RE D tt bertci ae a PR r6€ ses Pr CRUEL LCL à be ct Sport RE ah Re SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. EXTRAITS DÉS PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT L'ANNÉE 1836. PARIS IMPRIMERIE D’A. RENÉ ET C", RUE DE SEINE-8.-GERMAIN, 32. SEP 07 1693 LIBRARIES EXTRAITS DE L'INSTITUT, JOURNAL GÉNÉRAL DES SOCIÉTÉS ET TRAVAUX SCIENTIFIQUES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER. Ire Section, — Sciences Mathématiques, Physiques et Naturelles. Rue de Las-Cases, 48, à Paris. SOCIETE PHILOMATH IQUE DE PARIS. SÉANCES DE 1836. Extraits des procès-verbaux. Séance du 2 avril 1836. — M. Cagniard-Latour met sous les yeux de la Société deux tubes de verre scellés,. dans lesquels il conserve depuis uñ an un mélange de gélatine pure avec la plus grande proportion d’eau dans laquelle le mélange puisse conserver la consistance gélati- neuse ; l’un de ces tubes a été privé d’air avant d’être scellé; dans l’autre tube il est resté de l'air. C’est au bout d’un an seulement, et à la même époque, que dans l’un et l'autre tube le mélange a commencé à se troubler, mais il n’y a encore ni mauvais goût ni mauvaise odeur. Quelques membres font observer qu il serait intéressant de répé- ter ces expériences, non avec de la gélatine pure, mais avec de la gelée de viande. - —M. Gaultier de Claubry annonce que les viandes conservées pendant , 16 ans et extraites de la boîte du capitaine Ross!, sont encore aujourd’ hui (12 jours après que la boîte a été ouverte) . bonnes à manger. Quimte APPLIQUÉE : Purification des huiles. M. Payen com- PUR | 1 2 munique un extrait de son rapport sur les procédés employés par MM. Mathieu pour pur ifier les huiles extraites de la résine. L'huile fixe, décolorée par l'acide sulfurique, conserve une odeur qu’elle doit à un mélange d'huile essentielle; mais on enlève cette odeur en faisant passer au travers de l'huile un courant de vapeur d’eau. Ainsi purifiée, l'huile fixe de résine paraït devoir être employée avec avantage à vernis des poteries communes; mélangée avec 0,25 de résine et son poids d’huile de lin siccative, elle paraît être applicable à la peinture. L'huile essentielle tres-volatile, épu- rée par 0,1 de lessive caustique, a déjà été employée en grand pour remplacer en tout ou en partie l’essence de térébenthine. PuysiQue : Réflexion de la chaleur et de la lumière. — M. Péclet indique le résultat de recherches qu’il a faites sur les proportions de chaleur et de lumière réfléchies par une plaque de verre :ila trouvé ces proportions identiques et égales l'une et l’autre à 0,077. Séance du 9 avril 1836. Came : Moyen de reconnaïtrele pus mélé au sang. — M. Donné communique à la Société quelques uns des résultats qu’il a obte- nus dans des recherches sur les moyens de retrouver le pus mêlé au sang. ; Déjà, en plusieurs circonstances, la présence du pus dans le sang avait été constatée par les médecins : ainsi M. Velpeau, qui s’occupait de cette question dès l’année 1823 , a signalé des faits qui rendaient évidente l’existence du pus dansle sang. M. Dance, en 1828, a publié un Mémoire sur linflammation des veines en général et la phlébite en particulier , dans lequel se trouve un cer- tain nombre d'observations semblables; mais la présence du pus dans-les vaisseaux sanguins n’a pu être encore démontrée que dans le cas où ce liquide n’était pas entièrement mêlé au sang, où il était au contraire réuni en un foyer et conservant ses appa- rences physiques qui permettaient de le reconnaître; pour les cas où le pus serait intimement mêlé au sang et circulerait avec lui, on ne peut faire jusqu’à présent que des conjectures plus ou moins, plausibles. « On conviendra, disait M. Dance , que si le transport et le mélange du pus avec le sang ne sont point naturellement démontrés (car l’observation directe est souvent insuffisante et F4 ” 3 l'analyse chimique ne peut être encore d’une grande utilité à cet égard), cette opinion offre du moins les plus grade probebér lités. » Tel est encore aujourd’hui l’état de la science à ce sujet, et l'on peut considérer la solution de cette question comme très-intéres- sante pour la médecine. M. Donné croit enfin lavoir trouvée, FE bien des recherches abandonnées et reprises plusieurs fois, à l’aide des moyens suivans : M. Berzélius, dans son Traité de chimie, dit que « la potasse caustique concentrée a la propriété de convertir le pus en un li- quide blanc, homogène, visqueux et filant, qui est précipité tant par l’eau que par les acides. » C’est en combinant le mode d’ac- tion des alcalis et surtout de l’ammoniaque sur le pus avec l’obser- vation microscopique, que M. Donné parvient à. reconnaître de très-petites quantités de pus mêlées au sang. Le sang de l’homme et celui du chien, lorsqu'ils sont purs, de- viennent clairs et limpides en les traitant par Pammoniaque caus- tique : ils n’offrent plus alors aucune trace de globules au micro- scope ; pour peu, au contraire, que le sang contienne de pus, il devient, avec l’ammoniaque , albumineux et filant ; si la quantité de pus est un peu considérable, la masse entière se prend en une espèce de gelée filante; s’il y a très-peu de pus, il se dépose seu- lement au fond du verre des stries de cette matière filante. Aucun autre liquide de l’économie mêlé au sang ne lui donne la propriété de se comporter ainsi avec lammoniaque, C’est aussi à l’aide du microscope que M. Donné constate la fidé- lité du réactif dont il vient d’être parlé, pour reconnaître la pré- sence du pus dans le sang. Les deux expériences se contrôlent mutuellement, Ainsi, Le sang contenant du pus étant étendu d’eau, les globules sanguins disparaissent et ne laissent voir au micro- scope que les globules purulens qui ont un tout autre aspect, et dont le diamètre est bien plus grand que celui des globulés san- guins; ceux-ci n’ont, Comme on sait , que 20 à 450 de millimètre de diamètre. M. Donné rendra JApre à la Société de la suite de ces expé- riences ; il s’occupe aussi à rechercher le pus dans les cas de ré- sorption purulente , à la suite d'opérations chirurgicales et dans. d’autres maladies , telles que la phlébite. ’ 4 ‘ENTOoMoLoGie : Larves du Scolytus pygmæœus. — M. Aludbiin donne quelques ‘détails sur ‘une larve qui a fait périr une grande quantité de chênes dans le bois de Vincennes, ce qui a ‘obligé Padministration de faire abattre DD de ces arbres, âgés de 2 à 35 ans. Cette larve est celle du tn pygmæus de Gyllenhal. La femelle fait sous l’écorce une galerie transversale, puis elle dépose ses œufs sur les deux bords de cette galerie, et les larves qui en naissent creusent chacune dans l’écorce , les unes en montant, les autres en descendant, des sillons longitudinaux , tellement rap- prochés entre eux, que les espaces qui les séparent, ou les parties intactes de l’aubier , sont réduites à des lamelles d’une très-grande minceur. Parmi les faits curieux qu’a présentés l'étude des mœurs de cet insecte destructeur , il en est deux sur lesquels M. Audouin insiste : le premier est relatif au choix que fait la femelle d’un lieu convenable pour pénétrer sous l’écorce, elle perfore celle-ci dans une de ses fissures; le second fait, c’est que la femelle, après avoir poudu ses œufs, meurt dans sa galerie; mais, par un mer- veilleux instinct, elle a le soin de venir expirer à l'entrée de sa galerie, de telle sorte que l'ouverture se trouve obstruée par son cadavre. Cette manœuvre remarquable n’empèêche pas toutefois certains insectes parasites de pénétrer daus la galerie et de dé- truire un assez grand nombre de larves. Séance du 23 avril 1856. Pate Re microscopiques. — M. Peltier communique des observations nouvelles sur quelques animaux microscopiques., L 2 = i principalement sur:une: Vorticelle très-voisine ; par sa forme, de celle que Muller a nommée Citrine, et de celle en ombelle de Roësel , par son gronpement et l'apparence d’un petit canal aveu- gle. Iks’est servi de la coloration par l’indigo ; de linanition et de Vasphyxie, comme moyens d’expérimentation: Le corps de cette Vorticelle est formé par une membrane composée de séries annu- laires de petits globules parfaitement. alignés; l’extrémité posté- rieure ressemble à une petite coupelle contractile dont les fibres sont longitudinales ; à cette coupelle est: attaché ‘un pédoncule -composé de deux parties : une fibrille d’un seul rang de granules ’ ] et une gaîne qui lui est adhérente d’espace en espace par des points qui sont successivement opposés; dans la contraction, il se forme des zig-zag qui ont leurs plis à l’endroit de ces attaches ; lorsque Vanimal veut se séparer de son pédoncule, il s'étend le plus pos- sible, puis produit une contraction brusque dans la coupelle et rompt le lien qui l’unissait au pédoncule. L’extrémité antérieure est formée d’une couronne de gros cils d’inégale longueur, dont les plus longs sont aux deux extrémités d’un même diamètre; cette couronne est fermée par une membrane villeuse excessivement tenue; sur un des côtés près des longs cils, elle a une échancrure faisant partie d’une cuverture dont la moitié est en dedans et l’au- tre moitié faisant poche au dehors; c’est l’orifice d’un petit canal pénétrant obliquement jusqu’au tiers du corps, le fond parait fermé et est armé de quelques lamelles vibratilles. L'auteur n’a pas voulu désigner ce canal par le mot bouche , parce que c’eût été re- connaître implicitement un prolongement aveugle ou percé, ser- vant de tube intestinal , et dont il nie l’existence dans cette espèce de Vorticelle ; le mot estomac n’était pas plus convenable, puis- que ce nom emporte l’idée de fonctions préparatrices et assimila- trices qui ne peuvent être dévolues à un canal ouvert, où se fait un courant rapide et continu, lié aux courans extérieurs. L’inté- rieur du corps est rempli d’un liquide, daus lequel nagent les parcelles de substances qui ÿ ont pénétré; on y voit des agglomé- rats attachés à la membrane extérieure ou à des prolongemens de. cette membrane; ces corps changent souvent de nombre, de place et de rapports entre eux; dans ces diverses mutations, il en est qui pénètrent dans le canal par une communication qui n’est pas visible ; quelques uns y sont dissous par le mouvement des lamelles, d’autres sortent sans être désagrégés; enfin, Vauteur en a vu sortir plusieurs liés entre eux et garder au dehors les rapports qu’ils avaient dans l’intérieur. Quelquefois il se forme des apparences vésiculeuses qui ne durent qu’un instant et disparaissent sans lais- ser aucune trace et sans que les globules voisins soient dérangés; leur formation part d’un point et s’étend en trois segmens; puis, dans leur évanouissement , elles se contractent de la circonférence au centre par les mêmes segmens. l’auteur ne peut expliquer la cause de ces apparences, que la réfraction indique n’être pas sphé- riques. 6 Lorsque l'animal ouvre sa couronne et qu’il met ses cils en ac- tion , il se forme deux mouvemens rotatoires dans le liquide, un de chaque côté, qui produisent, par le concours vers le centre, un troisième courant perpendiculaire à la membrane villeuse; le courant étant arrivé près de cette dernière, est dévié vers le ca- nal buccal par le mouvement des soies très-fines qui le revêtent; il pénètre jusqu’au fond et recoit des lamelles une impulsion en retour qui le dirige vers la portion de l'ouverture faisant poche au dehors. Par l’inanition prolongée , les agglomérats diminuent de nombre : au bout de 5 à 6 jours, lorsque la Vorticelle est tout-à-fait affaiblie, elle les a tous perdus, elle n’est plus alors qu'une membrane très- mince et très-diaphane dans laquelle on ne voit aucun organe. Lorsqu'on joint l’asphyxie à l’inanition, de grosses vésicules opa- lines apparaissent au dehors et doublent le contact avec le liquide, dans cet état, l'animal a cessé tout mouvement; bientôt les parti- cules du corps se désagrègent; il diminue d'heure en heure sans laisser apercevoir aucun indice d'intestin ni du cœcum; chez d’au- tres, il se fait une rupture dans uue partie de la membrane, quel- ques globules se détachent du lambeau flottant et oscillent dans le voisinage , une portion du liquide intérieur sort et l'animal a cessé de vivre. De ces observations l’auteur conclut qu’il y a des organisations inférieures sans tube intestinal et sans cœcum, et pense que M. Ehrenberg a trop généralisé des observations justes pour d’au- tres espèces microscopiques, mais cependant déjà très-relevées dans leur organisation. Séance du 30 avril 1836. Paysrozocie : Nature et fonctions de la salive. — M. Donné lit des fragmens d’une histoire physiologique et pathologique de la salive considérée particulièrement sous les rapports de ses usa- ges, du rôle qu’elle joue dans les fonctions digestives et dans les affections gastriques. L'auteur résume ainsi les faits contenus dans ce travail : 19 L’alcalinité de la salive a été reconnue depuis long-temps, mais elle n’a été bien démontrée que dans ces derniers temps; \ 7 particulièrement par les expériences de MM. Tiedemann et Gmé- lin ; 29 Depuis Haller jusqu’à nous, il n’a rien été ajouté de nouveau à nos connaissances sur les usages physiologiques de ce fluide; 3° On peut résumer les usages que tous les physiologistes ont at- tribués à la salive de la manière suivante : en premier lieu, hu- mecter la bouche, favoriser les mouvemens de la langue, faciliter la parole, la déglutition ; secondement , pénétrer les alimens, leur faire subir une première altération et aider l’action dissolvante du suc gastrique. 4° Les auteurs anciens et modernes n’ont rien dit du rôle que joue le principe alcalin de la salive; 5° Outre les usages qu’on lui attribue généralement, la salive, d’après les recherches de M. Donné, sert à neutraliser l'excès d’a- cide du suc gastrique, et ceci est appuyé : 4. sur l’état neutre du suc gastrique constaté par la plupart des expérimentateurs, lors- que l’estomac est vide d’alimens et que ce suc a été mêlé avec une plus ou moins grande quantité de salive ; b. Sur l'impossibilité que cet effet ne se produise pas , la soude de la salive se trouvant en contact avec l'acide du suc gastrique; c. Sur la nature des sels contenus dans le suc gastrique dont une grande partie est à base de soude; 6° Les différences que tous les physiclogistes ont trouvées dans la composition du suc gastrique et surtout dans son degré d'acidité, dépendent de son mélange avec une plus ou moins grande quan- tité de salive, circonstance dont personne n’a tenu compte jus- qu'a présent ; | 7° 24 grammes de la salive de l’auteur neutralisent 1 centi- gramme d’acide hydrochlorique ; 8° On peut estimer à 390 grammes la quantité de la salive qui se sécrète en 24 heures dans l’état ordinaire; cette quantité de sa- live peut neutraliser 16 centigrammes d’acide hydrochlorique; 9° La salive qui est alcaline dans l’état normal devient acide dans certains cas; 10° l'acidité de la salive est une des principales causes de la carie générale des dents, qui est très-fréquente dans les affections chroniques de l'estomac; 11° Les altérations ou la perte de la salive sont considérées par 8 tous les auteurs comme une cause de trouble des fonctions diges- tives et d’amaigrissement ; 120 La fumée de tabac n’altère point les propriétés alcalines de la salive, ‘et, sous ce rapport, l’usage de fumer, loin d’avoir les inconvéniens dont parlent les auteurs, peut être avantageux aux personues qui en ont l'habitude et qui ne rejettent pas leur salive ; 13° L’ardeur et les aigreurs qui se font sentir à la gorge et à l'estomac tiennent à ce que l’excès d'acide du suc gastrique n’est pas suffisamment neutralisé, soit parce que le suc est sécrété en trop grande quantité, soit par suite des altérations de la salive; de [à vient l'utilité des sels alcalins; 14° Le suc pancréatique joue probablement, relativement aux intestins , le même rôle que la salive par rapport à l'estomac ; 15° La connaissance des altérations chimiques des fluides sé- crétés peut servir utilement la pathologie et la thérapeutique, en éclairant la marche des maladies et en avertissant des premiers dé- rangemens de la santé ; 16° La principale modification chimique qu’éprouve la salive est son acidification, sous l'influence d’une altération des fonc- tions digestives ; 170 Cette acidité de la salive coïncide le plus souvent avec un état d’irritation ou d’inflammation de l’estomac, et peut servir à établir le diagnostique différentiel de quelques affections gastri- ques ; 18° Enfin, cette altération de la salive peut devenir à son tour la cause de troubles dans l’économie, en nuisant aux fonctions de l'estomac qu’elle ne garantit plus contre l'excès de son acide. Séance du 7 mai 1856. — M. Seguier fait connaître verbalement à la Société un perfec- tionnement que M. Hall vient d'introduire dans les machines à vapeur des bateaux, par une simplification de mécanisme, d’où ré- sulte la suppression du balancier et d’un grand nombre de pièces d'ajustement. — M. Roulin annonce qu'il vient d’être témoin d’un fait qui prouve que le Rat surmulot entre à l’eau-aussi facilement et aussi franchement que le Rat d’eau proprement dit. 9 Cmivig appriquée : Conservation des viandes. — M. Cagniard- Latour expose la suite des essais comparatifs qu'il a faits, sur la fermentescibilité de la gelée des viandes conservées du capitaine Ross et d’une gelée de viande fraîche. Dans la séance du 26 mars dernier, il avait été rendu compte à la Société de l’état de conservation très-remarquable dans lequel se sont trouvées les viandes et la gelée qui étaient enfermées de- puis seize ans dans un vase métallique offert à la Société d’encou- ragement par M. le capitaine John Ross. M. Cagniard-Latour, dans la même séance, avait rapporté qu'ayant essayé d’employer cette gelée, comparativement avec de la gelée nouvelle de géla- tine, pour faire fermenter le sucre, il avait trouvé que la première provoquait plutôt que la seconde les phénomènes de la fermenta- tion alcoolique. D’après de nouvelles expériences , il ajoute main- tenant que la gelée ordinaire de viande paraît être elle-même un ferment plus prompt que la gelée de gélatine, mais que, compa- rée à la gelée conservée dont il a été question, elle lui serait infé- rieure. | . Il fait encore remarquer qu'il a trouvé une différence analogue entre la gelée nouvelle de gélatine et de la gelée semblable: qui était enfermée dans des tubes de verre depuis 15 mois, c’est-à- dire que celle-ci, dans les mêmes circonstances, à fermenté avant l’autre. Il ajoute enfin qu'ayant cherché à savoir si la gelée de viande, pendant qu'on la conserve par la méthode d’Appert, éprouvait quelques changemens physiques appréciables, il. a trouvé qu’elle se contractait, et acquérait ainsi un accroissement sensible deden- sité, sans cependant perdre les proportions de son eau. Dans la séance du 2 avril dernier, il avait annoncé déjà qu'ayant préparé, pour des recherches analogues, de la gelée faite avec une partie et demie de gélatine de Grenet et 100 parties d’eau, cette gelée, qui était répartie dans plusieurs tubes de verre, les uns purgés d'air, comme un marteau d’eau, et les autres non purgés, s’était fiquéfiée dans tous en moins d’un an. Il avait présenté en même temps deux de ces tubes, et fait remarquer que celui dont l'air avait été expulsé conservait encore Îles propriétés acousti- ques d’un marteau d’eau, ce qui, suivant l’auteur, serait une preuve que la gelée, en se liquéfiant, n’a point dégagé sensihle- 2 10 ment de corps gazeux. Il avait annoncé aussi qu'ayant cassé quelques uns de ces tubes pour en examiner les gelées liquéfiées, il n'avait trouvé à celles-ci aucun mauvais goût, ajoutant avoir re- connu, d’ailleurs, que la gelée tarde d’autant plus à se liquéfier qu’elle est moins aqueuse. Séance du 14 mai 1856. Giozocié : Gisement de mercure natif. — M. de Bonnard’com- munique à la Société une Notice de M. Alluaud aîné, de Limoges, sur le mercure de Peyrat-le-Château, département de la Haute- Vienne. . Ce métal se présente à l’état natif, dans un granite désagrégé qui constitue l’esplanade de l’ancien château de Peyrat, .sur le bord de la route royale de Figeac à Montargis. M. Alluaud fait connaître la nature du sol de la contrée, qui est entièrement formée de granite de diverses variétés passant les unes aux autres, ainsi qu’à la pegmatite, au kaolin et au gneiss, toutes roches qui sem- blent, dit-il, se pénétrer et s’envelopper réciproquement comme des réseaux. Sur l’esplanade du château de Peyrat, le sieur Ran- que, en déblayant le sol et creusant la fondation d’une maison , a trouvé et recueilli une quantité assez considérable (r2 livres) de mer- cure coulant; d’autres personnes en ont recueilli aussi. M. Alluaud, qui a été examiner les lieux et qui y a creusé plusieurs excava- tions, a reconnu l’existence du mercure disséminé dans un gra- nite à grain fin, très-quartzeux, dont le feldspath est décom- _ posé. Le métal n’existe pas dans toute la roche, mais seulement _ dans quelques parties de roche, où l’on ne peut distinguer ni cou- che, ni filon, ni fente, et qui cependant suivent des plans bien déterminés, n'ayant que quelques pouces d'épaisseur. On l’a ren- contré ainsi sur plusieurs points séparés, éloignés les uns des autres et n'ayant aucune communication entre eux, disposition qui éloigne l’idée d’une infiltration supérieure et accidentelle, puisque , dans ce dernier cas, le métal eût occupé un espace cir- conscrit, dans quelque fente du rocher. Malgré la singularité de ce gisement du mercure natif, dans un terrain primordial, qui ne présente d’ailleurs aucun indice de cinabre, et quoiqu'il soit difüicile de tirer une conclusion d’une 11 observation isolée, restreinte à l’étroit espace de quelques pieds, M. Alluaud n’hésite pas à prononcer que le mercure est ou dissé- miné dans la roche, en petits amas irréguliers par leur forme et par leur étendue, et, dans ce cas, de formation contemporaine à la roche, ou remplissant dans cette roche des scissures aujourd’hui imperceptibles, et dans lesquelles il aurait été amené postérieure- ment, par sublimation , de l’intérieur de la terre. : M. Alluaud pense que cette découverte mérite de fixer latten- tion, et de provoquer des travaux de recherches de la part de l’ad- ministration ; il fait observer que si ces recherches avaient du suc- cès , la localité de Peyrat est située dans des circonstances très-fa- vorables au siége d’une grande exploitation de mines. CHimie PATHOLOGIQUE : Urines. —M. Donné fait part à la Société d’une observation qu’il a faite sur une urine blanche et laiteuse, prise chez un homme qui avait succombé à un cancer de l’estomac; sa vessie elle-même était en partie cancéreuse. Cette urine, exa- minée au microscope , a présenté une notable quantité d’anima- cules spermatiques morts, mais ayant parfaitement conservé leurs formes; traitée par l’'ammoniaque, l'urine s’est comportée comme le sperme étendu d’eau; elle a précipité une matière blanche pul- vérulente. Le malade avait d’ailleurs de la difficulté à uriner pen- dant sa vie et était sans. doute affecté d’un rétrécissement; c’est en effet dans des cas semblables que le sperme peut refluer la nuit dans la vessie et sortir le matin avec les urines. — M. Combes communique à la Société des observations sur le développement du gaz hydrogène carboné dans les mines de houille. (Voir l'extrait de cette communication dans l’Institut, n° 159.) Séance du 21 mai 1856. ANATOMIE PATHOLOGIQUE : dtrophie du poumon. — M. Lombard, de Genève, communique quelques observations sur l’état analo- mique des poumons emphysémateux; il montre quelques dessins qui représentent les diverses formes de cette maladie qu'il consi- dère comme une atrophie du poumon. Les circonstances principales que l’on rencontre dans les poumons emphysémateux sont: 1° l’a- mincissement des parois vésiculaires, par suite de Poblitération des 12 vaisseaux sanguins ; 2° la fusion de plusieurs vésicules aériennes en: une seule, par la destruction des parois inter-vésiculaires; 3° la destruction complète des vésicules pulmonaires de tout un lobe qui se trouve transformé, tantôt en une poche unique et volumi- neuse, tantôt en une membrane simple qui ne peut plus admettre l'air, et qui constitue le degré le plus élevé de l’emphysème ou atrophie pulmonaire. Séance du 28 mat 13836. AcousTiquE : Mécanisme de la voix. — M. Cagniard-Latour ex- pose la suite de ses recherches sur la voix humaine, et annonce que, d’après ses dernières observations, il lui semble possible d'expliquer, mieux qu’on ne pouvait le faire, pourquoi la voix, en supposant qu’elie soit un son d’anche, paraît cependant se pro- duire d'ordinaire bien plus facilement que le son des instrumens a anche proprement dits. Son opinion serait que cette facile résonnance de la glotte est due non seulement aux conditions particulières de contractilité, de souplesse et d’élasticité, dans lesquelles peuvent se trouver les par- ties essentielles de cet organe à l’état de vie, mais encore à une certaine influence des lèvres inférieures sur les lèvres supérieures. À l'appui de ces hypothèses, il cite les différences qu’il a obser- vées dans les effets d’une espèce de larynx artificiel en caoutchouc, suivant les changemens qu’il lui faisait subir. Ce nouvel appareil consiste principalement en un conduit mem- brareux, élargi et aplati vers son sommet à peu près comme une anche de basson, et terminé à sa partie inférieure par un collier rigide dans lequel on pousse de l'air avec la bouche lorsqu'il s’agit de produire des sons. Or, l’auteur fait remarquer que, pendant l'insufflation, ce larynx peut résonner facilement lorsqu'on a soin, en le tenant entre les mains, de placer les doigts un peu plus bas que son sommet, c’est-à-dire de manière à former des espèces de ligamens ou de lèvres inférieures; mais qu’au contraire sa vibration ne se produit d'ordinaire qu'avec peine si les doigts sont, placés dans l'alignement des lèvres supérieures, c’est-à-dire de manière à effacer les lèvres inférieures. Pour expliquer l'influence favorable de ces lèvres, il suppose que l'air, en passant dans le rétrécisse- 13 ment qu’elles forment , se met en vibration à peu près comme dans un conduit siffleur (1), et devient ainsi plus propre à faire vibrer les lèvres supérieures. Il ajoute qu'ayant comparé la résonnance de son appareil avec celle d’un autre appareil semblable, mais plus complet, c’est-à- dire dans lequel les lèvres supérieures étaient séparées des infé- rieures par deux petites cavités ventriculaires , il a observé une différence de timbre qui était à l'avantage du second appareil. D’a- près cette observation , et la remarque importante faite par M. le docteur Magendie, que les parties vibrantes d’une glotte d'animal vivant deviennent d'autant plus courtes que les sons produits ont plus d’acuité, l'auteur présume que la différence entre la voix de poitrine et celle de fausset vient principalement de ce que les vi- -brations graves, occupant une plus grande partie des lèvres laryn- giennes, sont plus à portée que les vibrations très-aiguës d’être in- fluencées par les ventricules. Il fait remarquer que les lèvres de la glotte, chaque fois qu Alle se rapprochent en vibrant, peuvent éprouver des chocs et produire par ce moyen, à peu près comme le marteau musical, un son soli- dien ou membraneux plus ou moins sensible suivant le degré de mollesse des lèvres, la capacité des ventricules, celle même du pharynx, la conformation du tuyau vocal, etc. Ainsi, ajoute l’au- teur, quoique la voix paraisse résulter principalement des sorties périodiques de l'air expiré par les poumons, on peut présumer que le son membraneux modifie beaucoup cette résonnance aérienne, et qu’il est même d’une influence notable dans Île timbre particulier qui caractérise la voix de chaque individu, Il fait observer que, dans les instans où l’on ne se sert point du larynx artificiel qui vient d’être décrit, on a soin ordinairement d’assujettir son sommet entre deux règles convenablement rappro- chées, et il annonce avoir reconnu que l'instrument, en devenant ainsi susceptible de très-bien fermer chaque fois que les lèvres se rapprochent en vibrant, fonctionne plus facilement encore, sur- tout lorsque le caoutchouc a été un peu ramolli par l’action d’une chaleur humide. Il ajoute enfin que la faculté dont paraît jouir un (x) Voy. Journal de physiologie de M. Magendie, tome 10, Memoire sur le sifflet de la bouche, par M. Cagniard-Latour. 14 larynx à l'état de vie, de pouvoir se fermer d’une manière ana- logue, est très-probablement de quelque influence ‘dans la facile résonnance de cet organe. Puysique pu GLo8e: W'empérature de la surface du sol pendant la période tertiaire. — A Ja suite d’une communication de M. Des- hayes, relative à la détermination des températures qui existaient a la surface de la terre pendant ia formation des terrains tertiaires (voir l’Institut, n° 150), M. Elie de Beaumont annonce à la Société que ses lecons au collége de France l'ayant mis depuis long-temps dans le cas de s’occuper de la température dont nos latitudes ont dù jouir pendant les différentes périodes géologiques, il est arrivé, relativement à la période de largile plastique et du calcaire gros- sier, à un résultat un peu moins élevé que celui qui a été trouvé par M. Deshayes. D’après M. Deshayes, le bassin de Paris aurait joui, à l'époque du calcaire grossier, d’une température au moins équatoriale, c’est- a-dire d'au moins 270 ", C. M. Elie de Beaumont pense, confor- mément aux résultats déja obtenus depuis plusieurs années par M. Adolphe Brongniart, que le climat de nos contrées, pendant la plus ancienne période tertiaire, doit avoir ressemblé beaucoup, quant aux conditions générales de température, à celui de la Basse-Egypte, dont la température moyenne est, au Caire, de 22°. Il fonde son évaluation sur les considérations suivantes. A l’é- poque de l'argile plastique et du calcaire grossier, les fougères ar- borescentes et les cycadées, qui précédemment avaient peuplé nos continens, et dont les formes se retrouvent encore de nos jours entre les tropiques, avaient sans doute cessé d'exister sous nos latitudes, puisque, d’après les recherches de M. Adolphe Bron- gniart, on n’en trouve pas de restes dans les terrains tertiaires. À cette même époque, les rescifs madréporiques qui, durant l’époque silurienne ou peut-être même durant l’époque carbonifère, avaient peuplé les mers jusqu’à Inglovlik, au nord de l'Amérique, par 69° ”, dé latitude, qui, durant l’époque jurassique, s'étaient étendus jusqu’à Kirkdale, en Yorkshire, par 54° ’, de latitude, avaient également cessé de figurer dans nos parages, el, depuis lors, ils ne s’y sont pas remontrés. Un abaissement dans la température des hivers paraît à M. Elie de Beaumont la seule cause qu'on puisse assigner à cette triple 15 disparition. La température des hivers de nos latitudes devait déjà être assez basse, à l’époque dont il s'agit, pour que les fou- gères en arbres et les cycadées ne pussent continuer à exister sur nos continens, et pour que les espèces de polypiers qui ont la fa- culté de se grouper en rescifs ne pussent continuer à vivre dans nos mers. D'un autre côté, l’argile plastique et le calcaire grossier de nos environs , et même des couches formées plus récemment encore sur le sol de la France ou des contrées voisines, présentent de nom- breux débris de palmiers, de crocodiles et de grands quadrupèdes pachydermes. La température des hivers à l’époque du calcaire grossier était donc assez élevée pour permettre à ces formes orga- niques d'y prospérer, et même elle a pu s’abaisser encore un peu sans les faire disparaitre. ÿ En joignant cette considération à la précédente, on obtient deux limites entre lesquelles dut être comprise la température des hi- vers de nos contrées, à l’époque où le calcaire grossier s’y déposa. Ces deux limites sont assez rapprochées l’une de l’autre et les hivers du Caire tombent précisément entre elles. En effet, Îles palmiers et les crocodiles prospèrent en Egypte; des hippopotames et d’autres grands quadrupèdes y vivent. D'un autre côté, les fou- gères en arbre et les cycadées ne s’y montrent pas, et les rescifs de polypiers, qui bordent les rivages d’une grande partie de la mer Rouge, s'arrêtent au port de Tor, en Arabie, à près de 2° de lati- tude au midi du Caire. Quant à la température des momens les plus chauds de l’année, elle est aujourd’hui presque la même dans toutes les contrées qui ne sent pas très-rapprochées des pôles, et M. Elie de Beaumont pense que ce maximum normal des températures terrestres ne peut avoir varié considérablement depuis que la terre est couverte de végétaux. Or, si les températures des hivers et celles des momens les plus chauds de l’année étaient dans le bassin de Paris, à l’époque du dépôt du calcaire grossier, ce qu’elles sont aujourd’hui au Caire, la température moyenne devait être la même aussi, c’est-à-dire de 22°. M. Deshayes base une évaluation plus élevée sur le grand nombre des coquilles fossiles recueillies dans le bassin de Paris. Ce nombre 16 est de 1200, tandis que, dans les mers du Sénégal et de la Guinée, on ne connaît encore que 900 espèces de coquilles; mais il est à remarquer, dit M. Elie de Beaumont , que les 1200 espèces de co- quilles fossiles trouvées dans le bassin de Paris n’y ont pas vécu simultanément: elles proviennent de plusieurs assises formées suc- cessivement, et dont la plus riche serait bien loin de pouvoir en fournir un aussi grand nombre; peut-être aussi, ajoute-t-il, con- maît-on mieux les coquilles fossiles des environs de Paris que les coquilles vivantes des mers équatoriales. M. Elie de Beaumont entre ensuite dans quelques détails sur la manière dont il concoit que les flimats décroissans des périodes géologiques successives ont pu résulter du refroidissement graduel de la masse interne de la terre. F} On sait qu'il existe un rapport constant entre l'excès de tempé- rature que la terre présente àtsa surface, au-dessus de celle que le soleil et l’atmosphère tendent à lui communiquer, et l'augmentation graduelle de la température des lieux profonds. Aujourd’hui, lorsqu'on s'enfonce daus la terre, la températute augmente d’en- viron ‘0 de degré cent. par mètre, et l'excès de température de la surface est d'environ ‘4, de degré. À l’époque du terrain houiller l'augmentation de la température par mètre de profondeur pouvait sans doute s'élever à 7; de degré; mais d'importantes considérations géologiques s’opposeraient à ce qu’on la supposät plus considé- rable. I/excès de température de la surface ne pouvait donc dépasser lui-même 7; de degré cent., quantité trop petite pour pouvoir rendre compte directement de la différence des climats actuels. L’explication de cette différence, si bien constatée par les géo- logues , ne peut donc se trouver que dans les effets accessoires que pouvait entraîner une augmentation plus rapide qu'aujourd'hui dans la température des lieux profonds. Ces effets accessoires, selon M. Elie de Beaumont, pourraient être réduits à trois, qui tous auraient concouru à rendre les climats polaires beaucoup moins différens du climat équatorial qu’ils ne le sont aujourd’hui. Premièrement. Dans les plus anciennes périodes géologiques, les glaces polaires ne devaient pas exister, et leur suppression sufirait probablement à elle seule pour relever jusqu'a o° la témpérature 17 moyenne du pôle, qui est peut-être aujourd’hui de 25° au-dessous de o°. Secondement. Lorsque les glaces polaires n’existaient pas, la mer devait présenter, depuis la surface jusqu’au fond , une tempé- rature beaucoup moins inégale qu'aujourd'hui. Cette température devait être partout d’un certain nombre de degrés au-dessus du maximum de densité de l’eau de mer. Dans une pareille mer, la température de la surface ne pouvait jamais s’abaisser que d’une très-petite quantité au-dessous de la température de la masse. Cette mer devait se couvrir de brouillards dans les parties voisines des pôles , aussitôt que le soleil s’éloignait de l'horizon. Troisièmement. Lorsque la température des lieux profonds crois- sait dix fois plus vite qu'aujourd'hui, les sources thermales et les jets de vapeur chaude étaient beaucoup plus fréquens qu’aujour- d’hui , presque toutes les sources étaient nécessairement thermales, et, chaque fois que le soleil s’éloignait de l’horizon des pôles, le sol devait se couvrir de brouillards qui détruisaient le rayonne- ment nocturne et le rayonnement hivernal. Ces brouillards, qui n’existaient que pendant l’absence du soleil , tempéraïient le froid des nuits et des hivers, sans rien changer à la chaleur des étés. Ils élevaient donc la température moyenne et rendaient le climat plus doux, plus uniforme, plus équatorial. Ils se joignaient à l’action d’une mer plus chaude et plus difficile à refroidir à sa surface, pour produire dans la température du pôle une anomalie positive, dia- métralement contraire à l’anomalie négative que les glaces perma- nentes y produisent aujourd’hui. Addition à la séance du 21 mai 1856. Came : Potasse cristallisée. — M. Walter lit une nee sur la potasse cristallisée. En préparant des solutions concentrées de potasse caustique, des- tinées à faire des analyses élémentaires , M. Walter a obtenu une belle cristallisation de potasse. La cristallisation de la potasse a déjà été signalée; mais l’hydrate de potasse qui constitue ces cris- taux, hydrate bien différent de celui qu’on obtient en tenant la potasse fondue pendant quelque temps à une chaleur rouge, n’a pas été examiné d’une manière FAR et sa constitution est in- connue. » 18 M. Berzelius, dans son Traité de chimie, conseille, pour ob- tenir la potasse cristallisée , d’évaporer une solution d’hydrate po- tassique, jusqu'a ce qu’elle soit très-concentrée, et de la laisser ensuite long-temps en repos dans un vase clos et en un endroit frais. Selon M. Thénard, on peut obtenir lhydrate de potasse cristallisé en dissolvant de la potasse dans de lalcool aqueux. M. Walter l’a préparé en versant sur 3 à 4 livres de potasse caus- tique fondue un peu d’eau; ensuite, quand la température prove- nant de la combinaison de la potasse a été abaissée, il a ajouté de Veau chaude en quantité suffisante pour dissoudre le reste de la potasse ; au bout de 12 heures, en décantant cette solulion con- centrée, il a trouvé le fond du vase rempli d’une multitude de beaux cristaux transparens. Pour conserver ces cristaux , il faut les faire égoutter très-promp- tement dans un entonnoir de verre, les placer dans un bocal fer- mant à l’émeril et les tenir dans un lieu frais. L’hydrate de potasse cristallisé exposé à l'air, en attire forte- ment l'humidité et se résout en liqueur; cette grande déliquescence rend fort difficile la détermination de ses formes cristallines. Les cristaux paraissent être des rhomboëdres très-aigus, dont le plus ordinairement les arêtes sont remplacées par des facettes. Les cristaux placés sous le récipient de la machine pneumatique, au- dessus d’une capsule contenant de l'acide sulfurique concentré , deviennent opaques et s’effleurissent : ce fait, rapproché de Pex- trème déliquescence des cristaux d’hydrate de potasse, est remar- quable. Il est aussi à noter qu’en se dissolvant dans l’eau, la potasse cristallisée produit un froid très-sensible. Il n’en est pas de même lorsqu'on met la potasse cristallisée en contact avec des acides mi- néraux concentrés et particulièrement avec l'acide sulfurique : il y a production de beaucoup de chaleur, et souvent avec lacide sul- furique la matière est projetée hors du vase ; l’action de l’acide ni- trique et de l'acide hydrochlorique est moins énergique. La po- tasse cristallisée se dissout sans production de chaleur dans une solution concentrée d’acide tartrique ; au bout de quelques instans, il se produit des cristaux de bi-tartrate, sil y a excès d’acide tar- trique. Les cristaux de potasse, mis dans de l’ammoniaque liquide, présentent un phénomène intéressant : la dissolution se fait, mais plus lentement que dans l’eau, et est accompagnée d’un dégage- 19 ment de bullés qui semblent partir de la potasse, traversent len- tement le liquide et disparaissent en se redissolvant dans les cou- ches supérieures; ces bulles sont formées de gaz ammoniac déplacé par la potasse qui S ’empare de l’eau ; 8 labaissement de température qui se produit ici explique la lenteur de la dissolution et de l’effer- vescence. Le procédé que M. Walier a employé pour déterminer les pro- portions relatives de l’oxide de potassium et de l’eau, dans ce composé, consiste à peser très-promptement quelques grammes de ces cristaux, à les dissoudre dans l’eau, à les combiner avec l’a- cide hydrochlorique étendu, à évaporer les liqueurs au bain-marie jusqu’à s'ccité et à doser le chlorure sec, après l'avoir maintenu quelque temps au rouge naissant dans un creuset de platine fermé. L'auteur a fait deux analyses sur des quantités différentes : les résultats concordent parfaitement entre eux. Voici les chiffres d’une de ces analyses : 48",065 de potasse cristallisée ont donné 38",207 de chlorure de potassium correspondant à 18",684... de potassium (le chlorure de potassium_étant formé de 52,53 de po-, tassium et de 47,47 de chlore). 15",684 de potassium représente 25",028 de protoxide de potas- sium (83,05 de potassium se combinant avec 16,95 d’oxigène pour former le protoxide de potassium). L'hydrate de potasse cristallisé serait donc formé de 2,028 protoxide de potassium 2,037 eau où Protoxide de potassium 49,90 AA Eau CT A CES CET Oo; Mais ces données doivent subir une légère correction. D’après M. Dumas, l’hydrate de potasse cristallisé, chauflé au rvuge , est composé de 1 at. protoxide de potassium. . . 587,915 83,95 Dal dieu nee ARR So Ro 6 00) 700,395 100 el l’oxigène du potassium est à l’oxigène de l’eau comme: : +. 20 M. Walter pense que l’hydrate de potasse cristallisé doit être considéré cemme formé de 1 at. de protoxide de potassium. . . 587,915 51,10 Toate d'eau RP CIN ce UE 562,400 - 48,90 1150,315 100 Son poids atomique serait 1150,315, et le rapport de l’oxigène du potassium serait à celui de l’eau comme 1 est à 5. La légère diffé- rence que l’on trouve, entre l'analyse directe et l’analyse calculée , provient évidemment de la petite quantité d’eau qui se trouve à la surface des cristaux et entre leurs lames. On ne-peut d’ailleurs peser ces cristaux sans qu’ils attirent une quantité sensible d’hu- midité. 257,462 de potasse cristallisée, placés dans le vide plusieurs fois et repesés, n’ont perdu que og" 527; quelques cristaux en s’effleu- rissant ont conservé leur forme, d’autres l’ont perdu plusou moins en conservant cependant l'apparence cristalline. Ces nombres mon- trent que la potasse desséchée est composée, en centièmes, de 21,40 eau 78,60 protoxide de potassium qui correspondent à la formule suivante : 1 at. protoxide de potassium. . . 587,919 Fo STE Diat- (d'eau Ur Le 68 720 22,20: 756,635 100 La potasse cristallisée a donc perdu dans le vide 7-at. d’eau. Séance du À juin 1856. Aeousrique : Mécanisme de la voix. — M. Cagniard-Latour met sous les yeux de la Société les deux larynx artificiels dont il a parlé dans sa communication du 28 mai dernier, et il les met en vibra- tion pour que la Société puisse comparer leurs effets. 11 fait remarquer en même temps que l’on peut assez facile- ment, avec l’un ou l’autre de ces appareils , produire tous les sons compris dans une octave, et qu'il suffit, pour cet effet, que pen- dant Vlinsuflation l’on fasse varier à propos, quoique d’une 21 manière presque insensible, la position et la pression des doigts servant à former le rétrécissement au-déssous des lèvres supé- rieures. Il cherche aussi à démontrer que le mouvement vibratoire de ces dernières ne vient pas uniquement , comme on serait porté à le penser, de ce qu’en placant les points de suspension du larynx plus bas que son sommet, on rend ces lèvres plus libres. Daris cette vue, l’auteur saisit l’un des larynx par les angles mêmes de son sommet, de facon cependant qu’en même temps l'appareil se trouve rétréci jusqu’à une certaine distance au-dessous des lèvres, et il fait remarquer qu’elles peuvent alors très-bien vibrer, résultat qui lui paraît démontrer d’une manière évidente l'utilité de ce ré- trécissement inférieur, et qui autoriserait à présumer que le larynx humain lui-même , lorsqu'il vibre, est le siége d’un rétrécissement analogue. Pavsique pu GLose : Température terrestre.— À l'appui d’une assertion qu'il a émise dans la dernière séance, M. Elie de Beau- mont expose les considérations suivantes: Sur la relation qui existe entre l’épaisseur que les glaces perpétuelles peuvent acquérir dans un lieu donné et l’accroissement de température qu’on ob- serve dans les lieux profonds. « Si le globe terrestre était réduit à Vétat thermométrique que Faction du soleil tend à lui communiquer. la température moyenne de tous les points d’une verticale prolongée jusqu'a une grande distance dans son intérieur serait uniforme et il n’y aurait pas de flux de chaleur à travers la surface de la terre. Si, dans cet état de choses, il tombait annuellement sur la surface d’un sol horizontal plus de neige que l’action annuelle du soleil et de l'atmosphère ne peut en faire disparaître ;: la couche de glace à laquelle cette neige donnerait naissance s’accroîtrait avec le temps d’une manière pour ainsi dire indéfinie; ow, du moins, elle ne se limiterait à la fin qu’en raison de l’étendue de la base, et de la diminution qu’éprouverait nécessairement la chute annuelle de neige, à mesure que la surface supérieure de la masse s’élèverait dans l’atmosphère. « L'état thermométrique réel du globe terrestre introduit dans cette question un nouvel élément, c’est le flux de chaleur qui sort conti- nuellement de la terre pourse dissiper à sa surface. On sait qu’a mesure qu’on pénètre dans l’intérieur de la terre, la température moyenne augmente d’une quantité qui peut être estimée moyennement à 7/3 de 22 degré par mètre, mais qui n’est pas la même dans toutes les verticales et que je désignerai gé”éralement par g. On sait aussi que si on dé- signe par la lettre X là quantité de chaleur que laisserait passer, par mètre carré dans le cours d’une année, une plaque d’un mètre d’é- paisseur, formée de la même matière que l’écorce terrestre, dans le point auquel se rapporte l'accroissement g, et dont les deux surfaces présenteraient une différence de température d’un degré, le flux de chaleur qui sort annuellement de chaque mètre carré de la sur- face de la terre a pour mesure le produit g k et suffirait pour fondre RES . 8 une couche de glace dont l'épaisseur serait Fan 7 «On sait encore que, dans un lieu donné, la température moyenne de la surface du sol présente , par rapport à celle que les causes extérieures tendent à lui communiquer, un petit excès f dû à la chaleur intérieure, excès qui est lié aux quantités g et 4 par la relation k représentant la conductibilité extérieure de la surface terrestre. « Dans un lieu où la surface du globe serait formée de glace, les quantités qui viennent d’être désignées prendraient d’autres valeurs g,k,kh,/f entre lesquelles subsisterait toujours la relation g' Re I Le flux de chaleur g' À’ quitraverserait la glace serait généralement moindre que le flux de chaleur g 4 qui traverserait le sol sous-ja- cent, parce qu'unepartie de ce dernier en arrivant à la partie infé- rieure de la glace serait employée à la fondre; c’est principalement par ce moyen que le flux de chaleur qui sort annuellement de la terre intervient pour limiter l'épaisseur de la couche de: glace qui peut s’accumuler à sa surface. | « Mais en outre le flux de chaleur g'#, qui réussit à traverser la _glace, contribue encore au même effet, parce que dans la saison où l'action du soleil fond la glace à sa surface et élève jusqu'a o° sa température qui en hiver doit être plus basse, le flux de chaleur qui s'élève de l’intérieur contribue lui-même à la fusion, et aug- nente là quantité fondue d’une quantité qui peut être désignée 23 nt Lo M soi che par w bé w est ici une fraction qui varie avec le climat et même avec la valeur de g' X', mais que, pour simplifier le problème , je suppose indépendante de g' #', supposition qui n’empêchera pas la solution d’être encore suffisamment approchée, en raison de la pe- titesse de cette fraction w. « Il suffit de traduire en analyse les relations qui viennent d’être indiquées, pour former avec facilité expression de l’épaisseur E que la couche de glace qui couvre la roche solide dans un lieu donné est susceptible d'acquérir. « Si lon appelle T le nombre de degrés centigrades dont la température moyenne de Pair à la surface d’une couche de glace permanente est inférieure à o°, N lépaisseur de glace à laquelle donnerait naissance la quantité de neige qui y tombe annuelle- ment, S la partie de cette épaisseur de glace que Paction du soleil ci ; I et de l'atmosphère font disparaître annuellement , et Fe g k la frac- tion du flux annuel de chaleur qui est employée à fondre la glace à sa partie inférieure , on aura les quatre équations suivantes : (€) gK=hS dont la combinaison donne aisément TA (1—0) FE EE NS) k TB « On remarquera d’abord qu'en posant l'équation (4), on sup- pose implicitement que N est plus grand que S , ou tout au moins égal à S. En effet, si chaque année le soleil fond dans un lieu donné plus de neige qu’il n’y en tombe, il ne peut y exister de glace per- 24 manente , et le problème devient sans objet ( sauf toutefois le cas des glacières naturelles qui sort entièrement de notre objet ). « On remarquera même que dans l'équation (4) la quantité w g'k ne peut être négative, ce qui montre que, pour que le problème soit susceptibie de solution, il faut que l'addition annuelle N —S,, que la couche de glace reçoit à sa surface, soit moindre que la quan- ie gk us nus \ tité totale = que le flux de chaleur intérieure est susceptible d’en fondre : en effet, dans le cas contraire, ce flux de chaleur serait impuissant pour arrêter l’épaississement graduel de la couche de glace, qui ne pourrait être limité que pour d’autres causes déjà in- diquées dans le commencement de l’article. « Le dénominateur g £— 75 (N —S) du premier terme de la va- leur de E doit donc être supposé positif , et, en discutant la manière dont il varie avec g, on reconnaîtra l'influence qu’une variation dans la température de la masse interne de la terre exercerait sur l'épaisseur des glaces permanentes dans un climat donné. « On voit immédiatement que cette épaisseur augmente à mesure que g diminue, et que si, dans sa dimiuution séculaire, g se réduit assez pour que l’on ait g k — 75 (N—S)— 0, l'épaisseur de la glace devient théoriquement infinie, c’est-à-dire qu’elle n’est limitée que par des circonstances accessoires. « La formule qui exprime lépaisseur E des glaces permanentes dans un lieu donné peut être écrite sous la forme de l'équation dune hyperbole, dont les épaisseurs E de la glace seraient les or- données et dont les valeurs successives de g seraient les abscisses. On voit se peindre dans la forme de cette courbe la manière dont l'épaisseur des glaces permanentes augmente à mesure que g diminue. « Lorsque g approche de la valeur qni rend E infini, E varie extrêmement vite. On le voit dans la forme de l’hyperhole et dans 3 la valeur de Ai qui est : dE une a) dg : [gk—35(N—S)]: De là il résulte que les glaces permanentes, qui couvrent une partie du globe, sont un instrument très-sensible pour apprécier les va- 25 riations de g, ou, en d’autres termes, pour vérifier l’extrême len: teur du refroidissement séculaire de la masse interne de la terre. Si là variation de g n’était pas d’une lenteur excessive , ainsi qu’on l'a déjà reconnu par d’autres moyens, une parlie appréciable des glaces permanentes échapperait presque brusquement chaque année aux conditions qui jusque-là en avaient limité l’épaisseur, et il en résulterait, dans la masse des glaces permanentes, un accroisse- ment qui ne pourrait manquer de détériorer les climats tempérés et d'augmenter la rigueur des hivers, qu’on sait, d’après les re- cherches de M, Arago, n’avoir pas sensiblement varié depuis 2000 ans. « Les glaciers des Alpes présentent à la vérité quelques traces de variation. Mais les unes sont en plus, et les autres, peut-être plus nombreuses, en moins. Rien n'indique dans les Alpes que, depuis plusieurs milliers d’années, aucun glacier se soit trouvé dans le cas de sauter brusquement d’une épaisseur limitée à une épais- seur sans autres bornes , que la forme de la montagne et la dimi- nution que sa hauteur amènerait dans la quantité de neige tombée annuellement sur sa surface. » Séance du 11 juin 1856. Cuimie ORGANIQUE : Ether mucique.— M. Pelouze annonce à la Société la découverte que M. Malaguti vient de faire de Véther mucique. Cet éther est solide et cristallise avec facilité; sa saveur est lé- gèrement amère, il fond à 158° et se décompose un peu au-delà de ce terme. L’eau froide n’en dissout que des traces, mais il est très-soluble dans l’eau bouillante et dans l'alcool. Les alcalis le transforment en alcool et en mucates. Il est formé d’un atome d’éther sulfurique et d’un atome d’acide mucique. Sa formule est; C4 H$ÆH: O + CS Hre Of. M. Malaguii a obtenu ce nouvel éther en dissolvant une partie d'acide mucique dans deux parties d’acide sulfurique et chauffant légèrement le mélange avec une partie d’alcool absolu. L’éther se forme et on le précipite en étendant d’eau ce mélange. On le lave, puis on le dissout dans l’eau bouillante d’où il cristallise par le refroidissement. M. Pelouze met sous les yeux de la Société deux échantillons Extr. de l’Institut, journ. des Soc. scient. 4 26 d’éther mucique cristallisés, lun dans l’eau, l’autre dans l'alcool. Crimie ORGANIQUE : Mannite du sucre d’amidon. —M. Fremy communique à la Société les premiers résultats de ses observations sur la mannite du sucre d'amidon. Plusieurs chimistes, et surtout MM. Pelouze et J. Gay-Lussac, ont annoncé l'existence de la mannite dans les sirops de sucre fer- mentés, et on pensait généralement que la mannite était un produit de fermentation. M. Fremy a préparé avec soin du sucre d'amidon par les procédés ordinaires; une fois cristallisé il l’a traité par l'alcool. On sait que ce sucre est peu soluble dans ce véhicule. Si la mannite existait dans le sucre, elle devait se dissoudre : effecti- vement, par le refroidissement de l’alcool et par son évaporation, M. Fremy a obtenu une cristallisation de mannite. D’après cette expérience, il ne pense pas que la mannite soit un produit de la fermentation du sucre d’amidon, mais bien qu’elle se forme par la réaction de l’acide sulfurique sur l’amidon. M. Fremy se borne aujourd’hui à ce fait, sans en tirer de con- séquences, parce que les expériences nécessaires ne sont pas encore terminées; il se réserve de faire connaitre par la suite quelles sont les circonstances les plus favorables pour la formation de la manaite, et quelle est la quantité que l’amidon peut en donner. On conçoit maintenant que, puisque la mannite ne fermente pas, on. doit la retirer facilement des sirops de sucre d’amidon qui ont subi la fermentation. M.Fremy met sous les yeux de la Société un échantillon de mannite, ainsi retirée du sucre d’amidon. Il annonce, en termi- nant, qu'il a examiné tous les sucres d’amidon qui étaient à sa disposition : en les regardant avec soin, zu moyen d’une bonne loupe, il a pu y distinguer parfaitement la présence de la mannite cristallisée» Enfin M. Biot ayant bien voulu lui remettre un sucre qui avait été soustrait à l'influence de l'acide sulfurique aussitôt sa formation, ce que les caractères d'optique de M: Biot lui per- mettent toujours de reconnaître, M. Fremy en a retiré de la mannite, en le traitant par l'alcool à 40°. Zoozocte : Rhizopodes. — M. Félix Dujardin , rappelant les observations qu’il a eu l’occasion de faire l’an passé aux côtes de la Méditerranée et de l’Océan, sur les animaux des Milioles, des Vorticiales, des Cristellaires, etc , qu’il désigne par la dénomina- 2 tion générale de Rhizopodes, présente à la Société un flacon aux parois duquel sont fixés en grand nombre des animalcules voisins des Difflugies, qu’il regarde comme des Rhizopodes d’eau douce et que M. Ehrenberg a déjà indiqués sous le nom d’Arcella acu- deata. As se sont pe dans ce flacon, où étaient conservées depuis quatre mois des feuilles mortes de Typha et de Sparga- nium , recueillies avec de l’eau dans: des étangs aux environs de Paris. C’est en particulier sur les débris de ces feuilles détruites par la macération qu’ils paraissent s’être rassemblés. Leur test corné, brunâtre de ‘à y, de millimètre, est hémisphé- rique ou en segment de sphère, avec une ouverture ronde sur la face plane, et 4 ou 6 pointes disposées comme des rayons au con- tour extérieur. La partie vivante forme dans l’intérieur une masse arrondie, moins large que le test a travers lequel on l’apercoit par un effet de réfraction. Cette partie vivante émet, par l'ouverture de la face plane un ou plusieurs prolongemens mous qui s’allongent par laflux de la substance intérieure et adhèrent en s'étalant sur le plan de reptation par leur extrémité, puis, en se contractant, font avancer lanimalcule vers le point d’attache. Par suite de cette émission de la substance au dehors, il se produit, à l’intérieur, des lacunes rondes ou vacuoles. La maniere dont les prolongemens se forment et s'étendent, soit en avant, soit latéralement, montre suffisimment qu’ils manquent de tégument propre; en effet, on n’y distingue qu’une substance glutineuse homogène avec quelques granules disséminés, et le mouvement d’afflux porte toujours vers l'extrémité ou dans les nouveaux prolongemens les dernières par- ties amenées par le mouvement d’afflux; tandis que si ces prolon- gemens étaient, comme le suppose M. Ebrenberg, des espèces de hernies contenues dans une portion plus relâchée du tégument, les parties contenues au fond du sac ne pourraient être déplacées par de nouvelles substances arrivant. M. Félix Dujardin signale les aiguillons de leur test comme pou- vant, sinon expliquer, au moins faire concevoir par analogie la formation des pointes du test des Vorticiales et des Cristéllairés, qui-ont essentiellement la même organisation intérieure, et ne différent des Arcelles, que par leur test calcaire à plusieurs loges, percé de pores servant'au passage des! piounenions filiformées:, ra- meux , de la substance intérieure. “a 28 Sur les feuilles mortes de Typha se trouvent aussi des Difflugies, dont le test corné ressemble davantage à celui de la Gromia,et qui n’en diffèrent également que par leurs prolongemens plus courts, plus gros et simples ou peu rameux. On peut donc, dans ces êtres inférieurs, sans tégument propre sur la partie vivante , apercevoir une série continue, depuis les Amibes jusqu'aux Milioles et aux Cristellaires, en passant par les Diflugies, les Arcelles et les Gromia. _ Séance du 18 juin 1856. — M. Babinet annonce à la Société que le Mémoire de Fresnel sur la polarisation de la lumière , duquel M: Biot a eité une page à l’Académie des sciences de Paris, en regrettant que le Mémoire fût perdu , a été imprimé , au moins en extrait, dans le Bulletin des sciences de la Société philomathique , en 1824. Méréorococte : Halos. — M. Babinet annonce aussi que le ca- pitaine Back, dans son nouveau voyage à travers l'Amérique du nord, a observé un halo de lune présentant , autour de l'astre, un grand cercle lumineux, avec quatre paraselènes et deux diamètres en croix. M. Babinet ajoute que la ligne verticale de cette croix est très- rare à observer dans! de semblables phénomènes. GéÉocrAPRIE : Amérique du nord.— M. Eyriès entretient la So- ciété du voyage du capitaine Back, dont on vient de parler, à tra- vers les parties les plus septentrionales de l'Amérique du nord. Cette relation offre beaucoup d'intérêt sous le point de vue géo+ graphique. Par la rivière de Thlwi-Choh , le capitaine Back est descendu jusqu'a la mer Arctique. Plusieurs morceaux de bois flotté, dont un morceau de neuf pieds de long , recueillis sur la côte, non loin de l’embouchure de la rivière, ont prouvé que c’était bien à la mer qu’on était arrivé, et établi la continuité deila côte depuis l'embouchure du fleuve Mackenzie , ainsi que l’existence d'un courant, venant de l’ouest, par lequel le bois avait été ap- porté. La relation du capitaine Back confirme d’ailleurs l'opinion énoncée par M. Eyriès, dans une publication récente, que cette partie du continent américain présente des milliers de lièues car- rées qui sont et seront toujours inbabitables. Came : Fermentation, — M. Cagniard-Latour, dans la séance 29 du 7 mai dernier (voir l’Institut, n° 159), avait rapporté qu'ayant essayé d'employer la gelée nouvelle de gélatine pour faire fermen- ter le sucre, comparativement avec de la gelée semblable, qui était contenue depuis quinze mois dans des tubes soudés, il avait trouvé que celle-ci était un ferment plus prompt que la première. Il entreprend aujourd’hui d’expliquer les causes de cette diffé- rence. he : A cet effet, il rappelle d’abord que ses observations microscopi- ques sur la levure de bière démontrant que les grains dont est composé ce ferment sont des globules, on peut les considérer comme des êtres organisés, lesquels sont probablement du règne végétal, puisqu'on ne leur voit pas exécuter de mouvemens loco- motifs. Il fait remarquer, en outre , que ces globules étant fort pe- tits, puisque le diamètre de ceux qui paraissent avoir atteint le maximum de leur développement n’est guère que d’un 150° de millimètre environ , il est permis de présumer que les graines ou séminules propres à reproduire de pareilles plantes sont bien plus ténues encore , et que, dès lors, elles peuvent fort bien exister dans beaucoup de corps, sans y être perceptibles tant qu’elles ne se développent point; il a fait, d’ailleurs, fermenter en vases clos diverses liqueurs dans lesquelles primitivement on ne distinguait pas de globules , et qui, plus tard, en ont déposé abondamment pendant la fermentation. L'auteur ayant cherché à savoir s’il s’était produit quelques chan- gemens dans la nature de l'air que contenaient les tubes où était enfermée la gelée conservée dont il vient d’être question , il a re- connu que cet air était dépourvu d’oxigène, et par conséquent altéré, comme celui que M. Gay-Lussac , dans son Mémoire sur la fermentation vineuse, rapporte avoir retiré des appareils d’Ap- pert(1). Mais il n’en a pas été de même pour d’autres tubessemblables que l’on avait ouverts vingt-quatre heures après qu’ils avaient été préparés et soumis à la chaleur de l’eau bouillante ; car l'air retiré de ces tubes ne différait qu’a peine de l’air atmosphérique. M: Ca- gniard-Latour suppose , en conséquence , que la gelée de gélatine pouvant, en agissant sur le sucre, donnerlieu au développement de EEE ELEC en mmél (1) Voyez Annales de chimie, 1810, t. 2. 30 globules qui n’existaient pas auparavant , doit en recéler nécessaire: ment les graines. Ces graines, infiniment petites, ne se détruisent point par la chaleur appliquée au tube contenant cette gelée; de sorte qu’ensuite, avec le temps, elles absorbent l’oxigène resté dans Vair du tube, prennent même probablement un léger commence- ment de, développement ou de germination, et, par ce concours de circonstances , deviennent plus aptes que les séminules de la gelée nouvelle à provoquer les phénomènes de la fermentation, phénomènes dont les causes seraient ainsi plus compliquées qu’on ne le pensait; puisque les globules du ferment, dans leur action sur le sucre, semblent, d’après ce qui précède, jouer le rôle de corps vivans. Il fait aussi remarquer que ces globules paraissent ne point perdre la vie par la privation d’eau; puisque la levure, lors- qu'elle est sèche, même depuis long-temps, ne laisse pas de pouvoir être encore un très-bon ferment , comme tous les chimistes le savent. Zootocre : Rhizopodes. — M. Peltier annonce à la Société qu'ayant examiné depuis la dernière séance le bocal contenant les Rhizopodes dont M. Dujardin a entretenu la Société, il a reconnu l'exactitude des faits exposés par M. Dujardin : il a vu deux bras de Diflugies se souder par l'extrémité antérieure, et former ainsi un anneau fermé qui s’est bientôt rempli par l'expansion glutineuse venue des deux extrémités. L’observation de M. Dujardin, sur la soudure instantanée des élongations tentaculaires des Gromia: et des Milioles lui paraît très-importante ; il fait observer qu’un or- gane sans membrane et coulant à la manière d’un liquide glutineux, sur lequel l'animal conservait toute sa puissance d’action pour le développer, le retracter et le souder à d’autres, était un fait phy- siologique en dehors des idées admises jusqu’à ce jour.M. Peltier a constalé que ces organes ne s’épanchent et ne se soudent que par la volonté de l'animal; car il en a vu se redresser verticalement, se contourner l’un sur lautre sans se souder et en conservant leur forme lamelleuse; puis tout à coup une des spires s’est soudée en un point, et bientôt elle ne formait plus qu’une tentacule simple, ne conservant rien de sa formation primitivement contournée- Il a suivi aussi les mouvemens de deux Difugies voisines, dont les expansions se touchaient et se refoulaient sans se confondre, comme font ou peuvent faire deux expansions du même animal. 31 ‘Géozocre : Craie et calcaire grossier de Meudon. — M. Des- hayes entretient la Societé des observations qu’il a faites dans une carrière du Bas-Meudon, où l’on observe, ainsi que M. d’Archiac l’a annoncé à la Société géologique de France, Îe contact immé- diat de la craie et du calcaire grossier, l’un et l’autre bien déter- minés, selon M. Deshayes, par les fossiles qu’ils renferment, fos- siles tout-à-fait différens les uns des autres dans les deux terrains. Dans cette carrière, immédiatement au-dessus de la craie dure ou caillasse, se présente une couche de calcaire grossier, puis diffé- rentes alternatives de calcaire, de marnes et d'argile plastique; puis la couche épaisse d’argile plastique; puis enfin le calcaire gros- sier supérieur. Des fissures, qui pénètrent dans la craie, à partir de la surface supérieure de la couche de caillasse, sont remplies par un calcaire contenant les coquilles du calcaire grossier , ce qui paraît a M. Deshayes confirmer son opinion sur la détermination et la distinction des deux terrains qui sont ainsi superposés l’un à l’autre. M. Deshayes pense donc que l’on ne doit pas admettre , comme générale , cette proposition, que la plus ancienne formation tertiaire est la formation lacustre de l’argile plastique; il pense que la dis- tinction entre la craie et les terrains tertiaires, distinction déter- minée d’une manière précise par la différence des fossiles propres à ces deux époques géologiques , conduit à reconnaître à Meudon des couches tertiaires marines, analogues au calcaire grossier, comme situées au-dessous de l'argile plastique et en contact immé- diat avec la craie. | — M. Élie de Beaumont, qui a observé la même localité avec M. Deshayes, déclare à la Société que ses observations l'ont con- duit à une opinion tout-à-fait différente. Il pense que la séparation entre les terrains de craie et les terrains tertiaires est surtout dé- terminée par les traces des grandes érosions que les eaux ont pro- duites partout à la surface du terrain crétacé, et par les dépôts la- custres, d’argiles, de sables, de cailloux, qui se sont formés à la suite de cette révolution aqueuse. M. Élie de Beaumont retrouve à Meudon les traces de telles érosions, immédiatement au-dessous de la couche épaisse d’argile plastique signalée ci-dessus par M. Deshayes ; 1l croit, en conséquence, que c’est avec cette couche que commencent les dépôts tertiaires ; que les couches ma- 32 rines, situées plus bas, doivent donc être considérées comme appartenant à la partie supérieure du terrain crétacé, et que les distinctions zoologiques que M. Deshayes veut établir, et quine s'appuient ici que sur un petit nombre d'espèces, la plupart des coquilles recueillies dans cette localité étant indéterminables, ne … peuvent prévaloir contre le grand caractère géologique que pré- sente la disposition générale des deux terrains; qu’on doit seule- ment admettre ici, comme il faut l’admettre pour certains terrains crétacés du midi de la France, aue plusieurs espèces animales, dont les restes se présentent abondamment dans les plus anciens terrains terliaires, existaient déjà lors du dépôt des terrains crétacés. Séance du 25 juin 1856. Cum €. Dépôts de vins. — M. Cagniard-Latour communique à la Société de nouvelles observations sur les dépôts de divers vins. En indiquant précédemment les principaux résultats de ses ob- servations microscopiques sur les lies que divers vins en bouteille avaient déposées en vieillissant, l’auteur faisait remarquer que l’on ne trouvait de traces évidentes d'organisation que dans les lies ou dépôts provenant de vins moyennement spiritueux, comme par exemple ceux de la Romanée, de Bordeaux et de Mâcon, lesquels dépôts paraissent composés principalement de petits corps filifor- mes, ou de filamens très-courts et de quelques globules; mais que les vins plus chargés d'alcool, tels que le Madère, le Malaga et Alicante, n’offraient que des parcelles amorphes. Il annonce au- jourd’hui qu'ayant essayé d’employer, pour faire fermenter le su- cre, un dépôt amorphe provenant d’un vin de Tavyel très-spiri- tueux, comparativement avec un dépôt filamenteux de vin de Mâcon , il a obtenu de ce dernier dépôt une bonne fermentation, mais que l’autre, au contraire, n’a fermenté que d’une manière presque insensible, ce qui lui paraît être un argument de plus en faveur de son opinion, que les fermens doivent être considérés comme des matières organisées. Il a mêlé ensuite une dissolution de sucre avec le vin de Tavel lui-même; ce mélange a fermenté assez activement et a déposé abondamment des globules de levure, ce qui indiquerait que le Tavel, malgré sa force alcoolique, recèle cependant des séminules susceptibles de se développer à l’aide du sucre et d’une certaine proportion d’eau. Ces fermentations , ainsi 39 que toutes celles dont l’auteur a jusqu’à présent entretenu la So- ciété , ont été faites à l’abri de l'air ambiant, c’est-à-dire dans des po rodés à l’émeri, mais dont les bouchons ne sont que posés dans leurs douilles, de façon à pouvoir, en se soulevant comme une soupape de sûreté, donner issue au gaz dégagé, . M. Cagniard-Latour, ayant eu occasion d'assister en 1835 aux vendanges de La Peyrollière près Lyon, a profité de cette circan- stance pour se procurer une certaine quantité de levure de vin rouge décuvé depuis peu de jours; en l’examinant au microscope, il a trouvé qu'elle était composée de globules assez semblables à ceux de la levure de bière. Mais ayant ensuite examiné la lie dont le vin de La Peyrollière se dépouille en vieillissant dans les bou- teilles , il a reconnu qu’elle était composée principalement de détri- tus filamenteux, analogues à ceux des dépôts de vin de Mâcon. Ces filamens proviennent peut-être, suivant lui, de globules qui seront devenus filiformes avec le temps; de même qu’on peut soupconner aussi, quoiqu'avec moins de ressemblance, qu'ils constituent un ferment d'une espèce différente et analogue, par exemple, à la levure du cidre, levure dont les globules sont en général oblongs. La levure du vin nouveau dont il vient d’être question, ayant été séchée à l'air, a pris aspect d’une terre grise et opaque, ce qui fait présumer à l’auteur que les végétaux globuleux dort elle se compose sont d’une autre espèce que ceux de la levure de bière; car celle-ci , lorsqu'elle est sèche , ressemble à une matière cornée, translucide , comme on le sait. l’auteur conserve d’ailleurs en bouteille depuis onze mois une liqueür vineuse obtenue par l'ac- tion de la levure de bière sur du sucre, et il fait remarquer que dans l'espèce de lie globuleuse dont ce liquide s’est dépouillé, on ne voit encore aucun détritus filamenteux. Il avait enfermé dans des tubes de verre divers vins, soupcon- nant qu'avec le temps ces liquides, quoique très-spiritueux , absor- beraient l’oxigène de l'air laissé dans les tubes; il a reconnu en effet que cette absorption se manifestait déjà au bout de trois mois, bien qu'ensuite les vins ne parussent pas s’être altérés d’une manière sensible. Une expérience analogue a été faite sur un liquide com- posé d’une partie d'alcool à 43 degrés et de 10 parties d’eau dis- tillée, mais n’a pas présenté les mêmes résultats ; car l'air retiré Ext. de l'Institut. 5 34 du tube après un an d’épreuve ne différait pas encore sensible- ment de l'air atmosphérique. PuaysiorociE vëGéTALE : Développement de Conferves.— M. Ca- gniard-Latour fait une autre communication, relative à ses nou- | velles observations sur les Conferves très-colorées que l’on peut . faire développer dans une cave par le procédé qu’il a déja in- diqué (1). à Lorsque l’on isole ces Conferves de leur liquide natal, en les plongeant dans une eau soustraite à l’action de l'air chargé de va- peur acétique , leur accroissement cesse, mais elles paraissent pouvoir vivre encore très-long-temps dans la nouvelles eau, pou vu que celle-ci soit exposée au contact de l'air ambiant. Un amas de pareilles Conferves qui était isolé ainsi depuis 15 mois , ayant été ensuite remis dans l’eau d’un appareil dont le siphon contenait de l'air et de l’acide acétique, a continué de croître comme d’ordi- naire. Un second amas, également isolé depuis le même temps, mais que l’on avait fait sécher ensuite par une douce chaleur, a été mis dans un appareil semblable au précédent; la plante n’a pas repris son volume primitif en s’imbibant, ce qui ferait croire à l’auteur qu’elle était morte ; mais il regarde comme probable que ses graines ouséminules reproductrices vivaient encore, car il s’est développé sur la plante elle-même un grand nombre de nouveaux filamens confervoïdes. Enfin, des productions analogues ont été obtenues avec un troisième amas qu on avait soumis pendant cinq minutes à la chaleur de l’eau bouillante, avant de Le placer dans l'appareil qui lui était destiné. C’est ordinairement d’eau de ie filtrée que l’auteur remplit les verres des appareils à produire ses Conferves, et les flocons obtenus se répartissent assez également dans la masse du liquide. Avec un appareil dont le verre était rempli d’eau tirée d’un puits, les Conferves se sont réparties d’une manière semblable ; mais leur production a été peu abondante et leur couleur tirait au vert jau- nâtre. Dans un autre appareil où l’eau employée était celle de la pluie, la production confervoïde s’est développée abondamment; elle était d’un vert presque noir comme on l’obtient avec l’eau de (1) Voyez Annales des Sciences naturelles, juillet 1835. 39 Seine filtrée; mais les flocons étaient amassés en une couche épaisse en haut de la masse liquide. Un troisième appareil, rempli d’eau qui a été distillée par une température de 150° centig., est en expérience depuis trois mois, mais il ne fournit pas encore de flo- . cons filamenteux; on y voit seulement quelques petits groupes de globules argentins, qui, sousle microscope, paraissent avoirla même forme et la même grosseur à peu près que ceux ide la levure de … bière. _ Enfin, un simple verre, rempli d’eau de Seine filtrée, que lon entretient légèrement acide depuis 13 mois, en ajoutant à cette eau de temps en temps qnelques gouttes de vinaigre , n’a produit jusqu’à présent que des flocons incolores. Cire : Action de la potasse, de la soude et de l’ammoniaque sur l’amidon.— M. Payen communique à la Société les résultats d'essais qu’il vient de faire, dans la vue de vérifier si une réaction, dont les produits solubles restent dissous en totalité ou en partie, est complète, ou s’il y aurait , au contraire pour certains Cas, par- tage entre les acides et les bases : ces opinions, qui ont encore, toutes deux leurs partisans, viennent d’ailleurs d’être discutées dans le cours de philosophie chimique de M. Dumas, et parais- saient déjà trouver une solution dans les phénomènes de la satu- ration du borate de soude par l'acide sulfurique. Le nouveau moyen d’essai de M. Payen est fondé sur la diffé- rence entre l’action de la potasse et de la soude, et celle de l’am- moniaque, sur l’amidon. En effet, l’eau-chargée d’'ammoniaque n’agit pas sensiblement, tandis que moins d’un centiènie du poids du liquide en soude ou potasse suflit pour faire gonfler énormé- ment toute la matière organique , au point qu’elle peut occuper alors de 70 à 100 fois son volume. Si donc on met en contact une solution de soude ou de potasse et une solution de sulfate d’ ammoniaque dans des proportions tel- les que les deux bases soient exactement équivalentes, à l’ins- tant même la réaction est complète : il n’y a plus ni sulfate d’am- moniaque ni soude ou potasse libre; car le liquide ne conserve aucune action sensible sur la fécule , tandis que 0,02 de l’une des bases fixes employées eussent suffi pour rendre la fécule gélatini- forme, en faisant gonfler considérablement son réseau organique. L'auteur s’est d’ailleurs assuré que, dans un mélange d’ammo- 36 niaque et de sulfate de soude et de potasse dissous en proportions équivalentes , il suffit d’ajouter 0,01 du poids de la solution en soude ou potasse purés pour donner au liquide la propriété de déterminer à l’instant même l’extension de la fécule. M. Dumas, à qui M. Payen venait de communiquer ces premiers résultats, a pensé qu’on leur trouverait une application utile, dans les essais commerciaux des mélanges de sels ammoniacaux avec des sels à bases de soude ou de potasse; M. Payen annonce qu’il s’oc- cupera prochainement de cette nouvelle série de recherches, et en outre d'augmenter la sensibilité de la substance spongieuse qui constitue l’amidon, en pratiquant quelques déchirures sur ses couches enveloppantes qui sont moins perméables et plus résistantes que les parties enveloppées, bien que les unes et les autres soient douées d’une extensibilité et d’une contractibilité remarquables. Séance du 2 juillet 1856. CHIMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE : Productions organisées. .— M. Cagniard-Latour communique de nouvelles observations sur les globules du ferment. Il expose qu’en étudiant, à l’aide du mi- croscope et d’un grossissement de 500 diamètres, les principales phases d’une fermentation vineuse produite par laction de la gelée de gélatine sur une dissolution de sucre, il a cru reconnaître que les grains oblongs et très-petits qui apparaissent les premiers, lorsque le mélange commence à se troubler, sont composés eux- mêmes de trois ou quatre et quelquefois d’un plus grand nombre d’autres grains secondaires, qui semblent avoir poussé les uns sur les autres, comme par l'extension ou le prolongement d’un pre- mier grain ou émbryon. Quant aux globules que l’on découvre un peu plus tard, ils sont en général isolés; cependant on distingue parmi eux des agelomérations dans lesquelles ils semblent encore intimement liés les uns aux autres, ce qui ferait présumer que les globules.se sont formés par le grossissement des grains primitifs. Ces observations, suivant l’auteur, confirment son opinion que les globules du ferment appartiennent au règne végétal. Le même membre annonce que, dans la vue de savoir quel genre de corps organisés microscopiques on pourrait faire déve- lopper dans l’eau, suivant qu’elle serait plus ou moins profonde, il avait suspendu verticalement, dans une chambre éclairée par la 37 lumière solaire directe, trois tubes en verre de gros calibre, où espèces d’éprouvettes, ayant l’une un mètre, la seconde un mètre et demi et la troisième deux mètres de hauteur. Au fond de ces tubes, qui étaient remplis d’eau de Seine et fermés par des cou- vercles en étain, il s’est formé peu à peu un dépôt de matière verte. En examinant au microscope chacun de ces dépôts, l’auteur a reconnu 1° que celui du tube le moins long était composé de globules ayant un peu de mouvement; 2° que le dépôt du tube moyen offrait également des globules mais paraissant immobiles ; et 3° enfin que la matière verte du tube de deux mètres était com- posée de petits corps ressemblant les uns à des cosses de Bague- naudier, et les autres à des espèces de courts fuseaux terminés en pointes aiguës. Enfin M. Cagniard-Latour a voulu savoir si quelques productions organisées pourraient se développer dans un dépôt de peroxide de fer. Après avoir versé dans une dissolution hydrochlorique de ce peroxide une infusion brune de blé torréfié, il a formé dans ce mélange un précipité d’oxide ferrugineux, par l’addition d’une proportion convenable de lait de chaux; l’oxide, combiné ainsi avec la matière colorante de l’infusion , a été lavé avec de l’eau de Seine à plusieurs reprises et abandonné ensuite, délayé de cette eau , dans un verre à pied qui était placé dans une cave. Peu à peu il s’est développé, dans le dépôt d’oxide, diverses productions or- ganisées, notamment des flocons filamenteux, et en même temps le dépôt est devenu noir, de jaune qu’il était. Quelques uns des flocons noirs, ayant été retirés du dépôt et placés dans une capsule contenant un peu d’eau, sont devenus jaunes en 24 heures, par l'influence de l'air ambiant; mais ces flocons, ayant été ensuite re- mis dans une eau moins exposée au contact de l’air, sont redevenus noirs au bout de quelque temps, ce qui fait présumer à l’auteur que les productions organisées contenues dans le dépôt ferrugineux ont la propriété de pouvoir le désoxider en partie. — À la suite de la communication de M. Cagniard-Latour, M. Dujardin fait observer que le fait bien constant de la prolonga- tion des globules du ferment en d’autres globules réunis par un étranglement, prouve que ces globules ne sont pas des êtres adultes, mais seulement un premier degré de développement de certains végétaux tres-simples. Conséquemment on peut supposer que, de 38 même que les séminules de moisissures, ces globules se forment spontanément. LE — M. Dujardin communique ensuite quelques observations sur les séminules de la Conferva rivularis, qu’il a vus se mouvoir, dans le tube de la Conferve et au-dehors, mais d’une manière irré- gulière, en décrivant des arcs de cercle plus ou moins grands sans donner aucun indice de volonté comme les Infusoires qui savent éviter les obstacles. Il rend compte aussi des tentatives infructueuses qu'il a faites pour constater si ce mouvement serait dû à un effet d’endosmose. Des tubes de verre ou des tuyaux de plumes pleins de sirop de sucre, fermés par une membrane très-lâche et soutenus dans l’eau au-dessous de la surface par un anneau de liége, se sont tenus immobiles pendant que la membrane se gonflait à une ex- trémité. Zoozocie : Tétards de Grenouilles. — Le même membre an- nonce qu’il possède deux têtards de Grenouille, nés au printemps de l’année 1834, et qui, pour la troisième fois, font paraître des pates. Dans les deux années précédentes, ces pates, développées jusqu’à un certain point, ont été résorbées à l'hiver, et tout fait penser qu’il en sera de même cette année. Ces alternatives de dé- veloppement et de rétrogression proviennent , suivant l’auteur, de ce que les tétards sont conservés dans un vase de deux litres au plus, et de ce que leur nourriture n’a pas été abondante. Séance du 9 juillet 1856. M. Payen annonce à la Société que la vis soufflante de M. Ca- gniard-Latour, connue sous le nom de Cagniardelle, et qui sert à l’épuration du gaz-light, vient d’être appliquée avec succès comme compteur du gaz dans les lieux de distribution. Cet ustensile, construit en fer-blanc, a été employé depuis l’année dernière pour livrer le gaz de la résine aux consommateurs, et lon a pu observer que l'alimentation de 150 becs, à laquelle sap- plique le compteur en question, n’augmente que d’une ligne d’eau la pression utile à l'écoulement du gaz. En Angleterre, on emploie avec grand avantage la cagniardelle construite en étain pour la distribution d’une partie du gaz de la houille, et M. Charles Lan s'occupe à Paris de réaliser la même application utile. 39 Cie : Fermentation. —M. Cagniard-Latour expose la suite de ses recherches sur la fermentation vineuse. On sait que la levure de bière, après qu’elle a servi à faire fer- menter le sucre, n’est plus un ferment aussi actif, quoiqu’elle n’ait que peu diminué de poids. L'auteur suppose que, dans la levure ainsi appauvrie, une partie des globules sont morts; à l'appui de cetle opinion, il rapporte qu'ayant examiné au microscope une levure avec laquelle on avait opéré successivement deux fermen- tations de sucre, il a reconnu qu’elle contenait beaucoup de glo- bules dont les bords étaient frangés et comme déchirés, tandis que, dans une levure nouvelle, les contours des globules sont en général nettement dessinés. Il fait observer ensuite que , le moût de bière produisant pour l'ordinaire par sa fermentation plus de levure qu’on ne lui en fournit pour le mettre en levain, on peut présumer que l’excédant vient principalement de ce que les glo- bules du levain en reproduisent d’autres; ainsi, continue l’auteur, cet excédant prouverait au besoin que la levure est une production vivante, laquelle semble mème remarquable en ce sens qu’elle peut naître et se développer au sein de l'acide carbonique. & Le même membre rapporte qu’il a exposé dans une capsule, au contact de l'air ambiant, de la gelée de gélatine, pour qu’en sal- térant elle devint liquide, et il fait remarquer qu'avant cette liqué- faction , qui s’est produite en 14 jours , il s’est formé dans la masse gélatineuse plusieurs grosses bulles gazeuses, quoiqu’alors elle n’eût encore contracté aucun mauvais goût. Il ajoute que cette gelée ainsi liquéfiée a été mêlée ensuite avec une dissolution de sucre, mais que, contrairement à ce qui pouvait être prévu, son ac- tion sur le sucre paraît être extrêmement faible ; puisque le mélange ne fermente pas encore d’une manière sensible, quoique le flacon où il est renfermé ait été mis en expérience, il y a plus de trois mois, c'est-à-dire au 23 mars dernier; tandis que, dans un second flacon où l’on avait introduit à la même époque une dissolution de sucre et de la gelée nouvelle de gélatine, la fermentation est main- tenant terminée à peu près, quoiqu'elle ait marché assez lente- ment comparativement avec celle d’une autre dissolution sucrée, a laquelle on avait ajouté de la gélatine sèche réduite en poudre. En observant les principales phases d’une fermentation de sucre, produite à l’aide d’un dépôt filamenteux qu'avait fourni du vin de 40 Mâcon, l’auteur a reconnu que le dépôt changeait de nature assez promptement, de façon qu’ensuite il était principalement composé de globules, mais parmi lesquels on apercevait encore çà et là des troncons paraissant provenir de filamens détériorés; avant ce changement, il avait remarqué que quelques filamens sétaient cloisonnés, et que leurs extrémités offraient un commencement de rupture dans les points correspondans aux cloisons : il suppose en conséquence que les cloisons contiennent des nœuds vitanx qui, pendant la fermentation, se développent de manière à produire des globules et à faire disloquer ainsi les filamens nourriciers. L'auteur avait rapporté, il y a plus d’un an (1), qu'ayant examiné au microscope un dépôt de vin de Pomard, il avait trouvé ce dé- pôt composé principalement de petites plaques incrustées de par- celles irrégulièrement arrondies; d’après de nouvelles investiga- tions, il fait remarquer que ces parcelles sont ex général formées de petits globules paraissant réunis comme s'ils étaient soudés, ce qui lui semble s’accorder avec l’hypothèse que les globules du fer- ment se forment par le prolongement d’autres globules, comme il l'a déjà expliqué. D'ailleurs, en examinant au microscope avec beaucoup d'attention de la levure fraîche de bière, il y a vu aussi des globules multiples, c’est-à-dire réunis par des étrangle- mens, etil a même reconnu que les soudures étaient assez résis- ‘ tantes pour ne point se détruire , lorsque l’on communiquait à ces globules des secousses violentes en frappant sur le verre de recou- vrement avec la pointe d’un canif. L'auteur présente diverses autres observations qu’il résume de la manière suivante : 1° La levure sèche du vin nouveau, dont il a été question pré- cédemment, ayant été mêlée avec une dissolution de sucre, en a provoqué promptement la fermentation; mais le liquide vineux produit était à peu près incolore, quoique la levure fût rouge, avant qu'on ne l’eût reudue grise en la faisant sécher ; 29 Un essai semblable de fermentation ayant été fait avec un échantillon de la même levure, après qu'on l’eut exposé à une température de 5° C. au-dessous de zéro, a présenté les mêmes résultats; (a) Séance du 9 mai 1835. ai 5° Une lie retirée d’un tonneau du même vin, mais beaucoup plus tardivement, e’est-à-dire six mois après le décuvage, n’est point devenue grise en séchant à l’air. Sous le microscope, elle paraissait composée de parcelles amorphes et de cristaux. D'ailleurs, cette lie sèche n’était qu’un très-médiocre ferment; cependant, après qu’on l’eut mêlée avec deux parties de levure sèche du vin nouveau, elle put alors faire fermenter assez activement une dis- solution de sucre qu’elle a colorée en rouge assez fortement. 4° Enfin, les globules du ferment sont en général d’une trans- parente assez nette; cependant, en examinant de la levure de bière pendant qu’elle faisait fermenter du sucre, l’auteur à vu dans cette levure , qui était restée sèche pendant six mois avant d’être employée, beaucoup de globules paraissant contenir une matière granuleuse, surtout lorsqu'ils étaient fortement serrés entre deux plaques de verre; il a remarqué aussi sur plusieurs glo- bules pressés ainsi une tache ovale où espèce de cicatricule, ce qui lui semble encore favorable à l'hypothèse que les globules du ferment peuvent se foimer par le prolonsement d’autres globules. Puysique : Électricité. — M. Peltier lit des observations sur quelques causes d'erreur dans les mesures des tensions électriques, et la description d’un nouvel électromètre. Cette communication est faite à l’occasion d’une Note publiée par le professeur Belli de Milan dans la Bibl. ital. 1. 81, dans la- quelle il est dit que l'électricité négative se dissipe dans un temps moitié moindre que. l'électricité positive. Etonné d’un tel résultat qui aurait échappé aux recherches de Coulomb et de M. Biot (Phys. mat. 2, 256), M. Peltier a cherché quelle pouvait être la cause de cette différence qu'a trouvée le physicien italien dont il ne met pas en doute la véracité, Pour répéter ces expériences , il a rejeté l’électromètre de Hen- ley, comme lourd et inexact. La baïance de Coulomb, qui est un instrument précieux lorsqu'on veut mesurer le rapport des forces répulsives, lui a paru également porter en soi une cause d’erreur lorsque lexpérience doit durer long-temps. Cet instrument est composé, comme on sait, de deux boules isolées dont une est fxe et l'autre mobile autour d’un fil de suspension. On donne à la boule fixe une charge quelconque d'éjectricité qu'elle partage avec Ja boule mobile, et celle-ci est repoussée à une distance dé- Extr. de l’Institut. 6 42 pendante de la quantité d'électricité expérimentée. M. Peltier fait remarquer que, pEnent tout le temps que dure l’expérience, les deux boules actives n’étant plus en communication doivent perdre et perdent en effet d’une manière inégale leur électricité, soit par leurs aspérités différentes, soit par l'humidité de l'air, ou par toute autre cause, et qu’il résulte de cette inégalité d’action une déviation qui n’est plus l'expression des seules quantités répulsi- ves. Aussitôt, dit-il, que l'inégalité de charge a lieu, l’action se complique de la répulsion des électricités semblables et de Pattrac- tion qu'opère le surcroît de lune des boules sur l'électricité con- traire de l’autre boule qu’elle y développe par influence. Pour prouver cet énoncé, il fait connaître des expériences dont voici le résultat. ILa donné à la boule fixe une quantité électrique suffi- sante pour obtenir 17° äe répulsion; il a continué ensuite d'augmenter la charge de la boule fixe, jusqu’à ce que la répul- sion atteignit 34°. Les boules étaient alors inégalement chargées; il les rapprocha jusqu’au contact pour les équilibrer : l'aiguille mobile rétrograda aussitôt jusqu’à 60°. L’inégalité de répartition électrique entachait donc la première opératign d’une erreur de 26°. Dans une autre expérience, la charge électrique donna 12° de répulsion; l’auteur y maintint la boule mobile pendant qu'il augmentait la charge de la boule fixe : lorsqu'on fut arrivé à une certaine tension , la boule mobile , qui jusque-là avait été repous- sée, fut vivement attirée, partagea le surplus électrique, puis, rendue libre, fut repoussée à 100°. Par une troisième série d’'ex- périences, l’auteur a constaté que la répulsion m'était point en rapport avec les quantités ajoutées à la boule fixe. Il en conclut, ainsi que nous l'avons dit, que la balance de Coulomb est peu propre à la mesure e d'expériences qui doivent durer plusieurs heures. En conséquence, pour répéter les expériences du professeur Belli, M. Peltier s’est servi d’'nn électromètre de son invention, dont les parties actives sont toujours en communication métalli- que. Get électromètre a quelque chose du diagomètre de M. Rous- seau. Sur un socle rond est collé un cadran plus petit, divisé en 360°. À 5 centimètres au-dessus de ce dernier, est une forte tige en cuivre qui le traverse dans son diamètre de zéro à 1800. Un bout est fixé et isolé par de la résine; l’autre bout, plus long , se 43 replie, traverse le socle dont il est isolé par de la résine et sort latéralement, puis se redresse pour recevoir des plateaux ou tout autre appareil. Au milieu de la tige répondant au centre du ca- dran, est soudé un petit plan concave d’acier poli sur lequel est placé le pivot d’une aiguille : cette dernière est un long fil recourbé qui vient s’appliquer contre cette tige dans l’état de repos. On va- rie cette aiguille suivant les expériences que l’on doit faire. Si on veut une grande sensibilité, on la forme d’un fil de cuivre très- fin et on lui donne une direction par un très-petit fil d’acier fai- blement aimanté, placé sur le pivot de l'aiguille. Cette aiguille ne doit pas être faite en acier, car le peu de magnétisme qu’on lui donnerait ou qu’elle prendrait par sa position dans le méridien magnétique, agirait sur les particules de fer qui se trouvent dans la tige de cuivre et que contiennent tous les euivres de commerce. Lorsqu'on veut expérimenter sur de plus fortes tensions, on sub- stitue à cette aiguille légère une aiguille en acier trempé, dont on proportionne la force et l’énergie magnétique aux résistances que - l’on veut opposer. Du centre du cadran partent deux ailes en cui- vre que l’on peut approcher à volonté de l'aiguille , pour lui servir d’armatures mobiles et en augmenter Ja sensibilité. On manœuvre ces armatures au moyen d’un levier placé au-dessous du socle. Le tout est couvert d’une cage sur le fond de laquelle est un autre cadran gradué pour la direction du rayon visuel. Pour se servir de cet instrument, .on le tourne jusqu'a ce que Faiguille soit placée dans le méridien magnétique et qu’elle effleure à peine la tige de cuivre. On touche alors le bouton extérieur ou les plateaux avec le corps chargé d'électricité, et aussitôt laiguiile est projetée d’un certain nombre de degrés. C’est avec cet instrument que M. Peltier a répété les expériences sur les pertes électriques, soit à l’air' libre, soit dans un espace fermé : si on opère à l'air libre, comme l’atmosphère est habituel- lement positive et que cet état est encore augmenté dans les ca- binets par le jeu des machines ordinaires, l'électricité néga- tive dont on charge l'appareil est facilement neutralisée par un air positif qui se renouvelle sans cesse ; maïs en recouvrant l’appa- reil d’une cage, le renouvellement de Pair n'ayant plus lieu, on obtient des résultats presque égaux. On peut à volonté faire varier la permanence de la coercition de lune où de l’autre élec 44 tricité, en donnant à l'air intérieur de la cage un état électrique ap- proprié. Pour y parvenir, M. Peltier place au-dedans une aïigrette en fil de cuivre qui communique au dehors par un conducteur métallique; sur ce dernier il pose l’armature extérieure d’une bou- teille de Leyde chargée. Au fur et à mesure que le bouton intérieur perd son électricité positive, l’'armature extérieure perd son élec- tricité négalive en parlie par cette aigrelte , et donne à l’air de ja cage un état électrique de même nature. Si on fait communiquer le bouton de la bouteille avec le sol, l'écoulement marchant plus vite, l’air de fa cage en deviendra plus fortement négatif. Selon qu'il, chargeait air intérieur d'électricité positive ou de négative, l'appar eil gardait plus facilement lélectricité semblable et perdait pins facilement l'électricité contraire. La diversité des résultats. n’est donc pas le produit de la nature même de Pélectricité, mais des moyens de neutralisation qu’elle trouve dans le milieu am- biant. Séance du 16 juillet 1836. PALÆONTOLOGIE : Infusoires fossiles. — M. Dujardin met sous les yeux de la Société du tripoli ou Polierschieffer de Bilin en Bohême , ainsi qu’un microscope au moyen duquel on peut recon- naître que ce tripoli est formé, comme M. Brongniart l’a annoncé d'après M. Ehrenberg , exclusivement de débris siliceux de corps organisés. Ces corps, provenant tous d’une même espèce vivante , se pré- sentent sous deux formes différentes; suivant qu'ils sont situés transversalement ou perpendiculairement, ce sont des petits an- meaux, ou des rectangles en échelle avec des barres transversales. correspondant à chaque anneau : quelques. uns de ces corps, vus obliquement, montrent bien l'identité des uns et des autres; ils formaient primitivement des tubes articulés, parfaitement cylin- driques, larges de 10 à 16 millièmes de millimètres, formés d’an- neaux contigus dont la hauteur est moitié moindre, et qui portent chacun une cloison extrêmement mince, comme le font bien voir quelques anneaux brisés; or, on ne trouve de structure analogue aujourd’hui, que dans les Diatomées , qui sont rangées par beau- coup de naturalistes dans le règne végétal, mais qui ont toujours. le test plus où moins déprimé, et dont chaque article, au lieu:de Ô , Q . ‘Fit - porter une seule cloison, est fermé aux deux extrémités. D'un autre côté, les Bacillariées ont un test prismatique souvent rayé ou sil- lonné , mais sans véritables cloisons. M. Dujardin fait observer que la plupart des tripolis des collec- tions minéralogiques de Paris ne présentent nullement ce carac- tère et ne montrent au microscope que des grains de silice; qu’il en est de même pour le silex nectique de Saint-Ouen, ainsi que pour les schistes qui enveloppent le méuilite, que quelques au- teurs allemands avaient rapporté au Polerschieffer. Il paraïîtrait que le tripoli où Polierschieffer de Bilin, fort dif- férent des autres, appartient à un dépôt lacustre très-moderne. Celui de Santa-Fiora, qui est cité dans la lettre de M. Brongniart comine présentant aussi le caractère signalé par M. Ebrenberg, pa- raît être également le produit d’un dépôt de formation récente, que M. Dufrenoy regarde comme présentant probablement quelque analogie avec les dépôts siliceux du Geyser. Paysique : Électricité. — M. Peltier communique à la Société les résultats de ses observations sur les effets négatifs des courans électriques sur les végétaux et les animaux. e L’auteur annonce qu’il a fait, il y a 5 ans, une série d’expé- riences pour connaître si les courans électriques avaient de lin- fluence sur la végétation , et, si cette influence existait, quelle était son action. Il n’obtint, après un an d’expériences variées, que des résultats négatifs qu’il ne publia pas. IL avait eu au pôle positif un liquide acide qui s’était opposé à la végétation ; au pôle négatif, un liquide alcalin qui l'avait favorisée lorsqu'il était faible , et qui l'avait arrêtée lorsqu'il était trop fort; el, entre ces extrémités, une végétation ordinaire. L’électricité avait toujours été réellement un obstacle, et la faveur du pôle négatif ne tenait qu’au faible alcali formé par le courant et non au courant lui-même. M. Peltier a fait passer ainsi des courans à travers les graines, les racines, les tiges et les feuilles; il parvenait toujours à rendre malades les plantes, à force de les tourmenter, et souvent à les tuer, sans jamais leur être utile. - L'auteur viert de répéter des expériences analogues sur les pro- duclions animales microscopiques où infusoires, et avec aussi peu de succès qu'il en avait cu sur les végétaux. 1 croit devoir reudre 46 ces résultats publics, pour éviter aux autres des pertes de temps, de travail et d’argent. Si la pile est assez forte pour rendre acide l’eau du pôle positif, et alcaline celle du pôle négatif, on n’y trouve aucune trace d’ani- malcules; il faut prendre de l’eau entre ces deux extrêmes pour en découvrir quelques uns. La substance en macération est pro- tégée par cet état des pôles et s’y conserve plus long-temps que dans les verres libres. Si le courant est assez faible pour ne produire que des quantités minimes d’acide et d’alcali, la production des animalcules s’effectue en raison inverse de ces substances. Si l’on fait passer un courant dans un tube plein d’eau conte- nant des animalcules, ceux-ci n’en sont nullement influencés ; rien n'indique dans leurs mouvemens le moment où l'on ferme ni celui où l’on ouvre le circuit; mais lorsque à chaque extrémité l’eau cesse d’être neutre, les infusoires s’en éloignent ou meurent s'ils ne peuvent se rapprocher du centre. Le courant ne peut donc rien sur eux, et l’on ne peut les tuer qu'avec l’étincelle d’une bouteille de Leyde fortement chargée; c’est-à-dire qu’il faut qu’entre les deux pôles , séparés par le liquide en expérience, il y ait une étin- celle; car si la décharge a lieu comme courant, les animalcules n’en sont pas incommodés. : D’après ses précédentes expériences, M. Peltier avait prévu ces résultats négatifs : il n’a fait ces derniers essais que pour ne rien laisser aux erreurs possibles du raisonnement, et pour opposer des faits à l'abus qu’on pourrait être porté à faire de l'électricité, dans l’explication des phénomènes naturels. — M. Guillemin annonce que des expériences faites au jardin du roi sur les végétaux ont donné des résultats semblables à ceux que M. Peltier vient d'exposer. L’eflet direct de l'électricité sur la végétation a été reconnu tout-à-fait nul. Du côté du pôle alcalin, quand l’alcali est en petite proportion, la végétation est favorisée ; du côté acide, c’est le contraire; mais ces effets sont dus à l’alcali- nité et à l'acidité de l’eau, et l'électricité n’agit, en pareil cas , que comme moyen mécanique pour préparer Palcali et l’acide. Paysique : Résonnance des liquides. — M. Cagniard-Latour présente diverses observations sur la résonnance des liquides. Dans un Mémoire qu’il a publié en 1834, et dont le but principal était de démontrer que cette résonnance provient en grande parlie 47 de condensations et de dilatations alternatives d’espèces particu- lières, qu'il a désignées sous le nom de vibrations globulaires ou vésiculaires (1), l'auteur avait supposé que des vibrations du même genre devaient se produire aussi dans les corps solides pen- dant leur effet sonore. Il annonce maintenant que cette hypothèse semble se confirmer par une expérience qu’il a faite sur la gelée de gélatine, et dont il résulte que ce corps demi-solide, lorsqu'il est enfermé dans un petit tube purgé d’air, peut, comme la co- lonne d’un marteau d’eau , rendre un son très-grave pendant que l’on frotte le tube convenablement entre les doigts mouillés ;:et de même aussi qu’un petit marteau d’eau, le marteau gélatineux, lorsqu'on le laisse en repos pendant quelque temps, ne résonne plus ensuite comme auparavant, à moins qu’on ne lui communique par des moyens convenables une première vibration de quelque intensité, comme , par exemple, en le frappant sur une table de marbre ou tout autre corps dur. Dans le même Mémoire, l’auteur faisait remarquer qu’un petit marteau de mercure sec peut toujours vibrer sans obstacle, mais qu’il n’en est pas de même quand le mercure est mouillé d’eau, et que, dans ce cas, la sonorité du marteau mercuriel peut s’atténuer avec le temps , à peu près comme celle d’un marteau d’eau. D’a- près de nouvelles expériences, il annonce avoir reconnu que le mercure humide peut vibrer aussi constamment que le mercure sec , lorsque le petit tube dans lequel la colonne liquide est conte- nue n’a pas été purgé d’air. Après cet exposé, M. Cagniard-Batour entreprend d’expliquer pourquoi la colonne hydraulique d’un petit marteau d’eau résonne d'ordinaire très-facilement lorsque l’on vient de la disjoindre, soit en renversant le tube à plusieurs reprises, soit en le frappant sur un corps dur; il fait remarquer à cet effet que dans le cas où l’eau du marteau contient des bulles d’air dilaté, même à peine visibles, cette eau peut vibrer sans obstacle; il suppose en conséquence que la colonne liquide, après qu’elle a été rompue momentanément, conserve encore pendant plus ou moins de temps quelques disjone- (1) Voyez l’Institut, nos 17 et 42, ainsi que les Annales de che et de physique, juillet 1834. ess 48 tions propres à produire un effet analogue à celui de très-petites bulles gazeuses; et pour prouver que la vibration globulaire entre pour une très-grande part dans la résonnance du marteau, il fait remarquer que cette résonnance ne se manifeste plus sensiblement, dès que l'apparition périodique des globules cesse d’avoir lieu pendant que l’on frotte le tube. Voulant expliquer aussi comment un corps solide peut devoir ure partie de sa résonnance à des vibrations analogues, quoiqu’elles ne soient point visibles à cause de leur peu d'amplitude, il fait observer que, ce corps étant nécessairement poreux ou vésiculeux d’une manière quelconque, il est permis de penser que pendant ses vibrations moléculaires , les parois des vésicules chaque fois qu’elles se rapprochent engendrent des battemens plus ou moins sensibles, à peu près comme lorsque deux surfaces solides se ren- contrent de manière à produire le bruit d’un choc. .. Enfin il fait remarquer encore que la plupart des personnes qui sont le plus en état d'apprécier la sonorité des instrumens de mu- sique s'accordent à dire que dans le violon, par exemple, cette sonorité s’atténue momentanément d’une manière sensible lorsque cet instrument reste long-temps sans être joué, ce qui, suivant M. Cagniard-Latour, autoriserait à soupconner que l’état vésicu- leux des corps solides peut éprouver quelques variations, suivant qu’ils sont mis plus ou moins fréquemment en vibration. — À l’occasion des faits exposés par M. Cagniard-Latour, et qui tendent à faire reconnaitre une sorte d'habitude que peuvent prendre les corps inorganiques pour produire plus ou moins faci- lement les mêmes effets, M. Peltier annonce qu’il a constamment reconnu que quand les électroscopes et les multiplicateurs se sont reposés pendant long-temps, ces instrumens acquièrent une sorte d'état d’inertie qu'il devient nécessaire de vaincre, en leur procu- rant un fort ébranlement, pour qu’ils redeviennent sensibles aux petites forces électriques. Séance du 25 juillet 1856. Economie RURALE : Culture de la betterave en Lombardie. — M. Payen communique les renseignemens suivans sur les établis- semens agricoles et industriels fondés par M. Krammer en Lom- bardie : : 49 La culture des betteraves à sucre présente depuis trois ans plu- sieurs particularités remarquables dans cette contrée : le terrain sableux léger conviendrait bien à cette culture, si la température trop long-temps basse, et qui change brusquement aux premières pluies, n’obligeait à ensemencer tard les champs; ordinairement aussi les sécheresses excessives s'opposent aux développemens de la plante, la portion de la racine qui sort de la terre devient verte, âcre et fort peu sucrée; les irrigations, si faciles en ce pays et si fa- vorables aux riches récoltes de riz, blés et maïs, nuisent aux bette- raves pour peu qu’elles submergent ces plantes ou atteignent les collets à la naissance des feuilles. Fire M. Krammer se propose d’essayer un mode de culture que lui a conseillé M. Payen et qui remédierait à ces inconvéniens : il con- sisterait à semer les betteraves en pépinière, puis à les repiquer sur ados, aussitôt après les premières pluies , avec un engrais pul- vérulent convenablement dosé; les racines trouveraient ainsi, pour un labour équivalent, le double de profondeur de terre bien meuble et elles sortiraient moins; on pourrait amener l’eau des irrigations dans les rigoles intermédiaires aux rangées de betteraves sans risquer d'atteindre ou de submerger les collets, et les récoltes seraient plus assurées. L'année dernière, les circonstances de température et d'humidité ayant été plus favorables que de coutume, on a pu semer de bonne heure; le semoir mécanique a très-bien disposé les betteraves en rayons ; la récolte a été abondante; le jus marquait 5e à l’aréomètre Baumé après la défécation; le sucre brut obtenu avait un goût plus agréable, et les mélasses étaient très-sensiblement moins âcres que les produits analogues dans le nord de la France. Une assez grande étendue de terre ayant été recouverte de sables d’alluvion rejetés par l’'Adda, on l’ensemenca en betteraves, qui prirent un grand développement; mais leur jus était très-sulfuré et ne donna que fort peu de sucre. Dans sa fabrique , M. Krammer emploie pour le chauffage de toutes les opérations l’appareil à vapeur de Taylor, qui fonctionne très-bien. Il n’a pas été possible d'obtenir de bons résultats sans saturer par lacide sulfurique les sirops rapprochés à 15°; on les filtre alors sur le noir en grains, on évapore et l’on soumet à la cuite. Ext. de L’Insutut. 7 90 Une fabrique de poudrette fondée par M. Krammer est dans un état peu prospère, par suite de l’inconvénient que présente cet en- grais dans son application aux prairies qui nourrissent les vaches. Le lait obtenu sous l'influence de cette alimentation est d’un goût désagréable, que reconnaissent très-bien les cuiseurs chargés de fabriquer les fromages de Parmesan. M. Krammer doit essayer les engrais désinfectés pour cette application. TrérAPEUTIQUE : Efficacité de l'acide hydrochlorique et del ’alun pour arrêter la salivation. — M. Velpeau communique verbale- ment les résultats des recherenes qu'il a faites, depuis dix-huit mois, sur les moyens de remédier à la salivation produite par lu- sage des remèdes mercuriels qu'on administre aujourd’hui dans beaucoup de maladies diverses. Après avoir rappelé qu’on a pro- posé à cet effet plusieurs remèdes sans succès, il annonce avoir employé efficacement l'acide hydrochlorique et l’alun. L’acide hydrochlorique, porté sur le bord des gencives, sur la langue ou à la surface intérieure des joues, arrête la salivation en deux ou trois jours. Mais ce moyen, difficile à employer et doulou- reux, peut produire lui-même des accidens. L’alun n’a pas les mêmes inconvéniens et il produit aussi des résultats efficaces: il suffit de le porter en poudre, au bout du doigt, sur les gencives et à l’intérieur des joues, en réitérant cette application deux fois par jour et y ajoutant des gargarismes d’eau d’alun ; on arrête alors la salivation dans un temps qui varie de deux à six jours. On peut même continuer en même temps l’emploi des remèdes mercuriels, lesquels n’empèêchent pas la salivation de diminuer graduellement et de finir par disparaître. Séance du 30 juillet 1836. Caimie : Nouveaux composés ; nouveaux procédés d’analyse.— M. Pelouze communique à la Société l'extrait d’une lettre de M. lüébig, dans laquelle ce chimiste lui annonce qu’en évaporant l’eau distillée d'amandes amères, mélangée avec de l'acide hydro- chlorique, 1} a obtenu un nouvel acide, ayant pour formule C'6 H'4 OS. Cet acide décompose les acétates, les benzoates et les for- miates ; on peut le considérer comme formé d’un atome d’hydrure de benzoïte C'# H'? O? et un atome d’acide formique C2: H: O3; chauffé avec un excès de base, il donne un formiate, tandis qu’il DEN RRT, 2 Di distille de l'huile d'amandes amères pure; le peroxide de manga- nèse le décompose à chaud, en acide carbonique et en hydrure de benzoïle. : M. Liébig pense que beaucoup d'acides végétaux , au lieu d’être des principes immédiats, ainsi qu’on le croit , pourraient bien avoir une composition semblable à celle de cet acide qu’il nomme formo- benzoïlique. M. Pelouze ajoute que des observations qu’il a faites, en cher- chant à obtenir l'acide acétique anhydre , le portent à penser, que, conformément à cette derniere idée de M. Liébig , l'acide acétique pourrait bien être une combinaison d’acide carbonique et d’esprit pyroacétique, attendu que, dans beaucoup de réactions. il se dé- compose en ces deux substances; et qu’en général , les acides pyro- génés pourraient bien préexister ainsi dans les acides végétaux qui les produisent , et y être combinés avec l’eau et l’acide carbonique qui se dégagent en même temps qu'eux. M. Liébig a aussi annoncé à M. Pelouze la découverte qu'il a faite de léther carbonique, et celle d’un muyen de purification de Vantimoine par la fusion de ce métal avec un dixième de son poids de sulfure d’antimoine. et de carbonate de soude. — M. Pelouze communique encore à la Société l’extrait d’une lettre de M. Berzelius annonçant : 1° qu'il a extrait de la garance cinq substances différentes; 2° qu’il a trouvé un moyen rapide d'analyser les fontes de fer, et de connaître la proportion exacte de carbone qu’elles renferment. Ce moyen consiste à faire bouillir la fonte dans du bichlorure de cuivre légèrement acidulé avec de l'acide hydrochlorique ; puis à faire bouillir le résidu avec du car- bonate de soude; lavant ensuite ce résidu, le séchant et le pesant, son poids indique celui du carbone. — Enfin M. Pelouze annonce à la Société qu'en distillant du nitrate de potasse avec du bisulfate de potasse, il a obtenu , avec des vapeurs rutilantes, un liquide incolore extrêmement acide, répandant beaucoup de fumées blanches, et qu'il croit être de l'acide nitrique anhydre. — À l’occasion desdiverses communications faites par M. Pelouze, M. Gaultier de Claubry entretient la Société de recherches du même genre qu'il a faites dans le but d’oblenir divers acides anhydres. 52 S En décomposant des acétates anhydres sous l'influence de corps également anhydres, par exemple l'acide phosphorique, il a re- marqué la décomposition de l’acide acétique en acide carbonique et acétone; l’acide oxalique fournit des résultats semblables , et la décomposition a été tellement subite dans une expérience que M. Gaultier a été gravement blessé, ce qui l’a empêché de continuer ses recherches dont il n’aurait pas encore parlé sans l’annonce faite par M. Pelouze. Les nitrates anhydres, décomposés de la même manière, ont donné des vapeurs rutilantes et un liquide excessivement fumant qui paraîtrait contenir l'acide anhydre, si ce n’est cet acide lui- même. — M. Gaultier de Claubry annonce aussi que M. le professeur Runge, de Berlin, vient de publier dans les Mémoires de la Société Ancient de Berlin, un Mémoire sur la garance dans le- quel il fait connaître trois matières colorantes qu’il nomme pour- pre, rouge et orange. M. Gaultier de Claubry communiquera ce travail à Ja Société (1). PxrumaTique : Plongeurs. — M. Cagniard-Latour communique des observations sur les moyens à employer pour pouvoir plonger sous l’eau pendant long-temps, et pour éviter les dangers que lon court en voulant retirer de l’eau des personnes qui se noïent. Il expose d’abord qu'ayant essayé de suspendre sa respiration. le plus long-temps possible, il a trouvé qu’il y réussissait mieux , lorsqu’avant de commencer cette suspension il s’y était préparé en aspirant et expirant l'air très-activement pendant un certain temps de manière à saturer en quelque sorte ses poumons d’oxi- gène. Par ce moyen, et pourvu que lors de la dernière aspiration il ait retenu autant d’air que ses poumons peuvent en contenir, il peut le matin, étant couché sur le dos, rester pendant deux minu- tes au moins sans reprendre haleine. M. Cagniard-Latour rappporte ensuite que s'étant fréquem-. ment Honer à l'exercice de la natation , et qu'ayant eu plusieurs oc casions de secourir des individus en danger de se noyer, il'a re-. connu que dans le cas où il était saisi dans l’eau par ceux-ci de. (1) Déjà un extrait détaillé de ce Mémoire a été publié dans. L’Znstr-. tut, n° 135, p. 398 et 390. 53 , facon à se trouver lui-même en péril, il venait facilement à bout . de leur faire lâcher prise, en nageant la tête en bas de manière à . s'enfoncer momentanément dans les couches les plus profondes du liquide. Séance du 6 août 1856. — M. Gaultier de Claubry annonce qu'il a essayé le procédé de M. Berzelius pour l’analyse des fontes (voir L'Institut, n° 170)et qu’il a reconnu que pour réussir il est nécessaire de rendre le chlo- rure très-acide avant d'y mettre la limaille, sans cela il se dépose du cuivre; mais avec cette précaution l’analyse se fait très-bien en 10 à 12 minules. — M. Gaultier de Claubry communique ensuite un extrait du travail de M. Runge sur la garance, dont il a parlé dans la dernière séance (voir l'extrait qui a été donné de ce travail dans L'Institut, n° 135). — M. Peltier communique quelques observations sur l'électricité des nuages et sur les difficultés de ce genre de recherches (voir L'Institut, n° 170, au compte-rendu des séances de l'Académie des sciences de Paris). Puavsique : Electricité. — M. Peltier fait connaître ensuite la modification qu'il a fait subir à la balance de Coulomb pour con- server l'équilibre électrique entre les deux parties actives. La boule fixe est supportée par une tige de cuivre verticale qui pé- nètre et se recourbe dans le socle pour sortir horizontalement, puis se redresse verticalement à 4 ou 5 pouces de la cage afin qu'on puisse y visser des plateaux condensateurs; cette tige de cuivre est arrêtée dans le socle par de la résine afin d’être tenue isolée. À la boule intérieure est attaché un fil de platine dont Vautre extrémité plonge dans un godet en verre bien isolé, placé exactement au centre du cadran; ce godet est supporté par une tige de cuivre qui traverse librement le socle; cette tige est atta- chée par une charnière à un levier placé au-dessous du socle et dont un bout le dépasse. Au moyen de ce levier, on fait inonter et descendre à volonté le godet qu’on remplit aux deux tiers d'acide sulfurique saturé d’eau mais non étendu. l’aiguille mobile est formée d’un disque de clinquant de cuivre auquel est soudé un fil de platine qui lui sert d’axe jusqu’au centre, puis le fil se recourbe [ Sp 54 vers Le godet afin d’y plonger également : un contre-poids nécessaire termine cette aiguille qui est suspendue à un fil d'argent non re- cuit et isolé du fil de platine par de la gomme-laque. Avec cette disposition on établit ou on rompt à volonté la communication entre la boule fixe et le disque mobile; on peut ainsi s'assurer qu'après une ou plusieurs heures les deux parties actives ne sont plus au même degré de tension, car si on établit la communication le disque recule aussitôt de plusieurs degrés. Cnie : Examen de différens pus. — M. Donné expose verba- lement quelques nouveaux résultats de la continuation de ses re- cherches sur le pus. IL annonce n’avoir pu obtenir aucun effet sur le sang, avec le pus provenant des bubons et ulcères de tout genre des maladies syphilitiques; mais que les divers pus produits par ces maladies offrent entre eux d’ailleurs de grandes différences. Ainsi, le pus de la blennorrhagie et celui des bubons des aines peut être inoculé sans produire aucune affection semblable, tandis que le pus des chancres, étant inoculé,-produit d’autres chancres. Ce dernier pus présente encore cette singularité remarquable, qu’il renferme des animalcules, perceptibles au microscope à un grossissement de 200 à 250, tandis qu'aucun animalcule n’a pu être découvert, par une semblable observation, dans tous les autres pus vénériens. Ces animalcules paraissent être de deux sortes. L’eau légèrement acidulée détruit leurs mouvemens et probablement leur vie, tandis qu'une légère alcalinité semble au contraire leur être favorable. Lorsque la vie des animalcules est ainsi détruite, le pus inoculé ne produit plus d’ulcères. | M. Donné fait observer qu’il semble résulter We ces faits, que les animalcules pourraient être considérés, sinon comme cause pre- mière de l'infection, au moins comme favorisant linfection par leur locomotion, et en faisant pénétrer à travers les tissus la ma- tière infectante dans laquelle ils sont baignés. Enfin, M. Donné fait observer que dans tous les pus qui ne contiennent pas d’ani- malcules il ne s’en produit par putiéfaction que fort tard, compara- tivement à ce qui a lieu dans plusieurs autres liquides de l’écono- mie animale. Il ajoute que, de tous les liquides animaux, le pus est celui qui se putréfie en général le moins facilement. — M, Velpeau annonce qu’il a eu l’occasion de faire, par l’ino- 29 culation des chancres syphilitiques, plusieurs observations qui con- cordent avec celles de M. Donné, et avec l’idée de l'existence d’ani- malcules dans ces chancres. Il pense que les phénomènes morbides: de piusienrs ulcères ou boutons cancéreux, qui sont contagieux, s’expliqueraient bien par application de la même idée, et qu'il est à désirer que M. Donné continue et étende ses recherches sur cet objet. : Munce du 13 août 1836. Came : Oxidation de la fonte. — À Yoccasion de la Note adressée à l'Académie des sciences de Paris par MM. Vicat et Gueymard sur le procédé employé par ces ingénieurs pour empé- cher l’oxidation des tuyaux de fonte servant aux conduites d’eau de Grenoble ( voir L'Institut, n° 170), M. Payen rappelle que c’est lui qui le premier a expliqué par l’oxidation de la fonte la production des tubercules, et fait remarquer que cette opinion, qui avait été contestée par quelques physiciens, s’est trouvée con- fitmée par les observations de M. Gueymard. M. Payen détermine à volonté l’oxidation sur différens points d’une plaque de fonte blanche en y fixant des morceaux de fonte grise; les concrékions d’oxide ont pris des formes variées, suivant la disposition des piè- ces de fonte. Quant au procédé de MM. Vicat et Gueymard qui consiste à enduire intérieurement le tuyau d’une couche de mor- tier hydraulique, il ne le croit pas préférable à celui que M. Jun- ker a employé pour les tuyaux de fonte de la machine à colonne d’eau de Huelgoat : M. Junker, pour obvier à la porosité de la fonte qui laissait filtrer l’eau sous des pressions très-considérables, l’a imprégnée d'huile de lin lithargyrée qu’il a fait pénétrer aussi au moyen d’un forte pression. À cette occasion, M. Gaultier de Claubry dit que le même effet a été produit bien plus économiquement en eaduisant à chaud les tuyaux de fonte avec du bitume ou du goudren de houille : la dé- pense ne s'élève qu’a 8 ou 9 sous par tuyau de 3 mètres. M. Payer ajoute, à l’appui de cette observation, qu'un enduit de bitume a été appliqué de la sorte à l’intérieur des caisses de fer destinées à contenir la provision d’eau sur les navires, mais les caisses ont été si bien préservées de l’oxidation que l’eau a cessé de se conserver potable, et qu’il a fallu ajouter, dans l’'inté- 56 rieur,des morceaux de ferraille abandonnés à l’oxidation, pour em- pêcher l'eau de se corrompre. Quelques observations sont faites ensuite sur l’économie que l’on trouverait dans l'emploi général du bitume, extrait de la houille dans les usines à gaz; à la place du bitume de Seyssel ; surtout pour les pierres artificielles employées au dallage de la voie publique. Crime : Examen chimique de pus de différente nature. — M. Donné fait la rectification suivante à8sa communication faite dans la précédente sur les moyens de reconnaître la présence du pus dans le sang. La propriété particulière qu’a lammoniaque concentrée de trans- former le pus en une matière gluante et tenace pourrait servir jusqu’à un certain point à distinguer le pus de la plupart des au- tres fluides de l’économie, aucun d’eux ne se comportant de la même manière avec l’alcali caustique. Mais ce réactif ne peut pas s'appliquer aux mélanges de pus et de sang, car l’ammoniaque donne aussi à ce dernier liquide quelque chose de visqueux; le sang liquide prend l’apparence d’une gelée quand on le mêle avec. de lammoniaque. Les seuls moyens qui ont permis à M. Donné de constater l’existence du pus dans le sang sont les suivans : il examine d’abord le sang au microscone; si ce sang ne présente que des globules sanguins, 1l est probable qu’il ne contient pas de pus; si, au contraire, on aperçoit quelques globules ayant l’as- pect des globnles purulens, on ne peut en conclure encore que ce sang contienne du pus, car le sang le plus pur, pris chez des in- dividus parfaitement sains, présente parfois un petit nombre de globules qu'il serait difficile de distinguer de ceux du pus; mais, dans ce cas, on ajoute à la goutte de sang une goutte d’ammoniaque; si le sang est pur, tous les globules se dissolvent et l’on n’en retrouve plus de trace au microscope ; si, au contraire, le sang ren- ferme du pus, les globules purulens ne sont pas altérés par le ré- actif, et on les retrouve intacts au moyen du microscope ; lammo- niaque, en effet, ne dissout les globules purulens qu’a la longue; tel est le meilleur procédé, suivant M. Donné, dans l’état actuel de la science, pour reconnaître le pus dans le sang. Relativement à l'existence d’animalcules dans le pus des chan- cres syphilitiques , M. Donné annonce que non seulement il a con- tinué de les trouver dans ce liquide, à l'exclusion de tous les 97 autres pus qu’il a examinés jusqu’à présent, mais qu'ayant inoculé de ce pus sur la cuisse‘d’un homme affecté de chancres, le pus pris dans la pustule qui suivit cette inoculation a été trouvé rem- pli des mêmes animaleules; il fait remarquer que dans cette cir- constance le pus n’avait pas encore subi l’influence de l'air, puis- qu’il était renfermé sous l’épiderme. M. Donné ajoute qu'il n’a pas encore rencontré d’animalcules dans le pus des bubons. Quant à la forme de ces petits êtres, ne l'ayant pas jusqu'ici étudiée suffisamment, il ne peut se prononcer à cet égard; seule- ment ils lui ont paru analogues aux Vibrions de certaines infu- sions. Au reste, M. Donné est plutôt porté x considérer ces ani- malcuies comme servant de moyen de transport du virus syphili- tique, que comme jouant par eux-mêmes un rôle spécial dans la contagion de cette maladie. Dans un certain nombre de cas, le mélange d’un peu d’eau vi- naigrée au pus des chancres a suñfi pour empêcher le succès de Tinoculation. Séance du 20 août 1836. — M. Donné communique de nouveaux résultats obtenus par lui, dans l’action du pus sur le sang : il a trouvé que du caillot liquéfié de cette manière est susceptible à son tour de liquéfier une nou- velle quantité de sang. — M. Velpeau signale un fait pathologique dans lequel la forma- tion simultanée d’nn grand nombre de foyers purulens ne pourrait être expliquée que par une altération du sang, analogue à celle que M. Donné a reconnue dans les mélanges, ou en supposant qu’une petite quantité de pus suffit à la transformation d’un volume plus considérable de sang. M. Velpeau ajoute qu’il pense que le pus peut être introduit dans le sang, et que de cette introduction peuvent naître les phénomènes qui ont été attribués à une phlébite. Cuimie ORGANIQUE : Nouvel acide. — M. Gaultier de Claubry communique les résultats suivans de ses recherches sur un acide dont l’existence avait été indiquée par M. Chevreul dans son tra- vail sur les matières grasses. Cet acide s'obtient en traitant l’acide stéarique par l'acide ni- trique ; il est solide , fusible, susceptible de se volatiliser en partie par l’action de la chaleur, l’autre partie se décompose. Il est soluble Extr. de L'Institut. 8 58 dans l’eau, plus à chaud qu’à froid, très-soluble dans l'alcool surtout à chaud. Il sature parfaitement ces alcalis. Son sel de po- tasse est très-soluble dans l’eau, très-peu soluble dans lalcool anhydre. Le sel de plomb, insoluble dans l’eau, se dissout dans lalcool. Le poids atomique de cet acide est représenté par 988. La for- mule rationnelle est C3 H5° O5, de sorte que celle de l'acide stéarique étant C% H67 O5, le nouvel acide se formerait par la déperdition de 4 atomes de carbone et 17 d’hydrogène et par la fixa- tion de 8 atomes d’oxigène. __ Il se forme en même temps une matière Duilense jouissant à un très-haut degré des propriétés acides et qui paraît être composée de deux substances différentes. CnimiE MINÉRALE : Anthracite. — M. Payen met sous les yeux de la Société le charbon de terre ou anthracite exploité en grande quantité en Pensylvanie. Ce charbon, chauffé au rouge, ne dégage que de l’eau ayant à peine une légère odeur bitumineuse, mais sensiblement acide, la . proportion de cette eau est de 6 pour 100. Le charbon , analysé au moyen de la litharge, a élé trouvé composé de 0,84 carbone, 0,10 cendre et 6,6 d’eau, c’est donc un combustible très-riche, et susceptible de fournir beaucoup de chaleur; il a de plus l'avantage de ne point se boursoufller comme la houille, mais il brûle plus difficilement, et ne peut être employé que dans des fourneaux dont la maçonnerie plus épaisse conserve une température toujours égale et soutenue. — M. Gaultier de Claubry signale diverses sortes de cet anthra- cite, l’une qui s’exfolie au feu, une autre qui dégage du bitume, et une troisième qui pétille en brülant. L’une de ces variétés ne lui a donné que 77 pour 100 de carbone. Séance du 27 août 1855. — M. Payen annonce qu’il a observé une proportion notable de silice dans un des petits tubercules qu’il produit artificiellement à volonté sur la fonte. « Il résulterait de ce fait, dit-il, que la pré- sence de la silice, dans les tubercules de la conduite de Grenoble, tiendrait , comme dans mon expérience, au silicium contenu dans la fonte, de même que l’oxidation ferrugineuse des conduites pro- 99 duit les tubercules d’oxide. Je me propose de rechercher dans les mêmes tubercules d’autres composés qui me paraissent devoir y être également introduits par une action analogue à celle indiquée sur’ plusieurs autres corps qui existent ordinairement dans la fonte. » Cuire ORGANIQUE : Nouvel acide. —M. Fremy communique les résultats de ses recherches sur un nouvel acide, l'acide sulfotar- trique. En traitant les huiles par l’acide sulfurique, M. Fremy avait ob- tenu des acides sulfomargarique et sulfooléique , qui, par leur dé- composition , avaient donné naissance à différens acides gras dont il a précédemment entretenu la société. Il a pensé que plusieurs acides végétaux, traités ainsi par l’acide sulfurique, se comporte- raient de la même manière que les corps gras: Le premier acide qu'il a soumis à cette réaction est l'acide tartrique, et le résultat a été celui qu'il attendait. Quand on verse sur de l'acide tartrique pulvérisé de Pacide sul-_ furique concentré , la masse devient sirupeuse; on peut même la chauffer légèrement sans la colorer. En saturant cette masse par la craie et en filtrant, on obtient une liqueur qui tient en dissolution un sel de chaux, lequel est du sulfotartrate de chaux très-pur. Le sel est très-soluble dans l’eau, mais est décomposé par elle, même à la température ordinaire. M. Fremy a isolé l'acide sulfotartrique, en traitant le sel de chaux par l'acide oxalique. Cet acide paraît stable; sa dissolution , évaporée convenablement, cristallise en beaux cristaux brillans ; il forme des sels solubles avec la chaux, la barité, la strontiane, la potasse, la soude , ’ammorniaque. Ces sels cristallisent facilement; traités par l'acide nitrique, ils donnent naissance à de l’acide sul- furique et de l’acide tartrique. M. Fremy fera connaître plus tard les autres propriétés de l’acide sulfotartrique et de ses sels. (Après cette séance la Société est entrée en vacances jusqu’au mois de novembre. ) 60 Séance de rentrée, du 12 novembre 1856. Cuire : Liquéfaction du gaz hydrogène sulfuré. — M. Pelouze fait connaître à la Société un moyen qui lui a été indiqué en Alle- magne, pour liquéfier le gaz hydrogène sulfuré. Ce moyen consiste à renfermer, dans un tube bouché, suffisamment fort, une certaine quantité de persulfure d'hydrogène qui se décompose, avec 1 temps, en soufre et en hydrogène sulfuré, lequel se liquéfie en raison de la pression à laquelle il est soumis. Came: Nouveaux hydrogènes carbonés. — MM. Pelletier et Walter présentent divers produits provenant d’un travail qu'ils ont entrepris et presque terminé, sur les produits obtenus dans les usines d'éclairage par le gaz de résine. Le premier est un nouvel hydrogène carboné liquide, résistant a l’action de l’acide sulfurique concentré, des alcalis et du potas- sium; sa composition est représentée par C9 HS. Le second produit est également une huile qui par sa composi- tion est, sauf nouvelles recherches, un isomère de lhydrogène sesquicarboné. Le troisième produit est une substance cristalline que les auteurs nomment métanaphtaline, dont la composition est entièrement semblable à celle dela naphtaline, et de la paranaphtaline, mais qui diffère de ces deux substances par un grand nombre de propriétés. Came : Fermentation. — M. Cagniard-Latour communique diverses observations qu’il a faites récemment, en étudiant à l’aide du microscope les principales phases de la fermentation qui se produit dans le moût de bière après qu’il a été mis en levain. On avait confectionné le 5 de ce mois dans la brasserie anglaise bare avenue de Neuilly, n° 19, une cuvée d’environ 10 ele tres de moût de bière forte, c’est à dire de celle que lon nomme porter brun ou brown-stout; c’est sur cette cuvée que les observa- tions dont on va rendre COPIE ont été faites. Un peu de moût examiné avant d’être versé dans la cuve a paru contenir un assez grand nombre de particules très-ténues, mais sans formes déterminées. Une demi-heure après la mise en levain, laquelle a été faite le soir à neuf heures et demie , par l'emploi de trois kil. et demi de levure, le moût ne présentait guère que des globules isolés et assez semblables à ceux de la levure employée; le Gi nombre des globules qu'embrassait alors le champ du microscope armé d’un grossissement de 300 fois était moyennement de 18. De nouveaux échantillons ont été retirés ensuite de la cuve d’heure en heure jusqu’à six heures du matin et examinés au fur et à me- sure de leur extraction ; parmi les globules que le deuxième échan- tillon a présentés, on en remarquait déja plusieurs qui étaient doubles, c’est-à-dire sur chacun desquels un globule secondaire ou plus petit semblait avoir poussé comme par extension du glo- bule principal. Par l'inspection des échantillons suivans, on a re- connu sans peine que le nombre des globules doubles allait em augmentant; dans le quatrième échantillon , par exemple , on n'en voyait guère de simples, et probablement plusieurs des globules secondaires avaient grossi, car chez un certain nombre de couples, les deux globules avaient à peu près le même volume. Enfin, à six heures du matin , heure à laquelle l’écume formée par la fermenta- tion était à peu près à son maximum ordinaire de hauteur, le hui- tième échantillon, c’est-à-dire le dernier qui a été tiré, indiquait que sur les globules doubles il avait pu en pousser de nouveaux encore, car on distinguait dans cet échantillon des globules réunis trois à trois, quatre à quatre, quelquefois même en plus grand nombre , et formant ordinairement des fragmens de chapelets ; on remarquait en outre que le nombre des globules étaii évidemment beaucoup plus grand que dans le premier échantillon retiré après la mise en levain. Quelques jours plus tard , après que l’on eut re- cueilli toute la quantité de levure que la cuvée avait pu rendre, quantité qui était de 23 kil. et demi , c’est-à-dire près de sept fois le poids du levain employé, on a trouvé que dans cette levure la plupart des globules étaient simples, ce qui indiquerait qu’en deve- nant plus âgés, ils se sont détachés les uns des autres. Pendant le cours des observations microscopiques dont les prin- cipaux résultats viennent d’être indiqués, M. Caguiard-Latour avait remarqué quelque différence entre l'aspect des globules sim- ples du levain et celui des globules multiples apercus lors de la fermentation : ceux-ci se voyaient comme à travers un nuage, tandis que les premiers avaient des contours plus nettement dessi- nés , et étaient en quelque sorte brillans. Dans des expériences antérieures, faites sur des jus de groseille et*dé raisin qu'on laissait fermenter naturellement, c’est-à-dire sans addition de levme, it 62 avait déjà remarqué que les globules , soit simples, soit multiples, formés au commencement de la fermentation , avaient aussi quel- que chose de terne ou de nébuleux; il regarde en conséquence comme très-probable , 1° que les globules sua observés dans le moût de bière sont plus ; jeunes que ceux du hs 2° que ces derniers pendant leur action sur le moût émettent dans ce liquide des séminules susceptibles de se développer très-promptement, et de donner lieu ainsi à la formation des globules nébuleux ou nou- veaux , lesquels paraitraient avoir la faculté de se reproduire par extension de leur propre tissu. L'auteur fait remarquer d’ailleurs que ses conjectures se trouvent fortifiées par les résultats d’une se- conde expérience , qu'il vient defaire dans une longue éprouvette, sur une petite quantité de moût de porter qu’on a eu soin d’entre- tenir à une température de 30° C. après sa mise en levain. Cette expérience, qui a donné lieu aux mêmes observations que celles rapportées précédemment , lui a fait découvrir en outre que les globules du levain, pendant leur action sur le moût, diminuaient sensiblement de volume, tout en conservant cependant laspect brillant par lequel ils se distinguent aisément des globules nouveaux, dont la plupart d’ailleurs grossissent de manière à surpasser promp- tement en volume les globules du levain. II s’est aussi aperçu, dans un moment où il fixait attentivement un des globules les plus brillans, qu’il en sortait comme par une petite ouverture un peu de liquide légèrement opalin et granuleux en même temps que ce globule diminuait de volume; mais il ne regarde pas cette espèce d'accouchement comme suflisamment démontrée , n’ayant pu l’ob- server que sur deux globules seulement. En examinant avec attention l’écume formée dans l’éprouvette par la fermentation du moût, il y a vu abondamment des granules , et en outre beaucoup de globules simples assez nets, lesquels pour la plupart avaient très-probablement fait partie du levain employé. On sait que ceux qui falsifient la levure y introduisent ordinai- rement de la fécuie de pomme de terre ; au sujet de cette altéra- tion, l’auteur fait remarquer qu'elle peut être facilement décou- verte à laide du microscope, les grains de cette fécule étant beau- coup plus gros que les globules de la levure. Il termine en annonçant avoir reconnu que si l’on ailie de la levure en pate cassante avec un poids égal de sucre en poudre, ces 63 deux corps se convertissent aussitôt en un sirop dans lequel les globules conservent pendant plusieurs semaines la même grosseur à peu près que ceux de la levure fraîche; ce procédé lui semble pro- curer quelques nouvelles facilités pour l'étude microscopique de la levure. La pâte employée contenait 65 pour 100 d’eau ; ayant voulu sa- voir ce.qui arriverait avec de la levure que l’on aurait privée de cette eau, M. Cagniard-Latour a trituré ensemble dans un mor- tier une partie de levure sèche et deux parties de sucre. Ce mé- lange est resté d’abord pulvérulent; mais il a ensuite attiré assez promptement l'humidité de l'atmosphère, car au bout d’environ 30 heures, on a pu en le triturant de nouveau le convertir en un magma gluant, d’où l’auteur conclut que la liquéfaction de la pâte de levure par l'addition du sucre n’a pas pour seule cause, comme on pourrait le croire , lhydratation pure et simple de ce dernier agent. Zoozocie : Zoophytes. — M. Peltier fait connaître une nou- velle espèce de Floscularia dont il observe les progrès d’organisa- tion depuis 1832. Il avait d’abord trouvé une Hydre à bouche fes- tonnée et relevée en cinq tétines, dont chacune poussait des bras contractiles tubulés; le corps était un vase très-élargi, formé d’une membrane très-diaphane, n’ayant dans son intérieur qu’un disque granulé , attaché à la partie qui fermait la bouche pentagonale; il ne remplissait que la sixième partie environ de la cavité du corps; l'extension de la membrane formait un pédoncule très-court, non contractile. Depuis, M. Peltier n’a pu retrouver cette espèce d'Hydre, mais il en a trouvé une autre qui a de l’analogie avec cette dernière et avec la Floscularia ornata de M. Ehreuberg, dont elle diffère cependant par des caractères importans. Les cinq tétines sont armées de longs cils qui n’ont aucun mouvement en propre; l'expansion en un large entonnoir leur est donnée par la contraction des tétines mêmes. La membrane formant la cavité buccale est très-contractile; sa contraction se fait dans les deux sens : en se contractant latéralement, elle diminue l'amplitude de la cavité, et en se contractant longitudinalement, elle forme un pli rentraut au milieu qui ferme tout-à-fait l’orifice et fait pénétrer la proie dans le corps granulé. C’est ce repli membraneux qui a pris chaque année un plus grand développement, et a fini par 64 remplir toute la cavité intérieure. Le pédoncule est aussi formé d’une prolongation de la membrane générale, dans laquelle on apercoit des rangs superposés d’anneaux musculaires. Cette Fos- cularia est nue, u’a pas de gaîne gélatineuse comme celle de M. Ehrenberg, et ne peut se ranger dans la classe des Rotateurs, puisque ses cils sont immobiles. Zooocie : Crustacés branchiopodes .— M. Payen ajoute aux faits qu’il a communiqués dans la dernière séance de l’Académie des sciences ( voir L'Institut, n° 183) les observations suivantes, rela- tives aux petits Crustacés branchiopodes dont la présence lui a sei vi à expliquer les phénomènes de la coloration en rouge et de l'odeur de violette offerts par les marais salans. Lorsque ces animaux ont été pendant quelques jours dans Peau salée, limpide, de 10 à 15 ou 20 degrés, leur tube digestifse vidant ils sont allégé tellement qu’ilsne plongent plus quetrès-difficilement. Non seulement on peut leur rendre le lest qui leur manque en pré- cipitant autour d’eux du carbonate de chaux, mais encore diverses substances, telles que de l'argile fine, de l'encre de Chine, de la gélatine colorée en rouge sont digérées par ces Crustacés et se montrent par réflexion sous le microscope, chacune avec sa cou- leur particulière. Ces faits permettent de concevoir l’action clarifiante de petits animaux semblables et probablement d’un genre voisin, que les ouvriers, dans une saline anglaise, nomment clearers (clarifieurs). La propriété qu'ont les petites Branchipes en question de vivre dans des eaux chargées de carbonate de soude, peut faire sup- poser que ce sont encore des animaux d’un genre voisin qui colo- rent en rouge ou violet les eaux des lacs de natron. Séance du 19 novembre 1836. ZoopayroLocie : Rhizopodes. — M. Peltier lit une Note sur un mode de propagation des Arcelles vulgaires et scutelliformes ( 4r- ceilæ aculeatæ , Erb.) Dans son Mémoire sur les organismes inférieurs , M. Dujardin avait déduit de l’ensemble de ses observations, que les Rhizopodes pouvaient avoir un double mode de reproduction , l’un au moyen de gemmules , l'autre au moyen de lobes de substance qui seraient abandonnés par l'animal, sur les corps auxquels il se fixe. M. Pel- 65 tier annonce que d’après ses observations, ce dernier mode peut être maintenant affirmé comme le fait d’un acte organique ré- gulier. Parmi les nombreuses Arcelles vulgaires et scutelliformes que M. Peltier a eues cette année, il a saisi le moment de la propagation par partage de substance de quelques unes d’entre elles. L’Arcelle- mère étend près d’elle en un large disque une portion de sa mem- brane attachée au test corné par des prolongemens régulièrement espacés. Cette membrane parfaitement unie et d’une grande trans- parence ne contient d’abord aucune autre substance ; sa formation étant achevée, une portion de la matière glutineuse de la mère s'écoule aussitôt sur la nouvelle membrane. Dans une des Arcelles que l’auteur observait, et qui était bien placée pour suivre toutes les phases de cette génération , il a vu cette substance glutineuse couler trop abondamment sur la nouvelle membrane , et n’en lais- ser.qu’un sixième environ à la mère; le courant s'arrêta alors, puis rétrograda , et il s’établit un courant inverse au premier au profit de l’Arcelle primitive. Ce courant dépassa également le but , lais- sant la nouvelle Arcelle trop appauvrie, lorsque le eourant primitif se rétablit et reporta la matière vivante sur le jeune disque. Ce n’est qu'après cinq à six oscillations semblables d’allées et de ve- nues, mais dont l’amplitude diminuait chaque fois, qu’il y eut un partage judicieux , et arrêt dans le cours de la substance. Le filet d'écoulement qui les unissait, s’amincit peu à peu, puis se rom- pit tout-à-fait, et deux minutes après, les deux Arcelles s’éloi- gnaient l’une de l'autre en poussant leurs bras et leurs digitations accoutumés. « Ce mode de génération , dit M. Peltier, paraît être le plus sim- ple des modes connus , et présente assez d'intérêt pour être pu- blié ; en effet, la moitié d’un être vivant s’écoulant en dehors, et formant avec sa moitié écoulée un être en tout semblable à la moi- tié restée; mesurant, en quelque sorte, les quantités qui doivent entrer dans chaque individu , cet acte est la génération, c’est-à- dire, lindividualisation la plus simple possible; il n’y manque, pour qu’elle soit bien comprise , que de connaître la cause déter- minante de cette séparation.» L'auteur espère pouvoir l'indiquer une autre fois , en réunissant d’autres observations analogues. La membrane discoïde de la jeune Arcelle ne tarde pas à se co- Ext. de L'Institut. 9 66 lorer ; au bout d’une heure, elle est déjà légèrement jaunêtre , et le lendemain , elle a le jaune brun de sa mère. Puaysique : Lampes de sûreté. — M. Combes fait connaître à la Société qu’il résulte de plusieurs faits observés dans les mines de houille, et notamment de ceux rapportés dans les procès-verbaux del’enquête ordonnée en 1835 par lachambre des communes d’An- gleterre sur le nombre, la natureet les causes des accidens survenus dans les mines de ce royaume, que la lampe ordinaire de Davy, connue sous le nom de lampe de sûreté, ne prévient pas, dans tous les cas , inflammation du gaz hydrogène carboné qui abonde dans plusieurs mines de houille. Le treillis métallique en usage, qui a de 120 à 140 ouvertures au centimètre carré , est en effet tra- versé par la flamme, lorsque la lampe , dans l’intérieur de laquelle brûle le gaz hydrogène carboné, est mue avec une certaine rapidité dans une atmosphère explosive, ou lorsque cette lampe en repos est placée dans un courant d’air un peu rapide. La perméabilité du treillis métallique à la flamme, sous l’action d’un courant, avait été constatée par Davy lui-même sur un soufflard (jet de gaz inflam- mable) qui sortait d’une fissure naturelle du terrain houiller ; mais on supposait qu'un courant très-rapide était nécessaire pour que le treillis fût traversé, tandis qu’il paraît qu'un courant assez faible de gaz inflammable , dont la vitesse est fixée seulement à 300 pieds anglais (91) par minute par le docteur Gurney, suffirait pour faire passer la flamme. M. Combes cite plusieurs explosions qui ont eu lieu quand on faisait usage des lampes de Davy, et qui ont été dues à des cou- rans dont la rapidité ne devait pas être très-grande ; ce qui con- firme les résultats des expériences directes du docteur Gurney. Il est désirable, suivant lui, que la connaissance de ces faits soit gé- néralement répandue , afin que les mineurs et les préposés à la di- rection des mines de houille sachent bien que la lampe de Davy n'offre pas une sécurité complète, et‘qu’elle laisse encore les ou- vriers exposés à des dangers très-grands , dans les circonstances ordinaires de l’exploitation, toutes les fois que l'atmosphère am- biante est mêlée au gaz inflammable dans les proportions nécessai- res pour qu’elle soit explosive. Une forte ventilation des excava- tions où le gaz abonde est le moyen le plus sûr d'éviter les chances de danger. 67 : Un ancien ouvrier mineur anglais, nommé Roberts, a construit une lampe de sûreté perfectionnée qui a été présentée au comité d'enquête de la chambre des communes, et qui a résisté à toutes les épreuves auxquelles elle a été soumise, comparativement avec d’autres lampes qui toutes, dans les mêmes circonstances, ont laissé passer la flamme à travers leur treillis métallique. Le perfec- tionrement de Roberts consiste, 1° dans l'addition d’une enve- loppe ou cheminée en verre placée extérieurement au treillis mé- tallique et prévenant l’accès latéral de l'air dans l’intérieur de la lampe ; 2° dans l’addition d’un cône tronqué creux en cuivre dont la grande base est appuyée sur le réservoir d'huile, et dont la pe- tite base, du diamètre d’une pièce de 5o centimes environ , est à la hauteur de la partie supérieure du porte-mèche, lequel est au ‘ centre de cette base. L'air nécessaire à l'entretien de la combustion pénètre par des ouvertures ménagées sur le pourtour du réservoir d'huile, traverse deux ou plusieurs rondelles en toile métallique placées horizontalement avant de pénétrer sous lenveloppe du cône, d’où il se répand dans l’intérieur de la lampe en passant tout entier sur la mèche ou très-près de la mèche. En passant ainsi près de la mèche, il s’épuise à peu près complètement d’oxigène et devient tout-à-fait impropre à l'entretien de la combustion. Ainsi, si l’on place dans l’intérieur du cylindre de toile métallique et latéralement une petite bougie allumée, cette bougie s'éteint toujours au bout d’un temps très-court. Il résulte de là que , dans le cas où la lampe est placée dans une atmosphère explosive , lin- térieur de cette lampe ne se remplit jamais de flamme, ce qui rend toute inflammation du gaz à lextérieur impossible tant que la cheminée ou enveloppe de verre n’est point brisée, Si celle-ci vient à se briser par un accident quelconque, l'appareil devient une lampe de sûreté ordinaire. Les gaz chauds s’écoulent dans la lampe de Roberts par le sommet de l'enveloppe en traversant un double treillis métallique. Suivant lui, on peut augmenter, sans aucun danger, le volume de la mèche et le diamètre de lenve- loppe , afin d'obtenir un plus grand degré de lumière. Ù Séance du 26 novembre 1336. Pazæ&ontoLocie ; Polypiers fossiles. — Après avoir rendu compte du travail sur les Eschares fossiles qu’il a lu à la dernière séance de 68 l'Académie des sciences (voir L'Institut , n° 285), M. Milne Ed- wards entretient la Société des résultats que lui a fournis l'examen des polypiers fossiles contenus dans le crag d'Angleterre. Il a calculé que dans ce terrain le nombre proportionnel des polypiers de l’ordre des Bryozoaires Femporte de beaucoup sur celui de espèces appartenant à l’ordre des Zoanthaires et à l’ordre des Alcyoniens, et que tous ou presque tous ces fossiles diffèrent spécifiquement des polypiers des mers actuelles connus des z00- logistes. Il a trouvé dans ce terrain plusieurs espèces qui existent encore de nos jours, tels que les genres Eschare proprement dit, Eschare Membranipore, Cellipore, Rétopore, Hornère, Salicor- naire, etc.; mais d’autres ne peuvent être rapportés à aucun des types génériques actuels et doivent former des genres particuliers; tels sont quelques Eschariens, et surtout un polypier très-remar- quable qui a de l’analogie avec les Tubipores et que M. Edwards désigne sous le nom de Fasciculuria. Séance du 10 décembre 19336. Caire : Moyen de reconnaïtre le pus mélé au sang.—M. Louis Mandi lit un Mémoire sur les moyens de reconnaître le pus mé- langé au sang. Le sang consiste , comme on sait, en globules sanguins et en un liquide composé de sérum, tenant en dissolution de la fibrine. Cette fibrine forme, de même que le pus, une gelée avec lPam- moniaque; on ne peut donc se servir de l’'ammoniaque pour recon- naître le pus mêlé dans le sang, le même effet (la formation de la gelée) ayant lieu en traitant par laminoniaque le sang mélangé de pus et le sang pur. — Mais si l’on bat du sang chaud pur dans des tubes de verre cylindriques de deux centimètres de diamètre à peu près, il se sépare de la fibrine pure sous la forme d’une mem- brane élastique, qui produit, pressée entre les doigts, la même sensation que le caoutchouc. Cette membrane est rouge, et lavée elle devient d’un blanc-jaunâtre. Si, au contraire, le sang ainsi battu est mêlé d’une petite quantité de pus, il se forme une mem- brane rouge composée de lambeaux filamenteux , molle, sans aucune élasticité, et qui par le lavage devient beaucoup plus blanche que la fibrine pure; si la proportion du pus est plus grande (Yo Vo), nese forme aucun coagulum par l'agitation : la fibrime 69 reste dissoute dans le pus; tandis que le sang non battu forme avec la même quantité de pus un caillot. L'action des différens pus est différente. Si l’on regarde au microscope les globules sanguins contenus dansle sérum, on y observe une série de changemens dépendant de la quan- tité, de la nature et de la durée du mélange du pus. Les change- mens commencent par l’infiltration de Pécorce, l'impossibilité de distinguer le noyau central; surviennent ensuite diverses modifi- cations dans les contours de l'écorce, et enfin la disparition du noyau et la résolution de l’enveloppe, état dans lequel ces glo- bules ne peuvent plus être distingués des globules du pus. (M. Mandl donnera une suite à cette communication.) Enromozocre : Insectes de la farine. — M. Audouin communi- que quelques observations sur des Insectes qui viennent de se dé- velopper en abondance dans les farines des approvisionnemens de la ville de Versailles. M. Audouin ayant été consulté par l'administration municipale de Versailles à l'occasion de farines qui, déposées dans les maga- sins de cetté ville, se trouvent infestées par des Insectes, a re- connu en effet dans ces farines un très-grand nombre d’Insectes qui appartiennent à deux espèces d’ordres très-différens. L’une d’elles est ce petit Coléoptère que Linné a désigné sous le nom de Ptinus Fur. Sa présence , en quantité prodigieuse dans la farine, est un fait que M. Audouin croit n’avoir pas encore été signalé par les entomologistes, qui tous en ont parlé comme atta- quant les collections des divers genres, et surtout les peaux et au- tres substances animales. C’est même à cause de cette habitude que Degeer a cru devoir donner à cette espèce le nom de Frillette carrassière. Ce n’est sans doute pas tant à son état d’insecte par- fait qu'a son état de larve que le Ptinus Fur nuit à la farine. M. Audouin a trouvé dans l'échantillon qui lui a été remis un très-grand nombre de ces larves : elles avaient creusé, près de la surface des tas, des galeries en tout sens, et déjà plusieurs s'étaient construit, en agglutinant la poussière farineuse , une coque à pa- rois minces et assez solides. Mais aucune, à l’époque actuelle, n’est encore métamorphosée en nymphe : cela n’aura lieu sans doute qu'a l'approche du printemps. Ces larves sont longues de 5 à 6 millimètres, blanches, avec les anneaux du corps mous, couverts 70 de poils longs et assez serrés. Elles ont six paties articulées, ar- méés chacune d’un crochet blanc terminal. Leur tête est à peine cornée, d’un jaune pâle; mais les mandibules, la lèvre supérieure et le chaperon sont d’un brun foncé. L’extrémité postérieure du corps qui est arrondie présente inférieurement l’ouverture anale, laquelle est entourée par un bord semi-lunaire, corné, d’un brun marron clair. Ces larves, lorsqu'on les inquiète, se contractent à la manière des larves de Hanneton et autres Insectes de la fa- inilles des Lamellicornes. Elles leur ressemblent à quelques égards ; mais elles peuvent étendre davantage leur corps et marcher avec plus de facilité, en appliquant leur ventre sur les surfaces planes. C’est surtout pendant la nuit qu’elles cheminent dans la farine; le jour elles y restent immobiles. Avec ces larves se trouvaient quel- ques insectes à l’état parfait. Indépendamment des larves du Ptinus Fur, M. Audouin a dé- couvert, dans la farine provenant des magasins de Versailles, trois petites larves très-différentes qui appartiennent évidemment à un Lépidoptère, et peut-être à cette espèce de Teigne que l’on a désignée sous le nom de Pyralis farinalis. Elles n’avaient que 4 à 5 millimètres de longueur et paraissaient très-jeunes. Elles ont été mises en observation, et la Société sera informée du résultat qui s’ensuivra, ainsi que des autres remarques que pourra fournir l'étude des métamorphoses du Ptinus Fur. M. Audouin met sous les yeux de la Société divers objets : à l’ap- pui de sa communication. Zoozocrs : Helminthes. — M. Charles Leblond lit, sous le tilre d’Observations helminthologiques , un travail renfermant : 1° La description zoologique d’une nouvelle espèce d’Amphistome trouvée parasite d’un Congre commun (Murana conger Linn.), que l’auteur appelle Amphistome ropaloïde; 2° L'observation d’un Fétrarhynque (Tears See culatus Rud.) trouvé dans le parenchyme même de l’Amphistome ropaloïde; 3° L’anatomie comparée des trompes rétractiles chez les Té- trarhynques, les Æoriceps, et les espèces de Bothriocéphales, qui constituent le genre Rhynchobothrium de M. de Blainville ; 4° La description zoologique et l'anatomie d’un Helminthe té- nioïde trouvé dans Je canal intestinal d’un Boa anacondo ( Boa 71 scytale Linn.). L'auteur donne à cet Entozoaire le nom générique de Prodicælia et le nom spécifique de Ditrème (Prodicælie Di- trema). - Marnémartiques : Théorie des nombres. — M. Lebesgue lit un Mémoire sur les nombres de solution de certaines congruences; il fait connaître l’usage de ces nombres pour la résolution de l’équa- tion binôme, et la démonstration des lois de réciprocité dans la théorie des résidus de puissances. Cum : Amidon. — M. Payen mel sous les yeux de la Société de lamidon transformé en dextrine sans coloration, et complète- ment soluble dans l’eau. Il répète Texpérience coustatant cetle s0- lubilité et la coloration en rouge de la liqueur limpide au moyen de l’iode. Orrique : Double réfraction circulaire. — M. Babinet commu- nique à la Société des résultats d'observations relatives à la double réfraction circulaire, et spécialement sur un moyen de trouver le rapport qui existe entre la rotation du plan de polarisation et la double réfraction circulaire. Séance du 17 décembre 1836. Zoozocre : Nouvelles espèces de Myriapodes. — M. Gervais adressé à la Société quelques résultats d’un travail qu’il a entrepris sur les animaux articulés de la classe des Myriapodes, et auquel il a été conduit par létude des espèces de ce groupe qui vivent aux environs de Paris. ï Les Myriapodes observés par l’autenr dans cette localité sont au nombre de seize, parmi lesquels cinq sont d’espèce nouvelle, sa- voir : lulus lucifugus; Platyulus Audouinii (genre nouveau); Geophilus maxillaris, G: simplex et G. Walkenaerii. Le genre Platyule a les pattes et les anneaux du corps aussi nombreux que les Tules, mais ses anneaux, au lieu d’être cylin- driques comme chez ceux-ci, sont déprimés , et ses yeux ne sont point agglomérés comme ceux des Iules. Le nom spécifique de espèce type de ce genre est celui de M. Audouin, qui se Fest aussi procuré aux environs de Paris, et en à fait le sujet d’un travail destiné à paraître prochainement. M. Gervais propose de former un genre particulier pour le Julus guttulatus Fabr. (ap- pelé par Leach Julus pulchellus et par Lamarck 1. fragarius), 72 ce Myriapode manquant des yeux agglomérés des lules, ce qui le rapproche des Polydesmus. Ce genre prendrait le nom de Blaniulus , c’est-à-dire Iule aveugle. EnromoLoete : Scolopendres. — M. Gervais fait connaître en- suite un fait qui lui démontre que certaines espèces de Scolo- pendres éprouvent des demi-métamorphoses. Tous les animaux de cette famille ont au moins quinze paires de pattes et quatorze ar- ticles aux antennes; or il a trouvé , le 29 mai 1836, un jeune ani- mal de cette famille (probablement du genre Geophilus) qui n’a- vait que 7 paires de pattes (10 anneaux à tout le corps) et 7 arti- cles aux antennes; le 8 juin suivant, le même insecte avait déjà 14 articles aux antennes, et 8 paires de pattes; un nouveau segment ou anneau s'était aussi développé au corps. Puysique : Frottement des corps solides. — M. Cagniard-Latour communique à la Société des observations sur l’évaluation du frot- tement dans les machines d’acoustique. On sait, d’après les expériences d’Amontons, de Coulomb , et celles, plus récentes, de M. Morin, que dans les machines en mouvement les frottemens sont proportionnels aux pressions sup- portées par les surfaces frottantes, et indépendantes de l’étendue de ces surfaces. M. Cagniard-Latour expose que dans les machines de très-pe- tites dimensions, l’étendue des surfaces paraît avoir quelque in- fluence sur les frottemens; à l'appui de cette supposition, il rap- porte une observation qu’il a faite, dans le cours de ses expériences, sur l'instrument auquel il a donné le nom de Sirène-fronde; ob- servation dont il résulte que, si la plaque mobile de cette sirène est traversée dans toute sa longueur par l’axe ou petit cylindre qui lui sert d’essieu, l’instrument fonctionne moins bien que dans le cas où la plaque est simplement suspendue sur deux pointes eflilées. Ainsi, par exemple, dans ce dernier cas la plaque peut tourner continüment lorsqu’après lui avoir communiqué une première im- pulsion on souffle à pleine bouche dans le tuyau de l'appareil, tandis que dans le premier cas la rotation primitivement com- muniquée à la plaque s'éteint assez promptement malgré l’action du courant d’air. : M. Cagniard-Latour met sous les yeux de la Société quatre si- renes-frondes de dimensions diverses, dont les plaques sont sus- 73 / pendues de manière à pouvoir tourner le plus facilement possible, et il fait remarquer que dans le cas où l’on aspire et respire alter- nativement Vair par les tuyaux de ces appareils, chaque plaque, malgré les changemens produits dans la direction du courant mo- teur, n’en continue pas moins de tourner dans le sens de la pre- mière impulsion qui lui a été communiquée. Il annonce ensuite qu'ayant essayé de faire fonctionner ces appa- reils par l’action d’un courant d’eau, il a réussi à l'égard de l’un d'eux, a avoir substitué à la plaque mince de l'instrument une plaque en plomb d’une épaisseur convenable. CHIMIE ORGANIQuE : Acides camphorique et camphovinique, Ether camphorique. — M. Malaguti lit la Note suivante : L’acide camphorique cristallisé, obtenu par l’action très-pro- longée de l'acide nitrique sur le camphre, ayant tous les caractères de l'acide camphorique pur, a donné par la combustion avec l’oxide de cuivre Carbone. . .. 60,20 = C2° — 60,46 Hydrogène. . . 8,00—H6— 7,89 Oxigène. . . . 31,79= Où — 31,65 On verra plus tard que la formule est C2 H'4 O3 LH: O. En faisant bouillir l'acide camphorique avec de l’acide sulfurique, ou de lacide hydrochlorique , et de l'alcool, on obtient une sub- stance sirupeuse, amère, qui ne se dissout pas dans l’eau, qui se dissout dans les dissolutions alcalines, d’où elle est précipitée par les acides , et qui est très-soluble dans l'alcool. Cette substance, après avoir séjourné quelques jours dans le vide , présente la com- position suivante :. Carbone. . . , 63,40 — C48 — 63,60 Hydrogène. . . 8,86— Hi — 8,65 Oxigène. - . . 27,74— 08 = 27,75 Cette formule empyrique peut être traduite par la formule ra- tionnelle Cie H28 O6 — C8 Ho O + H2 O, c’est-à-dire deux atomes d'acide camphorique (chaque atome contenant un atome d’eau de . moins), un atome d’éther et un atome d’eau : véritable composition des acides viniques libres. Extr. de L'Institut. 10 74 Si on distille cette matière sirnpeuse (acide camphovinique }) dans une cornue de verre à la lampe à alcool, on obtient une ma- tière butireuse, des gaz carburés inflammables, et un* résidu car- boneux. En traitant par de l'alcool bouillant la matière butireuse , on obtient par le refroidissement des cristaux d’une longueur re- marquable. Ces cristaux n’ont ni saveur, ni odeur; ils sont tount-à- fait neutres, fondent etse volatilisent sans se décomposer; se com- binent, maleré leur neutralité, avec les bases, et ETES des sels cristallisés, et sont doués d’une foule de propriétés” physiques qui les séparent de l'acide camphorique. tion de ces cristaux est, EI composi- Carbone. . . . 66,24 — C0 — 66,36 Hydrogène... 7,70—H'i— 7,58 Oxigène. . . . 25,86— 0% — 26,06 Cette formule est exactement confirmée par l’analyse des combi- naisons de cette substance cristalline avec l’oxide d'argent et l'oxide de cuivre; de manière qu ’élle peut représenter de l'acide camphorique moins un atome d’eau. Mais ces cristaux, qui, sans avoir une réaction acide, sont pourtant un véritable acide, en s’éthérifiant par l’action combinée de l'alcool et d’un acide puis- sant, donnent le même acide vinique que celui produit par l’acide camphorique cristallisé; ce qui constitue une preuve pour admet- tre que l'acide camphorique cristallisé ( C2° H:°O4) contient un atome d’eau, qu'il perd en se combinant à certaines bases. Ce qui va suivre confirme cette opinion. Les eaux mères alcooliques qui ont laissé précipiter l’acide camphorique anhydre, traitées par l’eau, donnent un dépôt hui- leux assez dense, qui, bouilli quelques minutes avec un peu de . potasse, devient très-fluide; on lui trouve une odeur particu- lière, une saveur désagréable, et la propriété de se volatiliser sans se décomposer. La composition de cette substance est d’après l’ex- périence Carbone. . . . 65,88 — C?8 — 66,06 Hydrogène. . . 9,43— H°%4 — 9,24 Oxigène. . . . 24,69 —O04# — 24,70 ce qui correspond à l’éther camphorique — C2° H% O3+CSH°° O. 75 Comme on obtient cet éther par léthérification soit de lacide vamphorique cristallisé, soit de l'acide camphorique anhydre, il faut en conclure que, dans l'acte de léthérification , l'acide cam- phorique ordinaire quitte un atome d’eau et devient amhydre; que par conséquent sa formule est C5 H'4 O3 LH? O, et qu'ainsi lorsqu’il entre en combinaison il devient C2° H'4 O5, et non pas C2° H56 Où. En résumé on a les formules suivantes : C2 H'4 O + H2 O....... Acidecamphorique ordinaire. C:° H4O05....,........ Acide camphorique anhydre. Cie H28 Of + CS Hi O + H-0. Acide ämphovinique libre. C2 H'4 O3 + Cs HO... . . Ether camphorique. Séance du 24 décembre 1836. PHYSiQuE MATHÉMATIQUE : Du frottement dans les machines. — M. Combes communique à la Société des reclierches sur le calcul du travail développé par les frottemens dans les machines. Lorsque deux corps À et B se meuvent en se pressant mutuelle- ment , le travail résistant dû au frottement est égal à l'intensité du irottement, multipliée par l’étendue du glissement des deux sur- faces en contact l’une sur l’autre. Quand on connaît d'avance les conditions du mouvement des deux corps qui se touchent; comme cela arrive toujours pour les pièces qui entrent dans la composition des machines , l'étendue du glissement à chaque instant peut être déterminée avec facilité par les lois connues de la composition des mouvemens de translation et de rotation. En effet, cette étendue ne dépend que du mouvement relatif des corps contigus, et ne change par conséquent point qund on imprime à tous deux un mouvement connu de translation et de rotation. Or, si l’on ajoute au mouvement effectif dont ces corps sont animés un mouvement commun , égal et directement opposé à celui que possède l’un d’eux, À par exemple, celui-ci est réduit à l’immobilité ; et le mouvement commun étant composé avec celui que possède B donnera le mou- vent relatif de B par rapport à À considéré comme immobile; d’où il suit que le déplacement, pendant un instant infiniment petit, dans ce mouvement composé, de lélément ou des élémens de la surface de B en contact avec À, sera précisément l’étendue du 76 glissement, pendant le même instant le B sur À ou de À sur B, dans le mouvement effectif et simultané des deux corps. Ainsi, dans l’engrenage de deux roues dont les axes sont situés dans le même pian, l’on connaît le rapport des vitesses angulaires des roues autour de leurs axes respectifs. Ces vitesses angulaires sont inversement proportionnelles aux rayons des circonférences pri- mitives. Si on ajoute au mouvement effectif du système un mouve- ment commun de rotation autour de l'axe de la roue À , avec une vitesse angulaire égale et en sens contraire de celle que possède cette roue, celle-ci sera réduite à l’immobilité, et l’on verra im- médiatement que le mouvement relatif de B par rapport à À sera à chaque instant une rotation autour de la génératrice par laquelle se touchent à cet instant les cônes primitifs des deux roues, avec une vitesse angulaire égale à ] 2 cos 1 NNRIEETT I R: TR BR expression dans laquelle u désigne la vitesse des points situés à læ circonférence primitive de l’une ou de l’autre roue, dans le mou- vement eflectif du système; R et R° sont les rayons primitifs des roues, et y l’angle de leurs plans ou le supplément de l’angle com- pris entre les axes des cônes primitifs. Pour que ce mouvement relatif soit possible, sans qu’il y ait dé- formation des dents au contact, il faudra que les normales com- munes aux élémens de contact des deux dents en prise soient perpendiculaires à la génératrice de contact des cônes primitifs et rencontrent cette génératrice, dans toutes les positions du système. Si l’on désigne par z la longueur moyenne de ces lignes perpendi- culaires à la génératrice de contact, l’étendue du glissement pen- dant l'instant dé sera 1 1. 2cos y u — Ù — — dt V Re: ER RR' à ds | dé point de la circonférence primitive de lune ou de Pautre roue, mais si désigne la vitesse, dans cette même position, d’un La 47 p la pression mutuelle des dents suivant la normale commune, on aura udé — ds et l'expression du travail résistant élémentaire du frottement sera I I 2 Cos ?y PR SN PR a d Vi Hu [ rss dont l'intégrale s'obtiendra, quand on aura exprimé p et z en fonction de l'arc variable s. Mais, quand. les dents sont très-petites, la normale commune aux contours des dents qui est perpendiculaire à la génératrice de contact des cônes primitifs, forme un très-petit angle avec le plan de la roue B, de sorte que z se confond sensiblement, en direction et en grandeur, avec la droite menée du point de contact des dents au point de tangence des circonférences primitives, laquelle est située tout entière dans le plan de la roue B. En prenant cette dernière ligne pour z, les valeurs de p et de 3 sont les mêmes, quel que soit l'angle y, et la même formule s'applique aux engrenages cylindriques et aux engrenages coniques, proposition qui a été démontrée par M. Coriolis, en suivant une méthode différente, dans un Mémoire imprimé dans le Journal de l’Ecole ON nique. L’étendue du glissement etle travail du frottement se déterminent avec autant de facilité dans l’engrenage de la vis sans fin et d’une roue. s La méthode exposée ci-dessus est d’une application facile, sûre et commode. Elle repose sur les lois de la composition des mou- vemens de rotation, lois tout-à-fait pareilles à celles de la compo- sition des forces et des couples de forces, et qui peuvent se dé- montrer, comme la indiqué M. Poinsot, en s'appuyant sur les notions les plus simples de la géométrie, Cet exemple est un de ceux qui prouvent l'avantage qu'il y a, pour l'étude des machines, à se rendre ces lois familières; on pourrait en citer beaucoup d’autres. fi Enromozocte : Cochenille du Nopal.— M. Audouin rend compte de quelques observations qu’il a eu occasion de faire sur la Coche- nille du Nopal { Coccus Cacti L.\ qu'on est parvenu à propager dans les serres du Muséum d'histoire naturelle depuis l’année 1853, 78 , Avant cette époque, ©est-h-dire en 1817, en 1818 et en 1820, puis en 1828 et en 1831, on avait fait des tentatives pour élever cet Insecte, mais elles avaient assez mal réussi. Le jardinier en chef des serres où sont cultivées les plantes grasses, M. Peloie, ayant appris en 1833 que M. Lot, jardinier à Paris, rue de Fontaine- au-Roi, n° 33, possédait un pied de Nopal garni de Cochenilles, en obtint quelques unes et les transporta au Jardin du Roi; à partir de cette époque, elles ont continué à y multiplier, et aujourd’hui trois pieds en sont complètement couverts. Depuis lors, M. Au- douin annonce qu’il n’a pas cessé de les étudier. En attendant qu’il publie les résultats de ses recherches, il met sous les yeux de la Société quelques échantillons qui éclairciront plusieurs points de l’histoire curieuse de ces Insectes. Il a pu suivre plusieurs des générations qui se sont succédé. Ayant observé les femelles au moment où elles mettent bas, il a reconnu que cette opération offrait beaucoup d’analogie avec ce qui a lieu pour les Pucerons à une certaine époque de l’année. La Cochenille femelle , dont l'abdomen est fort distendüu, engendre successivement des centaines de petits qui sortent de son corps, non pas sous la forme d'œufs, mais à l’état d'insectes pourvus de six pattes et très-agiles. M. Audouin montre plusieurs de ces jeunes Cochenilles : au sortir du ventre de leur mère, elles sont d’une ténuité excessive et déjà d’un beau rouge ; bientôt elles se répan- dent à la surface des tiges du Nopal, et, après avoir choisi un lieu convenable , elles s’y fixent et acquièrent, comme on le sait, la, grosseur d’un pois. Les femelles seules atteignent ce volume; ce sont elles seules aussi qui , desséchées, sont un objet de commerce, Les mâles sont bien différens par leur forme : ils ont des ailes, tandis que les femelles en sont privées; et, quant à leur dimen- sion , elle est d’une exiguité telle qu’ils ont long-temps échappé à l'observation. En effet , ils ne sont guére plus gros à leur état adulte que les jeunes femelles à leur naissance. Mesurés exacte- ment , ils out un millimètre en longueur, tandis que les individus de l’autre sexe avec lesquels ils s’accouplent atteignent souvent plus d’un centimètre. M. Audouin présente à la Société plusieurs mâles saisis au moment où ils opéraient leur jonction avec les femelles. Leur corps est rouge, sans duvet cotonneux, et leurs ailes , semi-transparentes , sont couvertes d’une sorte de poussière 79 farineuse blanchâtre. Au temps de l’accouplement, ils sont agiles et se promènent sans cesse à la surface des Nopals; leur activité est beaucoup augmentée par l'exposition directe aux rayons du so- leil. Ces mâles sont très-abondans à l’époque actuelle dans les serres du Muséum , et c’est aussi le moment où l’on observe un grand nombre de jeunes femeiles qui commencent à se fixer sur ces No- pals en enfonçant leur bec dans les tiges. M. Audouin présente DSieus de ces femelles à divers À âges , et fait remarquer que toutes, même les plus petites , Sont couvertes d'un duvet cotonueux très-abondant qui est le produit d’une sécré- tion particulière de toute la surface de la peau et dont il a fait une étude spéciale. Extomorocre : Coléoptère nuisible aux Poiriers. — Le même membre annonce qu’il continue ses recherches sur les Insectes nuisibles à l’agriculture et à l’horticulture ; il met sous les yeux de la Société la tige d’un Poirier en quenouille malade et âgé de 4 à 5 ans. Il provient d’un vaste jardin situé à Paris, rue de Varennes, et dirigé par M. Duvilliers. Cet horticulteur s’étant apercu que plusieurs Poiriers offraient à l’extérieur des fissures longitudinales qui , bien qu’elles semblassent superficielles et n’intéresser que l’épiderme , étaient un indice certain de la souffrance de ces arbres et manquaient rarement de les faire périr, consulta M. Audouin pour savoir quelle pouvait être la cause de ce phénomène. L’exa- men que celui-ci en fit ne tarda pas à lui faire reconnaître que cette altération remarquable, qu’il avait déjà eu occasion d’observer ailleurs , et que beaucoup de jardiniers attribuent bien à tort à la nature du sol ou aux intempéries atmosphériques , était occasionée par des Insectes. Ayant enlevé successivement l’écorce sur le trajet des ures épidermiques , il reconnut qu’il existait au-dessous d'elles trois sillons creusés chacun par une larve aux dépens de lécorce et de la couche la plus superficielle de laubier. La tige du Poirier avait 3 pieds de hauteur, et ces sillons parcouraient une longueur de 2 pieds. Commencant à quelques pouces au-dessous du sommet de l'arbre, ils s’arrêtaient à 4 et 5 pouces au-dessus du sol; mais leur longueur était réellement plus grande à cause des nombreuses flexuosités qu'ils présentaient dans leur trajet; mesurées exacte- ment , elles ajoutaient un tiers à la longueur totale. Ces déviations 80 successives que produit la larve et qui figurent trois longues lignes en Zig-zag chevauchant quelquefois l’une sur l’autre, ont évidém- ment pour but de lui faire trouver, dans le trajet qu’elle parcourt et avant d'atteindre le pied de l'arbre , une plus grande quantité de matière nutritive: M. Audouin ayant examiné avec soin le lieu de départ de chacun des trois sillons, a reconnu qu'ils naissaient spécialement d’unlpoint, où avait été faite l’année précédente la taille d’une branche. Là existait, par le fait du dessèchement de la partie entaillée, un petit intervalle circulaire entre l'écorce et le bois. Les œufs d’où étaient éclos les larves avaient été déposés sous cette écorce soule- vée, et en effet c’était un lieu favorablement disposé pour les re- cevoir. À loccasion de ce fait, M. Audouin insiste sur l’avantage qu’on aurait à toujours recouvrir les entailles que lon fait aux arbres avec de l’onguent de saint Fiacre : non seulement on les Pa CN eRen des attaques de lInsecte en question, mais on les mettrait à l'abri de beaucoup d’autres Insectes qui placent leurs œufs sous l'écorce desséchée ou s’introduisent facilement dans le cœur du bois. de M. Audouin montre les larves qui ont sillonné les tiges de Poi- riers et en donne la description; elles lin, de sans aucun doute à un Coléoptère.et peut-être à une espèce de la famille des Serricornes. Des observations ultérieures feront Connaître plus exactement insecte qu’elles produisent et les résultats avantageux qu’on a obtenus dans le traitement des arbres attaqués. Zoovocie : Crustacés. — M. Audouin met ensuite sous les yeux de la Société quelques Crustacés qui lui ont été communiqués par M. Bravais, officier de la marine royale, et qui sont remarquables par la grande ressemblance qu’a leur test avec certaines coquilles bivaives. Déjà on connaissait plusieurs Crustacés présentant ce caractère (les Cythérées, les Cypris, les Lyncées, les Limnadies) ; mais ici la ressemblance est encore plus parfaite, et elle est d'autant plus facile à «apprécier, que le volume de l'enveloppe en forme de coquille est au moins de deux centimètres. Toutefois on ne saurait se mé- prendre sur la classe à laquelle appartiennent ces animaux : ce sont évidemment des Crustacés. M. Audouin juge, d’après un pre- mier examen, qu'ils devront constituer un nouveau genre qui se 8f placera à côté des Lyncées et établira le passage entre eux.et les Limnadies. Ces Crustacés ont été trouvés sur la côte d'Afrique , à Arzew près. d'Oran, dans une petite mare d’eau légèrement sau- mâtre, M. Audouin en fera l’objet d’un Mémoire spécial. Paysique : Voix: humaine. — M. Cagniard-Latour expose que par suite de ses recherches sur la voix humaine, il s'exerce depuis environ huit ans à produire ,.tantôt avec les lèvres de la glotte.et tantôt avec le fond de l’arrière-bouche, des sons de flûte analogues à ceux que lon fait entendre en sifflant avec la bouche. Il parvient maintenapté à Éeilne avec les lèvres de la glotte u un la sh 1692 Big pe par cuuide Ææt son dde Abu, Avec le fond de l’arrière-bouche il ne produit guère qu'un son qui est. de 3776 vibrations simples environ, mais il est aussi in- tense que s’il était produit par les lèvres de la bouche, tandis que les sons flûtés de la glotte ne s'entendent que faiblement ; d’après ces résultats, auteur suppose que le fond de larrière-bouche;:en se contractant pour former un orifice rétréci propre à rendre des sons, peutse raidir a peu près comme les lèvres de la bouche, mais qu’il n’en est pas de même des lèvres de la glotte, lesquelles, sui- vant lui, sont probablement très-molles d’ordinaire; à l'appui de cette dernière hypothèse, il annonce avoir remarqué que si lon rétrécit l’un des trous d’un réclame à l’aide d’une lanière de par- chemin ramollipar Veau, la sonorité de cet instrument.se trouve ainsi plus:affaiblie que dans le cas où, pour produire le même ré- trécissement , on se sert d’unelame de métal ou de loute autre matière jouissant de quelque rigidité. Suivant lauteur, il y aurait dans les sons flûtés du larynx, ‘à peu près comme dans la voix, deux registres différens;. ainsi, pendant l’émission ascendante des cinq premiers ‘tons de l’octave à partir du l dont on vient de parler, la bouche s'ouvre de plus en plus comme pour rendre progressivement plus aiguë là réson- nance de lair contenu dans la cavité buccale , tandis que pendant la production des sons supérieurs aux précédens la boucle peut rester immobile, c’est-a-dire entr’ouverte seulement; ce qui ferait pr'ésumer que ces derniers sons se forment principalement par les vibrations de Vair contenu dans les ventricules du larynx; il paraîtrait donc que dans ce cas particulier la glotte fonctionne à Ext. de L'Institut. 11 82 la manière du réclame, c’est-à-dire comme instrument auquel M. Savart a eu l'idée d’assimiler le larynx humain. D’après de nouvelles recherches sur le mode d’action par lequel on parvient en sifflant avec la bouche à produire des espèces de sons flûtés, M! Cagniard-Latour suppose que le renforcement de ces sons est dû principalement aux vibrations de l'air contenu dans l’espace compris entre l’orifice sifflant de la bouche et un ré- trécissement particulier ou postérieur qui se forme au fond de lar- rière-bouche; il a pensé en conséquence que s’il s’exercait pendant quelques années à former le rétrécissement postérieur avec laglotte, pendant qu’en même temps il élargirait au contraire le plus pos- sible le fond de Parrière-bouche , il devrait, à laide de ces moyens, produire des sons flûtés plus graves que de coutume; il parvient en effet maintenant à descendre de cinq tons plus bas-qu’il nepou- vait le faire avant de s'y être exercé comme on vient de Fin- diquer. cos 219 ol #4) L'auteur :a:fait uelénée recherches pour savoir à quelle pression, en sus de la pression atmosphérique, l’air des poumons se trouve soumis lorsqu'il est employé à faire résonner les instrumens à :an- ches. Il a trouvé ainsi que, pendant l'effet sonore de la clarinette, l'air: insufflé dans l'instrument faisait équilibre moyennement à une colonne d’eau d’environ 30 centimètres de hauteur. Pour faire cette expérience , il avait ajusté au bec de l'instrument ün petit tube communiquant avec l'air contenu (dans la bouche. et joint à l’aide d’un manchon de caoutchouc avec un autre tube -plus long, dont l'extrémité libre plongeait dans un vase rempli d’eau; de: sorte que c’est par la profondeur à laquelle il fallait immerger ce tube pour empêcher Fair insufflé de se dégager sous le liquide, que l’on jugeait de la pression supportée par cet air. Par un procédé analogue il a reconnu que, dans le moment où par le souffle de la bouche on fait vibrer l’un des nouveaux larynx en caoutchouc qu’il avait mis sous les yeux. de la Société, dans la séance du 4 juin dernier, la pression supportée alors par air contenu dans la bouche n’est que de 3 à 4 centimètres d’eau; il a cru s’apercevoir en même temps que dans le cas où le larynx n’est tenu éntre les doigts que par un de ses côtés, c’est-à-dire de facon que le côté-opposé reste libre , l'instrument résonne plus fa- cilement encore , surtout lorsque préalablement son sommet a été 83 assujetti pendant quelque temps entre deux règles convenablement rapprochées; à cette occasion l’auteur fait remarquer que dans un larynx naturel, les lèvres de la glotte étant plus libres aux extré- mités terminées par les cartilages aryténoïdes, qu’à celles fixées au tyroïde, on peut présumer que cette différence entre pour quelque chose dans la facilité avec laquelle ces lèvres paraissent vibrer. Enfin , en appliquant ces explorations manométriques à la glotte artificielle décrite dans l’un de ses anciens Mémoires, et citée ensuite par M. Magendie dans son Précis de Physiologie, tom. 1°", page 292, M. Cagniard-Latour s’est assuré que les an- ches presque libres de cette glotte pouvaient se mettre en vibra- tion au moment où l'air insufflé dans l’instrument était comprimé pan une colonne d’eau d’un centimètre et demi seulement. ‘ FR dat è à SOCIETÉE PHILOMATIQUE DE PARIS. SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. EXTRAITS DÉS PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT L'ANNÉE 1837. a TER — PARTIS IMPRIMERIE D’A RENÉ ET C“, RUE DE SEINE-S.-GERMAIN, 92. EXTRAITS DE L'INSTITUT, JOURNAL GÉNÉRAL DES SOCIÉTÉS ET TRAVAUX SCIENTIFIQUES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER. re Section. — Sciences Mathématiques, Physiques et Naturelles. Rue de Las-Cases, #8, à Paris. SOCIÉTE PHILOMATHIQUE DB PARIS. SÉANCES DE 1857. Extraits des procès-verbaux. Séance du 7 janvier 1857. Came : Hydrogène carboné liquide. M. Pelletier annonce, en son nom et celui de M. Walter, que de nouvelles recherches, sur hydrogène carboné liquide qu’ils ont présenté à la Société dans Pune de ses dernières séances, et la densité de la vapeur de ce composé qu’ils ont prise depuis, les portent à modifier la formule atomistique qu’ils avaient donnée de sa composition; cette formule serait C7 H4. Ils font remarquer qu’elle a cela de remarquable, qu'elle peut se transformer en C*$ H'f, et rentrer par-là dans la série des combinaisons benzoïques. En effet, l'acide benzoïque est formé de C*8 Hio Où. Or, en fai- sant disparaître de l'hydrogène carboné (C:5 H'6) une quantité d'hydrogène — HS, on a, par la loi des substitutions, C28 Hire Où, formule de l'acide benzoïque. MM. Pelletier et Walter se proposent de revenir plus tard sur cet objet. Séance du 14 janvier 1837. Curie : Proportions de la matière azotée dans les différentes variétés de blé. — M. Payen expose à la Société, que consulté Extr. de L'Institut. 1 2 dans le mois de novembre dernier par la Société d’agriculture de la Marne, sur la qualité de quatre variétés de blés cultivées de la même maniere et dans les mêmes terrains, il a reconnu des dif- férences très-marquées dans les proportions de la matière azotée, ainsi que dans la distribution de cette substance relativement à la masse du périsperme. Le maximum du gluten et des deux autres matières azotées dans les variétés demi-dures, s’est rencontré dans les parties adhérentes au tégument ou qui s’en rapprochent le plus, tandis qu’au milieu de la graine les substances azotées sont en moindre proportion. L'auteur a déterminé les rapports entre le poids du tégument externe et celui de la masse des graines. Enfin , il a constaté qu'entre les grains le plus azotés et ceux qui le sont le moins, la proportion d’azote variait depuis 0,022 jus- qu’à 0,029. Les variétés essayées ainsi étaient le blé de Pologne, le blé dit de pays, le blé de mars et le blé de la Trinité ou de 90 Jours. M. Payen, voulant rechercher si des différences plus grandes se rencontreraient entre les blés les plus durs et les plus ten- dres, a soumis à l’analyse les blés de Taganrock, d’Odessa et de Pologne d’une part, et les blés le plus blancs employés par la mennerie de Paris. Les premiers contenaient de 0,029 à 0,031 d’a- zote , tandis que les autres n’en ont donné que de 0,019 à 0,020. , M. Payen annonce qu’il se propose de continuer ces recherches sur les maxima et minima d’azote, en se procurant des échantil- lons de blés durs venus dans des contrées méridionales et des blés les plus tendres des pays septentrionaux. MiNÉRALOGIE : Goniomètres. — M. le docteur Louis Mandl en- tretient la Société d’un nouveau mode d'application du goniomètre à réflexion, employé par M. le professeur Mohs, et auquel il a apporté des améliorations. Dans ce goniomètre, le cristal à observer est fixé à un prisme vertical, et le cercle gradué est horizontal. L’instrument est placé sur une table , au milieu d’une chambre éclairée par deux fenêtres, sur chacune desquelles on forme une croix avec un fil à plomb et un fil horizontal. Vis-h-vis des fenêtres, dans les coins de la chambre, se trouvent des croix semblables sur les murs. Le fil'hori- zontal de ces croix est à peu près à la hauteur du cercle gradaé 0) d horizontal. L’observateur est assis devant le goniomètre, contre le jour , ayant l’œil tout près du petit cristal. Le goniomètre ayant été rendu horizontal et le cristal vertical, au moyen de niveaux à bulle d'air, et par une méthode analogue à celle qui est em- ployée pour le goniomètre de Wollaston, on fixe le cercle sur zéro, et on fait coïncider la croix de la fenêtre, vue par ré- flexion dans la surface du cristal , avec la croix, vue directement sur lelmur. En tournant le cristal jusqu'à ce que la seconde face arrive dans la même position, on obtient l’angle du cristal. Après avoir fait cette opération sur un côté du goniomètre , on répète la même manœuvre de l’autre côté, avec les mêmes surfaces du cristal. Par ce moyen on élimine à peu près complètement toutes les erreurs, ces erreurs'étant toujours contraires l’une à l’autre sur les deux côtés opposés; on fait des observations différentes, comme avec deux goniomètres placés dans des chambres séparées, etion a en même temps l'avantage du minimum des erreurs. Pour parer à l’inconvénient du défaut de fixité de l'œil, M. Mandl applique devant le cristal une lame verticale, qui, par'sa largeur, n’empèche pas la réflexion sur la surface du cristal, et dans la- quelle une ouverture longitudinale très-étroite offre une ligne fixe pour là position de l'œil. On peut même faire cette lame dou- ble afin de pouvoir fixer ses lunettes entre les deux lames, si on est obligé d'employer des lunettés pour observer la croix sur le mur, et par ce moyen on empêche le désagrément qui résulte de la réflexion des objets placés hors de la fenêtre sur la surface inté- rieure du verre des lunettes, Cnimie et PHYSIOLOGIE : Globules du sang.— M. Mandl commu- nique aussi a la Société de nouvelles observations sur les globules sanguins ; et d’abord sur l’action des différens agens chimiques sur ces globules. L’auteur a reconnu que l'écorce des globules sanguins est con- tractéeipar les acides’et dissoute par les alcalis. M. Müller à émis l'opinion que les acides dissolvaient aussi l'écorce; mais M. Mandl appuie l'opinion contraire sur les motifs suivans. Par l’action des acides on n’obtent pas la forme qui est propre aux noyaux; mais les globules conservent leur forme; seulement leurs dimensions deviennent plus petites , et d'autant plus petites que l’acide est plus actif. Le plus actif de tous est l'acide acétique: on ne peut presque 4 plus alors distinguer l'écorce du noyau; mais le sédiment qui se forme au fond du vase est une poudre brunâtre, colorée ainsi par les écorces qui sont contractées et remplies de plis, d’où résulte la grande difficulté d’apercevoir les noyaux. Par l’action des alcalis, les globules diminuent de plus en plus de volume, et finissent par disparaître en se dissolvant entièrement. M. Mandl ne croit pas devoir appuyer son opinion sur les expériences de M. Berzelius, bien qu’elles concordent avec les siennes; parce que les états de dissolution dans l’eau et de coagulation par la chaleur, états dans lesquels M. Berzelius a fait l'examen de la matière colorante des globules sanguins, ne peuvent être comparés à l’état dans lequel cette matière colorante constitue l’écorce des: globules. La contraction par les acides et la dissolution par les alcalis dé- terminent donc maintenant la série des matières organiques, à laquelle appartiennent les écorces des globules du sang. M. Mandl ajoute qu’il a reconnu dans le sang humain, outre les globules sanguins , une autre série de globules beaucoup plus petits, à peu près de la grandeur des noyaux des premiers. Ces globules n’appartiennent pas à la fibrine, car ils restent après la séparation de la fibrine par l’agitation du sang frais. Si on fait les observations microscopiques, en tenant l’objet entre deux verres, on ne les voit pas, parce que, plus pesans, ils restent au fond de la couche; si cette couche est très-mince, ou si par un courantüils sont quelquefois lancés en haut, alors on peut les observer, mais ils retournent bientôt au fond, quand ils ne se placent pas par hasard sur un globule. M. Müller a observé quelque chose de sem- blable dans le sang des Grenouilles, sans en. donner une détermi- nation plus précise: il croit que ce sont des globules de chyle. M. Mandl regarde cette série de petits globules, soit comme des globules de chyle, soit contme les globules élémentaires desnoyaux des globules sanguins. La meilleure disposition.pour les observer est d’étendre une goutte du sang frais sur un verre. Sices petits glo- bules se trouvent alors placés sur les globules sanguins, on ne peut les confondre avec les noyaux de ceux-ci, parce qu'on ne voit pas de plis dans l'écorce, ainsi que cela a lieu quand les noyaux des globules sanguins tendent à s'échapper. — M. Dujardin présente à la Société des dessins destinés à être gravés incessamment, et représentant les corpuscules sanguins de divers animaux vus au microscope, soit dans l’état naturel, soit quand ils ont été modifiés par une addition d’eau ou de sels. Il a recherché surtout l’action des sels neutres, tels que le sel marin , le sulfate, le carbonate et le phosphate de soude; le sul- fate , le ritrate et le bicarbonate de potasse , et Le sulfate de ma- gnésie. Le résultat de ses observations, c’est que les corpuscules san- guins de l'Homme et des Mammifères ont réellement la forme in- diquée par MM. Hogkin et Lister: ce sont des disques à bord renflé, dont le diamètre varie de 1/,4, à "450 de miliimètre, et qui sont toujours privés de nucleus ; mais, par suite de la contraction que leur font éprouver les diverses substances qui diminuent la puissance dissolvante du liquide, ils présentent des nodules ou tubercules irrégulièrement placés, souvent multipliés et pouvant accidentellement figurer un noyau central. Ces corpuscules, par l’action des dissolutions salines ou par leffet de l’évaporation du sérum, sont pour la plupart: contractés, _et présentent un bord crénelé, puis des tubercules de plus en plus saillans , et enfin, si la dissolution est très-concentrée, et si l’on se sert de sel marin, de sulfate ou de nitrate de potasse, ou de sulfate de magnésie, ils se contractent encore davantage, n’ont que :/, de millimètre, et sont hérissés de pointes de tous côtés, de manière à pouvoir rouler dans le liquide sans changer de dia mètre apparent. On observe souvent qu’un certain nombre de corpuscules san- guins , ceux qui sont en train de se dissoudre, sont devenus tout- à-fait sphériques et plus ou moins décolorés; alors leur diamètre n’est, guère que de 5, de millimètre. On concoit donc que ces variations, depuis la forme d’un disque aplati jusqu’à celle d’un globule, ont.dû causer des variations considérables dans les me- sures données par les divers observateurs. Quand les corpuscules légèrement comprimés entre deux plaques de verre sont pressés les uns contre les autres, ils s'agglutinent par le bord, et s’étirent au point de contact quand ils viennent à se séparer par le mouvement du liquide. Le phosphate de soude donne à un grand nombre de corpus- cules la forme d’une cupule épaisse. Le carbonate de soude les conserve mieux que les autres sels, et au bout de quelque temps 6 les fait paraître avec un enfoncement simple ou double bien dis- tinct au centre. Le sel marin et le sulfate de magnésie contractent les corpas- cules sanguins et s'opposent à leur dissolution, mais non d’une manière absolue ; car au bout de quelques jours, ils sont entière- ment dissous, et même au bout d’une demi-heure, on en voit déja quelques uns qui se dissolvent. Le sang des Batraciens présente un nucleus bien prononcé, mais ce nucleus ne devient tel que par suite de l’altération des corpuscules sanguins en contact avec. un sérum plus aqueux ou plus saturé de sels ; car au premier instant ces corpuscules , même ceux qui présentent un renflement central, comme ceux de la Grenouille, n’ont pas encore de nucleus circonserit. Le nueleus paraît donc résulter de la contraction d’une substance fibreuse uniformément répandue d’abord dans le corpuscule. Lorsque le sérum devient plus saturé par l’évaporation, ou quand on ajoute des dissolutions salines, les corpuscules se plis- sent de diverses manières, et si l’on rajoute de l’eau, ils se déplis- sent et redeviennent parfaitement lisses, et ils peuvent passer alter- nativement plusieurs fois de l’un de ces états a Pautre; mais au bout d’un certain temps, il sy forme des cavités sphériques ou vacuoles analogues à celles qu'on cbserve dans les globules de sar- code exsudés du-corps des Infusoires ; des Entozoaires où des An- nélides. Le phosphate, et surtout le sulfate de soude, agissent sur les corpuscules sanguins de Salamandre conservés depuis quelque temps , en les rendant glutineux et susceptibles de's'étirer en fils et de se diviser en masses pyriformes ou globulaires par le mouve- ment du liquide. — À loccasion de la communication précédente , M: Milne Edwards présente quelques observations sur le même sujet. Il con- vient qu’il n’est pas parvenu à distinguer un z#ucleus dans les glo- bules du sang humain, qui. à raison de leur petitesse ; se prêtent difficilement aux observations ; mais il assure avoir mainte f615 constaté l'existence d’un renflement central dans les globules du sang de la Grenouille et de la Salamandre aquatique ; et il' pense, qu'a moins de preuves tout-à-fait positives du contraire, on ne peut guère admettre que les globules du sang de l'Homme aient 7 une structure toute différente de celle des globules des autres ani- maux vertébrés. M. Milne Edwards pense aussi que ce renflement central ne peut être attribué à une déformation des globules; car, en répétant les observations de MM. Prevost et Dumas, sur la cir- culation dans les vaisseaux capillaires des poumons de la Salaman- dre, il a vu les globules offrir le même aspect que sur le porte- objet du microscope, savoir, celui de petits disques elliptiques ren- flés au centre. — M. Donné fait connaître que dans les nombreuses observations qu’il a faites sur les globules du sang humain il n’a jamais pu apercevoir de zucleus. Il ajoute que ce n’est que par une analogie, tirée de l’observation du sang des animaux à sang froid , que l’on a admis pour les globules du sang humain un noyau que personne n’a vu. Il pense que les différences très-grandes aue présen- tent ces globules, et qu'on y admet à plusieurs égards, particu- lièrement quant au volume, sont assez importantes, pour qu’on puisse admettre cette différence de plus, que les uns auraient un noyau dont les autres seraient dépourvus. Il serait porté à penser que le noyau des globules du sang des Grenouilles et des Salaman- dres correspond aux globules entiers du sang humain , et que dans les animaux à sang froid ce globule est entouré d’une substance particulière qui manquerait au sang des animaux des classes supé- rieures. M. Donné dit qu'il a particulièrement énoncé cette opi- nion, relativement au sang humain, dans sa thèse inaugurale, mais que n’ayant pas fait un travail assez complet à ce sujet, il a, dans les Mémoires qu’il a publiés depuis , suivi opinion générale- ment admise. Séance du 21 janvier 1857. — M. Payen communique à la Société des observations sur l’effet des substances azotées et notamment des graines de lupin, employées en Toscane comme engrais. Ces graines lui ont donné 4,69 d’azote pour 100. À Ilajoute qu’il vient d’examinerune graine de Mimosa, appelée Cas- caloté à Mexico, etemployée avec les gousses au tannage des peaux. Il fait remarquer que les cotylédons de ces graines renferment une telle proportion d’azote, qu’ils donnent directement de l’ammoniaque en excès à la distillation , et que par conséquent il serait plus con- 8 venable de les employer comme engrais, que de les laisser avec les gousses; que celles-ci, plus épaisses et moins colorées que les gousses du Bablak, contiennent aussi plus de tannin, et que leur peu de coloration offre des avantages certains dans le tannage des peaux auxquelles on veut conserver une nuance peu foncée. — M. Payen signale ensuite à la Société une innovation qui vient d’être introduite dans une fabrique de sucre de betterave de Paris. Cette innovation consiste en une presse continue, à cylindres perméables, iraginée par M. Pecqueur. M. Payen, en donnant les détails de la construction de cette presse, fait remarquer qu’elle évite l'emploi des sacs et des claies, et diminue beaucoup la main- d'œuvre. Zoovoctr : Crustacés. — M. Audouin, qui dans une des précé- dentes séances avait fait part à la Société de quelques observations sur des Entomostracés remarquables par leur volume (un centi- mètre de long) et qui provenaient d’Arzew, près d'Oran (Voir L'Institut, n° 192), l’entretient de nouveau de Crustacés fort ana- logues dont il doit la communication à M. Deshayes. Ces Crustacés, qui égalent en grandeur les individus recueillis en Afrique, ont été trouvés dans diverses provinces de l'empire de Russie par un naturaliste de ce pays, M. Krynicki, qui les a rap- portés au genre Limnadie. M. Audouin fait chserver qu'ils diffèrent de ce genre à beaucoup d’égards; que leurs caractères les rappro- chent davantage des Lyncées, et qu’ils doivent constituer un genre nouveau, qui dès à présent se trouve être composé de deux espèces dont l’une habite les côtes d'Afrique et l’autre la Russie. M. Audouin fait observer, au sujet de ces habitat si différens, que ce n’est pas le seul exemple que l’on connaisse d’animaux d’un même genre dont les espèces fort peu nombreuses se trouvent comme dispersées sur des points très-éloignés du globe. Pour ne pas étendre cette remarque au-delà des Entomostracés, il cite Le genre Limnadie de M. Adolphe Brongniart, qui naguère encore ne se composait que d’une seule espèce observée en France, et qui vient récemment d’être enrichi d’une seconde espèce très- analogue à la nôtre et qui habite l'Ile-de-France. Revenant aux Entomostracés d'Oran et de Russie, M. Audouin annonce qu'il a pu distinguer parmi eux des individus mâles et des individus femelles, et fait remarquer que cette observation est 9 d’une assez grande importance pour l'istoire de ces animaux; en effet, chez plusieurs d’entre eux, et en particulier chez les Limna- dies, les Apus, etc., ete., on n'a pu encore reconnaître les sexes, ce qui les a fait considérer comme hermaphrodites. Mais ici, c’est- x-dire dans les Crustacés d’Arzew et de Russie, il n’y a aucun doute sur la séparation des sexes : les mâles, outre qu'ils ne pré- sentent jamais d'œufs sous le test, sont pourvus, à la partie anté- rieure de leur corps, de deux paires d’appendices, terminés par des pointes et des crochets robustes, à l’aide desquels ils saisissent sans doute la femelle et la retiennent pendant l'acte de la copula- tion. Celle est privée de ces organes, et de plus elle a des ovaires qui ont été trouvés garnis d'œufs. Le test des Entomostracés de Russie ne ressemble pas moins à une coquille bivalve que celui des Entomostracés d’Arzew : on y distingue jusqu'aux stries d’accroissement, et cette ressemblance jointe à sa taille, si différente de celle des Entomostracés connus, est telle que la plupart des conchyliologistes, auxquels ce test dé- pouillé de l'animal a été présenté, se sont mépris sur sa nature et Jont rapporté à une coquille bivalve. M. Audouin insiste sur cette analogie apparente, qui pourrait induire en erreur les géoiogues, dans le cas où un test d'individus de cette taille viendrait à être trouvé à l’état fossile. M. Audouin termine sa communication en mettant sous les yeux de la Société de petits Entomostracés du genre Lyncæus, peut-être Lincœus brachiurus de Müller. Ils lui ont été adressés par M. Waga, professeur à Varsovie. Ils ont jusqu’à 3 millimètres de longueur et étaient considérés jusqu'ici comme des géans parmi les Entomos- tracés bivalves, tels que les Daphnies et les Cypris; ce sont main- tenant des nains à côté des Limnadies et des deux Entomostracés d’Arzew et de Russie, dont la taille atteint un centimètre. Ce que ces Lyncées offrent de curieux, c’est qu’ils ont, comine ces der- niers, des sexes distincts. M. Audouin fera connaître les détails de leur organisation extérieure dans le Mémoire qu'il prépare sur ces divers animaux. — À la suite &e cette communication, M. Milne-Eawards commu- uique à la Socicié les résultats des récherches qu’il a entreprises sur la distribution géographique des Crustacés. + D'après les indications consignées dans les ouvrages les plus esti- Ext. de L'Institut. 2 10 més, tels que ceux de’ Fabricius, de Latreille, de Lamarck, de M. Desmarest, etc., il paraîtrait qu’un grand nombre de ces ani- maux sont répandus à des distances immenses sur la surface du slobe et habitent également nos côtes, les mers d'Amérique et l'O- céan indien; mais un examen attentif des Crustacés provenant de ces localités éloignées, et regardés jusqu'ici comme appartenant à des espèces identiques, a convaincu l’auteur que la patrie de ces animaux est beaucoup plus circonscrite qu’on ne le pense généra- lement. Il a constaté qu’à l’exception de quelques Crustacés de haute mer, qui pour la plupart se reposent sur des fucus nageans, ou vivent en parasites sur des poissons, toutes les espèces d’Amé- rique sont distinctes de celles des mers d'Europe, et que celles-ci, a leur tour, sont toutes différentes de celles de l'Océan indien. «ll existe pour les Crustacés, dit M. Edwards, plusieurs régions zoo- logiques, ayant chacune une population particulière composée en partie de types organiques dont on ne retrouve pas les analogues ailleurs, et en partie d’espèces qui sont en quelque sorte les repré- sentans des espèces qui existent également dans d’autres régions. Ainsi notre Ecrevisse fluviatile n'existe pas en Amérique, mais elle y est remplacée par une espèce voisine du même genre; l’A- {rique méridionale en possède une troisième espèce, ei ce Lype organique se retrouve aussi à la Nouvelle-Hollande, mais avec des caractères spécifiques distincts. Des résultats analogues sont offerts par les Palemons, les Langoustes, les Pagures , les Lupées, etc. » M. Edwards fait remarquer aussi que chacune des grandes ré- gions est pour ainsi dire le chef-lieu de certains types organiques, dont on rencontre cependant des représentans dans d’autres mers. Ainsi les Portunes proprement dits appartiennent presque exclusi- vement aux mers d'Europe, bien qu’on en trouve jusque sur les côtes de la Nouvelle-Holiande; et dans les mers d’Asie et d’Amé- rique ces Crustacés sont en quelque sorte remplacés par les Thala- mites et les Lupées. Les grandes régions, qui sont complètement distinctes les unes des autres, sont cependant quelquefois assez rapprochées entre elles : ainsi les côtes méditerranées de l'Afrique appartiennent à la région européenne, tandis que la mer Rouge fait partie de la région indo-océanique. Enfin chacune de ces régions se subdivise en provinces zoologiques caractérisées par l’existence d'espèces particulières. . 11 M. Milne-Edwards lermine cette communication en annonçant qu’il espère avoir fini bientôt le travail qu'il a entrepris sur cet objet, et qu'il s'occupe en même temps de recherches analogues, relatives à la distribution géographique des Polypes: ses observa- tions sur ce dernier sujet le portent à croire qu’on s’est également mépris, en admettant que des espèces identiques sont fréquemment répandues dans les mers des deux hémisphères, et ses résultats , bien qu’incomplets, montrent une tendance analogue à celle qu’offre la distribution géographique des Crustacés. — À l'occasion des observations précédentes, M. Deshayes an- nonce qu'il s’est occupé de recherches analogues concernant les Mollusques; que vers le pôle où les deux continens se rapprochent, on rencontre plusieurs espèces communes aux deux hémisphères ; mais qu'à mesure qu’on descend vers le midi, le nombre de ces espèces cosmopolites diminue, et que bientôt celles de l’ancien et du Nouveau-Monde deviennent toutes distinctes. M. Milne-Edwards fait remarquer que ce résuliat est tout-àa-lait d'accord avec les lois de la distribution géographique des Mam- mifères. Séances du 28 janvier et du 4 février 1835. BoraniQue : Inflorescence. — MM. Brayais communiquent à la Société un Mémoire sur l’inflorescence, dans lequel ils ont eu pour but principai de rechercher les lois qui règlent l’évolution des pédoncules entre eux dans linflorescence centrifuge. Tout rameau naît d’un nœud vital axillaire à une feuille, que les auteurs nomment feuille mère du rameau ; ainsi le nombre et la position des nœuds vitaux qui précèdent la fleur sur chaque pédoncule doivent avoir la plus grande influence sur la nature de V’inflorescence. Lorsque chaque pédoncule porte latéralement un seul gemme ou nœud vital, la cime est uninodale; si en existe deux, la cime est Linodale : elle peut être {rinodale ou multinodale, si le nombre des nœuds est plus élevé et par suite moins constant : ceite division, commode dans la pratique, offre cela de remarquable, que la cime uninodale est propre à la classe des végétaux monocotylédonés, tandis que la cime binodale appar- tient à la classe des dicotylédonés, ou, si l’on veut, les bractées, 12 feuilles premières du pédoncule, offrent le même nombre que les cotylédons, feuilles premières de la tige centrale. Les auteurs s’occupent d’abord du premier de ces deux états : la bractée sous-florale est le plus souvent placée à droite ou à gauche de la feuille même du pédoncule; ils rappellent que, d’après un Mémoire encore inédit sur les spirales des feuilles, la spire géné- ratrice qui les embrasse toutes a pour point de départ sur un ra- meau la feuille mère de ce rameau, et que ce fait n’est qu’un co- rollaire du suivant: «la feuille mère d’un rameau joue, relative- « ment à lui, le rôle des autres feuilles de ce même rameau. » Ainsi la bractée unique des monocotylédones indique Pordre spiral du pédoncule, et cet ordre sera dextrorse ou sinistrorse, selon que cette bractée sera à droite ou à gauche relativement à l’observateur qui a vers lui la feuille mère. k Lorsque le sens dans lequel marche la spire d’un rameau ou pé- doncule est le même que sur la tige dont il dérive, ce rameau est homotrope ; dans le cas contraire il est hétérotrope : de là la divi- sion des cimes uninodales, selon que les pédoncules sont homo- tropes ou hétérotropes : dans le premier cas la cime sera dite héli- coïde, et dans le second cas scorpioïde. Lorsqu’an pédoncule axillaire vient à se substituer à celui sur lequel il est né , lorsqu'il usurpe sa place et déjette par côté sa partie terminale , cette partie paraît opposée à la feuille, et les pédoncules successifs ainsi emboités semblent former une seule tige continue; c’est cette réunion de segmens que les auteurs nomment un pseu- dothalle (tels sont les sarmens de la Vigne). Dans la cime hélicoide, _ les fleurs semblent former une spirale autour du pseudothalle; dans la cime scorpioïde, ce pseudothalle est roulé en volute et les fleurs forment deux rangées paralleles unilatérales. La cime contractée n’est qu’une variété de la cime ordinaire ; de même qu’en contrac- tant l’axe d’une grappe, on obtient une omibellule, de même en contractant le pseudothalle d’une cime, on a une cime contractée. La cime monocotylédone peut être scorpioïde ou hélicoïde , allon- gée ou contraclée, etc. Parmi les exemples qu'ils citent, les auteurs font remarquer les sertules des Amaryllis, Narcissus, Allium, les- quels sont formés par deux cimes hélicoïdes contractées, marchant dans le même sens, et qui prennent naissance aux aisselles des 13 deux feuilles supérieures de la hampe, celles-ci se soudant d'ha- bitude en une spathe d’ane seule pièce. Les auleurs examinent ensuite la position des deux bractées sous-florales dans les plantes dicotylédones : ils font remarquer que ces bractées, opposées en apparence, peuvent être regardées, le plus souvent, comme formant une spirale contractée de deux feuilles, laquelle est elle-même une partie de la spire génératrice : celle-ci, suivant l'usage, part de la feuille mère, embrasse succes- sivement les deux bractées et passe de là aux sépales qui ne sont eux-mêmes qu'une spirale contractée de cinq feuilles : ainsi les deux nœuds sous-florggx peuvent être distingués en premier et second nœud, ou encore nœud inférieur et nœud supérieur. Des divers phénomènes qui peuvent servir à constater lordre spiral d’un pédoncule, le plus remarquable est lestivation quinconciale du calice. Lorsqu'un seul des deux nœudsse développe, la cime estunipare : c’est le nœud supérieur qui alors paraît se développer constamment. La cime unipare peut aussi être hélicoïde où scorpioïde; ce dernier cas, beaucoup plus fréquent que lautre, offre divers phénomènes que les auteurs passent en revue; c’est d’abord la forme de l’esti- vatior calicinale, laquelle est la même sur toutes les fleurs d’une même rangée, et différente sur les fleurs de la rangée voisine ; puis la cause de l’enrouiement en volute; ensuite celle qui écarte les deux rangées de feuilles, en rapprochant, au contraire, les rangées de fleurs, comme on l’observe sur les Borraginées : cette cause , qu'ils nomment excentricilé, consiste en ce que les pédon- cules ne grossissent pas également sur leurs deux faces opposées. La bractée dont le nœud axillaire ne se développe pas est souvent différente de la bractée à nœud fertile; ordinairement elle est plus petite, souvent elle avorte ( Borraginées), et parfois toutes les deux avortent en même temps (Myosotis ). Is étudient les variations qui résulient, soit de cette inégalité, soit de la soudure ou de la diverse position des feuilles, soit de la longueur des mérithalles et de l’état plus ou moins contracté de la cime, du nombre des fleurs selon que la cime est ultiflore, triflore, biflore ou mème uniflore, de sa position selon qu'elle est terminale ou axillaire, de la torsion des pédoncules qui, lorsqu'elle existe, s'exerce en sens inverse du sens de la spire génératrice ; ils examinent d’où proviennent les. 14 rameaux à feuilles qui viennent parfois se mêler parmi les cimes. enfin jusqu’à quel point on peut compter sur la fixité des règles habituelles d’'homotropie ou d’hétérotropie, et sur celle du nombre des gemmes sous-floraux : les exceptions sont presque toujours accidentelles et peuvent se rencontrer cà et là dans la nature. Lorsque les deux nœuds se développent, la cime est bipare : les: auteurs y reconnaissent deux ordres d'évolution, l’ordre descendant et l’ordre ascendant; le premier a lieu lorsque le nœud supérieur prédomine et fleurit avant l’inférieur; le second a lieu dans le cas contraire : sur les dernières ramifications des cimes binodales bi- pares, le nœud le plus faible est souvent sujet à avorter, et la cime s’y change en une cime unipare. Le plus souvent le nœud inférieur est homotrope ct le supérieur est hétérotrope ; la cime est dite di- recte lorsque cette disposition existe : parfois c’est précisément la disposition oppusée qui a lieu, et la cime est alors dite cime in- verse. Ainsi on peut diviser les cimes bincdales en cimes descen- dantes directes, descendantes inverses, ascendantes directes et ascendantes inverses. MM. Schimper et Al. Braun ont déjà re- connu ces divers modes dans un Mémoire inséré en 1835 dans le Flora. Les auteurs étudient les diverses variations de ces cimes sur les végétaux qui les présentent, et font remarquer que la coupe des cimes bipares en ascendantes et descendantes conserve mieux les rapports naturels des genres et des familles que la coupe en cimes directes et cimes inverses. Le Ranunculus aquatilis est la seule plante, connue des auteurs, qui offre des cimes uninodales dans la dicotylédonie. La cime trinodale peut être le plus souvent considérée comme une cime binodale ordinaire dans laquelle un troisième gemme stérile ou fertile existe au-dessus des deux nœuds fondamentaux, qui n’en conservent pas moins leurs corrélations habituelles. La cime multinodale a cela de remarquable qu'elle dégénère souvent dans ses dernières ramifications en de petiles cimes bino- dales pour les plantes dicotylédones , uninodales pour les monoco- tylédones : les Spiræa ulmaria, Agave americana en sont des exemples. Il faut remarquer que parmi les pédoncules nés d’un même pédoncule central, les plus élevés ont généralement moins de nœuds latéraux que les pédoncules les plus bas : toutefois ils peuvent en avoir autant; dans ce dernier cas, et si ces nœuds sont 19 4ous stériles, la cime ressemble à un épi; seulement son axe cen- tral, au lieu d’être indéfini, est terminé par une fleur : la cime devient une cime spiriforme, qu'il est parfois bien difficile de dis- tinguer de l’épi, sans le secours de l’analogie. Après avoir offert un apercu de la cime des principales familles dicotylédones de la flore française, les auteurs s’occupent du cas où un gemme se développe entre un rameau et sa feuille mère, gemme nommé accessoire par M. Rœper. Les auteurs cherchent a prouver su ’ils doivent être assimilés aux gemmes latéraux des rameaux; qu'ainsi le gemme axillaire est simple de sa nature, et que, dans le cas de gemmes axillaires multiples, ils proviennent inédiatement ou immédiatement de l’un d’entre eux : si les divers gemmes axillaires naissant accessoirement les uns des autres sont des pédoncules floraux, leur ensemble forme une cime que les auteurs nomment sériale, et ils font remarquer que les pédoncules sont alternativement dextrorses et sinistrorses, et que les pédon- cules dextrorses se déjettent souvent du côté droit et les sinistrorses du côté gauche. Dans le paragraphe 14, relatif au thyrse, les auteurs examinent le cas où les cimes axillaires sont uniflores, et où le thyrse est nommé spiciforme par M. de Candolle; les deux bractéoles laté- rales pouvant avorier, ils cherchent par quels moyens on peut alors distinguer Ie thyrse spiciforme de lépi. Les auteurs nomment sarmentide une réunion d’inflorescences partielles de même nature, épis, cimes, ou autres, et offrant entre elles l’évolution centrifuge : ils examinent les lois qui les régissent, et les trouvent les mêmes que celles des cimes : aussi les sarmen- tides peuvent-elles être divisées et étudiées de la même manière. Dans le paragraphe 16, les auteurs s’occupent accidentellement de savoir s’il n’existerait pas quelquefois des faits d’homotropie ou d’hétérotropie Sur la partie végétative et foliacée de la plante : il paraîtrait résulter de leurs recherches qu’habituellement les pre- miers nœuds d’un rameau ou pédoncule sont hétérotropes entre eux, le second avec le premier, le troisième avec le second, et ainsi de suite; que cet état continue tant que la décussation des nœuds vitaux subsiste; mais que, si l’ordre alterne selon une spire génératrice unique vient à s'établir, les gemmes axillaires tendent à devenir tous hétérotropes avec le rameau central, 16 Enfin, les auteurs pensent qu’on doit réserver le terme inflo- rescence pour désigner la réunion des fleurs, et non leur mode de disposition; qu’en ne doit point classer les inflorescences en centripètes et centrifuges, mais plutôt par les modes successifs des évolutions qu’elles présentent, et que la cause de l'homotropie ou hétérotropie si régulière de certains axes est une cause interne, un résultat de Porganisation intérieure du végétal. — M. Payen rappeile à la Suciété des expériences dont il lui a communiqué les résultats dans la séance du 21 janvier dernier, et dont on à omis de faire mention dans le procès-verbal de cette séance. Ces expériences consistent en cultures comparées de diverses plantes, parmi celles qui sécrètent de fortes proportions de prin- cipes immédiats azotés. Toutes ces plantes, et notamment plusieurs pieds de tabac, ont été repiqués dans une terre végétale de jardin, préalablement privée de toute matière organique spontanément altérable par uue calcination à la température voisine da rouge naissant, puis ensuite humectée. Les arrosages ont été faits avec des solutions contenant : lesunes des substances organiques non azotées, d’autres un mélange de matières organiques azotées et non azotées; enfin, d'autres ne ren- fermant qu'une substance azotée ; ces dernières ont non seulement suffi à l’entretien de la vie végétale, mais encore ont déterminé les plus remarquables développemens des plantes soumises à leur influence. Les doses employées étaient de 25 grammes d’albumine humide (équivalant à 5 grammes de matière sèche), bien divisée dans 1000 grammes d’eau. L'auteur se réserve de présenter ultérieurement de nouveaux détails sur ces essais, lorsqu'il aura terminé le travail dès long- temps entrepris auquel ils se rapportent. Séance du 11 février 1837. ÉLecrro-cnimie : Ovidation du fer.— M. Payen entretient la So- ciété de ses observations sur les tubercules ferrugineux qui se forment daus les tuyaux en fonte servant à la conduite des eaux, observations sur lesquelles MM. Dumas et Becquerel ent fait un rapport à l’'Acedémie des sciences dans la séauce du 6 février 17 (voir L'Institut, n° 196). Il complète ainsi qu'il suit ses commu- nications précédentes à ce sujet : Au-delà des limites où la réaction alcaline des eaux aérées est trop faible pour préserver entièrement le fer, l'acier et la fonte d’oxidation , le métal attaqué d’abord par l’oxigène de l'air dissous, ne s’oxide qu’en certaines parties où des corps étrangers établis- sent des élémens de pile : la production continuelle d’oxide par- tant des mêmes points détermine naturellement les excroissances dites tubercules ferrugineux. La fonte grise est plus attaquahle que le fer doux et que la fonte blanche, en sorte que des fragmens de la première étant incrustés dans une plaque en tôle ou en fonte blanche, on voit la formation tuberculeuse partir desdits fragmens et s’accroître en tubercules volumineux dans le liquide; des échantillons de ces produits ont été donnés par M. Payen à M. Becquerel et au laboratoire de M. Dumas, à }’Ecole polytechnique. On sait que les fontes moulées offrent naturellement en une foule de points des particules de fonte grise et de fonte blanche qui se touchent. L’addition d’une petite quantité de chlorure de sodium hâte tellement les effets précités qu’ils commencent à se manifester en moins d'une minute dans une solution saturée à la fois de sel marin et de carbonate de soude, puis étendue de soixante-quinze fois son volume d’eau aérée. Ces réactions pro- duisent d’abord du protoxide de fer hydraté blanchâtre qui reste très-long-temps en cet état dans les parties en contact avec le métal ou avec l’oxide qui se forme et les repousse sans cesse. L'auteur a trouvé ainsi le protoxide blanc hydraté persistant sur les parois des vases en verre à une distance de o",1, du point où il avait pris naissance sur le fer et d’où il avait été repoussé gra- duellement; les portions de la traînée tuberculeuse qui recou- vraient le protoxide passaient du blanc au vert brun de plus en plus foncé, puis au jaune-orangé dans les couches les plus super- ficielles tournées vers la masse du liquide qui les baignait de toutes parts. L'analyse de ces oxidations tuberculeuses recueillies sur divers fragmens de fonte a toujours donné les trois oxides (Fe O), (FeO, Fe? Où) (Fe? Of) en diverses proportions, qui, séparées du métal, se convertissent rapidement, soit à l'air, soit dans l’eau, dans les Extr. de L’Institut. 3 18 deux derniers; la proportion du sesquioxide augmente de plus en plus; enfin il s’y trouve toujours aussi du carbonate de fer et de la silice; celle-ci provenant sans doute de l’oxidation du siliciure métallique. Lorsque les tubercules se sont formés dans une solution con- tenant du sel marin , il se produit en outre du chlorure de fer. Sur les parties d’où l’oxidation s’est développée , la fonte désa- grégée contient une plus forte proportion de graphite; elle est devenue noirître et facile à entamer. * M. Payen fait remarquer que ces résultats s'accordent parfaite- ment avec les analyses qu’on doit à M. Berthier des tubercules de Grenoble et des fontes altérées par l’eau de mer dans la première; il se fût sans doute rencontré plus de protoxide, comme le fait observer ce chimiste, si l’on avait pu les traiter au moment mème où ils venaient d’être détachés des conduites. Aujourd’hui l’on admet généralement, comme MM. les com- missaires de l'Académie des Sciences et avec MM. Gaymard et Vicat à Grenoble, Herschell au cap, Prunelle à Vichy, Junker à Poullaouen , que la formation des tubercules est due à l’oxidation de la fonte. Aux divers faits précédemment cités à l'appui de cette opinion et qui montraient l'absence des tubercules dans toutes les conduites en autres matières, où passent les eaux de Grenoble, on doit ajouter, dit M. Payen, l'impossibilité d'admettre la trans- formation du carbonate de fer dans l’eau aérée en protoxide et en oxide magnétique, ce qui exclut la théorie dans laquelle on avait tenté d'expliquer ces formations par les dépôts et l’altération d’un carbonate ferrugineux entraîné dans les eaux. Heureusement tous les moyens qui tendent à préserver les conduites en fonte des tu- bercules doivent augmenter la durée de la matière en la faisant mieux résister, en outre , aux causes ordinaires de dépérissement; c’est ainsi que peuvent être doublement utiles, soit l’enduit de chaux hydraulique indiqué par MM. Vicat et Gaymard, soit l'huile de lin lithargyrée employée par M. Junker dans les tubes en fonte des belles machines d’Huelgoat, et rendue pénétrante à l’aide d’une forte pression. GéoLocte : Terrains de la Dordogne. — M. Juies Delanoue communique à la Société les principaux résultats de ses observa- tions géognostiques dans le département de la Dordogne. 19 Ce département est remarquable non seulement par la richesse et la multiplicité de ses formations, mais encore par.la constance, et on peut même dire par la tranquillité avec lesquelles les forma- tions se sont succédé. Il renferme à la fois les roches primordiales du Limousin et toutes les séries secondaire et tertiaire du bassin de la Gironde, et cependant nulle part encore M. Delanoue n’y a re- connu de traces, si fréquentes ailleurs , de soulèvement et de dis- location. I. Terrains primitifs. — Les terrains primitifs occupent le nord du département de la Dordogne et font partie du plateau central de la France. Ils se composent de granite, de gneiss et de schistes phylladiformes. Beaucoup de roches sont en outre subordonnées au gneiss : les pegmatites et kaolins y forment des amas assez impor- tans, pee les arts en tirent parti (Jumilbac, etc.). L’hydrate de fer apparaît à Saint-Jory de Chaleix sur une superficie de ‘4 de kilomètre carré. Cette montagne de minerai donne de la fonte in- traitable, dont l’analyse a donné à M. Delanoue : Ééroxidede nent nt PU" 20702 Quartz et mica feldspath. . . . . . 0,160 RAT AN RG EE RAR RER OA ANNT 16 Alumine. . .. DS BR ae 0000 Acide ce cnee NU PA 0000 PELLE A MA PE 0 2 SET O On 1,000 La serpentine ne paraît pas s'être épanchée; et dans tous les cas son éruption serait antérieure au dépôt horizontal de calcaire magnésien qui ja recouvre (Saint-Martin de Fressingeas). Enfin la roche la plus remarquable est un schiste siliceux à stratification confuse , de nature très-variable et qui semblerait une roche pri- mordiale altérée, que la silice aurait postérieurement redurcie en s’infiltrant dans ses pores et fissures ( Saint-Paul, Saint-Romain). IT. Terrain houiller. — Les anciens étages des terrains secon- daires de la Dordogne ont recu beaucoup moins de développe- ment que ceux qui les ont suivis. La formation houillère n’y pré- sente que des couches minces de houille assez maigre. IL. -Grès bigarré. — Un grès bigarré recouvre constamment 20 le grès houiller ; la teinte rouge domine dans la partie inférieure et la verte dans la partie supérieure; il contient des filons de cuivre à Terrasson. IV. Arkose quartzeuse. — Cette arkose est naturellement ver- dâtre et friable; elle contient des calamites (Thiviers, Nontron). Le sulfate de baryÿte entre quelquetois dans la pâte, mais plus souvent il y forme des filons contenant des sulfures de plomb, zinc et cadmium (Nontron, Saint-Martin le peint); la ville de Bri- ves est bâtie de cette roche. V. Calcaire magnésien. — I] est naturellement gris de fumée, compacte ou oolitique, et quelquefois fétide. La proportion de ma- gnésie augmente vers les assises supérieures qui sont dolomitiques. Les fossiles de ce terrain sont extrêmement remarquables par leurs épigénies. Ce sont des végétaux, des Ammonites, Pholado- mies, Pentacrinites, Gryphées et Bélemnites, qui sont entière- ment convertis, tantôt en quartz hyalin, et tantôt en sulfate de baryte. Les Bélemnites forment dans les dernières assises un banc régulier qui doit servir de point de repère dans la Charente , la Cor- rèze, et peut-être le Lot, pour rattacher à un même horizon géognos- tique un grand nombre de roches disparates. Le calcaire magnésien altéré, terreux, fournit aux forges du pays une excellente castine. VI. Dolomie où argile gypseuse.— Cet étage est représenté par deux roches différentes qui se remplacent mutuellement, sa- voir, la dolomie qui est le produit de la voie chimique et largile gypseuse qui est due à la voie mécanique. Les fossiles y sont rares; la dolomie seule contient un banc de gryphées blanchies par des efflorescences de sulfate de magnésie (Saint-Jean). VII. Psammite manganésifère ou calcaire cristallin. — Les deux élémens de cet étage sont comme ceux du précédent le pro- duit de deux modes distincts de formation. Le psammite est un mélange tantôt confus et tantôt régulièrement stratifié de poudin- gues, argiles, grès et jaspes, marbrés de toutes couleurs par les oxides de fer et manganèse. Le calcaire cristallin présente les mè- mes bigarrures. Ce terrain est sans contredit le plus intéressant de ceux de la contrée, non seulement par le nombre et l’impor- tance de ses élémens, mais encore par la manière dont ils s'y pré- sentent. Ainsi, on y voit pour la derniere fois la dolomie, la blende et le sulfate de baryte; les silex oolitiques et les minerais de fer 21 et de manganèse y commencent au contraire la longue série de leurs apparitions ultérieures; enfin lhalloisite verte et rose et la nontronite s’y montrent pour la première et dernière fois. Les minerais de fer sont moins hydratés dans cet étage que dans les étages suivans. Ils contiennent aussi une plus forte proportion de manganèse qui contribue à leur excellente qualité (Teyjac, Saint- Martin). Le manganèse qu’on y exploite est toujours barytique et par suite plus riche en oxigène que son aspect souvent impur ne le ferait présumer. Il est en mamelons stalactiformes qui sont quelquefois descendus se former jusque dans le terrain inférieur. Ainsi, M. Delanoue exploite près de Milhac du manganèse con- crétionné dans un gneiss altéré : ce fait lui paraît très-remar- quable. VIII. Oolite blanche. —L’oolite blanche de la Dordogne est étroitement liée à des calcaires lithographiques ou à grains salins et à des grès ferrifères qui lui sont subordonnés. Elle présente du reste tous:les caractères ordinaires. C’est à cet étage qu'on doit rapporter la majeure partie des minerais de fer du nord du dépar- tement, les marbres de Coulaures et les pierres lithographiques exploitées à Saviguac-les-Eglises. IX. Premier calcaire à Hippurites et Sphérulites.— Cet étage est caractérisé par l'apparition des rudistes. Les Icthyosarcolites forment d’abord , sur l’oolite précédente, une couche régulière pétrie de Miliolites, de Gryphæa columba et d'Ostræa biauricu- laris. Le calcaire à Hippurites proprement dit vient après : il forme une large zone du sud-est au nord-ouest du département. Il est blanc, tantôt crétacé et tantôt saccharoïde. Il est souvent remplacé par des sables et des silex à Hippurites qui servent à faire d’ex- cellentes meules (Saint-Angel-Quinsac ). X. Calcaire tufau.— Ce calcaire est ponctué de glauconite, criblé de silex pyromaques, et enfin caractérisé par tous les fossiles de la craie tufau. Les minerais de fer de cet étage sont remarqua- bles par leur forme pisolitique (Puymartin, Montmoreau, Thénon). XI. Deuxième calcaire à Hippurites et Sphérulites, — 1] est jaunâtre, grossier, moins abondant que le premier en Hippurites et Sphérulites, et caractérisé dans les étages supérieurs par une grande quantité de Nummulites (Saint-Alvère, Limeuil, Beaumont). Enfin ce calcaire à Nummulites est recouvert, dans toute la partie 22 sud-ouest du département de la Dordogne, par des alternatives de terrains marins et d’eau douce, contenant des gypses, Palæothe- rium, Trionix, lignites et tous les autres fossiles des terrains tertiaires. } XII. Terrains d’alluvions. — Les vallées de la Nizonne et de ses affluens présentent sur divers points des ossemens de Rumi- nans mêlés à d'excellente tourbe qui n’est pas exploitée et mérite- rait de l’être. On a reconnu encore des ossemens sur deux autres points : à Sorgés, au pied du moulin à vent, il existe une brèche osseuse de grands Bœufs, Chevaux, etc., et à Miremont, au Trou de Granville, des os d'Ursus spelæus et de petits Rongeurs que M. Delanoue a adressés en 1829 au Muséum d'histoire naturelle. Résumé. — La plupart des terrains de la Dordogne se rapportent pour ainsi dire d’eux-mêmes à leurs analogues dans les autres contrées ; mais il en est quelques uns pour lesquels il est nécessaire d'établir des rapprochemens. M. Dufresnoy a observé dans le Lot un grès recouvert de calcaire dolomitique , rappelant très-bien l’arkose quartzeuse et le calcaire magnésien qui la surmonte. Les calcaires à Bélemnites et marnes gypseuses du même géologue sont représentés dans la Dordogne par le banc de Bélemnites et l'argile gypseuse. Au nord-ouest, le calcaire magnésien se lie au calcaire métalli- fère observé dans le Poitou par M. de Bonnard. Quant au psammite manganésifère, il est représenté dans les pays voisins par son équivalent, le calcaire cristallin; mais M. De- lanoue croit qu’on n’a retrouvé nulle part encore à cette hauteur les minerais de manganèse, le silex oolitique, l’halloisite verte et rose et la nontronite dure et tendre qui font de cet étage une for- mation si intéressante et toute spéciale aux environs de Nontron. Séance du 13 février 1837. —M. Vilmorin communique lextrait suivan! d’une lettre qu’il a recue de M. Maupoil, et datée de Dolo , royaunre lombardo-véni- tien , le 14 août 1836. « Nous avons éprouvé plusieurs secousses de tremblement de terre; dans les environs de Bassano il y a eu quelques dommages; à cette époque, on a observé un phénomène singulier : les Hiron- delles à queue fourchue, dites aussi de cheminée, ont disparu , 23 abandonnant leurs petits qui sont morts de faim, et, après une absence d’une quinzaine de jours, on les a vues reparaître; cette circonstance extraordinaire quiaeulieu dans le Padouan, le Vicentin, le Véronais et dans tout le Frioul, ainsi que m'en ont fait part quelques correspondans de ces provinces, mériterait les recher- ches des naturalistes. — Nous n’avons point eu jusqu'a présent cette quantité d’orages auxquels nous sommes généralement sujets: le fluide électrique serait-il diminué dans notre atmosphère? Les pluies que nous avons eues assez fréquemment étaient tranquilles comme dans l'hiver, sans tonnerre ni éclairs , chose qui n’a frappé, n'ayant, autant que je me le rappelle, jamais observé une année semblable. » Cuimre : Fermentation. — M. Cagniard-Latour entretient la So- ciété de la suite de ses recherches sur la fermentation vineuse. Dans la séance du 9 juillet 1836 il avait annoncé qu'ayant exposé de la levure sèche de raisin à une température de — 5° C. il avait reconnu que cette levure pouvait ensuite faire fermenter le sucre aussi bien que de la levure non refroidie. Ayant eu récemment à sa disposition une certaine quantité d'acide carbonique solidifié par M. Thilorier, il a mêlé cet acide avec un peu de levure sèche de bière que l’on avait préalablement réduite en poudre très-fine; cette levure, quoiqu’elle ait dû se trouver ainsi exposée à une température d'environ 90° C. au-dessous de zéro, n’en a pas moins décomposé ensuite le sucre aussi activement que de la poudre de levure semblable, qui n’avait pas été soumise au refroidissement. Puysique : Déplacement du zéro dans les thermomètres. — M. Despretz présente à la Société quelques observations, à l’occa- sion des recherches de M. Legrand sur le déplacement du zéro du thermomètre à mercure ( Voir L'Institut, n° 195). M. Legrand dit que ce déplacement parvient à sa limite au bout de quelques mois. M. Despretz annonce que, dans de nombreuses expériences qu'il a faites avec des thermomètres très-sensibles, il a observé une ascension continue dans la position du zéro pen- dant deux ans. Il conclui de Ïà qu’on n’est jamais dispensé de vé- rifier le zéro d’un thermomètre avec lequel on veut prendre une température fixe. 24 Séance du 25 février 1837. Cie oRGANIQuE : Lait. — M. Donné communique à la Société les résultats suivans d'observations récentes qu’il a faites sur le lait. Observé au microscope, le lait paraît composé de globules de di- verses grosseurs,nageant dans un liquide; Leuwenhoëck regardait ces globules comme formés par la matière grasse et par le caséum; cette opinion a été admise depuis par la plupart des observateurs, et M. Raspail dit qu’ils sont, les uns albumineux, les autres oléa- gineux. Ces globules ne passent pas au travers du papier: ils restent sur le filtre avec la crème; le liquide qui passe ne contient pas de globules, mais le caséum s’y trouve en dissolution et on le préci- pite au moyen des acides. L’éther dissout entièrement tous les globules laiteux, et on ne retrouve plus que des gouttes oléagineuses sans forme déterminée. Les alcalis, tels que l’ammoniaque, la potasse et la soude , ne dissolvent pas les globules du lait à froid; un grand nombre échappent même à Paction de ces agens après l’éballition. Cette résistance des globules laiteux aux alcalis dépend, suivant M. Donné, d’une membrane particulière qui enveloppe chaque globule; ces petits corps sont d’ailleurs entièrement formés par le beurre , ainsi que le démontre leur solubilité dans léther. On doit donc considérer le lait comme composé de sérum dans lequel le caséum est en dissolution, comme la fibrine dans le sérum du sang; ce sérum contient en suspension des globules formés de matière grasse et d’une enveloppe. Le lait de femme, ceux de vache, de chèvre et d’ânesse, sont alcalins au moment où on les obtient. Zoorocre : Nouveau Crustacé.— M. Dujardin met sous les yeux de la Société un Mémoire de M. Straus-Durkheim, déja imprimé pour être publié prochainement dans les actes du Musœum Sen- kenbergianum de Francfort. _ Le sujet de ce Mémoire est la description anatomique d’un Crustacé du même genre que ceux dont M. Audouin a entretenu la Société dans deux précédentes séances (24 décembre et 21 jan- vier). Comme eux il a un test bivalve long de 1 centimètre, ana- logue à la coquille d’un Mollusque acéphale, d’une Arche, par 25 exemple; la tête est en outre munie d’une plaque en forme de lo- sange, susceptible de rentrer entre les valves; près de la bouche sont quatre rames servant à la locomotion, et tout le long du.corps se trouvent des lames branchiales en grand nombre. Les mâles ont en avant de ces lames branchiales des pieds d’une structure très- compliquée, terminés par des serres et destinés à embrasser le test de la femelle durant l’accouplement. a M. Rüppell, quia Dppetée ce Crustacé de son voyage en Abys- sinie, et qui l'avait montré à la réunion des naturalistes allemands à Stuttgard , en 1834 , l'avait dès lors désigné par le nom géné- rique d’'Estheria; et comme il l'avait trouvé surtout en abondance dans les eaux douces de l’île de Dahalak, il lui a donné le nom spécifique de Dahalacensis. Dans une Note ajoutée à ce Mémoire allemand il décrit les cir- constances de l’accouplement et le mode de natation de cet animal. Une planche gravée, qui accompagne le Mémoire, présente tous les détails de structure de l’Estheria. Puysique : Détermination des basses températures.—M. Pouillet fait connaître à la Société les applications qu’il vient de, faire des appareils qui lui ont servi à la détermination des très-hautes. tem- pératures (Voir L’Institut, n° 191), pour déterminer des tempé- ratures très-basses, entre autres le froid très-intense qu’on peut produire au moyen de l'acide carbonique solide obtenu par M. Thilorier. M. Pouillet a employé d’abord deux de ses pyromètres à air, l'un à réservoir de platine et l’autre à réservoir de verre, afin d’obser- ver leur marche comparative. Les observations se font de la même manière pour la détermination des basses températures que pour celle des températures élevées; seulement, dans ce dernier cas, le tube divisé doit être à peu près rempli de mercure au commen- £ement des expériences, afin que le mercure, en s’écoulant gra- duellement, donne une place de plus en plus grande à lair qui arrive par l'effet de la dilatation; tandis que, pour les tempéra- tures basses, le tube divisé doit au contraire se trouver primiti- yement presque rempli d’air sec, afin que le mercure, en rentrant graduellement, vienne sans cesse prendre la place de l'air qui, par l’effet de la condensation, passe du tube daus le réservoir. Ext. de L'Institut. 4 26 Les résultats des observations se calculent, dans les deux cas, par les mêmes formules. On détermine par des observations préalables le volume total de l'air contenu dans le réservoir, dans le tube de communication et dans le tube divisé, ce volume étant réduit à la température de zéro et à la pression de 760 millimètres; mais il est bon de le dé- terminer encore quelques momens avant les expériences, afin d’être assuré que sa valeur est constante. On dispose alors le réservoir dans une auge en bois, de telle sorte qu’il règne tout autour de ses parois un espace d'environ un centimètre de large, disposé pour recevoir le corps froid. M. Pouil- let a rempli cet espace de l’espèce de pâte qu’on forme avec l’a- cide carbonique solide et l’éther sulfurique. Au moment où l’on verse celte pâte dans l'auge, tout autour du réservoir pyrométrique, la. température s’abaisse rapidement, le mercure monte dans le tube divisé, et au moyen du mécanisme de l'appareil il est facile de lui rendre du mercure, de manière que la pression reste sensi- blement au même niveau dans le tube ouvert et dans le tube di- visé qui est toujours en communication avec lui. Lorsque le réservoir est enveloppé et couvert par la pâte, on re- marque que le mercure reste à peu près immobile dans le tube divisé, ce qui annonce que la température du réservoir et de l'air qu'il contient est à peu près constante. On a soin d’agiter sans cesse la pâte et d’en ajouter de nouvelle, de manière qu’elle enve- loppe toujours le réservoir et qu’elle le couvre, à sa partie supé- rieure, avec une épaisseur suffisante. On reconnaît bientôt que la température est parfaitement constante, et elle se soutient dans cet état pendant 15 à 20 minutes. Pour déterminer alors la valeur de cette température , on déter- mine d’abord, par l’observation : 1° le nombre de centimètres cubes que lair occupe dans le tube divisé ; 2° la température du tube divisé et du tube de communication ; 3° la hauteur du baromètre et sa température. Au moyen de ces données et de la détermina- tion qui a été faite du volume total de l'air contenu dans l'appareil -au commencement de l’expérience , on calcule, en ayant recours aux formules données précédemment par M. Pouillet (voir L’In- stitut, n° 391), la température à laquelle se trouve l'air du ré- ser voir. 27 Dans l’expérience faite avec le pyromètre à réservoir de verre, la température de la pâte formée avec l’éther et l'acide carbonique a été déterminée ainsi à 78°,85 au-dessous de zéro. Avec le pyro- mètre à réservoir de platine, une expérience semblable a donné pour résultat 78°,87 au-dessous de zéro. Une telle concordance doit paraître étonnante ; mais on peut se l'expliquer en considé- rant : 1° que la température ainsi déterminée peut être regardée comme celle du point de fusion du composé singulier dont il s’agit, composé pâteux, tres-analogue à la neige imbibée d’eau, et qui finit par se liquéfier complètement après un temps plus ou moins long , et que la température d’un tel point de fusion est aussi fixe que celle de la fusion de la glace; 2° que les auges du réservoir étaient en bois et d’une assez grande épaisseur, par conséquent aussi peu conductrices qu’il soit possible ; 3° enfin, que dans les appareils qui ont servi aux expériences , la valeur d’un degré cen- tigrade était représentée sur le tube divisé par une longueur d’en- viron 12 millimètres , et qu’en faisant les observations avec la lu- nette du cathétomètre il était impossible de se tromper de plus de ao de millimètre ou de ‘25 de degré. L'air qui se condense à la surface du platine ne paraît être ni augmenté ni diminué par ce froid considérable, résultat conforme à celui que M. Pouillet avait déja obtenu en mettant le réservoir de platine dans la glace. M. Pouillet a mis ensuite en expérience le pyromètre magné- tique , présenté par lui dans son premier travail comme moyen usuel Jde déterminer les hautes températures. 11 a fait construire, à cet effet, un élément thermo-électrique , composé d’une lame de bismuth de 5 millimètres d’épaisseur, 20 millimètres de largeur et 25 centimètres de longueur, dont les deux extrémités sont recour- bées à angle droit, extrémités auxquelles sont soudés des fils de cuivre d’un millimètre de diamètre et de 5 mètres et demi de lon- gueur, une telle longueur étant nécessaire pour diminuer l’inten- sité du courant, d’après les lois développées précédemment par M. Pouillet. La lame de bismuth est revêtue d’une membrane de caoutchouc, afin de pouvoir être mise sans inconvénient en con- tact avec le mercure. L'une des soudures de cet appareil étant placée dans la glace fondante et l’autre dans la pâte d’éther et d'acide carbonique, le 28 courant s’est fait sentir aussitôt très-vivement dans le multiplica- téur de la boussole: l'aiguille a été déviée ; la déviation s’ést arrêtée au bout de 8 à 10 minutes, et, après une immobilité de près de 15 minutes, cette déviation a été reconnue être de 63 degrés. Dans une seconde expérience ; l’une des soudures étant à la glace fondante, l'autre aété placée dans le mercure congelé et fondant : la déviation de l'aiguille a été de 270,20 . La graduation de l'instrument, au moyen de huit expériences dans lesquelles la température de l’une des soudures restant à zéro, l’autré a varié de—17° à —770, a faitreconnaitre une inten- sité à tres-peu près constante à la force électro-motrice pour chaque dégré du thermomètre centigrade; et d'après l'estimation de cette intensité , le calcul de la température, correspondant aux 65° de déviation qui-ontiété produits par la pâte d’éther et d'acide carbo- nique, a donné pour cette température — 780,75, résultat trop peu: différent de ceux qui ont été donnés par les pyromètres à air, pour ne pas être regardé comme une preuve de la constance de la force électro-motrice du bismuth et du cuivre, jusqu'a 80° degrés au-des- sous de zéro. Ce principe étant reconnu , le point de congélation du mercure, où plutôt le point de fusion du mercure congelé, déterminé d’après la déviation de 27°,20', est de 4o° Ÿ, au-dessous de zéro. Séance du À mars 1837. Cuime : Lait. — M. Donné rappelle à la Société que dans la communication qu'il a faite sur le lait dans la dernière séance (voir L'Institut, n° 200), il a énoncé un fait relatif à lanature des globules, et une opinion relative à leur organisation, ainsi qu’a l'existence d’une mémbrane enveloppante. Le premier fait, dit-il, est établi par l’action dissolvante de l’éther et la résistance des globules aux alcalis, d’où il résulte que ces globules ne peuvent être composés que de substance grasse et non de caseum. Quant à à son opinion sur l'existence d’une membrane, M. Donné expose qu’il a fait de nouvelles expériences pour la constater : après avoir traité du lait par un excès de soude, il a filtré la liqueur ; puis ayant traité par l’éther la matière grasse obtenue sur le filtre, il a observé que cette matière ne se dissout pas entièrement dans ce menstrue; il reste au fond du tube une substance nvageuse et lé- Re ——— a pepe té sat. } 29 gèré, sur laquelle les solutions de potasse et de soude n'ont aucune action ; cette substance, examinée au microscope, se présente sous la forme d’une trame extrêmement légère; M. Donné pense donc que l’organisation des globules laiteux tient plutôt à une espèce de tissu aréolaire dans les mailles duquel la matière grasse est déposée, qu’à une membrane enveloppante. Toujours est-il qu'ilentre réelle- ment dans la composition des globules laiteux une substance étran- gère à la graisse et au caseum, inattaquable par l’éther et par les alcalis. — M. Dujardin communique des observations relatives au même Sujet. Ayant mis entre deux lames de verre très-minces une petite goutte de lait, et ayant fait glisser ces lames l’une sur l'autre, ila vu un certain nombre de globules adhérer entre eux et se con- fondre ensemble, mais de manière toutefois à conserver une trace légère de la forme globulaire : cette expérience semblerait indiquer que les globules laiteux ne sont point réellement pourvus d’une membrane, mais elle ne s'oppose pas à lopinion de l'existence d’un tissu aréolaire; lorsque l’on chauffe, la matière grasse se réu- nit et forme une goutte oléagineuse. — À la suite de ces communications et à l'appui des faits qu’il avait rappelés dans la dernière séance, M. Payen dépose sur le bureau le quatrième volume du Journal de chimie médicale con- tenant, dans le n° de mars 1828, son Mémoire sur les analyses comparatives entre le lait de chèvre et le lait de plusieurs femmes : on y voit que l’auteur avait alors constaté que le lait de femme offre une réaction alcaline, très-marquée , persistante même durant une évaporation rapide ; que ce lait contient des proportions va- riables de substances organiques dans lesquelles les rapports entre la matière butireuse , le caseum, une autre matière azotée , le sucre et les sels, changent peu; mais qu’il diffère beaucoup de la composition du lait de chèvre, surtout en ce que ce dernier ren- ferme environ deux fois plus de caseum. Ces expériences , entreprises dans la vue de déterminer la cause de l'influence très-défavorable, et même en apparence vénéneuse, du lait d’une nourrice sur la santé d’un enfant, lui ont appris que cette cause devait résider ailleurs que dans unc différence de com- position chimique. M. Payen est parvenu à la trouver, en compa- rant les quantités de substance alimentaire données réellement » 30 dans les régimes prescrits par un habile praticien: il s'est assuré que la nourrice en question fournissait à l’enfant en 24 heures onze décilitres de lait contenant 160 grammes de matière sèche, c’est-à-dire trois fois plus que ne représentait le régime précédem- ment admis et reconnu convenable. L'émission du lait était d’ail- leurs tellement facile, qu’en moins de deux minutes à chaque fois l'enfant pouvait prendre cette quantité de nourriture, qui se trou- vait en outre par la rapidité de l’ingestion excéder les forces di- gestives, et rendait vaine la précaution prise par le médecin de faire réduire la durée de l'allaitement. Ces notions ont amené à préférer une nourrice (refusée d’abord en raison de l’âge de son lait) qui, dans les sept décilitres extraits en six fois par 24 heures et durant 8 minutes à chaque reprise, donnait seulement 64 gram- mes de substance solide, ou à peu près l’équivalent de la quantité prescrite avec succès en employant le lait coupé. Dès lors la santé de l'enfant se rétablit très-vite, et la quantité d’alimens dut en- suite être graduellement augmentée. Mécanique : Vis soufflante. — M. Cagniard-Latour communique à la Société les résultats de diverses expériences qu’il a faites, pour se rendre compte de la force motrice absorbée par la vis soufflante comparativement avec d’autres machines. L'auteur avait présenté à l’Académie des sciences, en 1809, une machine à feu se composant principalement d’une roue à augets plongée dans un bain d’eau chaude, et d’une vis d’Archimède im- mergée jusqu'à moitié de son orifice supérieur dans un bain d’eau froide. La vis servait à insuffler sous la roue un courant d’air qui par sa dilatation et sa force ascensionnelle communiquait à cette roue un mouvement continu de rotation; de sorte que la roue et la vis, à l’aide de lengrenage qui les mettait en communication de mouvement, se faisaient tourner réciproquement: l’effet utile de la machine consistait à élever un poids de 12 livres avec la vitesse uniforme d’un pouce par seconde, lorsque l’eau contenant la roue avait une température de 75° R. M. Carnot, äans le rapport qu’il fit à l'Académie à ce sujet, faisait remarquer que la vis, appliquée comme on vient de lPindi- quer, produisait l'effet d’un véritable soufflet, qui pourrait s’em- ployer comme tel dans les forges et qui devait être considéré comme le meilleur des soufflets alors connus, etc. 31 M. Cagniard-Latour, dans l'intention d'examiner jusqu’à quel point l'opinion de M. Carnot pouvait être fondée , a remplacé dans la machine à feu précédemment décrite la vis soufflante par une pompe à double effet, construite comme celle des souflleries qui servent généralement en Angleterre pour alimenter le feu des hauts-fourneaux ; mais il a reconnu que par cette modification l'effet utile se réduisait à la moitié de celui que l’on obtenait avec la vis soufflante, c’est-à-dire que la machine, pour la même dépense de chaleur, ne pouvait plus élever qu’un poids de 6 livres au lieu de 12 à la hauteur d’un pouce par seconde; et cependant la tige du piston n’éprouvait que le moins possible de frottemens; car cette tige , au lieu d’être grosse et rigide comme celle des pompes ordinaires à double effet, consistait en un simple fil métallique très-mince traversant le piston; c’est-à-dire tendu en dessus et en dessous de ce piston, par un châssis oscillant comme celui de la pompe à deux Stuphembox décrite dans un imprimé publié en 1823 par l’auteur. D'ailleurs, lorsque l’on négligeait de graisser le piston, le mouve- ment de la machine ne tardait pas à se ralentir, et si les soupapes venaient à être atteintes par l'huile, comme alors ces soupapes ainsi mouillées {onctionnaient plus difficilement , le mouvement de la machine devenait très-irrégulier et quelquefois même s’arrêtait ; enfin lorsqu'on avait laissé l'appareil en repos pendant un certain temps, l'huile restée dans la pompe s’étant épaissie, on était obligé, pour remettre la machine en état de fonctionner comme au- paravant, de communiquer préalablement au piston, par un agent étranger, un certain nombre d’oscillations pour faire cesser, à l’aide d'huile nouvelle, les résistances occasionées par l'huile ancienne. Une seconde tentative a été faite avec une autre pompe semblable, mais dont le piston, ayant beaucoup plus de masse et pouvant s’a- baisser par le seul effet de son poids, n’était fixé que par sa partie supérieure au fil métallique remplacant la tige du piston ; mais les résultats ont été inférieurs encore à ceux qu’on avait obtenus avec la pompe à deux Stuphembox. Tous ceux qui font usage de la vis soufflante savent que cette vis, lorsqu'on l’abandonne après l'avoir fait fonctionner, prend aussitôt, par la force ascensionnelle de l'air qu’elle contient, une rotation rétrograde, c’est-à-dire en sens inverse de son mouvement ordi- 32 maire, à peu près comme une chaîne à pots se détourne lorsqu'on la laisse libre pendant qu’elle est chargée d’eau. Dans sa description de 1809, l’auteur, au sujet de cette rotation rétrograde, faisait remarquer qu’il avait pu la rendre continue en insufflant , à l’aide d’un tube courbé, un courant d’air dans le bout änférieur de la vis, après en avoir prolongé et rétréci convenable- ment l'enveloppe ; qu’enfin , dans le cas où la vis était immergée horizontalement , on pouvait la faire mouvoir avec un air aussi peu comprimé qu’on le voulait, et utiliser de cette manière tres-avan- tageusement comme force motrice chaque volume d’air fourni à la machine. L À cette époque. où l’on ne s’occupait pas encore de l'éclairage au gaz, il ne semblait pas que la propriété dont jouit la vis rétro- grade, de pouvoir tourner par l’action d’un courant d’air extrême- ment peu comprimé, méritât quelque attention; mais il n’en est plus de même maintenant que cet éclairage a pris une très-grande extension ; car, d’après divers renseignemens qui ont été procurés à l’auteur par quelques personnes s’occupant de cet éclairage, et notamment par M. Danré, qui a passé en Angleterre plusieurs années, renseignemens qui, d’ailleurs , s’accordent avec ceux que M. Payen a donnés dans la séance du 9 juillet 1836, il paraît certain que la plupart des compteurs que l’industrie anglaise applique en très-grand nombre dans les lieux de distribution du gaz d'éclairage contiennent une vis soufllante fonctionnant tout-à-fait d’après le principe de la vis rétrograde. L'auteur a soumis la roue à augets plongée dans l’eau froide à quelques expériences propres à faire connaître le rapport du pro- duit à la force dépensée pour insufler l'air sous cette roue; il en a fait autant pour la vis rétrograde, et il a trouvé que les résultats étaient à l'avantage de cette dernière machine. Mécanique : Appareil pour mesurer le vol, — M. Cagniard-La- tour entretient ensuite la Société d’un appareil destiné à fournir des données sur la dépense de forces que fait un oiseau pendant qu'il vole. M. Navier, comme on le sait, a trouvé par le calcul que cette dépense est égale à celle qui serait nécessaire pour élever le poids de l'oiseau à la hauteur de huit mètres par seconde, dans le cas où l'oiseau, que l’on suppose être une hirondelle , se tient stationnaire 39 dans un air tranquille, et que la dépense devait être un peu plus que 48 fois aussi grande, lorsque l'oiseau se meut avec une vitesse de 15 mètres par seconde. M. Cagniard-Latour, par suite de ses recherches sur le vol des oiseaux , a imaginé un appareil dont il compte se servir pour exa- miner si l'observation et le calcul seront d'accord en ce qui con- cerne la première proposition de M. Navier, c’est-à-dire celle qui est relative à la force dépensée par l'oiseau qui se soutient dans un airtranquille; c'est principalement au vol du pigeon biset que s'applique l'appareil dont il s’agit. Ayant eu l’occasion d’observer très-attentivement le vol d’un pareil oiseau dont le poids était de 500 grammes, l’auteur a remar- qué qu'au moment de ses stations dans un air calme cet oiseau faisait entendre moyennement huit battemens par seconde. Partant de ces données, il propose, pour déterminer la force dépensée en pareil cas par l'oiseau, Pemploi d’une machine qui “est armée de huit paires d’ailes semblables aux ailes développées 4 pigeon, et agissant à peu près de même sur l'air: elles sont Sposées de facon que labaissement de chaque paire a lieu en un huitième de seconde et le relèvement en sept huitièmes de la même seconde, relèvement auquel, par conséquent, l’air opposera beaucoup moins de résistance qu’a l’abaissement. Ce dernier mou- vement s'effectue par la détente d’un ressort dont la tension a lieu pendant le relèvement ; celui-ci est produit par un cylindre tour- nant, hérissé de cames spirales, disposées à peu près comme les cames du cylindre qui remonte successivement les pilons d’un bocard. La machine est fixée sur l’une des extrémités d’une espèce de fléau de balances en forme de châssis, ayant près de ses points de suspension une poulie destinée à recevoir un cordeau; celui-ci, d’un bout , est enroulé sur une partie du cylindre, et de l’autre est tiré verticalement par un poids moteur; à l’autre extrémité du fléau se trouve suspendu un corps pesant qui fait équilibre au poids de la machine; la poulie est elle-même placée de facon que cet équilibre ne puisse pas être détruit par le poids moteur lors- qu’il est en repos. À l’aide de lexpérience on détermine les conditions de masse et de vitesse que le poids moteur doit réunir, pour que les ailes mues Extr. de L’Institut. 5 34 pat son action puissent produire huit batiemens par seconde et faire acquérir à la machine une force ascensionnelle de 5oo grammes, c’est-à-dire égale au poids du pigeon. La masse du poids moteur et la vitesse avec laquelle il descend pendant que l'appareil fonctionne comme on vient de l'indiquer étant une fois connues ;, on aura dès lors, suivant M. Cagniard-Latour, l'évaluation aussi approchée que possible de la force dépensée par le pigeon pendant qu’il vole de manière à détruire seulement sa gravité. EnToMoLocie : {nstrumens perforans des Insectes. — M. Doyère lit un Mémoire sur les instrumens perforans chez les lnsectes. Réaumur s’est occupé de ce sujet à plusieurs reprises , et tous les auteurs qui sont venus après lui se sont contentés de repro- duire sans objections les explications qu’il a données des divers cas sur lesquels se sont portées ses recherches. M. Doyère pense que l’étude de ces intéressans mécanismes méritait d'être reprise de nouveau, et il croit possible de réunir la plupart, sinon tout l'ensemble, des cas dans une théorie générale qui n’est aucune de celles que Réaumur a proposées. Il prend pour exemple la Cigale femelle. Dans cet fnsectoi tarière est formée de trois pièces ou tiges, assemblées avec beau- coup de précision. Suivant l’opinion admise, les deux latérales, ou limes, joueraient le long de la médiane , ou pièce d'assemblage, qui n'aurait d'autre but que de diriger leurs mouvemens en les empêchant de s’écarter. La perforation résulterait donc du va et vient de ces deux limes: à bois. M. Dayère fait observer: 1° Que les dentelures de ces prétendues limes sont trop mousses, et lui paraissent offrir des dispositions contraires à cet usage ; 20 Par des considérations toutes mécaniques et à priori, que Pinstrument , dans la théorie de Réaumur, manquerait d’un point d'appui suflisant , n’en ayant d’autre que le corps de l’insecte porté sur ses pattes, el se trouvant par conséquent réduit, pour limite maximum d'action, au poids de ce corps lui-même, force tout-à- fait insuflisante dans tous les Insectes à aiguillon ou à tarière. Cette considération , dit-il, suflirait seule, et indépendamment de toute recherche anatomique, à faire pressentir la nécessité de solutions différentes de celles qui sont admises par la science ; 3° Que du reste le mouvement longitudinal des limes est impos- sible. En effet, dit-il, si Réaumur n’avait pas négligé l’anatomie 39 des parties internes, il eût vu que ces deux tiges latérales, aux- quelles il assigne le rôle principal dans Facte de la perforation, sont en réalité fixées par un de leurs bords au pénultième anneau. de l'abdomen, et que la seule des trois tiges qui soit véritablement mobile, c’est la tige médiane, laquelle est portée à lPextrémité d’un fort levier du premier genre, mu par deux puissantes masses musculaires. En conséquence de ces faits, et d’autres qu’il serait trop long de rapporter ici, l’auteur du Mémoire est conduit à penser : 1° Que le seul mouvement que puissent exécuter les tiges laté- rales est un mouvement de rotation, qui a pour résultat de faire sortir la tarière du fourreau où elle est engagée pendant le repos; 2° Que ces mêmes pièces latérales, appelées à tort limes, ne sont: dans l’acte de perforer que des sortes de grappins qui, écartés par l’action de la tige médiane, s'engagent fixement dans Île bois par les dentelures de leur tête, et fournissent ainsi à l'instrument le point d'appui qui lui manque dans la théorie de Réaumur; 3° Enfin, que la tige médiane est en réalité l’instrument de per- foration , instrument qui agit tout à la fois comme un coin pour écarter les têtes des grappins et fixer leurs dentelures dans les fibres du bois, et comme un poincon, après qu’il a dépassé lex- ‘trémité des grappins, en pénétrant profondément dans la sub- stance même du bois. Dans cette théorie, tout ce qui constitue le mécanisme, puis- sance et point d'appui, se trouve renfermé dans le pénultieme anneau de l'abdomen, qui suflit par conséquent à ses fonctions, indépendamment du reste du corps. l’auteur fait voir, par un exemple emprunté aux Abeilles, que toute solution qui n’admet- trait pas cette particularité serait par cela même mise hors de cause. Il remet à un prochain travail l'exposé des résultats aux- quels il est déjà arrivé sur d’autres instrumens de perforation, tels que l’aiguillon des Hyménoptères, le bec des Hémiptères, et la tarière de plnsieurs femelles d’Orthoptères; son Mémoire sera im- primé dans les Annales des sciences naturelles, 1°" semestre de 1837. LA 36 Séance du x1 mars 1837. MéréoroLoGiE : Aurore boréale du 18 février. — M. Donné communique à la Société l'extrait d’une lettre de M. Matteucci, écrite de Forli {États romains), annonçant que l’aurore boréale du 18 février a présenté dans cette localité un spectacle magnifique dans les parties nord et ouest du ciel, depuis neuf heures du soir jusqu’à une heure après minuit. Cette lettre fait connaître les ob- servations que M. Matteucci a faites pendant la durée du phéno- mène, sur deux aiguilles aimantées , l’une de 0,05 de longueur, l'autre plus courte, lesquelles, dans le temps ordinaire, ont 52 et 16 oscillations par minute. Dans dix observations successives, faites pendant l'aurore boréale, le nombre constant des oscillations a été seulement de 30 et de 13. Le lendemain matin, la température étant la même que celle de la veille au soir, les aiguilles avaient repris leur marche ordinaire de 52 et de 16 oscillations. M. Mat- teucci ajoute que si des faits semblables étaient observés ultérieu- rement, ils pourraient servir à éclairer la théorie de l’aurore boréale et celle du magnétisme terrestre. IcurayoLocte : Esturgeons. — M. Valenciennes fail connaître à la Société les observations qu’il a faites sur les deux petits corps que M. de Lamarck a décrits sous le nom de 7'ubulipora patellata, et qu’il croyait être des polypiers, de la division de ses polypiers à réseau. M. Valenciennes s’est assuré, par des comparaisons faites avec soin , que ces deux corps sont deux de ces petits boucliers osseux, qui sont épars sur la peau des Esturgeons. Il avait d’abord eu l’idée de les comparer aux écussons du Squaius spinosus (Bloch, Schnei- der), mais les écussons osseux de ce Chondroptérygien sont ciselés par des stries rayonnantes de la pointe centrale, sans jamais en- tamer la circonférence du disque, tandis que les petits corps dont il s’agit ont tout le bord découpé en étoile, et ne paraissent pas pouvoir être rapportés à autre chose qu'aux petits écussons d’une espece d’Esturgeon. M. Valenciennes 4anonce que ces deux corps seront toujours conservés dans les galeries du Muséum, avec la nouvelle détermi- nation qu’il leur assigne , en ayant soin de leur donner, comme 37 synonyme, le nom de Lamarck écrit de sa propre main, de sorte que l’authenticité ne peut être révoquée en doute. CHIMIE ORGANIQUE : Sang.—M. Poiseuille, au nom d’une com- mission composée de M. Velpeau et lui, fait un rapport sur les deux Mémoires de M. le doct. Louis Mand!, qui ont été commu- niqués à la Société le 14 janvier dernier, et dont un extrait a été inséré dans les procès-verbaux (Voir L'Institut, n° 194). Relativement au premier Mémoire, ayant pour titre: Sur une seconde série de petits globules dans le sang humain, les com- missaires reconnaissent avec M. Mandl l’existence, dans le sang humain , des petits globules qu’il a annoncés , mais ils ne sauraient admettre , avec lui, que ces petits globules soient nécessairement des globules chyleux : ces globules , signalés dans le sang de la Gre- nouille par M. Müller, de Berlin, peuvent tout aussi bien, en Pabsence d'expériences directes, provenir de la lymphe, ou résul- ter des détritus des globules sanguins. Le deuxième Mémoire est intitulé: Action des différens agens chimiques sur les globules du sang. M. Mandl à fait agir sur les globules sanguins les acides hydrochlorique et acétique : il pense, contre l’opinion de M. Müller, en s'appuyant sur les expériences mêmes de ce physiologiste , et sans en produire de nouvelles, que, par suite de l'action de ces acides, les globules n’éprouvent qu’une contraction , et que leurs écorces, de matière colorante , ne se trouvent nullement dissoutes par ces acides, dissolution reconnue par M. Müller dans son Mémoire sur la lymphe , le sang et le chyle. (Annalen der Physik und Chemie de 1832.) La surface rugueuse , inégale, qu'’offrent les globules après l’ac- tion de l'acide acétique, comduit à penser qu’ils ont, en effet, éprouvé un resserrement, puisque leur surface n’est pas unie, comme lorsqu'il s’agit de l’eau distillée; mais MM. Velpeau et Poiseuille croient que cette contraction est accompagnée d’une dissolution , à la vérité assez faible, de leur matière celorante. Cette opinion est fondée sur l'expérience suivante qu'a faite le rapporteur : Si du sang privé de fibrine est abandonné à lui-même dans une éprouvette , les globules se précipitent bientôt à la partie inférieure du vase , et le sérum surnageant est transparent ; il conserve sa couleur légèrement jaune orangée pendant au moins quarante-buit 38 heures ; si on enlève une certaine quantité de sérum, et qu’on la remplace par de l’eau distillée, il se forme encore un dépôt de glo- bules; mais l’eau qui surnage, mêlée à une petite quantité de sérum , est fortement colorée en rouge ; cette coloration est due à la matière colorante des globules, qui s’est dissoute, comme on sait, dans l’eau distillée : or, si l'acide acétique ne peut dissoudre l'écorce des globules , en remplaçant le sérum qu’on a soustrait du sang défibriné par cet acide, l’acide acétique devrait, comme le sérum, rester sans couleur; c’est Ce qui n’a pas lieu: un excès d'acide acétique, conservant sa transparence, acquiert d’abord une légère teinte brune qui devient de plus en plus foncée; le liquide, examiné au microscope, ne conlient point de petits globules en suspension à la présence desquels on pourrait attribuer la couleur qu'il présente; mais cette dissolution de matière colorante est loin d’être aussi considérable que celle qui a lieu par l’eau distillée. Les commissaires sont donc portés à penser avec M. Mandl que les globules du sang, par l’action de l'acide acétique, peuvent éprouver une contraction, mais qu'en même temps il y a dissolu- tion d’une certaine partie de leur matière colorante, ainsi que l’a indiqué M. Müller. Cuimie ORGANIQUE : Gluten. — M. Payen présente un échantillon de gluten diaphane, incolore, plus pur que n’auraient pu le don- ner les procédés connus. L'auteur est parvenu à l'obtenir ainsi en recherchant quelles sont les substances étrangères qui accompagnent le gluten extrait des farines par la malaxation ordinaire , et se livrant à une étude comparative de leurs propriétés. Parmi ces substances on remarque : de l’amidon; des débris de tissu végétal; des sels et oxides insolubles ; des traces de soufre, d’huile essentielle, de sucre , de dextrine et de sels solubles; de l’albumine concrète et de l’albumine soluble; une matière oléi- forme aromatique, une matière colorante et une substance azotée, toutes trois solubles dans l'alcool ; deux huiles grasses solubles dans l’éther et dans l'alcool bouillant ; une matière azotée soluble à chaud dans l'alcool à 0,6 ou 0,7, susceptible de prendre de l’opa- cité, de la cohésion et de devenir insoluble parle rapprochement a sicCité. Quant au gluten pur, ses propriétés diffèrent notablement de 39 celles qu’on avait observées dans les mélanges plus ou moins im- purs qui portent ce nom : il est blanc , translucide, inodore , cas- sant, insipide, inaltérable à l'air sec, insoluble dans Palcool anhydre froid; Palcoo! chauffé à + 70° n’en dissout que des traces ; Veau froide le gonfle, le rend souple, très-élastique et comme membraneux ; l’eau bouillante le fait contracter. L’eau combinée avec l'alcool en plusieurs proportions le dissout, mieux à chaud qu’à froid. De tous ces faits M. Payen a déduit le procédé suivant pour lextraction du gluten : On malaxe, sous une pluie fine d’eau distillée, de la pâte de farine de blé consistante ct préparée depuis deux heures. La substance glutineuse recueillie est étendue en couches minces sur des vases plats en porcelaine, et promptement desséchée à basse température dans un courant d’air sec ou dans le vide ; on la réduit alors en poudre fine et on l’épuise par l’éther chaud, filtrant goutte à goutte, ou ajouté, puis décanté, au moins 20 fois successivement. On lave de la même facon le résidu par l’aicool froid , puis par environ six fois son volume d’alcool bouillant. On fait macérer à chaud, à di- verses reprises , dans l'alcool uni avec 0,4 de son volume d’eau et chaque fois on filtre en entretenant la température. Les solutions rapprochées au tiers par une distillation dans le vide, puis au dixième dans une capsule, laissent un dépôt membraniforme qu’on lave et qu'on dessèche. On recommence deux fois toute la série des mêmes opérations, afin d'éliminer notamment ce qui restait des matières grasses , aromatiques, et des substances azotées étran- gères, et l’on obtient le gluten dans l’état de pureté où l’auteur le présente. Une première analyse d’un produit analogue, dont l’épuration n’était pas poussée aussi loin, a donné 15 centièmes et une frac- tion d'azote. M. Payen se propose de répéter prochainement cette analyse, afin de s’assurer de la composition élémentaire du gluten pur. CuimtE ORGANIQUE : Pulpes de graines oléagineuses.—M. Donné fait connaître les résultats suivans d'observations qu’il a faites sur la pulpe de quelques graines oléagineuses. La pulpe d'amande examinée au microscope présente des glo- bules tout-à-fait analogues à ceux du lait; il serait impossible de 40 distinguer au microscope cette émulsion du véritable lait. Ces glo- bules sont de deux espèces: les premiers sont composés d’une trame et d'huile contenues dans les aréoles; ceux-ci sont solubles dans l’éther, insolubles dans l’eau et même dans les alcalis; ils sont tout-à-fait analogues aux globules du lait. La deuxième espèce ne se compose pas de véritables globules: ce sont des particules irré- gulières, toutes à peu près de même grosseur, ayant environ 2 de millimètre de diamètre; ces particules ne sont nullement de même nature que les globules; elles sont insolubles dans l’éther, ce qui prouve qu'elles ne sont point formées de matière grasse; elles se dissolvent au contraire dans l’ammoniaque et même dans l’eau pure avec la plus grande facilité. Après avoir traité de Ja pulpe d’amande finement râpée par un grand excès d’éther, on voit la substance composée des particules dont il est question se déposer au fond du tube; examinée au microscope elle présente la forme indiquée ; traitée de nouveau par l’éther elle est inaltérable, tandis qu’en mettant une goutte d’eau sur la lame de verre où on les observe, on voit ces particules se dilater et se dissoudre instan- tanément à mesure que l’eau parvient jusqu’à elles; il suit de là que pour voir ces corpuscules il ne faut pas commencer par étendre la pulpe d'amande avec de l’eau, puisque celle-ci les dissout. indépendamment de ces corpuscules, on aperçoit dans la liqueur éthérée, après avoir dissous les globules oléagineux , des débris de trame celluleuse , et même un certain nombre de globules encore emprisonnés dans leurs cellules qui ont été préservées de Paction de l’éther. La noix, la graine de chènevis ont la mème organisation. — Au sujet de cette communication , M. Dujardin informe la Société qu’il s’est occupé du même sujet, et que ses observations lui ont donné des résultats différens. « Si l’on observe, dit-il, entre des lames de verre, avec de l'eau, des tranches très-minces d'amande où de noisette, on aperçoit seulement dans les cellules des gouttes d'huile et des granules irréguliers , disposés contre les parois comme la chromule des parties vertes, mais ayant à peine 50 de millimètre. Les uns et les autres sont très-différens des corpuscules annoncés par M. Donné : les petits granules sont inso- lubles dans l’eau, dans Îe carbonate de potasse et dans l’éther; ils sont colorés er rouge par la teinture d’iode ; quant aux gouttelettes A1 d'huile , elles sont évidemment tout autant dépourvues d’organisa- tion que des gouttelettes de toute autre huile libre; car, en com- primant très-fortement (et j'ai comprimé: à tel point que les an- neaux de Newton se montraient distinctement); les gouttelettes se soudent et forment une masse déprimée , à contour lobé, sans'au- cune trace à l’intérieur ; les corpuscules qui paraissent dans certains globules huileux sont souvent des vacuoles ou cavités occupées pes l’eau qui réfracte moins fortement la lumière. » : VA EQT — Séance du 18 mars 1837. — M. Payen appelle l'attention de la Société surun Mémoire de M. Schwann de Berlin, dont un extrait vient d’être publié dans L'Institut, n° 106, et qui est relatif à l’un des effets jets digestion. M. Payen désire surtout faire remarquer que l'auteur :est arrivé à des résultats qui furent prévus par des savans français, à l’épo- que où parut le Mémoire sur la diastase (1832). M. Dütrochet énonça dès lors, dans un Mémoire présenté à l’Académie des sciences, qu'un corps analogue à la diastase pouvait exister dans les liquides de l'estomac, et donner l'explication d’une action dis- solvante sur plusieurs substances digestibles, que n’attaquent pas suffisamment les agens observés dans l’économie animale. : 0:11 M. Payen ajoute que non seulement le nouveau mode d’ac- tion indiqué par M. Schwann et ses résultats, ont de Panalogie avec ce qui se passe dans l’action dela diastase , mais que les procédés d’extraction des deux substances offrent aussi ve de similitude. LE Darstot — M. Pelletier expose que la ere faite, lundi a mars ; par M. Malagutti à l'Académie des sciences, d’un Mémoire:sur:la cire fossile de Moldavie ou ozocérite, le porte à annoncer qu'il s'occupe aussi depuis quelque temps d’un travail sur cette ‘cire fossile. Il ajoute que, de même que M. Malagutti, il a obtenu dans ses essais une proportion assez considérable de paraffine; mais qu’il est porté à penser que cette parafline est, non un principe constituant de l’ozocérite, mais un produit des réactions chimi- ques développées par la chaleur. CaïMrE ORGANIQUE : Pulpe des graines oléagineuses. M: FDonue revient sur la seu pret des graines oléagineuses, etil rectifie ainsi l’opinion qu’il a émise dans la dernière séance. « Je n’avais Ext. de L'Institut. 6 42 alors entrevu, dit-il, qu'une partie de la vérité, comme le dé- montre l'expérience suivante : «« Lorsqu'on observe au microscope une très-petite quantité de pulpe d'amande, finementrâpée et placée sous un Verre très-mince, sans-y;mettre d’eau, toute cette pulpe neparaît composée que des larges cellules du tissu cellulaire et des petits corps'granuleux que j'ai signalésodans la dernière séance; ces petits corps sont à peu près pyriformes et ont: environ ‘/,, mill. de diamètre; l’éther ne les dissout pas: on peut,en faire arriver tant que l'on veut par ca- pillarité entre les lames; les corpuscules roulent les uns sur les autres sans se dissoudre, sans se déformer ni se confondre. On ne voit-éncore apparaître aucun globule huïileux. Ces 'éorpuscules ne sont autre chose que des espèces de petites vessies, des utri- eules dans lesquelles l’huile est renfermée ; enveloppe est proba- blement formée de gomme ou de quelque autre substance insolu- ble dans l’éther ‘et soluble dans l’eau; en effet, dès que l’on fait arriver-la plus petité quantité de ce que on voit les corpus- cules se dissoudre ou se rompre et lhuile s’en échapper en goutte- lettes excessivement petites, qui bientôt se réunissent plusieurs ensemble pour former des globules huileux ; au bout d’un moment, quand l’eau's’est répandué partout, on ne voit plus que ces glo- bules qui sont alors solubles dans l’éther; il suflit aussi d’écraser les utricules entre deux lames de verre, pour les voir de même se dissoudre dans l’éther, comme si l’on eût fait préalablement agir l’eau. » M. Donné explique ensuite que par le mot organisation, qu'il a appliqué aux globules du lait et aux CORPUSQUTES des graines oléa- gineuses, il n’a jamais v voulu désigner qu'une constitution régu= lière, une réunion de plusieurs tre dans ces petits corps, pour les distinguer de simples particules homogènes plus ou moins di- visées: BOTANIQUE : Champignons. — M. Léveillé lit un Mémoire sur l'Hymenium ou membrane fructifiante des Champignons. Dans ce Mémoire, l’auteur cherche à établir que les Hymeno- thecii qui forment le cinquième ordre du Synopsis Fungorum de Persoon, que tous les auteurs ont adopté et qui compose la pre- mière classe du Systema Mycologicum de Fries, sont trop nom- 43 breux , qu'ils renferment des genres qui n’ont aucun rapport entre eux, et qu'ils doivent être divisés en deux classes. M. Léveillé se fonde sur la structure de l’hymenium; en effet, dit-il, si l’on examine de profil, avec un microscope, la surface des lames de l’Agaricus micaceus, on voit deux sortes d'organes : les uns vésiculeux , saillans, diaphanes, coniques ou cylindriques, en forme de massue ou de matras et placés de distance en distance; les autres représentant des mamelons plus ou moins saillans, très- rapprochés et terminés par quatre pointes dont chacune supporte une spore. L’auteur donne aux premiers organes le nom de cys- tides (de Cystidia), et aux seconds celui de basides (de Basidia). Les cystides n’existent pas dans un grand nombre d’espèces; mais on rencontre toujours les basides, on peut toujours en prouver l'existence sur le premier Agaric venu, sur les Dædalea, les Bolets, les Hydnes, les Théléphores, les Clavaires; ils sont tétraspores, dispores ou monospores, suivant qu'ils sont à quatre, à deux divi- sions, ou qu'ils sont simples comme dans les Trimelles. Ces orga- nes ne sont pas nouveaux : Micheli les avait fait connaître, ainsi que Bulliard et M. Nées d’Esenbek. Après quelques généralités sur ces organes, sur les spores et leur mode d'émission, M. Léveillé établit que les auteurs modernes ont pris à tort pour des cellules remplies de spores, le tissu hy- ménial même, qui est composé de cellules allongées, se dirigeant à peu près toutes dans le même sens , parallèles au plan du récep- tacle sur lequel elles appuient, et non perpendiculaires, comme M. Nées les a représentées dans son System der Pilze. L’auteur passe ensuite à la structure de l’hymenium des Helvel- loïdes qu'Hedwig a fait connaître. Prenant pour exemple le Peziza aurantia, et examinant une tranche au microscope, ila reconnu que cet hymenium est composé de cellules allongées, placées les unes à côté des autres, perpendiculaires au plan sur lequel elles sont fixées; leur structure consiste en une seule membrane, mince et diaphane ; elles renferment huit spores, qu’elles lancent dans air sous forme de nuage, subitement et de temps en temps. Parmi les cellules on en voit d’autres de même longueur, diaphanes, vides et filiformes. Hedwig nomme les premières thèques et les secondes paraphyses; Vexistence de celles-ci, comme celle des cystides, n'est pas constante. Une planche, dessinée d’après nature par M. De- 44 caisne, représente tous ces organes pris sur plusieurs espèces de Champignons, et fait voir que les expressions d’utricules libres ou fixes, asci fixi, asci liberi, employées par les auteurs pour distinguer la fructification des Agarics, des Bolets, des Clavai- res, etc., d'avec celles des Helvelles, des Pezizes ou des Géoglosses, sont impropres et ne conviennent nullement. Ces différences étant reconnues, la division en deux classes du cinquième ordre de Persoon, ou de la première classe de Fries, est - naturelle. La première comprend les Fymenomycetes ou Basidio- spori, et la seconde les Hymenothecii, ou Thecospori. l’une est composée par les Agarics, les Bolets, les Hydnes, les Clavaires, les Théléphophores , les Pistellaires ; et l’autre par les Helvelles, les Morilles , les Pezizes, les Spathulaires, les Géoglosses, etc. Les caractères de ces deux classes sont assez développés dans ce qui précède pour qu'il ne soit pas nécessaire de les rappeler. Æn faisant l'application de cette nouvelle division, on voit que les genres Schirophyllum et Craterellus appartiennent bien à la première classe par leurs spores, que lAsterophora de Dittmar est de l’ordre des Bissoïdées, et que par sa présence il détermine l'avortement d’une espèce d’Agaric, sur l’hymenium duquel M. Lé- veillé a souvent rencontré les organes de la fructification parfaite- ment distincts; on doit encore rapporter à celte classe le genre Solenia et le Peziza perula de Persoon. Il faudra ramener parmi les Thecospori les genres Spathularia, Geoglossum, Mitrula, et peut-être Sparassis, qui ont été placés à côté des Clavaires plutôt à cause de leur forme que de leur fructification. Enfin, on devra éloigner de l’une et l’autre classe les genres Sclerotium, Acrosper- mum, Scleroglossum et Spermædia dont on ne connait pas en- core la fructification. L’auteur pense que le Cantharellus Dutro- chetii qui, d’après les dessins de M. Turpin, présente la fructi- fication des Lycoperdacées ou des Sporotrichum, examiné de nou- veau, rentrera dans la première classe, Il termine en disant qu'il apporte une preuve en faveur de l’o- pinion que M. Turpin a émise dans les Mémoires du Muséum d’his- toire naturelle, et qui consiste à regarder le nombre deux comme le multiple des Acotylédonées, de même que les nombres trois et cinq sont les multiples des Monocotylédonces et Dicotylédonées. 45 Séance du 25 mars 1837. Géozocie : Mouvemens du sol. —M. Elie de Beaumont fait connaître à la Société un Mémoire de M. Capocci, directeur de l'observatoire de Naples, sur les colonnes perforées du temple de Sérapis, près Pouzzoles. L’auteur de ce Mémoire émet une idée analogue à celle que M. Babbage a émise en 1854, relativement à l’enfoncement du sol des environs de Pouzzoles, qui, d’après l’o- pinion la plus généralement admise aujourd’hui, a dû précéder le _ soulèvement produit par le tremblement de terre de 1558. Selon M. Capocci, cet ancien enfoncement ne doit pas être attribué à un autre tremblement de terre; mais il doit s'être opéré par de- grés, ainsi que s’opèrent maintenant non seulement celui de la côte occidentale du Groenland, mais aussi un nouvel enfoncement du sol même des environs de Pouzzoles. M. Capocci évalue en effet à plus de deux palmes la quantité dont le sol de Pouzzoles s’est enfoncé depuis le commencement du siècle actuel. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES : Champignons. — M.Mon- tagne lit une Note, en réponse à une partie du Mémoire lu par M. Léveillé dans la dernière séance, sur l’'ymenium des Cham- pignons. M. Montagne affirme, en opposition à l'opinion de M. Léveillé, avoir trouvé des sporules visiblement contenues dans les tubes en cœcum, qui concourent par leur rapprochement à former l’hyme- nium des Agaricinées, tubes qu’il regarde avec tous les mycolo- gues comme des utricules, ou asci, tandis que M. Léveillé, ne voulant, dans aucun cas, qu'ils renferment de séminules, les considère comme de simples cellules. Quant à la structure générale de l’hymenium, M. Montagne et M. Léveillé y ont vu les même organes; ils ne différent que dans leur manière de les considérer. A l’occasion des utricules allon- gées, observées dans les Gomphus et plusieurs autres Agarics, utricules que M. Léveillé nomme cystides, et qui avaient déjà recu de MM. Link et Kimze le nom de paraphyses, M. Montagne fait observer qu’il en a trouvé d’anormales dans des variétés de l’Aga- ricus radicatus et de V4. cinnamomeus, lesquelles, n’existant pas dans le type, lui paraissent dépendre de circonstances locales ou atmosphériques non encore appréciées suffisamment par les phy= 46 siologistes. Il rappelle que M. Corda (voir le Journal botanique de Ratisbonne, ou Flora, pour 1834), ressuscitant ainsi l'opinion de Micheli, de Gleditsch, etc., regarde ces organes comme de vé- ritables anthères, et prétend les avoir vus se crever et répandre sur l’ymenium, avant la dispersion des sporules, une matière granuleuse qu’il croit fécondante. Paysique : Son. — M. Cagniard-Latour communique les résul- tats de quelques recherches qu’il a faites sur la vibration sonore de l’air. On sait que M. Savart a trouvé qu’une colonne d’air, lorsqu'elle vibre dans un tuyau de flûte à parois membraneuses, donne un son plus grave que celui d’une flûte de même longueur à parois rigides (Ann. de Ch. et de Ph., tom. 30). La plupart de ceux qui jouent de la flûte traversière ont pu remarquer que cet instrument ré- sonne d’ordinaire plus facilement, lorsque ses parois intérieures sont fortement mouillées d’eau. L'auteur rappelle que lui-même, dans un Mémoire qu’il a publié sur la vibration sonore des li- quides, à fait observer qu'un petit marteau de mercure sec peut toujours produire des battemens lorsqu'on le frotte entre les doigts, mais qu'il n’en est pas de même dans le cas où jes parois inté- rieures du marteau sont mouillées d’eau (L'Institut, 1833, n° 17. Ann.de Ch. et de Ph., juillet 1834). Ces divers faits ont suggéré à M. Cagniard-Latour l’idée d’examiner si la colonne d’air que renferme un puits serait plus ou moins propre à faire retentir les sons, suivant que le puits contiendrait de l’eau ou serait à sec, et il a cru reconnaître que la résonnance était plus marquée dans le premier cas que dans le second. Il a remarqué aussi que les sons produits sous la voûte d’un pont en pierre retentlissent davantage dans le cas où le fond sur lequel reposent les piliers de la voûte est recouvert d’eau, que dans le cas contraire. Enfin , il a eu récemment l’occasion de pouvoir apprécier plus facilement encore l'influence que la surface de l’eau exerce sur la résonnance de lair, en observant, dans une propriété aux envi- rons de Chartres, deux silos de constructions et de dimensions semblables; car l’un, ayant son fond recouvert d’eau depuis quel- ques années, est devenu d’une sonorité très-grande, tandis qu'il 47 n’en est pas de même de l’autre qui ne contient pas d’eau. M. Ca- gniard-Latour fait remarquer en outre que dans le premier silo le son se prolonge pendant un certain temps, après que l’on a cessé de le produire, ce qui lui fait présumer que Peau, à raison du poli de sa surface, favorise la réflexion du son à peu près comme elle le fait à égard de la lumière. Pour vérifier celte pré- somption, il se propose de faire polir les parois intérieures de la caisse d’un violon, par lapplication ‘d’un vernis très-luisant, pour savoir si par ce moyen la sonorité de l'instrument éprouvera quelques modifications appréciables. PuysroLocie et CHIMIE : Pus dans le sang. — M. Mandl présente la suite d’une communication qu’il a faite dans la séance du 10 dé- cembre 1836, sur les moyens de reconnaître le pus dans le sang. Il annonce que ni l'urine , ni le lait, nila bile n’exercent sur le sang un effet analogue à celui-du,pus, ét qu'il a obtenu récemment une confirmation des résultats de ses premières expériences, en injectant du pus dans les veines de chiens : le sang tiré après cette injection a présenté des phénomènes semblables à ceux que M. Mandi a précédemment exposés. L'auteur fait connaître ensuite qu’il a continué ses recherches pour tâcher de découvrir l’origine du pus. Il pose, à ce sujet, deux questions : 1° De quelle partiele pus prend-il son rabais Suivant lui, c'est la fibrine qui produit le pus. Il appuie cette assertion par les: ar- gumens suivans ; le pus ne se forme que dans Iles-tissus dans les- quels il y..a lieu à une sécrétion de la fibrine; ainsi, ilne se forme pas dans les ligamens, les nerfs , les os, etc. La sécrétion de la fi- brine précède chaque suppuration. Cette fibrine, accumulée dans les tissus, n’est point transformée par l’assimilation ; mais, coagu- lée dans les mailles des tissus, elle est plus tard transformée en pus. La présence de la fibrine s’annonce par la dureté, laccroisse- ment du volume, etc. Il y a ensuite perte de substance lors de la transformation en pus de la fibrine non assimilée. À cette perte de fibrine est connexe la perte des forces. On voit aussi quelquefois, sur les plaies suppurantes dans le temps de guérison, une mem- brane composée de pus et de fibrine coagulée. Enfin la preuve la plus concluante est la dissolution de la fibrine par le pus. .2° La seconde question est celle-ci : De quelle manière la fibrine 48 est-elle transformée en pus? Son examen sera l’objet d’une autre communication. M. Mandl se borne aujourd’hui à indiquer qu'un: certain degré de chaleur est nécessaire pour cette transformation. Il a reconnu que dans les plaies, les abcès, etc., la chaleur normale est exaltée (38°), et il n’a pas pu provoquer, par des blessures, une suppuration sur les poissons qu’il tenait dans l’eau à une tem- pérature de 8 ou 9 degrés. — À l’occasion de la communication précédente, M. Poiseuille annonce que M. Magendie s’occupe, depuis environ deux maïs, de recherches sur la formation du pus, lesquelles le portent à pen- ser, sans cependant qu’il puisse encore l’affirmer, que le pus pro- vient de la fibrine; il ajoute que M. Magendie a, depuis plus d’un mois, exposé à son cours: au collége de France, les considérations et quelques unes des expériences qui tendent à établir cette opi- nion. La priorité de cette découverte, si elle se confirme , appar- tiendrait donc à M. Magendie. Enromozocie : Appareil génital femelle chez les Cigales. — M. Doyère lit un Mémoire sur l’appareil génital femelle dans le genre Cigale. M: Léon Dufour, dans un travail spécial sur l'anatomie des Ci- gales ; a signalé l'appareil génital femelle comme composé de deux ovaires offrant chacun un oviducte particulier, puis d’un oviducte commun pourvu de l’appareil qu’il désigne sous le nom de glande sébifique de l’oviducte. Quant au point précis où va se rendre ce dernier conduit, il n’y a rien dans le texte ni dans les figures de M. Dufour qui puisse en donner la connaissance. Dans le Mémoire qu'il communique à la Société, M. Doyère fait voir : 19 Que l’oviducte commun n’est point continu, mais qu’il est coupé en deux, sur le milieu de son trajet, par une grande cavité qu'il désigne sous le nom de vestibule copulateur ; la première moitié de l’oviducte, ou premier oviducte commun , se termine dans la paroi antérieure en un mamelon aigu; le deuxième ovi- ducte prend son origine, sous forme d’entonnoir, au point préci- sément opposé de la paroi postérieure , de facon que ces deux oviductes s’embouchent éxactement l’un dans l’autre. 2° Que le deuxième oviducte va se terminer dans la tarière même, dont les trois pièces forment, par leur assemblage, un canal médian qui sert à porter directement les œufs dans les cavités que 49 creuse l'appareil perforant. Ce second oviducte recoit le produit de trois organes sécréteurs tubulaires. 3° Que le sac, désigné par M. Dufour comme un réservoir de matière sébacée , n’est pas en réalité placé sur le trajet de lovi- ducte, comme l’a cru l’auteur des Recherches anatomiques sur les Hémiptères, mais à l'extrémité supérieure du vestibule copulateur, et assez loin du précédent canal, pour que, selon toute probabi- lité, le produit des organes sébifiques n°y puisse parvenir. Mais ce sac paraît s'adapter parfaitement au rôle de vésicule copulatrice, suivant les idées que professe M. Audouin. 4° Que la même théorie de M. Audouin trouve une confirmation nouvelle dans cette particularité remarquable, que le vestibule copulateur s’ouvre au-dehors par un grand orifice sous l’antépé- nultième anneau ventral, à très-peu de distance et en face de la vésicule copulatrice. Ce cas des Cigales a en effet cela d’important qu’une pénétration directe de l'organe mâle dans le premier ovi- ducte est tout-à-fait impossible, et qu’il paraît y avoir une égale impossibilité à ce que la subsiance fécondante puisse pénétrer dans le second oviducte de quelque facon que ce puisse être, et cela par suite de la manière singulière dont cet oviducte se termine dans la paroi antérieure du vestibule. L’hypothèse, encore soutenue par beaucoup de naturalistes, d’une fécondation directe dans les ovaires paraît donc tout-à-fait inadmissible, Au contraire, la théo- rie précitée, d’après laquelle l’organe mâle, pénétrant dans le ves- tibule par son orifice externe, irait déposer l’agent de fécondation dans la vésicule copulatrice , de telle sorte que les œufs ne seraient fécondés qu’à leur passage d’un oviducte dans l’autre, met tous ces faits anatomiques dans un complet accord, en même temps qu’elle y trouve pour elle-même un nouvel appui. Séance du 1% avril 1837. — M. Audouin présente une brochure de M. Brüllé qui a pour titre : Observations sur la bouche des Libellutines. — M. Dujardin ayant annoncé que MM. Strauss et Rüppel avaient fait à la réunion des naturalistes de Stuttgard la communi- cation d’un fait analogue à celui dont M. Audouin a entretenu récemment la Société, et qui était relatif à un nouveau genre de Crustacés, semblable à une coquille bivalve, M. Audouin déclare Extr. de L'Institut. 7 < 50 que, d'après la connaissance que M. Dujardin lui a donnée de la planche de MM. Strauss et Rüppel, l'animal décrit par ces natu- ralistes lui paraît différent de celui qu’il a mis sous les yeux de la Société. — M. Pelletier entretient la Société de quelques recherches mi- exoscopiques qu’il a faites sur la pâte de certains silex, dans la vue d’y découvrir, s’il était possible, des traces de substances organi- sées. Quelques uns lui ont présenté tous les caractères d’une yéri- table matière organisée, et particulièrement les cornalines, dont la belle couleur rouge avait déjà été attribuée à une semblable matière par M. Gaultier de Claubry. Il engage les micrographes . à faire de ces substances minérales l’objet d’un examen suivi, qui pourra amener la découverte de faits très-intéressans. M. Gaultier de Claubry annonce qu'il a l'intention de faire de nouvelles recherches sur ce sujet. — À l’occasion de cette communication, M. Deshaies annonce que de son côté il a aussi cherché des corps organisés dans des substances minérales appartenant aux terrains anciens, et notam- ment dans les houilles de Saint-Etienne et de Mons. Il a ooservé dans un grand nombre de morceaux de houille , des espèces d’a- mandes ou de lames schistoïdes interposées, qui deviennent blan- ches quand on les brüle. Ces feuillets sont entièrement composés de petits filamens et de petits globules, dans lesquels il croit qu’il y a quelque chose d’organisé. — M. Despretz rend compte de ses recherches sur le maximum de densité de l’eau pure et des dissolutions aqueuses et salines, recherches qui ont été le sujet de deux Mémoires présentés à l’A- cadémie des sciences et déja analysés dans les numéros 194 et 202 de L'Institut. Séance du 8 avril 1337. PuysiOLOGIE VÉGÊTALE : Animalcules contenus dans le suc des plantes. — M. Mandl communique quelques résultats d’un travail plus étendu qu’il a entrepris sur le latex ou suc propre des plantes. Il a trouvé dans les sucs de presque toutes les plantes des Infusoires de formes diverses. Ces animalcules sont très-développés dans quelques genres, par exemple le genre Euphorbia. En mettant une goutte du suc laiteux 51 de ces plantes seus le microscope , on observe des animalcules de plusieurs espèces , ou peut-être seulement de différens degrés de développement : les uns oblongs, très-étroits ; arrondis vers les extrémités , lôngs de 1 à 3 centièmes de millimètre, flexibles et transparens; ils paraissent d’autaut plus vifs qu’ils sont plus petits, et on les voit souvent recourber leur corps. Si la plante a été arra- chée depuis une heure ou deux , ils meurent en perdant leur transparence et leur forme; ils se gonflent alors ; on voit naître à. leur surface des excroissances, et bientôt ils crèvent. On en trouve quelquefois qui sont déja morts dans les sucs en circulation. Une seconde espèce , plus vive, d’un centième de millimètre de lon- guüeur à peu près, est oblongüe d’un côté, arrondie du côté opposé ; übe troisième consiste en globules très-vifs, tournant sans cesse sur eux-mêmes , et très-différens par leur grandeur et leur forme des globules du suc. Leur nombre varie dans les diverses plantes ; ils sont très-nombreux , par exemple, dans lEuphorbia buplevri- folia. Dans d’autres genres , le genre Aloës , par exemple , ils sont à un degré moins avancé de développement. On remarque dans l’intérieur de ces Infusoires une apparence de mouvement, mais qui est due peut-être aux oscillations continuelles de ces corpus- cules. Bien différens dans leur forme des Raphides qui se trouvent dans les cellules de beaucoup de plantes (par exemple 4{0ë ; Tra- descantia discolor, etc.) , la nature de leurs mouvemens , de leurs inflexions , et le genre de leur mort présentent en outre des carac- tères trop marqués pour qu’on puisse les confondre avec les glo- bules observés par M. Robert Brown et quelques autres savans. — La communication précédente donne lieu à quelques ques- tions ou 6bservations de la part de plusieurs membres, M. Guille- min rappelle la découverte d’animaicules faite il ÿ a deux ans par M. Ungher dans les anthères des Sphagnum , et la détermination que ce savant a donnée de la place de ces animalcules, qw’il regarde comme des Vibrions. M. Peltiér demande si, dans les expériences de M. Mandl, comme dans celles de M. Robert Brown, les mouvemens observés ont été tels qu’on ne puisse les attribuer à des oscillations produites par l’évaporation ou par les courans du liquide : il a indiqué les. précautions qu'il faudrait avoir, selon lui, pour éviter toute incex titude. 52 M. Donné fait observer, à ce sujet, qu'il y a un moyen fort simple de s'assurer s’il existe dans un liquide des corpuscules doués de mouvement propre: c’est de chaufler le liquide. S'il ne con- tient pas d’animalcules , les mouvemens iront plutôt en augmen- tant qu'en diminuant, tandis que si ces mouvemens sont dus à des animalcules ils ne tarderont pas à cesser complètement. — M.Mandl termine en posant cette question : Les animaux qui circulent avec la sève ne seraient-ils pas l’origine des Infusoires attribués à une génération spontanée? Ne constituent-ils pas seuls aussi les substances azotées observées dans quelques plantes? — M. Pelletier fait remarquer l'impossibilité d’admettre cette hy- pothèse, du moins quant à ce qui concerne les principes immédiats qui préexistent à l’état cristallisable ou cristallisé, corps qui ne sont certainement pas des animaux. M: Payen ajoute que, sans s'occuper du peu d'utilité qu’il y au- rait à combattre actuellement en France la théorie des générations spontanées , et laissant à d’autres le soin de démontrer si l’on ne doit pas trouver ailleurs que dans la sève la plupart des Infusoires ou de leurs séminules, il regarde la deuxième hypothèse de M. Mandl comme autant inadmissible, quant à plusieurs substances azotées, qu’elle l’est en effet relativement aux principes immédiats cristalli- sables cités par M. Pelletier, ainsi que pour le gluten, l’albumine, les sels ammoniacaux, etc.; qu’en effet toutes les plantes et tous les organes de la floraison, de la fructification et de la reproductionk des végétaux phanérogames, à l'état naissant où très-jeunes ; contiennent une proportion telle de matières azotées (au nombre de trois, ou du moins sous trois formes), que par la calcination ils donnent directement des vapeurs à réaction alcaline, c'est-à-dire assez abondantes en ammoniaque pour que celle-ci reste en excès après avoir saturé les autres produits gazeux à réaction acide. Les mêmes substances existent dans toute l’élendue des vaisseaux où circulent les solutions alimentaires des végétaux. M. Payen ajoute que ces faits font partie d’un travail dont il s’est assuré depuis long-temps la priorité par des dépôts à l’Académie des sciences et à la Société philomathique; qu'il en a d’ailleurs ex- posé et discuté les principaux résultats dans des cours publics, dans les conférences du Cercle agricole et à la Société: d’agricul- ture; voulant provoquer toutes les objections qui lui pussent four" 29 nir de nouveaux sujets de recherches avant de soumettre à l’Aca- démie le Mémoire qu’il achève en ce moment. Il rappelle encore que ce Mémoire fait suite à son premier travail sur la composition chimique des radicelles des plantes, travail qui recut l'approbation du corps savant précité. Il croit que si les animaux en question existent réellement, loin de constituer dans les végétaux tous les principes azotés, ils n’y ajoutent que leurs débris, après y avoir puisé leur alimentation, comme cela doit encore arriver pour divers Insectes. Sur la demande de M. Payen , M. Mandl annonce qu’il commu- niquera prochainement à la Société les dessins exacts des animaux qu’il a observés dans les vaisseaux des plantes. Cuimie : Amidon extrait du Lichen d’Islande; gluten obtenu complètement à froid. — M. Payen présente un échantillon de lamidon pur qu’il a extrait du Lichen d'Islande. Ce produit blanc, diaphane , est en lames étendues minces, on- dulées , souples lorsqu'elles ne sont pas fortement desséchées, d’une consistance en quelque sorte memhraneuse, analogue à celle du Lichen lui-même, susceptibles d’être gonflées par l’eau froide et de se dissoudre dans l’eau chauffée à Soc C. Tous ces caractères et quelques autres rapprochent beaucoup lamidon du Lichen de celui que l’on obtient en chauffant la fécule pure jusqu'a + 140° C. dans dix fois son poids d’eau , puis dessé- chant dans le vide. La substance présentée offre donc un des nombreux degrés d’agrégation qui réalisent dans l’amidon une sorte de protée ca- pable de tromper les observateurs par des changemens de formes inattendus , bien que dans la composition élémentaire des divers produits de ses simples transformations, comme dans ses proprié- tés chimiques ies plus tranchées, ce singulier principe immédiat organique , conserve et reproduise des témoignages irrécusables de son origine, de sa nature spéciale et de son identité. Le procédé d’extraction suivi par l’auteur consiste à épuiser successivement le Lichen, préalablement mis en poudre, par l’eau, l'éther, l'alcool anhydre et à 0,6; ensuite par une solution de soude a 35° étendue de 200 fois son poids d’eau, et enfin par l'acide chlorhydrique liquide étendu de 100 volumes d’eau. On lave alors jusqu'a disparition complète des dernières traces d’acide, on fait 54 dissoudre au bain-marie dans l’eau chauffée de 85 à 90°; la solu- tion filtrée , évaporée à sec dans le vide, laisse un produit qui ta- pisse les parois de la capsule et cède encore des traces de matière colorante, etc., à l’eau, l'alcool et l’éther. Apres ces dernières épu- rations, on le fait dessécher dans le vide et on obtient exempt de toutes matières étrangères. Analysé en cet état, après dessication à 100° et pulvérisation complétées l’üné par l'autre à plusieurs reprises, l’'amidon du Lichen est représenté par la formule G'? H1e Of, C’est la composition qui, d’abord admise par M. Berzélius , avait été contestée depuis. — M. Payen annoñce qu'il est parvenu à extraire le gluter du froment complètement à froid, et aussi pur que l'échantillon pré- sénté par lui dans la dernière séance; il indiquera son nouveau moyen dès qu'il croira être parvenu à bien déterminer les circon- stances ies plus favorables à Pexactitude et à la facilité de l’exécu- tion de ce procédé. Zooroc1e : Mollusques. — M. Al. Brongniart lit une Note qu'il a reçue de M. de Fréminville , ancien capitaine de frégate, et qui contient la description suivante d’une nouvelle espèce de Nucule que ce savant nomme VNucule telliniforme. Nucula tellinæformis Freminville. N. Testä oblongà, glabrâ, depressiusculà ; antico latere lanceolato , postico latiore , obtuso , subsinuato; colore olivaceä , intüs albä margaritaceä. Cette Nucule, dont la figure se rapproche de celle d’une Télline, est de forme ovale oblongue , à valves minces et aplaties. Elle à près de deux pouces de largeur sur environ dix lignes de longueur. Elle est légèrement anguleuse antérieurement, ce qui lui donne encore plus l'aspect d’une Telline, et elle offre un léger sinus vers son bord postérieur. Elle est glabre, lisse et luisante ; couverte d’un épiderme d'un brun olivâtre rongé ou écorché vers les cro- chets. Le dedans des valves est nacré. Cette coquille , inconnue jusqu’à ce jour, a été tout récemment irouvée parfaitement intacte dans l’estomac d’un Flétan (Pleuro- nectes hippoglossus) pèché à bord au brick du roi le Cuirassier dans le détroit de Belle-Ile, entre la côte de Labrador et la partie nord de l’île de Terre-Neuve. Il n’en a été trouvé qu'un seul exem- plaire. L’oflicier du brick auquel il appartenait l’a donné à M, Rion Kerhalet, négociant de Brest, lequel Pa confié à l’auteur pour le 55 décrire et le publier. M, Fréminyille a cru qu’il n’était pas sans quelque importance de faire connaître aux naturalistes cette nou- velle espèce d’un genre jusqu'ici peu nombreux. Toutes les Nucules , excepté l'espèce de nos côtes ( N. margari- tacea) , sont rares, et on ne se les procure que difficilement. Il paraît qu’en général ces coquilles se tiennent sur de grands fonds et par un brassiage tel qu’il ne permet guère aux pêcheurs de faire usage de la drague : ce n’est donc que par hasard qu'on les rencontre quelquefois jetées sur les plages ou dans l’estomac de certains Poissons qui en font leur proie. L’auteur saisit cette occasion pour faire connaître aux natura- listes la localité d’une autre espèce du même genre, la Nucule lancéolée (Nucula lanceolata) de Lamarck. Ce professeur lin- dique comme étant rarissime, mais il n’a pas connu sa patrie. C’est aux Antilles qu’elle habite ; elle y est en effet fort rare, et ne se irouve que jetée morte sur le rivage. L'auteur l’a rencontrée ainsi lui-même deux fois, dans la baie du Fort-Royal, à la Martinique. Zoozocre : Zoospermes. — M. Donné communique à la Société le résumé suivant des principaux faits contenus dans ün Mémoire sur les Zoospermes, qu’il compte lire prochainement à l’Académie des sciences, et qui fera suite à celui qu’il a publié sur les mucus. « 1° Les Zoospermes humains vivent très-bien dans le sang, dans le lait; dans le mucus vaginal à l’état normal; dans le mucus utérin à l’état normal; dans la matière purulente des chancres et de la blennorrhagie , même lorsqu'elle contient des Vibrions et des Trichomanes. «20 Ils périssent au contraire très-rapidement dans la salive, dans l’urine, dans le mucus vaginal trop acide, dans le mucus utérin trop alcalin. & 3° Les Zoospermes étant nécessaires à la fécondation , on peut considérer les propriétés délétères que prennent dans certains cas à leur égard les fluides sécrétés par les organes génitaux, comme des caractères de stérilité chez les femmes. « 4° Il n'existe jamais de sperme dans les urines à l’état normal, si ce n’est dans celles qui sont rendues après une émission de semence. « 5° L'aspect extérieur des urines ne sufit pas pour constater l’existence de la liqueur séminale dans ces urines , et les dépôts de 56 sperme ne se distinguent pas des dépôts de nature différente qui se font dans les urines. « 6° L’inspection microscopique et la présence des Zoospermes sont indispensables pour cette détermination. « 70 Les animalcules spermatiques sont inaltérables dans l'urine, même par un séjour de plusieurs mois. » Giozocie: Arkoses.— M. de Bonnard met sous les yeux de la Société un échantillon d’arkose, qui lui a été envoyé par M. Mo- reau, professeur de mathématiques au collége d’Avallon , et qui a été recueilli sur la montagne des Pannats, située près et en face de cette ville, de l’autre côté de la vallée du Cousin. La roche d’arkose dont l’échantillon a été extrait, forme Îà une petite couche superposée à une autre arkose cristalline barytifère, tantôt immédiatement , tantôt avec interposition d’une argile grise ou d’un rouge brunâtre, qui devient dure et jaspoïde au contact de l’arkose à laquelle elle passe par nuances insensibles. La roche de cet échantillon semble bien être le résultat d’un mode de for- mation purement chimique : elle appartient aux arkoses cristal- lines de M. de Bounard; et cependant, en l’examinant avec atten- tion, on y reconnaît de nombreux indices des coquilles qui forment la masse principale du calcaire lumachelle situé au-dessus. M. Moreau fait observer que ce fait présente une nouvelle confir- mation des idées que M. de Bonnard a émises en 1824, en rap- portant à l’arkose des roches quartzeuses, de structure arénacée, qui se trouvent dans cette localité, en blocs roulés à la surface des plateaux granitiques, et qui renferment de nombreuses empreintes des coquilles de la lumachelle et du calcaire à gryphées, et en ex- primant l’opinion que les altérations atmosphériques par lesquelles cette roche a acquis l'aspect d’un grès, n’ont fait que mettre à découvert la véritable structure de larkose, ainsi que les fossiles qu’elle renferme, cette structure et ces fossiles étant méconnais- sables ou invisibles dans la roche non altérée. Séance du 15 avril 1833. — M. Roulin rappelle à la Société que l’idée émise par M. Mandl dans la dernière séance, pour expliquer la présence de Pazote dans les végétaux par celle des animalcules que renferme la sève, a déjà été exprimée par Ellis, du vivant de Linné. 97 — M. Payen met sous les yeux de la Société deux échantillons de dextrine, obtenus, l’un de la fécule et l’autre du lichen. — Le même membre annonce qu'il a observé au microscope, conjointement avec M. Chevalier, la sève de plusieurs végétaux, notamment celle du tilleul et du lilas, sans jamais y apercevoir aucune apparence de mouvement propre à déceler la présence d’animalcules dans le liquide. — Un membre fait observer Hu 2e est pas sur la sève, mais sur le suc propre des plantes, qu'ont eu lieu Îles Ans LE M. Mandl. — M. Payen répond qu'ayant reconnu la présence de matières azotées dans les sèves de toutes les plantes qu’il a examinées, il lui paraissait important de rechercher les animalcules de M. Mandl dans la sève, dont la composition chimique est d’ailleurs beaucoup moins compliquée que celle des sucs propres, et où l'introduction des animalcules ne pourrait pas être occasionée par des influences extérieures. Mais, bien que généralement azotée, la sève ne luia pas encore montré d’animalcules. — M. Dujardin ajoute qu’il a souvent observé des mouvemens moléculaires dans les plantes; mais que ces mouvemens n'étaient rien autre chose que ceux que M. Robert Brown a signalés. IL émet l’opinion que des Infusoires ont pu prendre naïssance à la surface d’un végétal humide, et se glisser ensuite dans l’intérieur à travers le tissu des organes. Quant à la nature des animaux dé- criis par M. Mandl, il pense que ce peuvent être de petites En- chelis. Giorocte : Brèches osseuses. — M. Milne Edwards communi- que un fait qu'il a eu occasion d'observer dans son voyage en Algérie. On sait que l’on a reconnu des brèches osseuses sur tout le littoral européen et dans les îles de la Méditerranée; mais jusqu’à présent on n'en avait point signalé sur la côte d’Afrique. M. Milne Edwards en à observé une à Oran , qui lui a offert les même caractères que celles du midi de la France, mais qui en outre lui a présenté des fraginens de crâne d’Ours. Cette particu- larité nouvelle confirme le rapprochement que lon a déja établi entre les brèches et les cavernes à ossemens. MéréoroLrocre : Aurores boréales. — M. Donné communique l'extrait suivant d’une leitre qui lui a été adressée par M. Mat- Ext. de L'Institut. 8 58 teucci, le 3 avril dernier, en réponse à quelques objections faites à la Société philomathique , relativement à ses observations magné- tiques pendant l'aurore boréale du 18 février dernier (voir L’Insti- tut, n° 202). «...… Les aiguilles que j'ai fait osciller, quoique d’un galvano- mètre, étaient simples; certainement, pour étudier l'intensité magnétique terrestre, je n’aurais pas fait osciller une aiguille compensée. C’est ainsi que, l'angle d’inclinaison magnétique du lieu étant une fois connu, on peut même, par des oscillations faites par une aiguille de déclinaison, passer à savoir l'intensité absolue et ses variations. Pour avoir le rapport entre deux inten- sités prises dans des lieux différens ou à des époques différentes, il faut seulement multiplier le rapport carré du nombre des oscil- lations par le rapport renversé du cosinus d’inclinaison. Dans la dificulté où l’on est d’avoir des aiguilles d’inclinaison parfaites, on a de l'avantage à recourir à l’aiguille de déclinaison. « L’on me communique, de Milan, que la diminution de l'in- tensité magnétique dans l’aurore boréale du 18 a été observée à observatoire de Brieu : on me précise même la diminution de cette intensité ; les oscillations emploient '/. de seconde de plus qu’à l'ordinaire, et elles ont persisté dans cet état, un peu avant dans la matinée du 19; j'ignore pourtant la méthode de l'observation. Je vous répète de nouveau que, cette observation étant confirmée, la théorie des aurores boréales est grandement fortifiée: ce serait, je suppose, un état de tension auquel passeraient les courans électriques du globe; les aurores boréales deviendraient ainsi les tubes de sûreté du magnétisme terrestre; par elles l'intensité de cette force de la terre serait maintenue constante. » Séance du 22 avril 1837. Cuire : Recherches sur le Lichen. — M. Payen, avant de com- muniquer les nouveaux résultats de ses recherches sur le Lichen, expose ainsi les principaux faits antérieurs : Plusieurs chimistes se sont occupés de déterminer la nature de la substance qui constitue la gelée du Lichen d'Islande. D’après les écrits chimiques de John (1), elle se composerait de 40 d’inu- (x) Dictionnaire des drogues, par MM. Chevallier, Guillemin et Richard. 59 iine modifiée, 8 d'inuline et 10 d’extrait. Suivant MM. Westring et Berzélius, elle contiendrait , amidon 0,446, gomme 0,037, ma- tière extractive colorante 0,0%0, sirop 0,036, et principe amer 0,003 ; des essais postérieurs de M. Berzélius y indiqueraient un principe coagulable analogue à la gélatine. Le Lichen pulmonaire céderait à l’eau chaude, suivant John, 0,08 d'extrait amer et 0,07 d’inuline modifiée. D'après un Mémoire plus récent d'un membre de la Société, le Lichen d'Islande, débarrassé de ses substances solubles à l’eau froide alcalisée, donnerait par l’eau bouillante un principe immédiat, particulier, difficile à broyer ; se gonflant beaucoup par l’hydratation, susceptible de se dissoudre à l’eau chaude et de former une gelée en se refroidissant , de se colorer par l’iode en bleu beaucoup moins intense que celui de lamidon; enfin ce principe devrait être désigné par le nom de lichenine. Dans les dernières séances, M. Payen montra qu’on pouvait extraire du Lichen une substance identique par ses propriétés, ses transformations et sa composition élémentaire avec l’amidon, que M. Berzélius y avait autrefois indiqué. L'auteur a depuis re- marqué que la diastase, en réagissant sur la gelée du Lichen, trans- forme bien toute la partie amylacée en dextrine et en sucre, mais qu’une substance incolore, insoluble à froid, reste inattaquée et présente les caractères de l’inuline. Aïnsi donc la matière qui, dans le Lichen lavé, est susceptible de former une gelée insoluble à froid , se compose surtout de deux substances, non extraites pures et isolées jusqu'ici, d’amidon et d’inuline. Ce dernier principe immédiat étant d’ailleurs encore peu connu , M. Paÿen se propose de déterminer prochainement sa composition élémentaire. Il ajoute qu’en cherchant à voir directement sous le microscope lamidon du Lichen d'Islande, on peut le trouver réuni en agglomérats qui, divisés dans l'alcool, puis hydratés et teints par l’iode, montrent semés sur le porte-objet une foule de très-petits grains d’un bleu foncé : la ténuité de la granulation est telle que la solution faite dans l’eau bouillante et refroidie, puis teinte en bleu par liode, n’est pas précipitée par les solutions salines, comme cela aurait lieu pour toutes les autres fécules essayées. Peut-être l’interposi- tion de l’inuline contribue-t-elle à produire l’excessive division de l’amidon du Lichen et à paralyser sa contractilité; c’est ce que des observations ultérieures décideront sans doute. 60 « Il sera facile maintenant, dit M. Payen, de constater les pro- portions exactes d’amidon et d’inuline contenues dans. le Lichen d'Islande ; je rechercherai les mêmes principes immédiats dans d’autres produits de la végétation, dans plusieurs espèces de Li- chens, et notamment je Rangiferinus dont M. Montagne a bien voulu m'offrir des échantillons. » Parmi les caractères propres à l’inuline et, qui peut-être pour- ront offrir un deuxième moyen de séparation entre ce principe et lamidon, M. Payen indique sa facile dissolution ou transforma- tion en sucre par les acides faibles et même par l’acide acétique. M. Gauthier de Claubry annonce avoir constaté cette dernière propriété, et s'être assuré que l’écorce de la racine d’Aulnée ne contenait, dans le jeune âge , que de l’amidon, sans mélange d’i- nuline. — M. Pelletier, admettant qu’en effet il était naguère fort difficile de séparer l’amidon de l’inuline, demande si pendant la transfor- mation de cette dernière sous l’influence des acides, il y a pro- duction de dextrine. M. Payen n’a pas encore examiné cette cir- constance du phénomène; il s’en occupera bientôt en reprenant ses recherches sur les tubercules des Dahlias et des Topinambours, dans lesquels il a trouvé l’inuline exempte de fécule amylacée , et transformable en sucre par les acides sulfurique et phosphorique. Géozocie : Soulèvement du Vésuve? — M. Constant Prévost rend compte à la Société de l’objet de deux Notes qu’il a récem- ment adressées à l’Académie des sciences , à l’occasion de la dé- couverte faite par M. L. Pilla de coquilles marines tertiaires dans les tufs ponceux de la Somma. « Cette observation , dit M. C. Prévost, ne peut être en aucune manière contestée, et elle vientmême confirmer desobservations ana- logues précédemment relatées par plusieurs auteurs, et notamment par Breislak; mais c’est à tort qu’elle a été présentée comme une démonstration irrécusable de la formation des cônes de la Somma et du Vésuve par soulèvement circulaire de dépôts placés d’abord horizontalement. La présence, dans les tufs de la Somma, de:co- quilles marines, de blocs de calcaire coquillier, ou autres roches non volcaniques, et même de galets couverts de serpules, peut être expliquée de deux manières, sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à l'hypothèse des cratères de soulèvement. 61 « 1° Ces corps peuvent être entrés'avec les produits volcani- ques dans la composition des strates, lorsque le cône dela Sornma, qui n’est autre que l’origine et la base du Vésuve,.était un volcan sous-marin. «20 Ou bien ils peuvent avoir. été projetés pendant les érup- tions. à aus .… € Quant à l'opinion que la base du Vésuve est un volcan sous- marin émergé, personne n’en doute aujourd'hui; Gioëni avait émis cette idée, et Breislak en l’admettant cite des empreintes de coquilles sur des calcaires trouvés dans les vallons de la Sormma, et des morceaux de tufs répandus dans divers endroits du Vésuve et qui sont recouverts de corps marins (Cellepora spongites). Tout le monde connaît les coquilles marines trouvées dans le tuf des envi- rons de Naples et figurées il y long-tems par Hamilton. Aucun géo- loguew’ignore l'existence desmêmes coquilles recueillies par M.Lyell au mont Epomeo. C’est cependant en, présence de tous ces faits bien connus que de nombreux observateurs, parmi lesquels on peut citer MM. Poulett Scrope, Lyeli, F. Hoffman et M. L. Pilla lui-même , se'sont refusés à admettre lhypothèse de M. de Buch. » À l’appui de l’explication.que, l’on pourrait encore, donner de la présence , sur les montagnes volcaniques ou-dansles strates dont elles sont composées, de corps étrangers aux produits des volcans, M. C. Prévost cite les faits qu’il a communiqués à l’Académie (voir L'Institut, n° 205). — La communication de M. €. Prévost, relative à la découverte de coquilles fossiles dans le inf ponceux de ia Somma; engage M. Dufrénoy à rappeler qu'il y a déjà dix-huit mois il a présenté un Mémoire à l’Académie des sciences!sur les Lerrains volcaniques des environs de Naples, dans lequebik.a cherché à: prouver que le groupe du Vésuve doit sa forme actuelle à un soulèvement te; culaire. « Sans doute, dit-il, l'existence de coquilles fossiles peut très- bien s'expliquer par l’émersion du Vésuve. En effet, si le volcan s’est formé sous, la mer, on conçoit que des coquilles ont. dû se mêler avec les produits volcaniques, et qu'après l’exhaussement du sol, on retrouve les mêmes coquilles sur les pentes du Vésuve. Mais cette hypothèse qui rend suffisamment compte de la présence des coquilles que l’on trouve disséminées dans le tuf ponceux, ne 62 saurait s’accorder avec les observations qui se rapportent à la dis- position régulière et stratiforme du tuf ponceux, ni avec la posi- tion des coulées de laves amphigéniques de la Somma; la suppo- sition que la Somma est un cratère de soulèvement explique au contraire ces différens phénomènes géologiques. » La théorie du Vésuve se lie d’une manière intime avec la dis- position du tuf ponceux; aussi M. Dufrénoy établit-il d’abord que le sol de la baie de Naples était primitivement formé de’ couches de tuf déposées horizontalement. La stratification régulière de ce tuf sur des longueurs très-considérables, même dans les parties où ses couches sont contournées, et l’existence depuis long-temps connue de fossiles à Ischia, avait déja conduit à admettre qu’une certaine partie de ce tuf avait été déposée à la manière des ter- rains tertiaires supérieurs. La composition identique de ce tuf, à la fois sous le rapport chimique et minéralogique, dans toutela baïede Naples, a conduit M. Dufrénoy à généraliser cette même conclusion pour tout ce tuf. Les coquilles trouvées à la Somma par M. L. Pilla donnent une nouvelle force à cette assimilation. On peut donc regarder comme démontré que le tuf ponceux a été déposé en cou- ches horizontales sous une certaine profondeur d’eau. Si tout ce terrain avait été simplement émergé, il aurait dû conserver la même disposition , tandis que dans les Champs Phlégréens la sur- face est hérissée de monticules coniques , dans lesquels les couches de tuf convergent vers un centre. En outre, plusieurs d’entre eux, comme la Solfatare, Astroni, présentent une cavité cratériforme , au milieu de laquelle il existe du trachyte intercalé postérieure- meut dans le tuf. L'arrivée au jour de ce trachyte paraît avoir été la cause de l'élévation circulaire de ses couches. Sur les pentes de la Somma, le tuf ponceux est également relevé régulièrement; mais en outre dans cette montagne les nappes de laves amphigéniques cristailisées qui en forment la base sont in- clinées de 40°. Or, d’après ce qui se passe actuellement dans les volcans, M. Élie de Beaumont a démontré que les laves ne peu- vent cristalliser que lorsqu'elles s’écoulent sur une surface très- légèrement inclinée; leur état cristallin est donc d’accord avec la partie des couches de tuf ponceux, pour faire regarder la Somma comme produite par un soulèvement', et non par une simple émersion. 1 63 D’après tous les phénomènes qui accompagnent les éruptions qui se font sous nos yeux, M. Dufrénoy est porté à conclure que le cône du Vésuve lui-même est dû à une cause de même nature. Plusieurs considérations le conduisent à admettre cette hypothèse. Il lui paraît en outre impossible que l'accumulation successive des laves ait pu donner au Vésuve sa hauteur actuelle. En effet, les coulées de lave forment seulement des lanières dont la largeur dépasse rarement la quatre-vingtième partie de la circonférence du Vésuve; l'existence de ces coulées est moyennement de trois mètres; et comme c’est un grand maximum que d'admettre qu’il y ait deux coulées par an, il faudrait 40 ans pour que le Vésuve s’élevât de 3 mètres de haut. Or, le cône du Vésuve ayant 1500 pieds environ au-dessus de sa base, il aurait fallu plus de 6400 ans d’éruption pour qu’il ait pu acquérir sa hauteur actuelle; et l’on sait que du temps de Strabon le cône du Vésuve n'existait pas, et qu’il paraît s’être formé seulement en 70, lors de l’éruption de Pline. Cette éruption qui a dépassé toutes les suivantes en énergie, a été aussi la cause de l’enfouissement des villes de Pompéi et d’Herculanum. M. Dufrénoy croit que c’est à tort qu’on admet généralement que ces villes ont été recouvertes par une pluie de cendres. D’après la relation de Pline, il paraît bien certain que l’éruption de 79 a été accompagnée d’une pluie de cendres; mais si on compare le sable qui est rejeté quelquefois par le Vésuve, et que l’on désigne par le nom de cendres, on reconnaît bientôt que ce sont deux produits volcaniques entièrement différens. Les cendres du Vésuve sont de petits grains vitreux un peu perlés, qui contiennent de la soude. La matière qui recouvre Herculanum et Pompéi est complétement identique avec le tuf ponceux, elle contient comme cette dernière roche une assez forte proportion de potasse; de plus, elle est mélangée de ponces et de fragmens appartenant au tuf ponceux, Cette identité conduit M. Dufrénoy à penser que les villes d'Herculanum et de Pompéi ont été en- fouies par l’éboulement d’une partie du tuf de la Somma, par suite de l’éruption du Vésuve. Les eaux, en remaniant ce tuf, en ont fait introduire les parties fines dans l’intérieur des bâtimens, et sans leur coopération on ne pourrait pas comprendre le remplis- sage de caves dont les voûtes sont encore intactes. M. Dufrénoy termine cette communication en disant qu’il lui 64 paraît extrêmement probable que les environs de Naples ont été soumis depuis l’époque volcanique à diverses révolutions qui se sont succédé dans l’ordre suivant : 1° Épanchement des laves de la Somma en couches horizon- tales, ainsi que des trachytes ponceux; 20 Dépôt sous-marin des couches de tuf ponceux en couches régulières et horizontales. Ce dépôt est de l’époque des terrains tertiaires les plus modernes , probablement postérieur aux terrains subapennins; il appartiendrait à un quatrième étage caractérisé par la présence d’une grande quantité de coquilles récentes; 3° Soulèvement de la Somma à l’époque de la formation des Champs Phlégréens, et par suite de l’arrivée au jour des trachytes de la Solfatare et d’Astroni ; 4° Formation du cône du Vésuve et enfouissement des villes d’Herculanum et de Pompéi. — En réponse à M. Dufrénoy, M. Constant Prévost dit : 1° Qu'il admet et a constaté lui-même qu’il y a la plus grande analogie de composition minéralogique entre les tufs ponceux de l’'Epomeo, ceux des Champs Phlégréens, de la Campanie, de la Somma et de la presqu’ile de Sorente, mais il ne reconnaît pas que ces dépôts ponceux aient été formés de la même manière, et surtout à la même époque; ainsi, les tufs ponceux du sommet de l'Epomeo diffèrent essentiellement, dans leur structure presque homogène, de celle des tufs ponceux de Pausilippe qui sont de véritables conglomérats clastiques; et, d’un autre côté, les tufs ponceux qui en 79 ont recouvert Pompeia, Herculanum, une grande partie du cône de la Somma et de la campagne qui l’en- toure, ont évidemment été déposés plus récemment que ceux de Pausilippe et d’Ischia qui appartiennent en partie à l’époque ter- tiaire. Les mêmes matériaux peuvent avoir été et ont été en effet remaniés à plusieurs reprises, et l’on ne peut rien conclure de leur identité de composition, si ce n’est qu'ils proviennent de la même source. 2° De ce que les strates de tuf ponceux sont horizontaux dans les plaines de la Campanie et dans quelques collines des Champs Phlégréens, et de ce que des tufs analogues sont en lits inclinés sur les cônes de la Somma, d’Astronti, du Monte Barbaro, du Monte Nuovo, ilne s'ensuit pas logiquement que les derniers ont été re- 65 dressés, car il serait aussi logique de dire que les tufs ont été déposés en pente sur les plans inclinés et horizontalement sur les plans horizontaux , si surtout l’on démontrait que cette inclinaison est leur disposition normale et nécessaire autour des cratères. En effet, toutes les matières fragmentaires pulvérulentes, boueuses ou fluides, qui sortent d’une bouche volcanique , ne peuvent faire autrement que d’élever autour de cette bouche un cône composé de dépôts inclinés comme la surface du cône lui-même , et conver- geant vers la cavité centrale qui est le cratère. Pour démontrer cette vérité et rendre compte en même temps de tous les faits que présentent le Vésuve et la Somma qui l’en- toure circulairement, M. C. Prévost expose au moyen de dessins les conjectures que l’analogie permet d'admettre relativement à la formation successive de ces deux montagnes. Il renvoie, pour les détails nécessaires au développement de son opinion à ce sujet, à l'extrait de son rapport sur file Julia , imprimé dans les Mémoires de la Société géologique de France, et au Mémoire qu’il a lu à l'Académie des sciences er décembre 1835 sur la formation des cônes volcaniques. En résumé, la Somma est le reste d’un premier cône sous-marin formé d’abord par l'accumulation de fragmers plus ou moins alté- rés du sol traversé et des corps qui gisaient sur le sol, et succes- sivement par des épanchemens de laves et de conglomérats, dans lesquels on ne cesse pas de trouver des fragmens du sol sous-jacent jusque dans les derniers dépôts. Le cône sous-marin a été émergé comme les Champs Phlégréens, Ischia, l’Etna, les collines sub- apennines, la Sicile, et enfin tous les terrains tertiaires, par suite des dislocations qui ont produit cette émersion générale, et non par un soulèvement circulaire local. En 79, le sommet de la mon- tagne unique était formé de cendres et de scories ponceuses, pro- jetées par les anciennes éruptions dont le souvenir n'avait pas été conservé par les hommes. À cette époque, le foyer volcanique ayant recouvré son activité, le premier effet du dégagement vio- lent des gaz a été de lancer dans l'atmosphère une partie des ma- tériaux qui composaient la montagne, et d’en! recouvrir. Je sol environnant, c’est-a-dire les flancs et le pied du cône lui-même, les plaines de la Campanie, les villes de Pompeia et,d'Hercula- num qui se trouvérent enfouies sous des inasses ponceuses de 30 Extr. de L’Znstitut. 9 66 à 120 pieds d'épaisseur. Après cet événement, la montagne dut présenter une vasle excavation, un grand cirque dont les bords forment la Somma actuelle. Dans le cirque s’éleva graduellement lé cône du Vésuve par le déversement et la projection de laves, de céndres et de scories, qui s’accumulèrent autour de la nouvelle bouche, de la même manière qu'a chaque éruption actuelle il se forme ün nouveau cône dans le cratère du Vésuve; de la même -mauière que s’est formé en 1831, sous nos yeux, le cône de l’île Julia, celui des Monte Rossi à l’Etna en 1669, celui du Monte Nuovo , près Pouzzoles, en 1538. — Dans une courte réplique aux observations qui précèdent , M. Dufrénoy dit qu’il croit avoir démontré que l’émersion du groupe du Vésuve ne rendrait pas compte de la disposition régu- lière des couches de la Somma et de l’état cristallin de ses laves sous une inclinaison aussi forte que celles qu’elles présentent ac- tuellement, Il ne reviendra pas sur ce sujet; mais la base de cette démonstration reposant sur l'identité du tuf dans toute la baie de Naples, il croit devoir ajouter quelques mots sur cette identité : elle n’est pas, comme M. Prévost paraît le croire , une simple ana- logie de composition chimique , mais bien une similitude com- plète dans la nature des couches, de telle facon qu’on peut retrou- ver dans la colline des Camaldoli, par exemple, des couches com- posées des mêmes élémens qu'a l'ile d’Ischia. Ainsi, le tuf est généralement composé de fragmens ponceux altérés , mais conser- vani la texture fibreuse de la ponce. Il alterne , dans l’une et l’autre localité, avec des couches formées presque exclusivement de frag- méns de ponces incohérens; il contient, soit à Ischia ou aux Ca- maldoli, des fragmens de roches anciennes et surtout de nombreux morceaux de trachyte de toutes grosseurs. Quelquefois le trachyte est en petits grains noirs qui donnent à la roche une certaine res- semblance avecle grès vert; d’autres fois, au contraire, les blocs de trachyte sont très-gros. Cette circonstance est même très-remar- quable dans la montée de Foria à lEpomeo, où l’on voit des es- pèces de colonnes de tuf recouvertes d’un chapiteau de trachyte. Ce sont de gros blocs de trachyte qui ont protégé le tuf contre les destructions des agens atmosphériques, lesquelles ont au contraire agi sur les parties voisines. Il y a donc identité complète pour le tuf , mais une identité de même nature que celle que l’on remarque 67 dans les terrains de transport, par exemple dans le, grès houiller, mais non pas celle qui fait assimiler deux minéraux, — M. Elie de Beaumont termine la : discussion en disant que l'observation de M. Pilla ne peut être, considérée comme décidant à elle seule la question du soulèvement du Vésuye, mais bien. comme ramenant la question à celle du soulèvement de toutes les. montagnes sur le sommet ou sur les pentes desquelles on trouve,des.. fossiles à de grandes hauteurs, et que cette observation prête une. nouvelle force aux autres argumens présentés jusqu'ici en faveur de l'opinion que M. Dei vient de CAO Séance du 29 avril 1837. F. 20 # Géorocre : Soulèvement du Vésuve.— M. C, Prévost ajoute quel. ques développemens : à la communication qu il a faite dans la der- nière séance sur le Vésuve. Pour répondr eaux. doutes que M. Du- fréuoy a semblé. émettre relativement à la citation de faits rapportés par Breislak, M. Prévost lit plusieurs passages. -de cet auteur, et notamment celui où il est question d un bloc calcaire de 10 mè- tres de diamètre ; trouvé sur le cône, du Vésuve. Il met ensuite sous.les yeux de la Société des. échanLillons de calcaire coquillier, par faitement. intacts, qu'il a recueillis lui-même sur les. flancs de ce volcan. «M. Dofr énoy Fine qu'il, n’a prétendu, discuter que l'ap- préciation des s faits, observés par Breislak. 11 admet comme pos- Sible ; Vexistence, de :quelques, blocs de calcaire et, de roches amphigéniques., sur le cône même du .Vésuve; mais, outre qu il les regarde comme tr ès- -rares, il ne pense pas qu'ils aient jzmais été rejetés par le volcan, et c’est en ce sens seulement qu’il a nié le fait... Il explique la: RHÉSenCe derces blocs par. les. ORAEEERS suivantes. £ F Ve 1 Les nappes de La ot Ébaudhete horizontalement ont. été recouvertes par le tuf ponceux déposé en couches régulières : les blocs; de. calcaire et de roches amphigéniques sont des galets qui appartiennent. à ce terrain de sédiment. Lorsque la Somma a été soulevée, la portion. du tuf qui existait au centre s’est, éboulée dans. Ja cavité cratériforme ; il est donc naturel que le cône du _Vésuve, qui doit son origine en partie au soulèvement du fond du cratére de la Somma présente quelques blocs sur ses pentes; on * 68 peut même dire que l’existence. de cés blocs est une nouvelle preuve à ajouter à celles que M. ljtaesone a indiquées dans'la dernière séance, pour démontrer que le cône actuel du Vésuve ne pouvait être dû seulement à l'accumulation suécessive des laves, et qu une autre cause avai participé à son érection. M. Dufrénoy fait remarquer que, M. Prévost admettant que la Somma est un volcan émergé, il est naturel, même dans cette By- pothèse, qu ‘il s se soit déposés des blocs dans la cavité centrale de Breislack n ANSE pes et qu'ils aient été rejetés par le Vésuve; il croit même pouvoir établir que ces blocs ne peuvent avoir été rejetés. En effet, dit-il, les blocs dont il s’agit appartien- nent à des formations variées, telles que terraïns anciens, Taves amphig éniques, calcaire Rene e caléaire crétacé et calcaires une ‘dont plusieurs n "existent pas à la proximité du Véuvé: où donc le volcan aurait ‘il pu enlever ces matériaux pour es rejeter intacts? En outre, la Somme ést séparée du: Cône du Vét suve par une vallée circulaire, ‘profonde de plus de 1200 pieds, ‘appelée l’Atrio det Cavallo. Si Ies blocs, que l’on observe sur Ta pentes de ces deux montagnes, avaient été rejetés par le Vésuve!, ils devraient être beaucoup plus abondans sur le cône cehtral ( que sur les flancs de la Somma. Cependant le contraire: à lieu: les blocs sont tellement rares sur le Vésuve qu'on ne 1és rencontre que par hasard , tandis qu'ils existent en profusion sur la Somma. Enfin, si l’on trouve une certaine quantité de ces‘ blocs à là Sur- face du sol, leur véritable gisement est au milieu des couches de ‘tuf ponceux, et surtout dans Îes couches inférieures. "2 °° CuiMïE ORGANIQUE : Nouvel éther résultant de? action duéhlore sur l’éther pyro-mucique. — M. Malaguti! lit n Mémoire ‘dans lequel il examine l’action du chlore sur l’éther pyro- muücique, et fait connaître un nouvel éther produit par cette action: En voici le résumé. de j ESTI9VH00S Lorsqu'on fait arriver un courant de chlore se et lavé” dati le fond d’une éprouvette contenant de l’éther | pyro- nucique pur, l’éther fond , s'échauffe notablement, jaunit à mesure que l'action du chlore se prolonge, et rien ne se dégage que l’excès du chlère, pourvu que l’éther soit bien pur, et fe chlore bien! sec’: : Sans cette condition il y aurait un dégagement très-faible acide ‘by- 69 drochloriquè. On continue à fairertraverser le liquide par un courant de chlore , jusqu'à ce que toute élévation de teñpérature soit disparue, et que la température. du liquide soit dévénue con- stante. On remplace le courant 'de chlore par un-Courant d’air sec, jusqu’à décoloration du liquide; qui doit être/gärdé dans le vide, ou dans les flacons parfaitement pleins et bien bouchés. Si l’on compare le poids de l’éther ‘pyro:mucique soumis à l’expé- rience avec celui du produit open on trouvera qu'i ail est aug- ménté du double. Ce liquide, que M. Malaga. nomme Éther chlôro-pyro-muct- que, est doué d’un transparence parfaite, d’une consistance Siru- peuse, d’une odeur forte de Calicantus, d'une saveur amère, lente a se développer, mais:intense et persévérante; sa pesanteur spé- cifique à + 19% 5 est 1,406 : il n’a pas de réaction sur les couleurs végétales ; il n’est point volatil; si on veut le distiller, ‘il dégage une quantité considérable d'acide hydrochlorique; Ja masse Hôi- cit, s'épaissit et laisse déposer du charbon; il” ést ficilément $o- luble dans l’alcooi et l’éther sulfurique; exposé à l’air humide, il devient blanc comme.du lait; dans le vide, il reprend sa trans- parence, mais on trouve dans la masse une petite quantité d’acide hÿdrochlorique. L'eau produit” les même effets que Pair’ burmide, mais plus rapidement. Sion vérsesur l’éther chloro- euro nucique une dissolution chaude et concentrée de potasse, on voit: que la masse se colore immédiatement , l'éther disparaît pour Re place à un dépot blanc, caillebotté. il # a en même temps une réaction très-vive ; en ‘étendant la masse FRE une certaine quantité d ‘eau , eten poussant la températur e jusqu’ à l’ébullition, Te précipité ‘dis- paraîtra; il: ÿ aura un dégagement considérable d'alcool, ‘et dans le liquide qui est d’un rouge iès-foncé “On trouvera ‘du chlore, mais non pas de l’acide pyro- mucique . Le gaz aminoniac sec, ch agissant dur une dissolution aléoolique éthé chloro- cpÿro- mu- cique,. donne naissance à de Pl hydrochlorate d’ ALL AATILer ‘a une petite quantité d’'hÿ de ocyanate d’ ammoniaque , , et. met en li- Derté beaucoup de charbon sans que rien se dégage, st ce n est l'excès du gaz ammoniac : tous Ces RE CURCE sont accompagnés d’une élévation de température! op 1 La composition de ane “chloro- jpitos niicique î Arouvée” par expérience, est ROUE 8 70 ‘ Trouvé. : ! 2 Calculé. Carbone...) .3011=— G—.1070,11— 90,22 Hydrogène. . . 2,77 = HS .;99,83.—.:,2,81 Ï Chlore... . .….. . 1 49,83 — CIS Oxigene.;à 01 17:29. OS 1770,60 = 50,00 600,00 — 16,97 | — ——_— £ ———— 100,00 = 3540,54 — 100,00 G D’après la manière d’agir de la potasse et de l’'ammoniaque ga- zeuse sur l'éther chloro o-pyro-mucique , il est clair qué, sa formule rationelle est C2° H6 O5 CIS + C5 HO. i Nouvel acide. Ether. AD) 9: Ve ft D or ce ne On a donc un éther composé, dérivé, d’un autre éther par la simple addition d’un nouvel élément. Si on parvenait, à isoler l'acide de, ce nouvel éther, son nom serait « acide chloro-pyro- muçique2,» 191 Séance du 6 mai nee 9 ous 198 PAYSIQUE : : de loalubibté des corps. — M, Peltier 1 lit quel- ques observations sur la solubilité et la dilution des corps , jen pre- nant pour moyen d’ investigation deux caractères physiques, les courans électriques et la température qui les accompagne. : ; _ Dans la série d’expériences que l'auteur poursuit depuis long- temps sur les causes des phénomènes électriques , « et dans ces der- niers temps sur celle qui donne l'électricité positive à certains groupes de nuages, et l'électri icilé négative à certains autres grou- pes» il a eu besoin d’ étudier ce qui se passe sous le point de. vue physique dans lévaporation. et la Solution; la communication qu'il fait dans cette séance ne contient ‘que, les: expériences : sur ce dernier sujet. : Ii détermine d'abord la valeur qu il Eoara aux _moLs. qu on em- ploie dans V expr ession des différens pr oduits. de l’eau sur les corps; ces mots sont : Suspension, solution, dissolution et dilution. Le premier de ces mots a un sens ‘évident par lui- même eb. signifie que de petites, parcelles visibles sont, suspendues : dans, ee. sans aucune altération, ce sont de petits corps nageant en raison. de 71 leur légèreté spécifique. Il entend par solution, là désagrégation des particules intégrantes d’un Corps, sans que les molécules cons- tituantes en aient souffert aucune altération dans leurs rapports d’affinité; ce n’est qu'une suspension des particules intégrantes. Par dissolution il entend que les particules d’un corps sont non seulement désagrégées, mais encore que l’aflinité des atomes cons- tituans a subi une altération par le liquide, qui lui-même alors est intervenu dans la constitution des particules. Ainsi le lait est en suspension dans l’eau, le nitrate d’ammoniaque en solution, et la potasse en dissolution. Le mot dilution signifie que l’on a étendu la solution ou la dissolution dans une plus grande quantité d’eau; mais la solution et la dissolution conservent encore leurs caractères primitifs dans leur dilution, comme il sera dit plus bas, puisque l’une en s’étendant continue de produire du froid et l’au- tre de la chaleur jusqu’à un certain point de dilution où il semble, pour cette dernière, qu'il y a une véritable saturation et combinai- son définie, au-delà duquel il n’y a plus de combinaison nouvelle, mais un simple écartement des nouvelles particules, ce qui rentre alors dans la simple solution , et produit un abaissement de tempé- rature. M. Becquerel a montré depuis long-temps que dans les combi- naisons de la potasse avec l'acide nitrique ou sulfurique, il y avait un courant positif, marchant de l’alcali à l'acide , et contrairement dans leur séparation; ces courans, ainsi observés dans quelques combinaisons, ont fait admettre que, dans toute combinaison, le corps jouant le rôle d’acide donnait au corps jouant le rôle d’alcali l'électricité négative , et, contrairement, que le corps alcalin don- nait à l'acide l’électricité positive. En étendant cette observation à l’eau, on a dit qu’elle jouait le rôle d’acide avec les alcalis et le rôle d’alcali avec les acides dans les dissolutions. D’après les nou- velles expériences de M. Peltier , il y aurait de nombreuses modi- fications à faire subir à cet énoncé, en considérant les dissolutions sous ce point de vue physique. Pour faire ces expériences, l’auteur attache une cuiller en pla- tine à un des bouts d’un bon multiplicateur de 3000 tours, et à l’autre bout une pince du même métal; il remplit d’eau distillée la capsule et y plonge les mâchoires de la pince pour s'assurer de l'équilibre du circuit; il place ensuite à l’extrémité de ces mä- 72 choires les cristaux de sel dont il plonge la partie inférieure dans l’eau ; d’après cette disposition, la pince recueille Pétat électrique du sel et la cuiller celui de l’eau, lorsque la désagrégation des corps produit de l'électricité. Après avoir ainsi reconnu le phé- nomène électrique au moment de la désagrégation, il prit les so- lutions de ces mêmes corps pour les diluer davantage. Dans une capsule en platine liée au bout du multiplicateur, il versa la solu- tion, et de l’eau distillée dans une seconde capsule attachée à l’au- tre extrémité. Il établit la communication entre les deux capsules, soit avec une mèche d’asbeste, soit avec un tube de verre étroit, ou au moyen d'une goutte d'eau à cheval sur les deux capsules très-rapprochées. Voulart connaitre l’influence de la température, il rechercha d’abord celle de Peau chaude sur l’eau froide; ayant rempli les deux capsules d’eau distillée , il éleva la température de l’une au moyen d’une lampe à alcool, puis il ferma le circuit par l’un des trois moyens indiqués ci-dessus; au moment de la ferme- ture du circuit, il s’établit un courant qui alla de l’eau chaude à l’eau froide et indiquait que la première jouait le rôle d’un alcali et la seconde d’un acide. En conservant le circuit fermé et élevant la température d’une des capsules, il y eut un courant comme ci- dessus, dont le maximum eut lieu au moment de l’ébullition; en retirant la lampe, lorsque le refroidissement commençait à s’opé- rer, l’aiguille du multiplicateur revint d’abord à zéro, puis pas- sant de l’autre côté, elle indiqua un courant inverse au premier et un changement de rôle dans les deux liquides; le courant positif marchait du froid au chaud, c'était alors l’eau chaude qui jouait le rôle d’acide et l’eau froide le rôle d’alcali. M. Peltier reviendra sur cette expérience en faisant connaître d’autres résultats qui s'y rattachent. Pour étudier la température au moment de la désagrégation des corps ou de leur dilution, lauteur a fait un support thermoscopi- que composé de cinq couples bismuth et antimoine, dont le circuit est fermé par un bon multiplicateur de 150 tours en gros fil; ce support a la forme d’une couronne, présentant les soudures paires d’un côté et les soudures impaires de l’autre : les soudures d’un côté étant bien circulaires et au même niveau, recoivent et tou- chent le vase dont on veut mesurer la température. Cette disposi- tion en couronne a l'avantage de rendre actif chacun des couples 73 par son contact à la capsule ; et de rendre ainsi Pinstrument plus sensible au plus faible changement dans la température : la forme ordinaire des piles est moins convenable, parce qu’il n’y a que trois couples au plus qui touchent la capsule, et que les autres étant inertes altèrent inutilement la conductibilité du circuit. L'auteur fait remarquer encore que cette disposition est aussi pré- férable à l'usage d’un couple inattaquable qu'on plongerait dans le liquide, 1° parce l’or et le platine pourraient seuls servir de cou- ple et qu’ils sont peu puissans; 2° parce qu’il serait difficile de les débarrasser tout-à-fait des parcelles de la solution de la dernière expérience, et que s’il en était resté la plus petite portion, il y aurait un. courant de combinaison qui tromperait; il lui a donc paru préférable de faire un support des métaux les plus puissans et d’opérer librement dans la capsule. Cet appareil est tellement sensible que l’évaporation spontanée de l’eau dans une chambre petite et bien fermée produit un froid de 40 à 60° galvanométri- ques, froid qui tombe à 5°, si on couvrela capsule d’un plan de verre. En combinant ces moyens d’expérimentation , l’auteur a obtenu des résultats dont voici les principaux : l'acide sulfurique n’a rien offert qui ne soit connu; quelques gouttes dans une capsule ont produit par leur aflinité pour la vapeur d’eau une élévation de tem- pérature de 5o° galvanométriques, puis en mettant cet acide en contact avec l’eau, il s'établit un courant puissant marchant de l’eau à l'acide, et en même temps la température s’est élevée considé- rablement. À cette première dilution, si on ajoute une seconde quantité d’eau, les effets sont les mêmes, à l'intensité près; ils diminuent à chaque quantité ajoutée jusqu'a un certain degré d’affaiblissement, où l’addition de nouvelles quantités d’eau ne produit plus de chaleur appréciable; il semble même y avoir un commencement de refroidissement. Les acides nitrique, borique et oxalique, se composent de la même manière, mais à un degré infiniment moindre, à l’exception du refroidissement final qui est plus marqué. La potasse, la soude et la chaux produisent de forts courans et une grande élévation de température, mais alors le courant positif marche de Palcali à l’eau, et indique que cette dernière joue le rôle d'acide. L’abaissement de température qui n’était qu’indiqué dans les acides Ext. de L'Institut. 10 74 précédens, après certaines limites dans leur dilution, est beaucoup plus marqué dans ces alcalis. Ces courans si intenses et si décidés dañs leur sens ne se retrou- vent pas avec les mêmes signes, ni avec la même énergie dans tous les acides; l'acide chlorhydrique dans son contact avec l’eau ne donne qu'un courant et qu’une température médiocre, mais ce qu'il y a de remarquable, c’est qu’il est contraire à celui des acides précédens!, il marche de l'acide à l’eau, c’est-à-dire que dans celte dilution lacide se conduit comme un alcali et l’eau eomme un acide. Si on ajoute à l’eau la plus petite parcelle de potasse, aussitôt le courant change de sens et marche de l’eau à lPacide. L’acide sulfhydrique se conduit comme lacide chlorhydrique, ainsi que les acides citrique, tartrique, benzoïque , oxalique, etc., à différentes intensités. Dans la ségrégation des sels ou dans leur dilution , et dans certains acides, la température S’abaisse d’autant plus que la substance est plus soluble et qu’elle donne moins de courans élec- triques ; ainsi le nitrate et le chlorhydrate d’ammoniaque produisent un grand abaïissement de température parce qu’ils sont très-solubles ét ne donnent pas ou donnent très-peu de courans; tandis que acide benzoïque, médiocrement soluble, ne donne que 5° de froid , et que la potasse donne 80° de chaleur et de courant. Dans toutes les combinaisons, et même dans les alliages, l’auteur a toujours obtenu des courans électriques; leur présence est pour lui l’indicateur d’une combinaison nouvelle. L’élévation de tem- pérature accompagne toujours les courans électriques et la com- binaison; il peut donc arriver qu'une substance, comme une dissolution d’iode, produise par sa combinaison avec l’eau autant dé chaleur que lécartement des molécules produit de froid; on trouve alors équilibre de température, mais en tenant compte du courant électrique, on reconnaît qu’il y a eu combinaison. L'auteur termine en faisant observer que puisqu'il y a toujours des courans électriques dans les combinaisons chimiques , et qu’on obtient des solutions sans courans électriques , il y a alors des désagrégations par l’intermède de leau qui ne produisent pas de combinaisons définies, comme on l’a dit : que la solubilité sans combinaison produit l’abaissement de température, et que cet 75 abaissement est d'autant plus grand que la solubilité et la neutr a- lité sont plus grandes. — Après la communication de M. Peltier, M. Péyen annonce que des phénomènes de combinaisons énergiques ont été observés par lui dans les mélanges en diverses proportions entre les solu- tions de potasse et de soude. pures et l’eau; qu’il y avait simul- tanément dans ce cas ; élévation de température, dégagement d’une partie des gaz dissous, et contraction du volume total; qu'une contraction notable avait lieu aussi en même temps qu'un déga- gement gazeux par la dissolution dans l’eau du chlorure de calcium et du chlorure de sodium secs, ou préalablement dissous, jusqu’à saturation du liquide; qu’enfin l'état solide, sec ou hydraté, où liquide des corps employés dans ces expériences faisaient variér les résultats et que l'énergie des combinaisons avec l’eau:semblait devoir être d’autant plus grande qu’elle se manifestait par des phénomènes de contraction et d’élévation de température, sans changement d’état, ou que même ce dernier phénomène avait lieu malgré l’absorption de la chaleur que devait occasioner le passage de l’état solide à l’état liquide comme pour la potasse et la soude, par exemple. — M. Donné demande si ce que les chimistesiet les physiciens entendent par solubilité est bien défini; si, par exemple, une solution n’est considérée que comme une ‘grande division où comme une combinaison stable. — M. Payen répond que la série des faits observés par M. Peltier, et ceux dont il vient lui-même d'entretenir la société, lui paraissent de nature à démontrer que dans la solution d’un corps, ily a souvent combinaison , même énergique, et qu'on pourra être conduit par cette voie, ainsi qu'il y est arrivé par l’observation de propriétés chimiques, à trouver que beaucoup de substances organiques, le moins altérées possible, telles que la gélatine, capa- ble de solidifier cinquante fois son poids d’eau; la fécule, étendue dans l’eau bouillante et filtrée; Valbumine, etc., ne sont pas véritablement dissoutes, mais seulement suspendues par une excessive extensibilité dans l’eau. — M. Peltier ajoute qu’en effet la solution de lamidon dans l’eau ne lui a pas présenté de signes de combinaison ni de changemens de température, ce qui s'accorde encore avec lobservation de 76 M. Dutrochet, constatant que la substance intérieure de la fécule est dépourvue de tout pouvoir d’endosmose, comme le serait une matière insoluble. Séance du 15 mai 1837. Paysique : Chaleur développée par le mélange de l’eau avec différentes solutions. — M. Payen informe la Société que, depuis la dernière séance, voulant vérifier, d’une part l’augmentation de température que pouvait produire le mélange de l’eau avec des s0- lutions déja complètes, et d’un autre côté l’influence que l'énergie de la combinaison pouvait exercer sur le phénomène, contre l’in- fluence en sens inverse du passage de l’état solide à l’état liquide, il a fait les essais et obtenu les résultats qui suivent : 10 grammes de chlorure de calcium cristallisé, imparfaitement égoutté, dans 10 grammes d’eau, l’un et l’autre à + 149,75, ont donné un mélange dont la température était de 10°. La même quantité d’eau employée pour dissoudre autant de chlorure de calcium humide n’a donné qu’un abaissement de 2°,65 (on sait que 3 kil. du même chlorure cristallisé mêlés avec 2 kil. de neige abaissent la température depuis o° jusqu’à — 27°), tandis qu’en dissolvant 10 grammes de chlorure de calcium sec dans 10 grammes d’eau, l’un et l’autre à + 140,25, M. Payen a observé une éléva- tion de température égale à 55°. Enfin 5o centimètres cubes d’eau à + 140,25 et même volume de solution saturée de chlorure de calcium ont donné un mélange dont la température était de + 16°. On voit donc que la combinaison entre le chlorure de calcium, à divers états de siccité ou d'hydratation, et l’eau donne lieu à une augmentation de température que le changement d’état peut plus ou moins dissimuler, en produisant même quelquefois un effet in- verse, comme pour le chlorure cristallisé. Des effets différens et moins prononcés ont été obtenus avec le chlorure de sodium. Ainsi, ce composé cristallisé étant séché à l'air, 10 grammes à + 13° dissous rapidement dans 25 grammes d’eau à la même température, ont donné un mélange marquant 110,1 : différence — 10,9. — Les mêmes poids de sel décrépité et d’eau n’ont donné qu'un abaïssement de 1°,7. En employant le sel fondu coulé et pulvérisé, l’abaissement de température n’a été que de 77 19,25; enfin un mélange à parties égales (50 cent. cub.) de solu- tion saturée de sel marin et d’eau a diminué la température, de 140,1 à 130,5, c’est-à-dire seulement de 0°,6. La contraction du volume total et le dégagement d’une partie des gaz dissous sem- blaïent bien toutefois indiquer une combinaison dans ces mélanges. — M. Pelletier dit qu’il paraïîtrait anomal que par sa dissolution dans l’eau , le chlorure de calcium hydraté donnût du froid, tandis qu’il pourrait donner de la chaleur quant il a été préalablement un peu plus hydraté ou dissous; pour obtenir un mélange réfrigé- rant il se contente de broyer le chlorure sec et d’y ajouter un excès d’eau, en sorte que l’hydratation ainsi obtenue évite la peine de faire cristalliser, ce qui est assez difficile. — M. Payen répond que l’augmentation de lempérature par l'addition de l’eau à une solution de chlorure de calcium est un fait bien certain; que d’ailleurs il ne présente pas d’anomalie, si l’on admet, ainsi que l’observation paraît le prouver, que sous différens états le chlorure de calcium, par son énergique réaction sur l’eau, produise une élévation de température, mais que dans certains cas cet effet puisse être plus ou moins contrebalancé par l’abaissement de température qui résulte du passage de la solidité à la liquidité; qu’ainsi pour obtenir le #7aximum d'absorption de chaleur avec ce composé il est indispensable de l’employer en cris- taux le plus possible exempts d’eau mère, et de parties incom- plètement hydratées; qu’on y parvient aisément en saturant l’eau de chlorure de calcium à la température de Æ 60°, laissant cristal- liser par un refroidissement lent jusqu’à + 10°, puis égoutter dans un vase clos; il suffit encore de mettre dans l’eau à + 15° ou 20° un léger excès de chlorure de calcium sec: la température sponta- uément élevée à 55° ou 60° suflit pour donner une abondante cristallisation par le refroidissement ; au reste il est plus commode encore d'employer le chlorhydrate d’ammoniaque cristallisé, puis égoutté, dont 1 kilogramme mêlé à 2 kilogrammes d’eau abaisse la température de Æ 10° à —5e. PuysiQue : Aimans sans cohésion. — M. de Haldat, membre correspondant de la Société à Nancy, adresse un Mémoire intitulé : Recherches sur la force coercitive et la polarité des aimans sans cohésion. Les physiciens pensent généralement que la trempe du fer et 78 de l’acier , n’augmente la force coercitive des aimans que par Pac- croissement de cohésion qu’elle produit entre les molécules inté- grantes du métal. Lesexpériences suivantes de M. de Haldat semblent infirmer cette opinion. Il remplit de limaille de fer un tube de laiton ou de cuivre mince, de 12 à 15 centimètres de longueur, clos à l’une de ses extrémités, et fermé à l’autre par un tampon à vis du même métal. Si l’on aimante par les procédés ordinaires le tube rempli de limaille , il acquiert des pôles aussi distincts et non moins permanens qu'un aimant de fer écroui et de même dimen- sion, L’intensité dans la force de l’aimant n’est point augmentée lorsqu’a l’aide du tampon à vis, pénétrant dans le tube de 3 ou 4 centimètres, on exerce sur la limaille une pression qui en rapproche les parties ; mais si après avoir desserré le tampon on agite la limaille dans le tube, on voit l'intensité magnétique dimi- nuer successivement, et disparaître lorsque les rapports de position des particules de limaille sont tout-à-fait changés. M. de Haldat a voulu constater jusqu’à quel point on pouvait diminuer le contact des parcelles de fer, c’est-à-dire affaiblir la cause de la cohésion , sans détruire la polarité ; il a suffi de mêler du sable fin avec de la limaille , dans des proportions déterminées, pour étudier le phénomène. Voici les résultats de ces observations. Un mélange de quantités égales de sable et de limaille donne une polarilé semblable à celle de la limaille pure. — Dans un mélange avec deux tiers de sable, la polarité s’est manifestée après l’aiman- tation , mais un peu affaiblie, — Si on mélange la limaille avec les cinq sixièmes de sable, la polarité très-affaiblie se manifeste encore. Le mélange de sable et de limaille formant une masse dans laquelle es parcelles de fer sont fort distantes les unes des autres, et tout-h-fait sans cohésion, les moindres secousses, dans le moment où la polarité se manifeste le plus fortement, en chan- geant la situation respective des molécules, détruisent subitement cette polarité. Voulant s'assurer si les propriéiés de ces aimans se conservaient malgré l’atténuation extrême des molécules qui les composent, M. de Haldat à fait broyer, porphyriser et tamiser par les tamis les plus fins de la battiture de fer ; cette poudre, introduite dans le tube de cuivre, a recu et conservé la polarité comme la limaille de fer. 79 L'auteur pensé que ces expériences fournissent des données utiles, sinon sur la cause première de la polarité des aimans, au moins pour constater que cette polarité prend sa source dans la polarité propre à chacune des molécules dont les aimans se com- posent. — Il fait remarquer, en outre, que la limaille de fer, étendue en couche mince sur une glace, amortit les oscillations de l’aiguille aimantée, comme le fait une lame de fer, quoique avec moins d'énergie, les particules de cette couche de limaille étant comme celles qui jouissent de la cohésion, susceptibles d’un magnétisme qui se développe rapidement, se dissipe de même, et que M. de Haldat nomme magnétisme transitoire. M. de Haldat pense que la facilité avec laquelle on détruit la polarité dans les aimans sans cohésion, par l'agitation commu- niquée à leurs molécules , peut servir à expliquer la cause de l’al- tération de la force magnétique dans les aimans ordinaires, auxquels on imprime des secousses violentes. Bien qu’il semble difficile d'admettre un déplacement des molécules intégrantes, dans des corps où elles semblent retenues par une si puissante agrégation , on ne peut guère la révoquer en doute , quand on voit les Jigures magnétiques, tracées sur des lames d’acier, où elles se conservent pendant des années entières lorsqu'elles sont mises à l’abri des secousses et des chocs, s’affaibiir et disparaître en quelques minutes, par des secousses violentes. ( Cette propriété des figures magnétiques n'existe déja dans le fer doux qu’à un faible degré ; aussi M. de Haldat n’a-t-il pu tracer aucune figure sur une couche de limaille de fer, disposée horizontalement sur on carton , et pressée par une glace mince.) M. de Haldat expose plusieurs autres considérations à l’appui de cette opinion, qui lui sert ensuite à expliquer l'utilité de la trempe pour augmenter la faculté de conserver la polarité, ainsi que la résistance que l'acier trop dur oppose à l’aimantation. Il reconnaît, dans les molécules des corps magnétisables, une disposition originaire à la polarité, que l’ainantation ne fait que développer, en favorisant, par l’in- fluence et par l'agitation, l’arrangement des molécules le plus propre à la concentration et à l'isolement des deux fluides. Paysique : Nouvel hygromètre. — M. Peltier fait connaître à la Société le support thermoscopique dont il fait usage pour mesurer 80 la température des liquides, et qui forme un hygromètre d’une grande sensibilité. Cet instrument est fondé sur le même principe que celui de Leslie, le refroidissement d’un liquide, dont une portion s’éva- pore; mais si le principe est le même, les moyens de manifestation sont fort différens. L'appareil de M. Peltier est, comme on sait, une couronne de trois, quatre ou cinq couples thermo-électriques, disposés de manière à recevoir, toucher et supporter une capsule en platine très-mince remplie d’eau; les couples qui ne touchent pas la capsule deviennent inertes et ne sont alors qu’un obstacle à la bonne conductibilité du circuit, il vaut donc mieux un petit nombre de couples qui touchent la capsule, qu’un grand nombre dont trois ou quatre au plus la toucheraient. Les deux élémens extrèmes de cette pile sont réunis au moyen d’un multiplicateur de 100 à 150 tours. Cette pile, soutenue verticalement à 5 centi- mètres du socle, est placée au milieu d’un tube en carton qu’elle ne touche en aucun point : un disque de papier, percé d’une ou- verture un peu plus grande que la périphérie de la couronne, permet à la capsule de poser sur la pile, en touchant légèrement le bord du papier ; le bas du tube en carton est bien clos par une bande de papier collée au socle ; aucun courant d'air ne peut ainsi pénétrer dans l'enceinte où est placée la pile. Le rayonnement ex- térieur pouvant altérer l'équilibre de température de cette pre- mière enceinte, l’auteur y a joint un second tube en carton, laissant entre eux un espace libre. Toutes ces précautions sont nécessaires pour abriter complètement les soudures ; la moindre inégalité dans l'action de lair qui les entoure, donnerait un courant qui modi- fierait le courant produit par le froid de la capsule. Si on laissait la capsule à l'air libre, les ‘courans, augmentant l’évaporation, produiraient un refroidissement qni ne serait pas l'expression de sa seule hygrométricité; il faut donc couvrir le tout d’un récipient à large tubulure, qui laisse une communication suffisante de l’in- térieur à l’extérieur, sans permettre aux courans d’air d’en effleu- rer la surface. Si l’hygromètre ainsi formé était d’une sensibilité telle que le multiplicateur marquât de 30° à 4o° dans les temps homides, il arriverait trop facilement aux degrés maxima par un temps’ sec : pour étendre son échelle, M. Peltier fait autour du tube extérieur 81 une hélice avec un fil de cuivre de 20 à 30 mètres de long : on place à chaque dizaine de mètres un appendice soudé qui se pré- sente au dehors du récipient. Lorsqu'on veut amoindrir la dévia- tion de l'aiguille, on intercale, entre une extrémité du multipli- cateur et la pile, une des longueurs mesurées, selon l’affaiblisse- ment qu’on veut produire. Par les moyens connus, on se fait des tables de rapports entre les forces et la déviation avec et sans in- tercalation, et on a ainsi une échelle très-étendue qui peut mesu- rer de la manière la plus délicate tous les passages depuis une température de 1502 jusqu'à un abaissement indéfini. Pour sa comparaison avec les hygromètres ordinaires, il suffit de connaître le degré de déviation qui correspond au très-sec que l’on produit par les moyens ordinaires, puisque le maximum de saturation répond nécessairement à zéro d'évaporation. Le nombre de degrés trouvés, divisé par les cent degrés de la graduation hygrométrique, permetlra toujours la comparaison. Si on charge l’air du récipient d’une: vapeur. au-delà de la saturation, cette vapeur se dépose, et la portion qui se liquéfie dans la capsule en élève la température et fait passer l'aiguille de l’autre côté de zéro. — M. Liouville rend compte d’un Mémoire que M. Lebesgue vient de lui adresser, et dans lequel l’auteur expuse les méthodes propres à faire disparaître les rectangles des variables dans un polynome homogène du second degré. M. Lebesgue applique ses formules au problème difficile dont M. Gauss s’est occupé dans l'ouvrage intitulé : Determinatio attractionis, etc. Séance du 20 mai 1837. Microcraruie : Globules du sang. — M. Donné entretient la Société de nouveaux essais qu’il a faits pour reconnaître la véritable composition des globules sanguins, et en particulier pour fixer son opinion relativement à la question du noyau central, dans les globules du sang des Mammifères. En plaçant une très-petite goutte de sang de Grenouille entre deux lames de verre , et eu arriver ensuite sous le microscope une petite quantité d’eau, par capillarité , entre ces deux lames, M. Donné a pu suivre pas à pas l’action de ce liquide sur les _corpuscules ; il les a vus , ainsi que tous les observateurs, prendre Extr. de L'Institut. II 82 d’abord la forme circulaire; dans cet état Île nucleus se dessine assez nettement; bientôt il devient excentrique , puis on lé voit sortir de son enveloppe, et M. Donné a saisi dans plus d’un cas l’instant où le nucleus et l'enveloppe , séparés l’un de l'autre, étaient en même temps visibles, l'enveloppe ne se dis- solvant pas instantanément dans une si petite proportion d’eau ; après un contact suffisamment prolongé , toutes les enveloppes sont dissoutes, et lon n’apercoit plus que les noyaux centraux. M. Donné a trouvé la même disposition dans tous les globules de forme elliptique qu’il a examinés, chez les Grenouilles, les Poissons et les Oiseaux. Les figures qu’il a tracées d’après nature sont, sous presque tous les rapports, semblables à celles qui ont été présentées par M. Dujardin , sur le même sujet, à la Société, dans sa séance du 14 janvier dernier. En faisant agir l'acide acétique concentré par le même procédé, on voit au premier moment du contact le nucleus devenir presque opaque, et se dessiner dans tous les globules , au travers de leur enveloppe. Les globules ne perdent pas leur forme elliptique. On voit bientôt l'enveloppe se dissoudre, et le nucleus rester à nu, il est tout-à-fait insoluble dans l'acide acétique. Dans certaines expériences, M. Donné a vu les globules soumis soit à l’action de Pair, soit à celle de acide acétique, se rompre par une espèce d’explosion, et le noyau central sortir ainsi de son enveloppe déchirée. Il lui semble, d’après cet examen, qu'on ne peut se refuser à admettre l'existence d’une enveloppe et d’un noyau central dans les globules de forme elliptique. Quant a sang des Mammifères, tel que celui de l'Homme, du Bœuf et du Mouton, il lui a été ‘jusqu’à présent impossible de rien apercevoir de semblable. Il a toujours cru voir, quel que soit le grossissement qu'il ait employé, le mode d'éclairage dont il ait fait usage , les globules se dissoudre entièrement, à mesure que l’eau ou Pacide acétique atteignait chacun d’eux, sans laisser aucune trace de nucleus ou de quelque partie insoluble. Faut-il admettre, dit-il, que l’impossibilité d’apercevoir le noyau du sang humain, tienne à la petitesse de ce noÿau? Mais l'acide acétique, ayant la propriété de rendre opaque le noyau des globules elliptiques, devrait rendre sensible celui du sang humain. Dans tous les cas, il semble juste en pareille 83 matière de s’en tenir à ce que l’on voit, et de ne pasaller in a de peur de forcer l’analogie. En faisant agir l'acide acétique sur les globules du sang hu- main, en petite quantité, d’après le procédé indiqué plus rit M. Donné a vu sur un très-grand nombre se produire celte sorte d’explosion dont il a parlé; il est donc porté d’après cela à considérer ces globules comme de petites vésicules, ou bien comme. formés d’une trame légère dans les mailles de laquelle serait déposée la matière colorante, ainsi qu ”il Favait exprimé dans sa thèse inaugurale. Voici fes dimensions que les globules ont offèrtes à M. Donné, dans les différentes circonstances: __ Sang de Gr enouille, grand diamètre , environ Va de millimètre; petit diamètre, 15 de millimètre ; globules du même sang, rendus circulaires par l’action de l’eau, ‘5; de millimètre; diamètre du nucleus , ‘5 après le premier contact de l’acide acétique, grand diamètre, environ 5 millimètre; petit diamètre, oo grand diamètre du nucleus, 1% millimètre. — M. Poiseuille fait observer , à l’occasion de la communication précédente, que M. Müller de Berlin , dans son Mémoire sur la lymphe, le sang et le chyle, publié en 1832, a examiné l’action de Veau et de l'acide acétique sur les globules de sang des Batraciens. et des Mammifères, et a obtenu, quant à la dissolution des. globules et de leurs noyaux, des résultats analogues : à ceux de M. Donné. Zoouoexs : Classification naturelle des Polypes. — M, Milne Edwards communique à la Société les résultats de ses recherches sur la classification naturelle des Polypes. Jusqu'en ces dernières années , on classait les Polypes d’après la considération de leur enveloppe tégumentaire seulement, et en effet on ne pouvait procéder autrement, car on ne savait presque rien sur la structure intérieure de ces petits êtres; mais dès qu’on s’est occupé de leur organisation, on a senti qu’il était nécessaire de chercher d’autres bases pour la distribution. méthodique de ces Zoophytes, et que l'anatomie seule pouvait fournir les élémens d'une classification naturelle. Un premier, essai de classification, fondée sur lanatomie, a été publié en. 1828 par MM. Edwards et Audouin, à l’occasion de leurs re- 84 cherches sur les animaux des îles Chausay, et depuis lors M. de Blainville, M. Ehrenberg, et plus récemment encore M. Gervais, se sont occupés du même sujet ; enfin, M. Edwards a continué ses recherches sur la structure des Polypes, et dans le travail qu'il communique à la Société, il présente un tableau de la classification nouvelle qu’il a déduite de ses observations anatomiques. Suivant M. Edwards, les Polypes sont conformés d’après deux types principaux , el doivent par conséquent être divisés en deux ordres. Le premier de ces ordres, qu’il désigne sous le nom de Polypes tuniciens , correspond à un groupe rate proposé par MM. Audouin et Edwards, et appelé plus tard Bryozoaires par M. Ehrenbere. Il établit le passage vers les Tuniciers de Lamarck, et comprend tous les Polypes dont la cavité digestive, tubiforme, a des paroisindépendantes de la tunique générale du corps, et communique au dehors par une bouche et un anus distincts. M. Edwards divise cet ordre en deux sections ; savoir : les T'uniciens ciliés qui sont dépourvus de tentacules , ‘et ne possèdent que des cils, et les Tuniciens tentaculés ,. dont l’orifice buccal est entouré de ten- tacules à bords ciliés. La première de ces sections comprend les Vorticelles proprement dites, et quelques autres genres; la seconde. est, beaucoup plus nombreuse, et se compose de cinq familles naturelles ; savoir : 1° les Plumatelliens., dont les tenta- cules sont bilatérales et symétriques, groupe qui correspond à peu près à la division des Polypiaires douteux de M. de Blainville , et des Polypes hyppocrepiens de M. Gervais; 2° les Eschariens, qui ont les tentacules disposés en cercle , et le bord labial de la cellule tégumentaire, transversal, symétrique et operculiforme ; ils se subdivisent en 3 tribus : les Eschariens lamelleux (exemples, genres Eschare, Flustre, etc. ); les Æschariens monilaires (exemples’,; genres Catenicelle, Hippothon, eic.); et les Æsclia- riens phytoïdes (exemples, genres Cellaire proprement dit, A camarchio , etc. Jooiles MU portes qui, avec des tentacules disposés comme chez les Eschariens, auraient, suivant M. Délle- chiaje, le bord labial de la cellule tégumentaire, circulaire et operculifère (exemple Myriapora,truncata); 4° les Tubuliporiens, dont les tentacules sont également disposés en cercle, dont lé bord labial de la cellule tégumentaire est circulaire et non operculifère, et dont la base n’est pas stalenifère (exemples , genres Tubulipore, 85 Crisie proprement dite, Hornère, Frondipore , etc.); et 5° les Vésiculariens dont les tentacules sont disposés en cercle, et dont les cellules ont une ouverture circulaire non operculée, et sont portées sur des pédicules stalonifères , familie qui se subdivise en deux tribus, les ésiculariens tubulaires ( genres Sérialaire, Vésiculaire, Dædale, etc.) et les Jésiculariens urcéolés (genre Lusie ). 19) Le second ordre est celui des Polypes parenchymateux, nom- més Antozoaires par M. Ehrenberg; il se compose des Polypes dont la cavité digestive est limitée par l’enveloppe parenchymateuse du corps, et ne communique au debors que par une seule ouverture, et dont les tentacules ne sont pas bordés de cils vibratiles. M. Edwards divise ce groupe en trois familles ; savoir : 1° les Sertulariens, qui ont la cavité digestive simple, sans tube œsophagien et sans lamelles ovariennes, et les tentacules simples, et qui forment deux tribus, les Sertulariens libres (exemple, le genre Hydre), et les Sertulariens fixes (genres Sertulaire , Campanulaire, Plumulaire, etc.) ; 2° les Zoanthaires de M. de Blainville, Polypes dont la cavité digestive est munie d’un tube œsophagien très-court et présente en dedans une multitude de lamelles ovariennes, dont les tentacules sont simples et très- nombreux (Actiniens, Zoanthes, Cariophyllées, Astrées, etc., etc.); et 5° les Alcyoniens, dont la cavité digestive présente ün: tube garnies de 8 ou de 6 lames ovariennes, et dont les tentacules , au nombre de 6 ou de 8 seulement, sont pinnés. Cette dernière famille se subdivise en cinq tribus, que M. Edwards désigne sous les noms d’4/- cyoniens pierreux (exemples, genres Tubipore , Favorite , Caté- nipore, etc.) , d'Alcyoniens dendroïdes (Corail, Jaïs, Gorgones, etc.); d’Alcyoniens libres ‘( Pinnatulis, etc. ), d’Alcyoniens rampans (genre Cornulaire}, et d'Ælcyonièns re genres Alcyon proprement dit’, Alcyonide , ete. ). AcOUSTIQUE : Vibration des corps solides. — M. Cagniard-Ta- tour entretient la Société de recherches qu’il a faites pour:se ren- dre compte des modifications que l'effet sünore des corps solides peut subir dans certaines circonstances. Jies principales observa- tions qu’il a recueillies sont les suivantes : 1° Les vibrations longitudinales d’un fil d'acier trempé sont œsophagien parfaitement distinct, et a ses parois 86 plus graves que celles d’un fil de même longueur non trempé ; le métal des.cymbales et le fer donnent des résultats analogues ; 2° Le son. transversal d’un barreau d’acier trempé devient aussi plus aigu par le recuit; il en est de même du métal des cymbales trempées ; 3° Les vibrations longitudinales d’un fil de fer écroui donnent le même son que celles d’un fil de fer recuit de même longueur; le laiton et l'argent sont dans le même cas; au sujet de ces obser- vations , l'auteur fait remarquer qu’elles méritent peut-être quel- que attention de la part des physiciens, en ce sens qu’elles sem- blent démontrer que les simples variations de densités dans un métal n’influent pas sur la vitesse de ses vibrations longitudinales, et que, par conséquent, la propagation du son dans les corps so- lides s'exécute de la même manière que dans l'air, puisque, comme on le sait, la vitesse du son dans ce fluide est indépen- dante de la pression barométrique; 4° Enfin la sonorité d’un barreau de cuivre écroui s’atténue beaucoup par le recuit; mais le contraire s’observe à l'égard de l'argent, c’est-a-dire que si l’on fait recuire une lame écrouie de ce métal, on la rend sensiblement plus sonore qu’elle n’était auparavant. Le même effet semble avoir lieu à l’égard d’une lame écrouie de zinc; car une pareille lame, lorsqu’on la recuit en l’échauffant ; jusqu’au degré du plomb qui vient d’entrer complètement en fusion, résonne ensuite plus long-temps après l'action d’un choc, et est d’ailleurs plus aiguë. Acousrique : Voix humaine. — M. Cagniard-Latour commu- nique ensuite les résultats de quelques nouvelles expériences qu’il a faites, dans la vue de découvrir le rôle que jouent les lèvres su- périeures de la glotte pendant l’émission de la voix. Dans la séance du 13 février 1836, il avait fait déjà remarquer qu'il pouvait, à l’aide de la bouche et des doigts, former une espèce de laryux artificiel à deux paires de lèvres , et produire assez facile- ment, avec cet instrument improvisé , les sons compris dans une octave, lorsqu'il dirigeait d’une manière convenable le souffle de la bouche entre deux doigts, comme par exemple l'index et le médius de la main gauche , pendant que leurs bords étaient rap- prochés de manière à former une ouverture oblongue, analogue à celle d’une glotte naturelle presque fermée. 87 Par suite des exercices du mème genre auxquels il s’est livré depuis cette communication, il parvient maintenant à produire deux octaves , c’est-à-dire les sons compris entre l’ut de 128 vi- brations simples par seconde et celui de 512, quelquefois même au-delà, surtout lorsqu'il vient de tenir ses doigts immergés pen- dant un certain temps dans l’eau chaude afin de les amollir. En variant de diverses manières les moyens de faire vibrer les le- vres formées par ses doigts, il a recueilli un certain nombre d’ob- servations, dont les principales le portent à penser que la faculté dont nous jouissons, de pouvoir donner aux mêmes sons vocaux des timbres assez différens , serait beaucoup plus limitée si notre glotte n’avait qu’une seule paire de lèvres. I1 résume de la manière suivante ces observations. 1° Le plus ordinairement ce sont les lèvres digitales, c’est-a- dire celles formées par.les doigts, qui vibrent, et l’expérimenta- teur lui-même peut facilement s’en assurer, en exposant le dessous de ses doigts aux rayons du soleil, et se servant d’un miroir pour Voir par réflexion les vibrations qu’on distingue facilement dès qu’elles ont lieu, surtout lorsque les sons produits sont graves; 2° Pendant ces mouvemens vibratoires, si l’on serre d’une cer- taine manière les lèvres de la bouche, le son prend alors un tim- bre plus ouvert et en quelque sorte plus vocal; 3° Les lèvres digitales peuvent vibrer et résonner lors même que dans une partie de leur longueur elles ne sont pas rapprochées jusqu’au contact , et c’est ce qui a lieu, lorsque les sons produits sont très-graves. On obtient ces sons en courbant les doigts, ce qui en reläche le tissu en dedans de la main; 1l faut au contraire, pour produire les sons aigus, redresser les doigts en même temps qu’on les rapproche, et qu’on les serre un peu plus sur la bouche, en employant à cet effet pour plus de facilité le secours de la main droite; 4° On peut faire acquérir à certains sons de ce larynx artificiel, ou digito-buccal, plus de rondeur et de netteté, en présentant la main droite au-dessous de la main gauche, de manière à former une poche ou cavité qui agit alors à peu près comme un tuyau vocal, puisque d'ordinaire ce tuyau détruit le bruissement par le- quel plusieurs de ces sons se trouvent altérés. Quelques observa- tions faites à l’'Hôtel-Dieu , en 1851, sur le nommé Philibert Colot, 88 qui se trouvait avoir à la partie moyenne du cou, entrele cartilage thyroïde et l'os hyoïde, une ouverture pouvant donner passage au bout du petit doigt, ont appris que la voix de cet individu , lors- qu'elle sortait par cette ouverture, était accompagnée aussi d’un bruissement , mais qui disparaissait lorsqu’en fermant ce trou on obligeait la voix à prendre son issue par le tuyau. vocal (1). M. Ca- gniard-Latour, dans l’un de ses anciens Mémoires et ensuite dans une Note imprimée qu’il a publiée en 1827, avait cité diverses expériences dont il concluait que la glotte humaine, d’après sa structure , devait produire un son d’anche accompagné d’un bruis- sement particulier, que le tuyau vocal modifiait de manière à ce que l’on ne püt le distinguer; il fait remarquer que son hypothèse semble confirmée par les deux observations qui viennent d’être rapportées; 5o Enfin pendant l’émission des sons les plus graves, les lèvres de la bouche et celles qui sont formées par les doigts paraissent vibrer à peu près également, tandis que ce sont principalement ces dernières qui paraissent avoir le plus d’action lorsque les sons produits sont très-aigus. L'auteur termine en faisant remarquer qu'ayant cherché à sa- voir sous quelle pression l'air dirigé par la bouche entre les lèvres digitales pouvait les faire vibrer, il a trouvé que cette pression va- riait beaucoup suivant la manière de procéder, mais qu’à l’aide de son mode actuel d’expérimentation la pression était ordinaire- ment d'autant moins forte que le son produit était plus grave; qu’ainsi par exemple pendant la production d’un sol de 380 vi- brations simples par seconde , la pression supportée par Pair con- tenu dans la bouche faisait équilibre moyennement à une colonne d’eau de 18 centimètres, et de 9 seulement lorsque le son répon- dait à l’octave grave du précédent. Maraémariques : Courbes planes. — M. À. Bravais commu- nique à la Société quelques détails sur un Mémoire relatif à la coordination qu’affectent entre eux sur un plan les points dont les abscisses ainsi que les ordonnées sont des nombres entiers. Il fait remarquer : 1° que les points ainsi obtenus forment une sorte de réseau ou de canevas, indépendant des lignes droites dont (1) Voir Gazette des Hôpitaux, t. V, n° 76. 89 les intersections mutuelles ont servi à l'obtenir; 2° que l’on peut adopter à volonté tel ou tel système d’axes coordonnés, pourvu qu’ils satisfassent à certaines conditions; 3° que l’on peut appli- quer cette méthode à l'analyse indéterminée à deux variables ; 4° enfin que l’on peut enrouler ce réseau autour d’un cylindre, et produire ainsi une configuration analogue à celle que les points d'attache des feuilles affectent sur une tige. Séance du 27 mai 1837. Hycièwe : Insalubrité des rizières et des lieux marécageux. — Une discussion s'engage, dans le sein de la Société , à l’occasion d’une communication faite à l’Académie des sciences , et relative aux rizières de la Chine , dans lesquelles on n’a pas signalé l’insa- lubrité reconnue aux rizières de l’Europe, particulièrement à celles du Piémont. Plusieurs membres pensent que cette différence pourrait pro- venir de ce que les rizières de Chine seraient toujours couvertes d’eau. Les effets insalubrés des rizières d'Europe, comme celles des pays marécageux en général , ne se développent , d’après l’opi- nion soutenue par MM. Parent-Dachätelet et Villermé, qu'a l’époque où l’eau qui couvrait le sol s’est en partie évaporée. Ce dernier fait est révoqué en doute par M. Gaultier de Claubry, qui dit que dans le Piémont les rizières restent presque toujours sous l’eau. M. Peltier expose que les marais des tourbières de la Somme sont couverts d’eau toute l'année, ce qui n’empèche pas le déve- loppement périodique des fièvres intermittentes en automne, effet que l’on est porté à attribuer à la putréfaction des plantes des ma- rais qui meurent à cette époque. M. Villermé cite un assez grand nombre de faits à Pappui de l'opinion qui attribue les influences délétères des marais, non pas aux plantes (les marais très-insalubres du Midi contiennent fort peu de végétaux), mais aux exhalaisons du sol lorsque l’eau qui le couvrait est évaporée. Il fait remarquer que les saisons de mor- talité des contrées marécageuses varient suivant les latitudes de ces contrées, et correspondent toujours à l’époque de l'année à laquelle l’évaporation a mis à découvert une portion du sol précé- demment couverte d’eau. Il ajoute que la mortalité, qui se mani- Ext. de L'Institut. 12 90 feste annuellement en automne dans les marais de la Charente, n’y a pas eu lieu en 1816 , année dans laquelle tout l’été ayant été pluvieux, aucune partie du sol marécageux de cette contrée n’a été desséchée. Il rappelle encore que l’exécution des décrets de 1702, qui ordonnaïient le desséchement des étangs , a produit en Bresse des effets si désastreux pour la santé publique, qu’on a été obligé de remettre postérieurement en eau une grande partie des étangs, que cette opération avait changés en marais couverts d’eau seule- ment pendant une partie de l’année. M. Payen croit devoir faire observer, à cette occasion , que sou- vent l’on a attribué à tort des effets insalubres au dégagement de gaz hydrogène sulfuré ou de gaz ammoniac, lesquels paraîtraient plutôt exercer une influence opposée. Dans les fabriques d’acide borique de Toscane, il y a une production continuelle d’hydro- gène sulfuré telle qu'on ne peut conserver dans les fabriques une pièce d’argenterie qui ne soit noircie en vingt-quatre heures, et les ouvriers des établissemens se portent mieux que les habitans des campagnes environnantes. De. même les fabriques de sel am- moniac de Grenelle, loin de nuire à la santé publique, semble- raient au contraire avoir sur-elle une influence salutaire ; on sait que des fèvres intermittentes régnaient périodiquement dans la plaine de Grenelle avant l’établissement des fabriques , et ces fièvres ne s’y développent plus aujourd’hui. î M. Velpeau dit que, malgré des recherches très-nombreuses, on ne sait rien encore sur. les principes chimiques qui, par leur mé- lange avec l'air, peuvent causer les fièvres intermittentes; qu’on sait, d’une manière générale, que ces fièvres sont plus abondantes qu'ailleurs dans les lieux marécageux, mais qu’il existe toujours une grande incertitude relativement aux circonstances qui , dans ces localités, peuvent avoir de l'influence sur le plus ou moins de développement ou d'intensité de la maladie. Séance du 5 juin 13835. Botanique : Recherches sur les Urédinées. — M. Léveillé lit un Mémoire sur le développement des Urédinées. : Dans ce travail, M. Léveillé combat l'opinion de M. Turpin, quine voit dans les Champignons qui composent cette famille qu'un état. pathologique de la globuline , ou de la globuline ergo- 91 tée; il combat également l'opinion que M. Unger a émise dans un ouvrage publié à Vienne sous le titre de Die Exantheme der Pflanze, et dans lequel il établit que ces parasites sont des exan- thèmes que l’on peut comparer à ceux que l’on observe chez les animaux. Par suite d’une irritation quelconque, les sucs arrivent en trop grande quantité dans un ou plusieurs points des feuilles, ils s’extravasent dans les méats intercellulaires, obstruent les or- ganes de la respiration, et quand ils sont arrivés à leur plus haut degré de vie, l’épiderme ne pouvant plus les contenir, se déchire, et ils se réduisent en spores que l’on peut considérer comme un pus végétal. M. Léveillé pense, au contraire, que les Ürédinées sont de véritables Champignons parasites, parce qu’ils sont soumis aux mêmes lois de végétation, et non des maladies proprement dites des plantes, c’est-à-dire qu’il se forme sous l’épiderme des feuilles un tissu byssoïde blanc qui décolore le point qw’il occupe. À une certaine époque, il se forme au centre de ces filamens un tubercule charnu dont l’organisation diffère selon le genre de Champignons. Si c’est un Uredo, il se développe, sur la surface qui répond à l’épiderme, des spores qui ÿ sont attachées par un pédicelle plus ou moins long, et qui déterminent la rupture de lépiderme. Si c’est un Æcidium, le tubercule s'organise différem- ment; sa partie externe se condense en véritable peridium, des spores se forment dans son intérieur, bientôt le peridium aug- mente de volume, l'extrémité qui correspond à l’épiderme d’abord conique le traverse, s'ouvre ensuite et se divise en un plus ou moins grand nombre de lanières qui se réfléchissent en dehors et laissent un orifice par lequel les spores s’échappent. M. Léveillé a constaté ces faits sur les plantes dont l’épiderme se sépare faci- lement du parenchyme des feuilles, comme dans les Orchidées, le Chèvre-Feuille , les Aulx, l'Euphorbe petit cyprès, etc., et il pense que si jusqu’à ce jour on n’a pas connu ce mode de végéta- tion, c’est qu’au lieu de mettre à nu les Champignons, en enlevant lépiderme, on les coupait par tranches parallèles à leur hauteur. Pour saisir cette organisation, il faut, quand on sait que des plantes sont affectées tous lesans par quelques espèces d’Urédinées les étudier dans tous leurs âges, les années suivantes, et chercher le mycelium ou tissu byssoïde où l’on commence à voir des taches; quand l’épiderme gt rompu, que les pores sont visibles à l’exté- 92 rieur, il est trop tard ; le Champignon arrivé à son plus haut point de développement ne conserve plus rien de ses premiers élémens. On ne sait pas encore comment se développe l’Uredo caries , ni l'Uredo segetum, et l’auteur n’a pas encore pu les étudier dès leur début. M. Léveillé conclut de ses observations que les Urédinées doivent entrer dans la classe des Champignons et que les genres Æcidium , Peridermium et Endophyllum ont un véritable peri- dium , et non un pseudo-peridium que l’on suppose formé par la condensation du tissu cellulaire des feuilles ou des autres parties sur lesquelles ils prennent naissance. Hyciëne : Insalubrité des lieux marécageux. — M. Rivière lit des observations sur les maladies occasionées par les marais en général, et par ceux de la France occidentale en particulier. Ces observations sont un extrait du chapitre concernant les maladies, qui fait partie de l’ouvrage entrepris par lui et par M. Cavoleau sur la Vendée. L’air des marais est chargé de vapeurs humides qui s’élèvent des fossés , des canaux et des réservoirs d’eau dont quelques uns sont entourés. Ces vapeurs entraînent avec elles les émanations putrides des plantes et des animaux qui périssent et se décomposent, dans la multitude de fossés dont les marais sont coupés. Toute la classe laborieuse, qui vit constamment en plein air, respire à tout in- stant ces miasmes délétères. La classe des journaliers y est la plus exposée , surtout dans la saison où elle est forcée de travailler au curage des fossés et des canaux. Le poison dont est imprégnée la vase qu’ils remuent s’introduit à chaque minute par tous les pores de leur corps, où il porte le ravage. Échauffés par le travail, ils ne peuvent étancher la soif qui les brûle qu'avec des eaux infectes qui sont restées stagnantes, pendant plusieurs mois, dans les canaux et les fossés, et dont le seul aspect fait soulever le cœur. Forcés de quitter leurs habits pour travailler plus librement, ils n'ont pas l'attention de les reprendre lorsque la fraîcheur humide du soir vient resserrer leurs pores, et supprimer subitement la sueur dont ils élaient inondés. Ajoutez à cela les alimens grossiers et malsains dont ils se nourrissent, c’est-à-dire le beurre rance et les sardines salées, sans aucun mélange de fruits et de légumes, 93 vous trouverez tout naturel que les marais soient un séjour très- malsain. Dès le commencement de l'été, il s’y manifeste beaucoup de fièvres intermittentes-bilieuses, auxquelles succèdent, depuis la fin de l'automne jusqu’au printemps, les fièvres catarrhales pul- monaires. La fièvre putride maligne ; l’angine, les érysipèles, les fluxions au visage, la sciatique, les rhumatismes chroniques sont très-communs. Aux fièvres succèdent souvent les obstructions aux viscères abdominaux et l’hydropisie. Le scorbut est tellement naturalisé dans ces contrées que l’on est presque forcé de ne pas le considérer comme une maladie , quoiqu’il complique toutes les autres, et qu’il en rende le traitement plus difficile. Une nuance bien tranchée distingue les marais desséchés des marais non desséchés , et il convenait de s'assurer de la différence qu’elle pouvait établir relativement à la mortalité. Pendant six années, dans les marais desséchés, le nombre moyen des nais- sances à été de 1 sur 29 individus, et celui des décès a été de 1 sur 30, tandis que dans les marais mouillés, le nombre moyen des naissances a été de 1 sur 26, et celui des décès de 1 sur 31. On croit généralement que le dessèchement des marais est un bienfait pour les habitans de leurs rives, sous le rapport de la santé et de la vie; il semble que cette opinion est fausse à l'égard des pays que nous avons étudiés, où il paraît au contraire que les marais les plus desséchés sont les plus malsains. De plus, les fièvres intermittentes commencent à exercer leurs ravages sur les bords de la Méditerranée dès le mois de juin, au lieu que dans l’ouest de la France elles ne dominent que pendant les mois de juil- let, d'août et de septembre, et dans les pays-bas pendant les mois d'août, de septembre et d'octobre. On voit donc que les marais deviennent les plus nuisibles aux époques de leur plus grand des- sèchement. Il faut néanmoins que l’insalubrité des marais ne soit pas généralement aussi funeste qu’on serait disposé à le croire, puisque le nombre des naissances y excède constamment celui des décès. Enfin, il naît dans le Bocage plus d'hommes que dans la plaine, mais aussi il en meurt proportionnellement beaucoup plus; il en naît moins, mais aussi il en ineurt moins que dans les marais mouillés; il en naît plus et il en meurt moins que dans les marais. 94 desséchés. D’après ces résultats, l’homme qui regardera comme le premier des biens une bonne santé et l’espoir d’une longue vie, devra donc choisir pour fixer son habitation la plaine, parmi les localités de côtes, de,bocages!, de marais et de plaines. Séance du 10 juin 1837. Paysique : Courans magnéto-électriques.— M. Peltier commu- nique à la Société de nouvelles observations sur les courans ma- gnéto-électriques. Le circuit magnéto-électrique est formé, comme l’on sait, d’une hélice autour d’un fer à cheval en fer doux et d’un mesureur élec- trique. En plaçant l’électro-magnet devant un aimant en rotation, il se développe des courans successifs, égaux et contraires, par le changement de polarité de l’électro-magnet; ces courans, par leurs forces opposées, retiennent l'aiguille de l’électromètre ma- gnétique à zéro; mais si dans le circuit on intercale une capsule en platine , remplie d’un liquide conducteur, et une lame de pla- tine touchant à ce liquide, on a alors un courant qui prédomine et qui fait dévier l'aiguille. Si ensuite on réunit la lame et la capsule par un fil de fer de /, de millimètre de section et de 2 décimètres de longueur, il n’y a plus de courant dominant, et l'aiguille revient à zéro. En allongeant ce conducteur supplémen- taire, on voit peu à peu la déviation reparaître, et on peut ensuite prolonger indéfiniment ce fil, sans reproduire de nouvelle neutraïité. Cette différence d’action entre ces deux ordres de conducteurs, c’est-à-dire qu'avec des conducteurs tout métalliques, il n’y avait pas de courant dominant, tandis qu'avec un arc liquide il y en avait un, engagea M. Peltier à en rechercher la cause. Il remarqua que les deux courans n'avaient pas leurs routes identiques; que le courant passait de la capsule au liquide par une large surface en contact, tandis qu’il passait par une petite surface dans l’autre sens. Pour savoir si cette inégalité de surface était la cause de l’inégalité de passage, il versa l’acide dans une capsule en verre, et le circuit fut fermé par des lames de platines attachées à des crémaillères, pour pouvoir augmenter ou diminuer leur immersion. Lorsque les bouts immergés étaient égaux, l'aiguille restait à zéro, mais aussi- tôt qu’une des lames était plus immergée que l’autre, le courant 95 positif qui en sortait devenait prédominant, Lorsqu'on relève la lame immergée, il faut l’essuyer, car sans cette précaution la portion mouillée conserve la puissance d'émettre plus d'électricité positive. Ce faitdu passage plus facile du courant positif par le contact le plus large, étant reconnu et bien constaté, M. Peltier a voulu savoir s’il était spécial aux courans magnéto-électriques ou sil appartenait à tous les courans: il fit passer un courant hyÿdro-élec- trique dans un circuit analogue, mais où les différences de sur- faces étaient beaucoup plus grandes; ainsi la petite surface était formée d’un fil de platine très-fin, plongeant de 3 ou 4 millimètres; un multiplicateur de 3000 tours dévia de 5° dans un sens et 10° dans l’autre sens. Pour étudier ces effets dans les courans thermo-électriques, il fit un conducteur composé de cinq fils soudés par une de leurs extrémités au fil de cuivre, communiquant à un multiplicateur de 150 tours; ces fils de fer étaient de longueurs différentes, et quatre d’entre eux venaient s'attacher au cinquième qui était le plus long : ce dernier n’était arrêté au conducteur en cuivre que par un contact fort restreint; le courant positif passant par les soudures donna 44°, et 42° en passant par le simple contact. Ces expériences démontrent : 1° que lorsque le circuit électro- magnétique n’est pas parfaitement identique dans les deux sens, un courant prédomine sur l’autre; 2° que cette suprématie dis- paraît par l'addition d’un arc métalliqne entre les deux lames de platine; 3° que la suprématie est reproduite en atténuant la con- ductibilité de l’arc supplémentaire, par une plus grande longueur, ce qui oblige une partie du courant à reprendre la voie du liquide et l'inégalité qui en résulte; 4° que la déviation étant reproduite, aucune longueur ajoutée ne peut plus la détruire. Paysique : Vibrations sonores dans les liquides.—M. Cagniard- Latour communique quelques observations qu’il a recueillies en essayant de faire résonner l’eau par l’emploi des anches memhra- neuses. : Ses précédentes recherches l'ayant conduit à reconnaître que l'or pouvait produire, des sons hydrauliques, en faisant vibrer par un courant d’eau diverses anches ordinaires convenablement construites, il a pensé qu’en buvant de l’eau contenue dans un 96 verre, s’il appuyait d’une certaine manière la lèvre supérieure de la bouche sur les bords du verre et aspiraït en même temps cette eau fortement, il pourrait obtenir ainsi des vibrations sonores. Ses premiers essais à cet égard ont été sans résultat, mais il n’en a pas été de même après qu’il se fut livré à ce genre d’exercice pendant environ un an, et maintenant il peut, en buvant, pro- duire , à l’aide du procédé qui vient d’être indiqué, plusieurs sons musicaux, notamment ceux qui sont compris entre le fa de 2680 vibrations simples par seconde et son octave aiguë. Il a obtenu, mais plus difficilement cependant, des résultats analogues avec des liquides visqueux, tels que le lait et la bière forte. L'auteur fait remarquer que ces observations semblent de nature à pouvoir fournir quelques données utiles pour l'étude des bruits particuliers, auxquels la circulation du sang donne lieu dans certains cas de maladie. M. Cagniard-Latour, dans son Mémoire publié en 1833 sur la résonnance des liquides, a rapporté qu’en faisant écouler de l’eau par un tube de verre , ou espèce de pipette dont le bout intérieur avait été rétréci convenablement à la lampe d’émailleur, il a pu faire rendre à cette eau des sons flûtés très-purs; il annonce maintenant qu’en faisant la même expérience avec un tube ordi- naire qu’on avait rétréci d’une manière analogue, en soudant à ce tube avec du mastic une rondelle métallique percée à son centre d’un trou circulaire, il a obtenu de pareils sons lorsque la ron- delle employée avait une épaisseur convenable, mais qu’il n’en a pas été de même après que l’on eut substitué à la rondelle métal- lique une rondelle semblable construite avec du liége. : Paysiorocie : Cristaux trouvés dans le cœur. — M. Donné communique quelques détails sur des cristaux trouvés à l’extérieur et à l’intérieur d’un cœur, chez une jeune femme morte à la suite de coliques de cuivre. Ces cristaux, brillans et translucides, avaient jusqu’à un demi-millimètre de diamètre; ils étaient situés sous la membrane séreuse qu'il fallait déchirer pour les extraire dans les cavités du cœur; ils se composaient de plusieurs cristaux plus petits déposés dans les mailles d’un tissu organique, de manière qu’en dissolvant ces cristaux à l’aide d’un agent chimique, la trame cellulaire demeurait seule. Les cristaux étaient insolubles dans l’eau, dans l'alcool, dans l’ammoniaque, dans l'acide acéti- 97 que; Vacidernitrique, au contraire, les dissolvait instantanément. M. Pelouze, qui les a observés se IPERSe 3 ils sont for- més de carbonate de chaux. : PaySiO1OGtE : Séructure des globules du pus. — M: Donné en- tretient ensuite la Société de quelques“observations nouvelles sur la structure des globules du pus : ces globules sont généralement composés de trois petits noyaux solides, insolubles dans l’eau et l'acide acétique , et situés au‘ céntre‘d’une espèce de vésicule en- veloppante; cette disposition est surtout rendue très-apparente par le contact de l'acide acétique ‘qui dissout presque entièrement l'enveloppe extérieure, en laissant les noyaux des globules par- faitement intacts.' Il west donc pas probable, d’après cela, que les globules purulens puissent être considérés comme des globules sanguins altérés. L’acide acétique, dissolvant les globules sanguins, offre un bon moyen: de constater la présence du pus dans du sang dont on a séparé la fibrine; les globules purulens non dissous se déposent au fond et sont parfaitement reconnus par l'inspection microsco- pique. S “Inrusorres : Sur un Infusoire de la matière verte. — M. Du- jardin communique à la Société des observations sur ure matière verte qui s’est développée dans l’eau de pluie, ayant séjourné sur du terreau pendant huit jours, et qui est formée exclusivement par une espèce d’Infusoire. Il rappelle d’abord que les substances les plus différentes ont été confondues sous le nom de matière verte. Sennebier, qui l’étu dia après Priestley, prit pour cette matière plus développée les oscillaires et les conferves qu’on voit paraître au bout d’un certain temps dans les vases où elle s’est produite. Ingenhouz, au con- traire, ayant examiné une matière verte analogue à celle dont parle M: Dujardin, la trouva toute formée de petits animalcules de cette couleur. O. F. Müller n’hésita pas non plus à regarder comme des ani- malcules sa Cercaria viridis et plusieurs autres qui colorent en vert les eaux stagnantes. M. Bory de Saint-Vincent, ayant re- connu qu’en effet sous ce nom de matière verte on comprenait des animaux et des végétaux , supposa que les animalcules colorés en vert sont rendus tels par de la matière verte végétale, absor- Extr. de L'Institut. 13 98 bée par eux ou développée spontanément dans, leur. intérieur. Cette opinion, qui paraît exacte quant à la coloration de l'Hyÿdre verte, a été adoptée par beaucoup de natutalistes; cependant on. peut constater que certains Infusoires, telsque la Cercaria viridis (Raphanella urbica: Bory), sont verts par eux-mêmeés,icar la nuance est fondue dans la substance même ; et non produite; comme dans l'Hydre verte, par des globules -disséminés à Vintérieur.. Mais M. Dujardin a'prouvé directement;par Paction de divers réactifs chimiques, que la couleur verte de: ces Infusoiresin’est-pas iden- tique avec la chromule;ou:la matière verte des. végétaux. L’acide, nitrique, par exemple, détruit:et-change en:jaune fauve! cetté dernière et n’altère pas sensiblement la couleur des:; Infusoires séchés sur du papier. Il est d’ailleurs bien: remarquable,qué.ces, animalcules verts exposés à la lumière solaire donnent lieu a um dégagement de gaz comme la matière, verte végétale: Passant à l’axamen de l’Infusoire en question, M. Dujardindle rapporte au Microglena monadina de M. Ehrenberg; ilest glo- buleux ou ovoïde, long de ‘53 à«/,., millimètre, et ne présente jamais d'indices de division spontanée. Il paraît formé d’un,sac membraneux présentant en avant près.du. bord une petite, ouver- ture ronde, et, sauf un ou deux points rouges , tout rempli d’une matière verte, homogène, plus ou moins condensée etagglomérée, de manière à montrer des nuances irrégulières plus foncées, et souvent même un anneau circulaire dans, la moitié postérieure. Cet Infusoire avait été déja décrit ainsi; mais ce qu'on n'avait par encore indiqué, ce sont deux filamens locomoteurs d’une té- nuité extrême qui sortent en divergeant par l’ouverture du sac: Ces filamens épais de 7/4, millimètre environ, et longs deux fois et demie autantque l’animalcule, sont souvent fixés et:comme agglutinés sur la plaque de verre da porte-objet; l'animal est alors immobile. Bientôt l’un d’eux se détache par un mouvement on- dulatoire lent, et l’Infusoire commence à osciller sur l’autre. fila- ment par lequel il est amarré. Celui-ci se détache à son tour, et tous deux étant agités à la fois, l’animalcule parcourt le liquide en se balancant, jusqu’à ce qu’il se soit fixé de nouveau. On voit souvent ces filamens se détacher à leur base et flotter dans le liquide. L'existence d’un filament flagelliforme, organe de locomotion, (99 avait été.sihnalée par M. Dujardin au commencement de; 1836 sur beaucoup d’Infusoires très-simples.: M. Ehrenberg, qui d’abord avait attribué aux Monadaires une, couronne de cils, autour de la bouche, ayant plus tard aperçu-la base de ce filament-unique:-le regarda comme une trompe ;.eticétte supposition/pouvait : se con- cilier avec sa théorie, d'après laquelle tous les Infusoires qu’il nomme: polygastriques sont. pourvus: d’un ‘appareil digestif très- complexe; imais l'existence: du double filament dans le Microglena me permet 'pluside regarder cet organe comme ‘une trompe. PaysiQue : Action des -orages. sur lhygromètre.— M: Peltier rend compte à la Société :des; observations qu'il à faites pendant l'orage du 9 juin, avec son nouvel hygromètre. Cet instrument est d’une telle sensibilité, qu’il suffit souvent d'ouvrir une croisée dans l'appartement où il est placé, pour le-voir marcher de 5, 10 ou 15 degrés. Au commencement de lorage du 9 juin, ilest tombé en un instant à 12°, de 35° qu'il merquait auparavant. Seance du 17 juin 1837. Boraxrque :: Tiges pétrifiées de lycopodiacées, — M. Adolphe Brongniart rend-compte des observations qu'il a faites sur la struc- ture des tiges pétrifiées désignées par divers auteurs.$ous les noms de Psarolithes, d Astérolithes-et.® Helmintholithes, et .qni ont été décrites avec plus de précision par Sprengel sous les noms de En- “dogenites) asterolithus et helmintholithus, et par: Gotta sous ceux de Psaronius asterolithus et helmintholithus. Ces deux-derniers auteurs les onticomparés à des tiges de fougères .arborescentes, dont elles diffèrent cependant beaucoup: par plusieurs points de leur organisation. 3 ij Il y a environ deux ans que des tiges de cette aies ont été découvertes pa M. abbé Laudriot dun les champs labourés , à peu de distance d’Autun, mêlées avec d’autres, bois également pétrifiés de la famille des Conilères. Quoique hors de place, ôn ne saurait douter que ces fragmens de tiges proviennent des cou- ches supérieures du terrain houiller, ou du grès qui le recouvre et qui forme la base des champs où on les rencontre. C’est éga- lement dans le grès rouge qui recouvre. le terrain houiller que des bois de cette sorte ont été trouvés à Chemnitz, en Saxe. Les bois des.environs d’Autuni qui ont servi presque. seuls aux 100 recherches de M. Brongniart, ont souvent subi des altérations assez notables en passant à l’état siliceux, pour qu'une partie des tissus aient été complètement détruits, les plus solides ayant seuls résisté. Mais, au moyen d’un grand nombre d'échantillons sciés et polis, et souvent réduits en lames assez minces pour permettre d'étudier au microscope l’organisation des divers tissus qui les composent, on peut parvenir à apprécier la structure de ces tiges. On voit qu’elles sont généralement formées d’une partie centrale, qui le plus souvent ne forme que la moindre partie du diamètre de la tige, et qui est composée de faisceaux allongés, aplatis en forme de lame et diversement repliés suivant leur largeur. Le tissu interposé entre ces faisceaux paraît avoir été très-délicat et presque toujours ilest complètement détruit. Le tissu des faisceaux paraît au contraire très-résistant, et sa conservation est presque toujours parfaite; ces faisceaux aplatis sont entièrement et uni- quement formés de fibres ou utricules allongées d’un assez grand diamètre, toutes semblables. et dont les parois sont marquées de fentes transversales disposées suivant plusieus séries longitudinales, comme dans les fibres ou faux vaisseaux des fougères. En dehors de l’axe à peu près cylindrique, que forment ces faisceaux aplatis plus ou moins rapprochés et plus ou moins larges, on trouve des faisceaux nombreux à peu près cylindriques, réunis entre eux par un tissu cellulaire lâche qui est assez souvent détruit ou très- altéré; chaque faisceau, cylindrique ou irrégulièrement aplati par compression, est formé d’une enveloppe extérieure, composée d’un tissu fibreux ou cellulaire allongé, dont les fibres sont fines, mais à parois épaisses et colorées en brun foncé. Vers le centre se trouve un faisceau de fibres d’un plus grand diamètre et à parois rayées transversalement , entièrement semblables à celles qui com- posent les faisceaux aplatis de la partie centrale de lattige. Ce faisceau de fibres rayées, qui occupe le centre de chacun des faisceaux cylindriques cxtérieurs , est remarquable par la forme étoilée de sa coupe transversale, qui présente cinq ou six angles très-saillans et très-réguliers. Entre ce faisceau de fibres rayées et l'enveloppe extérieure de chaque faisceau se trouve un tissu cellulaire très-lâche, qui est souvent altéré ou même’entièrement détruit. Cette structure paraît s'étendre jusque vers la surface: exté- 101 rieure de la tige, où les faisceaux sont seulement plus comprimés et souvent déformés. Ce genre d'organisation avec de légères modifications se retrouve dans toutes les espèces de ce genre, es- pèces qui sont du reste très-difficiles à déterminer. Si on cherche, parmi les végétaux vivans, ceux dont les tiges ont le plus d’analogie avec ces bois silicifiés, on verra qu’en beaucoup plus petit les bases des tiges de quelques espèces de Lycopodes ont avec eux la plus grande ressemblance, Dans tous les Lycopodes il y a un axe central, formé de plu- sieurs lames ou faisceaux aplatis qui, dans la conpe transversale, présentent des sinuosités analogues à celles des parties centrales des Psaronius helmintholithus ; ces faisceaux sont aussi formés de fibres d’un assez grand diamètre, à parois rayées transversalement. Ordinairement la partie extérieure de la tige, entre la surface de l’axe central et la surface externe, n’est composée que de tissu cellulaire plus ou moins solide; mais vers la base des tiges de quelques Lycopodes à tiges régulièrement dichotomes et non ram- pantes, tels que le L. phlegmaria, cette partie celluleuse exté- rieure est traversée par des racines qui, prenant naissance à la surface de l’axe central à diverses hauteurs, descendent paralle- lement à cet axe au milieu du tissu cellulaire extérieur, et ne sortent de la tige qu’à sa partie la plus inférieure. Chacune de ces racines a tout-à-fait l’organisation essentielle des faisceaux cylin- driques de la partie extérieure des Psaronius : seulement le fais- ceau de grosses fibres rayées qui occupe leur centre n’a pas, dans les espèces connues, la forme étoilée qu’il offre sur les bois pétri- fiés; mais cette forme étoilée se retrouve dans les racines adven- tives de quelques Fougères, de l’Aspidium exaltatum en particu- lier, et l’analogie des Fougères et des Lycopodiacées permet de penser que cetle forme pourra se présenter sur des plantes de cette dernière famille. Tous les caractères les plus essentiels des Psarolithes se retrou- vent donc dans les bases des tiges de quelques Lycopodiacées, et on arrive à cette conclusion, que ces bois étaient les parties in- férieures de tiges de Lycopodiacées gigantesques, de celles pro- bablement qui constituent le genre Lepidodendron, ou peut-être des Sigillaria, genre ambigu entre les Lycopodiacées et les Fou- gères. 102 Puysique : {nterférence des courans électriques. — M. de.La Rive rend compte à la Société des moyens d’expérimentation qu'il a employés pour obtenir les résultats rapportés dans le Mémoire dont il a lu un extrait devant l’Académie des sciences le 29 mai dernier. Un des principaux résultats qu’il a annoncés est un affai- blissement dans la température d’un thermomètre métallique, lorsque l'électricité d’un électro-magnet lui parvient par deux routes différentes : il pense que cette diminution est produite par une sorte d’interférence électrique. Pour obtenir ce résultat, la première condition à remplir est d’avoir une électricité d’une grande tension , afin que toute la quantité puisse traverser un seul des conducteurs, et que l'addition d’un second conducteur n’y puisse rien ajouter. Il faut aussi que le conducteur liquide touche aux conducteurs métalliques par de larges surfaces dans le même but; l'électricité passant facilement, l’addition d’un fil fin de pla- tine n’augmente pas le courant. Ces conditions étant rempli:s, M. de La Rive annonce qu’en donnant au conducteur supplémen- taire en platine des longueurs différentes, il. a eu tantôt moins d’élévation dans la température du thermomètre métallique, tantôt une température égale. C’est cette alternative de diminution et d'égalité dans la température qu’il attribue aux interférences des courans électriques, l’un passant par l'arc liquide, l’autre par l'arc de platine. à Les surfaces en contact avec le liquide conducteur étant très- grandes , M. de La Rive a observé que la succession des courans contraires de l’électro-magnet s’opposait à la décomposition de l'acide ; mais que si on remplacait une des larges surfaces par une petite, aussitôt les bulles de gaz apparaissaient sur cette dernière. Avec des pôles en fil d'argent, il a vu des ondes s'étendre d’un pôle à l’autre. L'auteur a reconnu que la chaleur augmente la facilité que le courant électrique éprouve à passer d'un liquide dans un métal, quand on chauffe le pôle négatif, et non quand on chauffe je pôle positif. Il a reconnu aussi que les courans déterminent la désagrégation des métaux par lesquels ils passent. Le fil conducteur, de platine ou d'argent , se couvre d’une poussière que l'examen chimique a fait reconnaître pour n'être autre chose que le métal lui-même en 103 poudre extrêmement fine. Cette désagrégation , à mesure qu'elle s’opère, fait diminuer et enfin cesser le dégagement des gaz. : PaysiQue : Solution de la théorie de la pile. M. Péltier com- munique lé détail de quelques expériences entreprises pour .éclai- rer la théorie de la pile, en dehors de toute considération logique ou d’induction. i La théorie de la pile a eu trois solutions principales : la prémière est que les courans produits par chaque eouple traversent la pile sans être influencés par les autres courans; la seconde, c’est que, dans son passage à travers les autres couples, l'électricité d’un premier couple éprouvé une modification profonde qui lui donne une plus grande énergie d’action; la troisième, c’est que dans l’intérieur d’une pile toutes les électricités négatives sont neutralisées par lés électricités positives des’couplés suivans, de manière qu'il ne reste de libres que l'électricité positive du premier couple et l'électricité négative du dernier; que ces deux électricités libres n’ont pour se neutraliser que deux routes, ou larc interpose entre elles, ou la pile elle-même; conséquemment, plus la pile sera nombreuse, plus la neutralisation de ces électricités extrêmes à travers la pile sera difficile , et plus alôrs il en passera par l'arc interposé; c’est cette nécessité de passer par l’arc interposé qu’on appelle la fension du courant: M: Peltier l'appelle l'intensité, réservant le nom de lért- sion pour l'électricité statique. Pour prouver que la première solution ne peut êtré la véritable, M: Peltier fait observer qu’il faudrait qué la quantité d électricité Ligne fût en rapport avec le nombre des couples e en pile, ce qui n’est pas. Il's’est assuré, par des LPRPEIONEES positives ; qu inepile ne donné pas plus d’ électricité dus un de ses ‘couples, lorsqu'on férme le circuit par un'arc sans réSistänce. Pour que la seconde solution fût exacte, il faudrait qu'urié qüañtité donnée d’ électricité, traversant les corps, produisit des Uffets différens ; selon que cette quantité proviendrait dun üu délplusieur$ coûplés} or, en! faisant passer des quantités d'électricité ‘égales : à travers des dissolutions facilement réductibles ou'x travers un äl fin pour en élever la tem- pérature, ou en mesurant son influénéé magnétique ét dy namique, M. Péltier a toujours trouvé que les'éffets étaient Iles mêmes, dès Pinstant qu'une quantité égale passait ; quelle que fût la source de cette électricité. ‘2: 5%: 1: 104 La troisième solution n’a pas encore d’expérience directe qui vienne prouver la neutralisation des deux électricités à leur point de jonction: le multiplicateur est impropre à décider cette ques- tion, parce que son aiguille reste à zéro aussi bien par la force de deux courans égaux et contraires que par la nullité d'action; ainsi le repos de l'aiguille ne peut dire si les deux courans passent dans le fil galvanométrique.ou s’ils sont neutralisés. La mênre incer- titude existe lorsque deux courans traversent un fil métallique : on, sait que lorsqu'un seul courant le traverse , il en élève la tempéra- ture; mais si on ajoute un courant égal en sens contraire, le fil revient alors à la température ambiante , sans qu’on puisse savoir si cette inaction du.fil provient de l'effet contraire des deux cou- rans, ou de ce qu’étant neutralisés il n’en passe rien dans ce fil. Il n’en est plus de même des courans magnéto-électriques : quoique contraires, ils élèvent toujours la température; mais, comme ils sont successifs et non simultanés, on ne peut en tirer de déduction applicable aux courans simultanés , dans l'ignorance où l’on est des .causes de la chaleur. Ce n’est donc que sur des considérations secondaires qu’on peut fonder sa préférence pour la dernière solution : ainsi la quantité, d'électricité d’une pile étant la même que celle d’un seul couple , et cette électricité n’ayant aucune puissance particulière, quel que soit l’électro-moteur simple ou complexe, bydro ou thermo-élec- trique, qui lait produite, on ne peut concevoir cette identité de nombre et de nature intime, que par la neutralisation des électrici- tés intérieures , ne laissant de libres que celles des deux élémens extrêmes. Une autre considération, tirée de l'électricité statique, prête encore son appui à, cette solution. M. Peltier a prouyé, par des expériences directes et. souvent répétées , que dans une pile ouverte la tension SRAQUE de l'électricité croissait au moins comme le carré des couples; qu’en neutralisant plusieurs fois une des deux électricités produites par un couple, il donnait à l’autre électricité restée une tension qu’il n’obtient directement que par quatre cou- ples, et qu’il retrouve toujours les mêmes nombres, soit qu’il neu- tralise directement une des deux électricités, soit qu’il emploie l'addition de couples portés au moins au carré. D'après cette neu- tralisation de l'électricité statique dans les piles ouvertes, il pense que le même effet doit se produire dans les piles fermées, tout,en 405 avouant cependant qu'une preuve immédiate aurait plus de valeur. Séance du 24 juin 1837. * Crowe : Composition du lait. — M. Donné entretient la Société de ses recherches sur le lait des nourrices dont il présente ainsi le ré- sumé : ‘ 1° Les connaïssances actuelles sur les caractères du bon et du mauvais lait des nourrices sont à peu prés nulles. 2° Les inductions tirées de l’état général de la santé sont insuffi- santes pour déterminer les qualités nutritives de ce fluide. 30 C’est dans le lait lui-même qu'il faut chercher l’indication de ses propriétés, et le microscope, aidé de quelques réactifs, est plus propre que l'analyse chimique pour parvenir à ce but. 4° La composition du lait doit être considérée de la manière sui- vante : un liquide tenant en dissolution du sucre de lait, des sels, une petite quantité de matière grasse et du caseum, et en suspension des globules de différentes grosseurs, formés de beurre et solubles dans l’éther. 5o Les globules laiteux sont très-difficilement solubles dans les so- lutions alcalines. 6° Le colostrum se compose, outre les globules laiteux, de corps particuliers que M. Donné a décrits sous le nom de corps granuleux ; les globules laiteux dans le colostrum sont pour la plupart agslomé- rés et confondus entre eux par une matière muqueuse. 7° Les principes du colostrum ne disparaissent entièrement que vers la fin du premier mois aprés l'accouchement: à cette époque , le lait de bonne nature ne présente plus aucune trace de colostrum, et les globules sont tous bien détachés les uns des autres, bien réguliers et nombreux. Dés le sixième ou dixième jour après l'accouchement, le bon lait commence à se débarrasser de ses élémens primitifs. 8° Le lait suit chez les animaux à peu près la même marche que chez la femme; il est dans les premiers temps troublé par une matière muqueuse réunissant les globules ensemble. 90 Le lait est constamment alcalin chez la {femme, la vache, l’ä- nesse et la chèvre. 10° Les élémens du colostrum peuvent persister dans le lait au- delà du terme habituel, et même jusqu'à la fin de l'allaitement, ce Extrait de L'Institut. 1% 106 qui constitue un genré d’altération de ce fluide; dans cetétat, le lait se prend en masse glaireuse quand on le traite par l’ammoniaque. 11° Certaines affections pathologiques, telles que l’engorgement des mamelles chez les femmes et chez les animaux, déterminent dans le lait des modifications particulières analogues à celles qu’il présente dans son état primitif. 12° En cas d’abcès formé dans le sein, le lait peut contenir du pus; M. Donné a rencontré plusieurs fois cette circonstance chez des nour- rices et chez des vaches. 13° Le lait contient quelquefois du sang. 440 Le lait des femmes affectées de syphilis, mais bien portantes d’ailleurs , ne présente rien-de particulier ; on ne voit en effet aucune raison pour que la sécrétion lactée soit influencée par l’existence d'un chancre , d’un bubon ou de quelqu’autre symptôme vénérien, et il n'est pas probable que la maladie se transmette par le lait; c’est plutôt par le contact immédiat que la contagion s'opère; aussi l’ob- servation du lait ne doit-elle pas dispenser d’un examen de la santé générale. 15° La quantité de matière grasse dans une même espèce de lait est généralement en rapport avec la quantité des autres élémens so- lides de ce fluide , en serte qu'il est possible de connaître approxima- tivement la richesse d’un lait par l’observation des globules. 16° Le lait des nourrices peut pécher par excès aussi bien que par défaut de principes nutritifs. 17° Enfin le diamètre des globules paraît augmenter à mesure que l’on s'éloigne de l’époque de l'accouchement , mais ce moyen ne peut servir à préciser l’âge du lait. ÂAcousriqQue : Voix de l’homme. — M. Cagniard-Latour commu- _ nique la suite de ses recherches sur le rôle que peuvent jouer les lèvres supérieures du larynx humain pendant l’émission de la voix. En s’exercant à donner différens timbres aux sons qu'il produit a l'aide du larynx artificiel formé par l'application de la bouche sur deux doigts de la main ( Voir l’Institut, n° 212 ), l’auteur est par- venu à rendre plusieurs de ces sons notablement plus ronds et plus intenses que d'ordinaire, lorsqu'il faisait en sorte que les lèvres de la bouche püssent en vibrant frapper avec force sur les lèvres for- mées par les doigts. D’après cette observation , il présume que pendant l'émission de certains sons de la voix , tels que ceux qui se rapprochent des sons 107 d'anche, les lèvres supérieures et inférieures de la glotte éprouvent des chocs reciproques plus ou moins intenses. Il avait d’ailleurs émis déjà en 1827, dans un de ses Mémoires, une opinion analogue à l’occasion des espèces de sons vocaux que l’on obtient en poussant de l'air dans le tuyau de l’anche tambour , après que l’on a disposé d’une manière convenable l’anche de caoutchouc qui vibre sur l’ouveriure oblongue pratiquée dans la membrane en parchemin de l'appareil. M. Cagniard-Latour fait remarquer que sil’on admet son explica- tion sur l’action réciproque des lèvres supérieures et inférieures de la glotte humaine, on devra penser en même temps que, pendant cette action, l'air contenu dans les veniricules éprouve nécessaire- ment des condensations et dilatations alternatives très rapides , et qu’ainsi son hypothèse s'accorde, sous certains rapports, avec la théorie proposée par M. Savart ; puisque ce physicien , comme on le sait, attribue la production de la voix aux vibrations de l’air contenu dans les ventricules laryngiens. Zoozocir: Mammifères. —M. P. Gervais communique une note sur les animaux Mammifères des Antilles. Les premiers descripteurs des Antilles ont signalé dans ces îles plusieurs espèces de Mammifères qui paraissent y avoir été amenées du continent par les Caraïbes, et d’autres que l’on peut considérer comme s'y trouvant naturellement. Beaucoup d’autres Mammifères domestiques de l’homme ou même parasites de ses habitations s’y sont propagés depuis l'établissement des Européens, mais ie nombre de ceux qui sont propres aux Antilles, et dont l’auteur a pu observer la plupart en nature, est plus considérable qu'on ne le penserait d’abord. Ces animaux appartiennent principalement à l’ordre des Carnassiers et à celui des Rongeurs; on a aussi parlé d’une espèce de Tatou propre à Tabago, et M. Gervais a reconnu que le Ma- nicou décrit par Dutertre, etc., est bien une espèce de Didelphe, . le Didelphis cancrivora. Les Antilles possèdent treize espèces de Carnassiers, savoir: une Musaraigne fort remarquable, et douze Cheiroptères. Les Rongeurs de cet archipel, que M. Gervais a étudiés , sont au nombre de sept : quatre Capromys (C. Furnieri; C. prehensilis ; C. Poeyi et Pla- giodontia œdium); un Agouti du sous-genre Chloromys ; le Rat piloris (Mus piloris) et un autre Rat dont l’auteur n'a vu'qu'un in- 108 dividu trop jeune pour caractériser d'une manière positive l’espéce à laquelle il appartient ; cette espèce est de petite taille. Les Carnassiers que M. Gervais a rassemblés sont les suivans: Phytlostoma jamaicense ; Phyllostoma perspicillatum; Noctilio leporinus ; Molossus obscurus ; Vespertilio ( Nycticœus ) Blosse- villei ; Vespertilio lepidus et Vespertilio dutertreus. On a indiqué quelques autres Chauve-souris que l’auteur n’a point vues: Ves- pertilio Maugæi de M. Desmarest ; Mormoops Blainvillei et Mo- nophyllus Redmanni Leach; Brachyphylla cavernarum Gray et Glossophaya soricinum Geoffroy et J.-B. Fischer. Les Vespertilio lepidus et dutertreus sont deux espèces que M. Gervais croit nouvelles, élles lui ont été communiquées par M. de la Sagra, qui les a recueillies à Cuba. Le 7. lepidus est remarquable par sa petite taille ( 6 1}, pouces d'envergure), par ses dents (?/; incisives 1/, canines 6}, molaires de chaque côté), qui sont en même nombre que celles des Murins, mais affectant une disposition assez particulière, et par son oreillon pour ainsi dire cupuliforme; cette espèce est intermédiaire à celle que M. F. Cuvier appelle Furia Horrens et aux Chauve-souris murinoïdes. Le Fespertilio dutertreus est le plus grand et se rapporte au sous- genre des Noctules: il a sept dents seulement de chaque côté de la supérieure et neuf à l’inférieure (4; molaires à chacune); son oreillon est cultriforme et sa queue libre dans une petite partie de sa pointe. Cette espèce a onze pouces d'envergure : elle a quel- que chose du Vespertilio caroliniensis , mais elle est plus petite; elle sera figurée, ainsi que la précédente, dans l'ouvrage que M. de la Sagra prépare sur l’île de Cuba. La Musaraigne citée plus haut (Sorex paradoxus ) a été re- cemment décrite, par M. Brandt, sous le nom de Solenodon paradoxum. Ses caractères génériques ne diffèrent point de ceux des autres Musaraignes, mais elle est beaucoup plus grande que celles que l’on connaït. On n'avait point encore signalé de Mam- mifère dece genre dans l'Amérique méridionale ni dans ses îles ; le Sorex paradoxus est d'Haïti. Séance du 1 juillet 1837. Cumme: Dextrine. —M. Payen communique les premiers résul- ats de ses recherches sur la détermination du poids atomique de la 109 dextrine. Il rappèle les difficultés qui se sont opposées à cette déter- mination , et annonce un procédé nouveau qui permettra peut-être de vaincre ces difficultés. La dextrine obtenue bien pure offre le dernier degré de désagré- gation de l’amidon ; aussi ne peut-on précipiter les solutions aqueuses de dextrine par aucun des nombreux agens qui contractent la matière amylacée et décélent dans celle-ci, même fort étendue d’eau, des propriétés dépendantes de l'organisme ou le grouppement par- ticulier de ses molécules intégrantes. Si, d’une part, la contractilité, la forme réticulaire ou gélatineuse facilitent trop les précipitations et peuvent occasioner des erreurs graves en enveloppant dans les dépôts des combinaisons variables ou des parties non combinées; d’un autre côté, le défaut de cristallisa- tion ou de combinaison, ou la trop grande solubilité des composés s'opposent parfois à ce que l’on trouve les équivalens d’un corps: on voit que le principe immédiat en question offre dans ses deux états précités les deux genres de difficultés que nous venons d'indiquer. Supposant que si la dextrine n’avait encore pu être précipité par l'un des oxides métalliques qui se combinent avec le plus grand nombre des substances organiques, cela pouvait tenir, soit à ce que la combinaison était soluble , soit à ce qu’elle n’avait pas été possible en présence d'un acide même faible, j'essayai, dit M. Payen, de faire intervenir d’abord des agens dissolvans peu énergiques , chargés jusques à saturation, puis une base inerte sur la substance organique , mais capable de rompre l'équilibre en sollicitant l'acide faible uni à l’oxide métallique, puis les deux moyens réunis, ou enfin un réactif moins stable. Voici les résultats des premiers essais entrepris d’après ces vues: La dextrine employée avait été obtenue exempte de sucre et en désagrégeant l’amidon seulement au point de donner encore une coloration rouge par l’iode. Dissoute à saturation dans l'alcool à 0,56, la température étant + 24, elle se déposait hydratée en proportions d’autant plus fortes que la température s’abaissait davantage et se redissolvait en chauffant de nouveau à 24° etagitant; ces solutions en proportions diverses étaient abondamment précipitées par l'alcool anhydre, mais 110 aucune d'elles ne fut troublée par des solutions aqueuses d’acétate neutre ou tribasique de plomb, ni même par une solution saturée d’acétate neutre dans l'alcool à 0,56. Les mêmes faits furent observés en employant es solutions sa- turées de dextrine et d’acétate de plomb dans l'alcool à 0,4. Ce premier ordre de moyens ne procurant pas la précipitation de la dextrine combinée, on tenta la deuxième. À cet effet, un excès d'ammoniaque fut ajouté dans une solution aqueuse d’acétate neutre de plomb; ce liquide filtré commenca au bout de quelques heures à déposer des cristaux très fins aiguillés qui s’opposaient bout à bout sur une même ligne, et peu à peu se grouppérent, irradiés d’un centre commun, en houppes mamelonnées graduellement plus nombreuses. Avant comme après la cidelleatons la solution ammoniacale, de même que les cristaux redissous, donnaient avec les disselutions de dextrine un précipité blanc, opaque, très volumineux , soluble par une addition d'acide acétique; les mêmes agens ne précipi- tèrent pas le sucre de cannes dissous. ë Lorsqu'on verse dans une dissolution froide concentrée d’acétate de plomb un excès d'ammoniaque, un abondant précipité a lieu immédiatement ; l’élévation de température et l'addition d’un vo- lume d’eau font tout redissoudre, et une cristalisation très lente en houppes irradiées succède au refroidissement. L’ammoniaque versé dans une solution saturée à + 20 d’acétate neutre de plomb dans l'alcool à 0,4 donne un précipité si abondant que le mé- lange se prend en masse. Si l’on examine au microscope ce magma en apparence opaque et amorphe, on reconnait qu'il se compose des mêmes cristaux aiguillés, ci-dessus décrits, mais beaucoup plus fins. Au reste, lorsqu'on les fait dissoudre dans l’eau par une tem- pérature de + 80°, à l'abri de l'air, ils reproduisent les mêmes cristallisations toutes en mamelons. Il reste à déterminer, maintenant, si ces cristaux se l’acétate sébasique de M. Berzélius, ou s'ils ne résulteraient pas d’une com- bimaison double d'’ammoniaque et d’oxide de plomb avec l'acide acétique ; enfin , si le précipité qu'ils donnent avec la dextrineest un composé défini d’où l’on puisse déduire l'équivalent ou le poids atomique de celle-ci. All Puavsique : Théorie de la pile voltaique.—Dans la séance du 10 juin dernier, M. Peltier communiqua à la Société le résultat d'expériences qui démontrent qu’un circuit peutne pas conduire également l’élec- tricité dans les deux sens, si les contacts de différentes parties qui le composent ne sont pas identiques; il fit connaître combien cette différence de corductibilité est grande, lorsqu'on intercale un arc liquide qui touche au conducteur métallique, d’un côté par une Jarge surface, et de l’autre par une très-petite. Dans la séance sui- vante , il rappela les trois solutions principales, quela pile voltaïque avait recues , et communiqua à la Société quelques expériences qui l'avaient déterminé à admettre la solution qui a pour base la neutra- lisation de toutes les électricités intérieures, et qui ne laisse de libres que les deux électricités extrêmes; tout en regrettant de n’avoir pas fait d'expériences directes qui constatassent cette neutralisation. De- puis, il appliqua à cette recherche la découverte, rappelée plus haut, de l’inégal passage des courans dans certains circuits, etil put ainsi chtenir la preuve directe qu'il cherchait. Cette expérience se fait de la manière suivante : on fait arriver à chaque extrémité de ce conducteur particulier deux courants électri- ques égaux , l'un positif, l’autre négatif; ces courans sont produits par deux larges couples plongés dans de l’eau de puits, afin de rendre plus difficiles le passage d’un courant à travers l’autrecouple, si réellement il le traversait , et les forcer ainsi l'un et l’autre à passer en partie par le second conducteur ajouté. On sait depuis long-temps, qu'un courant se divise en autant de parlies qu’on lui offre de con- ducteurs séparés , et qu'il les traverse en raison inverse de leur con- ductibilité : il était alors certain que, d'après l’inégale aptitude du second conducteur à laisser passer les deux électricités , si les cou- rans le traversaient , un des deux passerait plus nombreux et serait dévoilé par le multiplicateur qui y était joint. Toutes les fois que les deux courans étaient parfaitement égaux , aucun courant domi- nant n'était accusé, mais sussitôt qu'on rendait ces courans tant soit peu inégaux , le courant positif était fortement accusé s’il passait de la surface large au liquide, et l'était encore, mais à un moindre degré, s’il passait de la surface étroite au liquide. Une seule conclu- sion , dit l’auteur, peut être tirée de cette expérience; c’est que les courans égaux et contraires se neutralisent l’un par l’autre, et qu'il n'en passe rien dans le conducteur commun , puisque ce conducteur 112 auroit démontré leurs passages simultanés par la prédominance de l'un deux. Il pense que cette expérience est la première qui donne la preuve directe de la neutralisation réelle des courans contraires à leurs points de jonction, et qui vient consolider la théorie de la pile. Géorocie : Formation de l'ile Julia. — Dans Y'une des dernières séances de l’Académie des sciences de Paris, M. Arago a cherché à démontrer que la portion immergée de l’île volcanique qui parut en 1851 dans la Méditerranée a été formée par le soulèvement du fond solide et rocheux de la mer. Cette opinion , contraire à celle qu'avait ne eu émise M. Constant Prévost dans la relation de son voyage, repose sur deux o-dres de considérations : 1° les résultats des sondages faits par l'équipage du brick La Fléche, le 29 septembre 1831 , et qui donneraient pour les pentes du sol submergé des inclinaisons de 470 1/, à 62° 1, ; 20 des observations sur la température des eaux de la mer, qui indiquaient un refroidissement de ces eaux à l’appro- che de l'ile, M. Constant Prévost a cru devoir répondre àa M. Arago , par une lettre détaillée qui a été communiquée à l'Académie dans la séance du 29 mai; il y expose, quant aux opérations de sondage, que le but et les circonstances dans lesquels elles ont été entreprises, ne per- mettent aucunement d’en déduire l’inclinaison du sol d'une manière rigoureuse, et qu’au surplus de semblables opérations , faites un mois auparavant par le capitaine Woodhouse, conduisent à des résultats tout-à-fait différents ; quant aux observations de température , il pense qu'il suffit de lire avec attention ce qu’a écrit M. J. Davy, pour être convaincu que l’abaissement de température observé par lui le 5 août 1831) ne peut se rapporter à une action frigorifique que le massif de l’île aurait exercée autour de lui; et pour les obser- vations consignées sur le journal du brick La Fléche , relativement à la température des eaux de la mer à 1 , à 10 et à 30 brasses , il affirme qu'elles ont été faites à bord du brick , quile 29 septembre était à 6 milles de l’île et non sur les rivages mêmes de celles-ci comme l’a pensé M’ Arago. Par conséquent, d’après M. Constant Prévost, toutes les bases sur lesquelles reposerait l'hypothèse proposée par M. Arago sont entié- rement détruites. 115 A l'appui de ce qu'il a précédemment avancé, M. C. Prévost communique à la Société la lettre ci-jointe de M. le comte de Fran- lieu , l’un desofficiers du brick La Fléche, par les soins et sous les yeux duquel ont été faites les opérations de sondage, le 29 septem- bre 1851 , autour de l’île Julia. Cette lettre, dit-il, répondra aux réflexions de M. Arago et aux inductions que l’on en pourrait tirer. M. Constant Prévost met aussi sous les yeux de la Société un calque de la carte de l’île Julia, levée vers la fin d'août 1831 par le capitaine Woodhouse ; et en applicant les uns sur les autres les profils du massif volcanique, tels que l'on peut se les représenter à trois époques différentes : savoir : 1° à la fin d'août, d’après les me- sures et documents fournis par le capitaine Woodhowse; 2° au 29 septembre, par ceux recueillis pendant l'expédition du brick La Flèche ; 5° au 24 août 1832, par les reconnaissances du capitaine Swinburne, lorsqu’à la place de l'île Julia il n'existait plus qu'un banc recouvert au sommet par 9 ou 10 pieds d’eau; il fait voir que la forme et les dimensions du massif submergé ont tellement changé, que la conséquence la plus naturelle à déduire de ce fait, suivant lui, c'est que ce massif ou au moins sa couverture extérieure était formé de matières meubles que les vagues et les courants ont pu attaquer et emporter. Voici l'extrait de la lettre de M. de Franlieu. «.. Je m'empresse de répondre à votre lettre , reconnaissant entiè- rement la vérité des assertions que vous avez avancées à l'appui de votre opinion sur l’île Julia. Je vais donc reprendre la question au point où vous la placez , pour ajouter ce que j'ai vu dans les opéra- tions auxquelles j'ai pris, comme vous le savez, une assez grande part. » D'après un relevé des sondages faits par nous, le 29 septembre 1831 autour de l'île, M. Arago établit, que le talus inférieur à la surface de la mer était incliné de 47° à 62°, et comme, suivant lui, les matières meubles ne peuvent se soutenir sur une pente de plus de 45°, il en déduit que l’île a été formée par un soulevement subit du fond solide de la mer, tandis que, dans votre opinion, cette for- mation n’a été quele résultat de l'accumulation successive de matières volcaniques. » Vous attaquez le raisonemement de M. Arago , en contestani la Extr. de L'Institut. 15 114 certitude des documens qui en forment la base et vous alléguez : » 10 Que les sondages entrepris le 29 septembre , dans le seul but de connaître s’il y avait ou non des récifs sous l’eau, n’ont pas la rigueur qui-serait nécessaire pour pouvoir en déduire l’inclinaisor du sol. » 20 Que les profondeurs en brasses n’ont pu être données que d’une manière approximative , parce que le canot était en marche et que la sonde ne pouvait pas toujours descendre verticalement. » 30 Que la distance à la côte, de chacun des points où la sonde a été jetée, n'a été estimée qu’à l'œil. » 40 Que vous avez assisté et participé à toutes ces opérations. » bo Que le canot n’a été mis que deux fois à la mer en vue de l'île Julia, le 28 et le 29 septembre, et que vous avez fait, avec M. Join- ville, partie des deux expéditions. » 6° Que, Le 29 septembre, le canot a été halé sur la plage pendant notre séjour dans l'île, et qu’il n’a été remis à la mer qu’au moment de notre réembarquement. » 70 Que le capitaine Lapierre est resté à bord du brick pendant ces deux expéditions. » 8° Enfin que les notes transmises par lui à M. Arago ne peuvent être que la copie de celles inscrites par nous sur le journal du brick au retour de l'expédition du canot, » Tous ces différents faits sont de la plus scrupuleuse exactitude, et je ne puis hésiter à le déclarer. » Une circonstance, qui peut être n’a pas été enregistrée sur Île journal du brick, doit pouvoir vous servir. Vous savez que les sondes sont toujours garnies de suif à leur partie inférieure , afin de donner connaissance de la rature du fond dela mer. À chaque coup de sonde donné dans les environs de l’île, je me rappelle par- faitement que nous avons toujours rapporté des cendres volcaniques pures, qui se maintenaient cependant sur le talus par leur propre et seul poids. La pente n'était done pas trop grande. D'un autre côté, en supposant vraies les inclinaisons de 470 à 62°, on ne pourrait pas encoreen inférer que la base de l’île n’était pas formée de cendres volcaniques; car ces cendres avaient la plus grande analogieavec le sable et gravier fin de nos rivières à courant rapide, telles que PA- douret la Durance, et si, lors de la formation de certains cônes de . sable dans ces rivières, ceux-ci ont pu avoir des pentes inclinées de 115 450, il n'en est pas moins vrai que , par des causes accidentelles, des courants venant d’un côté ou d'un autre, il arrive trés-souvent qu'une ou plusieurs faces présentent une inclinaison qui peut aller jusqu’à 60° ou 70°, sans qu'il y ait éboulement ; ainsi donc, il me semble que quand bien même l'angle de 62° serait établi d’une ma- nière positive, il ne pourrait rien prouver en faveur du soulève : ment... » Séance du 8 Juillet 1837. Zoorocir : Crustacés. — M. Milre Edwards communique à la Société des observations sur quelques Crustacés fossiles, qui appar- tiennent à la division des Décapodes anomoures et paraissent devoir prendre place dans la tribu des Dromiens. L'un deces Crustacés provient du terrain tertiaire de l'ile de Sheppy et se rapproche des Dromies par la forme générale de la ca- rapace, par la disposition de ses régions , par l'existence d’un sillon transversal qui divise en deux moitiés chacune des régions branchia - les, par la conformation du front, etc. ; les pattes postérieures parais- sent être aussi petites et relevées au-dessus des autres comme chez les Dromies ; mais il diffère de ces animaux par d’autres caractères. qui le rapprochent un peu des Homoles, et il paraît devoir constituer un genre particulier auquel M: Edwards donne le nom de Dromuilite. Le Brachyurites rugosus de Schlotheim, qu on trouve dans la craie de Faxoé, parait devoir rentrer dans la même division générique, ou du moins s’en rapprocher beaucoup. Un autre Crustacé fossile, trouvé dans le terrain jurassique des environs de Verdun par M. Moreau , appartient également à la tribu des Dromiens , mais se rapproche davantage des Dynamènes de Latreille, et doit, suivant M. Edwards, constituer une quatrième division générique , à laquelle il donne le nom d'Ogydromite. L'auteur termine cette commucication par des remarques.sur la distribution géologique des Crustacés en général, » Parmi les Décapodes, dit-il, ce sont les Brachyures qui sont les plus élevés en organisation et qui paraissent avoir été créés les der- niers , Car On n'a encore trouvé au-dessus des terrains tertiaires , que peu ou point de débris qui puissent être rapportés avec quelque certitude à cette grande division , tandis qu’on a découvert des espé- ces assez variées dans divers terrains supercrétacés de la France, de 116 l'Italie et de l'Angleterre. Les Anomoures, qui établissent le passage entre les Brachyures et les Décapodes inférieurs, apparaissent dans des formations plus anciennes, telles que la craie et le terrain jurassi- que, et les Macroures , qui de tous les Décapodes sontles moins élévés dans la série zoologique, existaient déjà à des époques géolo- giques encore plus reculées, car on en a découvert un certain nom- bre dans le muschelkalk. Enfin , les Trilobites , qu’on doit considérer comme des Crustacés encore plus inférieurs dans la série naturelle, abondaient , comme chacun le sait, dans les mers de la période de transition , et étaient à cette époque les seuls représentans connus de la classe dont ils font partie. » Séance du 15 juillet 1837. Ce : Dextrine. — M. Payen communique la note suivante contenant la suite de ses recherches sur la détermination du poids atomique de la dextrine. « La solution d’acétate de plomb ammoniacal ne précipite pas le sucre d’amidon dissous dans l’eau, mais elle précipite la solution alcoolique; l’eau fait redissoudre ce précipité. » Voici les résultats obtenus en employant pour précipiter la dextrine l’acétate ammoniacal qui, peut-être, s’appliquerait à la dé- termination du poids atomique de quelques-unes des autres matières organiques difficiles à combiner. » 5 grammes de dextrinate de plomb bien lavé, égouté, séché à 50° dans le vide sec, puis brûlé, ont laissé un résidu de protoxide de plomb, pesant 2,89, quantité qui était unie avec 2,11 de dex- trine. D'où l’on tire 2,89 ? 3,11 2° 1594,5 : 1018,1. » Or la composition élémentaire de la dextrine, telle que je l'ai in- diquée , donnerait : C2 — 458,6 0 62 40021 OŸ — 500,» Donc, le poids de dextrine équivalant à l'atome de protoxide de plomb est 1021. > LR nb - - : » Ce serait, d'après cette première expérience que je me propose de 117 répéter, le poids atomique de la dextrine; il serait égal au double du poids atomique du sucre de canne, à moins encore que dans le com- posé ci-dessus il ne se trouvât 2 atomes d’oxide de plomb. » Un autre réactif, la solution de baryte dans l'esprit de bois, ayant été employé avec succés par M. Péligot pour vérifier le poids atomique des sucres de canne et de raisin , j'ai dû étudier ses pro- priétés et celle de ses composans avant de l’appliquer à l’objet de ces recherches. » L'esprit de hoïis pur, marquant 97° à l’alcoomètre de M. Gay- Lussac, ne dissout pas la dextrine, il la précipite au contraire de ses solutions. » L'esprit de bois, étendu de son volume d’eau, peut-être mêlé en toutes proportions avec la solution saturée pour la température de+24° de dextrine de l'alcool à 0,56 sans qu'il y ait précipitation. Mais ce mélange est précipité en flocons volumineux par l’acétate de ploms ammoniacal ; il en est de même de la solution de dextrine dans l'esprit de bois à 0,5; un excès de cette solution fait redis- soudre le précipité, surtout à chaud; par le refroidissement il s’en dépose en flocons hydratés. » Si l’on fait dissoudre de la baryte presqu'à saturation dans l'esprit de bois, puis qu’on l’étende de son volume d’eau et qu'on agite, on verra bientôt des paillettes cristallines se manifester dans le liquide et se précipiter de plus en plus volumineuses, offrant l'aspect de l’hydrate de baryte. » La dissolution surnageant de baryte, étendue de son volume d’eau , précipite abondamment en flocons la dissolution alcoolique de dextrine : le précipité est soluble dans un excès d’eau à froid : la solution de dextrine dans l'esprit de bois est également précipitée dans le même réactif; le liquide devient diaphane par l'élévation de la température. » On peut donc encore rechercher le poids atomique de la dex- irine dissoute dans l'alcool à 0,56 , température + 24°, en la com- binant à la baryte en dissolution dans l'esprit de bois étendu de son volume d’eau, lavant avec le même dissolvant à l'abri du contact de l'air, ou du moins de l'acide carbonique, desséchant dans le vide , etc. ». Lorsqu'on a lavé le précipité barytique, il convient d’envelop- per le filtre de plusieurs doubles de papier non collé, et de laisser 3 118 durant six à huit heures la plus grande partie du liquide interposé: se séparer par imbibition. On devra alors enlever le précipité, et le mettre promptement dans le vase à dessécher pour éviter qu'il. ne s'infiltre lui-même dans le papier : en effet, la proportion d’eau augmentant par la plus grande volatilité de l'esprit de bois, la li- quéfaction de ce précipité a lieu bien avant sa dessication com- plète. » Ce précipité est d'ailleurs très-difficile à dessécher dans le: vide où dans un courant d'air sec, privé d'acide carbonique. Il faut de temps à autre déchirer une pellicule très peu perméable, qui se forme à sa superficie , ou l’étendre en couches fort minces. Je suis parvenu à l'obtenir sec et pulvérulent en favorisant le départ de l’eau par plusieurs additions d’esprit de bois et l'élévation de la. température jusques à 180° centésimaux, très graduellement acquise, puis soutenue 24 heures; broyage et deuxième dessication durant le même temps à une température égale » Séance du 22 juillet 1837. Paysique . Larmes bataviques.—M. Cagniard-Latour communique quelques observations sur les larmes bataviques , et rappelle en même temps celles du même genre dont il a entretenu l'Académie des Sciences le 11 mars 1833. On regarde généralement une larme batavique comme un assem- blage de ressorts tendus et solidaires les uns des autres, parce qu'au moment où l’on brise la queue d’une pareille larme , celle ci d’ordi- naire éclate et se pulvérise. Cet effet, suivant l’auteur , ne serait pas dû à la simple soustraction de la queue , mais plutôt aux mouvemens vibratoires que le mode de soustraction occasionne dans le système, et à l'amplitude que ces mouvemens peuvent avoir à raison de l’élas- ticité particulière dont parait jouir le verre de pareilles larmes. À l'appui de son opinion , il annonceavoir reconnu que la queue se sépare sans que la larme éclate, lorsque pour cet effet on emploie la fusion à l’aide du chalumeau ; que l’on peut même par fois casser impunément à froid une pareille queue, lorsque préalablement elle a été ramenée par un léger recuit à l'état de verre ordinaire dans ses points de rupture ; et qu’enfin on peut tailler à facettes le corps d’une. larme batavique en l’usant avec précaution sur une meule de lapi- daire. I fait remarquer en outre qu'ayant essayé d'appuyer sur des 119 sphères de différents diamètres, des portions de queues bataviques à peu près droites et cylindriques, pour connaître le maximum de flexion que, sans se casser, elles pouvaient supporter soit avant, soit après le recuit, il a trouvé que dans le premier cas cette flexion était moins limitée que dans le second ; qu’ainsi , par exemple, avant le recuit une portion de queue d'environ un demi millimètre d’épais- seur se courbait facilement suivant un arc de cercle de cinq centi- mètres de diamètre, mais se cassait lorsqu'aprés l'avoir recuite, on essayait de la soumettre à la même flexion. Le verre des larmes bataviques n’est pas sensiblement plus dur que le verre ordinaire, mais il paraït avoir beaucoup plus de tena- cité; car une des portions de queue dont il vient d’être question ayant été placée par ses extrémités sur deux points d'appui horizontaux, puis soumise dans son milieu à divers efforts verticaux avant et après son recuit, a pu supporter, dans le premier cas, un poids de deux kilogrammes , tandis que dans le second elle s’est rompue sous la pression d’un demi kilogramme seulement ; différence qui, suivant M. Cagniard Latour, serait encore à l'appui de son opinion que le mouvement de contraction ou de détente, par l’action mécanique duquel une larme batavique se pulvérise en éclatant , doit avoirune amplitude extraordinaire. Dars l'intention d'apprécier l'énergie de cette action, il a rempli d'eau plusieurs gobelets de verre qui avaient été mal recuits, et a fait éclater, à l’aide d’une pince au milieu de cette eau , tantôt des larmes bataviques et tantôt des sphères creuses en verre dans les- quelles on avait fait le vide. Dans le premier cas, les gobelets se bri- saient ordinairement quoique les larmes ne fussent point appuyées contre les parois de ces gobelets , tandis que, dans le second cas, ils résistaient quoique le diamètre des sphères employées excédât en général un centimètre. L'auteur a fait sur les larmes bataviquesS diverses autres observa- lions, notamment les suivantes : 1° si l’on fait recuire une larme batavique au rouge sombre , c’est-à-dire de facon qu’elle ne puisse plus éclater aprés son refroidissement, et n’ait pas changé sensible- ment de forme, on trouve que le son deses vibrations transversales est devenu plus aigu; 2° les débris d’une larme éclatée , lorsqu'ils ont été chauffés de même, puis refroidis, sont moins denses qu'avant ce tecuit; 3° dans les mêmes circonstances, une larme batavique 120 entière ne change pas sensiblement de densité, ce qui, dans l'hype- thèse où le verre de cette larme resterait plus dilaté après le recuit comme il'arrive aux débris éclatés, autoriserait à penser que les bulles ou petites cavités contenues dans cette arme éprouvent une con- traclion qui compense la dilatation du verre ; 4° enfin la densité des débris d’une larme éclatée, qw'ils soient recuits ou non, surpasse celle d’une larme entière. Séance du 12 août 1837. Puysique : Instrumens d'acoustique. — M. Cagniard-Latour com- munique quelques observations qu’il a faites en cherchant à donner différens timbres aux sons de la sirêne-prisonnière. Cetinstrument , tel qu'il est décrit dans un mémoire que l’auteur a présenté à l’Académie des Sciences en octobre 1827, se compose principalement d’une petite roue àaubes planes et d’un tuyau pris- matique , dans lequel cette roue est disposée de façon qu’elle peut tourner sur son axe lorsque l’on dirige d’une manière convenable un courant d'air dans le tuyau ; par l'effet du mouvement de la roue, ce tuyau se trouve ouvert et fermé alternativement , en sorte que le son vient principalement des intermittences que le passage de l'air éprouve par ce moyen. Pour ses nouveaux essais , l’auteur a fait construire plusieurs siré- _nes-prisonnières de dimensions semblables ; mais, tandis que la roue de la sirène A, par exemple, porte 8 aubes, celle de la sirène B n’en a que 4, et celle de la sirène C,2 seulement ; il a reconnu qu'avec la troisième sirène on pouvait donner au même son plus d'intensité qu'avec la seconde, et que de même celle-ci l’emportait sur la pre- mière , qu'en un mot, l'intensité paraissait être à peu près en raison inverse du nombre des aubes. Avec une autre sirène C’, du même genre que la sirène CG, mais dont la roue est placée entre deux lames minces fixées au tuyau de facor que les occlusions périodiques de l'appareil n’ont lieu que pen- dant un temps extrêmement court, le son avait plus d'intensité encore qu'avec les instrumens précédens et était criard. Lorsque la roue d’une sirène-prisonnière n’a que deux aïles, et qu'elle ressemble ainsi à la planche tournante d’une sirène-fronde, elle peut, comme cette planche, lors qu'elle a recu un premier mou- 191 vement, continuer de tourner et faire naître ainsi des sons plus ou moins aigus , pendant que l’on souffle à pleine bouche dans letuyau ( Journal L'Institut n° 190 ); mais M. Cagniard-Tatour a reconnu que l'on n'obtient pas le même effet dans le cas où la roue porte 3 aubes, c'est-à-dire qu’alors le mouvement rotatif, au lieu de pouvoir s’ac- célérer dans de certaines limites commeil arrive pour la roue à 2 aubes, se ralentit au contraire de manière à devenir presque nul, et qu'enfin ce mouvement cesse tout-à-fait d’avoir lieu dans le cas où la roue porte 4 ou 8 ailes. En cherchant à découvrir les causes auxquelles on peut attribuer la propriété dont jouit la roue à deux ailes de pouvoir tourner comme on vient de l'indiquer , il a reconnu que dans le cas où, lors de son repos, la planche dont est principalement formée cette roue se trouve placée obliquement par rapport à l’axe de son tuyau. Cette planche, dès qu’elle recoit l’action d’un plein courant , tend aussitôt à se placer perpendiculairement à à sa direction, mais en sui- vant pour cet effet le chemin le plus court possible ; c’est-à-dire qu’a- lors l’aile en amon du courant recule en cédant à l'impulsion qu’elle en recoit, et force ainsi l'aile d’aval à la suivre, ce qui prouve que dans ce cas le courant exerce une action plus puissante sur la pre- -mière que sur la deuxième; de sorte que cette espèce de roue, lors- qu'elle est une fois mise en mouvement avec Ja vitesse initiale con- venable, se trouve alors en quelque sorte, suivant l’ auteur, dans le cas des roues qui sont spécialement construites de manière à pouvoir tourner à tous vents. M. Cagniard-Latour , indépendamment des sirènes dont il vient d’être question, en a construit plusieurs autres analogues, mais dans lesquelles la planche tournante est circulaire et placée dans un tuyau cylindrique à peu prés comme une soupape dans les tuyaux de poële. Les plaques de ces sirènes ont des dimensions semblables et les tuyaux qui les contiennent sont de même longueur , mais ils ont des calibres différens ; ainsi par exemple, dans la sirène n°1 le calibre du tuyau n'excède que de très peu le diamètre de la plaque, diamètre qui est de 15 millimètres, tandis que dans la sirène n° 2 le calibre du tuyau est de 24 millimètres et contient un cadre circulaire dans le- quel la plaque tournante estsuspendue: de sorte que les occlusions . périodiques, dans cet instrument, ayant lieu dans un temps très court, Extr. de L'Institut. 16 122 à peu près comme dans l'instrument C’ précédemment décrit, L'effet sonore a plus d'intensité que celui de la sirène n° 1, dans laquelle l'écoulement gazeux, d'ou naît chaque battement du son, doit être moins considérable. Dans la vue de s'assurer que la supériorité acoustique de la sirène n° 2 sur celle n° 1 ne provient pas principalement de ce que son tuyau est plus gros, il a fait exécuter une sirène dont le tuyau est plus gros encore, puisqu'il a 50 millimètres de calibre, et dans lequel la plaque tournante est encadrée comme celle de la sirène n° 2, etilwa pas trouvé de différence sensible entre les effets sonores de ces deux instrumens. Enfin, avec une quatrième sirène ayant, comme Écdle n° 2, un {uyau de 15 millimètres de calibre, mais dans lequel la plaque tournante a pour virole d'encadrement un tube épais d’une hauteur égale au diamètre de la plaque, il a trouvé que cet appareil , qui sous le rap- port des quantités d’air écoulé à chaque battement du son {doit être analogue à la sirène n° 1, lui ressemblait aussi sous le rapport acous- tique. L'auteur termine en faisant remarquer que plusieurs des obser- vations dont il vient de rendre compte semblent être de nature à pouvoir fournir quelques données utiles pour l'étude de la voix humaine; qu’ainsi par exemple, il serait déjà pérmis de penser que, dans le cas où nous donnons à certains sons de notre voix une plus grande intensité que d’ordinaire, 1l peut arriver qu’alors l'air con- tenu dans nos poumons ne s’er trouve pas beaucoup plus comprimé, mais que seulement nos lèvres laryngiennes vibrent de manière à permettre l'expiration d’une plus grande quantité de ce fluide à cha- que battement du son. Cumie : Acide tartrique. — M. Frémy communique les résultats des expériences qu'il vient de faire sur de nouvelles modifications de l'acide tartrique. ; L’acide tartrique, soumis à une température d'environ 1 90, Dents avant de donner naissance à des produits pyrogénés, subir Disièies modifications. La première modification de l’acide tartrique a été nommée acide tartralique. Cet acide à l’état anhydre est représenté par C6 H6 071/,; son poids d’atôme est une fois 1/, celui de l’acide tartrique. La 2° modification a été nommée acide tartrélique. Cet acide 125 a pour formule C8 H$ O9, c’est-à-dire le double de celle de l'acide tartrique, qui est comme on le sait, C*H#O5; son poids d'atôme est double de celui de l'acide tartrique. Enfin, l'acide lartrique, chauffé toujours à la même température se transforme en acide fartrique anhydre, qui est insoluble dans l’eau, et qui, bouilli avec elle, se transforme successivemeni en acide tartré- -lique, tartralique et tartrique. L’acide paratartrique subit des modifications qui suivent exacte- ment la même marche. On obtient alors 3 acides que M. Frémy a mommés parafartralique , paratartrélique et paratartrique anhydre. Ainsi l'isomérie qui existe entre les acides tartrique et paratartrique se continue jusque dans ces modifications; on voit que les acides qui ont tous dans les sels la même composition que l'a- cidetartrique, ne différent entre eux que par leur poids d’atôme ; ce sont , sion peut s'exprimer ainsi, des états de condensation différens M. Frémy tâche maintenant d'étendre ces observations à d’autres acides végétaux , et il annonce y avoir déjà vu que l'acide citrique , soumis aux mêmes influences, se comporte à peu près de la même gmanière que Îles acides tartrique et paratartrique. Il termine en disant que toutes les modifications qu'il a obtenues en soumettant les acides organiques à la chaleur, se sont repré- entées en traitant ces corps par de l'acide sulfurique concentré. Cumie : Acide oxalhydrique. — M. Guérin-Varry lit des obser- valions sur un mémoire de M. Erdmann, concernant l'acide oxal- hydrique, qui a paru par extrait dans le numéro de juin du Jour- nal de Pharmacie et dont il a été aussi parlé dans L'Institut. « En lisant cet extrait, dit-il, et le mémoire que j'ai publié dans le tome 52 des Annales de physique et de chimie , il est tellement facile de voir que l'acide dont parle M. Erdmann est différent de l'acide oxalhydrique, que je ne concois pas comment ce chimiste a pu avan- cer que l'acide oxalhydrique cristallisé n’est que de l'acide tartrique, et que le bioxalhydrate d’ammeniaque n’est autre chose que du bitar- trate de cette base. Pour faire ressortir les erreurs dans lesquelles M. Erdmann est tombé, il suffira de rapprocher quelques passages de l'extrait et du mémoire dont nous venons de parler. » Le chimiste allemand a trouvé qu'en abandonnant une solution aqueuse d'acide métatartrique pendant quelque temps à elle-même , elle se transforme peu à peu en véritable acide tartrique sans qu'on puisse apercevoir aucune autre réaclion accessoire. 494 » On lit dans mon mémoire : « cet acide ( l'acide oxalhydrique } » ayant étéabandonné dans un flacon bouché à l’émeri, a laissé déposer » au bout d’un mois, des cristaux ayant une forme semblable à celle » de l'acide oxalique. Ils différent essentiellement de ce dernier » acide par leurs autres propriétés, et jouissent de toutes celles de » l'acide oxalhydrique. » » Plushbas, on trouve : « il précipite les eaux de chaux de stron- » tiane et de baryte; ces précipités sont dissous dans un léger excès d’a- » cide. Ce caractère lui est commun avec l'acide tartrique dont il est » distingué, parce qu’il ne précipite pas, comme ce dernier , une dis- » solution concentrée de potasse ou d’un sel de cette base. » » Je me suis assuré, tout récemment , qu'il n’y avait pas de pré- cipité, même au bout de 48 heures. » M. Erdmann a vu que l’acide métatartrique ne donne d’abord pas de précipité avec une solution de potasse, mais, au bout d'u temps plus ou moins long, il commence à se séparer un dépôt grenu de crême de tartre; il ajoute que cette transformation n'est terminée qu’au bout de 24 à 56 heures, quand on fait usage de l'acide préparé avec le sucre. » L’acide oxalhydrique précipite le nitrate d'argent, tandis que, d'après le chimiste allemand, l'acide métatartrique ne le précipite pas. » M. Erdmann a trouvé que l’acide saccharique, évaporé sous le récipient de la machine pneumatique, au-dessus de l'acide sulfuri- que, se réduit à un sirop incolore qui, par la continuation de la dessiccation dans le vide, se prend en une masse semblable à de la gomme. « Quant à moi j'ai observé, dans les mêmes circonstances , que l'acide oxalhydrique, loin de se prendre en une masse gommeuse , fournit des cristaux qui, dissous dans l’eau, ne précipitent ni la potasse, ni ses sels. » Le chimiste allemand regarde le bioxalhydrate d'ammoniaque comme un bitartrate du même alcali. S'il fut venu à l’idée de M. Erdmann d'exposer le bioxalhydrate d'ammoniaque sur des char- bons ardens, il n'aurait pas commis une erreur aussi grave, car il se serait aperçu qu'il ne se développe pas l'odeur caractéristique que donnent les tartrates acides et l'acide tartrique, lorsqu'on les fait brûler au contact de l'air; et s’il eût fait la même expérience 125 avec l'acide oxalhydrique, il se serait convaincu facilement que ce n’est pas de l'acide tartrique. » Enfin, l’oxalhydrate de plomb, chauffé avec l'acide nitrique » s’enflamme et détonne comme la poudre, caractère que n'offrent pas les tartrates. « Ce qui précède, dit en terminant M. Guérin-Varry, me paraît bien suffisant pour démontrer que l'acide oxalhydrique et les oxalhydrates ne sont pas, le premier de l’acide tartrique , et les autres des tartrates, comme l’a avancé M. Erdmann. » Séance du 19 août 1837. Acovsrique : Sirènes. — M. Cagniard-Latour met sous les yeux de la Société les sirènes-prisonnières dont il l’a entretenue dans la séance précédente ,.et les fait fonctionner pour que l’on puisse comparer leurs effets sonores. Dans un de ses anciens mémoires, l’auteur avait cité diverses expé- riences dont il résultait principalement : 4° Que si l’on dirige d’une manière convenable , à l'aide d’un petit tube, un courant d'air sur un moulinet-siréne , dont on a supprimé un certain nombre d'ailes , il se produit simultanément deux sons, l’un qui appartient aux ouvertures ou petites brèches formant les in- tervalles ordinaires des ailes, et l’autre qui est dû aux intervalles plus grands résultant des suppressions dont on vient de parler ; 2° Que l’on peut, à volonté, faire en sorte que les deux sons aient ou n'aient pas la même intensité, suivant que par la construction les dimensions des nouveaux intervalles excèdent plus ou moins celles des intervalles primitifs ; d’où il suit que l’on peut faire produire à un moulinet-sirène un son plus intense, en prolongeant seulement davantage la durée du soufflement périodique dont se forme chaque battement , résultat avec lequel s'accordent , suivant l’auteur , plu- sieurs de ses nouvelles observations sur les sirènes-prisonnières. ANATOMIE : Analyse microscopique de l’œil. — M. Donné pré- sente les résultats suivants de l'analyse microscopique qu'il a faite de quelques-unes des parties de l’œil, pour servir à compléter l’ana- tomie de cet organe chez l'homme. La conjonctive et la cornée transparente sont recouvertes d’un vé- 126 ritable épiderme composé de squammes semblables à celles de la peau et de l’épithélium de certaines membranes muqueuses. Au-dessous de cet épiderme, on ne trouve, dans la cornée, que des fibres entrecroisées et feutrées sans aucune trace de lamelles distinctes et d'organisation régulière ; entre ces fibres est déposée une substance grasse , liquide et soluble dans l’éther. La membrane de Descemet ne lui a pas présenté de structure régu- lière; elle lui a paru analogue aux séreuses quant à son organisation. La capsule du cristallin offre une structure très - régulière et très-élégante ; elle est composée d'espèces d’aréoles renfermant un globule dans leur intérieur ; peut-être cette structure dépend-elle de la réunion de squammes analogues à celles de l’épiderme ; du moins chez le fœtus chaque aréole peut se séparer des autres et offre alors une disposition qui rappelle tout-à-fait celle des squammes épi- dermiques ; cette organisation de la capsule ne devient apparente que par l'addition d’un peu d’eau destinée à humecter la membrane ; elle n'existe pas chez le bœuf et la partie antérieure de la capsule l'offre seule chez l’homme ; il lui a été impossible de trouver rien d’analogue à la partie postérieure du cristallin. L'humeur de Morgagni est composée de globules réguliers, solu- bles dans l’ammoniaque et ayant 1/60 à 1/160 de millimètre de diamètre, ces globules pénétrant la substance même du cristallin jusqu’à une cer- taine profondeur ; rien de semblable n’existe dans l'humeur aqueuse; elle ne présente au microscope aucun corps organisé régulièrement. Le cristallin, chez l'adulte, se compose d’un nombre de segmens qui ne lui a point paru être constant ; il ena compté 8 ou 9; les fibres en se réunissant le long des lignes convergentes limitant chaque seg- ment , forment des arcades très-marquées vers la circonférence et moins apparentes à mesure que l'on approche du centre; au milieu de chaque segment les Sbres sont droites et marchent directement vers le centre où elles se confondent toutes les unes avec les lautres. Chez un fœtus de 7 mois le cristallin n’est divisé qu’en trois seg- mens ; à Ja face antérieure les fibres n'atteignant pas encore le centre, laissent entr'elles un espace vide sous forme d’une étoile à trois rayons ; les arcades se remarquent comme chez l'adulte le long des divisions des trois segmens; à la face postérieure, chez le même fœtus, les fibres ne laissent aucun espace vide au centre; elles s’y entre- croisent entr’elles en arrivant des trois segmens ; la disposition par arcades est la même. 127 De nombreux globules réguliers, transparens, d'environ 1/00 de millimètre de diamètre, solubles dans l’ammoniaque, entrent. dans la composition de la rétine. La choroïde est un lascis inextricable rempli des granulations polyédriques du pigmentum , insolubles dans l’ammoniaque et l'acide acétique , et ayant à peu prés {400 de millimètre de diamètre ; enfin après avoir dépouillé la face postérieure de l'iris de la portion de la membrane choroïde qui se réfléchit sur elle, on le trouve composé de deux ordres de fibres probablement musculaires , les unes circu- laires au centre , les autres rayonnées à la circonférence. M. Donné entre dans quelques détails sur les objets que l’on aper- coit dans son propre œil , en regardant un nuage blanc bien éclairé par le soleil à travers un petit trou d’aiguille percé dans une carte, ou en observant au microscope ; ces objets sont de diverses espèces ; ils peuvent surtout sedistinguer en ceux qui ont des mouvemens dans le sens de la pesanteur et ceux qui ont des mouvemens inverses ; les premiers sont les plus nombreux ; ils se composent de fils différem- ment entrecroisés et de globules formant des figures permanentes, et dont on ne change pas la disposition par le frottement de la pau- pière sur le globe oculaire. M. Donné ne partage donc pas l'opinion qui fait dépendre ces images des larmes et des mucosités enduisant la surface de la cornée. Séance du 26 août 1831. Cum : Acétates et protoxide de plomb. — M. Payen communi - que Les résultats suivans, extraits d’un mémoire sur les acétates et Le protoxide de plomb. L’acétate neutre de plomb offre lamême cristallisation soit dans l’eau pure, soit dans l'eau combinée avec son volume d'alcool, ou d’esprit de bois. Les cristaux de cet acétate perdent dansle vide à froid leurs 3 ato- mes d’eau. L’acétate neutre anhydre se dissout à chaud dans l'alcool absolu dont il se sépare en cristaux par le refroidissement. L'alcool an- hydre déshydratel’acétate neutre contenant 3 atomes d’eau et le laisse également cristalliser en lames hexagonales. L’acétate anhydre obtenu par ces deux moyens, redissous dans l’eau, reprend son eau de cristal- lisation. Le même acétate, décomposé à froid par l’ammoniaque en léger 128 excès, se transforme en acétate tribasique et en acétate d'ammoniaque. La présence de l’acétate d'ammoniaque augmente la stabilité del’acétate tribasique. L’excès d’ammoniaque peut équilibrer cette force, ou la vain- cresuivantsa proportion. Dans le premier cas, la solution peutservir à combiner jusques à saturation l’oxide de plomb à certaines principesim- médiats peu énergiques. Dans le dernier cas, de l’hydrate de protoxide de plomb sesépare sous les formes d’octaëdres ou de prismes courts, quadrangulaires , terminés par des pyramides à 4 faces , les uns et les autres isolés ou réunis en croix. L’acétate de plomb tribasique, obtenu cristallisé soit par l’ammoniaque ou par l'oxide de plomb, soit par concentration, refroidissement ou précipitation , soit à l’aide de l'alcool où de l'esprit de bois, présente les mêmes formes cris- tallines en longs prismes aiguillés , visibles distinctement à l'œil nu ou seulement au microscope. Sa composition = 3 PbO, H20, CSH6O5. Il ne perd pas son eau dans le vide sec. L’acétate tribasique se dissout dans l’eau à 100°, suivant le rapport de 18 à 100, et cristallise en proportions peu considérables par le refroidissement ; il est soluble dans l'alcool et l'esprit de bois étendus ; ce dernier, à 0, 96, le dissout encore; au même degré l'alcool ne le dissout plus. Le proto- xide de plomb hydraté est représenté dans sa composition par 3 PbO,H20. Ses cristaux octaëdriques , purs, diaphanes , inco- lores, sont doués d’un pouvoir réfringent remarquable. Si l’on n’a pas employé un trop grand excès d’ammoniaque , il reste dans le liquide d'où l’on a extrait ce protoxide de l’acétate tribasique sépa- rable directement , par l'évaporation ou par l'alcool. Suivant les proportions et la température, on peut obtenir simul- tanément ou séparés le protoxide hydraté, et le protoxide anhydre en décomposant l’acétate neutre ou l’acétate tribasique de plomb par l'ammoniaque. Le protoxide anhydre apparait dans le liquide en lames rhomboïdales diaphanes, qui se groupent par l’un de leurs angles aigus vers un centre commun, formant ainsi des aigrettes jaunes lésèrement verdâtres ou orangées, et brillantes par réflexion d'un vif éclat métallique. Le tableau suivant montre les rapports simples qui existent entre les composés anhydres ou hydratés que nous venons de décrire. 129 RELATIONS ENTRE LES ATOMES DES PRODUITS CRISTALLISÉS DÉCRITS DANS CE MÉMOIRE. DE LA BASE A L'ACIDE. [DE L'OXIDE À L’ACIDE. Protoxide de plomb anhydre. id. id. hydraté. Acétate neutre anhydre. . id. id. hydradé. . Acétate intermédiaire. . . Acétate tribasique. . . .. Les solubilités des trois acétates peuvent être exprimées approxi- mativement de cette manière : EAU. SEL DISSOUS. OXIDE ÉQUIV. CERN EDR | SERRES D STE, | CRE EE Acétate tribasique. . . . 100 18 15 Acétate neutre. . . . . . 100 34 Acétate intermédiaire. . 100 410 81 La composition et la grande solubilité de l’acétate intermédiaire € que très-bien le joli phénomène d’une cristallisation abondante d’acétate neutre , que produisent dans sa solution froide saturée quel- ques gouttes d'acide acétique. Ce nouvel acétate de plomb , régulié- rement cristallisé en lames hexagonales qui se grouppent en aigrettes brillantes et satinées , résulte de la combinaison d’un atome d’acétate tribasique avec 3 atomes d’acétate neutre. On peut le représenter par 3PbO, H20,2C8H6035. L’'acétate intermédiaire le distingue des deux autres, et de l’acétate neutre anhydre, par plusieurs réactions , et notamment sa transformation instantanée en l’uu des deux autres sui- vant qu'on y ajoute une base ou un acide. Il se dissout dans l'alcool anhydre, sans perdre son atome d’eau. Il explique certaines anoma- Extr. de L'Institut. 17 re res 130 lies Chébitées? ‘par tous les chimistes , et des accidens remarquables dans la cristallisation de l’acétate neutre hydraté. Chacune des cris- tallisations nouvelles décrites dans ce mémoire, peut se reproduire en moins d’une heure; la PIBRARE présentent des phénomènes assez curieux. BOTANIQUE : Monteur genre de Mousses. — M. Montagne lit l’his- torique d’un nouveau genre de Mousse qu’il nomme Conomitrium et dont la monographie paraîtra prochainement dans les-4nnales des sciences naturelles. Ce genre se compose aujourd’hui de quatre espèces distinctes dont trois étaient anciennement mais fort imparfaitement connues , et dont la quatrième seule est nouvelle. La première est le Fontinalis parva foliis lanceolatis, décrite et figurée par Dillen: elle est originaire de la Patagonie. La seconde, publiée par Hedwig sous le nom de Fissi- dens semicompletus , parait à l’auteur avoir été le sujet d’une erreur que personne jusqu'ici, à cause de la rareté de ces plantes, n'avait été à même de relever? Hedwig en effet dit n'avoir trouvé dans sa Mousse que huit dents bifides. Or, M. Montagne, dans les quatre espèces qu'il a analysées, décrites et dessinées, en a constamment trouvé seize, également bifides ; et comme, parmi ces Mousses , il en est une dont tous les caractères, hormis ceux pris du nombre des dents, cadrent parfaitement avec ceux qu'Hedwig donne comme pro- pres à son Fissidens semicompletus , l’auteur se croit fondé à penser que ce bryologue s’en est laissé imposer par quelques soudures ou toute autre anomalie. M. Montagne a aussi étudié les anthéridies de cette espèce, organes que l’état avancé des échantillons d'Hedwig ne Jui avait/pas permis d'observer. Il est d'avis que l'espèce de Dillen, réunie à tort par Hedwig à son Féssidens semicompletus ; est une Mousse essentiellement distincte, tant par son port que par la posi- tion de ses capsules , et que MM. de la Pylaie et Bridel ont agi avec discernement quand ils l'en ont de nouveau séparée. Enfin M. Montagne publie pour la première fois les organes de la fructification du Fontinalis Juliana, Savi et DC, Mousse connue depuis plus d’un siècle, mais dont les capsules n'avaient jamais été observées avant que M. de la Pylaïe en eut fait la découverte en 1819 à ’île d'Ouessant , sur nos côtes de Bretagne. Les échantillons qu'il a mis à la disposition du monographe, ont procuré à celui-ci la connais- sance d’un organe qui avait échappé à toute investigation antérieure. 151 Ainsi, jusqu'aujourd'hui, la coiffe de ces Mousses était restée in- connue. Bridel, jugeant par analogie, la supposait cuculliforme. Eh bien, elle est conique et entière à la base. L'auteur l’a trouvée tout- à-fait semblable dans sa nouvelle espèce du Chili qu’il nomme Cono- mitriun Bertérii. La connaissance de cet organe de première valeur dans cette famille a forcé l’auteur à changer tous les noms génériques sous lesquels ces Mousses avaient été rangées. Bien qu’on doive en effet les placer parmi les Fontinaloïdées dans une classification métho- dique et naturelle, ce ne sont pourtant par des Fontinales. Ce ne sont pas d'avantage des Fissidens, quoiqu'’elles s’en rapprochent de bien près, soit par le nombre et la forme des dents du péristome, soit par l’organisation et la conformation des feuilles; car elles s’en distinguent par un caractère plus important, c’est-à-dire une coiffe entière. Le nom d’Octodiceras , imposé à ces Mousses par Bridel qui n’en avait vu aucune espèce en fruit et n’avait fondé ce genre que sur la figure probablement erronée d'Hedwig, n’est plus admissible de- puis les observations de l’auteur, puisque ce nom implique évidem- ment contradiction. Il était donc obligatoire de donner un nouveau nom à ce genre très-remarquable et M. Montagne l’a pris dans la forme de la coiffe. Ce nouveau genre, tel qu’il vient d’être circonscrit, se compose de trois espèces de l'Amérique méridionale Conomitrium Hedwigit, Dillenii et Berteri, et d’une espèce européenne, Conomitrium Ju- lianum. Les trois premières seront décrites et figurées dans le Voyage dans l'Amérique méridionale, par M. d'Orbigny; la quatrième le sera dans les Annales des sciences naturelles, avec la partie histo- rique de cette monographie. L'auteur termine sa lecture par des considérations de géographie botanique. Ces plantes habitent de préférence les climats tempérés des deux hémisphères et se plaisent dans les eaux vives ou cou- rantes. Acoustique: Voix humaine. — M. Cagniard-Latour communique diverses observations qu’il a faites en continuant ses recherches pour savoir à quelle pression , en sus de celle de l'atmosphère, l’air con- tenu dans la trachée artère se trouve sonmis pendant l'émission de la voix. Joséphine Colar, âgée de 26 ans, se trouve avoir à la trachée artère, à4 centimètres au-dessous de la saillie du cartilage thyroïde, un trou 152 d'environ un centimètre de diamètre, par suite d’une opération qui lui a été faite le 20 février 1836 à l’hospice de la Charité, dans un cas très- urgent, par M. Fournet, interne attaché à cet hospice. Joséphine Colar étant très-avancée dans sa guérison en août der- nier, et pouvant alors émettre sa voix à peu près aussi facilement qu'avant d’avoirété opérée, M. Cagniard-Latour, aidé de M. Fournet, a fait à la même époque sur cette tracheotomisée des expériences analogues à celles qu’il avait exécutées plusieurs mois auparavant sur Théodore le Gris. Les observations qu'il a recueillies sont à peu prés les suivantes : Lorsque pendant la phonation la voix était de moyenne intensité, la pression supportée alors par l'air contenu dans la trachée artère faisait équilibre moyennement à une colonne d’eau de 13 centimètres. La pression augmentait lorsque la voix était plus intense et diminuait dans le cas contraire; de sorte que, dans le‘cas où la phonation avait lieu à voix très-basse, c’est-à-dire sans vibrations sensibles du larynx, la pression n’était que d'environ 3 centimètres. Si l'émission de cette voix basse avait lieu pendant l'aspiration, la pression devenait un peu plus forte, c'est-à-dire de 4 centimètres. — M. Dujardin annonce à la Société qu’il a observé dans l'embryon de la Limace tiréde l'œuf 24 heures aprés la ponte, une manifestation de la vie tout-à-fait analogue à ce que montrenties Amibesou Protées. Le germe, large de 1/; de millimètre , émet par deux points opposés de son contour des prolongemens diaphanes arrondis qui s’avancent, se retirent et changent de forme d’une manière continuelle. Séance de rentrée du 11 novembre 1837. Paysique : Nouvel anémomètre. — M. Combes présente à la Société un anémomètre nouveau, dont il a fait usage, pour déterminer la vitesse et le volume de l'air qui circule dans les galeries et mines du département du Nord et de la Belgique qu'il a récemment visitées. La partie principale de l'instrument est un petit axe, terminé par deux pivots très-fins qui tournent dans des chappes d’agathe, et por- tent quatre aïlettes en clinquant, ou en feuilles de cuivre três-min- ces clouées sur de légers chassis rectangulaires. Les plans de ces ailes forment avec le plan du mouvement de rotation perpendiculaire à l'axe un angle de 20 à 25 degrés. L’axe garni des ailettes pèse seule- 155 ment 2 grammes, 865. Sur le milieu de cet axe est taillée une vis sans fin qui mène une roue de 100 dents; celle-ci, à chaque révolution complette, fait sauter d’une dent, par le moyen d'une petite cane, une roue à rocher de 50 dents maintenue par un ressort trés-flexible. Les deux roues portent une division, et des aiguilles fixes indicatri- ces étant placées vis-à-vis les limbes de chacune d'elles, on voit que les divisions de la roue à rocher indiquent les centaines de tours de l'arbre des ailettes , tandis que celles de la roue menée par la vis sans fin indiquent les tours simples. Le compteur peut donc accuser jus- qu’à 5000 tours de l'axe des ailettes. Tout l’instrument est établi sur une plaque mince en cuivre, et les supports des rouages sont dis- posés de facon à ne pas masquer les ailes. Un petit levier coudé peut à volonté arrêter le mouvement des ailes, en venant se placer entre les bras qui les portent ; ‘ou laisser ce mouvement libre, en se plaçant hors du plan dans lequel se meuvent les bras. Deux cordons de soie attachés aux deux extrémités d’un autre levier qui conduit le premier permeltent de faire mouvoir celui-ci, par conséquent de faire partir l'instrument, ou de l’arrêter instantanément, sans se rapprocher de lui. L’anémomètre étant établi sur nn pied, dans le courant d’air dont on veut mesurer la vitesse, de facon que l'axe des ailes soit pa- rallèle à la direction du courant, on se place dans un recoin, ou der- rière des piliers de manière à être en dehors du courant. On fait partir l'instrument et on l’arrêteà un instant déterminé, en tirant les cordons, puis on vient lire sur le compteur lenombre de tours des ailes, pendant la durée de l'expérience. On en conclut la vitesse du courant qui frappait ces ailes. Plusieurs observations semblables faites en divers points d’une même section plane perpendiculaire à l’axe d’une galerie , permettront de mesurer les vitesses du courant en ces points, et par suite de jauger, avec une grande exactitude, le courant d'air qui la parcourt. M. Combes a déterminé par l'expérience appuyée sur la théorie, la relation existant entre la vitesse du courant qui fait tourner les ailes, et le nombre de tours de l’axe dans l’unité de temps. Les expériences ont été faites avec un mouvement d’horlogerie qui imprimait un mou- vement de rotation, dans un plan horizontal, à une verge mince d’a- cier d'un mètre de longueur. Le moulinet était fixé à l’extrémité de cette verge et décrivait ainsi une circonférence d’un mètre de rayon. Un volant à ailettes dont l’inclinaison était variable était adapté au 154 mouvement d’horlogerie, et permettait de faire varier la vitesse avec laquelle le moulinet venait frapper l'air tranquille de l'appartement, sans rien changer d’ailleurs au ressort ni aux rouages de l'appareil. Les cordons de soie de la détente étaient tendus le long de la verge, et venaient se réunir dans un trou dont le centre était sur la verti- cale passant par le centre du cercle décrit par la verge : on pouvait ainsi faire partir et arrêter le mouvement des ailes, à un instant précis, pendant que l’anémomètre continuait à se mouvoir dans l'air. ; En admettant, conformément à la théorie généralement admise, que l’impression normale d'un courant fluide sur une surface plane qui se meut d’un mouvement uniforme, est proportionnelle à l’éten- due de la surface choquée et au carré de la vitesse relative avec la- quelle le courant frappe la surface, on est conduit à l'équation sui- vante : D lang & U Dee siansir x dans laquelle v est la vitesse du courant fluide, x la vitesse uniforme du centre des ailes, « l’angle d’inclinaison des ailes sur le plan du À w sh JE 4 S mouvement de rotation, — la densité de l'air qui frappe les'ailes, 9 C la résistance supposée constante, due aux frottemens des diverses en ? 2 à] A Q û pièces de l’anémomètre, rapportée à un certain bras de levier, K un coefficient numérique que l’on pourrait conclure des expériences de Borda. Comme la vitesse x est proportionnelle au nombre de tours de l’axe des ailes, dans l’unité de temps, si on représente ce nombre de tours par z, l'équation précédente est de la forme ? P v—=a+bXn dans laquelle a et à sont.des coefficients numériques. Ces coefficients ont été déterminés au moyen de 27 observations, dans lesquelles la vitesse v a varié depuis 0, 37 jusques à 3, 46 par seconde, de ma- nière que la somme des carrés des différences entre les vitesses calculées et les vitesses observées fut un minimum. On a trouvé ainsi : v—0,1971+0,0906 7 formule dans laquelle la vitesse v est exprimée en mètres. Elle repré- 135 sente les observations de telle sorte que la pius grande différence entre la valeur calculée et la valeur observée de v n'excède pas /;59 de ceite dernière. Toutefois elle ne_doit pas être employée pour des vitesses v inférieures à O0", 50 par seconde. M. Combes annonce que l'exactitude des indications de son anémo- mètre n'a pas été altérée d’une manière sensible, dans la pratique, par les nombreuses expériences qu'ila faites, en placant cet instru- ment dans des courants d'air sursaturés d'humidité et contenant les fumées des foyers d’airage, ce qui a sali et couvert de rouille les axes en fer des ailettes et des rouages. Il pense que les jaugeages qu'il a exécutés ne peuvent pas différer de 1/,9 du volume d'air réel qui circulait dans les galeries. M. Combes fait remarquer qu'un anémometre semblable sera d’une grande utilité pour les directeurs de mines intelligents, auxquels il fournira un moyen précis de reconnaître, à chaque instant, les moindres variations survenues dans l’intérieur des courants d’air sou- terrains; qu'il sera surtout précieux , dans le cas où l'air qui des- cend par un des puits est subdivisé en plusieurs branches, comme cela a lieu aujourd’hui dans toutes les mines dont la ventilation est bien entendue. L’anémomètre a été exécuté par M. Neumann, horloger mécani- cien , qui a secondé l’auteur, dans les nombreuses expériences qu'il a faites , pour arriver à la formule donnée ci-dessus. … AcousriQue : Voix humaine. — M. Cagniard-Latour communique la suite de ses recherches sur le rôle que peuvent jouer les ventri- cules du larynx humain pendant l'émission de la voix. Dans un de ses anciens mémoires l’auteur avait décrit une glotte artificielle membraneuse à deux ventricules et conclu de ses essais sur cette glotte, 1° que la voix humaine était un son d’anche, et 2° que le timbre particulier de ce son paraissait venir en partie des vibra- tions produites dans les ventricules du larynx, à raison de la vitesse avec laquelle l’air chassé par les poumons frappait les lèvres supé- rieures aprés avoir traversé l’orifice retréci formé par les lèvres infé- rieures. [! annonce maintenant que cette théorie semble se confirmer par les résultats de divers essais qu'il vient de faire avec la sirène- fronde n° 1 citée dans sa communication du 12 août dernier (1). (1) Voir journal L'Institut supplément au no 219. 136 Pour ces nouveaux essais on avait soudé d’équerre sur une ouver- ture latérale pratiquée au tuyau de la sirène une petite pompe à air, ou espèce de ventricule métallique dont on pouvait faire varier à vo- lonté dans de certaines limites la profondeur suivant la position que fermé l'embouchure de la sirène par un bouchon à travers lequel passait un petit tube ou porte-vent retréci à l’aide duquel l'air insuf- flé avec la bouche dans l'instrument pouvait faire tourner continü- ment la plaque mobile, et communiquer en même temps à l’air con- tenu dans le ventricule un certain ébranlement. Or, lorsque que l’on faisait varier la position du piston pendant que la résonnance de la sirène avait lieu , on distinguait sans peine que le même son prenait différents timbres suivant que par la mar- che du piston la profondeur du ventricule augmentait ou diminuait; on remarquait en outre que certains sons, comme par exemple les: plus graves étaient plus intenses dans le premier cas que dans le se cond, et qu’enfin on pouvait, en placant convenablement le piston, produire des sons d’un timbre assez analogue à celui de la voix hu- maine, surtout lorsqu'en même temps on formait avec les mains au bout de la sirène une espèce de tuyau vocal: ce qui rendait alors beaucoup moins sensible le petit sifflement ou bruit confus qui se trouvait mêlé aux sons. On a obtenu les mêmes résultats, lorsqu’a- prés avoir retiré le piston de la pompe, on la plongeait verticalement dans l’eau de manière à faire varier comme précédemment la profon- deur de la cavité ventriculaire. On a essayé aussi de fermerile haut de la pompe par une membrane mince de caoutchouc, et l’on a reconnu que le timbre du son éprou- vait quelques changemens lorsque l’on donnait à cette membrane différens degrés de tension. Enfin, après avoir supprimé cette membrane et remis le piston dans la pompe, on a enlevé le porte-vent retréci et le bouchon pour in- suffler l’air à pleine bouche dans le tuyau de la sirène; mais alors les sons divers produits pendant la rotation de la plaque n'éprou- vaient par l'influence de la cavité ventriculaire que des changemens presqu’insensibles comparativement à ceux qui avaient été observés pendant l’insufflation par le petit tube; résultat qui, suivant M. Ca- gniard-Latour, est un argument de plus en faveur de son opinion, que les vibrations de l’air contenu dans les ventricules du larynx ont lieu l'on donnait au piston contenu dans la pompe; on avait en outre 157 à l’aide de l’orifice retréci que forment les lèvres inférieures, et que sans ces vibrations la voix pourrait se produire, mais n'aurait pas probablement le timbre particulier qu’on lui connait ; il fait remar- quer d’ailleurs, qu’en admettant ses explications sur les fonctions des ventricules, on se rend facilement raison de la pression assez forte à laquelle , d’après ses explorations manométriques du larynx hu- main (1), l'air contenu dans la trachée artère parait être soumis pen- dant l’acte de la phoration. L'auteur s'occupe de faire construire une autre sirène-fronde ana- logue à la précédente, mais qui aura deux cavités ventriculaires au lieu d’une; son but principal est d’examiner quels seront ses résul- tats lorsque les cavités auront des profondeurs égales ou différentes, et lorsque l’on retrécira de diverses manières l’orifice de chaque cavité. EntomoLocre : T'eigne de la vigne. — M. Audouin , en présentant à la Société les deux mémoires sur la Pyrale de la vigne dont il a donné lecture à l’Académie des sciences dans les séances du 4 et du 25 septembre dernier, ajoute quelques observations sur l’histoire naturelle de cet Insecte et sur un autre ennemi de la vigne que l’on a confondu et que l’on confond encore avec lui. On le désigne vul- gairement sous le nom de ver rouge. M. Audouin a eu l’occasion de l’étudier en 1836 et de nouveau au mois de juillet dernier, époque où il fut consulté par M. Rousselon, membre de la Société d’horticul- ture de Paris, qui lui remit des vers rouges provenant des vignobles de Champagne et qui avaient exercé, dans certaines localités, de très-grands dégats. Cette étude l’a facilement convaincu que cet Insecte est très-diffé- rent de la Pyrale. En effet, la chenille dont il s’agit , outre qu’elle est plus petite que la chenille de la Pyrale, s’en distingue surtout par sa couleur , qui jamais n’est verte, mais toujours d’un roux pâle ou vio- lacé, ou quelquefois d’un rouge lie de vin; aussi ce dernier caractère a-t-1l valu à l’insecte le nom de ver rouge sous lequel il est connu dans la Bourgogne et même dans le Mâconnais; car il cohabite sou- vent avec la chenille de la Pyrale sans que l'inverse soit également vrai, c'est-à-dire que la Champagne , la Bourgogne, etc., qui sont infestées par le ver rouge, ne paraissent l'avoir jamais été par la (1) Voir journal L'Institut n°% 196 et 222, Extr. de L'Institut. 18 158 chenille de la Pyrale, tandis que les malheureux cantons de Roma- nèche et d'Argenteuil, envahis depuis un temps immémorial par ce dernier Insecte, ne sont pas à l'abri de l’autre. Cette année 1837 en offre une bien triste preuve. Quoiqu'il en soit, ce ver rouge ou cette espèce particulière de chenille , après s'être construit un cocon soyeux, se change en chry- salide, puis en un papillon de moitié au moins plus petit que celui de la Pyrale : il n’a guère que 7 à 8 millim. de long, en diffère par la pose de ses ailes et surtout par leur couleur qui, pour les supé- rieures , est d'un blanc jaunâtre café au lait avec une bande noire transversale , laquelle, envisagée isolément sur chaque aile, a une forme triangulaire. Lorsque le papillon est en repos, les deux trian- gles, par suite du rapprochement des ailes, se réunissent entr'eux sur la ligne moyenne par leur sommet qui est tronqué; il en résulte une sorte de selle étroite au milieu, mais dont les panneaux sont élargis. Outre cette large bande transversale, on remarque postérieu- rement quelques petits points noirs presque invisibles à l'œil nu et dont deux plus distincts , situés sur le bord postérieur , se réunissent en une seule tache lorsque les ailes sont rapprochées : c’est bien évi- demment cet Insecte dont Bosc a parlé sous le nom de Teigne de la vigne ; Hubner l’a nommé Tnea ambiguella, M, Frolich Tinea roserana et Treïtschte, en adoptant le nom spécifique, le range dans son genre Cochylis. On ne devra donc pas confondre cet Insecte avec la Pyrale, et la distinction est certes bien plus importante à faire pour le vigneron que pour le naturaliste. En effet, tandis que les chenilles de Pyrale ne se nourrissent exclu- sivement que de feuilles et n’attaquent la grappe que secondairement » c'est-à-dire pour qu’elle se flétrisse et que flétrie elle leur serve d’abri, les chenilles de la Teïigne de la vigne, ou, pour parler le langage vulgaire, le ver rouge ne vit que dans la grappe , et della grappe il respecte toujours les feuilles et ne se nourrit que de grains, non pas comme le dit Bosc, en se tenant constamment dans leur inté- rieur et en n’en sortant que pour se métamorphoser, mais en y pra- tiquant un trou par lequel il passe momentanément sa tête , puis le tiers , la moitié et même les trois quarts de son corps, afin de ronger la substance qui y est contenue. Chaque chenille ne se contente pas d'un grain , elle s'adresse à plusieurs, et cheminant avec une facilité incroyable entre les fils soyéux dont elle englobe tout sur son:pas- 139 sage, elle en attaquemalheureusement un trés-grand nombre auxquels elle touche à peine. Ces derniers , ceux dont elle s'est rassasiée, ne tardent pas à seflétrir, puis à se moisir; alors leur contact désor- ganise les grains voisins qui ont été respectés , el il en résulte ce que les vignerons appellent la pourriture. Cette pourriture est telle, quelquefois, que pour la prévenir on juge préférable d'avancer l’époque des vendanges et de les faire avant la maiuration des rai- sins, et c'est alors que se montre un phénomène dont M. Audouin a été témoin et qui eut dû éclairer depuis long-temps tous les cultiva- teurs : on voit une quantité considérable de vers rouges fuir de toute part et se réfugier contre les parois des cuves ou le raisin fermente. Quelques jours plus tard , ces millions de chenilles se fussent réfu- glées sur les ceps de vignes et sur les échalas pour y filer leur cocon, y passer l'hiver et se montrer au printemps sous la forme de pa- pillons. La Teigne de la vigne passe donc l'hiver dans une coque qu'elle construit pour se métamorphoser en nymphe; par conséquent, lors- que vient la saison rigoureuse , elle a acquis tout son développement ; au contraire , et c’est là un nouveau trait de dissemblance à noter, les chenilles de la Pyrale, durant tout l'hiver, ne sont encore qu’à l'état de très-petits vers , elles n’ont pas encore mangé, elles n’ont pu encore grossir, ce moment n'arrivera qu'au printemps où elles sortiront de cette espèce de torpeur pour commencer enfin à se nourrir. À la même époque, la Teigne de la vigne revêtira déjà sa forme de papillon, s’accouplera et pondra. Enfin, cette dernière espèce aura, dans le courant de l’année, deux générations succes- sives, tandis que la Pyrale n’en présentera qu’une. Ces deux Insectes constituent done deux espèces très-différentes , leurs habitudes ne se ressemblent pas et cependant ils produisent un même effet : la destruction des grappes et la destruction des grains, qui J’un et l’autre aménent la perte de la récolte. Sous ce double rapport qui les lient, ils méritent qu’on les connaisse et même qu’on les distingue, car les moyens d'attaquer les uns ne s’appliqueront pas aux autres, et par exempie la cuerllette des œufs , recommandée par M. Audouin pour détruire économiquement un très-grand nombre de Pyrales, serait impraticable lorsqu'il s'agira de la Teigne de la vigne, et cela par la raison, très-simple, que cette Teigne.ne dépose jamais ses œufs sur les feuilles, mais sur des parties plus ou 140 moins cachées. Toutefois, si ce moyen manque, il er est un qui, en altendant mieux, pourra le remplacer dans les pays où l’on fera usage d'échalas. En effet, ce sont ces échalas que les chenilles de la Teigne choisissent pour y fixer leurs cocons , de même que les jeunes chenilles de la Pyrale en font souvent choix de préférence au cep de vigne pour s’y réfugier durant l’hiver. M. Audouin en a acquis la preuve dans les nombreux exemples qui se sont offerts à lui à Argen- teuil , et entr'autres dans l’examen qu'il a fait de l’un de ces supports qui ne lui fournit pas moins de 22 cocons de la Teigne logés entre les fissures et les éclats qu'il présentait à sa surface. On concoit que les épreuves auxquelles on soumettra ces tuteurs, fut-ce de les passer au four ou à la vapeur, auront pour effet certain de détruire toutes les chrysalides renfermées dans les cocons. C’est le moyen qu'il conseille. M. Audouin met sous les yeux de la Société, et comme objet de comparaison, une boîte renfermant des Pyrales et des Teignes de la vigne à différens états. Séance du 18 novembre 18317. Ce: Préparation du cyanide de fer. — M. Pelouze annonce qu'il a isolé le cyanide de fer qu'on ne connaissait jusqu'ici qu'uni à d’autres cyanures. Il l’obtient en épuisant l’action du chlore sur le cyanoferrure de potassium. Tout le cyanure de potassium est décom- posé, et le cyanide de fer se dépose sous la forme d’une belle poudre verte insoluble, ayant pour formule Fe?Cy6+3H?20. Cette combi- naison devient bleue lorsqu’on la conserve à la lumière; elle se change alors en bleu de prusse en perdant du cyanogène. Cette transforma- tion très-lente à la température ordinaire a lieu rapidement à 180° et à 2000. CuiRurGtE: Appareil inamovible pour les fractures des jambes. — Sur l'invitation du président , M. Velpeau entretient la Société de la méthode de traitement des fractures des jambes, qui permet aux malades de marcher. M. Velpeau rappelle qu’une sorte d'appareil inamovible était trés- anciennement connu et en usage en Grèce; que M. Larrey ayant appliqué un appareil de ce genre à des blessés des armées françaises, d’abord par nécessité, et pour que ces blessés pussent être emportés 141 à la suite de l’armée, a plus tard généralisé et décrit sa méthode, qui cependant s’est depuis lors peu répandue; que M. Sentin, chi- rurgien en chef des armées belges, ayant introduit dans la confection de l’appareil l’usage de l’amidon pour coller les bandelettes et car- tons, ce changement, qui permet de ramollir, au moyen de Peau chaude, et d’enlever appareil, de manière à pouvoir visiter lesplaies qui ont donné de l’inquiétude, paraît être un perfectionnement qui doit avoir pour résultat de rendre l'emploi de cette méthode beau- coup plus général. M. Velpeau fait connaître ensuite les changements et simplifications qu’il a apportés à appareil de M. Sentin, et an- nonce qu’il fait un usage fréquent de ce mode de traitement, à l’hô- pital de la Charité, avec le plus heureux résultat, les malades n’é- tant plus condamnés à l’immobilité complète qui rend le traitement ordinaire des fractures de jambe toujours si pénible et quelquefois dangereux ; mais pouvant se remuer dans leur lit, se lever au bout de peu jours, et marcher à l’aide de béquilles, le pied étant soutenu au moyen d’un étrier noué autour du cou. M. Velpeau cite plusieurs faits de malades qui, malgré les injonctions des chirurgiens, ont même marché en se soutenant sur les jambes, et monté des esca- liers sans accident, au bout de 12 ou 15 jours. M. Velpeau, sur ja demande d’un membre de la Société, ajoute que la même méthode est applicable aux fractures de la cuisse et aux fractures de tous les membres. Il annonce enfin qu’il a récemment substitué avec grand avantage, à l’emploi de la colle d’amidon, celui de la dextrine dis- soute dans l’eau, sur Pindication qui lui a été faite par M. Payen. — M. Payen dit que le conseil qu’il a en effet donné à M. Vel- peau n’était que lapplication de la découverte récente de M. de Silvestre, de l’utile emploi de la dextrine dissoute dans Peau, tant pour vernir les tableaux, aquarelles et dessins, que pour coller en- semble avec une grande promptitude plusieurs feuilles de papier, de manière à en former une sorte de carton ou de planche solide. M. Silvestre a communiqué cette découverte à la Société d’encou- ragement il y a quelques semaines, et a fait, depuis, un grand nom- bre d’applications avantageuses du procédé. Séance du 25 novembre 1837. — M. Audouin entretient la Société des expériences nouvelles Extrait de L'Institut, 48* 142 qu'it a faites pour déterminer la nature de la muscardine et il met sous ss yeux divers Insectes auxquels il à communiqué cette mala- . (Voir la note adressée sur le même sujet à l’Académie LE sciences dans la séance du 20 novembre. ) — M. Biot rend un compte verbal de ouvrage de M. Stanislas Julien, sur les traités chinois concernant la culture des müûriers et léducation des vers'à soie. Les Chinois se sont occupés depuis 4,060 ans de l’art d’élever les vers à soie; l’expérience leur a montré successivement l'utilité d’une multitude de soins, de pratiques et d'artifices auxquels ils ont recours pour obtenir les produits les plus avantageux. Les traités qu’ils ont publiés sur ce sujet ne sont que des amas de faits, expo- sés sans méthode, et qui demandent à étre présentés sous une autre forme , ou ordonnés d’une manière plus logique, pour ne pas paraître souvent faux ou contradictoires les uns aux autres. En ce qui concerne léducation des vers à soie, les Chinois ont remarqué qu’elle exige des températures différentes aux diverses phases de la courte existence de ces insectes, et que lair où ils vivent doit être purgé avec soin de toutes les émanations prove- nant soit de leurs corps, soit des feuilles qui servent à les nourrir. Aussi les élève-t on dans de petites maisons en bois , bien closes, où une température convenable est artificiellement produite à l’aide d’un calorifère, et lair continuellement renouvelé, sans aucune transition brusque, par des registres ou tuyaux en bois, communiquant avec Fair du dehors, et que l’on ouvre ét ferme à volonté. Les Chinois prennent des précautions infinies, dans le but de maintenir le degré de température nécessaire ; et pour appré- eier les changements qu’il pourrait subir, ils n’ont pas d'autre indicateur ane la femme même qui demeure avec les vers à soie ses élèves, et qui est toujours très légérement vêtue. Une autre con- dition que les Chinois s’attachent à remplir, c’est d’avoir des populations de vers, qui nés ensemble , arrivent simultanément aux mêmes phases; ils choisissent les œufs de man ère qu'ils éclosent tous le même jour et à la même heure. Ils se! gardent bien d’ôter eux-mêmes les œufs de dessus le papier où la ponte S’opère, et jamais ils ne touchent aux petits vers pour les porter sur les feuilles de mûrier , mais ils rénversent le papier sur un: couche de fouilles étendues sur up filet. [ls ne leur dopnent.poini - 143 alors pour nourriture des feuilles entières, mais des morceaux de feuilles hachées et tamisées, afin d’être répandues plus uniformé- ment et en quantité proportionnelle à l’âge des vers à soie. Une autre pratique importante consiste à donner aux vers des nourri- tures artificielles aux diverses phases de leur vie. Quand les feuil- les de müûrier sont encore rares, ils font usage de feuilles sèches et pulvérisées provenant de la récolte précédente et ils en saupou- drent les nouvelles feuilles après les avoir légèrement humectées. Ils emploient aussi les feuilles d’une autre espèce d’arbre, et même celle d’une plante herbacée; après la dernière mue ils donnent aux vers de la farine de riz cuit à la vapeur ou celle d’une espèce de pois, le dolichos, qu’ils ont fait germer. Les Chinois possèdent d’autres espèces de vers à soie, qu’ils nomment vers à Soie sauvages, parceque ces vers vivent en liberté sur le poivrier, le frêne et le chêne de la Chine; on a eu tort de les confondre avec l’espèce que nous connaissons, ils appartien- nent à des espèces de mœurs très différentes, puisqu'ils passent tout l’hiver à l’état de chrysalide. Pour ce qui regarde la culture des müûriers, les Chinois ont soin de prendre les graînes de mûres destinées au semis vers le milieu du fruit, plutôt qu’à sa pointe et à sa base où elles sont très maigres. M. Biot pense que cette pratique pourrait être appli- quée à beaucoup de cas analogues , par exemple au semis des frai- siers et à ceux des céréales, il a même fait quelques expériences sur les épis de blé et il a trouvé en effet les grains du centre plus pesants. Il a essayé de couper la pointe de l’épi après la féconda- tion, pour forcer la sève à s’accumuler dans les grains situés vers la base; mais cette mutilation n’a point paru leur avoir profité. CHIMIE ANIMALE : Urines. — M. Donné fait une communication relative à la nature des divers dépôts qui se font dans les urines et aux moyens de les reconnaître. Ces dépôts sont de nature saline ou organique. Sous le rapport des sédiments salins, les urines se divisent en celles qui sont acides et celles qui sont alcalines au moment de l’émission. Dans les pre- mières les sédiments sont colorés ; ils sont pulvérulents ou cristal- lisés ; les sédiments pulvérulents sont formés d’urate d’ammoniaque, . de potasse ou de soude, et les sédiments cristallisés en losange sont dus à l’acide urique; généralement cet acide ne se trouve 144 pas à l’état libre dans les urines, ainsi que le dit M. Berzélius, mais combiné avec des bases, comme le pensait M. Prout. Les urines alca- lines sont pâles et leurs sédiments blancs , amorphes ou cristallisés. Ils sont généralement formés de phosphate de chaux ou de phos- phate ammoniaco-magnésique. M. Donné annonce qu'il présentera plus tard les caractères propres à distinguer ces deux sels; les matières organiques que peut renfermer l’urine sont le mucus, le pus, le sang , le sperme et le ferment; le mucus peut être de deux sortes, ou globuleux ou composé des squammes de l’épithélium vésical , parfaitement distincts au microscope ; le sang se reconnaît à ses globules, le sperme aux animalcules spermatiques et le fer- ment à ses globules insolubles dans l’éther et P’ammoniaque. Séance du 2 décembre 1831. — M. Biot entretient la Société des considérations de mécanique chimique sur lesquelles il à communiqué un mémoire à l’Académie des sciences dans la séance du 27 novembre. ( Voir le compte rendu de cette séance. ) Séance du 9 décembre 1837. ENTOMOLOGIE : Absence de tarses dans quelques Insectes. — M. Brulé communique à la Société des observations sur lPabsence des tarses dans quelques Insectes. On sait que les pattes des Insectes sont formées de plusieurs parties qui sont : la hanche, la cuisse, la jambe et le tarse. On sait aussi que le tarse est lui-même divisé en plusieurs petites pié- ces ou articles dont le nombre a servi de base à la classification des Insectes. Ce tarse, loin d’être uniforme dans toutes les familles d'insectes, offre des anomalies dans sa structure et dans le nombre de ses articles, mais aucune de ces anomalies n’est aussi digne d'attention que celle qui fait le sujet de cette note. Dans lordre des Coléoptères, une grande tribu connue sous le nom de Lamellicornes, à cause de la disposition feuilletée de ses antennes, présente une exception remarquable au caractère de là section dont elle fait partie, quiest d’avoir cinq articles aux tarses. lei plusieurs Insectes non-seulement ont moins de einq articles, 145 mais même n’ont point de tarses à leurs pattes de devant. De ce nombre est le genre des Ateuchus, qui se compose d’Insectes aux- quels les Egyptiens rendirent autrefois les honneurs divins, et qu’ils sculptèrent sur leurs monuments. La disparition d’un organe aussi important que le tarse, qui sert ordinairement à soutenir l'insecte pendant la marche, devait exciter l’attention. Aussi les entomologistes avaient-ils déjà remarqué ce fait, mais sans cher- cher à l’approfondir. Le tarse, suivant eux, tombait chez ces Insectes par suite de leur manière de vivre, les uns fouillant la terre , les autres faisant rouler.entre leurs pattes la boule de fiente qui doit renfermer leurs œufs. Latreille seul avait soupçonné qu’il pouvait en être autrement , mais il n’en acquit pas la certitude et se contenta de dire que des insectes n’ont pas de tarse aux pattes de devant, soit qu’il manque dès leur naissance même ou que ce iarse soit caduque. Ne pouvant admettre la caducité du tarse, M. Brulé a voulu s’assurer par l’observation de ce qui pouvait donner lieu à l’absence fréquemment remarquée de cet organe, et bientôt l'inspection de la patte d’un Ateuchus la convaineu que cet Insecte ne pouvait pas perdre ses tarses, parcequ’il n’en avait jamais eu; en effet dans le cas contraire , il est clair que les jambes auraient présenté une cavité destinée à leur insertion et dont on n’observe pas de traces. Pour en avoir une preuve plus complète M. Brulé a examiné des Insectes voisins, mais de genre différent , et il a reconnu en effet que ceux d’entre eux qui ont des tarses aux pattes antérieures ont aussi pour les recevoir une cavité articu- laire qui devient très distincte lorsque le tarse est enlevé. Il était dès lors inutile de chercher à expliquer la chute des tarses, mais il était intéressant aussi de poursuivre des recherches sur leur absence dans tous les Lamellicornes coprophages, auxquels se Tap- portent les Insectes déjà mentionnés. M. Brulé à vu dans quelques- uns des tarses antérieurs presque rudimentaires, c’est-à-dire trop petits pour être de quelque usage, mais complets d’ailleurs dans le nombre de leurs articles ( Phanœus) , et qui ne se trouvent que dans les femelles; mais le cas le plus ordinaire est celui où ils manquent également aux deux sexes. Sans entrer dans le détail de ces recherches et sans parler des résultats qu’elles peuvent avoir dans la classification, l’auteur mentionne seulement une autre anomalie remarquable qu’elles lui ont fait observer. C’est Extrait de L'Institut. 19 146 que, uans quelques espèces (Onitis), ce sont les femelles qui présentent sur leur corselet les protubérances qui distinguent les mâles dans les autres genrcs; et que d’autres déjà nommées (Phanœus), dont les mâles ont presque toujours sur la tête une corne droite et relevée, offrent aussi cette corne dans les femelles de certaines espèces. La présence des tarses aux pattes anterieures dans les femelles de ces deux genres d’Insectes ne permet pas le doute à cet égard, et s’il pouvait en rester , l'examen des mêmes pattes dans les mâles le dissiperait entièrement, ces pattes étant plus longues , plus grêles et plus arquées que celles des femelles , comme on le remarque dans tous les genres d’Insectes connus. Séance du 16 décembre 1837. Came : Action du chlore sur quelques sels de méthylène. — M. Malaguti fait connaître à la Société que M. Henri Rose ayant annoncé que le perchlorure de tungstène n’était pas un perchlo- rure, mais un oæychlorure, il a cru devoir recommencer ses ex- périences sur cette substance, et que les nouveaux résultats qu’il a obtenus sont tout-à-fait semblables aux anciens. Le procédé d’ex- périmentation employé par M. Rose, procédé dans le cours duquel Pair doit s’introduire dans les appareils ( circonstance que M. Ma- laguti évite avec soin }), lui explique le changement du perchlorure en oæychlorure pendant l’opération de M. Rose. M. Malaguti fait connaître aussi, qu'ayant traité le sulfure de tungstène de M. Berzélius par le chlore, et ayant obtenu de l’oxy- chlorure de tungstène, il a cru devoir examiner le prétendu sul- fure, et qu’il a reconnu que cette substance était réellement un oæysulfure. Enfin, M. Malagnti entretient la Société des recherches qu’il a faites sur l’action du chlore sur quelques sels de méthylène. Dans une note présentée à l’Académie des sciences, il y a trois mois, M. Malaguti rendait compte des résultats généraux qu’il avait obtenus, en faisant agir le chlore sur plusieurs éthers com- posés, et sur l’éther lui-même ; il annonçait dans le même temps qu’il allait entreprendre des expériences sur l’éther méthylique et ses composés, pour constater si ces corps se comporteraient vis-à- vis du chlore d’une manière analogue à celle de léther sulfurique. 147 Le résumé de ces expériences et quelques développements théo- riques sont l’objet de la présente communication de M. Malaguti. Le changement qu'éprouvent l’éther sulfurique et ses composés soumis à Vaction du chlore, peut être exprimé par 4 volumes d'hydrogène remplacés par 4 volumes de chlore. Le nouveau corps qui en résulte, soumis à l’action des alcalis, change les 4 volumes de chlore contre 2 volumes d’oxigène , et l’on a de l’acide acétique. Si l’éther méthylique se comporte d’une manière analogue, il doit se transformer en un corps, qui, par une action oxidante quel- conque, donnera de l’acide formique. C4 H6 O — H4 + CH C4 H2 O0 CH — Ether méthylique chlo- ruré. + O2 — CI4 C4 H2 05... — Acide formique. M. Malaguti s’est borné jusqu’à présent à des recherches sur trois sels à base d’éther méthylique : Pacétate, le benzoate, et l’oxalate. Il n’est pas encore parvenu à étudier l’éther méthylique à cause des détonations qui ont toujours accompagné ses expériences ; mais il croit pouvoir assurer dès aujourd’hui, que le chlore agit sur ce gaz, en lui enlevant de l’hydrogène, parcequ'’il a toujours remarqué une formation d'acide hydrochlorique. L’acétate de méthylène perd 4 atomes d'hydrogène, et gagne 4 atomes de chlore. Par l’action des alcalis, il se convertit en acé- tate et formiate de potasse. On a donc : À, C4H6 O + 8 Cl = À, C4H2 CU O + 2 H2 CL: Cette formule est analogue à celle de léther acétique chloruré. Le benzoate se transforme presque entièrement en chlorure de benzoyle; mais si lon traite par la potasse le produit brut, on y trouve de lacide formique , ce qui fait supposer que le benzoate de méthylène s’est d’abord chloruré dans le même sens que lacétate , et que par des réactions successives il s’est décomposé. Cepen- 148 dant, pour que cette supposition ait un air de probabilité, il faut que les produits qui accompagnent la formation du chlorure de benzoyle, donnent des indices de cette décomposition supposée. Les produits que M. Malaguti a trouvés (outre le chlorure de benzoyle, et des petites quantités de benzoate chloruré ) sont de Phydrochlorate de méthylène, de lacide formique, et de lacide hydrochlorique. On peut donc avoir l’équation suivante : 2 Bz O, C4 H60 + 8 CI — 2 Bz CL + C4 H6 CI2 + C4 H2 O5 H20 + H2 CL. Pour se rendre compte de la marche probable de tous les phé- nomènes, il faut se les figurer divisés en trois séries successives , chacune desquelles représentée par une équation particulière. 19 Bz O, C* H60 + 8 CI — Bz O, C4 H2 CO + 2 H?2 CE; 20 Bz O, C4H6 O + 2 H2 CI2 = Bz CL + C 4 H6 CL + 2H20; 30 Bz O, C4 H2 CI O + 2 H2 O -- Bz CI2 + C: H2 O5 B O + H CP. L’oxalate a une composition qui admet la formule ordinaire des éthers chlorurés, savoir: Ox, C4 H2 C4 O. L’eau décompose ce - corps d’une manière très remarquable. Au lieu d’avoir pour pro- duit de la décomposition de lacide oxalique, de l’acide hydro- chlorique , et de l’acide formique , on a de l’acide oxalique , de la- cide hydrochlorique, et de l’oxide de carbone. Il faut observer que si lon traite par de la potasse l’oxalate chloruré avant que Pac- tion du chlore soit épuisée, on y trouve de l’acide formique , et et que si l’on fait le même essai après que l’action du éhlore est épuisée, on n’y trouve pas la moindre trace d’acide formique. Il paraîtrait donc que loxalate chloruré , par des influences incon: nues, modifie tellement son arrangement moléculaire que, au lieu de donner de lacide formique par l’oxidation , il donne de loxide de carbone et de l’eau. Si le phénomène du dégagement de l’oxide de carbone se passait sous l’influence d’une affinité énergique, telle que celle de acide sulfurique concentré , il n’y aurait rien d’ex- traordinaire , puisqu'on sait que l’acide formique naissant , en pré- sence d’un corps qui a une grande affinité pour l’eau, se décom- pose en eau et en oxide de carbone ; mais il est très remarquable 149 qu’une décomposition de cette nature ait lieu par l’action de l’eau. À en juger par ces résultats , on dirait que la formule de loxa- late de méthylène chloruré est précisément Ox, C4CI4 + H2 O, ce qui serait conforme à la théorie française des éthers. Dans ce cas, les 4 atomes de chlore seraient remplacés par 4 atomes d’oxigène, et on aurait de l’oxide de carbone et de l’eau. En exprimant la formule de l’oxalate chloruré d’après la théorie allemande, on aurait Ox, C4 H2 CH O, ce qui n’expliquerait pas d’une manière si directe et si simple la décomposition par l’eau en oxide de carbone et en eau. ACOUSTIQUE : Voix humaine. — M. Cagniard-Latour annonce avoir soumis à de nouvelles explorations manométriques la tra- chéotomisée Joséphine Colar dont il a été question dans la séance du 26 août dernier (1), et communique les principaux résultats qu’il a obtenus. Les manomètres dont or s’est servi pour ces explorations , dans lesquelles comme dans les précédentes l’auteur a été secondé par M. Fournet , étaient tantôt à colonne de mercure et tantôt à co- lonne d’eau, suivant que les pressions supportées par l'air contenu dans la trachée artère excédaient plus ou moins celle de l’atmos- phère. Les pressions observées à l'aide du manomètre à mercure ont été dans les circonstances suivantes : 19 de 7 centimètres lorsque la malade prononcait le nom de Joséphine à très haute voix comme lorsque l’on appelle une personne dont on est éloigné ; 20 de 5 à 6 centimètres pendant qu’elle riait modérément ; 30 de 18 à 20 lors- qu’elle se mouchait avec force ; 40 de 6 à 7 lorsqu'elle essayait de retenir et de comprimer l’air contenu dans les poumons et la tra- chée artère ; 50 de 23 lorsqu'elle toussait très fortement, et 60 en- fin de 24 centimètres lorsqu'elle éternuait. Suivant l’auteur, ces divers résultats, et surtout les deux derniers par lesquels on voit que les poumons et la trachée artère peuvent supporter d’assez fortes pressions, sont en faveur de lhypothèse que la voix est principalement un son d’anche plutôt qu’un son de flûte. Quant à la fatigue que les joueurs d’instruments à anche (:) Voir journal L'Institut, n° 222. 150 éprouvent ordinairement pendant leurs efforts d’insufflation, ii suppose qu’elle est due en partie à ce que la pression produite par ces efforts, au lieu de s’arrêter au larynx comme dans lacte de la phonation, s’étend au-delà, c’est-à-dire à des organes qui ne sont ni habitués ni destinés à la supporter. Les pressions indiquées par le manomètre à colonne d’eau ont été , en centimètres : 1° de 3 pendant que Joséphine Colar expirait simplement l’air, et de — 2, c’est-à-dire inférieure à la pression atmosphérique pendant l'inspiration; 20 de 16. pendant qu’elle chantait dans un ton medium, et äe 20 lorsque le chant, sans être sensiblement plus intense, avait lieu sur un ton plus aigu d’une tierce; 30 de 6 lorsqu'elle produisait en sifilant avec la bouche un ut de 1024 vibrations simples et que le son était pur ; 40 enfin de 12 à 13 lorsque la malade s’est mise à compter depuis un jusqu’à vingt, ce qu’elle pouvait faire d’une seule expiration en 5 secondes. On a répété cette dernière expérience, mais après avoir enlevé la canule d'argent que d’ordinaire on laisse à demeure pour soutenir les parois de la fistule trachéenne, et alors on introduisait immé- diatement dans cette ouverture le bouchon du manomètre, ce qui ne présentait pas de difficultés , les parois de la fistule étant main- tenant recouvertes d’une épiderme très résistante; la pression a été un peu moindre, c’est-à-dire de 11 à 12 centimètres ; le son d’ailleurs paraissait plus net et en quelque sorte plus vocal, et en même temps, la malade a cru reconnaître que la phonation lui était plus facile ; on a obtenu le même succès d’un autre essai sem- blable dans lequel on appliquait le manomètre à la fistule à laide d’une membrane mince de caoutchouc enduite d’une matière em- plastique. Au sujet des explorations manométriques faites par M. Cagniard- Latour, le 23 janvier dernier, sur le trachéotomisé Théodore Le- gris (2), un membre de PAcadémie des sciences avait manifesté la crainte qu’une des pressions assez fortes observées pendant la phonation de ce malade ne fût due à la canule d'argent placée dans Pouverture de la trachée. L’auteur fait remarquer que d’après les résultats précédents, cette objection avait quelque chose de fondé, (2) Voir journal L'Institut, n° 196. 151 as il ajoute qu’il ne croit pas qu’elle s'oppose à la conclusion principale qu’il avait tirée de ses premières expériences. Un dernier essai a été fait sur Joséphine Colar, en l’absence de la canule d’argent ; il consistait à mettre l’ouverture trachéenne en communication avec l’air contenu dans une bouteille de verre, pour savoir si, par ce moyen, il se ferait lors de la phonation quelques changements dans le timbre ou lintensité de la voix ; mais à cet égard, rien de particulier n’a été observé ; il en a été de même en substituant à la bouteille une très grosse poire en caout- chouec, quoique cependant on s’aperçût facilement que ce vase prenait plus de volume et que ses parois vibraient. — M. Cagniard-Latour communique ensuite quelques nouveaux détails concernant un appareil destiné à fournir des données sur la dépense de forces que font les oiseaux pendant qu’ils volent, travail dont il avait entretenu déjà la Société Le 22 août 1835 et le 4 mars 1837 (1). Après avoir rappelé que sa machine s’applique principalement au vol du pigeon biset et qu’elle est armée de huit paires d’ailes, l’auteur fait remarquer : 1° que les ailes employées dans son sys- tème sont des ailes naturelles développées que l’on a fait sécher, et que ces ailes, par leur dessiccation , s’étant réduites à presque la moitié de leur poids, chaque paire, y compris sa monture et le cordonnet de tension , pèse un peu moins que cette paire seule lorsqu’elle était fraiche ; 20 que le ressort lui-même , qui par son mouvement de détente produit Pabaissement rapide de cette paire, est d’une construction telle que son poids ne dépasse pas celui des muscles principaux qui chez le pigeon produisent ce genre de mou- vement ; 3° enfin que le cordonnet, lorsqu'il est parvenu à la li- mite de son ascension, se trouve subitement séparé du levier rele- veur par un mécanisme analogue à celui qui dans une arbalète produit le décrochement de sa corde , de sorte que le levier, quel que soit son poids, ne peut avoir d’influence sur la vitesse d’abais- sement des ailes. M. Cagniard-Latour suppose qu’à l’aide des diverses conditions réunies dans cet appareil, sa force ascensionnelle, lorsqu’elle éga- (tr) Voir journal L'Institut, n° 201. 152 lera le poids d’un pigeon, ne résultera pas d'efforts supérieurs à ceux qu'emploie un pareil oiseau pour détruire seulement sa gra- vité; car ce dernier, n’ayant à sa disposition qu’une paire d’ailes, ne peut produire les huit battements par seconde, que d’ordinaire on entend pendant sesistations dans un air calme, qu’autant que le relèvement de ses ailes se fait avec une excessive rapidité ; pour justifier cette hypothèse, l’auteur fait remarquer qu'ayant observé très fréquemment le vol des corbeaux il a vu d’ordinaire que chez eux les plumes formant les extrémités des ailes semblaient avoir une flexion permanente de bas en haut, laquelle se distinguait d’au- tant plus facilement que ces plumes avaient entre elles un certain écartement ; il en conclut que le mouvement d’abaissement des ailes est le seul qui s’apercçoit et que celui de relèvement échappe à observation. On sait que, chez les oiseaux, les parties solides sont en général très évidées ou caverneuses ; l’auteur ayant remarqué qu’une ba- guette en verre creux, ou un tube, résistait mieux à la flexion qu’une baguette plus mince en verre plein de même poids et de même longueur, croit que chez les oiseaux les parties solides doivent avoir le plus de rigidité possible eu égard à leur poids et que c’est là le but principal de leur organisation caverneuse. — M. Cagniard-Latour termine en mettant sous les yeux de la So- ciété La Sirène- Trompette dont les plateaux ne portent chacun que deux grandes ouvertures et deux parties pleines encore plus gran- des, et fait remarquer que dans cet instrument, pendant sa réson- nance grave comme par exemple de 60 à 100 battements par se- conde , les sons ont de la rondeur à peu près comme ceux du bas- son, mais que dans le cas ou la résonnance est plus aiguë , les sons produits sont criards , ce qui lui fait penser que les battements de cette sirène, lorsqu'ils sont très rapides, sont plus explosifs et con- tiennent plus de vibrations irrégulières. Séance du 23 décembre 1831. — M. Duperrey donne lecture d’une note déjà communiquée par lui à l’Académie des sciences sur la direction et l’intensité du magnétisme terrestre. ( Voir le compte rendu de la séance du 18 décembre. ) 155 Came : Nouveau sel double. — M. Dujardin met sous les yeux de la Société un nouveau sel double, formé de deux acides unis à une seule base. Ce sel, qu’on peut nommer oæalo-nitrate de plomb, s’obtient en dissolvant à l’aide de la chaleur loxalate de plomb dans l'acide nitrique faible ; la liqueur, en se refroidissant , laisse déposer des cristaux blancs brillants en lames rhomboïdales dont la forme paraît être dérivée de celle d’un prisme droit. Il est inaltérable à l’air, décomposable par la cha eur qui en dé- gage d’abord deux atomes d’eau de cristallisation, et ensuite un mélange d’acide nitreux et d'acide carbonique en vapeurs rouges. L'eau le décompose en dissolvant le nitrate de plomb et laissant l’oxalate de plomb en poudre blanche, mais, si l’on ajoute de l’a- cide nitrique et qu’on chauffe légèrement, on peut redissoudre l’oxalate, et reproduire le sel double. | Ce sel est formé d’un atome de nitrate de plomb, d’un atome d’oxalate de plomb et de deux atomes d’eau, C’est le seul sel double de ce genre qui ait été obtenu; les autres oxalates insolubles ne forment pas de combinaisons avec les nitra- tes correspondants. L’oxalate de manganèse est même entièrement décomposé par l'acide nitrique à chaud, tandis que l’oxalate de cérium, simplement dissous, cristallise par le refroidissement, et que l’oxalate de cuivre n’est ni dissous ni décomposé. M. Dujardin fait observer aussi que le sel double annoncé dans les traités de chimie comme formé de phosphate et de nitrate de plomb ne peut être obtenu en dissolvant le phosphate dans lacide nitrique. Les cristaux obtenus ainsi sont les octaèdres du nitrate, modifiés en apparence par l’allongement excessif de quatre faces opposées, ce qui a pu les faire prendre pour des cristaux prismati- ques. SraTiIsTIQUE : Naissances des enfants dans le mariage. — M. Ju- les Bienaymé communique à la Société quelques faits statistiques , relatifs au rapport qui existe entre le nombre des enfants nés dans la première année du mariage et le nombre des enfants de chaque union ou le nombre même des mariages. Les très nombreuses levées d’hommes qui ont été faites en France en 1813, et qui se sont montées à 1,140,000 hommes, en cinq appels successifs, de chacun desquels les hommes mariés pré- cédemment étaient exempts, ont fait augmenter le nombre des ma- Extrait de L'Institut, 20 154 riages de cette même année, dans une telle proportion , que la moyenne des huit années précédentes étant de 223,223, le nom- bre des mariages de 1813 a été de 387,186. Le nombre des nais- sances, dont la moyenne de 1805 à 1813 était 915, 769, nombre qui même en 1812 et 1813 était tombé au-dessous de 890,000, et qui tendait à diminuer encore, est remonté en 1814 à 994,082, c’est-à-dire de 78,063 au-dessus de la moyenne des huit années précédentes. Cet accroissement est dû, sans aucun doute, à l’accrois- sement de 163,963 mariages qui a eu lieu en 1813, et on voit que le premier nombre est à peu près la moitié du second. _ Des accroissements analogues , quoique beaucoup moins consi- dérables, ont eu lieu dans le nombre annuel des mariages, en 1809, en 1823 et en 1830, comparativement aux moyennes des années précédentes, et le nombre des naissances, en 1810 , en 1824 et en 1831, s’est également augmenté, dans une proportion qui se rap- proche toujours de celle de la moitié de augmentation du nombre des mariages de l’année précédente. M. Bienaymé conclut de ces différents faits, que les mariages d’une année concourent aux naissances de l’année suivante pour la moitié au moins de leur nombre, et comme le nombre annuel des mariages est à peu près le quart du nombre annuel des naissances, que les mariages d’une année donnent au moins le huitième des naissances de l’année suivante, ou encore , que la première année d’un nombre de mariages pris au hazard dunne plus du huitième des enfants qui sortiront de ces unions , quoiqu'elles doivent don- ner des enfants pendant plus de quinze ou vingt ans. M. Bienaymé fait remarquer que le moyen indirect, par lequel il arrive à cette conclusion , paraît bien préférable à la recherche immédiate d’un certain nombre de mariages et des enfants qui en seraient nés , une telle recherche devant être également pénible et infructueuse ; parcequ’il faudrait agir sur des nombres considéra- bles, et que souvent les registres de l’état civil sont difficiles à dé- chiffrer, et parcequ’un grand nombre de ménages quittent plus ou moins promptement la commune où leur union a été conclue. L’auteur ajoute que, dans les calculs dont il vient d’énoncer les résultats, il n’a pas tenu compte du nombre des enfants illégitimes, parceque le nombre de ces enfants n’a éprouvé en général que de trés légers changements, dans les années où le nombre des ma- 155 riages et celui des naissances se sont beaucoup accrus; qu’ils ne peuvent donc avoir contribué aux excécants que pour une Propor- tion indifférente dans de pareilles recherches ; qu’une seule exCep- tion à ce fait général se présente pour l’année 1824 ; mais que dans cette même année laccroissement des naissances à atteint les deux tiers de l'accroissement des mariages en 1823 ; ce qui per- met encore de rapprocher de La moitié la proportion des naissances résultant de ces mariages. M. Bienaymé expose ensuite plusieurs considérations sur l’im- perfection actuelle de la statistique, et sur les idées inexactes que les anciens travaux statistiques ont propagées ; telle est opinion, généaalement reçue, de la mortalité effrayante des enfants en bas âge; sans doute les enfants nouveaux-nés meurent en proportion plus élevée que les enfants de trois ans et au-delà ; mais c’est en ne tenant aucun compte de circonstances qui devaient entrer dans le ca'cul, et notamment de l’accroissement continuel de la popula- tion, que plusieurs anciens auteurs ont été conduits au chiffre très erroné de 30 ou même de 40 décès sur 100 naissances daiss la pre- miére année. Séance du 30 décembre 1837. ACOUSTIQUE : Voix humaine. — M. Cagniard-Latour commu- nique la suite de ses recherches sur la voix humaine. Il annonce d’abord , au sujet de la sirène à ventricule , dont il a parlé dans la séance du 11 novembre dernier (1), avoir reconnu que dans le cas où les vibrations de Pair contenu dans la cavité ventriculaire de cette sirène produisent un son flûté , Pinstrument fait entendre simultanément deux résonnances différentes, c’est-d- dire un son de flûte et un son d’anche; tandis que c’est seulement ce dernier son qui se manifeste lorsque les vibrations dont on vient de parler ne produisent guère qu’un bruit confus; résultat qui, suivant l’auteur, est encore en faveur de son opinion, que la voix est un son d’anche, et que ce son peut être considéré comme com- posé de vibrations isochrones et de vibrations irrégulières. "there (1) Voir journal L'Institut, supplément au n° 222. 156 L'auteur met ensuite sous les yeux de la Société une sirène ana- logue à la précédente, mais plus complète , c’est-à-dire qui porte deux ventricules au lieu d’un ; instrument dans lequel d’ailleurs le système ventriculaire se trouve plus rapproché de la plaque tour- nante; etil fait remarquer que son effet sonore est notablement plus pur et plus intense que celui de la sirène à un seul ventricule. Lors d’un essai pendant lequel on fournissait l’air au porte-vent rétréci de la nouvelle sirène à l’aide d’un petit gazomètre servant de soufflet, l’auteur à remarqué que les sons les plus graves pou- vaient engendrer diverses notes secondaires ou harmoniques, quand on donnait aux cavités ventriculaires des profondeurs convenables. Enfin, aprés avoir rappelé que l’on parvient à produire des es- pèces de sons vocaux, en dirigeant le souffle de la bouche entre deux doigts de la main, comme il l’a indiqué dans ses communica- tions du 13 février 1836, et du 20 mai 1837 (1), l’auteur annonce avoir reconnu que s’il répète la même expérience après avoir préa- lablement interposé entre la bouche et les doigts une espèce de ca- dre ovale découpé dans une plaque de liège de quelques millimè- tres d'épaisseur, il peut donner aux sons ainsi produits quelque chose de plus vocal; il a remarqué en outre que dans le cas où la paire des lèvres formées par les doigts vibrait en même temps que la paire de lèvres buccales, le son avait quelque rapport avec la voix de la poitrine, et qu’il se rapprochait davantage de la voix de tête lorsque c’était seulement la première paire qui vibrait. D’après ces observations, Pauteur croit que la résonnance du larynx hu- main, lorsqu'elle a le premier de ces deux timbres, est due à ce que les lèvres supérieures et inférieures de la glotte vibrent alors si- multanément, et que dans les instants où la voix de tête a lieu, ee sont principalement les lèvres supérieures qui deviennent le siège des mouvements vibratoires. M. Cagniard-Latour suppose aussi que l’air des cavités ventriculaires vibre davantage dans le pre- mier cas que dans le second; car ayant ajusté à l’un de ses cadres en liège un tube communiquant, d’une part, avec la partie évidée de ce cadre, et de l’autre avec Pair contenu dans un petit réservoir en caoutchouc , il a reconnu que les instants où les parois de ce (1) Voir journal L'Institut, n° 212. 157 ventricule artificiel avaient les frémissements les plus marqués étaient ceux où les doigts et les levres de la bouche vibraient si- multanément ; quant aux moyens employés pour apprécier ces fré- missements, ils consistaient tantôt à serrer légèrement le réservoir entre les doigts, et tantôt à répandre des grains de sable sur une petite tablette de carton mince, que l’on avait fixée à ce réservoir. L'auteur a répété ses essais en employant des cadres construits avec d’autres matières que le liège, comme par exemple le caout- chouc , les membranes animales fortement amollies par l’eau, le plâtre, etc. ; et il pouvait par ce moyen produire des sons d’autant plus graves que la matière des cadres avait moins de rigidité, ce qui le porte à penser que pendant la résonnance du larynx humain les parties vibrantes de cet organe ont plus ou moins de rigidité suivant que la voix est aiguë ou grave. M. Cagniard-Latour a cru reconnaître en outre que les sons produits à l’aide des divers ca- dres dont il s’est servi présentaient quelques différences de timbre suivant que ces cadres avaient des rebords plus ou moins hauts, et que la couche d’air interposée entre la bouche et les doigts avait ainsi plus ou moins d'épaisseur. CHIMIE ORGANIQUE : Amidon et dextrine. — M. Biot commu- nique quelques observations , à l’occasion du rapport fait à l’Aca- démie des sciences par M. Dumas, sur le mémoire de M. Payen relatif aux analyses de l’amidon et de la dextrine. M. Dumas a constaté, par des expériences qui lui sont propres, Pexactitude des résultats obtenus par M. Payen, et dont la princi- pale conséquence est que l’amidon et la dextrine ont la même com- position élémentaire et le même poids atomique. On sait d’ail- leurs que ces substances possèdent le même pouvoir rotatoire moléculaire. Voilà donc trois caractères importants qui se réunis- sent pour annoncer l'identité des deux corps; aussi MM. Biot et Payen pensent-ils que l’amidon et la dextrine sont une seule et même substance dans des états différents d’agrégation. Quoique plus disposé à admettre cette conciusion qu’à voir dans ces subs- tances un nouvel exemple d’isomérie, M. Dumas n’a pas cru devoir se prononcer encore, attendant pour cela de nouvelles preuves et de nouvelles expériences sur lesquelles il a appelé attention de M. Payen. Une seule chose l’a empêché de décider la question : c’est ce fait bien connu que l’amidon, tant qu’il n’a point été amené 158 à l’état de dextrine, se combine constamment avec l’iode, tandis que: la dextrine pure n'offre jamais de combinaison avec ee réactif. À quoi tient cette différence d’action ? il y a là une question impor- tante à résoudre, et qui intéresse au plus haut degré la mécanique des combinaisons chimiques. M. Biot signale d’abord entre l’amidon et la dextrine une diffé- rence chimique qu’il énonce en disant que la fécule d’amidon est un corps actuellement organisé, au lieu que la dextrine est com- plétement dépourvue d'organisation , et n’est plus qu’une matière organique qui a perdu toute trace d’agrégation régulière. Cette différence est prouvée par la maniere dont les deux corps se com- portent à l’égard de la lumière polarisée. M. Biot rappelle que les corps manifestent différents modes d’action sur cette lumiere, se- lon qu’ils sont cristallisés sous des formes autres que celles qui dérivent du cube, ou bien qu’ils ont été fondus et inégalement comprimés, comme certaines plaques de verre, ou enfin que, sans être cristallisés, ils offrent néanmoins une certaine structure dé- terminée, étant formés par exemple par un assemblage:de couches concentriques, de lames ou de fibres parallèles. Il fait ressortir les caractères optiques qui distinguent ces trois états différents de la matière. Dans le premier cas, les phénomènes sont les mêmes pour chaque fragment et pour chaque particule du corps, quelque petite qu’elle soit ; dans le second, si l’on détache un fragment de la subs- tance, tout change à l’instant même, le corps ayant perdu la struc- ture qu’il avait auparavant ; dans le troisième cas, les phénomènes n’ont lieu que pour certaines lignes autour desquelles la structure est réguliérement établie , et ils restent les mêmes après que le corps a été cassé ou déchiré. On conçoit donc qu’en étudiant l’ac- tion d’un corps sur la lumière polarisée, on puisse avoir des carac- tères certains de sa texture. Or le grain de fécule vu au microscope présente des espèces de rides entourant un ombilic, par lequel on croit que le granule ad- hérait aux parois de la cellule où il a pris naissance. Ce granule produit sur la lumière polarisée des phénomènes qui ont pour prin- cipal caractère deux lignes noires se croisant à l’ombile; ces phé- nomènes ne changent pas lorsqu'on vient à casser ou déchirer le globule ; ils ne peuvent donc résulter que d’un corps construit ré- gulièrement autour d’une ligne diamétrale passant par lombilic. 159 M. Biot conclut de là que la fécule est non-seulement un corps or- ganique, mais de plus un corps actuellement organisé. Cela posé, ce corps qui, dans son état naturel , possède la propriété de se com- biner avec l’iode , et qui se désagrège plus ou moins par le broyage, ne peut-il pas, sans changer de nature, être porté à un certain état de désagrégation qui ne permette plus à l’iode d’agir sur lui comme auparavant? Ne serait-ce pas dans une simple modification de ce genre, qui tiendrait encore à l’organisation, que consisterait l’état de la dextrine? telle est la question qui reste à résoudre, et que M. Dumas a recommandée à l’attention des chimistes. ENTOMOLOGIE : Vers à soie sauvages. — M. Audouin commu - nique quelques faits relatifs aux Vers à soie sauvages. Il avait été question de ceux de la Chine dans une des dernières séances; les cocons des vers qui habitent l’Inde nous sont beaucoup mieux con- aus. M. Audouin met sous les yeux de la Société plusieurs cocons du Bombyx Paphia. Cette chenille est pourvue d’un instinct re- marquable , elle attache et suspend son cocon à une branche d’ar- bre par une sorte de pédicule. On à cru qu'à raison de ces pédicules il serait impossible de filer ces cocons, et qu’on ne pourrait que les carder. Mais M. Audouin s’est assuré que ce pédicule ne tenait qu’à la partie la plus extérieure du cocon et pouvait se détacher aisément. Il présente plusieurs autres cocons provenant de Mada- gascar, qui offrent aussi un anneau, mais avec des dispositions differentes. On connaît jusqu’à six espèces de ces chenilles au Ben- gale. ; |” ! PART ñ Me Les SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. EXTRAITS DE L'INSTITUT, JOURNAL GÉNÉRAL DES SOCIÉTÉS ET TRAVAUX SCIENTIFIQUES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER. re Section. — Sciences Mathématiques, Physiques et Naturelles. Rue de Las-Cases, 48, à Paris. SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS SÉANCES DE 1838. Extraits des procès-verbaux, Séance du 6 janvier 1838. PHYSIQUE : Écoulement des liquides. — M. Poiseuille commu- nique à la Société quelques expériences tirées d’un travail sur l’é- coulement des liquides à travers les tubes en verre de petits diamé- tres. Il a été conduit à examiner l’influence de la pression sur cet écoulement, et il a constaté le résultat suivant : Tube cylindrique circulaire, longueur du tube L — 334 mm, diamètre du tube D — Omm,1316. température T = 110 C. le liquide est de l’eau distillée. Extrait de L'Institut. 4 2 Sous 1 atmosphère de pression 10 centim. cubes-exigent 74—50 ” 9 10 45'—40" 2 10 29/—_55// 4 10 25'—35" 5 10 DS 6 10 4752" Si on calcule la quantité de liquide écoulée pendant le même temps, par exemple 45°—40”, on trouve : Sous la pression de { atmosphère Ge, 10 ? 10, 00 3 13, 87 4 17, 18 o 21, 67 6 25, 56 D'où l’on conclut que les pressions étant en progression arith- métique, les quantités de liquides fournies par le même tube et à une température constante, sont aussi en progression arithmétique, toutefois dans les limites assignées ici. De là un moyen très simple d’obtenir la quantité de liquide qui traverse un tube sous une pres- sion déterminée, connaissant les quantités de liquide qui sont fournies par le tube sous deux pressions dont la différence est un sous-multiple de la pression donnée. M. Poiseuille se propose de continuer ses recherches; il fera part à la Société des nouveaux résultats qu’il pourra obtenir. — Sur la demande de M. Francœur, M. Poiseuille indique Pappareil dont il s’est servi dans ces expériences. Le tube de verre placé verticalement s'adapte à là paroi inférieure d’un vase qui contient le liquide; la partie supérieure de ce vase est en commu- nication avec un tube de cuivre qui offre trois branches; lune est en rapport avec une pompe foulante, Pautre avec un manomètre à air libre marquant jusqu’à 30 atmosphères ; la troisième avec un cylindre en cuivre qui sert de réservoir d’air, et d’une capacité de 60 litres environ. Pour mesurer les quantités du liquide qui s'écoule , M. Poiseuille se sert d’une éprouvette divisée en dixièmes de centimètre cube, et d’un microscope chercheur dont l'objectif à présente deux fils , l’un vertical, l’autre horizontal ; E fait coincider le fil horizontal avec une des divisions de l’éprouvette, et €’est au moment où le fil et la division de l’éprouvette se trouvent dans le plan tangent horizontal à la surface du ménisque formé par le liquide qui s'écoule dans l’éprouvette, que le point de départ du liquide est noté ; le même procédé est suivi pour le point d’arrivée. Séance du 13 janvier 1838. PHYsiQuE : Digagement de l'électricité par la vibration des plaques sonores. — M. Peltier rappelle la communication que M. Sellier a faite à l'Académie des sciences le 8 de ce mois : M. Sellier ayant remarqué qu’en faisant vibrer des plaques au moyen d’ua archet, les poudres siliceuses-étaient promptement projetées sur les nœuds, tandis que les poudres résineuses s’arrêtaient sur les ventres, et de plus, que les portions de résine répandues sur les nœuds s’en retiraient pour se porter sur les ventres , en con- clut que les nœuds prennent une électricité négative qui attire les substances. positives, et les ventres une électricité positive qui attire les substances négatives. M. Peltier s’empressa de répéter ces expériences et de les reproduire telles que les fait M. Sellier. 1] fait observer d’abord, qu’à priort, il paraissait fort extraordinaire qu’un corps inconducteur devint conducteur par la seule vibration de ses molécules ; ensuite que mi la silice ni les matières résineuses »’ont d'électricité libre à l’état naturel , capable de produire ainsi une préférence dans lattraction des nœuds ou des ventres. M. Pel- tier fit vibrer sous l’archet des plaques de verre ou de métal de plusieurs dimensions, et mit les nœuds et les ventres en commu - Bication avec un électroscope ou avec des multiplicateurs de diverses puissances. Dans l’un comme dans l’autre cas , il n’eut aucun signe. d'électricité, ce que du reste M: Sellier avait déjà observé avec Vélectroscope. (11 faut se garder d'approcher l'endroit frotté des plaques de verre, parceque cet endroit seul est positif et lParchet végatif, résultat bien connu de la friction. ) Il remarqua que ja poussière siliceuse était fortement projetée de l’extrémité des ventres , et que cette projection allait en s’affaiblissant graduelle - ment jusqu'aux næuds même, sans qu'aucun signe d'adhésion se fit remarquer. La résine au contraire n’était jamais projetée aussi 4 haut que la silice ; les parties les plus fines s’arrêtaient bientôt el adhéraient au verre, les moyennes s’arrêtaient un peu plus loin, puis les plus grossières marchaient vers les nœuds jusqu’à une limite plus ou moins rapprochée. Toutes ces limites indiquaient un équilibre entre la force de projection et l’adhérence, équilibre qui devait nécessairement varier avec la masse de chacune des parcelles de résine. Les parcelles qui avait été répandues sur les nœuds n’en étaient nullement projetées et y restaient toutes dans un repos complet ; c’est l’agglomération des zones s’approchant des nœuds qui faisait paraître vides ces derniers, quoiqu’aucune par- celle n’en eût été éloignée. Ainsi cette différence dans la marche des substances vers les nœuds est pour M. Peltier un effet de pure adhésion; les substances s’arrêtent lorsque la force de projection est égale à la force d’adhésion , et l'électricité ne lui paraît jouer ici aucun rôle; du moins aucun de ses instruments n’a pu le consta- ter, même en faisant vibrer de bons conducteurs , comme des dis- ques de cuivre. M. Peltier fait connaître ensuite que M. Becquerel, soupcon- nant aussi l’adhésion, avait conseillé à M. Sellier de se procurer des poudres également impalpables , en les obtenant par précipités de leurs dissolutions , l'adhésion étant plus égale entre des poudres du même degré de finesse. Puysique : Aimantation par les décharges électriques. — M. Peltier fait ensuite une communication relative à la puissance coercitive que donne une décharge électrique traversant les bar- reaux d’acier dans leurs longueurs. Les anciens physiciens ont souvent essayé d’aimanter au moyen de semblables décharges ; le plus souvent ils les faisaient passer suivant la longueur du barreau et quelquefois suivant la largeur; mais comme ce dernier moyen rentre dans le système d’aimanta- tion au moyen des hélices, M. Peltier en fait abstraction, pour ne s’occuper que de la décharge à travers un barreau et dans le sens de sa longueur. Franklin a fait sur ce sujet un très grand nombre d'expériences; il avait remarqué qu’en plaçant son aiguille du sud au nord, il ayait du magnétisme, tandis qu’en plaçant ses aiguilles de l’est à l’ouest il n’en obtenait que des quantités insensibles. M. Peltier a repris ses expériences pour rechercher là cause qui 5 donnait ainsi du magnétisme à des aiguilles lorsqu'on employait des décharges parallèles à l’axe, tandis que le sens naturel des courants pour produire des aimants est le sens perpendiculaire. Des barreaux neutres furent placés dans diverses positions relati- vement au plan du méridien magnétique et chacun essayé en place pour connaître le degré de magnétisme qu’il avait acquis; puis il fit passer suivant leur longueur la décharge d’une bouteille ou d’une batterie ; il examina ensuite le magnétisme qu’elles conser- vaient en les plaçant dans un plan perpendiculaire à l’aiguille d’inclinaison, pour n’avoir pas à tenir compte de l’action de la terre. Le résultat de ces expériences a été qu’une forte décharge électrique traversant un barreau n’a pas d’autre effet qu’an effet mécanique ; que par lui-même il ne donne pas de magnétisme, mais qu’il donne par sa commotion une puissance coercitive au barreau, comme le fait la torsion ou le choc du marteau; que le magnétisme qu’on obtient n’est point un produit de l'électricité, mais la coercition de celui qui a été développé par l'influence ter- restre, et qu’il garde plus ou moins suivant la force du choc; que le magnétisme augmente d’autant plus que le barreau se rapproche du parallélisme de l’aiguille d’inclinaison et que celui-ci en prend d’autant moins qu’il s’en éloigne davantage. D’après ces considé- rations toutes les anomalies disparaissent , et on se rend un compte exact de toutes les différences obtenues. Quant aux décharges transversales, elles sont de deux sortes, celles qui traversent le corps et celles qui passent par-dessus. C’est un sujet sur lequel il se propose de revenir et d’entretenir la Société. ACOUSTIQUE : Sirène prisonnière. — M. Cagniard-Latour com- munique la suite de ses recherches sur les moyens de donner au son de la sirène prisonnière à tuyau prismatique différents tim- bres (1) et met sous les yeux de la Société deux sirènes dé ce genre dont les tuyaux ainsi que les porte-vents ont des dimensions sem- blables ; la roue contenue dans chacun de ces tuyaux est à quatre pelles , mais tandis que la roue de l’appareil B a 20 millimètres de diamètre, celle de l’appareil B’ n’en a que 18, mais elle est placée (r) Voir journal L'Institut, supplément au n° 219. G- entre deux James minces soudées au tuyau de façon que les fermo- tures périodiques produites par le mouvement de la roue ont lieu: très brusquement ; et ne durent que pendant un temps très court ; Pauteur annonce avoir reconnu que cette roue, quoique plus petite que l’autre, produit cependant en tournant des sons plus intenses, ce qui, suivant lui, vient principalement de ce que la quantité d’air qui s’écoule par cette sirène à chaque battement du son est plus grande. Il fait remarquer en outre : 1° que la réson- nance de l’appareil B, lorsqu'elle est de 1000 à 1200 vibrations simples par seconde; est d’un timbre clair et assez analogue à celui de la voix humaine , mais que dans les mêmes tons la résonnance de l’appareil B’ a quelque chose de criard; 20 que cependant lés sons de cette seconde sirène deviennent meilleurs lorsqu'ils sont plus graves; et 3° enfin que dans les mêmes tons graves la réson- nance de la sirène B’ n’a que peu d'éclat et d’intensité. — Le même membre donne ensuite quelques nouveaux détails sur le peson chronométrique qu’il a décrit dans la séance du 30 mai 1835 et présenté et FAcadémie des sciences le 12 juin 1837 (1). L'objet principal de sa communication actuelle est de faire con- naître le mécanisme particulier à laide duquel les augmentations de vitesses que prennent les battements du chronomètre, lorsque. Von exerce des pressions sur le dynamomètre du système, sont proporticnnelles à ces pressions. Pour atteindre ce but on a substitué à la cremaillière servant de support au curseur fourchu d’où dépend le réglement du chro- pomèêtre un pignon, d’engrenage. surmonté d’une lamé directrice: ou espèce de rampe en forme de spirale; cette rampe, suivant qu'elle tourné dans un sens ou dans l’autre par l’action du pignon, fait avancer ou reculer le curseur dont la marche dépend ainsi de la forme donnée à la rampe spirale; cette forme s’obtient par l’ex- périence , c’est-à-dire qu'avant de fixer la rampe au plateau dont elle reçoit le mouvement; on grave sur ce plateau la courbe suf laquelle cette rampe doit reposer ; quant aux différents points par lesquels passe cette courbe ; ils se trouvent indiqués par les mar- ques que l’on a tracées sur ce plateau lors des positions successives. (1) Voir L'Institut, n° 214. 7 qu’il a fallu donner au