ce + : trees PP SE tot G Me É w 2: D De 6e nr En Le L HAE fur VE | die | PHILOMATIQUE DE PARIS. | ANNÉE 1848. EXTRAIT DE L'INSTITUT, JOURNAL UNIVERSEL DES SCIENCES ET DES SOCIÉTÉS SAVANTES EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER. 1°° Section. —Sciences mathématiques, physiques etnaturelles. Boulevard Poissonnière, 24, à Paris. SOCIÉTÉ | PHILOMATIQUE l EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT L'ANNÉE 1848. PARIS, IMPRIMERIE DE COSSON, : RUE DU FOUR-SAÏNT:GERMAIN, #7. 1848. . SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. SÉANCES DE 1848, Séance, du 15 janvier 1848, ANATOMIE. —M.Ch. Robin litun second mémoire et présente les planches relatives à la-structure des ganglions du système nerveux périphérique. Voici le résumé que M. Robin donne lui-même de son travail. « 1° Déjà dans mon premier mémoire(13 fév.1847),j'ayais dit que, dans toutes les classes des Vertébrés, la structure des gan- glions était la même que chez les Poissons, les faits que je viens d’énoncer achèvent de le prouver. » 2° Chez les Reptiles (Grenouilles, Triton) , les Oiseaux (Coq, Pigeon, Larus} et les Mammifères (Homme, Bœuf, Chat, Lapin), comme chez les Poissons, les globules ganglionnaires ne sont _pas de petits centres nerveux : mais à celui de leurs pô- les tourné vers le cerveau ou la moclle arrive un tube nerveux qui communique avec la cavité du globule. Du pôle opposé part un tube qui se rend dans les organes périphériques. » 30 Chez tous ces animaux on distingue deux ordres de glo- bules, qui correspondent chacun à une espèce païticulière de tu- - bes nerveux. Les uns sont plus volumineux, sphériques (ovoïdes chez les Oiseaux) et sont en relation avec les tubes larges ou sen- sitifs, Les autres, du tiers ou de Moitié plus petits. générale- 6 ment ovoïdes (quelquefois sphériques), sont en relation avec les tubes minces ou sympathiques. . » 4? Ces derniers globules ou petits globules sont moins nom- breux dans les ganglions cérébraux et rachidiens que dans ceux : du grand sympathique, où ils prédominent de beaucoup. . » 5° Chez tous les Vertébrés le contenu des globules ganglion- naires est différent du contenu des tubes nerveux; il est formé d’une masse homogène.finementgranuleuse, contenant dans son centre ou à peu près une cellule transparente, pleine d’un li- quide limpide, légèrement jaunâtre. Cette cellule est pourvue d’un nucléole graisseux. Cette masse granuleuse est assez dense, et souvent,pendant la préparation, l’enveioppe du globule étant déchirée , celle-là s'échappe en conservant la forme qu'avait le globule. - » 6° La paroi des globules varie d’épaisseur suivant les clas- ses animales et suivant les espèces de globules ; elle est toujours plus épaisse dans les grands globules que dans les petits. Elle est parsemée de noyaux ovoïdes ou polygonaux allongés, qu’on rend très apparents par l’emploi de l’acide acétique. Les Repti- les sont, de tous, ceux chez lesquels les parois sont les plus min- ces, et les noyaux manquent presque toujours ou sont très peu nombreux. Les Plagiostomes sont les seuls Vertébrés chez lesquels la paroi des globules soit tapissée de cellules à surface interne. ee :_ »7° L’adhérence des globules lesuns aux autres, par l’intermé- diaire d’un tissu cellulaire très serré, rend la préparation des . globules plus difficile dans les Mammifères, les Oiseaux et les Reptiles que chez les Poissons, surtout que chez les Plagiosto- mes. Ordinairement les tubes se cassent à leur point d’union avec les globules mous, on aperçoit presque toujours à leurs deux pôles opposés les traces de la rupture des tubes nerveux. .… Toutefois ces traces de rupture ne se voient pas chez les Reptiles parce que l’enveloppe des globules est très mince et n’est pas parcourue par des fibres, comme chez les autres animaux ; elle est plus homogène , et n’a pas l’aspect fibreux. .» 8° Les petits globules sont toujours réunis en groupes serrés et non mélangés avec les gro#globules, ou globules des tubes de 7 la vie animale, lesquels forment aussi i des groupes, mais moins serrés que les précédents. » 9° De tous les Vertébrés , les Oiseaux sont ceux dont les globules ganglionnaires sont les plus petits. » L'analyse des nombreux travaux publiés sur ce sujet déjà depuis longtemps, et dans ces derniers temps (R. Wagner, Bid- der, Vokmann, etc.), sera publiée prochainement avec le mé- moire entier, et d’autres recherches sur les globules ganglion- naires des Insectes et des Crustacés. » ARITHMÉTIQUE:—M. Serret fait la communication suivante : 1° Si l’on développe en fraction continue la racine carrée d’un nombre entier À, et -ix,et x, désignent les deux fractions con- vergentes qui Corte oE dent respectivement au dernier quotient dans les périodes de rangs » et 2n, on a la relation très simple Li 2 3 2° Si l’on applique la méthode d’approximation de Newton à Ja recherche de J/A, et que l’on prenne x, pour première valeur approchée, la méthode de Newton fournit x, pour seconde va- leur de A. # 3° Il y a d’autres cas encore, où, en RE d’une fraction ._convergente, la méthode de Newton “fournit une seconde frac- tion convergente. Cela arrive en particulier pour le nombre 39; en prenant une fraction convergente pour première approxima- tion, la méthode’ de Newton en fournit toujours une seconde. # , 10 ; Le 5 " a ee Généralement ue une fraction convergente vers L7A, et Si le quotient de p°—Agq° par le plus grand commun diviseur de p°—Ag; etde 2p est moindre que 17 A, on obtiendra une seconde fraction convergente en appliquant la méthode de Newton à la première. M. Serret annonce aussi qu’en exécutant sur la sphère des constructions analogues à celles qui lui ont fourni les courbes elliptiques de première classe, sur le plan, on obtient des courbes \ 8 elliptiques sphériques, dont les ares représentent exactement les fonctions elliptiques de la première espèce. — Le même membre, en faisant hommage à la Société, au nom de l’auteur, d’un exemplaire de la première lecon d’un cours de cinématique, professé à l'Association polytechnique, par M. Charles Laboulaye, ancien élève de l’École polytechni- que, présente quelques considérations sur la haute importance de l’enseignement de cette partie de la mécanique appliquée, HyprauLique.—M. de Caligny communiquedes observations qu'il a faites sur les tourbillons de l’eau dans le Loiret, en aval d’un rétrécissement. J'ai communiqué, dit-il, en 1845, des expériences que j'ai faites à l'embouchure d’un FE factice, dans un réservoir d’a- val. J'ai montré qu’il y avait des circonstances pour lesquelles un évasement donnait lieu à un rétrécissement, à cause de la _mañière dont se comportaient les tourbillons latéraux. L’obser- vation dont il s’agit aujourd’hui confirme cette remarque pour des vitesses beaucoup plus grandes et dé beaucoup plus grandes masses d’eau. Le rétrécissement était assez graduel en amont pour que les filets liquides dussent être parallèles à la direction du courant principal. Mais les tourbillons latéraux qui faisaient remonter les corps flottants et les corps plongés en sens contraire du courant occasionnaient une déviation très sensible dans la direction des filets latéraux, d’où il résultait un second rétré- cissement. Il y a lieu de penser, d’après ces Der uoe. qu'il doit y avoir quelque erreur dans la manière dont on estime la perte de force vive aux évasements dans les tuyaux'de conduite, quand la : dilatation est relativement plus grande que ne indique en appa- rence la différence des sections des tuyaux. Les tourbillons ten- dent, il est vrai, à communiquer latéralement de la vitesse dans le sens du mouvement de sortie de la veine liquide, mais la . force vive qu’ils peuvent restituer ainsi a été d’abord au untée à Ja veine liquide elle-même. Séanse du 22 janvier, 1848, M. de Caligny a communiqué l’année dernière à la Société une roue verticale à aubes courbes, recevant na de haut en 9 bas. 11 fait observer aujourd'hui que, du moins pour les dia mètres d’une grandeur suffisante, la théorie de cette roue dif: fère très peu de celle des roues” d’Euler et de Borda, même quand le liquide entre latéralement, au lieu d’entrer à l’intérieur - d’une manière analogue à ce qui se présente dans Ja roue à au- gets de Thiville. On peut tenir compte de la force centrifuge provenant du mouvement de la roue, d’une manière parfaite- ment analogue à celle dont Euler en tient compte dans la théorie de sa roue horizontale, reproduite par Navier. Il ÿ a, il est vrai, une difficulté de plus relativement à la sortie de Peau, si l’on tient compte du mouvement d’entraînement des aubes courbes. Mais on sait que, pour les roues d’un assez grand diamètre, on ne tient pas compte de cette circonstance dans la théorie des roues verticales à aubes courbes de M. Poncelet. Il y a, au reste, plusieurs raisons pour lesquelles la nouvelle roue verticale à aubes courbes versant l’eau à sa partie infé- rieure, et la recevant soit à l’intérieur, soit latéralement, ne sera peut-être applicable que dans des circonstances particulières. Mais il est facile de voir que, pour les chutes d’eau peu varia- bles, le liquide pouvant sortir sans que le bas de la roue soit _ plongé, on n’aura point à s’embarrasser du dégagement de l’air entre les aubes, d’une manière bien sérieuse. Alors la théorie est plus simple que celle de la roue verticale à aubes courbes de M. Poncelet; elle diffère en général assez peu de celle de la roue d’Euler pour que l’on puisse se former à priori une idée du rendement et de la vitesse de rotation. Cæme.—M. Ch, Deville communique les résultats suivants de ses expériences sur le soufre. : 1° Le soufre mou rouge, refondu et soumis à une-cristallisas tion rapide, donne des aiguilles prismatiques plus ou moins colorées en rouge, et cette coloration est très persistante. 20 Si-on laisse évaporer spontanément une dissolution de ces aiguilles rouges, ou de soufre mou ordinaire, dans le sulfure de earbene, on obtient des octaèdres, des prismes obliques, et enfin une ceinture mamelonnée rougeâtre, qui ne présente pas de for- mes géométriques, et qui parait être le soufre vésiculaire; ce qui constituerait trois états distincts de ce corps simple en relation avec des quantités différentes de chaleur latente, et dont le pre« Extrait de l’Institut, 17 section, 1848, 2 10 mier seul. (le soufre octaédrique) présente un état d'équilibre stable à la température ordinaire. 30 Le dépôt, dans la même dissolution, des deux formes in- compatibles du soufre (octaèdre à base rhombe, prisme rhom- boïdal oblique), obtenu de son côté et signalé tout récemment par M. L. Pasteur, est lié à la présence, dans cette dissolution, de deux états distincts du soufre, et n’infirme en rien, par con- séquent, la loi du dimorphisme de M. Mitscherlich. 4° Ces divers soufres paraissent saturer de la même manière le sulfure de carbone, qui en dissout, à 12°, le tiers de son poids. 50 Les soufres octaédriques, naturels ou artificiels, se dis- solvent sans aucun résidu ; les soufres prismatiques laissent un résidu insignifiant, qui provient de la pellicule superficielle : les soufres trempés, comme les soufres en fleurs et les soufres mous, laissent, au contraire, un résidu insoluble très notable, qui va- rie de un à trois dixièmes de leur poids. GÉOMÉTRIE. — M. Olivier communique la note suivante : I. Étant donné, sur un plan P, trois points, f, a, b, si l’on con- struit une sphère du rayon R tangenteen fau plan P, etsi l’on con- sidère les points a et b comme les sommets de deux cônes tangents à la sphère R, ces deux cônes se couperont suivant deux courbes planes qui se croiseront au point /. En menant un plan tangent à la sphère R et parallèlement au plan P, ce plan tangent cou- pera les deux coniques intersection des ‘deux cônes en quatre points. Chacun de ces quatre points pourra être considéré comme le sommet d’un cône tangent à la sphère R, et qui sera coupé par le plan P suivant une parabole ayant le point f pour foyer et passant par les deux points a& et b. Le problème a donc nepe solutions. II. Si l’on a une sphère et ne points dans l’espace, ces trois points w’étant point en ligne droite, chacun d'eux pourra être considéré comme le sommet d’un ue tangent à la sphère. Ces trois cônes s’entrecouperont en général en huit points. Mais si les trois sommets sont sur le plan tangent à la sphère donnée et en un point /, les trois cônes s’entrecouperont en cinq points dont l’un sera le point f. Dès lors, si l’on donne sur un plan P quatre points f, a, b, c, et si l’on construit une sphère du 14 rayon R, tangente en / au plan P, les trois cônes tangents à la sphère KR, ct ayant respectivement pour sommets les points : a, b, c, s’entrecouperont en cinq points, dont l’un sera le point J. Désignant par x les quatre autres points, chacun de ces quatre points x sera le sommet d’un cône, qui, tangent à la sphère KR, sera coupé par le plan P suivant une conique ayant le point f pour foyer et passant par les trois points a, b, c. Le problème a done en général quatre solutions. III. Soit donné un point fet un certain nombre de droites dans l’espace, on propose de construire une conique ayant le point f pour foyer et s'appuyant sur les droites données. Si l’on donne trois droites A, B, C, on mènera par le point ÿ un plan P pris pour plan d’origine. Ce plan coupera les droites À, B, C en les points a, b, ce. On construira la sphère R et l’on aura quatre points x sommets des cônes résolvant le problème. Dans le plan P et par le point f on mènera une droite F considérée comme origine. En faisaht tourner le plan P autour de F, on obtiendra diverses positions P’....; pour chaque position P’ on aura quatre points x’ analogues aux points x.Le plan P, en tour- nant autour de F, déterminera quatre courbes C.... décrites par chacun des quatre points æ. En faisant faire au plan P une demi-révolution autour de la droite F, ce plan aura successive- ment passé par les divers points des droites À, B, C. Désignons par y le point opposé à x après une demi-révolution, nous au- rons un arc C partant de x pour arriver à y. Cela fait, traçons sur le plan P une droite F’ passant par le point f, et faisant avec la droite F un angle £, nous pourrons faire tourner le plan P autour de F'’, et nous obtiendrons une courbe C’ par- tant du point æ pour arriver au point y, et en traçant une suite de droites F’ dans le plan P,ou en faisant tourner la droite F au- tour du point j, et cela de deux angles droits, nous aurons at- taqué les trois droites A, B, C en toutes les directions possibles. Nous aurons donc, en partant du point x pour arriver au point y, une suite de courbes C, formant une zône, ou fuseau, ou pappe de surface. Il en sera de même pour chacun des quatre points æ. Nous aurons donc quatre faisceaux ou nappes de qua- tre surfaces V, et chacun des points des quatre fuseaux ou sur- face V serale sommet d’une certaine surface conique de révolu- 12 tion, résolvant le problèms. Ainsi, avec trois droites on à une in- - finité de solutions, dont le lieu est quatre surfaces V. IV. Donnant un point f et quatre droites À, B, C, D, en pre- nant les trois droites À, B, G, nous aurons quatre surfaces V ; en prenant les trois droites B, C, D, nous aurons quatre surfa- ces U. Les surfaces V et U s’entrecouperont suivant des courbes I. Le problème aura donc encore une infinité de solutions dont le lieu sera les courbes I. V. Donnons un point / et cinq droites À, B, G, D, E, nous obtiendrons trois groupes de surfaces V, U, T, qui s’entrecou- peront suivant un nombre limité de points. VI. Le problème proposé exige donc cinq droites. Ainsi étant donné un point f et cinq droites À, B, C, D, E, situées d’une ma- nière arbitraire dans l’espace, on peut en général détermin r un certain nombre de coniques ayant le point f pour foyer commun et s’appuyant sur les cinq droites données. VII. Lorsque l’on établira d'avance que la conique doit être une parabole, quatre droites À, B, C, D, suffiront pour que le problème ait un nombre limité de solutions VIIL. Passant du problème géométrique au problème astro: nomique,on voit de suite, —1° que si l’on impose la condition de n’employer pour la détermination de l’orbite d’un astre que des observations, il faudra quatre observations ou quatre droites À, B, C, D, pour construire graphiquement les paraboles qui peu: vent être l'orbite d’une comète, et une cinquième observation permettra de choisir entre les coniques paraboliques celle qui appartient à l’astre observé ; — 2° que si l’on cherche une coôni- que quelle qu’elle soit, il faudra cinq observations , ou cinq droites A, B, G, D, E, pour construire graphiquement Îles coni- ques qui peuvent être l’orbite de l’astre observé, et une sixième observation permettra de choisir entre les diverses coniques celle qui est l’orbite parcourue par l’astre observé. | Séance du 5 février 1848. ARITHMÉTIQUE. — M. Serret, à l’occasion d’une communica- tion récente de M. Hermite, sur un théorème de la théorie des ones communique les résultats suivants :_ 4° Si == 1 est résidu ais par rapport à p, et si 4° = 13 = 1 (mod: p), g étant pris » RèGe IT. Dans le cas où plusieurs systèmes cristallins au- raient les mêmes éléments de symétrie communs à leurs Assem- blages et au polyèdre moléculaire, Ja cristallisation se fera sui- varñt le système de moindre symétrie, c’est-à-dire suivant le système qui laisse le plus grand nombre de termes indéterminés parmi les six éléments constitutifs de son parallélipipède élé- mentairc. » Soit proposé, comme exemple, de déterminer dans quel sys- tème cristallisera un groupe de molécules dont la symétrie serait caractérisée par le symbole (6L,,10L,,15L,,0G,0P) ( Foy. séance du 2 juin 1849). Le système terquaternaire (sys- tème cubique) possède quatre des dix axes ternaires de notre polyèdre , et trois de ses quinze axes binaires , lesquels y jouent le rôle d’axes quaternaires : la symétrie commune à ce système et au polyèdre moléculaire sera donc représentée par (41;,,3L,). Si l’on étabiit une comparaison analogue avec les autres systèmes crietallins, on y découvrira des traits communs de symétrie, mais moins nombreux que ceux que nous venons d'indiquer; donc, en vertu de la règle Ire, le polyèdre devra cristalliser dans Is systèm® terquaternaire. » Prenons, comme second exemple, le polyèdre moléculaire du cuivre pyriteux (A,,2L,, 0C, 2P) caractérisé parun axe prin- cipal binaire A,, deux axes binaires L, de même espèce, rec- tangulaires entre eux et normaux au précédent , deux plans de symétrie passant par l’axe A, et inclinés de 45° sur les axes L.. La symétrie commune à ce polyèdre et au système terbinaire vest (A,, L., L,) ; la symétrie commune à ce polyèdre et au sys- tème quaternaire est ( A,, 2L,, 2P) ; la symétrie commune à ce polyèdre et au système terquaternaire est aussi ( A,,2L,,2P). En vertu de la règle Fe, il faudra choisir entre ces deux derniers systèmes. / » Or si a, b, c sont les trois paramètres linéaires, et «, 6,4 les trois paramètres angulaires du parallélipipède générateur de l'Assemblage, on sait que, dans le système quaternaire, ces quan- dités ne sont liées que par les quatre équations k=200%,6=900;)=00 ah; 7A tandis que, dans le système terquaternaire, elles sont soumises aux cinq équations 2909, 6900, y=—00°) db; bc; donc, en vertu de la règle IT, le cuivre pyriteux cristallisera dans le système quaternaire. » Dans l'immense majorité des cas, nos deux règlés résolvent sans ambiguité le problème proposé : il ne reste d’indécision que pour quelques polyèdres à axe principal ternaire, polyèdres que l'application de ces règles indique également comme pouvant cristalliser, soit dans le système ternaire , soit dans le système sénaire. La nature se détermine alors dans son choix par des considérations d'équilibre moléculaire qu’il n’a pas encore été possible aux physiciens d'introduire dans l’étude théorique de la cristallographie. ; » J'ai, d’après ces principes, réparti les polyèdres asymétri- ques, et nos 22 classes de polyèdres symétriques (séance du 2 juin 1849), parmi les sept systèmes cristallins. En faisant une telle répartition, on reconnaît qu’il y a lieu d’établir des coupes dans chacun de ces systèmes. Tantôt, en effet, le polyèdre mo- léculaire possède tous les éléments de symétrie qui caractérisent son Assemblage, et alors le cristal est holoédrique (voyez séance du 19 mai 1849); tantôt les éléments de symétrie communs sont une partie seulement de Ja symétrie de l’Assemblage ; alors le cristal est hémiédrique, et le mode de l’hémiédrie varie suivant la nature des communs éléments; de là une série de nouvelles divisions qui se présentent de la manière suivante : » Le système terquaternaire (cubique) se partage en cinq divisions dont la première correspond au cas de lholoédrie : il en existe seize dans le système sénaire, sept dans dans le système quaternaire, cinq dans le système ternaire, trois dans le système terbinaire , trois dans le système binaire, et deux dans le sys- tème asymétrique. J’examinerai, dans une prochaine communi— cation, les divers cas d’hémiédrie qui en résultent. » Pour spécifier d’une manière complète l’arrangement des molécules dans l’acte de Ja cristallisation, il ne suffit pas de déterminer le système cristallin. Il faudrait encore fixer la gran- deur des paramètres que la nature du système laisse indéter- minés, Lorsque ce système offre plusieurs types distincts (voyez 72 séance du {7 mars 1849), il faudrait pouvoir dire dans quel type le corps doit cristulliser. En outre, lorsque la symétrie du polyèdre moléculaire est moins complexe que celle de l’Assem- blage réticulaire qui lui correspond, les axes et plans de symé- trie du polyèdre peuvent quelquefois coïncider avec les axes et plans de symétrie de l’Assemblage de deux manieres différen- tes; je citerai, comme exemple, la molécule (A,, 2L,, 0C, 2P) du cuivre pyriteux, qui cristallise dans le système quaternaire (A,, 2L,, 2L',, G, 2P, 2P”), symbole où 2L, représente les axes. binaires de premiere espèce, côtés du carré qui sert de base au parallélipipède générateur, et 2L°, les axes binaires de deuxième espèce, diagonales du même carré. Le polyédre moléculaire s'étant placé de manière que son axe A, coïncide avec l’axe A, de PAssemblage, ses deux axes binaires 2L, peuvent coïncider, soit avec les côtés du carré, soit avec les diagoaales, sans que l’on puisse dire à priori auquel de ces deux modes de coïncidence la nature s'arrêtera. » De ces-diverses indéterminations peuvent résulter des dou- bles solutions, et par suite des cas de dimorphisme, sans sortirdu même système cristallin. Ainsi, dans le rutile et l’anatase, lamo- lécule (acide titanique) est probablement 1deutique ; mais le cli- vage indique que la cristallisation de la première substance s’est faite suivant le type hexaédral, et ceile de la deuxieme suivant le type octaédral (séance du 17 mars). » J’ajouterai qu'il ne serait point impossible que la nature s'écartât quelquefois des règles ci dessus indiqhées,.par exemple en faisant cristalliser, soit dans le système ternaire, soit dans le système terhinaire, un polyèdre qui, d’après notre règle I, de- vrait appartenir au sysième sénaire, et l’on pourra peut-être expliquer de la sorte plusieurs cas de dimorphisme, sans être obligé d’altérer la molécule dans sa structure interne. » Le cas où la molécule serait troublée dans la disposi- tion relative de ses atômes constituants, les rapports de com- position restant les mêmes à l’analyse chimique, échappe à la discussion précédente ; mais alors ce n’est plus seulement du dimorphisme qui se produit, mais bien une véritable iso- mérie, » 78 Ovorocir. Unio.—M. de Quatrefages communique quelques faits relatifs à la reproduction des Unio. Le nombre des mâles est, chez ces Mollusques, bien inférieur à celui des femelles. Sur 44 individus examinés avec soin et chez lesquels les sexes étaient bien déterminés par le contenu des organes génitaux, l’auteur a trouvé 32 femelles et seulement 12 mâles. Ces individus, mâles ou femelles, étaient d’ailleurs d'âge très différent, à en juger par la taille. Plusieurs femelles ont montré des œufs déjà engagés dansla branchie,bien que les ovai- res en continssent encore en quantité, ce qui prouve que, chez ces Acéphales d’eau douce, la ponte est successive comme chez les Tarets. M. de Quatrefages a constaté de nouveau, chez ces Mollus- ques. le fractionnement du vitellus dans les œufs non fétondés. Le fait est même ici extrêmement facile à vérifier; car le mouve- ment de segmentation se prononce dans les œufs extraits direc- tement de l'ovaire, quelques secondes après l’immersion dans l’eau. L'auteur a rendu témoins de ce phénomène les membres de la Société biologique. M. de Quatrefages voit dans ce fait une confirmation des opinions qu’il a émises dans son mémoire sur Yembryogéaie des Annélides, relativement à la vie propre de l'œuf. Séance du 21 juillet 1819, ZooLoc1Ee.—M. de Quatrefages communique à la Société la note suivante relative au système nerveux des Annélides. « En 1844 j'ai publié dans les Annales des sciences naturelles une note assez étendue sur le système nerveux des Annélides. Je ne voulais alors que prendre date pour quelques résultats géné- raux qui me semblaient présenter de l’intérêt; mais parmi les détails renfermés dans cette note, plusieurs avaient besoin d’être revus et confirmés. Bien que les circonstances m’aient empêché de reprendre cetravail, comme je l’aurais voulu , je puis dès à présent combler quelques lacunes et redresser quelques erreurs. » C’est à tort que j'ai regardé chez l’Eunice la grande com- missure qui unit le cerveau à la chaîne ganglionnaire abdominale comme ne donnant naissance à aucun tronc nerveux. Il s’en dé- tache de plusieurs points de son étendue. Extrait de l’Institut, 1'e section, 1849, 40 7k » J'ai peut-être donné trop d'importance aux nerfs buccaux en les considérant comme un système spécial. Les anastomoses que j'ai regardées comme probables entre ce système et le sys- tème nerveux de la trompe n’ont pu être retrouvées par moi. Je crois qu'ici comme dans l’examen de la portion terminale du système proboscidien, j'ai pris des ligaments pour des filets ner- veux. Cette observation s’applique particulièrement à la termi- naison de ce dernier système. » Les origines directes du système proboscidien se distin- guent très aisément en étudiant le cerveau par dessous. Elles consisient en deux fortes colonnes qui se rejoignent en arrière ; mais de plus il existe très probablement des racines qui partent de la commissure. » d’ai eu tort de regarder comme deux genres distinets le gros tronc nerveux partant des ganglions abdominaux. Ce tronc est réellement simple, T1 forme,avant son entrée dans le pied, un ganglion donnant des filets qui se portent aux parties voisines. Je crois, en outre, qu’une des petites paires indiquées dans ma note n’est composée que de fibres d'attache ligamenteuses. » 1 est à remarquer que les ganglions abdominaux présentent des dlifiérences assez sensibles quant à leur forme et à la disposi- tion des troncs nerveux selon qu’on les examine à la partie an- térieure, moyenne ou postérieure du corps< » La plupart des observations précédentes s'appliquent aux Néréides aussi bien qu'aux Eunices. » Les résultats que m’a fournis l'examen d’un certain nombre d’Annélides dont je n’ai pas encore parlé ne peuvent trouver place dans cette note.Je me bornerai à dire, pour les Tubicoles, que les ganglions répondant à la portion thoracique du corps different toujours ce ceux de la partie abdominale. Toutes ont d'ailleurs un cerveau distinet,ce qui prouve qu’on les à regardées à tort Comme étant acéphales. Elles possèdent aussi un système nerveux stomatogastrique spécial, analogue à ceux que j'ai déjà. décrits, soit chez les Anné!ides errantes, soit chez les Lombrics et les Hirudinées. » Ce queje viens de dire s’applique également aux Arénicoles; mais ces dernières m'ont montré, en outre, en arrière et sur les côtés du cer veau, des capsules auditives (?) qui m'ont paru être 75 en rapport avec les systèmes stomatogastrique et cérébral de l’Annélide. L'observation, par transparence, d’un très jeune in— dividu , m'avait depuis longtemps fait reconnaître l’existence de cet organe, existence que j'ai depuis constatée sur des individus adultes et dont on peut s'assurer même en examinant des ani- maux conservés dans l’alcool depuis plusieurs années. » Séance du 11 août 1849, Zoo1oG1E.— M. de Quatrefages présente , au nom de M. Ju- les Haime, un mémoire ayant pour titre : Observations sur La Milnia, nouveau genre de l’ordre des Echinides. L'auteur, après avoir décrit avec détail ce Zoophyte re- marquable, cherche à déterminer la place qu’il devra occuper parmi les Oursins. « Il se rapproche à la fois, dit-il, des Cas- sidutides et surtout des Cidarides : il a l’anus des premiers, et la plupart de ses caractères appartiennent à l’autre famille, Ainsi, c’est seulement dans la famille des Cidarides ,» daïs les genres Hemicidaris, Echinocidaris, Boleiia, ete., que nous retrouvons les grandes dimensions de son pourtour buccal, indices certains d’un appareil masticateur compliqué et très dé- veloppé. C’est encore là seulement que nous observons cette grande netteté du disque apicial, de même que ces gros tuber- cules sur le milieu des plaques anambulacraires. D’un autre côté on ne remarque que dans les Cassidulides un anus sem- blable à celui de la Milnia , mais elle diffère considérablement de ceux-ci par la présence d’un appareil masticateur très com- pliqué. Si donc la position et la forme du pourtour anal et la disposition de l’appareil apicial ne séparaient pas d’une manière si tranchée ce Zoophyte de tous les types secondaires de la fa- mille des Cidarides, c’est assurément dans ce dernier groupe qu’il faudrait le placer , car il s’en rapproche plus que d’aucun autre; mais ces caractères ont une importance trop grande pour permettre un semblable rapprochement qui détruirait d’ailleurs toute l’homogénéité de la famille. Nous ne saurions méconnai- tre ici une forme tout-à-fait aberrante et ne pouvant la faire ren- trer dans la famille des Cidarides sans rompre l’unité de ce groupe , ni dans celle des Cassidulides, sans violer ses principa- les affinités, uous pensons donc qu’il y a avantage à en former une division à part, satellite des Cidarides et établissant le pas- 76 sage entre ceux-ci et les Cassidulides , ainsi que M. Milne Ed- wards et nous-même nous l’avons déjà fait dans la classe des Polypes ; et afin de suivre la nomenclature que nous avons adop- tée pour ces groupes d’une valeur particulière, nous donnerons à cette division le nom de Pseudocidarides. » — M. de Quatrefages communique ensuiteles notes suivantes : I. Anatomie des Chlorama. — « Parmi les Annélides dont j'ai eu l’occasion d’étudier l’organisation , une des plus intéres- santes , peut-être, appartient au genre CA/orama. Par ses ca- ractères extérieurs , cette Annélide tient presque exactement le milieu entre les Tubicoles et les Erranies. Son tube digestif, loin de présenter cette disposition en chapelet qui semble carac- tériser le groupe, offre une partie renflée, à iaquelle fait suite une portion plus étroite qui offre de véritables circonvolutions. En outre, à la portion renflée se rattachent de larges poches dont la disposition rappelle quelque peu les poches stomacales des Ruminants, et dont la structure est également remarquable. La circulation , quoique rentrant au fond dans les’dispositions générales, présente des particularités curieuses. Le vaisseau dorsal , parti de la queue, s’interrompt à la hauteur de la por- tion stomaeale du tube digestif pour former deux fortes veines latérales qui rampent sur l'estomac, puis se rejoignent avant d'arriver aux branchies. Un petit tronc très grêle et médian réunit seul ces deux portions du vaisseau dorsal. Le sang, après avoir respiré, revient au corps par deux aortes latérales , qui forment un cercle vasculaire vers le milieu du corps ; de ce cer— cle se détache le vaisseau abdominal ordinaire. Les glandes sa- livaires , qu’on trouve à divers états chez presque toutes les An- nélides, sont ici en forme de cæcum très allongé. » IT. Cavité générale du corps des Aphlébines et des Siponcles. — « J'ai appelé à diverses reprises l'attention des anatomistes sur l'importance physiologique que présente , chez les animaux invertébrés, la cavité générale du corps , c’ést-à-dire l’espace compris entre le tube digestif et les couches sous-cutanées. Cet espace est souvent à lui seul plus considérable que l’ensemble des viscères, des muscles, de la peau, ete. Il est rempli d’un Hi- quide qui acquiert de plus en plus d'importance et finit par rem- placer évidemment le sang. C’est au milieu de ce liquide, tout aussi ny. vivant et nourricier que le sang des F'erlébrés, que se développent souvent les œufs qu’on y rencontre, d’abord à l’état rudimentaire, pour les y retrouver quelque temps après à l'état parfait. Dansun genre nouveau d’Annélides, pour lequel je propose le nom d’4- phlébine, le liquide général paraît remplacer le sang. Du moins, je n’ai pu découvrir de vaisseaux, ef, en tout cas, il n'existe au- eun organe respiratoire, bien que les Aphlébines ressemblent sous presque tous les autres rapports aux Térébelles dont les branchies sont si développées. Le liquide de [a cavité générale est mis en mouvement par des bandes de cils vibratiles placés dans le voisinage des pieds. — Je n’ai pu reconnaître s’il existait quelque chose d’analogue chez les Si poncles. Ici, la transparence assez imparfaite des individus que j'ai eu à ma disposition ne m'a pas permis de pousser aussi loin mes recherches. Mais ce qu’il y a de positif, c’est que le liquide de la cavité générale pré- sente chez ces animaux des mouvements très semblables à ceux du Chara. Ce liquide renferme des globules que l’en voit se mou- voir, entraîné; par des courants qui longent {es parois du corps, et pénètrent jusque dans la duplicature de la trompe, quand celle-ci est à demi sortie. Je connaissais ce fait depuis mon séjour à Bréhat, mais je l’ai revu et montré à M. Robin, sur un petit Si- poncle apporté vivant par ce naturaliste. » IIL. Sur la classification des Annelés — « Dansles diverses méthodes proposées pour la classification des Annelés, on n’a pas suffisamment tenu compte, ce me semble, de la séparation des sexes ou de leur réunion sur un même individu. Déjà cette considération m'avait conduit à diviser en deux grands groupes la classedes Turbellariés. Mais depuis il m’a paru qu’en l’appli- quant au sous-embranchement des Annelés, on pouvait mieux que de toute autre manière se rendre compte des rapports exis- tant entre les groupes secondaires. En agissant ainsi, on voit le sous-embranchement se diviser naturellement, pour ainsi dire, en deux séries qui possèdent à la fois des termes correspondants et des termes qui leur sont propres, au moins dans l’état actuel de la science, Voici un tableau qui fera comprendre notre pen- sée, les termes correspondants ayant été placés vis-à-vis les uns des autres et l’absence de ces termes dans une des séries étant indiquée par des points. e 78 Annelés à sexes séparés, Annelés à sexes réunis, Annelides, Lombrinés. Rotateurs. i ei . CONES Géphyriens. uns Al Pi MORE LUE A Pa Hirudinés. Miocoulés. Turbellariés. Nématoïdes. se CE Acanthocéphales. ï A AU A Re RE Cestoïdes. » Dans ce tableau, le groupe des Annélides comprend les An- nélides errantes et tubicoles eñ entier. Celui des Lombrinés correspond aux Annélides terricoles, sauf quelques exceptions résultant d'observations que je n’ai pas encore publiées et qui portent sur quelques espèces marines (Polyophihalme). Le groupe des Turbellariés comprend les Dendrocalés et les Rhab- docalés. Toutefois, je crois devoir faire quelques réserves pour ces derniers encore si peu connus. » Trois des groupes compris dans la première série (Nématoï- des, Acanthocéphales, Miocoulés), deux des groupes compris dans la seconde (Turbellariés, Cestoïdes), ont leur systèmener- veux abdominal composé de deux chaînes latérales de ganglions. Ici reparaît pour la division de chaque série, pour la distribu- tion des groupes aberrants, l'importance de ce caractère déjà employé par M. Milne-Edwards. » De ces deux séries, la première (4. à sexes séparés) est évi- demment la plus importante par le nombre des types secondai- res qui la composent, par une plus grande variabilité de ces ty- pes, etc. Elle n’estpas d’ailleurs sans relation avec les Articulés, ear il existe entre les Myriapodes et les Annélides errantes des rapports qu’il suffit d'indiquer ici (système nerveux, circulation, évolution des jeunes .….). La seconde série, au contraire, s’é- carte tout de suite beaucoup des Articulés; ses types secondaires sont moins nombreux, moins variables. En revanche, elle sem- ble compenser cette infériorité par la multiplication extrême des espèces qu’on observe dans ses deux derniers groupes. » (4) Il pourraît bien se faire que les Bonellies fassent le terme correspon- dant des Géphyrieus, si elles ne doivent pas être raitachées à ce genre lui MÊME» 79 Séance du 18 août 1849. Mécanique. — M. de Saint-Venant communique à la So- ciété un calcul approché de la vitesse etc. , sur les chenuns de fer à air comprimé, spécialement sur le chemin du système de M. Andraud. Dans ce système, dont l’objet principal est de supprimer les locomotives, et de se servir, pour la propulsion de convois lé- gers et fréquents, d’approvisionnements de force motrice obte- nus des agents naturels, tels que le vent et les chutes d’eau qu'on aura pu utiliser aux environs de la ligne parcourue, le mouvement est communiqué par un tuvau de matière flexible, placé au milieu de la voie, et où l’on introduit de l'air com- primé à 1 ou 2 atmosphères de plus quela pression extérieure, de manière qu'en se gonflant progressivement il pousse un rou- leau qui pose sur sa partie encore plate et qui est lié à la première voiture du convoi. Soient Q le poids total d’un convoi, » sa vitesse en mètres par seconde, À la surface qu’il offre à la résistance de l’air (3 mè- tres carrés plus autant de fois 1 mètre qu’il y a de voitures hors Ja première) ; à la pente supposée ascendante du chemin, Soient p la pression de l’air intérieur à Pextréinité de la partie gon- flée du tuyau, w la section transversale de cette partie du tuyau, P la pression extérieure de l’atmosphère , enfin R la petite résistance horizontale que la matière du tuyau oppose à son ouverture par gonflement. On a, en égalant la puissance de propulsion parallèle à la voie à la résistance à vaincre, évaluée d’après les bases adoptées par presque tous les ingé- nieurs (1), cette équation exprimant que la vitesse acquise varie peu ou point Po—PuLR+40(0,0044+i)#+0,066Av?. La pression p, qui entre dans le premier membre,dépend de la pression dans le réservoir alimentaire du tuyau propulseur, de la longueur déjà gonflée de ce tuyau , et de la vitesse. Soient / cette longueur variable, et #P cette pression alimentaire, ou (4) Deuxième édition du ‘Traité des locomotives de M, de Pambour;: Antales des ponts-et-chaussées, premiers semestres de 4847 et 4848. 00 soit » le nombre d’atmosphères auquel l'air approvisionné a été comprimé. La pression inconnue dans le tuyau dépend aussi du rapport entre sa section o et les sections plus petites w’ et w" du tube court qui y amène l’air du réservoir, et du robinet d’in- troduction de l’air dans ce tube de communication, ainsi que du coefficient m de la contraction que la veine fluide éprouve en en- trant dans le robinet, car ces éléments influent sur les pertes inévitables de force vive qui ont lieu entre le réservoir et le tuyau propulseur. Soient, encore, g la pesanteur, 6 le coefficient par lequel il faut multiplier la densité et le carré de la vitesse de l'air pour avoir son frottement par unité superficielle de paroi du tuyau, y le périmètre de la section du même tuyau, enfin II la pesanteur spécifique de l’air extérieur, ou le produit de sa den- sité par g. Onaura cette équation approchée,ensupposant,conformément à ce que M.Poncelet a conclu d'expériences faites pour un objet sem- blable à celui dont nous nous occupons ici (1), que l’écoulement s'opère à peu près comme celui des fluides incompressibles et en négligeant le frottement de la paroi du tube court de com- munication : v2 of w’ 2 {0 ê { nP—p a 1 264, | — P., seen EC re 6 fs Substituant, dans cette équation, la valeur ce la pression p tirée de la précédente, et remplaçant les quantités connues par leurs valeurs numériques 156,209 1+0,0049 On a, en supposant la température 0—12 degrés ! : 'n w° w 2 _ 2 à L L < w!? Mo! ÿC + ,0 ei 2 1 R ù 16930017) —15,857 EIRO0EE 1 F0 Gette équation fournira, pour un convoi donné, et pour des grandeurs déterminées des sections w, w’ du tuyau et du tube Q==9,809 60,002 P— 103306 1 {1) Comptes-rendus de l'Acad. des ccienc., 21 juillet 4845, tome 24, p. 482 et 497, 81 alimentaire, les valeurs successives que prendra la vitesse v sous l’action d’un nombre » d’atmosphères dans le réservoir débou- chant dans le tube de communication par un robinet dont l’ou- verture, réduite par la contraction, a une grandeur mo”. Elle fournira, A one , l'ouverture du robinet pour avoir une vitesse désirée, etc. Par exemple, pour un tuyau ayant 0",24 de largeur à vide, ou donnant y—0:,48, et offrant, lorsqu'il est gonflé, la section « d'un cylindre de 0",15 de diamètre, ce tuyau étant alimenté par un tube court ayant une section w’ quatre fois moindre, où débouche un robinet dont l'ouverture contractée mo” est moitié de w’,un convoi de 4 voitures pesant ensemble 10 mille kilo- grammes prendra, si la pression est de 3 atmosphères dans le réservoir (ou 2 de plus que la pression de l’air extérieur) et si l’on suppose de 10 kilog. la résistance passive fixe R; prendra, dis-je, une vitesse de 25,50 par seconde (ou 23 lieues à l'heure) vers le commencement de sa course sur le tuyau ; mais cette vi- tesse se réduira à 17",50 (ou 15 lieues ©) après une course de 1000 mètres, qui est la longueur que M. Andraud a l'inten- tion de donner à chacun de ses bouts de tuyau. Un convoi double, ou de 20 tonnes, prendra une vitesse de 19" ! en commencant, vitesse qui se réduit à 14 ; par seconde à la fin. Un convoi de 5 tonnes seulement prendrait une vitesse de 32" 1 se réduisant ensuite à 19" +. Pour que la vitesse prenne et conserve constamment ces trois dernières grandeurs(17",50; 14,50; 19%,50)il faut que le rohi- ! G) net s'ouvre graduellement, en sorte que le lAppUIE soit 3,45 au commencement et ne descende à 2 qu’à la fin. Si l’on veut laisser au robinet une ouverture constante il faut, pour quela vitessene décroisse pas rapidement, que cette ouver- ture soit faible, afin que les trois termes entre crochets repré- sentant les pertes de force vive et la résistance de Pair l’em- portent sensiblement sur le terme représentantle frottement con- w! tre la paroi dutuyau.Si l’on prend par exemple— — 6, ce qui 7.0) répond à un rapport d'environ 1 à 2,2 entre les diamètres du ro— Extrait de l’Anstitut, 1'€ section, 4849, 41 82 binet etdu tube court d'introduction, le convoi de 10 tonnes aura une vitesse de 13",4 dans le commencement, et de 11",65 à la fin du parcours de 1000 mètres, au bout duquel le rouleau est supposé passer sur un autre bout de tuyau : les vitesses correspondantes du convoi de 20 tognes seront 11,70 et 10%,40 ; celles Gu convoi de 5 tonnes seront 14,4 et 12,5. La pression, au bout du tuyau, ou à 1000 mètres de son ori- gine, est de 19tm.:,57 dans le premier cas, 1*%-,88 dans le second et 1%.,39 dans le troisième. Séance du 25 août 1819 Paysique.— MM. de La Provostaye et P. Desains communi- quent les résultats d’un travail entrepris pour déterminer la proportion de chileur polarisée contenue dans un rayon réfléchi Te ; . sin2{i—1) sur le verre. — Désionons par K Pexpression eo Le EDNPAE sin? (ir) RG RER {ang Em La quantité de chaleur naturelle tang? (ir) réfléchie sur Le verre sous l’angle à est représentée par {(R+-R'). D'après la théorie, la quantité de chaleur polarisée contenue dans ce rayon réfiéchi est ;(R—R") et la proportion de chaleur R—R R+R" Ils ont vérifié directement qu’effectivement cette expression représente bien les nombres par l’expérience : À 80° cette fraction a pour valeur 0,40. Et ce sont précisé- À 70° — 0,76} ment les rapports A 56° — 1,00} observés. HyprauriQuEe.—M. de Caligny communique une note sur un moyen de simplifier la nouvelle roue hydraulique oscillante qu’il a présentée à la Société le 13 janvier dernier. On renvoie pour abréger à la note insérée dans l’Anstitut. Cette roue a pour but d'utiliser la-pression de l’eau du bief supérieur , et d'employer la vitesse acquise de cette eau à aug- menter la pression qui s'exerce sur les aubes, en vidant la roue à‘une certaine profondeur au-dessous du niveau du bief d’aval. R' l’expression olarisée contenue dans le ravon est par conséquent \ q 03 Elle est entourée de tuyaux, alternativement bouchés et débou- chés, parce que leurs orifices viennent alternativement s’engager sur des surfaces fixes. Il y a lieu d'espérer que l’on pourra sup- primer la surface fixe, d'sposée dans le bief supérieur, et pro- duire d’une manière comvenable les oscillations de décharge qui font la base de ce système, au moyen de la seule disposition des surfaces fixes du bief d’aval, et en employant d’ailleurs une roue parfaitement analogue à celle qui est décrite dans la note du 16 juin dernier, ce qui sera beaucoup plus simple. Les aubes ou les surfaces qui en tiennent lieu, après s'être dégagées d’un coursier ordinaire de roue de côté, continuent à passer entre deux surfaces verticales fixes qui se pro'ongent au- dessus du niveau du bief d’aval jusqu’à une certaine hauteur. Quant au fond courbe du coursier, il est interrompu jusqu’au point où l’on veut que la surface de l’eau ne puisse pas rentrer dans la roue après l’oscillation de décharge. À partir de ce point, l’aube se trouve engagée dans un véritable tuyau quadrangulaire formé de trois parois fixes et des surfaces formant le fond de la roue en mouvement. Les deux surfaces verticales fixes, qui peu- vent être chacune la paroi d’un mur, au delà du point où se ter- mine la paroi courbe du coursier ordinaire, sont réunies au moyen d’une troisième surface qui leur est perpendiculaire et qui se raccorde avec Ja surface courbe sur laquelle les aubes doivent venir s'engager après être sorties du coursier ordinaire. I! y aura ainsi au-dessous de la roue un véritable tuyau à sec- tion quadrangulaire ayant trois faces, par lequel la décharge se fera en sens contraire du mouvement de la roue. Un des ineon- vénients des roues de côté consiste en ce qu'il faut laisser un certain jeu entre la roue et le coursier, ce qui est une cause de perte d'eau, Or, il faut de plus avoir égard jei à ce qu’il est bon que l’air puisse eirculer au-dessus de la colonne oscillante, peut-être par un espace encore plus large que celui qui est né- cessaire au jeu de la roue. Au reste, il ne s’agit dans cette noie succincte que de bien indiquer un principe, sans lever toutes les difficultés d'exécution. Ainsi, dacs certaines limites, on pourra tenir compte de ce que, si l’eau tenii à rentrer dans la roue après l’oscillation de décharge, la roue fuit devant elle avec une cer- taine vitesse, ce qui diminue quelques inconvénients particu- liers. ok Sans doute l'expérience seule peut confirmer le degré d'utilité de la simplification indiquée d'ans cette note. Il y aura des mou- vements particuliers très difficiles à soumettre au caleul, tandis qu’on peut prévoir immédiatement le résultat approximatif de Ja disposition décrite dans la note du 16 juin, et qui consiste à former les aubes d’une surface courbe serpentante sans oscil- lation de décharge. On peut d’ailleurs faire de la roue un tam- bour, dans le cas où les surfaces pourraient être assez imper- méables, sans que cela rendît la machine trop lourde. Mais en supposant même que, pour obtenir une bonne oscillation de dé- charge, il fallût conserver une jartie de la surfaceextérieure des tuyaux quadrangulaires formés, dans le principe, des parois de la roue; d’après la note du 13 janvier, on pourrait en supprimer une longueur notable. La surface fixe sur laquelle les aubes viennent s'engager à partir d’une certaine profondeur au-des- sous du bief d’aval, suffit pour faire le même effet, jusqu'à un certain point, dans des limites que l’expérience seule, il est vrai, pourra déterminer. Enfin en pourra supprimer les parois planes verticales mobiles qui formaient deux des parois de chaque tuyau partiel au moyen des couronnes de la roue. De sorte que, dans certaines limites de largeur de la roue, l’eau du bief supé- rieur entrera entre les deux faces courbes qui resteront à chaque tuyau partiel, sans qu’il soit absolument indispensable de com- pliquer le système, en l’introduisant au moyen du genre parti- culier d’oscillation décrit dans la note du 13 janvier. Comme il est probable qu’on pourra s’en tenir à la disposition indiquée au commencement de cette communication, il serait intéressant d'étudier quelle serait la courbure des aubes ou des surfaces qui en tienrent lieu la plus avantageuse pour pénétrer dans le liquide du bief supérieur, lorsque les niveaux sont assez variables pour qu’on ait à s’occuper bien sérieusement de la ré- sistance du milieu. En effet, il ne suffit pas de savoir que le fond de la roue aura pour section perpendiculaire à l’axe une espèce de courbe serpentante, il faudrait savoir quelle en sera la loi. Bien que l’on ne puisse le calculer à priori, il est au moins in- téressant d’indiquer à ce sujet des expériences de Léon:rd de Vinei qui peuvent mettre sur Ja voie. Il fit construire plusieurs modèles de bateaux, et remarque, ainsi qu’on devait le prévoir 89 d’après la formé des poissons, que la résistance du milieu liquide était plus grande quand un même bateau était traipé le bout le plus aigu en avant, que lorsqu'il était trainé en sens contraire. Il trouva aussi que la résistance était plus grande que dans ce dernier cas, lorsque les deux extrémités étaient aiguës et symé- triques. Il y a donc lieu de penser que la roue à courbe serpen- tante devra être disposée de manière que chaque ventre soit plus renflé en avant qu’en arrière. L'état actuel de nos connaissances ne permet pas d’ailleurs de déterminer exactement une loi qui ne peut qu'être indiquée d’une manière plus ou moins approxi- malive. Séance du 17 novembre 1849. M. Bravais communique à [1 Société la suite de ses recherches cristallographiques. Il rappelle dans quels cas la théorie indi- que que le phénomène de l’hémiédrie doit se produire (commu- nivation du 7 juillet 1849) ; il ajoute que la classification ainsi obtenue s’accorde avec celle que M. Frankenheim à publiée dans le tome LVI des Annales de Poggendorff. M. Bravais propose de substituer au terme hémiédrie le terme plus vague de mériédrie qui indique une réduction dans le nom- bre des faces des formes cristallines, sans spécifier queiles sont ces formes, ni dans quel rapport la réduction s'opère. La mérié- drie provient de ce que la molécule du cristal ne possède pas tous les éléments de symétrie (axes, centre, . de symétrie) de l'assemblage cristallin. Lorsque la molécule possède tous les axes de symétrie de l'assemblage, l’auteur la désigne sous le nom de molécule holoaxe. Exemples : la moïéeule dont le symbole est (L,, L’., L'., 0C, oP) est holoaxe dans le système binaire ; la molécule (A5, 3L,, G, 3P), la molécule (4,,3L, OC, 0P), sont holoaxes dans le système ternaire. La molécule est dite hémiaxe si elle a au moins un axe de symétrie qui lui soit commun avec l'assemblage, pourvu que le numéro d'ordre de la symétrie de cetaxe soit le même dans l’as- semblage et dans la molécule. Exemples : la molécule (4L., 3L., 0C, OP) qui cristallise dans le système terquaternaire est hémiaxe dans ce sys'ème;la molécule (A,, 2L,, OC, 2P) e:t hémiaxe dans le système quaternaire. 96 La molécule est dite tétarloaxe, si elle n'a de commun avec l'assemblage que des axes dont le numéro d’ordre devient moin- dre, en passant de l’assemblage à la molécule. Exemples : les molécules (A:, 0L., G, OP), (A;, 0L,, 0G, I) sont tétartooxes dans le système sénaire, dont Le symbole est (Ac, 3L:, 3L’., O, II, 3P, 3P'. Toutes les molécules des corps rentrent dans l’une des trois catégories précédentes. La molécule qui ne possèle ni centre ni plan de symétrie, mais seulement des axes de symétrie, est appeiée par M. Bra- vais monosymétrique. Exemple : la molécule (L,, L':, L”., 0C, OP) est monosymitrique dans le sys'ème terbinaire. La molécule qui possède, outre les axes, un centre ou au moins un plan de symétrie est dite polysymétrique. Exemples : Ja molécule (A,, 01, G, I) dans le système quaternaire ; la mo- lécule {4L,, 3Le, 0G, 6P) dans le système terquaternaire, On déduit de ces définitions la classification suivante des mo- lécules des cristaux : Holoaxes polysymétriques ou holoédriques. groupe I Holoaxes monosymétriques . . . . . . . , groupell Hémiaxes polysymétriques.. . . . . . . . ogroupelil Hémiaxes monosymétriques. . . . . . . . groupeÏV Tétartoaxes polysymélriques . . . . . . . groupe V Tétartoaxes monosymétriques .. . . . . . groupe VI. Avant de passer outre, il faut distinguer trois sortes de for- mes cristallines, qui ont nécessité pareillement une terminologie nouvelle de la part de l’auteur : 1° La forme oblique, dont les faces ne sont ni parallèles, ni perpendiculaires aux axes de l'assemblage, et dont le nombre de faces est donné par la formule 10N3 + 6N,H 4N, HN, +2 (Séance du 17 mars 1849); 2° La forme parallèle dont chaque fice est parallèle à un axe de symétrie de l’assemblage : si cet axe est d'ordre pair, la forme sera dite orthoparallèle ; 3° La forme normale, dont chaque face est normale à un axe de symétrie de l’assemblage : si cette face est en même temps parallèle à un axe d'ordre pair, la forme sera dite normale or- thoparallèle. 87 Le théorème suivant sert à déduire le nombre des faces des formes parallèles ou normales du nombre des faces de la forme oblique du même système cristallin, dans tous les cristaux ho- loédriques (groupe T). « La forme oblique d’un cristal holoédrique ne conserve que la » moitié de ses faces, en devenant orthoparallèle ; elle ne con- 1 É » serve que — du nombre de ses faces, si elle devient normale q » à un axe d'ordre g, saus ütre en même temps orthoparallèle ; » enfin elle ne conserve que Ia fraction 5 si elle devient nor- male crthoparallèle. » Quelques exemples éclaireiront cet énoncé. Prenons les formes parallèles du système sénaire, Il y a, dans ce système, trois espèces d’axes d'ordre pair; donc aussi trois espèces de formes orthoparallèles : 1° La forme parallèle à Paxe sénaire, prisme dodécaèdre in- äéfini ; _ 2° La forme parallèle aux axes binaires de première espèce, birhormboèdre de première espèce des minéralogistes ; 8° La forme parallèle aux axes binaires de deuxième espèce, birhomboëdre de deuxième espèce des minéra'ogistes. Ces trois formes sont à 12 faces, tandis que la forme oblique (didodécaèdre) en a 24. Ces formes n’en sont pas moins holoé- driques, parce qu'elles possèdent toutes les faces qu’eiles sont susceptibles de posséder. Prenons maintenant les formes normales du système terqua- ternaire. Ce système a aussi trois espèces d’axes ; il y avra donc trois espèces de formes normales, et il est facile de voir qu’elles sont en mêine temps orthoparallèles ; 1° La forme normale aux axes quaternaires ; c’est le cube. Le = 1 1 coefficient de réduction du nombre des faces doit être D ( 3. Le cube offre en effet six faces, au lieu des 48 faces que com- portent les formes obliques (hexakisoctaèdre) de ce système cristallin ; 88 2 La forme normale aux axes ternaires; octaèdre régulier. LA - 1 1 . Le coefficient de réduction sera % =, huit faces au leu 6 de 48 ; 3° La forme normale aux axes binaires ; dodécaèdre rhom- Ô 1 1 boïdal. Le coeffient de réduction sera Soon douze faces au 0 (1 7 lieu de 48. On peut traiter de même tous les autres systèmes cristallins. Passons maintenant aux cristaux mériédriques, et à la réduc- tion qu’éprouve le nombre de leurs faces , dans chaque forme. 1er TRÉORÈME , relalif aux formes obliques. « Dans les cris- » taux mériédriques , le nombre des faces de Ja forme oblique » est réduit dans le rapport de 1 à } , pour les cristaux des » groupes IT et IIL ; dans le rasport de 1 à ?, pour les cristaux » des groupes IV et V; dans le rapport de 1 à £ pour les cris- » taux du groupe VI. » 2e THÉORÔME, relatif aux formes parallèles. « La forme pa- rallèle à l'axe L, aura moitié moins de faces que la forme oblique du cristal, si elle est orthoparal'èle et si de plus le plan normal à l'axe L, est un plan de symétrie du polyèdre » moléculaire ; dans le cas contraire , le nombre des faces sera » le même que pour la forme oblique. » 3e TuéorÈue, relatif aux formes normales. « La forme nor- » male à l'axe L, aura moitié moins de faces que la même forme normale n'en a dans les cristaux holoédriques du mème » système, si le polyèdre moléculaire ne possède ni centre de » symétrie ni plan de symétrie normal à L,, ni axe d'ordre pair normal à cet axe ; dans le cas contraire, la forme normale » conservera toutes ses faces, » Œous les cristaux connus en ce moment comme doués d’un pouvoir rotatoire optique appartiennent à la catégorie des cris- taux monosymétriques. Cet énoncé est plus général que eelui donné récemment par M. Pasteur (Séance de l’Académie des sciences du 17 septembre 1849 ) , ét qui consiste en ce que les cristaux à pouvoir rotatoire doivent avoir des formes hémiédri- ques dont les correspondantes ne leur soient pas superposables. ÿ 09 On peut citer, à l’appui de cette assertion, le quartz où certaines formes hémiédriques (par exemple le ditrièdre formé par les faces rhombes s d'Haüy) ont des formes conjuguées qui leur sont superposables , tandis que d’autres formes { par exemple le trapézoèdre trigonal formé par les facettes æ d’Haüyÿ } ont des conjuguées qui ne leur sont pas superposables. Il faut aussi remarquer que, dans certains cas, la forme hé- miédrique conjuguée, mais non superposable à la forme donnée, quoique ayant sonexistence géométrique propre, ne se rencontre pas dans la nature; tel est le cas du sucre cristallisé. Les cristaux pyroélcciriques {tourmaline , topaze , boracite, calamine) paraissent aussi se réunir en ui seul groupe, celui des cristaux à molécules hémiaxes polysymétriques, mais dé- pourvues de centre de symétrie, caractère qui paraît préférab'e à celui que l’on a tiré jusqu'ici de la dissymétrie des sommets. On verra, dans une prochaine communication, que la circon- stance d’être holoaxes ou hémiaxes, monosymétriques ou poly- symétriques, joue pareillement un in important dans les phé- nomènes d'emboîtement et d’hémitropie des cristaux. Voici les symboles de symétrie des molécules, pour les diffé- rents cas aujourd'hui connus de cristaux mériédriques. Dans le système terquaternaire, (4L:, 8L:,C, 3P ), sulfure de fer, arséniosuifure de cobalt, ete, ; (4L;,3L., 0C, 6P ), suifure de zine, cuivre gris, boracite, etc. : Dans le syslème rétine (A5, 8L,, 0C, OP), quartz; (A,, 0L,,C, IE), apatite. Dans le système quaternaire, (A,, 2L;,2L,/,0C, 0P) , wernérite;. | (As OL GE} ou tungstatée, plomb tungstaté, etc. : ; (4,,2L'%,0C,2P), cuivre pyriteux, édingtonite. Dans le système ternaire, (A,,0L2,, C, OP), craïtonite, dioptase; (A,, 0L,, 0C, 3P) , tourmaline. Dans le système terbinaire , .… Extrait de l'Institut, 1° section, 1849, 12 90 CAES LL YOU, oP) , manganite, sulfate de magnésie , ete.; (A,,0f:, 0C, P, P'), topaze, calamine. Dans le système binaire, (A:, 0C, 0P ), acide oxalique, acide tartrique, sucre candi, etc. Les cas de mériédrie indiqués par la théorie étant au nombre de 34, et, sur ce nombre, douze cas seulement ayant été ob- servés , il y a lieu d'espérer que des recherches ultérieures en feront découvrir plusieurs espèces nouvelles. Séance du 24 novembre 1849, Cite. Recherches sur le soufre; par M. Ch. Brame. — M. Brame expose les résultats d’un certain nombre de recherches qu'il a entreprises sur le soufre. I. Mouvement moléculaire sensible dans un corps d'apparence solide. 1° Sous toutes les formes , le soufre peut émettre de la va- peur à la température ordinaire, on trouve des cristäux naturels qui sont eux-mêmes dans ce cas. M. Brame le démontre au moyen de lames d'argent ou de pièces de monnaie d'argent, qui se colorent diversement à distance par l’action de la vapeur de soufre, produite à la température ordinaire. Dans le passage d’un état, dit allotrope, à un autre, la quantité de vapeur émise est quelquefois assez grande pour former un dépôt visible sur une lame de verre. L'émission ne paraît être annihilée que dans le soufre cristallisé ancien , d’origine utriculaire ou obtenu par fusion, dans un certain nombre de soufres durcis , anciens et quelques soufres compactes. 2° Le soufre durei ancien et le soufre vitreux naturel sont Lis plus denses, comme l'ont reconnu successivement MM. Scheerer et Marchand, M. Ch. Deville et M. Brame lui-même. Or, d'a- près M. Brame, les soufres qui émettent le moins de vapeur. sont en général les plus denses, 30 En même t: mps que la dinsité s’accroit et que l’éinission de vapeur diminue, la chaleur, dégagée pendant la combustion, 91 diminue également et dans le même rapport ; il en est de même de la chaleur spécifique (1). 4° Cependant la quantité de vapeur, émise à la température ordinaire par le soufre, sous diverses formes, est toujours mi- nime, et n’est pas cn rapport pondéral sensible avec l’accrois- sement de densité et la diminution de caloricité. 59 Les actions chimiques sont en général d’autant plus éner- giques que la densité est moindre et par conséquent que le sou- fre, dans chaque état moléculaire, est plus récent. De ce qui précède, il doit résulter et il résulte : Que le soufre n’arrive que très lentement au minimum de cohésion ; ce que M. Deville avait déjà déduit de ses études sur les densités du soufre ; Que le mouvement moléculaire, qui détermine l’opacification du soufre mou et des aiguilles de la fusion, en diminuant leur caloricité et augmentant leur densité, y persiste après la solidi- fication apparente, comme cela ressort de l'émission de vapeur à la température ordinaire, de l’accroissement continu de la den- sité, et de la diminution d'énergie des actions chimiques. ..… Aux considérations, qui viennent d'être relatées, M. Brame ajoute les suivantes : « J'ai reconnu que le soufre durci lui-même peut éprouver des variations dans plusieurs de ses propriétés physiques et chimi- ques ; l » Il peut se vernisser et devenir plus friable par l’action de la lumière solaire ; (1) D'après MM. Favre et Silbermann, le soufre cristallisé ancien, le soufre mou de trois mois, le soufre crislallisé dans le sulfure de carbone, celui du polysulfure d'hydrogène et enfin le soufre natif dégagent en brûlant un nom- bre de calories à peu près égal. Au contraire, le soufre cristallisé à chaud et le soufre mou donnent un chiffre de calories plus élevé de 40 unités. La chaleur spécifique des cristaux transparents bruns est à celle des cris- faux opaques et jaunes approximalivement comme 4,021 : 4 ( Scheerer ct Marchand ). Dans l'expérience de M. Regnault sur la solidification du soufre mou, par l'application d’une chaleur au-dessous de 100°, la perte de chaleur s'élève à 45° au moins. Q2 » Il se ramollit par la chaleur humide (eau à 100 et au-des- sous ) et ensuite il devient dur; après celailn *eSt plus 0! die ement ramolli par l’eau bouillante ; » Lorsque le soufre durci se pee lorsque des utricules cristallisent, etc., les actions chimiques peuvent être altérées ou mêmes abolies : ainsi la vapeur du mercure, celle de l'iode, celle d’autres corps sont absorbécs avec facilité à la tempéra- ture ordinaire par le soufre mou, le soufre durci terne, les ai- guilles de fusion transparentes , ou le soufre utriculaire, avant la cristallisation ; ces mêmes vapeurs ne sont plus absorbées, ou elles ne le sont que par exception, lorsque le soufre durci s’est vernissé, lorsque l’utricule à éprouvé la métamorphose cristal- line , ou lorsque les aiguilles de fusion sont devenues opaques. » Relativement au soufre vitreux amorphe, M. Brame a obtenu un pareil soufre { recouvert d'une gangue opaque, mais vitreux à l’intérieur}. Pour le préparer, on coule du soufre visqueux dans du sulfure de carbone , et on abandonne la dissolution à une évaporation très lente. M. Brame observe que, dans ses re- cherches importantes sur les densités da soufre, M. Deville à pris la densité d’un soufre vitreux, qu'il a trouvé à la Guade- loupe et qui était revêtu d'une pareille gangue ; cette densité a été trouvée 2,039; c'est-à-dire qu’elle est sensiblement infé- rieure à celle du soufre vitreux ordinaire, qui peut aller jusqu’à 2,075, d’après M. Brame. La faible densité du soufre vitreux de M. Deville semble indiquer que la condensation n’y est pas encore complète ; il est probable qu'il en est de même du soufre vitreux artificiel ; et M. Deville croit, comme Âf. Brame, que l'état utriculaire peut y persister. D'ailleurs, nombre de soufres vitreux , cristallisés ou amorphes, émettent de la vapeur à la température ordinaire, bien qu’en très petite quantité, et tous peuvent être dévitrifiés, d’après les observations de M. Brame, par uue chaleur inférieure à celle de la fusion ; dans ce cas le soufre vitreux devient opaque, sans se désagréger ni se ramol- lir, tandis que par la fusion il forme les aicuilles ordinaires. De tout cela il résulte : « 1° Que souvent le repos dans lequel semblent les molécules de soufre n’est qu’apparent ; » 20 Que nous ne connaissons peut-être pas le soufre, dont n'a) 99 les molécules seraient en équilible statique, mais les aiouilics de fusion et lé soufre durei ancicn, les utricules cristallisécs en approchent probablement le plus : Fe » 3° Que l’état cristallin octaédrique ne paraît pas être le terme nécessaire vers lequel tendraient toutes les autres formes du soufre, la tendance serait réellement vers l'état compacte, amorphe ou cristallin, vitreux où opaque; » 4° Que la forme et l’état utriculaire sont le lien nécessaire des faits exposés précédemment, et des trois premières conclu- sions. » IT. État utriculaire du soufre. Erterprétation de divers phénomènes qui S'y rapportent. M. Brame a vu des utricules de soufre, maintenues quatre à cinq mois, éprouver à volonté la métamorphose cristalline ; il a montré, à plusieurs membres dela Société, des utricules conser- vées depuis plusieurs années. Non-seulement M. Brame a reconau que , sous la plupart de ses formes, lesoufreémet dela vapeur à la température ordinaire; mais il a vu aussi que, sous toutes les formes, il émet de la va- peur blanche, caractérisée par ses dépôts au-dessous de 1900; le soufre mou en produit même en quantité notable dès 46°, et il en est de même du soufre utriculaire (1). Il montre des utricules, qu’il forme, devant la Société, en di- visant rapidement, avec le doigt, une goutte de soufre liquide sur une lame de verre. Un certain nombre de ces utricules cris- tallisent immédiatement, et plusieurs donnent ainsi des oct:è- dres à base rhombe. Il fait passer sous les yeux des membres des dessins qui représentent les résultats obtenus en pareille circonstance. ( Utricules en lignes parallèles, lames carrées ou obliques? octaèdres formés immédiatement dans les. utricules le plus refroidies ; utricules couvertes de petits prismes on em- brassées par des cristaux, etc.) Le but principal de cette cxné- rience çst de montrer que, par la grande division que le soufre (1) L’utricule est la forme sous laquelle le soufre émet le plus de vapeur, et cela dès la température ordinaire. Avec quelques centigrainmes de soufre utriculaire on peut obtenir une quantité de vapeur de soufre condensée, sensible à la balance. 94 éprouve, au moyen de la pression et de la traction simultanées, il se change en utricules qui se conservent molles pendant un temps plus ou moins long. M. Branfe fait voir aussi des dessins, représentant du soufre mou', dans lequel on a fait apparaître des globules utriculaires par les actions mécaniques, la chaleur, les dissolvants, etc., et dont le tégument avait une texture évidemment utriculaire. D'un autre côté, le soufre mou, refroidi sur une lame de verre, de manière à retourner vers la température de la fusion, donne fréquemment des octaèdres, en grande quantité, lors- qu’on vient à séparer méaniquement, au moment où l’adhé- rence commence, la portion de la matière qui est encore li- quidr; le soufre adhérent cristallise alors en octaèdres ; M. Brame montre une lame couverte d’octaèdres obtenus de cette manière. M. Brame se résume ainsi : Permanence de Pétat utriculaire. Vapeur de la plupart des formes du soufre, à la température ordinaire. Vapeur de toutes les formes , au-dessous de 100°, et de 46° pour le soufre mou et le soufre utriculaire. Formation des utricules, par la simple division du soufre li- quide. Nature essentiellement utriculaire du soufre mou. Et il dit que, suivant lui, cela explique : $ I. 1° Les variations de la densité {1) entre le soufre mou, qui à la densité la plus faible, et le soufre durci ancien, les ai- guilles de fusion anciennes et les soufres vitreux cristallisés ou amorphes qui ont la densité la plus forte; 2° La variation du point de cristallisation (1040, 108°, 115°) et la surfusion ; 30 La chaleur dégagée pndant la cristallisation , estimée à 10,5 par MM. Scheerer et Marchand, mais qui est bien plus considérable , sans être en quantité constante (Brame) ; (4) Densité de diverses formes du soufre. — (a) S. mou. 41,87 à 1,9319 (Brame), 1,9277 (Deville), 4,955 (Scheerer et Marchand). — (4) Soufre durci ancien : jusqu’à 2,06 (Deville, Brame). — (c) Cristaux de soufre na- tif : même densité que le soufre &urci ancien (Schcerer et Marchand, Brame). — (d) Quelques soufres vitreux amorphes : jusqu'à 2,075 (Brame). cS 40 La métamorphose des cristaux bruns, ou des cristaux jau- nes transparents, qui deviennent opaques et jaunes ; 5° La contraction des cristaux bruns (1,352), celle des cris- taux jaunes; celle de la masse cristalline, produite par le soufre fondu brun ou jaune. L'augmentation de densité qui en est la suite, et cela, soit qu’on abandonne le soufre à la simple action du temps, soit qu’on hâte la modification par la chaleur, la lu- mière , les actions mécaniques, ete. ; 6° L'expérience si connue et si-remarquable de M. Regnault sur le soufre mou. Élévation de la température du soufre mou, dans un espace chauffé à 93-96°, jusqu'à 110°; et au-dissous de la température 93-960, la marche plus rapide du thermome- tre, plongé dans le soufre mou; 7° L'expérience de M. Woehler : le ramoilissement du soufre mou à 70° (1), celle de M. Brame : le ramollissement du soufre durci, surtout vers le lévament, dans l’eau bouillante ; ordinai- rement ce ramollissement ne peut se renouveler, où du moinsil ne se renouvelle qu’une seule fois ; 8° Le ramollissement de la fleur de soufre , lorsqu'on cherche à la diviser dans un mortier ; 9° La phosphorcseence de la fleur de soufre , chauffée sur une brique chaude ; 100 Le bris du soufre en canons , soit qu’on le tienne entre les mains, soit et surtout par l'application d’une température plus élevée. — L’opacification des cristaux naturels dans [es mé- mes circonstances. $ II. Cela donne des indications pour expliquer : (a) L’exception présentée par le soufre, dont le corfficient de dilatation diminue par une augmentation de température (Des- pretz). (b) Per cela même les expériences de M. Dumas, celles de Frankenheim, et l'expérience suivante, que rapporte M. Brame, et qui lui appartient : en mettant en contact du soufre durci avec (4) Ain$i ramolli, le soufre mou peut se conserver encore longtemps; les variations de température sont très peu eflicaces pour en déterminer la méta- morphose; la lumière est au contraire très active, non-seulement la lumière solaire, ce qui a été cntrevu , mais même la lumière diffuse, qui agit rapi- dement, 96 | de la vapeur de soufre , à une température inférieure à 200v, le soufre durci redevient trar sparent et mou. (c) Diverses propriétés du soufre mou et notamment les effets de la trempe, dans différents liquides (eau, éther, essence de térébenthine, sulfure de Carbone, ammoniaque , etc.). Dans l’éther ct l’essence de térébenthine, le soufre durci est blanc, tan- dis que la partie dissoute se dépose sous forme de cristaux jaunes ou jaunâtres. (d) Ce qui vient d’être rapporté en dernier lieu (c), porte à croire qu’on peut °xpliquer aussi de cette manière diverses co- lorations du soufre (jaune, brun, verdâtre, etc.). $ TE. Mais tout cela infirme les opinions de Berzelius et de . M. Frankenheim sur les états du soufre, dits aliotropes par Ber- zelius, que M. Frankenheim a désigués par les lettres «, 6, y; et auxquels on a assigné les caractères suivanis : Gaz État, Consistance. Couleur. ou vapeur (4). Système moléculaire. S, x Liquide. Incolore. Gaz Pyramides rhomboïdales 5. 2 Liquide. ‘Jaune foncée, — 2. Crist. monocliniq. (opaq.) S. Visqueux. Brune, — je Soufre mou. M. Brame esi amené par ses expériences à n'admettre que deux états du soufre. : Les deux états sont différents par la consistance, la couleur, la volatilité, la vapeur, la solubilité, la densité, le point de fusion, la cristallisation (peut-être) et enfin. par les actions chimiques. Selon M. Brame, cela explique toutes les anomalies apparen- tes que présente l’histoire du, soufre, envisagé comme corps élémentaire, d'autant plas que les deux états que présente, ce corps peuvent se combiner entre eux. En terminant son exposition, M. Brame annonce qu’il se pr'ononcera plus nettement sur la nature intime des deux états que présente le soufre, lorsqu'il aura publié une suite de travaux sur lesquels cette exposition est établie. Ces travaux sont rela- tifs à la densité, au point de fusion, à la divisibilité, à la cristal- lisation, à la volatilité et aux actions chimiques du soufre, ete. M. Brame ne croit pas trop s'avancer en disant que la forme (1) Les gaz «et 5 étaient hypothéliques ; le gaz / est la vapeur rouge. ” 97 et l’état utriculaires du soufre jettent beaucoup de lumière sur toutes ces questions qui présentaient jusqu’aujourd’hui bien des problères délicats à résoudre. 4 S'ur la contraction de la peauet les mouvements vermiculaires du scrotum , produits par l’électro-magnétisme ; par M. le doc- teur Brown-Séquard. — Tous les physiologistes s'accordent à dire que la contractilité du tissu, dont le derme est composé, ne peut être mise en jeu que par le froid ou par l’action nerveuse. Cette opinion est surtout fondée sur ce que l’application du gal- vanisme au dartos n’a fourni à Jordan que des résultats néga- tifs. De cette prétendue impuissance du galvanisme , quelques auteurs, J. Müller et Henle entre autres, ont tiré la conclusion qu'une différence essentielle existe entre la contractilité des fibres du derme dartoïque ou cutané et celle des muscles de la vie organique. M. Brown-Séquard a eru intéressant de chercher, à l’aide dun appareil électro-magnétique énergique, que M. Rayer a généreusement mis à sa disposition, si une telle différence existait véritablement. Ses expériences ont été faites sur l’'hamme et répétées un très grand nombre de fois. Au scro- tum , la contraction du dartos a été extrémement vive : des plis profonds et nombreux se sont montrés, ainsi que des mouve- ments vermiculaires ou ondulatoires très rapides. A la peau des membres et particulièrement à la face dorsale de l’avant-bras, on voit se produire le phénomène connu sous le nom de chair de poule : les poils se hérissent et leurs bulbes font saillie au-dehors. Il est des individus chez lesquels l’action du galvanisme sur la peau des membres est très peu prononcée, chez d’autres , au contraire, et principalement, — chose singulière ! — chez quel- ques paralytiques, elle a existé avec une telle intensité que toute la portion de peau étendue entre les points d’application des conducteurs de l’appareil électro-magnétique était couverte de petits mamelons constitués par les bulbes des poils. Dans les cas ordinaires la chair de poule n’existe que dans un cercle peu considérable autour de chacun des points d'application des con- ducteurs. Pendant le passage du courant, ces cercles s’'agran- dissent peu à peu. Quand on n’humecte ni la peau ni l’extrémité des conducteurs , l’action du courant électrique est bien plus Extrait de l’Institut, 17e section, 1849, 13 98 énergique et s'étend à une surface bien plus grande. On voit quelquefois les poils se hérisser sans que leurs bulbes fassent une saillie manifeste, De ce qui précède il ressort que la contractilité du derme peut être mise en jeu par l’électricité dynamique, de même que la contractilité des muscles de la vie organique. De plus , la con- traction de la peau et celle du dartos possèdent, comme celle du tissu musculaire de la vie organique, le double caractère de ne survenir qu'un peu après le commencement de Pexcitation , et de persévérer quelque temps après que l’excitation a cessé. La prétendue différence de contractilité signalée par Müller et Henle n’existe donc pas. M. Kôlliker a découvert récemment que le dartos et le derme : contiennent des cellules allongées, qu’il appelle des fibres-cel- lules musculaires. Il a aussi trouvé que les muscles de la vie organique ne sont pas composés de fibres lisses, comme on Îe disait, mais de fibres-cellules semblables à celles de la peau. Il y a donc lieu de se demander si ces fibres-cellules peuvent pro- duire à elles seules les contractions qui occasionnent /a chair de poule. M. Brown-Séquard , — se fondant sur ce que le nombre de ces fibres-cellules dans le derme cutané est peu considérable, et sur ce que la contraction envahit quelquefois toute la peau, qui se ride et se fronce en même temps que les bulbes des poils font saillie , — croit devoir admettre que le tissu cellulaire lui- même est contractile et participe notablement aux contractions du derme. Séance du 1% décembre 1849. Sur la vapeur du mercure à la température ordinaire; par M. Ch. Brame. — Tension, atmosphère de la vapeur du mer- cure.—ÆLa vapeur du mercure est-elle soumise comme les autres à la loi du mélange des gaz et des vapeurs ? 1° Les, utricules de soufre sont un réactif beaucoup plus sensi- ble que les lames ou les feuilles d’or pour démontrer la forma- tion de la vapeur du mercure à la température ordinaire. En six mois 03,009 d’utricules de soufre ont pris 05,065 de mercure, tandis qu’une lame d’or, dans les mêmes conditions, n’a pris que 0:,005.—Temp. 15 à 200, 990 2° L'onguent mercuriel, les amalgames, qui ne donnent pas de vapeur sensible, lorsqu'on emploie l’or, en donnent en quan- tité pondérable lorsqu’on substitue à l’or des utrieules de soufre. De plus, les utricules de soufre absorbent de la vapeur de mer- cure, produite par l’onguent mercuriel ou les amalgames, en présence de l’or, qui reste intact, bien que plus rapproché de la substance contenant du mercure. 3° Au moyen des utricules de soufre, on peut constater que Ja vapeur du mercure liquide s'élève à un mètre et plus à la tem- pérature de 12°. On peut constater aussi qu’elle obéit à la loi du mélange des gaz et des vapeurs; il suffit pour cela de les dépo- ser au fond d’un tube de 0,500 de hauteur, et maintenir celui- ci perpendiculairement sur du mercure, ayant le brillant mé- tallique ; le tout étant placé sous une grande cloche, les utricules noircissent bientôt à une température de 12 à 20°. Auxutricules, on peut même substituer des aiguilles de fusion récentes ou peu anciennes, du soufre durei, etc., etc.; l’effet produit est le même. Enfin à —8°, on a vu les utricules de soufre absorber du mer- cure à la distance de plusieurs centimètres ; seulement, dans ce cas, elles se colorent en jaune ou en rouge (vermillon). 4° Si, aux utricules de soufre, on substitue l’iode en petite quantité, la vapeur de ce corps produite à la température ordi- naire, bien qu’en petite quantité, dans l’air des tubes d’un mètre de long, refoule la vapeur de mercure jusqu’à une certaine hau- teur, où il y a dépôt d’iodure de mercure rouge à la partie supé- rieure de l’anneau, jaune à la partie inférieure. Le dépôt d’io- dure rouge est constitué par de petits cristaux ‘très nets, dans lesquels on reconnaît ordinairement les deux formes de l’iodure mercurique (octaèdre à base carrée, prisme droit), La hauteur de l'anneau formé par le dépôt est, le plus souvent, en rapport avec la température; à 12° elle est de 20 à 22 millimètres ; à 26° elle est de 36 à 38 millimètres, etc. — Souvent aussi la distance au mercure est en rapport avec la température, mais on ne saurait encore se prononcer à cet égard; la plus grande distance trou- vée est de 0,083 à 26° (1). De ce qui précède il résulte que : (1) Lorsque ces expériences sont bien conduites le mercure (10 à 305) reste parfaitement pur et brillant, 100 1o Les utricales de soufre sont un réactif bien plus sensible que l’or employé par M. Faraday pour démontrer la volatilité du mercure à la température ordinaire. 20 Contrairement à ce que l’on crovait, les amalgames et l’on- guent mercuriel donnent de la vapeur à ceite température. 30 À 8° le mercure donne de la vapeur, et il ne paraît pas alors avoir une atmosphère limitée, comme on le pensait ; tou- tefois ceci demande de nouvelles expériences, 4° En présence d’un mélange d'air et de vapeur de soufre, la vapeur du mereure obéit à la loi du mélange des gaz et des va- peurs, et j'ajouterai qu'il en est de même en présence de la va- peur de sulfure de mercure, qui se produit fréquemment dans ce Cas. 5° En présence d’un mélange d'air et de vapeur d’iode, et plus tard d’un mélange d'air, de vapeur d'’iode et d'iodure de mer- cure, la vapeur de mercure semble déroger à la loi commune. La densité de la vapeur d’iode et surtout celle de l’iodure de mercure expliquent en partie les résultats ; mais on voit trop combien ceci touche aux questions ies plus délicates de la phy- sico-chimie moléculaire pour se prononcer définitivement à cet égard. Des expériences du même genre entreprises sur du mer— cure globulaire promettent de donner la solution du problème. 6” Puisque les deux formes de l’iodure mercurique se produi- sent à la température ordinaire dans les mêmes circonstances, et que liodure est rouge sous ses deux formes, on ne peut plus dire, avec Frankenheim, qu’à chacune des formes correspond uve vapeur particulière. Recherches sur l’atrophie et d'autres altérations pathologi- ques, qui on lieu dans certaines paralysies ; par Al. le d" Brown- Séquard. I. On s’est fondé sur l'existence d’ulcérations et d’autres al- térations pathologiques , qui surviennent après la section du nerf sciatique, pour soutenir que l’absence de l'action nerveuse trou- ble considérablement la nutrition. Nous n’avons pas l'intention de mettre ici en question l’influence du système nerveux sur la nutrition ; nous voulons seulement montrer que les faits spé- ciaux relatifs au nerf sciatique n’ont aucune valeur. Voyons en 104 effet ce qui se passe quand on a coupé le nerf sciatique, soit chez des Grenouilles, soit chez des Lapins et des Cobayes. Quant aux Grenouilles, lorsqu'on a eu soin, en humectagt l'a- nimal , d'éviter l’entrée de l’eau, sous la peau, par la plaie, on ne voit survenir, après la section du nerf sciatique, aucune alté- ration pathologique, à l’exception toutefois de l’atrophie du membre paralysé. — Chez les Mammifères, nous avons cherché si les altérations qu’on a signalées n’étaient pas l'effet de la compression et du frottement des parties paralysées contre des corps durs. Henle a émis la supposition que ces altérations peu- vent provenir, en partie, de ce que l'animal ne sentant plus les portions paralysées du membre, reste appuyé sur elles, de façon à y gêner le cours du sang. ( Anat. génér., t. 2, p. 248. Note.) Pour trouver ce qui en est à cet égard, nous avons coupé le nerf sciatique aussi haut que possible sur des Lapins et des Cobayes. Quelques-uns furent laissés libres dans un cabinet carrelé; les autres farent enfermés dans une grande caisse, dont le fond était recouvert d’une couche épaisse de vieux linge, de son et de foin. En moins de quinze jours, il y avait déjà des altérations pathologiques notables chez les Cobayes et les Lapins libres. Ils avaient tous perdu les ongles des doigts paralysés ; l'extrémité du membre était tuméfiée, les tissus, mis à nu, étaient rouges, engorgés et couverts de bourgeons charnus, Au bout d’un mois, les altérations précédentes s'étaient augmentées et la nécrose était survenue dans les os dénudés. Chez les animaux enfermés dans la caisse, aucune de ces lésions n’eut lieu. Ce n’est donc pas le défaut d'action nerveuse qui est la cause de ces altéra- tions, mais bien le frottement des parties paralysées contre un sol rugueux et dur. Quant à la supposition d’Henle, relativement au rôle de la compression seule, elle est démentie par ces expé- riences, puisque la compression a eu lieu, sans produire d’effet nuisible, chez les animaux enfermés dans la caisse. Pour que les altérations signalées se produisent, il faut qu’il y ait com- pression et frottement contre des corps durs et rugueux. IT. L’atrophie qui survient dans les membres paralysés par suite de la section des nerfs est-elle due au défaut de l’action nerveuse ou bien à une autre cause? J, Reid rapporte à ce sujet l'expérience suivante : il coupa les racines des nerfs des deux 102 membres postérieurs sur des Grenouilles, et il fit passer chaque jour le long de ces deux membres un faible courant galvanique. Au bout de deux mois, il trouva que le membre galvanisé avait conservé son volume, et que la contraction musculaire y avait lieu avec énergie, tandis que l’autre membre é'ait atrophié de moitié et que ses muscles se contractaient faiblement. Nous ayons fait sur des Lapins une sembiable expérience ; le nerf sciatique fut réséqué sur les deux membres postérieurs. Chaque jour, après l'opération , nous fîimes passer, par une des jambes , un courant galvanique. Au bout de six semaines , nous avons re- conau que le membre dont les muscles avaient été mis en action chaque jour était à l’état normal, tandis que l’autre était nota- blement atrophié et ses muscles fort peu contractiles. Nous ecneluons de ce résultat ce que J. Reid avait conelu de son expérience, savoir que, dans la paralysie consécutive à la section d’un nerf, l’atrophie n’est pas due directement au défant d’action nerveuse, mais bien à l’inaction prolongée des muscles. Nous avons fait une autre expérience, dont le résultat dépose encore'en faveur de cette opinion. Deux mois après avoir réséqué un des nerfs sciatiques, sur des Lapins, nous avons constaté une atrophie notable des membres paralysés et une diminution eon— sidérable de la contractilité. Nous commençâmes alors à galva- niser ces membres, et nous continuâmes à le faire pendant six semaines. Déjà, au bout d’un mois, ces membres paraissaient redevenus aussi gros que les membres postérieurs des mêmes animaux, dont le nerf sciatique était intact. Au bout de six se— maines, nous tuâmes ces animaux, et, après avoir mis à pu les muscles des jambes, nous trouvâmes la contractilité, chez chaque animal, également forte dans le côté paralysé et le côté intact; elle y dura le même temps, et la rigidité cadavérique y survint simultanément. En pesant les deux jambes comparativement, pour chacun des individus, nous trouvâmes qu’elles avaient sen- siblement le même poids. Les membres paralysés, déjà atrophiés, peuvent donc rega- gner leur volume ét leur contractilité, après les avoir perdus, malgré l’absence de l’action nerveuse, Les contractions musculaires, excitées par le galvanisme, sont si propres à faire grossir les muscles, que dans un cas d’atrophie 103. des museles du membre inférieur, chez un jeune homme, dans l’espace de six jours, sous l’influence d’une galvanisation ex- trèmement énergique, il y a eu une augmentation de 2 eenti- mètres ; au molletet de 5 centimètres à la partie supérieure de la cuisse. La circonférence du moellet, qui était de 28 centi- mètres 1 atteignit 31 centimètres ; celle de la cuisse qui était de 37 centimètres, arriva à 42 centimètres. Si les muscles peuvent être maintenus ou ramenés à l’état nor- mal par une galvanisation répétée chaque jour, uous croyons qu'il sera important d'employer cet agent d’excitation dans des cas de paralysie où, jusqu'ici, l’on n’en avait pas fait usage dans le but que je vais indiquer. Dans des cas d’hémiplégie, ou de paraplégie, dus à une lésion des centres nerveux susceptible de guérison, comme l’hémorrbagie cérébrale, par exemple; dans des cas aussi de lésion des troncs nerveux pouvant se terminer par une régénération nerveuse, il pourrait arriver que le sys- tème nerveux ne retrouvât Son pouvoir d'agir sur les SHARE que lorsque ceux-ci seraient déjà tellement atrophiés que l'in- nervation motrice {üt impuissante à y déterminer des contrac- tions. On conçoit que si, dans des cas pareils, on avait employé le gaivanisme, non pas pour combattre la cause de la paralysie, mais pour empêcher les muscles de s’atrophier, ils se seraient trouvés prêts à obéir à l’innervation motrice le jour où celle-ci serait redevenue possible. — M. de Caligny communique à la Société une note sur un nouveau moteur hydraulique de.sen invention. J'ai communiqué à la Société, en 1844, des moteurs hyérau- liques à niveaux constants, de mon invention, et je me suis étendu dans diverses circonstances sur l'avantage qu'il y'a à employer des tuyaux-soupapes dans les circonstances où cela se peut. Mais ce que j'ai dit ne suffisait peut-être pas pour montrer à quel degré de simplicité on pouvait être conduit dans les applications de ces idées. Un seul bout de tuyau toujours ouvert à ses deux extrémi tés, et portant à chacune d’elles un: rebord annulaire extc rieur, dE fit pour ouvrir et fermer alternalivement deux orifices ci nu laires superposés , et séparés l’un de l’autre par un plan héri- zontal extérieurement à ce bout de tuyau dont chaque rebord 10% annulaire vient alternativement presser le pourtour de l’orifice circulaire de ce plan qui sépare deux biefs, [Il est à peine né- cessaire d’ajouter que deux siéges annulaires fixes sont dispo- sés l’un au-dessus, l’autre au-dessous de ce plan horizontal pour recevoir alternativement celle des extrémités du tuyau qui vient s’y poser. L'autre extrémité s’appuyant sur ce plan je suppose d’abord qu’on fasse fonctionner ce tuyau-soupape instantané- ment aux époques voulues ; avec ce seul tuyau-soupape, une chute d’eau peut faire fonctionner deux pistons moteurs au moyen de leurs contrepoids ou ressorts. L’un de ces pistons se meut dans un corps de pompe disposé au-dessus de l’orifice annulaire d’admussion , l’autre dans un corps de pompe disposé au-dessous de l'orifice annulaire de dé- charge. La partie inférieure de ce dernier piston est toujours en communication avec l’eau du bief inférieur ; la partie supé- rieure du premier peut être toujours en communication avec Veau du bief supérieur , mas cela n’est pas indispensable. Je suppose l’orifice de décharge fermé en vertu de la descente du tuyau-soupape. L’eau motrice eñtre dans le système. Elle agit de haut en bas sur le piston inférieur en vertu de*son poids, et permet à un contrepoids où à un ressort de relever le piston supérieur puisqu'elle presse celui-ci par dessous. Si le tuyau-sou- pape étant relevé ouvre l’orifice de décharge et ferme l’o- rifice d'admission, la colonne liquide contenue sous le piston supérieur agit par succion sur ce dernier, et l'effort est assez sensiblement constant, parce que l’eau du bief supérieur entre par dessus pendant que la colonne aspirante diminue de lon- gueur. Je dois rappeler à cette occasion que l’idée de rendre sensiblement constante l’action d’une machine à colonne d’eau aspirante et à très petites vitesses appartient à Westgarth. Pendant que le piston supérieur descend aïnsi en vertu de Vaspiration et de la pression directe dont la somme reste assez sensiblement constante maigré la variation des deux éléments, le piston inférieur se relève au moyen d’un contrepoids ou d'un ressort, puisque la colonne variable comprise au-dessous du piston supérieur, et au-dessus du niveau du bief inférieur n’a- git que très peu sur ce piston inférieur , agissant principalement sur l’autre en vertu de la succion. 105 N’exposant en ce moment qu’un principe, je n'entre pas ici dans les détails d'exécution, je n’examine pas si la tige du pis- ton inférieur doit traverser le piston supérieur , ou agir sur ja résistance à vaincre au moyen de pièces inférieures, etc. Je di- rai seulement quelques mots des précautions à prendre pour que l’eau ne se perde pas inutilement pendant que la soupape se lève ou se baisse, en prévenant d’ailleurs que l’on pourrait au besoin employer deux tuyaux-soupapes, un pour chaque orifice, un des éuyaux-soupapes étant alors plus large que l’autre. Il n’est pas nécessaire d'entrer dans ces détails. On conçoit d’ailleurs que dans les circonstances où un tuyau-soupape doit fermer par dedans et par dehors, pour bien boucher une fente annulaire, en même temps qu’elle ouvre ou ferme de grands orifices, on peut y parvenir sans frottement, la section de sa paroi étant semblable à celle d’un T, c’est-à-dire le-tuyau-soupape ayant un rebord annulaire à l’intérieur , et un rebord analogue à l’ex- térieur, soit à une de ses extrémités soit aux deux si cela est nécessaire. LA Un disque horizontal circulaire est fixé par une tige au piston supérieur. Quand celui-ci achève sa course descendante, le dis- que est près du plan horizontal qui sépare les deux biefs. Alors la soupape peut se relever sans qu'il soit indispensable que ce soit tres vite, parce que sil se perd un peu d’eau, il ne s’en perdra que très peu, les deux orifices étant en communication seulement par l’espace annulaire compris autour du disque, et il est à remarquer que ce disque ne gêne pas bien sensiblement la descente de la colonne liquide à l’époque où se fait l'aspira- ion, parce qu’il descend avec ceite colonne. A l’époque où le piston supérieur est relevé, le mème effet d'interruption momentanée se produit au moyen d'un second diaphragme inférieur au premier et disposé sur la même tige. Mais il faut remarquer que la descente de celui-ci ne doit pas être sans influence sur l’orifice de décharge , et qu'il sera bon de lui donner une forme conique analogue à celle d’un pavillon de trompette dont le sommet s ra tourné vers le haut. Il sera bon de donner aussi une forme analogue au diaphragme supérieur à cause des effets qu’il éprouvera en remontant. Celui-ci, s’il était seul, pourrait peut-être avoir un diamètre qui ne diffè- Extrait de l’Institut, 1° section, 1849, 44 106 rerait pas beaucoup de celui de l’espace cylindrique où il joue, mais pour le disque inférieur il faut tenir compte de ce que la résistance passive qu’il éprouvera en remontant sera notable, sila vitesse est un peu grande même quand son diamètre sera réduit, parce que le tuyau-soupape fermera l’orifice annulaire de décharge. IL faut donc tenir compte de cette circonstance en disposant à la hauteur du plan de séporation des deux biefs une pièce annulaire fixe, qui permettra de diminuer le diamè- tre des disques mobiles. On pourrait à la rigueur se débarrasser de ces disques, au moyen de l’inertie de l’eau contenue dans des tuyaux divergents qui seraient disposés extérieurement à l’orifice de décharge , au moyen de couronnes fixes destinées à faire en sorte que les ex- trémités convergentes de ces tuyaux ne communiquent qu'avec Pappareil. On conçoit en effet que l’inertie de cette eau, si les tuyaux divergents étaient assez longs, suffirait pour permettre d'ouvrir et fermer alternativement les deux orifices superposés, sans qu’il résultât d’inconvénient bien sensible de leur commu- nication momentanée. Dans cette hypothèse, il serait tout au plus utile de conserver le diaphragme supérieur dont on pour- rait augmenter le diamètre, sauf la résistance provenant de cette augmentation au commencement de sa levée. Il est à remarquer que la présence de ces tuyaux de décharge divergents suffirait pour permettre d'employer la vitesse acquise de l’eau à faire fonctionner les pistons par succion, comme dans d’autres appareils que j’ai présentés à la Société, et qui permettent de débiter d'autant plus d’eau que les chutes motrices sont plus diminuées en vertu des variations d’une rivière. Cela est du moins évident pour le cas où l’on supprimerait le piston infé- rieur, qui ne remonte d’après la description précédente, ab- straction faite de cette considération, qu’en vertu d’un contre- poids où d’un ressort. Il est d’ailleurs à remarquer que si l’on supprime l’un ou l’autre des deux pistons, en le remplaçant bien entendu par une surface fixe, ce qui serait nécessaire dans lun ou l’autre cas, comme il passerait moins d’eau à chaque période par chaque orifice, la hauteur due à la vitesse de l’eau serait moindre , ce qui diminuerait la perte de force vive. De même la vitesse d'entrée ou de sortie dépend jusqu’à un cer- > 107 tain point des diamètres des pistons. Ce peu de mots suffit pour indiquer sur quelles bases doit être établi le calcul des dimen- sions de la machine qui fournissent l’effes utile maximun. Mais pour entrer dans plus de détails il faudrait connaître plus positivement la quantité de travail nécessaire pour faire fone- tionner un {uyau-soupape d'une grandeur donnée, parce qu'il est bon de n’avoir pas à le faire fonctionner trop souvent pour obtenir un certain travail moteur. On peut remarquer aussi, quant au diaphragme supérieur, que si en vertu des dimensions du piston supérieur il ne monte pas trop haut, la résistance passive qu'il éprouve à la fin de son ascension est moins im- portante. Pour faire fonctionner le tuyau-soupape , on peut employer un système analogue au balancier hydraulique employé pour la première fois par Denisart et de la Deuille, les inventeurs de la machine à colonne d’eau , et dans lequel une même masse d'eau part alternativement d’une extrémité à l’autre d’un balancier, qui par cette raison achève sa course de lui-même, quand une de ses extrémités a été relevée au-dessus du plan horizontal. Je n’entrerai pas ici dans les détails sur la manière de disposer les points d'arrêt, les rainurts qui permettent la liberté des cour- ses, ete. Je ferai seulement une remarque nouvelle, c’est que ce balancier mis en mouvement par la tige d’un piston pouvant être disposé beaucoup au-dessus d’un corps de pompe, jouit de la propriété de pouvoir fournir d:s courses considérables même au moyen d’une petite chute, à cause des points d'application que l’on choisit pour la tige du piston, etc. Séance du 8 décembre 4839. Note sur les courants induits d'ordres supérieurs, par À. Ver- det. — On appelle courants induits du second ordre ceux qui se développent dans un conducteur lorsqu'un conducteur voisin est traversé par un courant induit ordinaire. M. Henry, de Phi- la:lelphie, à qui l’on doit la découverte de ces courants, les a considérés comme formés de deux courants successifs de direc- tion contraire, maisil n’a pas donné de preuve exptrimentale de son bypothèse, « J'ai pensé, dit M. Verdet, qu’on pourrait ma- | 108 nifester la constitution des courants induits du second ordre par leurs actions électro-chimiques, et j’ai ainsi obtenu la confirma: tion des vues théoriques de M. Henry. » À cet effet, j’ai fait communiquer l’un des fils d’une bobine à deux fils avec une pile voltaïque , et l’autre avec une deuxième bobine à deux fils. Le second fil de cette nouvelle bobine était mis en rapport avec un voltamètre ordinaire plein d’eau acidu- lée. Par cette disposition, en interrompant ou en fermant le cir- cuit traversé par le courant voltaïque, je produisais dans la pre- mière bobine un courant induit qui traversait aussi le premier fil de la seconde bobine et développait dans le deuxième fil un courant induit du second ordre par lequel l’eau acidulée du vol- ‘tamètre pouvait être décomposée. L’interruption et la fermeture du courant principal s’obtenaient à l’aide d’une roue dentée, et un commutateur semblable à celui de MM. Masson et Bréguet ne laissait circuler dans la deuxième bobine que les cou- rants directs, développés au moment de l'interruption du courant de la pile. » Le premier fil de la seconde bobine était donc traversé par un grand nombre de courants induits successifs de direction constante. Si l'hypothèse de M. Henry était exacte , le deuxième fil devait faire passer dans le voltamètre une succession de cou- rants de directions 2lternativement opposées, et par conséquent on devait obtenir dans chacune des éprouvettes placées sur les électrodes de l’appareil un mélange d'hydrogène et d’oxygène. Tel a été effectivement le résultat de mes expériences : j’ai toujours trouvé dans lesdeux éprouvettes un mélange explosif, seulement la proportion des gaz mélangés a varié très irrégulièrement d’une expérience à l’autre, et n’a d’ailleurs pas été la même dansles deux éprouvettes, de façon qu'il m'a été impossibie de véri- fier, si, comme il y a lieu de le penser, d’après les considérations développées par M. Henry , les deux courants successifs qui - constituent le courant du second ordre font circuler des quan- tités égalesd'électricité. La cause des irrégularités se trouve évi- demment dans la recomposition partielle qui doit s'effectuer entre l'hydrogène et l'oxygène dégagés presque simultanément sur la même lame métallique, et dans la série d’oxydations et de désoxydations qu'éprouvent Les lames sous l’influence de ces 109 deux gaz. Ces exydations et ces désoxydations se sont fréquem- ment manifestées dans mes expériences par la production d’une poudre noire à la surface des électrodes comme dans les expé- riences bien connues de M. Delarive, sur les courants alterna- tifs transmis par les liquides. » Chacune des deux bobines dont j'ai faitusage était formée de deux fils d’un millimètre de diamètre et d’environ 500 mètres de longueur enroulés ensemble et parfaitement isolés l’un de l’autre, ainsi que je m'en suis assuré plusieurs fois. La pile était une pile de vingt éléments de Bunsen (1). Cinq ou six minutes suffisaient en général pour dégager trois ou quatre centimètres cubes de mélange gazeux. Enfin, dans la plupart des expériences, j'ai introduit dans le premier circuit induit un voltamètre afin de reconnaître si le commutateur ne se déran- geait pas et ne laissait réellement passer que des courants de di- rection constante. : [l est à peine nécessaire d'ajouter qu’en disposant le commu - tateur de manière à laisser passer les courants inverses en arré- tant les courants directs, les résultats des expériences sont de- meurés les mêmes. » Séance du 45 décembre 1849 M. Jules Haime annonce la découverte qu’il vient de faire d’un polypiéroïde siliceux dans les’ Polypes de la famille des Antiparhüdées. « Jusqu'à présent, dit-il, on n'avait pas signalé la présence de la silice, du moins en proportions notables dans d’autres animaux que certains genres d’Infusoires et dans les Spongiaires ; et l’on avait admis Sarenileent que les tissus der- miques ossifiés et constituant un polypier proprement dit, ou seulement uu polypiéroïde , sont essentiellement formés de cal- caire chez tous les Polypes auquels M. Milne Edwards et moi- même nous avons donné le nom de Coralliaires. Aussi ai-je été fort surpris, lorsqu’en étudiant au microscope les parties coriaces qui recouvrent l’axe d'apparence cornée, ou le seléro- base, de l’Antipathes glaberrina d’Esper j'ai vu que le derme de (4) Le commutateur portait vingt-cinq dents sur chaque roue et faisai t environ quatre-vingts tours par minute, 110 ce Polype est consolidé par un polypiéroïde, formé de filaments très abondants et très semblables à ceux qui constituent le tissu des Éponges communes. Ces fils sont très longs, très grèles, hyalins, cylindroïdes, extrêmement enchevêtrés et rarement ramifiés. Leur grosseur varie peu et lettr diamètre moyen est d'environ un 35e de millimètre. En analysant ce polypiéruide, ajoute M. Jules Haime, je l’ai trouvé composé en majeure par- tie de silice, mais il contient en outre un peu de phosphate de chaux , un peu de magnésie et enfin une très faible proportion de carbonate de chaux. Ce sont bien, on le voit, les mêmes éléments que ceux qui entrent dans la composition du polypier des Zoanthaires sele- renchymateux ordinaires ; seulement ils se trouvent ici dans des proportions tout-à-fait inverses. Séance du 15 décembre 1849. PHYS1OLOGIE VÉGÉTALE. De l'origine et de la nature des lenticelles. — Sous ce titre M. E. Germain, de Saint-Pierre, lit l'extrait suivant d’un mémoire contenant les résultats d’observa- tions qu’il a faites sur ce sujet. « Les lenticelles sont de petits organes qui appartiennent à l'écorce d’un grand nombre de végétaux, et qui se présentent à la surface de l’épiderme, sous l'apparence de rugosités brunä- tres, de forme ovale ou elliptique. Une lenticelle se compose d’un bourrelet circulaire, au centre duquel se fait jour un noyau cen- tral. Quelquefois le bourrelet est seul visible à l’extérieur, quel- quefois c’est le noyau seulement. Dans tous les cas, la masse brunâtre fait saillie à travers une fente longitudinale de l’épider- me, qui se prolonge à mesure que l’organe auquel elle donne passage grossit et distend l’ouverture. » Les opinions émises par les botanistes observateurs qui se sont occupés de la nature et de la structure des lenticelles sont contradictoires entre elles. — Guettard (admis à l’Académie des sciences en 1734) les considéra comme des organes glanduleux, et les nomma glandes lenticulaires. — De Candolle (1826) crut voir chez ces organes les bourgeons des racines qui se dévelop- pent sur les tiges pendant leur séjour dans la terre humide.— M. Hugo Mohl (1832-1836) démontra que l’opinion de De Can- 411 dolle n’était pas fondée, et établit que la production des lenticel- les est analogue à celle du liége, mais que cette production, au lieu d'être le résultat d’une hypertrophie de la couche subéreuse de l'écorce (couche celluleuse sous-épidermique) est le résultat d’une hypertrophie de la couche herbacée (couche celluleuse si- tuée entre la couche subéreuse et le liber). — M. Unger (1836) considéra les lenticelles comme des stomates dégénérés et con- tevant un organe reproducteur analogue aux bulbilles ; plus tard (1843) le même auteur, dans un ouvrage publié en commun avec M. Endlicher, adopte la manière de voir de M, Mohl. » L'origine et la nature si contestées d’un organe en apparence si simple, me déterminèrent à de nouvelles recherches. Je fis choix, comme sujet d'observation, du Sureau (Sambucus nigra) ; les lenticelles de cet arbre sont abondantes, elles ont un et jus- qu’à deux millimètres de diamètre transversal et longitudinal. » Je constatai d’abord les faits négatifs suivants : — 1° à au- cune époque de leur existence, les lenticelles ne sont le siége d’aucune sécrétion et ne peuvent être considérées comme des glandes ; — 2° les stomates, loin de s’hypertrophier, s’atrophient à mesure que l’épiderme vieillit et n’ont aucun rapport avec les lenticelles ; — 3° les racines qui naissent sur les boutures appa- raissent généralement sur des points où il n’existait pas de len- ticelles ; — 4° enfin , sur les points où il existe des lenticelles il ne se développe ni bulbes ni bourgeons. » Je constatai ensuite les faits positifs suivants : — 1° le bour- relet des lenticelles provient d’une hernie de la couche cellulaire sous-épidermique , dite couche subéreuse; et le noyau central provient d’une hypertrophie de la couche cellulaire située sous la couche précédente et dite couche herbacée ; — 2° le tissu cel- lulaire qui constitue les lenticelles se dessèche de l’extérieur à l’intérieur et au bout d’une année d’existence ce tissu est dessé- ché dans toute sa profondeur ; — 3° en faisant séjourner les tiges dans l’eau ou la terre humide, les lenticelles se boursouflent, par suite du gonflement des cellules qui finissent par se dégager par masses amorphes au bout de sept à huit jours ; — 4° enfin, dans le centre de plusieurs lenticelles appartenant à une même tige de Sureau, j'ai trouvé un petit corps ovoiïdo-cylindrique d’un blanc luisant, placé verticalement et libre dans une cavité moulée sur | 419 lui ; cette cavité était creusée en partie dans la couche herbacée, en partie dans le liber ; peut-être a-t-on pris pour un bulbille ce corps qu’il n’est sans doute pas rare de rencontrer et que je regarde comme étant probablement la nymphe dune très petite espèce de Diptère ou d'Hyménoptèrc. » J'étais arrivé, relativement à la structure des lenticelles, à peu près au même résultat que M. H. Mohl; — les lenticelles étaient bien réellement des hypertrophies du tissu cellulaire sous-épidermique; seulement j'avais constaté, en outre, que non- seulement la couche herbacée, maïs aussi la couche subéreuse, concourent à leur formation. Il me restait à déterminer l’origine de ces hypertrophies. » En examinant, dans ce but, l’épiderme , depuis celui du bourgeon jusqu’à celui de la tige adulte, je remarquai que chez les tiges encore à l'état herbacé l'épiderme est parsemé de poils courts et raides : ces poils sont à proprement parler des pince- ments de l'épiderme. La base de ces pincements est longue et étroite, la plupart se terminent par un très petit aiguillon cro- chu ; d’autres ne se terminent pas en aiguillou, leur partie cen- trale est alors plus ou moins saillante mais obtuse, et d’une teinte blanchâtre. — Un peu plus tard cette partie centrale du soulèvement de l'épiderme, qu'elle se prolonge en aiguillon, ou qu’elle constitue une élevure mousse , se dessèche , brunit, se fendille et se détruit ; il en résulte une étroite fissure brunü- tre, — C'est par cette fissure que fait lentement éruption le issu cellulaire sous-épidermique qui constitue la lenticelle ; ce tissu, d’abord blanchâtre, ne tarde pas à brunir en se desséchant. L'éruption du tissu cellulaire, à travers cette ouverture, ré- sulte de la tendance générale du tissu cellulaire vivant à s'épancher par accroissement, et à constituer des bourrelets partout où il se trouve en contact avec l'air extérieur ; à moins qu’il ne soit atteint d’une dessiccation rapide. » Une lenticelle est donc une hypertrophie locale du tissu cellulaire sous-épidermique tant de la couche subéreuse que de la couche herbacée, dont la naissance est déterminée par le contact de l'air Sur le point où l’épiderme a subi une perte de substance par la destruction d’un soulèvement préalable de l’épiderme. 113 » La forme de la lenticelle est déterminée par la fissure étroite qui lui sert de filière et par la déchirure de la hernie superfi- cieile par la hernie profonde. » Les lenticelles ont-elles pour usage physiologique de rem- placer les stomates ob'itérés en mettant l'enveloppe herbacée en rapport avec l’air extérieur ? La surface morte et desséchée des lenticelles ne me permet pas d'admettre cette hypothèse ; je re- garde les lenticelles comme faisant office de coins pour var de dedans en dehors l'épiderme'devenu trop étroit pour la tige qui augmente de diamètre. » Des observations que je me propose de continuer tendent en outre à me faire regarder la production des élevures subéreuses si remarquables chez l’Orme (Ulmus campestris); et peut-être la production du liége chez le Quercus suber, non-seulement comme étant d’une nature, mais encore comme ayant une origine ana logue sinon absolument semblable à celle des lenticelles. » On pensait que les lenticelles appartiennent exclusivement aux tiges ligneuses ; j'en ai rencontré de bien développées sur le ‘ pétiole des feuilles de Sureau ; et vers la fin de l’automne j’en ai remarqué à la base des tiges du Malva sylvestris. — Enfin, j'ai observé, mais seulement à leur période avancée, sur des raci- nes vivantes de Charme (Carpinus Betulus) mises hors de terre par un éboulement depuis plusieurs années, et sur les racines napiformes du Dahlia des élevures subéreuses qui ne m’ont pas paru différer des véritables lenticelles. » EcpéroLo@ie. — M. Aug. Duméril, agrégé à la Faculté - de médecine de Paris, communique à la Société les premiers ré- sultats de recherches expérimentales relatives à la température des Reptiles. Ses observations n’ont porté jusqu'ici que sur les Batraciens-Anoures (Grenouilles) et sur les Ophidiens. Il ena déduit les conclusions suivantes : La température des organes intérieurs de’ la Grenouille dé- passe celle du milieu ambiant; cette différence, qui est con- stante, est faible cependant, quand l'observation est faite dans des conditions convenables pour n’apporter, en quelque sorte, aucune modification au genre de vie habituel des PANTOIES elle n’a pas, en effet, été une seule fois de De de + degré et elle n’a été, d’autres fois, que de ! et même de { de "degré. Si, de Extrait de l'Institut, Are nb ; 1849, A5 114 l’eau à 140 ou #5° où elles vivent habitucllement, pendant Vhiver, dans la ménagerie des Reptiles, on transporte des Gre= nouilles dans de l’eau à +-8° ou 6°, leur température s’abaisse no- tablement, car de 15° à 16° au plus qu’elles portaient d'abord, elles descendent à 8° ? et même jusqu’à 48°. Pendant 1 heure 50 minutes que l'expérience a duré, le thermomètre placé dans le cloaque a, malgré cet abaissement, toujours indiqué un chiffre supérieur à celui du thermomètre qui séjourmait dans l’eau. Les limites de ces différences ont été, d’une part, + de degré, ét de l’autre 2° 1; mais c’est le plus souvent entre ce dernier nombre et 5 de degré qu'elles se sont maintenues. C’est quand l’eau a été le moins chaude que la Grenouille, résistant à ce refroidisse- ment , non-seulement n’y à pas participé, mais a même pro- duit un peu plus de chaleur. On n’a trouvé , en effet , le maxi- mum —- 8°? que dans les moments où l’eau de + 8° était des- cendue à - 6° 4 ou +-6°+. j Ainsi les Grenouilles jouissent du pouvoir &e se maintenir à une température un peu supérieure à celle du milieu ambiant, Elles s y maintiennent , alors même qu’elles ne résistent qu’in- complètement à un abaissement même assez peu considérable de la température de ce milieu. Enfin , il y a de grandes précau- tions à prendre , en expérimentant, pour éviter l’échauffement de ces animaux ; car si ce dernier a des limites bien détermi- nées, quand celui du milieu est considérable, comme l'ont montré les expériences de F. Delaroche, il peut cependant arriver à égaler la température de l'eau que les Grenouilles habitent, lorsque cette eau, comme il l'a également prouvé, n’est pas chauffée au delà de 26°, et que l’évaporation pulmo- naire et cutanée est rendue impossible par une immersion complète. Si la température des Serpents est, peut-être | quelquefois inférieure à celle du milieu environnant, quand celui-ci porte +. 20° à 30°, elle peut, dans certaines circonstances, cette température extérieure restant la même, lui être évales et sept fois sur seize elle lui a été supérieure de moins de 1e ou de 1 !. Cette différence est donc bien moins considérable qu’on ne serait tenté de le croire, d’après l'observation unique de Hunter, qui a trouvé dans l’estomac , puis dans le cloa- 145 que d'une Vipère bien portante, 5°! de plus que dans l'air environnant. : La température des Serpents est dans une relation remarqua- ble avec celle du milieu qu’ils habitent. Ainsi les Boas constric- teurs, en s’eproulant sur les branches placées dans leur cage, se tiennent , lorsqu'ils ont cette position , dans une région éga- lement distante du plafond grillagé de cette cage et du plancher qui en est la partie la plus chaude, à cause du voisinage des tuyaux où circule l’eau de l’appareil de chauffage. Ils partici- pent alors, le fait a été plusieurs fois constaté , à l’abaissement de température de cette région moyenne, lequel est de 1° à 3°, car la leur propre ne l’a emporté sur gette dernière que de + ou + de degré, lui a été une fois égale et une fois même inférieure d’un peu moins de ? &e degré. Si, au contraire, on soumet des Couleuvres à collier à une chaleur beaucoup plus considérable que celle qui les environne habituellement, on les voit n’offrir qu’une résistance incomplète à l’échauffement de ce nouveau milieu. Elles peuvent arriver jusqu’à + 39° +, dans de l’air see , sans inconvénient ; mais si leur température dépasse ce terme, la mort est la conséquence de cet accroissement de chaleur intérieure, car une Couleuvre est morte à + 41°, et une autre à H-40c ! , l'atmosphère am- biante étant, dans le premier cas, à H-45° et à 47° dans le second. La chaleur humide est cependant plus longtemps sup- portée par ces Ophidiens que la chaleur sèche, puisqu’un de ces animaux maintenu , sans aucune gêne pour sa respiration , dans une eau à 44° ,a, peu à peu, pris une température presque semblable, et n'a succombé qu’à + 42°1, c’est-à-dire en ne portant que 1° | de moins que l’eau. La force de résistance des Serpents à l’échauffement n’est donc pas aussi considérable que celle dont les Grenouilles sont douées et qu'ont démontrée les expériences de F. Delaroche ; ce qui peut tenir, ainsi qu’il fau- dra s’en assurer par de nouvelles expérimentations , à la diffé- rence offerte par les téguments. Chez les Serpents, en effet, dont toute la surface du corps a un revêtement écailleux , l’éva- poration doit être beaucoup moins facile que chez les Batraciens qui ont la peau complétement nue. La chute de l’enveloppe épidermique , ou mue, apporte, chez 116 les Pythons , une très légère modification à leur température , consistant en un faible abaissement , si l’on compare le Serpent au milieu dans lequel il vit, ce qui ne peut être noté que dans celle des périodes qui précèdent la mue , où le défaut de trans- parence du liquide épanché sous l’épiderme et, en particulier, au devant des yeux , les rend opaques et leur donne une appa- rence laiteuse. L’acte de la digestion , chez les Pythons , élève d’une facon notable leur température comparée à celle du milieu dans lequel ils vivent. L’élévation varie le plus habituellement de 2° à 4°. L'observation , suivie pendant un temps suffisamment prolongé, met encore mieux en lumière, en le complétant , le fait physio- logique qui vient d’être énoncé, car elle montre que cette tem- pérature , arrivée à un certain degré qui en est le maximum, redescend ensuite en se rapprochant peu à peu de son point de départ. La marche suivie par la température dans sa progression ascendante est assez irrégulière ; le maximum, en effet, a été atteint tantôt au bout de 24 heures, tantôt au bout de 66 heures seulement. Le plus ou moins de rapidité que la température met à arriver à ce maximum ne paraît pas provenir de Ja quan- tité plus ou moins considérable de nourriture dont le repas se compose. Enfin l'élévation de température est assez brusque , et se manifeste le plus souvent sans transition. OvoLocte. — M. Doyère communique une observation qui, si elle venait à se généraliser, pourrait jeter du jour sur le méca- nisme de la fécondation et sur les véritables rapports de l’œuf avec le principe fécondateur dans cette fonction importante. L’enveloppe extérieure de l’œuf du Loligo media et de celui du Syngnathus ophidion pris dans l'ovaire immédiatementavant leur sortie, offre à l’une de ses extrémités une dépression en forme d’entonnoir percée à son sommet d’un conduit ou micro- pyle correspondant au centre du disque proligère. Celui-ci, à l’époque dont il s’agit, est encore appliqué immédiatement con- tre l'enveloppe, et l’entonnoir dont il a été question y creuse, en s’y moulant, une dépression centrale. L’orifice signalé par cette observation paraît être ouvert, et par conséquent le disque pro- ligère serait en rapport immédiat avec l’extérieur par son centre. 117 Le diamètre du micropyle est de + de millimètre dans l’œuf du Syngnathus ophidion ; il est de + à +; dans l’œuf du Loli- go media. Séance du 22 décembre 1849. PaysioLocie comparée. Moelle allongée. — M. Brown-Sé- quard communique les résultats suivants de recherches qu'il a entreprises, et dont la première partie seulement est terminée. « Il n’est aucune partie du système nerveux qui soit considé- rée comme aussi essentielle à la vie que la moelle allongée, En effet , la plupart des physiologistes allemands de nos jours ad- mettent que ce centre nerveux est la source d’où découle linner- vation excitatrice des battements du cœur. De plus, tout le monde sait , surtout depuis les travaux de M. Flourens , que la moelle allongée tient sous sa dépendance les mouvements respi- ratoires. Il semblait donc que l’ablation de ce centre nerveux devait amener promptement la mort, même chez les animaux à sang froid, Il n’en est pas cependant ainsi, et, dans certaines conditions favorables , les Batraciens , par exemple , peuvent survivre plus de trois mois à la perte de leur moelle allongée. Pendant tout ce temps, ces animaux sont parfaitement vivants : j'ai, eneffet, constaté, chez eux , l'existence de toutes les fonc- tions et de toutes les propriétés que je vais énumérer : » 1° La circulation sanguine s’opère comme à l’état normal. Les battements du cœur, après avoir été activés, en général, pendant une demi-heure , une heure ou une heure et demie au plus, après l'opération , Étepreameat leur rhythme habituel, et on les trouve aussi réguliers et aussi vigoureux sur des Gre- * nouilles sans moelle allongée depuis quelques jours, quelques semaines , ou même un , deux ou trois mois , que chez des Gre- nouilles intactes. Quelquefois, particulièrement lorsque lhé- morrhagie a été considérable, les battements du cœur diminuent en nombre et en énergie ; alors l'animal ne tarde guère à mou- rir, ou bien, s’il doit survivre, les battements de cet organe reprennent promptement leur rhythme et leur force. » 2° Les battements des quatre cœurs Jymphatiques ont lieu comme à l’état normal. » 3° La digestion paraît se faire aussi bien et dans le même 118 temps chez les Grenouilles sans moelle allongée que chez les Grenouilles intactes. Je m’en suis assuré en introduisant des morceaux de Lombrics dans l'estomac de ces animaux, et en étudiant les altérations que ces aliments subissaient dans l’esto- mac et le reste du canal intestinal. Bien que lentes, la transfor- mation chymeuse, l'absorption et la formation des matières fé- cales n’en avaient pas moins lieu. » 4° Les produits des sécrétions gastrique et intestinale , bi- liaire et pancréatique étant très utiles, sinon essentiels à la di- gestion , on est en droit de supposer que ces sécrétions ont lieu puisque la digestion a lieu. Je n’ai malheureusement pu faire aucune observation directe à cet égard. — La sécrétion urinaire, ainsi que la production de l’épithélium cutané et du mucus in- testinal , continuent de se faire. » 5° La respiration pulmonaire cesse, mais la respiration cutanée continue d’avoir lieu. — L’absorption des poisons par la peau et par les muqueuses à aussi lieu comme chez les Gre- nouilles intactes. » 6° La faculté réflexe se manifeste avec énergies à tel point que les Grenouilles sans moelle allongée peuvent , par action réflexe , soulever des poids plus considérables que les Grenouilles intactes. L'existence des mouvements réflexes implique nécessai- rement l’existence de la faculté conductrice des nerfs à action centripète et de ceux à action centrifuge , de la contractilité mus- culaire , et enfin de la propriété réflexe de la moelle épinière. — Souvent on trouve, surtout chez les Grenouilles rousses (R. tem- poraria) , qe la moelle épinière arrive à posséder une telle exci- tabilité , que des excitations mécaniques, même peu énergiques, occasionnent une raideur tétanique extrêmempnt puissante, » 7° Les deux courants galvaniques que MM. Matteucci et du Bois Reymond ont reconnu être de même nature (courant musculaire el courant propre), non-seulement existent chez les Grenouilles dépouillées de la moelle allongée, mais encore pa- raissent être plus énergiques que sur des Grenouilles intactes. » Après l’ablation de la moelle allongée , les Grenouilles peu- vent donc rester pendant très longtemps parfaitement vivantes. Elles le sont si bien , que si on les compare à des Grenouillesin- tactes, on les voit résister plus longtemps à l’éthérisation , et survivre davantage après l’ablation du cœur. 119 » Dans les meilleures conditions , pour la survie des animaux auxquels on enlève la moelle allongée , on constate des diffé- rences énormes suivant les espèces , ainsi qu’on peut le voir dans le tableau suivant , où se trouve indiquée la survie maximum pour 54 espèces. Salamandre crêtée, Amphibiens. [émomsie verte et rousse, 3 mois et quelques jours, Crapauds brun et accoucheur, 4 à 5 semaines, Tortues européenne et grecque, 9 à 40 jours, Orvet, L 2 L | Couleuvres lisse et à collier, . 67 jou. Reptiles, vert et brun des souches; DAT Re Lézards. a piqueté, 5 à 6 jours. ir (de gris des murailles, ” 4 à 5 jours. ; Anguille, 6 jours. Poissons. Brochet, Carpe, Tanche, Lotte, Barbeau, 3 Jours. Perche, Goujon, Verron, Cardon, et d’autres, 25 à 40 heures. Epervier nouveau-né (âgé d'environ 36 heures), 21 minutes. Moineau nouveau-né (d'environ 3 jours), 47 minutes. Oiseaux. Moineau, Bruant, Linotle, Pigeon, Poule, : Canard, Pintade, Perdrix, Tourterelle, Poule d’eau, adultes, 2 min. 1 à Ernie | Loir hybernant, ù 29 heures, Hérisson hybernant, 23 heures. Chien nouveau-né (Boule-dogue), A6 minutes, Chat nouveau-né, LA minutes. Lapin nouveau-né, 84 minutes. Coclron d’Inde tiré de la matrice 6à8 ‘jav. t, 49 minutes. ARTE RIE" D°. d°. nouveau-né, 6 minutes. Lapin adulte, { la température de ces ani- Cochon d'Inde, maux était considérable- }18 à 20 minut, adulte, -: (| ment abaïssée, | Loir et Hérisson éveillés, en été, ñ minuless | Chat, Lapin, Cochon d'Inde, Chien, adultes, 3m, à 3 m. i Las * Il n’a été fait usage de l’insufflation pulmonaire chez aucun de ces ani- maux, à l’exceptiox des animaux hybernants: + » Cetableau montre qu’après l’ablation de la moelle allongée, la survie se compte par des mois chez les Batraciens , par des semaines chez certains Reptiles , par des jours chez d’autres Reptiles et chez les Poissons , par des heures chez les Mammi- fères hybernants , et par des minutes chez les Oiseaux et chez les Mammifères non-hybernants. — L'influence des températu- res sur des animaux d’une même espèce, n’est pas moins remar- 120 quable que celle des diversités d'espèce. Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple , les Grenouilles survivent à la perte de leur moelle ailongée : à une température variantde+ 2à+ 6ou8°c. plus de 3 mois. à une température variantde<+- 8à + 412 c, 6 jours 3 heures, à la température de+15cc, h d° 13 d° à la température de + 20cc, 247 de àunetempérature variant de +25 à + 28° c. 6 de àune température variant de +32 à + 39% c, 4 d°5 min. à une température variant de + 40 à +- 42° c. k min. à une température variant de + 45 à 46° c. À min. 50s. (4): » Il ressort delà que, plus la température est élevée , moins la survie des Grenouilles est considérable ; il en est de même chez tous les autres Vertébrés à sang froid , que nous avons nommés ci-dessus. Quant aux animaux à sang chaud , plus leur tempé- rature propre a été abaissée, plus aussi ils survivent , en gé: néral , à la perte de la meelle allongée. » L'influence des saisons mérite au moins autant que celle des températures d'attirer l'attention. Nous nous bornerons à don- ner quelques-unes des différences dans la survie des Sala: mandres en automne et au printemps, à des températures Semblables : Automne, Printemps. à 45° c, 3 min, 3 min, 50 sec. de survie: de 35 à 40° c. 8 min. {47 sec, A4 min, 25 sec. de 25 à 30° c. 9 heures 21 min, 42 heures 2 min. "à 20° c. 3 jours 5 heures, 5 jours 4 heures, de 42 à45°c. 8 jours 15 heures. 41 jours 7 heures, » Ces expériences ont été faites en septembre 1847, en mars et avril 1848. Je les ai répétées depuis, non-seulement sur des Salamandres, mais sur beaucoup d’autres animaux, et parti- culièrement les Grenouilles et les Lézards ; dans tous les cas j’ai constaté une différence très prononcée entre les résultats obte- nus à la fin de septembre et ceux obtenus à la fin de mars ou au commencement d’avril. La cause de ces différences est, sans doute , ainsi que l’a pensé M. F. Edwards, au sujet de l'influence des saisons sur l’asphyxie, dans l’action prolongée d’une basse température chez les animanx opérés au printemps , et dans l’action prolongée d’une haute température chez ceux opérés au commencement de l’automne. » (4) Ces chiffres sont les moyennes d'expériences très multipliées. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS DEPUIS SA FONDATION EN 1788. MEMBRES DÉCÉDÉS. Brongniart (Alexandre). . Vauquelin (L.-N.), + , Lacroix (Sylv.-F.) . (C-E.). Coquebert de Monbret (1850.) DATE DE L'ÉLECTION, 9 nov. 41789 130 juillet 4792 44 mars 4793 Gillet-Laumont, « . .128 id id. Berthollet (C.-L.). . +. .|14sept. ïd. Hallé (J:-Noël).. 4. ..lid. id. | id. Lefèvre-Gineau (L.). <. .lid ïd. id. Lamarck (J.-B.-P.-Antoine).|21 id. id. Monge (Gaspard). 28id id. Prony (Gaspard-Clair-F,. M. ). id ide Bosc (L.-A.-G.). . .[12 janv. 4794 Geoffroy-Saint-Hilaire (Et). id NT id Tonnelier (J.) . . . 31 juillet 4794 Hauy (D.-J.) . . . 10 août id. Cuvier (Georges)... , Larrey (Dominique). Descotils. . . . . Duchesne (Antoine). , . Lacépède (Bern.-Germ.-ÉL.). Chaptal (J. FA ARE CES Buiet.. + 214 lle Olivier (G. -Ant. je 65 de De Candolle (Augustin-P.). Deleuze (J.-Ph.-F.). , . . Brochant de Villiers. « , . Laplace (P.-Siméon, de). Cuvier (Frédéric). . Poisson (Den.-Siméon). . Correa de Serra (Ja.-K.), Dupuytren (G.). . . , Hachette (J.-N.-P.), . . Delaroche. . . . Ampère (And.-Mart. ). DAATcC ROC Girard (P.-Simon), . . Dupelit-Thouars (Aristide). Pariset (Étienne), . . . pe Le 1e reite Malus (HSE) ER RReURS . [44 juin 23 mars 41795 124 sept. 41796 3 déc. id. 12 janv. 1797 A juin. 1798 21 juillet 1798 1h févr. 1800 1800 5 octok. 4800 3 juillet 1801 ADOBE. 2 1d. .|17 ociob. 1802 . id, id. 5 déc. id. id. 11 janv. 48061. id. ïid. id. 24 janv. 1807 id id de 7 février id, id. id id. . 19 sept. 4807 id. id. 14 mai A4 avril id. 1808 1810 |.. DATE DU DÉCÈS. .|10 déce. 1788 | 7 octob. 1847 1829 1843 1834 1834 1822 4822 41829 44 nov. 92h mai 9 avril 4 juin 6 nov. 11 fév. 3 id 18 déc. 4829 role 29 juillet 4829 10 juillet 1828 19 juin 1844 4 juin 41822 13 mai 1832 25 juillet 1842 Que) 6 octob. 1825 29 juillet 1832 . 1814 1826 1835 16 mai 41840 5 mars 41827 24 juillet 1835 25 avril 4840 . 1823 1835 1834 10 juin 4836 2 août 18/44 30 nov. 1836 12 mai 4831 3 juillet 1847 Sd oriIO 41 sept. nov. 8 févr. 16 janv. OBSERVAT. | NOMS DES MEMBRES DÉCÉDÉS, Nysten ( . Laugier (And.), . . Road RE ee Puissant (Louis). . , Desmaresl (A.-G.). Legaïlois (Julien-J.- -Césa Guersent. . +, . Baillet. .« . . . Dulong (P.-L.). . Lucas (J.-And.-H.). Lesueur. + + Montègre. . . » Leman. . , . Cassini (J.- -Domin.). Fourrier (J.-B.-J.). Petit CAES Robiquet. « Edwards (William). Ê Pelletier) cent Cloquet (Hyppolyte). Fresnel (Augustin-J.). Navier. . e Beclard (P. SE So P.-Hub.). Francœur (Louis- Benjamin). Turpin (P.-J.-F.). , Audouin (J.-Victor). . Breschet (G.).. + SAVArTY. + so Savart (Félix). Se CULO Dejean he eee Duleau. . . . . Eyries (Jean- Bapuiste). Brué (Et.-Hubert). . Milo) ENT Soulange-Bodin. . Bérard. o° e e ee e Serrulas, * . « ° Coriolis. Guillemain (J. B. be ). Puillon-Boblaye. . . }. ne nd Be cm n … ee + + + ee « oo \ p dédie esse ni Gambey (Henri-Prudent). Parent-Duchatelet (A.-3.-B }. Leclerc-Thouïin oo . MÉVYMENS Peltier (Athanase). Leblond (Charles). Voltz (Phil.-L.), . Poissy (de). . Blandin (Ph.-Fréd, se Bibron (G.). . . Wantzell (L.),, . |id. 9 e ‘e © e DATE DE L'ÉLECTION. 44 avril Id ide id. 16 mai 9 févr. 23 févr. 9 mars id. id. 21 mars 5 févr. [19 févr. e ee ee + + ee re Te Te Mes Tete a ee 8 avril 3 févr. 47 ïd 7 févr. 21 id. 48 avril 25 id. 2 mai id. id. à avril 13 mai 26 juin 17 févr. 24h id 49 mai 4 juin 19 févr. AO 2 avril 18 mars 26 mars GE id. id. id. id. 8 mars 4828 7 mars 24 juillet 1830 19 févr. 25 août .|14 mars 123 25 avril 16 mai id. 30 juin 41 mars 25 mars 9 déc. 30 mars 30 mai 24 juin DATE DU DÉCÈS. . 1818 1832 10 janv. 1843 A juin 1838 lee IS 1 1811193 juin 1848 CAE NAT oO ec 4812|19 juillet 1848 1814 avril 4825 1814 avril 4847 SAMI ER N ENCEE 1816|. id, |18 octob. 1845 16 mai 41830 D rétotorD 29 avril 4840 24 juillet 1842 49 juillet 1842 Ah mars 4840 1 4 juillet 14827 21 août 1836 16 mars 4825 15 déc. 1849 1 mai 4840 9 nov. 1841 10 mai 4845 25 juillet 1841 16 mars 41841 6 janv. 1845 13 juin 41846 mars 1832 e © e e e 1838 2 mars 48/45 95 mai 1832 19 sept, 1843 40 nov, 1841 4 octob. 1845 28 janv. 1847 6 mars 1836 4 janv. 1845 26 juin 4841 45 octob.1845 A janv. 1838 4837115 janv. 1840 1837115 mai 1643 41839|. . . 1829 4840127 mars 4848 1843124 févr. 1845 1810. id. L2 e L id. id. A811 41811 1829 1831 1832 41835 41835 1835 id. 1836 4837 NOMS DES MEMBRES DÉCÉDÉS. pee si ——_—— qe pp EEE ET EU — = = — DATE DE L'ÉLECTION. de Ë | DATE DU DÉCÈS OBSERVAT. PREMIÈRE SECTION. SCIENCES MATHÉMATIQUES 5 ASTRONOMIE ET GÉOLOGIE. . DATE MEMBRES NOMS DES MEMBRES. OBSERVAT. DE L'ÉLECTION.| HONORAIRES. OT Bienaymé (Tules). + * .|17 janv. 1838 Blanchet (Pierre-Henri. . .116 févr. 1839 Catalan (Eugène-Charles). .|23 mai 1840 -Transon (Abel). . . . .|41 juillet id. Bertrand (J.). . . .116 janv. 1843 Bréguet (Louis). . .| Afévr, id. [on Trémery. «+ s + .|20 août 4797 : Biot (Jean-Baptiste). + .| 2 févr. 1801 x Binet (J.-P.-M.). . . « [14 mars 1812 ; De Bonnard (Augutin-Henri).|28 mars 1812 : Caucby (Augustin), , . 131 déc. 41814 x Arago (François). . . + .|46 mai 41815 é Beudant (François). , . .|14 févr. 1818 : Prevost (Constant). , . .|19 janv. 1822 ; Bourdon (Pierre-Marie). .| 5 mai 4827 SA Dufrénoy (Pierre-Armand).| 6 juin 1829 7 Élie de Beaumont (L.). . .| 5 déc. 4829 * Duhamel (Jean-Mar.-Const.).|22 janv. 1831 & Sturm (Charles-François), .| 5 févr. id. * Olivier (Théodore). , ,. .|18 août 1832 * Lamé (Gabriel). . . 125 id, id. * Villermé (Louis-Réné), id id id * Liouville (Joseph). . +. .lid. ïd. id. * Vincent (A.-R.-H.). + + .lid. id id. * Duperrey (Louis-Isidore), .|11 avril 1835 * Desnoyers (J.): 0.7. 1180 id. vid. * De Pontécoulant. . . ,. .|25 id. id. démissionn, Perdonnet (Auguste), , .|16 mai id. * ie Lehbesgue (V.-A.).. . , .|24 févr. 1836 démissionn. Séguier (Armand-Pierre). .| 2 avril id. * Combes (Charles). : . . | 9 id ïd. * Delafosse FE . .117 déc. id. x Dausse. + , zone 1837 1 Rozet (Glaude-Ant.). 10 ïd. id. D’Archiac (A.). . 8 juillet id. Barré de Saint-Venant (M. ).|"21déc. id; Le Verrier (U.-J.). . . .124 juillet 1844 Dortet de Tessan (U.). 7 juin 4845 De Verneuil (Ed). . 28 id. id. 44 févr. 41846 Burat (Amédée). . 44 avril id. 30 mai id. 9h avril 4847 24 juillet id. h mai 4848 29 juillet id. 10 févr. 41849 Yvon Villarceau., . . Deville (C.), . . Hermitte (Charles). Faye Bonnet (Ossian). Lechatelier (Louis). Serret (Joseph-Alfred). : e © s © + 2: e +» 6 PREMIÈRE SECTION. DATE MEMBRES NOMS DES MEMBRES. DE L'ÉLECTION.| HONORAIRES OBSERVAT, ‘ 4 DEUXIÈME SECTION. 7 PHYSIQUE, MÉTÉOROLOGIE ET CHIMIE, DATE MEMBRES NOMS DES MEMBRES. OBSERVAT, DE L’ÉLECTION. | HONORAIRES, ‘1 MM. Thénard (Louis-Jacques). |12 févr. 41803 d Gay-Lussac (Joseph-Louis) *|23 janv. 1804 5 Chevreul (Michel-Eugène). *|14 mai 41808 î Despretz (César), . ._ . 23 id. 1820 F Pouillet (Claude). . . . 6 avril 1822 à Becquerel (Antoine-César). °|27 id. 41823 # Dumas (Jean-Baptiste). . °|26 févr. 41825 fi BUS ET TARA A1 août 41827 F BATQUES SEMAINES 1 mars 1828 ë Payen (Anselme). . 18 janv. 1832 x * Gaultier de Claubry (H.F.G.:|25 août id. Soubeiran. , . ) id. id. id. démissionn. x Cägniard-Latour (Ch. Ju . ‘|21 févr, 1835 Pelouze GENS: 7 mars id, Melloni. . . 21 mars id. démissionn. * Péligot (Eugène). . . . ‘128 id id. ti Péclet.…. havril id. ; Guérin-Vary (Théophile). 2 mai id. ; Frémy (Edmond). . . 6 févr. 1836 k Boussingault (Jean-Bapt.). [27 id id. " Regnault (Louis-Victor). . *|28 févr. 1838 ti Lecanu (L.-R). , 130 juin id. k De Caligny (Anatole). + ‘| Gavril 41839 ë Cahours (Auguste). . , °|26 juin id. ; Guérard (Jac.-Alp.).. . | 6 juillet id. > Walferdin (H.)° . , . °*|20 mars 4841 Balard (Antoiue-Jérôme). °|24 juillet id, Becquerel (Edmond). . . *|21 août id. Masson (Antoine-Philibert)-| 9 avril 1842 Deville (Henri-Etienne). . +| 9 ïid. id. S Hervé de la pui (Jos.):110 id. id. COLICepende Ebelmen. + +. ‘|18 mars 1843 Martins (Charles). ee + +|17 mai 41845 Desains (Paul), . . +. .|31 id. id. Bravais (Auguste). , , .|21 juin id. Silbermann(Jean-Thiebault).. 20 déc. id. Leblanc (Félix). , . . .|17 janv. 1846 Thénard (Paul). CLOS on 1 Havre (Pierce) el LR Daoût ide Chancel (Gustave). . , .|30 janv. 1847 corresponde Wurtz (Ad). « . . . .| 8 id. 1848 Fizeau (Hipp.-Louis\,. ,. .|20 janv. 1849 Janin (I) OURS +124 févr. id. Jacquelain (Victor-Auguste). 29 juillet id. Toucault, (Léon) .« . . .145 déc. id, Persoz (J.-M.). , , . .| 9févr. 1850 NOMS DES MEMBRES. DEUXIÈME SECTION. DATE DE L'ÉLECTION, MEMBRES HONORAIRES: OBSERVAT. || Typ. Coscor: Fr. du Four, 47. TROISIÈME SECTION. 9 SCIENCES NATURELLES ET MÉDICALES. DATE MEMBRES ù NOMS DES MEMBRES. OBSERVAT. |! DE L’ÉLECTION. | HONORAIRES. MM. De Sylvestre (Augustin).. .110 déc. 41788 s Duméril (Marie-Constant). . |20 août 41796 * De Lasteyrie (C.-P.).. . .| 2 mars 1797 * Brisseau-Mirbel. , . . .111 mars 1803 F. Bonpland. . . : . [11 janv. 4806 î Duvernoy (G.-L. ). . .| 6janv. 4810 ; Ducrotay de Blainville (H. ). 126 févr. 41812 : Magendie (François). . .110 avril 4813 À Clément, . , + + . .|13 janv. 1816 x Cloquet (Jules). . . . .|22 janv. 4820 “ Serres (Etienne). . . ,. .| 3 mars 1824 ë Richard (Achille).. . . .|10 mars id. # De Saint-Hilaire (Auguste). .|31 mai 4823 x Brongniart (Adolphe). . .|10 févr. 41825 5 De Jussieu (Adrien), . . .|16 avril id. à Adelon, . . . . , . .| 4 juin ÿüïd. ? Huzard (J.-B.). . . . .126 févr. 41826 13 Milne Edwards GE . .|24 févr. 4835 x Roulin. .« + . ° .|14 mars id. È Decaisne (Joseph). oo ob NE F Martin Saint-Ange, ,. . .|28 id. id. démissionn. Deshayes (P°-G.). , . . .| 4avril id. x D'Orbigny (Alcide). . . .|11 ïd. ïd. Montagne (J.-F--C.), . .118 ïd. id. * ; Donné (A.). . + + + + .| 2 mai id, démissionn. Poiseuile Ce ce RO Id ad: à Valenciennes, . + +, . ,.|20 févr. 4836 ë - Dujardin (Félix). . . . .127 id. ïd, correspond. Gaudichaud. +. , . . .| 9 mai id. démissionn. Vilmorin (P.-And.-Ph.). ,.123 avril id. Laurillard, . , . , .| Z avril 41837 e Léveillé . . . .116 déc, id. x Doyère (Louis-Michel), .| 9 févr, 1839 x Gervais (Paul). . . .| 4 juillet 14840 correspond. Laurent, (J°-L.-Maur.). 31 id. 4841 De Quatrefages (Arm.). h déc, ïd. Guillot Natalis. 27 févr. 1845 Lallemand. . . . 19 avril id. Ducharire (M.-P. ». o 44 juin id. Longet. . . 42 juillet id. 30 nov. id. .110 janv. 1846 5 déc. id. Gerdy (Pierre-Nicolas). Blanchard (Emile). Robin (Ch). . . . Tulasne (Louis-Réné). 26 ïid id, Bernard de oo 16 janv. 4847 Lucas. . . + .| 3 avril id. Baudement (Emile). | . 5 août 1848 Nicolet. . . . + + .128 avril 1849 Weddell (Hugues-A.). . .|14 juillet id. Giraldès (Joachim-Albin). ,147 nov. id. 40 TROISIÈME SECTION. | DATE MEMBRES NOMS DES MEMBRES. OBSERVAT, DE L'ÉLECTION. | HONORAIRES. MM. Brown-Séquard. *. . . .129 déc. 1849 Germain(E.). . . . . .| 5janv. 1850 SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARK. ANNÉE 4850. EXTRAIT DE L'INSTITUT, JOURNAL UNIVERSEL DES SCIENCES ET DÈS SOCIÉTÉS SAVANTES EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER. are Section,—Sciences mathématiques, physiques et naturelles, Boulevard Poissonnière, 24, à Paris, à SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT L'ANNÉE 4850, PARIS, IMPRIMERIE DE COSSON, RUE DU FOUR-SAINT-GERMAIN, 47. 1850. SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. DE PARIS. # je nes 4 DE se SÉANCES DE 1850, Séance du 5 janvier 1850, | BorAntQuE. — M. Weddell communique des observations sur les affinités des Rafflésiacées et des Balanophorées. Il lui paraît résulter de l’étude qu’il a faite de ces plantes : 1° Queles appendices pris jusqu'ici pour les styles des Balano- phorées ne sont, en réalité, que des expansions d’une des par = ties intérieures de la jeune graine ; 20 Que l'organe regardé comme le fruit des Balanophorées est essentiellement constitué sur le même plan que les organes que l’on a démontré être les graines des Rafflésiacées ; que ce prétendu fruit n’est en réalité qu’une graine nue; 30 Que ce qui a été appelé la fleur des RHAIERCSE doit être considéré comme une inflorescence ; 4° Que ce qui, dans les Rafflésiacées , a été pris pour un pé- ricarpe n’est autre chose qu’un réceptacle creux , plus ou moins exactement clos à sa partie supérieure, et qui a, avec le récep- tacle des fleurs de Balanophorées, le même rapport que le ré- .ceptacle des fleurs du Figuier avec celui des fleurs du Mürier ; que les parties déerites comme des placentas ne sont que des plis ou des processus plus ou moins confluents de la surface interne de ce réceptacle, et les appendices qui ont été regardés comme des styles ou des stigmates ne sont que des parties acces- soires du même corps ; 6 5° Que la place que les Rafflésiacées et les Balanophorées doi- vent oceuper dans la série des végétaux, est marquée par les con- sidérations précédentes, et par leur faciès même (sauf les mo- difications apportées par le parasitisme) parmi les plantes dites Gymnospermes. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE.—M. D. Clos, docteur en médecine et ès-sciences, communique les détails d’une monstruosité de fleur de Papaver orientale qu’il a eu l’occasion d'observer au jardin botanique de Rouen. « Dans la fleur en question, les verticilles calicinal et corol- laire offraient la forme et la disposition normales. Les étamines avaient aussi conservé tous leurs caractères, et les particularités d'organisation ne portaient que sur l'ovaire. Celui-ci était obo- vale et recouvert d’un seul côté par un appendice blanchâtre, intimement appliqué sur sa paroi extérieure et s’élevant jusqu’à la moitié de sa hauteur, où il se terminait par un rebord brun, inégal et surmonté de petites saillies dentiformes. » Cette observation semble confirmer l’opinion de M. De Can- dolle qui admet dans le genre Pavot l’existence d’un torus sous forme de lame mince, adhérant fortement aux carpelles dont il atteint presque le sommet (voyez son Organ., I, 486 ; IE, 40); en sorte que le cas que je signale ne diffèrerait de l’état normai que par un développement inégal et beaucoup moindre tant en largeur qu’en hauteur de cet organe. Pour ce qui est de sa signi- fication il me suffira de rappeler que M. Dunal considère les appendices analogues comme représentant une androcée inté- rieure (voir Dun., Consid. org. de la fleur, p. 99) ; et la couleur foncée du sommet de ce disque ainsi que les petites dents qui le terminent seraient peut-être de nature à appuyer cette manière de voir. » L'ovaire offrait à son extrémité supérieure un orifice étroit : par lequel sortaient deux pétales dressés, longs de centimètres environ, de forme oblongue, à sommet obtus et entier, mais s’a- mincissant et devenant linéaires vers la base, de même couleur et de même consistance que les extérieurs. Dans toute leur por- tion comprise dans l'ovaire, ces deux pétales étaient soudés en un tube étroit, creux dans le haut, plein vers lebas, et qui venait Lori 4 s'insérer sur un pelit corps cn 1 me de cône surbaissé occu- pant le fond du pistil. » Autour de ce tube et naissant comme lui de ce petit support, se montraient sept étamines, conformées comme les étamines normales de cette espèce, brunes comme elles et mêlées à quel- ques filets blanchâtres, dépourvus d’anthères. De ces sept éta- mines, six étaient plus petites et renfermées dans l'ovaire, mais l’une d’elles avait un filet près de deux fois plus long , qui élevait l’anthère jusqu’au sommet des carpelles. » Il n’y avait pas trace de pistil dans cette production cen- trale , qui se trouvait ainsi réduite à deux pétales et à sept éta- mines placées autour d’eux. » Quant à la structure de l'ovaire lui-même, qui contenait ces organes , elle ne présentait, sans doute, d’autres particu- Jarités que celles que nous avons déjà signalées ; du moins nous n'avons rien noté de spécial touchant les placentas et les ovules. » Je me permettrai d’insister un moment sur la position rela- tive des étamines et des pétales dans le cas que j’ai rapporté. Si l’on veut considérer cette monstruosité vécéiale comme un exem- ple de ce que M. Moquin appelle prolification médianefloripare, où une fleur part du centre d’une autre fleur, et semble être pro- duite par un prolongement de l’axe ou pédoncule de ia première à travers elle , il est au moins singulier de voir l'interversion de position des étamines et des pétales. D’après cette manière d’en- visager le phénomène , ceux-ci devraient être les représentants des feuilles carpellaires. Il ne serait cependant pas impossible que les étamines et les pétales fissent partie d’un même verti- cille, dont les divisions extérieures se seraient seules transfor- mées en étamines, contrairement à la loi qui veut que les or- ganes de la fleur aient d’autant plus de tendance à se métamor- phoser, qu’ils sont plus intérieurs. Et, eneffet, M, Duchartre a décrit une monstruosité de Narcissus tubæ/ormis, D. R., dans laquelle les divisions extérieures du périanthe avaient pris les caractères d'étamines, tandis que les intérieures n’avaient pas changé de forme { Voy. Rev. bot, , IE, p. 547). Le même bota- üiste a fait connaître un autre fait lératologique relatif à une fleur d'Oranger dans laquelle les trois verticilles extérieurs S° étaient restés à l’état ncrmal, et où la place de l'ovaire se trou- vait occupée par plusieurs rangs alternatifs d’étamines et de car- pelles ( Voir Ann. sc. nat., année 1844, p. 296). Enfin l’on pourrait encore admettre que la partie surajoutée à la fleur du Papaver orientale était cofifposée de deux fleurs concentriques, Vune extérieure réduite aux étamines, l’autre terminale, et composée seulement de deux pétales. » De ces diverses interprétations nous ne saurions décider quelle est celle qui est conforme à la vérité. » Nous ne croyons pas qu'aucun fait analogue à celui que nous venons designaler ait été enregistré dans les annales dela science, et c’est ce qui nous a engagé à le communiquer à la Société. » Séance du 23 février 1850, Acousrique. — M.Cagniard-Latour met sous les yeux de la Société une espèce de petite flûte, en laiton épais, que, pour ses recherches sur les timbres du son, il vient de faire construire par M. Deleuil. Cette flûte est analogue au tube à plateau sifflant décrit par auteur dans son mémoire sur le sifflement de la bouche ( Voir Journal de Physiologie de M. Magendie, n° de janvier et avril 1830); mais, dans le nouvel instrument, l'extrémité par laquelle se fait l’insufflation est élargie, de sorte qu’en réalité le système est composé de deux tubes H, B, l’un plus gros que Jautre, qui sont soudés bout à bout. C’est à l’extrémité libre du tube B que se trouve appliqué le plateau portant l’ouverture centrale par l’influence de laquelle le courant insufflé met en vibration l’air contenu dans ces tubes. Leurs dimensions à l’in- térieur sont à peu près les suivantes : savoir, pour le tube H, diamètre 28 millimètres , longueur 17, et, pour le tube B, dia- mètre 15 millimètres, longueur 33. Quant au plateau, qui est aussi en laiton , son épaisseur est de 3 millimètres, et le diamè- tre de son ouverture de 6 et demi. M. Cagniard-Latour a reconnu que, s’il insuffle-son appareil à pleine bouche avec une force suffisante , il se produit simulta- nément plusieurs sons, parmi lesquels il croit distinguer parti- culièrement un #1 dièze d'environ 1066 vibrations simples par 9 seconde , et sa double octave aiguë, mais un peu haute, c’est- à-dire assez voisine du ré pour qu’il en résulte une certaine dis- sonance; de sorte que, finalement, l'effet sonore de cette flüte, quoiqu'il ne puisse résulter que de vibrations purement aé- riennes ,.ne laisse pas que de ressembler à celui que la raclette ou ripe des maçons produit ordinairement par ses frottements sur la pierre , surtout lorsqu’elle est d’une certaine dureté. L'auteur, après avoir fait entendre à la Société les effets de sa flûte , annonce l'intention de rechercher s’il sera possible , à l’aide d’un pareil instrument convenablement modifié , d’imiter aussi les timbres de sons produits par les vibrations d’autres corps solides. HyDprAULIQUE. — M. de Caligny communique une note sur un moyen de remplacer par un jeu de colonnes fluides le piston d’un nouveau moteur hydraulique à aspiration , qu’il a présenté à la Société en 1844, et qu’il a exécuté en 1847. Il s’agit au— jourd’hui seulement des cas où cet appareil est employé à élever de l’eau. M. de Caligny fait observer aux personnes qui pour-. raient le blâmer parce qu’il présente la plupart de ses appareils avant de les avoir exécutés, dans le but de prendre date, qu’ils finissent toujours par fonctionner comme il l'a annoncé, et que cela même est une preuve de l’état où il a mis cette partie de læ science. Un tuyau de conduite descend d’un réservoir alimenté par les eaux motrices et débouche horizontalement au-dessous du niveau du bief inférieur. Une soupape de Cornwall met alterna- tivement en communication ce tuyau de conduite avec un tuyau de conduite disposé au-dessus, et dont l’extrémité supérieure recourbée débouche dans un réservoir alternativement rempli par de l’eau élevée de la manière suivante. Quand la soupape de Cornwall est ouverte, l’eau du bief d’amont descend dans le premier tuyau de conduite , déjà rem- pli d’eau qui prend graduellement de la vitesse. Quand cette soupape interrompt la communication entre le système et le bief supérieur, la colonne liquide dont on vient de parler, conti- nuant à se mouvoir dans le tuyau qui la contient , raréfie xne colonne d'air comprise entre son sommet et le niveau de l’eau qui se trouve gardée par une soupape du réservoir, disposé à l’autre Extrait de l'Institut, 11e section, 4849, 2 10 extrémité du tuyau supérieur dans lequel se trouve cette colonne d’air. À partir du moment où cet air est suffisamment raréfié, l’eau monte par un tuyau d’aspiration ordinaire dans le réser- voir dont il s’agit , jusqu’à ce que les vitesses des colonnes li- quides aspirantes soient éteintes. L’eau contenue dans le tuyau de conduite qui descend du bief d’amont au bief d’aval , revient ensuite sur ses pas , en vertu de la dilatation de l’air dans le tuyau intermédiaire. Mais comme le poids de la partie contenue entre le niveau des deux biefs tend à s'opposer à ce retour, cela ne peut se faire d’une manière convenable que dans certaines conditions , si la soupape de Cornwall peut fonctionner en vertu de principes analogues à ceux de l'appareil exécuté en 1847. En effet, dans ce dernier appareil , la soupape est maintenue fermée au moyen de l’aspi- ration même de la colonne liquide en mouvement, et elle s'ouvre ensuite au moyen d’un contre-poids quand cette aspiration est finie. Or, pour la nouvelle dispos'tion dont il s’agit aujourd’hui, il faudrait, dans les mêmes hypothèses, que la colonne d’air con- tenue à l’intérieur de l’appareil reprit la densité suffisante pour que le contre-poids pût agir. Cette condition, pour être remplie, exigerait qu'il y eût un rapport convenable entre la hauteur de la chute motrice, et la hauteur à laquelle on veut élever de l’eau au-dessus du niveau du bief d’amont, en vertu de la plus ou moins grande quantité de force vive emmagasinée dans le premier tuyau de conduite. On conçoit , en effet , que si toutes les choses étaient bien combinées, l’eau contenue dans le tuyau de conduite dont il s’agit, étant à son tour aspirée par suite de la dilatation de l’air dans letuyau intermédiaire, reviendrait sur ses pas, et dépasserait, à cause de sa vitesse de retour, le point où elle resterait en équilibre si ce mouvement n’existait pas, de manière enfin à ramener cet air à la densité convenable pour le jeu de l'appareil. Alors la soupape de Cornwall s’ouvrirait , l'air inté- rieur tendrait à reprendre la densité de l’air atmosphérique, et l’eau élevée dans le réservoir d'aspiration supérieur sortirait de Pappareil au moyen d’une soupape latérale, comme cela se passe dans la machine qui porte le nom de De Trouville. On peut remarquer qu’il paraît facile d'appliquer le même principe à un système de petits aspirateurs disposés d’une ma- al nière analogue à ceux de cette ancienne machine, dont le grand aspirateur, pièce dispendieuse et incommode, sera remplacé par le premier tuyau de conduite à colonne liquide aspirante, qui jouit en outre de l’avantage d’utiliser par oscillation une partie du travail perdu par l’ancienne machine dont il s’agit ; de sorte qu’en définitive le système ayant une section beaucoup moindre. sera sans doute d’un établissement bien moins coûteux. Dans l’appareil à piston mentionné ci-dessus , et qui a été exé- cuté avec succès en 1847, quoique dans de très petites dimen- sions , la soupape de Cornwall se ferme au moyen d’un genre de suceion analogue à celui qui a été spécialement étudié par Venturi, et qui se présente à l’époque où le tuyau de conduite tend à débiter plus d’eau qu’il n’en peut arriver par l’ouverture de la soupape , en vertu de la hauteur du niveau de l’eau dans le bief d’amont. Ii n’est pas indispensable de se servir de cette méthode, la soupape peut fonctionner par des moyens mécaniques très connus. Mais enfin ; si l’on veut continuer à s’en servir à cause de son extrême simplicité, on peut la simplifier encore. Il suffit de faire ouvrir la soupape par un mouvement de haut en bas , au lieu de le faire par un mouvement de bas en haut. Alors la soupape, convenablement équilibrée , si cela est nécessaire, s'ouvrira à l’époque voulue par son propre poids. Il ne sera plus utile d'y joindre, comme ci-dessus, un balancier à contre- poids , que pour lui permettre de se fermer en vertu de la suc- cion , dans le cas où elle serait trop pesante. En définitive, la masse totale à mouvoir alternativement sera diminuée , et lori- fice annulaire, alternativement abandonné par la soupape, sera à une profondeur moindre au-dessous du niveau du bief d’amont, ce qui est en général un avantage pour plusieurs raisons. Quant aux dispositions analogues à celle qui est l’objet spécial de cette note, ilest intéressant d’observer qu’il ne paraît pas en général indispensable de ramener l’air intérieur à la densité de l'air extérieur, pour que l’eauélevée puisse se décharger latéra- lement comme dans la machine de De Trouville. IL suffit que le réservoir supérieur d'aspiration , ou pelit aspirateur, ait une hau- teur d’eau suffisante pour que la pression de l’eau qu’il contient, jointe à la pression conservée en vertu de la tension de l’air in- térieur, dépasse en somme la pression de l’air extérieur ; de sorte 12 que, dans des appareils du genre de ceux dont il s’agit, on conçoit qu'il n’est pas impossible qu’une colonne d’eau d’une certaine longueur puisse être disposée au-dessus du niveau du bief d’a- mont, à l’autre extrémité du tuyau intermédiaire contenant la colonne d'air. Il est essentiel de remarquer que la soupape de Cornwall , en réunissant alternativement deux tuyaux de conduite, ne bouche jamais leurs sections transversales , et par conséquent ne donne pas lieu à un coup de bélier. Il n’est pas nécessaire d'entrer dans les détails relatifs, par exemple, aux diamètres des diverses parties de l’appareil , et aux diverses conditions relatives au jeu de la soupape, qui ne peu- vent être bien établies que par l’expérience; ainsi il est à peine nécessaire d’ajouter qu’on pourra disposer sur le tuyau d’aspiration un réservoir d’air raréfié, comme celui que Ha- chette conseille d'adapter au tuyau d’aspiration de certaines pompes. Séance du 2 mars 1849 ANATOMIE VÉGÉTALE. — M. Ernest Germain, de Saint-Pierre, lit une note portant pour titre : De la structure du bulbe ou tubercule des Orchis et du bulbe pédicellé des Tulipes. «Cette note, dit-il, a pour objet la structure restée inexpliquée jusqu’à ce jou: du bulbe ou tubercule des Orchis et des bulbes anormaux de certaines Liliacées. L » Les bulbes ou tubercules reproducteurs des Orchidées naïis- sent à l’aisselle des feuilles inférieures de la tige florifère. On a longtemps pensé que le nouveau tubercule naît toujours du même côté.de la tige, de telle sorte que la plante avancerait chaque année de l'épaisseur d’un bulbe dans une même direc- . tion; on a, en dernier lieu, admis que le nouveau bulbe se déve- loppe alternativement une année à droite et l’année suivante à gauche, de telle sorte que la plante resterait à peu près à la même place. L'observation et la culture d’un assez grand nombre d’Orchidées indigènes m'a démontré que ni l’une ni l'autre de ces opinions n’est l’expression exacte de la vérité. En effet , il se développe très souvent non pas un seul tubercule, mais deux, à peu près opposés à la base d’une même tige; l’année 16 suivante chacun de ces tubercules émet une tige florifère qui produit à son tour deux nouveaux tubercules dont la direction forme un angle droit avec la direction des précédents ; de telle sorte que la plante est représentée d'années en années par des individus dont le nombre va toujours en doublant et qui s’éloi- gnent et s’entrecroisent dans toutes les directions ; j’ai constaté plusieurs fois cette disposition chez les Orchis galeata et O. Simia, et chez le Satyrium hircinum. Quelquefois aussi il ne se développe chez les mêmes espèces qu’un seul tubercule qui prend naissance soit d’un côté soit de l’autre. Chez d’autres, il existe trois ou un plus grand nombre de tubercules qui appartenant à - des feuilles successives de la même spirale se dirigent dans des sens différents ; c’est ce que l’on observe chez l’Herminium monorchis et chez le Serapias Lingua. (Chez les espèces que je viens de citer, ils sont portés sur de longs pédicelles. ) » Afin de me rendre compte de la nature de ces tubercules, je les ai suivis depuis leur première apparition jusqu’à leur déve- loppement complet et à leur destruction ; et j’ai constaté les faits suivants : Longtemps avant l’époque de la floraison, dès la fin de l’automne, on trouve à l’aisselle d’une ou plusieurs des feuilles inférieures du tubercule destiné à fleurir, un bourgeon qui doit constituer plus tard un nouveau tubercule. Ce bourgeon, en grossissant, dilate la base de la feuille à l’aisselle de laquelle il a pris naissance ; un peu plus tard, la gaîne de cette feuille, distendue trop fortement, est déchirée et traversée par le bour- geon ou jeune tubercnle dont la base se prolonge dès cette époque et descend au-dessous du niveau de son insertion. Si l’on fait une coupe verticale de ce jeune tubercule, on voit qu’il se compose dans ses deux tiers supérieurs d’une sorte de pédicelle creux qui n’est autre chose qu’une dilatation en forme de sac ou d'éperon de la base de ses premières feuilles. Cette dilatation en éperon de la base des feuilles est le résultat de la pression oblique qu'a “exercée sur ces feuilles externes, encore très jeunes, le corps du bourgeon qui est doué d’une tendance particulière à se prolonger au-dessous de son insertion. Un cordon nourricier ou raphé (représentant l’axe du bour geon dans l’intervalle qui sépare l’in- sertion des feuilles dilatées en éperon de l'insertion des feuilles terminales) est adhérent à la paroi interne du canal de l’éperon, Th Le tiers inférieur du jeune fubercule se compose de la partie ter minale du bourgeon consistant en plusieurs feuilles emboîtées , et émettant inférieurement une masse radiculaire soudée à la cavité de l’éperon qu’elle continue à distendre à mesure qu’elle acquiert plus de volume. Cette masse radiculaire est d’abord indivise et plus ou moins globuleuse; elle conserve souvent cette forme pendant toute sa durée, c’est ce qui arrive chez l’Orchis guleata et le Satyrium lércinum ; ; Chez l’Orchis bifolia elle se prolonge en une, rarement en deux fibres radicales; chez d’au- tres enfin elle se divise en lobes peu profonds comme chez l’Or- chis sambucina , ou bien elle se prolonge en quatre ou six raci- nes parallèles comme chez l’Orchis maculaia ; soit que l’éperon distendu outre mesure cesse insensiblement de recouvrir ces longues racines, soit qu’il les recouvre jusqu'à leur extrémité d’une mince membrane. >» La démonstration de la présence de l’éperon au niveau de la partie radiculaire du tubercule (à laquelle partie il est adhé- rent) résulte de l'examen de plusieurs jeunes bulbes chez les- quels jai trouvé l’éperon de la feuille la plus extérieure (qu sans doute n’avait pu se développer assez rapidement pour sui- vre l’accroissement de la partie inférieure du bourgeon) traversée par l’éperon de la seconde feuille qui seule avait pu suivre l’é- volution du bourgeon ; évidemment , la première feuille, avant de s’être laissé traverser, formait un cul-de-sac qui renfermait la base descendante du bourgeon, et, si la dilatation eût été assez rapide , elle eût continué à envelopper toute la masse et à faire corps avec elle. » L'observation du mode de végétation de l'Orchis albida me paraît confirmer l’exactitude de cette manière de voir. Chez cette espèce il n’existe pas de tubereule , parce que les sacs où éperons se laissent immédiatement déchirer et traverser par les racines émises à la base du bourgeon ; il en résulte que les ra- cines sont complétement libres et isolées dès leur naissance ; leur coupe transversale montre que leur axe est occupé par un seul faisceau fibreux et non par plusieurs comme chez les tu- bercules renfermés dans les éperons (tubercules qui paraissent constitués par les éléments de plusieurs racines agglomérées ); en regardant avec attention au niveau de l’origine des racines 15 de l’Orchis albiia, on trouve une petite gaine constituée par les débris d’un éperon court qui a été déchiré par le passage des racines presque aussitô après sa formation. — Les racines des Spiranthes me paraissent être le résultat d’une semblable orga- nisation. » Outre la masse radiculaire dont je viens d’exposer la struc- ture , des racines naissent plus tard de la base de la tige { qui résulte du développement ultérieur du bourgeon) ; ; j'ai trouvé, dans la famille des Liliacées , chez les Zilium Martagon et E. Pyrenaicum (et le même fait existe probablement dans d’autres espèces de la même section), un exemple analogue de racines naissant à la base de la tige pour venir en aide aux racines émises par le bulbe, » Le fait de la dilatation en sac ou éperon de la base des feuilles extérieures d’un bourgeon buibeux (éperon dans lequel s’intro- duit la masse du jeune bulbe), bien qu’exceptionnel dans l’his- toire des organes de la végétation, est loin d’être un phéno- mène sans analogue chez des plantes appartenant à d’autres familles que les Orchidées. — Je me contenterai aujourd’hui de parler des bulbes pédicellés et descendants qui existent dans le genre Tulipa , la structure de ces bulbes présentant une ana- logie frappante avec celle du tubercule ou bulbe des Orchidées, » Plusieurs naturalistes ont parlé de la forme bizarre des bulbes pédicellés des Tulipes. Pallas paraît l’avoir signalée le premier dans son Voyage dans les provinces de l’Empire russe ; depuis , MM. Treviranus, Ernst de Berg et Kaeker, ont men- tionné ces bulbes sans en donner d’explication. M. Raspail les décrit dans son Système de physiologie végétale et les compare à des fruits ou à des graines ; il y trouve les analogues des enveloppes de l’embryon et de l'embryon lui-même; enfin, M. Henry a publié sur ce sujet un mémoire fort étendu. Afin d'éviter de me laisser influencer par les opinions émises , je n’ai voulu en prendre connaissance qu'après avoir étudié la question dans la nature et avoir arrêté les bases de ma propre interpré- tation. Cette interprétation diffère essentiellement de celle des observateurs que je viens de citer. » Dans le genre Tulipe , indépendamment des cayeux analos gues à ceux qui existent chez un grand nombre d’autres Lilias 16 cées , il existe des cayeux d’une nature toute spéciale. Une ou plusieurs tuniques du bulbe émettent à leur aisselle un organe - qui-a l’apparence d’une fibre radicale , mais plus gros que les fibres radicales qui partent de la base du bulbe. — Si on fend dans sa longueur un de ces prolongements { longs de vingt à trente centimètres chez le Tulipa sylvestris, plus courts et plus volumineux chez le Tulipa Gesneriana , où on ne les rencontre qu’accidentellement ), on voit que ce prolongement constitue un tube cylindrique à l'extrémité duquel on trouve un bourgeon réfléchi , c’est-à-dire dont la pointe est dirigée vers la base du tube ; ce long tube est l’éperon d’une feuille dont le limbe est quelquefois foliacé, mais plus ordinairement est réduit à une courte membrane. | | » M. Henry considère cette feuille prolongée en éperon comme appartenant au bulbe mère.Je me crois fondé, au contraire, à la considérer comme étant la première feuille d’un bourgeon axillaire ; en effet, si on examine un cayeu non pédicellé de Tu- lipe, on verra que sa base est oblique et présente un véritable éperon rudimentaire ; c’est ce même éperon (rudimentaire dans le cayeu sessile) qui se développe considérablement dans le cayeu pédicellé ; l’observation des transitions qu’il est facile de ren— contrer entre les cayeux à base seulement oblique et les cayeux déjà manifestement pédicellés ne peutilaisser aucun doute à cet égard. Je dois ajouter cependant que, quand le bulbe n’a pas la force de produire une tige florifère, il m’a semblé que le bour- geon terminal qui serait devenu tige florale si le bulbe eût été plus fort, est susceptible de prendre la forme d’un bourgeon descendant ou bulbe pédicellé; dans ce cas, la feuille prolongée en éperon, tout en appartenant au même axe que le bulbe des- vendant, appartient aussi à la plante mère (puisque c’est l’axe principal dont le sommet se réfléchit). » Dans tous les cas, cet éperon est le résultat de la pression latérale et de haut en bas opérée par la partie terminale du bourgeon sur la base de sa feuille inférieure. —Cette partie ter- minale du bourgeon consiste d’abord en une très petite masse celluleuse qui s’engage de plus en plus dans la dépression ou éperon qu’elle a déterminée; l’axe du bourgeon axillaire s’al- longe ainsi indéfiniment sans grossir et en refoulant devant lui 417 le cul-de-sac de l'éperon qui s’alionge aussi indéfininimient juss qu’à ce qu’il y ait un temps d’arrêt dans l’allongement de l’axe; c'est alors que la partie terminale du bourgeon grossit, prend les caractères d’un bulbe et distend en une poche terminale le cul- de-sac de l’éperon qui conserve pendant toute cette évolution une telle vitalité que son épaisseur au lieu d’être moindre est la plus considérable au point où il est le plus distendu (exacte- ment comme les parois de l’utérus des Mammifères prennent une plus grande épaisseur à mesure que l'organe est plus dis- tendu par le produit de la conception). » Mon opinion diffère encore de celle de M. Henry qui considère le fond de l’éperon comme l'insertion réelle du cayeu, et regarde le cordon de vaisseaux nourriciers qui arrive au cayeu comme une dépendance de la feuille , tandis que je regarde ce cor- don de vaisseaux nourriciers comme étant l’axe même du bour- geon soudé avec la paroi de l’éperon, l'insertion réelle de cet axe soudé étant l’aisselle d’une des feuilles du bulbe-mère. » Ce cayeu , enfermé dans un sac à la face interne duquel sac est soudé le pédicelle ou axe du cayeu, nous présente une ana logie frappante avec un ovule réfléchi ; on y trouve un raphé représenté par le mérithalle soudé à la face interne de la feuille extérieure qui joue le rôle de primine, et une chalaze au point ù naît la deuxième feuille du bourgeon (qui serait analogue à la secondine), avec cette différence importante qu’ici la primine se développe manifestement avant la secondine. Mais ici s’arrête l’analogie avec l’ovule, car le bourgeon qui continuera à se dé- velopper ne peut représenter l'embryon, puisque la radicule cor- respond ici à la chalaze et non au micropyle représenté par l’ou= verture de la cavité de l’éperon, ouverture par laquelle se fait jour la pointe du bourgeon lors de la germination du bulbe de- venu libre par la destruction de la partie tubuleuse de l’éperon; cette destruction a lieu par dessèchement dans le courant de l’été ; l’éperon qui dans l’origine était blanc et charnu est à cette époque réduit à une membrane mince et de couleur brune, — C'est à tort que l’on comparerait la feuille charnue, que j'ai nommée secondine, à un cotylédon ; elle en joue évidemment le rôle, mais elle n’en est pas l’analouue, » Je terminerai en insistant sur les rapports et les différences Extrait de l’Institut, A'e seclion, 1820, ô 16 qui existent entre le bulbe pédicellé et descendant des Tulipes et les bulbes ou tubereules des Orchidées que nous venons d’exa- miner. Nous-trouvons dans les deux cas un bourgeon bulbetix qui repousse deyant lui la base d’une ou deux de s°s premières feuilles, et se loge dans le sac qu’il y détermine par sa pression continue. La différence la plus saillante est que, chez l’Orchis, la racine est contemporaine du bourgeon, forme la plus grande partie de la masse et est adhérente aux parois du sac, tandis que, chezlaTulipe, les feuilles du bourgeon sont.charnues etconstituent toute la masse, et que les racines ne.se développent qu’à l’époque où l’éperon est réduit à une membrane sèche ou inerte: (Ces racines traversent alors cette membrane, comme un corps étran- ger, par une fissure qui s'établit sur Ja ligne selon laquelle elies exercent leur pression; cette ligne limite un Dipromçne oblique qui termine le renflement de l’éperon.) » Séance du 16 mars 1850, PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — M. D. Clos, docteur en médecine et ès sciences, communique la note suivante portant pour titre : De la signification, des caractères et des hmites du collet dans les plantes , et de la nature de quelques tubercules. « Les auteurs ont considéré le collet comme un simple plan horizontal placé, suivant les uns (Gærtner, Corréa, Poiteau, L. C. Richard, M. Mirbel), à la jonction des cotylédons, et sui- yant les autres (De Candolle, Meyen, etc. A à ce point du végétal où l’on remarque ce changement mystérieux de direction as- cendante et descendante, point qu'il est impossible de déter- ner dans la grande majorité des cas. Il y aurait avantage à regarder le collet comme un organe distinct, une sorte de caudex mitoyen limité supérieurement par le lieu d’insertion des coty- lédons, inférieurement par la base de la souche (corps de la racine; pivot). » Le collet a des caractères parfaitement tranchés ; il diffère de la tige par l'absence de nœuds et d'organes appendiculaires, de la souche par l’absence des radicelles en rangées réguliè- res (1), souvent de toutes deux par l'anatomie. (1) À ce propos nous croyons devoir rappeler, que dans un précédent tras vail (Hbc de la rhizotaxie, Paris, 1848), nous ayons démontré que les 19 » Le collet existe dans toutes ou presque toutes les Phané- rogames, mais sa longueur est des plus variables. En général, il est très court dans les plantes à cotylédons hypogés, et la seule famille des Légumineuses présente de grandes diversités à : cet égard. Il est très court dans les genres Faba, Vicia, Pi- sum, etc. ; très long dans les genres Lupinus, Dolichos, Pha- seolus, etc. » La définition du collet telle qu’elle a été donnée permet de déterminer dans tous les cas sa place et ses limites, et de décou- vrir la signification jusqu'ici plus que douteuse de certains or- ganes. C’est ainsi que l'étude de la germination montre que l’on doit rapporter au collet.les tubercules des Corydalis cava et Halleri, du Carum bulbocastanum, des Cyclamen et probable- ment aussi ceux du Lecyihis et du Bertholletia, la portion de caudex qui dans le Myosurus mincinus et le Ceratocephalus se trouve entre les cotylédons et le point de l’axe d’où naissent les racines en cercle, et sur la nature de laquelle H. de Cassini n'a- vait pas osé se prononcer (Opuse. phytol., II, 390). » Quant aux tubercules d’Orchis, ceux qui proviennent di- rectement de la germination appartiennent sans doute au col- let, tandis que ceux qui sont nés d’un bourgeon axillaire sont formés par le renflement de la partie d’un rameau situés au- dessous de la première feuille de celui-ci; c'est, si l’on veut, abstraction faite de la configuration , l’analogue d’un coulant aphyle de Fraisier ou d’un tubercule sessile de Pomme de terre supposé réduit à son œil inférieur. Les digitations des tuber- cules palmés d’Orchis pourraient être attribuées à des racines adventives, nées, comme pour les boutures, de la base du ra- meau, mais il.est plus naturel d’y voir une simple division dela partie inférieure du tubercule analogue à celle qui s’ob- radicelles des Dicotylédons naissent avec régularité sur la souche ou corps de la racine et sont toujours disposées en lignes verticales qui s'étendent de l'une à l’âutre de ses extrémités ; que le nombre de ces lignes varié entre deux et six, s'élève rarement äu delà ét change, soit seulement de famille à famille (Papavéracées, Ombellifères), soit de genre à genre (la plupartdes Papillonacées), soit d'espèce à’espèce et parfois aussi d’indiyidu à individu. C'est un nouveau caractère distinctif entre les tiges et les racines dans ce grandemhranchement des végétaux. Ce 20 serve dans le Tamus communis. (Voy. Dutrochet , Mémoiré 1, p. 288.) » Au contraire, les tubercules des Spiranthes (œstivalis et autumnalis) sont de véritables racines adventives ; ils diffèrent de ceux des Orchis par leur nombre variable ; par l’absence de ra- cines filiformes au-dessus d’eux, les seules auxquelles il faille les comparer dans les Orchis ; par leur système vasculaire réuni | en un seul corps et non en faisceaux distincts, enfin en ce qu'ils partent d’un plateau et non de sa base. C’est qu’en effet ce pla- teau radicifère est l’équivalent, dans les Spiranthes, des tuber- cules d’Orchus produits par gemmation. » Les prétendus bulbes d’Orchis et d'Ophrys"sont bien évi- demment des tubercules. On peut établir les distinctions suivan- tes entre ces deux sortes de corps. — Le tubercule est un ren- flement souterrain dont la dilatation porte sur des parties axiles et dont les organes appendiculaires sont nuls ou réduits à de petites écailles ; tandis que dans les bulbes, ces derniers, nom- breux, imbriqués ou embrassants et charnus, l’emportent ordi- nairement sur l’axe par la masse. Les bulbes se détruisent par la base, ce qui n’est pas le cas pour les tubereules. Eofin, un bulbe représente toujours un bourgeon ou rameau, tandis que le mot tubercule a une acception beaucoup plus large, ainsi qu’on peut en juger par la classification suivante que nous pro- posons des tubercules : 1. Tubercules radicaux : dilatation du corps de la racine que l’on reconnaît à la présence des rangées régulières des radicelles à sa surface. Ex. : Carotte, Betterave, Panais, Navet, cultivés. 2. Tubercules du collet : absence de feuilles et de radicelles symétriquement placées ; souche partant de leur base; jeunes, ils sont surmontés ordinairement d’un ou de deux cotylédons. Ex. : Corydalis cava et Halleri, Cyclamen, Carum bulbocasta- num , etc. 3. Tubercules du collet et de la souche : radicelles distribuées régulièrement sur la partie inférieure du tubercule, caractère qui manque sur la portion supérieure, laquelle est aussi dépour- vue de feuilles et surmontée de cotylédons. Ex. : Radis. 4. Tubercules hypomérithalliens ou tubercules de la partie d'un rameau située au-dessous de la première feuille de celui- 21 ei ; origine axillaire; ni radicelles ni feuilles symétriquement disposées. Ex. : Orchis provenus de gemmation. 5. Tubercules monomérithalliens ou d’un ‘entrenœud de la tige ; ni feuilles ni radicelles placées avec ordre à leur pourtour; souche ne partant pas de leur base: Tamus communis. 6. Tubercules polymérithalliens et comprenant, soit plusieurs entrenœuds, soit un rameau tout entier (tubercules raméaires). En présence de feuilles ou écailles régulièrement agencées, ab- sence de radicelles offrant ce caractère. 7. Tubercules adventifs, ils sont formés par des racines ad- - ventives, c’est-à-dire nées en tout autre point de la plante que sur la souche et sans symétrie. Distingués par ces deux carac— tères et ausssi par l’absence des feuilles ; ils sont tantôt simples, ex. Spiranthes,Asphodèle rameux, tantôt multiples, ex. Pelar- gonium triste. 8. T'ubercules lenticellaires, c’est-à-dire formés par un déve- loppement excessif du tissu cellulaire des lenticelles analogues aux petites fongosités qui se montrent sur une branche de Saule immergée et comme il a été prouvé dans notre Ebauche de la rhizotaxie, p.61. Ces petits tubercules se montrent en des places variables de la souche et des radicelles chez un grand nombre de Légumineuses. Leurs principaux traits distinctifs sont de ne porter par leur base que sur un point de l’axe et de n’offrir ni feuilles ni radicelles à leur surface. Ex. : Ornithopus perpu- sillus, Lupins, Medicago, etc. » ERPÉTOLOGIE. — M. Aug. Duméril , agrégé à la Faculté de médecine de Paris, communique de nouveaux résultats fournis par ses recherches expérimentales relatives à la température des Reptiles. Reprenant quelques-unes des observations qu’il avait faites sur les Batraciens , il a cherché à les compléter , et de ce second travail, corollaire de celui qu’il avait précédemment présenté, dans la séance du 15 décembre 1849, il a déduit des conclusions dont les unes confirment les premières , en y ajoutant quelques détails utiles ; mais les autres, les seules dont il soit ici ques- tion , concernent des points qu'il n’avait pas encore étudiés , et spécialement l’action que le froid exerce sur les Grenouilles. Lorsque l’eau dans laquelle elles sont placées vient à perdre 22 une #rande partie de son calorique , elles opposent au refroi- dissement une certaine résistance telle que , quand la tempéra- ture n’est pas descendue au delà de 41°, elles ont montré, relativement au liquide , une différence qui a flotié entre 1°,4 et 3°, mais lorsque celui-ci fut améné à 0, elles ne l’emportèrent plus que de 0,5. Quelques modifications apportées à la manière d’expérimen- ter ont servi à montrer qu’il est facile de vaincre cette force de résistance, et qu'à une température égale à celle de la glace fondante, l'équilibre peut s'établir, Il suffit, pour s’en convain- cre, Soit de placer la Grenouille däns de l’eau à 0° , sans transi- tion et sans la faire passer par un refroidissement graduel ; soit de la maintenir complétement immergée dans de l’eau à cette même température, de facon à empêcher la respiration pulmo- naire de s’accomplir, empêchement qui a toujours été évité, avec le plus grand soin, dans les autres expériences. On voit mieux encore que les Batraciens sont. impuissants contre un froid extérieur intense, quand on les place, à sec, dans un vase dont on amène la température à—4°, à—5° et même à—11° et—12°, par le contact d’un mélange réfrigérant. Ils ne se sont pas mis en équilibre avec cette température si fortement abaissée , parcé que léur séjour n’y a sans doute pas été assez prolongé; maïs ils sont descendus à des fractions de dégré, et'mênie à —1°, limite qu’on s'était imposée , maisqui devra être franchie dans des expérimentations ultérieures, desti- nées à faire connaître le temps nécessaire pour qu'il y ait éga- lité entre l’air ambiant et l’animal,,:et les conséquences: pour celui-ci d’un refroidissement.de plus en plus considérable. Une véritable congélation , non-seulement des parties exté- rieures, mais des- organes internes, a été le résultat d’un abais- sement amené jusqu’à —02,9 et —1°, comme.l’a démontré l’ou- verture du corps de la Grenouille qui portait le premier de ces -deux chiffres, ‘et dont les viscères, devenus durs et résistants, étaient entourés de petits glaçons provenant de la solidification -de tous les liquides, La circulation ne se faisait plus ; il y avait, “par conséquent , tous les signes apparents de la mort. La cessation définitive de la vie ; contrairement à ce qu'a dit Hunter, n’a cependant pas été la Suite de cet arrêt momentané 28 dans le jeu des organes et de la modification profonde qu’ils avaient subie , ainsi que les liquides, en se congelant, Sous lin- fluence Mo et progressive d’une eau de moins .en moins froide , Ja Grenouille ouverte et celle où le thermomètre accusait —1°, el qui ayait été laissée intacte, ont bientôt donné des preu- ves manifestes du retour des organes à leur état normal. Le cœur est revenu , par degrés, à une régularité. et à une ampli- tude de contractions qui formaient un contraste bien surprenant avec l'immobilité absolue qu’il offrait d’abord. En même temps que la circulation se rétablissait , l’arrivée de l’air dans les pou - mons avait lieu. Trois quarts d'heure environ après là sortie du vase où l'atmosphère avait été si refroidie, les mouvements né- cessaires à la natation s’exécutaient. of » Cinq jours après l'expérience , si, chez l’animal non disséqué, les extrémités digitales des membres postérieurs n'étaient, dans quelques points, frappées de sphacèle, et si l’on ne voyait un peu moins de liberté, peut-être, dans les mouvements des membres an- térieurs , il serait impossible de distinguer cette Grenouille ressuscitée de celles qui n’ont été soumises à aucune expéri- mentation. Séance du 23 mars 1850 ERPÉROLOGIE. — M. Aug. Duméril agrégé à la Faculté de médecine de Paris, complète l’exposé de la première partie de ses Recherches expérimentales sur la température des Reptiles, par une nouvelle communication qu'il fait à la Société ; et qui est relative à l'influence exercée sur des Couleuvres à Collier par l’échauflement de l’air ambiant, Reprenant des observations qu’il avait déjà faites , et qui lui avaient appris que ces animaux n’opposent qu’une faible résis- tance à la chaleur extérieure , il a vu ; de noüveau ; que placés dans une atmosphère sèche dont la température a varié de 42° à 500, ils s’y sont échauffés assez pour que, dans un espace de temps qui a varié de 30 minutes à 1 heure, ils aïent eux-mêmes atteint 36° et 380.4. Il avait d’ailleurs déjà noté que deux Cou- Jeuvres étaient mortes, lune portant 410 :et l’autre 40°+, le tiermomètre de l’étuve où elles étaient placées M dans le premier cas 45°, et 47° dansle second, 2h Cette tendance à l’équilibration avec la température exté- rieure semble devoir être expliquée parce fait que leur évapora- tion cutanée est, en quelque sorte , insignifiante , comme le dé- montre la différence très peu considérable qu'offre le poids de l’animal pesé avant son entrée dans l’étuve et après sa sortie. La perte éprouvée dans cinq expériences a été 2 fois de 1 gramme, 2 fois de 2 gr. et 1 fois de 3 gr. Comparés au poids initial des Couleuvres , qui était de 121 à 237 gr. , ces chiffres sont extré- mement faibles et n’en sont qu’une minime fraction. Ce qui prouve bien, au reste , ique l’échauffement des Cou- leuvres est dû à l’insuffisance de l’évaporation cutanée, c’est le résultat des expériences du même genre plusieurs fois répétées sur des Grenouilles. Il y avait tout lieu de penser, comme l’a— vait dit F, Delaroche, sans qu’il l’eût nettement démontré, par suite d’une erreur typographique contenue dans son mémoire (Expér. sur les effets qu'une forte chaleur produit dans l’écon. animale, 1806, p. 19, expér. V), que cette évaporation devait être considérable chez les Batraciens. Dans le but de lever les doutes qui restaient à cet égard, M. Aus. Duméril a répété les expérimentations et a constaté que des Grenouilles , placées pendant un espace de temps qui, 5 fois sur 9, a été de une heure quinze minutes à une heure trente minutes, dans une atmosphère sèche , portant de 50° à 60°, n’ont jamais dépassé, sans périr, 36°, et se sont mainte- nues le plus habituellement entre ce dernier chiffre et 31°. Les Grenouilles opposent donc à l’échauffement une force de résis- tance très manifeste. L’explication de la différence si remarquable qui existe, sous ce rapport, entre elles et les Ophidiens se trouve dans les ré- sultats fournis par les pesées faites avant et après leur séjour dans l’étuve. La perte qu’elles y ont subie a été, en effet, dans le plus grand nombre des cas, de 3 à 7 gr. Ces nombres, dont la moyenne est 5, représentent presque le sixième de leur poids total qui, en moyenne également, s’est trouvé être, sur 9 expériences, de 32 à 33 gr. : rapport très considérable, et qui le paraît bien plus encore quand on le rapproche de celui qui vient d’être indiqué pour les Couleuvres. 25 Îl est donc bien prouvé, par ces résultats comparatifs, que l’é- chauffement, si remarquable, des Ophidiens exposés à l’action d’uné haute température sèche, est dü à ce qu'il ne se fait à Ja surface de leurs téguments écailleux qu’une très faible évapo ration , etque, par conséquent, la cause puissante du refroi: dissement est presque nulle chez les Réptiles de cet ordre, PHYSIQUE pu GLOBE. — M. Rozet lit la note suivante. sur les neiges perpétuelles dans les Pyrénées orientales : « Par un certain nombre d’observations barométriques;: Ramoud a fixé la limite des neiges perpétuelles, dans la chaîné: des Pyrénées, entre 27007 et 2800m. Pendant le cours de mes travaux géodésiques sur cette même chaine, j'ai reconnu que cette limite était très difficile à fixer, surtout dans les Pyrénées orientales : des sommets, et même des plateaux, dont l’alti- tude dépasse 2800, n’ont point de neiges perpétuelles, tandis: que lon en trouve des masses considérables sur des points dont l'altitude ne dépasse pas 2200. Les sommets et les pentes du Canigou, dent l'altitude atteint 2785m, n’ont point de neiges perpétuelles, tandis que, plus au sud, aux sources du Tech, il y en à des masses énormes à une altitude inférieure à 25007. Ces masses, placées sur le flanc sud de la vallée, sont frappées par les rayons du soleil pendant toute la journée. Plus à l’ouest, et dans les montagnes de la Cerdaigne, de semblables masses sont éxposées à lorient. C'est un fait général que, dans les Pyrénées ofientales, les masses de neiges perpétuelles Se trouvent prin= cipalement du côté du sud ét dé l’orient, à une hauteur infé- rieure à His, vers l’origine des vallées où dans des dépres- sions, le long des flancs des montagnes. — Eù Voici là cause : dé novembre en avril, les vents les plus forts et dominants dans ces contrées sont ceux de l’ouest et du nord. Ges vents, emporr tant la neige qui éduvré les pentes ét les plateaux qui plongent de cés côtés, vont l’accumuülér sur les contré-pentes, où 18 en for- ment des masses si considérables que les chaleurs dé l'été ne peuvent parvenir à les fondre entièrement. La rnème cause ayant beaucoup ditninué sur les pentes de l’ouest et.du nord l’épais:. seur de là couche de neïge, eclle-ci ést presque entièrement fon. due au mois dé juillet: » Extrait de l’Institut, Are section, 4850, b 26 BoraniQue. — LA note suivante, relative à la physiologie des Lichens, est communiquée par M. L.-R. Tulasne, « Quelques points de l’histoire des Lichens sont demeurés obscurs jusqu’à ce jour, malgré toutes les recherches que les botanistes ont consacrées à cette famille de plantes. On ne s’ex- plique point encore, par exemple, de quelle manière leurs spores deviennent libres et se disséminent; la germination de ces corps n’a point non plus été observée avec. le soin convenable, ni avec des instruments d’optique suffisamment amplifiants par MM. Meyer et Fries, les seuls lichénographes qui affirment l'avoir constatée; par suite, beaucoup d'incertitude existe sur la nature véritable des spores complexes; enfin la provenance du Lichen de ses spores est un fait sinon mis en doute aujour- d’hui, du moins encore très imparfaitement connu. Sur ces di- vers points mes recherches m'ont procuré plusieurs renseigne- ments. » En ce qui regarde la dissémination des spores, je me suis assuré par des expériences multipliées qu’elles s’échappent des thèques exactement de la même manière que les spores des sphéries et des discomycètes , c’est-à-dire par le fait d’une force élastique qui projette ces corps à une certaine distance, et qui paraît être aidée, si elle n’en résulte pas absolument, par les différences de structure et d’hygroscopicité qui existent entre la couche hyméniale et le tissu sous-posé. Cette puis- sance de projection permet de recevoir des spores, en quantité innombrable, sur des lames de verre éloignées des scutelles même d’un centimètre ; elle existe à des degrés divers, et je J’ai constatée maintes fois, dans les Parmelia aipolia; P. parie- dina>; Peltuea horizontalis ; P. polydactyla ; P. canina ; Ver- rucaria nigrescens; Lecidea subfusca; Collema cheileum ; C. jacobeæfolium, ete, etc. » Ces spores, placées en lieu convenable, ne tardent pas à germer. Ce premier acte de la vie individuelle du corps repro- ducteur consiste généralement dans la production d’un ou de plusieurs filaments, que remplit la matière grenue ou homo- gène, peu colorée, d’abord contenue dans la spore. Chez la plu- part des spores, celles surtout dont la couleur est obscure, il est possible de reconnaître que ces filaments procèdent d’un en- 27 dospore où membrane interne, avec laquelle ils sont en conti- nuité, et que l’épispore s’est brisé pour leur livrer passage. » Les spores, soit simples, soit composées, n’émettent sou- vent qu'un seul filament ; mais les mêmes spores en produisent aussi fréquemment deux ou un plus grand nombre; ce qui ôte- rait beaucoup de valeur à la classification qu’on voudrait faire de ces corps en sporæ mononemecæ et sporæ dinemeæ. » Je n’ai jamais vu les diverses logettes des spores complexes s’isoler naturellement et imiter autant de spores distinctes ; cependant chacune d’elles paraît pouvoir germer comme le ferait une spore uniloculaire; en sorte que la spore cloisonnée peut être regardée comme formée de plusieurs spores simples associées, comme un embryon à germes multiples, ou une graine à plusieurs embryons. » Les filaments-germes se ramifient plus ou moins vite et prennent des cloisons ; suivant les espèces auxquelles ils appar- tiennent, ils restent très courts ou atteignent une grande lon- gueur et forment, en se mélant et s’anastomosant, un plexus byssiforme. Nul doute que ce tissu filamenteux ne donne plus tard naissance à de nouveaux Lichens, mais il ne m’a pas en- core été donné de le constater d’une manière assez précise. » Au surplus, cette végétation primordiale diffère à peine de ce qu’on pourrait appeler le mycelium du Lichen , s’il était permis, malgré son étymologie, d'employer ici cette expression; elle désignerait, comme chez les Champignons, un tissu bys- soïde, incolore, extrêmement appréciable chez beaucoup de Li- chens (v. c. Peltideæ, Cladoniæ, Collematisque species var.), qui s'étend comme un voile invisible, un rhizôme aranéeux sur la terre, les Mousses, les écorces, etc., organe jusqu'ici à peine apercu et d’où procèdent les jeunes thalles. » J'ai donné toute mon attention à la naissance de ces der- niers, et j’ai reconnu que des fils, en général les plus déliés, du byssus générateur dérivent cà et 1à des sortes de coussinets, formés de très courts rameaux enchevêtrés, puis de cellules fort petites et incolores, et que c’est au sein de ces nouvelles for- mations qu’apparaissent les cellules vertes qui commencent la couche gonimique de la nouvelle plante. » 28 Seance du 30 mars 1850, OPTIQUE MÉTÉONIQUE. — M. Bravais fait part à la Société des résultats de ses observations sur la polarisation de la lumière de l'air atmosphérique , dans le voisinage du Soleil, sous l’in- fluence de la constitution météorique qui donne naissance au cercle lumineux connu sous le nom de « halo de 22 degrés. » Voici les phénomènes que l’on observe dans le vertical du Soleil. Depuis le zénith, jusqu’à 30° du Soleil, la polarisation est verticale. En se rapprochant de l’astre, on découvre un « point neutre » dont la distance à l’astre varie de 25° à 30°, suivant l’intensité de la lumière du halo. Au-dessous du point neutre, Ia polarisation est horizontale; elle est assez forte sur le halo même, comme M. Arago l’a observé depuis longtemps: Cette polarisation continue, très affaiblie, il est vrai, dans l'in- térieur de l’aire du halo, où elle se prolonge quelquefois jusqu’à 3° du Soleil, On l’annule en plaçant devant le polariscope une lame de verre inclinée d'environ 65°sur les rayons lumineux ; ce résultat indique que la fraction de lumière polarisée verticale- ment s'élève, en ce lieu, à £ ou + de la lumière totale. Get état singulier de polarisation se manifeste même, sans que l’on puisse apercevoir de traces du halo, pourvu qu’un nuage iéger, de teinte grise, et semblable à ceux qui ordinairement engen- drent ce météore, recouvre Ja région céleste qui avoisine le corps éclairant. Le point neutre est alors situé à 25° au-dessus de son centre. La même disposition se répète en sens inverse, au-dessous du Soleil; mais, à cause sans doute du voisinage de l’horizon,, le point neutre subsolaire est plus éloigné du centre de l’astre que le point neutre supersolaire : dans le halo du 1% juin 1848, M. B. a trouvé, pour cette distance, 330. Si maintenant l’on observe dans l'almicantarat de Pastre, à droite ou à gauche, on trouve la polarisation horizontale, à l’ex- térieur du halo, jusqu’à la limite, 25° de distance du Soleil, où se trouve un premier point neutre. Sur le halo méme, la po- larisation est verticale, et à la limite interne du météore. elle redevient subitement horizontale, lorsque l’on pénètre dans son aire intérieure : il y a donc là un second point neutre, qui 29 pourrait être appelé un point d'inversion, à cause du change- ment brusque qui sy opère. Si l’astre n’est élevé que de 8° à 10° au-dessus de l’horizon, et si le halo est peu intense, ces deux points neutres se rapprochent, et se réunissent en un seul, situé sur le halo même. La polarisation horizontale de l’aire intérieure s'étend jusqu’à 5° ou 10° du centre du halo, suivant l’état de l’atmosphère et la hauteur de ce centre au-dessus de l'horizon. L'ensemble des phénomènes que nous venons d'exposer est d'accord avec les lois déja connues; toutefois la polarisation verticale de l’air, pendant les halos, à 15° au-dessus et à 15° au- dessous du Soleil , est un:fait qui demande une explication par- ticulière et qui d’ailleurs mérite de fixer l’attention des météo- rologistes, comme pouvant, en l’absence des halos et autres apparences de même espèce, annoncer la présence de cristaux de glace répandus dans l'atmosphère. Séance du 20 avril 1850% EMBRYOGÉNIE VÉGÉTALE. — M. Ernest Germain, de Saint- Pierre, lit une note sous ce titre : De la structure de l'embryon dans la famille des Graminées et de la nature des coléorhizes. « Deux opinions principales partagent les botanistes relative- ment à la structure de l'embryon chez les Graminées; les uns veulent que le corps nommé vitellus par Gaertner et hkypoblaste par L. CI. Richard, soit le cotylédon de l’embryon; cette opi- pion, qui est la. plus ancienne, est celle d'A. L. de Jussieu, de MM. de Mirbel, Kunth, Endlicher et Auguste de Saint-Hilaire; d’autres observateurs, au contraire, regardent ce corps comme appartenant à l’axe de l’embryon; pour EL. CI. Richard il con- stitue la radicule même, ce que les autres appellent radicule étant pour lui une radicule secondaire ou radicelle, et la coléo- rhize de cette radicule secondaire étant un appendice. de la ti- gelle; pour M. Ad. de Jussieu, la radicule secondaire de CI. Richard est la véritable radieule primaire comme pour ceux qui considèrent l’hypoblaste comme:un cotylédon, mais l’hypo- blaste n’est pas le cotylédon, et comme il n’est pas non plus la radicule et qu’il est situé dans. l'intervalle qui sépare ces deux organes, intervalle constitué par la tigelle, c'est une protubé- rance ou.expansion latérale dela tigelleë En présence des opi- 80 nions divergentes professées simultanément par des observa- teurs d’un si haut mérite, je me suis livré à des recherches assidues sur l’embryon des Graminées et je suis parvenu à re- connaître que l’hypoblaste est un corps composé d’une partie qui correspond à une feuille ou cotylédon et d’une partie que l’ensemble des faits que j'ai été à même d’observer me porte à considérer comme une tigelle et une radicule. Ce résultat expli- que comment les partisans de l’une et de l’autre opinion qui divisaient les physiologistes pouvaient de part et d’autre ap- puyer leur sentiment sur de bonnes observations, sans pour cela parvenir à porter la conviction dans l'esprit de leurs adver- saires. » Établissons d’abord que la partie libre étalée ou engaïnante de l’hypoblaste constitue la première feuille de l’embryon (pre- mière feuille dite cotylédon). — Une des premières objections faites à cette opinion est que la forme en écusson ou disque étalé de l’hypoblaste de la plupart des Graminées, du Froment par exemple, s'éloigne de la forme du cotylédon engaînant de la plupart de Monocotylédones. Il me suffira à ce sujet de faire observer que la plupart des organes végétaux sont susceptibles de revêtir les formes les plus bizarres sans que, pour cela, leur nature puisse être méconnue, et, en second lieu, que, chez le Maïs, par exemple, l’hypoblaste embrasse le bourgeon (dit gem- mule) aussi complétement que cela a lieu chez les Liliacées, par exemple. — Une seconde objection, au premier abord plus sérieuse, est que, chez le Maïs, la feuille qui paraît la seconde dans l’ordre de superposition et de développement des feuilles de l'embryon a ses bords dirigés du même côté que les bords du cotylédon lui-même; or chez des plantes à feuilles distiques on ne peut admettre deux feuilles successives situées immédiate- ment l’une au-dessus de l’autre et par conséquent à bords diri- gés du même côté. Cette difficulté serait peut-être insoluble si les embryons de toutes les Graminées étaient semblables à celui du Maïs, maïs il est loin d’en être ainsi, et la forme observée chez le Maïs est presque exceptionnelle. En effet , chez l'Orge, le Froment, l’Avoine, le Seigle, et autres genres de la fa- mille des Graminées, il existe un organe (l’épiblaste de CI. Richard) qui, alternant avec le cotylédon , n’est autre chose 91 qu'une véritable feuille ( comme l’admet M. Lindley }, ct l'ai ternance de cette feuille avec le cotylédon et la feuille foliacée située plus haut fait tomber l’objection précédente ou du moins la réduit au Maïs et aux autres genres dont l’embryon est analogue. Or, cette feuille intermédiaire (ou épiblaste) est si rudimentaire dans quelques genres que souvent on a assez de peine à la bien voir; pourquoi n’adméttrait-on pas que, chez le Maïs, elle avorte cornplétement sans que pour cela la feuille située au-dessous et la feuille située au-dessus doivent être mo- difiées dans leur situation ? Si l’on m’objecte qu’il est bien sin- gulier que cette deuxième feuille soit moins développée que celle qui la précède et celle qui la suit, je rappellerai que, chez l'embryon du Zrapa, l’un des deux cotylédons est énorme, tan- dis que l’autre est d’une petitesse relativement extrême ; dans le genre Ælbrandia (famiile des Morées) et dans les genres An- thiaris et Conocephalus (famille des Artocarpées) les deux pre- mières feuilles de l’embryon, ou cotylédons, sont aussi d’une grande inégalité de volume. — La troisième objection est plus facile encore à résoudre que les précédentes. Le cotylédon des Monocotylédonées, lorsqu'il est embrassant, présente à sa par- tie antérieure une petite fente qui a été particulièrement dé- montrée par M. Ad. de Jussieu et qui indique les deux bords rapprochés de cette feuille; il en résulte que, chez les Grami- nées où le cotylédon est étalé, comme celui du Froment, par exemple, ce cotylédon ne peut présenter de fente, puisque ses bords sont complétement écartés; or, on a trouvé naturelle- ment une fente sur la feuille qui suit l’épiblaste et qui est la première dont le limbe soit enroulé, et l’on en a conclu que cette feuille enroulée est le cotylédon, mais cette conclusion n’est pas fondée, car chacune des jeunes feuilles roulées ayant sa fente, cette fente ne saurait servir de caractère distinctif pour le cotylédon. » Ayant démontré que l’hypoblaste des Graminées constitue, au moins dans sa partie libre, une véritable feuille cotylédo- naire, il me reste à démontrer qu’une partie de cet hypoblaste constitue la première tigelle y compris la radicule. » Pour cela je placerai dans la même position un embryon de Graminée (celui du Maïs), et celui d’une Liliacée, celui d’un 92 ÂAil (l4ilium Cepa), bien que ces deux embryons soient de formés très différentes, le premier étant irrégulièrement hémi« sphérique, et le Second étant longuement cylindrique. Si je di- rige en haut la gaine des deux embryons, il en résulte que embryon du Maïs a sa convexité dirigée en bas, et celui de l’Allium celle de ses extrémités qui S’échappe la première de la oraine peñdatt la germination; or eette extrémité dirigée en bas est regardée chez l’4{lium comme la radicule primordiale, pourquoi chez le Maïs là même partie ne serait-elle pas le même organe, et ne prendrait-elle pas le même nom ? Ge qui fait que, chez le Maïs, cette partie inférieuré du cotylédon n’a pas été considérée comme la première radicüle (excepté cependant par CI. Richard), c'est que cette radicule n’est pas destinée à s’ac- croître, la nature en a fait seulement ‘un magasin de substance nutritive, comme de la partie limbairé du cotylédon.: En oùtré, on a été d'autant plus aisément induit en errreur que l’on a vu à côté de cette masse inerte sortir une radicule entourée d’une coléorhize, et que l’on admettait qué le caractère essentiel de la radicule chez les Monocotylédonéés est d’être entouréé d’une coléorhize. Pourquoi, en effet, cette radicule coléorhizée à éôté de ce tubercule que j'appelle la radiculé primitive? C’est que la première feuille de l'embryon étant, chez les Graminées, détour- née de la forme et des fonctions qu’elle présente chez les autres Monocotylédonées, c’est la seconde où la troisième feuille qui emprunte la forme et les fonctions de la première. En raison de ce changement de fonctions du cotylédon, la gemmule ne pou vait se comporter Chez les Graminées comme chez là plupart des autres Monocotylédonées ; en effet, elle prend une direction oblique et presque transversale, et la racine Coléorhizée glisse à la surface du cotylédon (comme chez le Froment) où en tra- verse le limbe (comme chez le Maïs) qui présente par consé- quent une double coléorhize. » En résumé, chez l’Ællium, la radicule du cotylédon s’al- longe par la germination, puis, manquant d’une force suffi- sante pour s’allionger indéfiniment, elle est perforée verticale ment par la racine suivante plus forte qu’elle, qui s’est engagée dans son axe et se trouve réduite à l’état de fourreau où coléo- rhize, Chez le Maïs, la radicule du cotylédon est un simple ren 38 flement (qui, chez la plupart des autres Graminées, est à peine plus saillant que le reste du cotylédon) ; la première radieule qui se fait jour au dehors est une racine secondaire qui traverse à sa base le limbe du cotylédon, et est traversée elle-même verticale- ment à son tour et réduite à l’état de gaine par une troisième racine. » Des faits qui précèdent je conclus : » 1° Que la forme d’un tubercule solide, ou la forme d'une racine convertie en gaine, peut appartenir à la radicule pri- maire (puisque cette première racine est un tubereule chez le Maïs et une gaine chez l’Allium). » 20 Que la forme d’une gaîne (coléorhize), ou la forme d’une racine ordinaire, peut appartenir à la deuxième racine (puisque cette deuxième racine est gaine chez le Maïs et racine chez lAllium). » 30 Que par conséquent la coléorhize est une racine, d’où il suit qu’une racine peut renfermer, comme un étui, une racine née postérieurement. » Un exemple puisé chez les végétaux dicotylédonés va maintenant nous démontrer que les racines pivotantes de ces végétaux peuvent être considérées comme le résultat de racines nombreuses descendues entre deux coléorhizes ordinairement adhérentes, mais susceptibles de devenir libres et par consé- quent évidentes. Je considère comme de véritables coléorhizes les appendices descendants que l’on observe à la base des feuilles cotylédonaires du Radis (Raphanus sativus) lorsque la plante présente déjà une rosette de feuilles. Ces appendices constituent dans l’origine presque toute la masse de la tigelle et de la radi- cule ; plus tard, lorsque ces parties ont pris un certain dévelop- pement, on les voit se détacher de la masse sous la forme de membranes charnues, mais en restant adhérentes par la base des feuilles cotylédonaires et souvent aussi par la partie infé- rieure de la racine. Ces appendices, avant de devenir libres, faisaient donc partie de la tigelle et de la racine, et leur coupe verticale nous apprend qu'ils sont la continuation de toute la partie celluleuse des feuilles cotylédonaires qui se prolonge manifestement au-dessous de leur insertion; quant aux fais= Extrait de l’Institut , 4re section, 1850, 6) ol : ceaux vasculaires qui descendent du pétiole, ils pénètrent dans le centre de la tiselle. » Dans une note précédente sur la structure du bulbe ou tubercule des Orchidées (section des Ophrydées) j'ai démontré que ce bulbe est composé dans sa partie supérieure par l’éperon des feuilles du bourgeon dans lequel descend le bourgeon lui- même qui émet à sa base une masse radiculaire adhérente à un sac qui la renferme ; ce sac constitue chez ces bourgeons anor- maux une véritable coléorhize. » Botanique. — Une note sur Za place que doit occuper le genre Begonia ou la famille des Bégoniacces dans La méthode naturelle est communiquée par M. D. Clos. « Les espèces du genre Begonia tiennent aujourd’hui un des premiers rangs en horticulture ; leur nombre est déjà considé- rable, et plusieurs d’entre elles font l’ornement de nos serres. On a donc pu étudier avec soin leur organisation, et cependant on n’est guère plus fixé quant à la place qu’il convient d’assi- gner à ce genre dans la classification naturelle qu’on ne l'était du temps de À. L, de Jussieu qui le comprenait dans sa liste des inceriæ sedis. « Il n’est pas peu curieux de voir, dit M. Lindley » (Veget. Kingd., p. 318), les opinions des botanistes sur les » affinités de ces plantes bien connues rester indécises jusqu’à » Ce jour. Je supposai d’abord que la famille avait des rapports » avec les Hydrangées par suite de quelque ressemblance dans » les graines. D’autres les ont rapprochées des Polygonées, à » cause des stipules, du fruit à trois aïles et du calice co- » loré; Link les met près des Ombellifères, Martius près des » Scévolées et Meisner avec les Euphorbiacées.… Mais leurs affi- » nités réelles semblent être avec les Cucurbitacées. » Cette dernière opinion est aussi celle de MA. Endlicher, Brorgniart et Ad. de Jussieu. Savs doute il existe des points de contact multipliés entre ces deux familles ; mais les Cucurbitacées, mal- gré leurs fleurs unisexuées, n’ont jamais plus de cinq étamines ; leur fruit est habituellement charnu et dépourvu d'ailes ; la placentation est tout autre; les graines sont grosses et compri- mées ; enfin eilcs ont des vrilles (stipules transformées?) et leur tige n’est pas articulée. Ce sont là des différences capitales. Quant aux caractères qui séparent les Begonia des autres fa- 98 milles déjà citées, ils sont trop connus, tréf Sailiants pour qué je croie devoir les mentionner. » Mais il est une famille avec laquelle les Begonia me sem- blent avoir bien plus de rapports qu'avec celles dont il vient d’é- tre question , c’est la famille des Aristolochices. A vrai dire, si Von compare un Begonia avec une espèce du genre Ærislolochia, on aura quelque peine à concevoir sur quoi ce rapprochement est fondé; mais que l’on passe en revue tous les genres de ce groupe et surtout ceux que l’on pourrait appeller dégradés, savoir : Bragantia, Thottea et Trichopodium, et on y retrou- vera les principaux points d'organisation des Begonia (1). » Toutes les Aristolochiées ont l’ovaire infère et le périanthe coloré comme les Begonia, et, comme dans celles-ci, les fleurs sont unisexuées dans les genres Trichopodium et Tholtea, ainsi que dans le Bragantia Wallichii, Br. Le type des parties de la fleur est en général trois ou un de ses multiples chez les Aristolochiées, et cette symétrie n’est pas étrangère aux Bego— na. [Il est vrai que les fleurs mâles de ces plantes ont le plus souvent un périanthe de deux à quatre pièces, mais celui des fleurs femelles, bien que très variable, est à trois divisions dans le Begonia pellala, à six dans les B. argyrostigma et umbellata. L'ovaire et le fruit des Begonia ont constamment trois car— pelles. N’a-t-on pas là de fortes présomptions pour croire que le système ternaire est celui qui préside à l’organisation florale des Bégoniacées ? » Les Aristolochiées à fleurs hermaphrodites ont un nombre (1) On admet généralement l’afflinité des Aristolochiées avec les Cucurbi- tacées et de celles-ci avec les Bégoniacées; mais M. Ad. Brongniart est le seul, à ma connaissance, qui ait assigné aux Bégoniacées leur véritable place dans la série linéaire des familles en les interposant aux deux pre- mières (voy. Enum, genr. cult., p. 30). Seulement il fait rentrer les Bégo- niacées dans sa classe des Cucurbitinées, tandis qu’elles me paraissent appartenir, malgré l'absence d’albumen, à celle des Asarées. Tous les au- teurs ne s’accordent-ils pas à réunir à la classe ou famille des Urticées périspermées la famille ou tribu des Cannabinées bien que apérispermées, M. Dumortier (Conspect. famil, veget. — Analys. des fam.) met aussi les Bégoniacées près des Aristoloches, mais entre celles-ci et les Polygonécs, C, 36 fixe d’étamines, soit six, soit douze ; mais celles dont les sexes sont séparés n’offrent pas moins de diversité à cet égard que les Begonia ; €’est ainsi que, d’après M. Bennett (Plant. javan. rar., p. 43), il est de 5, 6, 8 ou 9 chez les Bragantia, et quatre fois plus grand chez les T'hottea, Ces étamines sont tantôt libres, tantôtmonadelphes avec les anthères extrorses, jaunes et à deux loges s'ouvrant longitudinalement, adnées au connectif, tous caractères qui se retrouvent dans les Begonia. » La capsule des Thottea est à trois loges comme celle des Begonia, et dans l’un comme dans l’autre de ces genres la pla- centation est axile, les graines étant disposées sur deux rangs à l’angle interne de chaque loge. Cependant la déhiscence est locu- licide dans les Begonia et septicide dans les Aristolochiées. » Les Begonia ont trois styles bifides, comme les Trichopo- dium trois stigmates bipartis. » L’ovule des Begoma est anatrope aussi bien que dec des Aristolochiées, et toutes ces plantes ont un embryon très petit , droit, avec la radicule tournée vers le hile ; mais on constate Pébsence d'albumen dans les Begonia dont la graine est par suite très menue, tandis que la semence est pourvue d’un gros périsperme dans les Aristolochiées, ce qui lui donne d'assez fortes dimensions. » Si des organes de la fructification on passe à ceux de la végétation on retrouve la même concordance. Les Aristolochiées, comme les Begonia. offrent des plantes herbacées, soit acaules, goit caulescentes, et quelques espèces de Begonia, au rapport de M. Hartweg, sont des arbrisseaux volubiles comme certaines Aristoloches. Les genres Bragantia et Begonia ont l’un et l’autre des tiges flexueuses et renflées aux nœuds , articulées ainsi que les feuilles, et le Bragantia lomentosa reproduit assez bien le port le plus habituel et l’inflorescence des Begonia. Les deux familles ont des feuilles grandes, pétiolées et accompagnées de stipules ; mais elles ne sont que peu ou point inéquilatères dans les Aristolochiées. Nous regrettons de n’avoir pu vérifier si les tiges des espèces de Begonia sous-frutescentes ont une siructurc analogue à celle que M: Decaisne a si bien fait con- naitre pour les Aristoloches (voir Mém. Lardizabalées, Ar- 97 chiv. du Mus. 1, p. 150-160). Ajoutons que les propriétés des deux familles ne sont pas en désaccord. On attribue aux Bégo- niacées un suc acide et à quelques-unes d’entre elles des vertus astringentes et drastiques. Or, si les Aristolochiées sont en général aromatiques, toniques et stimulantes, l’Aristoloche clé- matite et l’Asaret ont une âcreté telle qu’on peut les employer comme émétiques. Dans les deux familles les principes actifs résident dans les tubercules souterrains. » En résumé, les Begonia ne paraissent différer essentielle- ment des Aristolochiées que par le mode de déhiscence de la capsule et l’absence d’albumen. Ces deux caractères sont-ils suffisants pour autoriser à conserver comme distincte la famille des Bégoniacées ? Ou bien faut-il faire rentrer le genre Begonia dans la famille des Aristoloches, en le considérant comme genre anomal ? Cette dernière opinion doit peut-être prévaloir, car la plupart des auteurs s’accordent à rejeter ou du moins à regarder comme défectueuses et provisoires les familles composées d’un seul genre; et c’est le cas pour celle qui nous occupe, les genres Eupelalum et Diploclinium proposés par M. Lindiey aux dépens des Begonia n'ayant point encore reçu la'sanction générale. L’exempie déjà cité des Cannabinées sans périsperme, réunies aux Urticées perispermées, serait peut-être encore de nature à confirmer celte manière de voir. » ANALYSE MATHÉMATIQUE, — M. Serret communique à la Société : 19 Un mémoire intitulé : Développement sur une classe d’e- quations. L'auteur a donné dans son mémoire la solution de cette question : Qurlles sont les équations ivréductibles jouissant de la propriété que les fractions continues qui représentent deux ou plusieurs racines réelles sont terminées par les mêmes quo- hents. Il prouve que cette propriété ne peut appartenir qu’à des équations de degré 2n ou 3n, et donne la forme générale de ces équations. 20 Un théorème de aconEn te qu’il a appliqué avec succès à l'intégration de quelques équations différentielles exprimant di- verses propriétés des courbes sauches. Ce théorème peut étre énoncé comme il suit : Si M est wn point d’une courbe gauche, et qu'on désigne par à et À les angles formés avec une direction 6 Lo) fixe x'x par la tangente au point M, ct par l'axe du plan oscu- lateur en ce point, le rapport des deux différentielles d cos «, d cos X est égal au rapport du rayon de torsion ou rayon de courbure au point M de la courbe , quelle que soût la direction fixe x'x. 30 Un théorème de théorie des nombres qu’on peut énoncer comme il suit : Si f (x) désigne un polynome à coefficients en- tiers , p un nombre premier, et que l’on ait f(1)=1 (modp), on aura aussi f (e) £ (8) fe. f()=1 (modp), en désignant par a, B, 7... © les racines primitives de l’équa- Lion —1—=0, quel que soit l'entier p. D On déduit delà que l'équation x —1— 0 , se change en une équation irréductible si on la débarrasse de ses racines non pri- mitives. On étend facilement cette même conclusion à l'équation X" — 1 0 quelle que soit m. Séance du 18 mai 1850. ERPÉTOLOGIE. — M. Aug. Duméril , aide-naturaliste au Mu- séum d'histoire naturelle, présente quelques considérations sur une nouvelle grande famille qu’il propose d'établir parmi les Serpents colubriformes. I! insiste d’abord sur la nécessité de prendre les caractères anatomiques pour base d’une distribution méthodique, surtout quand il s’agit d'animaux chez lesquels les caractères extérieurs importants sont en si petit nombre et si difficiles à bien pré- ciser. Le système dentaire réunit, comme moyen de classement, les conditions les plus avantageuses. + Après l’ancienne distinction des Serpents en deux grandes sections, selon qu’ils sont munis de crochets à venin à la partie antérieure de Ja mâchoire supérieure, ou qu’ils en sont privés, et après l’élimination des premiers, l’erpétologiste se trouvé encore 39 en présence d’une telle multitude d'êtres, que,pour arriver à des déterminations bien ncttes, il doit chercher de nouveaux moyens de division. Ce sont encore les dents qui les lui offrent , en lui donnant d’abord la possibilité , ainsi que l’ont établi M. C. Du- méril et Bibron, dans leur Hist. génér. des Reptiles, de fonder, parmi les Colubriformes , une grande tribu d’'Ophidiens qui, malgré le nom d’Aphobérophides qu’ils leur ont imposé, c'est à-dire de Serpents dont on ne doit pas se défier, à cause de leur apparence extérieure, sont cependant venimeux, mais seulement pour la proie qui a déjà pénétré dans la cavité buccale. A la mä- choire supérieure, en effet, non plus en avant, mais à l'extrémité terminale de chaque rangée de dents, on en trouve une ou deux sillonnées dans toute leur longueur et destinées à permettre l’é- coulement d’une humeur sécrétée par des glandes dont la struc- ture, étudiée par M. Schlegel d’abord, puis par M. Duvernoy, offre l’analogie la plus frappante avec celle des glandes à venin. Cette division étant établie, il ne reste plus que les Serpents dont la piqûre est sans aucun danger, quelles que soient les dents qui fassent la blessure. On peut partager ceux-ci en deux grou- pes: l’un, peunombreux en espèces, comprend les Typhlops dont le nom de Scolécophides ou de Vermiformes proposé et adopté par les auteurs de l’Érpétologie générale, vappelle la bizarre con- formation extérieure. Leur système dentaire présente une bien remarquable imperfection, dont ces auteurs se sont servis pour leur classement en deux familles, celle des Typhlopiens propre- ment dits qui n'ont des dents qu’à la mâchoire supérieure, et celle des Catodoniens qui n’en ont qu’à l’inférieure. L'autre groupe, très considérable, renferme tous les autres Serpents dits innocents ou Azémiophides. Or, les particularités de la dentition sont encore ici de la plus haute importance, parce qu’elles facilitent l’établissement de divisions secondaires. Le but principal que M. Aug. Duméril s’est proposé dans sa communication à la Société a été de faire connaitre une de ces divisions. Celle-ci résulte de la possibilité de rapprocher les unes des autres, comme Bibron l’avait projeté et avait déjà commencé à le faire, un certain nombre d’espèces qui ayant, jusqu'alors, appartenu à différents genres, peuvent être distribuées dans des genres spéciaux dont la réunion est très propre à former une 0 seule et grande famille. Le caractère commun à toutes ces espè- ces avait été remarqué chez quelques-unes d’entre elles, mais on l'avait cru beaucoup plus restreint qu’il ne l’est en réalité. Ce caractère est celui qui a valu aux Serpents nommés Hétérodons et Xénodons cette dénomination destinée à exprimer ce qu’il y a d’étrange, en quelque sorte, dans leur système dentaire. Il con- siste dans un allongement considérable des deux dernikéres dents susmaxillaires, de chaque côté, qui nesont ni canaliculées, ni sil- lonnées , dans l’absence d’une glande venimeu:e à leur base et dans leur éloignement des dents plus courtes qui les précèdent. Toutes ces particularités ne sont pas exclusives à ces deux genres, mais sont propres à plusieurs autres, et cette similitude dans des organes dont l'examen est assez facile pour l’observateur est très importante quand il a affaire à des animaux où les différences extérieures sont si peu nombreuses. Aussi, était-ce un moyen utile à employer pour établir dans la section des Azémiophides une coupe constituant une nouvelle famille naturelle, celle des Hystérodontes indiquant, par son nom même, que les dents pos- térieures doivent fixer l’attention. Elle comprend des Ophidiens colubriformes dont les habitu- des diffèrent. Les uns, et ce sont les plus nombreux, habitent les lieux secs et ne s’enroulent pas sur les arbres. Tel est d’abord le genre Dromique (bon coureur) fondé par Bibron dans l’Erpét. de Cuba : il a pour type la Couleuvre nommée aux Antilles la Cou- resse (Col. cursor), dont il a rapproché une Couleuvre de la même île décrite et nommée par lui Dr. angulifère. Il faut y rapporter, en outre, la Coul. rayée (C. lineatus, Lin.), deux Psammophis de M. Schlegel : Ps. de Temminck et des Antilles, la C. triscale Lin., et enfin des espèces nouvelles et encore inédites qui seront désignées sous les noms de Dr. unicolore, demi-deuil , de Plée et à venire roux. Viennent ensuite le genre Eiophis (Serpent lisse) de Wagler, mais modifié, comprenant les Coul. de lareine et Cobelle de Lin., la Cou. de Merrem, puis la €. à an: neaux géminés et les genres Hétérodon et Xénodon dont les es- pèces ne sont pas encore révisées. D’autres Hystérodontes sont aquatiques et peuvent être rangés dans deux genres dont l’un nouveau est celui des Amphiesmènes ( bien vêtus ) qui est un démembrement du genre des Tropido- li notes nécessité par la disposition du système dentaire et qui doit comprendre les espèces nommées jusqu’à présent Trop en robe, à cou rouge, panthère et à taches dorées. L'autre genre est celui des Hélicops (à yeux obliques) de Wagler qu'il a fallu modifier et auquel conviennent la C. anguleuse L., celle à queue carénée du prince Maximilien, et une autre nouvelle ÏT. de Lepricur. Une troisième division enfin relative aux Hystérodontes ar- boricoles ne renferme que le genrenouveau des Uromégas (grande queue) composé de deux es;èces U. à nez pointu et U. de Ricord. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — M. Ernest Germain, de Saint- Pierre, communique la note suivante, sur la structure da faux- bulbe du Corydalis solida, servant de complément à l’éfude des coléorhizes « De l'extrait d’un mémoire que j'ai présenté dans l’une desder- nières séances, il résulte que l'organe nommé coléorhize chez l’em- bryon en germination des Graminées et autres plantes monoco— tylédones, doit être considéré comme une racine qui est bientôt perforée selon son axe et réduite à l’état de gaîne par uneoë plu- sieurs racines nées postérieurement , et en outre que cette coléo- rhize devenue tubuleuse est non-seulement manifeste chez les Monocotylédonées , maïs aussi chez certaines Dycotylédonées, et j'ai cité le Raphanus sativus , plante chez laquelic il existe non pas une , mais deux coléorhizes parallèles dont l’ensemble constitue un fourreau et dont chacune est la continuation mani- feste dela partie cellulaire des feuilles cotylédonaires au-dessous de leur insertion. » Je tire aujourd'hui de ces faits les conclusions suivantes , savoir : que la couche extérieure d’une racine (soit que celte couche devienne libre et prenne le nom de coléorhize, soit qu’elle reste adhérente et garde le nom d’écorce de la racine)est, au moins en partie, le résultat de la prolongation de Ja portion celluleuse des feuilles au-dessous de leur insertion. J'ajouterai À en outre , que si ce fait est considéré comme acquis, on ne peut se ose à admettre que l’origine de l'écorce chez Ia tige est la même que l'origine de l'écorce chez la racine, et que le même prolongement celluleux qui, à un certain niveau, constitue l’é- corce de la tige, constitue à un niveau inférieur l'écorce de la racine. Extrait de l'{nstitur, A" seclion, 1850, 6 2 » L'étude de la racine bulbiforme du Corydalis solida, Smith, (C: Halleri, Willd.), plante dicotylédonée indigène dont j'ai suivi le curieux mode de végétation pendant une période de plu- sieurs années, me semble confirmer les résultats importants sur la nature de l'écorce auxquels j'avais été déjà conduit par les observaïions précédentes. » Je me contenterai, dans cette note , de parler de la struc- ture de cette racine bulbiforme à l’état adulte. » Le faux-bulbe ou tubercule du Corydalis solida est une masse charnue, irrégulièrement globuleuse , terminée inférieu- rement par des fibres radicales et émettant supérieurement une, deux ou plusieurs tiges florifères annuelles. » Si nous examinons un de ces faux bulbes , à l’époque où la plante est en fruit, c’est-à-dire dans le courant du mois de mai, nous voyons, au moyen de coupes horizontales et verticales , qu’il se compose : 1° d’une couche extérieure blanche, charnue, succulente, qui se continue avec la base des feuilles squami- formes situées à la base de la tige ; 2° d’une colonne centrale de couleur blanchâtre, qui se continue supérieurement avec la tige, et inférieurement émet un faisceau de racines qui perce à sa base la couche blanche charnue extérieure ; 3° à l’aisselle des feuilles squamiformes qui entourent la base de la tige, on voit poindre un ou deux , quelquefois plusieurs bourgeons destinés à fournir: les tiges florifères de l’année suivante. » Si l’on étudie le même faux bulbe à l’automne , on trouve que les bourgeons axillaires ont émis chacun à leur base une ço- lonne charnue , ces nouvelles colonnes étant descendues le long de la colonne centrale, qui commence dès lors à se fiétrir et à se réduire à un tissu inerte. » Enfin, si on étudie ce faux bulbe au printemps suivant, vers le mois d'avril, alors que la plante est en fleurs, on trouve que la couche extérieure, charnue l’année précédente, est deve- nue sèche , spongieuse et inerte ; elle finit même par ne consister qu’en quelques lambeaux membraneux ; quant à l’axe central, qui se prolongeait l’année dernière en tige florifère , il est réduit a un filet aplati et flasque qui ne tarde. pas à s’oblitérer com- plétement, — Les nouvelles colonnes descendues des bourgeons axillaires (alors développés en nouvelles tiges florifères ) ont La grogsi , sont devenues globuleuses et constituent dès lors cha- cuneun bulbe indépendant et libre, semblable au bulbe-mère actuellement détruit ou dont il ne reste qu’une membrane sè- che. La base des nouveaux faux bulbes laisse passer la touffe de racines qui part de l’extrémité inférieure de leur colonne cen- trale, et bientôt ces nouveaux faux bulbes fournissent à leur tour des bourgeons axillaires. » Quelle est la nature des parties emboîtées qui constituent le faux bulbe du Corydalis solida ? La couche charnue extérieure correspondant à la base des feuilles squamiformes est l’écorce de la racine ; or, cette écorcese laissant percer à sa base par un faisceau de fibres radicales, et se détachant plus tard comme une gaîne du faisceau central , ne diffère en rien d’une coléorhize ; quant à la colonne centrale , c’est une véritable racine pivotante émettant à sa base des fibres radicales. » C’est entre l’écorce radicale libre ou coléorhize et le corps central de la racine pivotante que descendent isolément les corps radiculaires des bourgeons, corps radiculaires qui ne sont autre chose que de jeunes racines coléorhizées indépendantes l’une de l’autre. » Un bulbe de Corydalis solita est donc en réalité une véri- table racine pivotante coléorhizée, à coléorhize charnue globu- leuse , et cette racine qui est annuelle se renouvelle au moyen de racines semblables qui descendent isolément des bourgeons en traversant sa substance. » Quelles sont les différences qui existent entre cette singu- lière racine pivotante coléorhizée et se renouvelant chaque an- née et une racine pivotante vivace non coléorhizée, celle d’une Ombellifère , du Fenouil, par exemple ? Les voici : Chez la ra= cine pivotante vivace non coléorhizée , l'écorce s’allonge indéf- niment avec le corps central de la racine ‘et lui reste adhérente , au lieu de se laisser traverser par lui et de s’en détacher plus tard; en outre, dans les racines pivotantes vivaces , les bourgeons émettent inférieurement des processus qui s'étendent en réseau autour du corps de la racine (comme il est facile de s’en assurer par là macération) et grossissent la masse, tandis que-chez le Corydalis solida le processus descendu de chaque bourgeon forme un corps isolé et constitue une racine indépendante. ll » L'opinion à laquelle je suis arrivé dans cette étude diffère d’une manière complète de celle que M. Bischoff a fait connaître dans un mémoire sur les bulbes des Corydalis ; M. Bischoff ad- met que le point de départ du bulbe est situé au niveau du point d’où partent les fibres radicales ; je crois, au contraire , avoir dé- montré que le véritable point de départ est l’aisselle des feuilles squamiformes où se développent les bourgeons axillaires. » Lorsque la plante est à l’état spontané, il n'existe ordinai- rement qu’un bourgeon axillaire; lorsque la plante est cultivée et devient plus robuste, il se développe plus ordinairement deux et quelquefois plusieurs bourgeons axillaires. Si l’on fait la coupe horizontale de l’un de ces faux bulbes à trois ou quatre bour- geons ou tiges, à l’époque de la floraison, on sera frappé de l’a- palogie d'aspect que présente la coupe de cette racine composée de cylindres rapprochés et enveloppés par une écorce générale, avec l’aspect que présente la coupe horizontale de certains ar- bres de la famille des Sapindacées ; il y a lieu de croire que l’a- nalogie d’aspect sera confirmée par l’analogie de structure, et que la différence la plus essentielle consiste en ce que, dans le premier cas, les tissus sont herbacés et se renouvellent chaque année, tandis que, dans le second eas, ils sont ligneux et per- sistants. » Je ne terminerai pas ces observations sans faire remarquer qu'il existe une grande analogie de structure entre le faux bulbe du Corydalis solida et le faux bulbe des Orchidées de la section des Ophrydées dont j'ai récemment fait connaître l’organisation. Dans les uns et dans les autres , il s’agit de bourgeons axillaires émettant à leur base une masse radiculaire coléorhizée. Les dif- férences sont les suivantes : — Chez les Orchis, la masse radicu- laire est composée de faisceaux nombreux et est souvent indi- vise à l’extérieur ; cette masse, dane l’origine , descend et se dé- veloppe dans une sorte d’éperon ou de sac appartenant à la base des premières feuilles du bourgeon ; en outre, la tige présente au collet des fibres radicales adjuvantes ; enfin, les masses radicu- laires de nouvelle formation se développent , y compris leur épe- ron , en dehors de la masse radiculaire plus ou moins épuisée de l’année précédente. — Chez les Corydalis, au contraire, la masse radiculaire présente un faisceau central unique; cette 45 masse ne descend point dans un éperon ; de l'ouverture de la coléorhize il sort un faisceau de nombreuses fibres radicales ; la tige ne présente pas au collet de fibres radicales adjuvantes ; en- fin, les masses radiculaires de nouvelle formation descendent dans l’épaisseur de la racine de l’année précédente , entre la co- léorhize et son faisceau central. » Séance du 1°r juin 4850, M. Antoine d’Abbadie expose les faits suivants : « Dans une communication faite à l’Académie des sciences, le 8 avril dernier, sur le régime alimentaire des mineurs belses, M. de Gasparin attribue une grande faculté nutritive au café, et cite à l'appui l'expérience de nos soldats en Algérie et l’exem- ple des nations arabes. Dans cette assertion il est peut-être pré- maturé de comprendre Jes habitants de l'Arabie proprement dite. On sait que les wahabis, protestants de l’islamisme, s’ab- stiennent, par scrupule religieux, de l’usage du café. J'ai vécu pendant mes voyages avec plusieurs de ces sectaires et jamais il ne m’est arrivé d'entendre dire que les wahabis fussent moins sobres ou moins endurants que ceux de leurs compatriotes qui font un usage habituel du café. — Veut-on une preuve plus convaincante de cette assertion négative ? Passons en Abyssi- nie où les musulmans boivent le café plusieurs fois par jour et supportent néanmoins le jeûne avec moins de facilité que les chrétiens. C’est ce qui a été constaté maintes fois par mon frère, M.Arnauld d’Abbadie, qui, dans les guerres du Gojjam, a com- mandé à des soldats de ces deux religions. Dans les retraites désastreuses à travers des pays sans vivres, les musulmans étaient toujours moins dispos que les chrétiens. Ces derniers croiraient perdre leur foi s'ils buvaient du café, et cependant ils suivent l’armée trois jours de suite sans autre lest, j’allais dire sans autre nourriture qu’un peu de terre délayée dans l’eau froide. Ces mêmes soldats combattent pendant tout le carême en ingérant pour toute nourriture un demi-litre ou même un tiers de litre de farine non tamisée, souvent cuite sous la cendre. Ce repas unique a lieu vers le coucher du soleil après une journée fatigante et consacrée à un jeûne absolu. — Il est d’ailleurs notoire en Abyssinie que la chair, grasse ou maigre, mais crue, hG n’a pas les propriétés nourrissantes que M. Magendie lui a re- connues en Europe. J’ai séjourné pendant trois jours avec l’ar- mée de l’Agäme dont les soldats abattaient journellement plu- sieurs centaines de bœufs, et se plaignaient néanmoins d’avoir perdu leurs forces par une. nourriture exclusive de chair crue. L'un de mes porteurs que la nécessité avait soumis au même régime, renonça à son fardeau et au salaire avantageux que je lui promettais, parce que le manque de pain et l’usage de la chair crue lui avaient fait perdre, disait-il, toutes ses forces. Cette assertion est d’ailleurs universellement admise en Abyssi- nie. D’un autre côté, mon fière a reconnu dans le même pays, et par des expériences comparatives, que la viande séchée au so- leil répare les forces de l’homme bien mieux que la chair crue, mais moins qu’une nourriture composée de farine. » Ces faits singuliers, mais bien avérés dans les contrées où nous avons séjourné tant d'années, viennent d’ailleurs à l'appui de l’assertion du savant physiologiste déjà cité, que tout ce qui tient à la théorie de la nutrition est encore entouré d’un voile impénétrable. » Séance du 8 juin 1850. CRISTALLOGRAPHIE. — M. Bravais expose une nouvelle partie de ses recherches, relative aux maeles et hémitropies des cristaux. Les cristaux hémièdres, plus généralement les cristaux nom- més « mériédriques » par l’auteur {séance du 17 novembre 1849), offrent un genre particulier d’hémitropie avec pénétra— tion intime, que ne présentent pas les cristaux holoédriques : c’est sur cette sorte d’hémitropie, dont la théorie des assem- blages donne facilement l’explication, que roule la communi- cation actuelle. | Si l’on fixe invariablement dans l’espace les lieux des sommets d’un assemblage cristallin en voie de formation, l’on sait que c’est en ces lieux que viendront s’arrêter les centres de gravité des polyèdres moléculaires : la condition qui achève de fixer la position d’un de ces polyèdres consiste en ce que ses axes et plans de symétrie doivent se ranger suivant ies axes et plans de symétrie de l'assemblage. Dans les cristaux holoédriques, k7 cette condition ne laisse rien d’indéterminé quant à l’orientation de la molécule: Mais, dans les cristaux mériédriques, une partie des éléments de symétrie (axes, plans ou centres) de l’assem- blage est déficiente dans le polyèdre moléculaire (séance déjà citée). Alors il existe plusieurs positions d'équilibre stable éga- lement possibles, et l’on démontre: fo que, partant de l’une d’entre elles, on peut obtenir toutes les autres, en faisant tourner le polyèdre autour de lun quelconque des axes de symétrie déficiente, d'une quantité angulaire dépendant du numéro d'ordre de cet axe, savoir de 180° si l’axe déficient est binaire, de 120° si cet axe est ternaire, de 900 ou 180° si cet axe est quaternaire, ete. ; 2° que le nombre de ces positions d'équilibre réellement distinctes l’une de Pautre est égal à 2 pour les cristaux hémiaxes (séance déjà citée), et à 4 pour les cristaux tétarto-axess 30 enfin, que, lorsqu'il existe plusieurs telles positions d’équilibre, on peut toujours passer de l’une à l’autre par une rotation simple de 1800, attendu que l’on trouvera toujours dans la symétrie déficiente un axe de symétrie d’ordre pair propre à servir d’axe à cette rotation. Ceci posé, si l’on admet que, dans toute la partie droite d’un cristal hémiaxe ou tétartoaxe, les molécules aient cristallisé dans une certaine position d'équilibre, et que, dans la partie gauche, elles se soient orientées différemment, et aient cristallisé suivant la deuxième position d'équilibre, les conditions d'uniformité dans a constitution interne des corps régulièrement cristallisés voni se trouver en défaut, et l’on dévra regarder le sroupement cornme formé par deux cristaux simples qui se sort mutuelle- ment pénétrés, et dont la surface de contact peut d’ailleurs être absolument quelconque. On peut désigner un tel système sous le nom de « macie avec hémitropie moléculaire, » El importe de remarquer que, dans une telle macle, tous les axes et plans de symétrie, et même toutes les files de molécules, plans réticeulaire et plans declivage, courrent sans interruption de l’une des extrémités du cristal maclé usqu’à l’autre, de telle sorte que si l’on eulevait les molécules, en ne conservant que leurs centres, il ne resterait plus aucune trace de la duplicité primitive du cristal. Les signes extérieurs de l’hémitropie moléculaire, dans les 48 cristaux mériédriques, consistent en ce que les deux moitiés d'une forme mériédrique n’offriront plus en général le même mode de correspondance qu’elles offraient dans un cristal simple régulièrement constitué, et aussi en ce que, si une face d’une telle forme est traversée par la surface de séparation des deux cristaux simples, ses deux moitiés pourront ne pas offrir les mêmes caractères physiques, comme M. Gustave Rose l’a en effet constaté sur les cristaux de quartz de Jerichsau, lorsqu'ils sont maclés avec hémitropie moléculaire, Les minéraux sur lesquels on a observé ce genre d’hémitropie sont la pyrite de fer, le diamant, le cuivre gris, le quartz, le scheelin calcaire, le cuivre pyriteux, la calamine ; il est pro- bable qu’on l’observera pareillement sur la tourmaline, l’a- patite, etc. Dans le cas que nous venons d'examiner, on s'était assujetti à employer toujours les mêmes molécules, c’est-à-dire des polyèdres dont les sommets pouvaient être amenés par super- position en parfaite coïncidence. Mais, dans certains cas, on peut, en conservant intacte la disposition des sommets de l'assemblage réticulaire qui lie les centres des molécules entre eux, obtenir de nouvelles solutions pour l'équilibre moléculaire, en prenant d’autres molécules non superposables aux premières, et qui cependant pourront être regardées comme identiques avec elles. Étant donné le polyèdre moléculaire P, on sait que l’on forme son polyèdre inverse IT, en joignant chacun des sommets, ou atomes constituants de P avec le centre de gravité du polyèdre, et prolongeant chaque droite de jonction d’une quantité égale à elle-même : les extrémités ainsi obtenues seront les sommets du polyèdre inverse II. Or, tantôt on pourra faire coïncider P avec IL par des rotations convenables autour de leur commun centre de gravité, et alors ces deux polyèdres représentent la même molécule différemment tournée; tantôt, au contraire, on ne pourra transformer P en I par une rotation d'aucune sorte, et alors les molécules P ct 11, inverses l’une de l’autre, seront distinctes. Le premier cas se présentera toutes les fois que le polyèdre P sera du genre de ceux que l’auteur a nommés poly symétriques (séance du 17 novembre 1849); car alors il pos- k9 sèdera soit un centre, soit un plan desymétrie, et pat conséquent sera toujours susceptible de coïncider avec son inverse. Le second cas aura lieu lorsque le polyèdre P sera monosymé- trique. Si, en outre, ce même polyèdre est susceptible de diverses positions d'équilibre essentiellement distinctes, dans l'assemblage cristallin duquel il dépend , son inverse II en offrira un nombre précisément égal, c’est-à-dire égal à 1, pour les polyèdres holoaxes monosymétriques ; à 2, pour les polyèdres hémiaxes monosymétriques ; à 4, pour les polyèdres tétartoaxes monosymétriques. Si, maintenant , toute la partie droite d’un cristal monosymé- trique est constituée avec des molécules de forme P, et sa partie gauche avec des moléeules de la forme If, l’équilibre général du système n’en sera pas troublé; mais les conditions de struc- ture uniforme des cristaux simples ne seront plus satisfaites, et lon devra regarder ce groupement comme formé par deux cristaux simples qui se sont mutuellement pénétrés : nous expri- mons l’état du système en disant que c’est une « macle avec inversion moléculaire. » Ici encore, les axes, plans de symétrie, lignes cristallogra- phiques et plans de clivage courent, sans discontinuité, do l’une des extrémités à l’autre, à travers la surface de séparation, et si l’on réduit par la pensée les molécules à leurs centres de gravité, il ne reste plus trace de la duplicité primordiale du cristal. L’inversion moléculaire offre, on le voit, beaucoup de rap- ports avec l’hémitropie moléculaire, et la pénétration mutuelle des deux cristaux est {out aussi intime dans ua cas que dans l’autre. Il y a cependant dans les conditions de formation de ces deux sortes de macles des différences essentielles à noter. La macle par inversion ne peut avoir lieu que si, dans les eaux mères du cristal, il existe des molécules de deux sortes, inverses l’une de l’autre. Or, dans certains cas, les atomes constituants de la molécule paraissent ne pouvoir se grouper que suivant l’une de ces deux formes, comme on le voit notamment dans le sucre de canne, cristal monosymétrique , dont l’hémiédrie offre toujours Extrait de l’Institut A'e section , 4850, 7 oÙ le même caractère; on conçoit que la macle par inversion est alors impossible. D’autres fois les molécules des deux sortes existent mélangées entre elles dans lé milieu où s'effectue la cristallisation ; maïs celle-ci opère sur elles un triage dont le résultat est que les unes s’associent en cristaux d’une certaine espèce, et les autres en cristaux distinéts des précédents, et de l'espèce inverse; ce fait curieux à été récemment observé par M. Pasteur, dans la cristallisation du racémate double de soude et d’ammoniaque : les macles par inversion ne peuvent alors se produire que très exceptionnellement. D'où l’on voit qu’il faut tenir compte, dans la formation de ces macles, de certaines conditions restrictives qui n’intervien- nent pas dans celles des macles par hémitropie moléculaire. C’est principalement sur le quartz que l’on peut observer de fréquents exemples de macles par inversion moléculaire ; l'étude des lames de ce minéral , dans la lumière polarisée, peut servir à reconnaitre ces A ULE modes de groupement, lors même qu'aucun caractère de la forme extérieure ne viendrait à les déceler. Séance du 15 juin 1850, PHysIOLOGIE VÉGÉEFALE.—M. Ernest Germain,de Saint-Pierre, communique la note suivante, intitulée : De la tendance de cer- taines tiges à descendre verticalement dans le sol par leur som- met à la manière des racines. « Parmi les caractères qui ont été proposés comme devant servir à la distinction des tiges et des racines, un des plus im- portants est celui qui est tiré d’une part de la direction descen- dante des racines et de leur tendance à pénétrer dans le 50! , e d’autre part, de la direction ascendante des tiges et de leur ten- dance à s'éloigner du sol pour se développer librement dans l'air, soit depuis leur base, soit seulement à partir d’une certaine dis- tance de leur base, leur première partie s’avançant horizontale- ment entre deuxterres ou à la surface du sol. Néanmoins, l'étude des tiges et des racines, que je poursuis avec activité, m'a con- duit, relativement à la direction des tiges, à la découverte de faits exceptionnels que j'ai étudiés avec toute l'attention qu’ils m'ont paru mériter, et desquels il résulte que la direction ascendanie 54 ou horizontale n'est pas un caractère aussi essentiel des tiges qu’on pouvait être porté à le croire. » On sait que les tubercules ne sont autre chose que des ra- meaux qui se développent, chez certaines plantes, dans la partie inférieure, recouverte de terre, de leurs tiges, et que, chez la Pomme de terre, par exemple, tel bourgeon axillaire peut, à la volonté de l’expérimentateur, se développer en une branche as- cendante aérienne, si la tige qui le porte estlaissée hors de terre, ou au contraire se développer en une branche souterraine à ra- meaux transformés en tubercules, si la tige qui le porte est re- couverte de terre. Or, bien que les tubercules soient des ra- meaux, la direction de la plupart est descendante. Quant aux bourgeons qui naissent sur les tubercules , s’ils se développent immédiatement ils constituent généralement de nouveaux tu- bercules , mais ces bourgeons, pour la plupart, restent latents pendant l’hiver, et au printemps suivant ils se développent en tiges ascendantes ; rien, dans l’origine, n'indique quetel bour- geon d’un tubercule doive se développer en tubercule ou en tige ascendante, et ces résultats divers paraissent dépendre absolu- ment de circonstances extérieures. Chez ces plantes, le rameau n’a donc pas plus de tendance à être ascendant que descendant, il prend l’une ou l’autre direction contraire selon le milieu où le hasard a placé le bourgeon. » Un des faits les plus curieux que j'aie observé sur ce sujet est relatif au mode de végétation du Liseron des haies (Convol- vulus sepium) ; chez cette plante, les tiges qui sont filiformes et grimpantes-volubiles, atteignent une hauteur de plusieurs mè- tres ; lorsque ces tiges viennent à manquer de point d'appui, elles retombent sur la terre, s’y introduisent par leur sommet à mesure qu'elles continuent à végéter et c’est le bourgeon ter- minal de ces tiges d’abord aériennes ascendantes, qui devient un véritable tubercule; or, ce tubercule, qui a l’aspect d’une grosse racine rameuse de couleur blanche, s’enfonce verticale. ment dans le sol de haut en bas comme le ferait une racine pi votante ; il est facile de s'assurer que ce tubercule est la contf- nuation de la tige aérienne par la disposition des feuilles squa miformes dont il est revêtu et qui continue la spirale des feuilles de la tige aérienne. Dès les premières gelées de l’antomne Ja tige 92 mère aérienne se détruit, le tuberculeprotégé contre le froid par la terre qui le recouvre constitue dès lors une plante distincte et indépendante, et reste stationnaire jusqu'aux premiers jours du printemps suivant. À cette époque, les bourgeons situés à l’ais- selle des feuilles squamiformes se développent en rameaux as- cendants, et en même temps deux fibres radicales sont émises l’une à droite et l’autre à gauche à la base de chaque bourgeon et paraissent sortir avec lui de l’aisselle de la feuille squamifor- me. Voici donc un même axe qui végète de bas en haut pendant une certaine période de son existence et végète en sens absolu- ment contraire, c’est-à-dire de haut en bas, pendant une seconde période, et cela spontanément pourvu qu’il se trouve en contact avec le sol où il semble qu’une force irrésistible conduise la tige pour la mettre à l'abri d’une prochaine destruction. » Un autre exemple de tiges s’enfonçant verticalement dans le sol et prenant la direction, la couleur et l’aspect d’une racine, m'a été fourni par le Sagittaria sagittæfolia , plante qui fait pendant l’été l’ornement du bord des étangs et des rivières. Chez la Sagittaire, ce n’est pas, comme chez la Pomme de terre, des rameaux nés sur des tiges placées dans des circonstances exceptionnelles qui prennent la direction descendante, ce n’est pas non plus, comme chezle Liseron des haies, l'extrémité des ti- ges seulement qui prend cette direction, les tiges dont il s’agit, et qui deviennen!: descendantes à partir du point où elles naissent de Ja plante mère, se trouvent, en apparence du moins, dans les mêmes conditions que les tiges qui deviennent aériennes, la plante se trouvant à l’époque du développement de ces deux sortes de tiges entièrement plongée sous l’eau, seulement ce sont les bourgeons situés le plus haut qui deviennent tiges ascen- dantes et les bourgeons nés à l’aisselle des feuilles inférieures qui deviennent tiges descendantes. » Si l’on arrache au printemps une plante de Sagittaire, on trouvera, outre les tiges ascendantes florifères, des tiges des- cendantes d’un blanc nacré et ayant l’aspect d’une forte racine ; ces tiges descendantes partent de l’aisselle des feuilles radicales, elles atteignent une longueur de quatre à huit décimètres, sont parfaitement simples et d’une grosseur égale dans toute leur étendue ; leur direction est absolument la même que celle des Da fibres radicales, c’est-à-dire qu’elles s’enfoncent verticalement ou un peu obliquement de haut en bas dans l’eau et dans la vase ; on reconnaît que ces organes sont des tiges et non des racines à leurs feuilles squamiformes qui constituent de loin en loin de petites gaines, et au bourgeon composé de feuilles étroitement emboîtées qui les termine et dont la structure devient évidente par une coupe longitudinale. Un peu plus tard ce bourgeon ter- mival se renfle en un bulbe ou tubercule ovoïde à axe épais et solide et à feuilles minces et membraneuses ; la tige descendante terminée par ce bulbe étant extrêmement fragile il arrive qu’elle se rompt et laisse le bulbe dans la terre toutes les fois qu’en arrachant la plante on ne prend pas de grandes précautions pour ne rien briser ; c’est cette circonstance qui est cause sans doute que ces bulbes ont échappé aux botanistes observateurs qui m'ont précédé et qui ne les ont remarqué qu’à l'état de bulbes mères, état dont il me reste à parler, sans qu’ils aient cherché du reste à remonter à leur origine.—A la fin de l’automne, la plante et ses tiges descendantes sont complétement détruites , il n’en reste que les bulbes qui terminaient ces tiges et qui demeurent stationnaires pendant l'hiver, libres et enfoncés dans la vase. Ces bulbes, au printemps suivant , sont l’origine d’autant de plantes distinctes ; leur bourgeon terminal s’allonge à cette époque en une tige ascendante qui s'arrête brusquement dans sa croissance au bout de peu de jours et dont le bourgeon terminal s’épanouit en une rosette de feuilles qui constitue la nouvelle plante; le bulbe mêre qui avait fourni des matériaux pour la nourriture de la jeune plante persiste pendant quelque temps à la base de la tige qu’il a émise et à laquelle il semble suspendu comme à un pédicelle, puis il finit par se détruire, la plante cesse du reste de bonne heure d’avoir besoin de son secours, car elle émet de Ja base de sa rosette de feuilles de nombreuses fibres radicales qui vont puiser directement de la nourriture dans le sol et dans l’eau. » À ces exemples de tiges descendant verticalement dans le . Sol je pourrais en ajouter un assez grand nombre d’autres non moins concluants , je me contenterai de rappeler que les bulbes pédicellés des Tulipes dont j’ai précédemment exposé la struc- ture et qui appartiennent à la tigeet non à la racine, s’enfoncent 5 également, dans la terre de haut en bas; j’ajouterai seulement qu'ayant retiré de terre des bulbes mèrs du Tulipa sylvesiris, lorsque les bulbes descendants qui en naissent étaient encore filiformes et n’avaient atteint qu’une partie de leur longueur, et les ayant replantés renversés de telle sorte que le bulbe descen- dant se trouvait dressé et son extrémité hors de terre dans une longueur de trois à quatre centimètres, j'ai vu au bout de quel- ques jours le pédicelle se réfléchir, puis se replonger dans la terre et s’y enfoncer de nouveau verticalement. La direction des- cendante est done ici non moins nécessaire que chezles tiges or- dinaires la direction ascendante. » Des observations précédentes je conelus que la direction ascendante ou verticale n’est pas essentielle à l’existence de toutes les tiges et qu’il faut chercher ailleurs que dans la direc- tion un caractère qui distingue d’une manière absolue les tiges des racines. Or, le caractère des tiges qui jusqu'ici m’a paru le plus essentiel est l'existence de feuilles disposées régulièrement sur l’axe, ces feuilles fussent-elles réduites aux appendices les plus rudimentajires; mais il faut se garder de confondre ces feuilles insérées sur l’axe lui-même avec les feuilles des bour- geons adventifs qui naissent irrégulierement sur les racines non moins fréquemment que sur les tiges. » Paysique. Grillage de matières ligneuses et autres contenues dans des tubes de verre soudés des deux bouts. — M, Cagniard- Latour,qui avait déjà, dans la séance du 28 avril 1838, entretenu la Société de pareils grillages appliqués au bois de Peuplier privé le mieux possible de son eau hygrométrique (voir l’Ins- titut, n° 229), annonce y avoir soumis dans des conditions sem- blables les bois de Sycomore, de Chêne , de Bouleau et de Buis, taillés en petits morceaux cylindriques, et les avoir vu se com- porter à peu près comme le Peuplier vers la température d’en- viron 350°; c’est-à-dire prendre une couleur brune et bientôt après se convertir en un liquide noir très coulant, mais qui ne tardait pas à s’épaissir en bouillonnant et à se concréter pour ainsi dire. L'auteur annonce aussi avoir remarqué que la matière char- bonneuse retirée des tubes après leur refroidissement avait 55 beaucoup dé rapport avec celle produite par le Peuplier, en ce sens qu’elle est luisante, à cassure vitreuse, et que chauffée au rouge en présence de l’air elle brüle avec une flamme assez brillante. « J’ai soumis ensuite, dit M. Cagniard-Latour, au même genre de grillage le bois de Gayac taillé en un petit cylindre que je suis parvenu quoique plus difficilement à convertir aussi en une matière liquide , mais qui était de couleur rousse. Dans une seconde expérience où le Gayac était en poudre et mêlé avee la moitié de son poids d’eau, la liquéfaction s’est faite beaucoup plus facilement , et, chose assez remarquable, la matière char- bonneuse fournie par le tube de cette expérience était noire, tandis que celle de l’autre tube , quoiqu’il ait dù avoir éprouvé une plus forte chaleur, était de couleur marron. J'ai remarqué, du reste,que ces deux matières, malgré leur différence dé teinte avaient un certain rapport avec la houille dite collante, en ce sens que, pendant leur combustion, elles éprouvaient une sorte de fusion et produisaient une flamme accompagnée de fumée. » Enfin, j'ai expérimenté aussi sur des grains de Froment, mais cette fois je n’ai pu obtenir de fusion; les grains se sont seulement coilés les uns aux autres en se carbonisant; d’ailleurs en les examinant à la loupe, après les avoir retirés du tube, j’ai vu que, quoiqne déformés, ils laissaient encore apercevoir quel- ques traces de leur texture primitive. Un de ces grains ayant été placé sur un fil de platine roulé en spirale plane et présenté à la flamme d’une lampe d’alcool, à brûlé avec une flamme brillante, et le charbon resté ensuite sur le platine ne laissait pas que d’y adhérer d’une manière prononcée. » Ayant recueilli par les moyens nécessaires le gaz comprimé que contenait le tube dans lequel avait été opéré le grillage du Bouleau, j'ai reconnu 1° que son volume à la température am- biante équivalait à peu près à 40 fois la contenance du tube, et 2° qu'agité avec de j’eau , ia moitié au moins s’y dissolvait et que le gaz restant était prompt à s’enflammer mais peu éclai- raut. » Les tubes qui ont servi dans ces expériences ont à peu près 2%%,5 de diamètre intérieur et des parois de 2 à 3mm d'épaisseur ; 50 de sorte que, suivant l’auteur, il n'y aurait peut-être pas d’exa- gération à penser qu'ils ont pu, dans certains cas, supporter une pression intérieure de cent atmosphères au moins. Séance du 13 juillet 1850. PaysiQue. — M. Caoniard-Latour communique la suite de ses essais de grillages sur des matières ligneuses contenues dans des tubes de verre soudés des deux bouts. « J'avais reconnu, dit l’auteur, que la matière charbonneuse, fournie dans mes grillages par du bois de Sycomore d’environ trente ans et sec, ne produisait que peu de flamme en brülant et ne se ramollissait pas ; mais ayant opéré depuis peu sur du bois semblable réduit en poudre et mêlé avec la moitié de son poids d’eau, j’ai obtenu un charbon très analogue à la houille grasse, c’est-à-dire qui était collant et brülait avec une flamme fuligi- neuse; résultat d’après lequel il semble que, par la présence de l’eau, une partie de la matière ligneuse se serait convertie en résine. » J'ai soumis aussi à mon genre de grillage des bois de Syco- more de cinq ans et de trois à quatre mois à l’état frais. Les charbons produits dans les deux cas étaient très résineux, en ce sens que par l’action de la chaleur ils entraient complétement en fusion et produisaient en brûlant une flamme accompagnée de fumée. » Dans les épreuves sur le plus jeune bois, j’avais fait en sorte que la partie inférieure du tube, c’est-à-dire celle opposée au bout effilé que l’on casse lorsqu'il s’agit de recueillir les gaz produits, füt plus fortement chauffée que la partie supérieure ; par ce moyen il s’est condensé sur les parois de cette dernière un bi- tume noir exempt de charbon en nature ; il était en consistance de glu à sa sortie du tube ; mais quelques heures après qu’on l’eut étendu sur du papier, il était sec et formait un vernis assez luisant. » Une manœuvre semblable pratiquée à l'égard du bois de cinq ans a donné aussi du bitume condensé, mais qui avait plus de consistance. Quelques essais sur ces bitumes, après plusieurs jours de leur exposition à l'air, ont montré qu’ils étaient plus 1} 04 denses que l’eau et entraient en fusion à la température de l'eau bouillante. » Ayant expérimenté ensuite sur les deux jeunes bois, après qu’on les eut séchés ài1 00 degrés,j’ai reconnu que leur liquéfac- tions’opérait plus difficilement, mais que cependant les mat ères charbonneuses obtenues étaient du genre des houilles collantes. » Dans ma communication du 15 juin dernier, j'avais fait remarquer que, d’après le volume du gaz fourni par le tube de l'expérience sur le bois de Bouleau , il paraissait probable qu’à la température ambiante ce tube avant son ouverture devait supporter une pression intérieure d’environ 40 atmosphères (voir l’Institut, no 861). Ayant cherché aussi à connaitre la pression intérieure du tube de l'expérience sur le Sycomore frais le plus jeune, je lai trouvée très inférieure , c’est-à-dire d'environ 15 atmosphères seulement. Ce qui autoriserait à penser qu’il y a eu formation d’ammoniaque et par ce moyen absorption d’une partie des gaz produits. » Dans un mémoire présenté à l’Académie des sciences le 12 août 1822, j'avais fait remarquer que l’eau contenue dans un tube de verre fermé des deux bouts et chauffée à une tempéra- ture élevée ne tardait pas à détruire la transparence du verre (Ann. de ch. et de phys., octobre 1822). Dans mes expérieuces de grillage, mes tubes sont restés transparents, quoiqu’après leur refroidissement ils continssent toujours de l’eau ; mais j'ai re- marqué que cette dernière avait constamment une réaction acide et quelquefois même une assez forte odeur de vinaigre, ce qui semblerait indiquer que la proportion d’alcali enlevée au tube par cette eau n’a pas dû être importante. Du reste il n’est guère douteux que le verre ait subi quelque altération ; €ar j'ai reconnu que si l’on vient à chauffer jusqu’au rouge-brun les tubes qui ont été scumis aux plus fortes épreuves, leur surface intérieure devient opaque en très peu d’instants. » GÉoLoG1E. — M.Ch. Martins lit , en son nom et au nom de M. B. Gastaldi, une note sur les terrains superficiels de lavallée du P6, aux environs de Turin. Les auteurs de cetie note traitent surtout des terrains de transport confondus jusqu'ici sous le xom de diluvium. Les uns sont formés de débris charriés et transportés par les glaciers Extrait de l’Institut, A*e section, 1850, 8 96 qui descendaient autrefois jusque dans la plaine du P6 ; les au- tres ont une orieine aqueuse : de là une classification fort sim- ple de ces terrains. TI. FORMATIONS GLACIAIRES. — 1° Anciennes moruines. Iden- tiques, sauf la grandeur, aux moraines des glaciers actuels, clies sont déposées à l’entrée des grandes vallées alpines, telles que la vallée de Suse , celle d'Aoste, du lac Majeur, etc. Ancienne moraine de Rivoli. — Au débouché dela vallée de Suse , on voit deux moraines latérales , la droite plus considé— rable , entre Avigliana et Trana ; la gauche moins puissante , le long des flancs du Musinet. £ntre Trana et Rivoli, les morai- nes frontales forment des rangées de collines en arc de cercle. Ces collines s’élèvent quelquefois à 150 mètres au-dessus de Ja Dora-Riparia ; elles présentent la forme de cônes, de monticules arrondis et de crêtes ; elles se composent de sable, grawiers, fragments de toute grosseur, cailloux rayés entassés confusé- ment, sans trace de stratification, et supportant des blocs erra- tiques à angles aigus , à arêtes vives , ayant quelquefois jusqu’à 28 mètres de longueur. Près d'Avigliana et de Trana , la roche en place présente des stries rectilignes parallèles entre elles et à l’axe de la vallée, identiques en tout à celles que burinent les glaciers actuels. Ancienne moraine d’Ivrée. — Les anciennes moraines termi- vales du glacier de la vallée d’Aoste forment un vaste quadrila- tère dont le périmètre circonscrit une surface de 327 kilomètres carrés. Ce quadrilatère occupe la plaine au débouché de la vallée d'Aoste et entoure la ville d'Ivrée. La grandeur de cette mo- raine n’a rien de surprenant, si l’on réfléchit que le glacier qui l’a déposée provenait du Mont-Blanc , du Grand-Saint-Bernard , du Mont-Cervin , du Mont-Rose et des montagnes comprises en- tre la Doire ct l'Isère. La moraine latérale gauche est connue sous le nom de la Serra ; c'est une longue colline à arête recti- ligne , qui va cn s’abaissant depuis les Alpes, où elle s'élève à 650" au-dessus de la Doire , jusqu’a Caraglia , où elle n’a guère plus de 40". La moraine latérale droite s’étend du village de Brasso, point où elle s’appuie contre la montagne , jusqu’au torrent de la Chiusella. La moraine frontale forme un grand arc 99 de cercle, depuis la Chiusella jusqu'au ‘ac de Viverone ; les collines s'élèvent entre 160 et 300mau-dessus de la Doire. La composition physique de ces collines est ln même que celle des moraines de Rivoli; les cailloux rayés, ces fossiles caractéris- tiques des terrains glaciaires sont fort abondants sur la moraine frontale. Toute la vallée d'Aoste et les mamelons dioritiques qui entourent Ivrée, sont couverts de stries toujours parallèles à la direction de la vallée. Ces deux exemples suffisent pour montrer quelles sont les formes des anciennes moraines de la vallée du Pô. 2° Terrain erratique éparpillé. — Quand on pénètre sous un glacier, on y trouve une couche en général peu épaisse , compo- sée de fragments plus ou moins volumineux , frottés, arrondis et rayés par la glace qui les presse contre le roc , et les entraîne avec elle ; puis du sable et de la boue résultant de la trituration de ces fragments lavés et remaniés par les filets d’eau et les ruis- seaux qui circulent sous le glacier. Quand un glacier avance il entraîne ces matériaux ; quand il recule , c’est-à-dire quand il fond , les blocs erratiaues et autres fragments anguleux qui repo- sent sur Ja surface supérieure du glacier se réunissent à ceux dont nous avons parlé ; en d’autres termes , la moraine super- ficiclle se superpose à la moraine profonde; c’est là ce que M. de Charpentier a judicieusement nommé terrain erratique éparpillé. Si donc la station d’un glacier sur un même point ne se prolonge pas assez pour qu’il ait, pour airsi dire, le temps d’édifier une moraine terminale , il laissera néanmoins toujours, comme preuve de son passage , du terrain erratique éparpillé. Ce terrain forme une ceinture tout autour des anciennes mo- raines de Rivoli ; on y trouve les fragments plus ou moins an- guleux , le sable , la boue du glacier ( Lehm ) , et des blocs erra- tiques, dont quelques-uns , tels que ceux du village de Pia- nezaza , ont 25 mètres de long sur 14 de large. Le même ter- rain existe autour de la moraine d’Ivrée ; il couvre le pays on- dulé à collines coniques, qu’on nomme la Bessa, et qui occupe le bord septentrional de la Serra. Le terrain erratique éparpillé est et doit être au-dessous des moraines en forme de digues , mais il se confond nécessairement avec elles sous le point de vue 60 de la composition physique. On ne trouve point de terrain erra- tique éparpillé entre les moraines d’Ivrée, celles de Rivoli d’un côtè, et la colline de Turin de l’autre. Ce terrain reparaît sous forme de cailloux erratiques , de boue glaciaire et de blocs énormes sur toute la colline de Turin et une partie de celle du Montferrat. IT. ForMATIONS AQUEUSES. — A. torrentielles. — 30 Dilu- vium glaciaire. — Les eaux qui s’échappent d’un glacier en fu- sion entrainent toujours avec elles des fragments empruntés aux moraines ; elles les roulent, les orrondissent et les trans- portent à de grandes distances. Tout glacier est donc précédé pour ainsi dire par un diluvium local qui lui doit sa naissance. Les glaciers gigantesques dont nous avons décrit les moraines, ont formé des nappes diluviennes dont la réunion constitue le - plan incliné qui descend des Alpes vers le PÔ, Ce terrain se com- pose de cailloux d’origine alpine, roulés , arrondis , non striés , d’autant plus gros qu’on les examine plus près de leur point de départ. Ces eailloux sont mêlés de sable, de graviers, confusé- ment stratifiés et sans fossiles. La nappe se termine par une berge qui s’arrète en général sur la rive gauche du Pô, et sur jaquelle est bâtie la ville de Turin. Dans les coupes que le tor- rent de la Chiusella a faites dans la moraine d’Ivrée, celui du Sangone et la Dora-Riparia dans celle de Rivoli, on reconnaît très bien la superposition dont nous avons parlé, savoir : mo- raines, terrain erratique éparpillé, diluvium glaciaire. Le tout reposant sur les sables pliocèn£s marins. 4 B. Fluvio-lacustres.— 40 Alluvions pliocènes, ou à ossements de Pachydermes. —On les a mises à découvert sur la rive droite du PÔ : ce sont des masses de sable et cailloux stratifiés. Les cailloux sont quartzeux où phorphyriques, et ne dépassent pas la grosseur d'un œuf de poule. On a trouvé dans ces sables, près de Villafranea d’Asti, un squelette de Mastodonte, une mâ- choire de Rhinocéros, des Hélix et des Paludines ; à Ferrare, dans la même couche, des dents d'Hyppopotame et de Papir, avec de nombreux restes de Mastodonte. Les auteurs croyent que ces alluvions sont inférieures au diluvium glaciaire, et ont 6L été déposées au sein d’un lac ou d’un cours d’eau situé au sud des collines de Turin et du Montferrat. C. Marines. — 5° Couches pliocène marines. — Elles sont horizontales et forment tout le fond de la vallée du Pô. Sur sa rive gauche, on les trouve au-dessous du diluvium glaciaire ; sur sa rive droite, au-dessous des alluvions à ossements. Elles se composent de sables quartzeux, de marnes souvent argileu- ses contenant des fossiles, tels que Panopæa Faujasii, Pecten jacobœus, P. maximus, Murex saxatilis, Arca Noe, etc. Ces couches n’appartiennent pas à la catégorie des terrains de transport; elles ont été déposées sur place, et commencent la série des terrains tertiaires dont la colline de Turin présente la continuation... Séance du 3 août 1850. PATHOLOGIE VÉGÉTALE.—M. Léveillé donne quelques détails sur une maladie qui attaque actuellement les Vignes des envi- rons de Paris et dont l’existence paraît liée à celle d'un Cham- pignon microscopique de la famille des Mucédinées. Si l’on consulte les auteurs qui ont écrit sur les maladies de la Vigne , on peut dire qu’elle est nouvelle ; en 1847 M. Berkeley dans le Gardeners chronique l’a fait connaître sous le nom de Blanc des grappes ou d’Oidium Tuckeri : quelques années au- paravant, M. Alph. De Candolle avait mentionné sous le nom de Croitre une maladie des grappes qui pourrait bien être la même , mais sur laquelle M. Léveillé ne possède aucun rénsei- gnement. Les ceps sur lesquels elle se manifeste présentent le même as- ” pect que les autres, seulement les pousses de l’année , les feuil- les, les grappes , les grains et même les étamines , tous les en- droits malades en un motsont recouverts d’un duvet très ténu , blane, pulvérulent et qui s’aperçoit à une certaine distance. Sur les feuilles ; dès le début, il forme de petites taches blanches, circonscrites et séparées qui ressemblent à celles des Erysiphe , puis elles s'étendent , se confondent et finissent par n’en plus former qu’une seule. Ce duvet blanc examiné au microscope est formé de filaments fins, rameux, cloisonnés qui rampent sur la surface du corps sur lequel ils se sont développés. De cette 62 surface même ou de différents points de ce mycelium primitif naissent de petites tiges droites, transparentes, cloisonnées , simples, qui supportent à leur extrémité 3, 4 ou 5 spores ovales ou elliptiques, continues, hyalines , articulées bout à boutcomme les grains d’un collier, et remplies de granulations extrêmement fines. Ces granulations, quand on parvient à les faire sortir par la compression, sont sphériques, transparentes et animées du mouvement brownien. La disposition des spores n’est pas facile à constater parce qu’elles se détachent au moindre ébranlement et le plus souvent on ne voit que les pédicelles seuls ou surmon- tés d’une spore, mais on y parvient en opérant sur des tranches très fines des grains de raisin et en y mettant un peu de patience ; sans cette précaution on peut se méprendre sur le genre auquel appartient le Champignon. L'Oidium Tuckeri et l'Oidium erysiphoëdes de Fries que l’on rencontre sur un si grand nombre de piantes et particulière- ment sur les Labiées ne présentent véritablement pas de carac- tères différentiels sensibles, seulement les éléments qui compo- sent le premier paraissent plus gros, plus développés que ceux du second. Ce Champignon est-il la cause de l’altération des raisins, ou bien ne se développe-t-il que parce que ceux-ci sont déjà altérés? Cette question est de la plus haute importance. Quand on suit les phases de sa végétation on est conduit à adopter la dernière opinion. En effet, si avant sa manifestation , on examine soi- goeusement un cep qui commence à être malade, on voit de pe- tites taches brunes sur les tiges , les grains vus à la loupe sont pointillés ; sur les feuilles les taches sont moins visibles en raison du duvet qui les recouvre ; mais si on l’enlève avec le doigt, on en reconnaît bientôt l’existence ; ces taches se trouvent dans les cellules de l’épiderme. Elles ont été parfaitement constatées par M. Decaisne et ni lui ni M. Léveillé n’y ont vu ni spore,ni lemoin- dre vestige de mycelium. On rencontre bien quelques raphides, mais il ne peut y avoir de méprise sur leur nature.Le mycelium du Champignon ne pénètre pas dans l’épaisseur de l’épiderme ; celui-ci, étant dépourvu de stomates, semble se refuser lui-même à une théorie qu’il serait très facile d'établir apriori. L'absence 63 des premiers éléments du Champignon dans et sous les cellules épidermiques est une preuve acquise qu'il ne se développe qu’à la surface commeles EÉrysiphe , de sorte que les grappes de rai- sin se trouvent soumises à une double cause de destruction. Quand la maladie est établie, que les raisins paraissent sau poudrés de poussière , ils répandent une odeur particulière qui rappelle plutôt celle des moisissures que celle des Champignons proprement dits, et ils ne tardent pas à périr. Si les grains sont petits, ils se flétrissent, se dessèchent, tombent, il ne reste plus que la rafle qui se dessèche également ; si les grains sont plus gros et que leur végétation soit plus active, alors leur enveloppe se déchire,les pepins sont mis à nu, quelquefoischassés au dehors. Parmi les grains ainsi altérés, les uns se dessèchent comme les premiers, les autres, mais c’est le plus petit nombre , continuent de vivre, et deviennent difformes. Si la rafle a été elle-même cou- verte de Champignons,elle meurt et entraîne avec elle la mort des grains qu’elle porte. Le temps n’a pas encore permis de constater si ceux qui résistent arriveront à parfaite maturité. Cette maladie est-elle contagieuse ? M. Léveillé répond à cette question qu’elle n’a été observée que depuis trop peu de temps pour que l’on puisse se prononcer. [i fait observer sculement que M. Berkeley a remarqué que des pieds de Chrysanthème placés sous des ceps malades avaient les feuilles recouvertes de l’Oi- dium Tuckeri qui pouvait provenir de la germination des spores tombées sur elles , mais que cette seule observation ne suffit pas peur résoudre la question. Il faut donc en attendre de nou- velles. L'expérience a déjà prouvé que le Champignon parasite continue sa végétation quand leraisin est séparé du cep , et que conservé avec d’autres raisins qui paraissaient sains, ceux-ci sont devenus malades dans l’espace de deux ou trois jours. Peut- être portaient-ils avec eux le £erme de l'affection. Ou a remar- qué aussi que les raisins blancs , et surtout le chasselas, en ont été particulièrement affectés ; maintenant , à Clichy et dans les environs de Montreuil , de Bagnolet , elle se manifeste sur les raisins rouges, Existe-t-il des moyens de s'opposer aux ravages de ce nouvel ennemi ? M. Léveillé dit que quelques expériences tentées à Ver- 64 sailles semblent prouver que des arrosements répétés , des asper- sions avec de l’eau dans laquelle on tient en suspension du soufre sublimé, ont été couronnées de succès; il pense que l’on pour- rait remplacer avantageusement la fleur de soufre, qui est inso- luble’, par le sulfate de fer ou le sel de cuisine, qui empêchent le développement des moisissures, Si ces arrosements sont impra- ticables pour les Vignes , ils pourraient peut-être préserver quel- ques treilles. Il est difficile de confondre la maladie actuelle avec d’autres. M. Duby, en 1835, dans la Bibliothèque universelle des scien— ces et des arts de Genève , a décrit une nouvelle espèce de Mu- cédinée (Torula dissiliens), qui a causé de grands ravages dans les vignobles qui sont autour du lac Léman. Comme dans l’Oi- dium Tuckeri, les spores sont articulées ; mais , au lieu d’être blanches et continues , elles sont vertes et présentent de 4 à 7 cloisons. Il est done impossible de les prendre l’une pour l’au- tre. Doit-on craindre que cette maladie , comme celle des Pom- mes de terre , sévisse plusieurs années de suite ? On ne peut rien conjecturer à cet égard ; mais si c’est la même chose que le Croi- tre décrit par M. Alph. De Candolle, on peut la regarder comme un accident temporaire. Le Croitre observé en 1834 ne s’est pas manifesté en 1835; il est permis d'espérer qu’on ne le reverra pas l’année prochaine. La cause des taches des rameaux, des feuilles, des grains de raisin , et du développement simultané de la moisissure nous échappe complétement. Dans les environs de Paris, depuis quinze jours, on ne peut accuser les pluies, la rosée ou les brouillards de propriétés malfaisantes : la saison, au contraire, a été sèche et chaude, circonstances peu favorables à la végéta- tion des Mucédinées, comme le remarque M. Alph. DeCandolie, ce qui prouve que les Champignons de cette famille, qui prennent naissance sur des vécétaux vivants , Sont soumis à des lois biologiques différentes de celles propres à ceux qui vivent sur les matières végétales ou animales en décomposition. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — M. Ernest Germain, de Saint- Pierre, lit la note suivante, portant pour titre : De la structure des ovaires adhérents, 65 « Les ovaires, organes qui, chez les plantes, renferment Îles jeunes graines ou ovules, sont des feuilles modifiées roulées iso- lément en cornet ou soudées plusieurs entre elles par leurs bords en un corps capsulaire à une seule loge ou à plusieurs loges, selon que les bords soudés pénètrent ou non jusqu’au centre de la capsule; ces feuilles ovariennes, dites feuilles carpellaires ou carpelles, occupent la partie centrale de la fleur. Les ovaires ont été divisés en ovaires supères et en ovaires infères; plus récemment l’expression ovaire supère a été abandonnée pour l'expression ovaire libre, et l'expression ovaire infère a été aban- donnée pour l’expression ovaire adhérent. » Un ovaire libre ou supère est celui dont les feuilles consti- tuantes ou feuilles carpellaires ne contractent aucune adhérence avec les parties environnantes, comme, par exemple, chez la Pivoine et le Pavot. Un ovaire adhérent ou infère est celui dont les feuilles constituantes sont soudées avec les parties situées au même niveau et font avec elles un seul corps, comme, par exemple , chez la Bryone, le Groseiller et le Poirier. » Nous avons dit que les feuilles carpellaires occupent la partie centrale de la fleur ; or la fleur n’est autre chose qu’un rameau dont l’axe est à entrenœuds très courts et dont les feuilles sont diversement modifiées ; la partie centrale de ce ra- meau raccourci, quelque déprimé qu’il soit, correspond donc à son sommet, et, par conséquent, les feuilles carpellaires occu- pant le centre de la fleur sont en réalité situées au sommet du rameau, alors même qu’en raison d’une dépression leur inser- tion semble située plus bas que l’insertion des verticilles les plus extérieurs. » Quese passe-t-il donc chez les ovaires infères ; comment ces ovaires, qui occupent, comme les autres ovaires, le sommet du rameau-fleur, sont-ils situés, en apparence, à un niveau infé- rieur au niveau de l’insertion des feuilles qui occupent la base réelle de ce rameau, et avec quelles parties ces ovaires con- tractent-ils des adhérences ? » On a supposé que, chez les ovaires dits infères ou adhé- rents, tous les verticilles de la fleur étaient soudés entre eux jusqu’au niveau du sommet de lPovaire, le calice formant la couche extérieu re et visible de ces divers verticilles soudés à ce Extrait de l’Institut, 1'e section, 1850, 9 66 niveau en une seule masse, masse qui se trouvait dépassée par les parties libres du calice, de la corolle, des étamines, et des feuilles carpellaires elles-mêmes dans leur partie supérieure con- stituant les styles et les stygmates.Des études suivies de térato- logie végétale m’ont conduit à une opinion bien éloignée de l'opinion admise. En effet, je crois être en mesure de démontrer que les ovaires dits adhérents ne sont adhérents à aucun des ver- ticilles de feuilles modifiées qui constituent la fleur, mais qu’ils sont logés dans une dépression de l’axe dont le sommet rentre en lui-même comme un doigt de gant renversé et constitue une sorte de godet dans lequel ils se trouvent entrainés et auquel ils sont adhérents, Je me suis rencontré dans cette manière de voir avec M. Schleiden qui a déjà fait connaître les résultats auxquels il est arrivé à ce sujet; mais l’opinion du savant ob- servateur allemand n’a point encore prévalu sur la théorie an- cienne et je crois qu’il n’est pas sans intérêt de développer une idée que je considère comme exacte et à laquelle’ je suis arrivé de mon côté par des observations différentes. » Une monstruosité remarquable que j’observai chez une tige florifère de l’A{lium porrum porta mon aitention pour la pre- mière fois sur la facilité avec laquelle les axes peuvent se ren- verser en eux-mêmes et sur le rôle important que ce renverse- ment est appelé à jouer dans la disposition de certaines inflo- rescences, et des parties centrales de certaines fleurs. La tige de l'Allium porrum est, comme on sait, fistuleuse; or, cette organisation rendait le renversement en question d’autant plus facile; en effet, la tige florifère ayant été retenue forcément entre les gaînes des feuilles, contre lesquelles elles formait un arc-boutant par suite d’une direction accidentelle oblique, le capitule de fleurs manquant d’espace pour se développer et la force de sa végétation lui en imposant néanmoins la nécessité, le capitule se refoula en lui-même et l’intérieur de la tige , dont le sommet présentait la forme d’un entonnoir, se trouva garni de fleurs à plus de deux pouces de profondeur. » L’inflorescence accidentelle de cet Ail avait en quelque sorte reproduit l’inflorescence normale du Figuier. Or, depuis long- temps on a reconnu que les fleurs du Figuier se développent dans la concayité d’un axe renversé en lui-même ; ce fait était 67 démontré par l’inflorescence du Dorstenia où l’axe est épanoui en une surface plane à peine concave qui semble une-ébauche de la figue, et par le réceptacle élargi et souvent presque plan du capitule des Composées qui nous conduisent à la disposition qu’on observe chez le Dorstenia. » De l’axe d’une inflorescence refoulé en lui-même et entraf- nant les fleurs qui y sont insérées dans sa concavité, à l’axe d’une fleur refoulé en lui-même et entraînant les organes fixés à son sommet dans sa concavité, il n’y avait pas loin ; on n’a pas cru devoir admettre cette possibilité si naturelle cependant, préoceupé que l’on était de l’idée que le tube du calice doit tou- jours se prolonger jusqu’à la base de toutes les parties de la fleur, Le calice est bien en réalité inséré dans tous Îles cas au: dessous des parties les plus centrales de la fleur; maïs, si axe vient à se refouler en lui-même, les parties les plus élévées peuvent, on le conçoit, se trouver entraînées au-dessous du niveau des parties insérées en réalité à un niveau inférieur de l’axe. » On a reconnu que le tube ou godet qui, chez la Rose, ren- ferme les carpelles ou ovaires, est de la même nature que celui du Poirier; seulement, comme, chez le Poirier, les carpelles sont soudés entre eux et avec les parois du tube, on dit que la fleur est à ovaire adhérent ou infère, et comme, chez le Rosier, les carpelles ne sont soudés ni entre eux ni avec les paroïs du tube, on dit que les carpelles sont libres et renfermés dans le calice; ce tube est également considéré comme de même struc- ture dans les fleurs dites périgynes, celle du Gerisier, par exem- ple, dans lesquelles le tube (qui, comme dans les cas précédents, porte le limbe du calice, la corolle et les étamines) laisse voir l'ovaire libre dans le fond de la cavité. En effet, l’analogie de structure entre ces divers tubes est incontestable, que le tube soit. évasé ou resserré à son ouverture, et qu’il laisse l'ovaire libre ou qu’il se soude avec ses parois ; mais ce tube appartient- il au calice comme on l’admet encore, ou appartient-il à l’axe comme je suis conduit à l’admettre? c’est ce qu’il s’agit d’exa- miner. » On a depuis longtemps observé pour la première fois des Roses dont l’axe se prolonge et se termine, soit par une ou plu- 68 sieurs fleurs nouvelles , soit par un rameau chargé de feuilles ; on a remarqué que, dans quelques-uns de ces cas, le renflement attribué au calice cesse d’exister, et l’on en a conclu que les sépales deviennent libres. J’ai soumis à un nouvel examen ces diverses monstruosités qui se sont toutes offertes à mes recher- ches, ainsi que de nombreux états intermédiaires, et je me suis assuré que, dans tous les cas, soit que les sépales restent de leur taille et de leur forme normale, soit qu’ils prennent les dimen- sions des feuilles de la tige, ce qui est fréquent tant chez les fleurs non prolifères que chez les fleurs dites prolifères, ils ne contractent jamais aucune soudure entre eux, pas plus chez une Rose normale que chez une Rose prolifère où leur structure reste absolument la même. » En outre, j'ai trouvé plusieurs fois, sur la base du rameau qui continuait l’axe d’une Rose prolifère, une spirale de car- pelles régulièrement conformés et qui eussent occupé les parois de la cavité si l’axe, au lieu de s’allonger, eût été comme à l’état normal refoulé en lui-même. Cette disposition des carpelles explique parfaitement pourquoi, chez les Roses prolifères, le renflement inférieur cesse d’exister ; c’est parce que l’axe, au lieu de se déprimer à ce point, s’allonge; si le renflement ap- partenait au calice, l'allongement de l’axe ne l’empêcherait, au contraire, probablement pas d’exister. Or, si, chez la Rose, le godet qui produit le renflement appartient à l’axe, il appartient à l'axe chez toutes les fleurs dites à ovaire adhérent, comme aussi chez les fleurs à insertion dite périgyne, où l’on admet sans contestation que la seule différence qui existe est relative non à l’organe qui produit le renflement, mais à la soudure des carpelles avee la paroi interne de ce renflement. Des Poires et des Pommes à axe prolongé en rameau ont été plusieurs fois observées; dans ces différents cas le renflement charnu qui persistait malgré l’élongation était dù, comme dans l’état ordi- paire, à une hypertrophie de cette portion de l’axe. » D’autres faits tératologiques qui se sont présentés à mon observation rendent encore cette explication plus inattaquable ; j'ai trouvé, chez des Roses, des Groseillers épineux, et des Poi- riers, des feuilles foliacées ou squamiformes indépendantes du calice insérées vers la partie moyenne du repflement. Or, des 69 feuilles ne sont point insérées sur des feuilles, mais seulement sur des axes, et il ne s'agissait pas de feuilles soudées à d’autres par leur base, car, chez les Rosiers par exemple, ces feuilles étaient complètes et munies de leurs stipules. En revanche, je ne sache pas que l’on ait jamais observé d’anomalie dans laquelle un tube de calice adhérent soit réellement passé à l’état de sé- pales libres, et ce fait, s’il était possible, n’eût pas manqué de se présenter parmi les nombreux cas de chloranthie qui ont été observés et décrits. » Tous les ovaires adhérents ne sont pas renfermés dans le tube au même degré ; les ovaires dits semi-adhérents, ceux de certaines Saxifrages par exemple , ne sont renfermés et soudés que par leur partie inférieure; d’autres ne laissent voir que leur sommet, par exemple ceux du Néflier; d’autres enfin ne laissent voir que les styles et les stigmates, ce sont ceux qui sont dits complétement adhérents, par exemple ceux des Om- bellifères dont les espèces à fruits ailés ou épineux ne doivent leurs ailes ou leurs épines qu’à des décurrences des feuilles calicinales et non aux feuilles calicinales elles-mêmes ; ces décurrences sont de la même nature que les décurrences des feuilles que l’on observe sur les tiges et n’ont rien de plus spé- cial au niveau d’un pédoncule ou d’un pédicelle qu’au niveau d’un autre rameau. » Quant à la déhiscence des fruits adhérents secs, elle n'est point gênée par la couche formée par l'axe qui entoure leurs parois, chez les Onagres, les Iris , les Orchidées, et dans tous les cas analogues, la rupture de cette couche est déterminée par a rupture ou la séparation correspondante des différentes pièces de l’ovaire. » Les expressions ovaire libre et ovaire adhérent doivent, on le voit, être conservées dans cette nouvelle appréciation comme dans l’ancienne, seulement on doit entendre par le mot adhé- rent, adbérant à la cavité de l’axe renversé et non adhérant au calice. Quant au calice, on devra cesser de le considérer et de le décrire, dans ce cas, comme tubuleux; on le verra tout en- tier dans ce que l’on a appelé jusqu’à présent le limbe du ca- lice, que ce limbe soit manifeste ou réduit à des mamelons peu distinets ou rudimentaires. » 70 Séance du 2 novembre1850, Hyprauzique. Machine: hydraulique reposant sur une force nouvelle, — M. de Caligny adresse une note ayant.pour objet la description de ses expériences sur un grand modèle fonction- nant d’une machine hydraulique de son invention, reposant sur un nouveau phénomène de succion. « Cet appareil se compose : 1° d’un tuyau de conduite fixe, recourbé verticalement en aval du bief supérieur dans lequel il débouche par son autre extrémité ; 2° d’un tuyau vertical mo- bile reposant alternativement sur un siége fixe qui est disposé horizontalement sur la bouche de sortie du tuyau de conduite re- courbé; 83° d’un balancier dont une des extrémités porte un con- trepoids, le tuyau vertical mobile étant suspendu à l’autre ex- trémité ; 4° d’un cylindre vertical fixe terminé en pointe à son extrémité inférieure. Ce cylindre est disposé au milieu du tuyau vertical mobile, et ne gêne pas le mouvement du balancier, à cause de l’espace circulaire que celui-ci laisse à une de ses extré- mités d’où pendent deux chaînes. » Je suppose d’abord qu’on fasse marcher rappareil à la main, quoique le point le plus nouveau soit la manière dont le tuyau vertical fonctionne de lui-même en s’avançant conire le courant, ainsi que je l’ai montré à plusieurs personnes, » Le tuyau vertical étant sur son siéce ne forme qu’un seul et même tuyau avec la conduite fixe. Quand il est soulevé, l’eau ‘ s’échappe par l’extrémité recourbée de ceite dernière. S’il est baissé de nouveau après avoir été levé pendant un temps conve- näble , l’eau monte dans son intérieur et, en vertu de sa vitesse acquise, elle s'élève jusqu’à son sommet.Ellese verse en ce point ; revient ensuite sur ses pas,celle qui fait rentrer dans le bief supé- rieur, en vertu d’une oscillation descendante, toute celle qui occupait l’intérieur du tuyau vertical jusqu’au niveau du bief inférieur. Alors si l’on relève ce tuyau, le jeu continue ainsi de suite indéfiniment. » Le tuyau vertical se lève de lui-même au moyen du balan- cier à contrepoids, parce que son diamètre intérieur est plus grand que celui de l’anneau disposé à sa partie inférieure, qui. repose alternativement sur le siége fixe. Cet anneau est pressé 74 de haut en bas par l’eau contenue dans ie tuyau vertical, mais quand cette eau est descendue à une profondeur suffisante, elle permet au contrepoids d'agir à l’instant convenable. Le tuyau vertical étant ainsi soulevé, et au besoin retenu par un arrêt, l'eau motrice s'échappe par l’espace annulaire laissé entre lui et le tuyau fixe. Quand elle a une vitesse acquise suffisante, le tuyau vertical redescend de lui-même, malgré son contrepoids, comme s’il était doué d’un mouvement spontané; ear il est bien à remarquer qu'il s’avance contre le courant, tandis que la sou- pape de Montgolfer et l’ancienne soupape des baignoires s’a- vancent dans le même sens que l’eau. Ce principe nouveau achèverait au besoin de distinguer mes idées de toutes celles avec lesquelles on pourrait les confondre, et ses applications à toutes les parties de la branche nouvelle de l'hydraulique, exclusive- ment due à mes recherches, montreront son utilité, Gette com- munication n’a pour but que de prendre date. » La fermeture occasionnée d’abord par cette succion est en- suite assurée par la réaction résultant, sans choc brusque, de ce que la colonne liquide passe à la filière dans l’espace annu- laire graduellement rétréei, compris entre le cylindre central fixe et le tuyau vertical mobile, Les sections transversales n’é- tant d’ailleurs jamais bouchées, il n’y a pas de coup de bélier possible, Ce cylindre fixe s'élève au-dessus du sommet du tuyau mobile ; il est à remarquer que le versement supérieur se faisant par la circonférence extérieure de ce tuyau, d’ailleurs évasé au sommet, ne rétrécit pas bien sensiblement l’orifice réel de ver- sement, et permet de ne pas remplir alternativement autant d'espace, ce qui diminue le chemin des résistances passives dans la conduite horizontale, et permet d'élever l’eau plus haut dans certains cas, » J'avais déjà communiqué à la Société un phénomène de succion analogue, mais c'était pour un filet d’eau assez mince, dans des circonstances toutes spéciales. Il se présente ici pour un tuyau de deux décimètres environ de diamètre, sous des pressions de réservoir très diverses; et ce qu'il y a d'intéressant pour la pratique, c'est que son influence s'étend même au delà de la distance à laquelle un tuyau-soupape, où une soupape de Cornwall, doit s'éloigner de son siége pour remplir convenable- 72 ment les conditions relatives aux phénomènes des étranglements et des déviations de filets liquides. » ]l y a lieu de croire que cet effet de succion qui applique la soupape ou le tuyau sur son siége est aidé par une dénivella- tion quelconque provenant, à l’intérieur du tuyau, de la percus- sion du liquide. Mais il ne se produit plus d’effet assez puissant pour faire redescendre le système solide au delà d’une limite de levée pour laquelle on voit cependant encore très distinctement qu’il y a un mouvement brusque de haut en bas, provenant de ce que le liquide rencontre l’anneau inférieur du tuyau mobile. Il en résulte même, si cet anneau est près du niveau du biefin- férieur, une onde fixe annulaire très prononcée. » Cet appareil ayant été exécuté avec une stricte économie, je ne sais pas encore d’une manière positive quel est son effet utile, qui paraît déjà compris entre cinquante et soixante pour cent en eau élevée. On sait qu’il faut retrancher del’effet, d’une turbine par exemple, le déchet d’une pompe, quand elle est employée à élever de l’eau; ce résultat est donc satisfaisant, Je dois avouer, d’ailleurs, que c’est en faisant fonctionner l’appareil à la main que j'ai étudié son effet utile, parce que n’ayant à ma disposition qu’une très petite quantité d’eau, je la reçois d’a- bord dans une grande cuve, je fais fonctionner l’appareil, et je mesure l’eau élevée dans un tonneau où elle se verse, et se con- serve, parce que ce tonneau contient à son centre un tuyau fixe plus gros que le tuyau mobile qui passe au milieu. Le rapport des quantités d’eau élevées et descendues s'obtient aïnsi immé- diatement, mais le niveau d’amont est très variable, et il faut en tenir compte. C’est cette variation qui diminue sensiblement l'effet quand la machine marche seule. » Lorsque le niveau est baissé dans la grande cuve au delà d'une certaine limite, la colonne liquide contenue dans le tuyau vertical redescend près du siége de ce dernier, qui en se rele- vant introduit dans le système de l’eau du bief inférieur. Or il en résulte des phénomènes analogues à ceux qui proviennent du mouvement de l’eau dans l’autre sens, et le tuyau à peine soulevé redescend. L’eau remonte en oscillant quand il est re- descendu, et il ne s'ouvre complétement qu’à la seconde oscilla- tion descendante. De sorte qu'il n’y a que la moitié d’un certain 75 nombre de périodes qui versent de l’eau dans le tonneau supé- rieur. Elles alternent d’ailleurs avec régularité abandonnées à elles-mêmes. Il n’est pas nécessaire que le tuyau vertical soit en entier mobile. On peut ne rendre mobile qu’une soupape de Cornwall. Alors cet appareil peut être employé à comprimer de l'air au moyen d’un piston liquide, soit pour une machine souf- flante, soit pour faire des épuisements avec une sorte de réci- pient de fontaine de Héron, si le tuyau de conduite est assez long par rapport à la hauteur à laquelle l’eau doit être élevée. Il n’est pas d’ailleurs nécessaire de comprimer l’air sous une pression aussi forte que semble l’indiquer cette hauteur, puis- qu’on peut employer un système de réservoirs d’air communi- quants analogue à celui qui a été atiribué par les Français à Detrouville, par les Anglais à Darwin, et qui a été décrit par l'Italien Branca, en 1629. Il suffit de rappeler ici que mes ap- pareils oscillants appliqués aux machines à air comprimé ou di-: laté offrent l'avantage d'utiliser, au moins en partie, la quantité de travail employée à comprimer ou à dilater l’air jusqu’au point où l’effet commençait à se produire dans les anciens appareils dans lesquels la quantité de travail dont il s’agit était sensib- lement perdue. » Séance du 9 novembre 1850, HyprauLiQuE. Nouveau phénomène de succion. — M. de Caligny adresse une note faisant suite à celle qu’il a communi- quée le 2 novembre sur un nouveau phénomène de succion et une nouvelle machine hydraulique. « La première note que j'ai adressée à la Société, dit-il, avait simplement pour but de prendre date. J'ai fait ensuite des re- cherches pour voir s’il n’aurait pas été publié quelque chose d’analogue. » Hachette a publié en 1827, dans les Annales de physique et de chine, des expériences d’où il résulte que le phénomène de succion observé par MM. Thénard et Clément Desormes dans le mouvement de l’air, en vertu duquel une plaque est attirée en sens contraire de ce mouvement, se présente aussi pour l’eau dans des circonstances où la plaque, très près de l’orifice, est d’ailleurs beaucoup plus large que ce dernier. Or, dans mes ex- Extrait de l’Institut, 1re section, 1850, 10 74 périences, l'ouverture est très notable par rapport à la section de l'orifice, qui est d'environ vingt centimètres de diamètre, et la surface qui recoit le choc de l’eau n’est qu’un anneau de vingt centimètres de diamètre à son intérieur et de vingt-six centimè— tres environ à son extérieur. » Du Buat à fait une expérience très curieuse sur la percussion de l’eau contre les divers points d’un prisme, d’où il résulte qu'il y à une succion à la circonférence, malgré le surcroît de pres- sion totale occasionné sur le jrisme par l’ensemble des phéno- mènes de la percussion. Or, dans mon appareil, la partie cen- trale du prisme est enlevée. J’ai même constaté que le prisme intérieur fixe, disposé au centre du tuyau vertical, utile à cer- tains égards, n’était pas indispensable au jeu de l’appareil, qui, après la suppression de cette pièce, a encore fonctionné aban- donné à lui-même. Le cylindre liquide que l’on voyait dans le tuyau vertical recevait encore la percussion provenant du mou- vement de l’eau qui s’échappait du tuyau fixe, et sa surface avait un mouvement de vibration très prononcé. Il en résultait néces- sairement une élévation quelconque au-dessus du niveau du bief inférieur et une réaction sur l’anneau inférieur du tuyau verti-— cal, qui, jointe à l’action directe des tourbillons sur cet anneau, venait en aide à la succion dont il s’agit. » Il y a lieu de croire qu’en augmentant la surface de l’an« neau on augmentera l’effet de la succion, et l’on règlera plus facilement le jeu de Ia machine. Ea variant la longueur du tuyau horizontal on p'rvient déjà à se rendre maître des rapports entre les durées des diverses parties de chaque période. » En résumé, le fait d’une soupape annulaire ou d’un tuyau. mobile toujours ouvert à ses deux extrémités, s’éloignant de son siége annulaire d’une quantité suffisante pour livrer à l’eau mo- trice, à sa sortie d’un tuyau de conduite, un passage convenable et cependant se rapprochant. de ce siége, sans aucun mécanisme, en vertu du seul mouvement de cette eau, constitue une expé- rience bien nouvelle. J’en ferai ultérieurement connaître les dé- tails à la Société quand j'aurai déterminé d’une manière plus ri- goureuse en quoi consistent les effets des divers genres de mou- vements qui constituent le phénomène, ne m’attachant encore principalement qu’à l’effet total résultant de leur ensemble. » Ce 4 F €) Séance du 146 novembre ! 850, TÉéRATOLOGIE VÉGÉTALE. — La note suivante sur deux cas de tératologie végétale est communiquée par M. D. Clos. _ « Les observations relatives à des torsions de tige sont encore peu nombreuses dans la science. Le Traité de tératologie végé- tale de M. Moquin-Tandon n’en rapporte guère que dix à douze ; et bien que quelques autres cas aient été signalés depuis l’apparition de cet ouvrage, notamment par MM Duchartre, Fuhilrott, etc., néanmoins ces sortes de monstruosités ne sont pas très communes. A n’en pas douter, leur comparaison pourra servir un jour à éclaircir certains points encore obscurs d’orga- nisation végétale, à dévoiler quelques-ures des relations qui existent entre les axes et les appendices. Il est déjà permis de soupçconner que leur production est plus fréquente dans les Di- cotylédones que dans les deux autres embranchements végétaux, plus fréquente aussi dans les plantes (et peut-être les familles) à feuilles opposées ou verticillées que dans celles où ies feuilles sont alternes. C’est ainsi qu’à l’exception de deux Equisetum fluviatile (Acotylédones), d'un Scirpus lacustris (Monocotylé- done), tous les autres cas de torsion sont relatifs à des Dicoty- lédones, trois à des Galium (feuilles verticillécs), une à une es- pèce indéterminée de Zinnia (feuilles opposées ou verticillées), trois à des Valérianes et deux à des Menthes (feuilles opposées). Celui que j'ai observé dans le jardin botanique de Rouen a pour objet encore une Labiée, le Dracccephalum moldavica. » Dans les exemples antérieurement décrits de cette anomalie végétale, la tige a offert en général la torsion dans toute sa longueur, et les feuilles sont passées le plus habituellement de l’ordre opposé ou verticillé à un agencement soit alterne, soit de superposition unilatérale. Il n’en est pas tout-à-fait ainsi chez le Dracocephalum moldavica en question. Au premier aspect la tige ne présente un contournement bien ,marqué que dans son tiers supérieur qui n’a plus suivi la direction primitive de l’axe, mais s’est incurvé latéralement. Cette partie porte des feuilles et des rameaux axillaires assez rapprochés et superposés, mais en suivant une ligne légèrement spirale. Dans les deux tiers in- férieurs du végétal les feuilles affectent une disposition remar- 76 quable ; elles sont verticillées-ternées, et chacun des trois verti- cilles qu’elles forment alterne régulièrement avec son voisin. Un quatrième verticille inférieur, celui qui a succédé aux cotylé- dons, paraît avoir été composé de quatre feuilles, si l’on en juge par les cicatrices d'insertion de celles-ci, Toutes ces feuil- les ont conservé la forme normale. Les rameaux axillaires sont, comme elles, par verticilles ternaires, mais munis de feuilles op- posées. Les entre-nœuds de l’axe primaire ne sont pas carrés, et des six cannelures ou faces qu’ils devraient offrir, comme con- séquence de l’arrangement des feuilles, cinq seulement sont bien manifestes. » D’autres particularités se sont montrées en même temps sur un autre individu de cette même espèce plus développé que le précédent. La moitié inférieure de la tige est cylindrique et à peu près lisse vers la base ; cette tige présente dès le troisième entrenœud huit cannelures bien marquées ; et, à partir de son milieu, elle s’aplatit en s’élargissant de plus en plus, le nombre de ses cannelures augmente, et on a une véritable fascie qui se termine par trois branches courtes et toutes chargées de fleurs. Les feuilles sont verticillées-quaternées, et les verticilles, au nombre de cinq, alternent régulièrement. Les rameaux axillaires sont aussi quaternes, mais ils sont tétragones et à feuilles op- posées. Les verticilles de la partie fasciée se composent d’un plus grand nombre de parties à mesure qu’ils s'élèvent; on n’en trouve que quatre vers sa base, mais on en compte six vers son milieu et huit à sa partie supérieure. » Linné considérait les fascies comme formées par la soudure de deux tiges, opinion qui a été combattue avec raison par la plupart des physiologistes modernes. Le grand développement de l’axe dans ce pied de Dracocephalum moldavica, le nombre de ses cannelures et la disposition des feuilles sembleraient, au moins pour ce cas, devoir donner quelque poids à l'interprétation de Linné. On sait d’ailleurs que M. Alph. De Candolle a expli- qué par la soudure de deux tigelles la présence de quatre coty- lédons chez certaines plantules. » Ces deux pieds anormaux de Dracocéphale se distinguaient de tous ceux au milieu desquels ils se trouvaient par la couleur des fleurs qui était blanche et non bleue-violacée, comme si c’é- 71 tait le premier indice d’une modification plus profonde dans l’organisation. Il ne faut cependant pas accorder une, grande importance à cette particularité, car la variation de teinte n’est pas rare dans cette espèce. » Iln’est peut-être pas inutile de rappeler que si la plupart des Labiées ont les feuilles opposées, la flore de la Nouvelle-Hol- lande (le pays des déviations organiques) a montré que ce ca- ractère n’était pas absolu. C’est ainsi que les Microcorys et le Wesiringia triphylla ont les feuilles par verticilles de trois, tan- dis que d’autres espèces de ce dernier genre, les W. rosmarini- formis, rubiæfolia et Dampieri, les ont verticillées-quaternées. Dans ces plantes, comme chez les Dracocéphales précités, les verticilles alternent régulièrement. N’est-il pas curieux de voir ces deux dispositions, exceptionnelles pour la famille, mais con- stantes et normales pour les deux genres en question, se retrouver exceptionnellement aussi et par anomalie dans deux individus d’une même espèce, liées dans ces derniers à une déviation de la tige, tordue dans l’un, fasciée chez l’autre? Y aurait-il donc un rapport de cause à effet entre ces monstruosités concomitan- tes des organes axiles et des organes appendiculaires? La dis- position analogue des feuilles dans ces deux individus végétaux ne pourrait-elle pas faire soupçonner quelque corrélation d’ori- gine entre la torsion et la fasciation des tiges? M. de Mirbel a fait justement remarquer, dans son Mémoire sur les Labiées, que chez les plantes de ceite famille les pétioles sont élargis à leur base de manière à s’unir en formant une sorte de bride qui circonscrit la tige. Le Dracocephalum moldavica, par ses pétio- les longs et très grêles, fait exception à ce caractère, ce qui peut- être a favorisé les déviations que je viens de signaler. Le même botaniste a constaté que la tige des Labiées n’offre ordinairement que quatre faisceaux fibro-vasculaires. Or, les six cannelures de la tige de Dracocéphale tordue, les huit de l’axe fascié dénotent la présence dans le premier cas de six faisceaux et de huit dans le second. C’est très probablement à cette augmentation de nom- bre et non à la soudure de deux tiges qu'est due la disposition exceptionnelle des deux feuilles dans ces deux plantes. La même cause n’aurait-elle pas quelque influence, sinon sur la produc- tion de la torsion des tiges, du moins sur celle de leur fascia- tion? » 78 AcousrTique. — M. Cagniard-Latour fait au sujet du siffle ment de la bouche la communication suivante : « D'après mes expériences, dit l’auteur, ce sifflement provient principalement des vibrations dont l’air contenu dans la cavité buccale devient le siége par l’influence du courant gazeux auquel donne lieu l’expiration ou l’inspiration des poumons. Quant à cette influence, elle est due à ce que le courant gazeux lui-même devient vibrant en éprouvant contre les parois du petit conduit formé par les lèvres de la bouche des frottements intermittents et qui rendent nécessairement périodique son passage à travers ce conduit. » Quoique dans mon mémoire présenté à l’Académie des scien- ces en 1829 j’aie cité plusieurs observations qui semblent démon- trer la possibilité qu’un courant d’air devienne intermittent en frottant dans certaines conditions contre des surfaces solides, j'ai cru devoir néanmoins chercher quelque moyen d’obtenir le dessin d’un pareil frottement. » J'y avais déjà réussi pour le frottement par lequel on peut avec le doigt mettre en vibration un carreau de vitre, puisque j'avais reconnu que dans le cas où ce carreau est convenablement mouillé d’eau, on s'aperçoit assez facilement que sur la trace même du doigt le liquide forme des stries dès que le frottement fait résonner le carreau. » J'avais vu aussi que si, après avoir fixé un petit cylindre de craie à l’un des bouts d’une baguette élastique un peu courbe et d’une certaine longueur, on essaie de frotter ce bout sur un par- quet en poussant, il s’y forme dans certains cas des lignes ponc- tuées par suite des intermittences que le frottement éprouve. » J’ai pensé que peut-être l’air en frottant contre les parois in- térieures d’un tube de verre montrerait des intermittences si les parois étaient mouillées d’eau ; par suite de cette idée, j’ai enfermé par des bouchons dans des tubes de verre de différentes grosseurs de l’eau avec un peu d’air, dans l'intention de le suivre des yeux pendant que par sa force ascensionnelle il remonterait et frotterait le long des parois du tube, après que j'aurais ren- versé celui-ci de haut en bas. » Ce qu’il y a de certain, c’est que dans un examen de cegenre que j'ai fait sur un tube ayant environ quinze millimètres de 79 diamètre intérieur sur cinquante centimètres de longueur, ét dans lequel l’eau se trouvait enfermée avec une colonne d’air de deux centimètres de hauteur seulement, j’ai reconnu que ceite colonne, lorsqu'on l’examipait par transparence aussitôt après chaque renversement du tube, laissait apercevoir des stries transversales assez fines et nombreuses formées par la couche mince du liquide ruisselant entre les parois du verre et celles de la colonne aérienne. Cette expérience, que toutle monde peut répéter, démontre clairement l'existence du frottement intermit- tent de la colonne d’air contre les parois du tube par la produc- tion des stries liquides qui se manifestent sur ces mêmes pa- rois. > Séance du 22 novembre 1850, GÉOMÉTRIE. — M. Abel Transon communique un théorême sur la relañon qui existe entre dix points quelconques d’une courbe plane du troisième ordre. — Supposons ces points numé- rotés de 1 à 10, et imaginons le système de deux coniques A et B, déterminées, savoir : À par les points (1, 2, 3, 4, 5) et B par es points (6, 7, 8, 9, 10); puis un second système, composé de deux coniques C et D et d’une droite L, déterminées, savoir : C par les points (2, 3, 4, 5, 6); D par (5, 6, 7, 8, 9); et L par (1, 10). Ces deux systèmes auront huit autres points en commun sur une même conique E. D’après cela, étant donnés neuf points d’une courbe du troisième ordre, on en trouvera un dixième quelconque à volonté par des intersections de lignes droites et de sections coniques. HYDRAULIQUE. — M. de Caligny dépose une note sur un nou- veau phénomène de succion, faisant suite aux deux notes qu’il a communiquées dans les séances des 2 et 9 novembre auxquelles on renvoie pour abréger. « J'ai prolongé extérieurement, au moyen d’une couronne de fort zinc horizontale, le plan inférieur de l’anneau disposé au bas du tuyau vertical mobile, de sorte que le diamètre extérieur s’est trouvé d'environ cinquante centimètres. L'appareil avec cette addition fonctionnait encore, mais la force de succion qui faisait alternativement appliquer ce tuyau sur son siége était sensiblement diminuée. Cette force de succion était encore sen- siblement diminuée quand le diamètre extérieur a été réduit à 80 trente-neuf centimètres environ, mais il n’y avait plus de dimi- nution quand ce diamètre a été successivement réduit à trente- cinq et à trente-deux centimètres. Enfin, pour ce dernier diamè- tre, j’ai augmenté considérablement la foree de succion en re- levant extérieurement les bords de la couronne, ce qui a été facile en y faisant des entailles dans le sens des rayons.Non-seu- lement le tuyau en redescendant enlevait un contre-poids beau- coup plus fort, mais l’appareil s’est. mis à fonctionner avec une telle violence que le tuyau #ebondissant alternativement avec rapidité contre son siége et son arrêt supérieur, ne versait plus d’eau à son sommet et pouvait être considéré comme un nouveau moyen de donner des coups de marteau ou de pilon. Il a fallu relever l’arrêt supérieur. » Cette disposition de la couronne extérieure a permis aussi d'augmenter la distance à laquelle se faisait la succion. Ainsi le tuyau étant en équilibre avec son contre-poids restait immobile à vingt-deux centimètres de hauteur au-dessus de son siége, quand cette couronne n’existait pas. Or, il était attiré par cette succion à une distance d’au moins vingt-six centimètres, même en entraînant un contre-poids plus pesant que lui, quand cette couronne extérieurement relevée était disposée comme je Pai dit. Lorsque les bords de ceite couronne étaient au contraire courbés de haut en bas, l'appareil s’arrêtait, même pour des levées très petites du tuyau mobile, » Je reviendrai sur ces phénomènes nouveaux, qui se ratta- chent sans doute plus ou moins aux phénomènes de succion que l’on connaissait, mais avec des variétés auxquelles on était loin de s'attendre, et d’où résulte un nouvel instrument de physique, qui paraît destiné à rendre des services comme machine à élever de l’eau d’une extrême simplicité, susceptible d’être exécutée très en grand. J'ai aussi constaté que l’on pouvait augmenter les effets ap- parents de cette succion, en faisant alternativement plonger dans l’eau une partie du contre-poids. Il est clair en effet qu’il résulte de cette immersion alternative, qu’au commencement de la succion,la partieldu contre-poids qui doit alternativement sou- lever le tuyau ne l’empêche pas de commencer à descendre. On peut obtenir un effet analogue au moyen d’un ressort, 81 » Bien que cette nouvelle force de succion paraisse graduelle- ment devenir plus puissante que je ne l’espérais moi-même, il est bon de disposer l’appareil de telle sorte que l’inertie du tuyau et de tout le système mobile soit la moindre possible. Ïl sera donc rationnel de disposer au-dessus de la couronne extérieure un bout de tuyau annulaire fermé à ses deux extrémités afin de former un véritable flotteur plongé dans le bief d’aval » Séance du 28 décembre 1850. HyprauLique. —M. de Caligny adresse une note faisant suite à celles qu'il a présentées depuis le 2 novembre sur un nouveau phénomène de succion et sur une nouvelle machine hydrauli- que. On renvoie pour abréger aux extraits des procès-verbaux publiés. « Ma dernière note, dit-il, avait prineipalement pour objet l’augmentation de la force de succion provenant de l’addition d'une couronne extérieure à l'extrémité inférieure du tuyau ver- tical, mais seulement dans le cas où cette couronne était relevée extérieurement comme les bords d’une sorte de parapluie ren- versé. J'ai fait le lendemain une nouvelle série d’expériences d’où il résulte que l’addition d’une couronne plane augmente aussi la force de succion, mais cette dernière couronne n’était pas dispo- sée à la même place que l’espèce de parapluie renversé dont je viens de rappeler les effets. Elle était fixe, et formée, même assez grossièrement, d’une simple maçonnerie en pierres sèches à la hauteur de l’orifice du tuyau fixe. L'augmentation résultant de cette dernière disposition a été très notable, ce qui conourt à montrer que le phénomène repose en partie sur un principe analogue à celui qui fait descendre d’elles-mêmes les poutrelles amenées sur un barrage où les premières sont déjà descendues. En définitive le tuyau redescendrait sur siége en entraînant un poids plus lourd de cinq kilogrammes et demi que celui qui le tenait en équilibre quand il était un peu soulevé et en quelque sorte flottant dans l’eau du bief inférieur, et encore ce poids était suspendu à un bras de levier notablement plus long que celui au- quel le tuyau était suspendu à l’autre extrémité du balancier. » J'espère augmenter encore notablement la somme des forces de succion sur lesquelles repose le jeu de mon nouvel appareil, de manière à pouvoir multiplier le nombre des applications dont Extrait de l’Institut, 1"° section, 1850, 14 82 il est susceptible. Je me borne pour le moment à exposer le prin- cipe, en attirant spécialement l'attention sur les effets. prove- nant de la disposition annulaire de la partie du système opposée à la veine liquide, et sur celle des couronnes extérieures fixe ou mobile. On savait, en effet, que, dans certains cas, une plaque pouvait être aitirée en sens contraire d'un courant de gaz ou li- quide, mais on était loin de soupconner ces dispositions au moyen desquelles je suis parvenu à me procurer des orifices alternatifs suffisants pour composer une nouvelle machine hydraulique. En un mot, des effets, ayant plus ou moins d’analogie avec ceux que je présente , étaient considérés comme une cause d’embarras ; or je me sers de ce genre desuccion pour simplifier au contraire le jeu de toute une classe d’appareils nouveaux. » Séance du 20 juillet 1850. EMBRYOGÉNIE COMPARÉE. — M. Laurent expose succinctement la série des observations qu'il a faites sur les corps reproduc- teurs des animaux. Il rappelle à ce sujet que, dans quatre cours réguliers qu’il a faits à l’ancien Athénée royal de Paris, sur l’his- toire du développement complet des corps organisés, il avait été conduit naturellement à rapprocher les corps reproducteurs des animaux de ceux des végétaux. « Dans cette étude comparative, dit-il, on ne pouvait admettre évidemment que trois principales sortes de ces corps, savoir des œufs ou ovules, des bourgeons ou gemmes, et des fragments ou boutures, ce qui correspond exactement aux trois principaux modes de reproduction connus sous les noms de oviparité, de gemmiparité et de fissiparité. » Je pris d’abord soin de m'assurer que les faits nombreux et bien connus isolément qui ont trait à la reproduction” des plantes phanérogames, cryptogames et agames, n'étaient point encore systématisés méthodiquement, ni par conséquent formulés au moyen d’une nomenclature suffisamment scientifique. Ce fut surtout dans l’examen que je dus faire de la nomenclature très incohérente des corps reproducteurs des végétaux cryptogames et agames que je reconnus la difficulté extrême que doivent éprouver les botanistes à coordonner un si grand nombre de faits de détail dont la connaissance exacte très difficile à acquérir doit Sà exercer pendant longtemps la sagacité et l’habileté expérimen- tale des investigateurs, et il résulta pour moi de cet examen qu’on ne devait jamais, dans l'étude comparative des corps repro- ducteurs des animaux, recourir à la nomenclature des végétaux, surtout si les noms usuels d'œufs, de bourgeons et de boutures pouvaient suffire dans des recherches en même temps pratiques et systématiques. » Ce sont ces recherches sur les corps reproducteurs des ani- maux inférieurs qui se reproduisent sous les trois modes connus et la mise en œuvre des données scientifiques acquises à l'égard des animaux des types de plus en plus supérieurs qui m’ont per- mis de proposer la classification suivante des corps reproduc- teurs des corps organisés en général et principalement de ceux des animaux. » Avant de présenter le tableau de cette classification je ferai remarquer que, quoique l’œuf sait et doive être considéré comme le corps reproducteur principal, puisque la très grande majorité des animaux, sinon tous, se reproduisent de cette manière, on ne doit plus considérer l’aphorisme de Harvey, omne vivum ex ovo, Comme exact, puisqu’un très grand nombre d'individus des espèces en même temps ovipares, gemmipares et fissipares, n'ont point passé par l’état d’œuf et sont dès leur origine des embryons gemmulaires ou bouturaires, dont la comparaison ne peut et ne doit être faite, pour étre exacte, qu’avec les embryons ovulaires des mêmes espèces ou qu'avec ceux des autres groupes naturels de la série animale. Attendu donc que les œufs ou ovules sont destinés à germer ou à se développer et que cette germination est le phénomène le plus général chez les œufs embryonnés ou les embryons ovulaires, ainsi que chez les embryons gemmulaires et les bouturaires, il serait plus conforme à la nature de ce fait gé- péral de substituer à l’aphorisme de Harvey le suivant : omne vivum ex germine, qui exprime plus exactement la pensée que Harvey a développée dans les Commentaires de son aphorisme en restreisnant la signification de l’œuf en général à l'expression de primordium vegetaÿile qui nous semble être condensée dans le mot germe. » Au reste, du moment où, par suite des progrès de la science, on ne doit plus confondre les bourgeons et les boutures avec la er € partie essentielle des œufs qu’on nomme ovule, ni à plus forte raison avec les œufs qui ne sont eux-mêmes que des ovules ad- ventivés, c’est-à-dire recouverts de membranes adventives (blane et coque); du moment où ces distinctions devenues nécessaires sont bien établies, et enfin depuis que nous avons démontré que l’ovule des organismes les plus inférieurs du règne animal est simple ou univésiculaire, ce qui le distingue des ovules bivési- culaires concentriquement de la très grande majorité des ani- maux plus ou moins élevés en organisation ; depuis, disons-nous, que les faits nous ont conduit à proposer trois degrés de compo- sition des ovules des animaux, savoir : 1° ceux dits ovules com- posés ou bivésiculaires ; 20 des ovules simples ou wnivésiculaires, et 3° des ovules intermédiaires aux deux précédents et par con— séquent adunivésiculaires , on pouvait se croire fondé à examiner si l’étude comparative des diverses sortes de bourgeons et de boutures pouvait donner lieu à des distinctions bien nettes et correspondant jusqu’à un certain point à celles observées à l'égard des ovules. » C’est d’après les résultats de cet examen que je propose la classification présentée dans le tableau suivant. Corps reproducteurs des animaux.—Trois sortes principales, savoir : 4° Ovules bivésiculuires concentrique I. OEUFS ou OVYULES, rois ment. sous-sortes. 2° Ovules adunivésiculaires. 3° Ovules univésiculaires. 1° Gemmu‘es unicutanés. II. Bourcrons ou GEMMULES. E Gemmules bicutanes. 3° Gemmules intimes. TI. Fracmenrs ou BouTures. [1° (Ne pas confondre la rédinté- | 5 gration avec la multiplication {| 2 par boutures.) M. Laurent rapporte succinctement les faits qui lui ont servi à établir que la division du corps des Polypes en lambeaux de plus en plus petits ne peut être portée aussi loin qu’on l’a avancé, et il rappelle qu’il a déterminé ces limites expérimentalement et les a fait connaître dans son travail couronné par l’Académie des sciences en 1844. Boutures grandes. Boutures moyennes et petites. Boutures les plus petites Imprimerie de Cosson , rue du Four-Saint-Germain, 47. me PAIE RME 72