NS NN NN RSS À NS NS è NS NN RSR N RE KKKK NS NKK KRKKK NW NS / LE ASS LL RSS SSSS 0 \ N ù à NS SUN NNSSS Ÿ NN N RS KRIRNS NS NS N NS NS N N N N S NX N ù N NS NS N RER ERRRKRRE RRSKKRRRRRR NS RE NS RRREERRERRRU NS RSS NS N NS N NT N À RAA N NS NT RER R RE NE +8 K = Co HS Ve EE Re f} LE BE PS ER D SAKAN KR SS,e Se Pa : ÿ lave # A ÿfÙ & 407 > x me = 2 GC? "ments RS PNR ne apr CÆGronemann Mbission G-Récoil (Ban des Comalis pe Re Z' Terrier del. it Lith. lp Becquet r des Myers A Galeodes Craca. Flancz GEORGES RÉVOIL FAUNE ET FLORE DES PAYS COMALIS (AFRIQUE ORIENTALE). {1}! PARIS CHALLAMEL AINÉ, ÉDITEUR, 5, RUE JACOB. 1882 MONSIEUR ALFRED RABAUD), PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE MARSEILLE. À vous, mon cher Monsieur, qui m'avez honoré de tant de bienveillance et qui m'avez entouré de tant d'affectueuse sollicitude, je dédie ce volume où sont consignes les résultats scientifiques de mon voyage, en témoignage de ma profonde gratitude et de mon res- pectueux dévouement, GEeorces RÉVOIL, Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from The Field Museum's Africa Council http//www.archive.org/details/fauneetfloredespO0rvoi AVANT-PROPOS Au retour de la mission dans les pays Comalis, dont m'avait chargé le Ministère de l'Instruction publique, j'ai soumis au Muséum d'histoire natu- relle toutes les collections que j'avais pu recueillir pendant le cours de mon voyage. Beaucoup d'espèces dans chaque branche de mes recherches étaient nouvelles, et mérilaient d’être décrites et étudiées. Grâce à l’obligeance des savants qui ont bien voulu se charger de cette tâche et auxquels je suis heureux d'offrir ici l'hommage de ma plus vive gratitude, l’ensemble des fascicules que je réu- nis dans ce volume, donnera un aperçu de la « Faune et de la Flore » des régions que Jai parcourus. G. RÉVOIL. = NTM Voici quelle à été la répartition des études et analyses contenues dans cet ouvrage : Races humaines . . . .... D'T. E. HAMY, aide-naturaliste au Muséum. MIONMIIET ES n ene e J. HUET, aide-naturaliste au Mu- séuni : DISCAUDA REC CN E. OUSTALET, aide-naturaliste au Muséum : ñepliles et batraciens . . . . L. VAILLANT, profes. au Muséum: Üyprinodons (poissons) . .. D" M.-H.-E. SAUVAGE, aide-na- turaliste au Muséum ; Mollusques terrestres el flu- DIDILIESNS pr à a ta Es J.-R. BOURGUIGNAT ; Fossiles et observalions géo- logiques ..... ,.... D' T. de ROCHEBRUNE, aide- naturaliste au Muséum ; COIPODICMESM Ne ee. 0 J. FAIRMAIRE, V. LANSBERG, BOURGESIS ; Pie ere 1 20re A. FRANCHET ; Etudes sur le poison des flèches comalis el ses effets physiologiques . .:. . . . . D: T. de ROCHEBRUNE et A. AR- NAUD, préparateur au laboratoire du Muséum. EEE EEE MISSION G. RÉVOIL AUX PAYS ÇCOMALIS. FAUNE ET FLORE NOTE MACROSCELIDES REVOILII PAR M. J. HUET, AIDE NATURALISTE AU MUSEUM, Parmi les mammifères rapportés par M. Révoil, de son voyage au pays des Comalis, sur la côte orientale d’Afri- que, se trouvent des espèces très intéressantes pour la science, entre autres une chauve-souris nouvelle, le Nycteris Revorli, décrit par M. Robin, dans le Bulletin de la Société philomathique de 1881; plusieurs exem- plaires du Sciurus flavus que M. le professeur A. Milne- Edwards (1) a fait connaître, 1l y a quatorze ans; les sujets d’après lesquels la description avait été faite, venaient du Gabon, d’où M. Guislain les avait rapportés; cet écureuil se trouve donc sur les deux côtes opposées, c’est un fait de répartition très intéressant, d’autant plus que nous ne voyons aucune différence, entre ceux du Gabon et ceux des Comalis. Nous avons aussi, de la même localité, uneespèce nou- velle de ces insectivores à museau très allongé, apparte- nant au groupe des Macroscelides. Ce genre, dont nous (1) À. Milne-Edwards. Revue et mag. de zoologie, 1867, p. 229. OU allons nous occuper, n’a êté dénommé qu’en 1829; c’est Smith, savant zoologiste anglais, qui le premier l’a fait connaitre. En 1764, cependant, Pitiver (1), qui avait exploré la partie australe de l’Afrique, donnait une figure d’un Macroscélide, qu’il nommait sorex araneus maximus capensis ; Pitiver s’en était sans doute tenu aux appa- rences extérieures et avait été trompé par les rapports qui existent entre le genre Macroscélide et Musaraigne, si bien, qu'il en fit une espèce de ce dernier groupe; c’est donc à Smith, que l’on doit l’établissement de ce genre. Le continent africain est la patrie de ces auimaux, qui vivent là dans les plaines, où ils se tiennentaux environs des haies et des broussailles ; ils se nourrissent d'insectes, dont ils font une grande destruction ; comme toutes les petites espèces, 1ls sont d’un caractère timide, aussitôt qu'ils entendent le moindre bruit, ils se mettent à l'abri dans les terriers qu'ils se creusent dans le sol. Jusqu'en 1838, l’on ne connaissait qu’une seule espèce de ce genre; depuis cette époque, Smith, Duvernoy et M. Peters, en firent connaître plusieurs, et au moment où nous écrivons ces lignes, le nombre des espèces connues est de 10 ou 11, toutes du continent africain. C’est surtout dans la partie méridionale de l’Afrique, que l’on a découvert le plus de représentants du genre qui nous occupe ici; le tropique du Capricorne paraît être le centre de sa répartition géographique, cependant nous aurons à signaler sa présence au nord, c’est le Ha- (1) Pitiver, Gazophylacium, London, 1764, t. I, pl. xxrrr. a 4} he. _croscelides Rozeti, puis dans la région orientale, c’est il es- pèce que M. Révoil y a trouvée. Nous allons d'abord décrire cette nouvelle espèce, puis passèr en revue toutes les autres, en suivant géographi- quement les localités où ces animaux ont été observés, par les différents explorateurs de ce continent. C’est à la pointe la plus orientale de l'Afrique, dans le Medjourtine (pays des Comalis), que ce nouveau type a été découvert. MACROSCELIDES REVOILII. J. Hüet, Bulletin de la Société philomathique de Paris, 1881. Contrairement à toutes les espèces de Macroscelides déjà connues, qui sont en général d’une coloration plus ou moins terne, celle-ci a des teintes claires, rehaussées par place d’un lavis de terre de Sienne brülée, qui font que cette espèce se distingue bien nettement de toutes les autres et ne pourra jamais être confondue avec elles, bien que les proportions soient à peu près les mêmes que chezles Macroscelides typicus, rupestris, Edouard et Rozeti. Chez cette espèce, pour laquelle je propose le nom de Revoilu, en mémoire du voyageur qui l’a découverte, nous voyons que le nez, comme dans tout ce groupe, se prolonge très en avant des os du crâne; la partie mobile est couverte, jusqu’à l’extrémité, de poils très courts, raides et blancs, ils sont un peu plus longs autour des D Np ee narines ; celles-ci sont percées latéralement dans la partie lerminale du nez, qui est noire; les moustaches sont longues et mélangées de poils, les uns noirs, c’est le plus grand nombre, et d’autres blancs ; le front est revêtu de poils gris-jaunâtre dont la pointe est brune; sur la ligne médiane on voit une espèce de ligne plus foncée, formée par les pointes brunes des poils, qui viennent se réunir sur ce point; sur le dessus de la tête, la coloration est plus rousse et sur l’occiput, ainsi que sur le cou, cette teinte est lavée de terre de Sienne brülée; le gris-jaunâtre du front s'étend, en passant sur les joues, jusqu’à la bauteur de l’angle postérieur de l'œil, où l’on voit une tache terre de Sienne brûlée allant rejoindre la base de l'oreille ; les yeux sont entourés d’un cercle composé de poils blancs qui, se continuant en arrière en s’élargis- sant, forme là une fache blanche, très caractéristique et qui s’harmonise très agréablement, encadrée qu'elle est par la coloration des joues et celle du dessus de la tête; cette tache blanche entre jusque dans l’intérieur de l'oreille et la contourne extérieurement à sa base; les conques auditives sont longues et larges, elles se termi- nent en pointes arrondies, le bord antérieur, qui est garni de petits poils blancs, s’arrondit régulièrement jusqu’à la pointe, le bord inférieur descend presque perpendicu- lairement jusqu'aux deux tiers de sa longueur, où il forme un angle droit avec la ligne quise continue et va re- joindre la base de l'oreille ; ces dernières sont garnies dans l’intérieur de poils blancs, très courts et clairsemés; elles en sont aussi parsemées à l'extérieur, mais là, au lieu d’être blancs, ils sont brun-jaunâtre ; la base des CAN e MERS poils, sur tout l’animal, à l’exception des quatre extré- mités et de la queue, est de couleur ardoisée ; le dos, les flancs, les épaules et les cuisses sont revêtus de poils longs, dont la portion moyenne est teintée de terre de Sienne brûlée, la pointe est grise; sur la ligne médiane du dos, la coloration est plus foncée, cela tient à ce que le roux de la portion moyenne des poils est plus intense et qu'elle va en s’atténuant sur les flancs, les épaules et les cuisses; ajoutons que, sur toutes ces parties, on ob- serve un assez grand nombre de poils plus longs que les autres, dont la pointe est noire; ce mélange de couleur donne à la teinte générale une apparence de gris laqué très agréable à l’œil. Les lèvres supérieures, le menton, la gorgeet le ventre, jusqu’à la base de la queue, sont d’un blanc mat pur; les mains et les pieds, jusqu’aux ongles, sont recouverts de petits poils courts et blancs ; la queue, qui est longue et grêle, est revêtue en dessus jusqu’à sa moitié, de petits pois bruns, en dessous ils sont gris-jaunâtre ; dans sa portion antérieure, les poils Ss'allongent graduellement jusqu’à son extrémité, de façon à former là un petit pin- ceau ; en dessus, aussi bien qu'en dessous, ces poils sont brun-roux à la base et se terminent par une longue pointe noire; enfin, les doigts sont au nombre de cinq à chaque patte et ils se terminent par des ongles assez forts, très crochus et très acérés. Longueur du bout du rezau coinantérieur del’œil. 0"03 D » à la base de l’oreille. . . 0 05 » » - à la base de la queue. . 0 16 AR » de la queue depuis sa base jusqu’à son ERÉFÉMAAU, "0 PENIPNE RRQ NMAUE » du pied postérieur y compris lesongles. 0 04 » » 'ANteTIeUT. 4 PSE ADO » cle: l'oreille "277. 22 PR 002 Largeur » prise à l'angle. ; , . , . . 0 02 Si maintenant nous examinons la tête osseuse, nous voyons qu’elle ne diffère guère de celles des autres espèces, si ce n’est par la dernière molaire dela mâchoire supérieure, qui paraît être notablement plus petite, mais cette légère différence ne pourra s’affirmer que si nous avons plus tard d’autres crânes à pouvoir examiner; sauf cela, nous retrouvons les mêmes formes générales, le même nombre de derits, dix de chaque côté, aussi bien à la mâchoire supérieure qu’à la mâchoire inférieure dont les branches sont faibles ettrès aplaties: toutes les dents portent des pointes aiguës; malheureusement la partie inférieure du crâne, que nous avons retiré de la peau, a été fracturée et nous ne pouvons, par cela même, nous rendre compte s'il existe quelques différences remar- quables, ce qui n’est pas supposable, d’après les rapports que nous constatons avec les quelques espèces voisines, qui nous ont servi pour la comparaison. Longueur des os du nez depuis l’extrémité jusqu’à l’ar- CaAde OF DItaiTe ss ESC RES NEURE MuP MR AS Largeur des arcades orbitaires prises antérieu- MOTTE MEN SD MO REMONTER MES Longueur de la série dentaire à Ja mâchoire su- DÉLDIQUEE FR MENACE ee re 90 He ou Longueur de la série dentaire à la mâchoire in- TÉTITES 0e ele die ee Reid ia 18 Largeur des séries dentaires à la mâchoire su- périeure au niveau de la 3° molaire . . . . . . . 12 Longueur totale du crâne. . . . . . . . . . . 36 Dans la région du nord-ouest on trouve assez commu: nément MACROSCGELIDES ROZETI. Duvernoy, Mémoire de la Société d’histoire naturelle de Strasbourg, 1838, t. Ï, p. 1 et suivantes, fig. de à II. Wagner, Atlas Reizen in der Regentschaft Algier, Leipzig, 1841, tab. 1 et rt. Le dessus de la tête, le dos, les cuisses et les bras sont roux ; les parties inférieures, la gorge, le ventre, l’inté- rieur des bras et des cuisses sont blanc pur; la base des poils étant bleutée il en résulte sur toutes les parties su- périeures une teinte de gris de souris ; sur la croupe les poils sont noirâtres avec l'extrémité jaune; les mousta- ches sont longues, en partie blanches et en partie noires. Les oreilles sont couvertes de très petits poils clairse- més, de couleur gris jaunâtre ; sur le bord externe et à la base, ils sont plus longs et plus blancs, de même que sur les mains et les pieds : la queue est garnie d’un épiderme noirâtre, formé d’anneaux imbriqués couverts de poils courts, blanc sale ou jaunâtre, une partie a la M ie pointe noire, ceux de l’extrémité de la queue sont pres- que entièrement noirs. En redescendant la côte orientale et près du tropique du Capricorne (en Mozambique), l’on trouve une autre espèce, ou au moins, considérée comme telle par M. Pe- ters et qu'il a nommée MACROSCELIDES FUSCUS. W. C. H. Peters, Reise nach Mozambique, 1852, p. 87, plix et N où \ J SS 2 N ; N Ca se 2 Ë S Ë xŸ En) VV - N a ù > ne) KN = NS 6 OS SOINS à LSStane Rep D? A STE Jobin ad nat. del. Mbission G.Revoil (Pays Coma. Reptiles et Poissons. Delrhaye del et ÜtA. 2: Cyrnrodact lits crucÿèr MINE Gprroden L'arnmonis. CV mâle. D D us ur TON EST OU LE ’ MISSION G. RÉVOIL AUX PAYS ÇOMALIS FAUNE ET FLORE NOTE SUR LES CYPRINODON DU GROUPE DU GC. CALARITANUS PAR M. H. E. SAUVAGE. Bonelli (1) a désigné sous le nom de Lebias calarita- nus une espèce de Cyprinodontidée, recueillie dans les eaux saumâtres de Sardaigne, au cap Cagliari. L'espèce avait été établie sur des individus du sexe femelle; ce sont également des femelles qui ont été étudiées par Cuvier et Valenciennes (2), et par Bellotti (3). Presque à la même époque que ce dernier naturaliste, en 1859, Guichenot examinant des Lebias provenant du nord de l’Afrique, et ieur trouvant une coloration très différente de celle du L. calaritanus type, les fit con- naître sous le nom de Cyprinodon doliatus (k); ces exemplaires étaient les mâles de l’espècé que Guichenot désignait sous le nom de Cyprinodon cyanogaster (5); or, cette dernière espèce n’est qu’une variété à peine distincte du C. calaritanus; le C. dispar que M. A. (1) Arch. Zool. Anat. Fisiol., IV, p. 127. (2) Histoire naturelle des poissons, t. XVIII, p. 151. (3) Mem. Accad. Sc. Torin., 1858, XVII, p. cLix. (4) Rev. Mag. Zool., 1859, p. 379. (5) Id., p. 378. PP AUS Günther a établi en 1859, n’est lui-même, de l’avis de l’auteur, qu’une variété du C. calaritanus (1). Il résulte de ce premier point que l’extension du C. calaritanus est plus grande qu’on ne le pensait, et que l'espèce habite à la fois la partie sud de l’Europe et le nord de l’Afrique; elle s’étend plus encore et, sous le nom de C. Moseas, CG. V., a été décrite comme provenant d'Égypte (2). | Cuvier et Valenciennes indiquent, en effet, que « Eh- renberg et Botta ont pris cette espèce aux abords de la mer Rouge. M. Bové a trouvé ses exemplaires dans les sources chaudes des bains de Moïse, près Tor. M. Eh- renberg a aussi recueilli des exemplaires de cette espèce dans les sources de l’oasis de Jupiter Ammon. » Or, de l'étude des types mêmes de Çuvier et Valenciennes, il ressort qu’on ne peut séparer du C. calaritanus le C. Moseas; l'espèce a été établie sur des femelles adultes. M. Günther (3) rapporte à la même espèce le C. Am- monis, Cuv. Val., recueilli par Ehrenberg dans l’oasis de Jupiter Ammon, avec le C. Moseas. Cette dernière espèce n'étant qu’une variété du C. calaritanus et habitant avec le C. Ammonis, il était assez légitime de penser que le C. Ammonis qui, du reste, ressemble beaucoup au C. calaritanus,devait lui être réuni. De l’examen d’une assez nombreuse série, nous pensons, toutefois, qu'il n’en est pas ainsi, et que, bien que très voisin du (1) Proc. Zool. Soc., 1859, p. 470. (2) Guv. Val. Hist. nat. poissons, t. XVIII, p. 168, pl. Dxxvurr. (3) Catal. Fish. Brist. Mus., VI, p. 302. de C. calaritanus, le C. Ammonis s’en distingue princi- palemeriten ce que les bandes noires qui, chez les femelles, ornent le corps, occupent toute la hauteur des flancs, au lieu de n’exister qu’au niveau de la ligne latérale. Le C. Ammonis serait cantonné dans le sud de l'Égypte, en Abyssinie et dans les pays limitrophes ; il se retrouve, en effet, dans le pays des Ouarsangueli (Comalis), d’après des exemplaires recueillis par M. G. Révoil, à 1,600 mètres d'altitude, dans le ruisseau de Mon. Le C. dispar, Rüpp. (C. lunatus, Cuv. Val.; C. vehfer, Ehr.; C. lunatus, Ehr.) a une distribution plus étendue; il est connu d’Abyssinie, d'Égypte, de Syrie, de Pa- lestine. Deux autres espèces font partie du même groupe, le C. 1berus, Cuv. Val., spécial à la péninsule Ibérique, et le C. fasciatus, Val., qui paraît être cantonné dans les eaux saumâtres de Sardaigne et dans les lagunes de Venise. | Cette dernière espèce n’étant connue que par des mâles, et le mâle du C. calaritanus n'ayant pas encore été décrit à l’époque à laquelle Bellotti fit paraître son tra- vail, cet auteur pensa que le C. fasciatus était le mâle de C. calaritanus ; mais il est maintenant bien établi que le C. fasciatus est réellement une espèce distincte caracté- risée par un moindre nombre de rayons à l’anale. Le C. dispar, qui se reconnaît facilement à l’absence de bandes verticales de couleur argentée chez les mâles, mis de côté, nous donnons les caractères des quatre autres espèces faisant partie du groupe du €. calaritanus. Ave aus 1. CYPRINODON CALARITANUS. Lebras calaritanus, Bonelli, Arch. Zool. Anat. Fisiol., NP ep: Lebias flava, Costa, Faun. Napol., p. 35, pl. xvu, fig: M9} Aphanius nonus, Nardo, Prod. Adriat. ichth., pp. 17, 23. Cyprinodon calaritanus, Cuv. Val., Hist. nat. poiss., t. XVIII, p. 151. Cyprinodon Moseas, Cuv.Val., Haist. nat. poiss.,t. XVIIT, p. 168, pl. pxxvur. Cyprinodon calaritanus (ex. C. fasciatus), Bellotti, Mem. Ac.sc. Torin., t. XNIK, p. 10. Cyprinodon cyanogaster, Guichenot, Ann. Mag. Zool., 1859, p. 378. Cyprinodon doliatus, Guichenot, Ann. Mag. Zool., 1859, p. 379. Cyprinodon dispar, Günther, Proc. Zool. Soc., 1859, p. 470. Cyprinodon calaritanus (ex. C. Hammonis), Gthr., Cat. Fish. Brit. Mus., t. VI, p. 302. D. 9,10; À. 10,11 ; L. lat. 26. Hauteur du corps un peu moins grande que le tiers de la longueur du corps, caudale non comprise ; longueur de la tête faisant un peu plus du quart de cette lon- sueur. Diamètre de l’œil égal à la longueur du museau, contenu deux fois et deux tiers dans la longueur de la tête, plus grand que la moitié de la largeur de l’espace DPAR ES interorbitaire. Origine de la dorsalesituée chezles femelles à égale distance de la base de la caudale et de l’ouverture des ouïes, chez les mâles à égale distance de la base de la caudale et de l’occiput. Caudale tronquée. La longueur de l’anale varie, non seulement avec le sexe, mais encore avec les individus. C’est ainsi que nous avons sous les yeux des exemplaires longs de 0,047 et provenant de Timsah (Égypte), chez lesquels l’anale et la dorsale dépassent largement l’origine de la caudale, tandis que chez d’autres exemplaires recueillis à Tug- gourth, dans le Sahara, par M. Duveyrier, et à Biskra par M. Taswanowski, en Algérie par M. Lucas, les na- geoires arrivent à peine à la base de la caudale. Il en est pour cette espèce comme pour le C. dispar, chez lequel, dans la variété velfer, Ehr., la dorsale et l’anale sont beaucoup plus grandes que dans le type (C. lunatus Ehrb.). Chez les mâles (C. doliatus, Guich.), les flancs sont ornés de neuf à quatorze bandes verticales, de couleur argentée très distinctes, plus étroites que les espaces qui les séparent et qui sont de couleur olivâtre. Le bord an- térieur de la dorsale est noirâtre ; la caudale porte, vers le milieu, une bande brune souvent peu distincte. Les femelles (C. cyanogaster, Guich.) sont de couleur olivâtre; une bande argentée longitudinale orne les flancs; elle est coupée de sept à dix-huit traits noirs qui ne s’éten- dent ni sur le dos, ni sur le ventre; l’on voit souvent une ou deux petites taches noires sur le pédicule caudal. Chez les jeunes, les traits argentés, aussi bien que les EN RE lignes noires manquent assez souvent; ces lignes ne sont, en tous Cas, jamais aussi nombreuses que chez les adultes. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, en comparantun exemplaire de €. Moseas à un C. calaritanus typique de même taille et de même sexe, on ne peut trouver aucune différence spécifique entre les deux; le dos est seulement plus rembruni, les bandes moins marquées et plus diffuses. 2. CYPRINODON FASCIATUS. Lebias fasciata, Val. in Humb., Observ. zool., A], p.160, pl. ui, fig. 4. | Cyprinodon fasciatus, Cuv. Val., Hist. nat. porss., t. XVIIE, p. 158. Cyprinodon fasciatus, Martens, Wiegm. arch., t. XXIV, p. 153, pl. 1v, fig. 4. Cyprinodon fasciatus, Gthr., Catal. Fish. Brit. Mus., t. VE, p. 503. | D. 10; A.8; L. lat. 26. Hauteur du corps égale à la hauteur de la tête, conte- nue trois fois et demie dans la longueur, sans la caudale. Diamètre de l’œil un peu plus grand que la longueur du museau, contenu trois fois dans la longueur de la tête, ayant les deux tiers de l’espace interorbitaire. Origine de la dorsale un peu plus près de la base de la caudale que de l’occiput. Caudale tronquée. Corps olivâtre; dix ou douze bandes argentées plus larges que les espaces qui les séparent, se prolongeant presque jusqu’au ventre, mais ne s'étendant pas jusqu'au dos. Bord antérieur 0 _de la dorsale noirâtre; parfois une bande verdâtre sur la caudale. 3. CYPRINODON IBERUS. Cyprinodon iberus, Cuv. Val., Hist. nat. poiss.,t. XVIIT, p.160, pl. 528. Lebias 1bericus, Steindachner, Sitz. Ak. Wiss., Wien, 1865. D. 9 ; À. 9, 10; L. lat. 26. Hauteur du corps égale à la longueur de la tête, con- tenue quatre fois dans la longueur totale et trois fois et demie dans la longueur sans la caudale. Diamètre de l’œil égal à la longueur du museau, contenu deux fois et deux tiers dans la longueur de la tête. Dorsale insérée à égale distance de l’origine de la caudale et de l’ouverture des ouies. Chez les mâles l’on voit de 13 à 17 bandes verticales argentées sur les flancs. Trois bandes brunes ornent la caudale; de petits points noirs existent dans la partie pos- térieure de l’anale; la dorsale porte des petits points de même couleur. Chez les femelles, il existe au-dessous de la ligne laté- rale deux rangées de points noirs,au nombre de 12 à 15 et plus ou moins confluents; la caudale porte une ou deux bandes brunes peu marquées; les autres nageoires sont incolores. HA AE us 4. CYPRINODON AMMONIS. Cyprinodon Hammonis, Cuv. Val., Hist. nat. poiss., t. XVIIL, p. 159. Cyprinodon Hammonis, Martens, Wiegm. arch.,t. XXIV, pl. 1v, fig. 5. D. 9, 10; À. 9, 10; L. lat. 25: L. trans. 9. Valenciennes a désigné sous le nom de Cyprinodon Hammonis une espèce qui, dit-il, lui « paraît en géné- « ral plus petite, plus courte et plus ronde que les espè- « ces voisines. Les dents tricuspides me paraissent plus «courtes; je n’en compte que quatorze. Les nageoires « sont petites, non prolongées. Le dos est vert très foncé « ou même presque noir. Cette teinte s’affaiblit sur les « côtés et devient presque blanche sous le ventre. Les « flancs sont rayés par de petits traits verticaux. Tout le « corps a des reflets argentés. La dorsale, la caudale et «les pectorales sont noirâtres, sans aucune tache ni «a rayure. Les ventrales et l’anale sont blanches. » Martens, d’après les exemplaires rapportés par Ehren- berg et conservés au Musée de Berlin, indique 10 rayons à la dorsale; le corps est orné de cinq bandes argentées laissant entre elles des espaces beaucoup plus larges qu'elles (1). Pour M. Günther (2); le C. Ammonis n'est qu’une variélé du C. calaritanus. Le C. Ammonis se distingue (1) Ueber einige Brackwasserbewohner aus den Umgebungen Ve- nedigs (Arch. zur. Nal., 1859, t. XXIV). (2) Catalogue Fishes Brist, Museum, t. VI, p. 302, 1866. AE cependant nettement en ce que les bandes occupent toute la hauteur des flancs et sont bien plus hautes que chez l’autre espèce. Il existe du reste, entre les deux Cyprino- dons, quelques autres diflérences, ainsi que le montre la description suivante des exemplaires recueillis par M. G. Révoil : Femelles.— (PI. in, fig. #) Hauteur du corps égale à la longueur dela tête,contenue trois fois et demie dansla lon- gueur sans la caudale, et quatre fois avec cette nageoire. Diamètre de l’œil égal à la longueur du museau, contenu quatre fois dans la longueur de la tête, ayant les deux tiers de la largeur de l’espace interorbitaire. Origine de la dorsale à égale distance de l’attache de la caudale et de l'ouverture des ouïes, répondant à la onzième écaille de la ligne latérale. Anale correspondant au sixième rayon de la dorsale. Caudale tronquée. Olivâtre, rembruni sur Je dos, la tête et la partie antérieure du corps; de 10 à 11 bandes verticales noires bien plus étroites que les es- paces qu’elles séparent, plus serrées dans la partie anté- rieure du corps, occupant toute la hauteur des flancs ; thorax noirâtre ; une tache brillante sur l’opercule; na- geoires incolores. Longueur 0°,045. Mäles.—{(Pl. ni, fig. 3) Hauteur du corps contenue trois fois un tierssans la caudale et trois fois trois quarts avec cette nageoire. Diamètre de l’œil contenu près de quatre fois dans la longueur de la tête. Origine de la dorsale située à égale distance de l’attache de la caudale et du bord du préopercule. Olivâtre avec une dizaine de bandes verti- cales étroites de couleur argentée; partie antérieure du corps rembrunie, avec des traits de couleur argentée ; tête nt ét dc tte A dt ‘5 DU eh, JMD Rs et dos rembrunis ; une tache brillante sur l’opercule; trois bandes étroites à la dorsale; anale avec deux bandes brunes étroites, l’une près de la base, et deux taches brunâtres sur les derniers rayons ; ventrales incolores ; pectorales un peu rembrunies. Longueur 0,025. La description des femelles, types de Valenciennes (Damas : Aucher Eloy), répond exactement à celle donnée plus haut. Le corps est olivâtre, rembruni sur le dos, la tête et la partie antérieure du corps; les bandes verticales étroites, peu marquées, occupent toute la hauteur des flancs. RÉ Paris. — [mp. de madame veuve Bouchard-Huzard, rue de l'Eperon, 5; Jules TREMBLAY, gendre et successeur. MISSION Gr REMOILE AU PAYS GCOMALIS. a —————— FAUNE ET FLORE MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES M. J. R. BOURGUIGNAT. Le pays des Comalis s'étend sur cet immense triangle qui, au sud du golfe d’Aden, s’avance comme un coin dans l’océan Indien, où il se termine par le cap Guar- dafui. Cette région presque inconnue, notamment celle où dominent les tribus des Medjourtines, Ouarsanguelis et Dolbohantes n'avait été, avant les explorations de M. G. Révoil, que partiellement visitée par le lieutenant Crut- tenden en 1846 (1), par le commandant Guillain en 1848 (2), par le capitame Miles (3), en 1856, par le célèbre Speke (4), enfin par le docteur allemand J. M. Hildebrand en 1872 (3). (1) Report on the Mijjertheyn tribe of Somalis inhabiting the district forming the north east point of Africa. — Dans les Mé- moires de la Soc. géogr. de Bombay. (2) Voyage à la côte orientale d'Afrique. 3 vol. in-8, avec un atlas in-folio de 60 pl. — Chez M. Arthus Bertrand, édit. (3) On the neighborood of Bender Meraya. — Dans les Mém. de la Soc. géogr. de Bombay. (4) First footsteep in the east Africa, by Burton, in-8. London, (®) Ausflug von Aden in das Gebist des Wer-Singelli Somalen * A Seul, de tous ces explorateurs, Speke parvint à fran- chir la chaîne des monts Ouarsanguelis et pénétrer dans l’intérieur jusqu’à la vallée de Rhat. C’est dans cette même région inhospitalière que M. G. Révoil a exécuté trois voyages. Un premier, de décembre 1877 à mai 1878 ; un se- cond, la même année, d’août 1878 à janvier 1879 ; enfin, un dernier, de juillet 1880 à août 1881. Les relations des deux premiers voyages de notre com- patriote : « Expédition de l’Adonis sur la côte des Med- jourtines et des Bénadirs » et « Trois mois en Medjour- hine » ont paru sous le titre de Voyages au cap des Aromates (1). Les Mollusques recueillis par M. G. Révoil, dans le cours de ses explorations, sont au nombre de 37 espèces, sur lesquelles 33 terrestres et 4 fluviatiles. Ces espèces se répartissent dans 8 genres de k familles différentes. Ces familles appartiennent aux grandes divisions des INOPERCULÉS et des OPERCULÉS, qui elles-mêmes se subdi- visent en PULMONÉS, 6N PULMOBRANCHES @t en BRANCHI- FÈRES. und Beistung des Ahi-Gebirges. Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde. — Berlin, 1875. (1) 1 vol. in-8, avec fig. interc., planches et 1 carte. Paris, 1880, chez Dentu, libr.-édit. es Voici, du reste, le tableau synoptique de la classifica- tion des Mollusques Comalis. 1° GASTEROPODA INOPERCULATA. A PULMONACEA. HEctcid#. Helix ÇComaliana, — Tiani, — Tohenica, — pisaniformis, — desertella, Bulimus Revoili, — candidus, — Maunoirianus, — Duveyrieranus, — labiosus, — macropleurus, — Bertrandi, — Tiani, — Georgi, — Pauli, — Delagenieri, Limicolaria Revoil, — Gilbertæ, _ Rochebruni, ss (à het Limicolaria Armandi, = Perrieriana, — Maunoiriana, — Milne-Edwardsiana, — Leontinæ, — Rabaudi, B, PULMOBRANCHIATA. LIMNÆIDEÆ. Limnæa Perrieri, — Poirieri, — Revoil, 2° GASTEROPODA OPERCULATA. A. PULMONACEA. CYCLOSTOMIDEÆ, Georgia naticopsis, — Guillaini, — Perrieri, — Poirier, — Revoili, Rochebrunia obtusa, + Revoili, Revoilia Milne-Edwardsi, nu B. BRANCHIATA. MErANmDdx. Melania tuberculata. Presque toutes ces espèces sont nouvelles pour la science. Toutes sont, en outre, d’une grande importance, comme venant d’un pays aussi inconnu (1), parce qu'elles donnent, malgré leur petit nombre, un aperçu suffisant sur la répartition des êtres à la surface de cette partie de l'Afrique. (1) Avant les explorations de M. G. Révoil, on ne connaissait rien sur les Mollusques Comalis. Le commandant Guillain, qui n'était descendu qu'à Haffoun et à Meraya, n'avait recueilli qu'une variété du Pupa labiosa (voir : Notice sur les coq.rap. par M. Guil- lain, in : Journ. Conch., 1850, p. 76). Sue DESCRIPTION DES ESPÈCES ns | HELIX. Les diverses Héjices, recueillies par M. G. Révoil, sont des formes du système européen. Elles appartiennent au groupe des Pisana si répandues en Égypte, en Syrie, ainsi que dans toutes les contrées du pourtour de la Méditerranée. Ces espèces, dérivées du type Pisana, ont été, à des époques inconnues, incontestablement trans- portées dans le pays des Comalis, où, sous l’influence de milieux nouveaux, elles se sont sélectées des caractères spéciaux. Ce n’est, du reste, que sur les côtes, non loin du rivage, qu’elles ont toutes été trouvées. Aucune n’a été rencontrée dans l’intérieur des terres, où elles n’ont pu encore se propager. HELIX ÇOMALIANA (fig. 67-69). Testa perforata (perforatio profunda, angusta, sicut punctum\, supra depressa, subtus convexo-ventrosa,opa- cula, solidula, striatula ac passim præsertim prope aper- turam submalleata, candida et zonulis tribus (quarum, una superior, secunda inferior et tertia subevanida circa perforationem) obscure fuscis vel passim subcastaneis circumcincta; — spira parum convexa, depressa, ad summum mamillata ; apice valido, lævigato, prominente ac obtuso ; — anfractibus & convexiusculis, velociter crescentibus, sutura impressa separatis; —ultimo maximo amplo, fere totam testæ amplitudinem efformante, supra convexiusculo, subtus ventroso, ad aperturam subrotun- dato ac relative amplissimo, superne ad insertionem labri regulariter lenteque descendente, subtus circa perfora- tionem prope marginem aperturalem obscure subangu- lato ; — apertura vix obliqua, ampla, superne lunata, semirotundata ; — peristomate labiato, leviter reflexo ; margine columellari valido, dilatato ac supra perforatio- nem leviter expanso ; marginibus remotis, callo tenui junctis ; —alt. 11, diam. 17, alt. ap. 8 1/2, lat. 9 millim. Cette Hélice comalienne, remarquable par le grand développement de son dernier tour, par l’amplitude de son ouverture, ainsi que par son sommet proéminent et mamellonné, a été trouvée au pied des broussailles entre la lacune de Tohen et le cap Gardafui. HELIX TIANI (fig. 70-74). Helix Tiani, G. Révorl, mss. Testa anguste perforata, supra convexa, infra leviter convexiore, solidula, opacnla, argute subgrossoque stria- nine tula ac obscure passim submalleata, uniformiter candida aut zonulis 3 vel # (quarum, 1 aut 2 superiores, alteræ inferiores) subfusceis zonata ; — spira rotundato-convexa, ad summum mamillata ; — apice valido, obtuso, lævigato et prominente ; — anfractibus #4 1/2 convexiusculis, sat regulariter crescentibus, sutura inter superiores impres- sula,inter ultimos impressiore separatis; —ultimo magno, rotundato, superne ad insertionem labri lente ac sat valide descendente ; — apertura leviter obliqua, parum lunata, rotundata, intus subluteola ; peristomate plus minusve incrassato ac reflexo, ad marginem superum propre inser- tionem labri recto ; — columella valida, dilatata ac supra perforationem leviter expansa ; marginibus mediocriter remotis, callo tenui junctis ; — alt. 1#, diam. 18, alt. ap. 9, lat. 9 millim. Dans les sables, sous les pierres, non loin de la vallée de Tohen, Cette Hélice, à laquelle M. G. Révoil a attribué le nom de M. César Tian, d’Aden, se distingue de la comalhana, par sa forme moins déprimée, presque aussi bombée en dessus qu’en dessous ; par son accroissement spiral régu- lier ; par son ouverture ronde, relativement plus petite. que celle de la çomaliana; par son dernier tour plus descendant à l'insertion du bord externe ; enfin, notam- ment, par ce dernier tour d’une grandeur normale, bien en proportion pour la taille avec les supérieurs, tandis que chez la comaliana, le dernier tour est si grand et si développé, que les autres paraissent exigus auprès de fui. dl Le) HELIX TOHENICA (fig. 74-76). Testa vix rimata (rima fere omnino tecta), subdepresso- ventrosa, æqualiter convexa supra quam infra, solida, opaca, ponderosa, striatula ac passim submalleata, can- dida et zonulis tribus (quarum una superior, alteræ infe- riores) pallide fusco-castaneis cincta ; — spira convexa, perobtusa ; apice valido, obtuso, lævigato ac submamil- lato; — anfractibus 5 convexis, rapide erescentibus, sutura sublineari, inter ultimos impressa, separatis ; — ultimo sat magno, rotundato-ventroso, superne lente descendente, subtus circa rimam angulato, — apertura obliqua, lunata, semirotundata ; — peristomate incras- sato, obtuso, undique expansiusculo ac reflexiusculo : — columella validissima, robusta, dilatata, supra rimam fere omnino tectam expansa ; marginibus remotis, callo sat crasso junctis; — alt. 15, diam. 21, alt. ap. 10, lat. 41 millim. Au pied des roches arides du cap Gardafui. La tohenica se distingue aisément des deux précéden- tes : par sa taille plus forte, par son test solide, épais, pe- sant, par sa forme ventrue, déprimée, aussi convexe en dessus qu’en dessous : par sa spire convexe en forme de dôme, sans sommet proéminent; par son dernier tour assez nettement anguleux en dessous, autour de la perfo- rallon qui se trouve réduite à un simulacre de fente. 210 a HELIX PISANIFORMIS (fig. 72-73). Helix pisaniformis, Bourquignat, moil.terr. fluv. recueillis en Afrique dans le pays des Çomalis-Medjour- tin, p. 3, fév. 1881. Cette Hélice, dont je donne une exacte réprésentation, a été rencontrée, avec les précédentes, aux environs de Tohen sur la côte orientale. Elle me paraît intermédiaire entre la Pesana et la Dehner: du Maroc. Elle est, cepen- dant, par le mode de ses striations, par sa perforation non recouverte, par sa forme moins déprimée, etc., plus voisine de la première que de la seconde. HELIX DESERTELLA. Helix desertella, Jickeli, fauna land und sussw. moll. nord-ost Afrika’s, p.77, pl. iv, fig. 26, 1874. Cette espèce, abondante en Égypte, a été retrouvée, par M. G. Révoil, dans les lieux arides, sous les pierres et les broussailles, entre la lacune de Tohen et le cap Gardafui. Les échantillons de ce pays sont identiques sous tous les rapports, sauf une taille un peu moindre, avec ceux qui vivent en Égypte et qui ont été parfaitement repré- sentés dans l’ouvrage de Jickeli. — 13 — BULIMUS. Les Bulimes du pays des Comalis sont des formes ara- biques du groupe des Petræus d’Albers, groupe qui se relie par des nuances insensibles à celui des /abrosus de Syrie et de Palestine. Les espèces petréennes d'Arabie, bien qu’en nombre restreint, en comparaison de celui qui doit exister dans cette péninsule, encore de nos jours inexplorée et pres- que inconnue, sont, néanmoins, assez nombreuses pour que je croie devoir les passer en revue, ainsi que leurs similaires de Socotora, avant d'aborder leurs analogues comaliennes. Je suis d'autant plus porté à croire à la né- cessité de faire ressortir leurs caractères, que toutes, ou presque toutes, ont été confondues les unes entre elles, soit partiellement, soit en bloc, et cela, sans qu’on ait pris Ja peine de les étudier ou seulement d’apporter le moindre souci à l'habitat ou aux distances, souvent énor- mes, des stations où chacune d'elles a été signalée. Ces Bulimes peuvent se répartir, d’après l’ensemble de leurs formes, en trois séries : 1° En espèces à test ventru-conique, très renflées à leur base, ressemblant comme aspect à de très grands Scopelophila ; 2° En espèces à test oblong, ventru dans leur partie moyenne, d’une façon plus ou moins accentuée ; re 3° En espèces à test cylindriforme, s'atténuant en cône à leur sommet. | Les Bulimes de la première série sont au nombre de deux, le fragosus et le Forskali. Le premier est très fine- ment décussé, tandis que le second est orné de grosses côtes semblables à celles qui caractérisent les macro- pleurus et Bertrandi du pays des Çomalis. Bulimus fragosus (fig. 19). — Helix fragosa Fe- russac, prod. n° 421 (sine desc.) 1821. — Buliminus fra- gosus, Beck. ind. moll. p. 68 (nomen.), 1837. — Buli- musfragosus, L. Pfeiffer, Symb. Hist. hel. 11, p.#5,1843; et, Mon. hel. viv. rt, p. 64, 1848, et, gatt. Bulimus (2*édit. Chemnitz), p. 62, pl. xvux, f. 1-2 (1). Espèce de l’Yemen (Arabie), très ventrue à la base, de forme conoïde, à test très finement striolé et orné, en outre, de très petites linéoles spirales que viennent décusser des stries transversales, 7 à 8 tours presque plans. Ouverture ovalaire assez portée sur le côté dextre, ornée d’une columelle munie d’un pl visible non de face, mais seulement obliquement. Bords rapprochés, : réunis pat une assez forte callosité, qui fait paraître le péristome comme continu. Fente ombilicale assez grande ; = haut. 33, diam. 15 mill. Les figures 1 et 2 de la planche xvir de la seconde (1) Dans l'explication de la planche xvtrt de cet ouvrage, expli- cation qui est l’œuvre de Kuster, cette espèce est nommée Bulimus labrosus , ce qui est erroné, attendu que le labrosus d'Olivier est une espèce différente de celle-ci. RAP MERS édition de Chemnitz rendent assez bien les caractères de ce Bulime. Bulimus Forskali (fig. 23).—Helix sulcata Mulleri, testa cylindracea ventricosa oblique sulcata,etc.Chemnitz, Conchyl., cab. IX, 2° partie, p. 1465, pl. cxxxv, 1, 1231, 1786. — Buliminus Forskali, Beck, Ind. moll., p. 68, n° 3 {sine desc. ac excel. synom.), 1837. — Bulimus Forskali (pars.), L. Pfeiffer, Symb. Mel. IE, p. 35, 18#2, et, Mon. hel. viv., If, p. 63 (excl. pler. synom.), 1848.— Bulimus Forskali (pars), Kuster, Gatt. Bulimus, in 2° édit. Chemnitz, p. 49, n° #2 (excl. pler. synom.), et pl. xv, f. 6-7 seulement (non fig. 5-4 de la pl. xvir qui re- présentent, sous le nom erroné d'aratus (1), une espèce différente, le micraulaxus). Comme forme, le Forskali ressemble au fragosus, seu- lement il en diffère essentiellement en ce que son test est fortement sillonné de côtes saillantes bien espacées qui deviennent un peu arquées sur le dernier tour. Chez cette espèce, l'ouverture paraît plus portée à droite et ses bords, bien que rapprochés, ne sont pas réunis par un bourrelet calleux comme chez le fragosus. La columelle est pourvue également, comme celle du précédent, d’un pli visible seulement de côté. Cette espèce, qui est très reconnaissable d’après les figures 6 et 7 de la planche xv, bien que ces figures soient assez médiocres, vit en Arabie. On ne connaît pas exactement sa localité. (1) L’aralus de Recluz est un vrai candidus. je her ee Les Bulimes de la seconde série sont au nombre de 6. Tous sont très finement striolés, sauf les prochilus et la- brosus, qui sont presque lisses; ils sont, de plus, caracté- risés par une forme oblongue, parfois très ventrue à leur partie moyenne (candidus), ou, d’autres fois, ventrue- subconoïde (labiosus). Bulimus eandidus (!) (fig. 6-8). — Pupacandida, Lamarck, Anim. s. vert., VIE, 2° partie, p. 106, 1822, el (édit. Deshayes) VIIT, p. 171, 1838, et, Delessert, Rec. coq. Lamarck, pl. xxvix, f. 10 (excellente), 1841. — Bulimus candidus, Deshayes, in : Férussac, Mist. moll., IT, 2° partie, p. 77 (exel. pler. synom.), pl. ox, fig. 15-16 (très bonnes), et, Paladilhe, in : Ann. del Museo civico Genova, ITL, 1872, pl. 1, fig. 17. Il convient de rapporter à cette espèce le Pupa arata de Recluz (Rev. zool. soc. Cuvier, 1843, p. 4, in : Mag. z00!., pl. Lxxv (très exactes), 1843. Il ne peut y avoir de doute au sujet de cette réunion. Mais il faut rejeter presque toutes les autres synonymies citées par L. Pfeiffer dans ses ouvrages (Monogr. hel. viv., JE, p. 360, 1853, et, IV, p. #23, 1859, et, VI, p.64, 1868, enfin, VITE, p. 91, 1877). Coq. oblongue, ventrue à sa partie moyenne, bien acu- minée à son sommet. Test d’une teinte cornée ou d’un fauve rougeâtre, très élégamment sillonné de stries assez (1) Non Bulimus candidus de Gray, qui est une espèce du Brésil: nec Bulimus candidus de L. Pfeiffer, in : 2° édit. de Chemnitz, introd. au genre Bulimus, page xvr, qui est un composé de labio- sus et de micraulaxus. 2 Ne. fortes, serrées, bien saillantes, parfaitement réqulières. Fente ombilicale longue, peu profonde. 8 tours médio- crement convexes. Ouverture à peine oblique, ovalaire. Columelle avec un pli peu visible de face, mais bien en vue obliquement. Péristome large, dilaté(comme, du reste, chez toutes les espèces de ce groupe), nuancé intérieu- rement d’une teinte rougeätre assez intense. Bords rap- prochés, réunis par une très mince callosité, un tant soit peu tuberculeuse vers l’insertion du bord externe. Les figures données dans l'ouvrage de Ferussac (pl. cz, fig. 15-16), et celles du Magasin de zoologie (pl. Lxxv, sous le nom d’aratus), sont excellentes. Elles rendent bien le port et l'aspect de cette espèce. Ce Bulime, qui ne paraît pas connu des auteurs alle- mands, vit dans le sud de l’Arabie, ainsi que dans l’île de Socotora. M. G. Révoil l’a recueilli également dans le pays des Comalis. Bulimus micraulaxus (fig.20).—C'est cette espèce qui à été figurée par Kuster (G. Bulimus, in : Chemnitz, pl. xvin, fig. 3-4), sous le nom d’aratus (1), et, qui a été comprise dans son texte (page 49) comme une variété du Forskali. L. Pfeiffer, le continuateur de la monographie des Bulimes de Kuster, dans l’introduction {p. xvi) à cette monographie, a mentionné ces mêmes figures 3 etk, de la planche xvim, sous le faux nom de candidus. Ce Bulime, que j'inseris sous la nouvelle appellation demaicraulaxus, est très distinct des Forskali et candidus, (1) Non Bul. (pupa) aratus de Recluz qui est un vrai candidus. 0) a = Aie ete et par cela même de l’aratus, comme l’on peut s’en convaincre par l'examen des figures que je mentionne. Le micraulaxus est une espèce ventrue, un tant soit peu cylindriforme, atténué en cône à son sommet. Son test, d’une teinte fauve-cornée uniforme, avec une zone rougeâtre près de la lèvre péristomale, zone aussi bien apparente intérieurement qu’extérieurement, est sillonné de très fines striations serrées, saillantes et régulières. Ses tours, au nombre de 8, sont presque plans, avec une suture linéaire. Son ouverture peu oblique, d'une forme ovalaire, est entourée d’un bord péristomal presque con- tinu (grâce à la callosité pariétale), un peu moins dilaté que celui des candidus, Forskali, fragosus et autres. Sa columelle, sans pli apparent de face, très forte à sa partie supérieure, s’acumine à la base, en offrant une direction descendante, oblique de droite à gauche, tandis que chez les autres espèces, la direction columellaire est ou recti- ligne ou oblique, au contraire, de gauche à droite. Le micraulaxus, dont on ne connaît pas exactement la localité, provient du sud de l’Arabie. Bulimus prochilus (fig. 21).—C'est ce Bulime que L. Pfeiffer, dans son introduction (p. xv, et, atlas, pl. xx, £ 5-6) à la monographie du genre Bulimus de Kuster, a réuni par erreur au labiosus. Cette espèce, d’une forme oblongue, moyennement ventrue, possède un test bien brillant, lisse ou presque lisse, d’une teinte cristalline. Sa spire est acuminée, obtuse au sommet. Ses tours, au nombre de 8, sont sé- parés par une suture linéaire, Son ouverture, à bords EEE | 0 EEE bien dilatés et fortement réfléchis, est pourvue d’un axe columellaire sans pli. — Haut. 23, diam. 9 mill. Le prochilus vit dans l’île de Socotora. C’est l’espèce qui a le plus de rapport, comme forme, avec les /abrosus et Alepr de Syrie. Bulimus latireflexus (fig. 22). — Bulimus latire- flexus, Lov. Reeve, iconogr. HIT, n° 568, pl. Lxxvut, et L. Pfeiffer, gatt. Bul. in : 2° édit. Chemnitz, p. 118, pl. xxxvi, Î. 8-k, 1850, et Mon. hel. viv. IT, p. 360, 1853. Coq. oblongue-ventrue, à spire acuminée, à test assez mince, obliquement et très finement striolé, d’une teinte fauve-carnéolée. 8 tours peu convexes. Suture marginée. Columelle fortement plissée, dont le pli, néanmoins, est à peine visible de face. Péristome fortement et largement dilaté. Callosité mince, avec une petite éminence tubercu- leuse vers l’insertion du bord externe. Haut. 29, diam. 12 mill. — Euvirons de Mascate, en Arabie. L.Pfeiffer considère comme une variété de cette espèce son Bul. Souleyeti (in : zeitsch. f. malak. 1850, p. 15), d’une taille un peu plus faible, qui, de plus, est caracté- risé par une ouverture munie à sa base d’un denticule. Je ne connais pas cette forme, qui n'a Jamais été figurée. Bulimus Wemenieus (fig. 13). — Bulimus Yemenensis, Paladilhe, in : ann. mus. civ. Genova, IE, 1872, p.12, pl. I, fig. 15-16. Espèce de taille médiocre (haut. 20, diam. 8 mill.), découverte par notre ami le professeur Arturo lssel, de NT en Gênes, aux environs d'Aden en Arabie. J’ai été forcé de modifier la désinence ensis en celle d’icus, parce que cette désinence ne peut convenir qu’à un nom de ville ou de village, et, non à celui d’une contrée ou d’une région. Coq. ovoïde-allongée, solide, calcaire, blanchâtre, à test sillonné par des stries d’accroissement irréguliè- rement espacées. Fente ombilicale peu profonde. 7 tours et demi légèrement convexes, à croissance assez rapide, notamment à partir du troisième, séparés par une suture assez profonde. Ouverture oblique, subelliptique, offrant sur la convexité de l’avant-dernier tour un petit pli den- tiforme peu saillant. Axe columellaire plissé. Péristome fortement dilaté, surtout au bord inférieur. Bords rap- prochés, réunis par une callosité. Bulimus labiosus (1) (fig.11).—Helix labiosa Mül- ler, verm. hist. I, p. 96 (excel. syn. Gualt. (2) 1774 (3).— Buliminus labiosus, Beck, ind. Moll. p. 69 (nomen), 1837, —Bulimus labiosus (pars), Küster, gatt. Bul. in : 2e édit. Chemnitz, p. #8 (excel. pler, synon.), pl. xv, fig. 1-9, seulement (4), (figures médiocres, l’ouverture n’est pas (1) L'helix cylindracea acuta, testa alba, glaberrima, apice valde acuto ; apertura ovali, fimbriata, labro unidentatlo, de Chemnitz (Conch. cab. 1X, 1786, p. 166, pl. exxxv, fig. 1234) se rapporte comme forme à cette espèce et comme description à la Bruguieri. (2) L'espèce de Gualtieri citée par Müller ne peut être assimilée à cette espèce. (3) Les caractères de la labiosa de Müller concordent bien avec ceux du labiosus, tel que je le représente figure 11. (4) Les figures 5-6 de la planche xxrr, sous le nom de labiosus, représentent le Bulimus prochilus, décrit ci-dessus. Pen); Es _ assez oblongue),et £L. Pfeiffer, monogr. hel. viv. I, p. 67 (exel. simil. pler. synon.), 1848. Cette espèce, dont je donne une exacte représentation, est une coquille oblongue-coniforme, à test très brillant, transparent, lisse ou très finement striolé par de petites stries presque effacées. Fente ombilicale profonde. 8 tours, les supérieurs plans, les inférieurs faiblement convexes. Ouverture semi-oblongue. Columelle uniplissée (pli visible surtout obliquement). Peristome très largement développé de tous côtés et réfléchi. Bords rapprochés, réunis par une callosité. Ce Bulime, proportion gardée, est celui, de toutes les espèces de ce groupe, qui a le péristome le plus dilaté. Il convient de rapporter au /abiosus le Pupa Jehenner de Recluz {in : Rev. zool.soc. cuv., 1843, p. 4, et, Mag. zoo. pl. Lxxvi, 1843), qui ne diffère du type que par une forme moins régulièrement acuminée, mais ventrue- cylindriforme jusqu’à sa partie moyenne, et s’atténuant ensuite assez brusquement vers le sommet sous une appa- rence brièvement conique. Celte variété forme passage entre les espèces de la seconde série et celle de la troi- sième, Le labiosus vit dans l’île de Socotora et au cap Gardafui. L. Pleiffer et quelques autres auteurs ont rapporté à cette espèce le labiosus de Bruguières. Ce Bulime, carac- térisé par une dent pariétale, est une forme distincte de celle-ci. Je noterai ses caractères en passant en revue les espèces de la troisième série. On à encore rapporté au labiosus une forme des bords de la mer Rouge, qui ne peut être assimilée, à mon sens, oo à l’espèce de Socotora. Je veux parler de l’Helix arabica de Forskal, décrite par Niebuhr (in : Forskal, desc. anim. etc. in itinere orientali, p. 127, 1775). Voici la description de cette arabica, description qui mérite d’être mise de nouveau au jour. « HELix ARABICA, turrita, terrestris; oblongo-conica, alba, subumbilicata, glabra ; apertura muta. « Descr. vix pollicaris, dimidium digitum lata. Umbilici initium breve, formatum e labio interiore adscendente. Apertura ovato-acuminata ; margine subtus et lateribus dilatato, leviter reflexo, superne spinis appressis, obsoletis. Color albidus. — Vivum non vidi. — Lohajæ. — Arab. k'arbhar. » D'après cette description, cette arabica turriculée, d’uneformeoblongue-conique, seraitsubombiliquée, c’est- à-dire pourvue d’un commencement d'ombilic court, formé par la direction ascendante du bord intérieur (columellaire). Son test lisse, d’une couleur blanche, atteindrait à peine la hauteur d’un pouce et en largeur la moitié d’un doigt, ce qui équivaudrait à 25 mill. pour la hauteur et à 12 mill. et demi pour le diamètre. Son ouverture ovale-acuminée, intérieureurement d’une teinte sombre, se distinguerait par un bord faiblement réfléchi, dilaté à la base et sur les flancs, supérieurement ornés d’épines {ou de spinules) pressées et obsolètes. Que signifient ces « spanis appressis »? Doit-on enten- dre par là de petits denticules allongés situés sur la paroi parlétale, à l’instar du denticule de IFemenicus ou du Bruquieri (\labiosus de Bruguières)? Il est difficile d’être affirmatif à cet égard. La phrase latine, du reste, est con- struite de telle façon qu'il est impossible de comprendre og si ces « spinis » caractérisent les bords (lateribus) ou la partie supérieure de l’ouverture. Ce caractère inconnu, sur lequel j'appelle l’attention, indique que cette arabica ne peut être un labiosus. J’ajouterai encore qu’il me semble de toute probabilité que le vrai labiosus de Socotora ne vit pas à une aussi grande distance du pays où il a été constaté. L’arabica, en effet, a été recueillie à Lohajæ. Or, Lohajæ est Loheia, petit port de la mer Rouge, situé entre Djeddah et Moka. Il y a donc, en résumé, sans compter la probabilité des grandes distances entre cette station de Loheia et l’île de Socotora, ce caractère important des « spinis », qui élève une ligne de démarcation bien tranchée entre ces deux espèces. Les Bulimes de la troisième série sont au nombre de trois. Ils sont caractérisés par une coquille cylindrique s’at- ténuant en forme de cône vers le sommet. Une de ces espèces (Bruguter:) possède un denticule pariétal. Bulimus sabæannus (fig. 14). — Bulimus sabæanus, Bourquignat, spec. noviss. moll. europ. syst. detectæ, n° 26, 1876. Cette espèce, qui a été trouvée aux environs de Mareb dans l’Yemen, est une coquille cylindrique, conoïde au sommet, à test assez solide, d’un gris blanchâtre et sil- lonné par de fines striations obliques, parfois presque effacées. Son sommet est mamellonné. Ses tours au nom- bre de 8, à peine convexes, à croissance lente, sont séparés RAC 7 en par une suture pour ainsi dire linéaire. Son ouverture faiblement oblique, échancrée supérieurement, est sub- oblongue. Sa columelle droite, non plissée, vue obli- quement, laisse apercevoir un très léger plissement supérieur. Son péristome est médiocrement dilaté etévasé en comparaison des espèces précédentes. Ses bords sont distants et réunis par une faible callosité.— Haut. 22-23, diam. 9 mill. Bulimus Hedjazieus (fig. 12). — Cette espèce, la plus petite du groupe, provient des montagnes entre Djeddah et la Mecque. Comme elle est inédite, je crois devoir en donner la diagnose. Testa rimata (rima elongata, parum profunda), cylin- drica, ad summum in conum attenuata, solidula, nitida, obscure candida, subtiliter striatula {striæ obliquæ, argu- tissimæ, sat irregulares, in ultimo obsoletæ ac passim subevanidæ), in ultimo submalleata; — spira cylindrica, parum elongata, ad summnm conoidea ; apice valido, inopaculo, obtuso sicut mamillato ; — anfractibus 7 vix convexiuseulis, regulariter lenteque crescentibus, sutura fere superficiali separatis ; — ultimo mediocri, convexo, 1/3 altitudinis æquante, superne ad insertionem labri leviter descendente; — apertura sat obliqua, superne lunata, semi-oblonga, externe convexa, interne ad colu- mellam recta; — peristomate intus incrassato, medio- criter expanso ac acuto, ad partem superiorem marginis ex- terni non expanso sed recto; — collumellarecta, intus levi- ter plicata, superne valida, inferne graciliore; marginibus tenui callo junctis — alt, 15, diam. 6, alt. apert. 6 mill. Bulimus Bruguieri. — L'espèce que j'inscris sous celte appellation estle Bulimus labiosus (1) de Bruguières (in : Encycl. meth. Il, 2° partie, 1792, p. 347, n° 86), que presque tous les auteurs ont rapporté au /abiosus de Socotora Ce labiosus, auquel j'attribue le nom de Bruguières, est une espèce cylindrique, à sommet atténué en form e de cône, à test mince, diaphane, blanc, lisse et très lui- sant. Ses tours sont au nombre de 9. Son ombilic est perforé. Son ouverture est semiovale. Son péristome large- ment dilaté, plan, paraît presque continu, par suite de l’é- paisseur de la callosité. Sa columelle est plissée ; enfin, sa convezxité pariétale est ornée, comme chez l’Yeme- nicus, d’une dent conique. — Haut. 27, diam. 10 mill. On ne connaît pas la patrie de cette espèce, qui doit provenir vraisemblablement de l’Yemen, où vivent ses analogues (Yemenicus et sabæanus). Bruguières rapporte à son labrosus une figure (tab. IV, fig. R) de l’ouvrage de Gualtieri. Cette figure représente bien, il est vrai, une coquille avec une ouverture denti- culée, mais, à l'exception de ce caractère, cette représen- tation est si primitive, comme toutes celles que l’on faisait du reste, à cette époque, que l’on ne peut, en conscience, reconnaitre, en elle, cette espèce plutôt qu’une autre. Tels sont les Bulimes pééréens connus d'Arabie et de SOCOtora. De ces espèces, deux seulement, le candidus et le (1) Non Bulimus (helix) labiosus de Müller, dont j'ai parlé ci- dessus. OR ur labiosus, ont été retrouvées dans le pays des Comalis par M. G. Révoil, en même temps que cet intrépide voyageur faisait la découverte de 9 autres espèces nouvelles, dont je vais donner les caractères. Tous les Bulimes comaliens font partie de la deuxième série, c’est-à-dire, appartiennent à la série des espèces (candidus, micraulaxus, prochilus, latireflexus, Yeme- nicus et labiosus) à test oblong, ventru à leur partie moyenne. Ces Bulimes peuvent se subdiviser en deux sous-séries d’après leur ouverture : 1° En espèces, dont l’ouverture est bien dans l'axe. Cette sous-série peut encore, d’après le mode des stries, subir un sectionnement. 2° En espèces, dont l'ouverture excentrique est plus ou muins portée à droite. Voici, du reste, l'ensemble de ce classement : 1° OUVERTURE BIEN DANS L’AXE. A° Test presque lisse ou très finement striolé par des striations délicates et très serrées. Bulimus Revoili, — candidus, — Maunoirianus, — Duveyrierianus, — labiosus. Mm° Test lortement sillonné par de grosses côtes espa- cées. EN ER re Bulimus macropleurus, — Bertrandi, — Tiani. 9° OUVERTURE EXCENTRIQUE PLUS OU MOINS PORTÉE A DROITE. Bulimus Georgi, — Paul, — Delagenieri. BULIMUS REVOILI fig. 4). Testa rimata (rima elongato-curvata, in axi columellari non penetrans), magna, oblonga, tumida, solidula, sub- translucida (aut in speciminibus mortuis plus minusve opaca), nitidissima, uniformiter cornea vel corneo-sub- carneola (in mortuis decolorata ac plus minusve candida), argutissime substriatula, sicut lævigata (striolæ minutis- simæ obsoletissimæ, sæpe in medianis anfractibus sicut evanidæ) ; — spira oblonga, ad summum attenuata, obtusula ; apice exiguo, pallidiore, sub lente striatulo ; — anfractibus 8 convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura fere lineari (in ultimo prope aperturam solum sat impressa) separatis ; — ultimo magno postice bene con- vexo, ad insertionem labri sat breviter ascendenie, ad basin eirca rimam umbilicalem subangulato ; — apertura leviter obliqua aut aliquando fere subverticali, subovata, superne mediocriter angulata, ad marginem columellarem rectius- cula, ad basin et marginem externum rotundata ; — pe- Pt. de ristomate subcontinuo, undique late labiato, expanso, reflexo ac retro recurvato ; — columella recta, intus subcontorto-plicata (plica in conspectu vix perspicua) ; marginibus subconvergentibus, callo plus minusve valido junctis; — alt. 35-38, diam. 15-16, alt. apert. cum labio peristomatis 17-18 mill. Var.B. cyclostomopsis (fig. 2).— Apertura minus ovata sed subrotundata; marginibus cällo validiore junctis. Chez cette variété, la spire paraît un peu plus réguliè- rement acuminée. Var C. pachystoma (lg. 3). — Testa crassiore, sat ponderosa ; marginibus callo robusto erassoque junctis. La callosité, chez cette seconde variété, est tellement forte, que le péristome semble continu. Ce magnifique Bulime, que je me fais un plaisir de dédier à M. Georges Révoil, a été trouvé par ce voyageur, sur le pic de Karoma (1219 m. alt.), près de Meraya, chez les Comalis-Medjourtines, ainsi qu'à Ouanentab, dans la chaîne des monts Ouarsauguélis. BULIMUS CANDIDUS (fig. 6-8). Je rappelle 1e1 cette espèce pour signaler sa présence dans la vallée du Mélo près de Durduri, chez les Ouar- sanguélis. Les échantillons de cette localité (fig. 7 et 8), sont d’une taille un peu moindre que ceux qui vivent en Arabie et dont j'ai donné, pour servir de terme de comparaison, une représentation exacte (fig. 6), d’après un individu des environs d’Aden. oo" BULIMUS MAUNOIRIANUS (fig. 5!. Bulimus Maunoinianus, G. Révoil, mss. Testa rimata (rima elongata, ad initium profunda, sat penetrans), oblongo-acuminata, subtranslucida (in speci- minibus mortuis opaca ac sat solida), nitidissima, unifor- miter corneo-carneola (in mortuis decolorata, argute stria- tula (striæ obliquæ, in supremis anfractibus sat validæ, regulares, strictæ ac sat productæ, et in medianis paulatim tenuiores, tandem in ultimo obsoletæ aut aliquando subevanidæ) ; — spira elongato-acuminata, ad summum obtusa ; apice valido, obtuso, pallidiore, striato extra embryonale punctum lævigatum ; — anfractibus 8 con- vexiusculis, regulariter crescentibus, sutura parum im pressa separatis ; — ultimo majore, postice convexo, ad insertionem labri subito breviter ascendente, ad basin circa rimam subangulato ; — apertura parum obliqua, superne [unata,semi-oblonga, intus obscure subcarneola, externe bene convexa, ad marginem columellarem rectius- cula ac ad basin columellæ leviter sat subangulata; peris- tomate subcontinuo, undique late labiato expansoque ac reflexo et retro eurvato ; — columella recta, intus pro- funde plicata (plica valida, producta, in aliquibus speci- minibus stricta, lamelloso-contorta et usque ad basin prolongata), marginibus callo valido, prope insertionem labri magis incrassato, junctis ; — alt. 31, diam. 13, alt. apert. cum lab. perist. 14 mill. Cette espèce, dédiée par M. G. Révoil à M. Maunoir, secrétaire général de la Société de géographie, vit dans le ep ee vallon de la lacune de Tohen, où elle se rencontre sous les entablements des roches qui surplombent la vallée. Ce Bulime se distingue du Revoili, la seule espèce avec laquelle il peut être comparé, par sa taille moins forte; par sa forme moins régulièrement renflée-oblongue, comme celle du Revoili, mais oblongue-acuminée ; par sa fente ombilicale profonde à son origine ; par ses stria- tions plus accentuées ; par sa spire acuminée, surmontée d’un sommet obtus, gros, robuste, bien strié, sauf le point embryonnaire supérieur, qui reste lisse; par son ouver- ture un peu oblique, et, surtout, par sa columelle pourvue d’un pli lamelliforme beaucoup plus fort et plus saillant. BULIMUS DUVEYRIERIANUS fig. 10). Bulimus Duveyrierianus, G. Révorl, mss. Testa rimata (rima profunda, sat aperta), oblongo-co- noidea, scillicet : in penultimo tumida deinde ad sum- mum conoideo-acuminata, solida, nitida, subtilissime et argutissime striatula (striæ obliquæ, regulares, minutis- simæ), decolorata sed verisimiliter corneo-carneola; — spira producto-acuminata, conoiïdea, ad summum obtu- siuscula ; apice sat valido, lævigato; — anfractibus 8 con- vexiusculis ac regulariter crescentibus usque ad penulti- mum ventrosum et relative maximum, sutura parum impressa separatis; — ultimo majore, postice con- VExO, superne ad insertionem: labri lente ascendente, ad basin circa-rimam subangulato ; — apertura vix obli- qua, superne lunata, semi-oblonga, externe bene convexa, LAN, E FINE ad marginem columellarem rectiuscula; peristomate sub- continuo, undique lahiato expanso ac reflexo ; columella recta, intus plicata (plica valida, producta, in conspectu parum conspicua); marginibus approximatis, callo sat valido junctis ; — alt. 26. diam. 12. alt. apert. cum. lab. perist. 11 millim. Ce Bulime, auquel M. G. Révoil a attribué le nom de notre ami commun, M. Henri Duveyrier, le célèbre ex- plorateur du pays des Touaregs, a été recueilli sur les pentes des collines du cap Gardafui. Le Duveyrierianus, très caractérisé par sa coquille très ventrue à son avant-dernier tour, allant ensuite en s’effilant en cône jusqu’au sommet, diffère, en outre, du Maunorrianus, le seul avec lequel on pourrait le con- fondre, par sa fente ombilicale plus profonde et plus ou- verte ; par son test sillonné de striations aussi fines, mais plus saillantes, plus régulières et surtout moins effacées; par son sommet lisse, moins gros ; par son avant-dernier tour relativement plus volumineux, dont la convexité, par suite de son renflement exagéré, dépasse à droite la con- vexité du dernier: par son dernier tour lentement ascen- cendant; par son péristome moins largement labié; enfin, par ses bords moins distants, plus convergents. BULIMUS LABIOSUS (fig. 11) Cette espèce, dont j’ai établi la synonymie p. 20, a été retrouvée au cap Gardafui. C’est le Bulime le moins strié du groupe. Il est, pour ainsi dire, lisse. Dans ma Notice du mois de février dernier, sur les = on Mollusques du pays des Comalis-Medjourtin, Mollusques recueillis dans une précédente exploration de M. G. Ré- voil, j'avais placé en synonymie de cette espèce, à l’instar de tous les auteurs, mes devanciers, le labiosus de Bru- guière. [l convient actuellement de retrancher cette forme, qui ne peut se rapporter à ce Bulime, ainsi que je l’ai démontré ci-dessus p. 25. BULIMUS MACROPLEURUS (fig. 16). Testa rimata (rima profunda, sicut perforata), oblongo- ventrosa, solidula, opacula, nitida, decolorata, eleganter costata (costæ obliquæ, regulares, in supremis minutæ ac paulatim in medianis validiores et in ultimis productæ, inter se distantes ac robustæ) ; —spira elongata, ad sum- mum obtusum convexo-attenuata ; apice valido, obtuso, lævigato ; — anfractibus 8 fere planulatis (penultimus convexiusculus ; ultimus convexus), regulariter lenteque crescentibus, sutura lineari,in ultimo impressa, separatis; — ultimo majore, postice convexo, superne ad insertio- nem labri subito ascendente, ad basin circa rimam bene angulato (angulus lævigatus) ; — apertura vix obliqua, superne lunata, semi-oblonga, externe bene convexa, ad marginem collumellarem rectiuscula ; peristomate sub- continuo, valde labiato, undique late expanso, reflexo ac retro recurvato ; columella plicata (plica profunda, valida, produeta in conspectu vix perspicua), marginibus ap- proximatis, callo erasso junctis; — alt. 30, diam. 14, alt. apert. cum lab. perist. 145 mill. mr Poe Cette belle espèce costulée habite dans la vallée du Melo, au-dessus de Durduri, chez les Ouarsanguelis. Parmi les Bulimes pétréens, anciennement connus, n’y a que le Forskali qui soit aussi fortement costul que celui-ci. il 6 BULIMUS BERTRANDI (fig. 17). Bulimus Bertrandi, G. Révoil, mss. Testa rimata (rima profunda, penetrans), oblongo-atte- nuata, solida, opaca, nitida, decolorata, eleganter costata, sicut in precedente specie ; — spira elongata, parum convexa, sed sat regulariter subacuminata, ad summum obtusiuscula ; apice mediocri, subobtuso, lævigato ; — anfractibus 9 fere planulatis (penultimus convexiusculus ; ultimus convexus), regulariter crescentibus, sutura lineari in ultimo subimpressa, separatis ; — ultimo majore, pos- tice convexo, superne lente ascendente ac ad basin cirea rimam angulato (angulus non lævigatus sicut in Bul. ma- cropleuro, sed striatus) ; — apertura vix obliqua, leviter excentrica, superne lunata, semioblonga, externe con- vexa, ad partem coiumellarem e sinistra ad dextram obli- que rectiuscula ; — peristomate continuo, crasso, valido, undique labiato lateque expanso et reflexo; columella intus plicata (plica robusta in conspectu vix perspicua) ; marginibus callo validissimo junetis ; —alt. 30, diam.12, alt. apert. cum lab. perist. 43 millim. Le Bertrandi, dédié par M. G. Révoil à M. Eug. 2 Bertrand, de la maison Morand-Fabre, d’Aden, à été 3 recueilli, en compagnie du macropleurus, dans la vallée du Mélo, près de Durduri. Cette espèce, également costulée, ne peut être rappro- chée que du macropleurus, dont elle diffère, notamment, par sa taille un peu plus petite, moins ventrue; par sa spire plus régulièrement acuminée; par son sommet moins gros, non aussi obtus; par son dernier tour lentement ascendant et offrant en dessous, autour de la fente ombi- licale, une crête anguleuse non lisse, comme celle du macropleurus, mais fortement striée ; par son ouverture légèrement excentrique, un peu portée vers le côté droit; par son axe columellaire incliné, par suite de l’excentri- cité aperturale, de gauche à droite, etc. BULIMUS TIANI (fig. 15). Bulimus Tiani, G. Révorl, mss. Testa rimata (rima aperta, brevis, non penetrans), oblongo-subacuminata, sat translucida, vix opacula, ni- tida, decolorata, eleganter costulata (costæ obliquæ, te- nuiores, inter se minus distantes quam in speciebus dua- bus precedentibus, et in ultimis leviter undulatæ) ; — spira elongata, obtuse subacuminata, apice mediocri, obtusiusculo, lævigato, — anfractibus 8 fere planulatis (penultimus convexiusculus ; ultimus convexus), regula- riter lenteque crescentibus, sutura superficiali, in ultimo propte aperturam leviter subimpressa separatis ; —ultimo mediocri, vix majore, postice COnvexo, superne ad insere tionem labri subito ascendente, inferne cirea rimam an- 39 — gulato (angulus striatus); — apertura sat obliqua, superne lunata, semirotundata, externe convexa, ad columellam subrecta : — peristomate subcontinuo, undique labiato, late expanso et reflexo ; — columella brevi, intus plicata (plica brevis, validissima, producta, contorta) ; margini- bus callo valido, ad insertionem labri crassiore junetis ; —alt. 29, diam. 12, alt apert. cum lab. perist. 42 millim. Ce Bulime, auquel M. G. Révoil a attribué le nom de son ami M. César Tian, d’Aden, se distingue nettement des deux précédentes par ses costullations moins grosses, moins espacées, plus légèrement ondulées sur le dernier tour et surtout par son ouverture presque ronde. Chez le Ziani, le pli columellaire court, relativement énorme, est très saillant. À la base de l’ouverture, on remarque un petit denti- cule qui me paraît dû à une cause morbide. Cette excrois- sance est peut-être analogue à celle que L. Pfeiffer a con- staté à la base de l’ouverture de son Souleyeti, excrois- sance que j'ai signalée ci-dessus p. 19. Le Tiani a été rencontré dans la vallée de Tohen, versant S.-E. de Gardafui. BULIMUS GEORGI (fig. 4). Testa rimata (rima profunda, in axi columellari sat intrans), magna, elongato-oblonga, tenui, subtranslucida, parum nilida, uniformiter cornea, argute striatula (striæ obliquæ, strictæ, regulares, sat productæ, prope apertu- ram obsoletæ) ; — spira oblongo-producta, sat regulari- ter acuminata, ad summum obtusula ; apice exiguo, pal- lidiore, lævigato ; -— anfractibus 9 fere planulatis, regr- LE PE lariter crescentibus, sutura marginata ac lineari (in ultimo prope aperturam solum impressa) separatis ; — ultimo magno, ad dextram valde excentrico, postice convexo, superne perlente regulariter subascendente ac ad inser- üonem labri subito erecto, inferne circa rimam obtuse subangulato ; —apertura leviter obliqua, superne oblique lunata, irregulariter subovata, ad dextram excentrica, ad marginem columellarem oblique rectiuscula, ad margi- nem externum convexa; peristomate non continuo, un- dique late labiato, expanso, reflexo ac retro recurvato ; — columella oblique recta, intus subcontorto-plicata (plica infera, in conspectu vix perspicua); marginibus subcon- vergentibus, callo tenui, ad insertionem labri externi in- erassatulo, junctis; — alt. #0, diam. 14, alt. apert. cum Jab. perist. 19 millim. Cette superbe espèce, la plus grande du groupe, à la- quelle j'attribue le prénom de M. Georges Révoil, a été recueillie à Fararalé, au pied des montagnes de Karkar. Le Georgi ne peut être rapproché que du Revoili, dont il se distingue par sa taille plus allongée, moins ventrue et plus régulièrement fusiforme; par son test plus délicat, moins brillant, sillonné de striations obliques, serrées, régulières, nettement prononcées, devenant seulement un peu obsolètes vers l'ouverture; par saspire plus régu- lièrement accuminée ; par ses tours moins convexes ; par sa fente ombilicale très profondément creusée dans l’axe columellaire ; enfin, surtout, par son dernier tour, ainsi que par son ouverture, très portés du côté droit, par conséquent excentriques. Chez ce Bulime, par suite de la déviation à droite de l'ouverture, la columelle, au lieu de descendre verticale- LPC ess ment comme celle du Æevorl, se dirige dans une oblique de gauche à droite, tout en restant néan rectiligne. BULIMUS PAULI (fig. #4). Bulimus Pauli, G. Révorl, mss. Testa rimata (rima profunda, in loco axis columellaris perforata), mediocri, fusiformi, interne leviter ad dextram excentrica, plus minusve crassula et opacula, sat nitida, uniformiter cornea et elegantissime striatula (striæ regu- lares, plus minusve productæ, sat inter se distantes, ac lineolis minutissimis spiralibus, solum sub lente perspi- cuis, decussatæ) ; — spira oblongo-elongata, sat regula- riter attenuato-acuminata ; apice obtuso, pallidiore, lævi- galo; — anfractibus 8-8 1/2 vix convexiusculis aut subplanulatis, regulariter crescentibus, sutura marginata et lineari aut subimpressa {in ultimo prope aperturam impressiore separatis); — ultimo postice convexo, ad dextram leviter excentrico, superne lente ascendente et ad inserlionem labri subito erecto, ad basin circa rimam obtuse angulato ; — apertura leviter obliqua, subovata, superne angulata, ad collumellam oblique rectiuscula, ad marginem externum Convexa ; — peristomate non Con- tinuo, undique late labiato, expanso ac reflexo, sicut in præcedentibus ; — columella oblique recta, intus valide contorto-plicata (plica robusta, infera in conspectu bene perspicua) ; marginibus sat approximatis, callo tenui, ad insertionem labri calloso, junctis ; — alt. 30, diam. 11, alt. ap. cum lab. perist. 13 millim, de OS vu Ce Bulime, que M. G. Révoil a dédié à son frère Paul, vit dans les anfractuosités des rochers, au pic de Karoma, près de Meraya, chez les Medjourtines. Le Paul est une miniature du Georgi, dont il diffère, en outre, par son dernier tour et par son ouverture moins portés à droite; par sa columelle pourvue d’une lamelle plus saillante, très inférieure et plus apparente ; par sa fente ombilicale perforée à l’endroit de l’axe columellaire; par son test plus brillant, un peu plus épais et moins transparent ; enfin, notamment, par le mode de ses striations. Chez le Paul, les stries sont fines, régulières, bien saillantes, assez distantes et toutes aussi fortes les unes que les autres depuis le premier tour embryonnaire jus- qu'à la fin du dernier; de plus,elles sont toutes très élégam- ment décussées par de très fines petites linéoles spirales qui les coupent à angle droit. Chezle George, ces linéoles spirales manquent, et les stries, au lieu d’avoir la régu- larité de celles du Pau, commencent, au contraire, sur le second tour supérieur par être très fortes (comme costellées), très distantes les unes des autres, pour deve- nir, à parlir du troisième tour supérieur, d'abord fines, très serrées, plus obliques; puis, sur les tours inférieurs, moins accentuées, un peu moins régulières ; enfin, pres- que effacées aux abords de l'ouverture. Je ferai remarquer que le Pau et le Fragosus sont les seules espèces de ce groupe, sillonnées, en même temps, par des stries spirales et transversales. D’après un échantillon recueilli vivant etconservé dans l'alcool, le manteau de l’animal parait, à travers le test, marbré et tout à fait semblable, comme coloration et se 00 Le comme mouchetures, au manteau de l’Hchix fruticum de nos pays. BULIMUS DELAGENIERI (fig. 18). Bulimus Delagenieri, G. Révol, mss. Testa rimata (rima profunda), mediocri, fusiformi, in- ferne ad dextram excentrica, subtranslucida, nitida, uni- formiter cornea ac eleganter costulata (costulæ obliquæ, valde regulares, productæ); — spira attenuatc-elongata, ad summum obtusiuseula; apice obtuso, lævigato ; — anfractibus 8, vix convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura vix impressa ac inter ultimos marginata separatis ; —ultimo postice convexo,ad dextram excentrico,superne lente ascendente, inferne circa rimam angulato ; — aper- tura leviter obliqua (speciei præcedenti simili) ; — peris- tomate subcontinuo, undique late labiato, expanso et reflexo ; — columella oblique recta, intus valide contorto- plicata (plica valida, mediana, non infera, in conspectu bene perspicua); marginibus approximatis, callo sat valido, ad summum columellæ et ad insertionem labri externi crassiore, junctis; — alt. 28, diam. 10, alt. ap. cum lab. perist. 42 millim. Vallée du Mélo, près de Durduri. Ce Bulime, dédié à M. Delagénière, ex-agent consulaire de France à Aden, ne peut être rapproché que du Pau, dont il diffère notamment : par sa fente ombilicale non perforée ; par sa columelle ornée d’un pli, non inférieur, mais médian; enfin, surtout, par son mode tout différent Met) Que de striations. Chezle Delageniert 11 n’exisie que des stries transverses, saillantes, serrées, fines et bien régulières, tandis que chez le Paul, les striations, de deux sortes, sont spirales et transversales. LIMICOLARIA. Ce genre, établi par Schumacher, en 1817 (1), pour le Bulimus flammeus, puis réédité et mieux caractérisé par Shuttleworth, en 1856 (2), est un genre essentiellement africain. On en connaît actuellement une cinquantaine d'espèces, ce qui n’est rien, en comparaison du nombre de formes de Limicolaries qui doivent exister dans ce vaste continent. M. G. Révoil a rapporté de son dernier voyage chez les Comalis 9 espèces de ce genre. Ces Limicolaries, toutes de faible taille, ressemblent comme forme, en petit, à la candidissima du Kordofan, décrite et figurée par Shut- tleworth dans ses Notiiæ malacologicæ (3); la plu- part de ces espèces sont costulées et flammulées ; toutes, sauf deux, ont un axe columellaire rectiligne dilaté supérieurement, accuminé et sans troncature à la base. Ces deux espèces, dont l’axe columellaire est un peu différent, par suite d’un plissement un peu plus accentué, n’en sont pas moins pour cela des Limicolaries, bien que (1) Essai d'un nouveau syst. Ges habitations des vers testacés. (2) Notitiæ malacologicæ, p. 38. (3) (I Heft, p. 49, pl. VI, f. 7-8, 1856.) Re ER l’accentuation du pli de la columelle leur donne une cer- taine apparence de Perideris, genre également africain. Les Limicolaria du pays des Comalis, qui toutes pro- viennent de la chaîne des monts Ouarsanguelis, peuvent se répartir de la manière suivante : 1° CoQ. A TEST FLAMMULÉ ET COSTULÉ (côtes plus ou moins saillantes, régulières ou irrégulières). A, Coq. de forte taille, allongée-subconoïde, assez ventrue inférieurement. Limicolaria Revoili. —— Gilbertæ. BB. Coq. de petite taille, de forme allongée, oblongue ou subconoïde. X. Test délicat, peu épais et flammulé. T. Croissance spirale des plus régulières.-— Spire très allongée.Columelleintérieu- rement sublamellée. Limicolaria Rochebruni. TT. Croissance spirale moins régulière {les deux derniers tours relativement tres développés) .Spire écourtée.Coq oblon- gue assez ventrue. Columelle délicate, simple. Limicolaria Armandi. X X. Test épars, crétacé, mat, non flammulé. LP T11. Spire subconoïde, columelle courte, robuste, bien lamellée. Limicolaria Perrieriana. 2° CoQ. A TEST ÉPAIS, CRÉTACÉ, OPAQUE, TRÈS BRILLANT, LISSE OU PRESQUE LISSE, OU A STRIATIONS TRÈS ÉMOUSSÉES. X. Test blanc avec des flammules. Limicolaria Maunoiriana, X X. Test blanc uniforme. Limicolaria Milne-Edwardsiana, — Leontinæ, — Rabaudi. LIMICOLARIA REVOILI (fig. 24-25). Testa anguste rimato-perforata, elongato-acuminata, inferne sat tumida, solida, cretacea, rare uniformiter can- dida, sed sæpius albida cum flammulis badiis aut casta- nels passim Sparsis præsertim in ultimis anfractibus ; tandem, valide costata (costæ obsoletæ, grossæ, sæpe irre- gulares ac passim plus minusve validæ ac productæ) ; — Spira elongata, acuminata, ad summum obtusiuscula ; apice lævigato aut argutissime substriatulo, nitidissimo, subtranslucido ac fusculo ; —anfractibus 9 convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura impressa separatis ; — ulümo majore convexo, ad insertionem recto, ad basin cirea rimam perforationis obtuse circumeristato; — aper- tura leviter obliqua, oblonga, superne inferneque angus- tala, externe exacte convexa; — columella recta, intus JA) obscure subplicata (plica in conspectu vix perspicua, con- torta, usque ad basin descendens), superne dilatata ac expansa, inferne acutiuseula ac sicut subtruncatula ; — peristomate recto, subaculo, intus candide subincrassa- tulo; margine externo in medio antrorsum leviter arcuato, inferne paululum subretrocedente; marginibus eallo juneus ; — alt. 29, diam. 11; alt. ap. 11, lat. 6 millim. Var. B, onflata (fig. 26). Testa inferne tumidiore ; spira magis conica; — alt. 27, diam. 12 millim. Cette espèce, que je dédie à M. G. Révoil, provient des monts Ouarsanguelis. Chez cette Limicolaria, les costulations commencent au sommet par être fines, régulières, pour devenir peu à peu de plus en plus fortes et espacées, sauf vers les abords de l'ouverture, où elles se resserrent sensiblement. Sur les tours médians, ces côtes sont larges, comme écrasées, bien que saillantes, et toutes sont séparées par un inter- valle égal à l’épaisseur d’une côte. On remarque, sur la partie sailiante de chacune d'elles, de nombreux petits méplats, ou de creux, qui donnent à ces costulations une apparence assez grossière. La perforation, bien accentuée, quoique peu profonde, puisqu'elle ne s'enfonce pas au delà du niveau du som- met du bord columellaire, est entourée d’une crête, obtu- sément anguleuse, qui descend jusqu’à la base de l’ou- verture, qui, par cela même, paraît un tant soit peu anguleuse et même parfois, lorsque la crête est très pro- noncée, légèrement canaliforme à sa partie inférieure. LIMICOLARIA GILBERTÆ (fig. 27-281. Limicolaria Gilbertæ, G. Révoil, mss. Cette espèce à laquelle M. G. Révoil a attribué le nom de M'! Gilberte Rabaud, de même taille, de même colo- ration et de même aspect que la Limicolarie précédente, diffère néanmoins de celle-ci : 1° par son ouverture exactement fusiforme, c’est-à-dire allongée, faiblement dilatée à sa partie moyenne et autant contractée supérieurement qu'inférieurement. Chez la Gilbertæ, en effet, l’ouverture, aussi convexe à gauche comme à droite, possède une columelle qui, à sa partie supérieure se réunit à la convexité pariétale de l’avant- dernier tour par une courbe peu prononcée. L’axe colu- mellaire à l’air d’être la continuation de la callosité pariétale. Chez la Revorli au contraire, l'ouverture offre une concavité accentuée au sommet de la columelle par suite d’une plus grande convexité de la paroi de l’avant- dernier tour et par suite de l’axe columellaire qui, au lieu de descendre verticalement, se dirige d’une façon recti- ligne dans un sens légèrement oblique de gauche à droite. Ce caractère donne à l’ouverture de la Revoir un aspect tout différent de celui de la Gelberteæ ; 2° par son encrassement intérieur tout à fait marginal, ce qui rend le bord externe obtus et assez épais. Chez la Revoih, l'encrassement, plus enfoncé sur la paroi interne de ce bord, n’arrive pas jusqu’à la marge; 3° par son bord externe non arqué en avant, mais presque rectiligne ; LE — He) — 4° par son ouverture nn peu moins oblique, plus _étroite dans son ensemble et plus anguleuse à sa partie inférieure. La Güulbertæ a été également recueillie dans la chaîne des monts Ouarsanguelis. LIMICOLARIA ROCHEBRUNI (fig. 33-34. Testa anguste rimata (rima plus minusve profunda), obiongo-elongata, nitida, albida, aliquando in ultimis fuscula, eleganter flammulis castaneis plus minusve inten- tioribus passim sparsis ornata, et, grosse striatula (striæ tum validæ, tum subevanidæ aut obsoletæ, in ultimo validiores) ; —spira elongata, subacuminata, ad sammum obtusiuseula ; apice lævigato, subtranslucido, fusculo ; — anfractibus 9 convexis, regulariter crescentibus, sutura sat impressa separalis; — ultimo 1/3 alütudinis paululum superante, convexo, ad insertionem labri recto, ad basin cirea rimam obtuse coarctato ; — apertura fere verücali, oblonga, intus castanea; columella recta, intus subplicata, superne dilatata ac supra rimam expansa, inferne acumi- nata; peristomate recto, acuto, intus vix incrassatulo ; margine exlerno antrorsum inferne subareuato ; margi- nibus callo junctis; — alt. 20, diam. 6, alt. ap. 7 millim. Cette espèce, dédiée au malacologiste Tremeau de Ro- chebrune, remarquable par sa forme très allongée à peine ventrue, par son test délicat et brillant, a été ren- contrée à Aïrensit (1660 mèt d’alt.) dans les monts Ouar- sanguellis, PER LIMICOLARIA ARMANDI (fis. 35-36) Limicolaria Armandi, G. Révorl, mss. Testa rimato-perforata, bulimiformi, oblonga sat ven- trosa, parum nitida, pallide albidula aut in ultimis fus- cula, et, flammulis fuscis irregulariter sparsis, tum raris, tum numerosis, eleganter ornata; tandem striata (striæ productæ, validæ, sæpe strictæ aut sat distantes ac obso- letæ) ; — spira subacuminata, ad summum obtusiuseula; apice lævigato, translucido, fuseulo ; —anfractibus 8 con- vexis, sat regulariter crescentibus, sutura impressa sepa- ratis; — ultimo majore, convexiore, ad insertionem labri recto, ad basin circa perforationem obtuse angulato ; — apertura leviter obliqua, ovata, intus ocraceo-fuscula ; columella simplici, recta, superne expanso-dilatata ac supra perforationem reflexa, inferne acuminata; — peris- tomate recto, acuto, non incrassato; margine externo antrorsum recto ac leviter retrocedente; marginibus callo junctis — alt. 17-18, diam. 7, alt. ap. © millim. Cette Limicolaria se distingue de la précédente par sa taille un peu moindre; par sa forme plus ventrue, moins allongée; par sa spire plus courte; par son ouverture sensiblement plus large, par cela même, moins haute; par sa columelle simple, sans aucun pli interne, comme chez la Rochebrunt, par son dernier tour plus convexe et sa perforation plus ouverte; par le contour de son bord externe descendant en ligne droite tout en s’obliquant légèrement en arrière (chez la Rochebrunr, ce même con- OURS tour descend presque à plomb en offrant à sa parte infé- rieure une faible convexité) ; enfin surtout, par son mode spiral différent. Chez l’Armandi, en effet, les deux der- niers tours sont énormes et très développés, comparati- vement aux tours supérieurs, qui paraissant relativement médiocres et serrés; tandis que chez la Rochebruni, les tours moins serrés, plus largement développés, s’accrois- sent avec une grande régularité: d’où 1l résulte, que, chez cette espèce, la spire plus allongée, se montre élan- cée, délicate et non écourtée comme chez l’Armandi. Cette Limicolaria, que M. G. Révoil a dédiée à M. Paul Armand, professeur d'histoire et de géographie au lycée de Marseille, vit au cirque de Sabé à Mana (1,500 m. d’alt.) dans les monts Ouarsanguelis. LIMICOLARIA PERRIERIANA (fig. 31-392). Testa anguste rimata, elongato-acuminata, inferne tumida, eretacea, non nitida, crassa, opaca, uniformiter albida, in ultimo anfractu prope aperturam leviter ocracea sat grosse striatula (striæ plus minusve validæ); — spira producta, subconoidea, ad sammum obtusa; apice valido obtuso, lævigato, candido; — anfractibus 8 subcon- vexiusculis aut aliquando {ultimus ac penultimus excepti) subplanulatis, regulariter crescentibus, sutura parum im- pressa separatis; — ultimo leviter majore, 1/3 altitudi- nis paululum superante, convexo, ad insertionem labri recto, ad basin circa rimam angustam subcoaretato ; — apertura fere verticali, subovata, intus vix subocracea ; columella brevi, robusta, plicata, valide dilatata ac ex- pansa, inferne acuminata; peristomate simplici, reelo, DNS RES acuto; margine externo antrorsum leviter subarcuato; marginibus callo junctis; — alt. 20, diam. 7, alt. ap. 7 millim. Cette espèce, à laquelle j’attribue le nom de M. Edmond Perrier, professeur à la chaire de malacologie du Muséum de Paris, estremarquable par son test épais, crétacé, d’un aspect terne et par sa columelle courte, robuste, très fur- tement plissée. Chez quelques. échantillons, le pli est si fort et si brusquement terminé à sa base que l’ouverture semble comme canaliculée. Cette Perrieriana est si dis- tincte des Rochebruni et Armand, ainsi que l’on peuts’en convaincre par l’examen attentif des figures de ces espèces que je crois superflu de noter les différences qui existent entre celle-ci et ces Limicolaries. LIMICOLARIA MAUNOIRIANA (fis. 29-30). Limicolaria Maunoiriana, G. Reévoil, mss. Testa rimato-perforata, oblongo-ventrosa, sat obesa, solida, opaca, nitidissima, lævigata aut substriatula (striæ in ultimo prope aperturam leviter validiores), candida ac passim Castaneo-flammulata ; — spira mediocriter elon- gata, subacuminata, ad summum leviter obtusiuscula ; apice obtuso, corneo, lævissimo; — anfractibus 8 con- vexiusculis, regulariter crescentibus, sutura sat impressa separatis; — ultimo majore, tumido, ad aperturam mi- nus tumido solum convexo, ad insertionem labri leviter subdescendente, ad basin circa perforationem obtuse subangulato; — apertura verticali, oblonga, intus sub- te Abe castanea, superne acuta, inferne subangulata, externe et ad marginem columellarem similiter convexa ; — colu- mella arcuata, superne dilatata ac expansa, inferne acu- minata ; peristomate recto, acuto, vix intus incrassatulo ; margine externo antrorsum recte descendente ; margini- bus callo valido junctis; — alt. 22, diam. 10, alt. ap. 9 millim. Cette Limicolarie, que M. G. Révoil a dédiée à M. Mau- noir, secrétaire de la Société de géographie, a été trouvée, comme les précédentes, dans la chaîne des monts Ouar- sanguelis. LIMICOLARIA MILNE-EDWARDSIANA (fig. 39-40). Testa aperte rimalo-perforata (perforatio profunda), elongato-acuminata, sat ventrosa, solida, opaca, mitida, uniformiter cretaceo-candida, striatula (striolæ sæpe obso- letæ ac passim subevanidæ);—spira producto-conoidæa, ad summum acutiuscula ; apice subacuto, lævigato, pal- lide corneo ; — anfractibus 9 convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura impressa separatis ; — ultimo ma- jore, 113 altitudinis paululum superante, parum convexo, ad insertionem labri recto, ad basin circa perforationem obtuse angulato ; — apertura relative exigua, sat obliqua, elongato-oblonga, angusta, superne inferneque angulala ; columella simplice, superne dilatata ac expansa, inferne acuminata; — peristomate acuto, reclo, intus incrassa- tulo, margine externo antrorsum subrecto; marginibus callo valhido junctis; — alt. 25 27, diam. 9, alt. ap, 10 millim. Di en Cette espèce, qui vit dans la chaîne des Ouarsanguelis, est très caractérisée par son ouverture exiguë, étroite, très allongée et anguleuse à ses extrémités supérieure et inférieure. Je me fais un plaisir de la dédier à notre ami le savant professeur M. Alphonse Milne-Edwards. LIMICOLARIA LEONTINÆ (fig. 37-38:) Limicolaria Leontinæ, G. Revoil, mss. Cette espèce se distingue de la précédente : Par sa forme plus ventrue inférieurement et plus co- noïde supérieurement ; Par sa spire régulièrement acuminée, moins allongée ; Par son dernier tour relativement plus volumineux, par rapport aux autres, que celui de la Milne-Edwardsiana ; Par sa croissance spirale non aussi régulièrement pro- portionnelle. Ainsi, chez la Leontinæ, les tours supérieurs jusqu'à l’avant-dernier, sont serrés et occupent un déve- loppement un peu moins considérable que ceux de l’es- pèce précédente ; Par ses tours plus convexes ; Par son ouverture de forme différente. Chez la Mzlne- Edwardsiana, l'ouverture, relativement exiguë, fort étroite, est oblongue-allongée, aussi anguleuse à sa par- tie supérieure qu'à sa base, avec les deux côtés externe et columellaire aussi exactement arqués l’un que l’autre. Chez la Leontinæ, l'ouverture ue possède pas cette régu- larité. Plus grande, moivs étroite, surtout à sa partie su- périeure, par suite d’une plus forte convexité du bord DENTS externe, l’ouverture n'offre pas des eôtés exactement semblables : ainsi, sur le côté columellaire, la convexité de l’avant-dernier tour étant plus prononcée, son contour ne forme pas un arc parfait comme celui de la Milne- Edwardsiana, mais se creuse au sommet de la columelle. Sur le côté externe, le contour, à peu près semblable vers la base à celui de la Milne-Edwardsiana, S’arrondit plus en arrivant vers la partie supérieure; d’où 1l résulte, qu’à l’exception de la base aperturale, qui est à peu près semblable chez les deux espèces, la partie supé- rieure de l’ouverture de la Leontinæ est tout à fait diffé- rente de celle de la Milne-Edwardsiana. J’ajouterai encore que le contour du bord externe est plus convexe en avant chez cette espèce que chez la pré- cédente ; enfin que son épiderme, plus lisse, est plus plus brillant. Quant à son test, à peu près de même taille, il est aussi solide, aussi opaque et d’une teinte blanchâtre uniforme semblable. Elle a été recueillie dans la chaîne des Ouarsanguelis et dédiée par M. G. Révoil à M'eL. Rabaud. LIMICOLARIA RABAUDI (fig. 41-42). Limicolaria Rabaudi, G. Révoëil, mss. Testa rimato-perforata (perforatio plus minusve aperta, ventrosa superne elongato-conica, solida, opaca, cretacea, miida, uniformiter candida, lævigata aut subtile sub- striatula ; — spira producta, conica, ad summum sat acutiuscula; apice exiguo, lævissimo, subcorneo: — = ho anfractibus 8 convexiuseulis, regulariter crescentibus, sutura sat impressa separalis; — ultimo relative maximo, ventroso, convexiore, ad insertionem recto, ad basin circa perforationem obtuse angulato; — apertura vix obliqua aut subverticali, sat exigua, angusto-oblonga, superne inferneque angulata, intus fuscula; — columella recta, leviter sublamellosa, supernie dilatata ac expansa, inferne acuminata ac sicut subtruncatula; peristomate recto, aculo, intus incrassato ; margine externo, antrorsum vix arcuatulo ; marginibus callo junetis ; — alt. 23 25, diam. 10, alt. ap. 10-11 millim. Cette Limicolarie est surtout remarquable par son ouverture exiguë, fortement rétrécie dans le sens de son diamètre, offrant, à sa partie supérieure et à sa base, deux angles très prononcés ; par sa columelle descendante en droite ligne et paraissant à sa partie inférieure subtron- catuléc. Le dernier tour, chez la Rabaudi, est ventru et compa- rativement très développé ; enfin, la croissance des tours supérieurs, bien régulière, est fort lente. Cette espèce, à laquelle M. Georges Révoil, a attribué le nom de M. Alfred Rabaud, président de la Société de géographie de Marseille, a été recueillie comme les autres. dans la chaîne des Ouarsanguelis. LIMNÆA. Les Limnées Comaliennes proviennent toutes de la Po lagune de Tohern, ainsi que du cours d’eau qui vient s’y jeter. Cette lagune, située près de la côte orientale, est une espèce d'étang marécageux alimenté par un ruisseau torrentueux lors de la saison pluviale. Ce cours d’eau descend une assez longue vallée rocheuse, dont l’extré- mité supérieure se perd dans un massif montueux encore inexploré. Les Limnées de cette lagune appartiennent au groupe de l’orophala du Benguella. Elles sont au nombre de trois (Perrieri, Poirierr et Revoih)), et, toutes trois, d’un type essentiellement africain, sont bien caractérisées. LIMNÆA PERRIERI (fig. 77-78). Limnæa Perrieri, Bourquignat, Moll. terr. fluv. recueillis en Afrique dans le pays des Comalis Medjour- ain, p. 11, fév. 1881. Testa non rimata (rima tecta), oblonga, leviter sabam- pullacea, superne conica, fragili, translucida, rubro- cornea, argute striatula, in ultimo sœpissime grosse ac irregulariter striata; — spira parum producta, 1/3 alti- tudinis æquante, conico-acuminata, ad summum acutis- sima ; — anfractibus 5 convexis (supremi valde exigui ; penultimus relative major et ultimus permaximus), celer- rime crescentibus, sutura impressa separatis; — ultimo permaximo, 2j3 altitudinis æquante, oblongo-convexo, superne lente descendente ; — apertura obliqua, oblonga, superne angulata; peristomate recto, cultrato; margine or columellari superne lamella mediocri contorto-descen- dente (ad partem medianam subito evanescente) prædito, et inferne simplici, leviter retro-arcuato; marginibus callo pallidiore, usque ad basin non aperturæ sed la- mellæ columellaris descendente, junctis; — alt. 18, diam. 9, alt. ap. 12 millim. Cette espèce, qui a la même forme, les mêmes con-. tours et presque Île même ensemble de signes distinctifs que la Lunnæa orophila (1) du Benguella, en diffère néanmoins : par son dernier tour plus régulièrement convexe à sa partie supérieure (l’orophila offre une légère compression en cette partie); par sa callosité qui ne descend qu’à moitié de l’ouverture (celle de l’orophila s'étend jusqu’à la base); par son bord columellaire pourvu à sa partie supérieure d’une lamelle contournée qui disparaît après un demi-tour de torsion à la partie moyenne de l'ouverture, et qui, à parür de ce point, s’amincit, en formant une légère courbe jusqu’à la base. Chez l’orophila, la lamelle columellaire, sous l’appa- rence d’un léger filet, descend jusqu’à Ja base d’une façon presque rectiligne, ce qui rend l’ouverture de cette Limnée plus convexe du côté externe. Chez la Perrier, par suite de la courbe inféro-columellaire, l'ouverture est presque aussi convexe d’un côté que de l’autre. (1) Morelet, moll., Welwitsch, p. 87, pl. vu, f. 4, 1868. LIMNÆA POIRIERI (fig. 79-80). Limnæa Poirieri, Bourquignat, Moll. terr. fluv. rec. dans le pays des Comalis Medjourtin, p. 12, fév. 1881. Testa non rimata (rima omnino tecta), oblongo-elon- gala, superne sat producto-conica, fragili, translucida, nitidissima, argute striatula, cornea, ad summum rubi- ginosa ; — spira gracili, sat producta, conica ; — anfrac- übus 5 convexiusculis (supremi exigui, regulariter crescentes, ultimus maximus, perconvexus), sutura impressa separatis; ultimo permaximo, oblongo, fere 2[3 altitudinis æquante, superne descendente ; — aper- tura fere verücali, ad basin modo paululum retrocedente, oblongo-elongata, sat angustata, superne angulata, ad basin leviter ampliori; peristomate recto, cultrato; mar- gine columellari ad partem medianam robusto, subla- melloso (lamella mediocri, parum contorta, valde descendens et usque ad partem inferam fere prolongata), inferne vix arcuatulo; marginibus callo vix pallidiore, usque ad 2,3 aperturæ descendente ac cum lamella gra- datim se confundente, junctis; — alt. 14, diam. 6, alt. ap. 9 millim. Cette Limnée, du même groupe que la précédente, se distingue de celle-ci : par sa coquille moindre dans tou- tes ses proportions ; par son test plus brillant, plus fine- ment striolé ; par sa spire plus grêle; par sa croissance plus régulière jusqu’au commencement du dernier tour; Re par son dernier tour bien moins convexe, paraissant plus oblong; par son ouverture relativement plus étroite- oblonigue, plus anguleuse supérieurement et presque verticale dans toute sa hauteur, sauf à la base où elle s’oblique un peu en arrière (chez la Perrieri, l'ouverture est franchement oblique); par son bord columellaire descendant d’une façon plus rectiligne (tout en conser- vant une direction recto-oblique de droite à gauche) à peine arquée à sa base et pourvue d’une lamelle très faiblement torse, ne donnant pas naissance à un sinus très appréciable (le sinus de la Perriers est assez pro- noncé), et, offrant une descente plus prononcée qui vient se perdre aux trois quarts de l’ouverture, LIMNÆA REVOILI (fig. 81-82). Limnæa Revoili, Bourquignat, Moll. terr. fluv. rec. dans le pays des Comalis Medjourtin, p. 1%, fév. 1881. Testa non rimata (rima tecta), oblonga, ad summum attenuato-acuminata, sinistrorse leviter convexiore, fra- gi, translucida, parum nitida, fere lævigata aut sub vali- dissimo lente vix substriatula, cornea, ad apicem rubella, inferne albicante ; — spira attenuata, subacuminata, ad apicem obtusiuscula; — anfractibus # convexis, sinis- trorse convexioribus (præcipue ultimus), rapide crescen- tibus, sutura impressa, regulariter descendente, separatis; — ultimo maximo, convexo, 213 alütudinis non æquante; — apertura leviter obliqua, oblonga, superne angulata, MOT LEE inferne ampliori; peristomate recto, cultrato; margine externo antrorsum curvato, præcipue ad partem inferam ; margine columellari in medio sublamelloso (lamella me- diocris, vix Contorta, valde descendens, fere subrecta), inferne areuato : marginibus callo tenui, usque ad basin lamellæ columellaris descendente, jJunctis; — alt. 11, diam. 5, alt. ap. 8 millim. Cette espèce, dédiée au voyageur G. Révoil, diffère de la Porrieri : par sa taille plus faible ; par son test assez terne, lisses ou presque lisse, d’une teinte cornée, blan- chissant vers la partie inférieure qui est un tant soit peu plus épaisse ; par sa spire atténuée, peu conique, bien qu'acuminée ; par son dernier tour plus convexe du côté gauche ; par son ouverture faiblement oblique ; par son bord externe arqué en avant et dont la partie la plus ar- quée est surtout prononcée vers la base ; par son bord columellaire moins rectiligne, arqué à sa partie infé- rieure. OTOPOMA. Ce genre a été établi, en 1850, par Gray (1), je devrais plutôt dire par Baird; car, la classification des Cyclopho- ridæ, ainsi que je le tiens de bonne source, est l’œuvre de Baird. Quoi qu’il en soit, Gray, en proposant cette (1) Nomencl. of moll. anim. and shells of the collect. of the Brit. muséum . — Cyclophoridæ, 1850, p. 35. ie nouvelle coupe générique, lui a donné les caractères suivants : « Operculum shelly, solid ; whorls convex in the cen- tre, with simple edges ; shell subglobose, solid, umbili- cated, with an ear-like process from the inner side ofthe mouth, covering part of the axis; mouth circular; peri- stome simple or slightly reflexed. » Par ces caractères, on voit que le bord columellaire recouvre parfois plus ou moins la cavité ombilicale. Gray a mentionné 10 Otopoma. Or, le premier cité est le foliaceum de Chemnitz, auquel il à accolé, à tort, le naticoides, qui n’a pas le moindre rapport avec lui, puisque le fohiaceum possède un ombilic ouvert et un dernier tour sillonné de lamelles foliacées (de là son nom), tandis que le vrai naticoïdes est sans lamelles, avec un ombilic entièrement recouvert. De plus, les autres Oto- poma mentionnés ont tous, sauf le clausum, un ombilic non fermé. Il résulte, en somme, de cette liste que Gray, dans son esprit, a voulu établir sa coupe générique pour des formes dont l’expansion columellaire ne recouvre pas la cavité ombilicale. Les frères H. et A. Adams (1) ont admis les Otopoma de Gray, comme coupe sous-générique des Gyclostomes, en leur appliquant les caractères suivants, vraiment par trop vagues : « Shell conico-globose or depressed, solid, umbilicated ; aperture sub-oval; peristome straight or subreflexed, columellar margin generally dilated, more or less covering the umbilicus. » Et, ces savants auteurs (1) Gener. of rec. moll. 1858, IL, p. 292. 0 ont cité 15 espèces, qui, à l’exception de 3, ont le bord columellaire à peine dilaté et l’ombilic non recouvert. L. Pfeiffer a adopté (1) les Otopomes comme coupe gé- nérique, genre qu'il a placé dans sa sous-famille des Cyclostoma, composée des Lithidion, Otopoma, Cyclo- stoma, Tudora et Leonia. Les espèces admises par L. Pfeiffer, dans son dernier supplément de 1876, sont au nombre de 20, sur les- quelles un assez grand nombre de douteuses. Ce savant, le premier, a compris que le véritable ca- ractère des espèces de ce genre devait résider dans l’om- bilic. Aussi a-t-1l classé les Otopoma en deux groupes principaux : 1° en espèces à : wmbilico prorsus clauso ; 2° en espèces à : umbihico magis minusve aperto. Cette classification est la seule logique. C’est celle que j'adopte, comme la plus rationnelle, en appliquant aux formes à oMpiic ouverr le nom d’Otopoma, puisque toutes les espèces citées par Gray, sauf deux, ont l’om- bilic NON CLOISONNÉ, et, aux autres à OMBILIC FERMÉ, la nouvelle appellation générique de GEORGIA. Quant aux Rochebrunia, espèces également confon- dues, avec doute, dans l’ancien genre Otopoma, comme elles possèdent des caractères spéciaux, je les maintiens dans la nouvelle coupe générique que j'ai établie, sous ce nom, en février 1881. Bien que je ne connaisse aucuns vrais Otopoma du paye des Comalis, je crois néanmoins utile de donner un (1) Monogr. pneumonop. viv. 1852, p. 179, — et suppl. 1858, p M0 er Eeuppl8Cs np 2121";"enftin, 3%supp.1876, p. 167. — 60 — aperçu des espèces qui ont été trouvées dans les régions voisines de ce pays, comme celles, par exemple, du sud de l’Arabie ou de l’île de Socotora, afin que si, dans l'avenir, on vient à découvrir sur les côtes Comaliennes quelques formes semblables ou voisines de celles que je vais indiquer, on puisse facilement les reconnaître et les séparer. Otopoma foliaceum.—Turbo foliaceum, Chemnitz, Conch. cab., IX, 1786, p. 59,pl. exxmi, Î. 4069-1070. — Cyclostoma foliaceum, L. Pfeiffer, Cyel. in : 2% édit. Chemnitz, p. 36, pl. 1v, Î. 10-11. — Otopoma foliaceum, Gray, Cycloph., p. 35, no 1 (Exclud. synon. Cyel. nati- coides et clathratulus), 1850. Cette espèce, signalée par Gray, de l’île deSocotora, et que cetauteur (ainsi que L. Pfeifier) avait confondue avec le naticoides de Recluz et le clathratulum de Sowerby (1), est une de ces anciennes coquilles sur lesquelles on a peu de renseignements. On ne la connaît que par les figures des deux éditions de Chemnitz. D’après ces figures, le foliaceum est une forme coni- que-globuleuse, pourvue d’un ombilic non-recouvert. L'ouverture est circulaire, à bords presque continus. Les tours très convexes, au nombre de 5, sont costulés, sur- tout sur le dernier, qui est orné de lamelles tellement saillantes qu’elles paraissent foliacées. Gtopoma Balfouri. — Godwin-Austen, on the (1) Non clathratulum de Recluz. — Cette coquille estune forme ron adulte. oies land shells of the island of Socotra, in : Proceed. zoo. soc. of London, 1881, p. 253, pl. xxvir, fig. 2. Grande et belle espèce (haut. 22, diam. 55 mill.), de l'île de Socotora, caractérisée par une coquille globu- leuse, très largement développée dans le sens transversal, et, par cela même, paraissant, bien qu’elle soit turbinée, comme un peu écrasée : par un test blanchâtre, silloniné par des côtes spirales, grosses, régulières, s’effaçant au- dessous et ne s'étendant pas sur la région ombilicale, qui est simplement striolée de linéoles transversales ; par une spire conoïde, à sommet presque toujours tronqué ; par des tours, au nombre de #, bien ventrus, arron- dis, séparés par une suture profonde; par une ouverture oblique (1), ovoide dans un sens éransversalement oblique de haut en bas et de gauche à droite, d’un ton jaunacé à l'intérieur et présentant supérieurement une partie anguleuse assez prononcée; par un péristome continu, obtus, épaissi surtout du côté externe, non réfléchi et offrant du côté columellaire un bord moins épais, pourvu vers sa parlie supérieure regardant la cavité ombilicale, qui est largement ouverte et jamais recouverte, d’une petite saillie anguleuse. Cette saillie anguleuse est un des caractères du bord columellaire des vrais Otopoma. Otopoma complanatum, — Godwin-Austen, on the land shells of the island of Socotra, in : Proceed. zool. soc., 1881, p. 254%, pl. xxvix, fig. 3-34. (1) Godwin-Ausien dit « subverlical »; mais d’après la figure de cette espèce (f. 2a), l'ouverture est franchement oblique. Rp oh Coq. d’une teinte blanche, d’une forme ventrue- conoïde, à spire assez bien turbinée et pourvue d’une cavité ombilicale bien ouverte, jamais recouverte. Test finement treillissé en dessus (sauf le sommet qui est lisse) par de délicates striations spirales et transversales, qui disparaissent en dessous. 5 tours convexes-arrondis. Suture profonde. Dernier tour, vers l’ouverture, légère- ment déclive. Ouverture médiocrement oblique, ovale dans une direction subtransversale-oblique de haut en bas, et faiblement anguleuse supérieurement. Péristome continu, épais, obtus et un tant soit peu dilaté du côté du bord externe. Bord columellaire présentant, du côté de l’ombilic, une saillie anguleuse qui ne recouvre en rien la cavité ombilicale (haut. 17, diam. 37 mill.). Espèce abondante dans l’île de Socotora. Otopoma clathratulum. — Cyclostoma clathra- tulum, Sowerby, Thesaurus, n° 17, p. 97, pl. xx, fig. 15-16, 1842; — et, L. Pfeiffer, Cycl. in : 2° édit. Chem- nitz, p.38, pl. v, fig. 5-7, 1846. — Otopoma clathratu- lum, L. Pfeiffer, Mon. Pneumonop viv., 1852, p. 164 (exelud. synon. Cyel. clathratula de Recluz). Je retranche de cette espèce le Cyclostoma cathratula de Recluz (1), qui est une forme non adulte d'un cyclo- stomidæ quelconque de l’île de Socotora. Chez cette forme, figurée et décrite par Recluz, le péri- stome n’est pas formée; il esttranchant; le bord colu- (1) Rev. zool. soc. cuv. D. 3,462 tthmac#zool., (pl Lx, 1843. CENTRE ASE mellaire ne possède aucun des caractères d’un bord achevé ; enfin le dernier tour (dont la Ièvre est très mince), à l'insertion du bord externe, est rectiligne au lieu d’être, comme chez toutes les autres espèces de ce genre, ou subitement ascendant, ou brièvement descendant. Recluz, du reste, était dans le doute, lorsqu'il a fait la description de sa clathratula, « Cette espèce, dit-il, est peut-être une coquille à l’état de jeune âge ». Il est donc sage de rejeter Cette forme, qui, en somme, ne ressemble nullement au Cyclostoma clathratulum de Sowerby et de L. Pfeiffer. Le clathratulum de Sowerby, d’une teinte brunâtre carnéolée et souvent flammulée, en outre, de bandes foncées, est très élégamment treillissé en dessus par des striations saillantes et serrées. Ses cinq tours convexes, à croissance rapide, sont séparés par une suture bien accentuée. Ses tours supérieurs sont nuancés, le long de la suture d’une bande noire. Son dernier tour bien ventru- arrondi, est lisse en dessous. Son ouverture oblique, ovalaire, supérieurement anguleuse, est intérieurement teintée d’un jaune légèrement rougeâtre. Son péristome continu (1), droit, médiocrement épais, se dilate à peine au bord columellaire et ne recouvre nullement l’ombilic, qua est étroit et en forme d’entonnotir. Son opercule, testacé, n’a guère que deux spirales qui s’aceroissent avec la plus grande rapidité. Cette espèce a été recueillie dans l’Yemen en Arabie. C'est à tort qu’elle a été signalée dans l’île de Socotora. Celle qui vit dans cette île est la suivante. (1) Les bords se touchent par suite d’une forte callosité. ADN Otopoma Socotranum, — Otopoma clathratulum Var. socotrana. Godwin-Austen, on the land shells of the island of Socotra, in : Proceed. zool. soc. of London 1881, p. 254, pl. xxvir, fig. #. Coq. très globuleuse, conoïde, à ombrlic étroit, jamais recouvert. Test blanc d’une légère teinte pourpre plus foncée vers le sommet, et élégamment orné de striations spirales saillantes sur les tours supérieurs (1), coupées par d’autres striations transverses, qui deviennent, sur les tours médians, presque obsolètes; enfin, qui finissent par disparaître sur le dernier. Spire conoïde. # tours bien arrondis-ventrus. Suture profonde. Ouverture légèrement oblique (2), presque ronde (3), avec une partie anguleuse supérieurement. Péristome continu, presque détaché de l’avant-dernier tour, non réfléchi, obtus et assez épaissi du côté externe. Bord columellaire suboblique, presque droit, avec une légère tendance à la saillie anguleuse du côté qui regarde la cavité ombilicale. Opercule testacé, à 3 spirales qui s’accroissent rapidement. Nucléus sub- central ; — haut. 14, diam. 28 1/2 millim. Abondante dans l’île de Socotora. À la suite de cette espèce, M. Godwin-Austen men- tionne et décrit (p. 255) sous l'appellation d’Ofopoma clathratulum, var. minor, une petite forme (haut. 17, diam. 48 mill.), également de Socotora, excessivement conoïde, puisqu'elle est presque aussi haute que large. 1) Sauf le tour embryonnaire qui est lisse. (1) (2) D'après Godwin-Austen, elle serait subverticale. (3) Godwin-Austen dit « oval ». 09 Cette variété minor, qui pourrait bien être une forme spéciale, a un petit ombilie ouvert. À cette espèce, s'arrêtent les Otopoma que j'avais à faire connaître. Jusqu'à présent M. G. Révoil n’en a pas encore découvert dans le pays des Comalis ; les deux espèces trouvées, en effet, par ce voyageur et publiées, en février 1881, sous le nom d’Otopoma, appartiennent au genre suivant. GEORGIA. Les espèces que je comprends dans cette nouvelle coupe générique, à laquelle j’attribue le prénom du voyageur Georges Révoil, sont caractérisées par un om- bilic entièrement recouvert, par suite de l'expansion insolite du bord columellaire, expansion qui se développe même sur une grande partie du tour Inférieur. Les Georgia possèdent un test ventru-conoïde, à tours très bombés-arrondis, à spire turbinée; une ouverture presque toujours circulaire ; un péristome non continu, se distinguant par un de ses bords (le columellaire) arri- vant en contrebas du point d'insertion de son autre bord (Pexterne). Chez les Otopoma véritables, le péristome est continu ou subcontinu. Dans le premier cas, les bords péristo- maux, à leur point de jonction, se rejoignent sur un plan au même niveau ; dans le second cas ils se réunissent par l’entremise d’une callosité plus ou moins épaisse. Fe d pet Chez les Georgia, ce n’est pas cela ; le bord du côté columellaire ne se rejoint pas au bord externe, mais 1l aboutit sur la convexité pariétale, en dessous du bord externe, et ne parvient à se réunir à lui que par suite d’une inflexion-remontante de la callosité. L’opercule diffère également de celui des Otopoma. INTÉRIEUREMENT, cet opercule est éoncave (1), presque lisse et entièrement recouvert par une membrane muci- lagineuse fort mince qui cache l’enroulement des spirales. Ces spirales, au nombre de #4, s’accroissent régulièrement et avec bien moins de rapidité que sur la surface externe, où elles sont embrassantes, en se recouvrant en partie les unes les autres, sauf la dernière. EXTÉRIEUREMENT, Cet opereuleestconvexe; on remarque à son centre, un nucléus percé à jour (2); puis, à partir de ce trou nucléoïde, des spirales, à croissance d’abord lente, ensuite très rapide, caractérisées, le long de la suture, par un épaississement de plus en plus accentué jusqu’à la fin du dernier tour ; où, cet épaississement se prolonge encore, l’espace d’un tiers de tour en devenant de plus en plus saillant, sous une apparence virguli- forme. La suture des spirales est profonde et comme cana- liculée. Ainsi : du côté interne, surface concave; spirales à croissance régulière, sans éminences ni renflements; mem- (1) C’est par erreur que M. Petit a dit que l'opercule de la Guil- laini était concave extérieurement. (2) Ce trou a passé jusqu’à présent inaperçu, parce qu'il est bouché, du côté externe, par la membrane mucilagineuse. O7 brane mucilagineuse recouvrant le tout; au centre un nucléus à jour, lorsque la membrane est enlevée. — Du côté externe, à parür du trou nucléoïde, qui est presque central, 4 spirales, à croissance rapide, saillantes-épaisses le long d’une suture canaliculée et se terminant par une languette virguliforme proéminente. Les espèces de cette nouvelle coupe générique, qui ont été constatées (sous le nom d’Otopoma), dans les régions les plus voisines du pays des Comalis, soit dans le sud de l'Arabie, soit dans l’île de Socotora ou même un peu au midides côtes comaliennes, comme Mogadoxa, par exemple, sont les suivantes. Georgir Natieoides. — (Cyclostoma naticoides Recluz, in : Rev.soc. cuv. 1843, p.3; et, in : Mag. zool. pl. xx (optima) 1843 ; et, L. Peiffer, Cycl. in : 2° édut. Chemnitz, p. 37, pl. v, fig. 1-4 1846, et, Pneumonop. viv. 1852, p. 181 (Excel. syn. Turbo foliaceus de la pre- mière édit. et le Cyclost. foliaceum de la pl.1v, fig. 40-11 de la deuxième édition de Chemnitz). Grande et belle espèce (haut. 35, diam. #1 mill.) de ‘île de Socotora, où elle a été découverte parle capitaine Jchenne. Coq. conoïde-globuleuse, à test solide, épais, d’un blanc rosé. Spire conique, à sommet obtus et planulé. 5 tours et demi convexes, à croissance rapide, séparés par une suture assez profonde : les premiers finement et légèrement treillissés ; le dernier ventru, orné de plis Spiraux plus ou moins accentués, assez régulier et trans- pe pos versalement sculpté par d’autres plis plus étroits, subai- gus et trrégulièrement espacés. Ouverture peu oblique, presque ronde, intérieurement d’un jaune-orangé-bru- nâtre, brillante et épaissie à son bord externe. Péristome épais, subréfléchi, dilaté à l’endroit columellaire en une forte cloison qui recouvre tout l’ombilic. Bords réunis par une callosité blanche. Opercule épais, plan, un peu bombé, anguleux supérieurement, à 4 spirales s’accrois- sant avec rapidité. Georgia Austemi, PBourquignat. — Otopoma naticoides (1) Godwin-Austen, On the land shells of the isl. Socotra, in : Proceed. zool. soc. London, p. 252, pl. xxvir, f. 1, février 1881. Cette superbe espèce se distingue de la naticoides, par sa forme moins haute, moins conoïde, plus largement développée dans le sens transversal. Ainsi, cette forme a 31 mill. de haut sur près de 60 de diamètre, tandis que la vraie naticoides a 35 de haut sur 45 de large. Elle se distingue encore par sa spire moins conique- élancée ; par son ouverture non ronde mais ovale déve- loppée dans une direction transversale légèrement obli- que de gauche à droite; par son test moins fortement strié et plissé ; par son bord externe présentant en avant, lorsqu'on le regarde de profil, une sinuosité que l’on ne remarque point chez la naticoides de Recluz. D'après Godwin-Austen, le sommet est ordinairement tronqué. (1) Non Otopoma (Gyclostoma), naticoides de Recluz. Pare Cette espèce, à laquelle j'attribue le nom du savant malacologiste Godwin-Austen, vit dans l’île de Socotora. Georgin Guillrimi. — Cyclostoma Guillaini, Petit, in : Journ. Conch., 1, 1850, p. 51, pl. 1v, fig. 3. On trouve dans la seconde édition de Chemnitz un Cyclostomidæ décrit et figuré (pl. xxxiv, fig. 7-8), par L. Pfeiffer sous le nom d’Ofopoma Guillainti, qui ne ressemble pas du tout à lespèce de M. Petit. Cette coquille de Pfeiffer, en effet, sans compter une forme un peu plus conique-globuleuse, possède, bien qu’adulte, un ombilie non recouvert, et se distingue, en outre, par un bord columellaire fort peu dilaté, imitant celui des Rochebrunia. Ce Cyclostomidæ vit, en compagnie de la vraie Guillaint, aux environs de Mogadoxa. La Guillaini de Petit est une coquille globuleuse, conique, &ombilic complètement recouvert (1); son test d’un blanc bleuâtre, solide, est finement treillissé par des lignes spirales et transversales ; ses tours au nombre de 5 à 6, sont convexes et le dernier, notamment, est bien ventru-arrondi ; son ouverture circulaire, à peine angu- leuse au sommet, est intérieurement d’un jaune d’ocre; son péristome épais, obtus, bordé extérieurement par un bourrelet cireumapertural, est dilaté à l’endroit colu- (1) Dans l'état de jeunesse, cette espèce, comme, du reste, toutes les Géorgies, offre un ombilic ouvert ; mais dans l’état adulte, il est toujours entièrement fermé. Chez les vrais Otopoma et chez les Rochebrunia, la cavité ombilicale n'est jamais recouverte, même dans l’état de vieillesse. NES mellaire en une cloison qui recouvre tout l’ombilic; enfin son opercule calcaire, extérieurement convexe à 4 spi- rales, possède un nucléus subcentral. - Cette espèce a 25 millim. de hauteur sur 26 de dia- mètre. Georgia clausa. — Cyclostoma clausum, Sowerby, Thesaurus, n° 104, p. 128, pl. xxx, fig. 266-267, — et, L. Pfeiffer, Cycl. in : 2 édit. Chemnitz, p. 147, pl. xx, f. 13-15. — Otopoma clausum, Gray, cat. Cycl. p. 36, 1850, et, L. Pfeiffer, Monogr. pueumonop. p. 179 et 180 (excel. var. B), 1852. Petite espèce (haut. 8, diam. 1% mill.) à ombilic com- plètement fermé, de forme peu convexe comme écrasée, à testsolide d’un blanc carnéolé, lisse en dessous, et sillonné en dessus par de fines striations spirales. Spire obtuse-déprimée, à sommet d’une teinte marron ; k tours à peine convexes, à Croissance rapide, séparés par une suture superficielle ; dernier tour légèrement plan en des- sous, offrant en dessus une direction descendante. Ouver- ture oblique, ovale-arrondie, faiblement anguleuse supé- rieurement, d’une teinte jaune à l’intérieur. Péristome non continu, simple, droit, dilaté à l’endroit columellaire en une cloison qui recouvre tout l’ombilic. Opercule tes- tacé, paucispiré, à spirales saillantes et costulées. — De Yémen, en Arabie. Gcorgin yemenfien., Dourquignat. — Cyÿclos- toma clausum, var. B. L. Pfeiffer. Pneumonop, viv. p. 180, 1852; et, Cycl. in : 2° édit, de Chemnitz, p. 330, pl. xiu, Î. 13-15, 1853. SU dre Forme plus petite que la précédente (haut. 7 1/2, diam. 12 1/2 mill.) se distinguant du clausum type, par une spire plus convexe, non écrasée; par une ouverture plus ronde; par un dernier tour à peine descendant supérieurement; par un test lisse en dessus et en dessous, et orné d’une bande rougeâtre. — De l’Yémen en Arabie. J'ai maintenant à faire connaître cinq Géorgies çoma- liennes, y comprises les deux espèces (Perrierr: et Poi- rieri) publiées, en février 1881, sous l’appellation d’Otopoma, dans mon Mémoire sur les Mollusques re- cueillis chez les Medjourtin par M. G. Révoil, dans son précédent voyage. Ces Géorgies peuvent se répartir en deux séries, d'a près leur bord péristomal : 1° En espèces possédant un péristome non réfléchi, mais obtus, droit, orné extérieurement d’un bourrelet circumapertural plus ou moins accentué (naticopsis, Guillaini) ; 2° En espèces offrant un péristome réfléchi (Perrieri, Poirieri et Revoili). GEORGIA NATICOPSIS (fig. 43-48). Testa inumbilicata (umbilicus callo columellari semper omnino tectus ; — callus columellaris nitidissimus, lœvi- gatus ac concavus), magna, ventroso-conoidæa, solida, mitida, candida aliquandd supra obscure subcarneolo- cinerea et subtus albida, aut interdum zonula fusca sutu- ram sequente in supremis anfrachibus ornata, — et ho eleganter costulis transversalibus spiralibusque clathrata (costulæ ad supremos subtiles, in medianis validiores ac in ultimo crassæ, distantes obsoletæque et prope aper- turam inter concavitates in quincumcem dispositas sat valide malleata) ;— spira conoidea ad sammum obtusius- cula ; apice valido, prominente, lœvigato ; — anfractibus 5 tumido-rotundatis, celeriter crescentibus, sutura im- pressa separatis, ultimo amplo, dimidiam altitudinis superante, superne regulariter lenteque descendente, subtus in loco umbilici omninÿ tecti relative concavo ; — apertura sat ohliqua, piriformi-rotundata, superne angu- lata, intus ocracea ; — peristomate candido, recto, ob- tuso, extus plus minusve marginato ([margo obtusus); margine columellari in lamina lata fornicatim umbili- cum omnino claudente et in convexitate ultimi late ad- spresso ; marginibus callo candido-eburneo ac nitidissimo junctis ; alt. 28, diam. 30, alt. apert. 17 millim. J'ai donné (figures 46-48) la représentation exacte de l’opercule. Cette Géorgie varie beaucoup comme taille. J’en con- nais qui n’ont que 19 de haut sur 20 de diamètre. Les grandes viennent de la vallée du Darrar ; les plus petites de Fararalé chez les Comalis Dolbohantes. GEORGIA GUILLAINI (fig. 49). Je rappelle ici la Guillaini, dont j'ai donné ci-dessus les principaux caractères, pour dire qu’elle a été recueillie morte dans les sables de la côte entre Olok et la lagune de Tohen. | Par Parmi les échantillons rapportés par M. G. Révoil, il y en avait quelques-uns d’une taille un peu plus forte que celle du type, de même qu'il s’en trouvait quelques au- tres d’une forme plus petite. Malgré ces différences de grandeur, tous ces échantillons m'ont paru bien sembla- bles à la Guillain: de Mogadoxa. Je ferai remarquer que la vraie Gutllaini décrite par M. Petit possède un bord péristomal obtus, pourvu seule- ment extérieurement d’un bourrelet cireumapertural (labio incrassato extus marginato, dit Petit), et non un péristome réfléchi, ainsi que l’indique L. Pfeiffer (Mo- nogr. pneumonop. viv., p. 182, 1852). Cette Guzllain: de Pfeiffer, comme je l’ai dit plus haut, ne peut être rapportée à cette espèce; elle ressemble plutôt à une Rochebrunia. Les trois Géorgies de la seconde série, qui se séparent nettement de celle de la première par leur péristome ré- fléchi, peuvent assez facilement être distinguées entre elles en quelques mots : Ainsi : Deux espèces (Perrier et Poirieri) d'assez forte taille, dont l’une est caractérisée par une suture canaliculée et l’autre par une suture ordinaire; enfin, une troisième (Revorih) assez petite, remarquable par l’exiguité de ses tours supérieurs, en comparaison du développement de son dernier tour. GEORGIA PERRIERI (fig. 50-51). Otopoma Perrieri, Bourquignat, Moll. rec. en Afrique danslepays des Com. Medj., p. #, 1881. LS Testa inumbilicatä (umbilicus callo columellari sem- per omnino tectus), magna, subdepresso-globosa, superne conoidæa, solida, nitida, candida, superne striis (summo excepto) argutis confertisque, transversalibus et spiralibus (in ultimo prope aperturam subevanidis) elegantissime clathrata ; — spira convexo-conoidali, ad summum ob- tusa ; apice valido, prominente, leviter mamillato, lævi- galo; — anfractibus 5 convexis, celerrime crescentibus, sutura impressa separatis ; — ultimo maximo, rotundato- ventroso, dimidiam altitudinis superante, superne cla- thrato, inferne obsoletissime transverse striatulo aut fere: sublævigato, ad insertionem labri descendente ac subito valide ascendente; — apertura leviter obliqua, exacte rotundata, superne vix subangulata ; — peristomate con- tinuo, obtuso, undique leviter reflexiuseulo, extus obtuse marginato ; margine columellarti in lamina lata umbilicum omnino fornicatim claudente et in convexitate ultimi late expanso ; — alt. 20, diam. 26 millim. Cette espèce, à laquelle J'ai attribué le nom de notre ami M. Edmond Perrier, professeur à la chaire de mala- cologie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, a été recueillie entre Tohen et le cap Gardafui. GEORGIA POIRIERI (fig.54-56). Otopoma Poirieri, Bourguignat, Moll. rec. en Afrique dans le pays des Com. Med., p. 6, 1881. Testa inumbilicata (umbilicus callo columellari semper omnino tectus), globosa, conoidæa, solida, nitida, candido- 71) — sublutescente, transverse argute striatula ac superne Jineolis spiralibus (summoexcepto), circa suturam validio- ribus, eleganter clathrata; — spira producta, conica, ad summum Obtusa; apice valido, lævigato, submamillato; anfractibus 5 convexo-rotundatis, sicut solutis, celeri- ter crescentibus, sutura canaliculata separatis ; — ultimo magno, globoso, rotundato, dimidiam altitudinis supe- rante, Superne ad insertionem regulariter descendente ; — apertura parum obliqua, fere rotundata, superne angulata, altiore quam latiore; peristomate continuo, obtuso, leviter subreflexiusculo; margine columellari umbilicum fornicatim omnino claudente ; — alt. 20, diam. 23 millim. Cette Géorgie, dédiée à M. Justin Poirier, aide-natu- raliste à la chaire de malacologie du Muséum deParis, est caractérisée par des tours un peu détachés par suite de la suture canaliculée ; par ses linéoles longitudinales plus serrées, moins distantes les unes des autres et, en outre, plus saillantes, notamment celles qui avoisinent la suture, que celles de la Perrieri. Cette espèce se distingue encore de la Perrieri par sa taille plus haute, moins large dans le sens transversal; par sa spire plus conique, plus élevée ; par ses tours supé- rieurs moins exigus; par sa Croissance moins rapide, plus régulière; par son dernier tour plus globuleux, moins porté en dehors que celui de la Perrieri, et offrant supérieurement une direction descendante assez pro- noncée; par son ouverture plus haute que large et moins régulièrement circulaire ; par son bord columellaire non aussi largement dilaté, bien que recouvrant également toute la cavité ombilicale. Rae En Cette Géorgie provient de la vallée du Darrar, chez les Dolbohantes. GEORGIA REVOILI (fig. 52-53). Testa inumbilicata (umbilicus concavus, callo colu- mellari semper omnino tectus), sat gracili, conoidæa, subopacula, nitida supra obscure griseo-lutescente,subtus subeandida, argutissime striatula ac lineolis spiralibus sicut in specie precedente, solùm confertioribus, eleganter clathrata; — spira producto-conoidea, ad summum obtusa; apice valido, lævigato, sicut mamillato;, — anfractibus 5 convexo-rotundatis, velociter crescentibus, sutura impressa separatis; — ultimo maximo, rotundato- ventroso, 2/3 altitudinis superante, superne ad inser- tionem labri ascendente, subtusin loco umbilici concavo ; — apertura leviter obliqua, ampla, fere cireulari, superne vix angulata, intus obscure subluteola; — peristomate continuo, obtuso, incrassato, reflexiusculo; margine columellari umbilicum fornicatim omnino claudente ; — alt. 16, diam. 19, alt. apert. 11 millim. Cette espèce, que je me fais un plaisir de dédier à M. G. Révoil, est remarquable par son dernier tour relativement très grand, en comparaison des autres qui sont grêles, peu développés en hauteur et assez exigus ; par son ouverture très ample, bien cireulaire, dépassant un peu plus des deux tiers de la hauteur totale de la coquille; par son ombilic, qui, tout en étant entièrement cloisonné, offre une concavité assez profonde. Cette Géorgie a été trouvée à Fararalé, chezles Gomalis Dolbohantes. ROCHEBRUNIA. Les Cyclostomidæ que je range dans cette coupe géné- rique, à laquelle j'ai donné le nom de notre ami, M. Tremeau de Rochebrune (1), aide-naturaliste à la chaire de malacologie du Muséum de Paris, sont les anciennes espèces classées, avec doute, parmi les Oto- poma. Ces espèces remarquables par leur forme turbinée- conique, ordinairement aussi haute que large (2), sont caractérisées par des tours sphériques bien bombés à croissance normale, dont le dernier n’égale pas, sauf chez une ou deux, la moitié de la hauteur; par leur bord columellaire médiocrement dilaté, ne recouvrant jamais l'ombilic, et, ne possédant pas cette saillie anquleuse qui distingue celui des vrais Ofopoma, saillie parfaitement comprise et représentée sur la planche xxvn du Mé- moire(3) de M. Godwin-Austen. Opercule d’une nature calcaire, perforé à son centre, (1) Moll. terr. et fluv. recueillis en Afrique dans le pays des Gomalis Medjourtin, p. 7. — C'est par suite d’une faute typogra- phique que, dans ce mémoire, le nom de M. de Rochebrune a été imprimé avec deux N. (2) Chez les vrais Olopoma, le diamètre dépasse relativement de beaucoup la hauteur. (3) On the land shells of the island of Socotra. RS comme cclui des Georgia (1), offrant : intérieurement (2), une surface à peine concave, sur laquelle on remarque trois tours spirescents peu marqués, et, à la région cen- trale, un méplat autour de la partie perforée; et, exté- rieurement, une surface plane au centre, puis une arête spirescente, d’abord filiforme, devenant ensuite de plus en plus saillante et épaisse, enfin, finissant par devenir une forte côte presque aiguë, se terminant par une saillie virguliforme formant arc de cercle. | Cette arête spirale, au niveau du demi-tour virguli- forme, atteint un peu plus d’un millimètre de saillie. Sans compter cette arête, on en remarque encore une autre filiforme s'étendant sur une notable partie de la périphérie. Les espèces de ce nouveau genre, qui toutes avaient été classées, avec doute, parmi les Ofopoma, parce qu’on ne savait où les placer, sont au nombre de onze. Ces Cyclostomidæ paraissent, bien qu’on ignore la provenance de plusieurs d’entre eux, des formes spéciales à l’île de Madagascar et aux contréesoriento-littorales de l’Afrique, de Zanzibar au cap Gardafui. (1) Cette perforation n’est. pas saisissable, lorsqu'elle est recou- verte par la membrane mucilagineuse qui s'étend sur toute la face interne, aussi ne l’ai-je pas mentionnée dans mon Mémoire-sur les mollusques du pays des Çomalis Medjourtin, publié en février 1881. (2) C’est par suite d'une erreur typographique, que l'on a im- primé dans mon Mémoire ci-dessus cité (page 8, ligne 1) Eextérieu- rement pour intérieurement, et (ligne 4) ntérieurement au lieu d’extérieurement. pot KRochebrunia Philippiana. — Cyclostoma Phi- lippianum, L. Pfeiffer, Gyel. in : 9° édit. Chemnitz, p. 340,n°356, pl. xxxxiv, f. 23-24, 1853. — Otopoma? Philippianum, L. Pfeiffer, Consp. Gycl., 1852, n° 266, p- 61; et, Monogr. pneumonop. viv., 4, 1852, p. 183. Cette espèce, dont l'habitat est inconnu, est une coquille globuleuse-conoïde, à tours bien circulaires, dont le dernier n’atteint pas la moitié de la hauteur totale. D’après les figures 23-24 de la planche xxxxiv des Cyclostomidæ de L. Pfeiffer, figures qui paraissent fort bien faites, le diamètre (25 mill.) est inférieur d’un mil- hmètre à la hauteur (26 mill.) du test; bien que, dans sa description, L. Pfeiffer donne à cette espèce, 26 de diamètre contre 22 de hauteur. Le bord columellaire ne possède pas de saillie anguleuse. Cette Phillippiana a été ainsi caractérisée : « Testa umbilicata, globoso-turbinata, tenuis, striatula superne lineis subtilibus decussatula, fulvido-albida, fasciis 3-4 angustis rufis superne ornala; spira turbinata, apice nigricans; anfr. 3-3 1/2 rotundati, ultimus infra medium fascia latiore cinctus, basi lævigatus, albus; apertura parum obliqua, subangulato-circularis, intus concolor; perist. subinterruptum, marginibus callo tenui juncts, dextro recto, columellari dilatato, libere reflexo, umbi- licum angustum, pervium semioccultante. » Pfeiffer. Rochebrumin Coquandiana. — Cyclostoma Coquandiana, Petit, in : Journ. conch., 1839, p. #17, pl. x, fig. 2. Otopoma? Coquandianum, L. Pfeiffer in : Malak. Blätt., 1854, p.91; et, Monogr. pneumonop. viv., süpplem., 1858, p. 111. 101) > Grande espèce (haut. 28, diam. 22 mill.) globuleuse, très conoïde, à spire acuminée, dont le dernier tour n'attelut pas la moitié de la hauteur. Test lisse en apparence, possédant néanmoins de très fines stries obliques transversales, que viennent couper quelques lignes spirales à peine perceptibles ; 6 à 7 tours bien ronds, dont les supérieurs décroissent rapidement jusqu’au sommet, qui est aigu, et le dernier, ventru-sphérique, est orné de deux bandes d’un brun clair (la supérieure plus large que l'inférieure); ouverture circulaire, à péristome non continu, mais se continuant, grâce à une callosité médiocre. Bord externe épais, entouré extérieurement par un bourrelet; bord colu- mellaire plus robuste, assez épais, sans trace de saillie anguleuse, Ombilic étroit. On ne connaît ni l’opercule n1 la patrie de cette espèce, que l’on présume provenir de Madagascar. | Rochebrunia vitellinma. — Cyclostoma vitelli- num, L. Pfeiffer, in : Proceed. zool. soc., 1859, p. 64; el, Cyclost. in : 2° édit. Chemnitz, n° 353, pl. xxxxr, fig. 25-36, 1853; et, Otopoma? vitellinum, L. Pfeiffer, Consp. Cycl., n° 268, p. 61, 1852; et, Mon. pneum. viv., 1, 1852, p. 184. D’après les figures de la seconde édition de Chemnitz, cette espèce est un peu plus haute que large (haut. 20, diam. 19 mill.), et le dernier tour égale juste la moitié de la hauteur. « Testa umbilicata, globoso-conica, solida, striis incrementi conferus et liris confertissimis scabre decussata, flavido-rubella, palhidins irregulariter strigata ; Mu ee spira elevato-conica, apice nigrescens, obtusula; anfr. 5 convexi, ultimus rotundatus, infra medium sublæviga- tus, in umbilico angusto pervio spiraliter sulcatus ; aper- tura vix obliqua, ovali-rotundata ; perist. simplex, margi- nibus approximatis, callo junctis, dextro subrepando, recto, sinistro medio dilatato, patente. — Madagascar. » L. Pfeiffer. Rochebrumia polita. — Cyclostoma politum, Sowerby, Thes. conch. 1842, n° 18, p. 97, pl. xx, fig. 17; et, L. Pfeiffer, Cyel. in : 2° édit. Chemnitz, n° 167, p. 155, pl. xx1, fig. 13-14, 1853. — Otopoma politum, Gray, Cycloph. p. 37, 1850. — Otopoma? politum, L. Pfeiffer, Consp. Cycl. n° 271, 1852; et, Monogr. pneumonop. viv., 1, 1852, p. 186. Espèce globuleuse-conoïde, un peu plus large (haut. 15, diam. 16 mill.) que haute. « Testa perforata, conico-globosa, crassiuseula, polita, castanea, maculis parvis fulvidis vel cœrulescenti-albidis confertim guttata ; spira conoidœæa, obtusiuscula; anfr. & 1/2 convexiuseuli, ultimus antice pallidus; apertura subcireularis, intus pallida ; perist. rectum, obtusum, marginibus superne angulatim junctis, columellari incrassato, umbilicum haud pervium non occultante. — Patria ignota. » L. Pfeiffer. | Rochebrumin Guillaimopsis. — Cyclostoma Guillaini (non Petit), L. Pfeiffer, Cycl. in : 2° édit. Chemnitz, n° 234, pl. xxxiv, fig. 7-8, 1853. Cette espèce, à ombilic ouvert, ne peut être rapportée 6 rep à la vraie Guzllaini de Petit (1), qui est une forme du genre Georgia (voir page 69). Ce Cyclostomidæ, sans compter son ombilic non recouvert, se distingue, en outre, de l’espèce de Petit par son test plus épais, plus crétacé, et un peu moins développé dans le sens du diamètre ; par une spire plus élevée, plus conique ; par ses tours plus ventrus-arrondis, par son ouverture plus circulaire, dont le bord columel- laire ne s’évase pas sur la perforation qui reste ouverte. Cette coquille vil en compagnie de la Guillaini, aux envi- rons de Mogadoxa. HRochebrumia Gramdidieri. — Cyclostoma (Oto- poma ?) Grandidieri, Crasse et Fischer, in : Journ. conch. 1868, p. 185, pl. vi, fig. 3 ; et, Otopoma? Grandidieri, L. Pfeiffer, Monogr. pneumonop. viv. suppl. IIT, 1876, p. 169. _ Cette forme, qui a été trouvée à l’état fossile ou plutôt subfossile, par le savant voyageur, M. A. Gran- didier, dans des dunes près du cap Sainte-Marie, au sud de Madagascar, a été ainsi caractérisée : « Testa umbili- cata, globoso-turbinata, sat tenuis, longitudinaliter stria- tula, lineis spiralibus, confertis subtiliter decussatula ; spira turbinata; sutura impressa; anfr. 5 1/2 convexi, embryonales primi 1 1/2 læves, ultimus rotundatus, lineis spiralibus supra medium subtilibus, confertis, infra me- dium subdistantibus, obsoletissimis decussatus; apertura parum obliqua, subangulato-rotundata ; perist. sub-inter- (ln Journ:conch11,1850, p.51, plu ES. ne ruptum, marginibus callo erassiusculo junctis, columel- lari dilatato, libere reflexo, imprimis versus medium expanso, umbilicum angustum semioccultante, basali et dextro rectis, vix subincrassatis, attenuatis ; — diam. 18, alt. 46 mill. » Je ferai remarquer que, d’après la fig. 3 dela planche vi du Journal deconchyliologie, cette espèce est aussi haute que large. La mensuration accuse, en effet, 19 mil. en hauteur et en diamètre, mensuration qui est en contra- diction avec celle donnée par les auteurs. Kochebrunia tricolor. — Cyclostoma tricolor, L. Pfeiffer, neue Cyel. in : Zeitsch. f. Malak., 1849, p. 128. Cyclostoma gratum, Petit, in : Journ. conch., I, 1850, p. 53, pl. ini, fig. 10 (très grossie); et, Cyclosto- mus ? gratus, L. Pfeiffer, consp. Cycl., n° 339, 1852 ; et, Monogr. pneumonop. viv.; I, 1852, p. 231 ; et, Cyclostoma? gratum, L. Pfeiffer, Cycl. in: 2° édit. Chemnitz, n° 236, pl. xxxiv, fig, 11-12, 1853 ; enfin, Oto- poma”? gratum, L. Pfeiffer, Mon. pneumonop. viv., suppl., IT, 1876, p. 169. Très petite espèce (haut. 7, diam. 5 millim.), d’abord signalée à Zanzibar, puis à l’île d’Alb-el-Goury, enfin à Socotora. Sa véritable patrie paraît être, en somme, l’île d’Alb-el-Goury. Cette coquille conique-turriculée, dont le dernier tour n’atteint pas la moitié de la hauteur, a été ainsi caracté- risée : « Testa perforata, oblongo-conica, solida, lineis elevatis spiralibus et longitudinalibus confertissimis sub- üliter decussata, nitidula, carnea; spira scalari-conica, jeu apice obtusiusculo, purpuræo; anfr. 5 convexi, ultimus basi planiusculus, ad peripheriam et circa perforationem subangulatus; apertura obliqua, subcireularis, superne angulata, intus ignea; perist. simplex, continuum, rec- tum, margine sinistro superne breviter expanso, inferne subreflexo ; — long. 7, diam. 5, ap. longa, 3 millim. » Rochebrumina comien. — (lopoma conicum God- win-Austen, Land shells of the island Socotra, in: Pro- ceed. zool. soc. London, 1881, p. 255. pl. xxvut, f. 1, (grossie). : Assez petite espèce (haut. de l’axe seulement 7, diam. max. 11 millim.) presque aussi haute que large, étroite- ment ombiliquée, de forme conoïde, à test solide, blan- châtre, très élégamment sillonné par des lignes spirales (très accentuées à la région ombilicale), que viennent couper d’autres petites linéoles transversales, beaucoup plus délicates; spire conique, à sommet aigu; 5 tours ronds, dont le dernier offre supérieurement une légère direction descendante; ouverture faiblement oblique, cir- culaire, anguleuse à sa parte supérieure, entourée d’un péristome presque aigu, droit, dont le côté columellaire, un peu plus robuste, n’est pas réfléchi. Cette conica a été trouvée aux environs du village de Gollonsir, dans l’île de Socotora. Rochebrumia turbimata, — Otopoma turbina- tum, Godwin-Austen, Land shells of the island Socotra, in : Proceed. zool. soc. London, 1881, p. 255, pl. xxvur, f. 2 (très grossie). LPO. Ce très petitCyclostomidæ (haut. de l’axe seulement 5, diam. max. 8 1/2 millim.), qui a été recueilli dans l’île de Socotora, sur une montagne caleaire (alt. 2.000 pieds anglais), où il vit sur les troncs de Dracæna cinnabari, possède une coquille plus largement ombiliquée que celle de la conica. Son test conique, d’une teinte blan- châtre, est très finement sillonné de petites lignes spirales très régulières, qui disparaissent presque aux abords de l’ombilic; spire élevée-conique ; 4 tours 112 bien sphéri- ques, séparés par une suture profonde; ouverture pres- que circulaire fort peu anguleuse supérieurement; péri- stome mince, droil, un tant soit peu évasé sur le côté columellaire. Les deux Rochebrunia découvertes par M. G. Révoil, dans le pays des Comalis, sont les suivantes. ROCHEBRUNIA OBTUSA (fig. 60-61). Otopoma ? obtusum, ZL. Pfeiffer, in : Malak. Blätt, IX, 1862, p.202 ; et, in : Novit. conch; 11, p. 226, n° 829, pl. uiv. f. 3-k, 1863; et, Monosr. pneumonop. viv., supplém., 1865, p. 193. Rochebrunia obtusa, Bourquignat, Moll. rec. en Afr. dans le pays des Comalis Medjourtin, p. 7, fév. 1881. Testa umbilicata (umbilicus profundus angustus), glo- boso-turbinata ac conoïdæa, solidula, nitida, lævigata aut lævissime in supremis spiraliter striatula {striæ in ultimis Bee eus evanidæ), carneola ac zonula mediana castaneaque, in ultimis duobus decurrente, cincta; — spira conica, ad summum obtusa; apice lævigato, obtuso, nigro-margi- nato; — anfractibus 4 1]2-5 perconvexis, regulariter crescentibus, sutura impressa separatis; — ultimo me- diocri, exacte rotundato, dimidiam altitudinis vix attin- gente, superne prope inserlionem labri leviter sub- ascendente; — apertura parum obliqua, cireulari, superne subangulata; peristomate fere continuo (margi- nibus valido callo junctis), recto, leviter subpatulo; mar- gine columellari validiore, arcuato, dilatato ac subfor- nicato-reflexo, umbilicum non claudente. J'ai donné (pages 77-78) la description de l’opercule. Cette espèce varie comme grandeur. Elle atteint en hauteur de 13 à 19 millimètres, et elle mesure de 12 à 18 en diamètre. M. G. Révoil a recueilli cette obtusa, que L. Pfeiffer a signalée de Zanzibar, sur la côte orientale, au sud du cap Gardafui, entre Tohen et Binnah, où elle se trouve ordinairement sous les broussailles. ROCHEBRUNIA REVOILI (fig. 65-66). Cette nouvelle forme, qui vit avec la précédente, dif- fère de celle-e1 : par son test plus petit (haut. 10, diam. 41 millim.); par sa forme moins turbinée; par sa spire moins conique, comme écrasée, plus obtuse, à tours rela- tivement plus gros et plus renflés ; par son dernier tour rectiligne ou même un tant soit peu descendant à l'inser- M PO tion du bord externe; par ses tours moins nombreux (4 seulement); par ses bords réunis par une callosité plus faible, ce qui fait paraître le péristome non continu. REVOILIA. Cette nouvelle coupe générique, à laquelle j'ai attribué, en février 1881 (1), le nom de M. G. Révoil est des plus caractérisées: Coq. déprimée, discoïde; tours sillnnnés par de nom- breuses arêtes spirales; ombilie très largement ouvert dans le jeune âge, mais au contraire, dans l’état adulte, zou- jours entièrement recouvert par une mince cloison, due à une dilatation exagérée du bord columellaire; ouverture bien circulaire, à péristome continu, largement atlé-di- laté et offrant, à l'insertion du bord supérieur, une dila- tation marginale se prolongeant sur le dernier tour, et dépassant de beaucoup la partie supérieure de l’ouver- {ure. Ce péristome ne peut être mieux défini qu’en disant, que, sans compter la dilatation aïlée de son pourtour, il donne naissance à deux autres dilatations : une supé- rieure, Se prolongeant, en avant de l'ouverture, sur le dernier tour ; une 2n/érieure, partant du bord columel- laire et étendant son développement sur toute la région ombilicale, sous la forme d’une mince cloison. Lorsqu’on (1) Moll. terr. et fluv., rec. en Afrique, dans le pays des Gomalis Medjourtin, p. 9. brise celte cloison, on aperçoit un ombilic en entonnoir et l’enroulement spiral interne en son entier. Je ne connais malheureusement pas l’opercule de ce nouveau genre qui doit prendre place, dans la méthode, près des Lithidion. Les Revoilia, en effet, sont aux Lithi- dion, ce que sont les Georgia aux Otopoma. En somme, les Revorlia sont des Cyclostomidæ ressem- blant par leurs formes à d'énormes Lithidion, par leurs arêtes spirales au Cyclostoma modestum, par leur om- bilic recouvert aux Georgia; enfin, par fa dilatation supéro-aperturale de leur péristome à certains Choano- poma. REVOILIA MILNE-EDWARDSI (fig. 57-59). Testa late umbilicata (umbilicus callo columellari sem- per omnino tectus), depressa, discoïdea, solida, parum nitida, albidulo-lutescente aut obscure subaurantiaca : hris validis, productis, strictis, carinas simulantibus, dis- tantibus, (vulgd in ultimo 20-95, in alteris (supremis exceptis) æqualiter 8, et, in interstitiis transverse striatis, sicut cancellatis), eleganter circumeincta; — spira de- pressa, conoïdeo-convexa, ad summum obtusa ; apice lævigato, valido, prominente ; — anfractibus $ convexo- rotundatis ; celerrime crescentibus, sutura impressa sepa- ratis;, — ultimo maximo, tumido rotundato, 2,3 altitudinis fere æquante, superne ante insertionem labri subito deflexo ac deinde leviter descendente ; — apertura obliqua, exacte circulari, superne non aut vix obscure subangulata ; peristomate continuo, simplici, non dupli- OUR cato sed expanso ac alatim plane dilatato et reflexiuseulo, ad insertionem labri incurvato ac antrorsum provecto et in convexitate penultimi anfractus in longum extenso ; — margine columellari inferne mediocri, superne perlate expanso ac umbilicum omnino claudente ; — alt. 15, diam. 22 millim. Cette espèce, à laquelle j’attribue le nom de notre ami le professeur À. Milne-Edwards, membre de l’Institut, est remarquable par ses arêtes saillantes, aiguës, ressem- blant à des carènes. Ces arêtes sont plus fortes, plus hautes et plus distantes les unes des autres sur le milieu de la convexité que vers les régions suturale et ombilicale. Entre chacune de ces arêtes, on observe de très fines stries transverses. Le péristome continu, est pourvu sur tout son contour externe d’un bord plan, ailé, légèrement réfléchi à sa tranche externe et ressemblant à une collerette. Vers l'insertion du labre, à la partie supéro-aperturale, ce bord ailé, au lieu de rester plan, s'incurve en avant (ce qui donne lieu à une sinuosité) ef se projette au loin sur la convezité du tour, sous la forme d'une languette ailée, qui vient mourir à une distance de 5 millimètres au delà de l’ouverture. Le bord columellaire, très rétréci à sa base, à peine dilaté et subréfléchi, prend à sa partie supérieure, sous la forme d'une mince cloison calcaire, une telle exten- sion qu'il recouvre non seulement tout l'ombilic, mais encore une parte de la base du dernier tour. Cette Revoilia a été abondamment recueillie au cap Gardafui, sous les roches qui forment entablement, NO) ainsi qu'au pied des broussailles le long du sentier de Tohen à Binnah sur la côte orientale. MELANIA. MELANIA TUBERCULATA. Nerita tuberculata, Muller, Verm. Hist., n, p. 191., 1774. Melania tuberculata, Bourquignat, Cat. rais. Moll. Orient, p. 65, 1853 ; et, Malac. Alg, Il, 1864, p. 251, pl. xv, fig. 1-12. Cette Mélanie, connue encore sous le num de fascio- lata, a été recueillie dans la lagune de Tohen, sur la côte orientale, où elle vit en compagnie des Limnæa Per- rieri, Poirieri et Revoili. Cette espèce est une des formes les plus cosmopolites que l'on connaisse : elle se trouve répandue, en effet, depuis l'Inde et les îles de la Sonde dans toute l’Asie occidentale, en Perse, en Mésopotamie, en Syrie, en Arabie, etc. et, même dans presque toute la partie sud de l’Anatolie. En Afrique, elle a été constatée dans les régions orientale et septentrionale de ce continent, de Natal en Égypte, et de l'Égypte au Maroc. Fe © ANATOMIE DES BULIMUS ET LIMICOLARIA REVOILI Les détails anatomiques que je vais donuer ne portent que sur deux Mollusques : les Bulimus et Limicolaria Revoili. Ces espèces, à l’exception toutefois d'un Bulimus Paul (que je n'ai pas voulu sacrifier), sont les seules dont le voyageur G. Révoil a rapporté les animaux. BULIMUS REVOILI. L'animal de ce Bulime, autant que j’ai pu en juger d’après son corps contracté et racorni dans un alcool un peu trop concentré, m'a semblé d'une teinte noirâtre ; son manteau très moucheté de taches jaunacées plus ou moins foncées, m'a paru analogue, comme coloris, à celui de l’Helix fruticum de nos pays. OO ee La masse buccale, d’une forme oblongue (long. 7 mill.), très convexe en dessus, est légèrement aplatie en dessous. La bouche est munie d’une pièce supérieure propre à la mastication, la mâchoire. Cette mdchoire se compose d’une pièce résistante, muscoso-cornée, d’une teinte marron. Cette pièce (long. 2 mill. 1/2, larg. 1/2 mill.) de la forme d’un arc par- fait, est aussi large à ses extrémités qu’à sa partie cen- trale;, vue sous un très fort grossissement, elle paraît(voir fig. 12) sillonnée de très fines striations fortement serrées les unes contre les autres, La masse linquale, située au centre de la bouche (voir fig. 8), de la forme d’un tubercule oblong, est recouverte d’une plaque cornée (radula) faiblement ocracée. Cette plaque ou radula (long. k, larg. 2 mill.) est hérissée d’nne multitude de petites dents, ou spinules, disposées symétriquement en’ quinconce. Sous un très puissant microscope, ces denticules de forme triangulaire avec une pointe terminale, offrent un léger renflement de chaque côté de leur ligne de naissance. Vers le pourtour de la plaque, ces denticules, réduits à l’état embryon- naire, ressemblent à des rudiments de tubercules. J'ai essayé de me rendre compte du nombre de denti- cules qui pouvaient exister sur une plaque linguale de k mill. de long sur 2 de large. J’ai chiffré sur l’une d’el- les 98 rangées horizontales et 72 verticales, soit 7,056 den- ticules ; sur une autre, 1402 sur 90, soit 9,180 ; enfin, sur une troisième, 1414 sur 95,soit 10,830; ce qui donne une moyenne de 8,943. Or, d’après ces chiffres, sur une pla- — 93 — que de 2 mill. de large sur # de longueur, il y aurait, er moyenne, par millimètre carré, un peu plus de 1,100 denticules. Sur une radula d'Helix pomatia qui, il est vrai, est un peu plus grande que celle du Bulimus Revoili, Thomson en a compté 21,000, et, 28,000 sur celle du Limax maxi- mus; Hancoch, sur celle de l’Helix Ghiesbreghti, 39,596, etc. — On peut juger par ces chiffres de l'extrême exiguité des denticules qui hérissent Ja plaque linguale des Mollusques de ja famille des Helicideæ. Les glandes salivaires, d’un blanc jaunacé, très allon- gées, enserrent complètement la partie moyenne de l’œso- phage. Les canaux de ces glandes sont filiformes et pren- nent naissance de chaque côté de l’œsophage à l’extré- mité supérieure de la masse buccale. L'æsophage est un long tuyau d’un gris sale. L’esto- mac, d’une teinte ocracée, à moitié engagé dans le foie, m'a paru très développé (voir fig. 1). L’enéestin, qui fait suite, forme trois circonvolutions entre les lobes du foie. L’orifice génital s'ouvre, vers le sommet du cou, en arrière du grand tentacule droit. La bourse génitale commune commence à cet orifice, sous la forme d’un conduit assez court (long. 2 mill.), dans lequel viennent déboucher le vagin d’un côté, le fourreau de la verge d'un autre, et, entre les deux, l’ori- fice de la prostate vaginale. Le fourreau de la verge (long. 7-8 mill.), d’abord rétréci à sa partie inférieure, se gonfle en forme de cul- de-sac à son extrémité supérieure. ue Le canal déférent, qui s'insère sur le fourreau de Ja verge, presque au niveau du muscle rétracteur, d’abord assez volumineux, finit par s’amincir en un petit filament blanchâtre. Ce filament, après plusieurs sinuosités, varia- bles suivant les échantillons, descend au niveau de la poche commune, puis remonte vers la base de la matrice où il se poursuit sur toute sa longueur {sous le nom de prostate déférente) pour venir émerger de la fente basi- laire de la glande albuminipare ; à partir de cette fente, ce filament (canal excréteur de la glande hermaphrodite) se présente sous l’apparence d’un petit conduit, recouvert d’une gaine fibreuse très lâche. Ce conduit, ou canal excréteur, après avoir formé dans cette gaine de nom- breux méandres, va enfin aboutir, par diverses petites ramifications, dans la glande hermaphrodite. Cette glande, d’une teinte rouge-marron assez foncée est composée d’une réunion de nombreux follicules digi- tiformes. La glande albuminipare, placée à l’extrémité supé- rieure de la matrice etde la prostate déférente, ressemble à une longue languette (long. 25 mill.) aplatie ; elle est néanmoins, notablement renflée inférieurement ; elle s'étend sur les contours du foie. Chez deux individus, je l'ai trouvée pliée en deux. La matrice se montre sous la forme d’un long sac, à parois minces, molles et jaunâtres, offrant cà et là des boursouflures séparées par des étranglements. L’oviducte, d’une longueur de k à 5 millimètres, est un conduit qui de la matrice aboutit au vagin, un peu au-dessous de l’orifice du canal de la poche copulatrice. ne Ode Le vagin, de même diamètre et à peu près de même longueur que l’oviducte, débouche dans la bourse qgéni- tale commune. Au sommet du vagin, s'ouvrent deux conduits : 1° celui de la glande copulatrice, terminée à son extrémité par un renflementallongé (long. 6, diam. 4 mill.). Ce renfle- ment (glande copulatrice), d’une teinte jaunacée assez _sale, se trouve appliqué le long de la prostate déférente ; 2° celui du sac vaginal, sorte de prolongement du vagin. Ce conduit, à peu près de même longueur que le précé- dent, passe sous l’oviducte et s’étend le long des sinuost- tés de la matrice. _ Enfin, au fond de la bourse génitale commune, entre l’orifice du vagin et celui du fourreau de la verge, se montre celui de la prostate vaginale. Cette prostate est un très long tuyau réduit, à sa partie médiane, à l’état de très petit filament, et pourvu à son extrémité d’un fort renflement allongé (long. 7 mill.) légèrement arqué, et ressemblant à une gousse de petits pois. Lorsqu'on compare ces organes génitaux avec ceux du labrosus de Syrie, espèce du groupe des Petræus, et voi- sine, comme forme, du Revoih, on remarque entr’eux d’assez grandes différences. Ainsi, le /abrosus possède un petit flagellum ; son ovi- ducte descend presque jusqu’à la boursegénitalecommune; son vagin, excessivement long, forme un conduit spécial, qui ne fait pas suite à l’oviducte, comme celui du Revoth; enfin, la glande albuminipare, la prostate vaginale, le fourreau de la verge, etc., ont une forme bien distincte. — 96 — | Il résulte de ces caractères différentiels que le Revoih, bien qu’appartenant, au point de vue de la forme de sa coquille, au groupe des Petrœus, reste un type à part. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. — E. OEsophage. — F. Estomac. — G. Intes- tin. — H. Commencement du-cœcum. — I. Foie. Fig. 2. — Organes génitaux : — À. Glande herma- phrodite. — B. Canal excréteur. — CG. Glande albumini- pare. — D. Matrice. — E. Oviducte. — F. Vagin. — F’. Sac vaginal, — G. Poche copulatrice. — H. Prostate déférente. — I. Canal déférent. — J. Muscle rétracteur du fourreau dela verge. — K. Fourreau de la verge. — L. Prostate vaginale. — M. Muscle rétracteur de la pro- state vaginale. — N. Bourse génitale commune. Fig. 3. — Partie inférieure très grossie du canal excré- teur de la glande hermaphrodite, au moment où elle s'immerge dans la fente basilaire de la glande albumini- pare : — B. Canal excréteur.— B’. Son talon. — C. Por- tion de la glande albuminipare. — H. Commencement de la prostate déférente. Fig. k. — Portion très grossie du canal excréteur de la glande hermaphrodite, pour faire voir le canal interne dont les replis sont gonflés par les ovules. Fig. 5. — Fourreau de la verge très grossi et ouvert à sa partie inférieure pour montrer sa disposition interne: — I. Extrémité inférieure du canal déférent. — J. Muscle rétracteur. — K. Fourreau de la verge. Fig. 6. — Ensemble très grossi de la masse buccale et TND fi x (} à page 96. Mollus ques. : $ Pulinus Aevorlr. op des glandes salivaires. — A. Orifice buccal. — B. Masse buccale. — C. Son talon. — D. Muscle rétracteur. — E. OEsophage. — F. Conduits des glandes salivaires. — G. Glandes salivaires. Fig. 7. — Masse buccale et glandes salivaires de gran- deur naturelle. Fig. 8. — Masse linguale, vue de profil, de grandeur naturelle. Fig. 9. — Plaque linguale ou radula, de grandeur na- turelle. Fig. 10.— Fragment excessivement grossi de la plaque linguale pour montrer la forme des denticules. Fig. 11. — Autre fragment également très grossi d’une autre plaque linguale où la forme des denticules est dif- férente. Fig. 12. — Mâchoire de grandeur naturelle, et très grossIe. LIMICOLARIA REVOILI. L'animal de cette Limicolaria possède un pied exces- sivement noir. Son manteau paraît d’un gris pâle avee quelques taches jaunacées peu nombreuses. La mâchoire est très caractérisée; elle consiste en une pièce cornée (long. 4 112 mill.), d’un marron foncé en avant, munie en arrière d’une grande plaque cartilagi- neuse cristalline, subquadrangulaire, destinée à servir de surface d'attache dans le tissu fibro-musculeux de la par- tie supérieure de la bouche. Cette plaque devient très robuste vers sa réunion avec le bord supérieur de la mâ- 2 (I — 98 — choire. Cetle mâchoire, vue de face sous un très fort grossissement, de la forme d’un arc peu régulier, pré- sente une surface sillonnée par de petites lignes creuses, très espacées à la région médiane, et devenant vers les extrémités de plus en plus serrées. La plaque linquale, de 5 mill. de longueur sur près de 3 de largeur, est hérissée d’une infinité de petits points denticulaires disposés symétriquement en quin- conce. Sur une plaque, j'ai compté 148 rangées verticales et 148 horizontales, sur une autre 160 sur 145, soit pour la première 21,756, et pour la seconde, 23,200 denti- cules. On remarque sur la plaque linguale différentes sortes de dents : 1° Au centre, 13 rangées verticales de denticules, dont j'ai donné figure 7 une exacte représentation ; 2° De chaque côté, 28 rangées de denticules latérales (voir fig. 8); 3° De chaque côté des latérales, 27 autres rangées mar- ginales (voir fig. 9) ; Enfin, 4°, le long des bords, 12 autres rangées (voir fig. 10). La formule dentaire peut se formuler ainsi : 19 + 97 98 L 13 + 928 97 + 12 — 147. Je ferai observer que vers les bords, les denticules, réduits à l’état rudimentaire, apparaissent comme de tout petits tubercules, qui peu à peu augmentent en taille jusqu'à la série marginale. Dans cette série, les éminences tuberculiformes sont pourvues à gauche d’un rudiment de pointe acérée. Dans la série suivante, ces éminences, d’arrondies, deviennent subquadraogulaires, avec une spinule étroite et fort allongée ; enfin, dans la médiane, les spinules prennent plus de force, la région supérieure se gonfle, et l’éminence acquiert alors la forme d’une cornue renversée à col pointu. Les glandes salivaires sont courtes ; elles entourent l’œsophage à peu de distance de la masse buccale, en formant un paquet assez volumineux. Les organes génitaux sont particuliers et très dissem- blables de ceux des Bulimes. Chez la Limicolaria Revoili, le vagin occupe la place de la poche génitale commune; il est renflé et volumi- neux. À son extrémité supérieure s'ouvrent : 1° du côté droit, le conduit de l’oviducte, notablement dilaté à sa jonction avec la matrice, et, celui de la glande copula- trice, terminée par une longue poche acuminée ; 2° du côté gauche (vers le bas), les conduits de la prostate vagi- nale et du fourreau de la verge. La prostate vaginale est un long tube renflé inférieu- rement, filiforme à sa partie médiane, et un tant soit peu dilaté vers son extrémité supérieure. Le fourreau de la vergeest caractérisé par une glande oblongue, faisant fonction de flagellum. Cette glande est relativement si volumineuse qu’elle paraît l'emporter en force et en taille sur le fourreau de la verge, qui sem- ble réduit à un rôle secondaire. La présence de cette glande flagelloide, le vagin en forme de bourse, occupant la place de la poche génitale — 100 — commune, ladilatation supérieure de l’oviducte, le man- que de sac vaginal, etc., non moins que la forme spéciale de la glande copulatrice, de la prostate vaginale, etc., font que cette Limicolaria est très distincte, anatomique- ment, des Bulimes et des espèces des autres genres de la famille des Helicidæ. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. — Masse buccale grossie : — À. Bouche. — B. Masse buccale. —C. Talon. — D. Muscle rétracteur. — E. OEsophage. —F. Conduits desglandes salivaires. — G. Glandessalivaires. Fig. 2. — Même masse buccale, de profil, de grandeur naturelle. Fig. 3. — Mâchoire très grossie; vue en dessus pour faire voir la plaque d’enchässement. Fig. &. — Même mâchoire très grossie, vue de face. Fig. 5. — Même mâchoire de grandeur naturelle. Fig. 6. — Plaque linguale de grandeur naturelle. Fig. 7. — Fragment excessivement grossi de la plaque linguale pour faire voir la forme et la disposition des dents médianes. | Fig. 8. — Fragment excessivement grossi de la plaque linguale pour montrer la forme des dents latérales. Fig. 9. — Fragment excessivement grossi de la plaque linguale pour montrer celle des dents marginales. Fig. 10. — Fragment excessivement grossi de la pla- que linguale pour montrer celle des dents tout à fait marginales, réduites à l’état de petits points. | Mbission GRecoil (Says Comalis.) Mollusques % Porimant del. Lip Begue r des Noyers 87 Linricolarta Levork. Ne, FU ï Gr — 101 — Fig. 11. — E. OEsophage. — F. Estomac. — G. Intes- tin. — H. Commencement du cœcum. — I. Foie. Fig. 12. — Ensemble très grossi d’une portion de la cavité pulmonaire : — À. Paroi pulmonaire. — B. Gros intestin. — C. Glande præcordiale. — D, Cœur. — E. Foie. Fig. 13. — Organes génitaux : — A. Glande herma- phrodite. — B. Canal excréteur. — C. Glande albumi- nipare. — D. Matrice. — E. Oviducte. — F. Poche vagi- nale. — G. Poche copulatrice. — H. Prostate déférente. — [. Canal déférent. — J. Muscle rétracteur du four- reau de la verge. — K. Fourreau de la verge. — C. Po- che flagelloïde ou flagellum. — M, Prostate vaginale. — N. Orifice commun. Fig. 14. — Fragment très grossi de la partie interne de la poche vaginale. Fig. 15. — Portion très grossie de plusieurs lobes de la glande hermaphrodite. Fig. 16. — Vésicules excessivement grossies d’un des lobes de la glande hermaphrodite. Les Mollusques du pays Comalis sont au nombre de 36, abstraction faite de la Melania tuberculata, espèce cos- mopolite, sans importance au point de vue de la répar- tition des êtres. Or, lorsqu'on examine ces 36 Mollusques, sous le rap- . port de l’analogie de leurs signes distinctifs avec ceux des autres pays, on reconnaît : 1° Queles Heuix dérivent du type pisana, dont les for- mes sont si répandues dans toutes les contrées circum- méditerranéennes : 2° Que les Bucimus appartiennent à la série des Petreus d'Arabie, espèces qui, elles-mêmes, se relient, par des nuances peu tranchées, à cette belle suite syrienne des spirectinus, thaumastus, labrosus, Jordani, exochus, diminutus, lamprostatus, Alepi, therinus,etc.…, ; 3° Que les LimicoLarIA et les LIMNOEA, au contraire, — 103 — sont franchement africaines, parce que les premières font partie d’un genre spécial à l’Afrique, et les secondes, du groupe de l’orophila du Benguella. Lk° Que tous les operculésterrestres des genres GEorGrA, RocaeBrunia et RevorniA sont des formes du centre mal- gache, puisqu'il n’y a que dans ce centre zoologique où l’on puisse retrouver, chez les Ofopoma et Lithidion, les similaires des coquilles Comaliennes. Il résulte de ces faits que la population malacologique du pays exploré par M. G. Révoil provient de #rois cen- tres de types de formes. Elle provient, en effet : 1° Du grand centre zoologique africain, qui s’étend sur presque tout ce continent, à l’exception, toutefois, de son extrémité sud-australe et de toute sa partie septen- trionale (1) ; | 2° Du centre du système européen (2), qui englobe non seulement toute l’Asie occidentale, mais encore l’Europe entière et les régions nord de l'Afrique, comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, etc. ; 3° Eufin, du centre malgache, qui a fait sentir son in- fluence le long des côtes oriento-africaines depuis le lit- toral zanzibarien jusqu’à Gardafui, et aux côtes sud de (1) Voir pour la répartition des espèces dans le nord de l'A- frique, la MALACOLOGIE DE L'ALGÉRIE, 1864. (2) Ge centre se subdivise, d’après la prédominance de certaines formes, en sous-centres taurique, alpique et hispanique. — 104 — l'Arabie ; qui, de plus, a peuplé de ses Operculés terres- tres, un grand nombre d’îles de l’Océan indien. Les Mollusques de ces deux derniers centres ont été, sans aucun doute, introduits de temps immémorial dans le pays des Comalis, où sous l'influence des milieux nou- veaux et sous l’action lente des temps (1), ils se sont sé- lectés des caractères spéciaux ; caractères qui, à la suite des siècles, ont constitué les diverses espèces que je viens de faire connaître. J. R. B. Janvier, 1882. (1) L'espèce est RELATIVE sous la double influence du temps et des milieux (Bourguignat, 1868). TABLE DES NOMS D'ESPÈCES ET APPELLATIONS SYNONYMIQUES. Puliminus Forskali Beck = 15060200 CR ne — fPagOSUS 10e Lee RS LU NBC 192 LRale DNSPNESS — JADIOSUSN TE 82 ere N'OSE AN ER are Bulimus -aratus, KüSter: . : 2... 4 NS SM. nn. — Bértrandi RéVOIL.: 1 NP Re — Brusuien, Bourguignat. "NAME EVA = Ucandidus, Deshayes. . +, 2: 4: : 16, — Déléveniert RÉVOIL : 04. ARNO URL — DuUVENHerIAnuS, 10.52. rt 0e NO UPAMMANt — Porskaie Les Pleifers 25: 00.040) NPA, — DRAGONS ee UE NS NE ER CR APEPIAUR., à do NE A AT, y MAN A #1 LME ES “nus Ch. Cusir del. ù Lip 4 ecquet r des Moyers, F7 /Leliotroprerr Sy COSLLTTt ZrancÀ. Lrnp Becquet 7 des Moyers, EVA Fleurop Leranéha Pevoilt Zranck. Plamiest Ch. Cuisin del. dt ut éd 7i let a CE A LOS LA, 24, dd: dus mis Plantes. Lnp Becquet r des Noyers, 37 Ch Cuisin del. Arlhrosolen SOrnACerSts Lranch. QE er ñ #4 1 F L MISSION G. RÉVOIL AUX PAYS ÇCOMALIS FAUNE ET FLORE RECHERCHES CHIMIQUES ET TOXICO-PHYSIOLOGIQUES SUR LE OUABAIO POISON A FLÈÉCHES DES ÇGOMALIS PAR LE D: A.-T. DE ROCHEBRUNE, AIDE NATURALISTE AU MUSÉUM ET M. A. ARNAUD, PRÉPARATEUR DE CHIMIE ORGANIQUE AU LABORATOIRE DE CHIMIE DU MUSÉUM. ML TET RE Xl er TE Dans une communication sur les poisons à flèches Africains, faite en 1871 à l’Académie d’Amster- dam (1), M. Van Hasselt, après avoir résumé les rares travaux publiés sur le même sujet, et s'être livré à l'examen botanique des espèces végétales, sources probables de ces agents, donne le résultat de quelques expériences faites par lui, sur des gre- nouilles intoxiquées à l’aide des poisons du Cap et de Guinée, et parle incidemment d’un autre poison en usage parmi les Comalis, dont l’action, au dire de M. Arnott, serait semblable à celle des Strychnos. En 1873, une autre communication du même auteur (2), uniquement consacrée à reproduire deux mémoires de Fraser sur le poison de Guinée (3), n'apporte aucun fait nouveau pour la science ; tout (1) Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, t. NET, p- 161-116, 1872; (2) Archives néerlandaises, loc. cit., t. IX, p. 164-170, 1874. (3) On the Kombi arrow-poison of the Manganja, Proceed. of the royal Soc. of Edinburg, vol. VII, p. 99, 1872; et Journ. of Anatomy and Physiology, vol. VII, 2° sér., p. 139, 1873, Rue ARE en réclamant pour lui et pour M. Pelikan un droit de priorité dont la légitimité nous échappe, M. Van Hasselt se borne à mettre en relief l’habileté de Fraser, et termine en appelant de nouveau l’atten- tion sur le poison à flèches des Comalis, qualifiés, on ne sait pourquoi, de peuplade nègre de l'Afrique orientale. Ce poison, inconnu du reste à M. Van Hasselt, assimilé d’abord à un Strychnos, devrait son origine, comme ceux du Cap et de Guinée, à une espèce du genre Strophanthus,mais agirait dif- féremment sur l'organisme. De leur côté, MM. Polaillon et Carville publiaient en 1872, concurremment avec Fraser, un savant mémoire sur les effets toxiques du poison de Gui- née (1), sans parler en aucune façon du poison Comalis. Les deux communications précitées de M. Van Hasselt nous paraissent être les seuls renseignements jusqu'ici connus sur ce poison, car, malgré les recher- ches les plus assidues, il nous a été impossible d’en trouver la trace parmi tous les auteurs consultés. Il était réservé à M. G. Révoil de fournir les matériaux indispensables à la connaissance de l’agent toxique des flèches du Çomal; grâce à ses découvertes récentes, et aux échantillons dont il a bien voulu nous confier l'examen, nous avons pu instituer une série d'expériences sur les propriétés toxico-physiologiques, non seulement des flèches, (1) Étude physiologique sur les effets toxiques de l’Inée, poi- son des Pahouins.— Archives de physiologie normale et patho- logique, publiées par MM. Brown-Sequard, Vulpian, Charcot, tome IV, 1871-1872, p. 523 et seq. Den mais aussi des substances servant à leur empoison- nement, étudier chimiquement ces substances et les comparer aux autres poisons Africains. Nous basant pour cette comparaison sur les expé- riences les plus concluantes de Fraser, de MM. Po- laillon et Carville, nous essayerons de démontrer que, tout en pouvant être rattaché à la catégorie des poisons dits poisons du cœur, l'Ouabaïo se dif- férencie cependant du Kombe ou Inée, par plusieurs caractères particuliers; en l'étudiant simultané- ment, avec d’autres poisons végétaux employés en thérapeutique, il serait, croyons-nous, facile de faire ressortir la similitude presque parfaite de leur action; nous ne nous arrêterons pas, cependant, sur ce fait intéressant, et nous nous bornerons, pour le moment, à faire entrevoir avec Fraser la possibi- lité de doter un jour la thérapeutique d’un nouvel agent : « The examination of these subtances has « not only proved of great value to physiology, « but practical medicine has likewise been-bene- « fited (1). » Quoi qu'il en soit, si notre étude sur le poison à flèches des Comalis peut présenter quelque valeur, c'est à M. G. Révoil seul que revient le mérite de nous avoir montré la voie où nous allons essayer de nous engager. (1) Fraser, Jonrn. of Anat. and Physiol., loc. cit., p. 140. CHAPITRE PREMIER. ORIGINE BOTANIQUE. Des renseignements suffisants nous manquent pour déterminer, même approximativement, la plante fournissant aux Comalis le poison de leurs flèches. Pressé par les exigences d'une exploration diffi- cile, M. G. Révoil a pu se procurer seulement une quantité assez considérable de racines, seule partie du végétal employée par les naturels. Ces racines se montrent sous la forme de bâtons plus ou moins tordus, de 0".15 à 0.18 de long sur 0.010 à 0.018 de diamètre; le bois est tendre, poreux, jaunâtre, léger, d’une odeur aromatique rappelant faiblement celle de la cannelle; l’écorce est épaisse de 0.001 à 0.002, d’un brun jaunâtre, fendillée et comme écailleuse sur certains échan- tillons ; sur d’autres, elle est raboteuse, d’un brun plus foncé; réduites en poudre, les racines provo- quent de violents éternuements. = Une certaine analogie d'action, entre l'extrait aqueux de ces racines et le poison de Guinée, donne-t-elle le droit d'identifier les espèces végé- tales productrices de ces poisons, ou de les consi- dérer, tout au moins, comme appartenant au même genre? Nous ne le pensons pas. Le poison à flèches de Guinée est produit, sui- vant M. Van Hasselt (1), d’après Clapperton, par une plante grimpante du nom de Konghkonie; sui- vant le D' Griffon du Bellay, elle porterait le nom d’Inée, Inaye ou Onaye (2). C'est sous ce nom d’Inée que MM. Polaillon et Carville la décrivent; précédemment, Fraser l'avait appelée d’abord Akazga (3), puis, ensuite, Kombi ou Kombé, du nom de la localité d’où l’évêque Mackensie l'aurait apportée le premier. M. Van Hasselt, après plusieurs hésitations, con sidère l’espèce comme appartenant à une Apocynée du genre Échites, puis, plus tard, au genre Stro- phanthus, le Strophanthus hispidus, D. C., que M. Oliver, de Kew, a distingué depuis sous le nom de Strophanthus Kombe. (1) Loc. cit., première communication, p. 165. (2) Le nom Onaïi désigne,en pahouin, le poison que l’on met aux flèches (kila Onaï g’ojongo w’elendina, empoisonner une flèche); il doit être seul accepté. Ceux de 7née, Inaye, Onaye sont fran- cisés et sans valeur. Quant au mot Kong-Konie, que nous ne trouvons nulle part, nous croyons qu'il faut l'écrire Koo Gnembe, de Xoo, écorce, et Gnemba, poison. (3) Le nom Akazga, tel que l’écrit Fraser, n’a aucune signifi- cation, la terminaison zga a été mise pour shéga; le sx, dans la langue des Pahouins, équivant au cx français, il faut donc tra- duire Akashèga, de Aka, gomme, et Shèga, vermoulu, pilé. eo ee C’est également au Strophanthus hispidus, D.C. que M. le professeur Baillon rapporte l’Inée de MM. Polaillon et Carville. Malgré certains caractères différentiels entre la plante citée par Clapperton et celle décrite par M. Baillon, tels que l'écorce des rameaux, sem- blable à celle des rameaux du noyer chez l’une, hérissée de longs poils chez l’autre, les feuilles rudes et ridées de la première, tomenteuses et molles de la seconde ; la forme, les dimensions des follicules et des graines prouvent que, si les deux types peuvent à la rigueur être spécifiquement dis- tingués, ils font néanmoins partie du même genre Strophanthus, fait pleinement confirmé par le sa- vant professeur de l’École de médecine de Paris. Le Kongkonie, Kombé, Onaï, Inée sont donc un seul et même poison ; de plus, il est extrait unique- ment des graines ; MM. Polaillon et Carville sup- posent qu'il pourrait exister dans les fleurs, les tiges et les racines, l'extrait obtenu des feuilles étant, paraît-il, moins actif (1). M. Van Hasselt, en parlant du poison du Cap, dit ne pas connaître la plante mère, mais, à cause de sa similitude d'action avec le précédent, il conclut en lui donnant la même origine et en le considérant comme extrait d’un Strophanthus. Cependant, suivant l'opinion d’un auteur dont il ignore le nom, l'emploi du suc des racines d’un Rhus désigné sous. (3) Loc. cit., p. 530. SA. le nom de Wabié (1) servirait à empoisonner ces flèches. D'après ses souvenirs, M. G. Révoil a pu nous décrire succinctement la plante de l’Ouabaïo : « Elle croit, nous a-t-il dit, sur le versant des montagnes des Ouarsanguelis et des Medjourtines, les tiges sont arborescentes, droites, élancées, elles portent des feuilles analogues à celles du Syringa (Philadel- phus coronarius, Lin.), ovales, elliptiques lancéo- lées. » Loin de nous la pensée de rechercher à l’aide de données aussi incomplètes le groupe auquel peut appartenir l'espèce; si cependant un rapprochement était possible, peut-être faudrait-il s'adresser à la famille des Terebinthacées ; tout ce que nous pouvons dire, d’après M. G. Révoil, c’est que le Ouabaïo n'est pas un arbuste grimpant, qu’il forme des taillis épais, et que, jusqu’à nouvel ordre, il doit, selon toute probabilité, être séparé des Stro- phanthus. | Contrairement à l’Inée ou Kombé, l’Ouabaïo est toujours extrait des racines, l'extrait aqueux est insipide et non excessivement amer, non pas nau- seux, Mais, au contraire, d’une odeur aromatique douce rappelant un peu celle de certains baumes, le Styrax notamment. (1) Van Hasselt, loc. ci. première communication, p. 166. en pe EXTRACTION DU POISON PAR LES COMALIS. La méthode employée par les Comalis pour ex- traire l'Ouabaïo et empoisonner leurs flèches, est simple et expéditive. Les racines fraiches ou desséchées, sont grossie- rement concassées, plongées dans l’eau et soumises à une ébullition prolongée; l’extrait ainsi obtenu, débarrassé des fragments de bois, est maintenu sur le feu jusqu’à consistance un peu épaisse. À ce mo- ment le produit est mélangé à une certaine quan- tité de suc d’Aloës (Aloe soccotrina, Lmk) que l’on y fait tomber goutte à goutte, afin d'obtenir une pâte homogène facilement applicable à chaud sur le fer des flèches. | COMPARAISON DES FLÈCHES COMALIS, DE GUINÉE ET DU CAP. Les flèches Comalis peuvent être considérées comme formées de deux parties distinctes, fig. 1, A. La première constituant la flèche proprement dite, est un morceau de fer aplati et aigu de 0,015 de long sur 0,007 dans sa plus grande largeur, portant de chaque côté une barbelure acérée de 0,010 de long’et 0",001 de large ;iune tige de 0",045 de long, sur 0",002 ou 0”,003 de diamètre, ronde et apoin- tée à la base, termine le fer de la flèche ; une épaisse couche de matière toxique, d’un brun noir et d’as- pect résineux, recouvre cette tige et remonte un peu sur le fer, entre les deux barbelures. S" ( | ) Foi: mt A ve La hampe est faite d’un bois léger de 0%,30 à 035 de long sur 0",007 de diamètre au sommet et 0",004 à la base; quatre plumes de vautour (Gyps occipitalis, Bursch ?) désigné par les Comalis sous le nom de Gorgor, tail- lées en ellipse, sont maintenues sur la hampe parune matière brune, proba- blement du suc d’Aloës; une entaille profonde de 0",004 est destinée à re- cevoir la corde de l'arc. Au sommet de la hampe, sur une longueur de 0,010, est enroulé un fil en tissu animal, destiné à consolider le bois percé d’un trou de 0,010 de profon- deur, où pénètre le fer de la flèche et dont il peut se détacher facilement. Ces flèches différent, sous certains rapports, de celles de Guinée, décri- tes et figurées par Livingstone, comme provenant du Zambèseet dont Fraser a étudié le poison Kombé (1). Elles sont également composées de deux pièces, fig. 1, B; le fer est triangulaire et barbelé, il porte également le long de sa tige deux autres barbelures en forme d’ha- meçon. En outre, un morceau de bois pointu est solidement attaché à la (1) Livingstone, Narrative exped. lo the Zambese, 1865, p. 466. ig. B. C. D. or tige en fer et tend à la maintenir dans un roseau servant de hampe et garni à sa base de plumes retenues par un lien. Les flèches du Gabon, décrites par MM. Polaillon et Carville, sont remarquables par leur simplicité et ne ressemblent en rien aux pré- cédentes; nous en copions la des- cription et la figure, telles que nos savants confrères les ont données(1), NE DEQE « Les flèches, disent-ils, sont for- mées par une petite tige de bambou qui a 3 à 4 millimètres de diamètre ; elles ont une longueur de 30 centi- mètres environ. À l’une de leurs exirémités le bois est aminci en pointe acérée; à l’autre extrémité, il est coupé perpendiculairement à sa longueur; près de cette extrémité le bambou présente une fente dans laquelle on introduitune petite feuille qui joue le rôle des barbes de la plu- me dans les flèches ordinaires. La pointe est enduite dans une étendue de 5, 6 ou 7 centimétres d’une | substance brunâtre; une ou deux Fig. 2. : p. entailles ;faites dans le bois de la flèche à environ 6 centimètres de sa pointe facilitent la cassure de la partie empoisonnée dans la plaie. » (A) Loc. ci 0. 0524 pl eouv, 1e 01 NET M. Van Hasselt (1), décrit de la façon suivante les flèches à poison du Cap (flèches Boschimanes) : « Elles sont faites d’un roseau solide d’une lon- gueur d'environ 7 décimètres, vers le bas elles sont garnies de plumes ; au bout antérieur elles présen- tent une entaille, dans laquelle se trouve fixée une petite plaque triangulaire de fer d'environ ? centi- mètres, bien affilée aux angles et aux côtés qui sont égaux. » Faisant allusion aux flèches du Zambèse de Li- vingstone, M. Van Hasselt (?) donne sa description des flèches Boschimanes comme concordant en grande partie avec elles; les deux descriptions et les figures précédentes, l’une extraite de l’ouvrage même de Livingstone, fig. 1, B, l’autre d’après un spécimen du musée d’'Ethnographie (3), fig. 2, D, nous dispensent de faire ressortir l’inexactitude de la comparaison. Si les poisons Africains ont entre eux certains traits d’analogie, les instruments destinés à les por- ter dans l’organisme ne sont donc en aucune façon semblables. Le même mobile semble cependant avoir présidé à leur fabrication. Les flèches Comalis se relient, en effet, aux flèches du Zambèse, mais par le seul fait de leur division en deux parties; à celles des (1) Loc. cil., première communication, p. 168. . (2) Loc. cit., deuxième communication, p. 000: (3) Nous remercions notre confrère M. le D' Hamy d'avoir bien voulu nous communiquer les objets du musée d’ethnographie dont l'étude nous était indispensable. Hip T Pahouins, en ce que ces dernières ont la propriété de se briser dans la plaie. L'action toujours fatale, quoique relativement lente du poison, nécessitait en quelque sorte ce mode de facture ; il fallait nécessairement que le fer de la flèche püût seul rester engagé : « Iron barb and poissoned upper part of the wood remain in the wound, » comme le dit Livingstone (1), sans la hampe, dont les oscillations en effrayant l’animal l’auraient obligé à fuir à des distances considéra- bles ; la douleur, faible au moment où il est frappé (2), l’impressionne à peine et ne l’excite pas à s’éloigner bien loin, condition essentielle à la réussite de sa capture, car en raison même de cette action lente du poison, le chasseur doit suivre le gibier à la piste et épier ses mouvements, jusqu à l'heure où, sous l'influence d’un commencement d'intoxication , il s'arrête inquiet, incertain, s’accroupit et bave, mo- ment favorable pour l’approcher et lui trancher la tête, suivant la coutume des Comalis. Ainsi, les flèches Comalis et du Zambèse, à poison dont l’action est lente, sont par ce motif seul, for- mées de deux pièces facilement séparables, de même les flèches du Gabon, de Guinée, présentent des en- tailles propres à faciliter leur rupture. Tout au contraire, les flèches du Cap sont solidement fixées (H)MPoc cit p'A66: (2) Nous verrons dans nos expériences, que les blessures faites directement avec les flèches ÇGomalis, occasionnent une douleur excessivement faible, l'animal frappé ne pousse aucun cri et semble à peine s'inquiéter de l'opération. TEE à la hampe:; n’y aurait-il pas lieu, dès lors, de sup- poser : ou que leurs fabricants ne sont pas doués, comme les Comalis et autres, d’une grande somme de prévoyance, ou plutôt qu'elles recèlent un poi- son plus prompt, fait encore ignoré, malgré les sup- positions de M. Van Hasselt ? CHAPITRE II. ANALYSE CHIMIQUE DES RACINES D'OUABAÏO. Dans l’étude suivante, nous avons dû tout d’abord rechercher la nature du principe toxique contenu dans les racines d’Ouabaïo, et nous demander si nous avions affaire soit à un alcaloïde, soit à tout autre principe. | Malgré tous nos essais, il nous a été impossible d'isoler aucun composé présentant les caractères d’un alcaloïde; mais nous avons pu déterminer la véritable nature de ce principe actif. Recherche du principe actif. — L’extrait aqueux de la racine, a été préparé en opérant la décoction dans une cornue, chassant l’air par un courant d’a- cide carbonique et évitant ainsi l’altération possible de l'extrait par le contact de l’air à chaud. Cet extrait concentré ainsi obtenu, est coloré en rouge brun ; filtré, nous l’avons soumis à la dyalise. Le liquide dyalisé, évaporé dans le vide sec, ne donne aucun composé cristallisé, repris par différents dissol- AN, es vants, il ne donne également rien d'apparence cris- talline. Ce même extrait, après avoir été traité par l’acétate neutre de plomb, puis par un léger excès de phosphate de soude, ne donne lieu à aucune pré- cipitation par les alcalis, potasse, soude ou ammo- niaque ; il ne précipite pas non plus par les réactifs caractéristiques des alcaloïdes, par exemple, par l'acide phosphomolybdique, ni par l’iode en solu- tion dans l’iodure de potassium. Le bichlorure de platine, ne donne aucun précipité cristallisé ou non ; après évaporation des liqueurs claires, le ré- sidu repris par l'alcool n’abandonne, par évapo- ration, aucun composé cristallisé ; devant ces résul- tats négatifs, et, d’un autre côté, l’extrait aqueux précipitant abondamment par le tanin, nous avons supposé alors, nous trouver en présence d’un glu- coside, se rapprochant peut-être de la digitaline. En effet, l'extrait aqueux, purifié par addition d’acétate neutre de plomb puis de phosphate de soude, ne réduit pas le réactif cupropotassique ou liqueur de Fehling, même à l’ébullition. Mais si l’on vient à faire bouillir l'extrait avec quelques gouttes d'acide sulfurique, avant de le faire agir sur la liqueur de Fehling, on constate alors une abondante précipi- tation. Cette expérience confirmait bien notre hypo- thèse. Après quelques essais, nous nous sommes arrêtés au procédé suivant d'extraction : Préparation du glucoside.— La racine finement pulvérisée, additionnée d’une solution très faible d’acétate neutre de plomb, en quantité suffisante pour former une pâte épaisse, est laissée au repos dr — pendant vingt-quatre heures; puis épuisée par l'alcool à 50 degrés centésimaux, d’abord par macé- ration à froid, ensuite méthodiquement , par dépla- cement; les liqueurs des lavages, réunies au liquide de macération, sont distillées après neutralisation parfaite, par addition d’une petite quantité de bi- carbonate de soude ; l’alcool ainsi séparé par dis- tillation, la liqueur aqueuse, restant dans'la cornue, est traitée par un excès de phosphate de soude, afin d'éliminer le sel de plomb restant en solution; après avoir été filtrée, on la concentre par distillation dans le vide, ou simplement sous la cloche, en présence de l'acide sulfurique. Après réduction à un faible volume, on ÿ ajoute une quantité suffisante d’une dissolution de tanin, limpide et incolore, qui préci- pite complètement le glucoside. Le précipité re- cueilli, lavé, est trituré dans un mortier avec de la litharge en poudre fine ou mieux du massicot; on forme ainsi avec addition d’eau une pâte épaisse, que l’on doit laisser un certain temps au repos, tri- turant toutelois de temps en temps de manière à renouveler les contacts. On sèche ce mélange à l'étuve, puis on l’épuise complètement par de l’al- cool à 90 degrés bouillant. On distille l'alcool après filtration, puis on évapore à sec le résidu dans le vide, sous le récipient de la machine pneumatique. On lave ce résidu avec du chloroforme à plusieurs reprises, par petites quantités, afin d'enlever par ce dissolvant une matière résineuse spéciale. Le glucoside est repris par l’eau froide, qui donne 2 PR es alors une solution limpide à peine colorée, car un peu de noir suffit pour amener une décoloration parfaite. Les solutions aqueuses ou alcooliques de ce glucoside que nous appellerons Ouabaïne, ne l’abandonnent pas à l’état cristallisé , mais sous forme de petites masses amorphes. Ne disposant que de très faibles quantités d'Ouabaïo et cette ra- cine ne donnant que des rendements très faibles aussi en principe actif, environ 0,5 pour 100 ; ayant dû faire ces essais sur de très minimes portions, nous pouvons encore espérer obtenir l’Ouabaïne cristallisée en opérant plus en grand. Propriétés chimiques et physiques. — L'Oua- baïne se dépose de ses solutions aqueuses, sous forme de rognons amorphes, translucides, devenant opaques peu à peu dans l’air sec; elle se laisse alors facilement pulvériser, en donnant une poudre blan- che très hygrométrique et s’attachant au pilon à la manière des résines ; très soluble dans l’eau froide, encore plus dans l’eau chaude, également dans l’al- cool concentré, elle est, au contraire, insoluble dans le chloroforme, dans l’éther, dans le sulfure de car- bone. Une fois séchée à 100 degrés, elle se dissout plus difficilement dans l’eau, car s'étant déshydratée elle doit absorber une certaine quantité de ce liquide avant de redevenir soluble en toutes proportions. La saveur de l’Ouabaïne est très irritante; elle n'est pas précipitée de ses solutions par l’acétate neutre de plomb. Le tanin la précipite abondam- ment en flocons volumineux peu solubles dans Le l’eau froide, plus solubles à chaud dans le même liquide. L'alcool concentré et même étendu, dissout très bien ce précipité soit à froid, soit à chaud. La pro- priété la plus caractéristique de l’Ouabaïne est de se dédoubler sous diverses influences (l'influence des acides étendus par exemple) en glucose et en une substance particulière dont nous parlerons plus loin. Composition élémentaire. — L'Ouabaïne n'est pas azotée, l'analyse que nous avons faite de cette substance obtenue et purifiée, comme nous l’avons dit ci-dessus, puis séchée dans le vide sec, sous le récipient de la machine pneumatique, le démontre ; nous avons de plus constaté par une expérience qu'elle était parfaitement anhydre, car en séchant une partie à 120 degrés au bain d'huile, l’Oua- baïne commence par fondre dans son eau de com- binaison vers 100 degrés, puis redevient seche, et reste alors fixe, jusqu’à 120 degrés, température que nous n'avons pas dépassée dans nos essais. La combustion par l’oxyde de cuivre, dans un cou- rant d'oxygène, de 0 gr. 188 d'Ouabaïne, a donné : ANCIde CArNOMIQUe DEN 0 gr. 333 EAU GA PROREAT ANT DES PAU E M ENEN à 0 115 Ce qui donne en centièmes : CARDOMEE ET M ne A NU 48,3 ÉRVAROMEREN SN NS ae «eue «late 6,9 OXVECREAPELSMEUIFEN RUN SSL, 45,2 100,0 Recherches sur les produits de dédoublement # ON) 2 de l'Ouabaïne. — L'influence des acides étendus, de l’acide sulfurique faible, ou de l’acide chlor- hydrique sur l’Ouabaïne, est très remarquable. Ces acides la dédoublent très rapidement, en un sucre présentant les caractères du glucose et en un com- posé résineux particulier. Nous avons opéré ce dé- doublement à 100 degrés, dans un tube fermé à la lampe, renfermant une solution étendue d’'Ouabaïne et quelques gouttes d’acide sulfurique. La réaction commence même à la température ordinaire, car le liquide devient laiteux très rapidement, tenant en suspension une matière résineuse qui, latempérature s'élevant, ne tarde pas à fondre en formant un en- duit sur les parois du tube. Après six heures à 100 degrés, le tube fut ouvert et le liquide examiné. Il n'avait aucune odeur parti- culière, ne précipitait plus par le tanin après neutra- lisation et précipitait abondamment par le réactif cupropotassique ou liqueur de Fehling. Une portion du liquide neutralisé par le carbonate de baryte, filtré et évaporé à sec au bain-marie, donne un résidu sirupeux, ayant l’aspect du glucose, obtenu dans les mêmes conditions; ce résidu repris par différents dissolvants ; par l’eau, l’alcool, l’éther, le chloro- forme, ne laisse déposer aucune matière cristalline par évaporation, d’un autre côté, dissous dans l’eau, il réduit la liqueur de Fehling. N'ayant pu obtenir aucun produit particulier autre que ce glucose et cette matière résineuse que nous avons signalée plus haut, nous avons remarqué que la production de la résine était constante, et que le poids Hero de celle-ci était très notable par rapport au poids du glucoside dédoublé. Nous en avons donc con- lu qu’elle était le produit d’un dédoublement, nous rappelant que la Salicine, dans les mêmes conditions» donne aussi naissance à une résine particulière que l’on a appelée Salirétine. Nous espérions avoir assez de substance pour pouvoir analyser ces produits de dédoublements, malheureusement nous ne possé- dions que quelques décigrammes d'Ouabaïne, quan- tité tout à fait insuffisante pour obtenir et purifier ces nouveaux composés ; toutefois, nos essais nous permettent de dire, que ce nouveau glucoside se dédouble ainsi : Ouabaïne + n Eau — Ouabaïré- tine + n glucose. Ne pouvant connaitre les pro- duits de dédoublement de maniere à les formuler, il nous est par conséquent impossible de donner la formule rationnelle de l’Ouabaïne, nous espérons arriver à ces résultats, dès que nous aurons une nou- velle quantité de racines d'Ouabaïo. * Comparaison sommaire de l'Ouabaïne avec quel- ques-uns des glucosides analogues. — L'Ouabaïne se rapproche beaucoup par sa composition élémen- taire, par ses propriétés générales, de certains glu- cosides déjà connus, spécialement des Digitalines, extraites du Digitalis purpurea Lin. et, quoique à un moindre degré, de la Cyclamine, isolée par M. de Luca, du Cyclamen Europeum Lin. Parmi les Digitalines, la Digitaleïne, principe actif amor- phe, soluble dans l’eau, est celle qui a le plus de rapport avec l’Ouabaïne. $ PS Le Les compositions élémentaires de ces trois glu- cosides sont : OUABAÏNE. DIGITALINE. CYCLAMINE. Carbone "me 48,3 54,72 d4,04 Hydrogene me 6,9 Jen 9,12 OXYLENC PE 45,2 36,06 36,34 | 100,0 100, 00 100,00 (D'après notre analyse). -Nativelle (1). De Luca (2). La Digitaline cristallisée n’est pas mentionnée ici, car tant par sa composition, que par ses propriétés physiques et chimiques et notamment par son inso- lubilité dans l’eau, son état cristallin, elle s'éloigne davantage du glucoside de l’Ouabaïo. Comparant donc les formules ci-dessus, nous ver- rons de suite que l’'Ouabaïne ne diffère guère de la Digitaleïne que par de l’oxygène en plus. Si nous connaissions exactement les formules rationnelles de ces deux glucosides, peut-être pourrions-nous dé- montrer que l’Ouabaïne appartient au groupe des Digitalines. Quoi qu'il en soit, comme les Digita- lines, elle précipite par le tanin, agit à peu près de la même façon sur l'organisme et cependant présente une composition un peu différente, elle possède aussi plusieurs propriétés spéciales et ca- ractéristiques, par exemple, sa grande solubilité dans l'alcool concentré et surtout, ses produits de dédoublement sous l'influence des acides. Le pro- duit principal est, comme nous l’avons indiqué ci- (1) Nativelle, Monil. scient., sept. 1874. (2) De Luca, Compt. rend. Inst.,t. XLIV,p. 723, avril 1857. dessus, une résine particulière, l’Ouabaïrétine, in- soluble dans l’eau, soluble dans l'alcool, l’éther, le chloroforme. La Digitaleïne, dans les mêmes con- ditions, ne donne pas naissance à de semblables produits de dédoublement, ils sont tout à fait différents. La Cyclamine possède également plusieurs pro- priétés communes aux deux glucosides précités, d’abord sa composition élémentaire, qui paraît devoir en faire un isomère de la Digitaleïne, ensuite sa so- lubilité dans l’eau et ses propriétés toxiques analo- gues ; mais, cependant, par l’ensemble de ses pro- priétés générales, aussi bien que par ses produits de dédoublement, elle se rapproche moins de l’Oua- baïne que la Digitaleïne. En résumé, ces trois glu- cosides, vénéneux, doivent, quoique distincts,appar- tenir au même groupe de glucosides. CHAPITRE III. EXPÉRIENCES PHYSIOLOGIQUES. Pour bien nous rendre compte de l’action toxico- physiologique de l'Ouabaïo, nous avons dû l’exa- miner sous différentes formes. Voulant d’abord obtenir un poison, se rapprochant autant que possible de celui des Comalis, nous avons procédé d’après les indications de M.G. Révoil, pré- cédemment relatées. Après avoir concassé grossié- rement 40 grammes de racines, nous les avons fait Lo e bouillir au feu de la lampe à alcool, dans une capsule en porcelaine, contenant 124 grammes d’eau; au bout d’une demi-heure d’ébullition, nous avions ob- tenu un liquide d’un brun olivâtre, à odeur faible- ment balsamique; ce liquide, filtré à travers un linge de toile épais, afin de le débarrasser des frag- ments de bois qu’il contenait et pesant 25 grammes, fut soumis à une nouvelle ébullition, jusqu’à dimi- nution de la moitié environ de son volume. Nous avions ainsi un mélange composé de 62 grammes d’eau, moitié des 124 grammes placés dans la cap- sule avant l’ébullition, et de 15 grammes d’extrait, puisque, sur 40 grammes de racines concassées, nous avions enlevé un résidu de 25 grammes; la quantité d'extrait obtenu pouvait donc être évaluée à 24 centigrammes par gramme d’eau; de plus, 1 gramme de ce liquide mesurant 10 gouttes, cha- que goutte contenait ? milligrammes d’extrait. Partant de cette donnée, et employant pour nos expériences soit la seringue de Pravas, soit une pi- pette graduée, la dose du poison a toujours été évaluée d’une façon presque mathématiquement exacte. Nous avons constamment écarté l'emploi de l'extrait alcoolique. Si, de cette façon, il nous a fallu une plus forte dose pour tuer les animaux, de l’autre, nous avons évité une cause d'erreur trop souvent négligée, l’alcool porteur de l'extrait, in- fluant nécessairement d’une façon quelconque sur les résultats obtenus. L’intoxication par les flèches a été ensuite pratiquée, puis nous avons expéri- EST ER menté la racine brute avec et sans son écorce ; enfin, le produit chimiquement obtenu, a été examiné à part. L'Ouabaïio agit à la manière des poisons du cœur comme le Kombé ou Inée et d’autres. « Pa- ralyse-t-il cet organe ? amène-t-il la mort consécuti- vement à l'interruption de la circulation? » est-il musculaire, ou bien influe-t-il sur le système ner- veux? Telles sont quelques-unes des questions sur lesquelles nous aurons plus particulièrement à in- sister. Effets de l'extrait aqueux. EXPÉRIENCES SUR LES MAMMIFÈRES. — Les effets suivants nous ont été fournis par les mammifères : EXPÉRIENCE I. — Chien de forte taille, du poids de 22 ki- logrammes ; 75 battements du cœur par minute. Aî%h. 15. — Injection de 9 milligrammes d’extrait sous la peau de la cuisse. A 4h. 95. — L'animal est inquiet, s’agite, va, vient, se couche, ouvre fréquemment la gueule, plaintes faibles. A 4 h. 30°. — Nausée, mâchonnement et léchement des lèvres, la patte droite frotte le museau, l’animal secoue la tête comme pour se débarrasser d’un objet gênant, cris en- céphaliques. A 4h. 40’. — Vomissement de matières blanches spu- meuses, mâchonnement, inquiétude croissante, le flanc se contracte. A 1h. 50”. — Les veines de la face sont gonflées, rétrac- tion des lèvres et de la peau du museau en arrière, respiration pénible ; 120 battements du cœur. A 1 h. 59. — 2° vomissement de matières jaunes, ho- =. Qf quet, salivation abondante, rétraction de plus en plus forte des lèvres, l’animal est couché, respiration saceadée : 110 battements. A 2h,.5.— 3 vomissement de matières jaunes, saliva- tion excessive, comme si la gueule était remplie d’eau, hoquets fréquents, les mouvements respiratoires se ralen- tissent, le cœur donne 62 pulsations. A 2h. 15. — L'animal est debout, les jambes posté- rieures écarlées, faible balancement du corps d’avant en arrière, frémissement des extrémités, violente compres- sion des flancs. A 2h. 30’. — Les mouvements respiratoires diminuent de plus en plus, 30 battements, la contraction du diaphragme est seule appréciable, l'animal est couché, {a tête repose sur le sol, plaintes. A 2h. 35’. — L'animal se relève, puis tombe sur le flanc droit, violents efforts respiratoires, la salivation continue sous forme d’un liquide filant, résolution du train posté- rieur, urine abondante, défécation diarrhéique. À 2 b. 40°. — Après s'être relevé, l'animal se couche les jambes de devant étendues, la tête reposant sur le sol. puis il se relève brusquement, pousse un long cri et tombe, la pupille est fortement dilatée. A 2h.42.— Mort sans convulsions, seul un frémissement des pattes est visible. Autopsie immédiate. — Le cœur est immobile et arrêté en systole ventriculaire, les oreillettes gorgées de sang ; le foie est congestionné, les poumons sont affaissés; c’est à peinesi, soumis à la docimasie hydrostatique, ils parviennent à sur- nager, la trachée-artère estremplie de mucosités; les veines méningées sont fortement injeclées, un sang noir remplit les sinus, la partie antérieure des hémisphères cérébraux est congestionnée, le sang se coagule difficilement, la rigidité cadavérique commence à peine au bout de 24 heures. EXPÉRIENCE IL. — Chien de forte taille, du poids de 30 kilo- grammes. un (07 2. A 10h. 28". — Injection de 8 milligrammes d’extrait sous la peau de la cuisse. A 10h. 30°. — L'animal cherche à se cacher, tremblement général, inquiétude. A 10 h. 35’. — L'animal est couché sans mouvement, la tête reposant sur le sol, mâchonnement, déglutition péni- ble, 1°" vomissement spumeux. A 10h. 42’. — Tremblement violent, l’animal se relève, nausée, mouvements respiratoires saccadés, les battements du cœur au nombre de 97 avant l'injection, montent a 112, 2° vomissement jaunâtre. À 10 h. 46°. — Les flancs se resserrent, dyspnée, le train de derrière oscille, les pattes de devant grattent le sol, sou- bresauts, nausée, 3° vomissement ; 118 battements, inter- mitlence manifeste. À 10 h. 54°. — Plaintes, l’animal est couché, il gratte avec les paltes de devant, se relève quand on l’excite, mais se recouche, la tête oscille de droite à gauche, déglutition, mâchonnement, la salive coule d’abord écumeuse, puis filante; 122 battements. Aîth.#4’. —L'animal est debout arc-bouté sur les membres, ceux de derrière écartés, les pattes de devant piétinent, violente contraction des flancs, 80 battements, nausée, 4° vomissement de matières jaunes. A 11h. 10°. — Plaintes, rétraction des lèvres et de la peau du museau, il ouvre la gueule et semble vouloir aspirer l'air, le flanc se contracte de plus en plus. À 11h. 16°. — Cris, tremblement général, mâchonnement, nausées successives sans vomissement ; 33 battements. A 11h. 23. — L'animal tombe sur le flane, il contracte vio- lemment les pattes de derrière et gratte avec celles de de- vant, puis immobilité, la salivation s’est de plus en plus accentuée, le liquide est sanguinolent; 29 battements. Ath. 30’. — L'animal s’est relevé, il se tient debout les NO. = quatre jambes écartées, balancement d'avant en arrière, les mouvements du diaphragme sont seuls perceptibies. À 11h. 38. — Violentes inspirations, l’animal se couche, allonge le cou, puis se relève, contracte les flancs, pousse un hurlement et tombe. A 11h. 40’. — Une aiguille enfoncée dans le cœur reste im- mobile, pupille fortement dillatée. Aulopsie immédiate. — Le cœur est arrêté en systole ventricu- laire, les oreillettes remplies de sang noir;le foie est conges- tionné, la glande sous-maxillaire est forlement injectée, tout lesystème veineux regorge de sang noir;on constate, comme dans le cas précédent, les mêmes désordres du cerveau, les poumons sont également affaissés, rigidité cadavérique au bout de 12 heures. EXPÉRIENCE IIL. — Chien de taille ordinaire, du poids de 15 kilogrammes. À 3 h. 10°. — Injection de 6 NÉS d'extrait sous la peau de la cuisse. A 3h. 15. — Inquiétude, mâchonnement, tremblement in- termiltent ; 60 battements du cœur. A 3 h. 25’. — Contraction des flancs, nausée, vomissement de matières jaunâtres, l'animal se couche, se gratte le mu- seau avec les pattes de devant, mâchonne, bave ; 70 bat- tements. A 3 h. 33. — Respiration saccadée, plaintes, nausée sans vomissement. A 3h. 47. — L'animal est debout et oscille sur ses mem- bres, dyspnée intense, nausée, vomissement spumeux, salivation abondante , 99 battements, il se couche, se re- lève, se lèche les lèvres, aspire l’air, la langue est un peu pendante. A 3h. 5%. — Contraction violente des flancs, tremblement considérable, déglutition, plaintes, vomissement ; 104 bat- tements. À 4 h. 5”. — L'animal marche, mais en oscillant, puis il se couche, assoupissement, contraction des flancs : 52 bat- tements. ! Ah. 15. — Nausée sans vomissement, la salive est san- guinolente. ; A 4h.23. — Nausée, trois vomissements réitérés, soubre- sauts, cris, dyspnée de plus en plus forte; 29 battements. À 4 h.30’. — Hoquet, les flancs battent, puis s'arrêtent de 10 en 10 secondes, nausée, salivation sanguinolente in- tense, hurlement, l’animal tombe, les membres se dis- tendent. A4 h. 32. — Immobilité complète, les membres se sont relractés, la pupille est dilatée. Aulopsie immédiate. — Le cœur est arrêté en systole ventri- culaire, on constate dans tous les organes les mêmes désor- dres que dans les deux expériences précédentes, rigidité cadavérique 2 heures après la mort. EXPÉRIENCE IV.— Chien de taille moyenne, du poids de 16 ki- logrammes. Ath. 32. — Injection de 4 milligrammes d'extrait sous la peau de la cuisse. A 4 h. 38. — Inquiétude, tremblement musculaire. “Ah. 50’. — Salivation, nausée, vomissement de matières __ jaunes. Ath. 5%. — Oscillations précipitées de la tête, les oreilles sont abaissées en arrière, vomissement spumeux, dyspnée, tremblement général. A 2h. —L’anmal est abattu, mâchonnement, il se lèche les lèvres, salivation très abondante, un peu sanguinolente. Ah. 15. — Violente contraction du flanc, il cherche l'air, remue les lèvres, mâchonne avec énergie, mouve- ments brusques. A2 h.2%. — Abatiement, respiration lente, contractions. A 2 h. 27. — Violentes contractions, il pousse trois hurle- BG ments, étend les pattes, mort; pupille excessivement dilatée. Autopsie immédiate. — Le cœur est arrêlé en systole auricu- laire, les ventricules sont gorgés de sang noir; mêmes dé- sordres que dans les expériences précédentes, pour tous les organes examinés, rigidité cadavérique 5 heures après la mort. EXPÉRIENCE V. — Lapin de taille ordinaire, du poids de 1 ki- logramme. A 11h. 7. — Injection de 4 milligrammes d’extrait sous la peau de la cuisse. À 11 h. 10°. — L'animal se couche les jambes de derrière repliées, celles de devant allongées, dyspnée faibie. A 11 h. 15”. — Hoquet suivi d'inspirations fréquentes, se frotte le museau avec les pattes de devant, salivation. À 11 h. 18. — Mouvement de la têle de droite à gauche, la tête s'incline en avant et repose sur le sol, le museau frappe le sol, A 11 h. 20’. — Nausée, efforts de vomissements sans résul- iat, inspirations de plus en plus lentes, salivation exces- sive, l'animal est couché sur le flanc, les membres posté- rieurs en résolution. A 11h. 25’. — Contractions des membres, le flanc est re- tracté, essaie en vain de se relever, mâchonne avec force, pousse un cri aigu, mort; pupille très dilatée. Aulopsie immédiale. — Le cœur est arrêté en systole ventri- culaire, sang noir dans les oreilleties, poumons flasques, surnagent avec peine, foie fortement injecté, congestion de la muqueuse buccale ; tout le syslème veineux est rempli de sang noir, la partie antérieure des hémisphères céré- braux est injectée, rigidité cadavérique 3 heures après la mort. EXPÉRIENCE VI. — Lapin de forte taille, du poids de 3 kilo- grammes 120 grammes. PES A 3 h. — Injection de 3 milligrammes d’extrait sous la peau de la cuisse. A 3h. 15’. — Dyspnée, respiration saccadée, inquiétude, mouvements, l’animal se couche. A 3h. 22. — Mâchonnement, salive, il se frotte le museau avec les paltes de devant, le train postérieur paraît insen- sible, il le remue avec peine. A 3h. 28.— Nauséces, hoquets répétés, balancement de la tête,elle retombe sur le sol,qu’elle frappe du bout du mu- seau, respiration des plus pénibles. À 3h. 31°. — Nausées, mâchonnement, la tête frappe fré- quemmenti le sol, les mouvements deviennent intermil- tents, salivalion abondante. À 3h 35. — Agilalion convulsive, l’animal tombe sur le flanc, pousse un long cri et meurt, pupille très dilatée. Autopsie immédiate.— Le cœur est arrêté en systole ventricu- laire, mêmesdésordresdes organes quedans l’expérience V, rigidité cadavérique 2 heures 1/2 après la mort. La quantité de notre extrait aqueux d’Ouabaiïo, nécessaire pour tuer un animal, ne dépend ni du poids ni de la force du sujet, et, en cela, il se com- porte comme l’Inée. Si, en effet, dans notre pre- mière expérience, il a fallu 9 milligrammes d’ex- trait pour tuer un chien de 22 kilogrammes, dans la seconde, 8 milligrammes ont suffi pour un chien de 30 kilogrammes ; par conséquent, moins de poi:- son pour un chien beaucoup plus fort; 1l en est de même chez les lapins, où 4 milligrammes tuent un sujet de 1 kilogramme, lorsque 3 milligrammes seulement en tuent un autre de 3 kilogrammes 120 grammes. Par contre, l’action est plus rapide chez les chiens, nn) — car, tandis que notre extrait d’Ouabaïo, moins éner- gique que celui d’Inée de MM. Polaillon et Car- ville, agit dans l'espace minimum de 1 h. 5 mi- nutes et maximum de 1 h. 27 minutes, l’Inée donne un minimum de 1 h. 29 minutes et un maxi- mum de 3 h.35 minutes, c’est l'opposé pour les lapins, chez lesquels 16 minutes et 19 minutes suffi- sent pour l’Inée, quand il faut 35 minutes et 49 mi- nutes pour l’Ouabaïo. EXPÉRIENCES SUR LES OISEAUX. — L’intoxication des oiseaux est assez lente, malgré leur circulation plus rapide et l’activité de leur respiration. EXPÉRIENCE VII. — Pigeon ordinaire, du poids de 300 grammes. À 10 h. 5’. — Injection de 5 milligrammes d’extrait sous la peau de la cuisse. À 10h. 15’. — Agitation, le cou est tendu, les ailes tom- bantes, l’animal se couche, mouvements de déglutition. À 10 h. 20”. — Il ouvre le bec à plusieurs reprises, vomis- sement, il est couché sur le ventre. A 40 h.925". — 2° vomissement, frémissement des ailes, un liquide filant sort du bec et des narines. A 10h. 32’. — Il tombe sur le flanc, se débat, étend les jambes et meurt en poussant un cri. Autopsie immédiate. —Le cœur est arrêté en systole ventricu- laire, les oreillettes sont remplies de sang noir, les poumons très contractés. EXPÉRIENCE VIIL. — Pigeon du poids de 315 grammes. A12h. — Injection de 4 milligrammes d'extrait sous la peau de la cuisse. A 12h. 10’. — Immobilité, déglutition, respiration saccadée et intermittente, il ouvre le bec. A 12 h. 17°. — Vomissement, petits cris, liquide filant abon- 99 2 dant rejeté par le bec et les narines, frémissement gé- néral. À 12 h. 21”. — Vomissement, il tombe sur le flane, les ailes s'étendent, mort. , Autopsie immédiate. — Le cœur est arrêté en systole ventri- culaire, comme dans le cas précédent. Il a donc fallu 21 minutes d’une part et 27 mi- nutes de l’autre, pour tuer deux pigeons de force et de poids à peu près semblables et à dose presque égale de poison. EXPÉRIENCES SUR LES GRENOUILLES. — MM. Po- laillon et Carville, dans leur mémoire sur l’Inée, disent que les effets de l’empoisonnement diffèrent entre les animaux à sang chaud et les animaux à sang froid en ce qu’ils se compliquent, chez les pre- miers, de phénomènes accessoires masquant son effet fondamental : « l'arrêt du cœur (1). » L'action de l’Ouabaiïo est identique chez les ani- maux supérieurs et les animaux à sang froid. Les complications notées chez les uns se retrouvent tou- jours chez les autres. EXPÉRIENCE IX, — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 25 grammes. À 10 h. — Injection de 3 milligrammes d’extrait sous la peau de la cuisse. À 10 h. 15”. — Agitation considérable, sauts, ouverture ex- cessive de la bouche, ce mouvement se renouvelle de 2 en 2 secondes. À 10 h. 25”. — Les pattes antérieures frottent énergiquement le museau, l’animal sarc-boute sur les pattes de devant, (1) Loc. cil., p. 536. 2 San déglutition respiratoire très rapide , les flancs se con- tractent. A 10h. 31”. — Large ouverture de la bouche, les pattes an- térieures saisissent le maxillaire inférieur comme pour arracher un corps étranger, la déglutition respiratoire diminue. | À 10h. 37. — Mouvements décordonnés des membres, les flancs sont contractés, lout le corps est couvert d’un mu- eus savonneux, un liquide filant découle de la bouche. À 40 h. 39. — Résolution complète des membres, les paites postérieures seules s’agitent, les antérieures ne peuvent soutenir l’animal et n’exécutent aucun mouvement, la dégluution respiratoire n’est pas appréciable. À 10 h. 42”.— Mouvement brusque des membres postérieurs, l’animal tombe sur le dos et reste immobile. À 10h. 45°. — Mort sans contractions, pupille dilatée. Autopsie immédiate. — Le cœur est arrêté en systole ven- triculaire, ventricule complètement exsangue, fortement contracté, oreillettes gorgées de sang noir ; injection du système veineux, poumons affaissés, foie rempli de sang noir, cerveau injecté. EXPÉRIENCE X. — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 31 grammes, l'expérience est faite en maintenant l'animal dans l’eau. A 4 h. 26’. — Injection de 4 milligrammes d’extrait sous la peau de la cuisse. A 1h. 30. — Mouvements désordonnés suivis de calme, l'animal se soutient sur l’eau comme à l’état normal, dé- glutition respiratoire accélérée. Aîh. 39. — L'animal reste au fond de leau, s’arc-boute sur les pattes de devant, puis se frotte le museau, il ouvre largement la bouche, A 1h. 4%. — Violentes inspirations, les flancs battent, des bulles d'air s’échappent par les narines, frottement du museau, il remonte sur l’eau. NES te Ath. 52’. — Plonge au fond de l’eau, reste immobile, puis s’arc-boute sur les pattes de devant, pas de déglutition respiratoire appréciable lorsqu'il remonte à la surface. À 14 h.57. — Les membres antérieurs n’exécutent aucun mouvement, les postérieurs sont agités, Panimal flolte. Ah. 59’. — Immobilité. À 2h. 5. — Violente extension des pattes postérieures, large ouverture de la bouche, l'animal flotte sur le dos. A 2h.17. — Mort sans contractions, pupille dilatée. Autopsie immédiate. — Le cœur est arrêté en systole ven- triculaire, les autres organes sont comme dans la IX° ex- périence. Dans ces deux expériences, l’action a duré 45 mi- nutes dans le premier cas, 58 minutes dans le se- cond. Elle a été moins prompte pour l’animal main- tenu dans l’eau. Comparé à l’'Inée, l’'Ouabaïo agit sur les grenouilles avec une lenteur caractéristique ; il est de toute évidence que, placé directement sur le cœur, le poison agit plus rapidement, nous con- statons néanmoins toujours une différence considé- rable entre les deux produits. EXPÉRIENCE XI. — Grenouille { Rana temporaria) du poids de 29 grammes. À 11 h. 20°. — La grenouille étant fixée sur une plaque de liège, le cœur est mis à nu, le péricarde est incisé, on conslate 41 battements normaux par minute. À 11h. 23. — 2 milligrammes d’extrait sont placés sur le cœur. À 11 h. 25”. — Battements accélérés, 58 par minute. Ath. 30°. — 62 battements. A 11h. 33. — Ralentissement, le ventricule se contracte, ee le sang n'arrive pas jusqu’à la pointe, 34 battements. A 11 h. 35. — Élongation du ventricule, 19 battements. Ath. 37. — Le ventiricule est exsangue, 2 battements, les oreillettes se contractent faiblement. A 1h. 39.- Mort, systole ventriculaire. Aussi, dans ce dernier cas, le cœur s’est arrêté au bout de 19 minutes, lorsque 7 minutes suffisent pour l'Inée, suivant MM. Polaillon et Carville. Les phénomènes qualifiés d'accessoires par MM. Polaillon et Carville, tels que l'inquiétude, les mouvements des pattes sur le museau, les nau- sées, les efforts de dégurgitation, la sécrétion d’un liquide par la boùche, la dilatation de la pu- pille, etc., existent donc, comme on le voit, chez les animaux à sang froid, aussi énergiques, aussi invariables que chez les animaux supérieurs : la vie s'éteint plus lentement encore dans nos grenouilles intoxiquées par l'Ouabaïo, car nous les verrons exécuter quelques mouvements 4 heures et plus après l’arrêt complet du cœur, mouvements dont la durée maxima est de 1 h. 1/2 à 2? heures dans l’in- toxication par l’'Inée. A l'exemple de MM. Polaillon et Carville, faisant agir concurremment le Curare et l’Inée, nous avons cherché à savoir si l’action du Curare entravait ou neutralisait celle de l'Ouabaio. EXPÉRIENCE. XII. — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 31 grammes. À 10 h. 20°. — Le cœur est mis à nu, le péricarde incisé ; les battements sont de 38 par minute, 3 milligrammes d'extrait aqueux de Curare sont déposés sur le cœur. M ne. A 10 h. 30’. — Résolution complète. . A 10h. 45”. — 32 batlements réguliers. A 10 h. 50”. — 30 battements. A 10 h. 55’. — 21 battements. A 11 h. 5. — 14 batiements intermittents. Ath. 15. — 9 battements. À 11 h. 25°. — 4 battements faibles. AîÂfh. 35. — 2 battements. À 11h. 50°”. — Le cœur est arrêté en diastole ventriculaire, les oreilleties sont vides et contractées. EXPÉRIENCE XIIT. — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 30 grammes. À 10 h. 20’. — Le cœur est mis à nu, le péricarde incisé comme dans l’expérience précédente, les battements du cœur sont de 37 par minute; 3 milligrammes d'extrait aqueux de Curare et 3 milligrammes d’extrait d’Ouabaio mélangés sont déposés sur le cœur. A 10 h. 30°. — Résolution complète. À 10 h. 45°. — 49 battements réguliers. À 10 h. 50”. — 38 battements. A 10 h. 55°. — 19 battements. AîAîh.5. — 13 battements. - A 1h. 15’. — 8 battements. A 11 h. 25”. — 5 battements. À 11h. 35’. — 3 battements. A 11h. 50”. — Le cœur est arrêté en systole ventriculaire, le veniricule est contracté, les oreilleties gorgées de sang noir. L'Inée, combinée au Curare, agit beaucoup plus lentement, d'après MM. Polaillon et Carville ;l’Oua- baio semblerait partager le même caractère, puis- que, administré seul, il produit l’arrêt du cœur en 19 minutes (Exp. XT), et que, avec le Curare, il lui faut (Exp. XIIT) 1 h. 20 minutes; nous ne ESS croyons pas, cependant, être en droit de conclure à uneentrave apportée par le Curare à l’action exer- cée par l’Ouabaïo. La durée de 19 minutes n’est pas invariable, souvent, très souvent même, elle est plus longue, nous n’avons donc aucune preuve po- sitive à apporter. D'un autre côté, l’arrêt du cœur par le Curare seul, est arrivé également en 1 b. 20 minutes (Exp. XIT), les battements du cœur ont diminué dans une proportion relativement plus forte, tout au plus pourrait-on dire, dans ce cas, que l’Ouabaïo a activé l’action du Curare, mais, pas plus que dans le premier cas, on ne peut apporter de preuve. Malgré les expériences de MM. Polaillon et Car- ville et les nôtres, malgré la lenteur de l’intoxica- tion par le Curare et l'Inée, les conséquences qui en découlent « la mort » se traduisent presque de la même façon, par conséquent, le même raison- nement est applicable dans les deux cas. D'après M. Vulpian (1), « la eurarisation préa- lable retarde de la façon la plus évidente l’absorp- tion des poisons que l’on introduit dans le tissu cellulaire sous-cutané; » cette règle, d’après nos expériences, ne serait pas invariable, puisque lOua- baïo parait faire exception. « Sous l’action du Curare, disent MM. Polaillon et Carville, le cœur conserve ses battements dans toute l'intégrité de son rythme normal, » (1) Lecons sur les substances toxiques, VII° Leçon, p. 357 (1881). se 9 2e. et, deux pages plus loin, ils ajoutent : « Sous l'influence du Curare, il y a, chez les animaux ra- lentissements et troubles dans la circulation. » Si le cœur conserve son rythme normal, il n'y a pas trouble dans la circulation, et vice versa, et nous nous étonnons de voir MM. Polaillon et Car- ville invoquer un semblable argument pour démon: trer la lenteur de l’action de l’Inée combinée avec le Curare. Nous constatons que, pour l'Ouabaïio comme pour l’Inée, l’action marche presque parallèlement avec celle du Curare, mais quant à attribuer la mort, ou plutôt l’arrêt complet du cœur, à l’un des poi- sons plutôt qu'à l’autre, nous nous déclarons tout à fait incompétents. MM. Polaillon et Carville, il est vrai, s'appuyant sur leur X 1° expér. pour prouver la marche paral- lèle des deux poisons, disent bien que l’action du Curare s’est manifestée au bout de 12 minutes avec immobilité du ventricule après 24 minutes; celle de l’Inée au bout de 17 minutes, avec arrêt des oreillettes après 42 minutes, semblant ainsi faire jouer à l’un des poisons le rôle véritable joué par l’autre; et, cependant, il nous semble impossible de trouver là encore rien de concluant. EXPÉRIENCES SUR LES POISSONS. — La lenteur de l'intoxication chez les poissons est manifeste. L’Inée agirait assez rapidement sur ces animaux, car il res- sort des expériences de MM. Polaillon et Carville QU que ? à 3 milligrammes entrainent l’arrêt du cœur au bout de 15 à 25 minutes. ExPÉRIENCE XIV. — Cyprin!{Leuciscus Jeses, Lin.) du poids de 100 grammes. A 11h. 18. — Injection de 4 milligrammes d’extrait sous la peau en avant des nageoires anales. Aîth. 22”. — Inspirations fortes. A 11 h. 26°. — L'animal est immobile au fond de l’eau, ap- puyé sur les nageoires anales écartées, la nageoire dor- sale oscille faiblement. A 11 h. 31°. — Mouvements respiratoires actifs et pénibles. À 11 h. 40°. — Mouvements saccadés du corps de 15 en 15”, puis calme, toutes les nageoires collées le long du corps. À 11 h. 47°. — Contractions violentes, mouvements respira- toires larges et accélérés, puis intermitlenis, les ouies se dilatent avec peine. À 11 h. 57°. — Agitation, des bulles d’air s'échappent des narines, secousses répétées, efforts violents de respiration. A 12h. 5. — Mouvements de déglutition saccadés, l’eau est chassée de la bouche. À 42 h. 20’. — Respire avec une extrême difficulté, ouvre largement la bouche, agitation. A 12 h. 30’. — Les yeux sont ressortis, le corps couvert d’un mucus épais et coulant, violentes contractions. A 12 h. 45’. — Les ouies sont collées sans mouvements, seuls les mouvements de déglutition apparaissent lents et inter- mittenis. A 1h. 10°. — L’animal est couché sur le flanc, mouvements impossibles. A 1h. 30’. — Respiration à peine sensible, la bouche s’ou- vre difficilement. A 1h. 40°. — Contractions générales, mouvement énergique de la queue, mort. 4 — Autopsie immédiate. — Cœur arrêté en systole ventriculaire. ExPÉRIENCE XV. — Anguille (Anguilla vulgaris, Val.) du poids de 250 grammes. A 2 h. 5’. — [Injection de 5 milligrammes d’extrait sous la peau du flanc. A2h.15.— Agitation, mouvements désordonnés, l’animal nage avec énergie autour du vase où il est contenu. A 2 h. 35. — Immobilité au fond du vase, mouvements rapides de déglutition, mueus filant sur la peau. A2 h.42. — Large ouverture de la bouche, les ouïes bat- tent faiblement, contractions de la partie postérieure du COTpPS. A 2h. 55’. — Les yeux sont ressortis, le mucus de pins en plus abondant, respiration intermittente et faible. À 3h. 10’. — L'animal se soutient à peine, oscille de droite à gauche, les ouiïes ne battent plus. A 3h. 22 — Violentes contractions, l’animal flotte, la par- tie postérieure du corps est plongée dans l’eau sans mou- vement, large ouverture de la bouche. A 3h. 35”. — Arrêt complet des mouvements respiratoires, l'animal surnage, mort. Le cœur est arrêté en systole ventriculaire. Ainsi 4 ets milligrammes d’extrait d'Ouabaïo ont entrainé l'arrêt du cœur chez les deux espèces ob- servées, seulement après 1 h. 30 minutes et ? h. 22 minutes, différence considérable quand on la compare au temps bien plus court de l’intoxication par l’'Inée. Les expériences de MM. Polaillon et Carville ont été faites sur des espèces marines, maintenues dans l’eau de mer, ce liquide aurait-il influé sur l’action du poison ? Les sujets nous ont fait défaut pour répondre à cette question, que Pro nous espérons résoudre du reste en temps opportun. EXPÉRIENCES SUR LES CRUSTACÉS. — L'Inée agit sur les crustacés en 27 ou 30 minutes, l’action de l’'Ouabaïo chez ces animaux est également plus lente. EXPÉRIENCE X VI. — Écrevisse (Astacus fluviatilis, Lin.) du poids de 10 grammes. A 2h.10’. — Le cœur est mis à nu, 2 milligrammes d’ex- trait sont déposés sur cet organe, on constate 18 batte- ments. A 2h.920". — L'animal est agité, mouvement violent des antennes, les pièces buccales s’agitent, 20 battements. A 2h. 35. — 15 battements. A 2h.42, — 19 battements. A 2h. 50°. — L'animal marche en oscillant, 10 battements. A 3h. 12. — Immobilité, la partie postérieure est en réso- lution complète, les pattes se meuvent difficilement, 7 battements. À 3 h. 26°. — Immobilité complète, 2 battements. A 3 h. 45°. — Mori. EXPÉRIENCE SUR LES INSECTES. — Contrairement à ce qui se passe chez les crustacés, l'Ouabaïo agit avec une grande rapidité sur les insectes. ExPÉRIENCE XVIT. — Notonecte (Notonecla glauca, Lin.). À 2h. — Un 1/2 milligramme d’extrait estintroduit, à l’aide d'une aiguille tubulée, à l’angle externe du thorax. A 2h.%. — Mouvements saccadés inconscients, l’animal plonge et remonte alternativement. Ah. 4. — Se tient immobile au fond de l’eau, même quand on l’excite, puis il remonte et nage péniblement sur le ventre. A 2h.5. — L'une des grandes pattes postérieures ne peul exécuter des mouvements. = — A 2h. 10°. — Les jambes se replient sous l'abdomen, et éprouvent quelques mouvements convulsifs. Ah. 12. — Mouvements précipités des pattes antérieures, puis immobilité, mort, l'animal flotte sur le ventre. EXPÉRIENCE XVIII. — Dytique (Dytiscus fuscus, Fabr.). A 3h.5. — Un 1/2 milligramme d'extrait est introduit en dessous de l’abdomen. L'animal se comporte exactement comme l’espèce précé- dente, les symptômes d’intoxication seulement marchent avec plus de lenteur, et la mort arrive au bout de 30 mi- nutes. EXPÉRIENCES SUR LES ANNÉLIDES. — L'action du poison est relativement rapide sur les animaux de ce groupe. EXPÉRIENCE XIX. — Sangsue (Sanguisuga officinalis, Savig.) du poids de 1 gramme 1/2. À 9 h. 2. — Injection sous la peau de 1 milligramme d’ex- trail. > A 9h. 4. — L'animal fortement étendu nage par ondula- tions, avec une grande rapidité, ses côtés sont perpendicu- laires au plan de natation, un mucus épais le recouvre, la ventouse antérieure est très élargie. A 9h. 10°. — L'animal se courbe sur lui-même, se con- tracte, la ventouse postérieure $s’élargit et cherche à se fixer. À 9 h. 15°. Mouvements de natation plus lents, natation sur le dos, mucus excessivement abondant. A 9h. 22. — La ventouse postérieure est fixée, la ventouse antérieure ne peut s'attacher aux parois du vase, violents mouvements de torsion en tous sens. À 9h. 34. — Nage sur le dos, puis reste immobile après une forte contraction, fixation par la ventouse postérieure impossible. DRE A 9h. 48. — Immobilité, puis contractions lentes. A 9h. 52’. — L'animal est retracté, quelques mouvements s’opêrent à la partie antérieure. À 10 h. 10’. — L'animal est redescendu au fond du vase, où de lentes contractions l’agitent, essaie vainement à se fixer. À 10 h. 20°. — Remonte à la surface de l’eau, se tord deux ou trois fois sur lui-même, puis reste immobile. A 10 h. 30’. — Aucun mouvement, mort. Vaisseau dorsal noduleux et comme moniliforme. EXPÉRIENCES SUR LES MOLLUSQUES. — Contraire- ment à l’Inée, l’Ouabaïo n’exerce aucune influence sur les mollusques. EXPÉRIENCE XX.— Escargot (Helix pomatia, Lin.) du poids de 3 grammes. À 1 h. 15°. — Le cœur est mis à nu, 5 milligrammes d’ex- trait sont appliqués sur le cœur, le cœur donne 20 pul- sations. A 4 h. 25”. — Les battements sont un peu plus précipités, 24 pulsations. A 2h. 30°. — 20 pulsations. Le lendemain à 1 h. 15” même état, 20 pulsations. Le surlendemain à { h. 15 même état, 20 pulsations. L'animal vit 75 heures, toujours avec le même nombre de pulsations. ExPÉRIENCE XXI. — Escargot (Xelix aspersa, Mull.) du poids de 150 grammes. A 3h. 19”. — Le cœur est mis à nu, 12 milligrammes d’ex- trait sont déposés sur le cœur, donnant 14 pulsations. À 3h. 40’. — 17 pulsations. A 3 h. 55. — 14 pulsations, le même état se continue pen- dant 47 heures. Quelle que soitla dose employée, les résultats sont 2-0 les mêmes, d’abord une légère exagération dans les mouvements du cœur, puis l’état normal réap- parait sans interruption. EXPÉRIENCE SUR LES ÉCHINODERMES. — Malgré les recherches les plus attentives, nous n'avons constaté aucun effet en pratiquant des injections de 9, 10, 15 milligrammes d’extrait sur des Astéries (A. rubens, Lin.) maintenues dans l’eau de mer. L'Ouabaio n’a donc aucune influence sur les ani- maux de cette classe. Effets du poison des flèches. Les effets produits par l'introduction directe dans la peau d’un animal, d’une flèche Comalis, sont identiques à ceux de notre extrait aqueux, les symptômes d'intoxication se montrent néanmoins au bout d’un temps plus court. La cause doit en être attribuée à la quantité plus grande de poison inoculé (1). Il est à remarquer qu'au moment où la flèche pénètre, l’animal ne pousse aucun cri et paraît peu inquiet de l'opéra- tion, tandis qu’il gémit et se lèche sous l'influence d'une blessure faite à l’aide d’un scalpel, bien que cette blessure soit beaucoup moins large et moins profonde. EXPÉRIENCE XXIL. — Chien de forte taille du poids de 22 ki- logrammes, (1) Les flèches chargées de poison pèsent en moyenne 3 gram- mes et contiennent {8.25 de matière toxique. A 2h. 30’. — Une flèche Comalis (fer) est introduite sous la peau de la cuisse. À 2h. 3%’. — Inquiétudes, tremblement général, l’animal est comme inconscient. A2 h. 40°. — Contraction violente des flancs, nausée, 1° vo- missement de matières blanches spumeuses, mâchonne- ment, lêchement des lèvres. A 2h. 45”. — Nouveau vomissement. A2h. 50’. — Salivation intense, oscillation sur les pattes, violentes coniraclions des flancs, se frotte le museau, dyspnée. À 2 h. 54. — Peut à peine se tenir debout, salivation très forte, rétraction des lèvres, les flancs se contractent de plus en plus. À 3h. — L'animal est couché sur le flanc, pousse des cris, bave écumeuse, ouverture excessive de la gueule, inspi- rations presque impossibles. A 3h. 12. — Les membres sout en résolution, l’animal étendu sur le flanc, l’écume de la gueule est abondante, la pupille dilatée, les mouvements du diaphragme seul sont appréciables. A 3h. 15’. — Soubresauts, long hurlement, immobilité, les membres s'agitent faiblement, mort. Le cœur est arrêté en systole ventriculaire. EXPÉRIENCE XXIIL. — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 35 grammes. À 12 30°. — Injection sous la peau de la cuisse, de 4 milli- grammes de matière prise sur une flèche et mise en solution dans 1/2 centimètre d’eau. À 12 h. 34. — Violents mouvements de déglutition respira- toire, les membres postérieurs s’agitent convulsivement, animal se frotte le museau. À 12 h. 36. — Gonflement de l’abdomen, mucus spumeux sur le corps, dégluiition lente. À 12 h. 38. — Contraction des flancs, les membres posté- rieurs se meuvent difficilement. EN, 5 0e À 12 h. 40’. — Pesanteur générale, mouvements péni- bles, ouverture de la bouche. A 12 h. 42. — Déglutition intermittente pénible, mucus très abondant. À 142 h. 46°. — Essaie de sauter, retombe sur le flanc, large ouverture de la bouche. A 12h. 49°. — Ferme les yeux, la tête est tombante, réso- lution complète des membres antérieurs. A 12h. 50’. — Ferme les yeux, coasse, contractions de la partie antérieure du corps, baigne dans le mucus. À {2 h. 54. — La bouche s'ouvre et se ferme alternative- ment, un liquide filant exsude de cette cavité. À 12h. 59’. — La bouche ouverte largement ne peut se re- fermer, résolution de tous les membres, aucun mouve- ment respiraloire, la langue est renversée, pupille très dilatée. A { h. — Contractions, mort. Le cœur est en systole ventriculaire. Il était intéressant de rechercher quelleinfluence, soit l'écorce seule des racines d’'Ouabaïo, soit le bois de ces racines, produirait sur l'organisme, les expériences suivantes nous ont donné des ré- sultats prévus, mais d’un haut intérêt. Effets de l'écorce d’'Ouabaïo. EXPÉRIENCE XXIV. — Grenvuille (Rana temporaria) du poids de 38 grammes. À 14h. 27. — 2 centigrammes d’écorce, entièrement débar- rassée du bois, sont introduits sous la peau de la cuisse. À 4 h. 35”. — Agitation, les pattes de devant frotient énergi- quement le museau, mouvements de déglutition respira- loire accélérés. EN CHE À 4h. 38’. — Mouvements saccadés des flancs, un mucus abondant exsude de l’animal. A 1h. 40’. — La tête est abaissée, mouvements réitérés comme pour plonger, violente agitation, les mucosités augmentent. À 1 h. 55’. — L’animal cherche à respirer, il ouvre forte- ment la bouche, comme sous l'influence de nausées, les flancs sont agités. A 1h. 58. — Membres postérieurs en résolution. A2h.®.— Déglutition respiratoire très lente, la bouche est largement ouverte, l'animal baigne dans une mucosité écumeuse. A2h.5. — Frottement du museau, bave de la bouche, contraction des flancs. A 2h. 8. — Résolution, immobilité. A 2h. 13. — Mouvements désordonnés. A 2h. 22”. — Contractions abdominales violentes, les mem- bres antérieurs ne peuvent supporter l’animal. A 2h. 34’. — Immobilité, mort. Le cœur est en sysiole ventriculaire. Les effets produits par l’écorce ont duré ! h. 7 minutes, lorsque 45 minutes suffisent à 3 milli- grammes d'extrait pour amener l'arrêt du cœur chez une grenouille de force analogue. Malgré cette différence de temps, il est incontestable que l'écorce a joué un rôle plus actif, car très certaine- ment les ? centigrammes contenaient une quantité de poison bien inférieure à 3 milligrammes. Effets du bois d'Ouabaïo. EXPÉRIENCE XXV. — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 40 grammes. 0 Nes À 2h. 42’. — 2 centigrammes de bois,complètement débar- rassés d’écorce, sont introduits sous la peau de la cuisse. À 2 h. 44”. — Mouvements désordonnés, déglutition respi- ratoire excessivement rapide. A 2 h. 46°. — Frotiement du museau, mucus abondant, A 2h. 49. — Flances contractés, déglutition intermittente. A 2h. 50’. — Ouverture violente de la bouche, sorte de nausée. A 2h. 52’. — Frottement énergique du museau, flancs de plus en plus contractés, le mucus est écumeux. À 2h. 57°. — Grande agitation, mouvements désordonnés. A 2h, 59. — Membres en résolution. A 3 h. — Déglutition à peine sensible, battements intermit- tents des flancs. A 3h.8. — Les membres antérieurs sont impuissants à soutenir l’animal, déglutition inappréciable. A 3h. 10”. — Prosiration complète, l’animal esi couvert de mucus. A 3 h. 14. — 2 contractions violentes, mort. Le cœur est en systole ventriculaire. Dans ce dernier cas, 31 minutes ont suffi pour tuer l’animal ; c’est donc dans le bois de la racine de l’Ouabaïo que réside, en plus grande quantité, le principe toxique. Effets de l'extrait obtenu chimiquement. Nous devions nous attendre à voir l'extrait pré- paré à l’aide des procédés chimiques, énumérés au chapitre Il, produire les mêmes effets que l'extrait des flèches ou les racines mêmes de l’Ouabaïo. Les expériences suivantes répondent affirmativement, 4 se Éqes et démontrent de plus la rapidité de l’action du poison, conséquence de son état de pureté. EXPÉRIENCE XXVI. — Chien de forte taille du poids de 29 ki- logrammes. À 1 h. — Injection sous la peau de la cuisse, de 11 milli- grammes d’extrait pur. À 1 h. 5’. — Agilation excessive, plaintes, mâchonnement, la tête est courbée vers le sol: A 1h. 15”. — Nausée, vomissements violents répétés, de ma- tières blanches spumeuses, puis jaunes filantes, salivation intense, dyspnée. A 1h. 27. — Se tient à peine sur les jambes, oscille, vio- lentes contractions des flancs, la bouche s’ouvre large- ment, salivation intense. À 1 h. 20°. — Tremblements musculaires, dyspnée violente, vomissements, l’animal est couché. AîÂh.22.— Les battements du flanc et du diaphragme sont inappréciables, immobilité. AïîÂh. 25”. — Violente contraction des jambes, long burle- ment, frémissement des paltes, mort. Le cœur est arrêté en systole ventriculaire. ExPÉRIENCE XX VII, — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 25 grammes. À 3h. — Injection de 3 milligrammes d'extrait pur sous la peau de la cuisse. A3h.2. — Mouvements saccadés des flancs, déglutition respiratoire des plus actives, violente agitation. À 3 h. 4”. — L'animal se frotte le museau, large ouverture de la bouche, tout le pharynx semble ressorli et obstrue la bouche, un mucus écumeux découle de tout le corps. A 3h. 5’. — Les membres antérieurs soutiennent l'animal avec peine, calme, puis frottement du museau, ouverture de la bouche, déglutition respiratoire très ralentie. A 3h. 7. — L'animal est couché, tous les membres en ré- PR Due solution, violentes contractions de l’abdomen, l’animal baigne liltéralement dans le mucus exsudé. A 3 h. 10°. — Violent mouvement de déglutition, les mem- bres postérieurs se contractent, ouverture de la bouche, immobilité, mort. Le cœur est arrêté en systole ventriculaire. EXPÉRIENCE XX VIII. — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 32 grammes. A 1h. 10°. — Injection de3 milligrammes d’extrait pur sous la peau de la cuisse. À 1h. 11”. — Agitation, mouvements de déglutition respi- ratoire très accélérés. A fh. 13.— Contractions des flancs, frottement du nez, mu- cus abondant. | À 4 h. 15’. — Résolution des pattes antérieures, mouve- ments de déglutilion intermittents, bouche ouverte. Ah.17.— Baigne dans le mucus, ferme les yeux, la bouche ouverte se ferme avec peine. Aîh.18.— Pas de mouvements respiratoires, la bouche est ouverte, convulsions abdominales. À 1 h. 20°. — Mouvement brusque des pattes, mort, _Le cœur est en systole ventriculaire. 10 minutes ont suffi cette fois pour arrêter en- tièrement les battements du cœur. Dans ces expériences, comme dans les expé- riences II et IX, les extraits ont été administrés à doses égales, les animaux étaient de force pour ainsi dire semblable, néanmoins on voit l’extrait chimi- quement pur agir avec une rapidité quatre fois plus grande que l'extrait aqueux et une fois et demie environ plus grande aussi que celui des flèches. Nous avons établi que la quantité d'extrait d’'Oua- Le a baïo obtenu d’aprèsles procédés Comalis et néces- saire pour tuer un animal, ne dépendait ni du poids, ni de la force de cet animal, il en est encore de même ici pour l'extrait pur ; mais tout en admet- tant pour certains sujets expérimentés, une sorte de résistance à l’intoxication, nous avons dû cher- cher à connaître la dose maximum pouvant en gé- néral amener la mort; pour obtenir ce résultat, il était nécessaire de commencer par injecter une dose faible de matière toxique, et de l’augmenter pro- gressivement jusqu'à l'apparition des symptômes caractéristiques de l’intoxication ; c'était, en outre, un moyen de savoir si des phénomènes d’accoutu- mance apparaitraient comme dans l'administration de l’Inée (Teste, Polaillon et Carville). ExPÉRIENCE XXIX. — Chien de taille moyenne du poids de 20 kilogrammes. A 8 b. du matio, 4 milligramme d'extrait pur est injecté sous la peau de laine. A 9h. — Aucun symptôme ne s’est déclaré, seconde injec- tion de 1 milligramme. À 9 h. 25”, — Abattement, se lèche les lèvres, mâchonne, nausée. à À 9 h. 40’. — Vomissement de matière blanche écumeuse, l'animal est debout, oscillation sur les jambes, le flanc est un peu contracté, il se couche. À 10 h. — L'animal est couché, mais il paraît moins abattu. A 11 h. — Il marche, vient quand on l'appelle et semble complètement rétabli. À 12h. — Troisième injection de 1 milligramme. À 12h. 10°. — Contraction violente de l’abdomen, gêne res- piratoire, mâchonnement. nr = A 12h. 25’. — Nausées, vomissement de matières jaunes, bave de la gueule. A 42h. 30°. — L'animal est couché et parait insensible, tremblement musculaire, il se relève les jambes écartées, forte dyspnée, vomissement. À 42h. 42. — Tombe sur le flanc, étend les membres, se plaint, puis se relève avec peine, mouvement oscillatoire très prononcé, respiration saccadée, salivation des plus abondantes. À 12 h. 45’. — Pousse un hurlement, tombe les pattes éten- dues, mort, pupille fortement dilatée. Le cœur est comme toujours en systole ventriculaire. Une dose de 1 milligramme d’extrait pur d’Oua- baïo n’a entraîné aucun désordre chez le chien de cette expérience, quelques symptômes se sont pro- duits sous l’influence d’un second milligramme, mais ils ont disparu rapidement et certainement l'animal ne serait pas mort si un troisième milli- gramme n'eût été donné; nous pouvons donc consi- dérer cette quantité de 3 milligrammes comme le poids minimum nécessaire pour empoisonner un animal de la taille d’un chien ordinaire. L'expérience suivante suffira pour démontrer que les phénomènes d’accoutumance particuliers à l’I- née ne s’observent pas dans l'administration de l’'Ouabaio. EXPÉRIENCE XXX. — Chien de taille ordinaire du poids de 15 kilogrammes. À 10 h. du matin. — 2 milligrammes d’extrait pur sont in- jectés sous la peau de la cuisse. A 10 h. 10’. — Inquiétude, màchonnement, nausée. AM RS A 10h. 15. — Tremblement, un vomissement de matière spumeuse, peu à peu le calme se rétablit, le chien est couché, la tête repose sur les pattes de devant étendues. À 4h. du soir. — L'animal mange. Le lendemain à 10 h. du matin. — Seconde injection de 2 milligrammes, mêmes phénomènes que la veille, mais ils durent jusqu’à deux heures ; à partir de ce moment, état normal, comme précédemment. Le surlendemain à 10 h. du matin. — Injection de 3 milli- grammes. Tous les symptômes d’empoisonnement appa- raissent et suivent une progression croissante. La mort arrive en 29 minutes. Effets de l'extrait par absorption stomacale. Tout au contraire de l’Inée, l’Ouabaïo n’agit pas par l'absorption stomacale. D’après MM. Polaillon et Carville({), après une injection de 3 milligrammes d'extrait sec, dans l’estomac d’une grenouille, dont le cœur était à nu, le cœur battait encore au bout de 3 heures et demie; ils cessent d'observer à 5 heures et le lendemain, disent-ils, la grenouille est trouvée morte. Sans discuter la valeur de cette expérience, elle ne nous semble pas offrir de preuves certaines de l’action du poison. Dans nos comparaisons entre les deux matières toxiques, nous avons répété scru- puleusement l'expérience V, de MM. Polaullon et Carville, en nous servant d'extrait de flèche d’Oua- baïo, et les résultats ont été les mêmes. Nous au- rions pu conclure également à une absorption sto- (1) Polaillon et Carville, loc. cit., p. 531. ACER macale, mais nous nous sommes demandé si une grenouille dont le cœur est à nu, dont les batte- ments sont irréguliers il est vrai, mais dont la diffé- rence de ? h. 50 minutes à 5 heures est relative- ment assez faible et que l’on trouve morte le len- demain, pouvait être considérée comme tuée par le poison? Les expériences suivantes ont répondu à la question posée : EXPÉRIENCE XXXI. — Chien de taille moyenne du poids de 18 kilogrammes. A 9h. — A l’aide d’une sonde «æsophagienne, 25 milli- grammes d'extrait aqueux des flèches sont introduits dans l'estomac. À 9 h. 20°. — Nausée, vomissements de matières jaunes, la respiration s’effectue avec peine, violentes contractions des flancs. A 9h. 25. — Vomissements répétés, selles diarrhéiques, diurèse prononcée ; l’animal bave, il se couche et reste immobile. À 10 h. — Les vomissements ont cessé ; l'animal, très abattu, repose la tête sur les pattes étendues, tremblement. À 5 h. — Les accidents ont cessé, l’animal vient quand on l'appelle, il refuse de manger. Le lendemain à 9 heures. — L'animal est bien portant, deuxième administration de 25 milligrammes d'extrait, les symptômes de la veille réapparaissent avec une inten- sité à peu près égale. C’est seulement vers 6 heures que l’animal, très abaltu encore, marche et flaire, il mange le surlendemain à 2 heures et continue, à partir de ce mo- ment, à se bien porter. EXPÉRIENCE XXXII. — Chien ordinaire du poids de 12 kilo- grammes. Dans cette expérience, 30 milligrammes d’extrait pur sont MT introduits dans l’estomac. Les phénomènes se montrent, comme précédemment, seulement, avec une rapidité plus grande et une intensité plus forte ; l’animal, à la suite de l'absorption, reste 2 jours couché sans vouloir prendre aucune nourriture, mais peu à peu ses forces reviennent et le troisième jour il est complètement rétabli. L'Ouabaïo introduit dans l’estomac n’est donc pas ‘un poison pour les animaux supérieurs, il agit comme éméto-cathartique et comme sédatif, mais rien de plus. Il agit différemment sur les grenouilles et les poissons. ExPéRENCE XXXIIT. — Grenouille (Rana lemporaria) du poids de 25 grammes. Ah. — 4 milligrammes d'extrait des flèches sont introduits dans l'estomac. À 2 DB. 10°. — Aucun effet ne s’est produit, l'animal saute et s'agite comme à l’état normal. A 3h. 15. — Les premiers symptômes de l’empoisonne- ment se montrent, et ils continuent à se manifester comme dans toutes les expériences précédentes. A 3h. 45°. — Mort avec arrêt du cœur en systole ventricu- laire. Dans cette expérience, l’action du poison s’est ma- nifestée avec une extrême lenteur, mais le résultat final était en quelque sorte prévu, connaissant la facilité d'absorption de l’animal sur lequel on opé- rait. Les mêmes faits se sont produits presque identi- quement dans les conditions suivantes : D EXPÉRIENCE XXXIV. — Une grenouille {Rana tempor aria) du poids de 32 grammes est maintenue dans l’eau, préalable- ment chargée de 4 milligrammes d’extrait pur. Après un séjour de 2 h. 25’ dans l’eau, ainsi préparée, l’a- nimal commence à manifester un trouble dans la respira- tion, puis insensiblement les symptômes s’accentuent et au bout de # heures, l'arrêt du cœur en systole ventricu- laire était complet. EXPÉRIENCE XXXV.— Un cyprin doré (Cyprinus auralus, Val.) nage dans un vase où on a déposé 3 milligrammes d’ex- trait pur. Au bout de 3 heures, les premiers symptômes d’empoisonne- ment se manifestent par un mouvement accéléré dans les ouvertures branchiales. Après 4 heures, l’animal nage avec peine, il penche sur le flanc, la dyspnée est très accusée. Les phénomènes d'intoxication s’accentuent de plus en plus et, après 6 heures d'immersion, l’animal flotte sans mou- vement, on constate l’arrêt complet du cœur. Effets du sang d'un animal intoxiqué sur un animal sain. / Le sang d’un animal empoisonné par l’Inée est toxique, disent MM. Polaillon et Carville (1), en est-il ainsi pour l’Ouabaïo? Nous nous sommes adressés non seulement à des grenouilles, mais aussi à des lapins. Les résultats ont été négatifs. EXPÉRIENCE XXXVI.— Lapin ordinaire du poids de 625 grammes. À 11 h. 30°. — 1 centimètre cube de sang d’un lapin dont le cœur vient de cesser de battre, est injecté sous la peau de la cuisse d’un autre lapin. À 4 h. 30’. Aucuns symptômes d’empoisonnement ne se ma- (1) Loc. cil., p. 601. 1 nifestent, l’animal mange, se promène, comme avant l’o- pération ; le lendemain même état, il continue à se bien porter. ExPéRience XXX VII. — Grenouille (Rana temporaria) du poids de 30 grammes. A 4h. 15’. — Le cœur étant mis à nu, est mis en contact avec 20 milligrammes de sang d’une grenouille intoxiquée. À 1h. 30°. — Rien de particulier jusqu’à la mort de la gre- nouille, arrivée à 4 heures 12 minutes, des suites de l’opé- ration, aucuns symptômes d’empoisonnement n’ont pu être notés. Le sang d’un animal empoisonné par l'Ouabaio n’est donc pas toxique, ou s’il contient une certaine quantité de poison, elle est insuffisante pour agir sur un autre animal. | CHAPITRE IV. ACTION DE L'OUABAÏO SUR L'ORGANISME. Les symptômes caractéristiques de l’empoisonne- ment par l’'Ouabaïo (nous l'avons déjà fait observer) se sont montrés toujours les mêmes sur les animaux supérieurs, comme sur ceux des autres ordres, et peuvent se résumer ainsi. Agitation, plaintes; dyspnée suivie d’un état nauseux et de vomissements intermittents ; diurèse, salivation considérable ou exsudation cutanée ; som- nolence, résolution des membres, les antérieurs sur- tout, pesanteur de la tête, dénotée par la tension du Mn cou en avant, ou son inclinaison sur le sol; contrac- tions abdominales, puis immobilité ; enfin, au mo- ment de l’arrêt du cœur, violent soubresaut, gé- missement prolongé, mouvements fibrillaires des extrémités postérieures, dilatation exagérée des pu- pilles. L’Inée produit des symptômes à peu près sembla- bles, cependant, la diurèse, l’exsudation cutanée ne sont pas citées par MM. Polaillon et Carville, la sali- vation caractéristique de l’Ouabaïo est notée une fois seulement dans leur expérience XX VI. Les nausées, en outre, sont communes aux deux poisons, com- munes à tous les poisons du cœur, paraît-il (1); elles se manifestent chez les animaux supérieurs et les animaux à sang froid, car l'ouverture violente de la bouche, le renversement de la langue souvent cités ne peuvent être attribués à une autre cause; le fait établi, nous n'’insisterions pas, si MM. Polaillon et Carville ne cherchaient à expliquer la nausée à l’aide d’un raisonnement que nous ne pouvons ac- cepter, ni pour l’'Ouabaïo ni pour l’Inée; et, d’abord, répondant à cette affirmation « que les animaux secouent la tête, comme pour se débarrasser d’un objet contenu dans la cavité buccale, conséquence des nausées, » nous dirons qu'ils cherchent plu- tôt à écarter un poids gênant, dont la sensation est occasionnée par la congestion des méninges et l’hé- morragie commençante de la partie antérieure des hémisphères cérébraux. (1) D'après M. Vulpian, Teste, Polaillon et Carville, Loc. cit., p. 549. Otis « Sous cette influence, continuent les auteurs, les oiseaux ouvrent le bec, les lapins se grattent le museau, les chiens mâchonnent et se lèchent les lèvres ; il est donc évident que ces animaux ont la sensation d’une saveur désagréable qui les porte à . exécuter ces mouvements. C’est, sans doute, Île poison qui, après avoir été absorbé, vient impres- sionner les papilles de la muqueuse buccale, de ma- nière à produire ces phénomènes de nausées. » En règle générale, tout vomissement, quelle qu’en soit la cause, est précédé de nausées ; la nausée est donc la première atteinte, la première manifesta- tion du besoin de vomir, et ne dépend pas d’une sensation gustative désagréable; l’Ouabaïo n’a aucun goût et il produit des nausées tout aussi bien que l’Inée, substance amère; en supposant un instant que cette amertume puisse influer sur les papilles et provoquer les nausées, il faudrait accorder à l’Inée une rapidité d'absorption que les expériences citées sont loin de démontrer. Si, avec M. Vulpian, on ne peut expliquer pour quelle cause les poisons du cœur font vomir, il nous semble tout aussi difficile, d'expliquer celles de la nausée; l’une et l’autre sont évidemment les mêmes et la sensation d’une saveur quelconque ne peut être sérieusement mise en cause. Aux nausées succèdent les vomissements, à ceux-ci toute la série des autres symptômes, puis l’affaiblis- sement, souvent la résolution, le tremblement des membres. Ces tremblements, cette résolution ont- ils encore pour cause, comme dans l’Inée, « l’alté- ee ARE ration de la contractilité musculaire ? » Nous répon- drons à cette question en nous occupant de l’action du poison sur les différents systèmes; nous avons avant, à examiner les désordres internes conco- mitants avec les symptômes. Examen des viscères. L'état des viscères a été examiné chez les mam- mifères, oiseaux, batraciens et poissons. À l'ouverture du crâne, tous les sinus sont rem- plis de sang noir. Des foyers hémorragiques en nappes, se localisent à la partie antérieure des hé- misphères cérébraux. Les ventricules sont injectés ; toutes les veines gonflées. La masse encéphalique est fortement piquetée. La pie-mère rachidienne pré- sente aussi des loyers hémorragiques. La muqueuse buccale est vivement colorée, les glandes salivaires, la sous-maxillaire surtout, sont fortement congestionnées. Les poumons affaissés sont presque toujours comme hépatisés par places et surnagent diffici- lement. Chez les grenouilles, bien que souvent les mouvements de déglutition respiratoire durent un temps plus ou moins long après l’arrêt du cœur, ces organes restent profondément rétractés. La trachée- artère est remplie de mucosités filantes. Le foie fortement congestionné, laisse transsuder le sang sous la pression du doigt. Les reins ont leurs vaisseaux également conges- 100 tionnés, la muqueuse vésicale est injectée, la vessie contractée est vide. L’estomac fortement plissé con- tient un mucus jaunâtre, quelques plaques ecchymo- tiques s’observent sur la muqueuse, le tube intes- tinal montre les mêmes ecchymoses. Les organes génitaux, chez le chien notamment, paraissent fortement excités, l'érection et l’émission de sperme sont fréquentes quelques instants avant la mort. Nous ajouterons que chez les grenouilles ou- vertes pour étudier le cœur à nu, peu d’instants avant l’arrêt du cœur, et seulement à cet instant, des mouvements fibrillaires sont manifestes sur toute la grappe ovarienne. Le sang est toujours noir, poisseux et se coagule difficilement ; la rigidité cadavérique enfin paraît considérablement retardée. Examen du système musculaire. L'Inée agit sur les muscles dont elle abolit la con- tractilité, disent MM. Polaillon et Carville (1); con- tinuant la comparaison entre ce poison et l’Ouabaïo, telle que nous l’avons faite jusqu'ici, examinons si ce dernier agit également sur les muscles. Déjà nous avons constaté une différence en faisant observer que la contraction musculaire éteinte chez les grenouilles soumises à l’Inée, au bout de 1 h. 1/2 à ? heures, subsistait encore après 3 heures chez les grenouilles intoxiquées par l’Ouabaio. (1) Loc. cit., p. 689. DNA DORE Les contractions musculaires, manifestes dans les expériences de MM. Polaillon et Carville, étaient exécutées sous l’influence de l'excitation électrique ; dans plusieurs des nôtres, il n’y a eu ni excitation électrique, ni excitation mécanique d'autre nature, mais maintien de la vie musculaire, si nous pouvons nous exprimer ainsi, puisque, jusqu'à ce moment, les mouvements étaient volontaires. EXPÉRIENCE XXX VIII. — Comme terme de comparaison nous avons pris deux grenouilles de même force. Après les avoir fixées sur une plaque de liège, et avoir mis les cœurs à nu, nous avons imprégné le cœur de l’une avec 3 mil- ligrammes d'extrait pur, le cœur de l’autre a été complè- tement enlevé. Au bout de 16 minutes, le cœur de la grenouille intoxiquée était arrêté en systole ventriculaire avec tous les symptômes ordinaires. À ce moment les deux grenouilles furent détachées du liège et abandonnées dans un cristallisoir recouvert d’un disque de verre; les mouvements volontaires des deux grenouilles, saut, marche, étaient les mêmes, ils durèrent pour la gre- nouille intoxiquée 3 heures; la grenouille, dont le cœur avait été enlevé, ne donnait plus signe de vie 2 heures 1/2 après l’opération. Le maintien de l’activité musculaire a été pour ainsi dire égal dans les deux grenouilles, la durée plus courte pour la grenouille privée de cœur a dé- pendu uniquement de la perte presque totale du sang ; arrivés à ce moment de l'expérience, nous n'avons pu constater ni chez l’une, ni chez l’autre de contraction musculaire sous l'influence de la pince électrique. PP CT aREUs MM. Polaillon et Carville font remarquer que les pattes antérieures des grenouilles se paralysent avant les postérieures. Dans l'administration de l’Ouabaïo nous avons vu les grenouilles éprouver une grande difficulté à mou- voir les membres antérieurs, mais de là à une para- lysie la différence est grande, d'autant plus que cet état cesse quelques instants avant la mort, toujours précédée de violents mouvements convulsifs des extrémités antérieures et postérieures. Sila paralysie prétendue des membres antérieurs, est due à l’action du poison sur les muscles, par l’in- termédiaire du sang chargé de principe toxique, il est évident que les membres postérieurs devraient être paralysés en même temps, et même beaucoup plus tôt, lorsque l'injection du poison est faite sous la peau des cuisses ; il n’en est rien cependant, et soit pour l’Inée où le sang est toxique, soit pour l'Ouabaïo où il ne l’est pas, les phénomènes sont les mêmes ; de plus, lorsque l’on excite les muscles de la cuisse où l'injection a été faite, on les voit se con- tracter comme ceux de la cuisse où le poison n’a pas été directement introduit, les mouvements vo- lontaires sont égaux dans les deux membres, les grenouilles ne traînent en aucune façon la cuisse injectée. L'Ouabaiïo n’abolit donc pas la contractilité mus- culaire des grenouilles ; l’abolit-il chez les animaux supérieurs ? Les tremblements, la résolution, symptomatiques des mammifères notamment, succèdent, nous l’avons Note vu, à la dyspnée et aux vomissements ; or, ces acci- dents, influant sur les animaux au point d’entrai- ner un état syncopal, il semble assez naturel de considérer la résolution momentanée des membres, comme étant la conséquence de cet état, plutôt que de l’action du poison sur les muscles. Les tremblements sont en raison des efforts de vomissement, la résolution est d'autant plus accu- sée, que les efforts respiratoires sont plus pénibles; mais, nous le répétons, elle est momentanée ; elle disparaît sans retour, précisément peu de temps avant l’arrêt complet du cœur, alors que l’intoxica- tion, portée à son summum, devrait faire sentir plus profondément son action sur les membres, si le poi- son était musculaire; elle disparaît parce que les vomissements ont cessé, parce que la dyspnée fait place à d’autres symptômes. Tant que les vomisse- ments et la dyspnée apportent un trouble dans les mouvements respiratoires, l'influence accélératrice qu’exerce l'inspiration sur le cours du sang vei- neux n'agit plus, et ce sang s’accumule dans les vaisseaux d'autant plus vite que le cycle parcouru est moindre; le système veineux devient donc tur- gide dans la portion antérieure, là où nous avons constamment trouvé les veines gorgées de sang noir, le gonflement des vaisseaux du cou et de la face, etc., etc., de la syncope; de là aussi, impuis- sance, paralysie, si l’on veut, mais paralysie tempo- raire des membres antérieurs. Comme pour les grenouilles, les expériences di- 5) Pr RES rectes montrent la non-influence de l’Ouabaïo sur les muscles des animaux supérieurs. EXPÉRIENCE XXXIX. — Un chien de taille ordinaire est em- poisonné à l’aide d’une injection de 10 milligrammes d’ex- trait pur, les symptômes sont comme toujours les mêmes; l'arrêt du cœur est arrivé, en 27 minutes, en systole ven- triculaire. 10 minutes après la mort, la poitrine et l'abdomen sont ou- verts, la peau de la cuisse, où l’injection a été faite, est en- levée sur une longue étendue, il en est de même sur une large portion du cou. 15 minutes après, partout où l’on applique la pince électri- que, les muscles sont contractiles et cette contractilité est encore manifeste au bout de 1 heure 1/2; notons que la température du laboratoire est au-dessous de 12 degrés (nous opérons pendant l’hiver). Comme les muscles striés, les muscles lisses ne perdent pas leur propriété contractile. Le chien de l'expérience précédente nous a montré, 60 et 80 mi- nutes après l’arrêt complet du cœur, l'estomac, les intestins, la vessie, etc., répondant énergiquement aux atteintes de la pince électrique. En résumé, l’Ouabaïo n’a aucune action sur la fibre musculaire striée et lisse, il n’est pas un poi- son des muscles. Examen du cœur et du système vasculaire. Dans l’empoisonnement par l’'Ouabaïo, le cœur s'arrête toujours en systole ventriculaire ; une seule fois nous l’avons trouvé en diastole., Nous croyons Je er cependant ne pas devoir tenir compte de ce fait isolé, car diverses causes, inutiles à relater ici, ont pu entraver l'expérience et influer sur le mode d'arrêt. Chez les animaux supérieurs, aussi chez les gre- nouilles, les oreillettes sont gonflées de sang noir, turgides, les ventricules constamment vides et ex- sangues. Le ventricule est décoloré, fortement con- tracté, affectant une forme conique; lorsque l’on place sur une partie quelconque de sa surface une quantité donnée d'extrait toxique, aussitôt le con- tact, on voit se dessiner un point blanc tranchant avec les autres parties; ce point augmente d’éten- due, suit en quelque sorte la marche de l’intoxica- tion, et a gagné le ventricule tout entier au mo- ment de l’arrêt du cœur. Ces phénomènes communs à d’autres poisons, dits poisons du cœur, nous ont conduit à classer l’'Ouabaïo dans la même catégorie; mais, de ce qu'il arrête les mouvements cardiaques, doit-on conclure à une action directe sur le tissu muscu- laire de l’organe? « Si l’on excite directement un cœur qui vient de s'arrêter sous l'influence de l’Inée, il reste immo- bile, quelle que soitl’intensité du courant; » jamais MM. Polaillon et Carville n’ont pu réveiller les contractions (1). EXPÉRIENCE XL. — Un chien de forte taille est intoxiqué à (1)/Z0c. cit, p.101 D l’aide d’une injection de 4 milligrammes d'extrait pur d’Ouabaio ; aussitôt l’arrêt du cœur, la poitrine est ouverte, le cœur esten syslole ventriculaire; 10 minutes après l’ouveriure, d’énergiques contractions se produisent sous l’action de la pince électrique, placée sur les ventricules,; après 15 minutes, mêmes contractions ; après 25 minutes, insensibilité presque complète, seules les oreillettes se contracient violemment, les deux pôles de la pince étant appliqués sur leur surface. Comme toujours, nous avons ici une opposition complète entre l’Ouabaïo et l’Inée : avec l’Inée, contractions impossibles des ventricules directe- ment excités ; avec l’Ouabaïo, contractions énergi- ques des ventricules et des oreillettes 25 minutes après l’arrêt complet du cœur. Ces phénomènes nous conduisent aux conclu- sions déjà posées relativement aux muscles striés et lisses de l’organisme, à savoir : son action nulle comme poison musculaire. Sous l'influence de l’arrêt du cœur, des modifi- cations importantes, prévues du reste, se montrent dans tout le système circulatoire. Déjà nous avons insisté sur la distension du sys- tème veineux par un sang noir et difficilement coa- gulable, distension localisée plus particulièrement à la partie antérieure du tronc des animaux supé- rieurs et des batraciens, et nous en avons cherché la cause; à cette plénitude des vaisseaux veineux, répond une vacuité presque complète du système artériel. Cette absence de sang dans l’arbre circu- latoire, due à la contractilité des artères dont le Les OO tissu offre avec celui des muscles de la vie orga- nique une complète analogie (1), n'est-elle pas une preuve à ajouter aux précédentes pour démontrer l’innocuité de l’Ouabaïo sur le tissu musculaire ? Avant d'examiner la tension artérielle, nous avons voulu nous rendre compte de la circulation dans les capillaires, et nous l’avons étudiée sur la membrane interdigitale des grenouilles. EXPÉRIENCE XLI. — À 2 heures, une grenouille (Rana tempo- raria) est fixée sur une plaque de liège et empoisonnée avec 3 milligrammes d'extrait pur, l’une des pattes posté- rieures est disposée de façon à être facilement observée sous le champ du microscope. A 2h. %,.— La circulation est active. Ah. #4. — Ralentissement,. A 2h. 6. — La circulation paraît s’accélérer. A 2h. 8.— Ralentissement. A 2h. 10°. — Les artérioles sont contractées. A 2h. 15’. — Aucune circulation appréciable. A 2 h. 17°. — Les artérioles, complètement exsangues, pré- sentent un aspect moniliforme. Les résultats de nos expériences sur la tension artérielle sont établis par les tracés suivants, pris sur l'artère fémorale du chien. Ces expériences ont été faites au laboratoire de physiologie du Muséum, sous la direction et avec le bienveillant concours de notre savant confrère, M. Grehant, aide natu- raliste, à l’obligeance duquel on ne s’adresse jamais en vain, elles ont donc un degré de précision incon- testable. (1) Béclard, Traité de physiologie, p. 000. EN Lou L’instrument employé pour mesurer la pression est le myographe de Magendie. EXPÉRIENCE XLII. — Chien de taille ordinaire. L’artère fémorale donne à l’état normal le tracé suivant, fig. 3. Fig. 3. Nous constatons 97 pulsations par minute, la pression moyenne est de 160 millimètres 0,2. Une injection de 4 milligrammes d’extrait pur est faite sous la peau du ventre à 3 heures 8 minutes ; à 3 heures 20 mi- nutes, nous obtenons le iracé fig. 4. Les pulsations sont de 112 par minute, la pression moyenne est de 140 millimètres 0,6. De et À 3 heures 36 minutes, troisième tracé représenté par la fig. 5. On compte 186 pulsalions par minuteetune pression moyenne de 130 millimètres 0,1. Pendant l’intoxication, les battements du cœur, comme dans l’Inée, passent par des alternatives d'irrégularité, de fréquence et de ralentissement. L'expérience XIII de MM. Polaillon et Carville, par exemple, donne 98, — 126, — 180 pulsations, pro- portion croissante analogue à celle que nous venons d'établir, et, dans un laps de temps également ana- logue, cette concordance relativement à la pression sanguine dans les deux poisons découle des mêmes conséquences physiologiques et n’a pas besoin d’être discutée. Examen du système nerveux. L'Ouabaïo, comme l’Inée, n’a-t-il aucune in- fluence sur le système nerveux ? Pour démontrer cette proposition, relativement à l’Inée, MM. Polaillon et Carville opèrent en paraly- sant avec le Curare les nerfs pneumogastriques , ns er «jusque dans les filets qui se distribuent au muscle cardiaque. » Nous avons rejeté ceprocédé expérimental, parce qu’il ne nous semble pas présenter un degré bien grand de certitude. En effet, si l’on consulte les leçons sur l’action physiologique des substances toxiques de M. le professeur Vulpian (1), on y re- lève entre autres ce passage : « Lorsque la curari- sation est poussée jusqu’au degré où l'influence des nerfs moteurs sur les muscles à faisceaux striés est abolie, la faradisation des nerfs pneumogastriques dans la région du cou arrête les mouvements du cœur comme à l'état normal. » | De leur côté, MM. Polaillon et Carville disent (exp. LXIV) : « Alors que sous l’action du Curare, il n'existe plus de contraction dans les muscles, plus de mouvements réflexes, en électrisant les pneumogastriques au cou on narrêle pas le Cœur. » Aïnsi pour M. Vulpian, malgré l'influence du Cu- rare, les pneumogastriques électrisés arrêtent les mouvements du cœur et ne sont pas paralysés ; pour MM. Polaillon et Carville, sous ces mêmes influences, les pneumogastriques sont paralysés et n’arrêtent pas les mouvements du cœur. Devant deux opinions aussi diamétralement op- posées, il était donc plus prudent et plus simple d'examiner l’action de l’Ouabaïo sans le concours du Curare. (DULOC CNT pe alt Re Lt L'influence des poisons, dits poisons du cœur, est loin d’être complètement connue. Les physiolo- gistes les plus autorisés hésitent encore à se pro- noncer sur le rôle véritable des filets cardiaques des pneumogastriques et, malgré le secours incon- testable du Curare dans les recherches de cette na- ture, ilest peut-être sage de ne pastrop généraliser et de compter parlois avec la paralysie curarique. « Lorsque sur un animal récemment tué, si, après avoir mis le cœur à nu, on excite les pneumogas- triques, on voit survenir des contractions, l’excita- tion des nerfs produit sur les muscles du cœur le même effet que l'excitation des autres nerfs pro- duit sur les muscles, dans lesquels ils se termi- nent) EXPÉRIENCE XLIIL. — Un chien de moyenne taille meurt in- toxiqué avec 4 grammes d’extrait pur ; immédiatement la poitrine est ouverte et le cœur mis à nu, les pneumogas- lriques sont excités au cou avec la pince électrique ; quelle que soit la force du courant, le cœur reste immobile ; les nerfs sciatiques, sous la même influence, ont conservé leur motricité. Les pneumogastriques ont perdu tout pouvoir, lorsque les autres nerfs ont conservé leur mode d'action. ExPÉRIENGE XLIV. — Chien de petite taille, à 11 heures sec- tion des pneumogastriques à la région du cou. A 11h. 12. — Prosiration, vomissements, dyspnée, ralen- tissement du pouls. (HNBéclamEndoctert, Ip. 12: Len À 11. 15. — Injection de 6 milligrammes d'extrait pur sous la peau de la cuisse. A 11 h. 20’. — Prostration. À 11h. 30°. — Même état. À 11 h. 35. — Mâchonnement, salivation, vomissement, accélération des battements du cœur. A 11 h. 40”. — Les symptômes d'intoxication augmentent. A 11h. 45°. — Même état. À 11 h. 50°. — Arrêt du cœur. EXPÉRIENCE XLV. — Chien de taille à peu près égale à celle du précédent, il est intoxiqué avec 6 milligrammes d’ex- trait pur, sans section des pneumogastriques. L’empoisonnement marche comme dans toutes les expé- riences, l'arrêt du cœur est complet au bout de 22 mi- nules. L'action de l’Ouabaïo a été retardée de 28 mi- nutes, par suite de la section des pneumogas- triques. « Après la section des pneumogastriques, les mou- vements respiratoires perdent de leur fréquence ; à l’autopsie on trouve un engouement pulmonaire, les bronches, la trachée-artère sont remplies de mu- cosités (1). » Nos autopsies nous ont montré les poumons af- faissés, hépatisés par places, la trachée-artère rem- plie de mucus filant, etc. Ces désordres caractéristi- ques de l’empoisonnement par l’Ouabaïo nous sem- blent devoir être attribués à la paralysie des pneu- mogastriques. Les pneumogastriques seraient donc influencés (1) Béclard, loc. cit., p. 815. CA Et par l’Ouabaïo. Sur quelle partie de ces nerfs l’action porte-t-elle plus spécialement ? Nous n’essaierons pas de répondre; nous avons fait déjà remarquer que pour les poisons analogues, le problème n'est pas résolu; pour la majeure partie des physiolo- cistes, les poisons du cœur agissent sur cet organe en paralysant les extrémités périphériques des filets cardiaques des nerfs vagues; or, si l'influence de l'Ouabaïo sur le cœur est admise, tout porte à le considérer comme agissant aussi sur les mêmes filets nerveux. Le grand sympathique paraît être également in- fluencé par l’'Ouabaïo. Il suffit de rappeler parmi les symptômes précé- demment décrits : la salivation considérable des su- jets mis en expérience, la dilatation constante de la pupille ; personne n’ignore l’action du grand sympa- thique sur les sécrétions et sur les mouvements de la pupille. _« La pupille se dilate, lorsque les extrémités péri- phériques des fibres nerveuses sympathiques, qui se distribuent à l'iris, sont excitées. » « La salivation s’exagère lorsque les fibres glan- dulaires des mêmes filets nerveux sontinfluencées.» L'action sialagogue d’une part, mydriatique de l’autre, caractéristiques de l’'Ouabaïo démontrent, nous le croyons, l'influence de ce poison sur le sy- stème nerveux du grand sympathique. ubuner Les CHAPITRE V. CONCLUSIONS. Les faibles quantités de matières toxiques dont nous avons pu disposer, ne nous ont pas permis de donner une plus grande extension à nos recherches et d'établir des comparaisons utiles entre l'Ouabaïo et certains autres poisons végétaux. Nous avons simplement essayé de montrer ses rapports et ses différences avec l’Inée, comme lui poison Africain, sans vouloir baser sur ces rapports ou ces différences, une théorie quelconque. « Tous les poisons du cœur paralysent cet organe, disent MM. Polaillon et Carville..……. , et nous som- mes portés à restreindre considérablement, sinon à nier, l'influence du système nerveux dans l’em- poisonnement par les poisons du cœur... Le myo- carde est uniquement en jeu. » Moins affirmatif que nos savants confrères, pour lesquels l’Inée, et l’Inée seule, paraît servir de cri- térium, nous ne dirons pas que les poisons du cœur agissent uniquement sur le système nerveux parce que l’Ouabaïo nous a semblé remplir ce rôle, et faisant une dernière fois appel à ce que l’on pour- rait nommer l’inconnue des poisons cardiaques, nous nous contenterons d'attribuer, sinon à tous, du moins à beaucoup d’entre eux un mode d'action URI ee particulier, en attendant le jour où l’on trouvera l’inconnue. Avec les nouveaux matériaux dont M. G. Révoil nous à promis l'envoi, nous espérons reprendre avant peu nos expériences, combler ainsi les lacunes que cette étude peut présenter, parvenir à démon- trer l’analogie de l’Ouabaïo et de la Digitaline déjà entrevue, et déterminer son mode d'emploi en thé- rapeutique. Quoi qu'il en soit, nous nous croyons dès aujour- d’hui autorisés à poser les conclusions suivantes : 1°. — L'Ouabaïo poison des flèches Comalis, ne provient très probablement pas comme l’Inée, d’une espèce du genre Strophanthus ; nous l’inscrirons, jusqu'à nouvel ordre et sous toutes réserves, dans la famille des T'érebinthacées et dans le voisinage du genre Rhus. 2°. — Considéré chimiquement : l'Ouabaio con- tient un principe toxique que nous désignons sous lé nom de Ouabaïne; ce principe n’est pas un alca- loïde, mais un glucoside; ce glucoside, par ses propriétés générales et sa composition élémentaire, se rapproche de la Digitaline, et parait appartenir au même groupe. 3°. — Considéré physiologiquement, l’Ouabaïo est un poison du cœur, il agit sur l’organe central de la circulation par l'intermédiaire du système nerveux, en paralysant, selon toute probabilité, les extrémités périphériques des filets cardiaques des nerfs vagues. Net 4, — Son action sur le système musculaire est nulle et de nul effet. 9°. — Par son action sur le grand sympathique, il provoque la sialorrhée et la mydriase. 6°. —Administré par les voies digestives,jil influe comme éméto-cathartique. AUUR et AA Paris, mars 1882. PARIS. — IMP. DE M°"° V® BOUCHARD-HUZARD, RUE LE L'ÉPERON, D ; JULES TREMBLAY, GENDRE ET SUCCESSEUR. Nù Ÿ RE NN ù NT S SNS NN NN IKKS KE NT RRQ NS NS RE SSSR NS NN \ NS NS © NS K N N SSS RS NN NS SS NN KR