SENS SES SR ù FRE 68 vai he Si | 4 SAS A A Mt % HAE 1%) » À] —— PRUTIT PQ C2 à LIBRARY OF € 4 | As a Us ; x 0 A LOU OU) VUE 4 SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. DE L'EUROPE _ ET EN PARTICULIER SUR LA VÉGÉTATION DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE; PAR Henrr LECOO, Professeur d'Histoire naturelle de la ville de Clermont-Ferrand. TOME SECOND. 20H06 — À PARIS, CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE, 19, RUE HAUTEFEUILLE. A LONDRES, cnez H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET. |, ‘ A NEW-YORK, cuez H. BAILLIÈRE, 290, nOÂD-WAY. A MADRID, cnez C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11. ETUDES LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE, SUR LA VÉGÉTATION PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. è ” | L Ê = i à A D . \ À ” \ -. ! t L n 9? _ . : : \ + (3 * : . " ! di ‘Pi Nul L s L A4" \1R : Es Lo : Dee D LE F2 . NT | dE | | + DA UN, 4 MR à 9p Seusequopy seedroutad sep uotxee69a ap sau07 ce r4 JU0u1.1377) L 14 r SaUU9P1Iy I saP50f “21 PR aog-3p-ÂuT TL 2U929/N] 01] 10,p Ju0Y] Ô eluodE7 ÿ xnOjU3 JL eu}7 € saaua747 F aufeds 7 fà sad]p @ 9SE9107 T ÉTUDES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE ET EN PARTICULIER SUR LA VÉGÉTATION DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE: PAR Henvrr LECOOQ, Professeur d'Histoire naturelle de la ville de Clermont-Ferrand. TOME SECOND, —2 HR o— BOTANICAL À PARIS, CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE, 19, RUE HAUTEFEUILLE, A LONDRES, cnez H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-sTREzT. A NEW-YORK, cnez H. BAILLIÈRE, 290, BRoAD-waY. A MADRID, cHez C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11. 185%. Hu Le. MGR Le a vi 1 7, MAENTARE AN TX . M N , Û ù F ; | | ; { des 23 4 AURE HAT KE FER Te Li U 12 A'IELUL tv ia | L st fnébérseslt 4. 2 ” at tenant MUR" | À d : ga no. Creer # BA. N'NIMIEN deu us aan M ATANM a A, , x rX she : Te g: 8e CRANERHAN ART UE 23e dar jus à 008 AN MIAEL. AE sut SANTE se SATA tAe TRUE or. CONTENU DU SECOND VOLUME. Char. XVI Car. XVIL. CHar. XVIII. CHar. XIX. Car. XX, Végétation de la région aquatique. ..... pit Liste générale des plantes de la région aquati- que, p. {. — Association des eaux courantes , p.8. — Association des eaux stagnantes, p. 16. — Association des sources minérales et des marais salés , p. 41. De la classification des espèces relativement à l’action chimique du sol.............. p. 45 Espèces éliminées , p. 53. — Liste des plantes qui préfèrent les terrains calcaires, p. 61. — Liste des plantes qui préfèrent les terrains sili- ceux et feldspathiques , p. 67. — Liste des plan- tes des eaux non salées et des terrains humides non salifères , p. 74. — Liste des plantes des ter- rains salifères, p. 80. Du sol considéré au point de vue de sa composi- HONphYSIQUe eo Tee p. 82 Espèces éliminées pour des causes diverses, p.91.— Plantes des sols rocheux, p.99.— Plantes des sols rocailleux, p. 101. — Plantes des sols graveleux, p. 10%. — Plantes des sols sablon- neux, p. 107. — Plantes des sols détritiques , p. 110. — Plantes des sols marneu1 , p. 114. Considérations générales sur le sol.... p. 118 Le: midi.de L'Espagne... .2........ p. 147 Région chaude du royaume de Grenade, p. 149, — Région montagneuse du royaume de Grenade, p. 167. — Région alpine du royaume de Gre- nade , p. 185. — Région nivale du royaume de Grenade , p. 202. V CHar. XXI. Car. XXII. Car. XXIIT. Cap. XXIV. CONTENU Végétation de la Laponie............ p. 212 Région sylvatique ou région des pins et des sapins , p. 214. — Région subalpine ou des bou- leaux , p. 224. — Région alpine comprenant la partie supérieure et non boisée des montagnes, p. 230. — Laponie occidentale ou versant nor- wégien, p. 236. — Laponie russe, p. 246. — Considérations générales sur la végétation de la Laponie, p. 249. Des proportions relatives des groupes naturels des végétaux comparés à l’ensemble des flores du plateau central de la France , du midi de l’Espa- gue el'de la Laponie..........:.:16 p. 254 Dispersion et proportion des familles , p. 254. Comparaison du nombre des espèces à l'étendue de la contrée et au nombre des genres , p. 287. — De la diffusion géographique des espèces dans les trois contrées , comparaison des différences d'organisation avec la puissance expansive, p. 293. Du sol dans ses rapports avec l’eau, et de la vé- gétation aquatique ......-....... 00 p. 305 Du sol dans ses rapports avec l’eau , p. 305. — De la proportion et de la dispersion des végé- taux aquatiques , p. 319. De l’altitude et des zones de végétation. p. 329 Des écarts en altitude et de leurs causes, p. 331. — Des zones de végétation et de leur ordre desuperposition , p. 336 ; montagnes du royaume de Grenade , p. 349 ; Pyrénées, p. 352; Caucase, p. 353; mont Ventoux, p. 354; Alpes, p. 355; montagnes du centre de la France, p. 368; Vos- ges, p. 369; Ardennes, p. 371; Carpathes, p. 372 ; montagnesd’Angleterre et d'Écosse , p. 376; montagnes de Laponie , p. 381. — Des caractères que présente la végétation des montagnes, pro- Cuar. XXV. Cuar. XX VI. DU SECOND VOLUME. vi] portion des familles en altitude, p. 382. — Ana- logie entre l’altitude et la latitude, proportion relative des genres et des espèces , p. 405. — Des modifications produites par l'altitude, p. 410.— Des limites extrêmes d'altitude, p. 419. Phénomènes de durée et de persistance, — De l'individualité dans les êtresvivants.... p. 424 Phénomènes de durée et de permanence. — Du groupement des individus. — Coup d'œil sur l'ensemble des végétaux ligneux , ou les arbres CHIeS forêts". obus SR Me SL p. 457 Forêts de la zone torride, p. 458. — Forêts de la zone tempérée, p. 413. — Forêts de la partie boréale de la zone tempérée et de la zone gla- ciale , p. 484%. — De la longévité des végétaux, p. 492. — Des plantes aggrégées relativement au sol et à l’atmosphère, p. 500. Le volume que nous publions aujourd’hui re contient encore qu'une partie de nos observations sur la géographie botanique de l’Europe. La distribution des végétaux sur la terre , touche à un si grand nombre de questions différentes, que, malgré nous, notre cadre s’est agrandi, et que nous n’avons pu restreindre notre travail dans de moindres pro- portions. Le sommaire qui précède ces lignes donne une idée . des matières contenues dans ce volume. Le troisième, qui paraîtra dans le courant de l’hiver prochain, renfermera des études sur les phénomènes de durée et sur les phénomènes périodiques , quelques observations sur les plantes volubiles , parasites, etc., des considérations sur la coloration des végé- taux, et des recherches sur les associations et le parallélisme des espèces. Tout ce qui est relatif à la migration et à la colonisation des plantes ne pourra paraître que dans le quatrième volume. Clermont-Ferrand , le 31 mai 1854. H. LECOQ. ÉTUDES SUR LA # # GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE ET EN PARTICULIER SUR CELLE DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. CHAPITRE XVI. VÉGÉTATION DE LA RÉGION AQUATIQUE. " $ 1. LISTE GÉNÉRALE DES PLANTES DE LA RÉGION AQUATIQUE. RanuncuLaceÆ. Myosurus minimus, Lin, Ranunculus hederaceus , Lin. R. Lenormandi, Schutlz. R. confusus, Godr.et Gren. R. aquatilis, Zin. R. trychophyllus, Chaix. R. fluitans, Lam. R. aconitifolius, Zar. R. flammula, Lin. R. repens , Zan. R. philonotis , Ehrh. R. sceleratus, Zin. Caltha palustris, Lin. NympHEACEÆ. Nymphæa alba, Zin. Nuphar luteum, Smith. N. pumilum, Smith. CrucireRÆ. Nasturtium officinale, R. Brown. N. amphi- bium, R. Brown. N. sylvestre, R. Brown. N. palustre , R. Brown. N. pyrenaicum, À. Brown. Arabis Turrita, Lin. Var. puberula. Cardamine Impatiens, Lin. C. sylvatica, Link. C. pratensis, Lin. C. amara, Lin. Hesperis matronalis, Lin. Il 1 2 RÉGION AQUATIQUE. Sisymbrium polyceratium, Lin. S. asperum, Lin. Alyssum maritimum, Lam. Lunaria rediviva, Lin. Lepidium Draba, Lin. L. ruderale , Lin. L. latifolium , Lin. Isatis tinctoria, Lin. Id. var. campestris. Koch. ViorariEÆ. Viola palustris, Lin. V. epipsila, Ledeb. Drosrraceæ. Drosera rotundifolia, Lin. D. intermedia, Hayne. Parnassia palustris, Lin. SiLENEÆ. Lychnis flos-cuculi , Lin. ALsineæ. Lepigonum marginatum, Koch. Stellaria uligi- nosa, Murr. Malachium aquaticum, Fries. ELaTiNeÆ. Elatine hexandra, Dec. E. major, Braun. E. Alsinastrum , Lin. MazvacezÆ. Althæa officinalis, Lin. HyPpEerICINEÆ. Elodes palustris, Spach. GERANIACEÆ. Geranium phæum, Lin. G. Robertianum, Lin. BALSAMINEÆ. Impatiens noli tangere, Lin. PapiLioNACEÆ. Melilotus macrorhiza, Pers. M. alba, Desr. M. parviflora, Desf. Trifolium maritimum , Huds.T. fragiferum , Lin. Lotus tenuifolhus, Rchb. L. uliginosus, Schkuhr. Tetragonolobus siliquosus , Roth. RosAcEÆ. Spiræa Ulmaria, Lin. Geum rivale, Lin. Coma- rum palustre, Lin. Potentilla supina, Lin. P.anserina, Zin. P. reptans, Lin. P. Tormentilla, Sibth. Id. var. humifusa. OxAGRARIEÆ. Epilobium Dodonæi, Pull, E. hirsutum , Lin. E. parviflorum, Schreb. E. lanceolatum, Seb. et Maur. E. palustre, Lin. E. virgatum, Fries. E. tetragonum, Lin. E.roseum, Schreb. E. trigonum, Schrank. E. origamfohum, Lam. Isnardia palustris, Zin. Circæa lutetiana, Lin. Trapa nalans , Zan. HarorAGeæ. Myriophyllum verticillatum, Lin. M. spica- tum, Zin. M. alterniflorum, Dec. # HippurezÆ. Hippuris vulgaris, Lin. CaALLITRICHINEZ. Callitriche stagnalis, Scop. C. platy- carpa, Kütz. C. vernalis, Kütz. CEeraTopnyzLeæ. Ceratophyllum submersum, Lin. C. demersum , Lin. LISTE GÉNÉRALE DES PLANTES. 3 Lyrarareæ. Lythrum Salicaria, Lin. L. hyssopifolium, Lin. L. thymifolium, Lin. Peplis Portula, Lin. PortruLraceÆ. Montia minor, Gmel. M. rivularis, Gmel. CRassuLAcEÆ. Sedum villosum , Lan. SAXIFRAGEZÆ. Saxifraga steilaris, Lin.S. rotundifolia, Lin. Chrysosplenium altermifolium, Lin. C. oppositifolium, Lin. UmsecuirerÆ. Hydrocotyle vulgaris, Lin. Cicuta virosa , Lin. Apium graveolens, Lin. Helosciadium nodiflorum, Koch. H. inundatum , Koch. Carum verticillatum , Koch. Berula angustifolia , Koch. Buplevrum tenuissimum, Lin. Ænanthe fistulosa, Lin. Æ. Lachenaln, Gmel. Æ. pim- pinelloides, Lin. Æ. Phellandrium, Lam. Silaus pratensis, Bess. Chœrophyllum hirsutum, Lin. Melopospermum ci- cutarium , Dec. STELLATÆ. Galium uliginosum, Lin. G. palustre, Zin. G. verum, Zan. Id. var. nanum. VALERIANEÆ. Valeriana dioica , Zan. Drpsaceæ. Dipsacus pilosus, Zin. D. laciniatus, Zin, SYNANTHEREÆ CORYMBIFEREÆ. Eupatorium cannabinum, Lin. Adenostyles albifrons, Rchb. Petasites vulgaris, Desf. P. albus, Gœrtn. Inula Helenium, Zan. I. britannica, Lan. Pulicaria vulgaris, Gærtin. P. dysenterica, Gærtn. Bidens tri- partita, Zan. B. cernua, Zin. Gnaphalium uliginosum, Zin. Ligularia sibirica, Cass. Senecio erraticus , Bert. SYNANTHEREÆ CYNAROCEPHALEÆ. Cirsium palustre, Scop. C. palustri-eresythales, Nœgel. C. rivulare, Link. SYNANTHEREÆ CHICORACEÆ. SCorzonera humilis, Lin. Ta- # raxacum palustre, Dec. Mulgedium alpinum, ZLessing. Cre- pis paludosa, Hœnch. CampanuLAcEÆ. Wahlenbergia hederacea, Rehb. VacaniEÆ. Vaccimium uliginosum, Zin. V. Oxycoccos, Lin. EriciNeæ. Andromeda polüfolia, Zin. GENTIANEÆ. Menyanthes trifoliata, Lin. Limnanthemum nymphoïdes, Link. Swertia perennis , Lin. Gentiana pneu- monanthe, Lin. Ervthræa pulchella, Fries. BorAGiNEÆ. Asperugo procumbens, Lin. Symphitam of- ficinale, Lin. Myosotis palustris, Withering. M: cæspitosa, Schullz. SoLANEÆ. Solanum Dulcamara, Lin. VERBAsCEæ. Scrophularia Balbisn , Hornem. ANTHIRRHINEÆ. Gratiola officinalis, Lin. Veronica scu- tellata, Lin. V. Anagallis, Lin. V. Beccabunga, Lin. V. serpyllifolia, Lin. Lindernia pyxidaria, Al. Limosella aqua- tica, Lin. OroBancHeÆ. Lathræa clandestina, Lin. L. Squama- 4 RÉGION AQUATIQUE. rla, Lin. RHiNANTHACEÆ. Pedicularis sylvatica, Lin. P. palustris, Lin. LagiazÆ. Mentha rotundifolia, Lin. M. sylvestris, Lin. M. aquatica, Lin. M. sativa, Lin. M. gentilis, Zin. M. ar- vensis , Zin. Pulegium vulgare, Mall. Lycopus europæus, Lin. Stachys ambigua, Snuth.S. palustris, Zin. Scutellaria galericulata, Lin. S. minor, Lin. Teucrium Scordium, Lin. LENTIBULARIEÆ. Pinguicula vulgaris, Lin. P. longifolia, Ram. Ütricularia vulgaris, Lin. U. minor, Lan. PrimuLacez. Lysimachia vulgaris, Lin. L, Nummularia, Lin. Anagallis tenella , Lin. Hottonia palustris, Lin. Samo- lus Valerandi, Lin. Glaux maritima, Lin. L LISTE GÉNÉRALE DES PLANTES. 5 PLANTAGINEÆ. Littorella lacustris, Lin. ERHRgO major, Lin. var. minima. P. maritima , Lin. Cnexoponeæ. Salsola Kah , Lin. Blitum virgatum, Lin. B. rubrum, Rchb. B. glaucum, Koch. Beta vulgaris, Lin. var. maritima, Koch. Atriplex latifolia, Wahl. À. rosea, Lin. var. alba, Dec. PozygonxeÆ. Rumex maritimus, Zin. R. conglomeratus, Murr. R. sanguineus, Lin. R. pulcher, Lin. R. obtusifo- “ Lin. R. pratensis, Mert. el Koch. R. crispus , Lan. R. aquaticus, Lin. Polygonum Bistorta, Lin. P. amphi- bium, Lin. P. lapathifolium , Lin. P. Persicaria , Zan. P. mite, Schrank. P. Hydropiper, Lin. P. minus, Huds. P. Bellardi, Al. EurnorgrAceæ. Euphorbia platyphylla, Lin. E. procera, Bieb. var. trichocarpa, Koch. E. portlandica , Lin. SALICINEÆ. Salix pentendnase Lin. S. fragiis, Lin. S. alba, Lin. S. amygdalina, Lin. S. purpurea, Lin. S. rubra, Huds. S. viminalis, Lin. S. incana, Schrank. S. cinerea, Lin. S. caprea, Lin. S. aurita, Lin. S. phyhcfolia, Lan., S. repens, Lin. S. lapponum, Lin. Populus alba, Lin. P. Tremula, Lin. P. nigra, Lin. P. fastigiata, Pour. Beruunez. Betula pubescens, Ehrh. Alnus glutinosa, Gœrtn. ALISMACEÆ. Alisma ranunculoides, Lin. A. Plantago, Lin. À. natans, Lin. Damasonium stellatum , Delarbre. Sagittaria sagittæfolia, Lin. Buromezx. Butomus umbellatus, Lin. JUNCAGINEÆ. Scheuchzeria palustris, Lin. Triglochin maritimum, Lin. T. palustre, Lin. PoTAMEÆ. Potamogeton natans, Lin. P. rufescens, Schrad. P. heterophyllum , Schreb. P. lucens, Lin. P. perfoliatum , Zin. P. crispum, Lin. P. densum, Lin. P. F Le 6 TRUE RÉGION AQUATIQUE. pusillum , Lin. P. monogynum, Gay. P. pectinatum, Lin. Zanichellia palustris, Lin. Z. pedicellata , Fries. LEmMNAcEæ. Lempnatrisulca, Lin. L. polyrrhiza, Lin. L. minor, Lin. L. gibba, Lin. TvpnaceÆ. Typha latifolia, Lin. Sparganium ramosum, Huds. S. simplex, Huds. ORcHIDEÆ. Orchis laxiflora, Lam. O. palustris, Jacq. O. latifolia, Lin. O. incarnata, Lin. O. maculata, Lan. Epipactis palustris, Crantz. IRIDEZ. Iris pseudo-acorus, Lin. LinaceÆ. Anthericum planifolium, Lin. Allium suaveo- lens, Jacq. Narthecium ossifragum , Huds. JuncacEæ. Juncus conglomeratus, Zin. J. effusus, Lin. J. glaucus, Ehrh. 3. fiiformis, Lin. J. squarrosus, Lin. J. compressus , Jacq. 3. Gerardi, Lois. J. Tenageia , Ehrh. J. Bufonius, Lin. J. pygmæus, Thuill. J. supinus, Mœnch. J. alpinus, Will. 3. lampocarpus, Ehrh. J. sylvaticus, Reichard. 3. obtusiflorus , Ehrh. Luzula glabrata, Desv. CyperAcEÆ. Cyperus flavescens, Lin. C. fuscus, Lin. C. longus, Zin. Schœuus nigricans, Lin. Cladium Maris- cus, R. Brown. Rhynchospora alba, Vahl. Heleocharis palustris, R. Brown. H. uniglumis, Rchb. H. acicularis, R. Brown. Scirpus cæspitosus, Zin. S. Bæotryon, Lan. S. fluitans, Lin. S. setaceus, Lin. S. supinus, Lin. S. la- custris, Lin. S. Tabernæmontani, Gmel. S. Holoschænus, Lin. S. maritimus, Lin. S. sylvaticus, Lin. S. Michehanus, Lin. S. compressus, Pers. Eriophorum alpmum, Lin. E. vaginatum , Lin. E. latifolium, Hopp. E. angustifolium, Roth. E. gracile, Koch. Carex Davalliana, Smith. C. pu- licaris, Lin. C. pauciflora, Light. C. chordorrhiza, Erh. C. divisa, Huds. C. disticha, Huds. C. vulpina, Lin. C. muricata, Lin. C. divulsa, Good. C. teretiuscula, Good. LISTE GÉNÉRALE DES PLANTES. 7 C. paniculata, Lin. C. stellulata, Good. C. leporina, Lin. C. elongata, Lin. C. canescens, Lin. C. vulgaris, Fries. - C. acuta, Lin. C. limosa, Lin. C. tomentosa, Lin. C. pani- cea, Zin. C. glauca, Scop. C. maxima, Scop. C. palles- cens, Lin. C. flava, Lin. C. distans, Lin. C. pseudo-Cy- perus, Lin. C. ampullacea, Good. C. vesicaria, Lin. C. paludosa, Good. C. riparia, Curt. C. filformis, Lin. C. à hirta, Lin. » GRAMINEÆ. Panicum crus-galli, Lin. Setaria glauca, P. de Beauv. Phalaris arundinacea, Lan. Alopecurus pra- tensis, Zin. À. geniculatus, Lin. À. fulvus, Snuth. Phleum pratense, Lin. Leersia oryzoïdes, Swartz. Polypogon mons- peliensis, Desf. Agrostis stolonifera, Lin. var. glaucescens. Phragmites communis, 7rin. Arundo Donax, Lin. Glyce- ria aquatica, Wahl. G. fluitans, R. Brown. G. distans, Wall. G. airoides, Rchb. Molinia cærulea, Mænch. Gau- dinia fragihis, P. de Beauv. Hordeum secalinum , ScAreb. EquiseraceÆ. Equisetum arvense, Lin. E. sylvaticum, Lin. E. palustre, Lin. E. limosum , Lin. E. variegatum, Schied. MarsizeAcEÆ. Pilularia globulifera , Lin. Marsilea qua- drifolia , Lin. Isoetes lacustris, Lin. LycopopraceÆ. Lycopodium inundatum, Lin. Selagi- nella spinulosa , 47. Braun. Fiices. Osmunda regalis, Lin. Ophioglossum vuigatum, Lin. Cystopteris fragilis. Bernh. C. regia, Presl. Scolopen- drium officinarum , Swartz. CHaracEÆ. Chara hispida, Lin. C.lætida, Al. Braun. C. fragilis , Desv. C. crinita, Wallr. Nitella coronata, Lec. et Lamt. N. Syncarpa , Coss. et (erm. N. translucens , Coss. et Germ. N. Brongniartiana, Coss. et Germ. N. gra- alis, Agardh. 8 RÉGION AQUATIQUE. $ 2. ASSOCIATION DES EAUX COURANTES. Après avoir décrit séparément les tableaux que noussof- fre la végétation dans les régions du midi, de la plaine et de la montagne, nous devons réunir ici, comme formant en quelque sorte un groupe particulier, tout ce qui est relatif aux plantes aquatiques ou à la région des eaux. L'influence, de cet élément sur la distribution géographique des espèces est telle, qu’elle l'emporte souvent sur la latitude et sur l'élévation , et quoique nous puissions citer des différences réelles dans la composition de nos associations, selon qu’elles appartiennent à la plaine ou à la montagne , au nord ou au midi, il n’en existe pas moins une grande uniformité dans l’ensemble de la végétation aquatique. C’est le plus ordinairement dans les montagnes que nais- sent les sources qui donnent issue aux eaux pluviales infil- trées dans le sol, et aux vapeurs condensées que les sommets élevés et refroidis ont absorbées dans l’atmosphère. Ces eaux s’écoulent et forment des ruisseaux plus ou moins rapides ; ils se réunissent et constituent des rivières qui -descendent dans les plaines, d’où après de longs détours elles gagnent la Méditerranée ou l'Océan. Tantôt ces cours d’eau marchent avec rapidité sur un plan incliné, tantôt arrêtés par la pres- que horizontalité du sol, ils promènent majestueusement des eaux calmes et profondes. Ailleurs les ruisseaux ou les rivières sont complétement ou presque entièrement arrêtés ; leurs eaux séjournent dans des bassins où elles se réunissent pour former des lacs, ou bien elles s’épanchent sur une vaste surface où cesse leur écoulement , et les marais y trouvent leur origine. Enfin, s’élançant des points plus élevés pour se précipiter d'étage “ EAUX COURANTES. 9 en étage, elles donnent naissance à ces magnifiques cascades qui décomposent en arc-en-ciel la lumière du soleil, et qui couvrent de rosée éternelle les roches qui prêtent leur appui à leurs eaux écumantes. La nature a destiné des plantes à suivre toutes les phases de l’eau qui jaillit, qui dort ou qui s'écoule. Flore, en quittant la source pour suivre le ruisseau , a détaché partout des fleurs de sa couronne , et c’est en unissant ses efforts à © jceux des nayades qu’elle a su composer ses plus frais et ses plus riches tableaux. À peine l’eau commence-t-elle à s’écouler, que des espèces d’un vert admirable y fixent leur séjour. Les calli- triches y conservent une verdure que l'hiver ne vient point altérer, et que le froid ne peut affaiblir. On voit les longues tiges du Callitriche vernalis, Kütz., et de sa variété stel- lata, Rchb., onduler au gré des courants, avec le C. pla- tycarpa, Kütz. , dont la teinte verte est si vive. Le €. stag- nalis, Scop., exige des courants moins rapides, comme le C. platycarpa, Kütz. , var. stagnalis, Rchb., et le C. vernalis, Kütz., var. terrestris, consent même à vivre sur la terre, pourvu qu’elle ait été inondée en hiver; les callitri- ches sont les plantes toujours vertes des fontaines , et elles partagent le séjour des sources et des ruisseaux les plus lim- pides avec quelques renoncules. C’est surtout le Ranunculus fluitans , Lam., que l’on rencontre dans les mêmes condi- tions. Ses longues tiges traînantes sont constamment agitées; c’est à peine si quelques-unes de ses fleurs blanches peu- vent monter et s'épanouir à la surface. On y trouve aussi le R. Lenormandi , Schutz., le R. aquatilis, Lin., et surtout sa variété homoïophyllus , commune dans les courants des montagnes, tandis que le R. trichophyllus, Chaix, attend que le cours soit déjà ralenti, et sa variété terrestris se con- æ 10 RÉGION AQUATIQUE. tente aussi, comme la variété du Callitriche vernalis, des bords des fossés couverts par l’eau en hiver et émergés pen- dant l'été. Les Potamogeton se mêlent rarement aux es- pèces précédentes. On trouve cependant le P. densum , Lin., dans les eaux courantes ; on voit sa variété angus- hfolium , Koch., végéter dans l’eau de source , mais sa va- riété lancifolium , Koch. , préfère les eaux dormantes; le P. crispum, Lin., est abondant dans tous les ruisseaux. Il n'existe toutefois dans les eaux vives qu’un très-petite nombre d’espèces submergées, et pour ainsi dire aucune qui soit nageante ; mais en revanche on trouve autour des fontaines et sur le bord des filets qui s’en échappent, une foule d’espèces plus fraîches les unes que les autres. On rencontre de larges tapis de Ranunculus hederaceus, Lin. On voit les jolies cimes roses du Sedum villosum, Lin. , qui, loin de croître sur les rochers arides comme les autres plantes du même genre, cherche les lieux les plus humides et les mieux arrosés. Les Montia rivularis, Gmel. et M. manor, Gmel., cachent souvent la source sous leurs épais gazons. Dès le printemps on aperçoit les groupes du Chrysosple- nium opposiifolium , Lin., suspendus aux rochers arrosés; et dans les parcelles de gravier enclavées par les méandres du ruisseau qui sort de la source, vient s’épanouir le C. alter- mfolium, Lin., dont les bractées dorées supportent des fleurs de même couleur, ou des capsules élégamment chargées de ses graines. De charmants contrastes naissent dans ces lieux toujours humides ; le Geranium Robertianum, Lin., et sa var. purpureum y balancent leur feuillage incisé et leurs fleurs purpurines près du Myosotis palustris, Withering. , tandis que les deux variétés strigulosa et montana de cette élégante borraginée préfèrent les marais. Les Cardamine EAUX COURANTES. 11 Impatiens, Lin., C. sylvatica, Link., et €. amara, Lin., font aussi partie de cette végétation printanière à laquelle s'ajoute un peu plus tard le Circœæa lutetiana , Lin. Dans les montagnes les sources sont quelquefois entière- ment cachées par de grands végétaux qui y trouvent admi- rablement toutes les conditions d’existence. Le Petasites albus, Gærtn., aux grappes blanches et aux soyeuses ai- greltes , l'Adenostyles albifrons, KRchb., couvert de ses corymbes fleuris, s'associent aux riches épis bleus du Mul- gedium alpinum, Lessing., et aux larges buissons du Ranunculus aconitifolius, Lin. Quand l’eau s'échappe sous ces grands végétaux , elle est bordée du Saxifraga stellaris, Lin., du S, rotundifolia, Lin., de la variété crassicaulis, Dec., du ranunculus acomitifolius, Lin., du Luzula gla- brata, Desv., du Veronica serpylhfolia, Lin. , variété nummularioides , de l'Epilobium origanifolium , Lin., et souvent des tiges transparentes de l’Impatiens noli tangere, Lin., dont les fleurs suspendues sont abritées la nuit par leurs feuilles qui les recouvrent en berceau. Le Chærophyllum hirsutum, Lin., suit le cours de tous les filets d’eau vive ; le Melopospermum cicutarium, Dec.., se développe dans les mêmes conditions sur la montagne de la Lozère, et montre tout le luxe des ombellifères dans son immense feuillage et ses larges ombelles. Mais la nature a partout ses contrastes, et tandis que nous voyons ici les eaux alimenter de très-grands végétaux , nous les voyons ailleurs arroser de véritables miniatures. Le Wahlenbergia hede- racea, Rchb., et l’Anagallis tenella, Lin., ces deux char- mantes créations, sont presque toujours associés , l’un éta- lant ses feuilles arrondies et dressant ses corolles carnées, l’autre allongeant ses frêles rameaux et ses feuilles si- 12 RÉGION AQUATIQUE. nuées, et conservant, pour ses tendres corolles, le bleu pur qui est la livrée de toute sa famille. C’est encore le pied baigné par les file au qui s’échap- pent des sources, que l’on rencontre le Nasturtium offei- nale, R. Brown., et sa variété siifolium, Koch. ; on y voit les bouquets odorants et les larges silicules du Lunaria re- diviva , Lin., l'Epilobium trigonum, Schranck. , les fleurs printanières du Cardamine pratensis, Lin., et les corolles orangées du Caltha palustris, Lin., dont la variété manor cherche pour ses racines un fonds tourbeux arrosé par l’eau vive. C'est aussi dans les mêmes lieux et sur les rochers mouillés par les sources ou les cascades que l’on voit naître les touffes du Scolopendrum officinarum, Swartz., et les frondes délicates des Cystopteris fragilis, Bernh., et C.re- gta, Pres. Dès que l’eau s'éloigne un peu de son point d’origine, elle devient moins pure et moins froide en été ; elle alimente les ruisseaux et les rivières , dont le cours plus ou moins rapide et les bords plus ou moins escarpés et couverts d’al- luvions, nourrissent un nombre considérable de végétaux. Les graines , müries sur un point, sont bientôt emportées par le courant qui les dissémine un peu plus bas, et les plantes des montagnes sont condamnées à vivre ainsi dans les plaines, constamment renouvelées par la persévérance des eaux à y porter leurs graines. Une végétation arborescente, presque entièrement com- posée de la famille des salicinées , se développe en lignes sinueuses, comme les cours d’eau qu’elle accompagne. On y voit tous les peupliers, Populus alba, Lin., P. fastigiata, Poir., P.nigra, Lin., et P.tremula, Lin. Ces grands ar- bres dominent le genre Salix, si nombreux en espèces, et EAUX COURANTES. 13 qui forme de véritables taillis le long des rivières. Le plus Salix alba, Lin., mais constamment taillé prenant nulle part cet aspect majestueux commun est le et rabougri et ne qu’il acquiert quar de l’Elbe et des rivières du nord de l'Allemagne. Puis vien- nentles Salix cinerea, Lin., $. Caprea, Lin., et sa variété montagnarde tomentosa, S. fragilis, Lin., S. aurita, Lin., S. amygdalina, Lin., et sa variété concolor, Koch. , tous et très-élégants, S. purpurea, Lin., l’un d il croît en liberté, comme sur les bords es plus communs, et qui offre aussi deux variétés, Lambertiana, Koch., et Helix, Koch., S. viminalis, Lin., et S. rubra, Huds. Dans les montagnes , c'est le magni- fique S. pentendra, Lin., à feuilles lustrées et odorantes, et dans la région méridionale le S. incana, Schranck. Tous ces saules, souvent mélangés, varient de hauteur et de feuillage, offrent toutes les teintes du vert et du glauque, diversifient le paysage et contribuent beaucoup à ses effets ; ils produi- sent de charmantes harmonies. L’Alnus glutinosa , Gærtn., s’y associe dans un grand nombre de localités, mais cet arbre préfère les eaux moins courantes ou du moins un sol un peu plus marécageux. Le Solanum Dulcamara, Lin., complète cette végétation arborescente , en y suspendant ses bouquets de fleurs violettes et ses baies éclatantes. Outre les espèces entièrement aquatiques habitant les eaux vives et se retrouvant aussi à une certaine distance des sources, on rencontre quelques espèces submergées, qui n’auraient pu se développer dans les fontaines, mais qui croissent cependant dans l’eau courante. Elles sont en petit nombre ; nous ne pouvons citer que la variété proliæus, Koch., du Potamogeton natans, Lin. , la variété magor du Zanichelha palustris, Lin., et le Myriophyllum alterni fto- rum , Dec., qui affronte le courant de la Sioule, Les plantes 14 RÉGION AQUATIQUE. # non submergées , mais aquatiques , sont moins rares ; on Y distingueles belles fleurs jaunesde l’Fris pseudo-Acorus, Lin., le Scrophularia Balbisii, Hornem., le Veronica Beccabunga, Ein., et le V. Anagallis, Lin., qui ne se rapproche pas au- tant des sources que la première , l’Helosciadium nodiflo- rum, Koch., et sa variété ochreatum, Dec., et le Berula an- gustifolia, Koch. D’autres espèces suivent les eaux courantes de très-près, souvent baignées par elles ; nous rappellerons le Geranium phœum , Lin., et sa variété Lividum, le G. Robertianum , Lin., le Geum rivale, Lin., avec ses pétales rosés, et les jolis buissons du Spiræa Ulmaria, Lin., aux panaches blancs et odorants. Une foule d’épilobes se disputent aussi les rives des cou- rants; on y remarque les Epilobium lanceolatum, Seb. et Maur., E. parviflorum , Schreb., E. virgatum , Fnies., E. roseum , Schreb., et le grand Æ. ursutum, Lin., à fleurs roses , auxquelles succèdent de blanches aigrettes. Près de là croissent aussi le Lytrum Salicaria, Lin., et ses variétés hexagonum et alternifolium , dont les longs épis purpurins dépassent les bouquets serrés, roses où blancs, de l’Eupato- rium cannabinum, Lin., et de sa variété simplicifoha. Là se trouvent aussi le Stellaria uliginosa, Lin., le Scutellaria minor, Lin., et l’Hesperis matronalis, Lin., le type de nos giroflées vivaces. Un peu plus loin, et sur le sol encore humecté, paraissent les belles touffes de l’Epilobium Dodoneæxr , Viil., le Dipsa- cus pilosus, Lin., les Mehlotus alba, Desr., et M. macro- rhiza, Pers., et sur les racines des arbres constamment ar- rosés le Lathræa Squamaria , Lin., bien plus rare que le L. clandestina, Lin., qui forme, dès les premiers jours du printemps, de vastes parterres couverts de ses longues fleurs violettes et veloutées. EAUX COURANTES, 15 Nous pourrions étendre encore ce tableau de la végétation des fontaines, car bon nombre d’espèces acceptent cet arro- sement perpétuel qui entretient leur fraicheur, mais alors nous serions forcés de revenir sur ce que nous avons dit de l’association des bords des rivières, ou d’anticiper sur la des- cription des scènes que vont nous présenter les eaux sta- gnantes. Liste des plantes aquatiques des eaux vives et courantes. Ranunculus hederaceus, Lin. R. Lenormandi , Schultz. KR. aquatilis, Lin. Id. var. homoiophyllus. R.trichophyllus, Chaix. _R. fluitans, Lam. R. aconitifolhius, Lin. Id. var. crassicaulis, Dec. Caltha palustris, Lin. Id. var. minor. Nasturtium offici- nale, R. Brown. Id. var. süfolium , Koch. Cardamine impa- tiens, Lin. CG. sylvatica, Link. C. pratensis, Lin. CG. amara, Lin. Hesperis matronalis, Lin. Lunaria rediviva, Lin. Stella- ria uliginosa , Murr. Geranium phæum, Lin. Id. var. lividum. G. Robertianum, Lin. Id. var. purpureum. Impatiens noli tangere, Lin. Melilotus macrorhiza, Pers. M. alba, Desr. Spiræa Ulmaria, Lin. Geum rivale, Lin. Epilobium Dodoræi, Vall. E. hirsutum, Lin. E. parviflorum, Schreb. E. lanceola- tum, Seb. et Maur. E. virgatum , Fries. E. roseum, Schreb. E. trigonum, Schrank. E. origanifolium , Lam. Circæa lute- tiana, Lin. Miryophyllum alterniflorum , Dec. Callitriche stagnalis, Scop. GC. platycarpa, Kütz. C. vernalis, Kütz. I. var. stellata, Rchb. Lythrum Salicaria, Lin. Montia minor, Gmel. M. rivularis, Gmel. Sedum villosum, Lin. Saxifraga stellaris, Lin. S. rotundifolia, Lin. Chrysosplenium alternifo- lium , Lin. C. oppositifolium, Lin. Helosciadium nodiflorum, Koch. Yd. var. ochreatum, Dec. Berula angustifolia , Koch. Chærophyllum hirsutum, Lin. Melopospermum cicutarium, Dec. Dipsacus pilosus, Lin. Eupatorium cannabinum , Lin. Id. var. simplicifolia. Adenostyles albifrons, Rchb. Petasites albus, Gærtn. Mulgedium alpinum , Lessing. Wahlenbergia hedera- 16 RÉGION AQUATIQUE. cea, Rchb. Myosotis palustris, Wath. Id. var. montana. Sola- num Dulcamara , Lin. Scrophularia Balbisui, Hornem. Vero- nica Anagallis, Lin. V. Beccabunga, Lin. V. serpyllifolia, Lin. var. nummularioides. Lathræa Squamaria , Lin. L. clan- destina , Lin. Scutellaria minor, Lin. Anagallis tenella, Lin. Salix pentandra, Lin. S. fragilis, Lin. S. alba, Lin. S. amyg- dalina , Lin. Id. var. concolor, Koch. S. purpurea, Lin. Id. var. Lambertiana, Koch. Id. var. Helix, Koch. S. rubra, Huds. S. viminalis, Lin. S. incana, Schrank. S. cinerea, Lin. S. Caprea, Lin. Id. var. tomentosa. Populus alba, Lin. P. Tre- mula, Lin. P. nigra, Lin. P. fastigiata, Poir. Alnus gluti- nosa , Gœrtn. Potamogeton natans, Lin. var. prolixus, Koch. P. crispum, Lin. P. densum, Lin. Id. var. angustifolium, Koch. Zanichella palustris, Lin. var. major. Iris pseudo-Aco- rus, Lin. Luzula glabrata , Desv. Cystopteris fragilis, Bernh. C. regia, Presl. Scolopendrium officinarum, Swartz. $ 3. ASSOCIATION DES EAUX STAGNANTES. Si l’eau vive des sources convient à certaines espèces du règne végétal , elle nuit beaucoup à d’autres, et quand on compare le nombre des plantes aquatiques et leurs stations relatives, on reconnaît bientôt que les eaux dormantes et les marais l’emportent de beaucoup sur les sources et les ruis- seaux à cours rapide. Si cependant on considère avec quelque attention la posi- tion et les préférences de tous ces végétaux, on remarque bientôt des différences très-grandes, qui ne paraissaient pas au premier abord. Ainsi, des espèces croîtraient facilement, arrosées par des eaux vives , si leurs racines étaient implantées sur un fonds marécageux , et nous trouvons fréquemment ces conditions réunies dans les marais des montagnes, où la fonte des nei- EAUX STAGNANTES. 17 ges entretient tout l’été des petits courants d'eau glacée. C’est en quelque sorte une station intermédiaire entre celle des sources et celle des marais. Aussi, un peu plus bas, et dans des bassins plus grands, où le liquide est tout à fait stagnant, ce sont d’autres végétaux , plus spécialement ma- récageux, et qui redoutent l’eau froide et pure des neiges ou des fontaines. d Nous trouvons encore dans les montagnes des lacs souvent alimentés par les neiges, recueillant leurs eaux dans tout leur pourtour , et les laissant échapper par un dégorgeoir. Ces lacs sont pauvres en végétation ; ils sont trop profonds pour les plantes réellement aquatiques, trop froids pour celles de la plaine, mais leurs bords présentent souvent la végétation des sources ou des eaux vives. Ailleurs ce sont des étangs ou des lacs dont les eaux sont tiédies par le soleil, des mares ou des fossés remplis, dans lesquels se développe tranquillement la majeure partie des plantes aquatiques. Puis viennent les prairies marécageuses, où se réunissent en grand nombre les plantes qui ont besoin d’une humidité constante. Enfin, le plus grand nombre des plantes aquatiques, in- différentes au choix de leur terrain, constituent une associa- tion très-hétérogène , dont les principales espèces ont déjà passé sous nos yeux, et que nous allons retrouver mêlées à une autre végétation qui occupe le bord des étangs et des fossés , les lieux inondés pendant l'hiver, et tous les points où l’eau fait un séjour plus ou moins prolongé. Les marais alimentés par la fonte des neiges n’ont pas une végétation très-variée, mais les espèces qui les habitent offrent un grand nombre d'individus et vivent presque tou- jours en société. ll 9 18 RÉGION AQUATIQUE. Les saules y sont les seuls végétaux arborescents, et on les voit successivement fleurir à mesure que la fonte des neiges découvre leurs buissons. Le Sahix lapponum , Lin., est le plus remarquable par ses feuilles argentées ; le S.phy- licifolia , Lin., s’y montre avec sa variêté laurina , Koch., etle S.repens, Lin., dont Delarbre avait fait quatre espèces, est dispersé çà et là, avec sa variété argentea, Koch. Plusieurs glumacées se présentent en abondance au mi- lieu de ces marais et y forment, pour ainsi dire , le fond de la végétation. On y voit le Juncus alpinus, Vill., le J. squar- rosus, Jacq., le J. lampocarpus , Ehrh., et sa variété af- finis, le Scirpus cæspitosus , Lin., très-abondant, les Carex paniculata, Lin., C. stellutata, Good., C. fiiformis , Lin., les Eriophorum vaginatum , Lin., et E. alpinum, Lin., dont les aigrettes légères, agitées par les vents, embellissent ces solitudes élevées. ; Les filets d’eau glacée, dès qu'ils abandonnent les amas de neige qui leur donnent naissance , sont bordés des fleurs orangées du Caltha palustris , Lin., variété minor, d’une grande intensité de couleur, et formant les plus jolis con- trastes avec le Cardamine pratensis, Lin., dont la nuance lilas augmente de vigueur à mesure qu’on s'élève et que l’eau d’arrosement est plus froide. Le Ranunculus aconiti- folius , Lin., variété crassicauhs, Dec., est aussi commun sur les mêmes terrains, et, quand il existe des fondrières entretenues par l’écoulement de ces eaux glacées, on les voit couvertes de Sphagnum , sur lesquels se développent les ro- settes étalées du Saxifraga stellaris, Lin., et les touffes verdoyantes de l’EÆpilobium origamifolium , Lam. Le Pin- guicula vulgaris, Lin., et sa belle variété grandiflora , s’y remarquent de loin à leurs feuilles jaunes et à leurs fleurs solitaires ; le Comarum palustre, Lin., vient se mêler en EAUX STAGNANTES. 19 abondance à cette curieuse association : le Viola palustris, Lin., recherche les points plus élevés , où 1l peut s’abriter de l'eau courante, et le charmant Zichnys flos-cuculi, Lin., aux pétales onduleux et frangés , a transporté dans les hautes régions sa variété congesta , dont les fleurs légères teignent en rose tendre de vastes étendues. Plus tard , le Swertia perennis, Lin., montre ses verti- alles de fleurs bleues ; le Gentiana Pneumonanthe, Lin., et surtout sa variété latifolia , ouvrent de tous côtés leurs clo- ches d’azur , et le Parnassia palustris, Lin., et sa variété minor, paraissent çà et là en groupes isolés, et préludent, par la blancheur de leurs corolles , au manteau de neige qui doit bientôt effacer leurs traces. De nombreux ruisseaux sortent de ces marais, serpen- tent sur les pelouses , et entraînent avec eux les graines des espèces que nous venons de citer, en sorte que leurs bords sont souvent ornés des mêmes végétaux et de quelques es- pèces qui aiment les eaux courantes, et dont nous avons déjà parlé. Ces eaux se rendent dans des lacs ordinairement très- profonds, et dont les pentes submergées sont souvent couver- tes d’Isoetes lacustris, Lin., tandis que la surface ne mon- tre aucune plante aquatique , si ce n’est parfois, mais seu- lement sur les bords, le Polygonum amphibium, Lin., dont les gracieux épis roses dominent le liquide , près des feuilles et des fleurs flottantes de l’Alisma natans, Lin. Deux Pota- mogeton , le P. rufescens, Schrad., et le P. heterophyllum , Schreb., habitent aussi les mêmes eaux , où ils acquièrent de très-grandes dimensions, et se font distinguer à la cou- leur rembrunie de leur feuillage. Le Scirpus fluitans, Lin., s’y montre en larges tapis , que le moindre vent fait osciller, et la brillante famille des nymphéacées s’y fait remarquer par 20 RÉGION AQUATIQUE. la présence des Nuphar luteum , Smith., et N. pumilum , Smith., dont les feuilles radicales, vertes et transparentes, restent constamment submergées, tandis que les autres, sou- tenues par de longs pétioles inclinés, accompagnent les fleurs orangées qui s’épanouissent à la surface. Mais si les eaux de ces profonds bassins ne nous offrent pas de nombreuses associations, il n’en est pas de même de leurs bords ; là, les végétaux se pressent sur des tapis de Sphagnum ; ils avancent chaque année sur le bord des eaux, s'appuyant sur les racines de l’Alnus glutinosa , Gærtn., et du Betula pubescens , Ehrh., qui commencent à paraître , sur plusieurs Salix , que nous avons déjà cités.L ’eau se couvre, à la longue, d’une ceinture qui rétrécit l'étendue du lac, qui peut, à la suite des siècles , le cacher en entier, et le botaniste qui s’avance sur ces parterres flottants sent le sol trembler sous ses pieds , et n’est, en réalité, soutenu que par les plantes entrelacées qui forment ces immenses et sin- guliers radeaux. Indépendamment des espèces que nous avons recueillies le long des filets d’eau qui s’échappent des neiges ou dans les marais qu'ils alimentent, nous retrouvons dans cette sta- tion éminemment tourbeuse les véritables plantes des ma- rais ; elles y sont serrées et nombreuses. Ce sont des localités très-riches, où l’ardeur de la science ne doit pas faire oublier au botaniste qu’il marche sur un sol mouvant et imbibé , parsemé de dangereuses fondrières. Quelquefois même des parcelles de ces terrains mouvants se détachent avec leurs végétaux, et des îles flottantes emportent leurs richesses sur des lacs étendus. On voit bien peu d’arkres occuper ces terrains tour- beux, mais pourtant on y rencontre , comme nous l’avons déjà dit, le Betula pubescens, Ehrh., le Salix aurita, Lin., EAUX STAGNANTES. 21 et principalement ses deux variétés wliginosa et lerocarpa. D'innombrables touffes de Sphagnum croissent de tous cô- tés, et présentent toutes les teintes de jaune, de vert et de rouge brun. C’est sur leurs gazons encore vivants ou sur la tourbe imbibée qui résulte de leur décomposition que nais- sent les charmants Drosera, l'un, le D.rotundifolia , Lin., à feuilles arrondies, l’autre, le D. intermedia, Hayne, à feuilles allongées, et tous deux couverts de ces fleurs légères et de ces glandes purpurines qui leur valurent le nom poé- tique de rosée du soleil. Ces plantes vivent en petits grou- pes dans le voisinage du Scheuchzeria palustris, Lin., et plus rarement du Narthecium ossifragum, Huds. Près de là se trouvent aussi, sur la vase où parmi les mousses, le Selaginella spinulosa , AI. Braun., que l'on rencontre rarement , et le Lycopodium inundatum , Lin., dont les tiges rampantes émettent de tous côtés leurs ra- meaux fructifiés. L’Andromeda polü/olia , Lin., y montre ses corolles en grelot, et le Vaccinium Oxicoccos, Lin., aux tiges débiles et allongées , couvre les tapis de Sphagnum , sur lesquels il s’étend, de ses fleurs élégantes et de ses baies d’un beau rouge que la mousse semble revendiquer. Divers Eriophorum , parmi lesquels on distingue surtout l’E. gra- cile, Koch., montrent leurs panaches blancs au-dessus des Carex pauciflora, Light., C. limosa , Lin., C. fiifornus, Lin., C. chordorrhiza, Ehrh., et concourent, en enlaçant leurs longues racines avec les rizhomes souterrains de ces Ca- reæ, à solidifier ces terrains nageants ou suspendus dont nous décrivons la curieuse végétation. De belles touffes de Ligu- laria sibirica , Cass., s’aperçoivent de loin au-dessus de tous ces végétaux , et le Cicuta virosa, Lin., enfonçant ses grosses tiges et ses puissantes racines dans d’épaisses cou- ches de vase, élève ses ombelles blanches au-dessus des ta- 22 RÉGION AQUATIQUE. pis étendus du Comarum palustre, Lin., qui est lui-même mélangé à la variété terrestre, Koch., du Polygonum am- phibium, Lin. Ces terrains offrent souvent des touffes très-nombreuses du Vaccinium uliginosum, Lin., facile à distinguer du V. Myrtillus, Lin., à la chair blanche de ses fruits. L’Orchis incarnata, Lin., à fleurs roses ou plus souvent à fleurs blan- ches, végète près du Caltha palustris, Lin., dont une forme est parfaitement identique au C. flabellifohia, Pursch., es- pèce américaine bien voisine de la nôtre. Le Molinia cœærulea, Mœnch., est répandu dans les ma- rais , ainsi que le Myosotis palustris, With., et sa variété montana. L’Elodes palustris, Spach., ne se montre que dans l’ouest de notre circonscription , et le Veronica scutel- lata, Lin., est fréquent, sans être nulle part très-abon- dant. Nous rencontrons aussisur la tourbe l’Epilobium palustre, Lin., et ses nombreuses variétés pilosum , Koch., Schmid- tianum, Koch., lavandulæfolium et nanum. L’Euphorbia procera , Bieb., nous offre sa variété trichocarpa, Koch., avec ses bractées bordées de rouge, et nous retrouvons en- core le Pinguicula vulgaris, Lin., et sa variété grandi flora, le Cardamine pratensis, Lin., le Gentiana Pneumonanthe, Lin., et la blanche Parnassie. Nous avons considéré jusqu'ici les marais les mieux ca- ractérisés, et, pour ainsi dire, supportés par l’eau pure ou bourbeuse ; nous devons maintenant étudier les prairies ma- récageuses , celles dont le fond est constamment humide , et qui tiennent le mieu æntre les marais et les prairies or- dinaires. Nous y trouverons d’abord une foule de cypéracées qui contribuent, pour une large part, au mauvais foin qu'elles EAUX STAGNANTES. 23 produisent. Les Carex y abondent , et nous citerons seule- ment les C. Davalliana, Smith., C. pallescens, Lin., C. leporina, Lin., C. tomentosa, Lin., C. muricata, En, C canescens , Lin., C. stellutata, Good., C. teretruscula , Good., C. vulpina, Lin., et sa variété nemorosa , Koch., qui préfère cependant les bois aux marais, C. pulicaris, Lin., C. paludosa , Good., et sa variété Kochiana , C. vulgaris, Fries., et variété fusca, C. acuta , Lin. Les Eriophorum y sont également communs, et l’on rencontre partout l’E. latifolium, Hoppe, ainsi que l'E. angushfolium, Roth., et sa variété elatius, Koch.; on les distingue de loin à leurs graines soyeuses et argentées. Le Scirpus sylvaticus, Lin., abrité par de larges touffes de Spiræa Ulmaria, Lin., ouvre ses vastes corymbes verdâtres , et le Juncus sylvaticus, Reichard, élève de tous côtés ses tiges remplies de moelle. Les prés marécageux du midi offrent quelquefois l’An- thericum planifolium, Lin., et l’Allium suaveolens, Jacq. Parmi les fougères l’Osmunda regalis, Lin. , est la plus belle et la plus apparente; nous la rencontrons rarement ainsi que l’Ophioglossum vulgatum, Lin. , qui reste caché sous les autres végétaux , mais nous trouvons en abondance l'Equisetum palustre, Lin., et ses variétés nudum, et polystachion, et nous voyons dans les montagnes l’élégant E. sylvaticum, Lin., dont les tiges articulées et les verticil- les étagés nous rappellent encore ces grands végétaux du monde antédiluvien. La floraison de ces prairies maréca- geuses est aussi riche que variée. Là , seulement , nous ren- controns l’Orchis palustris, Jacq., en magnifiques épis, l'O. laxiflora , Lam. , avec ses lâches panicules , l’O. lati- foia, Lin., et l'O. maculata, Lin., tous deux si variés dans les macules de leur feuillage, et dans les admirables dessins qui ornent leur périgone. Près d'eux vient quelquefois lEpr- 24 RÉGION AQUATIQUE. pactis palustris, Crantz. Les plus jolies fleurs se donnent rendez-vous sur ces tapis humectés ; on y voit le Menyanthes trifoliata, Lin., ouvrant ses corolles carnées , et étalant la peluche veloutée dont elles sont formées près des toufles gracieuses et azurées du Myosotis cæspitosa, Sculthz, près des couronnes orangées du Lotus uliginosus, Schkuhr:, ou des épis roses du Polygonum Bistorta, Lin. Ailleurs ce sont en- core le Caltha palustris, Lin., le Cardamine pratensis, Lin., le Lychnis flos-cuculi, Lin., ces anciennes amies de notre en- fance, les corymbes parfumés du Valeriana dioica, Lin., et les Pedicularis palustris, Lin., et P. sylvatica, Lin., seuls représentants, dans nos prairies humides, de ces élégantes légions qui décorent les pelouses humectées des Alpes et des Pyrénées. | Ces tableaux de la végétation sont encore ornés des fleurs nombreuses du Scorzonera humihis, Lin., et de sa variété angustifohia , dont les fleurons soufrés sont souvent rem- placés par la poussière violette et abondante de l’Uredo re- ceptaculorum , Dec.; le Symphitum officinale, Lin., abonde dans ces mêmes prairies , et si elles sont élevées, on y trouve encore le Cirsium rivulare, Link., le C. palustri-erisi- thales, Nœgel., le C. palustre, Scop., et le Crepis palu- dosa, Mœnch. Le Petasites vulgaris, Desf., y étale quelque- fois son ample feuillage, le Tetragonolobus siliquosus, Roth., rampe à la surface du sol près des fossés peu profonds où vé- gètent le Samolus Valerandi , Lin. , et l'odorant Teucrium Scordium, Lin. On voit aussi communément le Galium uli- ginosum, Lin., la variété humifusa du Potentilla Tormen- ülla, Sibt., surtout dans les montagnes, de nombreux OEnanthe, tels que OE. pimpinelloïdes, Lin., OE. fistu- losa, Lin., OE. Lachenalii, Gmel., le Silaus pratensis , Bess., et le Carum verticillatum , Koch., dont les feuilles EAUX STAGNANTES. 25 délicates et les découpures verticillées ajoutent encore à l'élégance des jardins marécageux que nous venons de décrire. Toutes ces eaux descendent dans la plaine, alimentent des ruisseaux, des bassins plus ou moins profonds, des étangs, des mares et des fossés , et c’est au milieu de ces eaux tout à fait stagnantes ou douées, comme les larges rivières, d’un très-faible courant , que se développent en abondance, et toujours en société, les véritables plantes aquatiques. Les nénuphars y dominent par la beauté de leur feuillage et la magmificence de leurs fleurs, et quoique nous n’ayons ici que le Nymphæa alba, Lin., et le Nuphar luteum, Lin., pour représenter cette magnifique famille, ces deux espèces suffisent pour animer nos eaux. Leurs feuilles , portées sur de longs pétioles, s'élèvent ou s’abaissent , selon le niveau du liquide , et leurs fleurs, semblables à des lys blancs ou à des boutons d’or, véritables étoiles de la terre, se balancent mollement sur une surface miroitante sous laquelle elles se plongent tous les soirs. L’élégant Limnanthemum nym- phoides, Link., prend à la fois la beauté du feuillage des né- nuphars et la délicatesse élégante des fleurs du trèfle d’eau. On voit encore le Hottonia palustris, Lin., remplir des bassins de ses rameaux verticillés, dont le liquide étale les mille découpures , tandis que l’air reçoit ses panaches blancs et étagés. Plus loin , ce sont les Myriophyllum spicatum , Lin., et M. verticillatum, Lin., qui rappellent les élégants verticilles du Hottomia, et dont les épis modestes décèlent la présence sur de vastes étendues. Ailleurs , c’est le Trapa natans, Lin., étalant sa rosette flottante et ses fleurs jaunâtres, et mürissant son fruit comes- üible près des épis carminés du Polygonum amphibium , 26 REGION AQUATIQUE. Lin. , dont les feuilles restent posées sur la surface des eaux. Les Ceratophyllum demersum , Lin., et C. submersum , Lin., y sont constamment plongés, tandis que d’ingénieux flotteurs soutiennent les Utricularia vulgaris , Lin., et U. minor, Lin., dont les jolies fleurs jaunes se balancent au gré de la brise qui vient rider leur mobile support. La curieuse famille des Chara reste constamment sub- mergée, et accomplit, à l’abri de l’air atmosphérique, l’im- portante fonction de sa reproduction. On voit les Chara hispida , Lin., et C. fœtida, Al. Braun., former sur la vase de magnifiques gazons. Il en est de même du C. fragilis , Lin., et de sa variété elongata, Coss. et Germ. Les Mitella, plus nombreux en espèces, sont moins fréquemment répan- dus. On y distingue le N. translucens, Coss. et Germ., le N. Brongnartiana, Coss. et Germ.., le N. gracilis, Agardh., qui préfère les eaux des montagnes’, le N. coronata, Lec. et Lamt., qui habite les étangs de la Loire , et le N. syn- carpa, Coss. et Germ., qui réside aussi dans les régions élevées. Ce sont surtout les eaux dormantes et peu profondes des marais qui nourrissent les Chara, tandis que dans d’autres localités on voit ces mêmes eaux couvertes de ces milliers de feuilles de Lemna, plantes éminemment sociales , dont les fructifications sont aussi rares que curieuses. Le Lemna gibba, Lin., y étale ses feuilles bossues , le L. trisulca, Lin. , a les siennes triangulaires, le L. polyrrhiza , Lin., y laisse flotter ses nombreuses racines, et le L. minor, Lin., plus petit que les autres, est aussi moins répandu. Il n’est personne qui n’ait remarqué ces tapis si unis et d’un vert si pur que présentent ces plantes vulgaires, qui cachent ainsi aux yeux les eaux croupissantes et les parent de leur verdoyante végétation. EAUX STAGNANTES. 97 Nous rencontrons avec elles le Zanichellia palustris, Lin., et quoique les callitriches préfèrent, en général, les eaux courantes, nous y remarquons encore le Callitriche slagna- lis, Scop., et le C. platycarpa, Kütz, dont la variété stag- nalis , Rchb., appartient aux eaux stagnantes. Nous trouvons aussi, dans l’ouest de notre circonscription, l’Hydrocotyle vulgaris, Lin., l’Heliosciadium inundatum , Koch.., et dans les étangs du Puy-de-Dôme le Marsilea qua- drifolia, Lin., avec ses jolies folioles striées et ses globules fructifères. Les Potamogeton sont aussi très-répandus; le plus com- mun est le P. natans, Lin., que l’on rencontre aussi sur les eaux courantes ; puis le P. lucens, Lin., avec son beau feuillage transparent , le P. pusillum, Lin., et sa variété major, le P. monogynum , Gay. Nous trouvons rarement le P. perfoliatum, Lin., et plus fréquemment le P. pectina- tum , Lin., avec son léger feuillage. La plupart de ceux que nous avons indiqués dans les eaux courantes se retrouvent également dans celles qui n’ont aucun cours, et ces plantes viennent égayer tous les lieux où l’eau peut séjourner ; tels sont les P. crispum, Lin., P. densum , Lin., et surtout sa variété lancifohium , Koch., et P. heterophyllum , Schreb. On trouve parfois avec eux les Elatine , et surtout E. Al- sinastrum , Lin., E. major, Braun., et rarement £. hexan- dra, Dec. Ces plantes peuvent vivre sans être entièrement immergées ou nageantes. Il en est de même de l’Hippuris vulgaris, Lin., que nous trouvons rarement dans nos étangs. De grandes et élégantes graminées paraissent encore dans les eaux peu profondes ; les unes, comme les Glyceria flui- tans, R. Brown., et G. aquatica, Vahl., laissent flotter leurs feuilles et élèvent leurs panicules bien au-dessus de la surface : elles peuvent habiter des eaux assez profondes ; 28 RÉGION AQUATIQUE. d’autres, comme les Poa aquatica, Lin, Glyceria airoides, Rchb., et Leersia oryzoides, Swartz, se contentent d’enfon- cer dans la vase de profondes racines, et se dégagent entière- ment du liquide pour orner les bords des fossés et des étangs de nombreuses panicules, près desquelles on voit souvent paraître l’ombelle rose du Butomus umbellatus, Lin. C’est dans des lieux semblables que l’on voit fleurir le Gratiola officinalis, Lin. Le Sparganium simplex , Huds., et sa variété intermedium, et le S. ramosum, Huds., s’y mul- üiplient à l'infini, portant en globes séparés leurs fleurs de sexe différent. Le Sagittaria sagittæfolia, Lin., couvre de vastes espaces de ses fleurs blanches et de ses racines comes- übles, tandis qu'ailleurs les eaux sont cachées par les chau- mes fructifères des Scirpus lacustris, Lin., et S. Tabernæ- montant, Gmel., dont le vent courbe les massifs en même temps qu’il enlève les semences ailées du Typha latifolia, Lin., et de sa variété elatior, faisant ainsi disparaitre l'effet pittoresque que donnent au paysage les masses noires et multipliées de ces élégants roseaux. Telles sont les harmonies que nous présentent les eaux ; mais rien n’est fixe, rien n’est limité dans la nature. Les espèces purement aquatiques s’échappent quelquefois pour essayer d’un séjour terrestre , et y prennent des habitudes nouvelles ; d’autres restent confinées sur les bords des étangs sans y pénétrer. Les fossés et les mares ont tout un cortége de plantes qui acceptent au besoin quelques jours de sub- mersion , qui s’accommodent d’avoir constamment le pied dans l’eau ou qui se contentent même d’un sol continuelle- ment ou accidentellement humecté. Ce sont en quelque sorte les plantes aquatiques libres , s’habituant à tout, végétant partout où il existe de l'humidité, et par conséquent com- munes et répandues. EAUX STAGNANTES. 20 Les végétaux que nous allons citer sont en partie ceux des bords des rivières, mais cependant avec cette différence que c’est plutôt l’eau que l’alluvion qui détermine leur sé- jour et favorise leur multiplication. Ainsi l’on voit des espèces entièrement aquatiques dans plusieurs circonstances, croître sur la terre si les eaux les abandonnent, ou y vivre de préfé- renee ; telles sont le Polygonum amphibium, Lin., variété terrestre, le Myriophyllum verhieillatum , Lin., variété i- mosum, Dec., le Marsilea quadrifoha, Lin., le Nasturtium amplubium, R. Brown., l’Isnardia palustris, Lin., le Ranunculus tricophyllos, Chaix., variété terrestris, le Callitriche vernalis, Kütz., variété terrestris. Il existe des familles de plantes presque entières qui vivent ainsi sur le bord des eaux dans les conditions que nous venons d’indi- quer. Nous citerons surtout les cypéracées, les joncées et les polygonées. Les cypéracées forment de vastes gazons sur le bord des eaux, et étendent leurs racines traçantes le long des fossés, dans la vase , dans les prés très-humides , et on les voit sou- vent aussi le. pied dans l’eau, émettant de nombreuses feuilles triangulaires et coupantes, et montrant leurs épis unisexués . Les plus répandues sont les Carex hirta, Lin., et sa va- riété hirlæformis , et surtout le €. glauca, Scop., que l’on trouve partout; viennent ensuite les C. panicea, Lin., C. divulsa, Good., qui aime autant l'ombre que l'humidité , le C. disticha, Huds., le C. flava, Lin., et sa variété OEderi, et le C. vesicaria, Lin., si remarquable par ses épillets gon- flés et suspendus. Le C. ampullacea, Good. est encore plus curieux et moins répandu, et le C. riparia , Curt., occupe souvent, avec les Sparganium , les fossés profonds et tour- beux , où ses longues racines peuvent s'étendre en toute 30 RÉGION AQUATIQUE. liberté , et où ses épis noirâtres produisent beaucoup d’effet. Il est remplacé dans notre région méridionale par le C. maxima , Scop., qui est cependant beaucoup plus rare , et nous rencontrons aussi quelquelois le C. pseudo-Cyperus , Lin., et le C. elongata, Lin. Le Rynchospora alba, Vahl., est souvent mélangé aux Carex, et le Schœnus nigricans, Lin., se trouve dans les mêmes conditions , mais seulement dans la région méridio- nale. Déjà nous avons vu les grands Scirpus peupler les étangs et former de véritables taillis marécageux au-dessus des eaux ; nous retrouvons sur leurs bords le Scirpus seta- ceus, Lin., formant, avec sa variété intermedius, de petits gazons verdoyants. Nous y trouvons également les S. Bæo- yon, Lin., S. compressus, Pers., et bien rarement les S. Michelianus, Lin., et S. supinus, Lin., tandis que le S. Holoschænus, Lin., est commun dans toute la région méri- dionale le long des fossés creusés dans le terrain jurassique. Le Cladium Mariscus, R. Brown., élevait autrefois en abondanceses noires et brillantes panicules, mais aujourd’hui, chassé par la culture, il est devenu très-rare, comme le Cy- perus longus, Lin., éloigné ou détruit par les mêmes causes. Le C. flavescens, Lin., n’est pas non plus très-répandu; le C. fuscus, Lin., est commun, et nous trouvons par- tout les Heleocharis uniglumis, Rchb., H. acicularis, R. Brown.., et surtout H. palustris, R. Brown., et sa variété reptans , qui complètent le nombre des cypéracées plus spé- cialement affectées à la station que nous décrivons. Ces espèces sont mélangées à un grand nombre de Joncs, qui forment ordinairement des toufles volumineuses. Les plus communs sont les Juncus conglomeratus, Lin., et J. effusus, Lin., qui atteint quelquefois d'énormes dimen- sions. Il est peu de plantes qui soient aussi solidement fixées EAUX STAGNANTES. 31 dans le sol ; toute leur existence est souterraine, et nous ne voyons en dehors que leurs feuilles fistuleuses ou leurs hampes fructifères. Nous voyons aussi en abondance le J. Lampocar- pus, Ehrh., dont la variété affinis habite les montagnes éle- vées. Le J. glaucus, Ehrh., si commun sur le bord des fossés, et le J. bufonius, Lin., dont les touffes légères croissent sur tous les terrains, pourvu qu'ils soient humides. Le J. obtu- siflorus , Ehrh., est assez fréquent , et nous remarquons de tous côtés le J. supinus , Mœnch., ainsi que ses variétés re- pens , Koch., fluitans, Koch., et nigritellus, Koch. Cette dernière préfère les montagnes , et la précédente choisit les lieux inondés, où elle peut flotter librement. Il est curieux d’étudier cette multitude d’espèces demi- aquatiques appartenant à cette famille, et qui se disputent la vase des étangs et les bords des fossés ou les prairies tour- beuses. Celles que nous venons de citer sont obligées de par- tager le sol avec les Juncus obtusiflorus , Ehrh., J. squar- rosus , Lin., très-répandu, J. compressus, Jacq., ou avec de très-petites espèces , comme le J. Tenageia, Ehrh., ou le J. pygmæus , Thuill., tandis que le J. fiiformis, Lin., reste confiné dans la région des montagnes. Pour terminer ce qui est relatif aux glumacées dans ces localités , nous citerons les graminées qui complètent cette végétation active des lieux humides ou inondés. Quelques espèces très-grandes et surtout très-multipliées impriment au paysage une physionomie particulière. Dans le midi, c’est l’Arundo Donax, Lin. , qui nous rappelle les bambous des tropiques ; ailleurs, c’est le Phragmites vulgaris si com- mun le long des fossés, et dont les feuilles unilatérales et les magnifiques panicules ondulent au gré des courants aériens qui vieunent agiter les eaux dont il orne les bords. Le Phalaris arundinacea, Lin. , est encore une de ces 32 RÉGION AQUATIQUE. élégantes graminées que l’on rencontre partout. Ses larges feuilles, quelquefois rubanées dans la variété picta, Koch., ses panicules tantôt roses ou vertes, et tantôt panachées de ces deux couleurs , constituent un des plus riches ornements des fossés et des lieux marécageux. Les autres graminées ont bien moins d'apparence. Nous rencontrons le PAleum pratense, Lin., l’Alopecurus pratensis, Lin. , avec leurs beaux épis et leurs étamines suspendues, qui abandonnent à lair des nuages de pollen , l’A. fulvus, Smith., et PA. geniculatus , Lin., avec ses anthères orangées, et presque toujours associé au Potentilla anserina, Lin.; enfin le Pa- nicum crus-galli, Lin., et le Setaria glauca, P. de Beauv., que nous avons indiqués déjà dans une station analogue, se retrouvent ici en abondance. Plusieurs Equisetum impriment un cachet particuher à la végétation aquatique ; l'Æ. arvense, Lin., arrive jus- que sur les bords des fossés, l’Æ. variegatum , Schleich., que nous avons vu sur les alluvions , et surtout l’Æ. lèmo- sum , Lin., forme quelquefois de larges ceintures autour des étangs, ou de longues lisières sur les bords des rivières. Nous citerons aussi le Pilularia globulfera, Lin., qui s’étend sous formes de gazons fins et d’un beau vert, sur la vase que les lames d’eau viennent de temps en temps re- couvrir. Les Polygonées ont de l'importance, non-seulement par le nombre des espèces et leurs grandes dimensions , mais par la multiplicité des individus. Tous les Rumex aiment l’eau et croissent dans les lieux humides. On y trouve le R. conglomeratus , Murr., le R. crispus , Lin., le R. sanqui- neus, Lin. , avec sa variété nemorosus , le R. obtusifolius, Lin., et sa variété purpureus, auxquels nous pouvons jom- dre encore, quoiqu’un peu moins fréquents, les R. pulcher, EAUX STAGNANTES. 39 Lin. , et R. pratensis, Mert. et Koch. Nous rencontrons aussi quelquefois, mais rarement, le À. maritimus, Lin., et le R. aquaticus , Lin. Le beau feuillage de ces plantes et leurs épis plus ou moins verticillés , leurs tiges creuses et presque articulées , leur donnent une physionomie particu- lière. Nous ne voyons dans les mêmes stations qu'un petit nombre d’espèces de Polygonum , mais ils sont si serrés les uns contre les autres , qu'ils constituent des fourrés à eux seuls, des bois en miniature, où les tiges sont rappro- chées , à feuilles vertes ou marquées de noir , et leurs épis de fleurs inclinées offrent toutes les nuances du blanc jau- nâtre au rose tendre et au carmin foncé. Ces fleurs persis- tent longtemps , et déjà leurs graines arrondies et farineuses ont atteint leur maturité , que les périgones colorés qui les entourent nous laissent croire à une floraison prolongée. C’est ainsi que nous trouvons les Polygonum Persicaria , Lin., P. minus, Huds., P. Hydropiper , Lin., P. mite, Schrank., et P. lapathifolium, Lin., accompagné de sa variété 2ncanum , Koch., toutes plantes excessivement com- munes. Le groupe naturel des labiées nous offre aussi quelques genres qui ne quittent guère les lieux inondés ou très-hu- mides. C’est dans cette situation que se plait le Zycopus europœus , Lin., souvent accompagné des élégantes fleurs bleues du Seutellaria galericulata , Lin.; c'est là aussi qu'habitent les Stachys, tels que le S. palustris, Lin., et le S. ambigua, Koch. Les menthes surtout y ont élu domi- cile, et l’on voit de tous côtés leurs touffes odorantes, leurs fleurs violettes et leurs feuilles parfumées ; le 4. sylvestris, Ein... est une des espèces les plus belles et les plus répandues, le M. aquatica , Lin. , et sa variété hirsuta, Koch. , lais- sent tracer leurs longues tiges souterraines dans tous les ni 3 34 RÉGION AQUATIQUE. lieux sablonneux et humectés, le M. sativa, Lin., et surtout le M. rotundifolia, Lin., abondent le long des fossés des terrains granitiques , le M. arvensis, Lin., et le M. gentils, Lin., beaucoup plus rare , préfèrent les champs mouillés ou les sables imbibés des bords des rivières, et le Pulegium vulgare, Mill. , se montre pendant l’été et l'automne dans tous les lieux où l’eau a séjourné en hiver. C’est dans de semblables conditions que l’on trouve, quoique rarement, le Myosurus minimus , Lin., qui sou- vent échappe aux yeux les plus exercés. Nous pouvons y joindre quelques renoncules, comme le Ranunculus phi- lonotis, Ehrh., le R. repens, Lin., et sa variété erectus, qui recherchent les champs humides ou les lieux qui ont été couverts d’eau ; le À. flammula, Lin., et sa variété reptans restent confinés sur les fonds marécageux, et le R. scelera- tus, Lin., habite les eaux les plus croupissantes où l’on voit ses premières feuilles nager comme celles des Potamo- gelon. Les crucifères n’ont que peu d'espèces aquatiques, telles que le Nasturtium sylvestre, R. Brown. , et sa variété ri- vulare , le N. palustre, R. Brown., le N. pyrenaicum , KR. Brown. , et le N. officinale, R. Brown., avec sa variété sufolium , Koch. Le Sisymbrium asperum, Lin. , se con- tente des fossés desséchés, pourvu que l’eau y ait séjourné quelque temps. Les synanthérées constituent une famille trop étendue pour ne pas avoir des représentants partout. Aussi voit-on des espèces habiter exclusivement les lieux humides ou inon- dés. Les Pulicaria vulgaris, Lin., et P. dysenterica, Gærtn., ainsi que sa variété ramosissima , couvrent de leurs fleurs jaunes les terrains gras et humectés. L’/nula Hele- mium, Lin., ne quitte pas le bord fertile des fossés remplis EAUX STAGNANTES. 35 d’eau. Le Senecio erraticus, Bert. , se développe sur les sols où l’eau a séjourné, tandis que les Bidens tripartita, Lin., B. cernua, Lin., et sa variété minima, Dec., ainsi que le Gnaphalium uliginosum, Lin., se plaisent dans tous les lieux dont l’eau entretient constamment la fraicheur. Indépendamment de cette végétation variée, nous trou- vons encore , dans les eaux ou sur leurs bords, une foule d’autres plantes appartenant à diverses tribus végétales, L’A- lisma Plantago, Lin., est une des plus remarquables par ses belles feuilles larges dans le type , et plus allongées dans sa variété lanceolatum, Koch. , et par la curieuse disposition de ses fleurs ; l’A. ranunculoides, Lin. , est beaucoup plus rare, et déploie tous les matins ses pétales plissés que le soleil fait éclore. Le Damasonium stellatum , Delarb., est aussi rare et aussi élégant que le précédent. L’Althæa officinalis, Lin., étale ses feuilles molles et veloutées sous lesquelles se cachent ses fleurs émollientes ; le Galium palustre, Lin. , et sa variété debile, Dec. , se glissent dans les herbes près de l’OEnanthe Phellandrium, Lam., près de l’Epulobium hirsutum , Lin., et de l'E. te- tragonum, Lin. Les Lythrum hyssopifolium, Lin., et L. thymifolium, Lin., moins brillants que le Z. Salicaria, Lin., ne se trou- vent aussi que dans le voisinage des eaux, où l’on rencontre parfois le Viola epipsila, Ledeb., mais seulement dans la Creuse. L’Helosciadium nodiflorum, Koch., et sa variété giganteum, Desmoul., sont communes dans les fossés, le Peplis portula, Lin., abonde dans tous les lieux inondés, et c’est seulement sur les calcaires jurassiques et mouillés de Ja Lozère, que nous trouvons le Pinguicula longifolia , Ram. Les Potentilla reptans, Lin. , et P. supina, Lin., ne quittent pas le bord des fossés. Le Malachium aquaticum, 36 RÉGION AQUATIQUE. Fries., reste aussi confiné dans les lieux humides, où l’on rencontre l’Euphorbia platyphylla, Lin., et le Lysimachia Nummularia, Lin., aux fleurs jaunes et aux feuilles en sé-. rie ; le L. vulgaris, Lin., l’une de nos plus belles espèces élève ses thyrses fleuris au-dessus de la plupart des végétaux , et contribue pour une large part à l’ornement des lieux qu'il habite. On rencontre partout les belles fleurs jaunes de l’Jris pseudo-Acorus, Lin. Aïlleurs ce sont de petites plantes qui s'élèvent à peine ; c’est le Trifolium fragiferum, Lin., qui forme les gazons les plus fins et les plus élégants , couvert de fleurs roses ou de fruits vésiculeux, c’est le Limosella aquahca, Lin., étendu sur le sol imbibé d’eau, le Linder- nia Pyxidaria, AI, qui quelquefois l’accompagne, ou bien des tapis de Littorella lacustris, Lin., souvent imondés et stériles, mais aussi quelquefois émergés, et montrant solitai- res les fleurs que la nature a réunies dans toutes les autres plantaginées. Liste des plantes des eaux stagnantes entretenues par la fonte des neiges des montagnes. Ranunculus aconitifolius, Lin. var. crassicaulis ; Dec. Cal- tha palustris, Lin. var. minor. Cardamine pratensis , Lin. Lychnis flos-cuculi, Lin. var. congesta. Viola palustris , Lin. Parnassia palustris , Lin. Comarum palustre , Lin. Epilobium origanifolium , Lam. Saxifraga stellaris, Lin. Gentiana Pneu- monanthe, Lin. var. latifolia. Swertia perennis, Lin. Pin- guicula vulgaris, Lin. Id. var. grandiflora. Salix phylicifolia, Lin. I. var. laurina, Koch.S. repens , Lin. Id. var. argentea, Koch. S. lapponum , Lin. Juncus squarrosus, Lin. J. alpi- nus, Vall. J. lampocarpus, Ehrh. Id. var. affinis. Scirpus cæspitosus, Lin. Eriophorum alpinum, Lin. E. vaginatum, Lin. Carex paniculata, Lin. C. stellulata, Good. C. filfor- mis, Lin. EAUX STAGNANTES. 37 Liste des plantes qui croissent dans les eaux des lacs profonds alimentés par les eaux de la fonte des neiges. Nuphar luteum, Smith. N. pumilum, Smith. Polygonum amphibium, Lin. Alisma natans, Lin. Potamogeton rufes- cens, Schrad. P. heterophyllum, Schreb. Scirpus fluitaus, Lin. Isoetes lacustris, Lin. Liste des plantes des eaux stagnantes qui composent les maraës tourbeux des montagnes. Ranunculus aconitifolius, Lin. Id. var. crassicaulis , Dec. Caltha palustris, Lin. Id. var, flabellifolia, Pursch. Cardamine pratensis, Lin. Viola palustris , Lin. Drosera rotundifolia, Lin. D. intermedia, Hayne. Parnassia palustris, Lin. Id. var. minor. Elodes palustris, Spach. Comarum palustre, Lin. Epilobium palustre, Lin. Id. var. pilosum, Koch. Id. var. Schmidtianum, Koch. Id. var. lavandulæfolium. Id. var. nanum. E. origani- folium, Lam. Saxifraga stellaris, Lin. Cicuta virosa , Lin. Ligularia sibirica, Cass. Vaccinium uliginosum, Lin. V. Oxy- coccos, Lin. Andromeda polifolia, Lin. Myosotis palustris, With. Id. var. montana. Veronica scutellata, Lin. Polygo- num amphibium, Lin. var. terrestre. Koch. Euphorbia pro- cera, Bieb. var. trichocarpa , Koch. Alnus glutinosa , Gærtn. Betula pubescens, Ehrh. Salix aurita, Lin. Id. var. uliginosa. Id. var. leiocarpa. Scheuchzeria palustris, Lin. Orchis incar- nata, Lin. Narthecium ossifragum, Huds. Eriophorum gra- cile, Koch. Carex pauciflora, Light. C. chordorrhiza, Ehrh. C. limosa , Lin. Molinia cærulea, Maœnch. Lycopodium inun- datum, Lan. Selaginella spinulosa, A7. Braun. Liste des plantes aquatiques qui composent les prairies marécageuses. Caltha palustris, Lin. I. var. flabellifolia , Pursch. Carda- mine pratensis, Lin. Lychnis flos-cuculi, Lin. Lotus uligino- sus, Schkuhr. Tetragonolobus siliquosus, Roth. Spiræa Ulma- 38 RÉGION AQUATIQUE. ria , Lin. Potentilla Tormentilla, Stbth. var. humifusa. Carum verticillatum , Koch. OEnanthe fistulosa, Lin. OE. Lachenali, Gmel. OE. pimpinelloides, Lin. Silaus pratensis, Bess. Ga— lium uliginosum, Lin. Valeriana dioica, Lin. Petasites wul- garis, Desf. Cirsium palustre, Scop. C. palustri-erisithales, Nœgel. C. rivulare, Linck. Scorzonera humilis, Lin. Id. var. angustifolia. Crepis paludosa , Mœnch. Menyantbes trifoliata , Lin. Symphytum officinale , Lin. Myosotis cæspitosa, Schultz. Pedicularis sylvatica, Lin. P. palustris, Lin. Teucrium Scor- dium, Lin. Samolus Valerandi, Lin. Polygonum Bistorta, Lin. Orchis maculata, Lin. O. laxiflora, Lam. O. palustris, Jacq. O. latifolia, Lin. Epipactis palustris, Crantz. Antheri- cum planifolium, Lin. Allium suaveolens, Jacq. Juncus syl- vaticus, Reichard. Scirpus sylvaticus, Lin. Eriophorum lati- folium, Hoppe. E.angustifolium, Roth. Id. var. elatius, Koch. Carex Davalliana, Smith. C. pulicaris, Lin. C. vulpina, Lin. Id. var. nemorosa, Koch. C. muricata , Lin. Id. var. virens, Koch. C. teretiuscula, Good. C. stellulata, Good. C. leporina, Lin. C. canescens, Lin. C. vulgaris, Fries. Id. var. fusca. C. acuta, Lin. C. tomentosa, Lin. C. pallescens, Lin. C. pa- ludosa , Good. 1. var. Kochiana. Equisetum sylvaticum, Lin. E. palustre, Lin. Id. var. polystachyon. Id. var. nudum. Os- munda regalis, Lin. Ophioglossum vulgatum , Lin. Liste des plantes aquatiques des eaux stagnantes et la plupart submergées. Nymphæa alba, Lin. Nuphar luteum , Smith. Nasturtium amphibium , R. Brown. Elatine hexandra, Dec. E. major, Braun. E. Alsinastrum , Lin. Isnardia palustris, Lin. Trapa natans, Lin. Myriophyllum verticillatum , Lin. M. spicatum, Lin. Mippuris vulgaris, Lin. Callitriche stagnalis , Scop. C. platycarpa, Kütz. var. stagnalis, Rchb. Ceratophyllum sub- mersum , Lin. C. demersum, Lin. Hydrocotile vulgaris, Lin. Helosciadium inundatum, Koch. Limnamthemum nymphoïdes, Link. Gratiola officinalis , Lin. Utricularia vulgaris, Lin. U. minor, Lin. Hottonia palustris, Lin. Polygonum amphibium, EAUX STAGNANTES. 39 Lin. Sagittaria sagittæfolia, Lin. Butomus umbellatus , Lin. Potamogeton natans, Lin. P. heterophyllum , Schreb. P. lucens, Lin. P. perfoliatum, Lin. P. crispum, Lin. P.densum. Lin. Id. var. lancifolium , Koch. P. pusillum, Lin. Id. var. major. P. monogynum, Gay. P. pectinatum , Lin. Zanichel- lia palustris, Lin. Lemna trisulca, Lin. L. polyrrhiza, Lin. L. minor, Lin. L. gibba , Lin. Typha latifolia, Lin. Id. var. -elatior. Sparganium ramosum , Huds. S. simplex , Huds. Id, var. intermedium. Scirpus lacustris, Lin. S. Tabernæmontani, Gmel. Leersia oryzoïdes, Swartz. Glyceria aquatica, Wahlb. G. fluitans , R. Brown. G. airoïdes, Rchb. Marsilea quadrifolia , Lin. Chara hispida, Lin. C. fragilis, Desv. I. var. elongata Coss. et Germ. Nitella coronata , Lec. et Lamt. N. syncarpa , Coss, et Germ. N. translucens, Coss. et Germ. N. Brongniar- tiana, Coss. et Germ. N. gracilis, Agardh. Liste des plantes aquatiques des bords des élangs et des fossés. Myosurus minimus, Lin. Ranunculus trichophyllus, Chaix. var. terrestris. Ranunculus flammula , Lin. Id. var. reptans. R. repens, Lan. Id. var. erectus, Dec. R. philonotis, Ehrh. R. sceleratus, Lin. Nasturtium officinale, R. Brown. Id. var. süfolium , Koch. N. sylvestre, R. Brown. Id. var. rivulare. N. pyrenaicum, À. Brown. N. palustre, R. Brown. Sisymbrium asperum , Lin. Viola epipsila, Ledeb. Malachium aquaticum, Fries. Althæa officinalis, Lin. Trifolium fragiferum , Lin. Potentilla supina , Lin. P. anserina , Lin. P. reptans , Lan. Epilobium bhirsutum, Lin. E. tetragonum , Lin. Myriophyl- Jum verticillatum , Lin. var. limosum , Dec. Callitriche ver- nalis, Kütz. var. terrestris. Lythrum hyssopifolium , Lin. L. thymifolium , Lin. Peplis Portula, Lin. Helosciadium nodi- florum , Koch. Id. var. giganteum , Desmoulin. OEnanthe Phellardrium , Lam. Galium palustre, Lin. I. var. debile, Dec. Inula Helenium, Lin. Pulicaria vulgaris, Gærtn. P. dy- senterica, Gærtn. Id. var. ramosissima. Bidens tripartita, Lin. B. cernua, Lin. Id. var. minima, Dec. Gnaphalium uligmo- RÉGION AQUATIQUE. sum, Lin. Senecio erraticus, Bert. Lindernia Pyxidaria, AU. Limosella aquatica, Lin. Mentha sylvestris, Lin. M. rotundi- folia, Lin. M. aquatica, Lin. Id. var. hirsuta , Koch. M. sativa , Lin. M. gentilis, Lin. M. arvensis, Lin. Pulezium vulgare, Mall. Lycopus europæus , Lin. Stachys ambigua, Smith. S. palustris, Lin. Scutellaria galericulata, Lin. Pin- guicula longifolia, Ram. Lysimachia vulgaris, Lin. L. Num- mularia, Lin. Littorella lacustris, Lin. Rumex maritimus, Lin. R. conglomeratus, Murr. R. sanguineus, Lin. Id. var. ne- morosus. R. pulcher, Lin. R. obtusifolius, Lin. Id. var. pur- pureus. R. pratensis, Mert. et Koch. R. crispus, Lin. R. aquaticus, Lin. Polygonum amphibium, Lin. var. terrestre, Koch. P. lapathifolium , Lin. Id. var. incanum, Koch. P. Persicaria , Lin. P. mite, Schrank. P. Hydropiper, Lin. P. minus, Huds. Euphorbia platyphylla, Lin. Alisma Plantago, Lin. Id. var. lanceolatum , Koch. À. ranunculoïdes , Lin. Damasonium stellatum , Delarbre. Xris pseudo-Acorus , Lin. Juncus conglomeratus , Lin. J. effusus , Lin. J. filiformis, Lin. J. compressus, Jacq. J. Tenageia, Ehrh. J. Bufonius, Lin. Yd. var. fasciculatus, Koch. J. pygmæus, Thuill. J. supinus, Mœnch. Id. var. repens , Koch. Id. var. fluitans, Koch. I. var. nigritellus, Koch. J. glaucus, Ehrh. 3. obtu- siflorus, Ehrh. Cyperus flavescens, Lin. C. fuscus, Lin. C. longus, Lin. Schœnus rigricans, Lin. Cladium Mariscus , R. Brown. Rhynchospora alba, Vahl. Heleocharis palustris, R. Brown. Xd. var. reptans. H. uniglumis , Rchb. H. acicularis, R. Brown. Scirpus Bæotryon, Lin. S. setaceus, Lin. Id. var. intermedius. S. supinus, Lin. S. Holoschænus , Lin. S. Mi- chelianus , Lin. S. compressus , Pers. Carex disticha, Huds. C. divulsa, Good. C. elongata, Lin. C. panicea, Lin. C. glauca, Scop. G. maxima, Scop. CG. flava , Lin. Id. var. OEderi. C. pseudo-Cyperus, Lin. C. ampullacea, Good. C. vesicaria, Lin. C. riparia, Curt. G. hirta, Lin. Id. var. bir- tœformis. Panicum crus-galli , Lin. Setaria glauca, P. de Beauv. Phalaris arundinacea, Lin. Id. var. picta, Koch. SOURCES MINÉRALES. Li Alopecurus pratensis, Lin. A. geniculatus , Lin. A. fulvus, Smith. Phleum pratense, Lin. Id. var. nodosum. Phragmites communis, Zrin. Arundo Donax, Lin. Equisetum arvense, Lin. E. limosum, Lin. E. variegatum, Schleich. Pilularia * globulifera, Len. Marsilea quadrifolia, Lin. Id. var. terrestris. $ 4. ASSOCIATION DES SOURCES MINÉRALES ET DES MARAIS SALÉS. On rencontre , sur plusieurs points de notre circonscrip- tion , des espèces tout à fait maritimes et d’autres qui, sans être spéciales aux terrains ou à l’atmosphère des rivages, croissent pourtant de préférence sous l’influence du sel marin ou des matières salines en général. Ce sont les sources minérales salines , assez fréquentes dans la grande île centrale , qui alimentent cette curieuse végétation ; mais comme autrefois ces sources étaient plus nombreuses encore , et surtout plus abondantes, elles ont imprégné de vastes marais qui nourrissent aujourd’hui en quantité des plantes qui se plaisent plus où moins exclusi- vement sur le bord de la mer. Cette végétation des lieux salés se rapproche, dans cer- tains cas , de celle des bords des étangs et des fossés, mais elle est plus voisine encore de ce que nous pourrions appeler la végétation des décombres , et de celle que nous avons décrite comme végétation domestique , suivant l’homme partout où 1l porte ses pas. Ce sont, dans ces diverses circonstances , les matières salines qui influencent la végétation , et l'action chimique est ici toute puissante. Les plantes les plus essentiellement maritimes sont celles qui entourent les sources, et la plus commune est le Glaux 42 RÉGION AQUATIQUE. marihima, Lin. On voit cette plante tapisser le sol, former des gazons et se couvrir tous les ans de jolies fleurs carnées. Le Triglochin maritimum, Lin., très-abondant dans la vallée de Saint-Nectaire , n’a encore été trouvé que dans cette lo- calité, tandis que le T. palustre, Lin., moins exclusif, se trouve quelquefois dans des terrains moins salés, quoiqu'ici il reste confiné autour des sources minérales. Le Plantago maritima, Lin., et sa variété angustifolia , se montrent en larges gazons tout autour des sources, et se re- trouvent également, sous forme de pelouses verdoyantes très- étendues, sur les terrains noirs de la Limagne. Ils s’y multi- plient et s’y modifient à l'infini, résistant à la sécheresse la plus prolongée, et cachant la terre, lors même que celle-ci, desséchée depuis longtemps, s’est fendue profondément en polyèdres irréguliers. Sur ces mêmes terrains se développent en grande quantité le Zepigonum marginatum, Koch. , l'Inula britannica, Lin., et sa variété wmflora , dont les belles fleurs jaunes et rayonnées se distinguent de toutes les autres. On y voit aussi le Taraxacum palustre , Dec. , le Buplevrum tenuifolium, Lin., souvent accompagnés de l’Erythrea pulchella, Fries. On peut ajouter à ces espèces le Galium verum, Lin., variété nanum, couvert de ses petites fleurs jaunes, le Plan- tago major, Lin., variété minima, qui végète aussi dans des lieux très-différents, et le Lepidium ruderale, Lin., une des espèces les plus communes de cette station. Le L. Draba, Lin., si répandu partout dans le midi de la France, est confiné ici dans des localités restreintes et la plupart sa- lées. Ces mêmes terrains, dont le sol a été imbibé par des eaux minérales , nourrissent aussi diverses atriplicées et che- nopodées. On y remarque le Beta vulgaris, Lin., variété mariima, Koch.,le Blitum glaucum, Koch., le B. rubrum, SOURCES MINÉRALES. 43 Rchb., et sa variété crassifolium , Coss. et Germ., l'Atri- plex rosea, Lin., variété alba, Dec., VA. latifoha, Wahlb., et ses variétés macrocarpa, Koch. et salina, Koch. Le Lotus tenwfolius, Rchb., variété crassifolius, étale aussi, autour des sources minérales , ses couronnes de fleurs jaunes et ses feuilles étroites, et le Dipsacus laciniatus , Lin., croît çà et là sur le bord des fossés qui contiennent encore des eaux saumâtres. Ces mêmes eaux, quand elles sont stagnantes , deviennent les lieux de prédilection de plusieurs plantes aquatiques. On y distingue le Ranunculus confusus , Godr. et Grenier, le Zanichellia pedicellata, Fries., le Chara crinita, Wallr., le C. fœtida, AI. Braun., et surtout sa variété papillaris , Coss. et Germ., que nous avons vue en pleine fleur, au milieu de l'hiver, dans les eaux thermales de Gimeaux. Plusieurs graminées et cypéracées occupent aussi les lieux salés, et l’on voit de tous côtés les panicules étalées du Glyceria distans, Wahlb., et de sa variété angustifolia. Le Polypogon monspeliensis, Desf., ne se présente aussi que sur quelques points isolés, où le sol est encore imprégné de sels, et 1l en est de même de l’Agrostis stolonifera, Lin., variété glaucescens, tandis que le Gaudinia fragilis, P. de Beauv., et l’Hordeum secalinum , Schreb., tout en affec- tionnänt les mêmes localités, s’en éloignent souvent et acceptent d’autres conditions. Deux Carex , le C. distans , Lin., et le C. divisa, Huds., recherchent les eaux saumâtres des sources minérales, et croissent en touffes autour d’elles. Ils sont parfois accompagnés du Polygonum Bellardi, AÏ., et de l’Apium graveolens , Lin. Deux autres espèces se ren- contrent rarement, et appartiennent cependant aux mêmes stations : ce sont le Juncus Gerard, Lois., et le Melilotus parviflora, Desf. Le Scirpus maritimus, Lin., est très- 44 RÉGION AQUATIQUE. répandu , mais c’est principalement sa variété compactus , Koch., qui fait partie de la végétation maritime. Quant au Trifolium maritimum, Huds., au Lepidium latifolium, Lin., à l’Isatis tinctoria, Lin., variété campes- tris, Koch., et à l’Asperugo procumbens, Lin., s'ils sont plus abondants quand le liquide qui les arrose à dissout quelques sels, on ne les trouve pas moins dans d’autres loca- lités qui ne sont pas soumises à ces influences. Enfin , les terrains jurassiques ont aussi leurs plantes maritimes , qui indiquent que , si leurs sources n’ont plus aujourd’hui les mêmes caractères qu'aux anciennes époques géologiques , elles ont laissé dans le sol des indices de leur origine. C’est ainsi que l’on trouve aux environs d’Anduze le Salsola Kaki, Lin., très-abondant, le Blitum virgatum, Lin., l’Euphorbia portlandica, Lin., plante essentielle- ment maritime , l’Alyssum maritimum, Lam., et l’Arabis Turrita, Lin., variété puberula. La présence d’une source, qui laisse encore de puissants sédiments et qui paraît avoir contribué aux dépôts calcaires des environs, est peut-être la cause de la présence de ces végétaux. Peut-être doit-on attribuer à quelque influence analogue l'existence du Sisym- brium polyceratium , Lin., dans les rues de Figeac. Les dépôts calcaires produisent quelquefois les mêmes effets que les sels solubles , et cette végétation maritifne ou submaritime , aussi développée sur quelques points de notre circonscription, la présence de plantes isolées au milieu des terres , lon des rivages, et dont la dissémination est un mystère, constituent un des faits les plus curieux de la géographie botanique du plateau central. Liste des plantes qui composent l'association des sources minérales. q Ranunculus confusus, Godr, et Gren. Arabis Turrita, Lin. CLASSIFICATION DES ESPÈCES. 45 var. puberula. Sisymbrium polyceratium, Lin. Alyssum mari- timum, Lam. Lepidium Draba , Lin. L. ruderale, Lin. L. la- tifolium , Lin. Isatis tinctoria, Lin. var. campestris, Koch. Lepigonum marginatum , Koch. Melilotus parviflora, Desf. Trifolium maritimum, Huds. Lotus tenuifolius, Rchb. var. crassifolius, Apium graveolens , Lin. Buplevrum tenuissimum, Lin. Galium verum, Lin. var. nanum. Dipsacus laciniatus, Lin. Inula britannica , Lin. Id. var. uniflora. Taraxacum pa- lustre, Dec. Erythræa pulchella, Fries. Asperugo procum- bens , Lin. Glaux maritima, Lin. Plantago major, Lin. var. minima. P. maritima, Lin. Id. var. angustifolia. Salsola Kali, Lin. Blitum virgatum , Lin. B. rubrum, Rchb. Id. var. cras- sifolium, Coss. et Germ. B. glaucum , Koch. Beta vulgaris, Lin. var. maritima, Koch. Atriplex latifolia, Wahlb. I. var. microcarpa , Koch. Id. var. salina, Koch. À. rosea, Lin. var. alba, Dec. Polygonum Bellardüi , A//. Euphorbia portlandica, Lin. Triglochin maritimum, Lin. T. palustre, Lin. Zani- chellia pedicellata, Fries. Juncus Gerardi, Lois. Scirpus ma- ritimus , Lin. Id. var. compactus, Koch. Carex divisa, Huds. C. distans, Lin. Polypogon monspeliensis, Desf. Agrostis sto- lonifera, Lin. var. glaucescens. Glyceria distans, Wahlb. I. var. angustifolia. Gaudinia fragilis, P. de Beauv. Hordeum secalinum , Schreb. Chara fœtida, Al. Braun. Id. var. papil- laris, Coss. et Germ. C. crinita, Wallr. CHAPITRE XVII. DE LA CLASSIFICATION DES ESPÈCES RELATIVEMENT A L'ACTION CHIMIQUE DU SOL. L'influence du sol ou du support dans la végétation a été très-différemment interprétée depuis que l’on a commencé 46 ACTION CHIMIQUE DU SOL. à donner quelque attention au gisement géologique des plan- tes. Les uns lui ont accordé une grande importance sur l’ex- pansion géographique des espèces, d’autres ont, pour ainsi dire, négligé son action. Avant de nous décider pour lune de ces opinions extrêmes ou pour une moyenne, examinons d’abord ce qu’on entend par le sol, et quels sont ses rapports avec les végétaux. Nous savons parfaitement que les plantes sont fixées par un organe important que l’on appelle la racine , et que cet organe est non-seulement destiné à retenir l’individu dans le lieu où a germé sa graine, mais encore à le nourrir en par- tie, à lui fournir des aliments puisés dans le sol même , in- dépendamment de ceux qu'il tire de l’atmosphère. De là deux fonctions de la racine vis-à-vis de la plante, fixation et nutrition. Dès que nous reconnaissons que la racine a cette double mission à remplir, nous sommes forcés d’admettre que le sol a une grande importance, et si les botanistes nous la contestaient , les horticulteurs et les cultivateurs s’empres- seraient de nous l’accorder. Comme il est facile de le pressentir, le terrain que nous prendrons comme synonyme de sol doit avoir deux modes d'action. L’une entièrement chimique et dépendant de sa nature propre , l’autre purement mécanique ou physique, et en rapport avec son état d’aggrégation ou de compacité. Quelques botanistes ont accordé une grande prééminence à la composition physique des terrains, et dernièrement un homme d’un grand mérite, M. Thurmann, à la fois géologue et botaniste, a publié un ouvrage remarquable , destiné à faire ressortir toute l'influence de l’état d’aggrégation des roches, et la nullité d'action ou du moins le peu d’impor- tance de la composition chimique. CLASSIFICATION DES ESPÈCES. 417 D'autres ont attribué aux éléments divers qui constituent les roches une véritable influence chimique, sans dénier une part à la structure physique. IL nous semble que le simple examen des racines et l'étude de leurs fonctions nous conduit à admettre les deux modes d’action, chimique et physique, dans des proportions diverses. En effet , puisque les fonctions des racines sont doubles, nous pouvons prévoir que l’aggrégation mécanique du sol jouera un rôle important dans la fixation de la plante, et que la composition chimique aura toute son influence relati- vement à la nutrition. Nous aurons donc à examiner les terrains sous ce double point de vue. La forme et la structure des racines sera très-certaine- ment une cause d’extension ou un obstacle pour certains terrains, qui opposeront de la résistance à la pénétration, de même que la présence de tel ou tel principe nécessaire à l'alimentation d'une espèce produira aussi son exclusion des roches qui en seront privées , et l’extension de son aire sur le sol qui offrira cet élément à la nutrition. On voit, par ces considérations générales, combien est compliqué ce grand problème de l’influence du sol sur la végétation, problème qui renferme une partie de l’agricul- ture , et comme le plateau central de la France présente la plupart des terrains géologiques, comme il offre en même temps des roches compactes et des roches disgrégées , nous avons l’espoir que l'étude attentive du sol et de ses produc- tions pourra jeter quelque lumière sur cette partie de la géographie botanique. Nous avons déjà indiqué, en parlant des révolutions géo- logiques subies par l’île centrale de la France, le tableau varié des principales roches qui le constituent ; il nous reste 48 ACTION CHIMIQUE DU SOL. encore à dire quelques mots de leur influence sur la végéta- tion, et à classer les terrains au point de vue chimique. Nous reviendrons ensuite sur leur arrangement RE Le et sur la terre végétale ou sol productif, qui PR à la fois de toutes ces propriétés. Deux grandes divisions se présentent immédiatement dans la classification chimique des terrains : le sol siliceux et le sol calcaire. Pour ce dernier, pas d’équivoque en apparence. La chaux, ou plutôt son carbonate, les constitue en totalité, soit qu'ils appartiennent aux calcaires oolitiques et marins qui forment les causses de la Lozère, à la craie qui borde les falaises jurassiques , aux bassins tertiaires de la Limagne , du Puy ou du Cantal , soit enfin que ces terrains se forment encore sous nos yeux , comme les travertins de Saint-Alyre et de Saint-Nectaire. Cet ensemble constitue chimiquement le terrain calcaire. Il peut être modifié par la présence des dolomies ou du car- bonate de magnésie , par l’hydrate ou le carbonate de fer; il peut l’être surtout par la silice, au point de se transformer en calcaires siliceux et même en meulières; enfin, les sour- ces qui le déposent encore amènent , avec leurs eaux , des sels de soude, de potasse, de chaux et de magnésie, qui ont une action chimique d’autant plus marquée qu’ils sont solu- bles. Nous n’en maintiendrons pas moins notre grande divi- sion chimique des terrains calcaires. Le sol siliceux est plus polymorphe encore et plus varié. Il comprend toutes les roches primitives , gneiss , granites , micaschistes, porphyres, diorites, et ensuite les grès qui ré- sultent de la décomposition séculaire de ces premières ro- ches, tels que les grès houillers , les grès bigarrés et même les argiles sableuses des terrains tertiaires, quand elles ne CLASSIFICATION DES ESPÈCES. 49 renferment pas dé carbonate de chaux. Il faut y ajouter les silex meuliers et les terrains de sables siliceux. C’est encore dans cette classe qu'il faut ranger une partie des roches vol- caniques, les trachytes et leurs conglomérats ponceux , les phonolites et même certaines coulées de laves modernes entièrement feldspathiques. Il faut convenir pourtant qu'il existe de très-grandes dif- férences dans la nature de ces roches, et l’on devrait parta- ger ces terrains en deux séries , les siliceux et les feldspa- thiques. R Les premiers renfermeraient les sables , les grès siliceux, les meulières et tous les terrains qui n’admettent dans leur composition aucun alcali soluble. Les seconds contiendraient les longues séries des terrains primitifs et volcaniques que nous venons de citer. Ils auraient le feldspath pour base, et la potasse ou la soude serait toujours un résultat de leur altération. Toutefois , nous n’avons pu, dans la pratique, maintenir cette division des terrains siliceux en deux classes , et nous n'en avons fait qu'une seule. Nous aurions désiré aussi faire une classe particulière des basaltes, en y comprenant les dykes, filons et plateaux d’âges divers , leurs conglomérats et les laves modernes qui sont pyroxéniques ; mais cette classe eût été très-mal carac- térisée chimiquement, car la composition des basaltes est extrèmement variable. Nous savons qu’elle tient à la section précédente par la présence du feldspath, qui existe dans la majeure partie de ces roches, tandis que le pyroxène qui en forme l’élément minéralogique différent, contient toujours une assez forte proportion de fer et de chaux. D'un autre côté, le sol basaltique n’a pour ainsi dire aucune plante spéciale; c’est un terrain chimiquement neu- Il 4 50 : ACTION CHIMIQUE DU SOL. tre sur lequel on rencontre fréquemment les espèces des sols calcaires comme celles des terrains siliceux. A l'exemple de M. Thurmann , nous avons considéré l’eau comme un véritable sol, comme une des roches les plus ré- pandues sur le globe, et nous en avons fait à notre point de vue un terrain très-distinct occupant de vastes étendues. Enfin, nous avons dù avoir égard, toujours sous le rap- port chimique, à certains sels solubles qui paraissent avoir une action très-marquée sur la végétation , à tel point qu'ils rendent les plantes tout à fait indépendantes de la constitu- tion physique du sol. Nous avons fait une division particu- lière de ces végétaux , et nous y avons ajouté ceux qui sui- vent l’homme et les animaux , et qui, sans être aussi direc- tement soumis que les précédents à l’influence saline, pa- raissent sous la dépendance d’émanations particulières. Nous aurons donc quatre divisions au point de vue chimi- que. — Le sol calcaire. — Le sol siliceux.— Le sol aqueux. — Le sol salifère. Après avoir réduit nos grandes divisions à quatre seule- ment, nous avons essayé de recueillir et de classer les don- nées pratiques que nous avons observées pendant plus . 25 années sur le plateau central de la France. Nous rappellerons ici toute la difficulté du problème que nous abordons, et nous demanderons qu’on n’accepte pas nos listes d’une manière trop absolue, bien que nous leur ayons donné toute l’exactitude possible dans un travail de ce genre. Nous prévenons aussi que nous ne parlons que des plantes de notre circonscription, et telle espèce par exem- ple que nous citons comme particulière au basalte sur le pla- teau central, pourra très-bien vivre sur des granits ou sur des calcaires dans d’autres parties de la France. Notre assertion ne doit donc avoir de valeur que pour la CLASSIFICATION DES ESPÈCES. 51 portion du sol de la France dont nous nous sommes oc- cupé. Il est bien difficile ensuite d’établir une aire de végétation qui soit tout à fait dépendante du sol ; ainsi une plante que nous indiquerons.sur les calcaires parce qu’elle y croît habi- tuellement , pourra bien exceptionnellement s’en écarter et vivre sur des terrains siliceux. Ce sera l’exception, et la règle n’en sera pas moins vraie. Îl est impossible d’assigner à cha- cune de nos espèces un sol particulier dont aucun individu ne puisse s'éloigner. Il est donc nécessaire de ne voir que l’en- semble de l’espèce, une sorte de moyenne, et de négliger quelques excentricités. Il faut ensuite faire la part de l’eau, de la matière orga- nique, des nombreux éléments qui constituent la terre ara- ble ou le sol végétal, et l’on reconnaîtra bientôt que la ri- gueur des déterminations devient impossible quand il existe tant de causes qui sollicitent des passages. Notre liste des plantes du plateau central est composée à peu près de 2,000 espèces, comme celle qui a été publiée par M. Thurmann pour une bonne partie du N.-E. de la France. -Nous suivrons ici l'exemple de ce savant naturaliste en épurant cette série, afin de n’y réserver que des espèces qui ne nous laisseront pas de doute, non sur leurs caractères, mais sur l’action que le sol peut exercer sur elles. Nous aurons donc un certain nombre de plantes à retrancher de nos 2,000, et cela par des raisons très-différentes que nous allons énu- mérer. Nous supprimerons d’abord : 1°. Les plantes cultivées, de grande et petite culture, comme trop influencées par l’homme, et comme n’étant pas libres de croître où elles veulent, et sans conditions. Il existe cependant, parmi ces espèces , des exemples très-remarqua- bles de l'influence du sol, soit comme agent chimique , soit 52 ACTION CHIMIQUE DU SOL. comme support mécanique , mais nous aurons occasion d’y revenir dans quelques généralités. Nous devons autant que possible ici étudier les forces naturelles dégagées de toute contrainte et de toute pression étrangère. 20. Plusieurs plantes sont évidemment introduites dans la contrée. Elles se sont échappées des jardins , elles se sont naturalisées , ou bien elles sont semées tous les ans avec les céréales et les plantes de grandes cultures. Elles peuvent être devenues très-communes, sans pour cela faire partie de la flore du pays. Ce sont surtout les plantes des mois- sons qui se trouvent dans cette circonstance. Nous avons apprécié celles que nous devons supprimer ; elles composent notre seconde liste. Elle peut être un peu arbitraire, mais on conçoit que lors même que l'erreur porterait sur 30 à 40 espèces , le résultat final n’en peut être altéré. 3°. Nous avons retranché les espèces qui croissent habi- tuellement sur les murailles, quand nons ne les avons pas d’ailleurs retrouvées sur des rochers, car alors 1l resterait de l'incertitude sur l’élément qu’elles préfèrent. La chaux et les pierres siliceuses se trouvent souvent réunies dans cette cir- constance , et le nombre de ces plantes n'étant pas très- grand , nous avons préféré en composer notre troisième liste d'élimination. 4°. Les mêmes raisons nous ont engagé à retrancher les plantes trop rares que nous n’avons vues que dans une ou deux localités, et qui pourraient par conséquent nous avoir offert l’exception au lieu de la règle. C’est donc par pru- dence et par un vif désir d’arriver à la vérité que nous avons fait notre quatrième liste. 9°. Il était inutile de conserver les plantes parasites. Elles dépendent de leur support et non du sol. Nous en avons fait sous le numéro 5 une liste séparée. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 53 6o. Une autre série très-importante est celle des plantes indifférentes qui acceptent indistinctement tous les sols, et souvent toutes les stations, comme des habitations très-dif- férentes. Ce sont des espèces extrêmement gênantes dans le travail dont nous nous occupons , et nous sommes forcé d’user largement de notre droit d'élimination , si nous vou- lons épurer notre liste et arriver à des éléments dont les pro- priétés soient nettement définies. Cette sixième série est longue et se compose principalement d’espèces communes à nos trois régions des plaines, du midi et des montagnes, de plantes qui ne sont arrêtées dans leur dispersion , ni par le climat, ni par l'altitude, et à plus forte raison par des causes moins efficaces, telles que les caractères chimiques et physiques du sol sous-jacent. Il peut également se trouver dans cette liste des espèces qui dans d’autres contrées sont fixées sur des terrains définis, mais nous répétons encore que nous parlons du plateau cen- tral de la France, sans préjuger ce que l’où pourra recon- naître ailleurs, et sans même tenir compte d'observations opposées que nous avons pu faire sur quelques points de l'Europe. $ 1. ESPÈCES ÉLIMINÉES. Première liste d'élimination. — Plantes évidemment cultivées. A. Indifférentes à la composition du sol. Brassica oleracea (1), B. campestris, B. Rapa. Æsculus Hippocastanum. Vitis vinifera. Cicer arietinum. Vicia Faba, (4) Toutes les espèces du plateau central de la France ayant déjà figuré dans les listes précédentes accompagnées du nom des auteurs qui les ont établies, nous avons cru devoir supprimer, dans ces nouvelles séries , ces indications déjà données, afin de pouvoir abréger autant que possible la longueur de ces listes. La table générale qui terminera l'ouvrage suffira d’ailleurs pour lever les doutes que l’on pourrait conserver. 54 ACTION CHIMIQUE DU SOL. V. sativa. Pisum sativum. Persica vulgaris. Amygdalus com- munis. Armeniaca vulgaris. Prunus cerasifera , P. domes- tica. Sorbus domestica. Philadelphus coronarius. Olea eu- ropæa. Syringa vulgaris. Borago officinalis. Lycium barba- rum. Solanum tuberosum. Datura Stramonium. Spinacia inermis, S. Spinosa. Atriplex hortensis. Cannabis sativa. Morus alba. Salix viminalis. Populus fastigiata. Larix euro- pæa. Allium sativum, A. Porrum, À. Ascalonicum, A. Cepa. Zea Mays. Panicum miliaceum. Avena sativa , A. orientalis. Hordeum hexastichon. B. Préférant les terrains siliceux. Linum usitatissimum. Trifolium incarnatum. Robinia pseudo-Acacia. Lathyrus sativus. Ervum Lens. OEnothera biennis. Polygonum Fagopyrum, P. tataricum. Castanea vulgaris. Pinus Pinaster. Avena strigosa. Secale cereale. C. Préférant les terrains calcaires. Rubia tinctorum. Juglans regia. Hordeum vulgare. Tri- ticum vulgare, T. turgidum. Seconde liste d'élimination. — Plantes cultivées ou probablement intro- duiles par les cultures. A. Indifférentes à la nature du sol. Papaver Rhœas. Camelina sativa. Miagrum perfoliatum. Medicago sativa. Trifolium pratense. Lathyrus Nissolia, L. hirsutus. Cerasus Mahaleb. Rosa lutea. Cerasus vulgaris. Cydonia vulgaris. Pyrus Malus. Punica Granatum. Semper- vivum tectorum. Cirsium arvense. Sonchus oleraceus, S. arvensis. Mercurialis annua. Setaria viridis. Ficus Carica. Ulmus campestris. Populus alba, P. nigra. Juniperus Sa- bina. Avena fatua, Lolium temulentum. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 55 B. Préférant le sol siliceux. Camelina dentata. Bunias Erucago. Calepina Corvini. Raphanus Raphanistrum. Agrostemma Githago. Trifolium pratense. Portulaca oleracea. Erigeron canadensis. Centau- rea Cyanus. Valerianella dentata. Lithospermum arvense. Humulus Lupulus. Asparagus officinalis. Panicum sangui- nale. Setaria verticillata. Apera spica venti. C. préférant les sols calcaires. Adonis autumnalis, A. æstivalis, A. flammea. Ranuncu- lus arvensis. Nigella damascena. Delphinium Ajacis, D. Consolida. Fumaria parviflora. Erysimum orientale. Iberis amara. Neslia paniculata. Saponaria vaccaria. Spartium jun- ceum. Onobrychis sativa. Vicia purpurascens. Lathyrus Ci- cera. Ecballion Elaterium. Scandix pecten Veneris. Valeria- nella olitoria. Calendula arvensis. Specularia Speculum , S. hybrida. Melampyrum arvense. Euphorbia Lathyris. Troisième liste d'élimination. — Plantes croissant sur les murailles et pouvant implanter leurs racines dans des mortiers calcaires ou des fis- sures de pierres siliceuses. Cheiranthus Cheiri. Arabis hirsuta. Dianthus Cariophyl- lus. Alsine rostrata. Geranium pusillum , G. rotundifolium, G. molle, G. lucidum, G. Robertianum. Saxifraga tridacty- lites. Centranthus ruber. Gnaphalium luteo-album. Heli- chrysum Stœchas. Hierachium murorum , H. ochroleucum. Campanula Erinus. Echium vulgare. Antirrhinum majus. Linaria Cymbalaria. Poa compressa. Bromus tectorum. Cetherach officinarum. Grammitis leptophylla. Polypodium vulgare. Asplenium Halleri, A. Adianthum nigrum, A. Tri- chomanes , A. Ruta muraria. 56 ACTION CHIMIQUE DU SOL. Quatrième liste d'élimination. — Plantes parasites. Viscum album. Monotropa Hypopitys. Cuscuta europæa , C. epithymum, C. epilinum. Orobanche cruenta, O. Rapum, O. procera , O. epithymum, O. Galii, O. amethystea , O. minor, O. Hederæ, O. cærulescens, O. cærulea, O. arenaria, O. ramosa. Lathræa Squamaria. L. Clandestina. Listera cor- data. Neottia nidus avis. Peut-être pourrions-nous ajouter à cette liste les diffé- rentes espèces des genres Thesium et Melampyrum. Cinquième liste d'élimination. — Plantes trop rares ou trop peu observées pour qu'elles puissent étre rigoureusement classées. Myosurus minimus. Helleborus viridis. Pæonia peregrina. Helianthemum umbellatum. Reseda Jacquini. Dianthus atrorubens. Lychnis coronaria. Hypericum hyssopifolium. Trifolium parviflorum , T. patens. Spiræa salicifolia. Rosa fœtida. Cratægus pyracantha. Buplevrum affine. Galatella rigida. Bidens bipinnata. Anthemis altissima, A. peregrina. Senecio lividus. Echinops sphærocephalus. Carduus pycno- cephalus. Lobelia urens. Campanula Medium. Cynanchum nigrum. Polemonium cæruleum. Echium pyrenaicum. Hyos- ciamus albus. Ramondia pyrenaica. Rumex maritimus , R. maximus, R. intermedius. Arum italicum. Serapias pseudo- cordigera, S. lingua. Goodiera repens. Gladiolus communis. Carex gynomane. Sixième liste d'élimination. — Plantes spontanées qui paraissent indiffé- rentes à la nature chimique du sol. RanuncurAcEæ. Clematis flammuia, C. Vitalba. Thalic- trum minus. Anemone Pulsatilla, A. montana, A. nemo- rosa. Ranunculus Ficaria, R. monspeliacus, R. acris, R. bulbosus. Helleborus fœtidus. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 57 PAPAVERACEÆ. Papaver Argemone. FomariaceÆ. Fumaria officinalis, F. Vaillantii. CRUGIFEREÆ. Barbarea vulgaris. Turritis glabra. Arabis Turrita. Cardamine hirsuta. Sisymbrium officinale, S. Al- liaria, S. Thalianum. Sinapis arvensis. Diplotaxis muralis , D. viminea. Alyssum alpestre, var. majus, A. calycinum. Draba muralis, D. verna. Thlaspi arvense. Iberis Prostii. Lepidium campestre. Rapistrum rugosum. Cisnwez. Cistus albidus, C. salvifolius. ViorariEÆ. Viola hirta, V.odorata, V. agrestis. CarioPayYLLEÆ. Dianthus prolifer, D. virgineus. Sapo- naria officinalis, S. ocymoides. Cucubalus bacciferus. Silene inflata , S. gallica, S. pratensis , S. Otites. Sagina apetala, S. patula. Mæhringia muscosa. Arenaria serpyllifolia. Ho- losteum umbellatum. Stellaria Holostea. Cerastium triviale, C. arvense. Mazvaceæ. Malva syivestris. HyPERICINEZÆ. Audrosæmum officinale. Hypericum mon- tanum. ACERINEÆ. Acer platanoïdes, A. campestre , A. mons- pessulanum. GErANIACEÆ. Geranium nodosum , G. pyrenaicum , G. dissectum, G. columbinum. OxaLidEzæ. Oxalis corniculata. CELASTRINEÆ. Evonymus europæus. RaauNez. Rhamnus catharticus, R. Frangula. PAPILIONACEÆ. Ononis repens. Anthyllis Vulneraria. Medicago Lupulina, M. maculata, M. minima, M. denticu- lata. Melilotus officinalis. Trifolium medium , T. alpestre, T. repens, T. procumbens. Dorycnium suffruticosum. Lotus corniculatus, L. tenuifolius. Psoralea bituminosa. Astragalus glyciphyllos. Ornithopus compressus. Vicia Cracca , V. ono- 98 ACTION CHIMIQUE DU SOL. brychioides, V. sepium. Ervum hirsutum , E. gracile. La- thyrus pratensis. AMYGDALEÆ. Prunus spinosa, P. fruticans , P. insititia. Cerasus avium. Rosaceæ. Geum urbanum, G. sylvaticum. Rubus dume- torum, R. tomentosus, R. thyrsoideus. Fragaria vesca, F. col- lina. Potentilla recta, P. verna. Agrimonia Eupatoria. Rosa pimpinellifolia , R.canina, R. rubiginosa. Alchemilla vulga- ris. Poterium Sanguisorba. Cotoneaster vulgaris. Pyrus com- munis. Aronia rotundifolia. OxoGRaRIEzÆ. Epilobium montanum. Cucurgiracezæ. Bryonia dioica. SCLERANTHEÆ. Scleranthus perennis. CrassuLAcEz. Sedum album, S. acre, S. reflexum. OmBELLIFEREZ. Ægopodium Podagraria. Heracleum si- biricum, H. Sphondylium. Tordylium maximum. Torilis Anthriscus , T. helvetica, T. nodosa. Anthriscus sylvestris , A. Cerelolium. Chærophyllum temulum. ARALIACEÆ. Hedera Helix. Corxez. Cornus sanguinea. CaPRiFoLIACEÆ. Adoxa Moschatellina. Sambucus nigra, Viburnum Lantana, V. Opulus. Lonicera Xylosteum. STELLATÆ. Sherardia arvensis. Asperula arvensis. Ga- hum cruciatum, G. Aparine, G. verum, G. Mollugo, G. ru- brum. VALERIANEÆ. Valeriana officinalis. Dipsaceæ. Dipsacus sylvestris. Scabiosa Columbaria . SYNANTHEREZ. Tussilago Farfara. Bellis perennis. Eri- geron acris. Inula Conyza , L. montana. Filago germanica. Artemisia vulgaris. Tanacetum vulgare. Achillea Millefo- lium. Anthemis arvensis, A. Cotula. Matricaria Chamo- milla. Chrysanthemum Leucanthemum , C. montanum, C. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 59 Parthenium. Senecio Jacobæa. Cirsium lanceolatum, C. acaule. Carduus tenuiflorus. Onopordum Acanthium. Car- lina acanthifolia, C. vulgaris. Centaurea Jacea. C. pectinata, C.maculosa, C. solstitialis, C. Calcitrapa. Crupina vulgaris. Lapsana communis. Thrincia hirta. Leontodon autumnale , L. Villarsni. Picris hieracioides. Tragopogon pratensis. Scor- zonera glastifolia, var. asphodeloides. Hypochær isradicata. Taraxacum dens-leonis. Chondrilla juncea. Lactuca muralis, L. perennis. Sonchus asper. Barkausia taraxacifolia. Crepis biennis , C. virens. Hieracium Pilosella, H. Auricula, H. vulgatum, H. amplexicaule. Andryala sinuata. CampanuLACEÆ. Phyteuma orbiculare. Campanula ro- tundifolia, C. rapunculoides, C. Rapunculus. Ericnez. Arctostaphylos uva ursi. OzEacezæ. Phillyrea latifolia, P. media, P. angustifolia. Ligustrum vulgare. Fraxinus excelsior. ASCLEPIADEÆ. Cynanchum Vincetoxicum. APocyNEÆ. Vinca minor. GENTIANEÆ. Gentiana cruciata. Erythræa Centaurium. ConvoLvuraceÆ. Convolvulus sepium, C. arvensis. BorrAGiNEZ. Lycopsis arvensis. Symphitum tuberosum. Pulmonaria angustifolia, Lithospermum purpureo-cæruleum. Myosotis sylvatica, M. intermedia. VerBascEÆ. Verbascum floccosum , V. Lychnitis, V. Lychnitidi-floccosum. Scrophularia nodosa. ANTIRRHINEÆ. Digitalis lutea. Linaria Elatine, L. Pelis- seriana , L. arvensis, L. vulgaris. Veronica Chamædris, V. prostrata, V. Teucrium , V. spicata, V. arvensis, V. triphyl- los, V. agrestis, V. polita, V. hederifolia. RaiNanTHACEÆ. Melampyrum nemorosum. Pedicularis comosa. Rhinanthus minor, R. major. Euphrasia serotina. LaBatÆ. Lavandula Spica. Salvia glutinosa, S. pratensis. 60 ACTION CHIMIQUE DU SOL. Origanum vulgare. Thymus vulgaris. Satureia hortensis. Calamintha Acinos. Clinopodium vulgare. Glechoma hede- racea. Melittis melissophyllum. Lamium amplexicaule, L. incisum, L. maculatum, L. album. Galeobdolon luteum. Galeopsis Tetrahit. Stachys alpina, S. sylvatica, S. arvensis, S. recta. Betonica officinalis. Marrubium vulgare. Ballota nigra. Leonurus Cardiaca. Prunella vulgaris, P. grandiflora, P. alba. Ajuga reptans, A. genevensis. Teucrium Scorodo- nia, T. Chamædrys. VERBENACEÆ. Verbena officinalis. PrimurAceæ. Anagallis arvensis, À. cærulea. Centuncu- lus minimus. Primula officinalis , P. elatior, P. variabilis, P. acaulis. | PLANTAGINEZ. Plantago media, P. lanceolata, P. serpen- tina. PoLyaoweæ. Rumex Acetosa. Polygonum Convolvulus, P. dumetorum. TaymeLrz. Stellera Passerina. EupnorgiAceæ. Buxus sempervirens. Euphorbia helios- copia, E. stricta, E. verrucosa, E. amygdaloides, E. Chara- cias, E. cyparissias. Mercurialis perennis. Urtnicez. Celtis australis. CuPuLirERÆ. Quercus Ilex. Carpinus Betulus. ConiFERÆ. Juniperus Oxycedrus. OrcanEez. Orchis fusca, O. Morio, O. mascula. Limo- dorum abortivum. Cephalanthera pallens, C. rubra. Epipac- tis latifolia, E. rubiginosa. Listera ovata. Spiranthes autum- nalis. IRDE%. fris germanica, I. fœtidissima. NarcisseÆ. Galanthus nivalis. ASPARAGINEÆ. Convallaria Polygonatum. Smilax aspera. Ruscus aculeatus. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS CALCAIRES. 61 LicraceÆ. Tulipa sylvestris. Asphodelus albus. Antheri- cum Liliago. Gagea lutea. Sailla autumnalis. Muscari co- mosum. Allium fallax, À. sphœrocephalum, A. vineale, A. oleraceum, À. intermedium. Corcmcaceæ. Colchicum autumnale. Juncaceæ. Luzula Forsteri, L. pilosa. CyPrErACEZ. Carex Schreberi, C. remota, C. montana, C. præcox, C. humilis, C. sylvatica. GRAMNEÆ. Andropogon Ischæmum. Tragus racemosus. Alopecurus agrestis. Phleum asperum. Cynodon Dactylon. Apera interrupta. Gastridium lendigerum. Kæleria Phleoi- des. Holcus lanatus. Avena amethystina, A. pubescens, A. pratensis, À. flavescens. Briza maxima, B. media, B. minor. Eragrostis poæoides. Poa trivialis, P. pratensis. Dactylis glomerata. Cynosurus cristatus, C. echinatus. Festuca ri- gida, F. duriuscula, F. heterophylla, F. gigantea, F. arun- dinacea , F. elatior. Bromus secalhinus , B. racemosus, B. mollis, B. arvensis, B. asper, B. sterilis. Triticum repens, T. caninum. Lolium perenne, L. multiflorum. Ægilops ovata, Æ. triuncialis. Equiseracez. Equisetum ramosum. Fiices. Ophioglossum vulgatum. Polystichum Filix-mas. Asplenium septentrionale. Cheilanthes odora. $2. LISTE DES PLANTES QUI PRÉFÉRENT LES TERRAINS CALCAIRES. RanuoncurAcEZÆ. Thalictrum aquilegifolium, T. sylvaticum, T. saxatile , T. minus, var. glandulosum , T. majus. Ane- mone Hepatica. Adonis vernalis, Ranunculus gramineus, R. chærophyllos, R. parviflorus. BERBERDEZ. Berberis vulgaris. 62 ACTION CHIMIQUE DU SOL. PAPAVERACEZ. Papaver hybridum, P. dubium. Glaucium luteum, G. corniculatum. CRUCIFEREZ. Arabis brassicæformis, A. auriculata, A. muralis. Sisymbrium Columnæ. Sinapis alba. Erucastrum incanum, Brassica nigra. Diplotaxis erucoides, D. tenuifolia, D. sativa. Alyssum spinosum , À. macrocarpum. Draba ai- zoïides. Cochlearia saxatilis. Camelina microcarpa. Thlaspi perfoliatum, T. præcox. Iberis pinnata. Biscutella saxatilis. Lepidium hirtum. Hutchinsia petræa. Capsella procumbens. Æthionema saxatile. [satis tinctoria, var. campestris. Cisrinezæ. Helianthemum Fumana, H. procumbens, H. italicum, H. vineale. H. salicifohum, H. apenninum. ResepAcEz. Reseda Phyteuma, R. lutea. PoiyGALeæ. Polygala comosa, P. calcarea. SILENEÆ. Silene italica. | ALsiNEÆ. Buffonia macrosperma. Alsine rostrata, A. Jac- quini, À. tenuifolia. Arenaria aggregata, À. ligericina. Ce- rastium glomeratum , C. arvense, var. umbrosum. Laixez. Linum maritimum, L. strictum, L. flavum, L. salsoloïides, L. tenuifohum , L. narbonense, L. aus- triacum. Mazvaceæ. Malva Alcea, M. fastigiata. Althæa canna- bina. À. hirsuta. HyPERICINEZ. Hypericum tomentosum. ACERINEÆ. Acer opulifolium. GERANIACEÆ. Geranium pratense. Ruraceæ. Ruta graveolens, R. angustifolia. CortARIEæ. Coriaria myrtifolia. RaaAmNEzæ. Paliurus aculeatus. Rhamnus infectorius, R. alpinus, R. Alaternus. TEREBINTHACEÆ. Pistachia Terebinthus. Rhus Cotinus. PaprLioNACEÆ. Genista Scorpius. Cytisus sessilifohus. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS CALCAIRES. 63 Genista hispanica. Ononis spinosa, O. Columnæ, O. minu- tissima , O. striata, O. rotundifolia. Anthyllis Vulneraria, var. rubriflora. À. montana. Medicago falcata, M. orbicu- laris, M. Gerardi, M. apiculata. Trigonella monspeliaca. Tri- folium rubens, T. resupinatum, T. stellatum. Bonjeania hirsuta. Colutea arborescens. Astragalus purpurens, A. hamosus, À. monspessulanus. Scorpiurus-subvillosa. Coro- nilla Emerus, C. minima, C. scorpioïdes, C. varia. Hippo- crepis comosa, H. unisiliquosa. Onobrychis supina. Vicia tenuifolia, V. serratifolia, V. hybrida, V. peregrina. Lathy- rus Aphaca, L. sphæricus, L. setifolius, L. tuberosus, L. la- tifohus. Orobus vernus, O. albus. Rosaceæ. Spiræa Filipendula. Rubus cœsius, R. colli- nus. Potentilla caulescens. Rosa sepium, R. arvensis, R. sempervirens. SANGUISORBEÆ. Poterium Sanguisorba , var. micro- phyllum. PomacEeÆ. Cratægus monogyna. Cotoneaster tomentosa. Pyrus amygdaliformis. ParonycmiEeÆ. Herniaria incana. CRAssuLACEÆ. Sedum anopetalum, S. altissimum. SAXIFRAGEÆ. Saxifraga pubescens. UmeeLuirerEz. Trinia vulgaris. Ptychotis heterophylla. Falcaria Rivini. Ammi majus. Carum bulbocastanum. Pim- pinella Saxifraga. Buplevrum junceum, B. aristatum , B. falcatum, B. rigidum, B. ranunculoides , var. caricinum, B. protractum, B. rotundifolium, B. fruticosum, Fœnicu- lum officinale. Seseli Gouani, S. montanum, S. tortuosum. Athamanta cretensis. Peucedanum Cervaria, P. alsaticum. Pastinaca sativa. Laserpitium Nestleri, L. gallicum, L. Siler. Orlaya grandiflora. Daucus Carota. Caucalis daucoï- des, C. leptophylla. Turgenia latifolia. 64 ACTION CHIMIQUE DU SOL. CornEÆ. Cornus mas. CapriForIAcEÆ. Sambucus Ebulus. Viburnum Tinus. Lonicera implexa, L. etrusca. Rugraceæ. Asperula galioïdes. Rubia peregrina. Galium tricorne. G. lucidum. Vaillantia muralis. VALERIANEÆ. Valeriana tuberosa. Centranthus Calci- trapa, C. angustifolius. Valerianella carinata , V. auricula, V. membranacea , R. coronata. DipsaceÆ. Cephalaria leucantha. Knautia hybrida , K. arvensis. SYNANTHEREÆ. Linosyris vulgaris. Aster alpinus, A. Amellus. Micropus erectus. Pallenis spinosa. Phagnalon sor- didum. Inula squarrosa , L. bifrons. Jasiona tuberosa. Arte- misia camphorata, A. campestris. Achillea Ageratum, A. tomentosa, À. nobilis. Chrysanthemum pallens, C. grami- nifolium , C. corymbosum. Senecio erucæfolius , S. lanatus. Echinops Ritro. Cirsium ferox , C. bulbosum. Silybum Ma- rianum. Carduus crispus. Carlina corymbosa. Serratula nu- dicaulis. Leuzea conifera. Carduncellus mitissimus. Ken- trophillum lanatum. Centaurea amara , C. Scabiosa, C. col- lina, C. paniculata, C. aspera. Microlonchus salmanticus. Xeranthemum inapertum , X. cylindraceum. Scolymus his- panicus. Rhagadiolus stellatus, R. edulis. Catananche cæru- lea, Leontodon crispum. Picris hispidissima. Helminthia echioides. Urospermum Dalechampn , U. picroïdes. Trago- pogon porrifolius, T. major, T. crocifolius. Scorzonera purpurea. Podospermum laciniatum, P. calcitrapifohium , Taraxacum lævigatum , var. erythrospermum. Chondrilla latifolia. Phænixopus ramosissima. Lactuca virosa, L. Sca- riola, L. saligna. Picridium vulgare. Pterotheca nemausen- sis. Barkausia albida , B. fætida. Crepis pulchra. Hieracium saxatile. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS CALCAIRES. 65 AmBrosIACEÆ. Xanthium Strumarium, X. spinosum. CAMPANULACEÆ. Campanula glomerata , var. cervicarioi- des, C. speciosa. | JasmNEz. Jasminum fruticans. ASCLEPIADEÆ. Cynanchum Vincetoxicum. APocynEÆ. Vinca major. GENTIANEZ. Chlora perfoliata. Gentiana ciliata. ConvozvuLaceæ. Convolvulus Cantabrica, C. lineatus. Boragnez. Heliotropium europæum. Echinospermum Lappula. Cynoglossum pictum, C. cheirifolium. Anchusa italica. Onosma echioides. Lithospermunm fruticosum. SoLaNEÆ. Physalis Alkekengr. VERBASCEÆ. Verbascum phlomoides, V. sinuatum , V. mayale. Scrophularia canina. ANTiIRRHINEZÆ. Linaria spuria, L. origanifolia, L. supina, L. chalepensis. Erinus alpinus. Veronica præcox. Lagraræ. Lavandula vera. Salvia officinalis , S. æthio- pis, S. Sclarea, S. Verbenaca. Satureia montana. Calamin- tha Nepeta. Melissa officinalis. Hyssopus officinalis. Stachys germanica , S. Heraclea, S. annua. Sideritis romana. Phlo- mis Lychnitis, P. herba-venti. Prunella hyssopifolia. Ajuga Chamæpitys. Teucrium Botrys, T. flavum, T. Polium, T. montanum. PrImuLAcEæ. Coris monspeliensis. Lysimachia Linum stellatum. Androsace maxima. Cyclamen repandum. GLoguLariÆ. Globularia vulgaris. PLuMBAGINEZ Plumbago europæa. PLANTAGINEÆ. Plantago Psyllium , P. Cynops. Cuenoponeæ. Polyenemum majus. Pozycoxez. Rumex scutatus , var. glaucus. TaymeLeÆ. Daphne Cneorum , D. alpina. SANTALACEÆ, Thesium humifusum. II Qr 66 ACTION CHIMIQUE DU SOL. ARisroLocmEzÆ. Aristolochia rotunda , A. Pistolochia, A. Clematitis. | EupnorgACEÆ. Euphorbia Chamæsyce , E. Duvalii, E. suffruticulosa, E. Gerardiana, E. nicæensis, E. serrata, E. segetalis, E. falcata, E. exigua. UrriceÆ. Urtica pilulifera. CuPuLIFERÆ. Quercus pubescens, Q. coccifera. Carpinus Betulus, var. rubrifolia. SALICINEÆ. Salix Seringeana. Orcmnez. Orchis galeata. Himantoglossum hireinum. Ophrys muscifera, O. apifera, ©. arachnites , O. aranifera, O. pseudo-speculum. Aceras antropophora. IRDdEÆ. Gladiolus segetum. Iris olbiensis. AMARYLLIDEÆ. Narcissus juncifolius. ASPARAGINEÆ. Asparagus tenuifolius, À. acutifolius. Liraceæ. Anthericum ramosum. Ornithogalum pyrenai- cum, O. umbellatum. Gagea arvensis. Muscari botryoides, M. racemosum. Allium roseum , À. multiflorum, A. flavum. ComMELINACEzÆ. Aphyllanthes monspeliensis. CyPERACEZ. Carex gynobasis, C. nitida, C. tenuis, C. hordeistichos. GRamNE#. Andropogon Grillus. Phleum arenarium. Agrostis verticillata, A. setacea. Piptatherum paradoxum. Stipa pennata. Lasiagrostis Calamagrostis. Sesleria cærulea. Koœleria valesiaca. Aira media. Avena sterilis, A. pratensis , var. bromoides. Melica ciliata, M. ramosa. Poa dura, P. alpina, var. badensis. Molinia serotina. Dactylis glomerata, var. abbreviata. Festuca duriuscula, var. mutica. Brachypo- dium pinnatum, B. ramosum. Bromus squarrosus, B. ma- dritensis. Triticum repens, var. glaucum. Fuices. Polypodium calcareum. Adianthum capillus Ve- neris. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS SILICEUX. 67 $3. LISTE DES PLANTES QUI PRÉFÈRENT LES TERRAINS SILICEUX ET FELDSPATHIQUES. RANUNCULACEÆ. Anemone vernalis , A. alpina, A. ra- nunculoides. Ranunculus platanifolius, R. acris. var. multi- fidus , R. auricomus, R. nemorosus. Trollius europœus. Isopyrum thalictroides. Aquilegia vulgaris. Aconitum Napel- lus, A. Lycoctonum. Actæa spicata. PapaverAcEzÆ. Meconopsis cambrica. Papaver dubiam var. lœvigatum. Fumarraceæ. Corydalis solida, C. claviculata. Fumaria Bastardi. CrucrFERÆ. Barbarea intermedia, B. præcox. Arabis alpina, À. cebennensis, A. Gerardi. Cardamine resedifolia. Dentaria digitata, D. pinnata. Braya pinnatifida, Sinapis Cheiïranthus. Thlaspi virgatum, T. alpestre. Teesdalia nudi- caulis. Biscutella lævigata. Lepidium Smith. Cisrineæ. Cistus Pouzolzi. C. laurifolius. Helianthe- mum alyssoïdes, H. guttatum, H. vulgare. ViorariEÆ. Viola sylvestris, V. riviniana, V. canina, V. biflora , V. segetalis, V. gracilescens, V. Sagoti, V. vi- variensis, V. sudetica. ResEDACEÆ. Astrocarpus sesamoïdes. PocyGALEz. Polygala vulgaris, P. depressa. CARYOPHYLLEÆ. GYypsophyla muralis. Dianthus Armeria, D. carthusianorum , D. Seguieri, D. deltoides, D. hirtus, D. cæsius, D. monspessulano-Seguieri, D. monspessula- nus , D. superbus. Silene conica , S. ciliata, S. Armeria, S. inaperta , S. Saxifraga, S. rupestris, S. diurna, S. nu- tans. Lychnis Viscaria. Sagina procumbens , S. saxatilis, S. subulata. Spergula arvensis, S. pentandra. Lepigonum ru- 68 ACTION CHIMIQUE DU SOL. brum. Alsine verna, A. tenuifolia. Moærhingia trinervia. Arenaria hispida, À. montana. Stellaria nemorum , S. gra- minea. Mœnckia erecta. Cerastium brachypetalum, C. semi- decandrum , C. glutinosum, C. arvense, var. strictum , C. alpinum. Lez. Radiola linoïdes. Linum catharticum, L. galli- cum, L. angustifolium. Mazvaceæ. Malva moschata. Toaceæ. Tilia grandifolia, T. parvifoha. Hypericneæ. Hypericum humifusum , H. perforatum, H. quadrangulum, H. tetrapterum , HE. pulchrum, HE. hir- sutum , H. linearifolium. ACERINEÆ. Acer pseudo-Platanus. GERANIACEÆ. Geranium sylvaticum, G. sanguineum n OxaALIDEZ, Oxalis acetosella, O. stricta. ZycopnvyiLez. Tribulus terrestris. PapirioNAcEæ. Ulex europæus, U. nanus. Sarothamnus vulgaris. Genista pilosa, G. prostrata, G. tinctoria, G. De- larbrei, G. purgans, G. anglica, G. germanica. Cytisus saxa- tilis. Adenocarpus parvilolius, A. cebennensis. Trifolium ochroleucum, T. angustifolium , T. incarnatum, var. Moli- neri, T. pratense, var. microphyllum et var. nivale, T. hir- tum, T. repens, var. prostratum, T. arvense, T. Bocconii , T. striatum , T. scabrum , T. subterraneum , T. alpinum, T. montanum, T. glomeratum, T. pallescens, T. nigres- cens, T. hybridum , T. elegans, T. spadiceum , T. badium, T. aureum , T. agrarium. Lotus angustissimus , L. cornicu- latus, var. rubriflorus. Ornithopus perpusillus. Lupinus an- gustifolius. Vicia Orobus, V.lutea, V. angustifolia, V. la- thyroides. Ervum tetraspermum, E. monanthos, E. Ervilia. Lathyrus angulatus, L. pratensis, var. montanus, L. sylves- tris. Orobus tuberosus, O. niger. PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS SILICEUX. 69 Rosacez. Cerasus Padus. Geum montanum, Rubus saxa- tiis, R. Godronu, R. tomentosus, var. glabratus, R. glan- dulosus, R. discolor, R. hirtus, R. fruticosus, R. fastigiatus, R. idœus. Fragaria elatior. Potentilla rupestris, P. hirta, P. argentea, P. aurea, P. fragariastrum. Agrimonia odorata, Rosa alpina, R. rubrifolia, R. collina, R. arvensis, var. re- pens , R. tomentosa, R. pomifera, R. pimpinellifolia, var. mitissima. Alchemilla alpina, A. vulgaris, var. hybrida, A. arvensis. Poterium Sanguisorba , var. proliferum. Sanguis- orba officinalis. Cratægus Oxyacantha. Mespilus germanica. Pyrus salvifolia. Sorbus Aucuparia, S. hybrida, S. Aria, S. torminalis, S. Chamæmespilus. OxaGrariEÆ. Epilobium angustifolium. Circæa interme- dia, C. alpina. ParonIcmEZÆ. Corrigiola littoralis. Herniaria glabra, H. hirsuta. Illecebrum verticillatum. Paronychia cymosa, P. polygonifolia. Polycarpum tetraphyllum. SCLEKANTHEÆ, Scleranthus annuus. CrassuLacez. Sedum maximum, $. Telephium, S. Fa- baria, S. Anacampseros, S. Cepæa, S. rubens, S. hirsutum, S. dasyphyllum, S. brevifolium, S. annuum, S. repens, S. amplexicaule, S. elegans. Sempervivum arvernense, $. arach- noideum. Umbilicus pendulinus. GRossuLaARiEÆ. Ribes alpinum, R. petræum. SAXIFRAGEÆ: Saxifraga Aizoon , S. bryoides, S. Clusii , S. cuneHolia, S. exarata, S. pedatifida , S. hypnoides , S. granulata. UmseLLiFeREzÆ. Sanicula europæa. Astrantia major. Ca- rum Carvi. Conopodium denudatum. Pimpinella magna , P. Saxifraga, var. poterüfolia. Buplevrum longifolium. OEnanthe peucedanifolia. Æthusa cynapium, var. elata. Seseli coloratum. Libanotis montana. Meum athamanticum, 70 ACTION CHIMIQUE DU SOL. M. Mutellina. Angelica sylvestris, A. pyrenæa. Peucedanum parisiense, P. Oreoselinum. Imperatoria Ostrutium. Hera- cleum Sphondylium , var. elatius. Laserpitrum asperum, L. Siler, var. asperum. Chærophyllum aureum. Anthriscus sylvestris, var. tenuifolia. Myrrhis odorata. CAPRIFOLIACEÆ. Sambucus racemosa. Lonicera Pericly- menum, L. nigra, L. alpigena. STELLATÆ. Asperula cynanchica, A. odorata. Crucianella angustifolia. Galium anglicum, G. divaricatum, G. boreale, G. approximatum, G. erectum, G. saxatile, G. sylvestre, G. rotundifolium. VALERIANEÆ. Valeriana tripteris. Dipsaceæ. Knautia sylvatica, K. longifolia. Succisa pra- tensis. Scabiosa lucida. SYNANTHEREÆ. Erigeron alpinus. Solidago virga aurea. Inula salicina, E. graveolens. Filago arvensis, F. minima. Logfia gallica. Gnaphalium sylvaticum, G. norwegicum, G. supinum, G. dioicum. Helichrysum angustifolium. Achillea ptarmica. Anthemis nobilis, A. montana. Chrysanthemum cebennense, C. inodorum, C. Leucanthemum , var. pinnati- fidum. Doronicum Pardahanches, D. austriacum. Arnica montana. Cineraria spathulæfolia. Senecio viscosus, S. sylva- ticus, S. galhicus, S. artemisiæfolius, S. leucophyllus, S. Ca- caliaster, S. Fuchsi, S. Doronicum. Cirsium eriophorum, C. erisithales, C. anglicum. Carduus Personata, C. vivarien- sis, C. nutans. Carlina Cynara, C. nebrodensis. Stæhe- lina dubia. Serratula tinctoria. Centaurea nigra , C. jacea, var. pratensis, C. montana. Arnoseris pusilla. Tolpis barbata. Leontodon pyrenaicum, L. hastile. Picris crepoides. Hypo- chæris glabra, H. maculata. Taraxacum lævigatum. Prenan- thes purpurea. Mulgedium Plumieri. Crepis succisæfolia, C. grandiflora, C. virens, var. agrestis. Hieracium auran- PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS SILICEUX. 71 tiacum, H. longifolium , H. Mougeoti, H. spicatum, H. bo- reale, H. rigidum, H. Pilosella, var. pilosissimum , H. um- bellatum. Andryala integrifolia. AmgrosrAceÆ. Xanthium macrocarpum. CaAMPaANuLACEzÆ. Jasione montana, J. perennis, J. hu- milis. Phyteuma hemisphæricum, P. persicifolium , P. spi- catum, P. Halleri. Campanula linifolia, C. rotundifolia, var. montana, C. rhomboïdalis, C.Trachelhium, C. latifoha , C. patula, C. persicifolia, C. Cervicaria , GC. glomerata. Vaconeæ. Vaccinium Myrtillus, V. Vitis idæa. Arbutus Unedo. ErIcNEÆ. Calluna vulgaris. Erica Tetralix, E. cinerea, E. arborea , E. scoparia. Pyroracez. Pyrola rotundifolia, P. minor, P. secunda, P. chlorantha , P. uniflora. AquiroLiACEÆ. Îlex Aquifolius. | GENTIANEÆ. Gentiana lutea, G. verna, G. campestris. Cicendia fihiformis, C. pusilla. BoRAGINEÆ. Pulmonaria azurea. Lithospermumofficinale. Myosotis hispida, M. versicolor, M. stricta, M. sylvatica, var. rigida. SoLANEÆ. Atropa Belladona. VerBAscEz. Verbascum Schraderi, V. thapsiforme, V. nigrum, V. Chaixü, V. Blattaria, V. Blattarioides, V. Thapso-Lychnitis, V. Thapso-floccosum, V. Thapso- nigrum, V. nigro-floccosum. ANTHIRRHINEÆ. Digitalis purpurea , D. grandiflora, D. purpureo-lutea. Antirrhinum Orontium, A. Asarina. Linaria minor, L. striata. Anarrhinum bellidifolium. Veronica mon- tana, V. officinalis, V. alpina , V. acimifolia, V. verna. Me- lampyrum cristatum, M. pratense, M. sylvaticum. Pedicularis 72 ACTION CHIMIQUE DU SOL. foliosa, P. verticillata. Rhinanthus Alectorolophus , R. mi- nor, var. angustifohus. Bartsia alpina. Euphrasia minima , E. officinalis, E. Odontites, E. lutea. LaprarTæ. Lavandula Stæchas. Thymus Serpyllum. Cala- mintha grandiflora, C. officinalis, C. mentæfolia. Galeopsis Ladanum, G. ochroleuca. Ajuga pyramidalis, A. reptans , var. alpina. Lysimacmieæ. Lysimachia nemorum. Androsace carnea. Soldanella alpina. STATICEÆ. Statice plantaginea. PLANTAGINEÆ. Plantago alpina, P. Coronopus, P. ser- . pentina, var, minima , P. arenaria. AMARANTHACEÆ. Amaranthus prostratus. Polychnemum arvense. Cuenoronezx. Chenopodium Botrys. Porvcoxez. Rumex alpinus, R. arifohius , R. acetosella, R. scutatus. Polygonum viviparum. TaymecezÆ. Daphne Gnidium , D. Mezereum , D. Lau- reola. Thesium pratense, T. alpinum. ARISTOLOCHIEÆ. Asarum europæum. EmPerTRezÆ. Empetrum nigrum. EvrnorgiAcEÆ. Croton üinctorium. Euphorbia hyberna, E. dulcis. Buxus sempervirens, var. arborescens. UrtigeÆ. Ulmus montana, U. effusa. AMENTACEZÆ. Fagus sylvatica. Quercus sessihiflora, Q. pedunculata, Corylus Avellana. Salix herbacea. Betula alba, B. pubescens. Conirerz. Juniperus nana, J. communis. Pinus sylves- tris, P. pyrenaica. Abies pectinata. ARoOIDEZ. Arum maculatum. Orcnnez. Orchis ustulata, O. coriophora , O. globosa, PLANTES PRÉFÉRANT LES TERRAINS SILICEUX. 73 O. sambucina , O. maculata. Gymnadenia conopsea, G. al- bida. Cæloglossum viride. Platanthera chlorantha, P. bifolia. Nigritella angustifolia. Cephalanthera ensifolia. Spiranthes æstivalis. IRIDEZ. Crocus vernus. Narcisseæ. Narcissus pseudo-Narcissus, N. poeticus. _ AsPARAGINEZ. Streptopus amplexifolius. Paris quadrifolia. Convallaria verticillata, C. multiflora , C. maialis, Maianthe- mum bifohum. Tamus communis. Luacez. Lilium Martagon. Erythronium dens canis. Paradisia Liliastrum. Scilla verna, S. bifolia, S. Lilio-Hya- cinthus. Endymion nutans. Allium victoriale, A. interme- dium , var. bulbiferum , A. ursinum, A. paniculatum, A. Schænoprasum. Coccnicacez, Veratrum album. Juxceæ. Juncus capitatus. Luzula maxima, L. nivea, L. campestris, L. multiflora, L. sudetica, L. spicata. . CyPERACEZ. Carex pilulifera , C. ericetorum, C. polyr- rhiza, C, digitata, GRAMINEÆ. Panicum glabrum, P. ciliare. Anthoxanthum odoratum. À. Puelii. Crypsis alopecuroïdes. Phleum Boeh- meri, P. alpinum. Chamagrostis minima. Agrostis stoloni- fera, À. vulgaris, A. canina, A. rupestris. Calamagrostis Epigeios, C. sylvatica. Milium effusum. Koæleria cristata. Holcus mollis. Aïra cæspitosa , A. flexuosa. Corynephorus canescens, C. articulatus. Arrhenatherum elatius. Avena versicolor, À. montana, A. tenuis, A. caryophyllea, A. præcox. Triodia decumbens. Melicauniflora. Eragrostis me- ‘gastachya , E. pilosa. Poa alpina, P. compressa, var. elatior, P. nemoralis, P. sudetica. Festuca tenuiflora, F. Lachenaln, F. pseudomyuros, F. sciuroides, F. myuros, F. ovina, F. duriuscula, F, nigrescens, FE. rubra, F.rhætica, F. spadicea, 74 ACTION CHIMIQUE DU SOL. F.sylvatica. Brachypodium sylvaticum. Bromus erectus. Psi- lurus nardoïdes. Nardus stricta. EquiseraceÆ. Equisetum Telmatheïa, E. hiemale. LycopopiAcez. Lycopodium Selago, L. alpinum, LAcla- vatum. Fiices. Botrychium Lunaria ,°B. rutæfolium. Polypo- dium Phegopteris, P. Dryopteris. Aspidium aculeatum. Po- lystichum Oreopteris, P. spinulosum. Asplenium Filix-femina, À. Halleri, A. Adianthum-nigrum , A. Breynü. Blechnum spicant. Pteris aquilina. Allosorus crispus. Notholæna Ma- rantæ. | $ 4. LISTE DES PLANTES DES EAUX NON SALÉES ET DES TERRAINS HUMIDES NON SALIFÈRES. À. Indifférentes à la nature du sol. RanuncuLAcEÆ. Ranunculus aquatilis , R. fluitans , R. flammula, R. repens, R. philonotis. NympnEAcEÆ. Nymphea alba. Nuphar luteum. CrucireRÆ, Nasturtium officinale, N. amphibium, N. sylvestre, N. palustre. Cardamine Impatiens , C. sylvatica, . C. pratensis. Sisymbrium asperum. SILENEÆ. Lychnis flos-cucul. ALsiNEÆ. Malachium aquaticum. GERANIACEÆ. Geranium phæum. Papizionaceæ. Trifolium fragiferum. Tetragonolobus si- liquosus. Rosacez. Potentilla supina, P. anserina, P. reptans. ONAGRARIEÆ. Epilobium hirsutum , E. parviflorum , E. tetragonum. Isnardia palustris. Circæa lutetiana. HazorAGezÆ. Myriophyllum verticillatum, M. spicatum. PLANTES DES EAUX NON SALÉES. 5 Cazcirricmnez. Callitriche stagnalis, C. platycarpa, C. vernalis. LyrararieÆ. Lythrum Salicaria. Umsezurereæ. Hydrocotyle vulgaris. Berula angusti- folia, OEnanthe fistulosa, OE. pimpinelloïdes, OE. Phellan- drium. Silaus pratensis. SrELLATÆ. Galium uliginosum, G. palustre. Dipsaceæ. Dipsacus pilosus. SYNANTHEREÆ. Eupatorium cannabinum. Pulicaria vul- garis. Bidens tripartita. Gnaphalium uliginosum. Cirsium palustre. GENTIANEZ. Limnanthemum nymphoides. Erythræa pul- chella. BorAGNez. Symphitum officinale. Myosotis palustris. SGLANEÆ. Solanum Dulcamara. VeRBAscEÆ. Scrophularia Balbisii. ANTHIRRHINEÆ, Gratiola officinalis. Veronica Anagallis, V. Beccabunga. RHINANTHACEÆ. Pedicularis sylvatica. LaBuarTæ. Mentha rotundifolia, M. sylvestris, M. aqua- tica. Pulegium vulgare. Lycopus europæus. Scutellaria ga- lericulata. PrimuraceÆ. Lysimachia vulgaris, L. Nummularia. PLANTAGINEZÆ. Plantago major. PozyGonEÆ. Rumex conglomeratus, R. sanguineus, R. pulcher, R. obtusifolius, R. pratensis, R. crispus, R. Hy- drolapatum. Polygonum amphibium , P. lapatifolium, P. Persicaria, P. mite, P. Hydropiper. EurnorgrAceÆ. Euphorbia platyphylla. SALICINEÆ. Salix rubra , S. incana, S. cinerea, S. ca- prea. Beruuineæ. Alnus glutinosa. 76 ACTION CHIMIQUE DU SOL. ArISmACEÆ. Alisma Plantago, A. ranunculoides. Dama- sonium stellatum. Sagittaria sagittæfolia. PoramEeÆ. Potamogeton natans, P. lucens, P. perfolia- tum, P. crispum, P. densum. LEMNACEÆ. Lemna trisulca, L. polyrrhiza, L. minor, L. gibba. TypHaceÆ, Typha latifolia. Sparganium ramosum. OrcHbez. Epipactis palustris. IRdEz. Iris pseudo-Acorus. Lizraceæ. Anthericum planifolium. Allium suaveolens. JuNcCACEÆ. Juncus conglomeratus, J. effusus, J. glaucus. J. obtusiflorus. CyPERACEÆ. Cyperus fuscus, C. longus. Heleocharis uniglumis. Scirpus setaceus, S. lacustris, S. Tabernæmon- tani, S. sylvaticus. Carex Davalliana, C. disticha , C. vul- pina, C. muricata, C. divulsa, C. teretiuscula, C. paniculata, GC: vulgaris, C. acuta, C. tomentosa, C. panicea, C. glauca, C. maxima, C. paludosa. GRAMINEÆ. Panieum crus-galli. Phalaris arundinacea. Alopecurus pratensis, A. geniculatus, A. fulvus. Phleum pratense. Leersia oryzoides. Phragmites communis. Arundo Donax. Glyceria fluitans, G. airoides. | EquiseraAcEÆ. Equisetum arvense, E. palustre, E. li- mosum. Fizrces. Scolopendrium officinarum. B. Plantes qui préfèrent les terrains siliceux. RanuncuLAcEz. Ranunculushederaceus, R. Lenormandi, R. aconitifohus. Caltha palustris. NymPueaceÆ. Nuphar pumillum. CrucirerÆ. Nasturtium pyrenaicum. Cardamine amara. Hesperis matronalis. Lunaria rediviva. PLANTES DES EAUX NON SALÉES. 71 ViocaRiEz. Viola palustris, V. epipsila. Droseraceæ. Drosera rotundifolia, D. intermedia. Par- nassia palustris. ALSNEÆ. Stellaria media, var. major, $. uliginosa. Erannez. Elatine hexandra, E. major , E. alsinastrum. Hyrericeæ. Elodes palustris. BazsamNEz. Impatiens noh tangere. PaprcionaceÆ. Melilotus macrorhiza, M. alba. Lotus uliginosus. Rosaceæ. Spiræa Ulmaria. Geum rivale. Comarum pa- lustre. Potentilla Tormentilla. OxaGraRiEÆ. Epilobium Dodonæi, E. lanceolatum, E. palustre, E. virgatum , E. roseum , E. trigonum, E. origa- mifohum. Trapa natans. HaLorAGeÆ. Myriophyllum alterniflorum. CALLITRICHINEÆ. Callitriche autumnalis. Lyrarariez. Lythrum hyssopifolium, L. thymifolium. Peplis portula. PortruLacez. Montia minor, M. rivularis. CRassuLAcEÆ. Sedum villosum. SAXIFRAGEÆ. Saxifraga stellaris, S. rotundifolia. Chry- sosplenium alternifolium , C. oppositifolium. UmgELLiFeREz. Cicuta virosa. Helosciadium inundatum. Carum verticillatum. Chærophyllum hirsutum. Meloposper- mum cicutarium. STELLATÆ. Galium palustre, var. debile. VALERIANEÆ. Valeriana dioica. SYNANTHEREÆ. Adenostyles albifrons. Petasites vulgaris, P. albus. Bidens cernua. Ligularia sibirica. Senecio errati- cus. Circium palustri-erisythales , C. rivulare. Scorzonera humilis. Mulgedium alpinum. Crepis paludosa. CampanuLACEÆ, Wahlenbergia hederacea, 78 ACTION CHIMIQUE DU SOL. VaconiEÆ. Vaccinium uligmosum, V. Oxycoccos. An- dromeda polifola. GENTIANEZ. Menyanthestrifoliata. Swertia perennis. Gen- tiana Pneumonanthe. BorAGINEÆ. Myosotis palustris. var. strigulosa. ANTIRRHINEÆ. Veronica scutellata, V. serpylifolia. Lin- dernia pyxidaria. Limosella aquatica. RHNANTHACEÆ. Pedicularis palustris. Lagrazæ. Mentha sativa, M. gentilis, M. arvensis. Sta- chys ambigua. Scutellaria minor. LENTIBULARIEZ. Pinguicula vulgaris. Utricularia vulgaris, U. minor. PrimuLAcez. Anagallis tenella. Hottonia pliée PLaNTAGINEÆ. Littorella lacustris. CnexoroneÆ. Blitum rubrum. PoryGoxeæ. Polygonum Bistorta, P. minus. EurnorBrAcEÆ. Euphorbia procera. SALICINEÆ. Salix pentandra , S. fragilis, S. amygdalina, S. purpurea, S. caprea, S. aurita, S. phylicifolia, S. re- pens , S. lapponum. Populus Tremula. ALISMACEÆ. Alisma natans. JuNCAGINEZ. Scheuchzeria palustris. Poraumeæ. Potamogeton rufescens, P. heterophyllum ; P. pusillum. TypHAcEÆ. Sparganium simplex. Orcanez. Orchis laxiflora , O. latifolia, O. incarnata. Lrcracez. Narthecium ossifragum. JuncAcEÆ. Juncus filiformis, J. squarrosus, J. Tenageia, J. Bufonius , J. pygmæus , J. supinus , J. alpinus, J. lam- pocarpus , J. sylvaticus. Luzula glabrata. CypERACEÆ. Cyperus flavescens , Rhynchospora alba. Heleocharis palustris, H. acicularis. Scirpus cæspitosus , PLANTES DES EAUX NON SALÉES, 79 S. Bæotryon , S. fluitans , S. supinus , S. Michelianus, S. compressus. Eriophorum alpinum , E. vaginatum , E. lati- folium , E. angustifolium , E. gracile. Carex pulicaris, C. pauciflora, C. chordorrhiza , C. stellulata , C. leporina, C. elongata, C. canescens, GC. limosa, C. pallescens, C. flava, C. pseudo-Cyperus, C. ampullacea , C. vesicaria, C. fili- formis. GRAmNEz. Setaria glauca. Molinia cærulea. EquiseraceÆ. Equisetum sylvaticum , E. variegatum. ManrsiEAcEæ. Pilularia globulifera. Marsilea quadnifolia. Isoëtes lacustris. | Lycoronraceæ. Lycopodium inundatum. Selaginella spi- nulosa. Fiices. Osmunda regalis. Cystopteris regia , C. fragilis. CnarAcEÆ. Chara fragilis. Nitella coronata, N. syncarpa, ® N. translucens , N. Brongniartiana , N. gracilis. C. Plantes qui préfèrent les terrains caleaires. RanuncuLaceæ. Ranunculus trichophyllus, R. scele- ratus. CrucIFERÆ. Alyssum maritimum. Mazvaceæ. Althæa officinalis. Hippurinez. Hippuris vulgaris. CERATOPHYLLEÆ. Ceratophyllum submersum, C. de- mersum. UmseLciFeREÆ. Helosciadium nodiflorum. OEnanthe Lachenaln. Dipsaceæ. Dipsacus laciniatus. SYNANTHEREÆ. Inula Helenium , E. britannica. Pulica- ria dysenterica. Taraxacum palustre. BorAGINEÆ. Myosotis cæspitosa. LaBratTÆ. Stachys palustris. Teucrium Scordium. 80 ACTION CHIMIQUE DU SOL. LENTIBULARIEÆ. Pinguicula longifolia. PrimuLAcEeÆ. Samolus Valerandi. Porvaoxeæ. Rumex aquaticus. Burouez. Butomus umbellatus. PoramEez. Potamogeton pusillum, var. major, P. mo- nogynum, P. pectinatum. Zanichellia palustris. Orcmpez. Orchis palustris. JUNCACEÆ. Juncus compressus. CyPERACEz. Schœnus nigricans. Cladium Mariseus. Seir- pus Holoschænus, S. maritimus. Carex riparia, GC. hirta. GRAMINEZ. Glyceria aquatica. Hordeum secalinum. CHaracEeæ. Chara hispida. $ 5. LISTE DES PLANTES DES TERRBAINS SALIFÈRES, La plupart indifférentes à la nature du sol, pourvu qu’il renferme quelques sels solubles ou des émanations des animaux." A. Plantes des décombres des rues et des lieux habités. PapavEerACEÆ. Chelidonium majus. Crucireræ. Sisymbrium Irio, S. Sophia. Lepidium gra- minifolium. Capsella bursa pastoris. Senebiera Coronopus. Resenaceæ. Reseda luteola. ALSINEZ. Stellaria media. Mazvaceæ. Malva rotundifolia. GERANIACEÆ. Erodium cicutarium , E. Ciconium. GrossuLARIEZ. Ribes uva-crispa. UmsELLiFEREz. Eryngium campestre. Æthusa cynapium. Anthriscus vulgaris, À. sylvestris. Conium maculatum. SYNANTHEREÆ. Artemisia Absinthium. Senecio vulgaris. Lappa minor, L. major, L. tomentosa. Cichorium Intybus. BorAGwezæ. Cynoglossum officinale. PLANTES DES TERRAINS SALIFÈRES. 81 SoLAnEÆ. Solanum villosum, S. miniatum. S. nigrum. Hyoscyamus niger. Lasraræ. Nepeta Cataria. Lamium purpureum. AMARANTHACEÆ. Amaranthus Blitum, A. retroflexus, A. sylvestris. | CaexoroneÆ. Chenopodium hybridum, C. urbicum, C. murale, C. album, C. polyspermum , C. vulvaria. Blitum bonus Henricus. Atriplex patula. PoryGonezx. Polygonum aviculare. EuPHorBiACEÆ. Euphorbia Peplus. Urriceg. Urtica urens , U. dioica. Parietaria erecta, P. diffusa. GRAMINEÆ. Poa annua, P. bulbosa. Hordeum mu- rinum. » B. Plantes des terrains salés , ou directement arrosés par des eaux minérales. RanuncuLAcEÆ. Ranunculus confusus. CrucirerÆ. Arabis Turrita, var. puberula. Sisymbrium polyceratium. Lepidium Draba. L. ruderale, L. latifolium. ALsiNEÆ. Lepigonum marginatum. PapiLioNAcEÆ. Melilotus parviflora. Trifolium mariti- mum. Lotus tenuifolius, var. crassifolius. UmsELLIFEREÆ. Apium graveolens. Buplevrum tenuissi- mum. STELLATÆ. Galium verum , var. nanum. BoRRAGINEÆ. Asperugo procumbens. PRIMULACEZÆ. Glaux maritima. PLANTAGINEZÆ. Plantago maritima. Cnenoponez. Salsola Kali. Blitum virgatum, B. glau- cum. Beta vulgaris, var. maritima. Atriplexlatifolia, A. rosea, var. alba. IL 6 82 SOL PHYSIQUE. PorycoxeÆ. Polygonum Bellardi. EvpnorgiAcEÆ. Euphorbia portlandica. JuNCAGINEÆ. Triglochin maritimum , T. palustre. Zani- chellia pedicellata. JuxCACEÆ. Juncus Gerardi. CyPERACEz. Carex divisa, C. distans. Scirpus maritimus, var. cCompactus. GRAMINEz. Polypogon monspeliensis. Glyceria distans. Agrostis stolonifera , var. glaucescens. Gaudinia fragilis. CHARACEÆ. Chara fœtida, C. crinita. CHAPITRE XVIII. DU SOL CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE SA COMPGSITION PHYSIQUE. Après avoir examiné le sol sous le rapport de sa compo- sition chimique , nous devons étudier maintenant sa consti- tution physique. M. Thurmann, dans son ouvrage de phytostatique, a comme on le sait, accordé une grande influence à l’état méca- nique du sol, et 1l a considéré la composition chimique comme très-accessoire et comme n’ayant qu'une importance très- secondaire. Nous avons dù examiner sérieusement ce côté de la question, et nous devons avouer que nous avons éprouvé de grandes difficultés à grouper nos plantes selon l'état phy- sique du sol, sans avoir égard à la composition chimique. Malgré nous, nous étions ramené à tenir compte des éléments chimiques , et quand nous parvenions à nous déga- DE SA COMPOSITION. 83 ger entièrement de ces influences , nos listes se trouvaient presque les mêmes encore , attendu que la composition chi- mique d’un terrain entre pour beaucoup dans la manière dont il se disgrége ou se décompose, et 1l semble même quel- quefois dans les listes de M. Thurmann , qu'il a suivi tout autant l'élément chimique que l’état mécanique du sol. Nous avons voulu, pour mieux apprécier cette grave ques- tion qui touche de si près aux intérêts de l’agriculture , faire des listes comparatives, et comme dans le chapitre précédent nous n’avons tenu aucun compte du mode d’aggrégation des terrains , ici nous laisserons entièrement de côté ce qui tient à la nature propre du sol. Les difficultés que nous avons signalées en premier lieu se reproduisent ici plus grandes. Nous sommes forcé de ré- clamer plus de latitude encore pour nos groupements, pour nos listes d'élimination. Nous demandons qu’on n’y voie que des moyennes et rien d’absolu , et que l’on n’étende pas nos observations en dehors de nos limites. La plus grande difficulté qui se présente , est de distin- guer, comme le fait M. Thurmaun, la roche sous-jacente du sol productif. Ainsi un calcaire compacte peut faire la base d’un terrain, et se trouver recouvert par un sol meu- ble et siliceux. Il est difficile pourtant d'admettre qu’un sol productif quelconque, reposant sur une roche, ne participera pas de la nature de cette roche ; souvent même il arrive que la terre végétale proprement dite est en grande partie for- mée des débris de la roche sur laquelle elle repose, en sorte qu'il devient extrêmement difficile d'apprécier l’état parti- culier du sol occupé par les racines. Au point de vue chimique, la chose est plus facile. La roche sous-jacente donne nécessairement ses éléments à la terre qui la recouvre. Celle-ci se compose d’un mélange dans 84 SOL PHYSIQUE. lequel les éléments calcaires, siliceux, feldspathiques ou salifères , entrent dans des proportions tout à fait différen- tes, et l’on peut presque prévoir que la terre sera d'autant plus productive , et admettra un nombre d’espèces d'autant plus grand , que ces éléments y seront tous représentés , et mélangés d’eau et de débris organiques. L'état d’aggrégation ou état mécanique ne peut manquer non plus d’agir sur le plus ou le moins de fertilité du sol pro- ductif. Les différences d'organisation que présentent les ra- cines , et les habitudes diverses des végétaux, nous font fa- cilement prévoir que certaines espèces se développeront sur le sol productif, avec d’autant plus de facilité, que ce sol sera plus ou moins perméable à leurs racines, et qu'il leur fournira en plus grande abondance les principes dont la plante a besoin pour se développer. Reste à savoir dans cette prédilection quelle est*la part qu'il faudra accorder à l'élément chimique, et celle qui re- viendra à l’état mécanique du terrain. On voit que le pro- blème est complexe, et qu’il sera difficile de démèêler les ac- tions partielles dont chaque fait se trouve entouré. Nous ne pouvons donc pas , tout en appréciant les travaux de M. Thurmann, accueillir ses conclusions sans réserves ; mais il aura du moins donné l’impulsion sur un point trop négligé jusqu'ici, et dont nous ne pouvons nier l'influence, l’état physique du sol. Si nous nous reportons un instant à la création pre- mière du sol productif, nous nous ferons une idée assez nette de la formation du sol que nous aurons d’ailleurs occasion d'examiner dans d’autres circonstances. Admettons un ins- tant que la terre végétale n’existe pas et que les roches sont à nu. Un certain nombre de plantes, car nous supposons la vé- gétation actuelle déjà existante , se développera sur ces ro- DE SA COMPOSITION. 85 chers ; des Sedum, des Saxifraga, des Umbilicus y végéte- ront, et malgré l'élément chimique différent que pourront pro- duire des calcaires , des granits ou des basaltes, nous ne verrons aucune des espèces qui demandent pour vivre un sol meuble composé de menus débris. El faut donc accepter la composition mécanique comme nécessaire, indispensable à la production de certaines espèces, et ne pas se contenter seule- ment de l’élément chimique qui est ici tout à fait impuissant. Laissons encore le globe dans le même état; l’eau s’y trouve répandue, et déjà des végétaux s’en sont emparés , ils flottent ou ils nagent. L’eau agit-elle ici chimiquement, ou bien comme terrain meuble, permettant aux racines de la pénétrer, et remplissant alors les fonctions d’un terrain extrêmement sablonneux ? On ne peut nier que l’eau puisse remplir à la fois ces deux conditions. Mais , en l’absence du sol productif, voilà des plantes des terrains les plus compactes et des espèces des terrains meubles. La nature ne compte pas avec le temps, et rien sur la terre n’est éternel ; les roches , quelque dures qu’elles soient, ne résistent pas à l’action des siècles ; elles s’usent , se décompo- sent et se disgrégent, de là deux sortes d'éléments qui restent à leur surface, et composent un sol plus ou moins profond, les éléments chimiques inhérents à la composition de la roche, et les éléments physiques dépendant entièrement de son mode de disgrégation. Abandonnons les principes chimiques de ces roches, et étudions la manière dont elles se disgrégent, en passant de l’état compacte à l’état disgrégé. Nous n’adopterons pas les dénominations de M. Thurmann , ces deux expressions an- ciennes et consacrées nous suffisent, compacte équivaut à peu près à dysgéogène de M. Thurmann , et disgrégé à sa dénomination d’eugéogène. 86 SOL PHYSIQUE. On conçoit que l’on puisse rencontrer tous les intermé- diaires possibles entre les sols les plus compactes, comme cer- tains basaltes et trachytes, la plupart des porphyres, des cal- caires Jurassiques, et les plus disgrégés comme les sables,/les pouzzolanes des volcans , et l’eau elle-même qui termine la série et qui constitue certainement le sol le plus meuble et le plus perméable. Nous aurons aussi à expliquer quelques dénominations relatives aux états intermédiaires de disgrégation du sol, et pour cela nous avons besoin d'étudier avec soin le mode de décomposition appartenant aux diverses espèces minérales. Certaines roches se décomposent à peine, comme les por- phyres, les trachytes, les basaltes, les calcaires très-compactes et Jurassiques, les amphibolites, les diorites et même certains granits; cependant ces mêmes roches, quand la décompo- sition les atteint, donnent naissance à des particules assez fines, car elles s’altèrent lentement, et le résultat de leur décomposition ne se remarque que si elles sont disposées en plateaux ou si elles occupent une certaine étendue. Quand, au contraire , elles forment des escarpements ou des pics, l’eau entraîne les parcelles provenant de leur décomposition, et la roche reste nue. Cet état sera pour nous le sol com- pacte conservé , et nous le désignons sous le nom de sol rocheux. | Ces mêmes roches, auxquelles nous ajouterons des mica- schistes plus ou moins quartzeux et les pépérites basalti- ques, subissent , surtout dans les lieux où elles offrent des pentes peu escarpées, des morcellements qui ont différentes causes, et l’on trouve à leur pied des amas de débris assez vo- lumineux , où croissent en général les espèces des sols ro- cheux , et de plus un bon nombre d’autres qui commencent à chercher un terrain moins compacte, mais qui s’accommo- DE SA COMPOSITION. 87 dent encore de ces amas fragmentaices. Ce sont pour nous les plantes des sols rocailleux. Les granits et les micaschistes, les roches] volcaniques modernes plus ou moins scoriacées, se décomposent généra- lement en plus petits fragments , en graviers plus ou moins gros, et forment un sol très-perméable à l’eau et que des racines un peu fortes pénètrent aussi très-facilement. Un grand nombre de plantes se plaisent sur ces terrains divisés, que nous appelons sols graveleux. Les mêmes terrains continuant à se décomposer, les grès commençant à s’altérer, les sables et les pouzzolanes volcani- ques entrainés par les eaux à des distances plus ou moins éloignées de leur origine, forment un sol plus meuble encore, excessivement perméable à l’eau, et où croissent de préfé- rence les espèces à racines tendres ou chevelues. Sans atta- cher d'idée chimique à sa dénomination, nous le désignons sous le nom de sol sablonneux. La décomposition des terrains n’a pas.toujours lieu par fragments plus ou moins gros, qui se détachent de la masse mécaniquement ; il y a aussi des décompositions chimiques, qui s’opèrent sur les granits très-feldspathiques, sur les tra- chytes , sur les basaltes et sur presque toutes les roches vol- caniques et primitives. Les fragments résultant de cette décomposition sont presque imperceptibles, et ils donnent naissance à des terrains analogues aux sols sablonneux, mais plus compactes, à cause de la finesse des parcelles qui les composent. Ce sont surtout, comme nous l'avons déjà dit, les vastes plateaux peu inclinés, conservant tous les débris qui se détachent de la roche sous-jacente, qui présentent ces caractères. Ils sont fréquents dans notre circonscription. La décomposition des végétaux qui les couvrent en abondance les rend très-riches en humus , qui, en se mélangeant aux 88 SOL PHYSIQUE. autres parties du sol, lui donne un caractère particulier. Comme cette terre végétale est entièrement formée de dé- tritus de roches et de plantes, nous l’appelons sol dé- tritique. Enfin, quand les roches se décomposent en particules très- fines, comme la plupart des calcaires et certaines roches feldspathiques , dont les détritus , entraînés par les eaux, vont former, un peu plus loin, de petites couches d’argiles, quand toutes ces parties réunies forment une terre compacte par sa finesse, moins perméable aux racines , se laissant difficile- ment pénétrer par l’eau, mais la retenant avec force , nous lui donnons l’épithète de so! marneux. Nous avons choisi à dessein cette expression , pour éloigner toute idée chimique, car la marne, comme l'argile, peut être calcaire, siliceuse ou alumineuse. Il n’est aucune espèce de terre dont la com- position chimique soit plus variable. La seule idée que nous attachions à ce mot est celle d’un terrain plus ou moins compacte par la finesse et l’adhérence des parties dont il est composé. En adoptant ces dénominations très-claires et très-sim- ples pour la distinction des sols physiques , nous sommes loin de leur attribuer à toutes la même importance. Ainsi, les sols rocheux et rocailleux pourraient, à la rigueur, être réunis en une seule dénomination. Les sols graveleux et sablonneux diffèrent peu et n’indiquent que des modifica- tions légères du grand réceptacle des racines. Le sol détri- tique tend à se confondre, d’un côté avec le sol sablonneux, de l’autre avec le sol marneux ; cependant il en est distinct, et, s’il fallait séparer en deux la réunion très-naturelle des végétaux qui le recouvrent, deux tiers environ devraient se rapporter au sol sablonneux et un tiers seulement au sol marneux. La présence de l’eau et des débris organiques, en DE SA COMPOSITION. 89 proportion très-variable sur ce sol, le rend propre à la station d’un grand nombre de plantes, et c’est certainement la division la mieux caractérisée de celles que nous avons adoptées. Le sol marneux appartient principalement aux plateaux calcaires des causses , aux calcaires tertiaires de la Limagne, d’Aurillac et du Puy, à certains pépérites basaltiques, aux argiles sableuses et à quelques terrains d’alluvions. C’est le moins perméable , et, bien qu'il soit formé par l’état le plus avancé de la décomposition séculaire des roches , c’est celui qui se rapproche le plus du sol rocheux ou essentiellement compacte. Ainsi , les deux extrêmes se touchent , et la série de nos terrains , que l'on pourrait, au besoin, réduire à trois ou à quatre , forme un cercle que nous pourrions fermer en rap- prochant du sol compacte les espèces qui végètent sur le sol marneux. Nous aurions alors : Sol rocheux, Sol graveleux, Sol rocailleux , Sol sablonneux, Sol marneux, Sol détritique. A droite, la série serait celle des sols compactes , à gau- che celle des terrains disgrégés, et en bas celle qui est la plus intermédiaire entre les deux. Deux de ces séries partiraient du sol primitif et non dé- composé, et divergeraient , selon le mode de disgrégation des roches. Le rôle de l’eau est trop important pour que nous ne nous y arrêtions pas un instant. Peut-être même, en partant d’un autre ordre d'idées , aurions-nous pu arriver à un résultat 90 SOL PHYSIQUE. presque semblable , en recherchant le plus ou le moins de perméabilité des terrains, et passer de l’eau pure au sol sa- blonneux , au sol graveleux , et ainsi de suite, jusqu'aux roches compactes et au sol marneux. Nous avons préféré nous en tenir au mode d’aggrégation du sol lui-même. En considérant l’action de l’eau , nous voyons en effet que tantôt elle est essentielle , et tantôt seulement secon- daire. Ainsi, il existe des plantes aquatiques ou presque entière- ment aquatiques qui croissent bien toujours où l’eau existe, mais à condition d'y trouver certains sols. Or, nous avons rapporté ces plantes aquatiques dominées par le sol à cha- cune des divisions qu’elles préfèrent. D'autres espèces aquatiques, et souvent même des espèces presque terrestres, s’accommodent de tous les états de dis- grégation du sol, pourvu que ce sol soit couvert, imbibé ou seulement humecté d’eau. Nous avons dù les réunir comme indifférentes à la composition physique de la terre végétale, puisqu’elles sont sous la dépendance immédiate de l’eau. Cette considération , jointe à plusieurs autres, nous ont déterminé, comme nous l'avons fait au point de vue chi- mique, à dresser un certain nombre de listes d’élimi- nation. 1°. Nous avons séparé les espèces cultivées ou introduites par la culture ; 20, Les espèces parasites ; 3°, Les espèces trop rares ou sur lesquelles nous n’avons pas de renseignements suffisants ; 4°. Les plantes considérées comme indifférentes relative- ment à l’état physique du sol ; 5°. Les espèces éliminées à cause de l'influence de l’eau, qui les rend indifférentes à l’état physique du sol. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 91 $ 1. ESPÈCES ÉLIMINÉES POUR DES CAUSES DIVERSES. Première liste. — Espèces cultivées ou introduites par la culture. Seconde liste. = Espèces parasites. Ces deux listes sont les mêmes que celles qui ont été données dans le chapitre précédent , où il est question de la composition chimique du sol. Troisième liste. — Espèces élièminées de la comparaison à cause de leur rarelé ou du manque d'observations suffisantes. Myosurus minimus. Helleborus viridis. Pœæonia peregrina. Alyssum alpestre, var. majus, A. maritimum. Cistus Pou- zolzi. Reseda Jacquini, R. gracilis. Dianthus atro-rubens. Lychnis Coronaria. Hypericum hyssopifolium. Acer opuli- lium. Trifolium parviflorum , T. patens. Spiræa salicifolia. Potentilla recta. Rosa cinnamomea, R. fœtida. Sedum Ana- campseros. Buplevrum affine. Knautia hybrida. Galatella rigida. Bidens bipinnata. Senecio lividus. Echinops sphæro- cephalus. Carduus picnocephalus. Microlonchus salmanticus. Lobelia urens. Campanula Medium. Polemonium cæruleum. Echium pyrenaicum. Ramondia pyrenaica. Rumex mari- timus, R. maximus, R. intermedius. Urtica pilulifera. Arum italicum. Gladiolus communis. Juncus Gerardi. Carex gynomane, C. nitida. Bromus tectorum. Lycopodium alpinum. Quatrième liste. — Espèces éliminées pour cause d’indifférence relative- ment à l’élat physique du sol. RanuncuLacEÆ. Clematis Vitalba. Anemone Pulsatilla, Ranunculus Ficaria. R, chærophyllos, R. acris, R. bulbosus, R. parviflorus. 92 SOL PHYSIQUE. BERBERIDEZ. Berberis vulgaris. PAPAVERACEÆ. Papaver Argemone. Glaucium luteum. Chelidonium majus. FuMaARIACEZÆ. Fumaria officinalis, F. Vaillantu. CRuGIFERÆ. Arabis brassicæformis, A. hirsuta. Carda- mine hirsuta. Sisymbrium officinale, S. polyceratium, S. Irio, S. Sophia. S. Alliaria. Alyssum calycinum. Draba muralis, D. verna. Lepidium latifolium. Capsella bursa-pastoris. VioLaRiEÆ. Viola hirta, V. odorata, V. agrestis. ResepAceæ. Reseda luteola. S1LENEÆ. Dianthus carthusianorum, D. superbus. Sapo- naria officinalis, S. ocymoides. Cucubalus bacciferus. Silene inflata, S. pratensis, S. diurna. ALSINEÆ. Lepigonum marginatum. Mœbringia trinervia. Stellaria media. Cerastium glomeratum, GC. brachypetalum, C. arvense. Lez. Linum catharticum. MaLvaceÆ. Malva Alcæa, M. fastigiata. Tinraceæ. Tiia grandifolia, T. parvifolia. HyPEricEÆ. Hypericum tetrapterum , H. hirsutum. ACERACEÆ. Acer platanoides, A. campestre. GERANIACEÆ. Geranium pusillum , G. columbinum , G. molle, G. Robertianum. CELASTRINEÆ. Evonymus europæus. RaamNeÆ. Rhamnus catharticus, R. Frangula. PAPILIONACEÆ. Ononis repens. Anthyllis Vulneraria. Me- ‘dicago lupulina, M. minima, M. denticulata. Trifolium ma- ritimum , T. repens, T. procumbens. Dorycnium suffrutico- sum. Lotus corniculatus, L. tenuifolius. Psoralea bituminosa. Astragalus glyciphyllos. Vicia cracca, V. onobrychioides. Ervum hirsutum. Lathyrus pratensis. RosaceÆ, Prunus spinosa. Cerasus avium. Geum urba- ESPÈCES ÉLIMINÉES. 93 num. Fragaria vesca, F. elatior, F. collina. Potentilla hirta. Agrimonia Eupatoria. Rosa canina. R. rubiginosa, R. ar- vensis. Cratægus Oxyacantha, C. monogyna. Pyrus commu- nis. OnAGraRiEÆ. Epilobium angustifolium , E. montanum. CALLITRICHINEÆ. Callitriche stagnalis, C. platycarpa. CrassuLacex. Sedum album, S. acre. GRossuLARIEÆ. Ribes uva-crispa. * SAXIFRAGEÆ. Saxifraga tridactylites. UmseLLiFerEz. Sanicula europæa. Ammi majus. Ægo- podium Podagraria. Carum Carvi. Angelica sylvestris. Pas- tinaca sativa. Heracleum sibiricum , H. Sphondylium. Dau- cus Carota. Torilis Anthriscus, T. helvetica, T. nodosa. Anthriscus sylvestris, A. Cerefolium, A. vulgaris. Chæro- phyllum Temulum. ARALIACEÆ. Hedera Helix. Corne. Cornus sanguinea. CAPRIFOLIACEÆ. Adoxa Moschatellina. Sambucus nigra. Viburnm Opulus. Lonicera Xylosteum. STELLATÆ. Sherardia arvensis. Crucianella angustifolia. Galium cruciatum, G. Aparine, G. verum, G. Moilugo, G. sylvestre. | DipsaceÆ. Dipsacus sylvestris. Knautia arvensis. SYNANTHEREÆ. Tussilago Farfara. Bellis perennis. Eri- geron acris. Filago germanica. Gnaphalium luteo-album. Arthemisia campestris, A. vulgaris. Tanacetum vulgare. Achillea Millefolium. Chrisanthemum Leuchanthemum. Se- necio vulgaris, S. Jacobæa. Cirsium lanceolatum. Carduus tenuiflorus, C. crispus , C. nutans, Lappa minor, L. major, L. tomentosa. Carlina vulgaris. Centaurea Jacea, C. Sca- biosa , C. maculosa , C. calcitrapa. Lapsana communis. Ci- chorium Intybus. Leontodon autumnale, L. Villarsi. Picris 9% SOL PHYSIQUE. hieracioïdes. Tragopogon pratensis. Hypochæris radicata. Taraxacum dens-leonis. Sonchus asper. Barkausia taraxaci- folia. Crepis biennis, C. virens. Hieracium Pilosella, H. murorum , H. umbellatum. CamPpANULACEÆ. Campanula rotundifolia, C. rapuncu- loïdes, C. Trachelium, C. Rapunculus. ErICACEÆ. Calluna vulgaris. OLEacEez. Lygustrum vulgare. OpPocyxEÆ. Vinca minor. GENTIANEÆ. Gentiana cruciata. Erythræa Centaurium. ConvoLvuLacEÆ. Convolvulus sepium. BoraGiNEÆ. Cynoglossum officinale. Lycopsis arvensis. Symphitum tuberosum. Echium vulgare. Lithospermum pur- pureo-cæruleum , L. officinale. Myosotis intermedia, M. hispida, M. versicolor. SoLANEÆ. Solanum villosum , S. miniatum , S. nigrum. Hyoscyamus niger. VERBAsCEÆ. Verbascum Schraderi, V. sinuatum , V. ni- grum. Scrophularia nodosa. ANTIRRHINEÆ. Gratiola officinalis. Veronica officinalis, V. Chamædrys, V. prostrata, V. Teucrium, V. spicata, V. arvensis, V. triphyllos, V. agrestis, V. polita, V. hederifolia. RHINANTHACEÆ. Euphrasia serotina. LagraTæ. Lavandula Spica. Salvia pratensis. Origanum vulgare.Thymus Serpyllum. Satureia hortensis. Clinopodium vulgare. Nepeta Cataria. Lamium amplexicaule., L. incisum, L. purpureum, L. maculatum, L. album. Galeopsis Tetrahit. Stachys arvensis. Marrubium valgare. Ballota nigra. Leonu- rus Cardiaca. Prunella vulgaris, P. alba. Ajuga reptans. VERBENACEÆ. Verbena officinalis. PrimuLAcE#. Anagallis arvensis, À. cærulea. Primula offi- cinabs, P.elatior, P. variabilis, P. acaulis. Glaux maritima. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 95 PLANTAGINEÆ. Plantago major, P. media, P. lanceolata, P. maritima, P. serpentina. AMARANTHACEÆ. Amaranthus sylvestris, A. retroflexus, A. Blitum. Caenoponez. Salsola Kai. Chenopodium hybridum, C. urbicum , C. murale , G. album, C. polyspermum , C. vul- varia. Blitum virgatum , B. bonus Henricus, B. glaucum. Beta vulgaris, var. maritima. Atriplex patula , A. latifolia, À. rosea, var. alba. PoryGoxeæ. Rumex acetosa. Polygonum aviculare, P. dumetorum. EuPnorBiAcEz. Euphorbia helioscopia , E. stricta, E. cyparissias, E. portlandica , E. Peplus. Urriceæ. Urtica urens, U. dioica. Parietaria erecta , P. diffusa. Ulmus montana, U. effusa. AMENTACEÆ. Quercus coccifera. Corylus Avellana. Car- pinus Betulus. Salix Caprea. Populus Tremula. JUNCAGINEZÆ. Triglochin maritimum , T. palustre. AROIDEÆ. Arum maculatum. OrcHImBEz. Orchis Morio, O. maculata. Limodorum abor- tivum. Epipactis latifolia. Goodiera repens. AMARYLLIDEÆ. Galanthus nivalis. Dioscorez. Tamus communis. LuraceÆ. Tulipa sylvestris. Asphodelus albus. Scilla au- tumnalis. Muscari comosum. Allium oleraceum, A. inter- medium. CozcaicAcEÆ. Colchicum autumnale. Juncaceæ. Juncus sylvaticus, J. obtusiflorus. Luzula pilosa, L. campestris. CypERACEÆ. Carex divisa, C. præcox, GC. distans, C. sylvatica. GRAMINEÆ. Andropogon Ischæmum. Anthoxanthum 96 SOL PHYSIQUE. odoratum. Gastridium lendigerum. Holcus lanatus. Agrostis stolonifera, var. glaucescens. Arrhenatherum elatius. Avena sterilis, A. pubescens, A. flavescens. Briza maxima, B. media. Poa annua, P. nemoralis, P. trivialis, P. praten- sis. Glyceria distans. Dactylis glomerata. Cynosurus crista- tus. Festuca duriuscula , F. rubra, F. gigantea , F. elatior. Brachypodium sylvaticum , B. pinnatum. Bromus mollis, B. asper , B. erectus. Triticum repens , T. caninum. Hordeum murinum. Lolium perenne. Ægilops ovata, Æ. triuncialis. Lycoponraceæ. Lycopodium Selago. Ficices. Polypodium vulgare. Polystichum Filix-mas. As- plenium Filix-femina , A. Trichomanes, À. Ruta-muraria. Cinquième liste. — Espèces éliminées à cause de l’influence de l’eau qui les rend indifférentes aux sols. RanuncuLAcEÆ. Ranunculus confusus, R. aquatilis, R. trichophyllus , R. fluitans, R. flammula, R. repens, R. philonotis. NympneAceÆ. Nymphæa alba. Nuphar luteum. CrucrerÆ. Nasturtium officinale, N. amphibium, N. sylvestre, N. palustre, N. pyrenaicum. Cardamine sylvatica, C. Impatiens, C. pratensis, C. amara. Sisymbrium asperum. DroserAcEÆ. Drosera rotundifolia , D. intermedia. SILENEÆ. Lychnis flos-cuculi. ALSNEz. Stellaria uliginosa. Malachium aquaticum. GERANIACEÆ. Geranium phæum. PApiLioNACEÆ. Tetragonolobus siliquosus. Rosacez. Spiræa Ulmaria. Potentilla supina, P. anserina, P. reptans. OxaGraARIEÆ. Epilobiam hirsutum , E. parviflorum , E. tetragonum. Isnardia palustris. Circæa lutetiana. Trapa na- tans. ESPÈCES ÉLIMINÉES. 97 HaLoRrAGEÆ. Myriophyllum verticillatum, M. spicatum , M. alterniflorum. CERATOPHYLLEZ. Ceratophyllum submersum, C. demer- sum. LyTHRARIEZ. Lythrum Salicaria. SAXIFRAGEÆ. Chrysosplenium oppositifolium. UmeerrireRÆ. Hydrocotyle vulgaris. Helosciadium no- diflorum. Berula angustifolia. OEnanthe fistulosa, OE. La- chenal, OË. pimpinelloides, OE. Phellandrium. Silaus pra- tensis. STELLATÆ. Galium uliginosum, G. palustre. Drrsaceæ. Dipsacus pilosus. SYNANTHEREÆ. Eupatorium cannabinum. Petasites vui- garis. Pulicaria vulgaris, P. dyssenterica. Bidens tripartita. Gnaphalium uliginosum. Senecio erraticus. CampanuLACEÆ. Wahlenbergia hederacea. . GENTIANEZ. Limnanthemum nymphoïdes. Erythræa pul- chella. BoRAGINEÆ. Symphitum officinale. Myosotis palustris. SOLANEÆ. Solanum Dulcamara. VERBASCEÆ. Scrophularia Balbisii. ANTHIRRHINEXÆ. Veronica Anagallis, V. Beccabunga. Lindernia pyxidaria. Lasiaræ. Mentha rotundifolia, M. sylvestris, M. aqua- _tica, M. sativa, M. gentilis. M. arvensis. Pulegium vulgare. Lycopus europæus. Stachys ambigua. S. palustris. LENTIBULARIEZ. Pinguicula longifolia. Utricularia vul- | garis, U. minor. PRIMULACEÆ. Lysimachia vulgaris, L. Nummularia. Anagallis tenella. Hottonia palustris. Caenopone#. Blitum rubrum. PoryeoxE#. Rumex conglomeratus, R,. sanguineus, R. Il 7 98 SOL PHYSIQUE. pulcher, R. obtusifohus, R. pratensis, R. crispus, R. aqua- ticus. Polygonum amphibium , P. lapathifolium , P. Persi- caria, P. Hydropiper, P. minus. EurnorgrAceæ. Euphorbia platyphylla. | AuenrTaceæ. Salix fragilis, S. amygdalina, S. rubra, $. incana, S. cinerea. AusmaAcEæ. Alisma Plantago, À. ranunculoides. Dama- sonium stellatum. Porameæ. Potamogeton natans, P. rufescens, P. hete- rophyllum, P. lucens, P. perfoliatum, P. crispum, P. den- sum, P. pusillum, P. monogynum, P. pectinatum. Zani- chellia palustris, Z. pedicellata. Lemvaceæ. Lemna trisulea, L. polyrrhiza, L. minor, L. gibba. Typnaceæ. Typha latifolia. Sparganium ramosum. Irineæ. Iris pseudo-Acorus. Luaacex. Anthericum planifolium. Allium suaveolens. Juncaceæ. Juneus conglomeratus , J. effusus, J. glau- eus , J. filiformis, S. compressus, J. bufonius , J. lampo- carpus. | Cyperaceæ. Cyperus longus. Schœnus nigricans. He- leocharis palustris. Scirpus Bæotryon, S. fluitans, S. setaceus, S.supinus, $. lacustris, S. Tabernæmontani, S. Michelianus. S. compressus. Carex Davalliana, C. disticha, C. vulpina, C.muricata , C. divulsa, C. elongata, C. canescens, C. vul- garis, C. tomentosa, C. panicea, C. glauca, C. maxima, C. pallescens, C. flava, C. paludosa, €. riparia, C. hirta. GRAmINEÆ. Phalaris arundinacea. Phleum pratense. Leersia oryzoides. Phragmites communis. Arundo Donax. Glyceria aquatica, G. fluitans, G. airoides. Eouiseraceæ. Equisetum arvense , E. palustre , E. li-4 mosum. PLANTES DES SOLS ROCHEUX. 99 Fuices. Cystopteris fragilis, C. regia. Scolopendrium of- ficinarum. CHarACEz. Chara hispida, C. fœtida, C. fragilis, C. cri- nita. Nitella coronata, N. syncarpa, N. translucens, N. Bron- gniartiana, N. gracilis. $ 2. PLANTES DES SOLS ROCHEUX. CrucIFERÆ. Cheiranthus Cheiri. Arabis auriculata, A. alpina, A. Gerardi, À. muralis, A. cebennensis, A. Turrita. Erucastrum incanum. Alissum spinosum, A. macrocarpum. Draba aizoides. Cochlearia saxatilis. Biscutella lævigata, B. saxatilis. Capsella procumbens. Æthionema saxatile. VioLaRiEÆ. Viola biflora. SILENEÆ. Dianthus hirtus, D. Caryophyllus, D. cæsius. Silene Saxifraga. ALSINEÆ. Âlsine rostrata. Arenaria hispida, A. mon- tana. HyPERICINEZ. Androsæmum officinale. Hypericum li- nearifolium. RHAMNEZ. Rhamnus alpinus, R. infectorius, R. Alaternus. GERANIACEÆ. Geranium lucidum. PaApiLIONACEÆ. Genista prostrata, G. pilosa, G. purgans. Lotus angustissimus. Cororilla Emerus. Rosacex. Potentilla rupestris, P. verna, P. caulescens. Rosa pimpinellifolia var. mitissima. Alchemilla alpina. Aro- nia rotundifolia. Sorbus Chamemæspilus. Crassuzaceæ. Sedum maximum, S. Telephium, S. hir- sutum, S. dasyphyllum, S. brevifolium, S. annuum, S. repens, S. anopetalum. Sempervivum arvernense, S. arach- noïdeum. Umbilicus pendulinus. SAxXIFRAGEÆ. Saxifraga Aizoon , S, bryoides, S. Clusi, 100 SOL PHYSIQUE. S. cuneifolia, S. exarata, S. pubescens, S. pedatifida, S. hypnoides. UuseLcLiFreRz. Seseli coloratum. Athamanta cretensis. CarriroriAcEÆ. Viburnum Tinus. STELLATÆ. Vaillantia muralis. VALERIANEÆ. Valeriana tripteris. Centranthus angusti- folius, C. ruber. SYNANTHEREÆ. Phagnalon sordidum. [nula montana. Anthemis montana. Chrysanthemum montanum, C. ceben- nense. Senecio leucophyllus, S. lanatus. Centaurea pectinata. Phænixopus ramosissimus. Lactuca perennis. Hieracium saxatile, H. Mougeoti, H. amplexicaule, H. ochroleucum. CampanuLACEÆ. Jasione humilis. Campanula Erinus. Ericineæ. Arbutus Unedo. SocaxezÆ. Hyosciamus albus. ANTHIRRHINEÆ. Antirrhinum majus, À. Azarina. Lina- ria Cymbalaria, L. origanifolia. Erinus alpinus. LagrarÆ. Satureia montana. Hyssopus officinalis. Teu- crium flavum. PLANTAGINEÆ. Plantago serpentina, var. minima. TayMEeLezÆ. Daphne Cneorum, D. alpina. Empetreæ. Empetrum nigrum. CeLrineÆ. Celtis australis. ConiIFERÆ. Juniperus nana. IRDEzZ. Iris germanica, L. olbiensis, Liracez. Allium fallax. GRramNEz. Polypogon monspeliense. Agrostis setacea. Melica ramosa. Molinia serotina. Festuca rigida. Frzices. Ceterach officinarum. Asplenium Halleri, A. Adianthum nigrum, A. Breynü, A. septentrionale. Adian- thum capillus Veneris. Cheilanthes odora. Notholæna ma- rantæ. PLANTES DES SOLS ROCAILLEUX. 101 $ 3. PLANTES DES SOLS ROCAILLEUX. RanuneuLaceæÆ. Clematis flammula. Thalictrum sylvati- cum, T. saxatile, T. minus. Anemone Hepatica. Adonis vernalis. Ranunculus gramineus. Helleborus fœtidus. Aco- nitum Napellus, A. lycoctonum. PapaverAcEz. Meconopsis cambrica. Fumarracez. Corydalis claviculata. CrucirerÆ. Cardamine resedifolia. Eruca sativa. Isatis ünctoria. Cisrineæ. Cistus albidus , C. salvifohus, C. laurifohus. Helianthemum umbellatum, H. alyssoides, H. Fumana, H. procumbens, H. italicum, H. vineale, H. apenninum. VioraRiEÆ. Viola Sagoti. Resenacez. Reseda lutea. Astrocarpus sesamoïdes. PoLyGaLex. Polygala calcarea. SILENEÆ. Dianthus virgineus. Silene ciliata, S. rupestris, S. italica, S. Otites. ALSINEÆ. Buffonia macrosperma. Sagina patula, S. saxa- tiis. Alsine Jacquini. Arenaria aggregata, A. ligericina. Lez. Linum gallicum, L. flavum , L. salsoloïdes, L. tenuifolium, L. narbonnense, L. austriacum. AcERACEzÆ. Acer monspessulanus. GERANIACEZÆ. Geranium sanguineum. Ruracez. Ruta graveolens, R. angustifolia. CoRiARIEÆ. Coriaria myrtifolia. RHamNez. Paliurus aculeatus. TEREBINTHACEZ. Pistachia Terebinthus. Rhus Cotinus. PapiLIONACEÆ. Genista Scorpius, G. hispanica. Cytisus sessilifolius, Ononis Columnæ , O. minutissima , O. striata, O. fruticosa. Anthyllis montana. Trifolium rubens, T. Boc- 102 SOL PHYSIQUE. coni, T. pallescens. Colutea arborescens. Astragalus pur- pureus, À. hamosus, À. monspessulanus. Coronilla minima. Hippocrepis comosa, H. unisiliquosa. Onobrychis supina. Lathyrus sylvestris. Orobus vernus , O. albus. Rosacez. Spiræa Filipendula. Rubus saxatilis, R. cœsius, R. discolor, R. tomentosus, R. collinus, R. thyrsoideus, R. idæus. Agrimonia cdorata. Rosa pimpinellifolia, R. collina, R. sempervirens. Poterium Sanguisorba. Cratægus pyracan- tha. Cotoneaster vulgaris, C. tomentosa. Pyrus amygdali- formis. ParoNvcHIEÆ. Herniaria incana. CrassuLAcEÆ. Sedum Fabaria, S. reflexum , S. altissi- mum, S. elegans. GrossuLarte«. Ribes alpinum, R. petræum. UuseLLireRÆ. Ptychotis heterophylla. Buplevrum aris- tatum , B. falcatum, B. rigidum, B. ranunculoides var. caricinum , B. fruticosum. Fœniculum officinale. Seseli Gouani, S. tortuosum. Peucedanum Cervaria, P. Oreose- linum, P. alsaticum. Tordylium maximum. Laserpitium Nestleri, L. Siler, L. gallicum. CAPRIFOLIACEÆ. Sambucus racemosa. Lonicera implexa, L. etrusca, L. nigra, L. alpigena. STELLATÆ. Rubia peregrina. Asperula galioides. Galium divaricatum, G. lucidum, G. rubrum. VALERIANEÆ. Centranthus Calcitrapa. Dipsaceæ. Cephalaria leucantha. SYNANTHEREÆ. Lynosiris vulgaris. Aster alpinus, A. Amellus. Erigeron alpinus. Inula squarrosa. Helichrysum angustifolïium. Artemisia Absinthium , A. camphorata. Achillea tomentosa. Chrysanthemum pallens, C. graminifo- hum. Echinops Ritro. Carduus vivariensis. Carlina acanthi- folia, C. corymbosa. Serratula nudicaulis. Carduncellus mi- PLANTES DES SOLS ROCAILLEUX. 103 tissimus. Scolymus hispanicus. Catananche cærulea. Scor- zonera glastifolia var. asphodeloides , S. purpurea. Chon- drilla latifolia. Lactuca Scariola. Barkhausia albida. Andryala sinuata. CampanuLaceæ. Campanula rhomboidalis, C. speciosa. Ericwrx. Arctostaphylos Uva ursi. Erica arborea , E. scoparia. PyroLacez. Pyrola chlorantha. AquiFoLiACEZ. Îlex Aquifolium. Orxaceæ. Phillyrea latifolia, P. media, P. angustifolia. Fraxinus excelsior. AscLerrAneæÆ. Cynanchum Vincetoxicum, C. nigrum. GENTIANEÆ. Chlora perfoliata. Gentiana ciliata. ConvozvuLacez. Convolvulus Cantabrica, C. lineatus. BoraGinez. Cynoglossum cheirifohum. Lithospermum fruticosum. VERBASCEÆ. Verbascum mayale. ANTIRRHINEÆ. Digitalis grandiflora. Linaria supina. LagraTz. Lavandula vera. Salvia officinalis. Thymus vul- garis. Calamintha menthæfolia, CG. Nepeta. Melissa officina- lis. Stachys recta. Sideritis romana. Phlomis Lychnitis, P. herba-venti. Ajuga Chamæpytis. Teucrium Scorodonia , T. Chamædrys , T. Polium, T. montanum. PriIMuLACEÆ. Coris monspeliensis. Lysimachia Linum stellatum. PLUMBAGINEZ. Plumbago europæa. PoryGoxez. Rumex scutatus. ARISTOLOCHIEÆ. Aristolochia Pistolochia. EvPuorgrAcez. Buxus sempervirens. Euphorbia Duvalii. E. suffruticulosa, E. Gerardiana, E. Characias, E. nicæensis. AMENTACEÆ, Quercus Ilex. Salix Seringeana. Betula pubescens. 104 SOL PHYSIQUE. Conireræ. Pinus sylvestris. Abies pectinata. Juniperus communis , J. Oxycedrus. AMaRyYLLIDEÆ. Narcissus juncifolius. ASPARAGINEÆ. Streptopus amplexifolius. Smilax aspera. Ruscus aculeatus. Liciaceæ. Anthericum Liliago, A. ramosum. Allium flavum , A. Schænoprasum. Juxcaceæ. Aphyllanthes monspeliensis. GRrAMNEz. Andropogon Grillus. Piptatherum paradoxum. Stipa pennata. Lasiagrostis Calamagrostis. Sesleria cærulea. Kœæleria valesiaca. Aira media. Avena amethystina, A. mon- tana. Melica ciliata. Briza minor. Brachypodium ramosum. Bromus squarrosus. ; Fuaces.Grammitis Leptophylla. Polypodium Phegoptenis, P. Dryopteris, P. calcareum. Polystichum Oreopteris. Allo- SOUS CrISpUS. $ 4. PLANTES DES SOLS GRAVELEUX. RanoncuLacEæ. Ranunculus monspeliacus. Fumariacezæ. Corydalis solida. Fumaria Bastardi. Crucireræ. Barbarea intermedia. Turritis glabra. Hes- peris matronalis. Sinapis arvensis, S. Cheiranthus. Diplo- taxis viminea. Lunaria rediviva. Iberis Prostü. Lepidium Smithn, L. graminifolium. Rapistrum rugosum. Cisnneæ. Helianthemum guttatum. Viorarieæ. Viola sylvestris, V. Riviniana, V. canina. Poryearex. Polygala vulgaris. SILENEZÆ. Dianthus Armeria, D. Seguieri, D. deltoides, D. monspessulano-Seguieri, D. monspessulanus. Silene Armeria , S. inaperta, S. nutans. ALSINEZ. Arenaria serpylifolia. Holosteum umbellatum. Stellaria Holostea , S. gramimea. Cerastium triviale. PLANTES DES SOLS GRAVELEUX. 105 Mazvacezæ. Malva moschata, M. sylvestris, M. rotundi- folia. Hypericnez. Hypericum humifusum , H. perforatum, H. pulchrum. Elodes palustris. ACERNEZ. Acer pseudo-Platanus. GERANIACEÆ. Geranium rotundifolium, G. dissectum. Erodium cicutarium. BALsAmINEzÆ. Impatiens noh tangere. OxauIDEÆ. Oxalis stricta. Paprrionaceæ. Ulex europæus , Ü. nanus. Sarothamnus vulgaris. Genista tinctoria, G. anglica , G. germanica. Ade- nocarpus parvifolius, À. cebennensis. Ononis spinosa. Medi- cago maculata. Melilotus officinalis. Trifolium ochroleucum, T. incarnatum var. Molineri, T. angustifolium , T. hirtum, T. glomeratum, T. hybridum, T. aureum. Vicia sepium , V. lutea. Ervum tetraspermum, E. gracile, E. Ervilia. Lathyrus angulatus. Orobus tuberosus. Rosaceæ. Cerasus Padus. Geum sylvaticum. Rubus du- metorum, R. Godroni, R. fruticosus. Potentilla argentea , P. verna var. major. Rosa canina var. andegavensis. Mes- pilus germanica. Pyrus salvifolia. Sorbus torminalis. ONAGRARIEÆ. Epilobium lanceolatum, E. origanifolium. CaLLiTRICHINEz. Callitriche vernalis, C. autumnalis. PAaRONYCHIEÆ. Paronychia polygonifolia. CRASSULACEZ. Sedum amplexicaule. SAXIFRAGEÆ. Saxifraga granulata, S. rotundifolia. UuseLirEerÆ. Eryngium campestre. Heliosciadum inun- datum.OEnanthe peucedanifolia. Æthusa cynapium. Meum athamanticum. Peucedanum parisiense. Chærophyllum hir- sutum. Melopospermum cicutarium. CapriroLiACEÆ. Viburnum Lantana. Lonicera Pericly- menum. 106 SOL PHYSIQUE. STELLATÆ., Galium approximatum , G. erectum. DrpsaceÆ. Scabiosa Columbaria. SYNANTHEREÆ. Solidago virga aurea. Bidens cernua. Helichrysum Stœchas. Achillea Ptarmica. Anthemis Cotula, A. nobilis. Matricaria Chamomilla. Chrysanthemum Par- thenium , C. inodorum. Senecio artemisiæfolius. Cirsium eriophorum , C. anglicum. Stæehelina dubia. Centaurea ni- gra. Crupina vulgaris. Arnoseris pusilla. Tolpis barbata. Leontodon hastile. Hypochæris glabra. Taraxacum læviga- tum. Lactuca virosa. Hieracium vulgatum , H. boreale, H. rigidum. Andryala integrifolia. AmBrosrACEÆ. Xanthium spinosum. CampanuLACEÆ. Phyteuma spicatum. Campanula persi- cifolia, C. Cervicaria, C. glomerata. Ertcaceæ. Erica cinerea. PyroLacEe. Pyrola rotundifolia , P. uniflora. VergasceæÆ. Verbascum Lychnitis, V. Thapso-flocco- sum, V. Lychnitidi-floccosum. ANTIRRHINEÆ. Digitalis purpurea, D. purpureo-lutea , D. lutea. Linaria Pelisseriana, L. arvensis, L. vulgaris. Anarrhinum bellidifolium. Veronica serpyllifolia,V. acinifolia. RHiNANTHACEÆ. Melampyrum cristatum , M. pratense. Rhinanthus minor, R. major, R. Alectorolophus. Euphra- sia officinalis, E. Odontites , E. lutea. LABrATÆ. Lavandula Stæchas. Calamintha Acinos, C. officinalis. Melittis Melissophyllum. Galeopsis Ladanum, G. ochroleuca. Betonica officinalis. PLUMBAGINEZ. Statice plantaginea. PorvGoxezx. Rumex Acetosella. Polygonum mite, P. Convolvulus. Taymezeæ. Daphne Gnidium. EvrnorBiACEÆ. Buxus sempervirens var. arborescens. PLANTES DES SOLS SABLONNEUX. 107 AMENTACEÆ. Quercus sessiliflora, Q. pedunculata. Salix purpurea. Betula alba. Alnus glutinosa. ConiFERE«. Pinus pyrenaica. ALISMACEÆ. Sagittaria sagittæfolia. TypHAcEz. Sparganium simplex. OrcmneÆ. Orchis ustulata, O. coriophora. Gymnadenia conopsea. Spiranthes æstivalis. Irinez. Iris fœtidissima. Linraceæ. Scilla verna. Allium vineale. JunNcAcEÆ. Juncus pygmæus , J. supinus. Luzula gla- brata , L. multiflora. CypErACEæ. Carex Schreberi, C. pilulifera, C. ericeto- ram, C. digitata, C. pseudo-Cyperus. GRAMNEZ. Anthoxanthum Puel. Alopecurus agrestis. Aperainterrupta.Kæleria cristata. Aira cæspitosa, A .flexuosa. Holcus mollis. Avena pratensis. Triodia decumbens. Pos bulbosa. Cynosurus echinatus. Festuca tenuiflora, F. La- chenal, F. sciuroides, F. myuros , F. ovina. F. arundi- nacea. Bromus secalinus, B. racemosus , B. sterilis, B. ma- dritensis. Gaudinia fragilis. Lolium multiflorum. Psilurus nardoiïdes. Equiseracex. Equisetum ramosum , E. hiemale. Ficices. Polystichum spinulosum. Pteris aquilina. $ 5. PLANTES DES SOLS SABLONNEUX. RanuNcuLAcEz. Ranunculus hederaceus, R. Lenor- mandi, R. acris var. multifidus. PAPAvERACEÆ. Papaver dubium. CrucirerÆ. Barbarea vulgaris, B. præcox. Sisymbrium Thalianum. Brassica nigra. Sinapis Cheiranthus var. chei- ranthiflora. Diplotaxis muralis. Teesdalia nudicaulis. 108 SOL PHYSIQUE. VioLariEÆ. Viola segetalis, V. gracilescens, V. viva- rIeNSIS. SILENEÆ. Gypsophila muralis. Dianthus prolifer , Silene conica, S. gallica. ALSiNEæ. Sagina apetala , S. procumbens, S. subulata. Spergula arvensis, S. pentandra. Lepigonum rubrum. Al- sine tenuifolia. var. viscidula, Mœnchia erecta. Cerastium semidecandrum, C. glutinosum. ELATINEÆ. Elatine hexandra, E. major, E. Alsinastrum. Lez. Radiola linoides. Linum angustifolium.. OxALIDEZÆ. Oxalis corniculata. ZyYcopxyLLeÆ. Tribulus terrestris. Paricionaceæ. Lupinus angustifolius. Medicago minima var. elongata, M. apiculata. Melilotus macrorhiza, M. alba. Trifolium arvense , T. striatum , T. scabrum , T. subterra- neum , Ï. repens var. prostratum , T. nigrescens , T.. ele- gans , T, agrarium. Ornithopus compressus , O. perpusillus. Vicia tenuifolia, V. angustifolia, V. lathyroides. Ervum monanthos. Lathyrus sphæricus, L. setifolius. RosaceÆ. Potentilla fragariastrum. Alchemilla arvensis. ONAGRARIEÆ. Epilobium Dodonæi. LYTHRARIEÆ Lythrum hyssopifolium, L. thymifolium Peplis Portula. PorTuLAcEÆ. Montia minor, M. rivularis. ParonycmiEÆ. Corrigiola lttoralis. Herniaria glabra, H. hirsuta. Illecebrum verticillatum. Paronychia cymosa. Polycarpon tetraphyllum. SCLERANTHEÆ. Scleranthus perennis , S. annuus. CrassuLAceÆ. Sedum cepæa , S. rubens, S. villosum. UmBELLIFER#. Pimpinella Saxifraga. var. poternfolia. SAXIFRAGEZ. Saxifraga stellaris. Chrysosplenium alter- nifolium. PLANTES DES SOLS SABLONNEUX. 109 STELLATÆ. Asperula cynanchica. Galium anglicum , G. boreale , G. sylvestre var. montanum. SYNANTHEREÆ. Inula graveolens. Filago arvensis, F. mi- nima. Logfia gallica. Gnaphalium dioicum. Anthemis altis- sima , À. peregrina, À. arvensis. Senecio viscosus, S. syl- vaticus , S. gallicus. Centaurea maculosa var. macroce- phala, C. aspera. Thrincia hirta. Crepis virens var. agrestis. Hieracium Auricula. AmgrosiAcEÆ. Xanthium macrocarpum. CAMPANULACEÆ. Jasione montana , J. perennis. Campa- nula patula. GENTIANEÆ. Cicendia filiformis, C. pusilla. BoraGixez. Myosotis stricta. VeRgBascEÆ. Verbascum thapsiforme, V. phlomoides, V. floccosum, V. Chaixi, V. Thapso-Lychnitis, V. Thapso- nigrum, V. nigro-floccosum. Scrophularia canina. ANTIRRHINEÆ. Antirrhinum Orontium. Linaria Elatine, L. minor. Veronica verna. Limosella aquatica. LaBrATÆ. Prunella grandiflora. Ajuga genevensis. PLanTAGiNeæ. Littorella lacustris. Plantago major var. intermedia, P. Coronopus, P. Psyllium, P. arenaria. P. Cynops. AMARANTHACEÆ. Amaranthus prostratus. CHenoronez. Polychnemum arvense, P. majus. Cheno- podium Botrys. EurnorgiAcEzÆ. Croton tinctorium. ORCHIDEZ. Serapias pseudo-cordigera , S. lingua. Liracez. Ornithogalum umbellatum. JuncAcEZ. Juncus Tenageia, J. capitatus. CypErACEÆ. Cyperus flavescens , C. fuscus. Heleocha- ns uniglumis, H. acicularis. GRAMINEÆ. Tragus racemosus. Panicum ciliare, P. glau- 110 SOL PHYSIQUE. cum , P. Crus-galli. Setaria glauca. Crypsis alopecuroides. Phleum Bœhmeri, P. asperum. Chamagrostis minima. Cynodon dactylon. Agrostis stolonifera, A. vulgaris, A. canina. Calamagrostis Epigeios. Kæleria phleoides. Cory- nephorus canescens, C. articulatus. Avena tenuis, À. ca- ryophyllea, A. præcox. Eragrostis Megastachya, E. poæoi- des, E. pilosa. Poa compressa. Festuca pseudo-myuros , F. duriuscula var. glauca. Bromus arvensis. Equiseracez. Equisetum variegatum. MarsiLEACEZ. Pilularia globulifera. $ 6. PLANTES DES SOLS DÉTRITIQUES. RANUNCULACEÆ. Anemone vernalis, A. montana, A. alpina, A. ranunculoides. Ranunculus platanifolius , R. aconitifolius, R. auricomus , R. nemorosus. Caltha palustris. Trollius europæus. Isopyrum thalictroïdes. Aquilegia vul- garis. Actæa spicata. NympueacEÆ. Nuphar pumilum. CruciFeRÆ. Dentaria digitata, D. pinnata. Braya pin- patifida. Sinapis Cheiranthus var. montana. Thlaspi virga- tum, T. alpestre. CGisriez. Helianthemum vulgare. VioLaRiEæ. Viola palustris , V. epipsila, V. canina var. lucorum, V. sudetica. DroseracEz. Parnassia palustris. PoLyGaLEez. Polygala vulgaris var. alpestris. SILENEÆ. Lychnis Viscaria. ALSINEÆ. Alsine verna. Mœærhingia muscosa. Stellaria nemorum. Cerastium alpinum , C. arvense var. strictum. HYPERICINEZ. Hypericum quadrangulum, H. montanum. GERANIACEÆ. Geranium nodosum, G. sylvaticum. PLANTES DES SOLS DÉTRITIQUES. 111 OxauiDEÆ. Oxalis Acetosella. PapiLioNACEÆ. Genista Delarbrer. Cytisus sagittalis. Tri- folium pratense, var microphyllum , Id. var. nivale, T. medium , T. alpestre, T. alpinum, T. montanum , T. spa- diceum, T. badium. Lotus uliginosus. Vicia Orobus. Oro- bus niger. Rosaceæ. Geum rivale, G. montanum. Rubus glandu- losus, R. hirtus, R. fastigiatus. Comarum palustre. Poten- tilla Tormentilla, P. aurea. Rosa alpina , R. rubrifolia, R. tomentosa , R. pomifera. Alchemilla vulgaris. Sanguisorba officinalis. Sorbus Aucuparia, S. hybrida, S. Aria. OnaGraRIEz. Epilobium palustre, E. virgatum , E. ro- seum, E. trigonum. Circea intermedia, C. alpina. SAXIFRAGEÆ. Saxifraga granulata var. penduliflora. UmsELLiFeRÆ. Astrantia major. Cicuta virosa. Carum verticillatum. Conopodium denudatum. Pimpinella magna. Buplevrum lorgifolium. Libanotis montana. Meum mutel- lina. Angelica pyrenæa. Imperatoria Ostrutium. Laserpi- tium asperum. Anthriscus sylvestris var. tenuifolia. Chæ- rophyllum aureum. Myrrhis odorata. STELLATÆ. Asperula odorata. Galium rotundifolium. G. saxatile. VALERIANEÆ. Valeriana officinalis, V. dioica. Dipsacez. Knautia sylvatica , K. longifolia. Succisa pra- tensis. Scabiosa lucida. SYNANTHEREÆ. ÂAdenostyles albifrons. Petasites albus. Gnaphalium sylvaticum, G. norwegicum, G. supinum. Chry- santhemum Leucanthemum var. pinnatifidum. Doronicum Pardahanches, D. austriacum. Arnica montana, Cineraria spatulæfolia. Ligularia sibirica. Senecio Cacaliaster, S. Fuchsu, S. Doronicum. Cirsium palustre, C. palustri-erisi- thales, C. Erisithales , C. rivulare. Carduus Personata. Car- 112 SOL PHYSIQUE. lina Cynara, C. nebrodensis. Serratula tinctoria. Centau- rea montana. Leontodon pyrenaicum , L. hastile var. al- pinum. Picris crepoides. Scorzonera humilis. Hypochæris maculata. Prenanthes purpurea. Lactuca muralis. Mulge- dium alpinum , M. Plumieri. Crepis paludosa , C. succisæ- folia, C. grandiflora. Hieracium aurantiacum, H. longifo- hum, H. spicatum , H. boreale var. lanceolatum. CamPanuLAcEÆ. Phyteumahemisphæricum, P. orbiculare, P. persicæfolium, P. Halleri. Campanula linifolia, C. lati- folia. Vacomieæ. Vaccinium Myrtillus, V. uliginosum, V. Vitis iæa, V. Oxicoccos. EricAcEz. Andromeda polifoha. Erica Tetralix. Pyroraceæ. Pyrola minor, P. secunda. GENTIANEÆ, Menyanthes trifohiata. Swertia perennis. Gentiana lutea, G. Pneumonanthe, G. verna, G. campestris. BorAGINEÆ. Pulmonariä angustifolia, P. azurea. Myosotis sylvatica. SoLANEÆ. Atropa Belladona. ANTIRRHINEÆ. Linaria striata. Veronica scutellata, V. montana, V. alpina. RHINANTHACEÆ. Melampyrum sylvaticum. Pedicularis sylvatica, P. palustris, P. comosa, P. foliosa, P. verticillata. Bartsia alpina. Euphrasia minima. LagraTæÆ. Thymus serpyllum var. citriodorus. Calamin- tha grandiflora. Galeobdolon luteum. Stachys alpina, S. syl- vatica. Scutellaria galericulata, S. minor. Ajuga reptans var, alpina , À. pyramidalis. LENTIBULARIEÆ. Pinguicula vulgaris. Primuraceæ. Lysimachia nemorum. Androsace carnea. Soldanella alpina. PLANTAGINEZ. Plantago alpina. PLANTES DES SOLS DÉTRITIQUES. 113 Poryeoneæ. Rumex alpinus, R. arifolius. Polygonum Bistorta , P. viviparum. _ TavmezeÆ. Daphne Mezereum , D. Laureola. SANTALACEÆ. Thesium pratense, T. alpinum. ARISTOLOCHIEÆ. Azarum europæum. Eurnorgiaceæ. Euphorbia hyberna, E. procera. Mercu- rialis perennis. AMENTACEZ. Fagus sylvatica. Salix pentendra, S. aurita, S. phyliafoha, S. repens, $. lapponum, S. herbacea. ’ ALISMACEÆ. Alisma natans. Juncaenezæ. Scheuchzeria palustris. Orcanez. Orchis globosa , O. mascula , O. sambucina, O. latifolia, O. imcarnata. Gymnadenia albida. Cœloglossum viride. Platanthera bifolia, P. chlorantha. Nigritella angus- tifolia. Ophrys muscifera. Cephalanthera ensifolia. Epipactis rubiginosa , E. palustris. Listera ovata. Spiranthes autum- nalis. IRnEz. Crocus vernus. AMARYLLIDEÆ. Narcissus pseudo-Narcissus, N. poeticus. ASPARAGINEÆ. Paris quadrifolia. Convallaria verticillata, C. Polygonatum , C. multiflora, C. maialis. Maianthemum bifolium. Luracez. Lilium Martagon. Erythronium dens canis. Paradisia Liliastrum. Gagea lutea. Scilla bifolia, S. Lilo- Hyacinthus. Endymion nutans. Allium victoriale , A. ur- sinum , À. paniculatum. Narthecium ossifragum. Corcnicacez. Veratrum album. Juncaceæ. Juncus squarrosus, J. supinus var. repens, J. alpinus. Luzula Forsteri, L. maxima, L. nivea, L. multiflora var. nigricans, L. sudetica, L. spicata. CypErACEÆ. Rhynchospora alba. Scirpus cæspitosus , S. sylvaticus. Eriophorum alpinum, E. vaginatum, E. latifo- Il 8 114 SOL PHYSIQUE. hum , E. angustifolium, E. gracile. Carex pulicaris, C. pauciflora, C. chordorrhiza, C. teretiuscula , C. paniculata, C. remota, C. stellutata, C. leporina, C. acuta, C. limosa, C. montana, C. polyrrhiza, C. ampullacea, C. vesicaria, C. filformis. GRAMINEÆ. Alopecurus pratensis, À. geniculatus. Phleum alpinum. Agrostis rupestris. Calamagrostis sylvatica. Milium effusum. Avena versicolor. Melica uniflora. Poa alpina , P. sudetica. Molinia cærulea. Festuca heterophylla, F. nigres- cens, F.rhætica, F. spadicea, F. sylvatica. Nardus stricta. EquiseraceÆ. Equisetum Telmateia, E. sylvaticum. MansirEaceæ. Marsilea quadrifolia. Isoetes lacustris. Lycoponraceæ. Lycopodium inundatum, L. clavatum. Selaginella spinulosa. Fuices. Botrychium Lunaria , B. rutæfolium. Osmunda regalis. Aspidium aculeatum. Polystichum spinulosum, var. tanacetifolium. Blechnum spicant. $ 7. PLANTES DES SOLS MARNEUX. RanuncuLacEÆ. Thalictrum aquilegifolium , T. majus. Ranunculus sceleratus. PAPAVERACEZ, Papaver hybridum, P. dubium. Glaucium corniculatum. | CrucirerÆ. Sisymbrium Columnæ. Sinapis alba. Diplo- taxis erucoides, D. tenuifolia. Camelina microcarpa. Thlaspi arvense, T. perfoliatum, T. præcox. Hberis pinnata. Lepi- dium Draba. L. campestre, L. ruderale. Hutchinsia petræa. Senebiera Coronopus. Cisrineæ. Helianthemum salicifolum. ResepAceÆ. Reseda phyteuma. PoLyGALEÆ. Polygala comosa, P. depressa. PLANTES DES SOLS MARNEUX. 115 ALSINEÆ. Alsine tenuifolia. Lez. Linum maritimum , L. strictum. Mazvace#. Althæa officmalis, À. cannabina, A. hirsuta. HypEricezÆ. Hypericum tomentosum. GERANIACEÆ. Geranium pratense, G. pyrenaicum. Ero- dium ciconium. PapicionAcEÆ. Ononis Natrix, O. rotundifolia. Medicago falcata, M. orbicularis, M. Gerardi. Trigonella monspeliaca Melilotus parviflora. Trifolium stellatum , T. fragiferum , T resupinatum. Bonjeania hirsuta. Scorpiurus subvillosa. Co- ronilla scorpioides, C. varia. Vicia serratifolia, V. hybrida, V. peregrina. Lathyrus Aphaca, L. tuberosus, L. latifohus Rosacez. Prunus fruticans, P. insititia. Rosa sepium. Hippurmez. Hippuris vulgaris. CucurgirAcez. Bryonia dioica. UmgELLiFERÆ. Apium graveolens. Trinia vulgaris. Fal- caria Rivini. Carum Bulbocastanum. Pimpinella Saxifraga. Buplevrum tenuissimum , B. junceum , B. protractum , B. rotundifolum. Seseli montanum. Orlaya grandiflora. Cau- calis daucoides , C. leptophylla. Turgenia latifolia. Conium maculatum. CoRNEzÆ. Cornus mas. CapriForiACEx. Sambucus Ebulus. STELLATÆ. Asperula arvensis, À. galioides, var. elatior: Galium tricorne. VALERIANEÆ. Valeriana tuberosa. Valerianella carinata, V. auricula, V. membranacea, V. coronata. Drsacez. Dipsacus laciniatus. SYNANTHEREÆ. Micropus erectus. Pallenis spinosa. Inula Helenium, 1. salicina, L. Conyza, L. bifrons, L. britannica. Jasonia tuberosa. Achillea Ageratum, A. nobilis. Chrysan- themum corymbosum. Senecio erucæfolius. Cirsium ferox, 116 SOL PHYSIQUE. C. bulbosum, C. acaule. Silybum marianum. Onopordum Acanthium. Leuzea conifera. Kentrophyllum lanatum. Cen- taurea amara, C. collina, C. paniculata, C. solstitialis. Xe- ranthemum inapertum, X. cylindraceum. Rhagadiolus stel- latus, R. edulis. Leontodon crispum. Picris hispidissima. Helminthia echioides. Urospermum Dalechampi, U. picroi- des. Tragopogon porrifolius, T. major, T. crocifolius. Podos- permunm laciniatum, P. calcitrapifolium. Taraxacum palustre. Chondrilla juncea. Lactuca saligna. Picridium vulgare. Pte- rotheca nemausensis. Barkhausia fœtida. Crepis pulchra. AmgrosiACEÆ. Xanthium Strumarium. Jasmnez. Jasminum fruticans. APocnEæ. Vinca major. ConvoLzvuLacEÆ. Convolvulus arvensis. BorAGINEÆ. Heliotropium europæum. Asperugo procum- bens. Echinospermum Lappula. Cynoglossum pictum. An- chusa italica. Onosma echioides. Myosotis cæspitosa. SoLANEÆ. Physalis Alkekengr. VERBACEÆ. Verbascum blattarioides, V. Blattaria. ANTIRRHINEÆ. Linaria spuria, L. chalepensis. Veronica præcox. RHiINANTHACEÆ. Melampyrum nemorosum. LaBnATÆ. Salvia æthiopis, S. glutinosa , S. Sclarea, S. Verbenaca. Stachys germanica, S. Heraclea, S. annua. Pru- neila hyssopifolia. Teucrium Botrys, T. Scordium. Primuracez. Centunculus minimus. Androsace maxima. Cyclamen repandum. Samolus Valerandi. GLoBuLaRIEÆ. Globularia vulgaris. Pozyconez. Rumex scutatus var. glaucus. Polygonum Bellardi. TaymELEz. Stellera Passerina. SANTALAGEÆ. Thesium humifusum. PLANTES DES SOLS MARNEUX. 117 ARISTOLOCHIEÆ. Aristolochia rotunda , A. Clematitis. EurnorBrAceæ. Euphorbia Chamæsice, E. dulcis, E. verrucosa, E. amygdaloides, E. serrata, E. segetalis, E. fal- cata, E. exigua. AMENTACEÆ. Quercus pubescens. Buromex. Butomus umbellatus. Orcninez. Orchis fusca , O. galeata , O. laxiflora , O. * palustris. Himanthoglossum hircinum. Ophrys apifera , O. arachnites , O. aranifera, O. pseudo-speculum. Aceras antropophora. Cephalantera pallens, C. rubra. IRIDEZ. Gladiolus segetum. ASPARAGINEÆ. Asparagus tenuifohus, À. acutifolius. Liriaceæ. Ornithogalum pyrenaicum. Gagea arvensis. Muscari botryoides, M. racemosum. Allium roseum, A. multiflorum , A. sphærocephalum. CyPerACEÆ. Cladium Mariscus. Scirpus Holoschænus, S. maritimus. Carex humilis, C. gynobasis, €. tenuis, C. hordeistichos. GRAMNEZ. Alopecurus fulvus. Phleum arenarium. Agros- tis verticillata. Avena pratensis var. bromoides. Poa dura, P. alpina var. badensis. Dactylis glomerata var. abbreviata. Festuca duriuscula var. mutica. Brachypodium pinnatum var. Cæspitosum. Triticum repens var. glaucum. Hordeum secalinum. Fiices. Ophioglossum vulgatum. 118 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES CHAPITRE XIX. CONSIDÉRATIONS GÉNERALES SUR LE SOL. Nous avons éliminé, dans les séries précédentes, un grand nombre d’espèces que nous avons réunies sous le titre d’in- différentes , parce que nous les rencontrons sur toutes les natures de terrains. Cependant, en donnant plus d'attention à ces plantes, on reconnait qu’elles ont toutes une préfé- rence , et l’on pourrait, à la rigueur, les faire rentrer dans des listes de prédilection. Nous nous sommes gardé de le faire , car il reste encore un si grand nombre de végétaux dans nos séries, qu'il est presque impossible d’en saisir l’en- semble ; aussi M. Thurmann, dont nous n’hésitons pas à suivre l'exemple , après avoir donné , dans son beau travail de phytostatique végétale, des listes des espèces indifférentes et de celles qui préfèrent telle composition physique du sol, à construit des groupes beaucoup moins nombreux, comprenant les espèces qui contribuent plus particulièrement à la physionomie du pays. Il les désigne sous le nom de caractéristiques. « C’est à celles-là surtout, dit notre savant » collègue, qu'il faut avoir recours, comme le géologue a » recours à certaines espèces pour établir le type paléon- » thologique d’un terrain ; ce sont celles-là qui, au milieu » d’une masse de détails dont l’ensemble serait insaisissa- » ble, mettront en relief les traits généraux faciles à saisir SUR LE SOL. 119 » et éminemment comparatifs d’une contrée à une au- » tre (1). » Nous acceptons entièrement les idées de M. Thurmann à cet égard , et nous nous efforcerons de composer, comme lui, des caractéristiques qui donneront une idée nette de nos différentes espèces de végétation. Pour le moment , faisons abstraction de la nature du sol, et examinons seulement les espèces que M. Thurmann ap- pelle contrastantes, c’est-à-dire qui ne se trouvent pour ainsi dire jamais ensemble, et qui sont le plus propres à caractériser des contrées distinctes. C’est en réduisant , comme l’a fait M. Thurmann, le nombre des éléments, que l’on peut parvenir à établir des comparaisons sérieuses, et en conservant, autant que possi- ble, les mêmes caractéristiques que nos devanciers, quand elles jouent le même rôle. M. Thurmann établit, pour toute sa contrée, deux listes d'espèces contrastantes , composées chacune de 50 espèces seulement. Ces listes sont faites de telle manière, que si les plantes de l’une d’elles sont abondantes, répandues ou dominantes dans une région , les espèces de la série opposée y sont rares, dispersées ou nulles, et réciproquement. Nous n'avons pas ici à discuter, pour la préparation de ces listes, l'influence chimique ou physique du sol ; il nous suffit qu’elles soient contrastantes , dans le sens que nous venons d'indiquer. Nous allons d’abord reproduire les deux séries de M. Thurmann, en laissant chacune d’elles sous la direction d’une espèce dominante. Pour mieux faire apprécier les ana- logies, nous conserverons, en les imprimant en italiques, les espèces de M. Thurmann qui restent également contrastantes (4) Thurmann, Essai de phytostatique, t. 4, p. 29. 120 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES et qui remplissent le même rôle dans notre contrée, et, pour rendre ces listes plus faciles à comparer, nous conti- nuerons de suivre la synonymie du catalogue que nous avons publié avec M. Lamotte, puisque déjà nous l'avons employée dans tout le cours de cet ouvrage. Groupe de M. Thurmann , dirigé par l’Orobus tuberosus. Orobus tuberosus, — Cerasus Padus, — Betula alba, — Sarothamnus vulgaris, — Quercus sessiliflora , — AJ- nus glutinosa, — Euzula albida, — Carex brizoïdes , — Calluna vulgaris, — Aira flexuosa, — Hieraciuin boreale, — Ononis spinosa , — Jasione montana , — Hypericum pulchrum, — Stellaria Holostea, — Galeopsis ochroleuca, Eringium campestre , — Centaurea Calcitrapa , — Trifo- lium fragiferum, — Verbascum Blattaria, — Luzula mul- tiflora, — Filago minima, — Aira cœæspitosa, — Alopecu- rus pralensis, — Triodia decumbens, — Rumex Acetosella, — Arnoseris minima, — Montia fontana, — Nardus stricta, — Scleranthus perennis, — Pulicaria vulgaris, — Trifolium agrarium , — Hypericum humifusum , — Se- necio sylvaticus, — Senecio aquaticus, — Verbascum floc- cosum, — Lepigonum rubrum , — Lotus uliginosus, — Vaccinium Myrtillus, — Juncus squarrosus, — Sedum annuum, — Silene rupestris, — Meum athamanticum, — Digitalis purpurea, — Arnica montana, — Galium saxa- tile, — Calamagrostis sylvatica, — Saxifraga stellaris, Carex frigida, — Asplenium septentrionale. De cette liste d’espèces caractéristiques pour la contrée de M. Thurmann, les espèces suivantes manquent dans notre flore : Luzula albida, — Carex brizoides , — Senecio aqua- ticus, — Carex frigida. SUR LE SOL. 121 Groupe de M. Thurmann, dirigé par l’Orobus vernus. Orobus vernus, — Cerasus Mahaleb, — Fagus sylvatica, — Prunella grandiflora, — Prunella alba, — Helleborus fæœ- tidus, — Cynanchum Vincetoxicum , — Anacamptis pyra- midalis, — Æuphorbia amygdaloides, — Buplevrum falca- tum , — Melittis melissophyllum , — Veronica prostrata , — Melica ciliata, — Buxus sempervirens, — Euphorbia ver- rucosa, — Coronilla Emerus, — Aronia rotundifolia , — Carex alba, — Calamintha officinalis, — Anthericum ramo- sum, —Daphne Laureola, —Cytisus Laburnum,— Sesleria cœrulea, — Quercus pubescens, — Teucrium Chamædris, — Verbasceum Lychnitis, — Trifolium rubens, — Geranium sanguineum, — Rosa rubiginosa, — Mercurialis perennis, — Asarum europæum , — Orchis militaris, — Ophrys arach- niles, — Cephalanthera rubra , — Convallaria Polygona- tum, — Carex humilis, — Carex gynobasis, — Festuca glauca , — Dianthus sylvestris, — Carex montana , — Rhammnus alpinus, — Carduus delloratus, — Mæœhringia muscosa, — Draba aizoides, — Arabis alpina, — Saxi- fraga Aizoon , — Coronilla vaginalis, — Bellidiastrum Michel , — Lonicera alpigena , - Libanotis montana. De cette liste d'espèces caractéristiques pour la contrée de M. Thurmann, les espèces suivantes manquent dans notre flore : Anacamptis pyramidalis, —- Carex alba , — Cytisus Laburnum , — Orchis militaris , — Dianthus sylvestris, — Carduus defloratus, — Coronilla vaginalis, — Bellidiastrum Michelin. Lorsque l'on compare ces deux séries d’espèces contras- tantes, on remarque que nous adoptons ici, comme jouant le même rôle sur le plateau central, la première de ces listes presque entière, mais nous sommes loin de pouvoir agir de 122 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES même relativement à la seconde ; car si dans la première nous accueillons #1 espèces sur 50, nous n’en prenons dans la seconde que 22 sur ce même chiffre de 50. Ces différences tiennent à plusieurs causes ; pour la pre- mière liste, l’analogie des espèces est due à la presque iden- tité du sol d’une partie du plateau central avec celui des Vosges et des contrées disgrégées de M. Thurmann. Dans la seconde, la diversité doit être imputée à la différence de latitude et d’élévation entre nos terrains compactes et calcaires et la chaîne du Jura. Un autre point très-important est la présence de terrains volcaniques , que nous pourrions appeler neutres, et sur lesquels les plantes caractéristiques des deux séries de M. Thurmann vivent souvent ensemble et croissent avec une grande vigueur. Pour rendre ces différences plus sensibles, reprenons les caractéristiques de M. Thurmann, et examinons séparément celles qui ne peuvent s’aaapter à notre sol. Première série de la contrée de M. Thurmann , 50 espèces, #1 d’adoptées , 4 ne croissent pas dans notre contrée ; restent donc seulement 5 espèces qui ne jouent pas ici le rôle que leur assigne ce savant botaniste. Quercus sessiliflora. — A croît ici indistinctement sur tous les terrains ; il préfère, 1l est vrai, ceux qui sont disgré- géset siliceux, mais comme il est moins répandu que le Q. pedunculata, nous pré *rons introduire ce dernier dans notre liste caractéristique. Nous ne sommes donc pas en dissidence avec M. Thurmann. Ononis spinosa. — Végète presque toujours dans nos terrains calcaires, et très-rarement sur nos terrains primitifs ; mais si nous avons classé cette plante parmi celles qui re- cherchent les calcaires, nous lui avons assigné, au point de SUR LE SOL. 123 vue de la constitution physique des terrains, un sol graveleux. Elle préfère surtout les sables mêlés de calcaire. Eryngium campestre. — Espèce indifférente, nullement contrastante, et croissant très-souvent avec plusieurs des es- pèces de la liste suivante. Elle ne peut , en aucune manière, remplir ici le même rôle que lui attribue M. Thurmann. Centaurea Calcitrapa. — Absolument indifférent, et paraissant rechercher, comme le précédent, plutôt le voisi- nage des lieux habités ou fréquentés que la nature géolo- gique du sol. Trifolium fragiferum. — Ne se trouve guère ici que sur les sols marneux , avec les jones, et assez indifférent pourvu que le sol soit frais. C’est à peme s'il y a une différence sensible entre la liste des plantes caractéristiques que nous pouvons choisir et celle de M. Thurmann. Nous pourrions même dire que la différence est nulle , car ces faibles dissidences tiennent pro- bablement à une différence d’appréciation des faits entre M. Thurmann et nous , et ceux qui se sont occupés de ce genre d’études savent combien il est difficile d’asseoir son opinion et d’avoir une idée parfaitement arrêtée sur les préférences des espèces relativement au sol. Deuxième série de M. Thurmann , 50 espèces, 22 d’a- doptées, 8 ne croissent pas dans notre contrée ; restent donc 20 espèces qui ne jouent pas ici le rôle que leur assi- gne M. Thurmann,. Orobus vernus. — Manque presque entièrement dans notre contrée, et sa rareté seule nous empêche de l’adopter dans cette série. Cerasus Mahaleb. — Très-rare, peut-être même non spontanée. Même observation que ci-dessus. Fagus sylvatica.— Très-indifférent, et formant de belles 124 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES forêts sur les basaltes et les trachytes les plus compactes , et sur les scories et les granits, préférant pourtant les sols compactes. Nous le trouvons souvent associé à l'Orobus tu- berosus, l’espèce la plus contrastante, selon M. Thurmann, à l’Aira fleæuosa , au Senecio sylvaticus, et même au Calluna vulgaris et au Sarothamnus vulgaris. Prunella grandiflora. — Espèce de nos terrains volca- niques scoriacés, souvent associée à une partie des espèces de la première série de M. Thurmann. Prunella alba. — Yndifférent. Même station et même rôle que la précédente. Melittis melissophyllum. — Commun dans les bois , sur les granits disgrégés, souvent dans les mêmes localités que l'Orobus tuberosus, et ne pouvant être considéré 1c1 comme une espèce contrastante. Veronica prostrata. — Trop rare pour que nous puis- sions l’admettre comme caractéristique, mais remplissant les conditions exigées par M. Thurmann. Calamintha officinalis. — Croissant presque mdistinc- tement avec les plantes de la première liste et avec celles de la seconde. Il n’a pas pour nous de position assez bien déterminée pour devenir caractéristique. Daphne Laureola.— Dans les bois de hêtre, sur les laves et les scories volcaniques , avec le Daphne Mexereum, V'Oro- bus tuberosus. Croissant sur un terrain presque neutre, où beaucoup de plantes des deux listes contrastantes sont mélan- gées , nous ne pouvons le considérer comme caractéristique. Verbascum Lychnitis. — Cette espèce préfère 1c1 les ter- rains secs et sablonneux, les bruyères, aux autres stations, et doit être rejetée de notre liste. Rosa rubiginosa. — Commun partout, sans caractère de prédilection. SUR LE SOL. 195 Mercurialis perennis. — Existant sur les terrains com- pactes et disgrégés, sur les sols siliceux, calcaires ou volca- niques. Indifférent. Azarum europœæum. — Trop rare pour nous occuper et pour entrer dans une liste de plantes caractéristiques. Convallaria Polygonatum. — Indifférent et peu con- trastant , acceptant imdistinctement tous les sols. Festuca glauca. — Jouant ici un rôle opposé à celui qui lui est assigné dans le Jura. Carex montana. — Cette espèce se mélange souvent 1c1, sur les granits disgrégés et sur les terrains volcaniques , avec les espèces de la première liste, ce qui nous empêche de l’admettre dans les espèces contrastantes ; mais sur les calcaires jurassiques du Gard et de la Lozère , elle devient commune et contraste parfaitement , comme l'indique M. Thurmann. Saxifraga Aizoon. — Sur les rochers volcaniques. Toutes ces espèces de nos terrains volcanisés ne peuvent être con- trastantes. Nous avons vu le Saxifraga Aizoon au milieu de touffes de Calluna vulgaris et d’Aira fleæuosa. Lonicera alpigena. — Même observation que pour l’es- pèce précédente. Laibanotis montana. — Dans les mêmes conditions que les précédents , sur des sols volcaniques plus ou moins disgrégés. Ces observations démontrent clairement ce que déjà nous avions reconnu, qu'il y a réellement contraste entre les sols siliceux et calcaires , qui sont en même temps disgrégés et compactes, et que ce contraste est d'autant mieux marqué, que ces terrains sont plus différents en même temps, dans le même sens, et sous le rapport chimique et sous le rapport physique. 126 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Que le sol volcanique fait, en quelque sorte , le passage entre ces deux espèces de terrains, et que son tapis végétal est formé par la réunion d'espèces ordinairement contras- tantes , qui consentent à oublier leur antipathie en consi- dération des concessions que ce terrain semble faire à chacun des deux partis. Nous rendrons ceci évident en formant trois listes d’es- pèces caractéristiques, composées, comme celles de M. Thur- mann , de 50 plantes chacune, choisies parmi les plus communes, et qui nous donneront une idée de la végétation de notre région dans ses rapports avec le sol. Première liste. — Espèces des sols siliceux et disgrégés. Orobus tuberosus, — Cerasus Padus, — Betula alba, — Sarothamnus vulgaris, — Quercus pedunculata, — Al- nus glutinosa, — Calluna vulgaris, — Aira fleæuosa , — Saxifraga granulata, — Senecio artemisiæfolius, — Hie- racium boreale, — Jasione montana , — Hypericum pul- chrum , — Stellaria Holostea, — Galeopsis ochroleuca , — Anthoxanthum Puelir, — Arnoseris minima, — Ver- bascum Blattaria, — Filago minima , — Aira cæspitosa, — Alopecurus pratensis, — Triodia decumbens , — Rumex Acetosella, — Montia fontana , — Scleranthus perennis, — Pulicaria vulgaris, — Trifolium agrarium, — Hype- ricum humifusum , — Senecio sylvaticus, — Verbascum floccosum. Erica arborea, — Arbutus Unedo, — Castanea vulga- ris, — Andryala integrifoha , — Festuca tenuiflora, — Erica scoparia, — Ranunculus monspessulanus, — Poten- tilla rupestris, — Lavandula Stæchas, — Euphrasia lutea. Luzula multiflora, — Nardus stricta , — Lotus uhigr- SUR LE SOL. 197 nosus, — Vaccinium Myrtillus , — Juncus squarrosus , — Pinus sylvestris, — Saxifraga stellaris, — Meum athamanticum, — Digitalis purpurea, — Arnica mon- tana. Sans être exclusivement attachées à nos trois régions, ces espèces sont réunies de manière à représenter plus spécia- lement : les 30 premières, la région des plaines et le fond de la végétation ; les 10 suivantes, la région méridionale ; les 10 dernières , la région montagneuse. Seconde liste. — Espèces des sols calcaires et compactes , et des sols basaltiques. Medicago faleata, — Astragalus monspessulanus , — Coronilla minima , — Hypocrepis comosa, — Helleborus fœtidus , — Euphorbia Amygdaloides , — Buplevrum fal- catum, — Melica cihata, — Buxus sempervirens , — Eu- phorbia verrucosa, — Sesleria cœruleu, — Quercus pu- bescens, — Teucrium Chamædris, — Trifolium rubens, — Geranium sanguineum , — Ophrys arachnites , — Cepha- lanthera rubra, — Carex humilis, — Carex gynobasis, — Mœhringia muscosa , — Fœniculum officinale , — Pasti- naca sativa, — Turgema latifoha, — Gagea arvensis, — Convolvulus Cantabrica, — Rumex scutatus, var. glaucus, — Senecio erucæfolius, — Lynosiris vulgaris, — Euphor- bia falcata, — Euphorbia exiqua, — Peucedanum alsati- cum, — Podospermum laciniatum, — Physalis Alkekengi, Cynanchum Vincetoxicum, — Himantoglossum hircinum, — Aceras antropophora, — Tragopogon crocifolium, — Anemone Hepatica, — Daphne Cneorum, — Orobus albus. Genista Scorpius, — Coronilla Emerus, — Andropogon Grillus, — Salvia œthiopis, — Satureia montana , — Adonis vernalis , — Helianthemum Fumana, — Ruta an- 128 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES gustifolia, — Teucrium montanum, — Lysimachia Linum- stellatum. Les 10 dernières espèces sont plus spéciales à notre ré- gion méridionale. Les grandes hauteurs nous manquent en terrains calcaires et compactes, et les basaltes, qui atteignent une grande élévation , au lieu de nous offrir, comme ceux des pics et des plateaux de la Limagne : Buxus sempervi- rens, Cynanchum Vincetoxicum , Helleborus fœtidus , ete., nous montrent absolument cette végétation mixte dont nous allons donner une liste appartenant aux sols détritiques et volcaniques. Troisième liste. — Espèce des sols détritiques et volcaniques. Gentiana lutea,—Trollhius europœus,— Narcissus poeti- cus, — Narcissus pseudo-Narcissus, — Geranium sylvati- cum,—Ranunculus nemorosus, —Conopodium denudatum, — Circea alpina, —Mihium effusum, —Avena versicolor, — Poa alpina, — Festuca spadicea , — Botrychium Luna- ria, — Geranium sylvaticum , — Prunella grandiflora, — Lilium Martagon, — Veratrum album, — [lex Aqui- folium , — Blechnum spicant, — Poa sudetica , — Ério- phorum vaginatum, — Luzula sudetica, — Juncus squar- rosus , — Maianthemum bifolium, — Centaurea montana, — Crepis grandiflora, — Scilla Lihio-Hyacinthus, — Dentaria pinnata, — Anemone alpina , — Trifolium al- pinum, — Lycopodium Selago , — Orchis sambucina, — Anemone montana, — Anemone nemorosa, — Primula elatior, — Salix pentandra, — Salix Lapponum , — Helianthemum vulgare , — Viola sudetica , — Cerastium alpinum, — Oxalis Acetosella, — Lotus uliginosus, — Rubus saxatilis, — Potentilla Tormentlla, — Sorbus Aucupa- ria, — Astrantia major , — Pimpinella magna, — Aspe- SUR LE SOL. 129 rula odorata, — Valeriana officinalis , — Gnaphalium norwegicum, — Doronicum austriacum, — Mulgedium alpinum , — Senecio Cacaliaster , — Faqus sylvatica , — Prenanthes purpurea , — Phyteuma spicata , — Campa- nula linifolia, — Pyrola minor , — Gentiana campes- tris , — Gentiana verna. Nous avons composé cette liste de 60 espèces , mais nous sommes bien loin d’y avoir placé toutes les plantes caracté- ristiques de ce terrain. Toutes ces espèces appartiennent à notre région monta- gneuse , en sorte que l'altitude doit avoir autant d'influence que le sol dans cette réunion. Il y a toutelois une remarque assez curieuse à faire relativement à ces terrains détritiques et volcaniques , c’est que les réunions d’espèces offrent le plus souvent les mêmes éléments , soit que l’on parcoure des nappes de trachytes, des plateaux de basaltes, des cônes de scories ou des plaines couvertes de pouzzolanes. C’est moins le sol qui fait naître les différences que le mode d’ar- rosement , l'altitude et l’ombrage des forêts. Maintenant, pouvons-nous résoudre, de lamême manièré que M. Thurmann l’a proposé, la question de priorité entre l'influence due à la composition chimique du terrain ou à sa constitution physique. Le savant géologue que nous citons penche fortement, comme on le sait, pour l’action du sol physique et pour le peu d'importance du sol chimique. Au premier abord , habitué à considérer la nature chi- mique des terrains , on est disposé à rejeter immédiatement les conclusions de l'essai de phytostatique ; mais si l’on con- sidère que M. Thurmann est à la fois un géologue du plus grand mérite , un botaniste instruit, un homme dont les études sérieuses ont porté sur toutes les sciences physiques, il 9 130 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES et quis’est livré à des recherches immenses et difficiles pour la publication de son livre, on s'arrêtera devant un tra- vail aussi important , et on cherchera de bonne foi la vérité. Comme nous l'avons dit au commencement du dix-sep- tième chapitre de cet ouvrage , les racines ayant deux fonc- tions à remplir, la nutrition de la plante et sa fixation dans le sol, il est certain que l’état d’aggrégation du terrain et sa composition doivent avoir une part quelconque, peut-être inégale , sur le développement des végétaux. Dans tous les cas, cette part est très-difficile à faire, par cette raison que nous avons déjà énoncée, que les sols siliceux et feldspathi- ques, sont le plus ordinairement disgrégés , et que les sols calcaires sont généralement compactes. Nous devons donc, dans cet examen, chercher si les mêmes espèces qui vivent sur un terrain compacte et calcaire se montrent également sur un sol compacte sans calcaire. Cet examen, nous pou- vons le faire ici pour quelques espèces. Il serait inutile pour des plantes rares; les faits de géographie botanique ne peu- vent être appuyés que sur des végétaux très-répandus. Si l'on agissait autrement, on serait exposé à prendre l’excep- tion pour la règle. | Examinons le buis, Buæus sempervirens. Il est loin, dans notre circonscription , d’être aussi commun que dans le Jura. Nous le trouvons dans les mêmes conditions sur les causses ou calcaires jurassiques compactes. Dans le centre de l’Au- vergne , dans la Limagne calcaire, le buis manque ; mais si au milieu de cette plaine de calcaire marneux il s'élève des îles ou montagnes couronnées de basaltes compactes, le buis reparaît et acquiert un grand développement. Il disparaît sur la majeure partie du plateau granitique; mais si le sol passe du granit au porphyre, ou si les granits, en conservant leur SUR LE SOL. 131 caractères minéralogiques, ne se disgrégent pas et restent in- tacts comme le porphyre , le buis abonde et signale ainsi sa prédilection pour l’état d’aggrégation compacte. | Ce fait, qui paraît concluant, ne l’est cependant pas tout à fait. Occupons-nous du Sarothamnus vulgaris, le genèt or- dinaire. Nous le trouvons sur tous les sols disgrégés graniti- ques et volcaniques ; 1} s’y multiplie à l'infini ; 1l fuit les ter- rains calcaires, mais il ne craint pas les terrains compactes. Nous avons vu souvent le genêt et le buis associés, crois- sant pèle-mêle sans distinction, seulement il est vrai sur les porphyres et les granits compactes ; le buis allait y chercher le genêt, mais quand le buis végète sur les calcaires ou‘ sur les basaltes, le genêt se garde bien de l’approcher ; il le fuit au contraire. Le Digutalis purpurea, se comporte comme le genêt. Cette plante vit avec le buis, tant que celui-ci occupe des terrains primitifs ; elle vient le trouver encore sur les ba- saltes , mais elle ne se hasarde pas sur un terrain calcaire. Nous avons vu le buis végéter dans les sables du Gardon, sur un point où cette rivière n’avait pu recevoir encore l’élé- ment calcaire des causses, et nous l’avons trouvé aussi sur les schistes micacés de la Lozère. Le noyer affectionne les terrains calcaires de la Limagne, et végète faiblement sur le sol gramitique; mais à Châteauneuf, sur les porphyres et sur les granits très-compactes, dans la chaîne du Forez , sur des terrains également porphyriques, le noyer se développe avec la plus grande vigueur. Le châtaignier refnse obstinément les terrains calcaires , et prospère comme on le sait admirablement sur tous les sols de granit et de micaschiste disgrégés. Si le noyer choisit un terrain compacte, le châtaignier un sol disgrégé, pourquoi végètent-1ls bien tous deux sur la lave compacte ? Pourquoi 132 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES le buis ne vient-il pas accompagner le noyer dans les champs de calcaire marneux de la Limagne , tandis que ce dernier, planté près du buis sur les plateaux basaltiques , s’y trouve dans de bonnes conditions ? Nous avons vu plusieurs fois avec le buis les : Stellaria holostea , Sorbus Aria, Belula alba, Acer campestre. En descendant du Mont-Cenis à Suze, à une élévation d'environ 500 mètres au-dessus de cette ville, nous avons rencontré un mélange de noyers et de châtaigniers ; cette as- sociation était-elle due au métamorphisme de la roche primi- tivement calcaire, contenant encore cet élément, mais toute périétrée de mica, et même pour ainsi dire transformée en micaschiste ? Comment démêler dans ces diverses circonstan- ces la part d'influence qui revient à chacune des causes qui sont en jeu ? L'Helleborus fœtidus est une des espèces les plus carac- téristiques des calcaires de la Limagne. On le trouve partout, sur le bord des champs et des chemins, et il descend même jusque sur les sables de l'Allier, qui sont imprégnés de cal- caire. Il disparaît entièrement des vastes terrains d’alluvions, sur lesquels croissent: Juniperus communis, Genisla anglica, Callunavulgaris, etse retrouve sur les porpliyresde la chaine du Forez. Sa principale station est sur les basaltes, au mi- lieu des buis, sur les courants de lave, sur les causses de calcaire jurassique de la Lozère ; mais il végète aussi sur les granits et les micaschistes , et sur les conglomérats ponceux des trachytes. Nous pourrions poursuivre très-loi ces considérations d'affection ou d’indifférence : ce sont des faits isolés qui trouveront leur place quand nous passerons en revue les fa- milles et leurs espèces importantes. Jusqu'ici, tout en re- connaissant l’action du sol au point de vue physique , nous SUR LE SOL. 135 ne voyons rien qui puisse lui faire accorder une prééminence aussi marquée que le désire M. Thurmann. M. A. de Brebisson, dans sa notice sur la végétation de la Basse-Normandie , attache aussi , comme M. Thurmann, une grande importance à la constitution physique du sol. « La nature chimique du terrain, dit ce savant observateur, influe souvent moins sur la végétation que la consistance du sol, l'humidité ou la sécheresse d’une localité étant presque toujours une conséquence de la nature physique de sa surface. » M. de Brebisson avait d’abord divisé les espèces des environs de Falaise, en végétaux siliceux et végétaux cal- caires, et avait établi, comme nous, un groupe spécial pour les indifférentes , qu'il appelait mixtes, parce qu’elles peu- vent croître indistinctement sur les deux sols précédents , mais il a rémarqué ensuite que plusieurs espèces des terrains siliceux croissent aussi sur le calcaire marbre ou compacte, et 1l a classé ces plantes en espèces des terrains primor- diaux et espèces des terrains secondaires. Cette classifica- tion a le grand désavantage de ne rien exprimer de précis sur la nature chimique ni sur la constitution physique du sol. Il donne cependant la liste des espèces des deux localités placées dans des circonstances toutes semblables, mais différentes physiquement et chimiquement par la nature du sol. Le premier est calcaire ; ce sont les pelouses des monts d’Eraines. On y trouve les Orchis pyramidalis , Lin., O. ustulata, Lin., O. hircina, Crantz., Ophrys myodes, Jacq., O. aranifera, Smith., O. apifera, Smith., Euphorbia Esula, Lin., Æ. cyparissias , Lin., E. Gerardiana, Jacq., Âne- mone Pulsatilla, Lin., Coronilla minima, Lain., Globularia vulgaris, Lin., Thalictrum minus , Lin., Phyteuma orbi- 134 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES cularis, Lin., Sesleria cœrulea, Ard., Buplevrum falea- tum, Lin. Le second est primitif; c’est le mont Margantin , situé au milieu du Bocage. On v remarque: Erica ciharis, Lin., E. cinerea, Lin., E. Tetralix, Lin., Calluna vulgaris, Sahsb., parsemés de Lobelia urens, Lin., de Sedum refleæum, Lin., S. anglicum , Huds., Trifolium subterraneum , Lin., T. striatum, Lin., et surtout des touffes du Digitalis purpu- rea , Lin. Cette colline est moins riche en espèces que la première, mais, en revanche, la végétation qui entoure sa base est beaucoup plus vigoureuse. M. de Brebisson ajoute encore que les champs et les lieux cultivés des terrains primordiaux n’ont presque pas de plantes qui leur soient particulières, tandis que les moissons de la plaine sont remplies d'espèces qui caractérisent les terrains secondaires. Quant à nous, nous attribuons à l’action chimique une part plus grande que celle qui lui est accordée par M. Thur- mann. H serait difficile , quand on a étudié l’influence des cal- caires et des matières salines sur la végétation , de mier l’ac- tion chimique de ces matières et l’analogie qu’elles ont en- tr’elles. Souvent des plantes des calcaires vont se retrouver dans des terrains siliceux , si ces terrains reçoivent , de près ou de lom, des matières salimes ou des arrosements calca- rifères. Sur le plateau central de la France , nous trouvons habi- tuellement sur les calcaires : Cynanchum Vincetoxicum, Silene otites, Kæleria cristata, Salvia verbenaca, Samolus Valerandi, Thesium humifusum. Ces plantes vivent le plus ordinairement dans des sols compactes et rarement divisés. Si nous les cherchons dans SUR LE SOL. 135 l’ouest, dans la Loire-Inférieure, nous retrouvons les mêmes espèces, avec M. Lloyd , dans les sables maritimes seule- ment, dans un sol meuble, mais constamment humecté par les eaux marines ou les vapeurs salées que les vents d’ouest amènent continuellement sur les côtes. On ne peut pas ici attribuer des stations si différentes à la constitution physique du sol, car d’un côté terram com- pacte, de l’autre sol ameubli et divisé , et cependant espèces identiques. Si, au contraire , nous étudions la composition chimique, nous trouvons la plus grande analogie : d’un côté des sels solubles, de l’autre des calcaires provenant des dépôts de sources minérales et contenant même très-souvent, comme témoignage de leur ancienne origine , des sels qui viennent effleurir à leur surface. Fréquemment nous avons trouvé, dans la Limagne d'Auvergne , de ces marnes calcaires im- prégnées de natron, et, malgré la compacité des terrains, nous y avons rencontré les espèces que M. Lloyd signale, et que nous avons vues nous-même dans des sols parfaitement ameublis. L'importance chimique du sol est telle , que nous avons trouvé sur des calcaires compactes , mais d’origine récente et baignés encore par des eaux minérales, le Melilotus par- viflora, Desf., que M. Lloyd a retrouvé à Nantes dans les sables ou sur les roches maritimes. Ailleurs, aux environs d’Anduze, où les calcaires plus an- ciens proviennent également de dépôts chimiques, sur des points où des roches dolomitiques sont en pleine décompo- sition , nous avons vu , en pleine vigueur et en abondance, le Salsola Kaki, le Tribulus terrestris, V Euphorbia portlan- dica , qui sautent ensuite un espace immense, et qui vien- nent végéter dans les sables de l'Océan. 136 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Partout où les sources minérales font irruption sur le pla- teau central, nous rencontrons les végétaux des lieux salés, à d'énormes ‘distances des bords de la mer, et trompés sur leur patrie par l’action chimique et stimulante des matières salines. Ce sont surtout les terrains calcaires qui paraissent avoir la plus grande influence sur le tapis végétal. Ainsi, dans les monts Carpathes, Wahlenberg a compté 43 espèces qui n’appartiennent qu’au sol calcaire. M. de Martius, qui a publié de si importants travaux sur la végétation de l'Amé- rique , a remarqué aussi de très-grandes différences selon la nature du sol. Dans les environs du fleuve San-Francisco , où commence le calcaire, il a vu la végétation prendre un caractère tout spécial et remarquable par la prédominance de certaines formes, telles que des térébinthacées , des no- palées , des malvacées, des solanées , des mimosées et des cassiées. Les changements produits par la nature et la structure du sol sont évidents dans des contrées soumises aux mêmes in- fluences climatologiques, mais souvent aussi on voit de nombreuses exceptions et des faits tout opposés quand on étudie la végétation sur de grands espaces. Parmi les 43 espèces que Wahlenberg n’a rencontré que sur les calcaires, dans les Carpathes, il en-est 22 qu’il a retrouvées sur les gra- nits, dans la Suisse et dans la Laponie. Au reste, on ne peut pas considérer cette prédilection des espèces pour tel ou tel terrain comme une chose abso- lue , mais on voit que les individus sont plus nombreux et plus vigoureux quand ils atteignent le sol qui leur convient. On pourrait, au besoin , partager les plantes , sous ce rap- port, en trois classes distinctes, comme l’a fait M. Unger pour celles d’une partie du Tyrol. SUR LE SOL. 137 Dans la première, il place celles qui ne se trouvent jamais que sur un même terrain. Dans la seconde , il réunit celles qui se rencontrent plutôt sur un {errain que sur l’autre. La troisième se compose des espèces qui vivent indistinc- tement sur tous les sols. Cette dernière classe s'agrandit d’autant plus que l’on étudie et que l’on compare une plus vaste étendue de terrain, tandis que, si l’on considère seulement un point très-limité dont le sol est varié, on remarque des stations et des préfé- rences très-marquées. L'examen attentif des cultures tendrait surtout à donner de la prépondérance à l’action chimique. Il est rare que les engrais et surtout les amendements soient répandus sur le sol en assez grande quantité pour en modifier l’état d'aggré- gation , et cependant , selon la nature chimique de la subs- tance projetée sur le champ, son aspect est changé, soit par la force et la vigueur que prennent immédiatement les plantes cultivées, soit par l’apparition simultanée d'espèces sauvages qui n’existaient qu’en germes ou qui, faibles et ra- bougries, luttaient inutilement contre des plantes plus vigou- reuses. Les engrais liquides répandus sur le sol, et qui ne touchent en rien à son état physique, changent immédiatement sa végétation. Les terres de bruyère, riches en humus, et souvent dési- gnées sous le nom de terres amères, sont éminemment pro- pres à la végétation de certaines plantes, comme les bruyères, les joncs, et impropres à la plupart des céréales. Cette pro- priété serait due , selon M. de Romanet, à la proportion assez considérable d'acides bruns, amers ou astringents , dont l’effet antiseptique serait de conserver presque indé- 138 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES finiment les engrais et tous les débris de végétaux. Ils s’ac- cumulent donc constamment et ne peuvent s’assimiler. Mais que l’on ajoute à ces terres de la chaux , de la marne, des noirs animalisés et ammoniacaux, les acides bruns sont en partie neutralisés, et bientôt une végétation toute diffé- rente s’y établit (1). Ici l’action est encore et très-positivement chimique. Ainsi, sans nier la part que peut avoir l’état physique du sol, nous ne pouvons, comme M. Thurmann, lui accorder la prééminence. Il existe, dans l'étude du sol, des considérations très- complexes. Ainsi, l’on sait très-bien que la conductibilité des roches pour le calorique est très-différente. On sait encore que , indépendamment de ces différences de conductibilité dues à la nature chimique ou à l’état physique des terrains, il y a encore l'influence bien marquée de la couleur. Déjà nous avons indiqué des chiffres de comparaison pour des sols diversement colorés, mais M. Thurmann a fait, à ce point de vue, de nouvelles expériences qui donnent les écarts de température ou d’échauffement déterminés par la cou- leur. En prenant pour point de comparaison et pour 0 l’ar- doise, il trouve entre cette roche et une craie à nérinées très- blanche une différence de — 7,59 pour la craie. Dans la nature, ce phénomène se complique, et les écarts que nous observons ici, dans des expériences en petit et sur des roches sèches , sont presque toujours compensées ou altérées par des phénomènes de porosité, d’hygroscopicité et d’évaporation. En sorte que la quantité de calorique que la présence de l’eau peut faire passer, par l’évaporation, à l’é- tat de chaleur latente, est souvent plus considérable que (4) Compte-rendu de l’Académie des sciences, t. 54, p. 202. SUR LE SOL. 139 celle qu’une couleur plus foncée ou une plus grande con- ductibilité lui permettent d’acquérir en excès. Un fait certain, c’est que nos espèces les plus méridionales s’avancent davantage vers le nord sur les calcaires blanchà- tres des causses, sur les marnes blanches de la Limagne, que sur les granits et les basaltes colorés. Il y à encore, dans le mode d’arrangement et de dispo- sition des masses minérales , des considérations presque in- dépendantes de leur nature chimique et de leur structure physique. Telles sont les formes particulières des surfaces des rochers. Quelques exemples suffiront pour faire comprendre notre pensée. Si nous examinons des montagnes de granit ou de por- phyre, en dômes arrondis, nous remarquerons bientôt que leur surface est uniforme et présente peu de fissures et peu d’aspérités. Toutes les espèces y trouveront des conditions analogues. Si, au contraire , nous observons des crêtes de gneiss ou de micaschiste à couches redressées ou contournées , 11 s’y trouvera des fissures nombreuses, des lignes de fractures , des inégalités qui changeront complétement les circonstances d’arrosement, d'exposition et d’abri, sans que la nature de la roche y entre pour rien. Les mêmes contrastes se présenteront si nous comparons des plaies calcaires horizontales ou des causses disloquées, dont les couches brisées sont presque toujours disposées en gradins ou en escaliers. Les basaltes , les phonolites, les trachytes, par la disposi- tion plus ou moins régulière de leurs prismes , nous présen- teront des exemples du même genre. Ces dispositions particulières des roches font qu’un même espace de terrain peut présenter une surface bien plus éten- 140 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES due qu’un espace semblable d’un terrain différent. C'est encore à ces modes variés de structure en grand ou de dislocation que l’on observe dans les couches, qu’il faut attri- buer la disposition, par lignes et par séries , de diverses es- pèces qui ne font que suivre des fractures préexistantes. Lorsque, dans une contrée , les mêmes accidents du sol se reproduisent à certaines distances , on voit les mêmes es- pèces occuper de nouveau les mêmes dispositions, et établir ainsi une sorte de retour ou de périodicité déterminée par des causes identiques. Si, au contraire, quelques plantes se trouvent accidentel- lement dans une contrée, sur un point limité, on peut pré- voir d’avance qu'il existe sur ce point même une cause géo- logique qui ne se reproduit pas ailleurs , un affleurement ou une dislocation particulière. M. Thurmann a fait remarquer que les contrées dont le sol est désaggrégé offrent une flore plus riche que celle dont le sol est compacte. « Et cela se conçoit, dit-il, puisque les premières admet- tent, au moins comme cas particuliers, dans leurs stations sèches, toutes les espèces des secondes, tandis que ces der- nières offrent beaucoup moins de chances à l'admission des plantes des premières. Il en résulte évidemment , sur une même surface de terrain eugéogène (désaggrégé), la possi- bilité et presque toujours le fait d’un plus grand nombre de formes végétales que sur une superficie pareille de roches dysgéogènes (compactes) (1). » - Il cite aussi des faits très-intéressants sur la puissance d’ab- sorption ou plutôt sur l'espèce de discernement que présentent certaines plantes pour choisir leurs éléments chimiques : (4) Thurmann, Essai de phytostatique, t. 1, p. 292. _SUR LE SOL. 141 « Le Saxifraga Aizoon recueilli sur les granits du Gothard n'a pas les feuilles bordées de concrétions moins calcaires (vivement effervescentes avec les acides) que celui qui croit dans le Jura. Les Phragmutes , les Equisetum des hautes tourbières du Jura fournissent un tiers et jusqu’à la moitié de leur poids de silice, c’est-à-dire autant que les es- pèces prises dans les contrées stagnales les plus siliceuses de la plaine du Rhin. » M. Thurmann , en poursuivant le même ordre de faits, ajoute : « La nature mécanique et hygroscopique des ter- rains géologiques se fait sentir, non-seulement dans l’état pathologique des individus de même espèce, dans les gasté- ropodes terrestrés (ce qui est hors de doute), mais encore dans la présence ou l'absence d'espèces différentes, fait en- tièrement analogue à ce que nous voyons pour les végétaux. Cependant on n’a jamais, que je sache , continue M. Thur- mann, songé à mettre en question l’unité de composition chimique des produits organiques animaux, parce qu'ils se se- raient développés sur des sols chimiquement différents. Ainsi, les os des mammifères, le test des mollusques, le corps pier- reux des polypiers, ne sont pas moins calcaires sur le conti- nent cristallin norwégien, où domine l'élément siliceux, que sur le sol jurassique , où domine l'élément calcaire ; la co- quille de l’Helix sylvatica du grès vosgien ne diffère en rien chimiquement de celle des rochers de l’Albe (1). » Nous ne sommes pas, à cet égard, tout à fait de l'avis de M. Thurmann; nous avons trouvé de telles différences dans le test de certains mollusques, selon les stations où nous les avions recueillis, qu'il était difficile de les rapporter à la même espèce. Ainsi, l’Helix arbustorum, que l’on rencon- ,; (4) Essai de phylostatique, t. 4, p. 555. 142 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES tre sur les trachytes du mont Dore , est entièrement difté- rent de celui qui est si commun dans les prairies calcaires qui avoisinent le lac de Nantua. Les Helix hortensis et ne- moralis qui habitent le domite du puy de Dôme paraissent être des espèces tout à fait séparées de celles dont la coquille prend un si grand développement sur les marbres d’Es- quiery, dans les Pyrénées. Ceux de ces mollusques qui vi- vent sur les roches volcaniques de l’Auvergne ont des co- quilles transparentes , légères , cédant sous la pression du doigt, formées par de la gélatine, et manquant presque en- tièrement de l'élément calcaire, ce qui les empêche de pren- dre leur développement ordinaire. Il est facile de distinguer, à la première vue, les hélices qui vivent sur les sols privés de calcaires. Cette remarque ne s’applique pas seulement aux localités que nous avons ci- tées, mais on peut la faire sur les espèces des Vosges, de la Scandinavie, de Terre-Neuve, etc. ; et si ces mêmes in- dividus, à coquilles presque entièrement gélatineuses , sont tranSportés jeunes dans des localités où le calcaire abonde, on les voit bientôt absorber cet élément pour consolider leur test et lui ôter sa transparence. Des Helix arbustorum à coquilles minces et transparentes , recueillis sur les sommets trachytiques du mont Dore, transportés dans notre Jar- din , sur un sol très-calcarifère , formèrent en peu de temps un péristôme épais, et la coquille fut tapissée un mois après , à l’intérieur, d’une couche laiteuse et calcaire qui la rendait opaque. Linné, en se basant sur des individus pro- venant de sols différents, avait fait plusieurs espèces aux dé- pens de l’Helix arbustorum. Son Helix gothica , que nous retrouvons au mont Dore, n’est qu'un #1. arbustorum à gé- latine colorée en brun, et presque entièrement privée de cal- caire. La présence ou l’absence de cet élément, qui ne peut SUR LE SOL. 143 agir ici que chimiquement, a donc une action très-impor- tante et très-positive. M. Thurmann résume ainsi les principales différences entre les plantes des sols eugéogènes (désaggrégés) et celle des sols dysgéogènes (compactes) de sa contrée. Elles sont exprimées par les traits suivants, propres aux premiers de ces sols, les seconds en offrant la négation ou l'opposition : 1°. Une plus grande diversité d'espèces, une plus facile mobilisation, une aire plus développée pour les espèces so- ciales, une plus large dispersion des espèces communes, une moindre abondance des saxicoles ; 2°. Un caractère plus froid, plus boréal, plus humide , ou une plus grande extension vers le nord ; 3°. Une prédominance particulière des familles infé- rieures ; 4°. Une prédominance marquée des plantes à racines profondes et divisées ; 9°. Une supériorité générale de taille, excepté pour cer- tains végétaux ligneux ; 6°. Une prédominance notable des espèces où domine le développement des feuilles caulinaires aux dépens des radi- cales ; 7°. Un développement plus vertical de l’axe des formes ; 8°. Une plus grande ampleur de ramification ; 9°. Un plus grand développement herbacé, mais un moin- dre développement ligneux et une moindre longévité chez certaines espèces arborescentes. .« Tous ces caractères dérivant, dit M. Thurmann, de la seule combinaison des facteurs eau, chaleur, lumière et sol, ce dernier , par sa puissance et son aggrégation , détermi- nant certaines fonctions des trois premiers , tous caractères 144 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES entièrement étrangers à la composition chimique du détritus minéral emprunté aux roches sous-jacentes. » Nous avons rapporté les propres expressions de M. Thur- mann, et, après avoir étudié attentivement notre contrée , nous devons admettre comme lui, et d’une manière générale, les faits qu’il vient d’énoncer, et qu'il a su démêler avec la sagacité d’un observateur profondément instruit, et avec le discernement d’un homme qui a puisé la science dans la nature même. Nous ne pouvons, malgré cela , éliminer, comme lui, les éléments chimiques d’une manière absolue. Nous avons vu souvent , dans nos vallées schisteuses de la Lozère, les plantes des calcaires descendre sur les micaschis- tes et y prospérer, quand l’eau pluviale, lavant les plateaux, leur apportait l’élément calcaire sur un sol disgrégé. Tous les botanistes ont remarqué l'indifférence au sol physique des plantes domestiques , des chénopodées et de toutes les es- pèces qu’un filet d’eau saline fait végéter partout. IL suffit de se rappeler l’action du plâtre sur les légumineuses, de la chaux sur les terres de bruyère, l'apparition soudaine de certaines espèces sous l'influence d’amendements dispersés avec parcimonie; 1l suffit enfin d'étudier un instant toutes les pratiques agricoles, pour reconnaître à l’action chimique une intervention puissante, que souvent , il est vrai, il est bien difficile de séparer de l’action du sol physique. Nous avons voulu consigner ici ces observations de M. Thurmann, d’abord pour donner une idée de ses cons- ciencieuses recherches , et ensuite parce que notre contrée ne se prête pas aussi bien à des comparaisons analogues. Nous avons , dans l’ensemble de nos terrains compactes et de nos sols désaggrégés, des différences de latitude qui, sans être très-grandes, peuvent nuire à l’exactitude de nos com- paraisons. SUR LE SOL. 145 Nous avons , d’un autre côté , nos terrains volcaniques , que déjà nous avons appelés terrains neutres, sur les- quels l’état physique ne paraît pas toujours déterminer des changements très-notables dans le tapis végétal. À altitude égale , leur végétation se ressemble, et cependant il y a, dans leur structure et dans leur mode de disgrégation, de très-grandes différences. IL est vrai que notre sol volcanique doit en partie à la couche épaisse d’humus dont il est recouvert, sa végétation plus particulière aux terrains disgrégés qu’à ceux qui sont compactes. Cet humus abondant est toujours l’indice d’un sol meuble et perméable. M. Thurmann cite , à ce sujet, une note de M. de Czerniaiew, insérée dans le Bulletin des Naturalistes de Moscou. Elle est relative aux forêts de l'Ukraine , où l’humus atteint de 3 à 5 mètres de puissance, et développe des espèces dont la taille est, en hauteur et en largeur, le double et le triple de ce qu’elle est dans les sta- tions ordinaires. « On y voit, dit-il, des Cephalaria de trois mètres, des Delphinium de deux mètres, et certains cham- pignons d’un mètre de diamètre, que l’on prendrait de loin pour des hommes accroupis’, pelotonnés et cherchant à se cacher. » Les zones d'altitude , sur lesquelles nous reviendrons plus loin, ne peuvent être rigoureusement comparées que si leur sol est identique ou du moins analogue ; mais il existe, pour le sol, deux sortes d’analogies : la ressemblance chimique et la ressemblance physique. Nous admettons volontiers une large part d'influence à l’état d’aggrégation du sol, mais nous ne pouvons pas abandonner l’action chimique. Nous remarquons, sur nos terrains volcaniques à hauteurs égales, sous le même climat, une végétation analogue sur les som- mets de nos cônes scoriacés , sur les sommets de nos mon- Il 10 146 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE SOL. tagnes de domite ‘ou trachytes terreux et perméables, sur nos plateaux trachytiques compactes et porphyroïdes, et en- fin sur nos pics basaltiques. En un mot, le tapis végétal qui recouvre ces différentes roches sous-jacentes est sensiblement le même vers l'altitude de 1,200 à 1,500 mètres. Or, il est évident que la nature physique du sol est différente, et il est constant que toutes ces roches contiennent du feldspath ou silicates d’alumine, de potasse ou de soude. Nous ne voudrions pas donner une importance exagérée à l'influence chimique , mais nous pensons qu’on doit lui ré- server une part au moins égale à celle de l'action physique, et cela, malgré les nombreuses exceptions qui se présentent dans l'appréciation , attendu que ces exceptions sont tout aussi fréquentes quand on fait des recherches relatives à l’in- fluence physique. Nous sommes donc très-disposé à accepter la conclusion de M. Thurmann sur la valeur du sol dans la dispersion des espèces , en ajoutant un seul mot à ses propres expres- SIONS : « Les principaux facteurs de l’état de la végétation et de la flore, c’est-à-dire de la dispersion des espèces, sont : le climat, dépendant particulièrement de la latitude et de l'altitude ; puis, à climat égal, les propriétés mécaniques » et chimiques « des roches sous-jacentes, avec les consé- quences qui en résultent relativement à l'hygroscopicité, la puissance el la division des sols, » et à l'assimilation. VÉGÉTATION DU MIDI DE L'ESPAGNE. 147 CHAPITRE XX. LE MIDI DE L'ESPAGNE (1). Les comparaisons que nous allons essayer d'établir entre ‘le plateau central de la France et le midi de l'Espagne , reposent entièrement sur les recherches de M. Edmond Boissier. La partie de ce royaume dont il a donné la des- cription botanique , forme la pointe la plus méridionale de l’Europe. Elle s'étend de l’ouest à l’est, des environs de Gibraltar jusqu’à ceux de Berja et d’Adra; elle est circons- crite à peu près entre 36° et 37°%’ de latitude septentrionale, et 5° et 8° de longitude occidentale de Paris. Sa longueur est d'environ 50 lieues, mais aucun point où M. Boissier a pénétré, n’est éloigné de la mer de plus de 10 ou 15 lieues. « C’est donc, dit-il, une lisière essentiellement maritime, mais qui, à cause de sa grande hauteur verticale de près de 3,700 mètres offre une très-grande variété d’exposi- tions, et par conséquent une végétation très-riche et très- variée à des altitudes diverses. » Ce point étudié avec tout le soin apporté par M. Boissier, (4) Dans les listes que nous donnons ici, et que nous empruntons à M. Boissier, ainsi que dans le corps même du chapitre, nous avons imprimé en éalique les noms des espèces qui se trouvent en même temps dans la circonscription de M. Boissier et dans la nôtre. Quand ces listes sont formées d'espèces qui appartiennent loutes au plateau central de la France, nous avons imprimé en talique les noms des plantes qui croissent aussi en Laponie, et qui offrent ainsi une aire d'extension très-développée. 148 LE MIDI DE L'ESPAGNE. est donc extrêmement intéressant par sa latitude et par les zones diverses de sa végétation superposée. Ille devient plus encore par les rapports que nous pouvons établir entre la flore bien connue de la Laponie, et par le point de vue com- paratif sous lequel nous avons aussi envisagé le plateau cen- tral de la France. Ainsi, dans ces trois contrées situées aux deux extrémités de l’Europe et au milieu de la France, nous trouvons éga- lement des zones diverses d’altitude qui nous permettent _d’établir de curieux rapprochements. Sur une hauteur verticale de près de 3,700 mètres, les zones de végétation doivent nécessairement exister , mais M. Boissier , comme M. Anderson pour la Laponie, comme nous-même l'avons remarqué aussi sur le plateau central trouve que les zones sont difficiles à déterminer. Elles sont dérangées par le mélange des espèces, par l'exposition , et par une multitude d’autres causes parmi lesquelles l’in- fluence du littoral maritime est une des principales. Malgré cette indécision de limites, M. Boissier a distin- gué dans la distribution des espèces quatre régions prin- cipales : | 4°. La région chaude ou maritime , qui s’élève sur le re- vers méridional des montagnes , jusqu’à environ 700 mètres ; 20, La région montagneuse ou des plateaux qui, de la limite supérieure de la précédente, s'élève selon l’exposi- tion jusqu’à 1,500 ou 1,650 mètres ; c’est la moins dis- tincte de toutes, et elle pourrait être considérée comme une transition à la région supérieure ; 3°. La région alpine qui s'étend de 1,500 mètres à 2,600 ; %°. La région nivale qui de 2,600 mètres s’élève jus- qu'aux plus hautes sommités. L'ensemble de cette végétation a donné à M. Boissier un RÉGION CHAUDE. 149 total de 1,900 espèces phanérogames auquel il y aura sans doute encore à ajouter; nombre qui se rapproche beaucoup de celui de notre flore du plateau central, et qui indique pour cette partie de l’Europe une richesse due à la fois à sa position méridionale et aux zones d’altitude déterminées par ses montagnes. Nous verrons dans un tableau comparatif comment ces 1,900 espèces sont réparties dans les familles, et nous pour- rons d’un coup-d’æœil en comparer la proportion à celles de la Laponie et à celles du plateau central. $ 1. RÉGION CHAUDE DU ROYAUME DE GRENADE. Une immense différence de température existe entre le cli- mat de cette région et celui de la Laponie et même entre celui du plateau central. « Ici la neige ne tombe jamais , ou reste à peine sur le terrain. Les pluies tombent régulièrement en automne et en abondance pendant les mois d’octobre et de novembre , puis s’interrompent pour recommencer en février et mars, mais d’une manière moins abondante et moins ré- gulière ; quelquefois , mais plus rarement, elles règnent en- core en avril. » € À partir du mois d’avril jusqu’à la fin de septembre, la sécheresse est presque continue , le ciel est constamment pur et sans nuages, et si quelquefois les sommités des chaînes cotières se couvrent de nuées, les ondées d’orage qui y tom- bent se font à peine sentir sur les dernières limites de la ré- gion, et le littoral, ainsi que les dernières pentes n’en re- çoivent pas une seule goutte. » M. Boissier, faute d'observations météorologiques préci- ses sur la température, se fonde sur celles qui ont été faites à Malaga, sans toutefois leur accorder une confiance entière. 150 LE MIDI DE L'ESPAGNE. On pourrait peut-être admettre comme température moyenne de l’année celle de Gilbraltar qui est de 17,9. Cette tem- pérature offre, du reste, peu de variations , car les tableaux de Mahlmann y donnent pour l'hiver 13,8, pour le prin- temps 17,3, pour l'été 22,7, et pour l'automne 17,8. Ces résultats sont la moyenne de deux années seulement , en sorte que l’on manque de notions précises sur le climat : du midi de l'Espagne. « Les mois les plus chauds de l’année, dit M. Edmond Boissier , sont juillet et août, les plus froids janvier et février. Le décroissement le plus rapide de la chaleur a lieu entre les mois d'octobre et de novembre, à l'époque des pluies d'automne , et l’accroissement le plus rapide d’avril en juin. » « Cette répartition de la chaleur et des pluies donne une physionomie toute particulière à la végétation de la région chaude. Elle se réveille en octobre ou novembre aux pre- mières pluies par l'apparition des liliacées ; un peu plus tard, une foule de plantes annuelles naissent et fleurissent pen- dant tout l'hiver dans les lieux cultivés et les sables : c’est le véritable printemps de cette contrée. L’apogée de la végé- tation et de la floraison est au mois d’avril , et surtout de mai; en juin les plantes annuelles sont déjà brülées par le soleil et disparaissent. La fin dece même mois et celui de juillet sont la saison où fleurissent les plantes vivaces, en particu- lier des composées , ombellifères et labiées ; enfin , l’époque où la végétation est le plus en repos, est la fin du mois d'août et celui de septembre; quelques plantes tardives telles que l’Atractylis gummifera, la Mandragore et deux ou trois liliacées se montrent seules alors en fleurs. Cette région chaude est surtout caractérisée par le Chamærops humilis, qui enlève d'immenses espaces à l’agriculture. » RÉGION CHAUDE. 151 « Les plantes spontanées le plus caractéristiques de cette région sont l’Aristolochia bœætica dans les haies, le ricin, le Thymus capitatus sur les collines; au bord des haies, le Phlo- mis purpurea , Ballota hirsuta , Physalis somnifera , Witha- nia frutescens , Kentrophyllum arborescens, chardon gigan- tesque à tiges vivaces de 8 à 10 pieds de haut, le Molu- cella spinosa; dans le lit des torrents , le laurier rose ; dans les sables maritimes, l’Aloë perfoliata. Les arbres sont très- rares dans la partie inférieure de cette région; si l’on fait abstraction des espèces cultivées, on ne peut guère citer que le peuplier blanc , qui forme des bosquets le long des riviè- res ; ce n’est qu’en s’élevant dans la partie supérieure de cette région qu'on commence à trouver en pieds plus ou moins clairsemés les chênes de diverses espèces bien plus abondants dans le bas de la région montagneuse. » La température élevée de cette région , et la distribution des pluies établissent, dans le développement successif des végétaux , de grandes différences avec ce que nous observons sur le plateau central. Ici même, dans la partie la plus chaude de notre région méridionale , la plupart des liliacées qui marquent aussi le réveil de la nature n’a lieu qu’au prin- temps, après les pluies chaudes qui presque toujours l’ac- compagnent. La floraison du Colchicum autumnale, du Scilla autumnalis sont réellement des floraisons tardives , tandis que les liliacées qui dans le midi de l'Espagne s’épa- nouissent en octobre et en novembre représentent notre vé- gétation printanière du plateau central, la floraison vernale des liliacées sibériennes , et l’apparition tardive de quelques espèces de la Laponie. Les plantes annuelles , dont les graines ensevelies sous la neige ne germent sur notre plateau central que vers le milieu du printemps, ont à cette époque accompli au sud de l’Es- 152 LE MIDI DE L'ESPAGNE. pagne toutes les phases de leur développement. L'automne est leur printemps, l'hiver est leur été, et le nombre de ces plantes qui fleurissent et ne fructifient qu’une fois dimi- nue constamment de cette extrémité de l’Europe à l’autre, où les plantes vivaces sont les seules qui puissent résister à la rigueur du climat. Du cap nord à Gibraltar ou à Grenade , les rapports sont complétement rompus, et si la nature a décoré ce long tra- jet des richesses de la création, elle a voulu donner à cha- que pays ses espèces et sa physionomie particulière. En rangeant dans l’ordre de leur importance, sous le rapport du nombre des espèces et des individus , les diffé- rentes stations de plantes que présente la région chaude, M. Boissier, obtient la série suivante : 1°. En première ligne les maquis, buissons ou bois bas qui occupent la plus grande partie des collines et des terrains en pente. Ils existent également en Corse, et dans toute la région méditerranéenne. [ls ont quelques rapports avec la station des haies et des buissons de notre région méridio- nale , où les cistes peuvent même se montrer, et cette asso- ciation vient s'éteindre à la hmite australe de notre flore du plateau central. En Espagne, outre les cistes, on y rencon- tre surtout le Chamærops humilis, le lentisque, le Rhamnus lycioides, des Phyllyrea, beaucoup de genistées, et quelques chênes nains ; dans la même station sont comprises de nom- breuses plantes herbacées et graminées, qui vivent à l'ombre de ces arbustes pendant les mois d’hiver et de printemps, surtout dans les localités où le sol est sablonneux, ainsi que des plantes vivaces en moins grand nombre et qui fleuris- sent plus tard ; 20, Terrains sablonneux et nus, le plus souvent mariti- mes, et d'autant plus riches en espèces, que le sable est plus RÉGION CHAUDE. 153 fin et forme des dunes mobiles. Nous n’avons sur le plateau central aucune station analogue, mais on trouve des ana- logies marquées avec toutes les dunes du littoral de la Mé- diterranée et même de l’Océan jusqu’à une latitude bien plus élevée ; 30. Collines arides dépourvues de taillis, mais couvertes de touffes de quelques sous-arbrisseaux , surtout de Thymus capitatus , ailleurs et moins abondants, du Lavandula mul- tifida, Teucrium Polium , etc.; dans d’autres endroits ces plantes sont rempiacées par les touffes coriaces d’une grami- née , le Macrochloa tenacissima. Un grand nombre d’autres plantes vivaces habitent cette même station. C’est encore dans notre région méridionale qu'il faut chercher une station correspondante. Celle des causses s’en rapproche évidemment par des espèces identiques telles que le Teucrium Polium, et par des plantes parallèles ; le Tymus vulgaris y remplace le Thymus capitatus, le Lavandula Spica y tient lieu du L. mulüfida ; bien d’autres espèces y sont aussi représentées. 4°. Terrains cultivés qui peuvent se subdiviser en terres sablonneuses et légères dont la végétation est vernale, et gros- ses terres, dont les jachères nourrissent de grosses plantes à floraison tardive , telles que la mandragore , des chardons, Phlomis herba venti, Teucrium spinosum, Tanacetum an- nuum, etc. Nos champs cultivés, nos jachères, les berges de nos chemins nourrissent une végétation analogue , qui dans notre région méridionale a de grands rapports avec celle-ci. 90. Rochers, dont les plantes les plus caractéristiques sont : Putoria calabrica , Lapiedra Martinezüi , Umbilicus hispi- dus, OEleoselium Lagascæ, Buplevrum gibraltaricum, Satu- reia obovata, Linaria villosa , etc. Nos rochers nourrissent 154 LE MIDI DE L ESPAGNE. aussi des plantes parallèles, comme Satureia montana , Umbilicus pendulinus, etc. Mais la grande chaleur que reçoi- vent ces lieux dans le midi de l'Espagne, doit établir de très-grandes différences dans les deux végétations. Go. Haies d’Agave et de Cactus. Espèces introduites qui donnent à la végétation un caractère africain , et forment une station qui n’a aucune analogie avec celles de nos haies et de nos buissons. 7°. Enfin, terrains humides et marécageux, rares et peu étendus. Les stations analogues sont rares aussi sur le pla- teau central dans les régions les plus chaudes. Nombre et durée des espèces de la région chaude. Le nombre des espèces indiquées par M. Boissier, comme faisant partie de la région méridionale, est de 1,070, ce qui fait plus de la moitié de celles de sa flore ; mais ce nom- bre doit être un peu trop grand à cause des plantes cultivées ou introduites qui y sont comprises. Plusieurs de ces espèces remontent dans la région mon- tagneuse , d’autres dans la région alpine , et quelques-unes même dans la région nivale. On conçoit en effet que celles qui trouvent dans la plaine leur limite australe puissent re- monter facilement dans les montagnes. Voici la liste des plantes qui arrivent jusque dans la ré- gion alpine, et où celles qui atteignent même la région nivale sont marquées d’un astérisque. Ranunculus Chærophillos. * Biscutella saxatilis. Polygala saxatilis. Arenaria serpyllifolia. Radiola linoides. * Ceras- tium Boissieri. Sedum glanduliferum. Umbilicus hispidus. Pu- toria celabrica, Anthemis arvensis. Filago germanica. Cam- paoula Lœflingii. Cuscuta epithymum. Linaria villosa, * L. RÉGION CHAUDE. 155 supina, L. tristis. Lamium amplexicaule. Agrostis alba. * Dac- tylis hispanica. Les plantes de cette région se divisent en plantes annuelles 942, plantes vivaces 482 et plantes bisannuelles 46. Parmi les 482 espèces vivaces de cette région M. Boissier compte {9 arbres; mais comme 1l énumère ceux qui sont cultivés et qu'il compte deux fois le Quercus lex , il en résulte que le nombre des arbres se réduit aux espèces sui- vantes. , Arbres de la région chaude. Ceratonia siliqua. Punica Granatum. Ficus Carica. Celtis australis. Quercus Ilex. Q. Ballota, Q. lusitanica. Populus alba. | C'est-à-dire à S en considérant comme spontané le Cera- tonia siliqua et le Punica Granatum. Arbrisseaux de la région chaude. Clematis flammula. * Cistus ladaniferus. Helianthemum atriplicifohium, * H. halimifolium. Zizyphus Lotus. Coriaria myrthifolia. Celastrus Europœus. * Rhamnus A laternus, * R. lycioides. ** Pistacia Lentiscus, P. Terebinthus. Rhus Coriaria. ** Vitis vinifera. Anagyris fœtida. Genista linifolia , ** G. um- bellata, * G. hirsuta. * Retama monosperma, * R. sphæœro- carpa. * Spartium junceum. Calycotome lanigera. Cytisus tri- florus. * Sarothamrus affinis, S. Bæœticus, S. Malacitanus. * Ulex bæticus. Adenocarpus telonensis. * Rubus fruticosus. * Rosa sempervirens. * Tamarix africana, T. gallica. Myrtus communis. Lonicera Periclymenum , * L. canescens, L. im- plexa. * Kentrophyllum arborescens. Arbutus Unedo. Erica arborea. Phillyrea angustifolia, P. latifolia.**Nerium Olean- der. Withania fratescens. * Lycium europæum, L. intricatum. Lithospermum fruticosum. Teucrium fruticans. * Vitex agnus 156 LE MIDI DE L'ESPAGNE. castus. Osyris quadrifida. Eleagnus angustifolia. * Ricinus com- munis. “Quercus pseudo-coccifera, Q. mesto, Q. humilis. Sa- lix pedicellata. Juniperus Oxycedrus. Ephedra fragilis. “* Cha- mærops humilis. Sous-arbrisseaux de la région chaude. Clematis cirrhosa. * Capparis spinosa. ** Cistus albidus , * C. crispus , ** C. monspeliensis, * C. Clusii. Helianthemum Li- banotis, H. Fumana, "H. lœvipes, * H. glutinosum, H. pi- losum, H. marifolium, H. lavandulæfolium. Viola arbores- cens. Silene velutina, S. gibraltarica. * Linum suffruticosum. Lavatera triloba, L. maritima. Cneorum tricoccum. * Genista gibraltarica. Anthyllis barba-Jovis, À. podocephala , * A. cy- tisoides. Doryenium rectum. Bonjeania hirsuta. * Psoralea bituminosa. ” Coronilla juncea. Buplevrum Gibraltaricum. Pu- toria calabrica. Erica umbellata , E. scoparia. Calluna vulga- ris. Periploca angustifolia. Convolvulus saxatilis. * Physalis somnifera. Digitalis laciniata. Lavandula Stæchas, L. dentata, "L. multifida. * Thymus capitatus, T. vulgaris. * Phlomis purpurea. * Satureia obovata. * Sideritis arborescens, S. fæ— tens. Micromeria græca. Prasium majus. * Teucrium Po- lium. Globularia Alypum. Achyranthes argentea. Suœda fru- ticosa. Obione portulacoides. Salsola articulata, S. vermicu- lata, S. genistoides. Arthrocnemum fruticosum. Passerina hirsuta , * P. canescens, P. villosa. Euphorbia rupicola. Ephe- dra altissima. Asparaqus acutifolius, À. horridus, A. aphyl- lus , * A. albus. * Smilax mauritanica. * S. aspera. * Aristolo- chia bœtica. L’astérisque ou les deux astérisques indiquent les espèces nombreuses ou très-nombreuses en individus. Les arbrisseaux appartiennent aux familles suivantes dans . cet ordre d'importance : légumineuses 14; amentacées # ; cistinées, rhamnées, térébinthacées, caprifoliacées, solanées, chacune 3 ; rosacées, tamariscinées, oléinées, conifères, RÉGION CHAUDE. 157 chacune 2 ; renonculacées, coriariées , ampélidées, myrta- cées, cactées, composées, rhodoracées , éricinées, apocy- nées , borraginées , labiées, verbénacées, santalacées , éléa- gnées , euphorbiacées, palmiers, broméliacées, chacune 1. Les sous-arbrisseaux se classent ainsi qu'il suit : Labiées 12, cistinées 11, légumineuses 8, chénopodées et asparagées, chacune 6, éricinées et thymélées, chacune 3, caryophyllées, malvacées, chacune 2, renonculacées, cappa- ridées, violariées, linées , térébinthacées , ombellifères , rubiacées , asclépiadées, convolvulacées , solanées, scropbu- larinées , globulariées, amaranthacées , euphorbiacées, co- nifères , aristolochiées, chacune 1. Ces trois catégories donnent un total de 145 espèces, ou au nombre total comme 1 : 7,3, proportion de végétaux ligneux d'autant plus considérable que la plupart d’entr’eux sont très-sociaux. Toutefois cette proportion est un peu trop forte à cause des espèces cultivées qui y sont comprises. Ces dernières sont au nombre de 12 ; il ne reste donc que 133, ce qui donne la proportion exacte de 1:8 pour la région chaude. Origine et comparaison des plantes de la région chaude. M. Boissier partage les plantes de sa flore en cinq caté- gories. 1°. Plantes qui en Europe sont spéciales à la péninsule. La plupart de ces plantes se trouvent aussi ou se trouveront dans la Barbarie occidentale et quelques-unes en Orient. Cette liste contient 178 espèces dont aucune, par con- séquent, n'existe sur le plateau central de la France, et dont il est inutile que nous reproduisions les noms. Il nous suffira de dire qu’un certain nombre de ces espèces ont leurs parallèles dans notre flore , quoique cependant bon nombre 158 LE MIDI DE L'ESPAGNE. de genres n’y sont pas même représentés. C’est évidemment l’expression d’une végétation très-différente de la nôtre et que l’on peut considérer en grande partie ou comme afri- caine , ou comme endémique de cette localité. 20, Plantes communes à la région chaude du royaume de Grenade, à la péninsule et à quelques points de la France méditerranéenne , mais qui ne se retrouvant pas ailleurs en Europe plus à l'Orient peuvent aussi être regardées comme spéciales à la péninsule. Garidella Nigellastrum , Cistus ladaniferus ; Helianthe- mum lavandulæfolium, Viola arborescens, Polygala saxatilis, Genista linifolia, Adenocarpus telonensis, Astragalus purpu- reus, Coronilla juncea , Hedisarum Fontanesii, Poterium mauritanicum, Paronychia cymosa , Thapsia villosa , Tanace- tum annuum, Cirsium echinatum, Lactuca tenerrima, Con- volvulus saxatilis, Lithospermum fruticosum. Teucrium pseu— do-chamæpitis. Ces espèces sont au nombre de 19, et trois d’entr’elles atteignent le versant méridional du plateau central où elles trouvent leur limite septentrionale et orientale. Ces deux listes donnent environ 200 espèces qui sont ou africaines ou endémiques à la péninsule. 30. Plantes communes à la région chaude du royaume de Grenade et à l’Europe centrale en général. M. Boissier entend par là l’Angleterre, l'Allemagne , la Suisse et la France en en retranchant le Midi. Cette liste qui n’est pas donnée par M. Boissier est de 205 espèces ou à peu près 115 du total. « Le rôle qu’elles jouent n’est même pas en rap- port avec ce chiffre, un grand nombre étant peu répandues parce qu’elles se rapprochent de la limite australe de leur aire, et # ou 5 au plus d’entr’elles étant des arbrisseaux ou sous-arbrisseaux. Ces plantes sont en majorité des es- RÉGION CHAUDE. 159 pèces rudérales qui accompagnent partout l’homme, ou des espèces habitant les lieux humides, stations, où comme on sait, la végétation varie peu , même dans des contrées éloi- gnées. » 4°. Plantes communes à la région chaude du royaume de Grenade et à la France méridionale. Cette liste, qui n’est pas donnée non plus par M. Boissier, montre les grands rapports qui existent entre les diverses parties de la région méditerranéenne, car elle comprend 565 espèces, plus de la moitié du nombre total. Nous avons cru utile de donner ici, en la prenant dans l’énumération de M. Boissier, la liste de ces deux dernières catégories, mais en la restreignant aux plantes qui croissent aussi sur le plateau central, et en indiquant par des italiques le petit nombre d’entr’elles qui, des plaines du midi de l'Espagne, peuvent atteindre le climat glacé de la Laponie, offrant ainsi une aire d’extension développée sur 3% degrés de latitude. Liste des plantes de la région chaude qui croissent également sur le plateau central. Clematis flammula. Ranunculus aquatilis, R. Ficaria, R. arvensis. Papaver bybridum, P. Rhæas. Glaucium luteum , G. corniculatum. Fumaria officinalis, F. parviflora. Sisym- brium polyceratium , S. Irio, S. Columnæ. Diplotaxis viminea , D. erucoides. Sinapis arvensis, S. alba. Eruca sativa. Rapha- nus Raphanistrum. Rapistrum rugosum. Alyssum maritimum. Capsella bursa pastoris. Lepidium Draba. , L. latifolium. Bis-. cutella saxatilis. Senebiera Coronopus. Cistus albidus. Helian- themum guttatum, H. Fumana, H. 1talicum. Viola odorata. Reseda lutea, R. Phyteuma, R. luteola. Saponaria vaccaria. Cucubalus baccifer. Silene gallica , S. italica, S. inaperta, S. inflata. Lychnis Githago. Buffonia annua. Sperqula arvensis. 160 MIDI DE L'ESPAGNE. Alsine tenuifolia. Lepigonum rubrum, L. marginatum. Are- naria serpyllifolia. Stellaria media. Cerastium triviale. Li- num strictum, L. angustifolium. Radiola linoides. Hyperi- cum perforatum, H. tomentosum. Vitis vinifera. Geranium dissectum , G. pusillum , G. rotundifolium. G. Robertianum. Erodium cicutarium, E. ciconium. Oxalis corniculata. Tribu- lus terrestris. Ruta angustifolia. Coriaria myrtifolia. Rham- nus Alaternus. Pistacia Terébinthus. Spartium junceum. Lu- pinusangustifolius. Anthyllis Vulneraria. Medicago Lupulina, M. orbicularis, M. maculata, M. minima. Trigonella mons- peliaca. Melilotus parviflora. Trifolium angustifolium, T. ar- vense, T. scabrum , T. maritimum, T.hirtum, T. stellatum, T. glomeratum , T. subterraneum, T. resupinatum, T. fra-— giferum, T. procumbens. Doryenium hirsutum. Lotus an- gustissimus. Psoralea bituminosa. Astragalus purpureus, A. hamosus. Coronilla scorpioides. Ornithopus compressus. Hip- pocrepis unisiliquosa. Ervum gracile, E. tetraspermum, E. Ervilia, E. Lens. Vicia sepium , V. peregrina , V. hybrida , V. sativa, V.lutes. Lathyrus latifolius, L. Aphaca, L. angulatus, L. sphæricus, L. sativus, L. Cicera. Potentilla reptans. Agri- monia Eupatoria. Rosa sempervirens. Punica Graratum. Epi- lobium hirsutum, E. parviflorum , E. tetragonum. Myriophyl- lum spicatum. Lythrum Salicaria. Bryonia dioica. Ecballion Elaterium. Portulacaoleracea. Paronychia cymosa. Polycarpum tetraphyllum. Umbilicus pendulinus. Sedum amplexicaule, S. altissimum. Apium graveolens. Helosciadium nodiflorum. Ammi majus. Sium angustifolium. Buplevrum protractum. OEnanthe pimpinelloïdes. Fœniculum vulgare. Ferula com- munis. Orlaya grandiflora. Daucus Carotta. Caucalis lepto— phylla. Torylis nodosa. Scandix pecten Veneris. Conium ma— culatüum. Viburnum Tinus. Lonicera implexa, L. Periclyme- num. Sherardia arvensis. Asperula arvensis. Crucianella an- gustifolia. Galium palustre, G. tricorne, G. divaricatum. Vaillantia muralis. Valerianella coronata. Dipsacus sylvestris. Scabiosa Columbaria. Eupatorium cannabinum. Bellis peren- RÉGION CHAUDE. 161 nis. Phagnalon sordidum. Micropus erectus. Pulicaria dysen— - terica. Pallenis spinosa. Xanthium Strumarium, X. spinosum. Anthemis arvensis. Achillea Ageratum. Matricaria Chamo- milla. Chrysanthemum segetum. Helichrysum Stæchas. Gna- phalium luteo-album. Filago germanica. Logfa gallica. Sene- cio vulgaris, S. erucæfolius, S. Jacobæa, Echinops Ritro. Carlina corymbosa. Microlonchus salmanticus. Centaurea Cal- citrapa. Kentrophyllum lanatum. Silybum marianum. Car- duus tenuiflorus. Lappa major. Leuzea conifera. Scolymus hispanicus. Cichorium Intybus. Tolpis barbata. Rhagadiolus stellatus. Thrincia hispida. Podospermum calcitrapifolium. Tragopogon porrifolium. Urospermum picroides. Helminthia echioides. Lactuca saligna. Barkbausia taraxacifolia, B. fœtida. Picridium vulgare. Jasione montana. Campanula Rapuneulus, C. Erinus. Arbutus Unedo. Calluna vulgaris. Erica arborea, E. scoparia. Phyllirea angustifolia, P. media. Erythræa Cen- taurium, E. pulchella. Convolvulus lineatus, C. sepium, C. arvensis. Cuscuta epithymum. Heliotropium europæum. Li- thospermum fruticosum. Borago officinalis. Anchusa italica. Cynoglossum cheirifolium , C. pictum. Hyoscyamus albus. So- lanum nigrum, S. miniatum. Verbascum Schraderi, V. si- nuatum. Scrophularia canina. Antirrhinum majus, A. Orun- tium. Linaria supina. Veronica Beccabunga. Orobanche cruenta , O. minor, O. ramosa. Lavandula Stæchas. Mentha aquatica, M. arvensis, M. Pulegium. Lycopus europæus. Sal- via Verbenaca. Thymus vulgaris. Melissa Nepeta, M. officina- lis. Clinopodium vulgare. Stachys Heraclea , S. arvensis. Si- deritis romana. Marrubium vulgare, Phlomis Lychnitis, P. herba venti. Teucrium Polium. Verbena officinalis. Anagallis arvensis. Coris monspeliensis. Samolus Valerandi. Plantago major, P. Coronopus, P. Psyllium. Amaranthus sylvestris , A. prostratus, À. retroflexus. Beta vulgaris. Chenopodium Vulyaria, C. murale. Blitum glaucum. Atriplex patula. Sal- sola Kali. Rumex pulcher, R. scutatus, R. intermedius, R. Acetosella. Polygonum lapathfolium, P.Convolvulus. Aris- 11 11 162 LE MIDI DE L'ESPAGNE. tolochia Pistolochia. Crotontinctorium. Euphorbiàa Chamæsyce, E. Characias , E. serrata, E. falcata, E. exigua, E. segetalis. Urtica pilulifera , U. urens. Parietaria diffusa. Celtis australis. Ficus Carica. Quercus Ilex. Populus alba. Juniperus Oxyce- drus. Alisma Plantago. Potamogeton natans, P. pusillus. Typha angustifolia. Sparganium ramosum. Arum italicum. Orchis coriophora , O. morio. Ophrys apifera. Serapias lingua. iris pseudo-Acorus. Smilax aspera. Tamus vulgaris. Scilla au- tumnalis. Allium roseum. Muscari comosum. Asphodelus al- bus. Asparagus officinalis, A. acutifolius. Juncus capitatus, J. lampocarpus , J. bufonius. Cyperus flavescens, C. fuscus. Heleocharis palustris. Scirpus Holoschænus, S. maritimus. Carex divisa, C. vulpina. Anthoxanthum odoratum. Panicum crus-galli, P.sanguinale. Setaria glauca , S. verticillata. Tra- gus racemosus. Agrostis verticillata. Gastridium lendigerum. Polypogon monspeliense. Arundo Donax. Phragmites com- munis. Gynodon dactylon. Corynephorus canescens, C. arti- culatus. Aira caryophyllea. Gaudinia fragilis. Arrhenatherum avenaceum. Eragrostis megastachya, E. poæoides. Poa an- nua, P. trivialis. Giyceria fluitans. Briza maxima, B. minor. Melica ciliata. Kæleria phleoides. Dactylis glomerata. Cyno- surus echinatus. Festuca Myurus , F. arundinacea, F. rigida. Bromus mollis, B. sterilis. Lolium perenne, L. temulentum. Brachypodium ramosum. Triticum repens. Hordeum muri- num. Ægylops ovata, Æ. triuncialis. Chara vulgaris. Equi- setum hyemale. Cheilanthes odora. Grammitis leptophylla. Cetherach officinarum. Sur cette liste de 358 espèces , communes à la région chaude de M. Boissier et au plateau central de la France, 285 appartiennent aux dycotylédones et 73 aux monocoty- lédones. 34% espèces habitent aussi la Laponie , et peuvent , par conséquent, s’accommoder de climats très-différents, puisque nous n'avons pris ici pour terme de comparaison que les es- RÉGION CHAUDE. 163 pèces de la région chaude du royaume de Grenade. Sur ces 3% plantes, 22 sont dycotylédones et 12 monocotylédones. Ainsi, les dycotylédones de cette partie de l'Espagne qui s’avancent sur le plateau central de la France sont, à l’en- semble des plantes communes aux deux contrées, comme #224,25. Ainsi, sur 1,070 plantes environ de la région chaude, 358 se rencontrent sur le plateau central de la France , ou du moins viénnent toucher son bord méridional : ce qui éta- li. 1, 11) PESENnssnnernerse nn i QC Le nombre indiqué par M. Boissier se décompose en 860 dycotylédones et 210 monocotylédones. Les dycotylédones communes au plateau central sont au nombre de 284 , Ce qui donne encore, comparativement au chiffre de 860, le rapport. ..........,....... 1:3 Les monocotylédones communes au plateau central sont au nombre de 7%, ce qui donne, comparativement au chiffre HOMME rapport. ............. ASE 1528 On reconnait déjà un peu plus de tendance à la migration età l’extension de la part des monocotylédones. Dans les 1,070 espèces de la région chaude , 542 sont annuelles ; 171 d’entre elles se trouvent sur le plateau cen- tral : c’est donc la proportion de.......,.... 19:1 482 sont vivaces dans la flore du royaume de Grenade, et 148 s’avancent jusqu'ici; le rapport est... .. 1: LE Il y a donc aussi un peu plus de tendance à l'extension de la part des plantes annuelles que des plantes vivaces. 5°. « Plantes communes à la région chaude du royaume de Grenade et à quelqu’autre point de l’Europe méridionale, le midi de la France excepté. Ces plantes , au nombre de 120, dit M. Boissier, caractérisent assez bien, en Europe, la partie la plus méridionale de la région méditerranéenne: si l’on réunit 164 LE MIDI DE L'ESPAGNE. ensemble cette catégorie et la précédente, dont les espèces se retrouvent , en général, dans toute l’Europe méridionale, on aura un total de près de 700 espèces méditerranéennes communes à notre région et à l'Europe australe, sans compter les plantes de l’Europe centrale communes à l’une et à l’au- tre, ce qui fait ressortir le caractère éminemment méditer- ranéen de la zone qui nous occupe. » M. Boissier donne cette liste que nous ne Jugeons pas utile de reproduire. 6°. Enfin, M. Boissier donne la liste de 12 espèces orien- tales qui ne se rencontrent pas dans les pays européens in- termédiaires, mais dont plusieurs se retrouvent et dont toutes peut-être se retrouveront en Barbarie , ce qui indique leur route d’émigration. C’est d’ailleurs un fait bien connu et très- intéressant en géographie botanique que ces sauts considéra- bles des espèces, sans traces d'étapes où elles se sont arrêtées. Proportions et rapports des familles de la région chaude. La région chaude du royaume de Grenade a donné à M. Boissier 860 dycotylédones, 200 monocotylédones, 10 fougères et équisétacées , ce qui donne les proportions : Dycotylédones comparées au nombre total des phanéro- BAMES. à ee slepue be noire cle ee tie CANNES Monocotylédones. . . . . +.:...242. 0.00 Fougères et équisétacées. ............. 1 : 107 M. Boissier fait observer que cette proportion des mono- cotylédones est très-faible et le paraïtrait encore davantage sans les graminées qui y sont très-abondantes. Dans la flore de Koch, qui représente le centre de l'Eu- rope, les monocotylédonessont dans laproportion. 1 : 4,8. La flore du canton de Genève........... 1 : 4,3. Dans les flores méditerranéennes, leur proportion se rap- proche de celle de l'Espagne. RÉGION CHAUDE. 165 On trouve pour l’île de Zante............ 1 EL Pour les environs de Madrid............. 1 : 5,4 Paarles Baléares Pme rs. Dr 1:5,8 Dans ces dernières contrées, comme dans le royaume de Grenade , M. Boissier attribue , outre l'influence méditer- ranéenne , au manque de localités humides, cette infériorité des monocotylédones et des fougères. Les espèces de la région chaude se classent en 82 fa- milles , ce qui donne en moyenne 13 espèces par famille. Voici les principales dans leur ordre d'importance : Légumineuses. . . 147 Eilacées 2 19 Synanthérées. ... 12% Rubiacées. ..... 19 Graminées.. ..... 106 Euphorbiacées. .. 17 Crucifères. . .... %7 Cypéracées. 2.17 Ombellifères. ... 47 Solanées. nu 15 Labiéese.. . .... 46 Orchidées..." 14 Caryophyllées.. .. 37 Polygonées.. ... 13 Chénopodées.... 33 Convolvulacées... 12 Scrophulariées. . . 26 GÉTAMEES EE A2 CÉHnÉes 21 Plantaginées. ... 11 Boraginées. . . . .. 20 Dipsacées. ..... 10 Renonculacées. .. 19 Paronychiées.... 9 « On voit d’abord que les 7 premières familles font à elles seules la moitié du nombre total des espèces. » « Le second fait frappant est la prédominance des légumi- neuses, plus forte que dans aucune autre flore européenne. » BAEASONDAICRCOMME . . 1. UN ÉD Mans larflorerde Laponie. . .....4.0. 4301 1 : 33 Les flores du nord de l'Europe.......,... 1 : 99 Damsilanfliore de Koch... ......,,.... LANTA Dans les environs de Madrid.. .......... ; CCS E | 166 LE MIDI DE L'ESPAGNE. Auxibaléares........ 4.014108 ES 42x09 antenne ce. due CREER dust 8 Bnvbarbarie. 2220020 :2.. 0... CNRS ir 8 « Les composées sont ici comme......... LS Comme en Castille, à Zante, en Barbarie... 1 : S$ Aux Daléares Re AAC. ci CE Lun 0 la proportion est à peu près, la même qu’en And » @ Dans l’Europe centrale : Pour.fa flore. de (Genéve He C. A CE 1: ::18 Pour celle d'Allemagne, un peu moins de... 1 : 8 Elle descend en Suède, en Angleterre. . .... 1:20 et plus encore en se rapprochant des pôles. » Les crucifères sont ici comme..... RO à - 1792 PMRXADAIBATES ee ee et pos PRE | 1 : 22 En bBatbane "2270. ,.:.1.: IDC 1 : 24 ÉUTODENTUNENRE ceci ec 1 : 24 DH R en Re lee cieie tiers CE CEE L400 ADO ES ER eee CCR CPLCRE PARU: RACE 17 En Castille, la proportion énorme de....... 1 : 15 « Les ombellifères , continue M. Boissier , n’ont rien de remarquable dans leur proportion, qui est comme en Great es CRE 1 :°22 Paibarlariés sc NS cs s à ee OUTRE 1-20 Portueal UNE MINUTE, L IGARINERSS 14,20 Flore d'Allemagne 22444) HUE 1 : 20 Europe!centrale sers 01.1 ones]. SION dcr 125 Espagne centrale... 44.444,40, 108 1.19 diminuant considérablement dans le nord. » « Les labiées forment ici comme à Madrid.. 1 : 22 Barbarie et Portugal. .. .............., 1. 4,22 Aux-Baléares. :: 4... 00ER 00 TOR 1 : 20 À Zante,. . ....,,:..+ 000 -o 1 1418 RÉGION CHAUDE. 167 PANGTÈCe : . . ennemie r ere RE Europe tempérée.....: 2... .. 10-029 21" 2726 Elles diminuent rapidement vers le nord. » Parmi les autres familles, M. Boissier fait remarquer l'im- portance des chénopodées, qui sont à un rang supérieur à celui qu’elles occupent dans la plupart des flores méditerranéennes, ce qui tient à l'étendue des terrains salés maritimes. L'importance des scrophularinées dans la proportion Li, 0 UNSS RE RS 1 : 40 qui n’est pas supérieure à ce qu’on remarque dans l’Europe centrale et septentrionale, devient remarquable pour le carac- tère de notre région , si l’on réfléchit que ce sont presque toutes des antirrhinées. Cette famille forme, dans l'Espagne coomiéeten Castille. . :............:... 1785 La famille des cistinées est ici comme..... 1 : 50 A RU PO 1 : 156 DAPAMEMEENE . 1:25. ..0 tam 1 : 365 NM IE PER 1512710 » Cette prépondérance des cistinées caractérise, comme on sait, la péninsule et les contrées voisines. 222 TRUE ESP ESE ER PRESS CPU 1 : 55 Re NUS 10:72 et probablement une plus forte proportion dans le royaume de Valence, en Portugal et dans la Barbarie occidentale. » La famille des cypéracées est réduite à 17 espèces. Les rosacées ont seulement 6 espèces. La Barbarie et le Portugal ont aussi très-peu de rosacées. 6 2. RÉGION MONTAGNEUSE DU ROYAUME DE GRENADE. « Cette région, dit M. Boissier, est une zone de transi- tion ; elle a néanmoins sa physionomie propre, et présente 168 LE MIDI DE L'ESPAGNE. de l’intérêt en ce qu’elle correspond par l'altitude et l’as- pect. avec l'immense plateau central de la Péninsule avec lequel elle a de nombreux rapports physiques et botaniques. » La hauteur de cette région de 600 à 1,500 mètres, la rend physiquement parallèle à notre plateau central proprement dit, c’est-à-dire à la haute plame toute entière, aux cônes volcaniques qui s’y élèvent, et aussi à la chaîne du Forez, à la Margeride et à la majeure partie de notre région montagneuse. Sa végétation nous offre donc le plus grand intérêt, bien que nous reconnais sions parfaitement, comme M. Boissier , que cette zone doit recevoir une partie de ses espèces de la région chaude , et une autre portion venant à leur rencontre de la région alpine. M. Boissier ne s’est procuré que des renseignements très- vagues sur la météorologie de cette région. Il y gèle quel- quefois en hiver, et la neige peut y persister quelques Jours ; les chaleurs de l’été atteignent de 250 à 36°, selon la hau- teur où l'on observe. « La distribution des pluies est quant aux saisons la même que sur la côte , avec cette différence que le terrain est de plus quelquefois rafraichi en été par des pluies d’orage des- cendues des montagnes. Des pluies accidentelles en été em- péchent une dessication du sol aussi complète que dans la région chaude , et la végétation n’y est jamais aussi complé- tement interrompue vers la fin de l'été, tandis qu’elle s’y arrête davantage pendant l'hiver. » » On pourrait appeler la région montagneuse région des céréales et arbres fruitiers. Le froment partout cultivé sur les plateaux, y réussit même dans les parties non arrosables , bien mieux que sur le littoral, à cause des pluies d’été ; il s’élève jusqu’à la limite supérieure de la région, et la dé- RÉGION MONTAGNEUSE. 169 passe même quelquefois. On le récolte vers le milieu de juil- let sur les plateaux , au commencement d'août dans le haut de la région. Le chanvre est une culture importante dans les Vegas arrosées; le maïs remonte jusqu’à 1,650 mètres dans les vallées tournées au midi, et y réussit ordinaire- ment, mais est exposé à geler au printemps. Les arbres frui- tiers, fort rares dans la région chaude, et qui s’y sont réfu- giés dans les localités arrosées, deviennent plus abondants dans la région montagneuse ; le poirier, le cerisier , arri- vent jusqu’à sa limite supérieure ; le noyer et le mürier de même , quoique leurs jeunes pousses y soient exposées à geler au printemps, le châtaignier remonte aussi sur le flanc des vallées jusqu’au haut de la région, et est commun dans les expositions méridionales; la vigne enfin, sur le revers méridional, ne s’arrête pas beaucoup au-dessous de cette même alütude , et 1l est assez singulier que sa limite supé- rieure coïncide à peu de chose près avec celle de lolivier qui à une aire géographique si différente. » En l'absence d'observations météorologiques , l'examen des plantes cultivées peut donner des indications précises sur le climat , et l’aperçu que nous venons de rapporter d’après M. Boissier , nous montre la grande analogie qui existe en- tre cette région et la partie basse du plateau central de la France , la limagne d'Auvergne, le Bourbonnais , le bassin du Puy. Ce sont à l'olivier près les mêmes cultures, les mêmes époques de récoltes et les mêmes écarts de la part des sai- sons , mais la région décrite par M. Boissier paraît cepen- dant plus méridionale que nos plaines; elle se rapproche peut-être un peu plus de notre région du midi, et sa limite supérieure correspond seule à la température et au climat déjà méridional de la Limagne. 170 LE MIDI DE L'ESPAGNE. M. Boissier divise cette région comme la précédente en un certain nombre de stations principales. 1°. « Les Maquis, sur la pente des montagnes ou sur les plateaux incultes. Ils ressemblent pour l’aspect à ceux de la région chaude:, mais diffèrent par la plupart des espèces ; les genèêts et les cistes y prédominent davantage, et ces derniers par la beauté et l'abondance de leurs fleurs donnent un charme particulier à de tels sites. Les cistes à grandes feuil- les qui habitent de préférence les lieux ombragés, rappel- lent, par l’éclat et la verdure de leur feuillage, le Rhododen- drum de nos Alpes ; plusieurs jolies bruyères vivent d’ordi- aaire sous leur ombre. » 20, « Forêts assez clairsemées, formées par les Pinus Pinas- ter et alepensis , et quatre ou cinq espèces de chênes. Ces forêts , quoique peu étendues , caractérisent cette région en- tre toutes les autres. Toutes ces espèces d’arbres à l’excep- tion du Quercus Ilex, s'arrêtent vers 1,300 mètres ou même avant, tandis que le Quercus alpestris et l’Abies Pin- sapo ne commencent guère qu'à cette hauteur en remontant dans la région suivante. A l’ombre de ces bois on observe une végétation assez particulière , d'autant plus abondante qu'ils sont plus clairsemés, et parmi lesquels M. Boissier cite : Cistus laurifolius, C. populifolius, €. salvifolius, Lithospermum prostratum , Herniaria imcana, Scabiosa to- m entosa , etc.» 3°. « Collines et plateaux arides couverts de sous-arbris- seaux nains et plantes vivaces. Cette végétation qui est plus répandue dans cette région que celle des maquis ou arbrisseaux plus élevés, correspond assez bien aux Tomillares (Thymeta, lieux couverts de thym), des Castilles. Ce sont surtout des labiées , composées et cistinées, formant de petites touffes éparses dans les intervalles desquels croissent des Stipa, RÉGION MONTAGNEUSE. 171 des plantes vivaces et quelques-unes annuelles, en plus petit nombre, tellesque Odontites longiflora. Les espèces le plus caractéristiques de cette végétation sont : Thymus Masti- china, Zygis hirtus, Salvia hispanorum , Teucrium capita- tum, Sideritis hirsuta, Helianthemum hirtum, Stipa Lagascæ Linum suffruticosum , Artemisia campestris, À. Barrelieri, Lavandula spica, L. stæchas, Helichrysum Serotinum, San- tolina rosmarinifolia. » 4°. « Pentes couvertes de graminées coriaces, et aux- quelles les troupeaux touchent peu, telles que Avena filifolia et bromoides , Festuca granatensis, Macrochloa tenacis- sima. » 9°. « Grosses terres argileuses ou jachères dans lesquelles croissent surtout de grandes espèces de carduacées ; dans les vignes prédominent les Carlina sulphurea et C. corymbosa. » 6°. « Collines gypseuses et terrains salés, station tout à fait particulière à cette région, et très-intéressante par sa végétation ; elle se reproduit sur un grand nombre de points de l'Espagne centrale, dans les deux Castilles, l’Aragon, la Catalogne, et forme un des traits les plus frappants de ces contrées. » « La plupart des plantes de ces terrains salés ont des feuilles épaisses et charnues d’un ton glauque et pulvérulent. Rien de plus triste que l'aspect de ces lieux stériles et com- plétement privés d’eau douce. » M. Boissier cite la liste suivante pour les espèces de ces terrains : Peganum Harmala, Frankenia thymifolia, F. corymbosa, Lepidium subulatum, Onouis crassifolia, Helianthemum squa- matum , Statice globulariæfolia, S. echioides, Atriplex rosea À. glauca, Curotia ceratoides , Salsola Webbü , $. genistoides, S. articulata, S. oppositifolia, Juncus acutus. 172 LE MIDI DE L'ESPAGNE. M. Boissier ajoute à cette liste pour d’autres parties de l'Espagne : Lepidium Cardamines , Iberis subvelutina , Vella pseudo- cytisus, Boleum asperum , Herniaria fruticosa , Gypsophyla Struthium, Artemisia herba alba, Zollikoferia chondrilloides, Centaurea hyssopifolia , Salsola vermiculata. Si les cultures de la région montagneuse la rapprochent, au point de vue agricole , de la Limagne d’Auvergne et des plaines de la France centrale , sa flore appartient tout en- tière à la région méditerranéenne, et correspond à notre ré- gion méridionale beaucoup plus exactement que la région chaude. Les espèces des différentes stations sont souvent parallèles et quelquefois identiques. La dernière , celle des terrains salés, trouve aussi quelque chose d’analogue dans notre circonscription, ce sont des espaces salés qui occu- pent encore quelques parties de la Limagne d'Auvergne , et qui paraissent avoir été bien plus étendus autrefois. En- tièrement stériles, ces plaines ont été peu à peu rétrécies par des cultures difficilement envahissantes, par des irrigations ou des engrais, mais en général elles résistent. On ne peut attribuer qu’à des sources salées généralement taries ces sin- guliers terrains, où une végétation maritime 1c1 comme en Espagne, se trouve transportée si loin du rivage de la mer. Nous avons décrit cette petite flore maritime , 1l nous suf- fira de faire remarquer quelques points de contact avec les terrains salés espagnols. Ces derniers, plus directement sou- mis à des émissions d’eaux salées qui les arrosent encore, sont plus riches que les nôtres. L’Atriplex rosea est com- mun aux deux localités ; une énorme quantité de Plantago maritima remplace ici les Statices de l'Espagne. L’Atripleæ latifolia. var. salina y tent lieu de l'A. glauca. Le Lepi- RÉGION MONTAGNEUSE. 173 dium ruderale y est parallèle au L. subulatum , le Glaux maritima , le Triglochin maritimum , Y végètent en abon- dance, et le Lepigonum marginatum s'y trouve dans les mêmes conditions que le Gypsophyla Struthium. Nombre des espèces de la région montagneuse , — leur durée. Le nombre total des espèces indiquées par M. Boissier dans cette région, est de 698. Ce nombre est à la flore en- tièredelcontrée comme... ............. {.: 2,7 Mais M. Boissier fait observer qu'il doit être trop faible, parce que dans cette région, qui est pour ainsi dire une dé- pendance de la précédente , 1l aura oublié d'inscrire des es- pèces déjà citées dans la région chaude. Plus de cent espèces sur le nombre cité remontent dans la région alpine , et huit d’entr’elles arrivent même dans la région mivale, ce sont : Biscutella saxatilis, Cerastium Boisserii, Lotus cornicu- latus, Senecio linifolius, Echium flavum , Linaria supina, Gagea polymorpha, Dactylis hispaniea. Sous le rapport de la durée, les plantes de cette région se divisent en : Annuelles 202 ou proportion au total..... 1 :3 LT CENT Rene PE EP D name lle A ous ie eee 0 one 129,3 « Parmi les 465 espèces vivaces, M. Boissier indique 21 arbres dont la moitié seulement sont spontanés , #3 ar- brisseaux et 68 sous-arbrisseaux. Parmi les arbrisseaux, 13 se trouvent aussi dans la région chaude. Arbres spontanés de la région montagneuse. Fraxinus angustifolia, Ficus Carica, Celtis australis, Ulmus campestris, Castanea vesca , * Quercus lusitanica , Q. 174 LE MIDI DE L'ESPAGNE. # , ileæ , Q. Ballota, Q. Suber, Q. alpestris, Populus nigra, Abies Pinsapo, Pinus Pinea , ” P. Pinaster,, P. aleppensis. Dans la liste précédente comme dans celles qui suivent , le degré de fréquence des espèces est indiqué par deux clas- ses d’astérisques. Arbrisseaux de la région montagneuse. Clematis Vitalba, C. flammula. * Cistus popuhfolius, C. laurifolius, C. ladaniferus. Helianthemum atriplicifolrum. La- vatera oblongifolia. ** Vitis vinifera. Ilex A quifolium. Rham- nus Alaternus. Pistacia Terebinthus. * Ulex provincialis, U. bæœticus. Genista candicans , G. triacanthos, G. hirsuta, G. ra- mosissima , G. Hænseleri. “ Sarothamnus arboreus , S. affinis. Spartium junceum. Colutea arborescens. * Rubus fruticosus. Cratæqus monogyna , C. Oxyacantha. * Rosa canina. Buple- vrum fruticosum. Hedera Helix. Sambucus nigra. Santolina viscosa, * S. squarrosa, S. pectinata. ** Artemisia campestris, À. Barrelieri. * Helichrysum serotinum. Stœæhelina bætica , S. dubia. Jurinea pinnata. * Erica scoparia , E. ramulosa, E. australis, * E. umbellata. Solanum Dulcamara. * Lithosper- mum prostratum. Digitalis laciniata, * D. obscura. Lavandula Spica, * L. Stæchas. * Salvia hispanorum , S. candelabrum. *Satureia obovata. * Thymus Mastichina,* T. Zygis, * T. hirtus, T. longiflorus. ** Sideritis hirsuta, S. incana. * Phlomis Lych- nitis. * Teucrium capitatum. Plumbago europæa. Salsola ar- ticulata, S. vermiculata, S. Webbii , S. genistoides. Passerina Tortonraira , P. tinctoria. Daphne Laureola. * Quercus cocci- fera. Ruscus hypophyllum, R. aculeatus. » Leur distribution en familles donne les résultats sui- van{s: Légumineuses 21; caprifoliacées 5 ; rosacées 4; cisti- nées # ; renonculacées , thymélées, amentacées et conifères, chacune 2; rhamnées , térébinthacées , malvacées , ampé- RÉGION MONTAGNEUSE. 175 lidées, ombellifères, araliacées, rhodoracées, jasminées, labiées , euphorbiacées, chénopodées , chacune 1. Cette sé- rie n'est pas très-différente de celle que présente la même catégorie dans la région chaude. » Sous-arbrisseaux de la région montagneuse. Lepidium subulatum. * Cistus albidus , * C. salvifolius , * C. monspeliensis. Æelianthemum umbellatum, * H. origanifolium, "HE. squamatum , * H. glaucum, * H. hirtum. Viola arbo- rescens. * Frankenia thymifolia , F. corymbosa. * Linum suf- fruticosum. Rhamnus oleoides, R. velutinus. Genista biflora, G. tridentata. Ulex Boivini. * Ononis crassifolia, O. speciosa. Astragalus tumidus. Doryenium suffruticosum. Herniaria po- lygonoides, H. fruticosa. Buplevrum gibraltaricum. Putoria calabrica. * Jasonia glutinosa. Santolina canescens , * S. ros- marinifolia. Viburnum Tinus. Lonicera etrusca, L. splendida. Rhododendron Ponticum. * Jasminum fruticans. * Rosmarinus officinalis. * Daphne Gnidium. * Osyris alba. Buxus balearica. Salix purpurea, S. alba. Atriplex Halimus. Juniperus Oxy- cedrus. J. phænicea. On remarque déjà, dans ces listes, des espèces assez nom- breuses communes au royaume de Grenade et au plateau central de la France. C’est surtout comme nous l’avons déjà dit avec notre région méridionale que les rapports existent. Après l'identité viennent de nombreuses espèces parallèles. A peines ces listes contiennent-elles quelques. € cenres étran- gers à notre flore. " « Les sous-arbrisseaux sont ici plus nombreux que les ar- brisseaux, ce qui tient à la prédominance des Tonullares sur les Maquis. 16 seulement de ces sous-arbrisseaux se trou- vent aussi dans la région chaude. Voici l’ordre d'importance de leurs familles : Labiées 13 ; composées 12; cistinées 7 ; 176 LE MIDI DE L'ESPAGNE. légumineuses 7 ; éricacées et chénopodées chacune 4 ; thy- mélées 3 ; frankeniacées, rhamnées , paronychiées, scrophu- larinées, asparagées chacune 2; crucifères, violariées, ombel- lifères, rubiacées, solanées, boraginées, plombaginées, amentacées , chacune 1. Cette série diffère éminemment de celle de la même classe de la région chaude, par la présence des composées suffrutescentes et par l'absence du genre As- paragsus. » Distribution géographique des espèces de la région montagneuse. M. Boissier, comparant les espèces de cette région à celles des contrées voisines , les partage en cinq classes. 1°. « Plantes qui en Europe sont spéciales à la Péninsule. Cette liste, que nous ne reproduisons pas, contient 191 espè- ces sur lesquelles 96 n'ont encore été trouvées que dans le royaume de Grenade ou sur ses confins. » 20, « Plantes communes à la région montagneuse du royaume de Grenade, et à quelques points de la France méridionale, mais qui ne s'étendent pas plus à l’est. » Cistus populifolius, C. laurifolius, C. ladanifolius. He- lianthemum intermedium, H. hirtum. Viola suberosa. Poly- gala saxatilis. Ulex provincialis. Genista ramosissima. Astra- galus Glaux, A. narbonensis. Corrigiola telephüfolia. Scandix hispanica. Buplevrum rigidum. Thapsia villosa. Santolina squarrosa. Cirsium echinatum. Lactuca tenerrima. Barkau- sia albida. Cynanchum nigrum. Lithospermum prostratum. Sideritis hirsuta. Teucrium massiliense. Lysimachia Epheme- rum. Coris monspeliensis. Passerina tinctoria. Mercurialis tomentosa. Astrocarpus Clusii. Narcissus bulbocodium, N. Jun- quilla. Uropetalum serotinum. Aphyllanthes monspeliensis- Cette liste contient 32 espèces parmi lesquelles plusieurs font partie de notre flore, mais seulement encore de notre région méridionale. RÉGION MONTAGNEUSE. 277 « Ces deux listes réunies font près de 220 espèces qu’on peut regarder comme espagnoles. Ainsi 1c1 les plantes endé- miques sont plus du tiers du nombre total, tandis que dans la région précédente elles ne feraient qu'un cinquième. » 80. « Plantes communes à la région montagneuse du royaume de Grenade et à l’Europe centrale. Ces plantes sont au nombre de 260 ou près du tiers du nombre total, au lieu d’un cinquième comme dans la région précédente. Cet accroissement de proportion indique déjà de bien grands rapports avec ces contrées. » M. Boissier ne donne pas la liste de ces 260 espèces, nous la reproduisons par familles d’après son énumération, en indiquant seulement les plantes qui font partie de notre flore , et en imprimant en ttalique celles qui atteignent la Laponie, et que l’on peut alors considérer comme propres à l'Europe entière. Liste des plantes de la région montagneuse du royaume de Grenade, qui croissent aussi sur le plateau central de la France. Clematis Vitalba, C. flammula. Anemone Hepatica. Ranun- culus gramineus, R. Chærophyllos, R. acris, R. parviflorus. Nigella damascena. Papaver Rhæas, P. Argemone. Fumaria officinalis, F. Vaillant, F. parviflora. Arabis hirsuta. Car- damine hirsuta, C. sylvatica. Barbarea præcox. Nasturtium officinale. Sisymbrium Columnæ, S. Thalianum, S. Alliaria. Erucastrum incanum. Eruca sativa. Alyssum calycinum. Ca- melina sativa. Lepidium campestre. Biscutella saxatilis. Cistus albidus, €. salvifolius, C. laurifolius. Helianthemum umbel- latum , H. salicifolium , H. Fumana, H. apenninum. Viola sylvestris, V. tricolor. Reseda lutea, R. luteola. Dianthus prolifer. Saponaria Vaccaria. Silene pratensis. Agrostemma Githago. Alsine tenuifolia. Arenaria serpyllifolia, À. mon- tana. Mœhringia trinervia. Steliaria media. Cerastium vul- Il 12° 178 LE MIDI DE L'ESPAGNE. gatum. Linum narbonense. Malva sylvestris. Althæa canna- bina , À. officinalis, A. hirsuta. Hypericum perforatum , H. tomentosum , H. hyssopifolium. Vitis vinifera. Geranium py- renaïcum, G. Robertianum , G. lucidum. Erodium cicutarium. Ilex Aquifolium. Rhamnus Alaternus. Pistachia Terebinthus. Spartium junceum. Ononis spinosa, O. minutissima , O. Co- lumnæ. Anthyllis Vulneraria. Medicago lupulina, M. sativa. Melilotus leucantha, M. parviflora. Trifolium striatum , T. scabrum, T. ochroleucum. Dorycnium suffruticosum. Lotus corniculutus. Colutea arborescens. Astragalus hamosus. Hip- pocrepis comosa. Vicia onobrichioïdes. Vicia lutea. Ervum Ervilia. Lathyrus sylvestris, L. pratensis. Pisum arvense. Pru- nus domestica. Spiræa Filipendula. Geum rivale, @.urbanum, G. sylvaticum. Rubus fruticosus. Potentilla reptans, P. hirta, P. rupestris. Agrimonia Eupatoria. Rosa canina. Cratægus monogyna , C. Oxyacantha. Epilobium angustifolium , E. hir- sutum , E. montanum. Myriophyllum alterniflorum. Bryonia dioica. Herniaria incana. Tillæa muscosa. Umbilicus pendu- linus. Sedum rubens, S. album, S$. acre , S. amplexicaule, S. altissimum. Saxifraga granulata. Eryngium campestre. Helosciadium nodiflorum. Buplevrum rigidum, B. fruticosum. Ferula communis. Daucus Carota. Turgenia latifolia. Scandix pecten Veneris. Anthriscus sylvestris, A. vulgaris. Hedera Helix. Sambucus Ebulus, $. nigra. Lonicera etrusca. Crucia- nella angustifolia, Rubia tinctorum, R. peregrina. Galium erec- tum, G.verum, G. tricorne, G. Aparine, G.anglicum. Valeriara tuberosa. Cephalaria leucantha. Hnautia arvensis, K. sylvatica. Scabiosa Columbaria. Eupatorium cannabinum. Erigeron acre. Inula montana. Pulicaria dysenterica. Xanthium Strumarium. Anthemis arvensis, À. nobilis, À. Cotula. Achillea Ageratum. Chrysanthemum Parthenium. Artemisa campestris, A. Ab- sinthium. Filago germanica. Senecio vulgaris, S. gallicus, S. erraticus, S. Doronicum. Xeranthemum inapertum. Car- lina corymbosa. Microlonchus salmanticus. Centaurea Calci- trapa. Carduus nutans. Lappa major. Leuzea conifera. Cata- RÉGION MONTAGNEUSE. 179 nanchée cærulea. ‘Lapsana communis. Hypochæris glabra. Thrincia hispida. Urospermum picroides. Picris hieracioides. Helminthia echioides. Lactuca Scariola. Chondrilla juncea. Barkausia albida , B. taraxacifolia. Crepis pulchra, C. virens. Phænixopus ramosissima. Jasione montana. Campanula Ra- punculus. Specularia hybrida. Erica scoparia. Jasmirum fru- ticans. Cynanchum nigrum. Chlora perfoliata. Erythræa Cen- taurium , E. pulchella. Convolvulus lineatus, C. sepium. Cus- cuta epithymum. Lithospermum officimale, L. fruticosum. Myosotis arvensis. Asperugo procumbens. Solanum nigrum, S. Dulcamara. Verbascum Schraderi. Linaria origanifolia, L. supina. Digitalis purpurea. Veronica Anagallis, V. Becca- bunga, V. verna. Euphrasia serotina. Orobanche minor, O. ramosa. Lavandula Stæchas, L, Spica. Mentha sylvestris, M. rotundifolia. Pulegium vulgare. Lycopus europæus. Salvia Sclarea, S. Verbenaca. Thymus Serpyllum. Melissa Calamin- tha, M. officinalis. Clinopodium vulgare. Prunella vulgaris, P. laciniata. Nepeta Cataria. Glechoma hederacea. Lamium amplexicaule. Sideritis romana. Marrubium vulgare. Ballota nigra. Phlomis Lychnitis, P. herba-venti. Teucrium Polium, T. Chamæpitys. Verbena officinalis. Lysimachia Linum stellatum. Anagallis arvensis. Coris monspeliensis. Plumbago europæa. Plantago media, P. Cynops. Amaranthus sylvestris. Chenopo- dium Vulvaria, C. album, C. urbicum, C. murale. Blitum glau- cum. Atriplex rosea. Rumex conglomeratus, R. pulcher, R. crispus, R. scutatus, R. Acetosa, R. Acetosella. Passerina an- nua. Dapbne Gnidium , D. Laureola. Thesium humifusum. Euphorbia Chamæsyce, E. verrucosa, E. Characias, E. nicæen- sis, E. falcata, E. exigua, E. segeialis. Urtica pilulifera, U. urens, U.dioica. FicusCarica. Ulmus campestris. Castanea vesca. Quercus [lex , Q. coccifera. Salix purpurea, $S. alba. Populus nigra. Juniperus Oxycedrus. A/lisma Plantago, À. ranuncu- loides. Arum italicum. Orchis latifolia , O. maseula, O. laxi- flora , O. coriophora, O. fusca. Himanthoglossum hircinum. ÂAceras antropophora. Platanthera bifolia. Ophrys apifera. Se- 180 LE MIDI DE L'ESPAGNE. rapias lingua. Limodorum abortivum. Epipactis latifolia. Gla- diolus segetum. Iris fœtidissima. Ruscus aculeatus. Tulipa syl- vestris. T. Celsiana. Ornithogalum umbellatum. Scilla nutans. Allium sphærocephalum. Muscari comosum , M. racemosum. Asphodelus albus. Aphyllanthes monspeliensis. Juncus glau- eus, J. capitatus, J. alpinus, J. bufonius. Schœnus nigricans. Scirpus Holoschænus. Carex vulpina, C. glauca, C. maxima, C. distans. Holcus lanatus. Agrostis verticillata, À. interrupta. Cynodon dactylon. Avena caryophyllea, A. pratensis. Arrhe- natherum elatius. Poa annua, P. bulbosa. Glyceria fluitans. Briza media, B. minor. Melica ramosa. Dactylis glomerata. Cynosurus echinatus. Festuca tenuiflora, F. myurus, F. spa- dicea. Bromus mollis, B. tectorum. Brachypodium sylvati- cum, B. ramosum. Triticum repens. Cheilanthes odora. No- tholæna Maranthæ. Scolopendrium officinale. Adianthum capillus Veneris. Pteris aquilina. Asplenium Trichomanes, A. Adianthum nigrum. Polypodium vulgare. Ainsi, sur 698 espèces de la région montagneuse, 339 se rencontrent sur le plateau central de la France ou vien- nent au moins toucher son bord méridional , ce qui établit à peu près la proportion. , ...... NET ns Tandis que, pour la région chaude, un tiers seulement des espèces, au lieu de la moitié, est identique aux nôtres. Le nombre indiqué par M. Boissier se décompose en 597 dycotylédones et 101 monocotylédones. Les dycotylédones communes au plateau central sont au nombre de 272 , ce qui donne , comparativement au chiffre den lerapionts eh). RE L,: 4,08 Les monocotylédones communes au plateau central sont au nombre de 67, ce qui donne, comparativement au chiffre de:109) létrapportt MOMIE EUR 12,00 On voit clairement ici la tendance des monocotylédones à l'extension géographique. RÉGION MONTAGNEUSE. 181 Dans les 698 espèces de la région montagneuse, 202 sont annuelles, et 99 d’entr’elles se trouvent sur le plateau Bnbals Le rapportiesteh tete. ou 9002 465 sont vivaces dans cette région de la flore du royaume de Grenade, et 210 d’entr’elles se trouvent dans notre cir- conscription, ce qui donne la proportion..... 1 : 2,21 Il y a toujours un peu plus de tendance à l’extension de la part des plantes annuelles, et ce caractère nous paraîtrait bien plus évident s'il n’était pas compensé ici par l'expan- sion plus grande des monocotylédones , qui la plupart sont vivaces. Presque toutes les bisannuelles indiquées par M. Boissier existent aussi sur le plateau central. 4°. Plantes communes à la région montagneuse du royaume de Grenade et à la France méridionale. Elles sont au nombre de 230, ou 23 du nombre total. M. Boissier ne donne pas non plus cette liste ; nous avons recherché les espèces de notre flore, et nous les avons con- fondues avec celles de la liste précédente. 9°. Plantes communes à la région montagneuse et à quel- ques parties d'Italie ou de Grèce et qui ne se trouvent pas en France. Cette liste est de 28 espèces. Nous ne la donnons pas. Nous remarquons seulement que le Senecio erraticus, Bert., compris par M. Boissier dans cette liste, appartient non-seu- lement au midi, mais à la France centrale. « Ces deux dernières listes de M. Boissier (et non les n6- tres telles que nous les donnons) représentent, dans la région montagneuse , la végétation méditerranéenne , et montrent combien elle s’est déjà effacée, puisque ces 258 espèces, qui d’ailleurs ne se trouvent toutes réunies dans aucun pays médi- terranéen, ne font guère plus de 113 des espèces de cette région , tandis que, dans la région précédente , la même ca- tégorie en formait les 243. » 182 MIDI DE L'ESPAGNE. Il est probable, comme le pense M. Boissier, que les rap- ports existant entre cette région et la Barbarie seront plus intimes quand on connaîtra mieux la partie correspondante de cette partie de l'Afrique. Il est probable que la liste des plantes non communes à la même région de ces deux con- trées, liste qui sera probablement assez restreinte, se com- posera surtout de plantes de l’Europe centrale ayant l'Es- pagne pour limite australe. M. Boissier termine ses remarques sur la dispersion des espèces de sa région montagneuse par deux courtes listes. La première, représentant des plantes appartenant à la flore de l’Europe occidentale , comprend : Sisymbrium asperum. Helianthemum umbellatum. Arena- ria montana. Geum sylvaticum. Myriophyllum alterniflorum. Helosciadium repens. Scilla campanulata. Lithospermum pros- tratum. La seconde mentionne des plantes qui ne se trouvent, en Europe, que dans la Péninsule, mais vivant aussi dans quel- que partie de l'Orient. Peganum Harmala. Alyssum atlanticum, A. serpylhfolium. Cistus laurifolius. Astragalus tumidus., Minuartia montana. Scandix pinnatifida. Salvia phlomoides. Eurotia ceratoides. La première de ces listes contient un bon nombre de plantes atteignant aussi le plateau central de la France. La seconde n’en contient qu'une, le Cistus laurifolius , que nous considérons comme occidentale , et qui se trouve, sans doute par erreur, dans cette liste de M. Boissier, car plus haut, page 209, il la cite comme ne s'étendant pas à l’est. Proportion relative des familles de la région montagneuse. Les dycotylédones , au nombre de 597, sont , au total, RÉGION MONTAGNEUSE. 183 des plantes de cette région, comme. ...... LP 426 Les monocotylédones au nombre de 93... 1 : 7,40 Hunsères, 8 4H 1e 07 PUNEUTE » La faible proportion des monocotylédones est ici très- frappante , et, quoiqu’elle soit peut-être un peu exagérée, parce que M. Boissier, n’ayant pas visité cette zone au prin- temps, n’y a pas sans doute recueilli toutes les liliacées ; elle doit cependant rester toujours très-tranchée, à cause du manque de terrains humides, qui restreint le nombre des cy- péracées, et du peu d’étendue des terrains sablonneux , si favorables aux graminées annuelles. Les plantes de cette ré- gion se distribuent sous 65 familles, ce qui donne en moyenne 10,7 espèces par famille, ou 114 de moins que dans la région chaude. Voici les principales familles, dans l’ordre de leur importance. » Synanthérées. . .. 97 Renonculacées. .. 15 Légumineuses. .. 50 Rosarees sn. 13 LAbIÉEs....... 44 Boraginées. . ... 11 Crualères. . .. .. 41 Chénopodées.... 11 Ombellifères. ... 40 Crassulacées. . .. 10 Graminées. . .... 36 Amentacées. .. .. 10 Scrophularinées. . 27 Euphorbiacées... 9 CISUHÉES. .. . . 23 Resédacées, LU USES Caryophyllées . .. 21 FGuSCrES CCE RAT PAiaicées....... 18 Campanulacées... 7 Orchidées. . .... 17 CNDÉRICÉES SC ANUT Rubiacées. ..... 17 « Les 8 premières familles dépassent ensemble la moitié du nombre des espèces. » « Cette série est différente, à plusieurs égards, de celles données pour la région chaude ; elle se rapproche un peu 184 LE MIDI DE L'ESPAGNE. plus de celles qu’offrent les flores de l'Europe centrale, et encore bien davantage de la partie centrale de la Péninsule. Les composées sont ici non-seulement au premier rang, comme dans la plupart des flores, mais elles forment le 7° du nombre des espèces. C’est la plus forte proportion que l'on trouve dans une flore européenne. » « Les légumineuses n’entrent ici que pour 1113; c’est beaucoup moins que daus les flores méditerranéennes, un peu moins qu’en du un peu de que dans les flores de l’Europe centrale. « Les labiées nee 1115 des espèces, proportion très- forte , qui n’est surpassée en Europe que dans quelques par- ties de la Grèce. » « La proportion des ombellifères, 1117, est aussi très- caractéristique pour notre région, et surpasse toutes les autres contrées de l’Europe, même l'Espagne centrale, où cette fa- mille entre pour 1119. » « Les crucifères, très-caractéristiques aussi pour cette ré- gion, où elles forment plus de 1117, dépassent en proportion les autres pays de l’Europe , la Castille exceptée et les con- trées situées à l’extrême nord. » « Les scrophularinées s'élèvent à la très-forte proportion de 1125, et c’est encore un trait de rapprochement avec les Castilles, où elles forment 1123. » « Les cistinées atteignent ici à la proportion de 1130, bien plus forte encore que dans la région précédente, et qui n’est probablement égale dans aucune autre contrée. » « Enfin, parmi les autres familles, nous remarquerons la faible proportion des graminées, l’augmentation des rosacées et des orchidées, et la forte proportion de la petite famille des résédacées. » RÉGION ALPINE. 185 $ 3. RÉGION ALPINE DU ROYAUME DE GRENADE. « Cette zone se compose de pentes plus ou moins raides, et ne contient aucune plaine de quelque étendue, mais seu- lement de petits plateaux à la sommité des montagnes ou quelques replats sur leurs flancs. » « Vers les limites inférieures de cette région, la neige per- siste au moins quatre mois sur le sol; à mesure qu'on s’é- lève, la durée va en augmentant jusqu’à la partie supérieure de la zone, qui se couvre déjà, à la fin de septembre, d’une neige qui ne fond que peu à peu, et dont on voit encore, au commencement de juin, des flaques dans les dépressions du terrain. Au printemps et pendant l’été , la température est toujours rafraichie dans cette saison par la brise et les vents : la chaleur ne s’y élève jamais au-dessus de 25° c., et reste le plus souvent au-dessous de cette limite; des brouillards, accompagnés de pluies d’orage , y entretiennent ia verdure pendant le printemps et l’été, et le terrain y est rafraïchi et fertilisé, surtout dans la Sierra Nevada , par de nombreuses sources tirant leur origine des neiges supérieures. » » On y remarque , sous le rapport de la variété de la vé- gétation , une assez grande différence entre les pentes tour- nées au midi et celles qui regardent le nord; sur les dernières, la physionomie alpine est, en général, plus marquée ; il y à davantage d'espèces, tandis que les pentes méridionales sont souvent plus sèches, et que des plantes sociales de la région montagneuse, telles que le Genista aspalathoiïdes, les grami- nées coriaces , y remontent plus haut et y occupent plus de place. » » Cette région est la région pastorale par excellence ; ce n'est pas qu'on y trouve des pâturages gras, analogues à 186 LE MIDI DE L'ESPAGNE. ceux de l’Europe centrale : on n’y voit de gazon proprement dit que dans le fond des vallons, au bord des ruisseaux, dans les endroits humides des pentes et sur les limites su- périeures aux Borrequiles, couverts de pelouses verdoyantes; mais les flancs des montagnes, quoique couverts de buissons ou de sous-arbrisseaux épineux, nourrissent assez de plantes propres à la nourriture des troupeaux. Les cultures se com- posent de seigles et de pommes de terre, quelquefois de mais cultivé comme fourrage. La moisson, dans ces lieux élevés, ne se fait qu’à la fin d’août ou au commencement de septembre. A l'exception de quelques pieds de cerisiers dans les vallons , les arbres fruitiers ne remontent point dans cette région. » On voit que cette zone d'élévation, par sa température, son aspect et ses cultures, se rapproche beaucoup de notre région montagneuse du plateau central, dont la limite su- périeure est environ à 1,800 mètres, tandis qu'ici cette li- mite supérieure est à 2,650. Cependant, comme les détails que nous allons reproduire le prouvent, cette région alpine paraît encore plus méridionale que notre région monta- gneuse. | Voici, d’après M. Boissier, les principales stations de cette zone de végétation : » 4°. Buissons ou taillis formés dans le bas de la zone par le Sarothamnus vulgaris, Genista ramosissima , Quercus Toza; plus haut, par le Genista aspalathoïdes ; près des habitations et des cultures, par le Rosa canina, et le Ber- beris vulgaris, qui croît en épais haillers, sous lesquels vi- vent quantité de plantes délicates. » » 20, Bois clairsemés de Pinus sylvestris de 6 à 10 mètres de hauteur. [ls sont peu étendus et occupent une zone étroite entre 1,650 et 2,150 mètres. Cet arbre est remplacé dans RÉGION ALPINE. 187 quelques lieux par le Quercus alpestris et l’Abies Pinsapo, mêlés de quelques pieds d’ifs qui remontent jusqu’à 2,000 mètres. Dans la Sierra Tejeda , quelques pieds d'if, de sor- bier, d'érable, sont les seuls restes des forêts qui jadis, dit- on, couvraient une partie de la montagne. » 30. « Bosquets formés d’arbres ou très-grands arbrisseaux dans les terrains gras et arrosés des pentes, au fond des vallons de la Sierra-Nevada; ils occupent une zone très- étroite et comprise entre 1,650 et 2,060 mètres; ils se com- posent spécialement des espèces suivantes : Sorbus Aria, Cratægus granatensis, Lonicera arborea, Cotoneaster gra- natensis, Adenocarpus decorticans, Fraxinus angustifolia, Salix caprea, Acer opulifolium. Chacun de ces arbres n’est représenté que par un petit nombre de pieds; on voit, par de vieux troncs, qu'ils furent bien plus nombreux autrefois, et ils finiront par disparaître en entier, les bergers qui manquent de combustible les coupant sans discernement. » 4°. « Sous-arbrisseaux épineux très-bas, croissant sur les pentes sèches, et formant des tapis compactes et serrés, parmi lesquels il est souvent pénible de se frayer un passage, à cause des épines endurcies qui percent les chaussures. Cette végétation très-particulière se trouve surtout dans les parties calcaires et inférieures de la région ; elle se compose surtout des espèces suivantes : Erinacea hispanica , Genista horrida, Astragalus creticus, Vella spinosa , Alyssum spinosum. Sur le terrain primitif et plus haut ces espèces sont remplacées par les Jumiperus Sabina, et J. nana, aux rameaux appli- qués contre le sol, et qui, avec le Genista aspalathoiïdes, sont le seul bois de chauffage des bergers dans les parties supé- rieures. » 5°. « Pentes arides couvertes de graminées coriaces , souvent associées aux genévriers, et dont les plus abondantes 188 LE MIDI DE L'ESPAGNE. et les plus caractéristiques sont : Avena filifolia, Festuca granatensis, Festuca duriuscula , var. indigesta, Agrostis nevadensis. » 6°. « Pelouses très-peu étendues dans les vallons, for- mées de graminées et cypéracées du centre de l'Europe. » 7°. « Lieux arides et rochers , nourrissant une végétation très-variée dans la formation calcaire, beaucoup plus mo- notone sur le schiste. » 8°. « Bords des sources, lieux humides. On y trouve associés au gazon et à des tapis de mousse, des Épilobes, des Carex, des Aconits, des Rumex, le Cochlearia glastifo- la, et d’autres plantes appartenant pour la plupart à la même station dans l’Europe centrale. » 90. « Cultures et places remuées et sablonneuses. On y trouve surtout des espèces annuelles et en majorité com- munes à l'Europe centrale. » Ces indications de stations nous montrent d'assez grandes dissemblances avec notre région montagneuse. Ces diffé- rences paraissent dues en grande partie à l'absence de l’eau, car dans les lieux humides la végétation ressemble infiniment à celle de nos montagnes. Nombre et distribution des espèces dans la région alpine. — Leur durée. « Le nombre des espèces de la région alpine est de 429, ou à la flore totale comme 1:#,5. Cent ou près du quart de ces plantes se retrouvent dans la région montagneuse. Ce ne sont pas des plantes alpines qui descendent, mais des plantes des régions plus chaudes qui remontent à la faveur des expositions et des hivers, qui, quoique neigeux, sontcom- parativement bien moins rigoureux que dans l'Europe cen- trale. On compte une quarantaine d'espèces de cette région qui remontent dans la suivante; celles d’entr’elles, marquées RÉGION ALPINE. 189 d’un astérisque , ne remontent que dans la partie inférieure de la région nivale. » Aconitum Lycoctonum, À lyssum spinosum, Drabahispanica, Sinapis Cheiranthus , Silene rupestris, S. Boryi, Arenaria pungens, Cerastium Boissieri, Lotus corniculatus, Saxifraga stellaris, Ligusticum pyreneum,”" Galium sylvestre, * Erigeron alpinum , Solidago virgaurea, Pyrethrum radicans, Senecio Duriæi, *S. linifolius, *S. Boissieri, S. Tournefortu, Leontodon autumnalis, Crepis oporinoides, * Campanula Herminii , “ Gen- tiana Pneumonanthe , * Echium flavum , Digitalis purpurea, Linaria origanifolia, L. supina,* Veronica repens, Scutellaria alpina , Sideritis scordioides , * Teucrium capitatum , Reseda complicata, * Juniperus Sabina, J. nana, Gagea polymorpha, Phleum pratense, Agrostis nevadensis, Festuca durtuscula, Dactylis hispanica, Cystopteris fragilis. « Sous le rapport de la durée les plantes de la région al- pine se divisent en : Espèces annuelles 78, ou au nombre total ce a DEL 0 ER D espmraces) 939 400 un 4 Len 49 nn es lt 2. ion ati. LMI « Cette proportion plus faible de plantes annuelles se rap- proche de celles des régions plus septentrionales de l’Eu- rope. Ces plantes, à l'exception d’un très-petit nombre qui sont aquatiques ou de lieux humides, habitent toutes dans cette région un sol sablonneux , là où l’on a mis le feu aux buissons pour améliorer les pâturages , dans les cultures et autour des lieux habités, où encore sur les montagnes côtiè- res , autour des trous à neige, là où le terrain est remué ; la plupart sont des plantes de l’Europe centrale, les suivan- tes seules sont particulières à la Péninsule , et une ou deux aux montagnes d'Italie. » 190 LE MIDI DE L'ESPAGNE. M. Boissier donne ici une liste de 15 plantes annuelles que nous ne reproduisons pas. « Parmi les espèces vivaces de cette région , on compte 44 arbres , en rangeant dans cette catégorie : Adenocarpus, decorticans et Cotoneaster granatensis qui atteignent 5 à 7 mètres de hauteur ; seulement 9 arbrisseaux et 35 sous- arbrisseaux. Les arbres offrent ceci de particulier que 8 d’en- tr’eux sont particuliers à la Péninsule, et surtout au royaume de Grenade. [ls appartiennent aux familles suivantes : » « Rosacées #; amentacées 3 ; conifères 3 ; légumineuses 1 ; acérinées 1 ; caprifoliacées 1 ; oleinées 1. Les arbrisseaux sont moins nombreux , s'arrêtent à une ou deux exceptions près à la partie inférieure de la région , et parmi eux le seul Prunus Ramburei est spécial à l'Espagne ; ils appartiennent aux familles suivantes ; rosacées 3 ; légumineuses 3; cisti- nées 1 ; berberidées 1 ; conifères 1. » « Les sous-arbrisseaux ont près des deux tiers de leurs espèces spéciales à la Péninsule ; quelques autres , tels que Rosa viscosa, Daphne oleoides, viennent représenter la ré- gion alpine de l'Italie et de l’orient ; un autre Lithospermum prostratum , l’Europe occidentale. Ils se classent ainsi : Labiées 9 ; légumineuses 5 ; thymélées 4; rhamnées 3 ; crucifères, rosacées et conifères, chacune 2; cistinées, ombellifères , rubiacées, composées, ericacées, boraginées, scrophularinées , résédacées, chacune 1. Cette apparition de crucifères et résédacées sous - frutescentes est caractéristi- que pour cette région; ainsi que celle des astragales épineux, derniers représentants de cette tribu si abondante dans la région montagneuse et alpine de la Perse et de l’Asie mi- neure , et qui, quoique infiniment diminuée, s'étend , par les montagnes du midi de l'Europe, jusqu'ici. Deux classes d’astérisques indiquent, dans les tableaux suivants, les espè- ces communes et celles très-répandues. » RÉGION ALPINE. 191 Arbres de la région alpine. Acer opulifolium. Cerasus avium. Sorbus Aria. Cratægus granatensis. Cotoneaster granatensis. Adenocarpus decorticans. Lonicera arborea. Fraxinus angustifolia."Quercus Toza.* Q. al- pestris. Salix caprea. “Abies Pinsapo. “Pinus sylvestris. Taxus baccata. Arbrisseaux de la région alpine. * Berberis vulgaris. “ Cistus laurifolius. ** Genista aspala- thoïdes, G. ramosissima. * Sarothamnus vulgaris. Prunus Rambureï.* Rosa canina. Amelanchier vulgaris. Juniperus phænicea. Sous-arbrisseaux de la région alpine. À lyssum spinosum. Vella spinosa. Helianthemum glaucum. Rhamaus infectorius, R. pumilus, R. À laternus. Genista hor- rida. Ononis dumosa. Erinacea hispanica. Astragalus nevaden- sis, A. creticus. Cerasus prostrata. Rosa viscosa. Buplevrum Spinosum. Putoria calabrica. Santolina canescens. Arctosta- phylos Uva ursi. Lithospermum prostratum. Digitalis obscura. Lavandula lanata. Salvia hispanorum. Thymus Mastichina, T. hirtus, T. granatensis, T. longiflorus, T. membranaceus. Satureia montana. Phlomis crinita. Passerina nitida, P. Tar- ton raria. Daphne oleoides, D. Laureola. Reseda complicata. Juniperus Sabina, J. nana. Nous trouvons dans ces espèces arborescentes bon nom- bre de plantes de notre flore , mais la distribution en est en- tièrement différente. Ainsi l’Acer opuhfolius , le Cistus laurifolius, le Satu- reia montana, le Rhamnus Alaternus, le Juniperus Sabina, appartiennent à notre région méridionale, et n’atteignent même pas nos planes tempérées, tandis que l’Arctostaphylos Uva ursi, le Juniperus nana, le Daphne Laureola sont aussi 192 LE MIDI DE L'ESPAGNE. pour nous des plantes de montagnes, séparées des précéden- tes par une zone de 600 à 1,000 mètres. Le Sarothamnus vulgaris, plante de nos plaines et de nos basses montagnes , est bien loin de s’élever aussi haut. Cette région alpine du royaume de Grenade est certai- nement plus méridionale encore que nos plaines et nos mon- tagnes , malgré sa grande élévation. Nombre des espèces et rapports des familles de la région alpine. M. Boissier indique dans cette région 358 dycotylédones ou au nombre total comme.... .......... 1 : 1,17 54 monocotylédones ou. . ..4 ...., 0. LO0:fongéres osseuses sonate RER « La proportion des monocotylédones, est presqu’encore plus faible que dans la région montagneuse , à cause de la très-petite quantité d’orchidées et de liliacées ; cependant les joncées, cypéracées et graminées, y sont proportionnelle- ment ou absolument plus riches en espèces , et les dernières représentées par beaucoup d'individus y jouent un rôle im- portant dans la végétation. Les plantes de cette région se distribuent en 52 familles, ce qui donne une moyenne de 8,10 espèces par famille, ou moins que dans la région précédente ; voici la liste de ces familles dans leur ordre d'importance et leur proportion. » Synanthérées .... 595 Rosacées....... 16 Légumineuses ... 29 Boraginées . ..., 12 Graminées...... 29 Renonculacées ... 11 Grucifères 4. mas 99 Crassulacées .... 10 Labibesseiss 9. 11907 Rubiacées ...... 10 Caryophyllées. .. 25 Fougères. . 1191080 Scrophularinées . . 24 Gypéracées : «1600000 Ombellifères .... 20 Joncées.. 5571008 RÉGION ALPINE. 193 Cistinées. ..... 5 7 Portulacées. . ... 2 Géraniacées . ... 7 Convolvulacées.. . 2 Saxifragées . . . .. 6 Brmulaeées.".67" 9 Campanulacées . . 6 Plumbaginées ... 2 Thymélées ..... 6 Euphorbiacées. .. 2 Conifères., ..... 5 Berbéridées. . ... 1 Liliacées. ...... D Fumariacées . . .. { Violariées . ..... % Acérmées ...... 1 Paronychiées.... 4 Caprifoliacées.. .. 1 Polygalées.. .... 3 Valérianées . .... 1 Hypéricinées .... ° 3 Éricacées.. ..... 1 Rhamnées .,.... 3 Olémées 2,700 1 Dipsacées . ..... 3 Gentianées . . ... 1 Renédacées :.... 9 Plantaginées .... 1 menacées. 1! 9 Polygonées . . ... { Pine 50... 2 Orchidées ...... { Malvacées . ..... 2 RUES RATS 1 Onagrariées. . . .. 2 Colchieacées 7". 204 « Les sept premières de ces familles ensemble, dépassent la moitié du nombre total des espèces. Quant à la série des familles, elle se rapproche assez de celle que nous avons trouvée pour la région montagneuse, tout en différant par plusieurs traits. Ainsi le caractère alpin s’y dessine davan- tage : les caryophyllées, par exemple, y sont pour 1/16, tandis que dans la région chaude elles feraient 1/29, et dans la montagneuse 1/33. En Laponie elles font 1/16, et dans la flore alpine d'Allemagne 171%. » « Les composées y font plus de 1/7, c’est autant que dans la région précédente ; on retrouve une proportion presque plus forte, c’est-à-dire, un peu moins de 1/6 dans les flores alpines de l’Europe centrale. » - « Les légumineuses qui ne sont plus que de 1/15 ont dimi- Il 13 194 LE MIDI DE L'ESPAGNE. nué, c’est encore un trait de ressemblance avec les flores alpines du centre de l'Europe où elles ne forment que 1/20. » « Les rosacées plus nombreuses, absolument parlant, que dans la région montagneuse et presque triples que dans la chaude , y forment le 1722 de la végétation. Dans les Alpes de l’Europe centrale , elles forment le 1732, et en Lapo- nie 1717 de la végétation. » » Les graminées ont aussi une proportion analogue à celle qu’on remarque dans les flores alpines du centre et inférieure à celle du nord de l’Europe. » » Enfin l'accroissement des violariées, des renoncula- cées, crassulacées, saxifragées , rubiacées, campanulacées dans cette région , crée de nouveaux rapports entr’elle et les autres flores alpines européennes. » « Elle s’en distingue d’autre part par les traits suivants : d’abord la forte proportion des labiées, égale à celle de la région montagneuse et surpassant celle de la région chaude ; elle est de 1/15, tandis que dans les flores alpines du centre et du nord de l'Europe , elle ne joue qu’un rôle très-insigni- fiant. » « Les scrophularinées sont aussi très-caractéristiques par leur proportion qui est de 1/17 : c’est plus que dans les régions précédentes et que dans le centre de l'Espagne; dans les Alpes du centre de l’Europe, elles ne font que 1/26, et dans celles de Laponie que 1/20. » « Les crucifères atteignent cette forte proportion de 1/13 que nous n’avons retrouvée qu’en Castille, et s’éloignent de leurs proportions dans les Alpes du centre et du nord de l'Europe où elles ne font que 1/20. » « Enfin, les cistinées, les thymélées, résédacées, convol- vulacées et géraniacées, surtout celles à souche ligneuse, donnent à cette région, ou par leur existence, ou par leur RÉGION ALPINE. 195 forte proportion , un caractère que l’on ne retrouve pas dans les flores alpines du centre et du nord de l’Europe. » Distribution géographique des espèces de la région alpine. En considérant les plantes de la région alpine au point de vue géographique, M. Boissier donne les catégories sui- vantes : 10. « Plantes qui en Europe sont spéciales à la péninsule , une ou deux , habitant les montagnes de la Grèce orientale, seules exceptées. » Nous ne reproduirons pas cette liste qui contient 139 espèces. 20. « Plantes cemmunes à la région alpine du royaume de Grenade et à quelques points du midi de la France, particu- lièrement aux Pyrénées, mais qui ne s’avancent pas plus à l'est. » Lepidium heterophyllum. A /yssum spinosum. Xberis nana. Brassica humilis. Cistus laurifolius. Polygala saxatilis. Dian- thus brachianthus. Arenaria modesta. Malva Tournefortiana. Ononis cenisia. Erinacea hispanica. Genista horrida, G. ramo- sissima. Vicia pyrenaica. Geum sylvaticum. Potentilla sub- acaulis. Corrigiola telephiifolia. Sedum brevifolium. Eryngium Bourgati. Ligusticum pyreneum. Gaya pyrenaica. Cachrys læ- vigata. Galium verticillatum. Jasonia tuberosa. Achillea odo- rata. Senecio Tournefortii. Carduncellus monspeliensis. Ono- pordon acaule. Cirsium crinitum. Barkhausia albida. Hiera- crum saxæatile. Lithospermum prostratum. Linaria origani- folia. Veronica Penæ. Teucrium pyrenaicum. Astrocarpus Clusii. Quercus Toza. Merendera Bulbocodium. Luzula pedi- formis. Avena montana. Cette liste contient déjà quelques plantes de notre flore, et dont l’origineest très-probablement austro-occidentale. Elle renferme 40 espèces, qui, jointes aux 139 de la série pré- 196 LE MIDI DE L'ESPAGNE. cédente, font un total de 179 espèces endémiques en Europe à la Péninsule, ou les 37 du nombre total, proportion plus forte encore que dans la région montagneuse. Parmi ces 179 espèces, 70, ou les 2j5, sont communes au royaume de Grenade et à d’autres contrées de l’Europe, surtout au Gua- darrama, quelques-unes au royaume de Valence. 3°. « Plantes occidentales ou communes à l’ouest de l’Eu- rope et à la région alpine. » Cette très-petite liste aurait pu être réunie à la précédente. M. Boissier l’en sépare, pour distinguer les plantes qui ne dépassent guère les Pyrénées de celles qui s'étendent le long des côtes occidentales de l'Océan, et plusieurs jusqu’en Angleterre. Sisymbrium asperum , Viola demetria. Ranunculus hede- raceus. Carum verticillatum. Crocus nudiflorus. Carex lævi- gata. Comme dans la liste précédente, plusieurs espèces de celles-ci arrivent jusque dans nos contrées et les dépassent même vers le nord. | « 4°. Plantes communes à la région alpine du royaume de Grenade et à l'Europe centrale, à la flore d'Allemagne, par exemple, ou même, à l'exception de deux ou trois espèces seulement, à celle plus restreinte de la Suisse. Ces plantes, dont voici ia liste, sont au nombre de 179, ou à peu près les 215 du nombre total, proportion encore plus forte que pour la région montagneuse, où elles ne formeront que 113. Parmi ces plantes, celles pointées d’un astérisque , ou 113 d’entre elles, sont aussi, en Suisse et en Allemagne, des plantes de la flore alpine; les deux autres tiers sont, dans ces pays, des plantes de plaine, s’élevant, il est vrai, souvent dans les montagnes. » * Thalictrum minus. Anemone Hepatica. Ranunculus bul- RÉGION ALPINE. 197 bosus, R. acris. Helleborus fœtidus. * Aconitum Lycocto- num, * A. Napellus. Aquilegia vulgaris. Berberis vulgaris. * Nasturtium pyrenaicum. * Arabis auriculata, * À. saxati- lis. Sisymbrium Thalianum. * Alyssum alpestre , * À. monta- num. À. calycinum. * Æthionema saxatile. Draba verna. * Cochlearia saxatilis. Thlaspi arvense, T. perfoliatum. Capsella bursa pastoris. Hutchinsia petræa. Iberis pinnata. * Biscutella saxatilis. Erysimum canescens. Sinapis Cheiran- thos. * Helianthemum canum, 4. Fumana. Viola hirta , V. tricolor. Polyqala vulgaris. * Saponaria Ocymoides. * Si- lene Saxifraga, * S. rupestris, S. diurna. * Sagina procum- bens. * Spergula saginoides. Mœhringia trinervia. * Arenaria grandiflora, À. serpyllifolia. * Stellaria uliginosa. Spergula segetalis. Lepigonum rubrum. Alsine tenuifolia. Radiola linoides. Malva rotundifolia. Acer opulifolium. Hyperi- cum tetrapterum. Geranium pyrenaicum , * G. divaricatum , G. lucidum. Erodium cicutarium.* Rhamnus pumilus. Cytisus sagittalis. Sarothamnus vulgaris. Trifolium ochroleucum, T. filiforme. Ononis Columnæ. Lotus corniculatus, L. major. * Astragalus depressus. Hippocrepis comosa. Cerasus avium. * Geum rivale. Rosa canina. Sorbus Aria. * Amelanchier vul- garis. * Epilobium palustre, * E. origanifolium. Montia fon- tana. Telephium Imperati. Scleranthus annuus. Sedum cœspi- tosum, “ S. villosum , S. acre, S. album, S. reflexum. * Sem- pervioum tectorum. * Saxifraga stellaris. Eryngium campes- tre. Buplevrum aristatum. Palimbia Chabræi. Chærophyllum hirsutum. * Galium sylvestre, G. erectum , * G. anglicum, G. litigiosum. * Centranthus angustifolius. * Erigeron al- pinum. Solidago virgaurea. Inula montana. Anthemis montana. Artemisia Absinthium, À. campestris. Filago Ger- manica. Senecio aquaticus. Onopordon Acanthium. Cirsium acaule. * Serratula nudicaulis. Arnoseris pusilla. Leontodon autumnalis. Taraxacum dens leonis. * Hieracium Pilosella, H. amplexicaule. Campanula rotundifolia. * Arctostaphylos Uva-ursi. Gentiana Pneumonanthe. Cuscuta Epithymum. As- 198 LE MIDI DE L ESPAGNE. perugo procumbens. Myosotis sylvatica, M. hispida, M. stricta. Onosmaechioides. Digitalis purpurea. Linaria minor. * Erinus alpinus. Veronica verna, V. præcox. * Pedicularis verticillata, P. comosa.* Euphrasia alpina. Thymus Serpyl- lum. * Melissa alpina. * Scutellaria alpina. * Sideritis scordioi- des. Lamium amplexicaule. Primula officinalis. Androsace maxima. Rumex Acetosa. Daphne Laureola. Salix caprea. Taxus baccata.*Juniperus Sabina. ‘J. nana. Pinus sylvestris. Listera ovata. Convallaria polygonatum. * Allium Schæno- prasum. Muscari racemosum. Juncus Tenageya, J. capitatus, J. effusus, J. glaucus, * J. alpinus, J. obtusiftorus. Luzula campestris. Scirpus setaceus. Carex glauca, C. distans, C. leporina, C. muricata, C. stellulata, G. fulva. Phleum pra- tense. Holcus lanatus. Stipa pennata. Agrostis alba. Apera interrupta. Aira flexuosa. Avena flavescens. Sesleria cœrulea. Poa nemoralis, P. bulbosa. Molinia cœrulea. Kæleria se- tacea. Festuca duriuscula, F. Lachenalii. Bromus squarro- sus. Polypodium vulgare. Polystichum Filix-mas. À thyrium filix fœmina. Aspidium aculeatum. * Cystopteris fraguis. Asplenium Trichomanes, A. Ruta muraria. Pteris aquilina. Aspidium viride. «9°. Plantes communes à la région alpine du royaume de Grenade et à la fois au midi de la France et à quelqu’autre partie du midi de l’Europe, surtout dans les montagnes. » Ranunculus Chærophyllos. Cerastium Boissieri. Linum nar- bonense. Hypericum hyssopifolium. Khamnus infectorius , R. Alaternus. Genista asphalathoides. Astragalus vesicarius , A. monspessulanus. Ononis cenisia. Potentilla hirta. Sedum amplexicaule, Pimpinella Tragium , Laserpitium gallicum , Galatella punctata. Artemisia camphorata. Doronicum scor- pioides. Xeranthenum inapertum. Carduus nigrescens. Jurinea humilis. Podospermum laciniatum. Tragopogon crocifolium. Crepis pulchra. Phœnixopus ramosissima. Alkana tinctoria. RÉGION ALPINE. : 199 Linaria supina. Satureia montana. Hyssopus officinalis. Ne- peta Nepetella. Teucrium capitatum. Plantago serpentina. Passerina Tartonraira. Thesium humifusum. Euphorbia Esula, E. Nicæensis. Piptatherum paradoxzum. Avena bromoides. Cette liste contient 37 espèces, dont un certain nombre appartient encore à notre flore. « 6°. Plantes communes à la région alpine et aux mon- tagnes de l'Italie méridionale ou de la Corse, mais ne se trou- vant pas dans le midi de la France.» Cette petite liste est de 23 espèces, parmi lesquelles nous trouvons le Sedum amplexicaule, qui existe dans la circons- cription de notre flore. « Ces deux dernières listes réunies, montant à 60 espèces, ou au septième du nombre total , représentent les rapports de la végétation de notre région avec celle de la région mé- diterranéenne de l’Europe dans les montagnes; on voit ici ces rapports s’atténuer toujours davantage à mesure qu’on s'élève. » « Comme on le voit, les contrées avec lesquelles cette ré- gion a le plus de rapports par sa végétation sont les diffé- rents systèmes de montagnes et de pays élevés du centre de la Péninsule , surtout les chaines des Castilles et les Pyré- nées. Les plantes de notre région communes à ces deux pays comprennent les 2j5 du premier tableau, tout le second, le troisième et le quatrième, avec beaucoup des espèces des deux derniers ; elles font donc plus des 3j4 du nombre total des espèces. » M. Boissier donne encore deux petites séries d’espèces. Dans la première, 1l indique des plantes de la région alpine du royaume de Grenade, observées par Desfontaines ou Bové dans le Petit-Atlas. Cette liste est de 17 espèces, dont une seule, le Centranthus angustifolius, appartient à notre flore. 200 LE MIDI DE L'ESPAGNE. La seconde est une liste de 11 espèces , à la fois orien- tales et espagnoles, dont aucune ne fait partie de notre cir- conscription. Nous terminons cette étude de la région alpine du royaume de Grenade par la liste générale des espèces communes à ‘ cette région et au plateau central de la France. Liste des plantes de la région alpine du royaume de Grenade, qui croissent sur le plateau central de la France. Thalictrum minus. Ranunculus hederaceus, R. Chærophyl- los, R. acris, R. bulbosus. Helleborus fœtidus. Aquilegia vulgaris. Aconitum Napellus, À. Lycoctonum. Arabis auricu— lata. Cardamine hirsuta. Nasturtium pyrenaicum. Sisymbrium asperum , $. Thalianum. Sinapis Cheiranthos. Alyssum caly- cinum, À. spinosum. Draba verna. Cochlearia saxatilis. Hut- chinsia petræa. Æthionema saxatile. T'hlaspi arvense, T. perfoliatum. Iberis pinnata. Biscutella saxatilis. Cistus lauri- folius. Helianthemum Fumana. Viola hirta, V. tricolor. Poly- gala vulgaris. Saponaria ocymoides. Silene Saxifraga , S. ru- pestris. Sagina procumbens , S. saxatilis. Alsine tenuifolia. Arenaria serpyllifolia. Stellaria media. Linum narbonense. Malva rotundifolia. Acer opulifolium. Geranium pyrenaïcum , G. lucidum. Erodium cicutarium. Rhamnus Alaternus, R. in- fectorius. Sarothamnus vulgaris. Cytisus sagittalis. Ononis spinosa, O. Columnæ. Trifolium ochroleucum, T. repens. Lotus corniculatus , L. major. Astragalus monspessulanus. Cerasus avium. Geum sylvaticum. Potentilla hirta. Rosa ca— nina. Sorbus Aria. Amelanchier vulgaris. Epilobium palustre, E. origanifolium. Montia fontana. Herniaria incana. Scle— ranthus annuus. Sedum villosum, S. brevifolium, S. album, S. acre, S. amplexicaule, S. reflexum. Sempervivum tecto— rum. Saxifraga stellaris, S. granulata. Eryngium campestre. Carum verticillatum. Buplevrum aristatum , B. rotun@ifolium. Laserpitium gallicum. Scandix pecten Veneris. Chærophyllum hirsutum. Hedera Helix. Galium erectum, G. sylvestre, G. RÉGION ALPINE. 201 verum , G. Aparine, G. anglicum. Centranthus angustifolius. Cephalaria leucantha. Erigeron alpinum. Solidago virga au- rea. Inula montana. Jasonia tuberosa. Anthemis arvensis. Artemisia campestris. À. camphorata, À. Absinthium. Filago germanica. F. arvensis. Xeranthemum inapertum. Centaurea amara , C. montana. Onopordon Acanthium. Cirsium acaule. Leuzea conifera. Arnoseris pusilla. Leontodon autumnale. Podospermum laciniatum. Tragopogon crocifolium. Taraxa-— cum lœvigatum. Barkausia albida. Crepis pulchra. Phænixopus ramosissimus. Hieracium Pilosella, H. saxatile, H. amplexi- caule. Campanula ‘rotundifolia. Arctostaphylos Uva ursi. Gentiana Pneumonanthe.Cuscuta Epithymum.Onosma echioi- des. Myosotis sylvatica , M. hispida, M. stricta. Asperugo procumbens. Linaria origanifolia, L. minor, L. supina. Digitalis purpurea. Erinus alpinus. Veronica Beccabunga , V. verna. Eupbhrasia minima. Pedicularis comosa , P. verticillata. Thy- mus Serpyllum. Satureia montana. Hyssopus officinalis. Lamium amplexicaule. Coris monspeliensis. Androsace maxi- ma. Primula officinalis. Plantago media, P.serpentina. Rumex Acetosa, R. Acetosella. Daphne Laureola. Thesium humifu- sum. Euphorbia verrucosa , E. nicæensis, E. segetalis. Salix capræa. Juniperus nana , J. Oxycedrus , J. Sabina. Pinus sylvestris. Orchis coriophora. Listera ovata. Convallaria Poly- gonatum. Allium sphærocephalum, A. Schænoprasum. Mus- cari racemosum. Juncus effusus, J. capitatus, J. obtusiflorus, J. Tenageïa, J. bufonius. Luzula campestris. Scirpus setaceus, Carex muricata, C. stellulata, C. leporina, C. gynobasis , C. glauca, C. distans. Phleum pratense. Holcus lanatus. Pipta- therum paradoxum. Stipa pennata. Apera interrupta. Aira flexuosa. Avena sedennensis, A. flavescens, A. pratensis. Sesleria cærulea. Poa annua, P. nemoralis. Molinia cœrulea. Festuca Lachenalii, F. duriuscula. Bromus mollis, B. squar- rosus, B. tectorum. Pferis aquilina. Asplenium Ruta-mu- raria. Polypodium vulgare. Aspidium aculeatum , À. Filix- mas. Cystopteris fragilis. Athyrium Filix-femina. 202 LE MIDI DE L'ESPAGNE. Ainsi, sur #22 espèces de la région alpine du royaume de Grenade, 201 se rencontrent sur le plateau central de la France, ce qui établit la proportion. ....... 1 : 2,1 Le nombre donné par M. Boissier se décompose en 358 dycotylédones et 64 monocotylédones. Les dycotylédones communes au plateau central sont au nombre de 158 , ce qui donne , comparativement au chiffre deS58,1letrappots::).:t) htm 1 : 2,26 Les monocotylédones communes au plateau central sont au nombre de 43, ce qui donne, comparativement au chiffre deOA EAP PO ARS EMES EURE PRMEREE 1 4749 On reconnaît de plus en plus, à mesure que l'élévation compense la latitude, la faculté des monocotylédones à se répandre au loin. Dans les 422 espèces de la région alpine , 78 sont an- nuelles ; 50 d’entr'elles se trouvent sur le plateau central : c’est donc la proportion................ 1,048 20 333 sont vivaces, etsur ce nombre 140 seulement nous appartiennent en commun ; c’est le rapport.. 1 : 2,38 Il y a donc bien plus de tendance à l’extension des plantes annuelles qu’à celle des espèces vivaces. | Le nombre des espèces bisannuelles de la région alpine est de 11. Il est exactement le même dans notre liste. Les végétaux bisannuels, si ces indications se soutenaient dans d’autres circonstances, jouiraient donc de la faculté de se disperser plus facilement que les autres. $ 4. RÉGION NIVALE DU ROYAUME DE GRENADE. « Cette région comprend toutes les parties supérieures de la Sierra Nevada, à partir de 2,700 mètres , et n'existe, par conséquent, que dans la partie occidentale de la chaîne, RÉGION NIVALE. 203 la seule qui dépasse cette hauteur. À une pareille altitude, on commence à trouver, dans les Alpes, les neiges éternelles; ici, rien de pareil : les points culminants, eux-mêmes élevés de 3,000 à 3,800 mètres, en sont dépourvus au milieu de l'été. La neige caractérise cependant cette région, mais seu- lement sous forme de taches ou d’amas accumulés dans les bas-fonds et plis du terrain. » « Dès la fin de septembre, toute la région se couvre d’une neige nouvelle, qui ne commence à disparaître partiellement qu’en juin , et la recouvre donc entièrement pendant huit mois. Le sol est partout arrosé par les filtrations de la neige fondante et les petits ruisseaux qui en découlent. De nom- breux orages rafraîchissent la terre pendant tout l'été et surtout en août; ils sont ordinairement accompagnés de ton- nerre et très-souvent de grêle qui blanchit pour quelques heures telle ou telle partie des sommités. La température y est très-inégale pendant la belle saison ; par un beau temps, le thermomètre monte souvent à 22° au milieu du jour, même sur les sommités, tandis qu’un ciel nuageux ou un orage peut le faire descendre en quelques heures à + 3 ou #. » M. Boissier n'a pas remarqué, dans cette région, de dif- férence d'altitude pour les mêmes espèces, d’après le revers où elles croissent ; la végétation y est cependant, en gé- néral, plus variée sur le versant septentrional , ce qui tient surtout à ce que les grands escarpements se trouvent de ce côté, et qu'il y a, par conséquent , des expositions plus va- riées et plus favorables aux plantes qu’au midi. Ces caractères de climat et d’altitude conviennent très- bien aux pelouses supérieures de notre région montagneuse, où les plantes ligneuses manquent tout à fait, comme ici. Elles restent à peu près le même temps ensevelies sous la 204 LE MIDI DE L'ESPAGNE. neige , et, quoique notre point le plus élevé n’atteigne pas 1,900 mètres, nous trouvons aussi de grandes analogies dans la végétation par l'identité ou le parallélisme des es- pèces. M. Boissier distingue, dans cette dernière région de sa flore, 6 stations principales : « 1°. Pelouses occupant toute l’étendue des petits pla- teaux situés à l’origine des vallées et au bas des escarpe- ments ; ces pelouses sont formées d’une herbe courte, fine et serrée, où le Nardus stricta, Agrostis nevadensis, Festuca Halleri et des formes du Festuca duriuscula jouent le prin- cipal rôle. On y voit croître aussi Leontodon autumnale et L. microcephalum ; et, dans les places un peu humides, Ranunculus angustifohus et R. acetosellifolius , Campanula Herminn, Parnassia palustris, Sedum rivulare, Gentiana alpina, G. Pneumonanthe. » 2°, Pentes sèches et croupes stériles, sans gazon con- tinu, mais où croissent, par individus isolés, des espèces assez variées, telles que: Lepidium stylatum, Silene rupestris, Arenaria tetraquetra , Potentilla nevadensis, Herniaria al- pina, Galium pyrenaicum, Pyrethrum radicans, Artemisia granatensis, Plantago nivalis, Thymus serpylloides, Sideritis scordioides , Aretia Vitalliana. Trisetum glaciale, etc. » 30. Éboulis encombrés de quartiers de rochers situés au pied des escarpements et là où le terrain est plus gras et plus abondant. On y trouve des plantes de plus haute taille, telles que Eryngium glaciale, Reseda complicata, Senecio Tour- neforti, Carduus carlinoides, Digitalis purpurea. » 40, Éboulis supérieurs, sablonneux et parsemés de dé- bris schisteux très-analogues, pour la végétation, à ceux du n° 1, avec lesquels ils se confondent, mais plus mobiles. On y voit croître, toujours par touffes : Papaver pyrenaicum, RÉGION NIVALE. 205 Ptilotrichum purpureum, Artemisia granatensis, Biscutella saxatilis, variété glacialis, Erigeron frigidum, Trisetum gla- ciale, Festuca pseudo-Eskia, F. Clementer, Luzula spicata ; et dans les. places couvertes de pierres roulantes : Viola ne- vadensis, Sinapis Cheiranthos , Holcus cœæspitosus. » 9°. Pentes des rochers, où l’on trouve surtout : Arabis Borgi, Androsace imbricata, Draba hispanica, Saxifraga mixta, qui toutes cherchent à s’abriter le plus possible dans les anfractuosités du roc. » 6°. Moraines du glacier de Veleta, formées d’un sable schisteux fin, et arrosées par la fonte des glaces. On y trouve : Linaria origanifolia variété, Artemisia granatensis, Draba frigida, Stellaria cerastoides , Cerastium alpinum, Arabis alpina, Poa laxa, etc. » On comprend que ces stations ne sont pas très-tran- chées et se fondent par des intermédiaires. » Distribution géographique des espèces de la région nivale. M. Boissier divise les espèces de la région nivale en plu- sieurs catégories : 1°. Plantes européennes spéciales à la Péninsule. Cette série est de 34 espèces. 2°, Plantes européennes spéciales à la région nivale et à quelques points des Pyrénées, mais qui ne se trouvent pas plus au nord ou plus à l’est. Cette liste est de 13 plantes. Ces deux listes réunies donnent #7 espèces endémiques à l'Espagne , ou 10/24 du nombre total de la région ni- vale, proportion un peu plus faible que dans la précédente. 3°. Plantes communes à la région nivale et à quelques Alpes du midi de l’Europe ; elles ne comprennent que les sui- vantes : Alyssum diffusum , Arenaria australis, Thymus an- gustifolius, à la fois aux Pyrénées et à l'Italie ; Zainaria ori- 206 LE MIDI DE L'ESPAGNE. gamfolia, aux Pyrénées et en Grèce (et nous ajouterons à la Lozère); Veronica repens, en Corse, et Cerastium Boissieri,, en Sardaigne. 40, Plantes communes à la région nivale et aux Alpes. * Ranunculus glacialis. * Aconitum Lycoctonum. Papaver pyrenaicum. * Arabis alpina. Cardamine resedifolia. Draba frigida. Sinapis Cheiranthos. * Viola palustris. * Parnassia palustris. * Silene rupestris. * Sagina saxatilis. * Stellaria cerastoides. * Cerastium alpinum." Trifolium pratense, T. glareosum. * Lotus corniculatus. * Sibbaldia procumbens. * Alchemilla vulgaris, * A. alpina. * Epilobium origani- folium. Merniaria alpina. Paronychia polygonifolia. * Sedum annuum. * Saxifraga oppositifolia , * S. stellaris. * Galium sylvestre. * Erigeron alpinum. * Solidago virgaurea. * Gna- phalium dioicum, * G. supinum. * Leontodon autumnale. * Vaccinium uliginosum. Gentiana alpina, G. verna, * G. Pneumonanthe , * G. glacialis. Digitalis purpurea. Linaria supina. * Veronica saxatilis, *V. alpina. Euphrasia minima. Scutellaria alpina. Sideritis scordioides. Pinguicula leptoceras. Androsace imbricata. Aretia Vitalliana. *Polygonum aviculare. * Salix hastata. Juniperus Sabina, J. nana. * Luzula spi- cata. * Carex capillaris , * C. lagopina, * C. flava. * Phleum pratense. * Poa laxa , * P. alpina. Festuca Halleri, * F. du- riuscula.* Nardus stricta.”" Aspidium Lonchitis. * Cystopteris Fragilis. * Asplenium septentrionale. * Allosorus crispus. » On voit que cette catégorie forme plus de la moitié du chiffre total, et ce rapport avec les montagnes de l'Europe centrale et septentrionale ne doit pas étonner avec des con- ditions climatologiques que l’altitude a rendues à peu près les mêmes. Parmi ces plantes alpines, un petit nombre seu- lement, Sinapis Cheiranthos, Parnassia palustris, Trifo- lium pratense, Lotus corniculatus, Solidago virgaurea , Leontodon autumnale, Digitalis purpurea , Sideritis scor- RÉGION NIVALE. 207 dioides, Polygonum aviculare, Carex flava, Phleum pra- tense, Festuca duriuscula, sont, en France et en Suisse, des plantes du pied des montagnes ou des plaines, et presque toutes celles-là se présentent, dans la Sierra Nevada , sous des formes qui permettent de les regarder au moins comme des variétés. Dans le tableau précédent, les espèces marquées d’un astérisque, ou les deux tiers , se retrouvent dans les Alpes de Suède ou de Laponie; elles forment les 1024 du nombre total des espèces de la région. Enfin, la totalité de ces espèces alpines se retrouve aux Pyrénées , ce qu'il était facile de prévoir à priori, cette dernière chaîne se trouvant, pour ainsi dire, sur le chemin de la Sierra Nevada aux Alpes. Deux plantes seulement, Trifolium glareosum et Carex lago- pina, font exception , et n’ont point, jusqu'ici, été trouvées aux Pyrénées; mais la considération précédente a tant de force à nos yeux, dit M. Boissier, que je ne doute point qu’on finisse par les y rencontrer aussi. » » En réunissant les catégories 2 et 4 avec 4 espèces de la 3°, on trouve ainsi 80 espèces, ou les 2/3 du nombre total, communes à la région supérieure de la sierra Nevada et à celle des Pyrénées, résultat intéressant, si on réfléchit à la distance en latitude qui sépare ces montagnes, et à l’absence de toute chaine intermédiaire d’égale hauteur. » Bon nombre d'espèces de la 4° catégorie se trouvent aussi dans notre région montagneuse, et habitent indistinctement le royaume de Grenade, les Pyrénées, la Laponie et le plateau central , étendant leur aire d’extension à tous les sommets qui présentent, suivant leur latitude, un climat suffisamment refroidi. Ces plantes sont très-intéressantes à cause de leurs migrations , qui ont eu lieu de sommet à sommet, à de grandes distances, sans s’arrêter sur les vastes plaines qui séparent les montagnes. Il semble qu’elles aient voyagé dans 208 LE MIDI DE L'ESPAGNE. les airs, en se reposant sur les étapes élevées qu’elles ren- contraient sur leur route. Nos montagnes du plateau central paraissent avoir été une des lignes qui ont servi de passage entre les Alpes et les Pyrénées; mais elles sont bien plus liées à cette dernière chaîne qu’à celle qui sépare la France de l'Italie. Durée des espèces de la région nivale. « Le nombre des espèces de la région nivale est seulement de 117, ou à la flore totale comme......... 1 : 13 » Cet appauvrissement ne tient pas seulement à l'altitude, mais à l'étendue très-petite qu'occupe cette région, comparée aux précédentes. Une quarantaine de ces espèces se retrou- vent dans la région alpine, mais n’y descendent pas très- bas, quelques-unes seules exceptées, de même qu’elles n’at- teignent, en général, que la partie inférieure de la région nivale. » On n’y compte que # espèces annuelles : Umbilicus sedoides, Euphrasia minima, Gentiana glacialis, Polygonum aviculare, var. Et trois bisannuelles : Senecio Duriæi, Digitalis purpurea, Echium flavum. Parmi les 109 espèces vivaces, 6 à peine méritent le nom de sous-arbrisseaux ; ce sont : Alyssum spinosum, Vaccinium uliginosum , Salix bastata, Juniperus Sabina, J. nana, Reseda complicata. « Le premier et le troisième infiniment rares ; le second et le dernier s’y présentent sous une forme herbacée ; enfin, les deux genévriers s'arrêtent dans le bas, en sorte que l’on peut considérer cette région comme caractérisée par le manque d’arbrisseaux et de sous-arbrisseaux. » RÉGION NIVALE. 209. Nombre des espèces et proportions des familles de la région nivale. Le nombre des plantes de cette région est, comme on l’a vu, de 117. On peut les diviser ainsi : Dycotylédones, 97, ou au totalcomme.... 1 : 1,20 Monpcotylédones, 101 00.1. ::....0.1., 11:73 D ue... ..... 4, :,29 » Cette proportion si remarquablement faible des mono- cotylédones, comparée à celle des flores alpines du centre et du nord de l’Europe, tient au petit nombre relatif des cypé- racées et Joncées, mais elle ne donne pas une idée exacte du rôle que joue cette classe de plantes dans la physionomie de cette région, où les graminées tiennent une place très- importante, y étant presque toutes très-nombreuses en in- dividus. Ces 117 espèces se distribuent dans 34 familles, ce qui donne une moyenne de 3,# espèces par famille, infini- ment plus faible que dans la région alpine. » Voici ces familles : Synanthérées. ... 16 Cypéracées. : .., Graminées. . ... 11 Violariées . ., 2, Cruacifères.. .... 11 Paronychiées. . .. Caryophyllées. . . Rubiacées. ...., Scrophularmées . Renonculacées. . . Campanulacées . : Primulacées.. ... Gentianées. . ... Conifères......, Légumineuses. .. Rosacées.. ..... Ombellifères. . .. Labiées........ Fougères... Crassulacées. . .. Saxifragées. . ... Plumbaginées. . 11 14 Papavéracées. . Droséracées. . ... Onagrariées. . ... Vacciniées. ..... Boraginées . . ... Lentibulariées. . . = ed ed Pb eh eh eh nb deb à je fab NO C9 CO CO À RE À À O1 Or OO 210 LE MIDI DE L'ESPAGNE. Planfasinées. . -. . 1 Amenfacées, 4 Polyeunées. ... À Liliacées. . . ui À Résédacées. .... 1 JONCÉES ET « Les 6 premières familles, prises ensemble, font la moitié du nombre total ; cette série se rapproche toujours plus de celles qu’offrent les flores alpines de l'Europe, et s’é- loigne, par conséquent, un peu de celle de la région précé- dente par l'exclusion des cistinées, la faible proportion des labiées, etc. Voici les principaux caractères qu’elle pré- sente. » | » Les composées , en très-forte proportion, 1j7 du nom- bre total, à peu près comme dans les flores alpines du centre de l’Europe. » » Les graminées sont 1110 , proportion plus forte que dans les Alpes, et à peu près égale à celle des montagnes de Laponie. » » Les crucifères sont 1110; c'est une proportion très- forte et le trait le plus caractéristique de notre région. Dans les flores alpines du nord et du centre, où elles sont cepen- dant si nombreuses, on ne trouve, pour cette famille, que 1120. » » Les scrophularinées ne sont pas moins caractéristiques par leur proportion de 111%, bien plus forte que dans les ré- gions précédentes. Dans les Alpes, elles ne sont que de 1126 ; en Laponie, 120. On ne trouve nulle part d’aussi fortes proportions pour cette famille et pour la précédente. » .» Lesrenonculacées, gentianées, saxifragées, quoique peu nombreuses absolument parlant , ont repris ici une propor- tion très-analogue à celle des flores alpines , tandis que les cypéracées, joncées et amentacées y sont infiniment peu nom- breuses. Cette pauvreté relative en espèces de ces trois der- RÉGION NIVALE. 211 nières familles est un caractère commun aux Alpes du midi, comparées à celles du centre et du nord de l'Europe. » » Enfin, la présence des résédatées, quoique représentées seulement par une espèce, est très-caractéristique pour une région élevée. » Il est très-curieux de voir de même, au sommet de notre région montagneuse , sur les dernières pentes du pic de Sancy, une résédacée, Astrocarpus sesamoides, exactement dans la même position, et occuper une place paralléle à celle du Reseda complicata. Nous terminons encore ce paragraphe par une liste des plantes de la région nivale qui habitent aussi le plateau cen- tral de la France, et dans laquelle nous avons imprimé en italique les noms des espèces qui croissent également en Laponie. Liste générale des plantes de la région nivale qui croissent aussi sur le plateau central de la France. Aconitum Lycoctonum. Arabis alpina. Cardamine resedi- folia. Brassica Cheiranthos. Alyssum spinosum. Biscutella saxa- tilis. Viola palustris. Parnassia palustris. Silene rupestris. Cerastium alpinum. Trifolium pratense. Lotus corniculatus. Alchemilla vulgaris, A. alpina. Epilobium origanifolium. Paronychia polygonifolia. Sedum amplexicaule , $. annuum. Centranthus angustifohius. Erigeron alpinum. Solidago virga aurea. Gnaphalium supinum, G. dioicum. Cirsium acaule. Leontodon autumnale. Taraxacum lævigatum. Vaccinium uliginosum. Gentiana verna, G. Pneumonanthe. Myosotis hispida. Linaria origanifolia. Digitalis purpurea. Veronica al- pina. Euphrasia minima. Plantago serpentina. Polygonum aviculare. Juniperus nana, J. Sabina. Luzula spicata. Carex flava. Phleum pratense. Poa annua, P. alpina. Dactylis glomerata. Nardus stricta. Allosorus crispus. Asplenium sep- tentrionale. Aspidium fragile. 212 VÉGETATION DE LA LAPONIE. Sur 117 espèces de la région nivale, 48 se retrou- vent dans notre circonscription, ce qui donne le rap- DORA EEE Le tout, PORC ur - l.:4ENA; 0 Le RE indiqué par M. bee se déco en dy- cotylédones, 97, et monocotylédones, 20. Les dycotylédones communes au plateau central sont au nombre de 38, ce qui donne, relativement au chiffre 97, leprpports.sMRe entente 1:: 2/05 Les monocotylédones communes au plateau central sont au nombre de 10 seulement, ce qui donne, comparativement au chiffre de 20, le rapport exact......... d re Ici encore, les monocotylédones sont plus cosmopolites que les dycotylédones. Dans les 1 17 espèces de la région nivale, # sont annuelles, 3 bisannuelles et 109 sont vivaces. Les 4 espèces annuelles se retrouvent toutes dans notre flore. Parmi les 109 vivaces, #1 existent sur le plateau central, ce quidonne lerapport:- Le #00 Eee 1 : 2,66 Tous ces résultats confirment la plus grande facilité d’ex- ‘ension des monocotylédones et des plantes annuelles. CHAPITRE XXI. VEGÉTATION DE LA LAPONIE. Cette partie de l'Europe a été depuis longtemps le but des explorations de nombreux botanistes ; mais Wahlenberg est, sans contredit, celui qui a publié, sur cette intéressante VÉGETATION DE LA LAPONIE. 213 contrée, les travaux les plus remarquables. Tous les ouvrages de ce grand homme sont empreints de son génie observateur. Il a touché à tous les points de la science, et n’a rien omis surtout de ce qui tient à la géographie botanique qui, alors, au commencement de ce siècle, n’était indiquée encore que par les travaux de M. de Humboldt et par les siens. Wahlen- berg sentait jusqu'au côté artistique de la science des végé- taux, et ses descriptions , toujours élégantes et vraies, sont des tableaux riants des contrées sévères qu'il avait sous les yeux, et dont les beautés apparaissent pendant un été de courte durée. M Depuis cette époque , la Laponie a été encore l’objet de recherches assidues, et M. Anderson, empruntant à Wahlen- berg les traits principaux de sa flore, a complété son travail, et nous a donné, de la géographie botanique de cette contrée, un exposé fidèle, dans lequel nous puiserons en partie ce que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs. Sous le rapport purement géographique , M. Anderson, comme ses prédécesseurs , divise la Laponie en trois grandes parties : La LAPONIE SUÉDOISE qui à 1,032 milles carrés. La LAPONIE NORWÉGIENNE qui en présente 539. La Laponie RUSSE dont l’étendue n’est pas bien déter- minée. La première, ou LAPONIE SUÉDOISE, est divisée en quatre provinces ou diocèses : 1°. la province Uméenne qui est la plus australe ; 2°. la province Pitéenne qui vient après; 3°. la province Luléenne qui est plus septentrionale; 4°. enfin la province Tornéenne qui est la plus arctique. La LAPONIE NORWÉGIENNE est divisée en : 1°. Nortland, 2°. Finmark occidental; 3°. Finmark oriental. La Laponie RUSSE est la péninsule qui s'étend des li- 214 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. mites de la Norwège et de la Suède orientale jusqu’à la mer Blanche. | Après cet exposé, M. Anderson partage la Laponie sué- doise en trois régions végétales qui n’ont presque plus de rapport avec la division géographique, mais qui ont pour base les diverses zones d’altitude de la contrée. 1°. RÉGION SYLVATIQUE ( de O0 à 400 mètres.) A. Inférieure. Principalement némorale. B. Supérieure. Principalement montueuse et découverte. C. Subsylvatique. Principalement littorale. 29. RÉGION SUBALPINE (de 400 à 600 mètres.) À. Inférieure. Principalement rocheuse , région du Be- tula pubescens. B. Supérieure. Champs découverts, région du Betula nana. 30. RÉGION ALPINE (de 600 à 1400 mètres.) A. Alpine proprement dite : Région des saules et des champs nus. B. Neigeuse. Région des champs parsemés de neige. C. Glaciale. Région des derniers sommets des mon- tagnes. $ 1. 1°. RÉGION SYLVATIQUE, OU RÉGION DES PINS ET DES SAPINS. À. Zone inférieure où les pins et les sapins composent ensemble des forêts continues. De grandes forêts couvrent toute cette région, où l’on trouve aussi de vastes marais , et, çà et là, quelques basses collines. RÉGION SYLVATIQUE. 215 De grandes rivières la traversent et une infinité de petits lacs sont dispersés dans la plaine. Le sol est sablonneux, rare- ment argileux et dépourvu de filons métallifères ; la tempé- rature moyenne de l’année varie selon les localités entre 2,6 et 2,3 centigrades, d’après les observations de Wahlen- berg. La végétation de ces forêts et de ces marais n’a rien de remarquable, si ce n’est l'abondance des Carex. Presque toutes les plantes qui s’y rencontrent appartiennent à des contrées plus australes. On ne trouve que 22 plantes de montagnes qui descendent dans ces tristes localités. Ce sont les suivantes (1) : Saussurea alpina. Mulgedium alpinum. Hieracium boreale, H. prenanthoides. Crepis paludosa. Cornus suecica. Ranun- culus lapponicus. Aconitum Eycoctonum. Viscaria alpina. Ru- bus arcticus. Astragalus alpinus. Salix glauca, S. lapponum, S. grandifolia , S. depressa , S. philicifolia. Tofielda borealis. Juncus stygius. Scerpus cœæspitosus. Carex vitilis. Calamagros- tis lapponica. Equisetum scirpoides. On voit que bon nombre de ces plantes des Alpes lapones appartiennent à notre flore, et que plusieurs d’entr’elles se trouvent aussi dans les Alpes suisses. M. Anderson considère ces 22 espèces comme émigrées de leur propre région pour descendre dans celle qu’il place la première. Voici main- tenant les plantes qui composent la végétation particulière à la partie inférieure de la région sylvatique, et qu’il con- (4) Dans les listes suivantes, ainsi que dans tout le cours de ce chapitre, les noms des espèces qui se trouvent en même temps sur le plateau central et dans la Laponie, sont imprimés en éalique, afin que l’on puisse voir dun coup d'œil les rapports de végétation qui existent entre les deux contrées. 216 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. sidère comme des plantes australes qui se seraient avan- cées dans les plaines de la Laponie. 1°. Plantes communes à toutes les parties de la Laponie : Gnaphalium sylvaticum. Mentha arvensis. Lysimachia vulgaris, L. thyrsiflora. Ranunculus auricomus. Thalictraum rariflorum. Chelidonium majus. Lathyrus palustris. Polygo- num lapathifolium. Salix aurita, S. nigricans-prunifolia. Calitriche autumnalis. Calla palustris. Carex livida, C. acuta. Phleum pratense. Nardus stricta. 2°, Les espèces suivantes, plus australes, restent en dehors du versant septentrional de la Laponie Uméenne : Bidens tripartita. Chrysanthemum Leucanthemum. Tana- cetum vulqgare. Cirsium arvense. Sonchus oleraceus. Hiera- cium Auricula, H. pilosella. Hypochæris maculata. Vibur- num opulus. Galium trifloram. Lycopsis arvensis. Myosotis palustris Nar. strigulosa. Mentha arvensis var. Lapponica. Calamintha Acinos. Ajuga pyramidalis. Plantago media. Rhamnus Frangula. Sium latifolium. Peucedanum palustre. Ranunculus sceleratus. Anemone nemorosa. Fumaria offici- nalis. Sysimbrium Sophia. Viola sylvestris. Peplis portula. Spiræa Filipendula. Vicia hirsuta, V. angustifolia. Platan- thera bifolia. Cypripedium calceolus. Convallaria maïalis. Alisma Plantago. Potamogeton carvifolius. Juncus effusus. Rhyncospora alba. Scirpus acicularis. Carex brevirostnis, C. digitata, C. glauca, C. pallescens, C. stellulata. Lolium pe- renne. Bromus secalinus. Avena sativa. | 3°. Dans les provinces Uméenne et Pitéenne seulement on a observé jusqu’à présent : Hieracium umbellatum. Artemiisa vulgaris. Myosotis stricta. Lithospermum arvense. Gentiana amarella-lingulata. Utricularia vulgaris, U. minor. Potentilla argentea. Salix cinerea. Scirpus lacustris. Carex teretruscula. RÉGION SYLVATIQUE. 217 4°. Dans les provinces Uméenne, Pitéenne et Luléenne, se trouve : Nymphæa alba. 5°. Dans des points circonscrits des provinces Uméenne, Luléenne et Tornéenne, croît : Calypso borealis. 6°. Et enfin, dans la Laponie Tornéenne et Keméenne, on rencontre : Thalictrum kemense. Un grand nombre de ces espèces appartiennent, comme on le voit, à la flore du plateau central, et sont originaires du centre de l’Europe ou de l'Asie. Leurs migrations les ont fait pénétrer d’un côté jusqu’au cœur de la Laponie, et de l’autre , jusque sur les limites de la grande région du centre de l’Europe, où plusieurs d’entr’elles, arrivées sur le plateau central de la France, s'arrêtent sans entrer dans la région méditerranéenne. B: Zone supérieure où le sapin constitue la mageure partie des forêts. La limite supérieure de cette région est difficile à déter- miner, car plusieurs parties de la Laponie, et surtout de la province Tornéenne , sont planes, dénuées de montagnes un peu élevées , mais doucement et également inclinées vers la mer , à tel point que plusieurs de ses parties s'élèvent seu- lement de 300 à 350 mètres. Les provinces Luléenne et Uméenne sont au contraire sillonnées de longues et profondes vallées qui s'étendent jusqu’au pied des Alpes qui les sur- 218 VÉGÉTATIONS DE LA LARONIE. montent. La température de l’été atteint dans ces vallées encaissées et exposées aux rayons solaires un degré d’élé- vation considérable. Le sapin s’y élève beaucoup plus que le pin. Dans ces parties de la Laponie la limite de cette zone supérieure doit être déterminée par la ligne où, dansles lieux découverts , le sapin cesse de croître. Ce qui donne pour cette zone environ 350 mètres au-dessus du niveau de la mer , ou 1,000 mètres au-dessous des cimes neigeuses des Alpes scandinaves. Cette région est aussi ; surtout dans les deux provinces laponnes qui sont en plaines, couverte d’épaisses forêts et de marais stériles. Aussi la végétation dont l’origine est pour ainsi dire australe ne ressemble pas à celle que nous venons d'exprimer dans la zone précédente. Les montagnes assez nombreuses ne forment pas de chaînes continues, mais dis- persées çà et là elles élèvent encore leurs sommets dénudés jusqu’à 100 mètres au-dessus de la limite supérieure des arbres. Dans ces montagnes on commence à trouver les premières plantes véritablement alpines. Ces terrains nus qui s'étendent de plus en plus à mesure que sur les pentes les forêts s’étei- gnent, sont couverts d’une végétation toute différente de celle des bois et des marais. Elle est caractérisée par l’abondance des éricinées et des saules alpins. , Le sol sablonneux est formé de gneiss et de granit, dont la décomposition doit produire ces terrains perméables si favorables à certaines espèces. La température de la terre est, selon Wahlenberg de 2° centigr. On trouve dans cette région les dernières cultures du seigle. Les espèces suivantes, déjà plus ou moins fréquentes dans la zone précédente , atteignent la hmite supérieure de celle-ci. RÉGION SYLVATIQUE. 219 1°. Dans la Laponie Uméenne seulement : Thalictrum flavum. Pimpinella Saxifraga. Vicia Cracca. Lamium amplexicaule. 20, Dans toutes les provinces de la Laponie : Cirsium palustre. Hieracium rigidum. Galium Aparine. Limosella aquatica, id. var. borealis. Nasturtium palustre. Viola canina. Cerastiumviscosum. Elatine Hydropiper. Chry- sosplenium alternifolium. Polygonum amphibium. Rumex do- mesticus var. aquaticus. Carex leporina. On rencontre aussi, surtout dans les montagnes dont nous avons fait mention , les plantes alpines suivantes. 1°. Provenant de la région subsylvatique : Pinguicula villosa. Primula farinosa-scotica. Sagina saxa- tilis. Epilobium alpinum. Id. var. minus. Salix canescens, S. laurina , S. versifolia var. neglecta, S. myrtoides, S. myr- tilloides. Potamogeton nigrescens. Carex globularis, C. heleo- nastes. Calamagrostis Halleriana. Poa alpina. 2°. Descendant de la région subalpine : Gnaphaliumnorwegicum. Petasites frigida. Bartzia alpina. Viola montana. Salix lapponum , S. leucophylla. Phleum al- pinum. 3°. Enfin, descendant de la région alpine : Gnaphalium supinum. Diapensia lapponica. Pedicularis lap- ponica. Primula stricta. Thalictrum alpinum. Silene rupestris. Cerastium alpinum , C. glabratum, C. lanatum. Saxifraga aizoides. Arctostaphylos alpina. Azalea procumbens. Phyl- lodoce cærulea. Juniperus nana. Juncus trifidus. Eriophorum capitatum. Carex rigida , id. var. interalpina, C. alpina, C. capitata. Aira flexuosa var. montana. 220 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. Cette liste nous donne déjà une assez grande quantité de plantes essentiellement propres à la Laponie, et qui ne peuvent pas, comme les précédentes, y être arrivées par émigration du centre de l’Europe ou de l'Asie. Une bonne partie de ces plantes, descendues de régions plus élevées et plus froides, forment le fond d’une végétation locale et spéciale que nous retrouverons plus haut mieux caractérisée. Une partie de ces espèces habite aussi les Alpes où peut-être elles ont été transportées. Quant à celles qui se retrouvent sur nos hautes montagnes, elles sont arrivées sans doute sur le plateau central, soit par les Alpes, soit de la Laponie; car selon toute apparence elles existaient déjà dans ces localités , au moins en Laponie, quand les derniers soulèvements ont fait atteindre à nos montagnes volcaniques une élévation suffisante pour que ces plantes puissent y re- trouver leurs conditions d’existence. C. Zone subsylvatique s'étendant jusqu'où règnent les forèts, principalement celles du Pinus sylvestris. La limite supérieure de cette zone. remarquable par ses forêts où domine le pin sylvestre , est aussi très-difficile à déterminer, à cause de l'ascension des sapins dans les vallées chaudes et étroites, tandis que dans toutes les parties de la Laponie, c’est le pin qui atteint la plus grande élévation. Il s'étend aussi très au nord, et se trouve près d’'Enontekis par 68° 30"; la zone caractérisée par le pin sylvestre monte à près de 450 mètres au-dessus du niveau de la mer, ou, ce qui est la même chose, il descend à 900 ou 950 mètres au-dessous des sommets neigeux. On voit encore dans cette zone des forêts assez épaisses, mais la stature des arbres indique déjà une diminution de RÉGION SYLVATIQUE. 291 vigueur et le voisinage de la région alpine. À mesure qu’on s'élève elles deviennent plus clairsemées , le froid en con- tracte les arbres. Els se réfugient ou sur les bords des marais ou dans les lieux abrités, et finissent par succomber à la rigueur du climat. Les marais sont moins nombreux et moins étendus que dans la zone précédente, mais c’est la région des lacs. Aussi on trouve sur leurs bords une élégante végétation princi- palement composée d’arbrisseaux serrés les uns contre les autres, où les saules surtout forment de fraiches bordures et se mêlent à de belles espèces aquatiques. C’est la zone lit- torale de cette région. Les cultures cessent à cette élévation, et c'est à peine si quelques champs d’orge et de pommes de terre échappent, dans des années privilégiées, aux froids des automnes prématurés. La température meyenne du sol près Enontekis dans la Laponie Tornéenne par 68° 30° est de + 1,% c., et à Risnas dans la Laponie Uméenne de + 1,8 c., tandis que la tempé- rature de l’air est dans le même lieu à Enontekis de : Température moyenne de l’année — %S8, de février — 18. de juillet + 15,3. Cette différence en plus dans la température du sol com- parée à celle de l'atmosphère, explique comment dans une région aussi froide, on peut encore obtenir quelques cultures ; elle explique aussi la présence et même la vigueur d’une végétation abondante qui trouve, dans la chaleur de l’été, la possibilité d’un prompt développement, et dans les neiges de l’hiver un abri pour les racines et pour les bourgeons engourdis. Le climat de la Sibérie paraît soumis aux mêmes vicissitudes que celui de la Laponie, et la végétation de 299 VÉGÉTATION DÉ LA LAPONIE. ces deux contrées offre aussi beaucoup d’analogies. Le climat de la Norwège se rapproche davantage de celui de l'Islande. La connaissance du climat de la Laponie, due aux obser- vations de Wahlenberg à Enontekis , nous permet de con- signer ici quelques-uns des phénomènes périodiques de cette végétation arctique. Ainsi, dès le milieu de septembre les feuilles de presque tous les bouleaux jaunissent et tombent. Au commencement d'octobre les lacs peu étendus se couvrent de glace, la terre se congèle, et bientôt un voile de neige la couvre. Des pluies tombent avec plus ou moins d’abondance, la neige fond, mais il en descend de nouvelle qui persiste pendant tout l'hiver. Le froid tarit les rivières , l’eau s’arrête et les ruisseaux ne recommencent à couler que vers le milieu du mois de mai. A la fin de ce mois le trouble règne dans l'atmosphère et surtout dans la température ; le dégel est arrivé , et les cours d’eau coulent chargés de glaces et de neiges fondues qui, pendant sept mois et demi, avaient couvert la terre et les eaux. Le printemps paraît, mais les cultivateurs attendent que les rivières qui descendent des montagnes, grossies par la fonte des neiges , aient écoulé leurs eaux tumultueuses. Cette époque, qui précède la fin du mois de juin, est toujours accompagnée de vents froids qui compriment encore la végétation. Enfin le bouleau verdit et l’été est arrivé. La végétation de cette zone n’a rien de bien particulier. Nous y trouvons des plantes alpines que déjà nous avons citées dans la zone inférieure, et jusqu’à sa limite supérieure nous voyons encore des plantes australes qui tentent l’as- cension. RÉGION SYLVATIQUE. 223 Telles sont : 1°. dans toute la région. Chrysanthemum inodorum. Galium boreale, G. palustre. Myosotis palustris, M. stricta. Veronica scutellata, V. villosa. Pedicularis palustris, IA var. horealis. Prunella vulgaris. Plantago lanceolata. Nuphar intermedium , N. pumilum. Ranunculus flammula. Batrachium heterophyllum. Sinapis arvensis. Cardamine amara. Turritis glabra. Subularia aqua- tica. Oxalis Acetosella. Drosera rotundifolia, D. longifolia, D. intermedia. Rubus idœus. Potentilla anserina, P. Tor- mentilla. Saxifraga Hirculus. Trifolium pratense. Pyrola uni- flora, P. rotundifolia, P. secunda. Pinus sylvestris. Abies excelsa. Juniperus communis. Goodiera repens. Maïanthe- mum bifolium. Scheuchzeria palustris. Potamogeton grami- neus, P. prælongus. Sparganium natans. Eriophorum gra- cile. Phragmites communis. Calamagrostis Epigeios, C. lan- ceolata. Phalaris arundinacea. 2°. Dans la Laponie Uméenne seulement se trouvent : Senecio vulgaris. Galium uliginosum. Scutellaria galeri- culata. Lemna trisulca. Avena pubescens. Equisetum hiemale. 30. Dans les Laponies Uméenne et Pitéenne : Mentha arvensis. Viola tricolor. Juncus balticus. 4°, Enfin, dans les Laponies Tornéenne et Luléenne : Batrachium confervoides. Potamogeton sparganifolius. En dehors de cette région, on n’a pas retrouvé : Ranunculus hyperboreus. Salix glauca var. mvrsinites. Carex tenuiflora. Calamagrostis Epigeios var. riparia. A lope- curus pratensis var. alpestris. De la région subalpine , descendent, 1°. dans toutes les parties de la Laponie : Myosotis sylvatica var. alpestris. Veronica alpina. 29% VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. 20. Dans les Laponies Pitéenne et Luléenne : Erigeron elongatus. 3°. Dans les Laponies Luléenne et Tornéenne : Luzula parviflora. 4°, Dans la Laponie Tornéenne seulement : Mulgedium sibiricum. De la région alpine descendent : Archangelica officinalis. Viola biflora. Oxyria digyna. Salix myrsinites. Calamagrostis phragmitoides. Agrostis rubra. En résumé, la flore de cette région entière , qui comprend les plaines et les basses montagnes de la Laponie, contient un très-grand nombre de plantes plus australes dont l’exten- sion géographique atteint en Laponie sa limite la plus sep- tentrionale. Ce sont en général des plantes à constitution robuste qui peuvent s’écarter beaucoup de leur centre d’ori- gine et voyager ainsi à de grandes distances. Mais on voit qu'il existe au milieu de ces colonies de véritables plantes indigènes ou au moins venues de contrées également froides, qui ont pu échanger avec cette région arctique une partie de leurs propres espèces. $. 2. RÉGION SUBALPINE OU DES BOULEAUX. En exposant sa division de la Laponie en trois régions, M. Anderson subdivise celle-ci en deux zones , l’une infé- rieure et l’autre supérieure. Mais tout en admettant en théorie ces deux zones superposées , 1l ne les maintient pas dans la pratique. La première ou la plus basse comprendrait les terrains élevés couverts des forêts verdoyantes du Betula RÉGION SUBALPINE. 295 pubescens, Ehrh., et la supérieure offrirait le Betula nana en buissons rameux et rampants. Mais la limite de ces deux zones est très-difficile à exprimer , et elle l’est d’autant plus « que le Betula pubescens, en s’élevant sur les pentes des hautes montagnes, se rabougrit, se ramifie, et devient telle- ment semblable au Betula nana qu'il est presque impossible de les distinguer, et souvent ils croissent ensemble. » La limite inférieure de cette région est elle-même très- difficile à connaître à cause de l’ascension des pins ; mais elle l’est moins cependant que la lisière supérieure. On ne déter- mine bien ces limites que dans les lieux couverts de bou- leaux. Ces arbres montent à 730 mètres au-dessus du ni- veau de la mer, et jusqu’à 120 mètres au-dessus des pins. Ils forment des taillis épais, mais ils diminuent bientôt de hauteur, et puis 1ls manquent tout à fait. Souvent pourtant, dans les vallées, ils arrivent jusque sur les cols les plus éle- vés. Ainsi sur le Sulitelma ils atteignent la limite des neiges éternelies. La température du sol est de + 1°,2 centigrade. La végétation alpine de cette région paraît assez diffé- rente, par ses espèces et l’abondance des individus, de celles que nous avons déjà mentionnées. La variété des stations y détermine l'apparition d’un plus grand nombre d’espèces. Les rivières et les ruisseaux qui descendent des montagnes nourrissent les dernières plantes aquatiques , telles que des Hippuris, Myriophyllum, Potamogeton , espèces flasques, allongées, de formes très-variables, et forcées de résister soit à des eaux torrentielles, soit à des glaces qui les enveloppent en totalité. Dans les bois qui décorent les pentes escarpées des montagnes, on trouve une végétation qui ne le cède en rien par sa vigueur et son développement à celle que l’on rencontre dans des contrées bien plus méridionales. 1 15 296 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. Cette force de la vie sous un tel climat n’est pas due seu- lement , dit M. Anderson, à la grande chaleur d’un été très- court , mais aussi à l'abondance des eaux courantes et à une masse considérable d’humus formé par les particules organiques que des vents violents déposent constamment sur ces plateaux. Il est remarquable que cette région nournit à la fois, et des plantes australes, et des plantes alpines inti- mement mélangées. En effet, la chaleur des vallées permet aux premières de s'élever à une certaine hauteur, tandis que les ruisseaux et les éboulements amènent dans une zone movenne les espèces qui habitent les sommets plus élevés. Il en résulte que cette région couverte de plantes émigrées dont les unes arrivent en montant et dont les autres des- cendent, est cependant extrêmement riche , et plus fertile sans doute que si les espèces y avaient puisé leur origine. Lai, comme sur le plateau central, le point de jonction de deux régions est plus riche que chacune d’elles prise isolément. Les espèces suivantes , toutes australes , se trouvent à la fois dans les régions déjà décrites et jusqu’à la limite supé- rieure de celle-ci : Achillea Millefolium. Gnaphalium dioicum, id. var. alpi- cola. Erigeron acris. Tussilago Farfara. Carduus crispus. Crepis tectorum. Hieracium vulgatum , H. murorum, H. syl- vaticum. Taraxacumofficinale. Valeriana officinalis. Galium trifidum. Linnæa borealis. Asperugo procumbens. Galeopsis versicolor. G. Tetrahit. Menyanthes trifoliata. Veronica offi- cinalis, V. serpyllifolia. Euphrasia officinalis , id. var. al- pestris. Rhinanthus minor. Melampyrum sylvaticum, WT. pratense, id. var. alpnum. Utricularia intermedia. Anthris- cus sylvestris. Cicuta virosa. Carum Carvi. Ranunculus re- pens, R. reptans. Actæa spicata. Brassica campestris. Erysi- mum alpinum, Cardamine pratensis. Barbarea stricta. Cap- RÉGION SUBALPINE. 227 sella bursa pastoris. Thlaspi arvense. Geranium sylvaticum , id. var. alpestre. Parnassia palustris, id. var. tenuis., Silene inflata, S. diurna, id. var. carnea. Stellaria nemorum , S. media, S. longifolia, S. graminea, S. crassifolia-subalpina. Cerastium vulqatum , id. var. alpestre. Sagina nodosa, S. pro- cumbens. Sperqula arvensis. Ribes rubrum. 1d. var. sylvestre. Sedum annuum. Montia fontana. Epilobium angqustifolium, E. palustre. Circæa alpina. Myriophyllum alterniflorum. Hippuris vulgaris, id. var. fluitans. Sorbus Aucuparia. Rosa cinnamomea. À lchemilla vulgaris. Rubus saxatilis. Fragaria vesca. Comarum palustre. Geum rivale. Spirea Ulmaria. Prunus Padus. Trifolium repens. Vaccinium uliginosum , V. Vitis idæa, V. Oxicoccos. Artostaphylos uva ursi. Calluna vulgaris. Ledum palustre, id. var. longifolium. Pyrola minor. Polygonum aviculare , id. var. latifolium, P. Convolvoulus. Rumex domesticus , R. Acetosa , id. var. alpestris, R. Ace- tosella. Urtica urens, U. dioiïca , id. var. glabra. Chenopo- dium album. Populus Tremula. Salix pentendra, id. var. tetrandra, $. capræa , S. nigricans. Betula pubescens. Alnus barbata. Callitriche vernalis. id. var. minima. Orchis macu- lata. Triglochin palustre. Juncus filiformis, J. sylvaticus, J. alpinus. Luzula multiflora, L. campestris , id. var. pal- lescens, L. pilosa. Potamogeton natans, P. rufescens, P. perfoliatus, P. pusillus. Heleocharis palustris, H. uniglumis. Carex filiformas , C. capillaris, C. flava, id. var. humilis, C. OEderi, C. ornithopoda , C. panicea, id. var. tumidula, C. sparsiflora , id. var. vaginata, id. var. polygama, C. limosa, C. irrigua , C. canescens, id. var. subloliacea. C. loliacea , C. tenella, CG. microstachya, GC. pauciflora, G. dioica. Triticum repens. Poa trivialis, P. serotina, id. var. firmula, P. nemo- ralis, P. annua. Molinia cœrulea. Atra cespitosa, À. flexuosa. Melica nutans , Calamagrostis neglecta. À grostis stolonifera, A. vulgaris. Milium effusum. Alopecurus geniculatus, À. fulvus. Equisetum arvense, E. sylvaticum, E. pratense , E. palustre. Chara fleæilis. 298 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. Dans les provinces Uméenne, Pitéenne et Luléenne, mais non Tornéenne ont été recueillis : Plantago major. Arabis hirsuta. Sisymbrium Thalianum. Epilobium montanum , id. var. strictum. Anthyllis, Vulnera- ria. Paris quadrifolia. Juncus bufonius. Triticum caninum. En dehors de ces régions ne se trouvent plus les espèces suivantes : Achillea Millefolium , var. alpestris. Hieracium cymosum, H. præaltum. Echinospermum deflexum. Polemonium cœæru- leum. Veronica serpyllifollia var. borealis. Pedicularis scep- trum-Carolinum. Viola mirabilis. Rubus castoreus, R. triflorus. Salix caprœa, S. sphacelata. S. depressa var. cinerascens, S. nigricans var. borealis. Betula pubescens var. frutescens. Orchis angustifolia var. lapponica. Carex laxa. Poa pratensis var. rigens, id. var. alpestris, P. sudetica, P. nemoralis var. glauca. Descendentde la région alpine : 1°. Dans toute la Laponie : Gnaphalium alpinum. Erigeron uniflorus. Hieracrum alpi- num, H. fuliginosum. Veronica saxatilis. Gentiana nivalis. Arabis alpina. Draba rupestris. Stellaria borealis. Saxifraga nivalis , id. var. elatior, S. stellaris, S. oppositifolia, S. ces- pitosa, S. ascendens. Rhodiola rosea. Epilobium origamfo- lium , id. var. anceps, E. lineare. A/chemilla alpina. Sibbal- dia procumbens. Dryas octopetala. Andromeda hypnoides. Sa- lix reticulata. Juncus biglumis, J. triglumis. Luzula spicata. Carex rotundata, C. saxatilis-pulla, GC. atrata, id. var. nigra, C. rigida-glacialis. Trisetum subspicatum. Valodea atropur- purea. 20. Dans les provinces Pitéenne et Luléenne : Potentilla nivea. RÉGION SUBALPINE. 299 3°. Dans la province Luléenne seulement : Gymnadenia albida. Juncus arcticus. 4°. Dans les provinces Luléenne et Tornéenne : Saxifraga Cotyledon. Carex festiva, C. parallela. 5°. Dans la province Tornéenne seulement : Trisetum agrostideum. Carex gynocrates. Hierochloa alpina. Stellaria alpestris. La très-grande majorité des espèces que M. Anderson désigne comme australes appartiennent aussi à notre flore, mais principalement à notre région montagneuse où elles trouvent à peu près les mêmes conditions qu’en Laponie. Ainsi , si elles sont australes pour cette dernière contrée, et septentrionales pour nous, elles doivent avoir leur centre de création dans un point situé entre la France et la Laponie. On peut donc les considérer comme appartenant à cette grande formation végétale qui couvre la majeure partie de l'Europe, et dont le centre d'émission doit se trouver dans le nord de l’Allemagne, dans la Russie d'Europe et peut- être aussi dans la Russie d’Asie. La Sibérie peut avoir fourni un contingent de ces prétendues plantes australes. Elles ont pu rayonner de là en Laponie et atteindre même nos mon- tagnes centrales. Quant aux espèces qui descendent de la région alpine dans celle-ci , il en est de véritablement laponnes, et d’autres qui appartiendraient tout aussi bien aux Alpes et encore à la Sibérie. 230 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. $ 3. RÉGION ALPINE COMPRENANT LA PARTIE SUPÉ- RIEURE ET NON BOISÉE DES MONTAGNES. 1°. ZONE ALPINE PROPREMENT DITE , NON COUVERTE DE NEIGE. De la grande chaîne scandinave dont la ligne de faîte sépare ou plutôt réunit la Suède et la Norwège , partent des chaînes secondaires dans des directions diverses. Ces montagnes nourrissent en grande partie les mêmes végétaux que ceux qui se rencontrent sur les sommets et sur les plateaux ; et cependant on pourrait encore à la rigueur considérer leur végétation comme formée par les dernières plantes australes qui peuvent atteindre ces limites élevées. On peut d’autant mieux admettre cette manière de voir que cette zone n’est nulle part couverte de neige pendant l'été, et que le petit nombre d’espèces qui font exception et qui descendent de plus haut n’impriment pas leur caractère à cette région. . Tout le monde suit que le nombre des espèces comme celui des individus ne diminue pas dans la même proportion suivant l'altitude des diverses contrées, ce qui est dù sans doute à la nature différente du sol et à la diversité des tem- pératures. Dans les régions australes, où des montagnes par- tant de la plaine, portent leurs sommets jusqu’à 3 à 4,000 mètres, on reconnaît facilement l'influence de la hauteur sur de nombreuses espèces qui s’y rencontrent en zones su- perposées ; mais en Laponie où les eimes s'élèvent beaucoup moins au-dessus des plaines , l'observation et la délimitation des régions deviennent plus difficiles. Aussi, tandis que dans les montagnes de l’Europe centrale la région alpine ne com- mence qu’à 2,000 mètres, elle existe déjà en Laponie à la faible hauteur de 700 mètres. RÉGION ALPINE. 231 Quand les derniers bouleaux s'arrêtent, on voit des champs étendus où les saules et surtout les Salix glauca, S. lanata, et S. lapponum , forment d’épais buissons serrés les uns contre les autres: Sous leur ombrage viennent s’abriter des plantes australes que déjà nous avons rencontrées dans les autres régions, et qui atteignent ici leurs dernières limites. Telles sont : Cirsium heterophyllum. Leontodon autumnalis. Pinguicula vulgaris, id. var. tenuior. Ranunculus acris. Trollius europæus. Viola epipsila. Potentilla alpestris. Cæloglossum viride. Lis- tera cordata. Andromeda poliifolia. Salix phylhicifolia, $S. tenuifolia , S. hastata. Eriophorum angustifclium, E. vagi- natum, E. alpinum. Carex vesicaria , C. ampullacea, C. Buxbaumü. Festuca rubra, F. ovina. Poa pratensis. A gros- Lis canina. Au-dessus des saules et souvent dans les clairières qui se trouvent au milieu de leurs buissons, sont des plaines presque nivelées ou légèrement inclinées sur lesquelles se développe une végétation véritablement alpine et à peine mélangée de quelques espèces australes. Les Éricinées y forment des ga- zons serrés , les Joncées couvrent les lieux humides, et les Carex habitent leurs marais nombreux et peu étendus. Dès le mois de juin la neige est fondue, et il n’en reste des traces que pendant les étés froids ou dans quelques vallées abritées où elle persiste plus longtemps. Une infinité de ruisseaux glacés s’échappent alors des marais et des nappes de neige qui se fondent ; ils s’écoulent à travers la région des bouleaux et arrosent dans leur cours de charmantes plantes alpines qui accompagnent leurs eaux. Outre les plantes mon- tagnardes descendues de cette région et que déjà nous avons indiquées , on trouve encore : 252 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. 1°. Dans toute la Laponie : Leontodon autumnalis. Ranunculus acris var. pumilus, R. nivalis, R. pygmœus. Silene acaulis. Cerastium trigynum. Alsine biflora. Saxifraga stellaris var. comosa. Potenñtilla alpestris var. geranioides. Salix glauca-pullata, id. var. pallida , $. herbacea. Carex vesicaria var. alpigena, C. saxa- tilis var. viridis. Carex ampullacea var. borealis, C. ustulata, C. hyperborea, C. lagopina, C. rupestris. Poa cæsia. Aira alpina. Agrostis rupestris. 20. Dans les provinces Pitéenne et Luléenne : Saxifraga cernua , id. var. vivipara. 30. Dans la province Luléenne seulement : Erigeron alpinus , id. var. minor. Braya alpina. 4°, Dans les provinces Luléenne et Tornéenne : Poa cenisia var. flexuosa. 9°. Dans la province Tornéenne seulement : Phaca frigida. Au milieu de ces plantes alpines on trouve mélangées les espèces suivantes bien plus fréquentes dans les régions infé- rieures : Campanula rotundifolia, 14. var. albiflora, id. var. linifolia. Trientalis europæa. Rubus Chamæmorus. Vacci- nium Myrtillus. Empetrum nigrum. Polygonum viviparum. Betula nana. Gymnadenia conopsea. Luzula campestris, id. var. nivalis. Carex cœspitosa, C. aquatilis, C. vulgaris, C. chordorrkza. Hierochloa borealis. Anthoxzanthum odoratum. La limite supérieure de ces plaines élevées est déterminée par les sommets qui, pour la plupart couverts de champs RÉGION ALPINE. 233 de neige , ne laissent aux plantes alpines que de très-petits espaces libres dont elles s’empressent de profiter. Outre les Silene acaulis, Alsine biflora, Ranunculus nivalis, R. pyg- mæus, Cerastium trigynum , Saxifraga cernua, Salix her- bacea, et Poa cenisia qui croissent là avec vigueur, quoiqu'ils descendent aussi dans des zones inférieures, on y remarque : Ranunculus glacialis. Cardamine bellidifolia. Draba nivalis. Salix ovata, Luzula glabrata, L. arcuata. Poa laxa. Le caractère de cette zone se rapproche beaucoup de celui que présentent les hauts plateaux du mont Dore et du Cantal. Un grand nombre d’espèces leur sont communes, et plusieurs de celles que M. Anderson considère comme australes en Laponie, ne se trouvent ici qu'à des élévations d’environ 15 à 1600 mètres, et manquent complétement dans la plaine. 2°, PLATEAUX SITUÉS ENTRE LES SOMMETS ÉLEVÉS , ET OU DES AMAS DE NEIGE PERSISTENT PENDANT TOUT L'ÉTÉ. De vastes plateaux séparent les sommets des montagnes et s'étendent jusque sur les bords de leurs pentes, et jus- qu’au pied des pics dont ils occupent les intervalles. Là on n’aperçoit plus de végétation vraiment arborescente; à peine le Betula nana peut-il s’y développer, et les Salix has- tata, S. alpina , S. polaris et S. herbacea, y forment des forêts en miniature. Ces petits saules croissent dans les lieux dénudés ou bien entre les pierres éboulées. La neige ne dis- parait jamais totalement de cette zone, et les lieux qui en sont momentanément dépourvus sont arrosés par une mul- titude de filets d’eau froide qui s’échappent des glaciers supérieurs. On pourrait appeler cette zone celle des neiges, 23% VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. car ces lieux si rapprochés des sommets en conservent tou- Jours sur leurs pentes. On ne peut du reste étudier cette zone jusqu’à cette hau- teur , car peu de sommets l’atteignent, et quand ils y par- viennent , les glaciers qui s’en échappent et en descendent s'opposent à l’occupation de ces terrains par la végétation. Ces plateaux élevés présentent, 1°. Dans toute la Laponie : Pinguicula alpina. Saxifraga rivularis. Carex microglochin. 2°. Dans les provinces Tornéenne, Luléenne et Pitéenne : Arnica alpina. Campanula uniflora. Pedicularis flammea, P. hirsuta. Draba alpina. Oxytropis Lapponica. Andromeda te- tragona. Salix arbuscula. 3°. Dans les provinces Tornéenne et Luléenne : Antennaria carpathica. Wahlbergella apetala. Salix polaris. Eriophorum russeolum. Carex rariflora. 4°. Dans les provinces Luléenne et Pitéenne : Draba Wahlenbergii. Carex pedata. 5°. Dans la province Luléenne : Cerastium latifolium. Astragalus oroboides. Kærigia islan- dica. Carex Epigeios, C. bicolor , C. elytroides , C. rufina. 6°. Dans la Laponie Tornéenne seulement : Carex fuliginosa, C. limula. Sur les pentes situées immédiatement au-dessous des neï- ges et dans les précipices qui en sont voisins on rencontre les espèces suivantes mêlées aux Ranunculus glacialis , R. nivalis, R. pygmœus, Dryas octopetala, Cardamine belli- VERSANT NORWÉGIEN. 235 difolia, Draba nivalis, Luzula areuata, qui atteignent comme on le voit une grande hauteur : 1°. Dans la province Tornéenne seulement : Alsine rubella, A. hirta. 20. Dans la province Luléenne seulement : Arenaria humifusa. Alsine stricta. Salix myrsinites-procum- bens. Betula alpestris. Luzula hyperborea. Carex nardina. 3°. Dans les provinces Luléenne et Tornéenne : Rhododendrum Lapponicum. 4°, Dans les provinces Luléenne et Pitéenne : Gentiana tenella. Cobresia scirpina. 9°. Dans les provinces Tornéenne, Luléenne et Pitéenne. Salix arbuscula var. vaccinifolia. Chamæorchis alpina. 6°. Dans les provinces Luléenne, Uméenne et Pitéenne. Catabrosa algida. 93°. LIGNE DE FAITE ET SOMMETS PRESQUE TOUJOURS COUVERTS DE NEIGE. M. Anderson termine l’exposé qu'il a fait de la distribu- tion des plantes de la Laponie, en citant les principaux sommets de la chaine scandinave comme formant une der- nière zone que la végétation ne peut attendre, à cause de la neige qui les recouvre presque toujours. Des glaciers en descendent, et sur leurs morraines dégelées par le soleil se trouvent les premières, ou si l’on veut, les dernières plan- tes de la Laponie, telles que Ranunculus glacialis, Saxi- fraga cernua, $. rivularis, etc. 236 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. M. Anderson pense que les différences de végétation qu'il a signalées dans les diverses zones et régions de la Laponie, ne sont pas dues seulement aux diversités de l'altitude et de la température, mais il réserve pour un autre moment l'exposé de ses vues sur ce sujet mtéressant. Quand nous comparons la flore de cette dernière région à celle que nous avons observée sur les points les plus élevés du plateau central de la France, nous y trouvons de gran- des différences qui tiennent peut-être au peu d’élévation de nos montagnes relativement à la latitude des Alpes de La- ponie. | Les montagnes élevées de la Suisse nourrissent une par- tie des plantes de cette région alpine de la Laponie. Quel- ques-unes peut-être ont émigré de l'Islande , et l’Amérique arctique peut aussi avoir fourni quelques espèces à cette flore des régions glacées de l’Europe. En comparant les points les plus élevés du Cantal et du Mont-Dore à cette région alpine de la Laponie , nous trou- vons pourtant encore des espèces identiques , nous sommes frappés de l’analogie qui existe dans leur disposition relative sur le sol, et nous y reconnaissons de nombreuses espèces parallèles. $4. LAPONIE OCCIDENTALE OU VERSANT NORWÉGIEN. Cette partie s'étend du 65° au 71° de latitude , et com- prend le Nortland et le Finmark tant occidental qu’oriental. Elle est très-étroite , et souvent 1l n'existe qu'une zone resserrée entre le rivage et la ligne de faîte des plateaux. Le littoral est bordé par des fiords qui s’avancent dans linté- rieur des terres jusqu'aux pieds des montagnes. Ils décou- pent les bords de cette pittoresque contrée , et sont souvent VERSANT NORWÉGIEN. 2371 séparés par de hautes montagnes qui rendent le pays diffi- cile à parcourir et ne permettent pas la détermination ri- goureuse des diverses zones de la végétation. Il est vrai que d’un autre côté cette disposition du terrain permet de saisir d’un coup d'œil l’ensemble de la disposition des plantes d’après les influences de l'altitude et du climat. La Laponie norwégienne comparée à la Laponie suédoise, offre des différences assez nombreuses et assez marquées. L'influence de son climat maritime, et sa situation relative- ment aux îles et aux contrées polaires , établissent entre ces régions des rapports analogues à ceux que nous avons vus exister entre la Laponie suédoise et la Sibérie. Aussi doit-on admettre dans la Laponie norwégienne une région maritime, qui manque tout à fait dans la Laponie suédoise , et qui a ses espèces particulières. Le contact avec l'Océan rend le climat plus égal. Les étés y sont moins chauds , et les hivers moins froids que sur le versant suédois ,. aussi à latitude égale les températures sont très-différentes des deux côtés de la chaîne scandinave. On peut en juger par le tableau suivant : Nidarosiaë. Ile Mageroë, Température moyenne de l’année. + 4,4 -+0,1 — — dejanvier. — 6,9 —5,5 — — dejuillet..+ 18,3 —+4,5 Il n’y a donc rien d’étonnant avec ces différences de tem- pérature que des plantes australes inconnues dans la Lapo- nie suédoise puissent s’avancer sur le versant norwégien. Aussi les espèces suivantes manquant du côté de la Baltique s’avancent : 1°. Jusques à Loffoden : Ranuneulus polyanthemos. Æypericum quadranqulum. Trifolium medium. Juncus conglomeratus. Luzula maxima. 238 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. | 2°, Jusques en Nortland et à Altensen par 69° 45° : Knautia arvensis. Succisa pratensis. Campanula latifolia. Stachys sylvatica , S. palustris. Origanum vulgare. Lina- ria vulgaris. Scrophularia nodosa. Littorella lacustris. Ane- mone ranunculoides. Ranunculus Ficaria. Viola persici- folia. Polygala vulgaris. Hypericum perforatum. Linum catharticum. Geranium Robertianum. Mæhringia trinervia. Ribes alpinum. Saxifraga tridactylites. Rosa canina, R. to- mentosa. Geum urbanum. Vicia sylvatica. Euphorbia Helios- copia. Salix repens. Corylus Avellana. Orchis sambucina. Listera ovata. Epipactis rubiginosa. À llium oleraceum. Nar- thecium ossifragum. Stratiotes aloïides. Alopecurus nigricans. 3°. Jusqu'à la ville de Tronsoë ou au Finmark austral : Taraxacum palustre. Glechoma hederacea. Gentiana cam- pestris. Adoxa Moschatellina. Corydalis fabacea. Viola trico- lor, V. arenaria. Lyhnis flos-cuculi. Stellaria uliginosa. Vi- cia sepium. Lathyrus pratensis. Lotus corniculatus. Pyrola rotundifolia. Rumex hydrolapathum. Convallaria verticillata Carex pulicaris. Dactylis glomerata. 4°, Disséminées jusqu’au fleuve Alten : Hieracium Lawsonii. Chrysanthemum segetum. Veronica Chamædris. Raphanus Raphanistrum. Neslia paniculata. Camelina fœtida. Draba incana. Viola palustris. Lythrum Salicaria. Polygonum Persicaria. Orchis cruenta. Hermi- nium monorchis. Epipactis latifolia. Scirpus pauciflorus. Eriophorum latifolium. Catabrosa subtilis. 5°. Jusqu'au fleuve Tanen et au Varangerfiord : Sonchus arvensis. Thymus Serpyllum. Veronica longifolia. Sedum acre. Glyceria distans, id. var. pulvinata , G. airoides. Les plantes qui ne dépassent pas les parties les plus aus- VERSANT NORWÉGIEN. 239 trales de la Laponie suédoise , s’avancent bien plus loin sur le versant opposé, plusieurs même atteignent le cap Nord, telles sont : Veronica officinalis, Juncus squarrosus , Ajuga pyramidalis, Vicia Cracca, Hieracium paludosum, Crepis tectorum, Artemisia vulgaris, Erigeron acris, Se- necio vulgaris. Cette richesse de la flore norwégienne ne nous étonnera plus quand nous saurons que toutes les plantes de la Lapo- nie suédoise existent aussi sur le versant norwégien à l’ex- ception des suivantes : Nupbhar intermedium. Salix versifolia. Potamogeton nigres- cens, P. sparganifolius. Carex microstachya, GC. tenuiflora, C. bicolor, C. hyperborea, GC. laxa, C. lævirostris. Avena agrostidea. Poa cenisia. Quant à ce qui concerne la division par régions de la La- ponie norwégienne , nous avons déjà dit qu’elle était très- difficile. Cependant nous suivrons celle qui a été proposée par Lund, et nous partagerons la contrée en quatre régions sous les titres de 1°. maritime; 2°. sous-sylvatique ; 3°. subal- pine , et 4°. alpine ; mais comme à l'exception de la mari- time, ces zones de végétation ont beaucoup de rapport avec celles que nous avons déjà examinées, nous nous contente- rons de signaler les espèces qui donnent à la flore de ce versant une physionomie particulière, ou qui lui sont essen- tiellement propres. Avant d'étudier avec plus de détail chacune de ces divi- sions , nous devons remarquer l’uniformité de végétation de cette grande région , désignée par le professeur Schouw , sous le nom de région des crucifères et des ombellifères. Nous voyons ici ces plantes qui forment le tapis végétal de la France, de toute l'Allemagne , de la presque totalité de 240 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. l’Europe s’avancer en Norwège le long des côtes et attein- dre presque l’extrémité septentrionale du continent. Ainsi, des espèces qui ont leur limite australe sur le pla- teau central de la France , au point où la région tempérée touche à la zone méditerranéenne, s’étendent dans une di- rection opposée jusque sur les rivages glacés de la Norwège, prêtes à s’embarquer pour le Spitzberg, l'Islande ou l’Améri- que du Nord. Il ne reste donc aucun doute que le même centre d’où sont parties la plupart de nos espèces du plateau central n’ait envoyé aussi ses colonies sur le littoral de la Norwège. Il n'existe, dans la liste que nous venons de donner, qu'un certain nombre d’espèces étrangères à notre flore, mais en examinant avec soin cette curieuse végétation, on voit que bon nombre de plantes sibériennes arrivées en Suède ont franchi le faite glacé des Alpes scandinaves pour pénétrer en Norwège, ou plutôt les ont contournées par le Danemarck, et se sont propagées de proche en proche jusque sur les ri- vages les plus septentrionaux. Peut-être aussi ont-elles tra- versé plus directement la Laponie russe ou la Finlande. On remarque dans cette végétation norwégienne la proximité du continent américain , et surtout celle de l’Islande, et déjà, malgré la distance, un échange s’est opéré entre les deux pays ; des plantes américaines ou islandaises ont débarqué sur les côtes de la Norwège, et une émigration plus consi- dérable en est partie pour l'Islande et le Nouveau-Monde, 1°. RÉGION MARITIME. Elle comprend les rivages de la Norwège jusqu’au cap le plus septentrional. Mais cette bande est loin d’être continue, elle est divisée par des fiords plus ou moins profonds qui la rendent d’une grande irrégularité. La salure des eaux mari- VERSANT NORWEGIEN. 241 nes y détermine une végétation vigoureuse , et la présence d’espèces que l’on chercherait en vain sur le versant suédois. Telles sont : Aster Tripolium. Stenhammaria maritima. Gentiana serrata, G. involucrata. Glaux maritima. Primula finmarkica. Plan- tago maritima. Armeria elongata. Archangelica littoralis. Haloscias scoticum. Cakile maritima. 1satis tinctoria. Co- chlearia officinalis, C. arctica , C. anglica, id. var. fe- nestrata. Silene maritima. Dianthus superbus. Stellaria crassifolia, S. humifusa. Arenaria ciliata, A. norwegica. Ha- lianthus peploides, H. oblongifolius. Lepigonum margina- tum. Hippuris vulgaris var. maritimus. Lathyrus mariti- mus, L. velutinus. Hippophae rhamnoides. Myrica gale. Atri- plex hastata. Chara foliolata. Allium sibiricum. Juncus Ge- rardi. Potamogeton pectinatus. Zostera marina. Blysmus ru- fus. Carex-stygia, C. maritima, C .salina-cuspidata, id var. mu- tica, C. subspathacea, id. var. nardifolia, C. glareosa, C. norwe- gica, id. var. incurva , id. var. arctica. Elymus arenarius. Cala- magrostis strigosa. Cette région maritime n’a qu'un petit nombre d’espèces communes au plateau centra! de la France, et c’est certaine- ment la partie de la Norwége qui s’en éloigne le plus. Il faudrait cependant, pour établir une comparaison réelle, ajouter à cette liste les plantes ou au moins une partie des plantes qui, dans la Laponie suédoise, habitent la région sylva- tique, et dont les noms n’ont pas été répétés dans cette série. 20, RÉGION SOUS-SYLVATIQUE Comprenant les lieux occupés par le pin sylvestre. Quoique beaucoup de plantes australes puissent, comme nous l’avons déjà vu, atteindre en Norwège des limites sep- 242 VEGÉTATION DE LA LAPONIE. tentrionales bien plus avancées que dans la Laponie suédoise, où elles sont arrêtées par l’âpreté du climat , le sapin fait ex- ception à cette règle. Il ne dépasse pas en Norwège le 67° parallèle, tandis qu’il monte bien plus vers le nord en Suède, et peut même croître aussi en altitude jusqu’à près de 500 mètres. Cette différence est due sans aucun doute à l’été moins chaud de la Norwège et aux vents de mer qui sont nuisibles à cet arbre essentiellement continental. Le pin, au contraire, attemt 70°. À cette élévation il forme encore quelques forêts étendues ou des bouquets Lai dans les val- lées étroites et profondes. Ces vallées sont remplies d’une fraiche végétation où l’on retrouve les plantes austraies que nous avons déjà énumérées et qui se sont avancées jusqu'ici. On y rencontre aussi presque toutes celles qui, sous la même zone d'altitude, vivent dans la Laponie suédoise. Les suivantes pourtant sont propres à cette région Norwégienne : Erigeron rigidus, E. politus. Conioselinum tataricum. Pa- paver nudicaule. Draba incana. Oxytropis campestris, O. sor- dida. Salis finmarkica. Platanthera obtusata. Aucune de ces espèces n'entre dans la composition de la flore du plateau central. 3°. RÉGION SUBALPINE OU RÉGION DES BOULEAUX. Comme sur le versant opposé , cette région des bouleaux succède à celle des pins. Dans la région d’Alten les bouleaux atteignent très-souvent 330 mètres d'altitude, et dans les vallées abritées ils montent jusqu'à 500 mètres; mais ils cessent sur les pentes australes des montagnes, tandis qu’en Suède, malgré l’âpreté du climat, ils végètent avec une grande vigueur. YERSANT NORWÉGIEN. 213 Toutefois l'élévation du bouleau diminue en allant vers le nord. Dans la partie australe du Finmarck il ne dépasse pas 400 mètres au-dessus du niveau de la mer ; à Hammer- fest il atteint seulement 240 mètres ; à 70° de latitude, où le pin ne peut plus végéter , il ne dépasse pas 120 mètres, et enfin au cap Nord, où la température de l'été est de 12 c., il manque complétement. Dans cette région on rencontre presque toutes les plantes subalpines en assez grande quantité, telles que : Archangel- lica officinalis, Viola montana, Mulgedium alpinum et M. sibiricum , Phyllodoce cærulea , Salices , Carex atrata, Calamagrostis phragmitoides , etc. Dans les lieux où les bouleaux descendent jusque sur le bord de la mer, on rencontre des plantes à feuilles charnues, comme le Rhodiola rosea, le Primula stricta, des Draba et quelques espèces qui, soumises aux influences maritimes, changent d’aspect et deviennent presque marines. Après les espèces que nous avons déjà citées comme com- munes à la Scandinavie et à la Laponie, quelques-unes sont propres à cette région : Thalictrum kemense. Arenaria lateriflora. Chrysosplenium alternifolium var. tetrandrum. Salix punctata, S. herbacea var. fruticosa. Veratrum album var. lobelianum. Triticum vio- laceum. Catabrosa latifolia. Trois espèces, parmi ces plantes, appartiennent au pla- teau central, mais il est curieux de voir sur elles l'influence du climat : le Crysosplenium alternifolium, le Salix Rer- bacea et le Veratrum album sont pour nous trois plantes de montagne qui se représentent en Norwège, mais comme va- riétés très-distinctes et qui, par la suite sans doute , devien- 244 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. dront de bonnes espèces , et qui, partant alors de ce nouveau centre où elles auront été créées, et devenues immuables par une longue habitude, se répandront peut-être dans les con- trées voisines. 4°, RÉGION ALPINE. C’est la plus étendue. Elle est formée de nombreux sommets, et de larges plateaux qui les réunissent. La ligne du faîte atteint près de Tromsoë ses points les plus élevés, puis elle s’abaisse vers la mer glaciale où les sommets vont à peine à la limite des neiges éternelles. Sous ce climat maritime, les nuages s'accumulent sur tous les points élevés, les pluies sont fréquentes , la neige est abondante en hiver, mais elle fond partiellement en été. L’eau froide qui s’en échappe se congèle bientôt avec la neige qui ne s’est pas fondue , et il en résulte une multitude de petits glaciers ou de simples plaques congelées dispersées sur le sol. | Ces glaciers et ces champs de neige en couvrant la majeure partie du sol, s'opposent matériellement à toute végétation ; aussi les arbustes alpins comme les £rica et les Diapensia, ne sont ni fréquents ni vigoureux , tandis que l’on trouve en- core avec assez d’abondance les plantes à feuilles charnues qui sont alimentées par les eaux glacées, et qui se développent en abondance. Telles sont : Rhodiola rosea, Ranunculus nivalis, R. glacialis, etc. Un peu plus bas la flore s’embellit, on trouve plusieurs plantes alpines, et, outre celles que nous avons déjà énumérées en parlant du versant suédois ,no us citerons : Wablbergella affinis. Saxifraga Aizoon, S. aïzoïides var. VERSANT NORWÉGIEN. 245 aurantia. Sedum villosum. Salix hastata var. hyperborea. Cobrezia caricina. Quant à la zone suédoise parallèle, principalement carac- térisée par les saules, cette zone correspondante de la Nor- wège a bien peu de chose à lui envier. Non-seulement on y trouve les Salix lanata et glauca, mais encore les Salix ovata et myrsinites, et cette zone possède, en outre, les autres plantes de la Laponie suédoise. Cette région atteint 360 mètres vers le fleuve Tanen, tandis que, près de l’île Mageroë, elle ne s'élève qu’à 160 mètres. | On distingue encore une chaîne de montagnes presque sé- parée des autres, et désignée sous le nom d’Alpes-Mariti- mes, dont les sommets dépassent , pour la plupart, les li- mites des neiges éternelles. A cette chaîne appartiennent des contreforts qui partent comme des bras de la grande chaîne scandinave , descendant brusquement dans la mer, et les îles montagneuses de Wagoë, Hindoë, Senjen, Hva- loë, Soroë, Mageroë, qui forment une ceinture avancée au- tour de la Norwège. Soumises à des vents d’une extrême vio- lence, ces îles dénudées , sans arbres, nourrissent à peine quelques rares genévriers et quelques andromèdes, tandis que les Saxifraga, et surtout le S. oppositifolia , y végètent avec force , ainsi que quelques plantes à feuilles succulentes. Les seules qui ieur soient particulières sont : Ranunculus sulphureus. Saxifraga hypnoides. Quelques-unes de ces plantes, particulières à la Norwège, embellissent aussi le plateau central de la France. Le Sedum villosum, le Saxifraga hypnoides, le Saxifraga Aizoon , y sont assez abondants pour qu'on puisse aussi les croire dans leur véritable patrie. 246 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. $ 5. LAPONIE RUSSE. La végétation de cette partie de l’Europe septentrionale ressemble beaucoup à celle des autres parties de la Laponie , mais elle offre cependant quelques traits particuliers que l’on parvient à saisir, après une étude attentive des listes publiées par Fries dans le Summa vegetabilium Scandina- viæ, et par Ledebour dans la Flora rossica. Le climat de la Finlande est assez bien connu par de nombreuses observations faites à Uleaborg, par 65°, 1° 30” de latitude nord. Il est vrai que cette ville étant située sur le bord de la mer, Ja température y est bien plus uniforme que dans l’intérieur des terres, quoique la Baltique soit lon d’avoir sur le climat l’influence du grand Océan. Sous ce ciel du nord , il y a des exemples de grains semés et moissonnés dans l’espace de six semaines. D'après les observations de Julin, pharmacien à Uleaborg, a moyenne annuelle de la pluie qui tombe, estimée en cen- innêtres, ele a LU ee ce ce CCCUTTTRE 36,8 C'est-à-dire : Pour la saison d’hiver.. ............. ARC | — lé PAMEMPS.... sec ce PRE 9,4 NÉ nn al ee acte: CREER 13,7 — AUTOMNE. 2 2 0 0 à «0 ee 0 CES nr 1,3 La moyenne température des quatre saisons en {2 an- L nees : FVETR Eu 0 dhoeéfehisen — 10 LOTS TO OMR OMR + 6 DRE PRO LE Automne... Per rLE + 6 M. Julin cite des années où le thermomètre, dans les plus LAPONIE RUSSE. 247 grandes chaleurs , est monté à + 30 (1789-1796), et même à 31 (1798), tandis que, dans d’autres, le maximum n’a pas dépassé 20 (1780, 1781, 1783) ; il n’a atteint que 17 en 1784. Par contre, il est descendu à — 37 dans l’hi- ver de 1782, et à — 40 dans ceux de 1781 et 1799. Voici maintenant quelques détails de climatologie qui sont encore dus au même observateur, et qui sont extraits du Voyage d’Acerbi, t. 3, p. 185 : À Utzjoski, près d'Uleaborg, en 1795 et 1797 : Premières pluies, le 30 avril 1795 et le 5 mai 1797. Fonte de la glace sur la rivière Tana, 3 juin 1795 et 9 juin 1797. Disparition de toute la glace sur les lacs, le 28 juin 1797. Commencement des gelées de nuit, 15 juillet 1797. Les rivières se gèlent le 12 octobre 1795 et le 18 octo- bre 1797. Les campagnes sont couvertes de neige le 3 novembre 1797: Le soleil est sous l'horizon le 20 novembre 179, le 18 novembre 1797. La moitié du disque du soleil au-dessus de l'horizon le 21 janvier 1795 et 1797. Nous regrettons ici, avec M. Anderson, qu'il n’ait pu nous donner, sur cette terre septentrionale, les détails si pleins d'intérêt que nous venons de rapporter sur les autres parties de la Laponie. Il ne peut, nous dit-il, connaître quelles sont les espèces qui sont communes à la Suède et à la Norwège, ni citer toutes celles qui sont propres à cette troisième La- ponie. Toutefois, en s’aidant des ouvrages qu’il a pu se pro- curer, 1l peut encore nous indiquer que plusieurs plantes si- bériennes y sont arrivées sans avoir pu pénétrer dans les au- tres parties qu'il a décrites et visitées avec soin. 248 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. Dans cette contrée , découpée par des fleuves, des lacs et des marais, chargée de quelques montagnes, il est presque impossible de déterminer des régions botaniques, et les plantes australes paraissent intimement mêlées aux espèces arctiques. ÿ Aiïnsi, jusqu’à la ville de Kola, on trouve les plantes aus- trales suivantes , inconnues dans les deux autres Laponies : Ribes nigrum. Cotoneaster vulgaris. Orobus vernus. Hera- cleum sibiricum. Salix amygdalina. Gnaphalium uliginosum. Schenodorus inermis. Malgré la position de Kola sur une plage aussi septentrio- nale de cette péninsule, on y retrouve : Viola tricolor, V. ca- nina, V. palustris, Silene nutans, Sedum acre, Rubus idœus, Fragaria vesca, Lathyrus pratensis, et plusieurs autres qui n’habitent que les parties les plus australes des autres Laponies. Maintenant, voici des espèces qui appartiennent en pro- pre à la Laponie russe, et qui manquent dans les autres : Chrysanthemum arcticum. Pyrethrum bipinnatum. Liqu- laria sibirica. Cineraria alpina var. aurantiaca. Senecio ne— morensis. Aster sibiricus. Leontodon keretinum. Lonicera cæ- rulea. Myosotis sparsiflora. Silene tatarica. Rosa carelica. Sanguisorba polygama. Potentilla multifida var. lapponica. Hedysarum obseurum. Andromeda calyculata. Casteleja pal- lida. Salix amygdalina , S. ericetorum var. membranacea, S. polaris var. myrsinites. Carex halophyla, id. var. acu- tangula, C. spiculosa, C. reducta. Juncus castaneus. Pedicu- laris verticillata. Chærophyllum bulbosum. Cenolophium Fischeri. Ranunculus Pallasi. Caltha palustris var. radicans_ Actœæa spicata var. rubra. Parmi ces espèces de la Laponie russe et la plupart d’ori- gine sibérienne, plusieurs sont arrivées jusqu’à nous, et trou- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 249 vent aussi dans notre contrée la limite de leur expansion australe, tandis que d’autres, atteignant les Pyrénées et tra- versant même quelques parties de l'Espagne, viennent s’ar- rêter sur les montagnes méridionales de la péninsule, en compensant toujours, par une altitude suffisante , le terrain qu’elles gagnent en expansion australe. 6. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. Nous emprunterons encore à M. Anderson quelques gé- néralités qu’il a consignées en tête de son travail , mais que nous croyons plus convenable de placer ici, d’après le plan que nous nous sommes tracé pour le nôtre. « On à toujours été surpris, dit M. Anderson, de la ri- chesse de la flore de la Laponie , d’une contrée située sous un climat si rigoureux , et tous ceux qui se sont occupés de géographie botanique ont pris cette terre comme point de comparaison. C’est qu'en effet la Laponie , située à l’extré- mité nord de l’Europe, est admirablement placée pour les études de ce genre. La partie sud de la grande presqu'île scandinave la met en communication avec la majeure partie de l’Europe; les rivages occidentaux de la Norwège la rap- prochent de l’Islande, du Groënland , de l'Amérique bo- réale, et sa jonction avec la Russie, et par suite avec la Si- bérie, placent la Laponie au contflèt de trois continents, dont elle peut recevoir les émigrants ou envoyer ses représen- tants. » Si cette situation explique sa richesse et l'intérêt que peut offrir l’étude de la dispersion de ses espèces, elle a en- core pour nous, habitants de l’Europe australe , un très- grand avantage : c’est d’être la terre la plus reculée vers le 250 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. nord avec laquelle nous puissions ÉCHa QE ARROS comparaisons. Placée de 15 à 25 degrés de latitude au nord du plateau central, où nous avons établi notre point de départ, l’étude de la distribution des plantes sous des influences si différen- tes, et à une si grande distance, nous donne, pour ainsi dire, celle de tous les lieux intermédiaires. | Il ne faudrait pas cependant se faire une idée exagérée du climat de la Laponie , car, sous le cercle polaire et dans les parties septentrionales de ce pays, sous la latitude de 68° et au delà , dans des lieux où la limite des neiges éternelles descend jusqu’à 1,100 mètres, le ciel est aussi pur et l’at- mosphère aussi tranquille, depuis le mois de juin jusqu’à l’équinoxe d'automne, que dans les belles régions de la zone torride avant le commencement de la saison des pluies. L'’abondance des cousins et le bourdonnement des abeilles qui voltigent autour des chatons dorés du Salix lanata an- noncent la tiédeur du climat et la persistance des beaux jours. La présence presque continuelle des rayons solaires compense leur obliquité ; les eaux de neige qui descendent constamment des montagnes entretiennent des marais per- manents, où les plantes jouissent d’une grande vigueur. Ces lieux, couverts d’une végétation luxuriante , sont entourés de plaines desséchées pendant l'été, sur lesquelles des Céno- mice Jaunâtres, répandus à profusion, se brisent sous les pieds du voyageur. L'air est sec, les pluies sont rares. Le tonnerre ne se fait presque jamais entendre , et la neige ne descend guère ranimer cette végétation cryptogamique avant le mois de septembre. Nous avons reconnu, pour toute la Laponie, 712 plantes phanérogames, distribuées en 299 genres. Considérées au point de vue géographique, M. Anderson les partage en trois classes : 1°. les espèces véritablement CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 251 alpines qui se retrouvent aussi dans les régions montagneuses du reste de l'Europe, comme en Suisse, en Ecosse ; 2°, les espèces véritablement arctiques qui paraissent propres aux régions septentrionales ; 3°. les espèces australes communes à diverses parties de la Laponie et de la Scandinavie, comme à presque toutes les autres parties de l'Europe. Voici Les listes de ces deux premières catégories : 1°. PLANTES VÉRITABLEMENT ALPINES. A. Croissant aussi dans les Alpes suisses el mentionnées dans lu flore de Koch. Gnaphalium norwegicum , G. supinum. Antennaria carpa- thica. Erigeron alpinus, E. uniflorus. Saussurea alpina. Mul- gedium alpinum. Hieracium cydonæfolium, H. prænanthoi- des, H. alpinum. Myosotis sylvatica. Echinospermum de- flexum. Polemonium cæruleum. Gentiana nivalis, G. tenella. Bartsia alpina. Pedicularis sceptrum Carolinum. Veronica alpina, N. saxatilis. Pinguicula alpina. Archangelica offici- nalis. Thalictrum alpinum. Ranunculus glacialis. Aconitum lycoctonum. Braya alpina. Arabis alpina. Draba Wabhlen- bergii. Viola biflora. Silene acaulis. Viscaria alpina. Ceras- tium alpinum, C. latifolium , GC. trigyoum. Alsine stricta, A. biflora. Saxifraga Cotyledon, $. Aizoon, S. nivalis , $. stella- ris, S. oppositifolia, S. aizoides, S. Hireulus, S. cæspitosa, $. hypnoides, S. cernua , S. adscendens , $. éridactylites. Rho- diola rosea. Sedum villosum. Epilghium origanifolium , E. alpinum. À /chemilla alpina. Potenttila nivea. Sibbaldia pro- cumbens. Dryas octopetala. Phaca frigida. Oxytropis lapponica. Astragalus alpinus, A. oroboïdes. Arctostaphylos alpina. Azalea procumbens. Oxyria digyna. Salix lanata, S. phylici- folia, S. depressa, S. myrtilloides, S. glauca , S. myrsinites, S. arbuscula, S. ovata, S. reticulata , S. retusa, S. herbacea. Betula nana. Alnus barbata. Chamæorchis alpina. Veratrum Ve 252 VÉGÉTATION DE LA LAPONIE. album. Tofeldia borealis. Juncus arcticus #. trifidus, J. tri- glumis. Luzula glabrata , L. spicata. Scirpus cæspitosus , S. alpinus. Carex fuliginosa, C. sparsiflora, C. ustulata, C. atrata, C. alpina, C. bicolor, C. vitilis, C. heleonastes, C. lagopina, C. incurva, C. capitata, C. rupestris, C. microglochin. Cobresia caricina , C. scirpina. Poa cenisia , P. sudetica, P. cæsia , P. laxa , P. alpina. Trisetum subspicatum. Agrostis rupestris. Phleum alpinum. B. À cette liste il faut ajouter la suivante, composée de AG espèces habitant les montagnes de l’Ecosse. Primula scotica. Draba rupestris. Cardamine bellidifolia. Arenaria norwegica, À. ciliata. Alsine rubella. Sagina saxa- tilis, Saxifraga rivularis. Rubus arcticus. Phyllodoce cærulea. Salix lanata. Luzula arcuata. Carex saxatilis, C. rariflora. Ca- lamagrostis lapponica. Aira alpina. 2°. PLANTES VÉRITABLEMENT ARCTIQUES. Arnica alpina. Antennaria alpina. Erigeron elongatus, E. politus, E. rigidus. Petasites frigida. Mulgedium sibiricum. Ga- hum triflorum. Campanula uniflora. Diapensia lapponica. Gen- tiana serrata, G. involucrata. Pedicularis flammea, P. hirsuta, P. lapponica. Pinguicula villosa. Primulastricta, P. finmarkica. Nuphar intermedium. Ranunculus sulfureus , R. nivalis, R. pygmæus, R. lapponicus ,R. hyperboreus. Batrachium confer- voides. Thalictrum kemense , T. rariflorum. Papaver alpinum, P. nudicaule. Draba hirta, D. trichella, D. nivalis, D. alpina. Viola umbrosa, V. montana. Wahlbergella apetala, W. affinis. Stellaria alpestris, S. borealis, S. humifusa. Arenaria lateri- flora, A. ciliata , À. humifusa. Epilobium lineare. Rubus cas- toreus. Oxytropis campestris, O. sordida. Andromeda hypnoi- des, A. tetragona. Rhododendrum lapponicum. Kænigia islan- dica. Salix canescens, $. punctata, S. versifolia, S. versifolia- myrtoides, S. finmarkica, S. polaris. Betula alpestris. Equise- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 253 tum scirpoides. Platanthera obtusata. Calypso borealis. Juncus biglumis. Luzula parviflora, L. hyperborea. Potamogeton spar- ganifolius , P. nigrescens. Eriophorum russeolum. Carex lævi- rostris, C. rotundata, C. pedata, C. globularis , C. stygia, C. laxa, C. maritima , C. limula, C. salina, C. subspathacea, C. hyperborea, C. Epigeios, C. tenuiflora, C. tenella, C. festiva, C. arctica, C. parallela, G. gynocrates, CO. nardina. Triticum violaceum. Catabrosa latifolia, C. algida. Trisetum agrosti- deum. Vahlodea atropurpurea. Calamagrostis phragmitoides, C. strigosa. Agrostis rubra. Alopecurus pratensis var. alpestris. Hierochloa alpina, H. australis. Si à ces 97 espèces nous ajoutons les 27 que nous avons indiquées comme propres à la Laponie russe seulement, nous aurons un total de 12% espèces lapones qui peuvent aussi se rencontrer hors de ce vaste territoire dans d’autres con- trées septentrionales. En effet, parmi cette liste se trouvent des plantes sibériennes , américaines , islandaises et d’autres probablement pyrénéennes. Toutefois M. Anderson fait une : réserve pour les 19 espèces suivantes, dont un grand nombre (plurimæ), dit-il encore , paraissent particulières à la La- ponie. Ce sont : Pinguicula villosa. Thalictrum Kemense, T. rariflorum. Draba trichella. Stellaria alpestris. Salix canescens, S. punc- tata, S. versifolia, S. finmarkica. Potamogeton sparganifolius, P. nigrescens. Carex stygia , C. spiculosa , C. limula, C. halo- phyla, C. Epigeios , C. parallela. Trisetuà agrostideum. Cala- magrostris phragmitoides. 3°, PLANTES AUSTRALES. Ce sont toutes celles qui ne sont pas comprises dans ces deux catégories. Nous n’en donnerons pas la liste qui serait 254% PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. celle de la plupart de nos plantes du plateau central et même des espèces les plus répandues. Nous exposerons dans le chapitre suivant la richesse com- parative des diverses familles de végétaux qui forment les flores du plateau central, de la Laponie et du midi de l’Es- pagne, afin de donner une idée précise de l’augmentation ou de la diminution des principales formes végétales sur toute l’étendue de l'Europe. CHAPITRE XXII DES PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES NATURELS DES VÉGÉTAUX , COMPARÉS A L'ENSEMBLE DES FLORES DU PLA- TEAU CENTRAL , DU MIDI DE L'ESPAGNE ET DE LA LAPONIE. $ 1. DISPERSION ET PROPORTION DES FAMILLES. Nous avons voulu réunir dans ce chapitre l’ensemble des données que nous avons pu recueillir sur la proportion des espèces dans les trois contrées que nous avons choisies comme termes de comparaison. | Ces chiffres, appliqués à une contrée, mettent parfaitement en relief la valeur relative de chaque groupe naturel, et leur comparaison dans des flores différentes est le meilleur moyen d'arriver à connaître les influences diverses qui éloignent cer- taines familles et qui donnent à d’autres leur plus grand développement. Il serait impossible de suivre un si grand nombre de vé- gétaux dans toutes les phases de leur existence , et de re- DISPERSION DES FAMILLES. 255 chercher les causes de leur dispersion et de leur association, sans y établir d’abord une ciassification qui puisse nous per- mettre de reconnaître les rapports numériques , les contras- tes ou Les ressemblances de ces nombreuses tribus. Les familles naturelles ont, sous ce rapport, un si grand avantage, que l’on peut dire, avec raison, qu’elles ont fondé la géographie botanique. Sans elles, cette science était im- possible ; aucune méthode artificielle ne pouvait y conduire, car, dans les systèmes, les rapports sont très-souvent brisés, et les contrastes les plus frappants viennent quelquefois rom- pre et séparer les affinités les plus naturelles. Les familles, au contraire , constituent des groupes dont toutes les espèces ont ordinairement un port analogue et des caractères qui paraissent dépendre des conditions exté- rieures, bien que très-souvent ces caractères appartiennent réellement à la création primitive. Ainsi certaines familles, comme certains genres, se trou- vent dans des contrées circonscrites, dans des régions bota- niques particulières, et ne se rencontrent pas dans d’autres. IL est donc essentiel de ranger tous les végétaux d’une contrée en groupes distincts et aussi naturels que possible, afin de pouvoir ensuite les comparer entre eux ou avec ceux d’autres pays. Or, il est peu de botanistes qui ne soient assez familia- risés avec l'aspect extérieur des plantes pour ne pas les rap- porter immédiatement à leurs familles naflelles, et pour ne pas se faire une idée juste du port et de l’aspect de la végéta- tion sur la simple énonciation d’un groupe naturel. Il n’est pas indispensable cependant de réserver aux grou- pes qui forment la flore d’une région les limites des familles telles que les classificateurs les ont fixées. Il est souvent plus commode de réunir sous une dénomination générale un cer- 256 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. tain nombre de familles-réellement distinctes par leurs carac- tères organographiques , mais rapprochées par leur port, leur aspect ou leurs habitudes. C’est ainsi que l’on ne peut guère séparer les synanthérées ; que l’on peut, à l'exemple de M. de Humboldt, constituer le groupe des glumacées, en réunissant les poncacées, cypéracées et graminées ; que l’on peut également placer les narcissées avec les hiliacées ; ne faire qu’une seule phalange des rhinanthacées , verbascées , antirrhinées et orobanchées, etc. Ces réunions simplifient les études de géographie bota- nique, quand elles ont lieu sur un terrain circonscrit comme le nôtre, tandis qu’elles ont souvent de l’inconvénient lors- que l'on veut établir des comparaisons sur une grande échelle et dans des contrées éloignées, où l’on voit quelquelois cer- taines formes en remplacer d’autres dans les mêmes con- ditions. On pourrait reprocher à l’étude de ces rapports numéri- ques l'inconvénient d’être toujours un peu inexacts, car la découverte de quelques espèces dans une localité amène né- cessairement un changement dans le chiffre qui représente la valeur proportionnelle de chaque groupe. Mais il faut re- marquer que ces changements apportés par le progrès peuvent avoir lieu dans les diverses régions que l’on compare, et que, dans l’ensemble, ces petites causes d’erreur peuvent se neu- traliser. Ensuite elles affectent peu les rapports, qui restent sensiblement les mêmes. On peut donc considérer comme vraies les proportions que nous allons rechercher, surtout quand elles s'appliquent à des pays aussi soigneusement étu- diés que les trois points de l’Europe que nous voulons com- parer. Toutefois, les rapports numériques dont nous parlons ont souvent bien plus d'importance pour la flore que pour le DISPERSION DES FAMILLES. 9257 tapis végétal. Telle famille qui sera à peine représentée par un chiffre de deux ou trois espèces pourra, par la multitude de ses individus, concourir à donner au paysage une physio- nomie toute particulière. Cela est vrai surtout pour les grandes espèces, pour les arbres. Aussi, après avoir comparé le chiffre proportionnel des espèces, nous devrons, par la suite, au moins pour le plateau central, dont les détails de végé- tation nous sont connus, passer en revue les genres et les es- pèces qui, par leur nombre et leur apparence, contribuent à l’aspect de la contrée et en décorent des parties différentes. C’est ainsi que les familles des conifères, nymphéacées, papavéracées , vacciniées , érieinées, aquifoliacées, droséra- cées, convolvulacées, etc., qui ne figurent que pour une fai- ble proportion dans les chiffres du plateau central de la France, ont cependant une grande valeur d'apparence dans les associations végétales de cette contrée. Liste des familles naturelles qui ont des représentants spontanés en Europe, avec l'indication du nombre des espèces contenues dans chacune d'elles, sur trois points si- tués aux deux extrémités et au centre de ce continent. Î. THALAMIFLORES. Midi delEsp. Plateau central. Laponie. Renonculacées. ..... 38 52 29 Berbéridées. ....... { À 0 Nymphéacées. . ..... 0 3 3 Hapavéracées. .: ...: 10 8 2 Fumariacées. . ...... 10 6 2 Encres . . . .... 108 90 34 Capparidées.. ...... 2 0 0 PUmÉCS. ©... ..... 38 14 0 Il 11 258 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Midi de l’Esp. Plateau central. Laponie. Nanlnées........ 9 9 7 Résédacées......... 10 o 0 Droséracées . se 1 3 3 Polyoaléess 4.4 ) 4 1 Frankeniacées. . ..... 5 0 0 Silénacées. ........ 41 3 12 Alsinacées. ..,..... 32 36 27 Hinabées re ss see 8 12 1 EAtIDÉES ue à 0retene 0 3 1 Malvacées. ........ 14 à 0 EUIAPÉES EL Si cf ura(te de 0 2 0 AICÉTACÉES à 000 8 en jeie { 5 0 HYpéHcnées. 22/4. 10 12 2 Ampéhdées…. 2... 1 1 0 Géraniacées........ 21 15 3 Balsaminées. ....... 0 1 0 Oxalidées.…. .....,.. 1 3 1 MÉACÉES Est ne tier 0 0 0 Hespéridées. . .« ... ». 0 0 0 Zygophyllées. ...... 3 1 0 RHÉACPES ete sise site 4 2 0 Conariées.. Sep 1 1 0 374 di 128 IT. CALICIFLORES. Délastrinées : : ....4 1 Î 0 Rhamnées au .:6.. 0.4 fi 6 1 Térébinthacées. ..... 4 2 0 Légumineuses. ..... 198 130 19 Amygdalées. ..... 4 4 8 2 %- . DISPERSION DES FAMILLES. Rosacées. . .. Sanguisorbées Pomacées. . . Granatées... Onagrariées. . Haloragées. . Hyppuridées. . Callitrichinées. . ..... Cératophyllées. . .... Lythrariées. . Tamariscinées. Myrtacées. .. ... Cucurhitacées. . .... Portulacées. . Paronychiées . Ficoides..... Crassulacées. . Grossulariées . Saxifragées. . . Ombellifères. . Aralacées. . . ..…e ..… .... Loranthacées. ...... Cornées . . Caprifoliacées. Rubiacées. .. ... Valérianées. ....... Dipsacées. . .. ... Corymbifères. ...... Cynarocephales Chcoracées. ....... Midi de l’Esp. 17 ND © æ N ND © © © D A = © Qi 20 Plateau central. 90 6) 17 jee © 1 = QO = ho an = + © D © © D ND © © © ND Co æ 259 Laponie. 20 EE O1 © D = © D = © mm O1 © À à © © = © © = ND © ND = me ni © N © NO D ot 260 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Midi delEsp. Plateau central. Laponie. Ambrosiacées. ...... a 3 0 Pobéhacées: .. ..... 0 1 0 Campanulacées.. .... 16 25 3 Naccimées.s . . :.. .. 1 4 4 Enicinées. Mi. . . 2. 0 9 8 11 Énrolacées ss... 1 0 5 4 Monotropées. ...... 0 1 0 74h 712 191 III. COROLLIFLORES. ‘Aquifoliacées. ...... 1 1 0 Oléacinées ….. . ..... 3 4 0 Jasmmées.{, ......: 1 0 0 Asclépiadées. .. ..... 6 4 0 Gentianées....... le à 13 14 6 Polémoniacées. ..... 0 1 2 Convolvulacées. ..... 12 c 0 Boraginées . ....... 37 27 11 DOME. Li cie ee ed 10 8 0 Verbascées......... 11 20 1 Antirrhinées........ 24 42 9 Orobanchées.,...... 6 14 0 Rhinanthacées. . .... QE v 19 1f Eabiéess ss LÉ pe 98 15 11 Acanthacées........ 1 0 Verbenacées........ 1 0 Lentibulariées. ..... { 6 Primulacéess::4.. 4 12 20 à Globulariées.. ...... 1 1 0 DISPERSION DES FAMILLES. 261 | Midi del’Esp. Plateau central. Laponie. Plumbaginées. . ..... 12 2 1 Plantaginées. ...... 14 11 5 283 275 70 IV. MONOCHLAMYDÉES. Amaranthacées.. . ... 5) 4 0 Chénopodées.. .,... 32 19 5 Polygonées. . ...... 17 30 11 Rannées......... 0 0 0 hyméléess: . ...... 11 6 1 Pantalacées:.. . . . . 4 3 0 Elæasnées.. ......, 1 0 0 Anistolochiées.. ..... 3 4. 0 nes Hu. .... à 1 0 0 HMpÉLrÉES A. . .. . .« 0 1 1 Euphorbiacées... .... 23 26 1 D... . . 9 11 2 Gupulifères..…....... 11 9 1 PMICIRÉES.. . .. . .. .. 1 19 27 Ptulinées,. ....... 0 3 6 2 LE ORNE 0 0 1 DOnilères. .. . ....:. 12 T 4 136 142 60 V. MONOCOTYLÉDONES. Hydrocharidées. . . . .. 0 0 1 Alismacées. ......., 2 5 1 Li 262 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Midi del’Esp. Plateau central Laponie. Butomées, . ..... . 0 | 0 Juncaginées.,. . . . . .. 1 3 3 Potamées.........4 6 12 10 Lemnacées......... 0 4 1 Hyphacéess en 00e 2 3 1 Palmiers.. .. 0m 1 0 0 Aroidéesnh ice ct 3 2 1 Orchidées... ,... 1 29 41 18 ridées:e:. Me « cod 10 7 0 Amaryllidées.. ..... 10 X 0 Dioscorées. ....... r 1 1 0 Asparaginées. ...... 5) 12 4 Riliacéeseim 215. 0.0 97 393 4 Colchicacées. . ...... 2 2 1 Commélinacées.. .... 1 Î 0 Joncacées #. ......3 14 25 26 Cypéracéest. 4.0.8 32 73 90 Graminées. ........ 154 138 63 VI. MONOCOTYLÉDONES CRYPTOGAMES. Marsiléacées. . ..... ; 0 3 1 Lycopodiacées. ..... 0 5 6 Équisétacées 1200). 1 8 7 Fouséres het 24 30 23 Characees en 1 9 2 DISPERSION DES FAMILLES. Thalamiflores. ...... Balciflores...:..... Corolliflores. . ...... Monochlamydées. ... Monocotylédones. . .. Monocotyl. cryptog... ToraL des dycotilédones. — des monocotylédones. Toraz général de la flore RÉCAPITULATION. en” Midi de PEsp. 314 744 Plateau central. 333 712 275 142 367 55 1462 422 1884 263 Laponie... 128 191 70 60 224 39 449 263 a 712 Rapport de chaque famille au total dans les trois contrées. Le signe < (plus grand) indique une proportion crois- sante en allant du midi au nord de l’Europe ; le signe > (plus petit) une proportion décroissante, en suivant la même direction ; le signe — (égal) une proportion sensiblement uniforme dans les trois contrées. Les familles sans impor- tance ne sont précédées d'aucun signe. Le chiffre 4 indique que le groupe ne comprend qu’une seule espèce. Renonculacées.… . Berbéridées. . .. Nymphéacées. . . Papavéracées. . Fumariacées.. . . Crucifères. .... Royaume de Grenade. : A9 1 = mù en là . + Plateau central. AS Laponie. 1 : 24 0 1:23 4 : 359 1 : 359 1 : 21 264 PRGPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Royaume de Grenade. Plateau central. Laponie. Capparidées. . .. L:2298 R. 0 0 Cistinées. . > 1:49 134 0 Violariées. . .... << 1: 208 1": 209-1401 Résédacées.. ... S:1::,1800 IR 0 Droséracées. ... < 1 1 : CT Polygalées. .... SR ONE ON 1 Frankéniacées... > 1 : 375 0 Silénacées... ... NET 1 : 54 1 : 10 Alsinacées. .... rl 108 1 : 92 1 : 26 Elatinées... .. Ô 4 : 627 1 Fainbess st te > 1:50098 \ minor 1 Malvacéess se 1 2498 | 15004 0 Tihacées. . .... O0 1 : 941 0 Hypéricinées. .. > 4 : 187 1 : 157 1 : 355 Acéracées. .... LE À 0 Ampélidées. ... 1 1 0 Géraniacées. ... > 1 : 89 1: 495 1 : 937 Balsaminées. ... 0 { 0 Oxalidées...... 1 1: 627 1 Méliacées.. .. .. 0 0 0 Hespéridées. . .… 0 0 0 Zygophyllées..… . 1 : 624 1 0 Rutacées... .... > 1 : 468 1 : 941 0 Coriariées. . .... { «| 0 THALAMIFLORES . — 1 : 9 1.: 50 4.2: 959 Célastrinées. . .. 1 1 0 Rhaimnéés. . JO 1 : 2680 4 : M8 1 Térébinthacées.. > 1 : 468 1 : 941 0 Légumineusess 4 =>11 : 1955 : M1: 14/5000 Amygdalées. ... — 1 : 468 1 : 235 1 ::355 DISPERSIGN DES FAMILLES. Royaume de Grenade. Rosacées. . .... ee. 1 : 111 Sanguisorbées . PR 1 : 375 Pomacées, . . «st 1 : 912 Granatées. .... 1 Onagrariées. ... < 1 : 268 Haloragées.. ... 1729914 Hippuridées. . . 0 Callitrichinées. .… 0 Cératophyllées. . 0 Eyimamées. . < 1 : 937 Tamariscinées. . . 937 Myrtacées. . ... 1 Cucurbitacées... > 1 : 624 Portulacées. ... > 520997 Paronycmées. .. > 1 : 95 Picoides. - . :. 1 Crassulacées.. .. — 1 : 104 Grossulariées. .. << 0 Paragces. . 0 € 1 : 187 Ombellifères. .. > 1 : 20 Araliacées.. ... 1 Cornées. ...... 0 Caprifoliacées. .. > 1 : 208 Loranthacées . .. 1 Rubiacées. .... > 1 : 49 Valérianées. . .. 1 : 268 Pnpsacées D... > 1 : 111 Corymbifères. .. > 1 : 20 Cynarocéphales.. > 1 : 24 Chicoracées. ... — 1 : 28 Synanth. réunies. > 1 : 8 Plateau central. 1 1 = en nn je je lb ju .. : : 38 : 316 À : 265 Laponie. 15700 17297 Un 15) 0 1 : 101 il 1 L.,:,359 0 Log as 15 1) 1 0 0 1 0 0 1 : 178 120297 1 perots (5) 12PAT 1 1 122995 0 l'E T18 1 122990 1 : 24 1 : 142 1":"28 1742 266 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Royaume de Grenade. Ambrosiacées. . . Lobélacées. ... Campanulacées. . Vacciniées. .... Ericinées. ..... Eyrolacées. #4 Monotropées.... CALICIFLORES. . . Aquifoliacées. . . Oléacinées. .... Jasminées.. ... Apocynées et ascl. Gentianées..,.. Polémoniacées. . Convolvulacées. . Boraginées . . .. Solanées. ..... Verbascées..... Antirrhinées . .. Orobanchées. .. Rhinanthacées. . Personn.réunies. Éabiées:,.: 54. Acanthacées.... Verbénacées...…. Lentibulariées. . Primulacées. . .… Globulariées. . .. Plumbaginées.. . Plantaginées…. . = 1 _: OA (Ù 4. : dan 1 1 : 208 0 0 19:02) 1 1 : 624 1 1 : 912 1 : 144 0 1 : 156 11:49 L':4187 1 : 170 1:78 1:81 1. : M11 1: 22 1:49 1 1 : 624 1 1 : 156 1 4: 46 110 Plateau central. 14627 pd eb = ub . se os un nb jh (be eh je jh jm CES EL] . .. è "EE 75 Laponie. jee nb jh je . COR] DISPERSION DES FAMILLES. Royaume de Grenade. COROLLIFLORES. . Amaranthacées. . Chénopodées.… . Polygonées. . .. Laurmées. . ... Santalacées . ... Eléagnées. . ... Anistolochiées.. . CIEpnEES .. ... Empétrées. . . . . Euphorbiacées. . LPucéest... . .. Cupulifères. ... Salicinées. . ... Bétulinées. . ... Amentacées réun, CoRiIEres. .. . Miricées. . MoxocHLAMYD... DycoryL. RÉUN.. Hydrocharidées. . Alismacées , ... Butomées..,.... Juncaginées. . Potamées. .…... Lemnacées,.... Typhacées. . . .. Palmiers...... ASIA EN A A A 1 1 1 1 ee jen Le jen LI] .. . : 6,6 O1 : 60 D 14 à 0 170 : AG8 1 : 624 Plateau central. { 1 db je (eb jeb jen lb jun L2 20. co est Me jh b jun : 6,8 : 470 267 Laponie. 1 : 10,1 0 1 : 142 RE 0 | 0 0 0 0 Î 1 1e LE 1 1:20 1 : 118 155721 1 -AT18 ‘| 1 : 11,8 1: 1:90 1 1 0 RE 1 É 4: 14 1 1 0 268 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Royaume de Grenade. Plateau central. Laponie. Aroidées.. .... > 1 : 624 1: _0M { Orchidées. ..... 1 : 204 1 : 46 dt ;-,29 Iniées.. . . 1 s,4 : 187 , 1-02 0 Amarylidées2iu%,4 : 187. 1 : 470 Mec 0 Dioscorées. .... 1 1 9 Asparaginées. .. — 1 :,375. , 1 : 157. 1:28 Liliacées. . . 1:69. 1:57 ASE Colchicacées.... > 1 : 937 1 : 9%1 SAR Commélinacées. . 1 1 0 Joncacées. . .... << 1.:,4385280 : 75 CUS Cypéracées. 44 ER PR d: 26 1.38 Graminées. . . AS ASS A4: 13,6, MA Glumacées réun. < 1 : 9,5 Li 238; 1:4 Equisétacées. ... < 1 .1::°936 1: 40 Marsiléacées. .. 0 : ,1 : 0021 | Lycopodiacées. … < 0 1:8516 4 Fougères... ur À :,48 1 : 65 1,5 228 Characées. .... 1 1 : 209 "1,579 Monocor. RÉUN.. < 1 : 9,8 À : 4,4 1°: "a En examinant avec attention les tableaux que nous avons donnés du nombre et de la proportion des espèces, sur les trois points de l’Europe que nous avons choisis, on remarque de très-grandes différences dans les familles et dans les classes. Nous allons jeter un coup d’œil sur ces oppositions, et chercher à démêler dans cette apparente confusion quelques principes ou quelques lois de la géogra- phie botanique. Nous partagerons d’abord les espèces de ces flores en cinq grandes séries ou classes. Les thalamuflores, les caliciflores, les corolliflores , les monochlamydées, et les monocolylédones. DISPERSION DES FAMILLES. 269 Î. THALAMIFLORES. La majeure partie des familles qui composent cette classe diminuent en nombre d’espèces à mesure que l’on va vers le nord. Dans cette catégorie se trouvent les papavéracées, fumariacées , crucifères, cistinées , résédacées, polygalées, frankéniacées, silénacées, linées, malvacées, géraniacées, rulacées. Quelques-unes , comme les tihiacées, acéracées , hypéri- cinées, semblent atteindre, en Europe, leur maximum d’es- pèces dans le centre de ce continent. Les familles suivantes sont en voie d’accroissement vers le pôle : renonculacées, violariées , alsinacées , droséracées. La famille des crucifères est exactement dans les mêmes rapports pour les deux flores de la Laponie et du plateau central. Sa proportion augmente dans le midi de l'Espagne, soit à cause de la prépondérance des plantes annuelles qui en font partie, soit à cause des montagnes élevées qui leur donnent asile. En somme, et par suite de compensations entreles familles, le nombre des thalamiflores reste sensiblement le même rela- tivement au nombre total des espèces. Le rapport pour la Laponie est exactement le même que pour le midi de l’Es- pagne. Il est un peu plus faible pour le plateau central. 2, CALICIFLORES. Comme cela a lieu pour les thalamiflores, nous voyons la plupart des familles des caliciflores et surtout celles qui sont les plus nombreuses en espèces, diminuer en nombre en allant du sud au nord, telles sont : les rhamnées, téré- binthacées, légumineuses, cucurbitacées, portulacées , pa- 270 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. ronychées , ombellifères , rubiacées ou étoilées, dipsacées, synanthérées. Les familles suivantes atteignent leur maximum au centre: amygdalées , pomacées, crassulacées, caprifoliacées, cam- panulacées. Leur nombre diminue dans le royaume de Gre- nade et en Laponie. Au contraire, celles que nous allons citer se montrent plus riches en espèces (toujours relativement au nombre total existant), dans la Laponie que dans les deux autres contrées : rosacées, sanguisorbées, onagrariées , lythra- riées, grossulariées, saxifragées, vacciniées , éricinées , pyrolacées. La grande famille des synanthérées décomposée en trois groupes, nous montre que les corymbifères vont lentement en décroissant vers le nord , que les cynarocéphales diminuent très-rapidement dans le même sens. Elles sont pour l’Europe les plus méridionales des synanthérées. Les chcoracées se maintiennent à peu près dans la même proportion. Leur rapport au total est le même 1 : 28 dans le royaume de Gre- nade et en Laponie; 1l augmente un peu 1 : 24 sur le plateau central, et cela probablement parce que le genre Hieracium, difficile à étudier et souvent à rencontrer à cause de la florai- son tardive des espèces, a pu être recueilli avec plus de loisir. Ainsi la proportion de toutes les caliciflores réunies reste à peu près la même pour le midi de l'Espagne et pour le plateau central ; mais elle s’affablit considérablement en Laponie. 3. COROLLIFLORES. Parmi les familles de cette classe qui peuvent nous offrir quelques résultats, nous remarquons que les suivantes con- DISPERSION DES FAMILLES. 271 tiennent moins d’espèces à mesure qu'elles approchent du nord : apocynées et asclepiadées réunies, convolvulacées , boraginées, solanées , labiées. Plusieurs d’entr’elles se montrent sur le plateau central avec une certaine prépondérance. Ce sont les verbascées, anthirrhinées, orobanchées , primulacées. D’autres deviennent plus nombreuses en espèces en allant vers le nord, telles que : gentianées , rhinanthacées , len- hbulariées. En général les corolliflores perdent de leur importance numérique du sud au nord. Il y a presque parité dans leur proportion entre le plateau central et le midi de l'Espagne, mais en Laponie le rapport au total diminue dans une pro- gression rapide. ‘4. MONOCHLAMYDÉES. Nous trouvons dans cette classe plusieurs familles qui s’affaiblissent on qui s’éteignent vers le nord , telles sont : les amaranthacées, chénopodées, thymélées, santalacées, cupulifères. Les polygonées , les euphorbiacées et les urticées sont plus nombreuses sur le plateau central que dans le midi de l'Espagne et la Laponie. Les conifères atteignent au con- traire leur minorité sur notre territoire et se relèvent en Es- pagne et en Laponie. Les sahcinées et les bétulinées augmentent fortement dans les régions septentrionales. En somme, les monochlamydées , à l’inverse des classes précédentes , deviennent de plus en plus prépondérantes à . mesure que l’on s’éloigne du midi. 972 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. D. MONOCOTYLÉDONES. Un petit nombre de familles seulement, dans cette grande division du règne végétal, sont plus riches au midi que dans le nord de l’Europe. Nous pouvons citer, comme présentant ce caractère, les 2ridées, amarillydées , aroidées ; mais au contraire les suivantes admettent un plus grand nombre d’es- pèces dans la Laponie : potamées, orchidées, juncacées , cypéracées , graminées, fougères. Les asparaginées sont plus nombreuses sur le plateau cen- tral que dans les deux autres contrées, 1l en est de même des liliacées, ce qui tient sans doute, comme le fait observer M. Boissier, à ce qu'un certain nombre de plantes de cette famille ont échappé à ses investigations. Les liliacées sui- vraient alors la marche des iridées et des amaryllidées qui appartiennent plus spécialement aux pays chauds. Les monocotylédones suivent donc la même loi d’accrois- sement vers le nord que les monoclamydées, mais d’une manière plus tranchée, c’est-à-dire que la progression des monocotylédones en allant vers le nord est très-forte et très- rapide. | Si donc nous classions les groupes de familles dans l’ordre géographique de leur décroissance , en partant du midi pour aller vers le nord , nous aurions : 1°. caliciflores, 2°. corol- liflores, 3°. thalamiflores, 4°. monochlamydées, 5°. mo- nocotylédones. Si au lieu de suivre pour l’arrangement de nos familles l'ordre généralement adopté, nous nous reportons à la dis- position méthodique de Jussieu , telle qu’elle était suivie au commencement de ce siècle, nous aurons le tableau _ suivant : DISPERSION DES FAMILLES. 215 Liste ou total des plantes des trois contrées réumes par groupes d’après l'arrangement primitif de Jussieu. Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie, Acotylédones fougères... 26 14 : 72 99 À: 54 39: 1::.48 Monocotyl. hypogynes.. 196 4 : 9,5 255 1 : 8 167 À : 4,2 — périgynes... 74 À : 25 94 1 : 20 90:14 :-48 — épigynes ... 29 1 : 65 AA À : 46 19:24:97 Apétales épigynes. ; .... AA "AGEMENN 12470 VO — périgynes....,. 65 1 : 29 58 1: 54 ATDAGSTAL — hypogynes.... 51 14 : 60 474,5: M0,.,:614,,4: 448 Monopét. hypogynes.... 257 1 : 7,2 9262 1 : 7,2 (64 14 : 11 — périgynes. ... 26 1 : 72 44 1:45 22 41:92 — épig. synanth.: 258 1 : 7,9: 216 41 : 8,7 59 1 : 12 — — disjointes. 61 1 : 51 62 1 : 30 14,4 :,65 Polypétales épigynes.... 96 1 : 19 83 1 : 22 16 1 : 44 — hypogynes.. 574 1 : 5 359 1: 5,3 498 L: 5,5 — pécieynese. 1322 1 : 5,8: 298 1 : 6,3 82 1: 8,7 Irrégulières unisexuées.. 62 1 : 51 1081-37 95 49. À : 17 L'examen de ce tableau nous montre que les classes sui- vantes vont en s’affaiblissant vers le nord : toutes les apé- tales , les monopétales hypogynes et épigynes, les polypé- tales épigynes et périgynes. Les polypétales hypogynes, correspondant aux thalami- flores, restent en nombre sensiblement égal dans les trois contrées. Les classes suivantes acquièrent de la prépondérance en allant du sud au nord : fougères, toutes les monocotylédones, les monopétales périgynes et les unisexuées. Si maintenant nous réunissons les classes d’après la con- sidération de la soudure des pétales ou de leur absence, nous avons le petit tableau ci-après : II 18 274 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie. Fougères, ete... ....... 20 1:12 55 1 : 54 39 1: 18 Monocotylédones. -.... 297 4 : 6,5 567 1 : 5,1 224 1 : 5,2 ApÉtAleS 0... 50. 100 4 : 49 79 1: 2 51 | Monopétales. ......... 589 4 : 3,2 584 1: 3,2 156 1 : 4,5 Polypétales. .. ........ 799 4 : 2,4 7AA A: 2 C5 1 Unisexuées........... 62 1 : 51 76 1::25 0 CEA VI Ce tableau confirme ce que nous avons dit un peu plus haut. Il nous montre cependant que si le nombre des plantes à corolles monopétales et polypétales va en diminuant vers le pôle, cela paraît dù à la proportion considérable de mono- cotylédones qui viennent faire partie du total de la flore ; car si nous comparons ces différentes classes de végétaux au total, abstraction faite des monocotylédones, voici les nou- veaux résultats auxquels nous parvenons : Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie. Apétnles "5. 100 4 : 15,5 79 4: 18/2005 01-729, Monopétales......... 582 1 : 2,64 584 1 : 2,5 156 4 : 2,9 Polypétales 0... 792 41: 245 714422 226 1 : 2 UMPEXUÉES. 0... 0204094 8 OA 42 14 : 10,7 On voit que les rapports sont un peu changés, et que les polypétales , au lieu de se maintenir en égale propor- tion dans les trois contrées , comme précédemment, vont, au contraire, en augmentant un peu vers le nord, ce qui leur conserve leur rang géographique inférieur aux mono- pétales. Mais il est une autre considération très-curieuse au point de vue de la dispersion géographique, c’est l'examen des proportions relatives des épigynes, périgynes et hypogynes. Voici le tableau de leur nombre et de leurs rapports : DISPERSION DES FAMILLES. 275 Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie. Mnevnes............ 498 1 : 4,4 . 406 1 : 4,6 105 1 : 6,7 Hypogynes.…. ........ 858 4 : 2,2 847 1:22 565 1 : 2 HÉRIEYNES.... ee a ee 487 1 : 3,99 494 1 : 5,8 160 1 : À,4 Le résultat en est très-remarquable. On y voit clairement la diminution des épigynes et des périgynes vers le nord de l'Europe, et l'égalité parfaite des hypogynes. Mais séparons encore les monocotylédones, qui peuvent masquer quelques rapports, et construisons le même tableau avec les dycotylédones seules ; nous aurons : Roy. de Grenade. Plateau central. Laponie. En... 900 1 : 5,5 262 4:7/5,20170104 : 6,4 Hypormes.. 51... G6022%4:2,5 : 612.1 : 92,3 .. 198.4 ::25 Périgynes.…......... 415 À : 5,7 400 4 : 3,7 121 1 : 5,7 Ce tableau nous offre une égalité complète entre les pé- rigynes et les hypogynes dycotylédones , et une diminution très-marquée des épigynes dycotylédones dans le nord de l'Europe. M. de Humboldt avait déjà dit que la plupart des mono- cotylédones à étamines épigynes et même périgynes recher- chent les climats chauds ; telles sont les palmiers , les bro- meliacées, les musacées, les cannées, qui sortent à peine de la zone torride, tandis que celles à étamines hypogynes, comme les graminées et les cypéracées, supportent avec ré- signation le froid des régions polaires. Enfin, pour savoir si cette diminution plus forte des co- rolflores vers le nord de l’Europe n’était pas due à un ar- rangement artificiel des familles, nous les avons disposées d’une autre manière, en suivant l’ordre adopté par Fries dans le Summa vegetabilium Scandinaviæ, ordre qui dif- fère essentiellement de celui que de Candolle a choisi pour 276 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. le prodrôme, et du groupement antérieur du Genera plan- tarum de Jussieu. Voici ce groupement des familles, d’après le Summa de Fries : | COROLLIFLORES. Seminifloræ. | R. de Gren. Plat. centr. Laponie. DYHALTRÉLEES EE. 1... 2338 216 99 Dipsacéess 450..." 17 10 2 Ambrosiacées. ...... 2 3 0 Valérranées. 7.7. y | 13 1 Rubiacéesr es nt, 37 26 6 Loranthacées. ...... 1 1 0 Caprifoliacées. . ..... 12 2 311 281 70 Annulfloræ. Campanulacées.. . ... 16 25 3 Lobéliacées. ....... 0 Î 0 Convolvulacées. . .... 12 F 0 DOrAgINEs 1. 37 27 11 LADIEESR SAS eee 98 75 11 Ményanthées..... .. 0 1 1 Polémoniacées. ..... 0 2 163 137 28 Tubifloræ. Oléinées. .... #14 3 4 0 Jasminées. . ....... l 0 0 Verbénacées . ...... 3 1 0 Asclépiadées.. . ..... 6 4 0 Gentianées......... 13 13 ) Solanées .,.......,. 10 8 0 Personnées.....,... 98 95 21 DISPERSION DES FAMILLES. Tubifloræ (Suite. Lentibulariées. ..... 1 Primulacées. ....... 12 Acanthacées........ { Globulariées. ....... 1 Plantaginées. ...... 14 Plumbaginées....... 12 Total des Corolliflores. . . 609 Discifloræ. Serhifloræ. THALAMIFLORES. Frangulacées et célastr. 8 Térébintacées. . ..... 4 Aquifoliacées. . ..... 1 Alrahacées. . . . 4... 1 Ombellifères.. ...... 95 AdUxERS . .. . . +... 0 ACÉRINÉES. ... 1... . 1 Résédacées ........ 10 120 Nymphéacées....... 0 Renonculacées. ..... 38 Berbéridées. . ...... 1 Papanéracées-. .. ... 10 Füumariacées.. ...... 10 DMICILÈTES... :« + ee ae 108 Bolysalées... …...... H) 112 © OX Or = mn 0 à 9 I A] = & | pe Sœ So OC = © © = BA QC) 1 | 29 278 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Columnifloræ. | Tilaceoh 4. 0 Malvacées. ........ 14 Géraniacées. ....... 21 OxAIMÉEEr LR 1 Balsaminées. ....... 0 Hypéricmées. . ..... 10 Ampélidées. ....... sl DISUMÉESE EC CRE: 38 Capparidées........ 2 Viblariées. rue 9 Droséracées. ....... 1 SHÉNALÉES. de: 50 1e 41 AISIRACEES LL lets à 32 Frankéniacées . ..... 9 Linacées tres ch. ce 8 FHNEES Se. 0 08 sur 0 Zygophyllées. . ."... 3 RUÉACESS à do eo c'e % Conanées.. 2... { 191 Total des Thalamiflores. 483 CALICIFLORES. Faucifloræ. Cucurhitacées. . . ... 3 Grossulariées. .,..... 0 SAXITADÉES.abirle 10 Crassulacées. . ...... 18 LYCATAMÉESC RACE 2 Onagrariées. .,..... 7 C9 md pe a SR nm ND = % O1 = N Jens > NO æà 9 NN © © O1 & © 427 me I D & DISPERSION DES FAMILLES. Faucifloræ. (Suite. Haloragées. :,..0..: 2 Hyppuridées. . . ..... 0 Hicdide.. 84 0 « 1 Granatées.......... 1 Myrtacées....7.... 1 45 Rosifloræ. Bomacees..... 1... 6 MOMIECRS. . . .. 5... 22 PARUpACÉES.. 4 Papilionacées. ....., 198 230 Centifloræ. Enemées. :. . .0.... 9 1 Maccinges. . .. 6. . .. 1 4 Pyrolactes....$2... 0 4 Empéitées.. ..:.... 0 1 Monotropées. ...... 0 0 Euphorbiacées... .... 23 1 Tamariscmées. . .... 2 1 Portulacées. ..,.... 2 1 Scléranthées........ 1 0 Paronychiées. . .. .... 19 0 Polygonées. . ...... 17 30 11 74 87 34 Total des Caliciflores ... 349 363 112 280 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. rene see © Q0 INCOMPLÈTES. Bracteifloræ. Aristolochiées. . ..... 3 4 CHnÉeST ON"... 1 0 Santalacées. ..,..... 4 3 Lhymeélées. #0. 11 6 ElRAgnees... : 59. 1 0 nticées sr Loic 9 11 Amaranthacées...... 6) À Chénopodées. . ..... 32 19 66 38 Julifore. | Cupulifères.. . ...... 11 9 DahCinées:. ie. gi 19 Bétulinées.. ....... 0 3 Miryeées ue 0 0 Contières.. .. Mn: 12 7 Equisétacées.. ...... 1 8 31 46 Nudifiore. Callitrichmées.. ..... (1 3 Cératophyllées. ..... 0 2 Charachess55. 0 hs. 1 9 { 14 Total des Incomplètes. . . 98 98 DISPERSION DES FAMILLES. MONOCOTYLÉDONES. Fructiflore. Drechidées..4:. 2... 29 ME enr 10 Amaryllidées.. ..... 10 Hydrocharidées. . ... 0 Nayadées........ À 0 49 Lilüfloræ. PAHacées. . nl ve 27 Colchicacées. ....... a Ahsmaoges. 20. . 2 Butomées. . ......« 0 Juncaginées. ....... 1 Joncacées . . . ...... 14 Dioscorées commelin. . 2 Asparaginées. ...... H) 53 Spadicifloræ. PROMICES.. sue 3 POMMÉES... . …. + cs 6 MPMAGÉEN 2... « 2 ÉYDÉRACÉES.-. .. . .. 32 | 2HITIT TT 1 44 90 Glumifloræ. Graminées. ........ 151 138 Total général des Monoc. 297 347 282 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. HÉTÉRONÉMÉES. Fougères. Polypodiacées. . ... À | 24 Ophioglossées. .... | ki “# Lycopodiacées . ..... 0 5) 6 Marsiléacées. . ...... 0 3 2 Total des Hétéronèmes.. 2% 38 31 Voici maintenant les résultats que nous obtenons avec ce nouvel arrangement des groupes naturels. Chacune des grandes classes des dycotylédones est, dans chaque contrée, dans le rapport suivant au, total de tous les végétaux , tant dycotylédons que monocotylédons : Royaume de Grenade. Plateau central. Laponie. Corolliflores. . 1 : 3,05 1,:-3,2% 4:61 5 Thalamiflores. 1 : 3,85 1: 4248 4 : 4,90 Caliclores 4.125838 1: 539 17: 6:94 Incomplètes.. 1 : 19 1: 192 1: 125 On reconnaît immédiatement que les plantes pétalées di- minuent, relativement à la masse totale, du midi au nord de l'Europe, et que cette diminution est plus rapide en ce qui concerne les corolliflores, un peu plus tranchée aussi pour les caliciflores, et quoique, d’après ce dernier mode de grou- pement, les thalamiflores décroissent aussi vers le nord, cette nouvelle combinaison nous donne encore : corolhiflores, ca- hiciflores et thalanuflores. Il est facile de remarquer que dans la liste que nous avons présentée des familles européennes , il en est un grand nom- bre qui n’appartiennent pas à cette partie du monde, ni DISPERSION DES FAMILLES. 283 même à aucune des zones froides et tempérées du globe. On reconnaît des familles dont le centre de création existe sous les tropiques, mais qui envoient au loin quelques-unes de leurs espèces qu’elles choisissent dans les genres les plus robustes , comme pour donner partout un avis de leur exis- tence. Ces familles originaires de la zone tropicale ou de l’hémis- phère austral, n’ont presque pas d'importance dans le tapis végétal de l'Europe. Quelques-unes pourtant , par le grand nombre d'individus qui composent l'espèce ou le genre égaré, impriment au pays une physionomie particulière. Nous citerons parmi ces groupes extra-européens, les Berbé- ridées. Capparidées, Polygalées, Ampélidées, Balsaminées, Méliacées, Hespéridées, Zygophyllées , Rutacées , Célas- trinées , Térébinthacées, Myrtacées , Cucurbitacées, Ficoi- dées , Portulacées, Araliacées, Loranthacées, Lobélia- cées, Jasminées , Oléinées, Apocynées, Asclépiadées , Acan- thacées, Verbénacées, Laurinées, Santalacées, Eleagnées, et parmi les monocotylédones les Palmiers, les Dioscorées , les Commélinées. D’autres , quoique assez répandues en Europe, ne sont pourtant pas des groupes européens, mais des familles étran- gères qui sont un peu mieux représentées. Telles sont les : Malvacées , Grossulariées , Crassulacées, Rubiacées , Con- volvulacées, Solanées, Boraginées , Thymélées, Aristolo- chiées , et dans les monocotylédones les: Aroidées , Orchi- dées, Iridées, Amaryllidées , et même les Fougères. En revanche, il existe de grandes familles extra-tropicales qui appartiennent non spécialement à l’Europe, mais aux zones tempérées et froides, et qui entrent pour une grande proportion dans les flores de ces contrées. De ce nombre sont les Renonculacées , Crucifères, Alsi- 28 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. nacées, Rosacées en général , Saxifragées, Ombelhifères , Gentianées, Labiées, Rhinanthacées, Chicoracées, Primu- lacées, Ericinées, Amentacées , Coniféres, et dans les mo- nocotylédones les Joncées, les Cypéracées. Enfin certains groupes de végétaux sont disséminés sur la majeure partie de la terre, tout en se retirant des régions trop froides , tels sont les Légumineuses, les Corymbifères, les Cynarocéphales , les Antirrhinées, les Chénopodées, les Euphorbiacées, et parmi les monocotylédones les Liliacées, les Graminées. M. de Humboldt a fait remarquer, depuis bien longtemps, ces curieux rapports des groupes et des températures que nos chiffres viennent confirmer en Europe. Dans les régions équinoxiales les Labrées, les Graminées, et surtout les Joncées et les Cypéracées diminuent relati- vement à la masse totale des phanérogames ; les Crucifères et les Ombelliféres, manquent presque entièrement. Au contraire , les Légümineuses , les Malvacées et les Euphor- biacées prennent un développement considérable ; puis ap- paraissent des familles inconnues aux autres régions, comme les Protéacées, les Diosmées , les Casuarinées, Dillermia- cées, etc. Plusieurs des familles qui habitent par prédilection la zone torride, appartiennent exclusivement au nouveau continent, ou bien on y rencontre au moins la majorité de leurs espè- ces, telles sont les Pipéracées, Bignomacées , Urticées, Térébinthacées, Mélastomacées, Capparidées, Passiflorées, Solanées, Boraginées , Rubiacées , Lobéliacées , Convol- vulacées , Laurinées , etc. Certaines familles disparaissent ou s’effacent de plus en plus à mesure que l’on s’approche des pôles , telles sont les Malvacées , les Euphorbiacées , les Synanthérées, les Ru- DISPERSION DES FAMILLES,. 283 bracées, tandis qu’au contraire on voit augmenter le chiffre des Joncées, des Cypéracées, des Graminées, des Ericacées, des Rhododendrées , des Caryophyllées (Alsinacées seule- ment), des Amentacées et des Conifères, non par le nombre absolu des espèces, dit M. de Humboldt, mais par leur proportion relativement à l’ensemble des phanérogames. Toutefois il faut encore remarquer que des tribus entières de familles développées dans les contrées froides , ne quittent pas les pays chauds. Ainsi la Laponie ne possède aucune graminée des tribus des Andropogynées ni des Panicées et aucune Cypéracée à écailles distiques comme les Cyperus. Ces organisations particulières appartiennent aux pays chauds. En général les Glumacées vont en augmentant de nombre de l’équateur aux pôles , et des plaines au sommet des mon- tagnes. Toutefois cette progression n’est pas uniforme. Elle est moins grande de l'équateur aux zones tempérées que de celles-ci aux régions polaires, au moins pour notre hémis- phère. En Laponie , il y a trois fois plus de Glumacées que de Synanthérées. Dans les parties tempérées de l'Europe , les deux groupes sont en nombres sensiblement égaux ; dans l'Amérique septentrionale , au contraire , depuis le 32° jus- qu’au 45°, les Synanthérées surpassent d’un quart les Glu- mascées , et la prépondérance des premières se manifeste bien davantage sous l'équateur. Ces deux groupes sont ordinairement ceux qui frappent le plus par l'abondance de leurs espèces. Après eux viennent les familles suivantes : Sous la zone glaciale , Caryophyllées , (Alsinacées seulement), Amentacées, Ericinées ; sous la zone tempérée : Léqumineuses, Crucifères, et Labiées ; sous la zone torride : Légumineuses, Rubiacées et Malvacées. Si maintenant nous examinons les proportions relatives des trois familles qui forment le groupe des Glumacées, nous 286 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. trouverons que les Graminées, les Cypéracées et les Joncées sont entr’elles sous l’équateur, à peu près comme 25, T, 1 ; dans la zone tempérée de l’ancien continent, comme 7, 5, 1 ; et sous le cercle polaire comme 2 235, 2 35, 1; dans la Laponie seule le nombre des Cypéracées égale celui des Graminées , mais à partir de là, depuis la zone tempérée jusqu’à la zone torride, les Cypéracées et les Joncées vont en diminuant plus que les Graminées, au point que sous l’é- quateur les Joncées ont presqu’entièrement disparu (1). M. de Humboldt dit que les Glumacées , les Synanthé- rées et les Légumineuses réunies font à peu près pour l’en- semble du globe le tiers de sa population végétale. Il était curieux de vérifier si, par suite de compensations opérées dans nos trois contrées entre les Glumacées (com- prenant les Joncées , Cypéracées et Graminées) ,les Synan- thérées (comprenant les Corymbiféres, les Cynarocéphales et les Chicoracées) et les Légumineuses, nous arriverions à ce même résultat. Voici les chiffres de ces familles réunies , et le rapport au total de chaque flore. Royaume de Grenade. .... 04 1 : 2,98 Plateau central. ....... A A 1:92 DDOMIE Se ere eee ele 257 12070 Ces familles forment un peu plus du tiers du total dans le royaume de Grenade, un peu plus encore en Laponie, un peu moins sur le plateau central. Et si nous additionnons ces chiffres pour obtenir une moyenne relative à l'Europe entière , nous arrivons exacte- ment à la confirmation de la loi établie par M. de Humboldt, nous avons le rapport { : 3. (4) Humboldt, De distribut, geograph. plantarum, p. 200. DU NOMBRE DES ESPÈCES. 287 $2. COMPARAISON DU NOMBRE DES ESPÈCES A L'É- TENDUE DE LA CONTRÉE, ET AU NOMBRE DES GENRES. « Le nombre des espèces comparé à l’étendue de la con- trée va constamment en diminuant de l’équateur au pôle, et relativement aux parallèles de 0°,45 et 68 , on trouve les proportions exprimées par les nombres 12, 4, 1. La tempé- rature moyenne de l’année est presqu’en rapport avec ces chiffres , qui sont, aussi dans le même sens, une progression décroissante ; elle est de 27, 5; 130 ; 0°,2 et la moyenne d’été de 28°, 21, 12°. Aïnsi la force productrice, en rapport avec la chaleur, s’affaiblit à mesure que l’on approche des pôles (1). » Ce résultat nous l’obtenons encore en comparant l’éten- due respective des trois contrées que nous étudions , et le nombre total des plantes phanérogames que l’on y a recueil- lies. La surface explorée par M. Boissier est moins étendue que celle de notre flore, et le nombre des espèces est exac- tement le même. La Laponie est infiniment plus grande que le plateau central, et elle ne contient pas la moitié des es- pèces que nous avons recueillies dans notre circonscription. Pour obtenir en nombres ronds les 1,800 à 2,000 espèces reconnues dans le royaume de Grenade ou dans notre con- trée , il aurait fallu établir la comparaison sur la Scandinavie entière, dont l’étendue est immense. M. de Humboldt a fait remarquer depuis longtemps, que le nombre des genres relativement aux espèces , va en aug- mentant de l'équateur aux pôles ou de la plaine au sommet des montagnes, c’est-à-dire que, sous l'équateur et dans la (4) Humboldt, De distrib. geograph. plantarum, p. 21. 288 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. plane, chaque genre renferme un nombre d’espèces plus grand que dans les régions froides ou sur le sommet des montagnes. Les proportions qui existent ne peuvent être très-rigoureusement exprimées , car les genres peuvent être | établis arbitrairement ; ils peuvent être, et ils sont, en effet, très-souvent divisés au delà de leurs coupes naturelles. Quoi qu'il en soit, le décroissement du nombre des espè- ces par genre, ou plutôt l'augmentation proportionnelle des genres est tellement appréciable, que M. de Humboldt cite pour la France le rapport de { : 5,7, et pour la Laponie celui de 1:2,3. Cela tient surtout, dit M. de Humboldt, à ce que les genres des contrées plus chaudes envoient souvent au loin une ou plusieurs de leurs espèces qui s'étendent et se colo- nisent. Le nombre des genres se trouve ainsi augmenté , comme il l’est nécessairement quand au lieu de recueillir la flore d’une contrée étendue on se borne à celle d’un pays restreint et limité. Il est très-intéressant de suivre la nature dans les faits qui pour nous semblent des anomalies, et qui sans doute sont des mystères pour notre ignorance. Ainsi M. Thurmann nous à déjà fait remarquer qu'il existait très-souvent dans le même genre des espèces contrastantes relativement au sol. Il à cité l’Orobus vernus des stations sèches et des terrains compactes , et en opposition l’Orobus tuberosus des sols meubles et frais. Nous avons indiqué le Saro- thamnus vulgaris des terrains siliceux , et le Genista Scorpius des stations calcaires ; nous ne rappellerons pas les nombreux exemples qui se présentent à chaque instant dans ces contrastes. Les oppositions sont encore plus tranchées dans la préférence des climats ; le même genre a souvent des espèces de la plaine et d’autres de la monta- DU NOMBRE DES ESPÈCES. 289 gne, des formes des paye chauds et des types destinés à ré- sister au froid , tous exécutés sur le même plan, sur le même modèle , et offrant seulement des particularités de structure en rapport avec les milieux dans lesquels ils doivent vivre. Presque toujours, si les espèces d’un genre sont nom- breuses , elles affectionnent certaines contrées , et s’y éta- blissent , mais elles envoient une ou plusieurs de ces espè- ces dans des climats lointains, comme pour chercher à en- vahir de nouvelles contrées, et à agrandir la puissance de leur tribu. Les genres équatoriaux envoient vers les pôles ; les genres polaires essaient de marcher vers l'équateur ; ceux des plaines ont parfois un représentant jusque vers les limites des neiges éternelles qui couronnent les montagnes, et les familles montagnardes ne dédaignent pas d’envoyer quelques-uns de leurs colons profiter du climat plus doux des régions nivelées. Il suffira de jeter les yeux sur le tableau que nous donnons un peu plus loin des espèces contrastantes de la plaine et de la montagne, pour se convaincre de la vérité et des nombreuses applications du principe que nous venons d’énoncer.… Il suffit de se rappeler la présence dans notre contrée de certains genres monotypes relativement à nous, pour y re- connaître les représentants égarés de genres nombreux dans d’autres localités. L’Hedera Helix , le Berberis vulgaris, ie Sohidago virgà aurea, et une foule d’autres espèces se trouvent dans cette singulière situation. Les deux premières espèces ont certainement le berceau de leur famille dans l'hémisphère austral, et la troisième dans l'Amérique du nord. Les animaux nous présentent les mêmes phénomènes de dispersion. Les mastodontes représentaient, vers le pôle Il 49 290 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. nord, les pachydermes de l'équateur ; nos courlis remplacent les ibis, et des genres nombreux, comme les hélix , ont des espèces pour toutes les parties du monde. Il nous est facile de vérifier , pour nos trois contrées , les rapports des genres aux espèces, en faisant remarquer ce- pendant que depuis la publication {en 1817) du remarquable ouvrage De distributione geographica plantarum , le nom- bre des genres a été augmenté au delà de la proportion des espèces nouvelles découvertes. Le tableau suivant va nous donner ces proportions : Roy. de Gren. Nombre des genres. ........ 632 — Nombre des espèces. ....... 1874 — Rapport des genres aux espèces. 1 : 2,96 Plat. central. Nombre des genres. ........ 638 — Nombre des espèces. ....... 1882 — Rapport des genres aux espèces. 1 : 2,95 Laponie. Nombre des genres......... 299 — Nombre des espèces. ....... 712 — Rapport des genres aux espèces. 1 : 2,38 Ainsi, malgré les coupures nombreuses opérées dans les anciens genres pour en créer de nouveaux , le rapport indi- qué par M. de Humboldt pour la Laponie se maintient exact; mais nous trouvons, pour le midi de l'Espagne et pour le plateau central, une différence très-grande avec le résultat qu'il a indiqué. Au lieu de 1 : 5,7 qu'il indique pour la France, nous sommes au-dessous de 1 : 3, diffé rence de près de moitié. Mais si nous cherchons les causes de cette anomalie , nous les trouvons facilement, et l'excep- tion, comme cela arrive souvent , vient confirmer la loi ex- primée. Le royaume de Grenade offre des montagnes très-élevées, DU NOMBRE DES ESPÈCES. 291 et l’on sait que la végétation de ces îles atmosphériques à des rapports marqués avec celle des véritables îles marines. Les espèces de chaque genre, dans les montagnes comme dans les îles, ne sont pas nombreuses ordinairement, mais un grand nombre de genres y ont des représentants. D'un autre côté, le royaume de Grenade offre un littoral voisin de l'Afrique , qui a dû recevoir aussi des émigrants, et de plus il présente des zones variées d'altitude, qui peuvent ser- vir d'habitation à des plantes de régions très-différentes. I fallait donc s'attendre à voir un grand nombre de formes représentées dans cette contrée restreinte, et d’ailleurs le nombre des genres, comparé à celui des espèces, est toujours d'autant plus grand que le pays étudié a moins de surface. Le plateau central, plus étendu que la circonscription adoptée par M. Boissier, nous offre exactement leÿ mêmes rapports des genres aux espèces, et cela par les mêmes causes. Cependant , nos montagnes sont moins élevées, mais elles sont sous une plus haute latitude , qui compense en partie ce qui leur manque en altitude. Il existe, du reste, un autré motif pour l'augmentation numérique des genres : c’est la position du plateau central en un point où deux régions vé- gétales viennent se rencontrer. Une foule d'espèces du pour- tour de la Méditerranée atteignent leur limite d'extension nord, et se rencontrent avec celles qui, parties de régions plus septentrionales , trouvent aussi sur le plateau central la li- mite extrème des conditions qui permettent leur migration vers le sud. | Ces faits, qui semblent d’abord exceptionnels , viennent donc confirmer cette idée que les genres ont un foyer géo- graphique d’où rayonnent des espèces extensibles qui vont les représenter au loin, et jusqu'aux dernières limites où leur existence est possible. 292 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. En séparant les dycotylédones des monocotylédones, nous obtenons, dans nos trois contrées, les rapports suivants : Royaume de Grenade : Nombre de genres dycotylédons.. ..... 497 Nombre d’espèces dycotylédones...... 1537 Hopnont--.........% 1:50 Plateau central. Nombre de genres dycotylédons...... W: 496 Nombre d’espèces dycotylédones. . .... 1460 RaHport. 2106 4 CH ARE 1 : 2,94 Û Laponie. Nombre de genres dycotylédons . ..... 222 Nombre d’espèces dycotylédones. . .... 148 Rapport 1... 1 : 2,01 Voici maintenant les rapports des genres aux espèces dans les monocotylédones : Royaume de Grenade. Nombre de genres monocotylédons.…. .. 135 Nombre d'espèces monocotylédones.... 52 BaphOrte een e { .: 2,99 Plateau central. Nombre de genres monocotylédons..... 142 Nombre d'espèces monocotylédones. . . . 422 Rapport. ........... AR DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES. 293 Laponie. Nombre de genres monocotylédons. . .. na Nombre d’espèces monocotylédones . . . 263 HT ES ENONCE 5 Ces tableaux nous indiquent une marche régulière et inverse dans les rapports numériques des genres aux espèces, selon que nous prenons les dycotylédones ou les monocoty- lédones. Ces dernières vont en proportion croissante en nombre d'espèces par chaque genre, en allant au nord. Les dycotylédones se comportent d’une manière opposée, et le nombre d’espèces par genre s’accroît du nord au midi, ce qui tendrait à faire rechercher dans les régions froides les centres géographiques de plusieurs genres monocotylé- dons. $ 3. DE LA DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES DANS LES TROIS CONTRÉES. — COMPARAISON DES DIFFÉRENCES D'ORGANISATION AVEC LA PUIS- SANCE EXPANSIVE. Comme nous aurons à nous occuper par la suite de.ces centres de création et des migrations qui en sont parties, il n'est pas sans intérêt de chercher à connaître, dès à présent, la puissance expansive de certaines espèces , et à cet effet nous avons dressé la liste suivante. La première colonne in- dique dans chaque famille le nombre des espèces communes au plateau central de la France et au midi de l'Espagne ; ses chiffres sont donc l’expression de la tendance des espèces vers le sud. La seconde colonne exprime le nombre des es- pèces qui vivent à la fois sur le plateau central et dans la Laponie; ce nombre représente la tendance des espèces 29% PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. vers le nord. Enfin la troisième colonne renferme le chiffre des espèces communes aux trois contrées, de celles qui ont une assez grande tendance à la diffusion pour aller d’une extrémité de l’Europe à l’autre. Lisie des fanulles naturelles qui ont des représentants spon- tanés dans le royaume de Grenade, sur le plateau central et dans la Laponie. Nombre des espèces communes à ces trois contrées, en les comparant deux à deux ou en les Prenant toutes trois à la fois. L. THALAMIFLORES. Plat. central Plat. central Communes etroy. deGren. etLaponie. aux 3 contrées. Renonculacées. . .. 18 47 2. Berbéridées. . .... 0 0 0 Papayéracées. . ... 5) 1 0 Nymphéacées. . . .. 0 2 0 Fumariacées...... 3 1 1 Crucifères.. ... x 40 15 L : Capparidées. . .... 0 0 0 Cistinées........ 9 0 0 Violariées. ...... à) 6 3 Résédacées. ..... 3 0 0 Droséracées.….. .... 1 2 1 Polygalées 4. 0#1.. 1 1 0 Frankéniacées. . .. 0 0 0 Silénées......... 13 6 2 Alsinées. ....... 13 12 8 ÉMECSILILUL MES 5 1 0 Elatinées: 3.00 0 { 0 Malvacées. ...... 5 0 0 DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES. 295 Mihacées........ Hypéricinées. ... Acérinées....... Géraniacées. .... Balsaminées. .... Oxalidées....... Méliacées. . ..... Hespéridées. . ... Zygophyllées. .. Rufacées. . .. ... Comaniées. . .:... Célastrmées. ..... Rhamnées... ... Térébinthacées. . .. Légumineuses. . . .. Amygdalées. .... Rosacées. ...... Sanguisorbées. . . .. Pomacées....... Granatées....... Onagrariées. .... Haloragées... ... Hippuridées. . . .. Calhtrichinées.. . . Cératophyllées. . . Plat. central et roy. de Gren. et Laponie. 0 0 3 2 1 0 { 0 9 3 0 1 1 2 0 0 0 0 1 0 1 0 1 0 139 13 IL. CALICIFLORES. 3 S © Nu = & D = N pe © &w = N OT © N ND D N © © = © Plat. central Communes aux 5 contrées. 9 Nlessseescrecsre Sos ee becezee 296 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Plat. central Plat. central Communes etroy. de Gren. etLaponie. aux 3 contrées. Eythrariées. 9. . . : 1 Tamariscinées..... Myrtacées. 24%... Cucurbitacées. . .. Portulacées. ..... Paronychiées. .... Scléranthées... ... Eiéoides:. Crassulacées.. .... Grossulariées. . . .. Saxifragées. .L . . .. Ombellifères. ...,. Nralracées, 27... Caprifoliacées. . . Loranthacées. .... Rubiacées. ..,,... Valérianées. ..... 3 Dipsacées. . ...... 5) Corymbifères . .... 34 Cynarocéphales. .…. . 18 Chicoracées. ..... 31 Ambrosiacées.. .., 2 Lobéliacées. ..... 0 Campanulacées. . . 5 Väccmiéess V6 22 1 Hacinées..0".." 5 0 0 & D D © © 5 19 Se or ON © DS A een & Æ à HO me DU DOS Sono © © a © À y à D © © oo © © ND Pyrolacées:-#.... Monotropées . . ... lessewmemesoweresnecocsnsuSsoesre © © Totale. 272 110 39 DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES. 297 IIT. COROLLIFLORES. Plat, central Plat. central Communes et roy. de Gren. etLaponie. aux 3 contrées. Aquifoliacées. .... 1 DIEMCÉEN 2: Jasminées. ...... Apocynées et asclép. Gentianées. ...... Polemoniacées. ... Convolvulacées. . .. Boraginées. . ..... DOIMDÉES. . ...... Verbascées.. , .... Antirrhinées.. .... © O1 = = 19 nn 3 ER EE CS CE > Rhinanthacées . ... Personnées réunies. Pabiées... . . ... é 3 Acanthacées. . .... ES ES EC — + Primulacées.. .... Globulariées. . . . .. Plumbaginées.. ... Plantaginées. . ... [uecwrwes Ss lwesesesswencsessewesesesesse ne (==) (=) = QU Totaux . ... IV. MONOCHLAMYDÉES. Amaranthacées. . . . 3 0 0 Chénopodées. . ... 9 2 2 298 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Plat. central Plat. central et roy. de Gren. etLaponie. Polysonées.. .... 10 Laurinées.. ...... lhymélées. .: :.. Santalacées. ..... Eléagnées.… . .. Aristolochiées.. . .. Grinées ile Empétrées ere. Euphorbiacées. ... Urhicées. 4... Cupulifères.. ..... SahCinées.. ECO AL CR © = © © [A] D A ed Totaux. : . 55 V. MONOCOTYLÉDONES. Hydrocharidées. . Alismacées....... Butomées.. ...... Juncaginées. ..... POramées. 0. Typhacées.".... Palmiers. .. ur 2 © = © © © à» a D © = © == © =} =) pt) [æ) @>- © un DO mm © © dm © Communes. aux 3 contrées. me æ Essoierwcessse 2: DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES. Amaryllidées. . ... Dioscorées. ...... Asparaginées. .... Liliacées. ....... Colchicacées. ..... Commélinées. .... TUE. 00 « CppEmerss. Graminées....... Plat. central et roy. de Gren. © Plat, central et Laponie. 0 0 4% 299 Communes aux 3 contrées, ne = Oo © = © © © © VI. MONOCOTYLÉDONES CRYPTOGAMES. Equisétacées.. . ... Marsiléacées. . . . .. Lycopodiacées. . .. Fougères. ...... Characées. ...... Toraux des dycotyléd. des monocotyl. ToTaux généraux. ... 966 145 = 711 385 Il est bien vrai que cette diffusion de certaines espèces sur un si grand espace, est due en grande partie à des montagnes élevées qui existent à l'extrémité méridionale de l’Europe , et que les espèces qui peuvent se retrouver à d’aussi grandes distances, sont des plantes du nord qui re- 300 PRGPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. trouvent plus au sud les conditions d’un climat analogue à celui de leur patrie. Cependant en donnant des listes des plantes de la Laponie , nous avons vu que bon nombre d’en- tre elles ne quittaient pas les contrées boréales, qu'elles y restaient confinées, et que les espèces à constitution robuste et flexible à la fois, pouvaient seules parcourir les hautes montagnes du centre de l'Europe ; la comparaison que nous venons de faire nous permettra donc de tirer quelques con- séquences relatives à la tendance à la diffusion que présentent nos espèces. Nous avons adopté pour le plateau central le chiffre de 1,882, comme celui qui représente à peu près exactement notre flore. Sur ce nombre, 711 se retrouvent dans le royaume de Grenade , et 385 en Laponie ; 127 seulement sont communes à la fois au centre et à ces deux extrémités de l’Europe. Les plantes qui s’expatrient vers le midi sont donc à notre total dans le rapport de 1 : 2,6%, celles qui s'étendent vers l'extrémité nord de l’Europe sont comme 1 : 4,9 et celles qui ont assez de puissance expansive pour atteindre à la fois et le midi de l'Espagne et le nord de la Scandinavie, sont seulement dans la proportion de 1 : 15: | Il y a, comme on le voit, décroissance rapide de l’exten- sion vers le nord. Toutefois les proportions cessent d’être les mêmes quand on compare séparément les monocotylédones et les dycotylédones. Sur 1,460 dycotylédones qui habitent le plateau central, 566 atteignent le royaume de Grenade, rapport 1 : 2,60, un peu plus grand que pour l’ensemble. 257 arrivent en Laponie ou en viennent, rapport 1 : 5,68, plus petit que pour l’ensemble ; enfin les espèces dycotylédones qui sont communes aux trois contrées, sont dans le rapport de 1 : 15,9 DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES. 301 qui diffère à peine de celui qui est donné par les deux grandes divisions réunies. Si nous prenons les monocotylédones , voici les propor- tions que nous obtenons : #22 monocotylédones ont été re- cueillies sur le plateau central ; 145 se trouvent dans le royaume de Grenade , rapport 1 : 2,91 ; un peu plus petit que pour l'ensemble ; 128 se rencontrent en Laponie , rap- port 1 : 3,29, plus grand que dans les comparaisons précé- dentes , et enfin 92 sont communes aux trois régions, rap- port { : 4,58, infiniment supérieur aux autres, et qui nous indique de la part des monocotylédones une tendance à la diffusion bien plus grande que dans les dycotylédones. Ce fait était aussi facile à prévoir, car ces espèces généralement plus septentrionales peuvent retrouver dans le midi des com- pensations dues à l’altitude , tandis que les espèces méridio- nales n’ont dans le nord aucun moyen de rencontrer la tem- pérature du climat qu’elles abandonnent. Mais indépendämment de cette cause due au climat, on a reconnu que les monocotylédones, et nous le verrons encore par la suite, ont une puissance d'expansion géographique plus grande que les dycotylédones. Ce résultat qui ressort de la comparaison de nos trois régions européennes , se soutient dans les pays les plus éloignés. Sur 45 espèces que M. R. Brown regarde comme appar- tenant en commun à l'Europe et à la Nouvelle-Hollande, il y en à près de moitié qui appartiennent aux monocotylé- dones, et si on compare la proportion de ces plantes vaga- bondes à l’ensemble des monocotylédones et des dycotylé- dones connues , on trouve les rapports { : 28 pour les mo- nocotylédones , et 1 : 193 pour les dycotylédones. La même règle se confirme encore si l’on compare les productions de la zone torride dans l’ancien et dans le nou- 302 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. veau monde, M. de Humboldt cite les espèces suivantes comme se trouvant sur les deux continents. Parmi les Cypé- racées : Cyperus mucronatus, C. compressus, C. Hydra. Scir- pus capitatus, S. acicularis, S. triqueter. Fuirena umbel- lata. Abildgardia monostachya. Fimbristilis dichotoma. Hypaliptum argenteum. Parmi les graminées : Panicum myurus. Setaria glauca. Poa megastachya, P. Eragrostis. Lappago racemosa. Fes- tuca myurus. Microchloa setacea. Andropogon Alhonn. À. avenaceus. Dactyloctenium ægyptiacum. - Les Joncées sont à peine représentées sous la zone torride, mais si on remarque, dit M. de Humboldt , que le nombre des cypéracées équinoxiales américaines est seulement de 68, on sera étonné que 10 d’entr’elles ou le septième soient communes aux deux continents. En ajoutant aux espèces que nous avons citées un petit nombre d’aroidées et quelques potamées , on aura le tableau à peu près complet des espè- ces identiques. Parmi les monocotyiédones cryptogames, M. de Hum- boldt ne cite avec certitude que le Marsilea quadrifoha et le Salvinia natans qui croissent simultanément sous la zone torride dans les deux continents. Les dycotylédones au contraire sont très-distinctes dans les deux mondes. M. de Humboldt n'indique que quelques arbris- seaux maritimes comme le Rizophora Mangle, \ Avicenma tomentosa qui appartiennent à la fois aux deux continents ; toutes les autres sont différentes, en séparant toutefois quel- ques plantes colonisées, comme le Plantago magor , le Verbena*officinalis, le Centhranthus ruber , etc. On ren- contre cependant dans les hautes montagnes des Andes une végétation qui rappelle en partie celle de l'Europe. On y DIFFUSION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES. 303 voit des Alchemilla, Valeriana , Rosa, Plantago, Stella- ria, Arenaria, Daucus, Eringium, Ranunculus, Mespilus, Taxus et Quercus ; mais les espèces diffèrent, non-seule- ment de celles qui sont européennes ou sibériennes , mais encore de celles qui, sur le même continent, habitent le Ca- nada ou la Pensylvanie. La dispersion et l’expansion des plantes monocotylédones seraient donc soumises à des lois différentes de celles qui régissent la dispersion des dycotylé- dones. Reprenons maintenant la grande classe des dycotylédo- nes, et partageons-la d’après l’étude des insertions des éta- mines et de la corolle en quatre divisions généralement admises aujourd’hui. Nous avons le tableau suivant : Nombre total Communes au plat.central Communes an plat. central Communes sur le plateau central. et au roy. de Grenade. et à la Laponie. aux 3 contrées Thalamiflores. 333 139 73 YT Caliciflores. .. 710 272 110 39 Corolliflores. . 275 100 45 10 Monochlam... 142 9 29 10 Voici les rapports obtenus en comparant au total des es- pèces de chacune de ces divisions sur le plateau central de la France , le nombre des espèces communes à l’une ou à l’au- tre des deux extrémités de l’Europe. Les thalamillores du plateau central qui se trouvent aussi däns le royaume de Grenade, sont au total des thalamiflores D mpponide ut... un 1 : 2,47 Celles qui atteignent la Laponie. ........ 1: 4,56 Celles qui sont communes aux trois contrées. 1 : 12,3 Les caliciflores du plateau central qui se trouvent aussi dans le royaume de Grenade , sont au total des caliciflores dans le rapport de... ... LUI DRM PA 1 : 2,60 304 PROPORTIONS RELATIVES DES GROUPES. Celles qui atteignent la Laponie. ........ 1 : 6,45. Celles qui sont communes aux trois contrées. 1 : 20,2 Les corolliflores du plateau central qui se trouvent aussi dans le midi de l'Espagne, sont au total des corolliflores dans le rapportide 4... seen. ENS Celles qui atteignent la Laponie. ........ 1 : 6,11 Celles qui sont communes aux trois contrées. 1 : 27,5 Les monochlamydées du plateau central qui se trouvent aussi dans le royaume de Grenade sont au total des mono- chlamydées dans le rapport de............ 1 : 2,54 Celles qui atteignent la Laponie. ........ 1 : 4,9 Celles qui sont communes au trois contrées. 1 : 14,2 Ces chiffres nous montrent une plus grande tendance à la diffusion vers le nord dans les thalamiflores et dans les monochlamydées, que dans les caliciflores et les corolliflores, et si nous prenions pour un signe de perfectibilité la limita- tion plus restremte des espèces et leur localisation, si nous suivions la direction vers laquelle nous portent les études paléontologiques, et qui nous fait considérer l’extension des espèces comme d'autant plus grande , que ces espèces ap- partiennent à des terrains plus anciens , nous placerions ces grandes divisions des dycotylédones dans l’ordre suivant : corolliflores , caliciflores et thalamiflores , ordre précisé- ment inverse de celui qui est le plus généralement adopté. Nous pourrions étendre beaucoup plus loin nos recherches sur la végétation de ces trois contrées, et nos comparaisons entre les espèces qui en constituent les flores , mais nous aurons dans le cours de cet ouvrage l’occasion fréquente de revenir sur les analogies et sur les différences de ces végéta- tions particulières. Nous terminerons par une seule observation. Dans les rapports que nous venons d'établir , nous avons comparé nos DU SOL. 305 trois contrées tout entières en réunissant les régions diverses qui les composent , et malgré cela, nous avons obtenu des résultats nets et tranchés. On comprend facilement que ces résultats eussent été dégagés de l’ensemble d’une manière bien plus nette encore , si nous avions éliminé du midi de l'Espagne les régions alpine et nivale de M. Boissier, et du plateau central, notre région montagneuse. Les comparai- sons alors seraient restées le fait seul de la latitude, sans que les différences d'altitude aient pu intervenir comme compen- sations. | CHAPITRE XXIIL. DU SOL DANS SES RAPPORTS AVEC L'EAU ET DE LA VÉGÉTATION AQUATIQUE. NS Î. DU SOL DANS SES RAPPORTS AVEC L'EAU. L'eau a une si grande importance dans toutes les ques- tions de géographie botanique , que nous avons dù lui con- sacrer un chapitre spécial , quoique déjà, dans nos généra- lités, nous ayons étudié en détail son influence sur la diffu- sion des espèces. La constitution géologique du sol peut apporter de grandes modifications à l’état hygroscopique des terrains. Les parties qui ne se disgrègent pas restent presque toujours compléte- ment imperméables. Ainsi, les causses formées de calcaire jurassique compacte , sont fendillées de telle manière , que l'eau pénètre immédiatement dans les fractures et descend 20 I 306 DU SOL. jusqu’à ce que, arrêtée par une couche impénétrable, elle la suive et vienne sortir au jour à une distance plus ou moins grande du point où elle a été engouffrée. Il résulte de l’im- perméabilité de la roche elle-même et de la facilité d’écou- lement qu'elle présente au liquide , une sécheresse presque constante, qui éloigne certaines espèces de végétaux , et qui favorise beaucoup le développement des autres. Les granits sont bien aussi imperméables que les cal- caires jurassiques, mais ils se décomposent avec facilité, et les interstices des grandes masses sont remplies par un sol graveleux ou sablonneux, qui peut également absorber l’eau, mais qui la retient souvent , parce que les fentes de la roche s'arrêtent à une petite profondeur. Les porphyres sont le plus ordinairement compactes et ne se décomposent pas ; ils ne s’imbibent pas et ne laissent pas infiltrer l’eau ; ils sont lavés sans être imprégnés. Les basaltes se comportent généralement comme les cal- caires jurassiques ; ce sont des masses imperméables en elles-mêmes , mais diviséés par un grand nombre de fentes souvent parallèles , à travers lesquelles le liquide s'écoule très-facilement. Aussi voit-on toujours sur le bord des pla- teaux basaltiques, comme à l’extrémité des courants de lave, ainsi que dans les profondes cassures des causses, des sour- ces abondantes, dont les eaux pures longtemps prisonmiè- res, s’échappent à grands flots. Les sables, les graviers , les cendres, les scories et les pouzzolanes volcaniques constituent des terrains poreux , dans lesquels l’eau s’infiltre aussi sans obstacles, et qui l’abandonnent dès qu'ils l'ont reçue, Après en avoir été complétement saturés. Mais comme les extrêmes se touchent, quaad la disgréga- tion du sol atteint ses dernières limites, lorsque les particules des roches primitives ou secondaires se transforment en SES RAPPORTS AVEC L'EAU. 307 marnes et en argiles, l'imperméabilité reparaît avec d’autres caractères, c’est-à-dire que l’eau est lentement absorbée, fortement retenue , et le sol se rapproche alors des terrains compactes que nous avons cités en premier lieu. L'état physique du sol, le mode d’aggrégation qui réunit ses parties, présente donc à l’eau de grandes différences de capacité, et cet état variable d’aggrégation doit déterminer des conditions particulières pour l'extension des racines, comme il en offre de différentes dans la quantité d’eau que ces organes peuvent y puiser. Nous voyons ici que l’action exercée par l’état physique du sol sur la végétation est due en grande partie à la manière dont il conserve ou dont il absorbe les eaux d’arrosemént. Nous avons déjà reconnu que, par suite de la faculté que pos- sède le sol de retenir l’eau plus ou moins fortement ou de l’a- bandonner facilement aux rayons solaires qui la transforment en vapeurs, 1l pouvait y avoir, entre des terrains de compacité inégale , de grandes différences de température. M. Thurmann , par des considérations très-intéressantes dont nous n'avons pas à nous occuper ici, divise toutes les plantes, relativement à leur préférence pour les sols humides ou les sols secs, en deux séries : les kygrophyles, qui aiment l’eau; les xerophyles, qui recherchent les terrains secs. Les hygrophyles renferment toutes les plantes aquatiques et la plupart des espèces terrestres citées dans nos listes de plantes des terrains siliceux ou des terrains sabJonneux et gra- veleux , et une grande partie de celles du sol détritique. Les xérophyles contiennent particulièrement nos espèces des terrains calcaires et celles des sols rocheux. Nous ne donnerons pas de listes particulières de ces deux catégories d'espèces, car, s’il est facile de distinguer les ex- 308 DU SOL. trêmes , il est plus facile encore de confondre les intermé- diaires. Déjà nous avons reconnu que les plantes aquatiques avaient une aire d'extension plus grande que les autres es- pèces, mais en poursuivant cet examen sur les végétaux xé- rophyles, nous arrivons aussi à reconnaître, comme M. Thur- mann , que les plantes qui peuvent le mieux caractériser le climat sont celles qui sont le plus indépendantes du sol, et par conséquent celles qui affectionnent les stations sèches. Ce résultat pouvait être prévu, car dès que plusieurs causes déterminent la station , si quelques-unes de ces causes sont éliminées , celles qui restent efficaces augmentent certaine- ment d'intensité. C’est uniquement à la présence et à la permanence de l’eau dans des terrains spongieux ou fortement divisés qu'il faut attribuer ces associations de végétaux qui s'étendent sur de si grands espaces dans les régions polaires et même à des latitudes beaucoup moins élevées. M. Lesquereux , qui a publié des mémoires d’un grand intérêt sur la formation de la tourbe et sur les plantes qui lui donnent naissance , divise les tourbières en deux séries. Les unes sont submergées et les autres émergées, c’est-à- dire que, dans les unes, les plantes vivent dans l’eau même, tandis que dans les autres elles végètent en touffes placées au-dessus de la surface du liquide. En parlant de la région aquatique , nous avons indiqué les différences ef donné les tableaux de ces associations. M. Lesquereux fait remarquer que les plantes monocoty- lédones sont dominantes dans les deux sortes de marais , et à peu près les mêmes dans chacune des stations , mais que les dycotylédones y sont très-différentes. Les mêmes obser- vations s'appliquent à nos tourbières, comme à celles de SES RAPPORTS AVEC L'EAU. 309 toute l'Europe , de l’Asie et de l'Amérique du Nord. C’est parmi ces plantes aquatiques que se retrouve encore cette. monotonie des anciens temps géologiques, qui indiquait alors l’uniformité des conditions d’existence pour les plantes qui ornaient déjà la terre. M. Lesquereux a suivi avec beaucoup de som, dans le nord de l’Europe , la formation de ces couches modernes de combustible , formation qui jette un grand jour aussi sur le dépôt des houilles. « Le sol de l’île de Seeland , dit-il, est ondulé et coupé par plusieurs lacs , golfes et bassins comblés par la tourbe. Les dépôts de bois souterrains de ces contrées sont des fo- rêts formées par les mêmes espèces d’arbres, superposées et enfouies sous la tourbe , qui se présente presque partout dans l'alternance de leurs assises. » « Au fond, sur une couche de tourbe de 3 à # pieds d’é- paisseur, sont des pins, dont les troncs, parfaitement con- servés , ont 6 à 10 pouces de diamètre , et sont couchés de manière à tourner leurs racines sur les bords du bassin et leurs cimes vers le centre. Au-dessus gît un second banc de tourbe noire, de la même épaisseur que le premier , sur la- quelle est couchée une forêt de bouleaux blancs. Sur les bouleaux on voit 6 pieds d’une tourbe dense, couverte d’une couche moins terreuse, où gisent d'énormes troncs de chêne ayant 2 à 3 pieds de diamètre, et dont le bois est parfaite- ment conservé. Sur les chênes on trouve encore 5 à 6 pieds de tourbe fibreuse et récente , formée par les Sphagnum ; quelquefois même une quatrième forêt , composée de hètres ou vivants ou couchés , déjà envahis par les mousses tour- beuses. » « I faut supposer que, dans l’origine, ces bassins tour- beux , qui ne sont jamais d’une grande étendue, étaient de 310 DU SOL. petits lacs, comme on en voit encore dans tout le Seeland ; la végétation s’y est établie à la surface ; une fois la voüte con- solidée, les pins s’y sont semés et y ont vécu jusqu’à ce que leur poids ait amené leur enfoncement. Alors la tourbe a pris un nouvel accroissement , et, lorsque la couche est de- venue plus épaisse , les bouleaux ont fait leur apparition. La tourbe a continué de s’élever pendant leur croissance ; ce qui le prouve, c'est qu’on a trouvé plusieurs troncs de ces arbres empâtés dans la tourbe, et dans une position verticale. Lorsque la surface du marais, arrivée au niveau de la plaine environnante, a commencé à se dessécher, les chênes alors s’y sont semés , ils ont grandi sur ce sol jusqu’à ce que leur poids, produisant une nouvelle dépression, ils aient été ren- versés. L’humidité a reparu à la surface, et dès lors la tourbe s’est élevée par les Sphagnum, et a couvert les squelettes de ces grands végétaux (1). » « La porosité et la capillarité des Sphagnum jouent un grand rôle dans la formation de la tourbe ; les tiges de cette plante s’imbibent d’une très-grande quantité d’eau , ce qui explique comment, dans certaines pentes et dans certaines localités où il y a peu d’eau, mais beaucoup de brouillards , il peut se développer de la tourbe. Cette formation a lieu sur toute espèce de terrains. » « Les plantes qui entrent le plus abondamment dans la conslitution des tourbes sont les Sphagnum , particulière- ment le S. cuspidatum, 35 espèces de mousses, surtout les innombrables formes de l'Hypnum fluitans, le Dicranum Schraderti, quelques conferves. En fait d’arbres, on y trouve des pins, Pinus Pumilio, Hænk., Betula alba, B. pubes- cens, B. nana; des cypéracées, des joncées ; l'Eriophorum (4) Biblioth. univers. de Genève, {. 4, suppl. , p. 202. SES RAPPORTS AVEC L'EAU. 311 vaginatum, qui est le plus abondant, un grand nombre de carex, etc. » M. Lesquereux a essayé de tracer un exposé géographi- que des marais tourbeux , d’où ii résulte que dans l’hémis- phère nord, la tourbe ne se déveleppe pas au sud du 45° ou 46° degré de latitude, et que, dans l'hémisphère sud , elle est très-développée vers le 52° degré dans les îles Malouines ; c'est aussi la latitude de l’Irlande. La température la plus favorable au développement de la tourbe est de + 6 à —- 8° centigrades (1). Dans tout le nord de l’Europe , la tourbe est produite en abondance , comme l'indique M. Lesquereux pour l’île de Seeland ; on trouve encore de nos jours des marais où l’on peut suivre, sur des points différents plus ou moins éloignés, les phases séculaires décrites par M. Lesquereux. La vaste forêt des Ardennes m'a offert souvent , dans ses fagnes , le spectacle de ces végétaux arborescents, qui peu à peu s’en- fonçaient, par leur propre poids, dans un sol mouvant et spongieux. Sur le plateau central , ce sont encore les mêmes phéno- mènes quand on atteint la région montagneuse. On y trouve. des lacs dont nous avons décrit la curieuse végétation. Plu- sieurs de ces amas d’eau, tels que les lacs de Chambedaze et ceux de l’Aubrac se rétrécissent tous les jours, par suite de l’envahissement du tapis végétal, qui tend à couvrir leur surface. Quelques-uns même , comme la narse d'Espinasse, ont disparu sous une couche continue de racines entrelacées et de plantes aquatiques. Ailleurs, comme au lac de l'Esclauze , des îles d’abord (4) Biblioth. univers. de Genève, t. 6, suppl., p. 156. 312 DU SOL. flottantes, et maintenant, pour la plupart fixées, portent des arbres que la tourbe et les Sphagnum envahissent. Une forêt de bouleaux , croissant avec vigueur dans le cratère du grand volcan de Barre, dans la Haute-Loire, prépare la couche de combustible sur laquelle des hêtres déjà pressés sur les bords viendront , par la suite, prendre pos- session à leur tour. L'Islande à aussi ses lacs marécageux , dont la tourbe et les plantes aquatiques cachent les bords. Ils sont communs dans la lande de Sœlvemaends, entre Ruteford et le district de Dale ; mais on ne peut y aborder sans courir des dangers, parce que le sol n’est en partie couvert que d’une croûte de terre très-mince, qui s’y est formée à la longue. Si un homme ou un animal vient à s’y enfoncer, il disparaît sur-le-champ, la croûte se rejoignant aussitôt (1). Ces fondrières , tout à fait semblables à celles du plateau central, sont aussi couvertes de végétaux qui sont souvent les mêmes. C’est ainsi qu’en Islande le trèfle d’eau, Menyan- thes trifoliata , sert de guide aux voyageurs. Partout où il est abondant , ses racines s’entrelacent dans le sol, et l’on peut hardiment passer sur les lieux où il croit, on ne craint pas d’enfoncer dans la couche molle des terrains qu’il affermit. M. Thurmann est arrivé aux mêmes résultats que nous dans ses observations sur la perméabilité des terrains. « Un des caractères essentiels des sols engéogènes (disgrégés) , dit-il, c’est d’être à la fois plus puissants, plus profonds, plus divisés, plus meubles et plus humides que les dysgéo- gènes (compactes). À tous égards , les sols aquatiques pro- prement dits offrent des caractères tout à fait analogues, et (4) Voyage en Islande , t. 2, p. 525. SES RAPPORTS AVEC L'EAU. 313 les plantes qui les habitent sont évidemment des hygrophyles par excellence {1). » Aussi M. Thurmann remarque-t-il, comme nous, que les monocotylédones et les dycotylédones monochlamidées se trouvent en proportion bien plus considérable soit dans les eaux soit dans les sols désagrégés , tandis que les autres plantes , probablement plus parfaites et de création posté- rieure , les dycotylédones corolliflores , caliciflores et thala- miflores, sont au contraire en plus forte proportion sur les terrains compactes et secs. M. Thurmann poursuit sa comparaison et fait remarquer que si , au lieu de classer les dycotylédones en commençant par les polypétales , on rapprochait au contraire ces polypé- tales des monochlamydées, et qu'on commencçät la série par les monopétales, en classant les plantes dans l’ordre suivant : monocotylédones, dycotylédones monochlamydées, dycoty- lédones thalamiflores, dycot. calyciflores, dycot. corolhiflo- res, on verrait les espèces hygrophyles ou aquatiques diminuer constamment en nombre, en montant la série de ces classes. On se rappelle que nous avons fait une remarque sem- blable en parlant de la distribution des grandes classes de végétaux relativement à la latitude. Cette seule observation de la tendance plus ou moins marquée de certains groupes pour les sols humides semble indiquer le rang particulier que chacun de ces groupes doit occuper dans une série linéaire. Sous ce rapport, les bota- nistes du nord nous paraissent avoir suivi un ordre plus ra- tionnel, dans l’arrangement des familles, en commençant par les corolliflores , telles que les synanthérées , les campanula- cées, etc. (4) Thurmann, t. 4 , p. 297. 314 DU SOL. Ces faits viennent-confirmer, d’une manière évidente, cette règle générale : que les êtres vivants aquatiques , à quelque classe qu'ils appartiennent, sont moins parfaits ou d’origine plus ancienne que les êtres terrestres. | Les faits géologiques viennent aussi appuyer ces observa- tions ; on voit apparaître successivement les monocotylédo- nes , les dycotylédones monochlamydées, puis les polypé- tales et enfin les monopétales arrivent les dernières. Or, si l'on se reporte par la pensée aux anciennes époques géolo- giques, on reconnaît facilement que l’eau était plus abon- dante et surtout plus permanente qu’elle ne l’est aujour- d'hui, et que par cette raison aussi les espèces aquatiques devaient dominer. En effet, l’action des milieux sur les êtres organisés y dé- termine des différences très-notables que nous avons déjà appréciées en nous occupant des modifications de l’espèce. Pour les plantes, ces milieux sont au nombre de trois princi- paux, le sol, l’eau et l’air atmosphérique. C’est dans l’eau que nous rencontrons les animaux les plus volumineux , et si dans certains genres 1l existe à la fois des espèces terres- tre et des espèces aquatiques, ces dernières sont générale- ment plus volumineuses que les autres. C’est dans les eaux marines que vivent aujourd’hui les plus grandes espèces végétales, ces immenses fucus qui at- teignent jusqu’à 200 mètres de longueur; et lorsque dans un même genre nous plaçons en parallèle les êtres qui vi- vent dans l'élément liquide , et ceux qui croissent dans Pair, comme les renoncules, les Scirpus, les Juncus, nous trouvons aussi des dimensions bien plus grandes aux plantes aquati- ques , dont le tissu mou et la continuité de végétation favo- risent singulièrement l’accroissement. Il semble aussi que l'influence de l’eau peut agir sur les SES RAPPORTS AVEC L'EAU, 315 formes. Nous trouvons beauçoup de plantes aquatiques à feuilles cylindriques ou triangulaires. La famille des joncs a l’une de ses sections entièrement aquatique et à feuilles cy- lindriques remplies de moëlle; l’autre, celle des Luzula, a les feuilles planes, et végète loin des eaux sur les pelouses sèches et aérées. Les Scirpus sont certainement les plantes qui ai- ment le plus l’eau dans la famille des cypéracées ; leurs tiges sont semblables à celles des joncs. Les Carex ont les leurs triangulaires, et de même que les Scrpus les plus aqua- tiques sont les plus grands ; les Carex qui vivent le pied dans l’eau sont bien plus développés que les espèces égarées sur les pelouses ou disséminées dans les bois. Les poils manquent dans les plantes aquatiques, et pa- raissent à profusion sur les espèces qui s'élèvent dans les montagnes et vivent dans les lieux secs et les climats brülants. Les milieux terrestres opposent plus de résistance au dé- veloppement que l’eau, qui est le terrain meuble par excel- lence ; cependant il est un nombre infini de plantes qui vi- vent sous terre, s’y étendent en immenses réseaux composés comme les cimes des arbres par la soudure de nombreux in- dividus. Ces plantes, à tiges souterraines, plus fréquentes dans les régions froides et tempérées que sous la zone tropicale , élè- vent, à moins d’être parasites, leurs feuilles au-dessus du sol, et viennent aussi, comme les plantes aquatiques, sou- mettre à l’air éclairé des rayons solaires les organes destinés à accomplir leur reproduction. Ces plantes composées peuvent être immenses , surtout si elles se ramifient dans des terrains humectés et perméa- bles, mais cachés à nos yeux, c’est à peine si nous devi- nons l’étendue de ces végétaux agrégés sur l'étude des- quels nous reviendrons plus loin avec détails, 316 DU SOL. Un grand nombre de plantes aquatiques peuvent aussi devenir terrestres, pourvu que le sol conserve assez d’humi- dité. C’est ce que l’on voit souvent sur le bord des étangs et des fossés. Le Ranunculus aquatilis, le Marsilea quadri- | folia, le Pilularia vulgaris, se développent parfaitement hors de l’eau, et dès lors on voit ces espèces multiplier à l'infini leurs moyens de reproduction. Ces plantes se cou- vrent de fleurs et de fructifications exactement comme les plantes terrestres que l’on prive d’arrosement pendant quel- que temps, et qui s’empressent ensuite de donner leurs fleurs. L’humidité développe les organes de la végétation, leur donne la force ; la sécheresse agit en sens contraire et semble favoriser l'apparition et le nombre des fleurs. Il y a en quelque sorte balancement entre les organes de la vie et ceux de la reproduction. Il en résulte que dans les terrains secs et les plus dépour- vus d'humidité , il y a prédominance des fleurs aux dépens du feuillage, tandis que l'inverse a lieu dans les sols humi- des ou imbibés d’eau. Il est curieux aussi de voir la lumière agir dans le même sens que la sécheresse, et l’ombre pro- duire le même effet que l'humidité. C’est ce que l’on remar- que parfaitement dans les plantes qui croissent à découvert, et sur les hautes montagnes relativement à celles qui végè- tent dans les lieux bas et ombragés. Beaucoup de plantes de montagnes ont des fleurs grandes, colorées, apparentes ; la plupart des espèces aquatiques ont des fleurs verdâtres sans éclat, et un feuillage très-développé. Les débris de l’ancienne végétation des houilles nous mon- trent cette prépondérance des plantes feuillées à une époque où la terre était pour ainsi dire inondée , et où les plantes dispersées sur des îlots recevaient de toutes parts l'influence des eaux et de l’humidité de atmosphère. SES RAPPORTS AVEC L'EAU. 317 S'il arrive au contraire qu’une espèce terrestre soit acci- dentellement immergée, nous observons immédiatement des phénomènes opposés à ceux que nous venons de décrire pour les plantes aquatiques qui sont abandonnées par les eaux. Les végétaux inondés ne fleurissent plus ou fleurissent mal, leurs tiges et leurs rameaux s’allongent, leurs feuilles s’écar- tent et la plante ne se reproduit ordinairement que par gem- mes. On voit fréquemment des exemples de cette stérilité produite par l'immersion. Le Littorella lacustris reste stérile sous l’eau, et fleurit en abondance sur le bord des étangs ; le Fontinalis antipyrethica et la plupart des mousses cons- tamment submergées restent sans fructification. On rencon- tre aussi des Galium, des Polygonum , et une foule d’autres espèces qui se développent et s’allongent au fond de l’eau. M. Tenore cite un Caltha palustris entièrement aquatique qui croît dans les étangs de la Calabre ultérieure, et qui s’é- tend beaucoup sous l’eau ; ses feuilles sont presque orbiculai- res et régulièrement dentées, ses rameaux uniflores et rare- ment biflores. Déjà Dodoneus avait remarqué cette variété, et l’a même figurée (Dod. Pempt. 4, lib. 5, cap. 21, p.588, fig. 2). Enfin l’eau peut agir encore , comme nous l'avons dit, par les sels qu’elle tient en dissolution, et aussi par sa chaleur. On rencontre sur le plateau central une verdure presque continuelle sur le bord des fontaines minérales , et nous avons vu des Ranunculus , des Zanichellia fleurir pendant tout l’hiver sous l'influence de leur température. Près des eaux thermales , si communes et si abondantes en Islande , règne une verdure pour ainsi dire perpétuelle , qui contraste singulièrement avec l’état presque toujours sté- rile ou désolé du pays; mais à l’époque de la floraison, 318 DU SOL. chose remarquable , ces mêmes plantes ne sont pas plus avancées que celles des plaines et des collines voisines. Elles semblent, les unes et les autres, attendre de la présence seule du soleil la faculté d’étaler leurs pétales et de fructifier (1). L'eau est donc une véritable puissance pour le règne vé- gétal, et si aujourd’hui elle a conservé tant d'importance , elle jouait autrefois un rôle bien plus remarquable encore. Enfin, il était très-intéressant de savoir si l’action du sel sur la végétation spontanée avait une influence géographi- que sur la végétation et sur la dispersion des espèces. Il fallait, pour obtenir un résultat, opérer sur une échelle assez vaste, et dans de bonnes conditions. Nous avons trouvé ces données dans l’ouvrage de M. Moritz Willkom (2). Il à étudié , sous ce point de vue, toute l'Espagne, contrée en- tourée d’eaux marines, comme le sont toutes lespéninsules, et il a trouvé que les espèces qui recherchent les terrains salés sont au nombre de 369, dont 303 dycotylédones et 64 monocotylédones. ! Il n°y à aucun intérêt à comparer ces chiffres au total de la végétation de l'Espagne, mais à voir si la proportion re- lative des monocotylédones et des dycotylédones est influen- cée par la présence des eaux ou de l'atmosphère maritime. Pour le royaume de Grenade, les dycotylédones sont au total comme 1 : 1,22, etles monocotylédones comme 1 : 5,8. Pour les espèces maritimes de l'Espagne, le rapport des dyco- tylédones au total est de 1 : 1,21, et celui des monocotylé- dones 1 : 5,8, proportions exactement égales , et qui n'm- diquent aucune influence de la part des eaux salines. (4) E. Robert, Voyage en Islande, p. 552. (2) Willkom die strand-und steppengebiete der iberischen halbinsel und deren vegetation. Leipzig, 1852. VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 319 M. Willkom a dressé aussi une liste des espèces qui, sans être exclusivement maritimes ou halophyles, croissent cepen- dant accidentellement sur le bord de la mer et dans les lieux salés de la péninsale ibérique. Cette série contient 31% espèces, dont 273 dycotylédones et 41 monocotylé- dones, ce qui donne la proportion au total de 4 : 1,15 pour les dycotylédones, et de 1 : 7,65 pour les monocotylédones, ce qui indique pour ces plantes une diminution marquée dans les monocotylédones. $ 2. DE LA PROPORTION DE LA DISPERSION DES VÉGÉTAUX AQUATIQUES, Il est très-difficile de séparer nettement les plantes aqua- tiques des plantes terrestres. Si nous donnons à ce titre d’a- quatique toute son extension, nous rentrerons dans la série que nous avons publiée dans un de nos chapitres précédents. Si, au contraire, nous considérons comme telles les espèces qui vivent absolument dans l’eau , le nombre en sera très- restreint. La liste générale que nous avons faite des plantes de notre région aquatique s'élève à 367 espèces ; pour l’é- tablir, nous avons considéré les espèces comme dominées dans leur végétation par l'influence de l’eau, et comme pres- qu'indépendantes du sol et du climat , nous ne pouvons sui- vre les mêmes idées pour former une liste de plantes vérita- blement aquatiques. Nous sommes obligé de la borner aux plantes qui vivent absolument dans l’eau, nageantes ou sub- mergées, qui fleurissent sous l’eau ou qui amènent seulement leurs fleurs à la surface. Nous ne pouvions admettre dans cette catégorie les plan- tes qui sont en partie baignées, mais qui s’élèvent au-des- sus des eaux, car nous n’aurions pu trouver une limite pour 320 DU SOL. nous arrêter. Ainsi les Typha, les Sparganium , une partie des Scirpus , les jones croissent le pied dans l’eau ; l’Fris pseudo-Acorus vit dans les ruisseaux, le Larbrea aquatica pullule au-dessus des eaux vives, les Carezx , les saules re- cherchent les lieux humides, mais ne végètent pas ordinai- rement dans l’eau. Nous sommes donc forcés de nous arrêé- ter à la liste suivante, qui ne renferme que les plantes essen- tiellement aquatiques. Nous avons même retranché de cette liste et des comparaisons que nous établirons par la suite, la famille des characées. Ce sont, il est vrai, des plantes tout à fait aquatiques et entièrement submergées, mais elles ont été négligées ou confondues dans un grand nombre de flores , et leur admission nous conduirait dès lors à de fausses données sur les rapports et la dispersion des végé- taux qui habitent les eaux. Liste des espèces aquatiques qui croissent sur le plateau central de la France. DYcoTYLÉDONES AQUATIQUES. Ranunculus confusus , R. aquatilis, R. trichophyllus, R. fluitaus. Nuphar pumi- lum, N. luteum. Nymphæa alba. Elatine hexandra, E. ma- jor , E. alsinastrum. Isnardia palustris. Trapa natans. My- riophyllum verticillatum , M. spicatum , M. alterniflorum. Hippuris vulgaris. Callitriche stagnalis, C. platycarpa, C. vernalis, C. autumnalis. Ceratophyllum submersum, C. de- mersum. Hydrocotyle vulgaris. Helosciadium inundatum. Limnanthemum nymphoïdes. Utricularia vulgaris, U. minor. Hottonia palustris. Polygonum amphibium. MonocoTYLÉDoNEs. Alisma natans. Potamogeton , na- tans, P. rufescens, P. heterophyllum, P. lucens, P. perfo- latum, P. crispum , P. densum, P. pusillum , P. monogy- num, P. pectinatum. Zanichellia palustris, Z. pedicellata. VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 321 Lémna trisulca, L. polyrrhiza, L. minor, L. gibba. Scirpus fluitans. Glyceria fluitans. Marsilea quadrifolia. Isoetes la- custris. | Cette liste n’est pas étendue, elle est réduite à 29 dyco- tylédones et à 21 monocotylédones, en tout 50 esnèces réel- lement aquatiques. Si maintenant nous prenons quelques flores européennes, que nous recherchious le nombre des plantes aquatiques (nageantes ou submergées), et que nous comparions ce nom- bre au chiffre total de chacune de ces flores , nous obtenons les rapports suivants, en allant du midi vers le nord. Les premiers chiffres indiquent la latitude nord. 36° à 37° Royaume de Grenade. 10 1860 1 : 186 DR ice... ....... 42 9574 1 : 61 DU Portugal... ....... 24 1522 1 : 63 4% à #7. Plateau central...... 90 1882 1 : 37 50 à 56. Allemagne (Koch)... 85 3311 1 : 39 50 à 58. Angleterre..... ns. 004 HO62 41 : 926 DR 8. Hébrides.......... A0 PT. LE: 210 59 D EONEENSRRRRRER 21 7908. À: 11 O0 “hetland.......... 12 300, 1 : 25 62 HOME ee 2 14.207 1:91 na 00 Islande. . ...."...:. 22, 410, ,1.:20 DO MADONE... . <. 24 102111: 08 71 Den. 0.1... .. 2: 492% 4:96 19 à 80. Spitzherg SMÉRCOIER" 0 » » Ce tableau nous montre la prédominance des plantes aquatiques dans le milieu de l’Europe, c’est-à-dire du 45° au 65° degré de latitude , et notamment dans les contrées où 1l existe des lacs et de nombreux cours d’eau. L'Islande, l'Angleterre, la Laponie, les petits archipels de Il 21 322 LE SOL. la mer du Nord , nous indiquent une forte proportion des espèces aquatiques, proportion qu’elles doivent à leur climat et aussi à leur situation maritime, car plusieurs des plantes qui nous occupent ne se développent que dans les eaux ma-. rines, et ont une aire d’extension très-large dans un élément dont la température est bien moins variable que celle de l'air atmosphérique. . L'Allemagne et le plateau central de la France commen- cent à se rapprocher des régions méridionales ; la proportion n’est plus que 1139 et 1137. Cette proportion devient bien plus faible en Portugal et en Sicile, malgré la présence de rivages maritimes étendus , et enfin elle s’affaiblit encore à la pointe méridionale de l’Europe, puisqu'elle est réduite à 11186 dans le royaume de Grenade. Les flores africaines de l’Atlas, de la Nigritie, de l’Abys- sinie, des îles du Cap-Vert, de Madère, offrent à peine quel- ques espèces aquatiques. Le froid produit le même effet que la chaleur. On ne trouve , dans la flore du Spitzberg et dans celle du Groen- land , aucune plante véritablement aquatique. L’Hippuris vulgaris est bien indiqué dans la dernière de ces contrées, mais ce n’est pas encore une plante nageante à la manière des espèces absolument aquatiques. ‘île Melville n’a pas non plus de plantes nageantes , et il en est de même de toutes les contrées très-arctiques, où la solidification de l’eau s’oppose à ce qu’elle soit un milieu habitable comme dans les zones tempérées. Dans le tableau suivant, au lieu de comparer, comme nous l'avons fait, l'ensemble des plantes aquatiques au total de chaque flore, nous établissons les rapports entre les monoco- tylédones et les dycotylédones qui habitent les eaux et l’en- semble des espèces de chacune de ces deux grandes classes. VÉGÉTAUX AQUATIQUES. En voici les résultats : RoyaumedeGrenade. Dyc. Mon PARENT Dyc. Mon Portugal. sv 2 Dyc. Mon Plateau central. .... Dyc. Mon Allemagne... ...... Dyc. Mon Angleterre... ... Dye. Mon HIÉDHIMES 1. 1... Dyc. Mon Oreades. 0... :.. Dyc Mon Shetland.......... Dyc Mon |) | : IA TENNPNNNEES Dyc Mon Islande dits... , Dyc Mon Hope 54 0e Dyc. Mon Mageroë.. .:...:: Dyc. Mon Bpitsherg. ........ aq. .aq. aq. 1537 328 1991 683 1205 317 1460 422 2559 752 985 397 212 105 237 121 193 107 196 101 263 147 md Deb jeb ed eh eh eh eh eh en De Pb eb je eb ù eb db eh Deb ù b je à = à Gen "08" ge * 6 . L ee » 323 : 912 : 100 : 109 : 134 Il est facile de voir au premier coup d'œil, par l'examen de ces chiffres, que la proportion des aquatiques monocoty-. lédones dépasse presque toujours de plus des deux tiers celle des aquatiques dycotylédones: 324 LE SOL. Comme on ne peut douter que les premières plantes comme les premiers animaux n’aient été des espèces aquatiques, nous aurions déjà, dans le seul fait de la prédominance des mono- cotylédones , un indice de leur antériorité. Les végétaux fos- siles nous donnent les mêmes indications ; presque tous appar- tiennent à la grande division des monocotylédones, et surtout des monocotylédones cryptogames, qui semblent encore avoir précédé les autres. Ce n’est que dans les couches plus ré- centes et plus rapprochées de notre époque que l’on voit paraître les véritables dycotylédones ; elles sont peu nom- breuses et peu variées. C’est à l’époque actuelle seule- ment que ces plantes ont pris un grand développement , et que les formes les plus diversifiées se sont montrées sur la terre. Plusieurs dycotylédones sont aquatiques et ont conservé les habitudes des monocotylédones. Aünsi, dans ces temps reculés de la végétation primitive , les monocotylédones dominaient sur la terre, et n'étaient sans doute pas aussi variées qu'elles le sont aujourd’hui ; mais si leurs espèces étaient moins nombreuses, les individus étaient tellement répandus qu'ils couvraient des espaces immenses, et, de nos jours encore , les plantes aquatiques sont presque toutes des plantes sociales. Elles vivent serrées les unes contre les autres, occupant parfois à elles seules des bassins , des fossés tout entiers , ou cachant par leur nombre le bord des lacs ou le fond des prairies marécageuses. Ces plantes sont répandues sur toute la terre ; leur aire d'extension est en général plus développée, plus étendue que celle des plantes terrestres, et les monocotylédones parais- sent se plier plus facilement aux modifications que leur im- priment les climats et les terrains. Les premiers êtres créés, végétaux et animaux, avaient VÉGÉTAUX AQUATIQUES. 395 une expansion géographique bien plus étendue , puisque les mêmes conditions se rencontraient sur de plus grandes sur- faces. L'eau présentait, à d'immenses distances, la même température et les mêmes éléments. Les mollusques, comme les végétaux, se retrouvent identiques sous des latitudes di- verses, quand ils restent plongés dans l'eau, et qu'ils y ont leur station habituelle. Nous ne pouvons douter que les mêmes espèces de plantes aquatiques n'aient été répandues sur une grande partie de la terre. Aujourd’hui encore ce sont les espèces les plus cos- mopolites, et il existe, parmi les monocotylédones, un groupe immense, celui des glumacées (composé des graminées, des cypéracées et des Joncées), qui , dans tous les pays, offre la même physionomie , le même aspect, et dont un certain nombre d'espèces sont identiques sur les divers points de la terre. Pour nous, les plantes aquatiques , la plupart monocoty- lédones, ont précédé les plantes terrestres et la grande créa- tion des espèces dycotylédones , que nous regardons comme plus parfaites. De même, dans les mollusques, les bivaives , tous aqua- tiques , et les univalves à branchies , ont devancé les gasté- ropodes terrestres , qui sont les plus parfaits, et qui se rap- pelant, pour la plupart , leur ancienne origine , ne quittent pas le bord des eaux ou ne se montrent que dans les temps de pluie. D’après M. le professeur Goppert, de Breslaw, le nombre des plantes fossiles actuellement connues est de 1792. A moins d'admettre des déterminations très-douteuses et de compter les feuilles, les tiges et les fruits d’une même espèce pour autant de plantes différentes, on ne peut guère dépas- ser ce chiffre. Or, sur ce nombre, 819, c’est-à-dire la moitié, 326 LE SOL. appartiennent aux terrains houillers, et représentent une flore presque entièrement monocotylédone et probablement aquatique. Il y avait sans doute, dans le tapis végétal de celte époque reculée, des espèces submergées et nageantes, comme celles dont nous venons de nous occuper; mais il devait y avoir aussi un grand nombre de végétaux aquatiques émergés, vivant le pied dans l’eau. Ainsi, à mesure que nous reculons dans les temps géolo- giques, nous voyons augmenter la prééminence des plantes aquatiques , et l'inverse a lieu nécessairement quand nous revenons, au contraire, vers l’époque actuelle. Les modifications qui s’opèrent de nos jours, selon M. de Fraas et M. Thurmann , « paraissent avoir lieu encore dans le même sens, car l’aire des végétaux à station humide tend à se réduire , tandis que celle des plantes des lieux sees pa- raît prendre de l’extension (1). Ces faits concordent parfaitement avec tout ce que nous savons sur l’ancien état de notre planète, et notamment avec l’ancienne élévation de température qui nous est dé- montrée par tous les faits de la géologie. Des pluies plus abondantes, une évaporation plus active, des cours d’eau plus étendus, moins de terres émergées , toutes ces condi- tions nous ramènent à une plus grande proportion des es- pèces aquatiques et à un plus grand développement de leurs individus et à leur multiplication excessive. Au point de vue de la dispersion et de la migration, les plantes aquatiques nous conduisent aussi à des résultats inté- ressants. Le plateau central de la France nous à offert 50 es- pèces aquatiques. Voici le nombre des espèces identiques (4) Thurmann, Essai de phytostatique, t. 4, p. 155. VEGÉTAUX AQUATIQUES. 327 à celles du plateau central dans les différentes flores com— parées : Royaume de Grenade.. sur 10 il y a identiq. 6 CU ORNE 42 — 26 Bortugal.2 . . .. 4 24 — 20 Plateau central....... 90 — » Allemagne, . .....:... 85 _ 45 Apalelenre.<........ »4 — 38 MEME... ....... 20 — 16 OR co. 21 — 15 SUP... .... 12 — 10 2... 0 14 = 12 15 APN 22 — 18 ER 28 — 20 Mageroë. ...... Le 2 — 2 Il y a presque toujours les 314 des espèces qui sont iden- tiques aux nôtres dans ces différentes flores , et au moins la moitié pour les flores les plus différentes de celles du plateau central, résultat qui est loin d’être atteint quand on compare l’ensemble de la végétation et non les seules espèces aqua- tiques. En poursuivant nos recherches à ce même point de vue, mais en séparant les monocotylédones et les dycotylédones, nous avons le tableau ci-dessous. Dycot. Dycot. ident. Monoc. Mon. ident. Grenade... ...... 3 3 ri 3 -. À | ANPMAPRENNNES 20 14 22 12 Pontugäls :..... 11 11 13 9 Plateau central... 29 » 21 » Allemagne. ..... 39 26 46 19 Angleterre. . .... 23 21 31 17 328 LE SOL. Dycot. Dycot. ident. Monoc. Mon.ident. Hébrides. ...... 12 12 8 4 Orcades: 4... .. 7 7 14 8 Shetland . ». .... 6 6 6 4 PRO ue a ue 4 4 10 8 ondes. 02:21 40 9 12 9 Éaponie ete 16 13 12 7 Mageroë. .:..:. 1 1 1 1 Il ressort de ce dernier tableau un fait qui paraît en contra- diction avec ce que nous savons de la dispersion plus large des monocotylédones. Ici, au contraire , nous trouvons les dycotylédones aquatiques à peu près identiques dans toute l’Europe, tandis que les monocotylédones aquatiques sont plus variées et se montrent plus différentes dans chacune des flores. Souvent il n'y a dans ces flores que la moitié des es- pèces identiques. Cette anomalie s'explique par l’augmenta- tion croissante des monocotylédones vers le nord , par l’ap- parition de nouvelles espèces qui n’habitent pas le plateau central , tandis que les dycotylédones aquatiques sont, dans cette grande classe, les espèces qui résistent le plus, qui ont la plus large expansion, et qui figurent encore , tandis que le nombre absolu des dycotylédones va en s’affablissant rapidement vers le nord. Les faits cités par M. Lesquereux paraissent aussi en op- position avec nos observations , puisqu'il dit que dans les di- verses espèces de marais, les monocotylédones sont les mêmes et les dycotylédones sont différentes. Il faut noter que M. Lesquereux compare deux stations et non deux con- trées, et ensuite qu'il admet dans ses listes toutes les plantes aquatiques , alors que nous n’employons que celles qui sont nageantes où submergées. —_—— A » 2 Conifères. ....... 10 7 “4 > 64 99 17 38 MONOCOT YLÉDONES. Aroidées. :...... 1 1 » 1 Orchidées. . ..... 19 18 3 pr Hridéess M. ar. 2) % 2 1 Lihacées. ....... 16 25 7 +9 Asparaginées. . ... 6 6 1 6 Amaryllidées. .... 1 1 » » Colchicacées. . . ... 3 3 Î 1 Juncaginées. ..... 3 3 » 1 Myphacéese "00" | { » » Joncacées:s. Me 16 18 7 11 Cypéracées. .. .2.. 51 39 13 29 Grammées. ...... 90 41 38 20 HouSeres "2 17 17 12 11 Lycopodiacées. ... 6 6 » 5 Marsiléacées. . ... 1 1 » 1 Equisétacées.. . . .. 1 1 » 1 | | | | | | 19% 185 84 106 ORDRE DE SUPERPOSITION. 389 Récapitulation. Alpes. Pyrénées. Mididel'Esp. PI. cent. MRRMIOres. . .... 909 171 , 109 89 CoRCMArEs 442. 421 206 214 Corolliflores. ....... 139 135 83 52 Monochlamydées . . .. 64 99 17 38 Dycotylédones. ... 854 788 415 393 Monocotylédones. . 19% 185 84 106 1048 973 499 499 Nous n'établirons pas les proportions rigoureuses de chacune de ces familles au total de la flore de ces quatre contrées montagneuses ; nous nous bornerons à mettre en regard , dans le tableau suivant, celles des cinq grandes classes de végétaux que nous avons souvent comparés. Ainsi, chaque classe est au total de la flore pour chaque contrée, dans les rapports suivants : Alpes. Pyrénées. Midi del’Esp. Plat. centr. Thalamiflores. 1 : 5 fn Det 40 15-555 Dahehones-. 1. : 2,4 1 : 23 1: 2,4, 1. : 2,58 Cie. 1 : 7,5. 1 : 7,2..1.: 6: 1 :,9,6 Monochlamyd 1 : 16,2 1 : 18 1 : 30. 1 : 13 Mmomeeen 1: 1,2 1: 1,92:.1 : 1,9. 4,::1,2 Mongcomue... 1 : 5,4 1 : 5,3 1 :6 1 : 4,6 Essayons maintenant de tirer quelques conclusions de ces tableaux. Les famillesdominantes dans les flores des montagnes sont : les renonculacées, les cruciféres, les violariées, les alsinées, . des légumaneuses, les rosacées, les saxifragées, les ombelh- 390 DES ZONES DE VÉGÉTATION. fères, les synanthérées , les campanulacées , les éricacées , genthianées , rhinanthacées, primulacées , salicinées , coni- fères ; et parmi les monocotylédones : les orchidées, juncées, cypéracées, graminées et fougères. On trouve, commeon le voit, les plus grands rapports avec les flores du nord ; comme dans celles-ci, des familles entières s’effacent ou ne sont plus représentées que par des espèces isolées. Ce ne sont donc pas les ressemblances et les analogies entre la végéta- tion des montagnes et celle des régions septentrionales que nous devons rechercher, ce sont leurs différences , si elles existent. Il nous suffira , pour les reconnaître, d’étudier les grandes classes de végétaux , et de nous reporter un instant au tableau de la page précédente. Le trait le plus frappant est la diminution progressive des monocotylédones. Leur proportion, pour la France, est à peu près de 1 : 4, et, dans les Alpes et les Pyrénées, elles ne sont plus que 1 : 5,4 et 1 : 5,3. Dans le royaume de Grenade, elles sont 1 : 5,8 , et, si l’on prend seulement les espèces des zones alpine et nivale de M. Boissier, elles ne sont que de 1 : 6. Sur le plateau central, leur proportion dans les montagnes est à peine différente de celle des plaines, ce qui tient au peu d’élévation de nos sommets. La propor- tion 1 : 4,4 pour l’ensemble devient seulement 1 : 4,6 pour notre région montagneuse. Les thalamiflores conservent à peu près leur proportion en altitude comme en latitude. Les caliciflores tendraient à augmenter par l'élévation ; les résultats sont un peu plus forts pour le royaume de Grenade et pour le plateau central qu'ils ne le sont dans la plaine. Cette classe, au contraire , s’affaiblit en s’avançant vers les pôles. Les corolhiflores conservent leur proportion pour les mon- ORDRE DE SUPERPOSITION. 391 tagnes de Grenade, mais elles s’affaiblissent dans les Alpes, dans les Pyrénées et surtout sur le plateau central, où elles forment à peu près 1 : 7, tandis que , dans la région mon- tagneuse, elles ne sont plus que 1 : 9,6, à peu près la même proportion qu’en Laponie, où elles sont 1 : 10,1. Les monochlamydées suivent, dans les montagnes, la même marche qu’en avançant vers le nord; elles perdent des chénopodées, des euphorbiacées, des urticées, etc., mais elles gagnent des amentacées et des conifères. En résumé, il existe de très-grandes ressemblances entre les flores des montagnes et la végétation des régions septen- trionales de notre hémisphère. Pour rendre ces résultats plus sensibles ou pour faire jaillir d’autres considérations, nous avons cru nécessaire de dresser d’autres listes ou de constituer d’autres flores , en-- tièrement dégagées des influences de la plaine sur l'altitude, c’est-à-dire que nous avons cherché à obtenir des flores de sommets élevés. Ces nouvelles listes , que nous nous sommes efforcé de rendre aussi exactes que possible, ne renferment que les es- pèces qui, sous le chant de la France , ne descendent pas ordinairement au-dessous de 1,450 à 1,500 mètres, ce qui, pour le plateau central , nous donne la hauteur du sommet du puy de Dôme. Cette limite inférieure ne peut être ab- solue ; nous avons suffisamment indiqué les causes nom- breuses des écarts accidentels. Elle ne peut aussi être prise en considération que pour la situation particulière de chaque chaîne ou de chaque groupe de montagnes. Ainsi , telle es- pèce qui , dans les Pyrénées par exemple, ne descend pas au-dessous de 1,500 mètres, pourra vivre à 500 mètres, à 100 et même à 0 dans le nord de la France , ou en Alle- magne , ou en Laponie. 392 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Pour le midi de l'Espagne, nous avons élevé de beaucoup notre limite inférieure, et nous l’avons portée , vu la lati- tude, à 2,500 mètres, réservant seulement, pour cette flore alpine, la région nivale de M. Boissier. Voilà les chiffres obtenus pour chacune de ces flores. Liste des plantes des sommets élevés des Alpes, des Pyré- nées, du midi de l’ Espagne et du plateau central. THALAMIFLORES. Alpes. Pyrénées. Mididel’Esp. PI. cent. Renonculacées. . .. 14 14 % 2 Papavéracées. . ... 2 1 1 » Crucifères. . ..... 26 . 18:00 6 CISDIRÉES : 4 noie te 1 1 » » Violariées.…. . ae :. 6 5 2 2 Résédacées.. . .... » 1 1 1 Droséracées. ..... » » 1 » STIÉNÉES. ….. » ain 0e 8 5 3 2 AISIRÉES 2 rues 11 do 3 2 Hypéricinées. .... 1 | » » Géraniacées. ..... » 2 1 » 69 44 26 15 CALICIFLORES. Rhamnées. ...... » » 1 » Légumineuses. . .. 1% 15 3 4 Rosacées, ...,... 10 12 3 3 Onagrariées. . ..., Di st.un2 1 2 Paronychiées...... { { 2 { ORDRE DE SUPERPOSITION.. 393 Alpes. Pyrénées. Mididel’Esp. PI. cent. Crassulacées. . .... 6 6 3 3 Saxifragées... .….. 26 32 2 5) Ombellifères. . .. 6 8 5) a Caprifoliacées. . . . 2 2 de us 2 Rubiacées. ...... % 5 1 1 Valérianées. ..... 2 1 1 » Dipsacées........ » » » 1 Corymbifères. .... 33 18 10 Cynarocéphales. … . 3 6 3 » Chicoracées. . . ... 10 ri 5) 7 Campanulacées.. . . 11 9 2 4 PMpérIÉes. . . .. .. 1 1 » 1 Vacciniées. ...... » » 1 » Hricarées. . .., .. 3 3 » » COROLLIFLORES. Gentianées. ...... 11 8 5 3 Boraginées ol Die « 1 » » » Scrophulariées . 56 à » » » 1 Antirrhinées. . .... 7 7 6 1 Rhinanthacées 19 9 2 5 Pabiées.. . : 2. 3. . 3 5 2 » Lentibulariées. ... 2 2 1 1 Primulacées. . .... 24 29 2 2 Globulariées. ..... » 1 » 1 Plumbaginées. .. .. » » 1 » Plantaginées. .... 2 2 2 1 70 DA 21 14 394 DES ZONES DE VÉGÉTATION. MONOCHLAMIDÉES. Alpes. Pyrénées. Mididel’Esp. PI. cent. Polyeonées.....". 4 4 1 2 Phymélées....2 » » » 1 Salicinées........ 8 1 | 4 Bétulinées. ..,... 2 >. » » Conifères. ....... 3 2 a 1 17 16 4 8 Total des dycotylédones 290 246 94 80 MONOCOTYLÉDONES. Orchidées... 4 4 » 4 | FE T RRRONRE Î 2 » 1 Liliacées.…. . . 3 3 » { Asparaginées. .... 1 1 » 1 Colchicacées. . .... 3 2 » » Juncaginées. ..... 2 2 » » Joncacéeser.. 4; 8 8 1 3 . Cypéracées. . 19 13 2 3 Gramnées. :. : 4. 14 13 10 6 Fougères. 21210 3 3 ) 3 Lycopodiacées. . .…. 2 2 » 2 Total des monocotyl. . 90 33 18 2% = nee ee me _ Total général... 340 299, M2 Le tableau suivant nous offre les proportions des grandes. classes. ORDRE DE SUPERPOSITION. 395 SOMMETS ÉLEVÉS. "0 , Alpes. Pyrénées. MididelEsp. Plat. centr. Thalamiflores. 1 : 5 108,1 : 4,9 L :.7 ue 1: 2500:95 1: 26.1: 2,4 Gorolhiflores.. 1 : 4,8 1 : 5,2 1 : 5,3 1 : 7,4 Mouoohlémydet : 20, 1 : 19 ° 1 : 28 1 : 13 ONE: 1,2 1 : 1,2 1: 2 1-9 Monocotyléd . ES Mo NPl 2 000 15 0,201 7 4,9 La proportion des dycotylédones au total reste la même que dans les flores moins montagnardes , excepté sur le plateau central , où elle diminue. Les monocotylédones s’affaiblissent encore un peu avec l'élévation ; le plateau central seul fait exception, mais ses sommets ne s'élèvent pas assez haut et sa flore n’admet pas un nombre assez grand d’espèces alpines pour que cette légère exception détruise la loi de diminution des monocotylédones avec l’altitude , phénomène inverse à celui qui se manifeste en latitude, où , au contraire, elles vont en augmentant. Au reste, si les chiffres n’indiquent pas clairement ce ré- sultat pour nos montagnes , l’observation le démontre. On remarque déjà qu’un certain nombre de monocotylédones très-communes dans les régions du nord n’atteignent pas une grande élévation sur le plateau central. Ainsi , les Carex, qui, en Laponie, sont excessivement nombreux en espèces et en individus, disparaissent presque complétement à une grande élévation. Nous n’en retrouvons que très-peu vers 1,400 à 1,500 mètres, quoique le sol et la station offrent les mêmes caractères. Les Eriophorum et même l’£. alpinum , ne s’élèvent 396 DES ZONES DE VÉGÉTATION. pas très-haut. Les Juncus cèdent la place aux Luzula, et cela malgré la station, qui, à l'altitude près, est souvent la même que dans la plaine. Nous pouvons rendre ce résultat plus sensible en Compa- rant les proportions de ces deux grandes classes de végétaux dans nos flores alpines à celles des flores du nord. Ainsi, les monocotylédones sont au total des piantes de chaque flore des régions suivantes, en suivant la diminution d’alti- tude des chaînes ou groupes, dans la proportion de : Flore des Alpes élevées. ........,..., LA ES — des montagnes de Grenade . ..... 1062 —— des Pyrénées élevées. : : - 700 L'200 — du plateau central.” ......:..2% 1 : 45 Diminution graduée extrêmement remarquable. Et pour les flores septentrionales , en allant, au contraire, du sud au nord : Latitude 44° à #70. Ensemble du plat. central 1 : #,4 — 50° à 56°. Allemagne... ......1.% 151044 — 11509 815809. Angleterre 40 CRE 1 : 3,9 016708158030 Hébridess 5: tre mCRee 1:54 — 99 Orcades: s: SHEUUEUR ER 1:3 =—1116005:à 612::Shetland. + 2440215000 ir — (62° Feroë:t URSS L:::08 4416408066: Islande. 0.210000 1 : 2,8 — 65° à 70°. Laponie (maximum).... 1 : 2,7 —... 67,30'à 682,28. Îles Loffoden 11004002; — 70° Altenfiord..241040 088 Los19,#4 — 700,40 Hammerfest.......... t'e GA — 71° Mageroë sm nee ee 1: 3,9 — 719,10 Cap-Nord...... "008% 1 : 4,8 — 190 à 80°: Spitzhergit +. set 1 : 6,4 ORDRE DE SUPERPOSITION. 397 Ces résultats sont concluants; la latitude agit évidemment en sens inverse de l’altitude ; on voit le nombre des mono- cotylédones augmenter à mesure que l’on avance vers le nord, et ce nombre atteint son maximum en Islande et en Laponie, mais au delà de la latitude, déjà très-boréale de ces deux contrées , la masse des monocotylédones va au contraire en diminuant , comme sur les sommets des montagnes, et il estextrêmement remarquable de retrouver sur les points élevés du royaume de Grenade la même proportion entre les deux grandes classes de végétaux, que celle qui existe au Spitz- berg , à la distance énorme de #4 degrés de latitude. Déjà cette diminution des monocotylédones se fait sentir du 70 au 71°, à Mageroë, où la proportion qui était de 1 : 2,7 en Laponie devient 1 : 3,5 , tandis qu’au Spitzherg cette pro- portion est de 1 : 6,4. A l'ile Melville le rapport est aussi 1: 3,3, au Groënland 1 : 3,5. Dans la flore de Hooker, pour les parties nord de l'Amérique, la proportion devient task. Si, au lieu de prendre la flore de l'Amérique boréale de M. Hooker, on réunit les espèces indiquées par J. Richard- son et R. Brown dans leurs appendices botaniques au pre- mier voyage de Franklin au pôle nord, et que l’on sépare les plantes qui habitent seulement les terres américaines situées entre les 6% et 69° de latitude , on obtient entre les deux grandes divisions du règne végétal le rapport 1 : 4,5. C’est à dire que les monocotylédones sont moins nombreuses que dans la flore de Hooker, qui comprend des régions moins bo- réales, Au reste, on voit qu’à latitude égale, au delà du cer- cle polaire, la proportion des monocotylédones ne paraît pas diminuer d’une manière uniforme dans ces deux continents, et que le nord de l'Amérique accuse un climat plus boréal que celui qui existe en Europe sous les mêmes parallèles. I 398 DES ZONES DE VÉGÉTATION. suffit pour cela d’une seule comparaison , celle des flores de Laponie et de l'Amérique boréale. Les rapports sont 1 : 2,7 pour la Laponie , 1 : 4,1 pour l’Amérique. IL était intéressant de rechercher si en Asie, et toujours au delà ou aux environs du cercle polaire, cette loi singulière de la diminution progressive des monocotylédones se soute- nait comme en Europe et en Amérique. Voici le tableau de quelques rapports dont les matériaux nous ont été fournis par la grande flore de Ledebour. Pays des Tschuktskis, au nord et au-dessus du Kamts- chatka, et dont une moitié au delà du cercle POIMITR = See recroiser RE DEL | Mbérie arctique... SOUS A Kamischatka 5.40: 500. RL Iles de l'Océan oriental. .. ..:. M. 1:35 Ces dernières sont en deçà du cercle polaire. Le nord de l’Asie présente donc le même caractère que les deux autres continents, dont les extrémités approchent aussi du pôle nord , et ces faits sont tellement concluants, que l’on peut considérer comme une loi bien établie l’aug- mentation progressive du nombre absolu des monocotylé- dones en allant de l'équateur vers le cercle polaire, et au delà de cette latitude la diminution progressive de ces mêmes monocotylédones , comme cela a lieu sur les monta- gnes élevées. La même loi s'applique, pour l’Europe au moins , et comme nous l’avons déjà fait remarquer, aux espèces aqua- tiques, et pour l'altitude et pour la latitude. Au delà du cercle polaire l’analogie entre les latitudes et les altitudes élevées se transforme pour ainsi dire en identité. Nous savons peu de chose sur la distribution géographi- que des végétaux dans l’'Hémisphère austral , et nous ne ORDRE DE SUPERPOSITION. 399 pouvons en aucune manière vérifier les observations que nous venons de faire sur la partie du globe terrestre où nous som- mes placés. Il n’existe pas de terres, ou du moins de terres connues vers le pôle sud. Les régions les plus australes sur lesquelles nous ayons des renseignements, sont les Maloui- nes , la Nouvelle-Zélande et quelques îles un peu plus rap- prochées du cercle polaire. A la Nouvelle-Zélande les monocotylédones sont au total delire comment. LU de 0 ue ur 98 MAMA IDMMes, tot. ÉANET)S 29.6 En comprenant avec les Malouines , Fuegia , quelques parties de la côte sud-ouest de la Patagonie, la terre de Palmer et les groupes voisins , tels que les Sheetland du sud , la Georgie du sud, l’île de Tristan d’Acuhna, et la terre de Kerguelen , toutes régions qui sont encore à une assez grande distance du cercle polaire , on obtient la jure RER ER A. DA QUE © et pour les archipels des Gap et des îles de éd Au- ckland plus voisins du cercle polaire, celle de 1 : 2,1, une des plus fortes proportions connues dans le nombre monocotylédones. Ces diverses localités, et notamment la Nouvelle-Zélande et les Malouines , se rapprochent beaucoup des proportions qui existent en Laponie, quoique situées sous des latitudes bien plus basses. Il nous est donc impossible de poursuivre nos comparaisons en altitude et en latitude jusque dans l’hé- misphère sud. Ce fait admis de la diminution numérique des espèces monocotylédones sur les sommets élevés et au delà du cercle polaire, ne prouve pas que ces plantes s’effacent de ces con- trées, et soient remplacées par des dycotylédones ; il semble au contraire qu'à mesure que la proportion des espèces dimi- 400 DES ZONES DE VÉGÉTATION. nue , le nombre des individus augmente. Ce sont les espèces les plus sociales qui résistent, et ce sont elles qui impriment aux régions où elles se développent cette uniformité et cette monotonie désespérante des grandes plaines dumord. Parmi les dycotylédones nous voyons les Thalamuflores se maintenir à peu près dans les mêmes proportions sur les sommets des Alpes et des montagnes du royaume de Gre- nade ; mais elles diminuent sensiblement dans les Pyrénées élevées, et plus encore sur le plateau central. Les Caliciflores ne changent pas de proportions dans les flores des hauts sommets. Elles restent ce qu’elles étaient dans les listes comprenant les flores générales des montagnes. Les Corolliflores offrent des anomalies très-singulières ; leur proportion augmente beaucoup sur les sommets, elle de- vient plus considérable sans exception sur les quatre points que nous avons observés, résultat encore inverse de celui qu’on obtient en s’élevant en latitude , inverse aussi de celui que nous avons exprimé un peu plus haut en nous occupant des flores des montagnes, et non des sommets élevés. Les Monochlamydées restent sensiblement dans les mêmes rapports que pour les flores moins montagnardes qpenqu avons examinées un peu plus haut. Cet accroissement des Corolliflores sur les sommets des montagnes, coincidant avec la diminution des monocotylédo- nes, caractère qui appartient aux régions méridionales, nous a fait penser à comparer aussi les rapports des corolliflores dans des contrées très-boréales, afin de savoir si le chiffre des espèces qui appartient à cette classe des dycotylédones irait aussi en se relevant comme sur les montagnes. Voici nos résultats. Les Corolliflores sont au total de la flore dans les propor- tions suivantes : ORDRE DE SUPERPOSITION. 401 Lat. 44° à 47° Ensemble du plat. central. 1 : 6,8 50 à 56. Allemagne ............ 1 : 6,6 50 à 58. Angleterre ..... ...... 57,2 Hd 38:/Tébndes 1 Lu 0 0. 15:62 59 Done RH on at DOS 61-Shetlnd ,1.4 201.5... 44 d's074 62 ETC RER TT 1: 8,5 D 00. lslande. ....:...,4.:. MED DA 0: Laponie... : 2.54% se. 4 ::110;1 67 30 à 68° 28’. Iles Loffoden. ... 1 : 10 70 AlenHOnd: 2. ec 2€ & EOÛT HO 40: Hamértest. ..:......... 11511951 71 Maseroë.. 0200 Ne A ST RUE Capiiornd, 200060 2. 1 : 14 60: :Spitzhers 00 1 : 70 He Melville. 325,000 4 : 67 Groenland... .0.. +1 214071 Amérique arctique ...... 1 ':110,5 Les plantes à corolle monopétale vont donc toujours en déclinant vers les régions polaires , et non en augmentant comme sur le sommet des montagnes. Elles suivent le même décroissement dans le nord de l'Amérique et dans les deux points les plus rapprochés du pôle où les botanistes ont péné- tré; à l’île Melville en Amérique et au Spitzberg en Europe, il ne reste plus pour chacune de ces contrées qu’une seule corolliflore. Quelles sont donc les causes évidemment étrangères à la température qui produisent de tels résultats? Nous devons maintenant nous occuper de rechercher quel est le degré d’analogie qui existe entre la flore de notre ré- gion montagneuse et celles des Alpes et des Pyrénées, entre lesquelles nous sommes placés , et quels rapports elle peut il 26 402 DES ZONES DE VÉGÉTATION. avoir avec la végétation du sommet des montagnes de Gre- nade et celle de la Laponie. Les chiffres vont nous guider dans ces recherches. Il est bien entendu que nous ne pre- nons ici que la flore des sommets élevés. Celle de notre ré- : gion montagneuse composée des espèces qui ne descendent guère au-dessous de 1,400 à 1,500 mètres est formée des espèces suivantes : Liste des espèces du plateau central de la France qui ne descendent pas habituellement au-dessous de 1,400 à 1,500 mètres. | La lettre A indique les espèces qui habitent aussi les Al- pes, la lettre P les Pyrénées, la lettre G le royaume de Grenade , la lettre L la Laponie. Anemone vernalis, À. P.L. Trifolium alpinum, A. P. — alpina, A. P. — .spadiceum, A. P. Braya pinnatifida , A. P. — badium, A. P. Cardamineresedifolia, A. P.G. — pallescens, A. P. G. ? Brassica montana, A.P.G. Genista Delarbrei , P. Thlaspi alpestre , A. P. — purgans, P. Arabis cebennensis. Sorbus Chamæmespilus, A. P. — alpina, A. P. G. L. Geum montanum, A. P. Viola sudetica, A. P. Alchemilla alpina, A. P.G. L. — biflora, A. P.L. Circæa alpina, A. P.L. — palustris, À. P. G. L. Epilobium trigonum , A. Astrocarpus sesamoïdes, P. — origanifolium, A. P. G. L. Silene ciliata , P. Sedum annuum, A. P.G. — rupestris, À. P. G. L. — repens, À. P. Dianthus cœsius , A. — brevifolium , A. P.G. Alsine verna, A. P. Saxifraga exarata, A. P. Cerastium lanatum , P. — stellaris, À. P.G.L. — alpinum, À. P. G. L. — Aizoon, A. P. L. ORDRE DE SUPERPOSITION. Saxifraga rotundifolia. , A. P. — bryoides, A. P. Buplevrum longifolium , A. Meum Mutellina, A. P. — athamanticum, A. P. Angelica pyrenaica , P. Lonicera alpigena, A. P. Galium saxatile,,A. P. Doronicum austriacum , P. Adenostyles albifrons, A. P. Senecioleucophyllus , P. — Doronicum, A.P. G. Erigeron alpinum, A. P.G.L. Gnaphalium supinum, A .P. L. — norwegicum, P. L. Petasites alba , A. Cirsium rivulare, A. P. Leontodon pyrenaicum, A. P. Hieracium aurantiacum , A. — longifolium , A. P. Crepis grardiflora, A. P. — succisæfolia, P. Sonchus alpinus, A. P. L. Jasione perennis , P, Campanula linifolia, A. P. Phyteuma Halleri, A. P. — hemisphericum, A.P. Empetrum nigrum, A.P.L. 403 Bartzia alpina, A. P. L. Pedicularis comosa , A. P. G. — foliosa, A. P. — verticillata, À. P.G.L. Euphrasia minima, A. P.G. Pinguicula bxétitifiora PAP, Androsace carnea , À.P. Soldanella alpina, A. P. Plantago alpina, A. P. Rumex alpinus, A. P. Salix herbacea , À. P. L. — lapponum, P. ? L. — repens, À. P. — phylicifolia, À. P.L Juniperus nana, À.P.G.L, Listera cordata, À. P. L Orchis globosa, A. P. — albida, À. P. L. Crocus vernus, À. P. Allium victoriale, A. P. Streptopusamplexifolius, A.P, Luzula spicata, A. P.G.L. — glabrata, P. L. Juncus alpinus, A. P.G. L. Carex pauciflora, A. L. — filiformis, A. P. E. G. P' Eriophorum alpinum, A. L. Festuca rhætica , À. P. Arbutus Ura-ursi, A. P.G.L. — spadicea, A. P. G. Gentiana verna, À. P.G. — angulosa, À. P. Swertia perennis, A. P. Ramondia pyrenaica , P. Veronica alpina, A. P. G. L. Poa alpina, A. P.G. L. Agrostis rupestris, À. P.L. Phleum alpinum, À. P.L. Allosorus crispus, A. P.G.L. Lycopodium Selago, A. P.L. 404 DES ZONES DE VÉGÉTATION. Ces 104 espèces représentent notre flore la plus alpine, et sur ce nombre : 16 sont communes aux quatre contrées comparées ; 82 —- aux Alpes et aux Pyrénées ; 7 — aux Alpes et non aux Pyrénées ; 1% — aux Pyrénées et non aux Alpes ; O0 —- au royaume de Grenade seulement ; O0 — à la Laponie seulement ; 4 — au plateau central seulement ; 10 — aux Alpes ou aux Pyrénées et au roy. de Gren. ; 21 — aux Alpes ou aux Pyrénées et à la Laponie. On doit conclure de cet examen que la flore alpine du pla- teau central ne lui appartient pas, mais se compose, à l’ex- ception de l’Arabis cebennensis, de plantes colonisées ; que les plus grands rapports existent avec les flores des Alpes et des Pyrénées, puisque 82 espèces sur 10% se trouvent aussi dans l’une ou dans l’autre de ces deux chaînes ; Que l’analogie avec les Pyrénées est plus grande qu'avec les Alpes, puisque 14 espèces du plateau central vivent dans les Pyrénées sans se trouver dans les Alpes, et qu'il y a seu- lement 7 espèces de notre flore qui existent dans les Alpes à l’exclusion des Pyrénées ; Que les rapports avec la Laponie sont aussi très-intimes , puisque 21 espèces sont communes à la fois aux Alpes ou aux Pyrénées et à la Laponie, et puisqu'il faut ajouter à ces espèces 16 autres, communes à toutes les contrées compa- rées, ce qui porte à 37 sur 104 le nombre des espèces qui vivent à la fois eten Laponie et dans les parties les plus éle- vées du plateau central ; que l’analogie existe aussi, mais à un moindre degré pour les montagnes du midi de l'Espagne, ALTITUDE ET LATITUDE. 405 puisqu'elle est représentée par 26 espèces communes, dont 16 appartiennent aux quatre contrées. $ 4. ANALOGIE ENTRE L'ALTITUDE ET LA LATITUDE. — PROPORBTION RELATIVE DES GENRES ET DES ES- PÈCES. Nous savons que, sous les différentes latitudes , quand des montagnes atteignent une certaine élévation , elles sont alors couvertes de neiges qui ne fondent jamais, et que leurs sommets restent plongés dans un hiver éternel. La limite de ces neiges permanentes est dans un état presque continuel d’oscillation et varie moins cependant par l'inégalité de tem- pérature des étés qui la font reculer, que par la dispropor- tion des chutes de neige hivernale qui lui permettent de s'étendre. On peut, malgré cela, lui assigner une hauteur moyenne , qui varie dans chaque lieu, selon son exposition et selon sa latitude. Cette limite extrême, où vient expirer la végétation con- tinue, est analogue à celle qui existe au delà du cercle po- laire, où les frimas opposent aussi au règne végétal une bar- rière entièrement infranchissable pour lui. L'identité ne peut cependant pas exister entre ces deux situations extrêmes. D'un côté, le raccourcissement de la colonne atmosphérique, qui appuie sur les montagnes ; de l'autre, l’obliquité des rayons solaires et leur long séjour sur les terres polaires, déterminent plus de ressemblance que d’analogie. Des associations analogues nous montrent les mêmes ef- fets et les mêmes contrastes dans les deux localités, mais les espèces qui les composent sont presque toujours différentes. Les mêmes traits caractéristiques de la dispersion se re- 406 ALTITUDE ET £LATITUDE. trouvent dans les régions polaires et dans celles qui leur correspondent par l’altitude. Si les espèces ne sont pas identiques à de très-grandes distances , les genres ou au moins les familles se présentent avec toutes leurs analogies. Ainsi, dans les Andes du Pérou, au-dessus de Quito, les labiées, les rubiacées, les malvacées, les euphorbiacées manquent près de la limite des neiges éternelles, comme l’a dit le premier M. de Humboldt, exac- tement comme ces mêmes familles disparaissent vers le cer- cle polaire. Au contraire, les graminées, les éricacées devien- nent abondantes dans ces montagnes du Pérou, comme elles le sont dans les parties,les plus froides de l'Islande et de la Laponie. Cette règle cependant subit des exceptions sous la zone torride, car si les familles absentes des pôles le sont aussi des Andes équatoriales , il n’en est pas de même des synanthérées, qui, rares à une haute latitude, sont, au con- traire , abondantes dans les parties élevées des montagnes de la zone torride, tandis que les fougères, qui, vers le pôle, supportent les froids les plus rigoureux, existent à peine dans les Andes au-dessus de 3,600 mètres (1). M. Thurmann fait remarquer qu’aux niveaux élevés, les endogènes phanérogames ont un développement relative- ment moindre que dans les contrées basses, ce qui donne- rait pour l’altitude un nombre inverse à celui de la latitude , c’est-à-dire que les monocotylédones diminueraient en pro- portion à mesure qu’on s'élève, tandis qu’elles augmentent en allant vers les pôles. Les recherches que nous avons exposées dans le paragra- phe précédent confirment ces remarques de M. Thurmann. Le même savant se demande « si ce fait curieux de dis- (1) Humboldt, de distribut. geogr. plantarum , p. 144. PROPORTION DES GENRES. 407 proportion entre les deux classes, déterminé par les diffé- rences de niveaux, ne serait pas dû en partie au moindre rôle des sols désagrégés et aquatiques, et de l'extrême di- minution dans la quantité et la puissance des humus et des sables , par suite de la grande extension qu’y prennent les masses rocheuses à fortes inclinaisons (1). » Les graminées et les cypéracées, qui s’avancent si loin vers les pôles, ne sont pas les plantes qui occupent les der- niers gradins des montagnes. Au-dessus d’elles, dans les Alpes, se trouvent encore des Arenaria, des Silene, des Are- tia en gazons courts, serrés et rabougris. M. Thurmann fait encore observer que cette disproportion des deux grandes classes de végétaux , c’est-à-dire l’aug- mentation de certaines familles de monocotylédones, telles que les graminées , les cypéracées , en allant vers le pôle de notre hémisphère boréal, tient peut-être à la nature dis- grégée du sol, plutôt qu'à toute autre cause. « Lorsqu'on se rappelle, dit-il, que le continent scandinave, qui a fourni une des bases de comparaison , est particulièrement formé de roches cristallines engéogènes (disgrégées), qui, toutes choses égales, donneraient lieu à un chiffre plus élevé d’en- dogènes phanérogames que l’Allemagne et la France, où les roches dysgéogènes (compactes) offrent un plus grand dé- veloppement, on sent que cette considération ne saurait être négligée dans le calcul (1). » On doit tenir compte, en géographie botanique, de toutes les influences, mais le fait de l’augmentation numérique des monocotylédones vers les régions polaires doit tenir à une cause plus générale que l’état physique du sol. Le nombre des espèces, relativement à celui des genres, (4) Thurmann , Essai de phytostatique, p. 300. 408 ALTITUDE ET LATITUDE. va, comme on le sait, en diminuant de l’équateur au pôle. Nous avons voulu vérifier si, de la base au sommet des mon- tagnes, cette loi conservait sa puissance et ajoutait une ana- logie de plus entre l'élévation de la latitude et le degré d'altitude. Voici nos résultats pour les quatre contrées dont nous avons étudié la végétation montagnarde : Espèces. Genres. Rapports. Alpe. acc 2h ass 1048 3120014700 PYTÉDÉES. 218 cc 978 SES TONER Royaume de Grenade... .. 499 243 1 : 2,05 Plateau central. ........ 499 : 235440424080 Laponie entière......... 112 299 1 : 2,38 On voit combien ces proportions se rapprochent de celles de la Laponie, et si la diminution du nombre des espèces, relativement au nombre de genres, est moins apparente dans les Alpes et dans les Pyrénées que pour le plateau central et le midi de l'Espagne, cela tient à ce que ces deux der- nières contrées offrent bien moins d’étendue géographique que les deux grandes chaînes de montagnes citées en pre- mier lieu. Dans chacune de ces contrées, sans exception , le: nombre relatif des espèces a diminué avec l’altitude. Le tableau suivant va nous montrer s'il existe une diffé- rence pour les mêmes rapports entre les monocotylédones et les dycotylédones. Espèces. Genres. Rapports. Alpes. — Dycotyl.. 85% 252 1 : 3,39 Monocot.. 19% 60. :4 : 3,23 Pyrénées. — Dycotyl.. 788 249 1 : 3,16 Monocot.. 185 64 1 : 2,9 PORPORTION DES GENRES. 409 Espèces. Genres. Rapports. R. de Grenade. — Dycotyl.. 415 200 1 : 2,07 Monocot.. 84 Ain 40.: 4,95 Plateau central. — Dycotyl.. 393 185 1 : 2,12 Monocot.. 106 50 4440%:09.19 Laponie. — Dycotyl.. 448 222 1 : 2,01 Monocot.. 263 GES MS 2 Quoique les différences soient peu sensibles, on remar- que pourtant que chaque genre monocotylédon contient un peu moins d'espèces à mesure qu’on s'élève, résultat inverse de celui qu’on obtient en allant du sud au nord, comme on peut le voir en se reportant à la page 293. Enfin, si nous séparons les flores des sommets élevés dont nous avons donné les éléments un peu plus haut, nous en construisons le tableau suivant : Sommets élevés. Espèces. Genres. Rapports. a... . 340 126, .:1 : 2,7 1 °° PORTES 299% 10 44010544 243 Royaume de Grenade.. 112 Ai, EE ES Plateau central. ..... 104 71 1 : 1,46 Laponie entière. ..... 5 4 > Mel MR ee - Le Ici, l'influence de l'élévation est extrêmement marquée, et la diminution d’étendue des terrains sur lesquels sont disséminées ces flores partielles ajoute encore aux effets de l'altitude, à tel point que, pour les sommets des monta- gnes du royaume de Grenade et du plateau central, chaque genre ne renferme plus que 1,45, un peu moins d’une espèce et demie, tandis qu'en Laponie, chaque genre en a 2,38. Nous terminerons notre examen en construisant le même tableau et séparant les deux grandes classes de végétaux. 410 ALTITUDE. Sommets élevés. Espèces. Genres. Rapports. Alpes. — Dycotyl.. 290 101 1 : 2,87 Monocot.. 90 25... AMIENS Pyrénées. — Dycotyl.. 246 114 1% 92,15 : Monocot.. 93 26. 1 R. de Grenade. — Dycotyl.. 94 67 1.244085 Monocot.. 18 10 1:00 Plateau central.— Dycotyl.. 80 56 1 : 1,43 Monocot.. 24 15° TPE Laponie. —Dycotyl.. 448 222 1 : 2,01 Monocot.. 263 gd LE EL: ©. Les sommets élevés des Alpes et des Pyrénées nous don- nent encore un léger abaissement dans le chiffre qui repré- sente le rapport de l’espèce au genre. Le royaume de Gre- nade et le plateau central nous montrent, au contraire, une légère élévation de ce chiffre, qui ne peut détruire nos con- clusions précédentes. $ 5. DES MODIFICATIONS PRODUITES PAR L'ALTITUDE. L’altitude imprime aussi aux végétaux , d’une manière générale, des caractères opposés à ceux qui se développent dans les plaines et dans les régions basses. Les feuilles sont plus velues , plus découpées, les fleurs sont plus grandes et plus colorées , et si l’élévation est considérable , l’albmisme se montre fréquent , phénomène curieux qui appartient aussi bien aux plantes montagnardes qu'aux mammifères et aux oiseaux , et que l’on retrouve encore dans la coloration des ailes des lépidoptères, et notamment dans les satyres des montagnes et des régions polaires, qui perdent leur couleur foncée, et n’ont plus alors que des ailes demi-transparentes ou blanchies. MODIFICATIONS. 411 L'altitude a aussi une grande influence sur la forme de l'espèce, et nous pensons même qu’elle peut la modifier et la transformer en variétés , qui acquièrent ensuite l’habitude ou la stabilité, et deviennent de véritables espèces. Nous trouvons dans l’ouvrage de M. Thurmann une liste d'espèces modifiées ou correspondantes dressée par M. Heer, et que nous reproduisons. Les plantes suivantes des régions inférieures se modifient comme il suit dans les régions supérieures du Glaris méri- dional : La première colonne indique la forme de la plaine, la seconde celle de la montagne ; lorsque cette dernière est une simple variété de l'espèce que nous lui opposons dans la montagne , nous répétons seulement l’initiale du genre et celle de l’espèce avant de désigner le nom de la variété. p. alpina, Heer. l. montanum, W. Bellis perennis, Lin. Chrysanthemum leucant., L. Rhinanthus minor, Ebrh. Galium sylvestre , Poll. Ranunculus bulbosus, Lin. m. alpina, Gaud. . s. alpestre, Gaud. Agrostis alba, Lin. — À. a. colorata, Heer. Aira cæspitosa, Lin. — À. c. alpine, Gaud. — flexuosa, Lin. — À. f. alpina, Schz. Briza media, Lin. — B.m. minor, Schz. Poa nemoralis, Lin. —= P.n. montana, Gaud. — annua, Lin. = P. a. varia, Gaud. Anthoxanthum odorat., Lin. — À. 0. grandiflorum, Heer. Carex cæspitosa, Lin. — C. c. alpina, Gaud. — ornithopoda, Willd. = C. 0. alpina, Gaud. — digitata, Lin. —\ 0. d.alpina-Heer. — pallescens, Lin. — C. p. nana, Heer. Tofieldia calyculata , Lin. — T.c. glacialis, Gaud. NO . b. alpinus, Heer. 412 ALTITUDE. Silene inflata, Lin. —= S. à. alpina, Lam. Alchemilla vulgaris, Lin. — À. v. subsericea, Sm. Anthyllis vulneraria, Lin. — À. v. sericea, Heer. Les plantes suivantes, montagneuses ou alpestres, se mo- difient comme il suit dans les régions alpine , subnivale et nivale. Avena versicolor, Lin. Agrostis rupestris, All. Poa alpina , Lin. Carex atrata, Lin. Doronicum Bellidiastrum, L. Arnica scorpioides , Lin. Cirsium spinosissimum, Lin. Hieracium villosum , Lin. Phyteuma hemisphæric., L. Androsace obtusifolia, Lin. Primula Candolliana, Rchb. Eupbhrasia salisburg., Funck. Myosotis alpestris, Ehrh. Gentiana campestris, Lin. Chærophyllum hirsut., Lin. Anemone alpina, Lin. Ranunculus tenuifol., Sch]. Cerastium latifolium, Lin. Silene rupestris, Lin. — acaulis, Lin. Saxifraga muscoides, Wulf. À. v. grandiflora, Sm. A. alpina, Willd. P, a. frigida, Gaud. C.nigra, Hoppe. D. 6. nanum, Heer. À. glacialis, Jacq. C.s. acaule, Heer. H. subnivale, Heer. P. h. setaceum, Heer. A. aretioides, Gaud. P. integrifolia, M. K. E. alpina, Lam. M. exscapa, DC. G. c. uniflora, Hegq. C. pumilum, Heer. A. apifolia, Willd. R. tenellus, Thom. C. subacaule, Heg. S.r. pumila, Heer. S. exscapa, Al. S. capitata, Heg. DUIUTUNNUENEUNNINRNNNAR «M. Unger a vu ces sortes de faits de la même manière dans les Alpes du Tyrol ; pour lai les Polygala alpestris, Rchb., Rhinanthus alpestris, Wahl., Sohidago alpestris , W.K., Myosotis alpestris, Schm., Luzula sudehca, Willd., Juniperus nana , etc., ne sont que des modifications d’al- MODIFICATIONS. 413 titude des types respectifs bien connus des régions infé- rieures, et que chacun pourra remplacer 1ci. On doit des remarques semblables à plusieurs autres observateurs. » M. Thurmann donne aussi une liste des modifications qu’éprouvent par l’altitude les espèces de sa contrée. Nous avons cru utile d'établir les mêmes comparaisons pour nos plantes. Nous avons inscrit d’abord le type et en face la variété, le type modifié ou l'espèce correspondante dans les zones élevées. Plusieurs des formes que nous citons dans cette dernière zone sont pour nous de véritables espèces , mais dérivées , selon toute apparence, du type correspondant, et désarticu- lées plus ou moins complétement de ce type par l'habitude, comme nous l'avons exposé en parlant des modifications de l'espèce. Ici se présente une question qui peut paraître très-difficile à résoudre ; c’est de savoir si la première colonne de notre tableau contient réellement les types et la seconde les mo- difications, ou bien si c’est l'inverse qui a lieu. Les considérations géologiques qui nous font voir notre planète soumise à un refroidissement lent et successif doi- vent nous faire pencher pour la première hypothèse. Ce- pendant il est bien difficile de savoir si, dans les contrées montagneuses, les espèces sont nées d’abord dans la plaine et se sont successivement dispersées en altitude. C’est ce qui arrive évidemment pour les îles naissantes et pour cette grande formation d'’ilots madréporiques qui tendent à s’éle- ver au-dessus des flots dans les parages de l'Océanie. Ce- pendant M. Gaudichaud pense que la végétation des îles montueuses de l’Océan-Pacique s’est d’abord développée dans la zone des nuages, pour s'étendre ensuite au-dessous et au-dessus (Partie botanique du Voyage autour du monde 41% ALTITUDE. de Y'Uranie , p. 102). Ce serait alors à l’humidité , et non à une cause d'altitude, que serait attribué le développement de la végétation. M. Boissier fait aussi, sur ce même sujet, une rémarque intéressante. « Pour trouver la plus forte proportion de plantes en- démiques à l'Espagne et au royaume de Grenade, il faut, dit-il, s’élever vers la zone située à peu près à la moitié de l'altitude, et également éloignée de la végétation méditer- ranéenne du bas et de la végétation à physionomie alpine du haut. C’est un résultat intéressant, et qu'on retrouvera probablement pour toutes les flores de l’Europe méridionale. M. Hochstelter l’a constaté dans l’archipel des Açores, et M. Webb aux Canaries. » Nous qui n’avons, pour ainsi dire, aucune plante endé- mique à notre contrée, nous observons cependant que c’est aussi à une altitude moyenne que nous trouvons le plus de richesses, mais cela tient, sans aucun doute, à la possibilité pour les plantes de la plaine de monter un peu sur les mon- tagnes, et pour les plantes des sommets de pouvoir vivre en- core sur des pentes intermédiaires. Dans les contrées qui ont des plantes endémiques, la même règle doit s’observer, et elles doivent atteindre leur maximum dans les mêmes conditions. Quelle que soit la théorie que l’on adopte à cet égard, nous allons essayer de comparer, pour le plateau central , les formes de la plaine et celles qui leur sont correspon- dantes ou parallèles dans la région montagneuse , sans atta- cher de valeur à cette expression de forme végétale que nous considérons tantôt comme espèce, tantôt comme variété ou même comme simple modification de port et d’espèce. MODIFICATIONS. 415 Tableau des formes-types et des formes correspondantes en altitude pour le plateau central de la France. Ranunculus trichoph. Chaix. — auricomus, Lin. — acris, Lin. — nemorosus, DC. Caltha palustris, Lin. Aquilegia vulgaris, Lin. Nuphar luteum, Smith. Papaver Lecoqui, Lamt. Sinapis cheiranthus, Koch. Biscutella lævigata, Lin. Polygala vulgaris, Lin. Sagina procumbens, Lin. Stellaria holostea , Lin. Cerastium glomerat., Thuill. — arvense, Lin. Hypericum tetrapter., Fries. Geranium pratense, Lin. Oxalis corniculata. Genista pilosa, Lin. — tinctoria, Lin. Trifolium pratense, Lin. — ochroleucum , Lin. Lotus corniculatus , Lin. Cerasus Mahaleb, Mill. Geum urhanum, Lin. Rubus cæsius, Lin. Potentilla verna , Lin. Rosa canina, Lin. — rubiginosa, Lin. — cinnamomea, Lin. Alchemilla vulgaris, Lin. AMONT EI ESRI e TSI IRIS IIS VENIR SRn ere R. aquatilis homoïophyllus. R. a. grandiflorus. R. Steveni, Andrz. R. n. elatior. C. p. minor. À. v. platysepala. N. pumilum. P. dubium, Lin. S. c. montana. PB. l. montana. P. v. alpestris. . saxæatilis, Wimn. . nemorum , Lin. . alpinum, Lin. . a. strictum. quadranqulum, Lin. sylvaticum, Lin. acetosella, Lin. prostrata, Lam. Delarbrei, Lec. et Lamt. p. nivale. 0. longifolium. c. alpestris. Padus, DC. montanum , Lin. saxatilis, Lin. aurea, Lin. . rubrifolia, Vill. . pomifera, Herrm. . alpina, Lin. alpina. 416 ALTITUDE. Sorbus torminalis, Crantz. Circea lutetiana, Ebr. Sedum Telephium, Lin. — acre, Lin. Ribes alpinum , Lin. Saxifraga granulata, Lin. Buplevrum falcatum , Lin. Heracleam sphondylium, L. Sambucus nigra, Lin. Lonicera etrusca , Sant. — Xylosteon, Lin. Galium palustre, Lin. — elatum, Th. — sylvestre, Poll. Valeriana officinalis, Lin. Knautia arvensis, Coult. Scabiosa columbaria, Lin. Petasites vulgaris, Desf. Aster amellus, Lin. Erigeron acris, Lin. Gnaphalium sylvaticum, Lin. Chrysanthemum leucanth. L. Serratula tinctoria, Lin. Centaurea Cyanus, Lin. Leontodon autumnale, Lin. Picris hieracioides, Lin. Crepis paludosa , Mœnch. Hieracium vulgatum, Koch. — boreale, Fries. Jasione montana, Lin. Phyteuma spicatum , Lin. Campanula rotundifolia, L. — Trachelium, Lin. — patula, Lin. — persicifolia, Lin. S. Aucuparia, Crantz. C. intermedia, Ehrh. S. Fabaria, Koch. S. annuum , Lin. R. petrœum, Wuif. S. q. penduliflora. B. longifolium , Lin. H. sibiricum, Lec. et Lamt. S. racemosa, Lin. L. Perichymenum, Lin. L. nigra, Lin. G. saxatile, Lin. G. approæimatum , Gr. G. s. supinum. V. tripteris, Lin. . longifolia, Koch. . lucida, Vall. albus, Gæœrtn. . alpinus, Lin. . alpinus , Lin. . norwegicum, Gunner. . L. pinnatifidum. coronata , DC. montana, Lin. . pyrenaicum, Gouan. . crepoides, Saut. . succisæfolia, Tausch. H. Mougeotii, Froel. H. h. lanceolatum. J. perennis, Lam. P. Halleri, AU. C. r. montana. C. latifolia, Lin. C. p. grandiflora. C. p. macrantha. DOS ROUNDOBE NUE LIU EUR EUNENNENNUNNENNNUNNNNNUnn Gentiana cruciata | Lin. Pulmonaria angustifolia , K. Myosotis palustris, Witth. — sylvatica, Lin. Veronica Chamædris, Lin. — serpyllifolia, Lin. Melampyrum arvense, — pratense, Lin. Pedicularis sylvatica , Lin. Euphrasia officinalis, Lin. Thymus serpyllum, Lin. Prunella vulgaris, Lin. Ajuga reptans, Lin. — genevensis, Lin. Androsace maxima , Lin. Plantago maritima , Lin. Rumex aquaticus, Lin — Acetosa, Lin. Polygonum Bistorta, Lin. Daphne Gnidium , Lin. Thesium humifusum, DC. Euphorbia amygdaloides, L. Mercurialis annua , Lin. Ulmus campestris, Lin. Salix capræa, Lin. — amygdalina, Lin. — cinerea, Lin. — aurita Lin. Betula alba , Lin. Juniperus communis , Alisma Plantago, Lin. Potamogeton lucens, Lin. — natans, Lin. Orchis laxiflora, Lin. il — scutatus, L. var. glaucus. MODIFICATIONS. Lin. Lin. LE DE Et NP EN OR Ie ee tte ane 417 G. Pneumonanthe , Lin. P. azurea, Bess. M. p. montana. M. s. rigida. V. montana. Lin. V. alpina, Lin. M. cristatum, Lin. M. sylvaticum, Lin. P. verticillata, Lin. E. 0. alpestris. T. s. montanus. P. grandiflora, Lin. A. r. alpina. À. pyramidalis, Lin. A. carnea , Lin. P. alpina, Lin. R. alpinus, Lin. R. scutatus , Lin. R. arifolius, AU. P. viviparum , Lin. D. Mezereum, Lin. T. alpinum, Lin. E. hyberna, Lin. M. perennis, Lin. U. montana, Smith. S. c. tomentosa. S. pentendra , Lin. S. c. rufinervis. S. lapponum, Lin. B. pubescens , Erhr. J. nana, Willd. A. natans, Lin. P. rufescens, Schrad. P. heterophyllum. O. sambucina , Lin. 27 418 Gymnadenia conopsea, R. Br. Listera ovata, R. Brown. Narcissus poeticus, Lin. Convallaria Polygonatum, L. Gagea arvensis, Schult. Allium oleraceum , Lin. — sphærocephalum , Lin. Colchicum autumnale , Lin. Juncus glaucus, Ehrh. — capitatus, Weigel. — supious, Mœnch. — lampocarpus, Ebrh. Luzula campestris, Lin. — pilosa, Willd. Scirpus Bæotryon , Lin. Eriophorum latifolium, Hop. Carex pulicaris, Lin. — divisa, Huds. — divulsa, Good. ericetorum , Poll. præcox , Lin. hirta ; Lin. Phleum pratense , Lin. Agrostis vulgaris, With. Aira cæspitosa, Lin. Avena pratensis, Lin. — tenuis, Mœnch. Poa bulbosa, Lin. — pratensis, Lin. Festuca ovina , Lin. — heterophylla, Lam. — rubra, Lin. — duriuscula , Lin. Equisetum Telmatheya, Ehr. Lycopodium clavatum, Lin. BONE UE A ME OO UN NU NU NU NNNENUUUNHUNNUOMN ALTITUDE. G. albida, Rich. L. cordata , R. Brown. N. pseudo-Narcissus, Lin. C. verticillata, Lin. G. lutea, Schult. A.ursinum, Lin. A. victoriale, Lin. C. a. vernale. J. filiformis, Lin. J. alpinus, Vull. J. s. nigritellus. J. L. affinis. L. multiflora, Lin. L. glabrata, Desv. S. cæspitosus, Lin. E. alpinum, Lin. C. pauciflora, Light. . chordorrhiza, Ehrh. . pariculata, Lin. . montana, Lin. . polyrrhiza, Wallr. . filiformis , Lin. alpinum, Lin. . rupestris, AU. flexuosa, Lin. . versicolor, Vall. . montana, Vaill. . alpina, Lin. . sudetica, Hæœnch. . 0. alpina. . nigrescens, Lin. . r, Montana. . rhœtica , Sut. . sylvaticum, Lin. L. Selago, Lin. SUR ETONONQ LIMITES EXTRÊMES. 419 Polypodium vulgare, Lin. — P. Dryopteris, Lin. Polystichum Filix-mas, Roth. = P. Oreopteris, DC. — spinulosum, DC. = P. s. tanacetifolium. Quelquefois on trouve toutes les modifications possibles entre ces formes ; dans d’autres circonstances on ne voit aucune transition. Ces formes des montagnes sont très-nombreuses ; chaque plante qui peut s'élever à une certaine hauteur éprouve sa modification. De là les nombreuses épithètes : montana, alpina, pyrenaica, alpestris, etc. En s’avançant vers les régions polaires , on voit aussi les espèces se modifier de la même manière, et devenir plus aptes à prendre des formes nouvelles , que les botanistes reconnaissent aux épithètes de /apponica, nivalis, borealis, archica, seplentrionalis, frigida, etc. $ 6. DES LIMITES EXTRÊMES D'ALTITUDE. Quand on s’est élevé sur de hautes montagnes et qu’on a remarqué, sur la lisière des neiges persistantes, des plan - tes qui luttent avec vigueur contre cet obstacle, quand on a vu ces mêmes plantes reparaître au-dessus de cette bar- rière glacée et couvrir de fleurs les moindres espaces aban- donnés par la neige, on se demande s’il existe réellement un terme à la station élevéede plusieurs végétaux. Ce terme se trouve sans doute, mais nous ne le connaissons pas. Nous avons noté, dans un des paragraphes précédents, plusieurs espèces qui, dans les Alpes et dans les Pyrénées , s’élèvent au-dessus de la limite des neiges. Ce sont, pour ainsi dire, des exceptions. Nous avons aussi mentionné les plantes qui, dans les di- verses chaînes de montagnes, occupent les stations les plus 490 ALTITUDE. élevées. Ainsi, sur l’Etna, sur les Alpes, au pic du Midi dans les Pyrénées, sur le sommet des montagnes de l’Andalousie, nous avons vu des espèces s'élever à des hauteurs variables, suivant la latitude, et monter, sur plusieurs points, jusqu’à 3,000 et 3,200 mètres. Chaque fois que la hmite de la neige s'élève, les plantes la suivent. M. Boissier a herborisé sur les points qui dominent le col de Veleta, à 3,600 mè- tres. Les végétaux montent, sur le Caucase à 3,200 mètres, sous une latitude moins méridionale que le midi de l’Espa- gne. Les dernières plantes de l’Etna ne sont arrêtées que par des obstacles matériels. Partout où les botanistes ont pu atteindre des lieux dépourvus de neige, ils ont trouvé un tapis végétal formé par une flore plus ou moins riche. M. Léon Dufour a vu sur le sommet du pic d’Anie, dans les Pyrénées, à la hauteur de 2,600 mètres environ : Draba aizoides, Petrocallis pyrenaica, Iberis spathulata , Galium pumilum, Saxifraga moschata , Potentilla nivalis, Hutchinsia alpina, Silene acaulis, Cerastium alpinum, An- drosace hirtella, Plantago alpina, en tout 4 1 phanérogames, toutes dycutylédones (1). M. Parlatore a donné aussi la petite flore du sommet du Crammont, à 2,763 mètres ; il a recueil : Silene acaulis, L., S. rupestris, L., Cerastium latifolinm, L. (du côté du nord); Oxytropis parviparussæ , Parlatore (espèce nouvelle voisine du Lapponica), Sedum atratum, L., Gaya simplex, Gaud., Artemisia spicata, Wulf., Erigeron uniflorum , L., Carex sempervirens, Vill., Festuca pumila, Vill., Poa alpina, L., et # lichens (2). (4) Actes de la soc. linnéenne de Bordeaux, t. 8, p. 89. (2) Parlatore, viaggio alla catena del monte Bianco. — Bibl. univ. des Sciences, 4e série , ne 60, p. 534, bull. scientif. LIMITES EXTRÈMES. A91 La Baumelle a cueilli, sur le Vignemal , à 3,000 mètres de hauteur : Poa alpina, L. Avena sempervirens, Vill. Fes- tuca rubra, L., var. glauca minima. Plantago alpina, L. Sta- tice armeria, L. Thymus serpyllum, L. Campanula cæspitosa, Vill. Camparula rotundifolia, L., var. alpina linifolia. Phy- teuma hemisphærica, L. Hieracium prunellæfolium, Gouan. Chrysanthemum alpinum, L. Erigeron alpinum, L. Galium pyrenaicum , Gouan. Silene rupestris, L. Silene acaulis, L. Arenaria ciliata, L. Lepidium alpinum, L. Saxifraga bryot- des, L.S. cæspitosa, L., var. minor subintegrifolia , Gera- nium cinereum , Cav. Polypodium Lonchytis, L. (1). Enfin , pour ne pas multiplier à l'infini ces exemples de stations extraordinaires, nous terminerons ce paragraphe en citant l'ascension du mont Argée, par l’un des plus in- trépides naturalistes de notre époque, bien que cette mon- tagne appartienne à l’Asie-Mineure. » En gravissant le flanc abrupte du cône central qui repose immédiatement sur le plateau ( Yaïla) supérieur, on voit une assez belle végétation s'élever jusqu’à l’altitude de 3,005 mètres. Sur cet espace, c’est-à-dire entre 2,463 et 3,005 mètres, j'observai : Jurinea depressa, Mey., var. sul- phurea ; Astragalus nummularius , Lam., A. chianophilus , ainsi que deux autres espèces d’Astragalus , un Cotylédon, un Evax, et un Arenaria, qui n’ont pu être déterminés, Sibbaldia parvifolia, Willd., Polygonum alpnum, L., Cys- topteris fragilis, Brnh., Myosotis palustris, Silene argea, N. Sp., Sedum olympicum, Boiss., Veronica fruticulosa, L., Alopecurus vaginatus, Poll., Alsine recurva, Solidago virga aurea, Podospermum intermedium , etc. Parmi ces (4) Plantes cueillies sur le Vignemal, à 5,000 de hauteur, par La Baumelle. Ramond , Voy. au Mont perdu , p. 272. 492 ALTITUDE. plantes, Silene argea, Alsine recurva, Solidago virga aurea, Podospermum intermedium , s'élèvent au-dessus de l’alti- tude de 3,005 mètres, car je les ai retrouvés dans les fis- sures des rochers abruptes qui percent à travers le talus in- cliné du cône central, et s'étendent jusqu’à la région la plus élevée, dont l'altitude est de 3,841 mètres. Sur ce talus complétement nu, sillonné de bandes de neige et recouvert de cendres et de rapilli mouvants, les quatre dernières plan- tes que je viens de citer se trouvent associées aux Euphorbia nicæensis , AIL., Scrophularia olympica , Boiss., Pyrethrum Kotschi, Boiss., et quelques Chamæmelum, Saxifraga et Erigeron qui n’ont pu être déterminés ; ainsi, sans compter ces derniers , les 7 espèces citées plus haut constituent les représentants des régions les plus élevées du mont Argée, puisqu'elles atteignent toutes l'altitude de 3,841 mètres. Il est assez intéressant d’observer , dans ce nombre , lEu- phorbia nicæensis, et le Solidago virga aurea, que je suis dans le cas de voir si fréquemment dans mon jardin , situé dans la campagne de Nice. Ces plantes , dont le développe- ment dans le sens horizontal est si vaste, ont donc, dans le sens vertical, une extension de 3,841 mètres, et fleurissent indifféremment à la proximité des neiges éternelles et à côté du dattier, de l’Opuntia et de l’agave (1). »_ Si nous poursuiyions cet examen sur les montagnes situées hors de l’Europe , nous verrions sous l’équateur, dans les Andes de Quito, des plantes arriver bien plus haut encore que celles dont nous avons parlé. Quelques espèces atter- gnent 5,000 mètres dans les montagnes du Chili, par 14° de latitude. Mais il paraît que la température ou le climat a (1) Note sur la végétation du mont Argée (Cappadoce), par M. P. de Tchihatcheff. Compte rend. des séances de lac. des sc. , 1854, p. 126. LIMITES EXTRÊMES. 4923 moins d'influence sur cette végétation élevée que la masse | des montagnes et leur altitude absolue, car la végétation pha- nérogame monte encore plus haut dans l'Himalaya, par 31° à 33 de latitude, que dans toute autre contrée. Les plantes ne s’y arrêtent qu’à 5,400 mètres (1), ce qui prouve, comme on à pu le pressentir en étudiant les zones de superposition, que les stations des espèces sont plus dépendantes de la dis- tance des neiges éternelles que de la hauteur absolue au- dessus du niveau de la mer. La nature, dans son inépuisable fécondité, a créé des vé- gétaux qui s'adaptent à toutes les stations et à toutes les hauteurs ; non-seulement ils descendent des cimes glacées de l'Himalaya dans les plaines , et des rochers battus par les hautes vagues de l’air jusque dans les marais de nos campa- gnes , mais d’autres espèces , nées pour les ténèbres, pénè- trent dans lintérieur du sol , y vivent à l’abri du jour, et se multiplient dans l’ombre. « Elles paraissent, dit M. de Humboldt, indépendantes de la latitude et du climat. Végétant dans une obscurité profonde et perpétuelle, elles tapissent les parois des grottes souterraines et la charpente qui soutient les travaux des mi- neurs. J’ai reconnu les mêmes espèces (Boletus ceratophora, Lichen verticillatus, Boletus botrytes, Gymnoderma sinua- ta, Byssus speciosa ) dans les mines de l'Allemagne, d’An- gleterre et de l'Italie, comme dans celles de la Nouvelle- Grenade et du Mexique, et, dans l'hémisphère austral, dans celles de Hualgayoc au Pérou (2). » L'Océan lui-même a sa flore, et jusqu'à 300 mètres de profondeur, dans ses retraites inaccessibles à l’insatiable cu- (4) Jacquemont Journal, t. 2, p. 298. (2) Humboldt, Géographie des plantes, p. 58. 424 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. riosité des hommes, des algues brillantes et colorées balan- cent au gré des flots leurs frondes découpées, comme les ra- meaux des arbres s’inclinent et se relèvent sous l'impulsion des brises et des tempêtes. CHAPITRE XXV. PHÉNOMÈNES DE DURÉE ET DE PERSISTANCE. — DE L'INDIVI- DUALITÉ DANS LES ÊTRES VIVANTS. La grande et importante question de la durée ou de la vie des êtres et de l'influence des saisons sur les diverses phases de leur existence, question que nous allons aborder, en soulève une autre qui offre tout autant d'intérêt, maïs qui doit avoir la priorité sur celle qui nous occupe : c’est la dé- termination de l'individualité. En effet, le premier point à éclaircir pour déterminer l'étendue de la vie d’un être, c’est de l’isoler, c’est de ne pas le confondre avec son père, avec son fils, avec sa famulle ascendante ou dérivée. Cette séparation présente quelques difficultés, car, comme nous le verrons tout à l’heure, si ce cas d'isolement naturel de l'individu est l’état ordinaire et normal dans les animaux, il n’en est pas de même dans les végétaux. Nous voyons parfaitement qu’un mammifère, un oiseau, un reptile sont des êtres distincts, indépendants les uns des autres dans leur espèce. En arrivant aux insectes et aux mollusques, la vie est en- core isolée, mais déjà de nombreux individus , quoiqu'indé- INDIVIDUALITÉ. 425 pendants, tendent à se rapprocher, à se réunir, et ils vivent en commun. Quand nous descendons l'échelle organique du règne animal, nous trouvons dans la classe des vers et dans le grand embranchement des zoophytes , de nombreuses es- pèces qui vivent aggrégées, sous les conditions les plus inté- ressantes à étudier. Nous voyons les polypiers saxigènes ac- cumuler leurs générations au point de construire des archipels par leurs travaux incessants, et dans notre corps même, comme dans celui des animaux , des vers se réunissent et vivent en état d’aggrégation, n’ayant quelquefois qu’une seule bouche pour nourrir plusieurs centaines d'individus. Nous devons cependant reconnaître que , dans l'immense majorité des animaux , l’aggrégation est l'exception , tandis que, dans le règne végétal , qui fait l’objet de nos études, l'isolement de l'individu, si toutefois il existe réellement, est au contraire le cas exceptionnel. Les plantes doivent être considérées aussi comme des groupes d'individus ; si l'embryon renfermé dans la graine est unique, il ne tarde pas à se compliquer par l'apparition de nouveaux germes, dont les uns se développent dans le cours de la saison, tandis que les autres apparaissent succes- sivement au commencement de chaque année. Les bourgeons, qu’ils appartiennent à l’une ou à l’autre des deux grandes séries du règne végétal , croissent tous de même, de l’intérieur à l'extérieur ; ce sont des embryons nouveaux , déroulables sans fécondation et formant autant d'individus séparés. Ce qu’on appelle vulgairement une plante même annuelle n’est done qu'une répétition indéfinie d'individus naissant les uns des autres, et sortant d’abord d’un seul, qui est l’em- bryon enfermé dans la graine. 426: : : PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Ces individus restent rarement isolés et plus souvent ils se soudent et se combinent de différentes manières pour fleurir et fructifier ensemble ou successivement , de telle maniére que les phénomènes de durée et les diverses époques ou phases de la vie ne peuvent jamais être déterminés d’une manière rigoureuse. On le prévoit d’avance, il y a liaison intime entre les deux règnes pour la recherche de l’individualité , puisque ce que nous appelons les derniers animaux se groupent et se réunissent comme les plantes. Il y a de plus liaison intime entre cette question de l’individualité et celle de la généra- tion par gemme ou bourgeon, qui appartient, en général, à tous les étres aggrégés, et quoique ces deux études puissent être distinctes, il y a certainement pour nous avantage et clarté à les réunir. La vie des plantes n’a donc pas encore été envisagée sous son véritable point de vue. La propriété que possèdent les végétaux de se souder et de vivre réunis a été la cause de diverses erreurs dans l’appréciation véritable de la durée de leur existence. Les saisons viennent aussi troubler la suc- cession des êtres ou apporter des habitudes qui peut-être n’existaient pas dans le plan primitif de la nature. | On désigne les plantes, relativement à leur durée, en an- nuelles, bisannuelles, vivaces et ligneuses. Ces dénomina- tions sont commodes pour l’usage, et nous continuerons à nous en servir, sauf à examiner quelles peuvent être leur va- leur et leur importance. De Candolle qui porta, dans toutes les parties de la botanique son admirable esprit de clarté et de précision, reconput immédiatement combien ces termes éxprimaient peu, au point de vue philosophique, la durée des végétaux, et N leur substitua celui de monocarpiens, qui fructifient une INDIVIDUALITÉ. 497 seule fois, et celui de polycarpiens , qui fructifient plu- sieurs fois. Ce phénomène de la vie était alors considéré re- lativement à la reproduction, et il ne l'était plus par rapport à sa durée absolue. C’est qu’en effet la période de vie ou de développement chez les plantes est entièrement subordonnée à la reproduction et modifiée par les saisons. On connaît des plantes qui vivent quelques jours , d’au- tres quelques mois ; il existe des espèces annuelles, bisan- nuelles, trisannuelles et multiannuelles , mais tous les végé- taux sans exception sont monocarpiens. Le signe le plus évident de la perfection dans le règne organique est la persistance des organes et la durée de leurs fonctions. Aussi voyons-nous , dans les classes élevées du règne animal, les organes naître avec l'individu et l’accom- pagner pendant toute son existence. Quelques parties de cet individu peuvent se renouveler, comme les dents, mais pendant la jeunesse seulement. Une fois l’âge adulte arrivé et la stabilité acquise, on ne voit plus que permanence et durée jusqu’à la mort. Les mêmes viscères concourent aux mêmes fonctions ; les sens restent munis des mêmes appareils pour nous mettre en contact avec le monde extérieur, et la génération s'opère constamment dans les mêmes conditions. A peine descendons-nous aux quadrupèdes et aux oiseaux, que déjà nous voyons des mues régulières et la mutation complète , dans une saison , de tous les appendices de la peau. Dans les reptiles, c’est la peau elle-même qui se dé- tache et se renouvelle, et les extrémités inférieures de la colonne vertébrale , brisées accidentellement, sont bientôt remplacées chez plusieurs d’entr'eux. Les crustacées, les arackhinides nous présentent des or- ganes appendiculaires, comme leurs pattes , qui repoussent avec facilité, et l’on voit déjà que la vie, loin d’être concen- 498 PHÉNOMENES DE DURÉE. trée dans un seul centre, a plus de tendance à s’écarter, et se trouve plus disséminée dans l'animal tout entier. Les mollusques commencent à nous montrer des change- ments notables dans leurs parties les plus essentielles ; ils deviennent hermaphrodites, et, dans les hélices, une partie de l'organe mâle, le dard , est perdu à chaque accouplement. Il y a même, dans ce genre, des espèces annuelles qui ne se reproduisent qu’une fois, qui ne vivent que pendant une saison d’été, et qui, par conséquent, n’utilisent qu’une seule fois leurs organes générateurs. La longue série des insectes à métamorphoses n’engen- drent qu’une fois, au moins pour la plupart et pour les fe- melles. Ils sont monocarpiens, comme les plantes , et cette seule observation de la présence d'organes de la génération qui ne servent qu'une seule fois suffirait pour faire classer les insectes au-dessous des mollusques. Mais quand nous abordons les classes inférieures des ani- maux, nous remarquons que non-seulement les organes se reproduisent , qu’ils sont parfois périodiquement remplacés, mais encore nous trouvons un phénomène nouveau , totale- ment inconnu dans les classes précédentes, la reproduction : de tous les organes en même temps, le bourgeonnement, la multiplication par gemmes non fécondés , par la seule sé- paration des individus. Dans ces mêmes classes où la multiplication par gemmes devient possible, il était naturel de voir les parties provenant de la souche ou de l’animal-mère se grouper autour d'elle, et donner naissance à des êtres complexes, liés encore par quel- ques-unes de leurs parties, quoique ayant une existence In- dépendante, et les polypiers saxigènes nous montrent tous les jours ces immenses groupements qui élèvent des îles au milieu des mers. INDIVIDUALITÉ. 429 Il existe donc une loi qui établit un rapport direct entre la permanence, la spécialisation , la fixité des organes et la perfection organique, et si nous établissions sous ce rapport une classification zoologique, nous pourrions sans doute rec- tifier encore la position de quelques ordres, et ramener quel- ques groupes à une prééminence aujourd’hui contestée. On serait frappé des rapprochements qui existeraient entre une classification basée sur ces considérations, et celles que l’on obtiendrait en suivant, comme l'ont fait M. Agassiz et d’au- tres zoologistes, le développement embryonnaire. À chaque instant nous sommes forcé de faire de petites excursions dans le domaine d’une science qui n’a pu, à notre grand regret, être le but de nos études , et nous sommes persuadé que l’examen attentif des animaux sans vertèbres offrira encore des faits nouveaux , quand cet examen aura lieu au point de vue de l'apparition des organes pério- diques. | Nous espérons aussi qu’on nous pardonnera les détails dans lesquels nous allons entrer, et qui sont d’ailleurs néces- saires à l'intelligence du chapitre actuel de nos études. Si on nous reprochait sérieusement de nous être livré à des considé- rations aussi générales dans un travail appliqué à une localité restreinte , nous pourrions répondre qu’en cela nous avons suivi l'exemple d’un des savants les plus distingués de notre époque, M. Van Beneden , qui précisément a jeté le plus grand jour sur l’aggrégation des individus, en s’occupant de la faune du littoral de la Belgique. Nous demandons même à M. Van Beneden la permission de rapporter un peu plus loin ses conclusions, admirables de netteté et de clarté, et nous essaierons de mettre en paral- lèle nos propres observations sur l’individualité et l’aggréga- tion des végétaux. 430 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Nous ne trouvons, dans le règne végétal, que des espèces monocarpiennes , et si nous voulions essayer une classifica- tion parallèle à celle des animaux, la ligne animale ne pour- rait s'approcher du commencement de la série végétale qu’à partir des êtres dont les organes ne servent qu’une seule fois, c'est-à-dire des insectes à métamorphoses. La plupart des organes des plantes ne sont aussi utilisés qu'une seule fois; on n’a jamais vu une étamine verser du pollen à deux reprises différentes et éloignées , un ovaire ré- pandre ses graines et pouvoir être fécondé de nouveau. Dès que les organes de la génération ont accompli leurs fonctions, ils se flétrissent et tombent avec les appendices plus ou moins brillants qui les ont accompagnés. Les organes de la nutrition eux-mêmes, ceux qui servent en même temps à la respiration et à l’exhalation, les feuilles disparaissent aussi après un laps de temps très-court. Tout est renouvelé chaque année dans nos climats septentrionaux , et plus fréquem- ment dans les régions où la végétation est continue. Dès qu’il ne reste plus un seul organe de ceux qui ont rempli les fonctions précédentes, on doit conclure que ce n’est plus le même individu , mais un gemme ou bourgeon de cet individu préexistant qui reste soudé à tous les antécé- dents, et dont une portion , une base organique , mais vi- vante, persiste pour réunir et grouper l’ensemble des bour- geons. j La graine est un être séparé et enfermé dans une en- veloppe d’une seule pièce et sans issue. La plante est forcée de la briser pour en sortir. Le bourgeon n’est que la conti- nuation, non d’un individu, mais d’une série d'individus qui sont enfermés dans des enveloppes superpesées qui s’écartent d’elles-mêmes à l’époque voulue, ou du moins qui sont ou- vertes sans fractures. INDIVIDUALITÉ.. 131 Le tubercule, qui ne tient pas comme le bourgeon à la moelle nourricière d’une jeune branche , possède ordinaire- ment un dépôt de fécule pour l’alimenter. La greffe transplante à volonté un bourgeon sur un autre support ; des milliers de bourgeons périssent sans que les autres s’en ressentent , et chaque gemme ne donne du fruit qu'une fois. Les plantes sont monocarprennes et groupées. Il semble au premier abord qu’il existe dans les arbres quelques exceptions à cette loi de périodicité et de remplace- ment des organes. C’est ainsi que dans les conifères, on remar- que souvent des feuilles toujours vertes qui persistent pendant cinq et six ans; mais il faut remarquer que ces feuilles, dont le rôle physiologique est entièrement terminé, ne sont plus accompagnées de fleurs. Ces dernières ne se sont mon- trées qu’une seule fois , et les feuilles persistantes sont restées plus longtemps. Leur durée n’a du reste rien de limité. Celles des agaves croissent et végètent pendant dix, quinze années et plus, jusqu’à ce que la plante monocarpienne ait donné des fruits. Ces feuilles qui persistent plusieurs années après avoir ac- compli leurs fonctions et terminé leur vie active, sont comme ces couches ligneuses inutiles , mortes et même en partie dé- composées , qu'un arbre ou aggrégation végétale est obligé de conserver sans pouvoir s’en séparer. La même chose a lieu dans les mollusques , dans les céphalopodes à coquilles cloi- sonnées, forcés de traîner avec eux la série de logements qu'ils ont successivement abandonnés pour cause d’étroitesse. On voit aussi le tronc de certains arbres, comme le Cercis sihiquastrum, le Theobroma Cacao, les Gustavia, des Cyno- metra laisser échapper des bouquets de fleurs du vieux bois. L'Omphalocarpon procerum, singulier arbre de l’Afrique , découvert dans le Bénin par P. de Beauvois , présente le 432 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. même phénomène. Cela prouve seulement que la faculté de bourgeonner se conserve plus longtemps dans ces plantes que dans les autres, et d’ailleurs ces gemmes latéraux sortent toujours d’un bois nouveau. La facilité du bourgeonnement et l’aggrégation d’un grand nombre d'individus n’est donc pas un signe de perfection chez les plantes pas plus que chez les animaux. Le volume, la beauté ont pu faire considérer les arbres comme le dernier terme de la végétation ; le raisonnement dit tout le contraire, et l’analogie confirme le raisonnement. La magnificence des conifères et des amentacées ne peut empêcher ces arbres d’avoir des rapports assez directs avec les cryptogames yas- culaires ; leur ordre d'apparition sur la terre appuie ces rapprochements, et le Capsella bursa pastoris, le plus com- mun et l’un des plus fugaces des végétaux connus , peut être plus perfectionné que le plus grand des chênes. Personne. ne conteste la supériorité du plus petit insecte sur le plus grand amas de madrépores. L'organisation des tiges , c’est-à-dire de la partie com- mune aux nombreux individus qui constituent l’aggrégat végétal, lorsqu'elle sera mieux connue, tendra à rapprocher des familles aujourd’hui classées à de grandes distances, et séparées dans les deux divisions générales de monocotylé- dones et dycotylédones. Les plantes vivaces ne diffèrent des arbres qu’en ce que leurs bourgeons partent du sol au lieu de naître dans l'air sur des tiges persistantes. C’est nous indiquer déjà qu’elles peuvent être abritées, et que l'influence des saisons, que nous examinerons plus loin , est bien moins grande que sur les arbres eux-mêmes. C’est nous faire pressentir tout de suite que ces arbres doivent être plus nombreux dans les pays chauds , et les plantes vivaces dans les pays froids. INDIVIDUALITÉ. 133 Les gemmes naissent donc au pied de la tige qui vient de fructifier, ou même au bas de cette tige vieilhe qui périt et se dessèche entièrement. Ce sont encore des plantes monocar- piennes , puisque chaque année ce sont de nouvelles pousses qui fructifient. Les anciennes souches persistent quelquefois longtemps, et relient tous les individus comme le fait la tige des vieux arbres ; cependant le sol, plus humide que l'air, favorise leur décomposition , elles disparaissent plus tôt, et l’on voit souvent les vieilles touffes vides dans le milieu, dans le point même où le premier sujet avait vécu, en sorte que ces plantes s'étendent en divergeant par l’expansion de bourgeons latéraux. On donne le nom de cercles magiques à cette extension ir- radiante de nombreuses espèces, qui offrent, en effet, quel- que chose de très-remarquable dans les contours des ter- rains envahis. Presque tous les végétaux , n'étant que des grégations d'individus, ont une tendance à s’éloigner de leur centre primitif. Les plantes annuelles sont rarement disposées en cercles. Un individu donne ses graines qui, l’année sui- vante, se développent irrégulièrement autour de lui, et l’on rencontre çà et là des groupes qui ont peu de régularité. Il arrive cependant, si la plante est gourmande, qu’elle épuise son terrain, et l’on reconnaît alors distinctement que les in- dividus qui occupent le centre sont moins vigoureux que ceux qui se développent sur les bords. Il arrive ici pour des végélaux entiers ce qui a lieu pour les ombellifères et les sy- nanthérées dont les fleurs extérieures, moins gênées, acquiè- rent un plus grand développement. Pour les lichens on fait la même observation. De magni- fiques rosaces de Parmelia, de Collema, etc., se détruisent dans le centre , avancent vers les bords, et nous montrent cette végétation centrifuge qui tend toujours à irradier, Le I 28 434 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. même effet est produit par les mousses qui s’Stendent , et dont le centre des coussins se détruit. Les plus beaux cercles que nous ayons vus , sur de vastes bruyères, appartenaient au Lycopodium clavatum.Ces eercles atteignaient jusqu'à 25 mètres de diamètre et produisaient l'effet le plus original. Ils se trouvaient sur les bruyères de Bourg-Lastic, Puy-de-Dôme , sur les limites de la Corrèze. Dans les bois, dans les prairies, on rencontre à chaque ins- tant ces cercles magiques formés par diverses espèces d’aga- rics , de Lycoperdon , de elavaires , etc. Rien de plus commun, dans les plantes vivaces, que ces individus alignés, et plus souvent formant une courbe fermée qui provient de la destruction du centre et de l’envahissement des bords. Ce genre d’extension naturel à tous les végétaux leur assurerait une aire d'expansion géométrique sans les obstacles qu'ils rencontrent , et surtout sans les plantes déjà vigoureuses qui résistent à l’envahissement. Mais quand ces obstacles n'existent pas, l'extension fait parfois des pro- grès effrayants , comme on le voit dans les plantes sauvages ou cultivées attaquées sous le sol par des rhizoctones ou à l'air libre par les cuscutes ou d’autres espèces parasites. Les bulbes sont encore des plantes vivaces composées. Le même bulbe , quand une fois 1l a commencé de fleurir, peut durer plusieurs années , mais par le développement successif des germes placés entre ses écailles. C’est un bour- geon qui persiste en donnant naissance périodiquement à des individus monocarpiens dont la durée d’existence est sou- vent très-limitée ; et pendant qu’un bulbe produit à l'inté- rieur des bourgeons fructifères , il développe autour de lui et à l’extérieur d’autres germes qui peuvent rester longtemps sans fructifier, et qui, dès qu'ils ont commencé, se compor- tent comme le type dont ils sont sortis. INDIVIDUALITÉ. 435 Quant aux rhyzomes, qui ont la plus grande analogie avec les bulbes, ce sont des tiges souterraines, bien abritées, avec des bourgeons plus ou moins écailleux, et rentrant tout à fait dans la catégorie des plantes vivaces. Leurs pousses sont également monocarpiennes. Il est très-difficile d'établir une limite entre ce que l’on nomme les plantes vivaces et ce qu’on appelle les bisannuelles ou trisannuelles. Cette séparation n'existe pas, et c’est à peine si l’on a étudié ces plantes sous ce rapport. On a con- fondu les plantes vivaces, dont les bourgeons se développent en deux ans, et les véritables bisannuelles ou multiannuel- les , qui prennent un temps plus ou moins long pour accom- plir toutes les phases de leur existence, mais qui ne bour- geonnent pas. Ainsi, on considère certains Verbascum comme bisan- nuels, et pourtant , avant de périr, il se forme autour de la racine des bourgeons qui en font une plante vivace. Il en est de même du Digitalis purpurea , dont chaque pousse met deux ans à se développer, et qui cependant émet assez de rejetons pour se multiplier indéfiniment. L’Agave ameri- cana, que l’on ne regarde pas non plus comme persistant, ne laisse jamais sortir son candélabre florifère sans l’avoir en- touré de jeunes bourgeons tout développés. Tout ce que nous avons vu jusqu'ici ne peut donc former physiologiquement qu’une seule classe de plantes que l’on pourrait appeler persistantes ou gemmifères. Il nous reste une division moins nombreuse, dont la vie peut être plus ou moins longue, mais dont la reproduction s'opère d’une seule manière, comme dans les animaux plus parfaits , par les graines , qui sont les œufs du végétal. Le Daucus Carota produit ses fleurs la seconde année et périt sans drageonner ; le Brassica oleracea, le Brassica napus, 436 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. et beaucoup d’autres espèces, mettent deux années pour ac- complir toutes les phases de leur vie, et ne laissent derrière eux aucun descendant par bourgeons. Grand nombre de synanthérées vivent deux et trois ans, fleurissent , fructifient et périssent intégralement. Ce que nous appelons plantes annuelles se trouve dans le même cas; elles donnent des graines dans la même saison ; mais chaque rameau qui naît sur la plante n’est autre chose qu’un bourgeon qui se développe rapidement, et qui souvent rattrape et quelquefois devance la plante-mère. Il est beau- coup plus naturel de considérer les pousses latérales comme des bourgeons que de les regarder comme les appendices d’un seul individu, car, dans un même genre, nous trouvons des plantes annuelles, vivaces et ligneuses, qui, dans la pre- mière hypothèse, se trouveraïent séparées par un phénomène physiologique de la plus haute importance, la reproduction ou la non reproduction par bourgeons. Il est donc plus con- forme à la raison d'admettre dans toutes les plantes ces deux modes de propagation. Toutefois, la division que nous avons établie en plantes persistantes et plantes fugaces existe dans son entier, car la première nous offre des plantes à gemmation indéfime , pou- vant se reproduire constamment, et toujours par bourgeons, se reproduisant même ainsi depuis des siècles dans des lieux où la saison ne permet jamais aux graines de mürir ; enfin, des plantes dont l’individualité , représentée par la succes- sion des gemmes, est, pour ainsi dire, éternelle, et ne meurt qu’accidentellement. La seconde section ne nous présente que des plantes dont la gemmation est définie, dont chaque bourgeon ne peut en produire d’autres que pendant un temps limité et géné- ralement indépendant des saisons, ne pouvant , par consé- INDIVIDUALITÉ. 437 quent, continuer à se reproduire par bourgeons, et ne pou- vant subsister que dans les lieux où leurs graines peuvent mürir. L'individualité de ces plantes est bornée à l'apparition d’un nombre de gemmes déterminé par une période de temps restreinte. La plante est assujettie à une mort naturelle. Tel nous paraît être l’ordre établi dans la nature pour la durée des végétaux. Nous verrons plus loin quelles modifi- cations les saisons peuvent y apporter sous divers climats. Continuons à examiner l'individu dans le règne végétal, son mode de groupement, ses moyens d’aggrégation et ses rapports avec l’individu animal. L’analogie des végétaux avec les polypiers aggrégés n'est pas, du reste, la seule que l’on puisse invoquer. On est frappé d’étonnement quand on songe qu'il existe aussi dans les helminthes , et dans ceux même qui habitent nos intestins, des êtres groupés dans des conditions analogues à celles des bourgeons qui constituent les arbres. Les belles recherches de M. Van Beneden ont démontré, dans chaque anneau du {æmia, des appareils hermaphrodites de la géné- ration parfaitement indépendants les uns des autres, comme le sont les organes floraux d’un arbre dans chacun des bou- tons qui les renferment. On peut considérer ces vers comme formés par des séries de bourgeons placés bout à bout, au heu d’être disséminés sur des embranchements , et la tête chargée de procurer de la nourriture à ces nombreux an- neaux , comme la racine qui doit pourvoir aux besoins de tous les individus qui forment un végétal aggrégé. Ainsi, dans ces vers comme dans les plantes, comme dans les abeilles, il semble que des êtres particuliers soient destinés à des fonctions spéciales, qui sont interdites aux autres. L'observation des arbres nous conduit surtout à cette génération allernante , sur laquelle M. Steentrup a appelé 438 PHÉNOMÈNES DE DUREE. l'attention des zoologistes, et qui consiste en ce qu'un am- mal , au lieu de donner naissance à un animal semblable à jui, en produit un qui ne lui ressemble pas à aucune époque de son existence, et qui, à son tour, donnera naissance à des êtres semblables au parent primitif. Cette génération alter- nante, commune dans la classe des helminthes, existe dans la plupart des végétaux. La graine ne donne pas directement une fleur et un fruit, mais un être qui lui-même pourra produire des gemmes fertiles par génération. Dans le règne végétal, plus que dans la série animale , ces reproductions gemmipares pourront fournir de longues séries. La nature, comme on le voit, pour mieux assurer la re- production des espèces auxquelles elle n’a pas donné l'ins- tinct de la conservation , leur a accordé deux modes pour se reproduire , la formation de gemmes ou de bourgeons, qui se développent sans génération, et la reproduction ordi- naire au moyen d'organes particuliers ; autrement dit, pres- que toutes les plantes et un certain nombre d'animaux de la classe des vers et de l’embranchement des zoophytes jouis- sent de la propriété de se multiplier par des œufs fécondés ou non fécondés. Ils possèdent , comme nous l’avons dit , deux espèces de reproductions. Déjà aussi nous avons signalé l'alternance de ces deux modes; il nous reste maintenant à comparer les diverses espèces de générations alternantes dans les deux règnes, et à faire ressortir les modes plus nom- breux observés dans le règne végétal. Nous prendrons pour guide la classification indiquée par M. Van Beneden (1). (1) Bulletin de l'académie royale de Belgique, t. xx, p. 10. Tout en prenant pour point de comparaison les travaux de M. Van Beneden , sur l’individualité et les générations gemmipare et alternante, nous n’ignorons pas que ces intéressantes doctrines ont été soutenues et profondément étudiées par un grand nombre de savants , surtout en Alle- INDIVIDUALITÉ. 439 « Le fond du phénomène de la génération alternante, dit ce savant, se trouve dans le double mode de reproduc- ton par sexes el par agamie. __» Un animal reste plus ou moins longtemps dans l'œuf que l’autre; il y devient un peu plus ou un peu moins com- plet. C’est ainsi qu’en naissant l’organisation est tantôt plus tantôt moins achevée. » C’est aussi une erreur de croire à l’existence d'animaux sans métamorphoses , puisque tous doivent en subir, les uns avant, les autres après l’éclosion. » Quoique ces lignes de M. Van Beneden s’appliquent au règne animal , elles s'adaptent entièrement aussi au règne végétal , et, pour rendre aussi plus claires et plus palpables les rapports que nous allons établir, nous suivrons encore le savant zoologiste dans sa classification des générations alter- nantes et dans sa comparaison fictive. « Une grenouille pond des œufs; ces œufs éclosent, et le jeune animal qui en résulte ressemble à un poisson : c’est le têtard. Je suppose que le têtard montre, dans une partie de son corps, des bourgeons, et que ces bourgeons devien- nent des grenouilles. Le tétard, épuisé par la formation des bourgeons, périt avant de prendre la forme d’une grenouille, tandis que les bourgeons deviennent grenouilles sans prendre la forme de têtard. magne ; mais la direction de nos études ne nous a pas permis de suivre ces remarquables publications avec toute attention qu’elles exigent. D’un autre côté, le titre de notre ouvrage, en nous donnant une certaine latitude dans nos écarts , nous renferme cependant dans des limites que nous avons peine à ne pas franchir. Nous nous contenterons d'indiquer aux personnes qui voudraient pousser plus loin que nous l'examen de ces belles questions philosophiques , les œuvres’ de Blumenbach, Steenstrup, Carl Vost, Siebold et Kolliker, Pineau , J. Müller, Bischoff, Stein, Sars, Dujardin, Desor, etc. 440 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » Le têtard meurt ainsi agame ou sans sexe avant l’épo- que de la formation des organes génitaux ; la grenouille, au contraire, devient adulte et complète, avec tous les attri- buts du sexe auquel elle appartient. » Le têtard provient d’un œuf; il est ovigène et naît comme les animaux supérieurs. La grenouille sort d’un bour- geon; elle est phytogène ; seule elle ressemble, par la pré- sence des organes sexuels, aux animaux supérieurs. » La grenouille est donc une mère qui donne naissance à une fille, le têtard ; cette fille, encore très-jeune , donne naissance à des bourgeons qui sont destinés à devenir des grenouilles , et cette fille meurt avant l’époque où les organes génitaux apparaissent. Ces grenouilles pondent de nouveau des œufs, et les mêmes phénomènes se repro- duisent. » La fille ou têtard fictif ne ressemble donc pas à sa mère à aucune époque de sa vie, comme la grenouille ne ressemble pas à la sienne ; la ressemblance a donc lieu entre la mère et sa petite-fille, qu’elle provienne d'œufs ou de bourgeons, et il y a alternance dans la forme du corps comme dans le mode de reproduction. » Voilà, dit M. Van Beneden, le phénomène de la génération allernante dans toute sa simplicité, tel qu'il est entendu par M. Steenstrup. » Les faits se passent-ils généralement ainsi ? Évidem- ment non; la génération alternante est presque l’exception. Le têtard lui-même continue souvent son évolution , et comme nous le verrons plus loin, au lieu de périr, il devient adulte et en tout semblable à celui auquel il donne nais- sance par bourgeons. » Dans ce dernier cas, les mêmes phénomènes se produi- sent comme dans le premier exemple ; mais le têtard con- INDIVIDUALITÉ. 41 tinue son évolution, et il ne peut y avoir génération alter- nante au point de vue de M. Steenstrup. » M. Van Beneden voulant comprendre dans son exposé suc- cinct l’ensemble des phénomènes de la reproduction des ani- maux inférieurs qui a, comme nous l’avons déjà dit , les plus grands rapports avec celle des végétaux , rappelle : « Que les êtres organisés se reproduisent de deux manières, par sexes où par division : les uns sont sexuels et produisent des œufs et une liqueur fécondante , les autres sont neutres ou agames , c’est-à-dire sans sexes. » Les animaux supérieurs veillent tous plus ou moins à la conservation de leur progéniture, et portent des organes génitaux pour la conservation de l’espèce ; les animaux des rangs inférieurs, dont l'existence est en général si fra- gile, et dont la conservation n’est assurée qu'aux prix d’une prodigieuse fécondité , réunissent souvent à la reproduction sexuelle ordinaire une reproduction agame ; les milliers d'œufs qu'ils pondent ne suffisent pas pour éviter les nom- breux dangers qu’ils courent constamment depuis le mo- ment de leur éclosion. » Les premiers qui ne se reproduisent que par œufs, M. Van Beneden les désigne sous le nom de monogénèses ; les autres qui se reproduisent par œufs et par gemmes, il les nommes digénèses. Il ne peut être question ici que des derniers. Comme dans les plantes la monogénésie est une rare ex- ception, nous ne nous occuperons aussi que des digénèses. M. Van Beneden admet, dans le développement des animaux digénèses, trois phases qu'il désigne par des noms particuliers. L'embryon au sortir de l'œuf constitue la première de ces phases ; il est agame, mais il possède la faculté de pro- 442 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. duire par le bourgeonnement des parties nouvelles. Cet état particulier, désigné par divers auteurs sous le nom de Zarve, a reçu le nom de scolex ; il est facile de voir qu'il correspond dans le règne végétal à la graine éclose , à la jeune plante dégagée des enveloppes de l’œuf séminal, mais privée d’or- ganes de la génération. Le scolex ou la larve peut donc, dans la plante comme dans les animaux, produire par bourgeon- nement de nouvelles parties. Quand le scolex a produit, par bourgeonnement, des segments dans les vers, des bourgeons ou des branches dans les végétaux , et cela en nombre indéterminé , il prend le nom de strobila. Un chêne, un sapin, ramifiés par l’exten- sion des bourgeons , mais n’ayant pas encore montré d’or- ganes de la génération, correspondent au strobila de M. Van Beneden. Enfin , quand les segments de l'animal formant le stro- bila ont acquis des organes génitaux, ce qui constitue l’état adulte et défimtif, M. Van Beneden les appelle pro- glotts. M. Steenstrup avait donné à ces trois états les noms de nourrice , génération préparatoire et génération mère ou primitive. | M. Van Beneden réunit dans les cinq catégories suivantes les divers faits observés dans le cours du développement des animaux digénèses. « 4°. Les scolex vivent dans les mêmes conditions que les proglottis ; qu'ils proviennent d’œufs ou de gemmes, la forme du corps est la même, et ils parcourent les mêmes phases ; exemple : Nais proboscidea, Syllis prolifera, Mi- crostome, Filograna, Myrianida ? etc. » Tous les individus d’une espèce sont semblables, peu importe leur origine ; ils sont soumis à une reproduction INDIVIDUALITÉ. 143 agame , quand ils ne sont encore qu’à l’état de larve, et au heu de périr, la larve elle-même devient proglottis ou adulte , comme sa progéniture. C’est le cas de digénèse le plus simple. » Si nous rapportons ce premier mode de développe- ment à l'exemple cité plus haut de la grenouille, c’est le têtard qui pousse des bourgeons d’où sortiront de nouveaux têtards semblables à leur mère ; les uns et les autres devien- dront sexuels. C’est l’espèce à double reproduction, le scolex et le proglottis, prenant la même forme et parcourant les mêmes phases. » Les végétaux nous offrent fréquemment ces deux modes de reproduction. Nous l’observons surtout dans ceux dont les bourgeons souterrains peuvent vivre plusieurs années. La plupart des plantes bulbeuses se trouvent dans cette caté- gorie. Souvent , avant d’être sexuées, ces espèces donnent naissance à des cayeux libres comme le lys, la jacinthe , ou à des cayeux intérieurs, et qui sortent bientôt de leurs membranes comme les aulx , les colchiques. Ces bourgeons grandissent et se développent pendant plusieurs années, et finissent tous par fleurir et fructifier comme la plante mère. Les Orchis, munis d’un tubercule qui doit aussi arriver à l’état parfait, appartiennent à la même série. Une grande quantité de plantes vivaces produisent aussi dès leur naissance des gemmes qui fleurissent en même temps qu’elles, prennent les mêmes formes, et sont toujours identiques. Les plantes annuelles, avant d’être arrivées à leur florai- son , et par conséquent encore à l’état de strobila, produi- sent de nombreuses ramifications qui sont autant de nou- veaux individus greffés sur la mère, et chaque rameau se termine, comme le bourgeon primitif, par une fleur qui est la 444 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. même pour tous , et qui ramène l'égalité chez les 1otnies nés par les deux modes de générations. : « 2°, Les scolex , dans leur jeune âge, vivent dans des conditions différentes des proglottis ; les uns et les autres prennent des sexes ; à l’état adulte ils sont tous semblables ; mais ils parcourent des phases différentes dans leur jeune âge ; les ovigènes portent des organes de locomotion, des cils ou des nageoires, parce qu'ils doivent chercher un gite ; les phytogènes sont privés des organes de locomotion, etn’ont qu’à se développer et enrichir la colonie. Les scolex , quoi- qu'ovigènes , deviennent eux-mêmes proglottis comme les les phytogènes. » Les ascidées simples et sociales {Clavelina), ainsi que les bryozoaires , appartiennent à cette seconde catégorie. » En comparant ce second mode de développement à celui de la grenouille fictive, le tétard, au lieu de périr, de- vient grenouille, et tout en ayant donné des bourgeons dans son premier état de têtard, continue à donner des bourgeons même quand il est devenu grenouille , et qu’il porte des or- ganes sexuels. » Dans la première catégorie, l'embryon phytogène res- semble à l’ovigène ; dans le cas actuel , l’ovigène porte dés cils ou des nageoires dont le phytogène est privé. » Il existe dans le règne végétal des espèces que l’on peut comparer à celles que cite M. Van Beneden, dans le règne animal, et comme dans les plantes les organes de l’individu ne peuvent servir qu’une seule fois, la comparaison n’est pas parfaite. Nous citerons cependant des liliacées comme cer- tains Allium, Crinum, etc., qui produisent en même temps et sous les mêmes enveloppes des fleurs et des bourgeons, d’autres qui, tout en étant sexuées , laissent tomber de leurs aisselles des bulbilles qui ont les mêmes propriétés que les INDIVIDUALITÉ. 445 graines, et qui enfin emploient simultanément les deux mo- des de reproduction , comme le Zilium bulbiferum , le Den- taria bulbifera, etc. Dans les hautes montagnes où les graines ne peuvent pas toujours mürir faute d’une température suffisamment éle- vée, bon nombre de plantes deviennent vivipares, et don- nent des bourgeons au lieu de graines. Le Poa alpina , les Carex muricata, C. pilulifera, C. vulpina, C. divulsa se présentent assez souvent sous cet état particulier, que Ben- tham a signalé aussi sur les mêmes espèces dans les Pyré- nées. On trouve dans les mêmes conditions les Festuca ovina, et F. duriuscula. Le Polygonum viviparum, dans les mon- tagnes et dans la Laponie, porte à la fois des fleurs et des bulbilles. Ces derniers, qui représentent la reproduction gemmipare, poussent comme ceux des A/}ium avant d’avoir abandonné la plante, et l’on voit le même phénomène se produire encore dans le Poa bulbosa, dont les panicules verdoyantes renferment des bulbes en végétation. « 3°. Les scolex et les proglottis vivent dans des condi- tions différentes à tout âge, etil n’y a pas de ressemblance entre eux ; les scolex ne deviennent pas proglottis et meu- rent agames sous leur première forme. L’embryon phytogène est différent de l'embryon ovigène dès les premiers moments de son apparition. » Les ascidées composées (botrylles), les sa/pa, les vers cestoides en général, quelques trematodes , fournissent des exemples de cette troisième catégorie. » C’est le cas que nous avons cité plus haut du têtard, qui périt agame , tandis que la grenouille, née par gemmes, devient seule adulte et ne passe pas par la forme du têtard. Le premier est exclusivement gemmipare , le second ovi- pare. 446 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » C'est cette troisième catégorie qui nous fournit les animaux à génération alternante, selon M. Steenstrup. » Cette génération , réellement alternante, est fréquente dans les végétaux, et l’on pourrait la trouver dans un grand nombre de plantes bisannuelles dont les graines produisent des aggrégations par agamie , et les individus nés ainsi en procréent d’autres qui sont sexués. Il y a là alternance con- tinue dans le sens de M. Steenstrup. Il s’en faut cependant que toutes les plantes que nous appelons bisannuelles se trouvent dans ce cas ; il en est qui, étant pourtant à végéta- tion discontinue, c’est-à-dire arrêtées par les saisons , re- prennent ensuite le cours de leur vie momentanément sus- pendue , en poursuivant le développement des mêmes bour- geons ou des mêmes individus. Ainsi, l'oignon ordinaire, le poireau mettent réellement deux années pour accomplir, avec le même bourgeon , toutes les pliases de leur végéta- tion , et n'appartiennent pas à la génération alternante. Ce mode de reproduction se manifeste d’une maniére frappante dans la plupart des arbres et notamment dans les arbres fruitiers ; mais cet état régulier d’alternance ne com- mence qu'à un certain âge de l'arbre ou de l’aggrégation , après qu’elle a passé par une autre phase que nous décrirons un peu plus loin. - L'arbre donne des bourgeons agames , qui produisent du bois et des feuilles . et ceux-ci donnent naissance à d’autres phytons qui fleurissent et répandent des graines. Ces der- niers produisent de nouveau des bourgeons non florifères par agamie , et ainsi de suite alternativement. C’est ce qui fait que la plupart des arbres ne donnent pas de fruits tous les ans ou du moins ne les donnent pas en quantité égale. Il y a même, sur les grands arbres, des branches qui suivent ré- gulièrement ce mode alterne de production ; mais comme INDIVIDUALITÉ. 447 ces branches sont associées à d’autres qui alternent aussi, et à époques ou années différentes, on ne s'aperçoit pas de l’al- ternance générale. On reconnaît pourtant que , dans ces derniers exemples que nous citons, dans la production alternative de bour- geons foliaires et florifères, la comparaison avec la classe établie par M. Van Beneden n’est pas exacte, car, non- seulement il est nécessaire que l'arbre ait passé auparavant par un autre état, mais encore ses bourgeons à fleurs ré- pandent des graines dont nous ne tenons aucun compte. « 4°. Les scolex vivent toujours dans des conditions différentes des proglottis, et la forme du corps ne se ressem- ble pas; il y a plus, les scolex eux-mêmes ne vivent pas tous dans les mêmes conditions, et des générations de scolex aga- mes se succèdent par voie gemmipare, sans avoir de ressem- blance entre elles. | » Les monostomes et les distomes, la Medusa aurita et d’autres espèces nous montrent cet exemple remarquable de digénèse, qui rentre aussi dans la génération alternante de M. Steenstrup. » Le scolex ovigène est cilié et nage librement, pour dé- poser sa progéniture dans le corps d’un mollusque ou d’un autre animal. Cette progéniture, qui est agame comme la première, est sans als, et sa forme est toute différente : c'est un scolex au second degré, un deuto-scolex. Celui-ci peut, à son tour, engendrer par agamie une forme semblable, ou bien une forme nouvelle, qui est alors le proglottis. Ce jeune proglottis (Cercaria) porte une queue, comme le pre- mier scolex sorti de l’œuf porte des cils ; il doit, comme le premier aussi, chercher son gîte pour continuer son évolution et changer de forme, sa queue étant devenue inutile dans le milieu étroit où il est destiné à finir son existence. 418 PHÉNOMÈNES DE DURÉE, » Voilà donc un exemple d’une fille qui ne ressemble pas sa mère; elle doit vivre dans un autre milieu. La petite- fille, destinée à vivre dans d’autres conditions encore que la mère et la grand’mère, affecte encore une forme nouvelle, de manière que trois générations se succèdent sans se res- sembler. » Pour rapporter ces faits à l'exemple cité plus haut, c’est le têtard qui naît couvert de cils vibratiles avant que sa queue ne soit développée; il nage librement par le secours de ses cils. Dans ses flancs naît une autre forme , toute dif- férente, immobile, sans queue et sans cils ; elle est destinée à engendrer une nouvelle progéniture, dont la forme res- semble à celle des têtards, qui nagent à l’aide de leurs queues. Il y a donc deux générations et quelquefois davantage qui vivent immobiles sur le corps où elles ont été déposées, et deux autres qui se meuvent par des cils ou des nageoires pour chercher leur sol ou l’animal sur lequel ils doivent vi- vre. Ces générations sont toutes agames , sauf la dernière. Enfin, les individus de la dernière génération, nés par gem- mes, deviennent adultes et complets : ce sont les grenouilles fictives. La reproduction agame a lieu, pour continuer la comparaison avec l'exemple de la grenouille, avant que celle- ci ait pris la forme de têtard , et cette dernière forme, née par gemme, subit, comme dans la grenouille, des métamor- phoses complètes. Le têtard perd sa queue en devenant gre- nouille, comme le cercaire perd la sienne en devenant distome. » Nous n'avons rien, dans le règne végétal, que nous puis- sions comparer à ces métamorphoses et à ces générations suc- cessives. On le conçoit , puisque les plantes sont privées de mouvement et ne peuvent passer, comme les vers intesti- naux, d’un corps dans un autre. Nous avons cru cependant INDIVIDUALITÉ. 449 devoir rapporter cette division de M. Van Beneden, d’abord pour ne pas morceler son intéressant travail, et ensuite pour donner une idée de l'influence des milieux sur les espèces, et compléter ce que nous avons dit aux généralités sur les métamorphoses et les modifications des êtres. « 9°, Les scolex ovigènes engendrent, par agamie, des scolex semblables à eux. Cette nouvelle génération produit encore, par agamie , une autre génération composée d’indi- vidus ayant la même forme. Plusieurs générations , organi- sées de même, se succèdent ainsi, jusqu’à ce qu’enfin il apparaisse une génération de proglottis ou d'individus adultes à sexe. » Les pucerons et d’autres articulés se trouvent dans cette catégorie. » C’est le têtard ovigène qui engendre, par voie gemmi- pare, un autre têtard, qui en produit un, à son tour, de la même forme, et ainsi de suite pendant plusieurs générations ; mais, quand la production agame est épuisée, 1l naît par voie agame, des grenouilles. » C’est pour la majeure partie des plantes , le cas le plus ordinaire ; tous les arbres nous montrent ce mode de géné- ration. Ainsi, un gland, un pepin de poirier, se trouvent dans les conditions convenables pour germer ; il en résulte un in- dividu complétement dépourvu d'organes de la génération, mais , par agamie , il donne des bourgeons qui passent l’hi- ver engourdis, qui se réveillent au printemps , comme la graine qui l’année précédente a donné naissance au premier bourgeon. Pendant longtemps ces bourgeons ou individus nés les uns des autres par agamie , groupés les uns sur les autres par aggrégalion, se succèdent en nombre indéfini, augmentant, sauf les accidents , plus vite qu’en proportion I 29 450 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. géométrique ; enfin, au bout d’un nombre d’années qui varie selon l’espèce, selon le climat, selon les circonstances, les êtres nés par agamie deviennent sexués, l'arbre fleurit et porte des graines. C’est exactement, à l'aggrégation près, l’exemple des pu- cerons. Mais une fois que le groupe d'individus a acquis assez d’années ou, ce qui revient au même, assez de force et assez de puissance, des êtres sexués sont engendrés tous les ans, ou bien l’aggrégat est soumis à la véritable génération me ternante dont nous avons parlé plus haut. L Un fait très-remarquable, c’est que les circonstances ex- térieures influent singulièrement sur la durée du temps ab- solu de l’agamie. Un chêne est quelquefois vingt ans, qua rante ans, avant de produire des êtres sexués. Certains ar- bres verts mettent plus de temps encore, ou bien, quoique monoïques, ils ne montrent d’abord qu’un sexe. Les arbres des forêts tropicales attendent quelquefois un grand nombre d'années avant de produire par agamie des bourgeons séminifères, et, quand ils ont commencé à mon- trer des individus sexués, ils interrompent tout à coup et pour longtemps cette génération sexuée. Les arbres fruitiers obtenus par semis restent longtemps sans fleurir, mais qu’un bourgeon ou individu détaché soit transporté sur un autre aggrégat en rapport de structure avec lui, l'individu agame et né d’agamie ou phytogène s’empres- sera de produire des êtres sexués. Une plante transplantée ou changée de condition se mettra à fruit tout à coup. Quand la vigueur est trop grande, l’aggrégat végétal a la plus grande tendance à se reproduire par agamie ; si, au contraire, il y a souffrance ou disette, immédiatement la re- INDIVIDUALITÉ. 451 production sexuée se présente. Chez les plantes, comme dans le genre humain, la misère est la cause principale de la multiplication. Les hybrides végétaux, prétendus stériles, ne le sont que par la tendance qu'ont les aggrégats à se multiplier par agamie. Les individus nés par agamie en donnent de sexués, mais ceux-ci, pourvus de fleurs, ne donnent pas de graines, et ces êtres florifères et stériles tiennent, pour ainsi dire, le milieu entre les individus agames et ceux qui sont sexués. Si on affaiblit l’aggrégat en le mutilant , en le faisant souffrir, en lui enlevant une bonne partie de ses membres , qui tous s'occupent à fortifier le tronc commun, les êtres agames qui survivent, comme s'ils prévoyaient la mort violente du groupe entier, s’empressent de procréer des êtres sexués, dont cette fois les graines mürissent. Ceci, au premier abord , paraït l'inverse de ce qui a lieu pour les abeilles qui vivent en société, et qui, à volonté et par un surcroît ou un changement de local et d’alimentation, changent des individus stériles en animaux sexués. On lit dans la thèse de M. J.-P. Kremer, sur la sexualité et l’hybridité des plantes : « D’après les observations de Gœrtner, Knight et Wieg- man , les hybrides, quand ils se reproduisent par graines, retournent au type maternel au bout de quelques générations. » Enfin, on remarque que les plantes hybrides présen- tent généralement un plus grand développement que les espèces d’où elles proviennent. Cela vient sans doute de ce que la sève n'ayant point à nourrir de graines, et se distri- buant entièrement dans les organes de la végétation , ceux- ci n’éprouvent pas sitôt un temps d'arrêt. » M. Kremer ne prendrait-il pas ici l’effet pour la cause ? Si les hybrides ne grainent pas, cela tient à ce que la sève 452 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. se portant sur les organes de la végétation , arrête le déve- loppement des germes dans les organes de la reproduction, puisque nous venons de voir les hybrides devenir fertiles par l’affaiblissement. Maintenant, quant à ce phénomène curieux observé par M. Steentrup et par M. Van Beneden sur un certain nombre d'animaux de la classe des helminthes, que les individus pro- venant des mêmes parents peuvent se présenter sous des formes tout à fait différentes, c’est un fait commun dans le règne végétal. Jamais l'individu qui sort d’un bourgeon florifère ne ressemblera à celui dont l’origine appartient à un bourgeon stérile , et cette différence est quelquefois si grande, comme dans la famille des équisétacées , où l’on trouve en abondance des êtres stériles , qu'il y a difficulté à rapporter les deux états à l’espèce dont ils dérivent. « Tous les faits de digénèse, dit M. Van Beneden en parlant des animaux, trouveront convenablement leur place dans une de ces catégories ; du moins jusqu’à présent on ne connaît aucun fait qui ne puisse y être rapporté. Mais, à côté de ces faits se trouvent quelques phénomènes de reproduc- tion chservés sur des animaux inférieurs qui ne se rattachent pas aux phénomènes précédents. » Nous croyons que l’observation des faits est loin d’être épuisée dans cette voie curieuse d'investigation, même dans le règne animal ; mais une foule de nouvelles séries devront être établies pour les modes divers de génération dans le règne végétal. Entrainés déjà trop loin par la nature de cet ouvrage , par l'intérêt de notre sujet, nous ne chercherons pas à réunir et à discuter tous ces faits de génération alter- nante, successive , interrompue, modifiée de la manière la plus intéressante par les lois qui président au groupement plus 1 ou moins constant des aggrégats. INDIVIDUALITÉ. 453 Nous rappellerons seulement qu'il existe des plantes, comme les péchers, les abricotiers , etc., où les individus sexués sont dépourvus de feuilles, et où le développement de ces deux sortes de bourgeons n’a pas lieuen mêmetemps. Nous signalerons ces anomalies d'individus tous mâles et isolés, comme dans le noisetier, tandis que les femelles, nées égale- ment par agamie, sont annexées à des feuilles dont l’aisselle- donnera naissance à de nouveaux bourgeons. Toutes ces com- binaïsons sont sans nombre dans le règne végétal , et celles qui existent sous terre, hors de notre vue, dans les rhizomes. et les tiges souterraines des plantes vivaces, exigeraient pour être connues, la vie entière d’un observateur assidu. Ces racines aériennes de plusieurs arbres des pays chauds qui se transforment dès qu’elles touchent le sol, en chan- geant de milieu; ces tiges descendantes , distinctes et pour- vues d’écorce des Melaleuca, indiquent encore de nouveaux modes de reproduction agame, qui ont sans doute aussi leur analogie dans le règne animal. Ainsi, les phénomènes de durée dans les végétaux se trou- vent compliqués de ceux d’aggrégation, et tout nous ramène à ne voir dans les plantes que des individus annuels, en attachant à ce mot un sens qui n'implique pas la durée né- cessaire d’une saison, mais seulement le temps employé à la vie des organes de chaque bourgeon ovigène ou phyto- gène. Nous pourrions même aller plus loin, car de ce qu’une plante est annuelle, dans l’acception ordinaire du mot, nous ne pouvons pas en conclure qu’elle est isolée et qu’elle est formée par le seul individu sorti de la graine. Dans presque tous les cas il y a, dès la naissance, formation de bourgeons et reproduction par gemmes. Seulement, dans les plantes annuelles dont la végétation s’opère d’une manière conti- 454 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. nue , la création d'individus nouveaux par gemmation n’est pas aussi distincte que celle qui est séparée par les époques périodiques des saisons. Mais lorsqu'un bourgeon se déve- loppe , même au retour du printemps, comme cela se pré- sente pour tous les arbres de nos climats, ce bourgeon lui- même ne peut pas être considéré comme un individu isolé ; il est bientôt le centre d’un groupe nouveau, qui a ce bour- geon pour origine, et qui en produit encore par gemmation plusieurs autres, avant de donner naissance à de véritables générations par sexe. De même que dans la classe des hel- minthes et surtout dans celle des zoophytes , les animaux se groupent de manière à former des figures distinctes, souvent régulières et constantes, de même nous voyons les gemmes d’une plante annuelle ou d’un même bourgeon vernal se disposer de certaine manière et produire alors des apparences que nous nommons feuilles gémainées, alternes, opposées, verticillées, etc., et grouper en même temps leurs fleurs en forme d’ombelles, de corymbes, d’épis, de panicules, de ca- lathides , etc. Rarement un bourgeon émané d’un arbre ou d’une plante annuelle ne donne qu’une seule fleur, comme le Cornus suecica, le Paris quadrifolia. le Drosera uniflora. | Il arrive aussi , dans ces groupements particuliers des fleurs. que nous désignons sous le nom d'in/florescence, que les fonctions sont partagées et que les aggrégations sont formées d'individus qui concourent au même but, et dont les fonc- tions sont distinctes. C’est ainsi que dans la même calathide, et rangés dans un ordre constant , on trouve à la fois des fleurons mâles et des fleurons femelles ; ailleurs ce sont des fleurons hermaphrodites ou des fleurons stériles, plus grands, plus développés, ornant l’ensemble d’élégantes couronnes dont les fonctions nous sont inconnues. Dans les Viburnum, INDIVIDUALITÉ. 455 de larges fleurs sans organes sexuels entourent celles du centre, qui sont fertiles. Dans cette association, comme dans celles que forment les abeilles , les êtres destinés à la génération sont placés dans le centre et protégés par les autres. Singulières conditions que celles qui régissent ces associations florales ; il semble que certains individus aient cédé à d’autres leur corolle et leur aient accordé la partie ornementale de la fleur, à condi- tion de les entourer d’une cour brillante et protectrice pour les hautes destinées qu'ils sont appelés à remplir. Ainsi se présentent les calathides des centaurées , les corymbes des Viburnum et des Hydrangea. Un autre fait remarquable de l'association, ou plus exac- tement de l’aggrégation des individus, est le groupement distinct des mâles et des femelles dans plusieurs végétaux. Pourquoi, par exemple, dans les Salix et dans les Populus, tous les gemmes d’un même aggrégat sont-ils toujours des mâles ou toujours des femelles ? et cette tendance est même portée si loin dans les plantes dioïques , que non-seulement ces aggrégats unisexués se réunissent en société, mais que quelquefois des contrées entières n’offrent qu’un seul sexe sur de vastes étendues. C’est ainsi qu'une plante herbacée aquatique , appelée Anacharis Alsinastrum , Bab., originaire de l'Amérique septentrionale , et tout à coup transportée et naturalisée en Angleterre, au point de gêner la navigation, n’a jamais offert que des individus femelles. Le mâle n’existe pas en Europe, et cette espèce nous montre un des exemples les plus curieux de la multiplication par bourgeons et de l’aggrégation vé- gétale. Dans d’autres espèces l’aggrégation est formée d’indivi- dus également unisexués, mais les deux sexes, comme dans 456 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. les Corylus, les Pinus, les Abies, s'unissent d’une manière régulière dans le mêmes groupe. L’arrangement des êtres mâles, relativement aux femelles, est toujours le même et se montre d’une manière presqu’aussi invariable que celui des étamines relativement au pistil dans les fleurs hermaphro- dites. Enfin , sur ces mêmes aggrégats à sexes séparés ou dis- tincts, on voit souvent aussi des êtres se présenter au milieu des unisexués avec le caractère de l’hermaphroditisme. Que peut être alors un être hermaphrodite, si ce n’est la soudure ou plutôt la pénétration intime de deux individus ? Le mâle et la femelle, intimement unis, confondus dans les plantes hermaphrodites, peuvent-ils être considérés vérita- blement comme une seule création ? Dans les animaux nous ne trouvons l’hermaphroditisme que dans les classes les plus inférieures, et encore le plus ordinairement l’hermaphrodite est impuissant s’il n’a pas le concours d’un autre individu. La présence des organes mâles et des organes femelles, sous une même enveloppe et placés de telle manière que la fécon- dation soit assurée comme dans les anneaux du Tœnia et la plupart des fleurs hermaphordites, n’implique-t-elle pas la soudure intime de deux individus. Les organes des animaux hermaphrodites un peu compliqués, comme les huîtres , les anodontes, les Unio, si toutefois ces êtres sont réellement hermaphrodites, ne laisseraient-ils pas soupçonner quelques traces de ces soudures naturelles , de ces fusions d'organes que l’on pourrait expliquer par la loi du balancement si fé- conde en application, dont le génie de Geoffroy - Saint- Hilaire a doté la philosophie , ou par l’étude profonde des soudures et des avortements sur laquelle l’illustre de Candolle a fixé le premier l'attention des botanistes ? Ces idées nous conduiraient bien loin si nous voulions les INDIVIDUALITÉ. 457 adopter, et si surtout nous voulions les développer à ce point de vue.Si, partant dela fleur si simple d’un callitriche composée d’une étamine et d’un pistil, nous cherchions, en la considé- rant comme formée elle-même de deux individus, à ne voir dans toutes les classes du système de Linné que les élé- gantes associations d'êtres unisexués, groupés d’après des lois de symétrie et de subordination ; si, regardant tous les végétaux comme des aggrégats d'individus , nous accordions à chacun de ces êtres des fonctions spéciales dans l’ensemble des groupes, une origine commune et des formes différentes, nous arriverions à des conséquences qui sortiraient tout à fait du cadre actuel que nous nous sommes tracé. Que l’on nous pardonne même ces remarques au sujet de l’individua- lité dans les plantes ; l’examen de la durée et de l'influence des causes extérieures sur le développement des végétaux demandait quelques considérations préliminaires. CHAPITRE XX VI. PHÉNOMÈNES DE DURÉE ET DE PERMANENCE. — DU GROUPE- MENT DES INDIVIDUS. — COUP-D'OEIL SUR L'ENSEMBLE DES VÉGÉTAUX LIGNEUX , OU LES ARBRES ET LES FORÊÉTS. La nature, comme nous venons de le voir dans le chapi- tre précédent , ne s’est pas contentée de donner des formes particulières à chacun des êtres qu’elle a créés , elle a pour ainsi dire multiplié leur aspect à l'infini, en associant de la manière la plus élégante de nombreux individus de la même espèce. C’est ainsi qu’elle a donné naissance à ces masses 458 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. prodigieuses de Polypiers, dont les générations accumulées se développent au contact des vagues onduleuses de l'Océan ; c’est ainsi qu’en réunissant les gemmes des végétaux , elle a pu, sans générations sexuées, composer ces arbres majestueux qui forment les forêts, ces arbrisseaux plus humbles qui s’a- britent sous leurs voûtes séculaires , et ces plantes souterrai- nes, aux rhizomes ramifiés, qui jusqu'aux glaces polaires, nous montrent la vie et l’inépuisable variété de la création. Qu'il nous soit permis, avant d'arriver aux détails pleins d'intérêt que ces plantes soudées vont nous offrir sous le rapport de leur durée, de jeter un regard curieux sur ce magnifique ensemble, et d’admirer quelques-uns de ces riants tableaux que la nature étale avec tant de beauté sur la terre. Les arbres, sans contredit, sont le plus bel ornement des campagnes, et lorsque, vivant en société nombreuse, ils se rassemblent et composent les forêts , ce sont eux alors qui dominent le paysage et lui impriment un cachet particulier qui varie suivant les climats. L'entrée d’une belle forêt est comme les abords d’un nouveau monde, son aspect nous ramène à l’âge d’or ; nous oublions un instant, sous son ma- jestueux ombrage, et les peines du cœur et les misères de la vie. Notre orgueil se tait devant la majesté du lieu, et de douces rèveries nous conduisent au hasard sous ces voûtes feuillées qui nous inspirent. $ 1. FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. Les familles végétales ont presque toutes des espèces ligneuses dont les dimensions varient suivant les climats, et dont le nombre augmente en approchant de l'équateur. La zone torride est celle où la végétation arborescente FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. 459 déploie toutes ses beautés. De nombreuses familles , incon- pues sous nos zones tempérées, s’y montrent avec leurs formes particulières , et luttent de vigueur en combattant sur un sol qui peut à peine les nourrir. Chacune défend sa vie et cherche à s’élancer au-dessus des autres. La nature, dans les forêts vierges qui forment l’éclatante ceinture de la terre, a conservé sa majesté primitive. Les arbres d’espèces différentes y sont pressés les uns contre les autres ; leurs branches sont enlacées, et les lianes qui s’é- lancent d'une cime sur une autre, constituent des voûtes de verdure que les rayons du soleil ne peuvent traverser. L’eau ruisselle partout sur les troncs des vieux arbres, et ils se cou- vrent de fleurs étrangères qui ne leur demandent qu’un ap- puiet l’abri de leur ombrage. Ceux qui ont parcouru les riches contrées de la zone tor- ride, où la végétation déploie son luxe et sa majesté, n’ou- blieront jamais ces impressions profondes dont le souvenir s’est gravé dans leur âme émue en traits ineffaçables. Sous un climat qui n’est modifié que par des alternatives de pluie et de sécheresse, chaque saison a sa flore. Le vent des hivers, qui chez nous détache les feuilles jaunies par l’au- tomne et les dépose sur les fleurs mourantes des prairies, ne produit ici qu’un contraste. Il n’y a pas d'interruption entre la mort et le réveil de la nature ; quand les folioles des lé- gumineuses se détachent, quand de nombreuses rubiacées, des térébinthacées et d’autres familles arborescentes se dé- pouillent de leur feuillage, une foule d’arbrisseaux ver- doyants épanouissent leurs fleurs, et le printemps d’une an- née succède sans transition à l’automne d’une autre. Ce qui contribue le plus à changer le paysage et à donner aux con- trées tropicales leur air étranger et majestueux , c’est la pré- dominance des arbres sur les plantes herbacées, c’est la 460 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. variété de ces espèces arborescentes, leur volume prodigieux, leur immense développement et leurs fleurs magnifiques. Ce sont ces espèces volubiles , si flexibles et si longues qui ser- pentent autour des troncs et s’enlacent dans leurs branches gigantesques. Ces plantes qui appartiennent souvent aux asclepiadées et aux bignoniacées donnent aux forêts tropicales un air de désordre et de confusion qui en fait la beauté. Elle réunis- sent en une seule masse de verdure tous les arbres d’une grande étendue, mêlent leurs fleurs à leur feuillage, enla- cent le stipe élancé du palmier comme le tronc rameux de l'anacarde , et courent en festons vivants et en guirlandes fleuries sur les cimes les plus élevées. Souvent même elles donnent à une souche décomposée, l'apparence de la frai- cheur et de la vie. Les arbres sont presque étouflés sous les aroides et les orchidées parasites ; d'énormes figuiers , de faux acajous (Anacardium) sont littéralement couverts d’élégants Den- drobium, de vanilles grimpantes, de Cymbidium, ou des larges feuilles vertes de monstrueux Pothos. La vie sem- ble renaître sur de vieux troncs épuisés , et l’on voit les Gustavia et le Theobroma qui nous fournit le cacao, pro- duire encore des fleurs qui sortent de leur vieille écorce, offrant à la fois fraîcheur et décrépitude. Il semble que sous l’action d’une douce température, la vieillesse se réveille et veuille encore donner des gages de sa postérité, aux générations sans nombre auxquelles elle a servi et de souche et d'appui. Les passiflores aux corolles de pourpre et d’azur descen- dent en festons sur ces colonnes fleuries, au-dessus desquelles les Banisteria ont suspendu leurs grappes dorées. Un aspect inconnu sous notre ciel est dù à la prédomi- FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. 461 nance des feuilles ailées de la grande famille des légumi- neuses. Les nombreuses folioles, symétriquement rangées, des mimosées, des Acacia, des Abrus, des Gleditzia donnent au feuillage une légèreté que nous ne connaissons pas. Le soir toutes ces folioles s’abaissent ou changent de position, les forêts s’endorment, et le réveil du matin frappe plus en- core le voyageur que le sommeil du soir qui lui montre la nature fatiguée de lumière et de vie , se reposant pendant la fraicheur des nuits. Les saisons, comme nous l'avons déjà dit, ne sont pas séparées sous les tropiques par une longue période de repos et d'inertie, mais la zone équatoriale a aussi son printemps ; c’est alors que se déploient ces jeunes feuilles ailées qui savent se reposer et dormir pendant les premiers âges de leur vie; c’est alors que la verdure des bois prend pour un instant ces nuances de fraîcheur qui donnent tant de charme à nos printemps ; mais de grandes différences existent à cet égard dans les diverses parties du monde. Dans nos zones tempérées nous suivons graduellement le bleuissement du vert depuis le moment où le bourgeon s’entr'ouvre et laisse sortir ses feuilles encore jaunies, jusqu’à l'époque où le bleu l’abandonne et lui laisse la livrée ternie des hivers. Sous les tropiques, quelques familles seulement nous per- mettent de suivre, dans les variations de leur verdure, la succession de ces nuances auxquelles nos forêts nous ont habitués. La plupart des végétaux ligneux ont des feuilles coriaces, dures et persistantes , d’un vert brun et foncé, qui n'a Jamais la fraicheur que présente le réveil de la nature après un long repos. C’est sous ce sombre aspect que se pré- sentent la plupart des guttifères, des laurinées , des sapotil- lées , ete., si répandues dans l'Amérique équinoxiale. 462 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Dans les zones élevées des Andes, dans les lieux appelés paramos par les naturels, on ne voit pas non plus , comme dans nos montagnes, une verdure nouvellement éclose; on n'y trouve que des arbres rabougris et étendus en forme d’éventail. Leurs feuilles sont persistantes et conservent éternellement leur verdure.On y voit les Escallonia Tuber, E. myrtilloides . des Freziera, le Myrtus microphylla et d’autres espèces à feuilles coriaces et luisantes comme celles de nos lauriers. La nature, changeant les conditions sur un espace res- treint, varie à son gré ses productions. Mais si l’eau, sous le ciel brülant de la région équatoriale, vient ajouter sa puis- sance à celle du climat, la vie n’a, pour ainsi dire, plus de limites. C’est ainsi que les cataractes d’Aturès, dans l’Amé- rique du Sud, sont entourées d’immenses forêts dont la fraîcheur est entretenue par l’eau réduite en poussière que l’air échauffé dissout immédiatement. Elles sont principalement formées de ces lauriers au luisant feuillage, parmi lesquels on distingue les Ocotea cymbarum et lineata, d’élégantes mimosées et de monstrueux Ficus. Leurs troncs nourrissent des plantes presque aériennes, qui restent suspendues à leurs rameaux ; le Cymbidium violaceum y montre ses gracieuses corolles, l’Habenaria angustifolia y forme ses gazons de verdure; les fleurs jaunes des Bannisteria se mélangent aux bouquets bleus des grimpantes bignoniacées près des Po- thos aux formes massives et parmi des Arum et des Pepe- romia. Au milieu de ces parterres suspendus on voit pendre une mousse verdoyante , le Grimmia fontinaloides , décou- vert par M. de Humboldt sur les arbres les plus élevés , et rappelant les régions européennes au centre de la zone torride. Les plantes, avides d'humidité sous ce ciel brülant, vien- nent se grouper à l’envi sous la douce rosée des cataractes ; FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. 163 les Heliconia et d’autres scitaminées , ces formes si parti- culières aux pays chauds, se réunissent en groupes auprès des chaumes élancés des bambousiers, et trois palmiers distincts, connus sous les noms de Murichi, de Jagua et de Vadgiais forment çà et là des bosquets séparés , offrant chacun leur port particulier. « Le dernier, dit M. de Humboldt, a des pal- mes qui surmontent des troncs de 80 à 100 pieds de haut ; ce sont de véritables panaches du vert le plus tendre et le plus frais. Ils forment une seconde forêt sur la première, où dominent les îles qui divisent le fleuve en nombreux torrents; ils se détachent sur l’azur du ciel, et reçoivent la vapeur des eaux. » Dans ces heureuses contrées où l’homme est effacé par la nature sauvage , le calme de l’atmosphère contraste avec le tumulte des eaux. L'air n’est jamais agité, le feuillage est ‘immobile ; on n'entend pas ce léger bruissement des feuilles qui, pendant les chaleurs de nos étés , nous prévient de la brise après laquelle nous soupirons. Si la branche flexible d’un Bignonia se balance, si la feuille d’un palmier s'incline et se relève avec lenteur, c’est une chute rapide du fleuve qui chasse l'air avec violence et lui donne indirectement l’im- pulsion. « Les eaux murmurantes ont, dans les longues saisons des pluies, entassé des îles de terre végétale parées de Drosera, de Mimosa, au feuillage d’un blanc argenté, et d’une multi- tude de plantes ; elles forment des lits de fleurs au milieu des roches nues ; elles rappellent à l'Européen ces blocs de granit solitaires et couverts de fleurs que les habitants des Alpes appellent courtils, et qui percent les glaciers de la Savoie (1). » (4) Humboldt, Tableaux de la nature, t. 4, p. 247. 464 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Les rochers les plus arides se couvrent bientôt d'espèces arborescentes, sous l'influence de l’eau. Autour des rocs pe- lés des cataractes de l’Orénoque, les pluies, qui sous la zone équatoriale sont si abondantes et parfois de si longue durée, donnent à la végétation la fraîcheur des zones tempérées ; la nature en est partout embellie. « Les arbres poussent de nouvelles branches, se parent d’une verdure plus tendre et se couvrent de fleurs ; les plan- tes herbacées, au sein des plaines, émaillent le sol de mille couleurs des plus vives. Sous l’ombrage des forêts, les fou- gères et les lycopodiacées étendent leurs rameaux pennés, aux formes élégantes. Les fleurs , les feuilles sont courtisées par des milliers d'insectes aux teintes métalliques , rivalisant d'éclat avec les papillons aux ailes diaprées. Ceux-ci par- courent avec lenteur la sombre voûte des forêts, ceux-là les campagnes découvertes, également peuplées d'oiseaux ; les uns chantent, les autres étalent leur riche parure. Tout in- téresse, tout fixe l’attention, et la nature entière paraît ani- mée. On est surpris tour à tour par le bourdonnement de l'oiseau mouche, par des myriades de papillons jaunes réunis dans les sentiers, par le chant triste et monotone du cou- roucou, perché sur les parties les plus solitaires de la forêt, ou par les troupes bruyantes des tangaras et des troupiales, dont la cime des arbres est peuplée. Il n’est pas jusqu’à l'in- certitude du temps qui n’offre quelque charme (1). » Dans les plaines de l'Inde, la saison des pluies vient ra- nimer la terre, comme dans les forêts de l'Amérique. Les dômes impénétrables du figuier sacré sont dominés par les cimes aériennes des cocotiers, et les mimoses aux feuilles lé- gères, entourent de leurs groupes innombrables ces bosquets (4) D’Orbigny, Voyages, t. 2, p. 544. FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. 465 élégants. Des masses de bambous s’élancent le long des fleu- ves, et après les averses, pendant que l’eau glisse encore sur leurs feuilles allongées , des insectes phosphorescents, bril lants comme des étincelles , éclairent la douceur dés nuits. (Calcutta). L’Abrus precatorius ouvre ses fruits desséchés et montre, comme notre ris fœtidissima, de brillantes séries de grai- nes écarlates; des fougères grimpantes se joignent aux singuliers Epidendrum et se mêlent à de charmants Bauhi- nia à fleurs roses, tandis que les Ruellia cherchent l'ombre pour y montrer les teintes délicates de leurs fleurs. Près de là, une nappe d’eau est couverte des feuilles élargies et des belles fleurs du Nelumbium speciosum. D'im- menses bambous s’élèvent à 10 mètres de hauteur et lais- sent pendre sur les eaux leurs feuilles tombantes et immobiles dans le calme de l’atmosphère. Ils remplacent ces roseaux si minces et si mobiles qui se balancent sur les rivières de nos contrées. Au milieu de ces richesses , le voyageur éprouve de vifs regrets. Ces beaux arbres, dont les troncs séculaires sou- tiennent les dômes feuillés, sont souvent dépourvus de leurs fleurs, et même privés de leurs fruits, et le botaniste in- décis hésite à nommer le groupe naturel qui doit contenir le végétal dont il admire les formes et les proportions. A part les parasites aux fleurs éclatantes et parfois au feuillage co- loré, on est frappé du petit nombre de végétaux fleuris que renferment les forêts vierges. Ce qui étonne celui qui parcourt ces grands centres de créations végétales, c’est la multitude de plantes sarmen- teuses , volubiles et grimpantes qu'il aperçoit de tous côtés, et qui parfois rendent sa marche impossible; c’est le nom- bre des plantes parasites et aériennes qui cachent partout la LL 30 466 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. mort et la vieillesse sous la fraicheur d’un feuillage étranger et sous les vives couleurs de fleurs parfumées ; c’est la pro- portion remarquable de végétaux armés, de ces plantes mu- nies d’aiguillons, de poils piquants ou de dangereuses épines ; c’est l’ensemble de cette végétation qui semble fuir la terre et qui cache le bleu du ciel. Si ces contrastes éveillent à la fois sa curiosité et son ad- miration , une émotion plus profonde s'empare de ses sens quand il cherche à démêler la diversité des formes végétales qui décorent la terre. Presque toutes les familles s’y mon- trent sous la forme arborescente, et le voyageur qui pour- rait parcourir la zone tropicale africaine, encore si peu con- nue, l'Amérique équinoxiale, la partie chaude de la Nouvelle- Hollande, les grandes îles de l’Asie équatoriale et les vastes régions des Indes , verrait le règne végétal se montrer dans toute sa diversité, et des plantes ligneuses représenter, dans l'une ou l’autre de ces contrées, les formes herbacées aux- quelles ses yeux sont habitués. Il est toutefois de ces types qui dépassent à peine les tro- piques, et qui dominent tellement les autres formes, qu’elles commandent même l'admiration des personnes qui sont étrangères à l'étude de la nature. | Tels sont les palmiers ; 1ls occupent toute la zone torride dans les plaines, et jusqu’à la hauteur de 1,000 mètres sous une température moyenne de 19° à 28°, dont le minimum ne descend pas, pendant les nuits d’hiver, au-dessous de 15°. Un petit nombre d'espèces s'élève, dans les Andes, jusqu'à 2,600 mètres. Cette belle famille envoie pourtant quel- ques espèces en dehors des tropiques. De ce nombre est le Phœnix dactylifera, le Chamærops humilis, le C. Pal- metto, l'Areca Novæ-Zelandiæ, et les palmiers récemment découverts dans l'Himalaya. Ces plantes supportent des tem- FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. 467 pératures moyennes de 16° à 17°, et habitent des contrées où la neige peut quelquefois couvrir le sol pendant plusieurs Jours. Ce n’est cependant que dans les parties les plus chaudes du monde que cette belle famille acquiert tout son déve- loppement. Un palmier, remarquable par sa beauté, imprime aux paysages de la Havane un aspect particulier ; c’est l’Oreo- doæa regia , Humb. et Bonpl., qui paraît formé de deux colonnes superposées, et sa magnificence lui a fait donner le nom de Palma real. Il s'élève jusqu’à 26 mètres , et son stipe, un peu renflé au milieu et blanchâtre à la base, se charge de couleurs au sommet , et devient d’un vert tendre dù au rapprochement et à la dilatation des pétioles de ses feuilles. Celles-ci, d’un vert panaché, s’élancent droit vers le ciel, puis se courbent gracieusement au sommet. C’est un Mauritia qui couvre le delta de l'Orénoque , et fournit aux habitants leur sagou et leurs tissus. C’est un palmier des marécages qui remonte jusqu'aux sources de ce fleuve. « Dans le temps des inondations, dit M. de Humboldt, » ces bouquets de Mauritia à feuilles en éventail, offrent » l'aspect d’une forêt qui sort du sein des eaux. Le naviga- » teur en traversant de nuit les canaux du delta de l’Oréno- » que, voit avec surprise de grands feux éclairer la cime des » palmiers. Ce sont les habitations des Guaraons sus- » pendus au tronc des arbres. Ces peuples tendent des » nattes en l'air, les remplissent de terre, et allument sur » une couche humide de glaise , le feu nécessaire pour lés » besoins de leur ménage. Depuis des siècles ils doivent leur » liberté et leur indépendance politique au sol mouvant et » fangeux qu'ils parcourent dans le temps de sécheresse , 468 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » et sur lequel eux seuls savent marcher en sûreté , à-Jeur » isolement dans le delta de l'Orénoque, à leur séjour sur » les arbres. | » Ce palmier ne procure pas seulement à ces peuples » une habitation sûre pendant les grandes crues de POré- » noque, mais il leur offre aussi dans ses fruits écailleux, » dans sa moelle farineuse , dans son suc abondant en ma- » tière sucrée, enfin dans les fibres de ses pétioles, des » aliments, du vin et du fil propre à faire des cordes et à » tresser des hamacs. Ces habitudes des Indiens du delta de » l’Orénoque se retrouvaient jadis dans le golfe de Darien » {Uraba), et dans la plupart des terrains inondés, entre » le Guarapiche et les bouches de l’Amazone. Il est curieux » de voir, au plus bas degré de la civilisation humaine, » l'existence de toute une peuplade dépendre d’une seule » espèce de palmier, semblable à ces insectes qui ne se » nourrissent que d’une même fleur, d'une même partie d’un » végétal (4). » Ce groupement de nombreux individus dont la réunion constitue les arbres , l’arrangement symétrique des êtres qui se réunissent ainsi d’après certaines lois de symétrie , est d’autant plus intéressant à étudier, que les arbres donnent leur caractère au paysage par leur port et par leur feuillage, bien plus que par leurs fleurs. A l’exception de quelques plan- tes sociales, telles que les genêts et les bruyères, dont les fleurs excessivement multipliées couvrent momentanément les rameaux , la robe des campagnes est le vert sous ces nuances diverses ; il n’est pas étonnant qu’un arbre à feuil- les colorées, un palmier surtout, modifie le paysage de la contrée où il végète. Tel est le Mauritia aculeata rencontré (4) Humboldt, Voy. aux rég. équinoxiales, t. 8, p. 565. FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. 469 par M. de Humboldt sur les bords du Tenis, l'un des affluents de l’Orénoque. Ses feuilles portées sur un stipe hérissé d’é- pines , sont en forme d’éventails inclinés vers la terre. Cha- cune d’elles offre vers son centre, par l'effet d’une maladie du parenchyme, des cercles concentriques alternativement jaunes et bleus. Le jaune domine vers le centre. « Nous fûmes » singulièrement frappés de cet aspect. Ces feuilles colo- » rées comme la queue du paon, sont portées par des troncs » courts et extrêmement épais. Ce palmier est distribué par » groupes de douze à quinze troncs qui sont rapprochés » comme s'ils naïssaient des mêmes racines. Par leur port, » par la forme et la rareté de leurs feuilles, ces arbres res- » semblent aux lataniers et aux Chamærops de l’ancien » continent. » Ajoutez à ces faisceaux colorés les stipes élancés du pal- mier Pirijao , dont les régimes semblent porter des pêches colorées , et vous aurez une idée des effets grandioses de ces terres équinoxiales habitées par les princes du règne végétal. Parmi les palmiers aux larges feuilles se présentent les lataniers , dont l’aspect est si pittoresque. Le Latania bor- bonica, le type de ce beau genre, habite les îles de l'Océan indien, entre Madagascar et l’archipel de la Sonde ; le cu- rieux L. sinensis s'étend sur les côtes sablonneuses et mari- times de la Chine ; rien de plus singulier que ses feuilles dis- posées en faisceaux, pétiolées, palmées ou demi-ailées. Les jeunes sont plissées en éventail , les autres s’ouvrent, s’éten- dent, et munies de longues pointes , elles figurent des soleils rayonnants. Les Areca aux tiges élancées déploient leurs panaches. Les Areca rubra, À. lutescens, A. sapida, A. Cathecu, À. javanica, forment des groupes ou des bosquets sur les rivages des Indes ou sur les îles asiatiques qui avoisinent l'Océanie. 470 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Les Cocos campestris, C. oleracea, C. fleæuosa, C. plu- mosa étalent leurs cimes aériennes sous le ciel azuré du Bré- sil; le Ceroxylon andicola monte sur les Cordilières à de grandes hauteurs, où son stipe couvert de cire peut attein- dre jusqu’à 60 mètres d’élévation. Dans l’île de Ceylan et sur la côte du Malabar, croit le Corypha umbraculifera, le plus bel arbre peut-être de cette admirable famille, si toutefois on peut nommer ainsi un végétal dont l'existence est aussi limitée. Il offre d'immenses parasols impénétrables aux rayons du soleil des tropiques, et se couronne d’une guirlande de fleurs auxquelles succè- dent des fruits qui emploient plus d’une année pour acqué- rir leur maturité ; singulière production de la nature, qui chaque année, sous le climat le plus chaud du monde, pro- duit une élégante couronne de vastes parasols, et qui, semblable aux agaves de l'Amérique, s’éteint pour toujours dès que ses fleurs viennent à éclore, et que ses fruits ont as- suré de futures générations. Les Chamædorea, d’une plus humble stature, étalent au Brésil et au Pérou leur verdoyant feuillage , les grappes dorées de leurs fleurs , et leurs fruits bleus. Près des palmiers se trouvent les formes étrangères des Pandanus, avec leurs feuilles fasciculées , bordées d’épines rouges et transparentes, et leurs faisceaux de racines élevées au-dessus du sol ; ils se multiplient à l'infini aux Indes et à Madagascar. Les Typhacées, qui dans nos contrées sont des plantes aquatiques et herbacées, rappellent encore ici la beauté des palmiers. Les Phytelephas aux lourdes semences d'ivoire, y for- ment des arbres dont le port est celui des Pandanus, famille étrangère aux contrées tempérées. FORÊTS DE LA ZONE TORRIDE. 471 Les Aloes, les Yucca , les Aletris, les Dracæna , nous étonnent par le volume de leurs feuilles ou les dimensions de leurs tiges. De grands Dracæna , dont plusieurs offrent un feuillage étincelant de couleur , nous donnent une idée de la végétation des Indes et des îles africaines , tandis que les Vucca sont pour la plupart originaires de l’Amé- rique du sud. La véritable patrie des aroides est aussi la zone équi- noxiale du nouveau monde. L'abondance des pluies et l’ombre ténébreuse des vastes forêts y développent une grande quantité de Pothos et de Caladium qui acquièrent des proportions gigantesques , tandis que les genres Arum, Calla, Pistia, etc., appartien- nent principalement à la zone tempérée, entre 30 et 45 degrés. L'élégante famille des fougères abonde en végétaux li- gneux , qui loin de cacher sous la terre des rhizomes ram- pants comme le font les espèces des zones tempérées , élè- vent des stipes élancés, et se couronnent comme les pal- miers de feuilles découpées et symétriquement disposées ; d’autres plus humbles s’abritent sous ces frondes immenses, et se mêlent aux Tillandsia, aux Puya et à quelques au- tres broméhacées, faisant ainsi le complément des forêts vierges. Les formes qui nous paraissent les plus extraordinaires dans cette végétation arborescente des pays chauds, appar- tiennent comme on le voit aux plantes monocotylédones, En effet, et sans que nous en connaissions la cause, à me- sure que nous nous éloignons des tropiques , les espèces de cette grande classe de végétaux augmentent en nombre et diminuent de grandeur. Mais il existe aussi parmi les dycotylédones des formes 472 PHENOMÈNES DE DURÉE. particulières aux régions chaudes . du globe. Les Cycas et les Zamia sont disséminés sur la terre , les uns originaires des Indes, des Moluques et de Madagascar, les autres de l'Amérique australe. Ce sont les représentants de ces nom- breuses espèces qui, dans la période des terrains jurassiques, imprimaient au paysage leur singulière physionomie, comme les fougères arborescentes et de gigantesques lycopodiacées nous reportent à ces forêts primitives que les siècles ont en- sevelies. Nous n’avons rien de comparable aux monstrueux Adan- sonia de l'Afrique équatoriale, rien qui rappelle même les bombacées dont il fait partie. Le mode de végétation des Ficus , et surtout de ces énor- mes figuiers des pagodes nous transporte immédiatement dans les contrées chaudes de l'Asie. Les euphorbes char- nues et arborescentes nous conduisent dans les îles africai- nes, tandis que les Eriodendrum , les Terminaha, les Ca- lophyllum, les Cecropia, les Sloanea, véritables géants des forêts vierges, nous ramènent encore sur le continent amé- ricain. Les myrtacées, qui dans l’Europe australe sont à peme représentées par un arbrisseau, forment à la Nouvelle-Hol- lande des forêts étendues. Là se présentent aussi ces étranges Casuarina qui s’avan- cent jusque dans l'Asie méridionale , bien différents de nos Ephedra, de notre Polygonum equisetiforme , et de nos presles herbacées. Les Bancksia, les Diandra si nombreux en espèces sont encore de singulières productions du monde austral de la Nouvelle-Hollande , où se trouvent, parmi les Eucalyptus les plus gigantesques végétaux, et où leurs feuil- les grises et coriaces se présentent verticalement aux rayons, du soleil. FORÊTS DE LA ZONE TEMPÉRÉE. 1173 Les Aralia, disséminés sur diverses parties du globe, montrent aux yeux étonnés des Européens leurs formes par- ticulières si différentes de celles des autres végétaux. L’A4. macrophylla rappelle les larges feuilles du ricin, l'A. lanigera également palmé a des feuilles presque grasses et charnues, celles de l'A. reticulatà sont dentelées, à limbe réticulé, et d’autres Aralia à longues feuilles rembrunies font encore partie des associations bizarres que nous montrent les terres de l'Océanie. Les conifères, plus spéciales aux zones tempérées, ont pour- tant des représentants dans les parties chaudes de la terre. Le Brésil, le Chi, la Nouvelle-Hollande ont leurs espèces particulières, dont les rameaux verticillés, couverts de feuilles persistantes et régulières s'élèvent majestueusement vers le ciel , ou s’abaissent doucement vers la terre. Quelques conifères aux feuilles dures et rougeûtres offrent un effet de la végétation de la Nouvelle-Zélande. Mais nous sortons ici de la zone torride, et si nous avons choisi presqu’au hasard au milieu de tant de formes étrangè- res, quelques-unes de celles qui frappent le plus nos yeux, c’est pour donner une idée de la variété qui existe dans l'association des végétaux complexes , et des lois remarqua- bles qui président à cette symétrie préméditée. $ 2. FORÈTS DE LA ZONE TEMPÉRÉE. Sous la zone tempérée, comme sous les tropiques , les forêts ne présentent toutes leurs beautés que sur les terres vierges et fertiles dont l’homme n’a pas encore violé la so- htude. Là seulement les arbres acquièrent leur grandeur et leur majesté ; là le luxe d’un vigoureux feuillage contraste avec les vieux troncs que les siècles ont vaincus, et sur les- 474 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. quels la mousse vient promptement cacher les ruines de la nature. Le lierre court en festons sur ces amas confus , et des fleurs brillantes , fuyant l’air vif des campagnes, éclosent sous leur ombre ténébreuse, et associent leur beauté au feuil- lage qui renaît tous les ans. Retraites parfois inaccessibles , les forêts sont l’asile des animaux de la création , quelquefois même du proscrit que le malheur poursuit. Le dôme feuillé des arbres devient le domicile des oiseaux , et le vieux tronc qui résiste à la vio- lence de l'ouragan, permet au zéphyr d’agiter son feuillage et d’incliner ses rameaux. Nos forêts absorbent l'humidité de la terre , elles appellent la rosée des cieux , elles puisent dans l’atmosphère les éléments de leur existence , et ren- dent au centuple ce qu’elles empruntent au sol qui semble les nourrir. Quelques forêts établissent un passage insensible entre celles de nos climats et celles des régions les plus chaudes de la terre. Ce sont celles qui, situées en dehors des tropi- ques, appartiennent encore à des contrées assez chaudes pour que l'hiver ne s’y fasse pas sentir. Telles sont les forêts des Canaries, si bien décrites par M. Berthelot. « Dans ces climats où tout concourt à exciter l’élabora- tion de la sève, une autre économie régit la marche de la végétation ; des arbres toujours verts, une croissance con- tinue , un développement rapide , sont les conséquences de cette énergie vitale qui se déploie dans toute sa plénitude. Les variations des saisons étant moins brusques, et les inter- mittences de la végétation presque inappréciables, les arbres passent sans interruption par les différentes phases de la vie, et leurs rameaux se chargent à la fois de fruits, de fleurs et de nouveaux bourgeons. Les nuages que les vents alizés chassent incessamment devant eux s’amoncellent au-dessus ER PE 7 Fu FORÊTS DE LA ZONE TEMPÉRÉE. 475 des forêts et les imbibent de vapeurs. Cette rosée salutaire, en s'infiltrant dans les couches crevassées du sol, alimente les sources qui percent de toutes parts ; elle se répand en perles brillantes sur les feuilles ; on la voit filtrer goutte à goutte des rochers couverts de capillaires. De là cet échange continuel des émanations de la terre et de l'atmosphère, ces eaux limpides qui s’échappent en petits ruisseaux des grot- tes tapissées de mousses. Et si à ces bienfaits de la nature, à cette chaleur du jour tempérée par les brises de l'Océan , se joint encore la sérénité des nuits, la tranquillité dont on jouit sous ces beaux ombrages, et cet air vivifiant qui pénètre les végétaux et qu’on respire avec tant de délices, on pourra alors se faire une idée de la physionomie de cette région. » Par leur caractère atlantique, les forêts canariennes n'ont presque plus rien de commun avec celles de nos cli- mats ; elles offrent, en général, des points de vue très-va- riés, et se groupent de la manière la plus pittoresque sur les pentes des montagnes , garnissant le fond des ravins et les anfractuosités de leurs berges. On erre longtemps sous ces massifs de verdure et parmi ces tribus d’arbres et de plantes qui se pressent et se confondent. Ces forêts, placées sur les confins de la zone tempérée , ont déjà de grandes analogies avec celles des contrées les plus chaudes des deux hémisphè- res. Les lauriers y croissent en masse, comme aux Antilles et dans quelques îles de l’archipel d'Asie. Is abondent par- tout et forment quatre espèces distinctes, auxquelles vien- nent s'unir d’autres arbres de haute futaie et plusieurs beaux arbustes : l’Ardisia excelsa, le Myrica Faya, V'Erica ar- borea , le Rhamnus glandulosus , le Visnea moccanera, le Viburnum rugosum , le Cerasus Hixa, le Boehmeria rubra et l’Olea excelsa ; mais les laurinées dominent toujours et forment le type de cette région. 476 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. » Le principal caractère de ces forêts canariennes est la présence d’arbres toujours verts et le mélange des espèces appartenant à des genres divers. Dans ce climat de transi- tion, on peut déjà observer le passage de la végétation de la zone tempérée à la zone tropicale. La multiplicité des gen- res et le pêle-méle des espèces étonnent le botaniste qui parcourt pour la première fois cette région verdoyante et ra- fraîchie (à cette hauteur) par les bruines qui se forment dans son atmosphère ; mais en même temps la similitude de for- mes organiques vient lui rappeler encore l’uniformité des forêts européennes. En effet, si l’on en excepte deux ou trois espèces , toutes les autres présentent à peu près la même structure dans le port, comme dans les parties foliacées. Ce sont, en général, des feuilles d’un vert foncé et luisant , lisses, fortes, entières, lancéolées ou fort peu découpées sur leurs bords. Presque tous les arbres portent des fruits à drupe ; leurs fleurs sont peu apparentes, mais quelques-unes répandent une odeur pénétrante, qui se rapproche déjà du parfum musqué des forêts du Nouveau-Monde (1). » Ailleurs , les forêts semblent se rapprocher davantage des nôtres. Celle d’Agua-Garcia offre, selon M. Berthelot, d’admirables fourrés. « Au milieu de cette atmosphère de ro- sée qui pénètre les plantes, la sève coule à pleins bords ; l’on dirait que la nature a voulu réunir dans ces lieux tous les éléments de production et de vie ; ce ne sont partout que des tapis de polytrics, d’hypnées, de trichomanes, de vieux troncs recouverts de hierre, Hedera canadensis, de Duvallia cana- riensis, d’Asplenium palmatum. Favorisés par la rapide décomposition des substances végétales et par les principes fécondants qui en émanent , les bolets, les agarics, les cla- (1) Berthelot, Géogr. bot. des Canaries, t. 5, p. 170. FORÊTS DE LA ZONE TEMPÉRÉE. 477 vaires, les byssus, mêlés aux lichens, aux mousses, aux jun- germanes et aux lycopodes, naissent à l’envi du sein de cette terre imbibée d’humus. » Mais rien n’est plus remarquable , dans toutes les forêts des Canaries, que les arbres groupés dans le fond de la Caldera de Palma. « Surpris d’abord du pêle-méle de la végétation dans ce vaste cratère, nous ne le fûmes pas moins à l’aspect d’un Pis- tacia atlantica , dont le tronc avait plus de 7 pieds de dia- mètre, et d’un Juniperus Cedro aussi étonnant par les di- mensions de sa base que par l'élévation extraordinaire de sa tige. Parmi les pins , qui croissent confondus avec les lau- riers, les tayas, les bruyères et les autres arbres, il y en eut un surtout qui fit plus particulièrement notre admiration. IL avait pris racine sur les bords du torrent qui traverse la Caldera ; ses branches robustes s’étalaient en larges rameaux et ombrageaient un immense espace ; les plus basses étaient recourbées jusqu'à terre, et formaient une voüte de verdure qui eût pu abriter tout un troupeau. Cet arbre si imposant était peut-être contemporain des dernières révolutions qui avaient bouleversé ses alentours. Ce fut au pied de son tronc colossal que nous nous établimes pour passer la nuit. De là, nous découvrions la plus grande partie de l’enceinte ; en face s’élevaient des pics menaçants, des rochers entassés , des montagnes sur d’autres montagnes ; des groupes de végé- taux composés d’espèces disparates, garnissaient toutes les berges et couronnaient les masses de basalte dont nous étions entourés, tandis qu’au-dessus régnait l’aridité la plus af- freuse. Nous voyons là, pour la première fois, les dattiers à côté des pins , et les plantes du littoral mêlées à celles de la haute région. Nous devons en convenir, malgré ce que nous avons déjà dit de ces lieux et de leur aspect sauvage, on 478 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. n'aura encore qu'une bien faible idée de l'impression qu’ils nous causèrent. Par son caractère grandiose , la végétation de la Caldera porte avec elle le cachet d’une nature indé- pendante et forte de sa liberté; ses principales beautés con- sistent dans le gigantesque de ses formes, dans la bizarre dissémination de ses produits, et plus encore dans les con- trastes qui résultent de ce désordre de création (1). » Nous n'avons pas, dans nos contrées tempérées, cette multitude de végétaux arborescents qui dominent sous la zone torride et jusque dans la partie chaude de notre zone tempérée. Quelques familles seulement produisent les arbres qui forment nos bois ; les amentacées , les acéracées, les ro- sacées, un petit nombre de rhamnées et de célastrinées, quel- ques tiliacées, oléacées et aquifoliacées, des éricacées et des conifères , voilà les groupes qui figurent dans les associations ligneuses, et parmi eux les amentacées et les comfères sont les seuls qui aient de l'importance dans la composition des futaies. Nous ne reviendrons pas sur les tableaux de la végétation de ces forêts européennes ; nous avons décrit en détail celles du plateau central de la France , et les autres ne présentent que des différences insignifiantes. | Il est remarquable que dans ces forêts européennes cha- cune d’elles ne soit formée que d’un petit nombre d’arbres , quelquelois même d’un seul, dont les individus sont multi- pliés à l'infini. Quelques parties de la zone torride offrent le même phénomène ; il n’a pas échappé à M. d’Orbigny : 1l cite, en Amérique, d'immenses forêts, telles que le Monte- Grande, près Santa-Cruz, qui sont composées , comme les nôtres, par un très-petit nombre d’espèces excessivement (4) Berthelot, local. citée , 1. 5, p. 145. FORÊTS DE LA ZONE TEMPÉREE. 479 répandues. Ce sont des plantes sociales par excellence, cou- vrant jusqu’à plusieurs centaines de lieues. La variété ne se montre que si le terrain n’est pas uniforme et si les condi- tions d'existence sont elles-mêmes variées. Ces forêts con- tiennent aussi un petit nombre d’espèces d'animaux. « I » faut, dit M. d'Orbigny, pour qu’une forêt soit animée , » qu'on voie s'y succéder fréquemment des plaines, des » cours d’eau ou de fortes inégalités de terrain (1). » Cette monotonie , qui est l’exception pour la zone équa- toriale, est le caractère dominant des forêts européennes. On a vu le petit nombre d’espèces qui se développent sous les futaies du plateau central. Nous avons parcouru des espaces considérables en Belgique, dans la vaste forêt des Ardennes, sans trouver autre chose que des groupes de Trientalis eu- ropæa , d’Asperula odorata , d’Anemone nemorosa , et de quelques autres espèces. Nous avons vu, en Danemark, des bois de hêtres sous lesquels il n’existe que des luzules et une ou deux espèces de Rubus. M. Lloyd signale, aux en- virons de Nantes , d'immenses forêts monotones, où, après plusieurs lieues de marche , on parvient à trouver quelques pieds de : Lysimacha remorum, Androsæmum officinale, Asperula odorata, Convallaria maialis, Veronica montana. Les arbres eux-mêmes semblent se trier, et nous avons en Europe des forêts de chênes à feuilles caduques, de chênes à feuilles persistantes, de hètres, de bouleaux, de sapins, de pins, de mélèze , et quoique chacune de ces espèces en ad- mette d’autres avec elle, il arrive souvent que les arbres to- lérés restent sur la lisière ou garnissent les clairières, et dé- cèlent enfin, par leur manière d’être , un état de subordina- tion que l’on ne peut contester. (4) Voyage , t. 2, p. 584. 480 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. Envisagées sous le rapport des caractères qu’elles donnent au paysage, les forêts des zones tempérées peuvent se par- tager en deux classes, celles qui sont formées d’essences à feuilles caduques et celles qui résultent de l’association des conifères. Les premières ont un aspect plus riant et moins mono- tone que les secondes ; l’aspect de chaque espèce d’arbre est différent : ils impriment, en hiver comme en été, un cachet tout particulier au paysage. Leur port et leur élégance sont extrêmement variables. En général, ceux dont les branches, par suite de la disposition des feuilles et des bourgeons, sont constamment opposées , offrent une régularité qui ne plaît pas autant que l'espèce d'abandon et de négligence appa- rents que l’on retrouve dans les autres. La position des bourgeons , leur avortement ou leur dé- veloppement relatifs, sont les causes de ces aspects si divers que nous offre la cime des arbres quand ils sont dépouillés de leurs feuilles. Comme chaque feuille produit un bourgeon à son aisselle, et que chaque bourgeon est l’origine d’une branche, il sem- blerait que le nombre des rameaux doit s’accroître chaque année en progression géométrique. Il est pourtant très-rare qu'il en soit ainsi, parce que de nombreux bourgeons avor- tent , et quelquefois avec une telle constance , qu'ils offrent des caractères certains pour reconnaître les espèces ou au moins les genres d’arbres auxquels ils appartiennent. Il est extrémement curieux d'étudier, sous ce point de vue, ces grandes associations arborescentes d'individus, et de recher- cher les lois suivant lesquelles ils se réunissent , s’associent ou se combattent. Il en est où tout paraît également partagé. Dans les or- mes, les Celtis, les Planera, l’ordre remarquable qui règne FORÊTS DE LA ZONE TEMPÉRÉE. 481 dans l’arrangement des feuilles, et par conséquent dans la disposition des bourgeons , leur permet à tous de se déve- lopper, et l’augmentation annuelle des rameaux devient plus grande qu’une progression géométrique. Ainsi, la cime d’un orme est très-légère, couverte d’une multitude de rami- fications déhées, qui rendent ces arbres très-élégants. Il n’en est pas de même du chêne, où les jeunes pousses ne peuvent pas toutes se développer, et où l’on trouve des avor- tements constants. Aussi les branches des chênes sont tor- tueuses, irrégulières, ne se prolongent pas d’un seul jet par l'allongement du bourgeon terminal , parce que les bour- geons latéraux font très-souvent périr de faim le germe qui existe au sommet de la branche , et comme souvent aussi, même après l'apparition des feuilles, des jeunes pousses res- tent rabougries, il en est quelques-unes seulement qui s’ac- croissent et qui fructifient. En considérant toujours les ar- bres comme des aggrégations d'individus, on voit que dans les chênes un grand nombre d’entr’eux ne se reproduisent pas, et meurent après avoir langui pendant quelques mois. Ily a bien longtemps que l’illustre de Candolle a fait re- marquer la différence qui existe entre les feuilles adhérentes qui persistent et celles qui sont articulées et qui tombent. Le paysage d’hiver doit à cette simple circonstance une phy- sionomie toute particulière, comme celui d'automne doit une partie de son charme aux divers modes de coloration des organes foliacés. Les forêts d'amentacées, que nous opposons en ce mo- ment à celles de conifères, nous montrent, dans quelques- unes de leurs espèces, une floraison précoce qui devance l'épanouissement des feuilles et change l'aspect des lieux. Les peupliers, les saules, les aulnes , les noisetiers fleuris- sent avant l’apparition de leurs feuilles , donnant ainsi aux Il 31 182 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. forêts un aspect particulier qui signale l’arrivée du printemps et prélude à l'ouverture des bourgeons des chênes et des hêtres, qui fleurissent dès que leurs jeunes feuilles se sont étendues. Alors pendant quelque temps la campagne entière se mon- tre d’un vert pur et uniforme , le feuillage des arbres perd sa nuance jaune des jours précédents. L’herbe des prairies devance toujours les feuilles pour se colorer en vert. Le bleu y pénètre plus tôt; mais comme les feuilles de la plupart des arbres prennent ensuite plus de bleu, et que la teinte foncée de leur verdure dépasse celle du gazon, il arrive un point où il y a harmonie et sorte d’unisson entre les teintes vertes. Ce n’est pas l’époque de la plus belle parure des campagnes, mais c’est le moment de leur plus grande fraicheur. Les forêts d'arbres verts ont un caractère bien différent de celles qui sont formées par des arbres à feuilles cadu- ques. Tantôt ce sont des chênes verts, des lauriers, des myrthes, des Phyllirea, des Arbutus ou des arbrisseaux à feuilles pointues et persistantes ; tels sont les bois du midi de l’Eu- rope, si toutefois on peut appeler ainsi des réunions si diffé- rentes de nos sombres forêts de sapins. Tantôt ce sont des pins qui se réunissent en grand nom- bre, qui s’associent à des Erica, à des Genista, et couvrent des landes ou de vastes terrains sablonneux. Enfin, ce sont les sapins, dont trois espèces semblent des- tinées à trois régions européennes , l'Abies Pinsapo pour la pointe australe de ce continent, l’Abies excelsa pour le nord et l’Abies pectinata pour le centre. Ces arbres forment de véritables et sombres forêts, seit les lisières seules sont garnies d’autres arbres. L’Abies pectinata couvre de grandes étendues de terrains FORÊTS DE LA ZONE TEMPÉRÉE. 483 dans le centre de la France, et des plantes aujourd'hui civi- lisées, qui semblent suivre l’homme dans ses cultures et dans ses migrations, trouvent sous leur abri leur station origi- naire. Le guy, si commun sur nos pommiers, est parasite sur cet arbre résineux, et l’abandonne pour envahir nos ver- gers ; le Rumex alpinus s’est échappé de leurs clairières pour se développer outre mesure autour des châlets et des cabanes des pâtres. Le sapin est avec le hêtre l'arbre le plus fertilisant, celui qui , par la chute de ses feuilles, produit la plus grande quantité de terreau noir ou d’humus. Il s’en faut que les chênes , les bouleaux et même le mélèze, qui perd ses feuil- les tous les ans, améliorent le terrain autant que les deux espèces que nous venons de citer. Cette production de ter- reau a une très-grande influence sur la végétation némorale, aussi trouve-t-on dans les bois de hêtre et de sapin des plantes qui ne croissent pas dans les autres forêts. C’est sur cet humus des forêts que naissent tous les ans pendant l’automne ces légions de champignons si curieux par leur nombre et leurs formes variées. La décomposition des feuilles résineuses constitue pour eux un sol perméable dans lequel s’étend leur Mycelium, et au-dessus duquel paraissent tour à tour les chapeaux colorés des agarics , les volumineux bolets, les gracieuses pezizes , les Clavaria aux fines découpures , et cette foule de Fungus aux mille cou- leurs , qui dénotent la facilité avec laquelle la nature se joue des formes qu’elle sait créer et anéantir en peu d’instants. De larges tapis de mousse formés surtout d’Hyprum aux tiges enlacées s'étendent en gazon continu sous l’om- brage des bois ; les vieux troncs sont cachés sous de fines jungermannes ou envahis par les rhizomes traçants et les feuilles ternées de l’Oxalis Acetosella. 484 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. L'humidité qui règne dans ces forêts ténébreuses per- met le développement de lichens multipliés qui se couvrent de fructifications. Des Lobaria , des Sticta, des Parmelia cachent la vieille écorce des sapins, de charmants Stereocau- lon croissent à leur pied, et de longs Usnea, des Cornicu- laria, semblables à des barbes grises, pendent de toutes les branches et s’attachent même aux feuilles adhérentes qui ont vieilli. Dans les hautes montagnes où les forêts ne peuvent pas atteindre les zones supérieures, les sapins abandonnent aux mélèzes, aux bouleaux et aux genévriers , les derniers gra- dins de la végétation. Souvent des ceintures de Rhododen- drum les surmontent encore ; et qui n’a pas été frappé d’ad- miration en parcourant les Alpes et les Pyrénées, de rencon- trer ces larges bandes d’arbrisseaux aux fleurs carminées. Enfin des saules rampants comme ceux qui osent s’approcher des glaces polaires, terminent sous les zones tempérées la végétation arborescente des montagnes. $ 3. FORÈTS DE LA PARTIE BORÉALE DE LA ZONE TEMPÉRÉE ET DE LA ZONE GLACIALE. Les forêts qui recouvrent des parties plus ou moins éten- dues du centre de l’Europe, s'étendent encore dans sa partie septentrionale, et elles envahiraient la zone glaciale entière si la rigueur du climat ne s’opposait pas au développement de la végétation arborescente. Déjà nous avons remarqué qu’un certain nombre de plan- tes ligneuses restent confinées dans le midi de l’Europe, autour de la Méditerranée, et de ce nomhre sont des pins, les chènes verts, le myrte, l’arbousier, le Celtis, le Cha- mærops et beaucoup d’autres espèces encore. FORÊTS DE LA ZONE BORÉALE. 185 A mesure que l’on avance vers le nord , d’autres espèces atteignent leurs limites d'extension septentrionale, et les forêts sont privées successivement du Carpinus, du peuplier blanc, de l’Abies pectinata , des hêtres , des érables, des tilleuls et des frênes , de l’orme et des chênes. Au delà vit encore le mélèse, l’Abies excelsa, le Pinus sylvestris ; et les dernières plantes ligneuses sont des bouleaux, des genévriers , des saules rampants et l’élégant sorbier des oiseleurs. Ceux de ces arbres qui résistent au climat s'associent comme dans le centre de l’Europe, et composent des forêts d'autant plus étendues, que la civilisation moins développée ne s'oppose pas à leur extension envahissante. Des espèces herbacées, dont le nombre diminue à mesure que l’on avance vers le nord, vivent au milieu de ces arbres et y cherchent un abri. Tant que la latitude n’a pas arrêté l'expansion géographi- que des chênes et des hêtres, rien dans l’aspect de ces asso- ciations arborescentes ne diffère des bois que nous connais- sons. Au delà même de cette limite, où le chêne pédonculé, plus robuste que l’autre , vient s’arrêter , il existe encore d'immenses étendues couvertes de bois. Des sapins d’une hauteur prodigieuse se rapprochent et confondent leurs branches allongées qui viennent toucher la terre ; les pins s’y mêlent, et tantôt libres et élancés, tantôt gênés et ra- bougris, tout couverts de nombreux lichens, ils obstruent la forêt et la rendent impénétrable. Des Cenomice blanchä- tres allongés et rameux forment sur le sol un tapis d’une grande épaisseur qui plie et cède mollement sous les pieds du voyageur quand la pluie vient ramollir son tissu , et qui se brise en pétillant si la sécheresse en a raïdi les fibres. De larges coussins de mousse, de Sphagnum, de Dicranum ou d’Hypnum enlacés, occupent d’autres cantons et cachent de 486 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. profonds et vastes marécages. Immenses et majestueuses s0- litudes qui frappent votre âme; on contemple avec admira- tion dans ces forêts d'arbres verts cette silencieuse fierté, ce deuil éternel des géants de la terre, que le temps seulsabat sur le sol, et couvre bientôt de mousses envahissantes, voile funéraire mais brillant de ces grands cadavres de la végéta- tion. La nature y cache encore ses ravages sous l’aspect de la vie. Elle aime à répéter à de grandes distances, peut-être même sur des corps célestes que nous ne connaîtrons jamais, ses grands tableaux de la végétation du monde. Si le voya- geur admis par exception dans ces vastes solitudes du nord, y rencontre un cours d’eau traçant sa marche sinueuse, il y verra que ce n’est pas seulement sous les tropiques que les rivières s’écoulent sous des berceaux de verdure. La rivière Muonio en Laponie coule sur plusieurs points dans un canal étroit, où l’on voit les saules et les arbustes dont ses deux rives sont couvertes, se courber, s’attirer par une sorte de sympathie, et former de leurs branches enlacées un ber- ceau que la main de l’art semble avoir arrondi , et dont la fraîche obscurité arrête les rayons du soleil d’été. Au delà de ces forêts d’arbres verts qui vivent protégées par la résine dont toutes leurs parties sont imprégnées , on trouve encore des landes sans fin parsemées de genévriers ; mais l'arbre qui donne à ces tristes contrées un reste de vie, est le bouleau qui pendant l’hiver lutte de blancheur par son écorce, avec le givre attaché à ses rameaux , et qui pendant l’été des régions polaires, montre le vert tendre de ses feuil- les au-dessus des nappes de neige étendues sur le sol. Cet arbre résiste avec constance aux vicissitudes du climat; 1l s'élève, se courbe, s'incline, il rampe sur le sol, s’abrite sous les pierres ; il s'attache à la vie et ne veut pas périr. Ses rameaux pendants et mobiles balancent leur feuillage FORÊTS DE LA ZONE BORÉALE. 487 sous l'impulsion du vent du nord, et ses graines qui ne mü- rissent pas toujours, descendent avec les neiges de l'automne ou restent fixéessur les branches jusqu’au dégel que ramène le printemps. Tantôt il se mélange au Pinus sylvestris qui arrive aux dernières limites de son aire d’extension , tantôt il vit seul et compose de gracieux bosquets. Les buissons fleuris du Rhododendrum lapponicum qui décorent les Alpes d’une partie plus méridionale de la La- ponie, se sont arrêtés depuis longtemps, mais un arbre élé- gant vit encore dans ces solitudes glacées. Le Sorbus Au- cuparia se montre dispersé, conservant longtemps ses feuilles chaudement enveloppées sous les tuniques de son bourgeon. Il ouvre au commencement de l'été ses grappes de corolles blanches et rosacées. Les insectes qui viennent aussi d’é- clore arrivent en foule sur ces corymbes neigeux , et ne ces- sent de bourdonner sur les chatons dorés et odorants du Salix lanata. Les campagnes glacées du nord sont alors dans toute leur splendeur ; le soleil constamment sur l’ho- rizon , active l’évolution de tous les germes et de tous les bourgeons ; non-seulement le Salix lanata, le plus beau de tous les saules, montre ses innombrables chatons dressés sur le sommet de ses rameaux, mais il ouvre déjà les bour- geons d’où sortent ses feuilles argentées qui contrastent par leur éclat soyeux avec le jaune pur de ses étamines. Quel- ques satyres aux ailes demi-transparentes viennent aussi vol- tiger sur ces parterres momentanés. Le nord de l’Europe, au delà du cercle polaire, est la patrie des saules ; ceux-ci, rampants et presque herbacés, constituent des pelouses ou des buissons, se mêlent au Be- tula nana qui remplace le B. alba et le B. pubescens, au Juniperus nana représentant polaire ou alpin du J. commu- 488 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. ns , et à quelques Vaccimées, et la plupart de ces arbris- seaux rampants ou rabougris atteignent le cap nord. L'Islande, jetée comme un point de repos entre les extré- mités nord de deux grands continents, est presque dépour- vue de végétation arborescente. Le Juniperus nana est le seul conifère que l'on y rencontre; il n’y atteint en ram- pant que 18 à 20 pouces de longueur ; cet arbuste ne croît guère qu’au milieu des accidents de terrain ou des aspéri- tés qu'offrent les coulées de lave (1). Les bouleaux y végètent comme en Laponie , mais avec moins de vigueur ; le sorbier est l’arbre le plus élevé qu’on y remarque, mais il cesse avant d'atteindre la pointe septen- trionale de l’île. Les saules sont de tous les végétaux arborescents ceux qui s'étendent le plus. Différentes espèces vivent en Islande. Le Sahx caprea croît simultanément avec le bouleau, mais se trouve partout dans les montagnes à une plus grande élévation. Il croît aussi dans les vallées et sur le bord des rivières, et donne souvent au terrain sur lequel il se trouve l'aspect de champs de jeune luzerne ; d’autres espèces, pour ainsi dire indéterminables, situées dans des lieux voisins des neiges perpétuelles , sans apparence de feuilles, rampantes et noirâtres comme la roche qu’elles recouvrent, seraient prises plutôt pour des paquets de radicelles que pour de véritables arbustes (2). « En général, dit M.E. Robert; sauf quelques rares excep- tions , les plantes herbacées , aussi bien que les arbustes, n’acquièrent en Islande que de très-petites dimensions ; (4) Robert, Voyage en Islande , p. 538. (2) Id. , p. 540. FORÊTS DE LA ZONE BORÉALE. 489 beaucoup des premières ne dépassent pas un pouce de hau- teur, c’est à peine si l’on peut les saisir avec les doigts. Ce- pendant, dans le fond des cratères éteints, sur leurs parois internes, au milieu des coulées de lave, et notamment dans les fentes et les excavations qui s’y sont formées, plusieurs plantes prennent, dans ces espèces de serres chaudes, rela- tivement à la condition atmosphérique et générale de l’île , un développement comparable à celui que des plantes sem- blables sont susceptibles d'acquérir dans nos campagnes, preuve non moins évidente du grand rôle que jouent les vents en Islande. Ce sont principalement les fougères Polystichum Filix-mas et Asplenium Filix-fœmina , le Paris quadrifolia, le Geranium pratense qui m'ont offert ces exemples. Dans le fond du cratère de Stadahraun, lArbutus était en pleine fleur, tandis qu’il épanouissait à peine ses boutons au pied du même volcan, et cependant, dans le premier cas , il recevait à peine, ou même pas du tout les rayons solaires (1). » Enfin , au delà même du cap Nord et de l'Islande, sur l'île inhospitalière du Spitzherg, des arbustes rampants, tels que le Salix polaris, l'Empetrum nigrum, etc., vi- vent engourdis sous des neiges persistantes sans pouvoir développer tous les ans leurs bourgeons et leurs fleurs, et n’amenant qu'à de longs et de rares intervalles leurs fruits à une complète maturité. Le nord de l'Asie , l'extrémité boréale de l'Amérique , l'île Melville offrent un tapis végétal en tout semblable à celui qui couvre les régions septentrionales de l'Europe. Si les espèces de leur flore sont quelquelois différentes, leurs as- sociations, leur port , leurs caractères saillants sont absolu- (1) E. Robert, Voy. en Islande, p. 550. 490 PHENOMÈNES DE DURÉE. ment les mêmes. Toute la végétation est dominée par le climat ; elle se plie à ses caprices, s’accoutume à sa ri- gueur, et cherche à cacher la nudité de la terre sans oser s’élancer dans une atmosphère ennemie. Nous l’avons dit souvent, les mêmes tableaux se repro- duisent à de grandes distances. Que l’on traverse les deux zones tempérées et la ceinture brillante des régions tropi- cales pour arriver dans le sud de l’hémisphère austral , on sera frappé de la ressemblance de ces lieux désolés. Mais à peine si quelques îles se montrent au-dessus de l'Océan, et à latitude égale les espèces arborescentes y sont infiniment plus rares que dans l’hémisphère septentrional. Les Malouines situées seulement par 52° de latitude sud, n'ont que six espèces ligneuses , et encore ce sont des plan- tes qui s'élèvent à peine, et qui rampent sur la terre comme les saules du Spitzherg , et cependant la température des- cend rarement au-dessous de 0, elle atteint souvent + 15°; le Chiliotrichum amelloidum, le Veronica decussata , l Em- petrum rubrum , le Pernettia empetrifolia, le Baccharis tridentata, et le Myrtus Nummularia, constituent les forêts en miniature de ces tristes contrées ; c’est à peine si ces es- pèces ligneuses se distinguent du Festuca erecta et des Arundo antarctica et pilosa, graminées vivaces qui se mê- lent aux six espèces que nous venons de citer, et qui for- ment partout un tapis court et serré sur lequel les ouragans qui soufllent avec continuité sont sans prise et sans action. Ainsi cessent les arbres à latitude inégale vers les deux pôles de la terre ; mais si la végétation arborescente s’efface des terres antarctiques , elle paraît remplacée par des asso- ciations marines qui, plongées dans un milieu tempéré, ac- quièrent un développement extraordinaire. On savait que les algues atteignent d'immenses proportions , et que quel- FORÊTS DE LA ZONE BORÉALE. 491 ques-unes d’entr'elles , ressemblant pour l'étendue aux lianes des tropiques, ont plus de 200 mètres de longueur ; mais on ignorait, avant le voyage de M. Dalton Hooker, que des plantes marines semblables à des arbres, végétaient en groupes immenses dans une partie si reculée de l’hémis- phère austral. En parlant des grandes espèces d’algues, entr’autres des Lessonia fuscescens et L. ovata, M. Hooker dit que ce sont de véritables arbres submergés , dont le tronc a cinq à dix pieds de longueur, avec la grosseur de la cuisse , dont les branches sont dichotômes, et portent des feuilles pendantes, linéaires, de un à trois pieds de longueur. « Pour un naturaliste, dit-il, c’est un vrai plaisir de passer en bateau, par un temps calme, au-dessus de ces forêts marines. On voit alors, dans les régions antarctiques au sein de la mer , une scène aussi mouvante que sur les bancs de coraux sous les tropiques. Les feuilles sont couvertes de Sertularia et de mollusques ou de croûtes de Flustra ; les troncs portent des algues parasites, des Chiton, des patelles et autres coquillages ; entre les racines fourmillent des milliers de crustacés et d'animaux rayonnants, tandis que diverses espèces de poissons jouent entre les branches et les feuilles. » L'’analogie entre le mode de croissance de ces algues et celle des arbres exogènes est incomplète mais frappante.Dans les deux cas, le tronc grossit par des couches qui se super- posent extérieurement, entre une écorce et un axe centrai, d’un tissu différent de la masse générale du tronc. Ici, ce- pendant, il n’y a pas de traces de rayons médullaires, et les couches sont formées uniquement de cellules, mais l’axe central comme la moëlle, une fois formé se modifie bien peu (1). » (4) Dalton Hooker, Botany of antarctic voyage. 492 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. $ 4. DE LA LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. Puisque nous avons considéré les arbres et la plupart des végétaux comme des aggrégats d'individus , et non comme des êtres distincts et séparés, nous ne pouvons, tout en admettant la naissance et la mort de chacun de ces êtres, reconnaître également que l’aggrégat lui-même peut mourir de vieillesse. Cette remarque, faite par de Candolle, est au- jourd’hui complétement confirmée. Il y a sur un arbre au- tant d’individualités qu’il y a de bourgeons, ce sont autant de plantes annuelles qui n’emploient leurs organes qu’une fois, et qui les perdent ensuite. Ces aggrégats n’ont donc aucun terme à leur existence , ils ne peuvent périr que de mdft violente, et si le tronc qui réunit tous ces êtres avait la solidité et l’inaltérabilité de ces énormes bases calcaires qui soutiennent des millions de polypiers, un arbre serait aussi indestructible qu’un écueil de la mer du sud. Il y a donc des végétaux aggrégés, qui peuvent par cette cause, vivre indéfiniment en accroissant le tronc commun si ce sont des arbres , et étendant leurs tiges ou rhizomes souterrains si ce sont des espèces non arborescentes. Malgré les accidents qui péuvent atteindre et détruire les troncs ligneux, il existe sur la terre des arbres qui ont cer- tainement plusieurs milliers d’années. IU n’est personne qui n’ait entendu parler du fameux châtaignier de l’Etna , qui aurait, selon Houel, un diamètre de près de 17 mètres. Les pins acquièrent dans les Alpes d’énormes proportions quand ils sont isolés. On désigne ces arbres extraordinaires sous le nom allemand de Wetterschirm, abrite-orage, parce qu'ils peuvent abriter un troupeau tout entier. LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. 493 « Viera, dans ses Noticias , fait mention d’un pin énorme (Pinus canariensis) qu'on vénérait à Canaria dans le dis- trict de Teror. Cet arbre avait environ 30 pieds de circon- férence à la base; 1l était adossé comme une tourelle à la chapelle de la vierge del Pino ; une de ses branches avait servi d’arc-boutant pour y suspendre le beffroi; mais des ébranlements trop réitérés accélérèrent la ruine de ce clo- cher de singulière nature, et le 3 avril 1684, le Pino santo, en s’abimant sous son propre poids , faillit écraser dans sa chute l'édifice qu’il dominait (1). » Pennant cite, en Écosse, l’if de Fortingale qui a 66 pieds de circonférence. Les ifs du comté de Surrey, qui existaient déjà à ce qu’on croit du temps de César , ont 2 mètres de diamètre. Labillardière a mesuré sur le Liban, des cèdres de 9 mètres de circonférence. Il existe dans tous les pays où l’homme n’a pas encore pénétré, mais surtout dans les régions équinoxiales, des vé- gétaux séculaires dont l’origine remonte à la date éloignée des dernières révolutions du globe , et qui ne montrent en- core aucun signe de décrépitude. « Le Corypha tectorum, palmier des savanes de l’Améri- que méridionale peut vivre pendant des siècles. 20 à 30 ans d'existence n’occasionnent aucune différence sur son stipe, aucun accroissement sensible. Les habitants de ces plaines attribuent à ces palmiers , dont le tronc ne dépasse pas 10 pouces de diamètre à la base, et acquiert la dureté du fer, trois à quatre cents ans d’existence (2). » Rumphe cite des figuiers du Malabar qui ont 16 à 17 mè- tres de circonférence. Les Ceibas de la côte occidentale (4) Berthelot, 1. 5, p. 150. (2) Humboldt, Voy. aux rég. équinox. , t. 6, p. 89. 49% PHÉNOMÈNES DE DURÉE. de l'Afrique sont si épais et si élevés, que les indigènes en font des pirogues d’une seule pièce de 3 à # mètres de large sur 18 à 20 mètres de long. M. de Humboldt cite sur la rive orientale de l'Orénoque, près du petit rocher de Kemarumo, au milieu de plantations indiennes, un tronc gigantesque de fromager, Bombax Ceiba qui avait près de 120 pieds de hauteur, et 14 à 15 pieds de diamètre (1). L'illustre voyageur en a vu plusieurs autres dans les Cor- dillières septentrionales qui avaient jusqu’à 16 pieds de dia- mètre (2). Enfin il rappelle encore le fameux Zamang ou Mimosa del Gayre , que l’on voit près du village de Turmero dans l'Amérique méridionale. L’énorme étendue de ses branches forme une cime hémisphérique de 576 pieds de circonférence. Il est couvert de plantes parasites, et l’on as- sure dans le pays que les premiers conquérants de l’Améri- que le trouvèrent à peu près dans le même état où il est aujourd’hui, ce qui porterait son âge à un grand nombre de siècles (3). » A Sœurhpi, village fort misérable entre Calcuta et Dehhi, Jacquemont cite un tamarin de 10 mètres de circonfé- rence (4). Près du hameau de Ninosa, au Japon, on voit le fameux camphrier dont Kœmpfer parla en 1691. Mesuré depuis par M. de Siebold , sa circonférence est de 16 mètres 884 millimètres, ce qui donne un diamètre de 5 mètres 374 millimètres, et une aire de 22 mètres 675 millimètres car- rées. Cet arbre gigantesque, dit M. de Siebold , était déjà (4) Humboldt, Voy. aux rég. équinox., t. 7, p. 287. (2) Id., t. 8, p. 199. (3) Id.,1.5, p. 141. (4) Journal, 1. 4, p. 275 LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. 495 creux du temps de Kæmpfer, mais il porte une immense couronne couverte de la plus épaisse verdure. C’est l’arbre qui produit le camphre au Japon. Comme tous les monu- ments très-anciens, on lui accorde une origine extraordi- naire. Ce serait le bâton fiché en terre du philosophe Kobo- dosaï fort honoré dans cet empire. Sans adopter cette croyance, M. de Siebold pense que ce camphrier existe au moins depuis l’époque où vécut ce sage, né en 77%, puis- qu'il y a plus de 135 ans l’arbre était aussi grand et aussi creux qu'aujourd'hui. Il existe encore au Japon un Ginko biloba qui a dix pieds de diamètre, et M. de Siebold cite des Cupressus japonica de plus de cinq pieds d'épaisseur (1). Dans les forêts vierges de Guatémala, on rencontre des arbres énormes. L’Eriodendrum anfractuosum est le plus volumineux , puis viennent de gigantesques Ficus, des Calo- phyllum, des Terminalia, des Sloanea, le Cecropia peltata, l’Acromia sclerocarpa. Aïlleurs ce sont d'énormes Cæsal- piia, des Hymenea, véritables monuments de la nature, dont l’origine remonte à un grand nombre de siècles. On connaît les prodigieux baobab, Adansonia digitata, et les calculs d’Adanson qui a trouvé ces arbres au Sénégal, et dans les îles de l’Afrique tropicale. Cet arbre croit dans les terrains sablonneux, et son tronc acquiert un diamètre de 8 à 10 mètres, tandis que sa hauteur verticale du tronc ne dépasse pas 3 à # mètres. Mais il se couronne de bran- ches énormes, longues de 20 mètres, inclinées vers la terre, et formant par leur ensemble une véritable forêt, résultat du groupement d'individus nés par bourgeons d’une graine primitive. (4) Voy. au Japon, t. 4, p, 260. 496 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. En donnant à ces vieux arbres la longue existence de 5 à 6,000 ans, Adanson n’avance rien que de probable et de conforme à la raison et à ses calculs. Ce n’est plus ici un individu, c’est un monde dont la fin ne peut être prévue. Tout récemment encore M. Lobb a trouvé en Californie un arbre de dimension extraordinaire, que déjà Endlicher avait nommé Sequoia gigantea, et que depuis M. Lindley a désigné sous le nom de Wellingtonia gigantea, genre nou- veau de cette curieuse famille des conifères, où se trouvent si souvent ces géants du règne végétal. M. Lobb a mesuré un de ces arbres abattus, dont la hauteur était de 91 mè- tres, et le diamètre de 8,86, y compris l’épaisseur de l’é- corce à 12,52 au-dessus du sol. Les branches de l’arbre sont cylindriques, un peu pendantes, et rappellent pour l'aspect, celles d’un cyprès ou d’un genévrier. « Ainsi voilà un arbre, dit M. Lindley , dont l’enfance remonte à l’époque où Samson assommait les Philistins, où Pâris courait les mers avec la belle Hélène , et où le pieux Enée emportait le père Anchise sur ses filiales épaules ; hy- pothèse qui ne semble rien avoir d’exagéré, puisqu'il est à peu près démontré que le diamètre de l’arbre ne s’accroît que de 0,05 dans l’espace de 20 ans (1).» | Quel serait donc l’être vivant qui aurait pu traverser tant de siècles, assister à tant d'événements et conserver ses mêmes organes ? Cette longévité n’appartient qu’à l’espèce et non à l'individu ; elle ajoute encore aux preuves nom- breuses de l’état d’aggrégation que nous avons indiqué comme l’état normal de la plupart des végétaux et d’un grand nombre d’animaux inférieurs. (4) Flore des serres et des jardins de l’Europe, publiée par Van-Houtte, t. 9, p. 94. LONGÉVITÉ DES VÉGÉTAUX. 497 La chaleur du climat n’est pas indispensable pour que les végétaux arborescents arrivent à un grand développement et parviennent à une longue existence ; si des Laurinées et l'Amyris altissima atteignent jusqu’à 120 pieds de hauteur dans la forêt de Pimichin sur les bords du Tenis dans l’A- mérique méridionale , le même continent nous offre dans l'hémisphère opposé , et par 57° de latitude, le Pinus cana- densis, dont la flèche s’élance à 150 pieds de hauteur pen- dant que le tronc atteint à sa base plus de six pieds de dia- mètre. Tout nous porte même à croire que les cryptogames ma- ritimes ne sont aussi que de nombreuses aggrégations d’ê- tres distincts. Nous avons cité les forêts sous-marines des îles Maloui- nes, nous pourrions y ajouter de nombreux exemples. Perron a souvent rencontré dans les divers parages de l’Océa- nie d'immenses Fucus giganteus. « C’est, dit-il, le plus grand sans doute de tous les végé- taux pélagiens, puisque nous en avons mesuré quelques-uns qui n'avaient pas moins de 250 à 300 pieds de longueur. Pour élever ces tiges immenses à la surface des eaux, et pour les y soutenir, la nature emploie un moyen aussi simple qu’efficace; de distance en distance, chaque tige produit une feuille assez large, dentelée sur ses bords, gaufrée dans toute son étendue , et dont le pétiole porte, tout près de son insertion à la tige, une espèce de grosse vésicule pyriforme de la longueur de 2 ou 3 pouces, sur un diamètre de près d’un pouce dans sa partie moyenne et plus renflée. Toutes ces vésicules sont remplies d’air comme autant de petits ballons qui forcent les tiges à s'élever à la surface des mers , et qui maintiennent les feuilles épanouies sur les flots. Quelques-unes de ces feuilles ont des dimensions il 32 À. 498 PHÉNOMÈNES DE DUREE. mes 4 j'en ai mesuré plusieurs de 10 à 12 pieds de long (1). » Nous ne rapporterons pas tous les exemples de longévité publiés par de Candolle dans son organographie végétale ; nous nous contenterons de rappeler qu'il cite un orme de 335 ans, un Cheirosthemum de 400, un lierre de 450, un mélèze de 576, des tilleuls de 1,075 à 1,147, un cyprès de 350, un platane d'Orient de 720, un oranger de 630, un cèdre du Liban de 800, un olivier de 700, des chênes de 810, 1,080 et 1,500, des ifs de 1,21%, 1,458, 2,588, 2,880, un baobab de 5250 ans, un Taxodium de 4,000 à 6,000 ans. Tous ces arbres, auxquels nous pourrions encore ajouter le dragonier d'Orotava, l'olivier monstrueux de Nice , les Celtis de la Provence et les vieux tilleuls disséminés sur le plateau central, sont des monuments vivants qui ont traversé bien des siècles, et qui élèvent au fond de l’atmosphère des agglomérations d'êtres vivant exactement comme les poly- piers saxigènes dans les bas-fonds de la mer où la lumière peut encore pénétrer. Qu'on me permette de terminer ces curieuses observa- tions sur la durée des plantes en citant encore une page de l'illustre botaniste de Genève. Après avoir considéré les rhizomes verticaux comme de vieilles souches dont l’âge peut à peine être calculé, 1l ajoute : Ce que je viens de dire des rhizomes verticaux n'est-il pas bien plus plausible des rhizomes horizontaux qui ram- pent sous terre, soit qu'ils s’allongent en tous sens, comme ceux du chiendent, des Carex et de l’Arundo arenaria, soit que , comme ceux de plusieurs aulx, des fougères , des (1) Péron. Voy. aux Terres australes, &. 2, p. 116. LONGÉVITÉ DES VEGÉTAUX. 499 Nymphea, 1s s'allongent et poussent chaque année des feuil- les par une de leurs extrémités et se dessèchent ou se dé- truisent par l’autre. Qui oserait affirmer que ces rhizomes ne soient quelquefois beaucoup plus vieux qu'ils ne le parais- sent et qu'on est habitué à le croire? Voyez la profondeur extraordinaire des prêles, leur permanence dans les mêmes lieux, la lenteur de leur accroissement , et vous serez amené à croire, avec M. Vaucher, que leur ancienneté est consi- dérable. Voyez ces graminées à racines serrées ou traçantes qui tallent sans cesse, et qui forment ces steppes compactes de l'Amérique et de l’Asie; ne sait-on pas que ces humbles gramens étouffent les arbres qui s'en trouvent enlacés? Y a-t-1l possibilité que de jeunes pieds venus de graines se dé- veloppent dans ce tissu continu? Et n'est-il pas plus vrai- semblable que ces prairies naturelles et permanentes sont composées de souches d’une grande antiquité, et que leur nature siliceuse abrite contre l'humidité. » Je descendrai même à des végétaux plus humbles en- core pour chercher des exemples de longévité. M. Vaucher a suivi pendant 40 ans un même lichen, sans l'avoir vu pé- rir ni beaucoup grandir. Que sais-je! peut-être parmi ces taches qui couvrent certains rochers, il en est dont l’exis- tence remonte jusqu'au moment où ce rocher a été mis à nu, peut-être jusqu'à celui de l’un des cataclysmes qui ont soulevé nos montagnes ; peut-être ce tapis de mousse sans cesse inondé qui décore le fond de quelques rivières est-il là sans cesse renaissant de lui-même, sans fécondation , de puis que le lit de cette rivière est fixé. Qui me dira combien il a fallu d’années pour former cette masse pesante, com- pacte et grosse comme la tête, que les Napolitains appellent pietra fungaia (pierre à champignons), et qu’on sait au- 500 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. jourd’hui être le tubercule radical d’une espèce de bolet (Bo- letus tuberaster) ? » Ainsi partout, dans toutes les classes, nous trouvons des êtres dont la durée est inconnue et défie l’œil de l’ob- servateur (1). » $ 5. DES PLANTES AGGRÉGÉES RELATIVEMENT AU SOL ET A L'ATMOSPHÈRE. Les plantes qui par leur réunion composent les groupes que nous avons décrits sous le nom de forêts et d’associa- tions végétales , forcées de vivre ensemble sur une surface restreinte , sont souvent disposées entr'elles de manière à occuper le moins de place possible sur le terrain. La hauteur différente des tiges et les directions variées qu’elles affec- tent sont les moyens que la nature emploie pour arriver à son but. Le sol est occupé à des niveaux différents. D'abord de grands arbres, dont les cimes supportées par des troncs élancés , forment les voûtes élevées des forêts ; des espèces grimpantes, des végétaux parasites cachent les troncs vieillis sous la multitude de leurs individus. Des orchidées bril- lantes dans les pays chauds, des mousses et des lichens dans le nord, partout la moindre place est occupée. Des arbres moins élevés se développent sous leur ombrage et forment un taillis qui lui-même protège de grandes plantes vivaces ; d’autres plus petites rampent sur le sol; enfin, des mousses et des champignons , presque collés sur la terre, profitent encore des écarts que laissent les autres végétaux. De même (4) De Candolle, Physiol. végét., t. 2, p. 4018. PLANTES AGGRÉGÉES. 501 dans les prairies, les hautes graminées, les grandes légu- mineuses , les plantes moins élevées, les trèfles rampants et les graminées traçantes, établissent plusieurs couches super- posées, et forcent ainsi le sol à nourrir un plus grand nombre de plantes, en les étageant comme on les arrange dans une serre ou comme elles le sont naturellement dans les bois. Cette disposition étagée existe sur toute la terre, mais elle est surtout remarquable dans les contrées chaudes, où l’exis- tence des végétaux est presque entièrement aérienne. M. d’Orbigny nous a donné une description remarquable de ces zones superposées dans l'Amérique équinoxiale : « Les forêts vierges du Brésil, si bien représentées par » un de nos fameux peintres, ne ressemblent en rien aux » lieux où je me trouvais (forêts du pays des Yuracarès, » dans l'Amérique méridionale). On dirait que , sous une » température chaude et constamment humide, la nature, » au pied des derniers contreforts des Cordillières, à pris » un développement auquel on ne peut rien comparer. » Aussi étais-je à chaque pas en extase devant les quatre » étages distincts de cette magnifique végétation. Des ar- » bres de 80 à 100 mètres d’élévation forment une voûte » perpétuelle d’une verdure que parent souvent les teintes » les plus vives, soit les magnifiques fleurs rouges dont » quelques arbres sont entièrement couverts, soit les fleurs » de la liane, dont les branches tombent en chevelure jus- » qu'à terre, en formant des berceaux. C'est là que de » nombreuses espèces de figuiers, de müûriers, de noyers, » se mêlent avec une immense quantité d’arbres aux feuil- » les généralement entières, représentant chacun , par les » plantes parasites dont il est couvert, un véritable jardin » de botanique. » Au-dessous de ce premier étage , et comme protégés 502 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. par lui, s'élèvent de 20 à 30 mètres les troncs gréles et droits des palmiers, au feuillage si varié dans ses formes et si utile à l’homme sauvage. [ci les panaches pennés des Vinas et des Acunas (Iriartea Orbignyana, Martius), ou les touffes des autres espèces (/riartea phœocarpa , Mart.), qui donnent de nombreuses grâppes de fleurs ou de fruits, incessamment courtisées par les oiseaux mou- ches les plus magnifiques. » Plus bas encore, à 3 à # mètres au-dessus du sol, crois- sent d’autres palmiers , bien plus grêles que les premiers (Chamædorea gracilis), et que renverserait le moindre souflle de vent ; mais les aquilons ne peuvent jamais agi- ter que la cime des géants de la végétation, qui laissent à peine arriver Jusqu'à terre quelques rayons du soleil. » Iln’est pas jusqu'à ce sol même qui ne sait orné des plantes les plus variées, mélange de fougères élégantes aux feuilles découpées, de petits palmiers aux feuilles en- tières ( Geonoma macrostachya), et surtout de lycopodes d’une légèreté extraordinaire. » Sous cet ombrage perpétuel, rien n’arrête ; on peut en parcourir tous les points sans redouter les épines nt les fourrés. Qui pourrait peindre cet admirable spectacle et les jouissances qu'il fait éprouver? Le voyageur émer- veillé se sent transporté , son imagination s’exalte ; mais s’il rentre en lui-même, s'il se mesure à l’échelle d’une création si imposante, qu'il se trouve petit ! combien son orgueil est humilié par la conscience de sa faiblesse , en présence de tant de grandeur ! » Je ne trouvais pas les journées assez longues pour mes recherches d'histoire naturelle, attiré que j'étais par tant d'objets nouveaux. Tantôt je recueillais des plantes ou je dessipais les diverses espèces de palmiers ; tantôt je par- PLANTES AGGRÉGÉES. 503 » Courais ces voûtes sombres en poursuivant les troupes » brillantes de tangaras voltigeant sur les fleurs des pal- » miers, les toucans criards , si recherchés des Indiens, ou » les nombreux caciques ; mais j'étais toujours obligé d’at- » tendre que ces oiseaux descendissent sur la seconde zone » de végétation, mes armes à feu ne pouvant atteindre la » cime des arbres. Jamais, je crois, je n'avais été plus heu- » reux de ma position, et pourtant je devais l'abandonner » pour songer à remonter la Cordillière (1). » Au-dessous du sol, les racines offrent exactement les mé- mes dispositions, sans qu'il y ait pour cela rapport obligé entre leur étendue et celle dés tiges, car souvent les plantes les plus élevées correspondent aux racines les plus petites ; mais on est surpris de voir la quantité de racines logée dans un si petit espace. On ne se lasse pas d’admirer les formes, les divisions, la consistance, la direction diverse de toutes ces racines. Les unes, indéfiniment divisées, restent à la surface du sol et s’y étalent ; d'autres, moins chevelues , forment de petites touffes qui ne s’éloignent pas de la base de la tige. Ilen est qui, peu rameuses, descendent tout à coup, sans s'arrêter à la surface, tandis que d’autres émettent de lon- gues ramifications qui s'étendent dans tous les sens, dans toutes les directions. Toutes sont indépendantes les unes des autres, toutes sont occupées à puiser leur nourriture dans le même sol. Elles vivent en égoïstes, ne s'inquiètent pas des autres, qui souvent les gênent, et luttent avec elles. Sous le sol comme sur la terre, la raison du plus fort est souvent la meilleure. Les plantes aggrégées, parmi lesquelles nous comprenons les espèces arborescentes et vivaces, sont donc disposées de (4) D’orbigny, Voyage, t, 5, p. 156. # 50% PHÉNOMÈNES DE DURÉE. telle manière sur la terre, que les unes se superposent dans l’air et quelquefois dans l’eau, et les autres dans l’inté- rieur du sol. On peut même, au point de vue du milieu de développement, partager une plante aggrégée en deux par- ties, l’une inférieure, vivant dans le sol, l’autre supé- rieure, plongée dans l'air atmosphérique et quelquefois dans l'eau. Dans quelques espèces, la partie plongée dans la terre ac- quiert un très-grand développement ; dans la plupart, ce sont les organes aériens qui s'étendent davantage. Si le sol était transparent comme l'atmosphère, nous ver- rions, dans l’enlacement des racines et des tiges souterrai- nes, dans le bourgeonnement des tubercules et la formation des turions, des phénomènes analogues à ceux que nous observons dans la partie aérienne de nos forêts et de nos taillis. Le milieu plus ou moins compacte dans lequel s’éten- dent les organes inférieurs les modifie, change leur forme et leur donne des caractères particuliers. La végétation souterraine est à peine connue. Il y a des familles entières de végétaux qui vivent sous terre , comme les taupes. Le magnifique travail de MM. Tulasne nous a montré une multitude de plantes curieuses qui passent leur vie dans l’intérieur du sol. La plupart de nos champignons , de nos agaries, de nos bolets, sont entièrement hypogés , et ce que nous considé- rons comme la plante elle-même n’est autre chose que la fructification qui s'élève d’un mycelium souterrain , et qui vient mürir dans l’air atmosphérique chargé du transport des séminules. Ces espèces se comportent dans le sol comme les plantes aquatiques qui envoient leurs fleurs s'épanouir à la surface des eaux. | La majeure partie des plantes monocotylédones ont aussi PLANTES AGGRÉGÉES. 505 une existence toute souterraine. D’immenses rhizomes courent à des profondeurs diverses , se ramifient et reproduisent la plante sans le secours des sexes. D'innombrables générations se succèdent loin du jour, et souvent des germes restent plu- sieurs années ensevelis sans donner signe de vie. Les carex, les jones, les fougères ont une existence presque souterraine et ne laissent sortir que les extrémités fructifères de leurs feuilles et de leurs rameaux. Ce n’est pas toujours le froid qui force les monocotylédo- nes à ramper sous la terre ; ces plantes peuvent, selon les circonstances et en raison de leur flexibilité, s’accommoder de milieux différents. Aucune espèce, sous ce rapport, ne nous offre un exemple plus remarpuable que le Chameærops humilis. Commun dans toute l'Algérie, et presque toujours sans tige,il ressemble à une plante herbacée. En effet, il est forcé de vivre sous la terre dans un état constamment ra- bougri. On brüle les campagnes, on l'incendie tous les ans; il se résigne, et son tronc transformé en rhizome reste ca- ché dans la terre. Mais si, sur quelques points, le sol est respecté, comme autour des tombeaux , le palmier sort de terre, son stipe s’allonge, et il reprend l'existence aérienne qui appartient à son espèce et au climat qu’elle habite. La sècheresse et une forte chaleur peuvent donc produire le même effet que le froid. La plupart des bambous de l’A- mérique équinoxiale se propagent, comme nos Æquisetum , par des rhizomes souterrains. Une seule plante peut, au bout de quelques années, couvrir de grands espaces, et bien ra- rement un épi fructifère vient terminer leurs hautes tiges inclinées. Aussi ces plantes sont éminemment sociales , car c’est presque toujours un petit nombre de pieds qui sont l’origine des vastes réunions qu'ils présentent. Mutis à her- borisé pendant vingt ans dans des pays où le Bambusa gua- 506 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. dua forme des forêts marécageuses de plusieurs lieues d’é- tendue, sans jamais avoir pu s’en procurer la fleur. Le Bam- busa latifolia est aussi une espèce des plus sociales, et pro- pre aux bassins du Haut-Orénoque et de l’'Amazone. Mais ce bambou ne se reproduit aussi que par gemmes. M. de Humboldt, pendant son long et fructueux voyage , ne les a vus en fleurs que deux fois, une fois sur les bords du Cas- siquiare et une autre fois près la ville de Muerto , dans la province de Popayan. Ils atteignaient alors 50 à 60 pieds de haut. Dans les Indes-Orientales, au contraire, les bam- bous produisent des graines en abondance ; elles sont même comestibles comme celles de la plupart des graminées. Un nombre immense de dycotylédones vivaces peuvent être considérées comme des arbres enfouis, dont le tronc et les rameaux , au lieu de se dresser dans l’air, se cachent et s’abritent dans la terre, où leurs individus s’aggrégent et s'accumulent comme ceux des arbres aériens qui composent les forêts. La tendance à l'habitation souterraine est d’autant plus marquée que le climat est plus froid ; le développement aé- rien est d'autant plus considérable que le climat est plus doux , la température plus élevée, plus uniforme. Il suffit de jeter les yeux sur la végétation des tropiques et sur celle des pôles pour apercevoir ce contraste des deux flores souterraine et atmosphérique. Dans les profondes forêts des tropiques, des stipes élancés portent dans l'air les majestueuses couronnes des palmiers , et étalent les plus grandes feuilles connues. Les fougères ne cachent pas dans l’humus des tiges que le froid ne peut plus atteindre ; elles Les redressent, et des frondes immenses et découpées se balancent au gré du souflle at- tiédi qui favorise leur élégante évolution. Les orchidées PLANTES AGGRÉGÉES. 207 abandonnent la terre, ne lui confiant mi leurs racines ni leurs bourgeons ; elles vivent dans l'air, collées sur les vieux troncs des arbres ou suspendues sous les voûtes des forêts aux bran- ches élevées, dont l’enlacement forme au-dessus d’elles des berceaux de verdure. Les lianes nous montrent aussi une végétation tout extérieure; elles se disputent une place dans l'atmosphère, comme les racines, dans les pays froids, s’entre-croisent sous la terre et y confondent leurs puissantes ramifications. Une foule de parasites s’implantent dans les tiges et dans les rameaux des arbres, dédaignant le sol, dont l'abri leur devient inutile. Les graminées, au lieu de s'étendre en rhi- zomes multipliés, s'élèvent en gracieux panaches, et les Joncs aux puissantes racines s’effacent de ces contrées où le printemps est éternel. Mais si l’on s’avance vers le nord ou vers les pôles, les formes aériennes des végétaux disparaissent peu à peu; les organes souterrains deviennent dominants ; les racines puis- santes pénètrent profondément et se garantissent ainsi du froid qui les menace ; les tiges elles-mêmes vivent sous l’hu- mus et dans le sol ameubli, qui s’interpose entre leurs tissus et la gelée qui pourrait les atteindre. Les bourgeons, ensevelis sous la terre , n’en sortent que si le printemps ou l'été les appellent. Les plantes volubiles deviennent de plus en plus rares et disparaissent tout à fait. Les parasites aé- riennes n'existent plus, et celles de ces plantes qui persis- tent encore restent fixées sur des racines. et jamais sur des rameaux. Plus près des pôles, c’est à peine si les végétaux osent sortir de terre et confier pour quelques instants, à un été passager et trompeur, l'extrémité des branches qui doivent porter leurs fleurs. C’est ainsi que se présente la végétation 508 PHÉNOMÈNES DE DURÉE. uniforme de Terre-Neuve , de l'Islande, de la Laponie, des Malouines , de ces contrées polaires où les plantes ne peu- vent pas toujours mürir leurs graines, où la reproduction par sexe est l’exception , et où la vie souterraine acquiert toute sa puissance. La même espèce qui, dans les pays chauds ou tempérés, se montre avec des rameaux étendus et un feuillage développé , reste petite et rabougrie sous l'impression du froid; la vie se concentre dans les racines , la reproduction s'opère par bourgeons, la plante devient so- ciale, et la multitude des individus auxquels leur cosstitution robuste permet de supporter la rudesse du climat compense le nombre des espèces réduit par les mêmes causes. Une végétation monotone couvre ces tristes contrées ; aucun arbre ne fait saillie et ne vient diversifier des pelouses d’une immense étendue. La plupart des herbes et des sous- arbrisseaux sont munis de puissantes racines qui s’enlacent et semblent lutter ensemble contre les tempêtes et les vents continuels. Le sol est, pour ainsi dire , formé des débris de cette végétation souterraine ; les tiges, qui n’osent s'élever, les feuilles petites et nombreuses de la plupart de ces espèces polaires , se détachent et se décomposent en produisant un sol tourbeux et élastique que la neige abrite encore pendant de longs hivers. Ainsi le contraste de la végétation est complet ; les es- pèces se sont conformées aux milieux dans lesquels elles ont dù se développer : nombreuses, dispersées, feuillées, grim- pantes, aériennes sous un ciel pur et dans une atmosphère attiédie; limitées pour le nombre, sociales, rabougries, couchées , souterraines dans les lieux où l’âpreté du climat les oblige de chercher un asile contre la rigueur des saï- sons. Placés entre les deux extrêmes sous la zone tempérée PLANTES AGGRÉGÉES. 509 que nous habitons, nous voyons à la fois les arbres dévelop- er leur feuillage et épanouir dans l’air leurs rameaux flori- Mes: nous voyons les campagnes se couvrir chaque année d’une parure nouvelle , en conservant, pendant les mauvais jours, des germes ensevelis, engourdis par le froid , mais hors de ses atteintes, et qui, chaudement enveloppés, at- tendent le signal du réveil et le printemps qui doit les faire éclore. Nous nous sommes étendu, trop longuement peut-être, sur l’aspect des forêts, sur la variété infinie des plantes li- gneuses qui les composent dans les différentes zones de la terre, et sur l'impression profonde que laisse leur image dans le souvenir de ceux qui ne peuvent les voir sans émo- tion. Qu'on veuille bien se rappeler encore que ces formes si remarquables des arbres, que leurs troncs parfois si volu- mineux et leurs branches si élégamment étagées, sont dus à à la réunion et au groupement de nombreux individus, êtres distincts qui s’associent pour vivre, pour se défendre et ré- sister, qui mettent en commun leur vie et leurs amours, et dont les destinées sont souvent solidaires. Des lois particulières , qui échappent encore à notre insa- tiable curiosité, président à ces réunions constantes et invo- lontaires que constitue chacun des arbres des forêts de la terre, de ces forêts qui s'élèvent librement dans l’atmos- phère, aussi bien que de celles qui restent plongées sous les eaux ou, selon la rigueur du climat, ensevelies sous la cou- che extérieure de la terre végétale. Les polypiers, que les mers recèlent par milliers, et dont les formes rayonnantes ou superposées ont depuis si long- temps charmé nos regards et captivé notre attention, offrent certainement moins d'intérêt que ces plantes composées que nous appelons des arbres. Les premiers, vivant au sein 510 PHÉNOMÈNES DE D URÉE des mers, soumis à une température uniforme et soutenus dans un milieu d’une densité considérable, parcourent pai= siblement les phases de leur vie, et donnent aux travaux qu'ils exécutent en commun une admirable régularité , que l’oscillation des vagues vient à peine altérer. Les arbres, exposés aux intempéries des saisons , luttant souvent contre les tempêtes, et, devant subir toutes les chan- ces d’une vie agitée, semblent doués d’instinct et de ré- flexion. Les nombreux individus dont ils se composent , les bourgeons qui chaque année restent fixés au tronc commun, sont couverts d’écailles si le climat l'exige , entourés de chaudes fourrures pour résister à l’hiver, ou cachés dans la terre si leurs propres vêtements deviennent insuffisants. [ls se groupent de telle manière que chacun puisse recevoir l’in- fluence de l'atmosphère ; ils attendent l'instant précis où les feuilles si habilement ployées doivent s'étendre et végéter. Les individus mâles n’apparaissent qu’à l’époque où les fe- melles pourront accepter leurs amours, et d’autres, privés de sexe, travailleurs infatigables , apportent à la souche com- mune les aliments qu'ils s’efforcent de puiser dans le milieu qu'ils habitent. Que seraient les plantes si Dieu ne leur avait pas donné cette faculté d’association qui appartient aussi aux dernières classes des animaux ! A peine apparentes à nos yeux, petites etisolées comme les insectes, couvrant la terre d’un tapis court et serré, le globe serait resté sans forêtset sans ombrages, les êtres délicats sans abri et sans protection. La sagesse divine se révèle partout, et les limites de sa puissance se reculent à chaque pas que nous faisons dans le sanctuaire de la vérité. FIN DU TOME SECOND. Clermont, impr. de Thibaud-Landriot frères. ÿ” J'OSRNERTELC AMC UMAE Nr d'A a à pre ) * tr (a { M NAN NN PA W W (Ie ATOS iM \f Niue AGUEL New York Botanical Garden Library AL a L* Lu gen fill lil ill (Il 3 5185 HRLTEL NS SR N = SSSS SS