat pas dire que toutes ont cessé de vivre , mais qu’une cause accidentelle les détruit. Ce qui prouve la vérité de ces observations, c’est que dans les pays chauds il n’y a pas de INDIVIDUS ISOLÉS. À 93 défeuillaison. De nouveaux organes, ou autrement dit de nouveaux individus, remplacent ceux qui périssent ; la suc- cession est continue. Si pourtant une longue sécheresse se présente , et que le sol ne puisse fournir aux arbres une dose d'humidité suffisante, leurs feuilles tombent, les arbres se dépouillent , mais la défeuillaison est une époque irrégulière qui, dans les pays chauds , dépend de la sécheresse, et dans les pays froids, des gelées plus ou moins hâtives. Ce qui serait essentiel à déterminer dans la foliation , ce serait la durée physiologique des organes, c’est-à-dire, l'expression du temps qui s'écoule entre la naissauce de la feuille et sa mort physiologique, ou bien, la période pendant laquelle elle peut fonctionner. Cette période ne pourrait être déterminée que par la coloration verte de la feuille, comme nous le verrons en nous occupant des cou- leurs des végétaux , encore ce moyen laisserait-il de l’incer- titude. L'évolution des bourgeons que nous pouvons comparer à la germination des plantes annuelles, est soumise aux mêmes influences ; dans les pays froids ils ont des écailles pour les préserver de la gelée, et comme dans les régions chaudes où les écailles manquent, les jeunes feuilles sont immédia- tement soumises à une température élevée, il faut encore des tissus peu susceptibles pour y résister. Les arbres à feuilles délicates appartiennent donc aussi à nos climats, et cette fraicheur du printemps, ce vert tendre des jeunes pousses de nos forêts, sont l’apanage des pays tempérés, et se retrouvent rarement sous la zone torride. | De la floraison. Quelquelois , comme nous le verrons un peu plus loin, la floraison précède l'apparition des feuilles ; mais le plus 94 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. ordinairement elle lui succède, et nous pourrions même dire qu’elle lui est toujours postérieure , quand le même individu est muni à la fois des deux sortes d'organes, feuilles et fleurs. Dans certains cas elle est simultanée. Les fleurs n’ayant pas, comme les feuilles, des fonctions prolongées à remplir, elles persistent beaucoup moins; mais se remplacent aussi comme les premiers de ces organes, pendant un temps plus ou moins long. Pour chaque fleur, la durée de l’épanouissement est subordonnée au temps né- cessaire pour que la fécondation s’opère ; encore y a-t-il des exceptions. Quand les pistils et les étamines sont nom- breux, quand ces organes persistent longtemps, et que la fécondation à lieu successivement, comme, par exemple, dans les renonculacées, la fleur reste ouverte très-longtemps. Cette durée est généralement en rapport avec le nombre des pistils plutôt qu'avec celui des étamines. Aussi la fleur reste longtemps épanouie dans les renoncules, le fraisier , les magnolers ; elle est éphémère dans les cistes, les lins, les pavots dont les carpelles sont peu nombreux ou soudés. Tout le monde sait que les fleurs doubles restent ouvertes bien plus longtemps que les autres, précisément parce qu’elles sont stériles. Il est parfois très-difficile de déterminer l’époque de la floraison d’une plante. Il arrive même, dans certaines espèces. une sorte de floraison préparatoire dont le motif ne peut être expliqué. C’est ainsi que dans quelques violettes, comme on le savait depuis longtemps, pour plusieurs d’entr’elles, et comme on le sait mieux, grâce à l’intéressant mémoire de M. Timbal-Lagrave, on voit paraître de bonne heure des fleurs stériles et pétalées dont l’apparition a toujours été considérée comme la véritable floraison de ces plantes, et cependant c’est dans le mois de juin que presque toutes fleurissent sans INDIVIDUS ISOLÉS. 95 pétales, il est vrai, mais munies d’anthères garnies de pollen qui assurent la formation du fruit. Ces deux sortes de fleurs se montrent souvent dans di- verses familles de plantes. Elles s’épancuissent ensemble dans les corymbes du Viburnum opulus ; les premières fleurs se changent en bractées stériles et colorées dans l'Hortensia, et les véritables ne naissent que plus tard aux bifurcations des pédicelles qui soutiennent les premières. Dans un grand nombre de synanthérées, des couronnes élégantes de fleu- rons neutres se montrent et s’épanouissent avant les fleurs fertiles dont ils semblent former l’inutile et pompeux cor- tége. Quelles sont donc celles de ces fleurs qui doivent mar- quer l'instant du phénomène ? De la maturité des graines. Si les fleurs n’ont qu’une durée éphémère, il n’en est pas de même des fruits. Il s’écoule un laps de temps déter- miné et quelquefois très-long entre l'instant où la féconda- tion s’opère et celui où le fruit müri amène ses graines à leur dernière perfection. ; En général, toutes les forces de la plante se concentrent sur le fruit dont la maturation est la dernière phase de la vie, et si parfois nous voyons en même temps sur un seul végétal des fleurs et des fruits qui se succèdent sans inter- ruption, cela tient au groupement de nombreux individus qui, quoique réunis, conservent chacun une vie indépendante. Le temps de la maturité est très-différent selon les es- pèces. Quelques plantes annuelles, comme le Stellaria me- dia, le Draba verna , V Holosteum umbellatum , n’ont be- soin que de quelques jours, au plus quelques semaines, selon la température, pour répandre des graines parfaitement müres ; d’autres espèces, comme la plupart des conifères , 96 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. plusieurs palmiers, mettent plus de deux années pour accom- plir la maturation de leurs fruits. En général, tous les phé- nomènes de la végétation se présentent dans le cours d’une année , et les fleurs du printemps sont les gages des fruits que l’automne doit mürir. $ 2. DU GROUPEMENT DES INDIVIDUS RELATIVEMENT AUX PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. Nous venons de voir l’ordre naturel et relatif d'évolution dans les végétaux ; les feuilles d’abord , les fleurs et ensuite les fruits. Si nous cherchions maintenant une époque absolue, nous reconnaitrions bientôt que cette époque varie dans cha- que espèce, dans chaque groupe d'individus et dans chaque individu lui-même, et cela indépendamment des circons- tances extérieures que nous n'avons pas encore fait interve- nir. Enfin nous devrons aussi examiner s’il existe des diffé- rences entre les plantes sous le rapport de la continuité de la végétation. Chaque individu de la même espèce a une époque parti- calière de développement. Nous en avons des preuves chaque jour dans nos jardins, comme dans les campagnes. Des plantes situées dans des conditions absolument semblables , semées le même jour, provenant de graines récoltées sur le même pied, vont nous montrer des différences énormes dans leurs époques périodiques. Les unes germeront immé- diatement , d’autres attendront un an et même deux ans pour sortir de terre. Leurs feuilles, leurs fleurs ne paraîtront pas ensemble ; elles ne répandront pas leurs graines dans le même temps, et l’on sera forcé d'admettre que chaque plante provenant de graine a son tempérament propre, son idiosynerasie qui la distingue des autres. GROUPEMENT DES INDIVIDUS. 97 Les nombreux individus qui composent un arbre ont, en général, dans l'apparition des phénomènes périodiques, plus d'uniformité que les descendants d’une plante annuelle dont les graines ont germé; cependant on trouve encore de grandes différences. Dans les plantes agrégées, il faut un certain temps avant que la floraison ait lieu. L’espèce se reproduit au moyen de bourgeons qui développent en abondance des organes de nutrition, et c’est seulement après l'apparition de ces individus stériles que se montrent ceux qui sont des- tinés à reproduire par des graines la plante composée dont ils font partie. Quand on dit qu’un arbre ne fleurit que vers sa dixième ou douzième année , ce qui est très-fréquent dans nos forêts, c’est comme si l’on disait que pendant ce laps de temps les individus qui se groupent pour le former n’ont d’autres moyens de multiplication que les bourgeons. La nature a une si grande tendance vers ce mode de reproduc- tion , que l’on voit certaines plantes donner des bourgeons à la place même de leurs fleurs , et se multiplier ainsi par des germes séparables de la plante mère comme des graines, et pourtant non fécondées. La non floraison ne se remarque guère que dans les individus associés ; car, dans les espèces qui ne fleurissent qu’une fois, 1l y a des pieds qui attendent longtemps, ne faisant pour ainsi dire aucun progrès de vé- gétation, mais ils vivent jusqu’à cette époque et ne meurent que si elle est accomplie. Si par violence on sépare , comme on le fait par la greffe et les boutures, quelques-uns de ces individus fixés à un tronc commun , ils s'empressent de fructifier à une époque pendant laquelle ils auraient certainement été stériles s'ils eussent encore tenu à l’ensemble de la communauté. La nécessité semble modifier les lois, comme dans une ruche d’abeille qui a perdu sa reine, les ouvrières s’empressent III 7 98 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. de transformer en insectes multiplicateurs des larves qui, sans cela, auraient donné naissance à des eunuques travail- leurs. La végétation des individus provenant des germes déve- loppés sur un tronc commun, n’est pas tojours uniforme pen- dant la durée de la belle saison. Ii y a des anomalies très- remarquables dans leur durée, ou plutôt dans l’époque de leur développement, Quand les germes poussent de bonne heure et prennent un accroissement rapide, leur vie se ter- mine plutôt et l'individu accomplit plutôt ses fonctions. On voit, par exemple, les peupliers , les abricotiers et la plupart des espèces à fieuraison vernale produire leurs fleurs, et mürir leurs fruits dans les mois de juin et juillet. Alors les feuilles sont durcies, elles ont atteint le maximum de leur teinte verte , elles persistent sans se dessécher, mais elles ne fonctionnent plus. Chacun des bourgeons du printemps à fini son existence, et produit des germes nouveaux à l’ais- selle de chaque feuille. Ces germes attendent le printemps suivant pour se développer, et restent pendant l’hiver chau- dement enveloppés et dans une sorte de léthargie. Le bour- geon supérieur suit une autre marche , 1l végète aussitôt formé, et, quoique le plus jeune, 1! dépasse les autres, et donne naissance à un nouvel individu greffé sur l’ancien et généralement stérile. Quelquelois cependant, selon lés con- ditions de climat et la température de l’automne, on voit ces pousses estivales fleurir et parfois même donner du fruit. On pourrait donc assimiler ces bourgeons à des plantes an- nuelles qui, dans la même année , répandraient des graines dent quelques-unes seulement auraient encore le temps de végéter et de fleurir avant la saison des frimas. Dans ces circonstances, l'individu superposé donne encore des bourgeons qui peuvent aussi au printemps produire de GROUPEMENT DES INDIVIDUS. 99 nouvelles pousses. Il arrive aussi que le froid le surprend et le détruit, tandis que les boutons inférieurs de la branche à l'extrémité de laquelle il a pris naissance , ont conservé leur force végétative et se dégagent de leurs enveloppes. Les jeunes pousses détruites ou conservées, selon les climats, peuvent faire que le même arbre offre dans sa cime et la direction de ses branches, un aspect différent suivant la contrée où on l’observe. L'agrégation des végétaux en arbres et en plantes com- posées semble aussi quelquefois jeter de la perturbation dans l'apparition des phénomènes périodiques. C’est ce qui a lieu surtout quand l’agrégation se compose d'individus dont les fonctions sont différentes. Beaucoup de plantes et d’arbres à floraison printanière ont deux sortes de bourgeons séparés et indépendants. Alors l'évolution des individus lorifères pré- cède généralement l’apparition des bourgeons foliacés. Le Prunus spinosa, qui a ces deux sortes de bourgeons, fleurit avant le Cratægus Oxyacantha qui n’en a qu'uneseule espèce. En classant les plantes d’après ce point de vue, on obtient, d’un côté, presque toutes les espèces vernales. En effet, la plupart de nos arbres fruitiers se trouvent dans le même cas ; tels sont encore une grande partie des arbres de nos forêts dont les fleurs sont, du reste, presque insignifiantes. Sous les tropiques le même phénomène se présente aussi fréquemment, et il semble étrange que des arbres tels que des Erythrina, des Bauhinia, des Banisteria, soient couverts de fleurs éclatantes sans traces de feuillage. C’est pourtant le spectacle qui s’offrit à V. Jacquemont quand il pénétra dans l'Hymalaya (1). Le temps qui s'écoule entre la naissance par graine d’une (4) Journal, T. 2. , p. 7. 100 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. plante arborescente et le moment où les individus gemmi- pares et agrégés deviennent fertiles , est quelquefois très- long. Ils ne sont pas tous aptes à se reproduire immédiate- ment. Nous avons vu que la plupart d’entr'eux donnent d’abord naissance à des individus stériles qui semblent n’avoir d'autre mission que de fortifier la réunion de tous ces indi- vidus en un corps commun; puis, au bout d'un certain temps, très-variable pour chacun d’entr’eux , paraissent les bourgeons fertiles, tantôt tout à fait séparés des bourgeons foliacés, d’autres fois réunis et se développant en mème temps. Quand les bourgeons florifères sont distincts , ils s’'épanouis- sent, en général, avant les feuilles, en sorte qu’il existe sur l’arbreune époquede reproduction, etune époquede nutrition qui succède à la floraison ; mais si les individus sont monoï- ques, c’est-à-dire si des bourgeons mâles et des bourgeons femelles sont associés dans le même groupe, 1ly a très-souvent inégalité de développement dans l’époque de leur apparition. Le norsetier, par exemple, donne , au bout de quelques années, des bourgeons de fleurs mâles, et ordinairement, un peu plus tard, des bourgeons femelles. Cela tient sans doute à ce que, dans le noisetier, ce sont des bourgeons particuliers qui produisent les étamines , tandis que les pis- tils sont associés aux individus qui donnent les feuilles. Dans le pin sylvestre, c’est tout le contraire, ce n’est que longtemps après l'apparition de jeunes pousses portant des cônes femelles associés aux feuilles que les arbres devien- nent aptes à produire des fleurs mâles qui appartiennent à des boutons distincts. Une fois que des individus fertiles ont commencé de se montrer sur un groupe , ils se représentent à peu près régu- lièrement chaque année à la même époque , sauf les varia- tions de température et de climat. GROUPEMENT DES INDIVIDUS. 101 Puisque nous voyons tant de diversité dans les épo- ques qui désignent les phases de la vie dans les individus distincts et dans ceux qui sont groupés, c’est-à-dire sur des êtres appartenant à une même espèce , et tous placés dans des circonstances identiques, nous devons nous attendre à trouver plus de différence encore entre les diverses espèces d’une même contrée. C’est, en effet, ce que nous observons partout. Une même station, soumise au même climat, au même sol, cou- verte d’une association végétale compliquée , nous montre des fleurs depuis le printemps jusqu’à l'automne. Les bour- geons des arbres qui forment une même forêt ne s'ouvrent pasen même temps ; leurs feuilles ne se détachent pas tou- jours à la même époque. Les ormes ont répandu leurs grai- nes quand les chênes montrent leurs fleurs, et si nous ne pouvons assigner qu'avec doute une moyenne dans chaque climat pour l'apparition des phénomènes périodiques , nous savons parfaitement qu'il existe entre les espèces soumises aux mêmes conditions des différences relatives d’une très- grande importance. Nous donnons plus loin le tableau des époques de floraison des plantes qui composent la flore de notre circonscription. « Le calendrier de la floraison, dit M. Quetelet, est un >» instrument si sensible qe, pour les travaux des jardins et » de l’agriculture, il peut préciser, à un ou deux Jours près, » l’état d’avancement ou de retard de la végétation. Il » donne la mesure des effets combinés produits antérieure- » ment, tandis que le thermomètre, par exemple, n’accuse » que l’état actuel de la température (1). » Rien n’est plus difficile cependant que d'établir des com- (4) Bulletin de l’Académie roy. de Bruxelles , t, 20, 2e part., p. 245. 102 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. paraisons entre les phénomènes périodiques des végétaux. La plus grande difficulté consiste dans l'appréciation de l'idiosyncrasie de chaque individu. Une espèce quelconque étant donnée, et un certain nombre d'individus se trouvant exactement dans une même situation, comme tous les mar- ronniers d’un pare ou d’une avenue , tous les chênes d’une forêt uniforme, tous les noisetiers d’une même haie ou tous les narcisses d’une même prairie, nous allons trouver des individus qui fleuriront ou développeront leurs feuilles cons- tamment les premiers, tandis que d’autres fermeront la série et montreront encore des bourgeons et des fleurs alors que les autres auront fini de fleurir ou de se couvrir de feuilles. L'écart entre le commencement de la floraison de ces divers individus pourra être considérable. L'arbre qui, sur le plateau central, nous montre le plus fréquemment cette anomalhe, est le noyer. Dès le commen- cement du printemps, quelques-uns d’entre eux ouvrent leurs bourgeons, et d'autres, d’une constitution opposée, ne fleurissent qu'un mois après. Il y a donc souvent trente jours d'écart entre les individus. Aussi certains arbres sont atteints chaque année par le froid , et d’autres sont complé- tement exempts, faute de développement , des atteintes des gelées tardives. À mesure que la saison avance, l'écart diminue , et les espèces qui fleurissent à la fin de mai, en Juin ou en Juillet n'ont plus que quelques jours d'écart , si elles sont exacte- ment placées dans les mêmes conditions de température et d'alimentation. Ce développement successif est si long dans certaines plantes , que déjà , sur la même tige et sur le même épi, des graines sont mûres et des fruits desséchés , que l'extrémité supérieure porte encore des boutons. GROUPEMENT DES INDIVIDUS. 103 Il n’y a rien de fixe non plus pour la floraison des plantes annuelles ; leur épanouissement dépend de l’époque où elles ont été semées et de celle surtout où leurs graines ont pu germer. . Enfin, parmi tous ces végétaux, on en trouve dont l'ac- croissement est continu et dont la floraison n’a ni commen- cement ni fin, et n’est interrompue, dans nos climats, que par l'apparition des gelées qui désorganisent leurs tissus. En effet, il existe des plantes dont la floraison est in- fluencée par la température d’une manière absolue , et dont on peut calculer l'instant précis de l'épanouissement pour une somme de chaleur donnée. Ici le climat l’emporte sur l'habitude ; ce sont les espèces que les jardiniers peuvent forcer. Il en est d’autres qui se refusent à cette accélération de développement par les causes extérieures. El y a des es- pèces qui, tenant aux habitudes qu’elles ont acquises, ne se laissent pas avancer, et ne fleurissent qu’à l’époque à laquelle elles ont coutume d'ouvrir leurs fleurs. On remarque, dans les variétés d’une même espèce, une tendance plus où moins prononcée vers l’un ou l’autre des deux états dont nous ye- nons de parler. Tous ceux qui cultivent les jacinthes savent que certaines variétés sont bien plus faciles à forcer que d’autres qui résistent. Les points de comparaison sont donc très-difficiles à éta- blir pour l'observation des phénomènes périodiques. Si, par exemple, nous choisissons le lilas ordinaire cultivé dans nos jardins, placé à la même exposition , nous trouvons, dans l'ouverture de ses bourgeons et dans l'épanouissement de ses fleurs, des différences très-sensibles uniquement dues à l’idiosyncrasie de l'individu. L'un sera plus précoce que l’autre ; les bourgeons qui terminent les branches, les bou- tons qui sont placés à l'extrémité des thyrses flonifères ne 10% PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. s’ouvriront pas en même temps que les boutons et les bour- geons latéraux. Il faudrait, pour que les résultats fussent comparatifs, que ces divers lilas , situés dans des contrées différentes, dérivassent d’un même individu par génération gemmipare , ou bien prendre la moyenne d’épanouissement d’un grand nombre d'individus. Il existe encore dans l’étude des phénomènes périodiques une cause peu connue , c’est la relation du climat et de l’es- pèce. Chaque plante se comporte d’une manière particulière relativement au climat. Il est des végétaux très-influencés par la température, comme nous l'avons déjà dit , et d’autres qui le sont moins, Ainsi dans les plaines du centre de la France , il y a coin- cidence entre la floraison du seigle et celle du sureau , Sam- bucus nigra ; mais à mesure qu’on s’élève dans la région montagneuse, l'épanouissement de ces deux espèces retarde; le seigle est bien moins influencé que le sureau , son écart est de quelques jours, de quelques semaines au plus; celui du sureau est de plusieurs mois, et nous avons vu de 1,000 à 1,200 mètres d’élévation, récolter le seigle mür, quand le sureau montrait ses corolles encore épanouïies, La température a cependant une si grande influence sur les époques des plantes, que très-probablement chacun des phénomènes périodiques que nous connaissons , et surtout les phénomènes d’évolution et de maturation, exigent une somme quelconque de chaleur pour se produire. Cette somme de chaleur ne peut être comptée qu’à parür du degré très-variable auquel chaque espèce (et peut-être chaque individu } commence à en ressentir l'influence. On doit au savant secrétaire perpétuel de l’académie de Bruxelles, une formule très-simple pour arriver à connaître le chiffre comparatif des températures exigées par chaque espèce pour GROUPEMENT DES INDIVIDUS. 105 chacune des phases de la vie. M, Quetelet prend la tempé- rature moyenne des jours, la multiplie par elle-même pour en avoir le carré, et multiplie encore ce carré par le nombre de jours écoulés entre le commencement de la végétation et le phénomène observé. En calculant séparément la somme nécessaire à la florai- son d’un Clethra alnifolia , M. Quetelet a trouvé que cette plante, en plein air, a fleuri le 3 août, après avoir reçu 35,149 de température. Un clethra ôté de pleine terre, le 23 février, et transporté dans la serre , a fleuri le 16 mai, après avoir reçu 33,200°. Cette différence est bien faible, si l’on fait attention que l’humidité, la lumière et sans doute d’autres causes extérieures agissent autrement en plein air que sous des vitraux. M. Quetelet à fait aussi des expériences très-intéressantes sur le lilas Varin. A ceteffet, M. Schram, contrôleur du jardin botanique de Bruxelles, fit avec beaucoup de soin des obser- vations sur ces arbrisseaux renfermés dans une serre dont la température était connue, et un pied de lilas laissé à l’air libre. « La serre où se faisaient les observations, dit M. Quetelet, avait, au maximum, une température de 20 à 21° Réau- mur; cette température descendait pendant Ja nuit à 15°, et dans quelques circonstances à 100 R. J’estime que l’on peut prendre pour la moyenne 20° centigrades. » Or, d’après plusieurs années d’expérience , j'ai imdi- qué , dans l’Annuaire de l'Observatoire, que les feuilles du lilas Varin exigent une somme de température égale à 191° centigrades , pour commencer à s'épanouir, ou bien encore une somme carrée de température égale à 1,315°. D’après la méthode de calcul d’Adanson, Boussingautl et de Gas- parin , il faudrait neuf à dix jours de température à 20°, et d’après ma méthode , trois à quatre jours seulement. 106 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. » D'après les tableaux de M. Schram , il a fallu en effet trois jours et demi de température à 20° pour produire l'épanouissement des premières petites feuilles, et après neuf à dix jours que supposé l’autre méthode de calcul, la feuil- laison était déjà complétement achevée. » Pour la première floraison du lilas Varin, l’Annuaire de l'Observatoire montre qu'il faut 508 degrés de température centigrades ; ou bien, dans ma manière de calculer, une somme de carrés de température égale à 4,657; ce qui sup- pose, d’après Adanson , plus de vingt-cinq jours, et, d’après ma méthode, onze à douze jours seulement. Or, ce dernier résultat s’accorde encore avec les expériences faites au jardin botanique , qui fixent en moyenne à onze jours 34 l’époque de la floraison du lilas Varin. » Il résulte donc, de toutes ces comparaisons, que la méthode qui consiste à calculer les époques de la feuillaison et de la floraison, en tenant compte des carrés des tempé- ratures, présente, au moins dans les exemples cités, un accord surprenant avec les expériences tentées dans les serres. | » Ce qui m'a surtout montré, continue M. Quetelet, la nécessité de substituer les carrés des températures à leur simple somme, c’est l’observation de ce qui arrive, quand la température, aux principales époques de la végétation , vient à s’élever d’une quantité un peu notable au-dessus, ou à s’abaisser au-dessous de sa valeur habituelle. Dans le pre- mier cas, la végétation prend une activité remarquable , et, dans le second , elle se ralentit et semble s’arrêter même. » D'après la méthode d’Adanson, Boussingault et du comte de Gasparin, la végétation se trouve aussi avancée après deux jours de température de 10 degrés qu'après un jour de température de 20 degrés ou qu'après quatre Jours GROUPEMENT DES INDIVIDUS. 107 de température de 5 degrés. Dans toutes ces circonstances la somme est 20°, et les résultats doivent être conséquem- ment les mêmes. » Dans la méthode que j'ai proposée, les effets respec- tifs seraient dans les rapports de 200 , 400 et 100, c’est- à-dire , qu'avec 20 degrés, au mois de mars , par exemple, le progrès de la végétation en 24 heures, serait double de ce qu'il est habituellement par une température moyenne de 10 degrés ; et ce progrès serait moitié moins grand , si la température s’abaissait à 5 degrés (1). » La formule proposée par M. Quetelet doit rester, comme il le dit lui-même, dans certaines limites de température, limites qui doivent varier selon les espèces et les individus. "Il faut aussi se rappeler que les plantes exigent des tempé- ratures différentes pour sortir de leur sommeil hivernal , et que ce commencement de la vie est très-difficile à déter- miner. D'un autre côté, la force d'habitude où la stabilité acquise est tellement différente pour chaque espèce, qu'il en est que l’on ne peut pas forcer et qui, soit par cette cause, soit par l’absence d’influences secondaires , restent stationnaires et résistent à toutes les températures que l’on veut leur appli- quer. M. Bravais, pendant son séjour à Alten, par 70 de latitude, a recueilh des observations très-intéressantes sur la floraison des plantes qui exigent les moindres sommes de température pour épanouir leurs fleurs. Il à pris pour terme de comparaison le lilas ordinaire qui, d’après M. Quetelet, a besoin pour fleurir d’une somme de 462 degrés ou de 4,264 degrés carrés. Or, les plantes (4) Bulletin de l’Acad. roy. de Bruxelles, t. 49, Are part, p. 555 etsuiv. 108 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. observées par M. Bravais à cette haute latitude, exigent toutes une quantité de chaleur bien moins grande que celle qui est nécessaire au lilas dont la floraison à Bruxelles tombe en moyenne le 27 arvil. Voici le tableau de M. Bravais : Date de la floraison de quelques plantes et sommes des degrés thermométriques qui l'ont précédée. Dates Sommes Sommes des carrés de la floraison. des températures. des températures. Saxifraga oppositifolia. Mai. 5 33° 218 Tussilago Farfara.... — 10 90 298 Eriophorum vaginatum. — 16 99 710 Empetrum nigrum... — 16 99 710 Gnaphalium dioicum. — 22 161 1374 Menziezia cœrulea. .. — 22 161 1374 Veronica officimalis . . — 25 184 1550 Alsine biflora ...... — 95 184 1550 Rhodiola rosea ..... — 28 215 1877 Alchemilla vulgaris.. Juin. 1 235 1995 Azalea procumbens .. — 4 249 2057 Primula farmosa. ... :.—. 5 254 2084 Geum rivale ....... — 6 262 2113 Vaccinium Myrtillus.. — 6 262 2113 Luzula pilosa ...... — 6 262 2113 Lychnis affinis. ..... — 7 268 2149 Andromeda polifolia . — 9 292 2431 Cardamine pratensis . — 11 318 2777 Geranium sylvaticum. — 11 - 318 2717 Ribes rubrum...... — 1 318 2777 Phaca astragalina.. .. — 11 318 2777 Potentilla mivea..... — ii 318 2777 GROUPEMENT DES INDIVIDUS. 109 Dates Sommes Sommes des carrés dela floraison. des températures. des températures. Trientalis europæa. .. Juin. 11 318° 2771 Saxifraga cæspitosa. . — 11 318 2771 Pyrola secunda..... — 11 318 2771 Equisetum sylvatieum. — 11 318 2777 On voit que le Saxifraga oppositifolia et le Tussilago Farfara sont les deux plantes qui exigent le moins de chaleur pour fleurir. Nous renvoyons du reste à ce que nous avons dit des écarts thermométriques , t. 1, p. 25 et suiv. On voit bien qu’une des plus grandes difficultés qui se présentent leærsqu’on veut calculer la somme de chaleur né- cessaire à l’accomplissement d’une des phases de la vie vé- gétale , c’est de connaître exactement le point de départ de la végétation, ou le O0 du réveil printanier qui est loin, comme on le sait, de coïncider avec le 0° de température. Or ce point de départ devient encore plus difficile à con- naître , si l’on fait attention qu’il se compose de deux élé- ments ; d’abord le véritable moment, ou la température réelle à laquelle commence l’évolution vernale, et ensuite le degré de développement acquis avant l’hiver et arrivant en augmen- tation sur le départ initial. Ainsi, prenons pour exemple l’Anemone alpina qui fleurit presqu’aussitôt que la neige l’abandonne. Cette plante s’est occupée pendant l’automne de préparer la floraison du printemps. Elle la tient en ré- serve sous la neige qui la couvre en hiver. Si l’automne s’est prolongé avec une température supérieure au degré néces- saire pour que cette espèce puisse végéter , elle aura pris beaucoup d’avance dans cette saison; si, au contraire, des gelées hâtives sont arrivées, le travail de la végétation a pu être interrompu et remis au printemps suivant. Comment reconnaître, dans cette circonstance, la somme de tempéra- 110 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. ture qui a favorisé la végétation dans chacune de ces deux périodes ? Les arbres eux-mêmes, dans l'ouverture de leurs bourgeons , sont influencés par l’année précédente , et la re- cherche des phénomènes périodiques se complique encore des faits que nous venons de signaler. Il faudrait aussi pou- voir tenir compte des différences d'absorption du calorique par des tissus diversement colorés ; il faudrait apprécier la station des plantes à l’ombre ou au soleil, etc. , etc. Ce qui prouve pourtant que la température est la princi- pale cause des phénomènes périodiques, ce sont les exemples de précocité ou de longue durée qui se présentent dans les an- nées exceptionnelles. Lorsqu'un hiver, comme æelui de 1852 à 1853, nous ramène à ceux de la Corse et de l'Italie, nous voyons les plantes vernales anticiper sur leur ordre d’appa- rition ; mais cependant ce développement, excité par la cha- leur, est loin d’être le même pour toutes les plantes. Les espèces vivaces et vernales, dont tous les préparatifs sont faits depuis longtemps, sont les premières qui présentent leurs fleurs à l'influence d’un printemps anticipé, puis viennent les plantes annuelles et enfin les espèces ligneuses qui sem- blent avoir plus de stabilité que les autres. On remarque aussi dans les hivers qui offrent ces tempé- ratures anomales une foule d’espèces qui, loin d’être prin- tanières, ont, au contraire , prolongé leur développement estival, telles sont : Les carduacées , des ombellifères, etc. IL va sans dire que, pendant ces hivers sans gelée, les plantes à végétation continue, comme le Calendula arvensis, Capsella Bursa pastoris, Bellis perennis, etc., ne s’arrêtent jamais. Nous sommes loin de vouloir diminuer par ces observations le mérite des études que M. Quetelet poursuit avec tant de per- sévérance, nous avons voulu seulement faire ressortir toutes CAUSES INFLUENTES. 111 les difficultés de ces recherches, et signaler aux observateurs la nature des corrections qu'ils auraient à faire pour rendre leurs résultats comparatifs. $ 3. DES CAUSES INFLUENTES DANS LES ECARTS ET LES DIFFÉRENCES DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. Ces causes sont très-nombreuses et peuvent tenir, comme nous venons de le dire, à l’idiosyncrasie des individus, à l’ali- mentation, à l'exposition , à la température et à l’habitude. Mais on peut, en quelque sorte, les ramener à deux princi- pales : à l'habitude acquise et aux saisons, ou, autrement dit, à la stabilité inhérente à l’individu , et aux conditions exté- térieures. Nous ne reviendrons pas ici sur ce que nous avons déjà dit, dans notre premier volume, sur l'habitude. Cette force d'inertie aune grande puissance, mais très-variable selon leses- pèces. Les saisons ou les variations périodiques ou accidentel- les du climat dans chaque localité viennent souvent la combat- tre, et de cette lutte résulte une époque moyenne qui, chaque année, marque à peu de distance, le retour des mêmes phases de la vie. La cause de ces retours réguliers tient sans contre- dit, en partie, à l'habitude acquise par les végétaux depuis la création de l’espèce et à son habitation dans le même lieu. Une plante de l'hémisphère austral qui fleurit pen- dant l'été de son pays, transportée dans nos régions, con- tinuera de fleurir pendant son été, c’est-à-dire, pendant notre hiver. Les saisons, ce retour périodique d’une même tempéra- ture, d’un même degré d'humidité, d’une même intensité de lumière et de fluide électrique , sauf quelques variations, ont aussi une part d'influence assez grande dans ces phéno- 112 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. mènes, et modifient plus ou moins les habitudes, mais dans des limites restreintes. On peut, il est vrai, se demander si ces mêmes saisons ne sont pas d’abord la cause première de ces habitudes ac- quises par suite d’une longue série de retours successifs. Ainsi, par exemple, c’est à la fin d'octobre et en novembre que le lierre fleurit, en répandant à une grande distance une forte odeur de miel. Ses fleurs jaunâtres, les dernières qui s’épanouissent dans l’année, attirent de nombreux insectes qui facilitent sa fécondation ; aussi ces fleurs sont rarement stériles. Si les froids viennentde bonne heure, la floraison s’ar- rête pour reprendre en novembre, décembre ou même jan- vier, selon la température des journées et le tempérament de chaque individu. Ce qui est certain , c’est que le lierre est peut-être la seule plante de notre contrée dont la florai- son appartient uniquement à l'hiver. Or, le lierre est aussi une anomalie pour notre climat, c’est le seul représentant d’une famille qui appartient à l'hémisphère austral , ou au moins à la zone tropicale. C’est la seule araliacée d'Europe, sion laisse l’Adoxa et les Chry- sosplenium avec les saxifragées. Les autres lierres sont de l'Amérique australe, quelques-uns seulement de Java et des Indes. Il serait très-curieux de connaître à quelle époque fleu- rissent les autres espèces, et surtout celles qui végètent le plus au Sud , et qui ont l'été quand nous avons l’hiver. Nous serions tenté de supposer qu’elles épanouissent leurs fleurs à la même époque que notre lierre, c'est-à-dire, pendant le printemps de leurs contrées qui correspond à la fin de notre automne. $’il en était ainsi, cela tendrait à prouver que dans quelques circonstances les saisons ont peu d'influence sur les phénomènes périodiques , et que la constitution par- CAUSES INFLUENTES. 113 üculière des espèces l'emporte sur l’action prolongée du climat. En ramenant , comme nous l'avons fait dans un des cha- pitres précédents, toutes les plantes au type monocarpien , puisque chaque organe ne peut servir li seule fois pour . la reproduction, nous n’avons plus qu’à rechercher si, pen- dant la vie des individus libres ou aggrégés, les saisons, c’est- à-dire la température et les conditions extérieures peuvent interrompre ou modifier les évolutions successives de l'in- dividu. Le doute n’est pas permis pour les plantes de nos climats, où l'été et l'hiver sont si nettement tranchés. Il ne l’est guère non plus pour la plupart des climats tropicaux, où l’absence de l’eau, c’est-à-dire des pluies, pendant une partie de l’année, correspond précisément à notre hiver, et où la sécheresse produit les effets négatifs du froid. Mais dans les lieux constamment humectés par des eaux courantes ou sta- gnantes, dans ceux où la pluie se succède à des intervalles assez rapprochés pour que le sol ne puisse pas se dessécher entièrement, les plantes peuvent se développer sans arrêt et végéter sans période de léthargie. Il est rare cependant qu’il en soit ainsi, et la graine qui tombe pour reproduire l’es- pèce, et le bourgeon qui se forme pour multiplier les indi- vidus, se reposent un certain laps de.temps avant de prendre un nouvel essor. Le bourgeon et la graine sont deux organes parfaitement analogues. Le bourgeon est une graine non fécondée qui reste fixé à l'individu ; la graine est un bourgeon que l’acte de la fécondation a séparé de la plante mère. Tous deux continuent l'individu nouveau à l’état de repos. Dans nos climats, c’est principalement le froid qui est la cause du repos, et parfois aussi la sécheresse ; aussi la plu- 8 114 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. part des plantes passent l’hiver en léthargie et s’éveillent au printemps. Nous ignorons si les plantes cryptogames, qui vivent et meurent en quelques jours , comme certains champignons , se reprodusent immédiatement, ou bien si çe sont des germes antérieurement déposés qui reproduisent, par exem- ple, tous les individus qui paraissent dans un automne. ILexiste parmi les phanérogames des plantes réellement annuelles, dans toute l’acception du mot, qui peuvent pro- duire plusieurs générations par an, et dont la végétation n’est jamais arrêtée. Nous pouvons citer le Capsella bursa- pastoris , le Stellaria media, le Senecio vulgaris. Six se- maines à deux mois suffisent à ces plantes, selon la tempé- rature, pour se développer et répandre leurs graines. Elles existent même pendant l'hiver, et comme elles résistent aux gelées et qu’elles penvent végéter sous l'influence d’une faible température , dès qu'un rayon de soleil se montre, ces es- pèces s’accroissent, fleurissent et fructifient, suspendant leurs fonctions temporairement si le froid persiste ou si la neige les couvre. Une terre trop sèche peut seule arrêter les géné- rations successives de ces végétaux, et si le froid ou la sé- cheresse n'arrivaient Jamais, ces espèces se perpétueraient indéfiniment, sans relâche et sans repos. Ici la saison, le chmat, en un mot, les influences extérieures, sont réelle- ment très-importants. Il est d’autres espèces qui, malgré les meilleures condi- tions , ne se montrent qu'une fois dans l’année , et restent iongtemps ensevelies dans un repos complet. Le Draba verna , | Holosteum umbellatum et en général toutes les es- pèces vernales présentent ce caractère. On les voit fleurir dès les premiers beaux jours ; leurs graines mürissent promp- tement, se ressèment, mais elles ne germent pas. Quelle CAUSES INFLUENTES. 115 que soit la température et l'humidité, ces plantes, qui pour- raient, comme les premières , arriver dans l’année à plu- sieurs générations, ne se montrent plus qu’au printemps suivant. Le climat n’est donc pas la cause qui les arrête. Voilà des caractères très-différents dans des plantes très-voisines et de la même famille , les unes ne supportant dans leur vie que les interruptions forcées , les autres réglant la leur sur des motifs qui nous sont inconnus. Les bourgeons, comme la plupart des graines, attendent aussi, pour se développer, la chaleur du printemps et l’hu- midité des pluies vernales. En cela, 1ls ressemblent aux grai- nes qui ont besoin de rester engourdies un certain laps de temps. Est-ce l'influence de la saison qui est la cause de cette stagnation momentanée de la vie dans les germes ? est- ce le résultat d’une longue habitude acquise ? Il n’en est pas moins vrai qu'il n'existe , sur le plateau central comme dans toute la zone tempérée , qu’un petit nombre d'espèces dont les générations se succèdent sans que leurs semences prennent le repos dont la plupart des graines s’empressent de profiter. Ce n’est pas seulement sur la végétation que l'influence des saisons se fait sentir dans les zones froides et tempérées, c’est aussi sur les animaux, qui se comportent souvent comme les bourgeons des plantes. Les uns tombent en léthargie et restent engourdis pendant l'hiver ; d’autres subissent des métamorphoses analogues à celles qui ont lieu dans le déve- loppement des germes végétaux. Le milieu dans lequel vit l’être organisé changeant de propriétés , il développe des parties vitales appropriées à l’état variable de ce milieu , et la saison finit par donner aux végétaux comme aux animaux des habitudes régulières. Les graines et les bourgeons sont 116 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. munis d’enveloppes pour traverser l’hiver, de feuilles pour respirer au printemps , de corolles délicates à déployer en été et de fruits variés destinés à semer les graines en au- tomne. La saison agit sur toutes les phases de la vie. La même chose n’a plus lieu sur les êtres plus parfaits, quoique cependant l’hivernage se fasse encore remarquer sur des animaux qui occupent le haut de l'échelle, comme plusieurs mammifères ; mais, en général, les saisons n’influencent pas les animaux supérieurs, tandis que les métamorphoses des animaux inférieurs, comme celles des plantes, sont intime- ment liées aux variations périodiques des climats. La durée de la végétation est ordinairement subordonnée à la température, et, malgré cela, il est bien peu de plantes, ainsi que nous l'avons dit, dont la végétation soit continue et ne s'arrête Jamais, même sous les tropiques. La séche- resse y produit les effets du froid ; mais il y a quelques ex- ceptions pour les plantes qui vivent sur le bord des eaux. Un des exemples les plus curieux est celui du cocotier: il végète sans interruption jusqu’à l’âge de 30 à 40 ans, en produisant chaque lunaison un régime de 10 à 14 fruits, qui cependant ne parviennent pas tous à maturité. Au delà de 40 ans, les récoltes diminuent, et un vieux cocotier de 100 ans ne donne presque plus rien (1). Sous notre chmat, c’est l'hiver qui arrête les plantes ; sa longueur, proportionnée à la latitude et à l'altitude, ne laisse aux végétaux qu’un temps déterminé pour traverser les différentes phases de leur vie. Nous savons déjà qu’il existe très-près des pôles ou à de grandes hauteurs des plantes, qui restent ensevelies pendant plusieurs années, et qui ne fleurissent qu'accidentellement (4) Humboldt, Voy. aux rég. équin., t. 3, p. 253. CAUSES INFLUENTES. 117 à de longs intervalles ; rarement elles frucüifient, Aussi les espèces annuelles, en supposant qu’elles y aient jamais existé, n'ont pu s’y maintenir et en ont été expulsées. À une hau- teur moins grande ou à une latitude moins élevée, nous voyons des espèces qui jouissent régulièrement d’une petite période d’un mois environ pour épanouir leurs fleurs et nouer leurs fruits, qui rarement atteignent la maturité. Sur le plateau central , c’est à 1,800 mètres seulement, et plus bas, dans quelques vallées abritées et souvent com- blées par la neige, que les plantes ont les étés les plus courts. Le temps que leur accorde la nature pour se déve- lopper y est souvent réduit à trois mois, et deux suffisent à quelques-unes d’entre elles. Vous les voyez bourgeonner et fleurir avec rapidité dès que les neiges se retirent, et si leurs graines ne mürissent pas entièrement, les rejets et les dra- geons remplissent le même but. Plus bas, le temps de durée de végétation augmente, et enfin, dans la plaine et au nord du plateau central, on peut évaluer cette période à 6 à 7 mois, et au midi à 7 à 8 et même plus. La température a, comme on voit, une part très-active dans tous les phénomènes de la végétation, et comme cette température prend un accroissement successif très-rapide à l’époque où la végétation commence, surtout dans les monta- gnes, la floraison de toutes les plantes est accélérée. La même chose n’a pas lieu pour la maturation des fruits ; ils mettent plus de temps à atteindre leur perfection, et souvent, dans les lieux élevés, ils ne peuvent y parvenir. ILest donc bien difficile d'obtenir des moyennes précises dans les phénomènes périodiques et d'établir entre eux des comparaisons exactes ; l'écart entre les phases vitales peut être considérable ; il l’est d’autant plus que la saison est 118 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. moins avancée et la température moins élevée. Il est de plusieurs jours et même d’un mois ou deux pour certaines plantes hivernales dont la floraison des individus hâtifs se trouve séparée de l'épanouissement des individus tardifs par plusieurs mois de gelée. Nous avons vu des noisetiers déve- lopper leurs chatons mâles en décembre et d’autres , placés exactement dans la même position, ne fleurir qu’à la fin de février. Ainsi, cette sensibilité des végétaux au moyen de laquelle on a cherché à calculer, pour chaque espèce, les écarts du développement des organes, n’existe plus au milieu de l’été, et ne peut être invoquée que pour les plantes vernales. ÉPOQUE DE FLORAISON. —— FÉVRIER. 119 CHAPITRE XXXI. PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. — LISTE DES PLANTES DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE, RANGÉES DANS L'ORDRE MOYEN DE LEUR ÉPANOUISSEMENT. Les initiales placées à la suite de chaque espèce indiquent la région à laquelle elles appartiennent. n. région du nord , ou plantes des montagnes. p. espèces de la plaine. m. région méridionale. aq. espèces aquatiques et des lieux humides. FÉVRIER. THacamiFLores. Ranunculus hederaceus, aq.; Helle- borus fœtidus, p.; Capsella bursa-pastoris, p.; Stellaria media, p. CaziciFLores. Ulex europæus, n.p.; Amygdalus com- munis, p.: Bellis perennis, p.; Senecio vulgaris, p.; Ca- lendula arvensis, p.; Taraxacum dens leonis, p. CoRoLLIFLORES. Lamium purpureum , p. MoxocaLamypées. Corylus Avellana, n. p.; Alnus gluti- nosa , aq. D. p. MoxocoryLÉpoxes. Galanthus nivalis, n. p.; Poa an- nua , n. p. 120 ÉPOQUE DE FLORAISON. MARS. THALAMIFLORES. Anemone nemorosa, n. p:; Ranunculus Ficaria, p.; Helleborus viridis, n.; H. fœtidus, p.; Chei- ranthus Cheiri, p.; Draba verna, n. p.; Viola hirta, p.; V. odorata, p.; Holosteum umbellatum, p.; Acer monspes- sulanum, p. m.; Erodium cicutarium , p. CariciFLores. Persica vulgaris, p.; Armeniaca vulga- ris, p.; Potentilla verna, p. m.; Chrysosplenium alternifo- lium, aq.; Cornus mas, m.; Viscum album, p.; Viburnum Tious, m.; Tussilago Farfara, p.; Petasites vulgaris, aq. CoroLLIFLoREs. Vinca major, m.; V. minor, p.; Pul- monaria angustifolia, n. p.; Veronica hederifolia , p. ; La- thræa clandestina, aq.; Glechoma hederacea , p. MoxocHLAMYDÉES. Daphne Laureola, n.; Cyclamen re- pandum, m.; Ulmus campestris, p.; U. effusa, p.; Salix cinerea, aq. p.; S. capræa, aq. n. p.; Populus alba, aq. p.; P. Tremula, aq. n. p.; P. nigra, aq. n. p.; P. fastigiata, aq. p. MoxocoryLepoxEs. Narcissus pseudo-Narcissus, n. p.; Gagea arvensis, p.; G. lutea, n.; Scilla bifolia , n.; Endy- mion nutans, n.; Equisetum hiemale, p. AVRIL. THALAMIFLORES. Anemone montana, n. p.; A. hepa- tica, m.; Adonis vernalis, m.; Ranunculus auricomus, n.; Caltha palustris, aq. n. p.; Isopyrum thalictroides, n. ; Corydalis solida , n. p.; Fumaria officinalis, p.; Cardamine pratensis, aq. n.p.; Sysimbrium Allaria, p.; S. Thalia- num, n. p.; Diplotaxis erucoides, m.; Alyssum maritimum, m. aq.; À. spinosum, m.; Draba aizoides, m.; D. mura- AVRIL. 121 lis, p.; Thlaspi perfoliatum, p.; T. præcox, m.; Biscutella saxatilis, m.; Hutchinsia petræa , p.; Æthionema saxa- tile, m.; Calepina Corvini, p.; Cistus salifolhus, m. ; Helianthemum umbellatum , m.; Viola sciaphila, p.; V. sylvestris, p.; V. agrestis, p.; V. gracilescens, n.; V, Sa- goti, n.; Sagina apetala, p. m.; Arenaria hispida, m.; A. montana, m.; Stellaria holostea, n. p.; Cerastium se- midecandrum, n. p.; C. glutinosum, n. p.; C. arvense, n. p.; Acer opulifolium, m.; A. platanoides, p.; Oxalis Acetosella, n. | CaLiciFLoREs. Rhamaus infectorius, m.; R. Alaternus, m.; Trifolium stellatum, m.; Astragalus monspessulanus, p. m.; Coronilla Emerus, m.; Ornithopus compressus, m.; Lathyrus setifolius, m. ; Orobus vernus, m.; Prunus spi- nosa, p.; P. fruticans, p.; P. cerasifera, p.; P. insititia, p.; P. domestica, p.; Cerasus avium, p.; C. vulgaris, p.; Potentilla Fragariastrum, p.; Pyrus communs, p.; P. amygdaliformis, m. ; P. Malus, p. ; Calhtriche autumnalis, aq.; Ribes uva-crispa, p. n.; R. alpinum, p.n.; Saxifraga trydactilites , p.; Chrysosplenium oppositifolium, aq. ; Adoxa moschatellina, n.; Gallium cruciatum, p.; Vaillan- tia muralis, m.; Valerianella olitoria , p.; V. carinata, p. ; V. membranacea , m.; Senecio hvidus, m. ; Taraxacum læ- vigatum, p. ; Pterotheca nemausensis, m. ; Erica arborea, m.; E. scoparia, m. CoroLLiFLorEs. Fraxinus excelsior, n. ; Cynoglossum cheinifolium, m.; Symphitum tuberosum, p.; Lithosper- mum fruticosum , m.; Myosotis hispida, p. ; M. stricta, n. p.; Veronica Chamædrys, p. V. arvensis, p.; V. verna, p.3 V. triphyllos, p. V. præcox, p. m.; V. agrestis, p. ; V. polita, p.; Lathræa squammaria, aq.; Lamium amplexi- caule , p.; L. incisum, p.; L. maculatum, n. m.; L. al- 122 ÉPOQUE DE FLORAISON. bum , n. p.; Coris monspeliensis, m.; Primula variabilis, p.; P. acaulis, p. m.; P. officinalis, n. p. MoxocaLamypÉEs. Daphne Mezereum , n.; Buxus sem- pervirens, m. p.; Euphorbia suffruticosa, m.; E. Cypa- rissias , p. ; Mercurialis perennis , n. ; Celtis australis, m. ; Ulmus montana, n.; Juglans regia, p. ; Quercus coccifera, m.; Carpinus Betulus, p.; Salix fragilis, aq. p. m.; S. pur- purea, aq. p. m.; S. rubra, aq. n. p.; S. viminalis, aq. p.; S. Seringeana , m. ; S. incana , aq. m. ; S. aurila, aq. n. p.; Betula alba, n. MoxocoryLEnonEs. Lemna trisulca, aq. ; L. polyrrhiza, aq. ; L. minor, aq.; L. gibba, aq.; Arum maculatum, n. ; A.italicum, n.; Crocus vernus, n.; Iris olbiensis, m. ; Narcissus juncifolius , m. ; Ruscus aculeatus, p. m. ; Tulipa sylvestris, p. m. ; Erythronium dens canis , n.; Scilla verna, n.; Muscari botryoides, m.; M. racemosum, p.; Allium roseum, m.; Luzula campestris, n. p.; Carex montana, n. m.; C. gynobasis, p.; C. nitida, m.; C. humilis, m.; C. pallescens, aq. p.; Chamagrostis minima, n. p.; Sesleria cærulea , m.; Briza maxima, m.; Equisetum Telmateia, p.; Ceterach officinarum, p. MAI. THALAMIFLORES. Thalictrum aquilegifolium, m.; Ane- mone Pulsatilla, n.; A. ranunculoides, n. ; Adonis æstivalis, p.; À. flammæa, p., Myosurus minimus, aq. p.; Ranun- culus Lenormandi, aq. ; R. aquatilis, aq.; R. trichophyllus, aq. ; R. fluitans, aq.; R. acris, n. p.; R. repens, aq. p.; R. bulbosus, p.; R. chærophyllos, m.; R. monspeliacus, m.; R. sceleratus, aq. ; R. arvensis, p.; R. parviflorus, p. m.; Trollius europæus, n. ; Nigella damascena, m.; Aquilegia MAI. 123 vulgaris, n.; Actæa spicata, n.; Pæonia peregrina, m. ; Berberis vulgaris, p.; Papaver hibridum , p.; Chelidonium majus, p.; Fumaria Bastardi, p.; F. Vaillanti, p.; F. parviflora, m.; Nasturtium officinale, aq.; Barbarea vul- garis, p.; B. stricta, p. ; B. intermedia, n.p.; B. præcox, o.p.; Turritis glabra, p. ; Arabis brassicæformis, m. ; A. auriculata, p. m. ; À. Gerardi, m.; A. hirsuta , p.; À. mu- ralis, m.; A. Turrita, aq. p. m.; Cardamine impatiens , aq. ; C. sylvatica, aq.; C. hirsuta , p. ; Dentaria digitata, n.; D. pinnata ,n ; Hesperis matronalis , aq. ; Sisymbrium officinale, p. m.; Erysimum orientale , p. ; Brassica olera- cea , p. ; B. campestris, p. ; Sinapis arvensis, p.; S. alba, p.m.; S. Cheiranthus, n. p.; Alyssum calycinum , p.; Lu- naria rediviva , aq. ; Cochlearia saxatilis, m.; Thlaspi ar- vense, p.; T. virgatum, n.; Teesdalia nudicaulis , n. p. ; Iberis pinnata , m.; Biscutella lævigata, n.; B. coronopi- folia, n.; Lepidium Draba, aq.; L. campestre, p.; L. Smithü, p. L. hirtum, m.; Capsella procumbens, m. ; Isatis tinctoria, aq. p. ; Miagrum perfoliatum , p. ; Bunias Erucago, n. p. m.; Rapistrum rugosum, m.; Cistus Pou- zolzn, m.; C. albidus, m.; Helianthemum guttatum, n. p. ; H. alyssoides, m.; H. Fumana, m.; H. procumbens, p. ; EL. saliaifolium , p.; H. apenninum, p.; Viola epipsila, aq. ; V. collina,p.; V. canina,n.; V. segetalis, p.; Reseda Jacquini, m.; Polygala vulgaris, n. p. ; P. comosa, p. ; P. calcarea , m. ; Saponaria ocymoides, p. m. ; Silene gallica , m. ;S. Saxifraga, m.; S. pratensis, n.p.; S. nutans, n. ; S. italica, m. ; Lychnis viscaria, n.; L. flos-cuculi, aq. n. p.; Sagina patula, p.; S. procumbens, p. ; S. subulata , p. m.; Spergula pentandra , p. m.; Mœhringia trinervia , n.; Stel- laria media , var. major , p. ; Mœnckia erecta, n. ; Ceras- tium glomeratum , n. p. ; C. brachypetalum , n. p.; C. tri- 124 ÉPOQUE DE FLORAISON. viale , p.; Linum austriacum, p. ; Acer pseudo-platanus, n.; À. campestre, n.p.; Æsculus hippocastanum , p.; Gera- nium phæum, n.aq.; G. Robertianum, aq. n. p.; Erodium ciconium , p.; Coriaria myrtifolia, m. CaziciFLores. Evonymus europæus, p.; Rhamnus ca- tharticus, n. p.; R.Frangula, n.; Pistachia Terebinthus, m.; Rhus cotinus, m.; Spartium junceum, m.; Sarothamnus vulgaris, n. p.; Genista pilosa, n. p.; G. Scorpius, m. ; G. anglica, n. p.; Ononis minutissima, m.; Anthyllis mon- tana, m.; Medicago lupulina, p.; M. maculata , p.; M. minima, p.; Trifohum pratense, n. p.m.; T. angustifo- hum, m.;T. hirtum, m. ; T. scabrum, n. p. ; T. subterra- neum, p.; T. resupinatum, m.; T. montanum, n.; T. glomeratum, p.; T. parviflorum, p.; T. nigrescens, m. ; Tetragonolobus siliquosus , aq. p. m. ; Colutea arborescens, m.; Astragalus purpureus, m.; A. hamosus, p.; Scorpiurus subvillosa, m.; Coronilla minima, p.m.; Hippocrepis co- mosa, p.; Onobrychis sativa, p.; Vicia Faba, p.; V. ser- ratifolia, p.; V. sepium, p.; V.hybrida, m.; V. lutea, p.m.; V. sativa, p.; V. angustifolia, p.; Lathyrus sphæri- cus, m.; L. pratensis, n. p.; Orobus albus, m.; Cerasus Mabaleb , p. m.; C. Padus, n.; Fragaria vesca, n. p.; F. elatior, p.; F. collina, p.; Potentilla anserina , aq. n. p. ; P. reptans, aq. ; Rosa lutea, p.; R. pimpinellifoha, n. p.; R. cinnamomea , p.; R. canina, n. p.; R. rubiginosa , n. p.; R. sempervirens, m.; Alchemilla vulgaris, n.; Cra- tægus pyracantha, m.; C. oxiacantha, n. p.; C. monogyna, n. p.; Cotoneaster tomentosa, m.; Mespilus germanica, p.; Cydonia vulgaris, p.; Pyrus salvifolia, n.; Aronia rotun- difolia, p. m.; Sorbus domestica, p.; S. Aucuparia, n.; S. Aria, n.; S. torminalis, p. m.; Calitriche stagnalis, aq. ; C. platycarpa, aq. ; C. vernalis, aq.; Philadelphus corona- MAI. 125 rius, m.; Montia minor, aq.; M. rivularis, aq. ; Sedum rubens, p. ; Saxifraga hypnoides , n.; S. granulata, n.p. ; Sanicula europæa , p.; Trinia vulgaris, p. m.; Heracleum Sphondylium, n. p.; Scandix pecten Veneris, p.; Anthriscus sylvestris, n. p. ; À. Cerefolium, p. ; Cornus sanguinea, p. ; Sambucus racemosa, n.; Viburnum Lantana, p.; V. Opulus, p- ; Lonicera Xylosteum, p. ; Sherardia arvensis, p. ; Galium aparine , p.; G. erectum, p.; Valeriana dioica, aq. n. ; Valerianella dentata, p.; V. auriculata, p.; V. coronata, m.; Petasites albus, aq.; Gnaphalium dioicum , n.; Anthemis montana, p.; Chrysanthemum Leucanthemum, n. p.; C. pallens, m.; Doronicum Pardalianches, n.; Senecio gallicus, m.; Tragopogon porrifolius, m. ; T. pratensis, p. n.; Scorzo- nera humilis, aq. n.p.; Hypochæris glabra, p. m. ; Tara- xacum palustre, aq.; Barkausia taraxacifolia , p.; Crepis biennis, p.; Hieracium murorum, p.; Vaccinium Myr- tillus, n.; V. uliginosum , aq. n.; Arctostaphylos Uva _ursi, D. M. CoroLLiFLoREs. Ilex Aquifolium, n.; Phillyrea latifolia, m. ; P. media, m.; P. angustifolia, m.; Syringa vulgaris, p.; Menyantes trifoliata, aq.; Symphitum officinale, aq. p.; Lithospermum cæruleo-purpureum, p.; L. arvense, p.; Myosotis palustris, aq. p.; M. cæspitosa , aq. ; M. sylvatica, n.; M. intermedia, p.; M. versicolor, p.; Verbascum mayale, m.; Linaria origanifolia, m. ; Erinus alpinus, m.; Veronica montana, n.; V. prostrata, m.; V. serpylhifoha, aq. n.p.; V. acinifolia, m.; Orobanche Gal, p.; O. mi- nor, m.; O. Hederæ, p. m.; Rhinanthus minor, n. p.; R. Alectorolophus , n. p.; Lavandula Stæchas, m.; Salvia pra- tensis, p.; Galeobdolon luteum, n.; Ajuga reptans, n.p.; A. genevensis, p.; Lysimachia Linum stellatum , m. ; An- drosace maxima , p.; Primula elatior , n. ; Hottonia palus- 126 ÉPOQUE DE FLORAISON. tris, aq.; Globularia vulgaris, m.; Plantago media, p. ; P. lanceolata , n. p. … Moxocramypées, Daphne Gnidium, m.; D. Cneorum, m.; D. alpina, m.; Euphorbia hyberna, n. ; E. Gerardiana, m.; E. amygdaloides, n.0.; E. portlandica, aq. m.; E. nicæensis , m.; E. serrata, m.; E. segetalis, m.; Mercu- rialis annua, n. p.3; Ficus carica, m.; Morus alba, m. ; Fagus sylvatica, n.; Quercus sessiliflora , p. ; Q. peduncu- lata, p.; Q. pubescens, p.; Q. Ilex, m.; Salix pentan- dra, aq. n.; S. alba, aq. p.; S. amygdalina, aq. p.; S. philiifoha , aq. ; S. repens, aq. ; S. lapponum, aq. ; Betula pubescens, n.; Juniperus communis, p.; J. Sabina, m. ; Pinus sylvestris, n.; P. Pinaster , n.; Larix europæa , n. ; Abies pectinata, n. MoxocoTyLEDONES. Zanichellia pedicellata, aq. ; Orchis fusca , p.; O. galeata, p. n.; O. ustulata, n.; O. corio- phora, p. ; O. Moro, p.; O. mascula, p. n.; O. laxiflora, aq. p.; O. sambucina, n.; O. latifolia, aq. n.p.; Ophrys muscifera, p.m.; O. pseudo-speculum , m. ; Aceras antro- pophora , p.; Serapias pseudo-cordigera, m.; S. lingua, m.; Listera ovata, n.; Gladiolus communis, p. ; G. sege- tum, p.m.; Iris germanica , p.; J. pseudo-Acorus, aq. ; I. fœtidissima, p.; Narcissus poeticus, n.; Asparagus tenui- folius, m.; Paris quadrnifolia , n. ; Convallaria maïalis, n.; C. Polygonatum, n.; Maianthemum bifolium , n.; Anthe- ricum Liliago, p. m.; Ornithogalum umbellatum, p. ; Scilla Lilio-Hyacinthus, n.; Muscari comosum, p.; Aphyllanthes monspeliensis, m.; Luzula Forstert, n. ; L. pilosa, n. ; Erio- phorum latifolium , aq. ; E. angustifolium , aq. ; E. gracile, aq. ; Carex Davalliana . aq. m. ; C. pulicaris, aq. ; C. gy- nomane, m.; C. paucillora, aq.; C. chordorrhiza, aq.; C. divisa , aq.; C. disticha, aq. ; C. vulpina, p. aq. ; C. mu- JUIN. 127 ricata, aq. p.; C. teretiuscula, aq. ; C. Schreberi, p. m.; C. remota, p.; GC. stellulata, aq. ; C. leporina , aq. n. ; C. elongata, aq.; C. canescens, aq.; C. vulgaris, aq.; C. acuta , aq.; C. pilulifera , n.; CG. tomentosa, aq. p.; C. Ericetorum , n.; C. præcox , p.; C. digitata, n.; C. pani- cea, aq.; C. glauca, aq.; C. maxima, aq. m.; C. tenuis, m.; C. hordeistichos, p.; GC. flava, aq.; C. distans, aq.; C. sylvatica, n.; C. pseudo-Cyperus, aq. ; C. ampullacea, aq.; C. vesicaria, aq. ; GC. paludosa, aq.; C. riparia, aq. ; C. hirta, aq. ; Andropogon Grillus, m. ; Anthoxanthum odo- ratum , n. p.; Alopecurus pratensis, aq. p.; A. agrestis, p- ; À. geniculatus, aq. ; A. fulvus, aq. ; Phleum pratense, aq. p.; Holcus lanatus, p.; Avena sterilis, n.; A. pubes- cens, n. p.; À. præcox, n. p.; Melica ciiata, p. m.; M. ra- mosa, m.; M. uniflora, n.; Poa bulbosa, p.; P. pratensis, p.; Bromusracemosus, p.; B. mollis, p.; B. erectus, n. p. ; B. madritensis, m.; Equisetum arvense, aq. p.; E. sylvati- cum , aq. n.; E. palustre, aq. ; Osmunda regalis, aq. m. ; Grammitis leptophylla, m. ; Polypodium vulgare , p.; Cys- topteris fragilis , aq. n.; C. regia, aq. n. ; Asplenium Hal- leri ,p.m.; A. Adianthum-nigrum, m. p.; A. Trichomanes, p.; A. Ruta-muraria, m. p. i JUIN, THALAMIFLORES. Clematis Flammula, m.; Thalictrum sylvaticum , p. m.; T. minus, p. m.; T. majus, p.; Ane- mone vernalis, n.; À. alpina, n.; Adonis autumnalis, p.; Raounculus confusus, aq.; R. platanifolius, n.; R. grami- neus, n.; R. Flammula, aq. n.p.; R. nemorosus, n.; R. philonotis, aq.; Delphinium Ajacis , m.; D. Consolida, p.; Nymphæa alba, aq.; Nuphar luteum, aq.; Papaver Arge- 128 ÉPOQUE DE FLORAISON. mone, p.; P. Rhæas, p.; P. dubium , n. p.; Meconopsis cambrica, n.; Glaucium corniculatum, p.; Nasturtium am- phibium , aq.; N. sylvestre , aq. p.; N. palustre , aq.; N. pyrenaicum , aq. p.; Arabis alpina , n.; Cardamine amara, aq.; Sysimbrium polyceratium, p. aq. m.; S. asperum, aq. m.; S. Irio, p.; S. Sophia, p.; S. Columnæ , m.; Brassica Rapa, p.; B. nigra, p.; Eruca sativa, p.; Alyssum alpestre, m.; À. macrocarpum, m.; Camelina sativa, p.; Thlaspi al- pestre, n.; Lepidium ruderale, aq.; L. latifolium, aq.; Neslia paniculata, p.; Raphanus Raphanistrum, n. p.; Cistus laurifolius, m.; Helianthemum italicum, m.; H. vineale, m.; H. vulgare, n. m.; H. lineare , m.; Viola palustris , aq.; V. biflora, n.; V. vivariensis, n.; V. sudetica, n. ; Reseda Phyteuma , m.; R. lutea, p.; R. gracilis, m.; R. luteola, p.; Drosera intermedia, aq.; Polygala depressa, n.; Gypsophila muralis, p.; Dianthus carthusianorum, p.; D. atrorubens, m.; Saponaria Vaccaria, p.; Silene inflata, n. p.; S. conica, PS S. Armeria, p.; S.inaperta, m.; S. diurna, n. p.; S. ôtites, p.; Lychnis coronaria, m.; L. segetum, p.; Alsine rostrata, p. m.; À. Jacquini, m.; A. tenuifolia, p. m.; Mærhingia muscosa , m.; Arenaria SoHo, p.; À. ligericina, m.; Stellaria uliginosa , ag.; Linum catharticum, n. p.; L. gal- licum, m.; L. strictum, m.; L. flavum, m.; L. salsoloïdes, m.; L. tenuifolium , p. m.; L. narbonense, m.; L. angus- tifolium, m.; Malva rotundifolia, p.; Tia grandifolia, p.; T. parvifolia, p.; Androsæmum officinale, m.; Hypericum hys- sopifohum, m.; H. linearifolium, m.; Elodes palustris, aq.; Vitis vinifera , p.; Geranium pratense, p.; G. sanguineum, n.p.m.; G.pyrenaicum, p.; G. pusillum, p.; G. dissectum, p.; G.columbinum, p.; G. rotundifolium, p.; G. molle, p.; G. lucidum, p.; Ruta graveolens, m.; R. angustifolia, m. CauciFrLores. Paliurus aculeatus, m.; Rhamnus alpi- JUIN. 129 nus, m.; Genista prostrata , n.; G. tinctoria , p.; G. pur- gans, n.; G. hispanica, m.; G&. germanica , p.; Cytisus ses- silifolius, m.; C. sagittalis , n. p.; Adenocarpus parvifolius, m.; À. cebennensis, m.; Ononis spinosa, p.; O. repens, p.; O. Columnæ, p. m.: O. striata, m.; O. Natrix, m.; O. ro- tundifolia, m.; O.fruticosa, m.; Anthyllis Vulneraria, p.m.; Medicago sativa, p.; M. falcata, p.; M. orbicularis, p.; M. Gerardi, p. m.; M. apiculata, p.; M. denticulata, m.; Tri- gonella monspeliaca, p. m.; Melilotus officinalis , p.; M. parviflora, aq.; Trifolium rubens, p.; T. ochroleucum, p. n.; T. maritimum , aq.; T. incarnatum , n.; T. Bocconu, m.; T. striatum , n. p.; T. repens, n. p.; T. elegans , p.; T. procumbens, p.; Dorycnium suffruticosum , m.; Bonjeania hirsuta, m.; Lotus corniculatus , n. p. m.; L. angustissi- mus, m.; Robinia pseudo-Acacia , p.; Astragalus glyceyphyl- los, p.; Coronilla scorpioides, p. m.; C. varia, p.; Ornitho- pus perpusillus, n.p.; Hippocrepis unisiliquosa, p.; Ono- brychis supina, p. m.; Cicer arietinum, m.; Vicia Orobus, n.; V. Cracca, n. p.; V. tenuifolia, p.; V. purpurascens, p.; V. peregrina, m.; V. lathyroides , p.; Ervum hirsutum, p.; E. tetraspermum , p.; E. gracile, p.; E. monanthos, p.; E. Ervilia, p.: E. Lens, p. m.; Pisum arvense , p.; P. sativum, p.; Lathyrus aphaca, p.; L. Nissolia , p.; L. cicera, m.; L. sativus, p.; L. angulatus, p.; L. tuberosus, p.; L. sylves- tris , n. p.; Orobus tuberosus , n. p.; O. niger, n.; Spiræa salicifohia , n.; S. Filipendula, p.; Geum urbanum , p.; G. rivale, n. aq.; G. sylvaticum, m.; G. montanum, n.; Rubus saxatilis , n.; R. cœsius , p.; R. collinus ,n.; R. idæus , n.; Comarum palustre , aq.; Potentilla supina , aq.; P. rupes- tris, p. m.; P. recta, m.; P. hirta, m.; P. argentea, p.; P. Tormentilla, aq. n. p.; P. aurea, n.; Agrimonia Eupatoria, p.; Rosa alpina, n.; R. rubrifolia, n.; R. sepium, p.; R. III 9 130 ÉPOQUE DE FLORAISON. fœtida, p.; R. tomentosa , n.; R. pomifera, n.; R. arven- sis, D. p.; Alchemilla arvensis, n. p.; Poterium Sanguisorba, n. p.; Cotoneaster vulgaris, n. m.; Sorbus hybrida, n.; S, Chamæmespilus, n.; Punica Granatum, m.; Epilobium hir- sutum, aq. p.; E. lanceolatum , aq.; Ænothæra biennis, p.; Circæa lutetiana , aq. p.; Hippuris vulgaris, aq.; Cerato- phyllum submersum, aq.; C. demersum, aq.; Bryonia dioica, p.; Paronychia cymosa, m.; Polycarpum tetraphyllum, m.; Sedum villosum, aq.; S. hirsutum , n. p. m.; S. dasyphyl- lum, n. p.; S. brevifolium, n.; S. repens, n.; S. acre, n.p.; S. anopetalum, m.; S. amplexicaule, m.; Umbilicus pen- dulinus, n. p. m.; Ribes petræum, n.; Saxifraga Clusii, m.; S. cuneifolia, n.; S. pubescens, m.; S. pedatifida, m.; He- losciadium inundatum , aq.; Ægopodium Podagraria, p.; Carum Carvi, n.; C. bulbocastanum, p.; C. denudatum, n. m.; Buplevrum affine, p.; B. aristatum , p. m.; B. pro- tractum, m.; B. rotundifolium, p.; OEnanthe fistulosa, aq.; OE. peucedanifolia, p.; OE. pimpinelloides, aq.; Athamanta cretensis, m.; Meum athamanticum, n.; Heracleum sibiri- cum, n.; Laserpitium Nestleri, m.; L. gallicum, m.; Cau- calis daucoides , p.; C. leptophylla, m.; Turgenia latifolia, p.; Torilis Anthriscus, p.; T. helvetica , p.; T. nodosa , p..; Anthriscus vulgaris, p.; Chærophyllum temulum , p.; C. aureum , 0.; C. hirsutum, aq. n.; Myrrhis odorata, n.; Melopospermum cicutarium , aq. n.; Sambucus nigra , n.; Lonicera implexa, m.; L. etrusca, p. m.; L. nigra, p.; L. alpigena, n.; Asperula arvensis, p.; A. odorata, n.; A. ga- lioides, p.; Crucianella angustifolia, p. m.; Rubia tincto- rum, p.; R. peregrina, m.; Galium tricorne, p.; G. uligi- nosum , aq.; G. anglicum, n. m.; G. divaricatum, m.; G. palustre , aq. ; G. rotundifolium , n.; G. boreale, p.; G. verum , aq. n. p.; G. lucidum, m.; G. rubrum, m.; Vale- JUIN. 131 riana officinalis, n. p.; V. tuberosa , m.; V. tripteris , n.: Centranthus Calcitrapa, m.; C. angustifolius, m.; C. ruber, p.; Kaautia hybrida, p.; K. arvensis, p.; K. sylvatica, n.; Aster alpinus, m.; Micropus erectus , p. m.; Phagnalon sordidum, m.; Achillea tomentosa, m.; A. Millefolium, p.; Anthemis altissima, m.; À. peregrina, m.; A. arvensis, p.; A. Cotula, p.; Chrysanthemum montanum, m.; C. grami- nifolium, m.; C. cebennense (Leucanthemum cebennense), m.; C. inodorum, p.; Arnica montana, n.; Cineraria spa- thulæfolia, n.; Senecio lanatus, m.; Cirsium palustre , aq. n.p.; Carduus pycnocephalus , m.; C. tenuiflorus, p. m.; Stæhelina dubia, m.; Carduncellus mitissimus, m.; Cen- taurea jacea, n. p.; C. montana, n.; C. cyanus, n.p.; C. collina, m.; C. aspera, m.; C. vulgaris, m.; Xeranthemum inapertum , p.; Arnoseris pusilla, n. p.; Rhagadiolus stel- latus, m.; R. edulis, m.; Tolpis barbata, m.; Leontodon Villars , m.; L. crispum , m.; Urospermum Dalechampü, m.; U. picroides, m.; Tragopogon major, p.; T. Baylüi, m.; T. crocifolius , p.; Scorzonera glastifolia, m.; S. purpurea, m.; Podospermum laciniatum , p.; P. calcitrapifolium, m.; Hypochæris radicata, p.; Lactuca perennis, p. m.; Sonchus oleraceus, p.; S. asper, p.; S. arvensis, p.; Picridium vul- gare, m.; Barkhausia albida , m.; B. fœtida, p.; Crepis pulchra, p.; Hieracium Pilosella, n. p.; H. Auricula, n. p.; H. saxatile, m.; H. vulgatum, p. ; H. vigidum, p.; Phy- teuma persicæfolium , n.; P. spicatum , n. ; Campanula Eri- aus, m.; C. patula, n. p.; G. persicifolia, n.; C. Rapuncu- lus, m.; C. glomerata, n. p. m.; C. speciosa, m.; C. me- dium, m.; Prismatocarpum Speculum , p.; P. hybridum Ê p.; Vaccinium Oxycocos, aq.; V. Vitis idæa, n.; Andro- meda polifolia, aq.; Erica cinerea , n. p.m.; Pyrola rotun- difolia, n.; P. chlorantha, n.; P. minor, n.; P. uniflora, n. 132 ÉPOQUE DE FLORAISON. CoROLLIFLORES. Olea europæa, m.; Ligustrum vulgare, p.; Jasminum fruticans , m.; Cynanchum Vincetoxicum , p. m.; C. nigrum, m.; Chlora perfoliata, m.; Gentiana lutea, n.; G. verna, n.; Polemonium cæruleum, n.; Convolvulus arvensis, n. p.; C. cantabrica , p.m.; C. lineatus, p.; As- perugo procumbens , aq.; Cynoglossum officinale, p.; C. pictum, p.; Borago officinalis, p.; Anchusa italica, p.; Lycop- sis arvensis, p.; Onosma echioides, m.; Echium vulgare, p.; E. pyrenaicum, m.; Pulmonaria azurea, n.; Lithospermum officinale, p.; Lycium barbarum , p.; Solanum Dulcamara , aq. p.; S. tuberosum, n. p.; Physalis Alkekengi, p.; Atropa Belladona, n.; Hyosciamus niger, p.; H. albus, p.; Ramon- dia pyrenaica, n.; Verbascum blattarioides , p.; Scrophula- ria nodosa, n.; S. Balbisi, aq.; Antirrhinum majus, p.; A. Asarina, m.; Linaria Pelisseriana , p.; L. supina, m.; L. striata, n. p.; L. chalepensis, m.; Veronica anagallis, aq.; V. Beccabunga, aq.; V. officinalis, n.; V. Teucrium , p.; Orobanche cruenta, m.; O. Rapum , p.; O. Epithymum, n. p.; Melampyrum cristatum, n.; M. arvense , n. p.; M. ne- morosum, m.; M. pratense, n.; Pedicularis sylvatica, aq. n.; P. palustris, aq. n.; Rhinanthus major, p.; Bartsia alpina, n.; Euphrasia Odontites, p.; Lavandula vera , m.; Salvia officinalis, m.; S. æthiopis, p. m.; S. Verbenaca, p. m.; Thymus vulgaris, m.; Calamintha Acinos, p.; Melittis melis- sophyllum, n.; Stachys Heraclea, p.; S. sylvatica, n. p.; S. ambigua, aq. p.; S. recta , p.; Sideritis romana, m.; Bal- lota nigra, p.; Phlomis Lychnitis, m.; P. herba venti, m.; Prunella hyssopifolia , m.; Pinguicula vulgaris, aq.; P. lon- gifolia, aq.; Lysimachia Nummularia, aq. ; Anagallis ar- vensis , p.; À. cærulea , p.; Centunculus minimus, p.; An- drosace carnea , n.; Soldanella alpina , n.; Glaux mari- tima, aq.; Statice plantaginea, n.; Littorella lacustris, aq.; Plantago Coronopus, p.m.; P. Cynops, m. JUIN. 133 MonocHLAMYDÉES. Spinaca inermis, p.; S. Spinosa , p.; Rumex pratensis, aq. n. p.; R. scutatus, n. p.; R. Acetosa, n. p.; R. intermedius, m.; R. Acetosella, n. p.; Polygonum Bistorta , aq. n.; Thesium humifusum, p.; T. pratense, n.; Aristolochia rotunda, m.; À. Pistolochia, m.; A. Clematis, p.; Asarum europæum , n.; Empetrum nigrum, m.; Croton tinctorium, m.; Euphorbia dulcis, p.; E. Duvali,n.; E. verrucosa, p.; E. Characias, m.; Urtica piluhifera, m.; U. urens, p.; Castanea vulgaris, p. m.; Salix herbacea, n.; Pi- nus pyrenaica, m. MoxocoryLénoxes. Alisma ranunculoides, aq.; Zanichel- la palustris, aq.; Orchis globosa , n.; O. palustris , aq.; O. maculata, n. p.; O. incarnata, aq.; Gymnadenia conopsea, 0.; Himanthoglossam hircinum, p.; Cœloglossum viride, n.; Platanthera bifolia, n.; P. chlorantha, n.; Nigritella angus- tlolia, n.; Ophrys apifera, p.; O. arachnitis, p. n.; O. ara- nifera, p. m.; Limodorum abortivum , n.; Cephalanthera pallens, n. p.; C. ensifolia, n.; C. rubra , n. p.; Epipactis palustris, aq.; Listera cordata, n.; Neottia nidus avis, n.; Spiranthes estivalis, m.; Asparagus officinalis, p. m.; Strep- topus amplexifolius, n.; Convallaria verticillata, n.; C. mul- tiflora, n.; Tamus communis, p.; Lilium Martagon, n.; Asphodelus albus , M.; Anthericum ramosum , m.; A. pla- nifolium , aq. m.; Paradisia Liliastrum , n.; Ornithogalum pyrenaicum, p.m.; Allium ursinum, n.; À. multiflorum, m.; À. sphærocephalum, p.; A. vineale, p.; A. oleraceum, p.; À. intermedium, p.m.; À. paniculatum, m.; À. schæno- prasum , m.; À. Cepa, p.; Juncus pygmæus, aq.; Luzula maxima, n.; L. nivea, n.; L. multiflora, n.; L. sudetica, n.; L. spicata, n.; Heleocharis palustris , aq. ; EX. uniglumis, aq.; Scirpus bæotryon, aq. p.; S. lacustris, aq.; S. Tabernæ- montani, aq.; S. Holoschænus, aq. m.; S. sylvaticus, aq. n. 134 ÉPOQUE DE FLORAISON. P.; S. compressus, aq.; Eriophorum vaginatum, aq.; Carex divulsa , aq.; C. paniculata , aq.; C. limosa, aq.; C. polyr- rhiza, n.; C. filiformis, aq.; Tragus racemosus, p.; Phalaris arundinacea , aq.; Anthoxanthum Puel, n.; Phleum are- narium, m.; P. Boehmeri, m.; P. asperum, p.; Polypogon monspeliensis, aq.; Agrostis verticillata , m.; A. stoloni- fera, aq. p.; A. vulgaris, n. p.; À. canina, n. p.; A. setacea, m.; À. spica-venti, p.; À. interrupta, m.; Gastridium len- digerum , p. m.; Milium effusum , n.; Piptatherum para- doxum, m.; Stipa pennata, m.; Kæleria cristata, n. p.; K. valesiaca, p. m.; K. phleoïdes, m.; Aira cespitosa, p.; A. media, m.; A. flexuosa, n.; Corynephorus canescens, n. p.; C. articulatus , m.; Holcus mollis, n. p.; Arrhenathe- rum elatius, n. p.; Avena fatua, p.; À. amethystina, m.; À. pratensis, n. p. m.; À. tenuis, p.; À. flavescens , p.; À. caryophyllea, n. p.; Triodia decumbens, n.; Briza media, n.p.; B. minor, m.; Poa nemoralis, n.p.; P. sudetica, n.; P. trivialis. p.; P. compressa, p.; Glyceria fluitans , aq.; G. distans, aq.; G. airoïdes , aq.; Dactylis glomerata , p. m.; Cynosurus cristatus, p.; C. echinatus, m.; Festuca tenui- flora , m. ; F. Lachenalii, n. p. m.3; F. rigida, p. m.;F. pseudo-myuros, n. p.; F. sciuroides, p.m.; F. myuros, m.; F.heterophylla, p.; F. ovina, n. p.; F. duriuscula,n. p.m.; F. rubra, n. p.; F. arundinacea , p.; F. elatior, p.; Bra- chypodium ramosum, m.; Bromus secalinus, p.; B. arven- sis, p.; B. squarrosus , p. m.; B. steriis, p.; B. tectorum, p.; Gaudinia fragilis, p. aq.; Triticum vulgare, p.; T. tur- gidum, p.; T. repens, p.; T. caninum, p.; Secale cereale, n. p.; Hordeum vulgare, p.; H. hexastichon , p.; H. seca- linum , aq.; Lolium perenne , p.; L. mulüiflorum, p.; L. temulentum , p.; Psilurus nardoiïdes, m.; Equisetum limo- sum , aq.; E. ramosum, m.; E. variegatum , aq. p.; Pilu- JUILLET. 135 laria globulifera, aq.; Marsilea quadrifolia, aq.; Botrychium Lunaria, n.; Ophioglossum vulgatum, p.; Polypodium cal- careum ,m.; Asplenium Breyaü, n. p. m.; A. septentrio- nale, n. p.; Blechnum spicant, n.; Adiantum capillus Ve- neris, m.; Cheilanthes odorata , m.; Notholæna Marantæ, m.; Chara hispida, aq.; C. fœtida, aq.; C. fragilis, aq.; C. crinita, aq.; Nitella coronata, aq.; N. syncarpa, aq.; N. translucens, aq.; N. Brongniartiana, aq.; N. gracilis, aq. JUILLET. THALAMIFLORES. Clematis Vitalba, n. p.; Thalictrum saxatile , p.; T. Jacquinianum , n. ; Ranunculus aconitifo- lus, aq.; R. Gouani, n.; Aconitum Napellus, n.; A. lycoc- tonum , n.; Nuphar pumilum, aq.; Glaucium luteum , p.; Arabis cebennensis, n.; Cardamine resedifolia , n.; Braya pinnatifida, n.; Erucastrum incanum, m.; Camelina micro- carpa, p.; C. dentata, n.; Lepidium graminifolium , p.; Senebiera Coronopus, p.; Astrocarpus sesamoides, n.; Dro- sera rotundifolia, aq.; Dianthus prolifer, p.; D. Armeria, p.; D. Caryophyllus, p.; D. deltoides, n.; D. hirtus, m.; D. vir- gineus, m.; D. cœsius, n.; D. monspessulano-Seguieri, n.; D. monspessulanus, n.; Saponaria officinalis, p.; Cucubalus bacciferus, p.; Silene ciliata , n.; S. rupestnis, n.; Buffonia macrosperma, p.m.; Sagina saxatilis, n.; Alsine verna, n.; Arenaria agregata , m.; Stellaria nemorum, n.; S. grami- nea, n. p.; Malachium aquaticum , aq. p.; Cerastium alpi- num, n.; Elatine hexandra, aq.; E. major, aq.; E. alsinas- trum, aq.; Linum usitatissimum, n.; Malva Alcæa , p.; M. moschata, p.; M. sylvestris, p.; Althæa officinalis, aq.; A. hirsuta, p.; Hypericum perforatum, p.; H. quadrangulum, n.; H. tetrapterum, p.; H. tomentosum, m.; H. pulchrum, 136 ÉPOQUE DE FLORAISON. p.; H. montanum, n.; H. hirsutum , p.; Geranium nodo- sum, n. m.; G.sylvaticum, n.; Impatiens noli tangere, aq.; Oxalis stricta, p.m.; O. corniculata, m.; Tribulus terres- tris, m. CazicrrLores. Genista Delarbrei, n.; Lupinus angusti- folius, p.m.; Melilotus macrorhiza, aq. p.; M. alba, aq. p.; Trifolum medium, n.; T. alpestre, n.; T. arvense, P.; T. fragiferum , aq. p.; V. alpinum, n. ; T. pallescens, n.; T. hybridum, n. ; T. spadiceum, n.; T. badium, n.; T. aureum, p.; T. agrarium, n. p. ; T. patens, n. p. ; Lotus tenuifolius, aq. p.; L. uliginosus, n. aq.; Psoralea bitu- minosa, m.; Vicia onobrychoides, n. m. ; Lathyrus hirsutus, p. L. latifolius, p. m.; Spiræa Ulmaria, n. aq. ; Rubusdu- metorum, p.; R. Godroni, n. ; R. discolor , p.; R. tomen- tosus , n. p. m.; R. thyrsoideus, p.; R. fruticosus, n.; R. fastigiatus, n.; Potentilla caulescens, m.; Agrimonia odo- rata, p.3; Rosa collina , n. ; Alchemilla alpina , n.; Sangui- sorba officmalis, n. : Epilobium angustifolium , n.; E. Do- donæi, aq. p. m.; E. parviflorum, aq. ; E. montanum, n.; E. palustre, aq.; E. virgatum, aq.; E. tetragonum , aq.; E. roseum , aq. ; E. trigonum, aq. n.; E. origanifolium, aq. ; Isnarda palustris, aq.; Circœa intermedia, n.; C. alpina , n.; Trapa natans, aq. ; Myriophyllum verticillatum, aq.; M. spicatum, aq.; M. alterniflorum, aq. ; Lythrum Salicaria , aq. p.; L. hyssopifolium , aq. ; L. thymifolium , aq. p.; Peplis Portula, aq. ; Portulaca cleracea, p.; Her- niaria glabra, n.p.; H.hirsuta, p.; H. imcana, m. ; Pa- ronichia polygonifohia, m.; Scleranthus perennis, n. p.; S. annuus, n. p.; Tillæa muscosa, p. m.; Sedum Anacamp- seros, m. ; S. Cepæa,‘p. ; S. album, n. p.; S. annuum, n.; S. reflexum, n. p.; S. altissimum, m. ; S. elegans, p.; Sempervivum arachnoïdeum, n.; Saxifraga Aiïzoon , n.; S. JUILLET. 137 stellaris, aq. ; S. exarata , n. ; S. rotundifolia, aq. ; Hydro- cotyle vulgaris , aq. ; Astrantia major, n.; Eryngium cam- pestre , p.; Cicuta virosa, aq.; Apium graveolens , aq. ; Helosciadium nodiflorum, aq. ; Ptychotis heterophylla, m. ; Falcaria Rivini, p.; Ammi majus, m.; Carum verticillatum, aq.; Pimpinella magna, n.; P. Saxifraga, n. p.; Berula angus- tifolia, aq.; Buplevrum tenuissimum, aq. ; B. junceum , m. ; B. falcatum, p. m. ; B. rigidum, m.; B. ranunculoides, m.; B. longifolium, n.; B. fruticosum, m.; OEnanthe La- chenalii, aq. p.; OE. Phellandrium, aq.; Ætusa Cyna- pium, n.p. ; Fœniculum officinale, p. m.; Seseli Gouani, m. ; S. tortuosum, m. ; Libanotis montana , n. ; Silaus pra- tensis, aq. p.; Meum Mutellina, n.; Angelica sylvestris , p- ; À. montana, p. m. ; À. pyrenæa, n.; Imperatoria Os- trutium, n.; Pastinaca sativa, p.; Tordylium maximum, p.; Laserpitium asperum , n.; L. Siler, n. p. m.; Orlaya gran- diflora, p. m.; Conium maculatum, p.; Ferula communis, m.; Sambucus Ebulus, p.; Lonicera Periclymenum, n. ; Asperula cynanchica , n. p.; Galium vero-Mollugo, n. p.; G. Mollugo , n. p. ; G. saxatile , n.; G.sylvestre, n. ; Dip- sacus sylvestris, p.; D. pilosus, aq. p.; Cephalaria Leucan- tha, m.; Knautia longifolia , n.; Scabiosa Columbaria , n. p.; S. lucida , n.; Eupatorium cannabinum, aq. p.; Ade- nostiles albifrons, aq. n.; Galatella rigida, m.; Erigeron canadensis, p.; E. acris, p.; E. alpinus , n.; Pallenis spi- nosa, m.; Inula Helenium, aq.; L. salicina, p.; L. squarrosa, m.; Î[. Conyza, p.; I. montana, p.m.; Jasonia tuberosa, m.; Bidens bipinnata, m. ; Filago germanica, p. ; F. arven- sis, n. p.; F. minima, n.; Logfia gallica, p.; Gnapha- lium sylvaticum, n.; G. norvegicum, n.; G. supinum, n.; G. uliginosum , aq. ; G. luteo-album , p.m.; Helichrysum Stæchas, m.; H. angustifolium, m.; Artemisia Absinthium, 138 ÉPOQUE DE FLORAISON. n. p.; Achillea Ageratum, m.; A. nobilis, m.; Anthemis nobilis, p.; Matricaria Camomilla, p.; Chrysanthemum corymbosum , p. m.; C. Parthenium, p.; Doronicum aus- triacum, n. ; Senecio viscosus, p. ; S. sylvaticus, n. ; S. arte- misiæfolius, n.; S. erucæfolius, p.; S. Jacobæa, p.; S. erraticus, aq. p.; S. leucophyllus, n.; S. Fuchsi, n.; S. Doronicum , n.; Echinops sphærocephalus , m. ; E. Ritro, m. ; Cirsium lanceolatum , p. ; C: ferox, m.; C. eriopho- rum, n. p.; C. erisithales , n. ; C. rivulare, aq. n.; C. an- glicum, p. ; C. bulbosum, p. m.; C. acaule , n. p. ; C. ar- vense, n. p.; Silybum Marianum, p.; Carduus Personata, n.; C. crispus, p. ; C. nigrescens, n. p. m.; C. nutans, m. p.; Carlina corymbosa, m. ; C. vulgaris, n. p.; C. nebrodensis, n.; Serratula tinctoria , n. p.; S. nudicaulis, m.; Leuzea conifera, m.; Kentrophyllum lanatum, p.; Centaurea amara, p.m.; C. nigra, n.; C. pectinata, m.; C. Scabiosa, n. p.; C. maculosa , p. m.; C. paniculata , m.; C. solstitialis, p. m.; C. Calcitrapa , p.; Microlonchus salmanticus, m.; Xeran- themum cylindraceum, p. ; Scolymus hispanicus, m.; Ca- tananche cœrulea, m. ; Leontodon pyrenaicum, n. ; Picris hispidissima , m. ; P. hieracioides , p.; Helminthia echioï- des, m.; Hypochæris maculata, n.; Chondrilla juncea, p.; C. latifolia, p. m. ; Prenanthes purpurea , n.; Lactuca virosa , p.; L. saligna , p.; L. muralis, n.; Mulgedium alpinum , n. aq. ; M. Plumieri, n.; Crepis virens, p.; C. paludosa, aq.; C. succisæfolia, n.; C. grandiflora, n.; Hieracium aurantiacum , n.; H. amplexicaule, n. p. m. ; H. ochroleucum , m.; Xanthium spinosum, m.; Lobelia urens, p.; Jasione montana, n. p.; J. perennis, n.; J. humilis, n.; Phyteuma hemisphæricum, n.; P. orbicu- lare, n. ; P. Halleri, n.; Campanula limifolia , n. ; C. rhom- boidalis, n.; C. rapunculoides , p.; C. Trachelium , n.; C. JUILLET. 139 latifolia, n.; C. cervicaria, p.; Wahlenbergia hederacea , aq. ; Erica Tetralix, n.; Pyrola secunda , n. CoroLLiFLorEs. Monotropa Hypopitys, n.; Limnanthe- mum nymphoides, aq.; Gentiana cruciata, p.; Cicendia filiformis, n. p.; C. pusilla, n. p.; Erythræa Centaurium, p-; E. pulchella, aq. p.; Convolvulus sepium, p. ; Cuscuta europæa, p.; C. Epithymum, n. p.; C. Epilinum, n.; Echi- nospermum Lappula, p.; Solanum villosum, m.; Datura Stramonium , p. ; Verbascum Schraderi, n. p.; V. thapsi- forme, p.; V. phlomoides, p.; V. sinuatum, m., V. floc- cosum, p.; V. Lychnitis, n. p.; V. nigrum, n. p.; V. Chaixi, m.; V. Blattaria, p. ; V. Thapso-Lychnitis, 0. p.; V. Thapso-floccosum , n. p.; V. Thapso-nigrum , n. p.; V. Lychnitidi-floccosum, p.; V. Nigro-floccosum, n. p.; Scro- phularia canina , n. p. ; Gratiola officinalis, aq. p. ; Digitalis purpurea, n. p.; D. grandiflora, n. ; D. purpureo-lutea, n. p.; D. lutea, n.p.; Antirrhinum Orontium; p.; Linaria Cymbalaria, p.; L. spuria, p.; L. Elatine, p. m.; L. arvensis, p.; L. vulgaris, p.; Anarrhinum belhdifolium , n. p.; Ve- ronica scutellata , aq.; V. spicata, p.m.; V. alpina, n.; Lindernia pyxidaria, aq. p. ; Orobanche procera, m.; O. amethystea , p.; O. cærulescens, m.; O. cærulea , p.; O. arenaria, m. ; O. ramosa, p.; Melampyrum sylvaticum , n.; Pedicularis comosa , n.; P. foliosa , n.; P. verticillata , n.; Euphrasia officinalis, n. p.; E. minima, n. ; E. lutea, m.; Lavandula spica , m. ; Mentha rotundifolia , aq. ; M. sylves- tis, aq. p. ; M. aquatica, aq. p.; M. sativa, aq. ; M. gen- tilis, aq. p. ; M. arvensis, aq. p.; Pulegium vulgare, aq. p.; Lycopus europæus, aq.; Salvia glutinosa, m.; S. Sclarea, p.; Origanum vulgare, p.; Thymus Serpyllum, n.p.; Satu- reia montana , m.; Calamintha grandiflora, n.; C. Nepeta, m.; Clinopodium vulgare , p. ; Melissa officinalis, p.; Ne- 140 ÉPOQUE DE FLORAISON. peta Cataria , p.; Galeopsis ochroleuca, n.; G. Tetrahit, n. p.; Stachys germanica, p.; S. alpina, p. ; S. palustris, aq. p. ; S. arvensis, p. ; S. annua , p.; Betonica officinalis, n.p.; Marrubium vulgare, p. ; Leonurus Cardiaca, p. ; Scu- tellaria minor, aq. ; Prunella vulgaris , n. p.; P. grandiflora, n.; P.alba,n. p.; Ajuga pyramidalis, n.; A. Chamæpitys, p.; Teucrium Scorodonia, p. ; T. Botrys, p.; T. Chamædris, p.; T. flavum, m.; T. Polium, m.; T. montanum, m.; Utricularia vulgaris, aq. ; U. minor , aq. ; Lysimachia vul- garis, aq. p.; L. nemorum, n.; Anagallis tenella, aq. ; Samolus Valerandi , aq. ; Plantago major, aq. n. p.; P. alpina , n.; P. maritima , aq. ; P. serpentina , p.; P. Psyl- hum, m., P. arenaria, p. MoxocHLAMYDÉES. Amaranthus prostratus, p. m.; Che- nopodium murale, p.; C. polyspermum,p.; Blitum virgatum, aq. m. ; B. bonus Henricus, n. p.; Beta vulgaris, p. aq.; Atriplex hortensis, p.; A. tatarica, p.; Rumex maritimus, aq. p.; R. conglomeratus, aq. ; R. sanguineus , aq. p.; R. pulcher, aq. p.; R. obtusifolius, aq. p.; R. crispus, aq. p.: R. maximus, p.; R. Hydrolapathum, aq.; R. aquaticus, aq. p-; R. alpinus, n.; R. arifolius, n.; Polygonum viviparum, n.; P. amphibium, aq.; P. minus, aq. p.; P. aviculare, p.; P. Bellardi, aq.; P. Convolvulus , p.; P. dumetorum, p.; Thesium alpinum, n.; Euphorbia Chamæsice , m.; E. he- hoscopia, p.; E. procera, aq. n.; E. Lathyris, p.; Parietaria erecta, p.; P. diffusa, p.; Cannabis sativa , p.; Humulus Lupulus, p.; Juniperus nana, n. MoxocorTyLÉépones. Alisma Plantago, aq.; A. natans, aq.; Damasonium stellatum , aq. ; Sagittaria sagittæfolia , aq. ; Butomus umbellatus, aq.; Scheuchzeria palustris, aq.; Tri- glochin maritimum, aq. ; T. palustre , aq. ; Potamogeton natans, aq.; P. rufescens, aq.; P. heterophyllum , aq. ; P. JUILLET. 141 lucens, aq.; P. perfoliatum, aq.; P. crispum, aq. ; P. den- sum, aq.; P. pusillum, aq.; P.monogynum, aq.; P. pecti- natum , aq.; Typha latifolia, aq.; Sparganium ramosum , aq.; S. simplex, aq,; Gymnadenia albida , n.; Epipactis la- tifolia, p. m.; E. rubiginosa, p.; Goodiera repens, p.; Al- lium victoriale , n.; A. fallax , m.; À. suaveolens, aq.; A. sativum, p.; À. porrum, p.; À. flavum, p.; A. ascalonicum, p.; Narthecium ossifragum, aq.; Veratrum album, n.; Jun- cus conglomeratus, aq.; J. effusus, aq.; J. glaucus, aq. p.; J. fiiformis , aq.; J. squarrosus , aq.; J. compressus, aq.; J. Gerardi, aq.; J. Tenageia, aq. p.; J. Bufonius, aq. n. p.; J. capitatus, n.p. m.; J. supinus , aq.; J. alpinus, aq.; J, lampocarpus , aq. ; J. sylvaticus, aq. n.p.; J. obtusiflorus, aq. ; Luzula glabrata , n. aq.; Cyperus flavescens , aq. p., C. fuscus, aq. p.; C. longus, aq.m.; Schænus nigricans, aq. m. ; Cladium mariscus, aq. ; Rhynchospora alba , aq.; Heleocharis acicularis, aq.; Scirpus cæspitosus, aq.; S. flui- tans, aq.; S. setaceus, aq. p.; S. supinus , aq.; S. mariti- mus, aq.; S. Michelianus, aq. p.; Eriophorum alpinum, aq.; Zea Mais, m.; Andropogon Ischæmum, p.; Panicum san- guinale, p.; P. ciliare , p.; P. glabrum, p.; P. crus galli, aq. p., P. miliacum, p.; Setaria verticillata, p.; S. viridis, p.; S.glauca, aq. p.; Crypsis alopecuroides, p.; Phleum alpi- num, n.; Cynodon dactylon, p.; Agrostis rupestris, n.; La- siagrostis calamagrostis, m.; Avena sativa, n. p.; À. orien- talis, p.; A. strigosa, n.; A. versicolor, n.; À. montana, n.; Eragrostris poæoides, m.; Poa dura, p.; P. alpina, n.; Glyceria aquatica, aq.; Festuca nigrescens, n.; F. rhætica, n.p.; F. spadicea, n.; F. sylvatica, n.; F. gigantea, n. p.; Brachypodium sylvaticum , p.; B. pinnatum , p. ; Bromus asper, p.; Hordeum murinum, p.; Ægilops ovata, m.; Æ. triuncialis, p.; Nardus stricta, n.; Isoetes lacustris, aq.; ly- 149 ÉPOQUE DE ELORAISON. copodium Selago, n.; L. clavatum, n.; Selaginella spinu- losa, aq.; Botrychium rutæfolium , n.; Polypodium Phegop- teris, n.; P. Driopteris, n.; Aspidium aculeatum , n.; Po- lystichum Oreopteris, n.; P. Filix mas, n.; P. spinulosum, n.; Asplenium Filix fœmina, p.; Scolopendrium officinarum, aq. p.; Pteris aquilina, n.; Allosorus crispus, n. AOÛT: THALAMIFLORES. Corydalis claviculata, n.; Diplotaxis tenuifolia, p.; D. muralis, p.; D. viminea, p.; Iberis Pros- ti, m.; [. amara, p.; Parnassia palustris, aq.; Dianthus Seguieri, n.; Spergula arvensis, n.; Lepigonum rubrum, p.; L. marginatum , aq.; Radiola linoides , n. p.; Linum ma- ritimum , m.; Althæa cannabina, p.; Hypericum humifu- sum, n. Cauici1FLorEs. Rubus glandulosus, n.; R. hirtus, n.; Ec- ballion Elaterium, p.; Corrigiola littoralis, m. p.; Ilecebrum verticillatum, n.; Sedum maximum, p.; S. Fabaria, n.; S. Telephium, n.; Sempervivum tectorum, m. p.; S. arver- nense, p.; Saxifraga bryoides, n.; Seseli montanum, m.; S. coloratum, p.; Peucedanum parisiense, p.; P. Cervaria , p. m.; P. Oreoselium, p.; P. alsaticum, p.; Daucus Carota, p.; Dipsacus laciniatus, aq.; Succisa pratensis, n. p.; Solidago virga aurea, n.; Inula bifrons, p.; I. britannica, aq.; I. gra- veolens, m.; Pulicaria vulgaris, aq.; P. dysenterica, aq. p.; Bidens tripartita, aq.; B. cernua , aq.; Artemisia campes- tris, p.m.; À. vulgaris, p.; Tanacetum vulgare, p.; Achillea Ptarmica, p.; Ligularia sibirica, aq.; Senecio cacaliaster, n.; Cirsium palustri-erisithales, aq. n.; Onopordum acanthium, p.; Lappa minor, p.; L. major, p.; L. tomentosa, p.; Car- lina acantifolia, p.m.; C. Cynara, n.; Lapsana communis, " AOUT. 143 p. ; Chicorium Intybus, p.; Tarincia hirta, p.; Leontodon autumnale, p.; L. hastile, n.p.; Picris crepoides, n.; Phæ- nixopus ramosissima , p.; Lactuca Scariol& , p.; Hieracium longifolium , n.; H. Mougeotü, n.; H. spicatum , n. ; H. boreale , n.; H. umbellatum, n. p.; Andryala sinuata, m.; À. integrifolia , m.; Xanthium Strumarium, p. m.; X. ma- crocarpum, p.; Campanula rotundifolia, n. p.; Calluna vul- garis, n. p. CoroLLiFLoREs. Swerlia perennis, aq.; Gentiana ciliata, m.; Heliotropium europæum, p.; Solanum miniatum, p.; S. nigrum, p.; Linaria minor, p.; Limosella aquatica , aq. p.; Euphrasia serotina, p.; Satureia hortensis, m.; Calamintha officinalis, p.; C. menthæfolia, p.; Hyssopus officinalis, m.; Galeopsis Ladanum, n. p.; Scutellaria galericulata , aq.; Teucrium Scordium, aq.; Verbena officinalis, p.; Plumbago europæa, M. MoNocHLAMvDÉES. Amaranthus sylvestris, p.; A. Bli- tum, p.; À. retroflexus, p.; Salsola Kali, aq. m.; Polycne- mum arvense, p.; P. majus, p.; Chenopodium hybridum, p..; C. urbicum, p.; C. album, p.; C. Vulvaria, p.; C. Botrys, m.; Blitum rubrum , aq. p.; B. glaucum , p. aq.; Atriplex patula, p.; A. latifolia, aq.; A. rosea, aq.; Polygonum la- pathifolium, aq. p.; P. Persicaria, aq. p.; P. mite, aq. p.; P. Hydropiper, aq. p.; P. fagopirum, n.; P. tataricum, n..; Stellera Passerina , p.; Euphorbia platyphylla, aq. p.; E. stricta, p.; E. Peplus, p.; E. falcata, p.; E. exigua, p.; Urtica dioica, n. p. MoxocoTyLÉDoNESs. Spiranthes autumnalis, p.; Aspara- gus acutifolius , m.; Smilax aspera, m.; Scilla autumnalis, p. m.; Leersia orizoides, aq. ; Calamagrostis Epigeios, p.; C. sylvatica , n. ; Phragmites communis, aq. ; Eragrostis megastachya , p.; E. pilosa , p.; Molinia cærulea , p. aq.; 144 ÉPOQUE DE FLORAISON. 4 M. serotina , m.; Lycopodium inundatum , aq. ; L. alpi- num, n. SEPTEMBRE: TaazamirLorEs. Dianthus superbus, p. CaLicrFLores. Artemisia camphorata, p.m.; Aster Amel- lus, p.; Linosyris vulgaris, p. CoroLuiFLores. Gentiana campestris, n. ; G. Pneumo- nanthe, aq. MoxocaLAMYDÉEs. Juniperus Oxycedrus, m. MonocoryLépoxes. Colchicum autumnale, n. p.; Arundo Donax, aq. m. OCTOBRE ET NOVEMBRESs CazicirLores. Hedera Helix , p.; Arbutus Unedo, m.; Ulex nanus, n. p. ÉPOQUES DES PLANTES. 145 # CHAPITRE XXXII. CONSIDERATIONS DIVERSES SUR LES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. $ 1. LES ÉPOQUES DES PLANTES. Le climat qui se compose, comme on le sait, de toutes les actions extérieures , telles que la chaleur, la lumière, Phumidité, etc., le sol ou la station, et l’habitude ou la sta- bilité acquise par l'espèce , sont donc les éléments qui dé- terminent les époques des phénomènes périodiques. Les écarts de ces retours réguliers de la végétation sont considérables quand on compare deux contrées séparées par un certain nombre de degrés de latitude. L'Europe nous présente en effet de très-grandes diffé- rences entre ses deux extrémités. Le Spitzberg , situé d’un côté sous le parallèle 80, le royaume de Grenade ou la pointe méridionale de l'Espagne, qui s’étend jusqu’au 36°, nous donnent une distance de #4° pour sa plus grande étendue. Nos observations ne s'étendent pas jusqu’au Spitzherg , terre trop peu visitée pour qu’on ait recueilli avec exactitude les données dont nous aurions besoin. En plaçant à Ham- merfest, vers le 70°, la limite nord des phénomènes périodi- ques observés, 1l nous reste encore le long espace de 34 de- grés de latitude sur lequel nos investigations peuvent avoir lieu. 10 146 PHÉNGMÈNES PÉRIODIQUES. Sous la latitude moyenne, celle où se trouve le centre de l’Europe , vers le 45 degré, à distance égale du pôle et de l’équateur, le réveil de la nature a lieu dès le commence- ment du printemps. Déjà, dès le mois de février, le Sam- bucus nigra, le Lonicera etrusca montrent leurs premières feuilles, et l’on voit verdir les bourgeons du Ribes Uva- crispa. Plusieurs plantes bulbeuses laissent sortir de terre l'extrémité verdoyante de leur feuillage ; le Galanthus ni- valis et l’Helleborus fœtidus commencent à s'épanouir. On reconnaît, pendant les belles journées du second mois de l’année, une tendance au mouvement, un appel à la vie, qui atteint son maximum dans les grands jours d'été. Cette excitation est déterminée par une élévation moyenne de près de # degrés de chaleur sur la température moyenne du mois précédent. Mars ne fait que soutenir la température de février, sans qu'il y ait d’accroissement bien sensible ; mais l'impulsion est donnée, et beaucoup d’arbres, et surtout d’arbrisseaux, entr’ouvrent leurs bourgeons, qui pourtant restent long- temps stationnaires, et attendent le mois suivant pour con- fier à l’atmosphère les organes délicats qu'ils sont char- gés de soustraire aux rigueurs de l'hiver. Bon nombre de plantes s’épanouissent , les insectes sor- tent de leurs retraites et viennent puiser un miel parfumé dans les corolles ouvertes. Avril, qui présente un accroissement de température de 5 degrés sur le mois précédent, une augmentation considé- rable dans la couche d’eau pluviale qui descend sur la terre, nous montre la nature dans sa première fraîcheur, étalant les primeurs de sa parure, laissant ouvrir presque toutes les fleurs vernales, couvrant les forêts de verdure, ramenant les chantres ailés de nos bosquets , ouvrant au papillon sa ÉPOQUES DES PLANTES. 147 prison hivernale, et rendant aux reptiles engourdis le mou- vement que le froid et l’hiver avaient momentanément sus- pendu. Déjà quelques fruits ont müri, les premières fleurs des pissenlits et des seneçons abandonnent à l’atmosphère leurs semences ailées ; le Stellaria media ouvre ses capsules, et l’orme est chargé de samares verdâtres qui simulent un premier feuillage. Le mois de mai arrive, augmentant encore de près de 4 degrés la température moyenne du mois d’avril. Alors la terre , imbibée d’eau et sollicitée par une douce chaleur, abandonne presque sans réserve ses plus riches trésors. Quelle vie et quel mouvement dans ces heureuses journées où l’hiver paraît avoir abandonné sans retour nos vastes fo- rêts et nos campagnes fleuries. La sève, puisée dans le sol humecté, monte silencieusement dans des milliers de canaux invisibles à nos yeux; elle se divise et se partage dans les plus minces rameaux ; les bourgeons sont ouverts , les ar- bres les plus retardés montrent leurs feuilles; les chênes laissent flotter leurs chatons fleuris, le bouleau déroule ses épis suspendus , l’Acer pseudo-Platanus balance ses grappes allongées, et le hêtre, à la cime majestueuse, laisse deviner, sous un feuillage translucide et plein de fraicheur, le berceau de ses fruits et le coloris modeste de ses fleurs. Le règne des orchidées se présente avec le cours des sai- sons ; les prairies et les bois offrent leurs fleurs singulières et leurs gracieux épis. Ailleurs, le mois de mai fait éclore les corolles panachées du Melittis; il fait épanouir les larges spathes des Arum, et réchauffe leurs massues pourprées ; il garnit la lisière des bois de fusains et de nerpruns ou de viormes aux couronnes de neige et aux feuilles lobées. Le mois de mai s’avance doucement au-devant de l'été ; les pêchers, qui teignaient les coteaux de rose près des blancs 148 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. amandiers , ont perdu cette parure éphémère ; l’aubépine aux mille corolles , compagne des plus beaux jours de l’an- née, agite doucement ses guirlandes fleuries ; les genêts aux fleurs dorées égayent tous les coteaux ; le Narcissus poeticus parfume la prairie, se mélange aux Trollius aux fleurs globu- leuses et aux panicules tremblantes des brizes et des pa- turins. Dès le commencement de juin , la végétation acquiert, sous notre climat, son plus beau développement ; la chaleur augmente encore de 5 degrés, le sol reçoit une nouvelle quantité d’eau , et la lumière des longs Jours du solstice ac- tive encore l'impulsion que le climat donne à la vie. Les bleuets et les coquelicots ouvrent leurs fleurs dans les campagnes ; les adonis étalent aux feux du jour leurs pétales écarlates et les ferment à l’astre des nuits et au serein du soir, De nombreuses papillionacées fleurissent sur les berges des chemins et sur la lisière des sentiers. Les liserons éta- lent leur corolle rose et blanche; le Prismatocarpum Specu- lum ouvre ses fleurs, qui le soir se ferment avec symétrie. Pendant cette longue série de beaux jours , le mois de juillet n’ajoute rien à la chaleur de l'été, mais la succession et la continuité d’une température élevée achève d’exciter tous les phénomènes d'évolution. Les espèces qui sont alors fleuries sont innombrables ; près d’un millier existent en- semble sur la scène où elles viennent figurer, en donnant à l'homme le majestueux spectacle des merveilles de la création. Beaucoup de synanthérées , d’ombellifères, de silénées attendent la fin de l'été pour se montrer, et dès cette épo- que les fruits mürissent en abondance. La chaleur reste encore stationnaire pendant la plus grande partie du mois d'août, et les fleurs et les fruits se ÉPOQUES DES PLANTES. 149 succèdent avec rapidité pendant ces derniers jours de l'été. Mais si déjà la campagne a perdu sa fraîcheur, elle conserve encore de splendides parterres et des fleurs nouvelles que la nature tenait en réserve pour orner ses derniers tableaux. Les prairies, d’un vert pur, ressemblent à d'immenses tapis de velours, sur lesquels on voit successivement apparai- tre de nouveaux décors. Les centaurées y étalent leurs cou- ronnes purpurines, le Scabiosa Succisa offre ses capitules azurés au papillon vulcain, que distinguent des taches de feu placées sur le fond noir de ses ailes. Les trèlles, aux co- rolles roses et blanches, fleurissent de nouveau , et attirent les argynes nacrées dont la violette a nourri les chenilles. L’Eupatorium cannabinum borde les ruisseaux de ses tiges élancées, de ses corymbes légers et lilacés. L’Inula Hele- nium montre ses grandes fleurs jaunes et enfonce ses racines odorantes dans le sol profond où la bardane et la patience puisent la nourriture de leur ample feuillage. Les chemins sont bordés des fleurs bleues symétriques de la chicorée sauvage, qui ne s'ouvrent qu’au soleil du matin, des armoises cotonneuses , des bouquets dorés de la bril- lante tanaisie et des gazons découpés de l’Achillea Mille- folium. La verveine, dont ie prestige a disparu depuis long- temps, y passe inaperçue, éclipsée par les fleurs apparentes du Ziraria vulgaris, par les épis des Verbascum et par cette longue série de carduacées qui attendent la fin de l’été pour arriver à leur plus beau développement. Les plantes se hâtent de traverser les dernières phases de leur existence. Les forêts sont remplies de nombreux Hieracium, dont les fleurs, en épis ou en ombelles, offrent les nuances les plus belles du jaune et de l'orangé. Des œil- lets sauvages y mélangent leurs fleurs d’un coloris si pur, aux parasols rosés des ombellifères. Des verges d’or crois- 150 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. sent près des grands seneçons, et les jeunes taillis sont rem- plis de Galeopsis aux graines oléagineuses , et de touffes ondoyantes d’Aira flexuosa. Les pelouses des montagnes ont encore leurs jardins à cette époque de l’année. Au milieu des tapis de graminées, on voit paraître les élégantes corolles blanches du Parnassia palustris ; les Sphagnum verts ou rougeâtres se distinguent à peine des rosettes ponctuées du Drosera rotundifolia , dont les fleurs régulières sont encore épanouies. L'Euphra- sia officinalis, abondant partout où existent les graminées qu'elle affectionne , déploie tout le luxe de ses charmantes corolles, multipliant à l'infini les stries noires et les macules jaunes et violettes dont ses fleurs sont ornées. Une petite gentiane, Gentiana campestris, se transforme en buisson de fleurs violettes ; une autre G. Pneumonanthe, entr'ouvre à peine une profonde corolle d’un bleu pur, annonce élégante des mauvais jours qui s’approchent. De vastes terrains sont teints d’un hilas violet par les mille corolles des bruyères. Ces plantes se réunissent pour couvrir d'immenses étendues ; elles nous offrent, dans leurs innombrables individus, toutes les nuances du rose, du blanc, du lilas et du violet. Les campagnes, pendant leur floraison , ont un aspect tout différent, et plus tard, si la lune vient éclairer ces pelouses fleuries, nous les voyons habitées par cette belle tribu des noctuelles, papillons des auits que le matin surprend encore endormis sur les tissus satinés qui ont servi de couche à leurs amours. L'arrivée du mois de septembre est marquée par un abaissement d'environ # degrés dans la température, et si les pluies sont moins abondantes que dans le mois précé- dent, elles sont plus fréquentes ; des brouillards commen- cent à humecter la campagne, la terre échauffée ne se: ÉPOQUES DES PLANTES. 151 dessèche plus, et le sol des forêts surtout conserve une cha- leur humide qui favorise le développement des nombreux champignons qui viennent apporter à l'automne le tribut de leurs curieuses productions. Dans les lieux où fleurissaient les espèces brillantes du printemps, vous voyez naître, sur le terreau noir formé par la décomposition des feuilles, ces agarics aux formes si curieuses qui déroulent à nos yeux leurs étonnantes variétés. Au pre- mier rang se trouve la délicieuse oronge, dont le large cha- peau orangé se distingue de si loin. Tantôt complétement épanouie , elle montre le jaune doré de ses feuillets, tantôt enfermée dans une membrane d’une blancheur éclatante, elle découvre seulement le sommet du dôme coloré qui bien- tôt doit s’agrandir et faire l’ornement des forêts. Près d’elle se dresse en rivale la fausse oronge, au port élégant, aux lames d'ivoire, dont le chapeau écarlate est relevé de nom- breuses mouchetures blanches. | Aüïlleurs on trouve en abondance l’agaric poivré aux vastes parasols d’un blanc pur, et qui laisse couler de ses blessures un lait corrosif et brûlant. Près d’eux croissent les agarics sanguin et émétique qui offrent toutes les nuances du violet et du carmin. L’agaric rosé est dispersé partout, et de grandes espèces dont plusieurs sont sans doute inconnues, dessinent sur le sol des cercles étendus ou des lignes si- nueuses, au milieu des peuplades de ce beau groupe de vé- gétaux. Les bolets sont encore plus répandus que les agarics ; ils atteignent d'énormes proportions et s’affaissent putréfiés et remplis des larves des staphylins. Chaque pas que l’on fait dans les forêts nous montre de nouvelles richesses de cette flore éphémère, dont un seul jour voit quelquefois naître et mourir les fugaces ornements. 152 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. De grands espaces sont couverts de pezize corne d’abon- dance ; ses tubes rembrunis, évasés par en haut, lui ont donné son nom. Ils s’alignent en élégantes séries, au mi- lieu des bypnes toujours verts, et contrastent avec la chan- terelle orangée si commune dans les mêmes localités. Les bois sont alors de vrais jardins fleuris ; le Clavaria coralloides y prend les nuances les plus variées, depuis le gris et le fauve jusqu’au chamois et à l’orangé, depuis le blanc rosé jusqu’à la teinte presque pure du vermillon. Les Lycoperdon , semblables à des bourses ovoïdes remplies de poussière , forment de longues traînées sur la terre ou sur les souches des vieux arbres. Sur le bord des sentiers on voit de loin la magnifique pezize écarlate dont les coupes enflam- mées répandent aux alentours des nuages de seminules. Des champignons charnus, fauves ou chamois, paraissent çà et là en groupes presque enterrés. Ce sont des Hydnum repan- dum avec leurs chapeaux garnis en-dessous de pointes fra- giles et dont la jolie nuance contraste avec le vert velouté des mousses. Qu'on se figure une belle soirée d'automne, quand le soleil, sur son déclin, lance obliquement de longs rayons de lumière qui éclairent le sol des bois et illuminent les voûtes du feuillage ; qu’on jette les yeux sur ce riant tableau et sur ce nouveau monde que les pluies et les dernières chaleurs viennent de développer, on aura une idée de ces scènes riantes que la nature veut encore nous offrir avant de cacher la terre sous le voile des frimas. Il ne reste plus dans cette saison qu’un petit nombre de fleurs dont la terre sera bientôt dépouillée. Le Dianthus su- perbus étale dans les bois les franges roses de ses pétales ; l’Aster Amellus élève sur les coteaux ses boutons d’or, entou- rés de rayons bleus, près des corymbes orangés du Lynosiris. ÉPOQUES DES PLANTES. 153 Une fleur pâle, qui paraît souffrante, se montre partout dans les prairies, c’est le colchique dont les corolles lilas , évasées comme celles des tulipes, naissent sans feuilles et sans abris. L’herbe seule les protége contre les vents d’au- tomne , car la fleur appartient à un oignon profondément enfoncé dans la terre et chaudement enveloppé de tuniques superposées. Cette fleur a besoin d’air; portée sur un long tube , elle perce le sol de la prairie et arrive enfin pour nous montrer la dernière heure des saisons, et nous rendre témoins de ses tardives amours. Elle ne brille qu’un instant. La plante n’a livré à l’inconstance de l’atmosphère que sa délicate co- rolle et les trois étamines dont la poussière doit féconder ses germes. Trois fils blancs satinés doivent guider leurs amou- reux messages , et les conduire par des routes souterraines aux pieds de la favorite qui reçoit leurs hommages. Pour elle, assurée désormais d’une postérité impérissable, elle attend dans sa retraite le réveil du printemps, et montre dans les lieux mêmes où les frimas ont terni sa corolle, ses feuilles luisantes et vigoureuses et ses graines fécondes. Le mois d'octobre survient pendant ces derniers efforts de la végétation. La température s’abaisse tout à coup de plus de six degrés; l'humidité augmente à peine, ce n’est plus la saison des fleurs ni de leurs brillantes corolles ; c’est celle où la nature , prodigue de ses dons , livre à l’homme et aux animaux les semences et les fruits nombreux müris par le soleil d’été. Les mécanismes les plus ingénieux, les ressorts les mieux cachés sont mis en œuvre pour assurer la conservation et la dispersion des graines. Les coffrets les plus élégamment dis- posés, les séparations le plus artistement conçues, les plus admirables dispositions , tout existe dans ces organes qui naissent après les fleurs et qui sont le berceau de toutes les 154 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. générations qui perpétuent sur la terre le cercle magique des saisons. Des fruits en forme de nacelle sont entraînés par l’eau qui va porter des espèces loin du paradis où le créateur les avait primitivement placées. D’autres, munis d’aigrettes, d’ailes ou de membranes, traversent les airs et volent au gré des vents vers des parages qui nous sont inconnus. Armées de griffes ou de crochets, des semences s’attachent aux vête- ments des hommes, aux fourrures des animaux, et voyagent au hasard , soumises aux capricieux détours de leurs moyens de transport. Des fruits s’ouvrent doucement et disséminent leurs graines, d’autres les répandent par des ouvertures sy- métriques. Il en est d’irritables qui séparent leurs valves avec fracas, et sèment eux-mêmes les graines qui mürissaient sous leurs enveloppes protectrices, pendant que des espèces pré- voyantes, courbant leurs pédoncules, ramènent leurs péri- carpes dans la terre ou les plongent sous les eaux. Pendant ce mouvement des organes qui détendent leurs fibres et sèment partout les germes d’une végétation nou- velle, d’autres fruits colorés restent attachés à leurs rameaux. Les houx qui, dès le mois de juin, s'étaient couverts de fleurs, ont à l’extrémité de leurs branches d’admirables bou- quets de graines écarlates. Le genévrier unit ses baies bleuà- tres et parfumées à son feuillage toujours vert. Les rameaux allongés du fusain sont garnis de leurs fruits quadrangulaires ; leurs enveloppes de carmin sont ouvertes, et leurs arilles orangées tombent avec les semences qu’elles abritent jusqu’à leur prochaine germination. Le Viburnum Opulus joint à cet ensemble ses fruits rouges et suspendus, l’épine blanche s’est transformée en un arbre de corail, et les nombreux églantiers viennent aussi égayer les buissons par leurs calices charnus et couleur de feu. ÉPOQUES DES PLANTES. 15% Des müres bleuâtres se montrent encore près des grappes violacées des Sambucus nigra, et S. Ebulus; le chèvre-feuille qui entoure les arbres de ses longues spirales, apporte son contingent de baies orangées ou vermillon. Le vent a déjà emporté les semences ailées des érables, mais le Cratægus Ari aconserve des alises éclatantes, tandis que le sorbier des oiseaux perd chaque jour , au profit des voyageurs aériens , les baies rouges et succulentes qui font pencher ses rameaux vers la terre. Dieu fait ainsi une large part aux êtres qu’il a créés, car dans les fruits se trouvent les saveurs , les parfums , les ali- ments ; là se révèle cette bonté prévoyante qui fait régner partout l'abondance et la splendeur, et qui prévoit les besoins de l’insecte imperceptible, comme elle satisfait aux désirs des animaux qui nous étonnent par leur volume et par leur organisation variée. Il est rare que le mois d'octobre se passe sans que des gelées légères viennent donner le signal de la chute des feuilles. C’est en vain que la rosée essaie encore , comme aux beaux jours de l’année, de déposer sur les plantes ses gouttes arrondies, que la lumière doit iriser ; à peine descen- due sur la terre, elle est saisie par le froid, et mille facettes de glace, colorées par l'aurore, s’effacent aux premiers rayons du soleil. La fraîche verdure des arbres n’existe plus; la couleur du feuillage est changée , et des nuances diverses s’étendent sur la lisière des bois. Chaque arbre nous offre alors un coloris nouveau qui le distingue et le sépare des autres. La verdure sur son déclin, ne tarde pas à rougir et à prendre la couleur des feuilles mourantes. Le jaune le plus pur colore les feuilles du bouleau; elles se détachent et couvrent l’herbe encore verte des prairies et des allées des bois. Les hêtres sont char- 156 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. gés de feuilles mortes d'un brun-rouge; les cerisiers sau- vages offrent toutes les teintes de l’orangé et du rouge vif, qui paraît surtout à l'extrémité de leurs rameaux ; ils luttent de couleur avec les néfliers et les sorbiers, et les dominent par la vivacité des nuances carminées répandues sur leur brillant feuillage. Le peuplier, comme le bouleau, passe du jaune pâle au jaune plus intense. Le noyer noircit près du poirier sauvage , aux feuilles ternies et décolorées. Le chêne perd sa parure , tandis que le frêne, au sommet des coteaux, et l’aulne sur le bord des ruisseaux , se dépouillent les derniers de leurs vêtements d’été. Les prairies sont vertes encore ; on y voit en octobre les dernières fleurs mourantes du colchique et les tardives corolles de la parnassie des marais. Les haies s'étendent en guir- landes panachées autour des prairies. La viorne a rougi, et l’Acer campestre nuancé de jaune et de vert annonce le passage de l’automne à l’hiver ; le Rhamnus Frangula n’a plus que des nuances de bistre et de pourpre, et la cléma- tite domine tous les buissons et les couvre de ses bouquets plumeux et argentés. En novembre et en décembre, la température s’abaisse encore , et les pluies, quoique plus fréquentes , ne donnent plus que de petites quantités d’eau. L’hiver est l’époque du repos pour les plantes , et de la léthargie pour les graines et les bourgeons. L'eau glacée s'échappe de l’atmosphère sous forme de neige. De faibles plantes profitent, pour végéter, de ces journées d’hiver pendant lesquelles l’air humide ne peut dessécher leurs tissus. Des mousses d'espèces variées sont réunies en tapis ou en gazons, et de leurs élégantes rosettes s'élèvent des urnes fructifères qui doivent assurer leur innombrable postérité. Des lichens semblables à des ar- brisseaux délicats (Cenomice, Stereocaulon), et montrant en ÉPOQUES DES PLANTES. 157 miniature les formes répétées de toutes les forêts de la terre, s’étalent en larges tapis et luttent contre l'hiver qui, de temps en temps, leur accorde quelques journées de brouillard. Souvent leurs jolis gazons sont couronnés de chapiteaux neigeux . Mais le froid prend de l'intensité , le cristal des lacs tran- quilles se transforme en glace azurée , et l’eau cesse de fré- mir sous l’impulsion du vent. La rivière elle-même, qui jusque-là avait pu résister par son cours rapide, se congèle sur ses bords , au milieu des joncs et des roseaux , dont les tiges desséchées sont bientôt fixées dans les glaçons. Le froid continue , la glace devient plus transparente , et l’on distin- gue dans son intérieur une foule d’objets différents. Là ce sont les feuilles vertes ou rougies du Geranium Robertia- num, où une touffe de gazon d’un beau vert, dont les fais- ceaux feuillés brillent à travers les glaces. Là ce sont des scories autrefois fondues par le feu des volcans, aujourd’hui couvertes par l’eau congelée de l'hiver. Alors la terre so- nore résonne et conduit au loin les bruits les plus légers. L’atmosphère a perdu ses vapeurs, les étoiles scintillantes , fleurs immortelles des cieux , semées sur le fond noir du fir- mament, annoncent cette pureté de l’air que le froid seul peut produire. Elles semblent animées de feux nouveaux pour éclairer l’espace , et nous rappellent ces mondes éloi- gnés remplis, comme celui que nous habitons , de la gran- deur de la divinité. L'immobilité la plus complète règne de tous côtés ; il semble qu’une fée ait touché les campagnes de sa magique baguette, et qu’elle ait partout suspendu la vie. Les pre- miers rayons du soleil brillent dans les festons glacés atta- chés aux toits des chaumières ; le cours des ruisseaux s’est arrêté ; des colonnes de cristal remplacent l’écume blanchie 158 PHÉNOMÊNES PÉRIODIQUES. de la cascade sans mouvement ; le vent lui-même n’ose plus troubler l’atmosphère. Rien ne se montre non plus dans la région des airs, ni l’oiseau printanier qui s’est enfui vers de plus doux climats, ni l’insecte qui bourdonnait en été, ni ces fils blancs légers qui voyageaient en automne. Séjours en- chanteurs où Flore étalait les dons parfumés de sa parure, asiles des scènes pastorales du printemps, labyrinthes des forêts aux sentiers ténébreux, rien de tout cela n’existe au milieu des hivers. La neige a nivelé les campagnes, dépouillé les prairies et ramené sur la terre la triste uniformité des frimas. C’est dans ce cercle éternel tracé par les saisons que se succèdent tour à tour les espèces nombreuses de notre flore. Que l’on se reporte à nos premiers tableaux de la végétation du plateau central , que l’on fasse intervenir chacune des plantes dont nous avons donné les temps moyens d’épa- nouissement, que l’on se reporte par la pensée à l’évolution de leurs graines et de leurs bourgeons, à l’expansion de leur feuillage, à l’ouverture de leurs corolles, à la maturation de leurs fruits, à la dissémination de leurs graines , et l’on as- sistera aux phases brillantes de la vie que le printemps com- mence et que termine l'hiver. En recherchant le rapport que chaque mois de l’année, comparé au total, nous donne pour le chiffre des espèces qui fleurissent pendant son cours, nous obtenons les propor- tions suivantes : PÉVIRRT ETS ME. 20UA is 90 Mars EX EN. 00 I TS AVE EE SUR ON ŒCIR ES MANN RS, PUR MATE ON US DR UNI CGR. 8e, 43 een EN ERU Mie 20-dneuo SE ÉPOQUES DES PLANTES. 159 Août Er UeN Leu 0 405 44 Septembre, 4.4.1. : 4): 217 Octobre. sui dun s0, 4: 655 Une progression très-rapide s'établit dans les rapports de floraison à mesure que l’on avance dans l’année. On recon- naît immédiatement la liaison qui existe dans cet ordre d'apparition et l'augmentation successive de chaleur et d'humidité. L’accroissement des rapports a lieu jusqu’au solstice, puis il se maintient pendant les deux mois suivants, et enfin il décline comme la chaleur du climat. Si le mois .d’août présente, sur le précédent, une diminution très-sen- : sible, c’est que le chiffre des floraisons pendant ce mois n'exprime que celles qui ont commencé pendant son cours ; mais les végétaux qui ont déjà montré leurs fleurs en juin et juillet fleurissent encore pour la plupart en août, en sorte que ce mois est encore un de ceux qui offrent aux botanis- tes les plus grandes richesses florales sur le plateau central de la France. A mesure que l’on s'éloigne de cette latitude moyenne de 45 degrés , les époques végétales sont modifiées en sens opposé. Elles avancent vers le sud de l’Europe, elles retar- dent vers le nord. Déjà , aux deux extrémités de notre circonscription, sé- parées par une distance d’environ 3 degrés de latitude, nous trouvons un écart d’environ 12 jours entre la fleraison des mêmes plantes situées dans les mêmes conditions , pourvu que ce soient des espèces herbacées. La différence n’est guère, en moyenne , que de 8 jours pour les fleurs des végétaux arborescents, et elle ne dépasse pas 6 jours pour le bourgeonnement des arbres situés à la même altitude. L’avance pour la floraison est d’autant plus marquée, que 1460 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. les plantes sont plus vernales et fleurissent plus près de l’hi- ver. La floraison à latitude différente suit alors les mêmes écarts que dans les différents individus, quand ils sont pres- que entièrement soumis à des alternatives de température , comme cela a lieu à la fin de l’hiver et au commencement du printemps. C’est qu’en effet la plupart des plantes verna- les et surtout celles des montagnes et du nord préparent leurs boutons de fleurs à l’automne, et restent ensuite engour- dies en hiver et prêtes à revivre dès les premiers jours de chaleur. M. Quetelet, qui s’est efforcé de dégager la vérité de toutes les causes d’erreur dont elle est entourée dans cette appréciation, attribue pour l’Europe centrale une différence de # jours pour 1 degré de latitude ou pour une hauteur de 100 mètres. Ainsi Clermont, distant de Bruxelles de 5 de- grés de latitude, devrait avoir une avance de 20 jours sur les phénomènes périodiques ; mais Clermont étant élevé d’environ 300 mètres au-dessus de Bruxelles, doit présenter alors un retard de 12 jours. Or, en retranchant 12 de 20, reste 8 jours donnés par le calcul pour l’avance des phé- nomènes périodiques sur ceux de Bruxelles. Les observations de M. Quetelet concordent parfaite- ment avec les nôtres pour la floraison, mais non, comme nous venons de le voir, pour le bourgeonnement et la feuil- laison des arbres forestiers. Si maintenant nous examinons , toujours sur le plateau central, les écarts de végétation en altitude, en suivant, par exemple , la floraison ou la feuillaison d’une même espèce , comme le Corylus Avellana , le Gentiana lutea , le Sahix Lapponum, etc., nous remarquons de très-grandes diffé- rences. Aiïnsi, le Corylus Avellana, qui fleurit en décembre , ÉPOQUES DES PLANTES. 161 janvier ou février dans la plaine, ne développe pas ses cha- tons avant le mois de mai à la base du puy de Dôme, à une différence d'altitude de 700 mètres seulement. Le même écart, très-considérable et toujours irrégulier , se fait re- marquer pour toutes les plantes vernales, pour l’Anemone montana, le Prunus spinosa, etc. Le Salix lapponum ne nous donne qu’un écart d’un mois, de la moitié de mai au 15 juin ; mais comme sa zone la plus basse est à 1,400 mètres et la plus élevée à 1,600, l'écart est considérable pour 200 mètres. Il est vrai que c’est un simple effet de température, et l’on voit cet arbris- seau fleurir à 20 mêtres de distance d’autres buissons en- sevelis sous la neige , et dont la végétation n’a pas encore commencé. Ce n’est donc pas sur les espèces à développement irré- gulier que nous pouvons trouver des lois précises ; nous de- vons les chercher sur les plantes de l'été, qui fleurissent et fructifient librement. Le Gentiana lutea, le Vaccinium Myrtillus, le Geranium sylvaticum, que nous voyons fleurir régulièrement de la base au sommet du puy de Dôme et sur toutes les pentes du Mont-Dore, nous ont donné un retard d’un jour pour envi- ron 30 mètres, et, en étudiant la maturité des fruits, on ne trouve plus pour le même temps que 25 mètres de distance, encore ces chiffres sont-ils modifiés en altitude comme en latitude par le signe de durée des espèces , les arbres étant toujours moins impressionnables. On voit que nos observations diffèrent un peu de celles qui ont été appliquées par M. Quetelet à l’Europe centrale. Ce que nous venons de dire s’entend seulement pour notre circonscription ; nous ne pouvons rien affirmer de positif sur les époques d’évolution dans le sud de l'Europe. C’est il 11 162 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. à peine si la végétation s’y repose, et le temps du sommeil léthargique coïncide avec l’époque des plus grandes séche- resses. Les plantes qui, sous notre latitude , attendent le mois d’avril pour se couvrir de fleurs ou de feuillage, végètent en Corse, en Espagne et en Algérie pendant presque toute la durée de l'hiver, et l’on remarque aussi que l'écart est d'autant plus grand que les plantes sont moins durables. Les espèces ligneuses paraissent plus influencées par l’habi- tude que par le climat ; l’inverse a lieu pour celles qui sont annuelles et même vivaces. Le nombre de jours qui exprime l'écart est variable pour chaque espèce , mais il est toujours plus grand au sud du plateau central que dans la direction opposée , c’est-à-dire qu'une espèce dont l'écart pourra aller jusqu’à 60 jours pour les 7 degrés de latitude qui séparent le royaume de Grenade du plateau central, ou de plus de 8 jours par degré de latitude, n’aura qu’un écart de 30 jours pour les 20 degrés qui éloignent la Laponie du centre de l’Europe ou 4 jour 112 seulement par degré. On comprend parfaitement ces différences pour les plantes vernales , dont les bourgeons et les boutons sont préparés d'avance dès l'automne précédent, et qui d’un côté sont re- tenus à l’état latent ou léthargique par des gelées prolon- gées, tandis que de l’autre elles reçoivent depuis longtemps j'influence d’un printemps précoce et d’une température qui leur permet de végéter. Quant aux plantes estivales, l'écart, comme nous l'avons déjà dit, ne peut pas être aussi grand que pour les espèces vernales , parce que les températures d'été sous des climats divers sont bien moins inégales que celles de l'hiver et du printemps. Il en résulte plus d’uniformité dans les phéno- mènes périodiques. Ainsi, au sud du plateau central et sur- EPOQUES DES PLANTES. 163 tout au delà du 40° degré, il n’y a, pour ainsi dire, plus d'hiver dans la plaine , et les floraisons prolongées ou le ré- veil précoce de la végétation permettent au botaniste de re- cueillir continuellement des richesses qui se succèdent sans interruption. Il n’en est plus de même au nord du 45° degré ; alors les saisons sont toujours indiquées par des variations de tempé- rature qui descendent au-dessous du 0 du thermomètre. Le froid suspend la vie , et il y a toujours un réveil. Entre le 45° et le 55° parallèle , l'instant précis où se montrent les premiers signes de la végétation , la germination et la feuil- Jaison, éprouve toujours des oscillations, et si l’on parvient à indiquer une moyenne , elle est déduite d'observations qui ont entre elles un écart assez grand. Il y a encore dans cette zone de 10 degrés, lutte des saisons entre elles, et indéci- sion de la part des espèces qui, trop tôt excitées par quel- ques jours de chaleur, sont ensuite arrêtées dans leur essor par les retours accidentels des gelées tardives. Au delà de cette zone jusqu'au 70° degré, les époques végétales se succèdent avec plus de régularité. Quand le vé- ritable dégel commence, la gelée ne revient plus arrêter les progrès de la vie. Les plantes, habituées à une longue léthar- gie et à un réveil plus précis, obéissent ponctuellement à l'habitude acquise et à la température, qui appelle leurs or- ganes dans une atmosphère attiédie. La lumière continue qui, dans ces régions du nord, efface complétement les nuits et les remplace d’abord par des crépuscules éclairés, ajoute une incroyable activité au développement des organes, et ce phénomène de forêts qui, sous les tropiques , verdissent en quelques jours , se retrouve ici excité par des causes entière- ment différentes. Wahlenberg, qui mettait tant de soin à étudier le climat 164 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. et les conditions extérieures de la végétation, nous a laissé des observations pleines d'intérêt sur les phénomènes pério- diques du nord de l’Europe. A Upsal, par 60 degrés de la- titude et par conséquent à 15° au nord du 45° degré, il par- tage l’année en douze époques, auxquelles il assigne les ca- ractères suivants : Pendant l'hiver, caractérisé par la glace et la neige : 4°. La gelée. Les plus fortes gelées ont lieu dans les mois de janvier et de février, alors que la terre est recouverte d’une grande quantité de neige. 20, Le dégel. La chaleur du jour permet aux mousses et aux jungermanes de fructifier, les rivières charrient et re- çoivent l’eau des neiges fondues. Le dégel finit : Années précoces, toujours après... le 1% avril. Années moyennes...,......... vers le 10 avril. Années tardives. ,...,....,... vers le 22 avril. Pendant le printemps , la végétation commence et aug- mente successivement ; cette saison dure jusqu’à l’époque où cessent les gelées nocturnes, et où la terre acquiert toute sa chaleur. 3°. La germination. Les semences commencent à germer, quoique souvent retardées par les gelées nocturnes. Cette époque commence à l'apparition de la première fleur ets’étend jusqu’à la feuillaison de l’arbre le plus précoce, c’est-à-dire : Années précoces. ......... du # avril au {°° mai. Années moyennes......... du 12 avril au 8 mai. Années tardives. ......... du 20 avril au 16 mai. 4°. La feuillaison. Les arbres se couvrent de feuilles de- puisle Prunus Padus jusqu’au Fraxinus excelsior. Le seigle n’a pas encore montré d’épis. ÉPOQUES DES PLANTES. 165 Années précoces.......... du 3 mai au 19 mai. - Années moyennes. ........ du 9 mai au 25. Années tardives. ......... du 16 mai au 31. 5°. La floraison. Les arbres rosacés épanouissent leurs fleurs, depuis le Prunus Padus jusqu’au Cratægus Oxya- cantha ou jusqu’à l’apparition des premières fleurs du seigle, époque qui précède la première fleur du Sedum acre. Années précoces. ........ du 22 mai au 12 juin. Années moyennes........ du 26 mai au 16 juin. Années tardives. . ....... du 31 mai au 20 juin. Pendant l'été, le sol et l'atmosphère atteignent leur maxi- mum de température. 6°. Le solstice. Les nuits sont éclairées et la plupart des plantes fleurissent. Le Sedum acre a terminé sa floraison. Cette époque ne varie pas ; elle a lieu chaque année du 17 juin au {1 juillet. 7°. La fenaison. L’herbe des prairies acquiert sa matu- rité. La chaleur est très-forte. Alors fleurissent Tilia euro- pœa et Sedum album. Cette époque s’arrête à la première fleur du Succisa pratensis, et dure du 22 juillet au 1, 2 ou 3 août. 8°. La moisson. Les céréales sont müres sous l'influence des jours les plus chauds de l’année, mais déjà les nuits sont fraiches. Le Calluna vulgaris et le Succisa pratensis fleuris- sent, et cette époque se termine à la dissémination du Ly- copodium et à la première fleur du colchique d'automne. ATHÉES DrÉCOPES. sas ere, AU GOÛT an 21. Années tardives. . ... ses : JHHAONÉ Au 27. Pendant l’automne, la végétation est en voie de décrois- sance dès que les gelées nocturnes prennent un peu d’inten- 166 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. sité, mais la terre conserve encore assez de chaleur pour pro- duire des champignons. 9. La dissémination. Elle a lieu pendant une période qui commence avec la floraison du colchique et qui finit avec le départ des hirondelles. De nombreux champignons se montrent alors sur le sol. Les agarics de la section des Co- prinus paraissent les premiers, et sont suivis des espèces lac- tescentes. Années précoces. ...... du 22 août au 17 septemb. Années tardives.. ..... du 28 août au 21 septemb. 10°. L’effeuillaison. Les gelées nocturnes détruisent les feuilles des arbres et les champignons fugaces et annuels, mais les espèces vivaces, telles que certains bolets et certains agarics, continuent de se développer. Années précoces. ..... du 16 sept. au 18 octobre. Années tardives. ..... du 22 sept. au 28 octobre. 11°. La congélation. La gelée devient intense; quel- ques mousses seules continuent de végéter sur le tronc des arbres. Pendant le mois de novembre, l'hiver est annoncé par la congélation complète des eaux courantes. 12°. La brume. Le mois de décembre (1). Nos mois d'hiver ressemblent à ceux de la province d'Upsal; neige, gelée et brouillard, mais avec bien moins d'intensité. Notre printemps est en avance de 30 jours au moins sur celui de cette contrée. L'époque des floraisons pendant l’été se confond avec la sienne. Les moissons retar- dent sur les nôtres ; l’apparition des champignons coïncide. (1) Walenberg. Flora upsaliensis calendarium , p. vir. ÉPOQUES DES PLANTES. 167 En somme , la végétation , activée par des jours sans nuits, par un soleil presque toujours sur l'horizon, offre, comme la nôtre, un maximum qui a lieu dans le même temps, mais elie emploie un intervalle plus court pour atteindre ce maxi- mum, un intervalle un peu plus long pour s’en éloigner, et, en résumé, les époques sont parcourues plus rapidement que sous notre latitude. Plus au nord, dans la Laponie, par les 65° de latitude, on trouve déjà de très-grandes différences avec le climat d'Upsal. Le printemps est bien plus tardif. C’est à peine si le 25 avril les champs sont débarrassés de la neige abon- dante qui les couvrait. Un mois plus tard seulement , vers le 25 , arrive l’hirondelle de cheminée, le coucou annonce sa présence , le Caltha palustris épänouit ses fleurs, et le bouleau étend sa fraiche verdure. Dès le 10 du mois d’août,. on sème les seigles avant de les avoir récoltés. Au milieu de septembre les feuilles du bouleau jaunissent et tombent. Le cercle de la vie n’a duré que quelques mois. Plus au nord, à l'extrémité de la Laponie, la végétation, resserrée entre un printemps et un automne glacés, doit se presser plus encore d'accomplir son parcours. Ce n’est guère que pen- dant trois mois que les plantes peuvent se développer. Elles sont prêtes plus tôt, mais elles attendent, et souvent la ma- turation des graines n’a pas encore eu lieu que déjà le froid les surprerd , détruit leurs organes et les plonge de nouveau dans un long sommeil hivernal. À Alten et aux environs, par 70° de latitude, M. Bravais a vu, en 1839, le 25 avril seulement, le thermomètre dé- passer le point de congélation, pour ne plus descendre que rarement au-dessous pendant les nuits. Pendant ce mois la végétation des arbres n’avait pas fait de progrès continus, et les plantes herbacées étaient toujours plongées dans leur 168 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. engourdissement d'hiver, car une épaisse couche de neige couvrait encore la surface du sol. Mais à la fin d’avril elle fondit rapidement, et les plantes commencèrent à ressentir l'influence bienfaisante des rayons du soleil. On aura, du reste, une idée de ce climat en remarquant que, du 25 avril au {5 juin, pendant une série de 52 jours, M. Bravais trouva le ciel habituellement couvert et l'air chargé de brumes. Il n’y eut que trois jours sereins. Voici la liste des espèces qui, les premières, laissèrent éclore leurs fleurs sous ce climat. 5 Mai, Saxifraga oppositifolia. — 10 mai, Tussilago Farfara.— 16 mai, Eriophorum vaginatum, Empetrum nigrum. — 22 mai, Gnaphalium dioicum , Menziezia cæ- rulea. — 25 mai, Veronica officinalis, Alsine biflora. — 28 mai, Rhadiola rosea. — 1% juin, Alchemalla vulgaris. — } juin, Azalea procumbens. — 5 juin, Primula farinosa. — 6 juin, Geum rivale, Vaccinium Myrtillus, Euzula pilosa. —"T juin, Lychnis affinis. — 9 juin, Andromeda polüfolia. — 11 juin, Cardamine pratensis, Geranium sylvaticum, Ribes rubrum , Phaca astragalina, Potentilla nivea, Trientalis europæa, Saxifraga cæspitosa, Pyrola secunda, Equisetum sylvaticum. Autour d'Hammerfest, M. Bravais a vu fleurir, le 30 mai 1839, Viola biflora, — le 18 juin, Silene acaulis, — le 22 juin, Dryas octopetala, Lithospermum maritimum, Pe- dicularis lapponica déjà avancé. — Le 29 juin, Thalictrum alpinum, Saxifraga stellaris, S. rivularis, Hieracium alpi- num, Bartsia alpina. — Le {* juillet, Potentilla Anse- rina. — Le 2 juillet, Saxifraga nivalis, Cerastium alpi- num, Habenaria viridis (1). À une latitude moins élevée, (4) Voyages en Scandinavie, ete., t, 2, 2e partie, p. 245. ÉPOQUES DES PLANTES. 169 dans le haut Tornea, étaient en fleurs le 18 juin, Menyan- thes trifoliata, Trientalis europæa, Betula nana, Andro- _ meda poliifolia, Cornus suecica, Leontodon Taraxacum ,. Rubus Chamæmorus, R. articus (1). Le même auteur cite les plantes suivantes en fleur, le 20 juin, sur la montagne d’Avasaxa en Laponie. Lycopodium complanatum, L. Selago, Andromeda polii- folia, Ranunculus auricomus , Vaccinium uliginosum , Convallaria maialis, Geranium palustre, Anthoxanthum odoratum, Bartsia alpina (2). Dans ces listes, nous avons mis en italique les noms dés plantes qui croissent aussi sur le plateau central. On trouve de très-grandes différences entre les époques de floraison que nous venons de citer et celles que nous re- marquons sur le plateau central au 45°. Certaines plantes ont un écart de six semaines , et pour d’autres cet écart est presque nul. « Lorsque je m’embarquai pour la première fois, le 27 avril 1835, dit M. Eugène Robert, le Vaccinium Myr- tillus était en pleiné fleur sur la montagne du Roule à Cher- bourg, bien que la végétation fût en retard, et que, ce jour-là même, il fût tombé une grande quantité de neige ; le 15 juin, je trouvai en Islande la même plante, dont les feuilles commençaient seulement à se développer, quoique abritée au fond des crevasses d’un champ de lave (3). » Voici donc un écart de plus de six semaines, et plus haut nous trouvons la date du 20 juin pour les fleurs de 'Andromeda poliifolia qui dans notre contrée fleurit aussx (4) Acerbi. Voyage en Laponie , t. 2, p. 160. (2) Acerbi , t. 2, p. 170. (5) E. Robert. Voyage en Irlande, p. 360. 170 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. dans le mois de juin, mais, il est vrai, à une altitude qui peut compenser une partie de la différence en latitude. Une des causes, et certainement la principale, qui excite tout à coup le réveil du printemps dans les régions du nord, c'est l'accroissement subit de la température d’un mois à un autre mois. Dans l’Europe centrale l'augmentation de cha- leur moyenne d’un mois sur l’autre est très-rarement de plus de cinq degrés centigrades , et le développement vernal plus ou moins rapide est dù à cet accroissement lent et progressif de température dont nos tableaux , dans le premier volume, ont donné l'indication. Dans le nord de l’Europe, l'augmentation de chaleur est proportionnellement plus rapide ; ainsi en Laponie , à Enon- tekis, situé par 68° 30, et où, selon Wahlenberg, le froid atteint en janvier et en février la moyenne rigoureuse de 22°, la température se relève de 4 degrés en mars, de près de 7° de mars en avril, de 4° d’avril en mai, et cependant la moyenne de mai est encore à 0. Elle augmente encore de 6 degrés en juin, et c’est alors seulement que la végé- tation se développe avec une rapidité extrême. En effet, on sait que les plantes ne sortent de leur léthargie hivernale que si elles sont excitées par un certain degré de chaleur qui varie pour chacune d’elles. Le 0 où commence le développement de la vie organique n’est pas parallèle au 0 thermométrique. Il n’est aucune espèce qui n’exige pour le 0 de sa vie plusieurs degrés au-dessus de la glace fondante. Si l’on fait attention qu’à Enontekis la moyenne de 0 n'arrive qu'au mois de mai, on comprendra que toute la chaleur fournie par le mois dejuin est employée à fondre la neige qui existe sur le sol et à débarrasser les rivières de leurs glaces. Une fois cette fusion opérée , la chaleur solaire ne passant plus à l’état latent, n'étant plus employée à faire PHÉNOMÈNES DIURNES. 171 passer l’eau de 0 solide à 0 liquide, est immédiatement ap- pliquée au sol qui reçoit alors et seulement en juin une cha- leur de 10 à 11 degrés. Ce passage presque subit du 0 à 10 ou 11 donne l'essor à la végétation. Le bouleau verdit aussitôt , et les plantes vivaces printanières, dont les boutons à fleur étaient préparés dès l’année précédente , fleurissent avec une incroyable rapidité. C’est le même phénomène qui se montre sur nos mon- tagnes quand les plaques de neige viennent à fondre et à se rétrécir. Le Soldanella alpina, le Gentiana verna , le Geum montanum,etc., {leurissent au bout de quelques jours, et plus rapidement encore que les plantes du nord de l'Europe, parce que la température de notre mois de Juin est plus éle- vée, et qu’elle s’applique aussi instantanément sur un sol qui jusque-là avait été maintenu à 0 par la neige fondante. L’accroissement subit que nous signalons est bien plus marqué encore quand le climat, au lieu d’être marin, comme celui de la Laponie , est continental, comme celui de la Sibérie, par exemple. L’addition d’un mois vernal sur l’autre n’est plus de 5 à 6 degrés ; il peut être de 12 tout à coup, et l’on comprend” alors la beauté du spectacle que présentent la campagne et les coteaux de ces terres d’Asie, quand d’abondantes lilia- cées et des renonculacées aux fleurs splendides répandues à profusion , sociales comme les plantes des steppes, vien- nent tout à coup orner le sol échauffé par le soleil et im- bibé des eaux qui résultent de la fusion des neiges. $ 2. PHÉNOMÈNES DIURNES. Si les saisons aménent périodiquement dans la vie des plantes des changements qui se succèdent avec régularité, et 172 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. qui sont dus principalement à la chaleur du climat , la lu- mière solaire et le mouvement diurne de la terre, qui en divise le cours, apportent aussi dans la végétation des varia- tions journalières qui modifient à chaque instant les scènes de la nature. Le matin, dès que l’orient s’éclaire, la riche ceinture de l’aurore enveloppe l'horizon, les teintes diverses de la lu- mière réfléchie ou réfractée, teignent le ciel de couleurs pu- res, et les nuages légers qui flottent au firmament sont bai- gnés de cette clarté douteuse qui n’est plus la nuit, mais qui n’est pas encore le jour, image du passé qui fuit, de l’avenir qui se presse. Le grand flambeau du monde s'élève avec majesté ; 1l écarte les nues, illumine leurs contours, et leurs franges empourprées s’effacent sous l’éther lumineux dont il agite les ondes vivifiantes. Les gouttelettes perlées de la rosée des nuits se dissolvent dans l’océan des airs , recueillent l’encens des fleurs et s’é- lèvent aux concerts des oiseaux , comme un premier hom- mage à l'Eternel. Les plantes nocturnes s’endorment , s’in- clinent ou s’abritent des feux du jour; les autres s’éten- dent et se réveillent. La brise du matin se charge bientôt des nuages légers des poussières fécondantes qui voyagent dans les airs, et vont au Join chercher les germes auxquels ils doivent donner la vie. Dès l’aube du jour, les graminées, serrées dans les prairies, nous montrent leurs panicules ou leurs épis cou- verts d’anthères suspendues, qui viennent de s'échapper des enveloppes qui les retenaient captives. A cette première heure du jour, les plantes aquatiques élèvent leurs fleurs au- dessus des eaux, et les grands phénomènes de la génération commencent , enveloppés des brillants tissus qui semblent destinés à en voiler les mystères. Il nous serait impossible de PHÉNOMÈNES DIURNES. 173 décrire les innombrables combinaisons de la nature qui sont destinées à s’accomplir sous l’influence de cette vive lumière, dont les corolles diversement colorées doivent sans doute augmenter encore l’éclat ou affaiblir l'intensité. C’est pres- que toujours le matin que tous ces prodiges se présentent. Il est des fleurs dont les corolles elles-mêmes sont soumises à l’action directe de la lumière du jour, et que, pour cette raison, On nomme méléoriques. Les unes peuvent s'ouvrir et se fermer pendant plusieurs jours, suivant la présence ou l'absence de l’astre qui les éclaire ; d’autres, entièrement éphémères , éclosent après l’aurore et tombent effeuillées avant la fin du jour. L’Arnica montana ouvre de bonne heure les disques do- rés de ses calathides ; les Tragopogon étalent leurs fleurons yiolets ou couleur de soufre ; le Meconopsis cambrica montre quatre pétales d’un jaune pur, et le Chelidonium cornicula- tum lutte de grandeur et d’éclat avec le coquelicot matinal. Les lins disposent en étoiles leurs pétales d’un bleu pur, qui tombent presque toujours avant que le soleil n’ait atteint le méridien. Les Lactuca, Y Anagallis phænicea ne tardent pas à s'éveiller ; le Hieracium Pilosella et quelques caryo- phyllées attendent neuf heures pour s'ouvrir, et, sur les sa- bles échauffés de l'Afrique, des ficoides et des pourpiers ne s’éveillent que si les rayons ardents du soleil viennent frap- per leurs corolles. Les cistes, aux pétales chiffonnés, aux grandes fleurs éclatantes, s’ouvrent aux différentes heures de la matinée ; ils décorent d'une riche parure les îles et les rivages de la Méditerranée : le soleil du matin fait éclore leurs fleurs par milliers, et la brise du soir, chargée de leurs pétales carmi- nées , les dépose mollement sur les vagues, où ils forment encore de nouveaux contrastes avec l’azur des eaux. 1474 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. Les rosiers perdent bientôt, sous l’action du soleil qui passe au méridien , les pétales odorants témoins de leurs amours , tandis que les adonis , étalant toute la vivacité de leur coloris, resserrent avant le soir leurs pétales allongés et réservent au lendemain la répétition de ces mouvements excités par la lumière. Le soir, les vapeurs se condensent en légers tissus que le zéphyr déploie ou chiffonne à son gré, en flocons mobiles qui se réunissent en un voile épais, comme pour cacher l’ins- tant précis où l’éclatant flambeau a terminé sa carrière. Mais longtemps encore la lumière inonde les espaces du fir- mament, toutes les nuances du rose et du pourpre s’y mon- trent tour à tour. De légers cirrus détachés de la nue cou- rent au zénith recueillir la dernière étincelle du feu qui s’é- loigne en mourant, et le crépuscule éteint les dernières om- bres , dont les contours indécis s’effacent comme le temps qui fuit et la vie qui s'écoule. Alors les bruits du jour ont cessé, la grande voix de la nature ne retentit plus dans les accents divers qui s’élevaient jusqu’à la divinité. L'oiseau balancé sur la branche flexible du chèvrefeuille ou caché sous la guirlande de l’aubépine a suspendu ses chants d'amour ; l’insecte a repliéses ailes sous ses élytres dorées, et, mollement bercé dans le calice parfumé de la fleur des champs, repose sous un voile de pourpre ou de saphir. L’écho ne répond plus au chant du pasteur, tout dort dans la nature, et les plantes, comme les animaux, une fois privées de lumière, sont soumises aussi à l'empire du som- meil. Que l’on parcoure les bois ou les campagnes , que l’on suive l’eau murmurante d’un ruisseau ou qu’on s’égare sur la pelouse déjà couverte de rosée, partout les plantes sont endormies; le vent des orages les courbe sans les éveiller, le PHÉNOMÈNES DIURNES. LUE tonnerre gronde sans nuire à leur repos, la pluie les inonde sans interrompre cet instant d'inertie. La sensitive si délicate s’endort tous les soirs d’un profond sommeil ; elle rappro- che ses folioles, les applique les unes sur les autres, puis elle abat ses longues feuilles pliées sur sa tige , et reste immo- bile jusqu’à ce que la lumière ramène son réveil. Les chocs, les cahots d’une voiture , le vent qui souffle avec violence, ne font que prolonger cette immobilité. Le calme seul la rappelle à la vie. La nuit paraît avoir une influence plus grande encore sur le sainfoin des Indes, découvert au Bengale , en 1777, par milady Monson, dans les lieux les plus chauds et les plus hu- mides de ce vaste delta du Gange. Chacune des feuilles de cette délicate légumineuse a trois folioles comme celles de notre trèfle, une plus grande au milieu , deux plus petites sur les côtés. Dans le jour, la fo- hole du milieu est horizontale et sans mouvement ; la nuit, elle se courbe et vient s’appliquer sur son support, comme si la fatigue l’invitait au repos , et pourtant cette foliole est restée toujours immobile, tandis que les deux latérales, d’une activité incroyable , descendent et remontent , s’inclinent et se relèvent devant la première, avec une assiduité constante et sans employer plus d’une minute pour chacune de leurs oscillations. Elles descendent plus vite qu’elles ne montent, et, cons- tamment agitées , image de ces existences tourmentées qui n’ont jamais connu le calme et la paix, elles se meuvent dès leur naissance, et ne cessent qu’à leur mort, continuant en- core si la plante est coupée ; mais, plus vives dans leur jeu- nesse , elles ralentissent comme nous leurs mouvements quand la vieillesse les atteint, quand la mort les menace. Pas de sommeil pour ces deux folioles; la nuit est sans 176 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. action sur elles, tandis que la supérieure s'endort paisi- blement : à peine si, pendant le jour, une d'elles s’arrête quelques instants, pendant que l’autre continue à osciller. Le zéphyr incline les rameaux de la plante sans arrêter son essor, mais la tempête la rend immobile. Quelquefois pourtant, dans ces régions brûlantes, la cha- leur suffocante oblige au repos, et notre plante fait la sieste pendant quelques instants. Ses deux folioles s'arrêtent en- dormies. Transporté dans nos serres, l’Hedysarum gyrans conserve en partie son activité ; mais éloigné du sol brülant de sa pa- trie, de l’air humide de ses marais. ses mouvements sont plus lents, moins réguliers , et nous l’avons vu tromper son exil par de longues heures de sommeil. Mais nous n’avons pas besoin d’aller chercher au loin les exemples nombreux de ces intéressants phénomènes ; par- courons la nuit nos prairies et nos coteaux, pénétrons dans nos silencieuses forêts , alors qu’elles ne sont plus éclairées que par la lumière tremblante et argentée de la lune à tra- vers le feuillage, et nous verrons bientôt que toutes les plan- tes ont changé de forme et d'aspect. Les trèfles ont redressé leurs folioles , qui dorment trois à trois sur leurs longs pétioles ; les délicates oxalis ont abaissé les leurs , qui sommeillent inclinées et comme fatiguées de leur végétation du jour. Les feuilles des Atriplex s'appliquent sur les jeunes pousses et sommeillent en les protégeant. L'æœnothère, si commune sur le bord de nos rivières, dis- pose , le soir, ses feuilles supérieures en berceau , formant ainsi un appartement à jour, où la fleur peut veiller ou dor- mir à son gré, et le Sida , aux fleurs éphémères , renverse son feuillage , qui s’assoupit avec nonchalance , comptant sur les pétioles qui le redressent et l'appliquent contre la tige. PHÉNOMÈNES DIURNES. 477 Ailleurs, ce sont des mauves aux jolies fleurs lilacées, dont les feuilles se roulent en cornets et s’approchent des fleurs dans leurs instants de repos. Le soir, pendant que la gesse odorante, le pois de senteur de nos jardins, laisse échapper ses effluves parfumées, quand nos fèves fleuries abandonnent à la brise les doux parfums des champs, leurs feuilles s’appliquent les unes sur les autres et dorment d’un profond sommeil, au milieu de ces suaves émanations des corolles. Le baguenaudier a des feuilles qui, le soir, s’éloignent des fleurs et reposent , à l’instar de la sensitive, face contre face , tandis que les casses retournent leurs folioles, les abaissent et dorment dos à dos, comme si elles conservaient le souvenir d’un profond dissentiment. Si déjà dans la nuit l'aspect de nos campagnes n’est plus le même, cette différence est encore bien plus marquée dans les contrées équinoxiales. Le paysage doit quelquefois son caractère à des plantes légumineuses ligneuses ou herbacées, végétaux dormeurs par excellence, et dont les feuilles, éta- lées pendant le jour, se montrent en légers panaches ou en longues séries. Le soir commencent leurs gracieuses évolutions ; elles sont réglées par l’astre qui décline, et dont les dernières lueurs d’un court crépuscule viennent éclairer encore le terme de leur assoupissement. Alors la nature est endormie et entre dans cette scène de calme apparent que nous appe- lons la nuit, dans le silence et le sommeil. Près de Calabozo et de Saint-Jérôme , dans l'Amérique du Sud, il existe dans les savannes , au milieu des grami- nées, plusieurs plantes voisines de la sensitive qui, fatiguées de la chaleur du jour, s’endorment le soir avant même que le soleil ne soit couché ; ce sont les Mimosa pigra, M. dor- u 12 178 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. miens et le Turnera gquianensis, désignés par les colons espagnols sous le nom expressif de Dormideras. Les bes- tiaux à demi-sauvages qui parcourent ces savannes recher- chent avec avidité ces sensitives herbacées , et de larges touffes complétement endormies sont dévorées pendant leur sommeil. On voit, dans un grand nombre de plantes , les feuilles protéger les fleurs pendant la nuit , et ne s'endormir qu’a- près avoir dressé autour d'elles un abri protecteur. Tel est le trèfle incarnat , dont les feuilles entourent les riches co- rolles ; tel.est ce joli Lotus ornithopodioides , où le grand Linné vit pour la première fois le sommeil des plantes , en remarquant qu'il présente le triple phénomène de relever ses bractées, composées de trois petites folioles, pour em- brasser entièrement les trois fleurs terminales, dans le même temps qu'il penche légèrement ses pédoncules, et qu'il laisse retomber sur la terre ses rameaux affaiblis et fatigués par la veille. Dans d’autres , au contraire, les feuilles descendent tout à fait, abandonnent les fleurs, se renversent et dorment sur le dos. On voit , dans le lupin blanc, cette singulière dispo- sition, et, dans quelques parties des Pyrénées où l’on cul- tive ensemble les deux plantes que nous venons de citer, les champs sont de magnifiques parterres, où viennent s’enche- vêtrer les panaches blancs du lupin et les têtes carminées du farouch. La nuit, tout est changé; le lupin semble avoir perdu ses feuilles et le trèfle ne montre plus sa fleur. On ne reconnaît plus, pendan le sommeil, le riche tapis si brillant pendant le Jour. Pourquoi ces modifications profondes, ces instincts si di- vers dans deux plantes de la même famille ? Pourquoi ces soins et d’où vient cette espèce d’abandon ? La rosée du PHÉNOMÈNES DIURNES. 179 ciel, utile à l’une, pourrait-elle nuire à l’autre qui cherche à s’abriter ? Dieu seul connaît ces mystères ; contentons-nous d’ad- mirer. Ainsi, les plantes dorment comme les animaux, et, chose remarquable, ce sommeil tend à les rapprocher de l’enfance. La feuille a comme un vague souvenir de la manière dont elle était ployée dans son bourgeon, lorsque , avant d’être éclose, elle dormait du sommeil léthargique de l’hiver, mol- lement couchée sur le duvet et chaudement abritée par ses fourrures imperméables. Chaque nuit, elle cherche à reprendre cette ancienne position, et, comme si elle regrettait la perte de son repos, elle essaie de se rapprocher de la situation qu’elle avait dans son Jeune âge. Il y a plus, semblables aux animaux qui, dans leur jeu- nesse , sont plus dormeurs qu’à un âge avancé, on voit les feuilles veiller plus longtemps à mesure qu’elles vieillis- sent, dormir peu, ne plus dormir du tout, et bientôt après la mort vient remplacer le sommeil. Cette tendance du sommeil dans le jeune âge est surtout remarquable dans l’acacia de Saint-Hélène ( Acacia pen- dula). Cette espèce lève avec des feuilles aïlées, et la jeune plante, semblable à la sensitive, s'endort profondé- ment tous les soirs. Pendant quelques mois , des feuilles semblables se produisent; elles sont ailées et dormeuses comme celles du Mimosa dealbata ; mais bientôt arrivent ses véritables feuilles ; entières, dressées contre la tige, elles ne dorment plus et restent toujours dans la même position. Ce ne sont pas seulement les organes foliacés des plantes qui sont soumis à ces alternatives de veilles et de repos ; les fleurs , ces brillants météores de la terre , s’éteignent aussi 180 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. la nuit dans quelques espèces , mais plus souvent, comme les astres du firmament, c’est pendant la nuit qu’elles bril- lent de tout leur éclat. Les unes se couchent de bonne heure et se réveillent très-tard; d’autres ont un sommeil que rien ne peut inter- rompre, et pendant lequel la mort les surprend, tandis qu’il en est de capricieuses , comme tout ce qui est johi, qui, à moitié endormies, à demi-éveillées , hésitent, attendent si l'aurore ramène le soleil, et s'inquiètent, avant d'ouvrir complétement leurs corolles , si de gros nuages ne cachent pas l'horizon, si le ciel enfin sera assez pur pour qu'elles puissent développer, sans les compromettre , leurs magnifi- ques toilettes. La chicorée sauvage ferme ses jolies fleurs bleues dès onze heures du matin , mais quelquefois cependant elle at- tend jusqu’à trois et quatre heures pour dormir complé- tement. À deux heures , le mouron des champs , si gracieux par ses corolles de saphir ou d’écarlate, s’assoupit jusqu'au lende- main matin. Les piloselles , aux fleurs dorées et symétriques , ouvrent leurs disques à la lumière, se referment à la même heure, et un grand nombre de synanthérées , imitant leur exemple, s’endorment en plein soleil. L’œillet prolifère , plus dormeur encore , permet à peine que midi ait sonné pour fermer ses pétales, et il attend neuf heures du lendemain pour les ouvrir. Chacun a pu voir le pissenlit se fermer à des heures di- verses de l’après-midi, et les corolles blanches et roses des liserons sommeiller dès cinq heures du soir. Les pourpiers , les ficoïdes , les Sonchus , se reposent à des heures diverses de la journée , et la dame d’onze heures , dont le nom seul PHÉNOMÈNES DIURNES. 181 indique la paresse et la nonchalance, ne s’en couche pas moins dès que trois heures ont sonné. Mais suivons le ruisseau qui court sur ces belles prairies, et dont les plis et les méandres dessinent un réseau mobile souvent caché par les fleurs assoupies ; nous verrons sur ses bords des groupes d’Alisma dont les pétales chiffonnés ca- chent les étamines. Semblables à des rideaux fermés par un mécanisme invisible , le soleil seul pourra les ouvrir. L’im- patiente , aux tiges transparentes , abaissera ses feuilles sur ses fleurs suspendues , les couvrant ainsi d’une tente mobile imperméable à l’eau , qui le jour s’élèvera d’elle-même pour redescendre encore. Les nénuphars, dressant leurs pétales charnus , oscille- ront sur les rides inégales des flots qui se succèdent, cemme ces oiseaux de mer qui, dormant sur la vague agitée, suivent ses contours mobiles et toujours renaissants, et ne se réveil- lent qu’à la brise du matin. Ainsi l’on voit ces fleurs , sous forme de lys flottants ou d'étoiles d’or semées sur les lacs et les ruisseaux , attendre la clarté du jour pour redresser leurs pédoncules, entr’ouvrir leur calice et se montrer dans leur magnificence. Nos étangs sont aussi couverts de renoncules flottantes qui s'étendent sur les eaux comme des étoiles de neige dont les rayons se relèvent le soir et couvrent les étamines, ainsi que le ferait un voile de mousseline ou de linon. Ne semblerait-il pas, après ces détails, que tout est si- lence et repos dans la nuit, que la nature entière est morte et que les agitations du monde sont suspendues ? Il n’en est rien , les ténèbres ont leur animation comme les journées éclairées par le soleil ; la nuit a ses flambeaux , ses acteurs et sa.vie , les décors ont changé, mais le drame continue. Si les feuilles sont en repos, si queiques fleurs sont 182 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. fermées, presque toutes ces dernières appartiennent à la nuit. C’est alors qu’elles éclosent, on les trouve au réveil, et le parterre de la chaumière et le tapis vert des montagnes se couvrent et s’émaillent de corolles fraiches et odorantes. C’est pendant l'obscurité que la plupart des plantes ré- pandent ces émanations qui parfument les nuits d’été et que l’air transporte à de grandes distances. A l'heure où tout repose, il y a donc des fleurs qui étalent leur magnificence ; endormies pendant le jour sous les plis de leurs calices, c’est le soir seulement qu’elles essaient d’entr’ouvrir leurs corolles; elles s’éveillent quand le soleil quitte notre hémisphère. Les Mirabilis déploient alors ces larges corolles arrondies où le blanc, le jaune et l’écarlate s'offrent dans toute leur pureté et se mélangent de mille manières différentes; le Cactus grandiflorus attend la nuit close pour épanouir ses nombreux pétales, pour écarter ses innombrables étamines et exhaler le parfum le plus suave et le plus délicat. Il semble vouloir se soustraire à tous les regards; les ténèbres sont nécessaires à son hyménée, et l’au- rore ne vient plus éclairer qu'un mystère accompli et une parure flétrie. Quelques espèces moins impressionnables conservent pen- dant le jour leurs corolles entr’ouvertes, mais attendent ke soir pour décéler leur présence par les plus douces émana- tions. Le nom de tristes que tous les botanistes leur ont donné pour épithète, s'applique à un Geranium, à un Gladiolus, à un Hesperis , etc., dont les fleurs nocturnes n'avaient pas besoin d’un brillant coloris, puisque les yeux ne pouvaient les apercevoir, et que leur odeur seule devait nous guider vers leur séjour. Pendant que la plupart de ses congénères sommeillent, le Srlene noctflora reste ouvert PHÉNOMÉNES DIURNES. 183 jusqu'aux lueurs du matin. Les coquelicots de nos guérets, les gesses qui s’attachent à nos buissons , les délicates gra- minées qui se balancent dans nos prairies, les œnothères et les épilobes qui suivent le cours de nos ruisseaux, la prime- vère de la vallée et la soldanelle des montagnes, profitent pour s'ouvrir de la sérénité de la nuit. Jamais, du reste , un calme parfait n’existe pendant l’ab- sence du soleil ; au contraire, l’oreille saisit et distingue des bruits qui dans le jour sont confus et mélangés. Le silence dans la nature est presque inconnu. L’insecte bourdonne encore sur la fleur qui s’entr'ouvre, le sphinx vient en bruis- sant y puiser le miel que secrètent ses nectaires , et la noc- tuelle déploie ses ailes dont les nuances fondues ou contras- tantes défient les plus habiles pinceaux. L'air dans les contrées chaudes se remplit de mouches lumineuses, étoiles mobiles et vacillantes, constellations indécises qui semblent parodier le spectacle des cieux. Chaque plante a donc dans la Journée ses heures de re- pos et d’animation, et Linné, se reportant à l’âge d’or et aux simples besoins des heureux habitants de ce siècle, avait divisé le temps d’après les habitudes de veille et de sommeil des plantes, horloge moins exact que poétique, dont les heures changeaient suivant les latitudes. La lumière paraît du reste être la cause active de cet état de veille ou de repos que nous montrent les végétaux. M. Schnetzler à remarqué , pendant l’éclipse de soleil du 28 juillet 1851, que toutes les feuilles d’un jeune’ Robima pseudo-Acacia se rabattirent pour dormir dès que la lumière diminua, et qu’elles se réveillèrent à cinq heures, quand le soleil brilla de nouveau de tout son éclat. Le mélilot a des folioles qui se dressent sur l’axe de la feuille ; celles du Colutea arborescens se relèvent au-dessus 184 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. de l’axe, jusqu’à se toucher par leur surface supérieure , précisément après que la lumière a cessé d’agir. La fleur de l'OEnothera biennis s’ouvre à la nuittombante, par la même raison que les folioles du Robinia pseudo- Acacia se rabattent dès que l’action excitante de la lumière a cessé (1). C’est encore à l’action de la lumière qu’est due la ten- dance qu'ont certaines fleurs à se tourner vers le soleil, et à suivre sa marche diurne, phénomène qui a reçu le nom de nulation. De Candole répète avec les autres auteurs que ce fait est très-facile à voir dans l’Helianthus annuus, soleil de nos Jardins. Nous croyons le fait inexact, et nous n'avons Jamais vu cette fleur suivre le cours de l’astre qui l’éclaire. Nous avons vu le matin les chicorées ouvrir leurs fleurs bleues en face du soleil levant. Nous avons vu les anémones et toutes les pulsatilles suivre son cours. Bory de Saint-Vincent cite aussi les nombreuses ané- mones qu'il observa en Grèce comme constamment tournées vers le soleil. « Je serais tenté de croire, dit-il, que ce mode _» de gyration invariable chez les anémones, lequel ne s’ob- » serve à un si haut degré dans aucune autre plante, dut » être remarqué de temps immémorial, et que c’est à ces » végétaux, bien mieux qu’à ce qu'on appelle héliotrope et » tournesol que l’antiquité voulut faire allusion par l’histoire » de la nymphe Clytia, morte d'amour pour Apollon, et » qui, métamorphosée en fleur, sembla conserver l’habi- » tude de poursuivre de ses regards le radieux ingrat dont » elle fut dédaignée (2). » Dans l'étude de ces phases diurnes excitées par la lumière, (1) Bibliothèque de Genève, février 1852. Archives, p. 166. (2) Bory, Exp. scientif. en Morée , 1. 1, p. 209. PHÉNOMÈNES DIURNES. 185 nous remarquons encore la fréquence des espèces sensibles vers les régions équatoriales, et leur diminution vers le nord. Nous voyons des familles entières, comme les légumineuses, cistinées, rosacées, nymphæacées , plusieurs renonculacées, chicoracées, linées, balsaminées, oxalidées , portulacées, ficoidées, alismacées, offrir, soit dans le sommeil de leur feuillage, soit dans l’époque de l’épanouissement de leurs fleurs où dans les mouvements diurnes et réguliers de leurs pétales, des phénomènes dus bien positivement à l’action que la lumière exerce sur leurs organes. Les légumineuses, les balsaminées, les oxalidées sont surtout sensibles par leurs feuilles, les autres par leurs fleurs. Les légumineuses à feuilles sensibles, les cistinées, bal- saminées, oxalidées, portulacées , ficoïdées, deviennent bien plus nombreuses dans les pays chauds, et d’autres groupes impressionnés par la lumière viennent aussi s’y ajouter. Il est remarquable que la majeure partie de ces plantes impressionnables appartiennent aux grandes classes des tha- lamillores et des caliciflores, un plus petit nombre aux corol- liflores et aux monoclamydées, et très-peu aux monocoty- lédones. Nous trouvons aussi dans la même famille des genres impressionnables et d’autres impassibles. Les Ærodium sont météoriques, les Geranium ne le sont pas ou le sont moins. Les campanules ne montrent pas de sensibilité, et les prismatocarpes n’ouvrent leurs corolles qu'à une vive lumière. On comprend que ces mouvements diurnes soient fréquents dans des contrées où, pendant l’acte de la végétation, le jour succède régulièrement à la nuit, dans des lieux où la lon- gueur des nuits se rapproche sensiblement de celle des Jour- 186 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. nées éclairées , comme cela a lieu sous la zone torride, Par une raison contraire, les plantes dormeuses ou météoriques doivent être rares vers les pôles. Là, pendant la vie des plantes, les journées sont longues et sans ténèbres. Les nuits, quand elles existent, sont réduites à des crépuscules éclairés. Où seraient donc les alternatives qui rendraient sensibles le sommeil et le réveil des plantes ? comment celles-ci seraient- elles guidées , lorsque les lépidoptères diurnes et nocturnes, trompés par la lumière, ne distinguent plus la nuit du jour, échangent mutuellement les heures consacrées à leurs jeux ou à leurs ébats, et se rencontrent ensemble sur des parterres fleuris qu’une lumière continuelle éclaire et fait éclore. Nous aurions désiré donner ici le tableau des plantes im- pressionnables du plateau central de la France, du midi de l'Espagne et de la Laponie; malheureusement les études faites, à ce point de vue, sont trop incomplètes pour que nous puissions ajouter ces détails aux généralités que nous avons exposées. $ 3. DE LA FLORAISON DES ESPÈCES RELATIVEMENT A LA DURÉE. Les espèces monocarpiennes, prises dans leur ensemble et comparées aux différents mois de l’année, fleurissent dans la proportion suivante : Févr. et Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Septembre. Annuelles. 9 91-90 164 116 6T m0 Bisannuell, 0 3 :0300046 72x42 9 0 40 120 210 188 0 40 120 210 188 75 Cet examen numérique nous fait voir que les plantes an- INFLUENCE DE LA DURÉE. 187 nuelles sont en général peu printanières, et l’on conçoit qu'il doive en être ainsi, puisqu'elles ont à traverser plusieurs phases de leur vie avant de fleurir, et que très-souvent leurs graines ne germent et ne lèvent que tardivement. Les espèces les plus vernales peuvent être considérées comme étant toujours en végétation, et souvent, au milieu même de l'hiver, elles fleurissent quand le temps le leur per- met; telles sont : Capsella bursa-pastoris, Lamium purpu- reum, Poa annua, Senecio vulgaris, Holosteum umbella- tum , Calendula arvensis , etc. Viennent ensuite les espèces qui germent promptement aux premiers beaux jours, et se développent très-vite, comme : Draba verna, Veronica hederæfolia, Lithosper- mum arvense, Veronica triphyllos, V. polita, Sisymbrium Thalianum, Th/aspr perfoliatum, Chamagrostris minima , Saxifraga tridactylites, Fumaria officinahs, etc. , etc. Les plantes monocarpiennes une fois sorties de terre se développent très-rapidement et atteignent promptement le terme de leur floraison qui arrive à son maximum en juin pour les plantes annuelles, et en Juillet pour les bisan- nuelles. Quelques-unes encore fleurissent en août, et aucune en septembre. Les fruits mürissent plus lentement, et il s'écoule quelque- fois un long intervalle entre la floraison et la maturité. Un fait constant est le retard général qu’apportent les bisannuelles ou multiannuelles à leur floraison. On croirait que, déjà sorties de terre et souvent même très-avancées dans leur première année, elles vont se hâter de fleurir dès le premier printemps; au contraire, elles emploient une partie de l’année à se nourrir , à développer leur feuil- lage, et paraissent longtemps indécises à la floraison. Enfin, elles s’épanouissent en juin , mais surtout en juillet et même 138 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. au mois d'août, et prolongent quelquefois leur floraison très- avant en automne. Les plantes vivaces sont distribuées , relativement à leur floraison, comme dans le tableau suivant : Février etMars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Septembre. Octobre. 42 98 973 413 367 62 7 3 On voit qu'elles atteignent leur maximum de floraison au mois de juin, comme les annuelles , mais c’est à la fin du mois seulement, et si l’on cherchait quelle est l’époque qui présente le plus de fleurs à la fois, on arriverait certaine- ment vers le milieu de juillet. Alors la majeure partie des espèces qui fleurissent en juin continuent encore à donner des fleurs. C’est l’époque où le tapis végétal offre l’émail le plus riche et le plus varié. Plusieurs de ces plantes sont printanières et le seraient plus encore si quelques-unes d’entre elles n’habitaient pas la région montagneuse, où la neige arrête leur végétation. Les mois de mai, juin et juillet montrent, comme pour les plantes annuelles, un accroissement en maximum et une diminution à peu près régulière dans l’une et l’autre séries ; mais arrive l’automne, et alors il existe une différence très- marquée entre le nombre d’épanouissement des mono et des polycarpiennes. Nous trouvons pour les premières et pour le mois d’août le chiffre 73 , qui est au total des monocar- piennes comme { : 9, plusrien en septembre et en octobre; tandis que, dans les polycarpiennes , nous n’avons pour ce même mois d'août que 62 floraisons, qui, comparées au total, nous donnent le rapport très-différent de 1 : 20, et il nous reste 10 plantes qui ne fleurissent qu'en septembre et en octobre. INFLUENCE DE LA DURÉE. 189 La persistance des racines et la durée des neiges dans les montagnes nous donnent la raison de ces différences. Les espèces vérnales appartiennent presque toutes à la belle série des arbres amentacés, dont les chatons sont prêts avant l'hiver, espèces qui pourraient aussi bien être consi- dérées comme des plantes à floraison tardive, que le froid conduit jusqu'au printemps. Nous voyons , en effet ;« assez souvent les noisetiers répandre leur pollen au mois de novem- bre ou de décembre. Il est curieux de remarquer que sou- vent alors les fleurs femelles sont en retard relativement aux fleurs mâles. L'hiver tue les chatons, et au printemps suivant, quand les pistils paraissent, ils sont fécondés dioi- quement par d’autres individus en retard. Nous avons fait remarquer plus haut qu’il n’existe pas dans notre flore de plante monocarpienne uniflore , et que cette coïncidence est même très-rare en général. Dans les es- pèces polycarpiennes, on en trouve un certain nombre, parmi lesquelles sont des plantes extrêmement printanières. Telles sont : Galanthus nivalis, Narcissus juncifolius, N. pseudo- Narcissus, N. poeticus, Tulipa sylvestris, Erythronium dens canis, Anemone nemorosa, A.montana, À. Pulsatilla, A. ranunculoides. Un peu plus tard, nous trouvons encore quelques espèces uniflores , telles que Pœonia peregrina , Anemone vernahs, Paris quadrifolia, Pyrola uniflora , Pinguicula vulgaris, P. longifolia, Littorella lacustris, toutes plantes printanières, et enfin une plante autom- nale, quelquefois biflore, le Colchicum autumnale. Ainsi, tandis que sur 645 espèces monocarpiennes nous n’en trouvons pas une seule uniflore, nous arrivons , dans les polycarpieunes, au chiffre 17 sur 1,245 ou 1 : 73. Ces espèces uniflores sont des plantes très-vernales , pa- raissant au premier printemps des plaines et dès l'apparition 190 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. du printemps des montagnes ; c’est l’éclosion des fleurs for- mées avant l'hiver et prêtes à s'ouvrir aux premiers beaux jours. Si le colchique semble faire exception à cette règle, c’est simplement parce que ses fleurs, préparées d’avance pour le printemps, ont le temps de s'épanouir avant la fin de l’année, car dans les montagnes, où la neige persiste , on trouve-fréquemment des colchiques retardés, dont les fleurs apparaissent en avril. Les espèces uniflores sollicitées par le retour de la chaleur nous montrent toujours leurs fleurs avant de développer leur feuillage ou avant de lui laisser prendre un accroisse- ment complet. $ 4. INFUENCE DE L'HUMIDITÉ SUR LES PHÉNOMÈ- NES PÉRIODIQUES. L'étude attentive de la floraison et de la feuillaison des plantes nous montre des différences considérables dans ces époques, et nous prouve , comme nous l’avons déjà dit, que l'habitude peut être plus ou moins modifiée par les saisons ; mais elle reste toujours la base sur laquelle nous devons cal- culer l’époque de l’évolution d’un organe. Les plantes bul- beuses nous démontrent cette force d'habitude. En général, quand une espèce munie d’un bulbe ou d’un tubercule vient à fleurir et à végéter, c’est qu’elle a accumulé dans ce bulbe, qui est pour elle un magasin d’aliments , une dose suffi- sante de nourriture pour pourvoir à son développement. Cela est surtout vrai pour les plantes dont les fleurs paraissent indépendantes des feuilles. Ces fleurs se montrent rigou- reusement à la même époque ; que la saison soit sèche ou pluvieuse , froide ou chaude, la fleur paraît n’ayant rien à demander au climat. C’est ainsi que, dans les contrées INFLUENCE DE L'HUMIDITÉ. 191 chaudes et sablonneuses où il existe beaucoup de liliacées , comme en Algérie, toutes ces espèces se montrent en au- tomne, époque où leurs bulbes ont acquis toute leur perfec- tion. C’est ainsi que les colchiques arrachés après la florai- son fleurissent au mois d’août sans terre, sans humidité, et d'une manière tout à fait indépendante de l’atmosphère ou de la présence des pluies. | Il s’en faut de beaucoup que toutes les plantes se com- portent comme celles qui ont pu accumuler une certaine dose de nourriture dans leurs tissus. Beaucoup d’entre elles sont entièrement soumises, dans leur développement, à l’ac- tion de l’eau qui tombe accidentellement. Dans les régions brülantes de la terre , la sécheresse produit exactement les mêmes eflets que le froid. L'apparition subite d’un orage sur un point de l'Afrique a pour résultat de faire dévelop- per instantanément des espèces qui, à deux kilomètres de distance, ne se montrent pas, et qui, semblables aux plantes ensevelies sous les glaciers, restent plusieurs années en léthargie, concentrent leur vie, et attendent une ondée pour paraître et fructifier. Les phases diverses d'évolution périodique dans nos climats tempérés deviennent essentiel- lement variables quand elles sont dominées par des froids prolongés ou des sécheresses absolues. « De cette éventualité de pluie, dit Levaillant, qui avait fait les mêmes observations au Cap que nos botanistes en Algérie , résulte nécessairement un hasard qui donnera aux mêmes végétaux, selon les terrains , une sorte de succession qu'ils ne devraient point avoir. Ainsi en tel endroit vient d’éclore telle espèce de fleur qui, plus loin, a paru six se- maines auparavant, et qui, à dix lieues de là peut-être, ne se montrera que deux mois plus tard. En Afrique, la na- ture est toujours vivante ; jamais son action n’est engourdie 192 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. par le froid. Mais il faut être à l'affût pour l’observer, et le botaniste qui ne fera que parcourir la contrée, sans y séjour- ner longtemps, doit s'attendre à n'avoir que le lot du jour, et par conséquent à ne rapporter que les collections fortuites du hasard (1). » Dans les steppes de l'Amérique, la végétation s’arrête par la sécheresse , comme elle le fait dans nos climats par les plus grands froids. Les bois désignés sous le nom de ca- tingas, et si bien décrits par MM. de Martius et Auguste de Saint-Hilaire , perdent leurs feuilles pendant la séche- resse , et ce qui prouve que la chute périodique de ces orga- nes est bien due à la prolongation de la sécheresse, c’est que les arbres qui sont situés sur le bord des rivières et dans les lieux humides conservent les leurs. Les grandes forêts vierges , dont le sol est bien plus humecté que celui des bois désignés sous le nom de catingas , excitées sans cesse par ces deux agents principaux , l'humidité et la cha- leur, offrent une végétation dont l’activité est continuelle. « L'hiver, dit A. de Saint-Hilaire, ne s’y distingue de l'été que par une nuance de teinte dans la verdure du feuillage, et si quelques arbres y perdent leurs feuilles , c’est pour re- prendre aussitôt une parure nouvelle. » Dans les bois de catingas , la chute des feuilles est cer- tainement le fait de la sécheresse. « On nous a assuré, dit » M. de Martius, que les catingas restaient quelquefois plu- » sieurs années de suite sans se couvrir de feuilles, lorsque » les pluies manquaient pendant le même espace de temps, » comme cela arrive à Fernambouc ; et, au contraire, des » arbres qui appartiennent à la végétation des catingas con- servent leur parure lorsqu'ils croissent sur le bord des LA (4) Levaillant, Deuxième Voyage en Afrique, t. 5, p. 286. PHÉNOMÈNES DIURNES. 193 » rivières. Cela prouve que le manque d’eau est ici la seule » cause de la chute des feuilles. Une pluie soudaine vient- » elle humecter la terre, un monde nouveau paraît comme » par enchantement. Des feuilles d’un vert tendre ont cou- » vert tout à coup les branches dépouillées ; des fleurs » nombreuses ont étalé leurs brillantes corolles ; les buis- » sons hérissés d’épines et les lianes grimpantes , qui n’of- » fraient plus que des tiges arides , se sont revêtus d’une » parure nouvelle ; partout l’air est embaumé des plus doux » parfums , et les animaux, qui avaient fui la forêt dessé- » chée, y accourent de nouveau, ranimés par les sensations » délicieuses que fait naître un printemps enchanteur ({).» Dans les steppes de l’Asie , deux sortes de végétation se succèdent : la première, offrant le spectacle d’admirables liiacées dont l’apparition vernale et presque instantanée est due au passage subit d’une terre congelée à une tempé- rature élevée ; la seconde, ne montrant pour ainsi dire que de fétides chénopodées indéfiniment répétées , doit son déve- loppement aux pluies qui, à la fin de l’été, viennent humec- ter ces terrains salés et sablonneux. La sécheresse agit aussi de la même manière sur les ani- maux. Quand l’eau s’évapore dans les vastes plaines de l’A- mérique, les crocodiles s’ensevelissent dans la fange qui durcit, et y restent immobiles comme les reptiles de nos cli- mats, quand le froid les oblige de se retirer dans leurs re- traites , où ils restent engourdis pendant toute sa durée. Ce n’est qu’à l’époque des pluies, qui viennent tempérer ces chaleurs, que ces animaux se réveillent, en même temps que la végétation, comme dans nos contrées aux premiers jours (4) De Martius, dans Aug. de St-Hilaire, Tableau de Ja végétation pri- mitive de la province de Minas-Geraes , p. 27. HI 13 19% PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. . du printemps. C’est ainsi que des phénomènes occasionnés, sous la zone tempérée, par l'absence et le retour de la cha- leur, sont produits, dans les contrées équinoxiales, par l’al- ternative de la sécheresse et de l'humidité. Ainsi sont modi- fées, par des causes entièrement différentes , les époques d'évolution des plantes et de leurs organes. $ 6. DE LA LÉTHARGIE OU SOMMEIL PÉRIODIQUE DES VÉGÉTAUX ET DE LEURS GRAINES. Il est bien rare, comme nous l’avons dit , qu’une plante n’éprouve aucun temps d’arrêt dans sa végétation, et nous savons que sous les tropiques même, malgré la continuité de la chaleur, il existe , pour les végétaux, une époque de re- pos. Cette période d’inaction paraît nécessaire à la produc- tion normale de nouveaux organes , et nous perdons sou- vent, dans nos serres, des espèces étrangères, parce que nous ne savons pas les placer dans les conditions d’inertie où elles doivent rester pendant un certain temps. Les plantes vivaces, qui se reposent longtemps et surtout les espèces vernales, qui ne font que paraître et briller quel- ques mois pour rentrer dans leur sommeil hivernal, ne man- quent jamais de fructifier. Mais il faut noter que , pour ces plantes, la période du repos est double ; elle comprend à la fois toute la durée des chaleurs ou de la sécheresse, et la longue période de froid des régions du nord et des monta- gnes. Beaucoup de hiliacées , de renonculacées , de crucifè- res, de rosacées, se trouvent dans cette catégorie, et brillent à la fois par la précocité, l'abondance et la fertilité de leurs fleurs. On a d’autant plus de chances de voir une espèce fructi- fier que son sommeil périodique a été plus long et plus LÉTHARGIE DES SEMENCES. 195 complet. Dans les forêts vierges , où les arbres conservent toute l’année leur feuillage, et où la végétation n’est jamais interrompue , les arbres ne fleurissent que très-rarement ; il y a tendance à la génération gemmipare , et la reproduc- tion par sexe ne se montre guère qu'après le repos. Si, au contraire, par suite d’une sécheresse prolongée, ces arbres perdent leurs feuilles , comme par le froid de nos contrées, s'ils se reposent pendant un temps plus ou moins long , ils fleurissent au premier appel d’un printemps que la pluie dé- termine, comme ceux de nos forêts fructifient quand la cha- leur les ranime. Nous ne reviendrons pas sur la comparaison si exacte et si souvent établie des graines et des bourgeons , et nous fe- rons seulement remarquer que les unes et les autres ont la même tendance au repos. Les bourgeons qui, dès l’automne, sont fixés aux ra- meaux , les semences qui, à la même époque , tombent des péricarpes ou y restent enfermées à l’état de complète ma- turité, se reposent et dorment en hiver pour se réveiller au printemps. Cet état particulier des germes rentre dans la série des phénomènes périodiques. En général , cette som- nolence ne se prolonge pas au delà de quelques mois, mais des causes accidentelles peuvent lui donner une durée pres- que indéfinie. Les graines de nombreux végétaux peuvent, les unes dans les conditions ordinaires, d’autres dans des circons- tances particulières, se conserver très-longtemps, et un des faits les plus curieux que présentent la plupart des graines, c’est l’inégalité de leur temps de développement ou de ger- mination. Presque toutes les graines de plantes sauvages que l’on sème dans un jardin germent inégalement ; les unes paraissent la première année, d’autres attendent la 196 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. seconde, puis la troisième et ainsi de suite , selon qu’elles sont plus ou moins enterrées, plus ou moins humides ou di- versement excitées aussi par les influences extérieures et surtout par la température. M. Savi a vu, pendant plus de dix ans , naître de jeunes tabacs de graines semées naturel- lement dans un carreau de jardin, où il avait soin de les arracher chaque année. De Candolle, qui cite Savi, rap- porte encore de nombreux exemples de ces naissances tar- dives ; les voici tels qu'il les expose lui-même dans sa phy- siologie végétale : « Duhamel a vu la stramoine reparaître après 25 ans dans un fossé qu'il avait comblé, puis déblayé. Ray raconte qu'après un incendie, les murs d’une maison de Londres se couvrirent de Sysimbrium Trio, qui était à peine connu dans la ville. On assure, selon, Gérardin, que le même fait s’est répété à Versailles. Miller raconte avoir vu lever le Plantago Psyllium dans un fossé de Chelsea, qui fut curé de son temps, et où on n’en avait jamais vu de mémoire d'homme. » Thoum a trouvé, sous les racines du plus ancien marronnier d'Inde cultivé à Paris, une graine d’Entada scandens en germination ; il la fit soigner , et elle a vécu dans les serres du jardin de Paris. » Il y a plus de 60 ans qu'un sac de graines de sensitives fut apporté au jardin de Paris, et les graines de ce sac lèvent encore quand on les sème. Pline assure que du blé a germé au bout de cent ans; mais Duhamel n’a vu cette faculté se conserver que jusqu’à 10 ans. Friewald raconte la germi- nation de melons dont la graine était conservée depuis 41 ans. Roger Galen a vu germer des haricots après 33 ans et Voss après 37. Le même a vu lever des graines de concombre de 17 ans et d’Alcea rosea de 23. M. Le- LÉTHARGIE DES SEMENCES. 197 fébure a fait germer des graines de rave de 17 ans, Olini des graines de Malva crispa de la même date. Home a trouvé des graines de seigle encore fécondes après 140 ans. Enfin, Gérardin a fait germer des graines de hari- cots qui, prises dans l’herbier de Tournefort , avaient au moins 100 ans (1). » Selon M. Dureau de la Malle, les graines de moutarde et de bouleau conservent , même sous l’eau , leur faculté ger- minative pendant 20 à 30 années. Depuis lors, on a eu de nombreux exemples de graines trouvées dans des tombeanx très-anciens, et qui se sont parfaitement développées ; on a même cité des céréales qui accompagnaient des momies égyptiennes et qui germaient encore. En abandonnant ce dernier fait, il n’en est pas moins vrai que la vertu germinative des graines peut se conserver très-longtemps, et que, si un germe peut per- sister intact pendant un siècle , il n'y a aucune raison pour qu’il ne se conserve pas davantage. Au reste, cet engour- dissement de la vie, d’autant plus facile que l'être qui le présente a moins de besoins et se rapproche davantage de l’état rudimentaire, se retrouve également dans le règne animal. Beaucoup d’infusoires ressuscitent avec la pluie , comme les lichens, et meurent pendant les sécheresses. Des mammifères s’endorment par le froid et des reptiles par l'ab- sence de l’eau. Nous avons conservé des chrysalides de Bom- bix lanestris provenant de chenilles de même année et de même mue, placées dans des conditions absolument iden- tiques, et qui, pendant dix années consécutives, nous ont donné des papillons , imitant en cela les graines , dont une (4) De Candolle, Phys, végét., 1. 2, p. 621. 198 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. partie lève immédiatement , une autre la seconde année, et d’autres la troisième, quatrième, cinquième, etc. Cette propriété des graines de conserver si longtemps une vie latente, est aussi partagée par d’autres organes, tels que des racines qui contiennent des bourgeons , mais en général ceux-ci, comme les tubercules, ont une époque de dévelop- pement plus régulière , déterminée à la fois par l'habitude et par la température. * Les bourgeons et les tubercules qui ne sont que des bourgeons souterrains , donnent d’abord des feuilles avant de produire des racines, et l’inverse a lieu pour les semences. Les bourgeons tiennent à la masse commune chargée de les alimenter dans leur jeunesse ; les tubercules peuvent, comme les graines , en être séparés, car ils contiennent autour de leurs germes une quantité suffisante de matière nutritive pour les alimenter. . | « Les plantes ont ainsi plusieurs moyens de conserver l’es- pèce et de traverser de longs espaces de temps sans périr. C’est presque toujours le froid, la sécheresse, ou l'absence de l’air qui sont les causes de la stabilité léthargique. Cela devait être, puisque la chaleur, l'humidité et l’oxigène sont les conditions essentielles du bourgeonnement et de la ger- mination, Le froid est certainement une des causes les plus fré- quentes de léthargie. Dans tous les pays où la congélation a lieu pendant l'hiver, il existe pour les plantes une période de repos d’autant plus longue que l’on se rapproche davan- tage du pôle ; mais, par une sorte de compensation, le réveil est d’autant plus prompt, et la végétation d’autant plus ac- ‘tive que la léthargie a été plus prolongée. La couche de neige qui recouvre la terre et qui maintient les LÉTHARGIE DES SEMENCES. 199 racines à une température dont le point le plus élevé est celui de la glace fondante, s'oppose au développement avant le dégel. Dans le nord de la Laponie , le sommeil hivernal est de 7 à 8 mois ; dans le nord de l'Amérique et de l'Asie , il est souvent de 8 et quelquefois de 9 mois ; au Spitzberg, à l’île Melville, les plantes se reposent pendant 10 mois ; elles s’empressent de fleurir, mais elles n’ont pas toujours le temps d’amener leurs graines à maturité. Sur les hautes montagnes , il arrive fréquemment que les espèces qui forment les flores restreintes des sommets n’ont pas plus de quelques semaines pour traverser la vie, et par- fois même il peut exister de bien longs intervalles entre leur apparition. Nous avons fréquemment observé ces longues léthargies sous les neiges des montagnes, près de la lisière glacée des Alpes et des Pyrénées; mais 1l nous suffira, pour donner une juste idée de l’action continue du froid sur les plantes , de reproduire une des pages éloquentes du grand observateur des Pyrénées. « Au sommet du Mont-Perdu , dit Ramond , j'ai trouvé » 7 espèces de phanérogames ; 5 appartiennent à la cime » du pic du Midi, les deux autres, Cerastium alpinum et »_ Saxifraga androsacea, se rencontrent ailleurs, à des élé- » vations bien moindres. Je les vis en fleur le 10 août; le » temps était orageux, le soleil ardent, le vent souflait avec » impétuosité du sud-ouest, et pourtant le thermomètre » centigrade ne s’éleva pas au-dessus de 6° 9. Voilà les » jours d’été de cette cime. Ici d’ailleurs l’espace accessible » à la végétation est tellement resserré , il est si étroite- » ment bloqué par les neiges, que c’est beaucoup si entre » leur retraite et leur retour nos plantes ont six semaines » pour végéter et fleurir. Souvent même cet intervalle doit » se réduire au point de ne pas leur en laisser le temps ; 200 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES : et l’on est fondé à présumer qu’il y a telles années où le sol qui les nourrit ne voit pas entr’ouvrir le voile qui les couvre. » Qui sait jusqu'où peut se prolonger l’état de léthargie auquel ces plantes sont alors condamnées, et qui sait ce qu'il y en à d’enfouies sous les neiges et les glaces du Mont-Perdu , en attendant l’accident qui leur fera revoir le jour ? J'ai une fois saisi la nature sur le fait; c'était au bord du glacier de Néouvielle. Je connaissais par- faitement ce glacier et ses limites accoutumées, lorsqu’en 1796 il subit une retraite extraordinaire. Dans le ravin qu’il abandonnait, j'assistai au réveil de quelques plantes sortant d’un sommeil dont je n’ose évaluer la durée; elles végétaient vigoureusement et fleurirent au milieu de sep- tembre, pour se rendormir bientôt sous de nouvelles nei- ges, que les années suivantes ont transformées en glaces, et que je n'ai plus vu reculer. » J'y ai compté 7 espèces ; 5 d’entre elles se rencon- trent rarement sur les sommets, parce qu’elles recher- chent l'ombre ou l'humidité, mais elles n’en appartien- nent pas moins à cette tribu de plantes nivales dont les affections ne sont satisfaites que dans les hautes régions où nous les trouvons. Il leur faut une année tout autre- ment partagée que la nôtre ; il leur faut un petit nombre de beaux jours et une végétation accélérée , suivie d’un long et profond repos. Elles craignent des chaleurs vives et surtout des chaleurs soutenues ; elles ne craignent pas moins le froid et ne sont préservées que par les neiges qui, dans leur patrie, devancent les fortes gelées. Transpor- tées dans nos plaines, ce sont, de toutes les plantes étran- gères à notre sol, celles qui se montrent le plus intraita- bles. On ne peut les plier au cours de nos saisons ; notre LÉTHARGIE DES SEMENCES. 201 printemps se traîne, notre été est trop chaud et trop long, notre hiver trop pre et trop court. En juillet, elles nous demandent de l’ombre, en décembre un abri, et, sur le total de l’année, 9 ou 10 mois de sommeil que nos climats leur refusent. » Les plantes des contrées polaires ont les mêmes be- soins et se trouvent dans les mêmes conditions. Plusieurs d’entre elles viennent spontanément se mêler avec les nôtres, et l’on est moins étonné de les rencontrer que de ne pas les voir en plus grand nombre. Aux hautes lati- tudes , en effet, le climat, quoique autrement modifié , n’agit pas autrement sur la vitalité des végétaux. Peu leur importe , durant tout le temps où ils sommeillent , comment se succèdent les jours et les nuits, comment procèdent les mois et les saisons. Des degrés de froid très-divers ne leur sont pas moins indifférents , sous le manteau de neige qui égalise pour eux les températures. Ce qui les concerne , c’est la coupe générale de l’année, c'est la proportion établie entre la période du repos et celle des développements, c’est surtout la durée, la mar- che et la mesure de la chaleur qui préside aux diverses fonctions de leur vie active. Sous tous ces rapports, les plantes arctiques et les plantes alpines sont traitées de la même manière. Etroitement associées par cette communauté de condition , elles forment ensemble un groupe distinct dans le règne végétal, une petite tribu douée d’un tempérament particulier et d’une physio- nomie qui lui est propre. Leur aspect est le même ; on serait bien en peine d’y démontrer un caractère qui indiquât la diversité d’origine ou pût servir à dis- tinguer les espèces exclusivement affectées à une ré- gion , de celles que les deux régions possèdent en com- 202 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. » mun. Quel que soit le caprice des causes qui ont pré- »_sidé à la répartition des espèces , et séparé les unes par » d'énormes distances, tandis que les mêmes distances » n’opposaient aucun obstacle à la rencontre des autres, » nul doute, au moins, qu’elles ne puissent habiter toutes » indistinctement les mêmes lieux, si la nature avait obéi » seulement à la loi des climats , et si ses distributions » n’eussent été primitivement soumises à des nécessités » dont il nous est bien difficile de pénétrer le mystère. » Le temps de la suspension de la vie est indéterminé dans les végétaux. Non-seulement les plantes sauvages peuvent passer de longues années à l’état léthargique, mais les espèces cultivées jouissent du même avantage. Thouin rap- porte que des pommiers envoyés en Russie arrivèrent gelés, et furent déposés dans une glacière où une caisse oubliée a séjourné pendant un an. Ces arbres plantés ont repris la vie qui n’avait été que suspendue. On a recueilli des faits très-curieux dans l’histoire des os- cillations et des envahissements des glaciers actuels. On cite surtout le glacier de Valazetta comme sujet à ces mouve- ments depuis l’époque historique. En 177% , il a envahi de vastes pâturages. On assure que des paysans ont récolté, après vingt ans, la moisson qu'ils avaient semée, et qui était restée ensevelie sous les glaces pendant ce long espace de temps (1). La chaleur et surtout la sécheresse peuvent empêcher des bourgeons de s'ouvrir, des fleurs de s'épanouir, et conserver ainsi pendant longtemps des plantes qui se développeraient avec rapidité si elles se trouvaient dans les conditions conve- nables de température et d'humidité. Nous avons vu des (1) F. Mercey, le Tyrol et le nord de l'Italie, t. 4, p. 198. LÉTHARGIE DES SEMENCES. 203 plantes bisannuelles, comme le Carlina acanthoides , res- ter stationnaires pendant plusieurs années de sécheresse, puis s’animer tout à coup après une pluie estivale, et produire ses fleurs. Ces faits sont fréquents dans les ter- rains volcaniques formés par des scories et des pouzzo- lanes, qui absorbent l’eau avec une grande facilité, et laissent languir de soif les plantes qui y fixent leur séjour. Les bourgeons souterrains peuvent aussi, pour des causes diverses , rester très-longtemps dans une sorte de torpeur, état d’indécision entre la mort et la vie. M. Dureau de la Malle cite une racine de mürier, Morus nigra, restèe 24 ans engourdie, et qui, après ce laps de temps, a poussé des rejetons. Il attribue sa léthargie à la présence d’un sureau qui, poussant sur le lieu même où la racine de mû- rier était enfouie, l’aurait réduite à un état d’engourdis- sement et à la vie souterraine , dont elle n’est sortie qu’au moment où la force végétative du sureau a commencé à décliner (1). Ces faits ne sont pas rares dans nos forêts , où presque toujours ils passent inaperçus. M. Pepin en a consigné plu- sieurs du même genre dans les Annales des sciences natu- relles. Un gros tronc d'oranger, négligé pendant deux ans, fut ensuite jeté, à Naples , dans une cave. Il y resta quatre ans pour servir de chantier; après ces six années, il fut re- planté , donna de nouveaux bourgeons , fleurit un an plus tard, et a continué depuis lors à fleurir tous les ans. Riché, jardinier au Jardin des Plantes, rapporte l'his- toire des orangers du comte de Charolais, qui, exilé de Paris, fit murer son orangerie et n’y rentra qu'après six années. La sécheresse avait agi sur ces arbres comme sur les (4) Ann, des sciences naturelles , t, 9, p. 338. 204 PHÉNOMÈNES PERIODIQUES. catingas du Brésil. Ils étaient secs et sans feuilles. Par un traitement convenable, un tiers de ces vieux arbres revint à la vie. Un vieux caroubier , abattu par les Français lors de l’ex- pédition d'Egypte , avait laissé en terre des racines dont la léthargie cessa en 1826, époque où l’on fit creuser un puits près du terrain qu’elles occupaient. Des branches sortirent et se préparaient à fleurir, après avoir passé 30 ans à l’état de bourgeons latents (1). Les graines qui conservent, pour la plupart, si long- temps la faculté de germer, doivent cette propriété aux en- veloppes presque imperméables dont elles sont pourvues, et au degré d’enfouissement, quelquefois très-considérable, où elles sont placées. M. A. de Candolle, qui avait déjà publié des expériences très-intéressantes sur le temps nécessaire à la germination, a inséré, dans les Annales des sciences naturelles , un nou- veau travail sur la longévité des semences. Il a semé 368 es- pèces , récoltées depuis 15 ans au jardin de Florence, et sur ce nombre, 17 seulement ont levé. Il a classé les di- verses familles naturelles dans l’ordre suivant , en commen- çant par celles où la plus forte proportion d'espèces a conservé la faculté de germer, et terminant par celles où plus de dix espèces ayant été semées {20 graines pour chacune d’elles), aucune n'a levé. Malvacées.. 20m 0RRre » sur 20 espèces, ou 0,50 Légumineuses. ,....., 9 45 0,20 Pabiéesse. Run 1 30 0,03 Scrophulariées... .... 0 10 0,00 Ombellifères.. ....... 0 10 0,00 (4) Pepin, Ann. des sciences nat, bol., t. 15, p. 269. LÉTHARGIE DES SEMENCES. 205 Caryophyllées. ....... 0 sur 16 espèces, ou 0,00 Graäminées"-r9#/r, nm %Que 32 0,00 Cracifères: & 547,814 0Qu 054 _ 0,00 Composées.......... 0 45 0,00 « On ne peut pas tirer une conclusion , dit M. de Can- » dolle, de ce que, sur 9 amaranthacées, 9 renonculacées, 8 » chénopodées, 8 verbenacées, 7 solanées, 6 papavéracées, » 6 rubiacées, etc., aucune n’a levé, ni de ce que , par » exemple, la seule balsamine semée a levé, car les chiffres » sont trop petits, et le résultat tient peut-être au choix » des espèces semées comme représentant ces familles. Ce » qui ressort d’une manière bien évidente, c’est la supério- » rité des malvacées et des légumineuses quant à la durée » de la faculté de germer, et l’infériorité des composées, des » crucifères et des graminées (1). » Malgré tout l'intérêt de cette grande expérience, nous croyons qu'elle est peu concluante, comme le pense lui- même M. de Candolle. Les graines recueillies dans un jardin de botanique offrent-elles bien les mêmes garanties de fer- tilité que celles des plantes sauvages ? Les semis ont-ils été faits dans un sol approprié à chaque espèce , comme celui dans lequel seraient tombées les semences échappées, à l’é- poque précise de leur maturité, de plantes vigoureuses et spontanées ? Enfin, peut-on réellement comparer ce semis à celui que la nature a permis elle-même dans certaines con- ditions, aussitôt après la perfection des semences ? Nous ne le pensons pas. | Après les exemples que nous avons rapportés, 1l est certain que beaucoup de graines peuvent se conserver très- longtemps et survivre même à une foule de chances défavo- (4) Ann. des sciences nat., 3e série , 1. 6, p. 375. 206 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. rables. Il paraîtrait même que les germes des cryptogames peuvent résister à une température très-élevée , et l’on se trompe quand on croit qu’une chaleur égale à celle de l’eau bouillante suffit pour les détruire. M. Payen a démontré que les sporules rougeâtres, capables de reproduire les cham- pignons microscopiques , désignés sous le nom de Oïdium aurantiacum, ou champignons rouges du pain, peuvent supporter une température de 100 à 120 degrés sans perdre leur faculté végétative, tandis que cette faculté cesse lorsque la température s'élève à 140. On.a aussi des exemples de graines appartenant à des plantes phanérogames qui ont germé après avoir subi l'épreuve de l’eau bouillante. M. Maisonneuve , d'Ambert, nous en à montré un exemple frappant. Des graines de Mi- mosa de St-Hélène furent divisées en deux lots ; l’un de ces lots a été semé sans préparation, l’autre a subi pendant quelques instants l’action de l’ébullition dans l’eau. Ce der- nier lot a seul produit de jeunes Mimosa. Ce ne sont pas seulement les graines qui peuvent résister à l’action d’une forte chaleur ; les plantes elles-mêmes et les animaux la supportent. Sonnerat cite, dans l’île de Lu- çon, une des Philippines, un ruisseau dont l’eau était à 69 degrés de Réaumur, et danslequelun Vitex et deux Aspa- lathusvigoureux plongeaiént leursracines. Des poissons résis- taient aussi à cette température élevée (1). Quant au froid, on sait que les semences bien sèches ré- sistent aux rigueurs les plus intenses des hivers. (:7. DES PHÉNOMÈNES D'ALTERNANCE. Il nous reste encore à dire quelques mots de l'alternance (4) Journal de physique , t. 3, p. 256. PHÉNOMÈNES D'ALTERNANCE. 207 qui peut, jusqu’à un certain point, être considérée comme un résultat de la longévité des graines et de la léthargie plus ou moins prolongée des germes. C’est un des phénomènes les plus curieux de la végétation ; 1l consiste dans le rempla- cement successif de certaines plantes sociales, par d’autres espèces. Celles qui règnent abandonnent le sol à une dynas- tie nouvelle qui cherche à étendre son empire, qui, parfois, est forcée de céder ses droits à une troisième, à une qua- trième, jusqu’à ce que la première qui sommeillait, au lieu de périr, trouve l’occasion favorable pour reconquérir ses états. L'alternance est une rotation naturelle des espèces que les agriculteurs ont copiée en lui donnant le nom d’assol- lement. | Le défrichement des forêts et leur remplacement par des essences différentes a bientôt éveillé l’attention sur les appa- ritions périodiques et plus que séculaires des plantes némo- rales ; et, en 1825, M. Dureau de la Malle publiait un mé- moire très-intéressant sur ce sujet (1). Dans ce mémoire , le savant académicien cherche à prou- ver que l'alternance est une loi générale de la nature , et qu’elle est une condition essentielle à la conservation et à la reproduction des espèces végétales vivant en société. « Cette succession alternative des divers végétaux, dit M. Dureau de la Malle, a pour base un fait bien établi, celui de la longue faculté germinative des graines. Le phé- nomène qui la prouve se reproduit dans les futaies du Perche à chaque exploitation. La futaie en coupe n’est composée que de chênes, de hêtres, de quelques châtaigniers, d’ormes ou de frênes. Les arbrisseaux qui végètent seuls à l’ombre de ces dômes de verdure, sont le houx ou la bourgène en (4) Ann. des sciences naturelles, t. 5, p. 337. 208 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. petite quantité. Ces futaies sont coupées à 100 ou 120 ans. » On ne laisse en baliveaux que des chênes et des hêtres pour semer et reproduire; cependant à peine la futaie est- elle abattue , que le sol se couvre uniquement en plantes et en sous-arbrisseaux , de genêts , de digitales, de seneçons, de Vaccinium et de bruyères; enfin, des arbres de boiïs blancs, bouleaux ou trembles. 30 ans après, même destruction et même reproduction. Ce n'est qu’à la troisième coupe des taillis, après 90 ans, que les chênes et les hêtres, les bois durs enfin, ont reconquis leur patrie ; ils restent maîtres du terrain sans partage , et ils étouffent tous les bois blancs qui voudraient l’usurper. Il faut donc 290 à 330 ans pour avoir sur le même terrain deux coupes de futaie. Les bois blancs ont occupé le sol pendant 90 ans. Cependant il n’y a point de bois blanc aux environs, et leurs semences ne peuvent y être portées par les vents. Ce fait constaté tous les ans prouve donc que, dans certaines circonstances, la fa- culté germinatrice des graines de bouleau et de tremble, et des sous-arbrisseaux et plantes citées, peut se conserver dans la terre au moins pendant un siècle. D'où venaient donc les graines de ce Sisymbrium rio qui, selon Rey, poussa abondamment à Londres, après un imcen- die, puisque jamais alors cette plante ne s'était montrée à Londres? Selon Georgi et Pallas, une forêt de pins détruite en Russie, et complétement, ne se remplace pas spontanément. A la place des pins détruits, il s’élève des sorbiers, des bouleaux, des obiers communs, des tilleuls, des framboisiers et d’autres arbustes analogues (1). (4) Nouv. ann. des voy. d'Eyriès et Mallebrun , t. 49, p. 403 ; Georgie russe , t. 8, p. 1,508. PHÉNOMÈNES D'ALTERNANCE. 209 « Quand le feu dévore une forêt de sapins et de bou- leaux en Amérique, dit Mackenzie , il y croît des peupliers, quoique auparavant il n’y eût dans le même endroit aucun arbre de cette espèce (1). » Nous trouvons les mêmes faits sur le plateau central. Quand les forêts de hêtre sont détruites , on voit repousser des trembles et des bouleaux , le Sarothamnus vulgaris ainsi que le Pteris aquilina, singulière fougère dont on voit rarement les Jeunes plants. La présence de ces grandes plantes est nécessaire pour protéger la jeunesse des hêtres. Nous avons pu faire, dès l’année 1819, une observation très-curieuse sur l'alternance. Nous faisions abattre dans la forêt des Ardennes, près de St-Hubert, de grands bois de hètres plus que séculaires. C’étaient les forêts vierges du pays. Plusieurs de ces arbres avaient au moins 200 ans, et d’autres tombaient de vétusté. Avant la chute de ces magni- fiques végétaux, on marchait librement sur le sol ameubli par la chute annuelle de leurs feuilles, et depuis plus d’un siècle le Monotrapa Hypopithys en individus dispersés, ou l’Asperula odorata en tapis étendus, étaient à peu près les seuls végétaux qui se montraient annuellement sous ces dômes de verdure. Les arbres étaient à peine abattus, que le Digitalis purpurea et le Sohidago virga aurea parais- saient en abondance. L’Aira flexuosa s’étendait en im- menses gazons colorés en rouge. Le Galeopsis Tetrahit poussait avec une telle vigueur qu'il atteignait bientôt plus d’un mètre de hauteur. Ces deux dernières plantes étaient en quantité si considérable, que l’on faucha l’Aira pour a] obtenir de la paille destinée à couvrir de grands hangars, (4) Mackenzie, Voyage dans le nord de l'Amérique septentrionale, de 1769 à 1793, 1. 4, p. 560. III 14 210 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. et que l’on recueillit assez de semences de ES pour en faire de l'huile. D'où venaient ces graines de plantes annuelles ou bisan- nuelles dans le sol d’une forêt vierge ? Les racines du Soh- dago vivent très-longtemps à l’état latent, mais peut-on supposer qu’elles se conservent plusieurs siècles ? Et pourtant ces faits d’alternance se reproduisent partout. Quant aux Canaries , les bois de châtaigniers plantés par les Européens sont abandonnés à eux-mêmes, ou, lorsqu'ils sont détruits, là, comme dans nos contrées , les Rubus et les Pteris les ont bientôt envahis. Puis des Hypericum et des Cineraria viennent s’y mélanger ; les bruyères y appa- raissent, et après elles les Laurus, le Myrica Faya, premiers indices de la renaissance des anciennes forêts (1). « A l’Ile-de-France, d’après Dupetit-Thouars, quand on défriche une forêt, soit en arrachant, soit en brülant les arbres, le sol se couvre instantanément d’espèces toutes différentes, la plupart étrangères à l’île et originaires de Ma- dagascar, telles que l’Haronga et un Solanum arborescent nommé tabac marron, à cause de ses feuilles. Mais la plus abondante de toutes est le Rubus roseus, Smith , espèce de framboisier originaire des Moluques (2). » « Au Brésil, dit M. Auguste de Saint-Hilaire, quand on coupe une forêt vierge et qu’on y met le feu , il succède aux végétaux gigantesques qui la composaient un bois formé d’espèces entièrement différentes et beaucoup moins vigou- reuses ; si l’on brûle plusieurs fois ces bois nouyeaux pour faire quelques plantations au milieu de leurs cendres, bientôt on y voit naître une très-grande fougère (Pteris caudata) ; (4) Webb et Berthelot, t. 3, p. 401. (2) Dureau de la Malle, Ann. des sciences nat., t. 5, p. 360. PHENOMÈNES D’ALTERNANCE. 211 enfin , au bout de très-peu de temps , les arbres et les ar- brisseaux ont disparu , et le terrain se trouve entièrement occupé par une graminée visqueuse , grisâtre et fétide , qui souffre à peine quelques plantes communes au milieu de ses tiges serrées, et qu’on appelle Capim gordura (l'herbe à la graisse), Tristegis glutinosa des botanistes (1). » Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer ici la parallélisme qui existe, malgré la grande distance, entre l'apparition du Pteris caudata au Brésil , remplacé chez nous par le Pteris aquilina , et enfin l’envahissement du Tristegis glutinosa , au lieu du Nardus stricta, qui, sur le plateau central , est le dernier terme de la disparition com- plète des forêts et le signal de la nudité des plateaux. « Autrefois, d’après les observations d’Auguste de Saint- Hilaire , le Saccharum , appelé Sapé, formait, au Brésil, l’ensemble des pâturages dans les pays de bois vierges, et en certains cantons on le trouve encore avec abondance. C’est seulement depuis 45 à 50 ans que cette graminée a cédé la place au Capim gordura , qui fut apporté dans la province des Mines par un hasard singulier ou introduit comme four- rage. On a vu avec quelle rapidité étonnante il s’est ré- pandu ; cependant, lorsque la nature n’est contrariée par aucune circonstance, ce qui malheureusement n’est pas assez commun , elle finit par reprendre ses droits sur l’ambitieux étranger. Quand les bestiaux n’approchent point du Capim gordura , les vieilles tiges forment tôt ou tard une couche épaisse de plusieurs pieds , qui empêche des tiges nouvelles de se développer. Alors de jeunes arbrisseaux commencent à se montrer; lorsqu'ils peuvent donner de l’ombrage , ils (4) Aug. de St-Hilaire, Tableau de la végétation primitive de la province de Minas-Geraes , p. 10. 212 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. achèvent de détruire la graminée, et, dans les bonnes terres, elle fait place, au bout de dix années, à ces bois peu vigou- reux et peu fournis qu'on nomme Capoeiras. Si on est long- temps sans couper ces derniers, et que le bétail n’y pénètre point, des arbres élevés finissent par faire disparaître les Bac- charis etles autres arbrisseaux qui composent les Capoeiras, et de grands bois reparaissent. Ainsi , pour retourner à sa vigueur primitive , la végétation passe, en sens inverse, par les phases qui l’avaient réduite à ne plus offrir que d’humbles graminées. Quant à ces successions de plantes qui n’ontaucun rapport les unes avec les autres, et qui ressemblent à une suite de générations spontanées, elles sont sans doute difficiles à expliquer, mais, en Europe même , elles ne sont pas sans exemple (1). » Le Guatemala et toutes les forêts américaines défrichées offrent le même spectacle. « En quittant le toit hospitalier de M. Fontaine , chez lequel je logeais , je traversai une petite portion défrichée de la colonie, portion que recouvrait une végétation luxueuse d’Asclepias rouge, de Datura etde Mimosa Sensitiva, plantes qui paraissent, dans cette localité, représenter les végétaux qui, chez nous, remplacent constamment les forêts de hêtre ou de chêne nouvellement déboisées (2). » M. d'Orbigny, dans son remarquable voyage, si plem d’aperçus ingénieux et de curieuses observations, a été frappé aussi de ces phénomènes d’alternance : « Partout où » l’homme enlève momentanément les forêts vierges, afin » d’y semer, les plantes qui repoussent sur le terrain ensuite (4) Aug. de St-Hilaire , Loc. cit., p. 12. (2) Lettre de M. Julien Deby à M. Morren, sur l’histoire naturelle de Guatemala , Belgique horticole , t. 3, p. 555. PHÉNOMÈNES D'ALTERNANCE. 213 » abandonné à lui-même changent entièrement de forme. » On n’y voit plus aucune des espèces qui croissaient et » croissent aux environs ; et même après des siècles, une » végétation toute différente de la végétation spontanée y » fait toujours reconnaître les lieux où l’homme a laissé des » traces de son passage (1). » « Cette végétation qui succède aux terrains cultivés qu’on » abandonne , est composée de buissons, de petits arbres » et surtout de beaucoup de végétaux épineux (2). » Nul doute qu’il ne faille attribuer ces curieux phénomènes à la longévité des graines ou des germes ; mais on remarque aussi que l'incendie des forêts, que l’écobuage des pelouses, ou la combustion lente et prolongée du bois que l’on con- vertit en charbon, favorisent le développement d’espèces particulières dont les graines doivent être apportées par mi- gration. | On explique ainsi très-bien l'abondance de l’Epilobium spicatum et du Senecio sylvaticus, qui font disparaître sous leurs phalanges serrées le sol noirci par la combustion du bois. On se rend compte aussi de l’apparition, sur les terres écobuées, du Rumex Acetosella , de l’Hypericum humufu- sum , des Bryum et Polytrichium , qui s’y montrent en pro- digieuse quantité. Ce sont, en général, des phénomènes de translation. Après les plantes herbacées qui naissent sur les places où l’on a fait du charbon, on voit paraître les trembles , dont les graines doivent venir de très-loin, et, partout où l’on écobue sur le plateau central, cet arbre se montre également au bout d’un petit nombre d’an- nées; il reste à l’état de buisson, ne fructifie jamais, et (4) Voyages, 1. 2, p. 559. (2) Id., 1. 2 , p. 651. 214% PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. les graines qui le produisent doivent être apportées par les vents de points très-éloignés. Lefraisier, dit Hearne, croît en plus grande quantité dans les endroits où le feu a passé. Dans les forêts de l’Albanie et de Morsæ , après que les bois taillis et la mousse ont été brûlés, le terrain se couvre de framboisiers et de ronces (1). Ce ne sont pas seulement les forêts qui nous montrent la tendance à la succession des espèces, nous trouvons cette tendance partout ; nos prairies artificielles de légumineuses, abandonnées à elles-mêmes , se remplissent de graminées , de synanthérées et parfois de silénées, qui luttent ensem- ble, se combattent, se succèdent, se remplacent ou s’étei- gnent à leur tour. Les prairies naturelles permanentes sont bien plus pro- pres encore à nous donner une idée de l’alternance, à cause du grand rombre de plantes qui les composent, et de leur durée , bien inférieure à celle des arbres qui forment les fo- rêts. Dans l’espace de 20 à 25 ans, une prairie change plusieurs fois de nature ; chaque année, sans exception, il y a une différence notable dans les espèces qui se sont le mieux développées. A telle espèce dominante une année en succède une autre tout à coup ou graduellement. Elle est bientôt remplacée par une troisième, en sorte qu’au bout de 25 ans, les mêmes plantes ont reparu , tantôt dans un ordre régulier, tantôt d’une manière très-irrégulière. Lorsqu'on abandonne une terre à elle-même une pre- mière année, il s’y forme ordinairement une sorte de prairie composée de plantes particulières; ainsi les Sherardia ar- vensis, Veronica hederifolia, etc., y paraissent au prin- temps ; le Viola tricolor, le Linaria vulgaris, etc., leur suc- (1) Hearne , Voyage à l'Océan nord , p. 427. PHÉNOMÈNES D’ALTERNANCE. 215 cèdent; puis viennent les Galeopsis, Hehotropium , etc. Il s'établit déjà, en une seule année, une rotation de plantes spontanées , et si l’année suivante le sol n’est pas labouré, d’autres espèces viennent se mélanger aux premières. Les graminées à racines vivaces, les Rhinanthus, qui vivent à leurs dépens, prennent bientôt le dessus ; puis il s’y mêle des légumineuses, et ainsi de suite. Chaque année cette associa- tion se complique, et enfin une prairie s’est formée. Les causes de l’alternance sont complexes ; elles dépen- dent cependant toutes de la faculté que possèdent les grai- nes et les germes des végétaux de sommeiller pendant très- longtemps. Les plantes qui vivent sur un même terrain tendent à l’épuiser, c’est-à-dire qu’elles y choisissent certains princi- pes de préférence à d’autres, et, au bout d’un certain nom- bre de générations, la terre, n’ayant plus en quantité suffi- sante ces principes utiles à telle espèce , elles refusent de croître sur ce sol. Ces principes d’assolement sont parfaite- ment connus en agriculture. On fait généralement succéder des plantes de nature opposée, comme les céréales et les lé- gumineuses. Quand on arrache un arbre, on sait qu'il faut le remplacer par une espèce différente , et, dès les temps les plus reculés , on avait fait ces observations , car Virgile dit, dans ses Géorgiques : Sic quoque mutatis requiescunt fœlibus arva. (Géorg., liv. 4.) Ce que Delille a traduit : La terre ainsi repose en changeant de richesses. Cette cause d’épuisement ne peut être la même dans la vature que dans les campagnes cultivées. Dans les champs 216 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. où l’homme recueille les moissons, il emporte chaque année du sol des principes particuliers qui, dans les céréales, par exemple, se logent dans les graines , qui, dans les arbres, se rassemblent dans les fruits , etc., et, pour que les terres continuent à lui rendre les produits qu’il demande, il est obligé de leur donner des engrais, c’est-à-dire des matières capables de remplacer celles qu’il enlève. C’est ainsi qu’il agit. A l’état sauvage, les plantes perdent bien quelques- unes de leurs parties, mais, en général, tout reste sur le sol, et quand un terrain est soumis pendant très-longtemps aux mêmes conditions extérieures, son tapis végétal reste à peu près ou tout à fait le même. Nous avons des exemples de cette permanence très-opposée à l'alternance dans les régions de l’ouest de la France et sur les montagnes. Soit que les vapeurs marines entretiennent une température et une hu- midité constantes sur un sol sablonneux et identique , soit que des nuagés ou des brouillards humectent régulièrement les plateaux des montagnes, on voit les mêmes espèces s’y succéder pendant des siècles. Les Ulex et les Erica de l’ouest vivent de temps immémorial sur le même terrain ; le Calluna vulgaris, le Vaccinium uliginosum, occupent indé- finiment les mêmes lieux. Depuis que l’on connaît le vaste plateau de la montagne de la Lozère, il est couvert d’un éternel tapis de Nardus stricta. Si l'alternance est une loi de la nature, elle a ses excep- tions, et ce sont les conditions extérieures qui la détermi- nent. Ce sont les changements ou plutôt les variations dans les saisons , dans la quantité de pluie , dans l'intensité de la chaleur, dans l’état hygrométrique de l’air, conditions qui peuvent changer encore par la prédominance ou l’accrois- sement de telles ou telles espèces. Ainsi, dans une prairie formée d’espèces très-différentes, PHÉNOMÈNES D'ALTERNANCE. 217 les unes préféreront la chaleur au froid, d’autres la fraicheur à la sécheresse ; telle qui résistera aux inondations ou à la submersion, périra au contraire par l'intensité du froid ou du soleil , en sorte que chaque année certaines espèces au- ront des chances de développement qui n'éxisteront pas pour les autres. Dans une forêt qui vient d’être abattue, les végétaux qui cherchent le grand air et le soleil paraîtront les premiers. Bientôt de jeunes arbres se développeront , abrités par ces premières plantes ; à peine fourniront-ils eux-mêmes un peu plus d'ombre, que les plantes de l’air libre ne trouveront plus les mêmes conditions, mais celles qui aiment à être à demi ombragées profiteront de cette circonstance pour se développer. Les arbres grandiront et formeront un taillis ; les premières espèces qui avaient occupé le sol nu n’y seront plus, et si quelques arbres dépassent les autres, ou, protégés par l’homme , atteignent de grandes dimensions , étalent leur dôme feuillé impénétrable aux rayons du soleil, alors une autre population végétale , entièrement différente de la première, paraîtra sous ces frais ombrages. Si la futaie vit plusieurs siècles, les mêmes plantes , protégées par les mê- mes arbres, vivant dans le même sol , resteront vigoureuses et ne l’abandonneront pas tant que les circonstances biolo- giques auxquelles elles seront soumises n’éprouveront aucune espèce de modification. ; Les premières espèces, qui préféraient l’air libre, ne se sont pas évanouies parce que le sol était épuisé, mais les der- nières peuvent aussi recevoir de la chute annuelle des feuilles des principes utiles et sans cesse renouvelés, qui prolongent leur durée. Une preuve de l'épuisement partiel du sol, c’est l'irradiation des plantes vivaces, c’est ce bourgeonnement ex- térieur et centrifuge que l’on remarque même sur des espèces 218 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. qui habitent l’humus des forêts, telles que de nombreux champignons, l'Isopyrum thalictroides, V'Anemone ra- nunculoides, etc., qui projettent constamment leurs bour- geons à l’extérieur de la toufle primitive. L’alternance, quelles que soient ses causes, est donc une loi de la nature ; c’est une lutte patiente et continuelle en- tre tous ces végétaux, qui déjà trouvent la terre trop étroite pour leurs générations, et qui établissent des luttes séculaires. Des graines sommeillent et attendent un réveil qui leur soit profitable ; des racines, des tubercules restent ensevelis sans pouvoir vivre et sans vouloir mourir. Les forêts offrent une foule de ces germes latents cachés dans leur terreau. Quel- quefois une feuille s’en échappe et entretient une vie sur le point de s’étendre , puis le germe repose encore. Il montre de nouveau l’apparence d’un bourgeon ; il attend, il essaie, il conserve son existence , et dès qu'une circonstance lui permet de se montrer, il en profite sans perte de temps , et ne reprend sa puissance que si des rivaux affaiblis ne lui por- tent plus ombrage. Dans le règne végétal comme dans celui des animaux, chacun s'élève et s’abaisse à son tour ; les fleurs du printemps succèdent aux glaces de l’hiver, les saisons se suivent et se remplacent tour à tour. Ainsi la mer élève ses vagues et les refoule sans cesse , ainsi le jour vient remplacer la nuit, ainsi la mort moissonne pour faire place à de nouvelles existences, qui marquent à peine leur place dans le cercle éternel de ces perpétuels changements. PARASITISME. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 219 CHAPITRE XXXIIT. DU PARASITISME. $. 1. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE PARA- SITISME. Le parasitisme est un état particulier des plantes que nous connaissons à peine , et dont l’étude est extrêmement diffi- cile. On reconnaît au premier abord que certaines espèces se fixent sur d’autres végétaux, qu’elles y implantent leurs racines , et vivent en quelque sorte aux dépens de leur sup- port, mais on ignore où s'arrête la limite de ce que l’on doit véritablement appeler parasite, et dans quelles proportions le sujet est utile à la plante adventive qu'il porte ou qu'il nourrit. Il ne peut être question ici des fausses parasites , de ces espèces qui naissent sur d’autres, mais sans y puiser de nourriture, et pour lesquelles les végétaux qui les portent ne sont que de simples supports. Le lierre qui s'attache indistinctement aux arbres et aux rochers , plusieurs Ficus, et même les brillantes orchidées des tropiques, ne réclament aux troncs hospitaliers décorés de leurs fleurs qu’un peu d’hu- midité et une place au-dessus du sol qu’elles abandonnent. Quant aux vraies parasites, nous en trouvons, comme les orobanches et les Lathræa qui, privées de feuilles, doivent nécessairement puiser tous les aliments dans les tissus des plantes qu’ils affectionnent et auxquelles cette affection coûte 290 PARASITISME. souvent la vie. On voit un grand nombre de légumineuses suc- comber à l’envahissement des orobanches. Ce sont les plantes qui obtiennent leur prédilection , et l’on ne remarque pas sans surprise que ces parasites sans feuilles recherchent sur- tout les végétaux qui ont le pouvoir de vivre principalement dans l’atmosphère au moyen de leur feuillage qui est alors chargé d’un double entretien. Aussi les dycotylédones et surtout les légumineuses, qui épuisent bien moins le sol que les monocotylédones, sont bien plus souvent attaquées par les vraies parasites. | Quand ces dernières sont feuillées comme les lorantha- cées, nous ne savons réellement pas si elles-mêmes n’appor- tent pas par leur feuillage un supplément à l’alimentation directe qu’elles reçoivent de leur victime. Le guy, si commun sur les pomacées.et les conifères, familles très-peu épuisantes pour le sol, ne paraît pas aussi destructeur pour ces plantes que les orobanches pour celles qu’elles attaquent. La guerre des parasites feuillées est moins meurtrière pour leurs enne- mis que les conquêtes rapides des parasites aphylles. Après cela, connaissons-nous réellement tous les degrés de parasitisme ? N’existe-t-il pas de nombreuses parasites que nous ne connaissons pas? n’y a-t-il pas dans nos champs et dans nos prairies un grand nombre d’ennemis de ce genre dont nous ignorons les ruses, et dont les mœurs nous échap- pent dans le milieu solide et impénétrable à la vue, où leurs instincts naissent et s’épuisent. M. Decaisne a démontré l’adhérence des racines des rhi- nanthacées à celles de plusieurs graminées et a donné les motifs de l'impossibilité où l’on se trouve de les cultiver. Ainsi les Rhinanthus, si communs et en même temps si nui- sibles dans les champs et dans les prairies, emprunteraïent aux graminées au moins une partie de leur nourriture. Ces CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 291 belles espèces de pédiculaires, dont les fleurs roses ou sou- frées, décorent les pelouses des paysages alpins, n’existe- raient qu’en connexion intime avec les Festuca, les Poa et les autres graminées de ces hautes régions. Le Pedicularis palustris, si répandu dans nos prairies humides, y vivrait aussi avec le secours des espèces fourragères. Ce sont encore des plantes analogues qui, dans l'Inde, d’après les notes de Jacquemont , nourrissent des Buchnera qui remplacent nos rhinanthacées. Bentham admet aussi le parasitisme d’espèces du même genre, et, à l’île de France, le Striga coccinea exer- cerait une action nuisible sur le maïs, et selon Du Petit- Thouars,. aurait été introduit dans les cultures de cette île, seulement depuis le commencement de ce siècle. Après avoir cité ces faits intéressants qui étendent bien plus qu’on ne l’avait cru le domaine des parasites, M. De- caisne fait remarquer la liaison qui existe entre l’état de dépendance de ces végétaux, leur noircissement par la dessication et l'absence des rayons médulaires dans la struc- ture de leurs tiges , faits indiqués par M. Duchartre pour le Lathræa clandestina , reconnu par M. A. Brongniart sur les Melampyrum et que M. Decaisne a rattaché au parasi- tisme, en reconnaissant la même organisation dans les Pedi- cularis, Bartzia, Castilleja, Cymbaria et Buchnera qui, sans doute, vivent tous dans les mêmes conditions (1). Il serait bien intéressant de faire une revue générale de toutes les plantes parasites connues , de rechercher à quelles familles elles appartiennent plus spécialement, et quels sont les groupes qui leur donnent asile. Ce travail échapperait en grande partie à l’Europe où les parasites sont en petit nombre (1) Decaisne , sur le parasitisme des rhinanthacées , Ann. des sciences naturelles , 5e série, 1. 8 , p. 7. 2929 PARASITISME. relativement aux parties chaudes de la terre, mais il aurait encore un grand intérêt. Peut-être trouverions-nous les causes de la prédilection des Raflesia et des Sapria pour les ampélidées, des Cytinus pour les Cistées, des orobanches pour les légumineuses, des rhinanthacées pour les grami- nées, etc. Nous remarquons dans le règne animal des pré- dilections du même genre. Ainsi toutes les chenilles qui appartiennent au groupe des satyres vivent sur les graminées comme le font les rhinanthacées; toutes les argynes ne consomment que des violettes , et ainsi de suite d’une mul- titude d'insectes. Il y a des goûts, des affections particu- lières que nous reconnaissons sans pouvoir les expliquer. Si certaines plantes concentrent leurs sympathies pour des es- pèces particulières, ilen est d’autres qui, moins spéciales dans leurs tendances, ne poussent pas l’exclusivisme à un si haut degré. Le Lathræa clandestina vit sur les racines des saules et des peupliers ; l’'Ophrys nidus avis, quoique préférant les forêts de hêtres, s’attache aussi à quelques autres arbres ; le Monotrapa hypopitys, plante des sapins, se trouve cepen- dant sur les racines du Fagus sylvatica, et il existe bien d’autres exemples de ce genre. Le vrai parasitisme n’a lieu le plus ordinairement qu'entre plantes et animaux très-différents. Ainsi des plantes d’une famille ne: sont parasites que sur des espèces de familles dif- férentes, au moins dans nos climats; mais dans les régions chaudes, plus favorables au parasitisme , on trouve encore des exceptions, et les parasites eux-mêmes ont parfois encore d’autres parasites qui leur sont particuliers. Il y a aussi des parasites qui s’accommodent de tout et qui, sans tenir compte de l’espèce voisine, attaquent indistincte- ment toutes celles qu'ils trouvent à leur portée. Le Thesium linophyllum, et probablement toutes les espèces de Thesium, CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 293 accordent leur affection à tous ceux qui veulent ou qui peu- vent les nourrir, et reçoivent à la fois et en même temps des aliments variés de plusieurs sources différentes , tandis que le guy, peu difficile sur le choix de sa victime, mais n’en fai- sant qu’une à la fois, montre ses buissons dichotômes sur les pommiers et les alisiers, sur l’aubépine et sur les Robinia, et s'attache également aux branches du peuplier blanc et de l’Abies pectinata , s’il n’accepte plus, comme au temps des Druides , l'hospitalité du roi de nos forêts. Il y à sans doute des plantes qui, si elles ne sont pas toute leur vie dépendantes de leurs voisines, peuvent le de- venir dans leur vieillesse ou bien dans cette dernière phase de leur vie, abandonner volontairement les espèces qui ont protégé leurs premiers développements? Il y a peut-être dans ces secours mutuels ou intéressés l’explication de ces sym- pathies apparentes, de ces associations intimes qui nous étonnent. Existerait-il dans le monde végétal, comme dans celui des hommes, de ces amitiés illusoires, dont le temps fait reconnaître la cause secrète et l’apparence mensongère ? Nous ne doutons pas que l’on rencontre dans le parasi- tisme des nuances et des degrés très-différents, depuis ces fausses parasites qui se contentent du logement, jusqu'aux véritables qui exigent en même temps toute la nourriture. Les espèces sans feuilles, comme les orobanches, les La- thrœæa, les Raflesia, les Cytinus, doivent être très-exigeantes et vivre totalement au dépens d’autrui; les Viscum, les Loranthus , déjà feuillés, mais à feuilles d’une structure par- ticulière , ne doivent pas consommer en aussi grande quan- tité la sève de leurs supports. Enfin les espèces feuillées , comme les rhinanthacées, ne peuvent affaiblir complétement leurs adhérents, puisqu'elles sont munies d’organes qui leur permettraient peut-être de vivre isolément,. 292 PARASITISME. La plupart des rhinanthacées sont garnies de larges et nombreuses bractées, qui sont souvent colorées. Les Rhi- nanthus , les Pedicularis, les Melampyrum se font remar- quer par la magnificence de ces organes. Les orobanchées ont aussi de nombreuses bractées , ainsi que l’Ophrys nidus avis , le Monotropa hypopitys, le Cytinus hypocistis. Tous les parasites sur racine ont leurs feuilles remplacées par des écailles. Il n’est pas jusqu'aux énormes fleurs des raflesia qui n'aient aussi leurs écailles ou leurs bractées. Ces organes ne sont jamais d’un beau vert , rnais souvent jaunâtres comme le feuillage du guy et du Loranthus. Il existe dans les rhinanthacées , qui paraissent toutes pa- rasites, des plantes annuelles et des espèces vivaces. Les Euphrasia, les Rhinanthus, les Melampyrum ne vivent qu'une année, et ce sont les espèces de cette famille qui sont le moins montagnardes. Les pédiculaires sont toutes vivaces. IL est vrai que toutes habitent les montagnes et les contrées septentrionales du globe ; elles sont alors en contact immé- diat avec des graminées qui, pour la plupart, sont égale- ment vivaces. Il faut cependant qu'il existe une certaine re- lation entre la durée des deux espèces associées , et comme les plantes vivaces ne sont en réalité que des espèces mono- carpiennes groupées et aggrégées, la question se trouve pro- bablement réduite à ce qu’elle est réellement pour les plan- tes annuelles. , Il est aussi assez remarquable de voir que partout où se développent des rhinanthacées , le gazon est court comme s’il souffrait. On remarque cet effet dans les lieux où abonde l'Euphrasia officinalis , dans ceux où les pédiculaires sont répandues. Les pédiculaires à fleurs jaunes, qui vivent plus isolées que les autres, sont moins nuisibles aux gazons parmi lesquels elles végètent; mais quand elles deviennent com- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 295 munes , il n'y a plus qu’elles qui s'élèvent , les autres plantes s’abaissent, et le même effet est produit par le Pedicularis palustris, qui, dans les prairies où 1l est répandu, s'oppose à toute espèce d’autre végétation. Les rhinanthacées , en raison sans doute de leur parasi- tisme , sont de toutes les corolliflores celles qui s’avancent le plus vers le nord. Elles n’acquièrent, comme nous l’avons dit, leur plus belle végétation que dans les montagnes. La plus belle de toutes les pédiculaires ,"P. sceptrum caroli- num, appartient surtout à la Scandinavie. Le nord de la Laponie a ses pédiculaires , et une seule espèce accompagne les graminées jusqu'au Spitzherg , par 80° de latitude, à la dernière extrémité de l'hémisphère boréal. L'étude du parasitisme nous conduirait à d’autres consi- dérations si nous voulions l'étendre aux cryptogames et sur- tout à la vaste classe des champignons. En abandonnant même les espèces épiphylles, dont la vie est complétement dépendante des végétaux qui deviennent leurs subordonnés, nous aurions à rechercher si les champignons charnus qui viennent en automne transformer nos forêts ténébreuses en mystérieux parterres , ne sont pas aussi des plantes qui ont besoin pour vivre du contact des herbes ou des arbres qui les ombragent. Les relations si positives qui existent entre la présence de nombreuses espèces d’agarics, de bolets et de Clava- ria, etc., et l'essence particulière de la forêt où naissent ces champignons, nous font soupçonner que le mycelium tou- Jours souterrain de ces espèces est en contact avec les dernières ramifications des végétaux phanérogames , et peut-être faudrait-il attribuer à un état particulier de la plante nourrice le phénomène singulier de stérilité que présentent quelquefois tout à coup et complétement des Hi _ 226 PARASITISME. champignons de même espèce qui se trouvent dépourvus de sporules. Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer ici l'analogie qui semble exister entre le parasitisme des cham- pignons charnus et celui des Raflesia, des Sapria et de plu- sieurs autres rhizantées qui vivent comme ces mêmes cham- pignons parasites dans les plus ténébreuses forêts de Java, des Indes et de l'Himalaya. Les forêts de l'intérieur de Su- matra nourrissent parasite , sur le Cissus angustifolia , l’é- norme ARaflesia dont le bouton seul mesure près de 33 cen- timètres de diamètre. Sa fleur ouverte a près de { mètre de diamètre, et l'intérieur de son périgone peut contenir douze litres d’eau. Cet intérieur, d’un violet foncé, marqué de ma- cules blanches, ne tarde pas à répandre l’odeur d’un cada- vre, et cette merveille éphémère disparaît bientôt du sol où elle se putréfie. L'odeur cadavéreuse que répandent ces parasites, leurs graines , que l’on a comparées à des sporules, et jusqu'à l'absence de vaisseaux (qu’un examen ultérieur peut, il est vrai, y faire découvrir), tout nous montre des analogies , très-éloignées sans doute, mais qui peuvent appuyer l'idée déjà adoptée par plusieurs naturalistes , que la plupart des champignons charnus sont parasites. En histoire naturelle, quelle que soit la route que nous suivions , quel que soit le sujet qui devienne un instant l’objet de nos études , nous sommes constamment ramenés à ces curieuses analogies, qui rapprochent les êtres les plus dis- parates au premier abord, qui lient dans le règne végétal les classes, les divisions qui nous semblent les plus éloignées, et qui nous font sentir l'imperfection de nos méthodes et les difficultés insurmontables de ces classements linéaires en- tièrement opposés à la marche irradiante de la nature. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 227 Enfin, il y aurait encore dans les végétaux ce que nous pourrions appeler le parasitisme éloigné, c'est-à-dire que des plantes auraient besoin, pour vivre, non d’une espèce en vie sur laquelle elles exerceraient leurs violences , mais de débris d’une nature particulière ou de plantes mourantes, dont elles viendraient s'emparer dans un état de faiblesse qui ne leur permettrait plus de se défendre contre les en- vahissements. Les champignons épiphylles, les Sphæria , plusieurs li- chens se trouvent dans cette catégorie; les champignons charnus, s'ils ne sont pas réellement parasites, ont au moins besoin des détritus de végétaux déterminés , et n’ac- ceptent pas indistinctement toutes les espèces d’humus. Nos plantes domestiques , qui suivent l’homme jusque dans les contrées les plus lointaines, qui profitent partout de ses éma- nations , qui se fixent autour de sa demeure , et qui, long- temps encore, marquent le lieu de son séjour quand sa trace a disparu, sont encore des espèces de parasites que nous ne pouvons associer à celles qui vivent de proie vivante, mais que nous pouvons considérer comme faisant le dernier pas- sage aux plantes libres et sauvages, qui restent indépen- dantes et fières, sans secours et à l’abri de la mendicité. L'étude des parasites est peut-être celle qui jettera le plus grand jour sur l'origine ou la modification de l'espèce. Le nombre des parasites est immense dans les deux rè- gnes ; c’est un monde dans un autre monde, et les espèces, soumises à des conditions variables, vivant dans des milieux entièrement différents, doivent nécessairement subir des modifications aussi étendues que les différences des milieux qui les déterminent. La plupart de nos cryptogames parasites, comme les Sphœria, Septaria, Dothidea, Uredo, Puccinia, Oi- 228 PARASITISME. dium , etc., ne devraient-elles pas à leurs supports une partie de leurs caractères? L’Æcidium du Berberis ne se transformerait-il pas sur les céréales en Uredo rubiginosa ? Nous ne connaissons presque rien des parasites cryptogames ; à peine avons-nous étudié quelques-uns de leurs modes de reproduction , et ils en ont teujours plusieurs. Ce que nous voyons au dehors, dans les urédinées et les mucédinées, n’est le plus ordinairement qu'une petite partie de la plante. Tout récemment encore, MM. Tulasne ont constaté cette vérité sur le Botrytis de la pomme de terre. Ce qui paraît à l'extérieur de cette plante n’est même qu'un appereil secondaire de reproduction. Les graines proprement dites naissent sous l’épiderme de la plante hospitalière, et sont renfermées isolément dans de grands utricules. D'autres espèces vivent complétement cachées, comme le Sclerotium roseum , dans l’intérieur du Scirpus lacustris. Le beau travail de MM. Tulasne, sur les champignons souter- rains , a montré je parasitisme de plusieurs de ces espèces hypogées, qui toutes, probablement , sont dépendantes des racines ou au moins des détritus d'autres végétaux. Nous ne savons pas encore si, dans les orobanches , les modifications que nous avons observées et que nous dési- gnons sous le nom d’espèces, ne sont pas des formes parti- culières occasionnées par la plante nourricière, car nous trou- vons des analogies marquées entre celles qui vivent sur des plantes de même famille. Toutes les orobanches des légu- mineuses se ressemblent ; celles du thym commun et du ser- polet sont presque semblables , tout en offrant de légères différences qui sont constantes. Si nous voulions grandir cette belle question du parasi- tisme, nous reviendrions sur cette multitude de vers in- testinaux , ou plutôt d’entozoares , qui existent aussi CONSIDÉRATIONS GÉNEÉRLES. 2929 bien dans d’autres vers et dans les insectes que chez les vertébrés. N'est-ce pas l'animal qui sert de milieu d'existence, qui détermine les caractères de l'espèce, qui la rend constante ou la métamorphose ? , D’après des expériences du plus grand intérêt faites par M. Kuchenmester, de Zittau et répétées à Bruxelles par M. Van Beneden, les cœnures adultes vivent et se dévelop- pent dans l'intestin du chien, et forment le Tœnia Cænurus, que l’on a confondu jusqu’à présent avec le Tœmia serrata. M. Kuchenmester indique le mode par lequel se propage la maladie du tournis chez les moutons : « Les bergers coupent la tête des moutons atteints de cette affection et la jettent aux chiens , qui avalent, avec le cerveau , les cœnures renfermés dans cet organe. Dans l'in- testin des chiens, ces cæœnures deviennent des tænias ; ils ont quelquefois jusqu’à 300 têtes , et chaque tête peut produire un tænia : la multiplication peut devenir excessive. Les chiens suivent les moutons dans les prairies, et évacuent les proglottis chargés d'œufs en même temps que leurs excré- ments ; ces œufs sont ainsi semés sur l'herbe que le mouton doit brouter. » Le parasitisme donne lieu ici à des transformations bien remarquables , qu'il n’est pas possible de comparer aux mé- tamorphoses des insectes qui ne changent pas de milieu pour se transformer. Mais que deviendraient les proglottis évacués par les chiens, si, au lieu de les faire avaler à des brebis, on les administrait à des lapins, à des oiseaux de basse- cour ou à d’autres animaux ? Périraient-ils, ou bien trouve-- raient-ils, comme dans le mouton, le moyen de se {rayer un passage jusque dans le cerveau de ces animaux pour ; devenir des cœænures d'espèce différente ? D'après les recher- 230 PARASITISME. ches de M. Kuchenmester,, il est évident qu'il suffirait de supprimer le chien de berger ou de faire cuire les têtes de mouton pour effacer la terrible maladie du tournis. Mais ces êtres protées ont sans doute encore d’autres moyens de se transformer et d’arriver.en parasites sur d’autres espèces. Que le parasitisme produise ici la transformation véritable ou la métamorphose , si l’on n'ose, nous ne savons pourquoi, admettre cette permutation des espèces par les milieux , ces faits n’en conduiront pas moins à la preuve directe de la transformation. Où étaient les cœænures avant que l’homme n’eût lui-même transformé un animal sauvage en mouton ? où étaient les Tœnia Cœnurus avant que l'homme eût retiré les chiens des types qui leur ont donné naissance? Le mou- flon était-il attaqué du tournis sur les montagnes de la Corse et de la Sardaigne ? Le loup et le chacal étaient-ils toujours prêts à offrir leurs intestins à ces présumés cœnures , et peut- on supposer une transmission régulière comme celle dont M. Kuchenmester nous décrit les détails ? Nous qui reconnaissons l’homme comme le dernier pro- duit sorti des mains du Créateur, nous ne pouvons admettre des créations postérieures à cette grande œuvre dela divinité , mais nous croyons à la transformation passée , actuelle et future des êtres d’une seule et unique création divine. $ 2. SUR LA DISPERSION DES PARASITES. Nous pouvons considérer les parasites comme partagés en deux séries : ceux qui naissent à l'extérieur, fixés sur les tiges ou les rameaux des plantes, comme les lorantha- cées et peut-être les cuscutes , et ceux qui vivent sur les ra- cines, telles que les orobanchées, rhinanthacées, etc. Dans chacune de ces deux grandes divisions se trouvent DISPERSION DES PARASITES. 231 des espèces feuillées et des espèces sans feuilles, qui doivent réagir d’une manière toute différente sur les plantes qui fournissent leurs aliments. IL est remarquable qu’il n’existe , en Europe du moins, aucun parasite véritable sur les plantes monocotylédones. Les cuscutes, les orobanches, les Lathræa, n’attaquent que les dicotylédones, et, autant que possible, elles recherchent les plantes qui vivent principalement aux dépens de l’atmos- phère par leur feuillage, comme les légumineuses; en sorte que ces supports , doués d’une force d'absorption considérable , peuvent vivre longtemps avec leurs ennemis , si toutelois ils ne deviennent pas très-nombreux. Il arrive par ce choix que le parasite, ne tuant pas immédiatement l’espècequ'il à choisie, peut vivre longtemps à ses dépens, et parcourir toutes les phases de sa vie, jusqu’à l’époque où lui-même , répan- dant ses graines, a assuré l’avenir de son espèce. La semence du parasite, par un instinct que nous n'ex- pliquons pas , semble choisir sa victime parmi les espèces ro- bustes, comme l’ichneumon qui pour déposer le germe de sa larve parasite, fait choix d’une chenille qui peut vivre assez longtemps, et dont le tissu adipeux est très-développé. Les monocotylédones, qui, en Europe, échappent à l'en- vahissement des véritables parasites , sont pourtant saisies par une famille toute spéciale, celle des rhinanthacées ; mais il faut bien croire que ce parasitisme est très-différent des autres. Les graminées, qui sont les victimes des rhinantha- cées, sont loin d’avoir la même puissance d’absorpüon par les feuilles que les légumineuses ; elles vivent plus, au con- traire, par la nourriture du sol. C’est aussi sur leurs racines que les rhinanthacées s’implantent, et, de plus, toutes les plantes de cette dernière famille ont aussi des feuilles et des feuilles si vertes et si nombreuses, qu'on ne peut douter qu’elles ne remplissent leurs fonctions. Ainsi, voilà deux fa- 239 PARASITISME. milles voisines, les orobanchées et les rhinanthacées, toutes deux parasites sur les racines, mais attaquant principalement la première des dicotylédones douées d’une grande puissance d'absorption dans l'atmosphère , la seconde des monocoty- lédones dépendant plus du sol que de l’acide carbonique de l’air. Les premières parasites manquent de feuilles, les autres en sont pourvues. Cette distinclion des parasites selon leur station dans l'air ou sur les racines est une première indication relative à leur distribution géographique. À mesure que l’on s’enfonce dans les pays froids, la vie devient souterraine , comme nous l’a- vons déjà dit ; si, au contraire, on se dirige vers l’équateur, l’existence est tout aérienne. Ainsi le parasitisme doit s’af- faiblir vers les pôles et augmenter vers la zone torride. Le parasitisme aérien doit dominer dans les pays chauds et dis- paraître dans les régions du nord. Le parasitisme souter- rain est le seul qui puisse se soutenir dans les climats froids ; c’est celui qui domine dans les zones tempérées. Voici la liste des parasites du plateau central : Aériennes. 1°. Parasite feuillée : Viscum album. 20, Parasites aériennes non feuillées : Cuscuta europæa, C. Epithymum, C. Epilinum. Soulerraines. 3°. Parasites souterraines non feuillées : Monotropa hypopitys. Orobanche cruenta, O. Rapum, O. procerä, O. Epithymum, O. Gal, O. amethystea, O. mi- nor, O. Hederæ, O. cærulescens, O. cærulea, O. arenaria, O. ramosa. Lathræa squammaria, L. clandestina, Neottia nidus avis. DISPERSION DES PARASITES. 238 4°, Parasites souterraines feuillées : Melampyrum cristatum, M. arvense, M. nemorosum, M. pratense, M. sylvaticum. Pedicularis sylvatica, P. palustris, P. comosa, P. foliosa, P,. verticillata. Rhinanthus minor, R. major, R. Alectorolophus. Bartzia alpina, Euphrasia of- fiinalis, E. minima , E. odontites, E. serotina, E. lutea. Thesium humifusum, T. pratense, T. alpinum. Cette liste de parasites s’élève au chiffre de 42. Il est très-remarquable qu'il n’y ait, sur ce nombre, qu’une seule monocotylédone , le Neottia nidus avis ; il est plus remar- quable encore de n’y voir aucune thalamiflore, 2 caliciflores seulement , 3 monochlamydées, et le nombre considérable de 36 corolliflores. Il serait bien intéressant de rechercher si , dans les flores équatoriales, les parasites appartiennent aussi plus spéciale- ment à cette grande classe de végétaux. Cette observation vient , du reste , appuyer des considé- rations de succession dans l'ordre d’apparition des végétaux, considérations déjà émises dans le cours de notre travail. Nous avons considéré les corolliflores comme ayant paru les dernières sur la terre, et les parasites viennent donner une espèce de sanction à cette hypothèse. Ces plantes doivent nécessairement avoir été créées après celles qui devaient les nourrir. Or, les parasites sont corolliflores et vivent princi- palement sur les plantes autres que les corolliflores, atta- quant de préférence les espèces arborescentes, ligneuses ou vivaces plutôt que les plantes annuelles , que nous croyons aussi plus récentes que celles qui sont complétement ag- grégées. C'est ici surtout qu'il faut distinguer avec soin les vérita- bles des fausses parasites. Ces nombreuses tribus d’orchidées, d’aroïdées, de broméliacées, qui encombrent les forêts tropr- 234 PARASITISME. cales ne demandent qu'un appui ou un piédestal aux ar- bres de ces forêts , et ne puisent pas leur sève dans leurs tis- sus, comme les Loranthus et les Raflesia. Le nombre des parasites indiqué par M. Boissier pour le royaume de Grenade est seulement de 22, toutes dicotylé- dones. En Laponie , il n’y en a que 12, dont presque toutes appartiennent aux parasites feuillées et sur racines , et dont une seule monocotylédone. Ainsi, la diminution des parasites vers le nord de l’Eu- rope se manifeste d’une manière très-visible. Le même fait se présente pour le midi de l'Espagne, à cause de la pauvreté de ces montagnes en rhinanthacées. C’est en Allemagne , dans les Alpes suisses, dans les Pyrénées et aussi sur le pla- teau central de la France que les parasites atteignent leur plus forte proportion ; mais cela tient encore , comme nous venons de le dire, aux rhinanthacées et aux orobanchées, et notamment au genre Pedicularis, qui, à lui seul, in- fluence la proportion des parasites dans toute l'Europe. Des recherches sur la distribution géographique des vrais para- sites ne deviendraient réellement très-importantes que si elles avaient lieu sous la zone torride ou sous des climats assez chauds pour que la végétation aérienne puisse y acquérir tout son développement. Un caractère qui doit encore nous faire supposer que les plantes parasites sont arrivées les dernières , c’est qu’elles sont plus abondantes dans les stations sèches que dans celles qui sont humides ; elles ne se rencontrent pas dans les marais et rarement sur le bord des eaux. Il faut cependant excepter le Lathrœæa clandestina, commun le long des ruisseaux, peut- être à cause de la prédilection que montrent les saules et les peupliers pour ces localités. I faut excepter encore quelques Pedicularis et surtout le P. palustris, qui cherche les marais DISPERSION DES PARASITES. 239 et les sols tourbeux sur lesquels vivent plusieurs espèces de graminées. Les parasites semblent être assez indifférents à l'altitude ; cependant les orobanchées restent confinées dans les plai- nes ; les cuscutes et les Cytinus s'élèvent peu. On voit le Viscum album naître à l’état sauvage sur les sapins qui occu- pent les vallées basses; mais les rhinanthacées peuvent at- teindre les pâturages alpins des montagnes : c’est là surtout que l’on rencontre les Pedicularis, les Bartsia, et de même . ces rhinanthacées sont, parmi ces plantes, celles qui s’a- vancent le plus vers les pôles. Quant à la durée de ces végétaux, si, sous la zone tor- ride , il existe un grand nombre de parasites Jigneuses , on les voit diminuer rapidement en nombre à mesure que l’on s'éloigne de cette zone privilégiée. En Europe , il n’y a que % ou 5 parasites ligneuses. Les vivaces n’existent aussi qu’en petit nombre, surtout dans les montagnes , et enfin les es- pèces annuelles sont dominantes puisqu'elles comprennent les cuscutes, une partie des orobanchées et toute la famille des rhinanthacées, à l’exclusion des pédiculaires. 236 PLANTES À FEUILLES ÉPAISSES CHAPITRE XXXIV. PLANTES A FEUILLES ÉPAISSES OU CHARNUES. Liste des plantes grasses du plateau central de la France. Portulaca oleracea. Sedum maximum, S. Telephium, S. Fabaria, S. Anacampseros, S. Cepæa, S. rubens, S. villosum, S. hirsutum, S. album, S. dasyphyllum, S. brevifolium, S. repens, $. acre, S. reflexum, S.anopetalum, S. altissimum, S. amplexicaule, S. elegans. Sempervivum tectorum, S. arvernense , S. arachnoïdeum. Umbilicus pendulinus. Saxi- fraga Aizoon. Viscum album ? Cette liste de plantes grasses se réduit à 25 espèces, dont 4 monocarpiennes seulement, 20 vivaces et une seule arbo- rescente et parasite. Toutes appartiennent à la classe des dicotylédones. Comparées au total des espèces de notre flore, les plantes grasses s’y trouvent dans le rapport de 1 : 72, ce qui est une proportion assez notable pour une ré- gion aussi tempérée. Dans les pays chauds, le nombre pro- portionnel de ces plantes augmente beaucoup par l’adjonc- tion de genres particuliers à peine ou nullement représentés en Europe. Ainsi les cactées, les euphorbiacées, les Mesem- brianthemum , les Cacalia, les Rochea , et une foule d’au- tres abondeut dans les régions tropicales et disparaissent dans nos climats. À mesure que l’on avance vers le nord , le nombre de plantes grasses diminue, en sorte qu’on peut OU CHARNUES. 237 considérer leur fréquence comme le signe d’une flore méri- dionale. Dans la liste que nous venons de donner, nous n'avons inséré que des plantes à feuilles ou à tiges suffisamment épaisses et charnues pour être considérées sans hésitation comme plantes grasses. Il en est beaucoup d’autres qui ont de la tendance vers cet état, et l’on ne sait véritablement où doit se trouver la limite. Nous n'avons rangé aucune monocotylédone dans cette série, mais cependant plusieurs d’entr’elles s’en rapprochent par l'épaisseur de leurs feuilles et les difficultés que l'on éprouve à les dessécher. Telles sont : Galanthus nivalis, les Narcissus, Tulipa sylvestris, Erithronium dens canis, Li- hum Martagon , Scilla Lilio-Hyacinthus , les Allium, les Ornithogalum et la plupart des hliacées, presque toutes les orchidées, qui se dessèchent si difficilement, les Convallaria et quelques asparaginées. Les Triglochin et le Colchicum autumnale ont aussi des feuilles épaisses, qui rappellent les plantes grasses. Il en est de même des Sa/sola, des Statice, du Glaux maritima , de plusieurs Chenopodium et Atriplex et, en général, de toutes les plantes qui végètent autour des eaux salées ou même sur les décombres et près des lieux habités. On reconnaît dans toutes une tendance à l’épaissis- sement des feuilles, et l’on y voit l’action des sels qui don- nent à ces organes plus de vitalité et une plus grande puis- sance de décomposition pour l’acide carbonique. Divers Plantago et surtout les P. maritima , P. major, P. serpentina , P. alpina et le Luttorella lacustris, se trou- vent dans le même cas. Plusieurs espèces à feuilles glauques pourraient aussi en- trer dans cette catégorie ou du moins en approcher ; telles sont Calendula arvensis, Gentiana lutea , divers Chrysan- 238 PLANTES A FEUILLES ÉPAISSES themum et surtout le C. cebennense etle C. segetum, le Cen- thranthus ruber et le Rumex scutatus. Les euphorbes, qui, comme nous l’avons déjà dit, devien- nent de véritables plantes grasses dans les régions chaudes du globe, commencent déjà à offrir ce caractère dans la partie méridionale de notre circonscription, où l’on rencontre les E. serrata, E. Characias , E. portlandica, et quelques au- tres. Plusieurs saxifrages , ayant des feuilles moins épaisses que le S. Aizoon, sont encore un peu charnus , comme les S. tridactilites, $. granulata, S. cuneifolia, S. Clusui. D'autres espèces, qui croissent dans les endroits humides, sur le bord ou même au milieu des eaux , semblent encore appartenir aux plantes grasses ; telles sont les Mont et le Ranunculus hederaceus, dont le pied est constamment ar- rosé ; les Saxifraga rotundifolia et S. stellaris, qui nais- sent sur le bord des fontaines ; les Pinguicula, qui tapissent les marécages et les rochers mouillés des montagnes, et jusqu'aux Nymphœa, dont les belles feuilles lustrées restent immaculées à la surface des eaux. Mais un fait bien remarquable dans les montagnes et dans les régions du nord, c’est la station aquatique des plan- tes grasses. Les espèces à feuilles succulentes, communes dans les pays chauds, y vivent sans eau, dans les terrains les plus secs, sur les sables ou les roches arides. Dans les régions tempérées, les plantes grasses sont peu nombreuses ; elles ne sont ja- mais aquatiques, mais vivent, comme dans les pays chauds, sur les rochers et dans les lieux sablonneux. Dans le nord et dans les hautes montagnes, les plantes à feuilles succulentes se montrent de nouveau et deviennent sociales, s'étendant sur des espaces assez considérables ; OU CHARNUES. 239 mais elles sont aquatiques ou plutôt arrosées par l’eau froide. Ainsi le Stratiotes aloides, le Sedum villosum , le Rhadiola rosea , la plupart des Saxifraga , sont baignés par des eaux froides et ne vivent, dans le nord, que sous ces conditions. Les plantes grasses pourraient être considérées comme des espèces aquatiques ; celles des pays chauds, plongées dans une atmosphère saturée d'humidité , l’absorberaient par leurs feuilles , et celles des pays froids ou des régions mari- times puiseraient l’eau par leurs racines. La plupart des parasites pourraient aussi être assimilées aux plantes grasses, car elles sont épaisses et charnues ; mais elles en diffèrent physiologiquement par l’inertie de leurs feuilles, dont les fonctions paraissent opposées à celles des feuilles charnues. Les Orobanche, les Lathræa , les Hy- popithys viendraient donc compliquer encore cette longue série que nous venons d’énumérer. Si nous ajoutions toutes ces espèces à la liste que nous avons donnée, on voit que la proportion des plantes grasses deviendrait considérable. Ces plantes jouent un rôle très-important dans la physi- que du globe. Dans les pays chauds, elles préparent les sols les plus arides à recevoir d’autres végétaux. Vivant dans l'air, y puisant, pour ainsi dire , toute leur subsistance, les plantes grasses habitent des lieux où d’autres espèces ne pourraient végéter. Leur véritable, et nous pourrions pres- que dire leur unique station, est sur les rochers. Si les lichens et les mousses, qui sont ordinairement les premières plantes qui atteignent les rochers nus , n’y trouvent pas l'humidité nécessaire ou y éprouvent une trop forte chaleur, ce sont des plantes charnues qui s’y établissent et y bravent les feux du soleil. Ce sont elles qui préparent le premier terreau sur lequel d’autres végétaux peuvent ensuite prospérer. 240 PLANTES À FEUILLES ÉPAISSES Nous avons vu de vastes espaces , couverts de scories et de pouzzolanes volcaniques , disparaître sous les fleurs do- rées du Sedum acre ou sous les gazons rougissants du Sedum album ; nous avons vu des Sempervivum s'emparer, en plein soleil, des porphyres les plus durs , sur lesquels les li- chens eux-mêmes n’avaient osé s’aventurer. Ailleurs, le Saæifraga Aizoon se cramponne aux trachytes , et l’'Umbi- licus pendulinus , se mêlant au Sedum maximum , attaque les basaltes les plus compactes et les couvre de fleurs. Ainsi agissent les Cactus dans les régions équinoxiales du Nouveau-Monde, où des sables arides ne peuvent nourrir d'autres végétaux. Ainsi se montrent le Sempervivum ca- nariense , joubarbe arborescente , le Cacalia canariensis et un euphorbe charnu sans feuilles ‘£uphorbia canariensis), qui déjà, à Ténériffe, impriment au paysage leur physionomie africaine. Si nous étendons nos observations jusqu'aux espèces que nous avons citées, sans les porter sur notre liste, et que l’on pourrait appeler les espèces supplémentaires des plantes grasses , nous remarquons que la plupart d’entr'elles diffè- rent des premières par une station absolument opposée ; elles cherchent l’eau, quelquefois l'ombre et l'humidité. Déjà le Sedum villosum suit le cours des ruisseaux, déjà le Sedum Cepæa se cache à l'ombre des buissons ; des sax fra- ges et des Pinguicula , les Monti et le Ranunculus hedera- ceus restent baignés par des eaux vives , et un grand nom- bre de plantes des bords de la mer ou des eaux salées of- frent aussi des feuilles très-épaisses. Deux stations , celle des rochers et la station aquatique , nous donnent presque toutes les plantes grasses. Les parasites, qui sont presque toutes charnues, comme les Orobanche , les Lathræa , les Hypopithys et les orchidées OU CHARNUES. 241 parasites, le guy lui-même, jouent aussi un rôle très-impor- tant dans la végétation d’une contrée. Quelques-unes de ces plantes, comme les Sedum et les Sempervivum, sont sociales , couvrent de grands espaces et contribuent beaucoup, par leur aspect, à la physionomie particulière de la contrée qu’elles habitent. Ceux qui ont voyagé dans les régions chaudes de la terre savent quelle impression produit instantanément la vue de groupes nom- breux d’Agave, d'Euphorbes ou de Cactus. A la suite de ces plantes grasses, qui conservent leur verdure pendant toute l’année, nous pourrions ajouter la liste des espèces toujours vertes , qui ont quelques rapports avec elles. Déjà nous avons indiqué, parmi les arbres et les arbrisseaux, ceux dont les feuilles persistent pendant les hi- vers. Nous aurions à y ajouter les pervenches, Vinca mi- nor et V. major, les Callitriche, dont l’eau de source con- serve la fraîcheur pendant la saison des frimas. Les Erica et le Calluna vulgaris conservent leur feuil- les pendant tout l'hiver, mais ces feuilles rougissent et prennent un aspect sombre , comme celles de plusieurs ar- bres qui gardent aussi les leurs. Enfin , il en est d’autres où les tiges toujours vertes remplissent, pour ainsi dire, les fonctions des organes foliacés. Divers genêts se trouvent dans ce cas, et notamment le Sarothamnus vulgaris , dont les rameaux restent verts malgré le froid. C’est comme si une membrane foliacée en recouvrait toutes les branches. Les Ephedra et diverses plantes grasses offrent les mêmes caractères. 16 242 PLANTES DÉBILES. Re : E——————_ CHAPITRE XXXV. DES PLANTES DÉBILES VOLUBLES , RAMPANTES, etc. Un grand nombre de plantes ont des tiges tellement faï- bles, qu’elles ne peuvent se soutenir, et toutes ces espèces traineraient sur le sol en rampant , si plusieurs d’entr’elles n'avaient des moyens de s'élever en s’appuyant, en s’ac- crochant ou en s’enroulant sur les corps voisins. On peut donc ranger les plantes à tiges débiles en plusieurs sections, d’a- près les mœurs qu’elles nous présentent. On peut les distin- guer en espèces volubles, espèces munies de vrilles, espèces appliquées, espèces enlaçantes , espèces rampantes, espèces nageantes. $ 1. PLANTES VOLUBLES. Celles qui paraissent plus spécialement appelées à Jouer le rôle de plantes grimpantes ont la tige voluble, c'est-à- dire que c’est la tige elle-même qui s’enroule autour des COrps VOISINS. D'après Palm, cité par de Candolle , 1l y aurait, parmi les plantes connues, 600 espèces volubles , rangées dans 34 familles. Il indique 168 espèces ligneuses , 122 herbes vivaces et 98 annuelles. Ces trois chiffres ne font pas 600. On sait depuis très-longtemps que les tiges volubles tour- nent toutes dans des directions déterminées, les unes de droite à gauche, les autres de gauche à droite. PLANTES VOLUBLES. 243 Voici, d'après Palin, les genres qui appartiennent à Ja première série de droite à gauche : Cocculus, Menispermum, Dolichos, Nissolia, Abrus, Cli- toria, Cuscuta, Convolvulus, Ipomæa, Calystegia, Thunber- gia, Passiflora, Asclepias, Cynanchum , Momordica , Banis- teria , Tragia , ce qui correspond aux familles suivantes : Ménispermées, Légumineuses, Convolvulacées, Achanta- cées, Passiflorées, Apocinées, Cucurbitacées, Malpighiacées et Euphorbiacées. La seconde série est composée de celles qui tournent de gauche à droite. Ce sont les genres : Calyptrion, Lonicera, Basella, Tamus, Polygonum, Hu- mulus, Morinda, Ugena , Dioscorea et Rajania, ou les fa- milles : Violariées, Capnifoliacées, Chénopodées, Polygonées, Urticées, Rubiacées, Dioscorées, Smilacées, Fougères. On remarque sur cette liste, dit de Candolle, que la pre- mière série est toute composée de dicotylédones , et que la seconde admet aussi des monocotylédones ; que les espèces de dicotylédones volubles à droite sont plus nombreuses dans leurs familles respectives, si on les compare aux espèces vo- lubles à gauche. Il est, du reste, très-remarquable que toutes les espèces volubles du même genre et probablement de la même famille suivent la même direction. Nous n'avons, dans notre flore, qu’un très-petit nombre d’espèces réellement volubles ; nous citerons dans la pre- mière série, c’est-à-dire tournant de droite à gauche : Corydalis claviculata , Cuscuta europæa, C. major, C. Epilinum, Convolvulus arvensis, C. sepium. Dans la seconde série, c’est-à-dire tournant de gauche à à droite , se trouvent : Lonicera Periclimenum, HumulusLupulus , Polygonum « 24 PLANTES DÉBILES. Convolvulus , P. dumetorum , Smilax aspera , Tamus com- munis, C’est, comme on le voit, à peu près le même nombre de part et d’autre , et ces plantes volubles sont au total de la phanérogamie du plateau central, comme le rapport pres- qu'insignifiant de { à 138. La question de durée en annuelles, vivaces ou ligneuses ne peut donner lieu à aucune application et n’a pas d'im- portance. $ 2. PLANTES MUNIES DE VRILLES. Pour les plantes munies de vrilles, et qui, par ce moyen, soutiennent leurs tiges sans les enrouler , il y en aurait en tout, d’après Palm , 500 espèces. Elles se rangeraient dans 17 familles; 169 seraient à tiges ligneuses, 83 seraient des herbes vivaces et 117 seraient annuelles, ce qui ne donne pas non plus le chiffre de 500, Palm ayant probablement conservé des doutes sur la durée des autres. Nous avons aussi bon nombre de plantes à vrilles, ce sont les genres : Lathyrus, 4 espèces vivaces. ee 1 — annuelles. Vicia , 3 — vivaces. — $S — annuelles. Ervum, D — annuelles. Vitis vinifera, 1 — ligneuse. Bryonia dioica, {1 — vivace. Ce qui nous donne un total de 29 espèces seulement, dont 20 espèces monocarpiennes , 8 vivaces et une seule ligneuse, encore celle-ci, qui est la vigne , ne se trouve à PLANTES MUNIES DE VRILLES. 245 l’état sauvage que dans la partie méridionale de notre terri- toire, et nous indique que les espèces ligneuses munies de vrilles appartiennent aux régions chaudes du globe, comme les espèces ligneuses volubles. La forte proportion des es- pèces annuelles , qui appartiennent toutes à la famille des légumineuses, est encore un signe de flore méridionale, non- seulement parce qu'elles font partie du groupe des légumi- neuses , mais encore parce que , dans le nord, il y a peu de plantes munies de vrilles. Aucune de ces 29 espèces n’ap- partient à notre région montagneuse, à peine si deux ou trois d’entr’elles s’y élèvent accidentellement , sans jamais atteindre une grande altitude. Les plantes munies de vrilles étant débiles et délicates, elles ne supporteraient pas les brusques variations atmosphériques des montagnes ; elles ont besoin à la fois de supports et d’abris. « Les vrilles de ces plantes, dit Dutrochet, se meuvent spontanément dans l’air dans divers sens, et si, dans ce mou- vement de translation, elles viennent à rencontrer un corps solide de peu de volume , elles l’enveloppent de leurs replis et le saisissent. Les bras de l’hydre s’agitent de même dans l’eau , et s'ils rencontrent un corps qui y nage, ils l’enve- loppent de leurs replis et le saisissent pour le porter subsé- quemment à la bouche. A part cette dernière action, tout ne paraît-il pas semblable dans les mouvements des vrilles et dans ceux des bras de l’hydre ? Même sorte de perquisition et de tätonnement aveugle, même enroulement sur les corps fortuitement rencontrés, ce qui semble être, d’une part comme de l’autre, le résultat d’un toucher. Ces rappro- chements sont séduisants sans doute, mais la plus légère ré- flexion suffit pour faire apercevoir ici une différence tranchée entre l’animal et le végétal. Le premier a une volonté di- rectrice de ses mouvements, le second n’en a point ; le pre- 246 PLANTES DÉBILES. mier a des sensations, le second en est dépourvu. Tout est purement mécanique chez lui. C’est véritablement ici qu’il faut reconnaître l'existence de cet automatisme pur auquel Descartes a voulu vainement restreindre toutes les actions des bêtes. Ainsi les vrilles des végétaux possèdent la faculté de fuir la lumière , ce qui les détermine à se porter vers les corps solides et opaques, du côté desquels il leur arrive moins de lumière que de tous les autres côtés. Elles possè- dent la faculté d'opérer un mouvement révolutif qui, com- _biné avec celui par lequel elles fuient la lumière, les dirigent en sens varié dans l’air, où elles semblent chercher à l’aven- ture les corps solides auxquels elles doivent s’accrocher ; venant à rencontrer ces corps , elles agissent comme si elles sentaient leurs contacts qui les déterminent à s’y enrouler. Il est certain que tout cela est automatique ; il n’y a point là d'intelligence ni de volonté. Mais derrière cet être inin- telligent se trouve l'intelligence créatrice qui a établi les ad- mirables machines végétales qui exécutent ces mouvements automatiques , tous dirigés vers un but indiqué par les be- soins de la plante , intelligence qui n’a donné ces machines destinées à chercher les corps solides et à s’y accrocher qu’à des végétaux qui , en raison de la faiblesse de leurs longues tiges, ont besoin d’appuis pour pouvoir s’élever (1). » Les mouvements que les vrilles exécutent librement s’ac- célèrent le plus ordinairement quand elles viennent à tou- cher un corps sur lequel elles s’empressent de s’enrouler. Les curieuses expériences de M. le professeur Macaire, de Genève , sur les vrilles du Tamus vulgaris, montrent avec quelle rapidité ces organes saisissent l’occasion de s'attacher. (4) Compte-rendu hebd. des séances de l’académie des seiences , t. 47, n° 19 (6 novembre 4845), p. 1,007. PLANTES ATTACHÉES. 247 Ces vrilles sont d’abord droites, dit M. Macaire , et sortent de la tige perpendiculairement à celle-ci, ou ne forment qu'un angle presque droit avec la tige vers laquelle leur extrémité s'abaisse peu à peu. Lorsqu'on la touche avec un corps quelconque, sur un point de la surface assez rapproché de son extrémité, la vrille se contracte de dehors en dedans, forme d’abord un crochet , puis une boucle, lorsqu'elle est du côté du corps en contact, de manière à l’embrasser s'il n'est pas trop gros. Le nœud, d’abord très-lâche , se res- serre peu à peu, et finit par étreindre le corps étroitement s'il est arrondi. Après ce premier tour, la vrille continue de se contourner en spirale , même sans contact. Ce contour- nement est quelquefois si rapide, que M. Macaire dit avoir vu fréquemment trois nœuds se former sous ses yeux dans l’espace d’un quart-d’heure sur des morceaux de fil de fer, des branchages, un crayon et même le doigt. C’est toujours du même côté que la vrille s’enroule, et l'étude anatomique que M. Macaire a faite de son tissu n’a pu lui montrer rien de particulier dans son organisation. $ 3. PLANTES ATTACHÉES. Les plantes attachées , communes dans les pays chauds , sous la zone équinoxiale, sont représentées dans notre flore par une seule espèce de lierre, Hedera Helix, isolé en Eu- rope , et qui se rattache à de nombreuses espèces de l’hé- misphère austral et des îles du grand Océan. $ #. PLANTES ÆNLAÇANTES. Viennent ensuite les plantes enlaçantes, qui se glissent au milieu des autres et s'appuient sur leurs branches ou 248 PLANTES DÉBILES. leurs bifurcations. Elles croissent , en général, très-rapi- dement et représentent, dans nos climats, de nombreuses espèces qui existent dans les régions tropicales , où elles font partie des végétaux désignés sous le nom collectif de lianes. Le Clematis Vutalba, si commun dans notre région, est presque la seule plante qui puisse nous donner une idée de ces lianes non enroulantes. Le Solanum Dulcamara se com- porte à peu près de même , mais s'étend beaucoup moins. Une autre petite plante ligneuse , la liane des régions bo- réales, est le Vaccinium Oxicoccos. Les humbles Cenomice, qui croissent en groupes dans les marais, et les coussins des Sphagnum sont les végétaux sur lesquels elles promène ses rameaux délicats et qu’elle orne de ses fleurs purpurines. Des plantes herbacées jouent aussi le rôle de lianes en s'appuyant sur d’autres végétaux. Telles sont le Cucubalus bacciferus, qui couvre quelquefois d'énormes buissons ; le Stellaria graminea , espèce délicate qui ne demande qu’un faible appui ; le Coronilla varia, dénué de vrilles; et, parmi les plantes annuelles, quelques Fumaria, dont les tiges s’al- longent et viennent porter leurs fleurs au-dessus des haies et des buissons qui les protégent. $ 5. PLANTES RAMPANTES. Nous avons ensuite toute une série de plantes accrochan- tes, qui, non-seulement s’appuient sur d’autres végétaux , mais y restent, pour ainsi dire, suspendues par leur propre poids au moyen de pointes et d’aspérités. Dans cette catégorie viennent se ranger les Galium Apa- rine, G.tricorne, G. palustre, G. uliginosum, Rubia pe- regrina, R. tinctorum, plantes qui s’accrochent par des PLANTES RAMPANTES. 249 poils endurcis et courbés en aiguillons ; d’autres, comme les Medicago apiculata et M. denticulata, tiennent aux chau- mes des moissons par les pointes ou les dents dont leurs fruits sont pourvus. A cette section des tiges débiles appartiennent le Rosa sempervirens et cette longue série de Rubus dont les aiguil- lons courbés couvrent les tiges et se montrent en quantité au-dessous des feuilles sur toutes les nervures qui les tra- versent. Plusieurs de ces Rubus restent suspendus dans les buissons les plus élevés , d’autres s’élèvant moins, rampent un peu, mais s’accrochent entr’eux ou enlacent de grandes plantes herbacées. Il reste encore un grand nombre d’espèces à tiges débiles, qui dédaignent de se donner des supports et laissent pendre ou trainer leurs rameaux. Nous voyons , sur les rochers et les vieux murs, les touffes pendantes de l’Antirrhinum Asa- rina, celles du Linaria cymbalaria, du Chrysosplenium op- positifolium, le long des fossés, les longs rameaux du Gle- choma hederacea. © D'autres, comme les Helianthemum Fumana, H. pro- cumbens , Saponaria ocymoides, Astrocarpus sesamoides , rampent sur les rochers et les graviers. Le sol des forêts est tapissé par le Vinca minor, le Lysi- machia nemorum. Les lieux humides et arrosés nous mon- trent les tiges filiformes et les fleurs délicates du Walenber- gia hederacea et de l’Anagallis tenella. Sur les bruyères rampe le Lycopodium clavatum , le Po- tentilla Tormentilla, et, dans les lieux humides ou maréca- geux , le Potentilla reptans, le Lysimachia Nummularia et le Veronica scutellata. Les Thesium alpinum, T. pratense et surtout T. humi- fusum , sont penchés ou appliqués sur le sol, comme les 250 PLANTES DÉBILES. Herniaria glabra, H. hirsuta , Portulaca oleracea et les Trifolium repens et T. fragiferum. Nous pourrions encore citer, parmi les espèces à tiges faibles , rampantes et à peine dressées : Lotus corniculatus, Astragalus glycyphyllos, Hippocrepis comosa, Goodiera repens, Cynodon dactylon, Convolvulus lineatus. y a, du reste, une foule de nuances imperceptibles entre ces tiges entièrement faibles et celles qui peuvent se soutenir d’elles-mêmes droites ou inclinées. M. Thurmann qui a examiné avec soin toutes les faces de la question de l'influence du sol sur les plantes, pense que les espèces peuvent contraster encore de différentes maniè- res. Ainsi, au point de vue du développement des feuilles, il reconnaît que les terrains compactes et secs offrent en majorité les espèces à feuilles radicales et à tiges peu déve- loppées , tandis qu’au contraire les sols désagrégés et frais se couvrent d’un tapis végétal plus touffu, plus dense et plus élevé. Une autre conséquence déduite par ce savant dans le contraste des terrains , c’est la différence de débilité ou de verticalité des tiges. Cette position dressée ou plus ou moins inclinée de l’axe est en rapport avec la direction des racines. Celles-ci étant plus traçantes et moins profondes sur les sols compactes, il doit en résulter dans ces conditions une plus grande proportion de plantes à tiges couchées, rampantes ou inclinées. Enfin, partant toujours de ce principe de similitude plus ou moins grande et de rapports constants entre les racines et les tiges, M. Thurmann établit encore que, sur les sols frais et désagrégés , où les racines peuvent pénétrer et se ramifier à leur aise , les plantes doivent être plus buisson- neuses qu’elles ne le sont sur les sols secs et compactes. DISTRIBUTION GEGGRAPHIQUE. 251 Toutes ces observations sont exactes , et il suffit d’un coup d’æil jeté dans notre contrée, sur le sol des ‘champs humides et sablonneux et sur les causses compactes qui en- tourent le plateau central, pour reconnaître d’un côté la pré- dominance des plantes dressées , feuillées, rameuses et éle- vées , et de l’autre une végétation composée d'espèces tra- çantes, couchées, inclinées , peu feuillées et souvent peu ra- mifiées. $ 6. PLANTES NAGEANTES. Nous terminerons en faisant remarquer qu'il existe une longue série de plantes à tiges débiles où cet état de choses est compensé par le milieu qu’elles habitent ; ce sont les plantes aquatiques. L’eau , beaucoup plus dense que l'air, soutient facilement leurs rameaux, et d’ailleurs des flotteurs, placés sur des organes divers, tendent à leur donner le de- gré de légèreté nécessaire pour se dresser dans un liquide. Ç 7. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES PLANTES VOLUBLES, DÉBILES, ETC. Nous nous sommes un peu étendu sur la débilité des ti- ges. Si ces études n’ont qu’une faible importance aux yeux de la botanique descriptive, elles en ont une assez grande au point de vue de la distribution des végétaux sur la terre. Le nombre des plantes qui peuvent croître simultanément sur un espace donné, dépend quelquefois entièrement de l'organe principal qui sert à distancer leurs parties. ; Les plantes grimpantes , attachées , enlaçantes, ligneuses ou herbacées contribuent surtout à l’aspect du paysage. Elles se font toujours remarquer par le pittoresque qu’elles impriment aux localités où on les trouve. Le sol d’une forêt 252 PLANTES DÉBILES. est changé par un tapis de pervenches; un rocher est décore par les touffes pendantesde lAntirrhinum Asarina; des bos- quets sont transformés en berceaux par les tiges flexibles de la clématite ou les tiges volubles du houblon. Des haies et des buissons deviennent impénétrables par les tiges acerochantes du Galium Aparine et les tiges enroulantes ou épineuses des Smilax et des Tamus. Quand ces plantes, que l’on pourrait nommer en général obstruantes, vivent en société , ce qui leur arrive fréquem- ment, elles peuvent modifier complétement une contrée, et elles ont toujours une importance réelle dans toutes les re- cherches de la géographie botanique. Dans les contrées les plus chaudes de la terre, les plantes dont nous parlons dans ce chapitre acquièrent un très-grand développement. « Ce sont principalement les lianes , dit Auguste de Saint-Hilaire, qui communiquent aux forêts les beautés les plus pittoresques ; ce sont elles qui produisent les accidents les plus variés. Ces végétaux, dont nos chèvre- feuilles et nos lierres ne donnent qu’une bien faible idée, appartiennent, comme les grands végétaux, à une foule de familles différentes. Ce sont des bignonées , des Bauhinia, des Cissus , des hypocratées , etc. ; et si toutes ont besoin d’un appui, chacune a pourtant un port qui lui est propre. A une hauteur prodigieuse , une aroïde parasite , appelée Cipo d’imbé, ceint le tronc des plus grands arbres; les marques des feuilles anciennes , qui se dessinent sur sa tige en forme de losange, la font ressembler à la peau d’un ser- pent ; cette tige donne naissance à des feuilles larges , d’un vert luisant , et de sa partie inférieure naissent des racines grêles qui descendent jusqu’à terre , droites comme un fil à plomb. L'arbre qui porte le nom de Cipo matador, ou la lhane meurtrière , a un tronc aussi droit que celui de nos DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 253 peupliers ; mais, trop grêle pour se soutenir isolément , il trouve un support dans un arbre voisin plus robuste que lui ; il se presse contre sa tige à l’aide de racines aériennes qui, par intervalles, enchâssent celle-ci comme des osiers flexibles ; il s'assure et peut défier les ouragans les plus ter- ribles. Quelques lianes ressemblent à des rubans ondulés ; d’autres se tordent ou décrivent de larges spirales ; elles pen- dent en festons , serpentent entre les arbres , s’élancent de l’un à l’autre, les enlacent et forment des masses de bran- chages, de feuilles et de fleurs, où l’observateur a souvent peine à rendre à chaque végétal ce qui lui appartient (1). » € Dans les régions les plus chaudes de l'Amérique mé- ridionale se trouvent les Paullinia , les Banisteria, les Bi- gnonia. Notre houblon sarmenteux et nos vignes peuvent nous donner une idée de l’élégance des formes de ces grou- pes. Sur les bords de l’Orénoque, des branches sans feuilles du Bauhinia ont souvent 40 pieds de long. Quelquefois elles tombent perpendiculairement de la cime élevée des acajous (Swietenia), quelquefois elles sont tendues en dia- gonale d’un arbre à l’autre, comme les cordages d’un navire. Les chats-tigres y grimpent et y descendent avec une adresse admirable (2). » L’Asie a, comme l’Amérique et toutes les parties chau- des du globe, ses plantes à rameaux débiles et indéfinis, qui demandent aux arbres des forêts de les soutenir et de les protéger. À une élévation de 1,000 mètres environ dans l'Himalaya, M. Hooker cite une végétation admirable, qui doit en partie sa beauté à des plantes grimpantes. « Les (4) Aug. de St-Hilaire, Essai sur la végétation primitive de la province de Minas-Geraes, p. 20. (2) Humboldt, Tableaux de la nature , t. 2, p. 45. 254 PLANTES DÉBILES. arbres y sont gigantesques, et leurs troncs , enlacés de gran- des lianes , telles que des Bauhinia ou des Robinia , sont revêtus d’orchidées épihytes , de Pothos , de poivriers, de Gnetum, de vignes, de Convolvulus et de Bignonia. » » On pourraitdifficilement concevoir, dit encore le docteur Hooker, quelque chose de plus grandiose que cette végéta- tion de l'Himalaya à la hauteur de 15 à 1,600 mètres. Les troncs des arbres élevés disparaissent quelquefois sous les fleurs des épiphytes qui y prennent naissance. Quelques-uns des plus âgés ne sont plus, pour ainsi dire, que des faisceaux de lianes entrelacées ; ce sont des araliacées, des légumi- neuses, des vignes, des ménispermées, des Hydrangea, des poivriers , dont les rameaux circonscrivent un creux occupé jadis par l’arbre auquel leur étreinte a donné une mort pré- coce. Du sommet et de tous côtés de ces piliers végétants pendent des branches flexibles , tantôt feuillées , d’autres fois nues, jetées comme des cäbles d’un arbre à un autre, et balançant à la brise de grands bouquets de fougères ou d’orchidées perchées sur leurs anses élevées. Des mousses pendantes et des lichens se rencontraient aussi en profusion dans cette forêt, que nourrit une humidité perpétuelle (1). » Un grand nombre de Bauhinia sont sarmenteux. Jac- quemont cite au pied de l'Himalaya, le Bauhinia racemosa. « C’est, dit-il, un arbrisseau sarmenteux, dont le feuillage » est magnifique, et qui remplit ici les vides de l'hiver. Ses » tiges, semblables à des câbles flexibles, s’élancent sur » les arbres , se projettent de l’un à l’autre, s’enlacent » autour de leurs rameaux, et donnent souvent à une » souche pourrie l’apparence de la vie et de la fraîcheur. (4) Hooker, Journal d’un voyage dans l'Himalaya. Bulletin de la société botanique de France , t. 4, p. 449 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 295 » Sur la lisière des bois, on le voit pendre en festons su- » perbes (1). » | Tel est le lierre dans nos climats , où ses guirlandes ca- chent souvent la décrépitude des vieux troncs qui lui ont servi d'appui, et que l’on voit ramper sur les noirs rochers de nos volcans. Il est curieux de voir aussi une campanulacée , le Cam- panumæa lanceolata, originaire de la Chine ou du Japon, étendre ses tiges volubles et montrer des corolles panachées, qui rappellent les fleurs des Periploca, des Stapelia, et les couleurs ternies des Hyosciamus et des aristoloches. Dans le centre de l’Afrique, en Nigritie et dans toute la partie équatoriale de ce grand continent, les lianes sont ex- trêmement communes ; elles obstruent partout le passage, soit en laissant traîner sur la terre leurs troncs rampants, soit en tendant, comme d’énormes câbles , leurs branches de la cime d’un arbre sur un autre qui en est voisin. Dans toute la zone équatoriale elles ont le même aspect. Dans l’Abyssinie, bien moins chaude que la Nigritie, les plantes volubles ou enlaçantes sont au total des phanéroga- mes dans le rapport de........ Mere NEA NS Dans le royaume de Grenade............ 1 : 30 Suniciplateaucentral "tn. crc 1:45 46 En Laponie. . RE Ja x01 On voit avec ae us la décroissance a lieu. Nous n'avons pris ici, pour établir nos proportions, que le total des espèces réellement volubles par leurs tiges et des espèces à vrilles. Or, il faut remarquer que les espèces volubles diminuent de fréquence dans les pays froids. En Laponie, (4) Jacquemont , Journal , t. 2, p. 8. 256 PLANTES DÉBILES. iln’yen a plus qu’une, le Polygonum Convolvulus ; les au- tres sont des légumineuses à vrilles. Les plantes volubles ligneuses, qui constituent le groupe désigné dans les descriptions pittoresques sous le nom collectif de lianes, diminuent très-rapidement vers le nord. Il n’y en a presque plus déjà sur le plateau central, et elles manquent totalement en Laponie. Enfin, les monocotylédones volu- bles ou à vrilles , du reste bien moins fréquentes que les di- cotylédones, et offrant le même caractère, appartiennent prin- cipalement aux pays chauds et s’effacent complétement des pays froids. Le Tamus vulgaris est l’espèce qui s’avance le plus vers le nord. Toujours, comme on le voit, il y a rela- tion exacte entre l'habitation aérienne et la température. PLANTES ÉPINEUSES. 257 CHAPITRE XXXVI. DES PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. $ 1. PLANTES ÉPINEUSES OU AIGUILLONNÉES. Chaque contrée a ses priviléges. Les régions du nord sont presque dépourvues de ces végétaux armés, si communs dans les pays chauds, et qui rendent si difficile à parcourir une parlie des forêts et des broussailles de la zone torride et des zones tempérées qui s’en rapprochent. Les épines , les aiguillons, les piquants à venin, comme ceux des Mal- pighia, des Urtica, ctc., appartiennent surtout à certains points de la terre où les plantes volubles et aériennes ac- quièrent aussi leur plus haut degré de développement. L'Afrique septentrionale et le midi de l’Europe offrent en grande quantité ces plantes armées dont les piquants sont, comme on le sait, tantôt des rameaux endureis ou des sti- pules acérées, tantôt les nervures saillantes des feuilles ou les pointes des involucres et des bractées. En Afrique, le Ziziphus Lotus, très-social à cause de ses racines traçantes, l’Asparagus albus, le Rubus fruticosus et ses variétés ou espèces, et le Calycotome spinosa forment des fourrés inextricables. Il faut y ajouter le Rhus penta- phyllum, Desf., espèce remarquable , à feuilles digitées et à rameaux épineux, qui vient rendre plus difficile encore le parcours de ces régions buissonneuses. Levaillant rapporte qu'il tuait souvent dans l'Afrique méridionale une espèce de perroquet qui affectionne beau- D 2 258 PLANTES ARMÉES FT VÊTIUES. coup un buisson épineux , et souvent il lui était impossible de retirer les oiseaux tués du milieu des épines. « Les épines, dit-il, sont alternes à chaque œil, l’une supérieure droite, aiguë et longue, l’autre inférieure, également dangereuse, et courbée comme la griffe d’un oiseau de proie. En avançant la main dans le buisson, l’épine droite vous pique, en la retirant la courbe vous accroche et vous déchire (1). » Levaillant, qui était peu botaniste, veut peut-être parler d'un Berberis, mais un peu plus loin il parle du Mimosa nilotica et cite des épines mesurées par lui, qui avaient 16 pouces de longueur (2). Un grand nombre de sous-arbrisseaux et beaucoup d'’es- pèces non arborescentes du royaume de Grenade sont plus ou moins épineux ; les Genista , les carduacées couvrent de grands espaces et donnent à la végétation méridionale un aspect sec et désolé. On retrouve en Asie des steppes cou- verts de plantes analogues, ainsi que dans tous les lieux où les plantes sociales sont obligées de vivre sur un terrain sec. Les épines simples ou rameuses, les aiguillons plus ou moins forts et plus ou moins recourbés, les piquants de toute espèce sont donc encore l'apanage des pays chauds. Les espèces qui rentrent dans cette catégorie générale se montrent dans des proportions très-diverses et dans les rap- ports suivants : Abyssinie RMSRNANENRIE TENTE 4 Royaume de Grenade ............ 1 piton centrales MR SULTAN pie rase mo 7 rond (1) Levaillant, Second Voyage en Afrique, 1. 2, p. 464. (2) Idem, p.179. PLANTES ÉPINEUSES. 259 Les proportions décroissent assez rapidement vers le nord, et si nous avons pour le plateau central un chiffre aussi élevé, cela tient à une cause particuhère; c’est que, prenant pour base le catalogue que nous avons publié avec M. Lamotte, nous y avons placé un nombre de Rubus et de Rosa beau- coup plus considérable qu'on ne le fait ordinairement dans les flores. En séparant les espèces de Rubus généralement confondus sous les noms de R. fruticosus, R. cæsius, etc. , et en donnant aussi une valeur spécifique à plusieurs des formes du genre Rosa, nous avons obtenu le rapport 1 : 29 au lieu de celui { : 40 qui exprimerait notre végétation épi- neuse ou aiguillonnée si nous avions laissé les Rosa et les Rubus dans leurs limites ordinaires. Voici, du reste , la liste de nos plantes armées : Berberis vulgaris. Pahurus aculeatus. Genista anglica, G. Scorpius, G. hispanica. Ulex europæus, U. nanus. Ono- nis spinosa. Prunus spinosa, P. fruticans. Rubus cæsius, R. dumetorum, R. Godroni, R. glandulosus, R. hirtus, R. discolor, R. tomentosus, R. collinus, R. thyrsoideus , R. fruticosus , R. fastigiatus , R. idæus. Rosa pimpinellifolia , R. cinnamomea , R. rubrifolia, R. canina, R. collina, R. sepium, R. rubiginosa, R. fætida , R. tomentosa, R. pomi- fera, R. arvensis. Cratægus pyracantha, C. Oxyacantha, C.monogyna. Pyrus amygdaliformis. Ribes uva crispa. Echi- nops sphærocephalus, E. Ritro. Cirsium eriophorum, C. pa- lustre, C. ferox, C. lanceolatum, C. acaule, C. arvense. Sylbum marianum. Carduus pychnocephalus, C. tenuiflo- rus, C. crispus, G. vivariensis, C. nutans. Onopordon acan- thium. Carlina acanthifolia , C. Cynara , C. corymbosa, C. vulgaris, C. nebrodensis. Kenthrophyllum lanatum. Cen- taurea solstitialis, C. Calcitrapa. Scolymus hispanicus. Xan- 260 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. thium spinosum. Ilex Aquifolium. Smilax aspera. Ruscus aculeatus. Ces plantes ne sont réparties que dans un très-petit nom- bre de familles : Berbéridées, rhamnées, légumineuses, rosacées, grossulariées, cynarocéphales, ambrosiacées , aquifoliacées, asparaginées ; c’est-à-dire que deux groupes, les rosacées et les cynarocéphales, comprennent presque toutes nos espèces épineuses qui ne renferment aucune plante an- nuelle. Les caliciflores contiennent à elles seules ces végé- taux armés. À peine en trouvons-nous, sur le plateau central, quelques exemples dans les thalamiflores, les corolliflores et les monocotylédones. En Laponie, les sept espèces armées qui ont été consta- tées, sont trois rosacées et quatre cynarocéphales, et par con- séquent toutes caliciflores. C’est à peine s’il reste en Laponie quelques plantes pi- quantes. Deux espèces de Rosa sont munies d’aiguillons; les Rubus en sont dépourvus, et le framhoisier est la ronce la plus épineuse de ce pays. Enfin un Carduus et trois Cir- sium représentent les espèces à feuilles ou à involucres munis de piquants. Dans le royaume de Grenade où, au contraire, le nombre des plantes épincuses ou aiguillonnées est plus grand que sur le plateau central , les rosacées sont faiblement repré- sentées, mais remplacées par des légumineuses, en sorte que ce sont encore les caliciflores qui jouissent de la préro- gative des piquants. Enfin, en Abyssinie où les conditions de climat sont tout à fait changées, les végétaux épineux se divisent ainsi : Tha- lamiflores 8, caliciflores 63 , corolliflores 20, monochlamy- dées 5, et monocotylédones 5; total 101, sur lesquelles 81 sont des légumineuses. POILS ET GLANDES. 261 $ 2. DES POILS ET DES GLANDES. Comme une sorte de diminutif des piquants, nous de- vons encore faire mention des poils et des appendices qui recouvrent les diverses parties des plantes, depuis la pous- sière glauque qui se transforme en couche de cire dans le Ceroxilon andicola , jusqu’à la toison laineuse qui recouvre certains Verbascum, des Hieracium , des Filago et tant d’autres espèces , et même jusqu'aux poils endurcis et sy- métriquement disposés qui concourent à l’aspect original des cactées et des euphorbes charnus. Viennent maintenant les plantes munies de glandes à venin et de poils épineux et tubuleux, destinés à verser dans la plaie une liqueur vénéneuse analogue au poison contenu dans les vésicules dentaires de plusieurs ophidiens. Telles sont les Malpighia, Urtica, Loasa, etc. Le nombre de ces espèces va en diminuant, comme celui des reptiles veni- meux, du sud au nord, et l'Europe ne possède aussi que très-peu de ces plantes à venin. Elles ne sont même repré- sentées que par trois ou quatre espèces d’Urtica , dont une seule s’avance jusqu’en Laponie, mais en suivant la trace de l’homme à mesure qu'il établit ses huttes sauvages dans ces contrées froides et reculées. Un travail immense reste à faire sur les parties des plan- tes que l'on désigne sous le nom collectif de poils ou de glandes. Un magnifique spectacle attend le botaniste qui, l'œil armé d’un instrument d’une puissance moyenne, pren- dra la peine de parcourir les surfaces couvertes de ces nom- breux appendices. Les formes les plus curieuses et les plus admirables lui apparaîtront ; tantôt des ponctuations colo- rées ou de légères écailles, tantôt de longs poils, transparents 262 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. comme du cristal et souvent divisés par de légères articula- tions se montreront sur l’épiderme. Sur certaines parties des plantes il aperceyra une simple villosité, sur d’autres des poils rameux , dichotomes, pectinés, entrelacés, feutrés , et les mille formes diverses du même organe modifié. Ailleurs il verra la complication des poils et des glandes ; des boutons, des tubercules, des godets ou d’élégantes cupules lui montre- ront des nuances de pourpre ou de violet , le brillant de l’or ou les reflets de la nacre et de l'argent. L'éclat des pierres précieuses paraîtra dans la décomposition des rayons lumi- neux, au milieu des liqueurs contenues dans ces glandes, et l’imagination restera aussi étonnée devant l'aspect inattendu de ces organes imperceptibles, qu’elle peut l’être quand elle se figure les plus riches colorations. Nous avons pensé qu’une revue de nos plantes, faite dans le but d'apprécier leur mode de vestiture, pourrait avoir quelque intérêt et engagerait peut-être les botanistes à un semblable examen pour des espèces d’autres contrées situées à de grandes distances de la nôtre. Il existe des difficultés inhérentes à tous les sujets, et la première qui s’est présentée dès le début de nos recherches a été de séparer nettement ce que l’on doit entendre par plantes nues et plantes vêlues. Rien de plus différent que la physionomie des plantes selon les appendices dont elles sont vêtues. Les épithètes de pubescens , pilosa, tomentosa , lanuginosa , sericea, hir- suta, ciliata, indiquent des degrés différents de villosité qu'il est très-difficile de définir. Nous avons cru devoir considérer comme plantes vêtues celles dont les tiges et les feuilles sont sensiblement velues, sans nous attacher à quelques poils dis- séminés sur les feuilles ou à la villosité d'organes particu- POILS ET GLANDES. 263 liers, comme les calices , les filets des étamines , les grai- nes, etc. Il était d'autant plus nécessaire de n’admettre que les plantes réellement velues , que si nous eussions voulu agir d’une manière opposée, nous n’eussions rencontré aucune espèce dépourvue de poils. Presque toutes les jeunes feuilles et les jeunes pousses en sont chargées à leur naissance. Les poils tombent ou s’écartent tellement pendant le dévelop- pement des organes, qu’on ne les aperçoit plus. La même espèce, velue dans un terrain sec et stérile, paraît glabre ou presque glabre dans un sol gras et fertile, à cause du grand développement que prennent les organes, et les poils espacés alors sur une surface plus grande sont bien moins apparents. Il était donc nécessaire de nous borner aux plantes dont la villosité est bien sensible et ne laisse pas d’équivoque. Mais les poils sont souvent liés à d’autres organes désignés sous le nom de glandes, organes parfois stériles, ne pro- duisant rien, d’autres fois sécrétant des matières diverses. L'examen de ces glandes eût été aussi très-curieux, surtout en l’étendant aux glandes nectarifères qui existent dans les fleurs et qui jouent un rôle très-important, direct ou indi- rect , dans la fécondation, soit en lubréfiant les stig- mates, soit en offrant aux insectes un attrait assez puis- sant pour qu'ils viennent se charger de répandre et de trans- porter les poussières fécondantes. Malheureusement l'étude des glandes et des nectaires n’est pas assez avancée pour que nous puissions nous occuper avec fruit de la distribution géographique des espèces qui en sont pourvues. Enfin , les végétaux peuvent encore nous offrir, quoique privés d’appendices particuliers, des apparences tout à fait 264 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. différentes , selon l’aspect de leur feuillage , qui tantôt est lustré et luisant, tantôt bleuâtre et couvert d’une poussière particulière que l'on désigne sous le nom de glauque. C’est au moyen de ces variations dans les modes de ves- titure que des plantes dont le feuillage offre quelquefois les mêmes formes, paraissent si différentes dans le paysage, d'autant plus que la nature, pour varier encore les effets sans augmenter le nombre de ses moyens, peut placer sur la même feuille une surface glabre et lui opposer une surface velue, comme elle peut répandre aussi le glauque et un vernis lustré sur les faces contraires du même organe. Le velouté, le soyeux, le perlé, l’argenté ou les reflets plus ou moins métalliques que présentent les végétaux sont dus à ces organes , de même que dans les oiseaux et les mammifères les réflexions les plus éclatantes de la lumière tiennent aussi à la division extrême des poils et des plumes, et non à des surfaces lisses ou vivantes. De là une diversité infinie dont nous allons essayer de rendre compte pour nos espèces du plateau central, et nous rechercherons ensuite l'influence géographique des condi- tions extérieures sur ces caractères. En nous servant, dans ce titre ou dans le courant de ce chapitre , des mots de plantes armées et de plantes vétues , personne, pensons-nous , ne supposera que nous prenions ces expressions à la lettre. Malgré notre tendance à poé- tiser tout ce qui tient à la vie et aux mœurs des végétaux, nous ne regardons pas les épines comme destinées à les défendre , ni la villosité comme un tissu qui peut les mettre à l'abri des variations atmosphériques. Cela peut être, mais nous sommes loin d’en avoir la certitude. On nous permettra donc d'employer ces expressions sans y attacher un sens précis. LISTE RAISONNÉE. 265 $3. LISTE RAISONNÉE DES PLANTES VÊTUES ET DES PLANTES GLAUQUES DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. RENoNCULACÉES. Les anémones de la section des pulsa- tilles , et qui toutes paraissent au printemps, sont couvertes de longs poils blancs et soyeux , situés des deux côtés des feuilles, et leurs semences en sont également garnies. Les Ranunculus à fleurs jaunes ont aussi leurs feuilles garnies de villosité qui semble parfois feutrée , et devient lanugineuse, mais , en général, les renonculacées sont glabres. Le Ra- nunculus hederaceus à les feuilles luisantes, mais le glauque se développe, au contraire, dans l’Aquilegia, VIsopyrum et quelques Thalictrum. Espèces vélues. Anemone vernalis, À. Pulsatilla, À. mon- tana, À. alpina, Ranunculus Chærophyllos, R. monspelia- cus, R. acris, R. nemorosus, R. bulbosus. Espèces glauques. Thalictrum aquilegifolium. Isopyrum thalictroides. Aquilegia vulgaris. PAPAVÉRACÉES ET FUMARIACÉES. Il y a quelques poils disséminés sur plusieurs Papaver et sur les Chelidonium ; ce sont des poils coniques et articulés, mais aucune de ces plantes ne peut passer pour velue. Le glauque est commun dans ces deux familles; tout le monde a pu le remarquer sur les pavots de nos jardins. Il existe aussi sur les Fu- maria. Espèces glauques. Papaver dubium. Meconopsis cambrica. Glaucium luteum. Chelidonium majus. Corydalis solida, Fumaria Bastardi, F. officinalis, F. Vaillantu , F. par- viflora. | CrucirÈREs. Les plantes de cette famille nombreuse ne sont pas souvent velues ; quelques-unes ont les feuilles ciliées, 266 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. comme le Draba aizoides ; d’autres ont des poils assez rapprochés, comme Arabis alpina, A. hirsuta, etc. Le plus grand nombre est tomenteux, comme Alyssum calycinum , Lepidium campestre, etc. Ces poils, presque tous blancs, sont coniques ou en YŸ. Les plantes glauques sont très-com- munes parmi les crucifères , et quelques-unes d’entr’elles, comme nos choux ordinaires et les Crambe, offrent ce ca- ractère à un degré tres-développé. | Espèces vêtues. Arabis alpina, À. auriculata, A. Gerardi, A. murahs, A. Turrita, À. hirsuta. Erucastrum incanum. Alyssum calycinum , A. alpestre, A. spinosum , A. macro- carpum. Draba aizoides , D. muralis , D. verna. Biscutella lævigata, B. saxatilis. Lepidium Smithü. Neslia paniculata, Rapistrum rugosum, Raphanus Raphanistrum. Espèces glauques. Turrnitis glabra. Sisymbrium Thalianum. Erysimum orientale. Brassica oleracea, B. campestris. Si- napis Cheiranthos. Thlaspi perfoliatum , T. alpestre. Lepi- dium latifolium. Æthionema saxatile. Isatis tinctoria. CisrinÉées. La plupart sont velues ou plutôt cotonneuses. Le vert pâle et velouté des Cistus est dù à la surface velue de leurs feuilles. Les Helianthemum sont moins velus, mais quelques-uns d’entr’eux sont couverts d’un duvet bleuâtre, tellement fin qu’il ressemble à du glauque, ou bien ils ont les feuilles garnies, surtout en dessous, de poils blancs groupés, formant de petites houppes qui semblent partir d’une glande. Espèces vétues. Helianthemum vulgare, H. guttatum, H. alyssoides, H. salicifolium, H. apenninum, H. vineale, Cistus albidus, C. salvifolius, C. Pouzolzi. VioLaRiÉEs. Presque toutes les violettes ont quelques poils épars , mais on ne peut guère considérer comme velues que celles qui sont voisines du V. odorata. Espèces vétues. Viola odorata, V. collina, V. hirta. LISTE RAISONNÉE. 267 DrosérAcées. Le genre Drosera est couvert de poils rou- ges, courts dans le milieu des feuilles, et devenant de plus en plus longs à mesure qu'ils approchent du bord de ces or- ganes. Là, sous forme de cils allongés, ils se courbent et se terminent par une glande rouge et transparente qui souvent sécrète une liqueur incolore. Espèces vètues. Drosera rotundifolia, D. intermedia. SILÉNÉES. Ce groupe contient des plantes très-glabres et souvent entièrement glauques , mais il renferme aussi des plantes très-velues ; ainsi le Lychnis coronaria est entière- ment couvert de laine blanche qui ne laisse rien voir de la surface de la feuille. L’Agrostemma Githago le Silene ita- hca sont aussi très-velus. Plusieurs plantes de cette fa- mille ont aussi des glandes qui sécrètent une liqueur très- visqueuse , une sorte de glue principalement produite aux entre-nœuds, comme on le remarque dans le Lychnis viscaria, le Silene nutans, etc. Espèces vètues. Dianthus hirtus, D. Armeria. Silene 1ta- lica. Saponaria ocymoides. Lychnis coronaria. Agrostemma Githago. Silene pratensis, S. diurna. Espèces glauques. Dianthus prolifer, D. deltoides , D. Caryophyllus, D. virgineus, D. cœsius, D. monspessulanus, D. superbus. Saponaria Vaccaria. Silene inflata, S. ciliata, S. Armeria, S. Saxifraga, S. rupestris. ALSINÉES. Un certain nombre d’espèces de cette famille est entièrement couvert de poils laineux , qui font paraître les tiges et les feuilles blanchâtres ; telles sont plusieurs Ce- rastium. Plusieurs d’entr’eux sécrètent aussi , par des poils glanduleux, une liqueur visqueuse , et l’on retrouve un peu de villosité dans quelques Arenaria. En général, les alsinées sont glabres, à petites feuilles d’un vert mat et tendre , et souvent glauques. 268 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. Espèces vétues. Cerastium arvense, C. alpinum , C. tri- viale, C. glutinosum, C. semidecandrum, C. glomeratum, C. brachypetalum. Arenaria hirsuta, A. hispida, A. ligeri- cina, À. montana. Espèces glauques. Mœbringia trinervia. Holosteum um- bellatum. Stellaria uliginosa. Mœnckia erecta. Lepigonum marginatum. Lixées. Les lins sont glabres presque tous, d’un vert glauque ou au moins d’un vert clair. Espèces glauques. Linum strictum , L. tenuifolium , EL. narbonnense, L. angustifolium , L. usitatissimum , L. aus- triacum. Mazvacées. Presque toutes les malvacées ont des poils coniques, souvent radiés et disposés en petites houppes. Mous et serrés sur l’Althœa officinalis, ils sont plus distants, plus longs et plus raides sur l'A. hirsuta. Espèces vélues. Malva Alcea, M. moschata. Althæa offi- cinalis, À. hirsuta. HypÉéricÉes. Ces plantes , presque toutes glabres et al- lant presque au glauque dans l’Hypericum pulchrum , se couvrent de poils mous et cotonneux dans un petit nombre d'espèces. Plusieurs d’entr’elles sont munies de petites glan- des transparentes dans les feuilles, ou de glandes noires sur leurs calices. Espèces vétues. Hypericum hirsutum , H. tomentosum. Elodes palustris. GËRANIACÉES. La plupart des Geranium ont des poils blancs plus ou moins longs sur les feuilles et sur les tiges. Ils sont souvent assez éloignés pour que la plante ne pa- raisse pas velue, mais plusieurs des espèces citées ci-dessous sont presque cotonneuses. Espèces vétues. Geranium molle, G. phæum , G. rotun- LISTE RAISONNÉE. 269 difolium , G. sylvaticum , G. pyrenaicum , G. pusillum , G. Robertianum. Erodium cicutarium , E. ciconium. Barsaminées. Cette famille est réduite, dans notre flore, à une seule espèce à tiges aqueuses ét translucides, comme ses congénères, et d’un vert glauque. Espèce glauque. Impatiens noli tangere. OxariDées. Les oxalis ont bien quelques poils blancs sur leurs feuilles , mais ces feuilles, d’un vert tendre, prennent plutôt une teinte glauque en dessous , tandis que leur vil- losité est à peine apparente, si ce n’est peut-être dans l'O. corniculata. Espèce vétue. Oxalis corniculata. Espèce glauque. Oxalis acetosella. RürTacées. Plantes glabres à feuillage très-glauque. Espèces glauques. Ruta graveolens, R. angustifolia. Lécumineuses. Cette famille est si nombreuse que nous devons y rencontrer un grand nombre de plantes velues ; ce- pendant la majorité est glabre, et, dans celles qui sont gar- nies de poils, ces derniers sont presque toujours mous et cou- chés, de manière à donner aux feuilles de la mollesse et l'apparence du velours ; tels sont plusieurs Trifolium. Quel- ques-unes de ces plantes sont munies de glandes qui sécrè- tent une liqueur visqueuse, comme on peut le remarquer dans le Psoralea bituminosa , V'Ononis Natrix. Il y a, du reste, un grand nombre de plantes glauques dans les légu- mineuses, et presque toujours le glauque est répandu sur les deux surfaces de la feuille. Espèces vètues. Genista pilosa, G. prostrata, G. Scorpius, G. hispanica, G. germanica. Lupinus angustifolius. Ononis striata, O. rotundifolia, O. Natrix. Anthyllis Vulneraria, À. montana. Trifolium stellatum, T. incarnatum, T. angus- tifolium, T. hirtum, T. arvense, T. striatum, T. subterra- ! 270 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. neum. Medicago Gerardi, M. minima. Bonjeania hirsuta. Lotus angustissimus. Tetragonolobus siliquosus. Lathyrus hirsutus, L. pratensis. Ervum hirsutum. Vicia Orobus, V. purpurascens, V. hybrida, V. lutea, Ornithopus compres- sus, O. perpusillus. Astragalus purpureus, A. hamosus. Psoralea bituminosa. Espèces glauques. Spartium junceum. Genista purgans. Coronilla minima, C. scorpioides. Lathyrus Aphaca, L. syl- vestris, L. latifolius. Orobus tuberosus, O. niger. RosacÉEs. Presque toutes les rosacées sont velues ou présentent au moins des poils dispersés. Nous ne mention- nerons que celles où la villosité est très-sensible, soit qu’elle couvre toutes les parties du feuillage, soit qu’elle existe à la face inférieure, ce qui est le cas le plus ordinaire. Tantôt ces poils sont cotonneux comme à la partie inférieure des feuilles de plusieurs Rubus, tantôt ils sont glanduleux comme dans le Rosa rubiginosa, ou bien soyeux , couchés et argentés comme dans l’Alchemilla alpina , le Potenthlla Anse- rina, etc. Le glauque est moins répandu que la villosité, mais on l’observe très-distinct sur le feuillage du Rosa rubri- folia, sur la face inférieure des feuilles du Comarum pa- lustre, etc. Espèces vêtues. Geum montanum, G. sylvaticum. Rubus Godroni, R. glandulosus, R. hirtus, R. discolor, R. tomen- tosus, R. collinus, R. thyrsoideus, R. idæus. Potentilla An- serina, P. recta, P. hirta, P. verna , P. argentea, P. aurea, P. caulescens, P. Fragariastrum. Agrimonia Eupatoria, A. odorata. Rosa rubiginosa , R. cinnamomea , R. collina , R. tomentosa , R. pomifera. Alchemilla alpina, A. vulgaris. Cotoneaster vulgaris, C. tomentosa. Pyrus salvifolius, Sorbus Aucuparia, S. Aria. LISTE RAISONNÉE. 971 Espèces glauques. Comarum palustre, Rosa rubrifolia. Pyrus amygdaliformis. | ÆNoTHÉRÉES. Presque toutes ces plantes sont glabres, vertes et non glauques. Espèces vétues. Epilobium hirsutum, E. parviflorum. CucurgiTAcÉEs. Nos espèces indigènes ont des poils raides et articulés qui portent des glandes , situés sur les tiges et sur les feuilles. Nous n'avons que les deux espèces suivantes. Espèces vètues. Bryonia dioica. Echalhon Elaterium. ParoNyCHiéEs. Il existe dans ce groupe des plantes très- velues, comme certains Herniaria , Mais On remarque un plus grand nombre d’espèces glauques. Espèces vètues. Herniaria hirsuta, H, incana. Espèces glauques. Paronychia polygonifolia. Corrigiola httoralis. Illecebrum verticaillatum. Scleranthus annuus, S. perennis. CRASSULACÉES. Presque toutes ces plantes sont glabres. Il est remarquable de voir le Sempervivum arachnoideum couvrir ses rosaces glauques de longs poils blancs, un peu visqueux et enchevêtrés. Quant au glauque, si répandu sur tous les végétaux charnus , il se présente en abondance sur les tiges et les deux faces des feuilles des crassulacées. Espèces vélues. Sempervivum arachnoideum. Sedum villo- sum, S. hirsutum. Espèces glauques. Sedum maximum , S. Telephium, S. Fabaria, S. Anacampseros, S. Cepæa, S. rubens, S. album, S. dasyphyllum , S. brevifolium, S. annuum, S. repens, S. acre, S. reflexum, S. anopetalum , S. altissimum , S. am- plexicaule, S. elegans. Sempervivum tectorum , S. arver- nense. GROSSULARIÉES. Généralement glabres , à l'exception de l’espèce suivante, à la fois velue et épineuse. 272 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. Espèces vètues. Ribes uva crispa. SAXIFRAGÉES. Ce groupe se rapproche un peu des crassu- lacées par ses feuilles souvent épaisses ou charnues. Il y a donc très-peu d'espèces velues, mais plusieurs d’entr'elles sont glauques comme les Sedum. Espèces vètues. Saxifraga pubescens, S. Clusii. Espèces glauques. Saxifraga Aïzoon, S. hypnoïdes. OmgeLrirÈREs. Les espèces véritablement velues sont assez rares ; il en est cependant qui sont rudes au toucher et munies de poils raides, comme les Heracleum , d’autres de villosité molle et douce , comme le Turgenia latifolia et quelques Chœrophyllum. En général , le glauque est bien plus commun que la villosité, et quoique parfois il soit ré- servé à la face inférieure des feuilles, généralement il est ré- pandu sur toute la plante et même Jusque sur le pédoncule des ombelles. Espèces vétues. Heracleum sibiricum, H. Sphondylium. Daucus Carota. Turgenia latifolia. Chærophyllum hirsutum, C.temulum, C. aureum. Athamantha cretensis. Tordylium maximum. Caucalis leptophylla. Torilis Anthriscus, T. hel- vetica, T. nodosa. Anthriscus sylvestris. Myrrhis odorata. Espèces glauques. Cicuta virosa. Eryngium campestre. Falcaria Rivini. Ammi majus. Buplevrum tenuissimum, B. affine, B. junceum, B. aristatum, B. falcatum, B. rigidum, B. fruticosum. Ænanthe fistulosa, Æ. Lachenali, Æ. peu- cedanifolia, Æ. pimpinelloides , Æ. Phellandrium. Fœni- culum officinale. Seseli Gouani, S. montanum, S. tortuosum. Angelica sylvestris, A. pyrenea. Peucedanum Cervaria, P. Oreoselinum. Laserpitium asperum , L. Nestleri, L. Siler. Ferula communis. CapriFoLiACÉES. Nous ne trouvons dans cette famille qu'une villosité cotonneuse au dehors des feuilles de quel- LISTE RAISONNÉE. 273 ques Viburnum et des poils veloutés sur le Lonicera Xylos- teum. Le glauque se fait remarquer à la face inférieure des feuilles de plusieurs Lonicera et sur la plante entière dans l’Adoxa, qui ne devrait pas faire partie de cette famille. Espèces vélues. Lonicera Xylosteum. Viburnum Tinus, V. Lantana. Espèces glauques. Lonicera etrusca, L.implexa. Adoxa moscatellina. RupracÉEs. Il n’y a pas, parmi nos rubiacées, de villosité proprement dite, mais des appendices qui tiennent, pour ainsi dire , le milieu entre les aiguillons et les poils raides. Ces organes sont recourbés, accrochants, et présentent les mêmes formes dans toutes les espèces de ce groupe qui en sont pourvues. Le glauque y est beaucoup plus rare. Espèces vélues. Asperula odorata, A. arvensis. Rubia peregrina, R. tinctorum. Galium cruciatum, G. tricorne, G. Aparine, G. rubrum. Espèces glauques. Asperula galioides. Crucianella an- gustifolia. Drpsacées. On trouve, dans les dipsacées comme dans les rubiacées , des espèces d’aiguillons recourbés, qui naissent principalement sur les nervures des feuilles. Espèces vêtues. Dipsacus laciniatus, D. pilosus, D. syl- vestris. Knautia arvensis, K. sylvatica, K. hybrida. VALÉRIANÉES. Ces plantes sont généralement glabres, et quelques-unes sont entièrement glauques. Espèces glauques. Centranthus Calcitrapa, C. angustifo- lus, C. ruber. SYNANTHÉRÉES. Cette grande famille nous offre un grand nombre de plantes vêtues et toutes les variétés possibles de vestiture , depuis les poils épars et peu nombreux qui exis- tent sur unetrès-grande quantité d'espèces que nous omet- Iu 18 274 PLANTES ARMÉES FT VÊTUES. tons, jusqu’au coton et à la laine la mieux feutrée. Quel- quefois ces poils sont réunis en flocons blancs, comme sur la face inférieure des feuilles des Adenostyleset des Petasites; ailleurs ils couvrent la plante entière d’un duvet fim et serré, comme dans les Pulicaria, ou ils exsudent une ma- tière visqueuse, comme dans le Senecio viscosus, l'Erigeron graveolens , le Crepis pulchra. Des poils blancs, fins et mélés forment un tissu blanc et épais, qui recouvre entière- ment les Micropus, les Filago, une partie des Gnaphalium, le Senecio leucophyllus , etc. Une véritable laine existe sur plusieurs Hieracium , sur les Ardryala , et de longs poils, semblables à des toiles d’araignées , sont tendus sur les in- volucres du Lappa tomentosa, du Cirsium eriophorum, etc. On rencontre encore, sur plusieurs chicoracées , des poils raides et presque piquants, analogues à ceux des borraginées; ils existent sur plusieurs Püicris, sur l'Helminthia echior- des, etc. Ces poils se transforment même en épines ou en crochets semblables à ceux des dipsacées dans plusieurs Lac- tuca. Il y a, dans cette famille, tendance continuelle à la villosité , aux épines , au durcissement des organes. Presque toutes les cynarocéphales ont des nervures qui font saillie, des involucres scarieux dont les bractées se transforment en piquants, et, dans toutes les sections de ce vaste groupe, les graines sont presque toujours munies d’appendices poilus, d’aigrettes ou de couronnes. Le glauque est beaucoup plus rare que la villosité, et nous ne le trouvons, pour ainsi dire, que dans les chico- racées. Espèces vétues. Adenostyles albifrons.Tussilago Farfara. Petasites vulgaris, P. albus. Aster alpinus, A. Amellus. Erigeron canadensis, E. acris. Micropus erectus. Pallenis spinosa. Inula Helenium. Phagnalon sordidum. Inula bri- LISTE RAISONNÉE. 275 tannica , L. montana, I. graveolens. Pulicaria vulgaris, P. dysenterica. Filago germanica, F. arvensis, F. minima. Logfia gallica. Gnaphalium sylvaticum, G. norwegicum, G. supinum, G. uliginosum, G. luteoalbum , G. dioicum. He- lichrysum Stæchas, H. angustifolium. Artemisia Absin- thium, A. camphorata, A. vulgaris, A. campestris. Achillea Ageratum, AÀ.tomentosa, À. Millefolium, A. nobilis. Do- ronicum Pardalhanches, D. austriacum. Arnica montana. Cineraria spathulæfolia. Senecio erucæfolius, S. viscosus, S. leucophyilus, S. Doronicum, S. lanatus. Carduus pycnoce- phelus , C. tenuiflorus , C. nigrescens, C. nutans. Onopor- don acanthium. Lappa minor, L. major. Centaurea amara, C. solstitialis. Kentrophyllum lanatum. Carlina nebrodensis, C. vulgaris, CG. corymbosa, C. Cynara, C. acanthifolia. Echi- nops Ritro , E. sphærocephalus. Cirsium eriophorum, C. an- glicum, C. bulbosum. Lappa tomentosa. Stæhelina dubia. Leuzea conifera. Centaurea Jacea, C. pectinata , C. mon- tana, C. Cyanus, C. collina, C. maculosa , C. paniculata, C. aspera. Microlonchus salmanticus. Xeranthemum ina- pertum, X. cylindraceum. Catananche cærulea. Tolpis bar- bata. Leontodon hirsutum, L. Villars, L. crispum. Thrin- cia hirta. Picris hispidissima, P. hieracioides, P. crepoides. Helminthia echioides. Urospermum Dalechampi. Hypo- chæris maculata. Lactuca virosa. Barkhausia albida, B. fœ- tida, B. taraxacifolia. Crepis biennis, C. pulchra. Hiera- cum Pilosella, H. Auricula , H. aurantiacum , H. saxatile, H. vulgatum, H. murorum, H. ochroleucum, H. amplexi- caule, H. spicatum. Andryala sinuata, A. integrifolia. Espèces glauques. Chrysanthemum pallens. Tragopogon porrifolius , T. major, T. pratensis, T. crocifolius. Scorzo- nera purpurea. Podospermum laciniatum , P. calcitrapifo- hum. Chondrilla juncea , C. latifolia. Prenanthes purpurea. 276 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. Phænixopus ramosissima. Lactuca muralis, L. perennis. Sonchus oleraceus. Mulgedium Plumieri. AmgrosiAcées. Indépendamment de ses épines, le Xan- thium spinosum a la surface inférieure de ses feuilles couverte d’un coton blanc, tandis que les deux autres ont les feuilles garnies de poils assez rudes et espacés. Espèces vétues. Xanthium spinosum, X. macrocarpum , X. strumarium. CamPpaNuLACÉES. Presque toutes les campanulacées por- tent de petits poils blancs plus ou moins raides, mais ils ne sont abondants que sur les espèces suivantes. Espèces vètues. Jasione montana , J. perennis. J. humi- lis. Campanula Erinus, C. cervicaria, C. speciosa , C. Me- dium. Ericnées. Ces plantes sont quelquefois glabres, mais quelquefois aussi garnies de villosité au moins sur le bord des feuilles, comme l’Erica Tetralix. Le dessous des feuilles peut aussi, dans quelques espèces , être garni d’un duvet pulvérulent. Espèces vétues. Erica Tetralix. Andromeda polifolia. Ozéacées. Les feuilles de l'olivier sont blanches et soyeu- ses en dessous. Espéce vêtue. Olea europæa. Genriaxées. Les espèces de cette famille sont glabres, quelquefois un peu glauques, comme certaines gentianes, ou complétement glauques comme les Chlora. Espèces glauques. Gentiana lutea , Chlora perfoliata. CoxvozvuLacées. Beaucoup de plantes de ce groupe sont entièrement glabres, et quelques-unes sont assez chargées de villosité pour en paraître soyeuses. Espèces vétues. Convolvulus cantabrica , C. lineatus. BoraGinées. Il est peu de familles où les plantes his- LISTE RAISONNÉE. 277 pides soient plus nombreuses que dans celle-ci. Les deux sur- faces des feuilles, mais principalement la supérieure, ainsi que les tiges et les pédoncules, sont chargées de poils raides et quelquefois piquants, souvent insérés sur des glandes colo- rées. On rencontre aussi quelques espèces comme le Cyno- glossum cheirifolium , dont la villosité abondante et douce rend les surfaces tomenteuses. Il est à remarquer que dans cette même famille, mais hors de notre circonscription, il existe des plantes extrêmement glauques comme Omphalo- des linifolia, les Cerinthe, etc. Espèces vétues. Heliotropium europæum. Asperugo pro- cumbens. Echinospermum Lappula. Cynoglossum officinale, C. pictum', C. cheirifolium.{Borago officinalis. Anchusa italica. Lycopsis arvensis. Symphitum officinale, S. tuhe- rosum. Onosma echioides. Echium vulgare, E. pyrenai- cum. Pulmonaria angustifolia, P. azurea. Lithospermum fruticosum , L. purpureo-cœruleum, L. officinale, L. ar- vense. Myosotis palustris, M. cæspitosa, M. sylvatica, M. intermedia, M. hispida, M. versicolor, M. stricta. SoLANÉES. Il existe dans les solanées étrangères un très- grand nombre d’espèces velues et même des espèces où la villosité se transforme en épines nombreuses qui suivent les nervures des feuilles. Dans nos solanées indigènes, on voit très-peu ‘de plantes velues, mais l’une d’elles, le Hyoscya- mus niger, est munie de longs poils laineux qui sécrètent une liqueur visqueuse , ou qui du moins en sont imprègnés. Espèces vétues. Solanum villosum. Hyoscyamus niger, H. albus. VergascÉEs. Le genre Verbascum a bien quelques es- pèces presque glabres, mais le plus grand nombre est couvert de poils réunis en petits faisceaux ou en petites têtes diver- gentes. Tantôt ces poils sont serrés les uns contre les autres 278 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. et les feuilles paraissent veloutées , tantôt ils sont réunis en une espèce de coton floconneux disséminé sur la plante. Dans le Ramondia , ils sont roux, très-abondants, très-longs, et occupent le dessous des feuilles. Espèces vétues. Verbascum nigro-floccosum , V. Lychni- tidi-floccosum , V. Thapso-nigrum, V. Thapso-floccosum , V. Thapso-Lychnitis, V. mayale, V. Chaixn, V. Lychniüis, V. floccosum, V. sinuatum, V. phlomoides, V. thapsiforme, V. Schraderi, V. nigrum. Ramondia pyrenaica. ANTIRRHINÉES. Les espèces qui, dans ce groupe, offrent de la villosité , présentent des poils blancs, assez rapprochés et assez doux pour donner aux feuilles l'apparence du velours. Ceux du Digitalis purpurea sont articulés , et il en est de même de presque tous ceux qui existent sur les feuilles et surtout sur les jeunes pousses des Veronica. Le glauque est aussi très-répandu sur quelques espèces de Linaria. Espèces vêlues. Digitalis purpurea. Antirrhinum Asarina. Linaria spuria, L. Elatine, L. minor. Veronica Chamædrys, V. montana, V. officinalis, V. Teucrium, V. alpina, V. spicata, V. prostrata, V. arvensis, V. agrestis, V. polita, V. hederifolia. Espèces glauques. Linaria supina, L. striata, L. chale- pensis, L. vulgaris. Orogancnées. Il y a généralement peu de villosité dans les plantes parasites, et surtout dans celles qui sont privées de feuilles ; on trouve pourtant des poils sur la plupart des orobanches. Espèces vêlues. Qrobanche cærulea , O. Epithymum , O. Rapum, O. procera , O. Hederæ, O. cærulescens. RæiNanTHacÉEs. La plupart sont glabres ; on remarque cependant un duvet très-fin sur quelques Euphrasia et des poils blancs allongés sur quelques Pedicularis. LISTE RAISONNÉE. 279 Espèces vêtues. Pedicularis comosa, P. foliosa. Euphrasia odontites, E. serotina. Rhinanthus Alectorolophus. Lagiées. On rencontre, dans cette famille, toutes les es- pèces de villosité, depuis un duvet à peine visible à l'œil nu, mais assez serré pour colorer en blanc les feuilles des Za- vandula et de plusieurs Thymus, jusqu’à la laine feutrée qui couvre le Stachys germanica. On y trouve aussi, comme dans le Salvia glutinosa, des glandes qui sécrètent et cou- vrent la plante d’une liqueur gluante. La plupart des poils des labiées sont coniques et articulés. Le glauque ne se présente pas sur nos labiées, bien qu'il ne soit pas exclu de cette grande famille. Espèces vètues. Lavandula Stæchas , L. vera, L. Spica. Mentha rotundifolia, M. sylvestnis, M. gentilis, M. arvensis, M. aquatica. Salvia officinalis, S. glutinosa, S. æthiopis, S. Sclarea, S. verbenaca. Thymus vulgaris. Satureia hortensis, S. montana. Calamintha Acinos. Clinopodium vulgare. Melittis melissophyllum. Nepeta Cataria. Glechoma hede- racea. Lamium incisum, L. purpureum, L. maculatum, L. amplexicaule, L. album. Galeopsis Ladanum, G. ochro- leuca, G. Tetrahit. Stachys germanica, S. Heraclea, S. alpina , S. sylvatica , S. arvensis, S. ambigua, S. palustris, S. annua, S.recta. Marrubium vulgare. Phlomis Lychnitis, P. herba venti. Prunella vulgaris, P. grandiflora , P. alba, P. hyssopifolia. Ajuga genevensis. Teucrium Polium, T. Scordium, T. Scorodonia, T. Chamæpitis. Betonica offi- cinalis. Sideritis romana. Ballota nigra. Ajuga Chamæpitys. PrimuLacées. Il y a peu de villosité dans cette famille. On y distingue quelques espèces glauques. Espèces vétues. Primula officinalis , P. elatior, P. varia- bihs, P.acaulis. Espèces glauques. Lysimachia Linum-stellatum. Ana- gallis tenella. Glaux maritima. 280 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. PLANTAGINÉES. Beaucoup de Plantago sont giabres ; quelques-uns sont garnis de villosité et d’autres ont le feuil- lage glauque. Espèces vétues. Plantago arenaria, P. media , P. Coro- nopus. P. lanceolata. | Espèces glauques. Plantago maritima. Caénoponées. La villosité est très-rare dans cette fa- mille, et c’est à pee si le Chenopodium Botrys est pubes- cent ; mais le glauque se présente souvent dans les chéno- podées et offre tous les degrés. Les feuilles qui ne sont pas réellement glauques ont une couleur verte particulière. Espèce vétue. Chenopodium Botrys. Espèces glauques. Salsola Kali. Chenopodium album, C. Vulvaria. Blitum glaucum. Atriplex patula, A. latifohia, A. rosea. PoryGonées. Ce sont ordinairement des plantes glabres ou à peine tomenteuses en dessous de leurs feuilles. Le glau- que s’y montre dans un Rumex et en dessous des feuilles du Polygonum Bistorta. Espèce vètue. Polygonum lapathifolium. Espèces glauques. Polygonum Bistorta. Rumex scutatus, var. glaucus. SANTALACÉES. Celles du plateau central sont glabres et glauques. Espèces glauques. Thesium humifusum, T. pratense, T. alpnum. EupnorgracÉes. La grande famille des euphorbes, qui, dans les pays très-chauds , contient des plantes grasses et fortement épineuses, est représentée dans nos climats par des plantes glabres et par un petit nombre d’espèces molle- ment velues. Plusieurs autres sont glauques et sur leurs feuilles et sur leurs bractées. LISTE RAISONNÉE. 281 Espèces vêtues. Croton tinctorium. Euphorbia procera , E. amygdaloides, E. suffruticulosa, E. Characias. Espèces glauques. E. portlandica , E. Cyparissias, E. he- lioscopia, E. falcata, E. exigua, E. Lathyris. Buxus semper- virens. Urricées. Une partie des espèces de cette famille hété- rogène est munie de poils glanduleux et piquants. Telles sont les Urtica. L’'Humulus Lupulus a aussi des poils raides sur ses feuilles et en dessous, sur leurs principales nervures, d’autres poils fixés par leur milieu et en forme de navette, comme ceux des Malpighia. Les Ulmus ont aussi, à la partie supérieure de leurs feuilles, des poils raides et courts, qui en rendent la surface scabre. Espèces vétues. Urtica dioica, U. urens, U. pilulifera. Ulmus campestris, U. montana , U. effusa. Humulus Lu- pulus. AMENTACÉES. Nous réunissons sous ce titre les petites familles des cupulifères, des salicinées et des bétulinées, qui en ont été démembrées. La plupart de ces espèces ont les feuilles et les jeunes pousses velues, au moins à leur naissance ; mais sur les unes les poils s’écartent, sur d’autres ils tombent avec l’âge. Quelquefois ces poils sont courts, serrés, et rendent les feuilles tomenteuses ; d’autres fois ils sont couchés , brillants, et donnent l’aspect soyeux aux or- ganes qu’ils recouvrent , comme on le voit sur plusieurs Salix. Parfois aussi ils se réunissent seulement sur la face inférieure des feuilles, qu'ils cachent sous un duvet moel- leux, comme dans le Populus alba. Enfin des glandes sé- crètent une liqueur visqueuse dans l’Alnus glutinosa et sur les jeunes pousses des Betula, tandis que plusieurs Salix ont des feuilles glauques et entièrement glabres. Espèces vélues. Quercus pubescens, Q. sessiliflora, Q. Ilex. 282 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. Corylus Avellana. Salix incana , S. cinerea , S. capræa, S. aurita , S. alba, S. viminalis, S. lapponum, S. repens , S. Seringeana , S. incana. Populus alba. Betula pubescens. Espèces glauques. Salix purpurea , $S. phyhicifolia. Po- pulus Tremula. Coxirères. Les arbres de cette famille sont essentielle- ment glabres , mais la couleur de leurs feuilles résineuses tire sur le glauque, si ce n’est sur toute leur surface, comme dans le Juniperus nana , au moins en dessous, comme dans l'Abies pectinata. Espèces glauques. Pinus sylvestris. Abies pectinata. Ju- niperus nana, J. communis, J. Oxcycedrus, J. Sabina. Typyacées. Le petit nombre d’espèces contenu dans ce groupe est entièrement glabre, et les Typha, dont les feuilles se rapprochent de celles des iridées, les ont glauques comme ces dernières. Espèce glauque. Typha latifolia. JRIDÉES ET NARCISSÉES. Presque toutes les espèces de ces deux familles sont glabres et glauques. Espèces glauques. Gladiolus communis, G. segetum. [ris germanica, L. olbiensis, L. pseudo-Acorus. Narcissus pseudo- Narcissus, N. poeticus. Galanthus nivalis. ASPARAGINÉES. Comme parmi les autres monocotylédo- nes , il y a peu de plantes velues dans cette famille, mais quelques-unes sont glauques ou d’un vert qui en approche beaucoup. Espèces glauques. Convallaria verticillata, C. Polygona- tum, C. multiflora. Asparagus acutifolius. Luracées. Les feuilles de ces plantes sont lisses, glabres, quelquefois luisantes et d’autres fois glauques. Espèces glauques. Tulipa sylvestris. Asphodelus albus. Allium sphærocephalum, A. vineale, A. oleraceum, À. fla- LISTE RAISONNÉE. 283 vum, À. paniculatum, A. schænoprasum. Anthericum Li- hago. Muscari comosum, M. racemosum. Joxc£es. Cette famille est du petit nombre de celles qui, parmi les monocotylédones , offrent des plantes velues. Toutes les espèces du genre Luzula ont de grands poils blancs répandus sur leurs feuilles, tandis que le genre Juncus n’a que des espèces très-glabres, dont plusieurs sont glau- ques. Espèces vélues. Luzula spicata, L. sudetica , L. multi- flora, L. campestris, L. nivea, L. maxima, L. pilosa, L. Forsteri. Espèces glauques. Juncus conglomeratus, J. glaucus, J. Bufonius. CyPrÉRAcÉEs. C’est à peine si l’on rencontre un peu de villosité dans cette grande famille. Le glauque y est très- répandu , surtout dans les Carex ; mais cet état particulier se montre le plus ordinairement dans les jeunes pousses, et il ne reste qu'un petit nombre de Carex glauques à l’état adulte. Espèce vélue. Carex hirta. Espèces glauques. Scirpus Tabernæmontani, S. lacustris, S. Holoschænus. Carex vulgaris, C. acuta, C. limosa , C. panicea, C. glauca, C. maxima, C. paludosa, C. riparia, C. filiformis. Grammées. La villosité , qui semblait s'être retirée des monocotylédones, se montre assez souvent dans les grami- nées. Ce sont presque toujours des poils mous, serrés, blan- châtres, qui donnent aux surfaces qu'ils recouvrent un as- pect velouté , comme dans les Holcus, plusieurs Bromus et des Avena. Le glauque est assez fréquent dans ces plantes. Espèces vètues. Andropogon Ischæmum, A. Grillus. Pa- nicum ciliare. Anthoxanthum odoratum. Kæleria cristata, 284 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. K. phlæoiïdes. Holcus lanatus. Avena pubescens, A. flaves- cens. Triodia decumbens. Eragrostis poæoides. Brachypo- dium sylvaticum. Bromus racemosus, B. mollis, B. arvensis, B. squarrosus, B. asper, B. sterilis, B. tectorum. Gaudinia fragilis. Ægilops ovata, Æ. terminalis. Espèces glauques. Tragus racemosus. Setaria glauca. Phalaris arundinacea. Cynodon dactylon. Agrostis setacea. Phragmites communis. Corynephorus canescens. Festuca duriuscula. Brachypodium ramosum. Triticum repens , T. , glaucum. Nardus stricta. FouGÈres. On ne peut guère considérer comme apparte- nant à la villosité les écailles disséminées sur les frondes des fougères, mais plusieurs d’entr’elles sont velues sur les pétioles de ces frondes. Au reste, si presque toutes nos fougères sont glabres, il existe des plantes de cette famille, comme l’Acrostichum crinitum , qui sont velues et même couvertes de longs poils. Espèces vêtues. Ceterach officinarum. Notholæna Ma- rantæ. Ces listes nous donnent les résultats numériques suivants : Plantes vêtues. Total. Rapport. Thalamiflores.. ... ARE 555 NE COURS | Calciflores.. + .......193# 1424 Corolliflores.. ........ 136 210 LL: 2 Monochlamydées. ..... 28 142.11 5 Dicotylédones, ....... 481 1462 1 : 3 Monocotylédones...... 35 367 1 : 10 HOTAL.. :.... 40010, :1-L884 1 1, :: 2006 Ce petit tableau nous démontre que, sur le plateau central de la France, il y a un peu plus du quart des espèces qui DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES PLANTES VÊTUES. 285 sont velues ; mais ce qui est beaucoup plus important à re- marquer, c’est l’augmentation graduelle des espèces vêtues, en suivant l’ordre naturel des grandes séries , c’est-à-dire en changeant l’ordre des classes établies par de Candolle et en reprenant l’arrangement plus naturel d’après la série sui- vante : monocotylédones , monochlamydées , thalamiflores , cahiciflores et corolhflores. Nous avons alors pour les plantes vêtues 1110, 119, 114, 113 et 112, progression des plus re- marquables. Ainsi, peu d’espèces velues dans les monoco- tylédones , le double dans les monochlamydées, qui sem- blent avoir suivi les premières dans l’ordre d’apparition sur la terre, et augmentation régulière dans les autres plantes, jusqu'aux corolliflores, que nous considérons comme les plan- tesles plus parfaites et comme les dernières qui ont été créées. Ce curieux résultat se maintiendra-t-il dans les autres flores et ne s’appliquera-t-1il pas aussi au règne animal , où la villosité, rare dans l’état parfait des invertébrés et surtout des animaux aquatiques, prend un grand développement dans les mammifères, et atteint son maximum dans les plumes ou poils composés des oiseaux ? La vie aérienne dé- velopperait les appendices pilifères, et l'existence aquatique serait un obstacle à leur apparition. $ 4. DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES PLANTES VÊTUES. Nous saurons plus tard si les plantes vêtues affectionnent plus particulièrement les contrées chaudes ou froides de la terre , si elles préfèrent les plaines ou ‘les montagnes , ou, pour parler plus exactement, quelle est l'influence du milieu sur la villosité. Nous devons nous contenter, en ce moment, de chercher quelques indices sur ce sujet, en exa- 286 PLANTES ARMÉES ET VÊTUES. minant la direction de la tendance de ces plantes velues vers le nord ou le midi. Voici le tableau des chiffres que nous ayons obtenus : Espèces vètues communes au plateau central, au royaume de Grenade et à la Laponie. Plateau central Plateau central Communes etroy. de Grenade. et Laponie. aux5 contrées. Thalamillores. . ... Pr | 11 5 Caliciflores. ....... 96 19 8 Corollflores. ...... 50 19 9 Monochlamydées.... 10 9 4 193 58 26 Monocotylédones.... 17 9 3 210 67 29 En considérant la totalité des plantes de notre flore, vêtues ou non vêtues, nous avons trouvé (t. 2, p. 300) que les plantes qui s’expatrient vers le midi sont à notre total dans le rapport de....... Hodts ae eee role ER Et celles qui s'étendent vers l’extrémité nord de l’Europe dans le rapportde.-.."