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FIN
DU RÉPERTOIRE
DU
THÉÂTRE FRANÇAIS.
4a.
SENLISy
IMPRIMERIE ST^RÉOXrPE DE TREMBLAT.
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FIN
DU RÉPERTOIRE
THÉÂTRE FRANÇAIS,
tYEC UN NOUVEAU CHOIX. DES PIÈCES DES AUTRES
THÉÂTRES ,
lUftSEMBLÉES PAR M. LEPËINTRE.
PROVERBES. -— TOME I.
A PARIS,
CHEZ M"* VEUVE DABO,
i U UBIlAlBlE SXillÉOTTPE, BUB DÛ POT- DE-FER, H® l4.
1824.
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ON FAIT CE QU'ON PEUT , J^OJY PAS CE QU'ON VEUT,
PBOVEBBE DRAMATIQUE,
PAR DORVIGNY.
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! R 1948 L
Mnteë \ti f^t^r^ôêi
ON FAIT CE QU'ON PEUT , NON PAS CE QU'ON VEUT,
I PROVERBE DRAMATIQUE»
PAR DORVIGNY.
Î^.^VA^ ^
AWS DE L'ÉDÏTEiJft.
U ProTCfbe dramsti^ikè n^éfaDt assujetti à iQCQne rèçle^ ifayaQtpas de poétique comme h Tragédie, la Coifiédie ^ le Drame et l'O- péra , nous n'a YODS pas eu lieu d'ep traiter l^irliculièrement comme aous^ r^tYOus l'ait pour ces diSe rentes branches du théâtre. Il o'a pas non plus d'historrquevpuiçqu'il n*a été destiaé qu'à l'amusement des aooiêtès partl- eolières j et qu'il n'a eu ni une origine pré* cise, DÎ une marche progressÎYe et les mêmes lérolutions que les autres genres de pièces. Le peu qu'on en pourrait dire est renfermé fans la citation d'un passage de M. Auger, fiise trouve dans la notice sur Carmon- kllcy ci- après*
Cette notice est la seule que nous puissions bettre dans cette partie de notre collection , parce que l'auteur qui en est l'objet est le leol à qui ce genre de littérature ait valu une Certaine réputation. Les autres auteurs on ftoot point fait d'ouvrages qui les aient ren- ^s remarquables» ou sont connus par d'autres loticeS) tels que Collé, Dorvigny, et autres.
PERSONNAGES.
M. FRANYILLE 9 entrepreneur de comédii UN SOUFFLEUR. Un valet allemand.
Le beau léandre.
M. PaiNTU , ivi-e. Uoués par le mêoî
M"' PÔÏNTO, bègue, / acteur.
L'ABBI
LE commissaire.
LE FIACRE.
I^a scèût e$l dans le salon de M. Franvilfe.
ON FAIT DE QU'ON PEUT,
NON PAS CE QU'ON VEUT,
PROVERBE. '
SCÈNE PREMIÈRE.
FRANTflLLE) seul, devant tin bureau avec plusieurs lettres ouvertes.
WEBLEO 1 c'est une cruelle chose qu'une en- treprise nouvelle ! Où diable avais-je Tesprit quand j'ai imaginé de me mettre à la tête d'un spectacle ! Mon théâtre est construit ù la vé- rité, mes décorations sont prêtes; c'est bien quoique chose ; mes pièces sont comman- dées... Il ne me manque plus que des acteurs pour les jouer. Voici vingt lettres de sujets qui se proposent, mais la peur que j'ai de &}re de mauvaises acquisitions m'a retenu
jusqu'à présent; il faut pourtant fiair
îojont , récapitulons un peu ces lettres y et ta risque d'être trompé , répondons à quel- 'ques-unes. Relisons d'abord celle-ci. (Il lit ^e Ultre. ) « Monsieur , mes pleurs qui * tombent dans mon cornet ont rendu naon > encre si blanche, que vous aurez peine é'i » lire ma lettre.» Voilà un beau début!
«Excusez une malheureuse fille, la voix me
.1.
6 ON FAIT CE QU'ON PEUT.
» niaoqae , et la main me tremble ; et « 1 .TOUS pouTiez me yoir dans l'état où un în- » ^d^Ie m'a réduite... » Ah! c'est go beau désespoir! oui 9 îoilà une vocation bieo fa- vorable pour la comédie! Voyons un peu l'emploi que la demoiselle compte prendre. Les amoureuses , apparemment. Hum, hum. o J'ai dix^huit ans. » C'est le bon âge. « Taille » avantageuse... » C'est ce qu'il faut. « Fi- j^ gnre fort revenante, surtout lorsque je suis » de bonne humeur. » Apostille intéressante: on aura soin d'égayer la demoiselle. « Je jouerai les ingénuités, les Agnès. » Ah! ma» dame l'ingénue ! il y a conscience : c'est s*y prendre un peu tard !... Serviteur à votre in- génuité. {Il Jette la lettre. ) Voilà pourtant de c^s Agnès comme on en rencontre avec connaissance de cause...
SCÈNE II.
FRANVILLE, LE SOUFFLEUR.
LE 9011FFI.EIIR parle en nasillant et grimaçanl
un peu.
MonsiEUE^ je suis bien votre serviteur t j'ai l'honneur de vous saluer; je vous souhaite bien le bonjour y Monsieur.
FEAirviLLE, le oonirefesant.
Et moi pareillement, Monsieur. Qu'y a^t-il pour votre service 1 Monsieur?
se.
iBSOD ^^^ss^ne chante
Monsieur , >e n'ai qu t^ ^^Siijnais
Monsieur, qu'un mot.i.\ ^ îî.^'^r*^^»
foIre complaisance de yoV rompre sans m'écouler^ pV tuile; Monsieur, (a sera fatv ; je o*ai qu'un rao^«
£h bien , Monsieiir 1 tout éê su. .« ^ dit es« le ce mot; Uonsieiir,. dites^le. {J pari.) C'est un original dont il faut qufi je m'amuse.*
tB SOUVFLEUJl.
I Monsieur, j'ai entendu dire que../
' Est- il possible, Monsieur ^ €om^ent ' TOUS atec entendu dire que...
IB SOUFFLEUR.
Oui, Monsieur» o*est par voix indirecte, il m'est revenu que...
Comment ! Jdlousieur , cela tous e^^t re-
LB SOVFFIEVB.
I
[Assurément, Monsieur, je n'en impose ^. Il court un bruit que...
FBAVVILLE.
Comment donc! mais ce bruit-l$iest ui-
6 ON FAIT^E QU'ON PEUT.
• "'^°^";^>»tfmoins !... et vous dites , Moû*
H9^ IB S0U.PF1EVB.
£h bien ! mais. Monsieur , je dis qu'on dît que vous avez dit que vous fesîez une troupe de comédie.
FRiNVILLB.
On dit cela , Monsieur ?
LE SOUFFLEUR.
Oui , Monsieur.... et comme je me Ironvc sans place , moi , pour le moment 5 ce qui ne prouve rien , voyez-vous , parce que tous les jours 9 vous sentez bien^ on est dans le cas de...
FB ANVItLE.
Assurément.
LE SOCFFLEtTR.
Eh bien ! Monsieur , je viens vous prd{>o- ser mes talens.
FBAirVkLLË.
Vos talens, Monsieur! cela n^est pas i]i refus ; dans quel genre sont-ils?
LE SOUFFLEUR.
Mais , Monsieur, en tout genre ; pour c4 qui est en fait de tragédie , de comédie , e même d'opéra ^ Monsieur.
FKANVIltE.
Comment ! ^Monsieur , est-ce que vou
SCÈNEir. 9
Non, Monsieur; au contraire 9 je ne chante pas. Je chanterais bien y si je youlais ; mais je TOUS conviendrai dune chose ^ je n'ai pas d'oreille.
FRANVILLB.
Pas d'oreille î ah ! cela tous plaît à dire.
LB SOCFFLEVR.
Oh! Monsieur ^ c'est une politesse de Totré part y mais je ne veux pas tous tromper.
FKAIITILLE.
C'est bien honnête. Monsieur est pour les tragédies 9 apparemment? Monsieur dé- clame ?
us S017FFLEUR.
Déclame ? ^on. Je l'aimerais assez, la tra- gédie; mais je vous avouerai encore une autre cho^e y j'ai la yoix fausse dans le haut*
FflAlïYILLF.
Âh ! c^est dommage Vous êtes obligé ,
comme cela, de vous borner à la comédie?
tB SOUFFLEUR.
La comédie » moi ! ah ! bien 9 oui ! belle ba- gatelle ! je m'amuse bien à cela^ ma foil
FRANTILtE.
Comment! tous ne chantez , ni déclamez , ni ne jouez la comédie ! que diable faites- vous ^no dans les pièces ?
|o ON FAIT CE QU'OJNf PEUT.
LE SOUffrLSVR.
' Ah ! ce que j*y fais? Jeles looflley Afoo-r ftieur^ je les souffle.
rftANTILtB.
Ah ! TOUS les soufflez.
LE SOUFFLEtB.
Oui y Monsieur, je les souffle; et bien même, je m'en vante encore, et on ne peut pas m*6ter pa ^ ?oyei-vous ?
FHANTILLE.
Je TOUS en fais mon compliment, Mon- sieur ; TOUS pouTez ne m'être pas inutile ; mais je serais charmé de tous connaître un peu.
1.B SOUFFLBVH*.
Me connaître 1 ah ! parbleu ! c'est bien aisé. Il n'y a pas grand* chose à vous dire pour ça. Je ne ? oi|s parlerai pas de ma taille. Vous ne la Toj'ez pas ; je suis tout enveloppé dans ce manteau... Mais qu'est-ce que cela tous fait, que ma taille soit élégante ou non , aTanta« geuse ou raccourcie, tout ça est égal , pourvu que j'atteigne à la trappe ; c'est tout ce qu'il faut, n'cst-il pas vrai ?
FBANVILLB.
Oui^ c'est la mesure tout juste.
LE SOOFFLEUB.
Pour mes jambes', je n'ai rien à tous 69
SCÈRËII. II
dire non plus; que vous importe, eit dtki^ qu'elles seieot droites ou câgiieuses , arquées oa baiiGiite«? toute la besogne d'un souffleur le fittt assis.
Fft.AJITlll.B.
Yous arez raison.
I.B sovvtLEVBy grîniaçaiit.
Je ne sais pas , Monsieur , si tous trouTei ma figure bien rerenante ?
FAÂIITILLE.
Biais» elle n'est pas mal.
LE SODFrLBVB.
Eh fel«n « «ont ca ne fait encore rien à la diose. Q«taii<d f e serai là , moi ( montrant tt tt0u ) , le pskiic ne verra naoïi visage qu« fv derriére«
FBAK VILLE 9 à part.
Il n'y perdra pas.
LE SOUFFLEGB.
Toute Texplication que j'ai à tous donner se réduti donc à trois points. L'iotelli^n^e » l'œil, et la Voix... Pour l'intelligence^ la mo- destie m'empêche de tobs dire là-dessus tout ce qui en e^ J'ai un principe, moi ; c'est qu'il Befaut jamBλ se vanter en face desoi<«mdme, •ms quoi faut rongir ; et îi j a des >gens que fa embarrMSe..... Mais pour le regard , ah I fenoaoe M l'a plus vif^ue moi pour lira
la ON FAIT <:E QU'ON PEUT.
d'un coup d'œîl deux vers à la fois. Et dm mes deux yeux , tandis que l'un ne perd pas de vue le livre^ Tautre^ continuellement fixé sur Facteur , observe son maintien , devine son embarras , et prévient son silence.
FRANVILLE^ à part.
Le beau portrait ! Il me semble voir un colimaçon à la découverte , un œil à droite , et l'autre à gauche.
LE S0I7FFLE0B.
Pour la voix , comme je tous dis , je ne Fai pas imposante dans le haut; mais elle est moelleuse dans le médium, et par le mé- canisme adroit de Tarliculation 9 fesant un porte-voix de mes lèvres , personne ne parle bas plus intelligiblement que moi. Souvent même, dans ces mpmcns où la scène se passe au fond du théâtre , l'acteur, emporté par la passion, ou trop éloigné de moi pour ni*en« tendre , a reconnu son vers au seul mouve- ment de mes lèvres.
FftANVlLLE.
Tubleu ! c'est tirer le talent à l'alambic.
LE SOCFFLEVa,
Il y aurait encore un détail à vous faire sur la maint' Le Sou illeur^ ordinairement , co- pie les répertoires ; est-il vrai ? Je ne tou« dis rien de mon écriture ; mais tenes, en voilà un échantillon; vous avez des. yeux, )e m'ea
SCÈNE IL i3
rapporte (// lui montre un papier. ) Vous
ne YOjez que de la commuoe au moins , Té-* criture de tous les jours , mais nous ayons la moulée pour les grandes occasions , et le trait pour les coups d*éclat; à présent y Mon- lieur^ décide^Tous*
Monsieur, si Tostâlens répondent à l*idée que TOUS m'en donnez , je serai charmé de TOUS aToir ; mais permettez-moi de vous es- sayer auparayant : sitôt que ma troupe sera assemblée , nous, commencerons des répéti- tions p et là vous serez à même de vous faire connaître. Voici un billet d'entrée avec le- quel les portes du théâtre tous seront ou- vertes.
. LB SOOFFLECB.
Efa bien ! je ne manquerai pas de m'y pré- senter; en attendant , je suis bien Totre ser- viteur. Monsieur: j'ai l'honneur de tous sa- luer, |e TOUS souhaite bien le bonjour.
Monsieur*
( Il s^en va. )
IV Proverbe». !•
i4 ON FAIT CfiQU'ONPEUT.
SCÈNE m.
FflANYILLE,
YaiLA un plaisant Monsîctirî s'ilsiMiflle comme il parle 9 0^9 doit être intéressant; voyons mes autres lettres.
( Il Ta $e mettns à flotd l)urc»i. )
SCÈNE IV.
FRANVILLBt assis, LE VALET alleaiaiifl.
I.E YAlfETt à |>act , du haïut du théâtre |^ ea tqû
ordinaire.
Votons s'il me reconnaîtra*.. Ah ! M. le Di- recteur, T0U5 voulez essayer le;s geos !••. Oh bien 9 je vais d^ mon coté essayer ua p^t votre patience.
F&«A ir y I L L C 9 ie retonrnant , Taperçeil,
Qui est là ? . .
te VA L E T , en baragouinant.
Serfiteur , Monsir.
PHAIIVILLE.
Que demandez-vous , l'ami ?
LE VALET.
Monsir » l'y être un petit lettre.
SCÈ1>ÎEIV. i5
FftATfTILLE.
Ponoez. (// lu. ) « Monsieur^ avec l'envie que j'ai de jouer là eomèdfe^ si la liature m'arail gratilié de $U pieds de hauteur et de poumons a la romaine , je me serais jeté h corps perdu dans les tyrans ou dans ies héros, et je choisirais un autre champ que votre théâtre pour développer mes ta- leos;inais je sui^ à peu près de la taille d'un bel épi de blé de Turquie , et ma tige n'a guère que cinq pieds au-dessus de la terre; cela me détermine pour les rôles comiques, et je vous offre ma médiocrité ; j'ai d'ail- leurs un assortissement de boQue Tolonté , d'intelligence et de mémoire; avecun fonds dç g^aité et une extrême envie de rire hmz dépens de qui il appartiendra. Comme je sais que vous n'aimez pas à acheter chat ca poche , je vous préviens que je vous met- trai & même de m'essayer avant de con- clure } et si ma petite provision peut vous convenir, nous passerons un bail ensemble. J'ai l'honneur, etc. » Du moins , il a de la cbnsoietice celui-là ; je suis curieux de con- naître l'écrivain. {Au VaieL ) Mon ami , dites ï votre maître que s'il veut me taire le plai- sir de me venir voir, nous nous arrangeroQS ensemble.
( Le Valet le regarde sans lui répondre. )
FaAVVlLLE.
Entendez- vous, mon enfant?^
'i6 ON FAIT CE QU'ON PEUT.
Lfi VAL Et.
Monsir il parle pour moi?
rR ANVILtE.
Oui, je vous prie de dire à celui qui vous envoie qu'il vienne me voir.... Mais, dites- moi, que fait-il ce Monsieur-là?
lE VALET.
Monsir, j^avre apporté un lettre, ch'attendrcs un réponse.
FBANVltLE.
Eh bien ! je vous l'ai faite.
LE VALET.
Mon^r , ché temante pardon , ché n'en- lentre pas.
VRANVILLK.
Je vous demande à présent qui est celui qui vous envoie , ce qu'il fait ?
LE VALET.
Monsir, excusez-moi , chô n'cntentre pas.
FAANVILLE.
Vous n*entendez pas. Cela est pourtant
ôlaîr; je ne saurais m'expUquer mieux
Je vous demande quel est son état , sa prO-* Cession ?
LE VALET.
Ecrire, Monsir, écrire.
SCÈRT tV, tj
F fi A.N T I L L E.
Ah! i! écrit*.. Est-ce un homme de lettres ? esl-ce un commis 9 un secrétaire ?
LE VALET.
Écrire , Monsir f écrire.
FBANTILtE.
£h ! non , ce n'est plus cela que {e vous demande. ( ^ p^^t' ) Il ne comprend rien 9 j'aurai plus tôt fait de le renvoyer. ( Haut. ) Allez dire à votre maître qu'il vienne me voir, nous causerons ensemble.
I.E VALET 9, avec impatience.
Mais, Monsir, est-ce que fous n'entenlre pas aussi ? ch 'attendre un réponse depuis trois heures.
FRAifViLLB, de même.
Mais , morbleu ! est-ce que vous <^tes ivre ? Voilà vingt fois que je vous la répète.
LE VALET.
Écrire fous y Monsir.
FRANVILLE.
Mais je n'ai rien à lui écrire^ dites «^ lui cela. {Le Valet impatienté s* assied sans ré^ panéfe. ) Ah 1 purbleu I celuî-là est réjouissant I Tous êtes familier, l'ami.
LE VALET.
Écrire fous , encore ein coup , écrire , ché D'entendre pas.
a$ ON FAIT CE QU'ON PEUT.
FR AN VILLES
Où diable a-t-on déterré un pareil com- missionnaire 7 Comment ! vous ne comprenez- pas ce que je tous dis ?
LE TALBT.
Tarteifle ! fous l'y être fou donc ? quand je dire ché a'ententre pas; ententre-fous., ou n'ententre pas encore ? écrire.
FRAirVlLLE.
Peste soit de Tanimal ! Je crois 9 Dieu me pardonne , qu'il esi sourd. ( Il lui crie à Co'^ reille, ) Est-ce que tous êtes sourd ?
LE VALET.
Ah ! gouih! ah l gouth ! ya^ sourd..
F&AKTILLE.
Le diable Temporie ! Il y a deux heures que je me casse la tête là bien à propos 1 écrire , je comprends actuellement... (/i iui fa.it signe. ) Attendez an instant.
te TALE T.
Ya I ya , écrire fous , écrire.
VEANTILLE lui doBiM le billet qu'il vient d'é- crire.
Allez y monsieur Écrire » ollez.
IiE TAiiBT Ta et revieot sur «es pas.
Monsir ?
SCÈWE IV. . 19
Eh bien ! quoi 7 que faut-il ? encore éeril'e !
IiS rAI^T.
Fous faire la conijêdie.
FRANTILLB, à part.
Que veut-il dire ?
LE TALET.
Cbé aussi capable ponr iaîre. Quand fous il donne moi beaucoup Tarchent ^ ché vas douer poa , beaucoup pon,
FftàNVILLE.
Comment ! mais je crois qu'il parle de jouer la comédie.
LE VALET.
Écrire fous , ché n'entends pas.
F a A R v I L L B le pousse dehors. Ya-t^en au diable avec tes écritures!
LE VALET 9 revenant. Hontir, je sonne fort pieo du cor.
FBANVJLLE^ le pOUSSaUt.
Va-t*en, va-l'en.
' LE VALET, revenant. Je connais fort peaucoup la flûte.
FBANVILLE.
Eh ! morbleii ! t'en iras-tu ?
to OW FAIT CE QU'ON PEUT.
tB TALEt, à la porte. ■ Écrire , Monsir , écrire.
FRAUViLLBt le mcltantfdehors» Oui , oui , je vais t'écrire la porte sur le nez.
SCÈNE V-
FRANVILLE.
Parbleb ! Toilà une belle acquisition à faire , et une jolie conversation que je viens d'avoir! Mais je ne reviens pas de ma sim- plicité. Voilà deux heures que je ne m'aper- çois pas que cet animal est sourd, et je veux lui faire entendre raison! si je juge du maître par le valet , cela ne m'en donne pas grande idée.
SCÈNE VI.
FRANVILLE, LE BEAU LÉÀNDRE.
LÉAVDRC.
Mo5Si£VB , c'est pour avoir l'honueur de vous souhaiter le bonjour.
rBANVlLLE.
^ Je vous salue , Monsieur ; peut-on savoir ce qui vous amène ?
SCÈNE VI. !tt
LÈA» DftB.
Monsieur j je sais l'un jeune homme dont auquel tous pouvez faire tout ce iqui dépën-' dru de moi.
VRANYILLE.
}e ne comprends pas trop ce que vous me &ites l'houneur de me dire.
LEANDEE.
Je vais t'entrer z*avec vous t'en pour-parler^ Hoosieur* J'ai t'eu une inducation propor-» tioooée t'a nia naissance, qu'est très-honnêle^ étant le fils d'un père qu'est z'un bourgeois t'honore dans Paris ; mais» comme tous sarez, Monsieur 9 tin jeune homme ne peut pas de- meurer comme un cul de plomb z'en uhe boutique ; c'est ce qui fait que je me suis fioformé de vous 9 comme par lequel nous pouvons faire un arrangement z'ensemble.
VBAIfYII.LE.
Maïs quelle ferait votre intention ?
lbaudre.
Monsieur, mon intention 9 -ça dépend de rous. Je n'ai pas d'intention , moi... Quand je dis je n'en ai pas 9 c'est-à-dire , si fait. J'en ai bien t'une , mais elle est subordonnée z'à b TÔtrc.
PRAIf VILIE.
Est-ce que vous auriez envie de jouer la eomédie ?
aa ON FAIT CE QU*ON PEUT.
LÉAICDRE.
Monsieur» c'est podittTemeiit t'en cette qualité que je viens t'i vous.^
FRAIVVILLE.
Monsieur, la comédie est un art bien dif- ficile.
tiANDBB.
Je n*en Ignore pas ; la comédie c*e$t une chose très- difficile... Quand je dis difficile , c'est-à-dire, il u'j a rien de si aisé , il ne faut que de Tioterligence pour ça.
F&AITTILLE.
1
De Tinterligencel oh ! il me paraît que tous n'en manquez pas ; ayez-vous déjs\ joué quel- quefois ?
LBAiri»RC.
Non, Monsieur, jamais.. Quand je dis jamais; c'est-à-dire, si £ait..« Je me suis es« sayé devant z'une glace qui est duos la cham<> bre de mon père.
FEA5VILLC.
La peste! vous êtes fort avancé! vous saves sans doute des rôles ?
LÉA9I>BE«
Oh! pour ça, oui, beaucoup... Quand je dis beaucoup , c'est-à-dire, non , je n'en sais pas , mais c'est égal , il ne fout que de la mé- moire pour ça.
SCÈNE VI. a3
Oh! bîen ! moi je vous conseille de oe pas prendre cet etat-là.
A. cause de pourquoi t'est- ce?
FRAIITILLE.
Hais pour bien des raia^oos.
I.ÉA9DRE.
Encore, dites-moi z'eo t'une, Monsieur.
FRAITTILLE, CB appuyant.
£b! mais, par exemple, en yoîlâ t'une très-forte.
l£a9d1ie.
Z*eD quoi donc. Monsieur?
ffiANYILLE.
£h ! parbleu! z*en tout... La première chose que l'on exige au théâtre, c'est de parler correctement le français... et franobenjent... TOUS roc paraissez avoir un certain accent..
IBAKD&B.
C'est z^in rien ça 5 Monsieur; je m'en ras TOUS dire à'où c'que ça provient : j'ni t'un peu fréquenté sur le boulevard du temple, où ce que j'ai entendu jouer la parade avec âtlen- tioo , et j'en ai contracté z'nne hiubitutle d'appujer p't'être un peu trop d'siis la pru- noucîation. M^is avec un peu de aégligcuce ,
â4 ON FAIT CE QU'ON PEUT.
Monsieur, je me remettrai z^au âiveau de tout le moode.
F&àlfyiLLE.
C'est plus difficile que vous ne pensez^ d'ailleurs vous ne savez aucun rôle« et tous ne pourriez pas m'être utile.
lbaudbe.
Monsieur, pardon, excuse. Quand je dis je ne sais t'aucun rôle, c'est-à-dire , si fait ; |*ent sais bien, mais ce sont des petites comédies tout entières, et si/yous voulez je vas t'avoir l'honneur de vous en jouer t'une à moi fout seul.
FBAIfVlILE.
 vous tout seul ! cela doit être curieiiz.
LBANDEE.
Monsieur , je m*en fais fort.
FRANVILLE, à part.
11 n*est qu'onze heures, je n'ai rien à fuîre jusqu'à midi, amusons-nous de son extra va« gance. {Haut,) Allons, Monsieur, je roua écoute.
(Ils'asâed.3
LÉARDEE.
Eh bien! Monsieur, voilà que je m*y mets : s'il est bon de vous figurer qu'il y a t*u.ne prison dessus l'théâtre; voilà justement z'arie table et des chaises... Je sais t'ua militaire
SCÈNE VI. a$
dont .luquel sa maîtresse lui a fait «'une in- fidélité; au fort de ma colère î*ai désalté : la tnaricfaaussée m*a rattrapé^ je suis t'enferme. Je commence la pièce par un monologue à moi tout seul. C*est moi qui parle.
Eofîn je suis Ten cage...
Ici je prends une grosse toîx pour faire ie soldat , parce que c'est le zéro de la pièce.
FRânVlLlE.
C'est bien pensé.
L B ▲ Il B B E déclame ridiculement. fiifiD je suis Ven cage ! o perficle maîtresse ! Cest pour, votre inutile et cruelle duchesse Que votre amant , bientôt , perdra le goût du pain !
A présent. Monsieur^ la fille entro dans fa prison. Le monologue derient à deux. £lie s'écrie : Ah ! cher z''amant , hélas I
Vous Toyez , Monsieur , que je prends Âa voix dans le clair. C*esl ^our imiter la Me.
TBÂIiylLLB. ^
C'est fort bien , Monsieur.
LéAIfDBE.
Le soldat lui répond d'un air sévère :
Que chercheZ'Yous t^ici ? VeneZ'TOUS prés de moi faire le bon apôtre ?
d6 ON FAIT CE QU'ON PEUT.
Allez , {amais dioa œi! ne tereiTa le vuCre. La ûlle lui dit z'à ça :
Mqd aini, c'est mon ch'père* Mais le soldat lui répoDd tout oet : Votre ch'pére est un sol, et vous t^une... suUk.» La fille, qui commence à se piquer, lut clit: Mah calmez-vous f un peu , Je ne suis point mariée , et 6e n'était qu'un jeu.
Le soldat tombe des n*ies. .
Qu^.iui )e(i ? ah ! iBftlheareBZ !
Il se )ette la tête et les deux mains sitr fii table en ap)>uy{int bi«n fort y puis ii lail dii bruit eo cognant , et puis le coup du ihéâtrt eàt £rapg4pt«
1 • FftANVILLE
Je le crois.
LÉAIVDRE.
ici, Monsieur, le père entre, le monologue continue toujours, mais il devient à troî^ personnes.
FRANYILLE.
Fort bien.
LÉANDRE.
Je prends une voie cassée pour le pèrcj parce que c*est 2'un invalide...
( Il décbtknc en tremblant.
SCÈNE VI. a?
Vo&anîy pour le voir, fai , dans k motsinage, Viiâtè ks faqucftioi» . couru tout le village.
iafin je Tiens t'ici , sans trop savoir pourquoi;
Hais je suis t'enchante d^abord (pie je t*j toi.
Pas du tout 9 Ittonsieur ; y'ià que pour dé- couTrir le pot au noir, la fille, qui était sor- tie, rentre eu criant :
èk Ciel! tout est perdu! papa, c^est pour quatre heui€S«
Le père demande : ai quoi ! qn Vt-il donc fait ?
La tante, qui e^t venue là aussi, répond :
Cest qu^il a déaalté.
Le pire , qu'est pus fûté qu^eux tous ^ dit i S favais le nez fin , je m^en serais douté.
Sa tante , qui fond en larmes , lui dit : IW la dernière fois , embrasse donc ta tante » XoB enfant.
( Elle tombe sur loi. ) L£ PEfiE.
Moa a^ii*
( Il tombe wat lai. ) LA FILIJS.
Cher z^amaoL
(Elle toiobe mr loi.)
U SOLDAT.
Chèr^ z'aniante*
, .( 11 Unahn lur elle. )
2% ON FAIT CE QU'ON PEUT.
£t le9 voilc^ tous quatre en attitude daa$ les bras les uns des autres , ce qui forme un ts%- bleau superbe; alors les grenadiers paraissent, et Ton entend. Poun.
FRANTILLB.
Qu'est-ce que cela ? ^
Ça, Monsieur? c'est l!iatérêt de la pièce ! C^est le tambour. Poun. Au second coup , l'amant revient à lui, et dit à la ûlie.
Adieu , séparoDs-nous , car voici le moraent Qui doit de cette pièce hâter le dénouaient ; Reçois cette embrassade , et s'il faut que je meure , Crois-moi, moltrir n'est rien, c'est notre dernière heure*
Là-dessus la fille s'évanouit , comme de raison, ainsi que tout le monde; alors les grenadiers emmènent le sotdat; il monte l'esr caiier de bois en se retournant trois fois^ joi- gnant les mains au ciel, comme pour dire: tout est dit. Il s'en va avec un grand coa- ruge... Sitôt qu'il est parti, l'invalide se. re- lève, et dit aux autres :
Desévanouissons-QOus et courons sur la place ; Car je viens de rêver qu'il obtiendrait sa grâce.
Et ils partent; tbot de suite la toile se lève, le soldat vient d'avoir sa grâce, il est eAtouré du peuple, la fille les pousso à droite et à gaucho: où est«il^ où sont-ils?
SCËKE YI. S9
langez-vous , rendez moi mon^amant. Que je rtriobrasse en cet heureux loomenl.'
Ici f Monsieur, y'Ià le coup de théâtre ; te soldat la reçoit dans ses bras f et leur dii à tDT]5 avec dignité :
Vous m^avier ftiit z^un tour qui passait raillerie , Et Boi i^avaîs mal pris votre plaisanterie. Ça prouve , mes enfans , que dans ce jeu fatal Koiis avons t^eu tous plus de peur que de mal.
Voilà 9 Monsieur y de quoi z'y retourne, et la pièce est finie.
FftANVlLLE.
Monsieur , je vous fuis mon complîment , el Yoici une scène qui me donne de vous la meilleure idée.
Eh ben! Monsieur, nous n'avons qu'à &ire un petit arrangement z'ensemble.^
PtlATITILLE, à part.
Je veux m'en amuser encore. ( Haut. ) Monsieur, je ne puis rien conclure pour le moment. J'attends mon associé , et si vous voulez me faire le. plaisir de restera dîner avec nous, nous parlerons d'affaires; il sera charmé de vous edtendre.
fl
lÉANDBE..
£b beo ! Monsieur, avec plaisir; j'ai z'une
3.
5o ON FAIT CE QU'ON PEUT.
petite aff.iire ici près, fy vas faire un petit tour, et je reviendrai.
FRAifTitLE, Je retenant.
• Oh ! non , je vous en prie., ne sortez pas , nous allons nous mettre à table ; en atten- dant y voici un cabinet qui donne sur la rue, «nlrez-j pour vous dissiper; si tou^ voulez Ure , il y a des comédies.
lÉAHDiie; entrant dan.5 le cabinet.
Ahî vf>lofilicrs , Monsieur, je suis t'afTep- tionné à la lecture.
FRANVILLB, Ibi patlint de dessus le théâtre.
La bibliothèque est à droite, Yoyez-voos?
LÉAiïDHft,' dans le cabinet.
Oui, Monsieur, j*ai t'un livre en nnain.
FRANVILLB.
Si vous voulez répéter quelques soènes^ il y a une glace aussi.
LEATiDRE, du Cabinet. Oui, Monsieur, j'en ai déjà t'eu riQtentîoo.
fRANYILLE.
Si cependant vous aviez quelques besoins dehors, il y a une porte qui s'ouvre sur la rue.
I1SA5DRE.
Je vous remercie. Monsieur; me voil4
^CÈNEVII. 3t
l'avec un livre, et je rpiite prie de oe plus feoser z'à moi.
PBANYILLE.
Bon! boD-î amusez- vous... Nous allons bi^n rire à ses dépeus... mais j'eoteods' quel- qu'au ; c'est sans doute mon associé. Il ne tturait venir plus à propos..
SCÈNE VU.
POINTU, PRANVILLE.
. FOiirto, înic.
YoTRE serviteur de tout mon cœur.
rBANViiiEy àpart.
Quelle diable de visite est-ce là ? Que you- 'tt-vous 9 Monsieur ?
POierTu.
Mon cher Monsieur, vous voyez unhomme accablé d'affliction.
rBAR VILLE, à part, n j parait.
POINtC.
H m'esl impossible de porter...
FBANVILL-E, à part.
Tout le vin qu'il a bu.
Sft ON FilT CE QU'ON PEUTr
POINTU.
De porter le quart de mes chagrins. J'ai perdu...
VRAIITILLB, à part.
La raisoQ.
POINTU.
J'ai perdu la gaieté... et je succombe sous le poids de»».
F BANVILLE 9 à part.
Sous le poids de l'ivrognerie.
POINTU.
Sous le poids de ma douleur.
FRAN VILLB.
Qu'avez-vous donc» Monsieur?
POINTU.
Monsieur y j*ai des chagrins douiciliques* J'ai une servante qui me vole.
FB ANVILLE.
Il faut la mettre à la porte.
POINTU.
Ce n'est rien que cela. Monsieur; )*ai une femme qui est mon tourment : quand elle était jeune 9 elle me faisait.... ( hoquet) elle me faisait enrager ; mais j'en venais à bout parce que j'étais jeune aussi ; à présent qu'elle est vieille ^ elle ne peut plus.... (^o«
SCÈNE VIL 35
^uit) elle ne ne peut plus me «ouffrir, elle ne reproche tout* Je n'ai qu'une consola* tioD, c'est de boîre un petit coup de teins en tems, avec modéralion ; cependant il n*j pn* Eûl jamais. Eh bien! Monsieur, je ne sais pas comment diable elle fait son compte. Je De peux pas avaler un verre de rln qu'elle. ne l'en aperçoive aussitôt.
FBAirvIL|.E.
Elle esl donc bien malice 9
POIRTO.
Oh ! c'est un démon... Tenez, Monsieur^ par exemple , aujourd'hui , on ne se doute- rait pas que j'ai bu. Eh bien ! croiriez- vous 9 je Q^ose pas rentrer à la maison ? Sitôt qu'elle fa me sentir seulement , elle va me faire un iabbat d'enragé, et cependant je n'ai pas l'ha- leine chargée du tout,., tenez, voyez plutôt. [Il lui fait un hoquet sur le nez, )
FRAIX TILLE.
Pouah ! retirez-vous donc , Monsieur.
POIIfTD.
Non 9 c'est pour vous faire sentir...
FftATfVI L^E.
Oh ! parbleu ! je le sens de reste.
POUfTV.
Ce n'e«i rien que tout cela , MoDsieur ; çâT
84 ON FAIT CE QU'ON PEUT.
t)%ittaque que le tempérament ça mais
ce que je vas vous dire attaque rhonneur.
rBAlfVILLE.
Ceci devient sérieux ; Monsieur , il y a de f*tndiscrétîon ' à compter ainsi des affaires de Culte conséquence à des gens qu'on ne con- naît pas,* et Je vous prie de me dispenser de vous écouter.
poiSTr.
Pardonnci-moi , Monsieur , la chose peut vous regarder, et )e vous prie eri grâce de iD*eirlendn;.
F|tAliVILi:.E» . i
• Eh bien î Monsieur , parlea donc,
POIÎVTU.
. ?rim<^ d*abord , Monsieur ,jl vous faut sa- voir que je ^qis bourgeois de Paris , établi depuis trente ans à la butte Saint-Roch ; )*ai passé tous lès grades de ma profession , et maintenant je suis syndic de ma commu- nauté ; voilà qui met une famille dans une belle passe. Eh bien! Monsieur, j*ai un fils qui est un mauvais sujet, un vaurien, Mon- sieur.
FEAVVILLE.
Voilii qui csl fâcheux.
Croiriei-vous , Monsieur, que ce misé-»
^
SCÈNE Vîl. 35
nble-ià«.qiii est en état d'aller à tout, n*â jamais voulu apprendre de métier? li s*est mis daos la tdta d'étudier pour jouer la par ndc; il va par le» rues avec un habit tout ^looné, et il se lait appelier le Beau Léau<*> àrtf plutôt que de se nommer comme son père Eustache Pointu. Ça ne crie-t-ii pas Tcogeance ?
FBAiryiLLE.
Il a tort. Comment! Monsieur, vous êtes le père d'uD jeune homaie qui porte un habit...
POINTU.
Oui 4 luon cIm^it Monsieur ^ je suis son pro* Ke père.
PAANniLC.
Effectîvcnrient, je vous regardais, et je vous trouvais un air de ressemblance.
POIHTU.
C'est bien naturel... Tenez, mon cher ami, dans tout ça, je vous regarde comme mon sauveur. J'ai dans la tête un projet pour ptioir ce coquin-là , pour me venger àe sa mère , et pour me contenter, moi, sans gu'on ait rien à me reprocher.
PaANV ILLE.
Eh ! comment cela ?
POINTU,
Bloa anai , mon (ils veut se déshonorer , je
58 ON FAIT CE QU'ON PEUT.
lequel est le plus foti des* deux. Si le fils sa- Tait la propositsQ» ^e le père ^ m'a faîte, cela lui fournirait la réplique. .. Si mon as^ socié ppuvak venir ! Mais , quelle est celle Dante?
SCÈNE IX.
»
M™« POINTU, bcguc, FR AN VILLE.
• • »,
Màdamb 9 pui«**^ voua ètfe boa à qoelque
chose ?
m"® pointu, en colère.
Né... né... né... n*êtes- vous pas moQ,., monsieur Fr... Fr... Fr.». FranTille?
Franville , Madame , pour tous obéir*
M** fOJNTU.
Ff... Fr... Franville, oui , ju... ju... juste- ment j'en... j'en... j'embrasse vos gçoeux.
£h! Madame 9 que faKes-vau9?
Urtie POINTU.
Je me fi... fie à yos bontés.
,FRAIfVII.LB. ,
Que Youlez-Tous, Madame?
h reax vous faire pi... pL.» ^.^ piîiS, Mais y levei^-vous , Madame, et parlez*
tt*^ TOINTÙ.
Non 9 il faut que je me soulage en pleurant à ?os pieds. Ah i ah 5 ali , a& !
(EÏlepleare.) . *
FBAIf VILLE.
<
Ah ! Toll^ un autre genre de fpUe*
M"" POIKTi;;
Ak ! Monsieur , je suîis pleine de di... ca.*'. ealamiiés et de eha... chagrins. '
Eh! que puis -je ^liro pour rousf
M"" POIWTO, se télevaiit.
Ah ! Monsieur, tous aveK des pou... p6u- ▼oirssoffisans pour essuyer mes. . . mes larmes.
FAAIir<LI.B. * .
£h! cdmmcnt, Madame?
m"* poiinii.
Kn fesant ca. . • oas de incs prières^ il but me iMidre le congé de mon fils.
4i» ON PAIT CE Q[tJ'Ô]* PECT.
•FKAlTTlLtB.
D« Totre fila ?
il"** POI VTCJ.
Oui| TOUS êtes 60D cà... cji... capitaine.
rBAirviLi.x. IVlot 9 Madame ?
I** FjDIWTlï.
Oui* Monsieur 9 tous f... f... faites sem-<' blaiit de ne pas m'eotendre , mais je sais tout. I^oilà la lettre que vous venez de lai écrire.
Fraityille prend la lettre , et Ut haut.
« Monsieur , je ne puis terminer avec voii» * sans vous connaître: ainsi faites-moi l'aniîtt^ » de passer chez moi demain 9 et si tous i» pouvez me convenir , je vous ferai votre » engagement. « Mais c'est la lettre que |'ai donnée à Ce vafet allemand , à ce sourd.
m"' foitîtu. Oui 9 Monsieur « c'est pour mon fifs.
PBAN VILLB.
Ah ! je soupçonne quefque chose. Totre fils 9 n'est-ce pas un jeune homme qur porte un hubit couleur de rose 4 galonné en argent?
Justement 9 Monsieur., un gen... gen.«. (entil garçon 9 qui me ressemble un peu.
Scène ix. . 41
PRAMT^LLC.
C'est cela. Et n'avez-vous pas un mari
qui.. . ^
>• • •
M"* POINTU.
Àh ! Monsieur, mon mari est un co^.. co««. coquin , qui boit toute la îonrnée , et qui tous ies soirs fait ca.. ca... carillon dans là maison.
. Ah ! parbleu ! nous j yoilà. Vous êtes idonc matJame Pointu ?
Hélas! oui , Monsieur , depuis^ que -mon- àieur Pointu m'a fait prendre cé^ilain nom- M.
PBANVILLE.
Écoutez 9 Madame; êtes'-vous curieuse de foir tout à l'heure M. Pointu le père , et IL Pointu le fils ?
M™" POlIfTU. *
Ah t Monsieur » je leur arracherais les jeux.
frauvillb.
«
Eh bien ! Madame , donnei-TOus la peina d'entrer dans ce cabinet, vous ae tarderez pa« à ies Toir.
4*
4a ON FAIT CE (Î'D'ON PEUT.
m'"*' pointu.
De... de tout mon cœiH*. Mais êtcs-ijoas sûr t}U'iis rîé târderobt pas ? Il y a quelqu'un d^ mes parens qui m'attend à la porte en ca..'.. ca... carrosse.
V<sws »ll6i lei voir à Hnsta^nft ^ eûtret seQ- kment. ~ '
SCÈNE X.
VRAl^TlLtl, seul sur le théâtre. On eotemil plusieurs vr>ii dans le cabinet.
*
Comment! ca... ca... canailles, vous voilà donc!... Allons , madame Pointu , de la dou- ceur, qu'est-Ce que vous venez faire ici ?..• Comment! ma mère, vous venez t'ici toutei seule.
PAANVl'LLE.
I
Je crois que Tentrovue va detenrr pi- quante, il n'y manque pleis que fe vûkst allemand.
M"" POiNtu, en dedans.
Âh ! Monsieur le vaurien y je te ferai en-^ gager à Saint-Lazârè, et toi^vilain ivrogne... Parbleu \ ma femme , il faut que. vous ayez bien peu de ratson ! à peine si f ai mororllé ttted lèvr«s d'aujourd'hui. '.Mais 9 mon père, après tout...Taisez'VOUS; vous êtes Uadréie*.^
SCÈNE Xh 4t
llaUi ma mire.». MI qo... oo...CDquîii^ tu me
Îierdï le respect? 4(ief}dS| «tteôds. {£i/« rapptf ooffc la béquilh^ ) Aîe^ aiei«" ftîef* Allons, ma femme. » ça p^ssé railieric..»« Tieos^ tiens, tu eo àut-às..» Aie, aïe.l
ih, ah, dh^.ai|5.abl Parble^ | fOilâ uQd excellente matinée pour moi. Si ce paarre M. de la Kime étoit ici, V me ferait de cela ane comédie tout entière. Ah • ah , ah I
SCaÈNE XI.
FRANTIltË, L'ABBÉ.
tbvsiavB > je Tot» baîse les mains.
rBiiryiLLiL
Monsieur , qu'y a*t-ii pour icotre service ?
L A B B B , d'un ton précieox.
Monsieur 9 je sujd :iMa aycc une de mes parentes qui avait à vous parler pour affaire,, â \e l'attends à la porte depuis as&ei loog-<^ teins. \
FBlIfTlLLB.
Ah 1 TOUS denfiamdei iniidi^me Pointu, sans ioute ?
Oui, Monsieur; elle m'a dit qiro tous
4î bi^ FAlf CE QU'ÔIf PEUT.
Sviét' chg^gé son fils, et je Tîetis joindre tiics ppfèrés aux siennes , pou^ Obtenir de Vou9 5on-€ong[é.
, . FBAVYIILE.
Monsieur , madamç Pointu s'est trompée , je ne suis point militaire, je suis directeur de comédiè> et diûnsieùr son fils n'est poiat engagé.'
&'a b b é.
Ah ! Monsieur est directeur de comédie ?
FftANTltLI.
^ Oui> Monsieur.
l'abbb.
*
C'est une bel!e chose que la comédie , et pour laquelle il faut bien des talens. Par exemple , Monsieur, c'est un de mes ^oûts dominans.
i?RANVILLB.
*• • .• - ■ «
Comment 1 Monsfeor, vous aimez la co* imédie? <
l'a'bbê.'
• I •\t
Oui, Motisîeur, je Tidolâlre, et depuis Irès-long-tems j'en ai fait uiie éludé parti- culière.
FaiLlfTlLlE.
Dans quel genre, Monsieur? est-ce poilr la joiier ▼ous-même , OU -pour composer des Jïiéces?
SCÈWE XL <S
L*ABBÉ.
Monsieur 9 j'aarais beaucoup aimé à Ta )ouer moUmême, mais j'ai les passions si fortes et la poitrine si délicate 9 qu'elle n'au- rait jamais pu sudlro à ta vivacité de unes expressions. J'aurais pu de même m'adonner â la composition 9 mais malheureusement je Tiens trop tard. Je trouve dans Mrtlicre et dans €orBeîUe A peu près ce que je pense toas les jours, et je ne peux pas écrire. Nos esprits étant formés sur ie même modèle y je ressemblerais aéccssairement.
• <
FB AN VILLE.
Voilà qui est fâcbeuic , le public y perd beaucoup.
l'âbb^.
Satis dôtttc. Maïs pour fe dédommager , et pour avoir en même tems le mérite de lu nouTeauté , j'ai donné dans on g:enre sur le- quel personne n'a encore t^a^aiilé.
PBAnVILLE.
lequel donc 9 Monsieur?.
l'abbé*
C'est celui des spectacles â 4a muette ; c'est pour pouvoir exprimer toutes les pas- sons sans paroles. Oui, Monsieur^ après do longues recherches sur le jeu des meilleurs
^ ONFAITCEQU'OirPEUT.
acteurs de la capitale et des provinces^ j6 viens.de composer un traité complet sur la pantoinitiie , et je vais le proposer par sous— OriptiQQ à tous les directeurs.
FBilrVILLE.
Cela doit farce an ouvrage fort ôtirieut.
l'abbé.
|e TOUS en réponds ; si vous voofot ^ je TOUS en réserverai quelques exemplaires,
FBAirvmË.
Vous me ferez le plus grand plaisir ; et si je ne craignais d*ab\ïser de votre complai- B8n«o > je voos prierais de m*ea donâbr d'a- vance une petite idée.
Très-volontiers» M<Mi»ieur; nons n'aurions pas le tems d*entrer dans le détail des pnè^- ceptes » roais je vais vous donner quelques exemple^ qui vous rendront les efets plos «ensibles. Souvenez-vous qu'il n'y a pas de paroles dans ce spectacle-là , et qu'il faut y suppléer par les attîtades.
FBAIfVILLE.
J*y Mii8> Monsieur, j'j suis/
l'abbé.
. Fignrek- vous donc y Monsieur, doux ar- mée» en présence, les deux chefs en tête
SCËITE IL 47
de leur» troupes, et e](primeK<^inoi fje pre-« mierniauiEejiieiit d'indignalion qiui &o passe entre eux. C'est le iàû d'Achilte , Monsieur; Toyez-le* « Poiitez voire jai^be en arrière ;
> mettes v.ÎYemeot vos dçux poings dans la
> poche gauche y et tournez la tête à droite
> a?ec uu œil farouche. Le voici. ( Il fait le
> ^teJ) «Usr de hatteriit.. Monsieur ; Tun des deux chef» est désarmé par l'autre ; expri- mez-mQ^ son dés^poir ? t IÇrappes uu grand » coup de poing de la niaijSK droite sur le
> cœur, couvrez- vous le front de la main gau- 1 die^ven^ferseï la tête*'eaaf rière5lesye»x•fer• a mes , et resserrez les épaules en avant. Le »io\l^,(Jlfall U^esfe^] » A ce mouvement- là, Honsieurf son calque est tombé, sa têtQ se découvre , et son vaioqueur le reconnaît. C'est sa maîtresse , c'est son père , son fils, tout ce que Ton voudra. Jugez du grand étouoentent. Le voici , Monsieur. « Renver-
> lei^vous , et ployez sur la partie gauche ,
> ta^eç le» deux main^ en avant , et restes
> U bouche ouverte. ( // fait le geeie, ) »
£h ((uoi ! e'est vous !
L'ajutr0*qui 1^ recoQUAit alors lui pArdontie ttfictoire, et exprime l'amour^ la tendresse qui étouffe la rancune ; et le voici. « Portes » Ici deux mains sur votre cœur; hausses
* les épaulas , baltinces vivement la tête ,
* élancez -TOUS en Falr en détachant les
* inaius ^ et restez sur 1» pointe du pted. »
48 ON FAIT CE QU'ON PEUT.
Ah ! trop eiier eniiemî » je vons pardonne tout.
Alors les deux années se ^mettent à danser § pour célébrer la fête. Voilà le ballet» Lea \k deux chefs s'embrassent, et cette pantomtoie-» « là , par exemple , tout (e moûde U sait, m
GVst superbe 5 Monsieur; je sens toato ^' Tutilité d*uu travail aussi précieux. ..•• Mai» ^ pardoa^ ceiu tqus fatigue trop^ et..^ '^
I.ABBE.
Non , au contraire/.. Tenex 5 un ezemi^e ^ dans le grand trag;ique... ^
« Soiîs mes pas cbancelans je sens trembler la te|z« l » JVntends partir la fondre et gronder le ^oniiersc ! »' Un serpent yenbneia me déchire le cœur ! ^ Dieux.' quels aOreux tpurmea», je succombe... je ine«irs,»(*]|
. Et en voici d'un genre plus tranquille.... ^ Si vous aviez à jouer la tragédie de Mithri-i t, 4aie en pantomime 9 comment vous y preoW i 4rie3àrvous? ^ ^
FRAKVILLB. '
Mats j« serais fort embarrassé ; et tous ? '
' *
( * ) En disant ces vers , Taetenr ronlc des yeux t égaré», mardie à grands pas précipita», ou a'atréto î i<^ut â coup, se tord le» bra&, et Icrifiine tous cei^. n)ouYe|iieii^ fipnvuUiCi par se jeter dans un fanteuil.
I
SCÈKEXf, 49
x'abbb.
Moi , Monsieur, poiot du tout.... Tencs , écoutez le corninencement ; c'est Xipharès qui parle h son confident , lorsqu'il croit Mithridate mort; il lui dit : {*)
Ainsi ce roi (i) qai seul (a) et pendant quarante ans (3) laica toat ce que Rome eut de chefs iinportans , Et qni y dans rOrient (4) balançant la fortune , YcDgeait de tou5 les rois (5) la querelle commune , Heurt et laisse après lui y pour venger son trépas , Deux fils (6) infortunés qui ne s'accordent pas (7).
Crojez-Tous que ce petit traité -U aqr» quelques succès ? .
FRANTI^tE.
Comment , Monsieur ! je tous garantis qae cet ouvrage tous fera le plus gpand
(*) En déclamant ce morceau , Pacteur fait des gestes tidscoles» mais cependant analôgrucs auxTers qu^ît dé- Ute , et il les expuque à mesure au Directeuc qi^i ne les comprend pas.
(1) U tourne la main sur sa tête pour indiquer la couronne.
fs^ n montre soii pouce.
^3^ U présente quatre fois se$ àiit doigts ourerts.
[4; Il lait aTCC ses deux mains Pusage de la basade.
[5) 1( tonnie plusieurs fois ses deux mains sur sa lêle pour indiquer ( dit il ) les couronnes au pluriel.
(6et 7) U montre les deux premiers dpigts de cbaque nam , et les croise comme quand on cxcile tes pha^ ou les diiens à ae battre.
F. Proverbes. • 5
6o ON FAIT €B QU'O^N PEUT.'
honneur : quant à raei^ fen reliens plusieurs exemplaire» , eft f ep t«!U^ io^^^Hit à ciiaque comédien que .j>ngager^ ; m^i» il e^ tard , fai^eânWi>Â rc^mijtié de dîner airec mot » ni>u9 parlerons plu9 an(ipleme;nt de votre oufc^ge»
Vous êtes bien honnête , Uonsieur; lâais matante...
FAANYILEB
Ah' madame votre tante^je n'y pensais plus^ c'est le plaisir que j'ai à vous entendre qui me la f^t oublier; donnez- vous la peine d'entrer dans ce cabinet , vo^3 aiiec j. treti- ver compagnie.. J.ç iiais^ vaiis y rejoindre.
Ma tante y e9t donc, Montieurf
FRAWVItLE.
Oui , HÎ0|isieur, et d'autires personnel de votre conn^^sdace,
( L'abbé eiOrt.}
SCÈNE XII.
FKàNVlLXJg.
Ab ! pjM^bleu ! nous allons fttire un pietft dîner de femtlle qui ^ j'e»père » seva réjouît* sant. Vr>y^n« un pep eomoient on \û reçoit* Écoutons.
( U va pour écoutev 1^ la porte. )
SCfeN£ XIII. 5t
sciÈNE xm.
FRANVILLE^ UN FIAGAE.
t. E V 1 A càt , â^bne toîx enrouée.
PiBtEi dooc; Monsieur; est-ce qu'on se gobarge de moi donc» de me faire rester comme une énsergne ^at le téiliâ qûli fait ?
fllANTILlB.
Que demaïules-Tous , mon aù>i ?
LE FIAGB1«
Par la Tentregaé t je demande une TÎeiHe l)équillarde avec ii|i farluquo^ d*abbé qui m'a?ont planté là comme pour raverdir.
n faut -attendre uo instant , mon cnfast.
LE FIACI9.
Ah! îaroonbille ! attendre ! et mes chevaux foi n'ont rien daps le yentre ! Prençz - tous paryous-même. Faut-il pas qac ces|>au?ref aaimaux mangent?
FIAVTILLB.
Vous BYC% raison » mon «mi; j^ Tais Toua ^ire parler à M. TAbbc.
LC riACis.
Ali { mergm i parbr , )iB o'çb» f as bes^io
5a ON FAIT (ÎÉ QU'ON PEUT.
de parlejoaentagç : c^est de Targent qu'il me faut.
(Fran ville entre ilans le cabinet. )
^LE FÎAORE9 sûr le devant dû théâtre.
Oui , cherche ; va , tu les trouveras... Ah! M* le Direcleur , vous voulez essayer les Ijeûs. '
î * .
FR ANY I it E f sortant d^ cabinet.
Ah l morbleu ! il n'y a plus personne ^ ils sont sortis par derrière. ( // appelle,) La Pierre ! holà ! La Pierre ! ce drôle 4à est à courir depuis le roatin^ ^
L B F I A C H B.
£h ben ! Monsieur^ oOt est-ce qu'est donc çHAbbé? ,
FBANTILLE.
Ma foî> mon- ami, je n'en sais rien.
LE FIACRE.
Comment , morgue ! vous ne sare.z pas ? et ç'ic vieille sans dents, est-ce qu'aile est fondue aussi ?
FRANVILLE»
Ils étaient dans ce cabinet qui donne sur la rue;- ils s'en seront allés pendant que T0119 êtes entré. 1 i
LB FlACREi
Ah I .rcntregué I je né dônnon» pas dans
ce çodan-1& , vous l<;s avez cachés quelque fart ; mais., sarpejeu ! jç serons payé , ou j*alloi]s faire un beau sabbat !
frarVillb.
Que yent dire* ce drôIe-laP Je les ai fait cacher ! allons , ya a'ttendrè ton Uionde à lâ porte ^ et ne fais pas l'insolent.
LE FfACàÈ.
Allons donc, not* bourgeois; ne faites donc pas comme ça lergausseur ; mettez la jnain à la poche , croyei - moi' , c'est TOt* plus court.
FBANTILLE. '
Allons, sors d'ici tout à l'heure. '
lÈ FlàCRE. ' '
Qu'appelez-TOUs^ sorâdTci! je ne démarre pas que je n'ayons de Pargeiit , dé|à' /7Wmo,
FlÀNYlI.I'E.
Et mAÎ9 je te conseille.de t'en aller »u plus TÎte , sinon je yais te faire é tri ller^
,LE FIACEE.
Oui , M. \e Directeur! vous prenez le mor9 aux dents ; ah ! ben ! ben ! je ras vous faire cabrer, moi.
FRAitViLLE appelîe.
La Pierre ! ho ! La Pierre !
fii ON FAIT CE <ÎU*OIf PEUT.
hB FIACHE.
Àhl palsmigBtc f je iftb ris de La Pierre et de la butte comnrie dé ColiD-lakApon v^^îs > morgue ! {'allons Toir si tous vous rirez du Goinmissaîre^ tous y monsieur le débau*
tteur; j^allûnà Voir ça.
»... • ' • < \ • •
FRAJîTlLf.E, le poussant» . . .. Oui , oui , sor3 d'Ici» toujours.
tE FIACRE.
' • • •
Àh t veolrebleu ! ne nous fO«s«ef |^8^ car je BOmnies rétir, je %qus m averi», et je pourrions tous lâcher une ruade eo iiia«- nière de salut.
FRAJSrYii.tB nf^lant touipur&.
La Pierre ! TÎendras-tu donc , maraud !
- L< FlACaE.
. £h d^ne ! eh dono 1 hot' bourgeois. ( 14 fait comme quand on veut retenir des chevaux^*} Dia ! dial bride eu tnain. Le Commissaire démMi'e liA deVaUt. J'altons saVotr k déJSni- tion deçà»
^ :(Il»'enva.)
SCÈNE XV. 55
SCÈNE XIV.
FllANFILtE;
Av diable soît >k maudît hmon^e! et ce coquin de La Pierre , tenez , qui -me laisse seul ici depuis ce ixidtîn , pouv me faire une commission. Mais je n'en reviens pas, quMls soieof pkfHÈ tous coti^me cela ^àtts'me rien dire ! lie 6ë !»ont ti;ôuvés tqoâftre^ ils àurodt fûfila profîttet du Ôa'ci'e poti'f '^'en àflet en- semble , ils sont )^èut-êftjrë ett irais dau son isarrosse ; je m*eà vvè voir.
(Canne il va pour sortir, il e$i arrêté par le Ëoiumis-
SCÈNE XV.
FaANVILLB» UN COMMISSAIRE
enrobe.
LE COMMISSAIRE.
Qtj'zsT-CE que c'^est donc 9 Monsieur, qu'est-ce que c'est donc P F'ûti me fort des plaintes contre vous»
Contré tnél -, MMixeùv ! à quel sujet , sll to«s plaît ?
56 ON FAlt CE QU'ON PEUT.i
LB COMMISSAIRE.
t ' ' *
A quel sujet! mais à plusieurs sujets y Monsieur, raccusalion est grave.
IPaANTlLLE.
Quoi! Monsieur, Youaécowteiûû coquin,
<ie fiacre!
LE COMMIS s AI &B.
>
Non , non , Monsieur ; je n'èeoulé poîol un coquin de fiacre , il &*est bien venu plain« dre à moi ; mais ce n'est pas là-dessus que je vous interpelle de répondre , Monsieur. 1! s'agit d'une affaire de ta plus grande inar portànce.
Mais y Monsieur, je ne crois pas...
LECOMMISSAIBE.
Silence, Monsieur, laissez -moi parler.! VOUS ne croj'ez pas.... Vous déhaucnez-des jeunes gens, et j'ai reou des plaintes contre vous de tout une famille.
FBAirVILLÈé
De tout une famille ?
LE GOMMISSAIEE.
Oui, Monsieur, de toute une famille* fl'est au ^ujet du noniiiié Eustàche P.oiolu ; vous remettez-vous cela ^ Monsieur ?
SCÈNE XV. 5;
FEAKTILKE.
Eh! Monsieur* l*on tous a trompé. Mon- si«Br Ëustache Pointu , le fils, est un nigaud ^ui n'est bon à rien. Son père est un lyrogne, sa mère une ridicule, et M. l'Abbé ^ leur di- gne cousin , est un fou fieffé.
tE COMMISSAIRE.
Monsieur, Monsieur, ne dites pas de mai de cette famille-là , je vous prie.
FBANVlLLEé
Est-ce que tous y prenez intérêt , Mon- sieur ?
LB COMMISSAltE.
Oui ,. Monsieur, beaucoup , ez^essiTetncnt». Monsieur.
FBANTILLB.
Mais , M. le Commissaire « ne seriez- TOds pas un peu parent ? je tous trouve un certain air de ressemblance. «
LE COMSISSiIftE.
TrooTei-TOus cela , Monsieur ?
frautille.
Ma foi. Monsieur, l'on ne peut daTan- tagc Je ne sais si je Tois trouble aujour- d'hui , ou si j'ai l'oeil ensorcelé ; mais tous ceux que j'ai tus ce matin m'onl'paru se res- sembler.... Il n*y a pas jusqu'à ce maudit fiacre ^& qui j'ai Urottvé nn air de,..
6o ON FAIT CE QU'ON PEUT. SCÈNE XV.
provision d'habits dans une Toitaré , vn'èla-- blir à votre porte, .le me suis présenté ,. et TOUS m'avez facilité vous-même mes traves* tissemens en me log:èant dans ce cabinet qui s'ouvre sur la rue ; je suis revenu alternatif vement SOUS différentes formes; c'est ^nain*' tenant à vous de juger sous laquelle je pour- rai vous convenir.
PRANVILLE.
Monsieur, je suis charmé de vous con- Daitre ; allons d'abord nous mettre à table * nous terminerons notre affaire ensuite , et j'espère que nous aurons sujet d'être contens tous deux.
X.B JEVIïE HOMME.
Monsieur, si le talent chez moi ce répond pas À la bonne yolonté, souvenez-vous tou- jours du proverbe : On fait ce qu^on fieut s non pas ce quon veut»
VIS DE OV 7AIX CE QV*0V PBVTi
L'INNOCENCE SAUVÉE,
I
PROVERBE DRAMATIQUE,
PAR CARMONTELLEi
F. RpDTwbM» I. 6
NOTICE SUR CARMONTELLE (*).
miParîsk) aSaoOt lyiyt iljrestmodte }6dé«einbfe -1806. {1 arait étéJeoteur du dae f Orléans } el l'ordonDaleur des fêtes que iofmii ce prince. £n iiae matinée » il com- fosait «ne pièce de ibéàtre d'un ou de deux •ctei, diaprés le vnom ou le caractère dés personnes qvd devaient j JQuer uu rôle. Ses trwerbes dramaiiquàs lui ont assigné une |tiace dans la Iltlératore. « ht fonds de cei «petites pièces 9 a dit JM[. AxLger, est en gé-* > aérai très«l^ger..Ji n*jr faut point cherolier » BQ nœud bien foroiè.^ ni eu conséquence un ».dénoûnient d'effet. Ce a*e&t poîai une cohit *l>ioabon dramatique que Carnionielle étale » 8OU8 nos jeux; c*>est un coin de la société
* qu'il nous fait rcjuarquer., .c*esl une aven*
* tore, une conVersalion de salon, de boudoir, > de boutique 5 de spectacle, de promenade*
(*)Pir M* BèttdioC. £xtnâC de la BiogTa|pliîe uni-
64 HOTICE
» et de tout autre lîeo public , à laquelle il » TOUS fait assister. Ce qu'il a tu et entendu ^ 3 il le répèle arec 1^ fidélité d'un mjroîr et » d'un écho. » Aussi , tout en admirant son dialogue, lui a>t-on trouTé le défaut d'être commun , à force d'être naturel. Ces petileai eoTi)édi(*8 son t cependant le plus joli répertoi re )HMir les théâtres de société. La fécondité de ilarmonlelle n'est pas moins étonnante ifué sa lacilité. Outre les ouTrages qu'il a fait Imprimer 9 on assure que ses manuscrits pot^-» valent composer plus de cent Tolumes; Danft les derniers tems de sa TÎe , l'auteur aTait él& réduit à les^ déposer au Mout-de-Ptcté , en nantissement d'eue petite somme dont il avait l>esoin , et c'e&t peut^-être la première fois que la fmanee a aTanoé de l'argent sur de Tes*» prit. (^*) i.a réputation de probité qu'aTait Car- tnonlelle fit sans doute dans cette occasîori plus encore que sa réputation littéraire. Ses Proterbes drnmatiques sout une mine oà beau- coup d'auteur« de nos jourâoDtpuiâésuiiâfaçun.
(*) Les manii.scrits de Carmon telle ont été retirés da Mônt-de-Pielé , et la propriété en a été acquise par AI U. Cliéroo , Piçai J , Cuii»|)duoD » Augcf.et Étîeaae , qui en ont citi-ail les meilleurs Proverbes , et tes ei^ ^it publier par le libraire Lenonnant en i8i i.
StE CirKMOIirELI.E. 69
iossi, quoiqu'il n'eût rien lîovhpoéé p6ur te» ihéfitres du Vaudeville et de Lbiiivoi^ (a^four^ 4'faiil i'Odéoo ) a?all-4l ses e^iCfées à ees deut spectacles, àiitrê if auteur. Au tnlent d'écrire , ùrmoQ^eUe fmgaait le iafcenrtie:|îeiadre. Il a tût les portraits de presque tout les person- BOges célèbres.da i8' siècle-, et c'est ii'après lai qu'ont été gravésy entre autrui), les portrait» fi'oi» voit à la: tète des correspondances de mièinie Dudeffaar et de Grimai; Ils'amùsait aussi quelquefois è faire des Transparehs. Il sppelaît ainsi des lableanx sur papier très-fin , I«qael89 ezpososà la lumière du jour devant •A seul carreau de sesorolsées^ se dèroulaîent' pendant une heure el plus auK yeni des spee-^ tateurs , et leur présentaient une siifte dd scènes. Les Transpltrens avalent depuis loo ^squ'à i6o) pieds de longueur. Le plosgralnl plaisir de Carmentelle était ide mettre le? proverbes en Transparem y et les Transpnrens en proverbes. • '
On a de cet auteur : i" Proverbes draina^ Uques^ 1768;
Lei Atmanarks des spectacles ait 1774» '77^ et 1776, et le catalogue de la Valiière , â"" par- tie, n* tSaSS, donnant la noinenclatiire uni ses Proverbes., qui sont au nombre de 8a « et
MU été li'tmpriniés en 1785, puis encore duns
6.
fM lÊÙtlt€ ^
le recueil géa^ral des Pr^erbés (tr0malufam^ Londres i^6u CSarinDotetle publia les toèic« y el S d« #e» PrQirerhiS, el depÂiis sàtnbit on
iifu^i^.^ roUmteik* ^8i i^ c»ateMQl.a4 pièoes«
a** ThéitrsdU ChnettauFfAradiût^n fraDoftiâ pa4'le baraa ifeJUeâUtngè 1^71 >^ Voiitinasy composés par jQurfn^^ouUe:
5*" T&ééire d^ emnpagn$f 17^5^. 4 f •Imea' Ce recueîil e^ )e préiiédeot cotiticinitteni fde folies pomédief qi4^ quelques déTel6jpf«iti€QS pou vfii^^fif f*endr^ dîf «es de )a stèbe fran^saiiee;
4* Tr4^mipk0 44 Vanloiér sur iet tnmars de Skiiâ*g:(^ JLfitrêê du marguis de Miànein au C0mmm4ewr 4$ Saim^Brkf^ 1777^ ^ parties , romeii; '.
â"* Le déc d*drnny^ autre ro^a»; .
6^ L'aNfé de ipiéUrû9 Icoinédie en uni acte, en. pcç^Of jouée ti?ec'8!il€cèe aux Italîené, le %6 octobre; 17^9; c'est la seale pièèe que J'auteur ait liyrée sur un théâtre pikblic ;
7* Comféreâihns des gens du monde dmts tous Us tems de l^année, 1786. Cet outrage deraît former 4 volumes» et paraître en a4 Utrai^ops. Nous ne connaissons que les deux premières qui sont intitulées ; Lfis visites dujùur de Cen et la Prémoison. Carn»onteile 7 donne une copie fidèle des conversations des ^ens du
âtm CAtlfOVYELtB. 67
noDde; îl a renfermé en un petit nombre de figes t(Att (èe'f|u*0Qt 4ft ta nn jbvtlcinq on six personnes des plus aimables , et au bout da litre il &e trouve qu'on n'a rien lu, fooîfue les interlocuteurs n^iéÉtWeési <tè parler. Carmontelle avait dif^eè fcoftipt>èé an Traité de ferspéc^iiè ; ttôui W ch)jrotts pa^ Vi'U ait été imprrmé.
>•.
PERSONNAGES.
DQRVAL FUS/ ;
PRÊMÊSN IL^ amî de Dorval fik. . ROSE , 'ouvrière en ixiodes. DUBOIS, Talet de Dorval fib.
■«car
Lascéne se passe dans im petit appartement que 0orv^ fils occupe e»viiie , à Tinsu de soâ pète.
LlNNOCENCE SAUVÉE,
PROVERBE.
SCÈNE PREMIÈRE.
I DUBOIS, senî.
I
Six heures iront sonner, # mon maître ne
tardera pas... Ma loi, t«At ceci est bien
; propre , i 1 ;»era content. • . Cette chaise longue
est trop avancée. {Itla recuU, ) A merTeille.i*
Je sQÎs unique paij r Tarrangement des mé ubles
d'one maison , et le dérangement d'un enfant
it famille. • . Il est tems d'aflunler les bougies...
(// Iss 4tiluin0é ) Cette glace-Li fait un bel
! effet... Quand marn*âelie I^ose va se Yoir de-
I daas!... Pei»te! le joli bijou! mais ça fuit la
I sacrée, la bégueule.. Oh ! parbleu f nous allons
I rire , lorsqu'au lieu de la prétendue dame qui
> la fait demander pour raoiiler ses bortnéts ,
eiie vaitr-QUT.er un égr^lturd. comme. mon ma;^
tre, saàs compter M. de Prémesoil ,: son ami i
et moi qui les y aux tous deux, pour le moins.*.
Oq ù-Si^f^f,. vC'«st Tu^ Qu. r^utr^.'
(H %'9i ouvrir^ et reculé de frayeur H de surprise ia^ qu'à Tautjie. I»9ui àt Tapiiiirtçukeikt. ) .
Jâ t'INNOCENCE SAUVÉE.
SCÈrÏE IL
/ DORVAL FEUE, DUBOIS.
DUBOIS.
Le pèfeidéuioti niaftré !:,.f om^ Iffoosieurf ( A paru ) Que devenir ?
DOBtAE.
MoHmêiyie 1 1|} ne m'atljcodais jmd ici F..<r'
'fttF.BOiS.
îïbrt ^ Mc><iSiûf y rt si refis Tûtffîez me dimioet le iéivfs ék rtie récit eiffir ...
( A -renl «Vn altrr , Ootvàl râttiête.îf
JOUTAI.
Re9te.f pu je U fais «expirer aous le bâtoi^
titftOtS.
Je rejte , JltpKisieijr.
Vdfà Aonc e«t appartement «o^ iilAtl ffl^ tiîeiiit-, depuis tiHMS mois, passer iie9<|0iirs e€ tee niMtst '• "hl-.
»VVO'IS.
Oui , Mohsit^tir ; îl ir« eafmn% Ttnift s^rvèt , hcàocKHip de %oùi pilur iliie^re hatunelle ; et afin de ft'j livrer plus traAqoUlement , il a pris le parti d*aToir un petit logement eu tille.
BOBTAJtt l^^l fa eamie. fasént fort mal leur terns ^Ypo mpi !
MonMieur, )» oommeRoeà n'en dôater.
)e sais tout : ]e suis instruit de la conftotte Ki&dalèuse dans Ij^iueife'lu entretieos mon
fb.
DUBOIS»
Àh I Monsieur I scandaleuse » fi donc l..«
porVal:
C*#ftt toi 5 sfialéjPat » o'ci^t toi fu^i as perda oe fit dont t» ksikiB imoa ^niqiie lélieité ; ce ibdaiis.' kqudl je me ptoi^Qîs^ opute^ipiev kitiaJIs d'PTtQ œèire que j/^dtfpais; ee ôls» 4pil ia visrt^ devait iltfeia po&s^i^tÎQa de ina ▼MUwA^f o'mt toi (|hI l'a^ ootrrorppu, déduit, eotraîné dans rabîipç« ^t t.u n'as plus qu'ua dniix â faire.
DIÎB0I5.
,0a d*obé1r pouetuefleine/it à<0U% ee c|be je' ym t*^ôrâ6Éàt\ér ^ ou dé passef te résfe de tfef^ joorsàlBcÔtrè. - '
T% L'INN0G€K<:E SAUVÉE.
Monsieur • }é n'ai jamais eu de goût pour Bicêtre ^ et j'c^éiraî.
Mon fils Ta se rendre ici ; l'en spiairiromné : je yeux y rester en secret , y entendre sa conversation y être témoin de tout ce qui a^ passera.
DVBOtS.
Mais » Monsieur t.. . [^A part. ) Ab ! |>autre Dubois t
Point de réplique. Voici un cabinet YÎIré dans lequel je vais me renfermer... Je t'exa- minerai...«S'il t'échappe un mot, un geste, un coup d'œil » tu sais le sort qui t'attend , et tu le subiras. Je veux bien encore t'averlir que ton sigfialement est donné ; que des es- pions me suivent , et que s'il te prend envie de te sauver) tu seras arrêté sur-le-cfaamp.
DCBOIS.
II n'y a donc pas moyen de s'en tirer?
DOEVAL.
Tu peux en juger... J'entends du bruit,
c'est mon fils sans doute; va ouvrir, et songe
à la parole que je t'ai donnée.
t Dorval fik fnppe plusieurs cou|is : son père se ^,
dans It cabinet ; Dubois va ouvrir la porte.)
SCÈIYBÏII. ;3
SCÈNE m.
PORVAL FILS, PRÉMESNIL, DUBOIS.
DO ETAL fils.
Si tu voulais bien ne pas nous laisser à li\ porte si Ion g- taras !
DUBOIS,
Monsieur.,, c'est que j'étais ep ^Saîre,.^
DO A VAL fils.
Avec qui P
DUBOIS.
Avec mo'i'tnème^
PRÉMESNIL.
Cela doit être intéressant... et Rose^ vien^ dra- t-elle ?
DUBOIS.
Elle devrait être ici. (Préme«nil àrraDge ses cheveux devant la ^lace , eq
iredonDfint ua air, )
DORVAL fils, à Dubois.
Tu m'as dit qu'elle est charmante , et je loeurs d'envie de la voir.
DUBOIS.
El moi. Monsieur, je voudrais qu'elle ne ^int pas; car lïia conscience me reprochq ë'ovoir fait ce (jue j'ai t'ait,
F. Proverbes, i. 7
54 L'INNOCENCE SAUVÉE,
PBÉMESKIL9 à Doterai iite.
La conscience de mons Dubots I Comment le trouves-'lu ?
D 0 R V A L fits , à Duboi».
£t qu'as -tu fait que ta conscience te re- proche ?
DUBOIS.
J'ai fait, Monsieur, que cette petite fille refusait de venir, et qu'il a fallu engager ma parole d'honneur que c'était pour une dame qui voulait lui donner sa pratique.
irOBTAL fils.
Ta parole d'honneur! ta conscience! celte maladie-là te prend bien subitement... Allons, -plions, tu me fais pitié, mou pauvre garçon... Mais , dis-moi , as-tu été chez cet usurier de ta connaissance pour les cinquante louis dout j'ai besoin?
DDBOIS. ,
Je vous parlerai de ça une autre fois.
DO AVAL fib.
Tu te moques de moi ; Prén«|snil n*esi pas de Irup.
DUBOIS»
Monsieur.*.
DOBVÀL Éls.
Monsieur, Monsieur... £h bien! que ^eui^ tu dire arec les coups d'œil?...
SCÈNE m. j5
DI7B01S.
Des coups d'œil , Monai€ur ! je n*ai poiot donné de coaps d'œil...
PRBlfESNIt.
Mais je croîs que mdns Dubois deyieat
fou.
Dr BOIS, forthant. Encore une fols , Monsieur , ne parlez pas de coups d œil 9 parce que je ne vous en donne point.
D 0 RYA L fils , le secouant par le bras.
Dors-tu 9 maraud? As-tu bu ? Ëarle, ré- ponds.
DUBOIS.
Monsieur^ je ne dors point; je n'ai point Ini, mais je ne vous donne pas dé coups d'œit , et c'est fort mai à vous de dire que je Tuus en donne. ^
(Prcmesuil lit beaucoup pendant cette dhputc. )
DORYAt fils.
Je ne le reconnais plus.
PRBMESNIL.
On frappe... C*est Rose.-
DOBTALfîk, à Dubois.
Vite , vile , va ouvrir. ( A PrémesnU, ) Si dle?eut jouer la vertu?
rBÉMESiriL.
Beau I beau ! tu me fais rire avec ta vertu*
58 L'INNOCENCE SAUVEE.
f ...
DOBVAL fils, à Dubois.
Èh bren î ôuvrîras-tu ?
D 17 B o 1 s , allant oavrit , mais lentement.
Tont à rheure 9 Monsieur.*, l^z^ couf^s d'œil ! ça n'est pas vrai.
DOKTÀL fils, à Duboisi
Eh ! boarreno j va donc...
SCÈNE IV.
BORYÂL*iLS,PRÉMESNIL,ROSE^
DUBOIS.
Il 0 s E 9 à la 2)or(e.
Je suis venue justement ù Theuire^ M» Du*» )»ois**» Où est celte dame.
DUBOIS.
Entrez 9 Mam*selle.
B.OSE«.
je ne la vois fas*
DORVAt fils, allant au-devant d'elteà
t!lle sera ici dans le moment..* Yenet Vous
asseoir.
BOSEk
Je VOUS remercie, Monsieur > et puisque Cette dame est sortie ^ je reviendrai une auti'e Ibis,
SCÈNE tV. 7j
PRÉMESNIL. .
Non , mon enfant^ tous resterez, • Elle est tolie...
pO&YAL Sis.
Très-joUe. (Duboû reste dans le fond, et ne perd pas de vue la
porte du cabinet.)
lOSB, à Doryal fik, qui veut. hii prend» la main.
finissez. Monsieur ^ et laissez-moi sortir*
PABMiSSifiL^ la retenant par l!antDe.niain.
Non pas 5 s'il vous plaît . •.
B o s È y effrayés ^ à Dubois.
Ah! M. Dubois, tous m'avez trompée, et oeia est iadig^uc A vous.
PAÂMEajIflL.
11 ne vous a point trompée^ tlna petife r nous sommes jeunes, généi'eox,«t vous serez eocbantée d'avoir, fait notre cou naissance^
DOBVAL fils.
Pour vous mettre à votre aise, tous sou- perez ici , nous v^us remenerqns ensuite chez TOUS, et vous serez contente idd présent qui TOUS est doftraé* .
BOSEé
•
Un souper, un présent, Monsieur! apprê- tiez que îe n'en accepterai ni de vous , ni de personne r je sais pauvre, mais honnête; trt je mourrai plutôt que de chang;er. Ma vertti
y».
78 L'INNOCENCE SAUVÉE.
est le seul hérîlaee que ma mère m'a laissé^ je le conserverai Jusqu'au (ombeau.
PRBMESRit,
Comment diabW ! de Fb^rolsme i
DORyAi. 6b. Toirt pur, en vérité...
Je n'entends rien à yos grands mots ; mais sachez que je tenterai tout pour m*arracher de YOS maui8.«;.0ui , je toux sorttp. • '
PRiiiÊSirii^ Oh ! parbleu ! vous ne sortirez pas .
BOSB5 pleurant.
Ah ! Messieurs , ayez pitié d'une tnalheu^ reuse fille qui ne vous a rien luit... Respectez ma faiblesse...
làOWAi* fik, la pressant plus vivevifiit.
SI TOUS étiet' moins jolie, vo» larm«$ m'at- tendriraient.
EO SB , 8ç jetant anx ^^efioiM^ 4^ fîpryal fils.
De^âiOejivQ me perdes pas... JBb! Monsieur^ |e vous en conjure...
PBéMESKii.« àDôrvalfib. Ne fais pas l'enfant.
DORTAI. fib.
Non f non... Allons , il faut que je tous entbrasse.
SCÈHE V. 79
ROSE.
Ohl Cîel I... au secours ! au secotirsl
Vous criez en vain...
(Dorval përe sovt du cdbînel dans !e moment. )
SGÈNE 'V.
DORVAL PBR», DORVAL fus, PRÉ- MESNIL^ KOS.E, PAVOIS.
DOKTAL* à son 6Is. AuÂTE. malhegreux...
DOHYAL fifs.
Mou père!...
pnéMESirit.
SoApèrcL.»
( Il s'çDfuit. )
io SB 9 te jettnM dan» les brts ijle Dorral pèie.
Ah ! Iklonsléur , rendei-moi la rie çt l'hon* Dcur...
»OàVAt.
Soyez tranquilte 9 mon er>fant... Rt vous ! [àsonfiU] consid.QTjB^p la.TÎctîmc que vous vouliez imipol^r. Fils indigne ! jetese , si vous rose» , jetçz les yeux sur ceUe vertueuse fille que vous prétendiez reodre complice de votre Ûertînage!
ëo L^lNNOCfeNCE SAUVÉÉ.
■
BOSE9 à Dorval père. ^
Ah ! Monsieur^ ne lui en diles ^às datant* tage; il se repenti sAns doàte^ de ce qu'il a fait , et je suis contente. » 1.
Je ne le suis pas, mod enfant, Toff^nse (qu*ii a commise est âfffçiise, .et je veux qu^il la répare. ( A son fils. ) Tombe à ses piedSé
Moî> trion pérel...
DORT AL.
Toi-même.
B 0 s E , à Ûorvaî peré* ÎÎOD, Monsieur, je yoùs en Conjure.
Il n*a pas rougi de vous Toîr doi siens } il Il bravé les prières de Tinnocence en larmes, (et sou crime ne peut s'^pi^ergu^'Ày^s genoux. ( A son fils, ). Tombes-y, te dis-je, ou crains tnà malëdictioQ.
■
DORYAL Gk.
Ëhbien! os 'y voilà... Suistjeafaeahumiiiét
DORVALi
Crois-tu Têtre en reiidaht hommage à U l^erlu que (u voulais déshonorer, et peilses-tu ^ue Alademôisellé puisse être flattée de la ré-« jparaiîoa que le crime est obligé de lui fi^ire t
SCÈNE V. Sî
IIOSB9 à Dorval fils.
ReteTez-Toasy Monsieur, et soyez persuadé que j'ai tout oublié.
DORVAL fils.
Àbl fliademoîselle y vous me <H)nrondez..é UoQ père 9 je suis coupable , je Ta voue ; mais pardooaez à ma jeunesse, et rendes-moi votre amitié, que je mériterai désormais par la coq'^ auite la plus sage.
DOEVAL.
Je veux en avoir des preuves ; mais olten* dez-Tous à passer six mois, un an peut-être, dans la retraite que je vous ai fait préparer.
DO AVAL fibé
Oh! Ciel!
ROSF.
Ah! Monsieur, si j*ai quelques pouvoirs (Qr vous , pardonnez tout-à-lait à monsieur Votre fils... Vous l'aimez..,
DORVAL.
Oui, |e l'aime, et trop sans doute... Je n'ai <tUe lui , je ne me suis occupé que de son t*onbeur, vous voyez comme il m'en récom- pense... Je souffrirai d'en être privé; maïs dût^l m*en coûter les larmes les plus amères, je ne changerai rien à la résolution que j'ai prise*
DORVAL fiU.
Quoi! v^ouspourriei..*
8a L'INNOCENCE SAUVÉE. SCENE V,
DORTAL.
Oui f sans doute : ma lendresss n*e.«t point aveugle , et je ne sacrifierai pas à une Jûche complaisance le repos de mes|ours et la leçon utile qui t'est nécessaire. Je ferai ce que dit le proverbe.... Pour vous. Mademoiselle, chérissez toujours la vertu ; elle sera votre bonheur 9 je ne négligerai rien pour vous prouver raon estime et pour vous rendre service.
DOBVAl fils.
Maïs 9 mon père...
DOnVAI..
Mais, mon fils^ il faut que jeunesse se passe et se corrige.
rilf Dl L*INN0€EIfCE SAUVEE.
LE LEGS,
PROVERBE DRAMATIQUE,
PAR CARMONTFXLE.
)N\?VVgu
PERSONNAGES.
JULI E y J Sœurs âgées de i8 à 2q ans. Julio
VICTORINE, ) cstraiaée.
FANCHON, vieille servante. M™' FONÏANGE, reveadeqse i la toileUe. UN FACTEUR.
La scène est dans une ville de province , chez les de^ moiselles Yalinont. Il est environ dix heures d^ matin.
lE LEGS,
PROVERBE.
I^ théâtre représente une salle basse : on y voit une table , qn canapé et un petit métier de tapisserie tendu.
SCÈNE PREMIÈRE.
JI) LI £ 9 seule ; elle est assise , et achève de mon- ter un bonnet.
Il faut pourtant que je sois bien complais santé : mademoiselle Vîclorine dort à son aise la grasse matinée, et je la passe, moi , à monter son bonnet... Ma tapisserie n'avance point pendant ce tems-IA... La pauvre fille ! depuis qu'elle sait qu'un de nos oncles nous a légué cent mille écus, et que cette somme arrive sur un vaisseau , la tête lui a tourné ; elle ne songe qu'à se donner des airs; elle imagine mille manières de dépenser cet ar- gent, toutes plus extravagantes les unes que les autres. Reprenons notre ouvrage.
(Elle s'approche du métier de tapisserie et travaille.)
F. Proverbtff. I» 8
86 L£L£GS.
SCÈNE IL
JOLIE, FANCHON.
PAN G H ON 4 (ïleitrant. Mademoiselle...
J u L 1 E 9 travaillant sans la regareîer. Fanchon , ma sœur est-elle cTei]lée ?
FANGIION.
Oui , Mademoiselle /je viens de lui porter son chocolat.
j D L 1 £ , levant les cpaulcs.
Dans son fît, sans doute? {Regardant Fan-- chon, ) Qu*as-tu donc à pleurer?
FANCHON.
Dame , si je pleure, c*est que J'en ai sujet \ depuis vingt ans que je sers dans la maison, et sans reproches , Dieu meroi , me voir donner comme ça mon congé, ça<Q*cst guèr^ gracieux.
IVLIB.
Ton congé ! et qui est-ce qui te congédie?
FANCnON.
t'» •.
Eh! mais, c'est mademoiselle votre sœur : À celte heure qu'elle dit qu'il lui est \enu de TaMtre monde de quoi Taire la grosse da;ne ^
SCÈNE IL 87
die ne rcut plus de mon serWcc; il lui faut uoe femme de chambre.
JULfB.
Ma sœur est une folle ; elle prendra , si eik le veut» une femme de chambre; miiis jeté retiens 9 moi» ei>tends-tu H tu seras à mon service. ,
FAXfGHOir.
Bon ! je ne servirai plus que vous , toute seule?
J-V L I B«
Mon, Fancho».
PANCHOir.
Ah I f]ue je suis contente! tenez, ma bonne Demoiselle , si |c pleurais , c'était de tous quitter; car tous êtes si douce ^ si bonne...»
C'est bien, Fanchelle : va, rclournc-t'cn dans ta caislne; fais bien ton ouvrage» ta n'auras affaire qu'à moi.
Mademoiselle votre sœur m'ayait donné bien àz% commissions , mais je ne les^ ferai qu'avec votre permission , da...
JULIE.
Quelles sont ces commissions ?
Ahf m.a foi , il y en a tant et tant , qpe je '
63 LËL£(^S;
Ile m'en souviens plus : ^lle les à toutes grif- fonnées sur ce morceau de papier-là.
( £Ue doone un papier. )
JULIE.
Donne ; je crois que voilà qui ^contient de jolies choses. {Eiie Ut, ) « Passer chez JoH- » bois 9 et lui demander où en sont mon car- » rosse et mes deux berlines doublées de re- » lours d'Ltrecbt. — Chez M. Jacqùinot , » procureur, elle prier d'arrêter pour moi » le prix de la maisou de Beauregard. — Chca » M. Doré, joaillier, etc. « Oh^j Ciel! que d'extravagances ! ma pauvre sœur a tout-&* fait perdu Tesprit.
SCÈNE IIL *'
VICTORINE, JULIE, FANCflON.
VICTORITTE, entre en déshabillé.
BoNJocB j, ma petite soeur'; que je to conte le rêve le plus charmant...
JULIB.
Oui, je crois que tu rêves de belles choses.
YiCTORiNE, avec transport.
Je t'en réponds : imagine-toi, ma petite sœur , que notre vaisseau était arrivé chargé de richesses immenses. J'étais là prclsente 9 oommc tu dois le penser; oh ! ma chère
SCÈNE m. S9
sœuf) quel plaisir! jamais, jamais on o*a tu tant d'or. Le vaisseau en était retppli.... £t puis c'était la mine des gens du vaisseau, matelots et passagers, qui était divertis- sante... Mon or et liioi partagions leur admi* ration et leur respect. Dieu sait avec quel air de dignité je soutenais mon nouveau rôle : enfin , j'étais sur le point de fendre la presse de ces importuns, et de faire enlever ma fortune...
J 17 L I s 9 riant.
Lorsque tu t*es éveillée , n'est-ce pas.
VICTORINE.
Oui, celte mis.érable Fanchon a ouvert la porte de ma chambre, et je me suis éveillée eo sursaut. Oh ! je crois que je Taurais bien battue.
JULIE.
«
Effectivement , il est désagréable de se ré« veiller en pareille circonsta^nco ; si je n'étais que de toi , j'irais me coucher pour achever mon rêve.
TIGTOBIKE.
Ne pense pas rire; j'étais si contente, que je souhaiterais de tout mon coeur dormir ainsi pendant toute ma vie.
IV LIS 9 àFaachon. Fanchon , allez dans votre cuisine.
9* LfifiBGS.
J'aTaîfl oabllé de demander ie bonnet de mademoiselle Yictorîne.
JlfLJE.
La Toilà elle-même pour le demaiMier.
YIOTOmifE.
A propos de mon bonnet, tu ne ras'sûre- ttieTit* pas monté', ina petite sœur; laisse-le jusqu'à tantôt, je t'en prie,
JULIE. ,
Pourquoi donc ? ta me pressais tant !
TICtORlNE'.
Bon ! est-ce que tu né vois pas cjue je ne puis pluis mettre une pareille givenille ? fa dentelle ne raut que six IVancs; on doit m'en apporter a l'instant à quatre louis. '
jviit, Â4}uatre louîs!
TIGTOBJNE.
Oui , ma bonne amie , j'en aurai ppur Iç bonnet et pour deux paires de manchettes à trois rangs.
jiDLIÈ.
Bon Dieu ! et où prendras- tu pour pajer tout cela? nos revenus sont modiques, et jamais notre tuteur ne voudra donner cet argcnt-l4.
SCÈl^BIIf. g,
VIGTOKINB.
Ne t'inquiète pas, Ya , j'ai bon crédit.
JULIE.
Mais enfin , il en faudra toujours venir à s'acqmtler.
Oui, et ces cent mille éciis qui nous Tiennent du legs de notre onole, nous ne sommes que deux pour les partager; est-ce qu'ils ne me mettent pa» dans ie cas de four- nie à ces déposes ?
Hum ! c'est tof>t au pl««; »i tu coriUnues, reia n'ini pa« loin ; un carrosse, deux ber- lines , uae mai>iOin de oampagne ; que sais-* je, moi ? de ce traio-Ii , ce legs sera bientôt mangé.
VfCTORIWE.
Que veux-tu dire , un carrosse , deqx ber- lines , une maison de campagne ?
JVLIÏ.
Oh ! c'est que je présume qu'il faudra de tout cela à une grande dame c()àimc toi ; mais notre tuteur ne sera peut-être pas de cet avis» et malheureusement ces fonds-14 seront un peu de tems entre ses ipains. . «
vigtDbiite.
Il faudra bien que notre tuteur epteode
91 LÉ LEGS.
raison ; sî je suis riche , je veux me sentir de mon bien. Mais je vois que cette sotte de Fanchon t'a parlé; ( A Fanchon, ) Qu'est-ce que vous faites ici y ma mie ?
FANCHON.
J'attends la fin de votre rêve 3 Mam'selle ; il est si j oii !
. VIGTORINE.
Mais 9 voyez cette impertinente ; vous de- vriez être dehors , ma- bonine ; je vous avais dit que nous n'avions plus besoin de vous. :
FANCBON.
Aussi ne vous appartien^-je plus> non : je ne suis plus qu'à mademoiselle votre sœur, t^ute fine seule y afin que vous le satihiez.
JULIE.
Fanchon A encore une fois^ allez à votre cuisine.
(Fanchon sort en fesaot la mine à Yictorîne. )
SCÈKE IV.
JULIE, YICTORINE.
VlCTOaiNE»
Qvm ! tu gardes cette vieille salîsson-là ?
• JULIE.
f > . .
Sans doute, pourquoi non P
SCÈNE IV. 93
VlCTOftlN'E.
Tu n'as pas de raison , ma sceur ; pour moi je ne veux plus de celle figure , fi donc ! c'est boa pour servir dans une auberge.
j t i 1 B.
Tn feras comme tu voudras ; pour moi ^ j*eo suis contente : elle est fidèle^ soigneuse 9 iolelligente ; ce sont des qualités impayables chez ces sortes de gens y en conséquence je la garde. D'ailleurs c'est un vieux domes- tique y qu^il y aurait de la barbarie à ren- voyer maintenant.
TIGTORIlfE.
Qnoi ! tu ne veux pas entendre que , dans notre état présent , cette fille ne nous con- vient point ? cela saute aux yeux pourtant ; car enfin nous sommes pour faire une cer« taine figure actuellement ; il faut nous mon- ter sur un certain ton ; nous ne pouvons nons dispenser d'avoir chacune une femme de chambre « et puis une cuisinière et une bonne grosse fille pour tout le tracas fatigant du ménage.
JOtiEy riant.
Et quand tu auras ton carrosse et tes ber- lines y il en faudra bien d'autres.
TICTORINE, d^un air [>iqué.
Je le compte bien aussi. J'ai déjà arrêté «ne femme de chambre pour moi ; c'est upe
94 LE LEGS.
grande bruoe y assez jolie , les jeux vîfs , fort bien mise ; elle sort de chez un&présî- dqiile , qiri Ta renvojée parce qu'elle plaisuît trop ù son mari.
JtLlE.
En vérité » ma soeur « je craindrais qu'on t'entendît; lu passerais pour folle acîievétî , au moins. Cet état florissant, cette fortune considérable qui nous met dans le cais de faire la figure la plus brillante , où tout cela est-il?' sur Teau; dii reste, rien de plus médiocre qtie nos Itiens.
VICTOBINF.
Mais 9 est-ce qiTé cela peut nous m.inquer?
JOLIE.
Mais si le vaisseau fait naufrage ?
viCTOBiire.
Oh! si.... si.... si là maison tombe, nous serons écrasées; tu n'as que des malheurs à j>ré?oir !
JULIE.
Ma chère sœur, parlons raison, si tn yeax l'entendre ; cette fortune qui t'endiante , qui te met hors de toi-même , n'est pas encore arrivée, il'peutmëmese faire qu'elle n'arrive point; car lu as beau dire, cela est Irès-pos-' sible; quel inconvénient y aurait-îl pour toi de« te mettre en état de t'en passer ? Àucnn , je p^nse^ tu n'eu sentirais pas fiftoios le p«ia<
SCÈNE V. 95
lors de son arrivée. C'est le parti que j'ai pris : la nou Telle de ma fortune ne m'a point aveuglée; je n'ai point changé mon premier genre de vie ; si nos espérances se trouvaient trompées , je ne serais point sans ressource , et mon économie me tirera toujours d'aifaîre. Je ne peux te dissimuler , ma dhère sœur, qu'il en est bien autrement à ton égard. Dieu veuille que lu n'aies jamais lieu de -t'en re- pentir.
VIGTOA19E5 bâillaiit.
Ah! finis donc, tu me fais bâiller, tu as le talent de voir d'une manière sombre et triste les objets les plus rians,
JVLIB.
Maïs enfin que t'auraît-fl coûté d'attendre l'arrivée de ce vaisseau , avant que de t'en- gager ainsi dan3 toutes sortes de dépenses.
YICTORIWE, avec vivacité.
L'impatience de jouir on ne peut être
heureux assez tôt, ni assez Iong>tems.
SCÈNE V.
Ï\JLIE, YICTORINE, FANCHO$.
FATVCHON» k Jillîe.
Il j a. une. femme là-'bas qui porte une
oG LE LEGS.
boîte sous sop brasf faut-il la faire entrer ^ Mademoiselle ?
Ouï, Fanchon. {j4 Victorine, ) C'est pro- bablement à toi qu'on en veut.
SCÈNE VI.
JULIE , VICTORINE , M™" FONTANGE ,
portant un carton sous leJbras.
M™® PONTANGE, fcsant une profonde révérence,
YoTEE servante , Mesdemoiselles ; laquelle de vous deux, s'il vous plaît, est maden)oi-« selle Victorine Valmont ?
▼ iGTOEiiïEy sans se lever , d^un air négligent.
Je sais ce que c'est : vous êtes la veuye Fontange, sans doute; apportez-vous mes dentelles.^
M°** FONT ANGE.
Oui, Mademoiselle. {EUe ouvre le carton, et en tire les dentelles.) \o\is pouvez vous vanter d'avoir là ce qu'il y a de plus dîstin-» gué. J'en portai l'autre jour de pareilles à la veuve d'un caissier , parce qu'une femme de condition les avait trouvées trop' chères; aussi me furent-elles payées cent francs.
J irx lE , cx^naht les dentelles. ,
Voilà qui est vraiment magnifique.
SCÈNE VI. 97
TICT0EI9B.
Cela suffit : madame Fontange tous pou^ Tes les laisser 9 le prix est arrêté à quatre louis. ( ,
M"*' FONTAirCB.
f
'
Hélas ! ma obère Demoiselle ^ c'est marché dooné^ j'y perds, en vérité; mais, pour oblig^er uoe aimable personne comme tous , qui m'a promis sa pratique , il faut faire des efforts ; et puis j'espère que tous me dédom- magerez une autre fois.
TICTORINE.
Oui , ouï f allez , ma chère , je tous assure qae tous trou ferez en moi nue de vos meil- leures pratiques.... Vous pouvez laisser vos dentelles, vous dis-je, je les prends.
M"*' FOU TANCE.
J'entends bien , Mademoiselle, mats... de l'argent?
" TICTORINE.
5
Ne soyez pas inquiète, cela vous sera payé dans quelques jours.
M*"* PO If TAN CE.
Dans quelques jours! {Elle renferme ses dentelles. ) Oh I Mademoiselle, je ne peux pas attendre, )e suis une pauvre femme qui vis au jour la journée « voyez-?ous ; et puis qui 08t>ce qui me répondra de ma marchandise ?
F. ProTerbet. l. 9
x)8 LE:LEOS.
Que voilà qui est biao fait !
TiGTORiKEy selevaat.
Mais 9 ma chère madame Fontange, tous n'y penser pas ; je suis bonoe, je crois, pour payer vos dentelles , et le tems que je vous demande n*est pas lotig.
m"** fon tance.
Eh ! maïs, bonne, si vous voulez, je n'entre point là-dedans, moi; toujours est-il que je ne peux vous les laisser à crédit , que vous ne me donniez un bon répondant.
3 0LIB , à saaœuv.
Laisse cela, ma sœur; cette femme va d'impertinences en impertinences, et elle est décidée à remporter ses dentelles^
VIGTORINB, à Julie , vivement.
Mademoiselle, mêlez-vous, s'il vousplatt, de vos affaires. En vérité, madame Fon- tange , cela e^t bien mal à vous ; nous allons loiichcr incessamment un legs de cent inîUe écus qui nous vient d'un oncle qui avait fait une fortune considérable dans les Indes»
m"** fontange, fit>idein(;ot.
11 est vrai qu'il y a un peu dé tems que j'en ai entendu parler, mais cela ne vient guère vile.
SCÈNE Vî. 09
tICTO»iw«5 av€C Tilcwe «t s'apptochant de ma- dame FoataDge.
£h ! si 9 ma banne , cet argent arrive sur i^n ▼aîsseau, nous Taltendons de jcvuren yourv TOUS n« ponret manquer d*êtrd payée.
Oh! Wen, je vous garderai les dentelles : falles-moi avertir dès que le vaisseau sera amvé.
yiCTORiTCE» la caressant à'vah air suppliant.
Ma chère madame Fontange , jo suis toWle si je ne perle pas dimanche ces dentelles ; ^'en ai parlé à qjifelqtijeç amies qui s'aliendent 4 roe les voir» ^X <J»h m.« id«lse*péicroat si jô Deles ai pas... Vous rôvez. . ./ . ^
M"** rOIîTAlIGE.
Oui, je rêvé; mes dénteîlés me reviennent à plus dr. quatre louis; après cel^ , comment fes donner à crédit, et ^ periQ encore ?
V1CT0BINE9 vivement.. . , Eh ! qui est-ee qui vous dit de les donper a perle ?
JDL|£.
Madame Fontan»e , ces denlelIes-lA sont belles , mais franchement vous les porlez au- delà de leur valeur.
jijine V ON T À Tï 6 E 9 d'on air dédsûgqeiix^
Au* A>liV<fe lerfrvaleur! des dentelles comme
100 LE LEGS.
celles-là ? Vous êtes connaisseuse, k ce qu'il me parait. Au-delà de leur fijileur! Est-co qu'on veut volec le monde , est-ce qu'on û*a pas uu honneur à g^arder ?
( Elle fait mine de s'en aller. )
YICTOBINE9 Tarrétant.
Eh! mon Dieu ! laissez-la dire, c'est & moi seule qujs vous avez affaire. ( ji Julie. ) Ma sœur , je vous avais prié de nous laisser trau« quilles.
M"* FOWTàUGE, revenant.
Mais, Mademoiselte, je songe que je ne puis me tirer honnêtement qu'en les laissant à quatre louis et demi... Oui, de cette façon- là , je puis vous les donner à crédit pendant quelques jours.
SCÈNE VII.
JULIE, VICTORINE, M™» FONTANGB,
UN FACTEUR.
LE nCTEDB, donnant une lettre.
A MADEMOISELLE Yaïmont l'aînée; dix-huit sous.
JULIE, prenant la lettre.
De l'Orient : voilà des nouvelles sûrement^ je reconnais l'écriture de notre correspon- dant. ( Au Facteur, en le payant.) Tenez ^ mon ami.
( Le Faeleur s'iea va. }
JULIE, yiGTQMNli M" FOÎ^ANGE.
iMk purcomtkfctte. ViçtpAwIf lui P«*i«T«c
trvacite. )
' • ;!'.•' > . .'1.^ i.:.'. : : /i
•TlCTOtUTB»' ■ '•'•'^'i'-- '.•■•• '
DoNVE » que je la lise , ma sœur. ■ ^^ ''"
Tiens, ya> >e iWais pfé^^W ff^m h ^j, l TiCTOaiKE , après aToir lu qu£li|iitt'tigiiei.^:} àh ! Ciel! todt est pcrdcf. '
(Elle se jette sur un 6inapé , lâ^l«lè<^llèlléé sur ies fflailu,daIU<i^llâtnde de la>doidâirili.plu5'pro«' Me.) '.""" . 'i ' •• . '. ../ ' *
Ebbiétfti*.fa'Wïe»îi;>oyevk1ïel'ém?.... Maudll lanbUr da ^ôfee lu.u jé^n'aureiâ' ja- mab cru qu'elle se fût affectée à ce point^là.
Voilà les cent milleecus à Tau-^eau,.al- ntms-eo.' ... , .
. }i ;. i'v ' ^'i .},". . ■;.■;■.' .. . • '
-i i .
«i9 L'a LË68. '
Ah \ ma chère sœur ! me voila perdue , ruinée^, anéantie )sCKIUM»Qfli/ cela s'edt-ii pu
iair«?^ .Tjsoa nm . vil t.! •.; oip e aiCKO^Î
JULIE.
Rien de plus simple : le v^ssçau a Tait q^p-
Giei !..; t a^nb>]0af>Qdu|>; paceîl;Xioo60ryttr':aQn sang-froid !... Mais tu as raison , tu it{ tilifwàs toujours d'affaire... €Vëf iinoi« malheureuse qu.ç» Wj^Uift îî'>I.if>fi^>^. rooJilW^Jp. affiéS^KV-
Pj^-J:i.' î 0'» » »J *'>uii lui œ t»lb*U|) UVJ C1....1
( Sc5 pleurs r^doableot. )
'I . î 5 LIJEt r ' I- '#
£h bien ! eh bien ! tu ne clcTi^9iCl£$^^9^gI jamars»ge ? a1U|^9 ma chère sœur, tire profit de ce malheur , qu'il te serve h te corriger ; console-toi , tu n'es paa plus à plaindre que moi ; nojus Tivrons ensemble tant que tu vou- dras : notre fortune , toute médiocre qu'elle est y avec de récoiiomie^ suffira pour nous
SCÈNE IX. io3
f/rer d'affaire toutes deux très-bonnêlement ; je ne te demande seulement que de déposer tes grands airs; nous sommes hors d'état de les soutenir. Voilà un petit mémoire de dé- penses qui est le comble de l'extravagance ; le crois que tu n'y songes plus. ( Elle donne U mémoire à Viciorine qui le déchire sans le regarder. ) Du reste , je te dispense de me se- ton(\er; ce serait trop exiger, tu n'y es pas encore accoutumée ;, tu feras, si tu veux, ^xir cela quelques efforts. (Viclorinc ne trouvant point d'exprcîiyions pour re-
UK rcier sa sœur , se jette à sou cou , et l embrasse
les lanaes aux. yeux. )
JULIE.
Que ceci te serve de leçon. Deviens plus Mgcetje suis contente. Souviens-toi bien que c'est avec raison que le proverbe dit : Llwmme propose y Dieu dispose.
flV DU LE es.
N
1
l
LE
BON PÈRE,
PROVERBE DRAMATIQUE ,;
PAR GAR]NI£R.
PERSONNAGES.
M. MONDOR , riche négociant.
M. MONDOR DE FEJIVAL pkac, sous le
nom d'Antoine, M. DE FERVAL filsJ • JULIEN > domesli^e.
% 4, ' *
LE
PROVERBE.
SCÈNJS PREMIÈRE.
M. BE FfilVVAL vkBt, swi^.Icijq^ d'Antpinc,
(H est seul> 9ssU devant une petite table, occupée
plier une lettre. )
QvEL rôle Je joqc !».. Co^ribien il me coûte 1, .. sans compter la fatigue ^coiitînueile de me contraindre y de m'observer A chaque instant devant une troupe de gens 9 qui« parce que je suis nouveau .veou^ont les yeux ouverts sur toutes mes démarches , épient toutes mes actions ^ pèsent toutes mes parole^.... Mon extérieur équivoque 9 les égards et la politesse de mon i'rère , qui n*a jamais su en avoir pour personne , à, plus forte raison pour se;» domestiques. •.«. tout cela les dépayse , et fixe d'autant plus leur attention... Miiis^ que ces peines me para;- Irunl légères; que je me croirai heureux, si elles peuvent me conduire sOrement â mon but! .. Enfans,*cnfans! si vous saviez com- bien vos désordres, vos imprudcnceb mCme»
io8 LEBONPÈRE.
déchirent cruellement Tâme d*an père sen« Bible, pourrie«-vous vbusy livrer aussi légè- rement,sand être des monstres dont l'exis- tence déshonore rhumanité ?... C'est au- jourd'hui que nous allons frapper le grand coup... Je veux que ce soit le sentiment qui ramène mon fils... Ah ! si j'avais pu prèsiaer à son éducation I..» Ce sont les manières ru- des de son oncle qui ont accasionné sa perte ; des leçons aussi grossièrement don- nées Tout étourdi» plutôt que de le faire ré- fléchir... Mais le fonds de son caractère est excellent; c'est là-dessus que je fonde mes es- pérances... (// appelle. ) Julien !... Julien !
JVLIEK, da dedans. Plaît- il ? c^t-ce vous , M. Antoine ?
AUTOIRE*
Oui, c'est moi; allons 9 dépêchez-voos.
JULIEN, sans paraître.
T.out à l'heure, je suis à vous; un peu de patience.
A9T0INI.
Il faut effectivement que je m'en munisse d*une bonne«provi.sîon ; mais, taisons-nous : mon extérieur ne lui fait voir en moi qu'un égal ; le moindre mot pourrait me déceler Voici pourtant mon homme^
SCÈNE IL 109
SCÈTSE II. ANTOINE, JULIEN.
lu LIE 9.
QoEt diable tous tourmente donc st mu- tin, M. Antoine?
ANTOINE.
CommeDt » si matin ! Il est i l'instant neuf heures ; n'êtes-TOtis pas honteux d'être en- core au lit?
IVLIBir.
Ça rous estbien aisé à dire; si tous Toai^ étiez couché, comme moi» au jour, pour at- tendre mon fou de maître, qui n'est pas seulement encore rentré.., (// bâille. ) Peste . de maison ! oh ne peut pas dormir ici son soûL Eh bien ! voyons : qu'est-ce que yous ^le voulez?
▲ RTOINE.
M. Mondor est-il levé ?
j D Li BN , se fronoDt les yeui.
Je^crots bien qu'oui ; mais il est sûrement enfermé dans son cabinet^ comme à son or- dinaire.
ANTOINE.
Portez-lui cette lettre : dites-lui de jeter
l«s. yeux diessus, et que> lorsqu'il sera de-,
t, ProY«rbM. I. t9 ^
iio LE BON PÈRE.
barrasse , je l'entretiendrai sur ce qu'elle contient.
JULIEN.
Êtes-Tôus fou 9 inaître Antoine ? oiais , tenez, me faire lever pour cela : vous riQ pouviez pas fîiire votre commission vous-* inêm^? ^
ANTOINE.
Il ne faut pas vous échauffer : laissez là ceHe kClre , {.'fastruiraî IH. Moiidor de tos relus.
JULIEN» prenant b lettre avec Iwmair.
C'est que c'est vrai ça : vous vous faites mÂeux servir que les maiCrôs^ voyes^yous^ et cela aie déplaît à moi.
SCÈNE III.
M. fttONDOR, ANTOINE, JDLIEN.
M. MONDOB.
BoNjoun, papa Antoine, comment v6us en va ? Mjhs, qu'est-ce ? Vous parliez un peu baut à ce coquin -là ; est-ce quUi vous^auiait manque en quelque chose ?
ANTOINE.
Non pas, Mon.^îeur; mais, comme j'at- tends ici rHrrlvéc de M. de Ferv.'vl, je' le priais de vous porter celte lettre^ et il y était
SCËNE III. lu
peu disposé y parce ,que je n'ai point d'ordres à lui donner : ccperidant^ lorsque j'ai dit que c'était de convention avec vous...
M. ttONDOi.
De conTentioQ ou non , morbleu ! j'en- tends que l'on tous obéisse , comaie à moi- mêoie ; qu'on vous respecte.
ANTOIffE.
Oh ! yotlà qui est trop fort , par exemple , Monsieur : tos bontés tous font oublier en, quelle qualité je suis ici.
. V. moiTdob.
Si fait 9 f& tbil, je m'en souviens à mer- veille^ mais j'«Qlends qu'on vous distingue ^ encore une Ms» 4|u'on vous obéisse; j^ le prétends : je suis le maître, chez moi» mor^ bleu ! je fais ce qu'il me plaît , et personne • n'en doit tii'er de conséquences. ,
AiiTOiVB» bQ9 à M. Honlor.
Taisez-vous donc, et renvoyez ce domes- tique.
ji. MOVDIM9 à énai bas à Anleine.
Laissez 9 n estbofi de lui f^ire sa feçon: ( Haut 4 Juiiên, ) Va-t'en y et souviens-4oi bien de 06 que je t'ai di( ; m tu manques è M. Antoine ^ r\»gt' coups de bûton et ton congé ne te manqueront pas. £atetids-tu bien? . .
*iii LÉ BON PÈRE.
Oui) Monsieur. (4 /'^f»)QueI ^loraniQ^ que ce M. Antoine! il y a quelque chose là qui u'est pas naturek
SCÈNE IV.
M. MONDiOIV, ANTOINE.
Jk VTOIVK,
Vovs êles f en véiilé » bieï\ inccupsidèpé ; t^ ne tient pas à tous' que co domestique ne soit absolument dans ?ôtre secret : il est heu- reusemeut un peo bor^é ;. car |^«q coaiïàîs. ^lille que ?05 brusques imprudences aïKi* raieot n^is depuis loog-tems aa. fait^
If* HOITAOB.
«
Gomment! je soMflV^rais qu^^ çoquii\dei domestique tous maaquût loipunetheat | & Y0U9 y mon frère ? noa, aiorbleu \ '
ARTOllIB»
£h ! moa Dieu , que vous êtes Tif I ]'ahne« rais mieux qu'ils nie înâxKfuassent initie fois^ que de se douter de ma Térittible qoidîlé. liais venons à quelque chose de plus iknpor-* laut; la lettre est prête » je Tal ccrîte moi-t ro&in^9 pour tromper d'autant mieux de Ferval \ i( iie pourra méconu.altre, récriture ^ îl a si souveot rêçM de mes lettres de rAiiii<«
SCÈREIV. ' AiJ
ric|ao. Voict comtnç elte est conçue. : {fl lU,) « Mon cher frère » c*est du lit de la mort que |e voua écrU ; quand vous receyrez la présent^, je oe serai plus ; tous les mal-* heurs de Thumanité soat Tenus fondre en-* aecnble sur Dua tête, Dne forlone considé<« rable ^ que j'apportais avec moi dans ma patrie^ vient d'être ensevelie sous les eaux^ on «l'a s^uvé , . lorsque je périssais avee elle; inais ce n'est que pouc mioiirUr pluâ cruellement. La quantité d'eau que j'ai l»ae^ une plaiç considérable qu'on m'a iaiie en me iiraot du fond de la nixer,, le ctéfaut de soin , la mauvaise nourriture, suite n4ces- ss^tre de mon indigence , et plu^ encore mes in^iîéludes sur le sort de' ma famrl^e, et le Tiolent ohâg;rii>que me causent le dé- rangement et les débauches d'Un Ûh; toul cela, mon cher frère , ne me permet pas. d'espérer encore deux heures de vie. Je les emploie, ces derniers instans, à vous manifester des voIoQtés que votre amitié pour ^lo.i TOUS feront regarder comme ^a-* crées ;- je donne ma malédiction i un iS.ls indigne , qui s'est fait une risée de mes re^ montrances, un jeu de mes peines, et qui a'a pjayé vos • biepfuîts que de la plus QoÂre . ingratitude ; abandonnez -le ^ soa mauvais sort : qu'il y trouve la peine de son dérèglement et de la dépravation de sou cœur. C'est pour ma fiUe seule que
fei4 LE Bon? EUE.
• }*iiiiplofe Tos boméi» od<, polar mieux
• dire , TOtre anoor Iraternel : vQxn fa reti-
• rerex du «ouveot^ vous la reeevrei^ chet
• TOUS 9 TOUS Un dooDcresi dans totre cœur » la place dont i»4>fi malfa^tirenK tris s'eA » réodii si indigne. C'dsl la 4eràière faréut 9 qu'attend 4le tous un frère qui (ait beau- »:coup de fcMids sur Totfe lendtesse^ c'est » l'espénmeeide Toblenir , -cette fatetiT ; <|ai » peut seuile mêler quelques Cempé^amenè & » l'horrettr de ma situation. Je- suis, etc.
« Votre frère, de FfcHT Al. » Oe Phâpilal de Nantes , ce 1 3 seiffeuibre 1 790.1»
M. MOnDOU.
*
GVst bien, inorbleu ! c'est bien ; ^Qêi$^, TOtre place , f aurais , ma foi, pris lin punti pluicourt let moins gênanjt ; qar^ entre ooMit jrou9 jQuez UD fatigant per^oun^ge.
lé irons en reponds... Mats , laissons cela*
M. MONOUR.
Désagréable, assQu^niàiit*.^. Oà dQacuTefr- TOUS éle chercher c^lte idé^rlji ? ^
▲ BTOJIIB. '
C'est uti parti pris et exécuté ; nôd» ftomibcs ^ouTenus que tous ne m'en parle- riez plus.
M. MOffDOIt.
C*est Traî^pdrdoQ : mais je ne sais si^l
SÊtME ir. ii5
"fofre piao«t je n'aonis pa$ Mi enfenn^ moo dfékà Saîot^Laiâre. V
ANT019B.
Vous TollÀ ay^ec Tos.parU^ yiolen^. JMTaU- hfar aux hoitimes qu'oa oe peut ramener que par de pareils moyens ! Oi> oe *leur ap^ prend qu'à inasqaer les fioés > vous Toules des lioQ^,é</es geaSi, et ?ao# ne faitea qiif des hjpoqr^K^.
M. M 09 DP A*
Bofi» voo's êtes le mailre <; mais , au vrai r quel est votre but; quelle an à^eild^t^eu s 'd^ cette lettre?
AlfTOlNE.
)e vous Tai dît cent fois , ramener mon fib parle sentiment, le fhlretrentrer en lui^. même 9 examiner comment il supportera sa mauvaise fortune , de quel œil ri verra le dé- êastre de son père, sa fin malhemreuse, com- ment îl soutiendra l'idée' d'avofr été lui- mêftie l'auteur de tous ses maux , de lui avoir porté le coup de la tnort , comment ii sera affecté de Fexpression d'une indignation aussi lustement méritée ; sonder là-dessus le plus faitiuie de son cœur. Si des secousses aussi terribles ne rémeuvent pas, c'est le dernier des homtnes, un malhenreux, que je re- nonce pour mon fjls; je me sauve au fond de KAmérique atee ma fille et mes richesses ^ TOUS priaat trts-fort de ne le point détrom-
.ti6 LEBOlf^tHE.
|ier, «i de fie noe jamau parler cteliiô.. f #«• 7^ci^ ê$ couvrent tU lojnnês ) que.... pour me faire fta?Qir sa mort..., qui sera pour iors.... la seule îotéresisante , la seule bonne ngu- ▼elle que vous puîaaie^ mVipprendre. (/(
pleure. )
M, MOF&oa, alteacTri.
Ehî^ftaissez! tous m'attendrisseï aussi t moi; fi donc! à dos Ages 5 pleurer comniê des enfaos ! on se moqnèraft de nous. Allez ^ atle9 : ayei benee espéraâee,' tous ne stres jias réduit à aetlei exlréaûté'>4Â<
Je Tespère bien aus^. Mais mon fll^.Tii l'entrer 9 modèrez-TOus uTec lui , je tous en prie : vous lui parlez d*ua toa qui», blefi loin de le ramener, ne fait que l'aigrir ; TOUS l'ave? toujours traité très-dlui:eiaeat » il a'a vu en.Tou^, depuis sou enfance , qa*un Uiaitre inftexible» uu tyran impérieux « chex qui les plu$ petites fautes étaient punies. aveu une rigueur qui ue pouyait augoieoler poup ]|es pjus grandes ; il s'est accoutumé à tous craindre et à tous détester : dcTepu plua grand y î( a secoue cette timidité , et , de jouif eu jour^ il TOUS hait plus, et TOU9 redoutQ moins.,. Franchement, le croîs que cela n'a pas peu contribué ^ le plonger daQS le 4^ oi*dre.
SCÈNE V. ' mi
■• MOVDOB.
Ai»f pdrblcul tous m'entreprenei âotiiel- lemeQty moi! ceci n'est pas mauyàîs... Ilaig , j'ontendj» du bruit ^ je gage que c^esk Totre coquin de fils , îl rentre à une jolie heure.
AHTOIKB. •
Au nom de Dieu, contraignes^TOtts^ tous me Far es promis^
h; liOHDOB* 8ojt% tranquille.
SCÈNE V.
H. HOif DOR , ANTOINE , M. DE FER- VAL FILS, JULIEN.
(11. de Ferrai entre brusquement , il est en désordre , oonuaie un homme qui a passé la Doit au ba) ; Jalica - le soitt pprtapk ua donûnoO
■. BE VEETAL rccuie de surprise en apercevant
son oncle.
Oh ! mon pnclç I ( Ras à Julien. ) Bour^ Xesiu ! poui'quoi ne m'as-tu pas dit que naoa OQcié était ici P ^
svtïiÉV^ hésitant.
Mo^sieuT... c'est que...
M. uonifo^é
P'o.ii vcnezrrous, Monsieur s oH atc<-Â f DUS posté ta nuit ^
Ha ifûi 9 m<m cher oaclei , c'eatuo de mes ^mîa qjuiU^'aiJoDné le souper le plus élégant l noiH aTÎons grande obère f de bon vîq , dç jdies fepp9i«s : oe s^ii^-^je p^s exca^ablé de m^être UD peu oublié ?
k. iioiFèolt, àVfcc colère» Copruttem^ monsieur le lîbertm? {jtn^ toine le tire par son habit, ) Je yqus al déià ayerti que ce tffuiii 4^ vie ne me plaisait point; je mène une vie réglée, et j'«9t€^s que tout le soit chez moi. (Pcndaat tout le tenis que M. Moodor gronde « M. de Ferval est distrait , et |iarle par intervalles à Jnlica ;à Toreille. )
M. DE FER VAL fîls.
Oui^ mon oncle.
V. aiav.DPR» s^édianflFanl par dq^vés.
Oui 9 monsieur mon neveu; oui, )*entends l|ue celasttît; vous ne feres^ parbleu! pas Im loi dans ma maison.
M. 1>E FERVAt fitB«
Ce n^esfpas non plus mnn intention^ moii oncles
' M. MOivnoii. >
Qui ne-le croirait , pourtant 9 à la manière dont vous vous comportez? dans une au- berge, corbleu! clins une auberge 9 on au- rait plus d^égards!... ( Avec emportement. )
Mais m*écoulere2-vous ? ( Antoine le tire *«- cifre ; il reprend ufi ton modéré. ) Il faudra nous séparer, monsieur mon neveu, il faudra nous $i^arer ; >*atjteodâ pour cela dis obu- telles de votre père.
Quand il ?ous plaira , moo oncle.
M. MONDOB, ademirvoix. Trop tôt peut-être ppur toi.
M. DE FERTikL, iils.
Dès aujourd'hui , si vous le voulez.
M. MONDOR.
Nous... nous verrons... ( ji part. ) Je suf- foque, sortons. ^
(Il sort.)
SCÈNE VI.
M. DE FERVAL fim, ANTOINE^ JULIEN.
M. 'D E FERVAL fils , avcc buRieur à Julien. Comment ! tu n'as pai$ encore serré ce do- mino ? voilà la troisième fois que je te le dis*
JULIEN.
Eh! Monsieur, est-ee que je pouvais en^* tendre? moosieui' votre oncle lait uu tel va- carme...
M. DE FERYAt flk
(Jatienewt.)
tM LE BON PÈRE.
SCÈNE VII.
M. PE FERYAL fib, ANTOINE.
■• PB VEBTAL fib, sejetaotet s^étendaatsiiriiii
canapé.
Atoubk donc, moo pauyre Antoine , que |e suis à plaindre d'avoir affaire à Un homme aussi brusque que c^t oncle.
AIVTOINE» , ^
MaiS) Monsîenr> à mon avis, il ne vous dit rien que de j.(îsle^ VoUs devez sentir vous^ même^k»
M. t>te FEIVAL fils.
Non 9 en vérité, je ne sens rien ; quand il me parle 9 il m'étourdit ^ et puis c'est tout.
ANTOINE.
II est vrai qu'il a le ton un peu haut.
M. DB FER VAL fiU.
Que dis4u ? haut! il Ta brutal) insoute- nable.
ANTOINE.
C'est un oncle qui vous aime; il est au. désespuir de voir que vous vous perdez.
U. DE FEEVAL fils, riast.
Je mé perds ! Tu parles comme lui > yeQX- tu fû(re sa parodie 7.
"N
^CÈNfi VII. lar
AVTOiviRf tivemeiit.
Oui, TOUS TOUS perciez; car enfin la.TÎe que TOUS menex n'est-elle pas condamnable ?
If. DB IrSATAI. fils.
Hais c^est la yîe de tous les jeunes gens d'aujourd'hui.
A 9 T 0 1 s B 9 . plus virement.
Dites de tous les libertins , de cette es« pèce d*honimes la plus méprisable de toutes. Si TOUS Touliez jeter un coup d'œil sur Tous- même 9 TOUS en sentiriez la honte.».
n. DE FEaTAL fils.
Sais-tu bien que tu es le seul qui' puisse me dire de ces choses-lA. (// s'assied si^r fe canapé. ) Tiens , je \eux bien t'ouvrir mou cœur : la rie que je nlène ne lais;9e pas de m^être à charge ; ce n'est pas d'aujourd'hui que je sens combien une Tîé douce et tran- quille lui est préfcroble; mais que veux-tu? mon cher, il iaul suivre le lorient : irai-je , à mon Age , afficher la sagesse et le ridicule ? car ils vont de pair. D'ailleurs, riche comme je le suis et avec les plus grandes espérances, ne me trou vé* je pas dans la nécessité de. me faire honneur de mon bien?
ANTOlIfE.
Ab! Monsieur! qu'il tous est possible de Tous faire honneur de Vos richesses d'une
F. Proverbes, t. 11
fi9 LEBOKPÈKE.
autre manière! Et àa îonàf tous penseï--* yrén» bîeh honoré en tous ruinant pobrxin tas de îeuoes débao^bcs qui se iDo^uent d^ vous 9 et vous grugent impîtovablement sans tous en avoir la moindre obligation ?
H. DE PEKTAt fifap ""
Je m^cmboirrasse fieu de leur reconnais- sance. Crois-lu que ce soit pour euxqti« )« i|o*èpuise en dépenses ? Mon , mon cher^ dést ôbnse-toi; c'est pour moi seul que j*agis ainsi; j'en tire seul le véritable profit. II4 sont très-contens de soutenir à mes frais une noblesse indrgentc; et moi» fils d*un simple néfgociant, très-s^itisfait à ce prix de mftr* ehcr lebr égal , j'ai le botibeur de jonîr en leur compagnie d'une considération qa*on n'accorde qu'au sang le plus ilhislre... Ah t mon cber Antoine 9 un honneur aussi prè^ cîeux peut-il se pajer? non, toute ma lur^ fune»..
■ AH TOI N E 9 rinterroi^iit aprec grande vivacité.
Bon Dieu f quelle folie ! quelles chimères^ comment pouvez - vous pousser Textravar» gaace?...
M. DE VER VAL flIs , aVCC fi(*rté.
M. Antoine! M^ Antoine» doucement |S*it vous plaît; vous abusez un peu de mes égards pouf voos.
lGtir£ vu. 1»!
A||tOI]l|S.
• » * " *
Non, fllanaieur; c'e«t par affection ^ae f« TOUS $çr9, |e n<î souffrirai jaDi^s.^ue tou« couriei ainsi à votre perte.
V. PB FEftTAIi fib.
Hais ^ M. Antomc*.
▲irvoiirBf tc^-YtvemcKt.
Totis -poinre» me renvoyefr, Monsîétirj fljcrpar an trait èe recoonaîssance sî drgne ie TOUS le zèle qui m'anime; mais yoas^ ne pourret jamais me faire trahir mon devoir, approuver iâchemeot vos extravagances , ni tticenser vo9 défauts.
H. DB FEktAt Bis.
Antoine, |e respecte votre fige, je par- ^onne à votre zèle > mais...
MoïKB^ d'an ton pénÂré, et s^appiodiant Ac-i tueàseroeat de M. de Ferval.
Mon cher maître , tcntrèz en, vous-même; ▼OQS avez uoe âme honnête et f«iI0 p<wf. le bien : est- il possible que l'orgueil vous are^gle assez pour vous empêcher de voir toute Indignité et la l>assesse.... oui, la bassesse Ju personnage que vous jouez ? avec deres-- prit et du bon sens , il vous rend la dupe d'ane troupe de jeunes insensés. Pensez à un père qui vous aime , qui vous idolâtre ; son- gez quel »erait 90» chagrin z*il apprenait
«!i( LE BON PERE.
que vous menez une vie aussi méprisable. Ah ! je le çoanaîs , il en mourraiu
M. DE NERVAL fils , vivement.
Ah I mon cher Antoine l tu connais mon père, où l'as- tu vu P Y a-t-ll iong-tems? rense-<t-il à... sa famille?
AVTOiiTEf ficoidcuieiit. .
. Je l'ai vu à la Guadeloupe » où )'ai de- meuré plus de i^uinzeans : il n'est occupa que de vous.
SCÈNE VIII.
M- DE F£RVAL viw, ANTOINE, JUUEN.
JULIEN.
«
MoNSiEVR Mondor» Monsieur, vous de-^ mande; il a quelque chdse de pressé à vou» dire ?
AUTOIIIÇ.
Est-ce à moi?
IBLIBK.
A vous ? parbleu ! non ; on H dit à Mon^ sieur ?
M. BS FERVAI. fUs.
Sais- tu ce qu'il me veut ?
JDllEIf.
' I^on , ftlonsieuiv
se ÈNE iX. ■ n5
ir. DE PBRTAt (ils.
Quel hotxiQie l il ya eDcor« m'assommef de DOUYcaux reproches; j*ai eiivie de o'j poiat aller. ( A Julien. } Diâ-lui'que |e suis sorti.
A9T011CE.
■m -^ , • , • •*«
Ne TOUS dtfhet pas de cèki, ce -sont peut- être des oouyelles importantes... de votre père;... que sais-je, moi? ' :
M. D B FEBVAI. fils/
Vous avez raîsooi allons. (// s^rt ae^ JulUn. )
' SCÈNE IX. ' ;
A. N T O I N £. I) se promène à grands pas et «f im
air peasi{.
" .' ' .*
( n dit oeei par intervalles et trés-Ienteuent. y
YoiiA le coup parti... Je vais voir un homme bienjconsternèv.. N'y.a-l'j4 pas de la barbarie à le déchirer ^ussi impitoyable- ment... car enfin je suis sûr dé rcj^iellefice de son C€Bu«r....>de sa leudrç^ise pour n^oi.... Mon.... il ne fâ[ut rien inoins. que des coup^ aussî violens ppur le ti-rer. dt; json dérégl^e*- men|:..». il y est accoutume».-- Son ppti^ amoar*pfopre en est la^t, sutiâfalt!... L'état cruel où il saura que sa^waauvaise conduite a
^9^ LEBOnP£A£.
réduit un pèr^ qui Ti^itQe ii tendreroent peut seul lui ouvrir les yeuj..^ J*ei)t<;nd& du bruit ; le yotci sûrement. ( // va iasseoir o'mt air rêteur. )
SCÈNE X.
H. DB FÇ&TAI. nu « AHTOISK, ^LUUL
M. DB FERTAt fils entre d^uQ air «ombre; il pa^ mit plongé dans le chagrin le plus ftoïoadl
PftipARE nos cbèTauz, Julien^ dans ua quart dlieare )e déeenape.
AVTOIHE ' '
Peut-on TOUS demaodîer où tous allés y Monsieur ?
(Julicii4Si^)
SCÈNE XI.
M. DE FBRVÂI. ribs, ANTOINf.
H* 9B MftTAt iib-îetlettneoiipd'ixfil pour ¥4r -m JtfKcacfl pwti ; ii embraMe «uMite teadmnjét âalohie. . . ' (
Afl-Y mon cher Antoffielmon 1>ttil-, titwn mik}ue ami, fe perés le fnéf iieor ée -letl» w . pères... Que dîH^^ maVietireux! e^^fii^î 1|ui lui ai porté le poignard dans le sen^t ifi M reirrcrsc fur an lauteuil ^ans Tallfifii^ dVni
SCÈN€ XI. • laf
Acinettex-Tous» RfoBMeiir; pour rom coïk- soler, allons 9. racootez-moi la cause de tos chagrins.
V* i^S VEATAL fils lai semoil la mam.
Que je te les raconte ! j'expirerais arant que d'avoir fini ce triste rédt. Ah ( mon pau- vre père I monstre que je suis f ... Adieu, mon «her Antoine, adieu, homme digne et vrai- ment-respectable; souyene«-TOus quelque- fois d'un ami qui fut plus imprudent que cri- minel.
iklTTOINE.
Hais ]e ne tous quitté pas, où touIcz- tooii aller ? quel est TOtre dessein ?
9. DÉ fzivJLL.
'NiMi> AolAîna., tous ne me auirrec point. Abandonnez à son mauTais sort un malheu- reux qui l!est du ciel et de la terre , qui a mérité la malédiction de son père, qui lui a •porté le coup de fa mort. ;. Ah 1 quel pays , quel désert pourra cacher mes remords it mon igmwninfîe ! (^ Antoine tj ai wut parkr. ) €eMez de me presser-; tous les mallieiirs sont à roaaulte; ma fortune s'est éT»ftOuie , à ^n^ WBm neslc-t^ii le plus étroH nècessaii^'.
AIVTOinE.
Bi bien t B^sîear ^ l'ai un petit Inen f^i
1a8 LBBONPfeRE.
honnête^ suffisant poUrmiuâ faire, vitre Tua et l'autre très 4 l'aise » ndus le partageroiis.
M. DE FJERYàL fils.
Que ce traîl-la est admirable ! mais il ne me surprend point. {Affiictueusèment,) Oui, mon. digne ami, j'accepte yos offres; que deviendrai$-)e ^ans vous? J'ai perdu le moilr leur des pères, Vous m'ea tiendrez lieu; vous le remplacerez auprès de moi ; qi|[i| mç. sera dpux de vous donner ce titre ! ;
AITTOINE.
Monsieur « vous oubliez ce que je suis.
H. DE FE9V&1 fils. . „
■ * * * p , . .
Je me souviens de votre vertu.I^pQ, ,^ mon malheureux père vivait, il ne pense- rait, il n'ag^iraît pas autrement; je ne sen- tirais pas pour lui plus d'attachemeut y «le'vé- oération. ' A
AicTOiiTE^ se jetant au cou de M. de Ferval.^
•
Mon fils , mon cher fils , embrassez-mot. Vos /senti mens répondent à mes espérances 4 J4S m'aperçois que la séduction des :mau«< vaises compagnies, l'élourderie de votre âge et peut-être la dureté de votre \oncle, ont été les seules causes d'on dérangement qui vous est sûrement actuellement en horreur.* Ne pleurez plus un père qui vît encore « el qui ne vit que pour vous aimer.
SCÈNE XI. 1^9
M* ^ft FBBYAL fib yte jetant Mil picds de fon
pérc.
Ah! TOUS êtes raoD père!... Comment ai* le pu TOUS méconnaître ! MaU clans quel état.. . Ah ! mon père L*.
M. DE FBETA£ père.
Pardonnei-iQoi celte supercherie, thon. fils; il m'importait trop de sonder votre cœur; si lë dérèglement de votre conduite Teût gâté, ah ! mon fils, quel chagrin pour moi! je n'y aurais pas survécju. Vous pardon- nerez aussi à votre oncle d'avoir donné les mains à mon projet. La lettre, le naufrage y le congjé» tout cela était concerté entre nous. Tout a réussi heureusement au gré de nos désirs. Entrons auprès de votre oncle ,' vous y trouverez une sœur digne de vous : je cou- lerai dans les êmbrassemens d'enfans aussi •bien nés des jours que pourraient envier les plus heureux mortels. Votre oncle sentira combien la manière dure et impérieuse aveo laquelle il vous a toujours traité est dange- reuse; elle est capable de vicier les plus heu- reux caractères ; il reconnaîtra la vérité du proverbe qui dit que Plu$ fait douceur quê mlencê.
Fin PU »0N PBEK*
LES
HABITS DE NOCES,
PROVERBE DRAMATIQUE,
x.
PAR GaIîNIER,
\
\
i^.W
'* i »
PERSONNAGES.
M"*» VILLEDIEU.
M. D'ARNEUIL^ frère de madame Tille*
dieu. M>^' ÉMILÎB , ( filles de madame Tille-* M"« THÉaèSEJ dieu; Emilie est l'alaée. MANETTE, ourrière.
La scéae est doDs une \\ï\e ùe provkice, chez
VilleiUeu.
y^
LES
HABITS DE NOCES,
PROVERBE.
Le tliéâtre représente uo salon de la naîsondc oMidaBic VtUedieu ^ Thérèse et Manette sont assises Tune à côté de Taulre , et travaillent ensemble à garnir une robe. Madeoioiseile Thérèse est triste et rêveuse*
SCÈNE PREMIÈRE,
M"* THÉRÈSE, MANETTE.
Il A If E T T B citante en Invaillant.
f
JETAIS égalé mon fuseau ,
Je le cherchais sur la yerte fougère , etc.
( Lorsqu'elle a achevé le couplet, elle regarde un instant, sans rien dire « mademoiselle Thérèse «jui parait toujours .rêveuse. )
E3t-ce là tout ce que vous avez 4)1 nous dire aujourd'hui , inadenioiselle Thérèse ?
M^le THERESE.
Laissezrmoi tranquille.
MATÏETTE.
À qui diantre eu vouleï-vous doDC?La joU«
F. Aroverbcs. I, l'A
i34 L^S HABITS DE I70CES.
figure que vous faîtes i pour un jour de DOées^ ou autiu)t vaut.
u^'* îâ é B t s E laisse tomber quelques farmeiw
Ah! Ciel! ^
MAIfETTE.
. . v*» • • ■ • -
Est-ce que le mariage de roademoîselle votre ëœur tous fait de la peine ? Mais , après tout^ elle est l'aînée , il e»t jcfste qu'elle passe la première.
M^^'' THERESE^ sanglotant.
Ah! qu'elle se marie, mille fois... mais... que je suis malheureuse U
MàVETTB.
Je sais oue madame TOtre mère n'a pas de 4rop bonnes façons pour vous ; mais voici qui va bien changer les choses.
M^**" TIliBÈSE.
Tu la crois. 5 .
Gomment ! s\ je le crois ? maïs rien n*est plus sûr: c*cst mademoiselle votre sceur qui vou« enlève toute son affection ; eh bien ! la voilà qui vu décamper^
M^^*" THÉEESe.
Peut-être...
MANETTE.
Pardi ! il faudra bien qu'elle suive son futur qui a un fort bon eniploi a Paris. Alluos
SCfeUEI. l3S
donc p de la gail^. Madame votre mère était quasi do t>oone humeur ce matio, et tous 100» aTÎses. d'être triste?
Bo bonne humeur , dis-tu?
MANETTE.
Sûrement t elle était de bonne l^nmeùr , jamais je ne j*ai vue si charmante; elle tous a presque dit des douceurs. Quel est ce m)m qu'elle tous doune aTec tant de complaisance; ma... ma pré.^. prédestinée» oui» ma prédes^ tioée ? Qu'est-ce que cela signifie donc ?
uf^ TflsailSB) se laissaca allc^ sur le KÎB de Ma- nette.
Ah ! ma chère Manette , que ma situation est cruelle I
MAKETTBy effirajée.
EhbieifJ*.. mais... finissez donc*.. Dame, [e ne savais pas que ce mot-là dût tous faire tant de peine j je l'ai dit innocemment, moi.
Je lui abandonne folontîers ma fortune... mais... exiger encore qne je lui sacrifie le bonheur de mes jours... Ah ! Ciel !
( Ëlk fond eo iann^.)
M Air ET TE, attendrît. ^
Ëb! bon Dieu ! ma chère Demoiselle 9 que Totre état me touche ! je ne sais pas poMieiwt
t36 LES HABITS DE NOCES.
»
ce qui peut... Cootraîgnes-TQt») voici nui^î demoiselle votre sœur.
(UjMkmoûclle Thérèse se relève pronpteine&t, et ie*<'
prend son ouvrage»)
SCÈNE II.
!!>■' ÉMILIB» M"' THÉaÈSE, MANETTE.
fo}^' «MILiE.
Mes affaires avancent-elles > mademoiseih Manette?
MAHETTB.
Autant que fe le puis 9 Mademoiselle; comme ces jeunes mariées sont Impatientes!
m"*' émjlib.
Oh ! je vous assure que vous vous trompes fort; j,e voudrais seulement être débarrassée de tout cet étalage- là qui m*ennuie à la moxt* ( En regardant sa sœur, ) Mon Dieu f que la condition des personnes tranqoiltesy et oui «ont destinées à vivre loin du fracas du monae^ est donc heureuse f
MAITETTB.
Mais 9 Mademoiselle 9 c'est un bonheur qu*tt ne tient qu'à vous de vous procurer.
M^^" é M 1 tl B 9 avec homeur et yiv9cité.
Vous vous rimagînez; est-ce que vont }(norex qif*i| ne faut pas toujcHirs suivre ton
SCÈrfE IL i3j
goût ^ ses incFinatroiTs ^ que noua a-Yons des parens qui sont faite pour nous dîrig^er; qti^ils connaissent mieux qtje nous ce qui nous cou- vienly parce qi^'ils ont âe rexpériencé^ poi'ca que le Ciel ks éclmreparliciJiHèrement? Vous' oe voyez pas cela, vous : cependant cula s<mte' - aux yeux de tout le monde ; mais^ il ; <a des gens (|ui ont lai visière si eourtef
KATTETTE.
Oh ! MadcOioiaelle y ne vous fâches pas ^ je vous en prie.
M^'*' EMILIE.
Tenez, madeniôiseHe Manette , c'est que vous feriez mieux souvent de vous mêler de votre ouvrage que de tant raisonner^
VAIf ETTB.
PacdL! Mademoiselle, si vouâ.m'eif>pêchfez
de parier.... ehl j'*a4iTiei;ais aulunt être
morte; dès lors que votre ouvrage va toujours son train..,.
Finissons. Oh ! çft^ veus savez que c^est 4imanche>nies fuinçailleâ \ il me iaut.tna robe pour ce jour-là.
Yaus Taures 9 Made^moiselle^
EK b?cû I Thérèse ^ tu ne dis mot ; qii^as-ta
donc^
la.
i3d LES IIABIT&BE 2V0CES;
Rien.
11^^* B MI LIE.
Qoe )o t'apprenne une bonne nourêfte; ma ifîèrç est allée tout disposer pour te faire 4Mitrer demain au couvent. Il faut ayouer que ijte^X uiie.bien bonne mère; fli tu savais areo quelle ardeu!r elle se porte à te procurer un état tranquille j heureux» si convenable à tes inclinations l
M^** TBKEBSE.
J'en SUIS persuadée.
lirA5ETTE«
Comment , Mademoiselle <, tous allez être religieuse ? |a nâ'en suis presque doutée.
n*^'' ÉMIKIB, à Thérèse.
Tu doiîs être bien reconnaissante ; elle n'é- pargne pour cela ni peines ni démarches.
m}^' thbr&se;
Aussi la suts^Je autant que }e le dois.
m"* émiKiE^
Que ton sort est digne d'envie! Est-îl rîert de plus heureux qu'une religieuse ? uniqne-* ment occupée de son saijit» le tracas étour- dissant d'un ménage , ie^ cc^rté^é souvent désagréable, et toujours^ embarrassant, d'nn mari et d'une troupe d'enfans, ne la distraient point de cette grande affaire. Ah l combien de
SCËNEIII'. i39
fois j^ii demandé nu Ciel une rocatîoo de Cette espèce P mais H ne m'a jamais exaucée.
Ma sœur 9 je tous en,pri«.| épargoexi-moî f08 éternelles comparaisoas de votre sort tYec le mien 9 j'en seos parfaitement la djffé- reaee.
»"• EMILIE.
Comme tous répondez ^ Mademoiselle! Biais je dois peu en dti-e surprise^ vous n'avez jamats recoimu autrement tout ee qu'on a p\l faire pour vous , et si , après tant de bontés, une mère «e plaint. . •
m"« TfliaksE.
Tenez, ma 9œar, laissez-moi tranquille, ou je Tais quitter la place.
M^'* ÉM1E.IE.
Non , c'est moi qui tous laisse. QucTte hvtr jntVLv ! peut-on j tenir! cela est tout fait pour
lecloilre. ^^ /
(Elle sort.)
V
SCÈNE ra.
M"* THÉRÈSU, MAKETTE.
MAN-CTTE.
Toiu donc OÙ aboutissaient les caresses
i4o LES HABITS DE IfOCES.
de madame roire mère ; je Q*ea suis pTus^ surprise.
II"* TRBBBSE.
To U vois» aïoQ eufiint.
UANETTE*
Ma», sêrîeu sèment, vous êtes décidée^' tous faire religieuse ?
m"* thbbbse*
»
Que veuxrlu que je te diseS^ f« ne sais que résoudre , que délerrolner ; je n*ai que des malheurs à choisir ; si je reste ici , je sui» sûre de prendre le pire.
MANETTE»
Pourquoi avez^yçAis proposé de itous meltro^ dans uo couvent?
M^^^ THBBBSE..
Moi! jamais. C*cst une idée qui est venue tout nouvellement à ma mère ; elb né cessai.^ de m^entretenir de la vie religieuse , de iu*ei^ vanter les douceurs. Je suis timide, tu le sais; je ne disais iïiot. Ce silence a été pris pour un aveu ; tout de suite on a imaginé que {*avais la irocation la mieux cUructérisce , et voilà comme mon sort a été déci({é d/cpuis deux jours. ...
llA!ffE.TrE.
Eh t mort de ma vie ! vou5 n^uvez. pas^ de oourage. Jo leur aurais bienfait entendre i,
SCt^E Iir. . t4t
moi f que fnes idées ne s'accordcot point du tout avec le» leurs.
m"° THBBBSe.
Peux-tu parler ^^îrisî » toî qni connais ma mère «i pamitement? quofque dévête*, tu sais combien sa colère est terrible, et combien je la redoute. Mon parti ordinaire, c*est 4e me taire et de pleurer.
Vous voilà bien avancée ; mais monsieur votre oncle , par exemple , qui est si honnête homme , qui vous ai^e tant , que ne lui ex* posez- vous fotre situation ! il y apporterait du remède ^ lui*
Hélas ! il me prend quelquefois eavie d'aller me jeler à ses pieds ; mais l'incertitude de cette démarche 9 la fureur oili elle mettrait ma mère, et puis une certaine honte secrète , m'épouvantent et me retieUnçnt»^. Ah! quo je SUIS tourmentée t
MAIIETTE.
]« TOUS plains eu vérité très-sincèrement, ma obère Demoiselle ; croyez-moi , faites un effort ; il y va du bonheur de votre vie; il ne vous reste qu*un oncle dont vous connaissez raflection ^ ayez recours à lui ; car pour une mère^ vous n'eu avez plus, la vôtre...
l4a LES HABITA DE NOC£S;
Tais-toi 9 fçntends quelqu'un. MANBTtB chante.
Maudit amour , raisoa sévère « A qui des deux dois-je céder , etc»'
SCÈ1\E IV.
M»» VILLEDIEU M"« THÉRÈSE,
MANETTE.
M™" TitliKDlEU entre d'un air oomposé , s^anrêtff au instant peadaut que Bfanette clunte» et enfin Tinterrompt.
Mademoiselle Manette , je vous arais prié# de TOUS ressouvenir que vous êtes ici dans uîie maisonr pieuse , où vos chansons profaaea ne contiennent point du tout,
MANETTE.
Je TOUS prie de m'excuser « Madame; mal9^ )*ai coutume de chanter en travaillant, cela me délasse; d'ailleurs , ce que je cbdàte e^t fort décent.
M** TILLBDIEV.
Oui 9 pour les gens du monde qui n'y rc« (;nr(lent pas de bten près ; mais ici i Blaâe-; inoiselle , nous aTons des personnes particii- licremcnt consacrées a Dieu » qui pourraient s*cQ formaliser. Si tous ne pouvez tous eui-
SCÈNE IV. î4S
pocher de chahter , que ne chanlez-Yons deà cantiques 9 par' exemple , des Noels ! tous auriez l'araiitage de nous édiOér en tous
amusant.
MAITBTTB.
Cela Suffit 9 Madame.
M"" TiL&BiftiEU» àTbmie,il*i»itondoaxel
Insinuaat.
£b bien I ma chère fille > ma prédestinée ^ tes peines vont finir ; car l*ardeur de ton zèle te cause de saintes impatiences. Va , console- toi; demain tu entreras dans ce séjour 91 désiré. Âh ! que tu es heureuse l combien de fois ai-je gémi bien sincèrement de ne pou voir suivre ton exemple!... Tu pleures , ma chère enfant, ah! je vois d'ici tes combats 9 le dé- mon fait maintenaiît tes derniers efforts pour te détourner de ton saint projet : je parie qu'il Ta jusqu'à te faire trouver haïssa][)le Tétat que tu vas embrasser.. . Il faut t'armer de courage, rejeter loin de toi toutes les idées de dégoOt qu'il pourrait te suggérer... Va, je connais mieuxque personne la sincérité de ta vocation; je suis sûre que rien ne t'empêchera de per- sévérer.
>i^^* TBÉ a ES E, timidement.
Mais... ma chère mère... si vous différles de quelques jours.
M"" VI It EDI EU.
N'avaîs-je pas raison? Non, pion enfant;
i44 LES HABITS DE ^OCES.
à Diea ne plaise que je m*op^ose , par des dt^luiÂ-€i-imincis9 à la volonté au Ciel ! Tout , cela, ma chère 9 est autant de ruses de l'esprit maiia qui, heureusoment, n'échappent point à nia pénétration ; |e voudrais, pour mieux le narguer cet ennemi du génie humain , |e voudrais qu'il te fftjt possible d'tenlrer dè«*cc st>ir dans ton couvent , je t*y conduirais mot- mt^me à J'instant; mais des obstacles que je n*ai pu surmonter 8*7 opposent.
M^*' TBÉRfesE^ pleurant.
Ah! ma chère mère 9 qu'il me coûtera*. • de... TOUS quitter! Si vous me donniez le tems de voir mes parens... mon oncle.
UT VILLEDIE€.
' £h quoi I oùhliez-Tons que les saints n*ont poirit de parens ? Ne devez-vous pas faire à bleu le sacriâce entier? Aucune espèce de liens ne doit plus vous attacher au monde. Tenez, prenez exemple sur moi; vous saves combien je vous aime, eh bien ! nç me suis- je pas décidée tout d'un coup à me séparer de vous, et cela sans peine... Pourquoi ? parce que c*est pour le Ciel que se fait cette sépa- ration ; je lui ai sacrifié sand murmure toute ma répugnance, au point qu'il ne me reste ])lus que de la joie , du contentement ; je ne songe plus qu'an bonheur d'avoir donné la vie 'h une prédestinée , une saipte.... Cela ne ri oit- il pas bien me consoler d'une fiUe que f^
. , SCÈNE IV. i45
jjerds, et doni^ après tout^ la mart peutiné réparer à chaque instaot ?
m""" thébesb;
Votre c6uràge est breo admirable, mrf cbèré mère».. Que «e puts-]e Timiter ?
M™* v4llledieu j sévèrement. Croyez -vous que je sois parvenue à ce {)arfait détachement sans efforts ? Vous vous trottipcit $ Mademoiselle... £h bien ! je v6u.4 ordonne d'enlrcr demain au couvent; je voud l'ordonne ; cnlcadez-vous? Si vous n'êtes pad assez forte pour suivre de vous-même volré vocation, faités-lé pâi* obéissance ; joignez-y te devoir, vous en connaissez la force. Il est étrange qu'on soit obligé de vous faire vio- lence pour voiis rendre heureuse. ( A Manette qui piie les épaules-,) Qu'ayez-vous, rîiade- moiselie Manette î
M AU Etre. Rien , Madame : c'est que l'admire l'excès de votre a/Tection pour Mademoiselle.
il est vrai que je n'épargne rien pour sorî bonheur.
MANETTE.
Et cela est singulier , Madame, personne ne s'en douterait; vous vous y preniîz de manière que si.^ n'étais prévenue, j'imagi-» flcraU )oirt le oojnîraii'e. r
k\ Proverbes, i. |3
I46 LES HABITS DE 970CES.
M^. TILLE DIEU.
€'est que c'est essentiellement que je tHche de la rendre heureuse; non pas comme le font )es gens dumon^e, qui mettent toute leur félicité dans liçs biens d'ici^bas ; oeux que je m'efforce, presque nialgré elle^ de lui pro- curer, sont les seuls biens réels, les biens de réternité. ' , - t • •
SCÈNE V.
M. DARNKtJTL, M"»'' VILLEDIEU, M''- THÉRÈSE, IVANEXTE.
M. DARNEUIt.
BoTTJODR, ni^ sœur; eh bien! à quand U mariagiè ?
M™* VI LIE DIEU.
Mais ce sera , s'il pla^t à Dieu 5 pour la se-^ matne procf^aîoç.
M. 9ARJÇE1IIX.
Oh ! çà , mais j'ai ouï dire que tous snÎTÎez ma nièce, que TOUS allez demeurer ayec elle.
M"^ TILLEDIEV.
Oui , mon frère » l'embarras d'une maison me fatigue, je yeux faire désormais mon ^alut un paix et tranquillité.
1^. DilAirEIflC.
C'est bien 9 ma s(BQlr;'^Q ce cas, tons ne
SCÈITE.V. ïiy
poarrez me refuser U grâoe <iu^ je rais voas demander.
Et quelle est-elle ?
C*est die me laisser Thérèse ; je suî$ seol ,* obligé d*être souvent absent ; j'ai nfTâirc ù des coquins de domestiques qui me volent ; d'ailleurs, je suis trop vieux pour songer à me marier ; ma nièce e«t ëouoe 9 sage , éco- nome f elle me tiendra compagnie.
M"" VILLEDIEU.
Mon cher frère 9 vos intentions sont très* louables , je vous en remercie] |}our ma filfe ; mais le Ciel en a décidé autrefoetrt. Elle prend «III parti, qui s*oppose à vos vues.
M. DARNEUII,.
Comment! est-ce que vous là mariez aussi? La paurre enfant 9 cela me fait plaisir. Vous avez choisi sûrement un honnête homme.
M"*^ VI ILE DIEU.
Non 9 mon frère, non : Dieu lui a fuit plus de grâce , il l'appelle à la vie religieuse : je la uieis dentxain au couvent.
ai. DAKHEVlIi,
Bon f sérieusement ?
ï48 LES HABITS DE ROCES.^
Trèsrsérieusement, mon frère; ce n'est poiut du tout ici matière à plaisanter,
M. DABNEUIt.
Oh! oh! voici du nouveau. Thérèse ne tn*avait jamais parlé de ce dessein-là, ( A ifliérèse, ) Mais est-pe bien de to^.avis, mon
tnfant? ' . '
(Thérèse pleure,)
, Mî^ VIH.BDJEU.
Assurément; mé croyeirVou5 capable de griier sa vocation?
M. DARlVBTIt.
îïon pas auiremsent ; ma-is il est de certains signes équi Troques, que Ton peut mal inter- préter; vous pouvez vous y laisser, tron^per pomme les autres,
m'°* VIHEDIEU, avec aigreur.
Que voulez-vous dire avec vos signes équi- voques? Quand je vqm3 assure que j*ai re- connu parfaiteinenl en elle la vocation la plus idcçidce, je ne àuis pas une visionnaire,
M. DÂtiIfEIQIL.
3'en suis persuadé; cependant permettez-» moi de rinlerrogeV. {A Thérèse, ) Parle-moi naturellement, mon enfant, te sens-tu véri- tablement appelée à la vie religieuse?
^ Thérèse coalinue de pleurer. ^
Ijtne vitipEDiEV, avec impatîepçç. Vous voyez bien que la liuii Jiié , ou plutôt la crainte qne vous no vous opposiez à sua projet, l'empêche de vous en faire l'aveu,
^ M. DABNEUIL.
Poiût du tout, je ne vois point cela. Thé- rèse, mon enfant, ta mère qi moi n'entendons point te contraindre ; allons, ouvre-moi tot^ cœur, que penses-tu?
VÂifETiE, bas À nwideiiioisellc Thérèse. Allons , courag^e 1
M^'^ TB BRIS SE, d^une voîi tremblante et entre*
coupée de sanglots.
Mais.... }e préférerais..., de passer rpes jours... avec vous.^.
M. DARlTEVIl^t
Je me doutais bieo qu'il y avait quelque phose là^dessous.
Il"' vitlB DIEU, avec emportement. Comment! petite impertinente^ me JQucr de semblables tours , comme si j'étais capablç de gêner votre vocation? Ne m'avez-vous pas fait entendre que vous vous sentiei appelée à la vie religieuse? ne m'avez-vous pas engagée en conséquence à faire quantité de démar- ches... et cela aboutit à me iaire Taffronl le plus sanglant.., à ape mcr^î!... Petite eil'rontée/.
i3.
i5« LES HABITS DE noces;
M. DAKKBUIL.
£h! masœur, doucement.
M*^"^ THÉAESE.
Ah ! je suis perdue ! Mais 9 ma chère mère^ c'est toujours vous qui...
Ta? sez-TOus 9 Hlie ingrate , ne me parles Jamais. Faite comme vous Têtes de corps et d*esprit, le couvent est le seul état qui vous con vienne.
M. DARNE.VfL.
Vous vous oubliez 9 ma sœur; une personne pieuse...
M"** VlLLEDlfiU.
Laîssez-moi» Monsieur ^ ce n'est point ^ vous ù taire ici lu loi ; et cette petile diôlesse» car il n*y a qu*uu cœur corru:i)pn qui puisse avoir de pareils procédé^, qu'elle s'attende à être traitée comme elle le urérite ; je fui voue la haine la mieux cunditioanée.
M. i>abnet;ii.
Quelle dévotion ^ bon Dieu ! ( ^ madame VUledleu.) Lcoutez-moi , je vous prie* un instant. Vous ne voulez dune pas me confier
'1 hcrèsc ?
Vt^ VILLEDIEIT9 scchenirnt.
Non , Monsieur, non : te sont vos niauvaîs conseils qui Tont béduile,,Y05 mauvais prupo»
SCÈNT: V. • i5r
qui Pont gâtée , je ne veux, pas quelle achève de^ perdre : c'est ma fille ^ malheureuinc- ineot, mon devoir m oblige à veiller sur elle , à iu remettre 9 malgré elle, daos lu bonne ?oi« » et je saurai y pourvoir mieux que ¥Ous, Monsieur.
M^^'' TacftksB, à M, Dameuii.
Ab! Ciel ! moii cherorrcle, que 'Tais- jip. de- Tenir?^
M. D A&N £ u 1 L 9 à Tl^érése.
Un moment/ {A madame Villediem, ) Plus qii uQ nyoty ma sœur. Je.suis.riche, vos filles attendent de moi toute leur fortune ; f ai pro- mis d'habiller et de doter votre aînée pour son iDariage, et on ne m'a pas épargné ( en prenant Cétojfe qui est entre les mains de Màr' nelte}^ car voilà qui est magnifique. Laissez- moi Thérèse, ou je l'étiré 11^ es bienfaits, et rotre Emilie o^a pas Un* sôu c^ espérer de moi;
j^mo YiLtÊDlEt, sé radoucissant.
Mais vous^aVez donné votre parole, vous ne pouvez pas, en conscience.
'• • •
r M. DARN£V1L.
£n consoience om non , cela .e^t décidé chez moi. La grâce quQ je vous .dfÇQande e»% légère; si vous me la refusez t vous ne Ii-out Terez pas mauvais que je suive votre exemple.
M*"*-* VILLEDIEU, après avoir un peu rêvé. Eh biQn^î gardez^^Ia, Monsieur ;. gardez-ldi
i5a LtS ÏKVBITS DE NOCES.
)p ne veux pas pour une malheureuse, und réprouvée qui a toujours fait ma croix, mon toiiraietit, faire manquer rétablissement (l'une tille qui ue m*a jamais donné que de la conso- lation. (A Thérèse, avec le dernier emparée-- ment, ) Allez, fille ingrate, je vous abandonne, je vous renonce pour ma fille; allez consom'-t
î^er Tflpuvre <jp votre perdition.
(pUcjort,)
SCÈNE VI.
M. DARNBUIL, M"« THÉRÈSE, îilANETTB.
M^'* TB&BÈ8E, éperdue ^ se jcUe e^itve les bras de
son oncle.
Ab! mpn oqcle!... Je ne sais pu je suis... Rien ne pQurra calmer la colère de m% uièrey
M. DABITEUII.
Laisse faire, mon enfant; le tems Tadeu^ cird; en tout cas, je te tienjrai (icu ie tout, moi. Il y a un jeune homnrie, lîls d*un de mes amjs les plus intimes , qui ni 'a fait parler de quelque chose... on le dît fort joli fj^arçon de toutes manières; ra, ne t'inquiète pus, je mettrai toua mes soins à te rendre heureuse.
fLAVETTE.
Voilà ce qui s^appclle un bon parent , cela ; pieu nous le devait. ( 4 Thérèse. ) £h bicq 1
«CËNEVI. ]53
Mademoiselle* après ce que vient de dire inon^ieur votre opcle, pouvez-vous être en-^ core ainigée ?
m'*« TBÉIIÈSE.
Héla^! paen cher oncle, que je suis péné-p frèede vos bontés! Les expressiorts manquent è ma reconnaissance. Cependant, au milieH de tout cela, je vous avouerai qiie l'indigna- tion de ma mère m'accable,, je n'en puis sypporter le poids... Ah ! j'en mourrai.,.
Mais... tu es folle de t'afTeeler ainsi.. • Tu qs ufi cœur excellent, une ame des plus scn-* sibies; plions donc, que la roison te guide : lu mauvaise humeur de ta mère n*a point de fondement, cela doit te tranquilliser, mettre tj conscience en repos; va, cVst un petit orage qui se dissipera, un jour viendra que ta inère te rendra^uslice. ïl faut espérrr que nous verrons veuir, comme dit le proverbe, f^e beau tems après C orage.
fis DKS BAfllTS QE ITQGISt
le
LE
CAFÉ BORGNE
PROVERBE DRAMATIQUE ,
PAR CARMONTELLE.
9
11
W
PERSONNAGES.
M"*'LàVADE, maîtresse dti café de FAbon-
dance. TROTIN, non garçon de boutique M. TRÉPÂNILLAG 9 Gascon» et cbîrorgien-
cbamberlaû. M. FRAC , maîlrc tailleur. M. tAesSANT , maître perruquier
La 5C€fie se pa.s^^ <lans un de cea petite catcs qui ne sou guère fréquentés que par des artisans qui voot le soir y boire de la bière et jouer aux dames.
tE
CAFÉ BORGNE,
PROVERBE.
SCÈTS^ PREMIÈRE.
>!-'LAVADEj M- TRÉPANILLAC, M. FR A C 9 les deux derniers jouaDt aui dames au^cs du pocle.
M. TRBPAKlltAC.
h bou5 bouiRc > M» Frac.
M. FRAC.
Oh! je vous soufTle, je tous souffle : un i&Omcnt y ma dame n^cst pas jouée.
M* TREPAITILLAC.
Eh bien J réposez en paix Totre dame , et prenez^ c*<ïSt votre métier.... non pas cclle- li.. jo&lcment^ nécessité pour ce coté*
£h bien ! j'eo prends deuz Ah! midé-
Kible ! j'en donne trois.
M. TRÉPAHILXAG.
Moînfs que ceîa^ M. Frac....Jo n'en prends qaé clurj «l'une main.... Préucs encore eeUé-'
i58 LE CAFÉ BORGNE.
ci... Bon , et moi je mé contente de ces deux seulettes.... Un moment , M. Frac, un mo> mept de réilétion , une fontange à cette dame pour qu'elle se promène.
M. FRAC
- J'ai perdu ! j'a» pcrdn»!
M. TBÊPANIttAC.
Vous ayés dé grandes résources, M. Frac, retournés- vous du côté de la Usièrc.
M. F BAC
Oh I TOUS avez beau plaisanter ; si ) avais pris garde à mon ).en...
M. TBÉPANiLLAC , dhantaot.
Ce que je dis est la vérité même*
M. F R AC
Oh! vous avez beau gasconner^ si j'étais à mon jeu ^ vous dis>je...
M. TRÉPANILIAC
Lé fait est constant , vous «tes plus foK , mais bous avés Li distration contre vous ; car pour lé fond du jeu , que je quitte la vie tout à rheure, si mortelle possède comme vou». {Arrangeant les dames,) Allons , le tout d'au« -jourd'hui.
M« FRAC
Non , je ne suis pas en tram , j*aî la t^e trop occupée; il faot que je coupe deux hat*
SCËNEI. i59
bits écarlate^ et je o'ai que treixe aunes d'é- toffe.
«t. TBÉPANILLAC.
Miséricorde ! c'est donc pour le colosse de Rhodes; ah! M. Frac^ }c suppose que bous pouvés 9 sur cette coupe y mé lever largeuicnt une ligature.
M. FBAC.
Àh 1 ah ! chacun sait son métier, M. Tré- pan il lac.
M. TBÉPANILLAC
Malepeste ! je consens que tou» possédés lé vôtre : lé ciseau se joue dans votre main... Allons > encore une partie.
V. FRAC
. Non ^ pas davantage.
M. TBEPAIVIILAC
' Madame Lavade, écrives donc, si c'est votre bonté , trente-quatre tai^ses de café et vingt-neuf vabaroiscs pour lé compté de M. Frac « et ati profit de botie serbiteur.
TBOTiNy en essuyant une table à coté. Vous voilà nourri pour quinze jours.
M. TBÉPANILLAC
Un moment , gar^^on ^ ne perdons pas la tête • une bûche au poêle.
M"*' L A V A D B ^ d'un air rcvcchc. Vn verre d'eaU et la gazelle , n'est-ce pasP
i6o LE CAFÉ BOUGNF..
M. Tn£ PANILLAC
Je. TOUS apporteFaî demain ,« sans faute y çclto chanson que je vous ai promise.
Oh ! pour des chansons y on ;i'en manque pas avec vous.
M. TRÉPANILLAG.
Et le billet dé comédie, ce sera pour di manche , sans Tau te.
M"" LAVA DE.
Après la ^and...
M* TRéPANILAC*
Que je fondé près dé ce poêle comme la glace, si je manque d*une seconde ; quand je vous dis que je lé dois recevoir de Mad6>- moiselle Saulteda , la première figurante de )a coinéjie , que j'ai guérie réceif)ment, et qui doit lé demi n (1er à M. Pirouette , prc-» Ypier figurant , qui s'est chargé de i'obicuir u M. Piano , troisième violon dé rorchcstre , qui n'attend que lé moment favorable pour lé réquérir dé la femme- de-chambre dé mademoiselle Camille.
M™* LAVADE.
Oh ! je vois que c'est immanquable.
M* TRÉPAN IL LA G y en inotitiant !e daiDicr ^
M. Frac.
VAi bicu ! qMé dit lé coeur
/
[SCÈNE I. i6i
M. FRAC
Non f je suis trop disirait ; je seos que }e perdrais aujourd'hui jusqu'à ina perruque.
M*^ LATADE*
Pe&te ! TOUS jouez gros jeu,
M. FRAC.
Il est yrai que je ne saurais trouver itn per-^ ruqoier qui me coiffe ù l*air de mou yisage.
M« TR^PANILLAÇ.
Madame Frac ne s*en mêle donc pas ? Taisez-Tous» mauvais plaisant,
M. TRÉPAiriLLAC.
Sérieusement , je suis caution pour cette affaire ; si tous voulez , je parierai au meil- leur coifîeur de Paris; je iu$ garçon major (*) dans sa boutique tandis que j^étudiai à i>aint-Côme : Madame iè connaît; c'est M. Tressant, lé voisin.
M""' LATADE.
C'est la vérité. Oh ! pour celui-là , c'est un habile homme ; mais c'est à savoir s'il voudra ; il edt si occupé !
(^) Ou appelle mo/or, dans les boutiques de pcrru- miîer , un garçon chunirgien qin n'y ùii que le métier dcbtfbier.
•4-
iê^ LE CAFÉ BOKGKE.
M. TftÉPA.51LLJlG.
Je mé charge de la né^ciattoa. Il YÎent ici ce soir. S'il vou^ prend en amitié , votr«i affaire est bonnç ; il la ut. lé flatter » entendes- vous ? oé l'a pas qui veut ; teaés, lé voilà; il vieut peut-être ici... justement.
SCÈNE IL
LES PAÉcÉBËirs, M. TRESSANT.
(M. Tresisanl est coiffé avec un petit bonjiet sur leqtid il y a peu de po.wfre , ttuds peigné avec le plus grand 6oin i son habtUeiiient est ^a surtoeii de dt-ap gris , une veste et une culotte de satin de [lan ittc couleur , des bas de soie à côtes , assortis au r^jate et une Ircs-pctitc canne à ^onmiu d'or , av€^c la- quelle il se joue : tout le monde se lève quaa J il eajjre.)
JH. îii£S3Ajîf9 sans regarder Ti^pâttiliac 4i Frac , qui se tienneiit debout.
BonJouR à la Dame de céans; toujours charmante, quoiqu'un peu mal coiflëe.
»"»• LAVA DE.
Ah? M. Trèséartl, qtiand vous vouliez bien eu prendre la péioe, cela alluir mieux,
M. TBE^SANT.
11 y a longrtems , mad^ime Lavade , il y % long-teins de cela; uiaiSj je dis, eavojrei^
SCÈNE 11. i63
moi votre coiffeur ^ je lui donnerai des con- seils, si je puis en trouver le moineut... Pas lainiuule à moi y ma chère ^ pas (a niinuCe : je sors un instant de mon atelier pour me dissiper; je ne sais auquel entendre : sept garçons, quatre apprentifs, dix tresseuses; trente perruques à rendre toutes les semaines pour tous les ordres de l'État, sans compter les étrangers, qui me persécutent, je dis; c'est Vienne en Autriche ; c^est Iroudi es en Angleterre ; C'est Madrid en Espagne : de tous les coins et recoins des qitatre parties du monde ! si j'avais voulu la pratique du Grand-Seigneur de Coostantinopie... mais je »'ui pas voulu de ces huguenots-là : pour la province, il y a long-tems que je l'ai re- fuerciée , je n*y aurais pas sutli; et puis, je dis, on voit tomber son ouvrage dans les iuuin$ d'un misérable barbier, qui vous l'ar- range en deux coups de peigue , cela ue fait aucun honneur.
M™* LAVA DR.
'Voilà ce que c'est que ta réputation ! je voudrais bien que ma boutique fût aoha- laudêe comme la vôtre. ( Au mot de boutique , M. Tressant Ironce le sourcil.)
M. TRÉPAEf ILLAC.
Voilà M. Frac qui né manque pas dé ta- leus , et qui , sur la renommée dé votre ré- putation , M. de Tressant^ désire cultiver Votre connaissance.
xS\ LE CAFÉBOI\G?îP.
M* TEESSANTy regardant Frac avec protection . BîoQSÎeur est artiste aussi, apparemment?
M. FBA€.
Je me pique <f habiller ce qu*îl y a de mieux à la Cour.
KL. TftESSANT.
Monsieur est tailleur ; mais c'est z'un mc-> lier z*assez honoête, quoi qu^oa eu dise; s.ur« tout , je dis > quand on z'y a de la réputation. '
M. FB A G , à M. Tressant.
Monsieur souhaiterait-il me taire Thonneur d'accepter un doigt de bière ?
M. TKÉPAiriLtAG.
Oui, M. Tressant Taime beaucoup; holà ! garçon ! n'entendcs-vous pas ? Monsieur dé^ mande dé la bière.
M. FRAC 9 au garçon.
Vous monterez tout de suite deux bou- teilles > des échaudés.
V^° LAYADB^ au garçon.
, Prenez la corbeille , allez en chercher , et TOUS diminuerez ceux qu'on a reportés ce malin.
M. TBESSAVT.
Ce n'est pas la peine ^ je boirai z'uii verre du bière seulement.
SCÈNE H. i65
M. TR#PAiriLLi.C.
Vous ayex raisori, et moi j'aime mieux noé croûte de votre pain dé ménage.
TR OTiir , en versant la bière. Cela est plas solide.
TjiipA5iLLAG^ angarçon. Holà ! oe faites pas tant mousser.
M. FRAC.
Si M. de Tressant Toulait bien me per- mettre d*ayoir Thonneur.i.
[U. Tressant approche son verre d^un air distrait, et Frac , après avoir bu , fait signe à Tré[>aniliac de pro« foxT la perruque.)
M. TRÉPAIfILLAC*
Sur ma foi 9 d'honqeur, je né mé lasse poini d'admirer la grâce dé uetlé coiffure dé M. dé Tressant ; c*est une simplicité , une éic-* giioce^ un je né sais quoi...
K. TBESSAUT.
C'est ce que' me disait ce matin le prince de... qui se plaignait que les siennes n'al- laient jamais bien ; mais , Monseigneur , je dis , c'est que vous^autres grands ^ vous ne savez pas porter une perruque; il faut con- naltie la marche de cela , je dis : il j a uri art à faire une coiffure 5 il n'y en a pas moins à la porter, c'est une^ tournure > ud tSitifia^resty^e^Vi, je (|is..t
IÛ6 LE CAFÉ BORGNE.
M. TftKPAVlLLAC
Eh! M* Tre6.santy comme tous avez im goût délicat 9 c*e^t ce que me dirait tout à Plieure M. Frac» Monsieur voudrait pour tout au monde que voud lui lîs^iés...
m. TRESSANT.
Et le duc de... avec qui je déjeunais arant« hier, il me juitiit qu'il n^avait jamais vu per- sonne raisojinei' son art d'une façon aussi.*, là.. .
M. FEAC* très-aOTectueusemeut.
SI e'étaîi la bouté de Monsieur..»
M. TftCSSiirT.
Il est vrai que cela ne paie pas 9 11 me doit dix*huk cents livres.
BI. TREPAN liLAC.
(Jné petite requête de la part de M. Frac , quatre cheveux seulement arrauçés dé votre main...
H. T)t£SSANT.
Et le président de... Oh! il à du çoAt celui-là pour sa coiil'ure ; il a profite des principes que je lui ai donnés; mai:^ on n*eii peut tirer un sua» il nie doit près de uillic ccus.
M. F&AC
Moi , je surs dans le même cas ; mais cela u'eiupêohe pa;> ijuc je ne paie comptant , 44
SCËNE II. Tf?7
sans iparcîiancîer, quand une chose me pîaîi: 81 , par voire moyeo 9 je pouTnis espérer. ..
H. TBE99ANT, Souriant.
Je vous vois venir , M. Frac , je tous vois Tenir; ce serait avec plaisir, mais j4 vous pn^TÎens que cela serait longf. Je n*ai plus guère , pour celle annrée , que six cents coif- fures î\ fournir , et vous voyez que je n'ai pas trop de marge.
M. PRAC.
Eh bien ! pour le nouvel an.
M. THESSAWT.
Nous verrons , dans le tems comme dan» le tems,
M. FRAC.
Sî vous vouliez toujours .avoir la com- plaisance de ]3fie prendre une mesure^ cela TOUS engagefait peut-être plus tôt.
M. TRESSANT, édatant de rire.
Une mesure ! ah ! ah ! ah î une mesure î f st-ce que le génie a besoin de mesure ? oh î cela ne se traite pas comme une culotte ^ JI. Frac.
Le génie n'a pas besoin de mesure « mais la tête est, je croîs, comme le corps; il Caul Bien , pour connaître la proportioa.
!•» P
i68 LEGAPÉBOROKE.
' M. TftESSANX»
Point du tout, je dis; j*«nvisage une il- gure, le fixe les traits d'une physionomie, et je vois d*un coup d'œil ce qui convient au caractère du visage.
m FEAC, à M. Trépaoîllac.
Tous nos compliniens sont inutiles ; ceux qu'il se t'ait lui-ni^me ne lui laissent seule- luent pas le tems de nous écouter.
M. TRÉPANILLAC9 bas.
Laissés - moi faire. (Haut,) Ali! Moo«- sieur^si M. rAmbassadeur, pour qui vous faites cet habit ponceau , brodé d*or , enten- dait raisonner M. Tressant, qu'il serait con- tent î c*eàt un amateur de coiffure, c'est un curieux, celui-là : né vous disait-il pas hier qu'il né trouvait que des cruches poi.r lui faire des perruques? En lui portant son ha- bit, il fdUt hii dire que vousatez trouvé son affaire : s'il ^é coiffait une fois de M. Tressant, M. Tressant coifferait bientôt tous les étran- gers. ( M. Tressant regarde avec attention M. Frac) Ohl je connais M. Frae , vous n'avez pas besoin dé lé regarder; il est homme à lé faire, je né connais personne Uu uionde dé plus sertiâble.
M. TBESSANT, plus affectueusement*
Ce n*c5t pas cela que j'examine ; )« regarde
SCÈHE IL ,69
que M. Frac porte uoe figure qui inrite à le coiffer.
M. FRAC.
C'est ce que me dit tous les jours madame Frac.
M. .T AE S'S AITT , |H)rtant la pomme de sa canne $ous le menton de M. Frac.
Regardez-moi z'cn face... lù... pas toul-à- fait... bien... tournez ù présent la tête de trois quarts*
M. PBAG.
Comment dites-vous? vous trouvez que ma figure a trois quarts de long?
K. TRESSANT» regardant madame Lavadc avec im sourire de pitié qui retombe sur M. Frac.
Ëhl non y mon cher ami ! que Ton voie les trois quarts de votre figure.. . bon !. . . de parfil àprésent; vous savez ce que c'est qu'un porfil peut-être... fort bien! à inerveilie! je dis, votre tête est là ( en mettant le doigt sur le front). Je vous ferais mille .cuiffures sans en manquer une.
M. FRAC.
Cela serait bien long.
M. TRESSANT.
Pas tant que vous croyez 9 un instant, je dis, un instant. ( // réfléchit de Cair d*un homme occupé du plus grand projet, )T oui juste. Holù! Trotin > allez-vous-en à la maison , dites k
i-o LE C.\FE 30RGNE.
iDon premier commis qnViI m^apporle, 1î'ff...ré pclitbonnetinclécis,oommandépourM. Tabbè C... lorsqu'il sort à pied lé soir... il sait bien ce que c*est... Au surplus.-- oui. jii^^.inent, c'est le numéro ^84» Il faut avoir tout c^l|i dans la tête, je dis; si Ton n!a;r«)U pa» un certain ordre ^ on n'y tiendrait pas.
Ah! Monsieqr, vous nne faîte» le plus ^an<l plaisir ; dites-moi , s'il tous plaît...
M. TAESSAKT.
Eh ! non y ce n'est pas la questipn ; c'est qu'il fallait m'apprivoiser avec votre figure : À fallait saisir, vons comprenez bien; s^A présent, c'est la plus petite chose du monde* et je me flatte c|(ie vous Mta^ coufenir ^ue l'ai mon. conp .d'.«eii ^iiifite. Ohl pmir miîa ^ c'est mon fort que ie iCoup d'cnl $ «t le ca«p de peigne : voilà (oat iT»on secret.
M. TRÉPANILtAC.
1
Oh ! vous né dites pas tous tos autres coups.
SCÈNE Illy 171
SCÈNE m.
us PBBCSDENS, VS GARÇON PERBI7QriBR 9 avCC
une veste blaacbe croisée, les cheveux relevés avec un peigne et un g^raad linge autour de lui.
M. TRESSANT» è M. Frac.
DÉPOUILLEZ C«t(e il) faillie, {j^ presque M. Frac a ôté sa vieille perruque M. Tressant s^ assied , Bt le fuit mettre à genoax entre ses jambes. ) Poiot de fanq^i^ je dis, c*est un on usage, je Recoiffa pas autrement tous nos seigtieurs. (// pose La perruque, (a serre , et rejette lé peigne que son garçon lui présente ; il appim légèrement ta main, nlète quelques cheveux use une grasse épingle g. et dit du ton le plus fprawf : ) Leveit-vous , et regardez daus cette glace. /
( Toute fassCkiMéc bat des mains , f t ,il se protnèue dans k café d'un air satisfait. )
M. FRAC.
£h! Monsieur 9 si vous voulez m*en faire uoe^ ii D*y a rlea que...
M. TRESSA NT9 tcMijuurs plus digue.
Fi donc! je ne travaille point par int^-êt ; j'aime moa art , et je suis v.harinè qu'il soit utile à UD galant hoiutne. ( Frac veut ôter la perruque.. ) Eh bien! le malUcuieux, qu'est- «H? qu'il Teut faire 1
17a LE CAFÉ BORGNE.
M. FRAC.
Mais votre garçon attend* pour la rem* porter.
M. TRESSANT.
Eh! non, vous dis-je, elle est sur TOtre trte» elle y va passablement, il faut qu'elle y reste : on en fora une autre.
M. PRAG , transporté , saute au eau de M. Tressant.
Ah! M. Trejisant, il laut que je vous em* brasse : tenez, mon ami [il donne un petit 4ca au garçon ), voilà pour avoir des aiguilles ; Trotin, garçon, madame Lavade, vite une topette d'eau des Barbades, de Scubac, d'huile de Vénus , ce qui fera le plus de plaisir tk M. Tressant. {Il se regarde dans la glace, ) Allons donc, garçon , des biscuits, des mas- sepins, des macarons, ce que M. Tressant aime le mieux... Ma femme va être bien contente; car nous avions toujours querelle sur lua coiffure : oh ! elle ne me connaîtra pas.
M. trÉpanillac, en prcnaot la vieille perruciue (*e M. Frac du bout des^duigts*.
Et cette relique, où renchâsscrons-nous î
M. frac.
Ma foi , où il vous plaira.
M. trépan ILLAC A a Trotin,
Tiens , garçon , tu né diras pas que je né te donne juniais rien.
SCÈRE IIL 17?
TROTIN*.
Bien obligé « gardez*là pour tous.
Mon avis est qu*on en fosse un sacrifice en rhdnncurdclagloirede M. Trcssaol : allons^ uu holocauste. (*)
(H la prend avec les pincettes , la mel dans le poêle ,' et tandis qu'elle grdie , il veut faire danser M. Frac, M. Tressatit et madame' Lavade antoiur du poéie ; mais la gravité de M. Tressant s^j oppose. )
M* F AAC 9 en mettant la main à la poche.
Voilà qui est fort bien , mais parlons d'af- faires. ' ' '
V. TEESSANT.
Fi donc! vous dis-je^' fi donc! c*cst une misère.
M. FRAC.
Mais^ Monsieur^ encore faut-il...
M. TB ES SAUT*
* 0
Eh bien ! nous arrangerons ^cela ; la plus' petite chose du monde ^ un' rien: vous me. ierez une culotte de velours noir.
M. FAA.C9 avec embarras.
Pardonnez-moi 9 c'est*que.«.
«
(*) On entendait par holocauste les sacrifices oà toute
I9 victime dev^iit être brûlée , sans qu^il en demeurât
rien pour les prêtres.
i5.
7r4 LE CAF£ BORGNE.
Oh! yentenût^ c'est qv'H faot que y^us me preiiies la radsurej vou»^ n'est-ce pas?
M. VBAC.
Non^ Mo<it»l««Br ,, c'est 9»^ «.
M. TRESSAKT.
.Vous èt*s preijsé d'ouYra je, tant mieux ; }« ne lé sUiV pu;> aftoîûs ; à vôtre aise 5 M. Frac , à votife aise.
M. FBAC.
Ce n'est pas tout-à-fait cela, c'est que...
U. TAESSANT.
C'est que tou» trouvei qwi ce. serait trop cher peut-être ; mais je tous avertis qn'il ne sort point dé coitfu^e de chez moi à moins de quatre louis 9 et je vous traite ^ coiuuie TOUS voyez » en aiiii ^ en artiste,
M. FAAG.
t)h! Monsieui', bien de Thonneur à moi, je n'y rega^c f^é 4à si pHs;- e'est bénic- iBe&tk.,
C'est quey c'tfl que; exfltq^z-tous donc.
M. PikÀ<4
Excusez-md , Monsieur , si je prends U V^Urlè lie féûfê éite... tùùk e'èst <tu« H^ tous drrd qtto fe xm travaîUe que pûur des sei« gneurs.
SCÈNE III. 175
V. TRESSANT est d^abord indif^nc de cette iuso- lehcc , pub il éclate tout d^na cou}»
Comment» M. Jfftic! que pour des sei- gneurs ! et moi > jamais pour uu muuunt Je tailleur.
(Il lui arrache sa perru«iuc de dessus la tête. Frac est d*abord tout ioterdit de se trouver saos pei'ruque ; niais il prend son parti , et enlève celle de Tre:»ant , qu*il métamorphose à son tour eu entbot de chusur, et il se sauve en se coilTaut avec. Les brds tombeut au sublime M. Tressant , et madaïue Luvade et le {garçon de boutique étouffent de rire de voir cette tête pelée et cette figure stupidement éloonée ne pas songer seulement à se couvrir de celle qu^il vient d'ôter au tailleur , et qu'il tieut encore dans sa main*
M. TRÉPANULAC.
Vous allez faire un rhume 9 M. Tressant , et puis il faudra que je vous guérii»se; meitcz dessus sans façon , point dé oérémoaie.
M. TRESSANT &ort furieux.
L'insolent me le paiera quelque jour, tôt z*ou tard.
M. FRAC.
Un instant, permettez; je suppose en cette occurrence que c'est vous qui avez tort; car Vous uc pouvez ignorer le proverbe.
Fl» DU CAFÉ DORGKE,
LE MUET,
CONTE DRAMATIQUE,
PAR CARMONTELLE.
PERSONNAGES.
MERVAÏN FÈBE.
M"- MKRVAIN.
MERVAÏN FILS.
JÈ-MILIE.
LE DOCTEUR L'APOSÈME.
LA ROSE.
LE MUET,
coriTE* SCÈNE PREMIÈRE.
HERYAIN, M»"* M^.RVMN.
VoiiiA pourtant huit jours. Monsieur. Je le eaf9. Ooî , Toilà le huvltinte jottr^~
M™* MEATAIir.
Huit ^andsjours ^ans parler*
fHBftTAIlf.
Cela TOUS parait monstrueux.
M™* MERTAIir.
Et à TOUS, Monsieur?
1I1ERTAI5.
Cela me paraît d*Qoe biEarrerle » d*un en- têtement iTrconceTal!>ï"C9.
m^ MEJITAII».
Un entê>lcttient !< Nos* ^MoMvtwr, non: e*«st une mftladÎB affireuse, auit» au cbafri» 9u« \ous hAiBft\ caiiaé.
tSo LEMUET.
Dn entêtetnenl » vous dis-}e , et d'autant plus singulier, qu'il vous ressemblait un peu , qu'il avait le défaut de trop parler, et qu*il passait même pour ludiscret. Et, en eiTet, c'est à son indiscrétion que j*ai dû la découverte de sa passion pour Emilie , pour uue fïlledont je hais Fç père 9 et dont je Oie suÎÀ bien promis de ne jamais faire ma belle* fille.
M"* MEBVAiy.
Vous voilà bien avancé ! vous aurei un fils muet. Un fils muet l Je ne sais pas ce que je ne préférerais point à ce malheur ; *ni^is , Monsieur , votre sang-froid sur cet article me met hors de moi-uiême. Vous trailex. ceci comme un accident ordinaire; il sefwble qu'on vous dise que votre fils a la migraine... [1 est muet, Mousieur... mMet,.. ce qu*oi> ap- pelle muet...
ME&VAIN.
Et vous voulez me rendre soiird î
M™* MëRVAIN.
C*est vôtre cœur qui l'est Oui, vous êtes inseo^jibie au plus grand, au plus affeùx des malheurs. La douleur oiî Ta jeté votre dé- fense de parler à Emilie, et surtout d'espérer jamais de l'épouser, a fait sans doute une ré- folution subite d'humeurs, qui aura frapp4
SCÈNE T. ^ jSt
sa langue de paralysie. iVoyerdanc ce qu'il y affaire là-desijus... J'ai^^fait venir chaque jour SCS meilleurs amis, mais il «'y en a pas un qui lui ait arraché un* mot... Si ce n'était que pour vous qu'il se tût, je n'en serais pas surprise : votre dureté,' votre avarice lui ont souvent fermé la bouche ; mais c*eM pour moi-niême, c'est poui^ tout le monde... N'y a-t-il donc point de remède à cela, et serai-je la plus infortunée des mères ?
MERVAIN.
Si TOUS imaginez y ma femme , que ce soit une maladie^ fuites -le voir à notre Toisia le docteur , A M. l'Aposème ; j'y con- sens, mais je ne sais si la faculté a des re« mèdes pour cela. Le docteur vous dira bien, en voyant que votre fils ne parle point, qu'il est muet; c'est-à-dire qu''iV en saura autant que le Sganarelte de Molière; mais^pour le faire parler, c'est une autre affaire. Écoutez, ma femmes vous savez que les grandes que- relles de votre fils et de moi tombaieui tou- jours sur Targeot , dont je n'étais jamais assf z prodigue envers lui : eh bien ! enyoyez*]e- moi, ipaa femme, je vous en prie.
«!*"• VE&VÀlZr.'
Ne lui paHez pas d'Emilie; vous aggrave- riez son ma(.
tf£RVAIir.
Soit : je n'en parlerai pas.
¥• Pro verbes. (. l6
^
tSi ^ LE MUET*
Bl"' H EUT A IN.
Ah ! moA-àmi ! s'il dit un mot, faites-moi appeler sur-ie-<-cfaamp ; qUe je jouisse da plai- sir de rentendre.
MBBYAIN.
Je n'y manquei'aî pas.
De grâce, de la douceur arec lui; et ren- dez-moi i»ou fils^ si vous le pôtfveï:
BSEEVAIN.
Eh! allez, Vous 'diâ-|é; je raUehds.
( Elle sort. )
. ..SGÈIiE- IL
M£RTAIN.
QcE diantre ima^ipet sur... tout ceci ? Une rcroluiidA . d'humours... . . une paralysie. . . . ci&la est incroyable... Mais^ huit jours saos. avoir proféoé: une seole parole. •. areo sa mère qui le.gâte*, avecse^ meilleurs- amis... avec son valet, ayec moi*., un étourdi, un causeur éternel , comme sa mère!.,, cela nae passe. Mais je le yois.
^
^CÈNEIil. ,83
SCÈNE Ilï.
MERVAIN pfeR», MËftVAIN Fits.
Mï;RTAiir«
Eh bien 1 mon ami , qu'est-ce ? Veux-tu toujours désespérer ta mère et moi par un ûlence opiniâtre ?
MERVAIN fîls. Il salue son père , le regarde et se tait.
HERYAIN.
Mon fils ! tu m'effraies...
MERVAIN fik. '
II prend la mainde son père, et la serre avec len- ^sse.
MERVAIN.
Quoi ! tu ne nous diras rien ?
MERVAIN, fils. Il fait signe quH ne le peut pas.
"^MERVAIN.
C'est' une clfose affreuse. Maïs, mon fils j écoute-moi : je sais que tu m'as boudé quel- quefois de l'épargne que je mettais à ta dé- pense; tu m'as pris pour un avare, el'j^ n'étais qu'un père attentif à ne pas donner trop d'alimens à des goûts toujours dange- reux à ton âge... Tiens, veux-tu que je te
t84 LEMUET.
donne nne preuve que de ma part ce n'est point un TÎi attachement à Targent ?... Yois- |u cette bourse ; il y a yingt^cinq beaux louis d'or dedans. Lés teux-tu ?
MERVAIN fils.
Il £ût signe qu^oui, et tend les main».
MERTAIIY.
Tu entends bien que je mets une condition à cela , et que je compte sur ta reconnais- sance.
MERYAllf fib. n pdnt la reconnaissanoe quUl en aura.
MEHYAIN.
Tu acceptes donc le marché ? Tiens , tes Voilà; ils sont à toi.
D demande par signe s''i1s sont bien à lui.
HE» TAIN.
Oui, oui... je te les donne.
MERVAIN fib.
n exige f toii}onr8 en pantomime , que son pcre en jure.
IIBRTAIN.
Oui, foi de père.
VBRYAIN fib.
Oerabrasse son péie , et se sanye avec j^a bourse.
SCÈNE V. i85
SCÈNE IV,
MERVAIN FBB«.
Mmtain!... Il fuit à toutes jambes. Oh! parbleu! ce n'est pas là mon compte; pas un mot de remetciment , et j'en suis pour Tingt-oinq louis î... La Rose ! La Rose !
SCÈNE ¥•
MERVÂIN PÈBE, LA ROSE. QoBVOus plaît-il 5 Monsieur?
MBBTAIir.
As-tu YU passer mon fils ?
. LA BOSE.
Oui , Monsieur 9 fort vite et fort gaîment. Qu*a-t-il dono ? Il y a huit jours qu*ii n'a eu Tair aussi ouvert.
MBBVAIir.
J'ai Touiu le faire parler en lui offrant de l'argent ; il n'a pas dit un mot > et s'est en^ fui avec ma bourse.
tA ROSE.
C'est qu'il n'est pas manchot.
i6.
J
iB6 LE MUET.
MER VAIN.
Je le vois bîfco \ mais dis-moî : penses-tu^ comme ma femme,? qu'il est yéritablement , absolument muet ?
LA ROSE.
Ce qu'il y a de certain^ Monsieur ? c'est qu'il n^a pas prononcé une sytiabe de toute \4 semaine. Mais c*est plaisant : tous avec fait une tentative de vdtre côté ; et moi du mien j'en voulais faire une ; mais votre peu de succès m'épouvante,
MERVAIN.
* .
De quoi était-il question ?
LA rose.
Vous vouliez le prendre par Targent^ et ce n'était pas mal imaginé de votre part ; mais moi je connais un autre faible, et je voulais en profiler. Monsieur, Monsieur, je l'aper- çois : ah! de grâce , laissez-moi avec lui.
Allons : fais ce que tu voudras ; je me re- tire; mais dis-lui que je ne prétends pas qu'il garde mon argent pour rien.
(Il sort.)
SCÈNE VI. 187
SCÈNE vi:
MERVAIN FUS, LA ROSE.
lA ii6s&.
Le voilà qui vient à moi : bon. Nous ver- rons si je ne lui fcfai pas prononcer quel- ques-uns de ces jolis mots dont il m'honorait dans sa colère.
MEBVAI» fils.
Il fait signe à La Rose qu'il veut changer d'iiabit , et qu'il en veut un brodé.
LA ROSE.
^ Monsieur , je n'entends pas. ( Autre pan» tomimede Mervaln , pour se faire comprendre,] Ah! oui ! oui ! je comprends... )'y vais...
llEAVAIIf fils.
H se promène sons mot dire , te net le doigt sur h bouche , et semble se recommander le silence.
LA R 0 s E 9 apportant un habit noir. Le voilà ^ Monsieur.
ME B V Aiif fils ,' les jenx eniammés.
n le prend à la gorge , et lui explique de nouveau par signes ce qu'il demande j La Rose sort : auU:c pan« tofflime y La Hosc revient.
LA ROSE.
Que ne le disicz-vous plus clairement ? La
i88 LE MUET.
voîU votre robe-de-chambre. (U^rtain frappe 4a pied.) Bon ! Yoilà la machioe ^n jnou ve- inent ;îl accouchera peut-être. {Nouvelle ex^ pUcation par -signes de ce qu/e Mervaln de^ mande^ La Rose sort , ei Mervain pendant ce temS'là cherche des yeux dans La chambre , aperçoit une baguette , et la mst près de lui. La Rose apportant C habit brodé,) A.h!pour le coup , m'y Toilà ^ je crpis.
MBRTAIir fils.
n fiiU siffQÇ qà*i\ a bien fait cette fois de De pas se trampcr. Il se fait mettre cet habit : La Rose £ût mille gaucheries y et dit à pari.
LA ROSE.
Quel diable d*homn[ie ! Gomment î il ne me 'dira pas une injure ^ loi qui en a le re- cueil le plus complet ?
MERYAIN fiU.
Il fait signe qu'il Teuf écrire/: nouvelles gaucheries affectées de La Aose y néme âl^ce de la part du maî- tre q«i écrit enfin. .
LA ROSE.
A propos 9 Monsieur 9 je Tiens de quitter monsieur votre père, qui est très-fdcbé du petit tour que vous lui avez fait. Il comptait sur vos remercîmens : vingt-cinq louis valaient bien un petit mot; on ferait un discours académique à moins de cen.
MED VA IN fils. Il lait signe à La Rose de se taire.
SCÈNE vil. i«0
LA BOSE.
Oh ! Monsieur , cela ne i1ai*est pas si aisé qu*à TOUS. ( Autre signe de se taire, ) Par- bleu I si tout le inonde se tait ici comme TOUS» cela fera une maison fort gaie! Je ne Teux pas oublier ce que je sais; il faut que je parle.
MBftYAIN fils.
Il fait sîgae à La Rose de caclietier sa lettre.
LA ROSE 9 à part.
Ah ! bon ! nous verrons s*ii tiendra ù ce- lui-ci. ( La Rose brâle La lettre en la Cuchetant. Mervain prend le bâton , le rosse , et s'en va, ) Peste soit du brutal ! encore s'il avait «issai- lonné cela de quelques paroles ! mais point.
SCÈNE VII.
MERVAIN PÈRE, LA ROSE.
M E R T A I V.
Eh bien f es-tu venu à bout de le faire parler ?
LA ROSE.
Non, de par tous les diables ! il n'y a point de mauvais tour jque |e ne lui aie fait , et au lieu de me tenir de ces discours cavaliers qui lui étaient ordinaires, il a pris en silence le bâton que vous vojez , et m'a roué de coups«
^
190 LE MUET.
MERVAIir.
C'est qu'il n*est pas maachot 9 comme lu me disais. £t mon argent 9 lai en a^-t»* parlé ?
£A BOS'E.
Point de réponse > Monsieur : oh ! il est muet comme tous les muets du sérail.
MERTAITT.
Comment ? est-ce que ma femme aurmt raison? et qu'une paralysie subite tombée sur sa langue ?...
tA ROSE,
Oh! oui, Monsieur : c'est cela 9 à coup sfir ; mais la paralysie n'a point gagné le bras 9 je tous assure.
MERVAIN.
Vois qui est-ce qui frappe... Il faut que je ' sois bien malheureux I Je n'ai qu'un ^Is , et je ne pourrai me voir revivre dans ses en- fans, car personne n'en voudra en cet état-là.
l,A ROSE.
Monsieur , c'est un de vos voisins ; c'est M. TAposème qui vient , dit-il j de la part de ^jadame.
MER VàIH.
Fuites entrer.
SCÈNE VIII. 191
SCÈNE VIII.
TAPOSÈME, M. MERVAIN piHE,
LA ROSE
l'a. POSE ME.
Monsieur, madame Merv^in m'a fait l'hon- neur de passer chez moi, poiir me dire de Tenir voir monsieur voire fils, qui est tout à coup devenu muet , à ce qu'elle dit«
MERTAIN.
Ne vous a-t-elle pas conté aussi ?.^.
L^lPOSBME.'
»
Oui, Monsieur, que c'était l'effet d'un violent chagrîtti
91 £R VAIN.
£h! croyez->vQus cela possible ?
t^APOSÈME.
Gomment , possible ! Et n'avez-vous pas ouï dire cent fois que les grandes passions sont muettes ?
MEBVAIN.
Oui, pour UD mometit; mais huit jours, Monsieur.
L^APOSlSME.
Il faut voir Je sujets Monsieur, il faut le
19a LE MUET.
Voir : à la seule inspection , je vais rous dire ce qui en est.
MBRYAIIC.
La Rose , fais Tenir cnon fils.
LA ftOSE.
Oui , Monsieur.
(Ilsort.)
SCÈNE IX.
M. MEKYAIN pbeb, L'APOSËMB.
HERTAIN.
Et supposé qu'il soit muet , la médecine a-t-elle des secrets ?...
l'aposème^ vivement.
Si elle en a ? Voilà un doute bien singulier l Est-il un mal 9 un dérangement physique quelconque ^ devant lequel la médecine s'ar- rête?
MEBTAlir.
Je sais que c'est Toplnion de vos confrères; mais...
l'aposbme.
Monsieur, les plaisanteries sur mon art Éont un peu usées 9 Dieu merci , et la* con- fiance que nous avons droit d'exiger ne se ridiculise plus en plein théfltre; prenex-y garde.
SCÈNE X. ,93
Toat comme il tous plaira^ pourva que TOUS fassiez parler mon fils.
l'afosème.
Si je le ferai parler! oh ! je tous en ré- ponds, quand il n'aurait parlé de sa vie...
MEBTAlir.
Le Yoict*..
SCÈNE X.
lE» FltâGÉDEKS, MERVAIN FILS.
I
L^APOSÈME.
Oh ! qu*ii a bien les yeux d'un muet !
CERTAIN.
Comment! est*ce que tous TOyez cela dans les yeux ?
l'a PO SÈME.
Une fonction interrompue altère toutes les autres : ne tous ai»je pas dit que la première inspection?...
tA HOSE.
Oh] oui, c'est Trai au moins ; il ne regarde pas comme un autre : ce que c'est que la iné- decine, pour oUTrir l'esprit I Je n'avais rien ?u de cela.
F. ProTerbes. I. I7
T94 !'£ MUET.
MEftTAIir*
Mon ffls, voilà un habile homme (Jiit rient examiner votre état, et y appoi-ter dn re- in ùde.
MEftViiir, 6Is.
n fait signe que le docteur n^y feia rieo.
L*APOSisME.
Tout beau ! tout beau ! |eune boinmc! , est-ce que vous êtes aussi un peu incrédule en médecine ?
MERVAIN Bis.
Il fait signe que oui.
l'aposème.
Tant pis, Monsieur, tant pis; l'on vous guérira aussi de cette raaladie-ià. Voyons le bras... Eh! donnez donc 9. et ne faites pas» Tenfant... ( // tâte le pouls* ) La pulsation du mutisme... oiii, le vraipoqls d'un muet.
MERVAIN.
Gomment ! le pouls...
l'aposbme,
Tout s'y peint , tout s'y mesure , pour qnî sait y voir et y entendre : vous n'avez donc pus vu ma thèse sur le pouls?... Il n'y a pus un docteur indien qui en sache plus long que moi là-dessus... Mais il faut que je considère un peu la langue du malade. (Mervain fils refuse, ) Il le faut , jeune homme , il le faut...
SCÈNE X. 195
MERVÂIN. <
Ahrî mon fils, je t'en conjure.
/ l'a POSE MB.
Eh! non> mon Yoisin ; il n'y a qu'à le faire attacher.
MERYAIN fils veut fîiir; le docteur le retient.
Doucement , s^il vous plaît. Oh ! vous me montrerez la langue , ou tous direz pour- quoi.
I.A ROSE.
S'il est muet comment voulez-vous qu'il vous le dise ?
l'a PO SB ME, à La Rose.
Vous avez raison , mon ami. Ce valet a de la justesse.
LA BOSE.
Monsieur, vous êtes bien bon.
l'a p o s È M E.
Allons 9 beau muet , ne vous faites' point tirailler', et faites les choses de bonne amitié.
LA ROSÉ.
Pardi ! je tirerais fort bien la langue à M. le docteur.
MER VA IN fils.
n rit , et montre sa langue.
lIposème. Belle et brillante pour des yeux ignorans;
igG LE MUET.
mats inflammatoire , engorgée pour les miens... voilà qui est clair... etfai justement ici sur moi une lancette propre à faire une petite incision dans cette langue paresseuse.
MERVAlir £Is. Il s^ëcbappe et s^enfuit .
^ LA R OSE.
Oh ! noire jeune maître n'aime pas la sal* ' gnée; je le sa?ais bien.
L*APOSEME.
Monsieur, Monsieur 9 Toilà une conduite bien légère ; 'c*est une rébellion en forme 'à la médecine : on n'en agit pas ainsi av^ec un homme tel que moi. Que diable ! je vous dis de faire attacher cet homme-là , et tous n'en faites rien 5 et tous m'exposez à cet affront !
ME&TAIN.
Monsieur 9 on lui fera entendre raison.
l'aposbme.
La para]3's]e a attaque une partie du cer- ceau, aussi bien que la langue. Adieu , Mon- sieur, disposez TOlre malade, et rendez-le plus docile 9 si tous touIcz que ja le rcToie. Votif; fils est muet| et c'est à moi de lé guérir.
SCËNEXII.' 197
SCÈNE XI.
MERVAIN PÈRE, LA ROSE. I
LA BOSE.
Le docteur s'en va mécontent ; c<ir vous avez oublié la petite cérémonie de le payer.
MERVAIR.
. Ah I tu as raison : mais il reYÎendra. VoiJà mon fils décidé muçt : cependant 9 que je sois malheureux I II fallait, qu'il aimât pro- digieusement cette Emilie que je lui ai dé- fendu de ?oiri
LA ROSS.
Voici Madame.
SCÈKE XII.
LES PRÉGBDEirS, u"*^ MERVAIN. M*"* MER-VAIV.
Je riens de rencontrer le docteur. Eh bien! que vous avais-je dit? Mervain est luuet incontestablement.
MERVAIV.
Je le sais bien; je suis désespéré; car nous ne pourrons plus le marier.
«7- •
998 LE MUET.
M™* MEBYAlir.
' Ce serait le comble de Tinfortune , si je ne m'étais pas cooduite comme )e Tai fait. J'ai été yoir eette Étni(ie que tous refusiez à mon fîls. Grâces 9 esprit, beauté, talen^ c'est lin prodige , et je serais étonnée que Mcrvain ne Tadorât pa$ dés qu'il Ta connue. J*ai fait plus : j'ai voulu Toir son père ; voua le croyez de tos ennemis , il n'en^est rien ; TOUS en ayez cru de mauvaises langues, à ce qu'il m*a dit , et je t'ai trouvé toal disposé à faire tout pour vous.
MER VAIN.
Comment! il désavoue...
Tout. Laissez-moi achever, le suis revenue à sa fille, je lui ai conté notre infortune, elle y a été sensible; et, si vous le voulez ^^ elle épouse vot(e fils.
LA ROSE.
Quoi! tel qu'il est? malgré toutes les pa- ralysies possibles? Yoilà une bien honnête personne.
M** MERVAlir.
Décidez- vous, mon mari... Eh î que savez- TOUS, si, en lui accordant ce que vous lui aviez défendu d'espérer-, vous ne lui causerez pa^ une rqvoliitioo contraire ù celte qui lui a ôlé la parole ?
SÇÈKEXin. 199
MERYAler.
Oaî , voes avez raison : cela est très-pos- BÎble. Je voas avoue de tout , ma feaime ; mais où arez-^vous laissé Emilie ?
M"*^ MEh VAIir.
Elle est ici dans la chambre Toisiae;
MCE Y AI ir.
- Tant raieax; m*j Voîtà résolu : allons, je sacrifie mon petit ressentiment au bonheur de mon û\s, au rôtre, au mien ;Je consens 'à totK. La Rose , allez faire descendre mon fils : dites-lui qu'il o'est pas question de mé- decin. {La Ro$c sort.) Pour vous, ma femme , laissez-moi un moment essayer si la bonne pouTelle que |e jais lui donner fera quelque
m"" MBRTAlir.
Vous ne voulez pas que j'en sois témoiu ?
MBBVAIir.
Je vous appellerai avec Emilie quand il sera tems» Le voici , rentrez vite.
SCÈNE XIII.
WBRVAIN tint, MERVÀIN fus.
MBRTAIN.
AAStDBES-TOVs, mon fils : il n'est pas ques-
300 LE MUET.
tîon du docteur TAposème , ni d'incision;.... au contraire, je rais tous apprendre une bonne nouvelk ;... ah ! cela tous émeut.. •• £h bien ! tous oe devinez pas?
MERTAIN 6b. Il £iil signe que non.
«BRTAIN.
Il est pourtant question d'Emilie. {L'agh- talion de Mervain fils est encore plus grande, ) Oui 9 d'Emilie,., que je ne connaissais point , mais que je trouve charmante, comme tous.
MEBTAIV fils. Il prend If s mains de son père , et les baise.
MER TAIN.
Demandez-moi-Ia en mariage ., et je tous la donne.
MBRTAIir fils.
Bffenridn fils ouvre di^ îoU la boache , la rcfemie aussitôt, et fiiit signe à son père qn*il œ peut la loi demaader.
MEBTAIV.
Il faut donc y renoncer ; car, assurément^ une fille comme elle ne s'associera pas à un muet. {Mervain se jette aux pieds de son père.) PauTre malheureux L ah ! mon cœur se dé- chire. C'en est fait , je'n'aî plus d'espérance. Venez , ma femme , venez : dans notre mal- heur, nous sommes trop heureux qu'Emilie se condamne à le partager.
SCÈNE XIV. aoi
SCÈNE XIV.
1E5 PBBCBMVS^ EMILIE, M»« MERYAIN.
MEBVAIlir.
RiEH ne peut réparer sa perte , {à Emilie ) puiM{ue l'offre que je lui ai faîte de tous ac- corder à sa demande n'a pu lui arracher un seul mot.
(Miervainfik, élODiié ea voyant Emilie, tombe aux
pieds de sa mère. ) '
H"!^ MEBTAIN.
Triste infortuné I tu vas du moios jouir de l'objet de tes vœux ; oui , mou ùh , Emilie consent à s*unir arec toj. Que né lui devras- tu point ainsi que nous ?
Imilib.
Ah ! Madame « si vous saviez ce que cet hy- men a de charmes pour moi ! (J Mervain père, ) Mais , Afonsieur 9 c'est de votre maio que je veux tenir celle de votre fils. .
MBftVAIN.
Volantîçrs, belle fimilîe. (^11 met ta main de son fils dans celle (t Emilie, ) Soyez heu- reuse, et comptez sur le père le plus tendre et le plus reconnaissant.
éMILIE.
Mon bonheur est sûr et le vôtre aussi ^
aoa LE MUET.
Monsieur^ et fe vôtre , mère oharmante d'ua fils à qui je ycvi$ ordoQ^er dfs ^écher vos lar- mes. Oui 9 Mervaîn, oui, je suis satisfaite , pui^ rw$ mfyrjtcu mon cœar... ùm^ voas savez aimer. . .parlez.
MEavAlN filj, avec transport.
Ah!^ mpn père! O mère adarable! 0 di-. vine Emilie f vous le savez ). si je sais n^% soumettre et vous obéir.
Miracle !
»"• MEKVAIir.
O mon fils I ô moment délicieux I Je resF pire à peine.
MERVÀIV-
Ma fille ! un peu trop d'art peut-être...
Tous vous trompez» Monsieur; ce n'est point ce dénoûment heureux que f 'avais en* visage, en exigeant de votre fils qu'il ne par- lât que lorsqu'il en recevrait Tordre de moi. J.e voulais éprouver son ara,our, et surtout m'assurer qu'il savait se taire , et dompter un penchant que je lui soupçonnais à Findis- crction. Le succès a passé mon attente...
MEUVÀIIf fils.
Il a comblé la mienne t Emilie : je suis à
• SCÈNE XIV. 2oS
TOtts f et j'y suis pour la vie ; je n'ai poiot troc acheté le plus grand des bonheurs. Mais laissez-moi parler désormais , pour tous dire tans cesse combien je vous adore.
FIN J>V MUET.
LE
NOUVEL ACTÉON,
PROVERBE DRAMATIQUE , PAR WILLEMAIN D'ABA^COURT. .
'. ProTofaii* I. 18
PERSONNAGES.
M™« GRASSET.
M. DE LORME.
DàRGENCOURT, névbu de M. De Lorme«
LOUISON 9 femme de chambre de madame
Grasset., LA FLEflR.
, '1 '
Lascéne est à Paris dans la duùsod de madame GnMset
LE
NOUVEi ACTÉON,
PROVERBE (*).
SCÈHi PREMIÈRE,
LOUISON, seule-
Voila trois jours entiers que Madame me fait tourner la tête- : si cela continue, je n*y pourrai pas tenir : elle ne me donne pas uii moment de repos.. • Louison par>ci , Louîson par-là... Elle ▼<;ui un» chose, elle en veut une autre. .. Bon! ne la yoilà-t-il pasenoord 3ur mes talons ?
.scÈNén.
M°" GRA.SSET, LOUISON.
m"" c»asset.
«
Mais, Louison, il faut absolument que vous découvriez Ilmpertinent...
(*) LHdée de ce Proverhe est prise d'ane nouvelle inlituice : Le MousqueUdre a genoux , ou VApothi" Caire de quaiité.
208 LE NOUVEL ACTÉOIV.
LOUISON.
Mais, Madame > encore un coup 9 je n^en sais pas plus que vous sur cet article.
M"** GRASSBt.
Voilà à quoi m* expose YOtre négligence.
1.0 UI SON.
Comnie si j*avais pu deviner qu'un témé- raire pénétrerait dans votre sajle de bain , et...
M"* CIASSET.
Âh ! ne me forcez pas à rougir encore par le souvenir...
Lovisoir.
»
Mais puisque vous l'avez vu , vous pouvez mieux que moi...
M"" 6 BAS S ET. ' '
Je TOUS al déjà dit cent fois que je n'avais faU que Tentrevoir : d'ailleurs, le trouble où l'étais, et la précipitation avec laquelle il s'est retiré , ne m'ont pas permis de distinguer ses traits,
L o V I s 0 N.
Le portier dit qu'il n'a vu entrer personne.
m"*'' GBASSEt.
Personne?
Lomsoic.
Cela ebt inconcevable.,. C'est peut-être un
SCÈNE m. aoft
Sylphe 9 un esprit aériea qui tous a joué ce tour. '
M™'' GRASSET.
Je serais presque consolée si je uc pouvais m'en prendre qu'à une substance inleUec- tiiclle, et non à un corps palpable , et surtout ^un corps masculin ; mais je crains bien le contraire.
lovisoir.
• ^
Au surplus. Madame^ quand vous vaus rendrez malade^ que vous en rcviendra-îl ?
M'"*-' G BASSET.
Cela TOUS est bien aisé à dire , Mademoi- selle ; mais , ou vous découvrirez le coupable , eu vous sortirez de chez moi... Je n'y suis
pour personne» « •
(Elle sort.)
0
SCÈNE III.
LOUISON.
Ou VÛ14S sortirez de- chez moi ! A la bpnne heure ; je serai tr^mquille au moins... Mais si Madame vient à se remarier , comme il y a tout lieu de le croire, je perdrais une. bonne aubaine.... Cependant je suis dans un grand embarras... Il ne iaiit ni plus ni moins qu'un ii^iracle pour me tirer d'afùire.
18.
210 LE NOUVEL ACTÉON.
4
SCÈNE . IV.
DARCÇNCOUÏ^T, LOUISON.
' tHAtenrcoviT.
Ma chère Louîson , puis*je tous dire un mot?
tOUISON.
C*esl vous , Monsieur ? Eh I d'pO sortçï-* TOUS donc depuis^ trois ^nds jours qu'oD Q*a point entendu parler dé tous ?
'l>4B«SNC0€RT.
Si tous n'aTç:^ pitié 4^ ïo^oî , \& sui$ ua faoïnine perdii.
Que TOUS est-il donc arrivé 2
DAEG ENCOURT.
Comme si toos ig;nor«ez ma fatale destinée!
LOUISQir.
Attendez.. » j^st-ce qu^ ce $e^aU tous-, par. hasard ^ qui auriez 6ui:pri^ Madame ?
DABGEirCOVAT.
Ah î cessez cette cruelle plaisanterie; tous qui aTez toute la confiance de madame Grasset^ pouTcz-TOus ne pas savoir
. • < •
SCÈNE IV. 311
Je le sai$ si p^eu , que Mûdaipe elle-même est malade de. . . curiosité.
DABGBVGOUKT.
Il se pourrait qu*cUe p8 m^'eût pas reconnu 1 Ah! j'en suis au comble de la joie !... N'allei pas me Tèticlre , au moins,
(OVisoïc, à part
Ud p^tit moment ! tl faut que {e song« à mes intérôU. ( Haut. ) Mais je crois au con- traire. Monsieur 9 que tous ne feriez pas mal de lui ayouer la yérité. Du caractère dont je connais ma maîtresse « cela oepeulqu'ayan- cer vos affaires; car, quoique tous ne m'ayez encore rien dit , |e ne suis pas à m'apercevoir que TOUS Taimez, et que tous ne seriez pas fâché d*euleTer cetjte cpoq^ête à Totre cher oncle.
dàugeàcouht.
. Il est Trai.
Louison.
Si TOUS lui fe$iez parTeuir une petite lettre d*excuses...
DAEGBNCOUBT.
/ J'en apportais une.
Donnez-la moi; je ferai TOtre affaire.
ai3 LE NOUVEL ÀOTÉON.
DARCEWCOtrpT.
• • • «
Ah ! ma clïère Lo'iî«son , si vous polirez îi| faire réussir , soyez assurée que m^ rçcon- .-naissance ég^alera ie serrice. ..
Lorisoifl
Nous parlerons de cela une autre f(<îs*«, Savez-TOBS bien, Monsieur, que tous n'êtes pas de mauvais goût ? Madame Grasscl est une veuye de vingt-six ou vingUsept ans , blanche, fraiphe et dodue, le bras rond, ia dent belle, Toeil vif et bien fendu, les cheveux noirs comme jais...
DARCEPfCOt RT.
Qui mieux que moi suit ic prix qu'elle vaut?
LOVISOIV.
Cinq ans de comnfiunau^é qu'elle a prtsstis* avec un vieux et riche secrétaire du roi, qui avait des fonds considérables, et savait bivn les faire valoir, lui ont paru assez longs, mais ont bien arrangé ses affaires. Ses reprises ont monté à près de deux cent mille francs, sans compter un douaire que le bonhomme, qui ti'en a point eu d'enfans, lui a assuré, et un portefeuille bien garni d'actions et de billets au porteur, que nous avons adroitement mis de côté dans les derniers jours de la vie de M. Grasset,
SCfelfEIV: ti,3
t
DARGBNCOUILT.
Ab! ce D^est poîqt Fintérêt qui conduit mon cœur.
LOriSQN.
Je le croîs ; mais la fortune néanmoins n'est pas à dédaigner. Arec ces avantages, madame Grasset est une ycutc très-bonne \ épouser en secondes noces, et j'aime mieux que tous l'ayez que votre oncle : voua nous convencs davantage.
DAkcENCOURT.
Âh ! si je ppjf réussir, je serai le plus heu-> reux des hommes.
tovisoir.
Tranquîllisèz-Tous, tout ira bien. Je prends mon cœur par autrui • moi ! Je sais que le projet de monsieur votre oncle est bien fait pour vous déplaire % et je puis vous assurer qu'il manquera ; je l'ai mis dans ma tcte.
DAKCElï COURT.
Eh ! comment fti*je pu mériter q\ic vous preniez mon parti avec tant de chaleur?
LOtlSON.
Cela n'est pas difTicîle à concevoir. Voiïs ?lcs jeune, grand, bien fiiit, bien porUnit, d'nne physiônomie'agréabie , et qui promet beaucoup. Quaii^ on est aussi aimable , on est fait pour réussir... Je crois que j'entends
ai4 LEN0I}>;LL ACTÉON.
Madame... C'e^t elle-rf^ufifi.., YoilA macler; sauvez-Toas dans ma ctiambre ; Hrai tous cheroher qâand il fera bon. Ko attendant , s\ vous vonlex dormir, vous trouverez sur ma commode quelques petites brochures doot you? DO tafde^fiiz p{i9 $ sejrvttr le^ bons effets: y ou s in'ei) dir^^ d§â ppw«Ue»«
. . • <n«ort.)
"scène 'v.
LQuispjy. ,
' Mbirst^tiii àe Loirtnéest \ih ladre qui tirerait de rhuile d'un mur; ce n*est 'pas lù Thomuie qu*il nous faut.
5CÈWE VI.
]^' GHASSET, LQUISO».
' M"" GRASSET.
Est-ce que vous êtes devenue soui^c!^. Mademoiselle? .le sonne', j'appelle, et per- sonne ne mè répond.
LOTJ190K.
3e vous demande excuse, Madame; j'étaii ooeupée...
M°** GBASSET.
£t à quoi , s'il vous plait ?
SCÈltÉVL ai5
, . , » > • ■ -•
A recefoir cette lettre que j'allais vous
porter.
Donnez donc. 4
L0iiiS0ir> àpaH.
L'fauibéuir joue dé sbn resté.
ML""* CBASSET^ (HivRmt ta letlTe.
Ah I ma chère Louîson ! je ne reviens pas ma stjrprise.
LOVISOR.
Qu'avea^rvous dono» l^adame?
M"' CtBASSl^t.
ToQt est découvert... Lfs^.
£d IJ I â Oir ^ pnoaiit fo léttHe.
«Madame 9 une imprudence que j'ai com- mise par le plus ^ràùé. hasard du inonde Ta peut-être me coûter la vie : une flamme qui s'était déjà allumée dans mon cœur depuis quelques semaines est cl^yenue un ▼éritable embrasendent ; mars je sens , béïas! que je né dois plus me présenter devant TOttB, sans craindre dlépcotiter lé sort ét^d*Actéob ; à moins que tOq», Madame^ qui êt0s plus-lielle et plus tnâoi&é quis là «œur \ d'Apollon , vous ne soyez plus indulgente Iqu'elle, et vous ne daigniez me rappeler Uuprès de vous ; ce sera rappeler à la vie
ai6 LE NOUVEL ACTÉON.
> celui qui a pour vous autant de passion que » d'admiration et de respect. Darcekcouet, »
M*"® GlisSET.
Eh bien ! ma pauvre Louison ? ^
* LOUISON.
Eh bien ! Madame ? Je Be vbis pas grand mal à tout cela. M. Dargencourt est on ne peut pas plus aimable ; il vaut mieux que ce soit lui qn'uiï autre qui ait profité- des faveurs du hasard.
M"** GRASSET.. '
Mais soUgez-YOds qu'en épousant son oncle |e suis dans le cas de rougir chaque lois qu*il se présentera devant moi ? .
LOVIS.O.lf..
Faites mieuX) congédiez Toncle» et épouseï le neveu.
M*" GRASSET,
Un jeune homme !
LboiSOK.
11 en durera plus long-tcms.
U"^" GRASSET.
I
Ah ! je suis d*un embarras. .. Sonnez» Made<«^ mojselle » sonnez.. ( .Louison sonne, ) Je don- nerais lout à l'heure la moitié de ma (or* l«ioe.M
^
SCENE Vm. ai;
SCÈNE VU-
»^ GKASSBT, LOOISOK, LA FLEUIL
M"** GAÀSSBT.
La FtBVB f il faut aller sur-le*champ t^tt H. de Lorme , et le prier de passer ici tout de suite.
LA F&Eva.
Je in*«D y rais.
M"'* CaASSJBT.
Tout de suite.
LA FX.BOa.
Ouî^ Madame.
(nsort.)
SCÈNE VIII.
M«" GRASSET, LOUISON.
looisoir. Quel est voire dessein ?
H"^ GRASSBT.
Je Tignore moi* même*
f*ProT«rl>c«*,|4
*• 1 *
ai8 LE NOUVEL ACTÉOU.*
LA FLEUR.
SCÈNE X-..--
M"' GRASSET, M. DBtORME, LOUISON.
M. DE I^OBHE.
« •
J'eutrais chez vous, Madame, guand votre domeati^Aié^venait au-devant de moi ; je sais charmé de vous prévenir.
jtf°« CVIAS$EJ.
J'ai à vous jparler « Monsieur ^ d'une aven- ture fôeheuse , (rè$-déiicate , et sur laquelle je dois prendre un parti... Assejez-vous.
M. ,OE LQHME.
• al
Vous m'inquiéléz.
'm'"^ GRASSET.
•f . '
Il y a trois jours, Monsieur, que;..'c^était un matin... j'étais... Louison va vous expli- quer ce dont il s'agit; car j'aurais trop à rougir de vous 1 apprendre moi-même.
« * •< .
SXÈNE XL . ' J »t9
. Lauisoir.
MoifsiMHPy.v. c'est qae^.. MadaiÉBe... Fatilre )our... j'étais allée... et pendant que... Ma- dame , aussi je ne sais comment tourner cela... Yous a?ez la lettre- de M. Dai^encourl ; que Monsieur la lise, il rerra.,.
M. DE' 1.0 AME.
Je ne comprends rien à vos débats.
M'^ GAASSET.
Lisez cette lettre dont l'écriture doit vous être connue. •
/■. »E LOB M E 9 aptiSi aroîr I9.
Je ne m'étonne plus , Madante , qnè cet lasolent n'ait pas: osé re|fardître devant moi : il mérite toute ma colère ^et^ s'Jl s-'cst l»^ni de votre présence 9 je vai^.|e.t:iaiijriir pouf, ja^^ mais de la mienne. Je Pabahdonhc, ^c. Iç déshérite; et je vais cl|an§er.|out mon bien dénature^ pour pouvoir, en vous épousant , vous réilaisser tdut entier:
M"** GRASSET.' • " '
Ce n'est pas cèfaque {e réux dire, Mon- sîeaf , e'eUt'qûé j6 ne peint pas épouset^roifcle é*iHi H^fi^e bbfiiittleqtin:ii'«il Ph^përtifieM^ar^ ou plutôt l'imprudence... -••'' ^ ''^ n,i6i:.',i»
Mals^ îite^trMPM^ol'' idé t^ûl^^té' qâe ce
n'est pas ma faute. (>.•:. '
%1È9 LE NOirVEL.ACTÉON.
LOVI8OV9 àprt. !• puis alleir déiîTrer mon prisonmer.
(Elkmt)
SCÈNE XI-
H- GRASSET, M. DB LOJRME.
InGEXs Monsteiir..«
K. 9E toaMB.
Hais )e vous dis encore uae fois que je no
sais pas cause«*.
N^lmporte 1 jo^ ne reux point être exposée A rougir, si je reûoontrais oe neYeù chex
TOUS.
». DB tOBUB.
Mais , Madame , je tous répété qu*il o^j reviendra plus. .
W^ CBASSBT.
N'importe 1 si favais le maU^èar de tous
Serdrc^».^; qiie î*eu(»4o 4|ue}que9 Uuérèis 4 émêler a?éc lui. ... ?. i , ». t
M. IpB IkOBllE»
Cela ne |^« t pi^s ê|r^ ^ fuisqOiQ je chaagerai mon bien.
SCÈNE XIL aai
M*^ «AiLSSSt.
Nimporte !... .
3CÈNE XIL
M~ GRASSET, M. DE LORME, DAR« GENCOURT, LOUISON.
DARCKIICOOBT.
Ab! Madame 9 souffres que |e me jette & ▼os pieds 9 et que j*y expie un crime io? oloor taire...
r
M. I>B LOftMt.
■ »
Relirea-Tous 9 iosoleot, . . '
. ., ^OARCKHCOPET.
Ah ! mon oncle , ne m'accables pas de votre OMirroux; daîgaes pi^tôl plaider m» cause...
H. DB' LORVE.
Il TOUS coQvieot bien» malheureux !...
« •
M*** 6AASSBT.
1
' Un momieot^ Mousieiur» je ne sopfirirai point que vous maltraitiez.Votre oeTeq .en ma présence... {^'Dargencouri, ]ReleYei-Tous» Mpoisieur. ,
DARGBirCOVBT.
Non f Madame j je resterai à vos genoux fasqu'à ce qpe tous daigDJies me pardonner.. •
»M LBNOUVÉt ACTÉOW.
LOUIS OTr» htak Dargencourl. Tout ya bien 9 tenez boD.
M. DE LOBJUE. , ,
Mais enfin « IHadfame.. .
Aprè% ce qui m'est ^ajpfiré^.BloBsicur, ]é ne consentirai jamais que vous in^épousies ; je donne ma mAÏn^ à M^i^eur votre neveu; il nç sera pas dit <]u'un nomme jn'^u^'a vue ainsi ,' et he m*a«iW pas épotisêè; îf n'y. à que hif qdf 'jiQi^se réparcr^àieo fadtitibiir crÀèrrsél
DABGENGODET.
Ah I Madame j vous, me rendez à la. ?îç.
M. DE LOHMB.
Je n*y comprends nén'/ fe ne crois pas ir«U^'lk)iiklH^ offensé^; cff pdii¥ preafe ,'{é ne denflAd#^]^âf^ ^ mlélwi^ '^ 4«i .t««s éponoen D'ailleurs , je vo^ès ai ;d.i^(/|ue mon neveu ne vous verrait plus, et que Je le déshériterais. El je vais des ce moment...
'iocisoir/
Eh! Monsieur^ cfe trVkt •péfrftt Jâr'cfe ^ue dèman^ifeDHadame : elle tiié téiif poîtirbrotillfift Ic5 famiite, ni faire perdreà^ vôtre hérirter naturel et légitime le droit qu'il a â*1i<dtr« succession. ' ' » > »
• An conKi'arre> Mii^^i^vt^, j<^ vous pri* d#
SCÈNK XII. aaa
rassurer tout entière à Monsieur v,otre ne- veu ; je répouserai alors , et je serai votre belle-nièce, au Heu (l*être?otre feuime; mais je Q*eD aurai pas moins d'attachement et de sentimeus pour tous.
M, DE LORME.
Mais j'aimerais cependant mieux que ce fût moi qui...
LOUISOR.
Que Toulez-Tous , Monsieur ? il n'y a pas de remède ; il faut vous en consoler; ainsi ra le monde : ^occasion fait le larron.
FIX DU VOVYEI. AGTBOir.
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LES
DEUX FILOUS,
PROVERBE DRAMATIQUE,
PAR GAJIMOISTELLE.
Vj.SW
PERSONNAGES.
LE MARQUIS DE DROUVILLB. VIDE-POCHE, l „., L'HAMEÇON, \ '^,^' BERNARD Y, coureur fia Marquis.
la «cèDc est dant tfa oifê eki bouterarn
LtÈ
DEUX FILOUS,
PROVEKte.
SCÈNE PREMIÈRE.
L'HAMEÇON, VID£-PO€flÉ.
' ?1D£-P0GBE*
L'bameçon !
t* HAMEÇON.
Qai m'appelle ?
VIDE-POCBI.
C'est moi ; par ici.
■
l'hameçon.
Ah ! c'est loi , Vide-Poche ?
VIDB-POGRB.
Oui 9 viens donc.
l'hameçon. »
Eh bien ! qu'est-ce que tu as à me dire ?
VI de-poche.
Mais c'est que la journée s'avance.
x'HAMEÇONi
if le saiebiei)*^
tsS LES DEUX FILOUS.
TIDE-POCHB.
Et Qous ii*aTODS encore rieo fait d'aajoaf* d'boi.
L*HAMEÇOSr.
Cest à quoi je pense.
TIDB-FOGBE.
J'ai bien eu envîc de prendre la tabatière de cette demoiselle qui traTailie en filet à la porte du <^^^*
Eh bien ! qui t'a arrêté ?
VIDB-POGHS.
C'est qu'elle était d'argent.
I«'HAtf£ÇON*
Tu as raison , cela ne Taut pas la peine à^ risquer d'aller à Bicêtre.
▼ IDB'P.OCHE.
Sans doute , il faut prendre quelque chose de plus considérable. <
Moi , i'ai été bien tenté d'une bague qui nous aurait beaucoup valu.
VIDE-PQCQE.
Et qui ratait ?
Ii*HÀVBÇ01f.
Vnc demoiwUe de l'Opéra, à qui la bonqne*
SCÈNE I. 339
tière rendait der bouquets à la portière de 800 carrosse..
TIDB-POCaE.
Il fallait la prendre ; à une fille , cela était facile. Il y ayait peut-être des jeunes gens & l'autre portière 7
L*HAMBÇOir.
Sans doute ; c'est ce qui m*en a donné eii>i Tie ; car elle criait , et elle arait la main presque dehors du carrosse.
YIDS-FOCHE.
C'était bien aisé.
l'hameçoh.
Oui 9 mais c^est mademoiselle Fripe-Toul ; elle a pour amant un homme.... Ah ! tu sais bien... là... qui a déjà fait pendre un de mes auiis.
. YIDB-POCHE.
Ah l diable ! c^est sans doute de ces mes- sieurs qtii ne badinent pas quand il est question de leurs iniérêls.
l'hameçom. .
Le chevalier Va*Tout m'a bien tenté aussi.
TlDE-rOCBB.
Qui? ce gros joueur?
|i*HAMEÇ01f.
Oui. Il comptait son argent dans le café d'ici à côté; et il avait plus de cent cinquante louis.
F. ProveitM. i. ^
\
930 LES DEtJXFTtOUS.
»
Qu'il perdra peut-être ce soie
l'hameçon. Oui ; et je lui aurais évllé ce ohagrin*là.
T I D E-P 0 G H B.
C'est donc à quoi tu pensais quanti je t*ai appelé?
l'hameçon.
Non, c'est à ujje ayenture qui vient d'ar- river.
A qui ?
l'hameçon.
Au marquis de Drouvilie 9. qui ae croit si beau.
vide-poche. Celui qui a tant de bijoux ?
t'HAMEÇO^i,
Lui-même. Il a une montre garnie de dtamans «pi me tente depuis lon^-xems» et il vient de la tirer tout à 1 heure.
V I D E-F 0 c H E.
C'est une aventure tout ordinaire d^ tirer
sa iA*Btr«'. X
j L'Hi:Mi(ÇOll, .
Ge n'est pas cela.
SCÈNBfl. - aai
Qu*esl*ee que e'cst âono ?
X'HAMEÇOIt.
C'est que sa Yoiture Tient de se rompre là 9 yis-à-vis.
TIDE-POGBE.
S'il pouvait venir ici t
t'itAMEÇOH.
C*eftt-ee que je regardais^
VIDE-POCHE.
Tiens. N'est-ce pas lui qui entre ?
L HAMEÇON.
C'est lui-même ; il y vient peut-être at- tendre une autre voiture.' Viens avec moî> fki une bonne rdée ; nous revieridron».
VlDE-POCHlS.
Allons I allons!
(Ibsârtcnty
i
SCÈNE II.
LE MARQUIS, BBRNAROY.
Eb! Bernardy? M. le Bfarqut»?
y
aSa LES DEUX FILOUS.
Pendant qu*6n m^est allé chercher une Toiture 5 ya-t'en chez la présidente de Longs- Kerfs.
BERlfABDT..
04 demeiure-t-elle ?
I.E makquis.
Quelque part du côté de la rue Boucherai^ ici près«
BERI^ARDT.
Ah! c*est cette dame du chevalier Sous* Tirant?
LE MAEQUIS.
Oui.
BERlfABDT.
Elle n'est pas h Paris; car il est aree elle à la campagne y à ce que m*a dit son cocher.
IiE MABQVIS.
Eh ! parbleu ! cela est vrai , je Favais ou- blié.
BEBNABDT.
M. le MsCrquis, si tous Toulei aller quel- que part ici près ?
JLB MABQVIS.
Eh bien !
IBBNABDT.
Vous aycs madame de Plantemère.
SOÈlf E IL 2kS3
Je tte ptfrîs la souffrir; elle a envie d'être savante. II faudrait lire avec elle tous les ou-- Trages nouveaux.
BSBffAKDT. '
Et madame de Aoemare?
tB'B^AAQîDlS*
Elle joue toujours, et elle est avare , hors pour le jeu.
BEAirARDT.
Et madame la comtesse de la Villansores.
Je Tai eue plus de six bipls. Va-t'en voir si mademoiselle de Sotiriy est chez elle.
BBRNABDT. * '
Je ne vous conseille pas d*j aller.
LE IfABQCIS. , ... ^
Pourquoi .dope ? loqt ce que. nous avoqs (^e mieux de nos jéiijies gens y passent leur vie. '
Cela est 'l>on pour des gtfns^ âiansiexpè* rience , des étrangers , par exemple.
LE MABQVIS.
C'est une fille charmante 1
• r,
BEBNABDT.
Je la connais bien*
^34 LESDâtiïFIfËOUS.
JLE ttAUQVlft.
JPÔiitt|crcri hé Téul^fu pâ$ qae ff ^He?
BEftNARDt.
C'est qu'on De fiail f ^s ce qui peut river.
, jjîqnpjïiftnl?, ....,•
BERNARDT.
Vous vous pof telÈ bfeh V'n'est-ce pasî
CE MÀBQOIS.
Mais je crois que oui.
Eh bieu ! re9tez tranquille 9 M. le Mar- quis. ,. / . '
.'i'jiiij 7 .' ' '• .!. 10'." .'.; :v '.: . . ErE Ai A RQ DIS.
•■'''■ ' .'■ .r d J
Voilà de vos propos , à vou&aglres; quand
BEBRARDY. .,
' ' ii f
Moi 9 je Tainiv bt^uic^ap ; et j'ai des ran
é<U»« P0t)# CCiU' . : o: P-^J »-,!.[ x
Comment ? a r
Je ne veux pas Fui faire. tort ; maïs )o peui dire^jgeJti à M. le iVianjCrfs^;*^ '' • '
SCÈKE ir. »i5
LE màaqc iS. Quoi ?
BER5ABDT.
Cent njQÎ <ptî Titr «fnlétée » Màrsciîk , d'où je Vaimetïèe à Ait.
Toi? '. . :.
b'ebnabdY.
Oui, d'Wwroe d'hooneur- < Bo vevenarit d'Ilûlie , je devins amoureux d'elle, je Té- pousai ; au bout de six aiws je la plantai là ; mais elle est venue à Paris me trouver : je lui ai conseillé de chercher forlune, et elle a réussi , comme vous v<ryfeï.
: ( ' Lt MARÇei-S.'
Elle est ta femme ?
B E R N A K D y.
Oui, Itt. le Marquis.
Tu en es feut-être fatewt?
bebkardy;
Ah ! M. le Marquis sait bien que nous ùe pensons pas comme cela , nous autres ; et puis, je ne la vois plus.
lE MARQtJl's.
ta voir sî ma voiture sér^c^mmôû^yOi^ fi Faotre revient. '\^.n^y '
a36 LES DEUX FILOUS.
SCÈNE III.
LE MARQUIS, L'HAMEÇONdëguis^en peintre en miniatare. ^
t'BAiiEÇOir lésant hréyérence.
Je viens d'apprendre , M. le Marquis » qu*U TOixs est arrÎTé un malheur à l'instant , qui serait li>ien heureux pour oioi > si tous lé Touliezi
LB VABQUIS.
Qui êtes-vous ?
t'BAVEÇOir.
Je m'appelle Rajeuni » et fe suis peintre en miniature.
Eh bien ! (}u'est-ce que you$ -me touI^j^ ?
fc'BAVEÇOK.
C'est qu'il ne tient qu'à M. le Marquts de me faire gagner en un quart d'heure cin- quante louis.
tB WABQVIS.
Et comment cela ?
i'bambçon.
i: Une datne de grande. distinction me les a promis , si }e puis lui rapporter de M. le Marquis un portrait fort ressemblant.
S€ÈNE.III. .:<57
LE MARQUIS.
»
Ah \ ah ! c'est cela ?
».
LHAMEÇON.
Oui , Traiment ; car elle tous aime si fort qu'elle m'en donnerait peut-êlre cent si je réussissais.
I.E HARQtTI8>
C'est i^eutoêtre une yieille (bmme.
l'bameçoit*
Non Traiment; elle est jeune ^ et fort jolie.
LB MABQVIS.
Je ne l'ai donc jamais trouvée nulle part l
l'sameçov.
Je ne sais pas ; mais elle ne pense qu'à TOUS 9 elle ne parle que de tous.
XE VAEQCIS.'
H. Rajeuni > tous m^ direz son nom ?
i»'haiceçon. Je ne le sais pas.
£B MARQUIS.
Sa demeure ?
l'bameçov.
Elle est venue chfiz moi , et elle y revient tous les deux jours pour voir si j'ai réussi. Il y a uQ mois que je i^aU ftl. le Marquis h
^n LES ftEUX PÎLOUS.
tous les spectacFes^ onx }Aromenades , an rempart : je commentée bien moa portrèit ; mais comme tous oe teoea pas en place 9 je ne saurais l'achever.
LE MARQCIS.
ê *
Vous ayex donc fuît quelque chose ? moD'^ trez-mol.
Je ne l'ai pa& ici ; loaîs si M. le Marquis Toulait se .tenir là un petit quart d*hemre seu- lement ^ Cela suffirait; et comme j'en ferait sûrement beaucoup de. copias 9 parce que je connais mille femmes qui voudraient ea avoitv ma furtune serait faite.
te MÀRQttS.
' Kl bien I j^y consens , â Condition que voua ferez tout ce quMl vous sera possible pour savoir quelle est ta dame.
L*if A M )E ( e if ^ fesafit sémblinr de fraf sâller . Je vous le profïietd.
LE MARQ1)1S.
' Où demeurer-fous ? ;
l'hameçov. M. le Marquis sait-il la rue du Ppnceau ?
LE IfARQtLS.
• Ne»; nuiie met gen» la trouveront*
S-CfeNËIII. l39
l'bambooit.
it» ri^aaront qu'à demander Rafeuili ^ peintre en miniature^, chez un tabletter.
LE MARQUIS.
Cela est bon.
l'hameçov.
M. le Marquis , si vous YO.ulîez bien TOm toaro0jr un peu de mon côté.
.KE MAEQUtS.
Corame eela ?
L*B A M £ Ç 0 N.
Oui. Fort bien. Je ne suis pas étonné si tontes It's dames sont amonreuscs de vous ; TOUS avez des traits nobJés , eBchanteinrs ; tout cela n'est pas aisé à rendre.
LE MARQOIS.
On m'a toujours mauqur»
l'hareçok.
Tous n'êtes pas ixiiame cela^ vous 9 ML le Marquis ; vous Hes sûr des coups que vous portez dans le cœur des dames. Aussi , avec des yeux comme les vôtres , cei'a n'est pa3 étonnant.
. . LE DfABQinS.
Pouvez'vous rendre bien les yeux P .
\
940 LES DEUX FILOUS.
1*0 AVE cour;
Écoutez donc 9 je ii*eQ ai guère fa!t coiifAne ceux-là^
LE MABQCIS*
Yo^s êtes honnête 5 M. Aajeonif
l'oame^çov.
M. le Marqalâ , c'est l'état de la profes* sion.
SCÈNE IV-
LE IV^ARQUIS , L'HAMEÇON , VIDB- POCH Ë en [tauvre honteux, avec une héqnilie.
TIDE-POCHB.
Eh ! Messieurs 9 ayez pitié d'un paurre homme qui n'a jamais demandé i'aumûoe de sa vie.
LE MA&QUIS.
Paix donc !
¥1DE*P0CRB.
£h ! Monsieur, par chanté.
l'oameçon.
Allons, laissez-moi donc; vous yojez que l'ai affaire.
TIDE-POGBB.
Eh ! Monsieur, je vous demande bien pàr^ don.
SCÈNE IV. ait
L*HAIl£ÇOir«
I
Allons 9 c^esl boiK, alles-^TOUS-en.
YIDE-POGBE.
Monseigneur, si c'était votre bonté de ma donner quelque chose.
LS MARQOIS.
Tais-toi !
TIDE-POGHB.
Monseigneur, vous voyez un pauvre fer- mier dont tous les biens ont été brûlés.
LE UAAQUIS*
Comment cela ?
' YIUE-FOGBE.
Je m'en vais vous le dire , Monseîgnejur.
JpE. MABQUIS.
Ces coquins-là font toujours des histoires.
L*BAMEÇON.
Ne récoutez;{>as9 M. le Marquis , et ne remuez pas; parce xjue j'en suis aus; Jl^ux, et c'est là le difïicile. 7"
LE MASQVIS.
Cela sera-t-il bientôt fait?
L H A AS E Ç 0 ]f .
Oui» si vous ne remuez pas.
VlbE-roCBB*
Fh ! Monseigneur !...
F. Proverbes. X^ ^^
%^% LES DEUX F nous.
Eh hkti! cemmeDt m^IO' éié hiUé?
Voyons.
TIDE-POCAB.
£h! Monseigneur] c'est par une fuaèe d'artifîce d'un feu que le seigneur de netre village donnait à sa maîtresse dans son châ* teau , le jour qu'il avait vendu su terre pour lui acheter des dîanians et lui meubler une oiaison.
EB MiBQi;iS.
Allons , cela n'est ftas vrai.
VIDE-POCHE.
Eh ! Monseigneur^ cela est si vrai que la ferme a été brûlée ; j'étais malade dans mon lit; il m'est toinbé une poutre qui m'a cassé la cuisse tout en haut^ à cet endroit-là. , ( Il lui prend la montre , et la fait voir par derrière
lui à PHameçon )
LE MABQVI6.
£h ! finis donc. £h bien ! M« Rajeuni ^ cela sera-t-il long encore ?
l'h A M E ç o N. Non , M. le Mîirquis ; vous êtes attrapé.
VIDE-POCHE.
Monseigneur...
£■ MARQQI8.
Allons f va-t'qu.
,. SCÈNE ly. a4S^
▼ IDE-FOCHE.
Allons y Monseigneur > je m'en rais tous obéir.
( Il /eiTaiC. )
LE MAtlQVIS..
î
Voyons, royons, M. Rajeunû l'hamegov.
*
Oh ! non 9 Monsieur , cela n*est pas fini « TOUS ne le trouveriez pas assez beau.
LE MABQUIS.
£ti bien ! j*irai ches tous après demain ; cela sera-t-ii fait ?
Oui, M le Marquis, toni i6M fini. Je TOUS reinorcîrai bien.
I.B MARQUIS.
Vous me diri»^ la dame ?
M. le Marquis.ii q^iand TOfis la connaîtrez ^ TOUS «erez bien heureux.
I
LE MARQUIS.
Je Tespère* ^
(yUameçrosort.)
944 LES DEUX FILOUS..
< SCÈNE V.'
LE UARQUIS, BERNAKDT.
Eà bien î Bernartiy ?
' BEENARDt.
M. le Marquis ?
LE MARQUIS.
Ma Toiture?
BBBVABDT.
Elle vient.
LE MABQVI8*
Quelle heure est-il ?
BBBNAknT.
Je ne sais pas.
LE UABQIII8.
N'as-tù pas ma montre ?
BEBVABDT.
«on , Monsieur , Je ne la porte point au- jourd'hui.
LE MABQUIS.
Je Taî publiée apparemment.
BBBITABDY.
tlon , je TOUS Fai donate ce matin dto que TOUS aTei été habillé.
SCtNEV. ^5
Gela ne se peat pas. J*en suis sûr.
LV MABQPIS.
Mais je ne Fai point.
l'ERNARDT.
•
Tous l'aTei donc perdue ?
LE MARQUIS.
Il faut qu'en me VàH ptise.
' BEBNARDT. .
Et qui?
Deux ioaquin^ qui sont venus ici tout à rheure. ; .;,. ^ .\
-BERNABDT.
Et qui sont-ils ?
« >•';' Lt M-ABQVrS.
L*un s'est dît peintre en miniature ; il de- meure rue du F(>n^au , chez un tabletier.
' BBRNTARDT.
Cela n'est pas Trai ; je connais tout ce qui demeure dans cette rue-là. Et l'autre ?
XB 1lft.VR<^0IS.
C'est un pauTrc, ayec uùjo béquille.
. an
«4$ LES DEUX FILOUS. SCÈKE V.
BERIfAftDT..
ÀTeo une béquille ? Oui yraiiii«nt.
B£&IîAJlPT^;
Vous ne re verrez jaiDdisTQteej^opIr^*' Pourquoi donc ? . .,:«... ... /
..BE&VA.BDT)
C'est que j'ai rencoQlré. ui^ lu^mme qui courait aussi bien que moi , avec une bé- quille à la main ; c'est âû'rt^roent Totrc /vo- leur.
i V^aMcu ! ToiKIk deux grBff<ls''hklralkFs : il &nt avouer que je ^uis bien malhcurcVMt an^ |ourd'bui. «
bernardY. -«.
Ab ! tout cela ae rép^rer^ î quelque dame Toua rendra tout cela.
Allons 9 fais avancev n^ voiture. Tout flatteur vit aux dépens de celui (^ui Cicçutê^
( Ils $>n vont )
FIN DBS 9EVX FttOVS*
LE
CHANOINE DE KÉIMS,
PROVERBE DRAMATIQUE ,
PAR CARMONTELLE.
• •
i. *
PERSONNAGES.
L'ABBÉ DE LA CRAIE, chanoine de Reims.
M. COLLIGER, auteur.
M. PESTONS , décorateur des Menus-Plai- sirs.
M*^ MONIQUE , gouvernante de l'Abbé de •la Craie; - *
SAINT-PIERRE > laquais de M. Pestons.
La soéne est chez J'Abbc de la Grue à ReiiM*
LE
CHANOINE DE REIMS;
PROVERBE.
SCÈNE PREMIÈRE.
M. FESTONS, M. COLLIGËR, M-»» MONIQUE. t
Messieurs , donnez-TOus la peine d'entrer et de vpus asseoir.
M. FESTOIfS.
Et pourquoi jiiîre ?
M'"« MOTIfQDE.
M. le chanoine de la Craie. va revenir.
- •
MaU il y a huit îours que vom dites qu'il ,Ta arriver ; nous venons ici tous les purs y et il n'arrive laoïais.
Ab ! dame ! c'est qu'il a eu bien des af- faires à ses vignes ; mab il est revenu.
M. C0LLICE9.
I
Quoi! il est à Reims?
a5o LE CHANOINE DE fUEinS.
Oui, Moniteur , «t je lui ai dît que ees Messieurs étaient venus le demander bien d«s fois. II est allé voir un de ces Messieurs les chanoines, et ilm'a recommandé dé l'aller chercher ^i par hasard ces Messieurs rere-^ naient : ainsi asseyes-yous.
H. F ES TON s«
Eh bien ! ne soyez donc pas long-tems.
Âh ! c'est ici tout près 5 dans la rue Payée d'ÂndouilIes (*). C'est que M. le Chanoine , chet qui est le nôtre , a des vignes dans le môme canton, qui ne sont pas si bonnes tout*à*fait; mais le vin en est pourtàùt biéû bon. ^ .
M. GOtLlGBB*
Ailes donc.
m"** moniqttb.
Je vous dis Cela , parce que si vous aviei envie d'en acheter, il y en â encere à vendre » et (f«e M. le Chanoine vous eif ferait avoirs parce ^ue c*est son ami deptils^ toog^-taine.
». PS st On s; Fort bien.
{*) Rue de Reims.
SCÈNE î. a5i
m"** MONIQUE.
Il n^est pourtant pas aussi âgé ; car il n*é<- -taiit pas encore cbanoine du tems du sacre de i^aa.
|l. C0LE.16E1. ^
C'est assei. "
M™* HOUIQUB.
J'y étais , moi ^ à oe sacre ; o'eal<-i-dire à .Beiins. £b l mo» Dieu ! tcne^ , nqus ayions chez nous un beau Monsieur qui j éiaît logé^ qui me trouvait biengentille.Ah ! dame I j'é- tais plus jeunif que je ne suis. Mais c'est qu'on a tous les ans douze mois, comme vous savez. M. le Chanoine y oug. contera tout Cela; car il a plus de mémoire que inoi«
M. FESTONS.
Mais si tous n*âllez pas le chercher ^ nous Dous en aiioiis»
, M°** MONIQUE.
' J'en serais bien fâchée. Ne tous impa- tientez pas.
SCÈNE II.
M. FESTONS, M. COLLI€BR.
C'fiST «nft terrible cbo8«- que les TÎetUes geos ared tous tours bavardages l
95a LE CHAN0II7E DE REIMS.
M. FEST0K9.
J^aîme bien que tu me dises cela , quand tu n'es Tenu à Reims avec moi que pour cau- ser avec cet Abbé de la Craie , et que fu m'as retenu deux jours de plus que je ne Toulais pour Tattcudre I
». COLLIGBR.
Mais c^st qu*il m'est important de TOîruo homme qu'on m'a dit qui était au sacre , pour faire mon li?re du Recueil des cérémonies
M. FESTONS.
■
Et tu crois qu'à cet âge-là il se souTÎendra àe tout ce qu'il aura vu ?
M. COLLIGEII.
J'en suis sûr. Les vieillards n*ont de la mé- moire que pour les choses anciennes ^ et Us se plaisent à se les rappeler ;. ils n'oublient pas la moindre circonstance, ce que les au» teurs contemporains négligent trop souvent
M. FESTONS.
•
Oui ; mais s'il te tient trop long-tems , je t'avertis que jepartirai ; je dois rendre compte demain matin de ma besogne à Paris : je t*ai attendfi' assez,
M. COLLIGEM.
Je compte^ après cette conversation , de faire un liyne; unique sur certte malien» et qui fera tomber tous .les autxes.
SCÈNE îir. a53
iTu n« soif ^ue les Idées y et tii ne m*écoûtes pas.
Je t^ai eoteada ck reste ; |e ne te ferai pas attendre» ^ .
M. PEStOKS.
A la bonne faeare.
fh eottieEir.
Tvt^fs^bAHi que |e n'ai jf^asléséu ; ainsi je n'ai pas envie 4^ rester ici sans toi.
M. rïSTOHfr. •
Ma foi 9 }e o^ai que ce qu'il me faut poiir la poste 5 et pour pajef lu dépense de notre auberge.
.H. GO&LICBli.
Tiens, nous allons avoir des nouyelles du Chanblue.
SCÈNE III.
M** MONIQUE, M. COLXIGER^ M. FESTONS.
«
M. COLI.XGÉB.
En bien I va-t-il venir M« le Chanoine P Oui» oui.
F, ProverbM, !• ^* ,
a54 LE ÇUAIVOIiqE D£ KËIMS.
M. FESTONS.
Mais quaod ?
Tout à rheure y tout à l'heure.
M. FESTONS.
Avec tout cela le tems se perd : vois sî ta veux revenir avec moi , ou si tu veux rester ici.
M. GOiLIG^l.
Je ne te demande qu'un quart d'heure.
M. FESTONS.
Eh bien ! je m'en vais toujours faire pré- parer les chevaux ; mais après cela je ne re« tarde plus^ je l'en avertis.
SCÈNE IV.
M"»' MONIQUE, M. COLLIGEtt.
M. COLLIGER.
It se fait bien attendre M. le GhanoÎDe.
m"* «LOIïiQCB,'.! .. .
Dame , il n'a pas de s\ hontes jambes que TOUS ; il ne peut pas aller aussi vite , quoiqu'il se purle bien. ^ ' '
M. GOLtidElt.' '
Et il a une bonne mémoire ?..
SCÈNE V,' ' ' aW'
M^ MOHIQUE.
Oh 1 il se souvient de tout j de tout ce qu'il a vu comme si c'était d'hier. Mais j'entends queliqu*un.
M. COtLIGElU
Oo n'a pas sonné.
M™* MOIfIQFB.
Est-ce qu'il n'a pas sa clef? Tejaei, le voilà f c'est lui-même. ^
SCÈNE V.
L'ABBÉ , M. COLLIGER, M-x MONIQUE.
l'abbb.
Messievbs, î*a^ hien llioiàieur de tous souhaiter le bonjour.
V
M"** MOIVrQVE.
Il n'y en a qu'un , l'autre s'en est allé. Âh ! jesuls bien .fâché de ne Tavoir pas vui
M. GOLLIGEB.
Monsieur....
i'abbé.
Asseyei-Yous donc , je vous prie. On m'a dit que vous m'attendiez depuis huit jours ; je n'en savais rien , et puis quand on a des
^ lECHANOIRf WI^EÏMS. affaires , ou ne sdil p^s le tem qu'eUes ¥<w» liendrout.
m: CpLUCE».
Ten aï de biea pressées ^ et |e y w4raU vous demander §i yoas i>ç pQ^irriez pas m0 rendre un service Intéressant ?
Je ferai tout ce que Vous youdre* , pu plutôt tttui ce <}ue je pourrai ; car,..
Monsieur , je m'en ^ilîs chercher TOtre robe de chambrée
Vous fere» bien , madame Monique*
. 9
,.,-.. •...-..fiCÈNE VI. -
MoKSWO» , je TOB» «[«mande bien pardon ;
nais €'e»t q*'k «on ««« » ^»»t «» «»'*''' "•»
peu à &0J1 aise.
M. eoiiiCE^.
Je ne veux pas vous dérangée On m'a dit , I^oosieur, que vous étiei au sacre de ijaa.
, iO» l uwo Dieu \ aui> )> étais « et i® po»»
S€ÈN£VL. ftS;
TOUS en parler sayanciineiit ; car il me aemblp gue y y suis eDCore ; cela iu*e$t au$si préêCiU quç <ie TOUS voir lai-
M. COLLI^iEA.
Vous avez une heureuse mémoire , .et v^us pourriez m'aider prodigieusement dans un ouvrage que je yeus faire sur le sacre.
Vous ne pouvez pas mieux tous adresser.
On me Pa bien dit à Paris , que si je pou-- irais oauser un peuiiv^c rous^ je saurais ie^ choses très^exactenient 5 et c'est ce qui m'a iait»v«nir«
l'abbé.
QtfesC-ce qui peut vous avoir éki cela ^
M. COILIGEB,
M* Tabbé Dubrcuil.
LA B B B.
L'abbé Dubreuil ? Je ne me rappelle pas bien...
M. COLLIGEE.
Gela n*est pas nécessaire 9 je suis Xvh^r pressé....
Attendez 9 attendez, j'y suis. J*élais étonné de ne me pas souvenir de Tabbé. Oui , c'est
32.
a5S LE CHANOINE DE REIMS.
cela, je me rappelle à présent... Eh! tenez ^ mon frère avait été fort amoureux de sa grand' mère ; il a même pensé à l*épouser.
M. C0LLI6ER.
Tout cela ne fait rien.
l'abbé.
Pardonnez-moi , je voulais vous faire voir qae je ne Tavais pas oublié.
SCÈPŒ VII.
L'ABBÉ , M. COLLIGER , M»« MONIQCfi.
M^ MONIQUE» apportant la robe de chambre de
VAbbé.
ÀLtoirs , M. le Chanoine , voulez - vous mettre votre robe de chambre ?
l'abbjb.
Sans doute 9 sans doute. Vous permettez ,
Monsieur ?
(Il mef sa robe de chambre. ) '
M. COLLIGER 9 à part.
Je n'aurai jamais le tenîs de rien savoir de ce que je veux.
M"** MONIQUE.
Bon , j'ai oublié votre bonnei de nuit,
L A B B B.
Je n'en ai que faire.
^SCÈNE VIII. aSg
M™* IRONIQUE.
Voas ne rouler donc plus rien ?
l'abbb.
Non 9 non»
M"* VOniQUB.
Allons 9 je m'en yaîs penser à mon dîner*
SCÈNE VIII.
M. COLLXGER^ L'ÂBBÉ.
M. COLI.IGEH9 à part Je meurs d'»mpaUence«
I.*A B B É,
Yous derriez d?ner avec moi 9 Monsieur ; on cause mieux le verre à la main.
m. G O L L 1 G E R.
Je ne le pu}s,pa$ ;^ie suis très-pressé dfe partir pour Pai^s.
l'abbé.
Je TOUS aurais fait boire du vin de 174^* Je ne crois pas qu'il y en ait de pareil.
M. C O L L 1 G E B.
Je TOUS suis^ très-obligé, M. l'Abbé; mais, jcvvous en prie^ aliou^s au fait.
.36» iE c!iA«r^iirE p^ RErnts.
« ♦
C^est toiit 00 ^jui s'jKsi passé 9^\i pk^ft^ qn^t TOUS voulez savoir ?
Oui y Monsieur.
. Tenez > Il pie seoiiile ^ue j'jf siifsy ¥pp$ sa^ Vei que cela diire phisieurs jours?
Ouï , oui. •
i'abbé.
Attentiez y reprenons de là veille tîu pFe». roier jour. Qu*est*ce que nous fîmes?....* Qu'est-ce que nous fîmes? Ah f nous nous assemblâmes tout, ce que noui» étions dj& chanoines.
Fort hfen.
SCÈNE IX-
JL'ABBË , M. GOLUGER^ M^ MONIQUE^ SAINT- PIERRE , en bottes.
H*^ MONIQUE, 2i M. CoQig^er. C'est vous. Monsieur ^ qu'on demande.
M. C0LL16ER.
Ah! Saint- Pierre , je m'en vais dans un tifioment. Prie M. FeMons de m*ati6udi-e en- core un instaAt.
SÂlIffrPlElKB*
. Ilpftsîcur f il m'^ dît de yoms dîne que si je ne tous ramenais pas arec iiioi;i il pitrtb rait sur-le-chamj,
l'a B B K.
Oà Toule>-Tous donc aller ^
M, COLLIGBl.
A Pari? » lavec un Monsieur q^i i^*a simeatl }pi , seule^n/ept pcxur vous Toîir.
l'abbb*
Ce]a est bien.iti»Qiiôte*
M. COLLIGEB'
Et paur m'instrotire de ce çue je Tiens de TOUS demander.
Mais si tous parlez , tôub «e le saiires
yas.
P! rrskïm^h ïfcO» Ip'estlàccuoi nie dés* espère*
l'abbb.
11 ne faut pas Vous désespérer pour cela , nous trouverons quelque occasioa plus iaro-
rable.
y. coirHiOJiBr
11 n'y en a pas dont je puisse mieux pfo-» filer pour des imisoRS que |« ne peux pa« TOUS dire .
363 LE CHANOINE DE REIMS.
i'abbé.
Attendez , attendez i laissez partir monsieur totre ami.
M. COLLIGEl.
Comment ! cela ne se peut pas.
l'abbb.
Pardonjr^ez-moi ; le doyen part à trois heures après midi; il cherchait quelqu'un pour lui tenir compagnie. Il sera charmé de voyager a?ec vous*.
M. G0I.LI6EE.
Vous le croyez?
l'abbé. J'en suis sûr«
M. COtLIGEE.
II n'a personne ? .
l'abbé.
Non , le le quitte ^ et je rais lui enyoTor dame Monique , pour lui dire que je lui ai trouvé un compagnou de voyage.
M. COLLIGBA.
Mais c'est que...
l'abbb.
Il ne TOUS en coûtera pas un souj encore; voilà le meilleur.
M. C0E.E.I6E1.
Vous m'en répondez ?
SCENE 1^. 163
t'ABBÉ.
Sûrement.
M. C0LLI6EA.
Allons. Sainl-Pierre ; dis à M. Festons qu'il peut s*eii aller.'
SAIKT-PI.EERE.
Je m'en vais le lui dire. Vous n^avf^z p«s besoin que je tous laisse votre sac de nuit?
l'abbâ.
Non , non; le doyen va tout de suite sans s'arrêter.
SAIITT-PIEBES.
En ce cas-là, j'aurai soin de toutes vos af- faires.
M. G0ILI6EE.
Je t'en serai obligée , Saint-Pierre.
SCÈNP. X-
L'ABBJÊ, M. COLLIGER, M«« MOJNIQUE.
l'abbs. Écoutez , madame Monique»
M"*'' M0NIQVE.
Oui 9 M. le Chanoine.
l'abbb. AlIez-TOUS-en> de ma part^ chez le doyen;
1*4 LE CHANOINE IJE REIMS.
TOUS lui direz qutî ftfi un compagnon, d^ Toyage à lui donner ^ que je léf prier de le prendre ici en pasdsrnt ; cVsf son chemin.
Est-ce aujourd'hui ?
Oui 9 c'est Monsieur c[uî s'en Ta à ^aris avec le doyen.
Ah ! f entends ) allons , Yj faU.
SCÉNï! Xt
M. COLLIGER, L*ABBÉ*
M« COLLIGEKf à part.
J'appaend&ai donc enfin ce que je Teux sa-
Toir.
Ah î pà j où en étions-nousj?
M. G0LLI6EB.
A la Teille du sacre.
L^ABBB.
Ah ! oui : «Ous nous a<^*cmb1âmes tous che» le doyen , la veille , pour Hélfl>ére# sur ce que nous avions 4 faire. Ce n'était pas le doyen d'à|)résent; mais c'était unbon vivant, qui faisait là meilleUi'e Chèfe da tùoûdé'^, je
y SlCÈSÉ l^i; a6S
m'en souvins comtrie si j'y étais ^ il nous éooila lui aliter escelient.
M. COLLIGE&.
Supposons le âîfttf fidii
Vu moment. Tenes, tl me semble que fé
tppartenait. Il y araît à côte de lui le ohanoine Long-JBrun ^
3 ni était maigre et sec y mais qui buvait bien U TÎII.
U. COLLIGEB.
Cela n'est pas nécessaire à sayoir paur..««
Pardonnez-moi, c'est pour tous prouver que ma mémoire est fidèle. A chaque bout de la tpble il y avait des côtelettes de veau. Xe cbanoine Gs^bart eo inlangea ^cpt à lui seul 9 et Raclart onze ; il me semble q«e |« les vois tous deux* boire et manger» Gobart avait une bonne troène; et comme il riait toujours quand il avait la bouche pleine , et qu'il parlait, il ne fesait pas bon être de ses rDîsîns: Ce même jour, le ohniioitte Bloridî- tftitf ^eii ptni^giik beaitcoup, il étAit dans uive colère qui nous ùt bien rire ; il mé stmbll^
que je le vois.
(Uritlo^-iémâ») F. Proverbe!, t. a3
a66 LE CHANOINE DE REIMS. M. GOIiLIGEfty àpart.'
Quel homme ! quel homme ! Il ne fiaira jamais ! ^
l'ab b b.
Je yais par ordre 9 comme vous Toyez.
». COLLIGEM.
Que trop.
I.*AB1B.
Enfin , le dîner fut très-gai , et nous bûmes, que c'était ua plaisir ! Je me souyieus d'un tin blanc » dont les vignes ont été gelées de- puis ; il me semble que je le bois encore. Ce qui nous fâcha beaucoup , c'est que Gobart en cassa une bouteille avec un tire-bouchoQ qu'il avait acheté la veille à MontmireL
M. GOLLIGBB.
Mais 9 M. l'Abbé...
l'abbé.
Vous voyez si j'ai la mémoire bien pré- sente.
M. COtLlGEB.
Oui y mais passons à ce qui m'amène.
l'abbb.
Ah! oui, cela est juste : j'y viens. Je ne sais si je vous ai dit tout ce que nous avions à diaer?
«•COIiIiIQEB.
Oui , tout.
SCÈNE XI. a67>
l'abbA. exactement ?
M. 00LI.1GEM*
Je TOUS dis que oui.
Je ne tous ai pas parlé d'un mouton de Bfeauyais , qui était excellent » et que mon frère m'ayait envoyé, il était chanoine à Beauyais , et d'une taille ! Il ay ait près de six pieds ; et comme il atteignait à tout facile- ment , on l'appellait le chanoine Longbras.
M* COLLIGBB.
Mais yous yoyez bien que ?ous me menés à Beauyais 9 quand il n'est question que de ce qui s'est passé à Reims.
l'ABBé.
C'est pour^yous prouver ma mémoire et mon exactitude.
M. COLLIGEl.
Oui ; mais je ne sais encore rien. Passez à la fin do repas. \
Cela est bien aisé à dire; je n'ai pas encore en le tems de rien manger. J'avais pourtant une bonne perdrix sur mon assiette ; il me semble que je la vois encore; muis puisque ypud le voulez, il n'y avait que^ix heures que
j|6d LE CHAl^OIHS PS REIMS.
nous étions à table» lorsque Ton servît le dessert* Il était beau ! daps le milieu il j ayail un jambon...
Ib COLLICei.
Ah ! je TOUS en prie...
L^JLUhii
Tons serez étonné du famboii «a deeiert ; mais c'était notre usa^ dans ce tems-là , parce que cela fisût boire, delui - là était bien salé ; il me semble que je le ¥ois encore.
M. eOL^IGÇH*
' Ah ! je TOUS en prie , sortez de table.
Bpi) I TOUS n'y êtes pa^ Togt ep buTapt^ le doyen dit : Messieurs f $i ppus priions uq peu de nos affaires , nou^ n'aTons pas beau- coup de tems , c'est demain 9 et nous n'avons fiococe rien liéiibéré. £h bieni buvons un coup , dit le chanoine Yentrln. Je ne tous ai pas encore parlé de lui ^ je crois? 11 était g^ros pomme un orme qu'il y avait dans la cour du dojen 9 qui était vieux comme le monde ; c'est moi-même qui l'ai mesuré, il me semble que j^y suis encore»
M. 4:'0&LI0Bft.
Dites 9 enfin que fltes-TOUs ?
l'abbb. KoQ» dklibàrime^ que nau0 nou3 rendrJAof
SCÈNE XL 369
à Téglise le lendemain à cinq heure3 du ma^ tlo. Gobart dit : Messieurs ^ le tems avance; si vous m'en croyez, nous souperons ensem- ble 9 et tout en buvant nous arriverons à cinq beurcfi du mafin ; {e l'entends eaeoce* fibous ordonnons le souper,
J*espère que tous m'en ferez grâce.
!.'▲»]»£•
Il était pourtant bien bon! il me sembie
que j'y suis encore. Nous envoyons chercher nos aurausses. La mienne se trouva brûlée d'un côté, parce que ma gouvernante, qui était endormie , la laissa tomber dans le feu ; anaSs en mettant le brûlé en dedans , cela ne s'apercevait pas. Vous voyez que je lUe $ou^ viens de tout.
M. COLLIGER.
De tout ce qui est inutile.
l'abbjs.
Cinq heures sonnent, nous buvons uh coup , et nous nous mettons en marche; nous arrivons à l'église. Noos trouvons à la porte un Cent-Suisse qui avait unebelle moustache; ii me semble que je le vois encore : Oàallez- vous , Messieurs, nous dit-il? Nous allons 4ans l'église. Vous.în'avéx point de place ici ^ Messieurs.'... Ab! abl celui-là est plaisfint t
a3.
s^o LE CHANOINE DE REIMS.
Vous ne noos connaisseKpas, apparemment?... Vous n*entrerez pas par ici. Allons , marche.
M. GOLLIGER.
Comment ! Vous ne pûtes pas entrer ?
Attendes donc» Nous nous regardâmes tous en riant ; il me semble que )*y suis encore. Yentrin dit : Messieurs, si tous m'en croyez, nous irons nous coucher ; si l'on a besoin de nous 9 on Tiendra nous chercher.
M. GOILICEB.
Quoi I les chanoines ne sont pas entrés ?
L*ABBé.
Pardonnez-moi , par une autre porte; il me semble que j'y suis encore. •
V. COLLIGEB.
Allons I TOUS allez donc me dire ?...
l'abbé.
J'eus une indigestion qui m'obligea de re- tourner chez moi 9 et j*ai été malade pendant huit jours ; je m'en souviens comme si j'y étais encore.
M. COiLIGEB.
Et TOUS m'arez retenu pour ne m'apprendre
que cela ?
L'ABBi.
Ëcoutez donc : si tous n^admtrez pas ma
SCÈNE XÎL 371
mémoire au bout d''un tems si coosidérable 9 je oe sais pas ce que vous youlez.
M.. COLLIGEl»
Je serais parti...
Et TOUS partirez tout de même. Teaez^ foilà madame Mouique.
SCÈNE XII.
L*ABBÉ , M«« MONIQUE , M. COLLIGE».
Ea bien ! madame Monique 9 le doyeo ? II est parti , M. le Chanoine*
M. G0I.L1GEB.
|1 est parti ?
M"* MONIQUE.
Oui 9 avec un autre monsieur; je Tai Ta monter en chaise.
Mw GOLLIGER.
Il faut que je sois bien malheureux! H- l'Abbé 9 vous êtes cause que je suis dans le plus grand embarras.
iL'iBBÉ.
Mais nous trouverons peut-être une autre occasioD.
a7a LE CHAROIffC DE BEIMS. SCÈNE xm.
Eh! non, Monsieur, yt tous remereie; je yais Yoir moi*-iii£iiie ce que je pourrai de-* veoin
L*ABBfi.
Attendes donc.
M. C0LLI6BB.
Adieu 9 adieM*
«
SCÈNE XIII.
L'ABBÉ, MT' MONIQUE.
Pourquoi donc est-il si fort en colère y ce Monsieur? •
Je n'en sais rien. J'admire pourtant ma mémoire ; je l'ai entretenu pendant plus d'une heure, j'^i besoin de boire un coup.
m"' moniqve.
Allons, Tenez, M. le Chanoine; mais une autre fois ne parlez pas tant sans boire.
l'abbé.
C'est ce que je ferai, je tous en réponda bien. Promettre est un , et tenir est un autre^
FIH PV CHANOINE DE BEIJ^S*.
LE
■
FRIPON ORGtJEILtPU:S|; ,
PROVERBE DRAMATIQUE .
^ PAR CARMONTELLE.
^\
w
PERSONNAGES.
M«« DE CLERSEL. LE COMTE DE VÀLPREUX. LE BARON DE VALPREUX fils. LE DUC DE NERVAY, ministre. M. BOUFFI, fînaDcier. LE BRUN, yalet de chambre de madame de Clersel.
La Mène est diez madame de CkncL
LE
FRIPON ORGUEILLEUX,
PROVERBE.
SCÈNE PREMIÈRE.
H"« DE CLERSEL, M. BOUFFI.
||"« DE CLEASEt.
Entbons ici, et asseyons-nous.
M* BOUFFI.
Oh ! Irès-volonliers , Madame, je n'aime point à me tenir debout nulle part ; c'est ce qui fait que je vais rarement aux audiences.
M"**" DE ClBftSEL.
Vous n'en avez plus besoin , à ce qu'on m'a dit, M. Bouffî;'car vous êtes fort riche, et TOUS avez quitté les affaires.
U. BOVFFI.
O9Î 9 Madame ; et , Dieu merci • quand on a cent mille écus de rente, on n'est pas mal.
M*"' DE CLEBSEL.
On est au-dessus de tout.
M. BOVFFI.
Pas absolument ^ Madame ; cependant ma
276 LE FRIPON ORGUEILLEUX, fortune est TouTragc de dix ans , et je croîs que- 66!^ pr9^wr« 4« fl)àpite;.fïiâis*j'ai(auîeiJNrs dtfvant les jeitx ces diabfes de g^enâ dft qua- lité j qui se croient aa-dessuSude tout lemonde, et cela me tracassé*.
Il faut 4Aisser h ekaeof» sa chimère. Venons à l'afliairë dont On m*a dit qud vôu^ ayiez à U)e parler, M. Beufï».
M. BOCFFI.
Madame, fal ênritf der mé marier, et Je crois être un assez, bon parti.
Sûrement.
M. BOUFFI.
Cependant je voudrais être encore meilleur, et c'est pour cela que je veux me marier.
m""*" de clbrsei.. Je ne toos comprends pas.
M. BOUFFI.
Je vais m'expUquer : ce n'est pas assez d'être riche , il fout avoir un état , ef c'est ce qui m'occupe depuis long-tems.
Mais le vôtre?...
H. BOtTFFI.
ri'était rien en cotnparaîson et ce qui je
S€E«fEl: • *a77
désire. J*aî polfr tershi tfn ïiôiîime de mes amis, hocflixiQ d^ 4|tjalf<è Bimpks; msHs son fils n*est pas de mêaie ^ il aime à Tivre , pen- dant que son père amasse ; c'est le baroQ de
. f ■'» lÊ^ D'É-eie'isttv
Ce^ sont des gèuA <îe boiine naaison^
M. BlOUFFI.,
Je ne le sais que trop! Il a vouju m'écrasef ce baron avec sa qualité ; maïs avec mon argent j'ai pris 1ë dessus-; j'ai agrandi ma 't^rre-âO p^îs^ €|u'fiil|ec^sX.d»x foispioïi grMide que la: sienne ; il ^îiiAe la cbias^Qy .et il «»t 4rès-burâé, de tQua 1^9 eêté6 par mes poâses*-
#iOO$7. ,...«>.•-.: .1
M"*^ DE CLEBSEIi.
Yous deveï'étfé téSlâft.
M. BOVFFI.
Point du tout: H dottife des speciacles ohea lui ; on y i^U^la;eoihcdi<e asae» bien : q«*est- ce que j'ai fait chez moi ? \p donne des opéra- comiqu.es^ et je remporté par la musique.
'm™" de clebsbl.
Eh bien! cela est encore un triomphe poor tous.'
M. fiOVFFf.
Qui ne me satisfait pofhl." On dit toujours lar comédie 4e modsiearjf^Itooo.
F. Pro^erbef. i» 24
^78 LE FRIPOflf ORGUEILLEUX. Et la vôtre , celle de M. Bouffi?
If. BOUFFI.
Oui 9 Madame, ToiJà ce qui me désole^ parce que cela a quelque chose d^humiliaut ; je ne voudrais pas qu'il fût au-dessous de moi; mais je voudrais du moins être son égaL
H™' DB CLEàSBL.
Mais s*il vous traite bien*
M. BOUFFI.
Il y a toujours dans ses honnêtetés avec mot ce ton supérieur de la qualité ; enfin , il ii'etivie point mon sort ; et , plus riche que lui de beaucoup, je suis réduit à envier le sien.
M"^ DE. C&BBSBl.
C'est une folie.
M, BOUFFI.
- Qui me fera mourir de chagrin.
Jï""* DE CliEBSEL.
Mais que puis-je faire à cela, moi?
M. BOUFFI.
Premièrement , favoriser un mariage q\ip je désire , et qui dépend entièrement de vous.
M"*^ DE GtEBSBt.
Je vous entends , M. BouiTi ; la toornurt
que TOUS prenex est très-délicate pour me déclajper. yotre amour.
M. BOUFFI.
Je n*ose point me Ûattcr de vous inspirer de raaiour , Madame-; ce n'est point là ce qui me fait désirer de vous épouser.
h"' de GLEaSEL.
Mais quoi donc?
M. BOUFFI.
Deux raisons : ta première, de vous enlever au Baron qui vous aime à la fureur , et qui espère que vous vous rendrez à soo amour.
m"" de glebsel. Comment savez» vous cela ?
M. BOUFFI. V
Avec de rarpent , on sait fout ce oue l'on veut savoir. Si je puis vous paraître cligne de vous, Madame, je vous ferai marquise ; j'ai des moyens pour cela, et je vous assurerai un douaire de cinquante mille livres de rente; voilà, je crois, ce que le baron de Valpreux ne pourra jamais faire avec tout sou amour et sa naissance.
Cela mérite d'y penser. Et comment me fercz-?ous marquise ?
/
^ LE FRIPOF PrîVCil^EILLEtJX:^
•' • 'lLr-Aa09f I... . • .r -:.,!
En fesant érig^er md tc!rk*e eùfiiaH^sdt. M. le duc de Ne.n^jfoi^; cui^ Tptre ami , il est mioisire ^ et rien ne lui sera plus facile. .
H-'' lk9 C^fi^S^t.
u <
..I « .
Mais il ost aqal d« baroa-de fiAfw\m^t'40 son père. . ,..,
M. BOUFFI.
Ont-ils TOtre parole P
U'^'ï!^ CLER^BL.
Non pas àb^oli^n^ent.
' ' • • ' ' ^ ^
Eh bien 1 ne, dites rjen à M. le Duc de nos projets
H^f l>fi CfiB«SEL. "
Tous ayez raison. Il m^a fi»it demander au- jourd'hui un /reqdez-YOUS ici; j.e;lpi parlerai de votre aBaire.
• • •
Et nous eotidlurons tout de sutte lema^ ri«(;e.
«^ SB CLBRSCL.
Allons 9 je n*y perdrai pas un moment.
M. BOVPFI.
D^ailleurs , le baron de Valpreux ne sera pas si ridie qu*i1 le croit, il peut s'en rappor- ter à moi.
SCÈFfi î!. a«i
Kécllcment?
M. BOVFFl.
Je n'ai pas l'honneur de vogs en dire ila- Tantage; j*aî une affaire a terminer, je re- Vieudraf tout de suite pour savoir la réponse de M. le duc de Neryay.
SCÈÎîE IL
M«« »E CLERSEl, Ï.E BARON, M. BOCFFI, LE BRUN.
LE BRUN.
MoKSiEVA le baron dé Valpreux.
II. BOUFFI.
Ah ! je Yous prie , qu'il ne se doute de rien.
LE BARON.
Quoi î Madame , tous avez ici mon voisin, M. Bouffi ? C'est un homme charmant ! .
( Il lui tend la main. M. Boaffi se baisse cl se redresse i tout de suito. )
M. JOWFfl, -«
M. le BaroH a bien de la boulé !
VZ BAH 09.
Il a donné celte année des spectacles char-
majns , délicieux 1
34.
d^a LE FRIP05 orgueilleux:
' M. TOUFFU
Moiisiettr , après lès vôtres. -
LE BABOIf.
Je D^avaîs poîot de musique : ce n'éUiit rien du tout eu comparaison ; mais je dis rien » M. Boum.
M. BOUFFI.
Il i^st vrai que la musique»..
LE BAB09.
Fait tout , tout 5 v^fis dis-je dans un spec- tacle.
m. BOUFFI.
Et la mienne n'était pas mauvaise.
LB BAEOH.
Où aIlez>vou5 donc 9 M. BouQî?
M. BOUFFI.
Une affaire m'oblige de quitter Madame.
M*^ DE CLEISEL.
Vous reviendrez ?
M. BOVFVl.
Oui f Madaac^e , promptemeut,
1 C B A I 0 11.
Adieu 5 adieu , M. Bouffi.
SCÈITEIII. 3SS
SCÈNE m.
H""* D£ CLERSEL, LE BARON.
LE BâROH.
Qv*BST-CE que vous faîtes donc do cet homme-lu ches vous 9 Madame ?
M*"^ DE CLE fl SEL.
Je le vois comme tout le monde.
LE BABOlf»
Cela m'étonoe l Quoi ! vous empruntez dé Targent ?
M"»* DE CLEESEL.' •
Je vous réponds que non; mais il me semble que sans cela on le rencontre par<- lout.
^ LE BAKON.
C'est qu*on est peu délicat.
If^'' DE CLEBSEL.
D'ailleurs, il a une chose lrcs-com»node, partout où il passe la soirée 9 il ne soupe pas , il n'y a que chez lui.
LE BABOIV.
Pariîe moyen 9 on ne mange point avec lui, cela est vrai; cependant vous prenez son parti d*unè manière qui m'inquiète : ce n*est p»s que je loi veuille du mal à M. fiouffî ; il a été
a84 LE FRIPON ORGUEILLEUX.
élevé dans notre maisoQ^ et il a toute là coûfiauce de mon pèi«.
Vous Toyez bien que je n'aidas tort de le recevoir.
■ ■
Cela est différent. Il y a bien quelque oàose à redire sur h manière d<?^t il s'est enrichi.
On croît toujours aroir des reproches à faire aux gens riches.
LB BAROir.
Eh bien I Madame , ne parlons plus de lui , ne parlons que de vous. Vous connaisses ma fortune, et vo«is devez me coBiiaître assas pour savoir si je suis digne de vous ;. mon père veu,l absolument me marier^ il croit que mes assiduités auprès de vous ni* ont perfnis d'espérer de tous obtenir.
U*"^ DE CLERSEI.
Je ne vous ai pas dit le coj;)traire.
LE BABOir.
Non; maïs vous ne m'avez rien dit de positif; et il est certain ^que si je ne vous épouse pas ^ rien au mxmde ne pourra plus me toucher; vous allez faire ie malhear de ma viie.
Vous le croyez, et j'en suis persaadéé^ mais vous pouriii^iJilN^nir.diiàem^de mon-
' LE BABOir.
£t[ i/^(»i:i'bir)>) retarder ce qui peut me reDdre le plus heifr,^(j^bofi^me du monde?
. À iéfcou«ei!.KotM apMMir^
LB BABON.
Dites plutôt à me prouver que vous ne m'aimez pas. /, .; ' '
M™' DV CLEKSEIi.
ae M 4ii:pAs oeKik . , . : .. . :
LE BABON*
Mais dites-moi du (poi^s qge ?x>us m^aioiez.
H"^ DE CLBBSBL.
Cç serait in'en gager.
LE BÀBON.
Et TOUS le craignez^ Madame? J'ai des soupçoas....
Quels sont-ils ^ ' '
Je trouTe qu'ils tous avifissent trop pour TOUS les dire ; mais comparez du moins la
;jm LE FRIPOI^-aitîîttEILLEUX.
elle , et il ne Ta ((nittéf qofen l'assurant qu'il revieudrail bientôt.
f
'' ' '■' j LE DUC.
Pourquoi roi trelle^tie. espèce comme cela?
LE BARON.
3ecraiite(^{S\LÛaflïhmdi\ldk dfe.répouser.
,,,,J^#i^ilfr 90^5^ffr1l5îHf RHip^^^lEJI^F^Wîaiti être saurais croire.
r '14. '
•(' i - V .*» j r"- •' : •• . » LE plie.
Ecoutez 9 je lui ai fait demander un rendez vous pour lai parler eh titre favear; mais je lie me plpétidtrtaî'.j^oiifiti j© yeux ja t^lr fetoir, et sonder ses sen^^icp^ sue Bouffî. Reposez- VQus sur moi , mon cHer Baron ;. vous savez 'combien jéVôus air](ie, h'âje/ poînl dPîîiquic- •tdde. ■ . '. \" "'•'' ' * ' '■•• ^ ..•
Vis BABOiï^. , .,
Je suis comblé de vos bontés , M. te Dub.
rf. LE pt^C.
Où est lé Comté afct'uellément?
>
l« 9A»0jr»
SCÈNE ri. 389
Et je ne Tai pas tu ! cela est fort mal ù lui,
lE BABON.
t
II a beaucoup d'affaires, et même de i'in-r, quiétude , dans ce moment : je vais le re^- )oiadre. . ,
LE DUC.
Dites-lui que sMl a besoin de moi il peut y compter,
' LE BABON. ^
Je Vais le lui dire , M. le Duc.
LE DUC.
' Allez- vous -en, j'entends madame de Clersel.
SCÈNE VI.
M"»'' DE CLERSEL, LE DUC. m!"^ de gleksel.
«
Quoi ! M» le Duc , vous êtes ici , et Ton no me le dit pas; je suis fai'ieuse.
LE prc.
Vous étiez en affaires,
«
M™" DE C;.F.BSEL,
' I '. > • I 11
ÎAîR^î? fi«»?q«e je.iifi qijittfi pour vù\\^\ ^ ▼os momeiis sont préciei^x. Votis ru'a>eïien*
f. Proyerbas, |. U^
ago LE FRIPO» ORGUEILLEUX.
Yoyé demander si tous pourriez me roir , mais toujours...
LE DCC.
C'est que je m'ennuyais d'ayoîr été si long- tems sans savoir de ros nourelfcd, et j'en roulais venir chercher moi-même. Vous êtes toujours la plus helle du monde.
M"" DE CI^EtSEL. ^
Et VOUS toujours le plus honnête, M. le Duc; m^isyraimeat^ ^^atune grande affaire à TOUS communiquer3 k propos..
I.E DUC.
Qu'est-ce que c'est ?
M™*" DE CLERSEL.
Promettez-moi de ne pas me refuser.
CE I>VG.
Si cela ne dépend quip de moi| tous pouvez en êlre bien sûre.
M"*' DE CtEESBL.
Nous avons besoin de Totre crédit.
LE ovc. Pourquoi faire?
M"* DE CLE ES Et.
C'esl un fort honnête homme qui voudrait faire ériger une terre coDsidèrabîe eii mar- quirat* •
SGËNE VI. zigt
LE DUCI.
Est-ce un gentiliîomme ?
M*'*' DE GLEBSBL.
Non piais absolument ; mais un homme anobli y je crois , par des bharges.
tB BVC.
C^est un lître fort commun pour bien des cens , et ces g)râces-]à ne s'accordent qu'en nreur du mérite ou dés services rendus à l'État.
yf^ BB CLBBSEt.
Hais avec de l'argent P.. .
LE 0IJG.
Ab I \é roiè i)ue votre homme a plus d'ar- gent que de mérite.
M**' DE CLE R SEL.
II éj&t yrai qu'il est fort ricde , et je suis dans te cas, de lui avoir les plus grandes obli- gations. ^. ,
LE BCC.
Vous , Madame ?
fl^*^ OË CLÊRSEL.
Ou5, iHr.'I^'Duc, et si vous vouliez, vous ' me feriez le plus grand plaisir, et vous me rendriez le plus grand service.. .
Je sais de qui voUs m^ pariez j Maddme i
iga LE FRIPON ORGUEILLEUX.
et je suis, bien étonné que tous vous intéres- siez pour cet honame-là I
M""^ de CLEBSE.t.
Mais je i>e tous ai pas dit qui c'est.
lE DVC.
Je l*ai deviné. Vous autres femmes, tous vous intéressez comme cela pour Içs gens sans les connaître. Apprenez qu'il n'a tenu qu'à moi de perdre votre protégé, parce qu'il te mtnitait.
>|"** DE CLERSP-l..
Vous TOUS tromper, M, le Duc-
L£ DUC
Je ne me trompe point , et /e vaij» vous le prouver. Je m'intéresse pour le Bamn , je venais vous proposer de Tépouser; c'est un homme de qualité qui fera son chemin « et d'une fortune assez bonnête , pour être pré- férable à Ce îaste, qtii , au lîeu'd'éb] .uîr', rappelle la source impute où il a pi'Is naîs^ sance.
M™* DE C LEE SEL.
Ah! vous êtes charmant, MKleil>i^î jVune le Cas' que vous faites des honnêtes gens.
tB DUC. Ml n
•i' •>
1
Aimez-les donc aussi, et ne me parles point
pour -des gens méprisables.
StÈNEVI. ag3
M™' DB Cr.ERSEt.
Je n*en connais point y ou je me sui» aveuglée.
, lE DUC.
En ce cas-là, je vais vous dessiller les yeux : l'homme dont rvpas venei de me parler se nomme Boufii.' "^ ' ^
II est vrai ; mâls;..
lE-DlDC, .
.. > • ' ■ •
Lai^s^z-mol achevofi II v.eut vous époiiser, convenez-en. :, :
M'"" DE GLBRSEL.
Je ne saurais le dissimuler.
. ' ' 'tE 'duc: '
Eh bien ! apprenez que c'est de lui qae je fesais le portrait dans tout ce que je vous ai dit.
M'™' DE GLEESEC;.
Il à sûrement des ennemis qui vous ont indisposé contre lui.
i% DUC.
SeS/ ennemis sont se^ vices 9 ils parlent très -hautement. Si vous en avez bien pensé jusq'u'S' présent, soyez délron^pée; tôt ou tard vous verrez la vérité d« ce jque je vous
di*.
a5.
394 ^^ FKIPOfr OKGtËILLEUX. M™* l>B CLEftSki, à part. Je 0ttis anéantie !.
LE DUC.
Ah ! Yoici le Goifitc , énBn.
SCÈNE TÏI.;
M"^' DE CLERSrEL, LE DUC, LE COMTE»
LE BARON.
LE C6^MTIli.
MoiirsfEtm Te Dôc , diaprés ce qaê tnoû fils YÎeDt de me dire de vos boQtés, je vieas les réclamer.
LE nue*
Dites , mon cher Comte,; vous connaisses toute mon amitié. pour vous, je vous servirai de tout mon pouvoir.
LE COMTE.
Une partie de. ma fortune eâr perdue sans votre protection ; les lois mêmes ne sauraient m^élre favorables ; puisque je n'ai point de. titres contre le malheureux eiî qui j'ai eii une confiance au^si indiscrète.
LE II oc.
E:(pliquez<moi votre affaire proorpt^nxeot,
LE COMTE.
JF'avais^ il y a un mois^ trois cent mitli»'
SCÈNE VII. 395
francs à placer; on m'indique une tcAre i acheter qui mé convient, il ne s'agit que do XttfïiYt^tr; ilOafs 11 faut encore quelques jours Une aulW àtfdirÉ tti^ôbïîçe cf'aHer à ia.cam-i pagne. H laisse oae^'cehl raillé çcus à celui c|ur tn*a proposé la j terre pour conclure te oiOi'Ofié , et je pi^Vs, côinjitaQt sur lui.
I. B D U G.
Sans quittance dtt ead^ôt P Pas la moindre.
*■• ' f
M"** DE CLEBSEI.. •
Comment? - , .
lE DVC. ' '
CVst Fusaffo. on ne saurait en demander; mais les gens honnêtes dëyraient toujours eu éonnt* > lors^'î^d s'en eiîaft'gèTit/
LE COMTE.
J'écris plusieurs fols pchd^ant mon ah- MBce^ ntUt réponse; o«1a ne» m'inquiète pas 5 mais-^mé fait îmagiiier ^euAement qiiié mon marebè t%i rompu* le revî<eD», et comme 06 m'avait trouvé an autre <teinploi pour mes cent mille écus, je vais les rede-* mander.
LE DDC. '
Ehfcîcn?' •
LE COMTÉ.
On feint de croire que je plaisante ; fp
ttgS Lî TRIPON ORGUEILLEUX.
parle très-sérieiisemeut ,.et l'on raç dit qu'on n'a nulle cannaissiioce de ce que je demaude. Je me souvrens alors que ^e n'ai pouit de li- tre ; je veux consulter pouir savoir qv{th sont l«s "moyens qu^i je dôjs^emplQyer; je trouve juon fils , îi m'assure que vous seul , M. le Duc, pouvez ' effrayer' le coupable, et me faire rendre jusVic'e ,' et c'est Ù v6u& qiie j'ai lecours. .» ; : . '
Et quel est ce ^iiisépabie: dépositaire?
LE COMTE.
M. Bouffi. .1 . :
M™*" DE CLEBSEL. *' *'
M. Bouffi ! •
LE DU C
. I • • •
Madame, vailà l'homme dontjeivous pai^ lais dans rînstaht.
M™* DE CLERSE.f..
C'est «un nx^nfitre! mais,. M. lelkio, est- il possible «|iu'îl y. ait des gens dans le monde qui s'enrichissent pî4r d'<'tussi; affreux moyens > et qui'fiVn soient pa» désbonorésP •
' LE i^uG. • ; ' '■
Que trop ! Mais, mon cher Comte, avez- •vous quelque témoin de votre confiance en Bouffi, lorsque vous lui avez remis vos cent mille écus ?
SCÈNE VIL 297
LE COMTE.
Oui, M. le Duc, son caissier; mais i( est riche aussi , et je ne doute pas qu'il ne parle comme lui ; il îi sûrement sa part dans toutes ses friponneries.
tE DVt.
Je connais sa réputation. Je me chargée de votre affaire : Je vdis commencer par envoyer cbercher Bouiîi'.
£E BAROir.
On ne le troavera pas chez lui, I
M"" DB CLEASEt.
^OD f il doit venir ici.
LE DCC.
Je vais l'y attendre, et j'espère que je pourrai le confondre.
J'entends une voilure.
LE BAKOir, regardant à ta fenêtre.
C'est lui-même.
LE Duic.
Baron , enirez là-dedans areo le Comte ^ je' vous appellerai quand il le faudra.
LE COMTE.
Ah! M. le Duc 9 que d'obligations!...
a^S LEFIVIPON ORGUEILLEUX. Vous perdez du teins.
SCÈNE VIII.
H-" DE GLERSEL, LE DUC.
U^^ DB CLERSEL.
Je me rélire aussi 9 je ne veux plus revoir UD luoostre pareil.
LE DUC.
Nou , Madame 9 il est nécessaire que vous restiez.
VH^' DB CLÉKSSt.
Moi ?
LE »VC«
Oui , je veux que vous soyez cônvaÎDCue de Tatroclté de son crime > eu le lui enten* dant a? ouer à lui-mêxne.
M"^ DE CLEBSEI..
Je n*en ai pas besoin pour le croire.
LE ovp.
Pardonnez-rmoi 1 quand ça a, rs.nnc hon- nête « on a <le la peine à le concevoir , et Bouffi serait capable d'oser voulorr vous per- suader que j*ai abusé du 'pouvoir que me douno ma place. DemeiMTCz^ je vous prie^.
SCÈNE IX. 399
SCÈNE IX.
M"' DE CLEftSEL, LE DUC, M. BOUFFI,
LE BRUN.
LE BRUN.
MoifSitiVB Boufn.
M""" DE CtËRSEL.
Je n'oserai seulement pas le regarder.
LE Bt)C.
Ayancez, M. BoufH.
M. BOtPFI. *
M. le Duc, je sui^trop heureux que tous me permettiez de vous faire ma cour chez Mad^n^je; )^ pi^yais robliptioa gue je vais lui avoir.
M™'' DE CLERSEL, indignée. A moi ? '
LB DUC.
Répondez-moi, M. BouflQ ? vous con- nflidse^ sûrement M. le comte de Valpreux pour un honnête homme ?
M. BOITFFl.
Oui, M. le Duc; il y a long-tems même qu'il m'honore de son amitié.
Eh bien I vous n'imagineri«z paB de quoi^ U vous accuse?
3oo LE FRIPOlSr ORGUEILLEUX.
M. BOUFFI.
Moi?
LE DVC.
Ouf , Yous : il prétend 'qu*il vous a rcmU en dépôt iioe somme de cent mille écus » et que, lorsqu^l vous Ta redemandée, vous avez nié ce dépôt; voilù'ce que je ne saurais ^croire d'un homme comme vous.
M. BO€FFI.
M. le Duc a bien de la bonté !
LE DUC.
H est important de savoir le vrai de celte affaire.
M. BOUFFI.
Le vrai est que je crois qu'il plaisante.
£E DUC.
C'est ce que je lui ai dit; car vous lui au- riez donné une reconnaissance d*un dépôt sî considérable, vous, ou au moins votre cais- sier, qui était présent lorsqu'il vous l'a re-, mis.
M. BOUFFI,
Cela n'est pas douteux.
LB OUC.
Mais comment désabuser le public à qui îl eon^era cette histoire? Je ne m\i cornaient
vousl'crez, cl il serait désagréable paur vous
SCÈNE IX. 3ot
de lui en donner une si inaiiyaise opinion : on vous recherchera sur ^'autres imputa- tions.
M. BOrFFl.
Je recpn nais bien la protection dont M. le Duc veut bien m'honorer^ et j*en suis com- Lié de reconnaissance.
LE DUC.
Dites donc ce que vous ferez.
M. BOUFFI.
Rien. N'ayant point de titre ,. cette accu- sation tombera d*elie-mêtne.
LE DUC
Mais vous convenez que le Comte est un honnête homme 1
M* BOUFFI.
Il est vrai, M. le Duc.
LE DUiJ.
Il serait affeux qu'il abusât de sa réputa- tion pour vous déshonorer. J'imagine un moyen qu!il faut que vous employiez pour prouver que son accusation ebt fausse.
M. BOUFFI.
Je suis pénétré de vos bontés. Al. le Duc.
LE DUC
Mettez-vous là , écrirez ce que je vais vous dicter.
F. Proverbes, l. 20
doa LE FRIPON ORGUEILLEUX.
M. BOVFTI.
\(^oûtiers.
Cette lettre est ponr totre caissier » éorî- vez. ( // £^<V/^. ) « Je suis actuellemeof ris- D à- vis de M. le Duc de Nenraj, qui est in<* » struit du dépôt que m'a remis M. le Comte » de Valpreux. »
M. BOUfFI.
Mais...
L£ DUC.
Écrirez donc. ( // dicte. ) a ReiiToyez-moî » les cent mille écus par le porteur de ce bil- » let , sans retard,; saoa quoi f si catte affiûre » éclatait j je serais perdu sans ressource. »
M* 909FFU
M. le Duc 9 je n'écrirai pas cela.
L'B DUC.
Pourquoi?
M. BOIïFFI.
C'est qu*ri n'est pas vrai que j'aîe reçu cet argent.
I.B nue.
S'il n'est pas vrai , noos rerrons ce que répoudra votre caissier.
M. BOQF.FL
Mais en vérité, M. le Duc...
SCÈRE X. 3o3
xi: DDC
Avo^éA donc que tous èteê iàn'imlgne fri- pon, et qn*il ne tient qu'à moi de tous per- dre ; songez que j'ai encore d'autres moyens, et que je les emploierai , si cet argent n'est pas rèûdu aujourcThtii."
M. BOUFFI.
Eh bien ! M. le Duc^ je vous demande bien pardon; mais je vous jure qu^il le sera.
i.« DUC-
Voilà , Madame , rhomme que vous tou- liez faire marquis.
M"** DECLBRSEL. ..
Ab î Monsieur I que me rappelez-vous !
LE i)DC« a M. Bouffi.
R<istez itii. {Ja ÛomU,) M. le Comte ^ venez.
■ SCÈNE X.
M'"« DE CLERSEL, LE DDC, LE COMT£> LE BARO^, M. BOUFPL
Ll ÔDC.
VrtTBB dépôt vous sera remis âujodrdliaî ; mats, quoique je ne craigne pas qu'il me manque de parole, je veux que vous fiyet un litre. (À M. Bou/fi. ) Faites à l'iostadt un iMllet à M. le Comte.
3o4 LE FRIPON ORGUEILLEUX.
M. BOUFFI.
Je vais ie faire 5 M. le Duc. (H s§ m€t à
écrire. )
tK DOC*
Ce D*est pas tout 5 je veux qu'une actioa aussi infâme soit connue, et que le public n^accorde plus que du inépris à un misé- rable qui osait lui eu imposer par un faste insolent.
H. BOUFFI.
Voilà le billet , M. le Duc.
LE DUC
Cela est bon. Songez à tenir parole.
M. bouffi; Je Tais m'en occuper à l'instant.
LE DUC.
Un moment. Je veux savoir , étant prodi- gieusement riche , comment on peut désirer d'augmenter ses richesses par un pareil moyen. Uépondez.
M' BOUFFI.
M. le Duc 9 les. richesses ne suffisent pas toujours pojir faire notre bonheur; j'ai dé- siré d'être qualifié : Madame pouvait seule remplir mon ambition, étant votre amie» J'ai voulu l'éblouir par mes richesses; et, en diminuant celles de M. le Baron ^ le mettra
SCÈNE XI. 3(>5
hors d'état de coatinuep à aspirer à sa mala : sans cela ^ croyez que pniais.*»
LE D6C.
Sortez.
SCÈNE XI.
M- DE CLERSEL, LE DUC, tE COMTE,
LE BARON.
LE IXDC.
Madame » où allez-yous donc ?
M"** 1>E CIK&SEL.
Cacher ma honte , M. le Duc.
LE ^AEON.
Votre honte ? ^
m"' 1>B ClEftSBt.
Ah ! sans doute ; n'est**il pas affreux pour moi, quoique sans^ le savoir , de in-'être» trouvée en société avec un homme comme celui-là ?
LE BAEON. ,
Vous ne le connaissiez pas.
^ m"*'' de cleesbl.
Est-ce à TOUS, M> le Bâton, à entreprendre de me justifier?
3o6 LE FRIPON ORCUEILLEl>X.
I4E BABOH.
Ouï, Madame; je dois tous d'éfaidrc con- tre Yous-iuême. £bJ qui o?est pas sujet à l'er- reur ?
U"^ DE CLE E SEL.
Songez donc qui j'aûj^aîs j^a vous préférer.
LE BAEON.
' Vous no cohnaisâie» pas mon cœur. Vos X torts sont les miens. Si j avais eu le bonheur de TOUS plaire 9 et de réussir à me faire ai- iner de tous, vouis n*eus^iez jamais écoulé M. Bouffi.
V^* DE CLBB^EX*
Quelle générosité !
lE BUG.
Cessez de tous affliger , Madame.
||<«« DE CL RU SEL.
Eh ! qui pourra me consoler dé celte aten- lure.^
LE iiirc.
Une liaison intime ayec les deux plus hon- nêtes gens qui soient ati monde. Consentez à épouser le Baron ; occupée de faire son btfn* heur 9 TOUS ferez le vôtre.
M"** DE CLE ES EL.
Et comment lui faire oublier?...
SCÈNE XI. 3o7
tfi COHTÏ.
Ne TOUS a-t-il pas dît tout ce qu'il pen- sait ? Une imprudence reconnue met à t'a- bri d*eD faire jamais d'autres.
IB Dire.
Le Comte a raison. Pour moi , je you« draîs employer mon tems chaque jour aussi bien. Démasquer des fripons» et faire des heureux , doit être Inoccupation des honnêtes gens. Quand ta poire est mûre, il faut qu* elle tombe. ...
FIN BV FEIPO»^ OACmiLdSIIX»
TABLE
DES PIÈCES CORTERUES DANS CE VOLUME.
f
Avis de TËdileur i
On FAIT CE qu'on PEtT, KON PAS CE Qu'ov
TevT, proverbe dramatique, par Dor-
'/ Vigny. , 5
Notice sur Carmontelle 65
L'Innoceivce sauvée 9 proverbe drama- tique, par CarmonteUe. . . . • 69 Le Legs, idem, du même. . • ... 85 Le Bon Père, iderri^ par Garuier. . -. loS^ Les Habits de noces, idem, du même. i5i Le Café bobgne, idem , par Carmoutelle. i55 Le Muet, conte dramatique, du même. 177 Le Nouvel Action, proverbe drama- tique, par Willemaîn d*Ablancourt. . 20^ Les Deux Filous, idem y par Carmon- telle «... 225
Le Chanoine de Reims, idem^ du même. 347 Le FaiPON orgueilleux , idem 9 idem. « 9^3
riir os LA TABLE* '
• I
. FIN
DU RÉEERTOIRE
3>tf
THEATRE FRANÇAIS.
9
43.
SENLIS,
IMPRIMBRIB STéRÉOTTPK DE TREMBLAT.
FIN
DU RÉPERTOIRE
DV
THÉÂTRE FRANÇAIS,
ÏTEG Cil NOUVEAU CHOIX DES PIÈGES DES AUTRES^
THÉÂTRES y
aAssEMBLéfis PAn'M. LEPEINT'K'ËJ PROVERBES. — TOME It
A PARIS,
CHEZ W^ VEUVE DABO,
A LA LIBRAIBIE SXtuioTTPEf AVE DU POT-DS-FER, N^ x4.
i8a.4.
1^.^
T
. i .,.
': lî^l
'» ' ï * ' t ■
• . » . , ■ / •
LES VOYAGËtîKS ,
PROVERBE DRAMif?IQDE ; "
PAR CARMONTELLK
-.1
> •'•• •»*
F. Proyeii>el. 9.
PERSONNAGES.
M" DE MORTILIÈRE.
M- DE SOUSAY.
UABBÉ D'ORLOT.
M** ROUGEAU, maîtresse de poste.
M. DU HABLE.T -- -
M. PiNCONv ei^mpl de Iz^ mârècbtussée.
ANDRÉ,* posjillaa.
La scène est à la poste.
LES VOYAGEURS,
Pfl^OVERBE.
»^^»»^<^%»»»%%%»» %>%^'»V»»%
SCÈNE PREMIÈRE.
M-** ROUGEAU, M. DU HABLE.
M. DO kiBLBy avant de paraiire. Ov est-elle > madame Roogeau ?
M** BOUGE AU
Me Toilà I me yoilù ! Ak! c*est tous, M. Du Hable ?
H. DU HABLB.
Oui, c'est moi*même. N'y a-t-il personne ici qui oous entende ?
Nbn , non ; tous pouvez parler.
M. DU BABLB.
Il Ta TOUS arriTer une Toiture où il y a un abbé et deux dames.
M»* B0V614V.
En poste ?
M. DU 9ABLB.
Oui ; ainsi tous savez bien ce que tous a? es à faire.
4 ^ LES VOTAGEUftS.
Sans doute; mais c'est <(ue je Grains tou« {ours.
Qooi ? .
M^ lOVCSAV.
Que, sti Sain cela toarnaît m^Lt*
H. DQ BABLI.
Que Toulez-Tous dire ? quel mal trourei-
Tous d'attra^r des nigauds ? D'ailleurs , tous
leur faites bonne chère, et ils ne souperaient
pas 91 bien , et ne seraient pas si bien coih
' ohés à d'autres postes.
Cela est Trai.
M. DU BAtLB,
Ne seront-ils pas &op heureux d'être Ici?
V** aOUGBAV.
Saus doute; mais...
H. DU OABIB.
N*aYons-nous pas toujours réussi ? p*y fj^f gnez-YQus pas de Fargent B
3'en coDTiens ; mais. ..
M. DD BABtB. '
Quelle idéç a^ez Tous-donc aujourd'hui?
SCÈNE IL 5
Tenez , Toîlà . la Toiture arrivée ; songez k TOUS : (iaD9 un moment je ferai le reste.
( Il sort. )
SCÈNE II.
M~ ROUGEAUf ANDRÉ.
▲ H D a É.
Hadahb Rougeau, y'ià qu'oo demande qus^tre cberaux.
N'as-tu pas dit qu'il n'y en avait pas ?
i^paé.
Oui Traîment ; mais II y a un abbé qui jure comme un possédé , et qui dit qu'il nous en fera bien trouver.
Âb ! je ne le crains pas. Fais sortir ceux qui sont dans l'écurie 9 dans le verger, et ferme bien la porte du jardin.
i^Hnaé.
Ab! oui^ oui f j'entends; j'y vais*
I LES VOYAGEURS,
SCÈNE ill.
m- de mortilièke, m-* de sousay, );abbé, m- rougeau.
L* A B B B 9 d^une Toix flûlée. Comment! Yeolfe non pas d*un diable, il D'y a pas de chevaux ici ! je ferai casser le maître de poste.
V*** BOUGE AV.
M. l'Abbé, il n'y eu a pas; il est mort il J a trois aos, le pauvre homme!
i'ab b b.
Est-ce vous qui êtel la maîtresse de la poste ?
V™* BOUGEAV*
Oui 5 Monsieur, à vous obéir.
l'a b b é.
A m'obéir ? En ce cas-là, donnex-oous des chevaux.
m"*^ bouge au.
Mais, M. l'Abbé, )6 n'en ai pas pour le présent.
I.*ABBB«
Comment! mort non pas d'un diable* vous n^avez pas de chevaux ! Pourquoi donc êtes-
SCËNEIII. 7
vous maîtresse de poste? Je m*eo pUindraî à M. Flnteadant.
4
Ur* BOUC EAU.
Et c*est justement lui-même qui les a tous '
l'iBBB.
pris. Qui?
V^« BOVCtBAV.
Monseigneur l'Intendant; mais avant une heure il y en aura sûfement de retour.
Gomment I l'Intendant ?. ..
M"* BOCGBAU.
Il fait sa tournée 9 et 11 a bien du monde. Je TOUS réponds que les chevaux ne tarderont pas.
l'abbA. U feudrait envoyer au-devant»
De quel côté C6« dames vont -elles ^ mon- sieur lAbbé ?
l'abbé. Nous allons à Sedan*
M*^ BOUGE AD, fetftntrétouiée. A Sedan, M. l'Abbé t
$1 lES VOYAGEURS.
&ABBIÇ.
Oui, à Sedan.
Allons > puisque vous voulez partir abso<« lument.
Assurément.
le vai3 envoyer.
i'abbé. Et vous (i^ret bien.
SCÈNE IV.
M^« DE MORTILÎÈRE, M-* DB SOUSAY, L'ABBÉ.
Uy' I»B MOETILIEBB.
Vous vojezy Madame, comme il est né- cessaire d'avoir des hommes quand on voyage^ pour parler à tous ces genS-là.
M™* SB SOUSAT,
Oui, mais l'Abbé m'a fait peur ; il jure, que ç'(!st affreux !
I*ABBi^
Bon ! TOUS ne voyez rien ; quand j'ai pensi ttre cornette de dragons, je jurais bien mieux que cela.
SCÈUBIV. ^
M"* DB MOATILlèiS,
Mais 9 fi donc!
l'abbé. .
Mon oncle avait un lieutenant dans sa com- pagnie, qui s'appelait Pinçon , qui m'en ayait bien appris d'autres. Ob ! j'aurais été un fort bon militaire^ si on ne m'avait pas fait abbé.
M"* DB SOUSAT.
Je le crois 5 au moins « Madame.
M*" DE MOBTILIÈEB.
Et moi aussi. Je voudrais voir l'abbé d'Or<i lot en dragon.
L^ABBÉ.
Je VOUS en donnerai le plaisir 9 si vous voulez, quand nous serons à Sedan. J'ai en- core l'habit qu'on m'avait fait faire.
H"** DE sou s AT.
Je ne m'étonne pas s'il est si brave, l'Abbé; il est charmant ! il n'a peur de rien en voyage; il est tout-â-fait rassurant.
l'abbé.
La bravoure est une misère , quand on. pense d'une certaine façon, Tétat ne fait rien»
V^' DB MOBTILIBBB.
Je ne crois pas cela; car j'ai vu un évêque qui avait peur des vaches; s'il eût été colonel^ sûrement il pç les aurait pas craintes.
to LES VOYAGEURS.
m^ DB S0VS4T.
Enfin nous sommes fort heureuses d*aTOÎr l'Abbé avec nous.
m^ DE MOaTILlBiE.
Il faut en aTOÎr bien soin.
M™" DB sou SAT.
Sans doute,' et je pense qu*i! s*est enroué en criant : si nous lui fesions faire un lait de poule?
11°^ DB HOBTILIBBB«
Cela est très-bien pensé.
l\bbé. Allons f Mesdames, yous êtes trop bonnes*
M** DE SODSAT.
Non y non , T Abbé, je le toux absolumeati et je Yais appeler quelqu'un.
M"" DE MOBTILIBBB.
Oui ; car il ne pourrait peut-être plus chanter. Ah I Toilà la maîtresse.
SCENE V. II
SCÈISE V.
M- DE MOKTILIÈRE, M- DE SOUSAY, M-* &OUGEAU, L'ABBÉ.
H"*" ftOVGVAt.
M. l'Abbb, je Tiens tous dire une bonne nouTelle.
L*àlBB.
Comment ?
K^ BOVGCAV.
Vous aurez des cheTaux aTant un quart- d'heure.
t*ABB£»
Tous TOjez bien , Mesdames^ que je saTats bien que je tous eu ferais a^uir.
iiue
BOUGE AU.
Oui; mais, M. TAbbé, je ne sais pas si TOUS ferez bien de tous en servir.
t'ABBé.
Pourquoi donc ?
M*^ BOUGBAO.
C'est qu'il est déjà tard, et la nuit...
LABBB.
Ob t nou» ne craignons rien.
la LES VOYAGEURS.
M"* EOVGBAU.
Si TOUS ne craigoez rien 5 cela est di/Ie« rent.
l'a B B B4
Comment ! cela est différent ? Est-ce qa*il y a de mauyais chemins?
M"* BOUGE AU. •
Ce n^est pas cela : le chemin est bon ; maïs la forêt...
l'abbé. '
La foirêt? Que voulez-vous dire?
M"** B'OUGEAV. '
Oh ! rien ; je ne veux pas faire peur à ces dames. Je ferai mettre les chevaux d^abord qu'ils seront arrivés; on ne leur fera pas manger Tavoine , pour ne pas' vous retarder.
M"^ DE ttOBTILJÈBE.
Dîtes donc , Madame , qu'est-ce qu'il y a dans la forêt ?
M"* ROUGE AU<
Oh! rien 5 rien.
M"**' DE SO USAIT.
Nous voulons le savoir absolument.
M"*'* BOUGE AU.
Eh bien! Madame ^ je m'en vais le dlrcù M. l'Abbé.
SCENE V. i5
l*ÀBrc, inquiet. Voyons : dîtes-moî ce que c'est.
ll"*10i:6EAC^ àTAbbé, àpart.
Est-ce que tous n'arez pas entendu parler de Bras-dc-fer?
Non : qu'est-ce que c'est que Bras-de-fer?
M"* AOUGEÂU.
C'est un solitaire qui arrête toutes les Toi- tures pour les voler.
l'àbbI. Cela est bien certain ?
m"» boiîgbâu. Oui , M. l'Abbé.
M"* DE SOVSàT.
Madame , l'Abbé pâlit.
l'abb£. Je pâlis?
«[•• M SOtSàT.
Oui,rAb1)é.
l'a B B B , se rassurant. Moi ? point du tout.
M""* DE nORTILlÈRB,
Allons, Madame, dites-nous donc...
F, Proverbe». 3. 2
t4 LES VOTAGEURS,
SCÈNE VI.
LES PEÂcioBiis, H. DU HABLE.
H. t>v H àBLB 5 sans paraître.
ÂI.L099 donc, madame Rougeau, desche- TAUX 9 des chevaux; mais où est-ello dooc ?
Me voilà ! me voilà f
M. D V B A B L B.
Ah ! ah! ici? Mesdames 9 je tous demaude Lieu pardoo.
( Il veut s>n aller. )
L*ÀBBÉ.
«
Entrez donc 9 Monsieur, entrez donc.
K. DU RÂBLB.
C'est que je crains d'être indiscret. Ces damed tous en {orient.
«■• DE SOUSAT.
Oui 9 Mo leur, nous serons bien aises de causer avec tous.
l'abbé.
Monsieur, pourrait-on tous demauder si TOUS viendriez de Sedan !
SCÈNE VI. iS
«•DU HàBlE.
Oui , Monsieur.
M** DE MOftTlLiEaBy à madame de Sousay. Abl âh9 Madame 9 uous allons saToir...
l*àbib.
Monsieur, le chemin est-il sûr?
H. ou H4ELB.
Oui , Monsieur, c*est un fort bon chemin.
L*A»BB.
Il n*y a donc rien à Craindre ?
S. DV HàBLC.
Non. Ponr le peu que yotre voilure soit bonne > tous arriverez aisément à Sedan.
MT de MOBTltlkàB,
Hais ce n'est pas là ce que nous vous de- mandons. Nous voudrions savoir si nous fe- rons bien de traverser la forêt la nuit.
». DU Uâblb. C'est selon qu'on est brave. "^
M** DE sous AT. Comment? brave ! Madame...
L'ABBi.
Voilà ces dames qui se récrient déjà. Pour moi 9 je n'aurais pas peur ; mais quand on est avec des femmes , vous sentez bien qu'on est fort embarrassé.
i6 LES VOYAGEURS
M. DU BÀBtB.
Ma foi , Monsieur^ il me semble pourtant qu'on doit avoir peur la nuit ; pour le jour y on Toit Tenir, et i*on se tient sur ses gardes.
l'abb&5 trevnblant.
Comment, sur ses gardes!
M. I»0 HàBtS.
Oui. Par exemple , j'ai ?u Bras-de-fer Te- nir à gauche 9 j'ai tenu mon pistolet sur la portîère,il s'est éloigné. Jemesuis bien douté qu'il reparaîli ait à droite. En effejt, il s'est présenté; et moi, mes deux pistolets à droite et à gauche, j'ai passé la forêt tranquillement: ainsi , en fesant comme moi ; mais de jour TOUS a'dTez rien à craindre.
t'ABBÉ.
Mais nous n'aTons point de pistolets ; je n'ai pas cru^ en sortant de Paris, qu'il y avait à craindre sur ce chemin-ci.
M. nu BÀBLE.
Il y a des momens où vous pourries pas* ser.
L^À B B L
Des momens?
M. DO BABLB.
Oui, où Bras-de-fer serait occupé ailleurs» par exemple...
SCÈNE VI. 17
U^* DB M'ORTILIÈRB. ^
M. TAbbé 9 je oe passerai jamais la forêt.
M"»» DE SOtlTSAY.
I
Ni moi noo plus^ sûrement.
l'abbé.
Attendez donc, Mesdames; il ne faut pas avoir peur comme cela ; si vous étiez toutes seules 5 à la bonne heure.
K. DU HABIB.
I
Mesdames , songez donc que tous arez M. TAbbé qui doit vous rassurer.
M*^ DE UOBTILIÈBE.
Oai ; mais nous ne voulons pas le faire tuer.
M. DU RABLB.
Il n*y a rien à craindre avec des pistolets ^ je vous en réponds.
M"^* DE sous AT.
Mais 9 Monsieur, on vous a déjà dit que nous n'en avions point.
H. DU HA BLE.
Gela devient différent.
L*ABBÉ.
Attendez, Mesdames^ il me vientune idée.
Bl^« DE MOATILIBBB.
Allons, voyons j l'Abbé.
3,
i8 LES VOYAGEURS.
M*' DK SOVSATr
Âh ! il est charmant.
l'a b b ê.
Monsieur j tous pouvez nous faire uo grand plaisir, et qui obligerait iufiuimeDt ces daiucs.
M. DU HA BLB.
Je ne demande pas mieux, assurément.
l'abbé.
Je le crois, ainsi voici ma proposition : TOUS pourriez nous prêter ou nous céder ?os pistolets; yous n'en arez pas besoin pour aller d'ici à Paris : il n'y a rien à craindre , nous en venons.
M. DU BABit.
Oui, Monsieur; mais je n'j vais pas, moi : à trois lieues d'ici je quitte la grande roule. .. et, ma foi, on ne sait pour lors qui ou peut rencontrer; je suis au désespoir de. vous refuser ainsi que ces dames. Je voudrais de tout mon cœur...
M*"' OB MOBTILIEBf.
Ah ! Monsieur, nous n'en doutons pas. JLt\ vérité f l'Abbé « aJssi vous ne songes à rien.
l'abbé.
Voitf verrez que j ai tort^ à présent.
SCENE VI. i^
M™* DB SOU 8 A T.
Les hommes sont comme cela.
H°^ DE MOATlLlEftE.
Moi , je ne saurais souffrir les gens trop braves.
lVbbe,
Mais^ Madame, ce n'est pas ma faute si...
U^ DE SOUS AT.
Il faut du moins craindre pour les autres, et ne pas croire que tout le monde tous res- semble.
l*àbbb.
Croyez-Tous que je ne crains pas ?
M. DU BAB LE.
Attendez, Mesdames, je crois que je pour- rai TOUS lirer d'embarras.
H""*^ DEtfOBTlLIBBB.
Ah! Monsieur, dites donc promptcmeot.
M. DU HABLE.
Oui , sûrement , je dois les aTOir.
l'abbb. Quoi donc?
M. DU HàBLB.
Je m'en Tais tous le dire.
M™* DE SOUSaT.
Me nous faites pas lang;uir.
ao LES VOYAGEURS.
M. DU B ABL É.
Dn de meS cousins, qui rafible de belles armes , m'a prié de lui rapporter de Sedan une paire de pistolets , et je crois que je les ai dans ma malle.
l'abbé.
Réellement?
H. DU HABLB.
Je n^en suis pas bien sûr; mais je yais j voir.
M""* PB M0ETIL1BBE.
Ah ! Monsieur^ ne perdez pas un instant. Pûunru que tous ne les ayez pas oubliés.
M. IbV HABLE.
Je me rappelle à présent qu'ils doîyenl j être. Je reviens dans le moment.
l\bbé.
Allez , allez , Monsieur^ allez vite ; et en« Toyez-Dûus la maîtresse.
U. BU habls. La Toici , M. TAbbé.
SCÈÎÏE VIL ai
:. SCÈNE Viir'-
M*« DE MORTILIÈRE, M"« DE SOUSAY, L'ABBÉ , M"»« ROUGEAU.
M"»* BOUGEAU.
M. l'Abbé , vos cheraux voQt être mis dans l'instant.
l'abbé. £coute9-Q<>U3> Siadame.
H™* BOUGBAU.
Oh ! Monsieur, ils sont bons , ils vous mè- neront bien.
li'ABBÉ.
Ce n'est pas là ce que je veux dire*
H"* BOUGE À 0.
Je vous donnerai deux postilloQS qui û'ont pas peur. ^
l'abbé.
Un moment donc.
11"^ BOUGEAIT.
Ils iront ventre à terre ; si on vous atta-^ que...
V l'abbé.
Mais nous ne voulons pas partir à présent.
99 LES VOTAOEURS.
m** ftov 6SÂV.
Vous partirez quand yOas Youdrez, je tous réponds qu*a?ec ces deux hommes-là tous p'arez rien à craindre.
l'abbé*
Nous ne craignons pas non plus; mais ces dames yeulent coucher ici.
M*' ft OVGEàV.
En ce cas ^ je m'en yais faire leurs lits.
l'âbbb. A la bonne heure; mais ayant.. •
m^ BOUGEAU.
Vous aurez des draps très-propres et de bons lits, cela va être fait dans le moment.
I-'abbé.
Attendez donc.
M"* boucbait.-
Je sais tout ce qu'il faut à des dames comme celles-là; ne vous inquiétez pas, M^ l'Abbé, TOUS serez aussi- très-bien couché. Allons, Marianne l Geneyièye !
l'abbé. Voulez-yous bien attendre ?
M** EOVGEAU.
Quoi donc ? '
SCÈHEVII. aS
L*A B B É.
Nous voulons souper, arant tout.
H** BOUGEAO.
Il faut donc le dire. Allons ^ )e rais faire tuer des poulets.
l'abbA. Hais ils seroQt durs.
M** BOUGE AV.
Oh I que noo , on leur fait ayaler du yi- naigre. Je yals vous faire faire uoe bonne fricassée.
t*ABB£
Mais il faut autre chose.
M"* BODGBAU.
Ne TOUS embarrassez pas 9 vous serez con- tens. Allons , Marianne ! Geoeriève I
l'a b b i.
Vous ne roulez pas nous dire... '
mT b 0 V g b a v.
Mon Dieu ! laissez-moi faire , laissez-moi faire.
LES VOYAGEURS.
SCÈNE VIIL
M- DE MORTILIÈRE, M" DE SOUSAT, ». DU HABLB, L*ABBÉ.
Tbhez, m. l'Abbé 9 voilà les pistolets doût je TOUS ai parlé.
l'abbb. Yoyonsf 9 voyons.
M"'*' DE MOETILlk ftB.
L'Abbé; prenez gAnle.
II. DU H AELE.
Ils ne soot pas chargé!? , Madame.
i'a bb é.
Ils sont bien à la maio. (^It touche au chien, et le fuit partir:) Eh bien î c[u 'est-ce que c'est donc que cela '. - • ' ^
, (Il a peur.) '
. . «■•de sousay. L'Abbé 9 n'ôtes-TOus pas blessé ?
U. DU OABLB.
Il n'y a rien à craindre y Madame.
l'abbé. Non; c*est que je voulais essayer. ••
SCENE \rilï. a5
M"* DE MOBTlllislLK. '
Prenez donc garde , encore une foi^.
L'*ABBÉ.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que je sais ma« nier des armes. Je croîs ces pistolets fort bons*
M. bu HABI.E»
Ils sont bien conditionnés.
LABBE.
C'est ce que je vous dis. £t combien tous ont-ils cojQté?
M. DU BABtE.
Dix louis, M. TAbbé.
l'âbbé.
Je Tais vous les payer.
('Il les regarde toujours.)
M** DE UORTILlkaS.
Non, l'Abbé , c'est notre affaire. ( EUes donoent chacune cinq louis.)
l'abbé.
Yoilà ce que je ne souffirtrai pas.
bT*' »b sousat. C'est une misère.
l'abbé. D'ailleurs, c'-est moi qui les achète,'
f. Proyerl^es. a. 3
aG LES VOYAGEURS.
H^ 0k HOlTILlBil.
Je TOUS dis que non.
Je veux les aroir à moi.
£h bien ! nous tous en fesons présent.
Cela serait {oli! Ab! çù. Monsieur, tous dites dix louis 7
( H met la main à la poche.)
M. DC HàBUB.
Ces daines m'ont payé , Monsieur.
t'A B fié.
En vérité, Mesdames, voilà de ces choses qui ne se font pas.
m^ DB HOBTILIBBB.
Allons, l'Abbé, ne parlez plus de cela.
l'abbb. Je vais tous rendre tos dix loôis.
Il™* DE SOÏISIT.
Voulez-vôus bien finir cette enfanoe-là, l'Abbé ?
fi^'' DB MORTILIBfiB*
Allez plutôt voir si notre souper sera bon , vous vous j coonaîssez.
SCÈNE IX, 2j
L'a B si. tJp peu.
U^ DB SOUSiT.
Il faut que Moosieur soupe ayec nous.
M* DU BA^L^,
Hadaine^ je lie puis p9â aroir cet hoQ« peur-la.
M"* PB V0IITII.1BBB.
Ah ! Monsieur, nous tous en prions 5 nous f ous ayons trop d*obIigations pour que...
l'abbb.
Monsieur, tous ne pou? eiç pas refuser ces darnes.
H. DV BABIB.
Puisqu'elles le Tentent absolument. . .
SCÈNE IX.
Bf"^ DE HORTILIÈRE , M-« DE SOUSAT, L'ABBÉ, M. PINÇON, W^ AOUGEAU, M. DU HABLE.
M. Fiirçoff, sampanltie. Oo est-il donc, M. Tabbé d'Orlot?
M""* B01J6BA17.
Ici^ Monsieur.
a§ LES voyageurs;
l'abbé.
Ab^! c'est M. Pinçon.
M. Pinçon, en redingote SOT un babit.
Moi-même, M. TAbbé; j'ai reconnu là- bas Flamand qui m'a dit que tous élici ici*
Mesdames, voilà mon maître à jurer, doot je vous parlais tout à rbeurc.
M. PINÇOII.
Que dites-vous donc là, M. l'Abbé?
M"^ de UOaTILlÈRE.
Nous serons forl aises de faire coanaîssaace avec M. Pinçon.
l'àbbé.
D'où venez-vous comme cela , M. Pinçon?
M. PINÇON.
De trois lieues d'ici, M. l'Abbé,
m"* de sous AT. Et allez-vous à Sedan , Monsieur ?
H. PINÇON.
Oui, Madame.
H"'*' DE MOBTItlBBE.
J'en suis fort aîse, parce que vous pourrei nous accompagner
SCENE ÏXi 29
M. PINÇ09,
De tout mon cœur, Madame*
I"** D£ SOtlSÀY,
Êtes-Yous armé ?
H. piKçoir.
Oui, Madame , et assez bien ; d'ailleurs j'aî encore quatre persounes avec moi qui le sont aussi.
M. DV Bab £B, à madanie Rougeau. Quel est doue cet hamme-Ià ?
K™» AOtGSAV. ;
Je ne le coanais pas.
M. I»V BABIB.
J'ai cûYÎe de m'eufuir.
( Il veut sortir.)^
Monsieur, où allez-vous donc? 3e reviens, M. TAbbé.
«"»'. DB sou S AT.
•
Ah ! rAbbé , je. parie qu'il ne Teut pas soU"* per arec oous. Retenez-le donc.
H. PJH.ÇOV.
Sûrement , Monsieur restez y restez.
Ip LES V0TA6EUKS.
]|Ipiisieur, est-ce que j*at l'honneur d'êlr» poonif de tQu»?
«. FIVÇOll*
Nop f Monsieur, pas encore.
Ah ! Monsieur, c'est le plus honnête homme du monde , et à qui nous avons la plus pdiodc Qhli^^tioQ,
V. PtlfÇOKt
Comment doacî^
M"*^ DB 80 ut AT.
Il nous a fait le plaisir de nous céder C(S pistolets pour ce qu'ils lui opt coOté*
I.'âbbé,
Oui , pour di< louis.
M. PIBÇOK
Ils sont fort beaux ; mats qu'ep vouIes-iTOOS faire ?
l'abbé.
Passer la forÇt en sûreté. C'est ce <|uj nous a fait demander si vous étiez armé , à cauM d'un certain Toleûr nommé Br^s-rde-fer.
U. PINÇON*
Qui est dans la forêt ?
SCÈNE IX. 3t
H"*» Dt MOBTItlÈEB.
Oui, vraiment, est-ce que vous ne le sa- viez pas ? «r
M. PINÇON.
On m'en avait dit quelque chose, mais je ne le croyais pas.
M™« l»B SOVSAT.
Voilà Monsieur qui l'a vu^
M. PINÇON.
Tous l'avez vu « Monsieur?
M. B19BABI.B, eniborrassê. Oui, Monsieur.
M. PINÇON.
Et vous avez vendu ces pistolets à ces da-« mes?
«• DV BAtLE.
Je les ai cédés.
W. PINÇON.
Pour dii louis P
M* DU BABLB.
Pour ce qu'ils m*ont coûté.
M. PINÇON.
C'est fort bien à vous. M. PAbbé, on parle beaucoup à Sedan de ce voleur.
M"** DV MOBTILiIbB.
Mais il faudrait le frire arrêter.
dragOQ5.
33 LES VOTACEtlRS.
■• PIVÇOll.
OnatrouTe des mojeas pour cela, et moo" sieur i'Iotei^ant fait faire desperquisitionSb..
■"^ DE SOUSÂT.
II faut qu^une route comme celle-ci soit sûre.
m. piRÇOff. Elle le sera aussi. M. l'Abbé^ j'ai quitté les
Comment mon oncle j a-t-il consenti ?
■• PINÇON.
Il sayait que je n'avais point de fortune; il m*a fait faire un arrangement pour céder mon emploi 9 et il m'a fait avoir une tieote- nance de la maréchaussée de cette province.
( Il déboutonne sa redingote. )
M. DC BABLE. .
Ah! ciell
(H veut sortir.)
M** DE MOBTltlÈBB.
C'çst fort heureux pour nousi Madame , nous voyagerons sûrement.
H. PINÇON5 àir. DuDable.
Monsieur^ je vous ai déjà dit de rester; Ac«.
SCÈKEIX. ♦./ <fi 33
tuellement^ eommenc^^ parretvdre h ces da- mes les. dix Lo\iis qu'elles voi^3 onf donnés pour vos pistolets. .. / ' .
M. DU B>BX,«.
Puisqu'elles n'en oqt pas besoin , j*en suis fort aise.
(Il rend Pai^ehl, et vent Ven allc^r.)
* H. FIWÇON.
xUn moment 9 s'il vous plaît ^ Monsieur,
V. Dt HAB LB,
MaiSi monsieur, j'ai ^^ffaire.
H.:PIlIÇ01f.
3e sais votre ai&ire. Savez-vons quel était le commerce de ce Monsieur-là , Mesdames ? celui d'épouvanter' les vojageurs pour leur vendre dix louis des pistolets d'un iouis.
«. DU HABLB.
Monsieur, en vérité...
H** DE SOUSAT.
Quoi ! il serait possible que nous eussions été sa dupe !
Sûrement, Mesdames.
l'abbé.
Si vous voulez que je vous le dise, je m'en étais un peu doutéj, et je voulais lui parler en particuUer,
Si LES VOTAGEUKS. SCÈNE IX.
Ah! oui /l^ Abbé, C'est bien fia. à cette lieure que tous le connaisses.
M. PIHÇOll.
AlloQ^i' NIonsîeur, suiyei-iuûi.
Mais, Messieurs, Mi^sflsMBes ^ M. l'Abbé || priez donc pour iboI.
X. piKçoir.
Cela est inutile. Pour tous, madame Rou- geao, nous nous reverrons. Faites donner | fies cbeyaux à ces dames.
Et H souper qui» Ton ^aît pour elles ?
M. FIÏÇ05.
Ces dames ne souperont, ni ne couche- ront ici.
H*^ IQOGVAD.
M* Du Hable^ je tou3 Tarais bieo dît.
H. pinçotr.
Allons, Mesdames, j'aurai rhonneor de TOUS escoiter.
TPant va la cruche à PeaUf ifu^à la fin elle se
casse.
riV DBS TQTAGBORS.
L'UNIFORME
DE CAMPAGNE,
PROVERBE DRÂMATiQIBS ,
^ PAIR CABMONTÈLLE
N
PERSONNAGES.
M. DUVERDIER , Auditeur des comptes. M">« PAYARET, sœardeM. DuTerdier. M"« BATILOF/ftlTelie.M.DuYefdiBn M. G OBERfeEAUV substitut. ^ ' * M- LANWElt, greffier. . ^ ^ M. CLAîRVIttE,fil5deifl^.nafndîèr.^^
M. BETASSH&R>^ président oii: ^e»ier à sel
de Troyes. LA BRIE ,^ If qpïvst ^Mi ^G^rgeau.- -
La 8«èiie est dans la mùsoD de campagne de M. Da-
verdier^ à Arcneil.
L'UNIFORME
DE CAMPAGNE,
PKOVEKBE.
SCÈNE PREMIÈRE.
M-" PAVARET, M"« BATILDE.
Eh bien ! ma tante, que dites-rotis de mon- sieur de Clairvilie, avec le nouTel uniforme ?
Il"" PAYA A ET. /
Je dis qu*il est bien bon de Favoir fak faire.
k"'' BATILDB.
Moi) je suis fort aise qu'il s'occupe de jpdaîre à mon père.
£f TOUS avez raison 9 puisque vous Tâimez; mais je n'en trouve pas moins ridicule votre père 5 de vouloir avoir un uiûforine i sa cam- pagne.
U^^^ B A T 1 LD B.
Hais on dit que tout le mdnde en a.
F. ProTerbei. 9. f
38 L'UMFORME DE CAMPAGNE.
Parce que tout le monde veut faire comme les grands; et qui est-ce qui a commencé? c'est le roi d'abord , et puis les princes. Je me suis fait expliquer tout cela, encore c'étaient des uniformes de chasse; et mon frère n'avait pa« besoin de faire faire des habits verts à tous ses amis, pour tuer des lapins dans sa basse-cour.
Il tire quelquefois des.mQiûeaux. .
Oui., et il manque toujours les hiron- delles.
Ma tante, permettez-moi d'aimerles habits verts.
Ijme pAVABET.
Vous êtes peut-être comme mon frère, qui a choisi celte couleur -là parce qu'il s'appelle M. Duverdier. Est-ce qu'il ne vou- lait pas que les femmes fussent aussi habil- lées de vert ?
I^lle BATI! DE.
Cda m'aurait été fort égal.
M'" PAVABET.
Moi, je nel'iii pas voulu ; on aurait cru que j'y aurais appldudi , pendant que je suis très-
SCÈNE I. 39
fâchée qu'il ait cette fantaisie-là. Il me sem- ble que j'entends dire : Voyez donc les airs que se donne M. Duvcrdier, pour un audi- teur des comptes; encore s'il était président, à la bonne heure. Et feu mon mari, qui avait pensé Têlre, n'aurait jamais fait une chose pareille.
m"* BA.TIXDC.
En vérité, ma tante...
' M"* PÀVARET.
Et puis les femmes ont déjà dit qu'elles ne porteraient jamais la livrée de M. Duverdier; enfin cela fera que nous n'en aurons peut- être pas ici de long-tems.
j|IIe BA.TILDE.
Il est sûr que nous aurons des hommes.
M** PA.VAEET.
Moi , j'aime lés femmes ; parce qu'il faut bien quelqu'un à qui parler à la campag^ne j et que depuis qu'il y a un billard ici , vous Yoyez bien que nous restons toujours toutes seules.
M« Landier nous tient quelquefois compa-> gnie.
M"*' PAYA RE T.
Oui , et il ne dit pas un mot ; si vous l'ai- mez^ c'est qu'il est le père de M. de Clairville.
40 L'UNIFORiME DE CAMPAGHE.
Pour 1^1. Goberge^u , il »e inoqu« de tout le monde.
Il est l'àmi de mon père ; et je crois qu'il faudrait le mettre dans mes ÎQtérêts.
M^' PAVA&BT.
Pour détertnioer votre mariage arec M» de Clairville, n'eai^t-cepas?
M^^® B A TILDE.
Oui^ ma lante.
Et TOUS crojez qu'il sera fort empressé de TOUS servir?
Pourquoi non ?
M""* PATARKT.
Il est vrai qu'il pourrait avoir de là occa- sion de vous faire de mauvaises pUisanterieS} et cela pourrait bien Teugager ^ se luêler de VOS affaires.
Abl voilàM.deClaîrville.
SCÈNE II. 41
SCÈNE n.
M»« PAVARET, M"« BATÏLDEj U. D£ CLAIAYILLE.
Eb bien t Monsieur, ma nièce est charmée de TOUS voir en habit rert ; et moi , je tous |rouT« bien bon d-ayoir eu oett« complaî-. sance.
H. DB ClÀItTIIiLV.
Il n*y a pas grand mérite à cela , madame, d'ailleurs vous savez ce qui m'occupe le plus: ainsi tout ce qui peut y av-oir rapport ne saur rait être négligé.
M°* pâtàbbt.
Je ne croîs pas que tous soyez inquiet do TOtre sort.
M. DE CLAIBVILIB.
Mais y Madame...
Tous a?ez de Timpatienoe ?
H. DB GLÂIBTIBI.B.
Je Favoue : je compte sur yos bontés ; mais M. Duyerdier ne termine rien.
ime
PAYA B ET.
Il n'arait que son aaifôrme dans la tête ;
49 L'UNIFORME DE CAMPAGNE.
cela rerapêchait de s'occuper d'autre chose ; et c'est ce qui f?saît > quand )e lui parlais de votre mariage, qu'il me répoadail : Oui, nous ve^rons cela ; riea ne pi^sse.
m"' bat il de.
Mais sUl s'engageait avec un autre^ ma tante ?
Je n'y donnerais pas mon consentement, ma nièce.
M. DE CLillVlLLB;..
Et s'il allait en avant?
M"»' PAT A A ET.
Ma nièce n'aurait pas mon bien,
M. DE GLAIEVILLE.
Et j'en serais la cause ! Ah! Madame, fen mourrais de douleur.
Que m'importerait d'être riche , si l'on me séparait de vous?
M*"' PAVAEET.
Votrfi père se tient tranquille à son ordi- naire.
M. DE CLAIRriI.LE.
Il m'a dit qu'il parlerait; mais il ne pres* sera rien. Je n'ose parler moi-même , et je ne sais pas si je ne viens pas de nie donner un petk tort vis-à-vîs de H* Duverdier.
SCÈNE I H. 43
jK^ie B A T I L D B.
Gomment dooc?
M. DB GLAIRTILKE.
C'est que }'ai refusé de tirer des moineaux avec lui , pour ^eûk ici.
Il est dono sorti?
H. DB CtAIRTI LtB.
Oui, il se promène le long des haies.
Ah ! voilà un moQSÎeur que je ne connais pas. Matante, allons-nous eiu
j|mp PAVA a ET»
Je le veux bien. Il est aussi en uniforme i il faut que ce soit un ami de votre père.
HjUe B A TILDE.
Gela ne fail rien. Restez ici, M. de Clair- ville, pour savoir qui c'est.
M. DB CLAIRVILLE»
J'irai vous rejoindre^ tout de suite»
SCÈNE IIL
M.BÈTASSIER,M, DE CLAIRYILfe.E.
ITL BÂTASeiER.
Aa! Monsieur, je vous cherchais; onin-'a»
44 rUNIFOEME D£ CikUPAGNE.
vaît dit que TOUS étiez ici} et je tous ai oooQU d^ahord quand je tous ai y^•
H. PB GLAIRVILIB.
Uoi , Ittoasl^ur ?
Oui 9 vratmetit ; ce a'est pas que vous oe soyez bien rajeuni depuis dix ans que vqus avez passé à Troyes ; mais je saia bien pour:: quoi.
M. D9 GL4I&YII.L1:.
Moi rajeuni P
V. BÊTASSIBB.
Oui vraiment , et cela ne me surprend paSj parce que mon père m'a dit que je verrais \ p^is des choses bien extraordinaires,
H. BB CLIIRTILLÏ.
Celle-lâ, en effet 5 le serait un peu.
M. BtTASSII^B.
Moi 9 je ne le trouve pas tant, à tous dire Trai, parce que j'en ai bien vu des exemples.
M. DE CLAIBYILLE
Des exemples ?
( H. BâTi^SSIBB.
Oui 9 des gens qui sont rajeuni s, pX cela es^ fout simple : quand on a toujours port^ per- ruque, et que Ton reprend %t& cheveux, cela foiit toujours cet eSet-Iè»
SCÈNE III 45
K. OE CI.AIRVILI.1.
C'est une réflexion que je n'avais pas farte.
M. BâTASSIEA.
Et pub H m'était impossible de ne pas vous recoaoaître^ avec votre habit vert.
H. DB CLÀII^VIILB.
Comment?
V. BÉTÀ5S1BR.
Out> mon père m'a dit que vous lui aviez écrit que tout le monde serait en habit vert Ici.
M. PB CLAIRVII.I.B.
C'e«t une raison.
M. BÊTÀSSIËB.
Oui , une raison qui m'a retenu à Paris dans une auberge pendant quinze jours ^ et cela m'£^ coûté bien cher.
y. DB oi:,Aiiiviii:.E. I( fallait venir sans cela.
M. BÊTASSIBB.
Mon père me l'avait bien défendu ; et le tailleur m^a fait attendre de jour en jour jus- qu'aujourd'hui : tantôt c'était une noce, tantôt c'était un deuil, tantôt... £t puis il m'a fait mon habit trop large ; et con^me il avait pris trop de drap, à ce qu'il m'a dit. Il m'a fait quatre culottes et un gilet pour ri^ivf»r> et
46 L'UNIFOKME DE CAMPAGT^E.
tout cela me coûte horriblement d'argent ^ qu'il a fallu payer, encore.
M. DE GI.AIRV1LLB.
1) me paraît que vous avez aifaire à M. Du- verdier?
M. BÊTASStEH.
Oui, Monsieur, et une affaire qui doit me rapporter beaucoup d'argent ; c'est ce qui me consolera de la dépense de mon habit vert.
M. DE CLAIRVILLB.
En ce cas, Monsieur, je vous laisse, cela ne me regarde pas.
M. BÊTASSIEB.
Quoi! vous n'êtes pas M. Duverdicr?
M. DB CLAIRVILLE.
rïon^ Monsieur.
M. BÊTASSIEB*
Il est singulier que vous lui ressemblici autant.
M. DE CLAIE VILLE.
Tenez je crois que je l'entends; je m*eD Tais
(Ilsort.)
M. BÊTASSIEB.
3'ai bien fait de n'en pas dire davantage. Voilà ce que c'est de savoir garder son secret. 3*ai une grande obligation à mon père de m'avoir élevé à cela.
SCENE IV. 47
SCÈNE IV.
M. gobergeâu, m. bêtassier.
M. GOBERGE AU, à part.
Quelle diable de faotaisie d'aller tirer des moineaux ! on oe trouye personne ici pour jouer au billard. Mais quel est cet homme- là 7 je ne l'ai jamais tu ; je pourrais m'ea amuser peut-être.
H. BâTASSIBR.
Vous me regardez beaucoup ; je vois bien que vous me reconnaissez , Monsieur.
M. G0BER6BAU.
Il est vrai que je ne vous trouve pas du tout changé,
M. BÊTASSIEB.
C'est ce que mon père m'a dit : il prétend que j'ai autant d'esprit que quand j'étais pe- tit 9 et vous vous en apercevrez bien , par ce que vous n'aurez pas oublié tout ce que je vous ai dit, il J a dix ans, quand vou9 êtes venu voir mon père à Troyes.
B|. GOBERGEA 0.
Je m'en souviens bien, et je trouve que vous avez presque autant d'esprit que lui.
M. BÊTASSIBR.
Oh ! bien davantage,- à ce que m'a dit ma
48 L'UNIFORHE DE CAMPAGNE.
mère. Enfin, je suis bien aise de tous trou- yer; car j*ai pensé dire notre secret à un Monsieur tout à Fheure que j*ayaÎ9 pris pour vous.
M. GOBEEGBâV.
Et vous voyez bien à présent que vous ne vous trompez pas?
M. BÊTAS^SIBR.
Oh ! pour cela non ; mais c'est qu'il avail un habit vert comme vous.
M. COBEftGEAV.
Il est vrai que cela change bien la physio- nomie; cependant moi je vous ai reconnu tout de suite
M. BÊTASSISa.
C'est que vous avez une bonne mémoire.
M. GOBERGBAD.
Mais pas trop; car j'oublie toujours les noms.
H. BÊTASSIBR.
Vous ne vous souvenez pas4il reien qutnd
j'étais petit ?
M. GOBE &G EAU.
J'ai une idée eonfuse...
H. BÊTASSIBB.
Je Taî pourtant porté ju^qo^à quinze ans^ d )e m'appelais Coco.
SCÈNE IV. 49
Ahl Coco I cela'edt vrai.
M. BÊTASSIBE.
Mais à présent je in*appeHe M. Bêtassier.
M. GOBBBGBIV.
Ah! M. Bêtassier, >e suis bien yotre très* humble serviteur.
M. BÊTASSIKB.
Ah ! M. Duverdier, ne me traitez donc pas comaie cela avec tant de cérétnonie.
M. GOBEBeBAV
Je vous rends ce que je vous dois*
M. BftTASSiftB.
Tous avez bien de la bofité. Youe ne sateB peut-être pas d*oii vient ce nom?
H. GOBBBGEAV.
Votre père a oublié de me le mander.
M. BÊTASSIBE.
Il vient d'un clos que nous avons , où nous élevons du béiail» et le bétail chet nous est des moutons 9 comme vous savez.
H. GOBBEGBAV.
Oui 5 oui, }e sais celïi.
H. BÊTASSIBB*
De sorte qu'un clos reofermant le bétail ^
F. Proverbes. 2. Ô
5o L'UNIFORME DE CAMPAGNE.
nous l'appelons bêtassier, et mon père m'a fait prendre ce nom, parce qu'en rajoutant }i celui de président, cela sonne bien, ^oyez* M. le président Bêtassier.
M. G0BBR€B1V.
Cela est fort beau !
M. BftTASSIBK.
Je croîs que mademoiselle rotre fille sera fort aise de s'appeler ai'*^ la présidente Bê- tassier?
V. GOBE&GBÀt.
Il n'en faudra pas davantage pour la dé- terminer à vous épouser. Mais d'où êtes-vous président ?
H. BÊTASSIEB.
^ Du grenier à seL
H» GOBBBGBAtf.
V
Je ne m*étonne pas si vous en mettez tant dans tout ce que vous dites.
M. BÊTASSIEB.
Cela n'est pas difficile à penser, parce que: Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tues.
M. GOBBBGBAU.
Il me paraît que vous avez de rérudition.
U. BÊTASSIEE.
, Eh! mais, je le crois bien. Est-ce que je
SCENE IV. 5f
D*aî pas été reça tout d'un coup avocat à Bourges y dès que je me suis prèseaté ?
H. 60BEftGEi.V.
Vous n'ayez donc pas eu besoin pour cela de TOUS mettre dans le fauteuil ?
M. BÊTA^SSIBB.
Non. L'on m'a dit qu'il y ayait un de mes confrères qui l'occupait^ qu'il faudrait attendre trop long-tems; je m'en suis passé pour épar- gner mon argent.
H. 60BEB6EAV.
Cela est fort sensé.
H. BÊTASSIBB.
C'est qu'on ne l'a pas plus tôt dépensé qu'on ne l'a plus.
M. «0BBR6EAU.
Fort bien dit.
( X. BÊTISSIBB.
A propos de cela , on dit que mademoiselle TOtre fîUe est une riche héritière, parce qu'elle a une tante qui est yeuye , et qui ne yeut pas se remarier.
K. ÛOBBEOEAr.
Oui f c'est un excellent parti.
M. BÂTASSIER.
Son bien ne diminuera pas ayec moi.
S^ L'UNIFORME DE CAMPAGNE.
M. GOBBftGBAir.
Tous saurez donc le faire valoir ?
M. BÊTÀSSIBft.'
C'est là mon grand talent. Imagînez-yous que j*ai amassé tout Fargent qu^on me donnait pour mes menus plaisirs ^ quand j*étais au collège.
X. GOBBEGBIH.
C'est être bien habile.
M. BÊTASSIBB.
Et depuis je n'ai rien prêté, qu^on ne m'enait rendu bien dayantage.
X. GOBBEGBIV.
C'est être généreux !
M. BâTASSIBB.
Sûrement ; car il y a des geps qn^ ne prê-i tent jamais rien afin qu'on oe le garde pas , de peur de le perdre.
U. G0BBK6Bi9*
f
Et TOUS aimez beaucoup l'argent?
H. BÂTASSIBB.
Ob ! oomme tout ! Oh ! si tous mourei de bonne heure » tous ferrez comme je régirai font votre bien : allez , allez , tous yos petits i^qfims «^roAt bien riches.
SCÈNE V. S3
M. GOftBBCEAV.
Haïs si la tante eo question ne ]p^ft6# pas comme vous ?
M. b6ta5sib&.
Cela ne m'inquiète pas. On m'a dit qu'elle ayait bien de Pesprit.
M. GOBEHGBAU. i
Oui ; mais ello est très-prodigue,
M, BÊTASSICB.
Oh ! cela ne m'embarrasse pas, parce que je me mettrai à la tête de ses affaires, je la pren- drai en pension chez moi, et elle«*aara nulle dépense à faire ; c'est même cerque mon père vous mande dans eue lettre que^ \p deT<;ais déjà vous avoir donnée : attendez que je la cherche.
(Il diercbfl dan» sa |)«€fo. y
#
SCÈNE V.
U. LANDIBR, M. GO£ERG£AU, 91. BÊTASSIER,
♦
M. LANDIVR.
QuB faîs-tu donc ici , Gobergeau ?
X
ft. BftTi3SJ[BB.
Honstear s'appelle U* Gobergean?
5.
54 L'UNIFORME DE CAMPAGNE.
M. LAHDIKK.
1 Sûrement.
M. GOBÏEGBjLV.
Le diable t'emporte !
M. LAIIDIEE.
Allons, Tiens trouver ces dames qui t'at- tendent.
M. GOBEKGBÀVt
J'étais ici avec ton gendre.
M. LANDIEB.
Mon gendre ?
M. 60BBRGEÂV.
Oui, je te laisse avec lui.
M. lÂNDlEB.
Je ne sais ce que tu yeux dire.
( n veut s'en aUcr. )
SCÈNE VI.
M. LANDIER, M. BÊTASSIER.»
■. BâT^ssiEB, àpart.
Il ne me reconnaît pas. [Haut^^ Monsieur,^ un moment i je vous prie.
M. LÂ1TD1ER.
Que me voulez-vous ?
SCÈNE VI. 55
M. BÉTASSIEE.
Quoi 1 Monsieur , vou» oe vous souyeoes pas de m'avoir vu quelque part ?
M. LANDIEH.
Non y jamais.
M. B^TASSlBa.
Ce n*ost pas votre faute.
X. LÀNDIEB.
Je le crois bien.
M. BÊTÂSSIBE.
C'est que \e suis bien grandi , comme vous TOjej.
M. LiLlYDIER.
Cela peut être.
M. bêtàssibr.
Et puis TOUS ne^m'ayez pas vu encore en iiabit vert.
M. LàVDIBR.
Allons f je n*ai rien à vous dire.
M. BBTASSIBB.
Pardonnez-moi y Monsieur , quand vous me connaîtrez , vous verrez que nous avons de grandes affaires ensemble.
K. LANDIBB.
Vous vous trompez.
Sd L'UNIFORBIE DE CAiMPAGNE.
M. frÂïASSIER.
Oh ^e ooa! si^e me suis trompé deux fois , je ne me tromperai pas une troisième. Apprenez que je suis le président Bêtassier,
M. laudiba.
Cela m*e3t fort égal.
H. BÊTASSIBR.
C'est que 'vx>us ne savei pas mon nouyeau nom*
H. LAHDIfiR.
Je n'en ai que faire.
C'est moi qui m'appelais autrefois Coco. Vous me remettez bien à présent.
M. LÀTÏD.IER.
Point du tout Et je tous dis que j'ai affaire*
H. BtâTASSIi&B.
Si c'est dans TOtre jardio, je me promènerai ayec vous. .
SCÈNE VII.
M»* PAVARiET, ftl. GOBEaGfiAU, M"^ BATILDfi.
M. GOBBRGBAn.
Tenez ^ le voilà qui s'en va ayec notre amf |4andier.
SCÈNE VIL Sj
Eb ! pourquoi Taire ?
M. 60ftBa«BAV.
Je lui ai persuadé que Landier était aoo prétendu beau-père.
Mais c'est donc ce qu*0Q appelle absolument VD sot S
GO^BEGBAU.
Qh ! je TOUS en réponds , et le plus Tilaîq ayare qu*U soit possible de rencontrer.
Ce sera ai^ moins une rais^Qn ^ opposer 4 inon frère.
Vf (POBBaGBiU.
J'ai iniag;iné un bon moyen pour nous eo défaire ; mais il ne faut pas perdre de tems«
Quel est ce moyen ?
H. GOBBBGBlir.
Vous saurez que les habits verts lui tour-i nent la tête, et qu'il croit , dès qu'il en roit un , que c'est Durerdier : il m'a pris pouP lui.
M^^* BiTlLDB.
11 a cru aussi que M. de CiairYille était mon père.
S8 L'UlîIFORME DE CAMPAGNE.
H. GOBEftGBAU.
Où est-il Clairville ?
M™* PAVAHBT.
Il est allé chercher M. Landîer , pour Ten* gager à parler fortement à mon frère ; i] voudrait bien que vous Youiussîez aussi l'ap- puyer.
M. COBBRGEAV.
Nous n*aurons pas besoin de cela.
Que prétendez-vous faire ?
if. gobergeai;.
Qu'il me prenne encore pour Duverdîer; et je lui parlerai d'un ton. , .
nUe BATILDB.
Mais il vous reconnaîtra.
M. G09EA6EAU.
Non 9 non , laissez-moi faire. Songes donc que l'uniforme aide toujours à le tromper.
M"** PAVARtT.
S'il était au moins bon à cela , je ne le dés- ^pprouTerais plus.
M. OOBBRGBAU.
Ahl voilà La Brie.
SCÈNE VIII. S9
SCÈNE VIII.
M""' PAVARET, M. GOBERGEAU, M^i'BATILD£,LABRI£,unepeinu{Qe à la main.
H. GOBERGBAU.
Est-ce bien là une perruque de Durerdîer?
LÀ BB lE.
Ouï , Monsieur , c'est Saint-Jean qui me l'a donnée.
M. eOBBEGBÀU.
Allons , cela est bon. Mon chapeau bordé.
LÀ. BEIB.
Le Yoilà.
M. GOBEBCBIU*
Et mon fusil ?
LA Bfi lE.
Je l'ai apporté aussi. Tenez , il n'est pas chargé.
M. G0BEB.GEA1I.
Cela tïst fort bien. N'as-tu pas vu un mon- sieur en habit vert que tu ne connais pas ?
LA BRIE.
Oui , Monsieur , il revient par ici ; il m'a appelé , mais je ne lui ai pas répondu.
Go L'UNIFOKME DE CAMPAGNE-
M. 60BERGBA1!.
lu as bien fait. Va-t'en luj dire que mon- sieur Duverdicr rattend ici.
LA BftlB.
Cela suffit.
(Il sort.)
M. GOBERGEAV.
Et VOUS, Mesdames, allez-vous en; j'irai TOUS dire si j'ai réussi.
Ne tardez pas.
H. GOBERGEA V.
J'irai dès que j'aurai rempli mon objet.
M""** PAVARET-
Et moi, je vais chercher un autre moyen^ en cas que vous ne réussissiez pas.
V. GOBERGEA U.
Allez-vous en^ car j'entends quelqu'un. Allons^ venez, ma nièce.
SCENE IX. Ci
SCÈNE IX.
M. BÉTÀSSIER, M. GOBERGEAU,
LA BRIE.
tk BAIL
Tewbï, Monsieur, le voilà M. Durerdier.
M. BÂTASSIBR.
Ali! Monsieur» |*ai eu bien de la peine à rous trouver*
M. GOBEBGEAU.
C'est que j'étais allé à la chasse. Com- ment se porte ratre père ?
If. BÊTAS SI B&«
Fort bien, M. Gobergeau : il tous fait bien ses complimens.
M. 60BEBGBA13.
Pourquoi donc m'appclez-yous M. Gober- geauP
M. BÊTASSIEB.
Ah ! je TOUS ^leoodnde pardon ; mais c'est que j'ai parlé tout à Theure à un monsieur qui s'appelait comme cela , et qui vous res- semble beaucoup , mais beaucoup. '
W* 60BEBGBA17.
Cela n'est paè étonnant» ii est mon frère detalt. *
F. ProTerbfs. a. 6
6a L'UNIFORME IDE Campagne.
■• bAtàssiib.
Les frères de lait se ressembleot doDC daii4 ce pays-ci ?
«. COBBBGBÀfT.
Comme les jumeaux.
V. BâTASSIBB.
Ah! c'est la même chose?
M. CUBBBGBA.rk
Sans doute. Je suis bien aise que tous ayez fait faire mon uniforme , je l'a? ais mandé à votre përe^
M. BÊtASSIBB»
Il me l'avait bien recommandé ^ et cela m'a coûté bien cher.
M. GOBBBCBAVé
Cela ne fait rien. L'argent est fait pour s'en servir
M. BÉtÀSSlBB.
Oui ; mais plus on peut le garder^ et mieux Von fait.
H. GOBBBGBà.V* '
Fi donc I Est-«-ce que vous seriez un avare?
». BÊTASSIEB.
Point du tout.
M. GOBERCBAT»
A la bonne heure; car vous ne convieâ-
SCÈNE IX, 63
drîe» pas à ma fille; mais je lui recomman- derai de TOUS former, en tout cas. Vousf^tes fort riche; en vous alliant a?ec moi, vous le serez encore darantage,
M. BÉTASSlVa,
Cela est bien bon,
M. €OBBR«EiP.
Ainsi il faudra tous faire honnem* de to* tre bien
9. BÊTiSSIEft.
C'est aussi ce que je ferai.
M. GOBERGEAV.
Vous aurez bonne chère chez vous, sans doute ?
K. BâlASSIEE.
Oui 3 en moutons surtout, parce que nous en avons beaucoup ; aussi nous aurons un gigot tpus les jours où nous aurons du monde; et les autres jours, des épaules, el tout cela bien rôti
M. GOBEEfiBAV
C'est raifaîre du ménage , ma fille arran* g«ra tout cela mieux que vous. Ah! çà, di- tes-moi , lui avez-voos acheté un carrosse bien commode ?
M. BÊTASSIEE.
Non vraiment. Je compte que oous nou»
64 rUNIFOKME DE CAMPAGWF.
cil irons par la diligence , où je retiendrai deux places quand nous serons près de partir.
M. 6 0BBieB4LU.
Qu'est-ce que cela yeat dke. Monsieur? TOUS croyez que je souffrirai que ma fille , quand elle sera madame la présidente Bêtas- Sier, arriye à Troyes dans une diligence pu- blique?
¥. 8ÈTASSIBB.
Mais écoutez doao ^ M. Duyerdier.
M. GOBBftGBAtJ.
Non 9 M. Bêlassier, je veux que ma 611e fasse la route eu poste y et arec beaucoup de monde.
M. BÊTASSIBB.
Mais la diligence va en poste , et ayec beaucoup de monde. Il n'y a pas à craindre des Toleurs.
H. 60BBB6BÀV,
Ce n*est pas les folears que je crains pour ma fille, elle ne les craint point non piQs; d'ailleurs, les gens riches &ont faits pour ôtce volés 9 ils le sont tous les jours , il faut s'ac- coutumer à cela«
Hais je ne l'ai jamais été.
SCÈNE IX . 6S
G^eçt giie T4M19 n'^6» pas encore eu une maison à vous.
J'espère que j*empècher^ blep qu'oa çae Tolç.
II. eOBBBGBAV.
FI donc! "président, tous avez l'ûme crasse. Mil fille aura donc une très-bonne voiture \ quatre places f tirée par quatre chevaux 9 et par-dessus toutqeiaune tache,
M. BftXASSlSa.
Ah ! je vois hw k pcésent que vous vous moquez de moi.
M. 60BBBaBA.V^
Non 9 parbleu! ce sont mes intentions. et celles de sa tante.
V. BÂT AS SI BB.
Mais 9 Monsiepr» oi| n^attelle pas une vache avec des chevaux 9 cela serait vilain.
M. eOBBBGBAU.
• É -
Ignorant ! vous ne savez donc pas ce que e*e«t'qu'(Hie rache?
)H. BÉTiSSIBSi.
Ahtah!ah!je ne sais pas ce que c*est qu'une vache 9 moi ? un président, au grc- nierà sefjenoore»
(llxit.) V 0.
6d L'UNIFORME DE CAMPAGNE.
Oui , oui f ne%; une Tache 9^ met sur l'iaH
périale de la voiture.
M. »ÂTA.S(«IBft^
£lle doit l'assommer.
M. ÇOBCB.ÇSiV.
Non; car c*eât uo p^oaier ianê lequel on 1)1 et des ro^Uçfly des. bonaeU, e^ ^outçs I09 choses doat une femme a, besoin,.
M. bAtâssik»
Je ne compreadrai lamols cela.
Je le crois bien.
M. BÊTAS SI ÇR.
D'ailleurs 9 je D*ai pas besoin ^e nourrir quatre chevaux et une vache quand je sera} arrivé à Troyes.
M. COBERCBAI^.
J
Il le faudra pourtant.
V. B&TASSIÇR.
Ni d'avoir une voilure à quatre placesi quand nous ne. serons que deux ; car moi » [ç ne veux)aaiaîs mener personne.. . .
If. gobsb4;bao.
Et qui mènera les deux feinxil09 de chami |>rede la présidente?
SCÈNE IX. 671
M. B&TASSIB&.
. Eile n^eo aura pas.
ir, GOBEfiGBÂD.
Elle nVn aura pas ! ma fille n'aura pas dû femme âe chaml>re !
M. bétàssier.
Non ; parce que nous avons un perruquier i Troyes qui coiffe toutes les femmes de la ville; elle le prendra.
Elle ne le prendra pas , ni vous non plus; caur TOUS n'épou96rez jamaift ma fille^
M. BêTA8#ISB4.
Mais écoutes «donc , M. Duverdler^
M. G0»EA6EAir.
Et j'écrirai à TOtre père que tous êtes un vilain , un avarçi.
M. 9ÂTÂ8SIBR.
Mais si mademoiselle votre fille voulait de moi?
K. GrOBBl^GBlU.
Elle n*est pas capable de penser comme vous.
M. BÉTiSStBB.
Que je lui parle seulement^
88 L'UNIFOKME DE CASf PAGNE:
Je ne le &oui&iraî pas ; et dès ee moment tout est rompu
M. BÊTASSIBll.
MoQsieur > que je vou9 dî^e ua mot.
H. COBSk«]pAV.
Non» je ii*éc0ute plus rien, et }e tou» prie de sortir de che« moi , et daas Fiastaot.
M. BÊTA8SIBB.
Vous me chiisiei^
M. COJBXfteBAII.
Ah ! je TOUS en réponds. Aiions ^ sortez.
Monsieur , sûTez-Tous que pal du ceaur?
m. Gossa«B'àv. Qu?est*-ee qu^ tous ferez ^
M. BÊTÀSSIEB.
Je m*en îraîj, et je n*épQiiserai point Totre fille»
V. GOBBRGBAV.
C'est tout ce que je demande.
SCÈ-IfE X. 60
SCÈNE X.
U. DE GUIRYILLB, M. BÊTiSSIER,
[. GODEKGËAU.
H. G0BBE6SAV f ces damos vous prient de Tenir proinptencient; mon père est aveo elles.
X. GOBBftaBAVy bas.
La peste t*étrangle !
m» BÈTASSIBB.
Quoi ! c'est là M. Gobergeau P
M. I>BCI.AIB VILLE.
Monsieur « c'est lui-même , un des amis de H. DuTerdier.
X. C0BEB6B.À€^ bas à M. de Clair ville.
Bourreau , que faites- tous ?
H. DBCI.AIBTlI.tB.
Moî?
W. GOBBI^CBAU, bas.
Oui , TOUS. Allons , allons-nous-en ^ je vous dirai cela.
70 L'UNIFORME DE CAMPAGNE.'
SCÈNE XL
M. 5ÊTASS1ER,
Ab ! ah ! ce a'ét^it p9S là M. Duyerdîer I... Aussi je nç m'y étais pas trompé d'abord ; je TOis bieti à présent qu'il faut toujours suivre son premier m ouTcnient; si je l'eusse cru pour- tant y je se.rais parti 9 et je serais reyepu à Troyes sans l'avoir vu. Et mon père , qu'est- ce qu'il aurait dit?. . . Mais j 'entends quelqu'un^ il faut que je prenne bien garde à moi.
SCÈNE XII-
M. DUVERDIER, M. BÊTASSIER.
M. D u VBRD IBB , un fusil à U main et un chapcao
sur la tête.
Mais voyez un peu ce vilaio g^rde! vouloir m'empêcher de tirer des moineaux ; encore je n'ai jamais pu trouver les deux que j'ai tues en trois heures de tems Ah I je ne crains pas 90Q prQcès-verbali
M. BÊTiSSIEB,
C*cst encore M, Gobergeau.
U' DUVEBDIBB.
Serait-ce vous^ M. BêtassierP
M. BÂTA.SS1EE.
Eh ! TOUS le savez bien ; mais je De vous crains pas > comme vous voyex.
M. OtJYBRDlBR*
Comment ! vous ne tne craigne» pas ?
H. BÊTÀSSIER.
Noû ; et je ne m*en irai pas que Je n'aie parlé à M. Duverdier»
M. BUYB&DIBl.
£fa bien ! c'est mui qui suis Bi. DuTerdien
H. BÉTÀSSIEB.
Ah î qu'on ne m'attrape pas comme cela trois fois. Je ne tous parlerai seulement pas.
Vous ne me parlerez pas ?
M. BÊTÀSSIBB.
Non j non » je vais attendre M. Duverdier dans le jardin
M. DCTBRDIEB.
Mais je vous dis encore une fois que c'est moi.
M, BâTASSlEB»
Bon , bon ; c'est pour me ohasseï* encore que TOUS Toulezmpialrç rest^jj*.
AL. DTJYEBDIEB»
Je vous ai chassé , moi f
73 L'UNIFORME DE CAMPAGHE..
M. BfiTÀSSlBl.
Mais sûrement.
M. DCTB&DIBl.
Mai» regardez-moi bien.
M. BÊTÀ8SIBB.
Oui 9 pour voir encore M. Gobcrgeau.
M. DUVEBDIEft.
Vous êtes bien obstiné !
M. BÊTASSIBB.
Mais vous Têtes plus que moi ; puisque TOUS voulez toujours mé faire croire que youc êtes M. Duverdiér»
M. DVTEBBIBB.
filais est-ce qu*oo peut s'y tromper?
^ M. BETÀSSIBB.
Pardi , \e tous le demande , avec tons ces diables d'babits verts^
M. BVTEBDIEB*
Ah! vdus lès désapprouvez?
Btj'ai fdboA.
il. ddVebdieb.
Vous avez raîson ? Maïs approchez-TOUl donc , et regardez-tticfi.
SCENE XIL 73
tf. BÊTASSiERy regai'dantk Ah!
M. BUTBaDlBa*»
Quoi?
H. BÊTASSIER.
Il est vrai. Il me semble à, présent que vous n'êtes pas M. Gobergeau. Ah! pà, dites vrai: eles- vous bien M. Duverdier ? là, ne me trom- pez pas.
M. DUVBRT>fER,
Et pourquoi diable voulez-vous que je vous trompe ?^
H. BÂTASSISR.
C'est que vous m'avez déjà trompé plu'« sieurs fois.
M. DUVERDIER.
Moi ?
M. BÊTASSIER.
Vous... ou M. Gabergeau.
H. DUVERDIER.
M. Gobergeau aime à plaisanter, et il se seraamusé.^..
M. BÊTASSIER.
A se moquer de moi ?
M. DUVERDIER.
. Mais, oui.
ft[. BÊTASSIER.
Ecoutez donc, je pense h présent que cela pourrait bien être.
F. Proverbes, a. 9
74 L'UNIFORME DE CAMPAGNE/
Dites -moi d^abord pourquoi yoqs désap- proutez mou uniforme?
M. BÂTISSIEB.
Je n'ai point désapprouvé TOtre uniTorme 5 je ne sais pas ce que c'est.
M. SVTEBDIVm.
Ce sont les habits rerts que nous portons
ici.
M. bItàssier.
Dame^ premièrement, c'est qu'ils sont bien chers.
M. DVTEBDIEE.
Ah! vous êtes donc un avare?
H. BÊTÀSSIER.
Vous voyez bien que vous êtes M. Gober- geau ; car il m'a déjà dit cela.
H. DVTEEDIEE.
C'est-à-dire qu'il vous connaît.
H. EÊTÀSSIEE.
Non , Monsieur; car je ne suis pas un avare.
^, DVVEEDIBE.
Qu'est-ce donc que vous êtes ?
M. bêtàssiee. Je suis économe.
I
hCÈNE XII. j5
M. pvv^edieIi.
Ce n^est pas trop le vice du tems ; maïs ) aime mieux cela que de faire des dettes 9 en dépensant plus que son revenu 5 comme font actuellement bien des gens dans ce pays-ci.
M. BÊTÀSSIEB.
Oh ! je ne ferai sûrement pas coknme cela.
M. DUTEaDlER.
Voilà ce que m*a mandé plusieurs fois votre père.
M. BÊTASSIER.
Vous connaissez donc son écriture ?
M. DVVBEDIBR.
Mais sûrement.
M. BÂTASSIBB, montrant la lettre.
Tenez , voyez un peu celle de cette lettre , de qui est-elle ?
■ . B13VEBDIBR. '
De Vôtre père.
M. BÊTASSIBR9 donnant la lettre.
Ah 1 VOUS êtes donc le vrai M. Duverdier ; j*en suis bien sûr à présent, je suis bien votre très-humble serviteur.
M. D u V B-B D I E R lisant. Il m^avait déjà mandé tout cela. Aht il vous avait recommandé de vous v faire faire un habit vert ?
î;6 rUNIFORME DE CAMPAGNE.
V» bItâssiek.
Oui y Traîmeot ; et je tous aï dit combieD j'en ayali» été fâché.
H. DUYEftDIBR.
Sûrement, ma sœur assurera tout son bieo à ma fille lorsque yous Tépouserez»
V. BÊTÀSSiEii) se frottant les mains.
Cbla fera une bonne affaire I
H. DUYERDIE&.
Vous paraissez bien aimer Fargent,
U. fiÊTASSlBA.
Pas mal.
M. D-DVEBDiER.
C'est votre affaire. Je vais vous mener cbez ma sœur, et vous y verrez ma ÛUe.
M. BÊTASSIEB.
Cela me fera grand plaisir.
H. DrVEBDIEB*
Yous serez donc bien aise de vous marier?
M. BÊTASSIBB.
Oui , Monsieur, aTec mademoiselle votre fille.
H. D0VBBD1EB.
Peui-êlre qu'elle ne paraîtra pas vous ai^ mer beaucoup d'abord.
\
. 8C£N£ XII. ^j
M. BÊTASSIE&*
Oh 1 cela ne fait rien.
H. DUYEKDIER.
Mats 9 par la suite , cela Tiendra.
M. BÊTàSSIBB.
Ou cela ne Tiendra pas ; mais je serai «on aastrij toujours.
M. DVTSBDItB.
C'est dono là tout ce que vous Toule» ?
■. BÈTASSIBE»
Oui f aTec le reste.
M. DVTBBDIEB.
Ah I ah ! tous êtes un petit malin.
M.. BÂT^SSIEB. .
Oh ! point du tout^ je Yeux dire ûtcc le bien qu'elle m'apportera.
M. DtYEBDiBll.
Jttais fi donc t il ne iaut pas dire cela.
M. BÉTASSIBB.
Oh! pardonnez-moi, puisque je le pense.
M, DVTBBBIBB.
le Tois du moins que tous êtes franc
M. BÊTASSIBB.
Oui, Monsieur, c'est ce que je suis.
7-
7S L'VNIFORME DE CÂlIPÂGXfi.
m. DUflEDIBl.
AUoQS Tenei , Teoei.
SCÈNE XIII
M* PAVARET, M"* BATILDE, M. DUVER- DI£R, M. GOBERGRAU, N. LANDIM, M. BËTASSIER5 M. D£ CLAIRVILLE,
Mon frère, {e yieos tous faire part d'une résolutioQ que j'ai prise.
M. DUTBKDIBR.
Et itooi , ma sopur , je Tiens tous présenter M. Bêtassier^ qui sera mon gendre.
Wr* PATAIBT.
Ah t c'est Monsieur?
M. BÈTASSIBI.
Oui , Madame y c'est moi qui aurai l'hon-* fleur.» •
M. DVTBBDIBB.
Ma tiWe, «akicz Monsieur. ,
M. BÈTASSIBB.
Ah I Mademoiselle , ce n'est pas la peine de T0M.S dé ranger.
V. QVTBBDIBB. ^
Ma soBur» notre contrat sera bientôt f^jt» parce que nous sommes d'iiccord de tout.
SCENE Xlir. yg
M. BÊTISSIER.
Oui 9 nous sommes d'accord ; et Madame doit être sûre que Sion bien sera en très-bonnes mains.
M™* PAVARET.
Qu'esNce quMl dit donc, M.Bêtassiei;?
M. BÂTASSIER.
Oh ! TOUS savez bien , Madame.
M*"* PAVA R^ T.
Je ne comprends pas,
U. GOBERGÇAV.
C'est qu'il est fort gai , à ce qu'il paraît , M • Rêtassier.
«. BiTA9S|ER<
Qui , Monsieur, c'est fà mon défa^Jt.
M. eOBERGEAU.
Cependant on n*a pas toujours enyie de rire.
M. BâïASSIBR. ~
Oh! moi, quand je me marie , tout m'esf égal.
H"' PATARÇT.
A propos de mariage, mon frère, noug pourrons faire nos deux noces le même jour.
W. DV VERDI ER.
Cornaient; nos deux noces ?
8o L'UNIFORME DE CAMPAGNE.
M"^" FAVAlkBT.
Oui s celle de ma oièce et la mienne^
Vous TOUS mariez ?
Oui. Puisque vous ne roulez p^s donner votre fille à M. de Clairville qu'elle aime, je l'épouse, et je lui douoetout mon bien.
M. DfJTERDiER.
JEt vous y consentez , vous, M. Landier?
M. LANDlSa.
C'est leur affaire ^i pourquoi m.*y oppose-» rais-je ?
M. GOBERGÉ À t.
Il a raison; tout le monde est ici d'accord.
M. DUVBBDIER.
' I
I
En ce cas, fil. Bôtassier, vous êtes trop heureux.
M. BâlASSIEE.
Comment ! trop heureux ?
M. DITVEEDIER.
Oui , je craignais que ma sœur , qui pro- tégeait M. de Clairville, ne s'opposât à votre mariage avec ma fille , et par Ce mojea elle n'y met plu^ d'oJ)stacle.
SCENE XIII. 8i
M. BâTASSIEft.
Cependant 9 mot 9 j'y en troure un*
M. fiVTBRDIBR.
Tous êtes sans duute plus éclairé que nous^
V. DÂTASSIBR.
Blaîs cela pourrait bien être ; car tous ne ' ▼oyez parque, si Madame donne son bien à Monsieur en Tépoùsant, IVladenioiseiie n'aura ni le monsieur ni le bien.
V. DUYE&DIER.
Il est yrai ; mais elle vous aura.
H. BÈTASSIBR.
Oui ; elle m'aurait , si Madame lui donnait son bien.
iT** PAYARCT.
Si je lui donne mon bien , ce sera i\ con- dition que M, de Giairville Tépousera.
M. BÈTASSIBR.
Ah ! dans ce cas-là tous le lui donneriez l
urne PAYARET,
Sûrement
H. BÊTASSIEB.
Mais TOUS n'aTÎez donc pas besoin de moi ?
«
«"*• PATARBT.
Jf on p Monsieur.
Sa rUNIFOBME DE CAMPAGÎÏE.
M. DIIVERDlB.il*
Mais, ma sœur...
M** PAVABBT.
Voyez le parti que tous avez à prendre.
M. DUVBiDIER.
Vous voulez que ma fille épouse absolu-» ment de Clairvilie ?
U^' PAVA RE T.
Oui , mon frère.
M. DUVERDIER.
£t vouf 9 Monsieur ?
W. Bi^<TASSIP.B.
Ce sera comme il vous plaira.
H. DU VERDI BR.
Vous êtes bien honnête. £n ce cas y j'jT consens de tout mon cœur.
||1'< BATILDB.
Ah ! ma tante, que je vous ai d'obligation !
M™* P AVARE T.
Soyez heureux , mes enfans, et je serai trop contente^
M. BfiTASSIBB.
Je ne vois pas pourquoi mon père m'a fait venir ici pour être témoin de tout cela 5 moî,
SCENE XIII. 8^
M. GOBEUGEAU.
£h! n'êtes-vous pas trop heureax de rem- porter Tuoiforme de A|. Duvei|Her à Troyes ?
M. BÊTASSIBR.
Je voudrais ne l'avoir jamais vu ni porté de ma vie^ et je repars tout de suite.
(Il sort.)
M. GOBBBGEAU.
Par la diligence , sans doute ?
M. DOVERblBR.
Laissons-ie aller; je suis seulement fâché que ce soit un uniforme de moin» que je verrai daus ma maison.
Le fort emporte te faible.
rm DJB L^rniFOBifE be gakpaghb.
t-c
PLUS DE PEUR
QUE DE MAL.
PROVERBE DRAMATIQUE,
PAR CARMONTELLE,
F. ProYCrbes. 3. "
•^W
PERSONNAGES.
DAMON père.
3)AM0N û\s 3 amaat de Lucile.
ORONIE.
LUCILE, fille d*Oronte.
LA BRANCHE , valet de Damon fils.
La scène est chez Damon père.
PLUS DE PEUR
QUE DE MAL,
PROVERBE.
Le théâtre représente un appartement de la maison de
Damon.
SCÈNE PRIeMIÈRE.
DAMONfils, LA BRANCHE.
Damon fils entre le premier ; il est en b^bit de chasse ; La Branche le suit portant deux fusils. Damon est plongé dànâ la plus profonde rêverie et fait plusieurs tours sur le théâtre , sans rien dire. )
' Li BAAtrCHB.
M0NSIBTTE9 Yoilà Totre fusil.
D A M O N fils 9 brusquement.
Mon fusil ! pourquoi faire ? qui te Ta de- mandé ?
I.A BAAtfCHB.
Vous^ HoDsieur, à Tiastant.
PLUS U S" P^TIB QUE O E Bai ? f e t^û demaoïdé aïoiL fiisl ?
Oni * XuBâieur : dèâ* le maila toos ■»*&¥€! réveillé pour ooe pjtrtm ie dbasae...
li^UKa 3 !ÎIs jc Ec^tle et gc^icMl à soi.
Tu a& niiaaa daaiie : ra^^eo.
; li veÈmahe «Bas a mené. )
Soaàéitr ? —
Maèsm Sonseiir. aa idqcds frat-fl qae ^ soeke lie ^pd côèc ira«s diassem anjour-
B ASa s ft » «Kiînn lêvear. £h ! qoe tlaqpotte ? va to«|ows.
KA BaAScav, mat. Commaity Monsieur , qiiMn*importe?
BAMOV fik,à|nrt.
Je ne sais od fe sais , ni ce que je dis ^ ni ce qoe \e fais. ( IK«a/. ) Va m'atleoflre aux cnvjroiif de ce grand bois où nous chassâmes hier.
(La firandie sort. }
ISCENE m. 89
SCÈNE II.
DAMONfib.
QcEi. état cruel ! Juste ciel ! aîde-moi à calmer les transports qui m'animent. J'ai mé- prisé jusqu'à présent les coups redoublés dont la fortune n'a cessé d'accabler ma malheu- reuse famille ; mais depuis que j'ai vu l'air mable Lucîle , depuis que je sais que le plus avare des hommes met à prix la possession de cette fille adorable ; Dieu ! que ne ferais- je pas pour sortir de la situation où je suis ?. Ah ! malheureux Damon 1
*
SCÈNE III.
DAMOKpèR,DAHONfib.
D A M 0 n , surprenant son fils. Mon fils...
DAHOR iîls,' embarrassé. Mon père!...
DAM OH.
Yous me paraiSvSen bien agité,
DAMOKfils.
Mon père... non pas autrement. «.• JVi •eu dormi cette nuit...
90 PLUS DE PEUB QUE DE MAL.
DAMOH.
L*ardeur de la chasse tous transporte......
Vous parliez seul à Tinstaot ?
DiMOV 6ls.
Mon père 9 il est vrai : la chasse...
DAHON.
La chasse est un divertissement honnête ; mais 9 mon fils, ce n'est qu'un divertissement qui ne doit pas vous occuper tout entier, et devenir chez vous une passion. Comme vous Toilà agité ! que les hommes sont ingénieux à se tourmenter !
. DAMOK fUs.
Mon père, j*envie votre sang- froid et votre tranquillité.
DAMOF.
Et vous avez raison. Il n'est point d'état plus heureux.
n A M 0 N fils.
Je le croîs , mon père ; mais c'est un bon- heur qui n'est pas fuit pour moi.
DAM ON.
Vous VOUS abusez , mon fils : il ne s*agî| que de savoir résister à l'attrait du plais^ir* On se précipite dans un abîme de maux pour courir après je ne sais quelle image de vo- lupté,... Tiens y cette maison 9 ce potager»
SCÈNE m.
91
ce Terger^ cet enclos qui suffisent à mes besoins , malgré leur petitesse , bornent tous mes vœux : je les préfère aux palais que j'habitais daùs ma jeunesse.... Si tu pensais comme moi , mon fils , je t'apprendrais sans crainte une nouvelle.
DAM ON fils. Mon père...
DAMON.
Les richesses ne te tourneraient-elles point la tête ?
DAHON fils.
Comment 3 mon père 9
DAMOir.
Oui , si la fortune se montrait moins sé-< yère 5 n'oublierais-tu pas bientôt Jes vertus de la médiocrité ?
DABI OR fils.
Ah l mon père.... apprenez-moi?.... de grâce !... je vous en conjure.
V DAMOir.
Quelle vivacité!.... J'aurais dû me taire ; mais puisque je me suis si imprudemment avancé 5 apprenez donc qu'uil nouveau coup du sort nous remet à la place d'où nous étions lombes. Votre oncle est mort à Pondichéry, >t vous laisse sa fortune qui se monte à plus 4e cent mille êcus.
9!i PLUS DE PEUK QUE DE MAL. DAM 05 fils, avec transport. Iu»te ciel ! quel heureux éTéoement I
DAMOV.
Voilà une joie bieu yIto ! Bloi| ÛU , cet attachement excessif aux richesses tous perd à mes yeux.
Mon père, pardoonez-moi.,.. maisrest-Q bien vrai ?,..
Trop Traî pour rotre malheur et pour le mien. Lorsqu'on attache aussi fortement son bonheur aux biens de la fortune , on est prêt à tout faire pour les acquérir, et à tout per- dre pour les conserver.
PA'MOll iîls.
Mon père , ne m'humiliez pas davantage ; )e suis plus digne de vous que vous ne pensez. Vous savez combien j'aime Lucile , vous avez agréé mon amour ; vous n'ignorez pas ce qui m'a fait essayer le pli^ cruel des refus. Ah 1 mon père, pouvez-vous ne pa3 ejLCuser me& transpofts ?
DAmON.
Oh ! tu es actuellement dans le cas de fair^ désirer cet établissement au bonhommO/. Qronte.
L
SCENE IV, 93
D A M O N fils.
«
Permettez que /j'y coure 5 mon père ! je yole lui anaoûcer...
DAVON.
Qu'allet-Tous faire ? quoi ! après les plus insultaos refus ?
DAHONfils.
Ah ! mon père , oublions tout.
DAKOlf.
Quel areuglemerit 1
SCÈNE IV.
DAMON.
EsT-ii possible de prodiguer ainsi à de viles pissions des emportemens réservés pour la vertu ? O mon fils ! rendrais-tu inutiles les soins que je prends depuis vingt ans pour former ton jeune cœur? Es- tu digne encore d'entendre la voix de Thonneur > Je te pré- pare une épreuve terrible ; si tu succombes» je suis le plus malheureux des pères I
94 PLUS DE PEUR QUE DE MAL.
SCÈNE V.
DAMON, ORONTE.
0 RO ff TE 9 accourant , ks bras ouverts.
V.U ! bonjour , mon vieil ainî , mou cher voisin ! Que j^ai de plaisir à vous em brasser l
D A M 0 9 , froidement, ^
Je suis votre serviteur.
ORONTB.
Eh bien ! qu'est-ce ? Vous êtes bien joyeux , n'est-ce pas ? Comme j'ai pris pt'.rt à votre bonheur ! Ma foi, vous avez en moi unvéri* table ami.*
Je vous suis obligé.
OBOVTB.
Comment ! quri air froid ! Est-ce que vous ae me reconnaissez pas ? C'est Oronte , votr» meilleur ami , qui vous parle.
D A MO If.
Vous me surprenez , Monsieur •; je suis ce même homme k qui vous fîtes refuser l'en* trée de votre maison il y a quelques jours.
ORONTE.
Quil moi I Ah! mon ami DamoD, qui «ont les iuiperlinens 'r,,.
SCENE V. 95
DAMON.
Ne vous fâchez pas , et n'accusez personne ; c^est vous-même qui prîtes pour une insulte la proposition que je vous fis de marier mon fils à Lucile.
0 R o K T E 9 éclatant de rire.
Ah ! ah ! cette ba^atel!e-là vous occupe ? £h ! mou cher ami , point de rancune. Je suis vif , emporté ; cette sotie de Lucile me fesait tourner la tête avec ses visions de couvent et de célibat.... Morbleu ! que j'étais fâché 1 Mais , entre nous , je crois que votre égrillard de fils lui a l'ait changer ses résolutions.
DAUON.
Comment?
ORONTE.
Oui , parbleu ! la petite en tient. Je ne m^en serais jamais douté... Ces filles sont d'une dissimulation !... mais je suis un fin Compère. Oh I je suis d'une joie.... Touchez là , mon vieil ami ; j'accepte votre fils pour gendre.
DAAION.
J'ai tout lieu d*être surprisj après raccueil. ..
OROKTE.
Eh ! que diable ! vous en revenez toujours là. Je vous l'ai déjà dit : d'un côté Lucile me paraissait avoir un éloignement invincible
g6 PLUS DE PEUR QUE DE MAL.
pour le mariage ; d'un autre côté , je me voyais proposer un aimable jeune lionime , vif, bien planté, le fils de mon meilleur ami... Morbleu I que j'étais impatienté !
DiMON, souriant
Et puis les cent mille écus dont mon Jlils vient d'hériter.
O&ONTB.
Ah ! mon amî 5 que dites-vous lu? Se peut- il que vous me connaissiez si peu ? La for- tune est pour moi peu de chose. Je ne son^ qu'au bonheur de ma Lucilc , cette chère enfant que j'aime de tout mon cœur. Votre fils est bien né, ils s'aiment, que faut-il da- vantage? Vous êtes bien injuste, mon ami ; eh bien ! tenez , je suis meilleur ami que vous , je parierais que, quand je ne pourrais donner à ma Lucile qu'un bien médiocre , vous ne vous prêteriez pas à ce mariage avec moins de joie. Est-ce bien penser de ses amis, cela ?
DIMON.
Je vous suis bien obligé; vous me rendes justice. Ainsi donc la fortune n'entre pour rien daùs votre résolution?
o B O lï T B. *
T^on, parbleu! je ne consulte que ma ten- dresse pour ma fille.
SCENE V. 97
BAMOlf.'
Je me plais à tous voir dans ces généreux sentimens.
OBûNtE, intrigué.
£n doutez-TOuSj moo ami 9 Mais pourquoi ces réflexions?
DAMOTI. ■
C'est que je suis enchanté. Vous rassurez mon cœur alarmé , et je ne crains plus de vous apprendre que...
»p R 0 9 T B rinterrompt avec vivacité
Comment ! est-ce que votre frère de Pon- dichéry ne aérait pas moft?
DAMON.
Non pas cela ; mais. . . /
OBORTB.
Ah! je conçois; il aura déshérité votre fils?
DAttON.
Point du tout; daignez m'entendre.
OBOirtE.
Morbieu ! vous verrez qu'il ne s*est rien trouvé après sa mort.
* D49I0NV
P«rdonnez-moi; on a ^ouvé cent mille vcus en or dans ses coJSléS'^ mais...
F. ProyerbM. a. 9
\
98 PLUS DE PEUR QUE DE MAL. OEOIITB9 aYCcS brusquerie. HaU f quoi ? mais! expliquez donc ce mais.
Quel homme! laissez-moi parler, je tous l*exp^querai ; ces ceot mille écus n'apparte- naient point à mon frère ; c'était uu dépôt qu'on lui uyait confié.
OEOVTB) consterné.
Un dépôt J
DAMOV.
Hélas! oui; il nous en instruit lui-même par un écrit que Ton a trouvé dans ses pa« piersy et que j'ai entre les mains.
OaONTB.
Et que comptez-Tous faire de ce bel écrit?
DiMON.
Je pourrais le supprimer; mais l'honneur, mon cher M* Oronte, l'honneur me fait unde-* Toir de le rendre public.
oaoHtB, ayec un 8oapir.
L'honneur, oui; c'est une belle chose que l'honneur.
DAKOK.
Après les beaux sentimens que tous renei de faire paraître , j-c nç doute point que tous ne pensiez comnit; moi , et que tous n'ap- prouviez la rcsolulkiû que j'ai prise de res^
<
SCÈNE VI. 99
tîtuer cette somme à ses légitimes maîtres. Gela ne tous empêchera pas de donoer les mains au bonhenr de nos enfans; quelque médiocres que soient leurs biens ^ ils leur suffiront s'ils sarent s'en contenter, ftlais fussent-ils dans la plus cruelle indigence , je |e ne voudrais pas les en tirer par une injus* tîce.
o a ONTE y qui a paru rêvçar pendant cette tira^de ,
brusipieinent.
Serviteur, serviteur.
(Ilsort.)
SCÈNE VI. ^
DAMON père, DAAION fik, lUGILE.
DAMON fîLr.
SniQPFBEZ , mon père , nue je vous présente ILucile; son père consent à notre union ; je iuis le plus heureux des hommes. -
DAMON.
Mon fils 9 modérez ces transports; il y a bien du changement.
DAKOV fils.
Ah ! ciel 1 que dîtes- vous ?
LVCILI.
Quel nouveau malheur nous menace ?
100 PLUS DE PEUR QUE DE MAL- DAHOHy tirant un papier. Tenex, lisez.
D A M 0 9 fils prend le papier et le parcourt. Tout est perdu!
fiUCILB.
Ah ! DamoQ I
DANOll ûh.
Aimable Lucile , je vous perds ure se- conde lois ; hélas ! mon bonheur n*a été qu'un song^e. i
D A M 0 N.
Mes chers enfans, votre douleur me perce l'ame.
D A If ON fils.
Ah! si par un heureux retour; mais.... le plus dur des hommes n'y consentira jamais. Pardon 9 belle Lucile, c'est votre père.
LVCIIB.
Oui^ Damon, je dois lui obéir, et me taire.
DAM OH fils.
Malheureux que je suis! Mais peut- être ignore-t-iL... oui , sans doute.... Ah1 muD père I si yous vouliez.
BAMOK.
Quoi^ mou fils?
SCENE Vf. ,01
Pardonnez à mes transporta 9 mon père ; excusez mon amour. M. Oronte sait ma for- tune ; il n'est pas instruit de ce fatal rercrs... Profitons de cette erreur... Mais je m'égare ^ mon père , je lis dans vos yeux ma faute.
DAM ON âoîdemeot.
CoosuUcz-YOus bien , mon fils ; quant -à moi , je n'ai rien à y ou s dire.
DAM ON fils.
Eh ! quel crime de tromper son insatiable aTarice, d'éviter dVn^devcnir la TÎctime t^ Wa-t-il pas consenti à notre boiiheur ?
t) AMON.
C'est donc là yotre avis , mon fils?
DAMON fils. Oui , mon père , si c'est le rôtre.
DAMON.
J'en suis fâché; mais un obstacle s'oppose à ce beau projet : je quitte M. Oronte; il sait tout.
DAMON fils._ Ah ! je suis perdu !
I03 PLUS DE PEUR QUE DE MÂL:
SCÈNE VII.
PAMON péfe, DAMONfils, LUGILE,
OAOMTE.
O&ORTB.
Je vous troave tous rassemblés fort à pro- pos. Oh çà 9 mon yieil ami , je vous ai quitté tantôt UD peu brusquement, n'est-Hpas Traî.^ mais passons, j'ayais de bounes raisons pour c^la.
Je les soupçonne.
ORORTB.
Vous pouvez bien ne tous pas tromper. Au lieu de perdre le tenis ainsi que tous en de vaines lamentations , |'ai fait quelques iré- flezions dont je rais vous dire b résultât.
Voyons.
OBONTI.
Ëcoutez-moî , je tous préviens d'abord que aans biens on n'aura pas ma fille; je vouais un gendre riche de ceut mille écus; mais je vous passe à cinquante ; vailà ce qui s'ap- pelle être raisonnable 5 cela. .
D ▲ H 0 N.
£l Qù ^oulez-yoïis que je les prenne P
SCkNE Vil. io3
OR ON TE.
- Patience ; laissez-moi faire ; wsûs il faudra en passer par tout ce que je dirair
D A M 0 N.
Mous Terrons.
0 R 0 R T C , à DadiOD fils.
J'examine qne d'un côté voire oncle vous fait son légataire universel ; il v.ous laisse ses ipeubles et son argent comptant ; il se trouve dans ses coffres cent mille écns en or; donc ces cent mille écus vous appartiennent.
DAMON9 soia*i'jiit.
Voilà un fort beau raisonnement; mais le dépôt.
OROWTB.
Bon! ce dépôt 9 il n'en reste aucune trace que ce petit morceau de papier qu'on peut mettre au feu.
DAMOH.
L'expédient est merveilleux. Votre^ avis serait donc, Monsieur, de vous approprier cet or, et d'en dépouiller les légitimes pro- priétaires.
&R01ITE.
Non pas , morbleu ! non pas; vous ne con- naissez pas Oronte. L'honneur, la probité! féh ! je crois que nous eu avons autant qu'un
io4 PLUS DE PEUR QUE DE MAL.
autre. Je disais donc qjae, d'qn autre côté^ il fallait rendre quelque justice aux proprié- taires du dépôt ; ainsi ou peut l<ïur donner cinquante mille écus, et les autres cinquante raille écus demeureront à mon gendre pour lui tenir lieu du legs, et lui foire épouser ma fille. £h bien I que dites-vous de cet ar- rangement-là ? Hein.
DAIfOV.
Vous me voyei interdit d'admiration et d*étonnetnent.
OROITTB.
Je le savais bien , ûioi , que je vous sur- prendrais.
DAVOir.
Obi on ne peut pas davantage.
OaOHTE.
nw^ -^^"^^ ^ous approuvei mon projet, nest-il pas vrai? Répondez donc
OAMOV.
Je ne puî. rien y(^us dire, interrogei mon
fils.
Qui ? mon fren de
Q;;i?mon gendre futur; oh! je répon*
SCENE VIL xo5
T^on^ Mousieur» cette afiaire-cî leregardc^ il faut qu'il s'explique.
S> AU OK 05 put ah JanS le plus grand accablement.
Doutez-vous d^ ma réponse 5 mou père ? )e préfère de mériter la charmante Lucile au bonheur de la posséder.
IVCILE.
Ah ! Damon , cet aveu m'enchante , il m^arrache celui de vous assurer que si 9 Lu- cile .0^ peut être à vous 9 elle reuonce éter- nellement à tout autre.
PAOVTB.
Ouais ! qu9 veut donc dire ceci ? et quel rôle 01C fait*oa jouer?
DAMOV.
Celui que vous méritez , mon cher mon- sieur Oi'onte ; pouvez -vous vous laisser aveugler ainsi par votre avarice ?
OftOHTS, forieux.
Allez 9 vous êtes un vieux fou. (ALuciie.) Si vous 9 mademoiselle l'impertinente 9 ]e vous défends de jamais penser à ce jeune sot^. Partons.
DAMOR*
Arrêtez un nôioment , je suis peu ému de
loÔ PLUS DE PEUR QUE DÉ MAL.
▼os injures: mais avant que de sortir, je yeux TOUS faire une nouvelle coofidence qui tou5 plaira plus que la première. Ce dépôt est uo jeu de mon imaginalioo ; j'ai enectiTemeat chez oioi les cent mille écus pour marier mou fils à Lucile.
o B 0 R T B , avec une extrême suipri^. Oh!ob!
|.IJCI£^
AhîCiçl!
D A voir fils se jette aux pieds de son père. Ah! mon père!
Belevez-TOus, mon fils, et embrassez** moi. LMnquiétude et l'agitation que j'ai re- ms^rquées en tous nii'ont alarmé , mon fils ; j'ai craint de tous Toir dédaigner les douceurs de la médiocrité. Mes craintes sont beureu- sèment dissipées : jouissez du fruit de la li- béralité de Totre oncle : on confie sans crainte des richesses à ceux qui s^Tent les mépriser. ReccTez pour récompense la nus^in ie l'ai- mabie Luçlle. ( 4 Qronte. ) N'y coasentei- TQuspas?
OBONTB.
De tout mon cœur; je suis trop confus de oe qui Tient de se passer-., Mais ces çeol mille écus...
A
SCENE VIL 107
DAMOir.
Je vous ai tant de fois trompé « que vous jfi*osez plus me croire; mnîs passez dans moa cabinet, et je ne tarderai pas à vous con« vaincre.
TIV DE PLUS DE PtVK QUB DE IIAt«
- 1
LA TRICHERIE RETOURNE A SON MAITRE,
(^ PROVERBE DRAMATIQUE,
PAR oMomELi^
à
personnages:
LE BAKON DE ^ARSARCE-
LA BARONNE.
LE PRÉSIDENT.
RUINEAU ^ procureur. ., , « . ^_
DES BAI3D1ERES , avocat, fils deRumcau.
La «cèac est en wovbee , dans une ville de parièmcat,
chez le^aron.
'*■
LA TRICHERIE RETOURNE A SON MAITRE,
r
PROVERBE.
Le théâtre représente une chambre basie de la maison
du Bai;oa. ^
SCÈNE PREMIÈRE.
LE BARON, BUINEAU.
( Le Baroa est occupé à ccrve , Rmneau entre tenant
un s^c de procès. )
M. if Baroq, ^e suis TOtre humble serviteur.
|;B BiBOV.
Ah! bonjouPji SI^ Buio^i^u ; eb biea I quelle^ Douyelles ?
■ " r
BVIVEAU.
r
J'en ai uqç désagréable i roi^i^ appr,çQ4re,
i,B B^novr.
RUIlfJBAU.
Je qç faifi çpfitiwer 4e wo c^rger de TOtre affaire. ' ^ •
fia LÀ TiaCHERI£ RETOUKNE À SON MAITKE,
Ll BiiEOH.
Covipient done ?
Non, Monsieur 9 j'en suis ad désespoir. [ Mettant le sac^ sur la table, ] Voilà tos pa- piers que je tous remets ; tous allez me payer ce qui m'est dû.
LE BA&Oify Tivenient.
Mais je ne tous oompreDd pas , H. Rui- ncau.
BU in B À 17, froidement.
Monsieur, je suis fâché de ce cont|*e-temS| liiais je ne puis pas faire autrement.
tE BABOV,
Âh I bon Dieu ! Toici de belles affaires. A la Teiile d'être JMgéi Maj^ quelles raisons «lyez-TOus?
BViBBàV, d'un air froid et mécontent.
J'en ai mille. Monsieur : premièrement,
S lus Totrè aÉairé s'aTance , plue }e m'aperçois e certaines choses , là.«. qui...
LE BABON.
' )Est-ce que )è û'ai pas bon droîi f"
BViBBAV.
Je ne dis pas cela. Mais tous btcz pour ndyersaire un nomme... que... pour bien des raison^../ je dois méfiagei*;t.'EOrfiti je ne puis Récemment occuper contre lui.
SCÈNE I. . ti3
liB BAAON.
C'est un badinage , Monsieur , vous con- naissiez ma parlie dès le coxamencement de mon aJSaîre ; vous ne m'avez jamais parlé de CÇ5 considérations -là,
a j • • • • • • •
EUIRBAV. l
Il est Vrai , M. le Baron , mon attachement pour vos intérêts m'a ïà\t passer sur bien des choses; mais, tout considéré, j'ai vu qu'il ne mQ qoavenait point , qu'il ètsit même dange- reux... £t (eiiez, une autre raison à laquelle je ne pensais pas ; je suis vieux 9 incapable d'application 9 votre aiTaîre est délicate ; et, ma foi , je croîs que vous ne pouvez mieu^ faire que de voir là-dessus un de mes jeunes confrères.
IB BABOsr, impatienté.
Eh ! Monsieur, ce sont de purs prétextes. Quoi I vous m'abandonnez sérieusement ?
HV INEAU.
Oui 5 Monsieur, très-sérieusement.
LE BAHOlf.
Ah 1 mon Dieu ! ie suis un homme ruiné.
i
BVINEAU.
Yousaveztort^ Monsieur, prenez vos pièces. Pnyçz-moi mes frais qui montent à six mille sept cent dix-huit livres, quatre sous, neuf de- niers, ainsi qMC vous le verrez par le mémoire
lO.
ii4 LÀ TBICUERIE RETOURNE Â SON MAITRE.
que j'ai joiaLYous trûUT<»«x facilemeot quel- qu'un qui acbeTera ce que j'ai comineucé.
LB BàtOW, d'as airsopi^iaiik.
' Moa cher M. Ruineau , je n'ai de confiance qu'en tous. Je suis perdu si tous m'aban- donnez.
lOiHVAOi iroici el d'un air «TanUgewL.'
Point do tout , M. le Baron. Vobs troq- teres partout le même sèle ^ la mêàie dili- gence ; car Je pais me flatter de n'avoir rien à me reprocher là-dessus.
IB BABOV, toujours plus so|)p1Iant
Eh ! non, Monsieur, eh! non. Au contraire; ma désolation TOUS prouTe combien je compte sur rotre zèle. Voas Toyez en moi un père de famille , un malheureux gentilhomme dont TOUS tenei entre tos main^ la fortune et la TÎe. Lais^ex^Tous tpucher de inon état. Je Tois que Top m'a noirci dans Totr^ esprit ; mon adversaire, qui n'oublie rien pour me perdre, a craint les effets de votre attachement pour moi , et a touIu les prévenir en me desscr- Tant auprès de tous« Ah! ciel ! que je suis malheureux 1
BUIBBAU.
Eh I M. le Baron , que faîtes-TOUs ? Allons donc , Tons n'y pensez pas. Laissez ; il ne •'agit que de certains arrangemens At- tendez, je ne toux pas qu'on nous interrompe* ( n va fcxnier soigneuseiicBl la perte. )
SCENE, f. ii>
LE ^▲non^ iipart.
Que ya-t-il me dire ? Je suis ^ sa,ç|\sçr^tfon. [Haut.) Monsieur 9 faites de moi ce que vous
voudrez. '
• ■ «1
EiTiNKii^^ ^ut| ton phnfamîlicT qa^il , coofinue ain^ "jttsqu^à la fin dé b scène.
Ah ! ç^ 9 puisque Vous youîez que je vous explique naturellemeét'le&tijet de notre petite l^roiiilleri«'9 ^.Bi>n h%\» tous le. dire ;;^ar AU fond JQ f^ufi §uis Attaqhé pl»^^ qu'pp W iiaur^^ît orQire'( W^nr )» et^ÎTQ^^le yquliefi JDpi»fm 9 TP§ ÎRl^rçt» sériaient Wcftt4t le^mi^<is.
LB Biaoïr. Et comment ceto^^'
C'^st ce quç [e vous dirai quand \o vous siurai piirlé du sujet de mon mécontentement. Vous êtes droit, bon, franc, vous, M. \ç Baron ; mais il u*esl pas de u)êtne 4e Madamç la Baronne.
LE BAEÔN.
f
Auriéz-Vous sujet de vous plaindre d*elle^ Uonsieur ?
EVIRBAV.
Non pas moi directement', M. le Baron ; cependant c'est comme si c'était moi dans ua certain sens; car c'est ma feinni<^*
li<S U TiaCHEKIE ftETOrURmE.A SON MAITRE: •'• Vous me surpreoei, *' • '
EUINBàV.
CQipfiient!' fifonaieur.) rlao. «inégale IVir haut et dédaigoeM^ avec leicj^pi ^e l'a reçue; elle l'a.traitée avec un mépris... , , .
Jeyai9dédut*prisé9eâ surjftHses^Ai.Ruîiieau. J« coniKiîd ma feuirne; elle ft ua peu Tov* gûèil de son rang; mats dîe a toujours eu peur-madatÀeRui&eaureslîiiiei'.* la distioo-
iîoa qu'elle méritç^ ., -
Oh ! lM[onsîeur,.yQuS;OOUf faites trop d'hon- neur. (iSouriant d'un air aisé.) Il est. y rai 3u*elte lui ût certaines, propositioas qui ne oiveot être agitées qu*entre nous , mais ce ïi'est pas inafîWfe; jiî le tql ayais déferïdu ; çt C0S femmes sont si indiscrètes.
LE BâEON.
Eh! quelles sont ces propositions?
evirbâd.
Je Tais yous le.jjre. Vous conoaisies moo gls^ Ruipeau des Baudières,.
tE BAKOU.
Panaitement.
SCENE I. 117
rviubau Qu'en pensez-Yous ?
LB BiBOB.
Je le trouve fort bien.
B m BEAU.
Il Q*est pas mal bâti ce grand garçon-*là D'est-ce pas ?
LE BàAOK.
MaîSf non.
BUINBÂU.
Et de son esprit, qu'en dîtes-TOus?
LE bâbon.
Je lui ai peu parlé; cependant, pour le peu de tems que j'ai conversé avec lui , je n'eu ai point été mécontent.
buiveâit.
Comment! savez -vous que cela fait ua sujet ?
LB baron. Je le crois bien.
BVIBBAU.
Cela ne vous a pas de ces bluettes d'esprit qui ne plaisent qu'aux sols , de ces talens superficiels qui u'amusciU que les gens dés- œuvrés ^ il est tout solide ce garçon-là ; je l'ai formé ù ma main.
ii8 LA TRICHERIE RETOURNE A SON MAITRE.
LE BâEOV.
Je m^en rapporte bien à tous.
BU m g AU.
Il entend les affaires aussi bien que moi; et tenez , c'est lui qui jusqu'à présent a sulri la vôtre.
LE B4aON«
s
C'est un homme essentiel.
BUINBAU.
Peste! je tous en réponds. Je a*aî rien négligé pour l'éducation de cet enfant-là, M. le Baron ; je Tai fait recevoir avocat à Bourges.
LE bàbov.
C'est bien fait. Il va exercer sans doute.
BUIVEAU^
Fi donc ! tous tous moques ; j'ai tNen d'autres Tues sur lui. J'ai jeté les yeux sur certaine charge d'auditeur... J'ai cinquante mille écus pour venir à bout de ce projet-là i H. le Baron.
£B BAIOV.
Tous agisses en bon père.
BUIREAV.
Ce n'est pas le tout ; je songe à le hiep établir.
SCENE I. 119
LE BARON.
Oh ! sans doute.
Va auditeur riche de cinquante mille ëcus oe sera pas un parti à rejeter.
LB BIBON.
Mon sûrement.
BCINBAC.
Né l'aura cas qui voudrait bien TaToir.
LE BABOlif.
Je le croîs bien.
BVIVEAV.
Je ren% qu'il ait une femme qui lui donne Aussi du bîcii*
LE BA.ROK.
Tous avez raison.
BVINBIV.
Je Yeux eh outre qu'elle soit d'une nais- sance ^ là*., capable de lui donner du lustre.
LE BâBOR.
C*est bien pcùsé.
RUIVEAt. '
Non pas qu'un fils de pfocureur ait besoin plus qu'un autre d'un certain lustre ; et tenez, pour ce qui est de fiimilles bourgeoises , il
lao LA TïaCHERIE RETOUME A SON MAITRE.
est fait lui-même pour en donner à d'autres • mais je reux dire que je né tcux point d'une bourgeoise pour ma bru.
LE BÂK0N> ici devient pensif.
Diantre I
Qu'en pense«*vous ?
L B BkKOV 9 négligemment.
Mais je dis que tous pensez en bon père de famille, qui ne cherche que l'aTancemeot
de ses en fans.
RViifEAUy Texaminant attentivement.
Mais encore : croyez-vous que ces vues-là soient trpp élevées... Ne pensez -vous pas que la fortune et \€ mérite du jeune homme le mettent au pair de la personne que je lui destine.
Je n'en disconviens pas.
BViNBÂVy lui frappant familiérenient sur la raaÎB.
Parbleu l vous me ravissez. Je suis charmé que vous approuviez mes projets.
LE BABON, inquiet. Pourquoi cela ?
BVINEIU
C'est qu'à ce moyen leur réussite est 9Ûre#
SCÈNE L 121
Je ne comprends pas.
BVIHEAU.
Je yaîs tous l'expliquer en detix mots ; l^ai jeté les yeux sur mademoiselle votre fille polir mon fils.
LE BÀRON9 avec Ja dernière surprise.
Sur...
nriNEAU^ d^aù ton haut et sec.
Sur mademoiselle votre fille; est-ce que vous ne m'enteudez pas ?
LB BABOV*
Si, parfaitement ; sur ma fille Angélique 7 Belle demande ! vous n^avez que celle-là.
LE BABOV
Tous avez raison; je vous demande pardon.
RVlIfBAÛ.
Vous comprenez bien présentement. Eh bien ! j*en fais la demande , et je me flatte que vous ne me refuserez pas.
LE BABOn.
Tous me demandez ma fille pour votre fils?
RUINEAU.
Justement , et après ce que vous vene»
F. ProTerbes. 3, H .
193 LA TRICHERIE RETOURNE A SON MAITRE.
de me dire, je ne crois pas que vous balan- ciez...
LK BAI OR*
En mariage ?
àViVBAU , riant.
Sans doute. Mais qu'avez-yous donc ? Est- ce que la tête tous tourne ? Yoas n'êtes pas à ce que vous me dites ?
tB BAEOir.
Oh ! que pardûnaez-moi.
BUINEAU.
Vous ayez peut-être quelque répugnance?
LB BABON.
Je ne dis pas cela.
BTJIÏIBiU.
Pour peu que cela tous contrarie.. J
LB BlBOZr.
Eh ! non , Monsieur. Ce n'est que Totre propre intérêt que j'ai en yue. Ne m'ayez- tous pas dit que tous youliez une bru riche t
Oui.
LE BABOK.
Eh bien ! la mienne n'a qu'un fonds d'es- |)érance très-incertain.
SCENE I. la)
Laissez -moi faire , M. le Baron, laissez* moi faire. Je me charge après le procès de régler moi-même sa dot; elle ne sera pas moîodre que celle de mon fils, et outre cela, je yeux que tous ayez une pension fort hon- nête , vous et madame la Baronne.
Mais , si je perds mon procès»
EVlNEàV.
lï'ayez point d'inquiétude.
LE BAROH.
Uais encore.
BVIVIAV.
Quel homme I Efi bien ! dans ce cas-]â , mon fils la prend sans dot; êtes-vous con- tent ?
LE BARON.
Mon cher M. Ruineau y je suis en yérité confus de toutes vos bontés.
IVIVEAV.
Oh I je suis comme cela , moi.
LE BAROlf.
Tenez, s'il ne s'agissait que de moi, je TOUS estime, tous le sarez. J'ai pour yotre fils uneyéritable affection ; je conçois combien sa fortune et son mérite doiyent fiure oublier quelques prévogatires de aalssauce ; mais
• ••
ia4 LA TRICHERIE RETOURFŒ A SON MAITRE.
• BVINBÂO.
£h bien ! mais.
' LB BABON.
Je craÎQs que ma femme qui , comme tous le sarez , est singulièreaient entêtée de sa noblesse, qui compte parmi ses pareus et ses alliés des personnes de la première dis- tinction , et qui 9 entre nous, n*a pas roulu m'épouser que |e ne lui aie ' prouvé seize
quartiers Je crains bien que pour toutes
choses elle ne veuille pas consentir.
lUIHEÂC.
Est-ce là votre dernier mot .'
£B BABON.
Ce n'est pas moi i comme vous le voyez , mais...
BVIHBiU.
J'entends. Yoilà vos papiers ; payez-moi.
LB BABOR.
Mais...
AUINBAU.
Mais , mais , vous m'avez dît votre dernier mot, et voilà le mien.
LB BAHOV.
Eh quoi !
BtIHBAV.
Point de contrainte avec. moi. Vous ne
SCE:TE !.. ia5
Toulez pas donner Totre fille à mon fils , n'en parlons plus ; mais je ne "veux plqs plai- der pour vous. Mes Tolontés sont libres aussi bien que les vôtres.
LE BARON. ,
Tous ne considérez jpas ,que ce n'est pas moi.
AVlVBiV.
Yaine défaite, M. le Baron. Je tous avertis qu'il me faut de l'argent, car j'ai tout avancé •«losvdtreàffftlré. • ^ i* ^ «
Mais vous savez l>îen vous-mêorie que je 11^ puié vt>U8 en donner actûéllémèà't.'
BUlN.EiTJ.
J'en suis fâché ; mais je iparie mon fils , f en ai besoin. [Feignant de s'en aller,) Allons , finissons. '
LB BàBOir.
M. Rulneau, je me rends.
r ■
KUlNBiU. . .
> * '
Ma foi, je suis ravi de tous voir prendre le bon parti. [Tirant un papier,) Voici un petit papier que vous ne refuserez pas de me signer.. ' .
IB BABOir.
£h! mais».
II.
ia3 LA TRJCHEBIE RETOUME A SON MAITfiE. £h bien ! que dîtes-rous ?
LB BAEONy après avQÎr lui.
Un dédît ! Eh ! mais la somme est coasi-!- dérable, M. Ruineàu.
-BVIUBàlT.
Qu'importe ? oq comptçVTOus pas me tenir parole ?
I.B BABQK.
Si TOUS me donniez quelfue texos de vé^
flexion.
BCJINBÂ17
Cela ,1)^ SQ peut pas, M. le Bâr<^o« Poiat
de contrainte ;/?oulez-you9 ou ne ▼oiilez^ TOUS pas , mais il me faut mes sûretés.
Allons donc.
A (fl signe.)
AUiVBÂU prend le dédit.
Bon î je prends tos intérêts ùl coeur, comme TOUS le sarea; il est bien juste...
I.B BAROjr.
r C'est assez, M. Euineau. Vous allez donc vous occuper uniquement de mon aff^rc.
RVINEAU, «devant. Allez, reposez-vous sur moi.
SCENE H. 137
Li BAaoïc. Mais qu*aug;tire2-vous de la réussite ?
HDINSAV.
Allez, soyes tran<|ulHe ; c*est une affaire gagnée, oq autant yaut. Je tous quitte et reviens dans un instant. J*espère qu'avant la fia du jour i;tous serons contens tous les deux.
(a sort.)
8(3ÈNE II.
LE «ARQN.
Jb fais aujourd'hui de belles: affaire.^. Que |e suis inalhettreu;( ! il faut que je sacriHe mon état , mon rang^ , ma noblesse à la for- lune.... Que dira-t-00 de moi lorsqu'on ap« prendra cette b«lle ailiaDce?
ia6 LÀ TRICHERIE RETÛUME A SON MAITRE.
SCÈNE m.
LE BARON, LA BARONNE, LE PRÉSIDENT.
.( Le Baron est assis plongé dans la rçyeric la plus pro"' fonde ; la Baronne entre avec le Président qui lui
' donne la main. Le Bàroii ne les voit point entrer. La Baronne parie à son mari d^un ton aigre et dé- daigneux, et en prend un douocreux £>rsqa'eQe adresse la parole au Président. )
tk BARONNB.
Que vous êtes aimable ,' Président ! De ma yie je n'oublierai Qe que ypus avez fait pour nous.
• * • •
Vous irous moquiez y Maclaoïe.
Ah! TOUS voici, M. le Baron ; je vcas cherchais.
LE BABOir, brusquement et d*un air distrait.
Oui^ me voilà.
LA BABONRE.
Pour cela, Monsieur, vous êtes bien peu bonnêle; il me semble que vous pourries vous lever.
LS B AB o N , toujours distrait sans voir le Président. Madame.
SCENE m. * IQ9
hk BARO NNB.
Et M. le Président qui est devant vous depuis une heure » vous ne le regardez seu-" lement pas.
LE BAioiTy apercevant le Présideot , se levé.
Ah ! M. le Président, je vous demande pardon.
£▲ IBIRONNB.
En vérité , H. le Baron , ces distractions- là ne se pardonnent point ; mais peut - être que les agréables nouvelles que j'ai à vous apprendre vous tireront de votre rêverie.
I.S BABOHy qui a repris sa première attitude.
Madame, je prends peu d'intérêt aux nou- velles. \
LA BARONNE.
Oh ! celles-ci vous intéresseront sûrement. Votre procès est gagné.
LB BAEOHy vivement*
Comment ! que dites-vous , mon procès ?
LA BARONNE.
' Il est gagné, vous dis -je; nous avons eu on succès complet.
LB BABOH, brasqiîcDieiit.
Mon procès est gagné t cela ne se peut pad*
i3o LA TRICHERIE RETOURNE À SOI? MAITRE.
LA BABOHHJE.
Eh ! maïs « il fallait me Cure la ^lanterie de dire que |*eQ impose ; )e tous aurais re-» connu là y M. le Baron.
LB BAKOU, 11
Eh ! morhleu ! trêre de plaisanteries , ma- dame la Baronne.
Là, BAâoirffE, aaPfféàdeiit.
Eh ! mon Dieu ! qu'il est charmant ? qu'en dites -vous ? { Au Baron qui esi toujevr» rà* veur et distrait.) Allons , réveiRei-voiis doQC^ M. le Baron y et saluez M. le Président.
LB BABOH sortant de sa rêverie, Ys an AEcâdcBl cl
Tembrasse,
Président, pardonnez-moi ; TOas n'igooret pas mes inquiétudes.
KB PBisiBllIY.
Elles doivent être finies, H. le Baron; TOUS voilà tranquille propriétate de la ba- ronnie de Varsaoge. Votre fMijcèsest gagné; je vous eu fais mou sincère compllmeat.
LB BAR 0 5.
Cela n'est pas possible.
LA BABOKRI,
Il n'en croira rien; en vérité, cela est ré- jouissant.
SCÈNE m. i3i
Je quitte inoo procureur qui m'a dît le contraire.
LE PRÉSIDENT.
Crpyex-moi^ mou cher Baron ^ j*ai tu tos {«ges, et sans më flatter je u'ai pai peu coq-^ trR)ué à votre succès.
- 1 1 B À R o V 9 s^a^itaat comme rni homme tourmenté. Est-il possible ? je n'en reviens pas.
LA BARONifC.
Eh bien ! cela voufï dérîdera-t-îl un peu?.. Maïs regarde» danc comme le voilà.... Je ne le reconnais plus ; il ne vous remet^^ic pa* seulement, M. le Président
Li BAmoir«
Mon procès est gvigné.... le scélérat !
LA ftA&OKME.
Mon 9 cela me passe. ( Au Baron. ) C'est à M. le Président que tous deves le ^in de voire procès.
LE BARON.
Ah ! mon dher Président, commeht pour- rai-je reconnaître ?... [Entre ses £/«nf*.)Qu'ai- je £»it ? malheureux'!
LA BABOKVE.
Président, il y a quelque chose là-dessous que je ne comprends pas. {Au Baron») Est-- ce ainsi que Ton reçoit un gendre ?
t32 LA TRICHERIE RETOURNE A SON MAITRE, LE BARON la regarde d^ua air «ioiuroacé. Que voulez-vous dire?
LA BARONNE, d\in ton absula.
Oui 9 M. le Baron 9 je crois que nous de* YODS assez à M. le Président , et je D*aî pas mieux su recoonaître ses boDtés qu'en lui promettant ma fille. Vous ne vous aviserez sûrement pas de me cqntredire.
tS PRÉSIDENT.
Je me tiendrai fort heureux , M. le Baron, si vous confirmez le choix de madame la BarouQ A*
IB BARON*
Ah ! mon cher ami 9 que m'apprenex-TOus Ik ? J'ai donné ma pîM'ple ù un autre.
LA B ABONNIS, avec emportement.
Qu*est*ce à dire? sans me consulter? Je ne m*attendais pas A celui-là.
LE BARON.
Mais, madame la Baronne...
LA BARONNB.
Allez, cela est indigne, AI. le Baron. Faire un pareil affront à une femme comme ■moi !
LÉ BARON.
Madame la Baronne...
r
SCENE m. i33
XI BAHONHB^ [ïlus virement.
Non, je ne sais où j'en suis. Venez, mon cher Président. ( Aa Baron. ) Ne comptes pas sur mon consentement.
LB BiaON.
Mais encore... X*A BÂROKlïE, dWtop plus Tifet plus absoki.
Cela ne sera pas^ M. le Président^ cela ne sera pas... Venez, une bonne séparation.
lE BABON.
Ëhl Madame, au nom de Dieu, ne m'as- sassinez pas de Tos criailleries ; je suis assez à plaindre. (Au Président affectaeasement, ) Un instant. Président, que je tous apprenne mes chagrins , je me flatte que tous ne n^e condamnerez pas. Vous connaissez mon pro- cureur Ruineau.
I.B PEÉSIDSITT.
A merTeille, c'est un maître fripon*
£B BABOir.
Ahl Président, je n'ose ache?er. Qu'allez* TOUS penser de moi ?
AS PBSSIDBHT.
Tons aurait - il Tolé? je saurai lui foire rendre gorge.
I.I BABOn.'
Je lui ai promis ma fiUe pour son fils.
F. Proverbes, a. l9
x34 LA TRICHERIE RETOURNE A SON MAITRE.
LA fi il a 0 VIE.
Juste Cîcl!
LE PRÉsiDEiiT) Bvec k derûàc iaifHise.
Oh ! oh I voilà qai est très -flatteur poai moi.
LABARORRE, tperdhie avcc de gvaiHli crs."
Est -il possible ? Mon Dieu ! Président, }« n^ai recours qu'en vous. Mon pauvre uiad a perdu l'esprit. Ah ! Thorreur !
LE BAROEy avec rini{>atienGe la plus vive.
Non, mo^dame la Baronne, je niai pas perdu Tesprit ; mais vos clameurs me feront tourner la tête infailliblement. [Au Président d'un ton douloureux et pénétré. ) Mon cher Président, crojez-moi, je suis plus à plaindre qu'à blâmer.
I.E PRÉSIDENT.
Ma foi , M. lo Baron , vous faites là une méchante affaire , et qui vous perdra d'hon- neur.
&E BAROE.
Mais^ nMn ami, écoi>tc2H»6i.
lE PRisiDERT.
Vous ne trouverez pas mavVais si je romps tout comitieroe avec vou». '
LE BARON.
Un instant, Présîdetit. le bourreau m'a tenu le pistolet sous la i^rge.
SCENE Ilf. i35
X.B PftÉSlDSNT.
Tous Toas moquez ^ M. le Baron.
LE BAROH.
En honneur, Président. H sort de chez moi , m'a rapporté mes papiers , et a exigé pour continuer de suivre mon procès que je lui promisse ma fille, .l'ai eu la faiblesse do donner ma parole et de signer un dédit con- sidérable.
LE PftÉSIDENT.
Le scélérat !
LA BARONNE.
Il faut le faire pendre , M. le Président.
LE BARON.
Tirez -moi de ce mauvais pas^ mon cher Président, je vous devrai plus que la vie. Comment faire pour^retirer de ses mains ce malheureux dédit ?
LE PRESIDENT» sourîant.
Ne vous inquiétez pas ; il fera quelque cUoiie en oaa considération.
LE BARON.
Ah ! Président! Est-il possible que Tintérêl ait pu me gouverner jusqu'à ce point -là ? mais il s'agissait de la ruine de ma' maison. Quel rôle je vais jouer dans tout ceci. Je lui ai donné ma parole. Un gentilhomme ! Cela va me perdre d'honneur.
»36 LA TRÏCJIEWE RETOURIfE A SON MAITRE.
LE PB BSIDBNT.
Allez ; il j en aurait encore moins à la tenir^ mais je veux ménager votre délica- tesse. Feignez de n'avoir point changé de sentiment. Je sais de certaines afiaires. .. II. suffit. Je me charge de vous faire rendre votre dédit sans que vous le demandiez.
Là baronne.
Eh bien ! est-il aimable , mon petit Prési- dent ? Convenez que j'entends mieux que vous à me choisir des gendres.
LE BAftOV.
Ah! mon cher ami 9 vous ne doutez pas que je n'aocepte avec empressement i'hoa- neui' que vous me faites.
LE PBÊSIDENT.
Monsieur^ je sens vivement le prix...
SCÈKE IV.
LE BARON, LA BARONNE» LE PRÉSI- DENT, UN LAQUAIS.
LE LAQUAIS, annonçant. Hessieves Auineau père et fils..
LB PRÉSIDBBT.
Ah ! cela est heoreox.
. . hX BAmOHHBt.;, ,
4
Je sors; je ae pourrais me€Ofiteniii. •
SCÈNE V..- • ■•■
feirHARÔN, ÊFPftltelDENT; RUIff£ÂU| DES BAUDlÊftËS/ —
... T .. a
. , ;, m O^HJK^V^ entrant^. - r
EvrKÊtr^ mou^ftU, et saloei^ (^l^U Baron. ) Monsieur, naon fils de^ Baiidiëres vient Youa assurer de son respect. ( 4 ^on fils, V Saluez
doue.
' • . ■ j » • • . . •
Pl^S BAir.Dlkll£S.
• If î •
J'ai salué 5 fidoo ch'père.
' ■ ■ BUINBAU, à pMTt , aperce vaotie Président.
Que veut cet honimé-Ià "^ [Au Baron^ hauti) M. le Baron 9 je.vous apprends avec plaisir le gaia de votre grocès.
LB P&BSIDEIfT.
Je vous ai prévenu ) M..Ruifîeau; il est bien extraordinaire que vous vous y soyez pris si tard; le procès est jugé d'hier.
RUIIIBAU, à part
Que diable l Serait-il ici pour me nuire ^ Sortons. ( Au Baron. ) IVlousieur , tous êtes> en affîùre ; je venais en traiter avec vous âo-
12.
b38 la TRICHERIS RETOUftHE A SOK HAITItE.
particulières 9 coaime Toui waff%, )• prendrai mieux mootens*
PoÎQt do tout, M. Buineau , tous pooTei parler librement; M. le Président me fait i;honaeqr d'être de mes mni«,je Ii|| confia foutes mes aSairçs.
DBS BAUDIBEBS.
Je ne toîs point là mon amoureuse , mon çh'père ^ f^ m*^ rw Vallbr ohcMrcber.
mviirBAB.
' Taîscf-tous. ( J part. ) M orbleii i ceci ne me sent rien de bon. ( Haut au Baron. ) J'en SUÎ9 charmé, 'Monsieur , yotre conSance ne peut Ctre en de nieilleures inans. ( D'un ton d'en^plhuse, ) Ht. le Président est la lumière de notre sié^e ; on vante en lui la candeur , la probrtp..*.
tB PRÉSIDENT.
Trêve de complimens, M. Buineaa. Est-ce là votre fils ?
Il 0 I KB ▲ t j, fesant de profondes révérences.
Il est bîen votre serviteur, U^ le Président| { \\ £ût fti^ne plusiciurs fois à son fils île saluer k Pré'
sidenl. )
tBPRisiPBif-r.
Il firaU forj bien élevé ; inv«îs ]e ne'le croif pas i^ussi rusé que vous, M. Huineau.
SCENE V. 1^9
Aht ahl M. le Président, oela viendra quelque jour; il a fait d'assez baqoes études ; mais Texpériencei yoyez-yous^ Texpcrleoce^
il o'est riea de tel* M. le Président.
» •»
Vous avez raison ; tous n'en manquez pas TOUS d'e^pirleoucç , .A|, Rum^.
Ah ! MonsFeur^ coromc cela. Vôus'ifvéz bien i9c la bonté ; chacun Ta son petit trafn côtpme il peut. .' ' .
L» Ptl'ésiDBNT.
Vous n'allez pas oial 9 pas tbal. TèA/è^^ ^us nous coBoaisao^ 'to^s m; TOiiSfsafVi^z que je n'ignore pas biçp,de$'ChQ^es. You$.fi,^J9 qa^eu fripon • Wi, Ruineàu, , " .",
Aïe, aïe 9 aïe ! M. le Président 9 Je Tollâv le Toilà ! Toujours le petit mot pour rire.
I.B PaÉSIAKBT.
AeTenons â TOtre fils, M.'Kuineaa; vous avez de grandes Tues sur lui > A ce que j'ap* prends.
BlJISSAtT.
M. le Président 5 c'est une pellte affaire se«* crête entre M. le Barop et moi-; il m'est dû
a4« LA TRICHERIE AETOURRE A SON MAITRE.
considérablement, et pomr me remplir plus facilement...
IB PBSBiDttHT/ d^ln ton sec et impéridox. * Tenez, M. Kuiaeau, parlons nettement. Je suis amoureux de mademoiselle Angéliqoe , moi ; et je me flatte que tous ae me ferez pas obstacle.
BCiHfiiv, d^une TÛ tranUante.
Ab I AI. le Présidefit , je fous suis tout de- .Toué; ]j{ials ceci . regarde M. le Baron, et compaè you» le. saje^^, j$ans doute, il peut seul disposer de sa fille.
hn BAAON.
|^,^^S'fii donné ma parole ^.M. Ruineau.
I' - L'K ^-RésiDiENT, d'an tOQ dur.
^ Hii botiifé' foi ,' M.' Ruméau, n'est-ce pas se moquer? Là, entre nous, vôtre fils est-il fait pouiLittOe personne comme mademoiselle Apgélicwie.P.
..'II. 7-.J'.>" IIK0 ftAOnikvBt.Sk
Oh ! oh ! mon ch^père, ce flionsieur-là nous traite W'eix mal. -
- .. "liilfKJkAt lui fait signe de se taire. ( Au Président , d^un air déconcerté. )
M. le Président,' je sens lout l'honneur que me fait M. le Baron ; mais, ma foi, je l'ai bien acheté.
ner dans sa perte. 11 est heureui que paie pu Fintîmider de Tnaiiicre à terminer cette affaire- ci sans éclat. Quant à vous ^ M. le Baron, quer cela TOUS apprenne & moins prodiguer YOUe coofiaoce*
Win M LA TMGBBME ftETOVIlIIB A SOV XilTBS.
PLUS HEUREUX
QUE SAGE,
PKOVERBE DRAMATIQUE,
PAR CAJEMOKTBXLË.
t, Tfo\tà>iM» Si»
(v\Srt(C
personnages:
LISIDOR. , ,, _
CLARICE, fille de Llsidor. ÉRASTE , amant de Clancc.
ISABELLE.
DAMIS, amant d IsabeUe.
PICARD, laquais.
La «cène est à Paris , Jaas la mais» de UàAw.
PLUS HEUREUX
QUE SAGE,
P&OVEI^BE.
1
Le théâtre représente ra|>parteiiieBt de lindon
SCÈWE PREMIÈRE-
ÉRASTE, CLÂRICE.
( Us entrent sur la scène en conversant. )
ÉRASTI.
QvE in*apprenrez-Yous , chère Glarice?
CLilftlGB.
Rien que de véritable.
KRASTB.
^e suis bien malheureux ! Je comptais me présenter aujourd'hui à voire père.
CtAHIGE.
Hélas ! mon cher Éraste !
Abaste. £t il a été accepté sur-Ie-champ P
l48 PLUS HEUREUX QUE SAGE,
CLAEieS.
Sttr-le-chaoïp.
EftASTB.
Mais 9 TOUS ae le conoaissez pas f
CL A&IGE.
Mon Dieu ! qqd : je ne l'ai jamais yu« £t M. Lisidor oe le cooDaît pas noo piqs}
GLA|lIG|^.
Pas plus que moi : il ne Ta famaîs tq; mais c'est Ip fils de son lueilleuir s^rni.
ÉRASTE.
Quelle bizarrerie ! S*il était sot et mal MU!
CiARICB.
Ah ! érastc, i)e pouvait être à tous, les autres hommes me seront éga^emeilt in4iffé-> rens.
s A A STB 9 lui baisant la main.
Adorable Clarice!... Que nous spnimes i plaindre !
CLARICE,
Que Toulex-YOus ?
ÉRASTE.
Au inoins devaitron vous consultai»!
SCÈNE I.' 149
GLAEICB.
• • •
Vous ne connaissez pas mon père y il eft maître absolu dans sa famille.
■
ERASTE.
• ' * • ' * i .
Mais encore pou Tait-il vous en toucher quelque chose. ' , . .
Oh! o\kl} apssijn'a-^-il,pjéTf$i)ue ip son arrivée > en DiVi'<2onnantde le bien recevoir*
$B A9TE.
Et quand arrive-t-il ? i. . . i. .
Ipcessainment : peut-être aujoqv4'i^lxlt
. dÉ-« AdC B.
Aujourd'hui ! mon sort seratari( aaâCBCilien ^
ftliAlICE.
Hélas ! je sois aussi à plaindre^ que 'MuSt
' ÉBASfB.
V j )
Si j'avais plus de tems , peut - être qu'à t'aide de quelques amis communs j'aurais pu faire changer les choses» '
SliABICE*
Yaine espérance , Énute !
iRASTB.
Comment?
i3.
i5o PLUS HEUREUX , QUE SAGE.
^ GI.4niGB.
m - t
Rjlon père a donne sa parole : rieQ QeJ'en 'ferd^défSrtir: , ,
ÉRASTfi.
Je suis le plus malheureux des hommes I
GiiRIGB.
Hélas!
£&a'stb.
It le nom de cei heureux rîyal ?
GLA.RIGJE.
«« • A, t. •>
Je ne sais trop si^.je m'en souFÎendrsiir.... Da... Dam...
iftASir*.
*' :iitana^ fusiteneiirtv' ■ •' -i*'"
G! ARICE.
., Oui.. Damis.
Triste.
• '.'■/_ » ..<■
N'csi-il pas de Pontoife ?-
GI.AR1GI.
Précisément.
BRASIC
Est-il possible ?
SCENE I. lèl
A
CLAEICB.
C'est lui- même : tous le connaissez ?
M, illASTB.
fieaucoxip. Vous ne tous trompez point ?
,.i CLiBIGB.
Non y certainement. D'où vrent cette sur* prise ? ..'
iftASTB.
Ce Damis-là est le dernier des hommes ; etlorsqueyMi Lisidor le connaîtra^ je ne doute point qull ne retire sa parole.
«
" : ' CM.JL% I ce.
Il faudrait de puissans motifs.
£ B ASTB.
Aussi s'en trouverait*!!.
CLABIGB. .
Mais encore y expliquez-moi ?..•
KBASTB.
€*eBt un homme sans mœurs et sans foi , qui s'est phi ù mettre le désordre dans plu- sieurs familles honnêtes, en séduisant des filles qui avaient été jusqu'alors sans re- proches.
CIABICE.
Ah ! Ciel ! que me dites-vous là ?
|53 PLUS HEUREUX QUE.SAGfi.
ÉaASTE.
La yéritê. Il y a quelque mois fl paraissait éincèrement attache à Isabelle 5 uoe des plus ^pi2||)Ies filles if: Poatoise; oq s'imagifiait qu'elle saurait fixer enfin son inconstance : mais il paraît qu^elle a été trompée comme toutes les autres.
CIA^ICE.
L'al^omipable homme !
Et TOUS ne pensez pas qufs'de pareilles raisons soient assez^ fortes pour rompre uo engagenient qui ne peut qt^e tous être fu<« P€ste?
, ÇLARIÇB.
Hél^fl ! je crains bien que ooq,
A .1 ♦ " f ': .*
B&AST$,
Vqus m*étonnez !
CLA&ICE.
Non 9 mon cher Ëraste , tout cela ne sera que de pures bagatelles aux yeux de mon
père.
éaASTE. Qutelles bagatelles !
CLA^BJCB.
Oui , d^ ppres bagatelles ; mon père Q là- dessus des fuçons de penser qui me paraissent
SCÈNE I. 'x53
bien étranges; il ne fait point de différence d*une débauchée q\x\ a dépouillé toute honte d'avec une personne Ter tueuse , mais faible^
2 ai a eu le malheur de tomber daqs les pièges 'un séducteur adroit. D'ailleurs il ne con- naît pas d'autres vertus dans les personnes de votre sexe que- oette probité que l'on doit ^ppqrter dans le comn^erce des affaires ; mais il en dispense absolument avec noua...
Oh bieu ! Damis est vérîtablBiQent son }ion>m0; il devrait l'épouser :.mais v^us le donner , à vous 1 rien n'est plus injuste : \os principes m^éritent au moins d'être respectés.
Cf.ARIGB.
Hélas ! il n^ fait état que .des siens. Mais retirez-vous : je crains qu'il ne rentre.
EBASTB.
£h ( mais » je suis venu dans le dessein. 4e lui parler.
' GLiaicv.
C'est une démarche inotite , et qui ne fera que l'aigrir.
iftASTB. '
Il faut en courir l'événement : je l'atteh^ drai.
GIAI^ICIP
If on 9 je vous prie ; revenez plutôt.
t54 PLUS HEUREUX QUE SAGE.
ÉaiSTE.
Eh! pourquoi?
G LA RI ce.
Ah! s'il me voyait avec vous> tout serait perdu.
Quoi ! étins *«» propre msiison ! dans ub endroit ouvert à tout le monde !
N 'importe : ilest tellement indrsposé contre notlpe sexe qt/îl nous croit toujours coupa- bles^ lors mfme qu'il n'j a p<rs iîeu à m ' soupçon fondé.
•'iKASTE.
' Voilà une étrange tyrannie ! i
GLARICB.
Mon père m'aime beaucoup ;. mais je suis la vietîme de ses faur princioes. Le malheur ! qu'il a eu de ne fréquenter dans sa jeunesse | que des femmes-vtcîeuses lui a donné pour ' l'Hêtre )i€^<3)une.ft«!Cte de.ittéfhri8igéftéral du- quel jb ne suis point exceptée. Mais... jqu^eo- tcnds-je? Ciel! ç'i^sl Alwirmême. . • Àh! com* m^t.faire ?... ,
KRASTB.
Laissez; necraignet rien.
SCÉNEII. i5S
SCÈNE II.
LïSIDOR, ÉRÂSTB, CLARICE.
1. 1 s I DO R salue Érasie d^un air mccoatent et ernbar-
msâé;
MoKSffiva 9 je: suis yotre serviteur. ( A Clarice , (Tun air courroucé, ) Que faites*yous ici y Mademoiselle ?
MoD père -y je ne fais que d^entrer pour recevoir Monsieur, qui demandait à vous parler.
1 1 s I P 0 R.
£h bien ! Monsieur ^ que voulez-^vous de moi ?
ÉRilSTS.
C'est M. Lisîdor^ sans doute 7
LISlDOR.
Ouj'9 c*est moi-mênne. A quoi puis-je vous être utile ?
Ah! Monsieur^ pormettex que cet em- brassement...
( n renbrassè ) ttsiDOR , avec embarras. Monsieur.:.
i56 PLUS HEUREUX QUE SAGE.
BBASTB.
Tous exprime la joie que j'ai de vous Yoîf. Vous ne me connaissez pas ?
LlSIDOft.
Non y en yérité,
le suis de Pontoise , et je m*appell« Da^^ mis.
GLiaiCB, à|>art;
Que lui va-t-il couler ?
L I s 1 0 0 11 9 d^uii air épanoui.
Eii ! quoi , (5*est vous , mon ami ? Ventre- bleu ! qu'il est bien planté! On ne m'ayaû pas trompé en me disant que vous étiez un joli bomme. ( J Ciarice gui veut sortît, ) Ici ^ petite fille : un moment.
éBASTB.
Monsieur, vaus me flattez.
tlSIDOB.
Ah! de la modestie ? Bien ^ bien 9 j'aime assez cela ; mais avec votre figure on peut s'en passer, mon gendre.
Monsieur , j'ai toujours compté pour peu les avantages de Id figure, et je commence- rais aujourd'hui, à faire cas de |a loienne » elle plaisait à (a charmante Ciarice.
SCÈNE III. i57
LISIDO&.
Oui > oui 9 oui 9 elle lui plaira , j[e voua en réponds » moi ; elle serait parbleu bien diffi-' cile ; vous pouvez compter sur ma parole. Écoute 9 Clarice , voilà le mari que je te donae : o'eu es-tu pas conte ote ?
CLARICS.
Je suis disposée à vous obéir en tout ^ mon père,
tiSll^OR) avec satisfaction.
Je m'en doutais ; ce que c'est que la bonne éducation 1
( n fait iin signe de satisfaction à Clarice , et la coa«
gédie. )
SCÈNE lîi-
LISIDOR3 ÉRASTE.
iiisindR.
Eh bien! mon gendre 9 qu'en dîtes- vous? £U« n'efst pas' mal , au moins , ma Glarîcé , et vous ne deyet pas être fâché de l'emplette.
&AASTÉ.
Ab ! Monsieur ^ je serai le plus heureux des hommes !
l'ki pris touslc^s soins iitiaginabfés poùi
F. froverbet. 3. ' l4
i5S PLUS HEUREUX QUE SAGE.
la bieD éleTef : je n'en garantis pas absolu- ment le succès ; car vous savex aosâî i>tcn qut moi ce que c*esl que les femmes ; mais si l'oD peut répondre de quelqu'uuo> tenez ^ c^est de ma Glarice.
iaASTB.
Monsieur, vous pouiret en répondre har- diment; la réputation de Mademoiselle....
LÏSIDOR.
. Eh I mon Dieu ! mon gendre , ne nous fesons pomt d'illusions ; ma fille est bien née, je la crois sage, ?ous le croyez aussi : Toilà tout ce qu'il faut. Tâchons de demeurer Iur et l'autre dans cette persuasion le plus long- tems que jious pourrons 9 et nous serous heureux. Oh! çû, depuis quand êtes-YOUs arrivé de Pontoîse ?
A rinstant ; j'ai pris à peine le tems de me débarrasser de mes habits d^ voyage.
LISIDOR.
.Vous avez bien fait; mais il fallait de^^ cendre chez moi , et y fiiire coadufre votre bagage : au point où nous- en sommes* vous devez regarder ip^. maison comme la vôtre. Ef ïe papa Géronte', comment se porte-t-îl?
Tout doucement : autant que le comporte 86n grand u^e.
- SCÈNE IlL i5^
i.isiDq&. ^
Hom ! hom ! mais il o'est pas si vieux.
i&ASTf.
I>)oii, pas absoliuneot, si vous voulez^ mais ^s.inQiimité» le vieiilUsent^uapeu. ,
Ses iofirmités ? fé ne lui eo connais pas d*autres que sa goutte.
C'est cela même ; c*est une terrible infir- mité que celie^à': voureoez qu'elle en vaut .);>iqn,il>ui|*es.
LISIDOB.
Je TOUS en réponds , je lé sais par expé- rience. Il souffre donc beaucoup 9 le bun- lioinme ?
4
iBASTE.
Excessivement.
XISIDOI.
J*en suis Yraîroent fâché. Ce sont-4es fruits de la vieille guerre*; nous étions deux digriUasdSrf IMai», ditds^moi : devient41 un >|peu {dwraaoDQaUe jtlf seiyiioaeactudk- ment , moi. Tenes , mon gendre y il est jîn tems pour tout : onrm'adit de vos nouvelles ; Je ne.vpus eoifais pas.d^ ^jçpraçhjRf.à «votre âge riefiiQ'est plus oaturél, . : o
i6o PLUS HEUREUX QUE SAGE.
éRASTB.
Hol 9 Monsieur ?
IISIDOB.
Oui 9 TOUS. Il est inutile de faire ici le mystérieux; d'ailleurs , il suffit de roas roir, mon gendre ; oà est le joli homme qui Q*aît eu des aventures galantes ?
ÉEASTS,
Monsieur , ce sont des bagatelles que )t
tâche d'oublier.
iiiSiDOR^ riant,
' Eh I oui f oui 9 oui , tâchez , tâchez tou- jours : les nouvelles aventures font oublier les vieilles ;. mais , pour notre ami, franche- ment, je le désapprouve* {ji demi-bas^) Dites un peu : qu'est devenue la petite Ma- non, cette brune-là , qui déplaît tant à mâ« dame Géronte ?
ÉEASTB.
Monsieur, je ne sais ne que tous touIgi
4ire.
xi^jooa.
lAllone donc , quelle en ianoe ! toos ne me persuaderez, pas quc^ vous tgaorét ces choses*
• - ' >. ^iRASTB. ' '
Monsieur ^ 'en .tout cas, je mets tout en œuvre pour les oublier bien rite, et j'jrréussis.
- ^_ *,
- ^. SCENE IIL ' : i6»
XISIDOIt.
B\éti\ hitii J'aîme Votre discrétion, mon gendre , je ne puis vous en savoir mauvais gré ; mais apprenez que je suis l'intime de votre père, H quoique je ne l'aie pas vu depuis près de vingt ans , il n'a pas d'ami plus chaud que Jii6i t}e m'iâtéresse vivement à tout ce qui le concerne , et j'ai soin de le .tàjactr^ecmoke* il le mérite, dir ^ea tolfes : .'aiaâi , tovs'O^ risquez rien de tous bftttfir'^
*IJiei» >•'>.;.../•>' 'I tyl^ I 1 '.
iBA'stE. . '^" '• . •
,.. I ./i »•■ i.i !'♦ . ' ' • . j. oq ih :. ".
J'y serais très-disposçi , {^onsieu^^^fiiai^ , à vous parler franchement , je m'occupe peu de la conduite «de moA père , pour jouir de mon côté d'une liberté plus entière : ce sont nos conv^oUop. ^ : . .t \l
LISIDOB riant.
Eh l eh ! ëh ! ' rtiabîle garçon ! Oh l ,çà , brisons là-dessus , monsieur le' discret, nous n'en serons pas motos boas amis. Dites unpeu, il ne viendra pas , suiv^ant toute xipp^cnce , le pauvre cher homme ? { À Eraste , qui xi Vair inquiet. ) Vous avez l'air inquiet, mon gendre , qu'avez- vous ? •,:':.'
B&ASTIB.
K vous demande pardon 9 Mônsii(Ur««.-)'ai donné à mon valet... quelques ordres...
«4-
t6a PLUS HEUREUX QjDE SAG£.
jbis^iivoia. Liberté entière p moyo gçadr^jjjbejrté.
SCÈNEW.'
LISIDOa.-
II. n'€at «ta fdi ^pas tnd ^ina ig^rçi^nrUi^ ipas. mfd 4u) loiKt. il WaU fiuaâcpie . ÎAquiétode sur la parole que j*aî donnée à mon vieil ami sans connaître son fi^s ,; . ^ais heureusement |e n'ai point à me repentir , et la petite fille doK^êUré' fort cônteiite.
•'••' "SCÈNE y..
LISIDOR, PICAUD.
. . . PI CARI) 5 aoooQçaat., ,
fif. Damis.
iisiBoa. Comment .dis-tu ? '
M. Damis, Monsieur. •
non «eodaé Z Eh ! pmiiha l il soit d'ici.
(PicafdaoH.)
■ > I >
- •-■' '\ SCÈNE ^ft-:'"""^^"'
iflsabenc tfaVeltiè en homme entifè, îiilc'icifré'i la main y et salue Lisidor sani riiitï (&i«.-) '^^
- * oQiîi aëriiâtïdèt-Voiis î IHo^sicat ?•
ISÀBBLIiB.
M. Lisidor; je viens ^ lui jr4^$iP^er ^pe» très-humbles resp,eot|.j ^ ^ ^
De quelle part ? quîétes-^mis ? ¥ôifiplM«tt des révérafi|Qes :. / ,.ir.hkn
■ . '. <|SABI{LI>B«/ : i:'txi ÀlUt
Je Sttîs ÏXatnîé', de- Por^^scï^ ( *'
1 1 s 1 0 d B -, avec la ^ds %tMi surprise.
Oui ? Tous l . ..
ISiBELI..e*
. , -à'tl>.l .t
Voici une lettre de. mon pfere^ fui ypH» expliquera Je sujet de ma y\»ite. , ^
^ -lfljSi:PAB |p 4)rend BVGC en^r«sysenif9Qit. Voyons. C'est , parbleu! son écriture, (/f Ut has, ) Je suis eônfbmkii. Voilà une étrange ' êffi-eiîl«rie \
iùi PLUS HEUREUX QGE SAGE.
iSABELtBy qiiiajen^iidQ.k9.dernîfxs.iiiolSy în- qoRté eft déeastcetiée,
Âh! piel! tout; est d^'CquYert : j|^ suis per- due î (Haut. ) Cet accuieil' me surprend, yloQsieur, ^t la lettr<t^ de ipoo- père semblait me pr^wettrg,.,. ,
LISIDOB.
Ce D'est pas p^iir^vîni»^que je parle ^ mon cher amiç mais iji ifieat (k.^'$u(^iri^y^^9(Ç,sii^< itère aTenture.
'!''"' ' 1 ISÀB^BLLE.
IISIDOB.
Vn maître foiitl>fe^^i(n^Hl'ici 5 qui s'est aiH
ISABELLE, intriguée $ ji part.
Datnîs m*aurait>îlîpré?eaue ? {Haut, riant forcément, ) Lç^^^r est rraîfap^t original 1
i<i^i](>OB^ sérieiiscm^at. , ,
Dîtes que le tour est pendable , mon «pi, dites que le tour est pendable* Co'tnul'ent, morbleu ! m'affrontët' îniiïéi , moi !... Ab ! je lui appi^eBdMti à qui il ^ joué.
iSA^ïiiBy. d'un ton lAal' assuré.. Mt>hsîeur , je me flatte iqûe^^oui ne doutes
Eh ! non , rous dis-je : la chose est elaire
SCENE Vï. ï65
mainteDanU Vous arcz Vair d'an honnête homme , vous ; d'ailleurs , la lettre de Totre père ne me laisse aucun doute... Ce drôle-lâ ejS( un hardi coquin
ISABELLB.
Je VOUS assure,..
LlSIDOEt
Uais je le tiens 5 et il sera la dupe de sa propre ruse. . .
ISABELLB.
Comment ferez-vous ?
LisiDoa.
Jl doit revenir , et , comme il ne sait point yotre arrivée, je me propose de le confondre et de le mettre entre les mains de la justice.
. isABK^LLS» intriguée ^t/^hff^* Ah ! gardez- v^u&ei^ bien.
Eb I poufquoi ?
> ISABELLE.
Peut-être est-ce un jeune fou sans expé- rience ? \ ,
LISIDOB.
Tant pis pour lui.
ISABELLE.
' Qui ne sentait pas la conséqU(ence d'une pareille démarche.
iBS Plus HEUREUX, QUE SAGE.
jLisi,paa. ^ 11 l'apprendra.
ISABKllt.
Voudriez- TOUS causer la perle de ce mal- heureux ?
I.I8ID01.
C'est sa faute.
Jeter la désolation dans une famille bon- nêle , et la couyrir de honte ?
LI81DUR.
J'en suis lâché. Mais si Tpus fqs^iez arriré p ..s tard de quelques jours ; îlépousaîl mi fille. Hem! 1 histoire aurait-eye étégeptille? Un malheureux aventurier, que àais-ic, «^oi ? J« la'eo rapporte à ▼wa. .
ISiBSttK.
Votre colère est juste , mais perra<^Uez-iDoi aussi quelques réflexions : si ijîétoît quelque araant secret de iroti^e fille ? car elle oe m'a jamais ru , et si elle a le ccçur prévenu pour quelque autre , ils ont pu concert^ ensem- ble la supercherie qui vous chagrine. Son- gez-y. ' . "^
IISIDOB.
peut fort bien être vrai.
\
scErfEvr. i6)
FiîteS'-y atlentîort : il scraîl très-fâcheux Ae prendre un parti qui comproDOlettrait l'honneur de rotre fille et le* YÔlre.
LtSl'DOB.
J'ai peine à croire que ma fille ait osé se prêter à une pareille action ; mais ce maudit sê2e-K\ est sî trompeur , que ^ franchement > 7e ne pourrais en répondre.
ISABELLE.
C'est pour cela que je tous conseille de demeurer en repos , et de tous contenter de Caire défendre votre porte à l'imposteur.
L1SI1>0B.
Non ferai , de par Dieu ! je rais commen- cer par interroger Clarice j et si je la trouve coupable 9 un bon couvent m'en fera raison.
ISABELLE.
Comment y parviendrez -vous? Elle ne l'avoUera pas.
LISIDOB.
* Je Vj forcerai bien.
ISABELLE*
Le^ sesce est si dissimulé I tous le savez*
LISIDOB.
Oh ! s'il est dissimulé , je suis fin , moî ; et Ton ne me trompe pas aisément.
i68 PLUS HEUREUX QUE SAGE.
ISABBLLI.
A Totre place y ce ae serait poiot le parti que )e prendrais.
LISIDOB.
Eh I que feriez- ?ous ?
ISàBBLLE.
Sans reyenir sur ce qui s*cst passé, je bannirais le faux Damis, et je suivrais mon premier dessein.
LISIDOB.
Eh quoi ! mon ami , êtes-Tons toujours dans la résolution d'épouser ma fille ?
ISABELLE.
I>e tout mon cœur.
LismoR. *
Que je tous embrasse 1 tous pensez en braye garçon.
ISABELLE.
Bon I ne saÎA-je pas que ces petites fantaf- sies-la passent chez les Glles en aussi peu de tems qu'elles leur Tiennent.
LtSIDOB.
Vous ayez raison : touchez là ^ mon gen- dre; ma foi I TOUS pensez sensément; À votre âge c'est vraiment extraordinaire. .Quel âge avez-TOus ? f ous me paraissez hieu jeune.
SCENE VI. 169
18ABBI.LB.
Mais quelque yingt-cinq ans.
tISIDOB.
Parbleu ! on ne s'en douterait pas : à peine vous donnerais-je dix-huit ans. Morbleu 1 le bel ùge ! et qdil passe rite 1 ilion gendre^ vous TOUS en apercevrez
ISABBLLE.
Oh ! Monsieur, je vois mes belles années s*éceuler sans peine.
LISIDOE.
Et TOUS ne les employez pas mal ; je sais de vos nouvelles. {RiaNt.).Eh ! eh! eh ! tous connaissez à Pontoi^se une certaine Isabelle 9 n'est-ce pas ? Ëh I eh ! eh f
isABBLLBy découceriée. Moi 9 Monsieur?
Lis IDOB.
Vous, oui , TOUS. Allez, allez , mon gar- çon , rassurez-TOus : ce n'est pas que je tous en fasse des reproches.
ISABBllB.
Maii^ encore un coup, Monsieur ;i que tous a-t-on dit de cette Isabelle ?
LISIDOB.
Bon ! ce que l'on en deTaît dire ^ c'est
F. ProTcrbet. 3, x5
170 ''PLUS HEUREUX QUE SAGE.
quelque petite coquette , là , comme oa en trouTe tant à TOtre âge , qui tous a fsit pas* ser agréablement quelques mois.
ISABBLLB.
Monsieur f tous tous trompei 9 et tous êtçs m^ informé : fe ne conSnais point cette Isabelle , dont j*aî seulement entendu parler comme d*une très-honnête fille.
LISIDOB.
Encore une fois 9 mon gendre , je ne tous en TOUX pas de mal. Lorsque j^étais jeune « je fesais comme tous ; et je ne suis pas assez injuste pour blâmer dans les autres ce dont jeii*ai'pu me garantir moi-même. Mais je Tou^ amuse ici : vous Toudrîez Tofr Totre future , n*e5t-ce pas ? Entrez, je tous suis à l'instant.
(I«abellâsort.)
SCÈNE VIÏ-
LISIDOR:
Paebleu rareature est cotnique , et le Té- ritabie Damis a suivi de près Timposteur. Un petit moment plus tôt ils se rencontrMent,
Cl» • ••
SCENE IX. 17c
SCÈNE VIII.
LISIDOR, FICA&D.
PIOABD.
Il 7 a encore là-bas un monsieur qui dit i^appeler Ai. OamU 9 et qui demande à vous parler.
LISIDOR.
Encore un Damis ? je crois qu'il en pleut.
PICARD.
Ferai-je entrer , Monsieur ?
LISIDOU, àpart.
Oh ! parbleu ! je tiens celui-cî. {Haut, à picard. ) Oui ; et dis à mon gendre que je raAteads ici.
SCÈNE IX.
LISIDOR, PAMIS.
DiMiS. M. LiSIDOR. *
LISIDOR.
^ IJiUrez , Monsieur, entrez ; voua ^^qi)on<» •leur Damis de Pontoise n'est-ce pas 9
A vous servir^ Monsieur.
973 PLUS HEUi^EUX QUE SAGE.
«
IISIDOE à part , examinant la coDteaaiice de
Oaïuis.
Voilà, sqr ma parole « uq jJe plus hardis fripoQS que je counaisse.
DAMIS.
Permettes que cet embrassemeot^..
L I s I D 0 E , lai tcnimant le dos.
Doucement, Monsieur, doucement, c'est pousser un peu trop loin l'effronterie.
DAMlS.
Cet accueil a lieu de me surprendre ; et dans les termes où mon père m*a dit que nous eu étions, je o'ayais.pas lieu de m'y at-
e
tendre.
tisiDoa.
Dans un instant vous aurez l'explfcatton de tout ceci , M. le fourbe.
DAHIS.
Monsiear, Toilà des épithètes qui ne me cooTiennent point du tout.
SCÈNE X,
XrSIDOR, DAMIS, ISABELLE
B ▲ M I s » apercevant L^abiUe , » part. Ciel! que vois- je?
ISABELLE) à part.
■ Voilà mon perfide ; armons-nou^ de cou- rage.
LISIDOR9 ei:àiiiiD((ht la confusioii de Damis.
Le YoilÀ pris. (Haut. ) Eh bien ! M. 1 af-* &*ODteur> connaissez- vous ce cavàiier*ià?
D A M 1 s 9 • déconcerté , â pari.
C*est Isabelle ! quel étranjre éTénement ! • ( Haut, à Lisidor, ) Je ne puîs tous diâsi- muler uia surprise ; mais. . .
LisiooR, furieux
Mais, mais; vous osez ainsi voos jouer à moi?
J*àroue ma faute, Monsieur , et...
I.iaJDOB*
11 est parbleu bien tems , et |e troure IV Teu plaisant. Holâ ! ho ! qu*on m'aille cher- cher un commissaire.
ISABELLE;
Eh 1 Monsieur , laissez ; sa con fusion nous renge assez.
LISIDOB.
Je SUIS votre serviteur. '
DAMIS.
X*arfivèe de votre commissaire sera fort -inutile, Monsieur; c'est de Mademoiselle
i5..
174 PLUS HEUKEUX <}UE SAGE,
seule qae j*at|teiid3 pia gv^e oa ma punition; je suik depuis long-tems en proiei à up fm mordis qui me déchire.
Liaipoft.
Mademoiselle I il extrayagiie»
n^KlA» te jetant au pieds d^ItabeBc.
Chiirmante Isabelle» auieat^TOus Findul-^ geoçe de pardpooer ^ uo perfide qui ne m»> rite que TOtre colère ? Me permettrex-toas de TOUS offrir un cœur que Tamliition toiis eoleyait^ mais que T amour vous ramène.
ISABBII.B, attendne. Ah! Damis!
liisiI^QE, à Isabelle. Moiigfii^r^ , qjgie te^i dine l«uf Qfidi t
LlSipon, DAMIS, tSA9ELLE, É1USTJ,
iBAST^5 àLkidor.
'•Is viens. Monsieur, ^0|is demaàdér par- don d'une supercherie qui a dû tous offenser, quoique la circonstance pût la rendre excu- sable : je me présente sOM9ffion Txaî noiii...*
uaip^R.
A l'autre 1 je crois que j'en dëTiandBai fou. Ob ! çà , Messieurs « puisque toiis TOÎlà
SCEIfE XL î^ft
i^n^Ués» cUtes-oioi de. grâce ,qiil de tous trois s'appelle Damis 7 .
DAVIS.
Il ne faut pas vous abaserplus loog-tems, .Monsieur; c*est moi qui m'appelle Damfs, et qui devais épou9er votre fille : mais )'ai donné ma foi à Isabelle ^ et rien au monde jfie pouiura éé^ùMmm rompre noa dofSge* ivieos^:
I^IfilDOlU
^oUàtm fort sot compliment, M. Damas', et vous pouviez vous épargner la peine de Tenir me le faire ici.
OAMIS.
Je ne vous dissiionule p^s que j'étais venu jlaqs i^.n ^lutre 4essein : Jbonteux,de ni^ per- fidie^ je n'osais me présenter devant cdlis qui en était l'objet. L'intérêt m'amenait aux pieds de mademoiselle votre fîtle : je ren- '^ contre l'adonible Isabelle y Famour etla vertu remportent la victoire, et je lui rends uti cœur que j'ai le bonbeur de voir bien reçu'^ quoiqu'il soit si peu di^ne d'elle.
LiSiiDOi, avee le plus gvniâ «iopnevienL
Isabelle!
ISABELLE.
Vous la voyéi devant vous, Monsieur, cqirfûse de k^irooiperie qu'eljl^ vqmis a.foyte : elle vpiu iCroit trop géaéreuz pour ^puMor
i'je PLUS HirUREUX QUE SAGE.
cte bonhemc àt dewL amans aussi tendrement unis.
idsiDom.
. Au diable les amans ! J'avais bien besoin ,d*être mêlé dans toutes ces tracas sertes-lÂ, moi!
£bast&.
' ViHii poutez aisément réparer tout ceci , TOUS m'ayez accepié tantôt' sous le nom de Damis : oserais-je me flatter que vous ne me rejetterez pas lorsque votts.saur«» mon vrai .nom? Je m'appelle Érastc» et je suis fils de Ljrsimon ?
LISIDOR.
Lysimon !
BfiASTB.
Oui , Monsieur ; connaîtriez - vous mon père ?
LISIDOB.
Oui , un peu ; j'ai fait avec lui un vojag^ en Italie ^ il y a bien long-tems ; c'est un très-brave homme.
iaiSTE.
Je m'estimerai fort heureux si cette an- cienne connaissance vous prévient favorable- ment pour moi.
tisinoa.
Oul-da y nous verrons ; j'écrirai à M. votre ^ère ; vous pouvez espérer cependant.
SCENE XI. 177
£bastb.
Ah! Monsieur, tous me rendez le plus lieureùx de tous les hommes. Ce coup ino- piné du sort justifie le proverbe : Plus Heu^ reax que Sage,
WÏV DS PLUS aBU&BVX QUE SAGB.
lÉ
SEIGNEUR AUTEUR,
LC OU
Xm PEU D*AIDB FAIT G&AND BIEN5 t»ROV£EBE DKAlfATIQUE,
PAR CARMONTELLE.
1
Vw
PERSONNAGES.
LE DUC.
M. RONFLANT, poète tragique.
M. DÉCOUSU^ poète d'opéra'-eomiqac.
DDPAÉ, Talel-de-chambre du Duc.
.Li scène est dam le cabinet du Duc.
LE
SEIGNEUR AUTEUR,
Pfi DIVERS fi.
SCÈNE PREMIÈRE.
LE DUC, DUPRÉ.
ts D CGj en robe de cliaiiibre , •^«gitaat et se pro-«
menaiif . ■
Quoi I je ne pourrai pas faire un rcrs , un ▼«rs fjcukmeiit l Ah! voyons I {li écrit.) Non , il est trop long. Oui , mais de cette façon ? ( // écrit, ) Il est trop court.
( n déchire, ^n i»a{ûer. )
Maïs f Monseigneur , pourquoi faire ces rers Tous-même , puisque tous avez tant de peine ?
Tant 4e peine ?... Qu'est-ce que c'est que cette façon de parler ? Ai-je jainais c\\ de la peine à faire des rers ?
Jp sais h\en que non , tant ^e vous atez
F, PrQYerbear. a. l6
i83 LE SEIGHEUR AUTEUR.
eu ce secrétaire ud peu foa , qoe tous aimîei taot...
£1 DVC.
Allons « taîsez*TOus ; tous me faites perdre mes idées..
J'en suis bien éloigné ; et si }'ea trouTaîs, je les donnerais tout à l'heure à Monseigneur.
tB DUC.
Des idées » tous ? Attendez ; ne feites pas de bruit. Ab ! oui-da I c'est lyrique tout-à-fait ; écriTons... {Il écrit. ) Fort bien. Mais où est la rime ? Cela me fait perdre trop de tems. C'est incroyable qu'aujourd'hui je ne puisse pas...
DVPKÊ.
En Yérîté , Monseigneur , si tous Touliei m'entendra , tous auriez bientôt fait.
LB DCG.
Ehbien I monsieur le docteur ^ parlez.
DO PUB.
Je prendrais mon parti, moi; je ferais faire ces Ters tout simplement par les g^ns du métier.
LB DUC.
Oui ; si je n'en savais pas faire , imbécile.
Ah! je demande pardon à Motiséf gêneur..: Je croyais....
Allons 9 laisies-moi.... Voyons encore.
D H P R E.
M. Ronflant et M. Décousu demandent à voir Monseigneur.
iB nrc.
Que me Teulent-ils ? Je suis en afiSaiire.
nvpRi.
Je le leur ai dit ; cependant je croh <jiie TOUS feriez bien...
IB DUC.
Allons , faites-les entrer.
SCÈNE II.
LE DUC, RONFLANT, M. DÉCOUSU;
IB DOC.
ArI Messieurs I je suis charmé de tous voir; m^ais ce ne sera pas pou» |ong*tems , pafce que je sois un peu ocoupé...
m. RONFLANT.
* M. le Duc cùltire toujours les muses, san^ doute?
tS4 ^^ SEIGlfEUK AVTEUR.
M. OÉCOOSV.
pour qu*iL oe les délaisse pas.
Il jest Ti^i que quelqoeloia elles ïm m'ont
pas mal trait*'.
M. aOMFLÀKT, 9|. DEGOII5V.
Oh 1 toujours I toujours I
tS DTJC.
Par fois elles oot des caprices , eoiniDe toqs savez.
H. DieoiTsii.
«.Vous OIS les eaAaaissez.guèiie, }e crois?
IiB DUC.
Comme un autr6i
M. aOHrtABT.
M. le Duc , j'ai l'honneur de tous apporter le cinquième aqte de ma oouyelle tragédie. Si TOUS aviez un quart-d'heure seulemeut à m^ donner.
H. Découstr.
Moi 9 je ne tcux faire Toir à M. le Duc que moa ariette de (& Chaise de poste qui ya se briser , et quî.sooue la ferraille : oe sera eiH
core plus court.
M. Décousu 9 un moment^ s'î) ][(His platt;
Toud ne devez passer qu'après moi.
LB DUC. .
Mes3ieurs » vous tqus disputerei ivie,a)itr« foi».
m. AOHPLART.
1 t
ê *
Maïs» M. le Duo , ju^ez uo peu si un, poète d'opéra-^iliiqué jauît avoir le pad sur un ]poète tragitjué. Si'<)\iétqu'ùQ doit protéger le Coa des héros ^ je crois (jue è*est tous.
H. DÉCOVètf.
Oui, le rral ton dés lieras ^^ mais celuf qu'ils û'dût jamais eu , et qu'ils ô*auroot ja- mais, cela est diffèt^ol.
Qu'ils n*auroDt jamais ?
M. DÉC0VSI7.
Assurément ; au lieu que moi| je ^elus la oaiure et la vérité.
a. aoNFUiiT.
La nature et la vérité t II y a bien du mé--. rite à toujours copier t Où e^t donc le génie ?
H. Décousu..
Molière manquait de mérite. Oses-vous dire cela?
i6.
i«6 LE SEIOUeUR AUTEUR.
«. AOirr.i.ART.
Mplière !,... Molière q*a poiot Ikil de tra« {[ëdîes,
Hh ! Messieurs, De disputes pas; je q'm pas le tems,
a. K0FFLA.1IT.
M. le Duc , suivant Totre ooDseil , j*ai c]ier-« èbèpour mon dénoûmenty et j'ai ima^né un tyraq de plus,
V. picovsfT,
Moi , j'ai cru que ma Chaise de poste était une Douyeauté dont tous seriez coûtent.
Je TOUS ai défà dit qu« fêtais ocoupi très- térieusement.
M. KONri.AllT.
Si M. le Duc Toulait nous fiiire part de ses
productions...
M. nicousu.
Nous seriqns bUn sûrs d'aToir de quoi ad« mirer,
Ll DUC. '
Non , TOUS dis-je ; j'ai passé toute la ma- tinée à rêTer , à barbouiller du papier tani pouvoir rien faire^
SCENE IF. ,, ia.j
M. BOKFLAVT.
4
C^est qirapparemtneDt c'est un noureaà genre que M. le I>uc a choii^i ?
Non , au contraire : c'est un couplet y ùiatà TOUS voje» bi^n.,.
M. fiicousir.
Personne n*en fait assuréoient aussi facN tendent que M. le Duc,
Ll D9G.
Ordinairement cela ne me coûte rien ; mâi& aujourd'hui je ne sais ce que j'ai.
M. a0KFL41IT>
Est-ce un sujet rare ?
LB eue. NoQ ; c'est un bouquet.
■
a. Décousu. Un bouquet ?
K,B vvc.
Oui| un bouquet pour une hmvne que î*aime ;et tous sentez bien qu'il Tant que cela soit neuf; quNl faut de la pensée. Asseyei > tsseyeih-Tous là.
M. BOHFLAHT.
lUtt la pensée^ M. le Duc l'a tcQUfée?
iS8 LE SEIGlTEUa AUTEUB.
LK DVG.
Oui 9 on booqoet;
f.B nvc.
C'est rrai ; c'est moi qui Teux que ce soit on bouquet. Cooivie tous dîtes, Toilà la pen- sée trourée. Hais il &ut la mettre ^u cImoI y et rôilà le dimcile.
V. PÉCQVS9.
Avez-Tous choisi un air ?
IJB BV€.
Bon ! j'en ai cent.
M. Décousv» ^
11 faut s'arrêter à un seul^
iB pue. C'est vrai aussi; j'ayais. en ?ie de prendre...
M. Décousu TOUS en dira, M. le Doc.
Oui, preneL...
(]l«baate.> C'est h 6Ue h SimoBette (*).
(•) C'cft m tk d'Amiette et Lidiin.
SCÈNE II. 189
C*ètait justemeut celui-là qii« j*aTâis eo
V. KORFKAIVT.
£h bien I Yotre couplet est fait.
LB DUC.
Pas tout-à-fait.
■• RONFLA ut*
Pardonnez-moi. tenez, écrivez.
LB DUC 9 pcenaiit sa. plume.
C*est vrai , les choses rieaneni qilelquefois oomme cela sans pekie. v
M. nécoDsv. i ■
Sans peine I Vous o'en dvez sûrement pas.
Tous commencez par dire.
( U chante. ) (*) Que de fleurs on va répandre.,.
LB I>I]C.,
Oh ! pour ce vers-là, je l'ai déjà écrit plus de vingt fois , et je Tai elTacé do même. \
Pourquoi Teffacer ? fi est bon ; il annonce la fête.
■ ■ I I ■■■lin <iwi»i a wm\m fm^tmtmimt^ÊéAmL-^iktJt^m
Ç^) On chante tous les vers à mesure qa!on leîÊiii.,
190 LE SEIGNECR AUTEUR.
C'est ?rai.
tnccrit) Que et fleim oa tsi TeçasBiart
H. vicov^iB,
Paps UB jour «ttâ cfainnaiit !
JLB DOC.
Yoilà ce que j'ai fait :
Que de fleurs on Ta répandre Dans un jour aussi chaôiDant!
«. BOVPtAVT.
' Vou» ailes <)*Qn train! Attendes ; tojoos ce qae tous allez dire. Laîtsens faire M. le Duo , ne le troublons pas.
jkB pue.
Je dirais , par exemple..
M. DBOOCSU.
Que de chants se font entendre M. bouflaut. FoDC exprimer ce qu^on sent !
LB DUC.
. Oui 9 oui.
Que de chants. «.
H. DBGOUSO.
Se font entendre.
IB DUC.
. Un moa^es^f s'il tous plaît . .Pour.,.
SCENE II. 191
M. ROKFLiNT.
Exprimer ce cju'on sent !
LE DUC.
Pour exprimer ce qu^on sent ! .
Je ne trouve pas mai ces deux vers-là. Qu'en dites-vous? Ne me flattez pas ; parlez- LQOÎ naturellement.
Que de fleurs se font entendre.
M. DÉCOUSC.
Que de chants...
LB DUC.
Oui 5 oui. ^
Que de diants se font entendre Pour exprimer ce quVn sent .*
Gela va bien.
M. RONFLANT.
A merveille !
LE DUC.
Voyons un peu le reste. Je voudrais parler de ses grâces.
V. RONFLANT.
Oui, de ses grâces ; c*est très-bieu vg.
M. DÉCOUSIT.
Vos grâces , votre art de plaire.
199 LE SEIGREUK AUTEUB.
LB DUC.
Oui f je dis : Vos gnocs» votre ait de plaire.
ÉcrîTons.
Ce n'est sAremeot pas nous qoi le iesoni éke À M. le Duc.
LE DUC.
\oê grâces , TOtre art de pbâte..«
M. tOHrLàRT.
Font répéter tous les iours...
LE BVC,
Se répètent tous les jours. ^
X. EORFLàfT.
Non 5 non , tous dites : Font répéter tous les jours.
LE DVC.
Oot, oui f je dis : Font répéter tous les jours.
Font répéter, font répéter I II 7 a bien de quoi ; c'est qu'il faut peindre en chantant- ••
X. DÉCOUSU.
Sans doute , «t c'est là TOtre talent.
LE DUC.
Oui » je n'y suis pas absolument maladroit. Font ré^>éter tous les jours
SCENE II. 193
M. DÉGOUSO.
€V»l la fête de Cjthère.
LB DUC.
Ob ! pour celui-là , je me le Tole à moi* même en le fesaot ; je n'ai pas dit autre chose de la matioée.
C'est la fête de Cjthére ,
V. âOHFLAHf. .
C'est la fête des amours.
I.B DUC.
Cela va de soi-même; fête de Cylhèrc, fête des amours. Qui dit Tua dit l'autre,
M. Dicovsu.
Dites , qui fait I'ud fait l'autre.
LE DUC.
Sûrement. C'est la fête des amours.
H. BOKFtART.
Cest un tableau charmant 1
M. DÉCOUSU.
Oniie voit que des guirlandes dans les aîrs.
H. aonFLA5T.
Des fleurs les parfument ; c'est un spectacle enchanteur ! Personne que vous ne pourrait dire aussi bien :
C'est la fête de Cythcre C'est la fêle des auioiucs. F. Proverbes. 2. ^ - 27
i9i LE SEIGNEUR AUTEUR.
LE DUC.
Il est frai que je n^en suis pas mêcoateot, j*ose le dire.
*■. DECOUSU.
Parbleu ! je le crois bien.
IS DUC.
Revoyons tout le couplet $ Messieurs , je
TOUS en prie.
( Il chante. )
Que de fleurs on va répandre ^ Dans un jour aussi charmant \ ^Que de chants se font entendre Pour exprimer oe qu'on sent!
M. EOKPLàNT.
Je vois la décoration de la fête ! QueUf pompe ! quelle magnîûcence !
M. DÉCO CSC.
Les chœurs cbantans sont rangés à droite et à gauche.
LE DUC.
C'est vrai , je n'y avais pas pris garde.
M. RONFLINT.
Bon ! rien ne manque à cette fête ; quelle imuginalion !
M. Décousu. Et dans un seul couplet.
SCÈNE I!. 195
LE DC G.
Vos grâces , votre ai*! de plaire Font répéter toiifi les jours : C'est la fête de Cjrthére ,
^ TOUS TROIS E1ISB9I91.E. C^est la fête des amours.
■• AON VIA NT.
DivÎQ !
H. Décou&r. Délicieux !
tt'tvc.
Je suis bien aise que tous en sojez coo^ teos.
IL i^icovsv. Goqtens ?
V. RONFlANf.
. Notts en soiDones enchantas 9 ravis.
iB nu c.
Eh bien ! croirîez-Yous que ce matin }*aî étk au point de croire que je ne parviendrais jamaia à faire ce couplet ?
M. DÉ cous V.
Vous ne connaissez pas tos talens 9 M. le Duo.
M. R01fFLl.KT.
Quand toulei-vous que je rcTÎenne pour mon cinquiènîe acte ? Car je voudrais aprèl obtenir une.lecture d«s. oom^dieris*
195 LE SEIGNEUR AUT EUR.
LB DUC.
Mais , qaand tous youdrez.
H. BORFLiilIT.
J'ai grand besoîa que M . le Duc Touille blea leur faire parler par quelqu^ua.
1,% DUC.
Je le Teux bien : tous me dires par qpii.
M. ftOHFLiLirT.
C'est que c'est diiS^c^le,..
KL QiiGQU.SV.
Moi 5 je ne demande que le suffrage de M. le Duc sur moa ariette ; oar le musicien est coDteot.
IB DUC;
Nous Terrons. Je tous dk ai aaturelteineiit. ..
M. »B00«SU.
C'est là tout ce qui me relient ; les rôles loot déjè distribués > et cela ira tout de suite.
LB OtJC.
Je tous le ferai dire.
K. DffGOCSÙ.
Pour TOtre (>oupl6t , M. le Duc , je tou- 4rais TaToir fait.
Et moi aassi y f*i tous en rèpoMs.
- séÈRPE m. '^ m
Vous me faites îé^plits gtaxté pPabir...
M. tLoitTHinr*
Je TOUS eh demanderai 'dfie copierai pre- mière fois.
* Vôi» Faute»:
« «« < J •-,• < • ^ . . * fJ 4 à S.'
MV* AOKFLAVT et DÉCOUSU, chanûiit CA
t^à âllalàf.
../€^fltkiifite:ALCyttièicV ;:'>.:. Cesi la fête des amours.
' • ' ' f -' ■
SCENE Itl.
LE DUC, DUPRÉ.
IB DUC,
HoUl I quelqu*UD ! Monseigneur ?
IB DUC.
Allons.
DVPRft.
Eh bien! Monseigneur, votre couplet?
B est fait
»7-
19$ LE SEIGHEUA AliTtVà. SCE8E 10. Et Tona CD êtes conteot ! Je t'en réponds : il est chaimaat !
DUFES.
le sarais bien que roos eo Tiendriet i bout Je o'aTais garde de reaTOjer ces Mes*
sîeu.rs.
Allons , riens ; je te le cbanterai eo mlia- iîllant
( n s'en Ta , et il emporte le oonplcL )
flH DU SBIGSBUa AUTBlIl.
LA STATUE ,
r *
IL NE FAUT PAS CONDAMNER
liES GENS SANS LES ENTENDRE» *^<^ PROVERBE DRAMATIQUE ,
PAR CARMONTELLE/
»1
Vvo^
PERSONNAGES.
LA COMTESSE DE MIREVAL U^i» DE aiCBEVIÈEE, nièce de la Com- tesse. lE MARQUIS DE B&ÉCT. LE BARON bt r^PA^- LE CHEVALIER DE CLAI&EFOND. UN LAQUAIS.
La scène est à Anteuîl, dans le boscjneC neaf dv jttvii dtt Marquis de Biécy.
LA STATUE,
PROVERBE.
SCÈNE PREMIÈRE.
LB MARQUIS.
Lb Baron me suiTah ; qH*cst-H derenu ? Mon cœur a besob d'un ami pour soulager la douleur qui m'accable; s'yrefusarait-il? Non, je le vol»; j'ai tort, de Facouser» Le malheur nous tend souvent iajuiSteD et coupalikles,
SCÈ3NE II.
lE MAKQUIS, £E BAHON.
JbE Bà&oir.
Eb bien I Mardis , me conâerèx-yous enfin le sujet de votre tristesse ?
JLB VàBQVIS.
Oui I mon cher Baron , à Finstaot même ; ce qui m*a fait désirer de vous parler ici, c'est que je veux vous y mohtrer le seul objet de consolation qui me l'ustc.
I.B BA&Oir.
Ici 9 un objet de consolation ?
ftoa LA STATUE.
I.B KABQUIS.
Ou de regrets^ n'importe; écoutei-moU Vous savez que je derais épouser la Comtesse à mon retour de Touraine , où je Tai connue. Quel heureux tems ! elle m'aimait alors ; do moins je le çrojais I
LB BAEOir.
Qui peut TOUS faire Imaginer qu'elle ait pa changer ?
I.B VABQCIS.
Tout, Baron, Que je regrette l'heureux sé- jour de la province ! On est aimé sans distrac- tion. Sûr d'occuper entièrement Tobjet qu^oa aime , que faut-il de plus ':*
(E BABOH.
Quoique la Comtesse y soit née , en tous épousant çlle qe pouvsiit y demeurer long* tems.
IB KABQUIS.
Ah! sans Tétat de ma mère^ qui ne lui permet pas de quitter ce lieu->-ci 5 je n'aurais pas été pressé de l'amener à Paris. J'espérais qu'ayant sa nièce avec elle en y arrivant, que demeurant avec ma mère et à Auteuîl , ce serait la même chose que lorsque nous étions en province.
îlh bien ?
SCENE il: 2(J3
LE MXitQUIg.
Je n*a?ai3 pas pensé que demeurer à Au- teuii c'est être à Paris»
LE BAEON.
C'est là ce qui vous fait retarder votre ma* riage ?
LB HàRQVIS.
Sans doute. La Comtesse a désiré de roîr Paris ; le goût de la dissipation s'est emparé d'elle ; l'exemple , les airs l'ont entraînée ; les plaisirs, les direrses connaissances, tout a contribué à la distraire de l'amour que je croyais qu'elle avait pour mol.
LE BAROlf.
Ne la suivîez-vous pas dans ces différena amusemens ?
LB MARQUIS.
Oui , mais semblable à l'homme qui donne le bras à une femme au bal^ c'était moi dont elle était le moins occupée : témoin de toutes les agaceries qu'elle fesait, de ce désir de plaire à la multitude , mon cœur 'sans cesse déchiré ne put soutenir de la suivre en étant ainsi oublié ; et j'ai voulu laisser passer les premiers raomens d'ivresse où tant d'objets nouveaux l'avaient plongée.
LE BARON.
« Sans lui faire aucun reproche de cette es- pèce d'oubli ?.
3o4 LA STATUE.
LB MAftQCIS.
Les reproches oe ramèoent point on ccnir: ils font craindre à uoe femme qo'on ot veaille altenter à sa liberté ; et ils finissent par Taiçrir et par ré!oΣ;Qer.
LB BABOV.
Elle est peut-être piquée de Totre froîdenr, du peu d'empressement qae roi» mentrez de Tépouser, ne l'ayant amenée 4 Paris que dans ce dessein ?
LB BIABQ0I9.
Bien loin de pouroir m'en flatter, je ne fis plus que de l'iodifference dans ses yeux.
LB BABOV.
Et dans les yôtres , y Toît-elle la même TÎTacité ?
LB UABQUIS.
Cherche- t-elle seulement à pénétrer ce qui se passe dans mon a me ?
LB BA.B0II.
Au lieu de tous livrer à la douleur , que ne lui parlez -TOUS? le manque de confiance éloigne souTeut des cœurs faits pour s'aimer toujours. Permettez- moi de tous servir; je yeux...
LE MARQtlS.
Non, mon cher Baron, il serait înutiîe.
^
SCENE II. ao5
C«tte froideur encore n*e:?t pasle seul reproche que je puisse luire à la Comtesse.
LE BAAOll.
Commeot ?
Un goût nouveau m^a entièrement banni de son cœur. Le jCbevalier s*est occupé de lui plâtre , et il Q*y a que trop réussi. , '
LB BA&ON.
Vous verrez que c^est encore une autre erreur.
LB MABQUIS.
Mon malheur ne me permet pas d'en dou- ter; un cœur qui sait aimer connaît facilement quand il a un rival qu'on lui préfère.
LB BiBOR.
Les amaos sont souvent injustes lorsqu'ils font jaloux. Mais quel est donc votre espoir?
LB MABQtlIS,
Hélas I aucun.
LB BABOV.
Et cet objet de consolation que vous devei goûter ici, queL^st-ilf Vous proposez- vous ^€ devenir infidèle « avec tant d'amour ?
LE MABQUIS.
J'en suis bien éloigné. Je ne veux jamais
r. Proverbes. 3. xB
«io6 LA STATUfe.
cesser d*aîmer la Comtesse, fe Tenx id 11 regretter toujours, et y adorer son iniages que moi seul y ferrai»
LB BAaov.
Je ne tous comprends poiût.
LS MâBQUIS.
ie Tais TOUS expliquer ce mystère. Ced TOUS paraîtra ua peu romanesque ; mais n'im- porte. Ce bosquet , caché dans Fépabseur de ce bois 9 Tient d'être fini depuis huit jours : je l'aTais consacré à la Comtesse ; je comptais l'y amener le lendemain de mon mariage , et Yj surprendre agréablement > en lui fesaot Tolr une statue qui la représente. Malheureu- sement, hélas ! ce n'est plus le téms de penser à faire cette galanterie I J'ai fait cacher oeitë figure derrière ce treillage , qui se sépare et h. laisse Toir quand je tcux , en poussant un simple ressort. Voilà ^ mon ami, la dÎTinité que je tcux adorer le reste de ma Tîe.
LE BAIOK.
C'est un délire que ce projet; je tcux abso- lument TOUS en guérir, et...
J'entends quelqu'un ; c'est la Voix de la Comtesse et celle de sa nièce. Comment ont- elles pu pénétrer jusqu'ici ? Tâchez de le dé- couyrir ; je m'enfuis; restez un moment areo
SCENE m, ÎÏ07
elles, et revenez me trouver. Nous choisirons Iç tems. Qù elles seront rentrées pour venir ici.
( Il s 'échappe. }
SCÈISE III.
LA COMTESSE, M'^' DE RICHEVIÈflE,
t,E BARON.
LÀ GOUTBSSE.
Ah ! M. le Baron , vous connaissez ce bos- quet que le Marquis vient de faire faire, et qu'il nous cachait ?
LE BÀ&ON.
A|adame , je le vois pour la ppemière fois*
LA COMTESSE.
Le hasard me Fa fait découvrir. Je cherchais un endroit écarté pour causer avec ma nièce , et je ne croyais pas en trouver un aussi agréa- ble. Mais vous étiez avec le Marquis?
LE BARON.
Qui y Madame.
LA GOMTESSB.
Que fesiez-vous donc ici ? il vous montrait ço>n ouvrage apparemment ?
' LE BAROn.
Il est vrai; mais vous avez afiaire aveq ll|ademoisélle 9 ainsi...
aoS tA STATUE.
LA COMTESSE.
Nous TOUS reverrons ; vous ne retoomex pas aujourd'hui à Paris ?
LB BÀEOir.
Non , Madame , je n'irai que demain.
SCÈNE IV.
LA COMTESSE , M»' DE RICHEyiÈRB.
Là COMTESSE.
Il m'évite ; il connaît sans doute rinfidéyté du Marquis ; et il peut l'approuver î
M^^*" 1»B EIQHEVIEEE.
Mais le Marquis vous aimaît si sincèrement! Comment pouvei-vous le soupçonner d'infi- délité ? Ah ! ma tante , je mourrais plutôt que d'avoir un pareil soupçon sur l'amour que le Chevalier a pour moi.
LA. COMTESSE.
Vous Hes bien jeune, ma nièoe; et vous ne couuaisseï pas encore les hommes.
■^'* OB EIGMEVikBB.
S'il y en a de perfides, je jurerais bien que le Chevalier ne sera jamais de ce nom- bre-là*
LA C0MT$SSB.
J'approuve cette façon de penser ; il fiiut
SCÉifE IV. lÈe^
eitimeiioé qu'on akiie. Voili commeje croyaU que fe ferais toujoufâ avec le Marquiez avant: âcveoir à Pari». J'ai vu naître ta froideur^ Taî cru la pouvoir ranimer {Mir la faiousie. Il ignore que le Chevalier doit vous épouser ; en essayant de le faire paraître amoureui^ de moi , j*ai eu la doaleur de voir le Marquis, insensible à celte épreuve ; non, il ne m'aime plus !
M^** BICBEVikBB.
Peut-être oraint-il de vous offenser en vous^ iQuUtnant de la jalousie. Cesses CQtte feinte » puisqu'elle est inutile.
LA COMTESSE.
Elle ne durera pas long-tems, ma chère nièce ; je ëuis même fâchée d'avoir relardé* pour cela votre bonheur ; dès ce jour ma me , {e vais tout réparer.
m"^ DB BICBEVIEBB.
Quoi l dès ce jonr l Aji l ma chi«'e tante !. - Mais si vous n'êtes p^sheureuse, il manquera toujours quelque chose à la satisfaction que je vais go Citer.
Là GOBITBSSB,
Ce sentiment prouve bien votre tendresse pour moi, et me la rend plus chère à chaque imtant. Apprenez donc tout ce que je re- douU. Je me pi!om<^nais avant-hier seul^ ^^ fort lard ; je m'égarai en rêvant à la froideur
i8.
at« LA STATUE.
dalfjf^frâu nfesdtdaîrdelaBei le m'amena procbc de ce liasfMt. J*estc9dis parier, c'était lui : il se plai^aait. Je m^afaa- çm sans brait , et j'écootaL
O ciel ! arec qui était-il? je fréuij pour tous!
KA COMTBSSS.
Il était seo(«
■'^ 91 BicMBTiàaa.
St il jparlait ?- Tous u'avei sûrement pas TU à qui /
LA COMTESSE.
It était seul , tous dis^-je. H adressait des plaintes entrecoupées de soupirs, à une sta- tue qu'il accusait d'ingratitude. Voilà sou- Teot comme les hommea abandonnent qui les aime , pour Touloir être aimé de qui les délaisse^
H"* BB BICRBTIBBB.
Il parlait à vue stati^e ! Ici ?
LA COMTESSE.
Ici.
m"' PB EICBETlkEE^
Hais il o'y eu a point.
LA COMTESSE.
Il y en a aûremeat une que noua ne tojoq^
pas*
SCÈNE lY. ail
U}^^ DE BIGHBTIÈAB.
Parler à une stalae ! Ma tante 9 tous vous qaoquez de moi. Que peut^on lui dire ?
I.A COMTESSE.
Ah Y ma nièce! il lui disait qu*il l'adorerait toujours.
M^^' DE BIGHBTiitai.
Je crains en rérîté que la tête ne lui ait tourné. Cela est effrayant , au moins ; et je ne Tois pas pourquoi yous seriez jalouse de cette statue.
BA COMTESSE.
Je rais tous rapprendre. Arant de m'ai* iper, le Marquis aimait la marquise de Ver- mont ; il en était aimé : mais la fortune de la Marquise étant réduite à rien , ses parens la forcèrent d^épouser Vermont, qui est très-* riche. 11 j a?ait dix ans qu'elle était mariée, lorsque je connus le Marquis ; il la regrettait toujour9 aussi TÎYementl Dn cœur si tendre me parut estimable ; je désirai de pouvoir le consoler; j'y parvins, et je V^imai comme |e l'aime encore. SI cette statue était celle de la Marquise, si c'est cet amour qui s'est ra- piméy j'en mourrai de douleur.
m}^^ DB BICHBTIBBB.
Mais , où «st -elle ? Cherchons. ( Elle w^ farde de tous c4tés. ) Je ne vois rieiv*
919 LA STATHI.
IDe me saurait poniire mbs sK^or le se- erel q«i pciU osTrir ce qfû nmma b ^ mm à fbree d'argent, i'ouTmr qui Fa m'a doooé ce secret. Je Fai ici.
(Dklkm papier.)
m^ »1 aiCBBTlBKl
f ojoas promptement.
Là, COHtissB, matnotsKi
Toici le treillage comme il est fût. Lisons. 9 £o poussant le boatoo A, la niche s*aavrc; i eu poassaot le boatoa B , elle se referme. ■
Ah f ma taote ! que ce soit moi » je tous
Erie. (Elle va pousser un bouton.) Eh ittea! I uicue ne s'ourre pas.
LA COatBSSB.
C'ejt que c'est Taotre boutoo sans doute ; essayons.
( Le treiOage s^Mivre , et Ton voit une statne «k
femine.)
■"' DB BIGBBflkBBy ayjecioîe.
Ah ! ma tante y que roiâ^je!
liA C0IITBS5E*
Quoi donc?
m^ DB BiOffBTikBB.
C'est rouS'inême.
SCENE IV. 213
LA GOXTBSSB.
Moi?
M^^' I>B ftlGBBTlàBB.
Oui , examinex bien » ce sont tous ros traits. 1 TOUS aime toujours I
( EUe embrasse h Coxnleise.)
£4 COHTBSSB.
J*ai peine à retenir l*ezcès de ma joie.
M^^* DB BIGHBTlàRBy la soutenant . Ah t jouisseï de tout votre bonheur.
Lk COHTBSSB.
C'était donc à moi quMl parlait^ qu*il adressait des plaintes si tendres !
h"" DB RIGBBVIBBB.
Et TOUS le croyiez ingrat! Vous Toyex biens ma tante 9 qu*i1 ne faut pas soupçonner légèrement son amant d'être inâdèle.
L4 COWTBSSB.
Ouï 9 ma chère nièce, tous aTes raison.
(EUe rêve.) ■
H^'* DB RIGBTBTxIbB.
A quoi pensei-'TOus donc?
L4 GOfflTBSSB.
Il me Tient une idée... Oui.
H^^' PB BIGHBTiàRS.
Qu*est*ce que c'est P
3i4 LA STATUE.
LA G0BTSS8B.
Je dois récompenser le Marquis de tous ' h» luaux qae fe lui ai causés.
■"* DE EICHITIXaB.
Ob ! pour cela y oui.
LA COMTfSSS.
Je R^j^erais qu'il était ici aTec k Baron , pour lui faire Toîr cette statue.
J'en jurerais , moi.
(A GOMTISSE.
Nous allons refermer oe treillage.
M^'* PE EICHEVlkftB.
Qul> oui^ venez.
(Elles ferment k ticîflaf;c<)
LA COUTISSB.
Je pourrai pénétrer à travers la channîDe qui ^st derrière la figure , me mettre k sa
Îiiaoel e( quand le Marquis revieudra pour a montrer au Barpn , ce sera moi qu'il troo* vera.
M^^* DE BICHBTiIhS.
Ah f ma tante ! c'est l'amour même qoi TOUS inspire.
Xà, COUTESSB.
Ma robe e9t blanche^ une gaie, uq voile
•H
SCENE IV. aiS
ftlle in'ajustBi'a tout cela à merteîlle, pour a^'au premier coup d*œil il s'y méprenne un Jetant.
fH^l* DE EICRBTIÈKE.
Qu*ii sera délicieux pour lui, cet instant !
LA. COMTESSE.
Kestez ici pour TempAcher , ainsi qne le ftaron y d'approcher avant que jVie pu me >lacer.
. M^^* DE ElGRBTifcEB.
Je ne demande pas mieux.
£i GOIltESSE.
Asseyez -TOUS sur ce banc, et faites sem* blant de lire. Arez-vous un livre ?
M^^"" DE BICBBYlkRE.
Ma tante, voilà le Chevalier.
Il A. coaiTESSEy souriant.
J'entends , vous n'aurez pas besoin de li-* Tre y n'est-ce pas ?
M^^*' PE EIGHSVIÈRE.
Si vous permettez....
LA. COMTESSE.
Quand le Marquis et le Baron viendront ^ vous ne vous en irez que lorsque ie voua enveriraî dire de me vetlir parler.
ai6 LA STATUE.
Je n*ai point d'autre affiirey je toos ré-
poads.
LA COMTESSE;
Ne dite» rien au Chevalier de mon projet; sa vlTàcité , sa joie pourraient le déranger.
H-'*' OB aiCBBYlilEE.
Ne craignez rien.
LA COMTESSE.
La contrainte ne sera pas longae.
SCÈÎNE V.
LA COMTESSE, IVF' DE RICHEYIÈAJE, LE CHEVALIER.
LA COMTESSE.
MoNSiEUtt le Chevalier, j'ai une affaire qoi ne me permet pas de rester ici : mais je tous j laisse en bonne compagnie; vous n'avez pas, je crois, à vous plaindre de ma confiance eu vous.
LE CBETALIEE*
Non , Madame ; mais j'ai à me plaindre du retard que vous apportez à mon mariage. Je suis très -aise de vous servir ; mais il est cruel que ce soit un ingrat qui empêche Ta- mant tendre et constant d'être heureux.
SCENE VI. 3,1.
, , £▲ C0MTBS9E.
l(e y;0ycs-Tou5 pas autant que tous le Ypiileft ce que tous aimez ? Ce n'est paâ uaa situation si fâcheuse ; et tous pojjrriez êlre plus malheureux.
tB C&ETÀL1B&.
Il est rrai; mais que tous sert de me faire )Ouer un personnage comme celui que je fais auprès de vous y quand le Marquis, ne montre pas la moindre jalousie ?
ta COMTESSE.
£llc est peut-être sur le point d'éclore.
LECHBTALIER.
Ah! Madame 9 je ne tous comprends point \ je Tois rég:ner sur votre visage une espèce de satisfaction. 4.
LA GOMTBssE, souriant.
«
C'est sans doute l'espoir qui renaît; que satt-on ? Adieu 9 Chevalier, je vous reverrai ici.
. SCÈNE VI. .
M"' DE RICHEVIÈRE,'t« CHEVALIER.
ri CBETALIlB.
• • «
Jv ne comprends rien à tout ceci 9 Made- moiselle.-La i^omtesse n'est point comme à
ai8 LA STATUE.
rordiioire ; Toos-même De semblés plos par- laçtr mon hnpatienoe ; qu'est-ce qoe eda veal dire? Que deis-fe cnkidre «m e^éier?
Le Ktard ne doit Titus faire rien craindie.
LB CBBTALIBE.
Ahl quand on aime bien TiTeoMnl, tout doit alarmer,
U^^ DE aiCHBTIBEB.
Non : tout au contraire , on doit îooir de son bonheur, surtout lorsque Voa est sâr d'être aimé.
I.B CHETlLIim,
Mais ne peut-il pas échapper ee bonbenr , lorsqu'on le craint le moins? Votre tran- quillité n'est -elle pas désespérante? Yous n'êtes pas aujourd'hui comme ft tous ai Tue jusqu'à présent. Loin de partager ma peine.,*
V"' BB BICBBTIÈBB.
Quelle peine Toulez-Tous que j'aie ? Tous m'aimez , que me faut-il de plus ?
LB CBBVAIIBB.
Aimer autapt que je tous aime.
M^'' DE EICBBTI&EE.
Et qui vous dit que )e sois changée 7 Je connais votre cœur; qui pourrait in*alarmer«^
SCEl^EVI. a,^
I.B GH£tA.I.IBa.
Je m*y perd» Ah } st je suis injuste,
pardonnez à l'amour le plus tendre qui fut jamais !
M^'" DB miCBEVisaB) soupiraiit. Ah!
XiB CHBTAtlBB.
Yous soupirez P
ni)* DB BIGIIBViàRè, à part.
Si je pouvais lui dire...
LB GBBT4&IBB.
Vous parlez bas.
m"* DB BICHBTikRB.
Tenet.. « Ce soîr Je tous dirai....
ht CBBTAI.1BB,
Quoi?
V^'* DB lICEBTliâB.
Oui^|rQuale9<^iir«i^
LB GBBTÂIi'IBB.
Vous au|fisem,ei mon inquiétude.
«^^ liB BICBBVliRB. -
Calmez -tous; je tous réponds qu'il ne peut nous arriTer rien que d'heureux.
' t\ CBBTAllBB.
Vous me trompez pout-ëtre..»
d20 LA STATUE.
V^^* lis EICHETIÈBB.
Tfon, je TOUS le jure; {e ne sais point feindre , et ce soupçon m'offense,
1% CHEVAf^l^a» piqué.
• • •
Je suis injuste , je le sens ; je me tairai. Vous avez des sççrets pour n^oi, quand jus- qu'au moindre mouvement de mon cœur vous est connu. Où rogne i'amoar, la coq* fiance daU au^st ré^er; mais*.*
Je ne tous, aime pas ? Achevez ; le pcasex- vous? . .
XE GBETltIBB«
Comment voMlez-yous que j^ çrole«..
M^^* BEAI C.B.tB V.I B EB,^ piquée.
Je ne veux rien ^ Monsieur*
LE ÛEV^tU*^ à genoux.
O ciel ! que je meure à yfdé f\^é9 si j'ai pu TOUS accuser, k% ,.i
Douter de 9100 coauif l>«^t d%as quel ins- tant;
Voyez mon . repentir ;, |.c consens à vous perdre pour toujours , si f al jamais d'autres volontés que lesYôlres«
'>*Sr^1(|«ré4i«(Mii1l6t]^ et Vé v^\Éït île dépén^r Jisiii^t pas (hii s^ei^t qàe^^e t<»us fuis , pou(v rais-je me taire 7 < - ■ ■ ^
Ab ! TOUS me ruTis»e% t
( Il se relève et lui baî«e la main.)
J'«iitend$ que]qu*up.. ' CTest le'Baron eile'9iîiic|tya^> . .
M"« DE RICHEVIÈRE, 'le CHEVALIER^ LE MARQUÎS, le baron. ..
Arrikoffs-KO vs , i^hi . Covatesse est {>eiit«>être près d'ici, . ^.., , ,,
Je Tais le savoir. {Ils avancent.) M. le Che-^ Talier , je vous croyais ici avec madame la Comtesse.
LE eHEVitlBR.
Yous voyez que non , une affaire l'a fait rentrer chç? elle.
ooa»a promis 4e iipfw jiMc^ 94crlir elle serait libre.
Toici ao de $ts gom* . - : ^ .
::tt^
î ^ «'
^vmi.
LIER, LE MARQUIS, LEBÀROK, UN LAQtTAIS.
1^ I
«"• OE tfI€flBr)|rA|r>Hnki|iiais. Ma tante me demande ?
t« I^^QITAfV ^
Oui, Hademoîsèlle. .lfj(rab«46eaBa^^Taii»,JI. le Ohffvilîerf
LB GHBTALIBl.
Sûrement ; {e tie tous quitte paa.
■'■''' SCÈNE ' IX. .
LE MARQUIS, LE 9AR0N.
; f I, M ll^4ttift«.pM ! Moo 9 paiw la 8«i^r« ch^ la Comtesse. Ai-je tort d*êtFe jaloux ^'
tB BAftair. ^
Oui ; car si h Comtesse aîôiak le Cheya'» Ber , Taurait-elle laissé ici tête à tête ayec sa nièce ?
»
'niais. Vil étaît^posaible <|ii*elle m'aimât en- eore , Terrait-elle ma froideur sans inqulé-* tude ? Pourquoi écouter ie Ciieyalier area tant de complaisance? Tout ce qu'il' faU la^ ébarme ;-e{le ne cesse de le louer , etéa ma. présence.
Ce serait ià ce qui me feraît erdlfé... Qu'elle oel^me.pas ?
Sans doute ; sans cela «elle y mettrait plus de mystère.
LB MilBQI7IS..
Elle croit .peut-être que j'ai cessé de Tni- mer> et elle se renge. Ma situation est a[»
^ LA STATUE.
llreose : j'ea mourrai ; mais c*cst id ^ve je Teox expirer.
Qacl délire !
Oui, Tîtosy refvrde oe|te oB^ge H^^t^
(Il oovie le ticaia^, et Foi.vdt la OulEaeàk
pike de la sUU9e,J| . I
!
SCÈNE X.
LA COMTESSE, LE MA&OUIS»
LEBAl^Ofif.
A 9 ! c*e»t elle-même ! J^li biea ! tamliei ses pieds.
Que fols^je 9
Celle <|iif n'a jainais cessé de tous aîmcTt 4t <]ui vuus aimera toujoars»
N'est-ce poiat un songe ?
LA COMTESSE.
Noa , Marquis. Quaad c*cst parce qae IV
SCENE Xï. i^aU
• monr est extrême quMI peut offenser, Il mé« rilè d'ëtne exdusé,
LE MlBQriS.
Je meurs ue joie et de regret!
Au seîn de la constance, comment pou- [ ^ioos^QQUs nous soupçonner d'intidéliié !
L 9 1I\A. B Q C 1 s.
Jq ne lo compreudraî jamais,
SCÈNE XL
LA COMTESSE, M"' DE RICHEVIÈRE, ^ I^E MARQUISs USi 6i|lïVAUËR, L£ BARON.
11 GOMTESS$.
Tenez, Marquis, Toilà l'objet de yotre jalousie; voilà le Chevalier, dont vous avez retardé , sans le savoir , le mariage avec ma pièce,
LE WARQDIS,
Quoi ! il répouse ^ Oui , clés demain.
236 LÀ STATUE. SCERE XI.
^ LE VAEQOIS.
Que de torts j'ai à réparer ! «t qu^Hs doi- Tent tous deux m'en vouloir !
Vous allez faire le bonheur de ma tante ; le nôtre le suirra ; nous D*aTons rien à toas reprocher*
»ll Ol Lk StAtVB.
LE
MARCHAND DE BIJOUX ,
ov
AVFX LES FRIPONS IL N»Y A RIEN A GAGNER,
V c PROVERBE DRAMATIQUE ,
PAR CARMONTELLE.
^S^
«•ta
PERSONNAGES.
M. DÉ LA GRIFFE. Habit rouge à boutons d'ox^ vieiBe ^cstedPor, sur la têle , et ép^c*
M, JBONTQDft*
Habit noir , épéc , cbapeau sur la fête.
M. PAFFE.
Surtout vert, veste rouge, chapeau soir la tête » et
ëpée»
ÉZÉÇHIEL , .îuîf , marchand de bijoux. Frac bnm à boutons plats , permcpie nbire , col nQir« mauvais chapeau.
M. POMART. I
Habit noir , perruque à noeuds , chapeaâ sons le bnS} et canne.
UN GARÇON CAFETIER. Veste bnine et tablier.
La scène est dans ua café.
MARCHAND DE BIJOUX,
PROVERBE.
SCÈNE PREMIÈRE.
M. BONTOUR, M. DE LA 6KIFFB.
.11. BONTODK.
Ija Griffe ^ a$-tq fait quelque cho^ bîer au bal?
Oui ; j'ai eu deux montres , et une boucle d*oreîlle.
M. BOlVTOtTR.
£t coQiment diable as-tu fait.
M. DB LA GRIF^B.
J'étais masqué en domiino noir, comme tu sais...
• M. BaiVTOI>|l*
,. Oui.
M. SB LA GHIFFB.
J'étftisdâns la foule 9 derrière une femme q«l 4biiflpit.ie bras à une autre , quand cette
i\ Piovcrbes. 2. - »0 •
aSs LE MABCBAVD DE BIJOUX. ■. »E fcA cmirVB. BttoiyBootoor?
» )<Mie.
M. 1»K LA CftirrB.
Heareosement ?
«
H. BOSTOC».
Je te le demande ! Ceprndaat , pss trof^
K.' 0« LA cmirrs.
Au vingt-un?
M. BovTOirm»
Oui , arec mes onte tout faits dam mi poche.
M. DB LA GBIFFB.
t
£t les figures sont tenites ?
'8. BÔITTOIIB^
■ t)ai ; mais toujours j'ai cû jbî<*n peur d'èirs soupçonné. J'ai quftté , ]e me ^^uis leré y el fe n'ai plus fait t{ue mcUr^B^âur les c^irtes àt% autres el des louis eu tas , surtour quand un étourdi que je counitiB avâîl'fa main.
'' M. I^B LA' QBflVBB* '
Mais 11 faut gagner. / : ::a t
V. BOBTOUB, *'''
Sûrement ; nfials je gagnai» loujqar« plui que je ne perdais.- ■ '**♦' *
.^ • • l
' '' É. VB LA GRIFFE.
i .. ... j . . » î '.n ^ t
Sur la oârte d' un autre I Comment fais-tu?
Je lui répétais trois ou .((uatre fois , Mon- sieur, tenei-'Vairs t:ela >*^te'nêz-9ous cela ^te- nez TOUS cela? Il me-ft^Modaît lÂifpà^èmment oui 9 Monsieur ^Je tieu^louÇ, sans savoir ce ijue j'avais, niis. Qiiaad il gagAaiJt| je fire- tihiH ihes I6\ii^> et je ne lut ièn |etais (([lie h^ moitié.
Ah! oui! c'est fort bien.
Mr. B0Nt0V^«
Et quand je gagnais , en etàTam mon ar-* gent, je le douMaiB/' i J ^^ ^v.
Diable I tu dois aïKiir^ ja§Ké beaucoup.
«; Bônfio'^ii:- ••'■ 1-' •
?<on 9 J »i été malheiiréuif eé^uis ce diable de chevalier Sapin Qfi*iihâ^al|);"et''*1ôâte9 les fais qu& |!ai i^agnél .il tau io4ifours dk tout haut : Monsieur ,. je^,VQps ai donné u» louis 9 quelquefois deux: si bien que jff aï menacé de ne plus jouer • s'il voulait deux louis.
M. VB XiA éniBFB.
0 y a des gens bien heureux f Sans rlea
^4 ^^ HAICHAVO BE IIIOUX.
riM|ocr f cet homme-là .partage aTee tmit b monde. Qoe ne joue-t-il Ini-aiciDe?
H. BOVTOVA.
Cda lui est éêfend»
'■. nt LA, caiwn.
àhl je ne k •avau pas.
-n. ttOVTOoa. Qo*e^'-ce que tu comptes jEûie amonr*
m. M ta ^m.ivFi. Hais 9 je ne sais pas trop.
«
m* BoUTova^ Tu t*esjpai^ Murtant
lié BB KA Cai»FB.
Et toi aussi. . { i
.r .M»faoa«oi».
C*est poor éTitar le M^akment.
; ,M- ttp A-A 61I<rFS.
SaBSidoeley/iiiautvrarierses habillemens. ▲ .pi^poi fFaiofdïùn Laoro^ me tourmente.
.H. BÔHTOVa.
Sur quoi'?
V. DB LA eBirFB*
Elle dit qu*il j>a loof-tems que je ne lui ai rien donné.
^ H. »eiiTOuik
^ Mais cette montre que je lui ai rue, ^ui Tenait de toi^ : . i
' ''SRe k dté réèram^e , il à fôllù la rendre.
Mp,W.BT,OllB.
^ EIle^Tdpit bieq ,^|er ; .car la dinea cbes «Ile souvent. ^ M. PB lA GBirrs*
I > ■ ■ • M •
Oui: To|là pourquoi il^, faut que je .songe )k Itii trouver quelque bf oie i c^è^i qu'il n'j 4 guère d'occasions «et qu'elle me presse/
T[. BOHTOUB. •
Ah! tiens, Toiià Ëzécbieh
M. p% t'a. iGBll^^FB.
Qu'est-ce que c'est ?
K. BOIVXOUIL.
Ce Juif qui vend des bijoux d'or.
M. PB tk GBIFFB.
Ah ! àh ! tu as raison.
*
Ji. BOR^OViB.
parbleu ! il ne sera pas difficile de«.*-
K. DB Lk CBiriB.'
Oui, |e t'entends. Écoute-moi ; te souviens»-^ IM de ce que nous disions f autre jour aveo ?affeî
936 LE MAKCHA1I0 0E BIJOUX.
H. DB LA «BIVFft.
Eh bien J: il Sà^mt ïttrewiir ; c'est uq moyen exççlljnf qgqflO|^9^;jy.5i}i^ Ija^ çi^re i^mployé.
que l'aille le lui dire ?
.? :\\;' . i J :* a .M
M, DE LA. 6B IF F B. ;
«. BO'KTOVB,
»" » .i ,X'
Sp reriens dans le 'momeiif ,
' .iiLiu:.:- i.hov . .
SCÈINB M ■■■'■ M. DE LÀ GRIFFÈ/ÉZÉCHIÉL,
Hbssievbs, achetez tontcpsortçs te bij[oui; tes montres, tes tabatières »' tes étuis, j*ai toutes sortes; adi^^tei , sMl fous plaît , youi A moi.
i» I
Mf, PC 11 GEJIIPF^
^ Garçop. .
kb gabçqi* . Monsieur ?
' ' ' • SCÈNE n. ' ^3;
■• PE LÀ. ÇftlFFB.
Donnez-nous deux Terres de liqueur.
SE GARÇON. ' ' "
Monsieur $ vous ullez les avoir tou t à Theure.
M . la Marquis > nobetez-moti quelque chose 9 \e ferai pon marché*
M. DE LA G El FF B.
Oui, et tu me tromperas.
ÈzécHiEL. Mon , Moasî€Eur;9 je jure jur mon honneur.
K. D^ LA GEIPVBi/ ■ ' '
Oui f rhonneuB d'im luif 1
ÉzÉOHIBb.
Monsieur 9 yons .-cro jaz pas 9 tous autres ; oaais je sois pour tire la vérité. . ' '.
M. DB LA GEI^rFE.
Je t*en réponds. Je sais bien qnis vofàs êtes flhfriàifes de trattypÔF un chrétiéii.- - '- . * .
ÉZÉGHIBL.
Oh ! cela il est pon , M. tst Maçquîs, pour oîVpàlWigfeJ je^crois pas que Yousferoyez, et puis tout la monde il vous tira %îeri'8i'^f€Î trompe jamais seul^picyit ont personne.
>38 LE MARCHAND DE BIIOUX.
SCÈNE ra.
M. DE LA GRIFFE, M. BONTOCR, L£ GARÇON, éZÉCUlEL.
«. BORTOOft-, b»s à M. de la Griffe. ÏL va Y9nir toalà rhearie«
M. Dl LA «iUlFFI.
C'est bon. Garçon I
I.B GiBÇON.
Monsieur ?
Eh bien ! cette diipieur ? . .
&B .G'AiBÇ4>V.
Honsieor^ je la tiens. «
«• BB xi emirra. -. Allons donc.
Ia TOÎli,
(0 apporte le^iem Terres. ll.^Boalanc et ILdeh
Griffe boivent. )
iiicHiBL,
Eh bien! U. Marquis ^ vou« Toujf» 4oae |Ms aciieter ?
». »B LA 011 rfB.
Laissez-nous eo repos.
i.i t »
M. BOHTOVR.
Ab I ah ! je crois que c'est ÉzécUel.
Oui 9 M. Comte, pour servir à tous.. Dites donc à M. Sfarquis d'acheter.
■. DB Là GEIFFB.
Bon I tous ces gueux-là sont des fripons»
BU MQKT^VM. .
Non 9. il est honnête homme^lui ; tu peux acheter, il yend en conscience* H'ams^u pas euTie d'avoir une boite d'or ^
H. DB &JL CB'IFFB.
Oui ; mais |e rachèterai qhe» Tesnières.
iaicHiBB.
Donnez-moi , M. Marquis , le préférence ; ^ je suis pour servir tous encore mieux tout comme AL Tesnières ; car i*ai acheté du meil** leur marché encore, et qui est plus beau .Tenez» regardez, voilà un boîte, vous n'aurez pas pour la pareil' prix avec un autre.
M. BOBTOOl.
Elle est assez jolie.
M. DB ttk GilFFB.
Qui , mais elle est bien pesante.
9{o LE MARCBAXD 0E BIJOUX.
CV«t de l'argent toujours , doal on troo- Tera ^ quand M. la Marquis il Toudra.
m. 1^1 LA GftIPPK.
Oui , il a raison ; elle est belle.
izÉCHlEL.
Je donne encore d'antres à plus poo mardké, qoi a moins de poids.
H. DB LA GBITVB.
J*aîine asses celle^lft. Bootoor, ^e me conseilles-tu?
M. BOHTOVB.
Je te conseille de )a prendre.
M. DE LA GBIFFB.
Je la prendrai aussi ; inais je Teux saToir si le prix me conyient.
BZBGHIBl.
Le prix il est pour M. Marquis de trente- neuf louis d'or et douze francs.
M. DE LA GRIFFE.
Et combien y a-t-il d'or?
lâzÉCHIBL.
Il y a pour près de trente-deux louis d'or, neuf onces et demie! ef plus encore y presque un gros. . .
SCÈNE IV. : a4i
M. BB XL 'G^IPtir
^.CT^St sept louis et demi de façon. / Je ne peux pas doooer à moins.
r' ' Bl. DE El CâlFFB.
Je n'eu teui pas.
JËCÉCHIEL*
, J« ipis fâché pour M. Marquis; il aoratt. lo forl pon marché. S'il y a pour hi sermice lutre chose , je sui^.
M. DE LA GlIFFB.
ri V
Allons, laisse- moi en repos. , .
BZB€BIBl.
Monsieur,, je le^^H^I^ pacdoQ.
SCÈNE IV.
i. BONTODK, M. DE LA GRIFFÉ, M. P A PF£ , qui n^approche pos d'abord ,
Èl/tCtilEL.
• { • ,. ,
I >
M. BOVTO-OB.
TiEirs , iroîlà l!affe qui arrive ; finis ton narcbé.r . ;. ., - ,.
EZECBIBLv.
Eh hien ! M. Marquis , voulez- vous pour rente-neuf louis? ' •\<\^\ •:
"$% ProTcrltet. a. ai
s{a LEMAKCHâffDttEBtlOUX. m* »a tA CAirrs»
Me conjeiHei-tB de là fieadie à ce ptisJà?
Ha foi 9 oui; f'en aî to one tonte pareille l'autre )our , qui aTait coûté ^arsatc-ciiMi
louis.
s. DS &i caifFt.
Eh bien I je la prends. {Il la met ému Jt poche, }.Mais je Teux saroir ri le poids fcil tWDteHleax louis.
( n tiie sa bontse qu'il net sur h tdde. ]
Je Tais compter derantmonsleiir \k Cbmfe*
(H cakole. > ■» DB Vk 4ai#>l.
Garçon !
» câsçoir. Monsieur ?
V. DB LÀ CaiFPB*
Tenex , ôtez ces Terres , et Toilà TXittn a^ gent. ( // lai donne vingt - quatre sous.) U reste est pour tous».
ut o^Bf atii . Je TOUS suis bien obligé ^.Monsieur.
m. PB LJL GBiXflU
Eh bien 1 le compte.
• • *
SCÈNE V. a43
Tout & rbeure, il est fait à ce moment* '
H. F4FFE^ à M. de la Griffe.
Ah ! je TOUS trouve donc enfin ^ Monsieur.
(H lui doane un soufflet. }
H. DB LA fiaif F«, s'écriant.
AU!
Monsieur, je me suis trompé : |e tous de- mande pardon.
( n s'enfuit. ) H. DB tl QBIFFB met Tépée à la maiû. Gamment f
( U le suit et laisse sa bourse sur la table. Bl. Boutour court après eux. Le garçon les regarde aller de la porte.)
SCÈNE V.
ÉZÉCHIEL, LE GARÇON.
ixécviBBf teatont auprès de la .lâfaie*
Pardi I ? oilà un grand malheur que cette honnête gentilhomme il a reçu 14.
IiB GABÇoir, reTeuant.
Bon f ils sont bien loin ! ils ont déjà tourné le coin de la petite rue.
a{4 LE MAECHi5D DE BUOUr.
Et coDoaissex-Toas tous les deux ?
\
L« GAIÇOV.
Non, je ne les ai jamais tus.
ilBCHIBL.
Si la première il est tué , l'autre il irîendn l toujours ; je reste ici auprès de son bourse. \
LB 6ÀBÇ0H.
Tous a-t-il acheté quelque chose ?
izÉCHIBL.
Une tabatière de trente-neuf louis d'or.
LE GABÇOS.
L'a-t-U emportée 7
BzéCHIEfc.
Oui , j'ai dooné à lui , et je suis |»as em- barrassé , parce que sa arguent il répond ; je Teax pas toucher plus que quand lui ou l'autre il vieudra.
LB GABÇOH. »
Cest bien fait. Je m'en yais ¥oir à la porte.
SCENE Vi. 9llS
„ , ., , scène" VL. -
hl. POMART, ÉZÉCHIEL, LE GASCON.
.... « r
* _ * I « »
PAtBLio ! je Tiens de toy rume dréle d'his- toire dans la petite rue qifi 190 rne à gauche j dans l'autre qu'an appelle. ...
LE 6iBG09.
, . * •
M'est-ce pas uq Monsieur qui courait Tcpée à la main après un SLUtte f
lit. POléA'MT.'
Oui ; est-oe que tous savet ùé tfie c^eât ?
IB «iaçoii.
Ils sortent d'ici. Ils étaient deux assis 1^ ^ quand il est Tenu un troisième qui a donné un souiftet à l'un des deux; aussitôt celui qui a reçu le soufflet a tiré son épée^ et Ta poursuivi.
m* roMAKT.
Eh hien t c*est cela aii^me. Il avait- reçu un Boufflet f cela est bien Trai ?
LB. CACi'ÇON.
Pordi ! demandei à M. Ézéchiel » il l'a Ta.
M. PO MA a T.
Cctei n'est pas possible.
«|i LE MAACffAB» PB UlonL
MfWt «té «Ui^ 4r « ]b se soBihaUns aussi. St je TOUS dis que 009. Mets je TOUS deniiaiuie|ianlû».
Je TOUS dis 9 JDOÎ ) que }*ai •▼!& iaclai yie trait répée â la main la remettre daos k fburreaa quand il a eu rejoint celui qu'il pour- suivait, et qu'ils se «ont mis tous les trois i Are comme des fous.
A qnoi. ceUserait^îl bon ?
le nVn. sais riea;maî^îe J'ai TU ^ et c'est ce qjuim'a pairu plaisant.
iziCHIBl,
Et Monsieur, je pub demwdiVj Tont-ib reveoir ipi présentement }:
SCÈNE Vf. ! ^j
Je ne crois pas ; car ils marcSitiicfnt foH 'vite 9 et ils tournaient le .dos A ce quartier-ci.
Mais moi , qu*^st-*ce qtte fe dois donc faire présentement? '
If. -roiMùftt. Sur quoi ? /
' "xjB ÇAa.çoii. ,■ .
C'est que c^)uî qu*a rfj^leïsoaQet, lui a acheté une tabatière de trente -neut* lOukJ
■. roicÂ^RT.
Oh hien I Yollà ce qoelc^êk ;'iVwé'WytfT2L jamais.
Oui; mais il a laissé .son bourse ici, il {audra bien qu'il' vienne pour reprendj|e« )La toilà.
Ah ! ceh est idUGètent; |e ne ^compveod^ pourtant pas...
tt eiAçt)ir.
Que conseiIles«TOus à M. Éxéchiel^'Uon^ •ieur ?
M. POMAftT.
De coiopter cerquUl y # dansJaibomse , de prendre ses trente*neuf louis ^ et de tous
•|6 LE MÂRCHAinV ]>E BUQtJX. SCÈ^Œ U
laisser la bourse. p«ur b tendre qoaod <tt irieo4^4 la^redeinaDder.. •
Vous serex doDC témoio ?-
M. fQKAaT.
Oui> je le Yeux bien.
Allons 9 comptez , |e tous prie ^ ayec moi.
SU dénoue la bonne ei n'y trouve que ée$ idras. ) Ab f )e suis {ferdù !- 1( tk'j a que des liavdÀ >
H. P.OHA.a~T«
éticBiBi> pkntaïkl. Je Tais courir aprèsl Wési-ce pas à droite f
'Ooi' 'i • •• ': •'-.••
éziCHIBL) pleurant.
Si je trouve pas , fe fais mon déclaralioa. ]e SIÛ3 un- gnandément maUieureus.
(flMrt.) m PX>iiiaT.
Je T041S avais bien dit qu'il j avait quelque chose là-dessous. Je vais voir s'il suit le che« mio qu'ils ont pri9.
. flir »0 M ABC BAH ir Oft VfXOTX^
I
1
r
LA
VEUVE AVARE,
or
A TROMPEUR TROMPEUR ET DEUI, PROVERBE DRAMATIQUE,
PAB CARMONTELLE.
• »
■V
PERSONNAGES.
H. EENAUD DO BOULOIR, avocat M*-* DE AUPE&T, veQTe. LE GHEYAUER DE SAINT^IUEUL LAPlEiUUS, laquais de M. du Bodoir.
1
la leiae ot dnt k aUnet 4e fli. 4aB«Mài
•
LA
VEUVE AVARE,
PROVERBE.
SCÈNE PREMIÈKE. '
H. DU fiOULOIft, LAPIERRE.
Là» IBHIB I
Illoasîeur 7
M. DU BO.OLOIB*. .,
Estiil Teou quel^'un ?
I.ÂMBaBBv
Oui I Monsieur; cette reoTe qui demeure ici près > madaine , madame...
m* DU BOULOIB.
Ad !,OKadi(inA*>de Eupert ?
Ooit JlUwsîwir , tt puiB U. k chitrfief de Saiût-RieiiJL
-t. M. DB BOUA0fB.
Sa!it-Rieal7
t «
sSa LA VEUVE AVARE.
LAPISEEI.
Oui 5 HoBsieur.
Je ne le connais pas.
« « • - LftPisnaB.
Us reTieodront tous les deux. Ab ! Toilà déjà M. le Cheralier.
S(:aÈNE n.
X. DU BOULOIR, LE CHEVALIEI.
■• DV BOVLOia.
M. L« CBVTALiKi, Toulex-Toos bien vous donner la peine d'entrer?
1% GHBTALIEft.
M. du Booloir, {e sui^ Êied TOtre serviteur.
X. nt BO'VLOIK.
Assejez-yous donc, Monsieur, s^îi tous plaît. • '
( Us k^àilfMBf . ) tB CVBTAtlEB.
MonsieaTj'fe suis ca^talne d*infiiQteriè,
par conséquent très-peu riche ; lÉttis l'arais
un oncle qui deTBÎt l'être beaucoup , parce
qu'il était Taîné de notre famîlli», <Bt W*il ^
I toujours fécu dans laplus^aiiaie éconoou'e.
SCENE II. a&3
M. Dr BOTJLOlX*
II est donc mort ?
K.B GHEtAliIBE.
Oui ) Monsieur, il j a six mois. L'on m'a mandé qu'il n*avait rjen laissé ; c'est ce qui fait que je ne me suis pas pressé de venin Mais comme il mangeait fort peu , je ne com- prends pas ce qu'est deyenu son bien.
H. nu BOUtOIB.
M'a-t*OQ pas fait un inren taire à sa mort ïw Oui f Monsieur ; mais on n'a rien trouyé.
at. DU BOULOIR.,
En ce cas-là, Monsieur, vous.nepouyex rien demander.
I.B CBETALIBR.
Non, rraiment.
' M. DU BOVIOIR.
Mais à qui a été le peu qu'il y avait ?
XB GHEyAI.IBB.
A sa veuve; car il n'a Jamaië eu d'enJEans^
H. nu BOtltOIB.
A sa veuve ? Cela devient difTérent.
. F. Proverbes. 2, . " ^a
554 l'A VEUVE AVÀRE.^
LB GHBYkLIER.
Oui 5 Monsieur, d'autant qu'elle est très- avare.
M. DV BOtJLOIR.
Il y a tout lieu de croire que c'est elle qui relient ce qui devait «vous revenir de votrt oncle.
LE CHEVALIER.
Je le crois comme cela.
m. DV BOVLOIR.
' Mais son bien, de quelle nature était-il?
LE CHEVALIER.
. ' En très-bonnes terres : mais tout cela a él< vendu ; et je craius qu'en Tattaquant elle d« réponde que tout a été dissipé da tems dt mon onde.
BI. DU BOULOIR.
C'est sûrement ce qu'elle répondra, s'ilo'j a point eu de remplacement des fonds pro- venus de la vente de ces terres.
LE CHEVALIER.
<
Je n'ai point d'argent à manger à plaider, ainsi je suis fort embarrassé.
• M. DU BOULOIR.
Vous devez l'être en effet.
LE CB BVALIEB.
VoU«À pourquoi je m'adresse à vous, Mon-
SCÈNE IL : ' 25S
eut 9 parce que tous êtes toisîn de madame e Rupert^ et que...
M. Ï>U BOttOlR.
Quoi ! c'est madame de Rupert ?
lE CHEVALIER.
Oui, Monsieur, c'est la veuve en question •
^ M. DU BOUIOIB.
r
Madame de Rupert est très-avare; et sî elle \ eu envie de vous frustrer, je ne suis pas Étonné qu'elle n'ait pas voulu placer ces fonds. Il pourrait très-bien se faire , sî l'on n'a point de connaissance d'acquisitions, de contrats, que tout ce bien ne soit qu'en argent ou en papiers.
I.B GHEVAIIEB.
£t comment le savoir ?
M. DU BOVIOIB.
C'est très-difficile ; car c'est là. le secret des avares, et ils ne leconûeut a personne.
LE CHEVALIEB.
Il n'y a donc aucune ressource ? «
M* DU BOUL0IB-.
Non , si vous êtes sûr qu'il n'y a ni fonds ni contrats que l'on connaisse.
LE CHEVALIER.
Àh! Monsieur, je suis un homme^ perdes I
456 LA VEUVE AVARE.
H. DU BOVLOIR.
Comment ! ne poUTez-youa pas Tirre dam l'emploi que Tout» avez ? i
Ll CHE,TJilIEa.
. S'il n*y arait que moi» ce ne serait rien; mais n^ayant plus de ressources , plus d'espoif d'avoir rien de la succession de mon oncle, îe Tais faire le malheur d'une personne qoc ^'airae^.. Ah 1 Monsieur» elle ea mourra <k désespoir I
ir. DU Boutoi^.
VOU9 ne répouserez pas, et elle R*èn moum pas. li Q^y a que tous à plaindre dans ce cas-li
tB CHBTàLIIBB.
Si i'étaU seul , j'aurais bientôt fini moi sort. Vous ne saTez pas à quel point je su malheureux. Monsiaur, moaélat est affreuxl
M. BU BOU&OIK«
Tous m'épottTantez»
I.B CHBTAtiBB.
J'ai grand besoin de tûs conseils , de Ttf aecouri... Je crains d'être poursuiri...
V. DU B0UI.0IR.
QaeUe ajEEaire aTez-TOus ?
£E CRBTALIBB.
Monsieur, en arrivant à Arras où nous •ommcs en n^arnlson^ j'y devins amoiutui
SCÈNE II. 85;
^^tine demoiselle qui est réâUement cliar^ xnanle.
HL DU B017I.0IKp LE CHETALIBB.
Ouï, Monsieur.
M. DU BOUIOIB.
J*y connais beaucoup de monde.
;tB GaBYALIBA.
, Eh bîen-1 Monsieur , c'est la fille du rece- veur des taiilci^.
M. DU BOVLOIB9 avec élooDcmoat.
MademoiseUe de Ptremont ?
IrE CHETALIEB*
Ouï, Monsieur. Son père est -il de if os amis?
H. DU BOULOIB.
Beaucaup.
LE CHBYALIBB.
Ah ! Monsieur, ne QO^iis trahissez pas, je TOUS en conjure !
V. DV BOUtOIB*
Achevai, achevez.
tB CBBTAI.IBB.
N'ayant point de bien , je ne pouvais es- pérer de l'obtenir; mais cela ne put diminuer
23.
.258 LA VEUVE AVARE.
mon amour. J'espérais encore de mon oncle , quoiqu'il n'eCtt jamais répondu à toutes les lettres que je lui ai écrites , lorsque j^apprb sa mort , et en même tems qu'il ne m'avait rien laissé.
M. DV BOVLOIA.
Eh bien ?
LE CHETALIEt.
Les ino'yens que nous avions pris pour nous Toir, mademoiselle de Piremont et moî^ nous ont plongés dans un abîme affreux.
M. DU BOULOIA.
Comment ?
LE GHETALIEft.
Elle est devenue grosse ; la craîote d*étre exposée à la fureur de ses parens, et son dés- espoir si je ne youlais l'en sauver eu Tenle- vaut , m'ont déterminé à m'en fuir avec elle i Paris f où nous sommes depuis huit jours , et tout prêts à mourir de misère > si tous ne trouvez pas quelque moyen de nous eu tirer.
M. DU BOULOIB.
Monsieur, je n'abuserai pas de votre con- fiance en moi 9 et je ne voud ferai point de reproches sur le malheur où vou s avei entraîné une malheureuse personne que vous dites que TOUS aimez. Maissavez-vousàqui vous pariez?
LE CnEVAlIEE.
Monsieur...
SCÈNE II. V 25
2t25g
M. DU BOULOIK. ^
A son oncle 5 au frère de M. de Piremont.
I.E CHEVALIER.
Ah ! Monsieur, (fûtes de moi ce qu'il vous plaira ; mais je vous en supplie , ayez pitié de votre malheureuse nièce : qu'elle ne soit pas la yictime de mon iroprudliuce; Je me j"étte à vos pieds.
(Il s'y jette, el M. du Bouloir le relève.)
VL, nv BovLoia.
Monsieur, que faites-vous? Asseyez-vous^ et écoutez-moi. . .
I.B CHEVALIER.
. Ah! Monsieur...
M. DU BOUCOIR.
Les regrets ne feront rien à ce qui est arrivé; soyons le parti qui uous reste à prendre pour tout réparer. 11 faut savoir s'il n'y apas^moyen de rien tirer de madame de Rupert. Je croi^ en imaginer un. Vous connaît-elle?
LÉ CHEVALJ^ER»
Non , Monsieur, je ne me suis point pré- senté à elle avant de savoir si j'avais droit de ^ lui demander.
M. DU BOULOIR.
A la bonne l^eure. Si je ne réussis pas, je me charge de tout arranger vis-à-vis de mon hère , d'une fayon ou d'autre. Je suis garçon^
9fH» LA VEUVE AVARE.
ie ne Tenx point me marier , j'ai do bien , je Je donnerai à ma nièce , à coiMiitiûa ^cOe TOUS épousera.
L« GHBTALIBm.
Quoi! Monsieur t
M. ou BOVLOia»
Point de remerdmens...
SCÈNE ni.
V. DUBOULOIR, LECHBVALIEI
I.APIBRRB.
liiFIBBmB..
MovsiSTTB , madame de Rqperl est U-dedaos
q[ui demande à tous parler.
V. PU BOULOIB,
G*e9t justement elle que j'attendais. M b CbeTalter, entrez dans ce petit cabinet, et TOUS en sortirez quand je tous appellerai.
|.B CfiETiLiBB, TOttlant remercier M. duBonloir-
Monsi^Mr, permettez...
Ne pe nions pas de tems. Entrei > entrez U* dedans. ( Le Chevalier entre dans le cabinttn ) Toi ) Lapierre , quand je frapperai du piedt tu entreras en criant nu feu ^ et tu diras qu'il est chez Fépîcicr qui dei^eure à côté de ma- dame dç Rv|)er(«
SCÈNE IV. a6i
LàFIE&RB.
Ottî y Monsieur.
M. DU BOVLOIB.
Tn te tiendras ici -dessous; ta entendras bien ?
LAPIEaRC.
Oh I ne TOUS embarrassez pas.
M. DU BOUIOIR.
Allons 9 fais entrer madame de Rupert. Xe dis rien à personne de cela.
LÂPIERRE.
Non 9 non 9 Monsieur. Madame 9 donnez- vous la peine d*entrer. (^ Lapierre sort qaaod madame de Btrpert est entrée. )
SCÈNE IV.
W DE RUPERT, M. DU BOULOIR.
M"* DE RUPERT.
Je ne sais 9 Monsieur, si jVi l'honneur d'être connue- devons?
«. DU BOULOIR.
' Oui 9 Madaiire, gtkrement; fat cethonneur- %\, Voulez-Yous bien vous asseoir î
U"^ P8 RUPERT9 g^asseyaot.
Monsieur, je n'entends point du tout les
a62 LA VEUVE AVARE.
dflTaîres ; j'ai très-peu de bien , je sois utkt pauvre veuTC, bien à plaindre; le pea^ue j'avais , mon mari l'a mangé.
U. BU BOTILOIIS. '
C'est très-fûcheax , Madame; il ne faHail pas y consentir. Pour une femme raisonnable comme vous , il est étonnant que tous w l'ayez pas e;npêché.
M"^ DE &UPBET.
Monsieur , il est vrai , je l'aiiraîs dû ; mais un mari que Ton aime est toujours le maître. Je lui avais apporté en mariage deux ceot mille francs.
M. DU BOULOIllL.'
£t il ne vous reste plus den ?
M™*^ DE RU PB HT.
Monsieur, je n'ai eu ni mes reprises ni mon douaire, et je suis réduite à vivre de très-peu de chose.
Bl. DU BOUliOIA.
Mais il n'était pas dissipateur.
M"**^ DE BUPEftT.
Monsieur , non ; du moins ou ne le croyait pas ; et il est vrai que ce n'est pas le luxe qui nous a ruinés, mais de mauvaises afiaires qu'il a faites toute sa vie , parce qu'il n'y en- tendait rîen, et qu'il a toujours été trompé par des fripons.
SCÈNE IV.» 2G3
W. D17 BOULOlft.
C'est très-malheureux.
ti^" DE BU PB B T.
Sa dernière passion , qui a achevé de nous ruiner, a été sa chimie. On lui ayait fait ac- croire qa^il ferait de Tor , et l'on a mangé tout ce qu'il ayait en opérations réitérées ; et quand oa a yu qu'il u'ayait plus rien , on l'a aban- donné.
U. pV EOUtOIB.
Que yous reste-t-i! donc ?
M*"*" DE BUPEBT.
Enyiron deux mille francs de rente yiagère; et Aoyôz, Monsieur 5 comment ayec cela ré- pondre à un neyeu qui prétend que son oncle est fort riche. On dit qu'il va arriver. J-e n'entends point les affaires, et je suis très- inquiète.
ft. DU BOULOIB.
Mais le bien de votre mari était en contrats, en terres sajiis doute , ainsi que le vôtre?-
M"*" DB BVPEBT. V
Oui, Monsieur; mais tout cela a été vendu.
M. DU BOULOIB.
su ne reste rien en nature absolument, son neveu ne peut rien avoir.
M'*'' DE &UPEBT.
Non!
96| LA YEUVE AYAR£.
H. BV BOVCOl».
Sûremeiil.
Oq m'ayail dit...
■. DU BOVLOim.
Sur quoi Toolex-Toos qoli tous attaque ^ 91 TOii» êtes en règle ? Si tous arrcs &k on iaTeotaire, vous le lui préseetera; ets'3 yeut se porter héritier, il faïudra qu'il con* menée par touj» donner toat ce qui tous re- TÎeot.
X*^ DB BVPBBT.
Tous avez bien de la bonté de me tranqoît- li.<er ; maïs ne me fera-t-il pas des frais, tou- jours ? S*îl ra me faire un procès sur ce qu'il me croit plus riclie que |e ne suis ?
M. DU BOULOim.
Quand il le gagnerait si Toas n^ares rien, n n*aura rien.
K"^ AB Bl^PBBT.
Bû ce cas<-tà je ne le craias pas.
M. DV B0U£0IB«
, Et TOUS arez raison.
(Illffap^dapied.}
M"' DK BUPBBT
Monsieur, je vous ai bien de l'obligatioo de m'avoir tranquillisée. Je sens que j'ai bien fait de venir vous consulter.
SCENE VI. «65
/
SCÈNE V.
U— DB &UPERT, H. DU BOULOIR^
LAPIBEU.
11PIIKIL.B« criaot M» panltR. Av feu t au feu I aa fei» I
M^ » B ftQ PB a<T 5, tffinriiwc^'
Ah I mon Dieu 1 qu'est -* ce qil^ o*€9t ifïû cela ?
■• lur BObLaïa. Oik ftUezrTOus doue ? Aiteiidez. lAPisWB-E^ enfraat. Ati feu ! au feu I an feu>
SCÈNE VI"
M" DE RUPERT, M; DU BOIÎEOÏR, L£ CHEVALIER, LAPIERRE
X. DU BOQtrOia.
Lapibrbb , qu'est-ce que c'est ?
(Il ^t signe au Chevalier qiii a ouvert la porte.) ,
lâfibrbb.
Eh ! Monsieur , c'est le feu qui est cheB répicier ici près.
F. Proverbet. a, a3
iOe LA VEUVE AVARE.
M"'' DE AVPERT, éperdue.
Ah ! moo Dieu ! c'est à côté de chez moi. Je suis perdue !
^ ( Elle veut s'en aUer. )
H. hV DOULOIB.
Non , non , Madame , restez ici ; qoqs allons voir àsaurer vos effets.
M"**'-BB RVPEBT.
Eh ! Monsieur , ils seront perdus , brûlés avant qu'on ait pu les découvrir !
M. r>v BouLoia.
Nous' les trouverons. Monsieur et moi. . (Le Chevalier sort du cabinet.) •
M"* DBJUDPSBT.
Non, Monsieur, c'est dans répaîsseur du mur, de l'argent, des papiers. Laissez-moi aller ^ je vous prie.
M. DU BOVAOIR.
Gomptex sur moi.
«'"« DE' AU»! a T.
C'est toute ma fortune; H y a six cent mille francs. Messieurs!
M. DD BOULOia.
Tranquillisez -vous, ce ne sera peut-être rien. *^
M*" DE RUPBAT.
Eh ! Messieurs^ je veux y aller absolameot
\
SCENE VI. 267
M. DV B01II,0IB«
Je «TOUS dis que tous n^avez rien ù crain- dre. Vous Toyez bien qu'on n'entend pas de bruit.
M™^ DE EU FER T.
Tout est peut-être volé.
M. DUBODIOIR.
Tenes , TOjez à la fenêtre. Il n'y a pas la moindre apparence d^ feu*
M** DB BDPEBT.
Ah f Monsieur !
V. DU BOVLOIB.
Lapîerrc! qu'esl-cé que c'est que ce feu ? Il n'y a rien , n'est-ce pas ?
. ( U lui fait signe de ^e que noD.)
LAPISBRE.
, Non 9 Monsieur 5 ce n'est rien.
M""* DE EVPEBT.
G'est-il bien vrai , mou garçon ?
LAf lEBRE.
Oui 9 Mad^ODf).
«"• DE EUPEBT.
Ah ! mon Dieu ! que )'ai eu de peur ! Je veux aller voir toujours.
M. DU BOVIOIB.
Madame^ il n'y avait point de feu du tout ;
«68 LA TEUYE ATABE.
si Toos Tdolcs qac fe .tobs diac^ Ced n^csl qo'ane plaisanterie , et qui tmiimi i sAnmnai âbico.
Comment F
m. m loeKOfiL
Oui, j'étais pénétré de doolciir de Tob qn'nne honnête lemme eomnie tous était réduite à aroir si peu M quoi vivra ; et poar m'assorer que tous me disies Tni y je tous ai finit donner cette alarme.
H"^ DK au FSE T.
Quoi t Moosieur, tous êtes papable d^ane trahison pareille?
V. DV BOVLDia.
Madame, ce n'est pas un crfme aussi grand que celui de Touioir teènair le Incd d'autrui. «
Monsieur...» Paix donc!
M. DU BOULOXa»
VousaTezaToné, dans riaq«fétode où tooi étiez, que t4)us aviez six cent mille francs eu ar^j^ent et en papiers.
tt**** DB BtrtBBf.
Noip
Oui ^ .il Dr'Qtft plus tema de dîisiinakr ^ il lui A94i8 f9n donner absolument ia moitié.
Hais, HoDsîeiir, o^'esl on dépôt.
V. Dt BOVLOIB.
Eh bien 1 si e^est un dépôt , je m'en vais aire mettre le seeUé chet tous^ et tous fair^ renfermer jusqu'à ce que ceux à qui il ap- partient se présentent. Voyez , déterminez- vous.
Monsieur 5 on n'use point comme cela dé violence.
11. DV B0€I.0IB.
PardonpezHBoi; Ton a ee droit tIs-à-TÎs de ceux qui veulent nous ôter oe qui nou^ appartient D'ailleurs ^ voilà Monsieur, qui est le neveu de votre mari ; il est le maître ll*en.user arec tous comme il lui plaira.
M"^ DB BV PBET.
Quoi! vous êtes le chevalier de Saînt-^ Hieul ?
LB GBBVALIBB.
Oui , Madame.
VP^ SB BVPBBT.
Où me suis-tje fourrée !
a3.
»-o LA VEUVE AVARE.
LE CBSTALLS».
Madame 9 coosentes à ce ipaé tous pro* puse M. du Booloir : ceci sera on secret, al
tous le voulez.
Mais, Messieurs 9 si 'fui diè six cent mOk francs, il n'y a pas cela, je me suis trompée.
, LB CBBT4I.KB.
£h bien ! nous'partag^.rons.
M"^ DE ECPEBT.
Je ne tous doaoeraî jamais trois cent milk francs.
M. DU BOULOlB*
£n ce cas on mettra le sceflé , comme je vou^ ai dît 9 et puis vous n'asvex q«e ce qui TOUS irevieut de; droit. : . -
M*' DE BVPEBT.
Allons, Messieurs, Tenez chez moi^ puis- qu'il le faut absolument.
à. DU B0€LOIB.
Cela vaudra mieux que de plaider. Ht* dame.
M"** DE BVPBBT.
Ah ! mon Dieu ! pourquoi suis - je venuft ici?
(EOesM.)
i
n
SCENE Vï. 271
LE CBBYALIEB.
Quelles obligations ! quels services l...
m. BU BOVLOIR.
Vous èles mon neveu. Finissons cette afPaire «ans perdre un instant ; nous irons chercher ma nièce après, ^t j'aurai la satisfaction de faire yotre bonheur à tous deux ; ne serai- je pas bien récompensé ? Allons, allons.
, ( Ils sortent. ),
FlM ]>B LA. YEUYS ITABB.
LA
lARCHANDE DE CERISES
OV
L FAUT AMADOUER LA POULE
POUR AVOm LES POUSSINS, PROVERBE DRAMATIQUE,
PAR CARMONTELLE.
^sW
PERSONNAGES.
M- MÏGNONETTE, limonadière. Robe de taffetas , un tablier blanc , boudes d'arall en boutons.
M"« MARIANNE, fille de madatoe Mie^ nette. ^
Robe rose , rayée de blanc, tabDer vert
M. DE SAINT -DAMASÉ, ) en uniforme.
LA MÈRE ROGOME marcbaade de «•
rises.
Ca^aquin d'indienne ^ jupon de calmande rayée . «ki par dernere avec m>e épingle; tablier de ™. •ode , grosse cornette , n««d.oir dc^con • caLi rouges , souliers d'homme. ^^
JEAN, garçon de café.
Vcste^caanelle. cl.eveu, en long poudré,, «dù
ta scène est dans un café.
LA
ARCHANDE DE CERISES,
PROVERBE.
SCÈNE PREMIÈRE.
ML-^» MIGNONETTE, M"* MARIANNE.
me
MiGllOlïETTlSy apportait son ouvrage , et voulant jeatrer dans son comploir.
rENEZ. Marianne, rangez cette boîte : îh int toujours- la fureur de mettre quelque ^hose sur ce banc
II n'y a plus rien , ma chère mère.
rt"' MICNONETTE.
C'est bon. Allons , passez , tous.
m"'' ItABIANKE.
-Ah! ma chère mère, j'ai oublié mes cï^ «eaux*
3<f"* MIGNONETTE.
Vous TOUS servirez des mieai» Iça'esl-ce tpe vous allez faire là ?
376 LA MARCHANDE DE CERISES.
M^^ NAftIAHHB.
J'achève d'ourler mes mouclioita.
U"^ HICirOHSTTS.
Gomment ! ils ne sont pas encore £iits?
tt"^ MAKlARirB.
Maïs 9 c'est que...
H*^ KreNDVBTTS.
Oui 9 c'est que , au lieu de tiayatUer , to« avez toujours le nez en Tair y à regarder qi va et qui vient.
m"** iiAaiA.irss.
Il est bien difficile...
W^ IIIGHONBTTB.
Difficile ou non , je ne veux pas que tob regardiez les hommes , entendez-vous?
ll^'^ vabiabub. Mais , quand on me parle ?..• x"*^ sigbobbttb. Vous n'avez qu'à ne pas répondre.
U^^'' MABIAMKB.
Mais je passerai pour une sotCe f ou petf une impertinente*
tf pl^*' HIGROBfTTB.
Point du tout. Est- oe que ie se réponè pas pour vous ?
SCÈNE 1/ 277
M^^^ MABliNNE.
Mais si 5 lorsqu'on tous parle 9 je fesais de même y que diriez- vous ?
M™» MIGNONETTB.
Que TOUS auriez tort , puisque je réponds ^ moi*.
M^^" MàRIàNNI.
Vous Toulez donc que je passe pour être sourde ?
11'°'' MI CNO NETTE.
Oui^ précisément; voilà ce que je Teux.
Ce serait une belle réputation que j'aurais 4ù !
M™*^ MIGlf ONETTE.
Elle Taudrait mieux que celle d'écouter tous les propos qu'on vous tiendrait.
M^^"" M A âl AN NE.
Mais, quand j'étais petite^ vous me fesîez parler à tout le monde.
H"^^ MI G N ONETTE.
Dans ce lems-là c'était différent.
M^^* MARIANNE.
Ce n*est pas la peine d'être ^andè , pour <ftre plus maltraitée qu'Hun enfuaL
r. proverbes. 3, ' 24
3;8* LA MARCHANDE DE CERISES.
W^ HlGTfOnBTTB.
Quand on est grande, il faal êlrc fai- «onnnble ; ce que je vous dis là , c'est pour votre bien.
Mais quel mal puis-jc faire en répondant à ceux qui me parlent ? Failes-Tous du u)aJ, vous , ma chère mère , quand on vous dit que vous êtes bien aimi^bie , et que vous ré- pondez en souriant : Monsieur, tous avci bien de la bonté ?
lHL9»e HIGNOKETTE.
Je sais bien que c'est pour rire; voilà pour- quoi je ris aussi.
V}^^ MÀRIÀnifE.
Ob ! je suis bien sûre que cela vous faii plaisir.
M"*" WIGWOWETTE.
Eh ! sur quoi le jugez-vous ? m"** variante. ' Sur quelque chose.
M™' IIIIGN05BTTB.
Mais encore ?
m"« mariavre. Je ne peux pas le dire.
SCENE L *a79
U^ Ml Gif GUETTE.
Pourquoi cela ? Appare^nmeot que vous ^tes bien aise , tous , quand od tous dit que vous êtes jolie.
Oh ! moi, vous m*avez défendu d'écoulcfr quand ou me parle : je n'entends rien.
M°*' UIGKOKETTE.
En un mot comme en cent, que je ne tous Y oie pas reg;arder... les ofliciers surtout.
Oh ! ma chère mère , poucquoi plutôt ceuj;- lù que les autres 7
M*"* MIGVONETTE.
Parce qu^ils cherchent plus à tromper les filles.
C*est bien dommag^e , car ils sont bien honnêtes. J*ai bien de la peine à croire cela.
M""* MIGKONETTE.
Cela est pourtant bien vrai.
Comment se peut-il faire que des gens qui se battent pour nous soient des trompeurs ?
M™" MIGNORBTTE.
Oli ! parce que cela arrive tous les jours.
a8o la MARCBAr^DE DE CERISES.
h"' m ariahns*
II y eo a 9 je suis sûre , qui ne sont pas coinine tous dites.
V""* HIGNOnSTTB.
Yoilù m. d'Kscabious : alIoQs , taîsez-yoas, et songez à ce que je vous ai recommandé, eotendez-vous ?
Oui^ raa cjbère mère.
SCÈNE II.
M«« MIGNONÉTTE, M"« MARIANNE» M. D'ESGABIOUS.
H. 1>*BSCAB1017S,
Madihb Uiguonette , je tous souhaite bien le bonjour.
M'"*' SIGKOlfBTTB.
Monsieur , je suis votre servante.
M. d'bscabious. Toujours à travailler ?
M"" MI61I0KBTTB,
11 le faut bien.
K. Ik'BSClBIOlJS.
Et cette belle enfant-là aussi ?
SCÈNE II. ôSi
U^ «IGNOMISTTE.
Sans doute : il oe faut pus que la j^unesM soit paresseuse.
M. I»*BSGiLBI0IJ8.
En TOUS imitant cela n'arrirera pan. E&t-^ ce de la broderie qu'elle fait là , mademoiselle Marianne?
it'** MlGKOHBtTB.
Non 9 c'est un mouchoir qu'elle ourle.
M. D'cSGAltlOUS.
Tous brodée bien 9 tous 5 madame Migno* nette.
hh l comme cela.
SaTez-T0U4 que c^-est raftl fait de travailler t0u}our8 comme tous faites.
M"* MICirOHBTTB.
Pourquoi donc ?
M. D*BSC1BI01TS.
C'est que tous avez les yeux baissés ^ ^ t qu'on ne les Toit pas.
M*" MIGWONBTTB.
Il n'y a pas grande perte.
M. d'bscabioos.
Sandis ! Madame t si Argus aTftit eu dfii
94*
aSi LA BIARCHANDE DE CERISES.
veux coiMDie les TÔtres , il n^aaraît pas ci besoin d*en aroir ceut.
m^ ■IGHOHBTTB.
Ah ! Monsienr , c^est bien honnête ; mais cent valent mieux que deux.
M. d'bscàbioits.
Allons 9 allons 9 regardex-mol.
note HienONBXTB.
Non , je ne le yeux pas.
H. d'escabious. . BoQ !
( n mel la maîn sur Touviage de madame Mî^noneik pour Pempêcher de travaiUer y elle babse ençoR
Ï»lu5 la tête j 11 regarde mademoîselle BUarianne qâ iii sourit , et il loi montre une lettre. )
H^Ç MIGHONBTTB.
Allons>9 finissez donc. Monsieur , etiaissex-
moi travailler,
SCÈNE ta.
M-^' MIGNONETTE, M^»- MARIANNE, M. D'ËSGABIOUS, M. DE SAINT* DAMASË.
M. DB 8 AIIIT-DIBIASB.
An ! te voilà ici, d'Escabious ? Je te cbei- 01m> partout.
SCENE III. 383
M. D'BSGABIOUS.
Ah ! Salût-Damase j j['ai été chez toi ce rtatîn.
H. DB SAINT-DAMASE.
Yeux<>-tu yeoir à la comédie italienne ?<
M. D*ESGABIOUS.
Non , )e ne peux pas , j*ai affaire.
M. DB SAINT-DAl^ASB,
Qu'est-ce que c'est ?
M. d'iBSCABIOVS. •
3e ne peux pas le dire. , • •
M. DE SAINT~I>'jrU.ASE.
Je parie que je djevine ton afllaire.? .' ^
K. d'escabious, ^ Je parie que non.
H. DB SAIRT-DASIASE.
Je te dis que je sais ce que c'est. Tiens ,
yiens ici.
(lU vont s^asseoir auprès dWe table.)
H. d'esgabiods.
£h bien ! qu'est-ce que tu crois ? ^
M. BB SAIKT-DAVASE, '
Que tu es amoureux.
II. D^ESCABIOUS.
De cj^ui ?
^284 LA MARCHANDE DE CERISES.
H. DS S4I5T-DAMA8S.
De madame Hignonelte..
d'bscabioos.
Si c'est là ce que tu as ilevîné ?...
K. DE SAIIIT-DAMÀSB.
Eh bien 1 c'est doue de sa liiie ; car to passes toutes tes journées ici.
H* i>*r»€Anoo«. Paix donc !
.H. »■ 6AIllT*BlillASE.
Ah ! )e sayais bien...
M. »'bscabiovs.
Oui , llirianne me tourne la tête : eela est Trai.
M. DB SAIRT-DAMASK.
Eh ! le sait-elle ?
11. D^aSCABtOtJS.
Je crois qu'elle s'en doute ; car elle tne re^ garde à la dérobée lorsque sa mère a la (été baîfsée ; et lorsque tu es arriyé..^
M. i»B SAIVT-UAMASB.
Eh bien ?
II. dIbscabiovs.
Elle me regardait d^une façibo...
M. DB 8AIVT*DAIIIA8B.
Est-ce que tu ne lui as Jamais parié P
SCENE lUJ ikM
M. D*E3CAB10VS.
Sa mitt ne la quitte pas.
H. DE SI XNt-^PÀlIASX.
Tu es bien avancé 1
M. p'escabiotjs.
3e la Ypis » et je n*ai jamais eu i'^ ma vie m plus grand {>laisir !
M. DB S1I1IT-PA1IIA9B.
Mais y que comptes-«tu faire P
M. p'BSGABiora.
J*al écrit une lettre , ne pouvant pas lui parler 9 et je cherche depuis plusieurs jours lenaoyen de la lui donner.
M. DB SAINT-DAIIASB.
Mais il faut qu'elle reuille la prendre. '
M. n^ESGABIOUS.
Je là lui ai montrée ; et loin d'avoir eu Pair fâché » elle a souri.
tl. PB «AiVT-Bi.llASE.
C'est bon, cela«
X. P*SSCàB|OOS.
Il ne faut phis qu*D9 moyen t te dis^d..
X. PB SAIRT-PAHASB.
Oh I que diable 1 tu le trouveras. Allons f Tiens à b comédie ^ voir le Déserteur.
e.iS.j.3£3.
— ^-«^ - Jr JIT:
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SCENE IV. aS;
JBABT.
Allons 9 allons , allez-vous en ailleurs.
LA MERE aOGOMB.
£h 1 mais , Monsieur , il ne faut pas pe« uter comme cela le pauvre monde. Laissez- :ioi parler ùl Madame et à Madeinoiselle.
JEAN.
JRlles vous diront la même chose que moi : :ntrez , si vous voulez*
LA MISAE ROGOME.
Ah ! voilà ce qui s*appelle parler. Il est „ gentil 9 cet enfant ! Allons , allons, je le mè- nerai avec moi quand je n'irons nulle part,
■me
M'"*" M IGN OMETTE.
Jean, pourquoi laissez -vous entrer cette vilaine femme-là ?
LA MÈRE ROGOUB
Ma princesse , achetez mon panier de ce- rises ; c'est mon dernier ^ je vous en ferai bon marché.
M*"* MIGNONETTB.
Je n'en reux point.
^ LA MERE ROGOÏTB.
Cadet, dites donc â votre maîtresse de lef regarder tant seulement. '
0 '*
388 LÀ MARCHANDE DE CERISES.
M°^ MICHOHBTTI.
Allons, ék>ignez-TOU8 , tous paex Tean- de-TÎe : que c'e$t ai&eux I
Lk M£ftK ftOCOMB.
En vérité de Dieu ! vous me croîrex si tou» Toulez , mais c'est yraî comme il faut mou- rir un jour, je nVt encore bu d'aujourd'hui qu'un demi-septier de rogome ; encore était- ce par^Hî que j'étais prête à me trouver mal ]£t cette belle demoiselle-ià ne Teut pas di mes cerises non plus ?
M"*" MUCNONETTB*
Non f non ; allez-vous en plus loin •
Lk MÈRE &060MB.
£h ! mais, écoutez, mon petit cœur, je voas apporte ce panier-là, à vous, parce qu'elles sont douces et sucrées comtne du miel.
Je vous dis que je n*en veux point.
hk MBaS EOGOME.
Yous ne savez pas ce que vous refuses.
' (^e chante. )
Ceax de Pantin , de Saint-jQiiea > dé Saint-Clowl, Dansent mieux, que ceiix de la Villette; Ceux de Pantin , de Stimt^^Olien , de Saint^Cknid, r Dansent bien^|i^f que chez jioia. ( Elle danse et cfaaate. ) Ta, Icra, k, la, la, la, etc.
SCÈNE IV. 28^
AB ! ma chère mère , la drôle âe femme l iîe Toyez-YOUB pas qu'elle C3l ivrei. ?
I.A MBllK ROGOttB.
3e m'en vas Toir par là-bas si je trouye- rOns à vendre ma inarchaDdise.
M°^ VlésrO HETTE.
Allez , dllez.
Je TOUS demande pûrdoD, au moins , ma ôhère dame ; c'est pour vous faire rire , car tnoi je n'eu ai point d'envie.
♦ M™* MIGNORETTE.
» s.
C'est boo , c'est bon.
XA M.fiaB ftOCOtfE^ fleurant.
Est-ce que mon mari n'est pas à rflôtel^ Dieu 9 qui se ixteurty le pauvre cher hMnme !
j E A jir. Et vous chantez ? .
LA MB&B AOaOME.
Eh ! mais > écoutez , vous qui entendez la raison : e^^l-ee que }e puis empêcher cela ? Si Dieu le veut, il est bien le maître de Je prendre Si vous voulez , vous serez mon Becond, cadet ; )e vous trouTe bien gentil.
F» Proverbes. 3. 25
^90 LA MARCHANDE DE CERISES.
V M^'' IliGNOSËTTC.
Allons f luisset-nous dooc.
LA «kAB HOGOMB.
s
Madame , je vous demande bien pardoi^. Je Q*ai offensé personne , je crois ; ce que je dis \ÙL est en tant bien tout hooneur , du moins.
jVAir.
Tenez, voilà deux Messieurs là-bas qui TOUS achèteront peut-être vos cerises.
LA MÈRB BOGOm.
N'est-ce pas des ofiRcîers ?
JEAir. Oui , vraiment.
hk MERB B060VE.
Ah ! tant mieux ! j*aime bien avoir affaire à messieurs les militaires : cela ne vous bar- ^uine pasavec les femmes.
'^ If MIGNOKBTTS,
Allez-vous en donc.
LA IBÈBB BOCOIIB.
Oui , onî , ma princesse. ( Elle ta à met- êieurs éCEscabioas et de Saint ^Damasc) Al- lons , mes officiers , achetez-moi ce panier de cerises.
M. D*BSGAB|01IS.
Allons , allons 9 laissez-nous en repos.
SCÈNE IV. 291
lA MÈRE HOGORIB.
Eh! mon Dieu I comme vous v*là fâché! . Ah ! c'est poar badiner, je crois.
M. DE SAIKT-DAMASB.
Ycux-tu bien t'en aller ?
Lk MÈKE AOGOKE, chantant.
Ah ! maman , qut je Tai «cba^ipé belle ! Ce malin Ccjiin
Comme un lutin Dans ma ruelle , Ah ! maman , que je l'ai échappe belle ! J'ai cru de mon ctienr Qu'il allait être le vainqueiu:.
Ah ! M. le Chevalier, écoulez - moi donc, V8us n%vez jamais vu de si belles cerises.
N. BB s AINT-BJLMASE,
Nous n'en voulons point.
LA MÈRE R06 0ME chante.
Un officier , deux officiers , trois officiers Ensemble , Ont enlevé ma mie, Ont enlevé ma mie Margot, Ont enlevé ma mie.
n. d'esCabious. Cette femme-là est bien insupportable.
2^2 LÀ IIARCUÀND^E DE CERISES.
LA mbhb noooMB.
Là , U ; ne tous fâchet pas , la paix de Dieu.
( EUe chante. }
£h ! gai , gai , gai , mes officiers , Veuez chez moi les dimanches! Car te hiudi , Le mardi , Le mercredi , Le jeudi , Le vendredi , Le samedi , C'est uae autre paire de maiicliei.
II. DB SAinT-DAllÀSB.
Veuxrlu biea te taîre ?
Vf, D*SSGABIOVS.
Attends là , et tiens-toi tranquille.
LA MÈBB BOGOHB.
Allons , allons y la paix de Dieu.
( Elle s'assied sar ses talons.)
M. d'bsgabiovs.
Il me Tient une idée au sujet de ces ce- rises f pour donner ma lettre.
«. DE SAIHT-DAIB^SE.
Eh bien î dis.
SC4nEIV. 393
H. d'escabiovs.
C'est qu*il ne faut pas que madame Mi- gnonette nous entende.
H. DE SAINT*DAMASB.
Parle bas.
(Ils partent bas.)
M. B*E9CABIOV9^ haut.
Ta comprends cela ?
H. DE SAINT-DAMASB.
A merveille. Laisse-moi faire.
M. D*BSCABIODS.
Où sont-elles donc ces cerises ?
LA MBRB ROGOMB.
Les yoilà ! les Yoilà ! mon officier.
H. DB SAINT-BAMASE.
Voyons-les.
M. »'eSCABI01}S.
Elles ne sont pas trop belles.
&A MÈRB R060ME.
Elles sont belles comme tous, mes bijoux.
M. BB SAINT-DAMASB.
Ah ! elles ne sont pas laides.
i.A MèRB EOGOMB.
Elles sont grosses comme des prunes.
a5.
3$4 LA MABCBlffDE DE CE&ISES.
B*BSGAB10«
Oui , je Vtn réponds.
■. DB SAIST-VAXASC
Ma foî , écoute donc , je les Uvotc belles ^ moi.
LÀ akftV ftOGOHK.
Achetez-les dooc , moo roi.
Je parie que les jeux de madame Migoo* nette sont plus grands que ces cerises oc sont
grosses.
Je parie que non.
■. b'kscabioits. Nous Terrons.
M. DB SAIRT-D A«à9B.
Qu*est-ce que nous parions?
«. D^eSCABIOUS.
£h bien ! Iç panier de cerises.
H. DB SAIHT-DAM ASI.
Voilà qui est fait.
■. d'bscabioos. Mais il faut les mesurer..
M. DE SAIIfT-PAMASB.
C*est ton affaire.
^
SCENE IV; agS
U. d'bsc AVIONS y s^approcliant..
^madame Migaonette, nous venons Je faire I» pari.
M""' MIGWONEtTE.
<5u'e$t-ce que c'est , Messieurs ?
M. D*ESCA.BIOVS.
'Vous me ferei gagner ; car cela vous re- gsirde.
M*** MIGKOflETTB.
Moi ? comment donc P
Ah! ma chère mère! vous l'avez sûrement entendu; car je l'ui entendu, moi.
M™" MlGNOITETTe.
Youlei-vous hîen vous taire?
d'esgabioits.
Tenei» madame Mignonette, Saint-Da- tnase trouve ces cerises fort belles; et moi, ^'ai parié que vos yeux sont plus grands qu'elles ne sont grosses.
M^^ HABIANNB.
Yoilù ce que j*ai entendu.
tt""* UlClf ORBTTB.
Encore! (A M. tTEscabious. ) lUonsicur, mes jeux sont comme ils sont ; mais ils ne sont pas si grands que vous le dites.
9^6 LAlLàRCHAHBE DE CE&ISES.
■. b'escabious.
Et moi , je soutiens que je gagnend mofl pari.
M. SE 6ÂIBT-]>AKASK.
Et comment saurons-ooas cela ?
M. d'bsgabiovs. En les mesurant,
M, IbE SAIST-DAHASS.
Et comment feras-tu ?
M. D^ESGABIOIÏS.
Si madame Mignonette le Teut bien ^ cdi sera fait tout de suite. (// prend dfux eerim qui tiennent ensemble ^ et il dit à madame lfi« gnonette. ) Periiiellez.
M'°'' UICnOVETTB.
Que Youlez-vous faire ?
M. b'e&gà^iovs. Mesurer.
un»® MIGHONETTB.
Comment ?
M. l^'tSCABIOUS.
*
Fermez les yenx; }e mettrai ces cerises dessus^ et Saint- Damase jugera.
If"^ ni GIT OMETTE.
Non , non ; on se moquerait de mol.
SCÈNE IV. 297
Ah ! ma chère mère !
LA MERB ROiGOMB.
Allons 9 mon cher cœur, ne faîtes pas la >etîte bouche , afin que je vende mon panier Le cerises.
M°^® MI G no NETTE.
En vérité....
M. p'esgabiotjs.
Allons , allons. ( // met les cerises dUanê main sur les yeux de madame Mlgnànette , et de rautre il donne la lettre à mademoiselle Marianne. ) Tu vois, je t'en fais juge,
LA MBBE ROGOMB chantC.
VDilà moa cousin
L^aUure ,
Mon cousin , Voilà mon consia
LHiUure.
«. D*BSCAB|OirS.
Te tairas-iu ?
M. DE SAUfT-DAMASB.
Je conviens que j*ai perdu.
H"^ MIGHO^BTT'B*
Itfais cela n'est pas possible.
99S LA BfARCBANDE DE CERISES.
II. d'BSCA BIOUS.
Je coonaissaîs vos yeux; j'étais biensâr d« gagner. {J M. de Saint-Damase,)TfÀf paie le panier de cerises.
M. DE'8ÂI1IT>DA*1IASB.
Je ne demande pas mieux. ( // donne w^* quatre sols à la mère Rogpme. )
Là MEBB &060HB.
En f ou» remerciant , mon capitaine.
H. o'esgabiovs. Elles sont ù vous , madame Mîgnonette.
M™" HIGSOKBTIB.
Ah I Monsieur!...
K. D^ESCàBlOrS*
Sans VOUS 5 je ne les aurais pas gagnées.
M""' MIGNOKBTTE.
Vous êtes bien honnête ; mais j*aî bien de la peine à le croire.
LA. MB&B R060MB.
Mon officier, si vous voulez ^des oranges > je vous en apporterons aussi.
M. OB SAINT-DAMASB.
Oui , oui f une autre fois.
ik MEBB R06 0UE.
Vous mesurerez de môme encore.
SCÈNE V. . at^
l'est bon ; c'est bon î
LA MEEB BOGOMB cUnle.
Lorsqu'on a bien du mérite , On ne manque pas cîc galant ; Eh î mais , Monsitur, qu'esl-ce que tou» dites , Je ne suis t'encor qu'un enfant : L'amour non plus n'est pas Taufcbosc. Quoiqu'on en glose , Il faut un amant > Et reli relan y Etrelantanplati, D'abord il cause , Puis il vous mène tanAour battant.
(j| Jean.) Adieu , cadet.
(Elle sort.)
SCÈNE V.
M™« MIGNONETÏE , M»- MARIANNE , M. D'ESCABIOUS , M. DE SAINT - DAàMASE.
H. DE SAIRT*DàMASB.
AiLOM , viens-tu aux ïtalienr? M. d'escabiovs.
Je le teux bien.
3oo LA HÂRCHÂlfDe DE CEEISÊS.
Madame , Mademoiselle , ye sois bien t(H tre serriteur.
U!^ MIGHORBTTB.
Messieurs) je svis bien retre servante.
M. d*bscàbiou$.
Mademoiselle , je soubaUe que tous trou- riez les cerises bonnes.
M"" MIG1!IÔKBTT]E.
Monsieur, vous avez bien de la bonié.
SCÈNE VI.
M« MIGNONETTE^ M»« MARIANNE.
li^^'' HAltiiiiffïrBrf
Ils sont bien polis ces Messieurs-là y ma chère mène.
, *"* HlG^OKBtTB.
Oui , oui. Allons y pliez votre ouvrage. Cela sera bientôt fait.
M™*" HIGRONBTTB.
Parce que nous allons chez votre tante.
k
SCÈNE VI. 3ot
K^* MARIÀNHB.
Ahl j*eQ serai bien aîse^ parce que j'ai quelque chose à dire à ma cousine.
(£Ues forteal. )
VIK Dfi LÀ M ARCSAIVPB DE .CE|i|S£S.
r. PlroYeiiei. 2, aG
TABLE
DES PIÈCES COHTEiroES DANS CE VOUJHL,
Ibs yoTA€Bi7E9 9 provcrbe dramatique,
par Gannoatelle. • • i
L'uKiFOKME DE CAMPAGHB , par le même. 55
Plus db pbvb que de mal ^ par le même. 85 La teichbbie bbtoitevb a son maiteb,
par le même 109
Plvs hbuebuxqce sagb, par le même. i45
Le seigneob aotbvb, par le même. . . 179
La statue, par le même i99
Le m aeChand de bijoux , par le même* 327
La yeu?e ayabe , par le même. ... ^
La mabgbabdb de cebises « par le même. 27^
VIB DE £A TABLB.
3^
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V.